;y^v^wu Hliibir (Earier Ifiroïon jÜâiJjrarg Prurtm; Jlrtitm-aittr V O Y A G E AUX TERRES A U STR A L RS, * * A l a Nouvelle Hollande 5 &cv Ou t' O N A JOINT I. Le Voyage au Capitaine \VOOD , à tra- vers ie Détroit de Magellan, &c. II. Le Journal de [ Expédition du Capitaine SHARP, III. Le Voyage autour du Monde du Capitaine COWLEY. IV. Le Voyage du Leuant de Mr. ROBERT» Avec diverses Carres Ac Figures. * O . Pu GUILLAUME DAMPIER. T O MB C ï N QJ7 ! 1* H f. •V ROUENT, Chez Je AN-BArTiiTE MAcnuEL,rue Etoupée# M D CC. yxiî! Avec A probation & Privilège du Roi» ' AVERTISSEMENT- A Suite du Voyage de Mon- iteur Dampttr a la Nouvelle Hollande n'euc pas plutôt pa- ru en Ang'ois en l'année 1709. que le Libraire d’iei réfolut de la publier en François. Il avoir (î bien débité ies quatre premiers Volumes qu'il ne doutoit pas de trouver Ton compte à l’Edition du cinquième, & de tous ceux qui paroîtroient fous le Nom de ce fa- meux Voyageur. Mais afin que ce Tome répondit a la grofieur des précedens , il chercha quelques Voyages qui euffent du raport avec celui ci , & il fe détermina pour un Recueü qui avoir été publié à Londres en 1699. & qui contient les Rela- tions des Capitaines V'voo'd, Sharp , Cowleê & Mr. Robert , dont la plupart ont navi- gué de compagnie avec Mr. Vampier. Le choix du Libraire qui vouloit réunir ces anciens Amis , & les habiller tous enfem- ble à la Françoife » ne pouvoit être meiî- Tome V. * avertissement. leur ; & fa Veuve n’auroit pas manqué dâ le fuivre plutôt fi elle n’avoit eu quelque peine à trouver une Perfonne difpofée à digerer ce travail. On peut dire que toutes les TraduCHons font difficiles , mais il n’en eft gueres qui le foient tant que celle des Navigateurs , qui n’ont pour toute Science que la prati- que de la Marine. Ils affectent d’employer des termes de leur Art à tout bout de champ, lors qu’ils pourroient s’exprimer d’une ma- niéré plus intelligible , & peu accoutumez à écrire ; ils n’obfervent ni ordre ni exacti- tude dans leur Difcours. C’eft ce qu’on croit pouvoir affurer de tous ceux qui for- ment ce Volume , & c’eft en grande partie 3a caufe qui a fait retarder fi long teins cet- te traduction; mais on efpeire que le Public fera dédommagé de fon attente , par le foin qu’on a pris de la rendre auffï fidèle qu’il a été pofhble, Sc d’y remédiera quelques défauts de l’Original. D’ailleurs , on a fui- vi, pour ies Dates , l’ancien Scile , qui fe trouve dtens V Anglois > & l’on a tranfpofé les quatre derniers Voiages, afin de les pla- cer dans un Ordre naturel. VOYAGE AVERTISSEMENT. leur ^ 8c fa Veuve n’auroit pas manqué cfé le fuivre plutôt fi elle n’avoit eu quelque peine à trouver une Perfonne difpofée à digerer ce travail. On peut dire que toutes les Traductions font difficiles , mais il n’en eft gueres qui le foient tant que celle des Navigateurs 3 qui n’ont pour toute Science que la prati- que de la Marine. Ils afreCtent d’employer des termes de leur Art à tout bout de champ, lors qu’ils pourroient s’exprimer d’une ma- niéré plus intelligible , 8c peu- accoutumez a écrire ; ils n’obiervent ni ordre ni exacti- tude dans leur Difcotïrs. C’eft ce qu’on croit pouvoir afturer de tous ceux qui for- ment ce Volume ,& c’eft en grande partie la caufie qui a fait retarder fi long tems cet- te traduction; mais on efpere que le Publie fera dédommagé de fon attente , par le foin qu’on a pris de fa rendre aufli fidèle qu’il a été poffible, 8c d’y remedier à quelques defauts de l’Original. D’ailleurs, on a fui- vi, pour les Dates , l’ancien Scile , qui fe trouve dans Y yïnglois * 8c l’on a tranfpofé les quatre derniers Voiages, afin de les pla- cer dans un Ordre naturel. VOYAGE Vef’tLÙs 2 fi o Yfautmetré ej'farCarteat.rsf 7eT,>>- -L-dtt «• J eA-rnc/>>s T-ouJre# \ C . Rfafio P AK TimcU GiIjOIjO ’dvi'dÿjicg 77/777 fi' rayilfien. 'crjtfi J .île ■ '• -.3 / \ de- S coxitexi iouro \ =5AMP 1ER. hntiaxu /’ojx Voyage leptà-rTïmov admfije J,, ^Nouv.BRETAGlNr E, ip9i ion fi 'ûnaJeter-r, Tîiimiilimn SUITE p u VOYAGE D E .GUILLAUME DAMPIER, A U X TERRES AUSTRALES, à la Nouvelle Hollande j &c. Fait en 1699. CHAPITRE PREMIER. pcpart de Créateur des Colts di l.i Nouvelle Hollan- de > & les Ko: fous qui l’y obligeront. Se, fias d’eau. Son arrivée J Cl fh T,mor. Il cherche en vain de l’eau douce au Sud de celle IJle. Faine qui (e trou- ve dans les Caries ordinaires. L’ifle Rôtie- Par Tome V. A SUITE DU VOYAGE ’ Jage entre les Ijles Timor & Anabao . Autre fau- te des Cartes. Fort des Hollandais , nommé la Concorde. Ils foupçonnent / Auteur d'être •venu dans le dejfein de t'attaquer. Defcription de i'ffk jlnabao. L'Auteur s'abouche avec le Gouverneur dudit Fort , & n obtient qu'avec peine la liber* té d'y faire aiguade. La Raye Cupang. Il fuit ht Cote Septentrionale de Timor. Il trouve de 'eau, [douce , •& un endroit propre k moiti 1er. 'Defcri- ption ct'une petite lfle 3 à fept lit.ujes à l'Eft de ce mouillage. Raye Laphao. T)e quelle maniéré t \Au~ teur y fut traité des Portugais. Il tâche de faire de nouvelles découvertes- fut: cette lfle & aux ej sjr virons. Le Port Sefial. Sbn retour à Babao dans la Baye Cupang. Sa réception au Fort la Concor- de. Il s'arrête fept feyndines h Babao. ’Employaï ptés de cinq femaines à ranger la côte de la Nouvelle Hol- J ||j lande-, & je courus tout le -longTef- pace d’envi roo trois cens lieues. ]’y abordaien deux ou rtois difïeiens endroits , pour* voir s’il y auroit quelque ebofe digne Sefemajque , & augmenter en même- temps ma provision d’eau & de vivres , afin d e- jtre en état de pouifer plus loin mes decou- vertes fur la Terre Auftrale. Cette vafte éten- due de pars prefque inconnu jufques ici , va depuis la Itçrie -, à un degré prés_, lu-fques.gu Tropique du Capricorne , & meme au delà. Il ell fi a'van-t ageufement finie dans les plus riches climats du Monde , je veux dire , la Zone torride ?c la ccmperee , que refolu d en faire le tour , s’tl étoit po.flible , )e ne pou- vois que meflâtet de trouver for le Continent fur ieslfles , des endroits qui ptoduiroienf les beaux fruits , les drogues , les «picenes,. *6>9.a A LA K. HOLLANDE. $ peut être aufli les minéraux j ôc tout ce, en un mot , qu’on voit dans les autres parties de la Zone toi ride , enfermées fous d’égaux pa- rallèles de latitude : Je croyais du moins que le terroir & le climat les pourroienc fouf, frir, fi on les y tranfplanroic , & qu’on vou- lut fe donner la peine de les cultiver. D’ail, leurs, je me propofois de prendre une exa- cte connoiffance des plus petites I/les des Ri- vages , des Caps , des Bayes , des Criques ÔC des Havres , propres à fetvir d’abri , ou à être fortifiez ; des rochers & des bancs de fable , des differentes profondeurs , des marées ôc .des courans , des vents & des faisons , de la variation de l'aiguille', &ç. en un mot de tout ce qui pourvoit fervir à la navigation, au Commerce , ou à u n établiifemenc ^ de même qu’à ceux qui viendraient après moi , & qui , bien aifes.de trouver l’ouvrage fi avance , fe- raient en, état de ;le perfectionner , ;par leurs nouvelles découvertes * puis qu’une entrepri- fe de cette nature ne fauroit être amenée tout d’un coup à fa perfection. Ma principale vûë étoitdeconnoître les habitat» du pais, ÔC de les engager à quelque commerce utile , s’il y^en avoit les moyens chez eux ; quoi que je n’attend iife pas grand’ ebofe de ces nouveaux Hollandois,far 1 expérience que fa vois eu autrefois de leurs voifins, J’étois d’abord parti d’Angleterre , avec ce projet dans la tête-, &: fi j’avois fuivi le plan que je m’étois formé dans le premier Tome de mes Voyages , f aurai s paflèàl Oii ft , par le détroit de Mageliam , ou piüiôc j’au- tois fait le tour de ia terre del Fuego , pour :ommencer mes découvertes , fur, le côté Oriental & moins connu de la terre Auftrale. A z Mm 4 SUITE DU VOYAGE . , ï^. Mais il me fut impoflible de tenir cette coûte, à caufe de la faifon avancée , où je mis en mer ; puis qu’il m’auroit fallu faire le tour du Sud de l’ Amérique dans une la- titude fort haute , &. au cœur de l’Hiver dans ces quart, iets-ià. J’étois ainfi réduit à tourner à l’Efl: par le Cap de Bo n ne- Efpe ran- ce &: me tenir après l’avoir pafife , dans une latitude allez haute , pour m’éloigne^ des -vents reglez , qui m’auroient été contraires , profiter des vents variables. Tour cela me contraignit en quelque maniéré d’aller tom- ber fur ces endroits de la Nouvelle Hollan- de , dont fai donné jufques ici la defeription. Car fi l’on me demandoit pourquoi la premiè- re fois que je vins fur cette côte , je ne la par- courus pas vers le Sud , &c je ne tâchai pas ,d’en faire le tour jufques à l’Elfc de la Non» velle Hollande & de la Nouvelle Guinée ; j’a- vouerai que je ne voulois pas perdre plus de îems qu’il ne falloir dans les plus hautes la- titudes j bien perfuadé que le païs de ce côté- là n etoit pas fi digne de recherche , que les endroits plus proches de la ligne, S>c fous iune influence plus dirçéte du Soleil. D’ail- leurs , arrivé que je ferois fur les côtes de lia Nouvelle Hollande à l’entrée du P.rintems , ii î’avois tourné au Sud , j’aurois efluié une bon- ne partie de l’Hy ver , qui efc plus rude à me- sure qu’on avance de ce côté-la , & je me ferois trouvé dans un païs tout à fait incon- nu y ce que mes gens , qui n’étoient pas trop bien difpofez pïrnr ce Voyage , n’auroient ja- mais foufièrt , après une fi longue navigation depuis le Brelil jufques ici. Joutes ces raifons me déterminèrent à çpurir le long de la côte vêts le Nord , &c à ig99, A LA N. HOLLANDE. .Jf paffer enfuité à l’bft ,* dans le rieflem de fai- re le tour , & de revenir en Etc , par je Sud de la Terre Aultrale. Je me flatois me-? me de pouvoir accQurcir ee paflage, > fi > s mon arrivée fur la côte Orientale de la Nou- velle Guinée, je rrou'vois qu’il y eut un ca- nal , proche de fille du Romarin , qui le ien- dit dans ces Mers , comme je le foupçonnois ; à moins que l’embouchure de quelque grands riviere , qui e(t lôuvenc enfermée à cet en- droit par un terrein allez bas , 5c environnes de quantité d’Mse's 5c de bas-fonds , n y cau- sât de hautes marées > &C une efpece de Gol- fe. Cependant je crus que c’étoit plutôt un Canal ou un Détroit , qu’une Riviere : & je fus enfuite confirmé dans cette opinion 3 lors qu’en rangeant la côté de la Nouvelle Guinée, je trouvai que d’autres endroits de cette vafte étendue" de la Terre Auftrale ■> qu’on avoit pris jufqueS ici pour le rivage d’un Continent , n’étoient à coup fur que des Mes. U en eil de même , félon toutes les appa- rences, à l’égard de la Nouvelle Hollande ’9 quoi que pour des raifons que j’alleguer^i dans la fuite, il me fût umpolïible de reve- nir par la route que je m’ècois d’abord pro- pofee , & de fixer ainfi ma conjecture. Tout ce que j’avois vû depuis le 27. degré de latitu- de Méridionale jufques au if. oùfe trouve la Éaye des chiens marins -, 5c depuis cet ; endroit: jufques à fille du Romarin , e’eft-à dire, juf- ques au 20. degré de latitude , ou environ , ne fembloit être du côté de la Mer , qu’une chaî- ne d’aflfez grandes Mes , quelque chofe qu’il y eût derrière , en tirant à l’Elt, fût-ce Terre ou Mer , Continent ou Mes. Mais pour en venir à la Relation de mon h 5 % „ SUITE DU VOYAGE »*<,* voyage , quoi que la rerre que j’avois vfî jnf- ques la. ne m’mvitât pas beaucoup , quelle fut fterile du coté de la Mer, 8c qu’elle ne fo’^nlr quoi qu’elle put fèrvir à cuire ks viandes. Je mis donc en mer le cinq de Septembre ,• *vec un petit vent frais , & la fonde à la main ; î11315 d fallut changer bien- tôt de réfolution. i-es baffes , où je me trouvai durant cette journée , & où il y avoir apparence que je ferois engagé dans la fuite , me firent crain- dre qu il ne fût trop pénible de fuivre la cote , ou d’y aborder lors que le befoitv le demanderoit. De forte que je pouffai plus avant en mer , 8c que d’onze braffes d’eau que nous avions , nous en eûmes trente- deux. Le fix lors que nous pouvions à peine difcerner la terre , nous n’eûmes qu’envi- ron trente braffes , 8c cette profondeur étoit meme incertaine ; car elle diminua une fois ftuqu a fept bralfes , quoi que nous euf- Jions perdu la rerre de vue. D’ailleurs , il y avoir de groffes marées , qui changement tout d un coup ; 8c il étoit dangereux d’être fur une cote G peu profonde , où nous pouvions : iéao A LA N. HOLLAN0E. J Salement échouer , £ manquer cfc vene pour nous remettre à flot: Car fi un Valf feau Te trou voit proche d un bas fonds , une forte marée pouvoir l’y entraîner, a moins; qu’un bon vent ne l’en garemit. Le fept nous n’apperçûmes pas non plus la terr > ^ f que nous n?eu fiions que vingt brades ^ Ce" même ibur nous vîmes déux Serpéns a dont la figure ètott differente de ceux que nous avions vtv autrefois. L un etoit fou me- nu, quoi que long-, mais l’autre etou long & aufll gros que la jambe d un homme , &C il avoir fa tête rouge, le feul que (WJW ma vie de cette force. Nous étions alors , fui- vant nos obfervations à 1 6. deg. 6c neuf m. deD’un autre côté, je me trou vai au Nord-, de l’endroit ,où je me propofois d aoorder » 6e où j’avois creufé la terre , < dans mon ^ - mier Voyage , pour avoir de 1 eau douce* Je me fou«nois auffi qu’il y «oit une en, trée profonde en venant par 1 Eft, mis bas fonds , que j’avois renconcre jaiques ici* s’êtendoient* fi avant en mer , que ]e crai- gnis d’avoir enfuite le même embarras a cou- rir le long de cette cote, Expofe donc au péril d’être prefque toujours au. milieu des bancs de fable fur un rivage inconnu , 6c ou Tes marées font fort hautes , je commençai à croire qu’une bonne partie de mon tems fe pafleroit à battre la mer fur une cote , dont je m’ennuyois déjà , St que je 1 emploie- rois avec plus de fatisfaétion pour moi , o t plus d’efperance de fuccës , fi je tour nois vers la Nouvelle Guinée. Ajoutez à ceci le danger particulier, où je me ferois trouvé a la v enue A- 4 1 »Ï3„ÎB' «w Das fni? ’ ■ ^,dont: Ja faifon netoic de . &Vhréfo‘ln^r à ,a/rNou'r?llc Holfan- puis de, paffer a lifle Timor; chiry tr0UVer lf°^«&ddur?cs n%£ quipaîe "oofar féparcr ,eS forces de mon « queiqucs’ ' C0.mmcnî°« à languir , & dont déjà te Tcorbur3 ‘™n Srand rcgler , avoicnt n) Un ' • y Câufà par J eau /bmâch& IJ ^ércn're.t0”enC ?kïigez de cuire leur Gruau! Piilt dV Cme 3 craIndre ^ue ce nem. hors d>VOU5 Cn 'our - & <3^-11 ne Jes mît fêle d de- rendre ûucun fa vice. D’ail- cf:rS;.~ v,eïs Ia *n ^la raifon fe- rence d,re^Hd y avüir moins ^appâ- te cnr^d tf°xrer d^, eau J errcreufant fur cet- ÎV éro içC a ^°^yede .Hollande , que lors que aurorefüls dans la faifon pluvieufe Sir Vfh,rre COîe> eu égard au tems qu’il mau- £ bas fnnd piQ^fr p0Ur y aborder » à «aven cnfvfJ?rT,qU 11 y avoic’ ou P°ur ,e? éviter rc ! de i°ngS c!rcuIts > & à creufer la ter- re apres y erre arrive; je poifvois bien ef- ddmbâ^& di'ri^ë“de ’ & 3VCC m0inS êrinne ^ Ie de 5ePtem^re , lors que nous nonc / Ir* degrez 57* minutes de latitude , vinl r urTeJers Tlmor* Nous avions fiW^ ~^p bra/Tes d eau , un fonds de gros labié , & nous vîmes une Baleine. La plû- parc du temps nous les trouvions grés du ri- «T#. A LA N. HOLLANDE. 9 vage, ou dans les bas-fonds. D’ailleurs, nous apperçûraes ce même jour quelques petites nuées "blanches, les premières que nous euf fions vu depuis nôtre fortie de la Baye des chiens marins. C’étoit un ligne que la Monfon du Nord Nord-Oiieft aprochoit. La variation continuelle des vents en étoit une autre mar- que; car depuis nôtre arrivée au dernier en- droit où nous avions jette l’ancre les brifes de Mer , qui étoient d’abord violentes & qui venoient de L’Lft , avoient tourné peu à peu au Nord , & enfuite à l’Otieft , où elles- s’e- toient fixées en quelque maniéré , après avoir perdu beaucoup de leur force. Le vent étoit ce jour très foible , au Sud-Oücft quart à l’Oiieft. Le neuf il devint affez frais-, au Nord-Oüeft quart au Nord ; & nous vîmes les nuages s’é- paiflir au Nord-Oiieft. A minuit , nous mî- mes à la cape , afin de trouver une petite 111e baffe & fablonneufe , dont je comptons de n’ètre pas fort éloigné. Le lendemain au lever du Soleil , nous la découvrîmes du haut du grand mât à nôtre avant; & à midi nous en tûmes à un mille. Je trouvai , après avoir fait une obfervation exacte , quelle école fituée à 13. degrez minutes de lati- tude, quoi que je l’ai marquée , dans mon15. Voyage autour du Monde , à 13. degrez fo. minutes , iuivanc nos carres Matines. Nous eûmes tout le jour quantité de Boubis & de Guerriers, qui voloient autour de nous, lux tout lors que nous approchâmes de l’ïlle, qui en étoit auiîi couverte, quoi que ce ne fut qu un pecic monceau de fable , qui avoir à pei- ne un miile de circuit. Je ne moüillai pas ici , & je n’envoyai pa* A f * de la Tradition ÿfarjpife; 10 SUITE DU VOYAGE 169* non plus ma chaloupe à terre , puis qu’il n’y avoir aucune apparence de rien trouver fur cette Ille, que de ces oifeauxquine valent pas grand’ chofe , quoi que j’en aurois pris quelques-uns, fi je n’avois eûbefoin de me jhâter. Je continuai donc ma route vers Timor ôc l’onzième de ce mois , après-midi ; nous vîmes dix petits oifeaux de terre , de la grof- feur des Alouettes , qui voloient vers le Nord-Oüeft. Le treize nous apperçûmes une quantité de Serpens marins , dont l’un étoit gros SC tout noir , le feui que j’aie vû de cette couleur •, quoi que j’en viffe un nombre infini de toutes les fortes , dans ce Voyage. Nous avions eu durant quelques jours de petits vents frais , du Sud-Sud-Oüell au Nord-Nord- Oiiefl , & le Ciel fe couvroit de plus en plus de nuages , fur tout le matin 8>C le foir. Le quatorze , il parut fort obfcur coûte la journée au Nord-Oüefi: ; 5c un peu avant le coucher du Soleil , nous vimes à nôtre grande fatisfaélion , le fommet des hautes montagnes de Timor , dégagé des niiées qui l’avoient couvert , 5c qui reftoient encore au bas. Nous dirigions nôtre courfe vers le milieu: de rifle-, à ion côté Méridional j mais j’é- tois en fufpens fi je devois fuivre le long de ce côté pour me rendre à l’Eft , ou pafi'er au- tour de l’Oiieft, &c ranger ainfi la côte Sep- tentrionale , pour aborder à l’Eli. jComme les vents foufloient de TOLielt , je crûs qu’il valoir mieux me tenir fur la côte Méridio- nale , jufqu’à ce que je vide quel temps il fe- roit , parce qu’eû égard â la fituation de l’Iile , fi les vents continüoient à l’C^ieft , & qu’ils devin dent orageux , je me trouve- i5>. A LA N. HOLLANDE. ri rois à l’abri , &c en état de fuivre la côte avec moins de rifque, ou d’arriver plutôt à i’£ft* où l'abri elt beaucoup meilleur. D’un autre côté, (î les vents fe remettoient à l’Elt, je n’avois qu’à rebroufler chemin , comme je le fis enfuite , tourner par i’Oiicft & abor- der au Nord de l’lfle , pour y chercher de l’eau douce , ou quelque bon Havre dé- couvrir les Habitans , 8c tout ce qui pour- roit m’être de quelque utilité. Du moins il m’étoit indiffèrent jufques ici à quel des deux cotez de l’Iile que j’abordafle , puis qulcile m’étoit entièrement inconnue , & que je né Pavois vûë que dé loin dans mon prer mier Voyage. D’ailleurs, j’avois oui dire qu’il y avoit des Hollandois & des Portugais établis fur cette Iffe, 8c quoi que je ne fçuffe pas de quel côté fe trouvotent leurs plantations , je ré- solus de les chercher , ou de ereuiêr pour avoir de l’eau-’ IP étoir déjà prefque nuit , dé forte que pour ne pas trop approcher de la terre dans l’ob feu rite , je mis un peu au large 8c je lou^ voyai jufquesau matin le quinziéme de Sep- tembre. Alors je courus tout droit vers i’Ifle s qui paroiffoit fort diffinélcmenc; elle eft hau- te 8c très remarquable , de quelque côté que l’on la regarde. Voyez-en le profil , en deux Parties, plane, f. N°. i. aa. Nous mouillâ- mes à trois heures après midi , à quatorze braffes d’eau , un fond de vafe noire , à un mille ou environ du rivage. Voyez deux autres profils de la cote , planche f. N*, z. 3. rifle même dans la- Carte particulière , que j’ai inferêe ici , pour faire voir la route que je tins vers comme la Cas» SUITE DU VOYAGE 163% generale , qui eft mife à la tête de la premie- i artie de ce Voyage , en montre tout le ' cours. Mais j’pj commencé le plan de celle-là1, fil de rilîe Timor , pour n’être pas l’étendant plus loin , de trop reifer- le entre les Mes , &c.qui font fur la cote de la Nouvelle Guinée , 8c pour lefquei- 1 es je la deftme principalement. i-e terrein prés de la Mer 8c au Sud , eft bas 8c fablonneux , tout couvert d’arbres , liauts 8c droits comme des Pins , l’efpace deux cens verges ou environ depuis le ri- ;e. Au-delà , vers les Montagnes , l’efpace trois milles en largeur, plus ou moins, il y a une étendue de terre marécageufe 3C pleine de Mangles , qui court tout le long entre le terrein fablonneux d’un côté , 8C le pie des montagnes de l’autre. Toutes les fois que la marée monte , elle inonde ce terrein , à travers diverfes ouvertures qu’il y a du côté de la Mer. Nous mîmes à l’an* cre vis-à-vis d’une de ces ouvertures , 8c d’a- bord j’entrai dans ma Chaloupe, pour aller chercher de l’eau douce , 8c prendre langue des Naturels du pais -, car nous voyions de la fumée , des maifbns 8c des plantations fur les coteaux , à peu de diftance de nous. La mad- rée vint à décendre avant que nous puiïions aborder -, mais il y eût encore aflez d’eau pour nous tenir à flot fans beaucoup d’em- barras. Après avoir pafle l’ouverture , nous trouvâmes un grand Lac d’eau falée , 8c nous efperions qu’il nous conduiroit à tra- vers les Mangles à la terre ferme. Je defeen- dis fur le rivage , pour examiner slil y au- roit de l’eau douce -, mais je n’en vis aucun j de foite que je rentrai dans, le lac à. ï<7. A LA K HOLLANDE. H force de rames , pour gagner la terre , où nous n’aurions pas manqué fans doute de trouver de bonne eau, f nous avions pu y arriver. Ce Lac fe partageoit en plufieurs branches , qui alloient dans le terrein cou- vert de Mangles -, mais qui ne paflbient pas au delà. Nous en laiflames quelques-unes à droit 8c à gauche , 8c nous fuivïmes le plus grand canal , qui fe rétrécirait à mefure que g nous avancions , jufqu’àme qu’il n’y eût pas moyen de paifer outre , à caufe de la bourbe &c des Mangles , où il fe ter mi noir. Nous étions alors à un mille de quelques mai- fons des Indiens, 8c de la Terre-ferme au- près des montagnes. Quoi qu’il en foit , il fallut s’en retourner, comme nous étions venus , 8c il étoit prefque nuit clofe avant que nous puiïions arriver à l’embouchûre de la Crique. Nous n’en reiïbrtîmes qu’avec beaucoup de peine , parce que l’eau étok baffe, 8c que d’ailleurs, la Mer étoit rude 8C courte fur la Barre ymalgré tout cela nous paflames , fans qu’il nous arrivât aucun fâ- cheux accident , 8c nous nous rendîmes à nô- tre Vaiifeau. Le lendemain à cinq heures du matin , nous levâmes l’ancre , 8c nous courûmes le long de la côte vers l’Eft , à la faveur des brifes de terre 8c de Mer. Celles-ci venoient du Sud Sud-Elt au Sud-Sud- Oiieft , & les au- tres du Nord au Nord-Eft. Nous eabottâ- mes ainfi l’efpace d’une vingtaine de lieues , 8c nous trouvâmes pat tout la côte droite 8c unie , fans pointes > ni crique , ni ouver- tures, pour admettre un Vaiifeau : II n’y a même aucun endroit propre à moüiller y qu a un mille ou à un mille 8i demi- du ri- & SÜÎTE DU VOYAGE vase. A peine vîmes-nous une ouverture ca- pable de recevoir nos chaloupes , & la terre zerme , nous parut toujours barricadée de Mangles : De forte qu’il n'y avoir aucune ef. perance de trouver ici de l’eau douce , non plus que des Européens, puisqu’on n’y vo- yoit aucun Havre. La terre paroiflbit alfez agréable à l’œil , du' • moins les coteaux 8c le fommet des monta- gnes etoient revêtus de bois , entremêlez de lavannes , & il y avoir une plantation d’in- diens y ou nous vîmes des Cocotiers , dont nous aurions bien voulu approcher , s’il nous eut ete poifible. Dans une carte que pavois , Jl fe trouvoit un bas fonds marqué à peu près a cette hauteur, mais je ne le vis point ^ue la Mon-' ion du Nord-Nord- Oüeft , que j’a vois pré- tendu éviter en faifant cette route, ne paroi £ ioit pas fi prochaine , que la faifon le. déman- ?,01c AV°?traue » les vents retournoient au oud-Erc ; le tems étoit beau* , & il y avoir apparence qu’il continuëroit fur ce pied là : Pouvoir ihflrer que la Monfon du iNord-Nord-Oiieft , ne viendro.it pas fi-tôr. U ailleurs-, en tournant vers le Nord de l’Ifl- fe.peroisd’y trouver- plus de calme , puifqui jeferois a l abri'des vents qui regnoient alors, de d y pouvoir ancrer ou aborder plus facile- ment que de l’autre côté , où le rivage étoir ©ouvert- de Mangles, ,*& A LA N. HOLLANDE. . ïf Ainfi le dix-huit fur le midi , )e changeai de route 8c je retournai vers le Sud-O'ueft de Hile. Nous dardâmes ce jour-là un Dauphin \ le dix-neuf, nous en vîmes deux autres 5C une Baleine. ,,T/1 Le foir du dix- huit , nous apperçumes 1 Ifle Rotée > 8c une autre à fon Sud-, qui n’etoit point marquée dans ma carte, toutes deux au Sud-Oiieft de Timor. Le jour nousjoyons de la fumée , 8c la nuit des feux fur 1 une 8C l’autre de ces Ifles , comme nous en avions vu fur Timor , depuis que nous étions arrivez à ce parage. Les Portugais me dirent?, enfui- te qu’ils avoient des Sucreries a 1 Iflçf Rotee , ce que jë ne flivois pas alors j mais la cote m’en parut fi féche 8c fi nue , à la rèferve de quelques endroits, par-ci parla, où il y avoir des arbres , que je n’eflayai point d y mouiller , 8c que je continiiai ma route vers Timor. . . .... Le vingt-un de Septembre au marin , je vis une aflez grande ouverture , où j’entrai d’a- bord la fonde à la main ymais je ne trouvai point de fond , jufqu a ce que non s eûmes dou- blé le Cap Oriental, de l’embouchure de ce Golfe - où j’ancrai à neuf bradés d’eau, ôc à une lieue du rivage. La diftance de l’Eft à l’Queft de cette ouverture , étoit d’environ cinq lieuës.Je croyois que c’étoit un détroit qui couroit bien avant dans rifle Timor î mais je trouvai enfuite que c’é'toit un pafla- ge entre î’Oûeft de Timor 8c une petite Ifle nommée Anamabao , ou Anabao. Ma Carte- Marine , qui reprefentoit les deux cotez de cette ouverture joints enfemble , fous le norn de Timor , étoit la- fource de mon erreur» Tout ceci elt rectifié' dans la g I I m ». Ê I M i ^cite cfEITÈ Üïï VOYA?E rVV°'^°1;' ’’ * ‘O"" ^ ^pairage TpLZ d^t.ï&itlXSSSiïZ ■ pHde run,VK’ tîïéSde,a.Mer> ètoic’rem: fo t éDak ifi 1 autre, côîé >• de M angles au/ïï h,>ns q iet01e?C d aill^urs fort verds, ^avw^e leî arbres > q« paroiïFoien S'ie oZ Sl m ie P/r'S* H ne &ifoir alors Pe pour ront ’ alnfi ^v°yai ma chaIou‘ len^ cni ^ a7c ordre à c*u* de mes tesLlîeV r?dUir°!:enCJ’ de m’^rar par roien? fiVi f - profonde^r qu’ils trouve- S eiOIt ardeddus de huit braA &e s’ik Vn ?UCr to.ulours fans faire aucun P.IÎÎ5 » en trouvoienc au de-là. îe levai fcîis re&0rj? heuiesdu matin , par un vent- 3 " Ie fui-vis ma chaloupe ; mais if» Tournai plus vêts la côte à parce ’ y v°y°,s.?“an«té déplus petites otîver- Havre onnr !elperoIS dV trouver un bon & Que’ôe M / me«remon Vaiflêau à l’abri avec Dluv'it LaurRls Pl> envoyer mes Canots douceP Te d® furerec>. pour Percher de l’eau douce. Je navois fait que peu de chemin tant 3e v ÔiVent fe ™‘ ™ Snd-fcft , ™ec Pour SJS* ’ q!' 11 n auroic pas été fùr od le veùrdJapprOCher plu5 de ce côte-là , ou le vent donnoit a plomb. Ainlî je tour q«néwaeth? Orientale de Timor,’ fur la- cour f_X chal?1Jpee.t01c- Je la «pris , & je * ancre le matin , fe trouvoir à pre-. t<>9. A LA N. HOLLANDE. i? fent éloigné de trois lieties , Sud quarc à rOüeit , & une autre pointe de l*Ifle étoit au Nord-Nord- Efï , à deux lieues dé nous. Bien- toc après nous vîmes une Barque qui doubloit ce dernier Cap , Sc qui pOrtoit lô Pavillon Hollandois. J y envoyai ma cha- loupe , qui trouva qu’eile appartenoit au Fort nommé la Concorde, le feul que les Hollandois ayent fur cette Ifie , Sc dont nous étions éloignez de cinq lieues ou environ. Le Gouverneur étoit dans cette Barque , avec trente ou quarante Soldats. Il fût d’aurant plus fiirpris de nous voir îà , que c’eft un paf- fage prefque inconnu à tout le monde, à là îéierve des Hollandois , comme il le dit à mes gens , Sc il n’avoit pas même trop d’en- vie que nous approchaflions de fon Fore pouf faire de l’eau. Du moins il ajouta qu’on n’en t-rouvoit qu’au Fort ddnS fout ce quattîëc de l’Ifle , Sc que les Naturels du païs nous tuëroient fî nous y abordions. D’ailleurs à la vûë des armes , que mes gens avoient dans la chaloupe > U nous prit pour^ des Pirates , Sc il ne fe finit pas trop à cé qu’ils lui difoient de nous , ou de nôtre Voya- ge. Il leur raconta même , que depuis en-* Viron deux années , il y avoir eu un gros Vai fléau de Pirates François -, qui , après avoir fait aiguade , ' Sc serre bien rafraîchis * avoient pillé Sc faccagé les maifons des In- diens , qui relevoient du Fort , malgré le bon accueil qu’ils y avoient reçu. -Les Portin* gais d’ici nous dirent enfuite que ces Pira- tes avoient aufli brûlé leurs maifons, pris le Fore des Hollandois , quoi que ceux-ci no voulurent pas s’en vanter , Sc contraint Je? # SUITE DU VOYAGE Gouverneur , avec les gens du Comptoir , de le retirer chez les Indiens fauvages leurs ennemis; Au refie, les Hoilandois crurent <)iie j’avois à bord des gens de plufîeurs Na-' tiens , ce qui effilez ordinaire aux Pira- tes, quoi que je n’tneufîe aucun qui enten- dit leur langue * & qu’on parlât toujours François avec eux; ou bien, fur ce que les Cartes communes n’obfervent point qu’il y ait un pa{Tage entre Timor & Anabao , dont elles ne font qu'une Me , ils foupçonnerent que nous avions attrapé leurs Carres particu- lières fur quelqu’un de leurs Vai/îeaux , puis' qu’il leur eft défendu exprefîement de les donner à perfbnne. Les Hoilandois s’en retournèrent à leur Fort1 avec ces préjugez dans l’efprit , & ma cha- loupe vint me l’annoncer : mais jfè ne perdis; pas courage à l’ouie de cette nouvelle , bierv perfuadé que h jepouvois m’entretenir avec éux , je les ramenerois à cet égard , & qu’ils1 aùrbiént meilleure opinion de nous. Dans- cette vue, le lendemain matin je levai l’a..r cre , £c je fis voile vers le Fort. Le vent étoit un peu contraire , de forte qu’il nous fallut virer de bord deux ou trois fois. Lors que nous approchâmes du bout de ce paf- fage entre Timor 8c Anabao , nous vîmes plufîeurs maifons de l’un & de l’autre côté , qui n’étoient pas éloignées de la Mer, & quantité de bâteaux prés du rivage. La terre croit afTez haute des deux cotez , quoi que celle de Timot îé fût plus *, mais elle pa- roifToit aride & rougeâtre par tout. Les arbres y étoient petits, fecs en divers en- droits, & il n’y en a voit pas beaucoup en- semble. 1^99 A LA K-. HOLLANDE. if L’I/le Anamabao ou Anabao , n’a guère plus de dix lieues de long & quatre de lar- ge. Gela n’empêche prrs qu’elle ne fou divi- fee en deux Royaumes , celurd’Anamabao qui fe trouve à l’Lft vers Timor, & au Nord- Eft , & celui d’Anabao qui occupe l’Oüeft ÔC k Stid.Qüeid de l’Ittë y mais je ne fçai quel des deux eft le plus grand. Les Naturels du païs font Indiens , ils ont le teint bafané & les cheveux noirs SC tout droits. Ceux d’A- namabio font en ligue avec les Hollandois ? & les Naturels du Royaume de Cupang , qui eft vis à vis d’eux dans Timor, & où les Hollandois ont bâti leur Fort ta Concor- „ de : mais ils font ennemis mortels , à ce qu’on dit, de leurs voifins d’Anabao. Ceux- ci s’adonnent à la culture de leurs petites Plantations , où il y a des racines ÔC quelque peu de Cocotiers , ils prennent des Tortues , ils vont à la pêche & à la chatte des Bufles, qu’ils tuent avec des épées , des dates, ou des lances. Je ne fai d'où ils tirent leur fer , quoi qu’ils Payent fans doute des Hollandois ou des Portugais , qui leur envoyent de tems en tems une barque , avec des gens bien armez , pour trafiquer avec eux /car les Naturels du païs ne manque- raient pas de les tuer , s’ils pouvoient les- Surprendre. Ces Indiens vont toujours ar- mez^ lors qu’ils vont à la pêche où à la chaf- fe , ils relient quatre ou cinq jours , Si même plus -, dehors , avant que de retourner chez eux. Nous en vîmes pluüeurs occupez à cette forte d’exercice } mais- ils ne vouloient pas approcher de nous. Ils font fecher & fumer fur un Barbacue , ou une efpece de grille de bois , fort exaucée au-deifus de la flamme * I *> SUITE DU VOYAGE . le poifion i & la choir des bê res qu’lis pren- nent , de fis les portent à leurs habitations * outre ce q u 1s en con/ument pour leur be- roin prefent. Nous rencontrâmes enfuite quel- ques-uns tierces où ils avoient de point ° afeCher 3 mâls nous n’y touchâmes , PoHr avenir â ma navigation , mon de/Tcitv n etoit pas de m arrêter aucune parc , jufqu’à fe que je fu (Te prés du Fort * cependant je ne le vis point : mais à notre arrivée au bouc de ce paffage , nous trouvâmes que fi nous allions plus loin , nous ferions de nouveau expofetf ii*rfttH*de«rb Mer" i?lIîïi ie/aDSçai la côte a i tft d autfr pres qu’il me fiât poffible , &? cous mouillâmes à quatre brades d’eau » “oirk^oh* bble V ï?ù »*'ne. Pûs encorc' voir le rorty a caufe dune pointe de ter- fe » qui nous en dérobôit la vue. J’envoyai donc ma chaloupe pour le découvrir : mes*, gens revinrent bien tôt pour me dire qu’ils l™?1™1 aPper^ ’ m,a[s qu’ils ne s’en étoient pas approchez , & qu il pouvoic être à quatre: ou cinq milles dé nous. Comme il étoit dé- jà tard , je ne voulus pas y envoyer ma cha- loupe jufqu au lendemain marin : cependant' Fnrr^1! tr°1S ?ns IndienS > du voi finage du v?rn J1r Tt^ranSd0Ut;epaT 0rdre da Gou- verneur , le camper vis a vis de nôtre Vaifleaii fur la Bayefablonneufe, où ils paflerenfc tou! te la nuit y & firent de bons feux. Ils étoient flïïrï ? IanCeS î d epèes & de boucliers , dd ils firent un grand tintamarre jufques au jour : Nous crûmes que c’étoit pour nous effrayer & nous emoêrh^r 1 v _ ; o_ ~ w j-'wlil uuu5 crciayc & nous -empêcher de mettre pied à terre, Cv Æaa^pas"1 bPeauncoup.malS Cda ne nüU* A IA N. HOLLANDE. 2t Le lendemain matin , qui fut le vingt- trois de Septembre, j’envoyai mon Ecrivain dans nu Pinafle , avec un jeune homme qui par- loir François, pour certifier au Gouverneur que nous étions des Anglois , à bord d un Vai fléau du Roi, & lui demander de Peau, iVlon Ecrivain à l’approche du Fort , vît pa- roître le Gouverneur à terre , qui lui fit dir- verfes queftions fur ce que j’etois ,|& fur les affaires qui m’amenoient dans ces quartiers^- là : Il lui répondit que j’avois une com- mifllon du Roi de la Grand Bretagne , 8c que .je fouhaitois de lui parler. JLà-dcflus le Gouverneur lui fit figne de verni r à terre $ mais aufli-tôt qu’il eut vu quelques armes vers la proue de la Pinafle , il lui commatv da de s’en retourner au plus vîte. Mon Ecri- vain le pria avec inllance qu’il lui permît de rentretenit un moment j à quoi il confentit à la fin , & il lui envoya fo.n Lieutenant ac- compagné de trois Marchands &c d’une cer- taine d’indiens , en $uifc de Gardes , pour le recevoir. Alors pion Ecrivain lui dit que nous manquions beaucoup d’çau , &c qu’il efperoit qu’il voudrait bien nous permettre de venir à leur aiguade , pour y remplir nos Barriques. Le Gouverneur répondit qu’il avoit ordre de n’en fournir qui leurs pro- pres Vaifleaux de la Compagnie des Indes Orientales : qu’ils ne dévoient pas fou flair qu’aucun Européen prit la route que nous avions fuivie , &c qu’il s’étonnoit comment nous ozions approcher de leur Fort. Mon E- crivain lui répliqua , que le befom que nous avions d’eau douce , noos au r oit obligez d’a- border là pour en chercher , quand même nous aurions été de leurs ennemis : Mais vous Il il" i: { î & SUITE DU VOYAGE ^99, etes venus , reprit leGouverneur } pour épier .notre .•Commerce , ,& voir l’état de nos for- ces ; amlï vous n’avez rqua vous retirer au plus vite. Mon Ecrivain i n lifta , que ie n’a- vois aucun deflein de cette nature , que nous n approcherions pas du Fort s’il vouloir nous -envoyer de 1 eau à nôtre bord , qui é.toit à deux licites de-la , & que j’en payerois tour ce qui feroit jufte & raifonnable. Le Gou- - ve*fîeur promit que nous au rions autant d’eau qu il nous tn faudroit , que fi nous envoyons fflotre Chaloupe -avec des Barriques vuides elle pouvoir mouiller à la hauteur du Fort* qu il ordonneroifâ des efclav.es d’aller près! dre qos Barriques & de les remplir j mais qu aucun de nos gens ne mertroit pied à ter- te. Su J vaut cet ordre, j’envoyai ma chaioii. pe 1 après-midi avec un Officier , & un pré- sent de hiere pour le Gouverneur, qui ne W nvipas lacceptcr> & q“.« ne m’envoya qu environ un tonneau d’eau. ■ Le 24. au matin je lui renvoyai 4e même Officier avec ma chaloupe , qui revint vers duComo’rT Princ'Paux Marchands du Comptoir , & le Lieutenant du Fort , pour ™„UCOffiae,CIU o S on avolt gardé en ôtaqe mon Officier, & un des Matelots , qu’on onfina dans le jardin du Gouverneur. On leeFn?r11 Ut 'PaS foulftrl,r.c!u'iis entraffent dans ie Fort , parce que les Holfandois fe dëfîoienc de nous , a ce que mon Officier me dit • mais dans la Élite ils n’eurent aucune iaiou-’ oue cer eqU1Pa5e, ’ * h m’appcrcûs ?eur inA?ffiïCr/*ay01t tâche rriaIi-gnemen.£ de Jeur mfpirer des foupçons à mon égard. A près Officiers' CCJU- Macelot> quelques Officiers Hollandais vinrent à mon bord le A LA N. HOLLANDE. . a| loir de ce même jour : je les régalai du mieu£ qu’il me fut poffible , je leur fis quelques prefens , 8c je les renvoyai affcz bien faus- sai ts de moi. Le vingt ping au matin , le me- me Officier retourna à terre avec la chalou- pe 5c il revint rçie dire de la part du Gouver- neur, qu’il nous falloir payer .quatre piaftrcÿ pour chaque charge d’eau : ce qui étoit une ménterie infigne > comme je l’appus en/uite du Gouverneur même, &c de tous fes Offi- ciers , qui me protefterént que bien loin d en avoir demande ce prix4à , ils n’exlgeoicnp autre chofe de moi , que de donner aux hlcla- ves ce que je voudrons pour leur peine. Le Gouverneur , qui étoic un homme civil , "honnête & de bon fens > 8c qui avoir déjà meilleure opinion de moi , qu’il n’en avoir d’abord conçu la première fois que mon Ecri- vain lui parla > 8c que mon Officier ne lui en vouloir infpirer, fut choque de voir que le dernier n’oirblioit ripn pour me rendre odieux. D’ailleurs, il me fit prefent d’un pe- tit Agneau fort gras , 8c je lui envoyai en échange deux Poules de Guinées » que j avois portées de faint Jago , 5c dont on ne trouve aucune ici. D’un autre côté , J avois a bord vingt-deux barriques d’eau , apres en avoir obtenu ici quatorze, pour lefquelies faurois paye de ,bon coeur , fi j’avois ofe .renvoyer ma chalou- pe à terre : mais mon Officier , qui ne pen- foit qu’à me jouer^de mauvais tours , me dit qu’ri y avoir plus de canons braquez fur le fort , qu’à nôtre arrivée i qu’il n’avoir pas vû les Meilleurs qui étaient venus à bord de nôtre Vaiflêau le jour precedent i qu’il fe dé- voient de nous , 5c que le Gouverneur me- M SUITE DU VOYAGE t^9i nie en avoit agi d’une maniéré afie-z rude à ion egard. A l’oiiie de.ce récit , qui ne m’étoit pas alors fufpeét , je con-fultai avec mes au- tres Officiers , pour fa voir quel Parti pren- dre dans cette occa (ion ; puis qu’il fembloir que le Gouverneur eût deffein de rompre avec nous. Tous mes Officiers crûrent qu’on ne pouvoir inferer autre chofe de fa condui- te ; qu’il n’etoit pas fur de renvoyer la cha- loupe à terre, de peur qu’on ne la retint* & qu il valoir mieux aller chercher de l’eau quelque autre part , comme je ne doutois pas que nous. n’en trouvaffions bien- tôt dans te voifinage. Mais l’Officier, qui nous avoit anfpire ces .craintes, à la faveur de fes arti- fices , n etoit pas d’avis qu’on pouffât plus loin ; trés-mal difpofe lui-même pour ce Voyage, il ne cherchoir , autant que je pûs m en appercevoir,qu’à y former des obftacies, a rebuter mes gens , & a faire avancer nôtre retour : il régligeoit tour ce que je lui re- corn ma n dois , ou il s’en acquitok mal & à contrecœur , quoi que je Me tout au mon- de pour le gagner. Ce n’eft pas tout , il vou- loir exciter les Matelots à la révolte , fous prétexte que fi quelque Vaiffeau Hollandois mus rencontrait dans ces Mers- là , il auroit droit de nous prendre : Mais mieux inftruit que lui a cet egard , je ne craignois rien de ÎC;L5 J evitois avec loin de donner aucun jutre fujet de plainte. Réfolu donc à quitter ce parage , après avoir acheté quelque poiffon des Jndiensd’À- namabao, qui alioient ôc venoient tous les jours à la vue de nôtre Vaiffeau, pour nous en offrir , je mis à la voile le vingt- fix de Sep- tembre, vers les cinq heures du fôir. îsloi^s pal- i*99- A LA N. HOLLANDE. it paffames entre le Fort & une petite Me baffe êc fablonneufe, remplie de Bayes ,& couver- tes d Arbtes affez hauts ; nous eûmes depuis jufqu a 3f. braffes d’eau , un fond de vafe. On peut voir la petite Carte de ce paffage » Planche VI. N°. i. & Le 17. au matin nous ancrâmes au milieu de la Baye Cupang , à douze braffes d'eau, un fond de vafe molle , & à quatre lieues où environ au delà du Fort des Hollandois. Te ne fai pour quelle raifon leur barque lon- gue , qui étoit auprès de ce Fort 9 rira la nuit un coup de canon ; mats le Gouverneur nous dit enfuite quelle Maître Ta voit- fait de lui- meme tans qu il lui en eut donné aucun or- dre. Auffi-tôt que nous eûmes ancré j’al- r ,avSC ma Pinaffe Pour chercher de l’eau fur la Baye , mais je n’en trouvai point. Ain/î étant retourné à mon bord je levai l’an- cre 8c je m'avançai jufques à l’entrée Sep- tentrionale de la Baye, où je moiiillai à fepe heures du foir, à trente- Tept braffes d’eau , un fond de vafe molle , tour auprès de F Me fablonneufe. Le 28. j’envoiai mes deux cha- loupes a terre fur cette Me , pour y faire du bois , & vers le midi elles en revinrent char- gées. L après-midi j’envoiai ma pinaffe à terre fur la cote Septentrionale, où la pointe, apellee Babao5de la Baye Cupang. Mes gens retournèrent la nuit affez tard , & me dirent qu ils avoient vu quantité de traces de Bufles, fans voir aucun de ces animaux , & qu’ils n a voient point trouvé d’eau douce. Ils virent urWuligator! Ve"eS dans la met * & 1 Lf a-9- ’e/ortis de Baye Cupang , dans dr«T/e tanSet U côte SePcen"ionalB %€ SUITE DU VOVAGE 1699, de Timor vers l’EiUtant pour chercher d’eau , .que pour çonnoitre Ja fituation de i’Ifle , 8c découvrir les planracions des Portugais qu’on nous avoir dit être à quarante lieues ou en- viron j à l’Eft de ce parage. Nous côtoiames tout le long, à la faveur des Bribes de terre 8c de mer. Le terrain près du rivage étoit d’une hauteur médiocre *, mais plus avant dans le pais, il y avoit des montagnes fort remarquables , dont les co- peaux étoient entremêlez de bois 8c do fa- vannes. Les arbres y paroiflbient petits ëC fecs : les favannes , d’une couleur jaunâtre , ne femblôient pas li riantes ni Ci fleuries que celles que nous vîmes au Sud de l’I/le, 8C l’herbe en étoit féche , comme fi elle eut man- qué d’humidité. Maisdans les Vallées 8c pro- che de la mer , les arbres paroiflbient d’un verd plus vif. Quoi qu’il en foit , je ne re- marquai ni mouillage, ni ouverture, jufqu’an trente , après-midi. „ Nous cabotions le long de la cote, a qua- tre lieues ou environ du rivage , à la faveur d’une petite brize de mer , lors que nous aperçûmes une Bayeaflez profonde, qui fem- blou être une bonne rade pour y ancrer. Il y avoit deux grandes vallées & une plus pe- tite , qui fe réduifoienr en une feule au bas des montagnes , vis à vis de cefte Baye, qui ètoit couverte de grands arbres bien verds, ie tournai d’abord le Cap de ce côte-la , 8c l’avançai à deux lieues de terre. Enfuite fenvoiai ma pinafle , avec mon principal contre- Maître , fur le foin , la fidélité 8c la diligence duquel je me repofois beaucoup : le lui ordonnai de chercher de l’eau dou- çe , 8c s’il en trouvoit , de fonder la &99- A LA N. HOLLANDE. if de me raporter quel mouillage il y avoit * & de revenir au plutôt à ‘bord du vaif- feau. Dès qu’il fut parti , je reculai un peu , 8c je mis a 1 ancre. Le jour étoit déjà fort avan- ce; de forte qu’il étoit affez tard avant que mes gens pu/Tent arriver à terre , & qu’ils ne revinrent pas de toute la nuit. Cela me donna beaucoup d’inquietude ; parce que le *OILmêmc * aPres qu^ D brize de mer eue pa«e 8c que le calme fut venu , je m’aper- çus que le vailfeau dérivoit à l’Oueft. Je ne connoiflois pas encore les marées de ces quartiers ; jufques ici je n’en avois trouvé aucune forte autour de l’ifle , ni qui formât prefque un courant , capable de me portée fur l’un ou 1 autre rivage : Mais dans la fui- te j en rencontrai plufieurs , 8c à prefent le flux tournoie à l'Eft , & ]c reüux à l’Oueft. L Ebbe , qui me faifoit dériver ce /bir , eft tres-forte , & coule pendant huit ou neuf heures. Le montant eft allez foible , ôc ne continué qu’environ quatre heures tout au plus; on ne l’aperçoit même que vers le ri- vage , où il grofîit les houles , & il fait croî- tre 1 eau dans les Bayes & les rivières de huit ou neuf pieds. Quelques Portugais m'infor- mèrent enfuite que le courant tourne tou- jours a l’Oueft dans le canal du milieu , qui cil entre cette Me Si la chaîne de celles qui la regardent au Nord , favoir , Mificomba , ou üraba , Pintare , Laubana , Ende , ôcc Amfi nous dérivâmes quatre lieues en ar- nere , 8c nous remarquâmes une pointe , qui reffembloit au Cap de Flambourg, lorsque nous en étions à i’Eft ou à l’oSeft ; niais qui avoit la figure d’une Ifle , près du riva- B a *8 SUITE DU VOYAGE t^99. ge. A quatre ou cinq lieues à l’Eft de cette pointe il y en a un autre fort remarquable , qui eft plate , Sc à l’Oüeit de la Baye où étoit 10a PinalTe. On peur en voir deux profils dans la Planche VI. RK deux , trois. Nous ne pû- mes tenir contre la marée que vers les trois heures de l'après-midi; alors elle nous devint favorable , 8c nous arrivâmes bien-tôt au de- vant de la Baye , d’où nous aperçûmes une petite Iile à nôtre Eli , que j’ai faite defîiner dans la même Planche VI. N°. quatre. Vers les fix heures nous mo.iiillames au fond de la Baye , à vingt-cinq braffes d’eau , un fond de yafe molle, 8c à demi mille du rivage. Je fs quantité de. f$ux feux durant cette nuit , 8c l’on droit un coup de canon de tems en tems , afin que ma Pmafie me pût retrou- ver , mais tout cela fut inutile, fe lendemain matin je trouvai que le Jufant m avoir en- . core fait dériver trois ou quatre lieues à i'Q.iieft de l’endroit où j’avoi.s lai fie ma Cha- loupe. Plufieurs de mes gens qui étoientaux aguets ne la purent découvrir , cependant nous dérivions toujours à l’OUeft , parce que le peu de yent qu9il faifoic nous étoit con- traire. Enfin fur les dix heures nous eûmes te plailir de la revoir, 8c à onze elle nous feignit avec deux barriques de frés-bonne eau. Le contre- Maître nous dit que l’ancrage étoit bon tout auprès de l’aiguade , mais que la marée étoit fi forte proche du bord qu’il y avoir beaucoup de danger , & qu’il n’a- voit ofe revenir durant la nuit à caufe de l’a- gitation des vagues. La brife de mer foufloit alors , ainfi nous tournâmes du côté de la Baye ; 'mais à peiné U§9- A LA N. HOLLANDE. 10 pouvions- nous tenir contre la marée jufqu’à ce que le flux revint vers les trois heures de l’aprés-midiyqui nous fit aller bien vite. Nous ancrâmes dans la Raye vers les fix heures , à vingt- cinq brades d’eau , un font vafart , 8c à demi mille du rivage. Le lendemain matin fail ai à terre pour y faire de l’eau , 8c avarre la nuit j’en envoiai huit tonneaux à nôtre bord. Nous la puifa- mes d’un étang à cinquante pas de la mer* Elle étoit pâle , mais fort bonne , 8c cui- foit très-bien les pôis.f D’ailleurs , je vis les traces d’un Alligator- A quelque diflan^ ce de là nous trouvâmes le timon d’une Pi-* rogue , ou barque Malaienne, trois grandes jarres contre un arbre, fous un apentis , 8C un Rarbacuë, où l’on avoir feehè du poiflon 8c de la chair de buftks, dont les os étoiené à quartier. En trois jours de rems nous remplimeà vingt-fix Tonneaux d’eau , & nous en eûmes alors environ trente en tout. Nous emploia- mes les deux jours fuivans à pêcher avec la Seime , 8c le premier matin nous primes aflez de poiflon pour fervir à tout. mon équi- page ; mais nôtre capture ne fut pas fi heu- reufe dans la fuite. J’envoiai quelques-uns de mes gens avec le maître Charpentier pour couper du bois propre à réparer mes chaloupes , 8c je leur donnai toujours trois où quatre hommes armez pour les garan- tir de toute furprife. Je leur fis voir les ar- bres qu’il nous faloit^fur tout l'arbre à Ca*» lebaces 8c le Maho, auflî-bien que la ma- niéré doter l’écorce du dernier , 8c d’en faire des cordes , 8cc. Quelques autres al- lèrent à la chafle aux oifeaux , 8c ils tuerem B 3 t'y ' &> . SUITE DU VOYAGE ,/roa &cPfcmc ’iofS perrot3uets » des cacitatou^' ks âutr«" m i8DrS tou,ours avec les uns ou rur touc avec les Charpen- xetuerl" pZ^'Z' ’ & de nou» î-e fa d’Oftobre , je tnis à la voile fur le» 5«"e h?ur« de rapr'ès-midi, dans le d f pôâuL“b?Ienf|,tf‘ ’ i'-'.^uaux habitations iuenou avion, r5"°UVa ie .'“demain matin tTs z^âbË itë' nr ~ à midt que nou^vuirnes Til^ZmZZ o î>nTe de mfr ca.ime* Mais ce *our la in^s à la h Çue nous pa/Fa- livS a la hauteur de cette Ille , & au’avanr LnüEVOUS £ameS à kpt lieuës au ^e"la de ti01& on'? * “*! gre"ier ’ eile eft airez b*»- du’hm.r d„ÇBt ]a V-0,r de dix lieuës “ mer «lu haut du grand mat d un vaiffbau Le fom bles^eUe'elî àe/eS c°ltzJoni couverts d’ar- guad’e V£fa“™““““ ^^nre0mrdeeÆ: t*Durant^0r^g^sle^0^1^rd”Clr’*^®>‘a^>*taT r.s ouzealafaveur d’une brife de mer allez frai che, nous coutumes le long delà côte , ju£ t6ç)ej. A LA N. HOLLAKpH. . p qu’à ce qu’à la vue de quantité de maifons prés de la mer , nous tournâmes le Cap vers la terre. Lors que nous en fumes à deux mil- les , j’y envoiai ma chaloupe, avec un Of- ficier & un Matelot Portugais , que j’avois amené du Brefil , & je mis à la Cape pour les atendre. Il y avoir de la Cavalerie & de l’Infanterie fur la Baye : de forte que for-; donnai à mon Officier de dire à celui qui les commarïdoit , que nous étions Ariglois , que nous venions là pour avoir quelques rafraichiflemens. D'abord que la chaloupe fût à terre , & que les habitans eurent apris qui nous étions , ils en témoignèrent beau- coup de joie : ils me firent affûrer que j’é- tois le bien venu , que j’aurois de tout ce que rifle fournifloit j mais que je devois pouffer un peu plus haut au de-là d’une pe- tite pointe, où je verrois plus de maifons , &C qu’ils fe tiendraient fur la Baye , vis à vis du lieu où il faloit ancrer. Mes gens re- vinrent auffi-tôt avec cette nouvelle , &c ils m’aprirent que le Gouverneur demeurait à fept milles ou environ plus avant dans le païs *, que le Lieutenant , qui commandoit ces Troupes, me prioit d*âller à terre, avec un de mes Officiers , d’abord que mon Vaif- feau feroit à l’ancre , & que nous irions en- fcmblevoir le Gouverneur , pour l’informer de nôtre arrivée. Je mis donc à la voile vers cet endroit , & à cinq heures je moüillai dans la Baye Laphao, à vingt brafles d'eau , un fond vafart , vis à vis de la Ville. Dans le Chapitre fuivant , je donnerai une defcri- ption de cette Place, & de J’Etabliflemenc que les Portugais y ont. Mon vaifléau ne fut pas plutôt à l’ancre , B 4 ** SUITE DU VOVACP ^ Sr&r^t^SSS ^■oùVÆ^n&’n4 £n $ qu!is feroient bien aifes dVn 5 & Marchandée de ITurope que ce0Atq vLqr«e.MarCila?dife * ‘'turop - ^* * ers les onze heures mon j£«a»s to&sî, s* sS^îSsa mais ion Lieutenant, qu’il Lavoir oirr, J nous étions les bien- venus », olt a refte 5 raais raon Officier nous qüe nousn en «ions pas trop pou" 1699. A LA N. HOLLANDE. ïj Le treize , ce Lieutenant de Gouverneur m’envoia un prefent à bord de deux jeunes Bulles, de fix Chèvres , de quatre Chevreaux, de cent quarante Noix de Coco, de trois cens Mangos 5c de fix J acks murs. Cela ne pût que nous être bien agréable , 5c durant le rems que nous reliâmes ici nous eûmes tous les jours de nouvelles prov.ifîons, 5c quan- tité de Fruits , en forte que ceux de mes gens qui avoient été malades du Scorbut fe rétablirent bien-tôt. J’allai diverfes fois â terre , 5c une fur tout pour voir le Lieutenant du Gouverneur , qui s’y rendit exprès de la campagne. Ce fut alors qu’il y eut des fa- luts , ÔC qu’on tira le canon du Fort 5c de mon Vailfeau. Nôtre entrevûe iè fit dans une petite Eglife,où tout ce qu’il y avoit de gens de quelque façon fe rendirent , pen- dant que la foule du peuple étoit dehors à nous épier. Cetre Eghfe n’étoit enfermée d’une ^ muraille qu’à l’Eft ; mais à l’Otiell 5c aux ailes il n’y avoir qu’une fimple palifîar- de de planches à la hauteur de trois ou qua- tre pieds du rez de terre. Je ne vis que deux blancs parmi tout ce monde; c’eft-à-d.ire , un Prêrre, qui étoit venu avec le Gouver- neur , 5c un Bourgeois de la Ville. Tous les autres étoient de couleur de cuivre jaune, 5c avoient les cheveux noirs & aplatis- Nous reliâmes à peu près deux heures enfemble à nous entretenir par le rnoien d’un Interprè- te. Je m’informai fur roue des Saifons de 1 année , 5c du tems auqùel on croioit que la Monfon du Nord- Nord O lie 11 commen- ceroit à fonder. Le Lieutenant me répondit qu on attendoit de voir changer le vent à toute heure ; que cette Monfon venoit queL 34 SUITE DU VOYAGE gués années au mois de Septembre ; 3r. %ne manquoit jamais d'arriver en Octo. a ’ ^CIU lime prioir a in/î de quitter au plû renir fur les ancres , Jors que ces vents fouf fioient. Je lui demandai s’il nV avoir pas ftc.H avre aux environs, où "e pûffb ewe a 1 abri de la première furie de ces vents l’Eft de I lifh * 2 V1»n,gt ,lleues ou environ à btlns - nS * qu ü n Y av°it point d’ha- Ditans , mais une nviere d’eau douce avec quantité de poi/Ton, & que fi je vou ois v û J cnvoieroic du monde avec des cochons 3 des chèvres & des bufîes , qu’ils tro tdks On me dit enfuite , qu a l’Eft de l*ï/i- r„ le6 PortSUn S" b'°n H'“ Vdl j, S > 9“ iy trouverois quantité *}' * n1,ffemens Pout mon équipage . & itle MS”” mon vai qui les avoient menacez de tirée fur eux j quoi qu’elles ne le Ment pas , 5c qui leur avouent dit que c’étoit le Port dii Roi de Portugal. A quelque diftance de là ils virent une autre barque qui alla mouil- ler tout auprès du rivage , 5c dont les hom- mes s’enfuirent à terre; mais fur ce que mes gens les appellerent en Portugais ils vinrent à eux , 5c leur apprirent que l’endroit où ils vendent de voir les deux barques ètoit Sefial. Ils ne l’auroient pas crû fi ces Ma- telocs ne les en avoient ailurez , puis que ce n’effc qu'une méchante petite Anfe , ex- pofée au vent du Nord, qu’il y a des Ro- chers de l’un 5c de l’autre côté de fon en- trée , 5c que le canal eft fi étroit qu’il y auroit eu du rifque à nous y engager. Cepen- dant je m’en aprochai avec le vaifieau pour en être mieux informé , 5c je trouvai qu’ils m’en avoient fait une defeription bien exa- cte. Je mis à \a cape pour confiderer le parti que je prendrais \ mon defiein étoit de m’arrêter , s’il ètoit pofifible, dans un endroit où l’on pût avoir des provifions fraiches , car quoi que mes gens fufifent afiez bien réta- blis 5c qu’ils n’eufifent plus le Scorbut , j’é- tois ravi qu’ils fe donnaient du bon mais j.ufqu’à mon déparr. D’ailleurs mon vaifièau avoit grand befoin d’être efpalmé , 5c j’é- tois refolu de le faire au plûtôt , s’il y avoit moi en. Après avoir confideré toutes chofes je crus qu’il valoir mieux retourner à Babao 3 dont nous étions éloignez de foixante lieues ou environ à l’£ft. De force que le vingt-trois aufoir je mis le Cap à l’Oiieft , 5c nous eu.» ?s SOTTE DU VOŸAGË iSpÿL ines de petites brizes de mer & de terre. La cote eft faine par tout , fans aucun bas- fonds de je ne vis qu’une Ifle , en tour- nant à 1 Eft. L’interieur du pars eft fort plein de montagnes ; mais il y a quelques gran- des vallées vers l’extrémité Orientale.- Les montagnes 8c les vallées en deçà font pref- que tout-à- fait fteriles , 8i il n’y avoit point a endroit qui paî'îït aufîi agreabie que celui ou j avois fait aiguade. Le 27. nous arriva- îïies^ dans la Baye Cupang, & le lendemain apres avoir fondé la Rade de Babao , j’y mouillai à vingt bra/Tes d’eau , un fond vafart , a trois milles^ de terre. J’étois venu ici , pour être en fureté , donner la caréné à mon Vaifleau , & nourrir mes gens de poiffon 8c de chair de bufle afin d'épargner la viande falee qui me reftoit. D^ailleurs , il n’y avoit pas trop d’apparence que je puffe radou- ber^ de quelque tems , mon Vaiffeau , puis que la plupart des chofês nécefîaires me man- quoient, 8c fur tout un Ponton. J’avois une longue Barque en fagot , que j’avois prife en Angleterre , 8c qui auroit pu me fervir a cet ufage; mais mon Charpentier n’étoit pas capable de la monter. Outre cela, foie par ignorance , ou par malice, il avoit em- ploie prefque toute la poix que nous avions a braier les cotez du navire j de forte qu'il n en reftoit point pour le fond du Vaiffeau , «x que je refol us de faire ici une efpece de chaux, qui détrempée avec de l’huile pou- voir tenir heu de goudron. Je me ferois po- fte entre l’Ifle de la Croix 8c Timor , s’il n y avoir pas eu de rifque , 8c j’y aurois ha- ie mon Vaifieau à terre , parce qu’il y avoir un endroit fort propre à cela y mais outtç UP9- A LA N. HOLLANDE. 3$ qu’il étoit trop pointu pour l’y hafarder, il auroit falu en forcir toute la charge , & je n’avois ni aflez de chaloupes pour la tranf- porter à terre , ni alfez de monde pour l’y garder enfuite ; car mes gens n’auroient pas manqué alors d’occupation. Quoi qu’il n’y ait pas des Indiens habituez dans le voifi- nage ; avec tout cela ils s’y rendent par trou-, pes , lors qu’il y a des Vailfeaux à la rade 3 & ils leur font tout le mal qu’ils peuvent. 11 n’y avoir pas plus de deux ans, qu’ils avoient tué les matelots d’une chaloupe Por- tugaife , qu’un VailTeau de cetce^Nationavoit envoiez à terre pour y faire d’eau. Mais je ne permettois que mes gens y allaient fans être armez , & pendant que les uns étoienc occupez à l’ouvrage, il y en avoir toujours d’autres qui les gardoient. Nous reliâmes ici depuis le 2.8. Oéiobre jufqu’au u. Décembre, &c nous y limes de très bonne chaux avec des coquilles , dont il y avoir quantité. Nous mimes le navire à la bande le mieux qu’il nous fut polïiblè , & les feuilles de Palmeto nous fervirent à chaufer fes cotez , que nous enduilîmes de cette chaux détrempée avec de l’eau à fau- te d’huile. Elle tint près de deux mois dans les endroits qui étoient bien chaufez. Nous ne manquâmes point de provifions fraiches tout le tems que nous fumes ici. Car il y avoir plusieurs Bayes fablonneufeS fur la pointe de Babao, où le matin , au bout de deux ou trois heures, nous prenions autant de poilfon qu’il nous en faloit pour toute la journée. Lors que nous en étions faouls, &C que nous voulions un peu- varier, j’en- voiois dix ou douze hommes à la chaÙè » .^IfE DU VOYAGE reS9> ils ^ °lent le bolr ’ ou de grand matin , & fez dfe R Ie Gouverneur envni°/\H°nanrOIS nommé la Concorde, nous 11 de fes Officiers pour voir qui avertir ^0nS ’ paree <,ue ie ne l’avois pas fair demanda' ^°n ret°Ut a cct Ancrase. Il me Pourquoi nous avions rire tant de mo-s > Fer rCanon le quatre & le cinq de ce toir* à’ pf, ^UF CC c*ue ?e IpÊ répondis que c’é- iripmni donneur du Roi Guillaume , 8c eti des dohh Ae M dcllvJrance de conjuration au Fnrr dreS}1 m® d,t qu*ils avoienr craint nous C3’Ue n0US ^u^ons Portugais , 8c que nous eu (fions des Soldats avec nous pour les attaquer. D ailleurs il me demanda d’où ve- barrin11,6 ,e ?>avo*s Pas achevé de remplir mes barriques d eau prés du Fort > Je lui en dis la raîfon , & je lui offris même de lui don- avois lnrgCnt 5>. A LA N. HOLLANDE. . 4 i nier. Celui-ci parloir bon François, & je le pris pour me fervir d’interprète auprès dù Gouverneur , qui entendoit cette langue » ourre que c’étoit un honnête homme , qui m’avoir toujours paru diligent ÔC fournis. Nous arrivâmes uh peu tard cet après- mi- di ; de forte que je n’eus pas un long entre- tien avec le Gouverneur. Il me témoigna beaucoup de chagrin de ce que mon Officier m’a voit dit , comme de fa part; Sc que j’ai déjà raportë ei-deffius. Il me protefta que cela étoit faux , & il ne voulut point de mon argent. 11 me dit que j’étois le très- bien venu , 6c il m’en donna des preuves par le régale qu’il me fit. La table fut couverte de quantité de bonne viande bien accom- modée , de beau linge fort propre , ôc tous les plats ôc les affiettes étoient d’argent ou de belle porcelaine. Je n’ai jamais été h ma- gnifiquement régalé dans tous mes voiages s ni avec tant d’ordre Sc de bjen-léance- Nous eûmes pour nôtre boiflfon , du Vin, de lai Biere , du Toddy , ÔC de l’eau ; mais nous préférâmes celle-ci après le diner. Il me mon- tra quelques tiroirs remplis de coquilles , les plus extraordinaires , ÔC les plus curieufes que j’euffe vu de ma vie. Avant nôtre ré- paration , il me dit , qu’il ne pouvoir me fournir des agrêts pour mon vaiffieau ; mais que fi j’avois befoin de vivres , il me feroic donner tout ce que jevoudrois. je le remer- ciai de fon honnêteté , ÔC je lui dis que j’en- voierois ma chaloupe pour prendre quelques chèvres 6c quelques cochons ; quoi que je ne le fis pas dans la fuite, parce que nous étions trop éloignez du Fort. Je craignois que les naturels du pais ne fulTent excitez- Y . Suite du voyagé tousTe^Fr par,IesHollandois, ennemis de tous les Européens qui ne font pas de leur dépendant,- & qu’ils ne jouafïent quelque ïfpfi iprOUr a^Ies^fnsquiir°ienr à terre. ch^k% uSJVl vaf0lt ™e’L,x Gontinuer la ïi Lnl pech^ 5 que d erre rcdevable aux Hollandois pour leurs pro-VIrlons qu’il aU- roic falu paief bien cher. a^nU^diA”mlS lcl fcpi fcmaineâ , & quoi &ord en 'our Ia M°nEon du LaJht^ -iors que 1TOUS étions à r-aphao , elle n etoit pas encore venue ; de Verl l’Fff VaVCVS GontlAué ma navigation IZV h 1 fans™ arreter ici , nous n’aurions fa m?raunnm‘ -Peur‘êcre qn’après avoir batu ia mer un mois entier, nous aurions pouf- ^u^b^n^r * Clpci^an^9 3 ou foixante lieues V ntr ’ e ?U1 n etoJt ^ue le cinglage de tre î 'f!lre hîure? par un beau Etais ; ou» tenr aninr glIe- deS Maceiots » & te mêcon^ de Wnn*qU1 aurOIt pu s’élever entr’eux» le vprir 9 °n. ne &agn01t rien a tenir contre ie vent , au lieu que nous étions ici à l’ai- iL que manSions tout nôtre faoul , fou r: erabalrras- Le Plus Srand mal ét “Lï n,ou? manquions d'eau, parce que ia laiion feche duroit encore, 8c que la Monron vint fort tard cette année. Trois ou nonc J°UrS jVanc qu,e de remettre en mer , nous eûmes des tourbillons, accompagnez de coups de Tonnerre , d’éclairs & de pluie ; mais tout ceci n’étoit pas de longue du- ree , & npus profitâmes de cette occafïon pour remplir nos barriques d’eau. Il y avoir ûeja près d’un mois que nous voyions pa- raître tous les jours des nuages fort noirs * que nous entendions gronder le Ton». t*SP. A LA N. HOLLANDE. 4S re fut les montagnes, où la pluie tomboit* Laos que nous en enflions une goûte. Dans les bois mêmes , où nous allions à la cha£. fe , nous trouvâmes quantité d’arbres aba- tus tk déracinez par la violence des vents , quoi que nous n’en fentimes presque pas nous mêmes. CHAPITRE IL Defcription particulière de Clfle Timor , & de fa co * te. Clfle A'tabao. Faute des Pians ordinaires . Du Canal qui eft entre Timor & Jinabao. De la Baye Cupanc- Du Fort la Concorde. De i ancrage , nom - me Babao • Les Malayens tuent ici tous les Euro-* péens qu'ils rencontrent . Description de , l'Eta* büffement des Portugais à Lapbao • Du Port Cu* cale , des Montagnes , de l'Eau y du Pats-bas , du Terroir , des Bois > des Métaux , & des Arbres y qui fe trouvent d Timor . Defcription dit Cana-fiflula » de fcsFiguier s fauvages , & de-deuxt nouvelles fortes de Palmiers. Des Fruits de 1*1 fie. Des Herbages. Des Animaux terreftres. Des O: - féaux. De Coifeau reformant. Du Poijfon. Des Ven* deurs d’ Huîtres & de Pétoncles , dont il y a d'auffi gros que la tête d'un Homme « Des Naturels du Pais. De rEtabliffement des Portugais & des Hol* landais. La langue Malayenne cfi celle qu'on par* le ici en general. De la Ville nommée fOrantutt dans Clfle Ende. Des Saifons ? des Vents , dut tems quil fait à Timor* L’Ifle Timor , comme je l’ai dit dans mon Voiage autour du Monde , a foixante dix lieues ou environ de longueur , & quinze ou lit DU VOYACF iAfitra ^StUaatr s bîes ni / ny a PG'^nt de rivières navio-a Dies > ni beaucoup de Havr^c , ; *îfe“ÉdpS sr ^4“ " » ” ta» a if voie b£-f°rds, ni aucune Me, qJon ment. NofcLttes éviter f"cile' bas-fonds à trenrfli^, “ alreS lnaMuent un Oiieft de rial ™ 1 es ou envjron du Sud- f&e a®.*** aucun de je njv rr„ eaa . Je n en vis rivaee rû ak? ^ tr°ovai point de Havre. Le neufes & un terrain taf VeSac*?* fablon- lieu» e ,raurolt ancrer qu’à demi Ipilüi fl/u,Sl “d-Oüeft de Timor, il y aune Tile pP£°rnk £rV“,U"^ -'ef paner. Ce canal a dix lieues ou environ de fur laquelle -on a conftruit un Pont de bois fort large , vers l’entrée du Fort. Au delà de cette riviere , on trouve une petite Baye fa- blonneufe , où abordent les chaloupes & les barques , qui fervent à faire le trafic avec le Fort. A cent verges ou environ de la mer , à prefqu’autant du Fort , & à qua- rante du Pont , qui eft fur le côté Oriental , f SUITE DU VOYAGE la Compagnie a un beau Jardin , enfermé dune bonne muraille de pierre. On y voie quantité de toute forte de Racines , de Sala- des , de choux & d'herbes pour la cui/îne ; des arbres fruitiers, comme le Jaca, le Pom* pienole , des oranges , des limons doux , ôcc ' On y trouve auflï près des murailles abon- fTa"cf de Cocotiers & de Toddis. D’ailleurs, il y a des melons d eau & des melons muf- quez , des pommes de Pin , des citrons , des grenades & autres fortes de fruits. £n- Rlvietc> il y a un en- clos pour les betes a côrne , dont on ne man- que pas ici. Au delà du terrain que la Com- pagnie occupe , les naturels du pais ont leurs maifons , au nombre de cinquante ou foixante. La Garnifon du Fort eft de qua- rante foldaïs .j mais je ne fais pas combien de canons il y a parce que je ne vis qu'un feui caltion , ou il y en avoir quatre pièces. Dans 1 enceinte des murailles il y a une petite Egli/êou Chapelle allez propre. . Au/elà de ce Fort , le rivage s’étend en- viron feptlieues jufques au bout de la Baye ; a.ors il ny a pas plus d'une lieue & demie d un cote a autre , Sc le rivage tourne au Nord vers le côté Septentrional ; enfuire M/ndiUrn1 & Corme ainfï le côté Méridional de la Baye. A trois lieues & de- mie ou environ du bout de la Baye en de- ça , il y a une petite Ifle à un coup de roouf- quet du rivage, & des brifans qui courent depuis cet endroit un mille ou environ vers 1 Eft. Au coté Occidentel de cette I /le il y a un canal de trois bra/fes de pro- fondeur lors que la marée c/t baffe , Sc où 1 on peut haler les Yai/Teaux à la coideile 1^99- A LA N. HOLLANDE, 47 pour les mettre en caréné. A rOLieft de cet- te même Ifle, le rivage forme peu à peu un coude , & fe termine enfin en une pointe de terre , qui s’élance un mille dans la mer » environnée de brifans , 8c qui elt à fe c en hafle marée. Vis à vis de cette langue de terre , à un demi mille de dillance , & à l’Oüelt de ces brifans , il y a une autre Ifle allez haute, pierreufe 8c couverte d’arbres* d’où fort une chaîne de rochers de coral * qui ne lailfent qu’un périt canal entre les deux Ifles. On voit plufieurs de ces rochers quand la mer a refoulé -, mais il n’y a pref- que jamais alfez d’eau pour y paflèr defl’us avec une chaloupe , à moins que le flot ne foit monté plus du quart. A côté de ces rochers il y a deux ou trois brades d’eau , &C tout auprès de la pointe en dehors il y en a dix ou douze brades. A une lieu.