] NOUVEAUX ÉLÉMENS DE BOTAWIIQUE SE TROUVE AUSSI CHEZ LES XIBU.MRES CI- APRES A Bayonnc , Bonzom. Bordeaux , Ijawalle. Brest, Lefournier et DErÉitiEBS. Le Mans , Belon, Pesciie. ^ ( Maire. ^^'""^ \ Barbue. Marseille y Camoin, Chaix. Montpellier , S ^ \ Castei,. Nantes, For est. Rouen, LEGRA^'D. I Février. Strashours; , { Ijeyraut.t. ' Lagier, Toulon, Bellue. Toulouse, Sénat, Vieusseux , Dagat.ier. /^ii PARIS. —IMPRIMERIE DE FELIX LOCQUIN, nUE NOTRF.-DAME-BES-Vir.TOtRES , K" l6'. NOUVEAUX ÉLÉMENS DE BOTANIQUE ET DE PHYSIOLOGIE végétale; CUflTQUlÈMi: ÉDITIOIO' 'Prévue, corrigée et augmentée DES CARACTÈRES DES FAMILLES NATURELLES DU RÈGNE végétal; PAR Achille RICHARD, d. m. p., Professeur de Botanique à la Faculté' de Médecine de Paris , Memhre de l'Acade'mie royale de Me'dccine , de la Société' philomatique, de la Société de Chimie me'dicale , de la Socie'te' d'Histoire naturelle de Paris, etc. ORNÉE DE 166 PLANCHES INTERCALÉES DANS LE TEXTE GliAVÉES SUR DOIS PAR ANDREW BEST ET LELOIR. PARIS. BÉCHET JEUNE, LIBRAIRE DE X.A FACULTÉ DE IMÉDECINE, PLACE DE l'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N" 4» AUX DÉPOTS DE LA LIBRAIRIE MÉDICALE : A BRUXELLES j CHEZ TIRCHER. — A GAfflD, DDJAROIN. A LIÈGE, DESŒR. — A MOWS , LEROUX. M DCCC XXXIII. +S'K45 iB3 * A M. LE BARON i3euiamitt Dcleô^s^ert, ASSOCIE LIBRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, ET DE LA SOCIÉTÉ li'uiSTOIRE NATURELLE UE PARIS, KTC. HOMMAGE DU PROFONU KliSl'ECT ET DE LA RECONNAISSANCE DE L AUTEUR tyécÀùUe ûioùcÂ(M'a. 32503 AVERTISSEMENT SUR LA CliVQUlÈME ÉDITION. Le succès qu'ont obtenu nos Elémens de Botanique , loin de nous aveugler sur les im- perfections de ce livre, a toujours été pour nous un motif puissant de chercher à l'amé- liorer, autant qu'il nous a été possible, à cha- cune des éditions que nous avons publiées. Cette cinquième offrira, j'en suis convaincu, à celui qui la comparerait aux précédentes, la preuve de ce que nous avançons ici. Non- seulement un assez grand nombre de chapi- tres nouveaux ont été ajoutés, mais plusieurs de ceux qui existaient déjà ont été entière- ment refaits. Cependant nous nous sommes bien gardé de changer en rien la marche simple, qui a fait en grande partie le succès que notre livre a obtenu , non-seulement en France, mais en Allemagne, en Angleterre et en Hollande, où plusieurs traductions en ont été publiées. C'est aux commençans que nous destinons ce livre, et non aux savans. "J out en le tenant rigoureusement au courant des connaissances les plus récentes , nous avons cru cependant devoir en élaguer celles dont l'expérience n'avait pas constaté l'exactitude et futilité. Parmi les changemens faits à cette nou- velle édition, nous signalerons l'introduction VIII AVERTISSEMEIST. de figures gravées en bois et intercalées dans le texte : me'thode dont les Anglais tirent chaque jour un si utile parti. D'habiles artis- tes, MM. Andrew Best et Leloir, ont été char- ge's de ces gravures , dont plusieurs offrent la pureté' et le fini de la gravure en taille-douce. Ainsi distribuées , ces figures ont cet immense avantage de présenter en quelque sorte maté- riellement l'objet à mesure qu'on en lit la description. Le nombre des familles dont nous présen- tons ici le tableau s'élève à cent soixante-deux. Il eût été encore plus considérable, si nous eussions eu le dessein d'y faire entrer toutes les familles qui ont été successivement propo- sées ou établies depuis la publication du Ge- jiera plantarum de M. de Jussieu. Mais non- seulement nous avons réuni à d'autres famil- les déjà existantes un assez grand nombre de celles qui ont été nouvellement proposées, mais nous avons aussi pensé que, dans un ou- vrage élémentaire, nous pouvions, sans in- convénient, omettre quelques familles encore trop imparfaitement connues, soit dans leurs caractères généraux , soit dans les genres qui doivent les composer, soit enfin dans la place qu'elles doivent occuper dans la série des or- dres naturels. Nous nous hâtons de faire cette remarque, afin que l'on ne nous accuse pas de n'avoir pas parlé dans cet ouvrage de plu- sieurs familles récemment établies. Nous devons aussi dire un mot sur la réu- nion que nous avons cru devoir faire quelque- AVERTISSEMENT. ÏX fois de plusieurs familles en une seule. Dans l'e'tat actuel de la science, nous pensons qu'il y a peut-être plus de réductions à faire clans le nombre des génies et des familles, qu'il n'y a lieu à multiplier ce nombre. Un coup d'oeil rapide jeté en passant sur les phases de la bo- tanique, depuis l'établissement de la méthode des familles naturelles, démontrera suffisam- ment cette vérité. Dans les premières années qui suivirent la publication du Gênera plan- tarwn de M. de Jussieu, cet ouvrage, qui de nos jours est encore un des plus beaux mo- numens élevés à la gloire de la botanique, en même temps qu'il est, pour celui qui sait le méditer, une source de connaissances aussi profondes que positives , fut la règle invaria- ble qui servit à caractériser et les genres et les familles résultant du rapprochement de ceux-ci. Mais les progrès que fit faire à la science l'étude plus approfondie de la struc- ture de la graine et du fruit, les avantages qu'elle présenta pour la coordination des gen- res et des familles, amenèrent de notables changemens dans l'étude de la botanique. On sentit la nécessité de pénétrer encore plus profondément dans l'organisation des diver- ses parties de la fleur, et en particulier de l'ovaire, de la graine et du fruit, qui avaient été reconnus comme fournissant les caractères les plus importans pour y puiser les affinités naturelles des végétaux. On soumit donc à une nouvelle investigation les genres réunis dans chacun des cent ordres naturels présen- h AVERTISSEMENT. tes dans le Gênera plantaruni ; et de cette analyse plus précise, dirige'e surtout vers les organes les plus essentiels, re'sulta ne'cessai- rement la découverte d'un grand nombre de caractères, d'analogies ou de différences, qui avaient été juscju'alors inaperçus. Cette nou- velle marche imprimée à l'étude des végétaux amena la nécessité d'introduire des modifi- cations et dans la circonscription des genres, dont le nombre fut bientôt plus que doublé, et dans celle des familles elles-mêmes. Mais dans cette première période de l'ère nouvelle de la science, il était naturel que les obser- vateurs, découvrant chaque jour une foule de modifications nouvelles qui avaient échap- pé à leurs devanciers, fussent plus frappés des différences qu'ils observaient entre les genres et les familles, que des rapports nou- veaux que l'analyse leur dévoilait. En effet , à cette époque, les genres, ou les espèces ana- lysées à fond d'après les principes de la nou- velle école , étaient encore trop peu nombreux, trop isolés, pour ne pas présenter en quelque sorte de grandes dissemblances; et, comme il n'arrive que trop souvent dans l'étude des sciences, on généralisa trop tôt des faits qui n'étaient encore qu'isolés et spéciaux. De là ce grand nombre de genres et de familles nou- velles qui furent successivement établis , nombre qui fut bientôt double de celui du Gênera plantaruni. Mais l'impulsion était donnée, la bonne route était ouverte. L'investigation analy- AVERTISSEMENT. Xt tique portée successivement sur un nom- bre toujours croissant de végétaux, les dé- couvertes des voyageurs, qui apportent cha- que jour de nouveaux types d'organisation, nous paraissent devoir combler successive- ment un grand nombre des intervalles qui séparent les groupes jusqu'à présent établis. Dans la première période, chaque analyse nouvelle amenait la connaissance d'une mo- dification nouvelle de l'organisation végétale, et, devenait, en quelque sorte, un type isolé. Aujourd'hui que les observations se sont con- sidérablement multipliées, des faits analogues sont venus se grouper autour des premiers, et par les modifications variées que chacun d'eux présente, des nuances insensiblement graduées les ont en quelque sorte liés les uns aux autres, et ont formé cette chaîne, si rare- ment interrompue, que tous les bons obser- vateurs ont reconnue exister entre toutes les productions de la nature. Dans ce nouvel état de choses, on voit tous les jours disparaître les caractères tranchés qu'on avait crus d'abord exister, soit entre les espèces qui composent les iJ^enres, soit entre les i^enres réunis en fa- mille. Il en résulte nécessairement que comme les différences disparaissent, on doit anéan- tir les coupes ou divisions qui avaient été fondées sur elles. Aussi, nous le répétons, les progrès toujours croissans de la botanique nous paraissent devoir présenter pour résul- tat de diminuer beaucoup et le nombre des genres actuellement établis, et celui desgrou- b. XII AVERTISSEMENT. pes OU familles que l'on a forme'es par leur rapprochement. Mais ce travail est long et demande encore de nouvelles observations. Si nous nous sommes c[uelquefois permis de ne pas admettre les idées des autres , nous ne l'avons fait qu'avec une sage réserve, surtout avec bonne foi , et non dans cet esprit étroit et mesquin de substituer nos propres idées à celles de nos devanciers. Nous avons suivi dans l'arrangement , ou co- ordination générale des familles , la série pré- sentée par M. de Jussieu, à laquelle nous avons fait à peine quelques changemens ; peu importe d'ailleurs la méthode c|ue l'on suive, pourvu qu'on respecte, autant que possible, les affi- nités naturelles et évidentes qui existent entre les différentes familles. Car il paraît démontré aujourd'hui, pour tous les bons esprits, qu'il est impossible qu'une série linéaire ne rompe pas fréquemment les rapports naturels; et si l'on adopte comme servant de base aux divi- sions que Ton y établit, soit l'insertion, ainsi que l'avait fait M. de Jussieu, soit l'adhérence ou la non-adhérence de fovaire, comme je fai essayé dans ma Botanique médicale , des ex- ceptions nombreuses viennent à chaque in- stant contrarier la méthode. Quant à la rédaction des familles elles- mêmes, nous avons en général préféré le nom qui, le premier, a été imposé, ne croyant pas qu'un simple changement dans la désinence de ce nom dût faire attribuer à un autre l'hon- neur de l'établissement de la famille. Nous AVERTISSEME^ÏT. XIII avons cité à la suite de ce nom, soit les sy- nonymes de la famille , soit le nom de celles que nous avons cru devoir y être réunies. Tous noc caractères, si l'on en excepte un très-petit nombre dont les mate'riaux nous ont manque, ont e'té faits d'après nature; et assez souvent une analyse soignée des genres de chaque famille nous a amené' à modifier les caractères qui en avaient été donnes jusqu'a- lors. Nous n'avons par cru devoir, dans un ouvrage èle'mentaire , donner trop d'extension à ces caractères; mais néanmoins nous n'avons rien omis de ce qui pouvait servir à bien dis- tinguer les diverses familles ; et comme le fruit et la graine fournissent généralement les caractères les plus importons, leur des- cription fait toujours partie du caractère gé- néral que nous traçons de chaque famille. A la suite des caractères généraux, nous avons joint quelques observations , soit sur les affinités et les différences de chaque fa- mille avec, celles qui Favoisinent , soit sur les divisions ou tribus qui y ont été établies, soit enfin sur les famillesquidoiventy être réunies; nous avons égalem.ent soin d'indiquer les genres principaux qui les composent. Afin que les personnes qui commencent l'é- tude de la botanique puissent ne s'occuper que des famille*s les plus distinctes , et sur- tout de celles dont ils peuvent trouver facile- ment des exemples dans la nature , nous avons marqué d'une astérisque [* ) toutes les XIV AYEETISSEMEKT, familles qui renferment des genres qui font partie de la Flore française. Quant aux personnes qui, se destinant à l'art de guérir, cherchent dans l'ëtude de la botanique la connaissance des caractères et des propriétés médicales de tous les végétaux employés en médecine, ou de tous les médi- camens empruntés au règne végétal , elles trouveront dans nos Elémens d'histoire natu- relle MÉDICALE tout cc quc i'histoire natu- relle ofire d'important à faire connaître pour le médecin. En terminant cet Avertissement, nous re- nouvelons ici l'expression de notre recon- naissance pour ceux de MM. les professeurs qui nous font l'honneur de recommander à leurs élèves la lecture de notre livre, et plus ])articulièrement à MM. Desfontaines, pro- fesseur au jardin du Roi; Guiart, professeur à l'Ecole de pharmacie; Delile, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier ; Nestler professeur à la Faculté de médecine de Stras- bourg, etc. • Paris, i«^^'Mars i833. PRÉFACE DE LA PREMIERE EDITION. L'ouvrage que nous publions aujourd'hui^ sous le litre de Nouveaux Elémens de Botanique appliquée à la médecine (i) , était vivement désiré par les personnes qui se livrent à l'élude de la Botanique , et surtout par les nombreux élèves qui suivent les cours de la Faculré de médecine de Paris. Depuis long - temps un grand nombre d'entre eux s'étaient adressés à mon père, pour l'en- gager à rédiger et à publier les leçons élémentaires de Botanique que, depuis vingt-cinq ans, il faisait à la Faculté de médecine de Paris. Mais d'autres occupations, et surtout la direction qu'il avait im- primée à ses travaux , dont le but principal était le perfectionnement de la partie philosophique de la science , l'avaient constamment détourné de l'exé- cution de ce projet. C'est donc d'après ses conseils, et en quelque sorte sous sa direction , que j'ai en- trepris le travail que je livre aujourd'hui au public. Je ne me suis point dissimulé ses nombreuses dif- ' Tel était le titre de la première édition : nous avons cm devoir le modifier pour les suivantes , à cause des changemens et des ad- ditions considérables que nous y avons faits. XTI ruÉFACE. ficultés : la composition d'un livre ëlémenlaire est loin d'être facile. Cependant je ne suis pas trcs- cloigné de croire que, pour présenter les élémens d'une science avec simplicité, précision et clarté, il rie faut point encore avoir eu le temps d'oublier quels sont les obstacles que l'on a rencontrés soi- même, afin de les aplanir devant ceux que l'on dirige dans la même carrière. Allaclîé depuis plusieurs années, en qualité de démonstrateur de Botanique, auprès de la Faculté de médecine de Paris, je me suis principalement occupé des moyens les plus convenables pour sim- plifier les élémens de cette science. C'est surtout en rédigeant cet ouvrage , que j'ai voulu élaguer de la Botanique les inutiles et vagues hypothèses, les détails fastidieux dont on Ta souvent et inuti- lement surchargée. Destinant principalement ce livre à l'instruction des jeunes gens qui s'adonnent à l'étude de l'art de guérir, sachant le nombre et l'importance des connaissances qu'ils doivent ac- quérir , connaissances au nombre desquelles la Botanique occupe un rang distingué, je me suis efforcé de ne leur présenter que les notions en quelque sorte indispensables de cette branche de leurs études. Je n'ai voulu leur offrir de la Botanique que les principes les plus généraux et le mieux éta- blis, que ceux enfin à l'aide desquels ils puissent facilement arriver à la connaissance exacte des plantes officinales, paÉFAGE. XVIÏ Car quel est le but du médecin en se livrant k l'étude de la Botanique? Il ne veut point embrasser l'immense éienduc de celte science : il cherche simplement à connaître ses principes fondamen- taux , et à savoir par quels moyens il peut parvenir à distinguer les difïércns végétaux utiles à ThommCj pour combattre ses maladies ou satisfaire ses besoins. En effet, la Botanique est une source intaris- sable de remèdes efticaces pour le médecin qui sait y puiser. Est-il une autre classe de corps naturels qui lui offre autant de médicamcns utiles que celle des végétaux? Or, quel est le médecin instruit, jaloux d'exercer son art avec la noblesse et la supé- riorité qui 1 élèvent au-dessus de tous les autres, quel est le médecin, dis-je, qui peut , sans quelque honte , prescrire chaque jour à ses malades des plantes qu'il connaît à peine de nom , qu'il n'a jamais vues fraîches, et qu'il ne saurait distinguer de celles même avec lesquelles elles n'ont aucun rapport, parce qu'il n'en a point étudié les carac- tères? C'est le chirurgien qui, pratiquant une opé- ration , ignore les organes que son instrument divise. Le médecin , dans ce cas, se montre non- seulement au-dessous de l'opinion avantageuse qu'on a pu concevoir de lui, mais, par son inex- périence condamnable, il se met dans le cas d'ap- prouver les erreurs les plus préjudiciables, et de sanctionner les méprises les plus funestes. Qui n'a point, en effet , entendu parler de ces XVm PRÉFACE. cmpoisonnemens causés par l'ignorance de quel- ques heiboristcs qui, au lieu d'une plante salutaire, en avaient donné une autre douée de propriétés vénéneuses? Si le médecin chargé du soin des malades, auquel un pareil accident arrive, eût pos- sédé les connaissances nécessaires de Botanique, il eût reconnu l'erreur grossière de l'herboriste, et en eut prévenu les funestes effets; ou du moins il eût pu , connaissant l'action délétère du végétal employé, administrer h temps les remèdes propres à la neutraliser. C'est ainsi, pour n'en citer qu'un exemple, que la ciguë a souvent été prise pour une autre ombel- lifère douée de propriétés bienfaisantes, et avec laquelle elle pouvait avoir quelque ressemblance par les caractères extérieurs, mais dont elle diffé- rait essentiellement par les organes de la fructifi- cation. Un avantage non moins inappréciable que le médecin trouve dans l'étude de la Botanique , c'est de pouvoir remplacer par d'autres plantes plus com- munes ou plus à sa portée, les végétaux que l'on emploie habituellement, mais qui ne croissent pas dans le pays qu'il habile, ou qui y sont d'un prix trop élevé. Il pourra, en effet, opérer facilement ces substitutions, quand l'étude des familles natu- relles sera venue l'éclairer sur les principes qui doivent le guider dans celte opération. Ainsi il saura que tous les individus d'une même espèce PRÉFACE, XIX jouissent essentiellement des mêmes propriétés médicales; que les espèces d'un mémo genre pos-, scdent des vertus analogues, et que souvent tous les genres d'une même famille naturelle de plantes participent aux mêmes propriétés. D'après cette connaissance, il substituera indistinctement à tel genre de la famille des Crucifères, tel autre qu'il 50 procurera plus facilement, parce que tous les genres de cette nombreuse famille ont pour prin- cipe une huile essentielle acre et stimulante, qui leur donne une propriété tonique et antiscorbu- lique qu'on retrouve dans presque toutes les espèces. Il en sera de même des familles des Labiées, des Graminées, desMalvacées, et de beaucoup d'autres encore , où les propriétés sont presque iden- tiques. Mais il apprendra également qu'il est certaines familles, tout aussi naturelles sous le rapport des caractères botaniques , où ces substitutions ne sont pas praticables, ou du moins ne peuvent être faites qu'avec la plus scrupuleuse attention. Ainsi, dans la famille desSolanées , à côté de la pomme de terre on trouve la mandragore; près du bouillon-blanc, la jusquiame et la belladone. De même, dans les Kuphorbiacées, il trouvera des substances si diffé- rentes par leurs propriétés, que les unes sont des alimens, ou des médicamens utiles, les autres de véritables poisons. Par exemple, cette famille nous offre la cascarille , le manioc qui forme la base de XX PRÉFACE. la nourriture des Indiens de la Guiane, et h côté le genre Euphorbia , le Hura^ et d'autres encore dont le suc laiteux, acre et brûlant, peut devenir un poison violent. Ce que nous venons dédire des So- lanéesetdesEuphorbiacées est encore vrai pour un grand nombre d'autres familles. En résume, l'étude de la Botanique enseignera au médecin quelles sont les familles naturelles de plantes où tous les genres jouissent des mêmes propriétés , quelles sont celles où l'on retrouve des propriétés analogues dans cer- tains genres , enfin les familles dans lesquelles cha- que genre jouit de propriétés différentes , et où toutesles espècessont souvent délétères. On exagère en général les difficultés attachées à l'étude de la Botanique. Les jeunes gens surtout qui se destinent à l'art de guérir , se rebutent et se découragent aux premiers obstacles qu'ils ren- contrent, sans faire le moindre effort pour les surmonter. Prévenus presque toujours contre celte science , ils ne se donnent pas la peine de l'étudier, ou l'étudient avec tant de légèreté et si peu de mé- thode, qu'ils emploient pendant plusieurs années une partie de leur temps pour n'acquérir que des notions vagues et incertaines. 11 est facile de dé- montrer , par l'expérience journalière , que ce peu de réussite dépend évidemment de l'idée fausse qu'ils se sont formée de cette science , et de la mauvaise marche qu'ils ont suivie dans son étude. PRÉFACE. XXÏ Lesuns, en effet , croyant que toute la bota- nique consiste dans la connaissance pure et simple du nom des plantes , et surtout de celles qui sont employées en médecine, ne s'occupent nullement des caraclci'es propres à chacune de ces plantes, c'est-à-dire des signes qui servent à les reconnaître et à les distinguer. Qu'arrive-t-il delà? G'est que bien qu'ils ai||pt un grand nombre de noms dans la tête , ils ne connaissent réellement aucun vé- gétal , de manière à pouvoir le distinguer de tous les autres : semblables à celui qui, voulant étudier une langue , apprendrait par cœur un grand nom- bre de mots , sans connaître la valeur et le sens at- taché à chacun d'eux , et qui cependant voudrait en faire usage. D'autres, au contraire, n'ayant pas étudié les principes fondamentaux avec soin et attention , veulent sur-le-champ reconnaître et distinguer les différentes plantes , dans les ouvrages où elles se trouvent décrites. Mais à chaque pas ils sont arrêtés par des difficultés qu'ils ne peuvent vaincre. En effet , d'où sont tirés les caractères au moyen des- quels on peut reconnaître et distinguer un végétal deceux avec lesquels il a plus ou moins de rapport? Ne sont-cepas les organes des plantes, les nom- breuses modifications qu'ils éprouvent, qui servent au botaniste désignes propres à caractériser les dif- fércns végétaux? Or, il est de toute évidence que pour pouvoir reconnaître une plante dans une des- XXII PRÉFACE. cription quelconque , il faut pouvoir apprécier le sens et la valeur des expressions employées pour h décrire. Près de cinquante mille espèces de végé- taux sont aujourd'hui connues; trois ou quatre mots bien choisis servent souvent à caractériser une plante , et h la faire distinguer dans un nombre aussi cohsidér'ablc. Le sens attaché à ces mots doit donc être fixe et invariable ; et celill qui veut se livrer à l'étude de la Bolanique doit, avant tout , s'être familiarisé avec la valeur des mots employés pour dépeindre chaque modification d'organes. Quelle est donc la meilleure méthode d'étudier la Botanique , surtout pour celui qui , comme le jeune médecin , ne peut y consacrer qu'une par- tie de son temps? Nous allons indiquer en peu de mots celle que l'expérience nous a démontrée être la plus certaine, et en même temps la plus prompte. i*. Les organes des végétaux ne sont point en grand nombre, par conséquent les noms substan- tifs qui les représentent sont peu nombreux , et la mémoirela moins heureuse les retiendra sans efforts. Pénétrez-vous donc bien d'abord du sens attaché aux mots lige, feuille, racine, calice, corolle, etc., avant de chercher h aller plus loin. 2°. Ces organes peuvent éprouver diverses modi- fications que le botaniste exprime par des noms adjectifs , mis à la suite du nom substantif. Ainsi, on ajoute au mot TIGE les adjectifs herbacée j li- gneuse j simple j rameuse y dressée , couchée , PRÉFACE. xxni cylindrique y pentagone , etc., suivant que l'on veut exprimer qu'elle est verte et tendre , ou solide et dure comme du bois; qu'elle est sans rameaux ou divisée en branches , qu'elle est dressée vers le ciel ou étalée sur la terre, etc., etc. La plupart des noms adjectifs employés dans le langage botanique sont usités pour désigner d'autres objets , et par conséquent connus de tout le monde. Ainsi, il n'est personne qui ne se figure la forme d'une tige cf- lindrique , tétragone , pentagone ; il en est de même d'un grand nombre d'autres adjectifs. Mais cependant il en existe plusieurs qui _, étant parîi- culiers à la langue botanique, ont besoin d'être dé- finis pour être bien compris. C'est donc unique- ment ceux-là que l'homme qui veut étudier la Bota- nique doit chercher h bien connaître et à retenir, puisque sachant déjà la valeur des autres , il n'a besoin que de les voir pour en comprendre aus- sitôt le sens. 3°. Celui qui connaît les nom s des différens or- ganes d'un végétal , le sens attaché aux expressions propres à représenter leurs modifications princi- pales, n'a plus besoin que de faire choix d'un sys- tème et de l'étudier , pour être devenu botaniste. Dès lors , en effet , il pourra facilement, au moyen d'un ouvrage où les plantes sont rangées méthodi- quement , trouver le nom de la première qui lui se- ra présentée, lors même qu'il ne l'aurait jamais vue. Or, c'est là le but principal de celui qui étudie la XXIV PRÉFACE. Bolaniquc. Celte science , en effet , ne consiste point dans la connaissance purement mécanique du nom des différens végétaux ; mais le botaniste est celui qui , au moyen des principes fondamentaux de la science, principes qui reposent uniquement sur la structure , la forme , les usages des différens organes, peut , quand il le désire, trouver le nom d'une plante qu'il ne connaissait pas auparavant. Telle est la marche que nous avons suivie dans l'exposition des principes fondamentaux de la Bo- tanique que nous offrons aujourd'hui au public. Notre intention n'a point été de faire un traité com- plet de Botanique générale ni de physique végétale, car il existe sur ce sujet d'excellcns ouvrages qui pourraient être cités comme des modèles ; mais nous avons eu pour but principal de présenter à ceux qui se livrent à l'étude de la médecine , des élémens simples et faciles d'une science qui leur est d'une si grande utilité , et qu'ils négligent mal- heureusement trop souvent. D'après le plan que nous nous étions tracé, nous n'avons pas cru de- voir entrer dans les détails les plus minutieux de la science : nous n'avons voulu que faciliter l'étude d'une science si utile pour quelques-uns, si agréa- ble pour tous ceux qui s'y adonnent, et à laquelle nous avons voué tous nos moniens. IISTRODUGTION. La Botaï^iqué ^ [Botanica, Res herlaria) est cette partie de l'histoire naturelle qui a pour objet l'étude des végétaux. Elle nous apprend à les connaître , à les dis- tinguer et à les classer. Cette science ne consiste pas , comme on Ta cru long- temps , dans la connaissance pure et simple du nom donné aux différentes plantes ; mais elle s'occupe aussi des lois qui président à leur organisation générale, delà forme , des fonctions de leurs organes , et des rapports qui les unissent les uns avec les autres. La Botanique, envisagée par rapport à ses applications les plus importantes , nous fait également connaître les vertus salutaires ou malfaisantes dont sont douées les plantes , et les avantages que nous pouvons en retirer dans l'économie domestique , les arts ou la thérapeu- tique. Une science aussi vaste a dû nécessairement être par- tagée en plusieurs branches distinctes , afin d'en faciliter l'étude -, c'est ce qui a eu lieu en effet. 1** Ainsi l'on nomme Botanique proprement dite soit l'ensemble de la science , soit cette partie qui considère les végétaux d'une manière générale et comme des êtres distincts les uns des autres, qu'il faut connaître , décrire et clarsser. Cette branche de la science des végétaux se divise elle-même en : Glossologie'^ , ou connaissance des termes propres à *;Dérivé de ,?3r«vij , herbe, plante. ' Dérive de y^îri-K, mot, langue ou langage, et de ^r/;?, discours. l" Partie. . I 2 INTRODUCTION. désigner les difforcns organes des plantes , et leurs nom- breuses modifications-, cette partie forme la langue de la Botanique , langue dont l'étude est extrêmement im- portante , et avec laquelle on doit commencer par se bien familiariser. Taxonomie ^ , ou application des lois générales de la classification au règne végétal. Ici se rapportent les différentes classifications proposées pour disposer métbo- diquement les plantes. Phytoyraphie ~ , ou art de décrire les plantes. 2° La seconde branche de la Botanique porte le nom de Physique végétale , ou de Botanique organique. C'est elle qui considère les végétaux comme des êtres or- ganisés et vivans , qui nous décèle leur structure inté- rieure ^ le mode d'action propre à chacun de leurs or- ganes 5 et les altérations qu'ils peuvent éprouver , soit dans leur structure , soit dans leurs fonctions. De là trois divisions secondaires dans la Physique végétale, savoir : \J Org an ogr aphte ^ , ou la description des organes , de leur forme , de leur position , de leur structure et de leurs connexions. La Physiologie iiégétale , ou l'étude des fonctions pro- pres à chacun des organjL^s. La Pathologie végétale , qui nous enseigne les diverses altérations ou maladies qui peuvent affecter les végé- taux. 5° Enfin on a donné le nom de Botanique appliquée ' De rK-'fç, ordre, mctliode, et de v;//5ç, loi , règle; c'est-à-dire règles de la classiflcation. '^ De syrîv, plante, et de v/^Jt^co , j'écris ou je décris; c'est-à-dire art de décrire les plantes. "' Dérivé de o P'/ '■(■■"■■> , organe, et de -//^aiiu , je décris; c'est-à-dire description des organes. Cette partie est aussi api)clcc Terminologie, nom impropre, puisqu'il est composé d'un mot latin et d'un mol «.rec. I^TRODUGTIOî>. O ù cette troisième branche iie la Botanique générale qui s'occupe des rapports cxistans entre riiomme et les vé- gétaux. Elle se subdivise en Botanique agricole^ ou appli- cation de la connaissance des végétaux à la culture et à l'amélioration du sol; en Botanique tnédicale, ou appli- cation des connaissances botaniques à la détermination des végétaux qui peuvent servir de médicamens, et dont le médecin peut tirer avantage dans le traitement des maladies: en Botanique économique et indnslricUe , ou celle qui a pour objet de faire connaître l'utilité des plantes dans les arts ou l'économie domestique. La Botanique étant la science qui a pour objet l'é- tude des végétaux, nous devons nous occuper d'abord de donner une idée générale et succincte des êtres aux- quels on a réservé ce nom. Les Végétaux (en latin Vecjetahilia , plantœ, et en grec 'Pvra, isorâvcit) sont dcs êtres organisés et vivans, pri- vés de sensibilité et de mouvement volontaire ^ , mais jouissant de l'excitabilité qui fait le caractère spécial de tous les êtres organisés. C'est par cette propriété , en * Les végétaux sont dépourvus de mouvement volontaire ; mais quelques-uns cependant exécutent une sorte de locomotion ou de déplacement bien sensible. Tels sont , par exemple , les orchis , le colchique. En effet , la racine de la plupart des orchis offie deux tubercules charnus , situés l'un à côté de l'autre , à la base de la tige. L'un de ces tubercules, après avoir donné naissance à la tige, dont il contenait le germ^ dans son intérieur, se fane, se resserre sur lui-même, et finit par se détruire; mais à mesure qu'il tend à disparaître, il s'en . développe un troisième auprès de celui qui renferme encore le rudiment de la tige de l'année suivante , et rem- place le premier, lorsque celui-ci vient à tomber. Ce développement d'un nouveau tubercule ayant lieu chaque année sur l'un des côtés et à quelque distance de ceux qui existent , on conçoit que , chaque fois qu'une nouvelle tige se développe, elle se trouve éloignée d'un certain espace de terrain de celle qui l'a précédée. Le même phéno- mène a lieu dans le colchique, avec cette différence que son bullx' tend continuellement à s'enfonrer do plus en plus. 4 INTRODUCTION. vertu (le laquelle s'exécutent les fonctions dont Ten- semble constitue la vie , que les êtres organisés résistent - à l'action des causes extérieures qui tendent continuelle- ment à les détruire. Il est extrêmement difficile de tracer nettement la ligne de démarcation qui sépare les végétaux des animaux. Linnée, dans son style aphoristique, a dit : Les minéraux croissent', les végétaux croissent et vivent, et les ani- maux croissent, vivent et sentent. Cette distinction , qui est en effet bien tranchée , quand on compare le cristal de roche à un chêne , et celui-ci à un homme , finit par disparaître insensiblement , lorsque l'on examine com- parativement les êtres qui occupent les derniers degrés de ces trois grandes séries. En effet il est bien difficile de dire en quoi différent essentiellement certaines espèces de polypes d'avec quelques algues -, car le caractère es- sentiel que l'on attribue aux animaux , la sensibilité , ou la conscience de leur existence et la faculté de se mouvoir , s'affaiblit , et finit même par disparaître en- tièrement dans les dernières classes du règne animal. Quant à la transformation de certaines espèces de plan- tes en animaux et vice versa , sur laquelle plusieurs au- teurs ont insisté , afin de faire disparaître les différences admises entre les règnes végétal et animal , elle paraît être , suivant plusieurs observateurs , le résultat de faits mal observés. Cependant , si l'on néglige un ibstant les faits qui ser- vent ainsi d'intermédiaire et de passage entre les deux grandes divisions des êtres organisés, on parvient à trou- ver des différences assez marquées entre les animaux et les végétaux. C'est ainsi, par exemple, que chez les pre- miers , qui sont doués de la faculté de se mouvoir , il existe un système de fibres contractiles , dont l'état de relâchement ou de tension détermine les mouvcmens INTRODUCTIOIV. 5 de l'animal : ce sonl les fibres musculaires. Dans les vé- gétaux, rien d'analogue-, toutes les fibres sont en quelque sorte in erres et impassibles -, chez eux encore il n'y a rien de semblable au système nerveux , quoiqu'un ingénieux expérimentateur, M. Dutrochet, les ait sous ce rap- port assimilés aux animaux. Dans ceux-ci, les substan- ces qui doivent servir à la nutrition sont d'abord absor- bées à l'extérieur -, elles séjournent pendant un certain temps dans une cavité particulière , où elles éprouvent une élaboration convenable avant d'être prises par les vaisseaux chylifères destinés à les répandre dans le tor- rent de la circulation. Mais dans les végétaux la nutri- tion se fait d'une manière plus simple : les substances ab- sorbées sont directement répandues dans toutes les par^ ties du végétal, sans éprouver d'altération préalable-, er* sorte que chez eux nous ne trouvons ni canal intestinal , ni estomac , puisqu'il n'y a point de digestion. Les végétaux diffèrent encore des animaux par la mar- che de leurs fluides. Dans ces derniers , en effet, saufun petit nombre d'exceptions, il y a une véritable circulation, c'est-à-dire que le sang ou fluide nutritif part d'un point où il reçoit son impulsion , se répand dans toutes les par- ties du corps , où il dépose , chemin faisant , les prin- cipes qui doivent servir à leur nutrition , pour revenir ensuite au point d'où il est parti. Mais dans les végétaux il n'y a point de circulation à proprement parler : les fluides nourriciers parcourent le végétal -, mais ils man- quent de cet agent d'impulsion , du cœur , à la fois point de départ et de terminaison du sang dans les animaux. Les animaux se nourrissent toujours de substances or- ganisées végétales et animales^ dans les végétaux au con- traire la nutrition se fait au moyen de substances inor- ganiques. Ce sont des gaz , de l'eau , des sels , etc. , qui servent au développement des parties de la plante. 5 INTRODUCTION. Chez les végétaux, il n'y a pas non plus de poumons : cependant il y a une véritable respiration , ainsi que nous le ferons voir plus tard en traitant de Isj^^feutrition. Mais la nature des gaz rejetés au dehors est très-diffé- rente dans les uns et dans les autres. Ainsi, dans les ani- maux c'est de l'acide carbonique , tandis que dans les végétaux c'est dcToxigène. La composition chimique offre encore quelques moyens de distinguer les végétaux des animaux. Ainsi tandis que les premiers se composent essentiellement d'oxigène , d'hydrogène et de carbone -, on trouve de plus dans tous les animaux de l'azote. Il nous serait facile de pousser plus loin cette compa- raison entre les végétaux et les animaux •, mais nous croyons en avoir dit assez pour faire connaître les diffé- rences principales qui existent entre eux. NOUVEAUX ÉLÉMENS DE BOTANIQUE DE PHYSIOLOGIE VEGETALE. PARTIES ELEMENTAIRES DES VEGETAUX ANATOMIE VEGETALE. Lorsqu'on- examine l'organisaLiou intérieure d'un vé- gétal à l'œil nu , ou mieux encore à l'oeil aidé d'une forte loupe ou d'un microscope , on voit qu'il se compose de cellules à parois minces et diaphanes , d'une petitesse ex- trême , d'une forme variable , tantôt régulière , tantôt irrégulière , et de tubes ou vaisseaux cylindriques , épars ou réunis en faisceaux. Telles sont les deux formes principales sous lesquelles se présentent les parties élé- mentaires qui entrent dans la composition des végétaux, et auxquelles on a donné les noms de tissu ceUulaîre et de tissu xmsculaire. Nous allons les étudier successive- ment l'une et l'autre. * ANATOMIE VEGETALE. DU TISSU CELLULAIRE. Tissu ceiiuiaiie. La première modification du tissu élémentaire des végétaux est le tissu cellulaire ou utriculaire. Il se Fig. I. compose de cellules ou utricules conti- guës les unes aux autres, et dont la forme dépend en général des résistances qu'elles éprouvent. Quelques auteurs l'ont comparé à la mousse ou écume légère qui se forme sur l'eau de savon par l'agitation de ce liquide, ou à la surface des liqueurs en fermentation. On avait généralement pensé que les parois des cellules contiguës les unes aux autres étaient communes aux deux cellules qui se tou- chaient. Mais cependantMalpigliiavaitdéjàémis l'opinion Composition, que le tissu cellulaire était composé de vésicules d'abord distinctes , puis soudées , qu'il nommait utricules. Le pro- fessevir Sprengel de Halle en 1802 , plus récemment M. Dutrocliet, et une foule d'autres physiologistes dis- tingués ont fait des observations qui confirment cette opinion. On peut isoler les unes des autres les cellules sans déchirement \ ce qui prouve que chaque cellule forme une sorte de petite vésicule qui a ses parois dis- tinctes , et que là où deux cellules se touchent , la membrane qui les sépare est formée de deux feuillets , qui appartiennent à chacune d'elles. Les recherches récentes du professeur Amici , et surtout celles de M. Mir- bel sur le développement du Marchantia y s'accordent avec cette opinion. Cette séparation des vésicules for- mant le tissu cellulaire peut s'opérer soit par la simple coction dans Teau , ainsi que l'a fait le professeur Link , soit par l'ébullition dans l'acide nitrique, comme l'a TISSU CELLULAIRE. 9 conseillé M. Dutrochet. Mais néanmoins , quelquefois les parois des cellules se soudent si intimement qu'il est presque impossible de les séparer les unes des autres. On a émis sur la formation et la multiplication du tissu cellulaire plusieurs hypothèses diftérentes. Ainsi sui- vant MM. Tréviranus et Turpin , quand on observe le développement et la formation du tissu cellulaire dans les végétaux , on acquiert la certitude qu'il se compose de cellules d'abord isolées, mais qui , par les progrès de leur développement, finissent par se souder plus ou moins entre elles. En effet , suivant ces auteurs , dans les vésicules du tissu cellulaire on aperçoit , au moyen du microscope , des corpuscules ovoïdes ou arrondis , généralement de couleur verte , mais néanmoins offrant toutes les teintes possibles , suivant les parties dans les- quelles on les observe. Ce sont ces corpuscules qui co- lorent le tissu cellulaire , dont les parois sont toujours diaphanes. M. Turpin, qui , dans un excellent mémoire (Mém. Mus. vol. xn) , a de nouveau appelé l'attention sur ces corpuscules , leur a donné le nom générique de cjIohuUne, Chaque grain de globuline est une petite vési- cule , dans laquelle se forment plus tard d'autres petits granules (globulins Turp.) qui , s'accroissant successive- ment , finissent par rompre la vésicule qui les renfer- mait. Alors chacun d'eux devient à son tour une petite vésicule dans laquelle se développent de nouveaux gra- nules qui présentent les mêmes phénomènes. M. De Can- dolle , considérant que c'est cette substance granuleuse qui colore toutes les parties des végétaux , a récemment proposé de lui donner le nom de chromule. D'autres physiologistes expliquent d'une manière dif- férente l'évolution du tissu cellulaire. C'est dans l'épais- seur même des parois des cellules que se développent celles qui viennent en augmenter^le nombre. Aussi ce Dc\eloppe- GloLuliue. Globulins. Chr 10 AlVATOMIE VEGETALE. développement , cette multiplication n'a-t-elle lieu que tant que ces parois conservent une certaine épaisseur. On sait en effet que quand le tissu celUdaire est desséché, il n'est plus susceptible d'accroissement. Le professeur Kieser dit que la multiplication des cel- lules provient de ces globules organiques que l'on trouve épars et nageant dans les fluides végétaux, et qui, après s'être fixés en une place , s'y développent et forment de nouvelles cellules. Le beau travail que M. le professeur Mirbel vient de publier cette année ( i832 ) , sur l'organisation du Mar- chantia tend à jeter un jour tout nouveau sur cette im- portante question. Pour arriver à un résultat plus cer- tain , M. Mirbel a pris le il/arcAaw^/a strictement abovo, c'est-à-dire qu'il a suivi sa formation organique , de- puis la graine ou séminule , jusqu'à son entier dévelop- pement. Or, cesséminules de 3Iam)hantia sont aussi sim- ples que possible -, ce sont des utricules membraneuses transparentes , rempli'es de globules jaunes. En les sou- mettant à la germination sur des lames de verre humides ou dans du sable très-fin , elles se gonflent , deviennent sphériques, et leurs globules prennent une teinte verte ; bientôt chaque utricule s'alonge dans un point de sa périphérie en un tube clos à son extrémité. Ce tube se renfle bientôt en une nouvelle utricule , émettant un tube , et ainsi de suite. Dans ces nouvelles utricules et - souvent dans les tubes , on voit des granules verts ; cha- que jeune individu représente une sorte de chapelet ou de cordon noueux , souvent ramifié. Le nombre des utricules allant ainsi en croissant , il en résulte d'a- bord une masse amorphe , mais qui petit à petit prend l'apparence foliacée , que la plante adulte doit con- server. De cette observation nouvelle l'auteur déduit cette conclusion : Que ce nVst pas par Talliance d'utri- TISSU CELLULAIRE. 11 cules d'abord libres , que le tissu cellulaire dn3{arcJia?i~ lia se produit , mais par la force génératrice d'une pre- mière utricule qui en engendre d'autres douées de la même propriété. Cependant ce n'est pas là le seul mode de formation ^^.^j^ ,^^g^,^.^ et de multiplication du tissu cellulaire. On peut rappor- 'l" mniiipiica- ter à trois types diiFérens ces divers modes. Ainsi, tantôt les nouvelles cellules se développent à la surface exté- rieure et libre des utriculos déjà existantes -, et l'on peut appeler extra-ntriculaire ce mode de multiplication , dont le Marchaniia nous offre un exemple -, tantôt c'est entre les utricules déjà existantes qu'apparaissent les nouvelles : formation interutriculaire. Enfin de la paroi interne d'une utricule peuvent naître un grand nombre d'autres utricules , qui finissent par absorber et faire disparaître l'utricule mère , dans laquelle elles se sont développées : c'est la formation întra-utriculaire. Quand elles n'éprouvent que la résistance occasionnée Formes Jes par la présence des cellules adjacentes , il n'est pas rare *^'^^^"•"• de trouver à ces cellules une forme à peu près hexago- nale , en sorte qu'elles ressemblent assez bien aux al- véoles construites par les abeilles. {Voy. page 8, figure i .) Mais elles peuvent être plus ou moins alongées , globu- leuses ou comprimées , suivant les obstacles qui s'op- posent à leur libre développement. Il est même fort rare de leur trouver cette forme régulière et hexagonale que nous venons de signaler tout à l'heure. Leurs parois sont minces et transparentes •, elles com- Coinnmnicî- muniquent toutes ensemble , soit que leurs cavités s'ouvrent 'mutuellement l'une dans l'autre, soit qu'il existe sur leurs parois des pores , ou même des fentes. Pai dcsi.oies. Ces pores , qui sont à peine visibles au moyen des in- strumens d'optique les plus forts , ont été aperçus par Leuwenhoeket Hill, et dans ces derniers temps MM. Mii- bel et Amici en ont de nouveau reconnu l'exislencc. 12 AINATOMIE VÉGÉTALE. Tubillus. Moldenhaver a vu de semblables pores dans le tissu cellulaire du pétiole du Cycas revoluta et dans la moelle du sureau. Le professeur Link néanmoins en nie l'existence. Ce qu'il y a de certain , c'est que le tissu cellulaire d'un jjrand nombre de végétaux en paraît tout-à-fait dépourvu , tandis qu'ils existent évidemment sur celui de quelques autres. Selon plusieurs physiolo- gistes , et en particulier MM. Rudolphi et Sprengel , les Par (les fentes, divcrscs ccllules coHimuniqucnt entre elles par un point où leurs parois sont interrompues. Mais Bernhardi le premier démontra que la communication entre les cel- lules avait uniquement lieu par les pores invisibles de leurs parois. Cette dernière opinion est généralement ad- mise aujourd'hui. Ainsi il paraît très-probable que c'est par exsudation que les fluides passent d'une cellule dans une autre. Dans les parties ligneuses , les cellules du tissu aréo- laire sont fort alongées , et forment des espèces de pe- tits tubes parallèles entre eux , que M. Cassini a proposé de nommer tuhiUes. Leurs parois sont opaques, épaissies; ^'3- ^- quelquefois même elles finissent par s'oblité- rer entièrement. C'est à cette modification que M. Link a donné les noms de tissu alongé et de jn'osenchyme. Ce tissu alongé existe en abondance dans les végétaux ligneux. Il y est beaucoup plus com- mun que le tissu cellulaire régulier , et se com- pose de petits tubes étranglés de distance en distance. D'autres fois ils sont fusiformes, c'est- à-dire amincis insensiblement à leurs deux ex- trémités. C'est à cette modification des cellules du tissu alongé que M. Dutrochct a donné le nom declosf7-es. {Foy. fig. 2.) Ils sont en général paral- lèles entre eux, plus ou moins opaques , et très-abondans dans le tissu ligneux. 11 arrive parfois que les cellules du Prosench^mc. Cloîtres. TISSU CELLULAIRE. 10 tissu alongé ne peuvent se toucher que par les points les plus gonflés , d'où il résulte entre eux des intervalles ou vides. Cesontces espaces vides qu'Hedwig a nommés vasa Me:,ts. revehentia : Tréviranus , meafus hitercellulares , et Link ductiis intercellidarcs. Leur forme est le plus souvent prismatique et triangulaire, quelquefois hexagonale. On les appelle méats. Selon l'opinion du professeurAmici, ces espaces ne con- tiennent jamais de liquide , mais seulement de l'air-, car les stomates ou grands pores de Fépiderme , qui, ainsi que nous le verrons prochainement en parlant de cette mem- brane, sont des organes qui ne livrent passage qu'à de l'air, sont toujours placés devant un de ces espaces. Quand le tissu est trop compacte et les petits tubes trop serrés pour offrir de ces espaces, on ne trouve pas non plus de pores corticaux. C'est dans l'intérieur de ces méats intercellulaires ou Raphides. quelquefois dans les cellules de quelques végétaux à tissu lâche , que l'on trouve ces corpuscules en forme d'aiguilles, que M. De Candolle a désignés sous le nom de raphides. Ils sont oî;dinairement réunis en faisceaux, sans adhérence manifeste avec les parois des cellules où on les o])serve*, leur consistance est ferme et roide. On les a vus dans le piper inagnoliœjvlium , la balsamine , la belle de nuit , le tritoma , etc. Selon M. Raspail , ces corps ne seraient que des cristaux très-fins d'oxalate de chaux. De nouvelles observations sont encore nécessaires pour éclaircir ce sujet. Il est encore une autre modification du tissu alongé Rnyons i qui mérite d'être mentionnée ici : ce sont les cellules qui forment les insertions ou rayons médullaires de la tige des végétaux dicotylédons. Elles sont fort petites, alon- gées et placées horizontalement , au lieu d'être verti- cales. l4 A3NATOMIE VÉGÉTALE. Lacunes. Lc tissu cellulaîre , dans son état de pureté native, a peu de consistance ; il se déchire facilement. Aussi trouve-t-on souvent dans certains végétaux des espaces vides , remplis seulement par de l'air , et qui résultent de la rupture des parois de plusieurs cellules. Ces espa- ces, auxquels M. Mirbel a donné le nom de lacunes, se rencontrent surtout danslos végétaux qui vivent dans l'eau , et dans lesquels ils semblent s'opposer à la sub- mersion et à la macération que ces plantes subiraient infailliblement par leur séjour prolongé dans ce liquide. M. Amici a une opinion tout-à-fait différente de celle que nous venons d'exposer sur les lacunes. Selon lui , elles ne sont pas , comme le pense M. Mirbel , le résultat du déchirement des cellules. Ce sont des espaces plus ou moins réguliers , contenant constamment de l'air. Quel- quefois elles offrent sur leur paroi interne des poils d'une nature particulière , en forme de houppe ou de pinceau, qui ont été vus par MM. Mirbel et Amici. On peut distinguer deux espèces de lacunes : les unes ont pour orifice les pores corticaux et communiquent avec l'air extérieur •, les autres n'ont aucune communication externe. Ces dernières existent surtout dans les plantes qui manquent de tubes poreux. Cellules com- M. Linlc en distingue les cellules cotnjjosées, qui exis- posees. ^ç^^ également dans le tissu cellulaire des plantes aqua- tiques , et qui sont des cellules plus grandes dont les pa- rois sont formées de cellules prismatiques disposées par séries alternes. Elles offi'ent des diaphragmes également cclluleux , et c'est par ce caractère qu'elles diffèrent des lacunes. Mauères con- Lcs ccllulcs uc sout pas toujours vides intérieure- ccUuies.*^""' '" ment , elles contiennent fréquemment différentes ma- tières. Ainsi quelquefois , surtout dans les jeunes végé- taux , elles sont remplies de liquides aqueux ^ d'autres fois TISSU VASCULAIRE. 13 on y trouve des grains libres etépars de fécule-, dans un grand nombre de cas , leurs parois intérieures portent ces corpuscules colorés , qui donnent aux diverses par- ties la coloration qui leur est propre, et qu'on a dési- gnés sous les noms de chlorophylle , globuline ou chro- mule. Enfin les cellules alongées du bois sont encroûtées intérieurement d'une matière opaque plus ou moins dure , et dont la couleur vai'ie suivant les diverses sortes propriétés du - - . tissu cellulaire. de bois. En terminant ici ce qui a rapport à l'organisation du tissu cellulaire, faisons remarquer qu'il jouit de deux propriétés essentielles : l'une qui est sa faculté d'absorber les liquides ; la seconde , son excitabilité organique. C'est au moyeh de ces deux propriétés fondamentales que l'on peut expliquer plusieurs des phénomènes de la vie vé- gétale , sur lesquels nous reviendrons plus en détail en traitant des fonctions nutritives. Le tissu cellulaire existe dans tous les végétaux sans exception. Quelques-uns même en sont uniquement composés : tels sont les champignons , les algues , les lichens , etc. DU TISSU VASCULAIRE. Le tissu vasculaire ou tuhidaire est la seconde modi- Yaisseai.x. fication du tissu élémentaire. Les vaisseaux sont tantôtdes lames de tissu élémentaire roulées sur elles-mêmes , de manière à former des canaux, tantôtdes cellules plus ou moins alongées , placées bout à bout , et dont les diaphragmes ont souvent disparu. Les parois des vaisseaux sont quelquefois assez épaisses , peu transparentes , et percées d'un g-rand nombre d'ouver- tures aa moyen desquelles ils communiquent avec les parties au milieu desquelles ils sont plongés. Ces vais- seaux ne sont point continus depuis la base jusqu'au i6 ANATOMIE VÉGÉTALE. Vaisseaux en chapelet. t Vaisseaux ponctues. Fausses lia- che'es . sommet de la plante, mais ils s'anastomosent fréquem- ment entre eux , et Unissent quelquefois par se changer en tissu cellulaire. On connaît sept espèces principales de vaisseaux, savoir : 1° Les vaisseaux en chapelet ou moniliformes •, 2° les vaisseaux poreux ; 5° les vaisseaux fendus ou fausses tra- chées •, 4° les trachées 5 5" les vaisseaux mixtes -, 6° les vaisseaux propres •, 7° les tubes ou vaisseaux simples. 1° P aisseaux en chapelet ( fig. 5). Ce sont des tubes poreux ou jionctués, res- serrés de distance en distance , et coupés de diaphragmes percés de trous à la manière des cribles. Selon la plupart des anafbmistes, ces diaphragmes n'existent pas. On les trouve principalement au point de jonction de la racine et de la tige , de la tige e,t des bran- ches, etc. Ils sont simples ou rameux. Ces vaisseaux pourraient bien , selon nous , être considérés comme de simples cellules de tissu aréolaire , régulière- ment disposées par séries ou lignes longitudinales. ^^^- ^- 2° F aisseaux ponctués ( fig. 4 )• Ils représentent des tubes continus, offrant un grand nombre de points opaques , que d'autres ont considérés comme des pores disposés par lignes transversales. M. JMirbel les nomme vaisseaux poreux. On les trouve dans les couches ligneuses de la tige , des racines et des branches. 3". Fausses trachées (pi. 1 , fig. 4 , 5 ) , tubes coupés de fentes transversales , suivant l'opi- nion la plus généralement adoptée. Ils sont désignés par M. De Candolle sous le nom de vaisseaux annu- Fis. 5. TISSU VASCULAIRE. in / ktires^ jendus ou rayés. Ils sont très-abondans dans les rouches ligneuses des végétaux dicotylédons , et dans les faisceaux ligneux des monocot3lé- dons. Les bords de la fente sont plus épais et moins transparens. La bal- samine des jardins en présente d'une grosseur remarquable. Beaucoup d'au- teurs ont nié l'existence de ces fentes-, je puis assurer les avoir parfaitement vues et distinguées , sur des prépara- tions que M. Amici m'a fait voir pen- dant son séjour à Paris. 4°. Les trachées ( fig. 6), cfue Malpiglii et Hedwig avaient comparées à l'organe respiratoire des insectes , sont des vaisseaux formés par une lame transparente, roulée sur elle-même en spirale , et dont les bords un peu plus épais se touchent de manière à ne laisser aucun es- pace entre eux , sans cependant contracter d'adhérence ^ . Quelquefois néanmoins les spires des trachées ne se déroulent pas -, c'est à cette sorte de tube que Link a donné le nom de vaisseaux en spirale soudée. Selon MM. Link et Schrader, la lame roulée en spirale est creusée en gouttière sur son côté interne. Dans les dicotylédons , on les observe autour de la moelle^ et dans les monocotylédons, c'est ordinairement au centre des filets ligneux. L'écorce et les couches annuelles du bois n'en contiennent jamais. On en trouve quelquefois dans les racines , et il est très- facile de les dérouler encore dans les nervures des feuilles, les pétales , les filets des étamines , etc. A leurs extrémités , Fis. 6. Trachées. ' Elles ont la plus grande ressemblance avec les élastiques en fil de laiton que l'on met dans les bretelles. i'° Partie, 2 i8 awatOmie végétale. les trachées se terminent en tissu cellulaire ,selonM.Mir- bel, tandis que, d'après M. Dutrochet, elles finissent par une sorte de cône plus ou moins aigu. Hedwig considérait les vaisseaux spiraux ou tra- chées , que Grew appelait vaisseaux aériens , comme composés de deux parties , savoir : d'un tube droit et central, rempli d'air, et qu'il nommait pour cette raison vaisseau pneurnato^ihore , et d'un tube roulé en spirale sur le précédent , rempli de fluide aqueux , et auquel il donnait les noms àe, vaisseau adducteur, chylifère^ etc. M. Link pense également que la lame spirale est un vé- ritable tube, souvent d'un diamètre assez grand pour pouvoir être facilement aperçu au microscope j en un mot, il ad opte tout-à-fait l'opinion d'Hedwig.M. Viviani, de Gênes , se range également à cette manière d'en visager les trachées , dans le Traité d^anatomie et physiologie végétales qu'il vient de publier cette année i832. M. Ber- nhardi les considère comme formées d'un tube extérieur très-mince , dans lequel une petite lame argentine est roulée en spirale , de manière à en tenir les parois écar- tées. Enfin , quelques auteurs admettent que les spires Fi?. 7. des trachées sont unies entre elles par une mem- brane très-mince , qui se déchire très-facile- ment quand le fil spiral vient à se dérouler. Cette manière de voir a aussi été adoptée par Moldenhavcr. Les trachées ne sont pas toujours simples; on trouve souvent des trachées à double , ( f oy. fig. 7 ) triple , et même à un très-grand nomljre de spirales parallèles , comme on l'ob- serve dans beaucoup de plantes monocotylé- dones , et le bananier en particulier. Vaisseaux ^"* ^cs vaisseaux mixtes, découverts par M. Mirbel , participent à la fois de la nature de tous les autres , c'est- IIlUlCS TISSU VASCULAIRE. IÇ) à-dire qu'ils sont alternativement poreux , fendus ou roulés en spirale dans dift'érens points de leur étendue. Cependant M. Amici, qui a fait un fjrand nombre d'ob- servations microscopiques surl'anatomie végétale, pense que jamais les fausses trachées ne deviennent des tra- chées. D'ailleurs , ainsi qu'il le fait remarquer , ces deux sortes de vaisseaux occupent une place tout-à- fait différente dans l'intérieur du végétal. iS". Les vaisseaux jjropres , que l'on désigne encore Vaisscun sous le nom de réservoirs des sucs propres , sont des tu- ^'■'^P'e^- bes courts , non poreux , contenant un suc propre , par- ticulier à chaque végétal. Ainsi , dans les conifères , ils contiennent de la résine; dans les euphorbes, un suc blanc et laiteux , etc. On les trouve dans les écorces , la moelle , les feuilles et les fleurs. Ils sont tantôt solitaires, tantôt réunis en faisceaux. M. jMirbel, et après lui M. ïréviranus, divisent les vais- simples ou seaux du suc propre en simples et en composés. Les pre- <=°"'P''^«^' miers sont des rangées simples de cellules montant le long du tissu cellulaire -, les seconds sont des faisceaux de Taisseaux propres simples , qui , par leur réunion , laissent entre eux un espace vide , dans lequel ils dé- posent leur suc propre. Cette opinion sur la structure des vaisseaux propres simples diffère beaucoup de celle de MM. Mirbel et Schultz, qui les considèrent comme de véritables tubes, et non des rangées de cellules superpo- sées. J'ai vu également dans quelques plantes à suc pro- pre , comme dans les figuiers , par exemple , que ce suc était contenu dans de véritables canaux simples et cy- lindriques , sans apparence d'aucune espèce de dia- phragme. 7°. Les /«<;6es s/;np/es sont des vaisseaux d'un volume Tubes simples. variable , souvent ramifiés et anastomosés entre eux , Filjies. 20 ATfATOMIE VÉGÉTALE. servant au mouvement circulatoire de la s^ve , et dont les parois minces , ou plus ou moins opaques , ne pré- sentent aucun pore visible. Ces différentes espèces de vaisseaux , auxquelles on pourrait ajouter un grand nombre d'autres modifica- tions , se réunissent souvent plusieurs entre elles , et constituent des faisceaux alongés, soudés ensemble par du tissu cellulaire-, elles forment alors les fbres proprement dites. Ce sont ces fibres ou faisceaux de tubes qui con- stituent la trame et en quelque sorte le squelette de la plupart des organes foliacés des végétaux. Parencbyme. On appelle , au coutrairc , parenchyme , la partie ordinairement molle , composée essentiellement de tissu cellulaire , que l'on observe dans les fruits , dans les feuilles, etc. Cette expression s'emploie par opposition au mot fhre. Toute partie qui n'est point fibreuse est composée de parenchyme. C'est en s'unissant de diverses manières que les tissus parenchymateux et fibreux constituent les differens or- ganes végétaux. Dans tous, en effet , nous ne trouvons par l'analyse que ces deux modifications essentielles du tissu fondamental. ^. . . , Suivant la nature des fluides qu'ils contiennent , Distinction des ^ _ , . . r -i i-aisseauxeniym- ]jgjj^^PQ^,p ([q physiologistcs avaicut divisc Ics vaisscaux pi.atKiue. et .c- ^^ ^^jg^^^^^ lymphatiqucs ou séveux , vaisseaux du suc propre, et vaisseaux aériens. Mais les differens auteurs d'anatomie et de physiologie végétales sont loin d'être d'accord sur la classe à laquelle on doit rapporter les di- verses espèces de vaisseaux que nous avons fait connaître. Ainsi, par exemple, Malpighi, Grew, Hedwig et plusieurs autresbotanistes anciens considéraient les trachées comme des vaisseaux destinés à ne contenir que de l'air. Link a soutenu la même opinion , qu'il a étendue aux vais- seaux poreux et aux fausses trachées. D'après les obser- va riens TISSU VASGULAIRE. 21 varions du professeur Mirbel , l'existence des vaisseaux aériens avait été révoquée en doute , et même niée abso- lument. Ainsi il considérait tous les tubes des végétaux comme uniquement destinés à la circulation de la sève. Cette opinion vient d'être cond^attue par le professeur Amici. Cet habile observateur dit positivement qu'il s'est assuré par l'observation, que les trachées, les fausses trachées, les vaisseaux poreux, et en général tous les organes tubuleux ou cellulaires des végétaux qui offrent des trous ou fentes visibles , ne contiennent jamais que de l'air. Quand le diamètre de ces tubes est assez gi-and , on peut facilement vérifier cette observation en coupant ces tubes en travers, on les trouve constamment vides; si l'on fait cette section sous l'eau , on voit que chacun d'eux présente à son orifice une petite bulle d'air. Maintenant un très -grand nombre de physiolc^istes Vaisseaux partagent cette opinion, et les tubes dont les parois offrent des pores ou des fentes, ne sont plus consi- dérés généralement que comme des organes propres à la transmission des fluides aériformes. Nous reviendrons au reste plus en détail sur cette importante question, quand nous traiterons de la nutrition. Les ouvertm-es ou pores dont sont percés les vais- , Orgamsatjoa ■T L tics pores. seaux poreux sont très-fréquemment organisés comme les pores de l'épiderme , c'est-à-dire qu'ils offrent à leur contour une sorte de bourrelet circulaire ou de rebord. Cette observation, due à M. Mirbel, a été confirmée par M. Amici. Ce dernier tire de cette ressemblance une in- duction de plus en faveur de son opinion sur la nature du fluide contenu dans ces vaisseaux. En effet, ainsi que nous le verrons plus tard, les grands pores de l'épiderme ne livrent jamais passage qu'à des fluides aériformes. L'air contenu dans les vaisseaux poreux ne commu- nique pas avec l'air extérieur. M. Amici pense qu'il ei>t ANATOWIE VEGETALE. produit dans l'intérieur même du tissu véjjétal , mais sa nature n'est pas encore parfaitement connue. 1 oactions des Daus Ics végétaux ligneux , où les vaisseaux aériens laaer ^^^"^~ finissent par disparaître, les rayons médullaires en tien- . nent lieu et remplissent les mêmes fonctions. Ils sont , en effet, composés de petits tubes placés horizontalement, ou de cellules poreuses alongées en travers , qui , suivant le professeur de Modène, servent à établir la communi-" cation des parties intérieures du végétal avec l'extérieur. Ces tubes ou cellules ne contiennent jamais que de l'air. Modesdecom- D'après cc que uous avous dit précédemment, on Toit muaicatiou des ■'■•'• . . cellules. qu'il cxiste deux moyens principaux de communication entre les diverses parties du tissu végétal. Dans les cel- lules ou les tubes aériens , la communication a lieu par le moyen de pores intermoléculaires ou de fentes extrê- mement petites, mais dont on peut constater l'existence et reconnaître l'organisation par le secours du micro- scope. Ces pores manquent absolument dans le tissu cellu- laire proprement dit, et dans les vaisseaux que nous avons désignés sous le nom de tubes simples. Dans cette partie du tissu des végétaux, la communication a lieu , soit par une sorte d'imbibition, soit par les espaces intermolécii- laires des lames du tissu cellulaire. Prétendu sys- QuoiquG les pores que l'on observe sur les parois des deTvegdraux.'"^ ccUules alougécs dcs vaisseaux moniliformes et des vais- seaux poreux aient été vus et décrits avec une exactitude minutieuse par un grand nombre d'autem's modernes , et spécialement par MM. Mirbel et Amici , néanmoins M. Dutrochet, dans son mémoire sur l'anatomie de la sensitive, vient tout récemment d'en nier l'existence. C'est sur cette assertion qu'il a fondé un système que nous exposerons ici en peu de mots. Cet observateur pré- tend que les organes décrits par M. Mirbel comme des pores entourés d'un bourrelet saillant, ne sont rien autre TISSU VASCULAIRE. 23 chose que de peliles cellules (globuleuses placées dans l'c'paisseur des parois des aréoles du tissu cellulaire ou des vaisseaux , et remplies d'uue iiiaLière verte transpa- rente. Ces cellules, dit l'auteur , en leur qualité de corps spliériques transparens , rassemblant les rayons lumi- neux dans un foyer central , doivent paraître opaques dans leur pourtour et transparens à leur centre •, ce qui les aura fait croire perforés. Il n'y a donc pas de pores. Mais il nous semble évident que M. Dutrochet s'est en- tièrement mépris. Les corpuscules qu'il a examinés , et qu'il a cru être les pores décrits par M. Mirbel , sont des organes tout-à-fait diftérens de ces derniers : il n'est donc pas étonnant qu'il ne les ait pas vus perforés. Ce sont ces grains de substance amylacée ou ces petits corps glanduleux verdàtres , disséminés en abondance dans toutes les parties du tissu végétal et auxquels. M. Turpin a récemment donné le nom de ylohuline. La dénégation de M. Dutrochet tombe donc tout-à-fait d'elle-même , puisque ses observations ont rapport à un organe tout-à-fait différent. Croyant que les pores du tissu cellulaire étaient des cellules pleines d'une substance verdâtre , l'habile expé- rimentateur que nous combattons ici devait faire l'ap- plication de cette observation aux vaisseaux sur lesquels on avait décrit des trous ou des fentes. Aussi a-t-il pré- tendu que les vaisseaux poreux ne sont que des tubes qui offrent de ces cellules globuleuses et verdàtres dis- posées d'une manière plus ou moins symétrique, et que les fausses trachées ou vaisseaux fendus présentent ces cellules rangées par lignes transversales. L'auteur a examiné ensuite quelle est la nature de cette matière verdâtre, et c[uelssont ses usages. L'ayant essayée par les réactifs chimiques, il a reconnu cpi'elle était con- crescible par le moyen de l'acide nitrique , et qu'ensuite 24 ANATOMIE VÉGÉTALE. les alcalis la ramenaient à son état primitif. Or, c'est ab- solument de cette manière que la substance cérébrale des animaux se comporte avec les mêmes réactifs. 11 arrive donc à cette conséquence , que cette matière ver- dâtre est un véritable système nerveux , ou plutôt en sont les élémens épars -, il les nomme coi'pi( seules ner- veux. Cette considération , dit-il , appuyée sur l'ana- logie de la nature chimique des corpuscules globuleux , est encore fortifiée par l'observation de la structure in- time du système nerveux de certains animaux. Ainsi , dans les mollusques gastéropodes , la substance médul- laire du cerveau est composée de cellules globuleuses ag- glomérées, sur les parois desquelles il existe une grande quantité de corpuscules globuleux ou ovoïdes , qui ne sont que de très-petites cellules remplies de substance médullaire nerveuse. La similitude de cette organisa- tion avec celle que nous venons d'indiquer dans les vé- gétaux est parfaite , selon M. Dutrocbet, et force à con- venir que les végétaux sont pourvus d'un système ner- veux. Nous nous sommes contenté d'exposer ici les opi- nions émises récemment par ce célèbre physiologiste : nous les examinerons plus en détail en parlant de la motilité des végétaux , après avoir étudié les fonctions des feuilles. , matïla de!va°is- ^^ ^ bcaucoup discuté sur la nature et principale- seaux. ment sur l'origine des vaisseaux des végétaux. Quand on examine une plante à son état naissant , elle n'est en- core composée que de tissu cellulaire ; plus tard , au contraire, on y trouve des vaisseaux. On a du naturel- lement se demander comment ces nouveaux organes s'étaient formés au milieu du tissu cellulaire, où on les Ils soni creuses obscrve alors et où ils n'existaient pas avant. Cette ques- jijr la icve. _ ■'••'• tien de la plus haute importance a été souvent agitée , TISSU VASGULAIRE. 20 sans qu'on ait pu jusqu'à ce jour la résoudre directement par l'observation. Ainsi, les uns ont dit que c'était la sève qui , en s'élevant des racines vers les parties supé- rieures du végétal , se frayait des conduits à travers le tissu cellulaire , et qu'ainsi les vaisseaux n'étaient for- més en quelque sorte que par une cause mécanique. Mais en admettant que cette hypothèse fût vraie , ce que nous sommes loin de croire , elle n'expliquerait pas cette diversité de forme et de structm'e qui existe dans les diverses sortes de vaisseaux et spécialement celles des trachées. D'autres ont avancé que les tubes n'étaient qu'une mo- ^^^ïj^j.^^,1^_^";;^ dification du tissu cellulaire , et nous nous étions nous- thsu cellulaire. même rangé à cette opinion sans pouvoir l'admettre autrement que par le raisonnement. On disait que les organes tubuleux des plantes ne sont que des lames de tissu cellulaire diversement enroulées sur elles-mêmes. Le second mémoire que M. Mirbel vient de lire (5 dé- ^^^\j;^^^ cembre 1 83 2 et 7 janvier i833) , à l'académie des Scien- n^e.a des d- ces , nous paraît propre à jeter un jour tout nouveau sur cet important problème. Partant toujours de ce prin- cipe , qui entre ses mains a déjà été si fécond en résul- tats nouveaux , que pour bien connaître un organe , il faut le suivre dans toutes les phases de son développe- ment, M. Mirbel, en étudiant la structure des organes reproducteurs du mai'chantia poli/tnoiyJia , est arrivé à l'un de ces grands résultats qui marquent une époque nouvelle dans une science. La face inférieure de cette expansion foliacée en forme de chapeau découpé, où sont placés les organes reproducteurs femelles, présente à l'é- poque de sa maturité des lames contournées en hélices ou tire-bouchon , qui servent à lancer comme autant de ressorts les propagules dont leurs parois sont recouvertes. Ces organes ont été nommés elalères , et il est impossible 26 ANATOMIE VÉGÉTALE. de n'y pas reconnaître la même structure que dans les vaisseaux trachées-, cette analogie a été admise par plusieurs phytotomistes. Or , en examinant les organes au moment où on commence à les apercevoir , le cé- lèbre physiologiste dont nous analysons le travail, a re- connu qu'ils consistaient d'abord chacun en une simple utricule. Ce fait est tellement important que nous lais- serons ]\I. Mirbel parler lui-même : « Quand le pistil eut atteint le degré de développe- ment que j'ai indiqué précédemment , les utricules inté- rieures se détachèrent les unes des autres , tandis que celles de la superficie restèrent étroitement unies , et constituèrent un sac balonné bien clos , dans lequel les utricules intérieures se trouvèrent emprisonnées. Celles- ci n'eurent pas toutes le même sort ;, il y en eut qui §e développèrent en longs tubes grêles , pointus aux deux bouts, et qui, si je ne me trompe , adhéraient par l'un de ces bouts à la face interne du sac, et d'autres en beau- coup plus grand nombre , qui, de polyèdres qu'elles étaient d'abord, passèrent à la forme sphérique en arron- dissant insensiblement leurs angles. Sur chaque utricule alongée en tube était faiblement collée une double série de ces utricules arrondies : les unes et les autres étaient encore remplies de sphérioles vertes. » En avançant en âge , les utricules composant le sac et les utricules alonges en tubes éprouvèrent des mo- difications sur lesquelles je dois attirer toute l'attention des physiologistes. Trois ou quatre anneaux placés pa- rallèlement l'un au-dessous de l'autre, parurent en léger relief sur chaque utricule du sac. Ils faisaient corps avec là membrane utriculaire , et toutefois ils s'en distin- guaient par leur opacité. Sans la présence de cette mem- brane, je les am'ais confondus avec les tubes à jour aux- quels on a donné le nom de vaisseaux annulaires. TISSU vasculAlIre. 27 » Les utricules alongées en tubes ne différaient d'a- bord des autres utricules que par la forme; elles avaient donc une paroi membraneuse , mince , unie , diaphane , entière, incolore; mais elles ne tardèrent pas à s'épais- sir , à perdre leur transparence , et elles se marquèrent tour à tour dans toute leur longueur, de deux stries pa- rallèles très-rapprochées et tracées en hélice. Puis elles grandirent , et leurs stries devinrent des fentes qui dé- coupèrent d'un bout à l'autre la paroi de chacune en deux filets , et les circonvolutions des filets s'écartèrent , imitant les circonvolutions du tire-bourre. Enfin, les deux filets se colorèrent en javme de rouille et la méta- morphose fut si complète, que si je n'avais pas suivi les modifications pas à pas , je me garderais bien de dire aujourd'hui que ces deux filets furent primitivement une simple utricule ; mais le fait est constant , et j'ai la conviction que quiconque recommencerait la série de mes observations avec la forte volonté de ne rien laisser échapper de ce qu'il est possible de voir , an-iverait au même résultat que moi. » Chaque paire de filets roulée en hélice est désignée sous le nom d'élatère par les botanistes. L'identité orga- nique est notoire entre les élatères du marchaiitm poly- morpha , et les tubes' découpés en hélice que Grew a nommés aervessels et Malpighi trachées. » Plus loin l'auteur arrive à un résultat tout-à-fait sem- blable , en examinant la structure progressive de cette lame intérieure de tissu cellulaire qui revêt la face in- terne des anthères dans les végétaux phanérogames. A l'époque où les loges de l'anthère s'ouvrent pour lais- ser échapper le pollen , les utricules de cette lame cel- luleuse se présentent sous des formes très-variées , mais plus souvent découpées en lanières étroites et enroulées en hélice; 28 ANATOMIE VÉGÉTALE. « A l'origine des utricules (j'entends à l'âge le plus jeune où il me fut possible de les observer) je trouvai qu'elles étaient membraneuses et closes. Cet état de choses dura presque jusqu'au moment de la déhiscence de l'an- thère et de la maturité du pollen. Ce fut alors seule- ment qu'un changement extraordinaire se manifesta dans une ou plusieurs couches d'utricules placées im- médiatement au-dessous de la lame utriculaire superfi- cielle. Ses utricules s'agrandirent dans tous les sens , et leurs parois se divisèrent en lanières ou en filets, dont la position rappelait très -bien la forme primitive des utricules. La métamorphose ne se faisait pas par transi- tions appréciables y elle était si brusque , que je ne pus jamais surprendre la nature à l'œuvre. Quoi qu'il en soit, j'obtins la preuve la plus positive que les utricules à claire-voie étaient de simples transformations des utri- cules closes , et non des formations nouvelles. « Ainsi dans les anthères , les utricules percées de trous comme les tubes poreux , fendues comme les faus- ses trachées, partagées en anneaux comme les tubes annulaires, découpées en hélice comme les trachées , ont été originairement des utricules membraneuses et closes,#t ne sont après leur métamorphose , que les ana- logues des tubes poreux , des fausses trachées , des tubes annulaires ou des trachées , -lors même qu'elles ne s'a- longent pas. En effet , la forme tubuleuse n'est qu'un caractère accidentel , n'avons-nous pas vu dans le mar- chantia les utricules s'alonger en tubes pour former des racines ou des élatères , et les élatères devenir de tout point semblables aux trachées? » D'après ces belles observations, il est impossible de révoquer en doute la transformation d'utricules d'abord parfaitement closes en utricules et en tubes plus ou moins alongées , percées de fentes ou découpées en la- GLANDES. . 29 nières étroites , enroulées en manière de tire -bourre. Ce n'est pas forcer la conséquence, que de dire que Irès-probaulenient les vaisseaux ou tubes qu'on trouve dans les plantes ont eu pour point de départ , pour origine commune , une utricule. Cette utricule , ainsi que nous l'avons vu pour celles qui donnent naissance aux élatères du marchantia , ne diffère en rien de toutes les autres au milieu desquelles elle se trouve pla- cées, et cependant quel cliangement n'éprouve-t-ellepas. Nous devons donc admettre que toutes les utricules ne jouissent pas absolument des mêmes propriétés -, il en est quelques-unes qui , sans qu'on puisse le reconnaître par aucun caractère extérieur , ont la faculté de pouvoir se modifier sous l'influence de certaines causes , et même de changer entièrement de nature. Ainsi, la cellule qui jouit de la propriété de pouvoir devenir un tube fendu ou une trachée , n'offre rien à l'extérieur qui la distin- gue des autres. Cette utricule, une fois qu'elle a éprouvé les modifications nouvelles dont elle est susceptible , s'accroît avec ses nouveaux caractères , comme toutes les autres parties de la plante , par suite de l'assimila- tion des matériaux que lui fournit la nutrition. Pour terminer tout ce qui a rapport à l'examen de l'anatomie des différentes parties constituantes et élé- mentaires de l'organisation végétale , nous devons nous occuper des glandes et des poils considérés dans leur structure anatomique. Quant à l'épiderme qui revêt tou- tes les parties du végétal, nous exposerons plus loin sa structure , quand nous parlerons de l'organisation des tiges , et de celle des feuilles. Les Glandes sont des organes particuliers qu'on ob- GLiuJes. serve sur presque toutes les parties des plantes , et qui sont destinés à séparer de la masse générale des humeurs un fluide quelconque. Par leurs usages et leur stnicture, 50 ANATOMIE VÉGÉTALE. elles ont la plus gi'ande analogie avec celles des animaux. Elles paraissent formées , ainsi qu'il résulte des recher- ches de M. Mirbel , soit uniquement de tissu cellulaire , soit de tissu cellulaire très-fin , dans lequel se ramifient un grand nombre de vaisseaux. Dans le premier cas , elles sont destinées à sécréter un liquide excrémentitiel, qui suinte à l'extérieur et recouvre leur surface ; dans le second , le fluide qu'elles sécrètent est reporté dans le tissu général, où il paraît servir à la nutrition. Leur forme et leur structure particulière sont trèsi-va- riées, et les ont fait distinguer en plusieurs espèces. Mais on a également donné ce nom à des corps ou organes fort différens , et qui ne sont pas destinés à sécréter des humeurs. Ainsi, par exemple, Guettard , à qui on doit un travail étendu sur ce sujet , nommait glandes tniliaires les stomates ou pores de l'épiderme. 1» vësicuiaire. i"' Ou nommc {jlandes vésiculaires de petits réservoirs remplis d'huile essentielle, logés dans l'enveloppe her- bacée des végétaux. Elles sont très-apparentes dans les feuilles du myrle et de Y oranger , et se présentent sous l'aspect de petits points transparens lorsqu'on place ces feuilles entre l'œil et la lumière. Ces prétendues glandes ne sont peut-être que des réservoirs où s'amasse le suc propre. 2' gioLuiaircs. 2°. Glaudcs ///rt7Ve^. Elles forment des espèces de POILS. 3l mamelons ou de papilles, qu'on a comparées à celles de la langue. On les trouve dans plusieurs Labiées , par exemple dans la sarielte (satureia liortensis). Enfin il y en a de lenticulaires , de scssiles , d'autres qui sont portées sur des poils. La tribu des drupacées dans la famille des Rosacées , la famille des Passiflores et beaucoup de Légumineuses, de Malvacées , offrent sur leur pétiole ou le limbe de leurs feuilles, des glandes d'une forme très-variée , et qui souvent fournissent de bons caractères pour distinguer les espèces. Les Poils sont des organes filamenteux , plus ou moins Puiis. déliés , servant à l'absorption et à l'exbalation dans les végétaux. Il est peu déplantes qui en soient dépour- vues. On les observe principalement sur celles qui vivent dans les lieux secs et arides. Dans ce cas , ils ont été re- gardés par quelques botanistes comme servant à multi- plier et à augmenter l'étendue de la surface absorbante des végétaux. Aussi n'en voit-on pas dans les plantes très-succulentes , comme les plantes grasses , ou celles qui vivent habituellement dans l'eau. Les poils paraissent être , dans beaucoup de cas , les Lem- nitme. canaux excréteurs des glandes végétales. En effet , ils sont fréquemment implantés sur une glande papillaire. Ne sait-on pas que les poils des orties ne déterminent cette sensation brûlante et la formation d'ampoules sur la peau que parce qu'en s'y enfonçant , ils y versent q*i même temps un fluide irritant , sécrété par les glandes sur lesquelles ils sont implantés. Quand , par la dessicca- tion , ce fluide s'est évaporé , les poils des orties ne pro- duisent plus le même effet ? On distingue les poils en glandulifères , excréteurs , et en lymphatiques. Les premiers sont ou appliqués im- médiatement sur une glande , ou surmontés par un petit corps glandulaire particulier, comme dans la fraxinelle 3 2 AWATOMIE VÉGÉTALE. (dÎGtamnus albiisj; les seconds sont places sur des [iflandes dont ils paraissent être les canaux excréteurs , .destinés à verser au dehors les fluides sécrétés ; enfin , les troisièmes ne sont qu'un simple prolongement de l'épiderme. Leurs formes. ludijorme dcs poils offre un grand nombre de variétés. Ainsi il y en a de simples , de rmneux , de suhulés , de capités. D'autres sont creux et coupés de distance en distance par des diaphragmes horizontaux. Dans lesMal- pighiacées ils ont la forme et la position horizontale d'une navette. Ils sont quelquefois solîtaîres , ou bien rassemblés en faisceaux , en étoiles , etc. Leuisiructure. La structurc anatomiquc des poils est généralement . très-simple. Quelquefois ils sont composés d'une seule cellule plus ou moins alongée •, d'autrefois ce sont plu- sieurs cellules placées bout à bout , de telle sorte que le poil sem^)le être un tube cloisonné intérieurement. Enfin, dans certains cas , le poil est formé d'un nombre plus ou moins considérable de cellules diversement groupées. Quant à leur disposition sur une partie ( disposition que l'on désigne sous le nom de jyubescence) , nous en parlerons en traitant , sous ce rapport,' des modifications de la tige. Expose suc- JYous venons de considérer la structure anatomique cinct desorgaoes , ,, ,, ,,,,. •,, des végétaux. *es vcgetaux , de pénétrer dans linterieur de leur tissu, de séparer et d'analyser les rudimens ou parties élémen- taires de leur organisation ; étudions maintenant le vé- gétal considéré dans son ensemble : voyons quels sont les organes ou parties qui le composent dans son état par- fait de développement. Organes de h ^lu végétal , daus sou demicr degré de développe- nuintion. ment et de perfection , offre à considérer les organes sui- vans : ÉNUMÉRATION DES ORGANES* ' 55 i" La 7-acine , ou cette partie qui , le terminant infé- rieurement , s'enfonce ordinairement clans la terre , où elle fixe le végétal -, flotte dans l'eau , quand celui-ci nage à la surface de ce liquide. 2° La tige qui , croissant en sens inverse de la racine , se dirige toujours vers le ciel, du moins au moment où elle commence à se développer, se couvre de feuilles, de fleurs et de fruits , et se divise en branches et rameaux. 3" Lq% feuilles, ou ces espèces d'appendices membra- neux , insérés sur la tige et ses divisions, ou bien partant immédiatement du collet de la racine. 4° Les fie ur s , c'est-à-dire des parties très-complexes, Organes delà 1 • 1 1 reproduction. renfermant les organes de la reproduction dans deux en- veloppes particulières , destinées à les contenir et à les protéger : ces organes de la reproduction sont le pistil et les étamines. Les enveloppes florales sont la corolle et le calice. 5" Le pistil, ou organe sexuel femelle , simple ou mul- tiple , occupant presque toujours le centre de la fleur, se compose d'une partie inférieure creuse , nommée ovaire, propre à contenir les rudimens des graines , ou les ovules; d'une partie glanduleuse , située ordinairement au som- met de l'ovaire , destinée à recevoir l'impression de l'or- gane mâle , et que l'on appelle stigmate -, quelquefois d'un style, sorte de prolongement filiforme du sommet de l'ovaire , qui supporte alors le stigmate. 6° Les e'taynines , ou organes sexuels mâles , compo- sées essentiellement d'une anthère, espèce de petite poche membraneuse, le plus souvent à deux loges, renfermant dans son intérieur la substance propre à déterminer la fécondation ou le pollen. Le plus ordinairement l'an- thère est portée sur vin Jilet ^\ns ou moins long-, dans ce cas Vétamine se trouve formée d'une anthère ou partie es- sentielle , à^nn filet ou partie accessoire. l" Partie. 3 54 ENUMÉRATIO.N DES ORGANES. f La corolle, ou l'enveloppe la plus intérieure de la fl eur , souvent peinte des plus riches couleurs, quelque- ibis formée d'une seule pièce et dite alors corolle mono- pétale ; d'autres fois polypétale , c'est-à-dire composée d'un nombre plus ou moins considéral)le de pièces dis- tinctes , qui portent chacune le nom de pétale. 8*^ Le calice , ou enveloppe la plus extérieure de la fleur , de nature foliacée , ordinairement vert , composé d'une seule pièce , et dans ce cas nommé monosépale 5 ou formé de plusieurs pièces distinctes , qui sont nom- mées *4^ a /é-* ; il est appelé alors poli/sépale. 9*^ Le fruits c'est-à-dire V ovaire développé et renfer- mant les gi'aines fécondées, est formé par le péricarpe et Jes graines. 10^ Le péricarpe, de forme, de consistance très-variées, estl'ovaire développé et accru, dans lequel étaient conte- nus les ovules, qui sont devenus les jjraines. Il se com- pose de trois parties, savoir : Vépicarpe, ou membrane extérieure qui définit la forme du fruit-, Vetidocarpe, ou membrane qui revêt sa cavité intérieure simple ou multiple j enfin une partie parenchymateuse située et contenue entre ces deux membranes , et qu'on nomme iorcocarpe. Le sarcocarpe est surtout très-développé dans les fruits charnus. 11" Les graines conteimes dans an péricarpe y sont attachées au moyen d'un support particulier, formé des vaisseaux qui leur apportent la nourriture ; ce support est le trophosperme , ou placenta. Le point de la surface de la graine où s'atlaolie le trophosperme se nomme hile ou ombilic. Quelquefois le trophosperme , au lieu de cesser au pourtour du hile, se prolonge plus ou moins sur la graine, au point de la recouvrir même euUè炙î,en,t» C'est ÉNUMÉRATION DES ORGANES. 55 à ce prolongement particulier qu'on a donné le nom à^ariUe. La graine se compose essentiellement de deux parties à\s\.mQ\.es,Vépispernie tXV amande. 12*^ Vepisperme est la membrane ouïe tégument pro- pre de la graine. 10^ L'ff/na/irfe est le corps contenu dans Vepisperme. i4*^ Va mande est composée essentiellement de Vem- bryon, c'esL-c\-dire de cette partie qui, mise dans des circonstances convenables , tend à se développer et à produire un végétal parfaitement semblable à celui qui lui a donné naissance. i5" Outre V embryon, Y amande contient encore quel- quefois un corps particulier de nature et de consistance variées , sur lequel est appliqué V embryon, ou dans l'inté- rieur duquel il est entièrement caché -, ce corps a reçu les noms ^e7idosperme, de jje'risperme et (Valbumen. Ve?nbryon est la partie essentielle du végétal*, c'est pour concourir à sa formation et à son perfectionnement que tous les autres organes des végétaux paraissent avoir été créés. Il est formé de trois parties : l'une inférieure ou corps radiculaire; c'est celle qui , dans la germina- tion, donne naissance à la racine ; l'autre , supérieure , est la gemmule} c'est celle qui , en se développant , pro- duit la tige , les feuilles et les autres parties qui doivent végéter à l'extérieur ', enfin une partie intermédiaire et latérale, qui est le corps cotylédonaire , simple ou divisé en deux parties, nommées cotylédons. De là , la division des végétaux pourvus d'embryon en deux gTaudes classes : les Monocotylédons , ou ceux dont V embryon n'a qu'un seul cotylédon; et les Dicotylédons , ou ceux dont V em- bryon présente deux cotylédons. Telle est l'organisation la plus générale et la plus com- plète des végétaux. Mais ou ne doit pas s'attendre k 3. 56 É1NUMÉRA.TI0N DES ORGANES. trouver toujours réunies sur la même plante les diffe'- rentes parties que nous venons d'énumérer rapidement ; plusieurs d'entre elles manquent tr(S-souvent sur le même végétal. C'est ainsi , par exemple , que la tige est quelquefois si peu développée , qu'elle paraît ne point exister, comme dans \e plantain , \^ primevère ; que les feuilles n'existent pas du tout dans la cuscute; qu'on ne trouve pas de corolle dans tous les Monocotylédons , c'est-à-dire qu'il n'existe alors qu'ui>e seule enveloppe autour des organes sexuels -, que cette seule enveloppe disparaît quelquefois , comme dans le saule , etc. ; que souvent encore la fleur ne renferme que l'un des deux organes sexuels , comme dans le coudrier , où les éta- mines et les pistils sont contenus dans des fleurs distinc- tes ; ou enfin que les deux organes sexuels disparaissent quelquefois entièrement, et la fleur alors est dite neutre, comme dans la boule-de-neige (viburnu?n opulus), Yhor- tensia, etc. Cependant , dans les difierens cas que nous venons de citer , cette absence de certains organes n'est qu'acciden- telle , et n'influe pas d'une manière marquée sur le reste de l'organisation ; en sorte que ceux de ces végétaux dans lesquels ces organes manquent ne s'éloignent point sensililement , ni dans leurs caractères extérieurs, ni dans leur mode de végétation et de reproduction , de ceux qui les possèdent tous. Mais il est d'autres végétaux qui , par la privation constante des organes sexuels , par leurs formes ex- térieures, la manière dont ils végètent et se repro- duisent , s'éloignent tellement dos autres plantes con- nues , que de tout temps ils en ont été séparés pour for- mer une classe à part. C'est à ces végétaux que Linuée a donné le nom de cryptogames , c'est-à-dire de plantes à organes sexuels cachés ou intvisibles, pour le§ distinguer ÉPfUMÉRATION DES ORGANES. 5/ des autres végétaux connus , dont les organes sexuels sont apparens , et qui avaient reçu pour cette raison le nom de phanérogames. Les cryptogatnes sont fort nombreuses •, elles consti- tuent environ la septième ou huitième partie des cin- quante à soixante mille végétaux connus aujourd'hui. Comme elles sont dépourvues de graines , et par con- séquent d'embryon et de cotylédons, on les appelle aussi Inemhryonées Ou yicoUjUdoncs. On arrive donc ainsi à trouver dans les végétaux trois grandes divisions fonda- mentales , tirées de l'embryon , savoir : i" Les Inemhryonés ou Acotylédons , c'est-à-dire les plantes dans lesquelles on n'observe ni fleurs proprement dites , ni par conséquent d'embryon et de cotylédons ; telles sont les Fougères, les Moussas , les Hépatiques , les Lichens , les Champlgiioits , etc. Les Emhryonés ou /^A a «Ê^ro^yawe^, plantes pourvues de fleurs bien évidentes , de graines et d'embryon. On les distingue en : 2° Monocotylédoncs , ou celles dont le corps cot}— lédonaire est d'une seule pièce , et développe une seule feuille par la germination ; tels sont les Graminées , les Palmiers , les Liliacées , etc. ; 3° Et en Dicotylédones, ou celles dont l'embryon offrant deux cotylédons développe deux feuilles séminales parla germination •, par exemple : les chênes , les ormes , les Labiées , les Crucifères , etc. Le nombre des végétaux dicolylédons est plus considérable que celui des acotylé- dons et des monocotylédons réunis. Telles sont les grandes divisions fondamentales éta- blies dans le règne végétal. Nous avons cru devoir les exposer ici en abrégé , et en donner une idée succincte , parce que , dans le cours de cet ouvrage , nous serons fréquemment obligé d'employer les noms CCacotylédons , 58 É.VDmÉRATION des ORGA^■ES^ de vionocotylêdons , et de dicotyJèdons , qui , s'ils n'eus- sent point été définis d'abord , eussent nécessairement arrêté l'ordre naturel des idées. C'est ici que nous sommes forcé de convenir que la marche des sciences naturelles n'est point aussi rigoureuse que celle des sciences physi- ques et mathématiques. On ne peut pas toujours, dans l'exposition des faits et des notions fondamentales qui appartiennent à l'histoire naturelle, procéder strictemenl du connu à l'inconnu. Il est souvent impossible d'éviter de passer par certaines idées intermédiaires, non encore définies, et de supposer dans ceux pour lesquels on écrit, des connaissances qu'heureusement ils possèdent presque toujours. Kous avons , autant cpie possible , clierché à remédier à cet inconvénient dans l'exposition de ces notions élémen- taires. Nous nous sommes eflorcé d'exposer les faits dans leur dernier degré de simplicité , afin que ceux même qui n'ont encore aucune connaissance de cette science pussent aisément suivre le développement successif dans lequel nous allons entrer au sujet des diflérens organes des végé- taux. Division -les La vic dans les végétaux se compose de l'exercice de geuuren'dJu*ï tlcux grandes fonctions, la nutrition et la reproduction fiasses. ^^ génération. Elle est par conséquent plus simple que dans les animaux , où l'on trouve de plus les fonctions de relation , c'est-à-dire la locomotilité et la sensibilité , destinées à les mettre en rapport avec les corps ou les êtres qui les environnent. Toutes les parties, ou tous les or- ganes dont se compose le A'égétal , concourent à l'une ou à l'autre des deux fonctions qui lui sont propres. Il nous a paru convenable de les diviser en deux classes : Org=.nes de la 1° Suivaut qu'ils servent à leur nutrition, c'est-à-dire à puiser dans le sein de la terre ou de l'atmosphère les É?fUMÉR.lTIOÎV DES ORGAÎSES. O9 substances nutritives propres à leur développement : on les appelle alors organes de la nutrilion ou de la végéta- tion. Tels sont la racine, la tige, les bourgeons et les feuilles, etc. 2° Suivant qu'ils servent à la reproduction de l'espèce : q^^^^^^ ^^ i^ on les nomme organes de la reproduction ou de lafruc- génération. tification. Tels sont la fleur , ses diflërentes parties , et le fruit qui leur succède. Nous commencerons d'abord par étudier les organes de la nutrition ^ et nous ferons suivre cette étude de celle des organes de la. Jructijïcation. L'ordre le plus naturel des idées eût été sans doute de commencer par étudier les organes de la plante dans la graine qui les renferme déjà à l'état rudimentaire -, d'en suivre ensuite les progrès ultérieurs jusqu'à leur état le plus parfait de développement; mais l'organisation de la graine étant, sans contredit, un des points les plus difficiles de la Botanique , il nous a semblé qu'il fallait d'abord accoutumer en quelque sorte nos lecteurs à des idées et à des faits plus simples , afin de les faire arriver ainsi par degrés aux parties les plus compliquées de l'organisation végétale. Dcfinition. 40 ORGANES DE LÀ VÉGÉTATION. PREMIÈRE CLASSE. ORGANES DE LA NUTRITION OU DE LA VÉGÉTATION. Les organes de la nutrilion ou de la végétation sont tous ceux auxquels est confié le soin de la conservation individuelle des végétaux. Ce sont les racines, les tiges, les bourgeons , les feuilles , les stipules , et quelques-uns de ces organes dégénérés , tels que les épines , les ai- guillons , les vrilles. En effet, la racine , enfouie dans le sein de la terre , absorbe une partie des fluides nutri- tifs et réparateurs -, la tige transmet ces fluides dans tous les points de la plante , tandis que les feuilles , étendues au milieu de l'atmosphère, y remplissent les mêmes fonctions que les racines dans la terre , et servent à la fois d'organes absorbans et exhalans. On voit , par ce court exposé de leurs fonctions, que ces diff'érens organes tendent tous à une même fin -, qu'ils nourrissent le vé- gétal et concourent à sa végétation , c'est-à-dire au dé- veloppement de toutes ses parties. CHAPITRE PREMIER. On donne le nom de racine à cette partie d'un végétal qui , occupant son extrémité inférieure , et cachée le plus souvent dans la terre , se dirige et croît constam- ' Radix, lat. ; pi^y., grec. RACINE. 