NOUVEAU TRAITE' DELA CULTURE JARDIN S POTAGERS. CONTENANT . maniéré d’en bien choifir & di/po- fer le fonds. j les ouvrages propres à chaque faifon pour les tenir en bon état ; ôc les foins neceflaires pour cultiver avec fatisfa&ion toutes for- tes de plantes potagères. A PARIS, Chez Claude Prudhomme, au Palais, ; fixiéme Pilier de la Grand’-Salle , vis-à-vis la Montée de la Cour des Aides, à la Bonne-Foy couronnée. M. D C C I 1 1. AVEC PRIVILEGE DV ROT. •JS&2- N r l3i t >g -Ac-iu C^' O $éô Û æ htii ^k$L r 4 «* ^ O o> ,rv «* 4 7 » ' •& LE LIBRAIRE AU LECTEUR. 'UTILITE’ des Jardins Potagers efl fi connue qu’il n’effc pas beloin d’autre motif pour faire recevoir avec emprelTement un Livre qui traite de leur culture : car quoi qu’elle foit generalement pra- tiquée, même par des perlbn- nes affez fimples , il ne laifîe pas d’y avoir des maniérés de faire les chofes avec plus de propreté , en moins de temps ou plus à propos 3 comme auifi a ij Le Libraire au LcBeur. d'avancer la feilon de certai- nes plantes , 6c d’en augmen- ter le mérité 6c la durée • 6c il effc ne ce flaire d'avoir pour cela, ou une longue expérience , ou des inffruclions qui y puiflenc luppléer par les voies les plus iures, C'eft ce qu’on trouve- ra dans cet ouvrage , difpolë: comme on le verra , dans le meilleur ordre qu’on puifle fou h ai ter , à commencer de- puis le choix 6c la préparation qu’on doit faire d'un fonds pro- pre pour un Jardin Potager, juil qu’au détail de la culture par- ticulière de tous les herbages 6c légumes.. Am fi li les autres Livres qui ont traité ci-devant cette matière, ont été recher- chez 6c le font encore tous les jours avec raifon , pour le bon ulàge qu'on en retire là-delïiisj. celui-ci n’en doit pas moins Le Libraire an LeFhtt^i efpcrer, d'autant plus qu’on â déjà d’autres preuves de la ca- pacité de ion Auteur,. dans le nouveau traité des Oran- gers 6e Citronniers 6e dans celui des Figuiers que je viens de donner au Public. Il a auffi été examiné 6e reveu avec les mêmes foins , 6e l’ap- probation qui fuit en fait foi 5 ce qui me difpenfe de m’é- tendre davantage fur les fè- cours qu’on en peut recevoir.. CERTIFICAT 1 De éM r Hallon , Directeur de tous les 'Jardins du Roi. J v Ay lû , par ordre de Mon- feigneur le Chancelier , un anufcrit de Jardinage , con- tenant un Traité de la Cultu- re des Orangers, & Citronniers, des Figuiers & des Jardins Po- tagers , où je n s ai rien trouvé qui ne lé puifîe pratiquer avec utilité. Au Roulle le trente Mai 1692. Signé , B ALLONL TABLE DES CHAPITRES. 'Ch api- j^\E la connoijjance & du TKE I. choix des Terres pro- pres pour un Jardin P tager. page i Chap. IL Rcrnedes pour les fonds de Terre cfui (ont tout d fait mauvais . r i Ohap l\l. Moyens de corrige > les ter- res cf ui font moins défie flueufes. 2 0 Chap. IV. Avantages que l'on doit chercher dans la fituation d'un Po- tager. ^ 31 Chap. V. Commodité des orrofemens dont les Potagers ont b foin. y 4. Chap. VI. De l , aPpeEl& expof tiens que h s Potagers demandent fuivant la d feu n e de s c'imats , & des au- tres p 'écoutions n'refj aires. 67 Chap. VII. Pc T figure ordonnasse & difiributian de* Potagers de tou- tes gr ndeurs. 89 Chap. VIIL Des labours necejf aires dans la endure des Jardins Pota- g e ™. 11© Chap IX. Drs Amandemens & au- tres feins generaux que l’on doit apporter pour tenir les (Potagers en \ Jfon état a nq 1 Table des Chapitres. ChAP. X. Vravail du jardinier du- rant le cours de L'année dans le jardin Potager. *57 Chap. XI. Maniéré de faire des Cou- ches-, leur filage pour les nouveauteZ. d' Hiver & du Printemps. if 2 Chap. XII. De la nature & durée des dtvcrfes plantes dont un Posa- nt r doit être garni. ) 7 a Chap. X 1 1 1 . Quelle forte de terre convient le mieux a cloaque plante poraoere. * 8 $ Chap. XIV. De la culture particu- lière des Racines . 195 Chap. XV* Des Herbes ou Verdu- res du Jardin Potager. 207 Chap. A VI. Des plantes qui fe man- te t en ialades. 211 Chap. XVîL Des fournitures defa- ludes. 2 3 § Chap. XVIII. Des Herbes fines ou odo dfer wtes. 245 Chap. XIX. Des plantes d’une odeur f> te. 2 40 Chap. X X. De U culture de s le gu - mes. Chap X X I. Des faits dujard.n potager. Fin de la Table, nouveau . NOUVEAU TRAITE’ D E LA CULTURE J A RDI N S POTAGERS. CHAPITRE PREMIER. De la connoi fiance & du choix des terres propres pour un Jardin potager, OU S ceux qui ont traité Ifif du Jardinage ont ordinai- renient commencé par la confideration des terres qui y font propres. C’en eft auflï une des principales conditions, & i on pourroit meme dire la première de toutes ôç la plus ellentielle j puis A a De la cortnoi fiance & du choix qu’en vain auroic-on les autres a- ■vantages necellàires , fi le fonds qu’on veut emploier en Jardins „ n’étoit naturellement bon , ou du moins capable de recevoir les fe- cours qui le doivent rendre tel. Pour s’y bien connoître , il faut fçavoir qu’il y a plulîeurs marques d une bonne terre. Les yeux eu jugent les premiers , lorfqu’ils voient que ce qui y croît , eft fort ôc vi- goureux ; que les plantes y vien- nent en abondance ôc à veue d’œil j qu’elles y ont les feüilles larges 9 épaifles Ôc bien nourries ; que les arbres qui font plantez aux environs y font beaucoup de jets j qu’ils font verdoians avec une écorce fraîche , luilante ôc belle ; en un mot, que rien n’y eft chétif, ou me- nu , ni jaune , mais que tout y pro- fite à merveilles. Il leroit à fouhaiter qu’outre cette fertilité naturelle , cette terre fè trouvât d’un tel tempérament qu’é- tant épuifée ou altérée, doit par un ejicez de chaud , de froid, de leche- xdlè ôc d’humidité , ou par une Ion- des Terre a propres pou* un Jardin, $ gue nourriture de quelques plante s étrangères , elle pût fe rétablir ai" Cément d’elle-même, 8c reparer c e qu’elle auroit perdu, pourvu qu’on la laillât repolér. Car quoiqu’on y puillè fuppléer à force de fumiers , d’amandemens & de travail , 8c faire allez venir par ce moyen des herbes .potagères dans un fond médiocre- ment bon , neanmoins c’eft s’en- gager à trop de frais que de s’y attendre , 8c fe réduire à é- prouver ce que l’on dit commu- nément, que la peine en palfe le plaifir. Il y en a qui ont voulu difcerner & juger de la bonté d’une terre p.ir une autre marque, (çavoir par l’o- dorat 8c le goût , ahn de ne s’en point fervir , û elle avoit quelque mauvais goût , ou quelqu’odei t def- agreable , de peur que les he;b iges qu’on y cultiveroit , ne contradtaf- icnt ces mauvaifes qualités. Mais cette méthode a été rejettée , prin- cipalement par ceux qui ont crû qu’il falloir pour cela mâcher de la terre. Cependant puifqu’elîe n’df A H- ^ De ht conno) 'Jfance & du choix pas fans raifon , 8c qu’il y a une au- tre voye de faire cet ellày , il ne fera pas inutile de les propofer ici. On le fonde fur ce que la fève qui eft préparée par les racines , ne le frit Amplement que de l’eau , qui contracte necellairement le goût 8c les qualités de la terre qu’elle pé- nétré. L’exemple des eaux qui font dangereules 8c mortelles , 8c d’au- tres qui pour avoir pâlie à travers des minéraux , excellent en vertus 8c en propriétés merveilleufes , en eft une bonne preuve -, 8c ce qui ne laide nul lieu de douter que ces qualités font communiquées à la fève qui fe forme de telle eau, 8c par confequent aux plantes qui s’en nourri lient ; ce font les vins que nous voyons prendre le goût du terroir , 8c le retenir jufqu à la fin, quoiqu’ils le déchargent de toutes leurs autres impuretés. Il eft vrai que les legumes per- dent la plufpart dans la cuilfon , ce qu’ils peuvent avoir dedefigreable ; mais comme il y a beaucoup d’au- tres choies qui n’en fçauroient faire des Terres propres pour un Jardin y de même a canfe qu'on ne les cuit point , par exemple , tout ce qui le mange en fâlades ; il eft plus im- portant pour les uns &: les autres , de ne pas fe contenter d’une terre extrêmement fécondé , (1 elle n’eft aufîî exemte de puanteur & de tout mauvais goût. Pour en être éclairci , il faut creu- fèr à deux ou trois pieds de profon- deur , & prendre une poignée de terre au fond , que l’on fleurera pour juger de fon odeur. On en mettra aufli tremper dans un verre d’eau , cinq ou fix heures durant, de après l’avoir laille rafloir de paflee dans un linge , on en goûtera pour voir fi cette eau a pris quelque goût d’acreté, de puanteur ou d’amertume, ou quelqu’autre mauvaife qualité qui la doive faire rejetter. Que fi l’on y trouve au contraire une odeur ou une faveur agréable & douce , on peut alors s’aflurer de fa bonté pour tout ce qu’on lui voudra faire pro- duire. Il eft bon de goûter premie- mierement de l’eau avant que d’y mettre la terre, pour être plus alluré A iij 'g De U convoi ffafire & du choix e U cortnoijfance & du choix cours des grands & frequens arro/e- mens , auflî-bien qu’à force d’en- grais on peut vaincre leur fterilité naturelle; triais outre que cela coû- te beaucoup, les Legumes y font tres-peu de profit pendant l’Eté , 5c 11 n’y en a même qu’un petit nom- bre qui s en pui lient accommoder ; ce qui n’eft gueres propre pour un Potager qui doit fournir à fon Maî- ~\tre pendant toute l’année, tout ce qui lui eft neceflàire de ce côté-là pour L’entretien, de fon Domesti- que. Il n’eft pas croiabîe que Ci l’on a à choifir un fonds de terre pour un Jardin , l’on foit allez peu foigneux de fon profit . & de fes ailes , pour en prendre d’aufti défedueux que le font ceux dont nous venons de par- ler.. Il faut , comme nous l’avons dit , que la terre en foit meuble , e’eft-à-dire , douce , aiant le grain, menu , 5c fins pierres , telle qu’eft celle que quelques-uns appellent Varene-douce. Celle qui eft: un peu pierreufe & noire , eft bonne auffi, êc même une des meilleures pour des Terres propres pour un Jardin î i toutes forces d’ Arbres & de Plantes aptes quelle a été épierrée. Il s’en trouve de la même couleur , mais qui eft plus lablonneufe , qui ne lui cede pourtant pas : Elle eft admi- rable pour les racines du Jardin Po- tager , & pour tous les Herbages 3 quand elle eft bien fumée & labou- rée comme il faut. On peut encore le contenter d’une autre un peu plus forte, qui eft noire , grade , poreu- fe , Ôc amaflée en gros grains qui le tiennent liez enfemble ; étant paf- làblement bonne. U Remedes pour les fonds de Terre unimi mn?m? CHAPITRE II. Hem c des pour les fonds de Terre qui font tout d- fait mauvais. M A i s fi l’on n’eft pas en liber- té de déterminer la pla- ce d’un Potager dans une terre c]ui ait aucune de ces bonnes qua- litez , &c qui n’en ait que de mau- vaises , voions comment on peut y remedier. Quand ce font des terres coriaces 5 & fi fortes qu’elles lé cou- pent à la Beche comme des terres franches , &; des terres glailes , Sc qu’il n’efi: pas commode d’en faire porter d’autres en la place , il faut leur donner une telle dilpofition , qu’étant élevées par quarrez en dos de bahu , Peau qui y fejourneroit fans cela, Si les reduiroit comme en qui font tout-a-fait mauvais. r$ bouillie ou mortier en temps de pluies , puiffe avoir Ion écoulement dans des rigoles , Ôc enfui te dans des pierres qui feront aux coins , & fes " porter enfuite dans des Aqueducs ou Canaux qu’on fera exprès On peut leur donner cette élévation , non-feulement avec des terres nou- velles qui foient meilleures ; mais encore avec de grand fumier , foin en le mettant par-deflous , ou le mêlant avec ces terres fortes. Cette maniéré eft bonne encore pour les lieux qui font fiijets aux inondations des grandes pluies , où qui font na- turellement marécageux , les aiant premièrement remplis & comblez avec des fables , des gravois , ou au- tres femblables chofes : Et pour évi- ter les inconveniens qui arrivent aux terres qui Ce fendent aifément dans les grandes chaleurs , il faut avoir recours aux frequens labours qui font le feul remede qu’on y puiile apporter. Voilà pour les terres qui font trop lourdes, trop grades , & trop fartes. A l’égard de celles qui font trop 74 Remedes pour les fonds deT" erre arides ôc trop legeres , fi elles font telles naturellement , Sc dés la friper- dcie , on n’y peut remedier qu’en y mêlant cf autres terres fortes que Ion tranfportera d’ailleurs , ou bien en faifant couler dans le fond quelque décharge d’eau qui fe pu i lié répandre par-tout -, ce qui ne le peut gueres pratiquer. Que fi cette fecherede provient d’un fable qui fe trouve au délions , lequel n'étant pas allez folide & allez ferré pour pouvoir ar- rêter les eaux de pluies , de néges, ou autres , les laide palfer & defcen- .dre plus bas , comme elles y font entraînées par leur pefanteur , ôc fait par confequent qu’il ne s’y con- ferve dans ces terres aucune humi- dité ou fraîcheur dans le fond , lans quoi elles ne fçauroient rien pro- duire . non plus que fans une chaleur temperée : Pour reparer en quelque maniéré ce défaut , il faut fe fervir .d’un expédient tout contraire à ce- lui des terres trop fortes ; c’eft-à- dire . tenir les quarrez qui font a labourer dans une lituation plus bai- fe que les allées , en forte que les ejul fout tout-a-falt mauvais, jÿ .eaux y aient toute leur pante ; 8c pour une plus grande provifion d’hu- midité , Ton jettera dans ces labours .en H y ver toutes les néges des allées 1 & des environs doû il fera facile de les y porter ; 8c cela après avoir préalablement tiré de ce fable tout pur qui eft au fond , la profondeur ,de trois pieds , pour y fubflituer de meilleure terre en la place. Les terres argilleufès doivent être traitées comme les terres for- tes , puifqu'elles font de la même nature - c eft à-dire , d'une compo- ficion à ne pas donner lieu à l’eau de la pénétrer aifément, ni à rece- voir apres en être imbues par la longueur du temps , les raions du Soleil dont elles ont befoin pour (h deflècher , qu'avec une extrême dif- ficulté. Il faut donc fiire en forte par nôtre induftrie , qu’elles devien- nent capables de ces deux chofes ; & c’eft ce qui fe fera encore par un bon & profond labour qui relevant la terre a hauts filions , ou mottes * en piramides , donnera moien à l’eau au Sofcil de la penetrer bien ï£ Re meâes pour les fonds de Terre avant , 8c à l’eau celui de s’y incor- porer. Ce labour doit être fait en temps fec , loit froid ou chaud , 8c réitéré avant que la terre foit dere- chef afïàilïée; ce que l’on empêchera en y mêlant du fumier long , Toit da pailles ou de feuilles , qui ne loit qu’à demi pourri ; afin qu’achevant de le confommer, il s’échaufe, 8c aide en même temps à échauffer la froideur qui eft dans cette terre. On doit obfèrverle contraire dans les terres làblonneufes , qui font un effet tout oppofé ; Içavoir de boire l’eau trop promtement làns en faire profit , 8c de demeurer enluite ex- f >ofées à toute l’ardeur du loleil qui es brûle. Il ne faut par confè- quent les labourer qu’en temps hu- mide , & y emploier du fient gras bien pourri , foit en le mêlant avec la terre , foit en le répandant feule- ment pardeifus peu de temps avant les pluies ; car venant à fe di (Tondre, il engraille la terre en coulant plus lentement, 8c fou fuc le plus exquis demeure le plus proche de la fur- face où il doit faire Ton plus grand effet. Ces qui font tout- a fait matwaif. 17 Ces remcdes ne fèroient pas luf- fifms fi les terres étoient entière- ment d’nn li méchant tempérament, Sc dés la (uperficie ou les premiers lits, principalement pour celles qui font argilleulcs , étant les pires de toutes. On ne les peut jamais bien corriger par le mélange d’autres bon- nes terres : elles empêchent plu- tôt les fondions naturelles de cel- les-ci pat* la crudité , amertume ôc autres méchantes qualités qu’elles leur communiquent. Ainft il n’y a qu’à enlever abfolument toute cette terre hors du lieu 011 l’on veut faire un jardin , jufqu’à la profondeur de trois pieds , aux endroits qu’on de- ftinera pour les Arbres , & pour les Plantes à longue racine , & de deux pied-s au moins pour les menus her- bages ; & y remettre enftiite pa- reille quantité de bonne terre autant qu’il fera facile d’en avoir. On fera la même chofe quand on eft dans un fonds , qui eft tout de craye , e’eft-à- dire , de terre de carrière • ou tout pierre , tuf , gravois , & cailloux ^ ou tout fable de quelque couleur qu’il foit. B 5® j Rente de s four le s fonds de Terré Il n’y auroit rien à enlever, ft heureulement cetce méchante terre le trouvoit beaucoup plus balle que la fuperficie qu’elle doit avoir pour n’être pas de même niveau que la mai Ion , fuppofé qu’on puillè faire le Potager tout auprès : Car il a beaucoup plus de grâce d’eftre dans une lîtuation un peu plus balfe , en forte que d’un Perron j qui régnera le long de la maifon , on defcende par quelques marches dans ce Jar- din , que quand il eft de niveau ou : plus élevé , & que par conlequent on n’y peut aller qu’en montant,. Que fi le Potager en doit dire plus * éloigné , comme c’elf l’ordinaire dans les grandes maifons , on ne • lailîèra pas , fi l’on peut , de leur- donner une difpofition à peu* prés, ièmblable - y afin que dés l’entrée on puiftc d’un coup d’oeil en parcourir toute l’étendue. Or fi par cette facilité l’endroit que Ton choifira eft naturellement: bas de la lîtuation , comme de cinq ou fix pieds, quelle que foit la mé- «liante terre qui s’y trouve , il n’y a qui font- tout-}. -fuit mauvais, iq qu’à l’y lai (1er 8c rehauller la lu j perfide , à la hauteur des deux 8c trois pieds que nous avons dit. Pour être plus leur de cette quantité de terre , il faut mefurer avec une jauge l’endroit d’où on l’enleve , Sc non pas la hauteur à quoy elle monte , quand elle eft mile en place , parce que les terres nouvellement remuées en occupent d’abord davantage , que celles qui font affàilïees. Par la même railon quand on tirera d’un Jardin trois pieds de méchante terre, pour y en remettre d’autre meilleure, on ne fe contentera pas que l’en- droit que l’on a creufé foit rempli de niveau au refte ; mais il faudra mefu- rer cette terre fur le lieu où elle fera- prilê ; linon en mettre environ un pied plus haut , c’eft-à-dire quatre pieds , étant alluré que celafe rédui- ra allez par la fuite à la quantité ne--- cdïàire de trois pieds. B ij' / io Moiens de corriger les Terres CHAPITRE III. Jlfoiens de corriger les T erres qui font moins dèfeciueufes. I L eft rare qu’on air à en venir à ces extremitez , parce qu’il n’ar- rive gueres que l’on choifilîe pour faire un Jardin , un fonds extrême- ment défectueux. Il eft plus ordi- naire qu’étant allez bon , il n’y en ait pas luffifamment , parce qu’au dellous des premiers lits de bonne terre que l’on rencontre d’abord , il s’en trouve de glailè , d’argille , ou de tuf, qui arrêtant l’eau trop prés de la fùperficie, font que fon fe- jour rend la terre trop humide ou caulènt d’autres inconveniens ; 8c c’eft alors qu’il faut ie lervir des expediens cy-deftus , e’eft-à-dire élever les quarrez en dos de bahu , employer des fumiers longs a demy pourris , donner à ces eaux loû- moins dèfeEhieufes, ij terminés une décharge qui les porte dehors j 6c fi Ton veut faire encore mieux , enlever ablolument tout ce qu il y a de mauvailè terre dans le fond, foit fable, foit glaife , fine Î fierre, 6c y en mettre de meilleure à a place autant qu’il en faudra pour la profondeur requife , 6c pour con- server toujours la même hauteur que l’on avoit , fi elle eft telle qu’on a lieu de la fouhaiter ; ou pour y parvenir, fi la fin perfide eft trop haute, ou trop balle. En ce dernier cas s’il faut haulTèr le terrain au delà de trois pieds , il ne feroit pas necelîàire que le fur» plus fut tout de bonne terre. On peut y employer tout ce qu’on a, quoi qu’il fint. L’on a pour cela une grande commodité dans le voifinage des villes , d’où l’on peut apporter les décombres des fondemens ou démolitions des maifons, 8c don- ner la liberté de les venir déchar- ger dans les places qu’on veut re- haulîer. Il eft vrai que cela ne fè fait qu’avec beaucoup de temps , 8c c’eût une perte allez confiderable * îT Moi en s de corriger les Terres pour chercher une autre parti s’il eft poffible; d’autant plus qu’on s’ex- pole fouvent à n’avoir dans Ton Jar- din que beaucoup plus de fable , 3c de pierres , Ci on ne les pâlie à la claye , que de véritable 3c bonne terre , qui eft ce que Ton dé- mande. J’approuve encore moins la pra- tique de quelques-uns. Pour s’évi- ter la peine des terres de rapport , quand il n’y en a pas dé bonnes à une profondeur luffifante , ils fè contentent après avoir fait la diftri- bution de leur Jardin , de prendre celle qui doit être employée en al- lées , pour mettre tout ce qu’il y en a de bon dans les quarrez, à la place de celle qu’on en tirera , commen- çant par faire une tranchée de cinq ou ftx pieds de large depuis un bout du quarré jufqu’à l’autre , 3c ce qu’ils trouvent de bonne terre , ils le jettent avec la beche fur l’allée ' la plus proche; afin de faire place, 3c de pouvoir vuider l’argille ouïe tuf. qu’ils jettent dans l’endroit que doit' occuper une filtre allée: après quoi- fpù font moins dèfeïïucHfet. if-. fàilànt une autre tranchée de la mê- me largeur ôc longueur, ils en met- tent toute la bonne terre dans la pre- cedente , ôc en fuite ce qu’ils ont jette fur l’allce avec la bonne terre qui eft au dellus de la meme allée, s’il y en a de manque , ôc continüens ainfi de quarré en quarré ce tra- vail, qui fait qu’à la fin les allées ne font compofées que de la glaifè , des - pierres , ou du tuf qui fe rencontroit trop prés de la furface. D’en ufer ainfi , ce ieroitbien s’é- pargner une peine ; car il y en a fans doute à tranfporter allez loin " • la méchante terre , ôc à en apporter d’autre en la place; ôc d’ailleurs les allées fe trouvent de cette maniéré 9 plus iolides ôc plus fermes pour la promenade ôc pour le charoi des cho- ies necelfaires a l'entretien du Pota- ger , que fi elles étoient d’une ter- re plus douce , ôc il n’y croîtra mê- me point autant de méchantes her- bes ; mais il y a auffi d’autres incon- veniens à craindre, qui me font mé- prilcr ces légers avantages pour d’&utres plus tolides. L’un eft que. *4 Maliens de corriger les T erres ccs amas de pierres &: de tuf, ar- tirent rhumeur & la bonté des ter- res voifines , Sc des amendemens qu’on leur donne ; & cela eft extré. mement nuilîble à ce qu’on y plante, principalement aux arbres en buifi. ions qui le trouvent jugement pla- cez en ces endroits. De plus , ce font autant de retraites pour les li- mas & autres in fèétes qui perdent les jardins ; & ce qui eft de plus fâ- cheux , c’eft qu’au cas que dans la fuite on voulût changer le dellein du potager, cela ne le pourroit faire qu’en recommençant tout de nou- veau , un grand & pénible travail , qui renverfèroit tout le jardin , pour porter enfin hors de là tous ces re- buts jaulieu qu’on ne perdrait prefi. que point de temps fi on l’avoit fiit dés la première fois , parce qu’il ne s’y trouvera que de bonne Terre. On aura encore en cela un autre avantage. C’eft que fans qu’on veuille changer le delfein du Pota- ger , les terres des quarrez venant à la longue à s’ufer &c à s’épnilèr , il fera facile de les renouveller en prenant font moins dcfeïïueufes. prenant celles de allées qui feront de la même qualité. Or l’on fçaic combien ce remuement efl: profi- table , foit que par ce moien l’air penecrant davantage les terres , y réveille quelque principe de vi- gueur , foit que cet air les purifie de ce quelles pouvoient avoir con- traéte de mauvais , ou qu’enfin ils les rende plus meubles de plus pe- netrables aux racines ; ce qui fait qu’on eftime tant les terres por- tées de neuves. Qu’on ne plaigne donc pas en cela la peine , s’il arrive qu’on foie réduit à en venir là , comme quand on veut faire un Jardin en un en- droit qui manque entièrement de terre , ou que la bonne qui y efl: n’eft pas en une quantité fuffiftnte , ou qu’elle eft mêle e à d’autre mau- vaile. On ne peut mieux frire que d effondrer entièrement un pareil endroit , pour ôter tout ce qu’il T a de defeébueux , Se y mettre de bonne terre en la place. Que fi la terre efl: paisiblement bon- ) 0Ü elle foit feulement ufe© C £($ Moiens de corriger les Terres pour avoir fervi à d’autres produc- tions , le travail en fera beaucoup moindre. On remedie à ce dernier inconvénient par le changement des plantes , par l’amandement , avec de bons fumiers , & par le repos, Ainfi par exemple , une terre qui a été long-tems emploiée en vignes , en bois, ou autre chofe , réiilTit fort bien en des plantes moins vora- ces, telles que font les Herbes po- tagères , les Pois , Fèves , &c. Et fi elle elïiiie enfin le fort commun de toutes les terres,qui eft de deve- nir ufées , le foin du Jardinier y doit pourvoir, en s’appliquant per- pétuellement à remarquer de quelle maniéré viennent ces plantes ; afin de ne point perdre de tems , & que changeant félon le befoin de place à fes legumes 8c à les femen- ces , là terre ne demeure point inutile , n’étant jamais fi ufée ôc fi effritée qu’il la do,ive laiflèr en fri- che, pouvant au contraire produi- re de toutes choies les unes apres les autres , pourveu qu’il ne la laifle pas manquer des iècours qui lui cjui font moins defeElueufes. 