ë au delà de cette derniere Ifle , on en voit une autre bafle, petite 8c fablonneufe, qui efl: à quatre milles ou environ de la première pointe, à trois lieues du Fort Hollandois , 8c à trois lieues 8c demie du Cap Sud-Oüeft de la Baye. Les Vaideaux qui tiennent cette route , doivent pafler entre cette petite Ifle 8c la première pointe, & ranger rifle de près. Dans cette Baye il y a toute forte de pro- fondeurs , depuis trente brades jufqu’à crois , un fond vafart de bonne tenue. C’eft le meil- leur abri qu’il y ait , autour de l’Idc Ti- mor , contre tous les vents. Mais depuis le mois de Mars jufqu’au mois d’Oétobre , pendant que les vents du Sud , ou même les brizes de mer 8c de terre fouflent, il vaut mieux ancrer du côté du Fort } au lieu 4*,. , SUITE DU VOYAGE iS99. qua 1 arrivée des vents du Nord, qui font plus violens , le meilleur ancrage eft entre les deux I/îes pierreu/es à dix-neuf ou vingt brades^ d’eau. Si vous êtes au Sud-Oüeft quarc a lOiielt , à une lieue ou environ de 1 lue la plus Occidentale , & à lOiieft quart au Sud-Oueft de la première pointe , alors vous aurez l’iile fablonneufe au Sud-Ôiieft, Oiieft- Sud- Otieft , à deux lieues de diilance , et les chaînes de rochers qui s’avancent de 1 une & de l’autre , forment une telle bar- re , qu il n’y a point de mer qui puiffle en- trer. Dans cette ftuation , vous avez la terre depuis l’Oiieft quart au Sud-Olieft iuf- ques^à l’£ft Nord- £ft, pour vous défendre de ce coté-là j & il n’y a pas d’autres vents qui régnent ici aveu violence. Mais quand il y en auroit , vous êtes £ bien enfermé par les terres , que les houles ne fauroient vous incommoder. Cet ancrage , qui elt à cinq î1CUo S, ou envlron de la Concorde , s’appel- le Babao. Le plus grand mal qu’il y ait , vient de la quantité de vers dont la mer y fourmille. On n'y manque pas d’eau douce durant la faifon pluvieufe, puis que la moin- dre petite ravine en décharge beaucoup dans la mer. Mais lors qu’il fait fec 9 il -faut en aller chercner dans les étangs & les creux de la terre , où les Buffles 3 les Codions ÔC les autres animaux fe rendent foir & ma- tin pour boire. C’eft auffl là qu’on doit le tenir a la fût , £ on veut les tirer , pourvu qu’on y aille bien armez > & en af- lez bon nombre pour fe défendre contre les naturels du païs. Car quoi qu’ils n’habitent pas dans le voifnage , les Malayans v viennent par groffles bandes lors qu’il y a des ^95». A LA N. HOLLANDE. 49 des Vairteaux à la rade , &ils maflacrerit tous les Européens qu'ils trouvenc , de quelque Nation qu’ils feient 3 fans excepter même les Portugais. Il n’y a que deux ans, à ce que les Hollandois me dirent , qu’un Vaiïfeau Portugai-s , qui étoit ici à l’ancre , perdit tous les gens de fâ. cli^loupe 5 cjui furent tâil-» lez en pièces , lors qu’ils faifoient de l’eau' On trouve encore ici des Tortues , des Hui* très , & quantité de poifTon , de plufîeurs forces , qu’on peur prendre avec la Seime Depuis la pointe au Nord E/l de cet te B*ave fur le cote Septentrional de l'IIle , le rivage Court Nord Nord-Eft l’efpace de quatre ou cinq lieues , enfuite Nord -Efl ou plus à l’Eft • & lors que vous ères à quatorze ou quinze* lieuês a 1 Eft de Babao , vous rencontrez une pointe qui reflemble au Cap de FJambourg, fi vous et es fort prés de terre; mais ti vous en etes éloigné de 1 un ou de l’autre côté on la prendroit pour une I/le. Cetre pointe ff}/™* temarquab le, parce que dans toute I Me il n y en a pas qui approche de fa fi- gure. Quand vous êtes à côté de celle-ci vous en voiez une antre à quatre lieues ou environ a 1 Efl, & lors que vous êces à cô te de cette dermere , vous voiez paroître tant /bit peu hors de l’eau , une petite Ifle à 1 £11 ou a I Eft quart au Nord-Eft , fuivant que vous etes plus ou moins éloigné de la terre Quand on la voit diftinélement , ou eit alors a cote d’une Baye a/Tez profonde ÔC faolonneufe , donc la pointe, qui eft au mi- heu , vient en talus des montagnes , avec un joli vallon de part & d’autre , le long duquel cette Baye court. Les Vaiffeaux y peuvent entrer , & mouiller un peu à l’Eft de la poiu. Tome y. C . SUITE DU VOYAGE tfpfr ze à vingt brafles d’eau , à demi mille du ri- vage, un fond de vafe molle. On eft alors à deux lieues ou environ de la pointe Occi- dentale de la Baye , & à Huit lieues de la pe- tite Ifle dont je viens de parler , qu’on peut voir d’une maniéré allez diftinéte à l’Eft Nord-Eft tirant un peu vers le Nord. Nous £n avons donné quelques autres marques dans le premier -Chapitre. 11 y a de l’eau douce en deux ou trois endroits de cette Baye. Au tems des grandes marées , on y voit quanti, té de bo.iiillonnemë,ns d’eau , comme s’il y a- voit des bat tu res ; mais ce ne font que de pe- tits courans caufez par les deux pointes de la Baye. Tout le jour nous vimes de la fumée fur les montagnes , & la nuit nous aperçûmes des feux en certains endroits -, mais aucun des naturels du pars ne fe prefcnta. Les marées font très fortes SC incertaines entre les deux pointes de la Baye : cependant l’eau ne s’élevoit & ne s’abaiifoit pas plus de neuf pieds dans une grande marée ; mais el- le faifoit de gros boiiillonnemens & un bruit terrible , & pirouettoit en divers endroits comme l’eau d’un goufre. Nous avions tou- jours des contre-marées fous le rivage, cau- sées par les pointes qui font de l’un de l’autre côté de la Baye. Quand qn va d’ici à l*Eft , on peut pa/Ter entre la petite Ifle & Timor , & quand on eft arrivé à cinq ou fix lieues à l’Eft de la petite Ifie , on voit une grande vallée à fon Eft. Si l’on avance un peu plus loin , on peut voir des mai Tons fur la Baye , & y. en?* trer fi l’on veut ; mais il ne faut point y fnoüiüer le fer , jufqu a ce qu’on ait doublé '**99-. A LA N. HOLLANDE. « la pointe qui fuit. Alors on voit plus de mai- fons, ôc Ion peut ancrer droit vis-à-vis, auiïi près de leur üiicft qu’ri efl po/Tible f vln^ Lrence brades d’eau. On appV LZ ÿW^iLaphax) , qui eft'un établifle- de l’aiguadegalS * * ÜCU& °U ermron Il y a une Egii/e & quarante ou cinquan- te mai fons toutes bafoes & fort chhi vet cLeurs muradJes font prefque toutes d’argi- Je , ou de claies enduites de terre cra/Te • Vc cotez font faits de planches, & le àeiîiis tVcft couvert que de feuilles de Palmier , ou de Palmqto. Iffgltfe eft trés-petite : le bout Orientai eft garni de planches jufques au Commet : mais Jes cotez & le bout Occiden- trc nf-A °V qu 3 a hautfut de trois ou qua- tre pieds de terre : tout le refte eft ouver r. 11 va d ailleurs un petit Autel , avec deux mar- ches pour y monter, & l'on y voit une ou leUf i "'-1?,65 5 r n= Valcnt pas Krand’ cho- le. Elle eft auiîi couverte de fouilles d<* Pal microu de Palmeto. Chaque ~m ai fan au ë .court environnée de canes fauvages hautes de neuf ou dix pieds , & dans chaque court ilt a un puits , avec un petit feau attaché à une corde , qui ferr a puifer l’eau dont on a be loin. Le tronc dun arbre creux eft enchairë contre les parois intérieures du puits pouï empecher que la terre ne s’éboule ,ri“ P,ortüSais ici prés du rivatre une efpece de petit couvert, où il y a ix mé chans petits canons de fer braquez fi.r „„I Plateforme qui tombe en ruine & montez Ci ap. SUITE DU VOYAGE rs>* fur des afuts pourris. La lumière en elirfi jarge , que toutes les fois qu’on les tire , Ta force de la poudre fort par ce trou , & qu’ils ne font guère plusd’éciat, que le coup d’uft inoufquet. C’eft là où ils ont leur Corps de garde, & quelques hommes armez y firent fentinelle tout le tems que nous reliâmes ici à l’ancre. La plupart des habitans de la Ville font une efpece d’indiens bafanez de couleur de cui- vre jaune , & qui ont les cheveux noirs &C jotit plats : Ils parlent Portugais , & fe di, fent Catholique Romains i mais ils prennent la liberté de manger de la viande quand ils veulent. Ils tirent" vanité de leur Religion ôc de leur extraction Portugaife ; ils fe fâche- roient même beaucoup , fi quelqu’un les ta- xoit de n erre pas Portugais : cependant je ne vis ici que trois Blancs , deux defquels étoient Prêtres. Il y a d’ailleurs un petit nom- bre de Chinois , & il s’y fait un aifez bon commerce, On peut dire que c’eft la plus for- te &Ma meilleure place de l’Ifle , iî l'on ex- cepte Porta Nova. Ils ont trois ou quatre petites Barques , qui leur fervent à trafiquer autour de l'Ille avec les naturels du païs . pour de for , de la cire & du bois de Man- dai. Ils vont même quelquefoisà Batavia, d’où ils tirent des marchandées de l’Euro- pe , du tis , Les Chinois de Macao envoient ici toutes les années, à ce qu’on me dit, une ving- taine de petits Vaifieaux. Us y apportent dn ris commun , de for mêlé , du thé , du fer , des inftrumens de fer , de la Porcelaine , des foies, &c. Ils prennent en échange de l’or pur, tel qu’on le trouve fur les mon- tf'W* A LA N. HOLLANDE. f j- tagnes , de la cire , da bois de fandal , des Efi* elaves , &c. Il y vient au (fi quelquefois ur* Vaifleau de Goa. Les Navires qui trafiquent en ce quartier commencent à s’y rendre à la- fin de Mars ; mais il n’y en a point qui s’y prêtent plus long tems que la fin du mois d’Août. Car s’ils y étoient lors que la Mon- fon du Nord Nord Oiieft foufle , il n’y a fit cables ni ancres. qui les puflent garantir d’é- choiier contre le rivage ,• tk d’y être mis en pièces. Mais depuis le mois de Mars ju {qu'au mois de Septembre * pendant , que la Mon- fon du Sud Sud-Efl: régné, il n’y a rien à craindre pour les Vaifleaux qui fe trouvent ici à la rade ; car quoi que le vent foufie alors avec beaucoup d’impetuofité , comme c’eft un vent de terre , la mer eft toujours fore calme, &c il n’y a point de rifque d’être pouf- fe fur la côte- Cependant on y fait toujours 1 amarrage des Vaifleau x avec trois cables ÿ deux vers la terre, à l’Eft & à l’Oiieft , & le t roi fié me vers la mer. Quoi que cette Place fait pour la force 8c pour le trafic , la fécondé de toutes celles que les Portugais occupent ici „ elle ne fau- ro.t refifier a cent hommes. Du moins les Pirates, qui avaient pafle au Fort Hollan^ dois s y rendirent , & après avoir fait de l’eau et du bois , 8c s etre bien rafraichis , ils pil- lèrent les maifons , y mirent le feu , 8c fe re-' tirèrent fans trouver aucun obftacle. On m’a dit avec tout cela que les Portugais v peu* vent aflembler cinq ou fix cens hommes en vinge quatre heures de tems , tous bien armez de fufils ; , d epees & de piftolets 5 mais la pou- dre & les baies y font rares & coûtent cher. Le principal Officier de l’Ifle fe nomme C 5 ?4 -, SUITE DU VOYAGE ie$ç>. Antonio Hcnriquez : Ils lui donnent 3e ti- tre de Capitaine More ou Major. On dit que c eft un blanc, & qu’il y a été envoyé par le Vice- Roi de Goa. Je ne le vis point , parce qu’il demeuroit fort loin d’ici à Porta ivlova , qui eft au bout Oriental de Fille , ex ou il y a un bon Havre. Ce Capitaine Major va fouvent à la guerre avec les Indiens eie ion voifinage , contre les autres Indiens jLH £nc *eurs cnpemis. La fécondé perfonne de Mlle eft Alexis Mendofa Lieutenant , qui demeure à fix ou fept milles d’ici , Sc qui gouverne tout ce quartier. C’eft un petit nomme, de race Indienne , dé couleur dâ cuivre jaune , Sc qui a les cheveux noirs &C plats. 11 parle Indien & Portugais y il pro~ _ieiîe la Religion ^Catholique Romaine', il a lair vif, &: paroît fort civil. Il y a un autre Lieutenant à Laphao , qui eft auffi d’extra- it10*'1 Indienne : il parle très-bien les denX; Langues , 6c il me fit de grandes honnête- tez , quoi que vieux & infirme. Ils fe vantent beaucoup de leur force, SC cfêtre en état de chafiér les Hollandois de Tlile , s’ils en avoient la permiftîon du Roi de Portugal. Mais avec toute leur vanterie , ils font très-foibies', puisqu’ils n'ont que peu d’armes &C guère de poudre, ni Fort ni Ma- gafin , & que le Vice Roi de Goa ne leur fournit aucune chofe. Car quoi qu’ils préten- dent vivre fous la domination du Roi de Portugal , ils font prefque indépendans & ne relevent d’aucun Gouvernement. Il n’y âvoit pas long-tems que le Vice-Roi de Goa avoir envoié ici un Officier militaire pour y exercer fa charge ; mais le Capitaine Major le mit aux fers , le renvois fur fon VailTeau f iefa A LA N. HOLLANDE. 8c dit au Maître, qu’il n’avoir befoin d’au- cun Officier , 8c qu’il en pouvoit faire ici de meilleurs , que cous ceux qui lui vicn- droient de Goa. Je ne fai s’ils ont eu depuis quelque Vaiffieau de cet endroit j mais ils n’en reçoivent aucun fecours , 8c ils peuvent ti- rer des armes & des munitions de Batavia, où ils trafiquent. Ifs ont d’ailleurs des épées 8c des lances comme les autres Indiens, 8C quoi qu’ils affectent d’être appeliez Portu- gais , 8ç qu’ils faifent gloire de leur Religion, la plupart des hommes 8c toutes les femmes qui demeurent ici , font de race Indienne } il n’y a même que fort peu de véritables Por- tugais dans toute l’îile. Cependant on m’af- fura qu’il y a quelques milliers de ceux qui fe difent tels, 8c je croi que leur force con- fite plus dans le nombre que dans les armes 6c la bonne difeipline. Le rivage court ici Eft quart au Nord- Eft environ l’efpace de quatorze lieues, 8c for- me pluficur.s pointes & Bayes fablonneufes , où les V aideaux peuvent moiiiUer. A quatorze lieuësàl’Eft de Laphao , iî y a un petit Havre , que les Portugais nom-' ment Ciccale , & qu’ils difent être merveil- leux ; mais l’embouchure en eft étroite , 8c il eft expofé aux vents du Nord. 11 elt vrai qu’il y a deux chaînes de rochers, l’une qui fort de la pointe Occidentale, 8c l’autre de l’Orientale , qui fervent à rompre les vagues , 8c qui font à fec en bafle marée. Ce Port eft à foixante lieues ou environ du Sud-Olieft de l’Ille. Tout le terrain de cette 111e Timor eft iné- gal 8c raboteux , plein de montagnes 8>c de petits vallons, ZI y a une chaîne de hàütes <5 4 f SUITE DU VOYAGÉ jgw mie îfm hau tn!,,'.eu ’ Par de petits* Arlr 5 80 d- fontalnes > mais il n’y a paS étroftendVn1V17eSî-parCe C,ue ™e effort ,. n01^,& $ue les (ources qui tombent de 1 un ou de l’autre côté de ces montagnes ” PCLÎ Ie chemin à «««* pfur fe vaPéer^a^er' DanS,la/iron pluvieufe , les vahees 8c les terres baffes près de la mer * font couvertes d’eau ; alors les ruipfeaux de- viennent de groffes rivières , 8c les cafnaoVs qui etment à fec trois ou quatre mois aupara- jjecll2rSenc des torrens impétueux, i roche du rivage , la terre elî préfque mf !|ïïÆ“>,e& ûblonneufe , quoi q u’aflez Feh ^Ve^te-de oOJS- Les m°ntagnes font remplies de forets & de favannes- : Ï1 y en d quelques-unes où l’on ne voit que des arbres .hauts , frais & verdoiaos ; 8c d’autres , où il n en paroi t que peu de petite taille, fecs Si ttetns , avec des favannes pierrieufes 8c fterf les. 1 labeurs de ces montagnes font riches ert or ou en cuivre , ou tous les deux : Les pluies entraînent l’or dans les ruilfeaux du voihnage , ou les naturels du pais le pêchent , comme font les Lfpagnols en Amérique : mais je ne fai pas comment ils tirent le cuivre. Il croît ici quantité d’arbres, dpnt plu- sieurs me font inconnus ; mais ceux que i’ai vu en Amérique ou ailleurs, 8c qui viennent fir cette Ifle , font le Mangle , blanc , rouge cc noir ; le Maho, l’arbre à calebace, diver- ses lottes de palmiers ; le cotonnier qui n’effc faS j1C1,.;orC gros : mais PIlis dur que ce- ■*ul de l'Amerique, deux ou trois fortes de ïC aufïi hauts que les précedens; leur corps eft droit 8c fans branches jufques à la tête , comme tous les autres Palmiers ; mais au lieu d’y avoir quantité de longues branches vertes , ceux-ci n’ont que de courtes d’un pied de long, 8c à peu près de la grofTeur du bras , dont chacune fe partage en plufîeurs petites verges coriaces, qui pendent char- gées de fruit comme autant de chapelets d’o- gnons. Ce fruit elt aufïi gros qu’une grofle prune, 8>C chaque arbre en porte plufîeurs boiffeaux. Les branches où il eft attaché ne Portent de la tige qu’à cinquante ou foixan- te pieds de hauteur depuis la racine. Le tronc eft egalement gros jufques-là; maisenfuite il diminue peu à peu jufques au fommet , où il n’elt pas plus gros que la jambe d’un hom- me , 8: ou il fe termine en moignon. D’ail- leurs, il n’y a point de verdure autour de l’ar- bre que celle du fruit , de forte qu’il refTem- ble à un tronc mort. Outre les arbres fruitiers , il y en avoir ici quantité de haute futaie , dont les tiges font fort droices, 8c dont une efpece approchoitde nos Pins. Ceux-ci croiflenc en abondance au- tour de l’Ifle prés du rivage ; mais non pas avant dans le pars. Le bois en eft dur , rougeâ- tre &c fort pefant. Les fruits de cette Ifîe font les Guavos 9 les Mangos , les Jaccas , les noix de Coco les Plantains , les Bonanos , les pommes de Pin, les Citrons , les Grenadiers, ks Oranges^ G (> ■Ço . SUITE DU VOYAGE te»*i Jes Limons, les Melons mufquez , les Me- lons d eau , les Citrouilles , &c. La plüpart dç ces fruits y font murs en Septembre & en1 Octobre. Les Hollandois 8c les Portugais y en ont tranfplanté une bonne partie , & ils me dirent eux-mêmes qu’il y en avoir quantité d autres excellent j mais qu’ils n’étoient pas1 ■ alors de faifon. Je trouvai ici une herbe fauvage, qu’otf appelle aux Indes Occidentales Calalalou. j en mangeai diverfes fois > & elle me parut auiTi agréable au goût & aulfi faine que les épi- nars. Il y croît d’ailleurs du pourpier, du fe- nouil marin , 8cc. Le blé des Indes y réiilïit très-bien , <3c c eft la nourriture la plus com- mune de$ Infulaires, quoi que les Portugais & leurs voilîns fement quelque peu de ris ; mais non pas la moitié de ce qu’il leur faut pour leur fublïftance. Les animaux terreftres font les bulles , les chevaux, les cochons, les bœufs, les chèvres * les brebis , les linges , les guanos , les lézards * les ferpens, les fcorpions, les centipedes * &c. Outre les bulles 8c les cochons aprivoi- fez , il y en a quantité de fauvages dans tout le païs , que chacun peut tuer librement: Pour ce qui efl des chevaux , des bœufs , des brebis 8c des chèvres , il y a grande ap- parence que les Portugais ou les Hollandois les y ont tranfportez , fur tout les bœufs j car je n’en vis aucune part qu’au Fort la Con- corde. ^Nous vimes des linges 8c quelques ferpens. J’en vis de ces derniers qui étoient jaunes,» de la grolfeur du bras 8c de quatre pieds de long. Il y en avoir d’une autre efpece , qui n’étoient pas plus gros que le tuyau d’une 1699.  LA N. HOLLANDE. €i pipe, de cinq pieds de long, verds par tout le corps , avec la tête rouge , plate ôc de la grof- feur du pouce. A l’égard des oifeaux , il y a des coqs & des poules fauvages , des Aigles, des faucons , deux fortes de pigeons , des tourterelles , des corbeaux , ttois ou quatre fortes de per- roquets , des perruehes , des cockatous , des merles ; outre une infinité de plus petits oifeaux de diverfes couleurs , dont la mufi- que charmante rend les bois fort agréables. J1 y en avoir un entr’autres que mes gens nommèrent l’oifeau à répétition, parce qu’il chantoit fîx notes deux fois de fuite , qifil les commençoit d’une voix haute Ôc per- çante, & qu’il les finiffoit d’un ton bas. Il eft àpeu près de la groffeur d’une alouette , il a un petit bec noir & pointu , les aîles bleues, la tête 5c le jabot d’un rouge pâle , 8c une raie bleue autour du coû. On y voit auffi des oifeaux de mer ou d’eau , comme des guerriers , des boubis ; des faucons pê- cheurs, des hérons, des Goldens, des chaf- feurs decrevices, ôcc. Parmi la volaille do- meftique’, on trouve des coqs & des poules , des canards , & des oies } je ne vis de ces deux dernieres fortes qu’au Fort Hollandois , ëc il n’y a guère de l’autre q*ue chez les Portu» gais. Les bois font remplis d’abeilles qui font quantité de miel ëc de cire. La mer abonde en plufieurs fortes de poif- fons ; il y a des muges , des baffes , des brem- mes , des maquereaux , des brochets, dii poiffon perroquet , des gars , des * Ten- poundets, des féches , des raies piquantes , * Ou , poiffon qui peffe dix livres y car le mot A», iignjfie prosternent m Canon dix, livres défait. 5*' . SUITE. DU VOYAGE des raies qui rament , des raies dont la peau S" 3 râpes, des mangeurs de peton clés ou d'huîtres , des cavaliis , des congrès , des rougets , des chiens marins , &CS Les nJ rJ0n[ 1CI en- 11 grande quantité, que je - ™s ,amals la ieirne .Tans en amener q?“ "? '.nous les. fâiions , & enfuit#'- une f ft (ions fecher. Une fois j’en pris d,ont ,a queue avoir treize pieds de long. Les mangeurs d’huitres ont la figure ifs onIai1S &,à **“' P*& la mêmegrolftur? dur?^dfnS' C gofîer deux os fort épais , f 5 aYec lefcluels iJs cafient laco- SanSsllSa^,eni enfuKe le Pétoncle, ou ^ vivenr ï P?J/r°n de cette nature , dont ils lpnf iâ Au/ri trouvions-nous toujours dans leur eltomac quantité, de ces coquilles ba- rre* J Pieces- L1,y a trois fortes d’hui- ”Tnf.,de louùga9 s> de communes, qui vien- 5?5 Jn a^ondance far les rochers , & qui donr a!?s ’ & d’autres bien groflës , dont les écaillés font fi bofiues & fi raboteu- °ilFjeJesdiftingùe pas facilement des f I . '.Trois oü quatre de celles-ci cuites d’nn hoe’0Ur0,'leS>fuffifent P®11' le «pas d un homme. Les pétoncles font gras , de feon oOut j.de lagro&eur de la tête d’unîhom- rne , esc il n en faut que deux ou trois pour un repas: y- a d’ailleurs des écrevilfes , des nevrettes , quantité de cortuës vertes , quel- ques alligators , &c. . s ^ îfs nacu,rels; originaires de cette Iile font indiens , ils ont la taille médiocre, le corps oroitj ies membres déliez, le vifage long,, .les cheveux noirs & pointus , & la peau :°rt nolrc* Ts font adroits & agiles -, mais - ec cout cela pare/Teux au fupreme degré,- rf99. a la n. Hollande. le cibler & il?,-’ s en lêrvent pour tuer à prefent d te/ “r nttC Iflo donc chacun à u pîufieurs. Roiaumes * que. dans les coutnmpfT Parctculier ; quoi 3a figure & ie û.iJSes* a man,ere<3e vivre, ^^^^^S^ll-l-esrern, panly AmPbîeaUrX de .fes Roiaumes font Cu- quimal ,■ & nie^An^ ’ ?obümbie > Nam- bao. Chacun i,tdcA,namabao 5 OL1 d’Ana- rainrW™ Sultan, quieftle S ouve- Ram £ qwrt%L& ^ a fous lai divers ïsâËZ^&fe'ss ES i?SKS sÆ te te ; y rehdent ; mais ceux de Cupanc font les Z oro-h 0s"eISrde Cf X d’ Amabfe , leur! tucai? hf vollil£’ & les Alliez des Por- deSPobuqnh e "'a U^.TP0Ur amis Ies baumes ttibie il'^ V dj Namquimal, & de W Coloniélyp S dS aPParence que ces deux °lumcs Européennes , font la- principale A LA N. HOLLANDÉ. éf origine de leurs guerres continuelles. Nous avons déjà die que les Portugais fe vantent beaucoup de leur force dans ce païs5&: d’ê- tre toujours en état d’en chalfer les. Hollan- dois , s’ils en avoientMa pcrmilîion du Roi de Portugal. Ils allure nt même, qu’ils en ont écrit au Vice-Roi de Goa «S C ils fe^ da- tent d’obtenir leur Requête , quoi qu’elle n’ait pas été accordée jufques ici. Cepen- dant ils n’y ont aucun Fort , 5c ils ne fe re- pofent que fur l’alliance qu’ils ont avec les' naturels du païs. Il eft vrai qu’ils font fi en- tremêlez les uns avec les autres , qu’on ne fauroit diftinguer s’ils font Portugais ou In- diens. Ils fçmblent reconnoître de bouche le Roi de Portugal pour leur Souverain y mais ils ne veulent admettre aucun des: Officiers qu’il leur envoie. Ils parlent paf- fablement le Malaien , 5c leurs autres lan-; g.ues naturelles , suffi bien que le Portu- gais » 5c ils fuivent la Religion Catholi- que Romaine. Il y a quelques milliers de ces Métis , dont quelques-uns entendent; bien l’ufage des armes à feu , qu’ils ont en leur propre. Les Hollandois ne fe confient pas tant fut Famitié des naturels de païs , que fur leur propre force , parce qu’ils ont en allez gran- de quantité tout ce qu’il leur faut , de bonne artillerie, de la poudre , des balles, des foldats Européens bien difeiplinez Sc entre- tenus : au lieu que les Portugais n’ont pref- que rien de tout cela. De forte que , malgré' toutes leurs bravades 5c leur alliance avec l’es naturels du païs, qu’ils font fonner fe haut , il n’eft pas trop vraifemblable qu’ils lencent jamais d’attaquer lés Hollandois»- | ?. . SWTE DU VOYAGE ism. I al ^eme °Ü1 dire qu’ils ont aifez à faire pour fe garantir contre les invaiîons de ceux qe Cupang , qm font amis des Hollandois , îénrc no^rrl^eRt haine fi inveterée pour leurs v°ifins , qu ils mafîacrent tous ceux qu ils trouvent, & qu’ils portent leurs tê- tes en triomphe. Les plus confiderables de *ch?nt les têtes de ceux fom ürei1C fur des piïax 9 <3u’ils êlevent au de Jeu^s mair°ns 5 & lIs eftïmenr 2L1 À[ PhÇes PlmWe toutes leurs autres ri- cnelies. Mais ceux du commun font obligez'- de poteries têtes des enbemis qu’ds tuent recevoir nrtaincs malïm0nneFoUCUne occafion de les furprendre Jl.f a grande apparence qu’ils leur bien deS Ch°rcS que ies iéft: À LA N. HOLLANDE. ^ éf La langue Malaienne > comme je l’ai dé- jà dit 3 eft en ufage dans toutes les I fies des environs. Plus il y a du Commerce dans un endroit, plus cette langue y eft familière y dans quelques-unes de ces Ifles , c’eft la feu- le qu’on y parle : mais il ÿ en a d’autres où1 elle n’eft entendue que médiocrement , ÔC cela fur les côtes de la mer. A la faveur de cette langue , la Religion Mahometane s’é- foit répandue dans fès quartiers , avant' qu’aucun Chrétien de PEurope y fût ve- nu i mais à prefent , quoi que cette langue y foit encore en ufage , le Mahometifme y tombe par tout où les Hollandais &c les Por- tugais font établis y à moins que les uns &c les" autres n’y foient en très-petit nombre. C’eft ainfi que la Religion Mahometane do- mine à Solor & à Ende , où le Malaien elt la principale langue du païs , quoi que les Hol- J'andôis aient' une Colonie dans la première de ces liles,& que les Portugais foient éta- blis à l’extrémité Orientale de l’autre, dans; une grande Ville nommée Lorantuça , où; à ce que j’ai oui dire , il y a un afïez borr fort & un Havre bien fûr. L’Officier , qui' commande ici en Chef , porte le titre de Capitaine More, de même que celui de Ti- mor , & il eft auifi abfblu que lui. Ces deux Gouverneurs font ennemis mortels , ils fe déchirent l’un l’autre & fe rendent toute forte de mauvais offices auprès du Vice- Roi de Goa , quoi qu’ils ne fe mettent guere en peine de fes ordres , à ce que l’on m’a dit. On prétend que Lorantuça eft mieux peu-' plée qu’aucune ville de Timor *, que l’Ifle En- 4e eft plus abondante que Laphao en toufëf J5 1 SUITE DU VOY ACE v/ w iortes de fruirc iS-r- l^93i chèvres*] ^de^coci^o *s ni d-l/îes n™ Vl J'nîor & a chaî- & Solor font du nonÂn, ^ ’ do!K £nde née un courut 11 7 3 «*« i'an- i'^lS^mbSfrcfo10' 1? fl,ux qui cou" ^eure, & que le reflué nVfl^6 hujC °a neufi y commence au mois d'Avril" od'rfe ?P continue iufqu’en OrtnNr a, d Mai * nent les O iratrans ^ ^ e’ Aiors vien- fe fait fentir que vers k mi ni 7,oI«“<» ne; Venrs d’Oueft ou de Nor? ^ mbrc' Lcs de pluie rée-nenr Pr>r °rd 3 accompagnez, que^erVla fn^FëvriS'16! aVeC &l“* >“4 reviennent au mois de Mai L& fou^ Su<^ une extrême violence fur i* ÎV c™ avec nafe de Tïi le 2 ï foibiesTur lae^e asr, n:s“?& s décembre. Vous ave7 ^U' , aucre qu eri de mer ôc de terre in?c d t.res'bonnes brifes- ae terre > lors que le cemseft beau y 9. A IA N. HOLLANDE. è'i 6c yous pouvez courir également à PEft ou à rOiiefl: , félon que vos affaires le deman- dent. Nous trouvâmes que depuis Septembre |,ufques en Décembre les vçnrs faifoient peu à peu le tour du Compas en vingt- quatre heures de tems , Sc que le courant vers fOLielt efl: fi fort , qu’au tems des hautes marées il efi: plus difficile d’arriver à l’Eft qu’àrOLieft. Je l’ai éprouvé plus d’une fois ; mais une entr’autres , lors que nous parû- mes deBabao le douze Décembre , à fix heures du matin ; nous rangeâmes la côte jufques au vingt 3 fans' avancer que très-peu. Nous avions des brifes de mer Sc de terre ; mais fi foibles que nous pouvions à peine tenir contre le courant , 6c lors que le calme iurvcnoit entre les -brifes , nous dérivions plus vite en arriére , que nous n’avions ja^ mais cinglé en avant. ^ fo- SUITE DU VOYAGE je„. CHAPITRE IJi. :plpatt de Timor. Lis Ifles Omba & T mer. £l(te kildiitc l Aaleu, se pût découvrir les Ifles des Tomes. L lfie Tandis. L’ifle des Oi/iauxills de* couvrent U cote de ta nouvelle Guinée s on ils *'f” “fidofirtpar. I* 1(1 p b r pochent quantité de maquereaux. L ajle blanche . Ils ancrent à Pulo Sabuda. Def* ’f'’ ‘‘‘^Uabitans , de ce qu’lie .Ujtodutt j & de la marner e dont les Indiens y eut n’’ f'ÏZa a1 CAutmr à M«bo , qui eft Je Cap N or d~Oveft de la nouvelle Guinée* Ville des ïulneS 3 yena^pVentfoixante dix- tTJTeSr Llfl*d"m°ns. Des vents qui rc - f L Zf efarF' De 1(1 c^UledWpém- %efr flt/e' £*? "ns livres. rJifff,1 J^e duRoiGu,llaume. Navigation fur a cote de la nouvelle Guinée. Faute des Cartes Marines. L l[le de la Providence • Ils paffent la figrie. Vn ferment pourfuivi par deux posons. %uhé°er.agCUfU y** fW-lA cke nouvelle Lde Bahao d%Décembre fines voile i rca 3 & ,noUS coc°iames J’Iile Ti- ;2^or a 1 Eft, vers la nouvelle Guinée Nous ÏTgt dUr°iS ««t que nous fof? iions a la hauteur de Laphao , qui n’en cft éloigné que de quarante lieues. Nous vjirCs paroi tre des nuages noirs au Nord Oiieft Rr &99- . A LA N. HOLLANDE. sft nous craïgnimes d’y pafler durant la nuit. Le lendemain matin à deux heures il y eut un calme , qui continua jüfques à midi , ÔC dans cet efpace nous dérivâmes en arriéré avec le Courant fix ou iept lieues au Sud- OLieft. Le vingt-deux nous fîmes route à l’Eft * pour paiFer entre Omba &c Eetter j mais nous eûmes une fi forte marée contre nous , que malgré un beau frais , nous ne traversâmes l’embouchure qu'un peu avant la nuit. Pair une bonne obfervation il fut trouvé que la pointe Sud-Eft d’Ornba e(t à huit degrez , 2.ç. nain, de latitude , au lieu que dans mes Cartes eUèeft placée à huit degr. dix minutes. Ma véritable route de Babao tourne à l’Eft , vingt-cinq degrez Nord , .cent quatre- vingt trois milles dediftance. Nous fondâmes plu- sieurs fois en approchant d’Omba ; mais on n’eût point dé fond. Sur la pointe Nord- Eft de cette Iile , nous vîmes quatre ou cinq hommes, & un peu plus loin trois jolies maifons fur une pointe baffe } mais on n’alla pas à terre. L’après-midi à cinq heures , nous eûmes un tourbillon , accompagné de quantité dé pluye , de tonnerres & d’éclairs , avec peu de vent. Le vingr-quatre au matin , nous primes un gros chien marin , qui fournit un bon repas à tout l’équipage. Le vingt fept nous découvrîmes 1*1 fie brû- lante, qui eft haute , mais petite , 8c à 6. d. }<5\. minutes de latitude Méridionale. Depuis le bas elle va un peu en talus vers le fommet \ elle fe partage au milieu en deux pointes’, & c’eft de l’entre-deux qu’il forroit autant de fumée , que j’en aye vû forcir d’aucun , SUITE DU VOYAGE ,g99. Volcan. Je n y vis point d’arbres ; mais le cô- te Septentrional pàroiffoit verdoiant, & toux le reite lecSc fteriie. Apres avoir paffé i’Iile brûlante , je diri- geai ma route pour trouver les deux Mes . qu’on nomme des Tortues , qui en font éloi- gnées de cinquante lieuësou environ , Nord- Eft quart à l’E-ft un peu vers l’fcft. Dans la crainte que le vent ne tournât du Nord à i’Eft , je courus vingt lieues Nord Eft , en- fuite Nord- Eft quart a 1 £lt. Le vingt huit nous vîmes a nôtre Nord , deux petites I fies baffes, qu’on nomme Lucaparos. A midi je comptai que nous étions à vingt lieues en de- çà des Mes des Tortues. Le ip. au matin, nous trouvant à la lati- tude de ces Mes, nous eûmes l’œil au guet pour les découvrir; mais nous ne vimcs pa- raître aucune Me jufqu ’à onze heures', que nous en apperçûmes une fort loin de nous. •Gn s imagina dahord que ce pouvoit êrre une des Mes des Tortues ; mais elle n’étoit pas marquée jufte fur nos Cartes , ni pour la latitude ni pour fa longitude depuis l’Me brûlante , ni depuis les Lucaparos. Je crus meme que ces dernieres me ferviroient de bons guides, parce quelles étoient bien pla- ces fur les Cartes , là où il falloir depuis 1 Me brûlante , êc que celle-ci y étoit aufîi marquée dans fa véritable latitude, & di- stance d Omba : De forte que je ne favois que croire de i’Me qui paroiffoit à nos yeux ; nous avons eu fi beau rems , qu’on ne pou- voir guère bien paffer les Mes des Tortues fans les voir ; & celle qui avoir frapé nô- tre vue etoit de beaucoup trop éloignée pour m être une. Quoi qu’il en foït , nous &99- A LA N. HOLLANDE. yt trouvâmes un degré deux minutes de varia- -non Orientale. L’aprés midi je £s route Nord- tic quart a l tft pour 1’Xjle que nous voïions. A deux heures j’allai regarder du haut de la vergue de mizaine, .& je vis , à une diftancc beaucoup plus grande que les iHes des Tor- tues ne font couchées dans . mes Cartes , deux liles, dont l une étoit une fort haute mon- tagne qui s élevoit en pointe , fendue au iom- rnet , 6t qui reffembloit i*ide brûlante } à çe- la près quelle étoit plus grande & plus éie- vee ; 1 autre ide étoit adez haute , longue et plate. Quoi que je fufle déjà certain que deS oljfeailx- £Ile eft placée dans knrSVCM a CJnq fegrez neuf minutes de nArr d 1 Méridionale, c’eft-à-dire, fuivanc SuHbfirVarI°n * Vln^fcpt milles trop Î?J H njcme erreur commife à le- gard des hles des Tortues pourroit bie/j .74 . , , SUITE DU VOYAGE ,e cette maniéré nous eûmes un peu c fa queue. Nous vimes enfuite de la fumé fur l’Ifle kofnvaï , où elle continua jufque a la nuit. Le premier de janvier nous découvrime a LA N. HOLLANDE. 7? la terre de la Nouvelle Guinée. Le lende- main nous apperçûmes plusieurs Ilîes aflèz hautes Gi r la cote , Sc nous cinglâmes pour en approcher. Le rivage court ici tout du long Lit Sud-lift, acOlieft-Nord-Oiieft. La terre eft haute & unie , pleine de grands arbres fleuris & ■ verdoians , dont la vue etoit tort agreabie. Nous courûmes à TOUefl: de quatre Lies montagneufcs , Sc la nuit nous eûmes un tourbillon , qui amena quelque p uye Sc un bon vent. Le beau tems dura plufîeuis }our.s de fuite , excepté qu’à 1 ’ap- proche des terres , ou lors que nous en étions en vue, il y avoir quelques tourbillons, Sc quantité de nuages noirs rouloient autour ; mais en pleine mer nous avions d’ordinaire un tems clair Sc ferain. Le f. Sc le fix Janvier nous pouffâmes vers la terre , dans le deffein de mouiller l’ancre , de faire aiguade , Sc de paffer quelque tems a chercher le pais , jufqu’apres le change- ment de la Lune , car je trouvai qu’il v avoir un gros courant contre nous. Nous an- crâmes donc à trente-huit braff s d’eau , un fond de vaie de, bonne tenue. Nous avions du cote de la mer , & à trois milles ou environ en- diftaoce , une îfle qui avoir une iieuë de long, & nous étions à un mille à peu près de la haute mer. La pointe la plus Orien- tale de terre que nous avions en vue, étoit -qnartJ aU Sud demi - Sud , à trois lieues de diftance , & Ja plus Occidentale fe trouvent Oueft Sud - dücft demi-Sucf , 1 deux lieues de nous. Auffi-tôt que nous èfi! mes ancre , j envoyai la Pinaffe pour chercher de eau Sc voir s il y auroit moien de prendre quelque poiffon. Nous envoyâmes enfuite D 2 16 SUITE DU VOYAGE la chaloupe d’un autre côté dans la même vûë. Avant la nuit les gens de Ja pinafîe apportèrent à bord plufieurs fortes de fruit qu’ils avoient trouve dans les bois, & l’un d’eux tua une poule qui étoit d’une gran- de beauté & de la gro, fleur d’un gros coq. Son plumage étoit d’un bleu celefte , mais elle avoir au mi lied des ailes une tache blan- che , environnée de quelques unes de couleur rougeâtre : Elle avoit fur la tête une grofle hupe de longues plumes qui paroifloit fort jolie , le bec de la figure de celui des pigeons, lés jambes & les pieds fermes comme les poules domcfliques , avec cette différence que fe;s pieds et oient rougeâtres. Elleavoitlç jabot plein dé petites Bayes , ôc pondoit des qeufs de la grofleur de ceux de nos plus grof- fes poules, car mes gens en prirent un fur l’ar- bre où elle nichoit.* D’ailleurs ils rrouverent de l'eau & quantité de grands arbres toufus, mais ils ne virent point des traces d’homme. X.a chaloupe revint Ja nuit, avec une efpece de toupie fort joliment faite d’une petite pane , que les Matelots trouvèrent proche d’un Barbecue, où ils virent auffl un canot délabré. Le lendemain matin j’envoiai le Boflemam à terre pour pêcher, & drun coup de Filé ü prit trois cens cinquante deux maquereaux, avec une vingtaine d’autres poiflons , que je fis diftribüër également entre touf l’équi- page. J’envÔJai aufîi le Canonnier avec le Quartier-Maître , pour voir s’ils rrouve- roient un bon ancrage tout auprès de l’ai- ’guade. Ils revinrent de nuit avec la nouvel- le qu* ils avoienr trouvé une riviere d’excel- lente eau > que la chaloupe y pourroiç iéfà. A LA N. HOLLANDE. ff aller fans peine , que nous y remplirions’ facilement nos barriques , &r que le va i fl eau y pouvoir mouiller auffîjprés que je voudrois; de forte que je m’y rendis le matin du jour fmvant. Nous ancrâmes à vingt-cinq braf- fes d’eau, un fond de vafe molle , à un mil- le ou environ de la riviere. Nous eûmes' cette nuit à bord trois conneaux d’eau , nous primes deux on trois brochets qui rcf- fembloient beaucoup pour la figure le Par- racota , mais qui avoient le mufieau plus hong , à peu prés comme celui du Car. Le lendemain je renvoiai la chaloupe à l’aigua- de , avanc la nuit toutes mes barriques’ furent pleines. Après y avoir rempli environ quinze ton- neaux , lors que je vis qu’on n’y attrapait guere de poiflon , & qu’il n’y avoit pas d’au- tres rafraîchiflemens , je refolus de partir le lendemain *, mais comme il nous manquoit du (?ois redonnai qu’on en fit , Sc pbuf le hâter j’allai moi -même à terre. A quel- que diftance de l’endroit cù mes sens le- coupoient je trouvai une petite anfe où il y avoit deux Barbecues qui ne paroifloienc pas y avoir été plus de d^ux mois , les per-" ches en fembloient taplëeS avec quelque in- Itrument aigu *, d’oû l’on pourroit conjeétu- rer que les naturels du pais ont du fer , s’ils’ les avoient du moins rabocëes eux- mêmes. Quoi qu il en foit , le dixiéme Janvier un; peu apres midi- nous levâmes l’ancre & nous tirâmes vers le côté Septentrional de la Baye. Nous en fortîmes à une heure avec un vent de Nord, & de Nord- Nord Oiielh .^eures *?ous pafl'âmes prés de f-iiis blanche , qui n’efî: point marquée SUITE DU VOYAGE iM farteSî &-que je nommai alnFi ^ qïannte d? &s rochers blancs. E e eft allez haute , pleine de hors , d’une mhlesT nnV,r0n de ]onSueur > & à cinq 1 Continent^ ffials {hn émêmité Oc- 5a €jn eD a tFG^s hiflles. Lors qu’on oC -quel<î?fe diftance en mer , fa {err. f P^entale ^effemble £ un Cap de au Nnrri^Kî' /?'kCOa ^ePréhtrional tourne tal ,?Ure$ ’ & fon côté Orien, nftSud. E; lr. Elle eft ütuée à trois degr. quatre minutes de latitude Méridionale 2MCJnq ce^douze milles Eft de Babao. Après vm5S en mef y ne>us tachames de f r U ^ord » maJS le courant qui s’y op- Ppfoit fe trouva d une telle force , que nous n avançames prefque point. Si à la faveur du vent qui regnoit la nuit nous pouffions trois ©a quatre lieues , nous les reperdions leleh- ^emain matin ; de forte que nous reliâmes ici pluiieurs jours a combattre. ,.e quatorze apres avoir paffé une pointe de tei re , que nous avions été trois jours à dou- mer , nous n eûmes que peu ou point de cou- a?£v..aJ?£ avec le vent an Nord-Oiiefl: omm a i Oucft & Oiieft Nord-Oiictl, nous fîmes route vers le Nord , & nous eûmes diffe- rentes profondeurs : A trois heures , trente- liuit brafles, lors que nous étions à trois lieuës de 1 endroit le plus proche de la Nouvelle Ouinee : A quatre heures, trente- fept braf- îfs.» a cinq, trente-fix ; à lïx , trente-ftx ; à huit, trente-trois , 8c alors nous étions à quatre lieues du Cap ; de forte qu’à mefure que nous avancions , il y avoit moins ci eau. Nous avions à cette hauteur quel- queS' Iiles a nôtre Oiieft 3 qui étoient à iS&. A LA N. HOLLANDE. . ?V quatre lieues ou environ de diltanceV Un peu après-midi, nous vîmes de la fu- mée Dr ces Iiles , & comme il faifoic uni beau frais , je courus de ce côtê-là. A fepc heures du foir nous ancrâmes a trente-cinq, brades d’eau , a deux lieues d'une de ces Ifles , un bon fond de vafe molle. Nous reliâmes ai'nd toute la nuit, & non s vint es des feux fur Le rivage. Le lendemain matin nous pouffâmes' plus avant dans la croïancé que nous aurions moins dreau ; mais venus à un mille du rivage , nous en eûmes trente huit brades , un fond moü' de bonne tenue. Pendant que nous étions fous voiles , deux canots s’approchèrent dé nous avec quel- ques Naturels du pais , qui nous parloienf éc nous faifoienc des lignes -, mais nous n’entendi'mes ni leur langage , ni leurs ge- ftes. Nous {es invitâmes à venir à notre bord , & je les en priai en Langue Malayen- ne -, mais ils ne voulurent pas , quoi qu’iTs furent fi près de nous , que nous pûmes leur montrer ce que nous avions à leur don- ner en troc. Cela ne lervit de rien pour les exciter a nous joindre , &c après nous avoir fait enco'ré figne d’aller à terre , ils s’éloignèrent de nous. Je les fuivis dans ms Pinade, ou je fis mettre des couteaux, des Chapelets , des verres , des haches , &c. Lors que nous fûmes proche du bord , je les appellai en langage Malaÿen : Je ne vis d’abord que deux hommes , parce que les autres s’étoienc mis en embufeade derriè- re les buidons y mais je n’eus pas plûrôt jette à rerre quelques couteaux & autres bagatelles , qu’ils fortirent tous , jetterenc bas leurs armes, & vinrent dans l’eau à cgt& D 4 !" . „,.WITE DÜ VOYAGE «h». tiê sTvrrf ’ en faifam «gnes d'anu- îéurs^êMstf “ne main de reau fur vin^ner‘Tn~réS ™idj Plusieurs autres canots 22/j ?r‘ bord G* nous ^portèrent- E“1derl acln« & de fruits que nous a- nos Carme ^"eUej | n a point de nom dans Sabtida pîimalS es namrels Eapellenr Pulo & dënv mû pe,ut ,avolr trois «eues de long le e fdW h l3rS^- pluS ou molns' tl- être vfl " ha«our affez confîderable pour P einl ti leOU dou2e en ™er,& de Snnnî rockefs 3 au dc/Tus defqueis ii y à; pas profond"6 ,aune &.lloi«tre\ qui n\it beaux arbmlV mtls qul porte quantité de luinoubd fo"hauts’aveetoute fotre de fruits ou de racines que les habitans y plan- fp Ln'0' qUe ,e ne fache Pas tout ce qu’el- Nonx de‘rnOUS!, VineS des P]“'ains,des iJoix de Coco , des Pommes de Pin , des- ^roïewV ?CS PTh$ 5 des Patates 3 & autres TP ï ncr 11 y a. d ailleurs une autre lbr- fcurrtPéT rai,vaffes ^U1 r°nt de -la grof- ur des deux poings , remplis de pépins oit un SU^qU °n fa“rôtir> &quiom alorï ÎJfnf T a% agréable. Le Libby croît ici fait deserlra £eS maT/caS^s , le l’on en Istit des Gaceaux qui fervent de pain. Je n’en rpnrPaS n*1? au* Habicans > mais ils me di- arhrpqUiS eS fairolencde^moiielle de cet de ia__man^re dont je l’ai raporté rn’fn r m°n VoIage autour du Monde. Ils environUerenC me?e larî,te 3 & j’achetai environ quarante de ces Gâteaux, avec trois 1 “JT" n°lx !?ufcad es étoient dans^ - s coquilles , ôc qui paroillbient cueillies- S Ta», I. pag, jâfr A LA N. HOLLANDE. depuis peu ; mais foit qu’elles viennent ici ou non , les naturels du païs ne voulurent pas me dire d’oü ils les avoient eues , 8c ils fembloient les eftimer beaucoup. Je ne fai pas quels animaux cette iile nourrit, mais il y a des oifeaux de- mer & de terre. Les Boubis , ou Bufes, les Guerriers , les Goldens , Sc de petits preneurs d’êcreviffès, dont le plumage eft d’un blanc de lait , font au nombre des premiers. Ceux de terre font les Pigeons , de la même groffeür à peu prés que les Pigeons montagnards delà Jamaïque;- les Corneilles , qui reffembknt aux nôtres, avec cetre différence que le deffous de leurs plumes eft blanc & le déifias noir , en forte qu’elles paroiffent tout à fait noires, à moins qu’on n’écarte leurs plumes les unes des au- tres. Onyvoicauffi de grolfes Poules , donc le plumage eft de couleur bleu celefte , com- me celle que nous avions tuée fur la côte de la nouvelle Guinée , & quantité d’autres pe- tits Oifeaux qui nous font inconnus. 11 y a d’ai; leurs une infinité de Chauve-fouris, aufli greffes que de jeunes Lapins : A l’égard du coû , de la tête , des oreilles Si du mufeau , elles rdfemblent aux Renards; leur poil eft ru- de , celui qu’elles ont autour du coû eft d’un jaune paie, mais celui qu’elles ont fur la tête &c fur les clavicules eft noir ; leurs ailes ont quatre pieds de long d’un bout à l’autre : en- fin elles ont l’odeur forte du Renard. On pê~" che ici des Baffes , des F auge es' y une efpece de Muge , de Vieilles-femmes, des Raies qui fautent , Si quelques autres Poifîbns que je ne cannois pas ; mais on n’en peur guère prendre ni des uns ni des autres 3 parce que Peau eft profonde jufques à moins d’un mit ^2 . SOTTE DU VOYAGE rfw. ledunvage;& qu’enfiiite il y a un banc de rochers de corail , au delà duquel l’eau eft tialle, un fond de Table pur : de forte qu’on Teime 01t PaS trop bîen Y Pêcher avec la Cette IHe eft à deux degrez quarante-trois minutes de latitude Méridionale, de à quatre cens quatre- vingt fix milles de diftance da Port Babao dans l’ifle Timor. Outre cette . , U y en a neuf ou dix autres petites , qui font marquées fur les Cartes. ,,T j. Habitans de cette Iile font une forte a Indiens fort bafanez , qui ont les cheveux noirs de longs ,. de qui pour les maniérés ne durèrent pas beaucoup de ceux de Minda- nao & des aurres Naturels de ces Mes Orien- tales. Outre ceux-là, qui paroiflent être les principaux de Tlile , nous vimes des Nègres de la Nouvelle Guinée, qui ont les cheveux crépus & cotonnez , dont la plupart font En- claves. Ils font fort pauvres , de n’ont pour tout habit qu’un torchon , fait de l’écorce du fommet des Palmetos , qu’ils attachent autour de leurs reins ; mais les femmes ont une efpece d’habit de toile de coton. Leurs plus beaux ornemens confient en bracelets chargez: de grains bleux , de jau- nes.. Les hommes s’arment d’arcs de de flè- ches , de lances garnies au bout d’un Os pointu , de de fabres comme ceux de Min- danao; Ils dardent le poiflon fort adroite- ment avec une toupie de bois , de ils ont une maniéré fort ingenieufe pour le faire ve- nir fur l’eau. Voici comment Ms s’y prennenr. llsonr une pièce de bois, joliment travaillée & peinte , de la flgure d’un Dauphin , ou de quelque autre poiflbn j iis l’attachent à une. 1699- A LA N. HOLLANDE. S5 petite corde Sc la plongent enfuite dans l’eau avec un périt poids qui fert à l’enfoncer V quand ils la croyent a/fez bas, ils la retirent tout d’un coup dans leurs bâteaux , 5c le poiflbn , qui monte après cette figure , ne paroît pas plutôt fur l’eau , qu’ils le dardent. Mais ils tirent leur principale fubfîflance dp leurs plantations'. Avec tout cela ils ont de grandes chaloupes , qu’ils emploient à fai- re le voyage de la Nouvelle Guinée , où ils achètent des Efclaves, de beaux perroquets , tkc. qu’ils tranfportent à Goram , où ils les donnent en échange pour des toiles de co- ton. Une de ces chaloupes eh éroit revenue un peu avant nôtre arrivée ici. J’achetai de les proprietaires quelques perroquets , & jaurois bien fouhaité aquerir un Efclave; mais ils ne voulurent jamais le troquer qu’a- Vec des toiles de coton, que je n’avois pas. Leurs maifons de ce côte ne fembloient deltinées" que pour le befoin , tant elles croient petites ; au lieu que de l'autre côté de riile nous en vimes qui étoient bonnes £c grandes. Leurs pirogues ou chaloupes font étroites avec des bouts dehors , de l’un & de l’autre côté , de même que celles des autres- Malayens. Je né fai quelle Religion ils pro- felfent -, mais je ne c roi pas qu’ils foient Ma- hometans , parce quïls boivent du brande- vtn dans la même eoupe que nous, fans au- cun lcrupule. Après avoir fait ici quelque provif on de racines &c de fruits , nous en partimes le vingt, à fîx heures &c demie dù matin, &c nous apperçumes à la pointe Septentrionale de l’Ifle une grofîe Barque chargée d’hom- mes. Lors que nous paffames à eett-e hautes y *4 SOTTE DU VOYAGE vUj*. lis fe mirent a voguer vers leurs habitations, eau1/- T* CmmeS q-‘’ils s’étoient retirez à £a ',e il' „ ’ qU5‘ qulls neuflent -aucun iüjec de nous craindre , ou peut-être à l’oc- S e°nfonb!eU qU-C br°Uillerie qu'iis *v°™: petites vagues qui s'enttecoupoient , & que L n^H5™1 dC co,uleur i no«is fondants OC nous eûmes vingt- deux braffes d eau. Te revirai de bord , & mis Je Cap à l’Oiieft iuf- ques a deux heures du marin ; enfuite je tour- nai de nouveau le bord , & j’eus differentes Knf°KdTS : 4 huit heures du foir, vingt! deux braffes ÿ a dix heures , vingt-cinq • à onze , vingt-fept ; à- minuit, vinft-huit ; à deux heures du matin , vingt-tfx ; à quatre heures, vingt-quatre ; à fix, vingt-trois; à huit, vingt- huit, & à midi, vingt-deux. Tnîc0l^Pa/rame,S r evant -3.m - . : pIlLd n 71 . rTrinfp ■ C pjt . Jp3i e£Cel ■ î£Ë^LO.*.tm.S.O.+ .Z. 0-710. V-0-la70. 5.L . -. & 1 on n’eut point de fond. Enfuite j’envoyai ma chaloupe pour fonder , l’on trouva cin« quante Erafles d’eau à un mille du rivage. Nous renyerfâmes le bord avant que la chaloupe revint pour éviter un banc de fable qui étoitàun mille ou environ de cet- te Me que la chaloupe alloit reconhoître , &C' d’où il en fortoit un autre qui venoit le join- dre. Mes gens en raporterent un Pétoncles, de la nature de ceux dont j’ai parlé dans mon * Voyage autour du Monde , de qui fe trou- vent proche de l’Me Celebes. Ils en virent quantité d’autres-, dont quelques-uns étoier.c beaucoup plus gros , à ce qu’ils difoient , que celui qu’ils avoient pris , de c’eft pour ce- la que je nommai cette Mè , l’Me des Pé- toncles- Quoi qu’il en foit , je les envoiai de nouveau pour fonder , avec ordre de tirer un coup de moufquet s’ils trouvoient un bon mouillage nous avions aïbrs le Cap au Sud y & une bonne brize. Auffi-tôt qu’ils eurent î"Ioia. II>pag. £ . fuiTE DU VOVA6È Yô-jÿ.. changea, de bord, & pouffai vera f 'Vlls,!ne dirent qu ils avoient cinquante orafies d eau , lors qu’ils avoient tiré leur* coup, je tournai de nouveau le bord & je fis force de voiles pour fortir de cet endroit , ?or,iet?1S pre^s de a*ueIc3ues rochers & de bas tonds fous notre vent. La brize fraichit , & in’!7e/Croio^s hors de danSer i mais fur ce qu ü le trouva un banc tout auprès de nou£ ce que le vent mollit, je fis remotquer le Vaifleau avec la chaloupe , & de cette ma- niéré nous fortimes de ce mauvais pas. A une heure , après avoir pafie le banc, SC Yu- o vo^t un^. pofte marée qui cou- rmt a ! Uueft , je mouillai à trente-cinq braf- fes deau, un fond de gros fable, mêlé de petit corail, & de coquilles. Plus à portée aiors de 1 Me des Pétoncles , j’y envoyai mes deux chaloupés , l’une pôur faire du bois oc 1 autre pour pêcher. Sut les quatre heu- res il fe !eva une petite brizé du Sud-Sud- Uuelt ; de forte que je fis figne à mes cha- loupes de revenir à bord. Mes gens rappor- tèrent un peu de bois & quelques petits Pé- toncles , dont il n’y en avoir point qui ex- cedat le poids de dix livres ; au lieu que la coquille du gros en pefoit foixanre dix-huit ; mais il eroit^ alors haute marée , Ôc c’elt pour ceia qu’ils n’en purent atrraper de plus gros. Ils apportèrent auifi quelques pigeons dont il y avoir quantité fur rouces les Mes ou nous touchâmes dans ces Mers. Nous vî- mes en plufieuts- de ces- endroits bon nom- ore de gro/fes Chauvefouris •> mais nous n’en marnes aucune qu’à Pulo Sabuda. Les deux^ cmioupes ne furent, pas plutôt de retour j «lue üglis levâmes l’ancre , Refîmes route £1N *699. A LA K HOLLANDE. if Sud-Efl: auffi long-rems que le vent le per- mit. Il fe trouva Je matin que nous étions quatre ou cinq lieues à l’Eft de l’endroit où nous avions mouillé. Nous courûmes bord fur bord jufques à onze heures-, mais com- me on reculoit au lieu d’avancer , nous jettames l’ancre à quarante - deux braifeS d’eau , un fond de gros fable mêlé dé gra- vier Sc d’un peu de corail. D’ailleurs , nous' crûmes ce matin de voir paroître une voile en Mer. L’après-midi j’allai à terre fur une petite Ifle couverte de bois, qui étoit à deux lieues' ou environ de nous. 'J’y trouvai plus de pi- geons que je n’en avois jamais vû à la fois dans aucun endroit des Indes Orientales'’ ou Occidentales , & une fi grande quanti- té de Pétoncles , que nous "en aurions pû remplir- la chaloupe dans une heure de tems ; mais ceux-ci ne pefoienc guère plus de <Ü2é ou douze livres. Nous fîmes un peu de bois „ fk nous emportâmes aflèz de Pétoncles pour en régaler tout l’équipage } mais nous né tuâmes point de pigeons , parce que nous avions oublié de prendre de la dragée. Je fus de retour à bord fur les quatre heures y enfuite le Canonnier les deux Contre- maîtres allèrent à la même lfle , & en moins de trois quarts d'heures ils y tuerent dix pigeons. Au refte , le flux court ici Qüefl & le reflux Efl: , mais le dernier eA foible & ne continue pas long-tems. Nous éprouvâmes la même chofe par tout depuis l’ifle Timor. Les vents étoient auflî à l’Efl: , entre Nord-EA & EA-Sud-EA -, de forte que s’ils tiennent à ce point , il efl impofllble fut cette côte de gagner plus à l’Efl; contre vent SS SUITE DU VOYAGE oc marce. Ces vents d’Eft Te renforcèrent de- puis le tems que nous étions à deux degrer ou environ de latitude Méridionale , & plus frUvaap°chons de la %ne 5 Plus ils tournent ai Fit. Dans ce parage , qui étoit au Nord du n°ÜVelle Guinée’ oü ie nvage S?/c a &Pu,Æa ,e trouvai que le vent ail- le foufloit de 1 bit , quoi que dans de plus >JpPo-ata *"oit d’ordinaire Nord- Nord- Oiieft & Nord-Oiieft. Jecroiois de le trouver ici de même , parce que nous étions au bud- de la ligne. Le fept de Février au matin jenvoiai ma chaloupe a terre fur rifle des pigeons , S£ nies hommes revinrent l’apr es midi , avec vmgt-deux de ces oifeaux , & quantité de retondes , dont les uns étoient petits , îk d autres fort gros. Us en rapportèrent même une écaillé vuide, qui pefa deux cens cin- quante-huit livres. A quatre heures nous levâmes Tancre par un petit vent d’Oiieft , 8c à la faveur de la niaree. A fept heures nous mimes fur le fer à quarante- deurbraflesd eau, près duneifle, ou j abordai le lendemain matin, où je bus ’ z la fante du Roi Guillaume, & que fho- horai de fon nom. Elle eft fort haute , ex- uemement chargée de bois , & peut avoir deux lieues & demie de longueur. Il y a une infinité de beaux arbres verdoians , dont la piuparr, qui me font inconnus , étoienf chargez de fleurs jaunes , ou blanches , ou couleur de pourpre , qui donnoient ne odeur fort agréable. Ils' ont prefque tous la tige haute & droite , & peuvent' jærvir a tourc forte d’ufage. j’en vis un , dont 46 corPs bien poli 3 fans branches > de iécjçj. A LA N. HOLLANDE. ' . fans aucun nœud, qui pouvoir avoir foixan- te ou foixante-dix pieds de haur. Il paroif- foit de la même grofleur d'un bout à l’autre jufques au fommet , & il avoir trois de mes? brades de circonférence. Il y a' quantité de Palmetos fur l’Iflfc & à fes^côtez , & nous en pouvions diltinguer les têtes au deflus de tous les autres arbres, quoi que nous n’en viffions pas les troncs. La terre de cette Ifle eft noire y mais elle n’eft pas profonde, parce qu’elle elt pleine de rochers.- Vers une heure après midi nous levâmes' l’ancre & mimes le Cap àTEft', entre la hau- te mer ÔC l’Ifle du Roi Guillaume , que nous lai dames à nôtre bas bord. Nous courûmes toüjours la fonde à la main , jufqu’à ce que nouseutfions pafle lTfl;e , Ôc alors nous n’eû- mes point de fond. Le flux couroit ici Eft- quarr au Nord-Eff & i’Ebè à l’Oueft-quart- au Sud-OLieft. Il y avoit des baffes ôc de petites Iflcs entre n,ous’ & la haute mer j ce qui fendoit la marée tort inconftante , & caufoir plu fleurs tourbillons dans l’eau -, avec roue cela nous ne trouvâmes point que la marée fût violente ni de l’un ni de l’autre côté, ni que l’eau s’élevât beaucoup. Le neuf parvenus à l’Ëft de rifle du Roi Guillaume, nous cinglâmes tout le jour en- tre la haute mer &c les autres Mes , à la faveur des vents d’Ëfl Sc du béaü tems qui dura juf- ques à fept Heures du lendemain matin. Alors nous eûmes une groffe pluie jufques à huit heures, &: nous vîmes' quantité de poiflons enfemble à diverfes reprifés. Le calme nousr furprit à la hauteur d’une Baye aifez pro- fonde fur la côte de la nouvelle Guinée 5 qui avoit treize ou quatorze lieues tns & fUîT£ ?U VOŸAGÈ lÿy* i ou ,1'JU de laree i elie étoir /ez bas 'e^tr^ £*P? m i 2S?idi- Io[,s quenoSsS ï yerture 5 ;nous vlmes une ou- Forc Jni fembioit promettre un bon zene9 vJ J°^ 4 ? Parut un grand feu £ • * J Y aUrois CtC y ix le vent IVnr n^r du,Spaïs0Ur ni’informer UR peu des Naturels famesPIe r^<5Mat.re ^ “ mois que nous pafi. lames ie Cap Mabo jufques au douze nnne eûmes de petJts vents d’Eft, & des calmes - & les rea“ous' a avançâmes pas en tout plus de trentflieuS i699. A LA N. HOLLANDE. 0„ à l’hft du Cap Mabo. Mais le douze à quatre heures après midi , il Te leva un petit frai? an Nord-tft quart au Nord , accompagna de pluye : A cinq heures il fiuta au Nord- OLieft , d'ici au Sud-OiicÛ , & continua af- fez gaillard entre ces deux points j de forte que nous fîmes route au> N©rd-ElE * jufques au treize au matin , pour doubler le Cap de Bonne- Efpprance. Quand' il .fut jour , . nous courûmes Nord-rEfl demi- Eu: , enfuite Nord- Efl quart à l’Eft jufques à fept heures : Eloi- gnez alors de fept ou huit lieues du rivage , qui tourne à l’Eft quart au Sud , nous cin- glâmes a l*ÉftV Nous; eûmes tant de pluye toute la nuit , qu’il n’y eût pas moyen de porter toutes nos voiles , quoi que nous euf- iîons un venc frais. Le quatorze à huit heu- res du matin le tems s’éclaircit » & le vent qui fe fixa à l’Oueft quart au Sud , devint un beau frais. Nous eûmes plus de pluye ces; trois derniers jours , que nous n’en avions' eu dans tout le voyage en aufli peu de tems. Nous étions alors à fix lieues ou environ de la côte de la Nouvelle Guinée , qui paroifToit fort haute’, ôc nous vîmes deux Caps, l’un à l’Ell & l’autre à l’Oiieft , à vingt lieues; de di (lance l’un de l’autre , dont le dernier étoit le Cap de Bonne- Efperance. Nous trou- vâmes d’ailleurs quatre degrez de variation Orientale. .... Le iy au matin entre minuit &: deux heu- res nous eûmes un beau frais du Nord OLieft , &c le Ciel parut fort noir au Sud-Oüelt. À deux heures le vent fauta tout d’un coup ait Sud Sud-Oueft , Sc il plût avec une extrê- me violence. Le vent fe fixa un peu à rOuell Sud-Oûeft , ôc nous fi mes route Ift NorHSM TEr Dü .yOŸAGE Ie ra( &1i iïr,U”i-a ‘rois heures. Alors toJr l^Fli 5 u ‘ hmimierent , & nous" approcher £ü‘1em' Wortj * «ainte de trop oK,V f* a tcrV „U dcflUs l'htsmme ? 1 e/°ic ail bout du Beaupré , cria terre iîeSet^nOCrCî^rlborc1’ ^ous regatdâmés auf. enrm rï 2> S- a vlm?s dlftin &e nient. Je fondai tL/i' Je tfolJ.val qu’il n’y avdit que dix ée/pfFr^ U ’ un .-fond de va&. Le Pilote, un Pour me L3 Ctrre occaiîon > vint à la hâte Sue le mïf?ner CeUC n?uvelle> & me dire SoL cllleur et°it d ancrer. Je lui ré- xiémeS^?S n(«!n ^ ma7 fondai pbJrla deu- fes dvS?7^ ^ & nous eûmes alors douze braf- mes treize ^tr° é?e C°Up 5 nous en eû“ Sfmmtn?, emIe ’ Je.<3uatriémc, dix-feptr liVne / trouvai pmnr de fobd , avec une Jg?e nde cinquante braifesi Quoi qu’il en foie , nous nous ecartames de cette lflc , ÔC r a ilon3 Pas ^ Yite q,Je nous ne puiîîons h fT tour autre périt avant que d’y tom- Oui’ Sf f1 aUr01t pu ^ aVoir d autres Mes- ses rnn 7 P°Int 1Tlarquées dans mes Car- tes , non plus que celle-ci. Du moins ie les examinai toutes , & je n’y pus trouver aucune Me marquée dans' ce parafe. Lorfqu’il fur jour , nous étions à cinq lieues de cette I/ïe S dl Jinn ne nr01 paS que nous en Lu ifions à plus' de cinq milles, ou de deux lieues tout' au p lui quand nous la rimes de nuit. P ^ Cdt upe petite lile affez haute, que ie Vi?ronlaaua/urrfVidenCVi A Clnq,lieu& ou en- viron au àud de celle-ci, il v en a uno rtn^aui’eS0^6 le "°7 de GuillauœeScow- Jb tirldn dr<:|Uee.dans nos Cartes> donc- jb„" a haut »' & a vlnSc Üeuës d» #99- A LA N. HOLLANDE. $$ Ce fut aufïi par un pur effet de la Provi- dence que nous évitâmes la petite Ifle. Car ü le vent n’eût tourné à i’Oüeft-Sud-Oüefl: , 8c foufflé avec afîe.z de violence , en forte que nous courûmes Efl-Nord-Eft "> nous fe- rions tombez deifus par la route que nous te- nions d’abord , fî nous ne l’avions pas vûë. Nous vimes ce matin flo.ter près de nous quan- tité de gros arbres 8c de trônes , qui venoienr fans doute de quelque grande riviere du Con- tinent. Le feize de Février. nous pailam.es la ligne* 8c nous trouvâmes f\x degre^ vingt- .fix min. de variation Orientale. Le dix-huit par l’ob- fervation que je fis à midi , il fe trouva que nous avions eu un Courant qui portoit au Sud , 8c il y a grande apparence que c’eft ce qui nous entraîna fi prés de l’Ifîe deScowten. Pendant vingt-quatre heures, nous avions gouverné à l’Eft-quart-au-Nord , avec un vent largue ; mais nous ne fîmes qu’une route à l’tft quart-au-$ud demi-Sud, quoi que la variation Orientale ne fut pas de plus de fept degrez. Le vingt 8c un , nous eûmes un Courant qui portoit au Nord, contfe la véritable Mon- ion réglée? que j’artendois ici comme dans tous les autres parages , puis que nous ap- prochions delà pleine lune. Nous eûmes huit degrez 4Ç. min. de variation Orientale. Le jz" nous ne fentimes prefque point de courant 3c s’il y en eut quelqu’un , il tournoit au Sud. Le vingt-trois après midi nous vimes deux ferpens , 8c le lendemain matin un autre qui étoit pourfuivi avec chaleur par deux poif- fons, qui nous accompagnoient depuis cinq o’i fix jours. Les derniers éuoient à peu près d^ M SUITE DU VOYAGE idofc figure , de la g ro fleur & de la longueur des maquereaux > mais de couleur jaune 3c verdâ- tre. Le ferpent qui les fiiy-oic d’une grande vi- teire , portoi t la tête hors de l’eau , & l’un de ces poiflons «choit de lui attraper la queue ; mais aufîi- toc que .le ierpent Te retournoit , ce pomon deméuroit en arriéré, & l’autre v.enoit prendre fa place ; de forte que tour à tour ils le tenoient en haleine , & qu’il fe dé- xendit toujours eh.fuïant , jufqu’àce que nous les perdîmes de vue. Xe vingt-cinq de grand matin , nous vimes line Iile a notre Sud , qui pouvoir être à U lieues de diltan.ee. Nous nous approchâmes dans lapenfee que c?étoit riHe que les Hoi- landois appellent rifle de Wisharr; mais fur ce que le contraire parut , je lui donnai le nom de. Matthias, parce que c’étoit le jour de la iete. Elle effc montagneufe , remplie de dois , entremêlée de quantité de fava- nes , & de quelques cantons de terre qui iembloienr défriche^ , & peut avoir neuf ou dix lieues de .long/ • - > • ^ • A huit heures du foir, nous mimes à la Eape dans Je deiTeirt /s’il étqit po/îible , d’an- crer fous cette I fie. Mais le vinge-fx au matin nous en appelâmes une antre à fept ou huit heues a,l £ft de cglje de Matthias , & nous taies route de ce côré-ià. .Vers le midi at- rivez a la hauteur de /en Sud-Qlieft , je voulois la ranger tout du long, pour aller enfuite mouiller au .Sud-Eft ; mais il y eut des tourbillons fi rudes Sc û frequens , que je n’ofai point m’y hafarder. Cette Ifle eft haife , unie & chargée de bois , dont les arbres paroiifoient hauts, gros , verdoians , of tort ferrez les uns des autres. Elle peut \$W. A LA N. HOLLANDE. % avoir deux ou trois lieues de long. Vers fa pointe Sud- Otieft 5c à un mille ou environ, il y en a une autre petite , baffe , pleine de forêts, 5c d’un mille à peu près de circuit. Entre ces deux Ifles il y a une chaîne de ro- chers , qui les joint ènfemble , 5c je nommai la plus grande , rifle orageufe. Comme nous ne pûmes point ancrer ici , je tournai vers le Sud, pour approcher dû Continent* Mais les grains de vent 5c les tourbillons furent d’abord fi rudes, qu’ils nous obligèrent plus d’une fois à caler tou- tes nos voiles , 5c à gouverner plus à VEfb pour nous en garantir. À quatre heures , le Ciel s’éclaircit , ÔC nous eûmes unâflez beau frais, pendant lequel nous forçâmes de voi- les. A cinq heures, l’éclaircie parût du co- té de la terre, Sc nous crûmes découvrir le Cap Solomafwer , à dix lieues de dîftance Sud Sud- Eli. Nous vîmes cet après-midi quantité d’arbres , de gros troncs 5c d’her- bes , flotet autour de nous. Jufques à fix heures nous courûmes Sud Su, d- h 11 V alors le vent mollit , Sc il n’y en eut que peu jufques à fepr. Nous reliâmes ainfi jufqu’à dix heures j enfuite nous finies I’JEft toute la nuit. Le vingt- fept , auÆi-tôt qu’U fut jour, nous forçâmes de voiles , courûmes Elt-Sud Hit » à la vue de la terre, qui n’étoit pas à pjus de fcpt lieues de difhnce. Nous paflames proche de quantité de petites Mes bafles 5c pleines de Lois , qui croient entre nous &c le Continent y 5c qui ne font point marquées dans nos Cartes. Nous eûmes alors neuf de- vrez jo- minutes, de variation Orientale. Le 2.8. il y eut plufieurs Tourbillons fu- rieux j accompagne? de vent y qui fauioit d’un ^ SUITE DU VOYAGE u?