4l meut en sens inyerse de la tige , c'est-à-dire s'enfonce perpendiculairement dans la terre , tandis que celle-ci b'clève A'ers le ciel. Un caractère non moins remarqua - J)lede la racine est de ue jamais devenir verte ( au moins dans son tissu ) quand elle est exposée à l'action de Fair et de la lumière , tandis que toutes les autres parties des végétaux y prennent cette couleur, A l'exception de quelques trémelles et de certaines con- fîmes , qui, plongées dans l'eau ou végétant à sa surface, absorbent les matériaux de leur nutrition par les diffé- rens points de leur étendue , tous les autres végétaux sont pourvus de racines , qui servent à les fixer au sol et à y puiser une partie de leurs principes nutritifs. Les racines , avons-nous dit , sont le plus souvent Racines dans , , , , /-i. , • !• r»' i les iilintciaqua- miplantees dans la terre. L'est ce qui a lieu , en ellet , u^ues. pour le plus grand nombre des végétaux. Mais il en est d'autres qui , vivant à la surface de l'eau , présentent des racines flottantes au milieu de ce liquide , comme on l'observe dans certaines lentilles d'eau. La plupart des plantes aquatiques, comme le trèfle d'eau , le nénu- phar , V utrivulaîre ^ , offrent deux espèces de racines. Les unes , enfoncées dans la Vase , les fixent au sol ; les autres , partant ordinairement de la base des feuilles , sont libres et flottantes au milieu de l'eau. D'autres plantes végétant sur les rochers , comme les lichens; sur les murs, conmie la yiroflee commune, le grand muflier, la valériane rouge; sur le tronc ou la racine des autres arln'es , comme le lierre , certaines Or- chidées des tropiques, la plupart des mousses , V orohan- che et Vhypociste ^ y implantent leurs racines, et vérita- ' Les parties filamenteuses, que la plupart des botanistes ont prises pour des feuilles dans l'utriculaire, ne sont que des racines flottantes. aériennes. 42 ORGANES DE LA VÉGÉTATION.' bles parasites , en absorbent les matériaux nutritifs , et vivent à leurs dépens. Ricines Lg clusta vosea , arbrisseau sarmenteux de l'Amérique méridionale , le sempervivum, arhoreum , le maïs, le manglier et quelques figuiers exotiques , outre les racines qui les terminent inférieurement , en produisent d'autres de différens points de leur tige , qui , d'une hauteur sou- vent considérable, descendent et s'enfoncent dans la terre. On a donné à ces racines surnuméraires le nom de racines a érienn es ou adventives, et un fait fort remarquable qui les concerne , c'est qu'elles ne commencent à s'accroître en diamètre que quand leur extrémité a atteint le sol et y puise les matériaux de son accroissement. Tige; soute.- Nc coufoudous pas avcc les racines , comme on l'a fait raines. très -souvcut , Certaines %e,<î souterraines, qui rampent horizontalement sous terre, commedansl'm^^rerma^îîca, le sceau de Salomon , etc. Leur direction seule suffirait presque pour les distinguer , si d'autres caractères ne ve- naient point encore nous éclairer sur leur véritable na- ture ( Foi/ez dans le chapitre suivant ce que nous en di- sons en parlant de la souche ou tige souterraine.) Distinction on- La distinctiou entre la tige et la racine n'est pas aussi ricin'e.*'"' " ' facile , ni aussi précise qu'on le croit généralement. Aussi voyons-nous que, même jusqu'en ces derniers temps , la plupart des botanistes décrivent toujours sous le nom de racines, des organes qui n'en sont réellement pas, et surtout des tiges souterraines. Un examen atten- tif nous a amené à cette conclusion que l'on doit beau- coup restreindre les organes compris sous cette déno- mination générale de racines. Physiologiquement, on ne doit considérer comme de véritables racines que les der- nières ramifications du caudex descendant , celles qui dans la terre représentent , et par leur position et par leurs fonc- tions , les feuilles naissant sur les dernières ramification» RACINE. 4^ ducaudexasceudanl OU aérien. En effet, on ne saurait nier Textréme analogiequi cxisteentrele e7ict'e^« et les feuilles, le premier , dans les arbres , tombe et se régénère cha- que année comme les feuilles ; ses fonctions sont les mêmes que celles de ces dernières. Il y a plus , les rami- fications du caudex descendant qui, lorsqu'elles sont souterraines donnent naissance à du chevelu , pous- sent des feuilles quand par hasard elles viennent à être découvertes et exposées à l'aclion de l'air et de la lu- mière. C'est donc seulement la différence des milieux dans lesquels le chevelu et les feuilles se développent , qui détermine les différences qui existent entre ces deux, parties. Ainsi, selon nous , on ne doit désigner sous le nom de racines que les fibres souterraines , dont la réunion constitue le chevelu. La partie généralement appelée le corps de la racine, et qui dans les végétaux ligneux, par exemple, n'est évidemment que la prolongation infé- rieure de la tige , n'appartient pas en réalité à la racine , pas plus que les ramifications principales qu'il présente : Il fait partie de la tige. D'après cette nouvelle manière d'envisager et de préciser les racines , on conçoit que leurs modifications doivent être beaucoup moins nombreuses , cpi'on ne l'admet générale- ment. Cependant, pour nous conformer encore en partie à l'opinion admise jusqu'à ce jour, nous conserverons ici quelques dénominations qui ne nous paraissent pas ap- plicables aux vraies racines, mais à des tigessouterraines. Différentes parties dans les végétaux sont susceptibles p, de produire des racines qu'on peut sc^^eXev accidentelles x "inle'"'" «s' ^ra- coupez une branche de saule, de peuplier ; enfoncez-la dans """• la terre , et au bout de quelque temps son extrémité infé- rieure sera chargée de radicelles. Le même phénomène aura encore lieu lorsqu'on aura implanté les deux extré- mités de la branche dans la terre : l'une et l'autre s'y Parties suj- 44 ORGAKES DE LA VÉGÉTATION.' fixent , au moyen de racines qu'elles développent. Dans les Graminées, particulièrement le mais ou lié de Turquie, les nœuds inférieurs de la tige poussent quelquefois des racines qui descendent s'enfoncer dans la terre. C'est sur cette propriété qu'ont les tiges , et même les feuilles dans beaucoup de végétaux de donner naissance à de nouvelles racines, que sont fondées la théorie et la pratique du tnav- cottage et de la houture , moyens de multiplication très- employés dans l'art de la culture. On peut faciliter ce phénomène par différens moyens, qui tous ont un résultat commun , celui de mettre obsta- cle au cours de la sève descendante ou nutritive. Ainsi , la ligature et l'incision annulaire de l'écorce, sont jour- nellement mises en usage pour faciliter l'apparition desra- cines adventives, dans l'opération du marcottage. Il existe une grande analogie de structure entre les ra- cines qu'un arbre pousse dans le sein de la terre, et les ra- meaux qu'il étale au milieu de l'air. Les principales diflé- renccs que l'on observe entre ces deux organes dépendent principalement de la différence ^ des milieux dans les- quels ces organes se développent. ' On a dit que lorsqu'on icnTcrsait un jeune arbre de manière que ses branches fussent enfoncées dans la terre, et ses racines étalées dans l'air , les feuilles se changeaient en racines , et celles-ci en feuilles. Ce fait est faux , ou du moins l'explication que l'on en donne n'est pas exacte. En effet , les feuilles ne se changent pas plus en racines que les racines en feuilles. Mais lorsqu'ils sont cachés sous la terre , les bourgeons situés à l'aisselle des feuilles, au lieu de développer de jeunes rameaux ou scions foliacés , s'a- longent, sétiolent , et deviennent des fibres radicales; tandis que les bourgeons Uittiis qui existent dans les racines , et qui sont destinés à renouveler le chevelu chaque année, placés dans un autre milieu, se développent eu feuilles. On a encore un exemple bien frappant de cette tendance des bourgeons latens de la racine à se changer en rameaux foliacés , lorsqu'ils sont exposés au con- tact de l'air , dans ces rejets qui poussent autour des arbres h. racines rampantes, coumic l'acacia , le peuplier, le pommier, etc. RACINE. 45 Les racines de certains arbres poussent de distance en Exosioses. distance des espèces de cônes ou de bosses d'un bois mou et lâche, entièrement nus et saillans hors de terre , et que l'on a désigné sous le nom à'exostoses. Le cyprès chauve de l'Amérique septentrionale {taxodium disfickum.Kich.) en offre les exemples les plus remarquables. La racine , considérée dans son ensemble et d'une ma- On distingue nière générale , peut être divisée en trois parties : i'^ le le corps, k-coi- " , „ ^1 • - „ let et le chevelu. corps ou partie moyenne , de forme et de consistance variées , quelquefois plus ou moins renflé , comme dans le navet , la carotte -, 2*^ le collet ou nœud vital : c'est le point ou la ligne de démarcation qui sépare la racine de la tige , et d'où part le bourgeon de la tige annuelle , dans les racines vivaces^ 3*^ les radicelles ou le chevelu : ce sont les fibres plus ou moins déliées qui terminent or- dinairement la racine à sa partie inférieure. J(. Suivant leur durée, les racines ont été distinguées Durée, en annuelles , bisannuelles , vivaces et ligneuses. Les racines annuelles sont celles des plantes qui, dans l'espace d'une année, se développent, fructifient et meu- rent : tels sont le blé , le pied-d'alouette ( delphinium consolida ) , le coquelicot ( papaver rhœas ) , etc. Les racines bisannuelles sont celles des plantes à qui deux années sont nécessaires pour acquérir leur parfait développement. Les plantes bisannuelles ne produisent ordinairement , la première année, que des feuilles-, la seconde année elles meurent après avoir fleuri et fruc- tifié, comme la carotte, etc. On a donné le nom de racines vivaces à celles qui ap- partiennent aux plantes ligneuses et aux plantes her- bacées qui, durant un nombre indéterminé d'années, poussent des tiges qui se développent et meiu'ent tous les ans , tandis que leur racine vit pendant un grand nombre 4^ ORGANES DE LA VÉGÉTATION. d'années : telles sont celles des asperges , des asphodèles , de la luzerne, etc. Divition des Celte division des végétaux en annuels , hisannuels et jjlanfes d'après ^ _ ]a durée des ra- vivuces , sulvant la duréc de leurs racines , est sujette à varier , sous l'influence de diverses circonstances. Le climat, la température, la situation d'un pays, la cul- ture même , modifient singulièrement la durée des vé- gétaux. Il n'est pas rare de voir des plantes annuelles végéter deux ans, et même davantage, si elles sont mises dans un terrain qui leur soit convenable , et abritées contre le froid. Ainsi le réséda odorant , qui chez nous devient une plante annuelle, est une plante vivace dans les sables des déserts de l'Egypte. Au contraire, des plantes vivaces et même ligneuses de l'Afrique et de l'A- mérique , transplantées dans les régions septentrionales , y deviennent annuelles. La belle-de-nuit ( nyclago hor- tensii^ , le cobœa , sont vivaces au Pérou , et meurent chaque année dans nos jardins. Le ricin, qui, en Afrique, forme des arbres ligneux , est annuel dans notre climat. Cependant il reprend son caractère ligneux quand il se retrouve dans rme exposition convenable. En herbori- sant aux environs de Villefranche , près de jVice , sur les bords delà Méditerx'anée , au mois de septembre 1818 , j'ai découvert sur la montagne qui abrite l'arsenal de cette ville , au couchant, un petit bois formé de ricins en arbre. Leur tronc est ligneux, dur. Les plus hauts ont environ vingt-cinq pieds d'élévation , et présentent à peu près le même aspect cpe nos platanes. Il est vrai que la situation de Villefranche , exposée au midi , dé- fendue des vents d'ouest et du nord par une chaîne de collines assez élevées , la rapproche singulièrement du climat de certaines parties de l'Afrique. En général toutes les plantes exotiques vivaces, dont ks graines peuyent donner naissance à des individus, qui RACINE. 4" fleurissent dès la pretnière année dans nos climats , y deviennent annuelles. C'est ce qui arrive pour le ricin , le cohœa, la belle-de-nuit, etc. Les racines ligneuses ne diffèrent des racines vivaces que par leur consistance plus solide , leur tissu ligneux , et par la persis'tance de la tige qu'elles supportent : telles sont celles des arbres et des arbrisseaux. B. Suivant leur forme et leur structure , les racines Division des peuvent se diviser en : i" pivotante (^radix perpendicu- laris) , 2^ ûhiense [radixjîbr osa) ,5^ tubérifère [ra- dix tiiherijera ) , 4*^ bulbifère (^radix bulbifera). \^. Les racines pivotantes sont celles qui s'enfoncent l'Pivotantei, perpendiculairement dans la terre. Elles sont simples et sans divisions sensibles , comme dans la rave, la carotte; rameuses dans le frêne et le peuplier d'Italie, etc. Elles appartiennent excUisivement aux végétaux dicotylé- dons. 2*^. La ï'dcinejîbreuse se compose d'un grand nombre j- Fibreuses. de fibres , quelquefois simples et grêles , d'autres fois épaisses et ramifiées. Telle est celle de la plupart des Palmiers. Elle ne s'observe que dans les plantes mo- nocotylédones. 3". J'appelle racines tubérijeres celles qui présentent î-Tuberiferei. sur differens points de leur étendue , quelquefois à leur partie supérieure , d'autres fois au milieu ou aux extré- mités de leurs ramifications, des tubercules plus ou moins nombreux. Ces tubercules ou corps charnus, que l'on a long-temps et à tort regardés comme des racines , ne sont que les renflemens d'une tige souterraine , des amas de fécule amylacée , que la nature a , en quelque sorte , mis en réserve pour servir à la nutrition du végétal. Aussi n'observe-t-on jamais de véritables tubercules dans les plantes annuelles; ils appartiennent exclusive- ment aux plantes vivaces : tels sont ceux de la pomme 48 ORGATS'ES DE LA VÉGÉTATION. de terre , du topinambour , des Orchidées , des pata- tes , etc. 4° Biiibireres. 4°. La racinc hulhijere est formée par une espèce de tubercule horizontal , mince et aplati , qu'on nomme plateau, produisant par sa partie inférieure une racine fibreuse , et supportant supérieurement une bulbe ou ognoQ , qui n'est rien autre chose qu'un bourgeon d'une nature particulière , formé d'un grand nombre d'écaillés ou de tuniques appliquées les unes sur les autres : par exemple, dans le lis, la jacinthe, l'ail, et en général les plantes qu'on appelle bulbeuses. Telles sont les modifications principales que présente la racine relativement à sa structure particulière. Avouons cependant que ces différences ne sont pas toujours aussi tranchées que nous venons de les présenter. Ici , comme dans ses autres ouvrages , la nature ne se prête pas ser- vilement à nos divisions systématiques. Elle fait quel- quefois disparaître par des nuances insensibles ces diffé- rences , que nous avions crues d'abord si constantes et si bien établies. Toutes les racines qui ne peuvent être rapportées ù une des quatre modifications principales que nous A'enons d'indiquer conservent le nom générique de racines, ciievciu. Le chevelu des racines , ou cette partie formée de fibres plus ou moins déliées , sera d'autant plus abon- dant et plus développé , que le végétal vivra dans un terrain plus meuble. Lorsque par hasard l'extrémité d'une racine rencontre un filet d'eau , elle s'alonge , se développe en fibrilles capillaires et ramifiées , et con- stitue ce que les jardiniers désignent sous le nom de queue de renard. Ce phénomène , que l'on peut pro- duire ù volonté, explique pourquoi les plantes aqua- tiques ont, en général , des racines beaucoup plus dé- veloppées. RACINE. 49 Fis 8. C. Relativement à sa consistance, la racine est charnue, Consistance. lorsque , étant manifestement pins grosse et plus épaisse que la base de la tige , elle est en même temps plus suc- culente : telle est celle de la betterave , de la Carotte , du navet , etc. Elle est ligneuse , au contraire , lorsque son parenchyme , plus solide , approche plus ou moins de la dureté du bois. C'est ce que l'on observe dans la plupart des végétaux ligneux. D. La racine peut être simple Composition. (simple x) , c'est-à-dire formée par un pivot absolument indivis ( fig. g , 10, 11), comme la betterave , le pa- nais, la rave , etc. D'autres fois elle est ram,euse (ramosa) , ou divisée en ramifications plus ou moins nom- breuses et déliées (fig. 8) , toujours de même nature qu'elle : telle est celle de la plupart des arbres de nos forêts, du chêne, de l'orme, etc. E. Considérée quant à sa direc- Direction. tion , la racine peut être verticale , comme celle de la carotte, de la rave; oblique, ou enfin horizontale, comme àdiWèXQ lihus radicans, l'orme, etc. Assez sou- vent l'on trouve ces trois positions réunies dans les diffé- rentes ramifications d'une même racine. F. Les formes les plus remarquables sont les sui- vantes : Formes. i" Fusiforme, ou en fuseau (fusiformis) , lorsqu'elle est alongée , renflée à sa partie moyenne , et va en s'amincissant insensiblement à ses deux extrémités, comme la rave. (fig. 9. ) 2'' Napiforme , ou en forme de toupie (napifor- mis), quand elle est simple, arrondie, et renflée à sa partie supérieure, amincie et terminée brusquement 1" Paitiu. A 00 ORGANE» DE LA VÉfiÉTATION. n pointe inférieurement :1e navet, le radis, etc. (fig. lo.) Fi". Fis. 10. Fi? 5^ Conique (conica) , celle qui présente la for- me d'un cône renversé : la betterave , le panais , la carotte, (fig. ii.) 4" ^rro?îf/û' ou presque ronde ( suhrotunda ) , cojiime dans le Buniuin hulbocastanuni , etc. 5*^ Noueuse on filipen- dulée (ncéosa) , lorsque les ramifications delà ra- cine présentent de distance en distance des espèces de renflemens ou de nœuds ^ qui lui donnent quelque res- semblance avec un chapelet ^ c'est ce que Ton observe dans la fdipendule. 6*^ Grenue (granulata ) , celle qui présente sur difïe- rens points de son étendue de petits bourgeons souter- Fig, n. rainsécailleux et pisiformes : par exemple dans la saxi- frage grenue. y^ Fascicuîée (Jascîcu- lata ) , quand elle est formée par la réunion d'un grand nombre de tubercules plus ou moins alongés, partant tous de la base de la tige , comme celle des asphodèles, des dahlias , des renoncules ^. * Ces nœuds ne doivent pas être confondus avec les véritables tubercules, qui renferment toujours les rudimens de nouvelles tiges. "^ Celles des renoncules, formées de fibres plus courtes et plus serrées, portent en général le nom de griffes. RACOE. 5l S'' On appelle racine capiUaire (capiUaris), celle qui est formée de fibres capillaires très-déliées , comme dans la plupart des Graminées , le blé , l'orge. 9*^ Chevelue (coynosa) , quand les filets capillaires sont rameux et très-serrés , comme dans les bruyères. On a fréquemment confondu avec les racines propre- OijTnnos con- ,. , . fn't 1 1 fondus avec les ment dites, plusieurs organes dinerens, tels que des sou- wcines. elles ou tiges souterraines , et des tubercules ou bulbes. Ainsi, les tiges souterraines des iris , du sceau de Salo- mon , de la gratiole et d'une foule d'autres végétaux , ont été décrites sous les noms de racines horizotitale , si- giUée , articulée , etc. Mais ainsi que nous le montrerons dans le chapitre suivant , ce ne sont pas des racines , mais de véritables tiges horizontales et souterraines. Il en est de même des tubercules de la pomme de terre qui ne sont cjue des tiges souterraines et renflées. Les bulbes charnus et solides qu'on remarque à la base de la tige et sous la terre dans un grand nombre de genres de la fa- mille des Orchidées , ont aussi été classés parmi les ra- cines par la plupart des botanistes. C'est ainsi qu'on leur a donné le nom de racine didyme , quand elle est com- posée de deux bulbes entiers et rapprochés par l'une de leurs extrémités , comme dans les orchis morio , milita- ris, tnascula, etc. Quand ces bulbes sont partagés en lobes à peu près jusqu'à la moitié de leur épaisseur, on disait que la racine était pahnée, comme dan3 V orchis macii- lata. Elle était au contraire diyitée , quand les divisions du bulbe arrivaient presque jusqu'à la base-, comme dans le satyrium alhidu^n. Voyez au chapitre III. Quant à la structure anatomique de la racine , nous n'en ferons l'exposition qu'après celle de la tige , parce que ces deux organes offrent beaucoup d'analogie sous ce rapport. 52 ORGAMES DE LA VÉGÉTATION. Usages et fonctions des racines. Usages. Les raqines servent , i" à fixer le végétal à la terre ou au corps sur lequel il doit vivre: 2*^ à y puiser une partie des matériaux nécessaires à son accroissement, ï» EiiÈs fixent Lcs raciues de beaucoup de plantes ne paraissent rem- le végétal. ^y^^ ^^^ j^ première de ces fonctions. C'est ce que l'on observe principalement dans les plantes grasses et succu- lentes, qui absorbent par tous les points de leur surface exposés à l'air les svibstances propres à leur nutrition. Dans ce cas , leurs racines ne servent qu'à les fixer au sol. Tout le monde connaît le magnifique cierge du Pérou (Cactus peruvianus) qui existe dans les serres du Mu- séum d'histoire naturelle. Ce végétal , qui est d'une hau- teur extraordinaire , pousse avec une extrême vigueur des rameaux énormes, et souvent avec une rapidité surprenante j ses racines sont renfermées dans une caisse, qui contient à peine trois à quatre pieds cubes d'une terre que l'on ne renouvelle et n'arrose jamais. Les racines des plantes ne sont pas toujours en propor- avec la lige, tjon avcc la forcc et la grandeur des troncs qu'elles sup- portent. Les Palmiers et les Conifères , dont le tronc ac- quiert quelquefois une hauteur de plus de cent pieds, ont des racines courtes , s'étendant peu profondément dans la terre , et ne les y fixant que faiblement. Des plantes herbacées , au contraire , dont la tige , faible et grêle , meurt chaque année , ont quelquefois des racines d'une force et d'une longueur considérables relativement à celles de la tige , comme on l'observe dans la réglisse , la lu- zerne , et dans VOnonis arvensis ( qui, à cause de la té- nacité et de la profondeur de ses racines , a été appelé nrrête-hœuj). L'usase principal des racines est d'absorber dans le soibent, sein de la terre l'eau chargée des substances qui doivent \ RAGIÎNE. 53 servir à l'accroissement du végétal. Mais tous les points de la racine ne concourent pas à cette fonction. Ce n'est que par l'extrémité de leurs fibres les plus déliées que s'exerce cette absorption. Ces fibres sont terminées par les spongloles , sorte de Spon-ioies. petits renflem«ns , composés de tissu cellulaire. Quelque- fois cependant les extrémités des fibres radicuUaires ne sont pas manifestement renflées. Il n'est point d'expérience plus facile à faire que celle au moyen de laquelle on démontre d'une manière pé- remptoire le point de la racine par lequel se fait l'absorp- tion. Si Ton prend un radis ou un navet , qu'on le plonge dans l'eau par l'extrémité de la radicule qui le termine , il poussera des feuilles et végétera. Si , au contraire , on le place dans l'eau de manière à ce que son extrémité in- férieure soit hors du liquide , il ne donnera aucun signe de développement. Les racines de certaines plantes paraissent excréter une Escrdtion des *• *■ ^ racines. matière particulière , différente dans les diverses espèces. Duhamel rapporte qu'ayant fait arracher de vieux ormes, il trouva la terre qui environnait les racines plus onc- tueuse et d'une couleur plus foncée. Cette matière onc- tueuse et grasse était le produit d'une sorte d'excrétion faite par les racines. C'est à cette matière , qui , comme nous l'avons dit , est différente dans chaque espèce végé- tale , que l'on a attribué les sympathies et les antipathies que certains végétaux ont les uns pour les autres. On sait, en effet, que certaines plantes se recherchent en quelque sorte, et vivent constamment les unes à côté des autres -, ce qui forme les plantes sociales ; tandis qu'au 'contraire d'autres semblent ne pouvoir croître dans le même lieu. .^ , , . , ^ 1 Tendance vers On a remarque que les racines ont une tendance mar- j^ ,^, je plus quée à se diriger vers les veines de bonne terre, et (jue "'®'*"' '^' 54 ORGAINES DE LA VÉGÉTATION. souvent elles s'alongent considérablement pour se porter vers les lieux où la terre est plus meuble et plus substan- tielle : elles s'y développent alors avec plus de force et de rapidité. Duhamel dit que, voulant garantir un champ de bonne terre des racines d'une rangée d'ormes qui s'y étendaient et en épuisaient une partie , il fit faire le long de cette rangée d'arbres une tranchée profonde qui coupa toutes les racines qui s'étendaient dans le champ. Mais bientôt les nouvelles racines, arrivées à l'un des côtés du fossé , se recourbèrent en suivant la pente de celui-ci jusqu'à la partie inférieure : là , elles se portèrent horizontalement sous le fossé , se relevèrent ensuite de l'autre côté , en suivant la pente opposée , et s'étendirent de nouveau dans le champ. Force de pe- Lcsracincs , dans tous les arbres, n'ont pas la même force ciaef'"'^ '^""" pour pénétrer dans le tuf. Le même Duhamel a fait l'ob- servation qu'une racine de vigne avait pénétré profondé- ment dans un tuf très -dur , tandis qu'une racine d'orme avait été arrêtée par sa dureté , et avait en quelque sorte rebroussé chemin. TeDdaaceveis La racluc , ajusi que nous l'avons dit précédemment, a le centre de la ync tendance naturelle et invincible à se diriger vers le centre de la terre. Cette tendance se remarque surtout dans cet organe , au moment où il commence à se pronon- cer, à l'époque de la germination de l'embryon-, plus tard elle est moins manifeste, quoiqu'elle existe toujours , sur- tout dans les racines qui sont simples , ou dans le pivot des racines rameuses -, car elle est souvent nulle dans les ramifications latérales de la racine. Quels que soient les obstacles que l'on cherche à oppo- ser à cette tendance naturelle de la radicule , elle sait les surmonter. Ainsi, placez une graine germante de fève ou de pois , de manière que les cotylédons soient placés dans la terre et la radicule en l'air, vous verrez bientôt cette RAGiriE. JO radicule se recourber vers la terre pour aller s'y enfoncer. On a donné beaucoup d'explications diverses de ce phéno- Cnu^os de i , mène : les uns ont dit que la racine tendait a descendre , parce que les fluides qu'elle contenait étaient moins éla- borés, et par conséquent plus lourds que ceux de la tige-, mais cette explication est contredite par les faits. En effet, ne voit-on pas dans certains végétaux exotiques, tels que le Clusîa rosea, etc., des racines se développer sur la tige à une hauteur très - considérable , et descendre perpendi- culairement pour s'enfoncer dans la terre? Or, dans ce cas, les fluides contenus dans ces racines aériennes sont de la même nature que ceux qui circulent dans la tige; et néanmoins ces racines , au lieu de s'élever comme elle, descendent au contraire vers la terre- Ce n'est donc pas la difiérence de pesanteur des fluides qui leur donne cette tendance vers le centre de la terre. D'autres ont cru trouver cette cause dans l'avidité des racines pour l'humidité , humidité qui est plus grande dans la terre que dans l'atmosphère. Duhamel , voulant s'assurer de la réalité de cette explication , fit germer des graines entre deux éponges humides et suspendues en l'air: les racines , au lieu de se porter vers Tune ou l'autre des deux éponges bien imbibées d'humidité, glissèrent entre elles, et vinrent pendre au-dessous , en tendant ainsi vers la terre. Ce n'est donc pas l'humidité qui attire les racines vers le centre de la terre. Serait-ce la terre elle-même par sa nature et par sa masse? L'expérience contredit encore cette explication. M. Dutrochet remplit de terre une caisse dont le fond était percé de plusieurs trous,* il plaça dans ces trous des graines de haricots germantes , et il suspendit la caisse en plein air à une hauteur de six mètres. De cette manière , dit -il , les graines, placées dans les trous pratiqués à l\ face inférieure de la caisse, recevaient de bas en haut 00 ORGANES DE LA VEGETATION. l'influence de l'atmosphère et de la lumière : la terre hu- mide se trouvait placée au-dessus d'elles. Si la cause de la direction de cette partie existait dans sa tendance pour la terre humide , on devait voir la radicule monter dans la terre placée au-dessus d'elle, et la tige au con- traire descendre vers l'atmosphère placée au-dessous: c'est ce qui n'eut point lieu. Les radicules des graines descendirent dans l'atmosphère , où elles ne tardèrent pas à se dessécher^ lesplumules, au contraire, se dirigèrent en haut dans la terre. M. Knight, célèbre physicien anglais, a voulu s'assu- rer par l'expérience si cette tendance ne serait pas dé- truite par le mouvement rapide et circulaire imprimé à des graines germantes. Il fixa des graines de haricots dans les augets d'une roue mue continuellement par un filet d'eau dans un plan vertical , cette roue faisant cent cinquante révolutions en une minute. Ces graines pla- cées dans de la mousse sans cesse humectée , ne tardè- rent pas à germer-, toutes les radicules se dirigèrent vers la circonférence de la roue , et toutes les gemmules vers son centre. Par chacune de ces directions les radicules et les gemmules obéissaient à leurs tendances naturelles et opposées. Le même physicien fit une expérience ana- logue avec une roue mue horizontalement et faisant deux cent cinquante révolutions par minute 5 les résul- tats furent semblables, c'est-à-dire que toutes les radi- cules se portèrent vers la circonférence , et les gemmules vers le centre , mais avec une inclinaison de dix degrés des premières vers la terre , et des secondes vers le ciel. Ces expériences, répétées par M. Dutrochet, ont eu les mêmes résultats , excepté que dans la seconde l'inclinai- son a été beaucoup plus considérable , et que les radicules et les gemmules sont devenues presque horizontales. Des diverses expériences rapportées ci-dessus il résulte RACINE. 57 évidemment que les racines se dirigent vers le centre de la terre , non parce qu'elles contiennent un fluide moins élaboré , ni parce qu'elles y sont attirées par l'humidité ou par la nature même de la terre, mais par un mouvement spontané^ une force intérieure, une sorte de soumission aux lois générales de la gravitation. Mais , quoiqu'on puisse dire que cette loi de la ten- ^î^^/j^"'"^^^^^" dance des racines vers le centre de la terre soit générale , tion. néanmoins quelques végétaux semblent s'y soustraire : telles sont en général toutes les plantes parasites ,. et le gui ( Piscum album ) en particulier. Cette plante singu- lière , qui vit en parasite sur le pommier, le peuplier et une foule d'autres arbres où elle forme des touffes d'un beau vert, pousse, en effet, sa radicule dans quelque position que le hasard la place •, ainsi , quand la gTaine , qui est enveloppée d'une glu épaisse et visqueuse , vient à se coller sur la partie supérieure d'une branche , sa ra- dicule , qui est une sorte de tubercule évasé en forme de cor de chasse, se trouve alors perpendiculaire à l'horizon : si , au contrahe , la graine est placée à la partie infé- rieure de la branche , la radicule se dirige vers le ciel. La graine est-elle située sur les parties latérales de la branche , la radicule se dirige latéralement. En un mot , dans quelque position que la graine soit fixée sur la branche, la radicule se dirige toujours perpendiculaire- ment à l'axe de la branche. M. Dutrochet a fait sur la germination de cette graine un grand nombre d'expériences pour constater la direc- tion de la radicule. Nous rapporterons ici les plus inté- ressantes. Cette graine , qui trouve dans la glu qui l'en- veloppe les premiers matériaux de son accroissement , germe et se développfe non-seulement sur du bois vivant et mort, mais encore sur des pierres , du verre, et même sur du fer. M. Dutrochet en a fait germer siu- un boulet 6û ORGAA'ES DE LA VEGETATION. de canon. Dans tous ces cas la radicule s'est toujours di- rigée vers le centre de ces corps. Ces faits prouvent, ainsi que le remarque cet ingénieux expérimentateur, que ce n'est pas vers un milieu propre à sa nutrition que l'em- bryon du gui dirige sa ridicule , mais que celle-ci obéit à l'attraction des corps sur lesquels la graine est fixée , quelle que soit leur nature. Mais cette attraction n'est qu'une cause éloignée de la tendance de la racine du gui vers les corps. La véritable cause est un mouvement intérieur et spontané exécuté par l'embryon à l'occasion de l'attraction exercée sur sa radicule. M. Dutrocbet colle une graine de gui germée à l'une des extrémités d'une aiguille de cuivre , semblable' à une aiguille de boussole , et placée de même sur un pivot-, une petite boule de cire mise à l'autre extrémité forme le contre-poids de la graine. Les choses ainsi dis- posées , M. Dutrocbet approche latéralement de la radi- cule une petite planche de bois , à environ un milli- mètre de distance. Cet «appareil est ensuite recouvert d'un récipient de verre , afin de le garantir de l'action des agens extérieurs. Au bout de cinq jours la tige de l'em- bryon s'est fléchie, et a dirigé la radicule vers la petite planche qui l'avoisinait , sans que l'aiguille ait changé de position , malgré son extrême mobilité sur le pivot. Deux jours après, la radicule était dirigée perpendicu- lairement vers la planche avec laquelle elle s'était mise en contact , sans que l'aiguille qui portait la graine ait éprouvé le moindre dérangement. La radicule du gui présente encore une autre tendance constante : c'est celle de fuir la lumière. Faites germer des graines de gui sur la face interne dos vitres d'une croisée d'appartement , et vous verrez toutes les radicules se diriger vers l'intérieur de l'appartement pour y cher- cher l'obscuiité. Prenez une de ces graines germécs, ap- RACINE. ^^ pliquez-la sur la vitre en delxors.de l'appartement , et sa radicule s'appliquera contre la vitre, comme si elle ten- dait vers rintérieur de l'appartement pour fuir la lu- mière. Dans réconomie domestique, beaucoup de racines sont Usages e'cono- ... miques et inedi- utilement employées comme alimens. Ainsi les carottes, dnaux des ra- ies navets , les panais , les salsifis , et beaucoup d'autres """: racines sont trop universellement usitées pour que nous soyons obligé d'entrer dans des détails à cet égard. On extrait de la betterave, par des procédés que la chi- mie a singulièrement perfectionnés , un sucre qui peut avantageusementremplacer celui que nous tirons à grands frais des colonies. Ce principe existe aussi dans la carotte, le navet et un grand nombre d'autres racines. Certaines plantes ayant la faculté de pousser des ra- cines qui se ramifient et s'étendent à de gTandes distan- ces , on s'en est servi pour consolider les terrains mou- vans. C'est ainsi qu'en Hollande , et aux environs de Bordeaux, on plante le Carea? arenaria, VJrundo are- naria , sur les dunes et les bords des canaux , afin de fix:er les terres. Dans plusieurs autres pays on plante , pour remplir le même objet , VHippophae rhamnoïdes ou argousier , le genêt d'Espagne, etc. Plusieurs racines sont employées avec avantage dans la teinture. Telles sont celles de garance, d'orcanette , d'épine-vinette , de curcuma , etc. Quant aux usages médicinaux des racines , on sait que la thérapeutique leur emprunte des médicamens pré- cieux. Relativement à la saveur qui y prédomine , les racines officinales ont été divisées en : §.1. Racines fades : principe muqueux ou amylacé. Guimauve officinale (^AUhœa qfficinaUs. L.) Grande Consoude {Symphylutn officinale. L.) Chiendent {Triticiim repens , L.) , etc. , etc. 6o ORGA]NES DE LA VÉGÉTATION. §. 2. Racines douces Qt sucrées. Réglisse {Glycyrrliiza (flaira. Z.) Polypode (^Poli/podium commune. Z.), etc. ,etc. §. 3. Racines peu sapides, ou légèrement amères. Salsepareille (^5V/^^7aa? Salsaparilla. Z.) Squine [Smilax China. Z.) Barda ne (^Arctium Lappa. Z.) Patience [Fmînex Patientia. Z.) §. 4' Racines aromatiques et odorantes. Valériane {J aleriana officinalis. Z.) Sei'pentaire de Virginie {Aristolochia serpenta- ria. Z.) Angélique (^Angelica Arehancjelica. Z.) Année (Jnula Helenium. Z.) Benoite (^Geu?n urbanum. Z. ) Raifort (^Cochlearia armoracia. Z.) Ginseng [Panacc quinquefolium. Lamk.) §. 5. Racines amères. Grande Gentiane [Geniiana lutta. Z.) Rhubarbe ( lUieum pahnaium et li. undula- tum. Z.) Columbo {Cocculus palmatus. DC.) Polygala amer {Poly(jala ainara. Z.) Chicorée sauvage (^Cicfwrium Intyhus. Z.) §.6. Racines acerbes. Bistorte (^Poli/gonum Bistorta. Z.) ïormentille {^Tormentilla erecla. Z.) §.7. Racines acres et nauséabondes. IpécacuanUa annelé ^ ( Cepha^lis Ipecacuanha. Rich.) * T'oyez mon Mémoire sur les deux espèces ù'ipecdcuanha tirées, de la famille des Rnbiacées , inséré dans les bulletins de la Société de la Faculté, pour l'année 18(8, et mon Histoire naturelle et mé- dicale des différentes espèces d'ipécacuanha du commerce. Paris, 1820, Un vol. in-4., lig. Chez Béclict jeune. TIGE. 61 Ipëcacuanha simple ou strié (P,sychof7'ia eme- tîca. Z.) Cabaret (^yJsarujn europœum. Z.) Hellébore noir (IleJleborus m'ger.) Hellébore blanc (^Feratrum album.) Jalap {Convolvulus Jalapa. Z.) , elc. , etc. CHAPITRE II. I)E LA TIGE [Caidis y z.). Nous venons de voir la racine tendre généralement à s'enfoncer vers le centre de la terre. La tige , au con- traire , est cette partie de la plante qui, croissant en sens inverse de la racine , cberche l'air et la lumière , et sert de support aux feuilles , aux fleurs étaux fruits, lorsque la plante en est pourvue. Tous les végétaux Phanérogames ont une tige propre- ment dite. Mais quelquefois cette tige est si peu dévelop- pée , tellement courte , qu'elle paraît ne pas exister. Les Plantes acauias, plantes qui offrent cette disposition ont été ditesi^ns tige ou aeaules; telles sont la primevère , la jacinthe , et beaucoup d'autres. Ne confondons pas avec la véritable tige la Hatnfpe et iiampe et Pe- , r» -■ 7 I 7- ï T rr /-f> \ duncule radical. \& Fedoncule radical. Lo. Hampe [ctcapus) est un sup- port de fleurs nu ou pédoncule ne portant pas de feuil- les, qui part du collet de la racine, et qui se termine par une ou plusieurs fleurs , comme dans la jacinthe. Le Pédoncule radical (^pedunculus radicalis) diffère de la Hampe, en ce qu'au lieu de naître du centre d'un assemblage de feuilles radicales , il sort de l'aisselle d'une de ces feuilles : par exemple , dans les plantains ( Plan- iago média, P. lanceolata, etc.). 62 ORGANES DE LA VÉGÉTATIOIS . ni% ision si'no- On distingue cinq espèces principales de tiges, fondées «le .les liges. gyj,|g^^j, organisation et leur mode particulier de déve- loppement. Ces espèces sont : i° le Tronc , 2" le Stipe , 3" le Chaume, 4° la Souche, 5° la Tifje propremeni dite. 1' Tronc. 1° On appelle Tronc ( Truncus) la tige des arbres de nos forêts , du chêne , du sapin , du frêne , etc. Il a pour caractères d'être conique, alongé, c'est-à-dire d'offrir sa plus grande épaisseur à sa base. Il est nu inférieure- ment , terminé à son sommet par des divisions succes- sivement plus petites , auxquelles on a donné les noms de branches , de rameaux et de ramilles ou ramuscules , et qui portent ordinairement les feuilles et les organes de la reproduction. Le tronc est propre aux arbres dicotylédo- nes 5 composé intérieurement de couches concentriques , ou de cônes emboîtés , il croît en longueur et en épais- seur par l'addition de nouvelles couches à sa circonfé- rence. 2' stinc. 2° Le Stipe [Frons, Stipes) est une sorte de tige qu'on n'observe que dans les arbres monocotylédonés , tels que les Palmiers, les Dracœna , les Jtccca, et dans certains dicofylédons, savoir, le Ci/cas et le Zamia. Il est formé par une espèce de colonne ^ cylindrique, c'est-à-dire aussi grosse à son sommet qu'à sa base (ce qui est le con- traire dans le tronc), souvent même plus renflée à sa par- tie moyenne qu'à ses deux extrémités , rarement rami- fiée , couronnée à son sommet par un bouquet de feuilles entremêlées de fleurs. Son écorce , lorsqu'il en aune, est ordinairement peu distincte du reste de la tige. Son ac- croissement en hauteur se fait par le développement du bouton qui le termine supérieurement-, il s'accroît en épaisseur par la multiplication des filets de sa circonfé- rence. ' On le désigne souvent par le nom do tronc ou tige à colonne. TIGE. 65 Nous ferons voir bientôt , en traitant de la structure anatomique des liges , que le stipe ne diffère pas moins du tronc par son organisation intérieure que par les ca- ractères physiques que nous venons d'indiquer. 3° Le chaume (culmus) est propre aux Graminées, c'est-à-dire au blé, à l'orge, à l'avoine, etc. , aux Cy- péracées et aux joncs, etc. C'est une tige simple, rare- ment ramifiée , le plus souvent fistuleuse ^ ( c'est-à-dire creuse dans son intérieur ) , et séparée de distance en dis- tance par des espèces de nœuds ou cloisons , desquels par- tent des feuilles alternes et engainantes. 4° La souche ou rhizoma'^ (fig. lo). On a donné ce nom aux tiges souterraines et horizontales des plantes vivaces, Fig. 3. cachées entièrement ou en partie sous la terre , poussant de leur extrémité antérieure de nouvelles tiges, à mesure que leur extrémité postérieure se détruit. C'est à cette tige sou- terraine que l'on donne , en général , les noms impropres de racine progressive , de racine succise. Exemple : l'iris , la scabieuse succise, le sceau de Salomon. Outre sa direc- tion à peu près horizontale sous la terre , un des carac- ' Quelquefois cependant elle est pleine intérieurement, comme il ans la canne à sucre , le maïs. * Rhizoma , dérivé de r.i^u , racine , et -cu/zk , corps. 3° Clinumc. l:^" Souclie. 64 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. tères prineijpaux de la souche , caractère qui la distingue de la racine, c'est d'offrir toujours sur quelques points de son étendue les traces des feuilles des années précé- dentes, ou des écailles qui en tiennent lieu, et de s'ac- croître par sa base ou point le plus rapproché des feuilles; ce qui est le contraire pour la véritable racine. Le nombre des plantes pourvues de souche ou de tige souterraine , est beaucoup plus considérable qu'on ne l'imagine communément. Un grand nombre de plantes dites sans tiges, ou acaules, et de plantes vivaces , sont pourvues d'une souche plus ou moins développée. C'est ce que l'on oTîserve par exemple, dans la sjivie {anémone nemorosa) ^ la moschatelline ( adoxa inoschatellina) , le paris quadrifolia, etc. La partie de ces plantes qui a été décrite comme une racine tubéreuse , est une véritable souche. C'est à la souche ou tige souterraine qu'on doit rap- porter, ainsi que nous l'avons déjà annoncé dans le cha- pitre précédent , plusieurs modifications , qu'on avait à tort regardées comme des racines-, telles sont les pré- tendues racines horizontale des Iris, succise des sca- bieuses, articulée des gratioles, sûjillée du sceau de Salo- mon. 5' Ti^e pio- 5° Enfin l'on donne le nom commun et général de tiges piemeiit (litf. ^ çclles qui , différentes des quatre espèces précédentes , ne peuvent être rapportées à aucune d'elles. Le nombre des végétaux pourvus d'une tige proprement dite est beaucoup plus considérable que celui des végétaux qui ont un stipe , une souche , un chaume ou un tronc. Nous allons maintenant étudier la tige en général , quant aux modifications qu'elle peut offrir. Division des ve- ^ g j^ rapport dc la consistance , on distingue la getaux d après la "-"^v. ^ j- / u tige: consistance de la liçe TIGE. i" Herbacée (herhaceiis) , celle qui est tendre , verte , et périt chaque année : telles sont celles des plantes an- nuelles , bisannuelles et vivaces , le mouron des champs, iicbes. la bourrache , la consoude , etc. Toutes ces plantes pren- nent le nom général d'herbes (Jierbœ) . 2° Detni-Uy)i€use ou soiis-Iigneuse {siiffriiticosus) , quand la base est ligneuse et persiste hors de terre un grand nombre d'années , tandis que les rameaux et les extrémités des branches périssent et se renouvellent tous sjus-aii,ris- les ans : telles sont celles de la rue odorante (ruta graveo- ^"^^• lens), du. thym. des iaràins (thi/ mus vulgaris), delà sauge officinale {salvia officinalis). Les végétaux qui offrent une semblable tige portent le nom de sous-arhrisseaux (stiffrutices). Ils sont dépourvus de bourgeons écailleux. 3" Ligneuse (Jigtiosus) , quand la tige est persistante , et que sa dureté est semblable à celle que Ton connaît au bois en général. Les végétaux à tige ligneuse se di- visent en : Arbustes Ç/i'ntices), qimnd ils se ramifient dès leur AiLusies. base et ne portent pas de bourgeons -, par exemple , lea bruyères. ^arbrisseaux (arbusculœ) , s'ils sont ramifiés dès leur Aiijiisscanï. base et portent des bourgeons , comme le noisetier et le lilas, etc. Enfin ils retiennent le nom d'' arbres proprement dits , a i Lies. lorsqu'ils présentent un tronc d'abord simple et nu dans sa partie inférieure , ramifié seulement vers sa partie su- périeure • le chêne, l'orme , le pin , etc. Cette division est tout-à-fait arbitraire, et n'existe point dans la nature. En effet, un arbre de la même espèce peut offrir ces trois modifications de grandeur, suivant les expositions auxquelles ilest soumis, ou par l'art du cultivateur. Ainsi, l'ormille, le petit buis, dont on fait des bordures de plates-bandes dans nos jardins, en ayant l"^' Parlii-. 5 66 OKU ANES DE LA VÉGÉTATION'. soin de les tailler fréquemment, et qui souvent n'ont pas plus de quatre à six pouces d'élévation , sont absolument de la même espèce que l'orme et le buis ordinaire , dont les tiges, surtout celle du premier, s'élèvent ordinaire- ment à une grande hauteur , lorsque ces végétaux sont abandonnés à eux-mêmes. 4" Solide ou pleine fsoliclus), quand elle n'offre aucune cavité intérieure. Par exemple, la canne à sucre, le tronc de la plupart des arbres. Cette épithète s'emploie tou- jours par opposition à la suivante. 5° Fistuleuse [fistulosus) , offrant une cavité intérieure, continue ou séparée par des cloisons horizontales : Va- rundo donax, l'angélique, Yœnanfhejistulosa, le bam- bou , le cecrojjiapeffata , grand arbre de l'Amérique mé- ridionale , dont le tronc toujom's creux est pour cette raison nommé hois-canon par les habitans. 6° Médulleuse (inedullosus), remplie de moelle : l'hyc*- ble , le sureau , le figuier. 7° Spongieuse (spongiosus) , formée intérieurement d'un tissu cellulaire élastique , spongieux, compressible, retenant l'humidité à la manière des éponges : ex., ti/pha laiifolia , scirpus lacusirîs , etc. 8" Molle (^mollis, flaccidus) , quand elle ne peut se soutenir d'elle-même et qu'elle tombe sur la terre : par exemple , le mouron des champs (anagallis arvetisis). 9° Ferme ou roide (i-igidiis) , lorsqu'elle s'élève direc- tement et se soutient droite : ex. , la bistorte {j)olygoini7n historta) . lo" Flexible {JlexihiUs) , quand on peut la plier ou la fléchir aisément sans qu'elle se rompe : l'osier. 1 1° Cassante (^fragilis) , quand elle est roide , et se casse facilement : celle de l'herbe à Robert (^geraniuvi robertiainim) , les diflérentcs espèces de charagnes, etc. 12° Charnue (succulenkts) , celle qui renferme une TIGE. 6'^ grande quantité de sucs ou de siiJjstance aqueuse : par exemple , la bourrache , le pourpier. Les tiges charnues peuvent être laiteuses, c'est-à-dire renfermer un suc blanchâtre et lactiforme ou jaunâtre , comme les euphorbes , la grande éclaire ( clielidonium majus ) , le pavot , etc. B. Quant à sAjonne, la tige peut offrir un grand nombre de modifications -, ainsi on l'appelle : 1^ Cylindrique ^ (cylindricus, feres), quand sa forme pomes. générale approche de celle d'un cylindre , c'est-à-dire que sa section transversale offre un cercle dont les différens dia- mètres sont à peu près égaux. Cette forme se trouve dans le tronc de la plupart des arbres de nos forêts , et dans une foule de plantes herbacées , comme la stramoine (datura sframonium) , le lin , etc. •2'' Fffilée {vinjatas) , ou en baguette , celle qui est grêle , longue, droite, et s'alonge considérablement en diminuant de la base vers le sommet : telle est celle de la guimauve {althœa officinalis), de la gaude {j'eseda lu- teold) , de la salicaire {lythrum salicaria). 3'^ Comprimée (compre^.?^*), lorsqu'elle est légèrement aplatie sur deux côtés opposés (\epoa coinpressd)^ 4" Ancîpitée {ancepi), quand la compression est por- tée jusqu'au point de former deux tranchans semblables à ceux d'un glaive. 5** Angidée (augiûatus), lorsqu'elle est marquée d'an- gles ou de lignes saillantes longitudinales, dont le nombre est déterminé. Selon que ces angles sont aigus ou obtus, on la dit : y^cutangule'e ou obtusangule'e. * Remarquons ici que dans le règne organique les formes géo- métriques ne sont jamais aussi régulières, aussi rigoureusement déterminées que dans les minéraux. Ainsi , quand on dit d'une tige qu'elle est cylindrique , on exprime seulement par ce mot que c'est du cylindre que sa forme se rapproche davantage. 68 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Suivant le nombre des angles , et par conséquent des faces distinctes qu'elle présente , on la nomme : Triangulaire , trigorie ou iriquètre (triangularis, tri- gonus, triqueter) , quand elle offre trois angles : tels sont beaucoup de e«rea? , le scirpus syhaticus , etc. Quadrangulaire , tétragone ( quadrangularis, tetra^ gonus ), quand elle a quatre angles et quatre faces. Si les angles sont égaux ainsi que les faces , elle est carrée : telles sont la plupart des Labiées , comme la menthe , la sauge , le marrube , etc. Pentago7w [pentagomis), lorsqu'elle présente cinq faces. Hexagone {hexagonus) , quand elle en offre six. 6° On dit de la tige qu'elle est anguleuse (angulosus) , lorsque le nombre des angles est très-considérable , qu que l'on ne veut pas le déterminer avec précision. 7" Noueuse (^nodosus), offrant des nœuds ourenflemens solides de distance en distance : les Graminées, le gera- niuni robertianuni. 8*^ articulée (articulatus) , formée d'articulations su- perposées et réunies bout à bout : le gui , beaucoup de caryophyllées, etc. 9*^ Geniculee ( geniculatus) , quand les articulations sont fléchies angulairement : exemple , Yalsine 7nedia , le géranium sanguineum. \o^ Sarmenteuse (sarmenfosus) , une tige frutiqueuse trop faible pour pouvoir se soutenir elle-même , et s'élc- vant sur les corps voisins , soit au moyen d'appendices particuliers , nommés vrilles , soit par sa simple torsion autour de ces corps : par exemple , la vigne , le chèvre- feuille. 11" Grimpante {scandens , radicani) , celle qui s'é- lève sur les corps environnans et s'y attache au moyen TIGE. 69 (le racines , comme le lierre {Jiedera hélix) , le hitjnonia radieans, etc. 12'^ Folubile (^volubilis), la tige qui s'entortille en forme de spirale autour des corps voisins. Une chose bien digne de remarque , c'est que les mêmes plantes ne commencent point leur spirale indistinctement à droite ou à gauche. Elles se dirigent constamment du même côté dans une même espèce. Ainsi, quand la spirale a lieu de droite à gauche , la tige est dite dextrorsùni volu- hilis, comme dans le haricot , le dolichos , le lizeron. On dit au contraire qu'elle est si7i{sirorsùni volubilis quand elle commence sa spirale de gauche à droite : p£ir exem- ple , le houblon , le chèvrefeuille. iS*^ Grêle (^gracilis), quand elle très-longue en com- paraison de sa grosseur : par exemple , la stellaria Jiolos- tea, Vorchis conopsea, etc. 14^ Filiforme [filijormis) , quand elle est fort grêle et couchée à terre , comme dans le canneberge {yaccinimn oxycoccoi) . C. D'après sa composition , on distingue la tige en^: Composition. 1" Simple (simplex) , lorsqu'elle est sans ramifications marquées : exemple, le bouillon-blanc {yerbascum thap- sus) , la digitale pourprée ( . tant qu*il reste des fluides dans son intérieur ; on a ob- servé en outre que les corolles et les frufts , qui n'ont pas de pores corticaux, produisent cependant une éva- poration abondante. Ils ne peuvent être mis , ainsi que M. Link l'avait pensé, au nombre des organes excrétoires, puisqu'ils correspondent toujours à des espaces vides. La véritable fonction des pores corticaux consiste à donner passage à l'air. Mais il n'est pas facile de dé- terminer avec certitude s'ils servent à l'inspiration plutôt qu'à l'expiration, ou à ces deux fonctions également. Si nous considérons que , pendant la nuit , lorsque les grands pores de l'épi derme sont fermés , les feuilles absorbent le gaz acide carbonique dissous dans la rosée , lequel pé- nètre indubitablement dans les cellules en traversant leur membrane , et si nous réfléchissons en outre que ces feuilles décomposent le gaz acide carbonique , lors- que ces pores sont ouverts, c'est-à-dire pendant le jour, nous pouvons conjecturer qu'ils sont uniquement desti- nés à l'exhalation de l'oxigène. Cet usage devient encore plus probable, si nous ajoutons que les corolles qui, d'a- près les observations de M. De Candolle, manquent de pores , sont également privés de la propriété de dégager de l'oxigène. Lenticeiies. La surfacc de l'épiderme présente quelquefois certains organes qui s'offrent sous la forme de petites taches alon- gées dans le sens longitudinal sur les jeunes branches , et dans le sens transversal sur les branches plus anciennes , que Guettard a le premier désignées sous le nom de glan- des lenticulaires et que M. De Candolle a plus récemment nommées lenticeiies. On n'en a encore trouvé aucune trace ni dans les plantes monocotylédonées , ni dans les acotylédonées. Elles manquent également dans la! plu- part des herbes dicotylédones. Elles sont très-apparentes sur l'épiderme du bouleau , et surtout du fusain galeux TIGE. 51 {Evmiymus verrucosus L.) où elles sont très-proëminen- tes et très-rapproehces. C'est des lenticelles que sortent les racines aériennes que certains arbres développent sur leur tige,comme quelques figuiers, par exemple, ou celles qui se forment lorsqu'on enfonce une branche en terre, comme dans l'opération du marcottage. On peut donc en quelque sorte les considérer, avec M. De Candolle , conuTie les bourgeons des racines. C'est encore sur la surface de la cuticule que naissent les poils de différente nature que l'on remarque sur un grand nombre de végétaux. Nous en avons parlé précé- demment dans les notions générales d'anatomie végé- tale. §.2. De VEnveîoj)pe herbacée. Au-dessous de Tépiderme , on voit une lame de tissu cellulaire , qui l'unit aux couches corticales, et à laquelle ^^"' M. Mirbel donne le nom à'enveloppe herbacée. Sa cou- leur est le plus souvent verte dans les jeunes tiges. Elle recouvre le tronc , les branches et leurs divisions, et rem- plit les espaces qui existent entre les ramifications des nervures des feuilles. Son analogie d'organisation avec la moelle ne saurait être contestée, et nous verrons tout à l'heure que ces deux parties communiquent entre elles par le moyen des prolongemens médullaires. M. Dutro- chet la nomme 7nédu/le externe, par opposition au nom de médulle interne qu'il donne à la moelle. Sa couleur n'est pas propre au tissu cellulaire qui la compose ; elle est due aux petits gi'ains de globuline placés dans les parois des cellules, et que M. Dutrochet considère comme des corpuscules nerveux. L'enveloppe herbacée , ou médulle externe , renferme souvent les sucs propres des végétaux , qui sont contenus dans des canaux simples ou fascicules, comme dans le l" Partie. v Enveloppe lier- 82 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. chanvre , beaucoup d'Apocynéesetc, ou dans desréser- Yoirs particuliers, comme dans beaucoup de Conifères. Elle se répare facilement sur la tige des végétaux ligneux j mais ce phénomène n'a pas lieu dans les plantes annuel- les. Elle paraît avoir une organisation et des usages ana- logues à ceux de la moelle renfermée dans l'étui médul- laire. C'est cette enveloppe herbacée qui, ayant acquis une épaisseur considérable et des qualités physiques par- ticulières , constitue la partie connue sous le nom de liège dans le quercns suher , et dans quelques autres vé- gétaux, tels que l'orme et l'érable. L'enveloppe herbacée est le siège d'un des phénomènes chimiques les plus re- marquables que présente la vie du végétal. En effet, c'est dans ce tissvi , qui entre également dans la structure des feuilles, que, par une cause difficile à apprécier, s'opère la décomposition de l'acide carbonique absorbé dans l'air par la plante. Le carbone reste dans l'intérieur du végétal j l'oxigène, mis à nu, est rejeté à l'extérieur. Re- marquons cependant que cette décomposition n'a lieu que lorsque la plante est exposée aux rayons du soleil , tandis que l'acide carbonique est rejeté indécomposé , quand le végétal ne se trouve plus sous l'influence de cet astre. Cet organe se renouvelle en partie chaque année. Il joue encore un rôle très-important dans les phénomènes de la végétation-; c'est lui, en effet, qui, au retour de la belle saison , sollicite la sève à monter jusque vers les bourgeons, et devient ainsi un des mobiles les plus puis- sans de leur élongation aérienne. Il est très-facile de découvrir l'enveloppe herbacée sur les jeunes branches d'un arbre ; car c'est elle que l'on aperçoit lorsqu^l'on a enlevé l'épiderme. L'enveloppe herbacée ou la médulle externe ne conserve que peu d'années la couleur verte qu'elle présente sur leurs TIGE. g':^ jeunes tiges. Au bout de deux ou trois ans , son tissu se sèche; elle perd son extensibilité, se fendille, ainsi qu'on le voit sur le tronc et les vieilles branches de l'orme, du chêne; d'autres fois même elle s'enlève par plaques' qui tombent chaque année et à des époques fixes, comme dans le platane. §. 5. Des Couches corticales. Sous l'enveloppe herbacée on voit une suite de feuil- ^^^^^^^ lets superposés, généralement minces, unis entre eux ti"i«''''' par du tissu cellulaire. On donne à l'ensemble de ces feuillets qui forment la plus grande partie de l'épaisseur de l'écorce, le nom général de couches corticales. Cepen- dant un assez grand nombre d'auteurs distinguent dans les couches corticales celles qui, situées à l'extérieur, sont plus sèches , formées d'un réseau plus lâche, et qu'on nomme spécialement couches corticales proprement dites, et -celles qui sont placées plus profondément et qu'on appelle le liber ^ . JVul végétal ne les offre plus apparentes et plus remar- ^''"' ' quables , par la disposition singulière du tissu qui les compose, que le bois dentelle {Lacjetto). Ici , en effet , elles forment plusieurs couches superposées qui , lors- qu'elles viennent à être étendues , ressemblent parfaite- ment à une toile tissue, ou plutôt à une sorte de dentelle assez régulière. Les lames ou feuillets dont le liber se compose sont formés d'un réseau vasculaire , dont les aréoles alongées sont remplies par du tissu cellulaire. Il est rare que , comme l'indique son nom , on puisse le séparer facile- ment en feuillets distincts, que l'on a comparés à ceux m ' On l'appelle indifféremment ///won //V/y/. ' cIh Hbe o4 ORGAtSES DE LA VÉGÉTATION. d'un livre. Mais, par la macération , on parvient pres- que toujours à obtenir ce résultat. Les diflérentes lames qui forment le liber, et qui ont été créées successivement chaque année , sont séparées les unes des autres par une couche mince de tissu cellu- laire. Lorsqu'on fait macérer le liber, c'est ce tissu cel- lulaire qui se détruit, et qui permet la séparation des feuillets du liber. Rcgcnération -De méuie quc toutes les autres parties de Fécorce, le liber peut se réparer lorsqu'il a été enlevé. Cependant il faut, pour que sa régénération ait lieu, que la place dont on l'a détaché soit garantie du contact de l'air. C'est à Duhamel que l'on doit celte importante découverte. Cet habile naturaliste , à qui la physiologie végétale doit un si grand nombre de résultats heureux , enleva une por- tion d'écorce sur uu arbre vigoureux et en pleine végé- tation 5 il garantit la plaie du contact de l'air , et vit bientôt suinter, de la superficie du corps ligneux et des bords de l'écorce, une substance visqueuse qui, s'éten- dant sur la plaie , prit de la consistance , devint verte , celluleuse, et reproduisit la partie du liber qui avait été enlevée. Cnmijiurn. C'est à ccttc substancc visqueuse qui s'épanche des parties dénudées pour reformer le liber , que Grew , et après lui Duhamel, ont donné le nom de catnhium. Plu- sieurs auteurs pensent avec quelque raison que le cam- bium n'est autre chose qvie la sève descendante et éla- borée. Je suis d'autant plus porté à admettre cette opi- nion , que ce fluide visqueux remplit absolument dans l'économie végétale les mêmes fonctions que celles que l'on attribue généralement à la sève descendante, et qu'il est charrié par les mêmes parties. P Quelle que soit l'origine du cambium, il n'en joue pas moins un rôle extrêmement important dans l'accroisse- TIGE. xuenl des liges. En effet, dans toutes les hypothèses émises pour expliquer ce phénomène, sa présence n'est pas moins indispensable, comme nous le démontrerons pro- chainement en traitant de Taccroissement des tiges di- cotylédones. Un grand nombre de phénomènes prouvent la néces- ^J^ages .lu lii.er. site indispensable du liber pour la végétation. Une greffe ne reprendra qu'autant que son liber se trouvera en con- tact avec celui de l'arbre sur lequel on l'implante. Une marcotte dont la partie inférieure est privée de liber ne s'enracinera pas. Si l'on enlève sur le tronc d'un arbre une bande circulaire de liber , de manière à laisser le corps ligneux à nu, non-seulement toute la partie supé- rieure de l'arbre ne se développera pas l'année suivante, mais l'arbre entier finira même par périr. Chaque année il se forme une nouvelle couche de liber, Renouveiu- •?• i'if» •. 1 ,,1-1. f ,,-. ment du liber qui S ajoute a la lace interne de celle de l'année précédente. i;elle-ci se durcit , se sèche , et, par la distension que lui font éprouver les couches ligneuses qui augmentent de nombre et d'épaisseur, les feuillets corticaux s'amin- cissent, leurs fibres s'écartent, et les mailles du réseau qu'elles représentent deviennent de plus en plus larges. Les couches corticales sont traversées par des lignes divergentes du centre vers la circonférence, qui sont une prolongation des rayons médullaires dont nous traiterons tout à l'heure. §. 4' De TAiibier oujauxhois. Les couches ligneuses les plus extérieures , celles qui Aubier. touchent le liber, constituent l'aubier. Cette partie n'est point un organe distinct du bois proprement dit, dont les couches sont situées au-dessous j c'est du bois, mais encore jeune , et qui n'a point encore acquis toute la dureté ni toute la ténacité qu'il doit présenter phis lard. 86 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Aussi l'aubier ofFre-t-il absolument la même structure que le bois, en observant toutefois que son tissu est formé de fibres plus faibles , plus écartées les unes des autres, et en général d'une teinte plus claire. Différence Je La différence de coloration entre le bois et l'aubier est J aubier et du i^ois. très-remarquable dans les arbres dont le bois est très-dur, très-compacte , et particulièrement dans ceux où il offre une teinte plus ou moins foncée : ainsi , dans les bois de gaïac , d'ébène et de Campêche , le bois propre- ment dit est noir ou rouge foncé , tandis que les couches d'aubier présentent une teinte très -claire. Mais dans les arbres à bois blanc et à gros grains , la différence entre les couches ligneuses proprement dites et l'aubier est peu sensible. Ainsi, dans le peuplier , le pin , le sapin , l'aubier et le bois ne «ont distincts oi par leur couleur , ni par leur densité. Nous présenterons, en parlant de l'accroissement des tiges en diamètre , les opinions très - diverses des au- teurs sur l'origine de l'aubier. §. 5. Du Boisiiropremcnt dit. Bois. Le hoîs tire son origine des couches les plus intérieures de l'aubier , qui acquièrent successivement une dureté plus considérable , et finissent par se convertir en véri- table bois. Celui-ci est donc composé de toutes les cou- ches circulaires situées entre l'aubier et l'étui médullaire. Durant la vie du végétal, il se forme chaque année une couche de bois et une couche d'aubier , c'est-à-dire que la couche la plus intérieure de l'aubier devient bois à mesure qu'il se régénère à l'extérieur une nouvelle couche d'aubier; en sorte qu*'il s'ajoute tous les ans une nouvelle zone concentrique à celles qui existaient déjà. Duramen, Lc bois proprement dit, que M. Dutrochet propose de désigner sous le nom spécial de duranieiiy emprunté TIGE. 07 à la lan[]ue laliiie, esl, eu jjéuéral, la partie la plus dure du tronc 5 mais sa dureté n'est point la nièine dans toutes les zones qui le constituent. Dans res arbres dicotylédo- nes , les couches les plus intérieures , qui sont en même temps les plus anciennes , ont une solidité et une com- pacité plus grandes que les extérieures, qui se rappro- chent en général, à cet égard, de l'aubier. Ordinaire- ment le passage du bois à l'aubier est presque insensible, parce que le plus souvent leur couleur est la même; mais quelquefois la différence est des plus tranchées , comme nous l'avons fait remarquer pour Fébène et le bois de Campêche. Les vaisseaux du bois sont des fausses trachées , des Vaisseaux du vaisseaux poreux , mais jamais de véritables trachées. Ils sont tantôt dispersés sans ordi'e dans la substance du bois, tantôt réunis en faisceaux, Mais il arrive une époque où , par les progrès de l'âge , les parois de ces vaisseaux s'épaississent , leur cavité diminue, finit même par disparaître , et le coiu's des liquides paraît être in- terrompu dans la substance ligneuse. La dureté plus ou moins grande des diverses espèces de bois paraît dépendre de la nature très -diverse des duiéte du bois. matériaux que la végétation dépose dans le tissu li- gneux ; car ce tissu lui - même semble à peu près iden- tique dans presque' tous les arbres , lorsqu'on le dépouille des matières étrangères dont il était pénétré. Duhamel a démontré d'une manière péremptoire la Tiansfoima- transformation de l'aubier en bois. Il fit passer un fil eu bois. d'argent dans les couches de l'aubier-, il en ramena les deux bouts au dehors et les noua. Ayant coupé la bran- che quelques années après , et examiné les fils qu'il avait passés dans l'aubier , il les trouva engagés dans le bois -, par conséquent, l'aubier était devenu bois. lairu 88 ORGAINES DE L\ VÉGÉTATION. §. 6. De r Etui médullaire. Etui luedui- L'étui médullaire *coinme nous l'avons déjà dit, est un canal qui occupe le centre de la tige j il tapisse la cou- che la plus intérieure du bois , et a pour usage de conte- nir la moelle. Ses parois sont formées de vaisseaux très- longs, parallèles et disposés longitudinalement. Ces vais- seaux sont des trachées , de fausses trachées et des vais- seaux poreux. L'étui médullaire est la seule partie delà tige où l'on ait jusqu'à ce jour observé les trachées. Ces vaisseaux peuvent être déroulés , non-seulement dans les jeunes pousses, mais encore dans les branches déjà enra- Formes. cinécs. La forme de Fétui médullaire n'est pas la même dans tous les végétaux. Assez souvent elle est arrondie ; quelquefois cependant l'aire de l'étui médullaire est el- liptique , comprimée , à trois , à quatre , à cinq ou à un grand nombre d'angles. Cette forme, ainsi que l'a prouvé Palisot de Beauvais , paraît déterminée par la position des feuilles sur les branches. Ainsi, quand les feuilles sont opposées, la coupe du canal médullaire est elliptique, comme dans le frêne , par exemple \, si les feuilles sont verticillées par trois, le canal médullaire sera triangu- laire , comme on l'observe dans le laurier - rose , et amsi de suite. Néanmoins cette loi est loin d'être générale, et l'on y trouve d'assez nomljreuses exceptions. Ainsi, par exemple , Vhortensia , qui a les feuilles opposées , offre un canal médullaire régulièrement hexagonal. L'étui médullaire une fois formé , sa forme et ses di- mensions ne changent plus , et restent constamment les mêmes pendant toute la vie du végétal. C'est donc à tort que l'on dit généralement que le canal médullaire se res- serre petit à petit sur lui - même , et qu'il finit par dispa- raître par les progrès de l'âge . C'est M . Du Petit-Thouars qui a le premier prouvé l'invariabilité du canal médullaire. TIGE. 89 §.7. Delà Moelle. La moelle ou inédulle interne est cette substance Modie, spongieuse, diaphane et légère, formée, presque en totalité , de tissu cellulaire à son état de simplicité , qui remplit l'étui médullaire. Quelques vaisseaux semblent , dans certaines plantes herbacées , comme les férules , la belle-de-nuit, la parcourir longitudinalement : on les iwmxao. fibres ou vaisseaux médullaires. Les cellules du Vaisseaux me'. tissu cellulaire qui constituent la moelle ont en gêné- ''"^'^""*'- rai une grande régularité 5 comme celles du tissu cellu- laire des autres parties , elles communiquent toutes les unes avec les autres. Quelquefois , et surtout dans les jeunes branches et les plantes herbacées, le tissu cellu- laire de la moelle est abreuvé de fluides et rempli de granulations vertes. C'est ce que l'on Voit , par exem- ple , en cassant une jeune branche de sureau ou de ro- sier d'une année : la moelle parait êti-e un tissu cellu- laire charnu, vert et très- humide. Mais , par les pro- grès de la végétation , toutes ces substances , en quelque sorte étrangères à la nature propre de la moelle, et qui y sont déposées pour servir à la nutrition , disparaissent, et il ne reste plus dans l'étui médullaire qu'un tissu dia- phane, plus ou moins desséché et spongieux. Dans quelques végétaux , à mesure que la tige s'ac- croît , le canal médullaire se vide en partie , et quelque- fois en totalité ^ toute la moelle finit par disparaître , et la tige devient creuse ou fistuleuse : c'est ce que l'on ob- serve , par exemple , dans un gTand nombre de plantes de la famille des Oiïd)ellifères. Cette disparition de la moelle n'a quelquefois lieu que d'une manière incomplète. Tantôt il se forme dans l'étui médullaire des cavités qui sont séparées les unes des au- ()0 ORGAINES DE L\ VÉGÉTATION. très par des disques de moelle-, tantôt celle-ci se rejette sur les parois internes de l'étui médullaire. Commiinica- La moellc communique avec la couche celluleuse et Uon avec l'eave- loppe heiLacée. hcrbacéc dc l'écorcc au moyen de prolongemens parti- culiers qu'elle envoie à travers le corps lijineux. C'est à ces prolongemeus , disposés sur une coupe transversale du tronc , comme des rayons partant en divergeant du centre à la circonférence , que l'on a donné le nom j if'T'"* '"^' à^^fisertions ou de prolongemens médullaires. Ils servent à établir une comm^unication directe entre la moelle et le tissu cellulaire extérieur de la tige. Existent auisi Lcs layous méduUaircs existent également dans la plus grande partie de l'épaisseur de l'écorce , puisqu'ils servent à établir la communication entre la médulle in- terne et la médulle externe-, mais ceux de l'écorce n'ont point une comoiunicatioa directe avec ceux des cou- ches ligneuses. Leur oigajii- M. le profcsscur Amici a reconnu qu'ils sont formés de petits tubes poreu:i , placés horizontalement , qui ne contiennent jamais que de l'air, et qui établissent la communication entre les parties internes et externes de la plante. Usngps de la Si maintenant nous cherchons à savoir quels sont les "'""■ ''" usages de la moelle , nous verrons que les opinions ont beaucoup varié à Cet égard. Ainsi, selon le célèbre Haies, elle est l'agent essentiel cle la végétation. Etant élastique et dilatable , elle agit à ïa manière d'un ressort sur les autres parties , qu'elle sollicite ainsi à se développer. D'autres , au contraire , la considèrent comme un corps tout- à - fait inerte. M. Dutrochet a , dans ces derniers temps , reproduit l'opinion de Haies, en faisant jouer à la moelle un rôle extrêmement important dans les phé- nomènes de l'accroissement des végétaux. Nous revien- drons prochainement sur cette opinion. TIGE. 91 Tels sont les differens organes que l'on trouve en ana- lysant la tige des végétaux dicotylédons. Cependant toutes ces parties sont loin d'être toujours réunies et vi- sibles sur la même plante. Quelquefois elles se confon- dent tellement les unes avec les autres , qu'il est pres- que impossible de les distinguer et de les isoler. Mais , lorsqu'on connaît bien la structure la plus compliquée d'une partie , il devient facile de se représenter , dans certains cas , ceux de ces organes qui peuvent y man- quer accidentellement. Il nous reste maintenant à étudier comparativement la structure de la tige des monocotylédons , afin d'expo- poser ensuite le mode particulier de développement et d'accroissement propre à chacune de ces deux grandes divisions du règne végétal. SECTÎOSI II. ORGANISATION DE LA TIGE DES MONOCOTYLÉDONS. Le stipe ou tige des Palmiers, et en général de toutes gt,- , les autres monocotylédones arborescentes , offre une or- ganisation tout-à-fait différente de celle des végétaux, dicotylédons. M. Desfontaines a le premier confirmé la grande di- vision des végétaux phanérogames en monocotylédons et en dicotylédons , en nous faisant mieux connaître, par une dissertation insérée dans le premier volume des Mémoires de V Institut, la véritable organisation des tiges monocotylédones , et les différences qui la distin- guent de celle des dicotylédones. En général , la tige des monocotylédons est cylindri- p^rmes. que, plus élancée, plus simple que celle des arbres à deux cotylédons. Très - rarement elle se divise en rameaux , comme celle que nous venons d'étudier précédemment. 92 ORGANES DK LA VÉGÉTATIOIH, organisaiioa. Le stipe (l'un arbre monocotylédoné , d'un palmier , par exemple , coupé en travers , ne présente pas , comme le tronc d'un chêne , d'un orme ou de tout au- ^'S- '6- tre arbre de nos forêts, un aspect régulier et symétri- que de zones circulaires de bois, d'aubier, de liber et d'écorce, toujours disposées dans le même ordre -, un canal médullaire occupant constamment la partie cen- trale de la tige. Ici, toutes ces parties semblent réunies, ou plutôt confondues les unes avec les autres. La moelle remplit toute l'épaisseur de la tige -, le bois , disposé par faisceaux longitudinaux, se trouve en quelque sorte perdu , et comme dispersé sans Pas decoice. ordrc au milieu de la suljstance médullaire. L'écorce n'existe pas toujours, et quand elle ne manque pas, •elle est si peu distincte des autres parties de la tige , qu'on pourrait croire également qu'elles n'en sont pas recou- vertes. Dans tous les cas , elle n'offre pas cette structure par lames ou feuillets superposés , ces couches curtîcales, dont nous avons constaté l'existence dans les arbres dico- . tylédonés. Bans les arbres dicotylédones, la partie la plus dure est celle qui se rapproche le plus du centre de la tige , parce qu'elle est formée des couches ligneuses les plus an- ciennes. Le contraire a lieu dans les arbres monocoty- lédonés , où la partie la plus voisine de la circonférence se trouve avoir la solidité la plus grande. Dans les pre- miers , en effet , les couches les plus anciennes sont au centre ; elles occupent au contraire la circonférence dans les seconds. C'est ce que l'on concevra facilement tout à l'heure , quand nous aurons exposé le mode parli-^ TIGE. 93 culier suivant lequel se forme et s'accroît la tige des monocotylëdons. Les faisceaux ligneux de la tige , qui se réunis'sent fréquemment ensemble par leurs parties la- térales , de manière à former un réseau plus ou moins régulier, sont , comme dans les dicotylédons, accompa- gnés de vaisseaux poreux , de trachées et de fausses tra- chées. Ainsi donc les arbres monocotylédons se distinguent des arbres dicotylédons , non-seulement par la structure de leur embryon , mais encore par celle de leur tige. En effet , leur stipe , qui est en général simple et cylindri- que , n'ofi're point , comme le tronc des chênes et des ormes , des couches de bois emboîtées les unes dans les autres, et disposées régulièrement autour d'un canal central renfermant la moelle -, mais la moelle forme , en quelque sorte , toute l'épaisseur de leur tronc , et les fibres ligneuses , au lieu d'être réunies et rapprochées les unes contre les autres , sont écartées , isolées , et leurs faisceaux épars au milieu de la substance spongieuse de la moelle. En traitant, dans la cinquième section, de l'accroissement et du développement des tiges, nous es- pérons prouver que l'organe ainsi nommé dans les mo- nocotylédons ligneux, et spécialement dans les palmiers, les Dracœna, Yucca , etc. , n'est pas une véritable tige, mais un organe tout-à-fait différent. SECTIOS III. ORGAMSATION DE LA TIGE DES FOUGÈRES ARBORESCENTES. Certaines Fougères, dans les contrées tropicales , pré- pou^èies ar- sentent une tige cylindrique et ligneuse, simple, cou- ^°'"'^'"''"' ronnée par un A'aste faisceau de feuilles terminales , et tout-à-fait analogue au stipe des palmiers. L'organisa- tion intérieure de ces tiges se rapproche aussi beaucoup 94 ORGANES DE LA VÉGÉTATIOTV. de celles des nionocotylédones arborescentes. C'est du tissu cellulaire, dans l'intérieur duquel sont des vaisseaux rayés , souvent remplis de sucs colorés , réunis en fais- ceaux , et offrant sur la coupe transversale de la tige des ta- ches brunes de formes bizarres et variées (/^.fig. 17), tantôt en croissans irréguliers, tantôt formant des figures singu- lières, comme dans la souche pivotante à\x pteris aqiii- lina , où l^'on croit voir un aigle germanique. L'accroissement de cette tige des fougères arborescen- tes est absolument le même que celui des stipes mono- cotylédones. Aussi, de môme que dans ces derniers, la partie la plus dure est placée à l'extérieur de la tige. SECTIOS IV. DE l'oRGAIN'ISATION DE LA RACIINE. Maintenant que la structure intérieure des diverses espèces de tiges nous est connue , il nous sera plus facile d'étudier comparativement celle que présentent les ra- cines. Les racines Toutes Ics raclucs sout généralement organisées comme sont organisées . ..., , i't iri i comme les tiges. Ics tiges. Amsi , daus Ics arbres dicotyledons , la coupe transversale de la racine offre des zones concentriques de bois disposées circulairement et emboîtées les unes dans lés autres. On a dit que le caractère vraiment dis- tinctif entre la tige et la racine , c'est que cette dernière est dépourvue de canal médullaire , et par conséquent de moelle-, tandis qu'au contraire nous savons que cet organe existe constamment dans les arbres dicotyledons. Il suit de là nécessairement que les insertions médullai- res manquent aussi dans les racines. TIGE. C)5 Cependant cette différence nous paraît de peu d'im- eii-s out «n , „ ., , . p -^ T-' canal niccIuU portance , et même tout-a-fait contrau'e aux laits, hn inire. effet, nous avons trouvé dans un grand nombre de vé- gétaux que le canal médullaire de la tige se prolonge sans aucune interruption dans le corps de la racine. Si, par exemple, on fend longitudinalement la tige et la ra- cine d'un jeune marronnier d'Inde d'un à deux ans, on verra le canal médullaire de la tige s'étendre jusqu'à la partie la plus inférieure delà racine. Il en sera de même si l'on examine une jeune plantule de sycomore ou d'é- rable plane. Mais très-fréquemment ce canal , qui était très-manifeste dans la plante peu de temps après sa germination, finit par diminuer, et même disparaître insensiblement par les progrès de la végétation , en sorte qu'on ne le retrouve plus dans les plantes adultes , chez lesquelles il a d'abord existé. Il résulte de là qu'on ne peut donner comme un caractère anatomique distinctif entre la tige et la racine le manque de canal médullaire dans cette dernière , puisqu'il existe presque constam- ment dans la radicule de la graine germante, et souvent dans la racine d'un grand nombre de végétaux , long- temps après cette première époque de leur vie. Cepen- dant les racines pivotantes ne l'offrent jamais dans leurs ramifications , même dans celles qui sont les plus grosses. Jusqu'en ces derniers temps , on avait donné comme p,,^^ ^^^ j^. caractère distinctif entre la structure anatomique de la t'-achcfs, racine et celle de la tige le manque de vaisseaux trachées dans ce premier organe; cependant deux des savans qui en Allemagne se sont occupés de l'anatomie végétale avec le plus de succès, MM. Link et Tréviranus , sont parvenus à trouver ces vaisseaux dans la racine de quel- ques plantes. Plus récemment encore M. Amici a décou- vert des trachées dans les racines de plusieurs plantes, q6 organes de la végétation. « et entre autres de Vagapanthus umhellatus et du crinutn crtihescens. Racines des La différence que nous avons vu exister dans l'orga- tyie"dui^ës""'"^°" ûisation du tronc des dicotylédons et du stipe des mono- cotylédons, se remarque également dans leurs racines. En effet, jamais dans les plantes monocotylédones on ne trouve de pivot faisant suite à la tige. Cette disposition est une conséquence du mode de développement de la graine h. l'époque de la germination , puisque , comme nous le verrons plus en détail en traitant de cette fonc- tion , la radicule centrale et principale se détruit tou- jours peu de temps après la germination. Différence en- Il cxiste cncorc uuc autrc différence très-remarquable l's u^sr'""^*' entre les racines et les tiges. Ces dernières , en général , s'accroissent en hauteur par tous les points de leur éten- due, tandis que les racines ne s'alongent que par leur extrémité seulement. C'est ce qui a été prouvé par les expériences de Duhamel. Que l'on fasse à une jeune tige, au moment de son développement , de petites marques éloignées les unes des autres , d'un pouce , par exemple, et l'on verra , lorsque l'accroissement sera terminé, que les espaces situés entre ces marques se sont considérable- ment augmentés. Que l'on répète la même expérience sur des racines , et l'on se convaincra que , ces espaces res- tant les mêmes, tandis que la racine s'est alongée, l'aug- mentation en longueur a eu lieu par son extrémité seu- lement. • SECTIOSI V. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR l'aCCROISSEMENT DES VÉ- GÉTAUX, ET EN PARTICULIER SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA TIGE. Accroissement Tous Ics corps dc la uaturc tendent à s'accroître. Cette en gênerai. ^^^ ^^^ commune aux corps inorganiques aussi bien TIGE. gy qu'aux êtres organisés. r\Iais l'accroissement présente des différences très-marquées, suivant qu'on l'étudié dans ces deux groupes primitifs des corps de la nature. Dans les minéraux , en effet , il n'offre point de limites déter- minées : ces corps s'accroissent continuellement, jusqu'à ce qu'une cause fortuite vienne mettre un terme à leur développement. Les animaux et les végétaux ayant en général une existence dont la durée est déterminée, chez eux l'accroissement est toujours en rapport avec la durée de leur existence. Dans les minéraux ce sont de nouvelles molécules qui s'ajoutent extérieurement à celles qui existaient déjà et qui en constituaient le noyau primitif; en sorte que la superficie de ces corps se re- nouvelle à chaque instant et à mesure que leur volume augmente. De là la dénomination de jiixta- position donnée au mode particulier de l'accroissement dans les corps bruts. Si au contraire vous étudiez l'accroissement dans les êtres cloués d'organisation , vous verrez qu'il a lieu de l'intérieur vers rextérieur,'que ce sont ou des par- ties primitivement existantes qui s'alongent, ou des or- ganes nouveaux qui se forment dans l'intérieur des pre- mières et se développent en tout sens, pour augmenter la masse et le volume du corps. Aussi a-t-on nommé intus-susception cette manière de croître , particulière aux animaux et aux végétaux. L'accroissement ne présente pas des différences moins frappantes lorsque l'on compare entre eux sous ce rap- port les végétaux et les animaux. Dans les premiers, en effet, l'accroissement n'est pas renfermé dans des limite.-; aussi rigoureusement déterminées que dans les seconds. Le volume du corps , aussi bien que le nombre de ses parties constituantes, ne sont point fixes. L'art et la culture peuvent exercer sur le développement des vé- gétaux l'influence la plus marquée. Il suffit, pour s'en l" Partie. 98 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. convaincre, de comparer entre eux deux arbres d'une même espèce , dont l'un vit abandonné dans un terrain sec et rocailleux , tandis que l'autre est cultivé dans un terrain sid)stantiel et profond. Le premier est petit , ses rameaux sont courts, et ses feuilles étroites j le second, au contraire , élève majestueusement son tronc couronné de branches longues et vigoureuses , et ornées d'un feuil- lage épais. Dans les animaux, le volume et la forme gé- nérale du corps , le nombre des parties qui doivent le constituer, sont plus fixes, et sujets à moins de varia- tions j tandis que dans les végétaux il est en quelque sorte impossilîle de trouver deux individus de la même espèce qui offrent un nombre égal de parties. Si maintenant nous cherchons à étudier les phéno- mènes de l'accroissement dans les végétaux en particu- lier , nous verrons que ces êtres se développent en deux sens , c'est-à-dire qu'à mesure que leur hauteur aug- mente, leur diamètre devient plus considérable. Nous avons vu , en traitant de l'organisation de la tige , que les arbres dicotylédons et les arbres monocotylédons étaient loin d'avoir la même structure intérieure , et qu'il existait entre eux des différences extrêmement tran- chées. Ces différences dépendent évidemment du mode particulier suivant lequel les végétaux de ces deux gran- des séries se développent. Aussi traiterons -nous séparé- ment de l'accroissement dans les arbres monocotylédons et dans les arbres dicotylédons. § 1. Accroisseinent de la tige des arbres dicotylédons. A. Accroissement en diamètre. ea^aTaSr"' ^^^^^ ^^^ végétftux s'accroisscut en diamètre. Il suffit de jeter les yeux sur les arbres qui végètent autour de nous, pour nous convaincre de cette vérité; aussi per- sonne ne l'a-t-il cpntesté. Mais par quel mécanisme cet TIGE. gg accroissement a-t-il lieu? C'est ici jque l'on est loin de s'accorder. Parmi les opinions diverses qui ont été émises par les physiologistes , nous distinguerons particulière- ment les trois suivantes : i" l'accroissement a lieu p£^r la transformation annuelle du liber en aubier-, 2° parle développement des bourgeons -, 5" par le cambium , qui forme chaque année une couche distincte de liber et d'au- bier. Aous allons les exposer ici avec quelques détails. r L'accroissement en diamètre a lieu dans les arbres dicotylédons par la transformation annuelle du liber en aubier , de l'aubier en bois , et par le renouvellement successif du liber. Tel est le fondement delà théorie de Duhamel, de celle Théorie j, que cet auteur célèbre a développée dans sa 7%^/^,/^ °"'""'''' des arbres. Nous prendrons la tige à l'époque de son premier dé- veloppement , c'est-à-dire lorsque , par l'effet de la ger- mination , elle sort de la gi-aine qui la contenait , et commence à se montrer à l'extérieur. Toutes les parties du végétal renfermées dans la graine avant la germination, ne sont formées que par un tissu cellulaire dense et régulier. La tige se trouve, comme les autres organes, entièrement privée de vaisseaux. On n'aperçoit, à proprement parler, aucune ti'ace d'écorce, de moelle , de liber , etc. Mais à peine la germination est-elle commencée , à peine la tige a-t-elle acquis quel- que développement, qu'on voit des trachées, de fausses trachées et des vaisseaux poreux se former , pour con- stituer , en se réunissant , les parois de l'étui médullaire. C'est cette partie intérieure de la tige qui la première est apparente et s'organise. La moelle se trouve contenue dans son intérieur; mais elle est encore verte et abreuvée d'une gi-ande quantité de fluides aqueux. Bientôt on voit la surface externe de l'étui médullaire se séparer de 7- 100 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. l'écorce et se recouvrir d'un tissu cellulaire fluide : c'est la première couche de cambium , qui d'un côté va former le premier liber , et de l'autre constituer les couches corti- Le liber se calcs. Ce liber se convertira bientôt en auliier, à mesure change en aubier qu'une nouvelle couche s'organisera pour remplacer la première. L'année suivante , le nouveau liber formera une seconde zone d'aubier, et sviccessivement ainsi, tous les ans , une couche d'aubier se convertira en véritable bois , tandis que le liber aura lui-même acquis les pro- priétés et la nature de l'aubier. Ce développement ré- gulier de la tige explique la formation des couches ou zones concentriques que l'on observe sur la coupe trans- versale de la tige d'un arbre dicotylédon. Mais ces cou- ches n'ont pas toutes la même épaisseur, et cette épais- seur n'est souvent pas égale dans toute leur circonfé- rence. Une observation attentive explique facilement cette disposition singulière. On a remarqué , en effet , que la plus grande épaisseur des couches ligneuses cor- respondait constamment au côté où se trouvaient les racines les plus considérables , qui , par conséquent , avaient puisé dans la terre une nourriture plus abon- dante. C'est ainsi, par exemple , que les arbres situés sur la lisière d'une forêt présentent toujours des couches ligneuses plus épaisses du côté extérieur, parce qu'en effet leurs racines, n'y éprouvant pas d'obstacles, s'y étendent et y acquièrent un développement plus considérable. Dans cette théorie de Duhamel, que nous sommes bien loin d'adopter, on voit que c'est le liber qui joue le rôle le plus important dans la formation des couches li- gneuses , puisque c'est lui qui chaque année se converti t en une nouvelle zone d'aubier , qui s'ajoute à celles qui existaient déjà. Regcneraiion Lc libcr étant Torganc essentiel de la végétation , et changeant chaqu'i année de forme et de consistance , la TIGE. 101 nature a du poun'oir aux moj^ens de le reproduire aussi chaque année. C'est ce qui a lieu en effet. Si nous étu- dions avec attention le développement successif des di- vers organes qui composent la tige des dicotylcdons , nous verrons que, la première année, entre les couches corticales et Tétui médullaire se trouve un liquide gé- latineux auquel Grew et Duhamel ont donné le nom de cambium. C'est ce fluide particulier qui contient les premiers rudimens de Torganisation. A mesure que la jeune tige se développe , la couche la plus intériei^e de ce liquide prend de la consistance , s'organise, se durcît, se change en liber, qui , à la lin de la première année , se trouve converti en une substance ligneuse , encore molle et mal formée. L'automne arrive, et la végétation s'arrête en cet état. La couche extérieure du cambium , qui n'a point encore entièrement changé de natui'e, reste stationnaire , et comme engom-die. Cependant , au retour du printemps , quand la chaleur du soleil vient tirer les végétaux de leur sommeil hivernal, le cambium reprend sa force végétative-, il développe les bourgeons et les nouvelles racines ; et, lorsqu'il a pro- duit toutes les parties qui doivent servir à Tentretien de la vie du végétal, il se durcit peu à peu, devient com- pacte , en un mot, suit et éprouve les mêmes change- mens que celui qui l'a précédé. ]\Iais , à mesure que ces changemens s'opèrent , que le liber se durcit et change de nature , que la couche qu'il a remplacée ac- quiert une solidité plus grande , il se développe un nou- veau liber. De tous les points de la surface extérieure de celui qui est prêt à se convertir en bois , suinte une humeur visqueuse , c'est un nouveau cambium , un nouveau liber qui va s'organiser, se développer , et suivre les différentes époques d'accroissement parcourues par ceux qui l'ont précédé, et dont il a tiré son origine. 102 ORGANES DE LA VEGETATION. Tels sont les moyens que la nature met en usage pour renouveler chaque année la partie végétante de la tige. C'est ici que [se présente la grande différence des tiges ligneuses et des tiges herbacées. Dans les tiges ligneuses, en effet , c'est au développement successif d'une nou- velle couche de liber que l'arbre doit sa durée et la per- sistance de sa végétation. Dans les tiges herbacées, au contraire, tout le cambium se consume à produire les différens organes de la plante , et, à la lin de l'année , se trouj^ entièrement converti en une sorte de substance ligniforme , sèche et aride. Il ne reste donc point, comme dans la tige ligneuse , une certaine quantité de matière gélatineuse , chargée de conserver d'une année à l'autre les germes d'une nouvelle végétation , et la plante meurt nécessairement , faute d'une substance propre à renouveler son développement. Après avoir développé avec quelques détails la théo- rie de la formation des couches ligneuses au moyen de la transformation annuelle du liber en aubier, nous de- vons faire connaître celle qui a été émise par M. Du Pe- tit-tliouars , et qui a fait , entre plusieurs physiologis- tes , le sujet de tant de contestations. 2* La formation successive des couches ligueuses , c'est-à-dire l'ac- croissemenl en diamètre , est produit par le développement de bourgeons. M. Du"' Petit- Dans la théorie précédente , c'est au liber que l'on at- rbouâii. trïbtie la plus grande part dans les phénomènes de l'ac- croissement en diamètre; ici , au contraire , ce sont les bom-geons qui jouent le rôle le plus important dans cette opération. M. Du Petit-Thouars , ayant remarqué que les bourgeons sont assis sur le parcnchj^me extérieur, et que leurs fibres communiquent avec celles des scions ou jeunes rameaux qui les supportent , en a tiré les consé- TIGE. 105 quences suivantes, qui forment la base de sa théorie de l'organisation végétale. i". Les bourgeons sont les premiers phénomènes sen- Lesi)ouigeoiu • I 1 1 1 r r • r' ev 1 • forment les fi- sibles de la végétation. En effet, toutes les parties qui , Lres ligneuses. dans les végétaux, doivent se développer à l'extérieur, sont d'abord renfermés dans des bourgeons. Il en existe un à Faisselle de toutes les feuilles •, mais ce bourgeon n'est apparent que dans les plantes dicoty- lédones , et parmi les monocotylédons dans la famille des Graminées seulement. Dans les autres monocotylé- dons , ce bourgeon est latent, et ne consiste que dans un point vital , susceptible , dans certaines circonstances , de se développer à la manière des bourgeons de^ dicoty- lédons. 2". Par leur déA'eloppement , les bourgeons donnent naissance à des sciojis ou jeunes branches chargées de feuilles , et le plus souvent de fleurs. Chaque bourgeon a une existence en quelque sorte indépendante de celle des autres. M. Du Petit-Thouars les regarde comme ana- logues, dans leur développement et leur structure, aux embryons renfermés dans l'intérieur des graines, qui , par l'acte de la germination , développent une jeune tige que l'on peut comparer , avec juste raison , au scion produit par l'évolution d'un bourgeon. Aussi donne- t-il à ces àçxn\Qx%\e\\ovL\ du embryons jîxes ou adhérens, par opposition à celui d'em,hri/ong fibres, conservé pour ceux renfermés dans l'intérieur de la graine. 0°. Si l'on examine l'intérieur de ces bourgeons sur un scion ou jeune branche de l'année, on voit qu'ils commu- niquent directement avec le parenchyme intérieur ou la moelle. Or, cette moelle, comme nous l'avons dit, est d'abord verte , et ses cellules sont remplies de il aides aqueux très-abondans. C'est dans ces fluides aqueux que les bourgeons puisent les premiers matériaux de leur 104 ORGAINES DE LA VÉGÉTATION. développement. Ils se nourrissent donc aux de'pens du parenchyme intérieur^ et en absorbant les fluides qu'il contient , ils le dessèchent , et le font passer à l'état de moelle proprement dite , plus ou moins opaque ou dia- phane. 