27 tiecdîàires. -Le repos eft bien ca- pable de rétablir une terre altérée par la nourriture de quelques plan- tes qui lui éroient étrangères : mais lî l’on y ajoute du bon fumier , cela Ce fait encore plus heureulement , aulïï-bien que pour améliorer une terre médiocrement bonne ? fur- quoi Ton doit voir ce qui fera dit ci-apres au Chapitre des Amande- mens. Et a 1 egard de ce repos des terres , on ne doit pas s’imaginer qu il faille ablblument lailîer le fonds /ans lui rien demander. Il ne confifte ordinairement qu’à met- tre à l’air la terre qui étoit dans le fond , ou n’aiant rien à s’occu- per, elle confervoit fa fécondité na- turelle , en attendant qu’on la fît tra- vailler, c eft-a-dire qu’on l’expo/at au /oleil & qu’on lui donnât quelque culture : & celle qui étoit à la iuper- Ecie prenant là place dans le remue- ment qu’on en fait , elle y eft à fon tour dans un repos capable de la ré- tablir au bout de quelques années e & de la remettre en ctat d’agir aulïï- bien que jamais j en quoi l’on voit C ij j.8 M oierts de corriger les T'erres encore 1’importance qu’il y a , que dans l’endroit que l’on deftine pour le Potager , il s’y trouve trois pieds de bonne terre. Ce qu’il y a de bon au-deftous de cette profondeur eft regardé com- me une terre neuve dont la fecon* dite eft merveilleufe , aiant con- ler vé tout fon fèl par l’inaélion où elle eft demeurée. Celles de la fu- perficie peuvent aulîi quelquefois etre appellées telles quand elles ont été empêchées d’agir , & qu’el- les ont celfé un tems de produire de de nourrir des plantes , comme quand on les a occupées à des édi- fices , ou autrement. Dans les pre- mières années que ces terres font emploiées à leurs anciennes fonc- tions , elles font un effet admira- ble ; toutes fortes de plantes Se de légumes y croillènt de groftiftent £ vûë d’œil ; & elles fc paflent même aifément de tout amande- ment , ou fe contentent de tres- peu. On peut être fuffiiamrnent inf- truit par tout ce que nous venons (fui font moins dcfeSiueùfes. de dire , des conditions qui doi- vent Ce rencontrer dans le fonds qu’on veut convertir en Potager , s’il cft en nôtre pouvoir d’en faire le choix j & de ce qu’il y a à pra- tiquer quand on eft borné a le iervir d’un terrain defe&ueux pour le rendre meilleur : comme, de mê- ler de la terre franche avec la le- gere de corriger l’aridité de celle' qui eft labloneule , y en joignant de la forte ; de procurer de l’humi- dité à celle qui en manque , de def- feche'r celle qui peche de ce côté- Ià par l’excez ; d’échaufer celle qui eft trop froide, de temperer au con- traire l’ardeur des terres trop chau- des -, âc ainii des autres inconve- niens,aufquels on peut remédier par les divers moiens que nous avons propolez. On trouvera plus bas le bon ufage que l’on peut faire de chaque partie de. fon fonds tel qu’il foi t , fuivant la difficulté qu’on peut avoir de vaincre ces obftacîes s en plaçant chaque efpece de plan- tes & de legumes dans les terres dont elles peuvent le mieux s’ac= C iij xo Àfoiens de corriger les Terres commoder &: fe contenter. Nous n’ajouterons plus ici que ces deux ©blervations : l’une , que dans ces correctifs des terres mal condition- nées , il y a cette diftinCtion à faire j que dans les pais froids il eft à fouhaiter d’y avoir des terres légè- res , afin qu’avec le focours du peu de chaleur qui s’y fait fentir , elles ioient a-lTez facilement échaufées pour être raifonnablement hâtives- dans leurs productions -, au lieu que dans les pais chauds , il vaut mieux y avoir de la terre allez forte &C allez grade afin que les chaleurs qui y font plus grandes ne puiflènt pas li aifément penetrer dans le fond , ni par conièquçnt alcerer les. plantes» L’autre regarde les terres de rap-^ f >ort a qui pour fo conferver dans e degré de bonté quelles avoient dans l’endroit d’où on les tire , veulent trouver une fituation aufïï avantageufe ; autrement il arrive allez fouvent qu’elles deviennent fteriles ; comme réciproquement il s’en rencontre de celles-ci que L’on qui font moini defcFïueufes. ÿï rend tres-propres pour la produc-* tion , en leur donnant une fitua- tion plus heureufe. Il arrive delà que la bonté de ces terres rappor- tées n’effc le plus fouvènt qu acci- dentelle, fi elles n’en ont toutes les autres marques dont nous avons parlé. Il en eft de-même de la cou- leur : ce n’eft qu’un ligne alîèz é- quivoque & peu leur , d’une bonne terre, que d’être d’un gris noirâtre. Il s*en trouve bien plus de bonne de cette couleur que dé toute au- tre , principalement de la blanche: trais il s’en voit de telles tout-à- fait infertiles , loit fur le haut de certaines montagnes , ou dans quel- ques valons, où elles ne lont tout au plus capables que de produire des bruieres & des Genêts. Bien fou vent aufTî il s’y trouve du Tuf mêlé , comme de f Argille aux ter- res blanches & rougeâtres -, ainfi les couleurs de terre peuvent trom- per : ce qu’on ne peut dire de la beauté & vigueur de fes produc- tions naturelles , qui conftamment font les feules qui en doivent dé- C iiij ji Avant Age s cjue Ven doit chercher eideu , quand elle eft déjà occu- pée , foit en prairie , bois ou au» cre chofe». CHAPITRE IV. ^Avantages que l'on doit chef - cher dans la fetualion d'un Potager. C Omme c’eft la ftijetion ou l’on eft à l’égard de la fitua- tion des Jardins , qui fait d’ordi- naire qu’on n’eft pas le maître d’avoir des terres telles quelles feroient neceftaires ; il faut voir à quelles conditions cette fituatiort nous oblige, pour nous y confor- mer quand il eft poiïible , ou pour y fuppléer /èlon le befoin dans les chofes qui feront moins ellèntielles, afin de fè prévaloir de quelque au- tre plus grand avantage qui fè. trouvera du côté du terroir. dans ld fîtudtion cL'utt Potage*. La première fujetion que l’on ait k cet égard , eft de placer un Ut- dm allez près des maifons , foie à la Ville ou à la campagne. Il eft vrai qu’étant faits pour^ leur fer- vice , ils les doivent accompagner &c n’en être que médiocrement é- loignez. Mais il feroit aufïï à fou- haiter que les maifons fu lient fai- tes pour les Jardins , & non pas les J-ardins pour les maifons • c’eft-à- dire que quand on choifît des pla- ces à bâtir, on eût aulîî en vue d’y pouvoir faire aifement de beaux & bons Jardins • au lieu qu’on n’y fonge qu’aprés coup, fe déterminant premièrement, ou par la beauté de la vue , ou par la proximité d’une riviere ou d’un bois , ou par la commodité & le plaifïr de la challè 5 ou par la facilité d’y faire venir des eaux , ou par la conliderationd’un voifinage d’amis, ou quelque autre chofe femblable. Souvent auf]J on devient maître d’une maifon par fîiccefîion ou par achatjainfi n’aiant pas à en choilîr la fituation , ni à en commencer les fondemens 3 on 54- Av tritures que Ton doit chercher iê trouve dans la neceffité de faire un Jardin tel quel , fi Ton s’en tient aux dépendances de cette maifon : & cela eft allez inévitable pour les Jardins de ville , dont le terrein eft trop précieux pour en pouvoir emploier une grande étendue à cet ufage : mais pour ceux de la cam- pagne , 8c particulièrement pour les Potagers qui y font ordinaire- ment releguez ; comme ils ont be- fbin d’être d’une étendue 8c d’un rapport confïderables , fi la bonté du fonds voifin ne s’accorde pas a- vec cela, on peut en prendre un qui fbit un peu plus éloigné quand il eft meilleur , pour s’éviter toute la dépenfê à quoi on eft réduit pour améliorer les terres qui fontdéfec- tueu/ês.- Il fuftira alors que l’en- droit que l’on chojiira foit d’un a- bord facile , tant pour la commo- dité du tranfport des fients 8c au- tres choies neceftàites , qu’a fin que le maître puiftê vifiter aifément fon Potager quand il lui plaît , rien ne contribuant mieux au bon eftat 8c à l’entretien de fes herbages 6c le- dans. U fit nation tf un Potager, gumes , auflï-bien que de fes fruits * au lieu que quand on ne craint point [ a prefence , les chofes cou- rent rilque d’être dans le defordre ëc dans la mal-propreté. Tels font ordinairement les Po^ tagers des grandes maifons , même quoique le terrein plus proche jfoic alfez bien conditionné ; car comme ces Jardins font fujets à avoir beau4 coup de chofes qui font défagreaJ blés à l’odorat & à la vue , ou qui pourroient tenter des friands indis- crets ; on croit avec quelque rai- lon devoir mettre les unes hors de La portée de ces envieux, & éloigner les autres du principal afped:,pour faire un parterre , qui par la fuite continuelle des Fleurs diderentea qui rémailleront , plaira davantage à la délicat elfe des fens. L’on marquera ci-aprés ce qu’il faut obier ver à cet égard dans la diftribution des Jardins des maifons médiocres , ëc qui n’en peuvent a- voir qu’un : Voions quels autres avantages l’on doit rechercher dans leur fituadoii , après celui de la AflAWA^et que Von doit cherche r proximité des bâtimens , 8c d’un accez commode & facile. La dif- pofition du fonds en fa fiiperficie , eft une des premières circonftances a quoi il faille faire attention. Pour cet effet , il faut fçavoir fi l’on ne veut fimplement qu’un Potager , fans aucun accompagnement de fruits que ceux qui en font partie ; comme les Fraifes , Framboifes , Grofeilles 8c autres Fruits rouges ; ou s il eft queftion d’un Jardin com- me la plupart le fouhaitent , où 1 on ait tout à la fois, 8c fruits 8â légumes. Quand on ne veut qu’un fimple Potager, on ne fçauroit mieux faire cjue de choifir un Vallon , parce qu’ordinairement on trouve dans cette fituation tout ce qui rend un terroir bien conditionné. L’on y a prefque toujours un bon Fable noir ; la terre y eft meuble 8c d’une profondeur fiiffifiante ; elle eft en- grailFée de tout ce qu’il y a de bon fur les lieux élevez qui font dans le voifinage , par l’écoulement des eaux qui en détachent les fiels : 8c dans U ptuation d'un Potager. delà vient que les legumes y croit fenc aifément & abondamment , & que les Fruits rouges y acquièrent U groffeur 5c douceur qui les ren- dent recommandables. Les Valons n’ont à craindre que du côté des inondations , 5c ce danger n’eft pas petit ; puifqu il eft peu de ces plan- tes qui doivent durer plus d’un an dans la terre , comme les Arti- chaux , les Afperges , les Fraiiîers f ôcc. qui ne trouvent leur deftruc- tion dans le fé jour d'une eau dé- bordée. Au fécond cas, c’eft-à-dire quand on veut un Jardin d’où l’on puiflc tirer des Fruits 5c des Legumes > la fituation qui y paroît la plus pro- pre eft celle des mi-Côtes , qui four- millent tout ce qui eft necellàire pour l’un 5c pour l’autre, fuppofé que le fond en foit bon. Et en effet la terre n’y eft jamais ni trop lèche , ni trop humide ; les eaux qui s’en écoulent {ans celle y font un tempérament convenable , 5c la chaleur du Soleil y fait Ion de- voir i'ans être trop ardente , ou $3 Avantage s que Von doit chercher combattue jxar le froid qui eft infe- parable des lieux marécageux. Ces mi - Côtes pour être telles qu’il faut , ne doivent pas être trop roi- des. Il eft à fouhaiter que la pente en foit prel qu’imperceptible ; au- trement les avalaifons des orages & les ravines pourraient y faire du defordre , arracher des Arbres, emporter les terres du haut en bas , ravager les allées, & renverlèr tou- te l’utilité & l’agrément du Jardin. On n’eft pas toujours allez heu- reux pour rencontrer des fituations fi avantageufes. L’on n’eft que trop fouvent réduit à Ce contenter d’une plaine , qui ne peut donner aux fruits ni le beau coloris , ni un goût relevé , ni une maturité avancée , h l’on n’y fupplée par le choix des expofitions., & même eu hauftant le terrein ; ou bien l’on n’a qu’un lieu trop montueux & trop élevé pour les legumes 8c les herbages ; & alors il faut le ré- duire à une fuperficie plane , ou du moins à une pente médiocre: En forte que dans les Jardins qui dans la fît nat Ion d’un Potager. ont le défaut d'être trop fècs de trop élevez , &c qui neanmoins font d’un niveau égal , on y doit ména- ger quelque pente imperceptible 5c perpétuelle , dans toutes les allées qui régnent le long de l’expoficion du Levant , & pareillement au Mi- di , afin que l’eau des pluies qui effc inutile dans ces allées fe décharge dans les quarrez voifins qui font rarement allez baignez des eaux du Ciel , parce que les pluies don- nent ordinairement au Couchant : & pour les lieux ou l’alïïette eft trop roide & trop montueufè , quand on eft indifpenfablement o- bligé de s’en ièrvir , il faut tâcher d’en corriger le défaut par le ni- vellement qui donnera à connoî- tre le remede qui s’y peut ap- porter. Pour cet effet, il faut obfèrver que chaque, piece de terre peut avoir plu- fîeurs pentes toutes différentes ^ fea- voir une, deux ou trois pour au- tant de cotez , 5c une pour cha- qe diagonale , c’eft-à-dire pour les gunes qui traversent d’un coin à .^.o \AvAfitAgct que Fort doit chercher l'autre tout le terrein comme une croix de Saint André. Or Ton ne peut bien fçavoir le niveau d’un Jardin qu’on n’ait pris & enfuite réglé toutes ces pentes. C’eft ce qui fe fait en commençant tou- jours par l’endroit le plus haut de la piece à niveler, pour aller au plus bas qui lui eft oppofé. Pour s’en bien acquitter , il faut pren- dre chaque niveau fur une ligne bien droite qui iêra tirée , foit le long du côté à niveler, ce qui eft le meilleur , foit fîir une autre ligne paralelle à ce côté. Il n’eft pas necelTaire de s’attacher à avoir ces niveaux auilî juftes que pour une piece d’eau & pour des fon- taines , où jufqu’à une demi li- gne tout eft de la derniere impor- tance. On doit Ce contenter de la juftefè que l’on découvre avec la réglé & l’équierre qui forment l’inftrument que l’on nomme ni- veau' , lequel eft triangulaire 5 aiant un plomb attaché à une pe- tite corde qui pend de l’angle ob- tus. L’équierre étant pôle fur la reo-le dans la Jî: nation d'un Totager. 41 réglé , il faut que cette petite corde rencontre l’entaille faite exprès , tant au haut de cet angle , que fur le point du milieu du côté qui lert de baze à cet infiniment : la réglé doit être bien droite , de dix ou dou- ze pieds de long, de fix ou fept pou- ces de large , & de deux d’épaillèur. Il faut outre cela des jailons ou bu- tons pointus pour ficher en terre, qui foient de trois à quatre pieds, éc d’une longueur fort jufte &c fort égale ; on les fend par l’extremité qui doit relier en dehors , afin d’y mettre un peu de papier blanc. Quand on en vient à l’opera- tion , il faut être trois ou quatre per- fonnes , fçavoir trois pendant qu’011 fe lert de la réglé , & quatre quand on eu vient aux bâtons. L’une de ces perfonnes doit toujours être à l’endroit le plus bas du côté à nive--- 1er , & y avoir une perche pour lèr- vir de point de vue , afin de hauffer ou bailler cette perche fui vaut l’or- dre de celui qui vile au bornage pour regler l’alignement. On choilit pour Cela un temps calme , fins vent , ni D 41 Avantages que C on doit chercher fans pluie , & s'il eft poffible un peu fombre , à moins qu’on ne puiilè Te placer de maniéré que la lueur du Soleil n’incommode point la vue. On fait d’abord entrer un des jallons y jufqu’au rez de chauflée de la fiiper- ncie qui doit demeurer , & un autre en ligne droite un peu au delTous j. en forte quon y puiflè commodé- ment appliquer la réglé ; après quoi pofànt le niveau fur cette réglé , on fait haufler ou bailler le fécond jal- lon jufqu’à ce que le plomb tombe jufte dans fes entailles. Ajnfi fi de- puis le premier jallon jufqu’à l’au- tre, il Ce trouve que la. terre du fé- cond foit plus haute, il faut faire une. petite rigole fous la réglé , & l’en- foncer de telle profondeur que le jufte niveau y foit obfeivé. Que C\ au contraire il y manque de terre , depuis le premier piquet , de iix ou fèpt pouces , plus ou moins , il faut laitier le fécond juftement à la hau- teur que le jufte niveau commande- ra, &; continuer de même julquau bout. v Le fécond jallon étant, arrêté ^ dans la fîtuation d'un Potager. 4.3 011 ôte le niveau , 8c pour lors fe couchant à plate terre on peut fur cette réglé- ainli fixée 8c ajuftée , mirer, vifer ouborneyer vers laper- fonne d'en bas qui rient la perche, avec un linge blanc ou noir, au bout d'en haut. Peut-être fera-t-il 11e- cellàire que cette perfonne monte fur une échelle , fiir une muraille , ou fur quelque Arbre , pour haulïer ou bailler la perche luivant l'ordre du Borneyeur ; 8c cela jufqu’à ce qu aiant oblervé Textremité , il luppute jufte combien il y a de pieds & de toifes en ligne droite 8c à plomb , depuis cette extrémité qui eft le haut de la perche ou du jallon , julqu'à la luperficie naturelle de la terre qui eft au delfous. Pour le lôulager dans l'incommo- dité qu'il y a de le coucher , on peut creulèr la terre auprès du premier jallon fiché en terre jufqu'à ce qu’on y puillè être commodément ams , à genoux , ou debout , pour borneier à fon aife : ou bien on peut fe lèrvir de deux de ces bâtons , que l'on po- lêrafur deux autres fichez en terres P i| J 4-4. Avantages que Von doit chercher ou fur quelqu’autre piece de bois ou de terre , mife exprès ; & enfuite mettant la réglé fur ces bâtons , on verra avec l’équierre fi elle eft julte & de niveau • & après qu’on aura borneyé ,Ôc rencontré au bout de la vûé , l’extremité de la perche , on déduira fur le tout la hauteur des bâtons, & de la réglé, & par ce moien Ton aura fon niveau jufte. Que fi les pentes que l’on aura melurées, ne le trouvent que médio- cres, par éxemple d’un pouce , ou d’un pouce & demi par toile , cela n’eft pas fort confiderable : pour peu qu’il y ait de la dépenle à les corri- ger , on les peut fouffrir , étant prefqu’inlènlibles 5 du moins fur une longueur un peu grande , comme d’environ vingt toiles , puifque cela , n’ira qu’à quelques deux pieds. On s’en peut même- confoler quand la pente lèroit de douze ou quinze pieds , pourvu que la longueur foit d’une proportion égale , comme de quatre-vingts toiles , cette longueur rendant la choie plus impercepti- ble , Ôc moins rude qu’une pente de dans \ a fitnation d'un Totager. 4 y deux pieds fur vingt toiles. On a vu d’ailleurs les avantages qu’il y a dans une telle alïïette, particulièrement pour les fruits. Il n'y a donc à cor- riger que celles qui font plus rudes, comme de trois , de quatre , de cinq pieds , 8c même davantage lur une longueur fort médiocre, 8c cela le peut faire de diverfes façons. Premièrement on peut bailler Amplement le terrein élevé , autant- qu on a beloin qu’il le ioit pour en adoucir la pente. On peut en fé- cond lieu porter dans l’endroit le plus bas ce qu’on a ôté du plus haut; de de cette maniéré une pente de cinq pieds , par éxemple, le trouvera réduite a trois , fi ôtant la hauteur d’un pied en l’endroit le plus haut, on éleve d’autant la partie la plus balle. Il y a en ce point cette pré- caution a prendre ; que devant que rien bailler de la partie élevée, il faut y faire des trous en plulieurs endroits , pour examiner combien l’on y a de bonne terre ; 8c pour décider là-delfus Ci l’on en peut ôter quelque chofe ou non , lans faire 4 <3 Avant a ots que Fondait chercher sort à- la profondeur de trois pieds de bonne terre qui eft necelfaire pour lêrvir de fonds au Jardin. Cela étant, s'il y a alFez de rerre pour en pouvoir diminuer une par- tie , on le fera julqu’à la concurren- ce de ce qui eft necellaire pour mo- dérer la pente : Mais ft cela ne le peut fans ôter de la profondeur ou quantité de terre dont on a befoin \ ou l'on trouvera plus à propos de lie rien changer à cette hauteur , & de relever feulement la partie baffe, ioit en ajoutant d’autres bonnes ter- res à celles qui y lont déjà , fi l’on en peut avoir commodément ; foie en relevant , &c rebrouftant cette bonne terre, pour en mettre au fond de plus mauvaile , même des gravois- &■ des pierres , fi l’on ne peut faire mieux ; & l’on recouvrira enluite le tout de la bonne terre qu’on aura- mile à part : Ou bien fi l’on aime mieux bailler le terrein de la partie haute , on mettra de même à parc isout ce qui fera de bonne terre au deftus , julqu’à ce qu’on ait fouillé & enleyé de la méchante de deflbuf dam ta Jituatîon d’itn Potager, autant qu on le jugera neceffàire pour parvenir à légalité de la par- tie balle ; 8c cela fait , on remet- tra de nouveau les bonnes en leur place. Il peut arriver que l’on fe trou- ve dans une affiette 11 irre^uliere 8c fi montucufè , qu’aucun de ces expe- diens ne loi t iuffiiànt pour en corri- ger les defauts. Il faut alors neceff. Virement en venir à un travail de beaucoup plus de dépenlè,fàns quoi 1 on ne peut rien attendre d’utile 8c d agréable. Ce travail confifte à par- tager cette grande pente en diffe- rentes portions pour en faire comme autant de terraffès particulières , les unes plus élevées , les autres plus balles , & toutes plus ou moins lar- ges , lùivant que lapente eft plus ou moins rude ; 8c enliiite on diipoiera chacune de ces terraffès en foi , de la maniéré qu il a été dit , pour leur donner la profondeur fùffifante de bonne terre , & ne leur laifTer qu’u- ne pente médiocre. Et parce que les terres ainfi difpofées pourroient s’é- boulex p il les faut arrêter §c foute 3 4* Avantages que Vendait chercher nir par de petits murs, ou par de petits talus , bien battus & bien tré- pignez , avec quelques degrez pour monter Sc delcendre d’une terrallè à l’autre , lelquels on gazonnera exprès , afin de les rendre plus (oli- des , 3c de plus de durée , fuppofe qu’on ne les fade pas de pierre ; 3c enfin comme fi c’étoient autant de Jardins feparez, on les accompagne- ra d’allées d’une largeur proportion-' née à leur longueur. Les petits murs dont on fera ces épaulemens, pourront être emploiez à des Efpaliers, fi l’expofirion s’en trouve favorable ; Et fi elle eft au Nord, on peut y placer des Fram- boifiers , des Grofeilîers , Sc du Bour- delas , qui y rcüfîiront allez. Les f >etits talus ne feront pas aufli inuti- ^ es : Quand ils lont au Levant ou au Midi , ils peuvent fèrvir à élever des Plantes Printânnieres , comme des Laitues d’Hiver , des Pois , des Fe- ves ,des Fraiies , des Artichaux, &c. Et le Printemps palfe on les emploie- ra à élever des graines de Pourpier, de BafiJic , & autres femblables. On peut dans U fituatîon d'un Potager. ^ peut même fi l’on a une grande quantité de ces talus bien expofez, y planter pour toujours de la Vigne, en choifi lànt les meilleures efpeces de Raifins, & autres Fruits ; & s’ils font au Nord , durant l’Eté ils fe- ront bons pour élever du Cerfeüil, ou pour y femer ce qui doit être replante * Icavoir, Laitues, Chico- rées , Choux , Celer y , & autres. Il eft important que ces talus foient non-feulement extrêmement battus & trépignez dans le fond , comme il a été dit, mais auffi qu’ils aient la partie -haute un peu plus éle- vée que l’Allée voifine ; à moins de quoi l’égoût de la pante de toute la terrallè les aura ruinez 8c démolis en peu de temps. Dans la même vue , on doit faire dans les Allées de petits arrêts , ou des rigoles , qui détournent les eaux des grandes pluies , dans les quarrez voifins ; 8>C fi cela n’eft pas fufiifimt , on tâchera de ménager au bas de chaque Jardin une fortie pour ces eaux, lorfque le voifinage le permet ; ou bien il faut faire quelque part fur fon pro- E Avantages que l'on doit chercher pre fond un grand Puilàrt plein de pierres lèches, où elles Ce plaident décharger , autrement les murs mê- mes courroient rifque d'être démo- lis par les ravines. Que fi nonob- ftant ces précautions il arrive quel- que defordre, tous les H y vers, on y fera les réparations necdîaires , ce qui ne conlifte à l’égard des talus qu’a y rapporter des terres , 8c les bien battre & trépigner , à la refer- ve de trois ou quatre pouces au def. fus qu’on doit huiler meubles , 8c même les labourer pour les rendre propres à produire quelque choie. Tout cela eft , comme l’on voit , d’un allez grand coût , & d’un tra- vail allez pénible; mais aulîi il en revient plufieurs'avantages, qui ne le cedent gueres a ceux d’une ailie- te égale & unie , à laquelle on s’eft tellement attaché julqu’ici , que quand on ne l’a pas trouvé telle com- modément , on a mieux aimé ne point faire de Jardins. Elle y fied à la vérité fort bien, parce qu’on peut s’y étendre 8c s’agrandir félon tout l’elpace , 8c que les promenoirs s'y dans la Jîtuatlon et un Potager. y j rencontrent plus faciles que dans les alîiettes montueufes , où la nature du lieu nous contraint 8c nous arrê- te. On y a de plus de grandes faci- litez pour le rranfport des chofes neceflaires , foit pour l’entretien du Jardin , foit pour l’amendement & amelioration du fonds quand il n’effc pas entièrement bon ; & quand il î’eft , on a vû combien il eft propre pour tous les Legumes du Potager, & pour les fruits rouges. Cependant les lieux montueux 8c élevez ne doivent pas toujours être rejettez. Nous avons allez fait voir le bon ufige qu’on en peut faire • il s’y trouve encore d’autres plai- ns & d’autres commo iitez qui font fort à eftimer j car c’eft par la qu’on peut le mieux fitisfaire a la Nature de diverfes Plantes , dont les unes • veulent l’ombre , d’autres un Soleil ardent , celles-ci être appuiées 8c foûtenués contre des murailles 5 8c celles-là avoir leurs racines parmi des pierres , qui font des commodi- rez que l’on trouve aifé.nent dans E i, / jz Avantages que l'on doit chercher les alfiettcs inégales. Il y a encore un grand plailir à voir d’un lieu éle- vez les Parterres & autres Jardins cjui l'ont au delïous , puifque c’eft de ce point de vûc qu’on en difcerne mieux l’ordre , la régularité , & tous leurs autres ornemens ; ce qui ne le peut foire dans une fituation plane & unie , où tous les corps élevez nous arrêtent la vûc. Ceux donc qui le trouveront fi- tuez fi heureufement , que de pou- voir entremêler l’une & l’autre afo fierté , auront un grand avantage, ils jouiront de la diverlité que l’on doit defirer en ceci , & des beautez de commoditez particulières des deux fituations. Mais comme il faut ob- ferver de la fimetrie, Sc que la na- ture n’y contribue gueres , on doit e confoler de la dépenfe à quoi cela -engage ; car les remuëmens de ter- re" qu’il fout ôter ou mettre , font ordinairement auffi difficiles qu’im- portans : Outre que creufant pro- fond ment enterre, on trouve quel- quefois des obftacles dans la dil- d ans la fituâtUn d'un Vota tir. çj pofltion des lienx mal-aifez à cor- riger ; comme au contraire on Ce met quelquefois à couvert des dangers & des intempéries de l’air & des vents , ôc l'on aug- mente au Soleil, la force de les raions , par la réverbération & fa reflexion qui s’en fait dans la hauteur des terreins. E i ij 54 Commodité des Arrofemcns CHAPITRE V. Commodité des Arrofemens dont les Potagers ont befoin . C E qui efl le plus à craindre à l 5 égai d de cette fituation , efl le manque d'eaux , fins quoi il efl abfolument impoflible d'avoir un. beau & bon Jardin , tk principale- ment en Elit de Potagers. Les Val- lons & les autres fituations balles, font d’une difpofition à en être beau- coup mieux fournies : il s’y trouve prefque toujours des four ces & de petits ruillèaux qui y rendent les arrofemens aifez , d’autant plus qu’- on n’efl pas obligé d’en faire de fi frequens ; parce que d’ordinaire , il y a de l’eau à la profondeur d’envi- ron trois pieds , qui par une philtra- tration naturelle s’élevant jutqu’à la fuperficie, entretient la terre dans dont les Potagers ont b c foin. ^ un bon tempérament pour la produ- ction , tk la rend extrêmement bonne. Les lieux élevez ne font pas nean- moins entièrement privez de ces fêcours. Il fe trouve quelquefois des fources dans des coteaux , aufîî-bien qu'au pied, qui fécondent parfaite- ment lesdelfeins que Ton fe propofé; Et outre que ces endroits font à cou- vert de l’inondation que craignent les lieux bas , la fécherellè en peut erre modérée par les fïsnts gras 8c humides ainfî qu’il fera dit ci-aprés; & pour les arrofêmens plus neceflài* res , il ne fera peut-être pas impof- ûble , d’y conduire quelques Fontai- nes , ou la décharge de quelque Ca- nal voifin , on un petit P v eférvoir bien fourni , & bien entretenu , avec des tuiaux 8c des cuvettes diftribuées en pîufieurs quarrez. Sans les uns ou les autres de ce s avantages , on ne doit pas bazarder d’avoir un Potager , dans une fitua- tion montueufé. Une aflîette balle auroit même de la peine à s’en pafl fêr, quoi-qu’ony eut des Puits ; car. ^6 Commodité des Arrofcmens c’efl une mauvaife reffiource , &: qui ne fçauroit être fuffifàrite , fur-tout s'ils font un peu profonds ; parce que la difficulté de tirer l’eau rendra les Jardiniers pardieux , ainfi les : arrofemens feront médiocres , & peu ut des , malgré la bonté du Terroir j au lieu que fbuvent on peut fuppléer à l’aridité & aux autres défauts du fonds , quand on à la commodité de l’eau. On jugera affiez de la necefîîré qu’il y a de l’avoir celle, fi l’on coniidere combien la fècherelfe eld ennemie des Plantes 8c des Legumes ; qui aiant jufleroent à croître 8c a pouf- fer durant le Printemps 8c l’Eté que les chaleurs font plus fortes , 8c le haie plus grand , ne fçauroient par confequent acquérir la grofleur , douceur , 8c délicateilè qui leur con- viennent , fi on ne les humcéte a- bondamment. Les pluies peuvent bien fuffire pour certaines petites Plantes , quand ces pluies font lon- gues 8c grollès. Les Fraifiers , par exemple , les Pois , les Feves , les Salades , les Oignons , 8c autres ver« dont les Potagers ont befolrt. y y dures s'en contentent aifément. Mais il y a des Plantes qui demandent quelque chofe de plus , entre autres les Artichaux d’un an ou de deux , qu’il faut regulierement arroferdeux ou trois fois la fèmaine, jufqu’à don- ner un grand plein arrofoir à chaque pied. Si pour ces Artichaux on s’en tenoit aux pluies qui pourroient tomber, on s’appercevroit bien-tôt du beloin qu’ils en foufïnroient ; car les Moucherons ne manque- roient pas de les attaquer , la pom- me en demewreroit petite , dure Sc feche, & ies allés ne produiroient enfin que des feiiilles. C’eft donc une condition abfoîui ment necellàire, que d’avoir de l’eau aux lieux que l’on deftine pour des Potagers , & même en une allez grande quantité ; car il vaudrait louvent mieux ne point arroler du tout que d’arrofèr peu. La terre en devient plus altérée , après s’être attendue à ce fecours qu’on lui fait feulement goûter; & il en arrive fur- tout un grand inconvénient aux fe~ mences Ôc aux nouveaux Plants j 5 8 Commodité des Aryofemcus parce que les Animaux qui /ont en terre,comme les ' ulots , Taupes, & autres , étant altérez par cette fraî- cheur , dont ils ne /ont pas moins avides que les Plantes durant la iè~ cherefle de l'Eté; ils s’alTè nblent en ces endroits , & mangent les graines en faveur defquetles larrofement a- voit été fait ; Sc foüillans la terre , & la /oulevant , ils déracinent les Plantes que la chaleur qui pénétré enfuite plus ai/ement achevé de def- fecher , ce qui n arrive point quand on n'épargne pas l'eau» Il eft à fouhaiter pour cela , que 1 on ait les eaux , /oit naturelles ou par artifice , plus hautes que les en- droits que Ton veut arrofer. Ils /e ièntent utilement de la commodité que l’on y trouve , n’y aiant alors qu à laillèr couler l’eau doucement,. & en telle quantité qu’il elt de be- soin , par des canaux tels qu’on les- peut avoir , /oit de bois , de plomb, ou de terre cuite, & même par les terres , y fàifant des rigoles qui don- nent l’ea i par les /entiers des plan- ches , & le long des bordures. Cette dont les Potagers ont beCoin. 