&>. .point à l’autre , de pluye , & de quelques Trombes. -Nous eûmes beau rems la nuit ; mais plus d’éclairs que nous n’en avions jamais vû dans tout ce Voyage. Nous avions laifle le matin à nôtre bas bord > une grande Jjle bien haute , que les Car- tes Hollandôifes^ nomment lTfle de Wis- hart , &c qui eft à fix lieues ou environ du Continent , fur lequel nous vimes quantité de fumée , & c’eût pour cela que je voulus en approcher. CHAPITRE IV. Pu Continent de la nouvelle Guinée & de fes Ha- bitans. De la Baye des F tondeurs & de quel- ques petites ljles. Defcription de celle de G arrêt Denis , fie fes Habitons & de leurs Pirogues. De fl fie d'Antoine Cave & de fes Habitant. De quelques arbres trouve^ fur l'eau & pleins de vers. De 11 fie de S. J. an. Du Continent de la Nouvelle Guinée , de fes habuans & de la cor te. DÛ Cap & de la Baye S. George. Du Cap i Orford • D'une autre Baye & de Jes habitant , avec lefqUels t tuteur cherche à faire quelque commerce. Il nomme cet endroit le Port QiounUe? gue. Defcription du pais des environs & de ce qui! produit. Defcription d'une lfie brûlante. Dé- couverte d’un nouveau pafiage. ' De la Nouvelle Bretagne. De l'ifie du Chevalier George Roo\. ' Découverte & defcription de l'ifie longue , &• de celle de la : Couronne. De l'ifie du Chevalier Rook-Rich. D une lfie brûlante. , D’une “Trombe extraordinaire . Conj célure fur un nouveau Pafy [âge vers le Sud. De [lfie du Roi Guillaume. SSÇ“^ elles Paprocherent “rnTT* en !ouc ^unv;onvso,vx°de r°us„ frde: ? “«S 1 en approcher iufcm ’à ^ 6 n,°^ai point fut mis un peu au beS Tlo C rcms fe pairet dans une Baye qui droit' a îf*/e voulus & nous aurions pù d’abord „ ”otre avant . Cape' nous' dérivtnesTfo^To^'T * '* æ ChnapdcUtsSs désc endoufler la bandou- lière à plufieurs de mes gens pour éviter la furprife. Enfin je n’eus pas plutôt reviré lç ***?• A IA N. HOLLANDE. 99 bv)rd , que les Naturels du païs , qui étoiei t dans les Pirogues , fe mirent à nous lancée une grele de pierres avec des machines qu’ils avoienc , & c eh pour cela que je nommai ce I arage la Baye des Frondeurs. Mais à, J,otEle dljn coup de canon qu'on leur tira dertus, ils s eloignerent au plus vite, foie etonnez , & ils ne s’amuferent plus a jet— ter des pierres. Cependant ils fe joignirent pour cqnfulcer peut-être Fur ce qu’ils feroient* du moins ils n’allorent pas d’abord vers le rivage, quoi qu’il y en eût quelques-uns de tuez ou de bleiïez du boulet de canon Ils auroient même paié bien plus cher leur au- dace, h je ne m’en étois fait un fcrupule , oC n je n a vols eu envie de lier commerce avec eux ; ce qu’ils ne m’auroient jamais ac- corde fans doute , fi f endors venu à un châ- timent plus fevere. Le lendemain nous paffames -tour auprès d une me , ou nous vimes quantité defumée , &c des hommes qu il y avoir dans les Bayes. Il en forut deux ou trois Canots-, qui ta- cherent de nous joindre ; mais il leur fut lmpoiîible , quoi que nous ihîions petites voiles , &c je ne pouvois guere bien les atten- dre. Lors que je me trouvai à la pointe Sud» hit, je fondai plufîeurs fois à un mille des Bayes fabionneufes ; mais il n’y avoir point de fond. A trois lieues ou environ au Nord de cette pointe , nous découvrîmes une grande Baye profonde , qui etoit à Ta- bn des vents Oüelt Nord- Oiicft & Sud- m Y’™ y avolt deux autres Mes à fon Nord-Elt , qui garantiraient la Bave des vents de ce coté- là. L’une étoit petite j mais Remplie de bois } l’autre, qui avoir une lieue E 2, jpoo SUITE DU VOYAGE de long , écoit habitée Sc pleine de Coco- tiers. Je tâchai de me glifler dans cetre Baye, mais il vint de telles boufées de vent des montagnes voilînes qui la dominoient, qu’iî n’y. eut pas moyen d’y entrer. D’ailleurs la nuit aprochoit >,& nous avions des Grains de vent fi rudes , que je ne voulus point m’y hafarder. Nous courûmes donc vers la petite Ifie habitée pour voir fi je pourrois ancrer à Ton Eft. Lors que nous y arrivâ- mes 3 fille nous parut fi étroite » qu’il p’y avoir point d’abri ; de forte que nous tournâmes le bord pour aller à la plus gran- de. A moitié chemin entre ces deux Mes, ou même plus avant , je mis à la Cape , réfolu d’y chercher le lendemain matin un bon mouillage. Ce foir entre fepc & huit heures nous aperçûmes un cahot fort prés de nous , & comme il n'y en avoir pas d’autres nous foufrimes que les trois hom- mes qui le montoient vinrent à nôtre bord : ils nous aporterent cinq noix de Co- co , pour lefquelles je donnai un couteau ôC un Chapelet à chacun d’eux s afin de les en- gager à revenir le matin. Mais avant qu’ils fe retiraient bous découvrimes deux au- tres canots ; ce qui nous obligea de tourner au Nord , 6c d*e remettre enfuite à la Cape jufques au jour. 11 n’en parut plus de tou- te la nuit, 6c s’il en fut venu quelqu’un nous n’aurions pas permis qü’il nous eut abordez. Le lendemain matin à neuf heures nous étions à une lieue de la grande Me , où nous ne pouvions arriver à caufe des violentes boufées de vent. Ces Grains nous avertif- $bien£ de leur aproche par les nuages qui V$99- . A LA N. HOLLANDE. iùt rotiloient fur le haut des montagnes 8c dè- cendoient enfui ce au pié ; c’étoit alors que nous les attendions. Le troisième de Mars , à cinq lieué's ou en- viron, fous lèvent de la grande lile , noué vimes le Continent par Proue, 3c une autre grande Ille à fept lieues de diffanée , vers laquelle nous âmes route. LeS Cartes Hol- landôifes la nomment rifle Garret Dennis, Elle a quatorze ou quinze lieues de circuit j elle elt haute , montagneufe , & pleine de bois : Quelques-uns de feé arbres nous pa- rurent fort hauts 8c fort gros , Ôc les Bayes du côté de la mer font bien garnies dé Co- cotiers -, nous y vîmes» auffi quelques peti- tes maifons. Il y avoit quantité de planta- tions fur les collines , 8c la terre nouvelle- ment défrichée y paroiifoit d’un brun rou- geâtre. La figure de cette Me n’eft point ré- gulier e , mais elle eft environnée de poin- tes qui avancent dans la mer , entre lefquel- Jes il y a plufieurs Bayes fablonneufcs char- gées de Cocotiers, Le milieu de l’Me ell à trois degrez dix minutes de latitude MerN dionale. Elle elt fort peuplee , fes habitans fonpnoirs , vigoureux 8c bien taillez . ils ont la tête grofie 8c ronde , les cheveux frifez 8c courts , qu’ils coupent de différentes ma- niérés , 8c qu’ils teignent auffi de diverfes couleurs, de rouge, de blanc 8c de jaune. Ils ont le vifage rond &c large , avec un gros nez plat ^cependant l’air n’en feroit pas defagrea- ble s’ils ne défiguroient l’un par la peinture, 8c l’autre par une efpece de cheville de la groffêur du doigt 8c longue de quatre pou- ces , dont ils traverfent les deux narines , en force que les deux bouts touchent à l’os- L 3 tent des chevilles comme au nez Ils w iorc adroits & adtifs à rtïanfer leurs Piro d^arr' Sni/f"1 C?nftmues avec beaucoup 5 art hiles fout étroites & longues av°r des bout-dehors d’un côté y lWant & 1W- riere font plus hauts que le relie , & ornez iau“dïn rcu,Ptute; Par exemple d’un oi- ou en l|,vfPo n 3 °“ d t,ne “âîn peinte Ær l/rlm ?|Ul ,‘ls cepetotent fouvent ces «lots , Vacoufi allamats , & ils nous mon- troient enfuite le rivage. Leurs fîtrnes d’a- mitie confient à mettre un gros bâton ou ime branche d arbre pleine de feiiilles fur IrmaTn.’ & 3 ^ ftaper fouvent la c«e avec iéfa A ÎA N’. HOLLANDE, 3 Vdÿ Le jour fuivant , à la faveur d’un allez beau frais , nous arrivâmes fous une IHe haute , de quatre ou cinq lieues de circuit , couverte de bois , & enrichie de plantations fur les pantes dès collines. Il y avoit a'ufïr abondanCe de Cocotiers fur les Bayes , près de la Mer. Elle eft à trois degrcz minu- tes de latitude Méridionale , &c fa diftancè Méridienne du Cap Mabo' eft de 13 '16. mil- les. On voit à Ton Sud- tft trois' ou quatre pe- tites Ifies , pleines de forêts <3 è de Côcotiers j mais il y en a une qui eft haute & pointue , & une autre baffe & plate. A fon Nord , il en paroît Une d’une hauteuf medioCre , ôC d’iin plus long circuit que là defniere gran- de Ifle haute dont je viéns de parler. Nous paffames entre celle-ci 3c là haute, que les Cartes HoUan'doifes nomment fille d’Antoi- ne Cave. Pour ce qui eft de l’Ifte balle Sc plate, Sc de l’autre petite, il y a quelque apparence que les Hollandois ne les ont ja- mais vues 3 non plus que celles qui font aiî Nord de fille de Garret Dennis. AuftLtôtque nous approchâmes de celle de Cave , quel- ques Canots vinrent autour de nous , & nous faifoient ligne d’aller à terre , comme tous les autres avoient déjà fait 3 dans la penfée peut- être que nous pouvions échotiër Je Vailfean par tour , de même qu’ils y vont avec leurs Pirogues 3 du moins nous ne vimes niancre ni voile parmi eux , quoi que la plupart des Indiens Orientaux aient l’une 3c l’autre. Ceux-ci avoient des Pirogues faites d’un feul arbre, biencreufé, avec des bout- dehors d’un côté 3 elles étoient petites , mais bien tournées. Il n’y avoit point de fond à un mille du rivage , ce qui nous empêcha- d’y moüîll S-ÜN^ DU VOYAGE i e9sh Sénrrinn^ ÏWames de près la cô^e iX-à ce nn’ t0UITS la fonde 4 1» mam" où il ne V“cm>us fumes. à fon Nord- Eli’ T * Ve & trouva pas non plus de fond Les Canots contimioient à nous fuivre & ks Bayes érotent couvertes d’hommes ’qul iai/ions"voilet°UM 'C ÎOng a mefure «Que nous dUi tenterenr'f 7 “ £UC ffiême Pleurs J tentèrent de nous joindre à Ja na un Pctu Miroir & un ™i &J /“ ?"‘leurs Veux desCi- £ leur fi, fi efallief de noix de Coco , & unes / horHSne^e « aporter quelques- d? ces bnnt; au/f tot & dont la >-> 1 £ DU VO YACV rs S“cffr°iflb,t lncruftée “■*^%iUe &*n Iflf que steTÆsfisrSfig |SS|=K?ii celle-ci ^>T“ne aPParence de mouiller foire Nouvelle'6! ILT 7^7™ 7 I croioisme tfouve for «rte et?' 7'* ,e trionale. Mon deffein éroir d\bord de^r' ^'^7 en- Vaifleau n’euj pû^ '«p^rf Deforrîque j aimar mieux pourfoivre mes découve?ces îur je Continent., puis oue J'es vf*nrc ■ ■ n étorenr près de 1 uPr /n?& q e a belfo ^ fon n etoit pas éloignée. 1 Le huit de Mars , nous vimes de la fumée en quelques endroits fur je Continent, d£l i6&: t A LA N. HOLLANDE. icj nous étions à quatre ou cinq lieues de di- ftancc. Il nous parût fort haut, rempli de bois , ôc entremêlé de quelques fa vannes. Vers les dix heures du matin , fix ou fept Canots le rendirent auprès de nous : Les hommes qui les nagéoiertt , ( & il n’y en avoir qu’un feul dahsria plûpart ) etoient tous noirs avec les cheveux courts & frifez , ils avoient les narines percées , la tête rafee ôc le vifage peint , comme les habitans dé l’I/le de Cave , ôc ils prononçoient les mêmes mots qu’eux. Il y avoir un Cap à nôtre Sud , au-delà duquel le rivage ne paroilfoit point, d’où je conjecturai qu'il tournoie enfuite plus à l’Oüeft. Ce Cap eftanf. degré, deux minut. de latitude Méridionale , Ôc fon Méridien eft à deux mille deux cens quatre-vingt-dix milles du Cap Mabo. La nuit nous mimes à la Cape ,• four n’aller pas trop au-delà de certe pointe. Le Continent eft haut , montagneux ôc plein de forêts y il y a d’ailleurs quantité de pointés de terre qui avancent en Mer, ÔC qui forment autant de jolies Bayes. Le rivage coure ici Nord-'Noird-Éft ôc Sud-Sud-Oüeft. Le neuf aü marin , un grand homme noir vint à nous dans uri Canot j mais il ne voulut pas noustiborder. Il nous- fit les mêmes lignes d’amitié que nous avions reçu des autres , quoi que fon langage parut différent , Ôc qu’il n’emploiât aucun de leurs mots. Nous n’ap- perçûmes ni fumée ni plantations proche de ce Cap, N nous trouvâmes ici un degré de" variation Orienrale. L’après-midi trois nouveaux Cahots viri- rent autour de nous } l’un avoir quatre hom- mes deflus , Ôc les autres deux chacun. Ce- lui où- étoient les quatre , vint fort pré* £ £ SUITE DU VOYACV de So ^ une’* .jrrnyco0» 9f de 1 eau dans une grotte c- d lncle; &riJs faifoienc des tfune^pournt JJ7*g!*iX*MS3!l5iet Cap «Mi J nf °a environ au Nord de 3 quf fnfermoit une grande Bave pi SamesdV65 Can0tS fe ^dirent. UusP fut Tmp0ffibletrd T°C 'a nuit maIS 11 n‘ laree & nni f‘. f°ne ^ue "«us prime- duCap î d v 1fP^r«umes terre à i 'Oü jÆ®8»® 8a3SSF.Vfas* fon émir ^ud ’ mals comme l'Ho ion etoir embrume eJJe dirparut enfui- m ép risOLA vanrC i a mCS qUC nous nous éuo Cap fort di/îinj? nuU R0US découvrîmes Cap SamrdGeottmennt^ ^ Je 1101X111131 vaJe cnnrr o° § ^Depuls cet adroit le hcîë :0rH^9ufft-Nord-Oüe{l environ d pùfsVrendrea J°ln ^ue ^iTe v Paru /Sn’ ^ ]a.terre qui nous ave rnfr n - n °ueftee poir même, & qui co autre°Cap 5u.d-demi^ud, étoit i ça(- n p ’ 3 dix lieues ou environ du C: j , Ceorge j entre lefquels il y a une Ba^ appemûme/hîf C lieuès de propondeur. Noi Ba?e blCn avant Vers ie fond de cet fcTnXi-n z'izes *iisre * dmrnguer fi c’en ti« au Continent qui fe borne là. Le lendemai ia nous, vîmes, d’autre terre au Sud à \€t )0. A LA N. HOLLANDE. *of de la pointe la plus Occidentale, qui avoic été embrumée ; elle étoit fort haute , & la même que nous avions vue le jour précè- dent difparoître dans un nuage. Ce Cap faint George eit à cinq degrez , cinq minutes de latitude Méridionale , & à mille deux cens quatre-vingt dix milles du Méridien du Cap Mabo. Je nommai rifle qui eit à la hauteur de ce Cap rifle de faint George, & je donnai le nom du même Saint à la Baye qui ell entre ce Cap & la pointe Occidentale. Au refte , il s’en faut bien dix lieues que les Cartes Hol- landoifes aillent au/fi avant que ce Cap. Le dix au foir , nous approchâmes à une lieue du rivage le plus Occidental que nous viflions ; il eft aflez haut &c rempli de fo- rêts ; mais il n’y eut pas moyen d’y ancrer. Je repris le largue , pour louvier , s’il étoit poffible, dans cette Baye , jufqu’à ce que j’enfle trouvé un endroit commode pour y fai- re du bois & de l’eau. Nous ne vîmes plus des Cocotiers ni des plantations, quoique la nuit nous aperçûmes un petit feu vis-â-vis de nous. Le lendemain matin nous découvrimes une montagne brûlante, qui étoit ronde, haute, pointue au fommet , comme font la plûpart des Volcans , & qui exhalok quantité de fu- mée. Nous iffames à bord un tronc de bois qui flotoit fur l’eau ; nous en Ames des bûches pour le feu , ôc nous y trouvâmes dedans quçl- ques petits poiflons. Le douze nous paffames près du Cap Sud- Oiieft de cette Baye , & il nous refta au Nord. Quand nous en fûmes vis-à-vis , j’ap- pellai mes Officiers , & je le nommai le Cap Orford , à l’honneur de mon îlluftre Prote- ifteur le Comte de ce nom , à la fantè duquel ?? . ËUVtÉ èÏÏVÔYAClS ZürJWgt-Clttq '-“^T'profondeur P& t^iræ : ênr,vase •*£*«* Soient ^uêre env .1S P 5 qnUGl qu lls ne k vacion,gJe Ci?n^SCS;âP^ mon obf^ minutes de hrÆü°e Méridionale d&T 24’ •* wucîi; v^ers a Keivp> n? j .» Muau <* Oüeft par la bou/nlé* de 1 T1? coté Su 4 „ Ic* ne neuf devrez. ia vannes qaàdcboS *& S?*- ^ a, Plus de te eft au Nord P1!'5 hau- une pointe plate i/ tCjp iui-meme eft avec une Plafce ah Au“;Wur médiocre , tiens au lud ÔSeft 5? Z r°rs ^ D«« ^ comme une pointe h jijv* CaP ’ 1 Par°iffoit la voir, nous barponnames un tronc de bôiî S torcijëaV& n°s fers qui fervent à darder la faire dés bucheT Nous* e'n'l à b°rd P°Ur en ftice un autre • ,^a,-c if ^arPonnarnes en^ r^s&S^8-5-* & aucunendroK «S'il ES &S Yf5>* A LA N. HOLLANDE. iW l’un 8c l’autre , 8c ne manquer pas de ce qui nous étoit abfolumenf neceflaire. La côte' eft ici haute & montagneufe ; mais elle n’ell pas fi garnie d’arbres que celle de l’autr’e côté du Gap Orford. Le 14. à la vûe d’une Baye allez profonde qui parut à nôtre avant, 8c de quelques If- les où je crus pouvoir mouiller en fûretê •>> nous courûmes vers la terre , 8c nous y vî- mes de la fumée en quelques endroits. A dix heures nous apperçûmes une pointe qni s’élançoit en Mer , avec une Baye au-dedans a qui fembloit promettre de l’eau douce ; dé' forte que nous tournâmes de ce côté à la faveur d’un petit frais. Aufîî-tôt que nous fûmes entrez dans la Baye 8c que nous' eû- mes pâlie la pointe, nous vîmes quantité de Cocotiers , de Plantations 8c de maifons. A quatre ou cinq milles du rivage, fx pe- tites chaloupes , où il y avoir environ qua- rante hommes en tout, vinrent pour nous épier. Là-deiFus je leur fs ligne de retour- ner à terre; mais ils ne m’entendirent pas’, ou ne voulurent pas m’entendre ; ainlï j-e lâchai un coup de fulil au-dtlîùs de leurs têtes ; alors ils fe mirent à ramer de toutes leurs forces vers le rivage. Ceux-ci ne furent pas plutôt à' terre , que nous vîmes venir trois chaloupes des Iiles qui étoient fou* nô- tre vent; elles ne tardèrent pas à nous join-' dre, parce que le calme nous rerenoit. Une de ces chaloupes étoit grande, bien bâtie , 8c montée d’une quarantaine d’hommes ; mais les deux autres étoient petites. Un peu après j’en découvris une autre qui venoit de la Baye où j’avois deflein d?aller : c’étoic aulfi une grande chaloupe remplie de monw ** 5ÛÏTE DÙ VOYAGE de , avec 1 avant & l'arriéré peints , 8c d’u- ne hauteur confîderable. Je crûs que celle-ci venoit pour nous attaquer , de concert avec les autres, comme il y avoir quelque r£nn^nC^V?e -r°rte. qUe ^ tirai Un ^e coup de fufil cnarge de plomb fur la pre- mi^re de ces deux grandes, qui fe trouva ia plus proche de nous -, ce qui le* obligea de quitter leur babil 8c de recourir à leurs pa* gayes. Le calme, qui nous empêchoit d’a- vancer, ht quelles eurent le tems de s’éloi- gner de nous , 8c de ramer vers ia dernie- fe.^Qtiand elles furent aifez près les unes des autres , j ordonnai à mon Canonnier de leur tirer un coup de canon, qui paifât dans l’en- tre-deux j ce qu il exécuta fort habilement. 1 chargea fa pièce de greffe dragées ronde ~ quarree v celle-ci tomba dans l’eau un dJ$a des chaloupes , au lieu que la ronde paifa entr elles , & porta une cen- taine de verges plus loin. Ce coup les eft.aia dune telle maniéré, quelles fe mi- rent a voguer au plus vite de part 8c d’au- tre vers le rivage, fans que les deux gran- -sapprochailent , pendant que les petites rai/oient de leur mieux pour les fuivre. Nous fîmes route après eux vers la Bave , à la fi- veur d une pente brize qui fe leva. Nous étions pas éloignez de la pointe , lors- que je vis quantité d’hommes qui épioient ,u haut des rochers, je leur h s tirer un coup de canon pour les eflraicr , & le boulet paf. lioncrCi pre-s d,euf* A mcrure que nous ran- gions la cote le long des Bayes , j’apperçus ffr n^uveau grand nombre de perfonnes af- ides fous les arbres ; de forte que je f.s ti- un troinem© coup de canon entre les Co^ léçfp. A LA N. HOLLANDE. côtiers, pour les intimider davantage. Mon delfein étoit de faire de l’eau 6c du bois ; ain- fi je crus qu'il étoit neceflaire d’imprimer quelque terreur aux habitans, qui étolent fort nombreux , & que je foupçonnois de perfidie , par ce que je venais de voir , &C que j’avois éprouvé autrefois.- Infuite j’en- voiai ma chaloupé pour fonder y elle eut d’a- bord quarante brades d’eau' , après trente , 6c enfin vingt. Nous la fuivimes , & nous' ancrâmes à un quart de mille, ou environ du rivaee , à vingt-fix brades d’eau , un fond de fable noir 6c de Vafe 3 droit vis^à-vis l’embouchure d’une petite riviere , où je me ■flâtois de trouver de l’eau douce. Il parût quel- ques-uns des Naturels du païs fur une poin- te voifine de cette embonchure, 6c je tirai un coup de fufil par^delfus leurs têtes f avec de la dragée , afin de les épouvanter -, ce qui ne manqua pas de rëülîî-t. L’après-midi l’en- voyai ma chaloupe à ceux qui étoient fut là même pointe , avec des noix de^ Coco qu’ils nous offroient. Auffi-tôt qu’elle ap- procha d’eux ils Ce jetterent dans l’eau pour y mettre leurs noix; enfuite je fis ligne à la chaloupe de revenir à bord , 6c je la renvoyai pour faire de l’eau avec mon au® tre chaloupe-, S c la Pinaffe, qui devoir fe tenir à l’embouchure de fa riviere , afin de les garder contre les infultes des habi- tans. Au bout d’une heure elles revinrent avec quelqiKS barils d’eau douce , que mes gens avoient puifée à un mille ou environ au delà de l’embouchure. J’y renvoyai de nouveau les deux chaloupes , avec ordre à l’une de remplir les barriques , 6c à l’autre 4e veiller fur les mouvanens des Nauw % du JfâfÆ mm ié^ que mes gens revinfenJepnrent rien » de forte couché f avec 1m ?i>An peuaVanr Ie douce. Lelendeml?n^ fU & demi d’eau fef* à ,%d r,xM„nlalimidi,h en p°r* !! uan tiré Je ‘roc ho v’‘ ' l'v ‘ '* ‘If"''' avoienc "es racin &f Envahi S‘m & autres b™- gens à terre pour ,9 ;&^î -Çs uns de nies <3 «oi qu’ils acLi'/a/rèÀ°n^r r^u eux J n)aiS couperets 3 ïli rîe fnul ¥ches' ? & nos m donner autre chof> 2^t/alre aucun trop :<*> V. ÜS mOhtdléW L9^s— SVC°1X de C°' cueillir » & auifi-tôt aUiï S*—5 pour ies nees a mes gens*.- j']s iuL /Jes av°,cnt doo- retirer ■’ rar il* « • icut «ïipi.ent iigne de fe , Le craiffn0.ent beaucoup! Chaloupes pour achever d* 5ncore- mes deux ü n’étoitf parWZ%Ûf^c W*de-, 8c toutes m« barriques pleinif Trfvl™en^vÇ.c ies en veiai toutes ’ ^apres-midi je mais iûr ce aueE p°up fajre du bois > d’hornmes fur ?a Bave Fn Wrantaine mes gens , je fs un ? peu de .diftance de ci, qui me 'd*,^ ff”alrp,°ur raPPeIler ceux, mes ne faifoient a„!fï ^tour que ces hom- de/Tein: , & qu’fL mpa/rer par"Ja (ms aucun 4ue comlheme^c feifeh6t,à 'ier C d’autres bonnes racines -, comme aulfi de prendre un peu plus de cqnnoiflance du païs & de c© qu’il produit. Tous mes Offi- ciers furent d’avis de nous arrêter encore quelque rems. De forte que le lendemain je renvoiai mes deux chaloupes à terre, pour pêcher & faire, plus de bois. Alors trente ou quarante Naturels du pais , hommes 8C femmes , vinrent à paffier par cet endroit , 8ç témoignèrent d’abord quelque crainte } mais fur ce^ que mes gens leur firent des lignes d’amitié , ils continuèrent tranquillement leur chemin,. Les hommes avoient des J>îu~ mes de diverfes couleurs autour de la tête y 8c des lances à l'a main y mais les femmes n’a- voient pas le moindre ornement , ni autre chofe, pour couvrir leur nudité , que de petites branches vertes , devant & derrière y paflees dans urr cordon qui leur fervoit de ceinture. Elles portoient aufli de grandes corbeilles fur la tête pleines d’Yams. ) aï toujours remarqué -la même choie entre ces; Nations barbares , que les femmes portent les fardeaux-, pendant que les hommes mar- chent les premiers fans aucun autre embarras que celui d-e leurs armes 8c de leurs orne- mens. A midi mes gens revinrent avec du1 bois & fix poi fions y ils n’en prirent pas da- vantage en quatre ou cinq coups de filé 5 quoi que nous en vilîions grand nombre tous les jours fauter dans la Baye. L’après-midi j’envoiai de nouveau les cha- loupes pour faire plus de Bois , 8e quelques- uns de mes çens allèrent aux maifons des Na- turels du païs , qui paroiÆoient plus craintifs qu’à l’ortimaire y du moins ils avoient SUITE DU VOYAGE Wres leS,noix de Coco des arbres5 ’ cv mis leurs cochons à quartier. Sur ce que mes gens leur demandoienc par frg nés ce -WS,en/VOicnt ,falt- leur moSeren? Ja Baved01‘? ÿ 'r,!< toaJfohs au bout de rr,Y 3 ? imitèrent en même-rems le cri naturel de ces animaux , auffi-bien d%Ch évres‘ DailleursjPour re- aunïs Cn avolc des uns * & des aunes de differente taille, ils renoient la SuS'dé à dlVerfeS avÿ nnlîi108 £ha*]°uPes retournèrent à bord les" nmrii^ TS- Ie !endemain marin je les pris toutes deux pour me rendre à l’a Srellel & T fi 'e “<**" denos'ha-' gatelles & de nos inftrumens de fer , ie ne duëlT5 Pa$ Cngaget les Uarurels du pâïs £ juelqge commerce avec nous ; mais je les trouva, remplis de crainte & dé friponnerie, mes VJLTr PreùU garçon & de“x bom- “ l hun ^°lbcire par quelques Agnes int a cote de ma chaloupe : Je lui donnai "ërrCe°ULeidèrën ch?P/‘«&^ boute“ e”' Ltd5fUS ’ ,! ^ mU à Ctier> CoCOS , C.OCOS , gç nous montra un Village voifin comme s il vouloir y aller prendre de ces J0,1* » maIS li ne retourna plus. C’eft ainfî gens! Oüor^H Ufr pluïï?urs fois âVe? mes leurs* qU ^ en ^°1£ 3 ^ adai m°i-niême à’ de 3 acc°mPagne' de huit ou neuf de mes hommes , & je les trouvai û mifera- ceau &6TteSne ten°knt qU’àun mor- Je parcourus trois de leurs Villages . aban- ^ onnez des habitans , qui avoient emmené • ^vec eux tous leurs cochons, Bec. fy pm s 699.' A LA H HOLLANDE. \vf quelques petits filez , pour nous dédomma- ger de ce qu’ils avoient reçu de nous. Au retour nous vîmes deux des Naturels du païs. Je leur montrai ce que nous emportions ? de leur criai en même-tems , Cocos , Cocos , pour leur faire entendre que je Pavois pris, parce qu’ils n’avoient pas tenu ce qu’ils nous avoient promis par leurs lignes 8c par la ré- pétition du mot Cocos. Pendant que j’étois à cette promenade , mes gens remplirent deux barriques d’eau , 8c tous les^ barils qu’ils avoient. Nous retournâmes à nôtre bord vers une heure après midi, 8c je trou- vai que tous mes Officiers 8c Matelots avoient grande envie d’aller à la Baye , où l’pn nous avoit dit que les cochons étoient. Il me falloir beaucoup de peine d’y donner les mains , dans la crainte qu’ils n’en agjfTent trop rudement avec les Naturels du païs. A deux heures il fe leva quantité de nuages noirs fur le Continent, 8c j’efperois que ceci les dé.tournerok de leur entreprife *, mais ils me folliciterent avec tant d’în- llance , que je fus obligé de le permettre. Je leur donnai les clinquailleries que j’avois eu le matin à terre , 8c je leur recomman- dai fur toutes chofes d’employer les voies de la douceur , 8c d’en agir avec précau- tion pour leur propre fureté. ha Baye où ils alloient , étoit à deux milles ou environ du Vai fléau. Dès qu’ils furent partis , je fis mettre tout en état pour les foûtenir , en cas de befoin , 8c les défendre avec ma groflfe artillerie. Sur le point d’aborder, les Naturels du païs fe prefenterenr en foule pour s’y oppofer ; ils fecoüoient leurs lan- ces 8c ne refpiroient que des airs menaçans 5 M® SUITE DU .VOYAGE ,?. A LA N. HOLLANDE. Uf ôc un petit en vie. Les autres étoient déjà dépecez , ôc falez ; mais nous né fîmes que- ventrer ceux-ci , les échauder ôc les faupou- drer jufqu’aü lendemain. Lé jour Venu je ren- voiai les deux chalo ipés à terre pour fe munir de nôu veaux rafraichifTemèns , foû de co- dions ou de racines V mais la nuit precedente les naturels du païs avdleht tranfporté ailleurs toutes leurs provifions -, quoi que plufîeurs d entr’eiïx fuflent retournez dans leurs Caba- nes , ôc qu’il n’y en eût pas un qui s’oppo- sât à la décente de nos chaloupes. Au con- traire ils étoient devenus fï honnêtes > qu’un de leur nombre porta dix ou douze noix dé Coco Sur le rivage ,& ;qu’ii difparutg après les avoir montrées à mes gens. Ceux-ci né trouvèrent que des filez ôc des images ils en prirent quelque peu des uns ÔC des autres , lés mirent dans un petit Canot avec deux Ma^- telots , Ôc retournèrent enfuite. J’ordonnai au Boflèman d’avoir 'foin' des fîléz ; îüfqu’â ce que nous fulïiciris dans un endroit com- mode pour nous en fervir , ôc je gardai moi- même les images. ■ , L’aprés-midi je renvoiai le Canot à l’en- droit où on l’avoir pris,&r Ion y mit deux haches , deux couperets , dont l’un étoit gar*» ni d’un marrche , fîx couteaux, fîx miroirs s un gros paquet de chapelets , ôc quatre bou- teilles de verre. Mes gens n’eurcnt pas plu- tôt mis le Canot à fec ôc difpofe toutes ces chofes de la maniéré qui paroiffoit le plus , qu’ils retournèrent dans la Pinafle que j’a- vois envoiée pour leur fureté. Bien munis nous étions de bois , avec toutes nos barri- ques pleines d eau 3 je relolus de mettre SUITE DU VOYAGE ,Soo en Mer le lendemain matin. Nousavion/eû toujours beau rems dans ce paraee, excepté gu U y a voit quelquefois l’après-mfdi une on- *eSree ’ q7 ne duroit jamais plus d’une jeure} avec qudques coups de tonnerre , des éclairs & tres-peu de vent. Nous avions des brizes de mer & de terre ; les unes entre le Eft aÏNord 0^“ * * aUIres du Nocd- te£ TuiïTJ' eaJ ^ez’ZZZ tes de latitude Méridionale, & à cent cin Cap"rafor G mi,ks püeft du Mendien , du C.ap famt George. Le pais des environs efi montagneux , rempli de bois , de vallées , & ■d agréables ruiffeaux. La terre des vallons efi: profonde & jaunatre; mais celle des collines °blcur^peu profonde & pier- nl-nrot d T ’ ,quo1 admirable pour le pLntage. Les arbres en general n’v font pas fem tZ* %V1S> mais fisparafil lent verds , & font plaifir à la vue : Ouelques- ~ , autres de gros fruit , ,de plus d une forte ! qu aucun de nous ne eonnoifioit/ Les Coco tiers viennent très-bien ici , tant fur les baves proche de la Mer , que plus avant parmi ks plantations. Leurs noix font d'une grofieur êpafs & d’nnî:!al" Je la\& le no>'aü font fort épais & d un goût agréable. On trouve ici du gingembre , des Yams , Sc d’autres raânes bonnes pour le pot, dont nos gens goûte renr. Je ne fai point quels autres fruits ou quelles racines il y a dans le païsTmaTs pour dïs ^ochoi^s L^ous nV vimes que des cochons ôc des chiens. A l’égard des ^oifeaux A LA N. HOLLANDE. ni des O j féaux qui nous étoient connus, il y avoïc des Pigeons , des Perroquets , des Coc- Jcadores, & des Corneilles comme celles que nous avons en Angleterre. Nous vîmes d’ail- Jeurs une efpece d oifeau de la groileur d’un merle , 8c quantité de plus petits. La mer & les rivières abondent en poiflon ; nous en vîmes beaucoup mais nous n’en primes que peu , & ceux-ci étoient des Cavallis, des poiflons a 1» queue jaune 8c des Raies qui fautent. Nous partîmes d’ici le vingt-deuxde Mars, cv le vingt quatre nous découvrîmes quei- que terre haute qui étoit Nord, Oiieft- demi Oa Jl , au Oueft ae laquelle un peu vers le 6ud d y avoir quelque choie qui retfembloit a un ri i'a ge, mais incertains de ce que cepou- vo:t erre nous gouvernâmes Oiieft-Nord* nVuli Z°iUte a nu,îc,à petites voiles , dans le AiiîonrJ** ACOïlr e ]onS <*? la côte à quelque dihance. A dix heures on vit paroître un grand feu au Nord-Oiielt quart à POüdLqui s eievoit en forme decolomne, queîaueâis bien haut l’efpace de trois ou quatre minu! tes , & qui s abaiflbit enfui te tout d’un coup pour Je meme intervalle de te ms , quelque- fois a peine etoit-il vifible jufqu’d ce qu’il ne hanrle n°ÜVCâU- m>éroIS couché de bou- ne heure > parce que je me trouvois indifpofé dep,;IS trois ,ours . mais à la vue de ce fpe! ctacie mon principal contre-Maure m’apella le me levai d’abord , & après l’avoir examfl ne environ une demie heure , je cornus par fes m.ervalcs queceroit une lile bru ;!„teP II faiiou beau clair de lune, ainfï j’ordonnai d mes gens d’avoir- i’opii au guet. &'je me rem, « Tome y. F m SUITE DU VOYAGE i7ço. Le vingt- cinq au matin nous fîmes route vers cette Ijle; nous en vimes quantité d’au- tres dont la plupart étoient petites &: baffes, environnées de Bancs de fable ; mais il y ei* avoit une grande & haute , 8c une plus pe- nte , mais fort haute. Le foir nous étions à trois lieues de ce Volcan ,& à deux lieues du Continent. Je trouvai un bon canal pour paf- fer entre i’ùn & l’autre , mais je me tins plus proche du Continent que de l’iffe. A fept heures on jet.ta le. plomb de fonde, 8c nous eûmes cinquéntercfeux braffcs d’eau , umfond de fable 8c de vafe. Je courus au Nord pour fortir de ce Détroit avec peu de vent , mais jl faifoit beau. Cette Iffe vomit du feu 8c de ]a fumée toute la nuit d’une maniéré furpre- nantejà chaque fecpuffe nous entendions un bruit terrible comme celui du tonnerre , & nous votions enfuite paroitre la flamme , qui etolt la plus épouventable que j’aie jamais vu. Les intervalles entre les fecouffes étoient à peu prés d’une demi-minute , les uns plus, les autres moins. D’ailleurs les fecouffes n’é- toient pas toutes de la même force DI yen avpit de foibles en comparaifbn des plus vio- lentes, quoi que les premières jettaffent quan- tité de feu , mais les dernieres caufoient un mugiffement horrible, «St pouffoient une groff fe flamme de la hauteur de vingt ou trente verges : On voïioit alors une grande trainée de feu qui couroit jufques au pié de l’Ifle , & même jufques au rivage. C’eft de là que nous vouons forrir pendant le jour beaucoup de fumçd , qui yenoit fans doute de la ma- tière fuïpflureufe 8c combuftible jettée par le foupirail , 8>c qui augmentoit ou diminuoit félon qu’il y avoic plus ou moins de cette ma- i7oo. A LA N. HOLLANDE. ti* tiere. Mais la nuit fuivante arrivez à i’Oüeft de ce Volcan , dont le foupirail étoit au Sud, nous n’en pûmes pas découvrir la flamme. Il efl à cinq degrez trente trois minutes de la- titude Méridionale , 6c à $ 31. mille Oiieft du Méridien du Cap faint George. La patrie la plus Orientale de la nouvelle Guinée efl: à quarante milles à l’Qiieft de cet- te étendue de païs , 6c quoi que les Hidro- graphes les joignent enfemble , je trouvai ici un partage entre deux , avec quantité d’Jfles , dont les plus grandes font au Nord de ce dé- troit. Le canal efl: fort bon entre les Mes & la terre vers l’E fl. Cette partie Orientale de la nouvelle Guinée efl haute & montagneufe, 6c fe termine au Nord- Efl par un grand Pro- montoire , que je nommai le Cap du Roi Guillaume , à l’honneur de Sa M'ajeflè qui régné aujourd’hui. Nous y vimes de la fu- mée en divers endroits , & après lavoir lairte à nôtre bas bord > nous courûmes le long de la côce à l’EtLqui fe termine par deux Caps , éloignez l’un de l’autre de rtx ou fcpc lieues. Dans l’enceinte de chacun il y avoir deux montagnes fort remarquables qui s'é- levoienr par degrez depuis le rivage , 6C qui faifoienr plairtr à la vue. Les monta- gnes 6c les collines écoient agréablement en- tremêlées de bois 6c de favannes. Les arbres y paroifloienr bien verds & fleuris, 6c il n’y a point de pré en Angleterre qui paroiffe plus veid I ni plus uni que l’étoienc ces fa- vannes. Nous vimes de la fumée parci par là, mais fins vouloir jetter ici l'ancre, je choi- sis d’aller fous une des lfles dans l’efperance qu’il n’y auroic que peu ou point d’habitans , 3hn d’y reparer ma pinafle , qui étoit îi dé- i*4 , ; SUITE DU VOYAGE 1700. Mirée qu’on ne pouvoir pas la mettre en mer. Après que nous eûmes tourné vers les Mes nous' regardâmes fixement yers le Nord, fans pouvoir découvrir aucune terre de ce côté-là, ce qui me cloqua une pleine certitude que nous avions paffé à travers un canal ,8c que cette étendue' de pais à l’Eft ne joint pas a la nouvelle Guinée \ sihfi je le nommai la nou- velle Bretagne. D'ailleurs j’impofai le nom dç G 1 ocelle r an Cap NorcCOueft , de même qu’à la montagne voifine, & celui d’Anne au Cap Spd-Qiieft. Le corps de cette ïile , à qui je donnai le nôm de nouvelle Bretagne , eft à quatre de- vrez de latitude méridionale; fa partie la plu? au Nord-Eftà deux degrez trente minutes ôc celle qui eft le plus au Sud àfix degrez tren- te minutes. Elle a environ cinq degrez dix- huit minutes de longitude d’Orient en Occi- dent. Elle eftprefque pat tout haute 8c mon- tagneufe , 8c enrichie de grandes vallées qui paroi (foi ént aufifi fertiles que les montagnes. Les arbres, dans la plupart des endroits que nous vîmes , étoient hauts , gros 8c toufus. Elle eft d’ailleurs trés-péapléè de Nègres vi- goureux 8c bien taillez , que nous trouvâmes fort hardis 8c enpreprenans en diverfes pla- ces. A l’égard du produit de l’IHe je n’en fais pas autre chofe que ce que j’en ai touché fur l'article du Port Mountague; mais il y a gran- de apparence qu’elle peut fournir d'aufti ri- ches denrees qu’aucune autre du monde, & que les naturels feroient facilement amenez à lier commerce avec les Européens , quoi que je ne pu fie pas le tenter moi- même dans les cirConftances où je me trouvois alors. A fiez pioche de certe Iile 8c au Nord dif lyoo. A LA N. HOLLANDE. Uf Volcan , j’cnvoiai ma chaloupe pour fonder , dans le deflein de mouiller ici , mais elle lie put trouver de fonds julquà ce qu ede fut près d’une chaîne de rochers de cotai , a fin. jnil'e ou environ du rivase^ Alors )e courus au Nord de l’Iile , où ih n’y eut pas molén d’ancrer non pliis. Nous vîmes diverfés pet- fonncs 5: quelques Cocotrets > mais nous ne pûmes envoier la pmafie a terre parce qü elle étoit tout en defordre.Le foir je m éloignai en mer à une telle dittance qu’aucun couranc ne pût me porter fur les bas- fonds de cette lue Ü le calme lurvenoiu. Nous n’eûmes que très- peu de vent une partie de la^ntiitj mais le matin je me trouvai fi écarté à l’Oüelt de rifle que je ne pouvois y arriver à la faveur du vent Efl-Sud-Eft qui fbufloit alors de forte que je continuai ma route au Sud , tout droit vers une Ifle haute , qui avoir dix ou douze lieues de long , qui étoit au Sud de celle ou j’avois deflein d’aller, & que je nommai Tille du Chevalier George Rook. Nous virnes au fli quelques lues à^l Oüeit , qu’on petit voir dans les profils que j ai donné de ces terres , fans que j’en fade ici la defcri- ption. Quoi qu’il en foit; à la vue d’une fore petite ifle au Nord Oiieti ,6c afl'ez prés de la longue qui étoit devant nous , j.e fis route de ce côté- là dans l’efperance d’y trouver un bon ancrage. Comme nous avions peu de vent , j’envoiai ma chaloupe à la tête du vaifleau. pour fonder , &c lors que nous étions à deux mille du rivage , elle revint à bord pour me dire qu’il y avoit un endroit propre à mouil- ler à trente ou quarante brades d’eati-, à un mille de Tille; & dans l’enceinte d’une chaî- ne de rochers qui formoient une demi-lune y5 . , SUITE DU VOYAGE «as dePfcrieN0rSldel’me 'uf^ues *<* Sttd îft: fnrr ^ ' Y emr!U à > & que nOUS de Me:ente’ fa bra/!eS d’cau > ^ un n'iu= L’aprés-rmdij'envoiai ma chaloupe à ter- rôrre «irr*' Sl1 Y. auIolt moien d’y jialler S,"1®3" P°ur > radouber & de prendre de ldde fan !ff°M Mes,rScns ramerenc autour de? S, S >3Uj k Pu pour aller a ion Nord. Le lendemain matin , à moitié chemin eu environ des i fies que nous avions laifîees le jour précédents lors que celle-ci étoit à nôtre Oiicft ; la terre du Continent de ia nouvelle Guinée nous parut fort haute vêts le Sud. A quatre ou cinq lieues de cette de'r- niere Ifle quatre chaloupes vinrent pour nous examiner -, il y en eut une qui vint à la por- tée de la voix, mais elle fe retira d’abord avec les autres fans nous parler : amfi nous conti- nuâmes nôtre route vers l’I-fle du Chevalier R. Rich. Elle étoit alfez haute 6c remplie de bois , entremêlez de favannes , comme les aù- tres que nous avions déjà vues. Arrivez à fou Nord nous vimes une ouverture entr’elle &C une autre Ifle à deux lieues à fon Queft , qui nous avoit paru d’abord y être jointe. Le Con- tinent nous parut d’ici alfez haut 6c s’éten- dre vers i’Oiieft. îi8 SUITE DXT VOYàCW fumée duYommec \é { ictter d= ,a prés du Nord de !;jfts bra'"” Plaines ITle le /oupirail eftau SYH :TnCw’ xpai? COΫ- fible d en bYn î-', 11 Ilous impof- voir , ni- d’en trois autres Ides v ^ecrOUVrJmes enfuite Sud , ^Çp^ZiidiffneJqUC rerïe Vers Je Mes,ouparwe du Pnnré C ét0it des font haltes bleïSi S *?-* Toutes ces Mes favannes verdoiinfes 1? beaux arbrcs & de du Voican Jonc le te™iree(fîCeptel: .r!ile *!-^rdet tôttUqSi|e°re l’Hori/oo , aveÆSget ious Kd £ 1700. A LA N. HOLLANDE. # 119 au Nord. Environ un quart d’heure après que le Soleil fut levé , il y eut une ondée de pluie au deflfus de nôtre vent -, alors un de nos hom- mes qui ètoit au Château s’écria tout d’un coup qu’il voioit quelque chofe, mais qu il ne pouvoit pas distinguer ce que c ètoit. Dès que je l’eus examiné je m’appcrçüs qu’une trombe commençoit à fe former à un quart de mille de nous , tout julie contre le venr. Nous courûmes d’abord pour l’éviter. Elle vint avec une extrême promtitude , de atti- ra une colomne d’eau à la. hauteur de fîx ou iept verges, fans que je pu fie voir le nuage qui la caufoit , ainfi j’cfperois qu’elle creve- roit bien-tôt. Au bour de quatre ou cinq mi- nutes elle fut à la longueur d’un cable de nous & parla fous le vent *, alors je vis une longue traînée d’un nuage pâle qui élevoit l’eau , & qui étoit auffi large qu’un Arc en Ciel : fon extrémité fuperieüre étoit fort hau- te , êc il n’y avoit aucun nuage noir -, ce qui me parut d’autant plus f rprenant que je n’en avois jamais vu de femblable. Elle parla un mille ou environ fous nôtre vent, & creva enfuite. Elle ne fut ni rude ni de longue du- rée , quoi que j’y aperçus beaucoup de vent , à mefurc qu’elle patfa dans nôtre vôifinagë. Le courant portoit encore au Nord-Olieft un peu plus à l'Oued , & j’eftimai qu’il couroit un mille par heure. Je fis une obfervation le treize à midi, & je me trouvai à vingt-cinq minut. plus au Nord, que mon calcul ne marquoit -, foit que cel$ vint du mauvais gouvernement du vairTeau , ou du calcul mal fait, ou d’un coupant, oq plutôt de toutes ces caufes enfcmble i du moins je ne pouyois croite que le courant fcul 350 SUITE DU VOYAGE 1700. y eut part , puifque la cerre court ici Eft quart au Sud-£ft,ôc Oiieft quart au Nord- Cnieft, ou un peu plus au Nord & au Sud. Nous ne nous en étions jamais éloignez à plus de vingt lieues , Ôc quelquefois même pous en avions ^ été beaucoup plus proche , Ôc il n y a point d’aparence qu’un courant vieil- lie tout droit du rivage. Une marée le peut f ™ vente , mais fi le flux vous porte vers la terre, le reflux vous en écarte : au lieu qu’un courant auaoit dû porter le long de la côte, a °,u ^ ^ Oiieft , & s’il tournoit un peu au Nord ou au Sud, ce ne pouvoir être que fort peu de chofe en comparai fon de fa ra- pidité vers l’Eft ou vers l’Oüelt , fur une cô- te difpofee comme celle-ci j quoi que nous n en aperçûmes rien. De force que fi un ebu- rant nous fit tomber dans l'erreur , i'l eft très probable que la terre eft ici feparée , qu’il y a un paflage pour aller au Sud , ôc que la terre depuis le Cap du Roi Guillaume juf- ques ici eft une Ifle , feparée de la nouvelle Gumee par quelque Dérroit, comme la nou- velle Bretagne en eft déjoime par celui cà tra- vers equel nous pafTames. Mais cen’eft tout au plus qu’une conjecture probable, fur la- quelle je n’infîfterai pas davantage. 1 rPrze nous Puâmes à la hauteur des Jfles de Schouten Ôc de la Providence, ôc nous «urnes toujours un courant fort rapide oui portoit au Notd-Oiieft. Le dix-fept nous vi- mesune haute montagne fur le Continent , dufommet de laquelle il fortoit beaucoup de fumee , ôc que nous n’avions pas aperçue juT ques ici. L’aprés-midi nous découvrîmes l’Ifle ou Roi Guillaume , ôc nous forçâmes de voi- les pour y arriver avant la nuit, dans leddîaa i7oo. A LA N. HOLLANDE. ijt de nous tenir à la Cape à Ton hft jufques au jour , & de ne tomber pas fur quelques bancs qui /ont à Ton Oiieft. Avant la nuit nous en fumes à deux lieues ,de forte qu’à la faveur d’un beau frais & du clair de lune je rdo- lus de pafler outre , dans l’efperance que nous en viendrions à bout fi le vent continuôit avant minuit -, mais lors que nous en fumes à deux milles le calme furvint. Cela n em- pêcha pas qu’avec l’aide du courant , d un petit frais , & de nôtre chaloupe, nous n’en fortifiions avant le jour. Au refte nous avions fenti durant la nuir une odeur fort agréa- ble qui venoit de Pille. A la pointe du jour nous étions à deux lieues à fon Oiieft •, mais le calme nous arrêta tout le matin , & nous rencontrâmes des Tournans fi fâcheux que nôtre vaifleau y pirouétoit , fans même fentir quelquefois le Gouvernail , quoi qu’il y eüc un peu de vent. Nous ne pûmes nous en tirer qu’à la faveur d’un beau frais qui fe leva , cependant nous ne dérivâmes pas beaucoup ni de l’un ni de l’autre cô- té j mais nôtre vaifleau y tournoit comme un fabor. D’ailleurs , ces Tournans ne- toienc pas fixes dans un endroit , mais ils voltigeoient d’une étrange manière , & nous y voiïons quelquefois écumer l’eau avec un bruit terrible , comme fi elle fe précipi- toit dans un Goufre. J’envoiai une chalou- pe pour fonder , mais elle ne trouva point de fonds. Le dix-huit , nous étions à neuf lieues au Sud du Cap Mabo. Par ce calcul il e£t à cin- quante minutes de latitude Méridionale , & à 1243. milles du Cap S. George. L’Ifle S. jean eit à quafaniÇ'huu mites à P£ft de cc des* F 6 'M l 'r SîrP. jyiP DU VOYAGE i7oo. mer Gap, de forte qa a les joindre à la diftan- ee qui efl entre ces deux Caps , cela fait izoï. VFfreSnqU1 eitoU le p,us lo3n flue i’cu/re été à 1 tlt. Dans le volage que je fs en allant , je comptai que la difrance Méridienne entre le Cap faint George 8c le Cap Mabo étoit de 12.50. milles ,8c a mon retour je n'en trouvai ™U^;I243nC efl:;a-dlre quarante- fept milles de nioins. Pcut-etre qu’on doit attribuer cette oinerence au courant que nous eûmes au re- P°rtoit fortement à l’Oiisfl, 8c dont je tis 1 eltime après rn’en êtreaperçû. D’ail- leurs , quoi que nous ne fencifîïons point de courant lors que nous cinglâmes à l’Eft, cxcc- pte proche des Illes ; avec tout cela il efl: vrai- iemblablc quejaous en eûmes un qui nous fut contraire, & que nous n’y primes pas sarde à caufe delà violence des vents d’Oiieft. L’iilc ëu K01 Guillaume efl à 21. min. de latitude Meridionale,& on peut la voir diftinélemant lors qu on efl: a la hauteur du Cap Mabo. Nous y paflames le foi r, 8c nous fîmes en- fuite le Sud Efl: , demi- Efl;, le long de la côte ^ Sud- Efl. Le lendemain matin, a la vue dune grande ouverture dans les terl jes , y c d une Me proche de fon côté Meri- cllo5?aA ? Ie route vers cet endroit pour y mouiller l’ancre. Quand nous fumes à deux lieues de cette Me le vent fe mit à l’Oüeft, qui fou fie directement contre cette ouvertu- re. j’y courus vers fon Nord, réfolu quand nous en ferions plus prés, d’y envoyer ma chaloupe la fonde à la main, avant que de m y hafarder avçc le vaifîeau. Nous trouvâ- mes plufieurs Bayes profondes, mais le plomb ne tquchoit point à deux mille du rivage, de forte que je remis à la mer. Ensuite 3 à la l7po. A LA N. HOLLANDE. .135 vue d’un endroit où ies vagues formoient beaucoup d’écume , 5c où il fembloit qu’il y eut un banc , j’y envoiaï ma chaloupe pour fonder -, mais elle revint dans une demie- heure , avec la nouvelle que ce n’ètoit autre chofe qu’une maree , 5c qu’il n’y avoit point de fond. CHAPITRE V. L' Auteur retourne de la cote de /a Nouvelle Guinée » D'un canal profond &' de marées fm prenantes. Defcription de l'ifle de Ceiram. De quelques oi~ féaux extraordinaires. Des l/les Bonao > Bouro , Mifacombi , Pentare } Laubana & Potoro. Du paf- fage entre Pentare & Laubana. De l'ifle Timor & de la Baye Babau. De plufieurs lfles qui ne font pas marquées dans les Cartes ordinaires • Des Courant & des Baleines qu'on trouve fur la cote de la nouvelle Hollande. "Des rochers de l'éprcu- ve. De la côte de fava. De l'ifle du Prince. Du Détroit de la Sonde • De il fie de 7ava , -& de celle que les Anglais apellent l'ifle qui croife le chemin. Des pirogues des Indiens & de leur tra~ fie. Pafjage de l'Auteur à travers le Détroit & fort arrivée à Batavia. LE vent qui fembloit tourner à l’Eft , com- me on pouvoit s’y attendre dans cette fai- fon , fît que j’aimai mieux régler ma route félon que les vents le permettroient, que de tâcher de revenir par le même chemin , mal- gré la Monfon qui nous feroit oppofée bien des lieues de fuite. Cependant , pour dire la vérité, nous connoiiTiqns les dangers qu’il î34 . SUITE DU VOYAGE Y av?it dans la route que nous avions dé- [ze>& nous ignorions ce qui Te trou- prendre danS CC le que n°US voulions qü1- en foir 9 nous écions da°s un canal de huit ou dix lieues de large , avec une rangée d’ides au Nord & une autre au 5ud , fans qu il y eut de fond. Le vingt- deux d Avn! au matin, j’envoyai ma chaloupe à une de ces I/les au Nord , &c je fuivis la mê- MeS Sens ne trou- r^r 1 « id a la longueur d’un cable de rerre , il n y avoir enfuite que des rochers de coral ; de forte qu*ils ne pûrent attraper aucun poidon , quoi qu’ils en vident beau- coup. Ils prirent un petit Canot qui étoit à la denve ; mais ils ne trouvèrent d’autres oi. Jeaux a terre qu’une Péruche bigarrée de di- verses couleurs. Ils y virent un étang d’eau ialee , apres en avoir cherché de la douce en vain. Cette Ifle d’une hauteur médiocre , xort pierreufè &c couverte avec tout cela de grands arbres , dont les racines toutes nues courent le long des rochers. Nous eûmes dans je voifinage une marée allez forte ; mais à quelque diftance de là nous ne fentimes ni courant ni marée. Le vingt-quatre d’Avril, à deux lieues ou üne ïne <3U1 étolt à notre Sud , nous paflames fur un banc, où nous avions cinq brades & demie d’eau. Nous ne le décou- vrîmes qu apres que nous y fûmes dedùs , n’y ?Ia^pasd?ml heure <3ue la chaloupe avoir l’ ° n.s eau trou^e ^ans coucher au fond. tJv S-£a o ,mettrc du mûnde pour touer Ae Vaideau&le tirer de là. . Nous trouvâmes ciUuue douze, quwgiç, du-fept brades d’eau. P h? 3T Cr. jPjZ, - J ? < j Gilolo etau/rpj IjfeJ ~' */ Pntrp elfe ?£ £ cruvo t.I,. 1700. A LA N. HÔLLANDE.^ 15Ï 8c enfin nôtre plomb de fonde ne pût attein- dre au fond. Sur le banc c’étoit un fond de roche; mais à douze ou quinze braifes d’eau le fond étoit vafart. Nous eûmes ici d’étranges marées , qui for- moient des courans , groflifibient les houles , 8c menoient un fi grand bruit , que nous les entendions venir d’un mille loin de nous. La Mer paroifioit alors entre- coupée tout au- tour, 8c agitoit le Vaifieau d’une fi terrible maniéré, qu’il n’obeïifoit pas au Gouvernail. Ces refreins duroient d’ordinaire dix ou dou- ze minutes , 8c la Mer devenoit enfuite auffi calme 8c auiïî unie que l’eau d’un vivier. On fonda plufieurs fois au milieu de ces refreins , 8c après qu’ils avoient pafle ; mais on ne trouva point de fond , 8c nous n’apper- çûmes pas qu’ils nous filfent dériver d’au- cun côté. Nous eflfuiames une nuit plufieurs de ces marées , qui venoient prefque toutes de TOüefl: , 8c comme le vent foufloit de ce cô- té-là , nous les entendions long- tems avant qu’elles arrivafient jufqu’à nous ; ce qui nous obligeoit quelquefois d’amener nos voiles de perroquet , dans la croiance que c’étoit une boufée de vent. Elles étoient d'une grande étendue du Nord au Sud ; mais elles n’a- voient pas plus de deux cens verges de l’Eft à rOiiefl: : elles alloient avec beaucoup de vi- teflTe , 8c un peu avant qu’elles nous atteigna- ient , nous avions de grofifes houles ; mais qui ne brifoient pas. Le 1 6. nous vimes Tille de Ceiram > & nous eûmes encore quelques refreins , quoi que £lus foibles que ceux que nous avions efïiiyé ;s deux jours précedens. Nous rangeâmes ceL ifi SUÎTL PV VOYAGE ï7oo. de cemfC V£rS 1 °deftî & nous approchions /: nnnc cn tems un Peu du bord , pour voir vre renCor>Venons par hafard un ha- jÂfj nc?us payons ancrer , faire aiguade , . ic Vai/reau, & rafraîchir* nôtre trelsinrï"1 no“s aPPerÇÛmes une voile à nô- rOiieW- pr/S ^jfolz rouce comme nous vers vH 5n r1e 1 Me Ç?Kam- Le folr venu , aiTez à nertlc gfaü Nord decetce Mc, j’alarguai vant é e 3?lleS,rPOlir?'revènir le jourfui- vers ALL7ngt^ep^dÂbon matin > îe courus Pe iti lPnTZQ Nord-Oüeft5 & jelaiflai une vo üè JH ’ nommee Bonao > à l’Ouelt La île que nous avions vûe le vingt-fx . partie entre Celra 5 ^ în1 oitia l?ême que nous Pour r*irJra? ^ ^°?ao* Je carglIainues voiles ré L att^Pdre ^ & lors que nous fumes à cô- jifiaade 1 .fmre > a deux milles ou environ de Un oerfr V ma cbalouPC‘ C’étOlt Ternaï K Vfffeau HollandoiS qui vénoit de achererVnrC^ar^P^Ur Amboina- Mes gens veau- ni dr ^aitre cînc 3 facs de rls nou- î,q ,pdolent cent crence livres cha- uvi pour a Eomme de fîx piallres. Il avoir à bord qUanti e de bcaux pFcrroqucts s d^a frnnvaPrJX' vUn Marchand Malayen qui s y oüenvirnK a £ens qa’il y avoK m°is ou env ronquü etou part! de Bencoîa , que mak^, rneUr5 ^cette PIace ét0ic mort de maladie ou qu il avoit été tué, & que le Ca- rade neiuiUn Vai^Lle îe courus au Nord pour la joindre, apres avoir arboré nôtre pavillon { Tes n°us vit venir , elle fe retiri dans une petite crique, 6c s’y cacha quel- que tems derrière une point/: Enfin le la tuvnris nouveau , & j’y envolai ma cha- î?ffîp°ïï lrl par!er ’ mais lieu de l’at- r C fe mit a na§er au Plus Vlte. Quoi & BoSnfolt 5 ,C nC PpS pa'fer enrre Cei ram oc Bonao , comme je 1 avois refoiu , & je fis route vers le Nord., ’ Bonao eft une petite Ille à quatre lieues ou environ de la pointe Nord-Oiieft de Ceiram Il y a, malgré fa petitefle , une belle ri vie- ie 5 rTCf, que nous dir l’équipage du Va if- £ar^° Jan.dol\TUe nous avions rencontré , 8c ceux de leur Nation y font établis Te ne iâi pas d ailleurs s’il y a d’autres habitant ni SUITE DU VOYAGE *7do. lÿôô. A LA 1SL HOLLANDE, 1*9 ce qu’elle produit. Ces mêmes Hollaruiois nous dirent que les Ceiramois étoient leurs ennemis martels , & que malgré tout cela ils occupoient en dépit d’eux, la pointe la plus Occidentale de Ceiram. Le lendemain à l’approche de Tille Bouro , nous fentimes une odeur fort agréable qui en venoit , à peu près comme celle que nous a- vions eue de Tille du Roi Guillaume ; & nous trouvâmes un courant li fort qui portoit à TOüeft , que nous eûmes de la peine à y réfi- fler. Nous cinglâmes pour gagner le Sud, &C paiTer entre Bouro &: Kilang. Le foir , arrivez a TOLieü: de Bouro , nous vîmes un Brigantin à nôtre Nord-Oüeit, fur la côre Septentriona- le de Bouro qui faifoit l’Eft. Je ne voulus pas gouverner à TEffc ni à TOikft , de crainte d’a- procher trop de la terre que nous avions de l’un Sc de l’autre côté , c’eli-à-dire de Bouro j à TOiieft de Kilang à i’Eft. Le cinq de Mai au matin , nous nous trou- vâmes à moiciè chemin entre ces deux I fies > & à la faveur du vent Sud-Giieft, nous cou- rûmes Sud-Sud-Eft , tout droit au travers. A onze heures le calme nous furpric , & dura jufqu’à midi \ alors le Brigannn ^que nous avions vu la nuit precedente à nôrre arrié- ré , étoit à deux ou trois lieues de nôtre avant. Il y a grande apparence qu’il avoir eu tou- te la nuit un bon vent de terre bien fort , dont ii avoir profité , parce qu’il pouvoir ranger la côte de plus près que nous. Peut- -être aulîi qu’il eût une marée ou un courant qui portoit à i’EÜ: , là où il étoit , quoi que nous euflions une marée contraire qui tour-- noit au Nord , à moitié chemin du canal où nous étions. Vers les huit heures du foir , cô t4o SUITE DU VOYAGE r7ftrt Brig^ntm patfa rotîc prés de noi« i7/r * nôtre v&. Nous >ur i^an^rs > aîlumé les mèches, ^ poné iur le ni lac routes nos armes à feu • mais comme il tènoit une route o ppàféTà la nô tre nous fûmes bien •&fcpJc™CèU nent fa nuir^A?^ f “f £ffe bonne garde toute Ja nuu, & le lendemain matin je le vis A ^°tre arnere dans la même fimacion que nous A dix heures il faifoic fi peu de vent a ne J envoiai ma chaloupe à fon bord. Il fe trou- de r 6 dSSd "h Ya^âU,Gh,nois ch^é jf ns’ darrac , de the , de porce!a>np %r bo^na£LeT^fndlfCS^ drfti n è^S F°m Am~ Doina Le Capitaine s’informa de mes <*ens s ls n a voient .pas vu fa chaloupe , qu? éfok aüee a terre depuis deux ou trois murs ïa ! devenuê^aCes^Chiq,ri1 CS qu’eIIe écolc ESfIpSSii ve Au llfP l q nrcn «dent une preu- combi9, &°h^nS découv/imes l’Me MiTa- îenrr;r>nal^ r, ^ 00115 rangeâmes fa côte Sep- tentrionale,pour nous rendre à l’Olkit. Quel- 7oo. A LA N. HOLLANDE. 141 ues Cartes l’appellent Omba } elle eft mon- agneufe , & entremêlée de bois & de fa- annes -, elle a vingt lieues au environ de lon- ;ueur , &c cinq ou rtx de large. Nous n’y aper- ûmes aucune marque d’habitans. Quoi qu’il n (oit , nous arrivâmes le plus près de fon. Oiieft -, ainrt j’aim'ai mieux continuer de ce ôté- là , pour p aller au Sud entre cette Iüe •C' tout autre qu’il y autoit à l’Oüeft , ou nrre telles deux autres qui fo prefenteroient , )ù le partage me paroîtroit le plus commo- le. Ma raifon étoit que les vents foufloient dors Nord Eli & FIL Nord- Eft , & que Pille rourt prefque Eft & Oiieft, en forte que fî es vents enflent demeuré au même point , ’aurôis pu être long-tems à gagner fon Eft , Dii je favois avec tout cela que Te trouvoit le meilleur partage. La nuit , arrivé à fon Oiieft , for ce que je ne vis pas le partage fort îfare, je tirai à la Mer à petites voiles. Le ma- lin nous avions eu un bon vent de terre , qui nous auroit poufïez cinq ou lîx lieues à l’Eft , (î nous en avions voulu profiter j mais nous continuâmes nôtre route à petites voiles , de crainte de trouver un courant qui nous portât à rÔiieft. Le lendemain à la pointe du jour nous gouvernâmes de nouveau à l’Oüeft , par- ce que nous n’avions pas trouvé les courans que nous appréhendions. L’aprés midi , venus vers l’extrémité de rifle Pentare , rttuée à l’Oüeft de Mifacom- bi , nous vîmes grand nombre de maifons de plantations dans le pais , & quantité de Cocotiers proche du rivage. Nous vîmes auf- rt diverfes chaloupes, qui faifoient voile à trave rs une Baye , ou un canal à l’Oüeft de Jdifacombi , entre cette Ifle & Pentare, ?,f , SUITE DU VOYAGE I7ao Nous n àvjons que peu de venr „,,i r a°' même du Nord', Si «ne greffe Mer qui s’jr rouloit : de/orie que te ne voulus pas m'y hafarder , quoi ou'il LT’ -‘Va't leS “PP^s/uS K cr^e , cv qu on eut pu faire quelque eom mer ce avec Jesjiarurels du pais/ le conrim^î “ routeâl’Oüeft, parce que la nu?t pré- cedente , au coucher du Soleil , i’avonf vn une pente Ole ronde & haute à 1 Oiic-ft de paffage!’ °U 6 fla'°iS de Irouve,: un bon V(r,;lnUl% j0UT nous ne Pûmes atteindre à i Ottefl de Pentare ; mais nous vîmes une Baye profonde * nôtre OUeft“ où crûs pûnare&TÛÛh Y avoir un Paflagé entre 1 entare bc Laubana , quoi que jufques ici les terres nous paruffent /ï eÛclavées’ ies ûnes facûSkU 1 deffûs Su'Pn voioit aucun paf- lage. La- demis , j ordonnai de courir feor .eues plusàl'Oüeft, & de mettre ûnEtiml la Cape jufques au lendemain. Le iourVenu nous epiames de tous coter fans voiraucû co TZoru’J^?^ iuger Par une&iie & dans ievoifmageûû rus à l’Fn- ‘ nAlnn ,e t0>urnal Ie bord & cou- us a lhlt, parce que j avois raifon de foun jouner que c’écoit fe même endroit d Tra" 5ous ayions F** à bprd du ieuJ Padé dam ir'on Vc age autour du ^ onde j mais je n’en étois n?* encore fur , * caufe de la pluie qui tomboît ^ qui mempechoirde voir la terre auffi di- fefc?* gUC nous h alors Quoi .gu.ii en ibit -9 nous avions vû perte ouver- 1700. A LA N. HOLLANDE. 14? ture par hafard , à nôtre arrivée fur ees If- les ; au lieu que c"'étoit aujourd’hui une dé- couverte pénible & qui demandoit du tems. Avec tout cela nous l’apperçûmes avant dix heures, & ce qui me confirma le plus que c’étoit le même paffage , fut un petit banc de fable &c deux Ifles qu’il y avoît au Nord Elt de Ton entrée. Le vent foufioit Sud-Sud- Oiiclt , & nous forçâmes de voiles pour cra? verfer ayant la nuit , à la faveur d’une bon? ne marée qui nous portoit au Sud. A fept ou huit lieues de alliance à nôtre Oueft s nous vimes une haute montagne ronde 8c pointue , du fommet de laquelle il fortoit de la fumée comme d’un Volcan. Il y avoit urffi trois autres montagnes fort hautes ÔC pointues, deux à l’Eli & l’autre à l’Ouefl de celle qui furpoit. Je viens de dire que , pour paffer entre Pentare $C- Laubana , nous avions une bonne marée ou un courant qui nous por.toit au Sud. En effet , dans ces quartiers , on trou- ve d’ordinaire proche du rivage une irisée }ui porte au Nord ou au Sud , fuivant la fi- liation de la côte ; mais celle qui tourne lu Nord ne monte pas plus de trois heures ;n douze , & n’a que peu de force ; elle ne êrt même quelquefois qu’à ralentir le cou- atit oppofe qui monte avec beaucoup de vio- ence , fur- tout dans les paffages étroits , :omme celui-ci entre deux Ifles. Il étoit minuit avant que nous fufîions arrivez au >ôur. de deux autres Ifles , qu’il y avoit au h’ le ce paflage, 8c nous eûmes ici une orte marée qui nous aida , malgré le rent qui s’y oppqfoic. Cela n’cmpêeha'poinc lue je ne cinfle ma pinaffe en Mer , pouç * 144 SUITE DU VOYAGE nous en fervir en cas que le calme nous fur- pnc. Ceft au refte le même endroit par où ?e paflai en l’année idS7. & donc j’ai parlé -dans mon * Volage autour du Monde , avec cette différence qu’ajors nous padames encre Ja petite Me a 1 Oiicft & Laubana, & que aans cette derniere occafïon nous fîmes rou- te entre les deux petites Mes. Nous je trames planeurs rois le plomb de fonde ; mais fans trouver fond. Au refte j’ai dit dans la mê- nie page, que nous avions pafle entre Omba ëc lenrarej parce que je ne vis point alors le canal qui eft entre ces deux Mes ; ce qui Pfcndrc l’Qüeft de Pencare pour i Ouert d Omba, & Laubana pour Pentare. Mais en dernier lieu nous vîmes bien le ca- nal qui eft entre Omba & Pentare, & qui me parut fi ecroir , que /e ne voulus pas m’y ha- îafder. D ailleurs j'avois à- prefènt décou- vert ma meprife, & je me datons de retrou- ver 1 autre paffage , comme il arriva. Je m’a- perçus aufîi que la côte étoit faine de part Ôc d autre , ce que je n’avois pas remarqué dans mon premier voiagê. Après être fortis du ca- \nP,us forçâmes de voiles pour nous ren- dre a Iimor. Le dix-huit de Mai au matin nous la vîmes diftin.flement , & nous paffa- mes lavette elevée aq-defTus de Laphao où eft le Comptoir des Portugais, de même que la montagne haute & pointue qui eft au- de/fus du premier endroit où nous avions fait aiguade, & une petite Me ronde environ à moitié chemin de furie' à ï’autte. Nous rangeâmes enduite f Me Timor , dans le deflein de toucher à Babao , pour y faire de l’eau & .des vivres, je ne voulus pas en- trer Tons. H. pag. uis iyoo. A LA N. HOLLANDE. 14? trer dans la Baye , où nous avions d’abord fait aiguade , à caufe des Tournans extraordinai- res qu’il y a, fur tour au tems des hautes marées , qui commençoient à venir. D’ail- leurs j les vents du S’ud-Eft y viennent pat boufées des montagnes *, de forte qu’il y au- roit eu beaucoup de rifque pour nous. Ainù nous fîmes force de voiles , pour gagner Ba- bao avant la nuit , s’il étoit poffible, ou du moins pour venir en vûe de l’Ille fablonneu- fe qui eft à l’entrée de la Baye -, mais il n’y >7 eût pas moien d’y arriver. De forte que nous courûmes bord fur bord toute la nuit , & le lendemain matin nous y entrâmes. Dans toute cette Baye le fond eft de bon- ne tenue , & j’y mouillai l’ancre à deux heu- res après-midi à trente bralfes d eau, un fond de vafe molle, j’envoiai nia chaloupe à ter- re le lendemain matin pour pêcher avec la feime. Elle revint à midi avec alfez de poif- fon pour tout l’équipage. Ceux de mes gens qui l’avoient pris , me dirent qu’ils avoient, vu une pirog'ue Indienne à une Ille ronde Sc ' pierreufe , qui étoit à un mille ou environ d’eux. Le ii. je renvoiai ma chaloupe à la pêche, elle revint à midi avec ü peu de poiffion , qu’il n’y en eût que pour moi & mes Offi- ciers. Mais il s’y trouva un Merlan , le pre- mier que j’euife vû dans ces Mers. Quelques- uns de nos gens fe rendirent enfuite à l’Ifle pierreufe , où ils trouvèrent diverfes Jarres pleines de tortues dépecées , avec la chair de quelques autres qu’on faifoit fecher , & des habits qui appartenoient fans doute à des In- diens qui étoient dans une Pirogue , à un miî- le ou environ delà , occupez à darder de ççs Tome K T G SUITE DU VOYAGE 1700. animaux. Quoi qu’il en foit , nos gens laif- ferent tout dans le même état où ils Tavoient trouvé. L’après-midN un des plus gros chiens marins que j’euflè vû de ma vie, parut fous nôtre proue ; je mis auiïï- tôt un morceau de viande à un hameçon pour l’attraper ; mais il le retira 8c ne revint plus. Vers le minuit je levai l’ancre, ,8c à la faveur d’un petit vent |e courus au fond de' la Baye plus près de la côte Méridionale , ou je croyois pouvoir moüiller , faire de l’eau , 8c prendre du poif- l'on de tems en teins pour nous rafraichir. Le lendemain matin j’envoyai ma Pinaffe avec deux Barriques '& dix barils, pour les remplir d’eau; el[e revint à midi avec de l’eau fort bourbeufe ; mais qui étoit douce 8c de |>on goût. Nous trouvâmes ici quinze minutes «de variation Occidentale. Cet après-midi fur ce que les brizes nous parurent fixées 8c qu’el- les fouffloient avec tant de violence , qu’il n’y avoir pas moien de pêcher ni de faire aigua- de fans beaucoup d’embarras &C de rifque mê=. jme pour la chaloupe , je réfolus de quitter ce parage , puis que d’ailleurs nous avions aifez bonne provifion d’eau à bord. Ainfi 3 à deux heures 8c demie après minuit , je levai l’an- cre , ,1e vent à TEll-quart-au-Sud-Eft , 8i je tirai à la Mer. Nous rangeâmes Tille Rotrée ? qui e(t haute , 8c pleine de bois 8c de favan- nes. Mais les arbres nous parurent petits com- pe des buiflbns 8c les favannes féches 8c briN fées* Toute la côte Septentrionale eft garnie de Bayes fablonneufes près de la Mer. Cepen- dant nous ne vinies auçune maifon , ni la pnoindrp plantation. ' Le lendemain nous forçâmes de voiles pour arriver à l’Otidt de toutes les Mes avant la / s7°o. A LA N. HOLLANDE. H7 îTuic j mais il nous fut impoiîible , car à lût heures du Loir nous apperçûmes la terre au Sud- Ouetc quarc à l’Ouelh D’ailleurs ou trouve ici plus d’Ifles qu’il n’y en a de mar- quées dans aucune des Cartes que j’ai vues. De force que je fus obligé contre mon def- fein de courir plus à l’Oiieft, jufqu’à ce que nous fuifions éloignez des terres. Il étoit fa- cile de s’en apercevoir par le mouvement du ¥ aideau , puis que lors que nous étions à l’a- bri du vent fous le rivage , nous avions une Mer tranquille j au lieu qu’enfuite nous eû- mes une Mer agitée qui nous ût bien dan- ler. Je croi que cetre agitation venoit en par- tie du courant , qui portoit de côté contre le vent , & qui for.moit ainiî une Mer cour te qui moutpnnoir. Quoi que je m’attendif- le à trouver ici un courant , je n’aurois ia mais crû qu’il portât au Sud-Oiieft avec tant de violence. Le vingt-fx de Mai nous eûmes un courant très-fort qui tournoit au Sud ; mais je ne fau- r°is dire exa&ement fur quel point. Par la ligne des minutes, tout nôtre filage n’étoit que de quatre-vingt deux milles, & parob- fervation notre différence de latitude depuis le is; a midi etou de cent milles , c’elt-à-dir® dix-huK milles de plus que tout nôtre filage. D ailleurs notre route fans rien compter du tout pour la dérive étoit Sud 17. deg. Oiieft qui ne donne que foixante-feize milles de dif! de,laatude> c’eft-à-dire vingt-qua- tremilles de moins que nous n’avions trou- ve par obfervation. Au refte , je m’atten- hois avec raifon de trouver un courant qui porteroit au Sud , parce cju'i) y en a roû- fouts un entre Timor & les Ifles fituées à fon G z , 548 SUITE DU VOYAGE ifoô. Oüeft, oü nous paiTames, & il eft auffi pro- bable qu’il y en a un dans tous les autres canaux entre les Ifles , même depuis l’Eft de java , jufques au bout de cette rangée dTiles qui court à FE.ft & à i’Oüeft de Timor. IVîais quoi qu’il y puiffe avoir un gros cou- rant , nous étions fï avancez en Mer , que nous ne devions pas , ce me femble , nous ap- percevoir tant dé Ta force. Du moins les cou- rans &: les marées en perdent beaucoup en pleine Mer, où ils ont allez de place Vour s’étendre, & ce n’eft que dans les pacages étroits , ou proche des Caps , qu’elle fe fait jTur tout fentir. D’ailleurs , félon moi, il dé- croît porter ici à l’Oiieft plutôt qu’au Sud j parce que le paflage eft libre vers le détroit qui fepare la nouvelle Hollande , de cette longue rangée d’ifles. Le if. nous trouvâmes que les dernieres yingt-quatre heures nous avions été neuf mil- les moins au Sud que la ligne des minutes lie cionnoit : De forte qu’il y a grande appa- rence que nous étions hors du courant qui portoit au Sud , dont nous avions déjà iènti la force. Nous vimes quantité d’oifeaux du Tropique autour de nous , &c nous eûmes ici un deg. zy min. de variation Occidentale. £Le premier de juin nous vimes piufîeurs Baleines fur la côte , de même que nous en avions vu en allant , Iprs que nous étions plus près du rivage. Il fe trouva ici cinq degrez trente-huit minutes de variation Occidentale. Mon deffein étoit d’aller à'ia nouvelle Hol- lande , lors que je fèrois à zo. deg. de latitude ou environ, & de jour je faifois des routes pour cela j mais de nuit je ne pouvois pas être fi har- di, fur tout depuis que nôtre plomb de fondç >7 oo. A LA N. HOLLANDE. H5? touchoitau fond. Cet après-midi nous courû- mes Sud-QLieft jufqu’à Ex heures;enfuite,com~ me le vent Te renforça &c que la nuit avançoit 3 je gouvernai à l’QLieft-Sud-Qüeft , jufqu’à ce que nous eûmes quarante bralfes d’eau j alors je Es route à l’Oiieft , qui porte le long de la côte. Le lendemain matin depuis Ex heures jufques à midi je cinglai de nouveau à J’Oueft Sud-Oüeft , pour découvrir la terre j mais je ne la vis poinr , ce qui me Et juger que nous étions à fon Oli IL Le fond eft de très-bonne tenue fur cette côte. Lors que nous Emes cet- te route vers l’Eft, nous eûmes à peu près dans cette même latitude de ip. deg. cinquan- te minutes , 38. btaEes d’eau , à dix huit lieues ou environ de terre. Le jour fuivant je vis quantité d’os de feche, &C d’herbes qui flo- toient autour de nous , ce qui étoit un figue que nous n’étions pas éloignez du bord. Nous trouvâmes que la variation augmen» toit beaucoup à mefure que nous allions vers l’OEeft. Car le 3. de juin la variation Occi- dentale étoic de Ex degrez dix minutes , le 4. de Ex degrez vingt minutes , & le 6. de lept degrez vingt minutes. Ce foit mes gens virent quelques oifeaux qui reffembloient aux Guerriers, 8c qui voloient au Nord- Eft \ mais je ne les vis pas moi-même, parce qu’il y avoie trois ou quatre jours que j’étois indifpofè. L’ii. nous eûmes huit degrez une minute de variation Occidentale , 8c le 12. Ex degrez. Je continuai ma route à rÔLieft jufques au 1^, en- fuite j’en fis une autre. Mon deflein étoit de chercher les rochers de l’épreuve’, mais il y avoit déjà fept ou huit jours que j’etois ma- lade, fans efperance de me rétablir, parce que nous manquions de viande fraiche à bord fi®„ suite du voyage ,709, .7* autres bons vivres , de forte que j’almois mieux alier dans quelque Port , que de bat- tre ici plus long-rems la Mer ; outre que mon équipage étoit fort négligent , lors que je ne paroiÆbis pas moi-même fur le tillac. Les vents étoient variables ; ainfi je pouvoir tour- ner de tous les côrez, à FEftjà l’Qiieft, au iNord ou au Sud ; 8c il n’y a prefque aucun doute que je n’euffe trouve ces rochers } fi la maladie ne m’en eût détourné. Quoi qu’il cri foit 3 cette découverte ne peut qu’être avantageufe à ceiâx qui trafiquent dans ces quartiers. 