4°. Dès que ces bourgeons se manifestent , ils obéissent à deux mouvemens généraux, Tun montant ou aérien , l'autre descendant ou terrestre. C'est ici que M. Du Pe- tit - Thouars rapproche la structure et les usages des bourgeons de ceux des embryons - graines. Il considère en quelque sorte les bourgeons comme des embryons germans. La couche de cambium située entre l'écorce et le bois est , pour le bourgeon , analogue au sol sur le- quel la graine commence à germer. Son évolution aérienne donne naissance à un scion ou jeune branche-, tandis que de sa base , c'est-à-dire du point par lequel il adhère à la plante-mère, partent des fibres ( que l'au- teur compare à la radicule de l'embryon) , et qui , glis- sant dans la couche humide du cambium, entre le liber et Taubier, descendent jusqu'<à la partie inférieure du vé- gétal. Or, chemin faisant , ces fibres rencontrent celles qui descendent des autres bourgeons^ elles s'y réunis- sent , s'anastomosent entre elles , et forment ainsi une couche plus ou moins épaisse , qui prend de la consis- tance , de la solidité , et constitue chaque année une nouvelle couche ligneuse. Quant au liber, une fois formé, il ne change plus de nature, et n'éprouve aucune trans- formation. Cette théorie est extrêmement ingénieuse , et M. Du Petit-Thouars s'appuie sur plusieurs faits pour en prou- ver l'exactitude. Ainsi, dit-il, lorsque l'on fait au tronc d'un arbre dicotylédon une forte ligature circulaire, il se forme au-dessus de l'obstacle un bourrelet , et l'ac- croissement en diamètre cesse d'avoir lieu au-dessous de TIGE. 100 la ligatiu-e. Ce bourrelet est formé par les fibres ligneu- ses qui descendent de la base des bourgeons en glissant dans le cambiuni situé entre le liber et l'aubier. Ces fi- bres ligneuses rencontrent un obstacle qu'elles ne peu- vent surmonter, s'y accumulent et s'j arrêtent. Dès-lors il ne peut plus se former de nouvelles couches ligneuses au-dessous de leur ligature, puisque les fibres qui doi- vent les constituer cessent d'y arriver. Telle est l'expli- cation donnée par J\I. Du Pelit-ïhouars du fait de la ligature et du bourrelet circulaires, que la plupart des aii^teurs expliquent d'une manière tout- à -fait diffé- rente. M. DuPetit-Thouars s'autorise encore des phénomènes de la greffe pour étayer sa théorie. Lorsque l'on greffe en ecusson^ on prend ordinairement un bourgeon encore stationnaire , on applique sa base sur la couche ducam- bium que l'on a mise à nu -, dès-lors les radicelles ou fi- bres qui partent de la base du bourgeon glissent entre l'écorce et l'aubier , et le nouveau sujet s'est ainsi iden- tifié à celui sur lequel on l'a greffe. J'ai vu chez jM. Du Petit-ïhouars une pièce pré- cieuse , qui sem])le un argument bien fort en faveur de sa théorie et dont il a donné une très-bonne figure dans un recueil de mémoires, imprimé, mais resté, je crois, inédit. C'est une branche de rohînia pseudoacacia , sur laquelle avait été greffe un jeune scion de rohinia his- pida. Le sujet est mort ; mais la greffe ayant continué de végéter , on voit partir de sa Ijase une sorte d'empâ- tement formé de fibres très-distinctes, qui embrassent l'extrémité de l£f branche dans une assez grande étendue, et lui forment une sorte d'étui. Dans cet exemple , on reconnaît avec la dernière évidence que les fibres des- cendent de la base de la greffe pour se répandre sur le sujet. Objections. 106 ORGAISES DE LA VÉGÉTATION.' Malgré toutes les raisons alléguées par l'auteur, en fa- veur de sa théorie , aucun physiologiste ne l'a encore entièrement adoptée. Au contraire, presque tous ceux qui s'occupent de la phj'sique des végétaux l'ont plus ou moins combattue. Les principaux argumens que l'on a cherché à opposer à la théorie de M. Du Petit-Thouars, sont : 1" que rien ne prouve d'une manière irréfragable que les fibres qui établissent la communication entre les bourgeons et les tiges qui les supportent descendent ainsi de ces bourgeons jusque dans les racines • mais à cela M. Du Petit-Thouars répond que les bourgeons sontbKn la source, l'origine première des fibres ligneuses, mais que ce ne sont pas les bourgeons qui fournissent tous les matériaux de leur élongation-, une fois sorties delà base des bourgeons , les fibres se trouvent plongées dans le cambium , où elles absorbent tout ce qui est nécessaire à leur accroissement ; 2" cjue les phénomènes du bour*- relet circulaire, formé à la suite de la ligature du tronc, peuvent s'expliquer par l'interception et la stase de la sève descendante : mais, objecte I\I. Du Petit-Thouars, l'expérience de Haies , constatée par Duhamel , répond à cette objection : ayant isolé complètement deux cy- lindres d'écorce par trois enlèvemens d'anneaux circu- laires , dont l'un était pourvu d'un bourgeon et l'autre n'en avait pas, il en résulta que ce fut sur le premier seulement qu'il se fit un bourrelet inférieur , preuve évi- dente que ce sont les bourgeons qui donnent naissance aux fibres ligneuses^ 5^ qu'il est impossible de concevoir comment des fibres aussi grêles que celles qui unissent les bourgeons aux tiges peuvent, dans un espace de temps aussi court que celui durant lequel la tige s'ac- , croît en diamètre , descendre, de leur propre poids , du sommet d'un arbre de 60 à 80 pieds , jusqu'à sa base : comme l'opinion du savant académicien n'est pas que TIGE. 107 les fibres sortent et descendent toutes formées de la base des bourgeons, mais qu'aiixontraire elles se forment en traversant les couches dWcambium , cette objection aurait moins de valeur; 4*^ que, puisque ce sont les libres descendant de la base des bourgeons qui constituent les couches ligneuses , si dans la greffe en écusson on grefle un bourgeon d'un arbre à bois coloré sur un individu à bois blanc , les libres qui partent de ces bourgeons de- vraient conserver leur couleur, et les nouvelles couches ligneuses qu'elles forment en présenter une semblal^le , ce qui n'a pas lieu : cette objection , une de celles dont on a fait le plus de bruit , est aussi une de celles que l'au- teur croit réfuter avec le plus de facilité-, car c'est parce qu'on n'a pas bien compris son opinion, qu'on lui a op- posé cette objection-, en effet, comme M. Du Petit- Thouars n'a cessé de le répéter, les fibres sorties de la base du bourgeon se nourrissent du cambium de la branche à la surface de laquelle elles se forment : or , dans le cas de la gTcfte des deux sujets dont le bois est d'une couleur différente, tant que les fibres nouvelles sont plongées dans le cambium du sujet à bois coloré , elles prennent et conservent la teinte qui leur est natu- relle-, lorsqu'au contraire elles se forment aux dépens du cambium du sujet à bois clair, elles prennent la teinte particulière à ce nouveau bois ; 5° enfin , si c'est le dé- veloppement des bourgeons qui donne lieu à la forma- tion du bois , comment la première couche ligneuse a- t-elle pu se former sur le jeune scion de l'année, puis- que aucun des bourgeons qu'il supporte ne s'est encore développé ? Selon le célèbre académicien dont nous ex- posons ici la théorie, au moment où im bourgeon se dé- veloppe pour former un scion , les feuilles qui le com- posent s'éloignent les unes des autres , et laissent entre elles dés espaces que l'on a nommés tnérithalhs. Si l'on 108 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. examine à cette époque la structure intérieure du jeune scion , on verra que de la base de chaque feuille il part un faisceau de libres dont" réunion constitue l'étui médullaire 5 mais à mesure que ces feuilles se dévelop- pent , il se manifeste à l'aisselle de chacune d'elles un bourgeon qui tend aussitôt à établir sa communication radicale , en déterminant la formation de fibres ligneu- ses. Ce sont donc celles-ci qui recouvrent graduellement l'étui' médullaire , et en composen^t une couche con- tinue. Les deux théories dont nous venons de faire l'expo- sition ne peuvent donc pas être adoptées dans leur en- tier , comme donnant une explication rigoureuse de tous les phénomènes de l'accroissement en diamètre dans les végétaux dicotylédons. En effet, celle de Du- hamel est essentiellement fondée sur la transformation annuelle du liber en aubier, et sa régénération au moyen de la couche de cambium. L'expérience par laquelle ce célèbre physicien dit qu'ayant fait passer un fil d'argent dans le liber, il l'a retrouvé l'année suivante dans l'au- bier, est tout-à-fait inexacte. En effet, tous ceux qui après Duhamel ont cherché à la répéter, n'ont pu oli- tenir le même résultat-, et lorsque le fil d'argent avait été réellement passé à travers le liber, on l'a toujours retrouvé dans cet organe , et non dans l'aubier. Cette théorie doit nécessairement s'écrouler , si nous sapons la base sur laquelle l'auteur l'avait élevée. 3° La fonnalion annuelle dos coucIil-s ligneuses est due au cam- bium, qui, chaque année, fournit les matciiaux d'une nouvelle couche de l'aubiei'. Théorie «le Ccttc opiniou cst ccUe qu'en dernier lieu avait pro- fessée M. Mirbel, et qu'il a brièvement fait connaître TIGE. 109 dans une note, publiée en 1816 dans le Bulletin des sciences de la Sociéfe philomatique. Bien que cette théorie soit comme on volt assez an- cienne , elle a été néanmoins fort mal comprise et fort mal exposée dans tous les ouvrages subséquens; et beau- coup d'auteurs ont fait dire à M. Mirbel toute autre chose que ce qu'il a dit et écfit. Les belles planches que l'auteur a publiée depuis cette époque sur l'ori'gine du bois et du liber , ont de nouveau rappelle l'attention des phy- totomistes sur cette note succincte. Le liber, que l'on avait jusqu'à présent considéré comme l'organe le plus essentiel de la végétation, comme celui qui opérait chaque année l'augmentation en dia- mètre du tronc des arbres dicotylédons , étant au con- traire neutre et passif dans cette opération, on doit cher- cher une autre explication des phénomènes de l'accrois- sement en diamètre. Si l'on examine une jeune branche à l'époque de la végétation , c'est-à-dire quand la sève circule abondamment dans toutes les parties du végétal, voici ce que Ton observe : Entre le lil)er et l'aubier , on trouve une couche d'un fluide d'abord clair et limpide , qui peu à peu s'épaissit et prend de la consistance ; ce fluide , ou le cambium , est formé par la sève descen- Le cambium 1 ri r 1 • 1 1 ' ' fournit les ma- dante , mélangée a une partie des sucs propres des vege- leViam dune taux. Telle était l'opinion généralement admise par tous j^^n^è'^eurau! les physiologistes, depuis Grew et Duhamel, sur le na- ''''''• turel du cambium, et telle est celle qu'on avait encore prêtée à JM. i\Iirbel. Cependant, dès 1816 , il avait émis une opinion tout-à-fait contraire sur ce point impor- tant. Pour lui, en effet, le cambium n'est point un li- c[uide qui s'épanche entre le bois et l'écorce , c'est un vé- ritable tissu qui naît à la fois de ces deux parties de la tige. Il se forme, dit-il, entre le liber et le bois une couche qui est la continuation du liber. Cette couche ré- 110 ORGANES DE LA VEGETATION. génératrice a reçu le nom de cambiuni. Le cambium n'est donc point une liqueur qui vienne d'un endroit ou d'un autre : c'est un tissu très-jeune qui continue le tissu plus ancien. Il est nourri et développé à deux époques de l'année , entre le bois et Técorce , au printemps et en au- tomne. Son organisation paraît identique dans tous ses points-, .cependant la partie qui touche à l'aubier se change insensiblement en bois , et celle qui touche au li- ber se change insensiblement en liber. Cette transforma- tion est perceptible à l'œil de l'observateur. Ainsi donc l'aubier n'est pas formé par le liber , qui s'épaissit et prend plus de consistance , mais par le cam- bium , qui donne lieu chaque année à la formation d'une couche d'aubier et d'une couche de liber, toutes deux distinctes l'une de l'autre. Lorsque Duhamel a retrouvé dans l'aubier le lil d'argent qu'il avait cru avoir engagé dans le liber , c'est que ce fil avait été passé à travers la couche organique du cambium. Il suit également de là que , chaque année , le liber s'accroît en épaisseur par sa face interne. En effet , elle produit , comme celle de l'aubier, une couche d'un tissu d'abord à peine organisé, qui petit à petit acquiert tous les caractères des feuillets du liber. C'est pour cette rai- son que cet organe se trouve formé de plusieurs lames ou feuillets, réunis les uns aux autres par une couche ex- cessivement mince de tissu cellulaire. Ainsi donc , pour résumer cette théorie , il se forme chaque année dans le tronc des arbres dicotylédons une nouvelle couche ligneuse et une nouvelle couche d'é- corce. Ces nouvelles couches sont une production de l'aubier et du liber qui s'organise et se solidifie. L'auliier formé l'année précédente acquiert plus de densité et se change en bois. JMais le liber n'éprouve aucune transfor- mation j seulement il se répare et s'accroît par sa face in- TIGE. 111 terne au moyen du cambium , et forme successivement de nouveaux feuillets. C'est par ce mécanisme qu'a lieu, selon M. Mirbel, raccroissement en épaisseur des tiges des dicotylédons. Ce n'est pas le cambium qui s'est transformé en liber et en aubier ; mais c'est lui qui fournit les matériaux des nouvelles couches qui se forment. Nous adoptons entièrement cette théorie de l'accrois- sement en diamètre du tronc des végétaux dicotylédons. Cependant nous croyons devoir la modifier en un point. Nous admettons que les nouvelles couches qui se forment sont une production , une sorte d'extension de la face externe de l'aubier et de la face interne du liber. Mais nous ne saurions donner le nom de cambium à ce tissu de nouvelle formation. Pour nous , lecambiumesttoujoursce fluide nutritif , produit de la sève élaborée , qui s'épanche au printemps et en autonme entrele bois etl'écorce.Mais nous n'admettons pas pour cela que ce soit lui qui se transfor- me ^^wxhq, part, en une nouvelle couche d'aubier, d'autre part, en une nouvelle couche de liber. Le cambium est le fluide essentiellement nourricier du végétal, conmie le sang pour les animaux. ]\Iais , de même que ce dernier fluide ne se transforme ni en muscles , ni en tissu cellulaire, ni en graisse , en un mot , en aucun des élémens organiques des animaux , mais que seulement il fournit à chacun de ces organes les matériaux propres à leur développement , à leur entretien , de même aussi nous pensons que le cambium, dont on ne peut nier la similitude avec le sang des animaux , fournit à la fois , et à l'aubier et au liber , dont il baigne les surfaces libres , les principes , les alimens nécessaires à leur développement. Il ne de- vient pas tissu cellulaire , ni tissu vasculaire ; mais ces tissus déjà existans y puisent les principes au moyen des- quels ils se multiplient. 112 ORGAKES DE LA VÉGÉTATION. L'observation confirme d'ailleurs pleinement la nou- velle théorie que nous émettons ici. En effet , que l'on examine attentivement une jeune brandie d'un arbre , quand j au printemps , l'afflux de cambium en détermine l'accroissement en diamètre. On verra que la surface externe de l'aubier et la surface interne de l'écorce sont en quelque sorte dans un état de turgescence. Elles sont recouvertes chacune d'une couche plus ou moins épaisse d'un tissu cellulaire à l'état naissant, abreuvée d'une grande quantité de sucs. Ce tissu de nouvelle formation, semblable à cette couche de bourgeons charnus qui s'é- lèvent de la surface d'une plaie tendant à se cicatriser, est non-seulement adhérent aux deux surfaces sur les- quelles on le voit , mais en est évidemment une produc- tion , une vraie continuation. C'est , en effet , le tissu de l'aubier et du liber qui , recevant alors une plus grande nourriture , produit à sa surface ce nouveau tissu. Ce mode de multiplication ou de formation d'un nouveau tissu cellulaire entre tout-à- fait dans le mode de développement auquel M. Mirbel, dans son Mémoire sur Vanatomie du 7narchaiitia , a donné le nom de développement extra-utriculaire. En ef- fet , on sait que le tissu cellulaire a la propriété spéciale de donner naissance à de nouvelles cellules, qui tantôt se forment dans l'intérieur même des cellules déjà existantes {accroissement intra-utriculaii'e), ou dans la masse de ces cellules , qu'elles tendent à écarter [accroissement inter- ntriculaire) , ou enfin à la surface libre des cellules [ac- croissement extra-utriculaire^. Si c'était le cambium qui s'organisât chaque année, au printemps , en nouvelles couches ligneuses et cortica- les , il devrait nécessairement former entre le bois et l'é- corce une masse continue qui réunirait, souderait même ces deux parties de la branche : c'est cependant ce qui n'a largeur. TIGE. Il5 pas lieu. A aucune époque de Tannée , ainsi que tout le monde le sait , Técorce ne se détache plus facilement de la surface du bois qu'au printemps et en automne , c'est-à- dire au moment où se forment les couches ligneuses. Loin .d'être une masse continue interposée entre ces deux parties de la branche , le nouveau tissu cellulaire forme deux couches qui n'ont ensemble avicune con- nexion. De ce qui précède nous pouvons , je crois , tirer cette conséquence , que l'accroissement en épaisseur de la tige des arbres dicotjdédons provient de nouvelles couches que la surface externe de l'aubier et la surface interne du liber produisent , et dont le cambium leur fournit les matériaux. B. Accroissement en largeur. . . *J Accroissement Pour terminer ici tout ce qui a rapport à l'accroisse- ^" '=" ment en diamètre de la tige dans les végétaux dicotylé- dones, il nous reste à faire connaître le résultat des ob- servations publiées récemment par M. Dulrochet.(il/Ê''m. du Muséum , vol. vu f/viii.) Pendant long-temps , on n'a- vait généralement admis l'accroissement en diamètre que comme le résultat des nouvelles couches qui s'ajoutent chaque année entre l'aubier et l'écorce. Cependant, dès 1816 , M. Mirbel avait dit, dans sa note insérée dans le Biillelin des Sciences de la Société jihilomalique , que le système cortical s'accroît en largeur parle développement successif de tissu cellulaire alongé, et de tissu cellulaire régulier ; d'où il résulte qu'elle devient plus ample dans toutes ses parties. Depuis lors, M. Dutrochet a prouvé, l'un des premiers , que les couches ligneuses s'accroissent également en diamètre en deux sens, savoir: i"en épais- seur, par la formation de nouvelles couches entre l'écorce et l'aubier*, 1^ gw largeur, parle développement latéral de la nouvelle couche et la formation de nou- 1" Partie. 8 ii4 orgalNes de la végétation. veaux faisceaux de fibres. Cet accroissement, dans le sens de l'épaisseur et de la largeur, a lieu également dans les racines et dans les tiges. Mais nous devons faire remarquer que le professeur Link, dans son Anatomie des plantes , et plus tard dans sa Philo^oijhie botanique, a également établi que la tige s'accroissait non-seulement vers son centre et sa périphérie, mais encore latéralement par la multiplication des faisceaux vasculaires. ( /^oyez Link , Grandi, d. Anat.f. d. Pfl., p. i46, f. 58-6o.) C'est d'abord sur la tige de la clématite que M. Du- trocliet a fait ses premiers essais. Lorsque l'on coupe transversalement l'extrémité d'une jeune branche de clé- matite , on trouve qu'elle se compose de six faisceaux de fibres longitudinales , séparées les uns des autres par des rayons ou espaces médullaires assez larges. Peu à peu , et par les progrès de la végétation, il se forme au centre de chaque espace médullaire un nouveau faisceau de fibres longitudinales qui acquiert bientôt le même vo- lume que les faisceaux primitifs*, en sorte qu'à la fin de la première année la tige se trouve composée de douze faisceaux de fibres, séparés par autant de rayons médullaires. Pendant la seconde année , chacun des six faisceaux primitifs se divise en trois par la production médiane d'un nouveau faisceau de fibres longitudinales séparé des deux autres , au milieu desquels il s'est développé , par deux rayons médullaires incomplets, qui n'atteignent pas jus- qu'à la moelle centrale -, d'un autre côté , les six autres faisceaux secondaires de la première année se divisent chacun en deux par la formation médiane d'un nouveau rayon méduUaire incomplet : d'où il résulte qu'à la fin de la seconde année j il y a trente faisceaux de fibres dis- tingués les uns des aiUtres par autant de rayons ou espa- TIGE. 110 ces médullaires, dont douze seulement, savoir ceu:-f. qui existaient à la fin de la première année , sont seuls com- plets, et établissent une communication directe entre la médulle externe et l'interne. Pour peu qu'on réfléchisse avec quelque attention à la manière dont les faisceaux de fibres longitudinales se sont multipliés, on verra que l'accroissement s'est fait laté- ralement. En effet, la production médiane de nouveaux faisceaux défibres au centre des rayons médullaires , ou celle de nouveaux rayons médullaires au centre des fais- ceaux de fibres , a du nécessairement dilater latéralement, et par conséquent augmenter la largeur de la couche cir- culaire dans laquelle ce développement s'est opéré. Or, c'est cette dilatation latérale qui n'avait point encore été aperçue avant ]\OI. Mirbel, Link et Dutrochet, dont nous faisons connaître ici les résultats. L'accroissement en /ar^ewr s'arrête dans les parties dès l'instant qu'elles se sont solidifiées. Ainsi il n'a plus lieu dans les couches ligneuses •, mais il se continue dans Fé- corce , et c'est ainsi qu'elle permet l'accroissement en épaisseur des couches ligneuses. L'accroissement en largeur a également lieu dans les racines, ainsi que nous l'avons déjà annoncé. Mais dans cet organe il commence toujours par la production mé- diane de nouveaux rayons médullaires au centre des fais- ceaux de fibres. Plus tard , ces nouveaux espaces médul- laires donnent eux-mêmes naissance à d'autres agglomé- rations des fibres. D'après ce qui précède, on voit que les éléinens or- ganiques des végétaux ont une tendance naturelle à la production média7ie. Ainsi, les faisceaux de filtres ten- dent à produire dans leur partie moyenne de nouveaux rayons médullaires: d'un autre côté, les rayons médul- Il6 ORGANES DE I.A VÉGÉTATION. laires tendent à produire de nouveaux faisceaux de fibres longitudinales. Nous venons de faire ronnailre l'opinion de JM. Dulro- chet relativement à Y a.ccYOÏssemeni en largeur^ exposons aussises idées sur le développement en épaisseur. Les rou- elles ligneuses de nouvelle formation, qui se développent chaque année , sont séparées des anciennes par une couche mince de médulle centrale. Ces couches de médullc, qui isolent les couches ligneuses les unes des autres , ne sont pas toujours faciles à apercevoir 5 mais elles sont très-visibles dans quelques arbres, par exemple, dans le Jihus typhinmn , où leur couleur plus foncée les fait dis- tinguer, au premier coup d'œil , des couches de bois qui sont plus claires. Au printemps , l'accroissement en'épais- seur commence toujours par la formation de cette cou- che mince de tissu cellulaire ou de méduUe. Bientôt, par sa propriété de donner naissance à des fibres longi- tudinales, cette couche de moelle produit des vaisseaux qui l'environnent , et constituent ainsi une sorte de canal médullaire , destiné à devenir plus tard la nouvelle cou- che ligneuse. Dans cette théorie , on voit le rôle important que l'au- teur fait jouer à la moelle. C'est elle, en effet, qui de- vient l'agent essentiel de l'accroissement en diamètre , puisque c'est elle qui donne naissance aux vaisseaux qui doivent constituer plus tard la nouvelle couche de bois. Les mêmes phénomènes ont lieu dans le liber. Cha- cun de ses feuillets est séparé par une couche mince de tissu cellulaire, qui appartient à la médulle corticale , et qui est l'agent de son accroissement annuel. Accroissement C. Accroisscment en hauteur. A l'époque de la germination , la radicule s'enfonce dans la terre , tandis que le caudex ascendant s'élève vers le ciel. La partie ligneuse et la partie corticale se TIGE. séparent et s'isolent avec les caractères qui leur sont pro- pres. Vers l'aulomnc, quand elles sont organisées en au- liier et en liber , leur accroissement s'arrête. Quand , au retour du printemps , la végétation recommence , le tissu végétal est gorgé de fluides nourriciers qui vivifient les bourgeons -, en même temps qu'une nouvelle couche s'est ajoutée à celle de l'année précédente , il naît de la partie supérieure de la tige , toujours terminée par un bourgeon , un nouveau centre de végétation d'où s'é- lève une jeune pousse qui éprouve dans son développe- ment les mêmes phénomènes que la première -, à cette seconde en succède une troisièrne , qui Tannée d'ensuite est surmontée d'une quatrième , etc. Le tronc se trouve donc formé par une suite de cônes Le uonc est très-alongés, dont le sommet est en haut, et qui sont su- g"jj,"'o*iids! '^°''" perposés les uns aux; autres. Mais le sommet du cône le [dus intérieur s'arrête à la base de la seconde pousse , et ainsi successivement -, en sorte que ce n'est qu'à la base du tronc que le nombre des couches ligneuses corres- pond au nombre des années de la plante. xVinsi , par exemple , une tige de dix ans oflrira ù sa base dix cou- ches ligneuses. Elle n'en présentera que neuf , si on la coupe à la hauteur de la seconde pousse , que huit à la troisième , et enfm qu'une seule vers son sommet. C'est pour cette raison que le tronc des arbres dicotylédons est plus ou moins conique, le nombre de ses couches li- gneuses étant graduellement plus considérable , à me- sure que l'on descend du sommet vers la base. 11 est des arbres sur lesquels ce développement en hau- teur est des plvis manifestes : dans les pins et sapins, par exemple. Au bout de la première année, on voit au som- met de la tige un bourgeon conique, d'où part un verli- cille déjeunes rameaux, au centre desquels en est un qui s'élève verticalement -, c'est lui qui est destiné à conli- 11b ORGANES DE LA VEGETATION. nuer la tige. A la fin de la seconde année , do son som- met part également un semblable bourgeon qui présen- tera les mêmes phénomènes dans son développement. Ainsi l'on peut connaître dans ces arbres le nombre de leurs années par le nomijre des verticilles de rameaux qu'ils présentent sur leur tige. § 2. Accroissement de la ti^e des arbres tnonocoiyhklons. Accroissaient Si uous examinons l'accroissement du stipe d'un pal- «lu slipe en hau- . >-i i ' i i i •< leur. mier , nous voyons qu il se développe de la manière sui- vante : Après la germination, les feuilles, ordinairement plis- sées sur elles-mêmes, se déroulent et se déploient en for- mant un faisceau circulaire, qui naît du collet de la ra- cine. Du centre de ce faisceau part, la seconde année, un autre bouquet de feuilles , qui rejettent en dehors celles qui existaient déjà. Alors les plus anciennes se fanent, se dessèchent et tombent. Mais leurs bases étant intimement adhérentes au sommet de la racine , restent, persistent , et constituent, en se soudant, un anneau solide qui de- vientlabasedu stipe. Chaque année un nouveaubourgeon central venant à se développer , les feuilles les plus exté- rieures de celui qui l'a précédé tombent , et leur base qui persisLe forme un nouvel anneau qui s'ajoute au-dessus de ceux qui existaient déjà. Tel est le développement de la tige des monocotylé- dons. Leur stipe, au lieu d'être formé , comme le tronc des dicotylédons , de couches concentriques , est com- posé d'anneaux superposés. D'après cela, on voit que le tronc des monocotylédons ne doit croître que très-peu en épaisseur. lin cftet , son développement latéral ne peut avoir lieu qu'autant que la base persistante des feuil- les ne s'est point encore assez solidifiée et endurcie pour résister à la pression excentrique que le bourgeon tend à TIGE. lig opérer sur elle. Aussi voyons-nous que les palmiers, qui ont quelquefois jusqu'à cent vingt et cent quarante pieds de hauteur, ont une tige qui a souvent à peine un pied de diamètre. Dans les arbres dicotylédones c'est le cambium qui est l'agent essentiel de l'augmentation de la tige , puisque c'est lui qui, chaque année, fournit les principes ali- mentaires des nouvelles couches qui se forment. Ici, au contraire , c'est le bourgeon terminal couronnant le stipe qui remplit le même usage. Aussi l'arbre périrait-il in- failliblement si l'on retranchait ce centre de végéta- tion. Si nous comparons d'une manière générale l'accroisse- accroissement nient en diamètre delà tige des arbres dicotylédons et ce- ea diamètre. lui des monocotylédons, nous verrons qu'il ne diffère pas moins que leur structure anatomique. En effet, dans les dicotylédons il y a deux systèmes distincts, le système central, ïovxwé defétui médullaire et des couches ligneu- ses, et \ç. système cortical , qui se compose] de l'écorce. Ces deux systèmes s'accroissent séparément , en sorte qu'il y a deux surfaces d'accroissement dans cette classe de végétaux. Le système central s'accroît par les nouvel- les couches qui s'ajoutent à sa surface externe, et le sys- tème cortical s'accroît par sa face interne. Dans les végétaux monocotylédonés , au contraire , il n'y a qu'une seule surface d'accroissement, et par con- séquent qu'un seul système. M. ïhém. Lestiboudois , professeur de botanique à Lille, remarquant, et avec juste raison , que dans ce système unique qui forme la tige des monocotylédons , l'accroissement se fait par la face interne , en tire cette conclusion que ce système est le cortical, et que le central manque : d'où il suit selon lui que le stipe des palmiers est organisé comme l'écorce des dicotylédons. 120 ORGANES DE LA VEGETATION. Le siipe des De ces diverses considérations on doit tirer celte pre- buibe." " "" iriière observation , c'est que le stipe des palmiers et des autres arbres monocotylcdonés ligneux diffère essentiel- lement , et par son organisation et par son mode de dé- veloppement, du tronc des végétaux dicotylédones. Si même on pousse plus loin cette observation , on verra que le stipe diffère tellement du tronc par son origine première et son mode de développement , qu'il n'est point étonnant que son organisation intérieure , qui n'est que le résultat de ce mode de développement , offre avec la lige ligneuse des arbres à deux cotylédons des diffé- rences aussi tranchées. Rappelons-nous , en effet , com- ment se forme et s'accroît la lige d'un chêne ou de tout autre végétal dicotj^lédoné : la graine germe , la radicule s'enfonce dans la terre, la tigelle ou l'organe qui la repré- sente , c'est-à-dire qui sert de support à la gemmule et rélève au-dessus de la base de la radicule , se redresse ; en un mot , dès ces premiers temps de la vie de la plante , l'orgaiie qui doit constituer la tige existe dt?jà sous la forme d'un cylindre plus ou moins alongé , composé in- térieurement d'un tissu cellulaire qui représente la moelle, et extérieurement de tubes ou de fibres, pre- miers rudimens du bois , de IVcorce , et en général , de toutes les parties filamenteuses de la tige. Examinons comparativement une graine de palmier, au moment où elle germe : son extrémité radiculaire s'alonge plus ou moins, se rompt à son sommet pour laisser sortir la ra- dicule , emprisonnée d'abord dans une sorte de bourse close , nommée coléorhize , qu'elle déchire pour pou- voir s'enfoncer dans la terre , et devenir la racine. L'ex- trémité opposée à la radicule , c'est-à-dire le cotylédon , prend un léger développement -, mais bientôt on le voit se fendre sur l'un de ses côtés , au-dessous de son som- met, et, par cette fente ou rupture , sort un nombre TIGE. 121 plus OU moins considérable de feuilles d'abord emboîtées les unes dans les autres. IVIais dans cet embryon de pal- mier nous n'apercevons pas , comme dans celui du chêne , du tilleul , du pin , etc., une tigelle ou rudi- ment de tige. L'organe auquel on donnera plus lard ce nom va se former successivement aux dépens d'un autre organe. En effet, ainsi que nous l'avons exposé précédemment , ce sont les bases des feuilles successive- ment développées qui , eu se rapprochant les unes des autres par suite du refoulement que les plus extérieures éprouvent, à mesure que de nouvelles se développent à l'intérieur, se soudent ensemble, et finissent par former une sorte de plateau charnu , formé de tissu cellulaire et parcouru de libres éparses. Ce que l'on appelle stipe ou (ronc dans un palmier est donc un organe composé d'un grand nombre d'écaillés qui ne sont que des bases de feuilles plus ou moins soudées entre elles , et offrant à leur intérieur un bourgeon central et terminal qui en est l'organe essentiellement végétant. Ainsi donc le stipe d'un palmier n'est véritablement pas une tige, ni par son origine , ni par son développement , ni par son or- ganisation. Voyons s'il n'offre pas quelque analogue dans la série des autres végétaux. Et d'abord , qu'est-ce que la prétendue tige souterraine , vulgairement nommée racine dans la plupart des espèces du genre iris? C'est un corps charnu , offrant quelques fibres longitudinales in- térieurement , et présentant à sa surface externe des cicatrices ou des écailles. Or, si nous en suivons le dé- veloppement, nous verrons qu'elle doit sa formation aux bases des feuilles qui ont persisté , tandis que leur partie supérieure s'est détruite. Elles se sont soudées, et ont formé le corps charnu que l'on désigne com- munément sous les noms de racine, de rhizome, de souche ou de tige souterraine dans les iris. Par consé- l'22 ORGANES DE LA VEGETATIO>% quent cet organe n'est , en réalité , comme le stipe des palmiers , ni une racine , ni une tige , mais une réunion de bases de feuilles toutes, soudées en une seule masse. Une espèce d'ail (alliuni senesceiis) nous offre un or- gane entièrement semblable , c'est-à-dire une souche plus ou moins rameuse. Or, de cette souche de VaUium senescens et des iris aux bulbes solides ou écailleux des Liliacées, la transition me paraît insensible. Un bulbe, en effet , n'est qu'un organe composé d'écaillés variables dans leur forme et leur disposition, mais toujours assises sur un plateau charnu et recouvrant un bourgeon cen- tral et terminal; toujours ces écailles ne sont que des feuilles ou dont la base seule s'est développée , ou dont la base seule a résisté , tandis que la partie supérieure s'est détruite. Si , comme nous croyons l'avoir prouvé , la souche souterraine des iris a la même origine , le même mode de développement et la même organisa- tion que le stipe des palmiers-, si, d'un autre côté , nous avons démontré que , sous ces divers rapports, il n'existe aucune différence sensible entre cette prétendue souche des iris et le bulbe de la plupart des Liliacées , il nous paraît impossible de ne pas tirer cette conclusion , que le stipe des palmiers , au lieu d'être une tige , n'est vérita- blement qu'une sorte de bulbe. Cette opinion pourra paraître paradoxale à celui qui ne fera pas abstraction de la forme générale , de la grandeur et de la durée du stipe des palmiers , comparées avec le bulbe des autres monocotylédones. Mais si l'on réfléchit attentivement que ces divers attributs ne sont pas essentiels à la na- ture de cet organe , qu'ils manquent fréquemment dans un grand nombre d'espèces , qu'ainsi dans quelques-unes le stipe , au lieu d'être long et cylindrique , est court , à peine sensible , et consiste quelquefois seulement en une sorte de renflement bulbiforme \ que dans d'autres TIGE. 12,'> espèces le stipe , loin d'être dur et ligneux , est mou , charnu , et se laisse aisément entamer par les instru- !nens tranchans, ces différences , d'abord si frappantes, disparaîtront à l'instant. Si, d'un autre côté, on exa- mine l'origine , le mode de formation et de développe- ment du stipe comparés à ceux du bulbe , on devra conclure que ces deux organes sont essentiellement les mêmes. Dans cette manière d'envisager le stipe , on peut très- bien expliquer pourquoi cet organe se ramifie si rare- ment. En efi'et, on sait qu'un rameau n'est jamais que le résultat de l'élongation d'un bourgeon placé en gé- néral à l'aisselle d'une feuille : or, dans les monocoty- lédones , ces bourgeons axillaires avortent presque con- stamment , ou restent à l'état rudimentaire , comme dans la plupart des Graminées , par exemple : il en est de même dans les palmiers j leurs bourgeons axillaires restent , en général , à l'état rudimentaire , et alors le stipe est parfaitement simple -, mais , dans certaines cir- constances , quelques-uns de ces bourgeons , recevant plus de nourriture que les autres , se développent , c'est- à-dire que les feuilles qui les composent en se soudant par leur base , finissent à la longue par former un nou- veau stipe partant du premier : c'est ce qu'on observe , par exemple , dans certaines espèces d'yucca , dans le Palmier-Doom de la Thébaïde , etc. Théorie de quelques procéde's pour la multiplie ation artificielle des végétaux expliquée par les lois de la phi/sioloyie végétale. Le moyen de multiplication le plus naturel et le plus j,^,jj ^^xz^^^o^x facile dans les végétaux est sans contredit celui qui a lieu ^''ificieiie de^ au moyen des graines et de leur développement; c'est celui par lequel les végétaux dispersés sur la surface du 124 ORGAWES DE LA VÉGÉTATION. globe se renouvellent naturellement •, mais il en est en- core d'autres que Tart de la culture met fréquemment à contribution pour perpétuer et multiplier certaines races ou variétés d'arbres que l'on ne pourrait reproduire par le înoyen des graines. Ces procédés sont la marcotte , la bouture et la greffe. Nous allons en peu de mots exposer la tliéorie de ces trois opérations, considérées d'une ma- nière générale, et quant à leurs rapports avec la physique végétale. i" Le MARCOTTAGE cst uuc Opération par laquelle on en- toure de terre la base d'une jeune branche , afin de faciliter révolution des racines avant de la détacher du sujet. Tantôt cette opération se pratique sur les branches infé- rieures d'un jeune arbuste : on les incline et on les couche légèrement-, tantôt c'est sur les branches supérieures, que l'on fait passer à travers un pot ou une cage de verre remplis de terre de bruyère. Pour faciliter le marcottage on pratique ordinaire- ment à la base de la jeune branche une incision ou une forte ligature, afin de déterminer la formation des racines. Os racines sont des bourgeons qui , plongi's dans la terre, s'alongent en fibres grêles et radicellaires , tandis qu'ex- posés à l'air ils se seraient développés en jeunes scions. On emploie le marcottage pour multiplier un grand nombre de végétaux, tels que les œillets, les hortensia, les bruyères, les groseillers, etc. 2*' La BOUTURE diffère de la marcotte en ce que l'on sé- pare la jeune branche du sujet avant de la fixer en terre. Il y a des arlires chez lesquels les boutures reprennent avec une grande facilité. En général, ceux dont leboisest blanc et léger se prêtent plus facilement à cette opération : ainsi une branche de saule, de peuplier, de tilleul , en- foncée en terre, s'y enracine au bout de quelque temps, et ne tarde pas à pousser avec vigueur. TIGE. 12U Une bouture réussira d'autant plus sûrement que le cultivateur aura eu le soin de laisser deux ou trois jeunes boiu'geous au-dessous de la terre, c'est-à-dire sur la partie inférieure de la jeune branche. Ces boutons s'alongent en racines , et aident singulièrement la succion qui doit amener le développement des jeunes scions. Assez souvent on pratique à la base des boutures des in- cisions ou des ligatures, afin d'en assurer la réussite. Quelquefois même on les fend longitudinalement à leur base , et l'on y introduit une petite éponge indjibée d'eau. Il est des espèces ligneuses qui reprennent très-diffici- lement de bouture : tels sont les pins , les sapins , les cîiênes , les bruyères, et en général les arbres à bois très- dense ou résineux. 3** La GREFFE est une opération par laquelle on ente Giefïes, sur un individu un bourgeon ou un jeune scion , qui s'y développe et s'identifie avec le sujet sur lequel il a été greffé, La greffe ne peut réussir qu'autant qu'elle a lieu entre des parties végétantes : c'est ainsi, par exemple, que l'on ne peut greffer le bois ni même l'aubier. C'est dans l'o- pération et les phénomènes de la greffe que l'on peut re- marquer la grande analogie qui existe entre les gemmes ou bourgeons, et les graines , surtout sous le rapport de leur développement. Ces deux organes, en efflet, sont des- tinés à donner naissance à de nouveaux individus, dont les uns vivent aux dépens du sujet sur lequel ils se déve- loppent, tandis que les autres subsistent par eux-mêmes, et sans avoir besoin de secours étrangers. Remarquons que la greffe ou soudure des parties ne peut avoir lieu qu'entre des végétaux de la même espèce, des espèces du même genre , ou enfin des genres d'une ijaême famille , mais jamais entre des individus apparte- 126 ORGANES DE LA VÉGÉTATIOiV. nant à des ordres naturels différensj c'est ainsi, par exem- ple , que l'on peut greffer le pêcher sur l'amandier , l'a- ])ricotier sur le prunier , les pavia sur le marronnier d'Inde-, mais cette opération ne pourrait pas réussir entre ce dernier arbre , par exemple , et l'amandier ; il faut qu'il y ait une sorte de convenance , d'analogie entre la sève des deux individus pour que la soudure d'une greffe puisse s'effectuer. C'est au moyen du cambiura, ou suc propre des végé- taux , que s'opère la soudure des greffes. Cette matière fluide sert de moyen d'union entre l'individu et la greffe, comme dans les animaux la lymphe coagulable s'interpose entre les deux lèvres d'une plaie récente qu'elle réunit et rapproche. Lorsque l'on examine la plaie d'une greffe , environ quinze jours après l'opération, on voit entre les deux parties rapprochées une couche mince de petites granulations verdâtres dispersées dans un fluide visqueux. Ces petites granulations, rudimens de l'organisation végé- tale , sont produites par le carabium , qui se solidifie et s'organise -, phénomène qui se répète toutes les fois que Ton fait une plaie superficielle à un arbre , et qu'on la ga- rantit du contact de l'air. Ce moyendemultiplication procure plusieurs avantages dans l'art de la culture : i*^ il sert à conserver et à multi- plier des variétés ou monstruosités remarquables, qui ne pourraient se reproduire au moyen des graînesj 2" à pro- curer prompteinent un grand nombre d'arbres intéres- sans, qui se multiplient difficilement par tout autre moyen ; 5*^ à accélérer de plusieurs années la fructifica- tion de certains végétaux; 4*^ à bonifier et à propager les variétés d'arbres à fruits , etc. Le professeur Thouin a publié une excellente mono- graphie des greffés , dans laquelle il rapporte tous les procédés connus aux quatre sections suivantes : i'^ greffes TIGE. 127 par approche-, 2° greffes par scions; 5^ greffes par gemmes ou bourgeons-, 4^^ enfin, greffes des végétaux herbacés. Nous allons faire connaître rapidement les procédés mis en usage pour opérer ces différentes greffes. § 1 .' Greff'espar approche. Elles s'exécutent entre deux individus enracinés que Q^.^{r^^ l'on veut réunir et souder ensemble par un ou plusieurs p»<"^'''^- points de leur longueur. Pour cela on fait aux parties que l'on veut greffer des plaies qui se correspondent exacte- ment; et, en enlevant des plaques d'écorce d'égale gran- deur, on réunit ces plaies, on les tient rapprochées, et on les garantit du contact de l'air. On peut greffer par ce procédé des tiges, des branches," des racines entre elles, des fruits et même des fleurs avec des feuilles. § 2. Grèves par scions. On praticpie les greffes par scions avec déjeunes ra- Greffes par meaux, ou même avec des racines que l'on sépare de leur «"«»«' individu pour les placer sur un autre, afin qu'ils y vivent et s'y développent à ses dépens. Ordinairement on sé- pare les ramilles que l'on veut greffer , quelques jom's , quelquefois même plusieurs mois avant de pratiquer cette opération , afin qu'ils soient moins en sève que les sujets sur lesquels ils doivent être placés. On a soin, dans ce cas , de les conserver , en plongeant leur extrémité infé- rieure dans l'eau ou dans la terre. Avant d'opérer cette espèce de greffe , on coupe or- dinairement la tête du sujet sur lequel on veut la prati- quer; quelquefois même cette résection se fait à fleur de terre , surtout pour les arbres dont la greffe doit être enterrée , comme la vigne , etc. Remarquons qu'une condition indispensable pour la 28 ORGANES DE I,A VEGETATION. réussite de celte espèce de greffe , c'est qu'il faut que le liber du rameau coïncide , dans la plus grande par- tie de son étendue, avec celui du sujet sur lequel on l'a implanté. La greffe par scions se fait de plusieurs manières : tantôt on fend la tète du sujet en deux , et l'on implante dans cette fente le ramille que l'on veut greffer-, celte espèce est connue sous le nom de greffe en fente : tan- tôt on écarte l'écorce des couches ligneuses sous-jacen- tes, et l'on insinue entre elles plusieurs petits rameaux que l'on dispose circulairement •, c'est la greffe en cou- ronne : d'autres fois on perfore le tronc de l'arbre , et l'on y adapte une jeune branche que Ton y maintient fixée; cette greffe , aujourd'hui peu employée , porte le nom de greffe en vilehrequin : quelquefois on pratique la greffe par scions avec de jeunes rameaux chargés de feuilles , de fleurs , et même de jeunes fruits ; elle s'ef- fectue alors dans le plein de la première sève. Par ce procédé , il n'est pas rare , dit M. Thouin , d'obtenir des fruits d'un arbre quinze à vingt ans plus tôt qu'il n en eut donne sans son secours -, on est même parvenu, en semant un pépin à une époque déterminée , à en re- cueillir , avant la fin de l'année, des fruits parfaitement mûrs. La greffe par scions se pratique encore sans couper la tête du sujet -, on taille seulement un de ses côtés , et l'on y applique la greffe. Cette espèce , qui a pour but principal de regarnir la tête d'un arbre qui a perdu quelqu'une de ses branches , porte le nom de greffe de côte'. Enfin on doit rapporter à celte section les greffes que l'on opère avec un scion sur une racine laissée en place , ou avec une racine sur la racine d'un antre sujet. TIGE. 12Q §.3. Greffes par gemmes OU boutons. Ces gTeffes consistent à transporter sur un autre in- Greffes par dividu une plaque d'ëcorce à laquelle adhèrent un ou ^°"'°°'' plusieurs bourgeons ou gemmes. A cette section se rapportent les greffes en écusson , en flûte , en sifflet , en chalumeau , etc. Cette espèce de greffe est le plus employée , surtout pour la multiplication en gi-and des arbres fruitiers. En effet, elle est d'une exécution facile et expédi- tive. Elle se pratique, soit au printemps, lors de l'as- cension de la sève , soit à la sève d'août. La forme à donner à la greffe , et celle de l'incision , varient singulièrement , suivant le procédé d'après lequel on opère. §. 4. Greffe des parties herhacees des végétaux, ou greffe Tschoudy, ^ La découverte de cette espèce de gTeffe date d'une Greffe herbacée, époque assez récente. Il y a peu d'années qu'elle fut pratiquée pour la première fois par son inventeur , M. le baron Tschoudy. Elle peut s'eflèctuer avec les jeunes pousses herbacées des arbres dans le fort de la sève , ou a'vec des plantes annuelles. Pour que cette grefïe puisse réussir, il faut l'insérer dans l'aisselle ou dans le voisinage d'une feuille vivante du sujet. Cette feuille sert à appeler la sève dans la grefïe, et en facilite la reprise et le développement. ' Les procédés mis en usage sont à peu près les mêmes que ceux employés pom exécuter les autres espèces de greffes. Telles sont les différentes espèces de greff-es employées pour la multiplication des végétaux. Il n'entre point dans notre sujet de décrire les procédés nombreux et i"^' P,ii(ie. 100 ORGANES DE LA VEGETATION. variés mis en usage pour les pratiquer-, nous renvoyons pour cet objet aux traités d'agriculture, et particulière- ment à la Monographie que le professeur André Thouin a publiée en 1822. De la Hauteur des arhres. Hauteur des Lcs arbrcs sont , en général , d'autant plus forts et plus élevés que le sol , le climat et la situation dans lesquels Ils se trouvent, sont plus convenables à leur nature et plus favorables à leur' accroissement. Une certaine humidité ^ jointe à un degré de chaleur assez considérable , paraît être la circonstance la plus propre au développement des arbres : aussi est-ce dans les régions qui présentent ces conditions atmosphériqu.es qu'ils acquièrent la hau- teur la plus grande. Les forets de l'Amérique méridionale et de l'Inde sont peuplées en général d'arbres qui , par leur port , leur taille élevée , la beauté de leur feuillage et la variété de leurs fleurs , l'emportent de beaucoup sur ceux de nos climats tempérés. Il est certains arbres qui n'acquièrent que par une longue suite d'années une hauteur et un diamètre consi- dérables : tels sont , par exemple , le chêne , l'orme , le cèdre. D'autres , au contraire , prennent un accroissement plus rapide dans un temps beaucoup plus court : ce sont principalement ceux dont le bois est tendre tt léger, comme les peupliers, les sapins, les acacias, etc. , etc. Enfin il est certaines plantes qui se développent avec tant de rapidité , qu'on peut , en quelque sorte , suivre de l'œil les progrès de leur accroissement : Vagave americana est de ce nombre. Cette plante, que j'ai vue tapissant les rochers qui bordent la Méditerranée dans le golfe de Gênes , lorsqu'elle fleurit , développe , dans l'espace de trente à quarante jours , souvent plus rapi- dement, une hampe qui acquiert quelquefois trente TIGE. l3l pieds de hauteur. Croissant ainsi de près d'un pied par jour, ou conçoit qu'il serait en quelque façon possible que son développement successif fût perceptible aux jeux de l'observateur. En général , le plus grand accroissement en hauteur que puissent acquérir les arbres de nos forets est de cent vingt à cent trente pieds. En Amérique, les Palmiers et beaucoup d'auti'es arbres dépassent souvent cent cin- quante pieds. De la Grosseur des arbres. La grosseur des arbres n'est pas moins variée nue leur ^ • 1 . Ti i • . , triosseui- des tiauteur. 11 en est qui acquièrent quelquefois des dimen- '''^'•«• sions monstrueuses. Nous ne parlerons pas ici de ce châ- taignier si renommé du mont Etna, qui , au rapport de quelques voyageurs , avait cent soixante pieds de cir- conférence , parce qu'on s'accorde à le considérer comme composé de plusieurs troncs soudes en un seul; mais nous pouvons citer comme exemples bien avérés d'une gros- seur énorme , les baobabs {Adansonia digitata) observés buoLuLs. par Adanson aux îles du Cap-Vert , et dont quelques- uns présentaient quatre-vingt-dix pieds de circonférence. ' Le di-agonier des Canaries ( dracœna draco, L. ) , si ré- Dr.gouier. véré des Guanches, anciens habitans des îles Canaries, avait, en 1799, au rapport du célèbre de Humboldt, un stipe de quarante-cinq pieds de circonférence à sa base. En 1402 , lors de la première expédition de Eethencourt, il avait à peu près la même grosseur. On peut juger par-là de son excessive vétusté. Un jom-nal américain faisait dernièrement mention sycomore. d'un sycomore dont le tronc présentait soixante-douze pieds de circonférence. Il est creux à l'intérieur, et offre une cavité de dix-huit pieds de diamètre , dans laquelle on a pu faire entrer sept hommes à cheval. Cet énorme 9- iSa ORGANES DE LA VÉGÉTATION. végétal se trouve près du lac d'Howell , dans la Caroline du sud, sur les bords du Broed- River. La tradition porte que , pendant les guerres de l'indépendance , il a servi d'asile à plusieurs familles de réfugiés. Dans nos climats, on voit des chênes , des ormes , des tilleuls, des poiriers et des pommiers, acquérir jusqu'à vingt-cinq et trente pieds de circonférence. De la durée des arbres. Lr^s""* '^^^ "^ ^^^ arbres placés dans des terrains qui leur convien- nent, dans une situation appropriée à leur nature, sont susceptibles de vivre pendant des siècles. Ainsi, l'olivier peut exister pendant trois cents ans j le chêne environ six cents. Les cèdres du Liban paraissent en quelque sorte indestructibles. D'après des calculs fort ingénieux , Adanson estime que les baobabs , dont nous venons de parler tout à l'heure , pouvaient avoir environ six mille ans. Dans les arbres dicotylédons , ou peut connaître l'âge d'un arbre par le nombre des couches ligneuses qu'il présente sur la coupe transversale de son tronc. En effet , comme chaque année il se forme une nouvelle couche de bois, on conçoit qu'un arbre de vingt ans, par exemple , doit offrir , mais à sa base seulement , vingt zones concentriques de bois , et ainsi successivement. L'sages des tiyes et des e'corces. Usnges tics lig. s. Lc bois cst employé à tant d'usages variés dans l'éco- nomie domestique et les arts , il est tellement indispen- sable à la construction de nos bàtimens de terre et de mer , de la plupart de nos machines et de nos instru- mens , qu'il n'est aucune partie des végétaux qui puisse lui disputer à cet égard la supériorité. Beaucoup de tiges herbacées sont usitées dans la nour- riture dy rhomme et des animaux. TIGE. l53 La tige du Saccharum officinarum fournit la plus grande partie du sucre répandu dans le commerce , et qu'on nomme sucre de cannes. Beaucoup de bois sont employés dans la teinture : tels sont le santal , le bois de Campêche , le bois de Bré- sil , etc. C'est avec les écorces du chêne , et en général avec Usages des toutes celles qui renferment une grande quantité de tan- nin et d'acide gallique , que l'on tanne les cuirs. Sous le rapport des propriétés médicales , les tiges , le bois et les écorces occupent un des premiers rangs dans la thérapeutique. Qui ne sait, en effet, qu'à cette classe d'organes se rapportent les quinquinas , la cannelle , l'é- corce de Winter , le sassafras , le gayac , et tant d'au- tres médicamens qui jouissent d'une réputation si bien méritée ? Suivant leurs propriétés chimiques les plus re- marquables , on peut diviser ainsi les principales écorces et les bois employés en médecine : i*' Écorces et Bois amers. Le Simarouba {Simarouha Gui/anensis). Le Quassia (^Quassia amara). ' 2° Amers, astringens et légèrement aromatiques. L'Augusture ( Cusp aria fehrîfuga) . Le Quinquina gxis {Cinchona Condaminea. Humb. et Bocpl. PI. équinox.). Le Quinquina rouge (Cinchona ohlongifolia. jVIutis). Le Quinquina jaune (Cinchona cordijolia. Mutis). Le Quinquina orangé {CinchonalancifoUa. Mutis). Le Quinquina blanc {Cinchona ovalifoUa. Mutis). La Cascarille {Croton Cascarilla).' 3° Astringens. L'écorce de Chêne [Qvercns rohur). l34 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Le Vinaigrier [lUms coriaria). Le Marronnier d'Inde (Jiscidus Jiippocastannm). 4*^ Aromatiques. La Cannelle {Laurus Cînnamomu7n). L'écorce de Winter {Drymis Wintert). La Cannelle blanche {Cannella alhd). Le Sassafias (^Laurus Sassafras). Bois et écorce de Gayac {Guaiacitm officinale). 5*^ 7\cres. Le Garou {Daphne Mezereum). CHAPITRE III. DES BOURGEONS. Sous le nom général de bourgeons nous comprenons , 1^ les Bourgeons proprement dits , 2" le Turion , 3** le Biilhe, 4'^ le Tuhercule, 5*^ les Bulhilles , dont nous allons traiter successivement. §. 1. Des Bourgeons 'proprement dilM. Définition. Les hourgeous proprement dits (getnmœ) sont des corps de forme , de nature et d'aspect variés , géné- ralement formés d'écaillés étroitement imbriquées les unes sur les autres , et renfermant dans leur intérieur les , rudimens des tiges , des branches , des feuilles et des or- ganes de la fructification. Ils se développent toy^otiifs sur les branches , dans l'aisselle des feuilles , ou à l'extrémité des rameaux. Ils sont ovoïdes, coniques ou arrondis, composés d'écaillés superposées les unes sui les autres BOURGEONS. lÙJ et imbriquées , souvent couverts à l'extérieur , dans les arbres de nos climats, d'un enduit visqueux et rési- neux , et garnis à l'intérieur d'un tissu tomenteux et d'une sorte de bourre destinés à garantir les organes qu'ils renferment des rigueurs de la froide saison : aussi n'ob- serve-t-on poLnt d'enveloppe de cette sorte sur les arbres de la zone torride , ni sur ceux qu'on abrite dans nos serres : mais les végétaux qui en sont dépourvus ne peu- vent résister aux froids de nos hivers , et périraient im- manquablement si on les y laissait exposés. Les bourgeons commencent à paraître en été , c'est-à- Leur apparition. dire à l'époque où la végétation est dans son plus grand état de vigueur et d'activité; ils portent alors le nom à''yeux. Ils s'accroissent un peu en automne , consti- Yeux, tuent les hontons , et restent stationnaires pendant l'iii- Boulons. ver. Mais au retour du printemps , ils suivent l'impulsion générale communiquée aux autres parties de la plante -, ils se dilatent , se gonflent j leurs écailles s'écartent , et laissent sortir les organes qu'ils protégeaient : c'est alors qu'on les appelle proprement des hourgco7is. Bouigeous. Les écailles , qui constituent la partie la plus exté- Nature des rieure des bourgeons , n'ont pas toutes une même na- '^'^^'"''^• tm'e , une même origine. Le seul point commun de res- semblance qu'elles aient entre elles , c'est de n'être jamais que des organes avortés et imparfaits. Ainsi, quelquefois ce sont des feuilles , des pétioles , des stipules , qui n'ont point acquis leur entier développement , et qui cepen- dant, dans certaines circonstances , s'accroissent , se dé- ploient, et décèlent ainsi leur véritable nature. Les bourgeons sont divisés en nus et ecailleiix. Les Bouigeons nus. premiers sont ceux qui n'offrent point d'écaillés à l'ex- térieur , c'est-à-dire que toutes les parties qui les com- posent poussent et se développent. Tels sont ceux de la plupart des plantes herbacées. l56 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. On appelle , au contraire , bourgeons écailleux ceux îîourgeoDs dont la partie externe est formée d'écaillés plus ou moins nombreuses , comme on l'observe dans les arbres de nos climats. Suivant la na- Suivaut Ics OTgancs dout leuTs écailles sont formées , ture des écailles. ■■• • i i ' -n on distmgue les bourgeons ecailleux en : i*'. Foliacés ((je-tnince foliacé œ) , ceux dont les écailles ne sont que des feuilles avortées , souvent susceptibles de se développer, comme dans le bois-gentil (dapJme me- zereiwi). 2'\ Pétiolacés (^gemmœ petiolaceœ^^ quand leurs écailles sont constituées par la base persistante des pé- tioles , comme dans le noyei {Jugla?is l'cgia). 5*^. Stipidacés {^gemmoe stipulaceœ ) , lorsque ce sont les stipules qui, en se réunissant, enveloppent la jeune pousse , comme on l'observe dans le cbarme ( caipinus sylvestris^ ,\ei\A\\i\ex {lyriodendvuin tidipifera^ ^ et sur- tout certaines espèces de figuiers : par exemple , dans le ficus elastica , et d'autres encore. 4*^. Fidcracés ( genimœfidcraceœ^ , quand elles sont formées par des pétioles garnis de stipules , comme dans le prunier. Les bourgeons sont le plus souvent visibles à l'extérieur long-temps avant leur épanouissement. Il est certains ar- bres , au contraire , dans lesquels ils sont comme engagés dans la substance même du bois , et ne se montrent qu'au moment où ils commencent à se développer : tels sont les acacias ( rohiniapseudo- acacia. L. ) et beaucoup d'au- tres légumineuses. ' Dans le virgilia luiea , bel arbre de l'Amérique du nord, le bourgeon est placé dans une petite cavité close de toutes parts , qui existe dans le renflement de la base du pétiole commun , qui est persistante. Les bourgeons peuvent être simples , c'est-à-dire ne TURIOPf. 107 donner naissance qu'à un seul scion ou branche , comme dans le lilas, le chêne ^ ou bien cojnpmés, c'est-à-dire renfermant plusieurs tiges ou rameaux, comme ceux des pins. Selon les parties qu'ils renferment , on a encore distin- Suivant les gué les bourgeons en florifères ,Joliiferes et mixtes. reurllaient!'*' " i*'. Le honv^QOn Jiorifere on fructijere (^(jemmajlori- fera seufruelifera ) est celui qui renferme une ou plu- siem's fleurs sans feuilles. Il est en général assez gros, ovoïde et arrondi, comme dans les poiriers, les pom- miers, etc» 2^. Le bourgeon foliiJ*ere{^ gemma foUifera) ne ren- ferme que des feuilles \ tel est celui qui termine la tige du bois-gentil (^daphne mezereum ). 3°. Enfin, on appelle bourgeon mixte {jgem,mafoliiJlo- rifera ) celui qui contient à la fois des fleurs et des feuilles , comme dans le lilas. Les cultivatem's ne se trompent jamais sur la nature d'un bourgeon , qu'ils reconnaissent en général, dans les arbres fruitiers , d'après sa forme : ainsi , celui qui porte des fleurs est conique , gonflé ; celui qui ne porte que des feuilles, au contraire, est effilé, alongé, pointu. §. 2. Du Turion. On donne le nom de turion ( turio ) au bourgeon sou- Du Turion. terrain des plantes vivaces-, c'est lui qui, en se dévelop- pant, produit chaque année les nouvelles tiges. Ainsi, la partie de l'asperge que nous mangeons est le turion de la plante de ce nom. La différence entre le bourgeon pro- prement dit et le turion , c'est que ce dernier naît con- stamment d'une racine Advace , ou d'un rhizome •, c'est- à-dire que son origine est souterraine , tandis que l'autre naît toujours sur une partie exposée à l'air et à la lu- mière. l58 ORGAINES DE LA YÉGÉTATIOPf. §. 5. Du Bulhe K Huii.os. Le bulbe ( hiiihus ) est une sorte de bourgeon appar- tenant à certaines plantes vivaces, et particulièrement auxmonocotylëdons. J\ous avons déjà vu, en parlant des racines bulbifères, qu'il était supporté par une espèce de plateau solide , horizontal , intermédiaire à lui et à la vé- ritable racine. C'est à ce tubercule aplati que sont fixées par leur base les écailles charnues qui forment le bulbe à l'extérieur. L'intérieur renferme les rudimens de la hampe et des feuilles. Ces écailles sont d'autant plus épaisses , charnues et succulentes , qu'on les observe plus à l'inté- rieur du bulbe *, les plus extérieures , au contraire . sont sèches, minces et comme papyracées. A uini'jucs. Tantôt ces écailles sont d'une seule pièce, et s'emboî- tent les unes dans les autres , c'est-à-dire qu'une seule embrasse toute la circonférence du bulbe , comme dans l'ognon ordinaire (a//mm cepa), la jacinthe (^ae/'w^/m^ orientalis). On les nomme alors hulhesen tuniques [hulhi iumcaii ). Ecaiiieux. D'autres fois ces écailles sont plus petites, libres par leurs côtés , et ne se recouvrent qu'à la manière des tuiles d'un toit 5 on dit alors qu'elles sont embriquées : par exemple, dans le lis {lilium candidurn) . Ils constituent dans ce cas les Imlhes écaUlenoc {hiiJhisqua- mosi, imhricati ). (/ . fig. 18). Solides. ^^^.^^i^ W MVA^ Enfin quelquefois les tuniques qui constituent le bulbe sont telle- ment serrées et confondues, qu'on ne peut les distinguer, et qu'il paraît formé d'une sub- ' liulbiis, i , étant masculin en latin , cl tiré d'un mot ^Tcc BULBES. 109 stance solide et homogène. Ce bulbe porte alors le nom de solide {hulhus soUdus): par exemple, dans le safran [crocus sativiis) , le colchique (^colchiciun mitumnale) , le glaïeul (^gladiolus cormnums). Les bulbes ont en général une forme ovoïde ou globu- leuse-, quelquefois cependant ils sont plus ou moins alon- gés et comme cylindracés , ainsi qu'on l'observe dans quel- ques espèces d'ail. Dans le bananier , le bulbe est très- alongé, cylindrique et en forme de tige. Nous avons déjà dit et prouvé précédemment que le stipe des palmiers , des dracœna, yucca, etc. , était un véritable bulbe. Le bulbe est tantôt simple , c'est-à-dire formé d'un seul corps, comme celui de la tulipe , de la scille ; Ou bien il est multiple , c'est-à-dire que, sous une même enveloppe, on trouve plusieurs petits bulbes réunis, aux- quels on donne le nom de caieux', par exemple, dans l'ail {alliuni sativum^. Les bulbes , étant les bourgeons de certaines plantes vi- Leur repioduc- vaces, doivent se régénérer chaque année. Mais cette ré- génération n'a pas lieu de la même manière dans toutes les espèces. Quelquefois les nouveaux hulhes naissent au centre même des anciens , comme dansl'ognon ordinaire ( allium cepa) -, d'autres fois , de la partie latérale de leur substance , comme dans le colchique , VornitJiogalum mi- nimum, etc. j oubien les nouveaux se développent à côté des anciens , comme dans la tulipe, la jacinthe ; ou au- dessus d'eux, dans le glaïeul^ ou au-dessous, dans un grand nombre d'ixi-as, etc. A mesure qu'un bulbe pousse la tige qu'il renferme , les écailles extérieures diminuent d'épaisseur, se fanent et finissent par se dessécher entièrement. Elles paraissent ( liolSoi ) également masculin , nous avons cru devoir lui conserver le même genre en français. i4o ORGAÏNES DE LA VÉGÉTATION. donc fournir à la jeune tige une partie des matériaux né- eessaires à son développement. §. 4' Des Tuhercules. TuLercuies. Les tuhercules {tuherculd) sont des bourgeons souter- rains, ou mieux encore des tiges très-courtes et charnues, appartenant à certaines plantes vivaces. Ils sont tantôt shirples , et ne développent qu'une seule tige , comme dans les orchis ; Tantôt timltip lès , c'est-à-dire plusieurs réunis ensem- ble et comme agglomérés , dont chacun pousse une tige particulière, comme dans la saxifrage grenue ( saxi- fracfa granulata ) ; Tantôt composés, c'est-à-dire que d'un tubercule sim- ple il sort plusieurs tiges , comme dans la pomme de terre. Didymes. Lcs tuberculcs OU bulbcs solides des orchidées sont quelquefois ovoïdes , globuleux et parfaitement entiers , Fig. 19. comme dans les oreliis morio , militaris , tnascula, etc. ( Voy. fig. 19) On dit alors que la racine à laquelle ces tuJ^ercules sont joints est didynie ou testîculée. L'un de ces tubercules est plus petit , ridé et en partie flétri : c'est lui qui a donné naissance à la tige qui s'est déve- loppée j l'autre, au contraire, est ferme et plus gros , et c'est lui qui renferme dans son intérieur , ainsi que le TUBERCULES. BULBILLES. 141 montre la coupe que nous en figurons ici , le bourgeon qui doit reproduire la tige l'année suivante. D'autres fois ces tubercules sont partagés presque jus- Paini«. qu'au milieu de leur bauteur en digitations plus ou Fis. 20. Digites. BuUilile- moins nombreuses. Ils sont alors palmés , com- me, par exemple, dans ^ . Vorchis inacidata. (/ oy. fig. 20.) «, le tubercule ^ qui a produit la tige; h , le tubercule qui pro- duira une nouvelle tige ; c, le bourgeon de cette nouvelle tige-, d, d, fibres radicales*, e, base de la tige. Quand ces digitations sont très-profondes et qu'elles atteignent presque la base de chaque tubercule , on les nomme tubercules dûjiiés. {P oy. fig. 20.) Le satyrium alhidum nous en offre un exemple. Ç. 5. DesBidhiUes. On nomme hulbilles {hidbilU^ des espèces de petits bourgeons solides ou écailleux , naissant sur différentes parties de la plante, et qui peuvent avoir une végétation à part , c'est-à-dire que, détachés de la plante-mère, ils se développent et produisent un végétal parfaitement Leur position, analogue à celui dont ils tirent leur origine. Les plantes qui offrent de semblables bourgeons portent le nom de tnvipares {jplantœ vivijjarœ). Ils existent ou bien dans l'aisselle des feuilles , comme ceux du lis bulbifère (liliuin hulbiferuni) : dans ce cas , ils sont dits axillaires^ ^ D'autres fois ils se développent à la place des fleurs , comme dans Vornithogalmn viviparuni , VaUiuin cari- natmn, etc. l4"2 ORGAÎNES DE LA VÉGÉTATIOIV. Oh a dit aussi que les bulbilles pouvaient (^elquefois se développer dans l'intérieur du péricarpe et occuper la place des graines. Mais nous avons fait voir ( Ann. des Sciences nat., 1824 ) que ces prétendus bulbilles ne sont autre chose que les véritables graines , qui ont acquis , souvent aux dépens du péricarpe lui-même, un dévelop- pement extraordinaire. Mais leur organisation intérieure reste absolument la ni'éme que celle des véritables sporuies des S^aines. '-*' crypioganies. L^ uaturc dcs hulhUles est semblable à celle des bulbes proprement dits -, tantôt ils sont écaiUeux , comme dans le liliu^n bulhijerum ; tantôt solides et compactes. On doit regarder comme des espèces de bulbilles les petits corps qui se développent dans différentes parties des plantes acjmnes , telles que les Fougères , les Lycopodia- cées , les Mousses , les Lichens , etc. , et que l'on a nommés des graines. Quoique ces corps, que nous nom- mons sporuies , soient susceptibles de reproduire une plante analogue à celle dont ils se sont détachés, on ne peut les confondre avec les véritables graines. En effet, le caractère essentiel de la graine est de renfermer un em- bryon, c'est-à-dire un corps complexe de sa nature, composé d'une radicule ou rudiment des racines , d'une gemmule ou germe de la tige et des feuilles, et d'un corps cotylédonaire. Par l'acte de la germination, l'em- bryon proprement dit ne fait que développer les parties qui existaient déjà en lui toutes formées. Ce n'est pas la germination qui leur donne naissance j elle ne fait que les mettre dans une circonstance propre à leur accroisse- ment. Dans les bulJ^illes , au contraire , et surtout dans les sporuies des agames , il n'y a pas d'embryon. Il n'y existe nulle trace de radicule , de cotylédons et de geni- Usages cU-s mulc. C'est la germination qui crée ces parties. Ce ne sont donc pas de véritables grames. FEUILLES. 143 Usages des Bourgeons , des Bvfbes , etc. Plusieurs bourgeons sont employés dans l'économie domestique comme alimens,: tels sont , par exemple , les turions de l'asperge et de plusieurs autrea plantes de la même famille. Tout le monde connaît l'emploi journalier que l'on fait des différentes espèces du genre alliiitn, telles que l'ognon commun {aUmm cejya), l'ail {alliuin satl- rnm) , le poireau {(lUium jjorrum) , Féchalotte {alliuin asGjfdonicutii) , etc. La thérapeutique emploie aussi les bourgeons ou bulbes de quelques végétaux. Ainsi c'est avec les botirgeons de la sapinette (pinus picea) , infusés dans la bière , que se prépare la bière-sapinette. Les squames du bulbe de la scille (scilla maritima) sont un puissant diurétique. On l'emploie également comme excitant de l'organe pulmo- naire. L'ail, comme on sait, est un excellent anthelmin- tique. Le colchique est diurétique , etc. C'est avec les tubercules de certaines espèces d'orchis , lavés , blanchis à l'eau bouillante , puis sécliés , que l'on prépare le salep. CHAPITIIE IV. DES FEUILLES ^. AvAKT leur entier développement, les feuilles sont toujours renfermées dans des bourgeons. Elles y sont di- versement arrangées les unes à l'égard des autres , mais toujours de la même manière, dans toutes les plantes de la même espace , souvent du même genre , quelquefois même de toute une famille naturelle. Cette disposition des feuilles dans le bourgeon a reçu lenomàepre^oliat^i. On peut souvent en tirer de fort ' Folia , lat.; fu"//», gj-. Feuilles. Piéfolialion. l44 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. bons caractères pour la coordination des genres en familles » naturelles. Les modifications principales des feuilles ainsi disposées sont les suivantes : 1^ Elles ^euyent être pliees en longueur, moitié sur moitié , c'est-à-dire que leur partie latérale gauche est appliquée sur la droite , de manière que leurs bords se correspondent parfaitement de chaque côté, comme dans le sjïm^a. (^phi/ade/phus coT'onarius). 2^ Elles peuvent être plie'es de haut en has , plusWurs fois sur elles-mêmes , comme dans l'aconit ( ylconitmn najJelIus). 5^ Elles ^enyeni être plùse'es , snirant lemc longueur , de manière à imiter les plis d'un éventail , comme celle des groseillers , du poirier , etc. 4" Les feuilles peuvent être roulées sur elles-mêmes en forme de spirale, comme dans certains figuiers, dans l'a- bricotier , etc. 5*^ Leurs bords peuvent être roulés en dehors ou en dessus : telles sont celles du romarin. 6'^ D'autres fois ils sont roulés en dedans ou en dessus, comme celles du peuplier, du poirier, etc. 7" Enfin les feuilles peuvent être roulées en crosse ou en volute : c'est ce qui a lieu , par exemple , dans toutes les plantes de la famille des Fougères. Etudions maintenant les feuilles quand^elles se sont dé- veloppées. Définition. Lcs Feuilles sout dcs orgaucs Ordinairement membra- neux , planes, verdâtres, horizontaux , naissant sur la tige et les rameaux, ou partant immédiatement du collet de la racine. Par les pores nombreux qu'elles présentent à leurs surfaces, les feuilles servent à l'absorption et à l'exhalation des gaz propres ou devenus inutiles à la nu- trition du végétal. FEUILLES. 145 Les feuilles semblent formées par l'épanouissement d'un faisceau de fibres provenant de la tige. Ces fibres, * qui sont des vaisseaux, en se ramifiant diversement, constituent une sorte de réseau , qui représente en quelque manière le squelette de la feuille , et dont les mailles sont remplies par un tissu cellulaire plus ou moins abondant, qui tire son origine de l'enveloppe herbacée de la tige. Lorsque le faisceau de fibres caulinaires , qui , par son épam)uissement , doit constituer la feuille , se divise et se ramifie aussitôt qu'il se sépare de la tige, la feuille lui est alors attachée sans le secours d'aucun support particulier, et est désignée sous le nom de feuille sessile {Jolium sessile), comme dans le pavot. Si , au contraire , ce faisceau se prolonge avant de pjiioie, s'étendre en membrane, il forme alors une espèce de pédicelle, nommé communément queue de la feuille, et auquel on donne, en botanique, le nom de pétiole (petiohis). Dans ce cas, la feuille est àite pe'tiolée Ç/b- lium petiolafufn ) : par exemple , dans le tilleul , le tu- lipier, le marronnier d'Inde, etc. Cette disposition étant la plus générale , on peut con- LimLe. sidérer la feuille comme formée de deux parties , savoir, le pétiole et le disque ou limbe, c'est-à-dire cette partie, lé plus souvent plane et verdâtre , qui constitue la feuille proprement dite. De même que le pétiole manque dans un grand nombre phviiodc. de feuilles , de même aussi le limbe lui-même avorte , et la feuille ne se compose alors que du pétiole , qui sou- vent se dilate et prend la forme et les caractères d'une feuille sessile. C'est ce que l'on observe, par exemple, dans toutes les espèces d'acacia à feuilles simples de la Nouvelle-Hollande ; il est même probable que , dans It s 1" Partie. lO 1^6 ORGA>ES DE LA VÉGÉTATION. buplevruniy les feuilles ne sont que des pétioles. On leur a donné le nom de jt^^y^^^des. Faces. On distingue à la feuille une face supérieure ordinai- rement plus lisse, plus verte, couverte d'un épiderme plus adhérent, et offrant moins de pores corticaux; une face injérieure , d'une couleur moins foncée , souvent couverte de poils ou de duvet , dont l'épiderme est plus lâchement uni *4a couche herbacée , présentant un grand nombre de petites ouvertures nommées 5?oma/^5 ou pores corticaux. Aussi est-ce surtout par leur face inféi||èure que les feuilles absorbent les fluides qui s'exhalent de la terre, ou qui sont répandus et mêlés dans l'atmosphère. On distingue aussi dans la feuille : sa hase , ou la partie par laquelle elle s'attache à la tige; son somme/, ou le point opposé à la base*, sa circonférence ^ ou la ligne qui détermine extérieurement sa surface. Nervures. ^^ ^"^^^ inférieure de la feuille est encore remarquable par un grand nombre de prolongemens saillans disposés en divers sens, qui ne sont que des divisions à\x péliole , et qu'on appelle nerimrcs (^nerin). Parmi les nervures, il en est une qui offre une dispo- sition presque constante. Elle fait suite au pétiole, offre ordinairement une direction longitudinale, et divise la feuille en deux parties latérales assez souvent égales entre elles. Elle a reçu le nom de côte ou nervure Tnédiane. C'est de sa base et de ses parties latérales que partent en différens sens , et en s'anastomosant entre elles , les autres nervures. Suivant leur épaisseur et la saillie qu'elles forment à la face inférieure de la feuille , les nervures prennent différens noms. Elles conservent celui de nervures pro- prement dites i^nervi) quand elles sont saillantes et très- Yeines. prononcées ^ on les appelle î?e/yes (foliapelliner- îu'aj^par exemple, dans l'écueUe d'eau {liydrocotyh viilifaris ). Toutes les autres dispositions que les nervures des feuilles sont susceptibles d'offrir peuvent se rapporter à quelqu'un des types principaux que nous venons d'éta- blir, ou n'en sont que de légères modifications. Mudes (Vatta- Une fcuille , sessile ou pétiolée , peut être fixée de tu ifre/*""'""* différentes manières à la tige ou aux branches qui la sup- portent. Quelquefois elle y est simplement articulée^ c'est-à-dire qu'elle ne fait pas immédiatement corps avec elles par toute sa base , mais y est simplement fixée par une sorte de rétrécissement ou d'articulation , comme dans le platane , le marronnier d'Inde. Ces feuilles sont alors caduques, et tombent de très-bonne heure. D'autres fois la feuille est tellement unie à la tige, qu'elle ne peut s'en séparer sans déchirure. Dans ce cas, ces feuilles persistent aussi long-temps que les branches qui les supportent, comme dans le lierre , etc. La manière dont les feuilles sessiles sont attachées à la tige mérite également d'être étudiée. Ainsi , quelquefois la nervure médiane s'élargit , et FEUILLES. \^Q embrasse la tige dans environ la moitié de sa circon- férence. Les feuilles sont alors appelées semi-mnplexî- eaules (folia semi-amplexieaulia^. On dit au contraire de la feuille qu'elle est amplexi- caule ( foliani amplexncaule ) quand elle embrasse la tige dans toute sa circonférence : par exemple , dans le salsifis sauvage ( Tragopogon pralense) , le pavot blanc ( Papaver somniferum) , etc. Souvent encore la base de la feuille se prolonge en formant une gaine qui circonscrit entièrement la tige et l'enveloppe dans une certaine longueur. Dans ce cas, ces feuilles sont nommées etKjainantes (^ folia vagtnantia) , comme dans les Graminées, les Cypéracées, etc. Cette gaine peut être regardée comme un pétiole très-élargi , dont les deux bords se sont quelquefois soudés pour for- mer une espèce de tube. Le point de réunion du limbe de la feuille et de la gaine a reçu le nom de collet. Tantôt il est nu , tantôt garni de poils , comme dans le Poa pilosa , ou d'un petit appendice membraneux nommé ligule ou collure : c'est ce que l'on observe principale- ment dans les Graminées. La forme de la ligule est très- variée dans les difterentes espèces , et fort souvent elle est employée comme un bon caractère spécifique. La gaine est ordinairement entière; d'autres fois elle est Jendne longitudinalement : ce caractère distingue , à très-peu d'exceptions près , la famille des Graminées de celle des Cypéracées -, les premières ayant , en général , la gaine fendue , tandis qu'elle est entière dans les Cypé- racées. Quelquefois le limbe de la feuille , au lieu de se ter- miner à son point d'origine sur la tige , se prolonge plus ou moins bas sur cet organe , où il forme des espèces d'ailes membraneuses. Dans ce cas, les feuilles sont dites decurrentes {^folia decurrentia) , et la tige est appelée i5o ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Fie Fil. Z2. ailée (eaulù alatns), comme dans le bouillon-blanc ( Ferhascum Thajhsus ) , la grande consoude ( Sym- phytum officinale), etc. On nomme feuille perjoliée [Jo- liuin j)erfoliatum) (fig. 21) celle dont le disque est en quelque sorte traversé par la tige , comme dans le Bitpleurum rolundifolium, etc. On a donné le nom de feuilles connées ou coiijoînfes {folia connata, coadnata) (fig. 22) aux feuilles opposées qui se réunissent ensemble par leur base , de manière que la tige passe au milieu de leurs limbes soudés. Telles sontlesfeuilles supérieures du chèvrefeuille {Lonicera cwprifolhmi) , celles du chardon à foulon [Dipsacus fullonum) , de la sapo- naire (^Sajjonaria offichialis.) Division des On appelle feuille simple [folium simplex) celle dont pTes et compo- Ic pétioU u'offrc aucunc division sensible , et dont le ""• limhe est formé d'une seule et même pièce : par exemple , le lilas, le tilleul, l'orme, etc. La feuille coinposée, au contraire [foUum composi- tum) , résulte de l'assemblage d'un nombre plus ou moins considérable de petites feuilles isolées et distinctes les unes des autres , qu'on Si^^eWe folioles , toutes fixées ou réu- nies sur les parties latérales , ou au sommet d'un pétiole commun, qui, dans le premier cas, porte le nom de rachis. Chaque Joliole peut être sessile sur le rachis, c'est-à-dire attachée par la base seulement de sa ner- vure moyenne -, ou bien elle peut être portée sur un petit pétiole particulier, qui prend le nom de i^étiolule : telles sont les feuilles de l'acacia, du marronnier d'Inde , etc. FEUILLES. ibl On distingue les feuilles composées en articulées et en non articulées. Les premières sont celles dont lesyô- lioles sont fixées au pétiole commun , au moyen d'une sorte d'articulation susceptible de mobilité , comme on l'observe dans l'acacia , les casses , et en général dans la plupart des plantes de la famille de Légumineuses. Ce sont les seules dans lesquelles ait lieu le phénomène que LiiNN^us désigne sous le nom de sommeil des feuilles, les autres , qui sont privées d'articulations , ne le pré- sentant pas. Entre la feuille sirnple et la feuille composée il existe Feuilles dé- une série de modifications qui servent en quelque sorte ««"P^"- à établir le passage insensible de l'une à l'autre. Ainsi, il y a d'abord des feuilles dentées ^ d'autres qui sont di- visées, jusqu'à la moitié de leur profondeur en lobes dis- tincts-, d'autres enfin dontles incisi ons parviennent presque jusqu'à la nervure inédiane , et simulent ainsi une feuille composée. Mais il sera toujours facile de les bien dis- tinguer de la feuille vraiment composée , en remarquant que dans celle-ci on povirra détacher chacune des pièces dont elle est formée sans endommager aucunement les autres ; tandis que dans une feuille simple , quelque pro- fondément divisée qu'elle soit , la partie foliacée , ou le limhe de chaque division , se continue à sa base avec les divisions voisines , en sorte qu'on ne peut en séparer une sans déchirer les deux autres , entre lesquelles elle se trouve placée ^. Toutes lesjeuilles d'une plante ne présentent pas tou- Toutes ks jours une figure parfaitement semblable. Il y a même à plante n'ont pas la même figi\ie. * On peut encore reconnaître une feuille composée en ce que chacune de ses folioles a une base rétrécie, et ne s'attache au rachis que par sa nervure moyenne ou le pétiole qui le continue; tandis qu'une feuille simple , même profondément divisée, s'y attache tou- jours par une portion plus ou moins large de sa partie foliacée. 102 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. cet dgard , dans certains végétaux , une différence des plus marquées. Ainsi , tout le inonde a du observer que le lierre (^Iledera hélix) le mûrier à papier , etc. , offrent des feuilles entières , et d'autres qui sont profondément lobées. En général , les plantes qui ont des feuilles partant immédiatement de la racine , et d'autres naissant des dif- férens points de la tige , les ont rarement semblables. La valériane phu a \esjeuilles radicales découpées latérale- ment , tandis que les feuilles de sa tige sont entières. Les feuilles varient encore suivant le milieu dans le- quel elles végètent. Les plantes aquatiques ont ordinai- rement deux espèces de feuilles-, les unes nageant à la surface de l'eau , ou un peu élevées au-dessus de son ni- veau ; les autres , au contraire , constamment plongées dans ce liquide. Ainsi , par exemple , la renoncule aqua- tique {^Ranunculus aquafilis) a des feuilles lobées qui surnagent , et des feuilles divisées en lanières extrême- ment étroites et très-nombreuses , plongées dans l'eau. Il en est de même d'un grand nombre d'autres plantes analogues. Nous allons considérer maintenant les nombreuses modifications àejbrnie , de direction, de nature , etc. , que peuvent présenter la feuille simple et la feuille com- posée. ^s!^' ''"■ §. 1 . i?e la feuille simple. A. Relativement au lieu d'où elles naissent, les feuilles sont : naissent Lieu a'où elles i'^* Séminales {Jblia seminalia ), quand elles sont for- mées par le développement du corps cotylédonaire. D'a- près cela , on voit qu'il peut en exister une ou deux , très-rarement un plus grand nombre. 2°. Primordiales {/ol. primordialia) : ce sont les pre- mières qui se développent après les feuilles séminales.. FEUILLES. l53 Elles sont formées par les deux folioles extérieures de la genimule. "5° .Radicales {JoL radicalia), celles qui naissent im- médiatement du collet de la racine, comme dans le plan- tain (Plant ago major) , le pissenlit ( Taraxacmn dens leoiiis) , etc. ^ .Caulinaîres {fol. eaulinarîd), celles qui sont fixées sur la tige. 5°. Ramaîres {fol. rameaUa, ramea) , quand elles naissent sur les rameaux. 6°. Florales {fol.floralia ) , celles qui accompagnent les fleurs et sont placées à leur base , mais qui n ont pas changé de forme ni de nature , comme dans le chèvre- feuille. Quand les feuilles florales difti^reut beaucoup des autres feuilles , elles portent alors le nom de bradées. Nous parlerons bientôt des bractées , en traitant des or- ganes floraux. B. Suivant leur disposition sur la tige ou les rameaux , Disposition. elles sont : i'\Opposées {fol. opposita), disposées une à une à la même hauteur sur deux points diamétralement oppo- sés de la tige , comme dans la sauge {Salvia officinal is), et toutes les Labiées , la véronique ( Feronica officina- lis), etc. On dit des feuilles qu'elles sont opposées en croix- {cruciatim opposita, s. decussata ), quand les paires de feuilles superposées se croisent de manière à former des angles droits , comme dans l'épurge ( Euphorbia lathy- ris ) . 2°. VeriicilUes {fol. verticillata), lorsqu'elles naissent plus de deux à la même hiiuteur , autour de la tige , ou suivies rameaux , comme dans le laurier-rose ( Neriuni oleander), la garance {Puibia tinctorum), etc. l54 OUGAWES «E lA VI;GÉTAT10IC. Suivant le nombre des feuilles qui forment chaque verticille^ on dit qu'elles sont: Ternées {Jbl. terna^, quand le verticille est formé de trois feuilles , comme dans la verveine à odeur de citron ( Verhena tripliylla ) , le laurier-rose , etc. Quaiernées {JoL quaterna ), quand le verticille est composé de quatre feuilles : par exemple , dans la croi- sette {Valantia, cruciata). Quinées ijol. quina), verticille de cinq feuilles: plu- sieurs caille-laits , le Myi'ioj)hyUu7n verticïllalum. Senées {fol. sena), verticille de six feuilles, comme dans le Galiiim uliginosum. Octonées (/bl. octona), verticille de huit feuilles: par exemple , celle de l'aspérule odorante ( j4sperula odo- rata). 3°. Alternes {fol. alterna\ naissant , seule à seule , en échelons et à des distances à peu près égales, sur dif- férens points de la tige , comme dans le tilleul ( Tilia europœa ). 4°. Ejjarses (^fol. sparsa)^ quand elles n'affectent au- cune disposition régulière , et qu'elles sont en quelque sorte dispersées sans ordre sur la tige , comme dans la linaire {Linaria viilgai'is)^ etc. Il ne faut pas croire cependant que, comme semble l'indiquer le nom d'eparses, les feuilles ainsi disposées n'offrent aucune régularité dans leur position. Grew, et plusieurs autres botanistes très-anciens, mais surtout Bonnet , avaient déjà fait remarquer que les feuilles al- ternes ou éparses n'étaient que des feuilles disposées en spirale autour de la tige , de telle sorte que dans le plus grand nombre des cas , en suivant les feuilles superpo- sées sur une tige , on voit que la cinquième correspond à la première , la sixième à la seconde, et ainsi de suite. D'où il résulte que chaque spirale se compose de cinq FEUILLES. loi) feuilles. On leur a aussi donné , à cette disposition qui- naire des feuilles qui est la plus fréquente , le nom de feuilles en quinconce. Quelquefois cependant les feuilles sont disposées de telle sorte que la troisième se trouve naître au-dessus de la première , la quatrième au-dessus de la seconde. Dans ce cas, les feuilles sont régulièrement disposées de chaque côté de la tige , et on les novûmejèuilles distiques, comme dans l'orme. Il arrive au contraire que dans d'autres végétaux la spirale se compose d'un nombre plus considérable de feuilles. Ainsi , quelquefois , chaque spirale exige six , sept , huit , et même un bien plus grand nombre de feuilles pour être complétée. Nous devons également faire remarquer que dans cer- tains végétaux plusieurs spirales marchent parallèle- ment les unes à côté des autres , comme dans le Pan- danus , par exemple, qui en offre trois. Cette disposition spirale des feuilles sur la tige paraît avoir pour objet de permettre que toutes les feuilles soient exposées à l'action directe de la lumière solaire, qui exerce , comme on sait , une action si grande dans les phénomènes de la nutrition. 5°. Géminées {fol. geniina ), naissant deux à deux , l'une à côté de l'autre , du même point de la tige. Les feuilles supérieures de la belladone {^Atro'pa Belladona), de l'alkekenge {^Phy salis Alkekengi). 6°. Distiques (fol. disficha), disposées sur deux rangs opposés l'un à l'autre , comme dans l'orme. 7°. Lnilaterales [fol. unilaferalia) , quand elles sont tournées toutes d'un seul et même côté -, par exemple , le Convallaria mulliflora , etc. 8°. Ecartées [fol. reynota), quand elles sont très-éloi- gnées les unes des autres. l56 ORGAMLS DE LA VÉGÉTATION. 9°. Rapprochées {fol. approjcimata, conferta) , nais- sant à une très-petite distance les unes des autres. ( Ces deux expressions ne s'emploient jamais isolé- ment ; elles servent toujours à exprimer une comparaison avec d'autres espèces connues. ) 10°. Inihriquées {Jol. inilricatd), quand elles se re- couvrent en partie , à la manière des tuiles d'un toit , comme dans certaines espèces d'aloès , les Thuya, etc. On dit des feuilles imbriquées qu'elles sont hisériées , quand elles sont disposées sar deux lignes longitudi- nales. Trîsériées {fol. triseriata ) , disposées sur trois ran- gées longitudinales. Quadrisériées {fol. quadriseriafa ) , fomiant quatre séries longitudinales-, telles sont celles du thuya. Enfin on dit qu'elles sont imbriquées de tous cotés , quand elles n'offrent aucun ordre régulier. 11°. Fasciculées {fol. fasciciilata^j, naissant plus de deux ensemble du même point de la tige , comme dans le cerisier {Cerasus com.iminis). le mélèse {Larix vulga- ris), l'épine-vinette {Berberis vulgaris), etc. 12°. Couronnantes {fol. coronantia , ferminantia ) , réunies en forme de bouquet, au sommet de la tige , comme dans les Palmiers , le papayer (rar/ea Papayd). l'y. Rosélées ou en rosette {fol. rosulaia), alternes et rapprochées en forme de rosace, comme dans la jou- barbe {Sempervivum teciorutn), le pissenlit, etc. Diiectiou. C. Quant à leur direction relativement à la tige , les feuilles sont: 1^. Dressées {fol. erecta) , formant un angle très-aigu avec la partie supérieure de la tige , comme dans la mas- sette {Typhalutifolia^. FEUILLES. iSr 2^^. opprimées (fol. adprcssa) , quand le limbe de la feuille est appliqué contre la tige. 5'^. Elalées ou ouvertes [palenlia), quand elles forment avec la tige un angle presque droit, comme dans le lierre terrestre ( Glecïio?na hederacea) , l'androsème {Hyperi- cuni androsœinuni) , etc. 4". Infiécliies (fol. injlexa), quand elles sont fléchies en dedans , comme celles de plusieurs Malvacées. 5*^. Involute es [fol. znvointa), lorsqu'elles sont roulées en crosse : telles sont celles des Fougères. 6*^. Réfléchies {fol. reflexa) ^ celles qui sont rabattues Ijrusquement en dehors, comme dans VInula pulicaria, le Dracœna refiexa , etc. 7^. Révolutées (fol. revoluta) , roulées en dehors. 8". Pendantes (fol. pendentia) , celles qui s'abaissent presque perpendiculairement vers la terre , comme dans le liseron des haies (Convolvulus sephim) , le daphné lauréole ( Daphne laureola ) . 9*^. Inverses (fol. inversa), quand le pétiole se tord de manière que la face inférieure devient supérieure, comme dans le Pharus. lo". Ilumfuses (fol. humfusa) , quand elles sont ra- dicales , molles et étalées sur la terre , comme dans la pâquerette (B ellis perennis) . 1 1*^. Nageantes (fol. 7iatant{a),se soutenant sur l'eau, le nénuphar (Nytnjihœa alba). 12*^. Submergées (fol. snbmersa, demersa) , cachées sous l'eau: celles de V Hottonia palustris. iS'^. Emergées (fol. emersa), quand leur point d'at- tache est sous l'eau , et que leur pétiole les élève au-des- sus du liquide , comme celles du plantain d'eau (J Usina Plantago) , de la sagittaire (Sagittaria sagittafolia). i58 ORGANES I)E LA VÉGÉTATION, Figures. D. Circonscriplion ou figure. i". Orbiculées {fol. orhiculoJa^^ cdlcs dont la cir- conférence approche de la figure d'un cercle, comme récuelle d'eau [Jfj/drocolylc vulrjaris ). 2". Ovales^ {f^^- ovalia), (fi;;.23) alongées, arrondies aux deux extrémités, l'extrémité inférieure étant plus Fig. 23. Fig. 4. Fig. ■>!>. large: exemples, l'aunée {/nula hcleniiitn) , le mouron des oiseaux {Ahinc média), la grande pervenche (A m- finissant inscnsibloment en pointe vers le sommet: Planlnijo Imtccolata , le laurier-rose ( Neriuin ,y. oleander),\e ])GcheT {-^mi/gdalus persica). 7°. Linéaires {fol. Imearia)., lancéolées, mais étroites et ajoutées : la plupart des Graminées. 8°. Jîuhanaires ou en ruhan {fol. faseîaria, graminea), un peu plus larges que les précédentes , mais bien plus alongées : la Falisneria spiralis, le Typha lalifolia. 9". Snhulées ou en alêne {fol. suhulata)., très-étroites à leur base , et rétrécies- insensiblement en une pointe aiguë au sommet: le genévrier (./wm/^en/^ communis). lo". Acîculées et sélacées {Jol. acicularîa , se/acea) , alongées, roides et aiguës, ayant quelque ressemblance avec des aiguilles ou des soies de cochon : par exemple , celles de W/sparagns acuffolius, des pins , etc. 11". Capillaires {fol. capillaria), déliées et flexibles comme des cheveux : celles de l'asperge {Asparagus offi- cinaiis^ , etc. 12°. Filiformes {fol. filformia),m\nc,es, grêles, très- ^^I^'^' *^^^^^^^ comme un fil: exemple, la renoncule aquatique {lianunculus aqiiatilis). la". Spalulées ou en forme de spatule' {fol. spatulata), (fig. 27) minces, étroites à la base, larges et arrondies à leur sommet : la paque re t te ( Bellis p) crenn is ) . 14°. Cunéaires, ayant la figure d'un coin {fol. cuneata)^ (fig. 28) très -étroites à la base, Fig. 28. s'élargissant jusqu'au sommet, qui est comme tronqué : exemple , le Saxifraga iriden- tata,etc. 15" Paraholiqucs{fol.paraholica), oblon- gues , arrondies du haut , et comme tronquées du bas. i6o ORGANES DE LA VÉGÉTATIOIV. 16*^. Falquées [fol.Jalcata)^ ou enfer de faux : Bu- pleuruni/alca/um, etc. 17". Inéquilaières {fol. inœquilatera^ , quand la ner- vure médiane partage la feuille en deux moitiés iné- gales : par exemple , dans le tilleul , le Bégonia obliqua , le séné, etc. Base. E. Les fcuiUcs peuvent être diversement éch ancrées à leur base; ce qui leur donne des figures variées. Ainsi, on dit qu'elles sont : 1°. Cordées, ou en cœur, ou cordif ormes {fol. cordât a, Fig- 29 cordif ormia), (fig. 29) quand elles sont échan- crées à leur base , de manière à représenter \ deux lobes arrondis , et qu'elles se terminent \ supérieurement en s'amincissant, comme dans le Tanius communis , le nénupliar {Nym- I phœa alba ) , etc. Les feuilles cordiformes peuvent être en même temps obliques ou inequilatères {obli- qué cordaia) , comme dans le tilleul , etc. Fig. 3o. 1^ . Re'naires ou rénif ormes ., en forme de rein {fol. reniformia ) , (fig. 3o) quand elles sont beaucoup plus larges que hautes , et sont ar- rondies au sommet , et échancrées en cœur à la base : par exemple , l'asaret ( Asarum, europœum ) le lierre terrestre ( Glechoma hede- racea). 3". LunuUes ou en croissaiU {fol. lunata ), arrondies et divisées à leur base en deux lobes étroits. 4°, Sagittées ou enfer defllche {fol. sagittatd), quand FEUILLES. 