59 maniéré abreuve la terre infenfîble- ment , Sc avec beaucoup davantage*, les racines en font rafraîchies , Ans que les i lantes en Aient décharnées, comme il arrive quand l’eau ell: ver- fée tout à coup avec l’arrofôir , qui d’ailleurs ne peut être percé fi menu, que l’eau qui en fort abondamment n’affàilfe la terre , &c aiant düfouc l’humeur préparée pour la produ- ction , ne l’entraîne louvent plus bas qu’il ne faudroit. Que fi l’on ne peut faire mieux, on ne lai(Tera pas de prévenir les maux que caufè la fecherelfe, en s’en tenant à cette voie , ou à l’ufage des Pompes , & des Seringues , en forte que le jaillilîement s’en fafle, par quantité de trous percez i le plus menu qu’il fera polfible. Cette der- nière façon d’arrofer efl fur - tout fort propre , pour laver les bran- ches & les feuilles des Arbres char- gez de poufîlere , ou infeétez des Chenilles , & autres Infeétes , en in- fufant dan$ l’eau les remedes que l’on prefcrit là-delfus dans les Trai- tez qui enfèignent la Culture des 6o C ommodlté des A rrofetnens Arbres fruitiers : Mais à 1 egard des Potagers, ii faut encore un coup, c]ue ce foit-la la derniere relfource, ée que les puits au/quels on fera ré- duit foient peu profonds; autrement l’eau coûtant beaucoup à tirer , il efl à craindre , que les arrofemens ne foient que très -médiocres , & par conséquent d’aucune utilité. Il y a régulièrement fept ou huit mois de l’année pendant kfquels il faut a rro fer tout ce qui efl dans un Potager. Les Afperges feules en font exemptes , parce que ne venant à faire leur devoir qu’a l’entrée du Printemps , c’eft allez pour elles de le fèntir des humidltez de l’Hyver, & elles n’en ont plus befoin pâlie les mois d Avril & de May. Mais comme ces deux mois font les temps de haie & de lecherellè , on efl alfez iouvenr obligé d’arrofer alors juf- qu’aux Arbres nouveaux plantez , 8c ceux qui aiant retenu un grande quantité de Fruit paroilfent médio- crement vigoureux : Ce qui cil fur- tout iiidifpenfable dans les Terres féches & legeres , quand on efl air dent Us Potagers ont befoîn. 61 Soîftice d’Eté. Les Maraichez re- connoilfent bien cette importance 6c cette neceiïïté des arrofemens : Audi quelque pluie qu'il Lille pen- dant l'Eté, ils necelîènc gueres d’ar- tolèr même tous leurs Jardins ; & de-là vient cette beauté 6c cette groîTeur de leurs Herbages, dont le débit leur ell li utile. Il arrive quelquefois qu'on eft réduit à les imiter , c’eft-à-dire , en venir à un arrofèment general de tout le Jardin. Quelle ne doit pas être en ce cas , l’abondance de l’eau qu’il faut avoir , 6c la commodité de la répandre , &z frire couler fur les Terres ? Heur eu les celles qui pour cela fe trouvent , comme nous l’a- vons dit , d’une lîtuation plus balle que les eaux dont elles ont befoin. Il eft necellaire auiïi qu’elles puif- lent avoir leur écoulement facile par une pente qui les porte dehors , 6c qui empêche l’incommodité qui pourroit provenir de leur fejour. C’eft pour cette raifon que dans les fuperficies égales 6c planes , nous conleilions d’y ménager quelque -£i Commodité des Arrofemens pente artificielle ; 8c que dans celles qui font montueufes nous ne préten- dons pas les corriger de telle forte qu’il n’y relie plus de pente ; ma. feulement qu’on en modéré la roi- deur , 8c qu’on procure la fortie des eaux , foit de pluies ou autres , par des arrêts faits avec des ais mis en terre au travers des Allées , qui n’en débordent que de deux ou trois pouces , 8c par d’autres décharges au bas de chaque Jardin. Enfin nous louhaitons une douce Colline, d’oit forte quelque lource vive , ou quel- que ruilleau coulant, pour pouvoir prendre la Situation de nôtre Jardin au deiTôus de cette lonrce, ou de ce ruilleau ; 8c le bas de la Colline ler- vira pour l’écoulement des eaux fu- perflucs. Cette demi -hauteur de Colline donne aufîi un air meilleur 8c plus tempéré ; au lieu que celui des Vallées , eft ordinairement é- toufré par la réverbération des raions du Soleil , caillée par les hau- teurs voifines , lelquelles empêchent le vent de purifier l’air , 8c de le ra- fraîchir , de quoi les Arbres 8c les dont les Potagers ont b e Coin. Plantes n’ont pas moins de befoin pour les maintenir en bon état , que l’homme pour la confervation de la fànté. Mais auflî la Cime 8c la hau- teur entière d’une Colline n’y le - roit pas propre , la force des vents - y eft trop violente-, les Arbres y iouffrent trop d’agitation dans leurs branches 8c dans leurs Fruits ; 8c ils n’y peuvent jetter dallez pro- fondes racines , pour peu que le Terroir foit mal conditionné. On a vû aufli les inconveniens des pentes trop rudes ; il faut donc qu’en cette demi - hauteur de Col- line , il s y trouve du plain , foit naturellement ou par artifice , afin que les Allées 8c Promenoirs y foient à peu prés de niveau, beaux 8c faciles , 8c que iurvenant des ravines 8c des pluies trop fortes , elles n’entraînent point les terres , ni n’endommagent les Plantes, com- me elles feroient fi la fituation étoit trop penchante. Voila quels lieux on peut choifir poftr un Jardin, s’il eft en nôtre li- / 6 4 - Commodité des arrofemenï bercé de le faire : fçavoir , un terroir naturellement fécond , qui foie pro- che de la mai (on & d’un abord fa- cile, qui ait de l’élévation, en un air temperé , & la commodité de l’eau. Avant que de pourluivre les autres avantages que l’on y doit fouhaiter , nous ajouterons ici à l’é- gard de ce dernier , qu’on doit avoir des eaux exemptes de toutes mau- vais qualités, parce qu’elles ne manqneroient pas de les communi- quer aux Fruits & aux Plantes.. Cel- les de ces fources qui lé rencon- trent dans des coteaux ou au pied d’iceux, lont ordinairement les meil- leures , principalement à boire. On demande pour cela , qu’une eau , ait delà fraîcheur & une laveur ferme, pallant légèrement fans laitier aucun goût qu’on pu illé di (cerner. Elle ne doit avoir aucune odeur , &c être 11 claire , que fa couleur n’empêche point celle du vafe où elle ert: vûe. On j uge de fa bonté li en bouillant elle s’évapore aifément , & lî étant refroidie , elle ne laillé au fond du vaiifeau aucun limon ou gravier. O dont les Potagers ont befo'm. Onla reconnoit encore, fi en jettant des goûtes d’eau dans un bafïîn bien net, elles n’y laillènt aucunes taches, lorsqu’elles viennent à fe lécher ; comme aulli fi les legumes y cui— fent facilement , fi elle nettoye bien toutes chofes en les y lavant, & adoucit le cuir des mains , Ci elle reçoit aifément les teintures , îk fur tout lî dans fon ballîn naturel , ou coulant en ruilïèau , elle n’engendre ni moulle , ni joncs , ni limon. Il le trouve des puits creulèz en bon terroir , où l’eau a toutes ces bonnes qualités ,aulïi-bien que dans les fources des collines & autres femblables. Au défaut de ce , il fuf- fira pour les arrolèmens d’en avoir de celle qui le pourra recouvrer avec plus de ficilité , Ce contentant en ce point , comme a l’égard des autres ,d’aprocher le plus prés qu’il eftpollible des conditions requilès, quand eîles.ne le rencontrent pas à nôtre fouhait : obfervez neanmoins ■ que des autres lottes d’eaux , qu’on peut employer dans la culture des plantes & des arbres , celle de Ci- F- éé Commoàîtc des arrofemm^ &c. terne & de pluie doit tenir le pre- mier rang , pourvu qu'elle foit re- chaufée dans des refervoirs avant que s’en fervir ; que celle de riviere fuit après , dont le bon tempérament Ce remarque allez aux arbres plantez au bord de ces rivières , qui fans exce- ption font toujours les plus foins ; de que celle de puits ôc de marais (ont les moins eltimées , quoique la derniere fiât engraiffée par les égouts des terres & des fients des> beftiaux qui y boivent. 'S CHAPITRE VI. T)e laJpeH & exportions que les Potagers dem indent fuivant la différence des Climats , & & des autres précautions ne - ce J] aires. U Ne des choies à quoi il faut avoir le plus d’égard en fait de Jardinage , eft lafped eu expo- i'itions qui leur conviennent le mieux, fuivant le Climat ou l’on fe trouve. Tout le relie feroit peu , fi lom n’étoit auffi heureux, en ceci -, puiT qu’on ne fçauroic dire qu’une colline- mal expofée, quoique le fonds en fût bon & accompagné des autres con-' dirions que l’on y fouhaite , foit une fituation avantaeeulè. Pour lçavoir donc ce qu’il y a à* faire là détins , il faut examiner les differens Climats où l’on peut être : F ij '6§ De V A fpe$ & ExpoJîtlorlÈ car c’eft de- là que dépend le choi& que l’on doit faire d’un afpeét qui y loit propre. Ainfl.fi l’on eft dans un pais fort chaud, il faut chercher l’afped du Septentrion qui puifte modérer en partie cette chaleur trop violente : 8c au contraire fi l’on ha- bite un pais froid , il faut choifir l’afped du Midi , 8c nous mettre à couvert de celui du Septentrion ; te- nant pour maxime certaine , qu’en quelque lieu que l’on foit fitue , 1 on a toûjours befoin d’un foleil favo- rable/i l’on veut qu’un Jardin pu i lie produire tout ce que l’on a delfein d’y cultiver. Il eft vrai que quand il eft trop ardent , il défeche 8c dé- truit ordinairement les chofes; com- me on le voit dans ces Contrées , où Tes rayons brulans ne laiftènt pas feulement croître de l’herbe: mais on doit éviter autant que l’on peut une extrémité fi fatale, en nous mettant à couvert s’il eft pofHble , du plus grand chaud qui eft le Midi > & en rafraîchiflant la terre par des frequens arrofêmens ; à quoi con*>. tribuent encore l’abondance des que les Potagers demandent 6 y plantes & leur ombrage, qui em- pêchent que la terre ne loit fi ai- lément défechée , & confervent da- vantage Ion humidité. Si Ton eft dans un Climat tem- péré , comme le font les environs de Paris & quelques Provinces cir- convoifines , il fera tres-ficile d’é- viter les inconveniens qui arrivent par l’excès du chaud ou du froid, puif- que ce climat eft fuffilamment chaud pour la production de la plulpart des fruits & des Plantes font en uftge pour le befoin de la vie.ll n’en eft pas de même de certaines Provinces plus expofées au Levant & au Midi. Elles ont des fruits particuliers qui y acquièrent véritablement un de- gré de bonté & de delicatefle qu’ils ne icauroient atteindre ailleurs ; tels font les Citrons , les Oranges , les Grenades , les Figues , les Olives , les Melons & les Raifins. Mais anfîi l’on manque en ces Climats de plufieurs Plantes & Herbages fort utiles ; ou l’on ne vient à bout d'en élever qu’à force d’arrolemens & autres foins qui coûtent beau^ coup de peines». 7° De l'jifyeEt & Exportions Von peut participer à ce qu’ils ©ne d’avantageux , fans qu’a 1 egard du relie, la culture des plantes" Po- tagères nous jfoit autant à charge; car pour celles qui demandent le plus de chaleur , on pourra prendre un coteau qui regarde le Midi , & qui les mette entièrement à l’abri du Septentrion ; & dans cette fituation joüilïant aulli du Soleil couchant & du Levant, elles feront en état de profiter toute la journée de la douce iï, fluence des rayons de cet Aftre , que l’on doit confïderer com- me le pere de la Végétation. Au dé- faut d’un coteau , les murs qu’on, élevera dans ces mêmes afpeéls, nous feront refleurir tous les bons effets , foit pour les arbres en Efpaliers , foit pour les autres cho- ies qui ont beioin d’un pareil abri : Et pour ce qui efl des plantes &c des fruits , à qui il ne faut qu’une chaleur modérée , la température de nôtre Climat leur fera tres-favo- rable pour les rendre excellens & abondans , pourvu que le terroir feit bo n. que les Potagers demandent, &c .. yi La différence des expofitions n’eft pas fenftble dans les Jardins qui font dans des plaines , & qui ne font à couvert ni de Montagnes , ni de bois de haute futaye , ni de grands bâtimens» Ce n eft proprement que dans les lieux élevez que 1 on fait cette diftinéfion : & en cela 1 ufagç eft de dire qu’un Jardin eft par ex- emple au Levant , ou au Midi , lorf- que tout le coteau fe trouve fitué dans l’une ou l’autre de ces expoft*. tions ; c eft-à-dire ou que le Soleil y donne tout le jour , ou tout an moins depuis neuf heures du matin., ju (qu’au loir , &’ain(i des autres ex- pofttions \ de la même maniéré que pour defigner celles des murailles & des cotez de chaque Jardin , on (e réglé fur la maniéré & le temps que Soleil les éclaire dans le cours de la journée. Car il faut prendre garde, que quand en matière de jardinages^ on parle de Couchant , de Levant, de Nort & de Midi , on n’entend H pas l’endroit ou côté d’où le Soieil luit, de où il paroît actuellement». C’eft bien en ce fens qu’on le prend dans l’Aftronomie ôc dans la Geo- graphie : ainfi l’on donne le nom de Couchant à l’endroit où l’on voit coucher le Soleil , celui de Le- vant à l’endroit qui eft du côté qu’il fe Ieve. Mais c’efl; tout le con- traire parmi les Jardiniers. Ces dé- nominations lignifient dans leur lan- gage , les expolitions que le Soleil frappe de les rayons ; de forte que fi à fon lever , &c pendant toute la matinée , il continué d’éclairer un côté , qui fera fans doute celui qui eft oppofé au point d’ou il fè leve, ils appellent ce côté Levant ; Sc c’eft avec raifon , puifqu’en fait de Jardins il n'y a point d’autre vé- ritable Levant. Par la même raifon, i’on nomme Couchant le côté fur Fequel le Soleil luit pendant toute l’autre moitié du jour , fcavoir de-* puis midi jufqu’au loir. Ce qu’on appelle Midi , eft l’endroit où le So-> leil donne depuis neuf à dix heures du matin juqu’au foir ou même l’endroit où il donne le plus long- temps dans toute la journée à quel- que ejut les Potagers demandent ,&c r y; que heure qu’il commence , où qu’il celle d’y donner ; enfin le côté du Nort eft celui qui eft oppofé au Midi , ôe qui eft le moins favori fié des rayons du Soleil , donc il ne jûi.iic qu’environ deux heures le matin & autant fur le loir. On fe 1ère de ces mêmes noms d’expolitions pour marquer les vents qui leur fynt contraires , dont les uns font plus ou moins pernicieux que les autres. Ainfi l’on du , vent de Midi, venr de Nord, ventd’O- rient , vent d’Occident ; tk ceux- là fe fubdivifent en d’autres com- me vent de Nord- eft , vent de Ga- lerne, &c. C’eft depuis la Mi-Aouft jufqu’à la My- Octobre que les vents de Midy défolent extrême- ment i’expolition qui porte ce nom; tk la perte en eft grande pour les fruits , fur tout des arbres de tige. Vers le Printemps l’expofition du Levant eft lujette a des vents de Nord-Eft , qui font des vents de Bize fort fec t: Sc fort froids, lelquels brouillent les fc li lies 6c les jets nouveaux , & font même Peuvent G 74 - l’ J fpeïï & Exportions tomber beaucoup de fruits , tant à pépin qu’a noyau. L’expofition du Couchant craint les vents de Ga- lerne , très- pernicieux au Printemps pour les arbres en fleur ; & en Au- tomne les vents delà fàifon y détrui- i'ent beaucoup de fruits 3 enfin les vents de Norddélolent tellement les endroits qui y font expo lez , qu’on 11’cn doit guère attendre de fruits .d’hiver qui aient quelque mérité. Il eft bien vrai qu’en quelque fi- tuation que foit un Jardin , il eft en lieu de craindre toutes les dilgraces de ces vents , comme de jo.üir des faveurs de chaque expofition , aianç necdlairement tous les afpeds du Soleil j mais il n’eft pas moins cer- tain qu’il y en a qui font plus fujets ù l’un &c à l’autre, foit par rapport à l’afflette de tout le Jardin , foit eu égard à chacun de ce';, cotez. Or il eft toujours plus expédient qu’il foit au Levant ( 5 c au Midi , qu’en toute autre expofition, ces deux premières étant absolument pre fcrabks à celles du Couchant & du Nord , &: prin- cipalement en ce Climat , où l’on a que les Potagers demandent y &c. y-ç befoin de chaleur pour les fruits dé- licats , & pour ceux d'hiver. Que fi en cas de choix , on veut fçavoir à laquelle il faut s’attacher, cela dépend de la qualité des terres que l'on a. Si elles font legeres , il faut preferer Texpofition du Levant comme la plus favorable ; 6c fi c’eft des terres fortes & par confèquent •froides , conftamment l’expofition du Midi leur vaut mieux. L'avan- tage de cette derniere expolîtion, eft d’être propre à conlerver les •plantes des rigueurs de l'hiver , à donner du goût aux leg urnes 6c aux fruits , &c à faire des productions hâtives : 6c comme les terres fortes ■font d'un tempérament contraire, ce ne peut être que par le lècours d’une chaleur extraordinaire qu’on les rend capables de ces bons effets. Les terres legeres étant plus faci- les à être animées 6c échauffées 5 m’ont pas beloin d’une pareille ex- pofition. Elle leur eft plutôt nuifi- ble , fur tout fi le Climat eft chaud; car elle eft lujctte a y brûler telle- ment les plantes en Eté , que les G ') 7 (j LL l'JfptEl & Expojît'om Potagers y deviennent inutiles ; elle y engendre un nombre infini de Pu- cerons qui percent ou recroquebil- lent les feuilles; elle empêche que les fruits n’acquierent leur grofleur naturelle , &: fouvent même elle les fait to nber avant leur maturité. Il faut donc laiflèr l’expofition du Midi pour les terres froides , & humides, tk chercher p'ûtôtdans les fonds ari- des s \ fhbîoneux, celle du Levant qui y foie des biens admirables ;les rolees de la nuit , & les premiers rayons du Soleil dont il joriit, (ont pour elle des influences fl bénignes & fl effi- caces , que le bon goût , la grolîèur & la maturité des fruits s’y rencon- trent toujours. Les arbres & les lé- gumes s’y confecvent auffi parfaite- tement ; & ce qui contribué à y faire une grande & heureufe récolté, c’efl: qu’elle défend des vents de Galerne , qui étant ordinairement fiiivis de gelées blanches , endom- magent ordinairement beaucoup tout ce qui s’y trouve expofe. Ces avantages font quelquefois que l’on ffi contente aifément de que les Potaçers demandent-^ ç. 77 cet afpcét même dans les terres fortes. Cependant cette expofition a aulïï des inconveniens dont le principal eft d’être privée du béné- fice des pluies , du moins pour les Arbres & Efipaliers , fi bien qu’ils y fouffrent une extrême lécherelie, fi l’on n’y remedie par les expediens qu’en peut voir ailleurs. Les Efpu- liers font mieux leur devoir au Midi, & ils y font fort à fo chai ter , parce qu’ils conlervent le;, fruits contre les vents qui y donnent : mais fi l’on étoit dans un pris ch-iud, il fiuidroit le garder d’y mettre aucun fruit , ni a pépin , ni à noïau ; ils font trop deiicats pour être expofiez à une chaleur fi forte : on les y verroic griller & ge;cer ; cette expofition n’eft borne en de pareils lieux , que pour y mettre des Orangers des Citroniers , des Grenadiers , des Fi- guiers , des Mufcats & autres fiem- blables fruits ; encore y faut-il con- fièrver la plufpart des feuilles pour leur donner l’ombre. Le relie fie tiendra allez avantageulement placé aux expofitions du Levant du Cou- G ii j De /’ Afÿefl & Exportions- chant & même du Nort , qui fùi- vant que la chaleur eft excellive , le- eu préférable aux deux autres. Elle a auffi fes utilités parmi ncus , c’eft-à^dire dans les Climats plus temperez & plus froids , quoi- qu’elle y foie la moindre de tontes éc celle où Ton ne doit jamais fe re- fbudre d’avoir l’afped: principal d’un Jardin j- car outre qu’elle ciE Tuffi- iàmment bonne pour tous les fruits d’Eté & pour quelques-uns d’ Au- tomne , elle eft tres-propre pour conferver les legumes durant les grandes chaleurs , & pour les fruits rouges qu’on veut faire durer long- temps. Celle du Couchant eft un peu plus confiderable : on n’a point lieu d’y craindre les défuitsde lafterilité,. parce qu’elle reçoit toutes les pluies qui viennent du côté du Soleil cou- chant, & ces pluies font merveilleu- fes pour les terres léchés & legeres. Les terres humides & froides s’en accommodent moins ; & cela fait, encore connoître , qu’on doit éviter ie plus qu’on peut une telle expofu ejvte U< Potagers demandent fée. y 9 fion quand on eft dans uli terroir qui eft de ce tempérament , du moins pour l’afïïete de tout le Jardin ; car a l’égard des cotez , il n’en eft point dont on ne pui (Te faire un bon ufage en quelque expohtion qu’il fe trou- ve : fur quoi il faut voir plus bas l’emploi que nous marquerons pou- voir être fait de chaque partie dit Potager , fuivant le terrain & l’af-- peéi ou l’on fe trouve. Dans cette vue il eft necefthire de clore de bonnes murailles l’en- droit que l’on choiüra pour y faire un Jardin. Par cet abri les expofi- fions favorables y deviendront en- core meilleures , & les inconveniens qui font à craindre feront en partie corrigez : cette clôture déterminera aufïï la différence des afpeéts dans les lieux , où autrement on ne la diftingueroit prefque pas > comme dans les plaines ; & cela fera d’une grande commodité dans la culture' du Potager pour placer chaque plante & chaque legume dans le point de chaleur ou de fraîcheur qui leur conviennent. G iiij. So De l’jr v ,Ué- Expo plient Hc en effet , il eff alTez difficile a a voit j par exemple, des Légumes hâtifs , & de beaux Fruits , (ans le iecours de ces Murailles , qui les ga- ranti iFent des vents fâcheux , & des gelees 1 rintannieres. Il y a de même beaucoup d autres choies qui crai- gnant le grand chaud , auroient pei- ne a venir dans le fort de l'Eté , fi une Muraille expofée au Nord ne les favorifoit d un peu d’ombre. A celles-là une Pallillâde qu’on laillè- roit s élever jufqu’a dix huit ou vingt pieds de hauteur , pourroic iuffire aufïï-bien que pour empê- chei les Plantes ’ otageres d être bar- tues & tourmentées des vents ;mais 1 on ne peut en profiter pour des Elpaliers : Et c’efl neanmoins ce qu il y a de plus important ; julques- laque pour être mieux partagé de ce cote , on ne doit pas négliger d’a- voir le plus de petits Jardins qiPil eft pofiible, auprès du grand, afin d avoir par ce moien plus d'abri & d’Efpaliers. On peut tirer avantage là-defe une fituation irreguliere j en forts que la V otagers dem^ndcvt^c. Si que fi la place que l’on a,eft, oii trop longue pour fa largeur , ou trop large pour là longueur ; ou qu elle foit relferrée par quelque coin , on enfin qu'elle air quelque autre biais, ou defaut ienfible qui la défigure j en corrigeant ces défauts pour ren- dre lejardin de la forme qu'il doit être , 3c le rappetifïànt par Tune ou l’autre de Tes extrémitez , on en fera autant de petits Jardins fort utiles 3c fort agréables, pourvt) qu’on ait le meme foin de les clore 3c entourer de murailles. Cette clôture eft d autant plus neeelTaire , que ce n’eft que par là qu’on peut s’épargner le chagrin de voir fes Fruits devenir la proie d’une main avide. Si le Potager efb en fice de la maifon pour ne pas s’en déro- ber la vue on peut bien ne le clore de ce côté que d’une grille qui le fepare du Parterre ou de la Court, qui doivent l’un 3c l’autre , être des lieux plus communs , 3c pour ainfi dire ouverts à tout venant; 3c en ce is on doit avoir la prevoiance de « y r ^ n mettre dont la perte ptiilïe Si T)e l Afpeiï & Exportions donner de î’inquïetude. Mais pont prévenir au (fi tout fujet de plainte fk de déplailir à 1 egard du refie -, 8c la grille , 8c les murs que l’on fera aux autres cotez , doivent être fore lêurs , & les portes munies par la* me ne rai Ion de bonnesdêrrures , a- fin qu’un Jardinier ne puilfe prendre ce prerexte, pour rejetter fur l’é- tranger , le larcin domeftique qu’il pourroit faire de ce qui le tenter oit le plus. Je conviens que de fe renfermer ainiï , c’efl fe dérober un des plus- grands plaifirs de la Campagne , qui eft celui d’une belle vûé; mais com- me 1 on ne (è radafïe gueres d’un Clocher , d’une Riviere , d’un Bois, d’ùn grand Chemin , 8c autres ob- jets femblabîes que l’on affecte dans cette vue ; auffi je ne penfe pas qu s °n les doive préférer à la fureté d avoir des Efpaliers bien garnis des Arbres en BuilTbn bien chargez, toutes fortes de beaux & bons Fruits] de belles Planches, & de beaux Car-* rez bien fournis de tous les Légu- mes importuns , & de toutes les ail- que les Potagers demandent ,&c. 8p ïr es choies utiles pour la maifon, flu’un Potager doit fournir. Lailîons donc ces beaux points* de vue pour des Edifices élevez , ou- tout au plus pour des Parterres , Sc autres Jardins de cette efpece defti- nez feulement pour la promenade». Et à Tégard des Potagers , comptons pour feur que tel qui auroit la plus belle vue du monde ,.leroit avec tout cela fort delàgrcable , fi faute des précautions que nous avons mar- quées , on étoit réduit ou à fe palier de ce qu’on a lieu d’en attendre , ou à l’acheter , ou à incommoder les Voifins. D’ailleurs, cesjardins utiles n’ont- ils pas allez d’agrémens en eux-mê- mes quand ils font bien conduits 8c bien cultivez , pour n’y fouhaiter rien de pl 1 plaifir , par é- xemple , de voir les Hantes croître, le s Legumes embellir , les Arbres fleurir , les Fruits nouer , enfuite groflir , prendre couleur , meurir , venir enfin à les cueillir, les goûter, en regaler lès Amis , entendre louer leur beauté ,leur bonté, leur quan- 84 fie F jéfpeft & Expo fitions ticé , & faire même quelquefois de tour cela un débit très -lucratif. Ces plaifirs dépendent d’un point que nous ne devons pas oublier. C’ell Je proportionner le Jardinage que l’on veut entre prendre a la por- tée de les moiens , afin de pouvoir fournir ailéinent, loir a avoir autant dejardiniers qu'il en faut , foit aux autres dépenfes nece 1 aires. Ceux qui en ufent autrement ne font que fe préparer une matière allurée de beaucoup de chagrins , au lieu c!e s’en préparer une qui leur puillè faire trouver tous les plailîrs qu’ils s’étoient propo/èz ; car enfin le jar- dinage , du moins quant au Fruitier de au Potager, doit être utile : C’ed le premier motif de fon infticution ; Ôc celui q ie l’on y a recherché dés fon origine qui n’cft pas moins an- cienne que le monde, On n’a point connu d’abord d’autres Jardins que ceux la, qui proJuifioicnt au Genre- Humain tout le nece lia ire pour la vie. Or une telle utilité n’arrive gueres quand on tente au delà de fes forces 5 elle 11’eft que pour ceux c/ite h s Tntd&ers don An dentée. 