11 ne fe paffa rien de confîderable jufqu’à ce que nous fûmes fur la côte de Java.' Le 23. nous vîmes diftinélement i’ïfle du Prince , cc 1 embouchure du détroit de la Sonde. Par mon calcul , la diftance qu’il y a entre Ti- mor 8c 1 If le du Prince 3 eft de quatorze deg. 22. minutes. Le 24. après-micfi arrivez à cô- te de l’ifle Crocitadore 3 je fis Elt-Nord-Eff pour une Ifle qui efl environ à moitié che- min entre Sumatra 8c Java; mais plus pro- che de la côte de Java , 8c que les Anglois appellent l’Ifîe qui croife le chemin. Nous n eûmes que peu de vent jufques fur les trois heures ; alors il fraichit > 8c j’efperois beau- coup d’avoir pafTé avant le jour ; mais à neuf heures le vent tomba , 8c nous n’avançames gueres. J’étois alors à côté de l’ifle qui croife le chemin 3 qui eft aflez haute 8c longue j mais vers les onze heures le vent changea s 8c aufîi-tôt après le calme furvint. Nous étions à deux lieues ou environ de cette Ifle , ÔC ayant le jour nous eûmes dérivé quatre ou cinq lieues en arriéré , par la violence d’un courant qui nous étoit oppofé. Nous fonda- r;po. A LA N. HOLLANDE. ^ ifi mes la nuit durant le calme , de nous eûmes cinquante-quatre braflfes d’eau , un fond de gros fable & de coral. Nous avions vj^ceé après-midi quantité de Pirogues > fans qu’au- cun approchât de nous , de nous apperçûmes la nuit bien des feux fur la côte. Le iç. au matin le vent fouftloit Nord- Nord-Oiied fans être fixe , de ^les nuages parohfoient noirs j de forte qu’il n’y avoit pas moyen de paifer outre. Je tournai donc vers la côte de Java , de à dix heures je motiillai à vingt-quatre brades d’eau , un fond de va- fe noire , à trois lieues du rivage. Enfuite une grofle Pirogue vint nous joindre, de reftaune heure à cttfé de nous. Il n’y avoir que qua- tre hommes deffus , tous de Pille de Java , qui parloicnt la langue Malayenne. Ils nous demandèrent û nous étions Anglois-, ôc auiîî- tôt que je leur eus répondu qu’ou'i , l’un d’eux fe hafarda fur nôtre bord , &C me pre- fenta une petite pouLe , quelques oeufs de des noix de Coco. Je lui donnai quelques chape- lets, un petit miroir & quelques bouteilles de verre. Iis me prefenterent auÆI quelques canes de fucre , que je diflribuai à ceux de mes gens qui avoient le feorbut , Se ils me' dirent qu’il y avoit trois Vaitfeaux Angiois à Batavia. Le 2.8. à deux heures après-midi nous an-* crames à vingt- fx brafles d’eau *, le calme nous furprit d’abord , de il plut d’une terrible force depuis les trois heures jufques à neuf. Nous levâmes l’ancre à une heure du matin avec un bon vent de terre au Sud- Sud-Elt j mais comme il tourna prefqu’auffi-tôt à PEU , je moiiillai de nouveau , parce que nous trou-* Yions d’Qïdinaire que le courant- portoit à Ifa- n SUITE DU VOYAGE iroov LL r -, .prenoîc quelquefois une route ?oPnfCn ’ colt * foibie » nous en n! rions peu d avantage. D’un autre côté, je ne crus pas qu il fut de la prudence de p a fier au travers fans un beau frais ; parce quePje ne favois pas quels dangers il pourrait y avoir en Chemw, m de quel côté la marée tourne dans Je détroit ; que je n'avois pas fait cerre route depuis vingt-huit ans , & qu'i) n’y avoir per- sonne a bord qui la connût, Ohoi qu’il en devant °nousy10nS d“ canal toutdr°it Pendant que nous fumes ici à l’ancre, il y I nfllre'h P!roSues. Moyennes qui vinrent Pi™. ? boLd t,harsees de noix d» Coco , de nlîjl f’ d? Bo"/nos, de volaille , de ca- T„d 5 de Ca£ac ’,d^-fucre > & autres chofes. i ous ces rafraichiffemens ne pouvoienr que nous faire plaillr , & nous en achetâmes tonre°Up'i? dix heures du matin Ie ronvoiai merrreC-S|PlrOSl'eS’ & 'e leval 1,ancre P°" Oii-ft A r T e ’ ayec,un vent de Nord- Uuelt. A fix heures & demie du foir , nous un fônaS 3 ïrente-deux braffes d’eau > dans i’TfleHeT afaï- ■,N°US *VIOnS alors Pad = i Ille de Java , & il nous relloit encore a. ga- gner une des petites Mes. La matée comruSn- çoit au/ïj a porter fortement à l’Oüeft, ce qui m obligea d’ancrer pendant que nôtre ionde touchoit le fond , de peur que le Vaif- ieau ne dérivât en arriéré , ou qu’il me fût entraîne fur quelque banc de fable inconnu, je demeurai donc toute la nuit à l’ancre. Le : jour Suivant à cinq heures du marin la ma* ree s affoiblic , & je partis à fix heures à la Ujf/i.d Une bo?,n(^ brize » qui venoit du oud-M quart a Uft, Nous doublâmes tout i7oo. A LA N. HOLLANDE. îft jatte Hile Button , & après avoir fondé pla- ceurs fois , nous eûmes toujours trente à qua- rante braffes d’eau. Lors que nous étions à côté de cette Ifle, & à deux lieues on envi- ron de la pointe la plus Occidentale de Ja- va , nous avions trente-quatre braffes d’eau , un fond de menu fable. On peut patter entre rifle B itton & celle de java , ou fi le vent eft au Nord , entre la première des deux , 5C l’Ifle qui croife le chemin. Le vent continua prefque toujours à l’Eft & à l’Ett quart-au- Sud Ett*, de forte que je fus obligé de courir vers la côte de Sumatra , la fonde à la main , &: nous eûmes depuis trente-quatre jufqu’à vingt-trois braffes d’eau. Le foir arrivé près de la côte de Sumatra , je fondai fort vite , ôc iur ce qu’il fe trouva un courant qui por- toit à l’Oiieft , nous donnâmes fonds entre huit &c neuf heures, à trente-quatre braffes d’eau. La marée courut à l’Oiiett depuis les fept heures du foir jufques à fept heures du len. demain matin. Alors, à la faveur d’un petit vent d’Oüeft-Sud-Oüeft , je fis route vers la côte où nous portoit le vent qui fouffloit en- tre l’Eft Nord Eft & le Sud-Eft quartà l’Eft , je mouillai l’ancre à vingt- fept braffes d’eau , à une lieue ôc demie ou environ du rivage. Nous vîmes en même-tems un Vaiffeau à l’an- cre à deux milles , fous nôtre vent. La marée tournoit iciàTOuett, de aufïi tôt que nous eûmes ancré, le calme furvint. Nous reftames toute la nuit à l’ancre , de nous vîmes quan- tité de feux fur le rivage. Le premier de Juillet à f. heures du matin je courus au Nord pour chercher une brize de Mer , de à jo, heurçs nous eûmes un beau frais G 5 ïf4 , SUITE DU VOYAGE r7oo. qui m obligea de virer le bord. Le Vaifleau que nous avions vû à l’ancre , fît voile en ipeme rems apres nous. Lors que nous paf- fames a la hauteur de Pulo Baby , i’eus l™!°ürS la/°£de àJmaln » & il ne fe trouva jamais au-deflous de quatorze b rafles d’eau. Pendant que 1 autre Navire forçoit de voi- les, je bourçai les miennes, afin qu’il gagnât le devant j mais il ne le fît pas. Un peu après bra^>reS da mouillai a treize brafles d eau , un fond vafart de bonne te- nue. Vers les fept heures le même Vaifleau qui nous fui voit , pafla fort près fous nôtre arriéré Cetoit un fhbot Hollandois , qui venoit direftement de Hollande, & qui avoir ete fix mois en chemin. Il faifoit alors obf- cur & il jetta l’ancre un mille de nous. J ordonnai a mes gens d avoir l’œil au guet desv,a P°lnte du !0Vr> afn qu’auflî-tôt que mCUr01t ? k volJe > puflîons le fuivre & nous en fervir comme de Pilote A cinq heures ôr demie du matin rfous levai mes 1 ancre, d abord que le Hollandois fur fous les voiles *, & nous courûmes droit apres lui. A huit heures le vent tomba , ÔC ] envoiai ma chaloupe à fon bord, pour ap- prendre des nouvelles de l’Europe. Bien-tôr apres nous découvrîmes un Vaifleau avec pavillon Anglois qui venoit de l’Lft & qui fmvoit un rumb de vent pour nous joindre. Je fis ligne a ma chaloupe de revenir , & je courus vers ce Vaifleau. Dès que nous fu- mes a portée , Je Maître &c le Supercargo vinrent a mon bord , dans la penfée que nous étions la Fregate legere nommée la' Tofca- ne , quon attendoit alors à Batavia. Quoi ^u il en foit , ce Vaifleau qui appartenoic a a. tj la brize de Mer Te leva de J [ Elt. Alors nous doublâmes rifle , ôc le vent fe mit enfuite à l*Eft-Nord-Eft ; ainft nous eûmes un vent largue pour entrer dans la rade^de Batavia , où nous mouillâmes à quatre heures du fom, à/ixbrafTes d’eau, un iond de vafe molle. CHAPITRE VI. S < jour de l* Auteur à la rade de Batavia , où il ra- doube fon Vaiffeau & fait des vivres . De quel- ques Vaiffeaux Anglais qui s’y rendirent. Son dé- fart de "Batavia. Il touche au Cap de Bonne- Efpc- rance & ù fainte Helene. Il échoue à fijle de l’Af. cenjion , on fon Vaiffeau périt a caufe d'une voie d eau qui s y était faite & qu'il rfy eut pas moyen de fermer. Tout C équipage fe fauve fur cette Ijle , & après y avoir demeuré quelque tems % ils s'em- barquent tous fur des Vaiffeaux Anglais s qui vin- rent y mouiller. L'Auteur repaffe en Angleterre avec quelques-uns de fes Officiers . NOus trouvâmes dans cette rade quantité de VaiiTeaux , la plupart Hollandois , Sc il n y en avoit qu’un feul Anglois , nommé la Flote , dont le Capitaine étoit un certain Merry. Nous mouillâmes un. peu à l’écart de tous ces Vaiifeaux vers la marine. Il y avoir 1700. A LA N. HOLLANDE. . 1*7 près du rivage une grofle Jonque Chinoife , avec quantité d’autres petits Vaifleaux , de Brigantins , de chaloupes & de pirogues Ma- layennes. Aufii-tôt que je fus à l’ancte , j’en- voiai ma chaloupe à bord de la Fregate la Flo- re , pour lui dire qu’elle baifsâr fon pendanr , ce qu’elle fit. Enfuite mon Ecrivain qui étoit lur la chaloupe , fe rendit à terre > pour de- mander àu Gouverneur s’il répondroit à mon falut -, mais comme la nuit aprochoit , il n’eût le tems de parler qu’au Capitaine du Port , qui lui dit que le Gouverneur m’auroit ren- du !e même nombre de coups de canon , fi j’avois faliié auffi-tôt que j’eus mouillé l’an- cre; mais qu’à prefent il étoit trop tard. Quoi qu’il en foit , le lendemain matin j’allai moi- même à terre, pourvoir le General Hollan- dois , & lui demander la permifiïon d’ache- ter les vivres 8>c les munitions dont j’aurois befoin , ce qu’il m’accorda. Nous reliâmes ici jufques audix-fept Octo- bre , & il fit toujours beau tems , à cela près que nous eûmes quelques tourbillons. Cepen- dant je fournis à mon Charpentier tout ce qui croit necefiaire pour radouber le VaifTeauj mais lors qu’il l’eût calfeutré , il faifoit eau de tous cotez plus qu’auparavant ; de forte que je fus obligé de le mettre à la caréné , SC de louer des allégés pour y placer nos canons, le balât , les vivres & les agrez. Le premier Vaifieau Anglois qui arriva ici pendant mon fejour fut le Liampo , com- mandé par le Capitaine Monk , ôc dellinè pour la Chine : le fécond fut la Panthère , commandé par le Capitaine Robinfon , & le troifième la Fregate Mancel, commandée par le Capitaine CleçK, Tous ces Meilleurs nous ** SUITE DU VOYAGE f?ôôï donnèrent de bonnes nouveiies d’Angleter-*' re ; mais ilsétoient fort malheureux en Offi- ciers , fur tout le Capitaine Robin/bn , qui fe plaignôir d’en avoir quelques-uns qui a voient confpiré fa ruine , ôc de rendre fou voiage inutile. Divers autres Vai/Teaux An- glois du païs voi/în arrivèrent ici comme unè chaloupe de Ben-jarr , frétée pour Bengale , ÔC dont un certain Ru/Tel étoit le Maître : la Monfon qui appartenoit à Bengale , ôc qui a- voit été a Malacca , pendant que le Vai/Teau de Sa Majefté , le Hafwich y y étoit -, enfuite un autre petit Vai/feau qui venoit de Bengale. Tous les Vai/Teaux que je viens de nommer, Ôc plu/ïeurs Hollandois partirent d’ici avant nous , à la réferve des deux qui étoiènt de Bengale. Il couroit divers bruits à l’égard de nos Vai/Teaux de Guerre qu’il y avoir aux Indes , ôc Ton parloir beaucoup de quelques Pirates qui avoient fait de grands ravages fur la côte Ôc dans le détroit de Malacca \ înais on ne difoit point qu’on eut envoyé au- cun Vai/Teau pour les reprimer. Dès mon arrivée ici , j’oüis dire que deux Vai/Teaux étoient partis d’Amboina pour courir après moi , ôc le Quartier-maître d’un de ces Vaif* féaux que je rencontrai ici par hazard , me le confirma enfuite. D ailleurs il me dir qu’ils a- voient trois protêts contre moi , qu’ils étoient arrivez à Pulo-Sabuda fur la côte de la Nou- velle Guinée , vingt-huit jours après que fen Parr* i qu’ils avoient même pou/fe fufqu’à l’Me de Seowten 5 ÔC que n’ayant plus entendu parler de moi , ils s’étoient retirez. Mon/îeur Merry qui commandoit la Fregate îa Flore 5 m’avoit dit à peu près la même cho- fe d’abord que je fus dans cette rade , & a& rfdé, A LA N. HOLLANDE. i& fûré que le General ne Batavia avoir une co- pie de ma comniiflKon , & de mes inftru- élions ; mais tout cela ne me parut guère probable. Pendant mon rejour ici les Hollandois confulterent plufieurs fois pour Lavoir s’ils envoyeroienc quelques Vaiiîeaux en Europe plutôt qu’ils n’avoient accoutumé. Enfin ils réfolurent qu’il en partiroit trois le fix Octo- bre , c’eft-à-dire deux mois plutôt qu’à l’ordi- naire -, mais iis ne mirent à la voile que le dix. Ces Vaifleaux étoicnt l’Ooftér fteen , deftiné pour Zelande , le Vanhuyfen pour Enchuy- fe , & les trois Couronnes pour Amfterdam , dont le Maître étoit Jacob Uncright , qui commandoit les deux autres. La faifon de l’année où l’on pafife d’ici en Europe , appro- choit, mon Vaifleau étoit radoubé, j’avois fait mes vivres & rempli mes Barriques d’eau , de forte qu’il fallut penfer au départ. Suivant cette refolution le 17. Oélobre, à fix heures & demie du matin , je fis voile de cette rade , à la faveur d’un bon vent de terre qui venoit du Sud > & par un beau tems. Je m’en fêrvis fi bien , que le 39. je rencontrai les trois Vaifleaux Hollan- dois qui me devançoient de huit jours. Le 19. de Novembre au matin , un Emerilloü vint planer au-deflus de nôtre bord , jufqu’à ce qu’après avoir épuifé toutes Les forces , il le percha fur la vergue du mât de mifaine , où nous le primes. Peut-être que la violence des vents du Nord l’avoit pouffé de Madagafcar ? la plus proche terre qu’il y eut de nous , quoi que nous en fuflîons à cent cinquante lieues. Le 50. Décembre , nous arrivâmes au Cap de Bonne-Efperance ? ôc nous en paitimes 1 ’is.. !/o SUITE DU VOVAGE i7ar. de Janvier 1701. Vers la fin de ce mois , nous vîmes dater autour de nous quantité de petits paquets de moufle , ou d’une efpece de gelée 3 que les Anglois appellent Blubber , car je ne iaurois déterminer lequel des deux c’étoit. Du moins ils avoient tous la même figure, Sc la même couleur de fumée. Us paroifToient larges comme la main , environnez defilamens de la grofTeur du doigt , avec une petite bofîe au milieu du dos de la grofTeur du pouce v mais les filamens avoient plus de Touplefife que n’en ont d’ordinaire les raïons de la gelée. Quoi qu il en Toit , je n’ai jamais rien vû de pareil. Le deux de Février nous ancrâmes dans la rade de Tainte Helene, & le treize nous remi- nies à la voile. Nous courûmes le 21. vers l’ifle de l’ATcenfion. Le 11. entre huit 5c neuf heu- res du matin , il Te fit à nôtre bord une voie d eau qui s’accrût d’une telle manière , que la pompe à roue 5c à chaîne ne pût point nous en délivrer, je fis jouer en même- tems l’autre pompe , qui à dix heures Te trouva franche. Enfuite je tournai au Sud , pour voir fi cette manœuvre foulageroit le VaifTeau , 5c alors la pompe à chaîne Tufîit pour le tenir libre. Le à cinq heures du matin nous fîmes route pour entrer dans la Baye , & à neuf heures nous y mouillâmes à dix brades 5c demie d eau , un fond de Table. La pointe Méri- dionale de la Baye étoit à nôtre Sud-Sud- Oiieft, à deux milles , 5c la Septentrionale au Nord-tH demi Nord, à la même diftance. Audî-tôtque je fus à l’ancre, j’ordonnai au Maître Canonier de Tortir tout ce qu’il y avoit dans la Sainte-Barbe , pour y chercher la. voie d eau , 5c la fermer par dedans s’il ètoic ppfïible , puis qu’il n’y ayoit pas moiçn de ha* if o,. A LA N. HOLLANDE. jgt ier le Vaifleau à terre , ni de le mettre à la bande d’une maniéré à la pouvoir étancher par dehors , à caufe de l’endfoit bas où el- le fs trou voit , à quatre planches au-déflùs de la quille. Je commandai au B o fie ma ri d’aider le Canonier , &C à dix heures la Sainte Barbe fut vuidée. Le Contre- Maître Char- pentier , le Iv^aître Canonier &c le Boflemari y décendirent i je les fuivis d’abord moi- même , & je leur demandai s’ils pourroient arriver à la voie d’eau -, ils me répondi- rent qu’ils croioienf en venir à bout , s’ils coupoient le bordage. Là-deflus je dis au contre-Maître Charpentier, le feul homme dans tout le Vaifleau qui entendit quelque choie en charpenterie, que s’il efperoit de la trouver par-là , fans affoiblir le Vaifleau , j’y donnois les mains. 11 en avoir déjà bouché une autre qui n’étoit pas à la vérité aufli gran- de que celle-ci i mais après les avoir vues tou- tes deux, je comptai qu’il pourroit fermer celle-ci de même. Quoi qu’il en^foit , quand le bordage fur coupé , ils ne purent venir à la voie d’eau , parce qu’elle ëtoit fur un des genoux du fond , que ce Charpentier vou- loir auflî couper. Je redècendis pourvoir ce qui fe pafl’oit , &c je trouvai que J’eau entroic avec violence. Je ne pûs m’empêcher de leur dire à cette occafion que je n’avois jamais enrendu parler d’une telle méthode , qu’il fallut couper les membres d’un Vaifleau , pour remedier à un accident de cette natu- re -, mais qu’ils éroient plus experts que moi , & que s’ils croioient pouvoir réliflir , je les priois d’y emploier toute leur induftrie leur diligence. Je promis même au con- tre- Maîcre charpentier de lui rendre tout© Iffz SÜITE DU VOVAGE ' 1701. iortc de bons offices , s’il en venoit à bout : îl rrs affura qu il noqs tireroit d’affaires avant quatre heures de l’après-midi , & il en étoit alors onze du matin. Cependant tout l’équi- page travailloit aux deux pompes , à la re- ferve de ceux qui aidoient ce Charpentier. A une heure je retournai à la Sainte-Barbe , où al coupoit une piece du geruftiil } qui était au-deffus de la voie d’eau. Quelques-uns di- rent qu’il vaudroit mieux le -couper tout à la fois j mais je leur impofai lîlence , 3c les priai de laiffer faire le Contre-maître Char- pentier , qui /avoir mieux que nous dequoi il s’agiffoit , 3c qui ne manqueroit pas de fer- mer la voie, s’il étoit poffrbie. D’ailleurs je l’avertis , avant que de paffer outre , de tenir toutes chofes prêtes pour arrêter la violence de 1 eau , 6c l’empecher de nous gagner tout: d’un coup. J’avois déjà ordonné au Maître Charpentier de ramaffer tout le fîl de carrer que nous avibns , 3c au Êoffeman de fe munir de toutes les vieilles hardes , pour les fourrer dans le trou en cas de oefoin , j’y envoyai mê- me les couvertures de mon lit. Quoi qu’il en foit , le Contre-maître Charpentier dit alors qu’il iui faudroit quelques érançons pour les placer , en forte que le bout d’enhauc tou- chât au pont, & que celui d’enbas appuyât fur ce que l’on mettroit au-deffus de la voie d’eail 3c il en prit d’abord la mefure. |e deman- dai au Maître Charpentier qnefexpedienr il y avoir à prendre , 3c j’eus pour toute ré- , ponfe qu’il ne pouvoir rien dire jufqu a ce que la voie d’eau fût entièrement découverte. Il ht enfuite un étançon qui avoir trop de longueur j ainfî je lui ordonnai d’en faire de ^iverfes longueurs , ahn qu’on n’en manquât- tyoi. A LA N. HOLLANDE. pas de celle dont on auroit be/oin. A^rès avoir exhorté de nouveau le Contre-maître Charpentier à redoubler Tes efforts , je remon- tai fur le tillâc. Vers les cinq heures du foi? lorfque je m’attendais d’apprendre que la voie d’eau étoit fermée , le Boffeman vint me di- re qu'elle devenoit plus grande , & qu’jl n’y avoir pas moien de tenir le Vaifïèau à flot. J’y courus au plus vite , & je trouvai qu’on avoit coupé le genou , fans qu’il y eut rien de prêt pour empêcher l’eau d’entrer. Je leuï demandai la raifon de cette négligence le Contre-maître Charpentier me répondit qu’ils ne pou voient rien faire jufqu’à ce que ce mem- bre fût coupé , pour mieux prendre les dimen- fions de l’ouverture , &: qu’il avoit marqué lui-même une planche avec la ligne , qui étoiC entre les mains du garçon du Charpentier. Là deffus j’ordonnai qu’on y mit du fil de carrer & quelques pièces de bœuf \ mais tout cela ne fer vit pas de grand’ chofe : l’eau entroit avec tant de violence qu’il y en avoit déjà plus dé deux pieds dans lâ chambre, de forte que je fis abattre la feparation , & ôter ce qu’il y a- voit au-delà vers la tête , pour donner paüage à l’eau Sc la vuider plus facilement. De cet- te maniéré , & avec le fecours de nos deux pompes , L’eau diminua beaucoup ;re qui me donna quelque efperance que nous fauverions le Va i fie au. Je demandai alors au Contre- maî- tre Charpentier ce qu’il en croioit , & il me répondit en propres termes -, n’ayez point de peur je m’engage d’y remedier avant qu’il fort dix heures. Je m’en allai le cœur gros,quoi que je fiffe bonne mine , pour n’intimider pas mes gens qui pompoient &C vuidoient l’eau de tou- né leur force ? ôc à qui je donnois de tenais e-g? ■Î* ,rn SUîJE, DÜ VOYAGE i7su Sur les^ d,e brandc'’in Pour les animer, verrir /i ° JjC heures le Boffeman vint m’a- vroit lTj‘,eaU SaÇuol.r roû jours , qu’elle cou- arriver^ vole,’ Hu. P y avoir pas moien d’y tomhniî que. a Planche étoit lî pourrie qu’elle rZeMe YP/rffeS ’ ü ét01t hopoffiblede la nuTri , V ffcai» Nous parlâmes le relie de lai mo, ^œper & a vuider reau- J® travail- le sToar^i6 P°Ur encourager les autres qui Mus S Tr Pas 1 ■P»»? reau entroit de propresPMeV n f°rte qui' falIut Penfef a "os L K ?ouc cer effet je njjs la chalou- couletàfnn’/ " qUC fiie VaiflVatt venoit à t /L i d ? nous Pu^ons nous fauver. touer LvaTirîn ma,nn|e!evai ^«e,- & je £s Aou?ntV pIuS pré$ du nva^ y mais faven? av,anÇames guère. L après-midi , à la loin ^diUne b-rnZ^,de ^er » îe pouiTai plus Enfuimnn ™°U1 al 1 ancre à fept braifes d’eau. sss;~ï - i • • . • tujtic a terre * ne toua leVaiffeau , julqu'à ce que nous NonTr qUe tro!s bra/res & demie d’eau, ütfrad^l?nrrameS hrm ici ’ & r°n enflure lits T?^P°U'rirraî?îp0rcer n0s co^s & nos dirent aJfnr?« h *lu£*n de mes gens û ren- c nn L avant.lcs huit heures du foir. Le vingt- finnqc r mat/n /e fîs détacher les voiles pour & mof nn,r,de te,ntes> alofa «tes Officie” tri? nous rendîmes à terre. J y avois envo- $ d'eau i l une de 84. * Gallons üôrre r trente*^x j aVee un Tac de ris pour ufage commun ; mais il y en eût une terre?c*eCft âl*ffntient ^ ^arCes • “'*&* d’Angle- pJrfc - • ? î quatre P'ntes ou environ , mefure ds Bâr&^ï'^dfrtî feredeBierrs f f • q’ie forte clue ‘f'Mtfe Gallons me- m ^eBierre' font cinq Quartes raefure .de Vin, Ï70I. A LA N. HOLLANDE. i6j bonne parue de volé , avant que je le puffie prévenir. D’ailleurs je perdis plufieurs de mes livres } de mes papiers. Le lendemain de nôtre arrivée fur cette 111e nous eûmes beaucoup de joie d'y trouver une fource d’eau douce , à huit mules ou environ de l’endroit où nous avions dreffe nos tentes * au-delà d’une fort hante montagne où il falloir grimper. 11 y avoir au0i quantité de bonnes tortues dans nôtre voifinage ; de forte que par un éfet de la Providence divine nous pouvions fubfifter ici quelque tems. Le vingt-fept je partis avec la plupart de mes Officiers , pour aller voir la fontaine ■, nous paflames la nuit en chemin , & nous nous y rendimes le jour fuf- vant de bonne heure. Nous la trouvâmes au Sud-Eft de la montagne , à un demi mille ou environ du fommet , & il y avoit tout auprès quantité de chevres & d’écreviffes de terra; mais l’air y e(l fort mal fain à caufe des broiul- lars continuels qui s’y élevent -, & qui le rcn- dent extrêmement froid. A deux milles ou en- viron auSud-Eft de la fource nous vîmes trois ou quatre petits arbres , fur 1 un defquels il y avoir la figure d’une ancre raillée dans l écorce avec un bout de cable èc le nombre de l’année K. dcxlii. A cinquante ou foixantc pas de-là nous trouvâmes un endroit merveilleux pour fe mettre à l’abri par le mauvais tems 1 air y étoit fort fain j on pouvoir fe bien loger dans les cavernes des rochers , 5 c l’on avoir aux en- virons des chevres , des écrevifles de terre , des Guerriers & des Boubis. Cela même engagea plu fieurs de nos Matelots à y planter le piquet. Quelques jours apres ils découvrirent deux Vaiffeaux qui vénoient vers l’ifle > & ils eurent Je foin de m’en informer avant la nuit, Je fis /SÜITE P& VOYAGE 1701, d abord tourner fur le- dos une vins taine de tortues , pour en regaler ces Vai/Teaux s’ils inouilloienr ici , mais iis eurent difparu le matin , 8c 1 on remit les tortues en liberté .Nous ne yimes plus aucun Vailfcau jufqu’au q.U 11 en, parut onze au deir«s vent de 1 lile ; mais ils ne s’arrêtèrent pas. Le lendemain nous en apperçumes quatre, qui vinrent toucher dans la Baye. Il y en avoir trois de Sa Majefté , l’Anglefey , kHaftings & le Lézard ; le quatrième étoit le CantorbS- ■xy de la -Compagnie des Indes Orientales. Je me mis a bord de l’Anglefey , avec environ îf rJLCrnq P mon écluipage, dont le refte fut diftribue fur les deux autres Vaif. ieaux de guerre. Le huit d’Avril nous partimes de V Iûe de 1 Afcenfon, 8c je continuai à bord jufqu’au M*y r r Ue leS CaPitaines de ces trois ' Vai/Teaux refolurent d’aller aux Barbades s apres avoir manqué l’Me de faint Jaques I 011 ils a voient de/Fein de faire de l’eau. Pour moi^qui avois grande envie de retourner au EeTlvnr Skor,re ’ ’e paffai fur le Cantor- fcery avec mon Pilote , mon Munitionaire , Bfficiets-°mer ’ & wols de mes Pr*nc>Pâu£ F I N. î 170t. y O Y A G E V U CAPITAINE VOOD* A travers le Détroit de Magellan, ôcc. CHAPITRE PREMIER. I l'Auteur fait voile à bord du Vaiffeau de guerre , nommé le Rafle-tout , pour Clfle de Mai. Du Cap Saint GcO'ge- T>e rifle des Lièvres & de telle des Penguiris. De fon arrivée au Port défit é , des vnoiens quil y a pour le reconnaître , des marées & des autres tbofes remarquables qiCon y voit VtrFoiage Lemaireur & de fes découvertes. E Samedi vingt-fix de Septem- bre , nous partîmes des Dunes , à bord du Vaiffeau de Sa Ma- <$t £té , le Rafletout , de conferve avec la Pinque le jeune Hom- me, commandée par le Capi- taine Humphrey Flemming. Nous fîmes route au Sud fans qu’il fe pafsât rien de re- marquable jufqu’au vingt-huit d’Odtobre ai$ matin”. Alors nous découvrîmes l’Iffe de Mai, ï:6$ SUITE DU VOYAGE i7or, qui étoit à nôtre Sud quart-à-l’.Oueft , 8c nous moiiillames dans la rade , à onze brades d’eau , un fond de fable. Mais il n’y avoir ni bois , ni eau douce ; de force que nous en démarrâmes le lendemain , pour aller à rifle de faint Jago, qui étoit mieux fournie d’eau 8ç délivrés , quoi qu’il y eut aufft peu de bois quJà la precedente. Nous remîmes en Mer d’ici lé f. de Novembre , par un beau frais , & nous courûmes au Sud vers le Cap S. Geor- ge, que les Efpagnois appellent Capo blanco. En effet , lors que le Soleil y donne deffus le marin , il paroît tout blanc , au lieu que vers le foir il paroît d’une couleur toute oppofëe. Le 20. il fît un rems de brume , 8c nous per- dîmes nôtre pinque. Le 21. à huit heures du matin le brouillard fe diflîpa , 8c nous dé- couvrîmes, la terre , à quatre lieues de di- fïance. Comme nous n’avions point pris hau- teur , nous crûmes d’abord que c’étoit le Cap S. George •, de force que nous fîmes route au Sud, dans l’efperance d’arriver au Port defî- ré , qui efl à dix lieues ou environ au Sud de ce Cap , 8c qui fut ainfî nommé par Fillufère Monfîeur Thomas Cawendish ; mais il fe trouva que c’ètoit l’I/le des Penguins. Quoi qu’il en foit nous aprochâmes à deux ou crois lieues du rivage , la fonde à là main , 8c nous eûmes vingt-cinq JhrafTes d’eau j mais fur ce qu’on ne découvrit pas le Port que nous cher- chions , il fallut s’éloigner de4erre &c paffer toute la nuit à faire diverfes bordées. Le 22. nous trouvâmes que nous étions à quarante- huit d. 20. m. de latitude au Sud de ce Port, & nous mimes le foir à l’ancre , dans une jolié Baye fablonneufe qu’on apeîle des chiens ma- rins/par ce qu’il y a quantité de ces poiffons \6 fur une Ifle pierreufe qui eft à fon Nord. Le ^Jngc-trois nous coisrumes au Nord pour chercher le Porc déliré , & j’allai dans nôtre pinaffe le long d’une grande Baye qui eft bor- née au Sud par rifle des Chiens marins , Si au Nord par une pente I fie pierreufe. Il y avoit tant de ces Amphibies far la derniere , que nous y en tuâmes quatre cens pour fervir de nourriture à nôtre équipage. Environ un mil- le Ôc demi plus haut il y aune autre lile, qui eft fort hantée par une forte d’oifeaux de mer que nous appelions Shags , nous y tuâmes quantité de leurs petits , dont la chair nous parut très-bonne. A peu prés à la mê- me diftance , encore plus haut joignant le rivage on voit une autre Ifle bien jolie ,que nous apeilâmes l’îfle des Lièvres , à eau fe du grand nombre de ces animaux qu’on y trou- ve. Nous en tuâmes neuf dans un jour , dont quelques-uns peioient vingt livres : Quand on leur donne la chaffe ils s’enfuient dans des trous de même que nos lapins. Cette Ifle eft le meilleur terroir qu’il y ait autour du ha- vre i le refte de la côte elt plein de rochers, ou de gravier , fec & fteriie, dans bois Si fans eau douce. Le 24. de ce mois de Novembre nous levâ- mes l’ancre par un beau teins , & nôtre vaif- feau courut au Nord. Pour moi je rangeai la côte dans la pinafîe > & je traverfai une gran- de Si_ profonde Baye , qu’on nomme la Baye des Epices , où l’on trouve quelques Ifles pierreufes , avec celle des Penguins- Je n’eus pas plûtôt abordé fur la derniere que je fis brûler un barril godronné -pour avertir nos gens, que c’étoit i’iile que nous cherchions. Nous ne la reconnûmes que par la grande Tome V, H #7# V O Y A ,G E D U _ iffp, .quantité de Penguins , -qu’il y avoit defl'us • 0n les tuoit facilement à coups de bâto puis qu’ils ne pouveient ni voler ni couri fort vite -, ils Violent de la groffeuc d’une oie -, ils n’ont pour toutes ailes que de petite moignons 5 qui leur fervent à nager fur l’eau où ils fc nourrirent, je' retournai le ffoir avec .ceux qui tn’accompagnoient à bord du Yaiileau , Ôc nous ancrâmes dans la Baye ‘A,Æ J?on déliré , à feize braffes d’eau. .Deux après j nous entrâmes dans le liavre. .Ce „Port elt fous le 47. degré, 40. mi îatirudeTMeridxonale , & ii le vent effc bon 3/aiffeau y peut entrer à quelque heure de là marée que ce foit 1 parce.qu’il y a toujours af- fez d’eau en baffe marée. Aux trois q l’Ebbe , ou au quart du flux , on peut voir les dangers *, mais je ne confeillerois à fonne d’y entrer , jufqu a ce qu’il ait vu le havre en baffe marée, puis qu’alors il verra diiliadtement les écueils , & qu’on peut même avoir une marque à terre , pour iërvir de guide. Quand on vient du Nord ,du Cap Blanc o , & qu’on range la côte v le Nord du Capdeirë , if y a une chaîne irifans qui s’élèvent beaucoup hors de l’eau qui font à une lieup ou environ du. rivage , outre plufieurs autres qui en font feparez. On voit au Sud de la Baye l’ifle des Penguins avec cinq ou fix plus petites , & au Nord |e Port de/iré, qui au Sud de fon entrée , un demi mille du cote de la Mer , ,&àpeu près autant de la riviere , à un rocher en for- de piramide,, qui reflemble beaucoup aun ou à une tour , qui peut fervir de très- & qui eft environné par- couleur bleuâtre. Lors ■m$. CAPITAINE WOQEL m que nous ènons à l’ancre dans le Port > ce ro- cher étoit à nôde Sud- EU. Pour ce qui regarde la marée de ce para- ge, le vif del’eaudl à midi en pleine &c nou- velle lune. 'y &c au. rems des hautes marées 3 le flux & le reflux font fort rapides , &c l’eau monte environ trois bralfes. L’entrée du Port eft C étroite , qu’il n’y a pas plus d’un coup de. moufquet d’un, côté à l’autre. D’ailleurs , quoi que la terre foit ici fterile , ôc qu’il n’y ait prefque point de forêts ni d’eau douce, on y trouve quantité de brebis d’Efpagne , qui font auflï grofles que nos daims, ôC qui font devenues fauvages. On y voitaufli quel- ques lièvres & des auttüches, qui ne fe laif- fent guère aprocher , des canards , des cor- beaux , des Shags noirs , des* White-breafts, & de gros canards , dont le plumage eft bleu , & qui font affez familiers. Outre les chiens matins qu’il y avait en abondance fur une des Ifles de ce Port , & dont nous fîmes bonne chere , nous y mangeâmes de groflès moules & des t limpets. Au relie , nous trou- vâmes fur une de ces Ifles un pieu planté en terre, avec une infcription Hollandoife fur une feuille de plomb , clouée contre le pieu êc qui porcoit en fubiîance : cc Qu’un cer- ‘c tain Lemaire Hollandois , parti de Horn à où. il fut très- r^: capitaine wggu . m bien reçu de l’Empereur Charles V. & em- ploie à faire la découverte des Ifles moliu que.s \ ce qu’il exécuta en paffanc à travers le détroit qui porte aujourd'hui fon nom. D’ailleurs il avoir pour ajoint dans fa commi f- fion Jean C art h a gêna , Evêque de Burga fon; coufin , qu’il fit pendre fur une de ces Ifles avec quatre hommes de fon équipage , pour avoir voulu fe mutiner contre lui * mais ,ü Taiffa l’aumônier à terre , qui fut enfuite ma P lherè par les naturels du pais. ^ Il n’eft pas moins remarquable 5 à l’égard de ce Port , que le Chevalier François Drafce- y arriva le 20. de Juin &C qu’il y fît dé- capiter fur une Iflé qui y efl enclavée, un- certain Mr. Thomas Doughtv , qui avoir con- juré fa perte , & formé le deiïein de retour- ner en Angleterre avec fon Vaiffèau. C’eft pour cela même qu’il la nomma i’Ifle de iq- bonne Juftice. Peu s’en fallut aufîi qu’il ne lui en coûtât la, vie, par la trahifon des Natu- rels du païs , qui lui tuerenc deux de fes hommes. Il les fit enterrer fur cette Ifîe,&: nous y trouvâmes encore leurs tombeaux &ô leurs os. Il ne fera pas inutile d’avertir ici les Voya- geurs, que s’ils veulent entrer dans ce Port îl faut qu’ils obfervent ce qui fuit. Quand on eft venu au Nord du Cap S. Georgç , ou du Port defiré , on doit paffer entre la première terre haute qu’on voit , fous le 48. degré 40. min. de latitude Méridionale , qui efl au (Il celle du Port , & la terre baffe. Mais fi l’on arrive au Sud de ce havre, on trçuve que la terre y eft fous leqo. dég. 20. min. de lati~ tude , qu’elle eft baffe , fans arbres ou hau* teuxs , éc qu’il n’y a que des collines blan»- H 4 27/ VOYAGE Dü iar la violence des tempêtes , niais il ne faut pas oublier de laiffer au Nord-Oiieft le Cap pierreux , de même que certains endroits blancs d une montagne qui eft dans les terres, quand on voit que l’un & les autres s’enfi- lent » jftors on peut entrer 8c fortir fans rif- que. D ailleurs pour avoir une marque cer- taine qu’on eft fuT la barre, il y a dans la Ba- ye, au Nord-Eft,à un mille 8c demi ou en- viron de 1 embouchure du Havre quelques collines blanches qui reftemblent à des Iftes j quand on eft vers le milieu de ces collines, vis-à-d’une ouverture en forme de felle, qui pasoît au delà dans les terres , alors on eft fur la barre. Après l’avoir paffee on n’a qu’à continuer tout droit fa route environ un mille de demi . où 1 on peut donner fonds à fix ou lept brafTes d’eau , mais le meilleur endroit pour amarer eft; entre Hile de la bonne Ju- ftice , est une autre qui eft voifine. Enfin les marées font quelquefois très- incertaines dans ce Havre ; car fi le vent eft au Sud , l’eau monte autant par les bafies marées que par les hautes. * Nous reftames pîufieurs jours dans ce Port, fans voir aucun des naturels du pais, mais le douze d’Avril ,1e Bo/Teman, deux autres de i*70. CAPITAINE WOOD. 177 moi , allâmes fur le fommec d’une montagne à l’Elt , la plus haute qu’il y air entre le Cap Paint George Sc le Détroit de Magellan, & à laquelle j’impofai mon nom , que je gravai même fur une pierre. Nous découvrimes d’i- ci un grand lac vers le Nord , que j’eus la cu- riofité d’aller voir. Après avoir marchèjdeux milles ou environ de ce côté-là , j’apeiçûs en tournant la tête quelque chofe qui remuoit derrière un buifion : je crus que c'étoit une brebis , ou une bête fauve ;de forte que je m’avançai pour la tirer -.mais je vis paroî- tre un homme qui recula d’abord un peu plus loin derrière une colline , où il fut joint par fix autres , armez d’Arcs &c de Flèches. Là-defl'us nous jugeâmes qu’il étoit à propos de s’en retourner j ce que nous fimes pendant que les naturels du païs nous fuivirent à quel- que diftance environ deux milles , jufques au coucher du Soleil , & que nous avions en- core (ix milles à faire pour nous rendre au vai fléau. Le vingt de ce mois je retournai à terre avec le Lieutenant dix de nos hommes, dans l’efperance de voir quelques naturels du païs au même endroic où j’avois été , mais il n’en parut aucun. Quoi qu’il en foit *, nous découvrimes des traces d’hommes & d’enfans à-côté du lac, qui eft une véritable faline. Nous en tirâmes bien à diverfes reprifes dix tonneaux de fel > qui nous fut d’un grand ufa- ge pour confetver les Penguins & les chien? marins que nous avions à bord. Ce n’eft pas tout, pour en faire provifion le quinze de Mai nous emploi âmes cinquante hommes qui en accumulèrent un gros monceau dans un endroit fermais lors que trois jours après >7* , VOYAGE DU r*7ot on voulut y retourner pour en prendre quel- que peu , il ne s’y en trouva pas dequoi rem- plir la coque d un œuf f ce qui nous parut é autant plus étrange qu’il n’étoit pas rcm- oe une goûte de pluie durant cet întcrvale- Au refte ,e parcourus ce lac de deux cotez ,, y J.e tr°uval quil avoir 4000. de mes pas de 1 un 8c 16000. de l’autre, c’eft-à-dire en- Viron deux milles & demi de large , & dix milles de long. Il étoit alors tout couvert de fel de 1 epaifleur de quatre pouces ; de forte que par mon calcul il en pouvoir contenir cent mille tonneaux. * . ^OL,s ne vîmes aucun des Naturels du pais !Srnnàde^uin; que ï’allai de Srand matinal Ouefl: , avec fix de nos hommes. A peme avions- nous fait deux milles , que fept, de ces Naturels coururent vers nous du haut- d une colline , en faifant plulîeurs lignes &: Un bruit horrible, pour nous dire de nous»- retirer ; mais aucun d’eux ne fe mit en état, ae nous décocher Tes flèches. Il y eut même- un Vieillard qui vint plus près de nous que les autres , & qui nous fit les mêmes lignes*' pour nous obliger à la retraite, j’eus beau lui. jetter une bouteille de brandevin , une cra- vate & un couteau , il n’y eut pas moyen de i appaifer , ni d’amener ces Barbares à s’huma- niler avec nous j de forte que nous retournâ- mes a bord. Il femble que ces Sauvages Payent ni mai- fens ni aucune demeure fixe ; mais qu’ils fe tranfportent d’un lieu à un autre , pour cher- cher pâture : Ils vivent de chiens marins , de Jimpets , de quelque volaille & de bêtes fau- ves. Après avoir bien couru le jour, ils fe. meurent la nuit derrière umbuiifon ou ils- alla- &f& CAPITAINE WOOD: i ment un petit feu , üi fe couchent ainfi à la belle étoile. Ils n’ont pour tout habit qye des peaux dé bêtes fauves cou lues -cnfembie , en gtüfè de manteau , avec lequel ils s’envelupçnt -, St ils n’ont pas befoin d’autre couverture , par- ce qu’ils font fort robuftes Ôc vigoureux. Ils ont le teint olivâtre comme tous les Ameri- quains , 5c ils fe peignent le vifage 6c le corps de diverfes couleurs , de même que la plu- part de ces autres nations. Le 1(5". d’Aout deux de nos gens , qui é- toient allez faire de l’eau fur la côte Orien- tale avec quelques* autres , virent à quel- que diltance delà , deux patagons derrière un buiflon. Ceux-ci ne les eurent pas plutôt apperçus, qubis prirent la fuite & laiferent tout leur bagage, qui confîftoir en quelques peaux coufues enlèmble , en forme de petits facs , où il y avoir des pierres à feu , 6c des couleurs , dont les unes fervoient fans doute à mettre au bout de leurs flèches ,6c les -au- tres à fe peindre le corps. Quoi qu’il en' foit nos gens portèrent tout ce tiacas à bord , 6cT y amenèrent deux chiens attachez à: une lef- 4e. Mais dès le lendemain matin nôtre Ca- pitaine renvoya tour au même endroit , où il fe rendit lui. même, 6c y 1 a i lia d’ail- kurs quelques clinquailleries avec un cou- teau. On mit aufl! les chiens en liberté après leur avoir pafle quelques chapelets au- tour du cou. Au refte nous trouvâmes que la tempéra-- tare de l’air étoit ici en Hyver comme en* Angleterre. Le pais à vingt milles à la rondo" eft fcc , Iterile , plein de rochers 6c de gra- vier, fans bois & fans eau y il n’y a que ‘peur . H & »*° -„.V ° Y.A G E n?7*. de huilions du côté de la mer , 8c plus l’on avance dans le pais , 8c moins Ton en trouve. Le Capitaine 8c moi , accompagnez d’onze de nos gens , eûmes unefoisja curioiîté d’âl- ler vingt milles dans le pais ; mais nous ne vîmes perfonne , ni la moindre chofe digne de remarque j lî ce n’eft qu’à neuf milles de notre ancrage nous trouvâmes une riviere d eau douce, qui fe déchargeoit dans une failne, dont ce pais abonde : de forte qu’a- prés avoir couché deux nuits dehors nous retournâmes à bord de nôtre vailfeau. La pê- che 8c la chalTe nous divertirent beaucoup cet hiver , fur tout quand il geloit bien , par- ce qu alors nous trouvions quantité de haie- brans, de canards 8c d’autres oifeaux de mer5 de Widgeons , de pleuviers , de bccalïines , de perdrix s & divers oifeaux qu’on n’a pas Cn -Ar^eterre * & qu’ainli je ne faurois nom- mer. Nous ne manquions pas non plus de moules. Il y avoir d’ailleurs bon nombre de bêtes fauves , ou de ces brebis fauvages que les Efpagnols apeilent Wianaques , 8c qui ont douze paumes de haur. Pour la figure de la tête & la longueur du cou elles reffemblent au chameau i mais pour le telle du corps & la croupe elles aprochent beaucoup du cheval. Quoi quelles fuffent bien à ierte 8c fort crain- tives > nous en tuâmes fepr durant nôtre fe- jour ici , 8c l’on peut dire que leur laine eft la plus fne qu’il y ait au monde. Mais fi nous avions eu des chiens pour les biffer à la cour- te? il n’y a nul doute que nous n’en eulïions pris davantage. Elles vont par troupes de fîx ou fept cens>& dés qu’elles aperçoivent quel- qu’un, elles ronfîenr avec leurs narines 8c hen- niffent comme' les chevaux. On voit encore 'tSjo. CAPITAINE WOOD. iSf ici quantité d’ Autruches qui courent fi pro- digieufement vite qu’il eft impolïible de les prendre fans chiens. Il n’y manque pas non plus de Lièvres qui font auiîï gros que ceux du Port defiré , ni de Renards qui font plus petits que les nôtres. Il y a d’ailleurs un pe- tit animal qui n’eft pas tout à, fait fi gros que la Tortue de terre -, 6c qui eft couvert fur le dos d’une écaille feparêe en deux pièces , qui fe joignent enfemble: Sa chair eft d’un goût exquis , 8c les Efpagnols l’apellent le cochon cuirafie. Mais nous en vîmes un autre bien plus fingulier, qui avoir la queue épailfe, & à qui nous donnâmes ie nom de Grondeur , on de Soufleur , parce qu’il ne voit pas plutôt quelqu’un qu’il gronde, foufle , Sc grate la terre avec fes pieds de devant, quoi qu’il n’aic pour toute défenfe que fon derrière , qu’il tourne d’abord vers celui qui l’aproche , 8c d’où il fair fortir des excremens d’une odeur la plus deteftable qu’il y ait au monde. J’ai déjà dit que feau eft rare dans ce païs> mais ce n’eft qu’en Eté , puis qu’en Hiver on trouve de l’eau de neige en divers endroits, dont le plus commode pour les chaloupes eft un rocher qu’il yadan^ le Havre. A l’égard du bois , quoi qu’il y en ait plus ici qu’au Port defiré , fi quelques vaiifeaux y dévoient pafier l’Hiver , ils auroient a fiez de peine d’en trouver poiîr leur befoin j il n’y en a que peu dans le voifinage de la mer , &c ce n’eft même que du menu bois propre pour des fagots. iSi- T OTAGE DIT iZfôz CHAPITRE III. E Auteur retourne au Pmdefiré. Exemple de t* adret1 L l,SarVages:. Mfervatioa d'une échpfe de Lu - -, 'Jls Jont voile pour le détroit de Magellan- De: P Meurs Caps , avec une Relation bi (torique de JlltJePrife des Efpagnols pour fortifier ce détroit 3 • É ^ du mauvais fuccès quils y eurent- T î?; de 5ePtembre, à la fin de l'Hyver bca l I approche de l’Eté, nous parûmes du Havre de lamt Julien, pour retourner au Port dehre, y faire provifion de Pènguins & de fr^ernïm\YlnSd & paffer enfui te par le dé- troit de Magellan à' la Mer du Sud. Le i8„ nous arrivâmes à ce Port, au Nord duquel nous trouvâmes un Vaiffeau à trois mats, ou- tre cçiui de Beaupré , tout peint de rouge , &- îaitdie joncs’ j ce qui nous donna utfe ‘haute idee del adrefîe des naturels- du païs ; mais il- n en parât aucun pendant notre fejour ici ,/ d ou nous conclûmes qu’ils nous avoient dé- couverts. Quoi qu’il en foir, ils doivent être 5°TbreUX ’ en faut îu«er Par la quan- tit_ de leurs tombeaux que nous vimes. Ils font au ifi bien alerte, puis qu’ils volèrent quelque linge & une marrfme de fer , que nos gens avoient laide à terre. -, ,r nu*c même jour de nôtre arrivée ici « j obrervai le commencement & la fin d’une; f n1^ei^ff’Une *’ & *e trouvai par ce moyen que la différence de longitude entre Londres S ce Pf s eltdeyo. degrez , c’eff-à dire , à* du tems 9 de quatre heures ji, minutes»- j*7». CAPITAINE WO'Otfl . «fÿ A nôtre premier départ de cet endroit nous y avions femé plufieurs racines , herbages &€-’ legumes d’Angieterre , comme des choux,- des raves , descàrotes , des raiforts, des poix, des fèves ôc des oignons. Nous yen trouva-- mes un peu des unes Ôc des autres, quoi que les naturels du pars euflent prefque tout déra- ciné , fans en faire , à ce qu’il nous parut , au- cun ufage. Les raves étoient excellentes i mais- les raiforts, les poix, ôc les fèves, étoient montez en graine. Le 14. d’Oékibre nous remimes à la voile par un beau frais , 8c nous courûmes au Sud: vers le détroit de Magellan. Le 17. nous ap- perçumes une belle pointe blanche , fous le- 50. degré de latitude Méridionale , de nôtre Capitaine la nomma tête de rocher : Nous vimesaufli la montagne de faint Yves , qui a1 une grande plaine au fommet , avec une au- tre à fon Notd , d’une égale hauteur , qui -fe termine en pointe , ôc quelques-unes de la même figure à fon Sud. Lors que nous fumes au f o. deg. 30. min. de latitude , nous décou-; vrimes un Cap formé de collines toutes blan~ ches, qui n’eft point marqué dans les Cartes , ôc qu’ai nfi je nommai Blancford. D’ici au Cap de la Vierge Marie , où nous arrivâmes le 22»- de ce mois , la véritable route eft Sud quart à- l’OLieft environ vingt lieues 3 mais nous cou- rûmes par la hou fiole Sud 23. deg. Oiieft. La terre eft tout du long bafie , avec des colli- nes blanches , & il y a par tout vingt-huis; brafles d’eau , un fond de fable de bonne te- nue. Le flu.x court entre les deux Caps Nord Nord-£ft , ôc le reflux Sud-Sud-Oiicft. Il eft- Jhaute marée en pleine ôc nouvelle lune à-dix heures-, & l’eau monte environ quatre brafies» **fA VOYAGE DU t mais arrives m voyage dû re7oi fous îe 42. deg. de latitude Méridionale , elle eiiuya une h ni de tempête , quelle fut obli- gée de battre la Mer vingt-deux jours de fui- te : elle y perdit un de fes meilleurs Vaideaux avec trois cens hommes & vingt femmes , qu il y a voit a bord , & la plus grande partie des munitions qui étoient dcflinées pour le détroit. Forcée ain/idè retourner à l’idè de Ca- tnalena , elle y apprit que Içs Anglois avoient etc fur la cote , & dans la penfée qu’ils avoiene Fait voile vers le détroit de Magellan , elle fe hata de leur donner là chade. nv^df°ve maldeZ reparcît dOT,c de cette Me avec dix Vaideaux apres yen avoir laide cinq* délabrez par la derhiere tempête, & fur lep quels il mit tous fes malades y mais il ne fut pas plutôt arrive a l’embouchure du détroit |u une cruelle tempête le força de retoürnef a la riviere de Rogimero. Quoi qu’il en fort / l annee fuivante. Pedro de Sarmiento conti- nua ce voyage, & il débarqua heureufemenf quatre cens hommes , avec trente femmes à la- pointe Podedîon , où il .'fit bâtit un Fort qu’if appella Nombre de Jefus. Il padâ d’ici pat terre au port Famine , où il fit bâtir une tout ou une Citadelle^ qu’il nomma la Ville dm K01 1 hilippe , & a i’approche de l’Hiver il s embarqua pour retourner en Efpagne , avec vingt-cinq Matelots i mais il eût le malheur * lWwPf,IS CS C,hen,un par le farneux Chcva, ^aIeI§h ’ tlUI l’amena en Angle- Sintj ff !f'S pauvtes Efpagnols qu’il a voit iaidez au détroit , y périrent tous de faim;* iù'jn. CAPITAINE 'WOOa CHAPITRE I V. t>u pa(fa?e de l’jiut-eur a travers les détroits de Ma- Je II an , & des précautions quil faut avoir pour %'y pas échouer. Du Continent au Nord. Des ratfins de la terre Magellamque. Des Havres. Vu Pw- duit & des Habitant deTtfle de la Reine Eli^abet , & des autres ljles . De la Terre Magellamque* D'une prodigieufé quantité de poijjons pris dm coup de fié. Avis pour faire voile a la Mer dis Sud par les canaux qui font entre les ijles. fÔ'ur venir à nôtre paflage du détroit » naua, traverfames le premier le zf. d Oftobre / & nous nous rendîmes Pur la cote Méridio- nale. Mais il elt bon de remarquer en laveur de ceux qui viendront ici apres nous , qu a î’Oüelt de la pointe Poffeffion , d Y a Baye fablonneufe, dont l’entreeeh fort du- finie , parce que l’eau y eft baffe -, qu a cinq lieues de là , Oüeft-Sud- Oüeft , on trouve la première entrée de ce même détroit , qui a deux milles & demi de large d un bord a l’autre ; qu’après avoir paffe la pointe Orien- ta’e de cette entrée , il y a deux bas- tonds * dont l’un eft au Nord & l’autre au Sud , os que le meilleur qui confifté en une chaîne de rochers , eft le plus éloigné. Mars Me vent venoit à manquer , ou à fourrier ave<- trop de violence, on peut mouiller en cne- min encre la pointe poffeffion & le^tr°i,t’ Pour ce qui regarde la terre , elle eft bordes de collines blanches , d’une médiocre hau- teur^ôC le rivage eft couvert de fable-oC de gra- ïfi/ VOYAGE DU iSfSi vier en baffe ean , quoi qu’il foit fi efcarpé que line chaloupe ne fauroit y aborder. Sur le fable de la côte, qui eft au Nord, a un quart de mille de la pointe Occiden- tale , nous vîmes trois ancres qui avoient apartenü fans doute à quelque vaiffeau fcfpa- gnol , qui avoir fait naufrage. La maître/fe ancre &c J a fécondé avoient environ douze pieds de long la plus petite en avoit on- ze , mais elles ètoienr pte/que toutes man- gées de la rouille. 11 fort aufffi delà une chaî- ne de rochers qu’on peut découvrir par les herbes qui croiffent defîus ; & par tout où - °r nnr ,Vülr ^ffues-unes on peut conclure infailliblement qu’il y a des bas fonds & des rochers. Qqand on a paffe le premier Détroit , fi i on ne croit pas de pouvoir atteindre avant la nuit 1 Ifle de la Reine Elizabeth , je ne fe- rois pas d avis qu’on ancrât ici , à moins que le tems ne fut très-beau ; mais plutôt qu’ori ïebrouflac chemin pour motiiller entre la pointe ôc le Détroit ; car fi une tempête viens a - ^er^du 5ud:Oiieff: quart à l’Oüeft , ce qui eft affez ordinaire dans ce parage , vous navez prefque aucun abri, & fi vos ancres viennent a chafler durant la nuit , vous ne pouvez que dériver fur la côte. Après qu’on a raie environ deux lieues dans l’efpace lar- ge qui eft entre les deux Détroits , on ne /au- roit difeerner la pointe du /econd qu’avec peine, a caufe que la terre y eft baffe ; mais s U fait un tems de brume il eft prefque im- po/iiole de la trouver de jour , & beaucoup moins de nuit. Cette pointe fe nomme le Cap Grégoire y de à /on Eft il y a une rade expo- Ice aux vents d Oiieft,où l’on peut ancres &7o. CAPITAINE WOOD. à fept ou huit brades d’eau , un fond de bon- ne tenue. La côte Septentrionale eft haute , durant (deux lieues à l’Otieft du premier détroit , ÔC continué ainfï jufquesà l*entrée du fécond, oü elle eft de nouveau bafle. Mais la côte Mé- ridionale eft d’une hauteur médiocre depuis le premier détroit jufques au fécond ; elle paroît inégale 8c raboteufe , 8c nous y vi*? mes quantité de feux à nôtre retour -, ce qui eft une marque certaine qd’il y a beaucoup de monde. Nous traverfames le fécond détroit le foir du même jour, c’eft-à- dire du vingt- cinq d Or dlobre. Il a cinq milles ou environ de large à l’Eft , & un peu moins à i’Oiieft. Nôtre cours fut Sud-Oiieft-quart-au-Sud parla Boulfole; mais la route eft Oiieft dix- fept degrez Sud, Sa longueur d’un bout à l’autre eft de trois lieues, de forte qu’il y en a vingt-huit d ici au Cap de la Vierge Marie. Quand on lteptefque tout à fait pafte on voit trois Iûes amNord- Oüeft , à quatre lieues ou envi rotrde diftance par la Bouffole, & à l’une desquelles le Che- ■ valier Drake donna le nom de la Reine Eli- sabeth. Les, deux autres portent les noms de faint Grégoire & de faint Barrhelcmi. La terre , qui eft entre ce fécond Détroit, 8c la pointe de i’Ifte de la Reine Elizabeth , eft fort haute, & paroît feche & fterile en quelques endroits, mais en d’autres elle eft fertile & porte de bonne herbe , fur tout dans les vallées. Elle produit aufti de peti- tes Bayes , qui font d’un goût exquis , 8c que nous apellames les raiiîns de la terre Magel- lanique. Elles' font de couleur de pourpre, seoferment de petits pépins , 8c ont un gouç • 1 VOYAGE DU 1700. qui aproche de celui de nos raifîns d’Euro» ' pe* Il y en a d’une autre forte , qui reflém- felent à une petite cenfe , de couleur rou- geâtre , 8c à qui nous impofames le nom de Guines. Depuis la pointe du fécond détroit juf- ques à 1 ’ O ü e ft de rifle de la Reine Elizabeth il y a fept lieues / de l’on peut moiiiiîer en- tre deux le long de la côte Septentrionale , â fix & à vingt brades d’eau, mais il fuffit d’avancer jufqu a ce que la pointe à l’£lt de ride foit à vôtre Sud-quart-à-l’Eft vvous n’a- vez^ alors qu’à tenir le milieu entre l’Ide & la côte , vous aurez huit ou neuf brades d’eau} «n fond de bonne tenue. Mais quand l’extré- mné Orientale dé l’Ide eft à vôtre Sud Sud- Oiieft , alors vous êtes dans le canal qui court entre les Ides , où l’eau eft profonde 8c la marée adez forte ; au lieu que d vous ancrez , en .forte que la pointe de l’Ide foit à vôtre Sud 8c Sud-quart-à-l’Eft ; vous n’avez prefque point de marée. Cette Place eft fort commode pour y attendre les vents , d Pou veut aller dans les Mers du Sud ; car fi le vent foude de i’Eft à r’Güeft par le Nord 3 vous pouvez courir entre les Ides : D’ail- leurs l’ancrage y eft très bon , à l’égard de toutes fortes de vents , parce qu’il elt haute marée dans cette rade en pleine 8c nouvelle lune. A neuf heures le düx court à l’OLieft > fous le rivage Septentrional , & le redux à rOiieft , quoi qu’entre les Ides le flux tour- ne au Sud. Il y a deux petits -Havres fur la côte du Nord qui font très-bons pour les petits vaideaux j l’un eft à deux lieues ou environ du Détroit , &C l’autre à trois lieues & demie, je nommai le plus Oriental le Ha- *570. CAPITAINE WOOD. m vre des Ecreviffes , à caufe de la grande quan- tité de ces poiffonsà longs pieds que Ion y trouve y éc qui peuvent lérvir d aflez bonne nourriture 'dans le befojn. je donnai à 1 au- tre , qui dl le meilleur des deux ., le nom du -Port Vaughan. „ * Pour ce qui regarde Tille de la ReineElî- zabeth , elle a plus de lîx lieues .en longueur de TEft à TOiieft > & trois de large du Nord au Sud : Elle efî d’une hauteur médiocre , liir tout à fa pointe ,j||l|entaie > quieltaulît efcarpèe y Se où Ton voit un gros refrein s caufe par la feule marée , puiique 1 eau n y manque pas. On peut en fane je tour dans un petit vai fléau , mais à ion Oueit le ca- nal elt étroit ôc plein de rochers, & il n y a pas plus de trois braifes d’eau en quelques endioits. . Le vingt- fi x Gclobre au matin , le Capi- taine j quelques autres , & moi, allâmes à cette I Jle dans nôtre pin aile. 11 n’y a ni bois ni eau douce , mais il y croit de bonne hci oes & plufieurs fortes de Baies. Nous y vîmes une trentaine d’hommes & de femmes eniemb.e , à qui nous donnâmes des chapelets & des couteaux en troc pour des arcs , des neches & des peaux cTW anaques , dont ils fe fervent pour fe couvrir. Ces Indiens font d une taille médiocre, & leurs femmes portent des col- liers de petites coquilles , enfilées aans les nerfs ou les boiaux de quelque bête, je ne ta’aperçi s pas d’ailleurs qu’ils euflent aucun? forte de minéraux. . Pour les deux autres Ifies de Saint George & de Saint Barthelémi , je n’y vis rien de fort remarquable. Dans le mois de Novembre on prouve fur la derniere de jeunes White- Brealts^ m VOYAGE DU qui font un excellent manger, avec quelques Penguins, plus gros & meilleurs que ceux du Port déliré , quoi qu’il n’y en ait pas tant que fur les autres Ides. Mais quand on y veuta- border pour prendre de ces Penguins, il ne faut pas oublier de tenir le milieu de la poin- te du Nord , parce que de celles qui font à l'Eft & à rOiieft , il vient une forte marée qui caufe un gros refrein, très- dangereux pour les petites chalbupes , ni de s'armer de*bonnes gaffes , pour tirer ces animaux de leurs trous, où ils fe fourrent comme les lapins. Du refie, on n’y voit aucun bois , ni le moindre filet d’eau douce. La terre depuis la côte Méridionale du fé- cond détroit jufques au Sud des Ides eft hau- te , Sc par la quantité des feux que nous y vîmes , je ne doure pas' qu’elle ne foit bien peuplée. Le rivage eft fablonneux & paroïc efcarpé dans le détroit. Sur la même côte Mé- ridionale on trouve une petite Anfe , qui , en haute marée eft fl remplie d’une forte de poi/Ton qui redemble au muge , que d’un coup de feime nous en primes fept cens , dont le moindre étoir aufïi gros qu’un maque- reau. Pour le côté Septentrional , depuis le même détroit jufques à la pointe de l’Ifîê de la Reine Elizabeth , la terre y eft baffe, & pa- rc it allez agréable. On y trouve d’ailleurs tout du long , depuis le Cap de la Vierge Marie, quantité d’Wianaques Sc d’Autru- ches; mais on n’en voit point fur la côte du midi. Avant que de finir ce Chapitre , j’averti- rai que fi l’on veut paffer à la mer du Sud , il faut tenir le milieu entre l’Ifle de la Reine Elizabeth & celle de S. Barthelemi , où l’on peut CAPITAINE WOOD. m peut mouiller à trente braflès d’eau , & conti- nuer a la même diflance jufqu a ce qu’on ar- nve au Sud de la première de ces Mes. Pour celle de laint George , il faut prendre garde qu il y a un banc d‘un mille ou environ de longueur, fur lequel on a trois ou quatre brades d eau, & moins en quelques endroits ; mais on peut le découvrir de loin par les herbes qui crodfent defliss-, & qui font un -ligne infaillible , comme je l’ai déjà remar- que , d un bas-fonds , quoi qu’il y ait des anfes au bout Occidental' du détroit, oü iji en paroit quelques-unes à onze & douze brak les d eau. CHAPITRE V. [Arrivée de l'Auteur au Port Famine , avec quelque! observations faites dans ce trajet fur la rivière d’eau douce. De leur trafic avec quelques Indiens Avis pour aller a ce Port , & diverfcs particulari- té qui te regardent. Vu bon Poijfon & des groi Eperlans qu on trouve ici. Des Atbres , des 0i~, féaux , des Naturels du païs , Çfc. LE 30. d’Oélobre nous levâmes 1 ancre , 8c nous courûmes vers le Sud. Alors je trou- vai que les montagnes ètoient d’une afiez bon- ^ie hauteur , qu’elles décendoient en talus j nique s au rivage , & qu’il y avoir quanti- té de bui/fons verds fort épais , quoi que le iommet fut couvert de neige. Les Ar- bres ne me parurent pas bien hauts , & ils .pnt a peu prés la figure de l’orme , du fureau êc du laurier. Nous voulûmes forcer de Tome V? ~ tu VOYAGE DU 1^70. voiles pour gagher chemin ; mais quelques bon fées de vent qui venoient des collines , &: l’approche de la nuit / nous obligèrent de mouiller à onze brades d'eau , un fond de fable gris, il fe trouva que nous étions dans une Baye , où il y avoir deux petits rüif- féaux d’eau douce où l’on peut nager une chaloupe , & remplir fe s barriques à l’aife. On y peut faire auili bonne provifion de bois fort commodément , ôé depuis le .Ca^ de là Vierge Mirie oh ne commence qu’ici a trouver l’une & l’autre II y avoïc d’ailleurs quantité de halebrans & de canards ? 8c nous y vîmes de petits arbrilfeaux , qui re(Tem- bloient à nos groifeliers. Le Détroit peut avoir ici environ cinq lieues de large , ÔC nôtre Capitaine appella cette Baye la Baye d’eau douce. Le lendemain nous remîmes à la voile , par un vent bien#fort 4e l’Qùeft-Nord Oiieft , qui venoit par boufées. je me joignons à quelques-uns de nos gens pour courir le long de la côte dans nôtrç Emafle , & à deux lieues & demie ou environ 3 au Sud de la Baye que nous venions de laiifer , nous en trouvâmes une autre petite 5c fablonneufe , au Nord-Elt de laquelle il y avqit des rochers & des bas-fonds , à la longueur de deux cables du bord. Nous découvrîmes ici deux Cànots; de forte que nous allâmes à ter- re poux voir les Indiens , qüi nous paru- rent fort pàifi blés , & qui fe familiariferent fi bien avec nous ? qmaprés nous avoir de* mandé ün morceau de chien marin que nous avions , ils s’en oignirent tout le corps eh nôtre prefence. Les hommes & les femmes sémoignoient un plaiiir extrême à la vûe des *f7o. CAPITAINE WOOD. r*ç chapelets & des rubans rouges que nous leurs mettions autour du col & des bras. Nous leur donnâmes quelques autres bagatelles de cette nature j mais ils eflimoicnt beaucoup plus ce qui étoic rouge, fut-ce de laine ou de fil. En échange ils nous donnèrent des arcs 5c des peaux de bêtes fauves, qui leur fervent d’habits , 5c donc plusieurs étoient coufues enfemble avec des éguillettes de peau de chien marin. Lors qu’ils virent que nôtre Vai fléau avoit pris les devants , ils firent toute la diligence pour le joindre , Sc ils le trouvèrent à l’ancre dans le port Fa- mine. Depuis l’ifle de la Pveine Elizabet jufques à ce Port, il y a plufîeurs petites Bayes fur la route , où l’on peut mouiller quand ou veut. Mais il fautranger de prés la côte à PEU, parce .qu’on cft à l’abri des vents qui foufflent de ce côté- là par boufées 5c avec beaucoup de violence i que Peau y eft profonde , Sc .que l’ancrage y eft bon : c’eft-à-dire , qu’on peut cingler à un mille ou deux de la terre, jufqu’à ce qu’on foit à deux lieues du port Famine : Alors on trouve un Keiïif qui avance un mille ou environ en Mer , &c après que vous en avez paiTé la pointe , vous^ connoiflez le havre quand v.ous venez du côté du Nord , par un gros arbre , qui cil ifolé fur la pointe Septentrionale. On yoit d’ailleurs une grande ouverture à PElt de cet- te pointe , comme s’il y avoir un paflage tout au travers ; au lieu qu’au Sud tout pa- role enclavé par les terres 5 mais il faut bien fe donner garde d’y entrer , de peur qu’on n’en puifle* pas reflortir ; à moins que çe ne fou un paflage à la de l’Eft , com^ t9S VOYAGE Dü îftè; pie les Espagnols l’appellent 3 à l’entrée de faint Sebaftien. Ce Port Famine eft bon , 8c I on y peut itouiller à huit ou neuf brafles deau , a une (bonne diftahcè du rivage : il n’y a que le vent du Sud- Eft qui foit à craindre ici. Le flu| monte environ dix brailes d’eau , 8c il eft Faute marée à midi le jour de la pleine lu- de. Mr. Thomas Cavendish nomma ce ha- yre ainfî en l’année 1^87* parce , fans doute que les Efpagnols y moururent de faim j mais s’ils avoient eu quelque induftrie , il leurétpic facile de prévenir ce malheur , puis quon trouve ici en abondance du poiifon 8c des oi féaux de Mer. Nous y primes avec nos fei- jrses > quantité d’une forte de poiftbn qui ref- femble aü muge, quoi qull foit beaucoup plus gros, 8c qui eft excellent tout frais. On peut aüfli les ouvrir par le ventre , depuis là tête jufques à la queue, les tremper dans la fauniure , les fecher enfuite, 8c lés garder fix mois entiers fi l’on veut.' D’ailleurs , nous y pêchâmes les plus gros éperlans que j’aie vus de ma vie > pu dont j’aie entendu parler j puis qu’il y en avoir quelques uns de i\. pouces de long 8c de huit de circonférence. Quoi qu’il en foit , ce fut ici que les Efpagnols bâtirent la Citadelle qui portoit le nom de leur Roi Philippe, pour empêcher les Anglois 8c les ■autres Nations de pafler les détroits , dont le premier a fix lieues de large -, cequiétoit auiTi abfurdc , que i’éreétion du Château de (Douvre , pour fermer le paffage du canal d’Angleterre à tous les Vaiifeaux étrangers. Du refte Moniteur Cavendish mit le feu aux maifons inhabitées , 8c il enleva quatre gros canons que les Efpagnols y avoient enter- iôyo. CAPITAINE VVOOD. i 97 rez v mais nous ne Vîmes aucune trace dé ia Forterefîe. . v Au Sud de la Baie il ÿ a une riviere, a laquelle nôtre Capitaine donna le nom de $edgar. On y voit quantité de halebrans 8c de canards moucherez , dont nous fîmes un grand carnage. Le Capitaine & moi tuâmes un jour quatorze des premiers , en deux heures de tems. On peut faire ici du bois^à l’aife , puis qu’il en croit beaucoup de 1 un 8c de l’autre côté de la riviere. Il y en a même qui pourroit fervir à faire des mats 8c des vergues pour de petits Vaifîeaux 5 du moins s’il étoi£ jfec ; car verd il peferoit trop. h arbre propre à cet ufage vient fur toute la côte du détroit > il refîemble au bouleau , & quand il eft jfec t il oaroît auflTi rougeâtre que le gené- vrier. Nous en vimes un autre qui a la figu- re du laurier , 8c dont l’ecorce verte ou feclie a le goût pl is piquant que le poivr.e. Entre lé rivage 8c le bois , ou j’aperçus cinq oi féaux , dont l’un écoic une Peruche , il y avoir quan- tité de raifîns de la terre Magellaniquè , de cerifes & d’autres petites Baies , qui ne font pas mauvaifes , & qui viennent par tout le détroit. D’ailleurs , nous trouvâmes divers lentiers barus fout le long de la riviere , d’où nous conclûmes que ce païs doit être fore peuplé. La veille de nôtre départ , les Indiens que nous avions vus d’abord, parurent vis-à-vis de nôtre VaifTeau. Nous y envoiames quel- ques-uns de nos gens qui en amenèrent un , après qu’on l’eut Bien fait manger on lui don- na plufîeurs petites bagatelles , 8c on le re- mit à terre. Enfin , je ne découvris aucun minerai, ni brute, ni travaillé, durant mon m ..VOYAGE DU tff7ô. iejour ici , ou les femmes ri’avoient pour tout ornement que de petites coquilles luifantes autour du col. CHAPITRE VI. lis font voile vers la pointe qui borne la vu e , & •vers le Cap Fâcheux. Du cap Hollande , du tort G allant & de la Baye Elfybet. Des Caps Quad 3 Lundi j & D'ifado 3 ou Defir. Ils retournent dans le détroit. Delà Baye Mardi. De n/le Nofira Sc* niora del Sacora. De plufieurs ouvertures. ~lls ar- rivent a Baldivia , où on leur retint trois de leurs hommes . De ce qui fe paffa jufques à U fin de leur voyage » LE 5. de Novembre nous levâmes l'ancré , &c courûmes au Nord jufqu’au voifinage de la pointe qui borne la vue , dont j’ai déjà dit un mot fans la nommer. La côteefl: fi hau- te & iî efcarpée au Nord & au Sud , qu’il fem- me qu elles fe joignent , &" l’on difcerne fi Peu de quel côté le paflagê tourne, qu’on leroit porté a croire qu’il n’y en a point du tout. Mais lors qu’on eft plus avancé , on voit l’ouverture à 1 Qiieft , vers le Cap Fâ- cheux , qui eft la terre la plus Méridionale du grand Continent de l'Amérique , & auquel on a donné ce nom , parce qu’il eft fort expofé aux boufëes de vent. Nous fîmes route vers ce Cap, haut, pierreux & en écore , Sud- Uiieft quart à l’Olieft , environ trois lieues. Le Détroit a ici trois lieues de large , de la cote fe recourbe toujours à l’Oüeft. Il fai- ioit d’ailleurs un tems de brume - «VOJTîDa» t67o. CAPITAINE WOOO. , >?