161 elles sont aiguës, et que leur base est prolongée en deux Fig- 3i. lobes pointus , peu divergens t exemple , la sagittaire {Sagittaria sagiUœfoUa ) . (^'oy. fig. 3 1 . ) 5^. Hastées {fol. hastala) , à base prolongée en deux lobes ai- gus, très-écartés et rejetés en de- hors , comme dans VArum macu- latum, etc. F. Les feuilles peuvent être Sommet, terminées de diverses manières à leur soînmet. De là elles prennent les noms de : 1^. Aiguës {fol. aeuta) , quand elles s'amincissent in- sensiblement en pointe à leur sommet , comme celles du laurier -rose. 2^. Piquantes {fol. pungentia) , terminées par une pointe roide , comme dans le landier ( Ule^e Eiiropœus)^ le petit houx {Ruscus aculeatus). 3". Acuniînées {fol. acuminata) , quand, vers le sommet, leurs deux bords changent de direction, et se prolongent en se rapprochant , comme dans le coudrier ( Corylus Avellana) , le cornouiller ( Cornus mascula). 4°. Mucronées {fol. rnucronata) , surmontées d'une petite pointe grêle et isolée, qui ne paraît pas faire suite au sommet de la feuille : dans la joubarbe des toits { Setnpervivum tectorum). 5°. Uncifiees {fol. uncinata ) , terminées par une pointe recourbée en crochet. 6°. Obtuses {fol. obtusa) , terme général mis en op- position à celui de feuilles aiguës : comme celles du Nymphœa alba, etc. y^. Echancrées {fol. emarginata ) , oiirant à leur l" Partie. n 162 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. sommet un sinus rentrant en forme de crénelure, comme le buis ÇBmxus setnpervirens) , l'azaret (^zarwm eu- ropœum). 8°. Rétuses {Jol. relus a) , offrant un sinus peu pro- fond , comme la busserole {^F accinium vîtis idœa). 9". Obcordées {Jol. ohcordata ^) , en cœur renversé : les folioles de l'alléluia {^Oxalis acetoseUa), 10°. Bifides {Jol. apice bijïda) , fendues au sommet en deux lanières aiguës , peu profondes. 11°. Bilohées {JoL ajyice hihba) , quand les deux divisions sont séparées par un sinus obtus. 12°. Bipartites {Jol. apicc hiparlila) , quand les deux divisions sont très-profondes et aiguës. Coniour. G. Les feuiUcs peuvent offrir, dans leur contour, des angles plus ou moins nombreux , plus ou moins marqués , ce qui leur donne des figures parti- culières j ainsi on les appelle : 1°. lihomho'ulales {fol. rjiojnhoidea) {Voy. fig. 02.), quand elles présentent quatre angles , dont deux opposés plus aigus : exemple , Caitn- panula rhomboidalis , etc. 2°. Deltoïdes {fol, deltoidea') quand elles ont la figure d'un rhomboïde , dont l'angle in- férieur est très-court , en sorte qu'elles paraissent comme triangulaires , ou approchant de la forme du delta des Grecs : exemple , le Mesemh'yanthetnu^n deltoïdes. 3°. Trapézoïdes {fol. trapezoidea) , ayant la figure d'un trapèze, c'est-à-dire d'un quadrilatère dont les ' Obcordata. Ce mot est employé par abréviation poqr obrersè corda ia. FEUILLES. l63 quatre côtes sont inégaux : par exemple , plusieurs Fou- Fig. 33. gères, Âdianihum trapezifbrnie , le peu- ^y^^l plier noir {J'oy. fig. 33). 4°. Tînanguîces {fol. Iriangulata ) , offrant trois angles saillans . 5°. Quadrangulees {Jol. quadran- gulaia ) . H. Les feuilles simples , conime nous Peuiiies sim- ., 1- . t r 1 . A. n' • pltfs incisées. lavons dit précédemment, peuvent olirir des incisions plus ou moins profondes, sans pour cela devoir être considérées comme composées. Ainsi elles peuvent être : i". Trîjïdes {fol. trifida) , 2°. Quadrifides {fol. guadrifida) , 5°. Quînquéfides {fol. quinquefida) , 4°. Se.rjides {fol. sexjidfi) , 5°. Midtijîdes {fol. multifida) , quand elles présentent trois , quatre , cinq , six ou un plus grand nombre de divisions étroites et peu profondes. 6°. Trilobées {fol. frilobata) , r°. Qiiadrilohées {fol. quadrilohala^ , 8". Quinquélohées {fol. quinquehhaia) , g". Multilohées {fol. mulfilobafa^, lorsque les divisions sont plus larges , et séparées par des sinus obtus. 10°. Tripartites {fol. tripariita) , 11°. (Quadripartites {fol. quadripartita) , 12°. Quinquépartites {fol. quinquepartita) , i5°. MuUipartites {fol. mul/ipartita) , si les incisions sont assez profondes pour arriver jusqu'aux deux tiers au moins du litnbe de la feuille. l64 ORGANES DE LA VÉCIÉTATION. i4'^. Lacîniées {Jol. laciniata ) , celles dont les divi- sions sont profondes et manifestement inégales , comme dans beaucoup de Synanthérées. {Voy. fig. 34-) i5". Palmées {foL palmata), quand toutes les nervu- res, partant en rayonnant du sommet du pétiole , se di- Fig. 35. Fiso 36. rigent chacune vers le milieu des divisions, comme dans le ricin (^Ricinus communis). {Voy. lig. 35.) 16*^. AuricuUes {Jol, auriculatd), offrant à leur base deux petits appendices qu'on nomme oreillettes, comme dans la sauge officinale {Salvia officinalis), la scrofu- laire aquatique {Scrophularia aquatica) , etc. 17°. Pandurées ou Panduriformes {Jol. pandurataj panduri/brmia) , approchant de la figure d'un violon, c'est-à-dire alongées , arrondies aux deux extrémités , et présentant deux sinus latéraux rentrans : par exem- ple, dans le Convolvulus panduratus , le Rumex pul- cher, etc. 18°. Sinuées {Jol. sinuata) , quand elles présentent une ou plusieurs échancrures arrondies, ou sinus en nom- bre déterminé. 19". Sinueuses {Jol.sinuosa) {Pot/, fig. 56.), présen- tant des sinus arrondis et des saillies également arrondies FEUILLES. l65 dans le chêue et convexes , en nombre indéterminé ( Quercus rohur ) . 20". Pimiatijîdes [fol. pmnatifida) ( Foi/, fig. 07.) , Fig. 37. divisées latéralement en lobes plus ou moins profonds, comme dans le Polypodiu7n vul- gare^ le Coronopus Rueïlii. 2 1^ . Interrotnpues {fol. interruptè-pinna- tîjlda ) , ce sont celles dont les divisions su- périeures sont confluentes par leur base , tan- dis que les inférieures sont entièrement libres ; en sorte que ces feuilles représentent supérieurement une feuille pinnatifide , et inférieurement une feuille pinnée : mais on ne peut les confondre avec les feuilles vrai- ment composées, 22^. Peetinées owenjhrnie dépeigne [fol. peetînata), feuilles pinnatifides , dont les divisions sont étroites, rap- prochées et presque parallèles : par exemple , dans VA- chillœa pectinata. 20^. Lyrées {fol. lyrata), feuilles pinnatifides , termi- ^9- nées par un lobe arrondi , beau- coup plus considérable que les autres, comme dans la benoite ( Geuni urbanuni) ; le radis sau- vage {Raphanus Raphanistrum)., etc. {Voy. fig. 38.) 2^^ . Roncinées {fol. runeinalci)^ feuilles pinnatifides, dont les lobes latéraux sont aigus et recourbés en bas : par exemple , celles du pissenlit ( Taraxacum dens leo-r nis) , dn Prenanthes niuralîs , etc. {Poy. fig. 09. ) /. Quant à levu' contour, ou aux modifications que présente le hofd même , les feuilles sont ; Fig. 38. Dentelures, l66 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. 1°. Entières [intégra), quand leur bord se continue sans présenter ni dents , ni incisions, ni sinus : exemple , la pervenche [Pinça major) , le lilas, etc. ) 2°. Érodées [Jol. erosa) , présentant de petites dente- lures inégales , en sorte que le bord de la feuille semble avoir été rongé par un insecte : comme celles du Sinapis alha, etc. 3*^. Crénelées [fol. crenata) , dont le bord offre des crénelures ou petites parties saillantes, arrondies, sé- parées par des angles rentrans : par exemple, dans le lierre terrestre ( G/ee/tom« hederacea), le marrube blanc [Marruhium vutgare) , la bétoine [Betonica ojfîci- nalis). 4". Doublement crénelées [fol. dupUcato- crenata) , quand chaque crénelure principale en offre de plus pe- tites , comme dans le Chrysospleniu^n alterni Jblium et Vllydrocotyle vulgarîs. 5*^. Dentées [fol. dentata) , dont le bord est découpé # en petites dents aiguës, ne s'inclinant ni vers le sommet, ni ver3 la base de la feuille : exemple, l'alliaire [Erysi- muni Alliaria), le séneçon [Senecio vulgaris) , etc. 6*^. Serrées ou Dentées en scie [fol. serrata) , quand les dents sont inclinées vers le sommet de la feuille : comme dans la violette [Viola odorata), la viorne [Fi- hurnnm Lardana) , etc. 7°. Douhlemetit serrées [fol. duplicafo-serrata) , dont chaque dent est elle-même serrée : comme dans le coudrier ( Corylus Avellana) , l'orme ( Ulmus campes- iris). 8^. Épineuses [fol. margine spinosa), bordées de dents roides, aiguës et piquantes: comme dans le houx [IlejG aquifolium) , beaucoup de chardons. 9*^'. Ciliées [fol. eiliata), ayant le bord garni de poils FEUILLES. 167 disposes en sërie comme les cils des paupières : par exem- ple , dans VErica tetralix, la Luzula vernalis , etc. K, Expansion. Espaïuion. Les feuilles peuvent être : 1°. Planes (Jol. plana) , quand leur surface n'est ni concave, ni convexe : celles de la plupart des plantes. 2°. Convexes {fol- convexa) , quand elles sont bom- bées par leur face supérieure. 3°. Concaves {/ol. concava) , bombées par leur face inférieure , de" manière à ce que la supérieure présente une cavité, comme dans le Nélumbo, l'écuelie d'eau. 4°. Gladiées ou Ensif ormes {Jol. ensiformia) , com- primées fortement sur leurs parties latérales, en sorte que leurs faces sont devenues latérales, et leurs bords postérieur et antérieur, comme dans Viris germani- ca , etc. 5°. Striées (Jol. striata) , offrant des stries en différens / sens. 6°. Onduleuses {fol, undulosa), offrant des saillies et des enfoncemens irréguliers , qu'on a comparés aux on- dulations de l'eau agitée : la rhubarbe ondulée {Rheiim undulatuffi), le chou. L. Superficie. superficie. 1°. Luisantes {/ol. liicidd), ayant leur surface unie et réfléchissant la lumière : le laurier-cerise , le lierre. 2°. Unies {fol. lœvia^, n'offrant aucune saillie ni as- pérités : le Nymphœa , etc. 5°. Glabres (Jol. glabra), dépourvues de toute espèce de poils : la petite centaurée ( Erythrœa Centaurium ) , le laurier-rose. 4". Pcrtuses {fol. pertusa^, percées de trous très-sen- sibles : Vracontiujn jicrtusum. i68 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. Consistance. 5. Cancellèes {fol. ca^iecZ/ato) , quand le parenchyme Fi§. 40. n'existe pas , et qu'elles sont simple- ment formées p.ar les ramifications des nervures fréquemment anastomosées , et représentant une sorte de treillage , comme celle de Y Hydrogeton fenes- tralis. {} oy. fig. 40.) 6°. Glanduleuses {fol.glandulosa)^ offrant à leur surface de petites glandes. 7^. Scahres {Jol. scahra) , rudes au toucher : l'orme ( Ulmus campestris) , le grémil ( Lithospermum officinale ) , etc. 8°. Glutineuses {fol. glutinosa), offrant, quand on les touche, une viscosité plus ou moins grande : Inula vis- cosa, M. Pubescence. (Voy. ce que nous avons dit précé- demment en parlant de la tige.) N. Consistance et tissu. 1". Membraneuses {fol. membranacea) , n'ayant pas d'épaisseur sensible, molles et souples, comme celles de la grande aristoloche {J[risfolochia Sypho). 2°. Scarieuses [fol. scariosa ) , minces, sèches, demi- transparentes. 3". Coriaces (/o/. eonacea), quand elles sont épaisses et qu'elles ont une certaine consistance : celles du gui {Viscum album), du laurier-cerise , etc. 4°. Molles [fol. mollia ) , ayant peu de solidité, et douces au toucher : l'épinard ( Spinacia oleracea ) _, la guimauve [Altliœa ojficinalis) . 5". Roides {fol. l'igida ) , coriaces et résistant à la flexion ; le petit houx [Rusciis aculeatus) . 6°. Charnues [fol. carnosa) : la joubarbe des toits FEUILLES. 169 {Sempervwum tectoruiti) , et en général toutes les plantes grasses. 7°. Creuses {fol. Jlstulosa) -.l'ognon ordinaire (^/^mm Cepa). O. Forme % c'est-à-dire épaisseur ou solidité notables. Formes. 1®. Ovées {fol. ovata ) , ayant la forme d'un œuf. 2°. Obovées {fol. ohovata ) , ayant la forme d'un œuf renversé. 3°. Conoïdales {fol. conoidea ) , ayant la forme d'un cône. 4**. Cylindriques [fol. cylindrica , teretia), ayant la forme d'un cylindre alongé : le Sedum album, l'ognon. 5**. Lingniformes {fol. linguiformia) , ayant l'épais- seur et la forme d'une langue : la joubarbe des toits {Seînpervivum tectorum). 6^. Triquhtres {fol. triquetra) , alongées en prisme à trois faces : le jonc fleuri {Butomus umbellatus) . 7°. Tétragones {fol. tetragona ) , alongées en prisme à quatre faces : Gladiolus trîstis. 8**. Comprimées {fol. coTnpressa), épaisses, charnues, aplaties latéralement , ayant plus d'épaisseur que de lar- geur. P. Coloration. Coioiaiion 1°. Ferles {fol, viridia ) : la plupart des feuilles. ' Il ne faut pas confondre , comme on le fait très-souvent , la forme et la figure d'un corps. La forme ne s'entend que des corps solides, c'est-à-dire de ceux qui présentent l'étendue , la largeur et l'épaisseur. La partie de la géométrie qui s'en occupe porte le nom de stéréométrie. Le terme de figure n'est applicable qu'aux corps plans, c'est-à-dire aux surfaces qui n'offrent que deux dimensions , la largeur et la longueur. On donne le nom de planimétrie à la partie de la géométrie qui traite de la flgure des corps plans. Ainsi, un œuf a une forme oi'ée ; une feuille plane, représentant la section longitudinale d'un œuf, a une flgure ovale. On voit donc la néces- sité de distinguer les expressions formaires des expressions //g'«- raires. 170 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. 2*^. Colorées {fol. colorata ), d'une autre couleur que le vert. 3**. Glauques {fol. glauca) : celles qui sont d'une couleur vert de mer : Magn olia glauca , le chou {Brassica oleracea). Cette coloration est due à une couche légère d'une matière résineuse , semblable à celle qui recouvre certains fruits , et en particulier les prunes et les raisins. Un fait remarquable , c'est que les feuilles glauques ne sont pas susceptibles d'être mouillées quand on les trempe dans l'eau , ce qui démontre bien la nature de l'enduit qui leur donne la couleur glauque. ù^ . Discolores {fol. discolora), quand les deux faces ne sont pas de la même couleur. Ainsi dans la cymba- laire {^titirrhinum ci/mbalaria ), le cyclamen {Cycla- men europœum) , la face supérieure est verte , l'infé- rieure est pourprée. 5^. Tachetées {fol. macw/a/a), offrant des taches plus ou moins considérables, d'une couleur différente de celle, de la feuille : Arum m,aculalum. Ç)^ . Incanes {fol. incana), d'un blanc pur : Achillœu incana. Peiiolaiiou. Q- Pétiolation. 1**. Sessiles {fol. sessilia ) : le buis ( Buxus semper- virens ) , etc. 1^. Pétiolées {fol. petiolata ) : le platane , le poirier , l'abricotier. 3*^. Peltées i^fol. peltata ), quand le pétiole s'insère au centre de la face inférieure des feuilles , et que les nervures partent de ce point , en rayonnant vers la circonférence : comme dans la capucine ( Tropœolum majus ) ^ récuelle d'eau ( Hydrocotyle vulgaris ). (fy. fig. 41). Pg.jj^jg - Quand les feuilles sont pourvues d'un FEUILLES. 171 pétiole , il ne faut pas négliger les caractères qu'on peut tirer de ses différentes modifications. Ainsi , il peut être cylindrique , comprimé, friqukre, filiforme, court, long , etc. Nous n'avons pas besoin de donner ici l'explication de ces expressions, que nous avons déjà définies , pour la plupart , dans un autre lieu. Le pétiole peut être tordu sur lui-même , comme dans plusieurs Cucurhilacées , etc. Claviforme , en forme de massue (jt>. claviformis^ , quand il est renflé d'une manière manifeste à sa partie supérieure , comme dans la châtaigne d'eau ( Trapa natans ). Canaliculé , ou creusé en gouttière (jp. canalicula- ius), quand il est convexe à sa face externe, concave du côté de la tige : par exemple , dans beaucoup d' Om- helliferes. Ailé Çp. alatus ), quand le limbe de la feuille se pro- longe sur lui de manière à former de chaque côté un ap- pendice membraneux : par exemple, dans l'oranger (C*- trus Auraiitium^. Dans les feuilles composées , le pétiole commun est quelquefois formé d'autant de pièces articulées et mem- braneuses qu'il y a de paires de folioles; c'est ce qu'on observe dans le Quassia aniara par exemple, et un grand nombre d'espèces d'Inga. Foliijorme , ou en forme de feuille {^foUiformis ) , quand il est large , mince , et a l'aspect d'une feuille. Dans œ cas, il remplace fort souvent les véritables feuilles qui n'existent que dans les individus encore jeunes , et qui tombent à une certaine époque. Ainsi les prétendues feuilles simples des Mimosa de la Nouvelle-Hollande ne sont que des pétioles élargis etfoliijhrmes , etc. On leur a donné le nom de Phyllodes. Le pétiole est quelquefois accompagné d'une gaine ir7 2 ORGANES DE LA. VÉGÉTATION. membraneuse à laquelle on a donné le nom à'Ochrea, et qui embrasse la tige dans toute sa circonférence. La pré- sence de cette Ochrea est un des meilleurs caractèces pour distinguer les plan tes qui appartiennent à lu fa- mille des Polygonées , qui en sont toutes pourvues. Durée. ^. Suivant leur durée sur la tige , on distingue les feuilles en : i*^. Caduques {fol. caduca ) , lorsqu'elles tombent peu de temps après leur apparition , comme celles de beaucoup de cactus. 2". Décidues {fol. decidua), quand elles tombent avant une nouvelle foliation: celles du marronnier, du tilleul, etc. 3*^. Marcescentes {fol. mareescentia) , lorsqu'elles se dessèchent sur la plante avant de tomber , comme celles du chêne. 4''. Persistâmes {fol. persistentia ), celles qui restent sur le végétal plus d'une année : par exemple , dans les pins , le buis , le laurier-cerise , etc. Ces arbres portent le nom général d'arbres toujours verts. Feuilles com- § 2. Des FeuUles composées. poie'es. La feuille vraiment composée, avons-nous dit, est celle qui , sur un pétiole commun , porte plusieurs fo- lioles qu'on pevit isoler les unes des autres. Ces folioles sont , ou articulées sur le rachis , c'est-à-dire attachées par un point très-rétréci de la base de leur petit pétiole, ou continues avec lui par toute la base de leur pétiole. Il y a différens degrés de composition dans les feuilles. Ainsi, le pétiole commun peut être simple, ou bien il peut se ramifier. Quand le pétiole commun ne se ramifie pas , la feuille est dite simplement comjjose'e. On l'appelle feuille dé- composée quand il se ramifie. FEUILLES. 173 Nous allons étudier les modifications qu'elle présente dans ces deux cas. Les feuilles simplement composées offrent deux modi- composées. fications principales , suivant la position qu'affectent les folioles qui les composent. Ainsi , tantôt toutes les fo- lioles partent du sommet même du pétiole commun, comme dans le marronnier d'Inde, le trèfle , etc. ; tantôt, au contraire , ces folioles naissent sur les parties latérales du pétiole commun ou rachis , comme dans le frêne , le baguenaudier, l'acacia , etc. On a donné le nom de feuilles digitées à la première de ces deux modifications, et celui de pennées à la seconde. Les feuilles digitées {fol. dîgitata ) sont donc celles DigiteLs. dont toutes les folioles partent en divergeant du sommet du pétiole commun , à la manière des doigts de la main lorsqu'ils sont écartés. Le nombre des folioles qui constituent les feuilles di- Fig. 42. gitées est très - variable , comme on peut le voir en comparant ensemble les feuilles du trèfle , qui en of- frent trois, avec celles des Pavia, qui en ont cinq; i' celles du marronnier d'Inde [Voy. fig. 42.), qui en pré- sente sept 5 celles des lupins, qui en offrent un grand nom- bre, etc. Aussi est-ce d'après ce nombre que l'on a divisé les feuilles digitées en : 1°. Unifoliolées {Jol. unifoliolata) , quand elles n'of- frent qu'une seule foliole , mais qui est articulée au som- met du pétiole. Dans ce cas, des raisons d'analogie et la présence d'une articulation font ranger cette feuille parmi Pennées. 174 ORGANES DE LA YÉGÉTATlOTf. les composées • telles sont celles de Foranger ( Citrus Aiiraniiimi) ^ du Piosa simpUcîfblia j etc. 2". Trifoliolées {fol. trifoliolata ) , quand elles ont ^'=- ^^- trois folioles : comme dans le trèfle d'eau ( Mem/anihes trîfoliafa), {F.ïi^. 43.) l'al- leluia ( Oxalis acetosella ) . 3°. Quadrifoliolées {JoL quadrifoliolata ) , compo- sées de quatre folioles , Mar- silea quadrifoUa. 4°. Quinquéfoliolées {fol. quinquefoliolaia) : Cissus quinquefoUa , Potentîlla reptans, etc. 5^. SejJfetifoIioIées {fol. septeinfoliolata) . le marron- nier d'Inde, etc. {Foij. lig. 42.) 6*^. Multtfolioléeê {fol. muUifoUolata) ^ composées d'un grand nombre de folioles : comme le Luphius varîus. Les ïe.\x\\\ç?, pennées {fol. peiinata) {Toy. %. 440? ^'S- 44- comme nous l'avons dit , sont celles qui , sur un pétiole commun , por- tent un nombre plus ou moins con- sidérable de folioles , disposées sur les parties latérales à la manière des barbes d'une plume sur leur tige commune : telles sont celles du séné {Cassia aciit folio) ^ de l'acacia [Rohînîa pseudo - acacia) , du frêne ( Fraxinus excelsior) . Les folioles d'une feuille pen- née peuvent être opposées l'une à l'autre , et disposées par paire {Voyez fig. 440' ^^"^^ ^^ ^^^ ' ^"^ dit qu'elles sont oppositi-pennées, on bien ses fo" FEUILLES. 175 lioles sont alternes , et les feuilles sont dites alternMi- liennées. Les feuilles oppositi-pennées sont également appelées conjuguées. On dit qu'elles sont : 1". Unijmjiiées [fol. unijugata ) , quand le pétiole commun porte une seule paire de folioles ; comme dans le La- thyrus lalifolius , le Lathyrus sylveslris, etc. [f oy, fig. 45.) 2°. Bîjuguées [fol. hijugata), composées de deux paires de folioles : comme dans certains Mimosa. 3*^. Trijugue'es [foL triju- gafa), composées de trois paires de folioles : comme celles de VOrohus tuherosus. 4". Quadrijuguées [fol. qua- drijiigata ) . i)". Quinquéjugue'es [fool. quinquejugata) : comme celles de la casse ( Cassiez fistula). Çp. Multijuguées [fol. fnullijugata), quand les paires de folioles sont en nombre indéterminé: comme celles de la fausse réglisse [Astragalus glycyphyllos) , la Vicia cracca , etc. Les feuilles oppositi-pennées sont dites pari-pennées ou pennées sans impaire {Voy. fig. 44')^ quand les fo- lioles sont attachées par paires, et que le sommet du pé- tiole commun ne présente pas de foliole solitaire ni de vrille qui en tienne lieu : comme dans le séné , le ca- roubier ( Ceratonia siliqua) , VOrohus tuherosus, etc. Elles sont dites au contraire impari^ennées , ow. pen- nées avec impaire [ impari-pennata) , quand le pétiole commun est terminé par une foliole solitaire: comunie f;o 176 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. dans l'acacia {Rohinia pseudo-acacia ) , le frêne ( Fraxi- nus excelsîor^) . Les feuilles impari-pennées sont appelées trifoUoUes '^ (y^^* iwipari-pennata trifoliolata ) quand au-dessus de l'unique paire de folioles dont elles sont formées, se trouve une foliole solitaire pé- tiolée : comme dans les espèces de Doliclios , de Glycine , de Pha- se olus , etc. {J^oy. fig. 46. ) Il ne faut pas confondre cette espèce de feuille avec la feuille dîgitée trifolioleei^Voy. fig. 45.);» également composée de trois folioles. Dans la première , la foliole moyenne est pétiolée -, dans la seconde , les trois folioles sont sessiles ou également pétiolées. On appelle feuilles interrupté -pennées {fol. inter- rupte-pennata ) celles dont les folioles sont alternative- ment grandes et petites: comme dans l'aigremoine {^gri~ mania Evpatoria ) . Quant aux feuilles décursîvé-pennées , c'est-à-dire celles dont le pétiole commun %st ailé par le prolonge- ment de la base des folioles , nous ne les rangeons pas parmi les feuilles composées , puisque aucune foliole ne peut être enlevée sans en déchirer la partie foliacée. Ce ne sont que des feuilles plus ou moins profondément pinnatifides. Décomposées. Lcs fcuillcs décomposées {Jol. decomposita) sont le deuxième degré de composition des feuilles j le pétiole commun est divisé eu pétioles secondaires , qui portent les folioles. On les appelle : 1". Dûjitées-pennées [digitato-pennata), quand les pétioles secondaires représentent des ÏQxx'vWe^ pennées par- tant toutes du sommet du pétiole commun : exemple , certains Mimosa. FEUILLES. X'J'J 2**. Bigéviinées [Jol. decomposi/o-bigemma/u) , cinsLud chacun des pétioles secondaires porte une seule paire de folioles : exemple , Miynosa unguiscati. 3". Bipennées {/oL hipennata, duplicafo-pemiata), Fis- 4r- quand les pétioles secondaires sont autant de feuilles pennées, partant du pétiole commun : comme dans le Mimosa Julibrizin , etc. ( Fog. fig. 47.) On nomme feuilles surdecomposees le troisième et der- surdecompo. nier degré de composition que présentent les feuilles. '^"• Dans ce cas, les pétioles secondaires se divisent en pétioles tertiaires, portant les folioles. Ainsi, on appelle feuille 48. surdécomposée-frifernée ( Foy. fig. 48 ) celle dont le pé- l" Partie. \'-0 ORGANES DE LA TEGETATiniV. tiole commun se divise en trois pétioles secondaires^ divisés chacun en trois pétioles tertiaires , portant aussi chacun trois folioles : comme dans VJctœa spicata , VEpi- médium aJpinum. Nous venons d'exposer avec quelques détails les nom- breuses variétés de forme , de figure , de consistance , de simplicité et de composition , que présentent les feuille?. Nous avons cru devoir donner quelque développement à cet article , parce que beaucoup d'autres organes , que nous étudierons successivement, tels que les stipules, les sépales , les pétales , etc. , nous offriront des modifi- cations analogues dans leur figure , leur forme , leur struc- ture , etc , qui , une fois décrites et définies , n'auront plus besoin que d'être citées pour être parfaitement comprises. Slruciure , usarjes et fonctions des Feuilles. .'^friHiuro des ^cs fcuilles , comme nous l'avons dit précédemment, i.u;iies. %Çiw\, formécs par trois organes principaux j savoir, par un faisceau vasculaire provenant de la tige , par du pa- renchyme, prolongement de l'enveloppe herbacée del'é- corce, et enfin par une portion d'épiderme qui les re- couvre dans toute leur étendue. Etudions successivement ces trois parties : Vaissi^sui. 1*^. Le faisceau vasculaire constitue le pétiole quand celui-ci existe. Ces vaisseaux sont des trachées , dos fausses trachées , des vaisseaux poreux et des vaisseaux du suc propre : ils sont , dans le pétiole , enveloppés à l'extérieur par une couche de la substance herbacée, qui se prolonge sur eux au moment où ils sortent de la tige. C'est par leur épanouissement et leurs ramifications suc- cessives qu'ils constituent le réseau de la feuille. les mailles ou espaces vides qu'ils laissent entre eux sont FEUILLES. irg remplis par le tissu parenchymateux venant de l'ëcorce. Ce parenchyme manque quelquefois , comme dans VHy- drogelon-, et alors la feuille, qui n'est composée que par son réseau vasculaire , offre l'aspect d'une sorte de treil- lage ou de dentelle. 2*^. Le parenchyme est généralement vert , et c'est lui Parenchyme. qui donne aux feuilles la coloration qui leur est si géné- rale. Il est composé de plusieurs couches d'utricules plus ou moins arrondies , laissant souvent entre elles de pe- .tits espaces ou méats intercellulaires, communiquant tous entre eux et remplis d'air. Assez souvent les utricules pla- cées sous l'épiderme de la face supérieure , sont sous la forme de petites cellules cylindriques perpendiculaires à l'épiderme. Celles au contraire qui touchent l'épiderme de la face inférieure , sont très-irrégulières, souvent di- visées en plusieurs branches qui s'unissent avec celles des autres cellules environnantes de même nature , et con- stituent une sorte de tissu réticulé , à larges mailles, sur lequel l'épiderme est appliqué. La couleur verte du parenchyme des feuilles est due , comme celle du tissu cellulaire en général , aux granules verts qui existent dans l'intérieur des utricules , granules qui constituent la chromule du professeur De Candolle , ou la globuline de M. Turpin. On sait que quand les plantes sont long-temps soustraites à l'action directe de la lumière solaire , leurs feuilles et autres parties vertes s'étiolent, c'est-à-dire qu'elles deviennent jaunes, pâles, par la disparition de la matière verte des granules in- tra-utriculaires. On sait de plus que le même phénomène produit aussi un autre changement : les sucs contenus dans ces parties perdent leur âcreté et leur amertume, et deviennent doux et sucrés. 3*^. L'épiderme des feuilles n'est pas manifestement y. ; ■■e,nie. différent de'celui qui recouvre les autres parties du végé- l8o OHGATSKS DE LA VÉGÉTATION. tal : nous l'avons déjà décrit en traitant de l'organisation des tiges (page 76 et suivantes). Cette membrane celluleuse est généralement peu adhé- rente au tissu sous-jacent. Elle est transparente et dia- phane , c'est-à-dire que les cellules qui la composent sont dépourvues de granulations vertes. Ces cellules sont très-intimement unies entre elles , généralement dépri- mées -, ce qui sert à distinguer l'épiderme du tissu paren- chymateux de la feuille, dont les utricules sont cylin- driques et perpendiculaires à la surface supérieure de la feuille. Les parois des cellules de l'épiderme sont en gé- néral épaisses et résistantes. Tantôt , ainsi que nous l'a- vons dit précédemment , l'épiderme se compose de deux ou même de trois couches de cellules , mais toujours très-adhérentes entre elles. L'épiderme des feuilles présente un nombre très-con- sidérable de stomates. Ces organes existent indifférem- ment aux deux faces de la feuille dans les plantes herba- cées j dans les arbres, c'est à la face inférieure qu'on les observe , tandis qu'au contraire , dans les feuilles étalées a la surface des eaux, on ne les trouve qu'à la face en contact avec l'air. Tantôt le^ stomates sont éparses et sans ordres , d'autres fois elles sont dis- posées par séries ou lignes longitudinales , comme dans certaines monocotylédonées. Ces deux lames d'épiderme recouvrent la partie for- mée par les fibres vasculaires et le parenchyme , et que le professeur De Candolle propose de nommer rnésophyUe, Cet organe est quelquefois très-mince , ainsi qu'on l'ob- serve pour les feuilles qui sont planes et membraneuses; mais, dans toutes les feuilles épaisses et charnues, dans les plantes grasses par exemple , le mésophylle est très-développé , et donne la forme à la feuille. FEUILLES. ibl Tels sont les élëmens anatomiques qui entrent dans la composition de toutes les feuilles. Il en est cependant quelques-unes qui offrent sous ce rap- Feuilles sub- „ * 11 J mergées .le'poui- port une exception tres-remarquable. Le sont celles des vuesd épideimu. plantes submergées, c'est-à-dire dont les feuilles sont entiè- rement plongées sous l'eau. Ces feuilles, ainsi que l'a fait voir M. Adolphe Brongniart , dans son mémoire sur la structure des feuilles , sont dépourvues d'épiderme , et par conséquent de stomates. Le parenchyme vert existe également aux deux surfaces. Cette structure est évi- demment en rapport avec la nature du milieu dans le- quel ces plantes végètent , et à la manière dont doit s'o- pérer une des fonctions principales des feuilles,, la res- piration végétale. Nous devons de plus faire remarquer que les plantes submergées n'ayant pas de véritables vaisseaux , les tubes sont remplacés dans les nervures des feuilles par des cellules alongées, disposées en séries linéaires, mais ne constituant jamais de véritables vaisseaux. Etudions maintenant les fonctions des feuilles. Elles Fonctions :i'ct des mouvemens des feuilles dans les végétaux , et plus particulièrement dans la sensitive. Nous exposerons ici brièvement le résultat de ses opinions. A la base du pétiole des feuilles dites articulées , qui sont les seules dans lesquelles se manifestent les mouve- mens d'irritabilité , on aperçoit un renflement ou bour- relet qui se termine ensuite par un rétrécissement mani- feste. Jusqu'à présent on avait pensé que les mouvemens se passaient dans ce point rétréci, que l'on regardait comme semblable à l'articulation des membres chez les animaux. Les expériences de M. Dutrochet tendent à prouver que tous les mouvemens ont lieu dans le bour- relet lui-même , et qu'ils se réduisent à la flexion et au redressement. Dans le premier cas , il forme une courbe dont la convexité est tournée vers le ciel •, dans le second cas , il est presque droit. Ce bourrelet est essentiellement composé d'un tissu cellulaire fin et délicat;, garni d'une très-grande quantité de petits grains verts, qui sont, pour M. Dutrochet, autant de corpuscules nerveux. Au centre se trouve un faisceau de vaisseaux nourriciers. C'est ce tissu cellulaire du bourrelet qui .est le siège des mouvemens du pétiole, que l'on peut à volonté anéan- tir en enlevant ce tissu cellulaire. Ainsi , quand on en- s lève le tissu cellulaire du côté inférieur du bourrelet, la feuille reste fléchie et ne peut se redresser; si, au con- 1Q2 ORGANES DE LA VEGETATIOK. traire , on ote la partie supérieure , la feuille conserve la faculté de se redresser, mais elle ne peut plus se fléchir. Il résulte évidemment de cette expérience que la flexion ûe la feuille est produite par l'action du bourrelet supé- rieur, et que son redressement est du à celle du bourre- let inférieur. Ce sont en quelque sorte deux ressorts an- tagonistes , dont Tun devient alternativement plus fort que l'autre. En voulant étudier avec plus de soin l'organisation intime du bourrelet , l'habile expérimentateur dont nous exposons ici les idées , est arrivé à une autre découverte. Si l'on coupe une tranche très-mince du tissu cellulaire du bourrelet sur le côté supérieur, on la voit sur-le- champ se ployer en cercle , dont la concavité est con- stamment tournée vers l'axe du bourrelet. Si l'on répète la m«me opération sur le côté inférieur, la concavité du bourrelet regarde également vers le centre -, en sorte que le bourrelet est composé de deux ressorts antagonistes, qui tendent à se recourber en sens inverse : le ressort infé- rieur redresse le pétiole , tandis que le supérieur le flé- chit. M. Dutrochet donne le nom d^ incurvation à cette propriété que possèdent les lames du bourrelet de se rouler dans un sens ou dans un autre. La cause immédiate de ces mouvemens d'incurvation réside , selon notre auteur, dans V action nerveuse mise en jeu par les agens du deJiors. Il était naturel que M. Dutrochet, ayant attribué aux plantes un système nerveux analogue à celui des animaux , lui fît jouer dans les phénomènes de la végétation le rôle important que ce système remplit dans les actions de la vie ani- male. Ainsi donc l'action du système nerveux est la cause des mouvemens visibles dans les végétaux comme dans les animaux. Mais , s'il en est ainsi , ce système nerveux doit, comme dans ces derniers, être l'organe de trans- FEUILLES. igO mission de ces mouvemens , ou , en d'autres termes , la partie transmettant le stimulus qui met en jeu l'action de ce système. Or, c'est ce qui n'a pas lieu , du propre aveu de M. Dutrochet; car, d'après des expériences extrêmement délicates , il est parvenu à reconnaître que l'action nerveuse qui détermine les mouvemens des feuilles se transmet uniquement par les vaisseaux qui forment l'étui médullaire , vaisseaux entièrement privés de granules nerveux. Ainsi donc le système nerveux des végétaux serait l'agent de la puissance ner- veuse , sans être l'organe de la transmission de cette puissance. D'après ce court exposé , il nous semble que l'impor- tante question de la cause des mouvemens des feuilles n'est point encore complètement résolue , et que de nou-- velles expériences sont encore nécessaires pour arriver à une solution satisfaisante. Défoliation ou chute des Feuilles. Il arrive chaque année une époque où la plupart des DefoiiaiioD, végétaux se dépouillent de leurs feuilles. C'est ordinai- rement à la fin de l'été ou au commencement de l'au- tomne que les arbres perdent leur feuillage. Cependant ce phénomène n'a pas lieu à la même époque pour toutes les plantes. On remarque en général que les arbres dont les feuilles se développent de bonne heure sont aussi ceux qui les perdent les premiers , comme on l'observe pour le tilleul, le marronnier d'Inde, etc. Le sureau fait exception à cette règle ; ses feuilles paraissent de bonne heure, et ne tombent que très-tard. Le frêne ordinaire présente une autre particularité ; ses feuilles se montrent très-tard, et tombent dès la fin de l'été. Les feuilles pétiolées , surtout celles qui sont articulées avec la tige , s'en détachent plus tôt que celles qui sont i" Partie. i3 194 ORGANES DE LA VÉGÉTATIOIV. sessiles, et à plus forte raison que celles qui sont am- plexicaules. En général, dans les plantes herbacées, annuelles ou vivaces, les feuilles meurent avec la tige, sans s'en détacher. Mais il est des arbres et des arbrisseaux qui restent en tout temps ornés de leur feuillage. Ce sont en général les espèces résineuses , telles que les pins , les sapins , ou certains végétaoïx dont les feuilles sont roides et coriaces , comme les myrtes, les alaternes , les lauriers-rose, etc. On leur donne le nom d'arbres verts. Dans les régions tropicales de l'un et l'autre continent , où la température descend ou se maintient rarement au-dessous de lo^^+o, la plupart des arbres et des arbrisseaux sont munis de feuilles plus ou moins roides et coriaces , qu'ils conservent toute l'année. Cependant, transportés dans nos climats plus froids , ces végétaux y sont soumis aux influences qui agissent sur nos arbres indigènes , et perdent souvent comme eux leur feuillage. Quoique la chute des feuilles ait généralement lieu aux approches de l'hiver, on ne doit cependant pas regarder le froid comme la principale cause de ce phénomène. Elle doit être bien plus naturellement attribuée à la ces- sation de la végétation , au manque de nourriture que les feuilles éprouvent à cette époque de Tannée , où le cours de la sève est interrompu. Les vaisseaux de la feuille se resserrent, se dessèchent, et bientôt cet organe se détache du rameau sur lequel il s'était développé. M. John Murray ( Edimh. philos. Journ. , p. 823 , 1820) pense que la chute des feuilles est due à la con- traction et à l'oblitération des vaisseaux du pétiole, qui proviennent de la perte de calorique qu'éprouve cette partie par l'irradiation, dont l'action est beaucoup plus marquée en automne que dans les autres saisons. Il s'appuie sur ce que ce sont en général les feuilles supé- FEUILLES. iqS rieurcs des arbres qui se détachent les premières, parce qu'elles sont plus exposées aux eftets de cette irradiation du calorique. Selon M. Vaucher, les filtres de la tige ne se conti- nuent pas avec celles du pétiole; il y a toujours à la base de celui-ci une solution de continuité entre les libres , mais qui n'est souvent pas visible à l'extérieur. Ces fibres sont simplement juxta- posées bout à bout avec celles de la tige ou des rameaux , et c'est le paren- chyme et l'épiderme qui unissent la feuille à la tige. Quand ce parenchyme vient à se dessécher, la feuille tombe. Mais qu'on remarque bien qu'il serait difficile de rompre le pétiole au-dessus de ce point d'articulation sans déchirer des fibres , tandis que , quand la feuille tombe naturellement , la cicatrice qu'elle laisse est tou- jours nette. Usmjes économiques et médicinaux des Feuilles. Un grand nombre de végétaux sont cultivés dans nos potagers à cause de leurs feuilles , qui sont d'excellens alimens. C'est ainsi qu'on emploie fréquemment les choux ^ les éjnnards, V oseille, le céleri, les cardons et beaucoup d'autres espèces. Remarquons ici que les cul- tivateurs se servent souvent de la propriété que possè- dent les végétaux privés de l'action de la lumière , de devenir tendres et sucrés , pour les rendre plus propres à la nourriture de l'homme. La médecine trouve aussi dans les feuilles un grand nombre de médicamens utiles, que l'on peut ranger de la manière suivante : §. 1 . Feuilles émoUientes. De guimauve ( Jllhœa ojpcinalis ) . De mauve ( Malva rotundifolia ) . De poirée {Beta vul(jaris). i3. 1q6 organes de la VÉGÉTATIOIV. §.2. Feuilles amères ou Ioniques. Trèfle d'eau ( Meni/anthes trifoUata ) . Véronique ofiicinale [Feronica officinalis). Beccabunga {^Veronica Beccabimya). Petite centaurée [Erylhi'œa Centauriutn). §.3. Feuilles excitantes. Oranger ( Citrus yinrantium^. Menthe poivrée [Mentha piperila) . Menthe crépue (3Ie7ifha crispa). Sauge [Salvia officinalis). Cresson de fontaine {Sisymhriwtn Nasturtium), Cochléaria ( Cochlearia officinalis ) . Cresson alénois ( Lepidium sativum ) . §.4. Feuilles vireuses. Ciguë ( Conium maculatmn ) . Stramoine [Bafura Stramonium) . Tabac {Nicotiana Tabaciim). Belladone {^Atropa Belladona). Digitale pourprée ( Bigitalis purpurea), etc. §.5. Feuilles purgatives. Séné d'Italie ( Cassia ohovata ) . Séné d'Alexandrie {^Cassia acutijolia). Gratiole [Gratiola officinalis). Baguenaudier {Colutea arhorescens) . STIPULES. 197 CHAPITRE V, Les slîj)ules sont des organes accessoires des feuilles, stipules. Elles n'existent point dans les yégétaux monocotylé- donës, mais seulement dans les dicotylédones, qui n'en sont pas tous poar\ais. Ce sont de petits appendices squa- 9n{for77ies ou/oliace's , qu'on rencontre au point d'origine des feuilles sur la tige. Elles sont ordinairement au nombre de deux , une de chaque côté du pétiole , comme dans le charme, le tilleul; le plus souvent elles sont libres, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas fixées au pétiole ; d'autres fois elles font corps avec la base de cet organe , comme dans le rosier. Les stipules fournissent d'excellens caractères pour la coordination des plantes. Quand un végétal d'une fa- mille naturelle en présente , il est extrêmement rare que tous les autres n'en soient pas également pourvus. Ainsi, elles existent dans toutes les plantes de la famille des Légumineuses ) des Rosacées, des Tîliacées , des Mal- vacees , etc. Comme elles tombent très-facilement quand elles sont cicatrices des libres , on pourrait quelquefois s'en laisser imposer par '^'P"'"- leur £\bsence, et croire que la plante en est dépourvue-, mais on pourra éviter facilement cette erreur en obser- vant qu'elles laissent toujours sur la tige, au lieu qu elles occupaient, une petite cicatrice qui atteste ainsi qu'elles ont existé. Dans les Ruhiacées exotiques, à feuilles opposées, telles ' Stipulœ , Fulcra. 19^ ORGANES DE LA VÉGÉTATION. que le Coffœa, le Psycliotrîa ,\q Cinchona, les stipules sont situées entre les feuilles , et paraissent être de véri- tables feuilles avortées. En effet , dans les Rubiacées de nos climats, telles que les Galiiim, les Rtihia, les ^s- 'perula, elles sont remplacées par de véritables feuilles , qui alors forment un verticille autour de la tige. Quelques plantes ne présentent qu'une seule stipule , comme l'épine-vinette (^Berheris vulgarîs). Leur soudure. Quand il en existe deux , elles sont presque toujours distinctes l'une de l'autre ^ mais quelquefois elles se sou- dent et sont conjointes (^sfipulœ connafœ), comme dans le houblon [Ilnnwlus Lî(ptilus). Les stipules peuvent se souder ensemble en dedans de l'aisselle de la feuille , la tige restant en dehors -, dans ce cas, les stipules sont axillaires , comme on le remarque dans le Melianihus major. Il est très-probable que la gaîne membraneuse des Poljgonécs , à laquelle on a donné le nom à'ochrea, est formée de la soudure de deux stipules. Leur nature. Lcur uaturc et leur consistance sont très-sujettes ù varier. Ainsi , elles peuvent être Joliacêes, c'est-à-dire semblables à des feuilles , comme dans l'aigremoine {^Açjrimonia evpaioria^-^ ^nemhraneuses , comme dans le figuier, les MacjnoUa', sj)hiesGentes , comme dans le jujubier (Zizyphus vulijaris) , le groseiller à maquereau ( llihes ijrossularia ) . hcurjigure ne varie pas m.oins que celle des feuilles. Ainsi , il y en a d'orbiculaires , d'ovales, de sagittées , de réniformes, etc. Elles peuvent encore être entières , den- tées ou laciniées. Levr Jurée. Quaut à Icur durée, les unes sont Jiigaces , c'est-à- dire tombant avant les fcuilks: par exemple, celles du figuier (^Ficiis Carica) , du tilleul (^Tilia europœa^. Les autres sont simplenient caduques, quand elles tombent en même temps que les ieiiilles : c'est ce qui a lieu pour VRILLES, CIRRHES OU MAI]VS. igg le plus grand nombre. Enfin, il en est d'autres qui per- sistent sur la tige plus ou moins long-temps après la chute des feuilles : telles sont celles du jujubier, du gro- seiller à maquereau, etc L'usage des stipules paraît être de protéger les feuilles avant leur développement , ainsi que le montre évidem- ment leur disposition respective dans les bourgeons des Amentacées , des Rosacées , etc. CHAPITRE VI. DES VRILLES , GIRRHES OU BIAINS.^ On désigne sous ces noms des appendices ordinaire- "Vrilles, ment filamenteux, d'origines diverses, simples ou ra- meux , se roulant en spirale autour des corps voisins , et servant ainsi à soutenir la tige des plantes faibles et grimpantes. Les vrilles ne sont jamais que des organes avortés. Leumnure, Tantôt, en effet, ce sont des pédoncules floraux qui se sont alongés considérablement , comme dans la vi- gne : aussi les voit-on quelquefois porter des fleurs et des fruits. Tantôt ce sont des pétioles, comme dans beau- coup de Lathyrus , de Vicia ^ etc. D'autres fois, enfin, ce sont des stipules , ou même des rameaux avortés. Assez souvent ce sont les feuilles elles-mêmes , dont l'ex- trémité se roule ainsi , et constituent des espèces de vril- les , comme dans l'œillet. La position relative des vrilles mérite beaucoup d'être Lemposition, observée -, car elle indique l'organe dont elles tiennent la place. Ainsi , dans la vigne , elles sont , comme les grap- pes de fleurs , opposées aux feuilles , ce qui fait voir que 200 ORGANES DE LA VÉGÉTATION. ce sont des grappes avortées ; elles sont axillaires dans les passiflores ; jyetiolèenncs dans le Lalhyrus latiJoUiis, \di Fumaria vesicaria', pédoiicuîéermes dans la vigne 5 stipuléemies dans certains STnilax^ enfin, elles peuvent être simples, comme dans la bryone [Bryonia alha), ou rameuses , comme dans le Cohœa scandens. Q^-^ccç^ On donne le nom particulier de (j'riffes aux racines que les plantes sarmenteuses et grimpantes enfoncent dans les corps sur lesquels elles s'élèvent , comme celles du lierre , du Biijnonia radicans. On appelle suçoirs les filamens très-déliës que l'on rencontre sur la surface des griffes, et qui paraissent destines à absorber les parties nutritives contenues dans le corps où elles sont im- plantées. CHAPITRE YII. DES ÉPINES ET DES AIGUILLONS. r.pines, -"^^^ épines [spinœ) sont des piqu ans formes par le prolongement du tissu interne du végétal , tandis que les aiguillons (^aculei) ne proviennent que de la partie la plus extérieure des végétaux , c'est-à-dire de l'épi- derme , dont on peut les détacher avec la plus grande facilité. Leur nature. L'origine et la nature des épines ne sont pas nioins va- riées que leur siège. Ce sont presque constamment d'au- tres organes de la végétation déformés , avortés et deve- nus spinescens. Ainsi, ce sont les feuilles dans certaines espèces d'asperges de l'Afiique, les stipules dans le juju- bier, le groseiller à maquereau. Très-souvent elles ne sont que des rameaux avortés: par exemple, dans le prunier sauvage. Aussi «cet arbre, transplanté dans uu ÉPiNES ET AIGUILLONS. 201 bon terrain , change-t-il ses épines en rameaux. Le trono de quelques arbres est hérissé d'épines qui les rendent inabordables : telles sont les diverses espèces de Glcdits- chia. Les pétioles persislans de Vjstracjalus irac/acan- tha se convertissent en épines. Suivant leur situation et leur origine j elles sont eau- Leur posiiion. îinaîres, quand elles naissent sur la tige , comme dans les cierges (^Cactus), les Gleditschîa. Elles sont /erminales quand elles se développent à l'ex- trémité des branches et des rameaux, comme dans le prunier sauvage {^Prunus spinosa). Axillaires ^ quand elles sont situées dans Faisselle des feuilles , comme dans le citronnier ( Citrus medica). Jnfi'a-axiUaires , lorsqu'elles naissent au-dessous des feuilles et des rameaux, comme dans le groseiller à ma- quereau. Enfin, elles peuvent être simples, rameuses , solitaires ou Jùsciculées. Ces expressions s'entendent d'elles-mêmes, et n'ont pas besoin d'être définies. Les aiijuillons ont été regardés par quelques physio- Aigaiiions. logistes comme des poils endurcis. Ils sont très-peu adhérens aux parties sur lesquelles on les observe, et peuvent s'en détacher facilement , comme on le voit dans les Rosiers. Les modifications qu'ils présentent quant à leur situa- tion, leur forme, etc., sont les mêmes que celles desépines. Les épines, suivant les expériences de M. De Saussure, paraissent exercer une influence marquée sur Tatmo- splière, en tendant sans cesse à en soutirer une portion de l'électricité qui y est contenue, et qui devient alors un agent actif de la végétation. Mais cependant nous de- . vous faire remarquer que tous les végétaux , même ceux qui sont dépourvus d'épines , exercent la même in- fluence sur rélectricité atmosphérique. 202 rfUTRITION BE LA. riUTRïTSON DANS LES VÉGÉTAUX. NuTRiTioifi JVous venons d'étudier tous les organes de la végéta- tion , c'est-à-dire tous ceux qui servent au développe- ment et à la formation du végétal 5 voyons maintenant comment s'opère la nutrition , quelle part y prend cha- cun de ces organes en particulier , et quelles sont les conditions nécessaires pour qu'elle ait lieu. La nutrition est une fonction par laquelle les végétaux s'assimilent une partie des substances solides , liquides ou gazeuses répandues dans le sein de la terre ou au mi- lieu de l'atmosphère , et qu'ils y absorbent , soit par l'extrémité la plus déliée de leurs radicules , soit au moyen des parties vertes qu'ils développent dans l'atmo- sphère. C'est en vertu d'une force particulière de succion , dont ces diverses parties sont douées , que l'on voit s'ef- fectuer l'absorption de ces matières et leur introduction dans le tissu végétal. Nous ferons d'abord connaître la succion ou l'absorption exercée par les racines dans le sein delà terre , par les feuilles et les autres parties vertes au milieu de l'atmosphèrej puis nous décrirons la marche des sucs nourriciers , ou de la sève des racines vers les feuilles. Alors nous étudierons les phénomènes de la transpiration , de la respiration et de l'excrétion , et nous suivrons ensuite la sève dans son cours rétrograde des feuilles vers les racines. DES VÉGÉTAUX. 203 §. i. De r Absorption ou Succion. Nous avons déjà dit que c'est par les extre'milés de Absorption. leurs fibrilles les plus déliées que les racines absorbent dans l'intérieur de la terre les fluides et les gaz qui s'y trouvent répandus. Mais toutes les parties vertes des vé- gétaux 5 telles que les feuilles , les jeunes branches, etc., sont également douées d'une force de succion fort re- marquable, et concourent aussi à cette fonction fort importante. Plongées dans le sein de la terre , les radicules capil- Les racines ai>^ '-' ... sortent par les laires j pompent , par les spongioles qui les terminent, spougioks. l'humidité dont elle est imprégnée. L'eau est le véhicule nécessaire des substances nutritives du végétal. Ce n'est point elle qui forme la base de sou alimenta- tion , comme le croyaient les anciens physiciens ; mais elle sert de dissolvant et de menstrue aux corps qu'il doit s'assimiler. En eôet , si l'on fait végéter une plante dans l'eau distillée , à l'abri de toute influence étranfrère , elle ne tarde pas à périr. L'eau seule ne Y^^ai» seule ne O " t r sert pas a la nu- sert donc pas à sa nutrition , quoiqu'elle y concoure tritiuu, aussi en partie , lorsqu'elle est décomposée et réduite à ses élémens. Il faut qu'elle contienne d'autres principes qui lui soient étrangers. D'ailleurs , les végétaux ne ren- ferment-ils point du carbone, des gaz, des substances terreuses , des sels , et même des métaux à l'état d'oxides ou en combinaison avec les acides? Or , l'eau aurait-elle pu donner naissance à ces différentes substances? Voyons donc par quel moyen elles se sont introduites dans l'in- térieur de la plante , dont elles sont devenues parties constituantes. Comment le carbone s'est-il introduit dans les végc- Fonmiion du n r^ A 1 15 f 1 I ii> 1 A. c irtone dans les taux : Ce ne peut être a letat de pureté et d isolement , ■^.'mtcs. puisqu'alors il est fort rare dans la nature , et n'est pas 204 KUTRITION soluble dans l'eau. Mais tout le monde connaît la grande : affinité du carbone pour l'oxigène ; on sait que l'acide carbonique , qu'ils forment en se combinant , est très- abondamment répandu dans la nature , qu'il se trouve dans le sein de la terre , dans les engrais , le fumier qu'on y mêle ; que , soluble dans l'eau , ce liquide en contient toujours une certaine quantité. C'est donc à l'état d'acide que le carbone est porté dans le tissu des végétaux. Or, nous avons dit précédemment qu'ex- posées à l'action des rayons du soleil, les plantes dé- composent Tacide carbonique , retiennent et s'assimilent le carbone , tandis qu'elles rejettent la plus grande par- tie de l'oxigène au-dehors. L'eau ne peut donc servir que de vébicule à cette substance alimentaire de la vé- gétation. Formation de Uoxigène fait également partie de la substance des végétaux. Il nous sera facile d'y expliquer la présence de ce gaz. En effet, comme le prouvent les expériences de Théodore De Saussure, les plantes ne rejettent point tout l'oxigène qui acidifiait le carbone-, elles en retiennent une certaine quantité. L'air atmosphérique qui circule dans les végétaux leur cède également une portion de l'oxigène qu'il contient ; mais c'est principalement l'eau qui , par la décomposition qu'elle éprouve dans le tissu végétal , décomposition dont les lois ordinaires de la chimie ne peuvent pas plus nous donner une explication satisfaisante que de celle de l'acide carbonique , lui four- nit à la fois la majeure partie de son oxigène, et l'hydro- gène qu'il renferme aussi en si grande proportion. DerMote, L'azote, que l'on trouve dans certaines substances végétales, tire évidemment son origine de la décom- position de l'air atmosphérique dans l'intérieur de la „ .. , plante. Formation ries 1 sels de mcuuï, Tellcs sout Ics différentes substances inorganiques qui DES VÉGÉTAUX. 2o5 entrent essentiellement dans la composition du tissu vé- gétal ; ce sont elles qui en forment la base. Mais il en est d'autres encore qui , sans faire partie nécessaire de leur organisation , s'y trouvent toujours dans des quan- tités plus ou moins considérables : tels sont la chaux , la silice , le carbonate , le phosphate et le malate de chaux , les carbonates de soude et de potasse , le nitrate de potasse, le fer, etc. Or, il est prouvé , d'après les expériences de M. Théodore De Saussure , que ces sub- stances arrivent toutes formées dans l'intérieur du végé- tal. Déposées dans le sein de la terre ou dans l'atmo- sphère , elles sont dissoutes ou entraînées par l'eau qui les charrie et les transporte dans l'intérieur du tissu vé- gétal. Ce n'est point l'acte de la végétation qui forme ces Les matières substances, ainsi que Schrader, M. Braconnot et quel- formées, ques botanistes et physiciens l'avaient avancé. C'est la terre ou le imilieu dans lequel les végétaux se déve- loppent , qui leur cèdent en grande partie les alcalis , les terres et les substances métalliques que l'analyse chi- mique y fait découvrir. Ce fait, déjà prouvé par les nombreux essais de INI. Théodore De Saussure, vient d'être mis dans son dernier degré d'évidence par les ex- périences récentes de M. Lassaigne. Ce jeune et habile chimiste répéta de la manière suivante les expériences de M. Théodore De Saussure: « Au 2 avril dernier , je plaçai , dit-il , dix grammes Expérience da de graines de sarrasin ( Poli/gonum FcKjopyrum) dans • ' ^"'^'S"^- une capsule de platine contenant de la fleur de soufre lavée et que j'avais humectée avec de l'eau distillée , ré- cemment préparée -, je la posai sur une assiette de por- celaine qui contenait un demi-centimètre d'eau distillée, et je recouvris le tout avec une cloche de verre , à la partie supérieure de laquelle il y avait un robinet qui, 206 NUTRITION au moyen d'un tube de verre recourbé en siphon et ter- miné par un entonnoir , me permettait de verser de l'eau de temps en temps sur le soufre. » Au bout de deux ou trois jours les graines avaient germé pour la plus grande partie -, on continua de les arroser tous les jours, et dans l'espace d'une quinzaine elles avaient poussé des tiges de six centimètres de hau- teur, surmontées de plusieurs feuilles. » On les rassembla avec soin , ainsi que plusieurs grai- nes qui n'avaient point levé , et on les incinéra dans un creuset de platine ; la cendre qu'on en obtint pesait 0,220 grammes ; soumise à l'analyse , elle a donné 190 de phosphate de chaux , 26 de carbonate de chaux , et 5 de silice. "» Dix grammes de ces mêmes semences incinérées fournirent la même quantité de cendre , formée exacte- ment des mêmes principes. » Il résulte évidemment de cette expérience , qui fut ré- pétée une seconde fois, et qui donna le même résultat, qu'après leur développement dans l'eau distillée , les jeu- nes pieds de sarrasin ne contenaient pas une quantité plus considérable de sels -alcalins que les graines dont ils provenaient: d'où l'on peut conclure, avec M. Théo- dore De Saussure , que les alcalis et les terres que Von trouve dans les plantes ont été ahsorhés et tirés du sol. Cnmci de la Mais quelle est la puissance qui détermine la succion des racines? Les lois de la physique et de la mécanique sont insuffisantes pour expliquer un semljlable phéno- mène. La force extraordinaire avec laquelle s'opère cette absorption ne peut être conçue d'une manière satisfai- sante qu'en admettant une puissance , une énergie vi- tale inhérente au tissu même des végétaux , et détermi- nant par son influence, dont la nature nous est inconnue , les phénomènes sensibles de la vé^iétation. DES VÉGÉTAUX. 2O7 C'est au célèbre pliysicien Haies que l'on doit les ex- Force Je la ■*■ "^ . , . succion. périences les plus précises et les plus ingénieuses au Eipeiience moyen desquelles on démontre la force prodigieuse de succion dont sont douées les racines et les branches. Il découvrit une des racines d'un poirier, en coupa la pointe , y adapta Tune des extrémités d'un tube rempli d'eau, dont l'autre extrémité était plongée dans une cuve à mercure , et en six minutes le mercure s'éleva de huit pouces dans le tube. Le même physicien , pour mesurer la force avec la- quelle la vigne absorbe Thumidité dans le sein de la terre , fit une expérience dont les résultats paraîtraient inexacts et exagérés , s'ils n'eussent été vérifiés dans ces derniers temps par M. Mirbcl , qui répéta l'expérience. Le physicien anglais coupa, le 6 avril, un cep de vigne sans rameaux , d'environ sept à huit lignes de diamètre , à trente-trois pouces au-dessus de la terre. Il y adapta un tube à double courbure , quïl remplit de mercure jusqu'auprès de la courbure qui surmontait la section transversale de la tige. La sève qui en sortit eut assez de force pour élever en quelques jours la colonne de mer- cure à trente-deux pouces et demi au-dessus de son ni- yeau. Or, le poids d'une colonne d'air, de la hauteur de l'atmosphère , est égal à celui d'une colonne de mercure de vingt-huit pouces, ou d'une colonne d'eau d'environ trente-trois pieds. Dans ce cas, la force avec laquelle la sève s'élevait des racines dans la tige était donc beaucoup plus considérable que la pression de l'atmosphère. Un grand nombre de faits et d'expériences démontrent la part que les feuilles prennent au phénomène de la suc- cion et de l'absorption. Ainsi, une branche détachée de l'arbre dont elle faisait partie , absorbe encore avec une grande force le liquide dans lequel on plonge son extré- mité. Il en est de même si on la retourne, et que sou Ma sève. :20o NUTRITIOK sommet trompe dans l'eau; sa puissance absorbante n'en sera pas diminuée. Pendant l'été, nous voyons la chaleur du soleil flétrir et faire faner les plantes qui ornent nos parterres; mais qu'on les examine pendant la nuit ou dans la matinée , la rosée que les feuilles ont absorbée leur a rendu leur force et leur fraîcheur. Si l'on dépouille entièrement un végétal de ses feuil- les , et qu'on enlève toutes celles qui tendent à se déve- lopper , il ne tardera pas à périr , parce que la succion , exercée par ses racines , sera insuffisante pour fournir tous les matériaux de la nutrition. Dans beaucoup de plantes , particulièrement dans les Cactus et autres plantes grasses , dont les racines sont très-petites, et qui végètent d'ordinaire sur les rochers ou dans les sables mouvans des déserts , il est évident que l'absorption des fluides nutritifs a lieu presque exclusi- vement par les feuilles, et les autres parties plongées dans l'atmosphère j car la petitesse de leurs racines , l'ex- trême aridité du sol dans lequel elles croissent, ne suffi- raient point pour les faire végéter. D'après ce qui vient d'être dit , on voit combien , dans les végétaux , la surface absorbante est grande , lorsqu'on la compare à leur volume général. Elle est incompara- blement plus considérable que celle des animaux. §.2. De la Marche de la Sève. iche de la La sève est ce liquide incolore, essentiellement aqueux, que les racines puisent et absorbent dans le sein de la terre , les feuilles dans l'atmosphère , pour le faire servir à la nutrition du végétal. C'est elle qui, contenant en dis- solution ou en suspension les véritables principes nutri- tifs, les dépose dans l'intérieur de la plante à mesure qu'elle traverse leur tissu. DES VÉGÉTAUX. ooq Duhamel désignait lasùvesous le nom de hjmphe, et appelait vaisseaux lymphatiques ceux dans lesquels il admettait la circulation de la lymphe. Au printemps , la sève est un fluide essentiellement aqueux , d'une pe- santeur spécifique , à peine supérieure à celle de l'eau , d'une saveur douceâtre , quelquefois légèrement saline. Elle contient souvent des acides carbonique, acétique ou oxalique, libres ou combinés avec la chaux et la po- tasse. La nature de la sève, essentiellement la même dans la plupart des végétaux , présente quelques différences dans ««^vî'"" ^" ^ plusieurs espèces. Ainsi, quelquefois on y trouve de l'al- bumine, ou une matière analogue au gluten. Celle de Vacer saccharinum contient jusqu'à cinq pour cent de son poids de sucre. Une chose qu'il est important de no- ter, c'est que la sève varie en général suivant les diverse» parties où on l'observe. Ainsi, elle est d'autant plus dense et plus sapide qu'on la prend à une hauteur plus considérable de la tige. M. Amici, de Modène, a publié (.7««. des Scien. nau, septem. i85o) des observations sur la sève de la a- Sï^r Tigne. lout le monde sait qu'au printemps la tige con- \. tient une énorme quantité de sève, qui s'écoule abon- damment par les plaies qu'on fait à cet arbrisseau en le tadlant. Ce fluide extravasé finit par se concréter sur l'écorce où il est déposé , et forme une couche mucila-i- neuse , de couleur rousse. Ayant examiné , au moyen du microscope , cette matière , il .it qu'elle se composait de longs filamens entrecroisés, simples ou rameux, séparés par des diaphragmes ; ces filamens étaient tubuleux tan- tôt vides, tantôt ofirant de petites granulations mobiles le long de ces tubes. La sève, recueillie en m^me temps, et exposée pendant six heures au soleil, présenta bientôt des filamens seni):>hblc6 , dont le nombre alla rapide- I" Tartie, * •4 iàr* d« U 210 NUTRITION ment en croissant , et leurs ramifications se multiplièrent également. Cette production a la plus grande ressem- blance avec une conferve j mais l'auteur est plus porté à la regarder comme une matière organique, dont les principes existent dans la sève , et qui peut être considé- rée comme le principe de l'accroissement des végétaux. Nous ne partageons pas cette dernière opinion; mais nous avons cru devoir la faire connaître. Routes du la Lcs ancicns se sont disputés long-temps pour savoir *"^*' par quelle partie de la tige l'ascension de la sève avait lieu. Les uns , tel que Parent , croyaient que c'était par la moelle; les autres , au contraire , comme Réneaulme, pensaient que l'écorce était le siège de ce singulier phé- nomène. Mais, quand ou a eu recours à des expériences positives , il a été prouvé que ces deux opinions étaient également erronées. En effet , la marche de la sève se fait à travers les couches ligneuses. Mais c'est la partie la plus voisine de l'étui médullaire qui paraît être le siège principal de cette ascension. En effet, si l'on fait tremper une branche ou un jeune végétal dans une li- queur colorée , on pourra suivre , dans la partie la plus voisine de l'étui médullaire^ les traces du fluide absorbé: or, ce fluide ne se verra ni dans la moelle , ni dans l'é- corce. ExpeiiencBs de Cc fut Maguol qui , Ic premier, en 1709, eut l'in- Wagaol avec les t . «l'i i 1 j t'i i» liquides colores gcnieuse idée de plonger dans des liquides colores un certain nombre de végétaux, pour reconnaître par l'ex- périence directe la route que les fluides parcouraiept en s'élevant des racines vers les parties supérieures d^e, la plante. Il reconnut que c'était toujours à travers les cou- ^ , ches limeuses qu'on pouvait en suivre les traces. Duha- La scve monte . pa. les couciies nicl , Sarrabat ou Delabaisse , Bonnet et un grand nom- ligneuses. . . . , A f , bre d'autres physiciens sont arrives au même résultat. Coulon eut également occasion d'en reconnaître fortui". DES VÉGÉTAUX. 31 1 tement la vanique , que l'au- teur nomme endosmose. Toutes les fois que deux liqui- des de densité difierenle sont séparés par une membrane organisée, il s'établit entre eux un com'ant qui fait que le moins dense , attiré par celui qui l'est davantage, tend à traverser la membrane pour se porter vers lui, -^ En poursuivant ses expériences sur le même svijet ^ M. Dutrochet a été à même d'observer un autre phéno- mène qui complète ses premières observations. Il a vu que , quand on plonge un cœcum de poulet , ou toute au- tre cavité organique , rempli d'eau pure , dans un liquide plus dense , l'eau renfermée dans la membrane , attirée par le liquide plus dense , traverse les parois de la mem- brane , pour se réunir au liquide , dont la densité est plus grande. Ce phénomène est le même que le précédent; mais il s'exerce seulement en sens inverse : c'est toujours le passage d'un liquide moins dense vers vin plus dense. L'auteur donne à la force qui préside à ce phénomène le nom (\!exosmose. Cette action , de même que l'endos- mose , paraît être le résultat de l'électricité , et est ana- logue à celle que Porret a obtenue par l'emploi direct de l'électricité galvanique. « Ce physicien, dit M. Dutro- chet , ayant séparé un vase en deux compartimens par un diaphragme de vessie , remplit d'eau l'un de ces com- partimens, et n'en mit qu'une petite quantité dans l'au- tre. Ayant alors placé le pôle positif de la pile dans le compartiment rempli d'eau , et le pôle négatif dans celui qui n'en contenait que quelques gouttes, l'eau fut pous- sée à travers les parois de la vessie dans le compartiment vide , et elle s'y éleva à un niveau supérieur à celui au- i^xosmose. B22I IfUTRITIOM quel elle fut réduite dans le compartiment primitive- ment plein. Ce fait paraît tout-à-fait analogue à ceux de l'endosmose et de l'exosmose. Partant de ses premières expériences, M. Dutrochet en fit une autre qui le mit sur la voie pour arriver à la théorie de l'ascension des fluides dans les végétaux. Il pensa qu'en vertu de la force d'endosmose , il pourrait peut-être faine monter un liquide dans un tube. Voici comment il fit cette expérience : Il prit un tube de verre de 32 centimètres de long, et de 2 millimètres de dia- mètre intérieur, ouvert à ses deux extrémités. Au moyen d'une ligature , il fixa à l'extrémité infère l'ouverture d'un cœcum de jeune poulet rempli d'une solution de cinq parties d'eau et d'une partie de gomme arabique. JLe cœcum fut plongé dans l'eau de pluie , et le tube tenu m verticalement. Bientôt le cœcum devint turgide , c'est- à-dire qu'il se gonfla , et le liquide qu'il contenait ne tarda pas à monter dans l'intérieur du tube. Cette ascen- sion 8'opéra avec une vitesse de 0,07 mètres par heure , et quatre heures et demie après , le liquide , parvenu au sommet du tube , déborda par son ouverture et s'écoula au dehors. Cet écoulement , après avoir duré pendant un jour et demi , s'arrêta ; et bientôt après , le liquide commença à baisser dans le tube , par suite de l'altéra- tion qu'avaient éprouvée le liquide contenu dans le cœ- cum et le cœcum lui-même. Cette expérience fut ensuite répétée avec un tube de 5 millimètres de diamètre inté- rieur , et eut les mêmes résidtats. ProsieiJion da L'autcur a fait l'application des principes qui décou- puiToD.^" '"*" lent de ces expériences à la statique des fluides dans les végétaux. Selon lui , l'ascension de la sève est le résultat de l'endosmose. « C'est elle, dit-il, qui produit en même temps la progression de la sève par impulsion , et sa progression par afjinxion. Nous allons exposer le mé- DES YÉGÉTA.UX. 223 cani^ne de ces deux mouvemens. Les spong^ioles des ra- cines sont les organes dans lesquels la sève ascendante reçoit l'impulsion qui la porte vers les parties supérieu- res du végétal. Ces organes , siège exclusif de l'absorp- tion de l'eau , deviennent très-turgides par endosmose. Environnées d'up milieu humide , les spongioles absor-- bent l'eau , et l'introduisent sans cesse dans l'intérieur des cellules qui composent spécialement leur tissu. Cette eau , introduite par Fendosmose , et accumulée avec ex- cès dans les organes qu'elle rend turgides, en reçoit un mouvement ascendant qui la chasse dans les tubes aseen- dans de l'a racine et de la tige, en poussant devant celle qui y avait précédemment pénétré. Telle est la cause de cette pression considérable à laquelle est soumise la sève ascendante de la vigne et de quelques autres végé- taux, pression supérieure à celle de l'atmosphère, ainsi que l'ont prouvé les expériences de Haies , répétées par MM. Mirbel et Chevreul. Passons actuellement à la progression de la sève par Progression de affluxion. Supposons une tige coupée , et plongée dans fUnioL ^" * * l'eau par sa partie inférieure-, les cellules et les vaisseaux situés à la surface des feuilles perdant une partie des fluides qu'ils contiennent par l'é vaporation , l'endosmose , sans cesse active , de ces organes remplit le vide qui tend à se former, par l'introduction des fluides empruntés aux organes voisins , et cette action qu'opère l'afïïuxion de la sève vers les feuilles, s'étend de proche en proche, jus- qu'à la base de la tige qui trempe dans l'eau. Ainsi , c'est par une sorte de succion qne l'eau du vase tend à monter dans les tubes de la tige. Telle est en abrégé la théorie nouvelle que M. Dutro- chet propose pour expliquer l'ascension des fluides sé- yeux , de la racine jusqu'aux extrémités supérieures du yégétal. C'est une hypothèse nouvelle ajoutée à tou- 224 HUTiRITlON les celles déjà émises sur ce sujet. ?>Iais elle ne nous paraît pas plus que les autres pouvoir expliquer seule tous lés phénomènes de ce mouvement. S'il nous était permis d'émettre ici une opinion sur ce point encore obscur de la physiologie des végétaux , nous dirions que l'ascen- sion de la sève ne nous paraît pas dépendre , ainsi que l'ont conclu la plupart des physiologistes, d'une cause simple et unique , mais qu'elle est le résultat de plusieurs actions combinées. Ainsi , l'extrême ténuité des tubes dans lesquels la sève se meut , si toutefois ce qui est fort contesté , les tubes sont les seuls canaux du fluide nourri- cier, se trouve dans la condition des tubes capillaires-, et dès-lors nous ne voyons pas comment on pourrait rai- sonnablement refuser aux tubes végétaux une propriété qui est si évidente et si générale dans les tubes inertes. Mais qu'on le remarque bien , nous n'admettons pas , comme certains auteurs , que la capillarité soit l'unique cause de l'ascension des fluides absorbés par la racine. Il en est de même de l'action exercée par les feuilles. Nul doute, que, par suite de l'évaporation qui a lieu par leur surface et par le vide qui en résulte , la sève ne soit puissamment appelée vers les parties supérieures de la plante. L'endosmose peut aussi être comptée comme l'une des causes qui peuvent concourir à ce phénomène. Mais ici , comme dans la plupart des autres fonctions des animaux et des végétaux, nous devons admettre une force inconnue, puissante , active , résultat de l'organisation et de la vie qui préside à ces fonctions, qui en est l'agent immédiat, indispensable , et que l'on désigne sous le nom de force vitale. Plus récemment encore, M. Meyen (^Nov. act. acad. nat. curioa., xiii , part, ii) a repris toutes les expérien- ces faites avant lui sur la circulation des sucs dans le tissu cellulaire, et les a répétéUTRITI0N ficalîons, arrive et se répand dans les feuilles. Or, les feuilles , par leur organisation essentiellement yasculaire et celluleuse , sont de véritables poumons , offrant un grand nombre de cavités remplies d'air qu'elles ont ab- sorbé. Ces cellules aériennes, ainsi que nous l'avons dit précédemment en parlant de la structure des feuilles, existent principalement à leur face inférieure. Elles communiquent avec Fair ambiant au moj'en des sto- mates, au-dessous desquels elles sont constamment pla- cées. La sève se trouve en contact médiat avec l'air de ces cavités , comme , au reste , le sang des animaux dans les organes respiratoires qui leur sont propres. Le fluide se veux , par suite de ce contact, éprouve dans sa nature et ses propriétés des changemens qui le rendent plus propre à la nutrition des diverses parties dans lesquelles il se répand ensuite. îl absorbe à l'air une certaine quan- tité de son oxJgène , ainsi qu'il résulte des a'eclierches de Théodore de Saussure et de M. Dutrocbet (Mém. sur les org. ae'riféres des véfféi. ^ An. se. nat. , mars 1802). En effet , l'air contenu dans les feuilles a perdu une por- tion de son oxigène-, il n'en renferme que 18 parties, au lieu de 21 sur 100. dans'^k/T""" Datis les plantes aquatiques dont les feuilles sont dé- aquatir^uc. pourvues d'épiderme , la respiration , ainsi que l'a dé- montré M. Adolphe Brongniart , se fait à la manière de celle des poissons et des autres animaux aquatiques pour- vus de branchies. L'eau, chargée d'air, vient baigner immédiatement et à nu les cellules dans lesquelles la sève est renfermée , et ce contact suSît pour lui imprimer le§ modifications dont elle a besoin. Elle T sonsJc«e ^es feuIllcs sout saus contredit les organes principaux o:.,i5 iji feuilles j^^ ^^ respiration des plantes; mais néanmoins cette fonc- it Ifs 1 litres par- i -t ues Uu vc'seta], tiou s'étendéga^lcmcnt à toutos les autres parties vertes du végétal. En effet , l'air contenu dans les cavités aériennes DES VÉGÉTAUX. 231 des feuilles , et qui y est arrivé par les stomates , pénètre clans les autres organes , très-probablement par le moyen des trachées et autres vaisseaux poreux et fendus j il doit nécessaireiiient se mélanger avec celui qui a été absorbé par les racines ou par les autres parties vertes munies de stomates. Cet air , répandu ainsi dans tout l'intérieur de la plante , doit exercer une influence très-marquée sur l'élaboration de la sève. M. Dutrochet Aiteiaiion de , r ,, . , T 1 , • ^ T Ti^ 7 1 air dans les di- a trouve que lair contenu dans les tiges du JSymphœa vers organes du se composait de seize parties d'oxigène et quatre-vingt- ^ p^*""'- quatre d'azote , tandis que celui qu'il retira de la racine ne contenait plus que huit parties d'oxigène sur cent. Cet air a donc perdu une très-forte proportion de son oxigène , qui a dû être absorbé par la sève et le tissu végétal, et a servi ainsi à la nutrition. M. Dutrochet a également constaté par l'expérience que l'air contenu dans les organes aérifères des végétaux était non-seulement essentiel à leur nutrition , mais in- dispensable pour la manifestation des autres phénomènes vitaux. Ainsi, une sensitive^ dont on avait expulsé tout cet air au moyen de la machine pneumatique, non- seulement ne présentait plus aucun des mouvemens qui paraissent dus à l'influence de la lumière, mais ses feuilles étaient insensibles aux agens qui d'ordinaire ont une action si marquée sur leurs mouvemens. D'après ce qui précède, il est facile de voir que la Anaioniedek respiration des végétaux offre l'analoeie la plus frap- 'fP'"""" 'Jf *■ iJ U ir r^ plantesaveccello pante avec la même fonction dans la classe des insectes. ''" insectes. Ce n'est pas par une ouverture unique , comme dans les animaux respirant par des poumons , que l'air pénètrP'' dans les organes respiratoires 5 c'est, comme dans les in- sectes, par un grand nombre de petites ouvertures-, car il est impossible de ne pas reconnaître que les stomates des plantes représentent exactement les stigmates des 232 >UTRIÏïOS insectes. L'air, une fois entré dans rintérieur du tissu véjjëtal , en pénètre toutes les parties, et, ainsi que l'avaient déjà si bien reconnu Grcw et Malpighi , les trachées Téfjélales sont parfaitement analogues aux tra- chées des insectes , et par leur structure et par leurs fonctions. ALsorption et Indépendamment de l'absorption de l'air et de son dccompositioa actiou sur le lluidc nourricier qui constituent essentiel- de 1 aciuu car- l i>oiiiTands rapports avec la même fonction des animaux, dans les animaux , en difltière essentiellement. Enefïet, c'est par leur bouche que les animaux, du moins ceux d'un ordre supérieur, 'ntroduisent dans leur intérieur les diverses substances qui doivent servir à leur nutrition. C'est au moyen des spong-oles qui ter- minent leurs racines que les végétaux absorbent , dans l'intérieur de la terre , l'eau mélangée des matières né- cessaires ou inutiles à leur développement. Dans les animaux, les matières absorbées suivent un seul et même canal , depuis la bouche jusqu'à l'endroit où la substance vraiment nutritiv (/e chyîe^^ doit être séparée des matières inutiles ou exc;émentitiel!es. Dans les végétaux, le même phénomène a lieu : les fluides absorbés parcourent u i certain trajet avant d'ar- river jusqu'aux feuilles, où s'opère la séparation des parties nécessaires ou inutiles à la nutrition. Les animaux et les végétaux rejettent an dehors les substances impropres à leur développement. Une des diflércnces les plus tranchées qui existent en- tre les végétaux et les animau?:, c'est que les premiers se nourrissent essentiellement de matières inorganiques, telles que d'eau, de car])one, d'iij'drogène, d'oxigène, etc., tandis que dans les animaux les matières qui servent à la , nutrition sont uniquement des substances organiques, tirées des règnes animal et végétal. Le chyle, ou la partie nutritive des animaux, se mêle au sang, qu'il entretient et répare continuellement, par- court toutes les parties du corps, et sert au développe- ment et à la nutrition des organes. La sève des végétaux, après avoir éprouvé l'influence DES VÉGÉTAUX. 24 1 de l'atmosphère dans les feuilles , après avoir acquis une nature et des propriétés nouvelles , redescend dans toutes les parties du végétal pour y porter les matériaux de leur accroissement , et servir au développement de toutes leurs parties. l'» Partît'. xd 242 ORGANES DE LA. REPRODUCTION, DEUXIÈME CLASSE. ORGANES DE LA REPRODUCTION. Les organes de la reproduction , que nous désignons encore sous le nom d'organes de la fructification , sont ceux qui servent à la conservation de l'espèce , et à la propagation des races. Leur rôle n'est pas moins impor- tant que celui des organes dont nous venons d'étudier la structure et les usages. En effet , si les premiers sont né- cessaires à l'existence de l'individu , au développement de toutes ses parties , les seconds sont indispensables pour que cet individu puisse devenir apte à procréer d'autres êtres semblables à lui, qui puissent renouveler et perpé- tuer son espèce. Dans les plantes , ce sont la fleur, le fruit et les diffé- rentes parties dont ils sont formés , qui composent les or- ganes de la reproduction. Aussi les avons-nous distingués en deux sections, savoir: les organes de la floraison , et les organes de la fructification. 1)E LA FLEUR EN GÉNÉRAL. 2^"$ SECTION PREMIERE. DES ORGAKES DE LA FLORAISON. Considérations générales sur la Fleur. Nous connaissons déjà les parties qui servent à fixer la plante au sol , à absorber dans le sein de la terre , ou au milieu de l'atmosphère , les fluides aqueux et aériformes nécessaires à la nutrition et au développement du végé- tal 5 nous venons d'étudier la série de fonctions partielles dont se compose la vie individuelle de la plante , en un mot , sa nutrition : occupons-nous maintenant des orga- nes , non moins essentiels , dont l'action tend à renouve- ler et à perpétuer l'espèce, et qui concourent à la seconde grande fonction du végétal , la reproduction ou généra- tion. Ici se présente une grande ressemblance entre les vé- Des oignnes , . _ SL'snels des ve- getaux et les animaux. Les uns et les autres, en effet, geiaux. sont pourvus d'organes particuliers , nommés organes sexuels, qui , par leur action réciproque , concourent à la fonction le plus importante de leur vie. L'analogie la plus parfaite existe entre eux dans cette grande fonction. C'est de l'action que l'organe mâle exerce sur l'organe fe- melle que résulte \di Jecondation , ou ce phénomène par lequel l'embryon , encore à l'état rudimentaire , reçoit et conserve le principe animateur de la vie. Cependant re- marquons ici les modifications que la nature a impri- mées à ces deux grandes classes d'êtres organisés. La plu- iG. 244 OUGANES DE LA REPRODCCTIOrr. part des animaux apportent en naissant les organes qui doivent servir un jour aies reproduire 5 ces organes res- tent engourdis jusqu'à l'époque de la puberté, variable suivant les diverses espèces, époque où la nature , diri- geant sur eux une nouvelle énergie , les rend capables de remplir les usages pour lesquels elle les a créés. Les vé- gétaux, au contraire, sont, à leur naissance, dépourvus d'organes sexuels. La nature ne les y développe qu'au moment où ils doivent servir à la fécondation. Une au- tre grande dissemblance entre les animaux et les végé- taux c'est que dans les premiers , les organes sexuels peuvent servir plusieurs fois à la même fonction, naissent et meurent avec l'être qui les porte, tandis que dans les vé- gétaux, dont le tissu est mou et délicat, ces organes n'ont qu'une existence passagère : ils paraissent pour accom- plir le vœu de la nature, se fanent, et se détruisent aussi- tôt qu'ils Font rempli. Mais cependant, tant que dure la vie du végétal,. de nouveaux se développent, qui éprouvent- les mêmes phénomènes et disparaissent égale- ment. Distribution ^dmirous la prévoyance de la nature dans la distribu- des sexes. tiou dcs scxcs parmi les êtres organisés. Les végétaux fixés invariablement au lieu qui les a vus naître , privés de la faculté locomotive, portent le plus souvent sur le même individu les deux organes dont l'action mutuelle ^ doit produire la fécondation. Les animaux, au contraire, qui, doués de la volonté et de la faculté de se mouvoir, peuvent se diriger dans tous les sens , ont en général les sexes séparés sur deux individus distincts, l'un mâle, l'autre femelle. C'est pour cette raison que l'hermaphro- ditisme est aussi commun chez les végétaux qu'il est rare parmi les animaux. La lleuv. CompOiilion de la ileur. Fleur mâle. DE LA FLEUR EN GÉNÉRAL. 2i^5 La Fleur est essentiellement formée par les organes 'se'xuels réunis sunun support commun , avec ou sans en- veloppes extérieures destinées à les protéger. L'organe sexuel mâle se nomme élaniine;^ l'organe sexuel femelle porte le nom de pistil. Réduite à son dernier degré de simplicité, la fleur peut n"'ètre formée que par un seul organe sexuel , mâle ou ^' ^'S- 5'- "• femelle, c'est-à-dire par une élamine ou un pistil. Ainsi, dans les saules , les fleurs mâles consistent simplement , et sui- vant les espèces , en une , deux ou trois étamines, attachées sur une petite écaille. [Foy. fig. 5l , B. ) Les ûeUTSyemelleS Fleur f.mellc sont formées par un pistil, éga- lement accompagné d'une écaille , sans autres organes accessoires. ( /' oy. fig. 5i , a.) Dans ce cas , comme dans un grand nombre d'autres , la fleur est aussi simple que possible : elle prend alors le nom de^^eurmâle ou de fleur femelle , suivant les organes qui la composent, et Ton dit d'une manière générale que les fleurs sont uni- sexuées. La fleur hermaphrodite est celle , au contraire , qui présente réunis les deux organes sexuels, mâle et fe- melle. Mais les fleurs que nous venons d'examiner ne sont pas complètes. En effet , quoique l'essence de la fleur consiste dans les organes sexuels, pour être parfaite, il faut encore qu'elle présente d'autres organes qui , bien qu'accessoires, ne lui appartiennent pas moins, et ser- vent à favoriser ses fonctions , et à protéger ses organes essentiels. Ces organes sont les enveloppes florales ou le périanthe, c'est-à-dire le calice et la corolle. La fleui; Fleur herum- pbruJite. Fleur plète. 246 ORGANES DE I.A REPRODUCTION. complète sera donc celle qui présentera les deux organes sexuels entourés d'une corolle et d'un calice. W^ Sous le point de vue de son organisation primitive, on peut dire que la fleur complète se compose de quatre verticilles de feuilles diversement modifiées , très-rap- proclîés les uns des autres. Nous développerons plus tard cette idée quand nous aurons fait connaître les diverses parties constituantes de la fleur et leur position respec- tive. Il est important d'examiner ici dans quel ordre symé- trique sont disposés entre eux les diflérens organes con- stituant une tleur complète. Position des En allant du centre à la circonférence , nous verrons tiem^" '^^ '^ ^^ P^^^^^> OU organe sexuel femelle , occuper toujours la partie centrale de la fleur. Il se compose de V ovaire , du êti/le et du stig^nate. Plus en dehors, sont les organes sexuels mâles, ou les étatnines, ordinairement en nom- bre plus considérable que les pistils , et composées d'un filet et d'une anthère. A l'extérieur des étamines se trouve la plus intérieure des deux enveloppes florales , ou la corolle : on l'appelle m,onopétale, quand elle est formée d'un seule pièce; polypétale , quand elle est formée de plusieurs pièces nouimée^ pétales ; enfin la plus extérieure des deux enve- loppes florales est le calice, qui est monosépale ou po- lyséjiale , suivant qu'il est composé d'une ou de plusieurs pièces nommées sépales. Tout ce qui est en dehors du calice n'appartient plus en propre à la fleur : telles sont \ç.^Jeiiïlles florales ou les bractées qui les accompagnent fort souvent , et qui doivent en être considérées comme des parties accessoires. Analyse de h Preuous daus la uature quelques exemples de fleurs, fleur de la giio- ^^^^ lesquelles nous chercherons à reconnaître et à dé- nommer les différentes parties que nous venons d'énu- DE LA FLEUR EN GÉNÉRAL. 247 mérer. La giroflée j a vine {Cheiranthiis Cheiri) va nous servir d'exemple. Nous verrons le centre de la fleur occupé par vm petit corps alongé , un peu comprimé d'avant en arrière, pré- sentant, lorsqu'on le fend longitudinalement dans ses deux tiers inférieurs , deux cavités dans lesquelles sont renfermés les ovules : ce corps est \e pistil. 11 se compose d'un ovaire ou partie inférieure , d'un st^le , prolonge- ment filiforme du sommet de l'ovaire , terminé par un petit corps visqueux , glandulaire et bilobé : c'est le stig- mate. En dehors du pistil , nous trouvons six organes de même forme , de même structure , disposés circulaire- ment autour de l'organe femelle , composés chacun d'une partie inférieure lilamentiforme , que surmonte une es- pèce de petit sac ovoïde , à deux loges , remplies d'une poussière jaunâtre. A leur position et à leur structure , nous reconnaîtrons ces corps pour les etamines, ou or- ganes sexuels mâles. Leur partie inférieure filamenti- formeest \q filet; leur partie supérieure est V anthère; la poussière qu'ils renferment est le pollen. En examinant ce qui reste au dehors des organes sexuels , nous aperce- vons huit appendices membraneux , disposés par deux séries , quatre plus intérieurs , et quatre occupant la partie externe de la fleur. Les quatre intérieurs, plus grands , d'une couleur jaune , parfaitement semblables entre eux , constituent un seul et même organe : c'est la corolle, qui , dans ce cas, est composée de quatre pièces distinctes ou de quatre pétales. Il nous sera très-facile maintenant de dénommer les quatre pièces verdâtres, plus petites, situées en dehors de la corolle. En effet , nous savons déjà que la plus externe des deux envelop- pes florales est le calice. Ici le calice est donc formé de quatre pièces ou sépales. Telles sont la structure et la position respective des 248 ORGANES DE LA REPRODUCTlOBT. diffërens organes qui constituent une fleur complète. Examinons maintenant quelques fleurs dans lesquel- les tous les organes que nous venons d'énumérer ne Analyse de la sc rencontrent pas. Dans la tulipe, par exemple, nous iipe! * "~ trouvons au centre de la fleur le pistil, composé d'un ovaire prismatique et à trois faces, dont le sommet est couronné par un corps glandulaire , qui est le stig- mate : il n'y a point de style. Eu dehors , nous voyons six ëtamines, dont la structure n'a rien de remarquable. Voilà donc les deux organes sexuels j mais à leur exté- rieur, nous trouvons six pièces^ ou segmens membra- neux, parfaitement semblables entre eux, ne formant évidemment qu'un seul et même organe. Dans cette fleur il manque donc une des deux enveloppes florales ; mais quelle est celle qui manque ? Cette question a beaucoup occupé les botanistes , qui tous ne sont pas encore d'ac- cord à ce sujet. Les uns , en effet, avec Linnœus, veu- lent que , lorsqu'il n'existe qu'une seule enveloppe flo- rale autour des organes sexuels ;, on la nomme corolle, quand elle offre des couleurs vives-, calice , quand elle est verte. On voit combien cette distinction est fondée sur des caractères peu fixes. Les autres , au contraire , avec M. de Jussieu , conduits par les lois de l'analogie, la regardent comme un calice, quelles que soient sa cou- leur et sa consistance. jVous partageons cette opinion, et nous appellerons calice l'enveloppe florale unique qui se trouve autour des organes sexuels. D'autres auteurs , voulant remédier à cette diversité d'opinions, et conci- lier en quelque sorte les deux partis , donnent le nom de pérùjone à l'enveloppe florale unique qui entoure les or- ganes sexuels. La tulipe ^ que nous examinons, a donc un calice formé de six sépales, ou un périgone composé de six pièces distinctes. Enfin, comme nous l'avons vu préfcdcmmcnt, il est PÉDONCULE ET BRACTÉES. 249 des fleurs dans lesquelles les deux enveloppes florales manquent en même temps. On les a appelées flems nues, pour les distinguer de celles qui sont munies d'enveloppes florales. CHAPITRE PREMIER. DU PÉDONCULE ET DES BRACTÉES. La fleur peut être fixée de diverses manières aux branches ou aux rameaux qui la supportent. Ainsi , tantôt elle est immédiatement attachée par sa base , sans le secours d'aucune partie accessoire ou intermédiaire •, dans ce cas, elle est dite sessile {flos sessilis). On la nomme au contvaive/leur pe'donculee (^fios jicdunculatiis) , quand Fleur sessile. elle y est fixée au moyen d'un prolongement^articulier, nommé vulgairement queue de la fleur, et désigné en botanique sous le nom de pédancule. Le pédoncule de la fleur, de même que le pétiole de la feuille , peut être Fleur pedoa- simple ou ramifié. Quand il est ramifié , chacune de ses *" ' '"' divisions, portant une seule fleur, prend le nom de pédicelle ; les fleurs sont dites pédicellées [flores pedi- cellati). Ainsi, la fleur dé l'œillet ordinaire est pédon- culée, et chacune des fleurs qui composent la grappe du lilas ou de la vigne est pédicellée. Le Pédoncule , ou support des fleurs , affecte diflë- MocUGcations rentes modifications qu'il est utile de faire connaître. '^'^*' Ainsi , suivant sa situation , il est radical , quand il part de l'aisselle d'une feuille radicale , comme dans le pissenlit ( Taraxacum dens leonis ) , la primevère ( Pri- ■mula veris). On lui donne le nom spécial àeHamjie (scapus), quand Bractées. Feuillo raies. llo- 25o ORGANES DE LA REPRODUCTIOIS. il part immédiatement du centre d'un assemblage de feuilles radicales, comme dans la jacinthe, les nar-' cisses, etc. Il est caulinaire ou ramaire , suivant qu'il naît de la tige ou des rameaux -, ce qui est la disposition la plus or- dinaire. Il est pétiolaire , quand il fait corps , dans une partie de sa longueur, avec le pétiole. EinphyUe , lorsqu'au lieu de naître sur la tige ou les rameaux , il prend origine sur la surface même des feuilles : tel est celui du petit houx ( Ruscus aculeatus). Axillaire , lorsqu'il naît sur la tige ou les rameaux dans l'aisselle des feuilles. Extra xillaire ou latéral^ quand il prend naissance sur les parties latérales du point d'insertion de la feuille, comme dans certaines Solanées. Terminal, quand il termine le sommet de la tige, dont il ne paraît être que la continuation. Le Pédoncule est uniflore ^ hiflore , triflore , muhi- fiore, suivant le nombre des fleurs qu'il supporte. Il est quelquefois roulé en spirale ou en tire-bouchon , comme dans le f alfhneria spiralis. Le pain de pourceavi ( Cyclamen europœum ) offre aussi cette singulière dis- position, lorsque son fruit approche de la maturité. Il arrive fréquemment qu'autour d'une ou de plu- sieurs fleurs réunies, on trouve un certain nombre de petites feuilles tout-à-fait différentes des autres par leur couleur , leur forme , leur consistance , etc. On leur a donné le nom de bractées ( hracteœ ) . Ne confondez pas -les bractées AYecles Jeuilles Jlorales proprement dites. Celles-ci , en effet , ne différent point notablement des autres feuilles de la même plante ; mais elles sont seu- lement plus petites et plus rapprochées des fleurs. Ainsi, dans le Salvia horminutn et le Salvia sclarœa , les brac- PÉDONCULE ET BRACTÉES 25l lavohicre. tées sont très-apparentes, et fort distinctes des feuilles j elles sont colorées en bleuj dans le Salvîa fulyens , elles offrent la couleur rouge la plus brillante. Quand les bractées ou les feuilles florales sont dispo- sées symétriquement autour d'une ou de plusieurs fleurs , de manière à leur former une sorte d'enve- loppe accessoire , on donne à leur réunion le nom à'involucre. {P oy. fig. 52.)Ainsi,dans les anémones, on trouve au-dessous de la fleur trois feuilles florales disposées symétriquement, qui con- stituent un involucre triphi/Ile. Vinvolucre est dit tetra- •phylle,penlaphyUe, hexaphylle ,i)olyphylle ^ suivant qvi'il est formé de quatre , cinq , six , ou d'un grand nombre de bractées. Quand le pédoncule est divisé , et qu'à la base de chaque pédicelle se trouve un petit involucre , on nomme celui-ci involucelle : par exemple , dans la ca- luvoiuceiics, rotte , à la base des pédoncules , on observe un imw- lucre polyphylle , et à la base des pédicelles , un involu- celle é^Sileinent polyphy lie. Les bractées sont le plus souvent libres de toute adhé- rence -, d'autres fois elles adhèrent avec le pédoncule de la fleur, comme dans le tilleul ( Tilia europœa). Elles ont ordinairement une structure et une consis- tsincejbliacées ; quelquefois ce- Cupuie. pendant ce sont de petites écail- les plus ou moins nombreuses et '' serrées autour de la fleur. On ap- pelle cupule {cupula) {voy. fig. " 53, «la cupule, b le fruit) un in- volucre persistant, qui accompagne le fruit jusqu'à l'épo- que de sa maturité , et le recouvre en partie ou en totalité. La cupule peut être squamacée , c'est-à-dire formée Fig. 53. 202 ORGAKES DE LA REPRODUGTIOH. de petites écailles très - serrées , comme dans le chêne ( Quercus robur). Elle peut èlxe foliacée, c'est-à-dire formée par de petites folioles , libtes ou soudées , comme dans le noi- setier (^Corylus Avellana) , le charme {Carpinus Be- tuliis ) . Enfin , elle est quelquefois pericarpoïde , c'est-à-dire formée d'une seule pièce , recouvrant et cachant entiè- rement les fruits, s'ouvra nt quelquefois régulièrement, pour les laisser échapper à l'époque de leur maturité, comme dans le châtaignier, le hêtre, etc. Cette sorte de cupule a souvent été , fort à tort , considérée comme le péricarpe , dont elle est cependant bien distincte. Caiicuie. Quand Vinvolucre entoure une seule fleur, qu'il en est très-rapproché , et semblable au calice , on l'appelle caii- cuie ou calice extérieur, comme dans la mauve , la gui- mauve -, les fleurs qui ont un caiicuie sont dites calicu^ le'es {Jlores caliculati). s^jatbe. La spatlie i^spatha) est un in volucre membraneux, Fig. 54. (^^y- fig- 54? a.) renfermant ,,j%^ „.