8f cjni fçivent fe contenter des médio- cres entreprifes , ou qui peuvent , fans s’incommoder, foûtenir les frais immenfes de celles qui font excef. n ves. Un Potager d’une grandeur pro- digieufe , feroit donc fort dé (avan- tageux , fi on n’étoit en état de lui donner la Culture dont il a befbin. Le propre de tels Jardins ne doit pas être de coûter beaucoup ; mais de rapporter amplement & à peu de frais. Ce ne feroit pas non plus allez pour cela de ne faire qu’à demi les ouvrages necefïaires. La b;>nté du fonds 8c une fituation avantageufe peuvent bien (àuver une partie de la dépenfè ; mais le manque de foins ne fè peut fuppléer. Sans prévoian- ce& activité l’on ne peut goûter les douceurs que le Jardinage promet. Rien n’eft fî connu que les defor- dres dont il eft menacé , ou plûtôc dés- honoré quand il manque de Cul- ture. lis font a u Pi quelquefois les fui- tes de la mal-habileté , 8c du peu de Ravoir ; & pour cette raifon il efl '86 *De V AfpeB & Exportions très-important , que non-lèulemenf lesjardiniers que l’on prendra foient très- capables.; mais que les Maîtres mêmes entendent cette matière. Ils trouveront dans cette connoillànce un avantage conlîderable , puifqu’ils fcauront ieurement tout ce qu’il faut faire , pour que chaque partie du Potager produifè heureufement ôc abondamment, tout ce qu’on a droit de lui demander pour chaque mois de l’année ; qu’ils ne courront point de rilque de s’en lailîèr impofer lur plufieurs chofes par leurs Jardiniers, quelquefois ou trop intereflez , or* trop peu habiles ; qu’ils pourront même les red relier en certaines oc- cafions , &c. 9 j pour la Culture , eft caufe qu’on ne s attache qu’aux Figures quarrées. A u ni conviennent-elles le mieux a cet effet ; de même qu’elles font les plus belles , fur- tout quand cet- te Figure eft fï parfaite & fi bien proportionnée dans fon étendue , que non - feulement les encoignu- res font à angles droits , mais que toute la longueur excede d’environ une fois & demie , ou deux , l’éten- due de la largeur ; par éxemple , de vingt toiles fur dix ou douze y de quarante , fur dix - huit ou wngt ; , de quatre-vingts , fur quarante, cin- quante , ou foixante , & ainfî des autres proportions. C’effc unique- ment dans ces Figures que l’on trouve de beaux quarrez a faire 2 , ôc de belles Planches à drelïèr. Les premiers pour des Artichaux-, des > Afperges , des Fraifiers , & fèmbla-- bles • & les autres pour de l’Ofeil-- le , des Laitues , du Perfil , du Cer-~ feiiil , &:c. le tout b ; en uni , bien ; tiré au cordeau , & .bien compalfé ; ce qu’011 ne fcauroit faire , ou qu’a-- Vfc- de grandes fuj étions , dans > H ij 5)2 De U figure , ordonnancé les Figures firegulieres. C’efi: un autre agrément fort par- ticulier , quand la principale encrée du Potager eft bien placée ; com- me quand elle iê rencontre juffce— ment au milieu de la partie qui a le plus d’étendue en lorte qu’on ait d’abord en vue une belle Sc longue allée qui coupe tout le Jardin en deux parties égales. Cette encrée ne lèroic pas fi bien de le trouver dans la longueur , de maniéré que ce fût la face la plus courte qui le prelentât aux yeux en entrant. Une vue longue en face ôc médio- crement large fir les cotez plaît infiniment davantage , 6c a quel- que chofe de plus noble. Il dé- pend même quelquefois de la d;H poficion de l’entrée , de içavoir ca- cher quelque défaut médiocre : ainfi- fi dans un q narré oblong , une des faces en largeur écoit plus étroite que l’autre , tirant en quelque fa- çon cà la figure lozange^en plaçant l’entrée dans cette fit ce , a peine s’appercevroit - on de cette petite irrégularité , qui lêroit plus lenfi- , & diftrïlnttîon des T otager* c. y j ble , fi la vue étroit bornée par les lignes rétréci fiances qui contrain- draient la place , comme il arri- veroit en difpofànt rentrée dans la face la plus large. Au défaut de ces avantages, il faut tâcher de dédommager les yeux par quelque chofe d’agreable.j &c cela fera , fi par éxemple , ne pouvant placer la porte ailleurs que dans une encoignure , il fè prefènte d'abord un grand Ôc bel Efpalier le long d’une allée fpacieufe , bien nette 8c bien drelTée ; car il efb certain que la vue en efi: telle- ment fàtisfàite , qu’on ne trouve point de difformité dans le refte. Partageons maintenant tout nô- tre terrein pour le mettre en de- voir d’être non feulement agréable pour la promenade , mais aulïi com- mode pour la culture & l’utilité du rapport , puifque c’efi: tout ce qu’on y cherche. Il y a la-delTus des' principes generaux qui tom- bent allez dans lefpric d’un cha- cun ; car quant à l’utilité , qui ne içait qu’il faut être fi bon ceco- * 54- là fi& ure » ordonnance nome de fon fonds, que rien ne demeure inutile , & que chaque partie foie emploiée en plants &c en femences , fuivant qu’elle y fe- ra plus propre , mettant en cha- que endroit ce qui y peut le mieux réüflir ? Et en efïèt , un Potager a beau être également bon par tour, il y a toujours des endroits qui font moins favorables pour certaines Plantes , & d’autres qui le font da- vantage ; tels que font ceux qui fe trouvent le plus à l’abri des vents, des gelées printannieres , & d’au» très inconveniens fèmblables , ôc ceux qui font le plus favorifèz des raions du Soleil. C’eft un point dont on a pû allez voir la vérité dans ce que nous avons dit , en traitant des differentes expofitions. Or il faut proportionner fl - bien l'ulage de chaque endroit , qu’on /oit en état d’en recevoir tous les avantages qui en peuvent revenir. Ainfî l’on garnira les murs de bons Arbres en Efpaliers , fans en ex- cepter quelquefois le devant de la maifon, quand elle efl contiguë au & difiribution des Potagers ,&c, y f Jardin , & qu’elle n’ell pas d’une magnificence qui mérité qu’on n’en « cache point les ornemens ; & au- tour des quarrez dans lefquels on f aura diflribué & partagé tout le- Jardin , on y plantera des Arbres en Bui lions , avec des bordures u- tiles , telles qu’on les marquera ailleurs. Cette difiribution ne doit point ie faire par forme de comparti- ment , mais , ou par une grande croifée qui coupe tout le Potager en quatre grands quarrez fùbdivi- fez en autant d’autres ou plus ; on bien par une fimple allée en lon- gueur , recoupée en largeur de deux , ou trois autres , fuivant que la por- tée du Jardin le permet 5 & c’efl ce qui facilite la culture & fait l’agré- ment de la promenade , quand ces allées font propres , bien placées , & d’une largeur conforme à l’éten- due du lieu. Il en faut aufïl tout' autour , le long des Efpaliers pour en prendre plus aifément tous les foins necelîàires ; Sc celles-là ne ‘ font par confequent pas moins in*~ 5 )(■> t)e la ffrure , ordonnance dilpen fables que celles qui doivent partager tout: le corps du Jardin en plnfîciirs carrez égaux. Ceft une choie que tout le monde fçait af fez, 3c fur quoi il ne s’agit que de donner quelques réglés ; car com- me les J irdins fort vaftes deman- dent des allées plus larges 3c eu plus grand nombre que ceux qui lont plus petits , ou médiocres , il faut preferrre les proportions de chacune , aullï bien que regler la largeur des labours, l'oit des Elpa- liers , fait des plates bandes quand on en fait. Pour commencer par les allées , elles font fufülâma lent larges de cinq toiles , fi :ç Jardin n’a plus de deux cents toifes de long ^ quatre toiles fufKront a celles de cent cin- quante ; trois toifes 3c demie à celles de cent ; trois aux allées de cinquante toifes deux toifes 3c demie à celles de trente, & une toile au moins pour les plus pe- tits Jardins. Si donc on n’a voit qu’un Jardin de cinq a fix toifes de large 3c d’u- ne. s \ Çÿ* diflributiondes Potagers e>y ne longueur proportionnée , pour ménager prudemment une Ci petite portion , l’allée qui le prelènteroit au milieu , & qui répondroit à l’entrée , devroit avoir environ fix pieds , autrement elle ne pourroit contenir aifément deux perfonnes de front ; 8c cette allée y lèroit toute feule, 8c feulement accom- pagnée de petits {entiers d’un pied & demi de large , le long du labour des Efpaliers , un Jardin fi petit é- tant trop précieux pour en emploier davantage au plaifir de la promena- de 8c de la vue. On gardera la môme (Economie , fi l’entrée ne fe peut placer qu’à un des coins , Ce con- tentant d’une feule allée le long du mur qui fe prefentera le premier en face , 8c divifant le refte feu- lement par des fen tiers. Mais fi fur cette largeur de cinq à fix toi- les r on a une longueur de dix à douze, on pourra fort bien mana- ger encore une allée à ch. ctine des extremitez , afin de multiplier la promenade pour laquelle les {en- tiers ne font point deftinez , mais I 2 8 2 Je la figure , ordonnance feulement pour pouvoir vifiter 3c cultiver les Efpaliers 3c les quar- cez j 3c pour cela , il fuffit quils foient d’un pied de large , ou d’un pied 3c demi au plus. Il y a un point à obier ver là- dedus qui mérité bien qu’on y failè attention , 3c qu’on ne le négligé pas j c’eft de ne pas faire ces allées ou ces fentiers fi prés des Efpaliers qu’on le voit ordinairement. Pour bien faire . il faut qu’il y ait en- tre eux une diftance de trois à quatre pieds, au lieu qu’on a ac- coûtume de leur en donner beau- coup moins. Cet efpace étant bien labouré fèrvira non feulement à Elire mieux porter les Arbres Sc à les mieux nourrir , mais auffi à y élever de ces Plantes qui aiment l’abri , 3c que l’on veut rendre hâ- tives. Il feroit dommage que les murs qui font d'un fi grand fè- çours pour cela , ne favorifailènt que des allées où l’on ne peut en tirer avantage. Il eft d’ailleurs in- diffèrent pour le bon emploi qu’oç doit faire de fou terrein , que l’on & diftribution des Potagers, &c. cultive trois pieds de terre au deçà , ou au delà de l'allée , puifque tout lèrt également : au contraire c’eft en Içavoir tirer plus d’utilité que de pratiquer ce que nous mar- quons ; & pour cette raifon , je fèrois d avis que dans les Jardins qui lont plus grands , cette lar- geur des labours auprès des E/pa- liers, fût auflï plus grande. On foutiendra les terres de ces labours avec des bordures utiles, telles qu’on verra ailleurs. Et à l’égard des planches qui recoupe- ront le refte du terrein, /oit qu’il foit divifé par une allée au milieu „ ou autrement ; on l’emploira ert des herbes Potagères les plus ne- ceiIàires,ou l’on y en mettra un peu de toutes , afin d’avoir en chaque faifon , nonobftant la petitefie du Jardin , quelque choie à y cueil- lir. On pourra y planter aulîi le long de l’allée des Grofeillers , des Pommes de Paradis , & femblables Fruitiers en buiflbns qui ne s’é- lèvent pas fort haut j autrement jus feroient de la confufion , ôc ,oo De la figure , ordonnance nuiroient à cet air libre que 1 on doit retirer dans la promenade pour la trouver plus agréable. Cet inconvénient ntft point i craindre quand la place eft plus grande , comme de dix à douze toiles , auquel cas il faut des anees plus larges , c’eft-à-dire d’environ iept à huit pieds , de des labours aux El palier s de cinq ou lix, On pourrait dilpofer un pareil Jfardm en maniéré d’un feul quarre , en faifànt des allées tout autour , qui tailleraient au milieu une étendue de lix à fept toiles de large , & de iept à huit en longueur. Et li le quarré avoir de ce dernier lens dix à douze toifes , il fetoit bon de le couper en deux parties égales par un (entier d’environ trois pieds , 5c par une allée femblable à celles qui i-egneroient le long des Efpaliers , s’il le trouvoit une longueur de quinze à vingt toiles, ou davan- tage. Cette diftribution faite , 1 on plan- tera des Arbres Fruitiers fur le bord des allées , les éloignant raÜonna- er JiQ-îb'H’ron deïVotagers y &c. ioi élément ; & le milieu du quatre fera emploie en Salades , Verdure? , ArtichaiiX , Fraifes , & autres Le- gumes & Fruits du Potager. On pourroit auffi en emploier un en- tièrement en Arbres à fruits , les d’Onfant en quinconce, &c. 103 plus d’air , de en quelque façon plus d’éten-daé. Par le moien de cette allée eii travers , on aura deux qnarrez fort beaux , puifqu’ils contiendront cha- cun hx ou fopt toiles d'un fons , for neuf, dix ou douze de l’autre; car il eft toujours à fouhaiter qu’ils aient un peu plus de longueur que de largeur, foivant la difpofition entière du Jardin , que la forme d un quarré oblong rend plus a- greable que celle du quarré parfait. On multipliera le nombre de ces quarrez , li l’on a une longueur de foixante ou quatre-vingt toiles , ÔC cela toujours for une même largeur de dix-huit à vingt ; & pour cacher la dilproportion qu’il y a entre deux dimenlïons li inégales , il lê- roit necellaire à la dilîance d’en- viron quarante à cinquante toiles, d’arrêter la vue par quelque mu- raille ou pâli (tilde dont la première forviroit a multiplier les Efpaliers , & l’autre pourroit être de Railins ou autres Fruits ; de au delà de l une ou de l’autre , on meteroit I iiij f©4 fi & ure > ordonnartct ce qu’il y a dans le Potager de plus défagreable à la vue & à l’odorat , comme font les Couches de Me- lons & autres. Dans les Jardins de vingt-cinq , trente , trente -cinq , ou quarante toifes , on fuivra la même dilpofî- tion que dans une largeur de quin- ze à vingt toifes , ©bfèrvant feu- lement de faire les allées de quel- ques pieds plus larges , par rapport à leur longueur ; & s’ils vont à foixante , foixante & dix , & qua- tre-vingt toiles ou davantage , on les coupera en quatre portions é~ gales ; ou bien l’on y fera des con- tre-allées garnies de buifïons fur les plate-bandes , en forte que les al- lées qui feront paralelles a la prin- cipale qui doit fe trouver au mi- lieu , & être large d’environ trois toiles , ne foient que de huit à neuf pieds. Ces deux moindres allées donneront de fort beaux carrez, foit pour leur largeur ou pour leur longueur. Et pour la commodité des planches , on les pourra recou- per d’un fentier raifonnablement & difl nbution desTotagers^&c. îcç grand , ou y faire au milieu une plate-bande avec quelques buiftbns 5 comme il y en aura tout autour. Si l’on a une plus grande étendue de terrein à emploier , il faut que ce foit en Arbres de tige , ou faire de petits Jardins particuliers pour differens fruits &• legumes , ainfî que nous l avons déjà marqué , fiip- pofé que dans tout cela on ait la commodité des arrofèmens & les autres , avec les moiens de fournir à la depenle énorme qui y eft at- tachée. Ce dernier n’appartient qu’aux grandes maiions , qui ont 3 u fîi befoin d’avoir de plus grands Potagers. Les autres perfonnes fe contentent à beaucoup moins fui- vant leurs forces , & ils ne laident pas de trouver quelquefois la mê- me fadsfaétion qui revient aux au- tres de la diverfité de leurs Jardins utiles & de plaihr , par la difpofî- tion qu’ils fçavent donner au feul qu’ils peuvent avoir. Ils en ména- geront par éxemple, une partie la plus proche de la mai Ion pour un petit parterre, il la place eft d’une ïo6 De la figure , ordonnance raifonnable grandeur • carlî elle eÆ médiocre & ferrée , il eft plus à propos de le palier de fleurs , & d’emploier tour Ion terrein en plan- tes de lèrvice , mettant le plus en vue du logis ce qui plaît davantage de toutes les parties du Potager , ôc à Pécart ce qui pourroit bleilèr les yeux ou l’odorat. Les Efpaliers, les beaux huilions de Fruits , les Verdures , les Artichaux , les Sa- lades , l’adlion perpétuelle des Jar- diniers , &c. occupent allez agréa- blement le voifinage des fenêtres, même pour des mailons allez con- lîderables, auffi-bien que pour des mailons médiocres ; d’autant plus que tout tend a l’utile & au neceC faire pour qui l’intérêt qui régné li univerlèllement aujourd’hui donne tant d’emprellement , 8c y fait trou- ver tant de charmes. Il nous refte à remarquer à l’é- gard des allées , qu’on doit toujours faire celle qui regue h. la tête du Jardin par où l’on entre, de quelques pieds plus large que les autres, 8c principalement dans les Jardins les <& âiftribution des PotdgerSj&r, 107 plus grands , afin que comme d’or- dinaire à l’entrée de chaque Jardin on s'arrête un peu pour le confi- derer, on y trouve d’abord pour cet effet une place agréable & rian- te , & 011 differentes compagnies fe puifient promener aifément. Cet- te allée paraleile à la face du logis doit donc avoir cinq ou fix pieds de plus que les autres , fi le Jardin efl par exemple , de quinze à vingt toiles de large , fur une longueur de trente ou quarante : & elle pour- roit même avoir jufqu'à douze pieds ou davantage fi elle étoit en ter- rafie , comme on le peut faire ; par- ce que plus ces fortes de terraffès voifines des maifons font larges £ plus elles paroi (fient nobles & belles. On doit encore obferver , que dans la largeur que nous avons mar- quée pour les allées, nous avons u- niquement compris la place qui doit être libre pour la promenade ; car il y en a qui dans leur difpofition appellent allée tout ce qu’il y a d’é- tendue depuis le mur jufqu'aux buif. fions du contt’Elpalier , ou ce qu'il 10 S T)e J a figure , ordonnance y a de diftance d’un buillon à l’ an- cre dai s le parcage des quarrez ainfi Ton pourroic s’v tromper. Or cet efpace doit être labié pour être toujours plus fec fous les pieds, & moins fujet à produire de mé- chantes herbes. Qje s’il fê ren- controit que pour drefter une allée d’un des cotez du Jardin , on fût gêné par une muraille , qui au lieu d’être tirée droite , fermât une li- gne courbe le long d’une partie de ion étendue ; comme l’on n’eft pas toujours en état de pouvoir corri- ger ce défaut, le parti que l’on peut prendre en ce cas , elt de ne laif- ler pas de faire fan allée à angles droits & quarrez , la commençant à quelques pieds de diftance a l’en- droit de la rnurai’le qui peut le plus avancer dans l’al'ce , & la mettant quar rément a l’extremité où elle doit finir. On la marquera à droit 6c à gauche par de jolies bordures qui fbient nufli pour l’utile ; 6c aux endroits où il fè trouvera beaucoup plus de largeur de terre qu’il n’en faudr oit félon la difpofition que l’on & dlftrîbutïon des Votdger^&c. 109 aura à fuivre , on remploiera en Frailîers , ou en autres Plantes ôc Verdures qui ne foient pas capa- bles d’offùfquer l’Elpalier. Ce que nous avons touché jufl qu’ici de la forme ôc diftribution des Potagers , ne regarde propre- ment que ceux qui fe peuvent faire dans une (upeificie plane , ou dans des Vallons. On peut neanmoins (e regler là-delîus pour la difpoll- tion de ceux qui (e trouveront ne- cellairement dans des aüiettes iné- gales Ôc trop montueules ; furquoi l’on doit voir ce qui en a été dit au Chapit deuxième, où nous avons remarqué le bon emploi qu’on peut faire de ces fortes de terreins. Travaillons maintenant à mettre nôtrejardin en état de produire , en lui donnant la culture necdîài- re ; ôc parce que les labours en font la principale partie , attachons- nous d’abord à expliquer le tems ôc la maniéré de les bien faire , & nous parlerons en fuite des aman- demens ôc autres ioins qui regar- dent ce point. no Des labours nccefaircs fOfe>5 V?5î>i **!§!>: cOtiA; rv^fiA; evifc>i » «» «» & WF» wtj»v UT grw wî|r»ji<4fv CHAPITRE VIII. Des labours necejj'aires dans La culture des Jardins Potagers. L E labour par lequel fe fait le défrichement du Potager, eft le premier par ou I on commence. Nous avons allez montré dés ren- trée de ce traité , de quelle maniéré on s’y doit prendre , fuivant que les terres y font difpolees , foie pour les renouveller fi elles font ulées ; foit pour ddlècher celles qui font trop humides, foit enfin pour les corriger de quelqu’autre maniéré que ce foit , félon les défauts difïèrens dont elles peuvent être atteintes. Aux unes , il faut faire ce labour dans un temps fec , ôc à d’autres en dans la Culture des Potagers. nt temps humide. Il y en a qui fe contentent d’une profondeur mé- diocre^ quelques autres ont befoin d ette remuées à fond , & labourées comme on dit, avive jauge. En- fin cette première façon des terres dépend de leurs temperamens di- vers , qui nous obligent de les trai- ter & manier d’autant de maniérés différentes , amfi qu’on l’a fuffifàm- ment expliqué dans les deux pre- miers Chapitres. Apres ce labour general , il eff necellàire de laiflér repofer la terre pendant quelque temps , afin quelle puifié s’incorporer 8c Ce relier en- lémble , 8c qu’étant abonnie par les raions du .Soleil & autres fecours du Ciel , elle devienne plus capable de recevoir enfuite toutes fortes de plantes 8c de iémences. Cela fera particulièrement fi l’on fait le défri, chement du Potager en Septembre ou Octobre ; car alors la terre aura tout l’hiver pour fé mijotter , & la gelée qui donnera deffus , la ren- dra extrêmement bonne 8c douce. Elle s’améliorera encore davantage. Hz Des Labours necejfaires fi l’on attend d’y ièmer chaque cho- ie dans là lailon. La plus propre pour commencer eft l’Automne , iî l’on veut être fourni luccelîivemenc toute l’année de tout ce qu’un Po- tager doit produire. On donne au- paravant un fécond labour d’un bon pied , ou d’un pied 8c demi de pro- fondeur j & h le fumier qu’on avoit répandu /ri r la lurface iîx iemaines ou deux mois plutôt, n’eft bien con- ibmmé , il faudra le faire delcendre au fond de la jauge , avec la bê- che. On préparera de la même maniéré chaque quarré , dans la làifon qui précédera celle où l’on voudra l’en- iemencer. Ainlî pour les femencesdu Printemps , il faut que la terre foit fumée & labourée en hiver : 8c pour ièmer 8c replanter en Eté ; il faudra labourer 8c fumer dés le commence- ment du Printemps. L’utilité de ces labours eft de rendre les terres mo- biles , afin que l’humidité des pluies 8c des rofées les pénétré aifémenr, 8c qu’elles . foient convenablement échaufées des raions du Soleil. Us augmentent dans la Culture des Votaàers. jî$ augmentent par ce moien la fécon- dité des terres qui en ont peu , &la confervcnt dans celles qui en ont fufhfàmment. Le vrai temps de labourer , (e ré- glé fur la qualité des terres, comme il a été dit a l’égard de la première façon qu’on leur donne. C’eit- a-aire, que les terres chaudes 8c feches doi- vent en Eté être labourées , ou un peu devant la pluie , ou pendant la pluie , ou incontinent après , 8c fur tout s’il y a apparence qu’il en doive encore tomber ; fi bien que pour lors on ne fçauroit prefque les labourer , ni trop fouvent, ni trop avant quand il pleut -, 8c par une rai ion oppofèe-, il ne les faut gueres jamais labourer pendant le grand chaud , à moins que de les arroier aufïï tôt. Les terres fortes , froides 8c humides ne doivent au contraire être labourées que dans les grandes chaleurs 8c jamais en temps de pluie; 8c le feul remede pour celles qui fe gercent , eft de le taire très - fré- quemment. 8c fort avrfnr, K 3ï4 Des Labours neçejfairef L’on fc contentoit autrefois de donner quatre labours par an aux arbres fruitiers , un en chaque fai- fo n ; mais il efl: tres-utile de les labourer encore plus fouvent en quelque forte de terre qu’ils foient, prenant garde neanmoins de ne ja- mais le frire quand ils font en fleur , non plus qu’à la vigne quand elle poulie ; parce que la terre fraîchement remuée exhalant au Printemps beaucoup de vapeurs, les gelées blanches fort ordinaires alors les qieuvent arrefter prés de la furface & fur les fleurs , qui en étant attendries & humeétées , courront rifque de périr plus facilement. A l’égard des plantes & herbes Potagères , il ifeft pas moins necef- fiire d’en tenir toujours la terre meuble , foit à force de labourer 3 fi elles permettent de fe fèrvir de bêche , comme font les Artichaux, les Cardons , Scc. foit à force de bequiller & de fèrfoüir, aux^endroits où par la trop grande proximité des Plantes , on ne peut employer que la fèrfouecte 3 par exemple dans les dans la, Culture des Potagers, ify Fraifiers , les Laitues , les Chicorées, les Pois, les Feves, les Celery . &c. 7 Quand on laboure’ des plan- ches entières ou même des car- rez pour y iemer ou replanter , il faut difpofor ce labour , de maniéré qu il ptiille mieux fournir aux be- foins des plantes qu’on y deftine. Car comme il y en a , qui veulent plus d’humidité que d’autres, par exemple , les Artichaux , les Sala- des , 1 ofeille , les plantes à grofies racines ; il faut faire en forte que celles-là profitent amplement des eaux de dehors •, pour celles qui fs contentent de moins , comme les Afperges , il eft foperflu de fe trop tourmenter à leur en faire venir. Dans l’intervalle des labours , on doit prendre foin de ratifier ou ar- racher ies méchantes herbes qui par- ticulièrement l’Eté & PAutomne viennent à fe produire for les ter- res, & s’y multiplient à l’infini fi on les y iaifie grainer : cela empêche aulli les plantes ôc legumes de manquer de nourriture, par la con- K ij ii 6 Des Ltthctirs necejfaîrii lomption inutile que ces méchantes- herbes en feroient. On les détruit ailement quand les labours font re- cens ; mais s’il font plus vieux faits , il faut labourer de nouveau * ôc par ce moyen ces méchantes herbes mifes au fonds de la terre à la re-. ferve du Chiendent ôc du Liferon quil faut entièrement extirper , s’y pourriront , &c y ferviront d un nou- vel engrais. Ces labours , comme on la vû , doivent être differens. Il s en fait de profonds, ôc c’eft en pleine terre & au milieu des quarrez ; ôc de plus légers , fçavoir autour du pied des arbres , fur les Aiperges Ôc parmi les menus legumes Pour ceux-là dans les terres aifées on fe fert de la Bêche ôc de la Houe, qui font des inftrumens allez con- nus • ôc dans les terres pierreufes , & cependant allez fortes , on prend la Fourche &laBefoche , dont on fe fert aulli pour herfer , ou remuer ôc rompre les mottes de terre nouvel- lement enfemencée de graines po- tagères , ôc les faire ainh entrer au 'dans la Culture des Potagers, nyr de/Tous de la /uperficie où elles doi- vent germer. La neceffité des labours fre- cjuens ne permet pas defemerou' planter, fuit beaucoup d'herbes po- tagères , ou beaucoup de Frai/Iers prés du pied des Efpaliers & des autres arbres à fruits. Il n’y faut que des chofes qui fubfilfent fort peu de temps , par exemple des Salades à replanter ; & il eft encore plus à propos de n'y rien mettre , Ci l'on veut que les arbres s’en portent mieux. J'excepte à l’égard des Efpaliers , les plantes qui aiment le voifinage des murs , éc qui ont necellàirement befoin de cet abri pour être Printannieres. Pour avoir la facilité de biner Sc de lèrfoiiir /ans rien gâter , on di- vife les carrez dans leur largeur eu diverfes planches de quatre à cinq pieds , les feparant par des /entiers d'un pied , afin qu’on puillè 1er- foiiir à droit & à gauche fans mar- cher fur les labours ; 6c ftuvant que la terre que l’on a eft forte ou ie-- gere, on foûtient les bords de ces ii S Les Labours necejfaires planches en appuyant lerateau con- tre , pour empêcher que l’eau des arrofemens 3c des pluies ne s’écoule dans les fentiers , ou même l’on tient ceux-cy un peu plus élevez , ou plus conformément aux réglés que nous avons pofées ailleurs. Je finis ce qui regarde cette pre- mière partie de la Culture generale du Potager , je veux dire un labour bien entendu , par cette remarque ; que dans les terres feches 3c legeres, il en faut donner un fort profond , à l’entrée de l’hiver , 3c un pareil incontinent après qu’il efi: parte afin que les pluies 3c neiges de cette fàifon les pénétrent aifément, auffi- bien que les pluies du Printemps : 3c pour les terres fortes 3c humi- des , il faut fo contenter de leur donner au mois d’Oétobre un pe- tit labour , feulement pour ôter les méchantes herbes , 3c attendre à leur en donner un fort grand à la fin d’Avril , ou au commencement de May , fi c’eft pour les arbres , étant neceflaire que leurs fruits foient nouez pour éviter Pinçon- dans la Culture des Potagers, Ï19 venienc que nous avons touché cy- devant. f à?,- &&&$ a^saigpr? *1 «■w <4^5 <<{§ Z îçgp^i^Çtî 5¥C5ÿêiffï-9?