# gné de grodes boufées *, de forte qu il n y eut pas moien de jetter l’ancre , & qu il fallut bordaier toute la nuit , à quatre lieues ou environ à l’Oùeft du Cap. Nous continuâmes cette manœuvre ^len- demain jufques à midi , qu’un peùàlOuett du Cap Hollande nous entrâmes dans une Baye fablonneufe , à laquelle nôtre Capitai- ne donna mon nom. On y peut mouiller a if*, ou vingt brades d’eau , à une bonne dl- ftance du rivage. Le cinq à fept heures du matin , à la faveur du beau tems & d’un peut vent à l’Eft quart au Nord-Eft, nous courû- mes OU ft Nord-Oiieft pour arriver fur la côte au Nord , parce qu’au Sud il y a de peti- tes Ifles & des rochers avec plufieurs anfes : A rnefure que nous cinglions v nous vîmes un feu fur la côte Méridionale. Un peu à i’Ôuelt du cap Hollande il y a une autre Baye fablonneufe , où l’on peut ancrer à huit 3 neuf ou dix brades d eau , à la longueur de quatre ou cinq cables du bord : Ce fût-là où nous touchâmes, à eau fe que le vent deve- ftoit forcé & que la nuit ap prochoit. Cette Baye fe trouve à l’Eft du Cap Gallant , nous lui donnâmes le nom de Fortefcue : elle renferme une jolie anfe fablonneufe ^ propre à recevoir de petits Vaideaux , ôc nôtre Ca- pitaine la nomma Port Gallant. On y voit aufti deux petits ruideaux d’eau douce 3 avec quantité de bois , ôc à l’Eft du Port , la terre s’abaide vers le rivage -, mais à l’Olieft , elle eft haute & les montagnes font couvertes de neige au fommet. La Baye de cordes , où il y a une petite Ide , & quelques Ro- chers , peut avoir deiix milles de long. Le Détroit a ici quatre lieues de large , iôo _ VOYAGE DU iêj&. a moine chemin , en deçà du Cap Gallant , ou la cote tourne en cercle àtf-Nord-Oüêft y ISyemble enfermer le détroit , il y a deux Lies alfez grandes au Sud ôc à rGitefl: , l’une à l'é- gard de 1 autre , qui font chargées d’arbres de haute futaie , & environnées de plulieurs pe- ntes Ifles pierreufes. Nous courûmes d’ici vers la Baie Elizabet y qui eitfur la côte Septentrionale , tout auprès delà pointe Nord- Oùefl. On y peut mouiller côcè) àhulc 011 d'ù brades d’eau, il femble encore ici que le détroit foit en- clave, ôc qu’il n’y ait aucun pacage, quoi quil ait environ trois lieues de large. A deux lieues à l’Oiieft de cette Baie , on trou- ve une rivière d’eau douce , que nôtre Capi- taine nomma la riviere du Bachelier. Notre pinafle y entra j mais il n’y avoit que peu d eau > Ôc la portée d’un arbalète d’un bord à 1 autre* Le 7. de Novembre nous envoia- nies lâ chaloupe vers la côte Méridionale , où 1 on ne trouva rien digne de remarque. Elle eft irreguliere , & le fommet des mon- tagnes y paroidoit couvert de neige. Il y avoit auiîi des brouillards de fort mauvaife odeur , 6c 1 herbe y étoit pâle ôc jaunâtre On y vît quelques genévriers ôc de petits arbres , dont la feuille reflembloit à celle des lauriers ou des citronniers , ôegdont l’écorce avoir le goût auïïi piquant que le gingembre. Le 15. du mois nous fortimes de cette Baie y êc à midi nous étions à côté du canal de iâint Jerome. Deux heures après nous fûmes devant le Cap Quad , ôc nous forçâmes de voiles pour arriver à fon Olielt. D’ailleurs , nôtre pinaiïe rangea la côte au Nord, pour cher- cher un bon mouillage } mais elle n’en trou- iSfo. CAPITAINE VVOOD. . 101 va point. Lei4- de bon matin nous cinglâ- mes à l’Oiieft, & à fix heures nous vîmes à côté d’une pointe de terre au Sud qui avan- ce plus e/n Mer que celle qui ell au Nord , 5c que le Capitaine de nôtre VaifTeau nom- ma le Cap Lundi. Il elt à 13. lieues de disan- te ou environ du Cap Quad , d'où la route qu’il faut tenir pour y aller , ell Oiieil quart au Nord demi Nord. U y a ici iSïou 17. deg. de variation Orientale , la même qu’on trou- ve dans tout le détroit , qui n’a ici que qua- tre lieues de large- Depuis le Cap Fâcheux iufques au Cap Difado ou Délit, la terre elt haute de l’un de de l’autre côté, montagneu- se 5c couverte de neige 3 mais entre-deux il Ÿ a quantité de bons ancrages. Après avoir paife le Cap Quad , nous vî- mes plufteurs havres, rivières 5c détroits au Sud, qui couroienc biçn avant dans les ter- res v mats nous n’eûmes pas le loi fîr d’exa- miner s’il y avoir des Ides ou non. Nous con- tinuâmes nôtre route à 1 Oiieil de la mer dit Sud , & nous rangeâmes la côte Méridio- nale qui eft la plus hune , à deux lieues de di- llance -, car celle du Nord , à l’entrée de la mer du Sud , n’a par tour que des Ides , 8C le Cap même de la Vidtoire en fcmble former plufieurs. Ce matin nous découvrîmes le Cap Difado ou Défit , à trois lieues ou environ de nous , au Sud Oiieft demi- Oiieil , 5c pour y aller du Cap Lundi , qui en eft à dix- huit lieues , nôtre route fut parlaboudole Oiielt- quart au Nord- Oiieil. Quand on Ce trouve à l’Oueft Sud-Oii-’ll de ce Cap Difado , il reflemble beaucoup aux aiguilles qu’on voie à l’entrée de llide de Vvight , quoi qu’il fois plus haut 5c d’un autre couleur y mais quand loi VOYAGE D U on vient de i’Eft & qu’on fait route à l’Otieft , à deux ou trois lieues du rivage Méridional * on découvre deux petits rochers ; au lieu que ii ie Cap eft à vôtre Sud-Oiieft , vous volez la terre baiTe au Sud du Cap. Cette nuit nous courûmes à l’Oueft , vis-à-vis de l’embouchu- re du détroit , avec un petit vent de Nord- Oiieft , accompagné de quantité de pluie. Le quinze de Novembre il y eût un brouil- lard fort épais , & nous fûmes menacez d’un gros tenus \ de forte que nous retournâmes dans le détroit , où nous favions qu’il y avoir à trois lieues de fon embouchure, une anfe bien commode, pour y mettre le VaiiTeau à l’abri. Occupez à la chercher , nous arrivâ- mes dans une petite Baye , où le mouillage fe trouva bon, & à l’Qüeft de laquelle if y avoir cinq ou fix petites Illes pierrenfes , qui ne paroiflent point lors qu’on en eft à un mil- le ; mais qui enfuite , à mefure qu’on en ap- proche , fembient être jointes avec le Conti- nent. Au même endroit, c’eft-à-dire àl’Oüeft de cette Baye , que nôtre Capitaine nomma la Baye du Mardi, & aune bonne diftance- de ces Iiles , il fe trouve une petite anfe qui eft à l’abri de tous les vents. Nous ne man- quâmes point ici de bois , d’eau douce , de canards & d’oies fauvages , ni de tous ces au- tres oifeaux qui font communs par tout le détroit. Le ip. de ce mois nous fortimes de cette Baye , & le zf. nous découvrîmes la terre. Le vingt- fix nous coutumes vers le rivage, &■ nous allâmes ancrer dans une Baye à ffft de i’iile Noftra Seniora del Sacora. Audi- tôt après , quelques-uns de nous eûmes ordre daller fur cette Ille pour voir ce qu’elle pro- ï67o. CAPITAINE WOOD. ..105 duifoit , & fi nous y trouverions des Indiens. Nous n’y vimes pas une feule ame , quoi qu’il y eue une maifon qui reffembloit à un ber- ceau de nos jardins 3 à côté d’un rocher^ fur lequel il y avoit une infinité de ta même forte d’oifeaux , que nous avions vus dans la Mer du Nord. Nous en tuâmes deux ou trois cens à coups de bâtons , parce qu’ils étoient jeunes & qu’ils n’avoient pas la for- ce de voler. Il y en avoit de plusieurs autres foitesi le bois , & l’eau douce ne man- quoient pas ici. Le 30. de Novembre nous levâmes l’ancre de bon matin , & nous apperçûmes au Nord- Oiieft une ouverture que nous primes pour San Domingo. Nous courûmes ainfi de ce côté-là , "après avoir vu divers endroits qui reffembloient à des havres ou à des Gol- fes, j’entrai dans l’un d’eux à bord de la pi- nafie -, mais il fe trouva que c’étoit une Ifie , à rOüetl de laquelle je vis que la Mer s’éLar- giflbit , qu’il y avoit des rochers à moitié chemin entre-deux , & que l’eau n’étoit guè- re profonde d’un bord à l’autre : En effet , nous n’eûmes ici que quatre brades d’eau.avec une groffe Mer , quoi qu’il y cûu quelques pe- tites Bayes fablonneufes , où l’on peut mouil- ler par un vent de Nord Oiieft 3 mais il n’y a pas moyen d’en fortir avec un vent du Sud. Nous l’avions à l’Oikft-Nord- Oiieft , de forte que nous retournâmes à l’ifle du Se- cours, d’où nous fîmes route le \. Décem- bre vers Caftro. Le lendemain nous décou- vrimes celle-ci , & à mefure que nous la ran- gions de fort prés , le Capitaine ordonna à fon Lieutenant d’y mettre Don Carlos à ter- re 3 pour voir fi les Indiens voudroient tra- it 6 *04 VOYAGE DU \s7t. fiqaer avec nous; mais les houles étoienc fi grofles , qu’il n’y eût pas rnoien d’y aborder : de forte que la pinaffe nous rejoignit , 8c que nous tirâmes vers la Mer, pour nous rendre à Baldivia. Le iç. de ce mois nous entrâmes dans fa riviere , quoi que les Efpagnols du Fort faint Pierre nous eulfent découverts. Au refte je ttouvai que la route depuis le Cap Difado jufqu’à cette riviere , eft Nord , fix deg. 4f. minutes à l’Eft , 8c qu’il y a deux cens foixante-deux lieues de diftance. Le Capitaine ordonna ce matin à fon Lieu- tenant d’amener Don Carlos à terre , avec la pinalfe, ce qui fut exécuté. Nous vimes paroître en même-rems deux canots qui ve- noientdu rivage , & dont un feul nous ap- procha ; mais dès qu’il eût vû que nous étions étrangers , il ne tarda pas à Ce retirer. Quoi qu’il en foit , le 1 6. au matin nous approchâ- mes de Baldivia , pour voir cequ’étôit deve- nu Don Carlos , dont nous n’eûmes aucune nouvelle , quelque recherche que nous en ff- fîons. Là-deflus le Capitaine envoya le Lieu- tenant à terre , avec la chaloupe 8c le pavil- lon blanc , pour demander la permiffion de' faire du bois 8c de l’eau ; ce qui nous fûc ac- cordé , avec un Pilote pour conduire nôtre Vailfeau. Le 17. nous ancrâmes à iç. brades d’eau, un fond de fable noir.; 8c l'après-midi le Lieutenant Becfcet remit ce Pilote à terre , dans le voifinage d’un petit Fort bâti fur le côté Méridional. Nôtre Officier n’eût pas plu- tôt débarqué , que le Gouverneur du Fort faint Pierre le manda , 8c qu’il lui fit bien des civilitez en apparence, quoi qu’il n’eût autre chofe en vûe que de favoir qui nous étions 8c où nous allions. D’ailieuis x Mon* I0o. CAPITAINE VVOOD. £6<; Leur Becket eue beau s’informer de Don Car- los , il n’en pût rien découvrir du tout. Le 18. Décembre , nôtre Capitaine envoia fon autre Lieutenant Moniteur Armiger à ter- re , avec trois hommes de l’équipage, pour prier de nouveau le Gouverneur qu’il nous permit de faire aiguade , mais il les retint tous quatre prifonniers , fans en alléguer au- cune raifon, & il n’y eût pas moi'en d’obte- nir leur élargiffement , quelques démarches- que nous filions pour cela. En effet , nous envoiames une chaloupe , avec le pavillon blanc > à quelque dihance du Fort , fans que perfonne voulut parlementer avec nous. Le même jour, nôtre Capitaine écrivit une let- tre au Gouverneur par la voie de deux In- diens qui étoient venus à nôtre bord , Sc que nous remîmes à terre ; mais elle n’eût aucun jfuccés. Le 15». nos gens détenus prifonniers en- voierent un canot pour demander leurs har- des , qu’on ne pût leur refufer. Quoi qu’il en foit, toute la manœuvre des Efpagnols ten- doitànous enlever nôtre Vaiifeau $ mais le Capitaine y mir bon ordre. On voit ici trois Forts , deux au Sud , à- l’entrée de la riviere , &c l’autre fur une lüe , qui eft au milieu de la riviere. Le dernier porte le nom de faint Pierre, & il y a huit canons braquez. Nous ne vimesdans ce pa- rage qu’un feul petit Vaiffeau , du port de trente tonneaux ou environ , qui rangeoit la côte du Sud, pour fe mettre fous le canon des petits Forts- Il y avoit d’ailleurs de gran- des Barques découvertes, qui fervent à tranf- porter les denrées ou les Soldats , & des ca- nots très-mal bâtis.. Le 2i. de ce mois nous tirâmes vers zoé VOYAGE DU 1^70. Mer , 8c deux jours après nous fîmes la terre. A onze heures du matin nous jèttames l’ancre dans une Baye fablonneufe , à quinze brades d eau , 8c à neuf milles ou environ au Sud de haldivia. Le Capitaine envoia ici un de fes Lieutenans à terre avec quelques hommes , pour trafiquer avec les Indiens* mais ils eurent beau allumer du feu fur le rivage , où le bois ne manquoit pas, ils ne virent perfonue *, de force qu’à leur retour nous cinglâmes vers ie détroit de Magellan. Le 6. de Janvier à quatre heures du ma- tin , nous apperçûmes quatre Ifîes au Nord- Nord- Oüefi: du Cap Difado , 8c à fepr lieues ou environ de difîance. Dès la première vûe , elles êtoient à nôtre Nord-Eh quart au Nord ; enfuite nous changeâmes de route, 5c courû- mes Efl , ou Eft quart au Sud- Eft, 8c au bout de deux heures nous vîmes le Cap Difado à nôtre Eft quart au Sud-Eft , à quatre lieues de diftance, A dix heures nous entrâmes dans le détroit , 8c à quatre de l’aprés midi nous mouillâmes dans une Baye , à quatorze brades d’eau. Le lendemain fut pluvieux , couvert de nuages 8c de brouillards; mais nous fîmes voile àquatre heures du matin vers i’Eit , 8c à huit heures du loir nous donnâmes fonds , à huit brades d’eau , dans une Baye fablonneufe à l’embouchure de la riviere du Bachelier, qui eft à deux lieues ou environ à l’Oiieft de la Baye Eiizabet fur la côte Septen- trionale. Le 8. au matin, le Capitaine, quelques autres 8c moi, avançâmes quatre ou îpil- les dans la riviere, fans pader outre, quoi qu’elle en courut huit ou neuf. Nôtre prin- cipale vûë étoit de trafiquer ayec les Indiens ? H7o. CAPITAINE WOOD. 107 mais tous nos fignaux n’en firent paroître aucun , de forte que nous retournâmes à bord fans avoir vû un feuf animal \ ce qui nous découragea un peu. Le 9. nous fîmes route vers le Port Famine, 8c à midi, nous vimes à côté du Cap Fâcheux j mais il y eût fi peu de vent qu’il faifoit prefque calme , 8c que nôtre Vaiffeau dériva toute la nuit fuivante d’un 8c d’autre côté. Le lendemain nous for- çâmes de voiles vers le même Port , 8c à midi nous ancrâmes dans fa Baie , à neuf brades d’eau. Ce fut ici que nous eûmes de bons gros arbres , dont nous avions befoin pour hanter fur nôtre grand mât , outre d’ex- cellente eau douce , quantité d’oifeaux fau- vages,degros éperlans, 8c d’autre forte de poiffon. Après avoir racommodé nos mâts , &: nos agrez le mieux que nous pûmes , avoir graté nôtre Vaiffeau , & fait bonne provifîon d’eau 8c de bois > nous penfàmes à examiner le païs. Dans cette vûë , le h?, de janvier le Lieutenant eût ordre d’aller avec la chaloupe 8c quelques hommes ,.aufli loin qu’il pourroit dans la Baie de Segar , & de chercher les In- diens *, mais l’eau etoit fi baffe , & il y avoir tant de troncs d’arbres , qu’il ne pût avancer qu’environ neuf milles -, de forte qu’aprés avoir laiffé la chaloupe , 8c fait encore deux milles par terre fans trouver perfonne , ni aucune chofe digne de remarque , il fut obligé de retourner à bord. Quoi qu’il en fbit , ceci ne découragea pas notre Capitai- ne, & le 19. de ce-mois il fe rendit avec la Pinaffe fur la côte Méridionale , pour voir s’il découvriroit quelques-uns des naturel® du païs , où un bon havre en deçà du Port VOYA(TE DU léy** famine. Le même jour un Indien parut Sc alluma du feu fur la pointe de ce Port , où' undenosLieutenansle joignit y mais ce mi- ferable n’avoit ni arc , ni flèche , ni la moin- dre chofe de la valeur d’un double , & il ne voulut jamais aller à nôtre Vaifleau -, tout ce qu’on pût entendre par les lignes qu’il fai* foie , c’elt qu’il avoit été efclave d’un autre Indien , qu’il s’étoit échapé , & qu’il retour- noit à fa cabane. Nous partîmes de ce Port le 4. de Février de bon matin, 6c à fix heures du foir nous mouillâmes à douze brades d’eau dans une Baye fablonneufe , à quatre lieues au Nord de la Baye d’eau douce. Le cinq au matin y le Capitaine envoia quelques hommes à ter- re pour aller à la découverte-, mais ils revin- rent le même jour fans avoir rien trouvé. Le fept un des Lieurenans eut ordre de ranger la côte Septentrionale avec la pinafle , entre Plfle de la Reine Elizabet de le rivage ; mais le vent du Nord fouffloit avec tant de vio- lence , qu’il n’y eût pas moien de tenir , 6c qu'il fut obligé de retourner dans la Baye fablonneufe , où il pafla la nuit à terre avec fon monde. Le huit il reprit fa route ;, mais il ne put voir aucun Indien , quoi qu’il remar- quât divers endroits où ils avoient été depuis peu , 8ç travaillé à faire des canots. Ii revint donc le foir à bord , &c le lendemain ma- tin, il fût de nouveau commandé pour la même recherche , où il ne rendit pas mieux : cependant il trouva fur la côte Septentrio- nale , au Sud d’une grande Baye profonde y 6c à côté de l’if!e de la Reine Elizabet , un bon havre pour de petits Vaifléaux , long d’environ fept milies , & dont l’entrée étois iéÿô. CAPITAINE VVGOD. i 09; fi pe a large , qu’il n’y avoit pas la porcee d’une arbalète d’un bout à l’autre. D’ailleurs 3 il y avoit quantité d’oies ôc de canards , &C l’on ttouvoit à terre plufieurs fortes de Baies * dont quelques-unes , qui étoient petites ÔC noires, avoient fort bon goût. Le 11. de ce mois f allai fur la même cote du Nord, avec quelques-uns de l’équipage^ pour voir fi nous pourrions découvrir aifé- ment quelque partie de la terre au Sud. Nouâ traverfames, le fécond détroit , & nous de- vions poulfer jufques au premier , pour ÿ attendre le Vaifleau ; mais avant que d y arri- ver , nous touchâmes dans une Baye fablon- neufe ou on'e anfè , fur la côte Méridionale , où nous vîmes plufieurs feux dans le païs , fans qu’aucun Indien parût : A l’approche de la nuit , il fallut retourner à l’endroit où nous avions amarré nôtre pinalfe , 8t y dref- fer une tente pour nous coucher : d’ailleurs , au vif de l’eau nous , mimes la pinafife à tra- vers un baffin * où elle refïa jufqu’àce qoe ht Mer eut refoulé -, alors nous traînâmes la fei- me d’un bout à l’autre -, Ôc nous y primes quel- ques centaines de gros muges , ou de ces poiifons qui leur refiémblent beaucoup. Le lendemain nous abordâmes à la côte du Nord où nous ne vîmes pas une feule ame. Le 13. au matin nous rangeâmes la même côte , de- puis le Cap Grégoire jufqu’àu premier dé- troit , où nous ne fumes pas plutôt arrivez ? que nous aperçûmes les trois ancres , dont j’ai déjà parlé. Tout ce qu’il y a de remarquable dans ce quartier , eft que datant l’efpace de cinq ou fix milles , le terreineft couvert de rats qui ont des trous comme les lapins , qui vivent à ce qu’on croit , de limpets. àio VOYAGE D U 1.0 TA. flll ^ /* rPm! ri; au mafin » quoi cîu'il ^ mauvais ?ous vimes approcher nôtre VaifTeau , foiSreS5ü5 n°r >S j,- Ûm,es î°im’ 11 for?a oies, & én force, qu avant la nuir il eut paffe tout le détroit & gagné la mer du Nord. vLlr 2 neu, her reodu fôir> nous ancrâmes a 9 , ^"d»=U/ br -ffeS d eau un fond de &b]e , au 3UV de 1 Amérique , fous le 47. deg. 10. mm de latitude , pendant que le Cap Blanco Soit a notre Nord Mord-OÜeft, à i h lieues ou environ de diftance. Le 24. au matin nous remîmes a la voile, & à fix heures du fort nous moud lames dans la Baie du Port defiré , ou notre Barque longue entra le û. pour y raire de l eau j mais outre qu’il n’y en avoir gUTVTG * e e n’étoir Pas' fort bonne. Y Nous en partîmes le z6. an matin , pour retourner en Angleterre, N à midi nousF eû- mes le Cap Blanco au Nord Giieft , noii point^ par la bou/Tole, qui Ce trouva ici va- rier a lOiiefl d’une pointe & demie dé compas.^ L ancrage eft fort bon tout le Ions de la cote , depuis ce Cap jufqua celui dé la Vierge Vlane , qui eft à deg. iy. min. de latitude Méridionale ; & à cinq lieues dii y-onrinenr , on a vingt-cinq ou trente braf- fes d eau ; mais d dix lieues il s’en trouve le double , cinquante ou cinquante-cinq , un fond de vale noire mêlé de fable. Il ne Ce pafTa rien de confîderable jufques au 17. de Mai, que nous découvrîmes l’Iile de Ste. Marie , qui efl l’une des Açores, à notre Lfi-Nord-Ld , à 16. lieues ou environ de ddtance par un beau tems , & le vent au oud-hdt. Deux jours après nous apperçûmeS a notre Nord, 8c à deux milles ou envirod m diltance , la ville de Pantologo , fur l’i/le tGfx. CAPITAINE WOOD. ±U de S. Michel , qui eft une autre des Açor €S; Le Capitaine y envoya quelques-uns de nos gens pour s’informer des nouvelles qu on y avoir d’Angleterre , & li nous étions en guer- re avec quelque Nation ; mais Mr- Richard Huchinfon , nôtre Conful , leur apprit que nous n’avions la guerre qu’avec 1 s A ge- riens. L’eau St les vivres commençoient a nous manquer : De forte que nous finies dili- gence pour nous rendre aux Terceres , cC nous arrivâmes le vingt-quatre dans. la Baie Angrea. Le 1 6. nous pourfuivimes notre rou- te vers la Mi Juin nous eûmes le bon- heur d’arriver fur les côtes d’Angleterre , ou l’on nous apprit que l’Ambafladeur d bipa- gne s’étoit plaint à la Cour de nôrre voyage dans la mer du Sud mais quon n avoit eit aucun égard à fes plaintes. D E ^EXPEDITION P u CAPITAINE SHARP, CHAPITRE PREMIER. départ d'une Compagnie de Boucaniers pour aller at- taquer la "ville de S. Marie , &dece qui leur arrive en chemin. Ils prennent cette Pille i mais ils n y trou- vent pas grand butin. Ils forment la rêfolution de pilier Panama , &jls rencontrent p/nfiturs difficul - tÇ^i lis battent trois Va^ffeaux de guerre Efpagno’s. La divifion fe met entreux , & quelques-uns s'en retournent par terre. Ve quelques prifes quils firent; E [. d5 Avril de cette année , j’abor- dai à Tille d’Or, avec ma Compa- gnie , de trois cens trente hom- mes , dans le defleïn d’aller atta- quer la Ville de Sainte- Marte y que ks Indiens nous avoient dit être fort tsso. DU CAPITAINE SHARP- iîj riche. Le même jour nous pourfuivimes no- tre marche jufques à deux heures de 1 apres- midi; qu’arrivez à là maifon d’un Indien , nous y paifames toute la nuit , couchez lur la dure -, mars la retraite de quelques-uns de nos hommes , fatiguez par la marche -, ou faifis de crainte , nous découragea un peu. Quoi qu’il en foit , le lendemain au lever du Soleil nous reprîmes nôtre marche , fous la conduire de plulieurs Indiens -, entre lel- quels étoit leur Empereur Don André , qui n’avoit pour tout habit , qu une efpece de manteau ; avec une toile fur le : corps , 8>C un chapeau Anglois fur la tete. Il paroifloïc .âgé de cent ans , & il avoir déjà fait avertir un de fes Tributaires, qu’il eût a préparer des vivres & des logemens , pour nous re- cevoir à nôtre arrivée. Nous emploiames une bonne partie de. ce jour à traverfer une montagne efcarpée , jufqu à ce que vers les trois heures de l’aprés-midi nous decendi- mes à un creux plein d’eau , dont nous bûmes tous avec beaucoup d’avidité : nous mar- châmes encore environ fîx milles^, julcju a une riviere , où nous fumes logez a la belle étoile, . , „ Le 7 . nous partîmes de bon matin \ pour nous rendre à la Maifon du Roi au bonnet d’or , que nous apellions ainu , a caufe d u- ne guirlande ou d’un cercle d’or qu il por- toit' autour de la tête , nous marchameç jufques à quatre heures de Paprès midi. Alors deux Indiens nous vinrent à la rencontre 3 chargez de fruits que ce Roi nous envoyoit & que nous reçûmes de fort bon cçeur. An bout d’une heure de marche , nous arrivâmes à la Maifon du Roi > qui nous attendoit vêtu %U JOURN. DE L’EXPEDÏT. 1680. .d’upe longue robe dp coton blanche , & pa- réed’une frange au bas , avec un colier de 4ents de tigre , & une platine d’or pendue au nez > qui a voit la figure d’une écaille de pétoncle. 5a maifon étoit environnée de plu- iîeurs autres , 014 nous fûmes logez , &c ré- galez de tout ce que le païs fournifToit. Les hommes font ici bien faits en general \ mais les femmes les furpaffent , elles aiment beau- coup les Etrangers , & ne leur font pas ava- res de leurs faveurs. On nous traita de fi bon- ne amitié , que nous reliâmes ici tout le lendemain , dont une partie fut employée à chercher les rnoiens de nous rendre à Sainte Marie, fans être découverts, à nous mu- nir d’un nombre fuffifant de canots pour fer- vir au tranfport de nos gens fur la riviere 9 çar il y avoir cent cinquante Indiens , ar- mez de flèches & de lances , qui nous ac- compagnorent ; fans parler de l’Empereur , du Roi , & de leurs Fils , qui étoient aufîi de l’expedition. Le 9. au matin , après avoir déjûné , nous pourfuivimes nôtre voyage le long d’un fepr lier fi rude , que cela , joint à la dure necef- jîté de guaier cinquante ou foixante fois la riviere , nous mit prefque tous fur les dents. Quoi qu’il en foie , nous continuâmes à mar- cher jufqùaceque nous fuifons arrivez à trois grandes maifons Indiennes , qui croient d’u- ne longueur extraordinaire , où nous pafla- roes la" nuit, ôc où Fon nous avoit préparé des vivres & des canots , en confequencé des ordres du Roi, Le dix à la pointe du jour , lors que nous penfions à nous remettre en marché , il y ÿ uç de fi groffes paroles entre les Capitaines mo. DU CAPITAINE SHARP. m M rs. Jean Coxon & Pierre Harris , que le pre- mier lâcha 'un coup de fûfil à l’autre, qui n’auroic pas manqué de faire feu fur lui, ii je n’avois eu le bonheur d’intervenir dans leur querelle & de les pacifier tous deux. Après cette bourrafque nous nous mîmes en che- min j mais il fallut bien-tôt nous feparer ,puis qu’il n’y avoir pas aflez de canots pour tout le monde. Le plus gros corps alla parterre» pendant que l’Empereur Ôe le Roi qui lui don- nèrent un rendez-vous, le Capitaine Coxon 8c moi nageâmes les canots , ayec l’autre bande , à travers les chutes ôe les courans delà riviere. Nous campâmes la nuit fur l’herbe verte , 8c nous eûmes pour nôtre fouper des oifeaux fau- vages & des Plantains. Nos piettons furent auifi-bien logez que nous fous la cape des Cieux , ou le feuillage des Arbres j mais ils h’eurenr pas de fi bons vivres. Le lendemain dés que le jour parut » nous nous rembarquâmes, dans l’efperancede join- dre nos camarades avant la nuit -, majs for- cez de haler nos canots au- deflus des arbres qui crpifoient la riviere , il nous fut impofli- Me d'en venir à bout , quoi qu’à dire le vrai , nous priiîions cette peine avec quelque plai- fir , parce que nous agiffions tous de con- cert , & que nous brûlions d’envie de voir la fin de nôtre expédition ôe la mer du Sud. Au relte , nous paflam.es’ de nouveau cette nujt für lebord de la riviere , & nous eûmes à nô- tre fouper des Warris , qui reflemblent à nos çochons , avec cette différence qu’ils ont le iiombtil fur le dos. Il y en a grande quantité jci , 6e leur chair eft très- bonne. Le 12. nous pourfuivimes nôtre voyage fans prouver aucun embarras fur la riviere j dç JOUR N, DE L’EXPEDIT. \6%o? forte que nous eûmes une agréable journée , de que .vers les quatre heures de l'après-mi- di nous arrivâmes au lieu du rendez-vous , où nos gens n’éroient pas encore; ce qui bous donna quelque inquiétude. Mais un ca- not que l'Empereur envoia pour les chercher â travers un autre canal de Ja riviere , les rencontra une heure ou environ avant le cou- cher du Soleil , de en amena quelques-uns , qui nous affluèrent que tout leur corps éroie en bonne /anté , qu’il nous joindroit le len- demain matin , & que les Indiens en avoieriE agi fort honnêtement avec eux. Le 13. cette jonction fe fît , très- contenu les uns de les autres de nous revoir en ii bon état. Nous paffames ici toute la journée ; pour nous rafraîchir , netoier nos armes , de difpofer toutes chofes pour une vigoureufe attaque de la Ville où nous allions , en cas que les ennemis nous vouluffent refiler. Nô- tre joie redoubla lors que le Roi Indien nous apprit que nous y arriverions au bout de vingt quatre heures , de le foin qu’eût FEmr pereur de faire venir plufîcurs canots chargez de Vvarr.is & de plantains , .ne contribua pas peu à ranimer nos efprits. Le 14. de bon matin , nous nous mimes fur la riviere avec cinquante ou foixante canots , de fîx cens hommes en tout , entre iefquels Il n’y avoit que cent foixante Chrétiens. Nous débarquâmes cette nuit deux heures avant le jour , à deux milles de la place \ de tout nôtre monde relia caché dans les' bois, juf- qu a ce que nous entendîmes que lés Senti- nelles du Fort décendoient la Garde , au Jbruit du tambour , de d’un coup de canon. VUors nos enfans perdus fe mirent en marche * ‘ ‘ ... //MIC ïfâo. DU1 CAPITAINE SHARP* i\y fous les ordres du Capitaine Richard Saw- kins , avec qui je me trouvai en perfonne. Vers les fepc heures du matin nous engageâ- mes les ennemis, & au bout d’une demie heu- re nous eûmes emporté leur Fort avant que la moitié de nôtre corps nous eut joint. Dans cette occafion foixante & dix Efpagnols fu- rent tuez ou bleflez , au lieu que de nôtre côté nous ne perdîmes pas un feul homme, Sc qu’il ne s’en trouva que deux bleifez. Quoi qu’il en foir , il nous falur bien rabatte de nos efperances à l’égard des. prétendues richeifes de cette ville, qui n'étoit qu’un miferable trou, dont les maifons étoienr couvertes de chau- me,& où il n'y avoir qu’une feule Eglîfe. Audi nous n’y trouvâmes rien qui vaille la peine d’en parler , non pas même aflez de vivres pour fatisfaire troisouquatre jours à nos pref. fans befoms &c nous rétablir de nôtre fatigue. Pour le Fort , ce n’étoit qu’un endos de pa- liflades d’une aflez grnade étendue , &: où il Y avoir trois cens cinquante hommes de gar- nifon , mais qui ne pouvoir être d’aucune dé- fenfe que contre les Indiens. Dans cette extrémité le feize d’Avril tous nos Officiers tinrent un Confeil de guerre , pourfavoir quel parti nous prendrions. Les uns furent d’avis de continuer nôtre volage vers la mer du Sud les autres , quîl va- loir mieux retourner à nos vaideauxf Le Ca- pitaine Jean Çoxon fut du nombre des der- niers & il n’y eue pas moien de le ramener à cet égard,jufqu’à ce qu’on l’eut choifi general de tout le corps. On refolut enfuits d’une commune voix que nous irions tout droit à Panama-, que le Capitaine Richard Sawkins prendroit les devants fur la riviere, à bord Tome K K JOÜRM. DÉ L’EXPEDIT. d’un canot , pour empêcher qu’on donnât au- cune intelligence à cette Ville de nôtre apro- che j que nous le fumions le lendemain le plutôt qu’il nous feroit poflible , & que nous dépêcherions douze hommes pour avertir îios vaifleaux de nôtre deflein. Après donc que nos canors furent équipez, que nous eûmes amafle quelques vivres , pous nous embarquâmes le dix-fept à la fa- veur de la marée , dont le flux & le reflux efê àci de deux braifes. Au refle , l’eau de cette ri- vière eft falée bien avant dans le pais; elle eft fort large vers fon embouchure , une de fes greffes branches s’étend jufques aux mi- nes d’or, à ce qu’un Capitaine Efpagno! nous dit , 5c il eft dangereux d’y voiager la nuit , parce qu’il y a quantité de bancs de fable qui font à fec en bafle marée. Mais com- me nous avions de bons guides , nous la décendimes jufques à minuit -, alors il falué halet nos canots à terre pour ne pas les ex- pofer à la violence du vent qui foufloit. Nou$ rencontrâmes ici le Capitaine SawKins , trés- faché d’avoir manqué le Gouverneur Efpa- gnol du Fort , qui s’éroit èchapé. Quoi qu’il, en foît , nous pafïames la nuit à cet endroit ? ftc nous y fîmes de l’eau par le moien d’u- ne trentaine de prifonniers que nous avions fait fur les Efpagnois. Le dix- huit au matin nous traverfames le lac, où il y avoit deux canaux pour en fortir , dont l’un étoit plus étroit que l’autre, profond & rapide. Vers les onze heures nous découvrîmes la mer du Sud , & à deux heures ou environ de l’aprês- rnidi nous abordâmes à une petite Ifle , où le Gouverneur Efpagnol avoir laifle deux fem- mes Indiennes pour en décharger fon canot ? wf8o. DIT CAPITAINE SHARP. «- & aller plus vite. Nous nous y rafraîchîmes |uiqu a ce que la marée fut bonne pour paf- 1er à uneautre Ifle qui en étoit à deux lieues ou environ. Nous y arrivâmes un peu avant la nuit , & nous trouvâmes deux canots avec des arcs $c des flèches, que nous mîmes en pièces-, mais il nous fut impoflible d’attein- dre ceux qui en étaient fortis , & dont nous aperçûmes quelques-uns. Nous paflames la nuit fur cette Ifle , qui étoit fort agréable ÔC couverte de verdure , il y avoir d’excellente eau,& un bon ancrage tout auprès. D’ailleurs pour ne rien oublier de ce qui pouvoit /èrvir a notre but, nous envoiames de nouveau le Capitaine Hawkins avec un canot, pour voir s il y aurait moien d’attraper Je Gouverneur, *nou,s attendre, en cas qu’il le manquât , à 1 111e des Plantains. Il exécuta le dernier de ces ordres : mais il ne pût réiiiîir à 1 égard du premier. ° Le dix-neuf nous partimes de nôtre eîte, of au bouc d'une demi- heure le vent de mer iraichit d’une telle maniéré, & f£bbe fe trou- va fl rapide que nous fumes en danger de perdre la vie , avec tour ce que nous avions , d un feul coup de vague. Un de nos canots où llJ avoit fept François fut renverfé , & nous eûmes une peine extrême à les tirer de l’eau Uyoi qu il en foit , nous ne fumes pas plu- tôt fortis de ce danger qui ne nous coûta que Ja perte de quelques armes , qu’une terrible ondee de pluie nous obligea d’aborder à une longue Baye fablonneufe , où , après avoir Laie noi canots à terre nous Ames quelques Lûtes pour nous mettre à couvert de l’orage , & y pafîçr la nuit. b * Le io. ùe bon matin npus rentrâmes dans K 2. *«5 JOURN. DE I.TXPEm~ . iSto,' p.os canots, par un beau te ni s qui dura juiques $?ers le midi j tuais alors le vent fè mit a FO lie ft , & à deux heures nous dépendîmes fur une Me haute , ronde 5c Pierre ufe , où il y avoit quantité d’oifeaux de mer , 5C où nous eûmes le plaifîr de trouver de bonne eau douce dans les creux des rochers. Nôtre fe- jour n’y fut pas long, puifque environ les qua- tre heures nous arrivâmes à 1 Me des Plan- tains, d’où le Gouverneur ECpagnol etoit par- ti.à ce qu’on nous dit, le jour precedent, pour fé rendre à Panama. Le Capitaine Sâwfcins fut encore envolé une autrefois à fes t.rouf- f»s , Dour tâcher de Fateïndre $ mais tous fes, éforts furent inutiles. Quoi qu’il en foit, nous eûmes le bonheur d’enlever, fur ia brune, une barque de trente tonneaux , où il y avoit plu- sieurs perfonnes de différentes Nations , des Jndiens j des Mulâtres , des Nègres , ôCc. qui nous aprjrent , pour toutes nouvelles , qu’ils étoient partis' de Panama depuis quinze jours. Nous paffanips ici la nuit , les uns à terre 8C les autres dans les canots gu fur la bar- Le 2.1, au matin j’allai a bord de notre pri- lé, avec cent trente hommes ,pour décharger no ; canots qui r/enfonçoient déjà que trop dans l’eau. Nous eûmes un petit vent fa- vorable jufques à midi > que le calme fur- vint 5c dura toute la nuit, allez mal a pro- pos , puis que l’eau nous .manquoit , ôc que j-jous avions fort peu de vivres. 11 falut donc me feparer des canots , qui fe mirent a nager avec les Capitaines Coxon , Sawlans & Har- ris , pour fe rendre à Chépillo, qui eft a deux lieuçs ou environ du Continent. Cette Me jçtoit fi bien fournie de tout qu ils refolurent îsSo. DU CAPITAINE SHARP. ?*i de nous y attendre mais le lendemain ma** tin la barque longue d’un vaififeau de guer- re Hfpagnoî les régala, pour leur déjeune-, $ d’une petite efcarmouçhe , où ils eurent un homme tué Sc cinq Menez’ fans qu ils euf- fent le pîaifir de favoir quel mal ils avoienc fait aux ennemis , qui à la faveur d un beau frais fè retirèrent à Panama. Quoi qu’il en foit nos çens prirent une Pirogue quî etorc devant Pille , & ils y mirent d’abord quel- ques hommes deffus. f . . Le vingt-deux au matin mon équipage le plaignit beaucoup de ce qu’il manquojt d’eau; de Ibrte que je me rendis à une des Ulc-s dés Perles, où un prifonnier que j’avoisQ bord me dit qu’on- venoit d’y lancer à Peau un Brigantin tout neuf qui m’accommoderoic bien. J’allai donc à terre avec fept hommes,, ôc je me faifîs de ce vaiffeau, qui fe trouva tout j aile à l’endroit qu’il m’avoic defigné.- Je paflai delà dans une maifon qui écok vuide , &c après avoir cherché dans le bois du voifînagc , nous y découvrîmes une fem- me , jeune Sc jolie , avec deux enfans , qui s’y étoi1%' retirez à nôtre aprochc. Je la ra- menai chez elle, où il y avoir quelque vin , dont je bus à la fantê de la maîtreife du lo- gis , elle me remercia dans fa langue qui ne m’éroit pas inconnue , Sc ma prefence lui devint plus "agréable dés qu’elle fut de quel païs j’étois. Cependant tous mes hommes fe rendirent autour de moi , Sc j’emploiai les uns à nous préparer dequoi manger , les au- tres à faire du bois, de Peau 6c des vivres pour le Brigancin , ou à couler à fonds nô- tre vieille barque. A quatre heures de l’après- midi , nous fîmes route vers Chepillo ; mais K 3 JOURN. DE L’EXPEDIT. h ÎS& le vent contraire nous oBligea de mouiller à Une autre, Me , qui ^’écoic qu’à une Jieuë ou environ de celle qfie nous venions de quitter, d’y pafier toute Ta nuit. Quelques-uns de mes gens y abordèrent , pour voir s’ils y trou- veraient quelque chofe, mais tous les habi- tais s’étoient enfuïs dans les bois, tk il n’y avoit autour, de leurs rnaifons qu’un peu de volaille dont il falut fe contenter. Le vingt- trois au matin nous y remplimes quelques jarres d’eau,& il étoit midi lors que l’on fit voile par un venrde Sud- 1 11 vers Che- pilîo, qui n’écoir pas à plus de cinq lieues de Ja première de ces Mes -, mais il étoit nuit ayant que nous puffions y atteindre , de for- te que j’y envolai nôtre canot avec cinq hom- mes ,pour voir fi nos gens y étoient encore ou non. Il retourna fur les huit heures , avec la nouvelle que félon toutes les apparences ils s’etoienr retirez il n’y avoit pas long- tems , puis que le feu qu’ils y avoient allu- me brûloit encore , & que toutes les mai- fons y étoient réduites en cendres j que d’ail- leurs il y avoir des cadavres étefldus fur la place , d’où l’on pouvoir inferer qÊÉF nos gens avoient eu quelque choc avec les Efpagnols» Là-deffus je pris la refolution d’avancer du côté de Panama , & lors que nous en fumes à portée tout nous parut fi tranquille aux environs , que nous ne doutâmes presque point que nos camarades n’en fu fient les maî- tres. Cependant , arrivez à une lieue du Ha- vre nous découvrîmes fix vaiflëaux , pe- tits ou grands , fans que perfonne vint nous joindre , ce qui nous fit aprehender pour le fort de nos amis. Quoi qu’il en foit , je for- mai le defiein d’attaquer ces vaifieaux , te fcrêo. DU CAPITAINE SHAPR. .ii J lor,s que je difpofois toutes chofes pour 1 éxe- cution nous aperçûmes un canot qui venois à nous. 11 fe trouva qu’il étoit des nôtres , &: il nous aptit que le jour précédent ils avoient eu le bonheur de remporter un avan- tage conlîderabîe fur trois vaiifeaux montez de deux cens quatre-vingt hommes , quos, qu’ils ne fuffent eux-mêmes qu’environj dettx Cens i qu’ils étoient foras du Combat ayéc onze des leurs tuez , & trente quatre bief- fez -, du nombre defquels éroit le Capitaine Harris, qui mourut deux jours apres } que la plüpart des Ennemis y aVoient péri 3 ou qu’ils etoient couverts de bleiTufes j que leur General fur tué dès la première attaque ; que leur Vice-Amiral , après avoir perdu pres- que tout fon monde , s’étoit enfuï a, la Vil- le, que le Capitaine Sawkinsavoie enlevé le Contre-Amiral, à bord duquel il n’y avoit pas un feul homme qui ne fut bielle, 6c qu’en- ün Don Francifco Ferait© qui le comm an- doit étoit encore envie , mais échaudé par le feu de la poudre d’une étrange maniéré, Je n’eus pas plutôt joint le gros çfc ce corps qu’ils me reciterent au long ce qui s’ètoit paf- fé durant les quatre jours que nous avions été feparez les uns des autres. J’eus aulïi la fatisfaélion de m’entretenir fut bien des chofes avec Don Peralto , qui me dit que l’année precedente il avoit paru à Quito, une des grandes villes du Pérou , deux Cornettes, fous la forme qu’on voir ici. az4 JOURN. DE L’EXPEDIT. tSSov Après avoir rendu la pareille à mes amis & leur avoir raconté mes petites avantures , il falut s’en donner au cœur joie 3c boire enfem- ble du Vin que nous avions à bord. Cela fait nous pofames nos. Sentinelles , 3c chacun fc retira pour dormir le refte de la nuit. Le lendemain matin, la joie 3c l’union qu’il y avoir eu entre nous, furent converties en aigreurs 3c en difputes. Les uns vouloient re- tourner à nos vaiiTeaux , 3c les autres ten- ter fortune dans la mer du Sud. 11 elt vrai que tous nos chefs , à la referve d’un feul , & la plupart de nos hommes , étoient de ce dernier avis ; mais le Capitaine Coxon nous abandonna dès le foir même, avec une cin- quantaine de nos gens , quoi qu’il en lajf- f£t une vingtaine des liens fort bleflez , qui n’auroient pas manqué de périr, avec quator- ze autres qui fe crouvoient dans le même étar> mo. BU CAPITAINE SHARP. i*f & qui s’étoient fi bien aquitez de leur de- . voir dans la derniere aélion , fi nous avions eu îa cruauté de fuivre Ton exemple , qui ne lui fera jamais beaucoup d’honneur. Non con- tent d’en agir de cette maniéré , il nous en- leva nos plus habiles Chirurgiens , & il ne tint pas à lui qu’il n’emmenât plus de monde. Pour moi, fa démarche me pjyut fi indigne &: fi cruelle , que toutes fes inflances ne fu- rent pas capables de m’ébranler. Après fon départ nous choifimes le Capitaine SawKÎns , pour nous commander en Chef. Le 2.6'. d’ Avril je lui demandai la permif- fion d’aller avec ma troupe , à une Ifîe qui croit à trois lieues ou environ de nôtre mouil- lage , pour voir ce qu’étoient devenus quel- ques-uns de nos hommes que nous y avions envoyez le jour précèdent , & qui ne reve- noient pas félon l’ordre qu’ils avoient reçu. Il n’y eût pas plutôt confenti, que je mis à la voile *, mais je les trouvai à moitié che- min v ce qui m’obligea de rebrou ffer avec eux. Bien-tôt après le calme fur vint, & il nous fallut ancrer jufqu’à ce que la brife de Mer fe levâr. D’ailleurs mon canot fe rendit à bord du grand VaifTeau , qui vers le loir dé- couvrit un Navire au largue , & mit quelques hommes fur la petite Barque pour lui don- ner la chaffe. En même-rems mon canot fît un fîgnal , à la vue duquel je levai d’abord l’an- cre , 5c tirai vers la Mer } où j’apperçus nô- tre Barque ; mais comme j’allois mieux à la voile que le Navire inconnu , je le joignis bien-tôt , & je lui demandai d’où U venoit. II me répondit de Lima : Là delîus je lui ordon- nai d’amener fes voiles , de je courus autfî- tôt.à l’abordage , je n eus pas befoin de faisçf & f ■ Y ïit JOÜRN. DE L'EXPEDIT. i de dés qu’il m'eut répondu , qu’il venoit de Paita chargé de farine , je ne tardai pas à m’en iaifir. Lors que j’eus remis à l’ancre , je ven- dis de cette même farine aux JEfpagnols, 6e je trouvai ce VailTeau, qui étoit du port de cent tonneaux ou environ , û commode que je l’équipai pour mon ufage. Un ou deux jours après nous en découvrimes un autre > de malgré toute nôtre diligence à le pourfui- vre j il n’auroit pas manqué de gagner la Ville , fi le vent n’eût molli tout d’un coup , ce qui nous donna le tems d’y envoier une petite Barque à huit rames , qui le mit d’a* bord fous la portée de fes canons , 6c l’enleva. Il y avoit lîx Indiens delïus , dont cinq fau- tèrent dans’ l’eau 6e fe fauverent à la nage 3 mais l’autre y relia. Nous fûmes fi prés du château de la Place pour faire cetre prife » donc le gros de la charge conlîftoit en fari- ne , queYes canons portoient au-delà de nous aulfi loin qu'il y avoit de nous au Fort. Quoi qu’il en foit » nous paflames toute la nuit à l’ancre hors de la portée du canon , 6c le lendemain matin nous rejoignîmes nos- Vaifieaux. Nous reliâmes ici une quinzaine de jours , pour faire quelques provifions 6e recruter nôtre monde. 11 y eut un François de nôtre compagnie , qui nous abandonna 6e qui découvrit tous nos delfeins aux Efpagnols». Nous eûmes beau le chercher un ou deu* & 6 12$ JOURN. DE UEXPEDIT. îfâoj jours de fuite-, il nous fut impoffible de le trouver^ Tavoga eft une Iile fort agréable , & où l’on trouve toute forte de fruits en abondance, comme des oranges, des citrons , des pommes de pin , des albecatos , des poi- res, des mammées , des fappotas, des noix de coco , &c. Ï1 y a d’ailleurs une petite ri- vière d’eau douce fort commode : Le havre y eli bon, de même que l’ancrage. CHAPITRE II. Ils vont à Pueb/o Nuebo , ch le Capitaine SaxvkinS- e(l tué. Ve là ils fe rendent à §juibo , oh ils fu- rent abandonner de plufieurs de leurs gens. Def- tription de cette lfle> ils arrivent à Gorgone , qui eft aujfi décrite. LE 13. de Mai nous partimes de Tavoga * pour aller à Pueblo Nuebo , dans le def- fein d’y avitailler nos trois Vaiifeaux Sc deux Barques , dont chacune avoit neuf hommes à bord; mais il y en eût une. qui difparuç après cette nuit ; de forte que le plus gros Vaiifeau fut obligé de touer l’autre à fon ar- riéré. Nous eûmes fort mauvais rems , ac- compagné de pluie , de vents forcez éc de gros nuages. Cependant nous rangeâmes la côte par un vent d’Oiieft , &C nous coutu- mes à l’Oilefi: iufqu’à une pointe de terre, que les Efpagnols nomment Punta rnala , où nous avions réfolu d’aborder , pour nous rendre à une ferme , où ils engraiifent des bœufs , & en faire nôtre provifon. Dans cette vûe nous détachâmes nôtre Barque \ mais, le vens tSîo. DU CAPITAINE SHARP. < 2 19 qui regnoic alors , joint à l’impetuofîtê du ■courant , qui porte ici à i’Oiieft , nous fit fi bien dériver que nous la perdimes la nuit du zi. au zi. Malgré tout cela nous cinglâ- mes toûjours à FOiieft , pour gagner Fille Coiba ou Qiiibo , qui ell à fept degrez 30. mi- nutes de latitude Septentrionale.» 8c à foixan- te lieues ou environ de Panama. Un peu fous le vent de cette Ifle , nous eûmes une brife forcée avec tant de pluie , que ma grande voile fut déchirée en pièces. Le 21. au ma- tin j’allai à bord de nôtre gros Vailfeau , oiï l’on m’en donna une autre que je fis enver- guer » 8c nous eûmes le bonheur de retrou- ver ce même jour nôtre Barque perdue. Le 24. nous mimes cinquante hommes fut nos canots , pour entrer dans la riviere de Fueblo Nuebo , 8c ils rainèrent toute la nuit» julques à une heure avant le jour. Nous ren- contrâmes alors deux VaifTeaux à l’ancre , où il n’y avoit perfonne'jce qui nous empêcha de les bien examiner. Le 2ç. nous fîmes dé- cente prés d’une eftacade , que les Efpagnols avoient tendue par l’avis de nôtre defer- teur François , 8c où nous eûmes une légers efcarmouche qui nous coûta trois hommes , du nombre defquels fut le brave Capitaine Sawkins , outre quatre ou cinq blefTez. Là- deffus nous rèiblumes de retourner fur nos pas , 8c d’aller vifïter les deux Vaifleaux que nous avions négligez. En effet , ils en va- loient bien la peine , puis que dans la gran- de cabane du plus gios il y avoir de bonnes voiles -, qu’il étoit chargé de poix, de fuif * d’indigo 8c de coton , & le petit de grain 8c de Manrego: Nous brûlâmes celui-ci » avec une petite Barque que je trouvai. dans. %p JOÜRN. DE L’EXPEDIT. i6tto une crique du voiEnage , 8c nous gardâmes l’autre. La nuit du 27. au 28. nous nous rendîmes fous à Quibo , 8c le lendemain matin j’allai à bord du grand VaifTeau pour demander à foute la troupe ce que nous ferions : Les uns répondirent qu’ils vouloient s’en retourner par terre , 8c les autres qu’ils me fuivroient dans toutes mes entreprifes * il y en eut cent quarante- Ex de ce dernier nombre , 8c environ foixante-dix de l’autre, à qui je donnai un Vaifleau pour leur tranfport. Cette Ifle de’ Quibo efl fort jolie , à cinq lienes de diftan- ce du Continent, 8c peut avoir dix lieues ou environ de circuit 5 l’ancrage y eft bon à vingt brades d’eau , un fond de fable , à quatre ou cinq milles du rivage : elle eft arrofée de plu- üeurs rivières d’eau douce , 8c l’air y eft bien- temperé : Il y a quantité de bêtes fauves , d’oi- fèaux fauvages , de poiffon , d’huîtres , les plus groffesôc les meilleures que j’aie mangé de ma vie , outre celles qui renferment de groffes perles , que les Efpagnols cherchent avec foin , 8c de tortues vertes -, mais qui n’ont pas E bon goiit que celles de la mer du Nord. Après avoir refté ici une dixaine de jours» fait de l’eau , & du bois , 8c mis le feu à mon VaiEeau , nous partîmes le Ex de Juin abord du plus gros, pour aller aux iftes de Galla^- pagos , fituées fou&Ja ligne. Nous eûmes des Vents fort variables , 8c il ne fe paifa rien di- gne de remarque jufques au 17. de ce mois» qu’à Ex heures du matin nous Emes la terre. Le même jour , à cinq heures du foir , nous' ancrâmes vers le milieu de l’iile Gorgone » m-à-vis d’une petite riviere d’eau douce » DU CAPITAINE SHARP. £# qui n’ell pas la feule qu’on y trouve. Au Sud-Oiieft de cette Me , qui peut avoir cinq milles de long , il y en a une autre plus pe- tite , où la bonne eau ne manque pas non plus & en deçà de laquelle on voit un petit rocher. On y peut mouiller à un coup de piftolet du rivage , à i 20. ou if. brafles d’eau, un fond de fable;-, mais il faut bien prendre garde à ne pas donner dans tes bas-fonds, où l’on n’au- roit que huit ou dix brafles d’eau , parce que Je flux , 8c le reflux s’étendent beaucoup au Nord-Efl: 8c au Sud-Oiiefl:. Nous trouvâ- mes d’ailleurs par expérience que le havre étoit bon pour y carener j mais depuis le mois d’Avril jufques au mois d’Août les pluies y font trés-incommodes. Du refte, nous eûmes ici pour nôtre rafraichiflement , des lapins , des huitres , des corrofous , Sc des tortues , dont il y a bonne quantité. Cette Me eft ri- che en perles , que les Efpagnois tirent des nacres à peu de frais , comme nous en fûmes les témoins oculaires pendant nôtre fejour, & l’air y eft temperé. On voit aufli grand nombre de Baleines fur la côte. Avant nôtre départ il fallut nous munir de calebaces pour y porter nôtre eau , parce que d’ici au Cap- Paflado on n’en trouve que dans les lieux habitez , où nous n’avions pas envie d’abor- «1er afin de n’être pas découverts. m JOURN. DE L’EXPÉDIf. iSSÔi CHAPITRE III. Us partent de Gorgone 3- & à la hauteur de la pointé des Mangles , ils découvrent l’ifie de Galto. T>H Cap Pafjao & du Monte Chrifto. Ils arrivent à fijle de Piata. Ils prennent deux Barques Efpa -* gnojes • Ils découvrent les nuées de Magellan . LE Dimanche iç. de Juillet , nous partîmes de l\ifle de Gorgone par un vent d’Oüeft * Sc nous courûmes au Sud jufques au 28. Nous eûmes alors beaucoup de pluie Si peu de vent de TOiieft Sud-Oüeft : Nous fîmes enfui te i’ifîe de Gallo , qui nous parut à deux lieues ou environ du Continent, Si qui en peut avoir deux ou trois de long : Elle n’eft pas fort haute , quoi que pleine de monticules. On en voit une autre petite à fbn Sud-Oiieft > qui eft fort bafîe Si raboteuîè , où il y a trois familles d’Efpagnols. Nous pourfuivimes la même route jufqu’à i’aprés-midi du trente Si un que nous apperçûmes la terre , à qui les Efpagnols donnent le nom de la pointe des Mangles , qui eft au Sud Sud Oiieftde Tille de Gallo , a dix lieues ou environ de diftance : Quoi que nous fuftions bien prés du rivage ,. il n’y eut pas moien de toucher le fond , avec une ligne de vingt braffes de longueur 3 ainii nous tirâmes vers la Mer. Le 4. d’Août , nous revîmes la terre qui fe trouva le Cap San Francifco , 6e le huit pas unbeautems 6c un vent frais, nous rangeâ- mes de prés la côte du Cap Pafîado ou Paf- fao v elle eft faine Si en écore vers le Cap * **«0. DU CAPITAINE SHARP. au Nord duquel on voit des collines toutes blanches , allez hautes 6c raboteufes , 6c au Sud il y a un petit havre , qui peut avoir un demi mille de large. Le j>. nous^ courûmes au Sud jufques à Monte Chrifto, c’elt- à-dire environ dix lieues. Elle reflemble en quelque maniéré à un pain de lucre , quoi qu elle ioit un peu quarrée vers le fommet, 6c nous vî- mes au bas , a cinq lieues au Nord du Cap , un petit Village } qui elt habité par des In- diens , entremêlez de quelques Blancs , &C que les Efpagnols apellent Manta. Le il. nous découvrimes Pille de Plaça 3 6c le q. nous y mouillâmes à la longueur d’un cable du ri- vage , 6c à quatorze brades d’eau , parce que plus loin le banc eft elcarpè , 6c que les an- cres n’y lauroient tenir. Ce fut ici que nous trouvâmes le Vaifleau qui étoit allé de con- ierve avec nous 5c qui nous attendoit. Il y à fur cette ifle grande quantité de chèvres 3, dont nous tuâmes bon nombre pour les fa- ler , 6c en primes quelques, unes en vie. Les tortues n’y manquent pas non plus 3 6c les unes 8c les autres fervirent bien à nous rarrai- chir. La terre elf alfez haute , avec une plaine fterile au-deflus; mais il n’y a qu’une peti- te fource qui coule d’un rocher au Nord-Lit tout auprès de l’ancrage , 6c où nous ne pûmes faire que vingt Gallons d’eau dans un jour. Ait relie c’eft la même Ifle où le Chevalier Fran- çois Draite , fit le partage de l’argent qu’il avoir pris fur -les Efpagnols. Après avoir ran-« gë la côte deux ou trois jours , par un vent de Sud-Oiieft , nous fûmes bien étonnez le 17. de revoir cette Ifle à dix lieues de nous 3- à nôtre Nord-Elt, ce qui fut caufë par 1» violence du courant qui porte au Nord, 234 JdURN. DE L’EXPEDÏT. i6Îà. Le 24- au foir , nous primes une barque Efpagtiole montée de plus de quarante hom- mes 5 6c qu’on avoir mife en Mer pour al- ler à nôtre quête , fous le commandement de Don Thomas Orgundonuy qui avoit été Gouverneur de Guayaquil. Nous eûmes trois hommes bleflez dans cette rencontre , dont l’un , nommé Robert Montgomeri , jnourut le huit de Septembre jfuivant. D’ail- leurs nous examinâmes nos prifonmers , qui nous dirent qu’ils avoient enlevé une de noS Barques , 6c tué (ix hommes des fept qui étoient à bord. Le nous doublâmes le Cap Élelene. Le iS. nous finies la pointe Cambous où la terre eft haute , avec des collines blan- ches. Le 27. nous eûmes le malheur de tom- ber fur nôtre petit Vaiffeau, 5c de l’endom- mager de telle maniéré en Les œuvres mor- tes , que le lendemain matin il fallut l’aban- donner , après en avoir tiré tout ce qu’il y avoir de bon. Le 29. nous doublâmes le Cap Blanco, qui éft forme de collines hautes 6C blanches ; la terre y eft fterile , 6c l’on n'y trouve de bonne eau qu’à trente lieues de-là $ de forte que les Espagnols qui voyagent par terre , font obligez d’en faire porter avec eux fur le dos des chevaux. Le premier de Septembre nous fûmes au- defïus du vent de Paita qui étoit à nôtre Nord Eft, à trois lieues de diftance, 6c qui con- fite en une chaîne de montagnes : Le terroir y eft de marne 6c fterile. Le 2. nous découvrî- mes un Vaiifeau , que nous ne pûmes joindre que deux jours après. Cependant il fallut que le Maître nous donnât de tout ce qu’il avoir à bord , 6c qui pouvoir nous accommoder : Il âlloit de Guayaquil à Lima , & fur ce qu’il 4ê$6. DU CAPITAINE SHARP. ifr nous dit qu’il y avoit à la première de ces deu& Places quelques Vai fléaux de# guerre , qui fe difpofoient à courir fur nous d’abord qu’ils au- roient des nouvelles de nôife approche , nous nous éloignâmes de terre , le plus 'qu’il nous fut poflible -, mais il ne fe pafla rien qui mé- rité la moindre attention jufques au n. Arri- vez alors fous le vingt-neuf degré, cinquante- cinq minutes de latitude , nous apperçûmes les nuées de Magellan , dont la plus Orienta- le paroifloit longue de dix pieds , & la plus Occidentale ronde comme un chapeau. CHAPITRE IV. th continuent leur navigation , découvrent la ter* re. Qbfervations furie d.mai- Ils manquent d'eany & après plufieurs tentatives ils font décente a» Port Ely ou Hilo , &c. Ils fe rendent au havre de Coquimbo , ou ils mettent pied à terre , prennent lut Serena ; & la brûlent, NOus Ames route jufqu’au vf. d’Oétobre * fans qu’il nous arrivât rien de confidera- ble ; mais ce jour à fept heures du matin nous courûmes vers la terre , & nous rangeâmes la côte au Sud tout le jour fuivant. L’air elfc fi plein de brouillards dans ce parage , qu’oa ne fauroit voir la terre qu’à deux ou trois lieues de diftance. D’ailleurs il n’y pleut pas 5 mais il y tombe une fi forte rofé£> que les vallons en deviennent crès-fettiles ï on y voit toute forte de fruits , & d’aufli bon blé qu’en Angleterre , outre qu’on y recueil- le quantité de vin. Le 12.. nous fimes 1$ i}£ JOURN. DE l'EXREDîT tfffe i ort Lly , où la terre elt haute , & où il y a une chaîne des montagnes unies , avec une ouverture au milieu. On voit auiïî une pe- tite montagne au Sud de la riviere , 8c trois ou quatre autres ,• en deçà de la chaîne j mais Tauro t découvrir, a moins qu’on ue Soit fort prés du rivage. Nous eilaiames d’aborder en pîuiîeurs en- droits, parce que nous avions grand befoin d eau : Mais nous ne pûmes rèiidrr que le 28. a fix heures du matin. Après avoir laide huit hommes pour garder nos canots , 8c leur avoir donné ordre devenir à nous , dés quiis vei-roient une grodè. fumée , nous en- trâmes dans un fentier adez large. A peine avions-nous fait ûn mille de chemin , que je découvris fur une hauteur un Cavalier s qui étoit la Sentinelle avancée des ennemis : Cela ne nous empecha point de continuer nô- tre marche ; mais nous n’avions pas fair plus: de cinq milles en tout , [ots que nous apperçû- mes plus de Soixante hommes à pié ou à che- nal, rangez en bataille pour nous recevoir. Sans nous étonner de leur vue , nous les joi- gnîmes , & ils nous accordèrent bien-rôt tà permidîon de /aire de l’eau 8c du bois. Le 19. au matin nôtre Vaideau vint mouiller à quatorze brades d’eau , dans une Baye qui a deux lieues de profondeur depuis une poin- te de terre , 8c où la rade eft fort bonne’. Nous padames trois ou quatre jours à nous rafraichir dans cet endroit , où il y avoir de bon vin , de l’huile , 8c quantité de toute force de provisions. Mais la veille de nôtre départ peu s’en fallut que nôtre joye ne fe changeât en triftede. Un corps de trois cens hommes de Cavalerie nous furprit en quel* «So. DU CAPITAINE SHARP. . W que maniéré > quoi que malgré 1 inégalité du nombre, puis que nous n'avions que qua- tre-vingt hommes à terre , nous leur en don- nâmes tout leur fou , & le premier de No- vembre nous nous rendîmes tous a bord lans avoir reçu le moindre mal. n . D’ailleurs nous étions maîtres dune lu- crerie , &c nous convînmes avec les ennemis qu’ils nous donneroient quatre-vingt bêtes à corne pour la rançon -, mais au lieu de nous tenir parole , ils vinrent nous livrer batail- le avec trois ou quatre cens hommes. Ils ne furent pas plutôt çhaflfez que pour me van- ger de leur perfidie j'envoiai foixante nom- mes qui mirent le feu à la fucrerie , & à tou E ce qui en dèpendoit. Enragez de ce degac , les Efpagnols nous attaquèrent le lendemain avec un" Corps de trois cens chevaux, qui n’auroient pas manqué de nous enveioper , fi nous n’avions Fait retraite fur des rochers » eu nous nous défendîmes , jufqu a ce qu a la faveur de la nuit nous gagnâmes notre Vaif- feau. Quoi quil en foit , le $. de Novembre bous fîmes voile du Port Hilo , & nous cou- rûmes au Sud. , , . . Il ne fe patfa rien de considérable jufques an 2. Décembre. Arrivez alors fous le trente deg. 18. min. de latitude jMeridionale , nous fîmes route à l’Eft > par un vent forcé du Sud & à cinq heures du matin nous découvrî- mes la terre , qui nous parut haute & ftc- file. Nous1 tournâmes enfuite vers le havre de Coquimbo, pour y faire de l’eau & du bois, dont nous n’avions que peu à bord. Le lendemain matin , une heure avant le jour nous y débarquâmes trente-cinq hom- mes ? avec qui je pris les de vans , pour ne>u£ J0URN. DE L’EXPEDIT. i^So. rendre à la Serena ; mais à peine eûmes-nous fait une lieue que deux cens cinquante Che- vaux des ennemis nous attaquèrent. Malgré la fuperiorité de leur nombre * ils furent vj- goureufement repou fiez , & devenus maîtres de la campagne j nous crûmes qu’il étoit à propos de faire halte , pour attendre le relie de nôtre monde , qui nous joignit environ une heure après. Nous marchâmes enfuite tout droit vers cette Place , où nous nous ïendimes fur les huit heures du matin. Elle peut avoir trois quarts de mille en tout fens , Sc nous la trouvâmes bien pourvue de toute forte de fruits que nous avons en Angleterre Ï1 y avoit auiîi quantité de blé , de vin , d’huile &c de cuivre > & le fejour en eft fort agréable. Lors que les habitans virent qu’ils ne pou.- vdient foûtenit le feu de nos armes , ils nous lailferent en pleine liberté de nous y ra- fraîchir , $c le lendemain matin ils conful- terent avee le Gouverneur , fur les moyens qu’il y amoit pour fe racheter du pillage. Dans cette vûë on fit un chemin exprès , où l’on devoir s’avancer en même-tems de part d’autre •, le Gouverneur s’y rendit accompa- gné de trois hommes , & moi de deux. D’ail- leurs il avoit environ cinq cens hommes fous les armes, au lieu que je n’en avois pas plus de fix-vingten tout. Quoi qu’il en foit , il fut convenu qu’ils nous donneroient cent mille pièces de huit j mais le perfide Efpa- gnol nous manqua de parole ; de forte qu’a- prés avoir faccagé la Ville , nous mimes le l'eu à toutes les maifons , & nous retirâmes vers nôtre Vaiifeau. Sur ces entrefaites un §pfps de Cavalerie, qui s’étoit mis en embuf- mo. DU CAPITAINE SHARP. cade, interrompit nôtre marche i mais nous le bâtîmes à plate couture , fans avoir qu’un feul de nos hommes blcfTé legerement. Ce ii’eft pas tout , peu s’en fallut qu’en nôtre ab- sence les Efpagnoîs ne brûlaffent nôtre Na- vire, où, par un ftratagême fort finguliec ils avoient mis le feu , fi nos gens qui étoienc à bord , n’avoient eu Fadreffe & le bonheur de l’éteindre. CHAPITRE Y- gis vont d'ici à rifle de 7uan Fernande où ils firent quelque fejour. Ils ptent le Commandement au Capitaine Sharp , & le donnent à un certain Vvatling. Ils attaquent Arica , & font for ceT^de fp retirer . Ils arrivent à Mafco 3 & retournent an Fort Ely. LE 7. de Décembre nous partîmes de lat Baye de Coquimbo , dont le havre qui peut s’étendre une lieiie , eft excellent , avec un fond de bonne tenue , & où l’on peut mouiller à fépt brades d’eau , entre trois pe- tits rochers qui font au Sud. La côte y eft faine 6c la terre eft haute dans le pais. je ne m’a- muferai point à rapqrter nôtre navigation jour par jour , puis que cela feroit inutile Sc ennuieux. Mais le 2$. de ce mois , au lever du Soleil nous fîmes la terre là plus Orienta-» Je de Juan Fernandez , & je trouvai qu’elle eft fous le 3} deg. 40. min. de latitude Méri- dionale , fort haute vers le Nord , &c baflfe au Sud , avec une petite Ifie clans 1e voifinage , où ppus ancrâmes le . à quatorze brades d’eau, iiô JOURN. DE L'EXPEDIT. i un franc diilîmulé , que j’avois fait mon Vice- Amiral de iîmpîe Matelot qu’il ètoit , plutôt à caufe de l’ancienne connoiflance qu’il y avoit en- tre nous que pour aucune valeur ou habileté qui le diflinguât des autres. Enfin on me mic aux arrêts > on m ota mon VaifTeau, 8c ma place fut donnée à un certain Jean Waciing , qui avoir la réputation en qualité d’ancien Boucanier , d’être un hardi navigateur , quoi que cela ne parut jamais que je Sache. Du re- fte , le premier exemple qu’il donna de Son pouvoir mal aquis , ce fut de mettre aux fers Monfieur Edmond Cook, Sous prétexte que Son valet du même nom, l’accufoit d'avoir abufe plufïeurs fois de lui d’une maniéré in- digne , 8c que la bienfeance ne permet pas de nommer, * . orne y9 l *4* JOURN. DE L’EXPEDïT. i<$n CHAPITRE y I. ils évitent trois Vaj [féaux de guerre Efpagnols , font, •voile pour Iquequa , & cherchent les moiens d'a- voir quelque intelligence. Us arrivent d Guafco , ofc ils ont quelques avantures , & ils paffent à Mora de Sambo. Ils touchent en plusieurs endroits , &fe ren- dent d Golpho Voice > où ils font la Paix avec les Indiens* Vcfcription de ce, Golfe* *tr En. de Janvier , nous découvrîmes trois jLVaiffeaux de guerre Efpagnols , qui fai- Sient le cour de Pillé de Juan Fernandez -, ce qui nous obligea tous de paiTer au plus vite fur pôcre bord , à la rêferve d’un Indien qui étoix dans les bois, & de mettre à la^ voile. Le 12. aii matin , nous n’en apperçumes que deux ; mais hors d'état de leur refïfter , dans la fituation où Te trouvaient les chofes , nous sachantes d’efquiver , & cela nous réiiflk. Depuis ce jour jufques au 1$. il ne le pafla rien qui foie digne de la cunofité du public , quoi que ce même jour il nous parut de loin une g rolTe malfe dotante , qui redembloit à un Vailfeau délabré ; mais un de nos canots qui fut à la découverte , nous apprit que c ètoit une Baleine morte. Nous envolâmes prefque en même-tems deux canots à terre pour voir s’il y auroit moien d’attraper quel- que prifonmer : L’un retourna le 2f. fans dvoir vû qui que ce foit; mais l’autre nous amena le ad. quatre hommes , dont il y avoir deux blancs & deux Indiens. Ceux-ci nous in- formèrent de plufieurs chofes , Ôc en partie^ ïffSi. DU CAPITAINE SHARP lier des villes d'Arica, de Chamo, de Pekt! & dautres, qui n étoienc pas éloignées de Udeffus nous refolumes d'attaquer Arica, b ■(fe srand mat*n, après avoir laitd : notre Valfleau en Mer , nous .rames cent hommes fur nos canots pour faire la décente, le Z5>. nous gagnâmes Je rivage, 8c le in à heures du matin nous abordâmes à deux lieues ou environ au Sud de la Ville. Nous n y errons pas arriver encore , lors que les- ennemis vinrent fondre de tous cotez fur bous. Aptes les avoir repoulTez avecvi de fruits , & de tout ce qui nous accommo- doit i car il n’y avoit perfonne .qui^npiis dé- tournât ; puis que tout le monde s’étoit en- fui' à nôtre approche. Le 2 y de Mats nous pour Fui vi mes notre couife jufques au 27. que nous aperçûmes Mo- ra de Sambo , qui ell à douze lieues au Nord d’Anca. Le 28. au matin nous abordâmes au Port Ely , qui eft à cinq milles ou environ de la pointe Méridionale 3 & nous primes Je village de Hdo , où nous eûmes pour nou- velles que nos gens faits prisonniers pat ceux d’Arica, Fe portoient bien. Le 29. nous remîmes en Mer , & après avoir navigué plu- ifeurs jours , le zp d’Avril nous arrivâmes à Pille de Cano 5 qui eft Fous le huit degre dix minutés de latitude, bile parole ronde a la vûe , 8c plate au Fommet -, mais elle n eft pas fort haute. L’ancrage y eft bon depuis le Sud- Eft jufques au Nord. Nous en partîmes bien- tôt , 8c le 7. de Mai nous touchâmes à une petite Ille pierreufe 3 nommée Chira. Le” 8. j’allai à terre avec deux canots , ÔC vingt quatre hommes , pour voir s’il y au- £oit quelqu’un. J’eus le bonheur d’y attrapeç ftféi. DU CAPITAINE SHARP. iM trois Indiens & huit femmes , 8c lors que nôtre Vaifieau eut approché du bord vers le foir , j’en fis venir du rhoride , pour garder nos prifonniers. A minuit , je pafïal à uii endroit nommé Rcfto , pour me faifir de deux petits Vaifieaux que nous y avions dé- couverts » & je m’en rendis le maître avant que le Soleil fût levé. Deux jours après in- formé qu’il y avoir quelques Charpentiers dans un lieu nommé Difpenfa , ou ils travail" loient à bâtir deux gros Va idéaux , j’y allai accompagné de vingt-quatre hommes. Nous les primes le matin dans leurs lits , 8C nous taflames tout ce qui nous pouvoir être de quelque ufage. Cette caprure nous fut d’au- tant plus agreabie 5 que nous avions befoira de tels ouvriers , d’mftrumens & de fer. Mais nous eûmes la mortification le lende- main de perdre un de nos canots , qui s’en- fonça , parce qu’il étoït trop chargé de Ce fer , 8c un de nos hommes , qui s’appelloiE Jean Alexandre.