|i une ou plusieurs fleurs , qu'il ^^WWWj|/;ilt-. recouvre entièrement avant ^W^^^^^^^ leur épanouissement , et qui 4^'^^^\^^. \ ÏI6 se montrent à l'extérieur "'^^ J' ) ^^WV^ qu'après son déroulement ou iP W ^\ a ^^^ déchirement : par exem- llw P^^ ' ^^^^ 1^^ palmiers , les W narcisses, les difiérentes es- pêces^ diAllium , telles que l'ognon commun , etc. ta spaihe est 7nonophylle, c'est-àf-dire composée d'une seule pièce, comme dans le gou,et (Jrum maculatum); composée de deux pièces , ou diphijlle , dans l'ail , Toanon, etc. PÉDONCULE ET BRACTEES. 200 Elle est cucilUiforme [s. cucuUata) , ou roulée en cornet, dans VAr}im. Ruptile, c'est-à-dire se déchirant irrégulièrement pour laisser sortir les fleurs , comme dans les narcisses. Unixore , hiflore ou mulûfiore , suivant qu'elle ren- ferme une , deux ou un grand nombre de fleurs. Membraneuse , quand elle est mince et demi-transpa- rente , comme dans les narcisses , les AlUum. Ligneuse , quand elle offre la consistance et le tissu du bois , comme dans plusieurs Palmiers : par exemple , le dattier ( Phœnix dactylifera ) , etc. Pélaloïde , quand elle est molle et colorée comme la corolle : exemple, le liichardia œthiopica, etc. Quelquefois les fleurs contenues dans une spathe sont Spaihiiies. enveloppées chacune dans une petite spathe particulière, qui porte le nom de spathille , comme la plupart des Iridées. Les Graminées et les Cypéracées , qui s'éloignent tant pieur.iesgra- des autres familles de plantes par leur aspect général et la structure de leurs organes, n'ont ni calice ni corolle proprement dits. Les parties auxquelles on avait donné ce nom différent essentiellement de ces mêmes organes dans les autres végétaux phanérogames. Ce ne sont que de véritables involucres , mais qui affectent une dispo- sition particulière , qu'on ne retrouve pas dans les autres végétaux -, aussi leur a-t-on donné des noms particuliers. Ainsi, on appelle ^r/wme (gluma) {voi/. fig. 55, 5, 4) ^ dans les Graminées , les deux écailles , de forme très-variée , qui sont les plus voisines des organes sexuels. Quelquefois ces deux paillettes sont soudées en une seule , qui alors est bifide , comme dsLnsVJlojJecttrus, le Cornucopiœ. Toutes les autres paillettes qui sont en dehors de la glmne (i, 2) constituent la lépicène (^lepicena). Leur nombre est très- j,;p,vt„r^, variable. Ainsi , il y en a une dans YJgrostis canina^ L. ; minées. Glumc, Gluinelle, Epiel. 254 ORGANES DE LA REPRODUCTION. deux' dans le plus grand nombre des Ayrostis , le Cy- Fig. 55. nodoïiy etc. Souvent, en dehors des organes sexuels, on trouve un ou deux petits corps de forme très-variable ; ils portent le nom de jjaléoles , et leur ensemble constitue la (jliitnelle IgliimeUa). {Voij. fig.55; 5.) Lorsque , dans les Graminées , deux ou un plus grand nombre de fleurs sont réunies de manière à former une sorte de petit épi nommé e^iet [spicula) ou lodicule , leur enveloppe commune reçoit également le nom de lepicène^ elle peut être unipaléaeée , comme dans le Lolium,, ou hipaléacée , comme dans le Poa , ou niul- tipaléaeée , comme dans quelques espèces dCUniola. Il résulte de là que chaque petite fleur en particulier est dépourvue de lépicène propre , et n'est entourée que d'une glurne, qui , dans ce cas , est toujours hipaléacée. On dit alors que Vépiet ou la lépicène est biflore , tri- flore, etc., suivant le nombre des fleurs qu'ils ren- ferment. CHAPITRE II. DE l'inflorescence. înfloi-escence. On donne le nom à^ inflorescence à la disposition gé- nérale ou à l'arrangement que les fleurs affectent sur la tige ou les autres organes qui les supportent. INFLORESCENCE. 200 On doit à M. Rœper, professeur de botanique à Bàle, un excellent Mémoire sur cette partie de l'organographie végétale , et dont nous consignerons ici les principaux résultats. La fleur , considérée physiologiquement , ainsi que nous le démontrerons plus tard, est une sorte de bour- geon de nature particulière , formé communément de quatre verticilles de feuilles diversement modifiées, et très-rapprochés les uns des autres. Le pédoncule de la fleur n'est donc qu'un rameau très-court-, et comme la fleur est constamment placée au sommet de ce rameau, on peut dire , d'une manière générale , que la fleur est toujours terminale. Quand on étudie l'arrangement ou le groupement des fleurs , on voit que tantôt elles naissent de l'aisselle de feuilles florales ou de bractées , en un mot qu'elles sont latérales relativement à la branche qui les supporte toutes, ou bien que toutes elles partent du sommet de cette branche principale : ce sont là les deux modes essen- tiels sous lesquels se présente l'inflorescence. Cependant quelques végétaux offrent à la fois dans l'arrangement de leurs fleurs ces deux systèmes réunis. Enfin , dans un plus petit nombre, l'inflorescence ne rentre dans au- cune de ces trois dispositions-, elle est tout-à-fait ano- male. Examinons successivement ces différens modes d'inflorescence. §. 1. Inflorescence axillaire. On l'a également désignée sous le nom' d'inflorescence luflo.escence indéfinie , ou à développement centripète. Elle se pré- "'"'''^^• sente toutes les fois que les fleurs naissent soit de l'ais- selle des feuilles proprement dites , c'est-à-dire qui n'ont pas changé de forme , soit de l'aisselle des feuilles modi- fiées en feuilles florales ou en bractées. Dans le premier taires. 256 ORGANES DE LA. REPRODUCTION. cas, on dit que les fleurs sont axillaires. Quand il n'y en Fleurs soii- a qu'uue seule à l'aisselle de chaque feuille , on dit alors qu'elles sont solitaires, comme dans la grande per- venche ( Vinca major) , plusieurs véroniques ( Veronica, arvensis , hederœfolia , ^ic). Géminées. Quaud il cu cxistc deux à l'aisselle de chaque feuille , on les dit géminées, comme dans le sceau de Salomon , le Catnecerasus , etc. Ternees, etc. Lcs fleurs sout temées ou quaternées quand elles naissent par trois ou par quatre du même point. Si un nombre plus considérable de fleurs naissent en faisceau d'un même point de la tige , on dit alors qu'elles sont fasciculées , comme dans le cerisier, par exemple. VeiticiiieLVi. Les fleurs sont vertieillees , lorsque, naissant à l'ais- selle de feuilles également vertieillees , elles forment une sorte d'anneau autour de la tige : par exemple , VHip- puris vulgaris , le Myriophyllum, verticiUatum. Les labiées semblent au premier abord avoir des fleurs vertieillees*, mais elles sont simplement disposées en deux faisceaux axillaires et opposés , qui quelquefois semblent entourer la tige 5 mais elles ne sont réellement pas ver- tieillees. Il ne peut y avoir de fleurs vertieillees que quand les feuilles offrent elles-mêmes cette disposition. JVous venons d'étudier les inflorescences axillaires qui ont lieu quand les feuilles qui accompagnent les fleurs ne sont pas sensiblement modifiées. Voyons maintenant ce qui se passe dans le cas où ces feuilles se présentent sous la forme d'écaillés ou de bractées. Il est facile de remarquer que quand un nombre plus ou moins considérable de fleurs sont réunies au sommet d'une tige ou d'un rameau , les feuilles supérieures sont et plus petites et plus rapprochées : ces altérations sont quelquefois telles qu'elles ne se présentent plus que sous la forme d'écaillés ou de bractées. Ces changemens sont INFLORESCENCE, oS'l évidemment dus à l'épuisement que la plante éprouve dans ses parties supérieures, et parce qu'une grande partie des sucs nourriciers sont absorbés par les bour- geons floraux ou les fleurs , et servent au développement des parties qui les composent. Ici , coinme dans le cas précédent, l'évolution des fleurs commence toujours par les plus inférieures ou les plus extérieures , c'est-à-dire par celles que l'on peut supposer recevoir encore une plus grande quantité de nourriture. C'est à cause de ce mode d'évolution ou d'épanouissement des fleurs de la circonférence ou de l'extérieur vers le centre , que M. Rœper a donné à cette inflorescence le nom d'inflo- rescence à évolution centripète. Le développement des fleurs dans ce mode d'inflorescence est en quelque sorte indéfini, puisque la partie supérieure de la tige tend constamment à s'alonger et à produire de nouvelles fleurs, et que son élongation ne s'arrête que par épuisement: elle se termine alors en pointe par avortement des fleurs et des bractées. Examinons les espèces d'inflorescences axillaires qui ont reçu des noms particuliers. i". Lorsque les fleurs sont disposées sur un axe com- Epi. mun, simple et non ramifie, qu'elles soient sessiles ou pédonculées, que le pédoncule soit droit ou penché, elles forment un épi {spica, Jlorcs spicati) : exemple, le blé , l'orge , le seigle , le plantain lancéolé , le cassis {Rihes nigrum) , l'épine-vinette {Berberis vulgaris) , les orchis , etc. La base de chaque fleur est souvent accompagnée d'une écaille ou bractée^ l'épi alors est dit squammi- fère ou bractéolé : par exemple, dans V Orchis militaris. Quelquefois les fleurs sont disposées en spirale autour du rachis, comme dans VOphrys œstivalis et VO. au- tumnalis [Spiranthes, Rich.). l" Partie. •>58 ORGA]>Jloratio ^ œstivatio) la manière d'être des différentes parties d'une fleur avant son épanauissement. On voit, d'après cette définition , que nous comprenons ici les positions variées que les diverses parties d'une fleur affectent dans le bouton. Cette considération a été long-temps négligée, et mé- rite cependant la plus grande attention de la part des botanistes ; car la préjleuraison est en général la même dans toutes les plantes d'une même famille naturelle. Jusqu'ici on n'a étudié que la préfleuraison de la co- rolle; mais celle du calice et des organes sexuels n'est pas moins importante à connaître. ïraLriqui^-. \^ . Lcs pétalcs OU Ics divisious de la corolle peuvenl PRÉFLEUBAISO^'. 165 Plissee. être imbriqués (pelala imbricata , jnue floratio imhri- cativa ) , quand ils se recouvrent latéralement les uns les autres par une petite portion de leur largeur, comme dans le genre Rosa, les pommiers , les cerisiers , le lin , etc. 2^. La corolle monopétale peut être pliée sur elle- même à la manière des filtres de papier {corollaplicala, prcpjloratio plicativa) , comme dans les Convolvulacées, plusieurs Solanées. 3**. Les pétales, ou les divisions de la corolle monopé- spiraie. taie , sont quelquefois rapprochés et roules en spirale (pelala spiraliter contorta , prœfloratib torsiva), comme dans les Oxalis , les Apocynées , etc. 4*^. Les pétales sont souvent chiffonnés {petala cor- rugata , prœfloratio corrugativa ) , c'est-à-dire plies en tous sens, comme dans les pavots , le grenadier , les cis- tes, etc. ô*^. Les pétales peuvent être rapprochés bords à bords, comme les valves d'une capsule {^prœfloratio valvaris) : dans les Araliacées, par exemple. 6°. Quand les pétales sont au nombre de cinq, qu'il y Quinquonciaie, en a deux extérieurs et deux intérieurs , et un qui recou- vre les intérieurs par un de ses côtés , et est recouvert de l'autre par les extérieurs , M. De Candolle nomme cette disposition prœfloraison quinconciale ', par exemple dans l'œillet. Il existe encore plusieurs autres modes de préfleurai- son, mais moins importans à connaître, parce qu'ils se rencontrent moins fréquemment. Ces difiërentes modifications sont également applica- bles au calice. Dans les Ombellifères , les Urticées , les étamines sont infléchies vers le centre de la fleur ; elles se redressent , CbifTonnec. Valvaire. 266 ORGANES DE LA REPRODUCTION. quelquefois même se rabattent eu dehors lors de sou épanouissement. CHAPITRE IV. DES ENVELOPPES FLORALES EN GÉNÉRAL. Enveloppes flo- Nous avous déjà VU précédemment que les enveloppes raies. florales n'étaient point des organes essentiels de la fleur, puisque beaucoup de plantes en étaient entièrement dé- pourvues. Ainsi donc, nous ne serons point étonnés quand nous verrons des fleurs dans lesquelles le calice et la corolle manquent , et qui cependant sont remplacés par des fruits parfaits. Pe'rianiiie. Linuseus donnait le nom général de périanthe (/Je- rianthiuni ) à l'ensemble des enveloppes florales qui en- tourent les organes sexuels. Le périanthe est simple ou double. Calice. Quand il est simple , on lui donne le nom de calice , quelles que soient sa couleur, sa consistance , sa forme , comme dans la tulipe , le lis , les Tliymélées, etc. Toutes les plantes monocotylédonées n'ont jamais de corolle; leur périanthe est toujours simple : elles n'ont donc qu'un calice. Corolle Quand le périanthe est double, l'enveloppe ki plus in- térieure , c'est-à-dire celle qui est la plus voisine des or- ganes sexuels , prend le nom de corolle. On nomme ca- lice l'enveloppe la plus extérieure. On a dit encore que le calice faisait suite à Técorce du pédoncule , la corolle au corps ligneux , ou à la partie située entre la moelle et l'écorce, dans les plantes annuelles j mais cette assertion, est peu fondée. ENVELOPPES FLORALES EN GÉNÉRAL. 267 Le périanthe simple est un calice : telle est l'opinioD Le pe. iamhe ■^ . , , Jans les niono~ généralement admise par les auteurs qui s occupent des cotylédons. rapports naturels des plantes. Et, en effet, elle paraît, dans le plus grand nombre des cas , conforme à la na- ture. Mais remarquons cependant ici, àTégard des Mo- nocotylédons , que dans beaucoup de circonstances , sur- tout quand le périanthe se compose de segmens séparés, on pourrait croire à l'existence de deux enveloppes au- tour des organes sexuels. En effet, les six pièces qui forment le périanthe simple d'un grand nombre de Mo- nocotjlédons sont le plus souvent disposées comme siu' deux rangs , en sorte que trois paraissent plus extérieu- res. Si nous ajoutons à cela que les trois intérieures sont souvent colorées et pétaloïdes , tandis que les trois ex- ternes sont vertes et semblables au calice, nous pourrons concevoir comment on a pu admettre dans ces plantes un périanthe double , c'est-à-dire une corolle et un ca- lice. Cette disposition est surtout remarquable dans l'é- phémère de Virginie ( Tradescantia virginica ) -, son périanthe simple est à six divisions , trois intérieures plus grandes , minces , délicates , d'une belle couleur bleue ; trois extérieures plus petites , vertes , et tout-à-fait diffé- rentes des premières. Il en est de même dans VAlisma Plantago , la sagittaire, etc., qui ont toujours les trois divisions intérieures de leur périanthe colorées et péta- loïdes , tandis que les trois extérieures sont vertes et ca- lyciformes. Mais ces exceptions n'existent qu'en apparence ; elles s'évanouissent devant une observation plus exacte: car, bien que les six segmens du périanthe d'un grand nom- bre de Monocotylédons soient disposés sur deux rangs , cependant ils ne forment , sur le sommet du pédoncule qui les supporte , qu'un seul et même cercle , c'est-à-dire qu'ils n'ont qu'un point d'orijjino commun , et se conti- # 268 ORGAWES DE LA REPRODUCTIOJN • nuent manifestement tous les six avec la partie la plus extérieure du pédoncule. Ils ne forment donc qu'un seul et même organe , c'est-à-dire un calice. En effet , s'ils constituaient deux enveloppes distinctes, un calice et une corolle , le point d'insertion de la corolle serait plus intérieur que celui du calice, puisqu'elle se continue avec la substance ligneuse de la tige ou la partie qui la repré- sente , tandis que le calice est une suite de l'épiderme ou de la partie la plus extérieure du pédoncule. De tout ceci nous pouvons conclure que dans les Monocotylédons il n'y a jamais de corolle , mais seulement un calice , quelles que soient la coloration et la disposition des parties qui le constituent. Calice des 01- La vastc et intéressante famille des Orchidées , qui s'é- loigne autant des autres plantes monocotylédonées par la forme et l'apparence extérieure de ses fleurs que par Fig. 56. leur organisation intérieure , nous pré- É sente également un périanthe simple à ' six divisions , mais qui subit des modi- fications particulières qu'il est important de noter ici. De ces divisions , trois sont 2 plus intérieures, trois plus extérieures que les précédentes. Les trois externes 4 {^voy. fig. 56^ 1) sont fort souvent réu- nies ensemble , avec deux des intérieures , à la partie supé- rieure de la fleur , et constituent, en se rapprochant inti- mement les unes contre les autres , une espèce de voûte ou de casque qui recouvre et protège les organes sexuels. Casqiu. De là le calice est dit en casque [calyx galeatus). Des trois divisions intérieures , l'une est moyenne et inférieure , d'une forme et d'une couleur ordinairement diflérentes de celles des deux autres. Elle a reçu le nom particulier de Labcîle. lahelle{JaheUuni).[îd. 2.) C\\sl celte Uoisième partie qui, dans un grand nombre d'espèces , offre des fornies si va- ENVELOPPES FLORALES EN GÉNÉRAL. 269 ri^es et si extraordinaires. Tantôt, en effet, on croirait apercevoir une abeille-bourdon se re- posant sur la plante {Ophrys api- ' fera) ( voy. fig. 67 , i ) 5 tantôt une araignée ( Ophrys aranifera ) ; d'au- tres fois un singe dont les parties in- férieures sont écartées ( Orchis zoo- ^ phora , Ophrys anthropophora). Dans plusieurs genres de cette fa- mille , le lahelle présente à sa partie inférieure un prolon- gement creux, en forme de cornet; auquel on a donné le nom à' éperon {calcar). [f'oy. fig. SÇ> , 3.) Dans ce Epero.», cas il est dit éperonné (labeUum calcaratum). La pré- sence , l'absence ou la longueur respective de l'éperon servent de caractère distinctif à certains genres d'Orchi- dées. Les enveloppes florales , malgré la délicatesse de leur tissu , et les couleurs variées dont elles sont fort souvent embellies, ne sont en général que des feuilles légèrement modifiées. C'est surtout pour le calice que cette analogie, cette identité même de structure est plus frappante. En effet, il est des fleurs dans lesquelles les sépales ou folio- les du calice ont tant de ressemblance avec les feuilles , qu'il est difficile de ne pas les considérer comme un seul et même organe.* Cependant, pour faciliter l'établisse- ment des caractères génériques des plantes, les bota- nistes sont convenus de regarder comme tout-à-fait dis- tincts des organes dont la structure est identiquement la même. Nous allons maintenant étudier séparément les deux enveloppes florales qui composent le périanthe double , c'est-à-dire le calice et la corolle. 2rO ORGANES DE LA REPRODUCTION. CHAPITRE V. DU CALICE. Calice. Le calice est l'enveloppe la plus exte'rieure du /?e- rianthe double, ou ce périanthe lui-même , quand il est simple. Use compose d'un nombre variable de feuilles, for- mant le verticille le plus extérieur de la fleur, et tantôt parfaitement distinctes les unes des autres , tantôt plus ou moins soudées entre elles. Le peiiantiie II cst facile dc prouvcr par l'analoîïie que le périanthe simple est ton- . u l x jouis un calice. Simple cst uu calice , et non point une corolle , comme Linnœus la nommait souvent. En effet, un principe général, sanctionné par tous les botanistes , c'est que l'ovaire est appelé m/ê?'e ( ova- riutn inferum) toutes les fois qu'il fait corps , ou qu'il est soudé avec le tube du calice par tous les points de sa périphérie. Or, l'ovaire est infère dans un grand nombre de Monocotylédons qui n'ont qu'un périanthe simple, tels que dans les Iridées , les Narcisses, les Orchidées, etc. On doit donc conclure de là que cette enveloppe unique, entièrement soudée par sa base avec t'ovaire, est un vé- ritable calice. Le calice est inonosépale {^calyx inonosepalus) toutes les fois qu'il est d'une seule pièce , ou , pour parler plus exactement, toutes les fois que les feuilles calycinales sont toutes soudées ensemble , comme dans la stramoine , et toutes les autres SolanéeSi dans la sauge , et toutes les autres Labiées. * Gamosépale, ^^' ^^ Caudollc proposc dc substitucr le nom de ca- ice gamosépale à celui de monosépale; le premier de GALICE. l'-jX ces noms si^^nifiant que le calice, dans ce cas, est con^- posé de plusieurs sépales soudés, et non d'un seul sé- pale , comme semblerait l'indiquer celui de calice mo- nosépale. Il est j)olysépa1e (cali/,r poli/sepalus) quand il est p^iy^e-paie formé d'un nombre plus ou moins considérable de pièces distinctes, qu'on peut isoler les unes des autres sans aucune décbirure de leur substance , et auxquelles on donne le nom de sépales , comme dans la giroflée, le sepaies. cresson , etc. Toutes les fois que le calice fait corps avec l'ovaire , ou , ce qui est la même chose , toutes les fois que l'ovaire est infère , le calice est naturellement monosépale. Le calice ■monosépale persiste presque toujours après la fécondation. Très-souvent il accompagne le fruit jus- qu'à l'époque de sa maturité. Quelquefois même il prend de l'accroissement à mesure que le fruit approche de la maturité , comme on le remarque dans l'Alkékenge [Phy- salis Alkehengi) , etc. Le calice poli/sépale est généralement caduc» il tombe le plus souvent à l'époque de la fécondation , quelquefois même aussitôt que la fleur s'épanouit , comme dans les pavots. On distingue dans le calice nionosépale , i" le tuhe, ou la partie inférieure , ordinairement alongée et rétrécie -, 2" le limhe , ou la partie supérieure plus ou moins ou- verte et étalée*, S'* la gorge {Jaux), ou la ligne qui sépare le tube du limbe. Le limhe du calice monosépale peut être plus ou moins profondément divisé. Ainsi il est simplement : 1". Denté i^calyx dentatus) , quand il offre des den- Divisions du telures aiguës. Il peut être tridenté (c. tridenfatiis ) , ^'>^^<^^ gamose- 1-1 ' / ^ \ pale. comme dans la camelee [Cneorum iricoceum); qua- dridenté (c. quadrideiita/us), comme dans le troène , le 2^2 ORGANES DE LA REPRODUCTION. lilas; quinquédenté ( e. quinqtfedentafus ) , dans un jjrand nombre de Labiées et de C aryophy liées , etc., sui- vant qu'il présente trois , quatre ou cinq dents. Ces dents elles-mêmes peuvent offrir différentes dispositions. Ainsi, elles sont égales ou inégales, dressées, étalées ou réfléchies. Ces diverses expressions s'entendent d'elles- mêmes , et n'ont pas besoin d'être définies plus longue- ment. 2^. Le calice monosépale peut être fendu (^c.fissus) , quand les incisions atteignent environ la moitié de la hauteur totale du calice. De là on dit qu'il est : Bifide {c. bifidus), comme dans la pédiculaire des ma- lais [Pedicularis palustrisy^ Trifide (e. trîfidus^\ Quadrifide (c, quadrifidus) , comme dans le Rhinan- ihus crista galli, etc. Quinquéfide (c. quinqtiefidiis) , dans la jusquiame {^Hyoscituniis nic/er) , le tabac. Multifide {^multifidiis) , çtc. 3°. Quand les divisions sont très-profondes, et par- viennent presque jusqu'à sa base , on dit alors du calice qu'il est ; Biparti (e. bipartitus) , comme dans le genre Oro- hanche ,' Triparti (^c. tripartitus) , comme dans VÂnona tri- loba ; Quadriparti (c. quadripartitus) , dans la véronique officinale {^p eronica ojfficinalis^^ Quinquéparti ( c. quinqiiepartitus ) , dans la bour- rache (^Borrago officinalis) , la digitale pourprée ( (/««/z- ialis purpurea) , etc. 5 (^Multiparfi (c. multipartitus) ^ etc. Enfin, par opposition à toutes ces expressions, on dit du calice qu'il est entier [cali/,v infeger) , quand son GALICE. 275 limhe ne présente ni dentelures ni incisions : par exem- ple , dans beaucoup de genres d'Ombellifères. Le calice gamosépale peut être régulier ou irrégulier. Il est régulier (e. régularisa , quand toutes ses inci- Re'.uiier. sions sont parfaitement égales entre elles, quelles que soient d'ailleurs leur figure ou leur forme : par exemple , celui de la bourrache , de l'œillet, etc. Il est i'rrégulier, au contraire (e. irregtdaris), quand incguiiei. les parties correspondantes n'ont point une même figure ni une grandeur égale , comme dans la capucine ( Tro- pœolum fnajus). Quant à sa forme, le calice est tuhuleux (c. lubu- For'»"- losus ) , quand il est étroit , très-alongé , et que son limbe n'est point étalé , comme dans la primevère ( Primula veris) , l'œillet, etc. {voy. fig. 77)5 Turbiné (e. turbinatus) , ayant la forme d'une poire ou d'une toupie : par exemple , dans la bourgène 5 Urcéolé {^c. urceolatus , ventricosus), renflé à sa base , resserré à la gorge , le limbe étant dilaté , comme dans le genre Bosa, la jusquiame; Fig. 58. Eiiflé on vésiculeux (^inflatus , vesiculo- sus ) , quand il est mince , membraneux , dilaté, comme une vessie {voy. fig. 58), beaucoup plus large que la base de la corolle qu'il entoure , comme dans le Cucubalus Behen, le Rhinanthus crista-galli , etc.*, Campanule ou en cloche (c. campanulaius) , dilaté de la base vers l'orifice , qui est très- ouvert ( voy. fig. 59 ) , comme dans la fausse mélisse {^Melitis melissophylluni), la molucelle , etc. •, Cupule i^c. cupuli/bi'tnis) , aplati ou légèrement concave , comme dans le ci- tronnier ( Cifrus medica ) } 1" Partie. iS 274 ORGANES DE LA HEPRODUCTIOIN . Cylindrique (c. cylindricus ^ lorsque, de sa base jus- qu'à sa partie supérieure , il forme un lube dont tous les diamètres sont à peu près égaux , comme dans l'œillet {voy. fig. n-j); Claviforme Q\x en massue [c.clavatus, clavîjormis), quand le tube est légèrement renflé à son sommet , comme dans le Silène armeria; Comprimé (c. coïnpressus) , large et aplati latérale- ment, comme dans la pédiculaire des marais {Pedicn- laris palnslris ) •, Prismatique ( c. prismaticus) , ayant des angles et des faces bien marqués , comme dans la pulmonaire ( Pul- monaria officinalis ) 5 Anguleux (c. angulosns) , offrant un grand nombre d'angles saillans et longitudinaux ; Sillonné (e. sulcatus) , offrant des lignes rentrantes longitudinales -, Bilabié ( c. hilahiaius ) , ayant ses divisions disposées de manière à offrir une lèvre supérieure et une infé- rieure , écartées l'une de l'autre : par exemple , dans la Fig. 60. sauge (^Salvia q^cinalis), et un grand nombre d'autres Labiées j Eperonné (c. calearatus ) , présen- tant un prolongement creux à sa base {voy. fîg. 60), comme dans la capucine ( Tropœolum majus)-^ Diptère ( c. dipierus) , présentant deux appendices latéraux et mem- braneux, en forme d'ailes ', Triptère (c. tripterus), offrant trois appendices latéraux , membraneux , en forme d'ailes. Le calice est souvent coloré assez vivement, surtout quand il n'existe pas de corolle: dans ce cas^ il est dit CALICE. 276 pêtaloïde ou corolliforme [c. petaloideus , coroHifoi'mis) , comme dans le bois-gentil [Daphne Mezereum) , les nar- cisses , les tulipes, les Orchidées, etc. Il est important de mentionner les proportions rela- tives du calice et de la corolle. Ainsi, ordinairement, le calice est plus court que la corolle ( ralyx corollâ brevior)', d'autres fois il est plus long [calyx corollâ loîigior), comme dans la nielle des blés [Agrostemma Githago). Enfin, il peut être égal à la corolle {calyx corollœ œqualis ) . Le calice peut être libi'e de toute adhérence , ou bien Libre. il peut être soudé et faire corps ^ en tout ou en partie, avec l'ovaire : dans ce cas , le calice est dit adhérent Adhèrent. ( calyx ovario adhœrens) , et l'ovaire est nécessairement infère , ou seulement semi -infère. Le calice polysé])ale peut être composé d'un nombre plus ou moins considérable de sépales ou pièces dis- tinctes -, ainsi il est : Disépale ( e. disejialus) , quand il est formé de deux: sépales, comme dans le pavot [Papaver somniferiun)^ la fumeterre ( Funiaria ojficinalis ) ; Trisépale ( c. trisepalus ) , formé de trois sépales , comme dans la ficaire [Ficaria ranunculoides) •, Télrasépale (, c. tetrasepalus) , offrant quatre sépales, comme dans le chou , la rave , le cresson , et les autres Crucifères {voy. fig. 75)-, Pentasépale [c. pentasepalus), quand il est composé de cinq sépales, comme celui du lin {Lin uni usitatis- simum) , etc. Quant aux sépales , leur figure ou leur forme doit être étudiée et considérée comme celle des feuilles ou des di- visions du calice nionosépale : ainsi ils peuvent être lancéolés^ aigus, obtus, cordifoi'nies , etc. Un calice polysépale peut aussi présenter différentes 18. Corolit CrT.iiopel 276 ORGAIXES DE LA REPRÛDUCTibw. formes par l'arrangement que les sépales prennent entre eux : ainsi il est iuhulaire (e. fuhiilaris) , quand les sépales sont longs , dressés , rapprochés de manière à former un tube. Beaucoup de Crucifères sont dans ce cas. {f^oy. fig. 75.) Il peut être campanulaire (e. campanularis)', En étoile (c. stellaris) , quand il est formé de cinq sépales étalés et égaux, comme dans plusieurs Caryo- phy liées. CHAPITRE VI. DE LA COROLLE. PtJyi'ctalo. La corolle n'existe jamais que lorsqu'il y a un pé- rianthe double; c'en est l'enveloppe la plus intérieure. Elle entoure immédiatement les organes de la reproduc- tion; son tissu est mou et délicat. Souvent peinte des plus riches couleurs , elle attire principalement les re- gards du vulgaire , qui ne voit de fleurs que là où il y a de grandes et brillantes corolles, ou des pe'riaiiihes colorés. Le botaniste , au contraire , ne considère cet organe que comme accessoire à l'essence de la fleur; tandis qu'un pistil ou une étamine quelquefois à peine visibles con- stituent pour lui une véritable fleur. La oorolle peut être monopétale ou gamopétale (co~ rolla monopetala , c. gamopetala) , c'est-à-dire que les diverses pièces qui la composent sont réunies en un seul tout , comme dans la digitale pourprée ( Digitalis pur- purea) , le liseron ( Convolvulus arvensis), la belladone (Atropa helladmia). Elle peut être composée d'un nombre plus ou moins considérable de segmf ns isolés , qu'on nomme pétales COROLLE. 2;- 7 (j^e/ala) : dans ce cas, elle est appelée ;>o/y^«'Va/e {cor. polypetala), comme dans la rose, l'œillet, le chou, la > giroflée. 1o\xt pétale offre à considérer, i" V onglet [umjuis), PeuUs ou la partie inférieure rétrécie, plus ou moins alongée, par laquelle il est attaché^ 2° la lame {lamina) ou la partie élargie , de forme variée , qui surmonte l'onglet. La figure des pétales varie singulièrement , et peut être , en général , rapportée aux différentes modifications que nous avons indiquées pour les feuilles : ainsi il y en a qui sont arrondis, d'autres alonge's, aigus, obtus, dentés, entiers , etc. , etc. De même que le calice , la corolle peut être régulière ou irrégulière . Elle est régulière toutes les fois que ses incisions et Cui. rc ses divisions sont égales entre elles, ou que ses parties paraissent être disposées régulièrement autour d'un axe commun : par exemple , celle de la campanule raiponce ( Campanula Rapunculus) , de la giroflée jaune ( Chei- ranlhus Cheiri^. Elle est irréguUère , au contraire , quand ses incisions sont inégales, ou que les différentes parties qui la com- posent ne paraissent pas disposées symétriquement au- tour d'un axe commun fictif, comme dans le muflier { Antirrhiuum majus) , l'utriculaire ( L'tricularia vul- yaris) , la capucine ( Tropœolum majus). La corolle monopétale tombe d'une seule pièce en se fanant. Quelquefois sa base persiste, comme dans plu- sieurs Solanées. Dans la corolle polypétale , au contraire , chacun des pétales tombe isolément. Cependant il peut arriver que, dans une corolle polypétale , les segmens ou pétales tom- bent tous ensemble et soient réunis par leur base , comme dansla mauve {Malvarotundifolia), la guimauve (-^///w« Iire'i'u'.ière. 270 ORGANES DE LA REPRODUCTION. offichialis)^ etc. Dans ce cas, la corolle n'en est pas moins polype taie ^ mais les pétales sont réunis acciden- tellement à leur base par un prolongement de la sub- stance des filets des étamines. On pourrait citer encore plusieurs autres exemples analogues. On dit d'une corolle monopétale qu'elle est eperonnée ( c. calcarata ) , quand elle offre à sa base un prolonge- ment creux , en forme de cornet , comme dans la linaire [Linaria vulgaris). [f oy, fig. 69.) La corolle monopétale offre à considérer trois parties : 1° une inférieure, ordinairement cylindrique et tubuli- TuLe. forme , plus ou moins alongée , qu'on appelle tube ( tuhus ) ; 2" une partie supérieure au tube , plus ou moins évasée , quelquefois étalée et même réfléchie : on Limbe, la nomme limhe [limbus). Enfin, la ligne circulaire qui Gorge. sépare le tube du limbe prend le nom de gorge ( faux , jialatuni) . Ces trois parties sont essentielles à considérer. En effet, leurs formes variées, leurs proportions relatives, fournissent au botaniste des caractères propres à distin- guer certains genres de plantes. En général , la corolle monopétale donne attache aux étamines. Nous allons maintenant passer en revue les différentes modifications que présentant la corolle monopétale et la corolle polypétale , quand elles sont régulières ou irré- gulières. §.i 1. Corolle monopétale régulière. Corolle iiu.- La corolle monopétale régulière offre des formes très- nopelale re'gi;- . , liè.e. variées : 1". Ainsi elle est tuhulée ( tuhulata) , quand son tube est très-alongé, comme dans beaucoup d'espèces de bruyères, le \\\sis( Syringa vuhjaris). COROLLE. 279 Le tube est quelquefois capillaire onfiliforme , comme dtiiïs certaines Synanthérëes. 2*^. La corolle est en cloche ou campanulee ( cor. cam- panulata) . lorsqu'elle ne présente pas de tube manifeste, ?'S- 6'- Fig. 62. mais qu'elle va en s'éva- sant de la base vers la par- tie supérieure , comme dans la raiponce ( Cani- panula Rapunculus), le liseron des haies ( Convol- vuhis sepiutn ) , le jalap ( Coiwolvulus Jalappa , etc. {P'oy. fig. 61.) 3^. Elle est infundihu- liforme ou en entonnoir ( cor. infu.ndïhuliJormis\ quand le tube est d'abord étroit à sa partie inférieure; puis se dilate insensiblement, de Fig. 63. Fig. 64. manière que le limbe est campanule : par exemple , le tabac {^Nicotiana Taha- cmn) , etc. (/- oy. fig. 62.) C'est à cette forme de co- rolle que doit être rappor- tée celle des plantes à fleurs composées ou synantbérées, comme les chardons , les artichauts. Quand leur co- rolle est régulière , tubu- leuse et infundibuliforme , chaque petite tleur porte le nom àe^Jleuron {voj/. fig. 63 ). Quelquefois le limbe de la corolle est déjetée en languette latérale. Chaque fleur porte alors le nom de denii-fieuron. (/ oy. fig. 64.) 4". On la dit hippocratériforme {cor. hippocraterifor- Corolle mo- nopetale irr'-'gu- lière . 280 ORGANES DE LA REPRODUCTIOÎT. w/s) , quand son tube est long, étroit, non dilaté à sa Fig. 65. partie supérieure , que le limbe est étalé à plat ; de sorte qu'elle représente la forme d'une coupe antique, comme le lilas ( Syrînga vulgaris), le jasmin ( Jasminum officinale) , etc. ( f^oy. fig. ^5,) 5^. La corolle est rotoeeeouen roue {corolla rotata) , quand le tube est très-court et le limbe étalé et presque plane , comme dans la bourrache ( Borrago offUcinàlis ) , et la plupart des Solmium . On dit que la corolle est etoilée ( cor. stellala) , quand elle est très-petite , son tube fort court , et les divisions de son limbe aiguës et alongées j par exemple , dans les caillelaits ( Galiùm ) , etc. Fig. 66. 6°. Elle est urcéolée [coi\ urceolata)^ renflée comme une petite outre à sa base , rétrécie vers l'orifice , comme dans beau- coup de bruyères ( Erica ) , de Facci- 7iium, etc. ( /"'oy. fig. 66.) y". On l'appelle scutellée {cor. scutellata, scutelliformis), quand elle a la forme d'une écuelle , c'est-à-dire qu'elle est étalée et légèrement con- cave, comme dans les diverses espèces de Kalmia. §. 2. Corolle tnonop étale irrégulière. Fig. 67. 1". La corolle monopétale irrégulière est dite bilabiée (^cor. hilahiata) , quand le tube est plus ou moins alongé , la gorge ou- verte et dilatée, le limbe partagé transversalement en deux divisions : l'une supérieure , l'autre inférieure , qu'on a comparées à deux lèvres écartées. Cette forme de la corolle caractérise spécialement toute une famille de plantes, l'une des plus COROLLE. 281 naturelles du règne végétal : ce sont les Labiées [voy. fig. Q'j)-., par exemple, le thym ( Thymus vulgaris) ,\i\ mélisse {3Iel{ssa ojficinalis) , la sauge ( Salvia officina- Its), le romarin ( Rosmarinus officinalis), etc. Ces deux lèvres peuvent offrir une foule de modifica- tions, sur lesquelles reposent en partie les caractères propres à distinguer les genres nombreux de cette famille. Ainsi la lèvre supérieure est tantôt plane, tdxAoiredressée, ou en voâte , ou enferdefaiix.YWe peut ètve entière et sans incisions, echancre'e, lideritée, hilohée, bifide, etc. La lèvre inférieure est ordinairement réfléchie j quel- quefois elle est cojicave et plisse'e sur les bords, comme dans le genre Nepeta. Elle peut également être trifide, trilobée ou tripartie. Fig. C8. Quelquefois la lèvre supérieure semble ne pas exister , ou du moins est si peu développée , qu'on la distingue difficile- ment, comme dans les genres Teucrium et Ajuya. ( Foy.fig. 68.) 2*\ On appelle coïoMe personnée ou en masque^ {co- F'g- 69. rolla personnata ) celle dont le tube est plus ou moins alongé , la gorge très-dilatée , et close su- périemement par le rapproche- ment du limbe , qui est à deux lèvres inégales , de manière à re- présenter grossièrement le muffle d'un animal j ou certains masques antiques. Tellessontcelles de l'y://*- tirrhinum majus, de la liuairc (Linaria vulgaris) , etc. ( Foy. fig. 69. ) « Des nuances insensibl-es rapprochent les corolles labiées des persannées. Aussi est-41 très-difficile de les bien caractériser. On est Fig. 70, ORGAiNES DE LA REPKODUCTIO> . 5*^. Enfin, on a réuni sous le nom de corolles monopétales ir- régulières anomales toutes celles qui 5 par leur forme irrégu- lière, l'impossibilité où l'on est de les comparer à. aucune autre forme connue , s'éloignent des dilférens types que nous venons d'établir, et ne peuvent être rap- portées à aucun d'eux. Ainsi , la corolle de la digitale pourprée [Digitalis purpurea), qui offre à peu près la forme d'un doigt de gant ^ , celle des Lohelia, des Stylidium [voy. fig. 70)^, etc. , sont également des corolles irrégulières et anomales. Dans les diverses formes de corolles monopétales ré- gulière et irrégulière que nous venons d'examiner, les trois parties qui composent ces corolles , c'est-à-dire le tube , le limbe et la gorge , présentent des modifications qu'il est utile d'indiquer. MoJificatious Ainsi le tube peut être : Cylindrique ( cylindricus) , comme dans le lilas( iSy- ringavulgaris) , etc. ( f^oy. fig. 65.) Il peut être long ou court, relativement au calice ou au limbe 5 Ventru ou enflé ( ventricosus aut inflatus ) , soit dans sa partie inférieure , soit vers son sommet ; dans ce cas , il est dit : Claviforme ou en massue ( c/avj^o»'mî> ), comme dans le Spigelia ■marylandica. Enfin il peut être lisse , strié , anguleux , prisniati- obligé d'employer un caractère auxiliaire tiré de la forme et de la structure de l'ovaire. Dans les Labiées, en effet, l'ovaire est gjno- basique et profondément quadrilobé; il est simple aii contraire dans toutes les véritables Personnées. ' Aussi cette plante porte-elle le nom vulgaire de gautelér. lin tube. COROLLE. >83 que, etc. Nous avons déjà plusieurs fois donné la valeur de ces expressions. La gorge {Jaux ) peut être : Modifications Close ( dansa) , quand elle est entièrement fermée , '^" ^^ s^^ge. comme dans la linaire ( voy. fig. 69) 5 Ouverte ai dilatée {aperta,patens), coname dans la digitale pourprée, certaines Labiées , etc. Elle peut être garnie de poils , comme dans le thym , l'origan, etc.; Ciliée (ciliata) , garnie de cils , comme dans la Gen- tiana àmarella, etc. •, Couronnée par des appendices saillans, déforme va- riée , comme dans la bourrache ( Borrago ojfîcinalis) , la consoude ( Symphytum consolida) , la buglosse ( An- cJiusa ilalica) , et beaucoup d'autres Borraginées. Enfin , on dit , par opposition aux expressions précé- dentes , qu'elle est nue , quand elle n'offre ni poils , ni bosses, ni appendices. Le limhe , ou la partie de la corolle qui surmonte la gorge , peut être : Dressé ( erectus ) , comme dans la cynoglosse ( Cyno- glossuni officinale)'^ Etalé, ouvert {patens) , lorsqu'il forme un angle droit avec le tube , comme dans le laurier-rose ( Neriuni oleander ) -, Mé/léchi on renversé en dehors {.rejlexus) ^ comme ce- lui de la douce-amère ( Solanuin dulcamara ) , de la canneberge ( paccinium oxycoccos ) , etc. Le limhe peut être aussi plus ou moins profondément ModiGcaiioiu . j , du limijo. incise. Ainsi il est quelquefois smiplement dente sur son bord. Il est également trijide , quadrijide, quinquéjide , ou quadriparti, quinquéparti, etc. suivant la profondevu de ses incisions. î2o4 ORGAISES DE LA REPKODUCTIO . La forme des différentes' divisions d'un limbe incisé offre un grand nombre de variétés qui peuvent être rap- portées à celles des pétales et des feuilles. Remarquons ici, en terminant ce qui a rapport à la corolle monopétale , que sa forme n'est point un carac- tère essentiel dans la coordination des genres en familles naturelles. En effet, on trouve souvent plusieurs formes réunies ensemble dans des groupes essentiellement natu- rels. Ainsi , dans les Solanées , on voit réunies des corol- les rotacées , comme celle des Solanum ; des corolles infundibuliformes (le tabac)-, des corolles hippocratéri- formes , comme certains Cestrum , et des corolles cam- panulées, comme dans la jiisquiame, la belladone. Nous pourrions encore faire un rapprocliement sem- blable dans beaucoup d'autres familles tout aussi na- turelles. Coioiie poiy- Corolle polypétale. Noniijrc- tks Le nombre des pétales varie sinpjulièrement dans les pctales. différentes corolles polypétales. Ainsi, il y a des corolles formées de deux pétales , comme dans la circée ( Circœa lutetiana). Dans ce cas, elle est dite dipétale {corolla di~ petala)'^ Tripétale {cor. tripetala), composée de trois pétales, comme celle de la camélée ( Cneoruni tricoccum) , etc. ; Tétrapetale (^cor. tetrapetala^, composée de quatre pétales : par exemple , toutes les Crucifères , telles que le cresson de fontaine [SisymhriiiTn Nasturtiuin) , le rai- fort (^Cocldearia Armoracia) , la passerage ( ZcpîW/wm latifoliu7n ) , etc . •, Pentapétale ( cor. pentapetala ) , formée de cinq pé- tales , comme toutes les Ombellifères , les Rosacées : par exemple , le panais {Pastinaca sativà) , le persil (^jàpium Petroselînu)n),\a.c\Q\xc (^Coniiim inactilattim) ,\e fraisier; COROLLE. 285 Hexapétnle {cor. hexapetala) , ayant six pétales, comme l'épine-vinotte {Berberis vulgaris), etc. F'g- 71 • Les pétales ou segmens d'une onsiet. ^^^S^î^,-. corolle polypétale peuvent être **j^^^' " onguiculés, c'est-à-dire mu- â^^^^% nis dun onglet très-apparent, \. A comme dans l'œillet, la giroûée 1 jaune. {Foi/, fig.71 , 2 a.) Ou I 2 bien ils peuvent être sessiles , c'est-à-dire sans onglet ©u inonguiculés {voi/. 71, 1), comme dans la vigne {Fitis vini/era), la gypsophile ( Gypsopliila muralis) , etc. La longueur et la proportion de Y onglet, relativement au calice, mérite aussi d'être notée. En effet, V onglet est souvent plus court que le calice {unguîs calyce brevior)', d'autres fois, au contraire, il est plus long que lui , et le dépasse {unguis calyce longior^. Les pétales sont souvent dresses {petala erec/a), c'est- niiedion des à-dire qu'ils suivent une direction parallèle à l'axe de la P^"'"" fleur, comme dans le Gewn rivale. Ils sont quelquefois infléchis {petala infle.va) , cour- bés vers le centre de la fleur , comme dans beaucoup d'Ombellilères ; Étalés {petala patentia) , comme dans le fraisier {Fragaria vesca), la benoite ( Geum urbanmn) , eic . {voy.ÛQ. 71,2b)j Réfléchis {pet. reflexa), se renversant en dehors. La fipure des pétales est extrêmement variable; ses pigur,^ .les ve- ''11 laies principales modifications peuvent être rapportées a celles déjà établies précédemnient pour les feuilles ou les sépa- les. Cependant ils offrent quelquefois des formes singu- lières que nous allons faire connaître. Les pétales sont concaves {pet. concava) , dans le til- leul ( Tilia europœa), la rue {Ruta graveolens) , etc.> 286 ORGANES UE LA REPRODUCTION. GaUif ormes ou en casque {'peU galeiformia) , lors- Fig- 7^- Fig. 73. Fig ^^ --^ pela qu'ils sont voûtés, creux, et qu'ils ressemblent à un casque {voy. fig. 72), comme dans l'aconit {Jco^iitumNapel- lus), etc.; Cuculliformes {pet. cuculliformia) , ayant la" forme d'un capuchon ou d'un cornet de papier , comme dans l'ancolie {Jquilegia vulgaris) , les hellébores {voy. fig. 73) ; Eperonnés {pet. calcarata), munis à leur base d'un éperon , comme dans la violette , le pied d'alouette , etc. (Foy. fig. 74.) La corolle polypétale peut être régulière ou irrégu- liere, suivant que les parties qui la composent sont dis- posées ou non avec symétrie autom- de l'axe de la fleur. Dans l'un et l'autre cas, les pétales , par leur forme, leur nombre et leur disposition respective, donnent à la co- rolle un aspect , une forme particulière , qui ont servi à la diviser en plusiems groupes. §.1. Corolle polypétale régulière. Sr-ïuS" ^"^ """^'"^^^^ polypétale régulière peut offrir trois modi- ■ fications principales ; elle peut être : COROLLE. 28^ 1". Cruciforme {cor. cruciformîs), conrposée de qua- tre pétales onguiculés , disposés en croix. Les plantes dont la corolle présente une semblable disposition constituent un des groupes les plus natu- rels du règne végétal. Elles ont reçu le nom de Cru- cifères : tels sont le chou, la giroflée , le cresson, etc. ( Foy. fig. y 5.) Les quatre pétales d'une corolle cruciforme ne sont pas toujours égaux et semblables entre euxj il y en a souvent plusieurs qui sont ou plus petits ou plus grands. Ainsi , d^s le genre des Iberis , deux pétales sont constamment pïus grands. 2^. Rosacée ou roselée [cor. rosacea), celle qui est composée de trois à cinq pétales, rarement d'un plus Fig. 76. Fig. 77. grand nombre , dont l'onglet est très-court, et qui sont étalés et disposés en rosace : telles sont toutes les Rosa- cées 5 comme la rose simple , l'amandier, l'abricotier, le prunier, etc., la chélidoine , et des plantes d'autres fa- milles (î'oy. fig. 76 ) ; 3°. Caryophyllée [cor. caryophyllata) ^ corolle for- mée de cinq pétales dont les onglets sont fort alongés, 288 ORGANES DE LA REPRODUCTION. et cachés par le calice ^ qui est très-long et dressé, comme dans rœillet, les Silène, les Cucuhalus , etc. (/^oy.fig. 'j'j.) §. 2. Corolle polyp étale irréguUère. Corolle poiy- 1*^. Papilio7iacée {cor. papilionacea). Cette corolle hVe! *" '^^"" est composée de cinq pétales très-irréguliers, qui ont cha- cun une forme particulière-, ce qui leur a fait donner des *'S" ^^' nomsjpropres. Decescinq 1% ,A « pétales, l'un est supé- ^^M ^^^..■■-•■"■" '' rieur, deux latéraux, et j^^^^^^W^^^ È^-- c deux inférieurs. Le supé- if^^^'^^^^^^^^m^ rieur {voy, fig. 78, «) "" porte le nom à^étendard ou àe pavillon {vexillunî); il est ordinairement redresj^ , d'une figure très- variée, et recouvre les quatre autres avant l'épanouissement de la fleur. Les deux inférieurs , le plus souvent réunis et soudés l'un à l'autre par leur bord inférieur, forment la carène (carina) (fig. 78, c). Les deux latéraux constituent les ailes (alœ) (fig. 78, b). C'est par la ressemblance que l'on a cru trouver à cette fleur avec im papillon dont les ailes sont étalées, qu'on lui a donné ie nom de corolle papilionacée. La corolle vraiment papilionacée appartient exclusi- vement à la famille des Légumineuses : tels sont les pois (Fisum), les haricots (Phaseolus), VACSLcia. (Bobinia pseudo-acacia) , les astragales , etc. 2*^. On nomme corolle polypétale anomale (cor. ano- mala) celle qui est formée de pétales irréguliers, qu'on ne peut rapporter à la corolle papilionacée : telles sont celles des aconits, des pieds d'alouette, de la violette, de la balsamine , de la capucine , etc. Position leia- La positiou dcs pétales ou des divisions de la corolle ^ive de la corolle , , , , ,. , . et au calice. monopetale, relativement aux sépales ou aux divisions COROLLE. 289 du calice monosépale, présente les deux modifications suivantes : Les pétales peuvent être opposés aux divisions du ca- lice, c'est-à-dire placés de manière à se correspondre par leurs faces , comme dans l'épine-vinette {^Berheris vulgarts), VEpimedium alpinurn, etc. Ils peuvent être alternes avec les divisions du calice , c'est-à-dire qu'ils correspondent à ses incisions , et non à ses lobes. Cette disposition est bien plus fréquente que la précédente , qui est très-rare. Les pétales sont alternes aux sépales dans les Crucifères, les Rosacées , etc., etc. La grandeur relative de la corolle et du calice mérite GranJeur le- également d'être bien observée 5 car on peut souvent en uies! * ^'^ tirer de fort bons caractères distinctifs. Suivant sa durée, la corolle est fugace ou co<:fî^g'Me(ert- Durée Ae u duca .fjïtgax) , quand elle tombe aussitôt qu'elle s'épa- "^""^^ *' nouit, comme dans le Papaver Argemone , plusieurs cistes, etc.; Décidue (c. decidua), tombant après la fécondation : la plupart des corolles sont dans ce cas -, Marceseente {e.marcescens), persistant après la fé- condation , et se fanant dans la fleur avant de s'en déta- cher , comme dans les Bruyères et certaines Cucurbita- cées. La corolle est ordinairement la partie la plus brillante de la fleur. La délicatesse de son tissu , l'éclat et la fraî- cheur de ses couleurs , le parfum suave qu'elle exhale souvent , en font une des plus agréables productions de la nature. Ses usages , de même que ceux du calice , pa- raissent être de protéger les organes sexuels avant leur parfait développement , et de favoriser, à l'époque de la fécondation , l'action mutuelle que ces deux organes exercent l'un sur l'autre. • 1" Partie. m ORGANES DE LA REPRODUCTION. CHAPITRE VII. DES ORGANES SEXUELS. Organes sexuels. La découvcrte des organes sexuels dans les plantes ne remonte. point aune époque très-éloignée. Jusqu'au sei- zième siècle , on n'avait vu dans les fleurs qui couvrent les végétaux qu'un simple ornement dont la nature s'était Découverte de plu à les paiei. Caméraiius etGrew, à cette époque, leurs lonctions. (j^j^ontrèrcnt par l'expérience l'utilité des différentes par Clainerarius l r eiGiew. parties de la fleur dans la production de la graine , l'en- tretien et la succession des espèces. Ils firent voir que le pistil, qui occupe le centre de la fleur, devait être com- paré, pour sa structure et surtout ses usages, aux organes générateurs de la femelle dans les animaux. En effet , nous y trouvons également les rudimens imparfaits de l'embryon (ovules) ; une cavité destinée à les contenir et à les protéger pendant leur développement (ovaire)-, un organe particulier propre à recevoir l'impression fécon- dante du mâle (^stigmate); un autre organe par le- quel cette impression est transmise jusqu'aux embryons (sti/le). Ils prouvèrent également que Vetamine devait être assimilée aux organes qui sont l'apanage du mâle dans les animaux. Car elle contient dans une cavité spé- ciale (anthère) une substance particulière dont les usa- ges sont de féconder les ovules (^pollen). Fleur herma- Dès-lors il fut prouvé quc les plantes , de même que les phrodite. animaux, sont pourvues d'organes sexuels, destinés à leur reproduction. L'organe sexuel mâle est constitué par Vetamine', le pistil forme l'organe sexuel femelle. Fleur uni- Prcsquc toujours , dans les végétaux , les deux organes de la reproduction sont réunis dans une même fleur ; ce sexuée. ORGANES SEXUELS. 29 1 qui constitue l'hermaphroditisme , et la fleur est dite hermaphrodite. D'autres fois , au contraire , on n'y ren- contre qu'un seul des deux organes sexuels , et la fleur est dite îinise.rue'e. La fleur unisexuée peut être mâle onjemelle, suivant qu'elle renferme des étaniines ou un pistil , ou plusieurs pistils. Les fleurs mâles et les ûeurs/emelles sont quelquefois Fiems mo- , . 1 \ 1 1 • • t t noiques. reunies sur la même plante ; c est ce qui constitue les vé- gétaux monoïques. Le châtaignier ( Castanea vulgaris ) , le coudrier ( Cor y lus Avellana) , le mais , le ricin , sont de ce nombre. D'autres fois, au contraire, les fleurs mâles et les Fiems aioïques. fleurs femelles se trouvent séparées les unes des autres sur des pieds differens ; les plantes qui présentent une sem- blable disposition sont appelées dioïques : telles sont la mercuriale {Mercurialis annua) , le mûrier à papier [Broussonetia ]}apyrifera) , le dattier [Phœnix dactyli- fera). Enfin , quelquefois on trouve mêlées ensemble sur le Fiems poiy- même pied , ou sur des pieds differens , des fleurs mâles , ^'""" des fleurs femelles, et des fleurs hermaphrodites-, c'est aux végétaux qui offrent ce mélange irrégulier des trois sortes de fleurs qu'on a donné le nom de polygam,es : telles sont la pariétaire ( Parietaria ojffîcinalis ) , la croi- sette ( Valantia cruciata ) , etc. Ces trois divisions fondées sur la séparation , la réu- nion ou le mélange des sexes, ont servi de base à Lin- nseus pour établir les trois dernières classes des plantes phanérogames de son système , savoir : la Monœcie ., la Diœcie et la Polygamie. Etaniine. 292 orgam;s de i.a reproduction. CHAPITRE VIII. DE l'ÉTAMINE ou ORGAKE SEXUEL MALE. L'ÉT AMINE , dans les végétaux , remplit absolument les mêmes fonctions que les organes mâles dans les animaux, c'est-à-dire qu'elle prépare et renferme la substance qui opère la fécondation des germes. AntLèie. Ve'tamine est ordinairement composée de trois par- ties, savoir : 1° Vanthère [anihera) , espèce de petit sac ^'8- 79- membraneux, dont la cavité in- Î\ térieure est double (voy . fis;. 7 q a) , ^' c est-a-dire formée de deux loges soudées ensemble: 2° du pollen ( pollen ) , substance ordinaire- ment formée de petits grains vési- culeux(t;oy. fig. yy, B),qui con- tiennent les parties nécessaires à la fécondation; 5° l'an- thère est souvent portée sur un appendice filiforme ( vo?/. Filet. %• 77^ c)^ auquel on donne le nom de filet {filamen- turn ) . Telles sont les trois parties qui composent ordinaire- ment rétamine.Mais remarquons ici que deux seulement lui sont nécessaires : ce sont l'anthère et le pollen. Le filet , en effet , n'est qu'une partie accessoire de l'éta- Le filet peut mluc ^ aussi manque-t-il souvent, c'est-à-dire que l'an- manquei. thère cst immédiatement attachée au corps sur lequel elle est insérée, sans le secours d'un filet. Dans ce cas, „. l'étamine est appelée sessile iStmnen sessile) , comme Kianiine ses- Jt^Jr \ / ' '•i"^- dans beaucoup de Thymélées. L'essence et la perfection de l'étamine résident donc dans la présence de Vanthère. Mais une condition indis- etiinines varie ÉTAMINE. 29D pensable pour que cet organe soit apte à remplir les fonctions que la nature lui a confiées , c'est qu'il faut que non-seulement il contienne du pollen, mais encore qu'il s'ouvre , pour que cette substance soit mise en contact avec le stigmate j car, sans cette circonstance, la fécon- dation ne pourrait pas avoir lieu. Le nombre des étamines varie singulièrement dans les Le nun.Lrecies différentes plantes. C'est même d'après cette considéra- tion du nombre des organes sexuels mâles contenus dans chaque fleur, que Linnœus a établi les premières classes de son système. Ainsi , il y a des fleurs qui ne renferment qu'une seule étamine-, on leur donne le nom de fleurs monandres [flores monandri) : tels sont V Hippurus vulgaris , la valériane rouge ( CentrmUhus ruber ) , le Blitum virga- tum, etc. ^ On les appelle ûems diandres ( flores dîandri), quand elles contiennent deux étamines : par exemple , le lilas , ( Syringa vulgaris) , le troène ( Ligustrum vulgare ) , la véronique officinale ( Feronîca ojflcinalis ) , la sauge ( Salvia oflîcinalis) , etc. Fleurs triandres ( flores triandri ) : la plupart des Graminées, des Cypéracées, des Iridées, etc. Fleurs tétrandres [flores teirandri) : le caille-lait [ Galiiim verum) , la garance {Ruhia tinctorum) , la plupart des Labiées , des Antirrhinées , des Dipsa- cées , etc. Fleurs pentandres [flores pentandri) : le bouillon- blanc ( Verbascum Thapsus ) , et la plupart des Sola- néesj la cynoglosse [Cynoglossum oflicinale) , et la plu- part des Borraginées •, la carotte [Daucus Carotta) , et toutes les Ombellifères , etc. Fleurs hexandres [flores hexandri ) : le lis ( Liliwn çandidutn) , la tulipe ( Tiilipa Gemeriana) ., et la plu- 294 ORGANES DE LA REPRODUCTION. part des Liliacées , des Asphodèles , le riz ( Oryza sa^ tiva ) . Fleurs heptavidres ( flores heptandri) : le marronnier d'Inde {/Esculus Htppocastanum). Fleurs octandres ( flores octandri ) : celles des Bruyè- res, des F accinium , des Daphne, des Polygonum, etc. Fleurs ennéandres ( flores enneandri) , comme celles du jonc fleuri {Butoinus umhellatus). Fleurs décandres [flores deeandri), comme dans l'œillet , la saponaire ( Saponaria officinalis) , et la plus grande partie des Caryophyllëes-, la rue {Ruta graveo- lens ) , la pyrole ( Pyrola rotundifolia ) , les saxifra- ges, etc. Passé dix, le nombre des étamines n'est plus rigoureu- sement fixe dans les fleurs; ainsi , on dit qu'elles sont : Dodécandres ( flores dodecandri) , quand elles con- tiennent de douze à vingt étamines, comme dans la gaude ( Reseda hiteola ) , l'aigremoine ( Agrimonia eu- pat oria); Polyandres [flores polyandri) , quand elles contien- nent plus de vingt étamines , comme le pavot ( Papaver somniferum) , les renoncules , etc. Propoiiioa (les Les étamincs peuvent être toutes égales entre elles , comme dans le lis , la tulipe , etc. Elles peuvent être inégales, c'est-à-dire les unes plus grandes , les autres plus petites dans la même fleur. Tantôt cette disproportion se fait avec symétrie , tan- tôt elle a lieu sans aucune espèce d'ordre. Dans les Géra- nium, les Oxalis {voy. fig. 81) , il y a dix étamines, cinq grandes et cinq plus petites , disposées alternativement , en sorte qu'une grande se trouve entre deux petites, et réciproquement . Etaminei oi- Quand unc fleur renferme quatre étamines, dont deux < yiiames. ^^^^ Constamment plus courtes , ces étamines prennent le ETAMIHE. 295 ïioiii de didynmnes [stamina didynarna) : la plupart ^ des Labiées, le marrube, le thym, etc.-, la plupart des Antirrhinées , comme la linaire {Linaria vulgaris) , le grand mufle de veau [Atitirrhinum majus ) , ont les èidL\n\nQ?> didynanies . i^Voy. fig. 68.) Lorsqu'au contraire elles sont au nombre de six dans Etamines te- tig. «o. une fleur , et que quatre d'entre elles sont '"'ly"^'"^^- plus grandes que les deux autres , elles sont appelées tetradynames [stamina tetrady- îiama). Celte disposition existe dans toute la famille des Crucifères (^'oy.fig. 80), comme dans le cochléaria [Cochlearia ojfficinalis), le radis ( Raphanus sativus ) . La situation des etamines , relativement Position des aux divisions de la corolle et du calice , f^^l^i\^l^l^J_ mérite aussi d'être soigneusement observée. ''" Je la corolle. Ordinairement chaque étamine répond aux incisions de la corolle , c'est-à-dire que les etamines sont alternes avec les divisions de la corolle monopétale , ou avec les pétales de la corolle polypé- tale , lorsqu'elles sont en nombre égal à ces divisions , comme dans la bourrache et les autres Borraginées , les Ombellifères, etc. Quelquefois cependant chaque étamine, au lieu de correspondre aux incisions , est située vis-à-vis chaque lobe ou chaque pétale j dans ce cas, les etamines sont dites ojjpose'es aux pétales , comme on l'observe dans la primevère , la vigne , etc. Quand le nombre des etamines est double de celui des divisions de la corolle, la moitié de ces etamines sont alternes, l'autre moitié opposées aux divisions de la co- rolle. Les etamines sont , dans le plus grand nombre des cas, opposées aux sépales ou aux divisions du calice, excepté EUmines in- cxertes 296 OKGANES DE L\ REPRODUCTION. dans les cas rares où elles sont opposées aux pétales. Dans le lis, la tulipe, les six étamines sont opposées aux six segmens du périanthe simple , qui est un calice. ^,^^^^, Quelquefois les étamines sont plus courtes que la co- rolle ou que le calice 5 de manière qu'elles ne sont pas saillantes à l'extérieur j on les nomme alors incluses (sta- mina inclusa) , comme dans la primevère , les narcis- ses, les daphnés, etc. Etamines Qn les nommc, au contraire, exertes (stamina exertd)^ ertes. ^ /' lorsqu'elles dépassent la hauteur de la corolle ou du ca- lice, comme dans le jasminoïde {Lycîum europœum), les menthes, le plantain, etc. Dinction des Sulvant Icur dircction , les étamines sont : vtaiiiines. Dressées {stam. erecta) , comme dans la tulipe, le lis, le tabac {Nîcotiaiia Tahacum) , etc.*, Infléchies [slmn. infLexa) , quand elles sont pliées en arc , et que leur sommet se courbe vers le centre de la fleur, comme dans les sauges, la fraxinelle [Dictamnus FraxineUa)i Piefléchies (stam. re/lexa) , quand elles sont recour- bées en dehors, comme dans la pariétaire [Parietaria offîchialis) , le mûrier à papier {Broussonctia papyri- fera); Etalées [statn. patentia) , lorsqu'elles s'étendent hori- zontalement, comme dans le lierre {Hedera Hélix )j Pendantes [stam. pendentia) , quand leur filet est très-grêle et trop faible pour soutenir l'anthère , comme dans la plupart des Graminées j Asce^idantes [stam. ascendentia) , quand elles se por- tent toutes vers la partie supérieure de la fleur , comme dans la sauge 5 Déclinées ou décombantes [stam. declinata, decurn- hentia^, quand elles se portent toutes vers la partie infé- ET AMINE. 297 rieure de la fleur , comme dans le marronnier d'Inde {^JEsculus Hippocastanutn) , la fraxinelle. Les étamines sont quelquefois réunies par leurs filets ou par leurs anthères ; d'autres fois elles sont réunies et comme confondues avec le pistil. Nous parlerons de ces diverses modifications en traitant du filet et de l'anthère considérés en particulier. Dans certaines fleurs, on voit un nombre déterminé siamiaodej: d'étamines avorter constamment. Le plus souvent les étamines qui manquent sont remplacées par des appen- dices de forme très-variée, auxquels on donne le nom de starninodes (^staniinodia) , comme dans l'éphémère de Virginie (^ Tradesca7iiia virginica) , la plupart des Orchidées, etc. Une seule étamine avorte constamment dans VAn- tliirrhinum , et beaucoup de Personnées^ trois dans la sauge, le Lycopus, le romarin, etc. , et dans toutes les Labiées diandres 5 deux dans toutes les Orchidées , à l'ex- ception du Cypripedium; trois dans le Bignonia , la gratiole*, cinq dans r£Vo(//Mm, etc. §. 1. Du Filet, Lejllet ou support de l'anthère, comme nous l'avons Du fiiei. déjà vu^ n'est point une partie essentielle et indispensa- ble de l'étamine , puisque assez souvent il manque en- tièrement. Le plus généralement sa forme correspond à son nom , Forme, c'est-à-dire qu'il est alongé , étroit et filiforme. Il est aplati ( filatnentuin planum, compressum) dans VAlliufnJî'agrans, la pervenche , etc. -, Cunéaire [Jîl. cunéiforme ) , ayant la forme d'un coin, dans le Thalictrumpetaloidemnx Suhule (fil. subulafum), ou en forme d'alêne , quand 298 ORGANES DE LA KEPRODUGTIOK. il est alongé et va en s'amincissant vers le sommet , comme dans la tulipe, etc.-, Capillaire {fil. capillare) , quand il est grêle comme un cheveu : par exemple , dans le blé , l'orge et la plu- part des Graminées ; Larije et plane , comme dans la pervenche. Il est pétaloïde {fil. petaloideuni) ^ quand il est large , mince et coloré à la manière des pétales , comme dans les étamines extérieures du Nymphœa alha , les Amo- mées, etc. Quelquefois il est dilaté à sa base, comme dans XOr- nithogalwni pyrenaieuni. D'autres fois il est comme voûté {fil. basifornicatum)^ comme dans l'asphodèle, les campanules, etc. Le sommet du filet est ordinairement aigu, comme dans la tulipe , le lis , etc. D'autres fois il est obtus, et même renflé en tête ou capitulé , comme dans le Cephalotus , etc. C'est , dans le plus grand nombre des cas , au sommet du filet que s'attache l'anthère. Cependant , il arrive quelquefois qu'il se prolonge au-dessus du point d'in- sertion de cet organe j dans ce cas, il est dit proémi- nent {fil. prominens) , comme dans le Paris quadri- folia, etc. Soudure des Lcs étamincs sont, le plus souvent, libres de toute fiie'u!"^^^^' " adhérence, et isolées les unes des autres. Mais il arrive quelquefois qu'elles sont réunies par leurs filets en un ou Anaiophorc plusieurs corps, que nous désignerons, avec M. Mirbel, sous le nom àhindrophores {androphora). Etamines mo- Quaud tous Ics filets sout réuuis ensemble en un seul nn 0 p les. androplioïc , les étamines prennent le nom de fnonadel- phes { stamina monadelpha) , comme dans la mauve, la guimauve, etc. Dans ce cas , randrophoro l'orme un Lubc plus ou ÈTAMlNE. '■^99 moins complet. Quelquefois cependant l'union des filets n'a lieu que par leur base , en sorte qu'ils sont libres dans la plus grande partie de leur étendue , comme dans le Géranium , V Erodium. D'autres fois ils sont soudés jusqu'à la moitié de leur Fis. 8i- Fig. 83. hauteur , comme dans plusieurs Oxalis. {^Voy. fig. 81.) Enfin , ils sont soudés en tube à peu près complet dans les Mé- liacées ivoy. fig. 82), beaucoup de Malvacées. k sa partie supé- rieure , V andropJiore tubuleux se divise souvent en autant de petits filets courts et dis- tincts qu'il y a d'anthères, comme dans les Malvacées. Lorsque toutes les étamines sont réunies en deux an- drophores , c'est-à-dire que leurs filets se soudent en deux corps distincts , on les nomme diadelphes ( siamina dia- delpha): par exemple, la fumeterre (^Fumaria ojfîci- nalis) , les haricots, les acacias, etc. , et la plus grande partie des Légumineuses. Tantôt les deux faisceaux qui résultent de la soudure des filets staminaux , sont composés d'un égal nombre d'étamines. Ainsi ^ dans la fumeterre, chaque andro- phore se compose de trois étamines. Dans le genre Poly- (jala ivoy. fig. 85), les huit étamines forment aussi deux faisceaux ou androphores semblables. Tantôt, au con- Fig-. 83. Fig. 84. Etamines dia- delphes. traire, les deux androphores sont inégaux. Ainsi, dans les Légumineuses diadelphes {voy. fig. 84), l'imdesan- 3oO ORGANES DE LA REPRODUCTION. drophores est formé de neuf ëtamines soudées par les filets en une sorte de tube fendu dans sa partie supé- rieure, tandis que l'autre ne se compose que d'une seule étamine. Ëtamines po- Quaud Ics filets sout réunis en trois ou en un nembre ^^ " ^ ""^ ^'s- 85 pjjjg considérable d'androphores , ''■^"^i'^'lMK %i3^fM", les é lamines sont dites alors »o/v- wmW^" aaelphes {^slmmna polyadelpha) . Il y a trois androphores dans Yllypericuin œgyptiacuni , cinq et un plus grand nombre dans la Melaleuca. {voy. fig. 85.) Naiurf Jcifiifis. ÉfiWi) La nature et la structure orga- nique du filet des étamines pa- raissent être entièrement analogues à celles de la co- rolle. En effet, l'on voit très-souvent ces deux or- Leur iran, for- ganes se changer l'un dans l'autre. Ainsi, par exemple, taies. '^'"dans le nénuphar {^Nymphœa alba) , on aperçoit suc- cessivement les filets staminaux , à partir du centre vers la circonférence de la fleur, devenir de plus en plus larges et s'amincir -, l'anthère , au contraire , diminuer et finir par disparaître entièrement quand les filets se sont tout- à-fait changés en pétales. C'est cette dégradation insen- sible des filets des étamines en pétales qui a fait penser à quelques botanistes que la corolle et les segmens qui la composent n'étaient que des étamines avortées, dont les filets avaient acquis un développement extraordinaire. Fleuri douLies. Cette opluiou semble encore trouver un appui dans la formation des fleurs nommées doubles et pleines. La rose , en effet , dans son état primitif et sauvage , n'a que cinq pétales, mais un nombre très - considérable d'étamines. Dans nos jardins, par les soins du cultiva- teur, nous voyons les étamines de la rose se changer en pétales, et la fleur devenir stérile. Ici la transforma tioix ÉTAMIJVE. Soi des étamines en pétales est manifeste , et paraît confirmer l'opinion des botanistes qui les regardent comme de véritables étamines dégénérées. §. 2. De V Anthère, V anthère (anthera) est cette partie essentielle de l'é- De lantiùre, tamine qui renferme le pollen ou poussière fécondante avant l'acte de la fécondation. Le plus généralement elle est formée par deux petites poches membraneuses , ados- sées immédiatement l'une à l'autre par un de leurs côtés ou réunies par un corps intermédiaire particulier , au- quel on a donné le nom de connectif. Chacun de ces petits sacs membraneux , nommés loges Loges ae lan- de l'anthère , est partagé intérieurement en deux parties """'*'• par une cloison longitudinale , et s'ouvre à l'époque de la fécondation , pour laisser sortir le pollen. Les anthères sont donc le plus communément bilocu- laires (^antherœ hiloculares) , c'est-à-dire formées de deux loges , comme dans le lis , la jacinthe , etc. Quelquefois elles ne sont formées que d'une seule loge-, Fig. 87. dans ce cas , elles sont dites uniîoculaires {an- therœ uniloculares) , comme dans certaines Conifères , les Épacri- dées {voi/. fig. 86 , a.), les Malvacées (/ •! il'- mille. gentin. Dans les Cucurhilacees , ils sont splieriques , pa- pillaires et d'un beau jaune doré. Ceux de la tribu des Uélianthées , àe la famille des Synantherées , sont égale- ment sphériques, papillaires et d'un beau jaune orangé. La tribu ou plutôt Tordre des Chic or acé es non?, présente des grains sphériques, visqueux , mais dont la superficie est taillée à facettes. Un pollen à grains rouverts d'émi- nences mamelonnées , surmontés chacun d'un point bril- lant , s'observe dans le Cohœa scandens. Celui des Phlox est très-analogue à ce dernier, circonstance qui appuie l'opinion de ceux qui considèrent ces deux genres comme étant de la même famille. Enfin, pour ne pas pousser trop loin cette énumération des pollens visqueux, les grains dans les Onagraires ont une forme trigone très- manifeste , avec une dépression considérable dans leur centre. (Toy. fig. 99.) Les familles où l'on trouve des grains non visqueux sont en très-grand nombre. Il nous suffira de citer les Solanées, Scrophularinées , Genttanées , CaryophyUées , Gr'aminées , Euphorhiacées , etc. Ces grains ont toujours une forme elliptique , et sont marqués d'une rainure longitudinale-, le plus souvent ils sont colorés en jaune, quelquefois en rouge, comme dans les P erhascum. Dans les Leguînineuses papilionacées , le pollen est bien d'une nature non visqueuse , mais il a une forme cylindroïde très-prononcée. Lorsqu'on soumet les grains non visqueux à l'action soumisMac- de l'eau, ils changent de forme à l'instant même-, d'el- ^'.'1^/'^ ^'"'""^ liptiques qu'ils étaient , ils deviennent parfaitement sphéri- ques. Les grains visqueux se dépouillent d'abord de leur Si 12 ORGANES DE LA REPRODUCTION. enduit 5 puis ils ëclatent plus ou moins promptement ;, et lancent au dehors un liquide plus dense que l'eau , et dans lequel se meuvent des myriades de petits grains que , leur couleur verdâtre rend perceptibles à la vue, par un grossissement de plusieurs centaines de fois leur dia- mètre. M. Amici a vu un grain pollinique de Portulaca ohracea en contact avec un poil du stigmate , se rompre , lancer en dehors une sorte de boyau dans lequel les gra- nules ont circule pendant plus de quatre heures. Need- ham , Kœlreuter , Gleichen , avaient déjà observé les granules contenus dans les grains poUiniques. Ce der- nier les avait considérés comme jouant le principal rôle dans l'acte de la fécondation , et M. Guillemin , raison- nant d'après l'analogie deces organes avec les animalcu- les spermatiques des animaux , n'est pas éloigné d'adop- ter cette opinion. Telles étaient nos connaissances sur la nature et l'or- ganisation des grains polliniques, lorsque M. Adolphe Brongniart entreprit son travail sur la génération dans les végétaux. Nous allons faire connaître ici son opinion sur la nature et l'organisation des grains de pollen. Lors- que l'on examine l'intérieur des loges d'une jeune an- thère dans un bouton de fleur, long-temps avant son épanouissement, on voit que l'intérieur de cette loge est rempli d'une > masse celluleuse distincte de ses parois. Petit à petit les cellules, en général fort petites, dont se compose la masse celluleuse, s'isolent les unes des autres, et finissent par former les granules que l'on a nommés pollen. Quelquefois ces cellules particu- lières ou grains polliniques sont renfermés dans d'autres vésicules plus grandes qui se déchirent, et dont on peut encore reconnaître les traces. i\l' poiilifl" «t Chaque grain de pollen , dont la forme est très-varia- cuniposededeu;; blc , ainsi quc uous l'avons dit précédemment , oflre une ETAMINE. 3l3 organisa lion uniforme. Il se compose de deux membra- Fig. 97. Fig^s. nés , ainsi que l'avait dëjà parfaitement re- connu Kœlreuter. L'une externe , plus épaisse, munie de pores, et quelquefois d'appendices plus ou moins saillans ; Tautre , interne , mince, transparente et sans adhérence avec la précédente. Soumis à l'action de l'eau, lamem- brane interne se gonfle-, l'externe se rompt dans un point de son étendue, et à travers cette ou- verture sort un prolongement tubuleux, [voy. fig.97 etgS) qui forme une sorte de hernie, et qui a été observé pour la première fois par Need- ham. Kœlreuter paraît aussi l'avoir entrevu, n ^oit un o» quand il dit qu'il sort du grain de pollen mis £,'^"ÎXii!'u"' dans l'eau une masse blanche liée ensemble. M. Amici l'a Fig 99- également vu sur les gi'ains poUi- niques àuPortulacapîlosa. Quelque- fois il en sort deux , par deux points opposés, comme dans YOEnothera hier mis \, {yoy. fig. 99) d'autres fois trois, et même un très-grand nombre, une trentaine, selon M. Amici. {Ann. se. 72af.,noY. 1800 , p. 33 1.) Cepen- dant M. Mirbel, dans ses observations nouvelles {voy. Archiv. de botan. , février i833) , reconnaît aussi l'existence des deux mem- branes dans les utriculos poUiniques; mais il a observé que , mises sur l'eau, il en sort un jet de granules polli- 3l4 ORGANES DE LA REPRODUCTIOIV. niques qui n'est point renfermé dans un boyau de la membrane interne. Les granules tiennent ensemble par une matière visqueuse qui suinte de leur surface. C'est un point; comme on voit, qui a besoin d'être ëclairci par de nouvelles observations. Formation du Lcs nouvelles observatious de M. Mirbel ont con- pollen suivant a> f , . , , M. Mirhti. nrme plusieurs des résultats que nous venons d'ex- poser, en même temps qu'elles en ont fait connaître de nouveaux. Si l'on examine l'anthère du potiron , dès que la fleur commence à se montrer , toute l'anthère , même la partie qui doit plus tard constituer ses parois , est une masse de tissu utriculaire. Un peu plus tard, on voit de chaque côté de la ligne médiane de la coupe transversale de l'anthère , quelques utricules qui ont pris un accroissement plus grand : ce sont les utricules pol- liniques. Petit à petit ces utricules s'agrandissent; les granules qu'ils contiennent se multiplient à tel point , qu'ils forment des masses opaques qui remplissent tota- lement les cellules. Ces utricules sont liés au reste du tissu par une membrane ou tégument particulier. Les parois de ces cellules poUiniques s'épaississent, se gor-, gent de sucs, au point de ressembler à une sorte de gelée incolore. Peu de temps après , c'est-à-dire quand les bou- tons de fleurs ont de sept à huit millimètres de longueur, la paroi épaisse et succulente de chaque utricule polli- nique se dilate , et se sépare de la masse des granules. Peu après , quatre appendices en forme de lame de cou- teau se développent, à distance égale les uns des autres , sur la face interne de l'utricule , et enfoncent graduelle- ment leur tranchant vers le centre. Ils finissent par par- tager la masse des granules en quatre petites masses trian- gulaires. Quand les appendices se rencontrent au centre, ils s'entregreflent et divisent la cavité de l'utricule en quatre loges, qui s'arrondissentetdeviennentsphériques. ÉTAMIPfE. 3l5 A cette e'poque , la portion du tissu , formëe par les utricules polliniques , s'isole des parties environnantes •, chaque utricule devient libre, et chaque petite masse granuleuse reçoit un tégument membraneux , lisse, inco- lore , diaphane , un peu plus grand qu'il n'était nécessaire pour l'envelopper, et elle commence bientôt à revêtir les caractères propres au pollen du potiron. Le grain de pollen durcit, devient opaque, jaune, cesse de croître. Il a atteint sa maturité •, mais , presque en même temps , les utricules polliniques et leur tégument commun , desséchés, déchirés, désorganisés, n'offrent plus que des lambeaux méconnaissables*, de sorte que tous les grains , emprisonnés peu avant un à un dans les utri- cules polliniques , se trouvent tout à coup libres et réunis dans les loges de l'anthère. Ces changemens successifs , qui ont lieu dans l'organi- sation et le développement du pollen, sont fort remar- quables, et M. Mirbel les a vérifiés sur plusieurs autres végétaux. Dans l'intérieur des utricules polliniques se trouvent Granules poi- contenus les granules spermatiques ou polliniques , qui , ^'via"^^ °" en général , sont mélangés dans une matière qui paraît huileuse. C'est à ces granules, dont la petitesse est ex- trême, et dont la forme est variable , qu'on a donné le nom àeJoviUa. Il résulte des observations de MM. Bron- gniart et Mirbel que ces corpuscules, mis dans l'eau, jouissent de la propriété de se mouvoir en tous sens : ils montent , ils descendent , se rapprochent , se fuient sou- vent avec une vélocité remarquable. Aussi Gleichen et MM. Erongniart et Mirbel les considèrent-ils comme de véritables animaux , tout-à-fait semblables dans leurs fonctions aux animalcules qui existent dans la semence du mâle des animaux. JVous parlerons maintenant du pollen des Asclépiadées 3l6 ORGAWES DE LA REPRODUCTIOI*. .i-rSrhidt'i"'^'' Orchidées, qui présente des modifications très-re- a.Asciépiade'e. marquables. Dans plusieurs genres de ces deux famil- les, tout le pollen contenu dans une loge est réuni en un corps qui a la même forme que la loge dans l'intérieur de laquelle il est contenu. On donne à ce pollen ainsi reum le nom de masse poUinique {massa yollinica ou polhmum). Quand ces masses sont partagéesen plusieurs autres masses plus petites, on appelle ces dernières des massetles [{massulœ). Les masses polliniques des Orchi- ^'- '°°- Fi,. 101. dées sont tantôt formées de grains réunis ensemble par une sorte de réseau élastique ; on les appelle alors masses secnles (massœ secti/es), comme dans les genres OrcMs, Ophys. {voy. fig. 100.) D'autres fois elles sont tout- a-lajt (jranuleuses onfarinacées {massœ (jramdosœ) : telles sont celles des genres Epipactis, Loroglossmn, etc. {voy. fig. 101 ). Enfin elles sont quelquefois d'une sub- stance solide et compacte {massœ solidœ ) , comme dans les genres CoraUorhiza, Malaxis. { voy. fig. 102 ). Fig. 02. (^çg ^^.Qjg fQ^.jj^gg jjg gg trouvent jamais réunies ni confondues dans un même genre. A leur base, les masses polliniques se terminent sou- vent par un prolongement étroit nommé cau- dicule {voy. fig. 100, b), à la partie inférieure duquel est un corps glanduleux de forme très-variée , auquel on a donné le nom derétinacle. {id. c.) PISTIL. 017 Le pollen , projetë sur des charbons ardens , brûle et s'enflamme avec rapidité. Dans beaucoup de plantes, il répand une odeur qui a l'analogie la plus frappante avec la substance à laquelle on le compare dans les animaux , comme on l'observe très-bien dans le châtaignier, l'é- pine-vinette , etc. CHAPITRE IX. DU PISTIL ou ORGASE SEXUEL FEMELLE. 1.^ pistil, comme nous l'avons déjà vu précédemment, pj^^jj est l'organe sexuel femelle dans les végétaux. Il occupe presque constamment le centre de la fleur, et se compose Fig. io3. Fig. 104. Fjg. io5. de trois parties, savoir : i*l-tle V ovaire^ 2*^ du style, 3" du stigmate. Ordinairement on ne rencontre qu'un seul pistil dans une fleur, comme dans le lis, la jacinthe, le pavot, etc. , 3i8 ORGANES DE LA REPRODUCTlOir. D'autres fois il y en a plusieurs dans la même fleur, comme dans la rose, les renoncules, etc. Gynophore. Le pislil OU Ics plstils, lorsqu'il y en a plusieurs , sont souvent attachés à un prolongement particulier du ré- ceptacle , plus ou moins épais et saillant , auquel on donne le nom de gynophore. {Foy. fig. 104? a. ) Podogyne, H ue faut pas confondre le gynophore avec le podo- gynBj amincissement de la base de l'ovaire qui élève un peu le pistil au-dessus du fond de la fleur. Le gynophore, en efl"et, n'appartien- pas essentiellement au pistil; il reste au fond de la fleur, quand celui-ci vient à s'en dé- tacher. Le podogyne {voy. fig. io5), au contraire, qui fait partie du pistil, l'accompagne dans toutes les époques de son développement. Il y a un gy^iophore dans le frai- sier , le framboisier, et un podogyne dans le câprier , le pavot , etc. Lorsqu'il y a plusieurs pistils dans une fleur, il n'est pas rare de voir le gynophore deven^ épais et charnu : c'est ce qu'on observe d'une manière très-manifeste dans le framboisier, et surtout le fraisier. La partie de la fraise qui est pulpeuse , sucrée , et que nous mangeons , n'est qu'un gynophore très-dé veloppé -, les petits grains brillans qui la recouvrent sont autant de pistils. Il est facile de reconnaître la nature de ces différentes parties, et d'en suivre les développemens successifs dans la fleur. Base ft som- La hasc du pistil est toujours représentée par le point met u pistil. ^^ moyen duquel il s'attache au réceptacle. Le sommet, au contraire, correspond toujours au point où les styles ou bien le stigmate sont insérés sur l'ovaire. Comme quelquefois cette insertion a lieu latéralement, on con- çoit que le sommet organique de l'ovaire ne répond pas toujours à son sommet géométrique. Ce dernier, en effet, est le point le plus élevé par lequel passe une ligne qui traverse l'ovaire dans sa partie centrale. PISTIL 3i9 Fig. 107. Libre. §. 1. De r Ovaire. Vovaîre (^ovat^imn) occupe toujours la partie infé- Ovaire, rieure du pistil. Son caractère essentiel est de présenter, quand on le coupe longitudinalement ou en travers, une ou plusieurs cavités, nommées loges, dans lesquelles Loges. sont contenus les rudimens des graines ou les ovules. C'est dans l'intérieur de Tovaire que les ovules acquiè- Ovules, rent tout leur développement et se changent en graines. Cet organe peut donc être considéré , sous le rapport de ses fonctions , comme l'analogue de l'ovaire , et de l'uté- rus dans les animaux. La forme la plus générale et la plus habituelle de l'o- vaire est d'être ovoïde; cependant il est plus ou moins comprimé et alongé dans certaines familles de plantes, comme dans les Crucifères , les Légumineuses , etc. \J ovaire est le plus souvent libre au fond de la fleur ; Fig- »o6. c'est-à-dire que sa base cor- respond au point du récepta- cle, où s'insèrent également les étamines et les envelop- pes florales, sans qu'il con- tracte d'adhérence avec le calice, comme on le voit dans la jacinthe, le lis, la tulipe, etc. {^Voy. fig. 106.) Mais quelquefois on ne rencontre pas l'ovaire dans le fond de la fleur; il semble placé entièrement au-des- sous du point d'insertion des autres parties; c'est-à-dire que, faisant corps par tous les points de sa pé- riphérie avec le tube du calice, son sommet seul se trouve libre au fond de la fleur. Dans ce cas, l'ovaire a été appelé adhérent ou Adhèrent. 020 ORGA5ES DE L/V REPRODUGTIOIV. infère (^ovarium inferum), pour le distinguer de celui où , étant libre, il porte le nom d'ovaire siipcre (ovarium supermn ) : les Iris , les Narcisses , les Myrtes , le Famus ont un ovaire infère. (î'oy. lig. 107.) Lors donc qu'au fond d'une fleur on ne trouvera pas l'ovaire , mais que le centre en sera occupé par un style et un stigniîate , on devra examiner si au-dessous du fond de cette fleur on ne voit pas un renflement particulier , distinct du sommet du pédoncule. Si ce renflement, coupé en travers , offre une ou plusieurs cavités conte- nant des ovules , on sera dans la certitude qu'il existe \\n ovaire infère. La position de l'ovaire infère ou siqière fournit les ca- ractères les plus précieux pour le groupement des genres en familles naturelles. Toutes les fois que l'ovaire est infère, le calice est né- cessairement monosépale , puisque son tube est intime- ment uni avec la périphérie de l'ovaire. Quelquefoisl'ovairen'estpasentièrement infère, c'est-à- dire qu'il est libre par son tiers , sa moitié ou ses deux tiers supérieurs. Le genre Saxifrage offre ces différentes nuances. Ovaires paiic- Mais il cst uuc position de l'ovaire qui , presque tou- jours confondue avec l'o- vaire infère , mérite cepen- dant d'en être distinguée. C'est le cas où plusieurs pistils réunis dansunefleur sont attachés à la paroi interne d'un calice très- resserré à sa partie supé- rieure , en sorte qu'au pre- mier coup d'œil il repré- sente un ovaire infère. Ces ovaires reçoivent alors le nom iX'ovaires pariétaux Fig. io8. PISTIL. 521 (ovaria parietalia ) , comme dans la rose , et uu prand nombre d'autres Rosacées. {P^oy. fîg. 108. ) L'ovaire infère étant celui qui fait ( orps par tous les points de sa périphérie avec le tube du calice , il découle de là une loi générale à laquelle on n'a point fait atten- tion : c'est que la position infère de l'ovaire exclut né- cessairement la multiplicité des pistils dans la même fleur. En effet, dans le cas d'ovaires pariétaux, on voit qu'ils ne touchent au calice que par un seul point : il est de toute impossibilité que cet organe en enveloppe plusieurs par toute leur périphérie. Il suit donc de là que ces ovai- res ne sont pas infères , mais seulement pariétaux, puis- qu'ils ne font pas corps par tous les points de leur péri- phérie avec le tube du calice. Cette modification mérite d'être signalée. Nous devons également faire connaître une modifica- Ovai,e gyno- fis. 105. tion de l'ovaire , à laquelle on ^'"'"f"'- a donné le nom d'ovaire gy- nobasique, {Foy. fig. 109.) Un grand nombre de familles en présentent des exemples : telles sont entre autres les La- biées , les Borraginées , les Ochnacées , les Simaroubées , etc. L'ovaire appliqué sur un disque hypogyne, qui, dans ce cas , a reçu le nom particulier y de gynobase , est plus ou moins profondément partagé en un certain nombre de lobes correspondans à celui des loges, et son axe central est tellement déprimé , qu'il paraît en quelque sorte nul, et que le style semble naître immédia- tement du disque; en sorte qu'à l'époque de la maturité chacune des parties ou coques dont se compose l'ovaire, I" Partie. lo^es, ^22 ORGANES DE LA REPRODUCTIO]> . ' se sépare , et semble en quelque sorte constituer ua fruit particulier. L'ovaire est sessile au fond de la fleur ( ovarium ses- sile) , quand il n'est élevé sur aucun support particulier, comme dans le lis, la jacinthe, etc. Il peut être siipité ( ovarium slipitalum ) , quand il est porté sur un podogyne très-alongé, comme dans le câprier ( Capparis spinosa ) . Nombre des Coupé transversalement , l'ovaire offre souvent une seule cavité intérieure ou loge , contenant les ovules. Il est dit alors uniloculaire {ovarium uniloculare), comme celui de l'amandier, du cerisier, de l'œiilet, etc. On l'appelle biloculaire (ovarium. hiloculare), quand il est composé de deux loges -, par exemple , dans le lilas , la linaire, la digitale , etc. ; Trilocidaire (^ovarium. triloculare y, tel est celui du lis, de l'iris , de la tulipe , etc. ( tiot/. fig. 106); Quadriloculaire ( ovarium. quadriloculare) , comme dans le Sagina prociimhens •, Quinquéloculaire [ovarium quinqueloculare), comme dans le lierre ( Hedera Hélix )•, Multiloculaire ( ovarium, multiloculare ) , quand il présente un grand nombre de loges ; ex. , le nénuphar. Chaque loge d'un ovaire multiloculaire doit être con- sidérée comme une partie ou organe distinct , auquel on donne le nom de Carpelle. L'ovaire biloculaire , par exemple , résulte de la soudure intime de deux carpelles formant un seul et même ovaire. Il en est absolument de même, lorsqu'il y a trois, quatre , cinq, ou un grand nombre de loges. Il se passe ici le même phénomène que pour la corolle gamopétale , qui se compose d'autant de pétales soudés ensemble qu'il y a de divisions à la co- rolle. C'est ce que l'on comprendra encore beaucoup jeux , lorsque nous aurons développé plus tard la PISTIL. ."I2D l0''ereVJ, la belladone (Jtropahelladona), la belle-de-nuit {Nyctago hortensis); Hémisphérique (siigma heniisphericum) , présentant la forme d'une demi-sphère , comme dans la jusquiame jaune {Hyoscyatnus aureus) {voy. fig. 117, a); Fig. 11: Discoïde [stigma discoideum), aplati, large et en forme de bouclier, comme dans le pavot , le coqueli- cot, etc. •, Clavijbrme ou en massue {stigm.a clavatum^, dans le Jasione m,ontana, etc.-, Capillaire on filiforme (siigma capillare, filiforme) , grêle et très-alongé , comme dans le maïs ou blé de Turquie; Linéaire (stùjma lineare), étroit et alongé, comme dans les campanules et beaucoup de Caryophyllées-, Trigone (^stigma trigonum,), ayant la forme d'un prisme à trois faces, comme dans la tulipe sauvage ( Tulipa sylvestris)', Trilobé [stigma trilobum) , formé de trois lobes arron- dis, comme dans le lis (voy. fig. io3) -, Étoile {liHrjma stellatum), plane et découpé en lobes !53o ORGANES DE LA REPRODUCTIOIS . à la manière d'une étoile , comme dans les Éricinées , la pyrole, etc.;, Omhiliqué {stigma umhilicatum) , offrant dans son centre une dépression plus ou moins profonde , comme dans le lis, la Viola roOiomagensis , etc. ; Semîhmé ou en croissa7U [stigma semilunatum) , comme dans la fumeterre jaune [Corydalis lutea). De mêm£ que le style, le stigmate peut être simple et indivis, comme dans la bourrache [Borrago oj/icznalis), la primevère, etc.; Bifide [stigma bifldiim),[voy. fig. 117 ,b) partagé en deux divisions étroites, comme dans la sauge, et le plus grand nombre des Labiées, des Synanthérées , etc. •, Trifide [stigma trifidum), dans la camélée [Cneorum tricoccum,) , les narcisses, etc.; Quadrifde [stigma quadrifidum) , dans la dentela ire [Phimbago europœa), etc. -, Multifide [stigma multifidum), quand le nombre de ses divisions est plus considérable. Il est bilam,ellé [stigma hilamellatum) , formé de deux lames mobiles l'une sur Tautre : dans le Mimulus. [voy. fig. 117, c.) Direction. Suivaut sa direction, on dit du stigmate qu'il est : Dressé [stigma erectum), lorsqu'il est alongé et di- rigé suivant l'axe de la fleur-, Ohlique (stigtna ohliquum), quand il se dirige obli- quement par rapport à l'axe de la fleur. Tors, roulé en tire-bourre, comme dans la JSigella hispaniea, etc. La superficie du stigmate est tantôt glabre, tantôt veloutée, comme dans le Chelidonium Glati cium, le Mimulus aurantiacus, etc. Elle est pubescente dans le pi ;i 11! ne. \ r stign)ale ps\ plumeur [stigma pluuiosutn), quand AWTHESE. 001 il est filiforme, et que de chaque eôté il oftre une rangée de poils disposés comme les barbes d'une plyime; exem- ple, beaucoup de Graminées, {voy. lîg. 118) -, Fis. it8 Pénicilliforme ( stigma peiiicilliforme) , ou en forme de pinceau, quand les poils sont rassemblés par petites toufles ou bouquets, et constituent des espèces de houppes ou de pinceaux, comme dans le Ti'ûjlochin niariti-' m II m, etc. CHAPITRE X. DE l'am'hèse ou DE l'épanouissemewt des fleurs. Nous venons d'examiner et de faire connaître les or- ântbèic, yanes de la floraison, savoir : le pistil, les étamines, et les enveloppes florales. Nous avons remarqué que l'es- sence de la fleur réside uniquement dans la présence des organes sexuels , et que le calice et la corolle ne doivent être considérés que comme purement accessoires, c'est-à- dire servant seulement à favoriser l'exercice des fonctions que la nature a confiées à la fleur, mais n'y concourant qu'indirectement. Aussi les voit-on manquer assez fré- quemment, sans que leur absence paraisse avoir aucune influence sur les phénomènes et l'action réciproque des organes sexuels. Les enveloppes florales semblent donc avoir pour prin- cipal usage fie protéger les organes de la général ion jus- 33u ORGANES DE LA REPRODUCTIOIH. qu'à leur parfait accroissement, c'est-à-dire jusqu'à l'é- poque où ils sont propres à \ai fécondation. Avant d'exposer les phénomènes de cette importante fonction , revenons encore à quelques considérations gé- nérales sur la fleur. On a donné le nom à^anihese à l'ensemble des phéno- mènes qui se manifestent au moment où toutes les par- ties d'une fleur, ayant acquis leur entier développement, s'ouvrent, s'écartent et s'épanouissent. Toutes les plantes ne fleurissent pas à la même époque de l'année. Il existe à cet égard des difierences extrême- ment remarquables , qui tiennent à la nature même de la plante, à l'influence plus ou moins vive du calorique et de la lumière, et enfin à la position géographique du végétal. Les fleurs sont un des plus beaux ornemens de la na- ture. Si elles s'étaient montrées toutes dans la même saison et à la même époque, elles eussent disparu trop tôt , et les végétaux seraient restés trop long-temps sans parure. L'hiver même, malgré ses frimas, voit éclore des fleurs. Les Galanthus nivalis, les Leucoium, , les hellé- bores , les Daphne , poussent et développent leurs fleurs quand la terre est encore couverte de neige. Mais ces exemples ne sont en quelque sorte que des exceptions. Le froid , en effet , paraît s'opposer au développement et à l'épanouissement des fleurs, tandis qu'une chaleur douce et modérée les favorise. Aussi voyons-nous régner en quelque sorte un printemps perpétuel , et la terre se couvrir toujours de fleurs nouvelles , dans les pays où la température se maintient toute l'année dans un terme moyen. Dans nos climats tempérés, c'est au printemps, quand une chaleur douce et vivifiante a remplacé les rigueurs AJNTHESE. 