®i'ït5 r * , gira;%îPi« jti CHAPITRE IX. ZM Amandemcns & autres foins g entiaux que l'on doit apporter pour tenir les Pota- gers en bon eftat. V Enons maintenant aux Aman- demens 8c engrais qui fe font par le moyen du fumier. C’eft une chofe dont le Potager a un extrême befoin - y les herbes 8c les plantes qui y viennent en abon- dance & qui fe fuccedent promte- ment les unes aux autres dans un petit efpace de temps 8c de terrain, épuiferoient bientôt la terre lans ce fècours. Il eft neceflàire aufïl 8c tres- utile pour améliorer des terres dé-. fedueulesjce qui fait que quoiqu’on ne trouvât pas pour faire un Pota- no T>cs Amandemfins ger , une terre fi maniable & au fil bonne qu’il ièroit à fouhaiter , on 11e doit pas laillèr quelquefois de s’en fervir, ayant la commodité des fumiers avec celle de l’eau. Il y a en cela des précautions à prendre qui dépendent de la na- ture des défauts des terres , & de la qualité des fumiers qui fervent à les reparer. Il eft donc important d’en examiner d’abord la diverfité , afin de es employer enfuire plus-à-propos, lelon que le befoin l’exigera : car fquoi-qu’iî loit vrai que tout ce qu’il y a de materiel & de corruptible, ptufiè • retournant en terre par cette voye, fous quelque figure que ce foit , 1 ’amander & l’ameliorer , il y a neanmoins des choies, qui ioit qu’elles contiennent davantage de fel ou au- trement , font plus propres pour cette amelioration que d’autres. Ain- fi toutes fortes d’étoffes de linges , la chair , la peau , les os , les ongles des animaux , les boues, les urines, les excremens le bois des arbres , leur fruit , leur marc , leurs feu d; es, les cendres, la paille ,^les grains & & Autres foins ,&c, ur îe refte font autant de matières ca- pables d'engraifler la terre & de re- parer Tes perces : mais il eft fans doute , que cela fe frit plus avan- tageufement , en employant ceux de ces corps plus gras & plus rafraî- chi flans dans les terres feches our les remettre en vigueur. Dés e commencement il foule les mon- tans des Oignons , qu’il fort de terre quand ces montans lèfechent , pour les lailïèr à l’air dix ou douze jours avant que de les ferrer , ou les met- tre en liallè, Il ôte aullï les feuilles ( de Befcerav.es , Carottes > Panais, &c 0 durant le cours de V année ,&c é j+y pour faire groiïir ce qui eft en terre. Il cueille les Echalotces & l’Ail ; iî coupe cous les vieux mon tan s d’Âr- tichaux j il fcme tout le long du mois des Laitues à coquilles à quelque bonne expofition , tant pour en pou, voir replanter à la fin de Septembre ou au commencement d’Oébobre* que pour en avoir de toutes endurl des au froid pour les replanter après THyver , foit en pleine terre au mois de Mars , foie fur couche dés le mois de Février. Il replante en- core beaucoup de Chicorées à un grand pied l’une de l’autre , & mc« me des Laitues Roiales, & des Per. pignannes qui font très. bonnes l’Automne & l’Hyver. Il fème des Mâches pour le Carême , de l'OfeiL le , du Cerfeuil, des Epinars à la fin du mois pour le commencement de 1 Hyver , des Raves en pleine- terre pour l'Automne , des Choux pom- mez pour les remettre en pepiniere* & quelques Oignons pour en avoir de bons l’année fin vante dés le mois de Juillet j & ceux-là doivent être replantez au mois de Mars enfuite N ij % r 14 S Travail du îardinier G’eft le temps auffi de lier la Chi- corée , de replanter des Frailiers en place, d’arracher les traînatfes de ceux qui ont donné du Fruit, aux- quels on doit avoir coupé les vieux montans, & toutes les vieilles feiiil- les , afin qu’il s’en faite d’autres. Le mois de Septembre occupe le Jardinier à lier les Cardons d’Elpa- gne , le Celeri , & les Choux-Fleurs dont la pomme commence de paroî- tre formée -, à femer & Replanter de l’Ofeille , des Epinars , des Choux d’Hyver , de la Chicorée plus prés à prés que les mois precedens ; des Laitues à coquille à quelque bon abri , fur-tout au pied des murs du Midi & du Levant , &c. en forte qu’il n’y ait pas un feul endroit qui ne foit garni de Plantes Potagères, foit fèmées ou replantées ; ce qui ne peut être auparavant , tant parce qu’on referve beaucoup de place pour les Plantes d’Hyver ; que par- ce qu’il y en a qui demandent un allez long-temps pour fe perfection- ner. Le Potager nelt pas long-temps du '■ant le court de /* année, & c. r4 & ou Ton continue de replanter des Laitues ôc des Choux d’Hyver à l’abri, & de préparer le Celeri & les Cardons : il fe voit dépouillé de les racines, que l’on transporte dans la Serre avant que les gelées y aient donné. Le relie qui doit demeurer en place a befoin du fecours des Couches , & des couvertures de fumiers ; & c’ell à quoi l’on s’applique à l’égard des Chicorées , Artichaux , Celeri , fkc. On plante des Laitues fous cloche ou fous chalîis pour pommer ; on fème des Raves fur couche vers la mi-Novembre pour en avoir à Noc'l, ou à la Chandeleur : On commence à réchauffer des Afperges , de l’O- feille , de la Chicorée Sauvage, du Perfil-Macedoine -, on en éleve fur couche, on préparé des paillafions pour les Figuiers , & autres Arbres j on taille , on plante , on émouffè , on laboure , on iéme ; on fait des couches à Champignons : Enfin le travail donne de toutes parts , & il N iij IçO Travail du îardinier eft d’autant plus important de n'en pas laifïèr perdre l’occaiion , que fi- lon tomboit dans ce peu de foin , & dans une telle négligence , on feroit non-feulement privé des nouveau- îez qu’on peut avoir malgré le froid, mais encore réduit dans une entière dilette à l’égard des autres Plantes plus fortes , qui font neanmoins allez communes dans cette failon, comme Chicorées , Laitues, Choux, &c* Voilà une legere idée de ee qu’il y a à faire dans un Potager chaque mois de l’année. On anroit pu en- trer dans un plus grand détail de tous ces Ouvrages , h on ne le trou- voit en très- bon ordre dans les In- ftruétions du Jardinier de Puteaux; ainlï ce ne 1er oit qu’une répétition inutile. Il elt plus a propos de tou- cher ici la maniéré de s’acquiter des principales choies : car quoique la Culture des Potagers ne foie pas moins ancienne que le monde , & qu’il n’y ait pas julqu’à la plupart des Païlàns de la Campagne & du menu Peuple des Villes , qui n’en ait durant te cours de V année, &c. îjî la connoilTance ; il y a neanmoins N d'es découvertes parti'culieres fur certains points , qui ne font pas communes , & qu’il eft doutant plus de cette Culture avec plus de leu- reté & de plailïr. Tel elt entre au- tres le lècours que Ton retire des Couches ; ce qui nous donnera lieu d’en parler , avant que defcendre aux differentes parties du Jardin Potager. N iiij ïjÆ Manière de faire * ** #* * *# CHAPITRE XL Maniéré de faire de Couches : leurufa 8>c en- fuite avec la droite , on prelîè ce terreau contre fais , en forte qu’on lui fade prendre quelque conlif. tance* 8c qu’il fe puilîe foûtenir lèul comme une terre folide , quel- que meuble qu’il foie de fa nature*. T$6 Jifanlerc de faire On change enfuite lais de place' pour faire par cous les cotez la môme chofe ; & fi cet ais eft long & trop lourd, on le foûdent avec de petits bâtons fichez fur le bord du firnier drellé , ou bien l’on fe fait aider par quelqu’un , travaillant tous de la même maniéré. Le terreau a- près qu’il eft ajufté , doit avoir en - tout fens un bon demi pied moins d’étendue que le délions de la cou- che ; &; dans fon quarré long , il doit paroître aufli uni que fi c’étoit une planche d reliée en pleine terre, La couche peut demeurer en état de recevoir les fèmences ou plants qu’on lui deftine , autant de tems qu’elle en met à palier fa plus grande chaleur ; c’eft - à - dire huit ou dix jours. Si on y fèmoit ou plantoir plutôt, ou qu’on attendît à le faire plus tard , on y verroit les plantes fondre Sc périr au lieu de profiter. Il faut donc être foi- gneux de bien prendre fon tems. Que h l’on s’apperçoit que la cou- che fe fbit trop réfroidie , il faut faire tout autour des réchaufemens des Couches , &c. jj avec du grand fumier neuf ; par ce moien l’on y renouvelle & l’on y entretient la chaleur dans le de- gré où elle doit être. Un feul ré- chaufement fert pour deux couches rempli liant le fentier qui les fepa- roit ; 8c en ce cas il doit être moins fort que quand il n’y en a qu’une feule , parce qu’outre que peu de fumier fuffit pour remplir cet ef- pace , il eft réciproquement en- tretenu dans ftt chaleur par le voift- nage des deux couches : mais com- me il n’en eft pas de-même quand on n’a qu’une couche à réchaufer , il faut necellairement augmenter l’épai fleur du fumier, lui donnant au moins deux pieds fur toute la longueur de la couche , 8c fouvenc Même il en faut mettre plus haut. Pour renouveller un réchaufe- ment , il n’eft pas toujours necef- làire d’en faire un nouveau. Il feffit quelquefois de remuer de fond en comble le fumier qui y fervoit , quand il n’eft pas trop pourri , fans y en mêler de neuf : ce remue- prient eft capable d’y rétablir la cha- JVfaniere défaire leur encore pour huit ou dix jours. On y contribue aufli quand il fait chaud , en le moiii liant raifonnable- mement : mais fi le fumier efl pourri tout à fait , ou du moins la plus grande partie , il le faut ab- solument changer -, autrement il ne pourroit avoir autant de chaleur qu’il en faut pour les plantes qu’on éleve fur couches. Outre toutes ces précautions , fi ce font par exemple , des Afper- ges ou des Fraifijers qu’on ait arra- chez de leur planches , 3c enfuite replantez fur ces couches , 3c que le froid foie à craindre ; il les faut couvrir foigneulèment avec des clo- ches de verre ou des chafîis • 3c l’on y ajoute meme dans la grofle gelée des couvertures de grand fu- mier fec , ou de paillalfons , les mettant par-delfus ces cloches ou chafîis. Cette maniéré de réchaufement i Àiariere de faire vrier & Mars lemer des Laitues en- tre les raions de raves , en faifant les trous éloignez de fept à huit pouces ; ces Laitues par raions fe- ront cueillies avant que les Raves loient bonnes pour cela. S’il gele fortement , on doit couvrir la cou- che avec du grand pleïon pendant cinq ou fîx jours , & mettre par- «deflfus des paillalïons fbûtenus fur des traverfes d’échalas ou autres perches mifês fort prés de la fur- face du terreau , bouchant aulïï les cotez. Que h le froid n’eft que médiocre , la chaleur de la couche les défendra alfez fins autre couver- ture. Les Raves ainlî fèmées lè- vent au bout de cinq ou fîx jours,. On en peut avoir par ce moien les mois de Février , Âlars & Avril , & même en Janvier , pourveu que l’abondance des neiges & la rigueur des gelées ne foit pas fî terrible, qu’on ne puille au moins pendant quelques heures du jour, découvrir un peu les couches ou elles font y qu’on puille leur donner quel- ques réchauferaens ; faute dequod des Couches , &c a . igç. tout ce plant des couches efl: fùjet à jaunir 8c à périr entièrement. A l’égard des Laitues à couper pour de petites Salades , il faut en faire tremper la graine dans de l’eau vingt-quatre heures , la mettant dans quelque fachet que l’on pend enfuite à un coin de la cheminée , ou dans quelque cave bien chaude. Cette graine ainfi mouillée s’égoute & s’échaufe de telle forte qu’elle germe ; 8c pour lors après avoir tracé fur la couche des- raions en- foncez d’environ deux pouces 8c larges d’autant , par le moien d’un bâton qu’on appuie ferme fur le terreau ; on fème cette graine ger- mée dans ces raions fi épais , qu’elle en couvre tout le fond -, 8c on la couvre enfuite d’un pied de terreaiî jette avec la main fort legerement.. On met par-delïus , ou des cloches ou du pîcïon , tant à caufe des oi- feaux , que crainte de la gelée. On- ôte ce pleïon au bout de cinq ou; fix jours que les Laitues commen- cent à bien lever , 8c dix ou douze jours après elles font ordinairement O ij ïê4r Manière 'dé faire allez grandes pour être coupées ail couteau & mangées en fàlade , c’ell> à-dire pourveu que les gelées ou la chaleur de la couche ne fbient pas exceffives. On en ufe de la même maniéré pour le Cerfeuil & pour le Crelïon , hormis qu’on n’en met point tremper la graine , non plus que des Raves , parce que la peau en eft h tendre qu’en un jour elle deviendroit comme en boüillie. On pourroit ne pas couvrir de terreau les Laitues ainfi femées , fe contentant de fraper du plat de la main fur la couche pour l’appro- cher bien prés du terreau. On fait la même choie à l’égard du Pour- pier qu’on feme fous cloche ou fur couche. On ne fçauroit jetter fi> peu de terreau pour couvrir ces petites graines qu’il n’y en ait de trop. Quant à l’efpece que l’on doit choifîr pour cela , c’eft de la crêpe blonde j fi on en veut replan- ter , il faut éclaircir la plus belle , &la replanter en pepiniere fur une autre couche & fous d’autres clo- ches à vingt ou vingt-cinq fous cha- des Couches i &c, nfy que cloche. Quand elle s’y eft rai- fonnablement fortifiée , on enleve les plus fortes avec leur petite mote' pour les replanter à cinq ou fix fous chaque cloche , & pour y de- meurer julqu’à ce quelles foiene tout à fait pommées ; ce qui ar- rive vers la fin de Mars , fi on les a femées dés le mois de Décembre, On en feme aufii en Janvier pour les replanter au mois de Février , & l’on continue de-même les au- tres mois jufqu’à ce que la terre en produifo d’elle-même ians le focours des fumiers chauds. Après la crêpe blonde les prin- cipales des autres efpeces de Lai- tues qu’on peut élever pour le Prin- rems , font la Roiale , la Courte 9 8c fur-tout la Coquille. Il faut- ocre foigneux en cela de lever fou- vent les cloches pour ôter les feuil- les mortes des Laituè's , parce qu’il 1 en périt & fond beaucoup , & une- pourrie en fait périr d’autres. Il ; faut même nettoier le dedans delà cloche , où il fo ramafle beaucoup d’ordure & d’humidité. j ôc pour kv $66 Manière de faire même ration , quand il £uc quelque beau Soleil , on ne doit pas man- quer d’en faire joüir les Laitues , afin que lliümidité qui peut relier fur leurs feüilles le defleche. Le principal eft de tenir les couches railonnablement chaudes par le moien des réehaufemens qu’on re- muera ou renouvellera de teins en tems lêlon le beloim On fème liir couche & lous cloche de la Poirée à replanter , de la Bourrache , de la Buglole 5c de la Bonne-dame , y ©blêrvant les mêmes précautions : a l’égard des Melons & Concombres , ce n’elt pas une choie li nouvelle j ainli nous n’en dirons rien ici, nous en parlerons ailleurs en fon lieu» Mais ce n’ell pas encore là toute Futilité qu’on retire des couches». L’on fçait combien elles fervent à faire venir des Champignons dans toutes les fàifons de l’année. Pour cet ufàge on les doit difpofêr au- trement que pour les nouveautés que nous venons de marquer. On en peut faire à chaque mois , quoi- qu’elles, n’agilTent qu’environ trois. des Couches , &c, mois après qu’elles ont été faites j,_ èc c’eft lorfque leur grande chaleur aiant entièrement fini , elles font chancies en dedans.. On fait ces couches dans une terre neuve 8c fabloneufe dans laquelle en creufè- une tranchée d'environ fix pouces de profondeur : 8c fiir le fumier, dont on la remplit - y on met deux ou trois p-ouces de cette terre 3 & par-deflus une autre couverture de cinq à lix pouces de grand fu- mier fec, qui 1ère en Hiver pour garantir les Champignons de la-, gelée qui les ruine , 8c en Eté pour les conferver contre le trop grand chaud, qui oblige quelquefois de les arroler legerement deux ou trois fois la fèmaine^ Ces couches à Champignon doivent être en dos d’âne, au lieu que les autres font unies par-d'elTus ; leur largeur eft de quatre pieds comme aux au- tres ; 8c pour leur longueur , on. le réglé fur la quantité de fumier qu’on a à y emploier. On s’y fèrt de la même forte de fumier ; c’eft- à-dire , du fumier de cheval ou de K& Maniéré de faire mulet , mais qui foit déjà un peu fèc , & mis en pile depuis quel- que tems. Il Ce fait encore une autre forte de couches qu’on appelle lourdes , qui doivent être tellement enfon- cées dans la terre , qu’elles n’ex- cedent nullement la hauteur de ta fuperficie voifine. C’eft avec de lèm- blables Couches qu’on peut réchau- fer dés le mois de Janvier des Fi- guiers en Caille , pour avoir des Fi- gues fort hâtives. On les doit faire pour cela auprès de quelques murs au Midy, pour pouvoir couvrir plus facilement les Figuiers que l'on mec fur ces Couches , avec des chaiïis^ de verre quarrez , hauts de fix à lept pieds, qu’on applique contre le mur». On réchauffe cette Couche fourde comme les autres quand elle en a befoin , Sc l'on prend loin de bien couvrir aulli les chaHIs pour em- pêcher que le froid n’y pénétré. Toutes ces nouveaucez ne font pas fans de grandes fijetions. Ou- tre la peine qu’il y a à couvrir &c découvrir , à quoi dans - certains jours > des Couches , &c. jfy jours allez beaux , on emploie beau- coup de temps ; on court rifque fou- ver.t de callèr quantité de cloches cjui font monter la dépenfe allez haut. Il faut d’ailleurs être en lieu où l’on ait la commodité-du fumier, dont il eft necellaire d’avoir une quantité fort confiderable ^ &c pour comble de difgraces , on a le déplai- fir que les Plants qu’on éleve par de telles voies, par exemple, les Ail perges & l’Ofeille , fe détruifent en- tièrement par cet effort ; & ces pre- mières fur tout au lieu de durer une quinzaine d’années à toujours bien faire , ne pouffent plus que mifera- blemcnt, & tout au plus les aianc lailîë en repos deux ou trois ans a- prés un premier réchauffement , peut-on les réchaufer une deuxième fois. Ceux qui ne font pas en état de fe mettre au-delfus de tous ces in- conveniens peuvent s’en tenir à la Culture ordinaire des Potagers , & même n’en choifir que la partie qui leur plaît le mbux , & qui leur elt P I70 Manière de faire plus neceflaire , ou plus commodes car il arrive fouvent qu’on n’e/t pas moins déterminé à cet égard par Ion goût propre , que par les diffèrens degrez de bonté de terroirs & de climats , qui font que tel qui efl dans des terres fablonneu les ne s’at- tache gueres à y élever des Arti- chaux, des Choux-fleurs, des Car- des de Poirée , des Oignons , des Cardons , du Celeri, des Beteraves, & autres racines ; comme récipro- quement ceux qui ont de bonnes terres fortes ne les occupent gueres en O/eille , Pourpier , Laitues, Chi- corées , & autres menues Plantes, ainfi que font les Maraichez des ter- res legeres. Cependant comme nôtre dellèin eft d’inftruire à le bien acquiter de toutes les parties du Potager , foit pour ceux qui peuvent en avoir un à cultiver , oi\ ils /oient obligez de faire venir de tout , foit en vûc feu- lement de ceux pour qui cette con- lu iflànce n’eftquede Ample curio- iué ; il fuit voir en premier lieu à 'Delà nature & duree des diver- ses plantes dont un Potager doit ctre garni. C ’Eft une merveille auflî digne de nôtre reconnoilîànce que de nôtre admiration , de voir combien la Nature apporte d’induftrie à nous fournir nos vivres. Elle nous nour- rit des racines de quelques Plan- tes, des feuilles de quelques autres , des côtes des unes , des pouflees & des premiers jets des autres ; Cel- les-là veulent être mangées dans leur verdeur , les autres dans leur maturité ; enfin c’eft une fource iiié- puilàble qu’un bon Potager, du Ce- cours de laquelle il n’eft gueres de jour que l’on Ce puillè palier • foit que dans la belle faifon les Plantes tien- des diverfes "Plantes , &c. 17$ lient encore à la terre qui les a pro- duites , & qu’on n’ait qu’à les y aller prendre, foit que devant la rigueur de l’Hiver on en ait arraché quelques- unes pour les réfugier dans desSerres, ou dans des Gaves , comme dans des lieux de iêureté'. Pour avoir une connoi ^anCe plus particulière de ce iecours , on peut réduire toutes les Plantes Potagères à certaines Clartés. Les unes ionc racines , comme la Beterave , les Ca- rotes > les Cheruis, les Panais , le Salfilix, Scorfonnere , ies Navets,. Topinambous , Raves, Perrtl , ftrc^ Les autres font comprilès fous le mot de Verdures , Ôc de ce nombre font les Choux , la Poirée , la Bon- ne-Dame , la Buglofe, l’Ofêdle , la Patience, la Bourrache, les Epinars, &c. Les Malades viennent enfuite, fçavoir Laitues, Celeri, Cerfeuil , Pourpier , Mâches , Réponfes , Chi- corée-, avec les fournitures , de Beau- me , Eftragon PalEe-pierre , Cref- £on , Corne-de-Cerf , Pimprenelle , Tripe- Madame, Roquette , &c. On fait une autre Claflè des Plantes for- P iij 374 2V ^ nature & duree les, comme Oignons , Cives, Ci- boules , Ail, Echalotes , Rocambo- les , Porreaux ; & une autre des Her- bes odoriférantes , Baf lie , Anys , Thim , Hifope , Lavande , Fenoiiil , Marjolaine , Sauge , Romarin , Ca- momille, Rhue , Abfynthe, Laurier, Meliffe , &c. Les Legumes qui font un autre rang à part , contiennent les Pois, les Fèves de Marais , les Haricots & les Lentilles : Et fous le nom de Fruits qui font la partie la- plus coniîderable de ce riche Trefor, on comprend les Melons , Concom- bres, Citrouilles , Potirons, Arti- chaux, Afperges , Cardons , & Car- des ; fans parler des Fraifes , Fram- boiles , Grofeilles , Verjus &c Muf. cats , qui peuvent tous entrer & être cultivez dans un Potager , avec au- tant de gloire que de fuccez. De ces differentes Plantes , les unes fe fement pour demeurer en place j d’autres pour être neceffaire- ment tranfplantées ; quelques-unes réüfliffent également, foit qu’elles foient lèmées ou tranfplantées quelques autres fe multiplient fans- des dïverfes Plantes , &c. 175 être femées. Il y en a qu’on replan- te toutes entières , d’autres qu’on rogne pour les replanter. Quelques- unes ont l’avantage de produire plu- fîeurs fois de fuite dans la même an- née, & durent même au delà quel- ques autres 11e produifent qu’une fois , & le confervent pour produire les années d’après : Enfin il y en a qui occupent leur place fort long- temps, & d’autres qui ne font que pafiàgeres , tk qui cefient d’être au- près leur première production. On tireroit peu de fiitisfaéHon de la Culture des Potagers, f l’on ne connoiiîoit à l’égard de toutes ces ci r confiances la nature de cha- que Plante. Commençons donc par celles qui fe fèment pour demeurer abfolument en place. Telles font, les Raves , Carottes ,Beteraves . Pa- nais, Cheruis , Navets, Ruiponfès s Mâches , Scorlonncre , Salfifix,PAil, le Cerfeiiil,la Chicorée Sauvage , la Corne-de-Cerf,le Crefion Alenois, les Echalottes , les Epinars , les Fè- ves , les petites Laitues à couper , le Perfil , la Pimprenelle , la Poirés , les f iiijL/ iyé 'De la nature & duree Pois, le Pourpier, & la plupart de rOfeille , de la Patience , de l’Oi- gnon , de la Ciboule. Les Plantes qui veulent ablolu- ment être tranfplantées pour réülïïr, ^bnt les Cardes de Poirée, le Cé- leri , la plupart des Chicorées-Blan- ches, & des Laitues , tant a lier qu’à pommer , à moins que d’avoir été lemées fort claires , ou d’avoir été enfuite fort éclaircies ; tels font aulîi les Choux , la plupart des Me- lons & des Concombres , les Ci- trouilles ,Ies Potirons y les Porreaux, &c. Il efl: indifférent de lèmer ou de tranfplanter , le Bafilic , l’Anis , la Bourrache, le Fenouil , la Buglofe , les Cardons, les Capres-Capucines, la Ciboule, la Sarriette, le Thim, le Cerfeüil mnfqué , les Afperges , quoi-qu’ordinairement on les ieme en pepiniere pour être tranfplantées un an ou deux après , Scc. Les Plantes qui fe multiplient fans être femées font l’Alléluia , les Cives d’Angleterre , les Violettes , Scc. parce qu’elles font de grolTes des diverfes Planter. 177 touffes qu’on fèpare en plufieurs. Les Artichaux Ce multiplient par leurs Oeilletons, plus ordinairement que de graine. L’Eftragon , la Me- liffe , le Heaume , EOleille-ronde, la Tripe-Madame le multiplient par le moien des branches qui s’en racincnt aux endroits ou elles touchent la terre -, & les deux premières le font aufli de graine : de même que la La- vande, 1 Abfinthe, IeThim,la Mar- jolaine, la Sauge , qui Ce multiplient aulïï par le moien de leurs branches qui prennent racines au colet. Le Laurier commun le multiplie auffi par graines & par marcottes , les Framboifiers 8c Grofeillers par leurs rejettons & par leurs branches qui prennent de bouture - y les Fraiiiers par leurs traînalfes ; les Raifins 8c les Figuiers par le moyen des rejet- tons , crocettes , boutures , foit en- racinées , ou nom Quant aux Plantes qui pour les tranfplanter veulent être rognées , foit aux feuilles , foit aux racines, ou en même-temps aux unes 8c aux autres j tels fout les Artichaux,.!» I? 8 De la nature & duree Poirée , le Celeri , le Porreau , 8cc. Celles où l’on ne rogne rien des feuilles font toutes les Laitues , les Violettes , P Alléluia , le Bafilic , la Bonne- Dame , la Buglofe, la Bour- rache , les Choux , les Capres-Ca- pucines , la Pafle-pierre , l’Eftragon, les Fraifes , la Marjolaine , les Me- lons , Concombres , Citrouilles, Po. tirons , le Pourpier 8c les Raves pour graine. Pour ce qui eft des racines , il eft bon à toutes de les rafraîchir un peu , 8c particulière- ment aux Chicorées , à la Sariette*. à POfeille , 8cc. Les Plantes qui ont l’avantage de produire plufieurs fois de fuite dans la même année , 8c qui fe confervent pour les fuivantes, font POfeille ,1a Patience, l’Alléluia , la Pimprenelle, le Cerfeuil , le Perfd , le Fenouil , toutes les Bordures , la Chicorée Sauvage , le Perfd Macedoine , le Baume, l’Eftragon , la Paflè-pierre. Celles qui ne produifent qu’une fois 1 année , 8c le confervent fort long- temps , font les Alperges 8c les Ar- tichaux : Et celles qui celïènt d’êrre ■ des dîi)erfes Plantes, &c . ïjp après leur première produétion font toutes les Laitues , la Chicorée or- dinaire, les Pois , les Fcves , les Car- dons , les Melons , les Concombres,, les Citrouilles , les Oignons , les Porreaux , le Celeri , la Bonne-Da- me ; tout ce qui n’eft d’uiage que par iês racines , fçavoir Beteraves , Ca- rotes , Panais , &c. Or comme il y a de ces Plantes dont on confomme une plus grande quantité que d’au- tres , ou qui demandent plus d’éteiv due ; il eft à propos de regler là- delTus la diftribution du Potager, qui dans une grandeur de deux à trois Arpens pourroitêtre telle : S ça voir, deux quarrez pour des Artichaux ; un pour les Cardons d’Efpagne ÔC pour le Celeri ; un pour de POfeille,. divifé en fix ou neuf Planches , dont une feroit de Patience -, un pour des- Beteraves , avec une Planche em- ploiée partie en Bonne- Dame , tk. partie en Poirée à confufion ; un pour le Salfifix , tant d’Efpagne que- commun , pour les Carottes , Panais, . Cheruis ; un pour le Perlïl , Cer- feuil 3 Pimprenelle , Pourpier , un ïSo De J a nature & duree des pins écartez pour l’Ail, FOC gnon , les Ciboules , Porreaux, Echa- lottes , 8cc. Un pour les Laitues à replanter durant le Printemps 8c l’Eté - r un pour les fournitures de Salades , &; pour de la Chicorée ; un pour les Choux-fleurs , les Choux- pommez,tant l’Eté qu’en Autom- ne: un grand quarré pour des AC perges ; un pour les Pois-verts, 8c pour les Fèves , tant de Marais que Haricots ; un pour élever à part tou- tes fortes de graines , afin de ne voir jamais rien qui monte en graine dans les autres Qiparrez , fi. ce n’efl: peut- être de FOfeilie , Epinars, ou delà Pimprenelle ; un pour être emploie a replanter durant toute l’année tout ce que l’on lème pour cela ; un ou deux pour des Melons & Concom- bres j 8c dans un endroit écarté & é- tendu , les Citrouilles 8c les Potirons qui demandent beaucoup d’efpace.. On mettra les Herbes fines en bor- dures ; les Plate-bandes pourront être bordées dans le temps de Lai- tues à pommer,. ou autres choies ; 8c las labours des. Elpaliers feront em»- des diverfes Plantes, &e. itï ploiez dans le commencement à quel- que à-dos pour des Pois , ou autres Fruits hâtifs fi l’expofition en eft favorable. L'utilité d’une telle difpofition fera confiderablement accrue par le bon ufage qu’on peut faire des Pla- ces qui Feront laiflces vuides par les Plantes paflàgeres ; ainfi le quarré des Laitues à replanter pour le Prin* temps & l’Eté , peut fervir en- fuite pour de la Chicorée blanche pour l’Automne & pour l’Hiver j celui des Pois & Fèves pour les Choux d'Hiver; celui du Cerfeuil, Pourpier , &c. pour des Epinars à la fin de l’Eté , & ainfi du refte. Pour en ufèr avec cette prévoian- ce, il eft d’une extrême confèquence, au Jardinier , de fçavoir combien de temps chaque Plante occupe l’en- droit où elle eft mile ; afin qu’il fça- che à point nommé en préparer d’au- tres qui y puiftènt fucceder , en forte qu’il ne refte jamais point de terre inutile dans fon Potager. Il doit donc obferver que de tout ce qu’il y cultive , les Alpages font ce i§ 2 . De la nature & durée qui dure plus long-temps. On les peut laifièr en place jufqu’à dix , douze 8c quinze ans ; au bout défi, quels on en replantera un autre Quarré , fans détruire l’ancien , que quand le nouveau portera de grolles Afperges -,ce qui n’arrive gueres que Ja troifiéme ou quatrième année a- prés qu’on les a lèmées ou replan- tées. Des Quarrez d’Artichaux on en doit renouveller un tous les quatre ou cinq ans au plus-, 8c quelquefois dés la troifiéme année. Les Framboifiers & Groleilliers durent des huit 8c dix ans , 8c les Frai fiers trois ans. Les bordures d’Abfinthe , d’Hifo- pe , Lavande ? Marjolaine , Rhué , Romarin , Sauge , Thim , Violettes , êcc. peuvent fubfifter en place trois ou quatre ans , pourveu qu’un Hiver extraordinaire ne les endommage pas. Il n’y a qu’à les tondre un peu ras tous les Etez. Le Reaume, le Cerfeuil mufqué, l’Alléluia , l’Oleille , la Patience,, l’Eftragon , la PalFe-pierre , le P ex- des dfaerfe s Plantes , &c. rfiî-Macedoine , la Tripe-Madame , & c. peuvent aulïï durer des trois ou quatre ans. L Anis , le Perfil ordinaire , la Pimprenelle , le Fenouil , la Scor- donnere , le Salfifix commun , la Chicorée Sauvage fiibfiftent deux ans. La Poirée , fait à couper, ou à cardes , 8c les Ciboules , durent d’un Printemps à 1 autre. Les Beteraves , Cardons d’Efpa- -gne , Carotes , Cheruis,Choux-pom- mez , Choux de Milan , Choux» Æeurs , Citrouilles , Bourrache , Bu- glofe , Corne de Cerf, Potirons , Panais , Poireaux , 8cc, occupent leur place environ neuf mois ; à compter du Printemps qu’ils ont été Cernez , jufqu a la fin de l’Au- tomne. Les Oignons , l’Ail , les Echalo- tes , Concombres , Melons , 8c pre- miers Navets , n’occupent la leur que le Printemps 8c l’Eté , ainfi au bout de ce temps-là, on peut fub- ftituer quelqu’autre choie pour P Au- tomne & pour l’Hiver. 