- Le iC. après avoir renvoie nos prifonniers , nous décendimes le lao avec nôtre Vaifieais que nous avions réduit à un feul pont. Le 27.. nous pouffâmes jufques à l’Ific -de Cavallo’ , où un de nos hommes , Jacob Markus , Hol- îandois de naifiance , déferra pour fe rendre aux Ffpagnols. Le 2. de Juin nous arrivâmes à la Baye des ferpens > où l’on engraille des bœufs , à un mille ou environ du rivage. Il y a un jour démarché depuis cet endroit juf- ques à la ville de Nicoya ; mais avertis par nos prifonniers que nous étions découverts à l’Eft > il nous fallut renoncer à nôcre def- fein , 8c changer de route. Le nous vîmes l’ille de Canes à nôtre Su*D l 3 -? 4f „ JOURN. DE L’EXPEDIT. iffir.- 5 & noVs mimes à la cape à Ton Eft , très- incommodez par la pluie. Le 6. nous cou- v?rs Dolce,qui eft à 15). lieues a 1 Lit. Il y a plufieurs rochers allez hauts, a peu de diftance du rivage , tk nous y an- crâmes à un mille ou environ de la côte. Le 7. au matin nous envolâmes un canot pour chercher quelque endroit propre à y haler nô- tre v ailfeau à terre , mais inutilement. Le 8. avançâmes trois ou quatre lieues dans le Golfe , Ôc nôtre canot nous amena un In- dien avec deux garçons y qu’il avoir pris. Ceux-ci nous dirent bien des chofes , qui xaiioient voir la haine implacable que les Es- pagnols a voient contre nous. Quoi qu’il en mit, _ nous fîmes la Paix avec les Indiens , qui vinrent auffî-tôt en foule fur nôtre bord > avec du miel & des plantains. D’ailleurs, ils nous promirent i’ufage de leur havre , & de nous donner tout le iecours qui dépendroitf d eux. Le 9. nous bârimes ici une hure , pour y mettre nos provi/îons , & nous donnâmes en- fuite la carène à nôtre Vaifîeau. Nous y reliâ- mes jufques au 28. inclus , & j’honorai ce ha- vre du nom du Roi Charles. Il eft à l'abri de tous les vents, ^l’eau y eft profonde, la côte faine , & il n’y a point de danger que l’on ne puifîe voir. Nous y eûmes de très- bonne eau , quantité de pojifon , d’huîtres , 6c de moules , avec d’exceilens plantains. 11 y a un bon ancrage au Nord , depuis 2 jufques à 20. ou à 14. braiTSs d’eau tout au- près du rivage. On voit au Sud-Eft une Ifle agréable , qui peut avoir deux milles' de long, & d’une hauteur médiocre , dont l’en- trée eft au Nord-Oiieft. A Ex milles ou en- j«8i. DU CAPITAINE SHARP- ifr viron de diftance , il y a une pointe de terre que je nommai Borfica, àlahauteur de laquel- le eft ficuce une Ille d’une grandeur médiocre & aiTez haute. Pour le havie en lui- même il s’étend Nord & Sud , environ quatre lieues j rpais Oiîeft Nord-Oüeft , 8c Eft- Sud» Elt en- viron fix. CHAPITRE VII. fis partent de Gelpho dolce , & ils arrivent à i’ifle de Plata , &c. Ils ejfaient en vain de faire décente à Paitù. Ils fe rendent an havre du Vue d’Tor\. Ve deux ljles de glace , & de leurs avdnmes jus- que s à Neviso E 25?. de Juin nous partîmes de Golpho JL^Dolce pour l’iflé dé Plata,ou celle du Che- valier François Drake. Le H. de Juillet vers Le» Üx heures dé Laprês-midi , nous paflàmes de- vant le Cap S. Francifco , & le lendemain nous fîmes toujours route au Sud. Le 10. à fix heures du matin , 8c par un vent de Sud-CHieft s nous découvrîmes un Vaif- feau j auquel nous donnâmes la chaiTe tout le jour, fans Te pouvoir attraper qu’à huit heures du foir. 11 venoit de Guayaquil , ÔC alloit à Panama chargé de noix de coco, après en avoir fait nôtre prôvHîon , nous le relâ- châmes avec tout le monde qu’il y avoir def» fus. Nous reftames quelques jours à lârivie^ re de faint Jago , où nous âmes le parta- ge de nôtre butin , 8c il y eut 234. pièces de Jiuit pour chacun* Le 1 6. nous touchâmes à iîx lieues fous le vent du Cap PafTao , 8C *4$ JOURN. DE L’EXPEDIT. i&u ' rcâac nous découvrîmes une voile a i Lit-Sud-Ell j mais nous ne pûmes i'abor- «der que fur les dix heures. H fe trouva que c etoit une Patache d’avis , qui venoit de Pa- nama , & où il n’y avoir rien à prendre. D’ail- Jeurs 1 équipage nous débita bien des nou- velles , dont la plupart étoient feuffes ; de iiotre propre connoiflance. Quoi qu’il en folc > deux jours après nous tombâmes- fur un Vaiffeau , qui nous dédommagea de la? bonne maniéré ; il venoit de Lima , chargé ce vin 8c de brandevin , dont nous primes cinq cens cinquante Jarres. Ce ne fut pas tout, nous y trouvâmes auffi une jeune Da- rne âgée de dix-huit ans ou environ , Doha Joanna Conlianfa, Epoufer de Don juan PIus belle Créature que j’aie vu de ma vie dans les mers du Sud., Le j. d’Aofrt nous remimes en Mer , le 4. nous doublâmes le Cap Paffao , le 6. nous fî- mes Monte Chrifîo 8c la ville de Manta, le nous doublâmes le Cap faint Laurent , 8c le iz. au matin nous rendîmes le bord à l’Iile de Plata, où nous envoiames dix hommes à terre pour prendre des chèvres ; mais ils les trouvèrent fî effarouchées qu’ils n’en pûrent attraper qu’une dixaine. Le 13. nous courûmes au Sud , 8c le 24. nous doublâmes le Cap Blanco environ à quatre lieues au Sud-Eft , où il y a une petite éminence de terre qui reffem- ble à une Ifle ; mais je ne fai pas fî c’en eft une ou non. Le 28. nous arrivâmes à Paita , où tout le monde fe mit fous les armes j ce qui nous empêcha d’y aborder. Le relie de ce mois , tout le fui vant , & une partie d’Oétobre , fe pafferent à la fimple lévigation > accompagnée de tempêtes , dq îër&i. DU CAPITAINE SHARP. 249 calme , & d’autres chofes de cette nature , qui ne méritent pas d’être raportées. Enfin le 12. d’Oétobre , à la pointe du jour, lors que nous nous y attendions le moins , nous tombâmes entre plufieurs Iiles , fort hautes ôc raboteufes , dont le fommet étoit couvert de neige. Cela nous furprit un peu -, mais nô- tre erreur venoit du courant , qui nous avoit fait mécompte? de ftx-vingt lieues dans nô- tre diftance Méridienne. Ce parage no îs étoit inconnu , nous n’aviôns pas d’autre moien d’examiner les courans que par la fituatîon de la terre , de forte que nous jugeâmes que celui-ci portoit £tu Sud-Eft vers" le détroit de Magellan , depuis le 30. deg. de latitude Méridionale jufques au deg. if. minutes. Quoi qu’il en foit, fur les onze heures nous mouillâmes à quarante-cinq brades d’eau , dans un havre fort commode , qui étoit en- clavé par les terres ; mais nous perdimes une ancre fur un rocher plat , &: à l’entrée du Port un de nos hommes qui s’apglloit Henri ScheL, ral , eut le malheur de tomber dans la Mer du haut du beaupré y on l’en retira mort , & il fut inhumé ici. D’ailleurs ce havre eft expofé à de gref- fes bouffées qui viennent des montagnes, Sc qufdefemparent les Vaiiîeaux 3 de forte qu’on a befoin de bons cables & de bonnes ancres. Ainfi nous jugeâmes qu’il étoit à propos d’é- ehoiier nôtre VaifTeau , & d’en ôter le gou- vernail^, parce que nos cables Ce rompoient. Nous eûmes ici de bonne eau douce , quan- tité d’oifeaux, démoulés, de limpets, Sec.- Un jour nôtre canot nous amena un garçon' indien qu’il avoit trouvé avec plufieurs au- tres qui s’étoicnt enfuïs , mais il n’y e«f Jf6 JOÜRN, DE L’EXPEDIT. tSïït* pas moien d’entendre un morde ce qu’il di- foit , quoi qu’il femblât vouloir marquer par ees lignes qu’il y avoir beaucoup de monde dans cet endroit-là. Après avoir tenté inutilement d’engager les^ Naturels du pais à trafiquer avec nous , le f. Novembre nous mimes à la voile. Le n. nous dardâmes avec le harpon , deux oifeaux , ou fi l’on veut , deux poiffons; puis qu’ils étoient moitié l’un &c moitié l’autre * qu’ils avoient fur le devant deux nageoires comme la tortue , 3c qu’ils relTembloient au goulu pour le refte du corps. Cinq jours après nous découvrîmes deux Lies de glace, qui étoient fort hautes , ôc qui avoient prefque deux lieues de circonférence. Audi le froid étoit alors exceiîif , 8>c il tomboit beaucoup de neige. Il y avoir même un garçon Nègre à bord qui perdit les deux jambes de froid , Sc qui en mourut. Le 1 1. nous vimes quelques oifeaux de terre ; mais il fe paffa bien des jours avant que nous en puiîions attraper au- cun. Cependant nos vivres diminuoient à vue d’œuil , & la ration devenoit tous les jours plus petite. Quoi qu’il en foir, pour prévenir le mur- mure de mes camarades , &: les empêcher de fe mutiner, je voulus qu’on célébrât la Fête de Noël le mieux qu’il nous feroit poffible. Nous mangeâmes donc le 2f. Décembre le feul cochon qui nous reftoit , & nous bûmes quelques jarres de vin-, ce qui nous mit tous de belle humeur.. Je ne parlerai point ici des vents variables, des tourbillons, ni des au- tres incommoditez qu’il nous fallut effuier de îems en rems : non plus que des marfouins a des grand-pefees , des dauphins, des greffes tàt. CAPITAINE SHARP. ijï baleines , & des albicores , que nous rencon- trâmes 3 & donc je ne faurois donner une des- cription exa&e ; mais nous primes un de ces derniers qui pefoit 140. livres. Je ne fai pas non plus quelle efl cette Me enchantée , donc quelques-uns de nos camarades ont tant par- lé, ôc qu’ils prétendent avoir vue dans ce voiage. Du refte un de nos hommes , qui s’appelloit Guillaume Etienne , de la Provin- ce de Cornouaille , après avoir mangé trois pommes de Manchanil au havre du Roi Charles , traîna une vie languiiTante , mai- grit peu à peu , devint auffi fec qu’une fque- lete , /ùî Car*? FJ* tniue, a7d Jm, Uûÿde/A dn Caf/lt- Co-Wle^r , Tais le Galles Septeu ■ tz \L> •d^ j CB ^ siiuf. Wg ROEXEAHDE T'r-,',u£>' ÙL ZrJe C/rtû/uâ Tnov.le la 2T OUV. Y DRU A Amérique -à r Jjïeeâoioe tA OCEAÎT JEPTEK' Cap Jeptent- SÈâÈJ??t.Je TPaypalkp $f£ Fur-re J a î À \ - - 'Y*"-'"" •• ^Ivanoe 5 / Irlande fil V - A ,V„A . j- UŸ\I'cVre — *îlve 1/ P ! AiicrlefeJ zU ripnorT^-^ £ I Vtuèf'&rdeZop S?ii7rplCxL '*»>■**»* • 3 Mtw Cîrii. e5A. •; , *» r ri? -/^ - edj£ "'Sp -S^~7 ,4-=. T rr '' '■ ' Lu Crp^mvn la Lu de. ùralaf’j'Su Lej jVv,* Inve/^ï^" *f*. PACteiauB “'^»/ ^v-v/ 1 « I ’l ïE-rHiouË \ ^r- _Ou nn -a »■ r. iV i encer Equinecùdè Terre V dt-EjZ'L? \ K 0 1 l Velle"^ Î" ^> 7Fer^ - CAïlTE VIT MOX DE Suivant ViJe’e Je ZVÏpj ^cgtt-r eu est tour*] usé lu T e~ute que le Cap - Cowley/wv/- jwur en J aire le tour . T Tu iim~!mr !»n i-'i hui ’ri'i tïïi fii i Jn Tiartdl :.. zdU /ni et v Feinte Je LeT/.rtu r.....-"" '■é’T Gi-L-ryep /P.-n/.- l‘ .Je F ■ E apennnee O CE an Meriij 10 JSrAn Aî.iO'plltjj- , r^^I-JeleEtit-j C- llêr/rU T< -i r e .>1 <=L F u t- o- r lï Ferra le JJ 1 emen 17 cnn. J ehrtje jYjn-m Ijü irrrn-i '"i 1 1 lu tmrmn lEMpEHlQn- % tâfy 2ff VOYAGE D U CAPITAINE COVVLEY AUTOUR D U M O N D æ. CHAPITRE PREMIER. ZJ Auteur part de la Virginie s & arrive à Cl fie. du fel au Cap verd. Defcrrption de cette l/le & de fes Habituas . De fonjajfage à Cifle de faïnt Ni” colas > ënfuite à celle de faïnt jaques , & du def- fein que C équipage forme. Ils manquent d'y pren ^ dre un Vai/feau Éollandois de la Compagnie des Indes Orientales. Ils en prennent un bim pourvût de vivres au Cap Sierra-Leona. B A ns m’arrêter au détail de mon dé- pari d’Angleterre pour l’Amerique au mois d’Août de cette année , je fis voile du Cap Charles en Virgi*- mic , qui eft à 3 6. deg. de latitude Septentrio- nale , de à jpç. degrez de longitude -y à horé 2f/ VOY. DU CAP. COWLEŸ. W8j&- d un bon Vaifleau nommé la Vengeance » monte de huit pièces de canon 8c de cinquan- te-deux hommes , 8c commandé par le Ca- pitaine Jean Cook. Dés que nous fûmes en ■Mer > c„e Capitaine me dit qu’il falloir di- notre courfe vers Petiguavez , un Port de 1 îile Hifpaniola , marqué dans fa Commif- ijon , 8c qu’un François y commandoit. Je És donc routé vers ce Port } mais iî'me dit en- iuite qu’il n’étoit pas deftiné pour ce lieu , ^u il devoir aller d’abord en Guinée, 8c qu’a- pres avoir attrapé un meilleur Vaifleau , il elolc dans la grande mer du Sud en Amé- rique. Ainfi je changeai de route , 8c je courus Effc Sud-Efl pour les Mes du Cap verd , qui font à peu prés à 16. degrez'de la- titude Septentrionale. Au niois de Septem- bre nous touchâmes à l’iile du Sel, où il n’y" à ppint de fruits ni de bonne eau douce y mais la Mer y eft fort poiflonneufe , 8c la terre y" nourrit de très- petites chèvres. A l’é- gard des hommes , nous n’y en vimes que cinq en tout , e’eft-à-dire quatre Officiers 8t un Garçon pour les fervir : L’un d’eux étoit Gouverneur 8c Mulâtre y il y avoir deux Ca- pitaines 8c un Lieutenant. Ils /ont ici tous noirs, quoi qu’ils veuillent paflèr pour vé- ritables Portugais ; ils fe fâchent même , fi 0n les traite de Nègres , 8c ils vous difent tout net qu’ils font des Portugais blancs. II y a dans cette Me quantité de fel , que la na- ture y produit ; les falines ont à peu prés deux milles de long, 8c nos Vaifleaux Anglois y viennent fouvent charger du fel pour lés In- des Occidentales. Après avoir été cinq ou fix jours à l’ancre , &ous fimes routé à i’Oueft pour i’iile de fain$ *£$;. AUTOUR DU MONDE. i\f Nicolas, où nous fûmes très- bien reçus par le Gouverneur . qui étoit un Blanc au pie de la lettre , quoi que roubles autres Natu- rels du païs fuffent noirs. C’eft une des Mes du Cap verd , qui apartiennent toutes au Roi de Portugal. Nous creufames ici trois puits pour faire provifion d’eau douce , & nous trafiquâmes avec les liabitans pour avoir des chèvres , des plantains , des bananes , 8c du- vin, qui n’eft pas fott bon. Nous étions à- l’ancre au Sud- Eli de l’I fie , 8c après avoir fait aiguade, les Officiers tinrent confeiî en- tr’eux pour examiner fï-nous irions direéle- ment à la mer du Sud dans notre VaifTeau ? ou fî nous paierions en Guinée , ou quelque autre part , pour en chercher up qui fut meilleur & plus commode que le nôtre. En- fin on conclut de fe rendre à fille de faint ja- ques , pourvoir s’il y auroit quelque Vaif- fieaii étranger , dans le defifein de l’aborder brufquement , de couper fon cable , 8c de l’enlever de cette maniéré. La refolution pri- fe nous levâmes aufli tôt nos ancres , 8c nous cinglâmes vers cette rade. À nôtre apprôche de cette iile du Cap verdi qui cffc à 16. 4eg. de latitude Septentriona- le , nous y vîmes du haut de nôtre grand mât, un VaifTeau à l’ancre. Il fe trouva que c’écoit un gros Navire Hollandois de la Com- pagnie des Indes Orientales , monté de fo0 pièces de canon 8c de 400. hommes , à ce que nous dirent enfuite quelques-uns de l’équi- page. Us étoient prefque tous à terre, mais à la vue de nôtre VaifTeau ils fe rendirent inceffamment à bord , s’approchèrent de leur ancre le plus qu’ils purent , tournèrent le cô^ g é vers nous , ouvrirent tous leurs fabots # 1 É$f VOY. DU CAP. COWLEY. pointèrent tous les canons du premier pont, & Te mirent en état de nous bien recevoir. Lo s que nous apperçûmes tant de monde 8c tant de pièces d’artillerie, nous tirâmes au plus vite à la mer, 8c quoi que ce Vaifléau Hoilandois nous lâchât dix volées de ca- non , il n’y eut pas un feul qui nous atteignit, li-deflus nous réfolumes de pafler à la côte de Guinée, 8c lors que nous fûmes prés du. Cap Sierra-Éeona , nous tombâmes fur uni VaifTeau neuf de quarante pièces de canon > •que nous abordâmes 8c que nous primes, li -êtoit fort propre pouf un long voiage , puis qu’il y avoir quantité de bon brapdevin 3 d’eau , de vivres , 8c de tout ce qu’il falloir. Nous courûmes d’ici vers Sherbro , autre Place fur la côte de Guinée , pour y remplir •toutes nos barriques , car nous n’avions pas deflein de faire aiguade , iufqu’à ce que nous fgfïions dans la mer du Sud à Pille de Juan Fernandez , qui eft a dègrez y qüàranW minutes de latitude Méridionale. 1 «fS5. AUTOUR DU MONDE. î& CHAPITRE II. Sis font voiles pour lu mer du Sud. J? on vient quë C eau paroit rouge. Ils arrivent a l'ifle de Pepisd oit ils ne purent faire de l'eau. Ils continuent leur route , & il s'élève une tempête , qui les pouffe an Sud plus loin qu’aucun Vaifft.au n avoit jamais été s & où le froid étoit eXceJJif. Ils rencontrent le Caph laine Eaton , & vont enfemble a l’ifle de Juan Fernande où ils trouvèrent un indien quon y avoit laijfé quelques années auparavant. Us navi* gentvcrs la cote d’Arica , & prennent un Vaiffcatt chargé de bots de charpente. Ils fe rendent a l'ifle de Lobos j & prennent trois Vaijfeaux chargc^de vivres ; mais où il n’y avoit point d'argent. Ils découvrent des Iflcs inconnues , aufquelles l' Au* ieur impofe des Noms. Ils mouillent l'ancre ? & trouvent quantité de poiffon & d3 oi féaux' fort familiers. Iis cherchent de l’eau > ils en trouvent au Cap Tres-*Pontas , où ils enterrent leur Capi~ taine Coofc. Ils manquent le deffein qu’ils avaient formé fur Realejo- Les deux Vaijfeaux fefeparent à faim Miguel > & l’Auteur fe joint avec ls Capitaine [ Eaton.' NOus étions à 8. deg. de latitude Septen- trionale , au mois de Décembre , 6c nous courûmes Sud quart à l’Oiteft jufqu’à ce que nous fuilions à n. deg. de latitude Méridio- nale. Nous gouvernâmes enfiiite Sud-Oiieü> quart à l’Oliefl: , jufqu’a ce que nous nous trouvâmes fur la côre du Brefil, où nous eûmes quatre-vingt brades d'eau fur un banc de fable» jUors nous fîmes route au Sud-Oueft , 6c iéo V0Y. DU CAP. CGWLEY itffcV Mer nous parut aufïï rouge que du fang vers le quarantième degré de larirude Méridionale ÿ ce qui venoit de la prodigieufe quantité de chevrettes qu’il y avoir par monceaux , pîu- heurs lieues de fuite. Nous vimes aulïï une in- finité de Chiens marins qui afloieat par ban- des , s’elevoient hors de l’eau , & aboioienr, avec un a nombre fi eiceiïïf de greffes Balei- nes , qu on peur dire que dans ces mers du Sud , il ÿ en a cent pour une qu’on en trouve dans nos mers du Notd. Nous continuâ- mes à courir Sud Oiielï , jufqu’à ce que nous fumes au 47. degré de latitude. Alors nous' vîmes à nôtre Oiielt une Me inconnue& in- habitée , que je nommai l’iile de Pepis. On peut faire ici de 1 eau &z du bois co’rnmode- raent -, le havre y dt fort bon , & mille Vaif- ieaux y pourroient mouiller en fureté II y a quantité d olfeaux fur l’Me * & nous jugeâmes que la Mer y d* poMonheufe, a caufe du fond de fable $c de roche qu’on y trouve par tout. Aprés avoir confideré cette Ifle , & vû que le vent étoit fi fort , qu’il n’y avoir pas môien d y aborder pour faire fans excepter même la vaifl elle qui leur fer voit à bord. Qitoi qu’il en foie, les provifionS; nous vinrent fort à propos , 8c nous ne fcngeames qu’à les met- tre quelque part en magafin , réfolus de nous tenir à couvert l’efpace de cinq ou fix mois , afin qu’on crût que nous étions ibrtis de ces Mers. Nous fimes donc route à l’Oueft , poujj VOY. DU CAP. COWLEY. 1^4. voir fi nous trouverions ces Mes, que les Es- pagnols appellent G aliapagos , ou les Mes en- qhantpes. Au bout de trois Semaines de navi- gation nous découvrîmes plufieurs Mes , &C comme j’y arrivai le premier , je leur impofaj des nqms à toutes. La première que nous apperçûmes , étoiu à un degré 50. minutes ou environ de latitude Méridionale. Nous étions à fon Nord, & le vent fouffloit du Sud -, ce qui nous empêcha d’y aborder pour voir ce qu’l! y avoir. Elle eft haute , & je la nommai l’Me du Roi Charles. Nous en vîmes trois autres au Nord de cel- le-ci; je nommai celle qui en étoit la plus proche , Tille de Croifman *, celle qui venoit enfuite Branles ; ôz la troisième , 1’ifle du Chevalier Antoine Dean. Nous en vîmes pin- ceurs autres à rOiieft,à l’une defquelle^ je donnai le nom d’Evres ; celui de Daflîgny , à une autre , & celui de Bmdlosà une troifieme. Nous mouillâmes enfuite dans un fort -bon" havre , qui eft à l'extrémité la plus Septen- trionale d’une belle Me , fous la ligne , où il y avoir quantité de poiiïon , & d’excel- lentes tortues de mer & de terre, donc quel- ques-unes pefoienr plus de 200. livres. On y voyoït auiïiune infinité d’oifeaux , de flemin- gos,& de tourterelles, qui ètoienc fi familiè- res qu’elles venoient fe percher fur nous , &: que nous les prenions en vie ; mais lors que nos gens eurent tiré deflüs, elles devinrent plus "craintives, j’impofai lé nom du Duc d’York à cette Me-, celui du Duc de Norfolk à une autre, qui étoit ronde & jolie , Située à fon Eft, & celui du Duc d’Albemarle à une îToifiéme fore agréable , fituèe à fon Olieft, ïi y avoir à la première une Baye, ou un - ' havre AUTOUR DU MONDE. 2^ havre bien commode , où l’on pouvoir être à l’abri de tous cckez , & devant cette Baie paroifloit une autre Jfle , à qui je donnai le nom du Chevalier jean Narborough. En- tre l’Ille d’York Se celle d’Albemarle , il y en a une petite qu’il me vint dans l'efprit de nommer l’ifle enchantée de Cowlei , parce qu’aprés l’avoir regardée fous diflérens points de ia bouflble, elle avoir toû jours de nouveaux afpedts , Se que fous un point elle paroifloic eo urne une fortification ruinée , fous un au- tre comme une grande Ville , Sec. Au refte je nommai le havre de i’ifle d’York , la Baie d’Albanie , Se un autre endroit la rade d'York:. On trouve ici d’excellente eau douce, du bois3 & une riche veine de minera!. Nous courû- mes enfui te vers le Nord, où nous vimes trois autres jolies Ifles : je nommai celle qui était le plus à l’Eft l’ifle du Comte d’Abing- ton , & lors que nous paflames entre les deux autres je donnai le nom du Lord Culpepper à la plus Occidentale , Se celui du Lord Wen- man à la plus Orientale. Il y avoir fur tou- tes ces Ifles où nous fûmes , ou dans leur para- ge , quantité d ’oi féaux , de tortues, de poifi. fon Se de gros Alguanas , ou Guanos de très- bon goût *, mais nous ne trouvâmes de l’eau douce que fur rifle du Duc d’Yoric. Apres y avoir mis en referve, foit fur la Baie d'Albanie , ou en quelques autres en- droits 1^00. facs de farine, des confitures , Sec. nous reprîmes la route du Nord, pour eflaier une fécondé fois s’il n’y auroit pas moyen de trouver de l’eau douce , fur quelque autre de ces Ifles , en cas qu’il nous y fallut toucher dans la fuite j niais nous eûmes le malheur dp tomber dans un courant fi rapide , qu’il Tums Vf M igg VOY. DU CAP. COWLEY 104* nous fût îràpoflible de tenir contre, lors que nous voulûmes retourner à lifie du Duc d’YorK pour y faire aiguade. Ceci nous obli- gea dé courir Nord Nord- hfl , & la premiete terre que nous fîmes fur le Continent , rut le Cap Trefpontas, où après avoir mouille f ancre , nous envoiames nôtre chaloupe a terré pour faire de l’eau. Il s’en trouva quan- tité de fort bonne fur le rivage le plus Orien- tale de la Baye , Ôc nous y remplîmes nos Barriques. Le premier jour de notre arrivée !nous y enterrâmes nôtre Capitaine Jean Cook. Le lendemain , quelques uns de nos sens anienerenfà bord trois Indiens qui nous venôicnt joindre , dans la penfée que nous étions Efpagnols. Nous leur fîmes diverfeà demandes fur la force & le nombre des Ha- •bitans de Realejo. Sur ces entrefaites 5 tm parti d’indiens fournis aux Espagnols , mit le îeu à hôtre Barque fougue , ôç contraignit ceux de nos gens qui eroient allez a la chai- re des bœufs, de fe retirer fur un roc , ou ils fe détendirent jnfqu a ce que nous leur eufîionS envolé une autre chaloupe avec une Vingtaine d’hommes. On fit marcher devants ïa corde au coi, les trois Indiens que nous avions pris , & nous délivrâmes nos gens de cette maniéré; mats au retour un de^ces In- diens s’échapa , & s'enfuit a la Ville de Rea- leio pour avertir lés Efpagnols de notre ar- rivée. Là-deffus , Us tranfpotterent que que “„e part leurs meilleurs effets , & ils fe mirent fous leS armes dans tout le voifinage de cette Ville- Quoi qu il en foie , nous re- lâchâmes nos prtforiniers , & nous allâmes débarquer une centaine d’hommes a Reale- fo Nous primes d’abord leurs gardes avan. sm- AUTOUR DU MONDE. 1G7 cêes , qui nous dirent quel Indien qui s’é- toit enfui de nous , y êtoit arrivé de Poruo- Velasdeux jours auparavant. Cette nouvelle obligea nos hommes de revenir à bord , tout chagrins de ce que nous étions découverts. Nous paflaraes d’ici au Golfe de Paint Mi- guel , où nous primes deux Ijles , dont 1 une étoit habitée par les Indiens , & l’autre nour- rirait quantité de gros bétail ; mais nôtre bu- tin en or & argent fut trés-peu de chofe. Nous ,y donnâmes la carène i nos deux Vai fléaux , qui rompirent leur Société, & je paflaiàbord de celui du Capitaine Eaton , pour lui fervir auiîi de Pilote , & naviguer fon Vaifleau par -tout op il m’ordonneroit. %6§ VOY. DU CAP. COWLEY 'i**# CHAPITRE II I. Le Capitaine Eaton fait voile pour la Baie de Paita# " d'où il pafj'e à l’ifle de Gorgone, & prend la re- folution d'aller aux Indes Orientales. Ve leur ar* rivée à Guana ou Guam , L'une desifies des Lar * ■y on s ; de fort a/'pect , de leurs avaniures avec les 2»« dicns de cette Ifie , de la maniéré civile & honnete dont le Gouverneur Efpagnol les reçoit : ils fe font ‘des prefens les uns aux autres ; ils donnent de la. poudre au Gouverneur ils croifent , & reçoivent de nouveaux prefens des Efpagnols. Vu trafic dê ceux-ci aux Philippines.' Ils fon t'attaque^ par les indiens s mais ils les repouffent. Vu naturel , de$ maniérés , des armes & de la perfidie de ces In- diens. Ils mettent a la voile , & trouvent un cou % rant fort rapide, l'ifie des noix mufeades. Us vont à Luconid. ^Ers la mi- Août le Capitaine Eaton partit Y de fauit Miguel nous fîmes route pour le Cap de faint Francifco , où nous donnâmes la chatte à un Vaifleàu' qui nous échapa Nous courûmes enfüite au feptiéme degie de latitu- de Méridionale , & fur ce que nous vîmes que le païs étoit en allarme , nous pattames a la Baie de Paita , qui eft à ç. deg. ou environ de latitude Méridionale, & où nous primes deux Yaitteaux à l’ancre j mais les Efpagnols ne vou- lurent pas les racheter , ni nous en donner la moindre chofe -, ce qui mit notre Capitaine dans une telle fureur , qu’il nous ordonna de les couler à fonds ou de les brûler > ôc ce rut 19 lignai de nôtre partance. ieU. AUTOUR DU MONDE- i gard à la variation diurne. La terre paroît alfez haute à LOùeft-Nord-Oikft , & couverte de quantité d’arbres. Nous avions fait par nôtre eftime depuis l’iile Gorgone ,7646". milles ou 2f45). lieues, c’elt-à-dire que nous avions gagné en longitude ce que nous avions perdu en" latitude. M 3 UJÔ V0Ÿ. Dît CAP. COWLEY Le lendemain , qui étoit un Dimanche , îîous fîmes le tour au Sud-Oüeft del’ifle, & nous en vîmes une peure à Ton Oiiefl , qui en eft à cinq milles, avec une chaîne de rochers qui court de l’une à l’autre. Il y a d’ailleurs un ïfthme à Ton £ft , qui forme une jolie Baye j mais il n’y a point de mouillage que fort près du bord. Le danger qui eft dans la Baye fè peur voir en baffe marée , quoi que le flux Je couvre de cinq pieds d’eau. Après y avoir mouillé , nous envolâmes la chaloupe à ter- re , avec un pavillon blanc en figne de paix y mais nous^vimes à nôtre approche que les na- turels de l’Iile avaient mis le feu à leurs mai- rfons , & qu’ils s’étoieilt retirez à la clarté des flammes. Quoi qu’il en foit* nous abatimes quelques Cocotiers * êc nous -en cueillîmes 180. ou 2CK>. noix ; pour rafraîchir nos mala- des qui étoient extrêmement foibles. Lors que nôtre chaloupe fe retiroit , quelques In- diens qui s’étoient cachez derneçe des buiflqns parurent avec leurs lances, 8c fai- foient mine de vouloir nous attaquer. Nos gens avoient beau leur crier que nous étions de leurs amis, ils fe défïoient toujours de nous , jufqu’à ce qu’ils virent le pavillon blanc.- iUors l’un d’eux alla couper une petite bran- che d’un arbre dont il ôta L’écorce , 8c s’avan- ça vers nos gens avec ce ligne d’amitié -, mais un de fes camarades qui s’apperçût qu’il n’a- voit point de bonnet pour les faluer , le rapel- la , 8c lui en donna un. Le 16. nous trafiquâmes encore librement avec les Indiens , 8c nous cueillîmes quelques noix de Coco ; mais le 17. au matin , lors que nôtre chaloupe retournoit à la petite Ifle baf- fes ksnarurels fe mirent à jetter des pierres & ieL AUTOUR DU MOTÎDE. ijk à darder leurs lances contre nos gens , qm leur tirèrent quelques moufquetades , pour les éloigner. 11 y eut quelques Indiens tuez & d’autres blelfez dans cette occafion -, mais les nôtres en êchaperent , Tans recevoir au- cun mal. ■ « /r~> Deux jours après le Gouverneur de Gua- m qui êtoit un Efpagnol , vint fur une poin- te de terre, qui n’étoit pas fort eloipee de nôtre Vaiffeau , &: il nous envoia fa chalpupe avec une lettre écrite en Efpagnol, en tran- çois , & en Hollandoîs pour nous deman- der au nom du Roi d’Efpagne qui nous étions s où nous allions, & d’où nous venions. Nous lui rèpondimes en François , qu il y avoir quelques Meilleurs en France , qui nous em- ploioient pour faire de nouvelles découvertes dans- les païs Inconnus. Il n’eut pas plutôt vu cette réponfe , qu'il, renvoia la chaloupd pour prier nôtre Capitaine de l’aller trouver, ià-deflus le Capitaine Eaton' prit avec lut vingt hommes bien armez , ôtfe rendit ar terre : Lors qu’il y débarqua , le Gouverneur U tirer une falve , à laquelle nous répondî- mes par dix coùps de canon. Cet Espagnol fut bien -tôt de bonne intelligence avec fious , SC fur les exeufes que nous lui fîmes à l’égard des Indiens que noS gens avoienc tuez , il nous permit de les tuer tous fî nous voulions. Quoi qu’if en foit , nous en- voiames prendre ce jour-là quelques noix;de Coco. < «. % , Cette iile de Guana -éft a 13. degrez , trois minutes de latitude Septentrionale , & peut avoir quatorze lieues de long. Il y a quantité de noix de Coco , de Patates , d ïams , de* PapalîS 3 de plantains 3 de .Bananes , d® M 4 ■K* . XOY- PÜ CAP- COWLÊY oowr-Sops, d oranges , de limons , 8c quel- cjue peu de miel. Les Habitans nous dirent ils reçoivent d’ordinaire toutes les années ceux V ai fléaux du quartier Méridional de Mexico, & huit de Manilha, qui leur ap- portent du lucre, du tabac , des foies, & au', très marchandées. S’il faut même les en croi- ie , les Efpagnoîs venoient d’y bâtir l’annéè dermere, un Vai/Teau du port de i6é>. toni lieaux , qu’ils envoierent trafiquer à Manilha , J* ils y entretiennent cinq ou 606. Soldats; v)uoi qu lien foit , le dix- huit de ce mois vers Je midi , le Gouverneur de cette Me nous en- voia un de fes Capitaines, avec imprefentdô dix cochons , quantité de Patates , de Plan- tains, d’Oranges , de Papahs , 8c de Poivre rouge. Le lendemain a peu prés à la même Jieure , notre Capitaine renvoia cet Officier avec une bague montée d’un diamant, qui valoit vingt pièces ; pour le Gouverneur. Et ïl donna une épée à chacun de ceux qui etoient venus à nôtre bord. Le 20. un Capitaine , un Jefuite 8c un Moi- ne, vinrent voir M. Eaton de la part du Gou- verneur , 8c le prier de lui fournir quelque f'oudre , parce qu’il étoit en guerre avec les ndiens. Nôtre Capitaine leur en donna qua- tre barrils, 8c leur offrit même quatre gros canons , qu’ils ne voulurent pas accepter. Ils avoient eu le foin de prendre avec eux une caiffe, où il y avoit environ feize cens pièces de huit en or ou en argent , pour fer- ait à paier la poudre 5 mais fur ce que Mr Eaton n’en voulut abfolument rien , le Gou- verneur lui envoia une bague à diamant de Cinquante livres fterling. ^ Ce mot Anglois fignrifie de morceau aigrek ïfât. AUTOUR DU MONDE.^ *7* Le 21. nous allâmes croifer avec nôtre ca- not , &c après avoir donné la chafîe à quel- ques Indiens , nous les forçâmes à nous aban- donner leur chaloupe avec tout fon attirail , de à s’enfuira terre. Cette chaloupe nous fer- vit enfuite à garder nôtre canot, toutes les fois que nous l’envoions pour faire de l’eau , ou cueillir des noix de coco. Le 22. le Gouverneur nousenvoia fa cha- loupe avec quelques noix de coco, des pa- tates & du chocolaté » une piece de vaiffelle d’arsenc , 8e Cix tafles de porcelaine de la Chi- ne. Un Jefuite François, qui accompagnoit tout ceci , nous apprit que pour faire de bon lait il n’y avoit qu’à râper la chair des noix de coco , la prefler enfuite , Sc y mettre de l’eau. Nous trouvâmes en effet que cette li- queur étoit blanche comme du lait , 8c d’un goût fort àgFeable, A nôtre arrivée dans cette rade , les Indiens qui venoient de fe révolter contre les Efpa- gnols , nous avoient pris pour le grand Vaif- ieau , qui vient toutes les années d’Acapul- co j chargé de quantité d’argent pour les ifles Philippines , fur tout, pour la ville de Manilha, qui efl l’endroit de toutes| les In- des Orientales , où les Efpagnob ont le plus grand commerce. Lors que ce Vaifleau part pour Acapulco , il a quatre cens hommes d’é- quipage , 8c mille ou onze cens perfonnes de plus , qu’il laiffe aux ifles Philippines , pour y recruter leurs plantations. Il imprime auffi beaucoup de terreur aux Indiens , & com- me il a fept ponts , on peut dire qu’il porte la charge de fept Vaiffeaux , de Manilha à Acapulco. D’ailleurs, il ne manque jamais de toucher en allant , 8c à fon retour , à l’ifb M * 274 VOY. DU CAP. COWLEY îStp- de Guam, pour y faire de l’eau, du bois&: des vivres. Quand npus fûmes prés de cette iile , nous arborâmes le pavillon Efpagnol , & à la fin quelques naturels du païs vinrent à côté de nôtre Vaiffeau , pour nous deman- der fi nous étions amis ou ennemis. Sur ce que nous leur répondîmes amis , ils fe ren- dirent à bord avec des patates , des bananes , des noix de Coco , 8c des plantains , qu’ils nous donnèrent pour de vieux clous , 8c de méchante ferraille. Nous avions quelquefois le tillac tout couvert de ces Indiens ; mais convaincus de leur perfidie, nous ne les re- cevions jamais que l’épée au côté , 8c nos pi- ftoletsà la ceinture : nos canons même étoienc chargez à boulet 8c à cartouche , & nous met- tions en leur prefence des fentinelles vers la poupe. Après avoir entretenu quelque tems Cette familiarité , nous crûmes que les In- diens avoient oublié nôtre première falve, qui avoir coûté la vie à quelques-uns des leurs , de forte que nous allions fouvent à terre pour nous divertir avec eux ou avec les Efpagnols. Il y eut même de nos gens qui fe hafarderent un four d’aller à la pèche avec ces Infidelles , qui fous prétexte de jet- ter leur feime , la mirent autour de nôtre chaloupe, dans le deffein de la traîner à terre ; mais les dix hommes que nous avions defliis lâchèrent quelques moufquetades fur le gros des Indiens , dont plufîeurs furent tuez vies autres prirent la fuite *, 8c ceux de nos gens qui étoient fur le rivage , ne man- quèrent pas de les régaler d’une pareille falve» D’ailleurs , nous eûmes une fois tant de ca- nots de ces Indiens autour de nôtre VaifTeau , que la plûpart de nos hommes fains , qui fe AUTOUR DU MONDE. %n trouvoient à terre, craignoient pour les ma- lades qu’il y avoir à bord -, mais c’étoient des canots que le Gouverneur nous envoioit avec de nouveaux rafraichiflemens. Ces Indiens font d’une taille fort avanta- geufe i il y en a qui ont fëpt pieds & demi de haut : ils vont tout nuds , fans couvrir la moindre partie de leur corps. Us n’enterrent jamais pèrfonne , mais ils expofent les ca- davres au folëil , qui les réduit en poudre. Ils n’ont pour toutes armes que des frondes de des; lances , dont la pointe eft faite d’os- liumains j ils en tirent d’un corps dequoi en garnir huit , c’eft- à-dire que ceux des jambes Servent pour deux, ceux des cui {Tes pour au- tant, 8c ceux des bras pour quatre j ils les taillent en forme d’efeoupe , & les dentellent éomme une feie. Lors qu'on eft blefle d’un coup de ces lances, lî l’on n’en guérit pas dans huit jours , on eft perdu fans refïource. Nous primes quatre de ces Indiens que nous ame- nâmes à bord , avec les mains attachées der- rière le dos , mais il y en eut trois qui , mal- gré tout cela , fe jetterent dans l’eau pour S’enfuir à la nage. Nous envoiames la cha- loupe après , 8c un de nos hommes fort vi- goureux ne pût point du premier coup percer' Jeur cuir avec un coutelas, je croi que i’im1 d’eux avoir bien reçu quarante coups de inoufquet dans le corps avant qu’il mourut » Sc que le dernier de ces trois avoir nagé mf bon mille d’Angleterre avant qu’on le tuât, quoi qu’il eût non-feulement les mains atta- chées derrière le dos -, mais aulîî les bras liez. Pour revenir aux honnêtetez du Gouver- neur Efpagnol il nous envoia les jours fuivans par un de fes Capitaine un Altéré, trente 1 m s> ïtjS VOY. DU CAP. COWLEY cochons , quelques citrouilles , des herbages, des patates & du ris. En échange, nôtre Ca- pitatne lui Et prefent de Ex petites pièces d’artillerie. Quand nous eûmes graté , 8>c radoubé nôtre Vaifleau , il fallut remplir nos barriques. Suc ces entrefaites , deux Indiens natifs de Ma- nilha , vinrent trouver nos gens , fous pré- texte de trafic j mais nous les retînmes. Ils nous dirent que la plupart des Indiens de cette Iilc s’étoient retirez à une autre , qui en e(l à dix lieues , & ils nous infinuerent que les Efpagnols étoient E foibles que nous pour;, rions les tailler en pièces fi nous voulions, ÔC enlever toutes les richefles de l’ifie. Mais nô- tre Capitaine ne voulut pas donner les mains à uneadtion E lâche. Nous n’avions pas achevé de faire aigua- de , qu’une centaine de ces Indiens vinrent autour de nos gens avec leurs lances & leurs frondes *, ils portoient auES des noix de coca,, mais les nôtres qui fe défoient d’eux , leur tirèrent une vingtaine de coups de fu- fl , pour les éfraier ; ce qui les obligea ds prendre la fuite , & ils ne parurent plus ds tout le jour. Le mois, de Mars s’étoit écoulé , lors que nous eûmes rempli toutes nos Banques d’eau, fait nôtre provision de noix de coco , & d’au- tres chofes neceffaires.Le premier d’A vril nous- levâmes l’ancre , & nous rangeâmes la côte vers le quartier du Gouverneur. Arrivez le lendemain à la hauteur du Fort , nous tirâ- mes trois coups de canon pour le faluer : & le Gouverneur y répondit par le même nom bre de coups. Le trois, 1! envoia un de fes Capitaines à bord avec quelques vivres* Cet- téfêç. AUTOUR DU MONDE, vri te nuit , après nôtre départ -, nous eûmes l’ïflé à l’Eft quart au Nord-Elt, à quarante cinq m lies de nous , au lieu qu’à nôtre, arrivée nous l’avions eue à rOüell-Nord-Oüelt fous l’afpedl qu’on voit ici. S. O. N. O. Le 4. de ce mois nous courûmes 88. mil- les Oiiefl: quart au Sud-Oiielt , c’eft-à-dire que nous étions alors à 13?. milles de Guana. Le nous finies foixante-treize milles Oiiefl: s & nous nous trouvâmes à deux cens fîx milles de cette Ifle. Depuis ce jour je ne tins plus un- compte exadt de nôtre fil 1 âge , à caufe des cal- mes &c du peu de vent qu’il y avoir, mais lors que nous fumes à la hauteur des rochets de faint Barthelemi, nous cinglâmes Oiiefl: Nord Oiiefl:. Nous eûmes un demi point de varia- tion à l’£ft jufqu’au 10. deg. 30. minutes de latitude Septentrionale , où nous rencontrâ- mes plusieurs ifles au Nord de Luconia. Nous paffames entre la fécondé & la troifiéme de celles qui étoient le plus au Nord. Le 25. d’Avril nous tombâmes dans un coû- tant fort rapide 3 comme le rat de Portland £/?. VOY. DU CAP. COVVLEY. ^ui jettoit nôtre Vaifteau tantôt d’un côté &C tantôt de l’autre. Ces Ifles font à f6o. lieues ou environ de Guana. Nous envoiames nô- tre chaloupe à la troifîéme des plus Septen- trionales 3 pour voir ce qu’il y avoitdeflus , & s’il y auroit moien de pêcher fur la côte. Nos gens n’y trouvèrent perfonne à terre y mais ils y virent quantité dé noix mufcades , & de chevres , dont ils prirent quelques-unes. D’ailleurs le rivage y elt plein de rochers , ÔC de bancs" de fable , outre que le fonds n’y vaut rien. Après que nous eûmes pafle à tra- îf.r.s„e étroit , nous fîmes route au Sud-' Oüelt pour Luconia. C H A P I T R E I V. Ils arrivent à Canton dans la chines Ils négligent dé prendre treize Faijfeàtix Tdrtares , richement char* ge7^ Us font voiles pour Manilha 3 & fe propo - fent d aller1 à Bantnm. ils prennent une ifle i ils' font en danger entre les bancs de Paragoa , & ils arrivent au Nord de Bornéo. Us donnent t épou- vante aux Naturels de cette Iflé , dont la Reine tombe entre leurs mains avec ceux qui i -accompa - gnoient. Defcription de Eorneo. Articles de Paix entre fon. Roi &les Êfpagnols • Des l/les de Natu- rah- L équipage devient factieux. L’Auteur & quelques-uns de fes camarades achètent une cha* loupe pour aller à Java i ils arrivent à Cheribon oie ils apprennent que le Roi Charles était mort en An- gleterre. Ils perdent un jourt ils vont a "Batavia ; de quelle maniéré ils y font reçus. Defcription de cette Place. Les Naturels de Java tuent les Bol- landais à Tapai a 3 & quelle en fut la confequcn* tes. Anglais de Sillebar y & de ce que l3on difoiï LE Dimanche 16Ï d’Avril à midi , nous comptâmes que le Cap Bojadore étoit à nôtre Eil j après l’avoir pafifé nous vinmes à la hauteur du Cap Mindeto , où nous eû- mes la Monion du Sud-Oiiell , eu vent con- traire. Ceci nous obligea de courir Nord» Qiieft, &: d’aller à canton dans la Chine , où nous radoubâmes nôtre Vaifleau. Pendant que nous y étions à l’ancre , il y arriva treize VaiïTeaux Tartates , chàrgezdes plus riches dépouilles des Chinois , qu?ils leur avoient enlevez depuis deux ans ou environ , dans une guerre qu’ils avoient eue enfemble , ôC transportées dans le voifinage de Canton s cuterent à nôtre barbe ; mais nos hommes qui vivoient Tans difcipline , dirent qu’ils cherchoienf de l’or & de l’argent , & non- pas à devenir colporteurs ; ce qui nous fit manquer un coup qui auroit fait nôtre for- tune , fans qu’aucun Prince Chrétien oui' qu’aucun de leurs fujets en eut reçu le moin- dre dommage. Nous partîmes de Canton pour aller à Ma- la moitié de la charge confiftoir en argent > à; ce qu’on nous avoir dit ; mais quoi que nous euiïions le bonheur de le voir * £c de lui don- manquames, parce qu’il étoit bien net, ôT pour les en retirer à loifir ; comme ils l’exe- ner la chaife une journée entière , nous le nilha , en quête d’un Vaifleau Tartare , dont **? VOY. DU CAP. COWLEY. i&a ven« devinrent favorables pour aller au Sud» ceit-a-dire à B an tara , où nous avions def- iein de toucher , l’ignorance où nous étions , ^Uni “°^andôis nous euflent enlevé cec- îe 1 lacer. Nous trouvâmes fur ces iiles quaù- tice de fruit , de noix de coco & de Gua- nas, & un Indien de Tille des Chèvres, nous apprit' qu’il y- en avoir une autre dans le voiünage , où Ion nourrifîoit des trou* peaux de Bœufs, ÔC qui- étoic bien fertile^ Nous y envolâmes d’abord la chaloupe avec trente hommes , qui s’en rendirent les maî- tres, quoi qu’il y eût un millier d'HabitanS' ou environ. Avant la- mi-Septembre les vents tournèrent au Nord-£ft ÿ de forte que nous S°!r*Umes Sud- G) iie fl: jufqu’à ce que nous fumons au io. degré de latitude Septentrio- nale. Nous tombâmes entre les bancs de Pa* ragoa , où nous reliâmes trois jours entiers for le point de périr à toute heure ; mais Dieu nous fit la grâce d’en fortir heureufe- ment. Nous nous rendîmes enfuite à une ifîe au Nord de Bornéo , où après avoir halé nôcre Vaifleau à terre , & drefFé une tente j nous plantâmes dix pièces de canon pour nous défendre, en cas que les Naturels du- pais nous vinfïent attaquer. Mais comme ils n a voient jàtnais vû de Blancs, ils étoienc fi efïraiez qu’ils n’ofoient nous approcher. Cependant nous rencontrâmes une de leurs chaloupes pleine de femmes Rentre lefquelles étoic la Reine avec fa fuite , qui ne nous eu* rent pas plutôt vus , qu’elles fe jetterent dans 1 eau. Nous eûmes le foin de les en retirer, & après leur avoir fait quelques eivilitez , elles eurent beaucoup d’amitié pour nous, i’ille de Bornéo ; qui elt fort grande & de AUTOUR DU MONDE. ét ügure ovale, s’étend depuis le 4. degre de la». tiVude Méridionale jufqu’aii 9. degre de la- titude Septentrionale, & va julqu au 11. de- gré de longitude. 11 y avoir autrefois deutf ‘Rois , celui du Nord & celui du Sud , mais le premier fut enfin vaincu par 1 autre , o C toute l’ifle fe vit réduite en une feule Monar-* chie. Il y a quantité de bons vivres , oC de marchandées de valeur, comme des diamans, du poivre , du camphre , de 1 ébene & du boic» marqueté. On y peut trouver aufîi du ge- roHe à un prix raifonnable , parce qu on y en apporte en fecret des ifles voifines. Il y a de gros Elephans , des tigres , des panthè- res, des léopards , des antilopes , oC dey fangliers *, niais les Naturels du pais , quî font Mahometans , ne mangent point de chair de cochon , ils ne boivent pas non plus de vin en public , & fi on les y attrape rie Rot les condamne d’abord à perdre la tere. Le Gouverneur Efpagnol de Maniiha a trouve tant de goût aux richefles de Bornéo , qu il a fait une Paix perpétuelle avec ce grand Mo- narque qui le harceloit beaucoup autrefois. Un des articles de leur Traité, porte : Que le Roi de Bornéo fera la guerre a toutes les tions ennemies du Roi d’EJpagnc- Nous n en riH mes pas plutôt avertis, que nous nous dî- mes bons Efpagnols , durant notre fejour ici. Les Naturels nous apportôient du poiH fon en quantité , des oranges , des limons , des mangos, des plantains , & des Pommes de pin. On y trouve d’ailleurs d excellentes Pierres de bezoar , du mufc , de la civet-* te » - n, Nous partîmes de cette petite îfle , qui elr ftuNord de Bornéo , vers la fin de l’année, oê ik VOY. DU CAP. COVVLEY itâf. J3ous courûmes Sud-Olieft vers les Mes de Naturah qui font à quatre degrez de latitude Septentrional. Il y en a une prodigieufe quan- tité ; mais noiis trouvâmes qu’elles n’ètoient frueres habitées , & nous n’y fîmes que peu dé fejour. Nous allâmes enfuite a l’iile de Ti- mon , ou nos gens devinrent fi factieux que JMr. Bill , moi & dix huit autres nous joignî- mes enfemble pour acheter une grofle chalou- pe , avec laquelle nous paffame^ àl’rfle de java’ qui ètoit à trois ce'ns lieues de dift'ance proche le Dérroit de la Sonde. Le hazard nous fit re- voir nôtre VailFeau , &: nous en rencontrâmes' ün Hoîlandois , dont le Maître nous dit que les Anglais a.voienr perdu Èantam. Nous a- vions alors !ë vent’ tout- à- fait oppofe pour aller à Batavia y de forte que nous tournâmes vers Çheribon , qui efl un comptoir des Hol- fandois à^lTft de Batavia, fur l’ifle de Java s; où nous fumes très-bien reçus du Gouverneur qui nous permit d’acheter tout ce qui nous;' plut 5 pour nôtre argent.: Nous aprimes ici la; trille nouvelle , que le Roi Charles II. étoir rhort en Angleterre, & que fon Frere, le Duo d’York lui avoir fuccedé à la Couronne ; ce qui me fit changer le nom de ce Duc , que j’a- voh donné à une Ifle dans la nier du Sud , en celui du Roi Jaques. D’ailleurs , je ne iaurois m’empêcher de remarquer ici , qu’à nôtre arrivée à Çheribon , il fe trouva que nous avions perdu un jour, & que c eroit le Di- manche , quoique nous crufïions après avoir tenu un compte exadl de chaque jour, que c’étoit le Samedi y ce qui vendit fans cloute de ce que nous avions pris le chemin de IfOlieft , au lieu que fi nous avions tourné & F£ll nous aurions gagné un jour. «ifc. AUTOUR DU MONDE. $£ Après nous erre rafraîchis quelque tems à Cheribon , nôtre Compagnie de vingt hom- mes fe partagea en trois corps , dont il y en eut deux qui réfolurent de palier a^erJ" gai. Le troifiéme compofé de Moniteur riul 5 d’nn autre 8c moi , prit la route de Batavia , où nous arrivâmes heureufement dans un Yaifleau que nous avions loiié pour cet effet s & où le General Mr. Jean Compaie, nous re- çût avec beaucoup de civilité. H nous pro- fit même de nous procurer notre pailage en Europe , 8c il nous tint parole en hom- me d’honneur. Cette Ville eff le Magafin des Hollandois pour les Indes;, elle dt tres- forte , enveloppée d’une bonne muraille de pierre ; 8c munie d’un château , qui cornman^ de toute la Place , revêtu.d’une double mu- raille 8c de plu fieu rs retranchemens. il y à d’ailleurs quatre magnifiques Cadrans , oc Fon y fait un grand commerce par toute la Chine ; aulïi plus de la moitié des habitans font-ils Chinois. L’Empereur qui gouverne Fille de Java 8c celles du voifinage , a ious lui divers Rois 8c Princes -, mais ils depen« dent cous des Hollandois , 8c ils n ofent fai- re ni Paix ni guerre, fans leur pcrmilhon0; Au relie , on avoir à Batavia la Couronne de l’Empereur en gage pour 500000. ni- dales qu’il leur devoir , 8c le General lui avoir envoie piufieurs Hollandois en compa- gnie pour recevoir cette foraine. Lors quils arrivèrent à japara, où l’Empereur tient la Cour, il les pria d’aller à la chambre de (on Confeil* Ils n’y furent pas plûtôt , qu on y mit le&u , 8c que des gens armez le tin- rent dehors pour tuer ceux qui èchaperoienÊ au* flammes : De lotte qu’il périt quatre. 4* CAP. COWLEY vingt Hollandois en cette occa/îon , dont les principaux étoient Mrs. François Vvan Tacfe £ JcremIe Van CJlier. On prétend que les Javanois enragez de ce que les Hollandois avoient enlevé de la Couronne de leur Mo- narque un joiau d’un prix- extraordinaire , en vinrent, a ce maflacre. Quoi qu’il en Toit on eut cette nouvelle à Batavia le 14 de Fé • vlik îf General é9u‘Pa quatre ou cinq 5 guette , pour aller demande! oné de Ce'ie ava,nle' Peut-être même nS cet accident il auroit emploie ces Yç\flrâuX n°nïre ie> Forc cî’-e Ies Anglois ont a S il le bar fur la coté Occidentale de Suma- tra. üu. -moins lors qu’une vingtaine d’An- voulûmes y aller les Ho an dois s y oppoferent: Non contens' de nous otcr la chaloupe que nous avions a- chetee pour faire ce trajet , & de ne nous rembourser que le prix de l’achat, fans au»' cun egard a la dépenfe que nous avions faite pour 1 appareiller , ils mirent en prifon ceux qui nous j av oient vendue , fous prétexte qu’il °r,d-f .donné dePuis cinquante ans , par lequel il etoit défendu à toute per- fonne des Comptoirs Hollandois de vendre âucune Chaloupe ou VaiiTeau à des Etrangers quels qu ils fu/Tenr. Mais nous découvrîmes bien-jot que leur véritable but tendoir à nous ?iTlphïeir dC renfo,rrcer„nos Compatriotes à Sillebar. Les cinq Vaiffeaux , dont je viens de parler , devaient s>; rendre pour exiger du Roi une grolfe fommé qu’il leur devoir , & accepter du poivre en paiement : de for- te que fi les Hollandois avoient exécuté ce deiiem , ils n auroient pas manqué de s’atti-' ier tout le commerce du poivre , 8c de ruiner 1&6. AUTOUR DU MONDE. % ty- pât'des voies indirectes, celui du Comptoir Anglois. D’ailleurs on me dit à Batavia , qupi que je ne le donne pas pour une chofe certai- ne, que cette partie de rifle d’Amboma dans les Indes Occidentales , où les Hollàn dois avoient fi maltraité les Anglois , étoit entier liment fubmergëe. CHAPITRE V. V Auteur fes deux Amis s embarquent pour paffep en Hollande. Du poiffon , & des courans qu Us trouvent. Découverte d'une terre haute. Le Capi- taine de lei^r Vaiff eau meurt* & l on en met un autre a fa place. Divers afpetts de la terre. Ils arrivent au Cap de bonne Lj'pcrance , oit ils aprenf nent des nouvelles de plusieurs endroits. Des Na - turels du pais. Us font, route vers la Haye de la Table. Af'pett de la terre. Leur ancrage, pefett* ptjon delà Ville. T>es Hotentots , de leurs habt • tâtions , de f impudence de leurs Femmes , de leurs habits , de leur teint , de leurs Mariages > de leur culte & de leurs enterrement. ÏL y avoit deux V aideaux dans la rade de Ba- tavia deltme? pour Hollande , fur 1 un des- quels nous nous embarquâmes tous rrois, 5C à la fortie du Porc nous y vime.s entrer le vaif- feau du Capitaine jean Eaton. Quoi qu U en foit , nous continuâmes nôtre route j mais le vent étoit fi forcé que nous tournâmes vers Bantam , pour y faire de nouvelles provi- fions. Après nous être munis de quelques va- ches , nous courûmes vers Tille du Prin- Ç£ où nous reftames trois femaines pour % ^ VOY. DU CAF. ÇOWLEY. igU. attendre un bon vent. Nous en partîmes vers k. fin du mois de Mars avec un vent de Nord- Oiidl : , & nous cinglâmes Qiieft-Sud- Oüeft pour le Cap de bonne Efperance. Le 18. de v Mai nous découvrîmes la pointe Primicra a douze lieues de nous au Nord Oüeft , qui elt une terré haute 8z plate, avec quelques petites montagnes de/Tus , & qui couit Sud- AJueir-quart- à-i Ouelt. Nous avions- alors le vent au JSÎord-Eft , & nous étions àjSo. mil- les du Cap. Je comptai que de Pille du Prin- ce nous étions à 74, degré quatre minutes de longitude, fans qu’on eut fait aucune obfer va- llon depuis le quiuze de ce mois. D’ailleurs, les poiiTonsqui avaient paru autour de notre vaifleau proche de Elije de Mona le trente de Mars 5 ne nous fuivoient plus lors que nous crûmes être arrivez à 32. degrez 47. min. de latitude Méridionale. Du 18. de Mai juiques au 19. nous ne fîmes que' 96. milles, mais apres 1 obfervation faite le zo. nous trouvâ- mes par nôtre iatitüdé qu’il y avoir un cou- rapide qui nous avoir fait dériver au Sud 54. milles plus loin que nôtre eftime ne portoic jcar nous crononsêtre à 33. deg.41. minutes dé latitude Méridionale , au lieu que nousétionsà 34. deg. 1^. min. après a^oir cou- ru 40. milles Sud Oüeft quart à l’Oüeft. Je railonnai là-deiîus avec le ccntre-Maître dm vaiileau , qui me dit qu'il lui étoit arrivé une rois d avoir mis à la cape dans ce pa- rage trois jours de fuite , avec le vent Oüeft &ud Oiielt 5 qu aiant pris fa hauteur il trou— va que fon vaifleau avoir dérivé zoo. milles d Angleterre au deflus du vent ; que la mê- me chofe arrive d’ordinaire à 3 6. degrez 37. minutes de latitude j que le courant porte AUTOUR DU MONDE. 2.H7 -quelquefois à l’Queft cV enfuiteà l’£Jt,& que la variation de l’Aigcïille efl:4ci de douze de- vrez à i’Oüeft. Nous n’avions point pris hau- teur depuis le fept de Mai , & lors que nous fumes à 18. degrez dix minutes de latitude , r& à 70. degrez de longitude , je trouvai que la variation étoit de vingt-Cinq degrez. Depuis le 10. jufques au 17- <*eTce mots il ne fe parta rien de remarquable. Nous eûmes ce dernier jour un vent force à 1 Ouelt oud- OLieft , de forte que nous mimes à la cape. >Jous étions à trente degrez deux minutes de latitude Méridionale quand nous fîmes la ter- re , qui nous parut fort haute , avec quantité de petites montagnes. Le courant, qui portoiç ici à l’tft , nous fait dériver de quarante mil- les, & nous en avions couru 91. au Nord , de- puis nôtre derniere ob'fervation. D ailleurs , les vents étoicnt fi furieux à 1 Ovielt oc & LOiieft quart au Notd, & la mer etoit fi grol- fe qu’il n’y eut pas rnoicn de porter aucune voile plufieurs jours de fuite. Nous comptions être alors à 94. milles du Continent , & a »e. degrez U. minutes de latitude. Quoi qu il en foit , le i 9. à. midi, iur ce que le vent tour- na à l’Oüeft-Sud Qiieft , nous cinglâmes Nord-QLieil, avec les voiles de perroquet déployées i mais le v ai fieau ne pur jamais fer- rer le vent d’aflez près , ni courir que Nord-, quart-à l’Oüeft. Ce qui redoubla nos pei- nes , c’eft que nous fumes réduits ce meme jour à une choptne d’eau par tête , oe que dans Taprehenfion de manquer le Cap , nous fîmes route vers Lille de Mayota ou Joan- ha ; outre que lel Capitaine fe trou voit ü mal de la goûte , qu’il en mourut cette nuit. Mr. ' 1 m YOY. DU CAP. COWLEY. -Canonicr 8c le Charpentier prirent d’abord un comote exact de tout ce qu’il laiifoit, pour le rendre à fa veuve , qui derneuroic à Mi- ôelbourgen Zelande. Le 30. à.dix heures du matin , nous fetta- mes Ton corps dans la mer , 8c les Officiers £e nos deux Vaiiîeaux , PAltda 8c le Kreitf- man tinrent Confeil , pour délibérer fur ce- lyi qu’on mettait à fa place. Il y fut refo- lu que le Capitaine Tominal -, qui com- mandoit le Kreitfman , commanderoit l’Ali- cia , 8c que le Pilote de celui-ci , nommé Hou- din j feroit premier Pilote de l’autre *, mais fur la répugnance que ce Pilote marqua à changer de Vailfeau , l'équipage prit fon par- ti , 8c ne voulut pas s’en défaire. Monfîeur Van-Heildin eut beau lui ordonner d’obcïr, Houdin s’en moqua ■, il lui reprocha même quelque defaut , 8c ils en vinrent tous deux à de grofles paroles. Le 1. de juin nous découvrîmes la terre à dix lieues ou environ de diftance. Elle pa- roiiToit au Nord-Nord- Eft comme une mon- tagne ronde 8c plate au fommet, avec unç autre plus petite à fon Eft, Nous avions eu un beau frais à l’Eft pendant 24. heures, 8C nôtre Vaifleau avoir cou ru huit nceuds en une demi minute jufqu’à ce matin à fîx heures , que le vent mollit , fe fît Nord. Le 2. nous arrivâmes devant le havre^du Cap de bonne- efperance , qui étoit à nôtre Eft' par un beau tems , & le vent au Nord , après avoir fait 25. lieues d’Angleterre vers le Nord , depuis hier à midi , 8c trouvé que la variation étoit de 6. degrez. Le 3. nous eû- mes le vent à l’Oiieft-Nord Oüeft , 8c nous eourumes Eft-ôud-Eft, pour entrer dans la \6*6. AUTOUR DU MONDE. 18* jufqu’à ce que nous eufïions pafle là pointe de terre i alors nous fîmes Sud-Lft quart à- l’Eft , après cela Sud-Eft une demi-heure , avec peu de vent , & à fîx heures du foie nous ancrâmes devant le Château , à neuf brafT s d’eau. Il y a une Ifle baffe dans la Baye , de l’on peut pafferde l’un ou de l’autre côté fans rifque. A quelque diftance de cette Iflp , on voit un rocher , au Sud duquel nous vîmes fept vaiffeaux, à. l’ancre, dont fîx étoient deltinez pour les Indes , de un devoit retourner en Hollande. Depuis trois jours nous avions été féparez du Kreighs- man ; mais cet après midi nous découvrîmes un vai fléau en mer, que nous crûmes être le même. Quoi qu’il en foit, nous ap-ri mes ici que le vaiflêau , la Françoife-Mane , s’étoit perdu avec 400. hommes quhl avoir à bord j que le Roi Jaques avoir pris & fait décapi- ter le Duc de Monmouth ; que nous aurions bien-tôt la guerre avec la France \ qu’une Ca- raque Portugaife avoir échoué fur le RefTif avec quatre millions de florins en or , que le Roi de Siam envoioit au Roi de Portu- gal , de qu’enfin quatre vaiffeaux Hollandois avoient donné fur le même Reflif , où l’on n’avoit jamais vû fî peu d’eau , qu’il y en avoit alors. Nous vimes ce même jour quatre naturels du pais , les plus vilains & les plus fa- les hommes que j’aie vus de ma vie j ils n’a- voient autre chofe , pour couvrir leur nudité, qu’une peau de mouron fur le tjos , ils dan- çoient d’une maniéré fort indefeente , de ils offroient leurs femmes aux Hollandpis pour un morceau de tabac en corde. Nous ne reliâmes ici que jufqu’au lende- main , qu’à la favçur du yçnt de Nord , nous Tome K $ eotf- i9o VOY. DU CAP. COWLEY i6%*. courûmes vers la Baye de la Table , que nous avions à notre Eft. Au Nord de la montagne de la Table, & de la pointe baffe & plate , dont l’afped reflemble à celui du Cap Mé- ridional d'Angleterre,!! y a deux petites mon- tagnes i mais Ta terre , qui eft au Sud, couver- te de petites hauteurs , eft prefque deux tiers plus haute que la montagne de la Table , &C àu Sud de cette terre * 11 y a une montagne ronde , qui forme la Baye du bois. La terre la plus Septentrionale eft apellée la monta- gne ou la tête du Lion 3 detriere laquelle on en voit une autre qui porte le nom de là mon- tagne du Diable; Depuis rifle du Prince , j’a- vois couru en longitude Si. deg. àï- minutes. Mais le vaifteau avqit fait 3. deg. de plus con- tre nôtre atcnte , fl là longitude eft bien mar- quée dans les Cartes , ce qui n’eft pas trop fur ; du moins je croioi§ avoir eftimé 4 deg. de plus de l’ayant , & il fe trouva que le vaifleau avoir fait 3. deg. de plus que mon eftime. D’ail- leurs, le Cap o’eft qu’a 34- deg. 10. min. de latitude Méridionale , quoi qu’il foit|mis d’or- dinaire à 34. deg. 30. min. •’ ' Le 5. de ce mois je notai le fîllage du yaif- fea q , fans avoir aucun égard àia variation de j’aiguille , qu’une de nos Bouffoles marquoit depuis quelque tem$ être de if. degrez , quoi qu’elle ne fût que de 7. ainfi noüs couruméà qans la Baye Sud , 71. deg. Éft. Lors quç iipus eûmes ancré à 5?. brades d!eau ,1e fom- met de la montagbe du Lion étoit à nôtr$ Qlieft Sud Oljeft T mais fi rious avions mouil- lé plus près du bord, l’ancrage aurqit été meil- leur, èi nou 'i aurions eu je fommet de cette liîQntàgne à j’Oiieft-quart-'au^ud-Qiieft f & îtfît. AUTOUR DU MONDE. içt Le 4. de Juin * mes deux amis & moi nous rendîmes à terre , pour voir la Ville que las idollandois y ont. Il n’y a. guere plus d’une centaine de maifons > toutes Tort balles , à eau- fe de la violence des vents qui régnent ici dans les mois de Décembre, de Janvier &c de Février. Le Chateau en efl: très fort , ÔC il y peut avoir 80. pièces de canon en bate- rie. Le Jardin de la Compagnie des Indes Orientales eft vafte ôc magnifique j il furpalfè de beaucoup celui que la même Compagnie entretient à Batavia •, on y voit de belles AU îées , prelque toute forte de fruits , &: d excel- lais herbages : il peut avoir un mille .d’An- gleterre en longueur , & cent vingt-cmq pas de large. C’eft aufli la plus grande curiofité qu’ily ait au Cap. D’ailleurs , il y a quanti- té de bêtes à laine, dont la chair elt d’un goût exquis j mais peu de gros bétail, de vo- laille. Nous fumes aufîi nous promener à un Village voifin , habité pat les Hotentots , qui ne font guère moins puants que leurs cabanes , &: dont nous eûmes beaucoup de peine à foutenir la mauvaife odeur. Us bâ- ti fient ces loges en rond , avec le foier au milieu , à peu près comme les hutes de nos Jrlandois j ils y couchent tous dans les cen- dres , &C n’ont fous eux qu’une fimpie peau de mouton. . Ce qu'ü y a de plus étrange s c’efl: que les hommes ne paroilTent avoir qu’un feul tefti- cule , & que les femmes ont une peau natu- relle qui couvre leur nudité -, mais elles font fi innocentes , où plutôt 11 abruties, qu’el- les ne fe font aucune peine de fe prcfhtuer â tout le monde , ou dé faire tout ce que l’on veut , pour la moindre petite récompenfe. Jç» N a f\ pç 29i VOY. DU CAP. COWLEY \6U, ne dis rien à cet égard , donc je ne fufle le témoin oculaire. Les Hotentocs n’ont point du tout de jaloufie, pourvu que leurs femme? couchtnt avec un étranger > mais ils les bâ- tent , s’il leur arrive d’accorder la même fa- veur à quelqu’un de leur nation. Lors mê- me qu’un Efclave de la compagnie veut jouir d’une de ces femmes , il n’a qu’à donner un morceau de tabac de la longueur de trois pou- ces à fon mari 5 lien elt d’abord le maître , & le bon Hotentot ne manque pas de la lui ame- ner fur le champ. Outre là peau de mouton , qu ils portent fur le dos , ils fe couyrent la tçte d’un bonnet de cuir , fort gros & fort faie , & ils s’entortil? lent lçs jambes , depuis la cheville jufques au genou , avec des boiaux de bêtes. Ils font blancs naturellement » mais ils fe noircifîcnt avec de la fuie & fe graiifent par tout le corps t de forte qu’à la longue , ils deviennent prefque autfi noirs que les Negres, Us font d’ailleurs affez bien taillez dans leur enfan- ce, quoi qu’ils aient le nez fait à peu près comme celui des Negres, Lors qu’une fille fe marie, elle fe coupe une jointure d’un de fes doigts j fi fon mari meurt & qu’elle en prenne un fécond , elle perd une autre jointu- fe ; en un mot , elle perd autant de joinrn- res , qu’elle èpoufe de nouveaux n#ris. Ces Hocentots mangent toute forte de vi- îainies ; dès que les Hollandais tuent une bere, ils en faifilfent les boiaux, & après en avoi r fait fortir les excremens, fans les laver mies net- toier , ils les mettent fur la braife , tk à peine ont- ils fenti la chaleur > qu’ils les avalent. Pour ce qui regarde leur culte , ils adorent la lune , & quand ils attendent fon lever , iM. AÜTOUR DÜ MONDE. 