333 de l'hiver, qu'écartant insensiblement leurs enveloppes, les fleurs se montrent et s'épanouissent à nos yeux. Les mois de mai et de juin , dans nos climats, sont ceux qui voient éclore le plus grand nombre de fleurs. Suivant la saison durant laquelle elles développent leurs fleurs, les plantes ont été distinguées en quatre classes , savoir en : 1°, Printanieres [plantœ vemales, vernœ) , celles qui fleurissent pendant les mois de mars , avril et mai : telles sont les violettes, les primevères, etc. ; 2°. Estivales {plantœ œstivales) , celles qui fleurissent depuis le mois de juin jusqu'à la fin d'août : la plupart des plantes sont dans ce cas ; 3°. Aut07nnales {plantœ auiumnales) , celles qui poussent et développent leurs fleurs depuis le mois de septembre jusqu'en décembre : tels sont beaucoup à' As- ter, le colchique {Colchicum autumnale) , le Chrysan- themum indicum , etc. ; 4°. Hibernales {pi. hibernales, hibernœ ) , toutes celles qui fleurissent depuis le milieu de décembre envi- ron jusqu'à la fin de février : tels sont un grand nombre de Mousses , de Jungermannes , le Galanlhus nivalis , VHelleborus niger, etc. C'est d'après la considération de l'époque à laquelle les ^^^j^-'j^"^" différentes plantes produisent leurs fleurs que Linnseus a établi son Calendrier de Flore. En effet, il y a un grand nombre de végétaux dont les fleurs paraissent toujours à la même époque de l'année , et d'une manière réglée. Ainsi , sous le climat de Paris , l'hellébore noir fleurit en janvier; le coudrier, le Daphne mezereum, en février-, l'amandier, le pêcher, l'abricotier, en mars; les poiriers , les tulipes, les jacinthes, en avril; le lilas, les pommiers, en mai , etc. Non-seulement les fleurs se montrent à des époques rier de Flor 334 ORGANES DE LA REPRODUCTION. dift'érentcs de l'année, dans les divers véj^fétaux , mais il en est encore un grand nombre qui s'ouvrent et se fer- ment à des heures déterminées dans la journée j quel- ques-unes même ne s'épanouissent que pendant la nuit. De là on distingue les fleurs en diurnes et en nocturnes. Ces dernières sont bien moins nombreuses que les pre- mières. Ainsi, la belle - de - nuit {Nyctago horlensis ) n'ouvre ses fleurs que quand le soleil s'est caché der- rière l'horizon. Horloge de Certaines fleurs même ont l'habitude de s'ouvrir et de se fermer à des heures assez fixes pour que leur inspection puisse annoncer l'heure de la journée. Linnseus, si ingé- nieux à saisir tous les points de vue intéressans sous les- quels on pouvait considérer les fleurs , s'est servi de ces époques bien connues de l'épanouissement de quelques espèces pour former un tableau auquel il a donné le nom à"" Horloge de Flore. Les plantes, en effet, y sont rangées suivant l'heure à laquelle leurs fleurs s'épanouissent. {Voy. ce tableau, à la fin de la seconde partie.) Fleurs niëtëo- Lcs diftërcns météores atmosphériques paraissent avoir une influence marquée sur les fleurs de certains végé- taux. Ainsi , le Calendula pluvialis ferme sa fleur quand le ciel se couvre de nuages , ou qu'un orage menace d'é- clater. Le Sonchus sihiricus , au contraire, ne s'ouvre et ne s'épanouit que quand le temps est brumeux et l'at- mosphère chargée de nuages. La lumière plus ou moins vive du soleil paraît être une des causes qui agissent le plus eflicacement sur l'épa- nouissement des fleurs. En effet , son absence détermine dans les fleurs , comme dans les feuilles des plantes de la famille des Légumineuses , .une sorte de sommeil. Par des expériences extrêmement ingénieuses, mon ami M. Bory de Saint-Vincent est parvenu à faire fleurir certaines es- pèces à^Oxalis, dont les fleurs ne s'étaient jamais épa- riques, Durée fleurs. NECTAIRES. ->-^J nouies naturellement, en les éclairant vivement pendant la nuit , et réunissant sur Aies les rayons lumineux au moyen d'une lentille. La durée des fleurs présente encore des diflérences trùs- uotables. Quelques-unes s'épanouissent le matin , et sont fanées avant la fin de la journée-, on leur a donné le nom d'ephemères : tels sont la plupart des Cistes , le Trades- cantia vii'cjinica , quelques Cactus, etc. D'autres, au contraire, brillent du même éclat pendant plusieurs jours, et souvent même pendant plusieurs semaines. Enfin , il est quelques fleurs dont la couleur varie aux différentes époques de leur développement. Ainsi, V Hor- tensia commence par avoir des fleurs vertes-, petit à petit. elles prennent une belle couleur rose , qui, avant qu'elle» ne soient entièrement fanées, deviennent d'une teinte bleue , plus ou moins intense. Le Convolvulus versieolor a sa corolle d'un rose pâle , au moment où sa fleur commence à s'épanouir-, elle de- vient d'un rouge vif au milie;u de la journée , et finit par être presque blanche au coucher du soleil. CBA PITRE xf DES NECTAIRES. Sous la dénomination générale cle nectaires {iieclaria) , Nectaires Linnseus a désigné non-seulement les corps glanduleux que l'on observe dans certaines fleurs, où ils sécrètent une humeur mielleuse et nectarée , mais encore toutes les parties de la fleur qui , présentant des formes irrégulières et insolites, lui semblaient ne point appartenir aux or- ganes floraux proprement dits, c'est-à-dire ni au pistil , ni aux étamines, ni aux enveloppes florales. 356 ORGANES DE LA REPRODUCTIOX.' On conçoit facilement combien l'extension considéra- ble donnée à ce mot a du jeter de vague sur sa véritable signification , à tel point , qu'il est tout-à-fait impossible de donner une définition rigoureuse du mot nectaire , telle que Linnseus l'a entendu. Quelques exemples vien- dront à l'appui de notre assertion. Toutes les fois qu'un des organes constituant la fleur offrait quelque irrégularité dans sa forme , dans son dé- veloppement , ou quelque altération de sa physionomie habituelle , Linnœus lui donnait le nom de nectaire. On pense bien qu'il a du imposer ce nom à une foule d'or- ganes très-dififérens les uns des autres. Ainsi, dans l'ancolie, Linnaeus décrit cinq nectaires en forme d'éperons recourbés et pendans entre les cinq sépales-, dans les Delphinium il en existe deux qui se prolongent en pointe à leur partie postérieure , et sont contenus dans l'éperon que l'on observe à la base du sé- pale supérieur •■, dans les hellébores on en trouve un grand nombre qui sont tubuleux et comme à deux lèvres. Or, ces prétendus nectaires des hellébores , des ancolies, et en général de tous les autres genres de la famille des Renon- culacées , ne sont rien autre chose que les pétales , mais qui, dans ces genres, ont une forme très-irrégulière. Dans la capucine , le nectaire est un éperon qui part de la base du calice j dans les linaires, ce nectaire ou éperon est un prolongement de la base de la corolle. Il en est de même dans la violette , la balsamine, etc. Linnœus a aussi donné le nom de nectaires à des amas de glandes placés dans différentes parties de la fleur. Aussi a-t-il confondu sous ce nom les disques, comme dans les Crucifères, les Ombellifères , les Rosacées, etc. Dans le lis , le nectaire est sous la forme d'un sillon glan- duleux placé à la base interne des divisions du calice ; BISQUE ET I^SERT10J^. .137 dans les Iris, c'est un bouquet de poils glanduleux qui règne sur le milieu des divisions externes du calice. Dans les Graminées , le nectaire se compose de deux petites écailles de forme très-variée , situées d'un côté de la base de l'ovaire. Ces deux écailles ou paléoles forment la glumelle, organe qui n'effectue aucune sécrétion. Dans les Orchidées, on a appelé nectaire la division inférieure et interne du calice , que d'autres botanistes , et Linnaeus lui-même, ont désigné aussi sous le nom de lahelle» Nous pourrions encore multiplier le nombre des exem- ples de genres où l'on a fait mention de nectaires. Mais ceux que nous avons cités suffisent pour faire voir com- bien ce mot est vague et peu défini dans la langue bota- nique , puisqu'on l'a appliqué tour à tour à des pétales , à des calices, à des étamines, à des pistils avortés et dif- formes, à des disques liypogynes, périgynes et épigynes. Si l'on voulait conserver cette expression de nectaire , nous pensons qu'il faudrait exclusivement la réserver pour les amas de glandes situées sur les différentes par- ties de la plante , et destinées à sécréter un liquide miel- leux et nectaré , en ayant soin toutefois de ne pas con- fondre ce corps avec les diftérentes espèces de disque , qui ne sont jamais des organes sécréteurs. Par ce moyen, on ferait cesser le vague et la confusion que ce mot entraîne avec lui , et on le rendrait à sa véritable signification. CHAPITRE XI ï. DU DISQUE ET DE l'iKSERTION. Les chapitres précédens ont été consacrés à décrire hs Dii^in difïérens organes qui composent la fleur la plus complète, c'est-à-dire les enveloppes florales et les organes sexuels. Indépendamment de ces parties essentielles , nous avons vu qu'on trouve aussi dans les fleurs certaines parties ac- i" Partie. jj 538 ORGANES DE LA REVRODUCTIO> , Ilypogyne. cessoives , qui , le plus souvent, ne sont que des organes floraux diversement modifiés, et ayant subi une altéra- tion plus ou moins profonde dans leur nature. C'est à ces organes métamorphosés qu'on a donné le nom gé- néral de nectaires. Il nous reste, avant de parler de Vin- sertion, c'est-à-dire de la position relative des diverses parties de la fleur, et spécialement des organes sexuels , à faire connaître l'organe auquel on a donné le nom de disque. Le disque {discus) est un corps charnu, souvent de nature glanduleuse , jaunâtre , ou plus rarement vert, de forme extrêmement variée, placé soit immédiatement sous l'ovaire, soit sur la paroi interne du tube calycinal, soit enfin sur le sommet même de l'ovaire. Quelques exemples, en confirmant cette définition, vont mieux faire connaître cet organe. Si l'on examine l'intérieur d'une fleur du Cobœa scan- Fig. 1.9. dens, cette grande et belle plante sarmen- teuse , dont on fait de magnifiques guirlan- des jusque dans les rues de Paris , on verra qu'au fond de la fleur , au-dessous de l'o- vaire , existe un corps déprimé , discoïde , sinueux , et comme lobé dans son contour , qu'on ne peut rapporter à aucun des autres organes de la fleur. Ce corps est un disque. On en trouve un tout semblable dans la Va- lériane precque [Polemonimn cœruleum) (voy. fig. 1 19? a), et probablement toutesles autres espèces du même genre. Dans les La- biées, les Antirrhinées, les Sapindacées , Mé- liacées, Malpighiacées , Rutacées, et une ' foule d'autres familles, on trouve un sembla- _ j)le disque placé sous l'ovaire^ et qu'à cause de cette position on nomme disque hypogyne. Dans ces di- DISQUE ET IIMSERTION. SSQ verses l'amilles, l'ovaire étant immédiatemeut appliqué par toute la largeur de sa base sur le disque, celui-ci forme simplement une sorte de bourrelet , qui souvent ne se distingue de l'ovaire lui-même que par un rebord un peu plus saillant et sa couleur jaune. Le disque hypogyne présente quelques modifications qu'il est utile d'indiquer. Ainsi, on l'appelle podogyne ou hasùjyne , quand il forme un corps charnu, distinct du réceptacle , et qu'il élève l'ovaire au-dessus du fond de la fleur, comme dans la rue et les autres plantes de la fa- mille des Rutacées;p/ewroR0DUCTI0IN . ceptade. Il nous semble que M. De Candolle a confondu le réceptacle ou torus , qui n'est à proprement parler que le sommet du pédoncule auquel s'attachent toutes les parties constituantes de la fleur, avec les appendices, les disques, etc. , qui en naissent. C'est ainsi, par exemple, que nous ne saurions voir un torus dans cette enveloppe extérieure jaune du fruit de l'oranger et du citronnier, pas plus que dans la partie externe de la capsule du pavot. Pour celui qui étudie le développement de ces organes et leur formation successive j il est impossible de ne pas reconnaître qu'ils font essentiellement partie de l'ovaire, et par conséquent qu'ils doivent appartenir au péri- carpe. CHAPITRE XIV. DE LA NATURE PHYSIOLOGIQUE DE LA FLEUR. Opinions des On Sait quc maintenant la plupart des botanistes con- n'ainc d" jil sidèrent la fleur et les differens organes qui la composent *""'■ comme formés de feuilles diversement modifiées. Cette idée ingénieuse , déjà présentée et annoncée par quelques botanistes anciens , et en particulier par Jungius, Linnée, et Fréd. Wolf , fut ensuite présentée de nouveau , en 1790, par le célèbre littérateur Gœthe , avec plus d'esprit et de talent que de force et de raison , dans son petit ouvrage intitulé de la Melamorphose des jihufes. Le délaut de preuves et de développemens à l'appui d'une théorie qui renversait toutes les idées jusqu'alors reçues sur l'organisation de la fleur, l'empêcha de se répandre et d'être favorablement accueillie, surtout parmi les natu- ralistes français. M. Du Petit-Thouars la présenta sous nue forme nonvolle, en rappu}ant sur l'autorilé des NATURE DE LA FLEUR. 547 faits , et en démontrant , par des exemples bien choisis, la vérité de ce théorème , que la fleur n'est que la trans- formation d'un bourgeon , dont les diverses parties for- ment plusieurs verticilles superposés , séparés les uns des autres par des mérithalles ou entre-noeuds extrêmement courts. Aujourd'hui cette manière d'envisager la fleur est généralement adoptée ; et si , dans la pratique de la science, elle n'est pas toujours d'une application facile, et surtout d'une utilité incontestable, du moins, en théorie, on ne saurait en nier la réalité. Nous avons dit , en commençant l'étude des organes La fleur est " formée Je plu- floraux , que la fleur la plus complète n'était que la réu- sieurs yeriiciUes nion de quatre verticilles de feuilles diversement modi- di^fiee" fiées. C'est un véritable bourgeon , mais qui, au lieu de donner naissance à un scion , a ses mérithalles tellement rapprochés les uns des autres , que les diverses parties qui composent ce bourgeon semblent naître d'un seul et même point qu'on a nommé réceptacle. Développons ici cette idée. Et d'abord nous croyons inutile de faire observer que le nombre des verticilles floraux varie sui- vant que la fleur est plus ou moins complète. Ainsi , dans une fleur purement femelle , privée d'enveloppes flo- rales , il n'y aura qu'un seul verticille -, il y en aura deux dans une fleur hermaphrodite sans périan,the, trois dans celle à périanthe simple , et quatre dans la fleur com- plète , c'est-à-dire celle qui , avec un périanthe double , réunit des étamines et un ou plusieurs pistils. Chacun de ces verticilles, avons-nous dit, est composé d'un nombre variable de feuilles diversement modifiées. Cette nature foliacée des parties constituantes de la fleur est d'abord très-facile à prouver pour le calice. En effet, les sépales ont en général l'aspect et la structure des véri- tables feuilles; ils sont généralement verts, parcourus de nervures saillantes, dans lesquelles se trouvent dos 3/|8 ORGAWES DE LA REPRODUCTION. vaisseaux en spirale. Quaud toutes les icuilies du verti- cille restent distinctes les unes des autres , le calice est dit polysépale : mais ces folioles peuvent se souder plus ou moins entre elles, et dès-lors le calice est dit mono- sépale ou (gamosépale. La (îoroUc est de même formée par un verticille de feuilles plus intérieur que le calice , et qui , pour cette raison , est déjà plus altéré dans sa nature ; néanmoins il est encore extrêmement facile de reconnaître dans les pétales d'un grand nombre de fleurs la même struc- ture que dans le calice, avec quelques modifications assez importantes. C'est ainsi , par exemple , que les (radiées et les stomates qui existent dans le calice , aussi bien que dans les autres feuilles proprement dites , manquent tout-à-fait dans la corolle. Les folioles qui forment le verticille coroUin peuvent rester distinctes les unes des autres ou se souder entre elles : de là les expressions de corolle polypétale et de corolle mono- pétale ou gamopétale. Les étamines forment le troisième verticille de la fleur. Leur analogie avec les pétales est très-grande, puisque l'on voit fréquemment les filets s taminaux s'élargir en pétales, comme , par exemple , dans toutes les fleurs qui doublent. Ainsi, le filet d'une étamine peut donc être considéré comme un pétale réduit à sa nervure médiane. Quant à l'anthère, c'est une feuille dont les bords se recourbent et se rou- lent vers la nervure médiane , et qui forment ainsi deux «spèces de petits sacs renq)lis d'un tissu cellulaire ;, dont les vésicules finissent par se séparer les unes des autres ot formelle pollen. Le pistil peut également être considéré comme le résultat d'une ou de plusieurs feuilles verticillées. Quand il est uniloculaire, et que les ovules qu'il renfermr ne sont attachés qu'à lui seul point do son intérieur. NATURE DE LA FLEUR. ^49 il est forme par une seule feuille dont les bords con- vergent l'un vers l'autre, et se soudent pour consti- luer la cavité ovarienne. Quand au contraire l'ovaire est à plusieurs loges , ou même quand il est à une seule loge , mais que les ovules sont attachés à plusieurs tro- phospermes pariétaux , dès-lors il se compose d'autant de feuilles qu'il y a de loges ou de valves. Dans le pre- mier cas , celui de la plurilocularité , les bords des feuilles ont convergé vers l'axe de la fleur, et, en se soudant latéralement entre elles par une partie de leur face ex- terne, elles ont constitué les cloisons^ dans le cas où l'ovaire est uniloculaire , les feuilles ovariennes se sont soudées entre elles dans tout leur contour. Enfin, les ovules eux-mêmes doivent être considérés comme des espèces de petits bourgeons composés de plusieurs feuilles diversement modifiées. Que l'on ne croie pas que la théorie que nous venons de présenter ici fort en abrégé, sur la nature de la fleur et des parties qui la composent , soit une de ces idées spéculatives dont ou embarrasse trop souvent l'étude des sciences. L'observation de la nature lui sert de base, et il n'est pas rare de voir certaines fleurs , que l'on con- l'ond sous le nom de monstruosités , offrir d'une manière plus ou moins complète les diverses parties de la fleur dans leur état normal et primitif, c'est-à-dire offrant l'aspect et la structure des véritables feuilles. Il n'est aucun botaniste qui n'ait été plusieurs fois à même d'ob- server un semblable phénomène. Pour n'en citer qu'un exemple très-frappant, nous dirons ici que nous avons eu en notre possession une fleur de capucine {Tropœolmn majus) que M. Du Petit-Thouars avait eu la bonté de nous communiquer, et dans laquelle le calice, la co- rolle , les étamines, le pistil et les ovules étaient sous la forme de feuilles, présentant la position naturelle et ^00 ORGANES DE LA REPRODUGTIOJV. respective des diverses parties constituantes de la fleur. Un phénomène semblable s'observe aussi dans plusieurs Chioianthie. Crucifèrcs , et entre autres dans le Turritis tjlahra. On désigne généralement sous le nom de CMoranthie cette espèce de monstruosité, ou plutôt ce retour au type normal, dans lequel tous les organes de la fleur sont changés en feuilles. Ainsi , on peut donc dire que la fleur est un véritable bourgeon terminal, composé d'un nombre variable de verticilles de feuilles diversement modifiées. CHAPITRE XV DE LA FÉCONDATION. Fécondation. Les anciens n'avaient que des idées vagues sur l'exis- tence des sexes dans les végétaux. Cependant, du temps iiistormue. d'Hérodotc , les Babyloniens distinguaient déjà les dat- tiers mâles et les dattiers femelles , et pratiquaient la fé- condation artificielle de cCè derniers ' pour en obtenir plus sûrement des frui'tS'. 0ri Mît qtie cet uêage s'est con- servé-parmi leè Arabes , où il existe de temps immémo- Ti.cophriisie. rial. ïliéophrastc parle aussi de plantes mâles et de plantes femelles , mais sans appliqvier toujoul's ces noms aux individus auxquels ils appartiennent réellement. Plusieurs autres auteurs paraissent aussi avoir eu con- naissance du sexe des plantes, mais sans savoir précisé- ment quelles étaient les parties de la fleur qui les consti- tuaient. cisalpin. ^"^ i583, Cœsalpiu commença à distinguer avec plus de précision les fleurs mâles et femelles dans les plantes dioïques, tels que les palmiers, la mercu- riale, etc., en disant que les mâles étaient celles qui PÉGONDATIOIV. " 35 1 restaient stériles , et les femelles celles qui portaient des fruits. Mais les premières notions exactes qu'on eut sur ce G'^w. sujet furent dues à Grew, en 1682, et surtout à Camé- rarius, professeur à Tubinge, qui, en 1694, publia sa Can.eraiii fameuse lettre où il fait voir l'usage des diverses parties de la fleur, et le rôle que chacune d'elles joue pour opérer la fécondation des germes ou embryons. Depuis cette époque, Morland, en i^oS, GeofFroi MoiUmi. le jeune, en 1711, et Sébastien Vaillant, en 1717, re- Vaiiiam. prirent ce sujet et l'exposèrent de manière à ne plus lais- ser de doute sur l'existence d'organes sexuels dans les végétaux-, et si depuis lors il s'est rencontré quelques auteurs qui aient nié cette existence des sexes, la géné- ralité des botanistes l'a néanmoins admise. Les expé- riences nombreuses qui, depuis un certain nombre d'années, ont été faites pour éclaircir ce point ont toutes eu pour résultat d'en constater la réalité. La position des organes sexuels ds^m les animauxHet les plantes présente des différences assez marquées. Ainsi les animaux qui ont la faculté 4e se mouvoir à leur vo- lonté, de pouvoir se transporter d'un lieu dans un aytre-^ ont les organes sexuels séparés sur deux individus diffé- rens, l'un mâle et l'autre femelle. Le mâle, à des épo- ques déterminées , excité par un sentiment intérieur, re- cherche la femelle et s'en rapproche. Les végétaux, au contraire, privés de cette faculté locomotrice, attachés in'évocablement au lieu qui les a vus naître , devant y croître et y mourir, ont en général les deux organes sexuels réunis, non-seulement sur le même individu, mais le plus souvent encore dans la même fleur. Aussi l'hermaphroditisme est-il très-com- mun dans les végétaux. Cependant , il en est quelques-uns qui , au premier Position des organes »exuel:>. 002 OHGA^ES DE LA REPRODUCriOW . coup d'œil, sembleraient ne pas se trouver dans àeS circonstances aussi favorables, et dans lesquels la fécon- dation paraîtrait avoir été abandonnée par la nature aux chances du hasard. On voit que je veux parler des vé- gétaux monoïques et dioïques. En effet, les deux or- ganes sexuels sont éloignés l'un de l'autre , et souvent à des distances considérables. Mais admirons encore ici la prévoyance de la nature. Les animaux ayant la sub- stance fécondante liquide , l'organe mâle doit agir direc- tement sur l'organe femelle pour pouvoir le féconder. Si , dans les végétaux , cette substance eût été de naême nature que dans les animaux, nul doute que la fécon- dation n'eût éprouvé les plus grands obstacles dans les plantes monoïques et dioïques. Mais chez eux le pollen est sous forme d'une poussière dont les molécules , légères et presque imperceptibles , sont transportées , par l'air atmosphérique et les vents , à des distances souvent in- concevables. Remarquons encore que le plus souvent, dans les plantes monoïques, les fleurs mâles sont situées vers la partie supérieure du végétal , en sorte que le pollen , en s'échappant des loges de l'anthère , tombe naturellement et par son propre poids sur les fleurs femelles placées au- dessous des premières. Les fleurs hermaphrodites sont, sans contredit, celles dans lesquelles toutes les circonstances accessoires sont les plus favorables à la fécondation. Les deux organes sexuels, en effet, se trouvent réunis dans la même fleur. Cette fonction commence à l'instant où les loges de l'an- thère s'ouvrent pour mettre le pollen en liberté. Il est des plantes dans lesquelles la déhiscence des anthères , et par conséquent la fécondation, s'opère avant le parfait épanouissement de la fleur. Mais , dans le plus grand nombre des végétaux, ce phénomène n'a lieu qu'après FÉCONDATION. 555 que les enveloppes florales se sont ouvertes et épanouies. Dans certaines fleurs hermaphrodites, la longueur ou la brièveté des étamines, par rapport au pistil, semblerait d'abord un obstacle à la fécondation. Mais, comme le remarque ingénieusement Linnœus, quand les étamines sont plus longues que le pistil, les fleurs sont en général dressées. Elles sont au contraire renversées dans celles où les étamines sont plus courtes que le pistil. Nous n'avons pas besoin de laire remarquer combien une sem- blable disposition est favorable à l'acte delà fécondation. Quand les étamines sont aussi longues que les pistils, les fleurs sont indistinctement dressées ou pendantes. Pour bien faire connaître la fécondation dans les vé- gétaux, nous étudierons séparément, et les uns après les autres, les actes ou phénomènes qui préparent et précèdent cette fonction, et qu'on peut appeler aeces-^ soires om préparatoires , ceux qui la constituent réelle- ment et qu'on peut appeler pkenomhies essenliehy et enfin les phénomènes consécutifs , C[ui se développent lorsqxie la fécondation est achevée. §. 1. Phénomènes préparatoires de lajécondation. La fécondation s'opère en général dans les végétaux Pheaumbin» au moment de l'anthèse, c'est-à-dire quand les parties ^'°^"* °"^*''* qui composent la fleur , étant parvenues à leur dé- amiièiw. veloppement parfait , les enveloppes florales s'épa- nouissent et découvrent les organes sexuels. On voit alors les anthères , jusqu'alors parfaitement intactes, entr'ouvrir leurs loges et le pollen s'en détacher , pour se répandre sur le stigmate et souvent sur les autres parties dé la fleur : c'est alors que la fécon- dation s'opère. Cependant il est un certain nombre de végétaux dans lesquels la fécondation a lieu avant l'épa- nouissement complet de la fleur, quand le périantho rc- l" Parli». 23 554 ORGANES DE LA REPRODUGTIOK. cou"\Te encore les organes sexuels-, de qc nombre sont plusieurs plantes de la famille des Synantliéré es et de la famille des Campanulacées. Quand la fleur s'épanouit , déjà les anthères sont ouvertes et en partie vides; la fé- condation est achevée. . Mouvemens -^^^ moment où la fécondation doit s'opérer, il se fait y.«» étaiainest souvcnt dans Ics organes sexuels des changemens assez appréciables qui précèdent cette fonction, ou bien ces organes exécutent des mouvemens plus ou moins mar- qués. Nous les signalerons dans quelques-uns des végé- taux où ils sont le plus évidens. A l'époque de la fécondation , les huit ou dix étamines qui composent les fleurs de la rue {^Ruta cji'aveolens^ se redressent alternativement vers le stigmate , y déposent une partie de leur pollen, et se déjettent ensuite en dehors. Les étamines du Sparmannia africana , de l'épine- vinette , lorsqu'on les irrite avec la pointe d'une aiguille, se resserrent, se rapprochent les unes contre les autres et se redressent contre le pistil. Dans plusieurs genres de la famille des Urticées , dans la pariétaire , le mûrier à papier, etc. , les étamines sont infléchies vers le centre de la fleur et au-dessous du stig- mate. A une certaine époque, elles se redressent avec élasticité , comme autant de ressorts , et lancent leur pollen sur Torgane femelle. Dans le genre Kahnia, les dix étamines sont situées liorizonlalemcnt au fond de la fleur, et leurs anthères sont renfermées dans autant de petites fossettes, qu'on aperçoit à la base de la corolle. Pour opérer la féconda- tion, chacune des étamines se courbe légèrement sur elle-même , diminue ainsi la longueur de son filet , et finit par déga[«;er son anthère de la petite fossette qui la tÉCOWDATIOir. 555 contenait. Elle se redresse alors ftU-deSsus du pistil, et verse sur lui son pollen. Les organes femelles de certaines plantes paraissent Mouvéw-nt également doués de mouvemens qui dépendent d'une ir- '^" '''"^"'''''' ritabilité plus développée pendant la fécondation. Ainsi le stigmate do la tulipe et de plusieurs autres Liliac'ées se gonfle , et paraît plus humide à cette époque. Les deux lames qui forment le stigmate du 3Iimulus se rapprochent et se resserrent toutes les fois qu'une pe- tite masse de pollen ou un corps étranger quelconque vient à les toucher. Dans le Lcschenmihia , jolie petite plante originaire de la Nouvelle-Hollande, le stigmate est en forme de coupe, dontles bords sont garnis de poils assez longs. Au moment où les anthères s'ouvrent, une partie du pollen tombe dans le stigmate qui est concave, et l'on voit alors les poils qui le bordent se rapprocher de manière à en boucher l'entrée , et le stigmate lui-même se con- tracter, comme pour embrasser les grains polliniques. Il paraît même , d'après les observations de MM. de Chaleur ai- Lamarck et Eory deSaint-Yincent, que plusieurs plantes lesarum. développent à cette époque une chaleur extrêmement manifeste ; «insi , dans VArum ùaîiciim , et quelques au- tres plantes de la même famille , le spadice qui supporte les fleurs dégage une assez grande quantité de calorique pour qu'elle soit appréciable à la main qui le touche. Cette élévation de température qui, pour l'^rwm iia- licum, a été de 9 degrés , a été de 44 à 49 degrés pour VyJrum cordifoUmn , la température ambiante étant de 19" à l'Ile-de-France, selon MM. Hubert et Bory de Saint-Yincent. Murray dit aussi avoir observé le même pliénomène dans plusieurs autres fleurs. Un grand nombre de plantes arfitatiques, telles que 33. 556 ORGANES DE LA REPRODUGTIOy. Mouvemensles Nî/'m.phœa ^ les Fillarsia, les Menyanthes , etc., ont j."plint'^sa"qu" d'abord les boutons de leurs fleurs cachés sous l'eau; peu U'iues. ^ pg^ Qj^ jgg ^,QJ^ gg rapprocher de sa surface , s'y montrer, s'y épanouir, et, quand la fécondation s'est opérée, re- descendre au-dessous de l'eau pour y mûrir leurs fruits. Mais cependant la fécondation peut s'opérer dans les plantes entièrement submergées. Ainsi M. Ramond a trouvé dans le fond d'un lac des Pyrénées le Ranuiicnhis aquatilis recouvert de plusieurs pieds d'eau , et portant cependant des fleurs et des fruits parfaitement murs. La fécondation s'était donc opérée au milieu du liquide. Mon ami M. Bâtard, auteur do la Flore de Maine- et-Loire ,e\xi occasion de retrouver la même plante dans une circonstance analogue. Il fit la curieuse remarque que chaque fleur ainsi submergée contenait entre ses membranes, et avant son épanouissement, une certaine quantité d'air, et que c'était par l'intermède de ce fluide que la fécondation avait lieu. L'air qu'il trouva ainsi renfermé dans les enveloppes florales encore closes , pro- venait évidemment de l'expiration végétale dont nous avons précédemment étudié les phénomènes. Celte observation, dont l'exactitude a été plusieurs fois vérifiée depuis cette époque, nous explique parfaite- ment le mode de fécondation des plantes submergées, quand elles sont pourvues d'enveloppes florales. Mais il devient impossible d'en faire l'application aux végétaux dépourvus de calice et de corolle j tels sont le Jluppia, le Zostera, le Zanichellia, et d'autres encore, dont la fécondation s'opère , bien que leurs fleurs soient entière- ment plongées dans l'eau. §. 11. Phénomincs essentiels de la fécondation, Phcûombnes Les phénomènes essentiels de la fécondation sont ceux qui constituent réellement cette fonction. On peut y dis- FÉCONDATION. oS? tinguer trois stades ou périodes , i" l'aclion que le pollen exerce sur le stigmate , au moment où ses granules se trouvent en contact avec cet organe -, 2° le transport ou le trajet de la matière fécondante, du stigmate jusqu'à l'ovule; 5" l'action de la matière fécondante sur l'ovule lui-même. Nous étudierons successivement les phéno- mènes qui appartiennent à ces trois temps do la féconda- tion. 1". Action dif pollen sur le slicjmate, JVous avons vu précédemment qu'au moment où la Action du pol- fécondation doit s'opérer, le stigmate, dans certains vé-^'°* gétaux , se tumélie, et que surtout sa surface se recouvre d'un enduit visqueux plus abondant. Cet enduit visqueux a pour usage , 1° de retenir les grains de pollen , qui sans cela ne resteraient point appliqués à la surface du stig- mate-, 2" de favoriser leur gonflement et leur rupture. En effet, dès (iue les grains poliiniques sont en contact avec le stigmate , on les voit bientôt se gonfler. Ceux qui étaient ellipsoïdes ou alongés deviennent sphériques, et au bout d'un temps plus ou moins long, de quelques heures pour certaines espèces, de deux, trois ou même quatre jours pour d'autres, la membrane extérieure des utricules poliiniques se rompt, et la membrane intérieure sort sous la forme d'un appendice tubuleux et vermi- forme. Le nombre des appendices que peut émettre cha- que granule est très-variable : tantôt on n'en voit qu'un seul , tantôt on en compte deux ou trois , comme dans les pollens triangulaires des Onagres. M. Amici ( Aiin, Se. nal. , novembre i83o) pense que d'un môme utricule peuvent sortir dix, vingt, et même jusqu'à trente appen- dices tubuleux. Ces appendices tubuleux se comportent différem- ment, suivant que les uU-icules du stigmate sont nus, 558 ORGAJNES DE LA REPRODUCTION. pu suivant qu'ils sont recouverts d'un epiderme. Dans le premier cas, on les voit pénétrer plus ou moins pro- fondément entre ces utricules, et s'enfoncer ainsi dans la substance même du stigmate. Selon M. Brongniart, au bout d'un trajet plus ou moins long , l'appendice se di- late à son sommet , les granules de la fo villa s'y accu- mulent, la membrane finit par se rompre, et les gra- nules se trouvent mis à nu dans la substance du stigmate. M. Amici , au contraire , pense que les appendices s'alon- gent depuis la surface du stigmate jusqu'au placenta qui porte les ovules , et que c'est par ce moyen que les gTa- nules poUiniques arrivent jusqu'aux ovules. Suivant ces habiles observateurs , dans les ovaires qui contiennent un grand nombre d'ovules , il y aurait un appendice tu- buleux pour chaque ovule. Lorsqu'au contraire , le stigmate est recouvert d'un epiderme , comme dans les Malvacées , par exemple , l'ap- pendice tubuleux ne pouvant pas pénétrer entre les utri- cules stigmatiques , se soude par son sommet avec cet epiderme 5 et dans le lieu même de leur réunion , il finit par se former une petite ouverture , par laquelle les gra- nules de la fovilla s'introduisent dans la substance du stigmate. 2**. Trajet de la matière fécondante jusqiC aux ovules, Bout» lie la Avaut qu'ou ne connut parfaitement la structure des tiant^'" ^'"^'^^~ grains poUiniques, et la manière dont ils se comportent »ur le stijjmate , on avait émis plusieurs opinions sur la route que suivait la matière fécondante pour arriver jusqu'aux ovules. Ainsi Morland pensait que les grains de pollen traversaient le stigmate et se rendaient dans un canal qui occupait le centre du style. Ce canal existe en efiet dans le style d'un certain nombre de végétaux , CQiDnae le Lu , le Cactus opuntia^ etc.^ mais il paraît FÉGOKDATIOIf, 55q manquer dans le plus grand nombre. Nous n'avons pas besoin de dire non plus que ce ne sont pas les grains de pollen entiers qui descendent jusqu'aux ovules : ainsi, l'opinion de Morland ne peut être admise. D'autres ont dit que la matière f écondante (Isijbvilla) exerçait son action uniquement sur le stigmate , et que c'était en quelque sorte par sympathie qu'elle s'étendait aux ovules. Selon M. Auguste de Saint-Hilaire , la matière fécon- dante descendrait aux ovules par des faisceaux de vais- seaux que cet habile observateur a nommés cordons pis- tilliaîres; mais les recherches les plus minutieuses n'ont pu faire reconnaître l'existence de ces faisceaux vascu- laires. M. Link pense que c'est à travers les parois des cellules qui composent les diverses parties du pistil, qu'a lieu le transport de la fovilla. Récemment , M. le docteur Schultz, à qui l'on doit des observations très-curieuses sur la circulation des sucs dans les végétaux , a reproduit en partie les idées de Morland , et pense que la matière fécondante descend par un canal central. Enfin, M. Brongniart admet que les granules, après la rupture de l'appendice vermiforme, sont versés dans le tissu propre du stigmate , et que c'est par les espaces intcrcellulaires que leur trajet a lieu. Dans le potiron, dit-il, le tissu utriculaire qui unit le stigmate et les ovu- les ne montre pas de globules dans ses intervall'es avant la fécondation-, mais lorsque celle-ci s'est opérée, on suit avec la plus grande évidence dans ce tissu jaunâtre la traînée brune des granules spermatiqiies , et on les voit pr,rvenir jusqu'aux ovules. Les cellules n'en contiennent jamais-, ils se montrent toujours dans leurs interstices. Ce transport paraît avoir lieu par suite de l'hygrosço- « 56p ORGANES DE LA KEPRODrCTION, |>ëitd des granules. Quant à M. Amici, nous avons déjà dit piécédoniment que ce savant rapporte avoir suivi les appendices depuis le sti^^mate jusqu'aux placentas sur lesquels les ovules sont attachés. Quelle que soit l'explication qu'on adopte, les (jra- nules de la fovilla descendent jusqu'aux trophospermes-, les ovules les absorbent par l'ouverture des tégumcns nommés micropyle. Ces granules arrivent jusqu'à, l'amande, et la fécondation s'opère. Quelquefois on voit sortir de l'ovule, par le micropyle, un petit appendice tubuleux, qui vient s'appliquer sur le pla- centa , et y puise les granules fécondans pour les por- ter dans l'intérieur de l'ovule. Ce tube, lorsqu'il existe , ce qui est rare , aboutit intérieurement au point de l'a- mande où doit se former l'embryon , c'est-à-dire à la pe- tite vésicule que Malpighi a nommée $ac de Vamnios. Nous exposerons plus tard avec détails les changemens qui s'opèrent dans l'ovule, après l'imprégnation, follen «olide. Dans les plantes qui forment les familles des Orchi- dées et des Asclépiadées, le pollen n'est pas pulvérulent -, mais il forme des masses solides en même nombre que les loges des anthères. La fécondation paraissait devoir s'opérer difficilement dans ces végétaux. Cependant dans la famille des Orchidées, les masses poUiniques sont quelquefois terminées par un petit corps glanduleux et visqueux , nommé rétinach , et qui paraît devoir servir à fixer le pollen au stigmate , au moment où il s'échappe des loges de l'anthère. Mais très-souvent le pollen reste ' dans la loge qui le contient ,1 n'est point mis en con- tact immédiat avec le stigmate. C'est sans doute pour cette raison que les Orchidées en général portent rare- ment des graines qui parviennent à leur maturité, parce qu'en eflet la fécondation s'y opère difficilement, beaucoup d'auteurs avaient pensé que la fécoadation y FÉGO:*DATIOK. 56l avait lieu par transmission du fluide fécondant à tra- vers le tissu de l'aulhère, sans que le pollen fût mis en contact avec ce dernier. Mais tout récemment, et en même temps , M. Rob. Brown à Londres, et I\I. Bron- gniart a Paris , ont reconnu que les pollens solides des Orchidées, lorsqu'ils étaient appliqués sur le stigmate, s'y comportaient de la même manière que les pollens pul- vérulens, c'est-à-dire que les granules, dont la réunion constitue la masse solide , émettent des appendices tu- buleux qui pénètrent dans les utricules stigmatiques. Il y a néanmoins cette différence très -notable, c'est que les utricules polliniques ne sont composés que d'une membrane simple , de sorte que ces appendices ne sor- tent pas de l'intérieur des utricules, mais sont une pro- longation de la membrane unique qui les compose. Dans ces appendices, on voit les granules de la fovilla exécu- ter des mouvcmens très-sensibles. Les Asclépiadées ont offert quelques différences, à cause de l'organisation particulière de leurs masses polli- niques. Dans les plantes de celte famille , chaque masse poUinique est une sorte de coque celluleuse , dont les parois sont épaisses et celluleuses. C'est dans l'intérieur de ces cellules que l'on trouve les utricules polliniques qui sont simples. Au moment où la fécondation doit s'opérer, les anthères, qui sont en quelque sorte appli- quées contre le stigmate, s'ouvrent, la coque pollinique se rompt sur son bord le plus voisin du stigmate, et à travers cette ouverture on voit sortir un grand nombre d'appendices tubuleux, qui tous naissent des utricules polliniques dont ils sont également une simple exten- sion, comme dans les Orchidées. Ainsi, par ces ob- servations récentes, on voit que la fécondation s'opère absolument de la même manière dans les plantes à pollen solide, et dans celles où il est pulvérulent. 563 ORGANES DB LA REPRODUCTION. Maintenant , quel est io rôle de la fo villa , ou plutôt des granules qu'elle renferme? Il est impossible de ne pas reconnaître que ces granules , dans lesquels quelques au- teurs ont vu des mouvemens spontanés , sont tout-à-fait analogues aux animalcules qui existent dans le sperme des animaux. Dès lors il semble rationnel de leur attribuer le même rôle qu'à ces derniers. Hypothèses sur Or, On Sait que plusieurs hypothèses difi'ërentes ont la géueralion. t , , . i. i i r ^ in- > ete émises pour expliquer le phénomène de i imprégna- tion. Mais ces divers systèmes peuvent se réduire à deux principaux , qui sont connus sous les noms dévolution et à^epigénèse. Evolution, Dans la théorie de l'évolution, on admet la préexis- tence des germes. La fécondation consiste unique- ment à activer leur développement. On voit que c'est ici que se rattache cet autre système connu sous le nom d'emboîtement des germes. Les partisans de cette théorie se divisent en deux classes. Les uns , tels que Leuwen- hoek, J^ecdham, Sam. Morland, Geoffroy le jeune et Hillj disent que c'est la matière fécondante du mâle, le pollen dans les végétaux , par exemple , qui contient le germe. L'acte de la fécondation a pour but d'introduire ce germe déjà existant, dans les organes de la femelle, où il doit acquérir un certain développement, avant d'être en état de vivre par lui-même. Les autres, au contraire, comme Graaf, Vaillant, Bonnet et Spallanzani, disent que le germe préexiste dans les organes femelles , dans l'ovule , par exemple. La matière spermatique du mâle a pour objet d'activer son développement. Epigenbse Le Système de l'épigénèse admet en principe qu'il n'existe aucune trace des germes antérieurement à l'im- prégnation ^ ces germes se forment de toutes pièces au moment où la fécondation s'opère. Mais tous les auteurs FÉGONDATIOK. 563 qui ont admis cette théorie ne sont pas d'accord sur la manière dont a lieu cette formation de l'embryon. Les uns veulent qu'elle résulte du mélange des deux liqueurs séminales niàie et femelle. Cette opinion a été soutenue par les philosophes de l'antiquité. Aristote , Hippocrate, expliquaient ainsi la formation des germes. Vers le mi- lieu du sircle dernier, Buiïbn, en la revêtant des formes admirables de son style , et en l'étayant de quelques faits et observations nouvelles, la tira* de l'oubli où elle était tombée. Enfin , pour beaucoup d'auteurs , la fécondation ne se- rait cfu'une modification, qu'une extension d'une fonc- tion plus générale, la nutrition. Cette opinion a été présentée et développée avec talent par le professeur ïréviranus , dans un mémoire dont on peut lire la tra- duction au tome 20 du Journal complémentaire des Sciences médicales , pages 107 et 007. ]\iaintenant on conçoit que chacune de ces opinions peut être appliquée à l'explication de la fécondation dans les plantes : car ici l'observation directe ne peut être invoquée pour en adopter une à l'exclusion des autpes. Cependant il me semble que la théorie de l'épigénèsc s'appuie sur un plus grand nombre de faits positifs. Ainsi , il est bien évident qu'avant l'imprégnation, on ne trouve aucune trace de germe dans l'ovule , comme il ré- sulte des belles observations du professeur Mirbel sur le développement de cet organe. La fécondation est une action vitale , dont il me paraît impossible de saisir la cause finale. Nous connaissons les phénomènes qui sem- blent la déterminer -, nous pouvons en suivre le méca- nisme-, nous en apprécions parfaitement les résultats : mais le point essentiel qui sépare ces deux époques de la fonction nous est inconnu , comme , au reste , l'essence de toutes les autres fonctions de la A^ie. 564 ORGANES DE LA REPRODUCTION. Objections con- Noiis venons d'exposer la théorie de la génération par tion.'* *"'*""''" 1*^ moyen des sexes dans les végétaux , comme un fait gé- néralement adopté. Et en effet, la majorité des physiolo- gistes l'ont admise , ainsi que nous venons de la faire connaître. Cependant il s'est trouvé des dissidens qui ont nié l'existence des sexes dans les plantes , et par con^ séquent la fécondation. Nous devons ici faire connaître les objections qu'ils ont élevées contre cette théorie. Spallanzani , dans son Mémoire sur la (jénération des plantes, dit avoir vu que quelquefois des plantes à fleurs dioïques avaient donné des graines parfaites, bien que les individus femelles aient été entièrement séparés des mâles. Ces expériences ont été faites sur le chanvre, l'é- pinard, la mercuriale , le melon d'eau. Pour éviter toute espèce de causes d'erreur , et surtout pour résoudre l'ob- jection qu'on lui avait faite que des individus mâles , ignorés de lui , et éloignés des individus femelles, avaient pu féconder les graines, Spallanzani fit venir des melons d'eau pendant l'hiver , époque où il était certain qu'il n'en existait pas d'autres dans toute la Lombardie , et ses femelles donnèrent néanmoins des graines fécondes. Ces résultats seraient sans contredit d'un très-grand poids, si les mêmes expériences , répétées par d'autres observa- teurs, n'eussent amené des résultats tout-à-fait différens. M. Marti, à Barcelonne, et surtout le célèbre Volta , re- prirent les expériences qui avaient été faites par Spal- lanzani ; et toutes les fois qu'ils réussirent à soustraire les fleurs femelles à l'action des fleurs mâles , les premières furent stériles. Ce qui a pu causer l'erreur de Spallan- zani, c'est qu'assez souvent, sur les individus femelles des plantes dioïques , il se développe accidentellement quelques fleurs mâles, et qu'il suftit de ce petit nombre de fleurs à étamincs pour féconder les fleurs femelles. Il yjajieux ans qu'^iyec M, Pegfontaines , nous répétâmes PÉGÔNDATIOîC. 365 sur le chanvre les expériences de Spallanzani, et nous obtînmes l'avortement constant des ovaires , lorsque , par un examen très-scrupuleux , nous avions enlevé des individus femelles , mis en expérience toutes les fleurs mâles qui s'y trouvaient mêlées. D'autres auteurs , sans s'attacher à nier ou à réfuter les Li fecomiaiion n ' 1 1 t T ' • ^ t r' T.est une modifi- faits nombreux sur lesquels la théorie de la tecondation cation de la nu- est établie dans les végétaux , ont donné une explication différente de l'action du pollen sur le stigmate. C'est sur- tout en Allemagne que ces idées ont été soutenues , et ce sont Î\IM. Schelver et llenschel qui les ont développées avec le plus de talent et de détail. Selon M. Schelver, le pollen exerce une action délétère sur le stigmate: aussi- tôt qu'il est en contact avec cet organe , il le frappe de mortification. Par suite de cet effet, la végétation y est arrêtée , et les sucs nourriciers , au lieu de se porter sur tous les points du pistil , se concentrent dans les ovules , dont ils déterminent le développement. Il n'y a donc là rien qui ressemble à une véritable fécondation. Le grand nombre de faits que nous avons rapportés précédem- ment suffisent , et au-delà, pour réfuter cette opinion. xiinsi, la fécondation, par le moyen d'organes sexuels, Re'sume' dos est prouvée dans les végétaiLX comme dans les animaux. fe-To^ndatiol^dan* Résumons ici en peu de mots les preuves principales sur lespiames. lesquelles elle s'appuie. i'\ Dans les plantes à sexes séparés , les individus fe- melles ne portent des fruits et des graines fécondes que quand le pollen des fleurs mâles a été versé sur eux. C'est ce que prouve si bien la pratique des dattiers de la Basse-Egypte. 2*^. On peut féconder artificiellement et à volonté une ou plusieurs fleurs d'une même grappe , en y déposant du pollen , les autres restant toutes stériles. 3*^. Dans une fleur hermaphrodite, si , avant la déhis- 566 ORGAISES DE LA KEPRODUGTION. cence des loges de l'anthère , on retranche les étamines , le pistil ne se développe pas. 4^. Dans les fleurs doubles , c'est-à-dire dans celles dont les étamines se sont converties en pétales , les ovai-^ res restent stériles. 5*^. Les plantes hybrides , c'est-à-dire celles qui résul- tent de la fécondation artificielle ou naturelle d'une es- pèce par une autre espèce analogue, sont encore une deâ preuvres les plus convaincantes de l'action fécondante du pollen. Ces hybrides ou mulets, en effet, participent à la fois des caractères des deux espères dont ils provien- nent , comme les hybrides ou mulets parmi les animaux. G''. Enfin l'organisation clés utricules polliniques •, l'o- deur que le pollen répand souvent , et qui est identique avec celle du sperme des animaux •, l'analogie des gra- nules de la fo villa avec les animalcules spermatiqucs ; la manière dont ces granules pénètrent jusqu'aux ovules, ne laissent aucun doute sur l'identité de la fécondation dans les végétaux et dans les animaux. Fecandation Daus Ics plautes monoïqucs et dioïques, malgré la séparation , et souvent l'éloignement des deux sexes , la fécondation n'en a pas moins lieu. L'air, pour les plantes dioïques , est le véhicule qui se charge de transporter, souvent à de grandes distances , le pollen qui doit les féconder. Les insectes et les papil- lons , en volant de fleur en fleur, servent aussi à la ti-ans- mission du pollen. Dans les plantes dioïques, les palmiers, par exemple, on peut opérer artificiellement la fécondation. 11 existait depuis long-temps au jardin botanique de Berlin un individu femelle du Chamœrops humilis , qui tous les ans fleurissait, mais ne donnait pas de fruits. Gleditsch fit venir de Carlsruhe des paniculcs de fleurs mâles, les FÉCONDATION. SÔ^ secoua sur les fleurs femelles, qui donnèrent des fruits parfaits. Cette expérience fat répétée plusieurs fois. Ce mode de fécondation artificielle est mis en pratique, depuis un temps immémorial , en Egypte et dans les autres parties de l'Afrique , où le dattier est cultivé en abondance. A l'époque où les fleurs s'épanouissent, on monte au sommet des individus femelles, et on secoue au-dessus des grappes de fleurs, des régimes de fleurs mâles qui y répandent leur pollen. M. Dolille rapporte que pendant la campagne d'Egypte cette pratique n'ayant pu être mise en usage à cause des hostilités continuelles entre les deux partis, la récolte des dattiers manqua entièrement. Linnseus même prétend que non-seulement on peut, par ce procédé, féconder artificiellement une seule fleur d'une plante , mais qu'il est même possible de ne fécon- der qu'une seule loge d'un ovaire multiloculaire , en ne mettant le pollen en contact qu'avec une des divisions du stigmate. Mais cependant on prétend que , bien que le pollen ne touchât qu'un seul des lobes d'un stigmate , toutes les loges de l'ovaire étaient également fécon- dées. L'expérience a encore prouvé que la fécondation, dans Fécondation les plantes dioïques , peut avoir lieu à des distances sou- L/piln"" dlo^I vent fort considérables. Nous possédons un grand nom- ^" bre d'exemples avérés , propres à démontrer ce fait. On cultivait déjà depuis long-temps, au Jardin-des-Plantes de Paris, deux pieds de pistachiers femelles qui, chaque année, se chargeaient de fleurs, mais ne produisaient jamais de fruits. Quel fut l'étonnement du célèbre Ber- nard de Jussieu, quand, une année, il vit ces devix ar- bres nouer et mûrir parfaitement leurs fruits ! Dès-lors il conjectura qu'il devait exister dans Paris, ou aux environs , quelque individu mâle portant des fleurs. Il lues. 568 ORGAÎNES DE LA REPRODUCTION. fit des recherches 4 cet t^gartl, et apprit qu'à la même époque , à la pépinière des Chartreux , près le Luxem- bourg , un p|cd de pistachier mâle avait fleuri pour la première foi^. Dans ce cas, comme dans les précédens, le pollen, porlé par le vent, est Tenu, par-dessus les édifices d'une partie de Paris, féconder les individus fe- melles. Le J allisncria spiraUs ^ plante dioïque, que j'ai eu occasion d'observer abondamment dans le canal de Languedoc et les ruisseaux des environs d'Arles, oflre un pliénomène des plus admirables à l'époque de la fé- condation. Cette plante est attachée au fond de l'eau et entièrement submergée. Les individus mâles et femelles naissent pêle-mêle. Les fleurs femelles , portées sur des pédoncules longs d'environ deux ou trois pieds , et roulés en spirale ou tire-bouchon , se présentent à la surface de l'eau pour s'épanouir. Les fleurs mâles, au contraire, sont renfermées plusieurs ensemble dans une spathe membraneuse portée sur un pédoncule très-court. Lors- que le temps de la fécondation arrive , elles font effort contre cette spathe, la déchirent, se détachent de leur support et de la plante à laquelle elles appartenaient, et viennent à la surface de l'eau s'épanouir et féconder les fleurs femelles. Bientôt celles-ci , par le retrait des spirales qui les supportent, redescendent au-dessous de l'eau, oiT leurs fruits parviennent aune parfaite maturité. §. 5. Phciïotncnes conséculijg, Pl(?nomî;nes P^u de tcuips après quc la fécondation s'est opérée, tonstcuiih. ^^^ ^,^j. gm^yenir une série de changemens qui annoncent la nouvelle vitalité qui s'établit dans certaines parties de la fleur au délriracut des autres. La fleur, fraîche jus- qu'alors, et ornée souvent des couleurs les pins vives, ne tarde point à perdre son riant coloris et son éclat FÉCONDATION. 369 passager. La corolle se fane-, les pétales se dessèchent et tombent. Les étamines , ayant rempli les fonctions pour lesquelles la nature les avait créées, éprouvent la même dégradation. Le pistil reste bientôt seul au centre de la fleur. Le stigmate et le style étant devenus inutiles à la plante, tombent également. L'ovaire seul persiste, puis- que c'est dans son sein que la natm'e a déposé , pour y croître et s'y perfectionner, les rudiraens des générations futures. C'est l'ovaire qui , par son développement , doit for- mer le fruit. Il n'est pas rare de voir le calice persister avec cet organe, et l'accompagner jusqu'à son entière maturité. Or, il est à remarquer que cette circonstance a lieu principalement quand le calice est moiioseprale ; si l'ovaire est infère ou pariétal, le calice alors persiste nécessairement, puisqu'il lui est intimement uni. Dans Vyàlkeketuje {Phy salis Alkekciujx), le calice sur- vit à la fécondation, se colore en rouge, et forme une coque vésiculeuse , dans laquelle le fruit se trouve con- tenu. Dans les narcisses , les pommiers , les poiriers , en un mot , dans toutes les plantes à ovaire infère ou parié- tal , le calice persistant forme la paroi la plus extérieure du fruit. Peu de temps après que la fécondation a eu lieu, l'o- vaire commence à s'accroître -, les ovules qu'il renferme, d'abord d'une substance celluleuse , et en quelque sorte inorganique, acquièrent peu à peu plus de consistance; la partie qui doit constituer la graine parfaite , c'est-à- dire l'embryon, se développe successivement j tous ses organes se pi'ononcent , et bientôt l'ovaire a acquis les caractères propres à constituer un fruit. 1" Parlif. 24 OyO ORGAÎSES I)E LA FRUGTIFIGATIOIV. SECTION DEUXIEME. DU FRUIT, OU DES ORGAIVES DE LA FRUCTIFICATION PROPREMENT DITS. Du fnii L^ fécondation s'est opérée , les enveloppes florales se sont fanées et détruites, les étamines sont tombées, le stigmate et le style ont abandonné l'ovaire qui seul a reçu, par l'influence de cette fonction, une vie nouvelle qu'il doit parcourir. Cette nouvelle époque du végétal commence depuis l'instant où l'ovaire a été fécondé, et finit à celui de la dissémination des graines. On lui a donné le nom à^ fructification. \.^ fruit n'est donc que l'ovaire fécondé et accru. Il se compose essentiellement de deux parties; savoir : le'pe- ricarpe et la graine. CHAPITRE PREMIER. DU PERICARPE. Le péricarpe est cette partie d'un fi'uit mûr et parfait, formée par les parois même de l'ovaire fécondé , et qui contient dans son intérieur une ou plusieurs graines. C'est lui qui détermine la forme du fruit. ' Le péricarpe existe constamment; mais quelquefois il stamment. gg^- g| niincc OU tellement uni avec la graine , qu'on le distingue avec peine dans le fruit mûr. Dans ce cas , plusieurs auteurs , pensant qu'il n'existait pas , ont dil Péricarpe. Existe con- PÉRICARPE. 3^1 que les graines étaient nues, comme dans les Labiées, les Omhelîiferes, les Synanthérées, etc. Mais il est prouvé aujourd'hui qu'il n'y a pas de graines nues, et que le pé- ricarpe ne manque jamais. Le péricarpe offre ordinairement sur un des points de ii se compose i* i ' • 11 , . , de trois iiarlit .-, sa surtace extérieure, le plus souvent vers sa partie la plus élevée, les restes du style ou du stigmate, lesquels indiquent le sommet organique du péricarpe, et par conséquent du fruit. Le péricarpe est toujours formé de trois parties; sa- voir : 1*^ d'une membrane extérieure, mince, sorte d'épi- derme qui détermine sa forme et le recouvre extérieure- ment : on l'appelle épicarpe-, 2" d'une autre membrane intérieure qui revêt sa cavité séminifère : elle a reçu le nom à:! endocarpe i 3° entre ces deux membranes se trouve une partie parencbj'^mateuse et charnue qu'on appelle sarcocarpe ou tnésocarpe. Ces trois parties, réunies et soudées intimement, constituent le péricarpe. Lorsque l'ovaire est infère, c'est-à-dire toutes les fois Epicarpe. qu'il est soudé avec le tube du calice, Y epicarpe est formé par le tube même du calice, dont le parenchyme se con- fond avec celui du sarcocarpe. Dans ce cas il est toujours facile de reconnaître l'origine de V epicarpe; car à sa par- tie supérieure il doit offrir, à une distance variable du point d'origine du style et du stigmate, tantôt les dents ou divisions du limbe, tantôt un rebord plus ou moins saillant, formé^par les restes du limbe calycinal, qui s'est détruit après la fécondation. Le sarcocarpe ou mésocarpe est la partie parenchy- sarcgca.pe, mateuse dans laquelle se trouvent réunis tous les vais- seaux du fruit. Il est extrêmement développé dans les fruits charnus , tels que les pêches , les pommes , les me- lons, les potirons, etc. En effet, toute la chair de ces fruits est formée par le sarcocarpe. 2'-. 372 ORGANES DE LA FRUCTIFIGATIOTf. Enaocarpe. Vendocarpe„ ou membrane pariétale interne du fruit, est celle qui tapisse sa cavité séminifère. Presque tou- jours il est mince et membraneux. Mais il arrive quel- quefois, surtout quand les loges de l'ovaire ne contiennent qu'un ou deux ovules, qu'il est épaissi extérieurement par une portion plus ou moins grande du sarcocarpe. Quand cette partie du sarcocarpe devient dure et osseuse, elle enveloppe la graine , et constitue ce qu'on appelle une noix ou noyau, quand il n'y a qu'une seule loge dans le fruit , et des nucules, quand il y en a plusieurs. Lorsque le péricarpe est sec et m ince , il semble au premier abord que le sarcocarpe n'existe point. Nul doute que si l'on devait toujours entendre, par ce mot, une partie épaisse , charnue et succulente, il ne manquât fort souvent. Mais le caractère propre et distinctif du sarcocarpe est d'être le corps vraiment vasculaire du péricarpe , c'est-à-dire d'être formé par les vaisseaux qui nourrissent le fruit tout entier-, or, comme le péri- carpe en contient toujours, le sarcocarpe existe con- stamment -, mais quelquefois il est réduit à une très-petite épaisseur, lorsque le fruit, étant parvenu à sa parfaite maturité, s'est déjà desséché. Cependant si l'on examine le péricarpe avec attention , on verra , entre Vépicarpe et V endocarpe , des vaisseaux rompus qui servaient à les unir l'un à l'autre, et qui sont les vestiges du sarcocarpe: car, comme cette partie est toujours abreuvée de sucs aqueux avant la maturité du fruit , le fluide qu'elle ren- ferme s'étant évaporé, elle semble, au premier abord, avoir disparu et ne plus exister. Loges. La cavité intérieure du péricarpe , ou celle qui ren- ferme les graines, peut être simple; dans ce cas, le pé- ricarpe est àitvniloculaire (jpericarpiumuniloculaire) ou à une seule loge, comme , par exemple, dans le ceri- sier, le pêcher, le pavot [Papaver somniferum). D'au- l'ÉRICARPK. 373 très fois il y a un nombre plus ou moins considérable de foyes ou cavités partielles : de là les noms de hiloculaire, friloculaire , quinquéloculaire , muUiloculaire , donnés au péricarpe , suivant qu'il présente deux , trois , cinq , ou un plus fjrand nombre de loges distinctes. Chaque loge du péricarpe pluriloculaire doit être con- sidérée comme fqrmant un fruit partiel, distinct, nommé carpelle , et provenant d'une des feuilles dont l'ensemble constitue le verticille intérieur de la fleur ou verticille pistillaire. Nous reviendr ons , dans le chapitre suivant, sur cette structure physiologique du fruit. Les Io(jes d'un péricarpe soijt séparées les unes des au- cloison très par autant de lames verticales qui prennent le nom de cloisons (^dissepimenta). Toutes les véritables cloisons n'ont qu'une seule ma- vraies. nière de se former. Venclocarpe {voy. %. 1 2 5, Ajb) se prolonge dans l'intérieur de la cavité pér icarpienne , sous forme de deux processus lamelleux , adossés l'un à l'autre, et réunis ensemble par un prolongement ordinairement fort mince du sarcocarpe : tel est le mode de formation de toutes les cloisons vraies. Celles qui ne sont pas formées de cette manière doivent être considérées corawie àe Jaiisses cloisons. Il arrive quelquefois , dans certaines cloisons , que la partie parenchymateuse àusarcocarpe, qui unit les deux feuillets de V endocarpe, se dessèche-, alors ces deux la- mes se dessoudent et s'écartent sensiblement l'une de l'autre , en sorte qu'elles paraissent , au premier coup d'œil augmenter le nombre des loges du péricarpe ; mais on reconnaîtra facilement cette désunion , en observant que les deux feuillets de {'endocarpe offrent un de leurs côtés parsemé de vaisseaux rompus. Outre leur mode d'origine et de formation , un autre 074 ORGANES DE LA FRUGTIFICATIOK. caractère distinctif des cloisons vraies ; c'est qu'elles al- ternent constamment avec les stigmates ou leurs divisions. Fausses. Certains frults, au contraire, présentent àt fausses cloisons dans leur cavité intérieure : tels sont ceux de quelques Crucifères , de beaucoup de Cucurhitacées , du -pavot, etc. On distinguera \ i i i i teneur : on ne le découvre alors que par le secours de la dissection , comme dans beaucoup d'Eupliorbiacées. D'au- tres fois il est très-saillant et visible , comme dans les Oranyers, où il s'alonge d'un bout à l'autre de l'e/^îV/^^rwie. Dans beaucoup de graines on trouve près du bile un organe perforé, souvent dirigé du côté du stigmate, et que les botanistes désignent avec M. Turpin sous le nom Micropjie. de mîcropyle. {Voy. fig,i55 , b. ) Plusieurs auteurs pen- sent que c'est par cette ouverture que le fluide fécondant est apporté au jeune embryon. Nous reviendrons plus en détail sur cette ouverture 'dans le chapitre suivant, quand nous parlerons de la structure de l'ovule avant la fécondation. GRAIIVE. 395 M. Rob. Brown considère cette ouverture comme la base de la graine. La radicule de l'embryon lui corres- pond toujours exactement. On remarque quelquefois , plus ou moins loin du hile Embryoïège. de quelques graines , une sorte de corps renflé en forme de calotte , auquel Gœrtner a donné le nom à'einhryo- tège, comme dans le dattier, l'asperge, la comméline, etc. Pendant la germination, ce corps se détache et livre pas-; sage à l'embryon. Uépisperme est le plus souvent simplement appliqué sur Vamande, dont on le sépare avec facilité. Mais il ar- rive quelquefois qu'il contracte avec elle une adhérence si intime, qu'on ne peut l'enlever qu'en le grattant. Uepisperme n'offre jamais de loges ni de cloisons à son intérieur. Sa cavité est toujours simple. Cependant il peut, dans quelques cas rares, renfermer plusieurs embryons à la fois. Mais cette superfétation est une ano- malie, une sorte de jeu de la nature, qui n'a rien de fixe ni de constant. Les graines des orangers sont souvent dans ce cas, §.2. De rAtnande. L'amande est toute la partie d'une graine mûre et par- Amande. faite, contenue dans la cavité de l'épisperme. Parvenue à sa parfaite maturité , elle semble n'avoir aucune espèce de communication vasculaire avec lui , à moins que ces deux organes ne soient soudés et confondus j car dans ce cas il devient difficile de déterminer s'il n'existe point quelque communication vasculaire entre eux. Mais dans l'ovule , ainsi que nous le verrons dans le chapitre sui- vant , l'amande est adhérente par sa base avec les tuni- ques dont la réunion constitue l'épisperme. L'amande tout entière peut être formée par Vembryon, EmLi en. Enil nil ospcrrî;e 096 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. comme dans le haricot, la lentille, la fève de marais, la Fig. i35. Fi,. .36. com-ge, etc. ^ c'est-à-din) qu'il remplit à lui seul toute la cavité intérieure de répisperme. {\Poy. fig. i35.) D'autres fois , outre l'embryon , l'amande renferme un autre corps acces- soire, qu'on appelle endosperme ^, comme dans le ricin, le blé, l'oxalis, etc. {Foy . fig. i56.) La structure de ces deux organes est tellement diffé- rente , qu'il sera facile de les distinguer au premier coup d'œil. \J embryon , en effet , est un être essentiellement organisé, qui , par la germination , doit s'accroître et se développer. U endosperme , au contraire, est une masse de tissu cellulaire , quelquefois dure et comme cornée , d'autres fois charnue et molle, qui, par la germination, se fane et diminue ordinairement de volume , au lieu d'en acquérir. Ainsi donc la germination lèvera tous les doutes, pour déterminer la nature des deux corps ren- fermés dans répisperme, quand on n'y sera pas parvenu au moyen de l'analyse et de la dissection. De l'enJo- spcriiio. §.5. De r Endosperme. L'endosperme est cette partie de l'amande qui forme autour ou à côté de l'embryon un corps accessoire, lequel n'a avec lui aucune continuité de vaisseaux ou de tissu. Le plus souvent il est formé de tissu cellulaire , dans les mailles duquel se trouve renfermée de la fécule amyla- cée ou un mucilage épais. Usertdenoiir- Cette substancc sert de nourriture au jeune embryon. riture au jeune j\^Yant la fTcrmination , elle est tout-à-fait insoluble dans enibrjou. " ' ' i'cVv.v^vc'/v/fe de Jiisbicu; albuiiun ilc Gœiluer, GRAINE. 09^ Teau j mais à cette première époque cl;' la vie végétale , elle change de nature, devient soluble , et sert en partie à la nourriture et au développement de l'embryon. Il est toujours assez facile de séparer l'endosperme de Tembryon , parce qu'il ne lui est aucunement adhérent. Sa couleur est le plus souvent blanche ou blanchâtre; il est vert dans le gui (viscum alhum). La substance qui le forme est en général très-variablej Sa suijsun-e ainsi il est : Sec ttfarineux dans un grand nombre de Graminées: le blé , l'avoine , l'orge , etc. 5 Coriace et comme cartilagineux dans un grand nom- bre d'Ombellifères ; Oléagineux et charnu , c'est-à-dire épais et gras au toucher , comme dans le ricin et beaucoup d'autres Eu- phorbiacées ; Corné, tenace, dur, élastique comme de la corne, dans le café et beaucoup d'autres Rubiacées , la plupart des Palmiers , etc. •, Mince et membraneux , comme celui d'un grand nom- bre de Labiées , etc. La présence ou l'absence de l'endosperme est un très- bon caractère générique , 'surtout dans les Monocotylé- dons. Cet organe doit donc jouer un grand rôle dans l'ar- rangement des familles naturelles des plantes. L'endosperme peut exister dans une graine , quoique son embryon ait avorté , ou manque entièrement. Il est toujours unique, même dans les cas où il y a plu- sieurs embryons réunis dans la même graine. §.4* De r Embryon. Vemhryon est ce corps déjà organisé, existant dans !)-■ lemi/ryon. une graine parfaite après la fécondation, et qui constitue le rudiment composé d'une nouvelle plante. C'est lui , eu 398 ORGANES DE LA FRUCTIFIGATIOPf . que effet , qui , placé dans des circonstances favorables , va ,* par l'acte delà germination, devenir un végétal parfai- tement semblable en tout à celui dont il tire son origine. Epispermique. Quand l'embryon existe seul dans la graine , c'est-à- dire qu'il est immédiatement recouvert par Vépisperme ou tégument propre , on l'appelle epispermique (^emhn/o epispermicus) , comme dans le haricot, la courge. (/^oy. fig. i55.) Endospernii- Si , au coutrairc , il est accompagné d'un endosperme, il prend le nom à^endospermique [emhrjo endospermi- eus) , comme dans les Graminées, le ricin , etc. {Ployez fig. 137.) L'embryon endospermique peut offrir des positions différentes relativement à Vendospertne. Ainsi quel- quefois il est simplement appliqué sur un point de " sa surface, et logé dans Extraire." %>'lër=^^*' uuc petite fossctte Super- ficielle que celle-ci lui présente, comme dans les Graminées j ou bien il est roulé autour de l'endosperme qu'il enveloppe plus ou moins complètement, comme dans la belle- de-nuit, les ama- ranthacées, les soudes, etc. 11 a reçu dans ce cas le nom ai extraire [emhryo extrarius). {foy. lig. i38.) Intraire. D'autrcs foîs il cst totalement renfermé dans l'inté- rieur àeVendosperme qui l'enveloppe de toutes parts ^ il porte alors le nom d'infraire [emhryo intrarius) , comme dans le ricin , les rubiacées , etc. [_Voy. fig. 106.) \J embryon étant en quelque sorte un végétal déjà formé, toutes les parties qu'il doit un jour développer y existent, mais seulement à l'état rudimentaire. C'est, comme nous l'avons dit, la véritable différence de l'em- brjon et des corpuscules reproductifs desplantesagames. GRAIRE. Sgg dans lesquels on ne voit aucun indice des organes qu'ils doivent développer plus tard. Ve7nbryon est essentiellement formé de quatre parties, j, ^^ ^^^ ^^^ savoir : i" du corps radiculaire : 2" du corps cotylédo- ^!^ i"^''^^ P^*^" rjo 1 1 , L J ties : natre-, 3 de la cjeimmile-, 4° de la tigeïle. 1°. Le corps radiculaire ou la radicule constitue une i- Radicule. 1 '°" '3^' a <^^s extrémités de l'embryon. C'est J^ ; I lui qui , par la germination , doit / ' ^ ) donner naissance àla racine, ou la "^-# — ^ former par son développement. I ' {^'oy. fig. 109, 1.) Dans l'embryon à l'état de repos , c'est-à-dire avant la germination , l'extrémité radiculaire est toujours simple et indivise. Lorsqu'elle se développe, elle pousse sou- vent plusieurs petits mamelons qui constituent autant de filets radiculaires , comme dans les Graminées. Si, dans quelques cas, il est difficile avant la germi- nation de reconnaître et de distinguer la radicule , cette distinction devient aisée lorsque l'embryon commence à se développer. En effet , le corps radiculaire tend conti- nuellement à se diriger vers le centre de la terre , quels que soient les obstacles qu'on lui oppose , et se change en racine , tandis que les autres parties de l'embryon pren- nent une direction contraire. Dans un certain nombre de végétaux , le corps radiculaire lui-même s'alonge et se change en racine par l'effet du développement que la germination lui fait acquérir. C'est ce que l'on observe dans les Dico- tylédons. Dans ce cas, la radicule est extérieure et à nu, et ces végétaux prennent le nom ^exorhizes. {Foy. fig. iSg, 1.) Dans d'autres végétaux, au contraire, la radicule est recouverte et cachée entièrement par une enveloppe par- ticulière qui se rompt à l'époque de la germination pour Coleorbize. 400 ORGAKES DE LA FRUCTIFICATION". a* Cotylédons Nombre cotylédons, des lui donner issue : ce corps a reçu le nom de coUorhize. Dans ce cas, la radicule est intérieure ou coléorhizee , et les plantes qui offrent cette disposition ont reçu le nom ^endorhizes. A cette division se rapportent les Mono- cotylédons , tels que les Palmiers , les Graminées , les Li- liacées, etc. Enfin , dans quelques cas plus rares , la radicule est soudée et fait corps avec l'endosperme. On appelle syno- rhizes les plantes dans lesquelles on observe cette orga- nisation : tels sont les Pins , les Sapins , toutes les autres Conifères, les Cycadées, etc. Toutes les plantes phanérogames connues viennent se ranger dans ces trois divisions. Ausei peut-on substituer avec avantage ces trois grandes classes à celles des Mo- nocotylédons et des Dicotylédons , sujettes à d'assez nom- breuses exceptions , comme nous le ferons voir tout à l'heure. 2*^. Le corps cotylédonaîre peut être simple et parfai- ^'S- i4o- tement indivis. Dans ce cas , il est formé par un seul cotylédon, et l'em- bryon est appelé monocolylédoné (^emhryo rnonocotyledoneus) , com- me dansle riz, l'orge, l'avoine, le lis, le jonc,etc.(/^oj.fig. i4o,c.)D'au- jj très fols il est formé de deux corps ^ réunis base à base, que l'on nomme Cotylédons , et l'embryon est dit alors dicotylédoné ( einhryo dicotyledoneus ) , comme dans le ricin, la fève, etc. {Foy. fig. 109, 2 , 2.) Toutes les plantes dont l'embryon offre un seul co- tylédon portent le nom de Monocotylédonées ^ toutes celles qui ont deux cotylédons sont appelées Dicotylé- douées. Les cotylédons sont quelquefois au nombre de plus de deux dans le même embryon *, ainsi il y en a trois dans le Cupressus pendula ; quatre dans le Pinus inops et le Ceratophyllum detnersum, cinq dans le Pinus lartcio, six dans le cyprès chauve ( Taxodimn distichurn), huit dans le Pinus strobus; enfin on en trouve quelquefois dix et même douze dans le Pinus pinea. On voit donc que le nombre des cotylédons n'est point le même dans tous les végétaux , et que la division en Monocotylédons et en Dicotylédons, rigoureusement ob- servée , ne peut pas comprendre tous les végétaux con- nus. D'ailleurs, il arrive assez souvent que les deux coty- lédons se réunissent et se soudent, en sorte qu'au pre- mier coup d'œil il est difficile de décider si un embryon est monocotylédoné ou dicotylédoné , comme , par exemple , on l'observe dans le marronnier d'Inde. Ce sont ces motifs qui ont engagé mon père à prendre Division Jes dans un autre organe que dans les cotylédons la base i7°radicÙil^^'" des divisions primordiales du règne végétal. La radicule nue ou contenue dans une coléorhize , ou enfin soudée avecTendosperme, offrant des caractères plus fixes, plus invariables , il s'en est servi pour former trois grandes classes dans les plantes embryonées^ ou phanérogames , qui sont : 1°. Les EiSDORHizES , ou celles dont l'extrémité radi- Enaorhyzes. culaire de l'embryon présente une coléorhize , sous la- quelle sont un ou plusieurs tubercules radiculaires qui la déchirent lors de la germination , et se changent en racines. Ce sont les véritables Monocotylédons. 2°. Les ExORHizES , ou celles dont l'extrémité radicu- Eiorhiies. laire de l'embryon est nue , et devient elle-même la ra- cine de la nouvelle plante •, tels sont la plupart des Di- cotylédons. 3^. Les Synorhizïs, ou plantes dans lesquelles l'ex- synorhy«s. trémité radiculaire de l'embryon est intimement soudée r" Partie. «6 402 ORGAIVES DE LA FRUCTIFICATION.' à rendosperme. Cette classe, moins nombreuse que leis deux précédentes, renferme les Conifères et les Cyca- dées, qui s'éloignent des autres Tegétaux par des carac- tères si remarquables , et que le nombre de leurs cotylé- dons exclut également de la classe des IMonocotylédonés et des Dicotylédones. Usines Jes co- ^^^^ cotylédous paraissent être destinés par la nature i^fitUou.s. ^ favoriser le développement de la jeune plante, en lui fournissant les premiers matériaux de sa nutrition. En effet , les cotylédons sont presque constamment très- épais et charnus dans les plantes qui n'ont pas d'ewt/o- sperme, tandis qu'ils sont minces et comme foliacés dans celles où cet organe existe. C'est ce que l'on peut voir l'acilement , en comparant l'épaisseur des cotylédons du haricot et du ricin. Hypoges. A l'époque de la germination , quelquefois les cotylé- dons restent cachés sous la terre , sans se montrer à l'extérieur -, dans ce cas ils portent le nom de cotylédons hypoges (cotyledones hjpogeij , comme dans le marron- nier d'Inde. Epigés. D'autres fois ils sortent hors de terre , par l'alonge- ment du collet qui les sépare de la radicule*, on leur donne alors le nom d'epiges ( cotyled. epîgei) , comme dans le haricot et la plupart des Dicotylédones. Quand les deux cotylédons sont épigés, et qu'ils s'élèvent au- dessus du sol, ils forment les àeux ^etiilles séminales (foiia seminalia ) . 3' G.ramuie. 3°. De la geiïimule. On donne le nom de gemmule (genim,ula) au petit corps, simple ou composé, qui naît entre les cotylédons, ou dans la cavité même du cotylé- don quand l'embryon n'en présente qu'un. On lui don- nait autrefois le nom de plumule [pliimula). Comme cet organe n'a le plus souvent aucune ressemblance avec le corps auquel on le comparait , mais qu'au contraire il ORAIWE. 4o5 forme toujours le premier bourgeon (gemma) de la jeune plante qui va se développer, le nom de gemmule est infiniment plus convenable, et mérite d'être préféré. La gemmule est le rudiment de toutes les parties qui doivent se développer à l'air extérieur. Elle est formée par plusieurs petites feuilles plissées diversement sur elles-mêmes, qui , en se développant parla germination, deviennent \^?, feuilles 'primordiales (fol, vrimordialia ) (/^t^j.fig.109,3.) ^ Quelquefois elle est libre et visible à l'extérieur avant la germination; d'autres fois, au contraire, elle ne devient apparente que lorsque celle-ci a commencé; dans ce dernier cas , tantôt elle se trouve cacbée entre les deux cotylédons qu'on est obligé d'écarter pour pouvoir l'a- percevoir, comme dans le haricot ; tantôt elle est enve- loppée et contenue dans le cotylédon lui-même, quand l'embryon est monocotylédoné. C'est dans ce cas que, certains auteurs , méconnaissant la vraie structure de la graine, ont pris le cotylédon pour un organe particulier, analogue à la coléorhize qui recouvre quelquefois la ra- dicule , et qu'ils ont nommé coléoptile. 4°. De la tigelle {canUculus). [Foy. fig. ^^ ^ 4.) ^.Tig,„,. Cet organe n'existe pas toujours d'une manière bien ma- nifeste. Il se confond, d'une part , avec la base du corps cotylédonaire , et de l'autre avec la radicule , dont il est une sorte de prolongement. C'est par l'accroissement acquis par la tigelle, lors de la germination , que les co- tylédons sont, dans quelques plantes, soulevés hors de terre et deviennent épigés. Après avoir ainsi étudié successivement les quatre Position d, parties qui composent un embryon, savoir: 1" le mm^ r^°''"y°" '^="'* j.,. „, j 7 j.i\^ «^«jipo la graine. radiculaire , 2° le corps cotylédonaire , 3° la gemmule , 4° la tigelle, voyons quelles sont les différentes positions j6. 40/i ORGAWES DE LA FRUCTIFICATIOTfî que l'embryon peut affecter relativement à la graine qui le contient, ou au péricarpe lui-même. Nous avons déjà vu que l'embryon pouvait être endo- spermique ou épispermique , suivant qu'il était accom- pagné d'un endosperme , ou qu'il formait à lui seul la masse de l'amande -, que dans le cas où il était endosper- mique , il pouvait être intraire ou extraire , quand il était contenu et renfermé dans l'intérieur de l'endo- sperme , ou simplement appliqué sur un des points de sa surface. C'est par le moyen des deux extrémités de l'embryon que l'on peut déterminer sa direction propre et sa di- rection relative. L'extrémité radiculaire forme toujours la base de l'embryon. D'après cela , on dit de l'embryon qu'il est : Homofrope (emh. Iiomotropns), quand il a la même direction que la graine , c'est-à-dire que sa radicule ré- pond au bile , comme cela s'observe dans beaucoup de Légumineuses, de Solanées et un grand nombre de Mo- nocotylédons. L'embryon liomotrope peut être plus ou moins courbé. Quand il est rectiligne, on lui donne le non à'orthofrope (emh. orthotropus) , comme dans les Synanthérées , les Ombellifères , etc. On appelle embryon anlilrope (emhryo antilropus) , celui dont la direction est opposée à celle de la graine , c'est-à-dire que son extrémité cotylédonaire correspond au bile. C'est ce que l'on peut observer dans les TJiy mê- lées, les Fluviales, le Melampyrum, etc. On donne le nom d'embryon ampîntrope (emh. am- philropus) à celui qui est tellement recourbé sur lui- même , que ses deux extrémités se trouvent rapprochées et se dirigent vers le bile , comme on le voit dans les Caryophyllées , les Crucifères , plusieurs Atriplicées , etc. i^voy. fig. i38.) GRAI5E. 4o5 Comme l'embryon monorotylëdoné et l'embryon di- cotylëdoné différent beaucoup l'un de l'autre , dans le nombre , dans la forme et l'arrangement des parties qui les composent, nous allons exposer isolément les carac- tères propres à chacun d'eux. §. 5. Embryon dicolyUdoné, L'embryon dicotylédoné ivoy, fig. 109), ou celui dont De l'embryoa le corps cotylédonaire présente deux lobes bien distincts , "^'*'^^'' ''"^" offre les caractères suivans: Sa radicule est cybndi-ique ou conique, nue, saillante-, elle s'alonge lors de la ger- mination, et devient la véritable racine de la plante. Ses deux cotylédons sont attachés à la même hauteur sur la tigelle; ils ont, dans beaucoup de cas, une épaisseur d'autant plus grande que l'endosperme est plus mince, ou qu'il n'existe point du tout. La gemmule est renfer- mée entre les deux cotylédons , qui la recouvrent et la cachent en grande partie. La tigelle est plus ou moins développée. Tels sont les caractères communs aux embryons dico- tylédones en général. Cependant quelques-uns offrent des anomalies qui sembleraient d'abord les éloigner de cette classe 5 ainsi, quelquefois les deux cotylédons sont tellement unis et soudés ensemble , qu'ils semblent n'en plus former qu'un seul, comme dans le marronnier d'Inde , et ordinairement le chàta^ner. Mais on remar- quera que cette soudure n'est qu'accidentelle, car il arrive quelquefois qu'elle n'a pas lieu. C'est ce que l'on observe en effet pour le marronnier d'Inde , et ce qui le fait rentrer dans l'organisation générale des embryons dicotylédones. D'ailleurs on doit regarder comme véri- tablement dicotylédoné tout embryon dont la base du corps cotylédonaire est fendue entièrement ou partagée 4o6 ORGANES DE LA FRUCTIFIGATIOÎT. en deux , quoique lui-même paraisse simple et indivis à son sommet. §. 6. De V Embryon monocotylêdoné. De l'embryon L'embiyon monocotvlédoné est celui qui , avant la inonocotjleUo- r*- / »«• A. '"■ "*°' germination, est parfaitement in- divis , et ne présente aucune fente ni incision. {Foy. fig. i4o, i.) Sa forme est extrêmement variée. Il est tantôt grêle , cylindrique , alongé -, d'autres fois globuleux, ou discoïde et déprimé. Si , dans le plus grand nombre des cas, lest assez facile de reconnaître dans l'embryon dicotylédoné les différentes parties qui le composent , il n'en est pas tou- jours de même dans l'embryon monocotylêdoné , où fréquemment toutes ces parties sont tellement unies et. confondues , qu'ell'^s ne forment plus qu'une masse , dans laquelle la germination seule peut faire distinguer quelque chose. Aussi l'organisation de l'embrj^ondes mo- nocotylédonés est-elle moins bien parfaitement connue que celle des végétaux à deux cotylédons. Dans l'embryon monocotylêdoné, le corps radicula ire occupe une des extrémités ; il est plus ou moins arrondi (fig. i4o , a), souvent très-peu saillant, formant comme une sorte de mamelon peu apparent. D'autres fois, au con- traire , il est extrêmement large ^et aplati , et forme la masse la plus considémble de l'embryon , comme dans la plupart des Graminées. L'embrjon est alors appelé Ttia- cropode (^emh. macropodus). (/^<7j. fig. i4i') La radicule est renfermée dans une cole'orhize qu'elle rompt à l'époque de la germination. (Fig. i4o, 2, c.) Cette radicule n'est pas toujours simple comme dans les Dicotylédones; elle est le plus souvent formée de plu- sieurs filets radiculaires, qui percent quelquefois , chacun GRAI?»E. 407 isolément, la coléorhize qui les renferme, comme cela s'observe principalement dans les Graminées. Le corps cotylédonaire est simple , et ne présente au- cune incision ni fente. ( Fig. 140 , b. ) Sa forme est extrê- mement variable. Le plus souvent, la. gemmule est ren- fermée dans l'intérieur du cotylédon qui l'enveloppe de toutes parts, et lui forme une espèce de coléoptile. {Id. D. ) Elle se compose de petites feuilles emboîtées les unes dans les autres. La plus extérieure forme ordi- nairement une espèce d'étui clos de toutes parts , em- brassant et recouvrant les autres. M. MiAel lui a donné le nom de piléole. Mais la partie ainsi nommée ne me paraît pas différente du cotylédon lui-même. La tigelle n'existe pas le plus souvent , ou elle se con- fond intimement avec le cotylédon ou la radicule. Telle est l'organisation la plus ordinaire des embryons EmLryon des monocotylédonés; mais dans beaucoup de circonstances <^'^'"'°^"- on trouve des modifications propres à plusieurs végétaux. C est ainsi , par exemple , que la famille des Graminées •'*' présente quelques particularités dans la structure de son embryon. En ctlet, il est composé, 1*^ d'un corps charnu, épais, discoïde en général , appliqué sur l'endo- sperme -, ce corps a reçu le nom âCkjpo- hlaste ^ : cette partie ne prend aucun ac- croissement par la germination ; elle peut être assimilée au corps radiculaire ; 2*^ du blaste ou de la partie de l'embryon qui doit se développer. Il est sur Vliypo- ' C'est à ce corps que Gœrtner donne le nom de vitellas. La plu- part des auteurs le regardent comme le cotylédon; mais l'analogie se refuse à cette supposition. i^oyez le Mémoire de mou père sur les embryons endorhizes , inséré dans le 17" volume des Annales du Musé uni, année ISII. 4o8 ORGANES DE LA. FRUCTIFICA.TION. bIaste,eA est formé de la tigelle, de la gemmule, renfer- mée dans le cotylédon , constituant une sorte de gaine ou d'étui qui les enveloppe de toutes parts. L'extrémité inférieure du hluste^ par laquelle doivent sortir un ou plusieurs tubercules radicellaires , porte le nom de radi- culode. Enfin on appelle epihlaste un appendice antérieur du blaste,qui le recouvre quelquefois eu partie, et qui semble n'en être qu'un simple prolongement. CHAPITRE IV. DE LA STRUCTURE DE l'OVULE AVANT u'iMPRÉGNATIOK , ET DES MODIFICATIONS QU'iL ÉPROUVE JUSQU'a LA MATURITÉ DE LA GRAINE. Structure de L'ovuLE , c'cst-à-dire Ic corps qui , après la fécon- fïondation!' '" datlou doit Contenir l'embryon , et par conséquent devenir la graine, présente dans son développement des phénomènes extrêmement remarquables , et dont Historique, l'étude cxpliquc plusieurs points d'organisation de la graine, qui jusqu'alors avaient divisé d'opinions les au- teurs qui s'étaient livrés avec le plus de soin à cette partie de la botanique. Les travaux de quelques auteurs mo- dernes , et en particulier, ceux de MM. Tréviranus, R. Brown et Mirbel , ont jeté un tel jour sur ce sujet important , qu'on peut croire qu'il reste peu de décou- vertes à faire sur cette partie de Forganisation végétale. Pour bien faire connaître la structure de l'ovule, il nous paraît nécessaire d'exposer ici les travaux succes- sifs des auteurs qui se sont occupés de ce sujet, et de faire voir ainsi ce dont la science est redevable à chacun d'eux. er«w, (jrew {Anatom, of plants ^ 1 67 2 ) est le premier qui ait OTULE. 409 cherché à reconnaître la structure de la graine avant sa maturité'. Ses descriptions et ses excellentes figures (pi. 80, 81, 82) font voir qu'il considère la jeune graine comme composée de trois membranes : l'une exté- rieure, l'autre moyenne, la troisième plus intérieure. Il représente très-bien la formation de cette membrane in- térieure, dans la partie supérieure de laquelle l'embryon commence à se développer. Il admet en outre (chap. 1, p. 2.) une petite ouverture naturelle dans la tunique extérieure, ouverture qui , selon lui, aurait pour usage d'aérer l'embryon , et de livrer passage à la radicule à l'époque de la germination. Malpighi , en 1 676 , décrit et figure avec beaucoup de Maipigbi. soin (pi. 37 et 38) le développement de l'ovule dans l'amandier. Il a reconnu deux membranes qui se recou- vrent mutuellement et qu'il désigne sous le nom com- mun de secundinœ. Toute la cavité de la tunique inté- rieure est remplie d'une masse de tissu cellulaire, qu'il appelle cliorîuni. Dans le centre de cette masse cellu- leuse apparaît une sorte de vaisseau longitudinal que Malpighi nomme corrfo/î omAîYîca/. C'est dans la partie supérieure de ce vaisseau qui se renfle à son sommet, que l'on voit bientôt apparaître la vésicule de l'amnios, et peu après l'embryon ne tarde pas à se montrer dans la cavité de cette dernière. On voit alors le cordon ombi- lical pendre de la base de la vésicule de l'anmios etêtreplus ou moins flexueux. Malpighi paraît aussi avoir entrevu la petite ouverture déjà signalée par Grew. Uadéjàmieux connu la structure de l'ovule que le célèbre Anglais. En effet, il admet deux membranes extérieures au lieu d'une, et il distingue du cordon ombilical la cavité de l'amnios, dans laquelle se développe l'embryon : il nous a semblé en lisant avec attention les descriptions de Mal- pighi, et en les comparant à ses figures assez incorrectes, 4lO ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. que les auteurs subséquens , même les plus modernes , n'avaient pas parfaitement compris les idées du bota- niste italien sur la structure de l'ovule. c^meraiius. Nous crojons inutile de parler ici des travaux de quelques botanistes , qui, sans faire une étude spéciale de l'ovule, ont néanmoins parlé de la structure de cet or- gane , mais sans rien ajouter à ce que Grew et Malpighi avaient déjà établi. Ainsi Camérarius , en 1694, Samuel Geoffroy, etc. Morland , en 1705 , les deux Geoffroy, en 1704 et 1711, parlent de l'ouverture qui existe à l'ovule , mais plutôt pour appuyer leur théorie sur le phénomène de la fécon- dation, que comme en ayant constaté l'existence par l'anatomie. M. Turpin. M. Turpin, en 1806, dans un mémoire sur la voie par laquelle le fluide fécondant arrive jusqu'à l'ovule , admet que la fécondation a lieu dans les plantes 'phané- rogames par le moyen d'un faisceau vasculaire qui perce la membrane externe de l'ovule, et qui, venant à s'en détacher, y laisse une petite ouverture qu'il nomme oni- cropyle. De toute cette théorie, il n'y a de vraie que l'existence de cette petite ouverture qui avait déjà été reconnue par Gicav, près d'un siècle et demi avant M. Turpin. M.Aug.Saint- M. Auguste de Saint-Hilaire , en i8t5 , adopte la Hilaire. i r • i i» r rn • • •■> théorie de M. lurpm; mais il montre que le micropyle n'est pas toujours situé au voisinage du hile, et qu'au contraire il lui est quelquefois tout-à-fait opposé. Il établit de plus, ce fait déjà mentionné par Grew, que la radicule de l'embryon correspond toujours au mi- cropyle. M. Duirochet. Ce sujct a aussi été traité cu 1 822 par M. Dutrochet , qui paraît n'avoir pas connu la plupart des autres tra- vaux déjà faits sur cette partie de l'anatomie végétale. Il admet dans l'ovule une membrane extérieure qu'il OVULE. 4^1 nomme lorique ; une membrane moyenne qu'il appelle éneileme, et qui est l'amande-, enfin, une membrane plus intérieure, à laquelle il donne le nom de teg- men, et qui paraît être la membrane amniotique de Mal- pighi. Mais, chose remarquable, cet observateur ne fait aucune mention de l'ouverture extérieure des tégumens, déjà signalée par Grew, et sur laquelle MM. Turpin et Auguste de Saint-Hilaire avaient , peu d'années avant M. Dutrochet, ramené l'attention. Maintenant, fasions connaître l'important travail de M. R.Broy.ii. M. Robert Brown, sur la structure de l'ovule, avant l'imprégnation, et qui a été publié en i825. Selon ce célèbre botaniste , avant la fécondation , l'ovule se com- pose de deux membranes et d'une amande. La mem- brane extérieure ouïe fe^to présente, tantôt près du bile, tantôt dans un point plus ou moins éloigné ou opposé à cette cicatrice, une petite ouverture nommée micropyle par M. Turpin. Cette ouverture est pour M. Brown la base de l'ovule , différant en cela des autres botanistes qui avaient considéré le liile ou point par lequel la graine est attachée au placenta , comme sa base. Les vaisseaux nourriciers du péricarpe qui arrivent à l'ovule par le hile, rampent dans l'épaisseur du testa jus^que vers son sommet , en formant une sorte de cordon qui se termine par un épanouissement nommé chalaze , communi- quant avec la membrane interne. Celle-ci a une direc- tion opposée au testa. Elle s'insère par une base assez large au sommet de celui-ci , c'est-à-dire au point dia- métralement opposé à sa base perforée , de telle sorte que le sommet de la membrane interne, également per- foré , correspond exactement à la base du testa . Ces deux membranes n'ont de communication entre elles que par ce seul point. L'amande qu'elles recouvrent est un corps celluleux, ayant constamment la même direction que ^12 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. la membrane interne , c'est-à-dire qu'elle s'attache à la base de celle-ci, ou au point opposé à son sommet per- foré. Elle se compose de deux membranes : l'une épaisse etcelluleuse représente le chorion de Malpighi-, l'autre intérieure, formant une sorte de vaisseau alongé, sou- vent remplie dans son principe par un liquide mucila- gineux: c'est la cavité amniotique du botaniste de Bo- logne. L'embryon commence toujours à se montrer dans l'intérieur de cette membrane, et constamment sa radi- cule est tournée vers l'ouverture extérieure des tégumens, ainsi que M. Auguste de Saint-Hilaire l'avait déjà re- connu. Quelquefois les diflérentes parties intérieures de l'amande sont absorbées, et finissent par disparaître pen- dant le développement de l'embryon. C'est ce qui arrive pour toutes les graines qui ne présentent pas d'endo- sperme. Mais d'autres fois le tissu cellulaire de l'amnios ou celui de l'amande ou du chorion, se remplit d'une ma- tière granuleuse , formant un corps qui environne l'em- bryon. Il résulte de cette observation importante, que l'endosperme n'a pas toujours la même origine. Quel- quefois en effet il provient du tissu de l'amnios, qui ab- sorbe celui du chorion et le fait disparaître : c'est le cas le plus fréquent 5 d'autres fois il est formé par le chorion qui refoule vers sa partie supérieure l'amnios sous la forme d'une petite poche embrassant l'embryon : c'est ce qu'on observe pour les Nymphœacées, Pipéracées,etc. Enfin, dans quelques circonstances, il paraît formé à la fois par le chorion et l'amnios , et c'est le cas des Scy- ta mi nées. „ ,, . . M. Ad. Brongniart, dans son Mémoire sur la qé- ra. 13rongninrt, U ' j neration des vé(jétaux , consacre un chapitre à l'examen de l'ovule. Il décrit avec beaucoup de soin la formation et le développement de l'embryon, et reconnaît dans l'ovule les mêmes parties que M. Robert Brown, c'est-à-dire OVULÉ. ilS deuxmembranes extérieures qu'il nomme testa ettegnten, et deux parties dans l'amande, savoir : l'amande propre- ment dite, et le sac embryonaire. Il signale dans le ce- ratophyllùm demersmn une particularité fort remar- quable : son embryon au lieu de se développer dans l'intérieur du sac amniotique ou embryonaire , com- mence à se former au-dessus et endebors de cette partie. M. Tréviranus s'est aussi beaucoup occupé de la struc- M.Tréviranus. ture de l'ovule. Il a publié deux dissertations sur ce sujet: l'une en i8i5, etl'autreen 1828, c'est-à-dire pos- térieurement aux travaux dont nous venons de parler. Dans cette seconde dissertation , le célèbre professeur de Bonn ne s'éloigne pas des opinions de M. Browu , c'est-à-dire qu'il admet dans l'ovule quatre membranes; mais il donne aux deux intérieures qui composent l'a- mande, les noms depérisperme externe et de périsperme interne , parce qu'en effet ce sont elles qui forment cet organe. Le travail de M. Tréviranus est rempli d'une foule de bonnes observations de détail. Tel était l'état de nos connaissances sur la structure M- MirLei. de l'ovule, lorsque M. Mirbel s'occupa du même sujet, et vint jeter par ses découvertes un jour si nouveau sur un point qui semblait déjà si bien éclairci. M. Mirbel avait dit jadis , dans ses Elérnens de physiologie végé- tale ^ que l'ovule commençait par être une masse de tissu cellulaire , dans laquelle on ne distinguait primitivement aucune séparation de membrane. C'est pour vérifier ce fait, qui paraissait en contradiction avec ses observa- tions les plus récentes, que M. Mirbel entreprit de nou- velles recherches. Mais pour bien connaître l'organisa- tion de l'ovule, M. Mirbel eut l'heureuse idée d'en suivre le développement depuis le moment où il commence à se montrer dans l'intérieur de l'ovaire , c'est-à-dire long- temps avant l'épanouissement de la fleur. C'est en sui~ Nucellc. Primine. Eiostome, Secondine. Ëado&tomc. 4l4 ORGANES DE LA FRUCTIFlCATIOTi. vant cette marche que l'auteur est parvenu à des résul- tats si nouveaux, et que nous allons faire connaître. Examiné au moment où il commence à poindre dans un bouton de fleur , l'ovule se présente sous* la forme d'un petit tubercule, parfaitement lisse et entier, qui, coupé transversalement, est uniquement composé de tissu cellulaire , sans distinction de membrane. En sui- vant pas à pas les développemens successifs de ce corps, on voit que peu de temps après il se perce à son sommet. A travers cette ouverture, sort un corps intérieur qui fait une saillie plus ou moins considérable. Cette ouverture augmente de diamètre , à mesure que le corps intérieur se développe-, et il n'est pas rare alors que le corps inté- rieur prenne un tel accroissement, que la membrane ex- térieure soit réduite à une sorte de cupule ou de godet , qui embrasse seulement la partie inférieure de l'organe contenu. Si, à cette époque, on étudie la structure inté- rieure de l'ovule , on voit qu'elle est la suivante : i" Tout- à-fait au centre est un corps celluleux , sans apparence de membrane distincte, c'est le nucelle. Ce corps est en- vironné de deux membranes également perforées à leur ' sommet. 2° L'extérieure ou la primine présente sur un point de la surface extérieure le funicule ou cordon v£!s- culaire qui l'unit au péricarpe. Son ouverture supérieure qui est quelquefois très-dilatée, s'appelle Vexostome. En dedans de la 'primine est une seconde membrane qui n'a d^adhérence avec elle que par sa base ou par le point opposé à son sommet perforé : c'est la secondine , qui présente également une ouverture apicilaire correspon- dant à celle de la primine, et nommée endostome. Ces trois parties , la primine , la secondine et le nucelle , sont distinctes l'une de l'autre, et n'ont d'adhérence entre elles que par leur base. La chalaze ou hile intérieur cor- respond quelquefois immédiatement au hile ou cicatrice OVULE. 