2>* /4 nature & durée Les Pois hâtifs depuis Novembre qu’on les leme, font en place lix à fèpt mois ,8c les autres quatre à cinq mois feulement, auflî-bien que les Fèves ordinaires , 8c les Hari- cots. Les Raves , le Pourpier , le Cer- feuil commun n’occupent leurs pla- ces que cinq ou fîx lèmaines j auili en doit-on femer l’Eté tous les quin- ze jours. Les Chicorées blanches , Bonne- Dame , Crelfon Alenois , 8c toutes lortes de Laitues , tant à pommer qu’à lier , l’occupent environ deux mois.. Enfin les Mâches & les Epi- nais font mis en place de ce qui ne palfe pas l’Eté , 8c y font l’Automne & l’Hiver : De même que les Choux d’Hiver, 8c autres Plantes de cette iaifon. CHA< S? «SU «3f «» *.■ «*V*» Kilïv Kijr* t^T|ïv ktjtw CHAPITRE XIII. Quelle forte de Terre convient le mieux è chaque Plante Potagère, I L nous refte maintenant à aflS- gner à ces differentes Plantes les endroits ou la Terre & les antres avantages de la fituation leur font plus favorables : Car il n’arrive pas toujours qu’on foit alfez bien parta- gé pour avoir de ces fonds de Terre, aufquels il ne manque aucune des bonnes qualitez , pour produire en chaque laiton , dans toutes leurs par- ties , & long-temps de fuite , toute forte de beaux & bons herbages , fuppofé toujours qu’on y- filfe une Culture raifonnable. On eft bien plusfouvent réduit à fè <^L ïS(j Quelle forte de Terre fervir d’un Terroir défeétueux , foir du côté de la fecherellè , ou de 1 hu- midité , foit en ce que la fituation fera trop élevée , trop en pente , ou trop enfoncée. On eft fur-tout fort à plaindre quand on a 1 humidité a., combattre j car outre qu’elle eft tou- jours iuivie d’un froid qui retarde beaucoup les productions, elle pour- rit fouvent la plupart des Plantes j ainfl difficilement peut-on fe mettre à couvert des dommages qu’elle cau- fe. On vient beaucoup mieux à bout de la fechereiîe , pourveu qu’elle ne foie pas extrême j car par le moien des arrofemens commodes , & des amendemens pratiquez fuivant les réglés qu’on a vu ailleurs ; on rend alfez fouvent ces Terroirs arides , capables de donner amplement ce qu’on leur demande , même avec cette fàtisfaétion qu’il eft plus hâtif, & de meilleur goût. Suivant donc le fonds de Terre que l’on aura , voici l’emploi qu’on en peut faire. Si l’on eft allez heu- reux pour avoir recontré de ceux qu’on appelle vnlguairement fables convient le mieux , &c. 1S 7 noirs , dans lesquels il fe trouve un jufte tempérament du üec Se de l’hu- mide , accompagné d’une bonne ex- poiition , Se d’un iel inépui fable de fécondité, avec une grande facilité de labour & de pénétration des eaux pluviales 5 011 peut y fèmer& planter indiffe remment par-tout , quelque forte de Legumes Se de Plantes que ce puifte être, avec aflurance qu’ils y réüiîiront. Cependant il eft confiant que les exportions du Levant Se du Midi feront plus propres que celles du Couchant & du Nord pour amé- liorer les productions , & pour les avancer, c’eft-à-dire , pour les Frai- Jès , Pois hâtifs , Mufcats , Sec. com- me réciproquement ces dernieres auront cet avantage que les Plantes s’y conferveront plus long- temps en bon état, & feront exemptes de ces fortes impreffions, qui dans les cha- leurs de l’Eté grillent tout , &c font trop-tôt monter les Legumes Sc Herbages en graine. Dans de pareils fonds l’on eft fîi- jet à fàrcler beaucoup , parce que la terre y eft fi fécondé qu’elle pro- QJj i8S Quelle forte de Terré duit une très -grande quantité de méchantes Herbes parmi les bonnes j, 8c un point à quoi l’on ne doit pas manquer , non plus qu’en toute forte de terres , c’eft de changer fou vent les l iantes 8c Legumesde place-, car il eft à propos de ne pas les remet- tre deux ou trois fois de fuite dans un même endroit , la nature aimant cette diverfité pour mieux perpétuer & rétablir fa première vigueur. Que fi le fonds n’eft pas égale- ment bon par- tout , foit de là na- ture , ou à caufe de fà fituation 8c de fon trop de pente ; c’efl: alors que l’induftrie du Jardinier fe doit faire remarquer , en plaçant chaque Plan- te en l’endroit où’ elle peut mieux réUHIr : tel par éxemple , fera pro- pre pour les chofes hâtives , 8c pour les nouveautez du Printemps , 8c tel» pour ce qui a befoin d’être plus tar- dif. Les. terres feches , legeres 8c fablonneufes font bonnes pour ces premières produétions , 8c même- celles qui quoi-qu’un peu fortes ont quelque pente vers le Midy ou vers le Levant 8c font adoilèes à une- convient le mieux , '&c. iî$ Montagne , ou à de grandes murai!» les qui les couvrent des vents froids» Les terres grades , fortes 8c humides ont au contraire moins de difpolî- tion pour ces nouveautez ; mais audi: elles donnent des Legumes plus gros & mieux nourris , 8c demandent des. arrofèmens plus mcdiocres,& moins frequens ; ainfi chaque fonds peut avoir fon avantage. Cependant comme il a été remar- qué que toutes fortes de terres ne conviennent pas également à toutes^ fortes de Plantes ,il faut voir ce qu* on pourroit faire au cas que l’on fc trouvât dans un fonds aride, ou dans une colline , avec obligation ou de- fir d’avoir de tout dans fon Potager. Le parti qu’il y auroit à prendre , füppofé qu’on eût la commodité de l’eau ôc du fumier pour amander, lèroit de choilîr les endroits les moins fecs pour y mettre ce qui veut un peud’humidité pour bien venir j fçavoir , Artichaux, Beteraves,Scor- fonnere, Salfifîx, Carotes , Panais 3 . Cheruis, Cardes de Poirée., Choux- fleurs , &. Choux pommez , Epinars*. tyo Quelle forte de T'erre Pois ordinaires, Fèves, Grofeilles, Framboiiés , Oignons , Ciboules , Porreaux, Perfil , Ofeille, Patience, Raves, Bourrache, Buglofè, Herbes hues , Sec. Et à l'égard des lieux - O plus arides , on y mettroit les Chi- corées , les Laitues de toutes les Lai fbns , le Cerfeuil , l’Eftragon , le Bafilic, la Pimprenelle , le Bèaume, l’Ail , les Echalottes , les Choux d’Hyver, les Couches de toutes for- tes de Plants & de petites Salades, On planteroit dans ces mêmes en- droits , tout ce qu’on voudroit avoir de raifinj on efpaceroit les Legumes dans une diftance médiocre , parce qu’ils n’y deviendroient pas fi gros que dans les terres plus grades ; de de fuivant ce qu’on a dit ailleurs là- delfus , Fon prendroit foin de tenir les allées & les (entiers plus hauts que les labours , foie pour y attirer les eaux des pluies qui fe répan- droient inutilement dans les allées , foit pour profiter davantage des ar- rolemens qu’on y feroit. Si après cela il peut fe trouver quelque endroit qui approche du convient le mieux , &c. 191 tempérament entre le Ce c & l’humi- de , on le choilira pour y élever les Afperges,le Celeri , les Cardons, !es Frai lès , &c. parce que ces fortes de Plantes languillent de fècherelîe dans les lieux trop arides , & pour- rident dans ceux qui font trop hu- mides. Aux pieds des murailles du Nord on placera l’Alléluia, les Frai- fes' tardives , & le Bourdelais , ou Verjus ; & dans la Plate-bande de cette expofition , on fera les Pepi- nieres de Frailiers , & l’on y femera, du Cerfeiiil tout FEté,ce que l’on doit obferver en toute forte de ter.» rein. Si l’on eft curieux de nouveau» tez , le pied des Murs du Midy ôc du Levant y feront tres-favorables ; on pourra par leur moien , avoir par exemple , des Laitues pommées au commencement d’Avril, des Fraifès Sc des Pois hâtifs au commencement de May, &c. On mettra au pied de ces mêmes Murs la Pafïè- pierre qu’on ne peut gueres avoir autre- ment , en toute forte de Potagers, Les Labours voilins feront pour le Plant de Choux pommez en Pepu $9* Quelle forte de Terre niere , 8c pour y fèmer des Laitues d'Hyver c’eft-à-dire des Laitues à’ coquilles pour y relier pendant l'Au- tomne & l’Hyver, 8c le Printemps en fuite on les replantera* en place. Et pendant l’Hyver on n'oubliera pas de jetter fur ces labours , fur- tout du côté du Levant , le plus de néges que Ton pourra pour y faire comme un Magafin d’humidité con- tre les chaleurs violentes de l’Eté , 8c contre la difètte des pluies en cec endroit. On obfèrvera tout le contraire de tout ce qui a été dit fi l’on eft dans un fonds humide 8c gras , après l'a- voir ameubli 8c delleché autant qu’il aura été pofïïble ; autrement il ne ièroit propre qu'à produire de mé- chantes Herbes. On choifira donc les endroits qui feront le moins hu- mides , doit par leur fituation & leur nature , foit par le foin que l'on y apportera, comme les meilleurs pour toutes chofès. On y mettra prin- cipalement les Afperges- , les Arti- chaux , les Chicorées Sauvages , les Fraifes, 8c le relie qui occupe fâ 'convient le mieux >&& f >iace les années entières, excepté es Grofeilles & les Framboifes. Dans les autres endroits on placera ce qui demande moins de temps en Eté pour venir à là perfection , feavoir les Salades , les Pois , les Fèves , les Raves , 8c même les Cardons , & le Celeri : Et parce que dans ces lieux gras & humides les Plantes y vien- nent grottes & grandes , on les tien- dra plus éloignées que dans les lieux fecs & Pon difpofèra fes Planches 8c fes Labours , en forte qifétant plus élevez que les allées 8c les ren- tiers , ils s’y puillènt décharger des eaux fuperflueSj 8c s’égoûter; ainti au lieu que les Planches des Afper- ges 8c du Celeri feront creufesdans les lieux fecs , elles ne le feront point ici , non plus que pour les Salades 8c les Fraifiers. Un Potager difpofe fuivant tou- tes ces réglés feroit iâns doute en état d’apporter beaucoup de fetis- faCtion. Il ne fuffit pas cependant d’en avoir emploie , ou au moins deftiné toutes les parties felon les qualitez du fonds , le mérité des ex- R î'94 One lie forte de Terre , &c« polkions , l’ordre des iaifons , & la nature de chaque Plante : Il faut donner à toutes ces Plantes la Cul- ture particulière qui leur eft propre, ôc c’eft un détail dans lequel nous allons entrer maintenant. Cette Culture regarde la diftance où elles doivent être l’une de l’autre , la taille en celles qui en ont befoin , la fîtua- tion qu’elles demandent , le lé- cours qu’il faut à quelques-unes pour parvenir à la bonté qui leur con- vient , foit par être liées , ou enve- lopées , foie par être buttées & cou- vertes. Pour traiter cette matière avec Ordre , fans rien oublier , il faut fui- vre celui des Plantes , &c la diftin- élion que nous en avons faite ci- devant en différentes efpeces. Nous commencerons par les racines qu’on appelle communément les Bafes du Jardin Potager. CHAPITRE XIV. De la Culture particuliers des Racines . A Beterave eft une Plante an JL, nuelle , ainfi qu’on l’a remar- qué ci-devant. Elle vient de graine qui ell: grollè comme un Pois mé- diocre , ôc d’une rondeur graveleulé; cette graine eil jaunâtre ,& fort fèm- blable à celle de 'la Poirée, ii bien qu’on y eft allez fouvent trompé. On la lème au mois de Mars , foie en plein champ , foit en bordures , en Éiifànt des trous avec le plantoir à quinze pouces l’un de l’autre , ôc laiflant tomber dans le trou deux ou trois graines : Il elles lèvent trop drues il les faut éclaircir, & ce font les feules qu’on peut replanter. Elles demandent une terre fort bonne ôc & H ï$6 De la Culture particulière bien préparée , & fi elle n’eft pas telle à deux bons pieds de profon- deur , îa Beterave deviendra dure , chetive, pleine de filets, & perdra beaucoup de fa couleur rouge qui la fait eftimer. Quand on en replante on ne leur rogne point le pivot comme aux Choux. Elles ne font bonnes à prendre qu’à la fin de l’Automne, <2c pour les conferver l’Hyver on les tranfporte dans la Serre , les aiant arrachées en motc dans irn temps fec avant que les gelées aient donné, 8c on les enterre dans du fable juf- qu'au colet , un peu en penchant, pour en avoir de la graine on en re- plante au mois de Mars quelques- unes de celles de l’année precedente qu’on a prelèrvées de la gelée ; les mettant en lieu où l’on puifle loû- tenir & arrêter leurs montans , que: les vents pourroient renverlér à cail- le de leur hauteur &c de leur charge > La graine s’en recueille aux mois d’Août & de Septembre , en coupant les montans , & les lai fiant lécher ; après quoi on les bat ou froifiè , &C jdh vanne enfuite la graine. On en des Racines. 1$ y ïifè de même pour toutes les autres graines qu’on recueille chacune dans la faifon, prenant grand foin d’em- pêcher que les Oifeaux qui en font extrêmement friands ne les man- gent. Les Carotta font une forte de ra- cine , qui ne viennent que de graine. Il y en a de blanches &c de jaunes. Leur graine eft petite en Ovale y aiant les bords tous garnis comme de petits raions ou pointes longuet- tes fort menues ; un côté de la grains eft un peu plus élevé que l’autre , «Si- tous deux font marquez de raies eit longueur ; le coloris eft de feuille- morte. On les cultive de la même maniéré que les Beteraves. Le Cheruù fo multiplie. Ce (eme t . Sc fe traite auffi avec les mêmes foins, La graine en eft ovale , longuette „ aftez menue 5c étroite y raiée dans fà longueur , d’une couleur feüille- morce, d’un blanc grifatre; 8c plate par une de fos extremitez. Cette racine vient aufïl de Plant , 5c on cftime fur-tout pour cela, le Che- nus de Troies en Champagne. Oit R iij ï^â De la Culture particulière iie les met pas dans une atilïï grande diftance que la Beterave , parce qu elles ne font pas capables d’acquérir «ne pareille grollèur. Les Ptwœis font une autre racine potagère fort connue. On les lème vers la fin de l’Hiver en pleine terre, ou en bordure.: La graine eft plate, d’un rond un peu ovale , àc comme bordée , raiée^ dans (a longueur , 8c -de couleur de paille un peu brune, îls le gouvernent comme la Betera- ve ; c’eft-à-dire qu’on les doit femer allez clairs, 8c toujours en bonne terre , 8c bien- préparée ; 8c que li elles lèvent trop- drues , il les faut éclaircir dés le mois de May , afin que ce qui relie en place devienne mieux nourri, & plus beau. Le Perfil n’eft pas feulement en uiâge par fes racines , qui font que nous le mettons en ce rang, mais par iès feuilles qui le font aulîi com- prendre fous le titre de verdures. Il y a le frile 8c l’ordinaire. On ne doit pas manquer à tous les Prin- temps d’en femer raifonnablement dans chaque Jardin, & de le faire allez des Racines* T99 dru, & en bonne terre. Lagraineen eft petite, fort menue , d’un gris' ver- dâtre, longuette , un peu courbe d’un côté , & toute marquée de petites raies éminentes d un bout à l’autre. On coupe de la feuille quand on en a befoin fins que la Plante en re- çoive du dommage , parce qu’il en repoulle de nouvelles tout de même qu’a l’Ofeille. Il eft bon cependant de ne pas toucher à celles qu’on veut confer ver pour avoir de greffes ra- cines j autrement elles pourroient avorter : mais il fuit prendre loin de l’éclaircir, foit dans la Planche ou il eft femé , foit dans la bordure, & le bien farder & biner» Le Per- fil demande d’être arrofé pendant les grandes chaleurs. Il refile allez au froid médiocre , mais non pas quand il eft violent ; ainfi il eft neceffaire d’ufer en Hyver de couverture , pour celui qu’on veut conferver pour feuilles , & tranfporter les racines dans la Serre. Il y en a qui préten- dent avoir d’une efpece de Perhl , plus gros que l’ordinaire ; cependant ie n’en comtois point : tout ce qu’il R üij; ✓ se© De la Culture pAYticuliere y a , c'elt que le frifë ou panaché pa- roît plus agréable à la vue que le Perfil ordinaire , & n’en eft pas pour cela meilleur. On en recueille là graine au mois d’Août&: de Septem- bre , la laiilànt bien lécher comme les autres avant que de la fermer. Il y a le Perfil Macedoine dont nous parlerons parmi les fournitures de Salades. Les Raves dans leur petiteiTe , ne laillèntpas d’être beaucoup eftimées, quand elles ont la bonté qu’elles doi- vent avoir, c’eft-à-dire qu’elles font tendres, caftantes ôc douces. Nous avons expliqué ci-devant la maniéré d en élever fur couche , pour en a- voir dans les mois de Février, Mars, & Avril. Pour Je relie des mois , or* en doit femer parmi toutes fortes de Semences , leur graines aiant levé, & le trouvant prêtes à cueillir , a- vant qu’elles puiftent nuire aux au- tres Plantes : on en peut mettre dans les Couches à Melons , même en plein champ, les lemant par raions , quand ils ont été replantez. Il leur faut une terre bien meuble , qui des Racines". 10 s le Soleil donne peu ; autrement crai- gnant extrêmement le grand chaud de l’Eté , elles viennent dures, fortes, piquantes & cordées , il on ne les arrofe beaucoup dans les temps fées,. Pour bien faire il faudrait avoir le long de quelques murailles du Nord une Planche ou deux de terreau é- pais d’un bon pied & demi pour y lèmer ces Raves. Le Printemps &C 1 J Automne elles réiilïiront allez en pleine terre & au grand air , le So- leil n’étant pas fi chaud. Par ce moien l’on fera alîuré d’en avoir de bonnes fans dilcontinuation depuis k mois de Février julqu’aux gelées de Ta mi -Novembre. Mais il eft important d’avoir toûjoursdes grai- nes de la bonne efpece , fçavoir de celles qui font peu de feüilles , & qui ont le Navet long & rouge. On choifit donc de celles-ci au mois d’ Avril parmi les Raves qui font venues de la Semence de l’année , 8c on les replante toutes entières dans quelque endroit de terre bien pré- parée , les efpaçant d’un pied l’une* dë l’autre &z prelfant la terre cou- SOI De U Culture particulière' rre. Etant ainfi replantées & arro- ses , fi la pluie n’en épargne la pei- ne , elles monteront , fleuriront , & feront de la bonne graine à cueillir vers la fin de Juillet. Pour lors on coupe les tiges , on les met lecher quelques jours au Soleil, en fuite on les bat pour faire fortir la graine des eoiïès, ôc on les vane. Cette grai- ne eft ronde , médiocrement grofie, & d’un rouge minime. Si les pieds qui montent en graine allongent trop leurs branches , on neut" les pincer , à une longueur raifonnable, afin que les premières cofles foient mieux nourries. Dans ce que nous connoiflons feus le mot de Raves , Sc que quel- ques autres nomment Réforts , on peut mettre les Raves noires , que' les Italiens appellent Romoraches, & les gros Réforts. On les feme les mois de May , Juin , Juillet, Sc Août ; Sc on en fait peu de cas en ces Climats. Il y a des Pais où ce qu’on appelle Raves font une efpea: de gros Navets qui égalent quelque- fois la grollèur de la forme tTua des Racines. 203 Chapeau ; elles font pour le Potage » 8 c veulent être femées au mois de juillet fort épais en terre fablonneu- fè , bien amandée & labourée j 011 les tire de terre avant le froid pour les conferverdans la Serre. On pour- roit les retrancher de cet endroit, parce qu’elles ne font pas propre- ment des Plantes Potagères , mais de la Culture ordinaire de la Cam- pagne. Il en efi de même des Navets 3 qui neanmoins peuvent trouver pla~ ce dans les grands lieux. Il y en a de plufieurs efpeces , dont les petits font les meilleurs 8 c les plus agréa- bles. Ils le multiplient de graine qui redemble à peu prés à celle de Choux. On les feme fort clairs en Planche , les uns en Mars , les au- tres en Juillet 8 c Août ; il faut choi- fir pour cela un jour , ni trop fèc ni trop pluvieux , 8 c fi une femaille manque par l’un ou l’autre de ces deux inconveniens , ou par les Puce- rons , on en fèmera derechef après avoir rebiné le labour. Pour la grai- ne ? il faut choifir des plus beaux , 8 c Üc>4 l* C ulture particulière des plus clairs , & les remettre en ; terre au renouveau -, elle eft bon.- ne à cueillir aux mois de Juillet ôc d’Août , & on- le connoît en volant les premières gouftès s’ou- vrir. Le Salfîfix d’Efpagne, autre- ment Scorfonnere eft une de nos prin- / cipales racines , tant pour le plaiiîr du goût, que pour la lànté du Corps. Elle le multiplie de graine qui eft blanche , menue, longuette, & ron- de dans là longueur. Elle vient dans une maniéré de boule au haut de la tige montée , & a là pointe garnie d’une barbe comme les Piftenlis , & s’envole de même , Il on n’y prend garde en les vifttant plufteurs fois par jour : e’eft pourquoi aufïï - tôt qu’eile fera épanouie , il fuit ra-maC 1er toutes ces barbes , <3 c les tenant du bout des doigts en arracher la graine, que l’on mettra dans quel- que pot prés delà , le couvrant de cjuelque tuille de peur qu’il n’y pleu- ve, &: que la graine ne foit mouillée. On la ième allez clair , foit en Bor- dures, loir en Planches, & par des Racine K 2,0^ fàions , ou bien on 1 éclaircit afin ■que les racines en viennent plus grollès. La Scorfonnere fleurit jau- ne , à la différence du Salfifix com- mun qui fleurit violet ; c’eft au mois de Juin & de Juillet qu’elle monte en graine. Sa Feuille eft large, au lieu que celle du Salfifix commun l'a femblable au petit Plantain. Celui- ci demande la même Culture , mais n’eft pas d’un mérité fi confiderable. Il faut les arrolèr tous deux pendant le grand fec , & les tenir bien lar- dez. Ils palPent ailement l’Hiver hors de la Serre, & veulent être éle- vez en bonne terre bien préparée, dont le fonds foit au moins de deux bons pieds. La graine du Salfifix commun , reflemble à celle de la Scorfonnere , à la relèrve de la cou- leur qui eft un peu plus grilè ; elle eft fort longue en ovale , comme fi c’étoit de petites colles raiées &C cifelées dans les entre-deux des raies allez pointues par les extremitez. Il y a encore lesTopinambous ou grolïes Truffîes , qui font des racines rondes qui viennent par nœuds en* 206 De U Culture particulière cl tre-deux terres. Il ne leur faut pas une grande Culture; pourvu qu’ils foient plantez en bonne terre ils profiteront extrêmement. Ils le mul- tiplient mieux de Plant que de Se- mence, les replantant au mois de Mars ; Et fi le Potager n’eft fort ïpacieux , on peut les relerver pour quelqu’autre endroit , d’ou les Co- chons n’abordent point , parce qu’ils en font friands. H CHAPITRE XV. Des Herbes ou Verdures du Jardin Potaysr, L Es Verdures font un des plus grands avantages du Potager. La Borne Dame qui eft de ce nom- bre , ne vient que de graine qui eft extrêmement plate & mince , ronde * & routfâtre. On la feme des pre- mières du Printems, & eft des plus faciles à lever, & des plus promtes auftï à monter en graine dés le mois de Juin. La feuille de cette plante eft fort agréable à manger en farce & au Potage qu elle rend jaune 8c comme doré ; on s en fert prefque d’abord qu’elle eft fortie de terre à caulê quelle paftè lî vite. Pour en avoir de meilleure heure , on en feme quelque peu fur couche • elle vient en toute forte de terre , mais toujours plus belle dans les bonnes ioS Des Herbes eu Verdures que dans les médiocres. Pour en avoir de belle graine il eft bon d’en replanter quelques pieds à part. La Buglofe 8c la Bourrache vien- nent 8c °fe gouvernent de la même façon. Leur graine eft fi femblable qu’on ne la fçauroit diftinguer. Elle eft noire , d’un rond un peu en o- vale boilce , aiant d’ordinaire un pe- tit bout blanc du côté de la baie , êc ce bout tout feparé du refte ; dans ià longueur elle eft comme entaillée de raions noirsqui vont d’une extré- mité à l’autre. On en feme plufieurs fois en Eré,parce que leurs feuilles en quoi confifte tout leurmerite,ne font bonnes que pendant qu’elles font ten- dres de nouvelles.Pour en avoir de la graine on lailfe monter quelques- unes des plus belles plantes , 8c l’on prend foigneufèment garde de la re- cueillir à point nommé , parce qu’elle tombe facilement aufîi-tôt qu’elle eft meure. Le plus feur eft de couper les tiges dés que la graine commence à donner , 8c de les met- tre fecher au Soleil, Ces deux plantes du Jardin Potager. '209 plantes ne veulent pour culture qu’être fardées &c fèrfouïes quel-r quefois legerement. Les feuilles violettes de la Bourrache font un ornement agréable fur les Sa- lades. La Chicorée appartient aux Sala- des auffi-bien qu’aux Verdures.C’eft une plante annuelle fort connue qui ne fe multiplie que de graine. Il y a la Chicorée ordinaire ou franche, 8c la Chicorée fàuvage. La premiè- re en contient de plufieurs efpeces ; la blanche qui eft la plus tendre 8c la plus délicate ; la verte qui eft la plus ruftique , 8c reftfte mieux au froid ; la frifée 8c celle qui 11 e l’eft point. Les unes & les autres fe gouvernent de la même façon , 8c viennent allez bien en toute forte de terre. On ne commence gueres d’en femer que vers la mi-Mai , Ôô il la faut pour lors femer fort claire, ou réclair cir beaucoup fl l’on veut: la faire blanchir en place fans la re- planter ; 8c même on en feme fort peu , parce que celle-là monte trop aifément en graine. La grande fai- 2 î 0 Des Herbei ou V erdures Ton de le faire efl à la fin de Juin; 3c durant le mois de Juillet pour en avoir de bonne en Septembre j on en feme aufli beaucoup pendant le mois d’Août , afin d’en avoir une bonne provifion pour le refte de l’Automne Sc pour une partie de l’Hiver. Si on la voit lever trop drue , on la coupe, ou on l’éclaircit pour la faire fortifier avant que de la replanter , ce qu’on ne fait que quand elles ont fix feuilles 3c font grofles d’un doigt -, on leur rogne alors le pivot , 3c on les met en bonne terre bien amandée , éloi- gnées d’un grand pied l’une de l’au- tre. Il s’en fait communément de grandes planches de cinq à fix pieds de large , 3c on les replante au cor- deau , lorfque par leur accroillèment elles couvrent toute la terre , 3c qu’elles font allez fortes. On tra- vaille à les faire blanchir , en les liant de deux ou trois liens félon leur hauteur. Il y a plufieurs au- tres moiens pour cela qu’on peut voir dans le Jardinier François. La Chicorée demande de grands 3c fie- du Jardin Potager. lïi quens arrofemens, & craint extrê- mement la gelée ; c’eft pourquoi dés que le froid commence à fe faire fentir , on la couvre de grand fu- mier fec , foit qu’elle ait été liée ou non. Celle qu’on replante fur la fin de Septembre doit l’être plus prés à prés qu’en Eté , parce qu’el- le ne vient pas fi grande &c fi éten- due , & qu’il eft plus facile de cette manière de la couvrir pour la ga- rantir de la gelée. La bonne Chi- corée pour l’Hiver , fi c’eft en terre fàblonneufe,doit avoir été femée de- puis la mi-Août jufqu’à la mi-Sep- tembre -, 5c fi c’eft en terre forte,: elle doit y avoir été ièmée un peu plutôt , & être replantée fans rien couper à la racine qui a fait un peu de mote. La Chicorée venue toute grande plutôt ne fe conlervc pas fit bien. On replante au Printems quel- ques-uns de ces pieds qu’cn a pû fauver pendant l’Hiver , pour en a- voir de la graine qui piaille avoir le tems de bien meurir. Cette graine eft longuette d'un gris blanchâtre , plate par une de fe s extremitez , & S ij 2U Des Herbes ou Verdures un peu ronde par l’autre. On a de- là peine à la tirer des nœuds qui la; renferment , qu'à grands coups de fléau ; ainfi il la faut laitier meurir julqu’à le palier. Si 1 on a une Serre, on fera bien d’y réfugier cette plan» te pour être plus feur de la conler- vation , en l’y enterrant dans du la- blon , comme le relie des plantes- & racines qui ont befoin de cet aille. La Chicorée fàuvage pourroit être mile au rang des racines , puis- qu'elle en a une des plus efti- niées ; tout au moins elle eft du nombre des Salades , puifque c’ell de cette façon qu’on la mange. IL y en a qui n’attendent pas pour; cela qu’elle Soit blanche ; ils la- mangent toute verte quelque arae» re quelle foit. On la ferne dés le mois de Mars en planche , . allez drue , & en terre bien préparée ; , & pendant tout l’Eté on là fait fortifier autant qu’on peut , a force de l’arrofèr & de la rogner, afin quelle foit bonne à blanchir pen- dant. f Hiver. Pour, cet effet, après du Tardin Potager. ivg. P avoir rognée tout prés de terre , o»i la couvre beaucoup de grand fumier^ 8c par ce moien repouflànt dans l’oblcurité 8c à couvert du jour , lès jets viennent blancs , & font ten- dres. Si on veut qu’ils foient plus propres , 8c qu’ils (entent moins le fumier, il faut lbûtenir celui dons on la couvre avec des travers d’E-. chalas, 8c bien boucher les cotez;, Celle que l’on tranfplante dans les Serres y pouffe allez bien pour peu qu’elle loit oblcurement placée. La gelée ne la gâte point quand elle eft verte , 8c dés la fin de May elle mon- te en graine qui eft noirâtre , 8c femblable quant au refte à celle de la Chicorée ordinaire. On a de plufieurs fortes de Choux pour différentes faifons. Il y en a de Pommez , qu’on nomme Choux blancs 8c Choux cabus, pour PEté & pour l’Automne ; il en eft de frifez 8c de Pancaliers , autrement Choux de Milan , qui font de petites pommes pour l’Hiver -, Il y en a de rouges , ou plûtôr violets , 8c de Hiuiquez j d’autres qu’on nomme à. s «j, Des Herbes ou Verdures large côte, dont les uns font blonds, fort délicats pour le temps des Ven- danges , 8c les autres verds qui ne font bons qu’aprés qu’ils ont fenti la gelée. Enfin il en eft qu’on nom- me Choux-fleurs , Sc ceux-là font pour ainfi dire les plus nobles , ôc les plus précieux , n’entrant point dans les Potages comme les autres, mais feulement aux entremets. La graine nous en eft apportée du Le- vant; ce n’eft pas qu’on n’en re- cueille auiïi en France & en Italie; mais elle ne produit pas de fi groflès pommes, 8c eft fujete à degenerer en Choux , Raves , 8c Navets. Il eft donc necellàire d’en faire venir de Levant, ce qui la rend d’ordinaire allez chere. Pour être bonne , il faut qu’elle /bit d’une couleur vive, fort pleine d’huile , bien ronde, & non ridée, petite, ou deflechée;qu elle foit de couleur brune , 8c non pas d’un rouge c'air , qui marque- roit qu’elle ne fer oit pas fuffifàm- ment meure. La gelée eft fort dan- gereufe pour cette efpece de Choux, . C’eft pourquoi d’abord que leur tête du Iardirt "Potager,. 