295 ils fe rendent en foule furie bord de lamer, ou 4ils danfent &C chantent à gorge déploiëe; mais fi les nuages leur en dérobent la vue , & qu ef“ le ne paroifle point , ils difent qu’elle eft irri- tée contr’eux. , Pendant que nous étions ici , il arriva qu un de ces Hotentots bût fi bien au Fort , quil en creva. Là-delîùs , fes compatriotes s y ren- dirent, & après lui avoir mis du lait & de l’huile dans la bouche , fans quil en revint, ils firent des préparatifs pour l’enterrer. Us le raclèrent d’abord jufques à la chair vive avec des couteaux , &c ils le mirent fur fon feant dans une grande fofle , où ils jetterent dés pierres pour le tenir dans cette polture j enfuite une troupe de femmes vint hurler &c pou fier des cris lamentables autour de la fofle , qui fut alors comblée. . Le 6. de Juin , nous eûmes un vent frais de Nord-Quelt , & un vaifleau d’environ 800. Tonneaux, nommé le Sperdyk, qui venoit d’Amlterdam , arriva dans la Baye. Le 7. le même vent continua ; nous calfatâmes nôtre vaifleau entre les ponts, & nous mimes des jumelles au mât de mifaine. Le 8. le vent fe mit auNord-Oüelt quart-au-Nord > & foufla durant vingt -quatre heures avec beaucoup de violence, tout droit dans la Baye \ il y eut un brouillard fort épais; nous trans- portâmes nos barriques d’eau fur le tillac , à travers la grande écoutille , & nous fi- nies nettoier les Vitonnieres du vaifleau. Le 9. nous eûmes encore un tems embrumé , avec un petit vent de Nord-Oüell: 8ç nous commençâmes à remplir nos barriques pour je voiage. Le 10. le brouillard fut fi épais , qu’il reflembloû à une petite pluie , & le N 3 kvenc iî>4 VOY. DU CAP. COWLEY MU. Vent /oufla du meme point. Nous avions «eja 3 fendirent à notre bord , avec quelques gros moutons ,• qu ils avoient fauve du naufrage. Le vaiflêau , nommé la Bourfe d’Amllerdam , mit aufll a la voile pour Batavia , & nous falua de neuf coups de canon. Le 12. le vent demeu- ra fixé au meme endroit , & le vaifleau , nom-* me le Clou de GiroBe.de Delft , partit pouE Batavia : Nous achevâmes ce jour de remplir nos barriques d’eau > & nous envoiames nô- tre chaloupe à terre , pour faire du bois. Le 13, nous en eûmes toute nôtre provifion, ÔC nous étions prêts à mettre en mef par le pre- mier beau temsj mais la brume s’y oppofa , Sc Je vent tourna au Nord-Oikft. Un vaif- feau , nommé la Carguaifon de Fleflîngue, monté de 60. pièces de canon , de 80. hom- mes d’équipage , & du port de 1400. ton^ neaux, entra ce jour dans la Baye. Le 14* 3e vent refta au même coin , & nous eûmes un rems fort fombre. Quoiqu'il en foit , nous avions tout nôtre monde à bord , & il fe trou- va parmi nous un Gentilhomme, qui avoir iervi dans l’Armée du Duc de Montmouth « Il nous raconta plufieurs particularitez de la bataille , & il nous dit bien des choies , qu’ii n’eft pas à propos d’inferer ici. Us partent du Cap pour fe rendre en Uollande. La route qu iis tiennent & les nouvelles qu ils apren - lient en chemin. D’une voix quils enunairent en mer. D’une chèvre qui mit bas fur le vaijjeau. ^ La mort d’un de leurs hommes , &c. Ils payent a la vile de lbijle de l'jifctnfion. Ils examinent leur Capitaine dans un tonfeïl de guerre & le dé- clarent innocent du crime dont on l accufoit.^ Ce Capitaine meurt , & f on en met un autre a fa place. Des bancs de fable qu on nomme les jlbrot- tios , & qui ne fe trouvent pas à la hauteur ,ou les Cartes les marquent. D’un courant fort rapide. J/s perdent terre & la- découvrent enfuite. Ils tou- chent a Varley , & rencontrent un vaiffeau Ecojfois , dont f équipage leur dit quelques nouvelles. On. nç voulut pas foufrir que l* Auteur fe mit a bord d'un vaiifjeau „ Àng/ois deftine pour Londres. Il ar- rive d Helvoet- S/uice , d ou il^pajfe a Roter- dam , & s’y embarque fur l'Yacht > nomme f Anne'. LE iç. de Juin , nous fîmes voiles, par un petit vent de Sud -Üueft , à huit heures du matin , avec cinq autres vaiffeaux , dont il ÿ avoit trois deftinez pour Hollande , c ell- à-dire, l’Alida, le Kreighsman & les Ora- melandes , qui vendit de Bengal. Les trois autres , qui alloient à Batavia , croient le Cowmbourg , le Rocker & le Toleler. A deux heures après midi , nous nous fépara- mes les uns des autres, au milieu des fan- iez qii’on bût § ôc de trois cens coups de ca- N 4 non > J ** V9Y PU CAP. COWLEY. ,6te. ùtïit de'‘;un °u de SS de I* T^i ■he”“d"mar,n> la montagne de la Table ecoit a notre Sud-Eft quart au Sud , a dix lieues de diftance , & après avoir epuru Nord-Oued jufques à midi , il 1 ?rou! va que nous avions fait quinze milles, & AV n°tre d|?3rt’ Le vent s’éroit afoi- bli & tourne au Nord-Oueft j de forte que àrOîS°ïlS faltrroutJaiJNord OLiefl: qulrt f L! f? ih 11 ne fe Pa/fa rlen de remarquable jufques au 19. de ce mois, que nous eûmes r^iHentçaU Sud-Êfl:j. & ^le nous fîmes & fnnc ; fatlS aVGlr Prls hauteur 5 î eftimai que Tn^ ka aS a I9,' deFrez H. minutes de lati- tude Méridionale, fous le 21. degré 16. min. nnrc°!lgI^de j & qUe, ftOUS avio"s couru de“ PU/^ e. ^aP 5>!4* milles. Je m’entretins ce meme jour avec un Anglois , qui avoir fèrvi quelque tems fur un vaifïeau Hollandois de ia compagnie des Indes Orientales , & qui me dit qu il s étoit trouvé avec deux vaif- feaux Anglois , dont l’un fe nommoir la Ré- solution 8c 1 autre la Défenfe , qui venoienf de la cote de Coromandel ; mais qu’il en avoit ete fepare par la tempête , 8c que le premier etoit fi plein de voies d’eau , qu’on avoit beaucoup de peine à le tenir à flot. D’ailleurs - îl m aprit qu’il y avoit quelques Anglois Ca- pitaines de vaiffeau , qui s’étoienc mis aiï lervice dm Roi de Siam , pour croifer fur 1 P*Ie«ts du R°i .de Keîling-Candagh ; que Jes Mores n avoient aucun égard pour la compagnie Angloife des Indes" Orientales* mais ^qu ils encourageoient les Interlopes , 8c qu un certain Mr. Deane , qui étoit le Chef des Interlopes Anglois , vivoit avec tant d’é- clat 5 qu il ne fortoic jamais fans être accom- pagné i*88 VOY. DU GAP. COWLtY ,6%e, degre 32. minutes. Le tems étoit beau, de nous perdîmes un Danois , qui étoit déjà vieux 11 mourutde nuit , de quelques- uns de l’équipa- ge ne s’en aperçurent pas plutôt qu’ils apel- Jerent le Miniftre & le Chirurgien à fon re- cours, pendant que d’autres s’occupoient à piller Ton cofre , mais iis ne joiiïrenr pas de leur vol , puis qu’on les obligea de refticues d abord tout ce qu’ils avoient pris. Le 11. nous ar ri vâmes à FI fie de F AÆenfîon* & nous en partimes le lendemain. Il ne fe pafTa rien d’extraordinaire jufques au 20. que par un vent d’Eft Sud-Eft, nous fîmes 92, milles , après avoir porté le Cap au Nord , 45» degrez , avec nôtre départ 6 y. milles. Nous avions déjà pafTé la ligne, de trouvé que nous étions fous le iç . degré de latitude Septentrio- nale. Ce fut alors qu’on aflemblaun Confeil de Guerre pour examiner nôtre Capitaine, accu/e d’avoir loué cinq hommes pour affa£ iïner un Gentilhomme de fa femme , ave® ' quelques autres perfonnes qui étoient abord , & d’avoir réfolu de s enfuir enfui te avec le vaiffeau. Le municionaire étoit fon principal aceu/âteur , mais il fe trouva au bout du com- pte qu’il ne pouvoir rien prouver , de que c’é- toit un maraut , qui eut l’impudence de nier tout ce qu’il a voit dit à cet égard. Le 22. de ce mois, nous fines ^o. milles par un vent d’Efl Sud- Elt : Nous avions cou- ru au Nord, 4 6. degrez Qtieft , de i 1 te trou- va que nous étions à 2, degrez 25. min. réfolu de faire le tour de l’Ecoffe pour me rendre en Hollande , j,e paffai au delà de foixante degrez au Nord , ce -qui eft affez avant , quoi que cela ne foit pas fort extraordinaire. Le 1. d’Aofu nous eûmes le vent au Sud- Oüeffc , un beau frais , & fans qu’on prit hau- teur, on jugea par eftime que nous étions fous le 10. degré ^8. minutes de Latitude Septen- trionale. Ce matin le Capitaine Tominal mourut , après avoir eu la Colique durant trois jours. Son premier Pilote fut choifi pour lui fucceder *> mais il y eut quelques oppofï- tions, qui furent levées par i’entremife de nos deux autres Capitaines. Le 4. de ce mois on crut que nous étions à ji. lieues des bancs de fable , qu’on apelle Abrottios, 5c qui font marquez dans les Car- tes fous le 13. degré de latitude Septentrio- nale. Pour moi , je regarde ces bancs com- me chimériques , & je n’ai jamais trouvé perfonne qui les eut vûs. j’ai, même oui di- re à un Portugais , qui avoir fait feize voia- ges au Brefîl , en qualité de Pilote de la Carra- que du Roi de Portugal , qu’il n’y avoir rien de tel , & di vers Hollandois, qui avoient tenu plufieurs fois cette route en allant aux Indes N 6 Qrien- ?oo voy, du Cap. cowley i as. Orientales , ou à leur retour , me l’ont auiîî confirmé. Le 5. de Septembre , vers les dix heures du foir,nous eûmes une rude tempête, 8c peu s’en fallu que nôtre vaiffeâu ne tombât fur le Kreighsman. Pour l’éviter , nous fumes obligez de tourner toutes nos voiles vers l’ar- riere 3 ce qui nous mit en danger de couler à fond, ou de perdre nôtre grand mât, mais par bonheur nous fortimes de ce péril. Le i5>. fur le midi , lors que le tems corn- mençoit à s’éclaircir un peu , deux autres 8c moi découvrîmes la terre , que je pris pour Tille de Shetland ; mais nôtre Capitaine pré- tendit que nous avions la berlue. Cependant à fix heures du foir l’équipage de Kreighs- man l’a découvrit auiîî 8c nous en donna le îîgnal ; ce qui fit enrager nôtre Capitaine , qui ne vouloir pas le croire. Là-deifus , nos gens fe mirent à éclater de rire 8c à fe moquer de lui ; ce qui augmenta fon embarras. Quoi cju’il en fbit , le 20. à fix heures du foir , nous vimes la terre au Sud-Eft-quart-à l’Eft , à 15. lieues de nous ou environ , autant que je le pus conjecturer. ^Le 22. nous atteignîmes l’Ifie de Farley , & le 2Ç. nous eûmes le vent de tous les points de la Bouflole. Après avoir fait ce jour 32. milles Sud-Sud-Oiieft , nous eûmes 30. brafles d’eau , entre l’Oüeft du Dogger- Banc 8c le Welljnous jugeâmes, fans avoir pris hauteur , que nous étions fous le 54. deg. 32. min. de latitude Septentrionale 3 mais le tems étoit fi embrumé , qu’un vaififeau Ecoifois vint tomber fur nous 3 en forte que nous n’aurions pas manqué de. le couler à fond , fi nous n’a- vions auiîltôt ferlé nos voiles. Il y eut même deux ,6ZS. AUTOUR DU MONDE. ,?°i deux de Tes palfagers , qui i'aurerent fur notre bord, pour fe garantir du péril ; mais 1 s eu- rent plus de peur que de mal. Ce Vailleau étoit le Lion de Lenh , 6c l’équipage nous dit , qu’il y avoit des Corfaires Turcs dans la rade de Plvmouthauflî-bien qu’àDarmoutn > qu’ils y faifoient des vivres , s’y mettoient a la carène , 6c qu’ils avoient déjfa pris plus de cent navires Hollandois , avec un vaifleau de guerre de xo- pièces de canon. Tout cela le trouva faux , 6c ne paroiffoit invente que pour rendre les ^nglois odieux. Le 16. bous fîmes 66. milles pat un vent d’Lft-Sud-Eft , 6c nous nous trouvâmes lous le u. degré minutes de latitude Septen- trionale. Nous eûmes ici 19. brafles d eau , 3c je crus que nous étions fur le Wdl-Banc. Quoi qu’il en foit , nous joignîmes deux vaii- feauxd’un Danois 6c l’autre Anglois,qui apar- tenoit à Londres 6c avoit pour maître un cer- tain Radford , habitué au bas Shadwel , ou U logeoit dans un cabaret à l’Enfeigne de la ba- leine. Te lui remis mon quart de Cercle , oc i’aurois bien voulu pafler fur fon bord avec mes deux camarades 5 mais le Seigneur Hol- landois, qui étoit avec nous , s’y oppofa , lous prétexte oue s’il venoit à le permettre , il ne pourroit point fe juftifïer là-deffus auprès des Etats. -, Le 27. il fît beau , 6c nous courûmes 9 .mil- les au Sud avec peu de vent j c’elt-à-dire , que nous étions par eftime fous le 5$. deg. 26. min. de latitude. Le 28- nous nous rendî- mes devant la Meufe par un vent d Elt Nord- Eft , 6c dès qu’il fut jour , nous aperçûmes 1 t- clifede la Brille 6c le Banc de Grave :enfuite nous mouillâmes à dix brades d’eau, jufqu * ce qu un Î01 v. DU C. COW. AUT. &c. itU. qu’un Pilote Lamaneur vint à nôtre bord , pour nous conduire dans la Meule. Le 25?. nous traverfames ce Banc de fable , qu’on trouve dans le Canal qui mène à Helvoer- Sluice , où nous eûmes quatre brades d'eau en pleine Marée. Le 30. nous mimes dans ce dernier Port après avoir été fept mois deüa- tavia ici. Au bout de trois jours , un de mes deux amis y mourut, 8c je me rendis à Ro- terdam , où je m’embarquai fur le Yacht nommée l’Anne : de forte que , par la bonté infinie de Dieu , j’arrivai à Londres le 12. du mois d’Oétobre. F I N. Voyage t D U LEVANT, PAR Mt ROBERT- X / C YPRE et- Zt terrel? £?~7n e Oaramaotk TTùïIe'r /? '(In# le terre . VOYAGE D U LEVANT. PAR Mr* ROBERT- ji’vec un détail du mauvais traitement éjuil reçut des Corfaires > & de lent vie infâme ; de la prife & de la perte de Scio , & U Description des Ifes dû l’archipel, E u.de Juin, le vaifleau que je mon- lois , nommé la frégate Arcana oC loiiê pour lefcrvicedeSa Majdte 3 coula à fonds dans lè Havre de Nio* où il étoit à la caréné. Comme il n y avoit que dix fept pieds d’eau en cet endroit s 6c que j’avois à bord des effets pouf une 10m- me confidérable , j’efperai d’en pouvoir reti- rer quelque ehofe y de foite que je reltai icr ✓ jcf VOYAGE DÛ LEVANT , i/Toi. après la plupart de nos g,ens , qui Te remirent en mer fur un vaifleau François que nous â- ^ibns .pris. Le 13. je cbnvins avec un Grec . , pour mon paflage à Scio * d’où je pôuvois al- ler â Sinirne , & de là retourner en Angleter- re. Le iç. un Pirate vint mouiller dans ce ha- vre , 8c il envoia d’abord fa chaloupe à terre , pour y le ver du monde : Cinq de nos hommes, qui n’étoietn point partis avec les autres * fe laiflerent gagner par ces belles promefles , 6c lui parlèrent même de moi. Là-deflus, il mit quelques-uns de Tes ellafiers en campagne pour me chercher , 8c l’un d’eux , qui étoit Génois 4 ne m’eut pas plûtôc Rencontre , qu’il rxi’em- braiTa 8t m’a{3pella par mon Nom -, qudi que je ne l’eu de vu de ma vie. D’aiHeurs , il vou- lut m’engager à boire avec lui ; mais infor- mé de fon deflein , 8c des cruautez qu’on exer- ce fur les vaifleaux Pirates , je lui refufai tout net *, de forte qu’après avoir emploié; inuti- lement toutes^ fes tufes , il fe retira. Le foir même , un Anglois , nommé Dawes natif de Saltafh en Cornouaille , fut détache ppur me livrer un nouvel aflaut , màis il d’eut pas Un meilleur fuccês que Ion camafade. Ce malheureux , qui avoit fervir huit ans fut ce Pirate , 8c que nous avions tiré pour venir à bord de nôtre vaifleau 3 y étoit retourné de- puis quelque rems , 8c peut-être qu’il y eft: encore. Un Danois vint enfuite à la char- ge, pour eflaier de me leurrer : Après celui- ci , un Livournois me porta une lettre du Ca- pitaine , qui m’offroit monts 8c merveilles , i\ jevoulois être fon Canonnier y mais je fus inaeceflible à routes leurs promefles* Quoi qu’il en foie , le 1 6. de Juin , prêt â m’embarquer pour Scio, douze marauts^entre f iêçi PAR Mr. ROBERT. ?°7 ldqùels Te trouvoit l’honêre homme Dawes* qui m’attendoient derrière les rqchers du ri- vage > vinrent the fàifir tout d'un coup , oC tne tranfporterent à bord du Pirate 5 ou je ne fus pas plutôt monté , qu’un eftaner me mit u ne. chaîne à la jambe, fans que peffonne me dit un fcül mop. Au bout dé cinq jours, le Capitaine , que je n’avois paS encore vu , me demanda , fi je voulois bien le fervir , o C fur ce que je lui répondis , que non , il me traita de Cane & de Lutherano , avec mena- ces , qu’il me ferôit laifler mes os dans 1 Ar- chipel , fous prétexte que j’avois forme le def- fein d'aller en Turquie ^our le trahir, j eus beau l’afiuref que cette penfée ne m etoit ja- mais venuë dans l’efprit , que je ne faurois même de q’uelle, maniéré m y prendre pouf l’executer , puis que je n’avois aucune liailort dans cè païs-là *, niais que lés Grecs y rrafi- quoient tous lés jours , Sc qu’ils pourroient bien y donner des intelligentes à fon egard $ tourcêla ne fit aucune imprefifion fur un hom- me , qui favoit qüe dans ces îfîes infortunées il n’y âutoit d’autre juftice pour moi, que délié qu’il lui plairoit de me taire \ de iorte que je fus réduit à demeurer fur fon bord , malgré moi & mes dents. D’ailleurs, il m or- froit jufques à dix écus, que je ne voulus pas accepter , par le confeil d’urî^ami , qui m’aflura qu’il me relachéroit bientôt , fi je ne prenois tien. , .. Cependant , nous mimes en mer , ou U me fit ôter ma chaîne , & m’ordonna de gou- verner le vaiiTeau. Après avoir joui trois mois de ce polie , occupé à courir , non pas lue les vaiHèaux Turcs , mais fur les Saïques des Grecs , ou tout autre petit navire qui 0 VOYAGE DU LEVANT s têçi. fe trouvoit en chemin , je fus honoré , s’il vous plaît , de la charge de Maître Canonnier, à la place d’un vieux Livournois, âgé de foi- xante ans , que je Capitaine avoit batu à dos & à ventre. Jufques-ici j’avois eu la table du Lieutenant i mais je fus admif enfuite, com- me cela fe pratique fur tous les vaiffeaux Ita- liens , à celle de Moniîeur le Capitaine, qui m’affura plus d’une fois que j’aurois tous les pierriers que nous prendrions , Sc qui dé- voient auilï m aparrênir de droit. Avec tout cela, pour pierriers & 70. gargouffes , qui nous tombèrent entre les mains , durant mes feize mois de feîvice, je ne touchai que deux écus & fept réales. D’ailleurs , afin de me rendre cette efpece d’efclavage plus fuporta- ble , je m’apliquai à l’étude du Grec ôc dii Turc, par le moien d’un garçon' Grec , qui m etoit aloué & qui entendoit la derniere de çes deux langues, de même que l’Italien , qui ne m’étoit pas inconnu. J’obfervois aulîi £e qu’il y avoit digne de remarque , foit à l’égard des Ifles, des Ports , des rades , ou des differentes profondeurs , Sc je n’oubliois pas de le mettre fur le papier. De cette ma- niéré , j’aquerois tous les jours de nouvelles tonnoiffances j & je paffois le terns avec plus de douceur. Pour ce qui regarde la vie qu’un pauvre matelot mène ici , il n’y a rien de plus tri- lle , ni de plus malheureux. Quand ils font dans un Port , on les occupe à fortir le balaft du vaiffeau & à l’y remettre , à charrier du bois fur le dos , ou des barrils pleins d’eau , l’efpace d’un gros demi mille , à tranfporter les ancres avec la chaloupe , tantôt d’un cô- té 3c tantôt de l’autre , à changer les amarres PAR Mr. ROBERT. 309 & à les faire fecher 5, en un mot , ils ne lonc jamais en repos. Mais quoi que leur travail Voit fore rude , ils n’en font pas mieux nour- ris. Nous avions à bord un maître valet , qui étoit manchot , &c qui dillribuoit auffi chi- chement le pain qu’il nous donnoit trois fois par jour , fans l’accompagner d'autre chofe. Il eft vrai que les Dimanches & les Jeudis on nous régaloit d’une chaudière de Fèves , bien falées , & où l’on mettoit quelquefois un demi fétiej d’huile , pendant qu elles cul- foient. D’ailleurs, ceux qui, pour s inhnuer dans les bonnes grâces de cet honnete- hom- me , lui faifoient des raports contre le tiers le quart , afin qu’il le redit au Capitaine s en atttapoient upé fardine -, ce qui étoit une grande faveur, A cela près , tout le tems que pous étions en pier , nous n’avions que dq pain fec *, mais lors qu’arrivez à l’ifle de Rho- des , ou à celle de Cypre , nous avions le bon- heur d’enlever quelque bêté à corne , ce qui nous arrivoit fouvent on nous en laifloit les entrailles , pendant que Moniteur le Capitai- ne mangeoit> chair , dont nous ne gouttons pas un brin , jufqu’à ce qu’elle fut puante. Du refte , lots que nous voulions rançon- ner quelque yaifîeau,nous ne le marchandions guéres , nous venions aufïitôt à l’abordage avec nos chaloupes , & nous avions tout le tems qu’il falofc, pour le bien piller : Enfui- te nous retournions à bord avec nôtre butin fans que personne s’en formalifàt. Mais trois ou quatre jours après , on nous apelloit tous fur le tillac i alors le Lieutenant , le fécond contre Maître, èc celui qui avoir foin de^ efclaves décendoient à fond de cale , où ils renverfoient tous nos facs Ôc no? paniers ? JIO VOYAGE DU LEVANT, (car pour des coffres , li n’y en avoir qu’un feul dans rout Je vaifïeau , ) & portoient à Monfîeur le Capitaine cour ce qu’ils y avoient trouvé. S’il y avqie quelque chofe de h moin- dre valeur , ne fur ce que d’un écu , & qu’un pauvre macelot le redamat,le Capitaine avoir ia bonté de lui dire, qu’il ordonneroitau mai- gre valet de le garder pour fon ufàge ; mais celui-ci le gardoit fi bien , que Eautre ne le yoioit plus de là vie. Ce n'ell pas tout , la plupart de ces mifé.rables n’ont que de vieux haillons pour couvrir leur nudité ; ils cou- chent tous fur de bonnes planches , les plus molles qu’ils puifient trouver , & il yen avoir line quarantaine â bord, qui me jurèrent qu’ils h’avoient porté ni fouliers ni bas , depuis huir années. Les vaiffeaux Pirates ont aufïi à: bord ce qu’ils appellent des volontaires , qui font de francs fcelerat^ & les fauteurs de toutes les àvanies qu’on y exerce : Us fervent d efpioiis fur le refte de l’équipage , où on les entrelar- de , afin qu’lis raportent tout ce qui s’y paf- fe. Chaque Pirate en a quarante ou environ , dont une bande mange avec le Capitaine , une autre avec le Lieutenant , une troifiéme avec le Maître valet , &c une quatrième avec le contre Maître. Ils font tous à la dévotion du Capitaine, qui fe repofe entièrement fur eux , & qui ne doit pas craindre qu’ils l’a- handonnent , quand même il les roueroit dé coups, parce que ce font des bandits, dont les uns ©nf mérité les Galeres pour caufe de vol & les autres le fagot pour crime de So- domie; qui n’oferoient retourner dans leur païs , & qui profitent prefque feuls de tour |e pillage qu’on fait. On s’étonnera peüe- ' r ' * être xCr- PAR Mr- ROBFRT. $4 être de ce que les révoltes ne font pas plus fréquentes fur ces vaifl'caux -, mais il n’y eq arrive que par le manque de ces coupe jar- rets > Lors que leur nombre eft complet , U ell impoiTible de rien exeputer : ils font tou- jours à vos trouves $C ne vous perdent ja- triais de vue j de forte que fi quelqu’un dit la moindre chofe de travers , le Capitaine en efl: d’abord informé , èc le criminel elt puni feve- tement , s’il n’elt pas même envoie pour iùç mois à fond de cale , avec les efclaves ôc les fers aux pieds» Vous me direz là deftîis que les matelots pourrqient bien s’enfuit , quandils Vont quelque part à terre : Mais cela n’eft pas faifable dans ces lilcs de l’Archipel , fi l’on en excepte Melo,dont les habitans ne veu- lent pas être les dupes des' Pirates : Sur tou? tes les autres , dés qu’un homme s’y cft ca- ché , le Lieutenant va faifir dix ou douze Prêtres Grecs i qui font les perfonnes les plus confidêrées du païs , 6c les amène à bord du yaifleau > où le Capitaine les menace de les enchaîner pour toute leur viè ÿ s’ils ne lui ren- dent pas fort homme : Auiïitôt ils envoient leurs ordres, & deux ou trois cens des In- fuleres fe mettent en campagne , jufq.u’à ce qu’ils aient trouvé le déferteur,§c qüfils l’aienç îemis auPirare. Alors ce pauyre diable ne man<- que prefqüe jamais d’être attaché à là grande vergue, d’y recevoir l’elfrapade , ôc d’être con- damné enfuite à la chaîne pour neuf ou dix jmois. Du relie , ces Grecs font fi perfides 8ç ils ont Lame fi vénale , que fi quelqu’un de ce$ matelots a gagné par hazard une dizaine d’é- cus,6c qu’il en prie l’un pu l’âutte de lescachep pour fon ufage, celui- ci ne fe fait pas fcrupule 8 pour la valeur cfun écu qu’pn ]ql donnera, d’en VOYAGE DU LEVANT, avertir le Capitaine , qui va d’abord fur les lieux , & enleve le petit trefor caché , fans qu’on foupçonne même le perfide Grec de lui avoit tenu la main. Voici de quelle maniéré un vailfeau Pira» te s’équipe à Livourne ; il fe tient dans le Mole , 8c le Capitaine , par fes intrigues , ou lès amis , tire quelques Icelerats de la prifon , d’autres des étuves , quelques fugitifs de Gê- nes 8c plusieurs dé Corfe. Il fe met en fuite en rade avec çes volontaires , qui font pref- que la moitié de fon équipage. Quelques-uns ,de ceux-ci , qui peuvent aider à terre fans beaucoup de rifque , s* y rendent , 8c vont de cabaret en cabaret , pour engager les novi- ces ou les faineans qu'ils y trouvent , de quel- que nation qu’ils foient. Dès qu’ils ont atra- pé un de ces pigeonneaux , ils le prefentent à Monfieur le Capitaine , qui le reçoit fort ci- vilement , lui donne un verre de vin , avec une ferviette blanche pour s’efluier les lèvres , 6c lui parle de la force de fon vailfeau , qu’il dit être monté , à coup fur , de neuf ou dix pièces de canon de plus qu’il ne porte : 11 ajoure qu’il a fon monde complet \ mais quil eft bien aife d’en avoir au delà, pour en pouvoir di- ftribuer fur les prifes qu’ils feront > qu’il ne veut relier en mer que trois ans tout au plus , 8c qu’il efpere qu’au bout de ce terme , il y aura deux ou trois mille piaftres de profit pour chacun. Il vient .enfuite à ferrer le marché , 8c s’il a befoin de faux témoignages à cet égard , fes volontaires font toujours prêts à lui en fournir tant qu’il voudra. Quoi qu’il en foie , pour leurrer le nouvenu venu , il lui promet cinquante , foixante , ou même quatre- vingt piaftres f fi ç’eft un drôle qui paroiife bien éveillé , , PAR Mr. ROBERT. m éveillé , & il lui en donne dix ou quinze fur la main , fous prétexte qu’il n’en a pas davan- tage pour l’heure;, mais il lui dit qu’il aura le refte au premier jour , & que cependant il peut fe divertir jufqu’àce que le Vaiffeau parte. Là-dcffjs le pauvre malheureux s’en va trés-fatisfait de îa bonne réception , mais Ü ne doit pas s’imaginer de pouvoir lever le piquet à la fourdine &c manquer de paroles - dés ce moment il y a une mouche à fes talons qui ne le perd pas de vue , qui mange & boit avec lui {ans qu’il en fâche rien , & s’il veut gagner du pié, il y a des Sbirri ou des Ser- geans tout prés qui le faifîffent & le mènent en prifon , où il eft retenu jufqu’au départ du Vai fléau , c’eft- à-dire qu’il ne touche £ lus un fol, de ce qu’on lui avoit promis. ) ailleurs s il agit de bonne foi , & que deux ou trois jours après il vienne demander fqn relie , le Capitaine fe trouve alors fl occu- pé qu’il ne peut le voir , mais il lui détache ,un de fes volontaires > qui le mene au Porr & qui le prie de l’aider à nager la chaloupe jfufqu au Vaiffeau, en l’abfence des Mate- lots qui ne fonc pas à la main, f/enrôlê , qui ne fe défie d’aucun mauvais tour > accepte le parti , & à Iqur arrivée à bord , le volon- taire dit à haute voix au Maître de la cha- loupe^, que le Capitaine veut que leur nou- vel hôte puiffe retourner à la Ville quand il lui plaira , quoi qu’il y ait des ordres fecrets de le retenir , & que la pauvre dupe ne voie plus la terre , ni un double de fon argent Lors que le Pirate eft dans TArchipd , il obhgeles Grecs de lui porter du pain d’une l^e.a il fxe le prix à fa guife , & ils n oferoienr lui en refufer, quand il ne Tome V. O %Ï4 VOYAGE DU LEVANT , A .!*& leur en relteroit point pour eux-mêmes. A l’égard des autres vivres , dont il n’a jamais beaucoup, des agrçts 8c des cables , il les jtire de,s prijes qu’il fait. Lors qu’à l’appro- che de rHyvex il veut radouber ion Vaif- Léau j il entre dans un Port , avec une prife 'qu’il met en pièces , & qui lui fe.rt à cet ufa- ge -, de forte qu’au bout de vingt années de ^navigation , fon Navire fe trouve quelque- fois meilleur qu’il n’étoir d’abord. Pour cp qui eft de la poudre il la tire des Marchands François établis d Melo , ou de la dote Ve- pitienne. Depuis la mi- Décembre jufques au mois de IMarSs les Piratés fe, tiennent d’ordinaire aux îfles de Paris, d’Anti-Paris , de Nio &C dè Melo : en fuite ils vont à Fuinos , où ils fe ca- chent fous la terre haute , après avoir mis une Sentinelle fur la montagne , avec un petit pavillon , pour donner le fîgnal à la vue de quelque V aideau. Dès qu il en paroit un, ils forcent, fe mettent au travers du canal de Samos & l’enlevent. Au Printemps durant les premiers mois dè l’Eté , ils fe nichent de me- me fous Necaria , Gadronife &: Leppifo , ou ils continuent leur manège. Vers la mi^juiller ils rangent la côte de Cypre , & s ils ont la moindre nouvelle qùil y ait des Vaifleaux Algériens ou Turcs à Dhodès , ils gagnent aufli tôt la côte d’ Alexandrie & de Damiete s où l’eau eft fi baffe qu’ils n’y craignent paâ Fapproche de leurs ennemis. Vers la fin de l’Etè ils fe rendent fur la côte de Syrie , qui eft l’endroit où ils attrapent le plus avec leur Felouque, pourvue de douze rames oc de lix gaff s. Tout l’écmipage s’y met deflus , apres pvoir laide le Vaideau en mer , & iis arnvenç t*9K „ PAR Mr. ROBERT. $iç fur la cote avant le jour ; ils y cachent leur Felouque dans quelque coin , 8c ils dècendent à terre , ou ils fe mettent en embufcade pour attendre les Voiageurs -, ils en prennent quel- quefois une douzaine , 8c ils fe retirent enfui- te à leur bord : Avec cette prife ils vont à la hauteur des places , où font les Familles de leurs prisonniers Turcs , c’eft à-dire à Tripoli di Souria , Joppa , Caïpha , S. Jean d’Acres , Sidon , ou Barute ; ils y moiiillent hors de la portée du canon , arborent un pavillon blanc 9 & lâchent un coup de pierrier. Là-defTus , les Turcs viennent traiter avec eux pour le ra- chat de leurs Parens. En Automne ils rebrouf- fenc chemin vers les Ides de l’Archipel, où ils croifent fur les canaux jufqu a l’arrivée de l’Hyver , qu’ils entrent dans un Port. S’ils prennent une Saïque , venant de la Mer noire & chargée de bois, ce qu’ils appellent une prife legere, ils la conduifent à Paris ou à Melo , où ils en difpofent bien- tôt ; mais s’ils en attrapent une qui vienne d’Alexandrie, chargée de ris , de cad'é , de lucre , de len- tilles , de toiles, &c. Alors toute Fille eft en al larme , 8c heureux eft celui qui peut arriver le premier, pour contribuer fon ta- lent. Dans cette occafion peut-être que le Ma- telot aura le bonheur d’efcamoter une ou deux me lu res de lentilles ou de ris, qu’il met à .quartier comme un grand trefor. En effet , ces pauvres malheureux n’ont la plupart du tems que du pain à manger & de l’eau à boire, à moins que forcez de ramer une demi-journée .de fuite à la chafle de quelque Vaifleau , ils n’aient alors un peu de vin trempé , pour leur donner courage. Après ce detail , je pafle aux noms de Cor- O 2 1,6 VOYAGE DU LEVANT , 1 6n- paires qu'il y avoit ici de mon rems. La iainte Helene , à bord duquel \ étois , avoir deux Capitaines, Jofeppe Pretiofi , & Angel.p- Francifco , tous deux natifs de Corfe : Nous avions la bannière de Livourne , vingt pièces de canon , trente pierners 8c deux cens trente hommes. Ce ¥aiflea.u fut neuf années dehors dans fon premier voyage , & il fe remit enfui- te en Mer avec le feul Capitaine Angelo , qui a été déjà quatre années dehors , avec le me- jne nombre de canons , d’hommes , oc fous le Annonciation , commandée par le Capi- taine jean Peragola , natif de Corfe , avoit aulfi la bannière de Livourne , vingt-deux ca- nons , feize pierners , 6c deux cens trente hommes , & ésoit en mer depuis fw ans La Caravelle , commandée par Jean Vecho de Corfe , étoit en mer depuis dix-neuf ans, fous le pavillon Portugais , montée de douze canons ; huit pierriers 6c cent neuf hommes. La Madona de Monte Negro , commandée par le Capitaine Francifcine , natif de Corfe , avoir été dehors quatre ans 6c demi , fous la banmere de Livourne , montée de feize ca- nons , dix pierriers 6c cent foixante hommes. i a S Barbara, commandée pat le Capitai- ne Antoine Sicar de Provence , 6c dont les proprietaires écoient aufli François , avoit et e Lit années dehors, fous le pavillon de Veni- se , montée de vingt-quatre canons , douze pierriers , 6c deux cens hommes. ? n v avoit d’ailleurs trois Corfaires de Mal- qui ne peuvent reftér que cinq années de- hors; de forte que je ne fais pas s ils y font encore ou non. Le plus confiderable , fe pommoit le Grand Cavalier , commande pat , — ié,i. PAR M*. ROBERT., 317 un Chevalier de Malte , &" monte de trente- fix canons 5c de vingt pierriers. Le deuxième n’avoit que quatorze canons i & le troifiéitte ou le petit Cavalier , commandé auffi par un Chevalier de Malte , n’en avoit que fix , dou- ze pierriers , 5c 70. ou quatre- vingt hommes» Pour ce qui eft du compte, que les Pira- tes rendent à leurs Proprietaires des prifes qu’ils font , s’il leur tombe entre les mains un Saïque , charge de bois venant de la Mer noire , ils le pàffent pour une prife legere 5c de peu de valeur , quoi qu’ils faffent de l’argent de tout ce qu'il y a deffus, jufques à la moin- dre bûche, 8c quelle- meme fe racheté quel- quefois pour fô. ou 6 o. mille piaftres. Mais lors qu’il s’agit d’une prife plus confidefable a f\ le Capitaine elt de nouvelle Création , 5C , qu’il veuille obtenir les bonnes grâces de fes proprietaires, il la met à dix. mille piaftres : Là- deffus il eft encouragé , Ôc palfe pour un gallant Homme, quoi que dans la fuite il attrape le métier , auffi-bien que les autres» D’ailleurs , fi la prife elt de i$o. ou de 500. tonneaux chargez de ris , de café ,de fucre , ëcc. elle ne fe trouve que de cent tonneaux pour le compte des proprietaires , chargée de ris , & de huit ou dix balles de caffë , au lieu de 80. ou de 90. ou de 100. qu’il y en a quelquefois. Suivant ce calcul on Frète une Satie , qui eft envoi.ee à Livourne avec foixante tonneaux de ris, 5c ç ou fix balles de caffë i le refte de la charge , fur le piè de cent tonneaux eft retenu pour le fervice de l’équi- fage, qui n’en a que la moindre partie. A égard des Efclaves les Capitaines ne rendent jamais compte de ceux qui peuvent fe rache- ter , èc dont le nombre va bien tous les ans O f 3<8 VOYAGE DU LEVANT , «fpf.- a cinquante ou fùixante i mais pour les autres1 ■qui n’ont pas dequoi payer leur rançon, ils les envoient à Livourne. Enfin , ils drefient un compte d’Apoticaire chargé deplufieurs Stems i l’un pour du fuif, l’autre pour de la poix, pour des Charpentiers , pour des vi- vres , pour de la poudre , pour de la dragée , pour du fil de carrer pour des cordes , de te ficelle , 6c je ne fai combien d’autres articles de cette nature , qu’on pourroit tous réduire â ^eu^' Q^°i qu’il enfoit, ces Vai fléau* leftent fi long-temps dehors , que les Pro- prietaires y gagnent à la longue , par le nom- bre des Efcîaves qu’ils reçoivent , ou parce qu’ils ne donnent jamais rien à féquipage. Don Antonio Paulo, un des principaux Pro- prietaires de Livourne , avoir du moins qua- tre cens Efcîaves, qui travailloient tous les jours dans la Ville , ôc dont chacun lui paioie tant par femaine. Du refte , comme j’étois Etranger, mes deux Capitaines ne fe faifoient Eas fcrupule de s’ouvrir avec moi, fur ces eaux comptes , & de m emploier même quelquefois à les drefler , fur tout après la mon de nôtre Ecrivain. Il y en avoir un en- tr’autres , où ils mettoient un article pour trois barrils de poudre confumez à Patraque d’une fatie, que nous n’avions jamais vue. Les Officiers, Majors, & Mariniers , ont quelque part aux prifes qui fe font. Le Lieute- nant en eft déclaré le Martre, & la principale cabane lui appartient, avec tout ce qu’il ya, fi vous en exceptez l’argent ; mais s’il en ef- camote un peu , on fait fembîant de ne pas le voir , parce qu’il ferme les yeux à fon tour aux friponneries du Capitaine. Le Contre- maître a les voiles de perroquet , & la grau- igç, i. PAR Mi. ROBERT. i}8 de ancre , ou les gros harpons des Saïques â niais il faut que Fe Bodeman en air te tiers , qui donne auffi lé tiers de fa portion à fon aide , qu’on apelle ici Caltiliane. D ailleurs , le Contre-maître a le droit de vendre une cer- taine quantité de vin , à l’exclufion de tout au- tre , jufqu’à cè qu’il ait fini fa vente } mais alors le Bôifeman a le même privilège , com- me celui de donner des'cartes , depuis le grand mât jufques à la proue , ôc il reçoit trois doubles d’avance pour chaque piaftre qu on met fur le jeu. Les volontaires , qui ne uran-» quent jamais de' grapiiler , & d’avoir ainfî la bourfe garnie , ont toujours les cartes à la main , quoi qu’il ne leur foit pas permis d eii tenir eux-mêmes. Après que le BofTeman à fait fon tour , le maïtre-Valet comme le fie n, & alors le Sergent fournit .les cartes aux Joiieurs , depuis le grand mât jufques â la poupe. Le Maître-valet, l’Aumônier 3 l’Ecrivain , le Chirurgien , le Charpentier , & le Calfateur , ont leur portion de là chambre des vivres , qui eft à Bavant d’une Saïque , & qu’on appelle Caméra de Sarica* Pour le Maître canorii'cr, il doit avoir tous les pierriers -, mais on ne lui en laide gue- res , fur tout à un pauvre Etranger tel que moi. Dans les Saïques , il y a plufîeurs ca- banes vers la proue , & une efpece de demi- pont vers la poupe -, tout cela efl aban- donné au pillage des Matelots , après que les volontaires y ont pafFé j mais fi les pre^ miers y attrapent quelque chofe de la moin- dre valeur , le Capitaine a foin de le faire garder pour eux , de la maniéré que je l’ai déjà dit. Quand ces Pirates ont pris une Saïque char- O 4 310 VOYAGE DU LEVANT , 1G92J gée de bois , ils menacent d’abord le Maî- tre pour lui faire avoiîer s’ii y a de l’argent. S’ii eft timide & craintif, comme font la plu- part des Grecs , & qu’il découvre tout de bon- ne foi , ils lui donnent une dixaine de piaftres & le relâchent \ mais s’il eft opiniâtre &c bourru, ils le tourmentent trois ou quatre mois de fuite , Ôc ils ne craignent pas qu’il aille porter fes plaintes à Livourne , ni donner avis de fa charge à leurs proprietaires , puis qu’il ne fait pas ce que c’eft qu’un cènnoif- fement , & qu’il n’a qu’un vieux Ecrivain qui radote , muni d’un état de la charge en gros , qu’on lui ôte d’abord. D’un autre côré, s’ils ont befoin d’hommes pour la manœuvre de leur Vaiffeau ou pour le mettre à la caréné > ils prennent une douzaine des meilleurs qui fc trouvent fur le S'aï^ue 3 de s’il y a un char- pentier, ou un calfateur 5 ils le retiennent pour toute fa vie , de même qu’un joli gar- çon , pour fervir de bardache à quelque in- fâme volontaire. Iis s’afFocient quelque- fois deux ou trois enfemble -, mais ils vont croifer en difFerens endroits , ôc à leur retour, ils partagent de bonne foi leur butin. Il arrive même que fi l’un d’eux fait une prife , de qu’un autre qui n’eft point fon affocié, de qui ne le voit pas , en- tende alors le bruit de fes canons , le dernier en exige fa part , à proportion de la grolfeur de fon Vaiffeau , quand il ne le rencontre- roit que fîx mois après. C’eft une Loi établie parmi eux, Sc qu’ils obfervent avec la der- nière exactitude. A tout autre égard ils n’ont ni Foi ni Loi, de j’aimerôis mieux être Ef- clave fept années dans Alger , que de vivre * eize mois à bord d’un Cqrfaire. Cependant je , g9i. PAR Mr. ROBERT. ?« prie Dieu qu’il vueille me garantir , & tout honnête homme , de l’un éc de 1 autre. Les moindres petites fautes y font punies avec une extrême rigueur. Par exemple > fi quelqu’un eft allé à terre y a relié , ou en eft revenu fans permiflion , ou s’il a fait quel- que autre chofe de cette nature , il ell amené devant le Cabeftan , & on lui attache un le- vier de fer aux talons. Enfuite un Efclave » muni d’une corde qui a deux pouces de cir- conférence , lui en donne fur le dos tout nud , jufqu’à ce que le Capitaine dife que c’eft af- fez , ou qu’il n’en puilfe plus lui- même : Alors un Grec Renegat , qui a foin des Efcla- Ves , & qui a toujours excité celui - ci à n’épargner pas le criminel , l’entreprend à nouveaux frais : enfin le Capitaine le charge à coups de canes , & s’il trouve que l’un 2c l'au- tre n’aye pas bien fait leur devoir , il les é» trille tous trois fans mifericorde. Ils en agi fient de même i l’égard de celui qui eft fur la hune du grand mât , s’il ne dé- couvre pas une voile plutôt que ceux qui font fur le tillac , ce qui peut arriver fouvent à caufe de la hauteur des terres. Quoi qu’il en foit , on le fait décendre , & fi on ne lui donne pas les cinq cens coups de corde auf- quels il eft condamné à la rigueur, il n’en écha- pe gueres fans en recevoir plus de la moitié» Ènrmié de tous leurs brigandages , & pref- que au defefpoir d’être obligé de vivre aveG de tels fcelerats, je n’aurois pas manqué de m’enfuïr plutôt > ii un jeune garçon Hollan- dois, qui étoit parti d’Angleterre avec moi? 8c qui fe trouvoit le compagnon de mon tri- fte fort , n’y eut a porté quelque obftacle, puif- que je ne voulois pas l’abandonner à quelque in VOYAGE DU LEVANT, rffpu prix que ce fût. Arrivez enfin à l’ifie d’Anti- Paris avec une prife , j’allai un jour à terre , & je trouvai une petite chaloupe Grecque dont le Maître voulut bien nous palier à Melo. Nous étions ici en fureté j mais il n’y avoit pas rnoien d’y vivre fans argent, de lorre que je refolus d’aller à Smyrne , far une autre petite chaloupe qui feprefenta. Embar- quez ainfi de nouveau , nous eûmes le mal- heur de tomber lous Cherfo , entre cinq Gai lot es , qui appartenoient à Stancu. je ne doutois prcfque pas que les Turcs ne nous vendirent à Rhodes , pour être Efclaves de Mat fa Marna le relie de nos jours \ cependant ils en agirent mieux à nôtre égard que nous rf attendions , puis qu’ils nè nous mirent pas à la chaîne. Il y avoit déjà cinq jours que nous étions entre leurs mains , lors qu’ils mouillèrent àSamos. Ce fut ici que je me ha- fardai la nuit à prendre mon jeune garçon fur le dos , & à nager à terre , où nous abordâ- mes heureufement. Pour n’etre pas découverts par les Turcs qui s’y étoient rendus , il nous Jalut demeurer cachez fix jours , & fix nuits d'ans les crevaces d’un rocher , où nous n’eû- mes pour toute nourriture que trois lima- çons, & les racines de quelques herbes fau- vages. Enfin, nous vîmes partir les Galio* tes dans le rems que mon jeune garçon étoit à demi mort , ôc que j’avois de la peine à me tenir fur les pieds. Quoi qu’il en foit , j’aurois bien voulu me traîner avec lui jufques au premier Village y mais les forces me man- quoient , & je ne fis que peu de chemin, tom- bant , levant , ôc me repofant ; jufqu’à ce que nous rencontrâmes un pauvre Grec , qui me- noit dei^t ânes > dont l’un étoit chargé de bois ïfÿx. PAR Mr. ROBERT. m & l’autre fervoit à le porter lui-même. Apres lui avoir dit en peu de mots qui nous étions , & quel étoit nôtre fort , il eut pitié de nous , déchargea fon âne , & nous fit monter tous deux. 11 nous conduifît à un Monaftere de Sa- mos, dont les Moines eurent foin de nous une douzaine de jours , & nous firent em- barquer enfuite pour Smyrne , à bord d’un Vaifleau François. Je n’y fus pas plutôt ar- rivé que je me crus en Paradis , délivré de l’èfclavage des Turcs, & de l’Enfer d'un Corfaire. Le 2 6”. Décembre je partis de Smyrne, à bord d’un VaiiTeau Marchand Vénitien , qui portoit le pavillon Arragonois, avec lequel les Vénitiens peuvent trafiquer, & nous ar- rivâmes à Livourne le de Mars fuivant * 'après avoir relâché dix-neuf fois en differens trous , ce qui me iêrvit à mieux connoître la côte de la Morée, qu’on fait pafler pour un Roiaume. 11 y a treize ans que les Turcs la poflêdoient , & qu’ils n’y foufiroient que le Mahometifme ; mais depuis qu’elle a été côn- quife par lés Vénitiens, on n’y .voit que des Grecs & des Albanois. Les principales Villes & forterefies du païs font celles-ci, Caftel- Novo, Sainte Maure, Caftel Tornefe, Co- rinthe , le vieux & le nouveau Navarin , Mo- tion , Coron , Napoli di Malvafîâ , & Napo- li di Romania. C’elt à la derniere de ces Pla- ces que les Vénitiens gardent leur ilote , où leur Armée a fon rendez-vous. La ville d’Argos étoit autrefois à la tête de la Baye de Napoli di Romania*, mais on n’y voit au jour» d’hui qu’une vieille Eglife. Après mon arrivée^ Livourne, je me re- nus en mer pour aquerir plus d’experienec U O & ?24 VOYAGE DU LEVANT , r<%. de retour dans cette Ville , au bout de treize mois i le 2. de Juin je m’y embarquai pour Smirne , fur le VaiiTeau la Fortune d’Or , commandé par le Capitaine George Little- fare. Nous fîmes route de confèrve avec le Léopard , frété pour Gallipoli , St dont le Capitaine étoit Henri Marc de Briftol , qui nous laifTadans le havre de Mefïine , où nous reliâmes deux ou trois jours. Nous eûmes en- fuite un palTage bien promt jufques à la hau- teur de Napoli di Remania , où la violence du vent Nord Nord- EU nous obligea d’an- crer. La flore Vénitienne y équipoit alors pour quelque expédition à FEU , St nous en partîmes enfemble. Elle étoit compofèe de 22. V ai Ife aux de Guerre , de 23. Galeres , SC de fîx Galeaces Vénitiennes , de fept Galè- res de Malte , St de cinq du Pape , de douze Gaüotes ou Brigantins , de deux Cailles à bombes , St de cinq Vaiffeaux de tranfport chargez de vivres , de foldats , de chevaux , d’artillerie , St autre gros bagage. Quand nous fûmes entre les Ifks > le vent mollit tout d’un coup , de forte qu’il fallut relâcher à Fermia ou Fermina. Il y eut en- fuite un peu de beau tems , à la faveur du- quel nous paffames à Fille d’Andrea, où tou- te la flore relia dix jours, St fit voile enfui- te pour Tino. Il y avoir dix jours que nous y étions à l’ancre, lors qu’une chaloupe Gre- quedeSeio vint à nôtre bord , avec des let- tres du Conful Raye de Smirne , qui nous in- formoit qu’un VaifTeau François de trente- fîx pièces de canon, croifoit entre le Cap Cala- berno St Scio , pour nous enlever 5 St qu’ainfi nous devions relier avec la flore jufqu’à nou- vel ordre. Ce MefTager Grec fe rendit enfui- a m^^^m-^MmÊÊÊÊSSs iSciO; ou Xio 1 ■A/'7'ttfa£ .IPeniùlen • | -%• 1^1 Oe r-dm&'ai. IJ - C V3iù^e- slfttv'al . ^-■GoJeOLSSe, C'oqjnÙUTO Je Z7ÉJl a &a2eajse.JReJJ& Je 2?en ; / • Galère- Capùtme Je-2?en. J '/ ■ GF&ler'esJil. eaJe- JulPape- . g (2aJe^e2air07ie du IPaoe- ■ y GeJ-er&Capùsme deJJœJtg • 30 ■ Cna2j?'&s Turyu&p Jour leMele- 3i- 21,0 IF or haie- JlOr- . xlEJe. u/J e dans /eATole 'a 2 ojJe% dam î^JPfia 're J/fr” f&Tè/te jf -The. 7~e Jur 2e. âou/rJu-Afoh ■ tJr eo.f PAR Mr. ROBERT. ?if te abord du Capitaine General , pour 1 aver- tir que tous les Vaifleaux Turcs étoient allez de Scio à Negrepont , dans la crainte que les Vénitiens n’euffent en vue d’attaquer cette derniere Place. Le lendemain matin qui étoit le 28. d’Août , la dote Vénitienne prit la rou- te de Scio , avec toutes Tes voiles ferlées , & comme il y avoir peu de vent > le Gene- ral ordonna aux Galères de touer chacune un Vaiflêau. Le but de cet ordre etoit afin que nos voi- les demeuraient toujours ferrées , & qu’on ne nous découvrit pas de Scio , qui n’étoir qu’à vingt lieues de Tino. En effet , nous y ar- rivames'le lendemain matin fans qu’on nous eut aperçus. Les V aideaux reflètent à une lieue de la Ville y les Galeres fe mirent entredeux > & les Galeaces toutes devant la Ville, pen- dant que les Galiotes étoient difpofées autour de Pille , pour empêcher que les Turcs ne s'évadaient. Nôcre Vailfeau Marchand fe tint à l’écart pour jugeE des coups. Le 30. d Août , les Galeres de Malte & du Pape firent jouer leurs Courfiers , pour neteier le rivage , & y débarquer leur monde. A deux heures apres midi , elles avoient déjà mis à terre quator- ze mille hommes, tant Infanterie que Cava- lerie , & à cinq heures , ces Troupes avoient fait le tour de la Ville en fe battant contre les Turcs. Le 31. on débarqua pkifieurs piè- ces de campagne , 6c le combat fut rude tou- te la journée. Le 1. de Septembre on débarqua fix mor- tiers , qui furent placez avantageufement , Sc qui commencèrent à jouer vers le midi. On continua toute la nuit ôc tout le lendemain à bombarder > &ns que les T urcs perdirent cou- VOYAGE DU LEVANT, 1^4» quoi qu il y eût plu/ïeurs brèches à la înuraille : mais le deux avant la nuit on ruina Fort avancé , d’où il s’échapa trois cens 1 urcs, qui fe rendirent aux Vénitiens, ^ette meme nuit environ les onze heures , une bombe mit le feu à un grand maga fm rempli de chanvre , de coton , & autres cho- ies eombuftibles, qui embraferent tout le quartier a .1 Eft de la Ville , pendant que les JPüiCrntm£nI ?an' Ia Citadelle , au milieu oe la Place , 8c les Chrétiens à l’Oüeft ; c’eft- a-d!re , que les ennemis fe trouvoient entre deux feux , expofez à perdre leur liberté , ou a devenir la proie des flammes. La vue de ce unie état leur imprimaune telle fraieur qu’ils le ralentirent beaucoup , au lieu que les Chré- tiens tedoubloient leur feu. Malgré tout ce- ia » ils tinrent bon julquesau lix , qu’ils ren- dirent la citadelle fur les trois heures de l'a- pres-midi. Le General des -Galeres de Malte arbora fon étendart à l’Eft , & celui des Ga- ietés du Pape planta le lien à l’Oüeft de la Vil- le , dont il y eut plus du tiers de brûlé, avant qu on put éteindre le feu. On ne fait pas au julte quel nombre de Turcs il périt à ce Sié- gé ; mais la perte des Vénitiens fe réduift à tres-peu de chofe , quoi que la première nuit de 1 attaque douze de leurs hommes’furent envelopez par une centaine des ennemis. Au refte , ils prirent trois Galeres dansée Mole s & délivrèrent deux mille Efclaves Chrétiens, qu il y avoit deffus ou dans la Ville ; mais ni leurs Vaifleaux de guerre , ni leurs Galeaces ne tirèrent pas un coup de canon durant tout le Siégé. Bien tôt après cette expédition , les Ve- amens fe remirent en mer > pour donner 1$ %69 4. PAR Mr. ROBERT. P-7 chafle à la Hôte des Turcs, qu’ils pourfuivt- renr jufqu’à Smyrne , où ils auroient pu la brûler toute s’ils n’avoient eu des égards pour les Comptoirs que les Chrétiens y ont. Mais au bout de trois- ou quatre mois les deux Hô - tes fe batirenr, de les Vénitiens eurent deux pavillons coulez à fond , outre un Vaifleau de foixante pièces d’artillerie. Ils ne jouirent pas long-tems non plus de leur conquête de Scio , puis qu’ils la reperdirent au mois de Février de l’année fuivante , de qu’ils y laif- ferent fept cens Efclaves , de un Vaifleau dans le Mole , du port de fept cens tonneaux , chargé de munition, d’artillerie, de bom- bes, dec. Je n’en dirai pas davantage fur cet article , parce que j’étois alors à Smyrne , ÔC que je ne fauroisen donner un détail exaél. Dans la fuite je fis quelques Voyages de Livourne en Levant , à bord de Vaifleaux Anglois ou Hoîlandois , jufqu’à ce que le 7. d’Avril \6y6. je fus contraint de fervir à bord du VaifTeau de Sa Majefté le Glocefter , commandé par le Capitaine Moniteur Tho- mas Poulton. Ce fut enfin fur le même Vaif- feau que j’arrivai aux Dunes le 6. de Mars , mil fix cens quatre-vingt dix- fept, après ar- voir été dehors cinq ans > cinq mois , Reuf jours. Ïi8 VOYAGE DU LEVANT , CHAPITRE PREMIER. Vefcription des ifies de l' ' Archipel & du voifinuge g avec des avis fur la route quil faut tenir a travers les canaux , qui les feparent les unes des autres, CEfalonie eft habitée par des Grecs , & fous le Gouvernement des Vénitiens : elle pro- duit des raifins de Corinthe , du vin , de 1 huile , ; & du blé : il y a une très-bonne ra- de , qu’on apelle Luke-fury. On voit à l’en-» trée une petite Me nommée Guardian , avec une grande maifon bâtie defliis , & Fon y peut mouiller à douze , feize , dix-huit , vingt & vingt-cinq brafïes d’eau » un fond vafart. Dans la rade il y a la ville d’Argiltole oû Fon charge les Vaifleaux Marchands, ÔC où Fon eft enfermé par les terres, à douze , dix, fept , on fix bradés d’eau , un fond de ^afe ; mais- il n’y a qu’un vieux Fort à trois milles ou environ de la Place. Zante ell auiîi habitée par des Grecs , qui 1 apellent en leur langue Zafcitho : Elle pro- duit les mêmes denrées que l’autre *,> mais en plus grande abondance : elle efl un peu plus haute , & le Gouvernement y eft tout-à-fait Vénitien-. Sa rade efl/i large, qu’elle s’étend depuis FEft Nord- Eft jufques au Sud-Eft , &c Fon y peut ancrer à 18. iç. iz, io. huit , & 7. braffes -d’eau, un fond de fable. Il y a une bonne fortification fur une montagne qui commande la Ville, & qui le jour fert de marque pour entrer dans la rade y mais la nuic PAR Mr. ROBERT. én allume un fanal fiir la tour de l’Eglife ^de faine Nicolas, qui fert alors de phare. Si 1 on vient de l’Eft à l’entrée du canal , entre rifle &c la Morée j du côté de l’ifle il y a des ro- chers , avec deux petites Ifles -, mais le canal' eft aflez large , & la fortie au Nord- Oiieft eft fans^ aucun danger. Stamphane eft à huit lieuës ou environ ail Sud- Eft de Zante , fort baffe , & environnée de brifans , à demie lieue de diltance. Elle ne produit qu’un peu d’orge , qui fert a la nour- riture de quelques Hennîtes Grecs , confinez? dans un vieux Monaftere , qui femble être bâ- ti exprès pour fervir de marque aux vaifleaux qui veulent aborder à cette Ifle. Prodonalis eft une petite Ifle inhabitée, a quinze lieues de Zante , ÔC tout auprès de la côte de Morée. L’Ancrage ÿ eft fort commo- défi le vent foufle de quelque point entre le Nord-Olieft St leSud-OLkft , ài*. 2,0. 18. iç» 12. ÔC 10 . brades d’eau , un fond net. ^ Sapienza eft le nom qu’on donne a trois Ifles , qui font à là hauteur du Cap^ Sapien- za , St qui l’environnent fi bien qu’on a de la peine à le découvrir en mer -, ce qui les rend d’autant plus remarquables. Entre ces Ifl.s ôc le Continent de la Morée, on peut loucher à 10. ïz. i-ç. 18. 20. zz. 15. & 28. brab» fes d’eau , un fond de fable , où il y a trois canaux , fans aucun danger , l’un à l'Oueft , l’autre au Sud- üüeft , & le troifiéme au Sud- Eft. Au de- là de ces Ifles fur le Continent on voit la Ville de Modon , St à un mille a- fon Eft, l’eau eft fort bafle. Il y a une pe- tite Ifle en cet endroit, qui, malgrè^fa petitef- iê, devint fatale aux Turcs, puis qu’elle fervip' aux Vénitiens à y planter leurs mortiers oc s. ?*° , VOYAGE DU LEVANT < prendre la Ville. Quand on veut palier de- vant cette Place pour aller â ï'Oïieft, il faut é(fn n îriT^"^ du Canai dauM prés qu’il oui KbdrC parCC, 11 a un ^rarid re/îîf qui s dance depuis le Fort rond , & deux ou îe°deÎTfl? dOC?erS ^UI Rendent de la poin- îe de I Me : de forte que la route droite tout au travers eft Oüeft Nord-Oiiefi: , & vous avez dans le Canal trente brades d’eau. e(l une Me inhabitée , quoi qu rl y ait du bétail & des chevaux II v a trois petites Mes à fon Nord , 5c fi le' vent elt contraire quand on vient de l’Oüelt , oti peut ancrer ici en fureté, avec ces petites Mes Fd° & ™e Cerv* à Sud- - r: r0- ne Pas crarndre d’apïothei de là terre rufqu a n. ou io. bra/Tes d’eau ; maïs ü Ion veut mouiller à feize ou id. brades , les ancres ne tiennent pas , parce que le fond Me1^irere de CervL Entre cette nie & Je Cap Angylo , il y aune grande Ba- nomme Jane* , oü r°rt peut avoir 4o- bra/Tes d eau a fon entrée, 5c qui pourroit contenir mille Vai/Teaux. D’ailleurs il n’y a point de rifque à s y engager de nuit , à kfaw PAR Mr. ROBERT. 301 «eut des lampes qui font toujours allumées dans un vieux Monaftere , qui eft fur le Con- tïhent au Notd-Oüed ; mais lots qu on y a fait environ deux milles, il faut courir Nord- Oiieft quart à rOtieft , & 1 ôn peut appro- cher du bord tant qu’on veut. La marque même , dont je viens^ de parler > eft «hTez inutile , puis que la cote elt faine par tout , & que Ton ÿ pourroit mouiller depuis 40. braflês d’eau jufqiies àdix infenfiblement , oit à moins fi l’on vouloir. Avec tout cela , il faut prendre garde , que dans le paflagequï effc entre l’ifle & le Continent , il n y a que trois pieds d’eau tout au plus. Au refteoneft ici en fureté , on y peut faire Je / eau & du. bois fans qu’il en coure rien , & il n huit ou dix familles de pauvres Grecs , difper- fées autour du Monaftere. , A , . Se ri 20 forme une des entrées dans 1 Archi- pel & te Canal quieft entre cette Iïïe & le cap Anffelo , peut avoir huit milles de large. La p 1 û part des Habitans font Grecs, tributaires des Vénitiens & des Turcs , quoi que leur Ifle ne produife qu’autant de ble , de vin & d hui- le qu’il en faut pour leur fubfiftance. Il y a un petit Fort planté fur un précipice , qu2 domine le havre de Saint Nicolas , fans y pouvoir faire aucun mal Sa garmfon eft compofée de quelques mlferabies Soldats Vénitiens avec leurs Officiers ) of ion n’y volt pour toute artillerie que huit cou- îeuvrines. La meilleure de fes rades > qui ne vaut pas grand’ chofe , eft celle de fainre Hé le ne , où l’on ne fauroit tenir lors que le vent fouffle entre l’Eft & ie Nord Le ha- vre de Paint Nicolas , fitue au Nord-Lft de 1 IN le , ne peut contenir que quatre ou cinq vau* VOŸAGE DU LEVAIT, féaux, & i i eft formé par trois petites Iflei ou rochers raboteux , qui font devant la cri- 3 a un mille cfe diftanee , Eft Sud-Eftv Un les apelje les Dragons , 8c on peut les voit diihnélement , lorfqu’orï eft à l’entrée du canal. i re Força , Bella Poîa , Caravi & Cidera, font de pentes Ifles, les unes fous la Mo- fee 3 ». *es autres à moitié chemin du canal , entre Meio , 8c la Morée. Il n’y a ni rade, ni habitans , mais elles font fi efcarpées qu’on y peut donner fonds tout auprès y fans aucuà danger. Les Specie? font trois périrez ïïfes, enclavées dans le Golfe de Napoli di Romania, â trois lieues dé ton entrée ,& habitées par des Grecs & des Albanois, fous le Gouvernement des Vénitiens. On peut ancrer fous ces Iles , ou 1 i9UÉ endroit du Golfe , dont la côte faine par tout. Il y en a plufieurs autres dans cette Baye, qui parodient toutes au deP Jus de 1 eau , mais il feroit inutile d’en faire la' defcnpriqn en détail. Au fond de la Baye on voit la Ville de Napoli di Romania , 8c l’an- cienne Ville d’Argos, que des Vénitiens ont' eonquife fur les Turcs. Melo, ou Milp , eft fur tout habitée par les Grecs , qui paient tribut aux Vénitiens 8c aux Turcs Elle eft allez grande 8c allez fer- tile , 8c produit de même que les autres, dit vin , de l’huile , du blé , quantité de figues, occ. On y eft plus riche & il y a plus de trafic qu ailleurs, parce que les Corfaires y vont vendre leurs^prifes. De là vient auflî que les gens y font mieux habillez 8c plus â la mode que dans les autres Ifles. C’eft aufïï le refuge de plufieurs Banqueroutiers qui s’y rendent PAR Mr. ROBERT. , ?!} fde Marfeille , de la Cioutat S c du Martegue? qui s’érigent en Marchands de confequen- ce , parmi les pauvres Grecs lgnorans , quoi qu’ils ne vendent que des couteaux , des el- fe aux , des peignes , des aiguilles, Sc autre? bagatelles de cette nature» Cette IHe elt rorc remarquable en met, à caufe que vers Ion mi- lieu il y a deux petites mqntagnes qui domi- nent, & qui reflemblentà deux mammelles. Le havre y elt excellent , au Sud-tit-quarc- à l’Ê(f , Sc fon entrée a un mille 6c demi de large. Sur la gauche , quand vous entrez , il y a deux petits rochers , dont il faut s éloi- gner à quelque diftance , 6c paiTer enfuite a telle profondeur d’eau qu’on veut : car a la hauteur de la pointe blanche qu on voit à bas bord s il y a trente Sc vingt-cinq braiies d eau? ôc dans le détroit qui s’étend depuis cette même pointe, il y en a depuis viiîgr-cinq juf- q lies: à quatre > où l’on eft enferme par les ter- res, avec un fond de vafe. D ailleurs, fi vous allez tout droit fur la gauche vous trouvez la perite ànfe qu’on apelle Pedracha , ou 1 on eft à l’abri de tous les vents, à quatre bral- fes d’eau , 3é où les Corfaires donnent la ca- réné.  mefure quon avance l’eau diminue par degrez , Sc fi l’on a quelque choie a char- ger ou décharge^ , on peut Ce tenir a l ancre 3 avec une amare attachée â terre , à cinq bral- fes d’eau , un fond vafart. En qn mot , cinq cens voiles pourroientfe mettre ici aflez com- modément. 11 y a deux Villes principales, dont l’une elt à gauche , quand on entre dans la Baye , fur un précipice fort èlev.e , Sc l au- rreeltà deux milles dans le païs, à . compter du fonds du havre. On y trouve aufli plu- lieUES étangs d’eau chaude , qui peuvent Ier» ,??4 VOYAGE DU LEVANT, vir de bains , & qui font à ce qu’on dit , très- Salutaires. Anti-Melo eft une petite Iile , fituée tout ;ufte devant l’embouçhure du havre, & ouï eît fi haute, quelle Sert" de bobine marque en Mer. D’ailleurs, il n’y a ni rade ni habi- tons , &c la roche eft faine tout autour. A tm mille ou environ de- là, on voit deux petites Mes Eft quart au Nord-Eft , où il n’y jî ni rade ni Habitans non plus , ni aucun danger. Argentera eft fur tout habitée par des Grecs , qui font tributaires des Vénitiens 8c des Turcs. C’eft auiîi un Rendez-vous des Pirates, & un azile pour les Banqueroutiers de Provepce j en un mot, elle relfemble à tous égards à Melo. 11 y a un Canal entre ces deux Mes , où l’on peut ancrer dans la rade Polonia, à 16. 14. & 10. braifes d’eau , Sc fous la ville Argentera, on .peut mouiller .à douze ou à dix br'afles d’eau , pius ou moins comme l’on veut. Mais il faut fe fouvénfr que fur l’une & l’autre de ces Mes leau dou- ce n’eft pas bonne , &c qu’il eft même diffi- cile d’y arriver. Les deux petites Mes de.faint George 8c de Brufado habitées par quelque peu de Grecs , qui payent tribut aux Vénitiens 6c aux Turcs •font dans le même Canal, il y a fur la pre- mière un fort joli Convent dédié au Saint, dont rifle porte le nom , & qui eft enrichi de beaux jardins. La côte eft faine aurour de l’une 3c de l’autre , 6c il n'y a pas le moin- dre danger, Chiphanto ou Siphano , eft principalement habitée par des Grecs , tributaires des Véni- tiens & des Turcs. On y recueille du vin , de PAR Mr. ROBERT- 33? î’buile > &c. Les gens y fontplus çivilifez qijç fur les autres Mes : ils vivent de leur travail . 8c n’ont aucun commerce avec les 1 îrates. IL y a quelques ances où l’on peut mouiller fans nfque , 8c où la roche eit rame par tout -, mais il n’y a point d’aigùade. . ■ La plupart des Habitans de Chetfû font .Grecs , qui payent tribut aux Vénitiens 5C $ux Turcs. Elle produit du vin , 8>c de 1 huilç. Au Sud OAieft , il y a un fort bon havre » qu’on peut découvrir à la faveur d'une pe- tite Ifle haute , qui eft à un mille & demi a\i Snd quart au Sud-OJLieft de fou. embouchure. Celle-ci eit fi étroite , .St la terre y eit fi hau- te , qu’on auroit de la peine a la trouver fans cette marque. JD’abord qu ion 1 a devant foi, il faut gouverner au Sud Eft , tout droit dans une crique, qui court environ un mil- le & demi , 8c en laifler une autre a gauche > qui n’eft pas fi commode. Quand on voit unp petite Chapelle fur un affemblage de rochers , in peut donner fonds à dix brafles d eau , 8f attacher une amarre à terre. D ailleurs , le - monde y eft en general civil , timide 8c igno- rant , & ils n ont que peu de commerce avec les Pirates. L’eau dpuce n’y vaut rien , 8c 1 on b’v peut arriver qu’avec peine. ' Saint George de Arboras Sambarera qu on a pelle aufli le Chapeau de Cardinal, parce quelle reflemble à un chapeau , cft tout droit fur vôtre chemin , à 4. ou 5. lieues Eit Nord- Efi: , fi vous traverfez le canal de Zea , ou d’Andro. Il n’y a ni rade ni Baoitans fur cet- te Ifle , dont la roche eil faine par tout. Zea ou Zia n’eft prefque habitée que par des Grecs tributaires des Vénitiens ÔC des Turcs. Elle produit du vin , de l’huile , - VOYAGE DCJ LEVANT, & ç & 1 on y fait tous les ans mille bottes de ioie II y a un bon havre , qui eh dans le £?Jïa iforjTîe P^r eette me , & Macronezy ou 1 lue longue. Quand on pafleà travers ceca- nal on aperçoit le Havre & la Ville, qui eft fuuee fut le penchant d’une haute montagne, & au deflus de laquelle il y a plufeurs mou- lins a vent. On voit auftî deux Chapelles. 1 une a 1 Eft du havre , fur une pointe noire des rochers , & 1 autre à l’Qüeft fur une pe- tite montagne ronde Sc verdoiante,i un quart de mille de a mer. Lors qu’on eft vis à vis de^l embouchure °n y peut entrer hardi- * 3»UO! qr ? foit étroUe iüya trente bralfes d eau fous les rochers , & vous pou- J-COUnr Sud i9ueft quart-au-Sud entre les deux canaux, .aufli avant qu’il vous pla;c,pour Y depU1S trente braffes deau jufques Macronezy ou Marolîni , autrement l’IHe longue, eft fur lagauche de Zea. On n'y trou- , e ni habitans,ni rade, ni havre, & il n’y a que des Grecs qui la fréquentent avec leurs chaloupes.. D’ailleurs , à fon Eft il y a rivage ^ fous l’eau à deux mille 'du Termina, Fermenia , ou Fermia , eft ha- hitee par des Grecs , qui paient tribut aux Vénitiens & aux Turcs. 11 y croît du vin , de I huile , du bled, &.c. & les femmes y font belles. Il y a deux bons havres -, l’un au Sud , ou cent voiles peuvent moiiillsr commode- mentçSile vent eft frais quand on y arrive, £ r°îlfle.entre le Nord- Eft & l’Oueft- INord-Oueft , il ne faut pas craindre avec tout cela d aprocher de la côte, qui eft faine par tout j & où l’on peut être en fureté à douze . PAR Mr. ROBERT. 347 43ouze, quatorze, ou feize brafles d’eau : d’ail- leurs i’aiguade y eft bonne. Pour l’autre qui porte le nom de laint Turin , à l’Eft de rifle , quoi que Ton embouchure /oit étroite il n’y a point de danger i on y peut mouiller à l’abri du mauvais tems,depuis dix-huit brafles d’eati ju/ques à quatre ; mais l’eau douce n’y vaut rien , 5c il eft difficile d’y arriver. Jora , ou jura , eft une petite Ifle raboteufe, cucarpée par tout , fans aucun danger & fl- tuée devant le .petit canal qui eft entre Tino 8c Andro. Il n’y a ni rade ni habitans, mais on y trouve quantité de chèvres , qu’on peut tirer à coup de fulii , lors qu’il fait aflez beau pour aller à terre. Sera , n’eft prçfque habitée que par des Grecs , qui paient tribut aux Vénitiens 8c aux Turcs. Elle produit , de même que les autres, du blé, de l’huile, du vin, &c. Les Ifles du voi- flnage relèvent du Patriarche de Confiant!» nople , mais celle-ci fuit le Rit de l’Eglife Romaine , 8c le Pape à foin d’y envoier lia Evêque. Il y a une petite Eglife fort jolie , dé- diée à feint George , & fltuée au déifias de la V Ule d’Afperonc, fur une haute montagne, au Nord-Oiieft du havre, formé par trois peti- tes Ifles, qui font au Sud- Eft de Sera , & où il y a deux canaux , l’un au Nord- Oiieft; & Fau- ve à l’Eft-Sud- Eft. Ce havre eft fort bon,mais l’aiguade eft bien mauvaife. Les Diües font trois petites Ifles inhabi- tées , où" l’on peut ancrer à dix , huit , fix, & quatre brafles d’eau 3 un fond de fable. Il y a deux canaux, l’un au Nord-Nord-OLieft , 8c l’autre au Sud-Sud-Efti mais on ne trouve point ici d’eau douce. Micona produit du vin , de l’huile, du blé * Tome T. p §$ VOYAGE DU LEVANT , &c. La plupart de Tes Habicans font Grecs » tributaires des Vénitiens & des Turcs. Il y à un beau canal entre cette Ifle 6c Tino,ôc 'une Ville dans la petite Baye, qui Tait face au canal , où l’on peut mouiller , en cas de befoin , fi le vent fouffle entre le Sud , 6c TOiieft^ mais à cinq milles au Sud-Oiieft du canal , 1 1 y a un bon havre vis-à-vis des Dil- Jes. Au relie l’aiguade n’y vaut rien. ’ Tino neft habitée que par des Grecs, quj ue paient tribut qu’aux fieuls Vénitiens. Il y a un bon -Fort creuié dans le rocher , à cinq milles de la Mer , & qui paroic à trois ïieuës de diftance , comme il eft marqué dans la Carte. En teins de brume les moulins dont il y a bQO nombre , reftemblent à une groupe d’hommes. Cette Ifie produit du vin , 4e l’huile, du blé , & c. & I on y fait quel- que peu de foie. H y a 2.2.. petites Villes ou fiourgs , 6c des hutes tout autour de l’Ifie , diftahre.s d’un demi-mille l’une de l’autre 3 avec un pierrler dans chacune , afin de don- ner l’allarme en casque les Turcs y abordaf- Tent. La rade elî fi mauvaife, fur tout jor$ que le vent fouffle avec impetuofitê entre le Nord Sc l’Ëfl Nord- Eli , qu’il eft impo/fiblc 4’ y tenir contre les bouffées qui viennent: des montagnes -, mais fi l’on y veut ancrer dés qu’on a découvert une petite V ille avec un Fort quarté où il y a quatre pièces de canon en baterie , il faut ranger la côte à la longueur de trois cables , courir au Sud-Eft un nulle au delà du Fort , & lâcher enfuire l’ancre à 2\ 20 j 6. 