41 5 extérieure 5 d'autres fois, elle en est plus ou moins éloi- gnée. La chalaze est, pour le professeur Mirbel, la base de l'ovule, et en cela il s'éloigne de l'opinion de M. Brown , qui considère l'exostome comme indiquant la base de cet organe. Mais à mesure que ces premiers changemens se sont manifestés dans la structure de l'o- vule , il s'en est manifesté d'autres dans sa position. Ainsi quelquefois l'ovule s'est renversé en totalité, c'est- à-dire que par le développement considérable d'un seul de ses côtés le sommet perforé semble s'être rapproché de la base ou de la chalaze ; d'autres fois, l'exostome vient presque toucher le hile , tandis que la chalaze lui est op- posée. Enfin, il arrive quelquefois que les diverses parties de l'ovule n'éprouvent aucun changement de position, qu'elles restent dans celle qu'elles occupaient primiti- vement-, c'est-à-dire que le hile et la chalaze se cor- respondent , tandis que l'exostome leur est diamétrale- ment opposé. Telles sont les trois positions principales que l'ovule peut présenter. M. Mirbel a désigné sous des noms particuliers les ovules qui présentent chacune d'elles. Ainsi, les premiers sont les ovules campulitropes^ les seconds les anatropes , et les derniers les orlholropes. Les ovules orthotropes sont ceax dans lesquels le hile et la chalaze se correspondent , tandis que les ouvertu- res de l'ovule leur sont opposées: tels sont le Noyer, les Myrica, les Polygonum. Tous les ovules , à leur premier degTé de développement , commencent toujours par être orthotropes. Les ovules catnpulifropes sont très-com- muns -, chez eux le hile et la chalaze se correspondent encore exactement ; mais par un mouvement de rotation l'exostome s'est rapproché de cette dernière, de manière que la graine est courbée en forme de rognon , ou même qu'elle est pliée sur elle-même moitié contre moitié : par exemple , dans les Crucifères , les Légumineuses papilio- 4l6 ORGANES DE LA rRUCTIFICATlÔS-* nacées, les Caryophyllëes. Les ovules anafropes sont ceux dans lesquels l'exostome et la chalaze sont diamé- tralement opposés, comme dans les orthotropes; mais le hile s'est rapproché de l'exostome auquel il est con- tinu, et il est séparé de la chalaze par un raphé qui occupe toute la longueur d'un des côtés de l'ovule. Les Liliacées, les Renonculacées , les Rutacées^ les Cucurbi- tacées , offrent des exemples d'ovules anatropes. Enfin, on observe des ovules qui présentent à la fois quelques-uns des caractères propres aux anatropes et aux campulitropes-, c'est-à-dire que tandis que l'exos- tome est devenu conligu au hile, comme dans les ana- tropes, la chalaze n'est éloignée du hile que par un raphé très-court. M. Mirbel nomme ces ovules amphilropes. Tercine. Postérieurement à ces premiers changemens, le nu- celle en éprouve aussi de fort importans dans sa struc- ture intérieure. Nous avons vu que primitivement il n'était qu'une masse de tissu cellulaire. Bientôt son in- térieur se creuse , et il se forme alors une membrane celluleuse et sans ouverture , nommée tercine : c'est le chorion de Malpighi. Du sommet de la cavité de cette troisième enveloppe, on voit pendre une lame de tissu Quartine. cellulaire qui en revêt la paroi interne et qui forme une quatrième membrane appelée quartine. Cette quatrième membrane n'avait point encore été signalée par les au- teurs qui s'étaient occupés de l'anatomie de Tovule. « Si personne ne fait mention de la quartine., dit le profes- seur Mirbel [Recherches sur la structure de l'ovule, pag. 9), c'est sans doute parce qu'elle aura toujours été confondue avec la tercine : cependant ces deux enve- loppes difïèrent essentiellement par leur origine et le mode de leur croissance. Je n'ai découvert la quartine que dans les ovules dont la tercine s'incorpore de très- bonne heure à la secondine, et je crois qu'elle n'existe OVULE. 417 que là. Au moment de son apparition, elle forme une lame cellulaire qui tapisse toute la superficie de la paroi interne de Tovule; plus tard elle s'isole de la paroi et ne tient plus qu'au sommet de la cavité : c'est alors un sac ou plutôt une vésicule parfaitement close. Quelquefois elle reste définitivement dans cet état; les statices en of- frent un exemple : d'autres fois elle se remplit de tissu cellulaire et devient une masse pulpeuse •, c'est sous cet aspect qu'elle se présente dans le Tulipa gesneriana.)) Ce mode de développement est le contraire de ce qui se passe pour la terrine, qui commence toujours par être une masse de tissu cellulaire avant de devenir une mem- brane. Dans l'intérieur de la quartine se développe un autre Quintine. organe : c'est le sac amniotique de Malpighi ou la quin- iinc du professeur Mirbel. Dans un nucelle resté plein de tissu cellulaire ou dans une quartine qui s'en est remplie, on voit la quintine se montrer d'abord sous la forme d'un boyau grêle qui, d'une part, tient au sommet du nucelle , et de l'autre à la chalaze. Ce boj-au se renfle dans sa partie supérieure, et l'embryon ne tarde pas à s'y montrer par sa partie inférieure. La quintine se détache de la chalaze, et il est quelquefois fort difficile de saisir le moment où elle y adhère. Mais quand la tercine s'est détruite ou qu'il s'est formé un vide dans la quartine , le développement de la quintine n'est pas tout-à-fait le mène. Ainsi elle n'adhère point par sa base à la chalaze; mais elle est simplement suspendue comme un lustre au sommet de la quartine. C'est dans l'intérieur de la quintine que se forme l'em- LVn.Lryon se bryon. Les rudimens de cet orjrane se montrent constam- ""'"'"' '^^"' '^ "-" ((uiiiline. ment, dans la partie supérieure de cette membrane, sous la forme de granulations opaques, qui se réunissent et se groupent pour le constituer. Ce corps, à mcsiu-e qu'il ' ° • 27 4i8 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. Formation l'eiKlosperme. Résume. s'accroît , s'éloigne du sommet de la quintine , auquçl il reste néanmoins adhérent par un filet très-grêle , qui tient à l'extrémité de la radicule , et qu'on nomme filet suspe7iseiir. , Nous avons déjà expliqué, d'après M. Rob. Brown,la formation de l'endosperme^ les observations de M. Mir- bel prouvent qu'indépendamment de la tercine et de la quintine déjà admises par le savant botaniste anglais, la quartine concourt également à former cet organe : c'est ce qu'on observe , par exemple, dans les genres Tulipa, Tradescanlia, Stafice, etc. Pour résumer ici en peu de mots le travail de M. Mir- bel, nous dirons que ce savant admet cinq périodes dans le développement de Tovule. i*^ L'œuf végétal est à Tétat naissant: c'est une excroissance pulpeuse, conique, sans ouverture. 2° L'exostome et Tendostome s'ouvrent-, on les voit se dilater insensiblement jusqu'à ce qu'ils aient atteint le maximum de leur amplitude: l'existence de la primine et de la secondine , dont ces deux ouvertures sont les orifices, est manifeste. Celle de la tercine ne l'est pas moins; mais elle n'est alors qu'une masse celluleuse arrondie ou conique dont le sommet fait saillie hors de la secondine, au fond de laquelle sa base est fixée. 3° La primine et la secondine , soudées ensemble, prennent un accroissement considérable, ferment leur double orifice, et cachent par conséquent la tercine , qui souvent de- vient un sac membraneux. 4" La quartine naît de toute la surface de la paroi interne de l'ovule. La quintine s'a- longe en un boyau qui tient par son extrémité inférieure au point correspondant de la chalaze, et par son extré- mité supérieure au point correspondant à l'endostome. C'est dans cette partie de la quintine que se montre sous la forme d'un globule suspendu à un fil très-délié la pre- mière ébauche de l'embryon. On peut considérer cette GEHMIKATIOIV. /jq période comme l'époque où l'ovule passe à l'état de Oraine. 5*^ La quintine s'élargit; l'embryon développe ses cotylédons ainsi que sa radicule, et atteint sa gran- deur naturelle. La matière du périsperme ou endosperme se forme , soit dans les cellules de la quintine, soit dans celles de la quartine ou de la tercJne. Alors il n'est plus possible de reconnaître les diverses enveloppes de l'o- vule , qui est passé à l'état de graine. CHAPITRE V. DE LA GERMIJXATIOK. On donne le nom de germination à la série de phéno- ^ . . menés pai lesquels passe une graine qui , parvenue à son état de maturité, et mise dans des conditions favora- bles , se gonfle, rompt ses enveloppes , et tend à déve- lopper l'embryon qu'elle renferme dans son intérieur. Pour qu'une graine germe, il faut le concours de cer- ci,.cons,.n.c« tames circonstances dépendant de la graine elle-même ."*^<^""".- r°"«- ou qui lui sont accessoires et étrangères, mais qui n'exer- ' '"'"'""°"' cent pas moins une influence incontestable sur les phé- nomènes de son développement. La graine doit être à son état de maturité : elle doit avoir été fécondée, et renfermer un embryon parfait dans toutes ses parties. 11 faut de plus que la graine ne soit pas trop ancienne-, car elle aurait perdu, par le temps, sa faculté germinative. Cependant il est certaines graines qui la conservent pendant un nombre d'années considérable : ce sont principalement celles qui appar- tiennent à la famille des Légumineuses. Ainsi l'on est parvenu à faire germer les haricots conservés depuis soixante ansj on cite même des graines de sensitive qui »?• • au 4'20 ORGANES DE LA FRUCTIFIGATIOIV. se sont parfaitement développées cent ans environ après avoir été récoltées : mais il faut qu'elles aient été préser- vées du contact de l'air, de la lumière et de riiumidité. inHuence de Lcs agens extérieurs indispensables à la germination sont : T*^ l'eau, 2*^ la chaleur, 3" l'air. 1", Veau , comme nous l'avons déjà vu précédem- ment, est indispensable à la végétation et aux phéno- mènes de la nutrition dans les végétaux. Ce n'est point seulement comme substance alimentaire qu'elle agit dans ce cas -, mais c'est plutôt par sa faculté dissolvante et sa fluidité, qu'elle sert alors de menstrue et de véhicule aux substances vraiment alibiles du végétal. Elle a , dans la germination , une manière d'agir par- faitement analogue. C'est elle, en effet, qui, en péné- trant dans la substance de la graine , ramollit ses en- veloppes, fait gonfler l'embryon, détermine, dans la nature même de l'endosperme ou des cotylédons , des ebangemens qui les rendent souvent propres à fournir au jeune végétal les premiers matériaux de sa nutrition. C'est elle encore qui se charge des substances gazeuses ou solides qui doivent servir d'alimens à la jeune plante qui commence à croître. Elle fournit aussi à son dévelop- pement par la décomposition qu'elle éprouve ; ses élémeus désunis se combinent avec le carbone , et donnent nais- sance à differens principes immédiats. Cependant il ne faut pas que la quantité d'eau soit trop considérable-, car alors les graines éprouveraient une sorte de macération qui détruirait leur faculté ger- minative , et s'opposerait à leur développement. A^ous parlons ici des graines qui appartiennent aux plantes terrestres j car celles des végétaux aquatiques germent étant plongées entièrement dans l'eau. Quelques-unes néanmoins, quoique en très-petit nombre, montent à ' GERMINATION. 4^1 sa surface pour y germer à l'air, et ne pourraient se dé- velopper si elles restaient submergées. L'eau a donc évidemment trois modes d'action dans la germination : i*^ elle ramollit l'enveloppe séminale et favorise sa rupture 5 2'^ elle pénètre l'amande, dont elle opère le gonflement; 3° elle sert de dissolvant et de vé- hicule aux véritables alimens du jeune végétal. 2°. La chaleur n'est pas moins nécessaire à la germi- De Uchaleur nation que l'eau. Son influence est, en effet, très-mar- quée sur tous les phénomènes de la végétation. Une graine mise dans un lieu dont la température est au- dessous de zéro, n'éprouve aucun mouvement de déve- loppement, reste inactive, comme engourdie; tandis qu'une chaleur douce et tempérée accélère singulière- ment la germination. Mais cependant il ne faut pas que cette chaleur dépasse certaines limites j sans quoi , loin de favoriser le développement des germes , elle les des- sécherait, et y détruirait le principe de la vie. Ainsi une chaleur de 45 à ôo", surtout si elle est sèche , s'oppose à la germination, tandis que celle qui ne s'élève pas au- dessus de 25 à 3o°, surtout si elle est jointe à une cer- taine humidité , accélère l'évolution des différentes parties de l'embryon. 5°. Uair est aussi utile aux végétaux , pour germer et s'accroître , qu'il est indispensable aux animaux pour respirer et pour vivre. Une graine que l'on priverait totalement du contact de ce fluide n'acquerrait aucune espèce de développement. Cependant Homberg dit être parvenu à faire germer quelques graines dans le vide de la machine pneumatique. Mais quoiqu'on ait, depuis lui, souvent répété cette expérience, on n'a jamais pu ob- tenir les mêmes résultats. L'on peut donc assurer que l'air est indispensable à la germination. M. Théodore de Saussure , dont le témoignage est d'uu si haut poids dans De l'air. 422 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. la partie expérimentale de la physiologie des végétaux , pense que les expériences de Honiberg ne doivent nul- lement infirmer cette vérité , et que les conclusions qu'il en a tirées doivent être considérées comme des résultats imparfaits et peu exacts. Des graines enfoncées trop profondément dans la terre, et soustraites ainsi à l'action de l'air atmosphérique, sont souvent restées pendant un temps fort long sans donner aucun signe de vie. Lorsque , par une cause quelconque, elles se sont trouvées ramenées plus près de la superficie de la terre , de manière à être en contact avec l'air am- biant , leur germination s'est effectuée. C'est par cette cause que l'on peut expliquer la suc- cession de différentes plantes et leur apparition soudaine, lors du défrichement des bois par exemple. En effet, un grand nombre de graines qui se trouvaient trop profon- dément enfouies , ramenées à la surface du sol , se déve- loppent, et changent quelquefois complètement le carac- tère de la végétation d'une localité. L'air n'étant point un corps simple , mais étant au contraire formé d'oxigène et d'azote, doit-il son action au mélange de ces deux gaz? Ou bien est-ce l'un d'eux seulement qui détermine l'influence qu'il exerce sur les phénomènes de la germination? Action Je L'action de l'air sur les végétaux, à cette première 1 oxigfcne, , i i l r i r i a . époque de leur développement, présente les mêmes cir- constances que pour la respiration dans les animaux. En effet , c'est l'oxigène de l'air qui agit principalement dans l'acte de la respiration, pour donner au sang les qualités qui doivent le rendre propre au développement de tous les organes ; c'est encore cet oxigène qui aide et favorise la germination des végétaux. Des graines placées dans du gaz azote ou du gaz acide carbonique, de l'hydrogène, GERMINATION. 42^ ne peuvent se développer, et ne tardent point à y périr. JVous savons qu'il en serait de même des animaux que nous soumettrions à de semblables influences. Mais ce n'est point ù l'état de pureté et d'isolement que l'oxigène a une action aussi favorable à l'évolution des germes-, car il l'acréli're d'abord , mais bientôt la détruit par l'ac- tivité trop puissante qu'il lui communique. Aussi les graines , les plantes et les animaux ne peuvent-ils ni se développer, ni respirer, ni vivre dans du gaz oxigène pur. Il faut qu'une substance mélangée avec lui tempère sa trop grande activité, pour qu'il devienne propre à la res- piration et à la végétation. On a remarqué que son mé- lange avec l'hydrogène ou l'azote le rendait plus propre à remplir cette fonction , et que les proportions les plus convenables de mélange étaient unepartie d'oxigène pour trois parties d'azote ou deux d'hydrogène. L'oxigène, absorbé pendant la germination , se com- bine avec l'excès de carbone que contient le jeune végé- tal, et forme de l'acide carbonique, qui est rejeté au dehors. C'est par cette absorption de l'oxigène que la fécule de l'endosperme ou des cotylédons charnus, quand l'endosperme n'existe pas, change d'état, passe à l'état de sucre et d'insoluble qu'elle était avant la germination , devient soluble et est absorbée en grande partie pour servir de première nourriture à l'embryon. Certaines substances paraissent avoir une influeuce influence du bien manifeste pour accélérer la germination des végé- =^^°^^- taux. C'est ce qui résulte des expériences de M. de Hum- boldt. Cet illustre naturaliste , à qui presque toutes les branches des connaissances humaines doivent quelques- uns de leurs progrès, a démontré que les graines du cresson alénois ( Lcpidiain sativum ) mises dans une dissolution de chlore, germaient en cinq ou six heures j tandis que dans l'eau pure ces mêmes graines avaient 424 ORGANES I)E LA FRUCTIFICATION. besoin de trente-six heures pour arriver au même résul- tat. Certaines graines exotiques , qui jusqu'alors avaient résisté à tous les moyens employés pour les faire germer, se sont parfaitement développées dans une dissolution du même gaz. Il a de plus fait remarquer que toutes les substances qui pouvaient céder facilement une partie de leuroxigène à l'eau, telles que beaucoup d'oxides métal- liques, les acides nitrique et sulfurique suffisamment étendus, hâtaient le développement des graines, mais produisaient en même temps Teflet que nous avons si- gnalé pour le gaz oxigène pur, c'est-à-dire qu'elles épui- saient le jeune embryon et ne tardaient pas à le faire périr. La terre n'est ^a terre daus laquelle on place en général les graines, pas mdispensa- pour déterminer leur germination, n'est pas une condi- tion indispensable de leur développement, puisque tous les jours nous voyons des graines germer très-bien et avec beaucoup de rapidité sur des éponges fines, ou d'autres corps que l'on a soin d'imbiber d'eau. Mais cependant qu'on ne croie pas que la terre soit tout-à-fait inutile à la végétation -, la plante y puise par ses racines des sub- stances qu'elle sait s'assimiler, après les avoir converties en élémens nutritifs. Influence ne- ^a lumière , loin de hâter le développement des or- gative de la lu- g^ncs de l'embryou , le ralentit d'une manière manifeste. En effet, il est constant que les graines germent beaucoup plus rapidement à l'obscurité que lorsqu'elles sont expo- sées à la lumière du soleil. Du fluide e'iec- I-C fluidc élcctrique exerce une influence très-marquée tnçiue. g^^j. jgg phénomènes de la germination , comme au reste sur l'accroissement de toutes les autres parties du végé- tal. Les expériences de NoUet, de Jalabert, et dans ces derniers temps de Davy et de M. Becquerel, ne laissent aucun doute à ce sujet. Des graines de moutarde élec- GERaiINATIOX. 42^ trisécs par KoUet gerraèrent avec une grande rapidité, tandis que les mêmes graines placées dans les mêmes conditions , mais non soumises à l'action du fluide élec- trique , ne donnèrent dans le même espace de temps au- cun signe de développement. M. Eecquerel, à qui la chimie doit des découvertes du plus haut intérêt , et quL ont substitué en quelque sorte une nouvelle théorie chi- mique, celle de Félectricité, à celle des affinités chimi- ques, a fait un grand nombre d'expériences sur le même objet. En faisant usage de forces électriques extrêmement faibles, il a reconnu, comme Davy l'avait déjà annoncé, que des graines électrisées positivement germaient avec rapidité, tandis que celles qui étaient électrisées en sens contraire ne se développaient pas. Toutes les graines n'emploient pas un espace de temps Temps que ri 1 Ti A , , , , les eraines em- egal pour commencer a germer. 11 y a même a cet égard pioientpourger- les différences les plus tranchées: ainsi , il en est qui ger- '^^'^' ment dans un temps très-court. Le cresson alénois en deux jours-, l'épinard, le navet, les haricots en trois jours j la laitue en quatre jours-, les melons, les courges en cinq jours •, la plupart des Graminées en une semaine^ l'hysope au bout d'un mois. D'autres emploient un temps fort considérable avant de donner aucun signe de développement-, ce sont principalement celles dont l'é- pisperme est très -dur, ou qui sont environnées d'un en- docarpe ligneux , comme celles du pêcher, de l'aman- dier, qui ne germent qu'au bout d'un an-, les graines du noisetier, du rosier, du cornouiller, et d'autres encore , ne se développent que deux années après avoir été mises en terre. i^près avoir passé rapidement en revue les circonstan- Phenom'enes ces accessoires qui déterminent ou favorisent la germi- fermTnaaon. nation, étudions les phénomènes généraux de cette fonc- tionj après quoi nous donnerons quelques détails relatifs 426 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. aux particularités qu'elle présente dans les plantes mo- nocotylëdonées et dans les dicotylédone'es. Le premier effet apparent de la germination est le gonflement de la graine et le ramollissement des enve- loppes qui la recouvrent. Ces enveloppes se rompent au bout d'un temps plus ou moins long , variable dans les difierens végétaux. Cette rupture de l'épisperme se fait quelquefois d'une manière tout-à-fait irrégulière, comme dans les haricots, les fèves-, d'autres fois, au contraire, elle présente une uniformité et une régularité qui se re- produisent de la même manière dans tous les individus de la même espèce. C'est ce que l'on observe principale- ment dans les graines pourvues d'un emhryoléye , sorte d'opercule qui se détache de l'épisperme pour livrer pas- sage à l'embryon •, coihme , par exemple , dans Vephé- mere de Virginie {Trudescantia virg{nica),\dL comméline [Commelina commiinis), le daltier{J%œ)iijL' daclylifera), et plusieurs autres Monocotylédons. L'embryon, dès le moment où il commence à se déve- lopper, prend le nom àeflantule. On lui distingue deux extrémités croissant constamment en sens inverse •, l'une, formée par la gemmule, tend à se diriger vers la région de l'air et de la lumière*, on l'appelle caudex ascendant. L'autre , au contraire , s'enfonçant dans la terre , et sui- vant par conséquent une direction tout-à-fait opposée à celle de la précédente, porte le nom de caudex descen- dant. Elle est formée par le corps radiculaire. Dans le plus grand nombre des cas , c'est le caudex descendant ou la radicule qui, la première, éprouve les effets de la germination. On voit cette extrémité devenir de plus en plus saillante, s'alonger et constituer la racine dans les exorhizes. Dans les endorhizes, au contraire, la coléorJnze , poussée par les tubercules radicellaires qu'elle renferme, s'alonge quelquefois, et se prête à une GERMINATIOIf. 4^7 distension assez considérable avant de se rompre*, d'au- tres fois elle cède sur-le-champ , et laisse sortir les tu- ])ercules radicellaires qu'elle recouvrait. Pendant ce temps la gemmule ne reste pas inerte et stationnaire. D'abord cachée entre les cotylédons , elle se redresse, s'alonge, et cherche à se porter vers la su- perficie de la terre, quand elle y a été enfouie. S'il y a une coléoptile, elle s'alonge, se dilate-, mais, plus rapide dans son accroissement, la gemmule presse sur elle, la perce à sa partie supérieure et latérale , et se montre à l'extérieur. Quand le caudex ascendant commence à se développer au-dessous du point d'insertion des cotylédons, il les sou- lève, les porte hors de la terre. Ceux qui offrent ce phé- nomène sont alors appelés cotylédons épigés ^5 ils se dé- veloppent, quelquefois même s'amincissent, deviennent comme foliacés , et portent alors le nom de feuilles sé- minales. Si , au contraire , le caudex ascendant ne commence qu'au-dessus des cotylédons, ceux-ci restent cachés sous la terre, et, loin d'acquérir aucun accroissement, ils di- minuent de volume, se flétrissent et finissent par dispa- raître entièrement. On les nomme alors cotylédons hy- poqes'^. Quand une fois la gemmule est parvenue à l'air libre, les folioles qui la compos-^ntse déroulent, se déploient, s'étalent, et acquièrent bientôt tous les caractères des feuilles , dont elles ne tardent point à remplir les fonc- tions. • Dérivé de frc, sur, au-dessus, et de y,;, terre, c'est-à-dire s'é- levant au-dessus de la surface de la terre. * De virj, au-dessous, et de yjj , c'est-à-dire restant caché sous la terre. 428 ORGATVES DE LA FRUCTIFIGATIOIV. Mais quels sont les usages des parties accessoires de la graine, c'est-à-dire de répisperme et de l'endosperme? Usages de l'e- L'épisperme ou le tégument propre de la graine a pour pispenue. ta • ^ i usage d'empêcher l'eau ou les autres matières dans les- quelles une graine est soumise à la germination d'agir trop directement sur la substance même de l'embryon-, il remplit en quelque sorte Foffice d'un crible, à travers lequel ne peuvent passer que des molécules terreuses , fines et très-divisées. Duhamel, en effet, a remarqué que les graines que l'on dépouille de leur tégument propre se développent rarement , ou donnent naissance à des vé- gétaux grêles et mal conformés. De l'endo- L'orifjfine et les premiers usages de l'endosperme nous sperme. U r o 1. indiquent d'avance ceux que la nature lui a confiés lors de la germination. En cfiet, c'est lui qui fournit à la jeune plante sa première nourriture. Les changemens qu'il éprouve alors dans sa composition chimique, et la nature de ses'élémens, le rendent très-propre à cet usage. Sa fécule^ en absorbant de Toxigène , se transforme en sucre, et d'insoluble devient sol uble. Cependant fendosperme , dans quelques végétaux , est tellement dur et compacte , qu'il lui faut un long es- pace de temps pour se ramollir, et se résoudre en une substance plus ou moins fluide, qui puisse être ab- sorbée par l'embryon. Mais ce phénomène a toujours lieu. Si l'on prive ou isole un embryon de l'endosperme qui l'accompagne, il ne se développera aucunement. Il est donc évident que cet organe est intimement lié à son ac- croissement. Des cotylédons. Lcs cotylédons , daus beaucoup de circonstances , pa- raissent remplir des fonctions analogues à celles de l'en- dosperme -, aussi est-ce pour cette raison que le célèbre physicien, Charles Eounet^ les appelait les mamelles GERMIIfATIOX. 4^9 Vi'f/e'tales. Si Ton retranche les deux cotylédons d'un embryon, il se flétrira, et ne donnera aucun signe de développement. Si Ton n'en enlève qu'un , il pourra encore véj^éter , mais d'une manière faible et languis- sante, comme u.n être malade et mutilé. Mais un fait des plus remarquables, c'est que l'on peut impunément fendre et séparer en deux parties latérales un embryon dicotylédoné, celui du haricot, par exemple-, si chaque partie contient un cotylédon parfaitement en- tier, elle se développera aussi bien qu'un embryon tout entier^ et donnera naissance à un végétal aussi fort et aussi vigoureux. Enfin, comme le prouvent les expériences de MM. Des- fontaines , Thouin , Labillardière et Vastel, il suffit d'ar- roser les cotylédons pour voir tout l'embryon s'accroître et développer ses parties. La grande diflérence de structure qui existe entre les embryons monocotylédonés et les embryons pourvus de deux co,tylédons, influe d'une manière notable sur le mode de germination qui leur est propre. Aussi croyons- nous nécessaire d'en étudier séparément les phénomènes, afin de faire mieux connaître le mécanisme de cette fonction dans ces deux grandes classes. Nous commen- cerons par les embryons exorhizes ou dicotylédones , parce que c'est en eux qu'il est plus facile d'observer le développement successif des diiïérens organes qui les composent. §.1. Germination des Embryons exorhizes ou dicoty^ le'done's. Dans l'embryon dicotylédoné la radicule est, en gé- néral , conique et saillante. La tigelle est ordinairement , Ge'-minûiion ' '- *J ries einijrjoiis c} lindriciue ; la gemmule est nue et cachée entre la dicotyidiions. 43o ORGAJfES DE LA FRUCTIFICATION'. base des deux cotylédons , qui sont placés face à face et immédiatement appliqués l'un contre l'autre '. Telle est la disposition des parties constituantes de l'embryon avant la germination.Voyons les changemens qu'elles éprouvent quand cette fonction commence à s'exécuter. Pour mieux faire entendre ce que nous allons dire , prenons pour exemple le haricot , et suivons-le dans toutes les époques de son accroissement. Nous ver- rons d'abord toute la masse de la graine s'imprégner d'humidité , se gonfler; Tépisperme se déchirer d'une manière irrégulière. Bientôt la radicule , qui formait un petit mamelon conique , commence à s'alonger -, elle pénètre dans la terre , donne naissance à de petites ra- mifications latérales extrêmement déliées. Peu de temps après, la gemmule, qui jusqu'alors était restée cachée entre les deux cotylédons , se redresse , se montre à l'ex- térieur. La tigelle s'alonge , soulève les cotylédons hors de terre , à mesure que la radicule s'y enfonce et s'y ra- mifie. Alors les deux cotylédons s'écartent; la gemmule est tout-à-fait libre et découverte ; les petites folioles qui la composent s'étalent, s'agrandissent , deviennent vertes et commencent déjà à puiser dans l'atmosphère une partie des fluides qui doivent être employés à l'ac- croissement de la jeune plante. Dès-lors la germination est terminée, et la seconde époque de la vie du végétal commence. Quand l'embryon est endospermique, c'est-à-dire lors- qu'il est accompagné d'un endosperme , les phénomènes se passent de la même manière, mais l'endosperme n'ac- * Dans quelques cas fort rares , lesdeuxcotyl(5dons,au lieu d'être immédiatement appliqués face à face, sont manifestement écartés , et plus ou moins divergens. C'est ce que l'on observe, par exemple, dans les genres Monimia et Ruizia ou Boldea de la famille des Mo- nimiées. GERMINATION. 4^1 quiert aucun accroissement j on le voit au contraire se f ramollir et disparaître insensiblement. Quelques véfïétaux dicotylédones ont un mode parti- culier de germination. Ainsi , par exemple, on trouve fort souvent des embryons déjà germes dans l'intérieur de certains fruits, parfaitement clos de toutes parts. C'est ce que l'on observe assez fréquemment dans les fruits du citronnier , où il n'est pas rare de rencontrer plusieurs graines déjà en état de germination. Le même phénomène s'observe encore quelquefois dans certaines Cucurbitacées. Le manglier (JlhizojiJiora tnangle) , arbre qui habite les marécages et les rivages de la mer dans les régions équinoxialesj offre un genre particulier de germination qui n'est pas moins remarquable. Son embryon com- mence à se développer , tandis que la graine est encore contenue dans le péricarpe. La radicule presse contre le péricarpe, qu'elle use et finit par percer. Elle s'alonge à l'extérieur, quelquefois de plus d'un pied. Alors l'em- bryon se détache, en abandonnant le corps cotylédo- naire dans la graine -, il tombe -, la radicule la pre- mière s'enfonce dans la vase et continue de s'y déve- lopper. Dans le marronnier d'Inde ou hippocastane , dans le châtaignier, et quelques autres végétaux dicotylédones, les deux cotylédons , qui sont très-gros et très-épais, sont le plus souvent immédiatement soudés l'un avec l'autre. Voici alors comment s'opère la germination: laradicule, en s'enfonçant dans la terre, alonge la base des deux co- tylédons , et dégage ainsi la 'gemmule, qui ne tarde point à se montrer au-dessus de la terre*, mais les deux cotylédons ne sont pas entraînés par la gemmule , ils restent hypocjés. 432 ORGAJNES DE LA FRUCTIFICATION. §.2. Germination des Emhryons endorliizes ou jnono^ colylédonés. Germination Lcs eïTibiTons moiiocotylëdonés éprouvent en général des embryons moaocotyiedons moms Qc changemens , pendantla germination , quG ceux des plantes dicot) lédonées , à cause de l'uniformité de leur structure intérieure. En effet, ils se présentent fort souvent sous l'apparence d'un corps charnu, dans lequel on distingue aA^ec peine les organes qui le constituent. Aussi est-on obligé de soumettre à la germination les em- bryons endorliizes dont on veut bien connaître lastruc-' ture. C'est ordinairement , comme dans les dicotylédons , l'extrémité radiculaire qui se développe la première. Elle s'alonge, et sa coléorliize se rompt, pour laisser sortir le tubercule radicellaire qui se développe et s'enfonce dans la terre. Ordinairement plusieurs radicelles naissent des parties latérales et inférieures de la tigelle. Quand elles ont acquis un certain développement , la radicule principale se détruit et disparaît. Aussi les plantes mono- cotylédonées n'offrent-elles jamais de racine pivotante comme les végétaux dicotylédons. Le cotylédon, qui renferme la gemmule, s'accroît tou- jours plus ou moins avant d'être perforé par celle-ci. C'est le plus souvent par la partie latérale du cotylédon, presque jamais par son sommet, que sort la gemmule. En effet, elle est toujours plus rapprochée de l'un de ses côtés , et son sommet est constamment oblique. Lorsque la gemmule a perforé le cotylédon , celui-ci se change en une sorte de gaîne qui embrasse la gemmule à sa base. C'est à cette gaîne que l'on a donné le nom de coléopHle. Mais il arrive assez souvent qu'une partie du cotylédon reste engagée, soit dans rintérieurderendosperme, soit dans l'épisperme ; en sorte qu'il n'y a que la partie la CLASSIFICATIO> DES FRUITS. 433 plus voisine de la radicule qui soit entraînée au dehors par le développement de celle-ci. CHAPITRE YI. CLASSIFICATIOîf DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE FRUITS. Dans les chapitres précédens , nous avons étudié avec chssficiitioa quelques détails les différens organes qui entrent dans la ^'-«^^ ''"i'"- composition d'un fruit mûr et parfait. Nous avons fait voir qu'il était toujours composé de deux parties , le péricarpe et la graine. Nous devons maintenant faire connaître les diverses modifications que peut offrir le fruit , considéré dans son ensemble , c'est-à-dire dans la réunion des différentes parties qui le constituent. On conçoit qu'il doit exister un grand nombre d'es- pèces de fruits , toutes plus ou moins distinctes les unes des autres , quand on considère les variétés de forme, de structure , de consistance , le nombre variable et la po- sition respective des graines , etc. , que présentent les fruits. Aussi leur classification est-elle un des points les plus difficiles de la botanique. Malgré les efforts et les travaux d'un grand nombre de botanistes célèbres qui s'en sont spécialement occupés , la classification carpo- logique est encore loin d'être parvenue à ce degré d'exac- titude et de précision auquel sont arrivées la plupart des autres branches de la botanique. Quelques auteurs ont voulu réunir sous une dénomination commune des es- pèces essentiellement différentes par leur forme et leur structure ; d'autres , au contraire ;, en multipliant à l'in- fini le nombre des divisions , et les établissant sur des 434 ORGAlNlîS DE LA FRUCTIFICATION. caractères trop minutieux ou trop peu constans, ont éga- lement nui aux progrès de cette partie de la carpologie. Aussi ne ferons-nous connaître dans cet ouvrage que les espèces de fruits bien distinctes et bien caractérisées, que celles , en un mot , qui ont été consacrées par l'usage , ou adoptées par la plupart des botanistes. Simples, mui- Les fruits , cousidérés en général, ont été divisés de upi« ou com- p^^gjgjjj.g manières , et ont reçu des noms particuliers. Ainsi on appelle fruit simple celui qui provient d'un pistil unique, renfermé dans une fleur: tel est celui delà pêche , de la cerise , etc. On appelle, au contraire , fruit multiple celui qui provient de plusieurs pistils renfermés dans une même fleur : par exemple , la fraise , la fram- boise, celui des renoncules, des clématites, etc.-, enfin on donne le fiom de fruit composé à celui qui résulte d'un nombre plus ou moins considérable de pistils réunis, et souvent soudés ensemble, mais provenant tous de fleurs distinctes , très-rapprochées les unes des autres , comme celui du mûrier, de l'ananas, etc. Secs ou char- Suivaut la uaturc de leur péricarpe , on a distingué les fruits en secs et en charnus. Les premiers sont ceux dont le péricarpe est mince, ou formé d'une substance généralement peu fournie de sucs-, les seconds , au con- traire, ont un péricarpe épais et succulent, et leur sar- cocarpe est surtout Irès-développé : tels sont les melons, les pêches, les abricots, etc. Dehiscens ou Lcs fruits pcuvcnt rester parfaitement clos de toutes i.uiéhiscens. ^^^^^ ^ ^^ s'ouvrir cu un nombre plus ou moins grand de pièces nommées valves-, de là la distinction des fruits indéhiscens et des fruits déhiscens. Ces derniers , quand ils sont secs, portent également le nom de fruits cap- sulaires. Nous avons déjà dit précédemment qu'en général le nombre des valves était le même que celui des loges -, CLASSIFICATION DES FRUITS. 4^5 qu'ainsi uii fruit à deux loges s'ouvrait en deux valves, un fruit à trois loges en trois Valves , et ainsi de suite. Selon le nombre de graines qu'ils renferment , les fruits oiigospermes sont divisés en oligospermes et enpofyspermes. Les fruits •'"l'^^n'e"""» oligospermes sont ceux qui ne contiennent qu'un nombre peu considérable de graines , nombre qui est le plus sou- vent exactement déterminé. De là les épitliètes de ?nono- sper'me , disperme , trîsperme , télrasperme , p enta- sperme, données au fruit, pour exprimer que le nombre de ses graines est un, deux, trois, quatre, cinq, etc. Les fruits polyspe-rmes sont tous ceux qui renferment un nombre considérable de graines que l'on ne veut pas dé- terminer. 11 y a des fruits dans lesquels le péricarpe a si peu d'é- p.euJos.ermes. paisseur, et contracte une telle adhérence avec la graine, qu'il se soude et se confond avec elle. Linnœus regardait ces fruits comme des graines nues : on leur a donné le nom àe pseudospermes : tels sont ceux des Graminées, des Labiées , des Synanthérées , etc. Il est très-important de bien connaître et de pouvoir distinguer les différentes espèces de fruits. En effet, cet organe sert fort souvent de base à la disposition des plantes en familles naturelles ; et les caractères que l'on retire de son examen approfondi conduisent en général aux résultats les plus heureux dans la classification mé- thodique des végétaux. Pour simplifier l'étude de la nomenclature des fruits , nous les diviserons en trois classes. Dans la première nous réunirons tous les fruits simples, c'est-à-dire tous ceux qui proviennent d'un seul pistil renfermé dans une fleur. Nous subdiviserons cette classe en deux sections , dans l'une, desquelles seront placés les fruits secs , et dans la seconde les fruits charnus. La seconde classe renfer- mera les fruits produits par la réunion de plusieurs pis- 456 ORGA^ES DE LA FRUCTIFICATION. tils dans une même fleur, c'est-à-dire les fruits mul- tiples. Enfin, dans la troisième classe nous traiterom des fruits composés, ou de ceux qui sont formés par plusieurs flemrs d'abord distinctes qui se sont soudées de manière à ne constituer par leur réunion qu'un même fruit. CLASSIFIGITIOS DES FRUITS. 4^7 PREMIÈRE CLASSE. DES FRUITS SIMPLES. SECTIOiX I. FRUITS SECS. §. 1. Fruits secs et indéhiscens. Les fruits secs et indéhiscens sont ordinairement oli- Fruits sec- loges sont tellement écartées les unes des autres , qu'elles semblent constituer autant de fruits séparés, et que le stjle paraît naître immé- diatement du disque ou gynobase , par suite de la dépression considé- rable que l'axe du fruit a éprouvée. T el est le fruit des Labiées , des Borraginées , qui est forme de quatre akènes réunis à leur base sur un réceptacle commun , celui des Simaioubccs, etc. ( Foy. fig. 146. ) 44o ORGiWNES DE LA FRUCTIFIGATIOX. Secs el cens. §. 2. Fruits secs et déhiscens. dehis- ^^^ fruits secs et déhiscens sont le plus souvent poly- spernies; le nombre des valves et des loges qui les com- posent est très- variable. On les désigne, en général, par le nom de fruits capsulaires. i". l^eJoUicule (foUiculus) , fruit géminé ou solitaire rig- 147- par avortement , ordinairement membraneux, uniloculaire , univalve, s'ouvrant par une su- ture longitudinale, à laquelle s'attache inté- rieurement un trophosperme suturai , qui quel- quefois devient libre par la déhiscence du pé- ricarpe. Rarement les graines sont attachées aux deux bords de la suture. Cette espèce de M| fruit est propre à la famille des Apocynées, tels qu'au laurier-rose (Neriwnx oleanderj , à V^s- clepias syriaca , au dample-^venin ( Aselepias vincefo.ï iciwi),k beaucoup de Renonculacées , tels que les aconits, hellébores, pieds-d'alouette, etc. [Voy, fig- 147'} 2°. La Sïlique (siliqua), fruit sec, alongé , bivalve, *4^- dont les graines sont attachées à deux tro- pliospermes suturaux. Elle est ordinaire- ment séparée en deux loges par une fausse cloison parallèle aux valves , qui n'est qu'un prolongement destrophospermes, et quiper-|p siste souvent après la chute des valves. Ce fruit appartient aux iCrucifèresj exemple : la giroflée, le choux, etc. (/oj. fig. 148O Quelquefois la silique est indéhiscente ; comme dans le radis j d'autres fois elle se rompt en un certain nombre de pièces ar- ticulées les unes sur les autres. CLASSIFICATIOK DES FRUITS. 44l 5°. I.a sîlicule (sUicuia) diffère à peine de la précé- ^'S •''is- dente. On donne ce nom à une si- liquedont la hauteur n'est pas quatre fois plus considérable que la largeur. La silicule ne contient quelquefois qu'une ou deux graines. Tels sont les fruits des Thlaspi, des Lepidium, des Isatis , etc. {^oy. fig. i49') Elle appartient également aux plantes crucifères. 4°. La gousse f ou légume (leyumen)^ est un fruit sec, Fig. i5o. bivalve , dont les graines sont atta- chées à un seul trophosperme , qui suit la direction de l'une des sutures. Ce fruit appartient à toute la famille des Légumineuses , dont il forme le prin- cipal caractère : par exemple , dans les pois , les fèves , les haricots , etc. ( P oy. fig. i5o. ) La gousse est naturellement unilocu- lairej mais qvielquefois elle est parta- gée en deux ou un plus grand nombre de loges par de fausses cloisons : ainsi elle est bilocu- laire dans l'astragale. Dans les casses , la gousse est séparée en un nombre considérable de loges par des diaphragmes ou fausses cloi- sons transversales. Ce carac- tère appartient à tout le genre Cassia. {Voy. fig. 1 5 1 .) Quelquefois la gousse sem- ble être formée de pièces ar- ticulées -, on dit alors cfu'eUe est hmentacée , comme Fi". i52. 44^ ORGAINES DE LA FRUGTIFIGATIOPf. dans les genres Hippocrepis , Hedysarum, etc. {Foy, lig. i52 .) D'autres fois la gousse est enflée, vésiculeuse, à parois minces et demi-transparentes , comme dans les bague- naudiers (Colutea), Le nombre des graines que renferme la gousse varie beaucoup. Ainsi il y en a une seule dans le Medicago lu- pulina, deux dans les véritables Ervum, , de six à dix dans le pois , un très-grand nombre dans la casse. Quelquefois la gousse est tout-à-fait indéhiscente , comme dans le Cassiajistula et d'autres espèces du même genre ; mais ces variétés sont rares, et ne détruisent pas les caractères propres à cette espèce de fruit. b^. La pyxide (pyxidiuvi, Erb.) est un fruit capsu- laire, sec, ordinairement globuleux , s'ouvrant par une scissure transversale , en deux valves hémi- sphériques superposées. C'est ce que l'on observe dans le pourpier, le mouron rouge et blanc , la jusquiame , etc. Les auteurs la désignent communément par le nom de boîte à savonnette ( Capsula circumscissa , L. ) (Toy. fig. i53.) 6°. Vélatérie {eîaterium, Rich.), fruit souvent relevé de côtes , se partageant naturellement à sa maturité en autant de coques distinctes s'ouvrant longitudinalement, qu'il présente de loges , comme dans les Euphorbiacées. (Voy. fig. 154.) De là les expressions de iricoque, multi- coque , données à ce fruit. Ordinairement ces coques sont réunies par une colu- molle centrale qui persiste après leur chute. CLASSIFICATION DES FRUITS. 44^ 7". La capsule (^capsula) ; on donne ce nom général à tous les fruits secs et déhiscens qui ne peuvent être rap- portés à aucune des espèces précédentes. On conçoit d'a- près cela que les capsules doivent être extrêmement va- riables. Ainsi il y a des capsules qui s'ouvrent par des pores Fig. i55. ou trous pratiqués à leur partie supé- rieure -, telles sont celles des pavots , des ^n- tirrhinum. D'autres fois ces pores sont situés vers la base de la capsule. Plusieurs ne sont déhiscentes que par leur sommet , fermé par des dents rapprochées , qui s'écartent lors de la parfaite maturité. C'est ce que -l'on remarque dans beaucoup de genres de la fa- mille des Caryophyllées. {P^oy. fig. i55.) Suivant le nombre des valves , la capsule est bivalve , trivalve 5 quadrivalve , siiultivalve. La déhiscence valvaire, peut être locuiîcide (voy. Fig. i56. ■' Fig. 157. Fig. i58. fig. 1B6), sepficlde (ÛQ. i57)ouseptifrage. {Foy. fig. i58.) Nous avons défini ces trois modes , page 382. SKCTION II. FRUITS CHARNUS. Les fruits charnus sont indéhiscens. Leur péricarpe est Fruits épais et pulpeux; ils renferment un nombre de graines variable. Les espèces principales sont : thariius.. 444 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. 1°. La drupe {drupa) est un fruit charnu qui renferme un noyau dans son intérieur. Ce noyau est formé par l'endocarpe en- durci et ossifié , auquel s'est joint une partie plus ou moins épaisse du sarcocarpe , comme , par exemple , dans la pêche , la prune , la cerise , etc. {Foy. fig. 169. ) 2°.Lawo2^(wM^)ne diffère de la drupe que par l'épais- seur moins considérable de son sarcocarpe, qui porte alors le nom de Irou [naucuni) : tel est le fruit de l'amandier {Jmyfjdalus commuitis), le fruit du noyer {Juglansregià), que l'on désigne même par le nom de 7ioij? proprement dite. 5^^. Le nuculaine [nue ulamum , ^ich.) est un fruit charnu, renfermant dans son intérieur plusieurs petits noyaux , qni^oxientle nom de 7iucules (nucidœ , Rich.): tels sont les fruits du sureau, du lierre , des Rhaninées , du sapotilier (^Achras Sapota). 4°' La halauste (^halausta), fruit pluriloculaire, poly- sperme , provenant toujours d'un ovaire véritablement infère, et couronné par les dents du calice , comme celui du grenadier et de toutes les véritables Myrtées. 5°. La. peponîde (jjeponlda, Rich.), fruit charnu, indé- hiscent ou ruptile , à plusieurs loges éparses dans la pulpe , renfermant chacune une graine qui est tellement soudée avec la membrane pariétale interne de chaque loge, qu'on parvient difficilement à l'en séparer. Ce fruit se remarque dans le melon , le potiron , et les autres Cu- curbitacées , les Nymphéacées et les Hydrocharidées. Il arrive quelquefois que le parenchyme cliarnu qui occupe le centre de la péponide se rompt et se déchire par l'accroissement rapide du péricarpe. Dans ce cas, la partie centrale est occupée par une cavité irrégulière , CLASSIFIGATIOIf DES FRUITS. 44^ que l'on a , mais à tort , regardée comme une véritable loge : c'est ce que l'on observe surtout dans le potiron [Pepo macrocarpus). Mais si l'on y fait quelque atten- tion , on verra que cette prétendue loge n'est nullement tapissée par une membrane pariétale interne, c'est-à-dire un endocarpe-, ce quidémontre évidemment que cette ca- vité n'est qu'accidentelle , et ne constitue point une vé- ritable loge. En efifet , elle n'existe point dans toutes les espèces j et quand elle s'y montre , ce n'est que vers l'épo- que de leur maturité. On peut voir dans la. pastèque onmelotiiTeau ( Cucur- hita cîtrulluSf L.) la véritable organisation de la pépo- nide. Dans cette espèce, la partie centrale reste constam- ment pleine et charnue à toutes les époques de son dé- veloppement. Chaque graine est renfermée dans une loge particulière , avec les parois de laquelle elle ne contracte d'autre adhérence que par son point d'attache ousonhile. Il semble, dans ce cas , que la nature qui, dans presque toutes les autres espèces de cette famille , altère et mo- difie plus ou moins la véritable structure de ce fruit , ait voulu , en quelque sorte , en ménager un qui put faire connaître le type naturel et primitif des autres. 6^ .Vhesperidie {hesperidium. Desvaux), fruit charnu^, dont l'enveloppe est très-épaisse j divisé intérieurement on plusieurs loges par des cloisons membraneuses , qu'on peut séparer sans aucun déchirement , comme dans l'orge, le citron, etc. 7°. habaie (i&aeca) . Sous ce nom général on comprend tous les fruits charnus , dépourvus de noyau , qui ne font pas partie des espèces précédentes : tels sont, par exem- ple, les fruits du raisin, les groseilles , les tomates , etc. 446 ORGAHES i)E LA FRUCTIFIC VTIOK. DEUXIÈME CLASSE. DES FRUITS MULTIPLES. Les fruits multiples sont ceux qui résultent de la réunion de plusieurs pistils renfermés dans une même fleur. Le syncarpe (syncarpium , Rich.) , fruit multiple, pro- venant de plusieurs ovaires appartenant à une même fleur, soudés et réunis ensemble , quelquefois même avant la fécondation : par exemple , ceux des Magnolia, des Anona, etc. La nature de chacun de ces petits péricarpes , pris séparément , est très-différente. Ainsi , dans les Magno- lia , ce sont des espèces de petites capsules uniloculaires, s'ouvrant par une fente longitudinale. Dans les ^wo^a , ce sont des péricarpes charnus , tous intimement soudés et tout-à-fait indéhiscens. La mélonîde Çnielonida , Rich.) est un fruit charnu . provenant de plusieurs ovaires parié- taux réunis et soudés avec le tube du calice , qui , souvent très-épais et charnu , se confond avec eux, comme dans la poire, la pomme , la nèfle , le rosier, etc. {Foy. fig. 160.) Dans la mélonide , la partie réelle- ment charnue du fruit n'est pas formée par le péricarpe lui-même; elle est due à un épajssissement considérable Fi?. 160. CLASSIFICATION DES FRUITS. 44/ du calice : c'est ce que l'on peut voir facilement quand on suit avec attention le développement de ce fruit. L'endocarpe qui revêt chaque loge d'une mélonide est cartilagineux ou osseux: dans ce dernier cas, il y a autant de nucules que d'ovaires , comme dans la nèfle •, ce qui fait qu'on a distingué la mélonide en deux variétés , savoir : 1°. 3Iéionide à nucules, celles dont l'endocarpe est osseux, comme dans le il/é'.s^Jïïi^.?;, le Cratœgus. ■2^. Mélonide à pépins, celle dont l'endocarpe est simplement cartilagineux , comme dans la poire , la pomme, etc. La mélonide appartient exclusivement à la famille des Rosacées , dans laquelle elle est associée à quelques autres espèces de fruits , qui n'en sont souvent que des variétés. Cette espèce de fruit a jusqu'ici été fort mal définie par les auteurs , puisqu'on la décrit comme provenant d'un ovaire infère , multiloculaire , à loges distinctes. Mais nous avons déjà démontré précédemment la grande différence qui existe entre l'ovaire vraiment infère et l'ovaire simplement pariétal. L'inférité de l'ovaire en ex- clut toujours la pluralité dans la même fleur. Or, dans la plupart des vraies Rosacées, il y a plusieurs pistils, dont on peut suivre graduellement les différens degrés d'adhérence latérale avec la paroi interne du calice. Ainsi , par exemple , dans le genre Rosa , les pistils , qui sont au nombre de douze ou quinze, ne tiennent aux pa- rois du tube calycinal que par un petit pédicule de la base de leur ovaire. Dans les genres de Cratœgus et Mes- pilus les ovaires sont soudés avec le calice par tout leur côté externe. Dans les genres Pyrus , Malus , etc. , ces ovaires sont non-seulement unis par leur côté extérieur avec le calice , mais se soudent entre eux par tous les au- 448 OKGAKES DE LA TRUBTIFICATIOK. très points. Cependant il arrive quelquefois , dans cer- taines poires , que les ovaires restent distincts par leur côté interne , en sorte qu'on trouve au centre du fruit une cavité plus ou moins grande. Le fruit du fraisier, du framboisier (voy, fig. 161) , Fig. 161. est formé d'un nombre plus ou moins con- sidérable de véritables petites drupes , dont T|y^ri le sarcocarpe est très-mince , mais cepen- |s^^ dant très-manifeste dans la framboise , réu- nies sur un gynophore charnu, plus ou moins développé. Plusieurs petits akènes réunis constituent le fruit des renoncules, etc. CLASSIFICATION DES FRUITS. 449 TROISIÈME CLASSE. DES FRUITS AGREGES OU COMPOSES. Fig. 162, On donne ce nom à ceux qui sont formés d'un nom- bre plus ou moins considérable de petits fruits rappro- chés , et souvent réunis et soudés ensemble , provenant tous de fleurs d'abord distinctes les unes des autres , mais qui forment un ensemble ou une réunion considéré généralement comme un seul fruit -, tels sont : 1*^. Le cône ou strohiLe (^conus , s(robilus) , fruit composé d'un grand nom- bre d'utricules membra- neuses, cachées dans l'ais- selle de bractées ligneuses , déforme variée, très-déve- loppées, sèches, et disposées en forme de cône : tel est le fruit des pins , des sapins , de l'aune , du bouleau , etc. (Poy. fig. 162. ) 2°. hesorose. M. Mirbel donne ce nom à la réunion de plusieurs fruits soudés F^i63. en un seul corps par l'intermédiaire de leurs enveloppes florales, charnues, très-dévelop- pées et entre-grefiées , de manière à ressembler à une baie mamelonnée: tel est le fruit du mûrier, de l'ananas, etc. {Foy. fig. i65.) 3^ hesycône. Sous ce nomM. Mirbel désigne Partie. *9 45o ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. le fruit du figuier {voy. fi}>. 164), de VJmbora et du Fig. 164. Dorstenia. Il est formé par un invo- lucre monopliylle , charnu à son inté- rieur , ayant la forme aplatie , ou ovoïde et fermée , et contenant un {>rand nombre de petites drupes, qui proviennent d'autant de fleurs fe- melles. Dans les vingt-cinq espèces de fruits dont nous venons de donner les carac- tères abrégés, se trouvent à peu prés réunis tous les types auxquels on peut rapporter les nombreuses variétés que cet organe peut offrir dans les végétaux. Ce tableau est loin d'être complet. Cette partie de la botanique exige encore de longs et de pénibles travaux , une analyse soi- gnée et scrupuleuse , avant d'arriver à un état tout-à-fait satisfaisant. Notre intention n'a été ici que de présenter les espèces les mieux connues et les mieux déterminées , afin de ne point jeter du vague ni de l'obscurité sur un sujet déjà si difficile par lui-même. Pour terminer tout ce qui a rapport aux organes de la fructification , il nous reste encore à parler de la dissé- mination , et des différens avantages que la médecine , les arts et l'économie domestique , peuvent retirer des fruits et des différentes parties qui les composent. CHAPITRE VII. DE lA DISSÉMINATION. Lorsqu'un fruit est parvenu à son dernier degré de maturité, il s'ouvre j les différentes parties qui le com- posent se désunissent , et les graines qu'il renferme rom- DISSÉftIINATION. 4^1^ penl bientôt les liens qui les retenaient encore dans la cavité où elles se sont accrues. On donne le nom de dis- sémination à cette action par laquelle les graines sont naturellement dispersées à la surface de le terre , à l'épo- que de leur maturité. La dissémination naturelle des graines est, dans l'état sauvage des végétaux , l'agent le plus puissant de leur reproduction. En effet, si les graines contenues dans un fruit n'en sortaient point pour être dispersées sur la terre et s'y développer, on verrait bientôt des espèces ne plus se reproduire, des races entières disparaître-, et, comme tous les végétaux ont une durée déterminée, il devrait nécessairement arriver une époque où tous auraient cessé de vivre, et où la végétation aurait pour jamais disparu de la surface du globe. Le moment de la dissémination marque le terme de la vie des plantes annuelles. En effet, pour qu'elle ait lieu, il est nécessaire que le fruit soit parvenu à sa ma- turité, et qu'il se soit plus ou moins desséché. Or, ce phénomène n'arrive, dans les herbes annuelles, qu'à répoque où la végétation s'est entièrement arrêtée chez elles. Dans les plantes ligneuses , la dissémination a tou- jours lieu pendant la période du repos que ces végétaux éprouvent lorsque le cambium s'est épuisé à donner nais- sance aux feuilles et aux org^anes de la fructification. La fécondité des plantes , c'est-à-dire le nombre éton- nant de germes ou de graines qu'elles produisent , n'est point une des causes les moins puissantes de lem' facile leproduction et de leur étonnante multiplication. Rai a compté 32,000 graines sur un pied de pavot, et jusqu'à 5 60,000 sur un pied de tabac. Or, qu'on se figure la pro- gression toujours croissante de ce nombre , seulement à la dixième génération de ces végétaux , et l'on concevra 452 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. avec peine que toute la surface de la terre n'en soit point recouverte. Mais plusieurs causes tendent à neutraliser en partie les effets de cette surprenante fécondité , qui bientôt nui- rait, par son excès même , à la reproduction des plantes. En effet, il s'en faut que toutes les graines soient mises par la nature dans des circonstances favorables pour se développer et croître. D'ailleurs, un grand nombre d'a- nimaux, et l'homme lui-même, trouvant leur princi- pale nourriture dans les fruits et les graines , en détrui- sent une innombrable quantité. Plusieurs circonstances favorisent la dissémination naturelle des graines. Les unes sont inhérentes au péri- carpe •, les autres dépendent des graines elles-mêmes. Ainsi , il y a des péricarpes qui s'ouvrent naturelle- ment avec une sorte d'élasticité , au moyen de la quelle les graines qu'ils renferment sont lancées à des distances plus ou moins considérables. Les fruits d'un grand nom- bre d'Euphorbiacées , ceux du sablier, par exemple ( Hura crepitans ) , du Dionœa muscipula , de la fraxinelle , de la balsamine , disjoignent leurs valves rapidement et par une sorte de ressort, en projetant leurs graines à quelque distance. Le fruit de V Echallium, dater ium , à l'époque de sa maturité , se détache du pé- doncule qui le supportait, et par la cicatrice de son point d'attache, lance ses graines avec une rapidité éton- nante. Il y a un grand nombre de graines qui sont minces et légères , et peuvent être facilement entraînées par les vents. D'autres sont pourvues d'appendices particuliers en forme d'ailes ou de couronnes , qui les rendent plus légères en .augmentant par ce moyen leur surface. Ainsi les érables, les ormes, un grand nombre de Conifères ont leurs fruits garnis d'ailes membraneuses, qui servent DISSÉMINATION. 4^3 à les faire transporter par les vents à des distances con- sidérables. La plupart des fruits de la vaste famille des Synan- thérées sont couronnés d'aigrettes , dont les soies fines et délicates , venant à s'écarter par la dessiccation , leur servent en quelque sorte de parachute pour les soutenir dans les airs. Il en est de même des valérianes. Les vents transportent quelquefois à des distances qui paraissent inconcevables les graines de certaines plantes. \JEriyeron canadense inonde et désole tous les champs de l'Europe. Linnœus pensait que cette plante avait été transportée d'Amérique par les vents. Les fleuves et les eaux de la m«r servent aussi à l'émi- gration lointaine de certains végétaux. Ainsi l'on trouve quelquefois sur les côtes de la Norwège et de la Finlande des fruits du Nouveau-Monde apportés par les eaux. L'homme et les difïérens animaux sont encore des moyens de dissémination pour les graines : les unes s'at- tachent à leurs vêtemens ou à leurs toisons, au moyen des crochets dont elles sont armées, tels que celle des grate- rons, des aigremoines-, les autres, leur servant de nour- riture, sont transportées dans les lieux qu'ils habitent, et s'y développent lorsqu'elles y ont été abandonnées et qu'elles se trouvent dans des circonstances favorables. Usages des Fruits et des Graines. C'est dans les fruits , et surtout dans les graines d'un grand nombre de végétaux , que sont contenues les sub- stances alimentaires les plus riches en principes nutritifs, et souvent des médicamens doués de vertus très-énergi- ques. La famille des Graminées est sans contredit une de celles dans lesquelles l'homme trouve la nourriture la plus abondante, et les animaux herbivores leur pâture la plus habituelle. Qui ne connaît , en effet , l'usage général 454 ORGANES DE LA FRUGTIFICATIOIN . que toutes les nations civilisées de FEurope et des autres parties du monde font du pain? Or, cet aliment par ex- cellence n'est-il point fabriqué avec l'endosperme farineux du blé, du seigle, de l'orge, et d'un grand nombre d'au- tres Graminées ? Le riz , le maïs, sont pour les habitans des contrées chaudes la base de leur alimentation. A ces titres, cette famille naturelle de plantes n'est-elle point pour l'homme une des plus intéressantes du règne vé- gétal? Les péricarpes d'un grand nombre de fruits sont des alimens aussi agréables qu'utiles. Tout le monde connaît les usages économiques auxquels on emploie beaucoup de fruits charnus , tels que les pêches , les pommes , les melons, les fraises , les groseilles, etc. Le péricarpe charnu de l'olivier (Olœa europœa) four- nit l'huile la plus pure et la plus estimée. C'est un fait assez rare qu'un péricarpe fournissant une huile grasse -, car ce sont en général les graines qui sont oléagineuses. Cependant indépendamment des olives on peut encore citer les fruits des lauriers et de quelques cornouillers. C'est avec le suc qiie l'on retire par expression des fruits de la vigne, soumis à la fermentation spiritueuse, que l'on fait le vin , cette boison si utile à l'homme , quand il en sait faire un usage modéré. Plusieurs autres fruits, tels que les pommes, les poires, les sorbes, etc. , fournissent encore des liqueurs fermentées qui servent de boisson habituelle à des provinces et à des nations entières. Dans l'intérieur de plusieurs péricarpes de la famille des Légumineuses on trouve une substance acidulé ou douceâtre, quelquefois nauséabonde, qui jouit de pro- priétés laxatives, comme on l'observe dans la casse, le tamarin, les caroubes, les follicules du séné, etc. DISSÉMINATION. ^55 Les dalles, les figues, les jujubes, les raisins secs sont des subslanoes alimenlaires, remarquables par la grande quantilé du principe sucré qu'elles renferment. Les fruits du citronnier et de l'oranger contiennent de l'acide citrique presque à l'état de pureté. Les petits nuculaines de nerprun [Rhamnus catharti- cus) sont très-purgatifs. Les graines ne sont pas moins riches en principes nu- tritifs que les péricarpes. En effet, celles des plantes cé- réales ou graminées, d'un gTand nombre de Légumineu- ses, etc. , contiennent une quantité considérable de fécule amylacée , qui leur donne une qualité nutritive très-pro- noncée. Les graines de lin, de cognassier, du psyllium, renfer- ment aussi un principe mucilagineux très-abondant : aussi sont-elles essentiellement émoUientes. Un grand nombre de graines et de péricarpes se dis- linguent par un principe stimulant très-aromatique : tels sont ceux d'anis {Pimpinella anisiim), de fenouil {Atietkum fœniculum), de coriandre {Corîandrum sa- tivum), de carvi {Carmn carvi), qui ont reçu le nom de semences carminatives. D'autres au contraire sont appelées semences /»-o/c?^5, à cause de l'action émolliente et sédative qu'elles exercent sur l'économie animale : tels sont celles de la calebasse {Cucurhita lugenaria), du concombre (Cucumis sativus), du melon {Cucumis melo), de la citrouille {Cucurhita citruUus.) Les semences carminatives appartiennent toutes à la famille des Ombellifères. C'est la famille des Cucurbi- tacées qui fournit les semences froides. Qui ne connaît l'usage habituel que font tous les peuples civilisés des graines torréfiées du café , du ca- cao, etc.? On retire des graines de l'amandier, du noyer , du 456 ORGANES DE LA FRUCTIFICATION. hêtre, du ricin, du chenevis, du pavot , du colza , etc., une huile abondante qui jouit de propriétés modifiées dans chacun de ces végétaux par son mélange avec d'autres substances. Les graines du rocou (Bixa orellana) servent à tein- dre en rouge brun. Nous ne finirions pas si nous voulions énumérer ici tous les avantages que l'homme peut retirer des fruits en général, ou des parties qui les composent. Mais un pareil travail nous éloignerait trop de notre objet. Nous avons seulement voulu indiquer, quoique bien incomplète- ment , les usages nombreux des fruits et des graines , soit dans l'économie domestique , soit dans la thérapeu- tique. Ici se termine tout ce qui a rapport à la partie de la botanique, que nous avons désignée par le nom d'Or- ganographie. Nous y avons donné la description de tous les organes des végétaux phanérogames , et des fonctions qu'ils remplissent. Nous allons maintenant faire con- naître les diverses méthodes de classification qui ont été proposées pour ranger et coordonner la quantité innom- brable de plantes déjà connues et décrites par les difFé- rens auteurs. C'est à cette partie de la botanique l'on a donné le nom de Taxonomie. Elle forme l'objet de la seconde partie. DE LA TAXONOMIE, ou DES CLÂSSIFICiiTIONS BOTANIQUES EN GÉNÉRAL. Nous avons déjà vu dans l'inlroduction de cet ouvrage que sous le nom de taxonomie on désigne celte partie de la botanique générale qui a pour jobjet l'application des lois de la classification au règne végétal. A l'époque où les sciences n'étaient encore qu'à leur berceau , c'est-à-dire quand un petit nombre de faits en composait tout le domaine , ceux qui se livrai^Jjfe. l'étude de ces sciences n'avaient besoin que de fort peu d'efforts, et seulement d'une mémoire assez heureuse, pour em- l)rasser la connaissance parfaite , et retenir les noms de tous les êtres à l'étude desquels ils s'étaient livrés. Aussi les premiers philosophes qui s'occupèrent de la botanique parlent-ils des plantes, sans adopter aucun ordre, aucune méthode d'arrangement. D a temps de Théophraste, par exemple , qui le premier écrivit spécialement sur les vé- gétaux , les fonctions des organes étaient méconnues , les genres , les espèces entièrement confondus , leurs carac- tères distinctifs ignorés-, en un mot, quoiqu'on puisse dire que ce philosophe ait commencé à écriresurla botanique, ou peut également assurer que cette science n'existait point encore de son temps. Les caractères des plantes ne reposaient que sur des connaissances empiriques ou de 2* Partie, ! 2 TAXONOMIE. simples traditions •, car le nombre en était alors si borné , qu'il était facile de les connaître toutes individuellement , sans qu'il fût nécessaire de les distinguer autrement que par un nom particulier à chacune d'elles , mais auquel ne se rattachait aucune idée de caractère ou de compa- raison. Tel fut l'état de la botanique pendant un grand nombre de siècles , où , intimement unie à la médecine , elle ne trouvait place que dans les ouvrages de ceux qui écrivaient sur l'art de guérir. Mais quand, par des recherches mieux dirigées et des voyages lointains , le nombre des êtres dont s'occupe l'his- toire naturelle devint plus grand , on sentit la nécessité de mettre plus de précision dans le nom de ces différens objets, de les distinguer par quelques caractères, afin de pouvoir les reconnaître. Bientôt la mémoire ne put re- tenir seule les noms d'un si grand nombre d'êtres , pour la plupart nouveaux et inconnus jusqu'alors. Ce fu^dès cette époque que l'on commença à sentir la nécessit^ÉÉ;, disposer les objets dans un ordre quelconque qui pût en faciliter les recherches , en donnant les moyens d'aiTÎver plus promptement et avec plus de sûreté aux noms qui avaient été donnés à chacun d'eux. Mais ces arrangemens , d'abord purement empiriques , ne doivent point être regardés comme de véritables mé- thodes. En effet, ils n'étaient nullement fondés sur des connaissances tirées des caractères propres à chacun de ces êtres , et qui pussent servir à les distinguer les uns des autres , mais appuyés seulement sur quelques circonstances extérieures, et souvent étrangères à la nature même de l'objet. Ainsi l'ordre alphabétique suivant lequel on rangea les végétaux ne pouvait avoir d'avantage que pour ceux qui les connaissaient déjà, mais qui voulaient se livrer à des recherches particulières sur quelques-uns d'entre eux. Il en est de même de l'arrangement fondé sur les pro- DES CLASSIFICATIONS EN GENERAL. 0 priétés économiques ou médicales des plantes , qui suppo- sent toujours la connaissance préalable des vertus de la plante dont on veut trouver le nom. On pense bien que sur de semblables bases ne devaient s'élever que des classifications aussi fautives qu'impar- faites , puisqu'elles reposaient , en général , sur des con- naissances étrangères à la nature et à l'organisation des végétaux. Elles ne pouvaient donc en donner aucune idée satisfaisante. L'expérience fit bientôt sentir la nécessité de tirer de l'organisation même des plantes , et des parties qui les composent, les caractères propres à les faire connaître et à les distinguer. Ce fut dès cette époque que la botanique devint réellement une science •, car ce fut alors que l'on commença à étudier l'organisation des végétaux pour pouvoir en tirer les caractères propres à les faire con- naître et à les distinguer. Dès-lors les méthodes furent réellement créées. Mais comme le nombre des organes des végétaux est assez considérable, le nombre des méthodes fut également très- grand, parce que chaque auteur crut reconnaître dans l'an d'eux la base la plus solide d'une bonne classifica- ( ion . Ainsi , les uns fondèrent leur méthode sur la considé- ration des racines et de toutes les modifications qu'elles peuA'Cnt offrir-, les autres, siu' les tiges-, ceux-ci sur les feuilles-, ceux-là sur l'inflorescence , etc. Dans le seizième siècle , Gessner, né à Zurich , fut le premier qui démontra que les caractères tirés de la fleur et du fruit étaient les plus certains et les plus importans pour arriver à une bonne classification des végétaux. Il fit de plus entrevoir qu'il existe dans les plantes des grou- pes composés de plusieurs espèces réunies par des carac- tères communs. Cette première idée de la réunion des vé- 4 TAXONOMIE. gétaux en genres eut la plus grande influence sur les pro- grès ultérieurs de la botanique. Peu de temps après, Cœsalpin, né en 1 619 , à Arezzo en Toscane , donna le modèle de la première méthode botanique. En effet, toutes les espèces y sont rangées d'après la considération des caractères que Ton peut tirer de la plupart des organes des végétaux , tels que leur du- rée, la présence ou Tabsence des fleurs, la position des graines , leur adhérence avec le calice , le nombre et la situation des cotylédons , etc. L'invention d'une sembla- ble méthode, tout imparfaite qu'elle est, doit être consi- dérée comme le premier aperçu d'une classification na- turelle. Cependant les découvertes nouvelles allaient toujours augmentant le nombre des végétaux connus , et chaque jour les ouvrages existans devenaient de plus en plus in- sufEsans. Plusieurs auteurs, parmi lesquels on doit citer avec éloges les deux frères Bauhin , Rai , JVIagnol et Rivin , donnèrent successivement dans leurs écrits des preuves d'un mérite rare. Quelques-uns d'entre eux créèrent même des méthodes nouvelles , mais qui toutes furent éclipsées par celle que Joseph Pitton de Tournefort publia vers la fin du dix-septième siècle. Ce botaniste célèbre , l'un de ceux dont les écrits ont fait le plus d'honneur à la France, était né à Aix en Pro- vence, le 5 juin i656. Il fut professeur de botanique au jardin des Plantes de Paris, sous le règne de Louis XIV, qui, en 1700, lui donna une mission importante pour le Levant. Tournefort parcourut alors la Grèce , les bords de la mer Noire et les îles derArchipel. Il revint à Paris , et publia la relation de son voyage , que l'o n peut citer comme un des modèles les plus parfaits en ce genre . Avant son départ, il avait déjà fait connaître , dans son ouvrage intitulé Instituiimes rei herharîœ , sa nouvell DES CLASSIFIGATIOTÎS EiV GENERAL. 5 méthode, dans laquelle se trouvaient décrites dix mille cent quarante-six espèces rapportées à six cent quatre- vingt-dix-huit genres. Le mérite de Tournefort n'est pas seulement d'avoir créé une méthode ingénieuse, dans laquelle se trouvent décrites et rangées toutes les plantes connues jusqu'à lui j mais son principal titre de gloire est d'avoir, le premier, distingué d'une manière plus précise et plus rigoureuse qu'on ne l'avait fait jusqu'alors les genres , tes espèces et les variétés qui peuvent s'y rapporter. Avant lui, en effet, la science n'était encore que con- fusion et désordi'e *, chaque espèce n'était pas nettement distinguée de celles dont elle se rapprochait. Ce fut lui qui débrouilla ce chaos, sépara les genres et les espèces par des phrases caractéristiques , et , au moyen de son système ingénieux , rangea méthodiquement les plantes connues à cette époque. Après Tournefort parurent encore un grand nombre de botanistes qui onl joui d'une certaine réputation. Quel- ques-uns d'entre eux proposèrent des méthodes nou- velles^ mais aucune n'avait porté la moindre atteinte à celle de Tournefort. Cette gloire semblait réservée à l'im- mortel Linnœus. Son système , qu'il publia en 1704 , eut la vogue la plus surprenante , à cause de son extrême simplicité , et de la facilité singulière qu'il offre pour parvenir à la connaissance du nom des végétaux. Linnseus eut de plus la gloire de réformer, ou plutôt de créer la nomenclature et la synonj-mie botaniques, en- core si peu avancées par ses prédécesseurs. Tournefort lui en avait tracé la route , sans cependant en faire dis- paraître tous les obstacles. Chaque espèce, en effet, était encore dénommée par une phrase caractéristique , dans laquelle on ne trouvait souventpas les caractères propres à la distinguer. Or, ces phrases étant fort longues , il b TAXONOMIE. était très-difficile d'en retenir un grand nombre. Lin- neeus donna à chaque groupe ou genre un nom propre ou générique , imitant en cela l'exemple de Tournefort -, mais de plus il désigna chaque espèce de ces genres par un nom adjectif ou spécifique ajouté à la suite du nom générique. Par ce moyen ingénieux, il simplifia consi- dérablement l'étude déjà fort étendue de la botanique. Le système sexuel de Linnaeus , séduisant par son ex- trême simplicité , excita une révolution subite dans la science , et fut accueilli partout avec un enthousiasme difficile à décrire. Quand le premier mouvement d'admiration qu'inspire toujours une grande découverte fut un peu calmé , on ne tarda point à s'apercevoir que ce système si ingénieux pré- sentait cependant encore quelques inconvéniens, et n'était point à l'abri de toute espèce de reproche. En effet, fondé uniquement sur la considération absolue d'un seul organe , il éloigne souvent des plantes que tous les au- tres caraptères semblent réunir trop étroitement pour que l'on puisse jamais les isoler avec succès. Déjà l'on avait commencé à entrevoir que certains genres de végé- taux ont entre eux tant de points de contact et de res- semblance , que , réunis par l'ensemljle général de leurs caractères, ils paraissent en quelque sorte être tous mem- bres d'une même famille. C'est ainsi, par exemple, qu'on avait déjà rapproché en tribus distinctes les Gra- minées, les Labiées, les Ombellifères, les Légumineuses, les Crucifères , etc., et plusieurs autres groupes tout aussi naturels. Or, un grand défaut du sj^stème artificiel de Linnaeus était donc de séparer ces plantes qui paraissaient devoir être pour toujours réunies. Ainsi les Graminées s'y trouvaient dispersées dans la première, la seconde , la troisième , la sixième , la vingt-unième , et la vingt-troi- sième classe de son système. Les Labiées étaient en partie DES CLASSIFICATIOISS EN GÉIXÉRAL. 7 dans la seconde classe , et en partie dans la quatorzième. 11 en était de même de la plupart des tribus naturelles déjà reconnues et conservées par un grand nombre de botanistes. Linnaeus, obligé de suivre rigoureusement son système , s'était ainsi vu forcé de les séparer et de les dis- perser. Une nouvelle méthode qui , en conservant les affinités déjà reconnues de certaines plantes , aurait offert l'en- semble de lem's caractères distinctifs , eut donc été pré- férable à ce système si ingénieux , mais qui péchait par un des points les plus essentiels. Adanson avait donné la première esquisse de cette mé- thode. Bernard de Jussieu médita pendant quarante ans, afin de trouver les caractères les plus solides et les plus constans qui pussent lui servir de base. Il étudia avec un soin extrême l'affinité réciproque des diverses espèces et des différens genres entre eux. Mais ce fut son neveu , Antoine-Laurent de Jussieu , qui , rassemblant les riches matériaux recueillis par ses oncles , y joignant les nom- breuses observations qu'il avait lui-même amassées, créa réellement la méthode des familles naturelles , telle que nous l'exposerons bientôt. Ce fut dans son Geaera PLANT ARUM , ouvTage marqué du sceau du génie , et l'un des plus beaux monumens des progrès de la botanique , qu'il posa les fondemens d'une méthode qui doit un jour être la seule suivie et adoptée par tous les bons esprits ; car elle est , sans contredit , de toutes les autres publiées jusqu'à ce jour , celle qui mérite la préférence. En effet, elle n'a point pour base la considération d'un seul organe -, mais elle étudie l'ensemble des caractères fournis par chacune des parties d'un végétal, etrapproche les uns des autres tous ceux qui se touchent par le plus grand nombre de points de contact et de ressemblance.- C'est cette méthode qui , depuis près de quarante ans , a 8 TAXOROMIE. fait faire à la botanique de si rapides progrès, et l'a placée au premier rang parmi les sciences naturelles. JVous avons cru devoir entrer dans quelques détails sur les méthodes en général, avant de faire l'exposition par- ticulière d'aucune d'elles. Il nous a semblé utile de jeter rapidement un coup-d'œil sur les principales époques de la botanique, afin de faire mieux connaître l'impulsion et la face nouvelle que les trois classifications de Tournefort, de Linnseuset de Jussieu,onl, chacune en particulier, don- nées à la botanitpie. En terminant ces considérations générales, nous devons faire remarquer qu'il existe deux espèces bien distinctes de classifications enhistoire naturelle. Dans l'une, en effet, on ne prend pour base que la considération d'un seul or- gane. Ainsi, Tournefort s'est servi delà corolle, Linnseus des étamines, pour établir leurs principales divisions. On a donné le nom de systèmes à ces arrangemens purement artificiels. On conçoit qu'un système n'ayant uniquement pour but que de faire arriver avec facilité au nom d'une plante, ne donne aucune idée de son organisation. Ainsi, quand nous avons trouvé qu'une plante est de la pre- mière classe du système de Linnœus ou de celuide Tourne- fort , nous savons seulement, dans le premier cas, qu'elle a une étamine -, dans le second cas , que sa corolle est monopétale , régulière et campaniforme ; mais ces sys- tèmes ne nous apprennent rien touchant les autres par- ties qui composent la plante, dont ils nous ont seulement appris le nom. Dans la seconde espèce de classification , qui- a recule nom de mélhode proprement dite , comme les bases de chaque classe reposent sur la somme totale de tous les caractères tirés des différentes parties du vé- gétal , lorsque l'on est arrivé à l'une de ces classes , on connaît déjà les points les plus saillans de l'organisation de la plante dont on désire connaître le nom. Si , par JIÉTHODE DE TOURTïEFORT. 9 exemple , au moyen de l'analyse, nous sommes arrivés à savoir que telle plante est , je suppose, de la quatrième classe deM. DeJussieu, cette connaissance nous apprendra que cette plante est une Phanérogame, que son embryon n'a qu'un seul cotylédon , qu'elle n'a qu'une seule enve- loppe florale , c'est-à-dire qu'un calice monosépale ad- hérent avec un ovaire infère , que ses étamines sont in- sérées sur l'ovaire , etc. On voit combien l'étude de la méthode des familles naturelles donne des idées plus complètes et plus philosophiques sur la structure et l'orga- nisation des différens végétaux. Elle mérite donc à juste titre la préférence sur toutes celles qui ont été inventées jusqu'à ce jour. Il serait aussi long qu'inutile de faire ici l'exposition de toutes les méthodes qui ont été proposées par les dif- férens botanistes pour grouper et coordonner en classes tous les végétaux connus. Le nombre de ces méthodes est d'ailleurs si considérable , que leur exposition ne peut être faite, même d'une manière abrégée, que dans un ouvrage spécialement destiné à cet objet. Aussi nous contenterons-nous d'exposer ici seulement les trois clas- sifications les plus importantes , qui sont celles de ïour- nefort, de Linnaeus el de Jussieu. DE LA MÉTHODE DE TOURXEFORT. Le système de Tournefort , généralement connu sous le nom de méthode de Tournefort, est basé principa- lement sur la considération des différentes formes de la corolle. Un reproche généralement fait à Tournefort est lO TAXONOMIE. de n'avoir pas suivi l'exemple déjà donné par Rivin , et d'avoir encore se'paré les uns des autres les végétaux herbacés et les végétaux à tige ligneuse. Cet inconvé- nient est très-grand, puisque souvent dans le même genre on trouve réunies ces deux modifications de la tige , et que même quelquefois, comme nous l'avons prouvé précédemment , certaines circonstances peuvent agir assez directement sur une même espèce pour la rendre tantôt ligneuse , tantôt herbacée. C'est ce que nous avons fait remarquer pour le ricin , la belle-de- nuit , etc. Ce système est composé de vingt-deux classes , dont les caractères sont tirés : i° de la consistance et de la grandeur de la tige-, 2*^ de la présence ou de l'absence de la corolle-, 3^ de l'isolement de chaque fleur ou de leur réunion dans un involucre commun -, ce qui con- stitue les fleurs composées-, 4" delà corolle monopétale ou polypétale -, 5^ de sa régularité ou de son irrégularité. 1*^. Sous le rapport de la consistance et de la durée de leur tige , Tournefort divise les végétaux 5 1° en herbes et sous-arbrisseaux, 2" en arbrisseaux et arbres. Les herbes et les sous-arbrisseaux réunis sont renfermés dans les dix-sept 'premières classes -, les cinq dernières classes contiennent les arbrisseaux et les arbres.* 2°. D'après la présence ou l'absence de la corolle , les herbes sont distinguées en pétalées et apétalées. Les qua- torze premières classes des herbes renferment toutes celles qui sont pourvues d'une corolle-, les trois autres, celles qui en sont dépourvues. 3". Les herbes qui ont une corolle ont leurs fleurs isolées et distinctes , ou réunies pour constituer dos fleurs composées. Les onze premières classes renferment les herbes à fleurs simples •, les trois suivantes , celles qui offrent des fleurs composées. MÉTHODE DE TOURNEFORT. 11 4'" . Parmi les plantes herbacées à fleurs simples , les unes ont mie corolle monopctale-, dans les autres, au contraire , elle est polypétale. Dans les quatre premières classes, Tournefort a réuni les plantes à corolle monopé- tale-, dans les cinq qui suivent, celles dont la corolle est polypétale. 5'^. Mais cette corolle monopétale ou polypétale peut être régulière ou irrégulière ; ce qui a servi à subdiviser encore chacune de ces sections. Les plantes à tige ligneuse , avons-nous dit , sont ren- fermées dans les cinq dernières classes du système» Tour- nefort les a divisées d'après les mêmes considérations que les herbes. Ainsi, elles sont apétalées ou pétalées -, leur corolle est monopétale ou polypétale , régulière ou irrégulière. Il est important de faire remarquer que Tournefort appelait corolles les périanthes simples et colorés, comme dans la tulipe , le lis , qui ont , selon lui , une corolle polypétale régulière. Tels sont les principes qui ont dirigé Tournefort dans la formation des classes de son système , dont nous al- lons présenter sommairement les caractères. PREMIÈRE DIVISION. HERBES. §. 1. A FLEURS SIMPLES. PREMIÈRE CLASSE. — Corollc monopétale régulière. Campaniformes. Herbes à corolle monopétale régu- lière, imitant une cloche, comme dans la campanule , le liseron , etc.*, ou un grelot, comme dans le muguet, la bruyère , etc. 12 TAXONOMIE. SECONDE CLASSE. Ijvfundibuliformes. Herbes à corolle monopétale rë- pulière , imitant la forme d'un entonnoir , comme le ta- bac , celle d'une coupe antique , c'est-à-dire hypocraté- riforme , le lilas -, ou d'une roue {cor. rotacée) , comme la bourrache. TROISIÈME CLASSE. — CoroUe monopétalc irrégulière. PERS0^NÉES. Corolle monopëtale irrégulière , imitant la forme d'un mufîle de veau ou d'un masque antique, comme celle des Atrtirrhinum , de la linaire, etc., ou ayant le limite plus ou moins ouvert, comme dans la digitale , la scrophulaire -, les plantes de cette classe pré- sentent toujours un ovaire simple au fond de leur ca- lice. QUATRIÈME CLASSE. Labiées. Corolle monopétale irrégulière , dont le limbe est comme divisé en deux lèvres-, plantes offrant un ovaire partagé en quatre lobes très-distincts , regar- dés comme des graines nues. Tels sont la sauge, le ro- marin , la bétoine, etc. CINQUIÈME CLASSE. — Corolle polypétale régulière. Cruciformes. Corolle polypétale régulière, composée de quatre pétales disposés en croix. Le fruit est une si- lique ou une silicule. Ex. : la giroflée, le chou, le thlaspi, etc. SIXIÈME CLASSE. Rosacées. Corolle polypétale régulière , composée de trois à dix pétales disposés en rose , comme dans le poi- rier , le pommier, le rosier sauvage, le fraisier, le fram- boisier, les cistes, etc. m MÉTHODE DE TOURNEFORT. ID SEPTIÈME CLASSE. Ombellifères. Corolle polypétale régulière, compo- sée de cinq pétales souvent inégaux , fleurs disposées en ombelle. Ex. : l'angélique , le panais, le fenouil, etc. HUITIÈME CLASSE. Caryophyllées. Corolle polypétale régulière , formée de cinq pétales longuement onguiculés , réunis dans un calice monosépale ; limbe étalé : par exemple , l'œillet , la saponaire , VJcjrostemma Gùhago, et en général les Caryophyllées. NEUVIÈME CLASSE. LiLiAGÉES. Fleurs à corolle le plus souvent polypétale , composée de six ou simplement de trois pétales ; quel- quefois monopétale, à six divisions. Le fruit est une capsule ou une baie triloculaire. Ex. : le lis, la tulipe, la jacinthe , etc. DIXIÈME CLASSE. — Coiolle polypétale irrcgulière. Papilionacées ou Légumineuses. Corolle polypétale irrégulière , composée de cinq pétales , l'un supérieur, nommé étendard , deux latéraux , appelés les ailes , deux inférieurs , quelquefois réunis et soudés , constituant la carène. Ex. : le pois, le haricot, la luzerne, etc. Le fruit est toujours une gousse. ONZIÈME CLASSE. Anomales. Cette classe renferme toutes les plantes herbacées dont la corolle est polypétale, irrégulière et non papilionacée : telles sont la violette , la capucine , etc. §. 2. A FLEURS composées. DOUZIÈME CLASSE. — Composées. Flosguleuses. Fleurs composées de petites corolles l4 TAXOISOMIE. monopétales régulières , infundibuliformes , à limbe dé- coupé en cinq divisions. On donne à chacune de ces petites fleurs le nom de fleurons : tels sont les chardons , les artichauts , les centaurées , etc. TKEIZIÈME CLASSE. Semi - Flosguleuses. Fleurs composées d'un grand nombre de petites corolles monopétales in'égulières , dont le limbe est déjeté d'un côté , et auxquelles on a donné le nom de devni-Jleurons : par exemple , la laitue , le salsifis , le pissenlit , etc. QUATORZIÈME CLASSE. Radiées. Fleurs composées de fleurons au centre et de demi-fleurons à la circonférence , comme dans le grand soleil , la reine-marguerite , etc. §. 5. PLANTES APÉTALES. QUINZIÈME CLASSE. — Apétales. Apétales. Plantes dont les fleurs n'ont point de véri- table corolle , comme les Graminées , l'orge , le riz , l'avoine, le blé, etc. Dans quelques-unes, on trouve autour des organes sexuels un périanthc simple ou calice, qui souvent subsiste après la floraison , et s'accroît avec le fruit , comme dans les liumex. SEIZIÈME CLASSE. Apétales sans fleurs. Plantes qui sont dépourvues d'organes sexuels et d'enveloppes florales proprement dites, mais qui ont des feuilles. Ce sont les Fougères, telles que le polypode , le cétérac , l'osmonde , etc. DIX-SEPTIÈME CLASSE. Apétales , sans fleurs ni fruits apparens , comme les Champignons, les Mousses, les Lichens, etc. MÉTHODE DE TOURNEFORT. l5 DEUXIÈME DIVISION. ARBRES. DIX-HUITIÈME CLASSE. - Apétales. Arbres ou arbrisseaux apétales , c'est-à-dire dont les fleurs sont dépourvues de corolle. Ces arbres sont ou hermaphrodites , ou monoïques , comme le buis , beau- coup de Conifères , etc. ; ou dioïques , comme le pista- chier, le leutisque. DIS->EU\IÈME CLASSE. Amentacés. Arbres apétales , dont les fleurs sont dis- posées en chatons. Ils sont monoïques, comme le chêne, le noyer, etc. ; dioïques , comme les saules , etc. VINGTIÈME CLASSE. — Monopétales. ^ Arbres à corolle monopétale régulière ou irrégulière , tels que le lilas , le sureau , le catalpa , l'arbousier, etc. VINGT-UNIÈME CLASSE. — Polypétales .régulières. Arbres ou arbrisseaux à corolle polypétale rosacée , comme le pommier, le poirier, l'oranger, le cerisier, etc. VINGT-DEUXIÈME CLASSE. — Polypétalcs irrégulières. Arbres ou arbrisseaux dont la corolle est papilionacée , comme dans l'acacia , le faux-ébénier, l'arbre de Ju- dée, etc. , etc. Telles sont les vingt-deux classes établies par Tourne- fort, pour disposer tous les végétaux connus. Quoiqu'au premier abord ce système paraisse simple et d'une exé- cution facile , cependant il offi'e , dans plus d'un cas , des difficultés qu'il n'est pas aisé de faire disparaître. En l6 TAXONOMIE. effet , la forme de la corolle n'est pas toujours si bien tranchée , que l'on puisse sur-le-champ décider à quelle classe elle appartient réellement -, car où est le point juste de séparation entre une corolle hypocratériforme et une corolle infundibuliforme , entre cette dernière et la corolle campanulée? Le reproche le mieux fondé que l'on puisse faire à ce système , c'est la séparation des plantes herbacées des ligneuses. En effet, les rapports les plus natiu'els sont par-là méconnus , et les végétaux qui ont entre eux la plus grande analogie , sont souvent éloignés et rejetés à de très-grandes distances les uns des autres , à cause de cette seule différence. Chacune de ces classes a été divisée en un nombre plus ou moins considérable de sections ou ordres , dont les caractères ont été tirés des modifications particulières que la forme de la corolle peut subir, de la consistance, de la composition et de l'origine du fruit j de la forme, de la disposition et de la composition des feuilles, etc. , etc. Enfin , chacune de ces sections renferme un nombre plus ou moins considérable de genres , auxquels sont rapportées toutes les espèces connues jusqu'à l'époque où Tournefort écrivit. M. Guiart, professeur de botanique à l'école de phar- macie de Paris , a cherché à faire disparaître une partie des inconvéniens reprochés au système de Tournefort , et c'est d'après ce système , ainsi modifié , que sont rangées les plantes du jardin de l'école de pharmacie de Paris. METHODE DE TOURNEFORT. 17, 'ïï >' s: c: Fh u H "O f- î5 5 -a U £ Ph rf O PÎ O y 5 U >, -«t hJ ti ,î ta « " M 'OEOiE. Fleurs mâles et fleurs femelles distinctes, mais réunies sur le même individu. Exemples: le chêne , le buis, le maïs , la sagittaire , le ricin , etc. 22^ Classe. Dioecie. Fleurs mâles et fleurs femelles existant sur deux individus séparées : la mercuriale , le dattier, le gui, les saules, le pistachier, etc. 23^ Classe. Polygamie. Fleurs hermaphrodites, fleurs mâles et fleurs femelles réunies sur un même individu ou SYSTÈME DE LINN^US. 2D sur des pieds différens : par exemple , le frêne , la parié- taire , la croisette , le micoucoulier, etc. 8^ Fleurs invisibles. 24** Classe. Cryptogamie. Plantes dont les fleurs sont invisibles ou très-peu distinctes. Cette classe renferme les Fougères, telles que le polypode, Tosmonde, etc.-, les Mousses , les Lichens , les Prêles , les Alj^ues , les Cham- pignons, etc. , etc. Nous venons d'exposer en peu de mots les caractères propres à chacune des vingt-quatre classes établies par Linnseus dans le règne végétal. On voit que la marche de ce système est simple et facile à suivre. En effet , il sem- ble au premier abord qu'il ne faille que savoir compter le nombre des étamines d'une fleur, pour connaître à quelle classe elle appartient. Mais cependant nous fe- rons remarquer que , dans plusieurs cas , cette détermi- nation n'est point aussi aisée qu'on le suppose d'abord, et que fort souvent on reste dans le doute , surtout lorsque la plante présente quelque anomalie insolite. Occupons-nous maintenant de faire connaître les con- sidérations d'après lesquelles ont été établis les ordres particuliers à chaque classe. Dans les treize premières classes , dont les caractères sont tirés du nombre des étamines, ceux des ordres ont été puisés dans le nombre des styles ou des stigmates distincts. Ainsi une plante de la Pentandrie , telle que le panais ou toute autre Ombellifère qui aura deux styles ou deux stigmates distincts , sera du second ordre. Elle se- rait du troisième ordre, si elle en présentait trois ;, etc. V^ oyons les noms qui ont été donnés à ces différens or- dres. i*"" Ordre. BTonogt/ nie , un seul style , ou stigmate sessile, 2® Ordre. Digi/itie, Aeux styles. 24 TAXO]VOMIE. 3* Ordre. Trigynie , trois styles. 4*" Ordi'e. 7'e7r«yyn7> ^ quatre styles. Ordre. Pentarjynie , cinq styles. 6^ Ordre. Jfe.ragi/iiie ^ six styles. 'f Ordre. He])tagynie , sept stjdes. 8" Ordre. Décagynie , dix styles. 9^* Ordre. Polygynie , un grand nombre de styles. Remarquons qu'il y a des classes dans lesquelles on n'observe point cette série tout entière d'ordres. Dans la Monandrie, par exemple, on ne trouve que deux or- dres: la Monogynie , comme dans Vllippurù , et la Di~ gynie , comme dans le B lit uni. Dans la Tétrandrie , il y a trois ordres , savoir : la Monogynie , la Digynie et la Tetra gi/iiie. Il 3^ en a six dans la Pentandrie, etc. , etc. Dans la quatorzième classe , ou la Didynamie , Lin- neeus a fondé les caractères des deux ordres qu'il y a éta- blis d'après la structure de Tovaire. En etfet, le fruit est tantôt formé de quatre petits akènes situés au fond du calice , et qu'il regardait comme quatre graines nues ; tantôt , au contraire , c'est une capsule qui renferme un nombre plus ou moins considérable de graines. Le pre- mier de ces ordres porte le nom de Gymnospermie (graines nues)-, il contient toutes les Acritables Labiées, telles que le IMarrube , les Phi omis , les Nepeta , le Scu- teUaria , etc. Le second ordre , que Ton appelle Angiospermie (graines enveloppées), et qui a pour caractère d'avoir un fruit capsulaire, réunit toutes les Personnées de Tourne- fort, telles que les Rhinanthus , les Linaires, les Me- laynpyrnm , les Orohanches , etc. La Tétradynamie, ou la quinzième classe , oft're éga- lement deux ordres tirés de la forme du fruit, qui est une siliquc ou une silicule. De là on distingue la Té- SYSTÈME DE LINNJEUS. 