27 le forme , il la fuie couvrir par le/ moien de les feüilles qu’on lie par- delTus avec quelque brin de paille, afin d’éviter les atteintes du froid. Pour l’Hyver on les porte dans la Serre , les aiant levez en mote , ils achèveront d’y former leur tête. On peut voir dans les Ouvrages de Mars le temps & la maniéré de les femer, & dans le même Chapitre la Cul- ture des autres elpeces de Choux, qui pour tout embarras n’a que ce- lui des arrolèmens ; puilque de tou- tes les Plantes Potagères , c’eft celle qui étant tranfplantée reprend avec plus de facilité. Pour en avoir de la graine tous les ans l’Eté & l’Au- tomne , on tranfplante de ceux qu’on voit les plus beaux : Ils montent dans les mois de May & de Juin , 8 c dans ceux de Juillet &: Août on en recueille la graine qui eft fort ronde, groilè comme des têtes d'épingle ordinaire , &c d’une couleur rougeâ- tre , tirant fur le minime-brun. Les Epinars veulent être dans une rres-bonne terre , ou du moins qui foit bien amandée. Ils 11e fe perpe- 2x6 fies Herbes ou Verdures tuent que de graine, qui eft grisâ- tre , allez grollè , cornue , ou trian- gulaire par deux cotez , qui font fort pointus & piquans , & le refte oppo- fé à ces deux cornes pointues eft comme une boürie. On les feme en plein champ , ou par raions dans des Planches bien dreflees , à trois diffe- rentes fois , à commencer vers la mi-Août , & finir un mois apres. Toute leur Culture eft d'être bien fardez & binez; & fi l’Automne eft extraordinairement feche , il eft bon de les arrofer quelquefois. Les pre- miers font bons à couper vers la mi- O&obre, les féconds en Carême , 8c les derniers aux Rogations. Quand on les coupe ils ne repouftènt pas comme l’Ofeille ou le Perfil. Ils montent en graine vers la fin de May , & on la recueille vers la mi- juin; VOfeille eft une des Plantes d’un plus grand uftige pour le Pot ; il y en a de plufieurs fortes. Celle de la grande efpece eft ainfi nommée , à caufê qu’elle a fon feuillage plus grand que les autres. Elle eft venue des du ïarâin Totdger. x\y des Pais- Bas. On en peut fèmet pendant les mois de Mars , Avril , ■May, Juin -, Juillet, Août, & mê- me au commencement de Septem- bre , pourvu que le froid ne fiirvien- ne pas avant qu’elle foit alfez forti- fiée. Nous avons marqué ci-devant, comment on en peut réchaufer pour en avoir pendant l’Hyver. Elle de- mande une terre qui ioit naturelle- ment bonne , ou bien fumée. On la feme fort drue en plein champ , ou par raions dans une Planche , ou en Bordure. Sa Culture confifte à être tenue bien nette des méchantes her- bes , & beaucoup arrofée en Eté. Après qu’elle a été coupée bien ras, il faut la couvrir d’un peu de terreau une ou deux fois l’année, cela con- tribuant merveilleuièment à lui fai- re reprendre vigueur. On le fait dans les mois de la chaleur, dont ce terreau fert auflï à la garantir. La graine de l’Ofeille eft fort menue , lilEée , & triangulaire ovale , aiant les extremitez pointues , d’une cou- leur de minime fort obicur. On la recueille dans les mois de Juillet &: T 3. iS Des Herbes on Verdures d Août. Quelquefois on replante de l’OfeilIe qui fait fort bien. Il y a de l’Ofeille ronde grande 8c petite, dont on tire du Plant , 8c qui Ce multiplie par les traînaflès qu’elle fut , 8c par des rejettons en- racinez qui naillènt tout autour de la Plante. On divifè ces bras , 8c le? aiant replantez ils font à leur tour de greffes touffes capables d’être de- rechef partagées. Cette efpece d’O- feille eft ainfi appellée, à caufequ’ef- fedivement la feiiille en eft ronde, ôc celle de l’autre pointue : Quand elle eft tendre , elle entre quelque- fois parmi les fournitures de Sala- de -, mais fon ufàge ordinaire eft de fervir aux Bouillons. La Patience eft proprement encore une efpece d’Ofèille fort grande 8c fort aigre ; on fe contente d’en a- voir quelques Bordures , ou tout au plus une Planche pour en mêler de fois à autre quelques feuilles avec celles d’Ofeille. On la gouverne de la même façon. La P oirée ne fèrt pas feulement par les feüili.cs à mettre au Pommais aufïï àu Jardin Potdgtr* 219 par fes Cardes à mettre en ragoût. On la fome au mois de Mars en Plan- che ,& on peut la recouper fort fou- vent pendant l’Eté , parce qu’elle réponde enfuite aifément , comme l’Ofoille Sc le Perfil. On en fome auffi fur couche dés le mois de Fé- vrier pour en avoir de bonnes à re- planter au mois d’ Avril. On ne choilît pour cela ,que les plus blon- des ; les vertes ne font pas fi cen- dres &■ fi délicates. On en replante communément des rangées entre- deux rangs d’Artichaux , tant pour profiter de la place , que pour don- ner de l’amufement aux Mulots , qui pendant l’Hiver pourroient fans cela ronger les pieds des Artichaux, dont la perte eft plus grande que celle des pieds de la Poirée. La graine s’en recueille dans les mois de Juillet , d’Août , ou de Septembre j elle réllemble à celle des Beteraves, hors qu’elle eft; un peu plus terne dans (à couleur. Pour en avoir des Cardes , il la faut replanter en terre bien préparée , cl la diftance d’envi- ron un pied & demi Tune de l’autre* âio Des Herbes oh Vérâurés^&c. 8c cela dans les mois d’Avril 8c de May. Elles veulent être bien bi- nées , 8c fardées 8c arrolees quand on juge que cela eft necefïàire. On les couvre de grand fumier fèc pour les conferver l’Hiver *, & au mois d’Avril les aiant découvertes , on les laboure 8c on les foigne comme auparavant , 8c moiennant cette Cul- ture elles poullènt de très - belles Cardes pour le temps des Roga- tions , 8c pour les mois de May 8c de Juin. On pourroit ajoûter ici le Pour~ fier , puifqu’on l’emploie dans les Potages ; mais parce que fon prin- cipal ufàge eft; pour les Salades on en remarquera la Culture fous ce Titre , auiïi-bien que celle du Cer- feuil ; 8c dans l’Article des Racines, on peut voir celle du Perlîl , qui par Pufage de fes feuilles appartient aux Verdures ; 8c pourroit par confe- quent avoir place en çet endroit. iiî <*■ fitrl IstK istO {s Te) SW “ GÎSfctrJ Sial STS Sn> CHAPITRE XVI. Des Plantes qui fe mandent en Salades . U Ne des Plantes îes plus con- fiderables pour les Salades , eft fans doute le Celeri. Il n’eft bon qu’à la fin de l’Automne, 8c pendant l’Hiver. La graine en eft fort me- nue , jaunâtre , 8c longuette , raiée dans fa longueur , 8c d’une ovale un peu boftuc. Je n’en connoîs que d’une elpece, quoi-qu’en veuillent dire quelques-uns. Pour avoir plus* long-temps du Celeri, on en leme à deux fois , parce que le vieux femé monte ailement en graine , 8c de- vient dur. On en leme donc d’a- bord fur couche au commencement d ‘Avril , 8c comme on le fait tou- jours plus dru qu’on ne voudroit , à caule quq là graine eft fi menue, T iij r in Des Tlcitites qui fe nagent il le faut éclaircir de bonne heure , ôc le rogner pour le faire fortifier avant que de le replanter ; autre- ment il s’eftiole trop , ôc demeure foible & élancé , au lieu de pouifer beaucoup de feuilles de dedans le pied. Le plus leur eft de le replan- ter en Pepiniere , mettant les pieds à deux ou trois pouces l’un de l’au- »re j il ne faut pour cela que faire des trous avec le doigt : Ce premier peut être replanté au commence- ment de Juin. H y a deux maniérés de le faire ; l’une en tranchée creufe d*un bon fer de bêche , ôc large de trois à quatre pieds , pour y faire trois ou quatre rangs , Ôc y mettre tes Plants à la diftance d’un pied l’un de l’autre 5 ôc c’eft cette maniéré qu’on doit pratiquer dans les terres léchés , & celle qui eft la plus com- mode pour les butter : Et 1 autre qui eft pour les terres fortes , eft de le replanter en fimple Planche non creufée , Ôc l’efpacer tout de même) prenant foin en 1 un & 1 autre cas de l’arrofer extrêmement pendant VEté , afin de le rendre tendre» Pour en Salades. 225 le blanchir on commence de le lier de deux liens quand il elt allez fort; & on prend pour cela un temps fec : enfuite on butte entièrement les pieds , foit en y abbattant de la terre qui croit élevée fur le fentier , foit en mettant du grand fumier fec tout autour , ou bien des feiiilles feches. Le Celeri ainfi butté 8c garni juf- qu’au haut de fes feiiilles , dont on doit couper les ext rémitez, afin qu'il n'y monte plus de fève , blanchit en moins d’un mois ; 8c parce qu’étant blanchi il pourrit fur pied fi on ne ne le mange , il efi à propos de n’en butter ou entourer de fumier qu’à mefure qu’on le Confommera. Aux approches de l’Hiver, que la gelée fera à craindre , il faudra prendre foin de le bien couvrir; 8c pour trou- ver en cela plus de commodité , a- prés l’avoir lié de deux ou trois liens, on doit: l’arracher en mote , 8c le replanter dans une autre Planche , en preifant les pieds auffi prés l’un de Pautre que l’on pourra. On peut suffi le tranfporter de la même ma- niéré dans la Serre, quoi- qu’il puif. T iüj ai4 ^> es Plates qui fê mangent ie allez bien fè confèrver en pleine terre, étant couvert avec les foins que nous avons dit. Le tardif qui demeure petit , a fur-tout cet avan- tage , même fans être fort couvert ; ainfi il faut être foigneux d'en éle- ver de tel. On en feme pour cela une féconde fois , fçavoir à la fin de May, & au commencement de Juin, & c’eft: en pleine terre , 8c en plus grand nombre qu'à la première fois* On y fait pour le refte les mêmes chofes , comme de l’éclaircir , de le rogner , de le replanter en Pepiniere, 8c c. Celui-là fert pour les mois de Février 8c de Mars. Pour en avoir de la graine , il faut en replanter à l’écart quelques vieux pieds après l’Hiver. Ils montent au mois de Juin 8c dejuillet , ôc on recueille la graine au mois d’Aout. Le Cerfeuil fert principalement aux Salades quand il eft jeune 8c tendre. C'eft pourquoi outre celui qu'on femera fur couche pour les nouvelles Salades , il en faut fèmer tous les mois un peu , à proportion; qu’on en peut confommer , ou qu’on tn Salade f, izj a de / terre. Il monte fort aifemenc en graine , 8c pour en avoir de bon- ne heure , il en faut lemer dés la fin de l’Automne , qu’on ne coupera point , 8c l’on pourra s’allurer d’en avoir de bien meure vers la mi-juin. On coupe les monrans dés qu’il commencent à jaunir , 8c on les bat comme les autres Plantes pour en faire fortir la graine qui eft noire, fort menue, & allez longuette, ÔC raiée dans la longueur. Le Cerfetiil mu/qué , ou d’Efpa- gne a la graine à peu prés de même, ôc la feuille fèmblable à la Ciguë. C’eft une fourniture de Salade , "fort agréable par fon parfum , tant que fes feuilles font tendres 8c jeunes. Il refte plufieurs années en place fans le gâter à la gelée , 8c devient un allez gros 8c grand pied. Il monte en graine vers le mois de Juin, & c’eft par-là qu’il le multiplie. Quand il repoufîe au renouveau , il faut le couvrir de fumier menu , 8c en fuite de fumier chaud pour l'étouffèr. On le lème aulli-tôt que l’on a recueilli là graine qui hors de -là eft: tlé î)es Tl ânt es qui fe mdn^e?ît quelquefois une année fans le- ver. On peut voir la Culture des Chicorées Tous le Titre des Ver- dures. Les Laitues peuvent y avoir quel- que part , puis quelles entrent dans le Potage ; mais comme elles font deftinces plus particulièrement pour les Salades , nous les avons refer- vces pour cet endroit. Cette Plante ett de celles que l’on cultive le plus communément dans les Potagers. Elle y fait dans chaque faifbn une décoration agréable ; parce que de fes différentes efpeces qui font en- grand nombre , les unes font pour un temps . qui ne viendroient pas bien dans un autre : Celles par é- xemple, qui font pour le Printemps, ne réüflirpient pas en Eté ; & celles qui réiiffi lient l’Automne & l'Hiver, ne réuîîïroient ni l'Eté ni le Prin- temps ; ainfi il important d’obferver îà-delfus la nature de chacune pour s’y conformer dans la Culture. Cette Culture effc tres-facile à l'égard de quelques efpeces , qui en Sœladei. ï 27 avec les {oins generaux feulement , acquièrent tout le degré de bonté qui leur convient. D’autres ont be- foin pour cela de l’induftrie du Jar- dinier , & ce font celles qu’on lie pour les faire blanchir ; autrement elles ne feroient ni tendres , ni dou- ces , ni bonnes. Les Laitues Ro- maines des deux fortes , ne font pas les feules à qui il faut cette façon. On lie même celles qui doivent pommer , quand elles ne le font pas alfez-tôt , & cela les force à pom- mer , pour ainfi dire , malgré qu’el- les en aient. On le pratique entre autres à l’égard de quelque:» Laitues d’Hiver , quand elles font a (Lez for- tes en fane pour pouvoir pommer, & que cependant le défiut de cha- leur y eft un obftacle ; & cet expé- dient eft d’un grand lècours dans des temps aulîi fâcheux. On appelle Laitue d’Hiver tou- tes celles qui fouffrent allez bien les gelées ordinaires ; ce font par éxem- ple ces Laitues que l’on nomme à Coquille, à caille que leur feuille eft en quelque façon ronde comme îïB Des Plantes qui fe mangent une Coquille. On les fème en Sep- tembre , & enfuite on les replante en quelque coftiere du Midy & du Levant dans les mois d’Oétobre & de Novembre; ou bien elles font fèmées &r plantées fur couche & fous- cloche dés le mcvis de Février & de Mars , & font bonnes en Avril & May. Dans le même temps on a des Laitues de la Paflîon , qui font un peu rouges ; elles viennent fort bien dans les terres légères, mais- réiiffilïènt peu dans les autres , qui font plus froides & plus fortes. Ces premières Laitues Pommées, font fuivies au Printemps des Crê- pe-blondes , fèmées à la fin de Jan- vier flir couches & fous cloches , 5c replantées d’abord qu’elles font grok fès , ou laiffées du moins afièz clai- res : Elles pomment prefque auiïï-tôt que les Laitues d’ H i ver fonttres- excellentes. Les Laitues Georges qui en font une efpece, font plus grolles & moins ftifées ; on en a dans le même-temps , aufli-bien que des. Laitues Mignonnes , qui font plus petites. Ces deux dernieres Ce plai- en Salades „ zi$ fent dans ces Terres qu’on appelle bons fables noirs ; mais leurs pom- mes ne font pas fi fermes que celles des véritables Crêpe-blondes. Les Crcpe- vertes qui font à peu près de la même fiifon , ne font pas fi tendres , ni fi délicates. On efti- me davantage les petites rouges , 8c ces autres qu’on nomme Laitues courtes ; aufli ont-elles toutes les bonnes qualitez necefiaires j pourvu qu elles foient dans une terre bien conditionnée , e’eft-à-dire dans ces bons fables noirs. Ce qu’il y a feu- lement à dire, c'eft que leur pomme ne vient pas fi grolfe. A ces Laitues qui fourniflènt am- plement les mois d’Avril , May , 8c le commencement de Juin , fucce- dent pour le refte de Juin & de J ail- let , celles qu’on appelle Roiales , les Belles-gardes , les Genes-blon- des , les Capucines , les Aubervilliers, 8c les Perpignannes dont il y en a de vertes & de blondes. Les Roia- les diffèrent des Belles-gardes , en ce qu’elles font plus vertes , 8c celles- ci plus blondes. Les Capucines fout Des P h fit es ejm fe mangent rougeâtres & délicates , 5c pomment allez aifément , même fans être re- plantées, Les Aubervilliers font des pommes trop dures , & quelquefois ameres , li bien quelles font plus pour le Potage que pour les Salades; 5c les Perpignannes font l’une 5c l’autre de tres-belles 5c bonnes pom- mes , 5c réülTilIènt allez bien dans les terres fortes , pourvû que l’Eté ne foit pas trop pluvieux ; autrement elles perilîent de morve , qui eft aulïï le défaut des Laitues de la Paillon, quand elles lont dans des terres for- tes 5c froides. Outre ces Laitues à pommer , on a l’Eté de celles qui font à lier, feavoir les Laitues Romaines qui font ouvertes , 5c on les appelle Chicons ; ou , blondes , 5c on les appelle Alphanges : Celles-ci font plus délicates , tant à élever qu’à manger en Salades. Les Impériales ne le font pas moins , mais fort faci- les à peurrir d’abord qu’elles font blanches. Il y a aufïi les grands Chicons rougeâtres , qui bîanchif- fent prefque d’eux-mêmes fans être tn Salades. 231 liez ; ils font bons dans les terres fortes } Sc reiifïiiîent pour 1 ordinai- re allez bien en Eté. Pour les Chi- cons verds , il n’en faut avoir qu’au Printemps , parce qu’ils montent trop aifement dans les temps chauds; aufii- bien que les premières Laitues à pommer dont nous avons parlé , Lâ Genes- blonde Sc la Genes-rouge iont fujettes au même inconvenienr. Il n y a que celles qu on nomme fiin- plement Laitues de Genes , princi- palement les vertes, qui refirent bien aux grandes chaleurs ; il eft donc à propos d’en préparer beaucoup pour le mois d’Août , & pour les fuivans jufqu’aux premières gelées, y mê- lant néanmoins quelques Alphan- ges , quelques Perpignannes , tant la bionde que la verte, même quel- que peu de Genes-blonde & de Ge- nes-rouge , qui pour bien réüfïîr veulent des terres legeres. On traite différemment ces diver- ses efpeces de Laitues dans la ma- niéré de les tranfplanter. Celles qui font une pomme plus grolîè doivent etre elpacees de dix à douze pouces 2 . 5 i Des Plantes qui fe mangent l’une de l’autre : De ce nombre font la Laitue à Coquille , la Perpignan- lie , la Belle-garde , l’Aubervilliers, l’Auftriche , l’Imperiale , l’Alphan- ge. Quant a celles qui deviennent moins groflès, il fufKt de les éloi- gner de lept à huit pouces l’une de l’autre -, fça voir les Crêpe- blondes, les Laitues courtes , la Petite-rougej les Chicons verds , 8cc. Que h l’on n’a pas une terre telle qu'il faudroit , il faut l’amander beaucoup avec du fumier menu , (oit que ce foit un fonds lablonneux , ou un fonds froid 3c grollier : car le bon fumier bien confommé eft I’ame 8c le grand mobile des Jardins Pota- gers -, fans lui, non plus que fans les frequens arrolèmens & les fre- quens labours , on ne peut jamais elperer de beaux Legumes. Si l’on étoit fi bien maître des lailons froi- des 3c pluvieufès qui caillent la mor- ve aux Laitues , c’eft-à-dire qui font pourrir l’extremité de leurs i feuilles, on feroit trop heureux ; mais c’eft une choie contre laquelle il n’y a gueres de remede. Le en Salades. 2.55 Le peu de durée des Laitues quand elles font une fois pommées, doit obliger d’en planter fouvent , comme de quinze en quinze jours, & beaucoup plus qu’on n’en peut confommer pour en avoir fins dif- continuationj car communément les Planches qui ont été replantées en meme- temps , pomment auilî tout à la fois j on en voit monter inutile- ment plufieurs , li 011 ne les emploie auffi-tôt , ou qu’on n’en trouve facilement le débit, comme l’ont les Maraichez. On peut s’attacher par- ticulièrement à ces efpeces plus ru- ftiques qui durent le plus pommées avant que de monter , telles que font les Coquilles , les Perpignannes , les Genes - vertes , les Aubervilliers , l’Auftrichette , qui véritablement font aufli fort tardives à pom- mer. Pour de la graine il faut être foi- gneux de n’en élever que de celles qui pomment très- bien ; car elles ne degenerent que trop fouvent à- ne plus pommer , ce qui paroît en ce que leurs feuilles s’allongent er& ¥ r- Des Tlavtes tjul fe mangent langue de chat , ou que leur couleur naturelle change en une autre plus ou moins verte. C’eft pourquoy dans les Planches de Laitues , on doit obferver 8c marquer celles qui tournent le mieux , Toit pour les laiiïer graincr dans la même place , foit pour les enlever en mote , & les mettre grainer à part, ce qu’elles font vers le mois de Juillet, foit qu’elles n’aient été iemées qu’au Printemps , ou qu’elles aient pâlie l’Hiver, & aient été replantées en Octobre : la graine de Laitues eft longuette, un peu ovale , toute raiée en long , fort pointue aux extremi- tez , 8c fort menue : les unes l’ont noire comme l’Aubervilliers *, 8c la plupart des autres l’ont blanche. Les bons Ménagers pourront /èmer des Raves dans leurs Plan- ches de Laitues , étant bonnes à cueillir avant que celles-ci aient pommé : Et même comme les Chi- corées /ont bien plus long- temps à fe perfectionner , on peut replan- ter parmi elles des Laitues , 8c l’on fera ainfi double moilfon dans une en Salades. me me Planche, &: en meme làifon ; car les Laitues fe cueillent les pre- mières , & les Chicorées achèvent après de fe façonner , & elles s’ac- commodent bien enlemble. On peut voir dans le Chapitre des Couches, la maniéré d’y ièmer les petites Lai- tues à couper. Les Aîâches /ont une efpece de petite Salade qu’on peut dire Sau- vage & indique ; aulïi rarement en iert-on en bonne Compagnie, quoi- qu elles /oient d’un grand lecours durant l’Hiver , auquel elles refi- ftent.EUes le multiplient de graine & pour ain/î dire d’elles-mêmes , cette graine qui eft fort menue & oran- gée , tombant aifément. Elle fe re- cueille en Juillet, & le fenie vers la fin d’Aout ; on en fait des Planches qui n’ont be/oin pour toute Culture que d être lardées. Il y a deux fortes de Pompier , de verd 8c de doré. Ce dernier cft plus agréable a la vue, & plus déli- cat à élever , en forte que dans les temps froids on a peine à le faire ^enir , même fur couche & fous cio- v ij Des P Unies qui fe mangent che. Pour la pleine terre il \\f réiilTit gueres que vers la mi-May, encore faut -il que la terre fbit bon- ne , douce , 8c fort meuble , 8c le temps allez beau. On en peut Ce- rner fur couche vers la fin d’Avril, auquel le Soleil commence d’être un peu chaud ; de le faire plutôt il fondroit dés qu’il fèroit levé : Il ne faut dorçe ulèr d’abord que du Pour- pier verd qui refifte mieux. En fè- mant fur couche on Ce contente de battre le terreau avec la main, oh avec le dos de la pèle ; mais quand on feme en pleine terre qui doit être bien préparée, on la herfe cinq oir fix fois avec la fourche de fer pour faire entrer la graine dans la terre. Cette graine eft '.-noire , d*un rond à demi plat , 8c extraordinairement menue , ce qui fiait qu’on ne la Içau- roit femer clair. Pour en avoir , il faut replanter des pieds de Pour- pier allez forts dans des Planches bien préparées , 8c les efpacer d’un bon pied : Les mois de May , de Juin, 8c de Juillet font propres pour tela. La graine vient dans une ma- en Salade il 257 nïere de petites coques qui en con- tiennent beaucoup ; dés qu’il y en a qui s’ouvrent , on coupe tous les- montans pour les mettre fecher au Soleil fur quelque drap , après quoi on les bat , &c on les vanne comme tout le relie. Il faut replanter les elpeces à part pour ne s’y pas trom- - per quand on en doit femer ; les gros cotons de ce Pourpier monté en graine fe confifont dans du Sel & du Vinaigre pour fervir l’Hiver en Sa- lades , comme les Cornichons. L’on mange encore en Salade au Printems , les Réponfos qur ont une forte de petites Raves dou- ces. Elles viennent fins foin à la campagne , for- tout dans les bleds ; ainlî il ne vaut pas la peine d’en cultiver dans les Jardins. Parlons des fournitures qu’on ajoute aux Salades. r 2.jS Des fournitures CHAPITRE XVII. Des fournitures de Salades . ' A nis , le Baume 8c le B a flic JL/ leur donnent un grand par- fum. Le premier le feme par raions ou en bordure ; il monte en graine vers le mois d’Août , & les tiges en étant coupées il repoulle l’année d’après de nouvelles feuilles qui font auffi bonnes que les premiè- res : il faut le renouveller de deux «n deux ans. Le Baume étant une fois planté n’a befoiti d’autre culture particu- lière , que d’êcre coupé ras tous les ans à la fin de l’Automne , afin que le Printems fuivaat il poulie beau- coup de jeunes jets bien tendres. On en peut renouveler quelques pieds tous les trois ans , & le met- tre toujours en bonne terre. Il fe de Salades. 