14. 12. ou dix brafifes d’eau , un fond de fable blanc. D’ailleurs il n’y a pas jnoyen de foire iei aiguade. Andrea ou Andros porte du ble , de 1 hui- PAU Mr. ROBERT. tip le j du vin , &:c. & l’on y fait quantité de foie* La plupart des Habitans font Grecs , tribu! taires des Vénitiens & des Turcs. Entre cet- te. place & Tino , il y a un petit canal quon dit me dangereux j mais grâces à Dieu D I y conduits heureufement la Renommée un aiTez gros Vaifleau Hollandois , quoi qu’iî fit tempête ,, avec la feule voile de mifaine , ôc je ne croi pas même qu’il y ait du rifque * pourvu qu’on fuive le milieu du canal , lufll prés qu’il eft poiîible. D’ailleurs fi l’on veuc courir à l’Oueft , il faut tenir la pointe Oc- adentaie de Jura , enfilée avec la pointe oud-Ek d Andros, & il n y a point de dan- ger. Dun autre côté fi l’on veut pafier à l’Eft on n’a qu’à prendre garde à l’arriere du Vaifleau , 8c aller tout droit fans crainte Le grand canal qui eft le plus frequenré de ious ceux des environs à caufe de fa largeur eft entre cette Me & Negrepont , ou le Cap P°r°- 11 A a de ce coce deux bons Wres , l’un a 1 Eft, de l’autre à l’Qüeft. Celui-ci eft le plus commode , & l’on y peut mouiller entre trois 5 *"ous la P*us Srande defquclles on eft a 1 abri de tous les vents , à 30. *c. i§. n. ou dix braffes d eau , un fond de fable. Au A quantité de pigeons fax ces petites lues , &C 1 on y peut faire aigu a de iàns peine , Je. remarquerai ici que fous le Cap Doro à 1 Oueft il y a deux Mes fort prés du rivage , ou la cote eft lame partout. Pour ce qui eft du Golfe d Athènes , j’y ai mouillé fous l’Me des Rochers-, mais je ne puis rien dire delà Ville ou je n ai pas été. A l’entrée du Golfe il y a une autre lfle à l'Elt, qu’on appelle Francefe , dont la Baye parojc magnifique & au 1 ancrage doit erre bon. 4 00 P * VOYAGE DU LEVANT , Calôjcra , mot qui lignifie un Hermite , efè un rocher qu’on a pelle ainfi , parce qu’il efë ifolé &C feparé de tout autre. On le voit à iept lieues d’Andros , à l’Eft quart au Nord- Lit , 8c à trois lieues de diftance ou environ , il paroît tel qu’il eft repreiènté dans la Carte, Ses brifans s’étendent un de mi- mille en Mec au Sud- Eli , 8c un quart de mille par tout ailleurs. îpfeia eft à if. lieues d’Andros au Nord.Eft , &c il y a plus de Grecs que de Mahometans , qui paient tous tribut aux Vénitiens » 8c aux Turcs. Elle produit du vin , du bled, du miel , |kc. On trouve une bonne rade à Ton Nord , $k la côte y elè faine par tour, Xio ou Scio , eft habitée par des Turcs des Grecs , & il y a de bonnes fortifications. Les Grecs feuls paient tant par an aux Turcs , fbit ici 3 fur le Continent 3 où tout autre part , où ils vivent cnfemble. Cette I/le pro- duit du vin , de l’huile , du blé , quantité de tnaftie, des citrons, des oranges , &c. On y fait aufti de la foie. C’eft une des meilleures Xiles de tout le Levant , 8c lés femmes y font aufïi belles qu’il y en ait au monde. Le canal qui pafte entre cetre lile , 8c le Conti- nent de Natolie, eft fort frequente, & l’on voit à fon entrée au Sud-Oued, une peti- te Lfle , qui s’apdle Venetica , 8c qui eft fans aucun danger. On peut moüillet ici à trente- fix , 30. 2 4. ou 18. braifes d’eau , un fond de fab.lé, & lors qu’on eft yis-à-vis de la Ville, qn peut ancrer à 18. 16. 14. 12. 10. ou à fept bradés , d’eau , enfermé par les terres -, un fond de fable net. Au delà fous la Citadelle, il y a une efpece de Mole , où fe tiennent les* Galeres , les Sajies , & autres petits Bâ? PAR Mu. ROBERT. j4< t imens , quoi qu’un gros Vaifleau y puifié encrer , fi l’on prend bien Tes mefures , & } y ai vu moi même l’Amiral de Tunis monte de pièces de canon. En effet , entre les deux phares, dont l’un eff à droite au bouc du mole , & l’autre à gauche fu-r une éminen- ce artificielle , on a vingt pieds d’eau , Sc plus avant jufques à 14. On peut ictcer une ancre par poupe à iç. pieds d’eau , avec une amarre attachée fur le mole , & une autre par proue à fept pieds, avec une amarre fur le rivage • ; enforte qu’il n’y a ni vent 3 ni mer qui puîife vous incommoder. D’ailleurs il efl: aifez pé- nible de faire ici de l’eau , parce qu’on efl: o- bligé de la tirer des puits , rouler enfoite les barriques tour le long des rues. Meteline a des Turcs 6c des Grecs pour fes Habitans , qui ne font pas tributaires des Vé- nitiens. Elle produit de l’huile, du blé, du miel , du vin , &c. &c l’on y fait de la foie. 11 y a trois Porcs bien commodes , l’un a î’Oüeft, qu’on appelle Sidero v l’autre au Sud Oirefl: qdi le nomme Porto- Géra , 014 il n’y a point de danger , & où deux cens Vaif- feaux peuvent tenir à. l’abri du vent. Cet en- droit n’eft pas fortifié , &c on peut faire de l’eau à quatre lieues ou environ plus loin. A l’Eft de ce dernier Port on voit le troifiéme, je veux dire celui de la ville de Meteline , qui efl: bien fortifié. 11 y a fous le Fort uri amas de pierres &c de rochers , qui font les relies d’un ancien mole v mais la Mer les couvre aujourd’hui , 6c l’on n’en doit appro-, cher qu’à la derniete extrémité , 6c avec beau* coup de précaution , fuppofè même qu’on foie à bord d’un petit Vaiifeau. Le canal qui eft entre cette llle ÔC Fogia Vecchia , fut b I ! • I W - ^ÔVAge DU LEVANT , Continent de Natalie , eft bien frequente. Oit dit qu a fon entrée ou ilfue à l’Eft , il y a lnJ?, hÇT f°llC £eau > mais Ie ns m’en fuis jamais apperç-u. Quoi qu’il en foit , il ne doit pas y avoir du danger , puis que k Lote du %rand Turc va & vient tous les iours à tra- ^ers ce palfage. Dû refté , l’aiguade n’eft pas ^marché101 ’ ma*S Vlvrcs y Font à grand Caifandra paye Tribut aux Vénitiens Sc aux lurcs.QuelqUes.uns de ces derniers y font djfperkz d un coté & d’autre -, mais k plupart de fes habîtans font Grecs. Elle produit du Vln 5’ * Qiiîe , du miel , quantité de fro- gp™ >;Sew11 y a une bonne rade à FDüeft- ^ord.Pueft» Fans aucun danger; & l’on y peut faire de l’eau à fon aife. Lcmnos, que les Naturels du pars appellent JLermno , eft habitée par des Grecs & des l urcs , & tributaire de la Porte & des Vé- nitiens. Il y croît du blé, de l’huiîe , du vin , “,3T aune banne rade.au Sud- Oiieft &.l’oü voit fur la gauche, lors qu’on y entre , une petite langue de fable , dont il faut s’éloi- gner, de même qu’un périt Fort qui n’eft: pas digne de remarque. Les Turcs y équipent trois ou quatre GaHotes , avec îelquelies ils font de tems en teins quelques Eftiaves Chré- tiens. D ailleurs l’aiguade n’y eft pas com- mode ; mais il y a quantité, de vivres & à bon marché. Tenedos a deé Grecs St des Turcs pour les habitans , & paie tribut aux Vénitiens & aux Turcs.Ellç eft- mu nie d’un petit Fort; mais qui pe lignifie pas grand’ choie pour prévenir une inva/ïon. Elle produit du bled , du miel , de I huile j Ôc une fi grande quantité de vin 9 PAR Mr. ROBERT. 54Î que darts l'Automne ou en Hÿver on peut ère acheter quatre pintes pour deux fols. Cette t/I’ Cl îi eft vis-à vis des ruines de 1 ancien- ne Troye, eft fort fréquentée, parce que font canal eft large &r fans aucun danger. On peut Soumet l’ancre du côté de l'Ilte , & f trois ou quatre milles de dillance de la Ville , a trente brades d’eau 5 mais à Foppofite de la Ville , à i5. 14. 12. lo. ou huit bralfes , un rond, de fable. Du refte , l’aiguade y eft incommo- de , & à l’Eft de ce partage , il y a crois pe- t4ces Mes fi environnées de brifans du cote de Tenedos , qu’il faut bien prendre garde a s’en éloigner y mais fi l’on fe tient près du Château , il n’y a point de nfque , car le banc a deux lieues de long. . . „ Scopolo eft habitée par des Grecs, qui foru tributaires des Vénitiens &c des Turcs. On y recueille du bled, du miel, de 1 huile •, quantité de vin. 11 y a un bon havre a Ion CKîeft, & deux petites lfles dans, le canaCv au Nord defquelles le partage eft aife. üar peut y courir Nord Nord OLieft, & mouiller a 14- 1(3. 011 18. brades d’eau , où fi d’on tour- ne au Sud , à p. 6. ou 7. braffes , où 1 ancrage eft bon pour de petits bâtimens. Au relie y on fait ici aiguade fans- aller à terre , dans une anfe où un ruifléau vient fe rendre. Au Sud-Oiteft de ce Port il y a une poin- te noire fur les rochers , où fix Vailfeaux de Guerre Vénitiens écholierent par une rude tempête il y a treize années , &c donc la plupart des hommes furent noiez. Depuis les habitans ont pêché quelques - uns de leurs canons qu’ils ont plantez^ fort avanta- geufement fur un toc s pour s en fervir en cas de befoin. ^ 544 VOYAGE DU LEVANT , Dolo ïftP' lleuë?au Sud-OüeftdeSco. polo , & habitée par les Grecs , qui naienr tnbui aux Ven, tiens & aux Turcs.^Ko treceuéTfl» &-C rhllile> &E- A J'Oikftfen- ',fle & autre qui eft inhabitée , il y a une bonne rade, où la côte eft faine , Oiieft !! „" f>CÛ“tnntter en courant Nord- ;' / a d ailleurs un autre paiTage et*. Èer I bi V aucun dan- fas'debols. de y cftfacl‘e/ & l! n’y manque Çhiliadromiaeft vis-à-vis de Scopolo, ha- de< vPar de ™ierab]cs Grecs, & tributaire des Vénitiens & des Turcs. Ses denrées con- fri^ie?LVlnVenJl,Ulle,en b]é> &c- L’ancra- ge n y eft pas fort bon , & fa rade n’eft guère frequentee. Il n’y a point d eau douce ; mais e^?.!s taillis y eft allez commun. Nimbro eft habitée par dés Turcs 8c des ^recs , qui font tributaires de la République de Venife & de la Porte. Il y croit du vin , * du ble , &c. Au Sud de PMe & à l’Eft Nord- f/V- j,s la,vllle Laint George , qui eft en- ciiie d un beau Monaftere , quoi que petit ; dedie au même Saint. 11 y a un havre affez eommode, fans aucun danger;- mais fort è- ïroir La rade y eft bonne\ & l’on v peut mouiller a 2ç. 20. id. 3c douze b r ailes "d’eau mais I aiguade n’y vaut rien. Qu’il me foie permis de donner ici une courte defeription de la Baye & de Ja ville deSmirne , qui eft fous le Gouvernement des i urcs , ôc habitée par toute forte de Nations. Il y a des Marchands Anglois , Hollandois oc rrançois , qui font un grand commerce avec les Turcs , les Juifs & les Arméniens : Us leur vendent de letain - du plomb > du ÊAR Mr. ROBERT. . HS *kap , du fer , des épiceries , &c. SC ils en achètent de la foie, du coton, de la filofel- îe , du poil de chameau 5c de chèvre , du maltic, de la rubarbe, de la fcamonée , de l’opium 5c autres drogueries. Ils vivent tous de bonne intelligence entr'eux , malgré la diverfité de leurs opinions. Cette Ville elt grande ÔC fort peuplée } mais les rues en font étroites. Elle a été célébré autrefois comme üne des fept Egiifes de l’Aiîe , dont fl efl parlé dans l’Apocalypfe. On y voit encore deux Châteaux , l’un qui elt vieux ÔC qui ne jfert pas de grand’ ciiofe , a: deux pièces de canon en baterie : l’autre , qui elt valle SC magnifique , fituce fur une montagne pointue n’en a qu’une feule y mais il elt orné de voû- tes fouterreines , qui peuvent contenir mil- le hommes. Devant' la; porte de celui-ci il y a un arbre de trois pieds ou environ de diamètre , 5c de huit pieds de haut , qui elt fans moelle , &c qui pouffe tous les ans des feuilles qui varient des précédentes. On le nomme l'arbre vierge , 5c l’on en fait bien des contes ridicules , qui ne merkenc pas d'être mis en écrit. Quoi qu’il en foit , il y a fur la même montagne un vieux bâtiment riiinê , où les Grecs affirment que faint Jean le Théo- logien- a prêché l'Evangile. Du relie on voie isi vingt- deux Mofquées , trois Egiifes Fran- qoifes, deux Vénitiennes , une Angloife, une Hollandoife , plufieurs Grecques , 5c des Si- nagogues pour les Juifs. D’ailleurs il n’y a- r-ien de remarquable. Pour ce qui elt de la Baye de Smyrne , læ côte y elt fort' faine -, mais lors qu’on y en- tre , il faut la ranger fut la droite , parce que fur la gauche il y a des bittures , quoi q.uæ P 5- HS VOYAGE DU LEVANT, Je canal îoit aflez large pour donner lieu a «ne fiore de tourner contre le vent. A huit lieues d ici , 6c dans l'enceinte du Cap Ca- a .no > on trouve rifle d’Orlan , ou rifle Angioife, 1 Ifle longue , 6c celle des perdrix , qui font inhabitées i mais on peut mouiller en deçà , a jf. 30. ou if. brafles d’eau, un fond vafarc , 6c au Sud entr elles 6c le Con- Cin^nt., a 1?‘ ou I2,‘ ^ra^es > le même fond. A fix lieues a l’Eft Sud-EÜ de ces Ifles , on> voit le Chateau Jacpmotes , bâti fur la poin- te baffe d un rocher , 6c muni de vingt cou- leu vrmes de fer , 6c de deux gros canons de bronze , dont Je calibre eft fi large , qu’un homme s y peut fourrer tout entier ; ce que j ai éprouvé moi-même » avec deux autres qui etoient de mi compagnie. Ces deux piè- ces peuvent avoir 18,. pieds de long , on y met de la poudre fans cartouche , 6c on les charge avec des pierres. Le Gouverneur de ce Chateau efrun miferable Turc, qui n’elL rien moins qu habile» 6c /on Canonnier eft un franc ivrogne , quoi que Mahometan. Te les connoiflois l'un 6c l’autre, 6c ils me fi- rent voir toutes les fortifications* Nos Fre- fites Angloifes , qui fervent de convoi aux aifleaux qui chargent devant la Ville, font obligées de fe tenir à deux milles ©u environ au-delà de ce Château , où elles ancrent à 10. 12. 14. 16. 6c 18. brafles d’eau 5 un fond de vafe. Lorsqu’on veut entrer dans le ha- vre il faut fe tenir à la portée demoufquet éloigné du Château , 5c lors qu’on en eft vis- a-vis , on a fix brafles d’eau. Quand vous etes en deçà vous en avez neuf tout le long- du chemin^ mais il faut prendre garde à Ranger la côte fur la gauche , ôc à s?écarcer ài PAR Mr. ROBE k T. ,54f qpeîque diftance du bec du pêcheur, qui elt facile à connoîcre , puis qu’il avance trois quarts de mille en Mer , & qu’il y a deux cabanes deüus couvertes de chaume. Lors qu’on eft venu enfuite à la longueur d’un ca- ble &C demi de la Ville, on n’a qu’à laifief tomber Ton ancre à f. 6. ou 7. brades d’eau » ÔC amarrer le Navire au Nord-Eft ôc au Sud- OLieft. On trouve ici une anfe ou un mole, où les Galeres & autres petits Bârimens don- nent fonds i mais il n’y a que fept ou huit pieds d’eau ,-de forte que pour y mouiller il faur que les Galeres même s’allegenr. Les Efpaîmadores font quatre petites Mes lîtuées dans le canal qui eft entre la terre du Cap Calaberno ôc l’ifle de X10. E ntre ces Ides & le Continent il y a deux grands canaux , dont la côte eft fort faine. Il y a d’ailleurs un Jravre ou' une grande Hotte peut mouiller à une bonne prorondeur, j’y- ai vû moi- même celle du grand Turc avec feize voiles de Bar- barie. On y eft enfermé par les terres -, mais il n’y a point d’Habitans fur ces IHes , ni même d’eau douce qu’à lix milles* ou envi- ron de Xio. Sainos eft habitée par des Grecs , & un pe- tit nombre de Turcs , qui paient tribut aux Vénitiens ôc à la Porre. Elle produit du vin , dè i’huile , du bled , du miel , ôcc. Oh voie ici une Col om ne du Serrail de Xantus, qui ai?, pieds de haut ôc neuf de circonférence , elle eft ronde & faite de grandes pierres blan- ches , qui reffemblent à des meules de mou-* lin pofées les unes fur les autres. Il y en a onze de plus , qui font prefque toutes rai- nées4, mais il en paraît encore quelque cho- fe, On trouve au Sud- Eft une jolie Baye 3oii- 34* VOYAGE DU LEVANT, une grande flore pour mouiller commodé- ment à 30. 16. 1 4. 20. 18. 14. 12.. 10. ou huit brades d’eau, un fond de fable , fans aucun danger , 6c où l’on peut aller ëc venir à touc vent. D’ailleurs , l’eau douce y eft bonne , &c il eft facile d’en avoir. Cetce Ifle fert aufïl à former deux canaux , le grand & le pecit y le premier avec trois Iftes "inhabitées , fort hautes & en écorre , à fept milles de fon Nord- Oiieft , Sc qu’on nomme Furnos. Celui qui connoit ce parage peut mouiller entre ces Ides à yo. brades d’eau avec le maître cable attaché au roc. J’y ai touché moi- même pluiîeurs fois par de rudes tempê- tes. Le petit canal eft entre Samos & le Con- tinent de Natolie y il eft étroit y mais la côte en eft faine. Vers le tiers de fa longueur > quand on vient de l’OLieft , il y a une peti- te ifle bafteSc pierreufe , où l’on atout au- près douze brades d’eau. Necaria eft prefque fterile, Sc il n’y a qu’um petit bourg éloigné de la Mer : elle n’eft ha- bitée que par des Grecs fort pauvres , qui font tributaires des Vénitiens de des Turcs* La rade y eft large , & l’on y peut mouilles: à id. ou 18. brades d’eau , un fond de bon- ne tenue j mais on n’y eft à l’abri que der- rière la pointe- Sud-Eft de l’Ide > lors que le vent fouffle depuis l’Oiieft jufques au Sud- EfL On voit fur le Cap une vieille tour rui- née, qui fervoit de Guerite, & que les Gé- nois avoient bâtie lors qu’ils étoient à Scio. On dit même qu’ils y entretenoient deux Ga- lères*, mais je ne pus découvrir aucun endroit, propre à les recevoir, &ç je ne fai comment ils pouvoient les y équiper. D’ailleurs il n’y a point ici d’eau* doucq.. FAR Ma. RO'ffERT. Saint Jean que les Grecs apellent de Patino &: les autres de Pacmos , ou feint Jean écrivit l’Apocalypfe , eft habitée par des Grecs, qui payent tribut aux Vénitiens St aux Turcs, t - le produit du vin, de l’huile , du ble , di fel,&c. mais fa rade n’eft pas frequehtee. IL y a d’aiikurs un fameux Monaftere fut une haute montagne au-delfus de la Ville , qut« eft dédié à cet Evangelifte >■& ou 1 on voit un tombeau de pierre , boile par dedans , b» tendu de drap noir : C’eft ici que repofe le corps d’un homme, qui paroit très- beau oC fort fain > & que les Grecs difenu etre celui de faint Jean. Quoi qu’il en fol t , om allure qu’il y eft depuis plufieurs f.ecles , ot lors que je le vis , la chair en étoit auffi ferme que celle d’un- homme qui eft en vie : il n y avoit pas le moindre ligne de pourriture , oc il n’éroit point du tout enbaumé. J ai meme oui dire à divers Anglois qui l'avoient vu- dix années avant moi, qu’il étoit. alors dans- le même état * de forte qu’il y a quelque cho- ie de vrai dans ce que l’on en debire. ^ Samo Pola eft une Ille fort petire, a qua- tre milles de Samos , inhabitée St fans rade la côte y eft. faine, fort haute St li n y a point de danger. _ . Lero eft, habitée par des Grecs , & quelque, nombre de Turcs qui les maïcrifent. Elle pro- duit du vin-, de l’huile ,-du blé , &c* cLa,^& eft fituëe fur une haute piontagneau Sud- hit s où il y a un petit Fort muni de fix Pièces de canon qui ne fervent pas de grand’ choie, o£ qui n’empêchent pas les. Habitans de payer- tribut aux Vénitiens St aux Turcs. Il y a loti» k Ville une allez bonne rade qaais- qui n elt guère, fréquentée Sc l’aiguade n\y vaut nen« AGE DU LEVANT , M°rg° neft habitée que par des Gree-r tributaires des Vénitiens & L Turcs Fl & Tyd:u'ï sêr ^ VierJ n,fl«r0M ’ ?u “"e image de la A Vb%n l»\GteCl refPC(ft£nt beaucoup. Veut entrer ;T/ Un bon havre , & iîl'on y *s^*CT«sa«F aüLNoSaa!iVff°5r mC cîi&îtie de petites Me* on^n.t r ^ de Mor^° 5 & habitées par quelques Bergers , qui ont foin d’un petit fKÎ brfbis & * chèvres, dedte a limage deMorgo , c’elU-dire que Par* Çent qui revient de leur vente efr deltiné a embellir le caveau oirrepofe cette Ima^e D ailleurs la roche y dt faine , & l’on peuc Hîomller entre ces ïiles. p Carmina eft habitée par des Grecs & auel ques Turcs difperfez don côté d’autre! CesPr^r!tnbcC aUX Veniriens & à la Porte. es Grecs ne font aucun commerce qu’avec nr 3“ df>rhé«es= dédiées à Paint jJande kur^en’r^ t5.lle rat8cnt qui re fait de Sinlft f cuiploie à omet & embellir te Moaalèeœ de cette Me,, On y peut mouil. PAR Mu. ROBERT. . m 1er fort commodément , & il y a trois .ca- naux. Ma» lors qu’on vient de l Elt on trou- ve un petit' banc de fable qu il faut éviter , &c il n’y a point de mal d’aller ici la fonde à la main. Pour les deux autres canaux , la roche y éft faine , & à l’entrée de 1 un il f a une crique , où vous avez depuis feize bral- fes d’eau iufqu’à douze pieds , toujours en di- minuant. D’ailleurs on peut mettre ici un Vai fléau en fureté , quoi qu’il n ait ni cable ni ancre pour le tenir en afïiete , oc il n y a point d’aiguàde. . - , Les iflies Calino, Cabarera, Bacna>Gadro- nifa , Lep efo& autres, font inhabitées , mais la roche eft faine pat tout , quoi qu il n y ait point de havre, excepté aux deux dermeres. les feuls Pirates les fréquentent , pour y attendre les Saïques au paflage , cC les en- lever. Ces Blés font dans le canal , & vont en talus vers le Continent de Natolie , c elt- à-dire vers le Cap Melatfo. De 1 autre co- té au Nord-Oüeft, on trouve Patmos , Le- ro, Morgo , Scio, Catmina , & autres Mes qui font habitées. Stanfcu ou rifle Longo , n’eft prefque ha- bitée que par des Turcs. H y a de bonnes fortifications & quantité d’huile , de bled y, de coton , de miel , de citrons 6c de vin- Le dernier y eft en fi grand© abondance , qu en certaines fai fons de l’année on peut en avoir* quatre pintes pour deux fols. Les Habitans de ' cetre Me font fort fains & robuftes , Sc ils ne s’occupent gueres qu’à la Piraterie. Ils ont J^ptGaliotes , dont chacune eft à 48. -rames , montée de 500: hommes , & de 4. pièces de canon, avec des armes pour tour 1 équipa- ge. Outre cela ils ensxeuenneateinq Urigaj&r S* V'OlTAGE DÜ LEVANT 3 nns , dont chacun porte 70. hommes , 28. ra- mnn aÎ* P^VSr ?*• deS armes PO^t tout Ton mond Ces Infulaires font gouvernez par un Chef, qui a fa Commifiron du Grand Seigneur , &e en échangé il a le foin de recueil- iir^tous les ans le tribut des Mes. IL en tire lui- meme un gros profit , puis qu’il impofe tout , Y?llt aux Pâuvres Se aux riches , Sc 3^,“ I£lv,rce ^Pa^er ’ outre qu’il fait plu- iieurs Efclaves Chrétiens dans fa courfe. Il y a un- beau canal entre cette Me Se le Continent de Nacolie ; mais fi L’on a deffeitv éy mouiller , il faut que ce foit du côté de IMe, ou vous avez depuis dix- huit braffes deau jufques a fept,un fond de fable pur. ^h^Tru,nc de for la droite un banc de fable, qui fait une pointe de i’ifle & donc on doie fe tenir à-quelque diftance. D ailleurs on voit un arbre dans la Ville dont les branches foutenuës par cinquante piliers de bois ou de pierre , peuvent couvrir un mi- Ifêr d hommes. Au refie les Habitans ne pa- yent aucun tribut aux Vénitiens , Se ce fut ici que je condmfis le Vaitfeau de Sa Majeftè Le G.oceiter , en 1 annee mille fix cens quatre- vingt feize. Scampolia eft habitée par des Grecs , tri- butaires des Vénitiens & des Turcs. Elle pro- duit du ble,de l'huile du vin , Sec. Les Cor. . , a irequentent beaucoup , parce qu’il elt aife d y faire aiguade Sc qu’il y a de bon pain.. Ces Grecs trafiquent tous les jours avec ceux du Comment , Se ils ont trois havres bien ’ dont P*us fréquenté eil fous la Ville fitue au Sud-Elt, fur une haute monta- i: 1 O p DO fi te de Longo ou Stanxu. NMeraelt habitée pat des Grecs qui paient FAR Mr. ROBERT. Stf tribut aux Vénitiens & aux Turcs. îl y crm, du blé , du coton , & du vin. Il n’y a guère de Val d'eaux qui la fréquentent , parce que eft mauvaife , & qu on n y peut faire : de 1 • Saint Jean de Celni , eft une petite ïfle in ■ habitée , qui a quatre milles de long , i* deux & demi de large. 11 y a un Kavfe fort commo- de aTlud-OSeft -, mats il faut être bien près du rivage fi l'on en veut découvrir l’cntree , parce qu’elle eft fort haute , & qu a peine il ÿ a la portée d’un coup de piftonec d un bout l'autre. On ne trouve point ici de tonds, mais au-dedans vous avez 30. %y %o. ou i>. braü uq fond de fable# . Calce elt habitée pat des Gr«c^ott nnftra- blcs , qui payent tribut aux Vénitiens bC aux Turcs II n’y a point d’huile i mais elle pro- duit un peu de vin , de l’orge , & quantité de Les Vaîffcau* ne la fréquentent gueres, parce que, fa rade n’eft pas trop bonne, U quJon ne fàufoit y faire de l eau. - Pifcooe eft aufli haoitee par des orées , ta- butaires'des Vénitiens & des imcs. Qny - cueille du blé , du vin , de 1 huile , Rc. & U y a une bonne tade au Nord Eft. \ °-u* m la Baye depuis ip |ufqu a 8. brades d eaa m- fcofiblement , Sc il y parorr deux^er.ts ro chers fort hauts , fans aucun danger. U au- leurs il n’y a point ici d’aiguaae. Sunio , qui eft habitée par des Grecs & quelques Turcs, produit du vin, de 1 .hui- rqdu blé, SCC. Elle eft tout auprès du Continent de Natolie , Sc il y a un bon na- vre quoi qu’il ne foit pas frequente. Les Na- turels du païs font perfides , Sc tres-habile* piRhodes*eft une Ifle fort peuplée j far tout de? VOYAGE DU LEVANT, Turcs, & où il croît du vin , de l’huile , du? r Cd Vit Sôcon > &c‘ Ÿ &it aufïr de la* ioie. Elle forme un grand canal» avec le Con- Natoîie. On peut ancrer ici fou^ i.a Ville 5 qui eft enceinte de trois murail- le5 L Saroies de canons , à zo. i8J. ou jf. brafles d eau j mais fl l’on traverfe la chaîne Ou ieftaeade, ôü peut fe tenir tout auprès' des murailles, avec une amarre fur le riva- ge. Le Colofle , ou la ftatue de cuivre , une des iept merveilles du Monde, fous laquelu fe on dit que les Vaifleaux toutniafte^ pou- voient pafler , éroit autrefois au même en- °ù eft aujourd’hui cette chaîne. Les vai fléaux de Guerre du Grand Seigneur , mê- me les plus gros , fe tiennent quelquefois ici , ou 1 on peut faire aiguade 8t toute Votre de vivres. Au Sud-Oüeft de l’ille , & à trois milles ou environ du Cap Catavia, on trou- Ve un banc fur lequel il n’y a pas plus de neuf pied^ «d’eau qui a ttois quarts de millo de long , & qui s’étend au Nord-Oiieft 6c au Sud- Eft. Scarpanto , qui eft habitée par des Grecs et trois ou quatre Turcs , paie triburà la Ré- publique de Vemfe , & à la Porte Ottomane. Quoi que les Coriaires la fréquentent beau- coup , & qu’ils en tirent la plüpart de leur Rufx , ils ne font point de mal aux habitans* Elle produit du bled , de l’huile , du miel St quantité de vin. A fon Nord- Eft il y a une bonne rade dans une Baye , où s’élèvent deux petites Mes pierreufês , & fort efearpées. ïl y a quelquefois des Vailfeaüx qui s’y amar- rent, & l’eau y eft bonne. Cafo tributaire des Vénitiens & des Turcs > ®ft habitée par des Grecs ôc un petit nombre PAR M*. R O B E RT»; W de Mahometans. On y trouve les memes den- rées que fur la précédente. R y aune bonne rade encre cette 111e , & une autre petite o fi- tuée à fon hit , ou cent Vj.^ P»»*"? mouiller fort à l’aifc , depuis 18 julques a 7? bralîes d’eau , un tond de fable blanc. D a leurs , baignade y eft facile- CHAPITRE II- # Prés avoir aiofi parcourt! deux camu\ de Al- Archipel , l'un forme par ks Iftes & 1^ Morée , & l’autre par la Natohe & : les 1U > il eft jnfte de dire un mot des Ijks ttuees entre les dernières , dont je viens de parler > & celle de Candie 5 que les Naturels du pais aPHarophlia eft habitée par des Grecs , tri- butaires des Vénitiens & des l urcs. Elle pro- duit dtr vm, du bled, de l’huite , ’ &c. Elle eft haute & plate au femme , ce qui la rend facile a connoftrej cpa» il n y parole détins m rocher ni buifton. U lade qurn’eft pas frequentee par RsvaxtTeaux, quoi que la côte foit famé tout autour 3 oc qu’il n’y ait aucun danger. q S an t urine eft auffi habuce pat des Crées* & tributaire des memes Purffances. Elle elt fort peuplée , & produit du bled , de 1 hune , quantité de vin. Les Saties de France qu’on emploie à~ transporter de ee^vm pout le fervice de la flotte Vénitienne , fe utrent en charge dans-une petite Crique ou il eft bien difficile d’entrer, parce quhi n’y a point fteha- vrc capab e à recevoir un vaifieau. Cependant rasgvw*. afwts ms cdlc-ci > ^ A * écdent par^d«^ Grecs bnne^ri^UC aUX m^meS Couvera! ns IJ v a tm fcv- &&&& braffes d’eau, unfond valît^o^f- f ' r°U 5‘ gigisël Sipsi 51ed Sr CnUC *rftc a/fez dc Vln ’ d’huil/, de Grecs, qui payenuribu^aS VenuLensP& ali* PAR Mu. ROBERT. 357 Turcs. Elle produit suffi du vin, du bled » de l'huile , &c- Msis fl n’y a point d ancrage pour les y aifléaux , qui ne la frequente pas ”°PaSs eft habité de même par des Grecs , tributaires des Vénitiens & des Turcs II y croît auifi du vin , de 1 huile , du . bled , du mrnn &c II Y a quatre bons havres , ce lui deVaint Jean , Naufa , Marmara & Trio.* L’entrée du premier eft difficile a caufe d une grande barri: qu'il y a ; & £eil pour ce a me- me que les Corfaires y paffienr 1 Hiver , afin que les Turcs ne puffient pas venir a eux. Ils s y rendent même deux ou trois fois Un- née -/mais ils laiffent toujours une chalou- pe fur la barre , pour leur fervir de vedette j Sc- ils fe nichent derrière un vieux mole ruine â fix cinq , quatre , ou trois braffies d eau, K au la eft une grande Baye , au Sud de laTjel- le on trouve quelques petites lfles un peu dan- eereufes -, mais il n?y manque pas de place pour s’en éloigner. On peut mouiller par tout dans la Baye , quoi que fous les caps S. Jean oC fainte Marie l’ancrage foit où les Corïaires donnent fonds e t fous une petite Hle à la aère de la Baye , fur laquelle ils Hevent une baterie, ou ils plantent leurs ca- nons pendant qu’ils radoubent leurs Va! fléaux. Marmara n’eft que pour les per îts bâti imens. Enfin devant Trio , qui eft au Sud-Eft , & ou la terre forme un demi-cercle, 1 y a deux petites Iftes , ce qui rend cette rade merveil- îeufe. Pour la connoitre , vous avez le Mona- ftere de faint Antoine au Nord-hit, a cinq milles ou environ de diftance fur une haute montagne. D’ailleurs l’eau d une riviere qui fe degoige ici dans la mer eft fort bonne , &C ** VOJACE DU LEVANT & Nntfa t?l t, Ca"al ,qm f,ft emre Me fefede reaUParOU r°chet t011t »“«* - Anti-Pans eft au Æ habitée par désirées ^païc tribuc aux Vcmtiens„& aux Turcs. On y trouve les memes denrées que fur la pré- eftd ?nCn °nJÜ SQI?mé ainfi 3 Parce qu’elle fPfaG dcparis 3 à deux milles. -ou en- canaîaïsn^F#' 11 ?’-y a que la PartJe du canal au .Sud- Eft qui foie naviguable , ôc me- «le il faut y aller avec beaucoup de ptécw" ton. bout celle du Nord-flHl y a deux pë- tus rochers au tnilieudes Corfaires hivernant quelquefojs a cette Lie , où ils donnent la ca- rene a leurs VaîTeaux , ôc fe mettent dans une anfe qui eft à l’abri de tous les vents, ÔC en furete contre les Turcs, Strongilo &. Spitico font deux petites Iiles anhabnees au Sud d’Anri-Paris , £ à quatre p”r tout ' ÿ ,l,ance ’ “ais la roche y cil laine partout, & 1 eau y eft alfez profonde. & ^Va 5 **ont deux autres petites Mes inhabitées , dont l’une eft haute & im- gfrt foliS la Parrie Méridionale’ de ôerigo , (ans aucun danger. L’autre eft bafle entre le Cap faint jean ôc Sengo -, mais corn £ garde™ da"S *' fml ’ " iiut 7 PtcndV Turcën^ LanriC f rou? la domination des Aurcs qui en font les principaux habitans £ç°vqU J y aU b°n nombre de Grecs , & que les Vénitiens poftedent encore quelques Pla lëîid°artC&dcU ^0,Ç°mme Spina-Longa, 5euda , &c. Les principales Garnifons des Turcs fe tiennent à Canée . Candie! Cata! buete & ailleurs. Cette Me a cinq cenl milks 4e circonférence, ôc produit quantité de vin PAR Mr. ROBERT. 50 /«3a miel , du chanvre , de l’huile, &c. On y fait au® négoce de foie , de fromages , de cire , de peaux , &C. _ . r„ , Le havre de Spina-Longa, au Sud-Eit de Fille eft formé par une ifle haute , pierreufe s éc. caillée en précipice , qui fe trouve dans la Baye. Les Vénitiens y ont un Château muni de cent pièces de canon fous lequel on elr a Fabri de tous les vents , & où 1 eau eft bien profonde. Il n’y a que des Chrétiens dans ce fort , & que des Turcs fur l’a le. ^ Seuda eft aulii munie d un Fort ou les Vé- nitiens ont 70. pièces de canon , & il y a un .excellent havre , formé par deux petites Mes du voifinage , fur lefquelles il ne croit rien du tout. A , T7 , . r Canée , dont la plupart des Habitans font Turcs , ell au Nord de Fille de Candie , la meilleure de fes Places , enceinte de murail- les , '& bien fortifiée , avec un havre tres- commode. Qn y embarque tous les ans pour les pais étrangers , quantité d’huile, de fro- mage , devin j de peaux, &cc. La ville de Candie eft aulîl une Place for- te , fituée du même côté , (èc où il y a un ^Carabuete eft une Place bien fortifiée fur une Me du voifinage. En mille fix cens qua- tre-vingt onze elle le révolta , & les Fran- çois , qui la gardoient pour les Vénitiens , la . fendirent aux Turcs, qui lapolfedent encore aujourd’hui. La rade y eft mauvaife , & if n’y a dés vivres que ce que l’on y en apporte ic Fille de Candie. IL eft tems de dire un mot de rifle de Cy- pre , & de quelques Places remarquables fur la terre ferme de Caramanie. Cypre , dont la plupart des Habitans font Turcs , quoi qu’il y ait bon nombre de Grecs tributaires de la Porte , eft une Ille fort vafte & d’un grand trafic. On y fait de la foie, du coton^, du vin , de l’huile , du fei * &c. Les Anglois , des François & les Hollan- dois y ont des Comptoirs, & lors que nôtre flore revient de Scanderone , elle y touche pour faire de Peau-, & des vivres. Sa principale Ville qu’on dit être bien peu- plée Sc munie de bonnes fortifications , eft à trente milles de la mer , & s’apelle Nixia. Le Porc le plus frequente pour le négoce eft la ville de Salina , dont la rade n’eft pas des meilleures , puis qu’elle eft expofee au ' vent du Sud Sud- Eft. 11 y a un petit Fort, qui ne peut gueres ferviràfa défenfe , quoi qu’il y air huit pièces de canon en baterie. La pelle y régné fouvent , & lors que j’y ancrai en 1692,. à bord d’un Corfaire nous y envoiames la chaloupe avec quelques gens , qui ne trouvèrent dans la Ville' qu’un lèul Moine Grec*: tous les Habitans s’étoient en- fuis à caufe du mal contagieux qui avoir emporté à c.e qu’on dilbit , 4,0000. person- nes dans lefpace de trois mois. Au Sud deTIfle , on trouve le Port de Fa- snagulta , qui elt plus commode que celui de l-aiina , quoi qu’il ne fou pas ii frequente. On pm PAR Mr. ROBERT. «ri peut aufli mouiller fous le Cap Grego , qui eft à fix lieué.sde la derniere de ces Places ; 3c fous 1JeCî^ralnt^ndrea5 qui dl lePlus Oriental de 1 Me , ou la rade eft très-bonne, lors que le vent fouftlc entre le Nord-Qüeft 3c l’Eft 3c où vous pouvez toucher à zo. i4. 0ii fept brades d’eau , un fond de fable. « uuC£' ^ern*er Çap il y a une petite cellu-, le habitée par un Hermice Grec , qui ne man* ge d aucune Arte de chair , fc qui ne vit ou ne s habille .que de ce que les Paflagers lui donnent. Il pretendoit que l’Apôtre Paint An- dre y eton mort , & que l'eau du puits , qui eft dans fa cellule j a la vertu de gue- rir divçrfes maladies. 5 Au Nord de Pille on voit pluïïeurs Bayes ,3c rades pour de petits batimens : La plus con/uierable de routes , qui s’appelle Fonta- na , eft gardée par un Fort , muni de quatre pièces de canon. Mais en dépit des Turcs i es Cor /aires y viennent faire de l’eau , & diî bois , 3c enlever du bétail, Coreu eft un havre fur le Continent de Ca- ramanie , derrière l’ifle de Cipre ài8. lieues du Cap Andrea, Eft Nord- Eft, 5c formé par une pente Me pierreufe , qui eft à l’embou- chure de la Baye a deux milles du Continent Ii y a voit autrefois fur certe Me un Fort très- bien bâti ; mais, qui eft prefque tombé en rui- ne , quoi qu’il y refte encore des voûtes foû- terraines , ou deux mille hommes pourroient fe loger , & que les murailles foient fi épai/fes qu un caro/ïe attelé y peut courir de/îusi l’en- trai dans ces voûtes , 3c parmi les divers ca- ractères gravez fur les murailles qui me font inconnues , /e déchifrai une Infcnption Ita- lienne , qui du : r 4 K q VOYAGE DU LEVANT , Parmi contra Parentï Àpï fono deftrutli i Ce qui ùgniiîe. Parents contre Parent s , fe font ici détruits . On voit fut le Continent un autre vieux Château plus valte ; mais plus ruine que ce- lui de l’Ille , & où il croît dés arbres de tren- te pieds de haut. A fept lieues d’ici , une langue de terre qu’on nomme Lingua Bardaf- cia", c’eft-à-dire langue de Courtifane , avan- ce .jufqu’à cinq milles dans la Mer. Un Prêtre Grec que nous avions à bord , me dit que l’o- rigine de ce nom vénoit de et qu’une femT nie de Cipre , qui étoit aimée d’un homme qui demeùroit fur le Continent , lui avoit fait lavoir que s’il vouloir jouir d’elle , il devoir U venir chercher par terre s que là-ddfus le pauvre Amant s’ét'oit mis à lever cette chauf- fée , dont on voit aujourd’hui les relies * &c que la mort Pavoit furpris avant quil püc ianir fon ouvrage.' A l’entrée de Porto Cavalier } qui elt fup le Continent de Caramânie , derrière Pillé 4eCipre,ily aune Me inhabitée. Les Cor- faires donnent ici la cârene à leurs Vaifîeaux , & ils mouillent du côté de Pille à 2^. '20. où if. braffes d'eau , avec une amarre attachée fur le rivage. D’ailleurs, on n’y trouve point iPeau douce; mais le bois n’y manque pas. Porto Orlano , eft tout de même fur le Continent de Cararaanie , &c derrière Pille de Cipre. Il ‘y a un Ifthme qui fe joint à cette Baye , &C qui en fait un bon Porr. |.es Corfaires y vont faire de Peau , qui elt PAR Mr. ROBERT. excellente , 8c du bois , fans craindre que les Turcs les interrompent, parce qu’ils de*i meurent trop loin d’ici. J’aurois pu dire un rnot de la côte de Sirie , qui ne m’efl: pas tout-à-fait incon- nue ; mais j’ai crû qu’il valoir mieux en Uîfler la defcription à ceux qui l’ont plus Jfrequentée que moi. TABLE DES MATIERE? Contenues dans ce Volume; A À B i n g T o N : Ifle du Comte d’ ; Pag. x6$ Abrottios, Bancs de fable, que l’Auteur croit ' chimériques , z9!9 Albanie : { La Baye d’ ) ou le havre de fille d’YorK , l6f Albemade : Ifle'd’ : Voy. Staaten Land. Anvers : ( ifle du Duc d’ ) une des Gallapagos , x 64 Albicore , Poiffon de mer , iyi Alexandre : Jean , un des Boucaniers fenoye , 143- Amboina. Qn difoit à Batavia que le quartier de ; cette ifle , où les Hollandois avoient maltraité les Anglois , étoic fubmergé , *8 y Anamabao , ou Anabao , ifle , dont les habitans Iu- 1 diens vont toujours arme? , Elle eft au Sud- Oüefl: de Timor , &c. 44 André : Don , Empereur Indien , x 1 3 Andréa ou Ahdros , ifle de l’Archipel , 338 , 33 9 Andrea : Le Cap faint , fur l’ifle de Cypre , 3 6 1 Angrea , Baye des Tetceres , tn Animaux terreftr.es de tille Timor , ;o. fur Iç ' Continent de la Nouvelle Guinée , izo Annonciation : L’ /Vaiffeau Pirate , commandé par le Capitaine Jean Peragola , _ jit» Anti-Melo, petite ifle inhabitée de l’Archipel , 334 Anti- Paris , ifle oppofée à celle de Paris DES MATIERE $. &rbre à calebacê , qui croît fur 1’ifle Timor , fé Arbres de haute futaie , qui eroiftent fur fiflè Ti- mor, 49.. Ceux qu’on trouve fur la côte du dé- troit de Magellan , i97> 100 Arbre vierge , qui eft devant la Porte d’un Château de Smirne > _ 34-5". Arnana , nom d’une Eregate Angloife qui périt dans le havre de Nio , 3°J>357 Archo : Les , trois petites ifles au Sud Sud- Eft de Patmos , 3 S°. Argentera , ifïe Bc ville de l’Archipel , 323 Argiftole , ville de Cefalonie , 3 1 ^ Argos, ville de la Morée , 33x . . Arïca , Peko & Chamo , trois villes des Espagnols dans 1* Amérique , t 1^5,162. Armiger : Mr. un des Eieutenahs du Vaifteau , fur lequel êtoit l’Auteur , Afcenfion : iiïe de P , où l’Auteur échoue , ét perd four Vaifteau, 160, 164. Il y a quantité de tortues -, de chevres , &C.16 ;■ L’Auteur & fesgens s’em- barquent fur des vaifteaux de guerre Anglois , qui étoient venus y mouiller , * 6 6 Afperone , ville fur l’ifle Sera , ?37 Autruches, qui coureur d? une grande vitefte , îS i / BAbao , un des Ports de l’ifte Timor. 54*58 ÿ 2,9 > 48. Il y a quantité de Bulles à terre , 40. Bachelier : riviere du , dans le détroit de Magellan s 100 , ao6 Baldivia , où les Efpagnols ont trois Forts , ic-4 > ro s Baleines , qu’on trouve en quantité fur la côte du Brefil , 160 Banda : Les ifles de , 7 3 Bantarn pris par les Hollandois , 2. 8 0 , 2 8 2, Baragoa : banc de , fort dangereux , 1 8 o. 0.3 T A BLE ^arbacuë , efpece de gril de bois, i0 , *y :-LaAS' Yaiffeau Pirate > commandé par Je Capitaine Antoine Sicar de Provence , IItf Bauhelemi , ifle de S . dans le décr. de Magellan ,185» £ — Rochers de S. x69 *.1 Batavu Arrivée de l’Auteur dans cette rade' iJ ion départ , ’ ^de? &J6 magafin des HoI!ando's pour les Yn- B7an d eaU d°UCe :U 3 DAnS Ie détfoit de Mage!- Bec du Pêcheur , Cap dans la Baye de SmyrnV, 247 Becket : Mr. un des Lieutenans dU. Vaifleau , fur le- quel étoit l’Auteur r 3 io Bella Pola , petite Ifle inhabitée de l’Archipel , xyi ezoar . pieires de, On en trouve d’excellentes à Bornéo , Bindlos rifle de , une des Gallapagos , Z64 Blancford , ou Blanco ; Le Cap , ainfi nommé par m kt“e“r^ «î.tio, ih.4< Blubber , forte de gelée qui flote fur l’eau , 160 Bo;adore:Le Cap, x Bonao, ifle, 1}6i Les Hollandois y ont un établi f- fement >. 1*8 Bornéo : L'ifle de , décrite , ce qu elle produit , les •Nature.^ du païs font Mahomerans , & fi on les attrape à boire du vin , le Roi les condamne à perdre la tête, xgl Borrica : la pointe , X4_ Boucaniers : troupe de , 111. Ils prennent une Bar- que , 1 z 1. Quelques-uns d’eux ont une rencontre avec la barque longue d’un Vaifleau de guerre Es- pagnol , z % z. & avec les Efpagnols de l’ifle Cheph- i? >Z1J- I,s batent trois vaiffeaux Efpagnols, zzz. 1 s trafiquent-avec les Efpagnols de Tavoga. 2.2 6. iis prennent un Vaifleau chargé de farine , u7. fieux autres chargez d’indigo , de grain , &ç. z i$A DÉS MATIERES. î.a diviflon fe met entr’eux , 8c ils fe feparent en z , bandes , dont la plus grofle fuit l’Auteur , i^o. Di lui ôtent fa place de Commandant , 8c la donnent à un certain Watling y i4T> ^s' prennent là ville d’Arica , qu’ils font contraints d’abandonner, 8c rétabliflent le Capitaine Sharp dans fon pofte * 143. Ils font décente au Port de Gualco ,• ibid. Ils prennent le village de Hilo , 444, Deux Vaif* (eaux Efpagnols , 148. Ils arrivent à Paita , ibid. Boufées de vent , qui foufîient des montagnes voifi^ nés d’un côté , & qui font dangerfîufes , 100 i 140 j 2.49 *6 a > 33 8 Éouro & Kilang, deux petites ifles , 13 9 » lat°9 Brattles : ifle de , une des Gallapagol y . 1 6 4 Brebis d’Efpagne , devenues fauvages dans le Para- guai ,174. Vviez Winaquez. Bretagne : Nouvelle , defcription de cette ifle , * 1 4 Brochets qui reffrmblent au Parracota , 7 7 Brufado , petite ifle de l’Archipel y 33 4 Button , ifle. . C CAlalalou , herbe lauvage des Indes Occid. 60 Calce , ifle de l’Archipel , 513 Calojera , petite ifle pierreufe dans l’Archipel , 340 Cambous : la pointe , 4 Cambuffes , ifle : ' . J5Ï< Cana-fîftula. Defcription de cet arbre y qui croît fur l’ifle Timor , 57 Canée ^ ville forte de Candie y ibid. Candie : L’ifle 8c la ville de , décrite , 3 59 Caho ou Canes : L’îfle de , _ a44 Canons de bronze d’un calibre extraordinaire , 34 6 Cap de bonne Efperance , iy 9. Defcription du ha- vre , z 8 8 . De la Baye de la table , 8c c. 1 9 o . De la Ville que les Hollandois y ont , 8c du jardin de la Compagnie , 1 91 Garabuere , ville forte fur une ifle, voiflne de celle Q. 4 Ca«WF.rri‘e îffe.jnhabitée * l'Archipel, \\{ v^araviLvS , petite ifle de l'Archipel , IL er:„ï^t",pel * dont ,n ^ g-s CTiaodian 1 J Evêque dé Butga & coufin de Cafo ,Zle4X [at •“ >W Caffandta , ifle de l' Archipel , *^eurenrfr0ni0,S:0irc‘iela R’ *kR nommée par ’^rân fezde ^ R' ** mêRK‘ ‘lUe celle * Juan Fer- Caval er.fe grand & le petit : Corfidres de Maire' STaito: ™Vde“r ’e C°n:hSnt d~ €aramanie » ,"4 Cave : Ifle d’Antoine l4J Caradich tireur Thomas , navigateur 1? 1 > 19 6 pois , Cefa Ionie , ifle de l’Archipel r Cenam ou Ceram , ifle , 13 g. de ce qu’il y’ croit, 157. il y ï des^llar^ois : Cervi, Voy. Chorvi. 13 8 * I}iJ Charles : Le Cap, en Virginie , Charles : havre du Roi , Charles : ifle du- Roi , une des Gallapagos Chauve-fouris de ia grofleur drun iapreau Chepillo ; L’ifle , - Chéri bon , Comptoir des Hoilaodois fur l’ifle* d. } -'Pi Cherfo , ifle de l’Archipel Chevres : L’ifle des , K* De fon terroir & *-Sî 246 2 64 Si, 87 2 33 J 2 80 * 7 • ‘v-‘' • wc xies , z g ^flistis marins : ifle des , 169. Defcriptîon de ce ■DES MATIERES, ânîmaux ,174. On en trouve quantité fur la cô- te du Brefil , 260 ChiMadromia , ifle de l’Archipel , 344 Chiphantoon Siphano : ifle de l’Archipel , 354 Chira, petite ifle pierreufe , 243- Chorvi, ou Cervi : ifle de l'Archipel , 330 Giccalé : havredel ifle Timor, à l’Eft de taphao , Cidera, petite ifle inhabitée de l’Archip 1 , 331 Clerk : Mr. Capitaine- d’une Eregate Angloife , nom- mée Mancel',- 137 Cochon ciiiraffé , petit animal , dont la chair eft d’un goût exquis, 18 1 Cornettes extraordinaires qui afoient paru à Qaltp , 11 ÿ Compafe : Mr. jean , Ceneraf Hbl'andois à Batavia ». 2. 8 3 . Il envoie 80. Hollandois à Japara , que l’Em- pereur de java fait périr , & il équipe /. Vaifleaux de guerre pour en tirer iatisfaction , 184 Concorde : Le Fort la , Voyez Timor, Confîanfa : Dona joahna , jeune Dame Efpâgnole d’une grande beauté , tombe entre les mains de» Boucaniers , 148 Cook : Mr. Elmond Capitaine dans une troupe de Boucaniers’, 217. Il eft mis aux fers par le Com- mandant Watling , 241. II. eft de la bande dm Capitaine Cowieï , 262 Cook, j. Capitaine d’un- Vaifleau Pirate , monté de 32. fl o ihmes , 236. Il n’olè attaquer un Vaifleau Hol ’andois , 2 3 8 . Il en prend un monté de 4 o • piè- ces de canon. Il eft joint par le Capitaine j. Eaton r 2 é 1. Us manquent d’entrer dans ia Baye d’Arica t où ils auroient trouvé un Vaiffeau chargé d’argenc & ils en prennent uû autre de nulle valeur , 2 6 Il meurt , & on l’enterre au Cap Tres-Pontasjitfé. Son Vaiffeau quitte celui du Cap Eacon , 2 6 y Coquimbo : Le havre de , 13 7 , 2 3; y Cordes ; Bayes de^ dans le detroit de Magellan-, ipp Core-a , havre fur J Contifen^aumapie , *6t Coron , ville de la Morée , * CowJey : Le Cap , Auteur du voiage , 2 y j. II donne ie nom de Pepis à une ifle inconnue ,260. 1-1 im- pôle des noms à plufieurs des ifles de Gallapagos , & entr .autres le fieu à celle qu’il nomme l’ifhfen- chainee ,264,26/. II s’engage pour Pilote avec Je Capitaine Eaton ,267. Il le quitte & pafle avec d autres a I’ifle de Java, 182. Il le rend à Batavia avec trois de Tes camarades ,283. Les Hoilaudois I empechent d’aller à Sillebar , 284. Il part de Batavia, z8ç. II arrive au Cap de bonne- Efpe- rance , 2 8 6. II touche à l’ifle de l’Afcenfîon , 2.98» II achevé le tour du Globe, Ibid. 2 99. U arri- ve à Heîvoet-SIuice , & il pafle à Londres , 3 o & ‘Courans de mer , 6 8 , 7i, 7 8 , , 104 , 11* , 130, 3î1 > U J , : IJ5> J 148 > 2-4 9 , 2 6/ , 277 , 286. Couronne : ifle de la , vers la côte de la Nouvelle Nouvelle Guinée, IZ£ Cox : Jean , un des Boucaniers paie l’Auteur d’inera- utude , \ Coxon : Mr. Jean j Capitaine dans une troupe de Bou- caniers , 21 /. Il en eft fait Commandant en Chef „ 217- H fe retire avec cinquante hommes. 224 Crockadore , ifle. Croflman ; ifle de , une des Gallapagos , 264 Culpepper : ifle du Lord , x6f Cupang , Baye & Royaume de l’ifle Timor , 2 r , 6 6 Cypre ; L’ifle de , décrite. ^ 0 D Am mer , efpece de godron * Dampier : Mr. Guillaume , écoit de la Bande dut Capitaine Sharp & de celle des Capitaines Cook 8c Cowlejr , 2 6 2 Daflïgni : ifle de , une des Gallapagos , 264 an : ifle du Chevahet Antoine , une des Galla- PaSos i * 64 DES MATIERES. Derme : Mr. Chef des Interlopes Anglois à Kelling^ Candagh , 2.96 Denis : ifle de Garret , ioi. Defcripcionde fes habi- tans , ibid. ioz , & de leurs Pirogues , Defiv ,Voiez Difado. Dilles, Les , trois petites ifles inhabitées dans FAr- chipd , 33 7 Difado , ou Defir. Le Cap , dans le détroit de Ma- , gclIan > * ioi Dogger-Banc. Le, ^ ;0O Doro. Le Ca-p , fur l’ifle de Negrepont , 339 DvaKe. Le Chevalier: François fameux navigateur Anglois fie pendre un de fes gens fur une HTe du Port faint Julien, 173-. Il partagea fur Fille de Plata l’argent qu’il avoic pris fur les Efpagnols aD » 2 47;. EAton y Jean y Capitaine du V. le Nicolas Je Lon- dres , joint le Cap Cook , z6i. Ils man- quent de faire une Prife confîderable , z6z. ÏI brûle deux Vaiffeaux Efpagnols, a 6 8. Il tra- fique avec les Indes de Guana , 27e , 2:74. H paffe à Canton dans la Chine, où il manque de s’emparer de 13. Vaiffeaux Tartares richement chargez, 175». Il en manque un autre à Ma- nilha , ibid. Il prend une ifle voifine de celle des ehevres* , 1 89. & une Chaloupe Indienne , oii il y avoit une Reine , ibid. Son équipage de- vient fi fadieux , que Mr. Hill fe retire avec 18, autres & lui ,, * 8 a , il arriva à Batavia * 2 8 y Bclipfe de Lune obfervée au Port defiré , j g z Ecreviffes : le havre des , fur la côte Septentrionale du détroit de Magellan , 190 , & 1935 Blizabet : ifle de la R. dans- le détroit de Magellan y- ï^o. Sa defeription , ibid. celle de fes habitant y 29.®' T A B t Ê Elizabet : la Baye , dans le détroit de Magellan , i ©à Eh ou Hilo , le Port & le Village , z j 6 , 337,144 Ende , ifle , où les Portugais ont une Ville , 34,67, , 6 8 Eperlans d une groffeur extraordinaire qu’on trouve . dans le Port- famine, i96 , 207 Epices. Baye des, Efpalmadores : les , quatre petites ifles entre le Cap Calaberno & l’ifle de Scio , 347 Etienne : Guillaume , un des Boucaniers , tombe ma- lade & meurt pour avoir mangé des pommes de Manchanil, , wj. Evres ; i£le d’ , une des Gallapagos 4 FAcheux : le Cap , au Sud de l’Amerique , 15» § Famagufta , Ville & Port de Cypre , 360 lamine : le Port , dans le détroit de Mangellan , 1 8 4 * 19 S Earley : j’ifle de , 207 Termina ou Fermia , ifle de l’Archipel , 33 4 demandez : L’ifle de Juan , abonde en Chevres , &c. 239 , 2/8 , 261, Nommée l’ifle de la Reine Ca- therine par le Capitaine Sharp , ibid. Figuiers fauvages qui croiflent fur l’ifle Timor , y g; Fontana : La Baye ,. au Nord de l’ifle de Cypre , 361 Fortefcue : Baye de y dans le Détroit de Magellan , I99 Fuego : La terre del, 2 <50 Îrancefe : l’ifle, à l’entrée du Golphe d’Athenes , 340 Francifco :Cap San, 232, 147 , 268 Froid exceflif fous le foixantiéme degré , trente minu- tes de latitude Méridionale. 161 Frondeurs : Baye des., fur la côte' de la Nouvelle- Guinée , Et nies de l ’ifle Timor ^ DES MATIERES, G G Allant : le Cap , Dans le Détroit de Magellan ,» 199 Gallapagos , ifles fituées fous la ligne, 230. On les nomme aufll les ifles enchantées- , 2, 6 4- Gallo rifle de, Z3Z George : Le Cap S. fur la côte de la Nouvelle Gui-* née , 108. A pelle auffl capo Blanco , I40* George : ifle de S. dans l’Archipel, 35 4' George: S. de Arboras Sambarera ifle inhabitée de l’Archipel, 33 x. Glocefter , 8c Anne : les Caps , iH’ Golpho dolce , 2,4^ . Gorgone, ifle : qui eft riche en Perles- , 2.50 , 231 »- autrement l’isle de Sharp , z 6 9 Grecs : Les, des isles de l’Archipel font perfides. Grego : Le Cap , eft à fix lieues de Salica , 3 6 F Grégoire : isles de S. dans le Détroic de Magellan , 18 9. Cap du même nom , zo 9 Grondeur ou Soudeur, petit animal fort fingulier , Guana , ou Guarn , une des isles des Larrons , 1 69 v Le Gouverneur Efpagnol invite le Capitaine Eaton à l’aller trouver , &c. 27 1 , 27 2 , 2.76. Du pro- duit & du commerce de cette ifle , ■ ibid. Guafco : le Port de , XIî Guillaume : Cap du R. fur Ta côte de la Nouvelle- Guinée , iz 3: Guillaume : isle du Roi , où il céoît de beaux arbres y Guinée : Nouvelle , Defêription de fa côte , 7 J , m v du Continent , 97 , 123, de fes habicans, toé * 88 , 89 , 131 , HI9 , de ce qu’il produit * % T ABU H Amphlia , Isle de l'Archipel v , é de Boucaniers J,Capkaine dans une’ tronjef a“ bUG“ 9& lïCapiuine Cowky1'^6'5 ' * Bativia avc= Helcnerisledèfaime, 187 Helene : le Cap , 160 M? Rote ,Vailtra“ Kbtc ’ à ÉoilJ *9*1 «’rorV mL^TcÉ't da,cf “** > »«■* = 4'o **££f , Ktesîi! une MrrV ? ■ ‘“,P“den“ dc leurs femm“ . avec * lC““crt ^ reSardei'“' Huîtres de trois forces autour de l’isle Timor , % I Î Uao fa“VâSej ■ defcription de ce fruit , g tf */ J » - S- une des îslesdu Cap vèrd , i {7 > t g + 'arî'ÆiSss;;*."”^ '““-«-.a J«an. Isle de Saint , , jean ^ S. dé Cerni r petite isle inhabitée de l’Archi- Fàtmos> isîe de r Archipel ,349. te! ecs tuteur dj avoir Je corps le S, Jeap ££, DES MATIERES, vangelifte , H 9 lerôme : canal de S. dans le détroit de Magellan y ^ zoo Indiens far la côte du détroit de Magellan > 148, 194 , Ceux du Cap Tres-Pontas brûlent une Barque longue des Caps Cook 8c Eaton , z6 6 y Ceux de l’isle Guana , 170, 174- f°nC ^ une taille fort avantageuse , 8c trés-vigoureux , 8cc. ziS > Jora où Jura , petite isle de I’Archipel , , 337 Jour : Perte d’un , en allant àCheribon par 1 Oüeft* k a St, 185 Ipfeia , isle de l’Archipel 34° Isle blanche fur la côte de la Nouvelle Guinée , 7 7 Isle brûlante. Voyez. Volcans. ^ *79 Isle de la bonne Juftice , ainfi nommée par le Che- valier Drake , *7*" Isle du Prince, Isle enchantée , n’eft qu’une fîétion fuivant l’Au- teur , xyi. Le Capitaine Cowley eft d’un autre avis , 1 6 f Isle longue , vers la côte de la Nouvelle Guinée > ix6. autre inhabitée dans l’enceinte du Cap Ca- laberno , 34 Isle orageufe , ' 99 Isle qui croife le chemin *S°" Ives. Montagne de S. *£9 Julien t Port de S. ainfi nommé par Magellan », 174. Inftruélions pour entrer dans ce Port , 146. Du Continent 8c du climat, 149 , 19 o. Cap dos meme nom » *79, L LAphao , Baye de Pisle Timor , 31. Les Portugais y ont une Ville du même nom , j 1 > S 1 » fî > f * Laurentucka , ou Lgrantuca, ville des Portugais fur i’isie Ende, jy ? ? 6? > A B L E £ T purent. Cap S. ^ , emaire , fameux navigateur Hollàndois & fe* lero, isle de l’ Archipel , 342, hbby, forte d arbre , dont la môuëlle fert à faire des gâteaux , g Iaevres , isle des : ainfî nommée àrcaufe de la quanti! e e ce s animaux, qu’il y a d’une groflëur ex- . traordinairé , £impet , forte de Pétoncle , lion: Le der Leith , Vaiffeau Ecoffois , qui faillit à . t(*™bet fur celui où était le Cap. CÔvvley , ,0r JLittlefare : George , Capitaine d’un Vaiffeau Anglois , Eobos : isle de , Éorantuça , Voiez LarentucKa. luca-parros, deux petites isks, uconîa , 2 7 7 î*undi , le Cap : dans le détroit de Magellan , 1 69 I7r 5*4 a 65 7* 27 8 loi M |y|Ab0, Cap Nord- O lie ft de la Nouvelle-Guinée, Macao, ville de la Chine, dont les habttans4 trafi! quent avec les Portugais de Laphao , f ^ M fcronefy , Maronilr autrement l’isle longue - inhabitée de l’Archipel , , , / Madona de Monte Ncgro , La : Vaifïèau Pirate commandé par le Capitaine Francifeine , ûg Madona , ou Image de la Vierge, que les Grecs de Morgo refpe&enc beaucoup , , , G. agellan , Ferdinand : fameux navigateur Porru- gals . 17 4. Du détroir qui porte fèn nom , & de ce qu il faut obier ver quand on le traverfé ,. a 87 * î 8 8 , ï8> ... DES. MATIERE S. Mahome'tifmé établi dans les isles de la' Nouvelle Hollande / 6 7 May, l’isle de : une de celles du Cap-verd ?' , 167 Malaccà : côte & détroit de : infectez pat des Pi- rates / , l > 8 Malayens' , Peuplé dé Timor , fort Cruélé’énvere les Européens, 48'. Langue malayenne commu- ne à toutes les isles des environs , 6 7 Mangeurs d’huitres /forte dé pôifîoh , 6% Manilha : deux Indiens de cette isle propofent au Ca- pitaine Eaton d’ y attaquer les Efpagnols 176. Le Gouverneur Efpagnol de cette isle a fait une Paix perpétuelle avec le Roi de Bornéo / 2-80 Mansheters , isle : . j 5/ Manta /Village habitée par des Indiens & quelques Blancs*, 2. 35- ? 148 Maquereaux / il y a quantité de ce poiffon fur la' côte de la Nouvelle Guinée , 7 6 Mardi : Baye du , dans le détroit de Magellan , 10 z Marées fui prenantçs ,, 134 ,15-7 Marie , isle de faiéte : unë dés Açores' , 110' Marie:. Ville de S. dans les Indes, zia\. Elle eft prifé ' par une troupe de Boucaniers-, 217' Markus : Jacob , Boucanier Bollandçis , Te rend aux Efpagnols,- Matthias : isle de 9 Y Mayota ou Joanna : Ti^Ié de , 187 Melo , ou Milo , isle de l’Archipel , 332 Mer qui paroît rouge co*tnme du fang 2 60 Merrÿ ■. Mr. Capitaine d’une frégate Angloife s nommée la Ilote, IJ7 Meteline, isle de i’Atchibéî / 341 Michel : isle de S. une des Acorés , m Micona, isle de l’Archipel , 337! Miguel : Golfe de S. Mindaco. Le Cap , Mifacombi. Voyez Omba. 267 J32i «Si, < ^ B £ | J^iodon , ville de la Morée . Mona : I’isle de , ^ * U°:u d’w “ *&*> . -1- Mtriï! ’uù t Kori-ài>^ to la côte de la Nou- ions , &c E 3mv^ «compagnie de courbil-- Monte Chrifto , 8 MSu«s1 ! Robert> -éu7t5de2fo Mora de Sambo , Morée. La conquife par Jes Vénitiens ■ Morgo, isle de l’Archipel , * ? Moskite Indien : Un ; eft JaiflTé par le Capitaine Sham fur ] isle de Jean Fernandez en 1 6 So , & il y eft retrouve en mil fix cens quatre-vingt quatre z6z SF : kP°IC> fUI kcô,e £ 1 Nouvel N KjApoli di Remania , ville de la Morée , X > Naturah : les isles de , J A N febaaosgh ’ isle du Cheva4ier Jean, une des Gai! lapagos , Necaria, isle de l’Archipel , Nicolas ; Saint. Une des isles du Cap verd; Nimbro , isle de l’Archipel , * Nio j isle de l’Archipel , Niffera : isle de î’ Archipel , Nixia, ville principale de Cypre, Noix de Coco f dont on peut faire de bon lait , Nbix mufcades : isles des , « Norfolk : isle du Duc de , une des Gallapagos , Nôftra Seniora deP Sacora. Isle de , F § - «SÆf • &c 5iS^s ^ l'approche de la Nuées de Magellan , 9 16 j 34B iSG 344 3A0 £) E S MATIERES. O O I féaux qu’on voie fur l’isle de Timor , 2 34 Orlan : l’isle d’ , ou l’isle Angloife , . 34^ Orlano , Porto fur le Continent de Caramanie , 36 ^ PAita : la Baye de , „ Palmiers de deux fortes particulières , qui croil- fent fur l’isle Timor , ^ Pantologo , ville fur l’isle de faint Michel , 210 Paris j isle de l’Archipel > 317 Paffado, o» Paffao , Cap: . *3*» *4° Pâtagons , Sauvages du Paraguat , de quelle manié- ré ils vivent , &c. _ . *7^ Paulo , Don Antonio : un dés principaux Proprietai- res des Vailfeaux Pirates à Livourne. 510 Pedracha , petite anfe proche de Melo , _ 333 Penguins, isle des, 167. Defcription-de ces animaux , ° i^8, 173» *74 > 19* Pentare & Laubane , deux i'sles , 142 3 143 3 H4 Pepis : isle de , ainfi nommée par l’Auteur , 26 0 Perajto : Don francifco, Contre- Amiral Efpagnol , 2-H 4 j • A a b l e . er nx ; isle des y dans l'enceinte du Cap Calaberno , : Perico : l’îsle / 34 6 Pétoncles fore gros/ À & - ggeons : Isîe des , ^ 2 5 ^ > 86> 88 J eftf trair^aiffe QUX " ^ ^Uelle mam'ère I’éqùîpàge y SÏÏS 3°Mo?/ 314. Des volontaires lu’ill perr i rdj &C‘ '3»2 /comment ils s'équi- pe ce n Vrrnery^ >'? 4. &fe ra unifient ce qui leur eft neccflaire dans l’Archipel , ibid. *fc^*£* iiâre““ kS c,pirai rendent aux VroprietaiVes^/'/j fcrL ma vCrei,Sfeut le Potage de leur Pifcope / isle de I* Archipel / \ l Plantains : isle des / 313 PlderonJs ‘0i ^ ’oiw“ Pulo Baby. 1^ Pulo Sabuda , isle proche de la Nouvelle Guinée , 80 , 81, ij8. Defcription des Naturels de cette isle , 82 , 85. De leurs habits , de leurs armes , de leur pêche , &c. ibid. .Punta mala. QU QUad , le Cap. Dans le détroit de Magellan | 200 .Qdbo, ou Coyba , isle , 22.5) > S 3- defcription, 2 JO R RAcalia : Les , chaîne de petites islçs au Nord* Oixeft de Morgo , 3^0 Rardfort , Maître d’un VaijTeau Marchand de Lon- dres , 30 1 Raifïns & guignes de la Terre Magellanique , 189 Raleigh : le Chevalier Walter , fameux, navigateur Anglois , i8(j Rats , qu’on trouve en foule dans un quartier de la terre Magellanique , 209 Raye : Mr. Conful de la Nation Angloife à Smyr^ ne , 129 Realejo , ville des Efpagnols en Amérique , 2 6($ •Rhodes , isle dé l’Archipel , Rich , isle du Chevalier R. vers la côte de la Nou- velle Guinée*, ii7 Robert : Mr. Auteur du voyage du Levant, perd les e$Fets qu’il avoir à bord de la fregatte Arcana , table , il eft forcé malgré lui à fervir fiir un Pira^ te durant feize mois , 307. De quelle maniéré il s’enfuit & paffe à Smyrne , 321 , 323. II fait quelques voyages en -Levant & retourne en Angle- terre , 327 "Robin fon , Mr. Capitaine dun Vaifteau Anglois , nommé La Panthère , j\g Rochers de l’épreuve , j Rochers : l’isle des , dans le Golfe d’ Athènes , 330 Roi : le , au bonnet d’or , 2: yl Rook : isle du Chevalier George I2ç Rotte ou Rotée, isle où les Portugais ont des 5u- creries , iç. Sa defcription , l4eç Ruffel , Maître d’une chaloupe Angloife de Benjarr , frétée pour Bengale , SAlina , ville de Cypre , Saline confiderable dans le voifinage du Port feint Julien , 177. Il y en a plufieurs autres aux envi- rons, l8o Samo Pola , petite isle inhabitée dans l’Archipel, 349 Samos , isle de l’Archipel , Sandal , arbre qui croît fur l’isle Timor , ^ g Santurine j isle de l’Archipel , 3^ Sapienza : les ; trois isles de l’Archipel, 32^ Sarmiento : Pedro de , débarque du monde à la poin- te Pofleflion , & il fit bâtir Nombre de Jefus , &c- lU $awkins : Mr. Richard, Capitaine dans une troupe de Boucaniers, 217. Il podtfuit én vain le .Gou- verneur du Fort de la V. de Sainte’ Marie , 218 > 119 , il eft fait leur Commandant en Chef, 22f ; il eft tué dans une action fur la riviere de Pue- i^0 » ny DES MATIERES,: îkarpanto , isle de l’Archipel , 2f4 Scimio . isle de l’Archipel , 3Ï$ 5cio : l’isle de , prife par la falote des Vénitiens , &c,. 31^ , 316' , & perdutî l’année fuivante , 327. Defcdprion de cette isle, 340 > 34 1 Scopolo , isle de l’Archipel , 343 Scowten : isle de , 93 Seatto : isle de l’ Archipel , 344 Sedgar oh Segar , Rivier.e de : au Sud du Port Fa- mine , 197 Sel , isle du : une des isles du Cap verd , 2 Ç<» Sera , isle de l’Archipel , dont les habitans Grecs fui- rent le rit de l’Eglife Romaine , 337 Serano : Pedro , part de Lima pour aller examinée le détroit de Magellan, l8ç Serena : La , ville habitée par les Efpagnols , 238 Serigo , isle de l’Archipel , , 331 Serigoto & Oya , deux petites isles inhabitées , Serpent naarin à tête rouge , 6 3 Un autre tout noir , Serpens jaunes & verds qu’on trouve fur l’isle Ti- mor , 60 — - Bayes des , 24f Sefîal , un des Ports de l’isle Timor , 34 , 5 227 Tempcce fiiïieufe , qui poufla l’Auteur plus loirt au Sud qu’aucun Vaifîeau n’avoit jamais été , & où le froid étoit exceflif, iGi, l6z Tenedos , ifle de l’Archipel, 342 Terre Auftrale. Etendue & fîtûatiôn de ce païs , 2 Timor : rifle , décrite ,12 , , 26 344, 5 y ^es Hollandois y ont un Fort nommé La Concorde, &c. 17 , 40 , 4^ , 46 , 64 y 66. Les Portugais y 011c auffi des plantations , 2 6 , ;o , 64 , 6 y Defcri- ption des Naturels du païs, & de leurs maniérés, 6$, 6 4- Du climat & des faifons de l’annëe,6 83 69 Tiio, Ifle de l’Archipel 338 Tominal , Capitaine d’un Vaifieau Hollandois , 288- II' meurt dans le Voyage , 299 Tortues d’une grofleur extraordinaire , 2(34 Totirnansde mer,quifont pirouetterles Vailïeaux,i3i Tre Força , petite Ifle inhabitée de l’Archipel , 332 Très-Pontas. Le Cap , z66 Trombe ordinaire , 74. & extraordinaire , i?9 Timon. Ifle de , 282 V VAifleau à trois mâts fait de joncs par les Sau- vages du Paraguai , 182 Vaiffeau Efpagnol à fept ponts , qui fait toutes le» années le Voyage d’Acapulco , &c. 275= Valdez : Diego Fâris de : part de Cadix avec une Flot- te pour aller fortifier le Détroit de Magellan , 18 ç Valparayfo : le Port de : i6t Variation de l’aiguille en divers endroits-, 91 5> 92 y 9) , 94 ,, 107 , IIO 3 12 6 y 137 J H1 > T-49 , 201, 210 , 277 3 2 86 > 288, 2S9’ Vatica , Baye entre l’ifle du Chorvi & le Gap- An-- gelo 3$» J arm Vr TABLE DES MA TI ER O. Vaughan : le Port : fur la côte Septentrionale du Dé- troit de Magellan , ^ Venetica , petite ifle de l’Archipel , 220 , 240 Vénitiens : la Ilote des- Se bat contre celle des Twcs , g Vent alifé an Nord, de IaNouvelIe Gainée , 87 Victoire : le Cap de la : dans le Détroit de Ma^el» .^an * lO I Vierge Marie : Cap de la , 1I0 , ^4 Voix extraordinaire entendue en mer ,, 207 Volcans 72 t 10<, f U2 I28 W WArren : M'r : Capitaine d’un Vaiffeau de guerre Anglois , Wàrris , cochons- qui ont le nombril fur le dos , 2i<5’- WatÜng : Jean : vieux Boucanier eft mis à la pla- ce du Capitaine Sharp , 201. H eft tué. à la prife. d’Arica , Z4I Well-7 Banc : le : ^ o - Wenman : iflè du Lord’ : 2 6$ White-Breafts , ou Oifeaux qui ont Iè Jabot blanc 191 Wianaquez , ou Brebis d’Efpagne fauvages 3 180 », 19 z. Wishart : ifle de :• «g XX Io , Voyez, Scio. Y Y Ont : Ifle du Duc d’ : une dès Galîapagos >=, z6s- Nommée enfuite l’Illé du Roi Ja- Nous ayant fait remontrer qu’il defireroit faire1 imprimer ôi donner au Public les Voyages de Guillaume Dampier , s’il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de- Privilège L'ur ceneceflaires : Nous avons permis ôc permet- tons par ces Prefentes audit Machuel , défaire imprimer ledit Voyage , en un ou plusieurs Volumes , en telle forme , mar-- ge , casaclere , conjointement ou feparement , &C autant de fois que bon lui femblera, 5 C de le vendre, faire vendre1 ôC débiter par tout nôtre Royaume , pendant le tems de dix- années confecutives , à compter du jour de la datte defdites' Prefentes; Failons défenfes à toutes fortes de perfonnes de quelque qualité ôc. condition, qu’elles foient , d’en introduire d’imprellion étrangère dans aucun lieu de nôtre obeïffance z- &c à tous Imprimeurs , Libraires Ôt autres , d’imprimer, faire imprimer ; vendre , faire vendre , débiter , ni con- trefaire ledit Voyage ci -deflus énoncé , en tout , ni en par- tie , ni d’en faire aucuns Extraits , fans le confentemenr par écrit dudit Expofanc , ou de ceux qui auront droit de lui , à peine de coflfifcation des Exemplaires contrefaits , de quinze cens livres d’amende contre chacun des contrevenans ; dont un tiers à Nous , un tiers à l’Hôtel D/eu de Paris „ î<’auue tiers audit, Expofant de t,ous dépens dommages 5;= \h fiaï§e q«e ces Prerentes feront enregffïrées mau 8* r ^Ur !f ^es.,flre de la Communauté des Impri- d’VpMi» 1 l31ir-S de P^nS * & ce trois mois de la dates Royaume !?C lm.?,relTi?n dudic ^ge fera faite dans nôtre res 7 & 11011 a'UeUrS ’ en bon PaPier & en beaux ca«âs- olV^ lï°rmrment aUX Re§lerae"s de la Librairie, & qu'avant nôtre Bihlwl^ 611 Ve^J rl en Pera mîs deux Exemplaires dans du Loutre &qUC ’ **n dans celIe de nôtre Château valier rit ^ m! lans celIa de «&« très-cher & féal Cbe- Com-na ,uce' yr de France , le Sieur Daniel François Voifin r leJJt de 1,05 ?rdres > le tout à peine de nullité des de faire in" ° & nonobftant clameur de H'uo ïr i -r- °tui3ndes , & Lettres à ce contraires. Car- tel eft nô- j.™" **•?’ d Fontainebleau , le cinquième jour du ~ s, , ovembre , l’an de grâce mil fept cens quator- fon Confeil^16 ^‘e^ne ls f°ixante-dauziéme. Par le Roy en F O D QJJ E T. fat le Regiflre n. ?. de la Communauté des Libraires' tJlPTTS de Fans- P* 85f- n. 105.1. co, fermement aux Reglement & notamment al' Arrêt du 15. Août 1703. A Pais ce j z. Septembre 1714. ROBUSTEL, Syndic? Vû R o y r a u l t, Regiflre rur ie Livre de la Communauté des Imprimeurs &' eerlbniji KoÜen ' °* PaS- 10u A Koüen ce n. Iïé~ P. DUMESNIL , Sindîc. Ledit Sieur Robert MachueL le jeune Marchand Imprimeur* Libraire à Roüe.i , a aflbcié audit Privilège', les Sieurs J-an.- Brptilh Mnchuel Pere T E u Hache Herauit , & Jean-Baptifte; M ichuel F Us , Imprimeurs 5C- Marchands Libraiies audit* Rroiien > fuiyant. b accord fait- enu’e-ux,-