23 ^ multiplie de trainaflès & de bou- ture , leurs branches prenant ra- cines à l’endroit où elles font cou- vertes 5 8c par ce moien, d’une grolîe touffe on en fait aifé nent plulieurs qu’on plante à un bon pied l’une de l’autre. On en plante aufli quelques touffes fur couches pour les Salades d’Hiver, prenant foin de les couvrir de cloches - 3 elles poullent fort bien pendant une quinzaine de jours , & periftènt enfuite. Le Bafilic fe multiplie de graine qui eft d’un minime obfcur , fort menue, un peu ovale & lice. On n’en fème guere que fur couche en plein champ : On commence dés le mois de Février , 8c on peut conti- nuer tout le relie de l’année. On eilime le plus celui qui a les feuilles grandes, fur-tout quand elles tirent au violet , 8c celui qui les a fort pe- tites. Le Balilic qui a les feuilles médiocres eft le moins curieux. Pour de la graine on en replante au mois ^ de May , fôit en pot , foit en Plan- che j on la recueille dans le mois 240 fournitures d’Août. Comme cette plante ferr a mettre dans les Ragoûts, on a loin d’em conlerver l’Hiver des feüilles léchés. Nous avons parlé ci-devant du Cerfeiiil mufqué qui s’emploie en pareilles fournitures. Les Cives d’Angletere qui y fervent aulîi , le multiplient par les petits remettons qu’elles font autour de leur touffe, & qu’on fèpare pour les replanter feparément , foit en planche ou en bordure , à neuf à dix pouces les ans des autres. Elles durent des trois ou quatre ans en place étant sn bonne terre , fans avoir befoin, que d’être fardées & arrolees pen- dant le grand chaud. La Corne. de-Cerf a là graine des plus menues qui le voient : Elle eft longuette, & d’un minime fort obf. cur. On la leme en Mars aflfezr drue , ne pouvant s’en empêcher à caufè de la petitelle. Cette graine fè forme dans une maniéré de queue de Rat ; on la recueille au mois d’Août. Il revient de nouvelles feüil- les à cette plante à la place de celles que de Salades. que l’on coupe, comme à l’Ofeille, aux Cives , au Perfil , &c. Le Crejjon Alenois dure fort peu, c’eft pourquoi l’on en léme tous les mois , comme du Cerfeuil , pour en avoir toujours de tendre, & o.i le léme fort dru. Sa graine eft d’une ovale longuette , menue , & d’un jaune oranger : On commence d’en recueillir à la fin de Juin , & dés qu’il en parc ît , on coupe les pieds pour les faire lécher, battre & va- rier. L ’Eftragon fe multiplie de pieds enracinez, & de bouture. Il repouf- lé plulieurs fois après avoir été cou- pé , & refille à la gelée. L’Eté il a befoin d’être arrofé pendant la gran- de lécher dlè. Le véritable temps de le planter eft en Mars 8c Avril. On ne laillè pas de le Elire aufifi du- rant l’Eté , l’efpaçant toujours de huit à neuf pouces dans la planche où on le met. La P œjfe -pierre eft une des Plan- tes les plus délicates ; le plein air le grand froid lui font tres.per- nicieux. Elle veut être plantée aux X 2,^.1 Des fournitures pieds des Murs expofez au Mi- di , ou au Levant , ou dans quelque abri qui joüillè de ces mêmes fi ma- tions. On la fcme dans un pot, ou dans quelque baquet plein de ter- reau , & cela les mois de Mars ou d’ Avril. Sa graine eft plus longue que ronde , allez grofle , grife ver- dâtre , raiée fur le dos & fur le ven- tre. Elle eft ordinairement deux mois a lever ; &c quand elle eft allez forte , on en replante le mois de May ; & quelquefois même on at- tend l’année d’après,. Le PerfiL Arfacedoine eft une four- niture des Salades d’Hiver. Il fe multiplie de graine qui eft aftezgroft. fe,en ovale, un peu plus enflée d’un côté que de l’autre , un peu courbe, raiée dans fa longueur , Ôc aiant les entre-deux raiez en large. On le fait blanchir tout de même que la Chicorée Sauvage , c’eft-à-dire cou- pant à la fin de l’Automne toutes les feuilles , &; le couvrant enfuite de grand fumier fec , ou pailla lions, gn forte que la gelée n’y puitfe pé- nétrer , quoique ce foit une Plante de Salades, ftlTez ruftique. On le feme au prin- temps allez clair , parce qu’il fait beaucoup de feüillages , & il fe pafïe de peu d’arrofemens. On recueille û graine a la fin de l’Eté. La P imÿrenelle fe feme au Prin- temps fort drue , foit en planche, foit en bordure. Elle repoullé fou- \ i^ot apres etre coupee. La pointe de la poulie eft ce qu’il y a de meil- leur pour les fournitures de Salades, les a lia es feuilles étant trop dures,. Elle veut etre arrofee dans les cha- leuis. Sa graine le recueille comme les autres a la fin de l’Eté : Elle eft allez grolfe , un peu ovale à quatre cotez , 3c toute gravée , pour ainh dite , ou cizelee dans 1 entre-deux de fes quatre cotez. La Tdjcjuette qui eft une autre de nos fournitures de Salades , fe leme au Printemps , comme la plu- part des autres : Sa feuille eft allez lemblable a celle des Raves. La grai- ne en eft tres-menue , & à peu prés comme celle du Pourpier ; mais la couleur eft rougeâtre , ou plutôt d un minime obfcur. X t 24 , 4 . Des fournit urès , &ç. La Tripe- Atfœdame fc multiplie de graine & de bouture , ou de rc- jettons. La graine eft grife , lon- guette de la figure à peu prés de celle du Periil. Il envient beaucoup dur /es montans , qui relT'emblenc allez à ceux des Carotes , Panais ôc femblables racines. Il s’en trou- ve fept ou huit a part dans une efipece de petit calice ouvert 011 el- les viennent à meurir , au fortir d’u- ne Fleur qui eft d’un jaune olivâ- tre. On ne le fert de cette Plante qu’au Printemps , quand elle eft ten- dre l’Eté ^ elle devient trop dure. H'5 3? «$ «s? «» «sp g W^VJ w, 4^ Wtjîv> t^ÿ>J «^ïiTW *r$\* CHAPITRE XVI IL Des Herbes fines , ou odoriférantes. Q Uoique les Plantes dont noué avons à parler fous ce Titre, ne le placent ordinairement qu’en bordures , elles ne 1 aillent pas d’être d’un grand prix. Nous n’y com- prendrons point les trois premières dont nous avons fait des fournitu- res de Salades , Icavoir l’Anis , le Baume, & le B au lie , qu'ôi- qu’elles y aient beaucoup de rapport par leur parfum agréable, aufli- bien que le Perfl-Macedoine. Nous commen- cerons donc par V A b fin te qui fè multiplie de graine & de bouture. Celle-là eft allez bizarre dans la fi- gure, étant un peu courbée par l’en- droit le plus menu, & un peu ou- X h] 1^6 Des Herbes fines ; verte par l’autre bout , qui eft plus gros & plus rond , & fuir lequel il y a une petite tache noire. Sa couleur eft jaunâtre par le gros bout , 8c Ton extrémité pointue tire un peu fur le noir. Comme cette graine» eft très- legere , & par confequent fort diffi- cile à vanner, on prend ordinaire- ment le parti , de fe lèrvir de la voie des boutures , ou marcottes pour le. multiplier. On le plante au cordeau, de même que les autres bordures de Thim, Lavande , &c. à deux ou trois pouces de diftance , 8c cinq ou lix avant en terre. Il eft bon de les tondre tous les ans au Printemps, 8c de les renouveller de deux en deux ans pour en ôter les plus vieux pieds. Le Fenoïill fert à pins d’un au- tre ulàge qu’aux fournitures de Sa- lades. Il ne vient que de graine , 8c ne fe replante gueres : Cette grai- ne eft affi z menue , longuette , en ovale , boff’uc 8c raiée d’un gris ver- dâtre. On la recueille au mois d’Aoûr. Elle le feme en planche ou en bordures , 8c vient allez bien dans bU odoriférantes. 247 foute force de terre. Elle rcfiffce air froid de l'Hiver, 8c repoulî'e étant coupée. Les jets les plus nouveaux font les plus tendres & les meil- leurs. L ’ffifijpe ne fe multiplie que de rejettons ; & la Lavande , de graine 8c de vieux pieds replantez , ou de branches qui ont pris racine au co- let. Le Laurier commun fe multiplie de graines qui font noires , & de marcottes ; il fuffit d^en avoir quel- que pied à l’abri du grand froid pour y en prendre des feuilles au befoin. La Marjolaine eft de deux fortes -, il y en a d’HIver,& c’efl la princi- pale • 8c d’autre qui ne patfe pas l’Eté. Toutes deux fe multiplient de graine 8c de branches qui ont pris racine au colet. La graine eft fort petite , 8c faite à peu prés com- me un Citron, plus pointue par un , côté que par l'autre -, elle eft mar- quetée en de certains endroits de petites taches blanches , & fur un fond minime-obfcur , raiée de blanc par- tout. X iiij 24 $ He rbes fine*, La Melîjfe fait partie des fourni- tures de Salades quand elle eft teru dre: Elle le multiplie de graines & de branches enracinées , comme les» precedentes. Il en eft de" même de la Rhuè a qui elt une Plante d’odeur très- forte ; Sa graine eft faite comme un roignon de Coq,&: ia couleur noire, raboteulè. Le Romarin a l’odeur plus a- greable, & lè multiplie de la même, maniéré ; il dure des cinq 8c Ex an- nées en place. La Sariete eft une Plante an- nuelle un peu odoriférante ; qui en- / tre par les feuilles dans quelques ragoûts , particulièrement dans les Pois & les Fèves. Elle ne vient que de graine qui le lème au Printemps en planche ou en bordure. Il y a de deux fortes de Saille 9 de panachée qui eft plus agréable, & de commune, qui eft d’un verd blanchâtre. Sa Culture n’a rien de particulier, que ce que les autres bordures ci-deffus ; non plus que le Thim 8c les Fiolettes qu’on y em-, j eu odoriférante r. 249 ploie auflï , 8c qui font des Plantes fort communes. A£ A4 *sS» ^S< »&• *£« *5* •6» *4* »Sp «stfe?"»a# >îcg»'03»æ«''«8*' CHAPITRE XIX. JD es Plant ss d'une odeur forte. L 'j4H eft produit par des Caieux qui Ce forment en terre en grand nombre, autour du pied, 8c font: tous enfomble une efpece de tête; On appelle ces caieux des Goulîes- d’Ail ; la figure en eft allez connue fins nous arrêter à la décrire. On remet ces caieux en terre au mois de Mars ou d’Avril , à quatre pou- ces de profondeur, 8c à trois ou quatre de diftance les uns des au- tres. O11 les fort de terre vers la fin de Juillet , 8c on les met focher pour les garder enfoite d’une année à l’au- tre dans un lieu qui nç foit pas hu- mide. i$o Des Plantes Les Ciboules le multiplient de graine qui eft grolle comme de la poudre à Canon ordinaire , un peu plate d’un côté , & à demi ronde de l’autre , & cependant un peu longue en ovale , & blanche dedans. C’elt proprement une maniéré d’Oignons avortez , c’eft-à-dire qui au lieu de faire une grolle tête en terre, & un feul montant, ne font qu’une fort petite tête , Sc plaideurs montans Sc c’eft en ce dernier défaut qu’elles trouvent leur perfection , puifqu’on eftime davantage celles qui font plus de montans , &c qu’on choifit de cel- les-là pour graine. On en lème prefque tous les mois de l’année , excepté pendant le grand froid j de on les éclaircit pour les mieux faire fortifier ; Celles que l’on replante ré üili lient allez bien ; mais il les faut mettre en bonne terre, de les arro- fèr dans la grande lécher elle , pou- vant s’en palier hors de-là. Les Echalottes le multiplient de caieux, & fe cultivent comme l’Ail » & il en efi: de même de la Ricam- baie que l’on nomme aufïi Ail d’Ef- d’une odeur forte. z ç r pagne. La graine de celle-ci a cela de particulier qu’elle n’eft pas moins bonne pour les ufages aufquels on remploie, que la Gouîïe prife au pied en terre ; auffi eft-elle de la grolfeur à peu- prés d’un Pois ordinaire, Sc lert également pour la multiplica- tion. Les Oignons ont la graine toute femblable à celle des Ciboules , en forte qu’on ne les fçauroit diftin- guer. Ils ne fe multiplient que par- la. On les fème ordinairement à la fin de Février , ou au commence- ment de Mars , dans de la terre bien préparée,. & pour les couvrir on y paiie la Fourche de fer, comme aux autres menues graines. S’ils lèvent trop épais , quelque foin qu’on ait pris de les fèmer clairs , comme on le doit , il les faut éclaircir dés qu* on en peut arracher , c’eft-à-dire vers le mois de May , <3 c replanter ceux-là pour s’en fèrvir comme de Ciboules. On en peut encore fèmer en Septembre, & les replanter l’an- née d’après au mois de Mars , & par ce moien l’on en a de tout for- i fi Di’ t Tlanter mez dés le mois de Juillet» qu’cn peut cueillir , c’eft-à-dire les arra- cher de terre dés ce temps-là , 8c les faire enfuite fecher deux ou trois jours au Soleil , avant que de les ferrer pour le befoin. Nous avons remarqué ailleurs , qu’on doit avoir foulé ces Oignons , quand ils appro*. chent de maturité, 8c qu’ils paroi ft- fent allez gros c’eft-à-dire qu’il en faut rompre la tige , foit avec le pied , fôit avec un ais appuié defTus un peu ferme afin que la nourriture du pied étant par-là empêchée de monter, fèrve à faire groffir la tête* Les Oignons biafics font plus efti- mez que les rouges. On doit Ce garder de rien mettre en place de- ceîle qu’ils ont occupée , non - plus que les Plantes precedentes , que la terre n’ait été bien amandée avec des fumiers gras , à caufe de leur odeur, qui s’y communique , 8c qu’- elle en demeure fort effritée. On eft fouvenc trompé à la graine d’Oi- gnon ; c’eft pourquoi il eft bon d'en élever foi-même , choiùllànt pour* cela des plus gros pour les reploa-. à* une o leur fort r. i-yj 'ter après les gelées, en bonne terre bien fumée 8c épierrée. Six bons Oignons en fourniront une allez grande quantité, (i l'on n’en veut que pour (on befoin , & non pour le trafic. On les met à un pied 8c demi l’un de l’autre. Quand ils montent en graine , il les faut (ou- tenir avec des échalas de bout , 8c des traverfes de perches , pour em- pêcher que les vents n’en brifent les montans avant eue la graine (oit meure ; & il faut obfèrver la même choie pour toutes les autres grollès Plantes qui s’élèvent allez haut quand elles montent en graine. Une autre cho(è à ne pas oublier ld-deC fus , eft de ne pas attendre que les graines lèchent (ur pied. G’eft allez qu’elles y meuriflènt ; & pour lors on coupe les montans , & on les met lécher fur quelque linge pour les y battre, 8c enfuite vanner, 8c nettoier comme il a été dit plus d’u- ne fo s Les Porreau* fe (ement en Mars d,tns des Planches bien préparées j 'M4 £)es Plantes & quoi-quon le fà(fe allez clair ; on ne lai lie pas de les replanter le mois de Juin dans une autre Plan- che qui (oit pareillement bien aman- dée. On fait pour cela des trous creux de quatre pouces avec le Plan- toir , à la diîlance d’un demi pied j apres avoir un peu rogné tant les racines que les feiiilles , on les met dans ces creux Fins en approcher la terre voiiine , comme on fait aux autres Plantes , pour lefquel- îes on le fert du Plantoir. Dans la fuite il faut avoir foin de les biner & farder de temps en temps, Sc de les arro/èr dans les temps fecs , afin que leur tige grofïiile , & blanchi lie avant le froid. Quand il eft a craindre, on peut les ré- fugier dans la Serre , ou du moins les couvrir de grande litiere j les aiant premièrement replantez en Pepiniere dans une autre Plan- che fort proche lun de l’au- tre. Après l’Hiver on en lailfe- ra quelques -uns en place pour monter en graine , ou bien l’on d'une odeur forte. ,tyy en replante à quelque endroit à part, pour cela. La graine s’en recueille au mois d’Août ; elle rellemble à celle des Ciboules , 3c ie forme dans une maniéré de grollè bourfe blanche 3c ronde , qui vient au haut d’une tige aù fez longue , 3c elle s’y confèrve allez long-temps fans tomber. De la Culture 256 rv?9>} t^îfe>n rv*fe>i utmmummm »our lors aiant enlevé en mote tous es pieds , on les replante dans la Serre. Quelques-uns peuvent lervir au Printemps fuivant pour monter en graine dans les mois de Juin ou Juillet : Ou bien quelques pieds re- liez en place lèrvironc à cela trois ou quatre ans de fuite. En liant les Cardons il effc necelîàire de les tenir bien droits , autrement ils Ce renver- iènt 8c crevent fur un des cotez : Et même pour empêcher que les Vents ne les couchent , on les but- te d’environ un bon pied de ter- re. On pratique la même chofè du ïardirt Potager. irrç pour les Cardes d’Artichaux. Les Citrouilles le fêment ilir cou- che vers la mi- Mars ;& à la fin d Avril on les enleve en more pour ies tranfplanter dans des trous faits exprès , d’environ deux pieds de cir- cuit , ôc d un pied de profondeur , & éloignez de deux toiles l’un dè l’autre. On remplit ces trous de terreau ; 6c pendant cinq ou fix jours on les couvre de quelque chofe , à moins qu il ne pleuve, parce que le grand Soleil les fait faner , & fou- vent périr. Quand vers le commen- cement dejuin les pieds de Citroüil- le font allongez de cinq à fix pieds, on les charge dans le milieu de cette longueur de quelques peletces de terre , afin que les Vents ne les rom- pent les entraînant de côté & d’au- tre , & que prenant même par ce moien , racine en cet endroit , le Fruit qui viendra au delà en foie mieux nourri. On ne les taille point comme les Melons 6c Concombres * on leur ôte feulement les petits bras , laillànt courir le maître ; & ûns l’arrêter , parce que c’eft/lui. *76 Des Fruits cjui porte le beau Fruit ; 5c ofr le conduit proprement fur terre, laif- fànt des Sentiers pour les biner , ïàrcler, nettoier , 5c arrofèr quel- quefois quand l’Eté eft fort fèc. Toute expofïtion peut accommoder les Citrouilles ; mais celles qui en ont une favorable m eu ri lient plu- tôt.- Il leur faut un endroit fpacieux. On les peut cueillir quand elles font aoûtées , c’eft-à-dire en parfaite ma- turité , ce que l’on connoît quand leur écorce relîfte à l’ongle. Elles ne le gâteroient pas pourtant de les laifïer davantage , mais meuriroient & grolïïroient de plus en plus. On en conierve julques vers la mi-Ca- reme , les cueillant dans un temps fèc , 5c les ferrant en un lieu tem- péré lur des ais fans qu’elles fè tou- chent. On cultive les Potirons de la même maniéré que les Citrouilles ; auHi en font-ils une efpece , plate 5c jaune; qui ne fè multiplie non-plus que de graine allez connue , renfer- mée dans le ventre de ces Fruits. Les Concombres fè gouvernent de du Turdirt Totâgcr. vjy njême que les Melons ; ainfï nous n’en ferons qu’un Article. Leur graine eft ovale , un peu pointue par les deux extrémitez, dont l’une qui iert c}e baie l’eft un peu moins que l’autre par ou fort le germe; elle eft médiocrement épaifle , &de couleur blanchâtre ; Se celle des Melons qui eft un peu moins large , eft d’un jaune clair. L’une Sc l’autre le feme lur couche. Pour en avoir de hâ- tifs , on le fait dés le mois de Jan- vier , prenant foin de couvrir ces nouvelles Semences de paillaftons, qui les garantillènt entièrement de la gelée. On replante çes premiers Plants s’ils font allez forts au mois de Février , à quelque bon abri * loi,t par le moien des murailles , ou des brilè-vents. A la mi-Mars ou fait fins plus tarder les Couches pour les Concombres de Melons ; Se le mois fui vaut , fi les grands Vents Se le froid le permettent , on commence à leur donner de l’air petit à petit julqu’à la fin de May, /enlevant avec de petites fourchet- tes les cloches fous lelquolles ils T) es Fruits font j 5c fi l’on craint que le Froid foie capable de gâter les bras & les feiiilles qui poulfent , il faut les couvrir d’un peu de litiere lèche. On peut durant le même mois d’A- vril , 5c encore en May , planter 8c fèmer fiir couches de nouveaux Concombres 8c Melons pour en a- "Voir de tardifs , 8c même on en feme en pleine terre dans de petites fof- fes pleines de terreau. Les premiers Melons commen- cent à noüer dans le premier Quar- tier , ou à la pleine- Lune de ce der- nier mois ■ mais fiir-tout on en voit nouer au decours , fi les couches ont été bien chaudes pendant la Pleine- Lune , 5c quelles le foienc moins au Decours ; on connoît que les Melons nouent quand au fortir de la fleur ils s’éclairciflent un peu prés de la queue , 5c il en efl: de même des Citrouilles 5c des Con- combres. Dans la fuite il les faut arrcler raifonnablement deux ou crois fois la femaine.à une demi- cruchée d’eau pour chaque pied , prenant garde de ne pas mouiller le fruit. du Jardin Votager. 279 Ceux qui auront befoin là-def- fos de plus amples inftruéfcions peu- vent lire le Jardinier François , ou le Notaire de Laon dans fon Abré- gé. Voilà pour les Melons , qui font le prinicipal & le premier des Fruits verds du Potager. Les Fruits rouges en font suffi un grand ornement : Ce ibnt les Ceri- fes , les Grofeilles , les Framboi fes, & les Frai lès. Je renvoie pour les Cerifes aux Traitez des Arbres Frui- tiers , & fur-tout à l’Abrégé des bons fruitsXes Précoces femblenrles feules qui y doivent avoir entrée, non pas par leur mérité, ( n’y en aiant pas beaucoup à être aigre , avoir peu de chair , un gros noiau , & la peau «paille, ) mais feulement à caulè de ia nouveauté. Les Fra.'Jïers , tant blancs que rouges fe multiplient de traînafles qui iortans des v.eux pieds font ra- cines. Le nouveau Plant qui vient dans les bois , réüflit mieux tranf- planté, que celui qui vient des Frai- iiers de Jardins;On en plante enPlan- 2S0 F)es Fruits dbc ou en bordure , & toujours en terre bien préparée & labourée , la difpolànt fuivanc Ton tempérament, afin d’éviter ou une trop grande fècherefle , ou un excez d’humidité , également dommageables aux Frai- fiers. On les doit efpacer de neuf à dix pouces , & en mettre deux pieds dans chacun des trous qu’on fait , avec le Plantoir. Le temps { >ropre pour les planter eft pendant e mois de May , fk au commence- ment de Juin , avant les grandes chaleurs ; & l’Eté dans les temps pluvieux feulement. On en fait des Pepinieres durant le mois de May en quelque endroit au Nord , les plantant alors à trois ou quatre pou- ces l’un de l’autre, &c s’y étant for- tifiez on les tranfplante enluite le mois de Septembre en Planche ou en des Quarrez , luivant le befoin qu’on en peut avoir. On met les Frailîers blancs en des Planches fe- parées. Les uns & les autres font fort bien l’année d’après , quand ils ont été plantez au mois de May , & ne font que palîablement quand Du Jardin Potager. iS i ils ont été plantez en Septembre $ mais auffi la deuxième annee ils font merveilles , & dépéri (lent en fui te , c’eft pourquoi il eft bon de les re- nouveller après ce temps là. La Culture de ce Plant confifte a le bien arroler pendant la fecherelTè j à ne laifter que trois ou quatie montans des plus forts à chaque pied j à pincer les Fleurs qui vien- dront fur chaque montant au de- là de pareil nombre , fè contentant des premières venues , & des plus pro- ches du pied , pour avoir de plus belles Fraifesi & enfin de leur cou- per tous les ans la vieille fane quand les Fraiies font finies. Les Frarnboifîers commencent à donner leur Fruit dans les premiers jours de Juillet. On les plante au mois de Mars en Planches ou en Bordures , efpaçant les Plants de deux pieux pieds l’un de l’autre. Les Boutures qui en Portent tous les Etez en grand nombre fervent à multiplier & renouveller les vieux, qui meurent dés que leur Fruit eft cueilli. On racourcit au mois de i$i 2? es Fruits Mars a la hauteur de trois à quatre pieds les nouveaux Rejettons , que 1 on conferve autour des vieux , & 1 on arrache tous les petits , & ceux qui font morts. Il y a des Fram- ' boifes blanches & rouges , auiïï- bien que des Fr ai tes. Les Grofeillers fe multiplient par les Rejettons enracinez qu’ils pou/1 /ènt autour des vieux pieds , & d’ailleurs leurs jeunes branches pren- nent aifément de bouture. On les plante au mois de Mars à fix bons pieds l’un de l’autre , Toit qu’on en veuille faire des Planches entières ou des Quarrez , ou que l’on fe con- ' tente, comme c’efl: l’ordinaire , d’en ; tnettre autour des Quarrez dans 1 intervalle des Builîons. ils aiment* un Fond un peu humide , pour pou- voir Faire de gros jets , & par con- equent de beau Fruit. On taille tous les ans le vieux bois , pour ne con/èrver que celui d’un ou deux ans , /oit pour éviter la conFi/îon 3 /oit parce que le vieux bois dégé- néré , Sc ne donne que de fort pe- tit Fruit. On peut. voir, pour le . du larâin Potager, j $$ refte de la Culture de ces derniers Plants , & des autres precedens , l’Abrégé des bons Fruits du Sieur Merlet , qui en traite avec toutes les connoiifances que Ton peut fou- bai ter. Il refte encore à parler de la Vigne. Les Elpeces qu’on en cul- tive ordinairement dans les Pota- gers , {ont le Bourdelais ou Ver- jus , le Chaflelas , Cioutat , Corin- the , & Mulcat. Les uns & les autres le taillent , le provignent , fè greffènt , & Ce plantent de la même forte durant les mois de Jan- vier , Février, & Mars. Vers la mi-juin on prend loin d’en lier les branches, foit à des Echalas , foit à quelque Treillage , afin que l’a- gitation du Vent ne les gâte point. Il faut auiïi les ébourgeonner au Printemps , pour leur ôter les bran- ches foibles , fe contentant d’y laifc fer , en les taillant , deux , trois , ou quatre belles branches au plus fur chaque pied, & ne les tenir longues que de quatre yeux , cha- cun defquels communément pouf- A a ij i $ 4 . Des Fruits le une branche 8c trois ou quatre grandes Grapes fur chacune. On doit aufli obferver de tenir les bran- ches balles plus courtes de deux yeux que les hautes , pour tenir toujours le pied bas , quand on ne les veut pas lailTer monter en Treille. Il y a de deux fortes de Bour- delais , de blanc ôc de rouge 3 & de même du Chalfelas. Le rouge à Tégard de ce dernier eft tres-rare. Le Bourdelais peut le contenter d’u- ne expolition au N-ord ; mais pour le Challèlas , il lui faut l’expolî- tion du Midi , du Levant , ôc du Couchant , pour erre plus jaune , plus croquant , ôc meilleur. C’eft un Raifin qui fe conlèrve fort long- temps , pourvu qu’on ne le laille pas trop meurir, avant que de le cueillir. Le Cioutat , le Corinthe , 8c le Mufcat , veulent l’expofition du Midi & du Levant , fi-non ils ne /çaur oient meurir en ce Climat. 11 y a du Mulcat blanc , rouge , ôc noir. . Le blanc, eft ordinairement du Jardin Potager. 28$ îe meilleur des trois ; il lui faut une Terre legere, & fi l’on eft dans un Terroir chaud , & en terre gra- veîeulè & /àbloiineufe , il réüflîra même en plein air. Pour être bon, il faut qu’il ait le grain gros , jaune, croquant , & clair lemé dans la Grape, 6c un goût de Mufc allez relevé. F I N,. F A VT E. ( Page 5?, ligne derniere, gnvet } lifes TABLE £> E S MATIERES contenues dans ce Volume. A B synth e. . HS Ail. 149 Allées des Pota- gers, faute à é- viter à leur oc- cafion ii. 98. leur utilité^, lèur largeur, 96. & fuiv. Amanâemtns dont les Pota- gers ont be- iôin,i 19. Quels y font plus propres, 121. En quel temps les faire, 135 Anys , 238 Arrofemcns , en chercher la commodité dans les Jar- dins Potagers, 54. leur nccef- fité,^6. 60. Di- verlès maniè- res pour cela, 58. 59. Quelle eau y eft plus propre,^. S’il vaut mieux ar- rofer le foir ou à midi, 135 Articbaux , 57. 1 61. Afperges, 60.1 j$. AJfietes trop ir- regulieres de Table des trop élevées pour des Pota- gers , ce qu’on y peut faire , 47.Commodi- tez qu’on y trouve, 51 B Asilic, 239 Baume y 238 Betteraves y 195 Bonnedame , 107 Bourdelais, 284 Bourrache , 208 Buglofe y ibid. C Apr.es, 171 Câpres Ca- pucines , 172 Cardons y 272 Garrottes, 197 Celery , . 221 Cerfeuil y 224 Obérais , 197 Chicorée de toute e/pece, 209 Choux de toutes fortes , 213 Ciboules y 2jO Cives 9 249 matières . Citrouilles , 273- Concombres y 274; de cerf , 240 Cfl#c/?*j,Ieur uti- lité pour des nouveautez s 152. Quel fu- mier on y doit emploier , 8 c comment, 155. Précautions à prendre avant que d’y rien iemer, 154 Couches pour des Champignons ? 1 66 Couches fourdes pour des fi- guiers, ié8 CreJJon alenois » 241 D EFRICHE- MENT d’un 1 Potager,en quel temps le faire 3 ni Table des Chalottes, -j 150 Epinars , 2iy EfpalierSy 77 . 98 Eftsagon^ i4 i Expositions à iouhaiter pour les Potagers 67. Ce qu’on entend par-la, 71. Quelles ex- polî ions font préferables,7f. Moien d’en augmenter le bon effet, 79 F Enoûil, 246 Fèves de Ma- rais , 259 Figures différen- tes que l’on donne aux Jar- . dins, 89. Quel- le convient proprement aux Potagers, 90 91 Fraijîers , 158.160 Matières, FramboiJîe'S, 1 Si F amie'' s dont on peut uler pour les Potagers , ni. & fîtiv. Comment les emploier, 128 G Roseillirs 2S2 H Aric o ts, 279. 260 Hyfope, 247 Ar D I N A G E; J avantages qu’il y a d’en être inftruit,$6 L A B O 11 R S neceffùires aux Potagers, 110. En quel temp> les fai- re, 112. 113 La- bours , auprès des Elpaliers , 99 .. Laqués , à femer /ur couches, 165 Laitues de toute cfpece Table des matière*. elpece , 216 tous les mois Lavande, 248 de l’année, 137 Laurier , 247 ¥> A N A 1 s, 198 A PaJJepierre : L^nt'lles, 260 \ \ Aches,2 55 J. V A. Marjolai _ 2 41 Patience , 218 ne , 247 Pentes tro proides Meliffe , M-S pour des Pota- AL e Ion s , 2-77 gers , moyens ALufcats , 284 d’y remedier 3 Afy-cotes , leur 4 î & N avantage pour les Jardins à fruits Sc à le- gumes ,37. 61 'A vêts, 203 Nivelle- ment des lieux tropmontueux pour des Po- tagers, 39. Ma- niéré de le fai- re, 40 I G N ON S, ZjO ÔJiille , 2.16 Ouvrages des Po- tagers dans O Ter fil , î£)S Pcrfil de Macé- doine , 2 48 Pimprenelle , 243 Plaines , en quoi peu propres pour des Jar- dins, 38.y mé- nager quelque pente pour y remédier , 39. avantages qu’- on y trouve, 3 o Plantes potagères leurs efpeces, 17 3. leur durée 174.. Autres Bb 'Table des particularitez fur la nature des p' antes po- tagères , 177. & fuiv. Poirée , 21S Pois,. i$6. Porreaux,. 1^3 Potagers leur fi- ruation, iS. 8c 3i.A(pe6ls que Ton y doit re- chercher , 68. & fuiv .. Potirons , 276 Pourpier , 23 j R A LS INS, 183. Raves , maniéré de les femer, l6l. & 2Q0 Rcchaufemens des Couches ou planches dans un potager, ^7 Réforts , 101 Reponfes 237 Repos des textes, matières. en quoi il con~ fille , 27 Romarin , 248* Roquette, 243 R hué , 2 48 S Alsifix , 204 Sarriette, 248 Sauge , ibid. Scorfonnere , 204 Scve,de quoi elle Ce fait dans les plantes , 4 T Erres pro- près pour un Potager, 1. & fuiv. Remedes pour celles qui font tout - à - Eut mauvaifes ,12» & fuiv. Moien de corriger cel- les qui font moins défec» tueulès , 20 Thirn , 24^ Top nambonrs Table des matières. Tripe-Madame , 2 4 4 - V A L L O N S, leur avan- tage pour foi- re -un Jardin potager, 36.5+. Défauts qui y font à crain- dre , &2i Vents contraires aux Potagers, 73. V erjm V eue , préférée l’utile à de belles veues en foit de Potager;,. 5 + jFfot de la Table des matières EXTRAIT BV PRIVILEGE du Roi. P A r grâce &c Privilège du Roi; donné à Paris le fixiéme Juin 1691, Signé par le Roi en fon Con- feil , B o u c h e r ; il eft. permis à Ch a r l ts de Se rc y Marchand Libraire à Paris , d’imprimer ou £ure imprimer le manuferit d’un Recueil de piufieurs traitez, de la Cul- tu e des Orangers , Citronniers , Fi- guiers , des Jardins potagers , des Fleurs 3 & de la taille des Arbres fruitiers & autres y ,avec la mattim de les cultiver , lefdits Traitez con- jointement ou feparément en un ou pluiïcurs volumes, pendant le temps de huit années , à commencer du jour que chaque volume ou traité feront chevez d'imprimer pour la première f ,is j pendant lequel temps défenfes font faites à tous Libraires & Imprimeurs -, & autres pei Tonnes de quelque qua'Lé & condiciora qu’elles foiefit d’imprimer ni con- trefaire lefdits Livres , à peine au contrevenant de quinze cens livres d’amande , confîfcation des exem- plaires contre fûts , & de tous dé- pens, dommages & interefts, com- me il eft plus au long porté par lefdites lettres de Privilège. Hgifîré fur le Livre de la Com - munautè des Libraires & Imprimeurs de Paris , le iy. Juillet i6yi. Signé P. A il B o ii y n , Syndic . Achevé d’imprimer pour la premie- rs fois , le j. Septembre i6$>2.