25 tradynamie eu siliculeiise , ou celle qui renferme les plantes dont le fruit est une silicule , telles que le pastel , le cocliléaria , le thlaspi, etc. , et en siliqueuse , cVst-à- dire celle dans laquelle sont rangés les végétaux ayant une silique pour fruit , comme la giroflée, le chou, les cressons, etc. Les seizième, dix-septième et dix-huitième classes, c'est-à-dire la Monadelphie , la Diadelphie et la Polya- delphie , ont ëté établies , d'après la réunion des filets staminaux , en un , deux , ou un plus gi'and nombre de faisceaux distincts , abstraction faite du nombre des éta- mines qui les composent. Linuœus a dans ce cas em- ployé les caractères tirés du nombre des étamines pour former les ordres de ces trois classes. Ainsi , on dit des plantes Monadelphes quelles sont triandres, tétrandres, pentandres , décandres , polyandres , suivant qu'elles renferment trois, quatre, cinq, dix ou un grand nom- bre d'étamines soudées et réunies par leurs filets en un seul corps. Il en est de même dans la Diadelphie et la Polyadelphie , c'est-à-dire que le nom des ordres est le même que celui des premières classes du système. La Syngénésie , ou la dix-neuvième classe du système sexuel, est une de celles qui renferment le plus grand nombre d'espèces. En efiet, les Synanthérées forment à peu près la douzième partie de tous les végétaux connus. Il était donc très-important d'y multiplier les ordres , afin de faciliter la recherche des différentes espèces. C'est ce que Linnœus a taché de faire en partageant cette classe en six ordres. Mais ici, comme le nombre presque constant des étamines est cinq, ce nombre n"a pu offrir assez de caractères pour devenir la base de ces divisions ; Linnœus l'a prise dans la structure même de chacune des petites fleurs qui constituent lés assemblages connus sous le nom de fleurs composées. En effet, par suite d'à- 26 TAXONOMIE. vortemens constans, on trouve avec les fleurs herma- phrodites des fleurs mâles et des fleurs femelles , souvent même des fleurs entièrement neutres. Linnœus, dont le génie poétique se faisait remarquer dans tous les noms qu'il donnait aux différentes classes et aux différens or- dres de son système , voyait dans ces réunions et ces mé- langes de fleurs une sorte de polycjaynie. Aussi est-ce le nom qu'il a donné à chacun des six ordres de la Syngé- nésie, en leur ajoutant à chacun une épithète particu- lière. Voici leurs caractères : i'^'^ Ordre. Polyyamie éyale. Toutes les fleurs sont hermaphrodites , et par conséquent toutes également fé- condes , comme on le voit dans les chardons , les salsi- fis, etc. '2^ Ordre. Polygamie superflue. Les fleurs du disque sont hermaphrodites j celles de la circonférence sont fe- melles j mais les unes et les autres donnent de bonnes graines : par exemple, l'armoise, l'absinthe. 3" Ordre. Polygamie Ji'ustranée. Les fleurs du disque sont hermaphrodites et fécondes ; celles de la circonfé- rence sont neutres ou femelles , mais stériles par l'im- perfection de leur stigmate : elles sont donc tout-à-fait inutiles ; dans l'ordre précédent , elles étaient seule- ment superflues. Exemple : les centaurées , les Helian- ihus , etc. 4'' Ordre. Polygamie nécessaire. Les fleurs du disque sont hermaphrodites , mais stériles par un vice de con- formation du stigmate -, celles de la circonférence sont femelles , et fécondées par le pollen des premières : dans ce cas, elles sont donc nécessaires pour la conservation de l'espèce , comme dans le souci, etc. 5® Ordre. Polygamie séparée. Toutes les fleurs sont hermaphrodites , rapprocliécs les unes des autres , mais SYSTEME DE LIJilSiEUS. 27 cependant contenues chacune dans un petit involucre particulier, comme dans VEchinops. 6^ Ordre. Polygamie monogamie . Les fleurs sont toutes hermaphrodites; mais elles sont simples et isolées les imes des autres, connne dans la violette, les Lohelia, la balsamine , etc. Ce dernier ordre , comme il est facile de le voir, n'a aucune affinité avec les précédons. Il n'a de commun avec eux que la réunion des étamines par les anthères. Dans la Gynandrie , ou la vingtième classe du système sexuel , il y a quatre ordres qui sont tirés du noml)re des étamines. Ainsi on dit: Gynandrie - monandrie , comme dans VOrchis , VOphrys; Gynandrie-diandrie , comme dans le Cypripedium; Gynandrie -hexandrie , comme dans l'aristoloche ; Gynandrie-polyandrie , les Arum. La Monœcie et la Diœcie présentent en quelque sorte réunies toutes les modifications que nous avons remar- quées dans les autres classes. Ainsi la Moncecie renferme des plantes monandres , triandres , décandres , polyan- dres, monadelphes et gynandres. Chacune de ces va- riétés sert à établir autant d'ordres distincts dans cette classe. La Diœcie en renferme encore un plus grand nombre , cfônt les caractères , se rapportant à ceux de quelqu'une des classes précédemment établies , sont alors employés comme caractères d'ordres. La vingt-troisième classe ou la Polygamie , qui con- tient les plantes à fleurs hermaphrodites et à fleurs uni- sexuées mélangées , soit sur le même individu , soit sur deux ou trois individus distincts, a été, pour cette raison, divisée en trois ordres : i° la Monœcie , dans laquelle le même individu porte des fleurs monoclines et des fleurs didines -, 2" la Diœcie , dans laquelle on trouve sur un 2b TAXO.NOMIE. individu des fie lus hermaphrodites , et sur l'autre des fleurs unisexuées ; 5° enfin la l^riœcie , dans laquelle l'espèce se compose de trois individus : un portant des fleurs hermaphrodites -, un second des fleurs mâles , et le troisième des fleurs femelles. La Cryptogamie , qui forme la vingt- quatrième et dernière classe , est partagée en quatre ordres : i*' les Fougères j 2" les IMousscs-, 3° les Algues; 4*^ les Champi- gnons. Après avoir fait connaître les bases du système sexuel, nous avons donné une esquisse des vingt-quatre classes et des ordres nombreux qui s'y rapportent , tels qu'ils ont été établis par Linnseus. Lorsque l'on étudie ce sys- tème , on est d'abord frappé de son extrême simplicité, et de la facilité avec laquelle on arrive avec lui à la connais- sance du nom d'une plante. les classes, en effet, sont, pour la plupEort , nettement tranchées et définies , sur- tout dans celles où les étamines sont en nombre dé- terminé. Non-seulement ce système contient toutes les plantes déjà connues , mais il peut encore comprendre toutes celles que l'on pourrait découvrir : aussi a-t-il été universellement adopté à lepoque où il a para. Mais il faut avouer cependant qu'il présente plus d'un inconvénient grave. En effet , il n'est pas toujours ai$é de déterminer si une plante appartient positivement à certaine classe. Ainsi , par exemple , la rue ( Rufa ■ qraiieolens^ a presque toutes ses fleurs munies de huit étamines •, une seule au centre de chaque assemblage de fleurs en présente dix. L'élève , dans ce cas , éprouverait quelque embarras , et serait tenté de placer cette plante dans la huitième classe du système , c'est-à-dire dans VOctandrie. Cependant Linnœus la range dans la Dé- candrie , parce qu'il regarde la fleur à dix étamines comme étant la plus parfaite. SYSTÈME DE LI]N'>'iEUS. 29 La Dodécandrie n'est pas non plus caractérisée assez rigoureusement. On y place toutes les plantes qui ont de douze à vingt étamines. Mais l'aigremoine , que Ton y range , a souvent plus de vingt étamines. Certaines Labiées ou Persounées qui appartiennent à laDidynamic ont lem-s quatre étamines égales entre elles, et souvent l'irrégularité de la corolle est à peine sensible. Les ordres de la Syngénésie sont très-souvent d'une difficulté rebutante pour pouvoimêtre reconnus avec certitude. D'ailleurs , le mélange des fleurs mâles , des fleurs femelles et des fleurs hermaphrodites en rejette plusieurs dans la Diœcie et la Polygamie. Le sixième de ces ordres , la Polygamie-monogamie , rapproche des Composées des plantes qui n'ont aucune analogie avec elles , telles que les violettes , la Lohelia , les balsamines , etc. La vingt-troisième classe y c'est-à-dire la Polygamie , est un mélange confus de plantes qui appartiennent presque toutes aux différentes autres classes. Si maintenant nous examinons les plantes rassem- blées dans chacune de ces classes , nous verrons que le plus souvent les affinités naturelles et reconnues depuis si long-temps ont été entièrement rompues. Ainsi une des familles les plus naturelles , les Graminées , se trouve dispersée dans la Monandrie , la Diandrie , la Triandi'ie , rilexandrie , la JMonœcie , la Diœcie et la Polygamie. Les Labiées sont en partie dans la Diandrie , en partie dans la Didynamie. 11 en est de même d'un grand nombre de familles tout aussi naturelles. Mais comme la classification établie par Linneeus est un système, c'est-à-dire un arrangement méthodique, mais pure- ment artificiel, destiné seulement à faire arriver avec facilité au nom d'une plante que l'on désire connaître, on ne saurait lui faire un reproche fondé d'avoir ainsi 3o TAXONOMIE. éloigné les unes des autres les plantes qui avaient entre elles beaucoup de rapports et d'afftnitc. Ce n'est donc pas ce système qu'il faut étudier lorsque l'on désire con- naître les rapports naturels des différens végétaux entre eux, tandis que parmi tous les systèmes artificiels il mérite sans contredit la préférence pour arriver aisé- ment au nom d'une plante. Désirant faire disparaître de cet ingénieux système une partie des inconvéniens que nous avons signalés , , et rendïe son application plus facile dans certains points, mon père y avait fait c[uelques modifications impor- tantes que nous allons faire connaître. SYSTÈME SEXUEL MODIFIÉ. Les dix premières classes sont conservées sans aucun changement. La 11^ classe est la Polyandrie, ainsi caractérisée : plus de dix étamines insérées sous le pistil simple ou multiple , c'est-à-dire dont l'insertion est hypogynique. Cette classe , qui remplace la Dodécandrie , correspond parfaitement à la Polyandrie de Linnseus. La 12" classe est la Calycandkie , ainsi caractérisée: plus de dix étamiùes insérées sur le calice , l'ovaire étant libre ou pariétalj insertion périgyuique. Cette classe cor- respond en partie à la Dodécandrie , en partie à l'Ico- sàiidfie. On y trouve toutes les vraies Rosacées. La i3® classe est I'Hystérandrie. Elle a pour carac- tère d'avoir plus de dix étamines insérées sur l'ovaire tôut-à-fait infère , par conséquent à insertion épigynique. Cette classe correspond à une partie de l'Icosandrie. Elle renferme lesmjTtes, les Punie a , Philadelphus , Psy- dîutn, etc. Ces trois classes ainsi caractérisées sont beaucoup plus précises , et conservent mieux en même tetnps les rap- SYSTÈME DE LINN^US. 01 ports naturels, que Celles primitivement adoptées par Linnseus, dont les caractères, pris dans le nombre des étamines, pouvaient, dans beaucoup de circonstances, induire l'élève en erreur. La 14^ classe est la Didynamie, dont les ordres dési- gnés par Linnœus sous les noms de Gymnospermie {^yrai- nes nues ) et d'Angiospermie ( graines enveloppées ) donnaient une idée fausse (puisqu'il n'existe pas de grai- nes nues ) -, ils ont été remplacés par les suivans : 1° Tomogynie (ovaire fendu et partagé). Ovaire pro- fondément partagé en lobes distincts-, style naissant d'un enfoncement central de l'ovaire j fruit mûr , tétrakhie. Cet ordre renferme toutes les Labiées. 2° Atomogynîe (ovaire indivis). Fruit capsula ire , polysperme. Dans cette classe sont les Antirrhinées , les Bignoniacées , etc. ig*" Classe. Symanthérie , remplaçant la Syngénésie, ainsi caractérisée : étamines réunies par les anthères seulement , de manière à former une espèce de petit tube; ovaire monosperme. D'après ce caractère, on voit que cette classe ne doit renfermer que les véritables plantes à fleurs dites com- posées , c'est-à-dire les Flosculeuses , les Semi-flosculeuses et les Radiées de Tournefort. Les ordres de la Syngénésie de Linnseus étant tirés de caractères trop minutieux , très-difficiles à reconnaître , et souvent variables dans le même genre , ont été chan- gés en ceux qui suivent, très-faciles à distinguer: 1^^ Ordre. Cardiiacées : capitule composé de fleurons indifféremment hermaphrodites, mâles ou femelles; pho- rante garni de soies très nombreuses -, style offrant un léger renflement au-dessous du stigmate; connectif se continuant quelquefois au-dessus des anthères pour for- 32 TAXONOMIE. luer uij tube à cinq dents: tels sont les chardons, les centaurées, etc. 2" Ordre. Corijmhiferes : capitule flosculeux ou radié; pliorante nu ou garni de. paillettes dont chacune accom- pagne une fleur. (Dans Tordre précédent, elles étaient plusieurs à la base de chaque fleur.) Exemple : le tussi- lage , les Gnaphalium, les Erîgeron, etc. 3'' Ordre. Oiicoracées : capitule composé de demi- fleurons. Exemple : la laitue, la chicorée, la scorso- nère, etc. 20^ Classe. Symphysaindrie. Cette classe est formée du sixième ordre de la Syngénésie de Linnseus, la Polj^ga- mie-monogamie -, elle a pour caractères : des élamines soudées ensemble par leurs anthères et par leurs filets , un ovaire polysperme , des fleurs simples : par exemple , les Lobéliacées, les Violettes. La Gynandrie , la Monœcic et la Diœcie sont conser- vées sans changemens. 24^ Classe. AjyoMALOEGiE. Fleurs hermaphrodites ou fleurs unisexuées sur le même ou sur des individus dif- férens. Cette classe correspond à la Polygamie de Ilin- nseus. 25** Classe. Agamie. Végétaux dépourvus d'organes sexuels, et se reproduisant au moyen de petits corpus- cules particuliers , analogues aux bulbilles de certaines plantes, et qu'on nomme sp ondes. Tels sont les changemens que mon père a cru conve- nable de faire au système sexuel de Linnseus , afin d'en faire disparaître , autant que possible , les points qui pouvaient présenter des difficultés dans son emploi. SYSTEME DE LIJN'JNiEUS. 35 3' Partie. 54 TAXOKOMIE. METIÏODE 1>E M. DE ^ITSSîEU , DES FAMILLES NATURELLES. La méthode des familles naturelles diffère essentielle- ment , dans sa marche et ses caractères , des deux sys- tèmes de ïouruefort et de Linnœus, dont nous venons de donner l'explication. Dans cette méthode, en effet , les divisions ne sont point fondées d'après la considération d'un seul organe -, mais les caractères offerts par toutes les parties des végétaux concourent à les former. Aussi les plantes qui se trouvent ainsi rapprochées sont-elles dis- posées de manière qu'elles ont avec celles qui les précèdent ou les suivent immédiatement , plus de rapports qu'avec aucune autre. « Cette classification est donc bien supérieure et préfé- rable à toutes celles ciui l'ont précédée , parles idées gé- nérales et philosophicpies qu'elle nous donne sur toutes les productions du règne végétal. En effet, elle ne cons;4- dère plus les êtres isolément -, mais elle les réunit et les coordonne en groupes ou famille , d'après le plus grand nombre de leurs caractères communs. La nature , en imprimant sur la physionomie de cer- tains végétaux un caractère particulier en rapport avec leur organisation intérieure , semble avoir voulu éclai- rer le botaniste dans la recherche des affinités qui exis- tent entre toutes les productions végétales. En effet, il y a un grand nombre de plantes qui ont entre elles tant de ressemblance dans la structure et la conformation de METHODE DE M. DE JUSSIEU. §0 leurs parties , que de toul temps cette analogie a été aperçue, et que Ton a regardé ces difFérens Yéi>étaux comme appartenant eu quelque sorte à une même fa- mille. Ainsi les Graminées, ]es Labiées, les Crucifères, les Synanlliérées, ont toujours été réunies , quand on n'a pas sacrifié les caractères d'analof[ie et de ressemblance aux bases d'un système artificiel. Lors donc que l'on s'occupa de réunir et de rassemble!- tous les végétaux en familles, c'est-à-dire en groupes ou séries de genres se ressemblant par le plus grand nombre de caractères, on n'eut qu'à imiter la nature, qui avait en quelque sorte créé , comme pour servir de modèles , des typés âe familles essentiellement naturelles. Ainsi les Légumineuses, les Crucifères, les Graminées, les Ombel - lifères, les Labiées , etc. , vinrent d'elles-mêmes se mon- trer au botaniste comme autant d'exemples dont il de- vait tâcher de se rapproclier. Avant d'exposer avec détail les principes de cette mé- thode, nous croyons devoir définir d'abord certains termes employés dans toutes les espèces de classifications, et qui , ayant quelquefois un sens différent , suivant les.par- ties de l'histoire naturelle où on les emploie, ont besoin que l'on fasse bien connaître leurs diverses acceptions. Ces mots sont ceux d'LxDiviDus , Espèces, Variétés, Gekres , Ordres', Classes. INDIVIDUS. Ce mot a une signification très-simple, mais qu'un exemple fera mieux connaître qu'une définition. Lorsqu'on considère une forêt de pins ou de chênes , un troupeau de bœufs ou de moutons , une réunion d'hommes, chaque pin ou chêne , chaque bœuf ou mouton , chaque homme enfin pris isolément , est un individu des espèces que l'on nomme chêne, pin, mouton, bœuf, homme. Les individus sont donc chacun des êtres dont se com- pose l'espèce en général , considérés isolément. Mais ce 3. 36 TAXONOMIE. mot , dont le sens rigoureux signifie un être qui ne peut être divisé, ne s'emploie que dans le règne organique, c'est-à-dire seulement pour les animaux et les végétaux , où il est l'idée la plus simple que l'on puisse se former des êtres. Dans le règne inorganique, il n'y a pas d'individus; il n'y a que des masses formant des espèces ou des varié- 0 tés , qui , pouvant se diviser à l'infini , sans cesser d'être toujours elles-mêmes, ne peuvent en aucune manière constituer des individus. C'est donc à tort, selon nous, que ce mot a été employé par quelques minéralogistes. Espèces. Il est extrêmement difficile de donner une définition rigoureuse de ce que les naturalistes ont nommé ESPÈCE , car tous n'ont pas accordé à 'ce mot la même signification. L'espèce, dans le règne organiquic , est la réunion des individus qui ofïrent les mêmes caractères, et se reproduisent avec les mêmes propriétés essentielles et les mêmes qualités. Ajoutons que les individus qui forment l'espèce peuvent se féconder entre eux et donner naissance à d'autres individus entièrement semblables, qui jouissent également de la propriété de se reproduire et de se perpétuer par le moyen de la génération , à de très-légères modifications près , qui ne sauraient altérer essentiellement les caractères fondamentaux du type. S'il arrive quelquefois que deux espèces différentes se fécondent, elles ne produisent que des hybrides ou mu- lets, qui sont eux-mêmes privés de la faculté de perpé- tuer leur race. Cependant ces métis ou mulets peuvent quelquefois engendrer-, mais néanmoins cette faculté n'est pas permanente , et la race ne tarde pas à s'éteindi'e , si elle n'est entretenue par de nouveaux croisemens. Les belles observations de MM. Prévost et Dumas sur la forme et la grosseur des Zoospermes ou Animalcules sperma- tiques , et sur les phénomènes de la génération eu gé- néral, nous donnent une explication de ce fait. Ces MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. O7 deux Imbiles phj-siolojjistes ont tiouvé une heureuse application de l'observation faite dès la fin du siècle dernier par Gleichen , et depuis par M. Bory de Saint- Vincent , au sujet de la liqueur séminale du mulet, qui ne contient pas de Zoospermes , lesquels, dans la théorie, de MM. Prévost et Dumas, sont la cause de la fécon- dation. Néanmoins ce fait n'est pas constant, puisque Ton a vu des métis de chien et de loup, par exemple, produire pendant plusieurs générations de suite. Variétés. Les individus d'une même espèce peuvent offrir les mêmes caractères essentiels , et néanmoins dif- férer entre eux par quelques caractères qui tiennent à des circonstances accidentelles. On appelle variétés ces individus qui s'éloignent du type primitif de l'espèce par des caractères de peu d'importance. En botanique, la variété, dit Linnée, est une plante qui a éprouvé quelque changement par des causes accidentelles , telles que le climat, la nature du sol, la chaleur, les vents, etc. On doit encore ajouter, comme cause de variatLon , la hauteur des lieux où croissent les espèces. L'influence de ces causes agit surtout sur la grandeur, la couleur, ou quelques autres propriétés aussi peu importantes-, mais elle ne porte pas son action sur les caractères yi'ai- ment spécifiques. Ainsi , dans l'espèce du cheval , on doit considérer comme de sunples variétés le cheval blanc , le noir, le bai , le pie , etc. Il en est de même de la taille qui ne peut servir à établir de véritables es- pèces. En botanique, une tige plus ou m.oins grande, des feuilles plus ou moins larges , plus ou moins pro- fondément découpées , des fleurs d'une couleur difïé- ronte , simples ou doubles, ne sont pas des caractères spécifiques-, ils n'annoncent que de simples Tariétés. Remarquons qu'en général les variétés ne se multi- plient pas constamment par le moyen de la génération. 58 TAXO>'OMlE. Ainsi , des graines de lilas blanc produiront , en se développant , des individus à fleurs violettes , comme dans le type primitif, et d'autres individus à fleurs blan- ches , mais en moins grand nombre. Cependant , dans les plantes comme parmi les animaux , il y a certaines va- riétés constantes, et qui se reproduisent toujours avec les mêmes caractères par le moyen de la génération. C'est à ces variétés constantes qa'on a donné le nom de races. Ainsi , dans l'espèce du boeuf ( Bos Taurus, L.), le Zébu ou bœuf à bosse forine une race constante cjui habite l'Inde , la partie orientale de la Perse , l'Arabie , la partie de l'Afrique située au midi de l'Atlas jusqu'au cap de Bonne-Espérance , et Madagascar, etc. Cette race se perpétue au moyen de la génération 5 mais transportée dans d'autres climats , elle dégénère , et les individus qu'elle produit avec nos bœufs domestiques , finissent par perdre cette bosse, qui fait le seul caractère de la race des Zébus. De même en botanique , un grand nombre de variétés ou races se conservent parle moyen des graines-, et cette circonstance est fort- heureuse , car ces races sont celles des plantes les plus intéressantes, soit par leur beauté, soit par leurs usages économiques. Ainsi il existe une grande quantité de variétés dans les Céréales, dans les légumi- neuses , les Crucifères , et en général dans toutes les plan- tes cultivées , cpii se perpétuent de graines comme les espèces. Aussi plusieurs auteurs ont-ils cru ciu'on devait les regarder comme de véritables espèces. Maïs ce qui les en distingue , c'est d'abord le peu d'importance des ca- ractères d'après lesquels elles sont établies j et en second lieu, c'est que lorsqu'elles cessent d'être soumises aux in- fluences sous lesquelles elles se sont développées , elles perdent leur caractère particulier, pour reprendre celui de l'espèce dont elles s'étaient momentanément éloignées. iMÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 5^ Gemies, De même que la réunion des individus sem- blables, et même des races et des variétés, constitue l'es- pL'ce , de même la réunion des espèces qui ont entre elles une ressemblance évidente dans leurs caractères inté- rieurs et leurs formes extérieures, constituent le genre. Les caractères sur lesquels les genres sont fondés sont tirés de considérations d'un ordre supérieur à celles d'a- près lesquelles on établit les espèces. Elles tiennent à l'or- ganisation de quelque partie essentielle. Ainsi , dans les Mammifères, les caractères des [jenres sont principale- ment fondés sur le nombre et la forme des dents , sur le nombre des doigts, la structure des organes intérieurs, etc. Dans le règne végétal , c'est principalement dans la forme ou dans la* disposition des diverses parties de la fructifi- cation que les botanistes puisent les caractères par les- quels ils distinguent ces genres. Mais le nombre et la va- leiu' de ces caractères sont loin d'être les mêmes pour toutes les familles. Un caractère, qui dans certain groupe, serait de la plus haute importance, devient presque nul dans un autre ordi'e. Ainsi, dans les familles très-naturel- les , comme , par exemple , dans les Graminées , les Om- bellifères, les Crucifères, les difîérences d'après lesquelles on établit les genres, sont souvent si peu considérables, que dans d'autres familles elles serviraient à peine à dis- tinguer les espèces entre elles. Nous reviendrons plus en détail sur cet objet important, lorsque nous parlerons de la valeur des caractères , en traitant, dans la suite de cet article, delà métbode des familles naturelles appliquée à la botanique. Pour qu'un genre soit réellement bon et naturel, il faut non-seulement que les espèces qu'il réunit aient de commun entre elles la modification d'organe qui consti- tue le caractère essentiel, mais encore qu'elles se ressem- blent par leur port et leurs formes extérieures. Charackr 40 TAXO^OMIE. nonfacif gernis ^ a dit Linnée. Il ne faut pas perdre de vue ce sage précepte, toutes les fois qu'on veut établir un genre: on doit à la fois consulter les organes d'après lesquels on croit devoir établir la distinction, et voir si leur différence entraîne avec elle quelques signes exté- rieurs qui justifient la séparation du genre. Ainsi, dans le règne animal, les genres chien, éléphant, chameau, etc. et dans le rèjjne végétal , les genres chêne , renoncule , tulipe, bruyère, etc., sont forts naturels, parce qu'in- dépendamment de leur caractère essentiel et commun, toutes les espèces ont un port et des formes extérieures entièrement analogues. Ordres. En opérant pour les genres comme on a fait pour les espèces, c'est-à-dire en rapprochant ceux qui conservent encore des caractères communs , on établit .des ORDRES, si Ton n'a égard qu'à vm seul caractère-, des FAMILLES ou ORDRES NATURELS , si OU rapprochc Ics gcures d'après les caractères offerts par toutes les parties de leur organisation. Ainsi , dans le système sexuel de Linnée , en réunissant les genres qui ont le même nombre de styles ou de stigmates, on en forme des ordres. Mais si , au contraire , on a examiné chacun des genres en particulier, et si on a rapproché les uns des autres tous ceux qui ont la même organisation dans leurs graines , leur fruit , les di- verses parties de leurs fleurs, et la même disposition dans leurs organes de la végétation , alors on a formé uueya- mille nafureUc. Classes. Enfin, les classes qui sont le premier degré de division dans une classification, se composent d'un certain nombre d'ordres ou de familles naturelles réunies par un caractèreplus général et plus large , mais toujours propre à chaque être qui se trouve contenu dans la classe. Par exemple, Linnée, dans son système sexuel des plantes, a formé une classe de tous les genres qui ont cinq éta- MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 4^ mines; cette classe se divise en un certain nombre d'or- dres , suiA'ant que les genres qui y sont réunis ont un, deux, trois, quatre , cinq, ou un grand nombre de sty- les et de stigmates. De même M. de Jussieu a formé , dans sa méthode des familles naturelles , quinze classes , dont le caractère essentiel est fondé sur le mode d'insertion dos étamines ou de la corolle monopétale staminifère. En suivant une marche inverse de celle qui vient d'être établie, nous dirons donc que dans une classification quelconque , les premières divisions portent le nom de classes -, que les classes se divisent en ordres dans les sys- tèmes artificiels , en familles dans les méthodes naturel- les-, que les ordres ou familles se partagent en genres; que les genres sont des réunions d'espèces , qui elles-mêmes enfin sont des collections d'individus. On a souvent agité la question de savoir le sens précis que l'on doit attacher aux mots genres naturels etja- milles naturelles , et par conséquent si les genres et les familles existent dans la nature. Cette question , assez peu importante en elle-même, nous paraît devoir être résolue négativement : la nature n'a créé que des indivi- dus; elle a modifié dans chacun d'eux l'organisation gé- nérale , de manière que Ton peut en quelque sorte s'éie- v^er, par des passages .presque insonsii^les , du végétal le plus simple à celui dont l'organisation est la plus com- pliquée. L'homme , ayant appliqué les forces de son gé- nie à la contemplation de la nature , a fini par recon- naître que dans la multitude des végétaux épars sur la surface de notre planète , il y en a qui se reproduisent constamment avec les mêmes caractères, et par le moyen de leurs graines ; il a donné à. cette succession d'êtres pro- venant originairement d'un seul individu, considérée d'une manière générale et abstraite , le nom d'espèce. Portant plus loin son attention , il a vu que parmi ce 42 TAXOIVOMIE. grand nombre d'espèces différant les imes des autres par quelques signes , il y en avait un certain nombre ayant des caractères communs, soit dans leur structure intime, soit dans leur port, et il en a formé abstractivement une sorte de groupe ou de réunion qu'il a appelé un genre. S'élevant de cette idée de genre à une idée encore plus générale, il a formé d'autres groupes, qu'il a nommés fa- milles naturelles, de la réunion des genres ayant entre eux de la ressemblance dans l'ensemble de toutes les par- tics de leur organisation. j\îais les espèces , les genres et les familles dans le sens abstrait que nous attachons à ces mots , n'existent pas dans la nature. La nature a créé les types d'organisation, d'après lesquels nous avons cru devoir établir ces divisions -, mais elle n'a pas marqué , dans la suite non interrompue d'êtres qu'elle a formés , les limites qui devaient séparer les espèces , les genres et les familles : c'est l'homme, dont l'esprit trop étroit, dont les sens limités ne peuvent eml)rasser dans leur ensemble, en même temps que saisir dans leurs détails , toutes les œuvres de la création, qui a établi ces divisions. Elles lui permettent de porter successivement son attention sur toutes les productions de la nature : car, s'il en était au- trement , si , en effet , ces divisions avaient été établies par la nature elle-même , elles seraient fixes et invaria- bles , et tous les hommes seraient d'accord sur le sens et la valeur de chacune d'elles. Mais il n'en est pas ainsi : il s'en faut de beaucoup que les naturalistes s'entendent sur ce qu'il faut nommer espèce, genre, famille. Chacun d'eux , en quelque sorte , donne une signification diffé- rente à ces mots : inconvénient inséparable de toutes les choses que Thomme a cherché à définir. Cependant on peut employer les mots de genre naturel et de famille naturelle, mais en leur donnant une autre si- gnification. Un genre ou une famille seront réellement na- JIÉTHODE DE M. DE JUSSIEUV ^5 turels quand les espèces ou les genres qu'on y aura réunis formeront en quelque sorte une suite non interrompue , c'est-à-dire que l'organisation générale se nuancera in- sensiblement de l'un à l'autre, sans offrir ces contrastes choquans qui sont contraires à l'harmonie générale de la nature. C'est dans ce sens seulement que le mot de na- turelles pourra être appliqu#à ces divisions systémati- ques établies par l'homme. Après avoir posé ces idées générales, il nous reste à porter l'attention du lecteur uniquement sur la méthode naturelle dans les végétaux. Déjà l'on connaît le sens que l'on doit attacher à ce genre de classification, et les points qui le distinguent des systèmes purement artifi- ciels. Il nous reste donc à faire ici l'application des idées générales exposées précédemment, à la classi- fication des végétaux. Nous croj^ons devoir présenter d'abord en abrégé l'origine de cette classification des végétaux en familles naturelles. Magnol est le premier qui , dans un ouvrage intitulé : Prodromus hisforiœ generalis planfm'um, publié à 3Iont- pellier en 1689 , ait tenté de rapprocher les végétaux en groupes, qu'il désigne , pour la première fois, sous le nom de familles , en faisant , dit-il , allusion à la réunion des individus formant les familles dans la société. La préface de cet Ouvrage, où il expose les principes qui Font guidé, est un monument très-remarquable pour l'époque où il a été écrit , et renferme en abrégé les principes fonda- mentaux de la classification naturelle. Magnol dit qu'ayant l'intention de faire une histoire générale des plantes , il a étudié avec soin les differens systèmes éta- blis avant lui, mais qu'il n'a cru devoir en adopter aucun, parce que tous lui ont paru rompre les affinités les plus naturelles qui existent entre les végétaux. «J'ai cru, dit- il, qu'on pouvait établir parmi les plantes des familles 44 TAXONOMIE. comme il en existe parmi les animaux : les carf^ctères de ces familles ne doivent pas être tirés uniquement des organes de la fructification , mais aussi de toutes les au- tres parties du végétal. Cependant nous convenons , ajoute ]\îagnol, que les caractères les plus importans sont ceux que Ton tire de la fleur et de la graine, comme étant les parties les plus essentielles du végétal-, mais il ne faut pas néanmoins négliger les autres organes qui, dans plusieurs circonstances, m'ont été d'un grand se- cours pour caractériser certaines familles. Il y a dans un grand nombre de plantes une ressemlîlance et une affinité qui existent non dans chaque organe pris isolément, mais dans Tensemble de l'organisation, et qui frappent les sens, quoiqu'on ne puisse les exprimer par des mots. ]Vous citerons pour exemples les familles des Aigremoines et des Quintefeuilles, que tout botaniste reconnaîtra pour naturelles , bien que les plantes qui les forment diffèrent beaucoup entre elles par leurs racines, leurs feuilles, leurs fleurs, etc. : on peut aussi puiser d'excellens caractères dans les feuilles séminales et leur germination. » Ces idées , que l'on trouve toutes dans la préface de l'ouvrage de IMagnol, cité précédemment, nous parais- sent encore aujourd'hui de la plus haute justesse , et pro- pres à servir de base aux principes fondamentaux de la classification naturelle. Partant de ces idées pénérales , le professeur de Montpellier avait établi soixante-seize familles naturelles sous la forme de tableaux; mais il n'en a pas donné les caractères , et n'y a rapporté que les genres principaux. Cependant l'ouvrage de Magnol, mal- gré le grand nombre de rapprochemenspeu naturels qu'il a opérés dans ses familles , nous paraît renfermer l'idée mère de la méthode naturelle des végétaux, que plus tard d'autres botanistes, aidés des progrès de la science, ont fécondée et exposée dans tout son jour. MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 4^ En 1738 , Linneeus , dans ses Classes Planlaruni, pro- posa une distribution des genres en soixante-sept fa- milles naturelles. Ce grand naturaliste avait déjà senti , à cette époque , que son système , tout ingénieux qu'il était, et malgré son utilité pratique, n'était qu'un écha- faudage peu solide, et non le monument durable de la science. Aussi le Toit-on , dans la plupart des ouvrages qu'il a publiés postérieurement à cette époque , considé- rer les familles naturelles comme la seule classification qui se rapproche de la nature. « La méthocLe naturelle , dit-il, a été le premier et sera le dernier terme de la bo- tanique j le travail habituel des plus grands botanistes est et doit être d'y travailler. Il est constant que la mé- thode artificielle n'est que secondaire de la méthode na- turelle , et lui cédera le pas , si celle-ci vient à se décou- vrir. J'ai pendant long-temps, comme plusieu.rs autres, travaillé à l'établir-, j'ai obtenu quelques découvertes-, je n'ai pu la terminer, et j'y travaillerai tant que je vi- vrai , etc. » On voit par ce petit nombre de citations , que nous aurions pu augmenter facilement , que Linnaeus était bien pénétré de l'importance de la méthode naturelle, et qu'il en sentait la supériorité sur les systèmes artificiels. On doit donc s'étonner que ceux qui se disent ses élèves aient été pendant si long-temps les adversaires les plus opiniâtres de cette méthode , et qu'ils se soient autorisés du nom de leur maître , pour décrier une classification que lui-même avait proclamée la meilleure. Linneeus , de même que Magnol, ne donne pas les carac- tères des familles qu'il établit; il semlile les ranger aussi dans un ordre tout-à-fait arbitraire, et sans suivre de mé- thode. Heister, en 17485 dans son Systema Plantarum gé- nérale , a également présenté les végétaux réunis par familles -, mais son ouvrage , plein des vues les plus sai- ^6 TAXONOMIE. nés, n'a eu aucune influence sur les progrès de la science, n'ayant pas été apprécié par ses contemporains. Ce fut en 1759 que Bernard de Jussieu , en établissant le jardin botanique de Trianon, y fonda sa série des or- dres naturels. Mais, de même que ses prédécesseurs , il donna un simple catalogue , sans caractériser les groupes qu'il venait d établir. Ces familles , présentées par Ber- nard de Jussieu , et dont son neveu Ant. -Laurent de Jus- sieu nous a^transmis le tableau , à la fiti de la préface de son Gênera Plantarum , sont beaucoup plus natu- relles que celles de ses prédécesseurs. Le savant botaniste de Paris avait étudié av^ec un soin tout particulier l'or- ganisation des différens genres de végétaux-, il les avait soigneusement comparés -, et c'est en s'appuyant sur un nombre prodigieux d'observations et d'analyses , qu'il était parvenu à construire sa méthode. Adanson, observateur passionné et voyageur infati- gable, publia , en 1760 , son livre sur les familles natu- relles des végétaux. Il partit de cette idée, qu'en établis- sant le plus grand nombre possible de systèmes, d'après tous les points de vue sous lesquels on pouvait considérer les plantes, celles qui se trouveraient rapprochées dans le plus grand nombre de ces systèmes , devaient être celles qui auraient entre elles les plus grands rapports , et par conséquent se trouver réunies dans un même ordre naturel : de là l'idée de sa méthode universelle ou de comparaison générale. Il fonda sur tous les organes des plantes un ou plusieurs systèmes , en les envisageant cha- cun sous tous les points de vue possibles', et arriva ainsi à la création de soixante-cinq systèmes artificiels. Com- parant ensuite ces difiérentes classifications entre elles, il réunit ensemble les genres qui se trouvaient rappro- chés dans le plus grand nombre de ces systèmes , et en forma ses cinquante-huit familles. Adanson est le pre- MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 4? mier qui ait donné des caractères détaillés de toutes les familles qu'il a établies , et , sous ce rapport , sou travail a un avantage marqué sur ceux de ses prédécesseurs. Ces caractères sont tracés avec beaucoup de soin et de détails , et pris dans tous les organes des végétaux, de- puis la racine jusqu'à la graine. Mais ce ne fut qu'en 1789 que l'on eut véritablement un ouvrage complet sur la méthode des familles natu- relles. Le Gênera Plantarmn d'Antoine-Laurent de Jus- sieu présenta la science des végétaux sous un point de vue si nouveau, par la précision et l'élégance qui y régnent, par la profondeur et la justesse des principes généraux qui y sont posés , que c'est depuis cette époque seulement que la méthode des familles naturelles a été véritable- ment créée , et que date la nouvelle ère de la science des végétaux. Jusqu'alors chaque auteur n'avait cherché qu'à former des familles, sans établir les principes qui devaient servir de base et de guide dans cet important travail. L'auteur du Gênera Plantant m posa le premier les bases de la science , en faisant voir quelle était Tim- portance relative des difterens organes entre eux , et par conséquent leur valeur dans la classification. Le pre- mier, il établit une méthode ou classification régulière pour disposer ces familles en classes; et non-seulement il traça le caractère de chacune des cent familles qu'il établit, mais il caractérisa tous les genres alors connus, et qu'il avait ainsi groupés dans ses ordres naturels. C'est l'ouvrage d' Antoine-Laurent de Jussieu qui a servi de base à plusieurs autres du même genre qui ont été publiés depuis-, tels sont ceux de Ventenatetde M. Jaume Saint-Hilaire , qui n'en sont que de simples traductions. Depuis cette époque, la science a certainement fait des progrès importans , auxquels l'auteur du Gênera n'a pas peu contribué lui-même par ses diflérens travaux. De 48 TAXONOMIE. nouvelles familles ont été établies, soit avec des genres entièrement nouveaux , soit avec des genres anciens , mais dont on a mieux connu la structure , ou dont les nouvelles découvertes ont révélé les véritables affinités. Mais tel qu'il est, le Gênera dedeJussieuest,sans contre- dit ,1e plus beau monument que l'esprit humain ait élevé à la science de la nature. Il a fait, selon la remarque de Cuvier, la même révolution dans les sciences d'observa- tion, que la chimie de Lavoisier dans les sciences d'expé- rience. En effet, il a non-seulement changé la face de la botanique , mais son influence s'est également exercée sur les autres branches de l'histoire naturelle, et y a in- troduit cette méthode philosophique et naturelle, vers le perfectionnement de laquelle tendent désormais les ef- forts de tous les naturalistes. C'est donc dans l'ouvrage de de Jussieu que nous puiserons la plupart des principes généraux que nous allons d'abord exposer. Nous aurons également recours à ce qu'a écrit sur la méthode natu- relle notre savant ami, le professeur De CandoUe, de Genève , dans son excellente Théorie élémentaire de la holanique. La méthode naturelle a pour oljjet la recherche des rapports ou affinités qui existent entre les differens végé- taux pour en former des genres que l'on réunit en grou- pes plus ou moins nombreux , nommés familles naturelles depuis Magnol, et dont tous les individus se ressemblent par les caractères les plus essentiels. Mais que doit-on entendre par un caractj;re? C'est l'expression d'un changement ou d'une modification quelconque dans un organe. Ainsi , quand je dis : corolle moiiopéiale , étamines "ynonadeJphes , les mots monopétale et monadelphes sont des expressions carac- téristiques qui signifient que la corolle est d'une seule pièce , que les étamines sont toutes réunies eu un seul MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 49 tube OU faisceau par leurs filets. Mais on a aussi appliqué le nom de caractère à la réunion des signes diagnostiques qui distinguent les espèces , les genres , les familles , les classes, etc. j et c'est dans ce sens que l'on dit caractère spécifique , caractère générique , caractère de famille , etc. C'est en étudiant avec soin les divers caractères des vé- gétaux , c'est en les comparant entre eux pour détermi- ner leur importance réelle et leur valeur relative , que l'on peut arriver à une bonne classification des genres en familles naturelles. Pour parvenir à ce but, il faut rechercher et imiter autant que possible la marche que la nature elle-même semble avoir suivie dans la forma- tion de ces groupes qui de tout temps ont frappé les observateurs par les rapports intimes qui existent entre les êtres qui les composent. Or, en examinant attentive- ment un certain nombre de ces groiipes , on voit que , parmi les caractères qu'ils présentent , il y en a qui sont constans et invariables ; d'autres qui sont généralement constans, c'est-à-dire qui existent dans le plus grand nombre des familles -, quelques-uns c[ui , constans dans un certain nombre de groupes , manquent toujours dans d'autres -, certains enfm qui n'ont aucune fixité et varient dans chaque ordre. Nous avons ainsi quatre degrés de caractères relativement à leur constance. On conçoit que l'importance de ces caractères est en raison directe de leur plus grande invariabilité , et que , dans la formation des groupes, on ne doit pas compter les c^iractères, mais peser leur valeur relative. Ainsi, un caractère invariable du premier degré doit en quelque sorte équivaloir à deux caractères du second degré, et ainsi successive- ment. Or, nous voyons que cette invariabilité plus ou moins grande des caractères est en raison de l'impor- tance plus ou moins grande de l'organe auquel ils sont empruntés. Ainsi, comme il y a deux fonctions essen- 2' l'aiùc. 4 5o TVXONOMÏE. tielles dans la \ïe végétale, la nutrition et la reproduc- tion , re sont les organes les plus indispensables à Texer- cice de ces deux fonctions qui sont aussi les plus inva- riables, et qui, par conséquent, jouent le rôle le plus important dans la coordination des régétaux. Dans la reproduclion , l'embryon , qui est le but et le moyen de cette fonction , puisque c'est à sa formation que tous les autres organes concourent , et qu'une fois formé , c'est par lui que peut se renouveler et se perpétuer l'espèce; Fembryon, dis-je, est donc Torgane le plus important dans la série de ceux qui agissent dans cette fonction. Mais de l'embryon, comme de toute autre partie, on peut tirer plusieurs sortes de caractères qui n'auront pas une égale valeur. Ainsi , on conçoit que les plus impor- tans sont ceux qui tiennent d'abord et essentiellement â son existence ou à son absence , puisqu'il y a des végé- taux qui en sont dépourvus ', à son organisation propre, ou à son mode de développement, qui est une consé- quence nécessaire de celle-ci. Nous pouvons tirer de l'embryon trois séries de caractères du premier degré , savoir : i*' plantes avec ou sans embryon; 2'^ plantes avec l'extrémité cotylédonaire simple ou divisée -, 3*^ plan- tes cotylédonées,avec la radicule nue ou renfermée dans une poche qu'on nomme coléorliize. Ces deux derniers caractères sont absolument de même valeur, et en quelque sorte la traduction l'un de l'autre ; car toutes les plantes qui ont l'extrémité cotylédonaire indivise , c'est-à-dire l'embrj-on monocotylédoné , ont la radicule incluse ou coléorbizée, c'est-à-dire qu'ils sont Endo- rhizes; et tous ceux qui ont le corps cotylédonaire divi- sé, c'est-à-dire l'embryon dicotylédoné , ont la radicule nue , c'est-à-dire qu'ils sont Exorhizes. Les organes sexuels fournissent aussi quelques carac- tères du premier degré. Nou« n€ parlerons pas de leur MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 5l prt^sence ou de leur absence, qui sont en corrélation d'existence avec la présence ou l'absence de l'embryon, puisque toutes les plantes qui ont un embryon ont né- cessairemrnt des organes sexuels; et -vice versa. Le seul caractère constant , et qu'on puisse ranger parmi ceux du premier degré , est la position relative des deux or- ganes , c'est-à-dire leur mode d'insertion. Les caractères que Ton peut tirer de taiie, considération, sans avoir la même valeur que ceux que fournit l'embryon , sont néanmoins placés au rang des plus importans. Les organes de la nutrition nous fournissent aussi des caractères que le professeur De Candolle place au pre- mier rang d'importance. Or, parmi ces organes, il n'en est pas de plus essentiels que les vaisseaux nourriciers , qui néanmoins manquent dans un certain nombre de plantes. De là deux caractères : les végétaux sans vais- seaux , qui sont entièrement formés de tissu cellulaire , et qu'on nonmie pour cette raison végétaux cellulaires; et les végétaux vasculaîres. Mais ces vaisseaux nourri- ciers sont tantôt placés à l'intérieur même , au centre du végélal, dont l'accroissement et la nutrition s'opèrent ainsi à l'intérieur-, tantôt ils sont placés extérieurement , et l'accroissement a lieu à l'extérieur : de là la distinc- tion des végétaux vasculaires en Endogènes et Exogènes, établie par le savant professeur de Genève. Les caractères empruntés aux organes essentiels des deux fonctions du végétal , la nutrition et la reproduc- tion , ont une importance absolument égale , comme le prouve la corrélation qui existe entre eux. Ainsi , les divisions fournies dans les végétaux, par l'embryon, correspondent exactement à celles établies d'après les vaisseaux nourriciers. Les Inembryonés correspon- dent aux végétaux cellulaires , les Embryonés aux A^as- culaires, lç§ Monocotylédons ou Endorbizes aux Endo- 02 TAXONOMIE, gènes, les Dicotylédons ou Exorhizes aux Exogènes. Cette correspondance entre des caractères pris dans des organes dift'érens est une chose importante à noter. Ainsi, il y a telle modification d'organe qui entraîne constam- ment telle autre modification dans un autre organe. Par exemple , l'ovaire infère nécessite constamment vm ca- lice monosépale; la corolle vraiment monopétale en- traîne toujours l'insertion des étamines sur la corolle elle-même , etc. Mais tous les organes des plantes n'offrent pas dans leurs caractères la même constance et la même invaria- bilité que l'embryon et les vaisseaux nourriciers, et, sous ce rapport , nous avons encore à examiner trois ordres de caractères. Les caractères du second degré, avons- nous dit, sont ceux qui sont généralement constans dans toute une famille , ou qui ne souffrent qu'un petit nom- bre d'exceptions. A cette classe se rapportent les carac- tères que l'on peut tirer de la corolle monopétale , poly- pétale ou nulle, ceux que fournit la présence ou l'ab- sence de l'endosperme , ceux que Ton tire de la position de l'embryon relativement à la graine, et celle de la graine relativement au péricarpe. Parmi les caractères du troisième ordre , les uns sont constans dans quelques familles; les autres sont inconstans: par exemple, le nombre et la proportion des étamines , leur réunion par les filets en un , deux ou pkisieurs corps ou faisceaux ; l'organisation intérieure du fruit, le nombre de ses loges, leur mode de déhiscence-, la position des feuilles alternes ou opposées, la présence des stipules, etc. Enfin, on rejette parmi les caractères tout-à-fait variables les diff'érens modes d'inflorescence, la forme des feuilles, celle de la tige, la grandeur des fleurs, etc. Tels sont les differens degrés d'importance des carac- tèj:es que fournissent les végétaux pour leur coordinatioti MÉTHODE DE BI. DE JUS9ÏEU. 53 en familles naturelles. Cette importance , nous le répé- tons, est surtout fondée sur leur invariabilité*, mais néanmoins ceux même que nous rangeons dans le pre- mier degré , c'est-à-dire parmi les plus fixes , peuvent cependant souffrir quelques exceptions , mais qui con- firment la règle générale plutôt qu'elles n'y portent atteinte. Ainsi, l'embryon n'est pas uniquement à un seul ou à deux cotylédons; plusieurs plantes de la famille des Conifères en offrent un plus gTand nombre. La dis- position des vaisseaux nourriciers, qui correspond tou- jours si exactenient à la structure de l'embryon , souffre une exception très-notable dans la famille des Cycadées, qui sont des Endogènes ou jMonocotylédons , par l'orga- nisation de leur tige et leur port , tandis que leur em- bryon est bien réellement à deux ' cotylédons , et que la structure de leurs fleurs les place tout près des Conifères. L'insertion des étamines est également rangée parmi les caractères du premier ordre : néanmoins cette insertion est variable dans les différens genres qui forment les familles des Légumineuses, des Violacées, etc. Mais ces exceptions sont tellement rares qu'elles n'altèrent en rien la valeur de ces caractères. Cependant on doit en con- clure qu'en histoire naturelle les caractères que nous regardons comme les plus fixes , peuvent néanmoins offrir quelques exceptions. La valeur des caractères n'est pas la même dans toutes les familles , c'est-à-dire qu'il y a certains caractères qui , peu importaus dans quelques cas , acquièrent dans d'au- tres une très-grande valeur. Ainsi , rien de moins impor- tant en général que les caractères qu'on tire des feuilles entières ou dentées. Cependant ce signe devient d'une valeur très-grande dans les Rubiacées; ù tel point qu'il est peut-être le seul vraiment général , et qui s'olîserve dans tous les genres de cette famille, lesquels ont des 64 TAXOKOMIE. feuilles parfaitement entières. Il en est de même de la forme de la tige , qui est constamment carrée dans toutes les Labiées. Aussi voyons-nous que , dans quelques fa- milles, les caractères de la végétation sont plus fixes, et par conséquent ont plus de valeur que les caractères de la fructification. C'est d'après les principes que nous venons d'exposer précédemment, c'est-à-dire en comparant attentive- ment tous les organes des végétaux , en étudiant les ca- ractères qu'ils peuvent fournir^ et en groupant ces carac- tères , que l'on est parvenu à réunir tous les genres connus en familles naturelles. Les caractères du premier ordre, c'est-à-dire la structure de l'embryon et l'organisation intérieure des tiges , l'insertion relativedes organes sexuels, doivent dgoureusement être les mêmes dans tous les genres d'une même famille. Il en est ôv même de ceux du second ordre , dont quelqu'un pourra néanmoins manquer. Les caractères du troisième degré devront, en général, se trouver réunis dans tous les groupes génériques du même ordre naturel -, mais cependant leur présence à tous n'est pas indispensable. Car remarquons ici que , comme le caractère général d'une famille n'est pas un caractère simple, mais résulte de la réunion des caractères de tous les genres, quelques-uns de ces caractères peuvent ne pas exister dans le caractère général , surtout quand ils ne sont cjue du troisième degré. Ainsi, quoique dans un grand nombre de Solanées le fruit soit charnu, cepen- dant plusieurs genres à fruit sec appartiennent égale- ment à celte famille , etc. , etc. iVous venons d'étudier le mécanisme de la formation des familles, il nous resta à parler de la coordination de CCS familles entre elles. La forme de nos ouvrages didactiques , la disposition et farrangemeut de noa coUeetions nous forcent à suivre MÉTHODE DE H, D£ JUSSIEU. 55 dans la classilicatioD des familles entre elles la sërie linéaire ; mais cette série rompt souvent l'ordre des affi- nités naturelles. En effet, les familles , aussi bien que les genres , n'ont pas uniquement des rapports avec le groupe qui les précède et celui qui les suit. Ces rapports sont mul- tipliés et souvent croisés. Aussi Linnseus avait parfaite- ment senti cette vérité lorsqu'il dit que les familles ne peuvent être placées les unes à la suite des autres , mais qu'on doit les disposer conune les territoires ou provinces dans une carte j]éo{jrapbique , qui se touchent entre eux par un très-grand nombre de points. ÎMais comme une pareille disposition ne peut -être adoptée dans la pratique , il a fallu avoir recours à une classification quelconque, et c'est ici que s'est intro- duite une partie systématique jusque dans la Méthode naturelle. On a cherché à réunir les familles en classes , comme on avait réuni les genres pour eu former des fa- milles. Ici se présentent deux voies j l'une, suivie par M. deJussieu, consiste à s'élever de l'organisation la plus simple à la plus compliquée, c'est-à-dire de commencer la série des familles par les Byssus et autres végétaux filamenteux à peine organisés , pour arriver graduelle- ment jusqu'à ceux dont la structure est la plus com- plexe. Dans l'autre on part, avec M, De CandoUe , des végétaux les plus complets , et par conséquent les mieux connus , pour descendre par une succession presque non interrompue jusqu'à ces végétaux d'une organisation simple, qui forment en quelque sorte le passage aux autres règnes. Quelle que soit celle de ces deux routes pour laquelle on se décide, il s'agit d'établir des classes ou divisions pour y grouper les familles. Or, on con- çoit que les caractères de ces classes doivent être pris parmi les plus fixes et les plus importaus. Le célèbre auteur du Gaiera Plantarum a adopté la 56 TAXONOMIE. classification suivante : Les caractères des classes ont été pris successivement dans les organes les plus importans. Or, nous avons dit que c'était en première ligne la struc- ture de l'embrj'on , et ensuite la position relative des organes sexuels entre eux , c'est-à-dire leur insertion. Les végétaux ont donc d'abord été divisés en trois grands embranchemens , suivant qu'ils manquent d'embryon , suivant que leur embryon offre un seul , ou suivant qu'il offre deux cotylédons. Les premiers ont reçu le nom ^ulcotylédoiiés^ parce que n'ayant pas d'embryon, ils sont nécessairement sans cotylédons-, les seconds, celui de MonocotyUdonés ^ et enfin les derniers celui de Dicotylédones. On a donc d'abord réuni les familles dans ces trois grandes divisions primordiales. La seconde série de caractères , celle qui sert vraiment à établir les classes proprement dites, est fondée sur l'insertion relative des étamines ou de la corolle , toutes les fois qu'elle est monopélale et qu'elle porte les étamines. Or, on sait qu'il y a trois modes principaux d'insertion , VHypogynirpie , la Périgynique et VEpicjynique. Ils ont servi à former autant de classes. Les A cotylédons, qui sont non-seulement sans em- l)ryon , mais sans fleurs et sans organes sexuels propre- ment dits , n'ont pu être divisés d'après cette considé- ration. On en a formé la première classe. Les Monoco- tyiédons ont été divisés en trois classes , d'après leur in- sertion , et l'on a eu les Monocotylédons hypogynes , les Monocotylédons périgynes, et les Monocotylédons épi- gynes. Les familles de Plantes dicotylédones étant beaucoup plus nombreuses , on a dû chercher à y multiplier le nombre des divisions ; car dans tout système , plus le nombre des divisions est grand , plus son utilité et sa fa- cilité augmentent dans la pratique. Or, nous avons ^n^ MÉTHODE î)E M. DE JUSSIEU. 5/ que dans l'ordre d'importance des organes , la corolle , considérée en tant que monopétale , polypétale ou nulle , était , après l'embryon et l'insertion , l'organe qui four- nissait les caractères de la plus grande valeur -, c'est donc à la corolle que ÎM. de Jussieu a emprunté une nouvelle source de caractères classiques. En examinant les familles de Plantes dicotylédones , on en trouve un certain nombre qui sont entièrement privées de corolle , c'est-à-dire qui n'ont qu'un périanthe simple ou calice ; d'autijes qui ont leur corolle d'une seule pièce ou monopétale , d'autres enfin qui offrent une corolle polypétale. On a donc formé parmi les Dicotylédones trois groupes secondaires , savoir : les Dicotylédones apétales ou sans corolle ; les Dicotylé- dones 7nonopétales , et les Dicotylédones •polypétales. .C'est alors qu'on a employé l'insertion pour diviser cha- cun de ces groupes en classes. Ainsi , on a partagé les Dicotylédones apétales en trois classes , savoir : les Apé- tales épigynes , les Apétales périgynes , et les Apétales hy^ogynes. Quant aux Dicotylédones monopétales, on a eu recours non pas à l'insertion immédiate des éta- mines qui sont toujours attachées à la corolle, mais à celle de la corolle staminifère qui offre les trois modes particuliers d'insertion hypogynique , périgynique et épi- gynique , et l'on a eu ainsi les ]\Ionopétales hypogynes , les Monopétales périgynes, et les Monopétales épigynes. Ces dernières ont été subdivisées en deux classes , suivant qu'elles ont les anthères soudées entre elles et formant un tube , ou suivant que ces anthères sont libres et dis- tinctes, ce qui a fait quatre classes pour les Dicotylé- dones monopétalcs. Les Dicotylédones polypétales ont été partagées en trois classes , qui sont les Dicotylédones polypétales épigynes , les Polypétales périgynes, et les Polypétales hypogynes. Entin , on a formé une dernière classe pour les Plantes dicotylédones à fleurs véritable- 58 TAXOJNOMIE. ment unisexut^es et dicliues. M. dç Jussieu est donc ainsi arrivé à la formation de quinze classes , savoir : une pour les Acotylédons , trois pour les Monocotjdédous , et onze pour les Diootylédons. 11 n'avait d'abord pas donné de nom à ces classes , mais plus tard il a seuti la nécessité de pouvoir désigner chacune d'elles par un nom simple, et il les a dénommées ainsi qu'on va le voir dans le ta- bleau ci-joint. Toutes Jes familles connues ont ensuite été rangées dans chacune de ces classes , mais elles n'y ont pas été placées au hasard. Commençant les Acotylédones par la famille des Champignons où l'organisation est la plus simple, et la famille des Champignons par le genre Mu- cor, qui ne consiste qu'en de petits filamens , l'auteur du Gênera, suivant comme pas à pas la marche mèm^ de la création, s'est graduellement élevé du plus simple au plus composé; et chaque genre, chaque famille , ont été placés de manière qu'ils soient précédés et suivis de ceux avec lesquels ils avaient le plus de rapports. C'est^en suivant cette marche que l'on a cherché à conserver l'or- dre des affinités entre les genres et les familles, autant que le permet la disposition en série linéaire. Telle est la classilication des familles naturelles, ainsi qu'elle a été présentée par l'illustre fondateur de cette mé- thode. Depuis, quelques autres botanistes y ont apporté des modifications qui n'en ont pas changé l'esprit. Ainsi feu mon père, le professeur Richard , qui avait fait une étude si approfondie de la graine et du fruit , ayant remarqué que la division des plantes , d'après le nombre des cotylédons, ofliait un assez grand nombre d'exceptions, puisque i'^ quclqurs-unes en avaient trois, quatre, cinq et même douze-, 2*^ que les cotylédons étaient quelquefois soudés entre eux, de sorte quime plante bien réellement dico- tyiédone ne paraisbait avoir qu'un eotylcdou cm même MÉTHODE »3B M. »Ê JUSSIEU. 5^ en manquer totalement , avait proposé une division pri- maire des végétaux d'après la radicule. Cet organe , en efïet, peut offrir des caractères de premier ordre, au moins aussi coustans que ceux que l'on tire du corps co- tylédonaire. Ainsi la radicule manque dans toutes les plantes sans embryon , et dans les plantes embryonces , elle est tantôt nue , tantôt renfermée dans une poche ou coléorbize , et tantùt soudée entièrement par sa base aA^ec l'endosperme. De là la répartition des familles en quatre grandes sections : les Arhizes , ou végétaux dépourvus d'embryon et par consé{{uent de radicule -, les Endoi'hizeSj ou ceux qui ont la radicule intérieure , c'est-à-dire en- veloppée par une coléorbize qu'elle est obligée de percer pour se développer-, les Exorhizes, qui ont la radicule extérieure et nue-, et les Synor-hizes , dont la radicule est soudée par son extrémité avec l'endosperme. Le professeur De Candolle, ainsi que nous l'avons dit pré- cédemment , a suivi une marche inverse de celle qu'avait tenue jM. de Jussieu. Au lieu de partir des végétaux les plus simples , et des commencer la série des familles par les Cryptogames, il a cru devoir partir de ceux dont Tor- ganisation est la plus complète , c'est-à-dire des familles qui ont le plus grand nombre d'organes distincts les uns des autres, et descendre ainsi successivement jusqu'à celles dont l'organisation est la plus simple. En suivant cette marche , on voit graduellement les végétaux perdre quelques-unes de leurs parties jusqu'à ce qu'on arrive à ces Lepra et à ces Jlucor qui sont en quelque sorte les premières formes de la matière organisée en végétaux. Ainsi , le professeur de Genève coniïneuce sa série par les familles dicotylédones poiypétaies qui ont les étami- nes attachées au réceptacle, et qu'il nomme Thalami- Jîores; il passe ensuite aux Calyci/lorcs ou Poiypétaies à étamincs attachées au calice j puis aux CorolliJIorcs ou 6o TAXO^OMIE. Monop^tales, et aux Monochlamydées ou Apétales; en- suite viennent les Monocotylëdons ou Endogènes , et il termine par les végétaux cellulaires. On avait reproché à la méthode de M. de Jussieu que les caractères des classes tirées de l'insertion relative des étamines ou de la corolle , étaient non-seulement d'une vérification très-difficile dans la pratique , mais qu'ils of- fraient même un assez grand nombre d'exceptions dans des familles naturelles. C'est pour cette raison que dans notre Botanique médicale nous avons proposé de tirer les caractères des classes de l'adhérence ou de la non-ad- hérence de l'ovaire avec le tube du calice . Ainsi, la première classe s'appelait A cotylédonie, la seconde Mono-Eleuthérogynie , la troisième Mouo-Sym- phj'sogynie, la quatrième Apétalie-Symphysogynie, la cinquième Apétalie-Éleuthérogynie, etc. Cette classifica- tion a , sur celle fondée sur l'insertion , le seul avantage d'être plus facile dans l'usage , en ce qu'il est , sans con- tredit, toujours aisé de déterminer si une plante a ou n'a pas l'ovaire infère. Mais elle offre aussi quelques excep- tions dans la pratique, en ce qu'il existe des familles extrêmement naturelles, qui offrent à la fois ces deux modifications de l'ovaire libre et infère j telles sont les Mélastomacées , les Saxifragées, etc. Au reste , et nous le répétons , il est impossible dans une série linéaire , la seule que nous puissions suivre dans nos livres, de conserver toutes les affinités naturelles des plantes , parce que ces affinités sont souvent très-multi- pliées et croisées , et que des familles appartenant à des classes différentes , peuvent avoir entre elles de grands rapports, bien qu'elles soient éloignées l'une de l'autre. C'est un inconvénient attaché à toutes nos méthodes de classification, que nous ne pouvons pas détruire complè- tepientjpiais auquel nou3 remédions en partie eu indi- MÉTHODE DE M. DE JUSSIEU. 6l quant à la fin de chaque famille les rapports même éloi- gnés qu'elle ofire avec les autres groupes naturels du règne végétal. Ceci posé , peu importe ensuite le point de départ , il faut toujours en choisir un-, ainsi, on peut aussi bien partir des Renonculacées , par où commence M. De Candolle, que des Champignons. Ce qui est vrai- ment important , quel que soit l'ordre qu'on adopte , c'est de suivre dans la disposition des familles les rapports et les affinités qu'elles ont les unes avec les autres, et sous ce point de vue on est quelquefois obligé de déroger aux caractères des classes , et de rapprocher entre elles des fa- milles qui , dans l'ordre rigoureux de la classification , appartiendraient à deux classes différentes. C'est ainsi que les Alismacées doivent être placées auprès des Hy- drocharidées , les Asparaginées auprès des Dioscorées, quoique dans les Alismacées et les Asparaginées l'inser- tion soit périgynique , tandis qu'elle est épigynique dans les deux autres familles. Dans son état actuel , la classifi- cation des familles naturelles est loin d'être parfaite. Il reste encore beaucoup à faire pour perfectionner plu- sieurs de ses parties -, mais l'élan est donné. Les botanis- tes de toutes les nations ont senti la supériorité de cette méthode , la seule qui repose sur des principes vraiment philosophiques et naturels. Tous se rallient sous la ban- nière de la Botanique française , comme , à la fin du dernier siècle, les chimistes proclamèrent les principes de la chimie de Lavoisier. Que ne doit-on pas espérer pour les progrès futurs de la science du concours de tous les hommes qui cultivent aujourd'hui la science des vé- gétaux? Su TAXONOMIi:. là 1-1 HJ M t4 P H -< » & m u \à kM A 0i >J fa h-c S f-, •-9 -^ h H en n rt P • 1^ M 1 P O -^ B H g l«5 M >^ Q H P tïi Fd >J O SSi, TABLEAU DES FAMILLES BU F.ÈGNE VÉGÉTAL, JIANgÉES SÈtON LA luÉTHonÈ D'ANTOINE-LAURENT DE JUSSIEU. PREMIÈRE DIVISION. PLANTES INE3ilîRYONÉES '. Cette première division du règne végétal correspond à la Crj^ptogamie de Linnseus. Elle renferme tous les vé- }i;étaux qui , étant dépourvus de A^éritables organes de la génération , c'est-à-dire d'étamines et de pistil , du moins avec les caractères que ces organes offrent dans les végé- taux Y)hanérogames , ont reçu le nom de plantes agames, et se reproduisent au moyen de corpuscules analogues , dans leur structure et leur développement , aux bul- billes qu'on observe sur certains végétaux phanéro- games. Linnœus nommait ces plantes cryptogames, parce qu'il croyait que leur fécondation avait lieu au moyen d'organes encore peu connus. M. De CandoUe , remarquant qu'un seul élément anatomique , le tissu cellulaire , entre dans leur composition , les appelle végétaux cellulaires , par opposition au nom de végé- taux vasculaires qu'il donne aux Phanérogames. JXous croyons devoir leur conserver le nom de plantes agames * Nous donnerons ici quelques considérations générales sur l'or- ganisation des plantes inembryonées, parce qu'elles présentent des particularités que nous n'avous pu faire connaitï-e dans le cours de cet ouvi'age. 64 FAMILLES NATURELLES. qui leur a été imposé par Necker, parce que, ainsi que nous le prouverons bientôt , ils semblent manquer d'organes générateurs, ou que, du moins, leurs or- ganes de la reproduction ont une structure entièrement différente de celle des mêmes parties dans les plantes phanérogames. Ainsi , nous comprenons sous le nom de platites agames toutes les plantes acotylédonées de M. de Jussieu, c'est-à-dire toutes celles qui ont été rangées par Linnseus dans la Cryptogamie ou dernière classe de son système. Plusieurs auteurs les ont divisées en deux classes , sa- voir : les cryptogames et les agames proprement dites. Au nombre des premières , ils rangent les Salviniées, les Esquisétacées , les Mousses, les Hépatiques, les Lycopo- diacées et les Fougères, qu'ils regardent comme pour- Vues d'organes sexuels, mais très-petits et peu distincts. Dans la seconde classe se trouvent les plantes véritable- ment agames, selon eux, telles que les Algues, les Li- chens, et les Champignons , dans lesquels on ne distin- gue rien qu'on puisse comparer à des étamines ou à des pistils. Mais nous n'admettons point cette distinction. L'organisation de tous ces végétaux est trop manifeste- ment différente de celle des phanérogames pour qu'on y retrouve les mêmes organes. Nous pensons donc, comme Kecker, que les plantes désignées par le nom de crypto- games sont entièrement dépourvues d'organes sexuels ; que rien en elles ne peut être raisonnablement assimilé à ces mêmes parties dans les phanérogames. Plus d'une fois , dans le cours de cet ouvrage , nous avons montré l'extrême différence qui existe entre toutes les parties de ces végétaux et celles des plantes phanéro- games. Nous avons fait voir que les corpuscules regardés par les auteurs comme des gTaines n'en sont point i"éel- lemcnt, puisqu'ils ne contiennent pas d'embryon. Ils PLAINTES IKEMBRYOîîEES. 00 donnent cependant naissance à des êtres parfaitement semblables à ceux dont ils se sont détachés. Mais, comme nous l'ayons dit plusieurs fois , les bulbilles de certaines plantes vivaces , et un gxand nombre de bourgeons pro- duisent le même phénomène , sans que pour cette raison on puisse les assimiler aux véritables graines. D'ailleurs, comment s'opère cette prétendue germination des plan- tes agames? Peut-on la comparer à celle des végétaux pourvus d'embryon? Un corpuscule reproductif d'une fougère , d'un Champignon , etc., placé sur la terre , s'y développera -, mais ce ne seront point , comme dans Tem- l)ryon d'une plante phanérogame , des parties déjà for- mées, seulement réduites en quelque sorte à leur état ru~ dimentaire , qui acquerront successivement un plus grand développement 5 mais , au contraire , des parties entièrement nouvelles seront reproduites. Ce ne sera point un accroissement d'organes déjà existans , mais le tissu même de la sporule ou corpuscule reproductif, s'a- longeant d'un côté pour s'enfoncer dans la terre et for- mer une racine , lorsque le végétal doit en avoir une , produire de l'autre côté une tige en s'alongeant en sens inverse. Dans quelque position qu'une sporule soit placée, le point en contact avec la terre se développera constam- ment pour en former la racine , et le point opposé de- viendra la lige. Ces deux organes n'existaient donc point encore avant ce développement; ils se créent par l'in- fluence de certaines circonstances qui paraissent comme fortuites et étrangères à la nature même du corps qui les produit. Si nous passons à l'examen des parties regardées i'omme les fleurs par les diflérens auteurs , nous verrons la diversité la plus grande régner dans leurs opinions. Les uns, en effet, appellent fleurs mâles ce que les au- tres décrivent comme des fleurs femelles. Ainsi , dans les 3' Partie. 5 66 FAMILLES NATURELLES. Mousf^es , Linnseus regarde l'urne comme une fleur mâle, Hedwig comme une fleur femelle, Palisot- Beauvais comme une fleur hermaphrodite. Toutes les fois que ces végétaux présentent, comme les Mousses, par exemple, deux sortes bien distinctes d'organes particuliers , regardés comme ceux de la fruc- tification, les auteurs n'ont du être embarrassés que sur le choix qu'ils devaient en faire, et la fonction qu'ils de- vaient attribuer à chacun d'eux. Mais dans les Jonger- mannes , où l'on trouve quelquefois trois ou quatre sortes de fructifications différentes entre elles par leur forme extérieure , comme il n'existe que deux espèces d'organes sexuels , les organes mâles et les organes femelles , on se- rait donc forcé ici d'en admettre quatre : car si l'on a donné le nom d'organes sexuels à deux de ces parties, pourquoi refuser le même nom aux deux autres, dont la structure intérieure est la même , mais qui diff'èrent seu- lement par leurs formes extérieures ou leur disposition? Dans les Fougères , au contraire , où il n'existe évi- demment qu'une seule espèce de fructification entière- ment formée par de petits grains , ordinairement renfer- més dans des espèces de poches écailleuses, et que Ton a regardés comme des séminules, où sont les étamines? où est le stigmate qui a reçu l'influence du pollen? Est-ce répondre à cette question d'une manière satisfaisante pour la raison , que de dire , comme Michel i et Hedwig , que les poils que l'on observe sur les jeunes feuilles sont les étamines ; comme Hill et Sclimidel , que les fleurs mâles sont les anneaux qui entourent les récep- tacles dans lesquels sont contenues les séminules, etc. Il faut en convenir, des opinions aussi diverses, et même tout-à-fait opposées sur le même sujet , conduisent à une conséquence qui nous paraît nécessaire : c'est que les prétendues fleurs des plantes agames, tantôt regar- ACOTYLÉDONIE. 67 dées comme renfermant des élamines, tantôt comme contenant des pistils, ne.sont point réellement des fleurs. Ce sont des organes particuliers , des espèces de bour- geons, auxquels la nature a confié le soin de la repro- duction de ces singuliers végétaux. Pourquoi, en effet, Toudrions-nous restreindre dans les bornes étroites de nos conceptions la puissance de la nature? Ses moyens sont aussi variés crue son pouvoir est grand. Et si elle a donné auxplantes agamos une physionomie si différente de celle des plantes phanérogames, des organes extérieurs qui n'ont souvent rien de comparable aux leurs , pour- quoi ne leur aurait-elle point accordé aussi un mode particulier de reproduction , qui n'ait d'analogues avec celui des végétaux phanérogames que les effets qu'il pro- duit, c'est-à-clire la formation des organes qui doivent servir à perpétuer l'espèce ? PREMIÈRE CLASSE. ACOTYLÉDONIE. FRBMISKE FAMILLE. * ' nvDROPHYTES. Hydrophyta. — Alcjce auct. Algarum pars. Juss. Principe de l'organisation végétale , les plantes qui composent cette famille sont les plus simples que l'on connaisse. Quelques-unes se montrent à leur origine sous l'aspect de petites vésicules isolées ou groupées , qui, en se réunissant bout à bout ou en s'agrégeant diverse- ment, forment des filamens ou des tubes simples ou rameux, continus ou articulés, des lames configurées de différentes manières, ou des espèces de réseaux. Les ' Nous avons marqué d'une astérique toutes les familles qui ren- ferment des plantes indigènes. 68 FAMILLES NATURELLES. Ilydropliytes ou Algues sont toutes ces plantes qui vé- gètent dans-les eaux douces ou salées et les lieux inondés ; leur tissu paraît, en fjénéral,- homogène, com]josé de cellules de formes variées, et, selon Lamouroax et Bory de Saint-Vincent, de quelques vaisseaux consti- tuant des fibres longitudinales. Leurs organes de la fruc- tification sont des sporanges déhiscens ou indéhiscens , renfermant de très-petites sporules. Ces organes sont diversement groupés-, placés dans l'intérieur du tissu, rarement à l'extérieur, sous la forme de tubercules. Ceux des liydrophytes tubuleuses sont tantôt réunis en globules, tantôt disposés en lignes spirales. Les liy- drophytes présentent toutes les nuances du vert ou du pourpre. Cette famille renferme les plantes généralement conmics sous les noms d'Algues ou plantes marines. Elles se divisent en deux gran- des tribus, que plusieurs auteurs ont encore subdivisées, suivant qu'elles croissent dans les eaux douces , ou qu'elles liabitent les eaux salées. Ces deux tribus sont les Confeives et les Thalassio- jj/iyt(s. Ces plantes ont été l'objet des travaux de plusieurs natuia- listes modernes, parmi lesquels nous citerons MM. Turner, Lyngbie, Lamouroux, Ronnemaison , Mertens, Agardh , et Bory de Saint- Vincent. C'est aux ouvrages de ces savans que nous renvoj'ons ceux qui voudraient avoir des détails plus circonstanciés sur la structure et la classification de ces végétaux. La famille des Hydrophytes forme le lien et le passage entre les règnes animal et végétal. En effet , les Oscillaires et les Conjugées sont en quelque sorte des êtres mixtes qui ont tour à tour été rap- portés aux animaux et aux végétaux : les premières, par les mouve- niens spontanés et variés qu'elles exécutent; les secondes, par leur mode de fécondation et de développement , semblent avoir tous les caractères de l'animalité, tandis que, par leur structure, leur for- me , on ne peut les éloigner des Conferves , privées de toute espèce de mouvement , et appartenant certainement au règne végétal. Il est donc impossible de trouver une ligne de démarcation bien tran- chée entre les deux règnes animal et végétal. On a dit que certaines Algues étaient tour à tour et successivement animaux et végétaux, r'est-à-dire qu'il y avait une véritable transmutation d'un règne dans un autre. Mais les recherches récentes des observateurs les plus exacts ont prouvé que cette tranrjformation n'avait pas lieu. AGOTYLÉDOME, 69 osnxiÉnis famills. * CHAMPIGNONS. Funfjî. Juss. Véjfétaux extrêmement variables dans leur forme , leur consistance , leur couleur, etc. Ce sont des corps charnus ou subéreux, ayant tantôt une forme compara- ble à celle d'un parasol , c'est-à-dire composés : i'' d'un chapeau ordinairement convexe, portant inférieurement des lames perpendiculaires, des tubes ou des lignes ana- stomosées; 2° d'un pédicule central ou latéral, au som- met duquel on aperçoit une membrane circulaire (cole- rette), qui s'étend jusqu'au pourtour du chapeau; tout le champignon est quelquefois recouvert avant son dé- veloppement par une sorte de bourse membraneuse complète ou incomplète, appelée volva. D'autres fois ce sont des masses globuleuses, ovoïdes ou alongées, des espèces de coupes, des lilamens simples ou articulés, des troncs coralli formes, c'est-à-dire irrégulièrement ra- mifiés à la manière du corail, et dont les couleurs sont extrêmement variables , offrant quelquefois les nuances les, plus vives; mais leur tissu intérieur, qui se compose de cellules irrégulières, n'est jamais vert. Les sporules, ou organes reproducteurs, sont tantôt nues, tantôt ren- fermées dans des espèces de petites capsules {thecœ). Elles sont ou répandues à la surface du champignon , ou enve- loppées dans nn perldiu m ou conceptacle charnu, mem- braneux ou dur et ligneux. Les Champignons sont, en général, des plantes parasites qui se développent , soit sur d'autres végétaux eneore vivans , soit sur les corps organiques en état de décomposition putride, soit à la surface ou même dans l'intéiiour de la terre. Leur accroissement se fait «luelquefois avec une rapidité extraordinaire, et leur durée est sou- vent très-fugitive , tandis que d'autres ( Bolelus igniavius, ungula- tiis, etc. ) végètent lentement et pendant plusieurs années consécu- tives. Un très-petit nombre d'espèces croissent dans l'eau. 70 FAMI]^tES NATURELLES. Les Champignons forment plusieurs groupes naturels que quel- ques auteurs considèrent comme des familles distinctes. Ces grou- pes sont : r. Les Champignons proprement dits. \'égétaux charnus, subé- reux ou ligneux , ayant les sporules placées dans des capsules dont la réunion constitue une membrane {hymenitiin) diversement re- pliée et recouvrant en totalité ou en partie la surface du Champi- gnon. Ex. : Jgariciis, Boletus, Meruliits , Morchella , Clavaria, etc. 2°. Les Lycopeudacées sont formées d'un périoium charnu ou membraneux, d'abord clos, mais s'ouvrant ensuite et contenant des sporules nues , sans capsules , et s'échappant du péridium ou ré- ceptacle sous forme de poussière. Ex. ; Lycoperdum, Geastrum, Ste~ monitis, Dcsmudium, etc. 3", Les Hypoxylées, qui se présentent sous la forme de tuber- cules ou conceptacles , de formes Irès-variécs , s'ouviant par une fente ou un pore , et contenant , dans une sorte de pulpe gélati- neuse, de petites capsules ( thecw ) pleines de sporules. Es. : Hystr- rium, Splueria, Erysiphe, etc. Nota. 11 faut retrancher de ce groupe les Hypoxylées Liche'noides de De Candolle, qui, à l'escuplion du genre Hjsterium, appartiennent aux Lichëne'es. 4°. Les MtcÉmNÉES. Ce sont des filamens rameux et entrecroi- sés , portant des sporules dépourvues de capsules. Par exemple , toutes les espèces de mucor, et les genres nombreux qu'on en a formés. 5°. Les Urédinées. Les sporules sont renfermées dans des cap- sules , ou libres , ou placées sans ordre sur la surface d'une base filamenteuse ou pulvérulente. Ex. : Uredo, etc. La famille des Champignons se distingue des Algues et dcsLiché- nées par l'absence de toute espèce de fronde ou de croûte , portant les organes de la fructification. M. le docteur Ehrenberg considère les Chaïupignons sous un point de vue entièrement différent. Selon ce botaniste, les sporules des Champignons , qu'il regarde comme des embryons nus , donnent naissance, par leur développement, à des filamens byssoïdcs qui constituent la plante cryptogame, ou le Champignon proprement dit. C'est en effet à cette partie seulement que se bornent plusieurs plantes cryptogames appartenant à la famille des Champignons, comme les Byssus et leurs nombreuses divisions. Dans cette hypo- thèse, la partie saillante au-dchors, et qu'on nomme communément le Champignon, comme dans les Agarics, par exemple, ne serait que le réceptacle des sporules, ou l'organe de la reproduction des plan- tes cachées sous terre. AGOTYLÉDONIE. J'I TaOISISDU! FAMILLS, * LiGHÉNÉES. Licheneœ. Hoff. — Algariimpars. Juss. Hypoxylorum pars. DC. Frondes ou thallas étendus sous la forme de mem- branes ou croûtes membraneuses de consistance variée , simples ou diversement lobées , ou de tiges simples ou ramifiées , ou enfin simplement d'une sorte de poussière. Les sporules sont renfermées dans des conceptacles qu'on nonnne apothecions. Ils varient généralement dans leur l'orme, qui est orbiculaire , alongée , linéaire, convexe, concave , etc. -, leur couleur souvent brillante ; leur position sur le thallus : ils sont de plus sessiles ou sti- pités , avec ou sans bord marginal , etc. C'est d'après ces diverses modifications qu'ont été établis les genres nom- breux de cette famille , qui sont tous des démembremens de l'ancien genre Lichen de Linnœus. Les Lichens sont, en général, des plantes parasites, vivant sur l'écorce des autres arbres, ou quelquefois sur la terre humide , ou sur les roches les plus stériles. Leur substance est, en général, assez sèche et comme cornée; elle se réduit par l'ébullition en une gelée qu'on emploie comme aliment dans quelques espèces. — Les genres de cette famille sont excessivement nombreux , et chacun des au- teurs qui ont étudié cette famille ont tous proposé une classification différente. Nous citerons comme exemples de cette famille les gen- res : Pannelia, Sticta, Usnea, Opegrapha , Slereocaulon, etc. QXXATRISDIi: FAKILLi:. * HÉPATIQUES. Hepaticœ. Juss. Ce sont des plantes intermédiaires entre les Lichens et les Mousses , tantôt étendues en membranes simples ou lobées , parcourues par une nervure médiane que l'on a considérée comme une tige , tantôt ayant une forme dendroïde , c'est-à-dire composées d'une petite tige ra- mifiée portaD^ des feuilles sessiles. Les organes généra- 72 FAMILLES NATURELLES. teurs sont fort variés , tantôt placés à la surface de la fronde ^ tantôt axillaires. Ce sont ou des globules rem- plis d'un fluide visqueux , et réunis dans une sorte de capsule ou périantlie, tantôt des sporules dont la forme varie , et qui , réunies par des filamens roulés en spirale , sont contenues dans une capsule qui s'ouvre soit par une fente , soit en quatre valves , et qui est accompagnée d'une membrane qui la recouvre souvent en totalité avant son développement. Cette capsule est sessile ou portée sur un long filament ou pédicelle. Les organes générateurs sont tellement variés dans celte famille, que dans le Blasia pusilla on en compte cinq formes différentes. C'est donc à tort que plusieurs auteurs ont cru trouver des Heurs mâles et des fleurs femelles dans les Hépatiques. Ils ont nommé éta- mines les globules remplis d'un fluide visqueux , et pistils les cap- sules remplies de sporules. Mais quelle dénomination donner aux cinq organes différens que l'on remarque dans le Blasia ? Pour exemples de cette famille , nous citerons les genres Mar- chantia, Riccia, Blasia, Jungerinannia, etc. CINQUIÈME FA»II2,I.E. * MOUSSES, Mîisci. Juss. Les Mousses sont de petites plantes qui aiment les lieux humides et ombragés -, elles croissent à terre , sur le tronc des arbres, ou sous les murs et les vieilles habitations; par leur port , elles ressemblent à de petites plantes pha- nérogames en miniature •, leurs racines sont très-fines et touffues , leur tige simple ou rameuse , leurs feuilles petites , de formes variées , mais communément étroites et subulées. Leurs sporides sont renfermées dans des espèces de capsules nommées urnes ( thecœ ) portées sur une soie grêle et plus ou moins longue , enveloppées d'abord dans une sorte de bourse , qui se rompt circulai- rement par son milieu , et dont la partie inférieure qui reste à la base de la soie , se nomme la vaginule , tandis ACOTYLÉDONIE. ^5 que la supérieure qui recouvre le sommet de Turne a reçu le nom de coiffe. L'urne elle-même présente intérieure- ment un axe central appelé columeUe ^ et s'ouvre au moj'^en d'un opercule circulaire. Le contour de l'ouver- ture de Turne se nomme périslome , et se distingue en interne et externe j il peut être garni de dents, de cils, bouché par une membrane ou tout-à-fait nu. Indépen- damment de ces organes, on en trouve encore d'une autre sorte : ce sont des corps irrégulièrement ovoïdes et alon- gés, portés sur un pédicule très-court et accompagnés de lilamens articulés. Les auteurs qui ont admis, dans les Mousses, l'existence de fleurs composées des mêmes organes que celles des végétaux phanéroga- mes , ont beaucoup varié sur les fonctions de ces organes et sur le nom qu'il convenait de leur donner. Ainsi, Hcdwig, dont les travaux ont jeté tant de lumière sur l'histoire des plantes de cette famille , considère les Mousses comme pourvues de fleurs mâles et de fleurs femelles. Les corpuscules ovoïdes et vésiculeux, entremêles de lila- mens articulés , sont pour lui des fleurs mâles dont chacune se compose d'un grain de pollen nu et pédicellé. Les urnes constituent au contraire des fleurs femelles. PourPalisot de Beauvais, l'urne est une fleur hermaphrodite, dont la columellc centrale est le pistil, et les granules qui l'environnent le pollen. Pour le même auteur, les fleurs mâles d'Hedwig ne sont que de simples bourgeons ou des bulbilles d'une nature particulière. Dillenius , au contraire , décrit l'urne comme une fleur mâle. Hill y voit une fleur hermaphrodite, dont les séminules seraient les ovules , et les cils du péristome les étamines, etc. Mais chacune de ces théories, et un grand nombre d'autres qu'il n'est pas dans mon but de faire connaître ici, se combattent mutuel- lement et se détruisent en quelque sorte l'une par l'autre. Il s'élève en effet une foule d'objections contre chacune d'elles. Quant à l'o- pinion d'Hedwig, si l'urne n'est qu'un fiuit provenant d'un ovaire fécondé, pourquoi le fruit est-il souvent déjà parvenu à son état de maturité , (piand les prétendues étamiives qui doivent les féconder commencent à peine à paraître.-* Comment s'opère la fécondation dans les espèces où l'on n'a point pu découvrir de fleurs mâles? etc. , etc. Si l'urne est une fleur hermaphrodite, que la columelle soit le pistil, et les séminules des grains de pollen, pourquoi, dans certains genres, cette columelle est-elle entièrement solide, et formée d'uno substance dure et parfaitement homogène? 74 FAMILLES NATURELLES. Si, comme le pense Hill, les dents du péristome en sont les étamines , où sont ces étamines dans les genres dont le péristome est nu, etc., etc.? Exemples: Sp ha g num, Mniuin, Hypnum, Buxhaumia,Tortula, etc. L'organisation des Mousses est tellement particulière , qu'il est im- possible de les confondre avec les autres familles de plantes inem- bryon ées. SIXIÈmS FAiaiZ.LE. * LYCOPODiACÉES. Lycopodiaceœ. Rich. Par leur port, les Lycopodiacées tiennent le milieu entre les Mousses et les Fougères. Elles sont pourvues d'une tige rameuse , souvent étalée et rampante , de feuilles très-nombreuses et fort petites. Les organes de la fructification offrent deux modifications. Tantôt ce sont de très-petites capsules globuleuses, trigones ou réni- formes , uniloculaires , contenant un gTand nombre de sporules très-petites-, tantôt ces capsules sont un peu plus grosses, s'ouvrant en deux ou trois valves, et ne renfermant que trois ou quatre sporules plus volumi- neuses. Ces deux espèces de capsules, qui se trouvent quelquefois réunies sur le même individu, sont tantôt axillaires et solitaires , tantôt réunies à l'aisselle de bractées et formant des épis simples ou digités. Le genre Lycopodium , qui forme le type de cette famille, avait été placé par Linnée dans les Mousses , et par de Jussieu au nombre des Fougères. Mais l'organisation et la position des organes reproduc- teurs distinguent facilement les Lycopodiacées de ces deux autreî familles. Un grand nombre d'autems considèrent les capsules plus petites, et remplies de granules très-nombreux, comme des fleurs mâles, et les plus grosses comme des fleurs femelles. Mais elles ne nous paraissent être les unes et les autres que des réceptacles tout- à-fait analogues à ceux que nous avons déjà observés dans les autres familles de plantes inembryonées. Les genres qui composent cette famille sont les suivans : Lyco- podium, Psilotum, Tinesipteris. Le professeur De Candolle y réunit aussi le genre Isoètes , qui nous parait devoir rester parmi les Mar- siléacées. ACOTYLÉDONIE, y 5 SEFTISME FAMILLE. * FOUGÈRES. Filiees. Juss. Plantes herbacées et vivaces, devenant quelquefois arborescentes dans les régions tropicales , et s'élev ant alors à la manière des Palmiers ; leurs feuilles ou frondes sont tantôt simples , tantôt plus ou moins profondément dé- coupées , pinnatifides ou décomposées. Ces frondes offrent un caractère commun ^ celui d'être roulées en crosse par leur extrémité , au moment où elles commencent à se développer. Les organes de la fructification sont ordi- nairement situés à la face inférieure des feuilles , le long des nervures ou à leur extrémité. Les sporules sont nues ou contenues dans des espèces de petites capsules. Ces capsules , en se groupant , forment de petits amas qu'on nomme sores. Ceux-ci sont en forme d'écaillés orbicu- laires , réniformes , sessiles ou stipitées , entourées quel- quefois d'un anneau élastique , s'ouvrant soit par leur contour , soit par une fente longitudinale , ou se déchi- rant irrégulièrement. Dans le genre Pteris , les sporules sont placées sous le bord replié des feuilles qui forme une ligne non interrompue. Dans les espèces à^Adian- ihum elles constituent de petites plaques saillantes et isolées, au mo3"en du bord replié des feuilles. Dans cer- tains genres , elles sont isolées -, dans d'autres , elles se groupent, forment des lignes plus ou moins alongées. Les sores commencent à se développer sous Fépiderme , qu ils soulèvent de manière à en être recouverts. On nomme indusies les portions d'épiderme cpii servent ainsi d'involucre aux sores. Dans quelques Fougères, telles que 'les Osmondes, les Ophioglosses , etc. , les fructifications sont disposées en grappes ou en épis. Les genres de Fougères actuellement connus sont fort uorabreur; ils forment cinq sections naturelles, savoir : 76 FAMILLES NATURELLES. 1". Les PoLYPODiACÉES. Capsules libres, se rompant d'une ma- nière irrégulière, entourées d'un anneau élastique étroit et saillant, qui se termine en un pédicelle plus ou moins long. Ex. : Polypo- tUum, ^spidiiiw, Asplcuium, Pteris, etc. 5°. Les Gleiciiemées. Capsules libres, sessiles, disposées régu- lièrement par groupes peu nombreux , entourées dans leur milieu d'un anneau élastique large et plat, s'ouvrant par une fente trans- versale. Ex. : Ceratopteris, Gleichenia, Mertensia, etc. 3". Les OSMUJXDACÉES. Capsules libres , s'ouvrant par une fente longitudinale en deux valves, anneau élastique nul ou remplacé par mie calotte striée. Ex. : Anémia, Lygodium, Osmunda, etc. 4". Les Marattiées. Capsules sessiles, réunies et soudées, et représentant une capsule pluriloculaire , point d'anneau élastique. Ex. : Darœa et Marattia. 5". Les Opiiioglossées. Capsules libres, en partie plongées dans la fronde, sans anneau élastique, s'ouvrant par une fente transver- sale. Ex. : Ophios^lossum , Botrychlum. Les auteurs ont beaucoup varié sur la nature des oiganes repro- ducteurs dans les Fougères. Presque tous ont considéré les capsules comme des organes femelles. Mais les uns , comme Micbcli et Hed- wig, ont regardé comme organes mâles les poils glanduleux qui se montrent quelquefois sur les jeunes feuilles; les autres, avec Hill, Schmidel, ont appelé étamines les anneaux des conceptacles; quel- ques-uns enfin ont donné ce nom aux glandes miliaires et aux in- dusies. Mais ces diverses opinions peuvent toutes être facilement renversées , puisque tous les organes que l'on a considérés comme des étamines, ne sont nullement constans et manquent très- souvent. HUITIÈME FAMII.LE. * MARSiLÉACÉES. MarsUeaceœ. Brown. — Rhizosper- nieœ. DC, Ce sont de petites plantes aquatiques, fixées au fond de l'eau ou nageant à sa surface , avec ou sans tige appa- rente. Les feuilles sont sétacées ou plus ou moins élar- gies. Les organes reproducteurs sont des espèces d'invo- lucres coriaces , tantôt d'une seule sorte , tantôt de deux, sortes différentes. Ils sont épais, à une ou plusieurs lo- ges séparées par des cloisons membraneuses , indéhis- cens, ou s'ouvrant au moyen de valves. Ils renferment des corpuscules reproducteurs, qui tantôt sont de deux ACOTYLÉDONIE. ']<]^ espèces différentes : les ims plus gros, que Ton considère comme des organes femelles; les autres plus petits, comme des étamiues. Ces involucres sont placés à la base des feuilles, et quelquefois même adhérens à celles- ci. Quand les involucres sont de deux sortes sur la même plante, les uns sont membraneux, et contiennent une grappe de corpuscules qu'on a regardés comme des grai- nes. Les autres , qui ont été décrits comme des organes maies, contiennent un grand nombre de granules sphé- riques , attachés par un long filament a une columelle centrale. On a divisé cette famille en deux sections, savoir : les MarsiUu- cées vraies, qui n'ont qu'une seule espèce d'involucres, renfermant des granules de deux sortes , et composées des genres Marsilea , Pilularin et Isoetes, dernier genre que quelques auteurs rappro- chent des Lycopodiacées, et les Sah'iniées, dont les involucres sont de deux espèces différentes, et contiennent chacune des granules différemment organisés. A cette seconde tribu appartiennent les genres Sahinin et AzoUa. NEUVIÈME FAMILLE. * EQUisÉTACÉES. Equîsetaceœ. DC. Cette petite famille ne comprend que le seul genre Equiselum, connu en français sous le nom de Presle. Toutes les espèces qui composent ce groupe sont des plantes herbacées, vivaces. Leurs tiges, simples ou ra- meuses , sont en général creuses , striées longitudinale- ment , et offrant de distance en distance des nœuds , d'où naissent des gaines fendues en un grand nombre de languettes, et semblant être des feuilles verticillées sou- dées entre elles-, quelquefois de ces nœuds naissent des rameaux verticillés. Les fructifications forment des épis terminaux. Ces épis se composent d'écaillés épaisses et peltées , semblables à celles que l'on remarque dans les fleurs mâles de plusieurs Conifères, et entre autres de l'if. r'Q FAMILLES NATURELLES. A la face inférieure de ces écailles naissent des espèces de capsules disposées sur une seule rangée , et s'ouvrant par une fente longitudinale qui regarde du côté de l'axe. Ces capsules sont remplies de granules extrêmement petits , qui se composent d'une partie globuleuse , de la base de laquelle naissent quatre longs filamens arti- culés , renflés à leur partie supérieure , et roulés en spi- rale autour du corps globuleux qui est une véritable sporule. Entraîné par l'analogie de forme qui existe entre les organes re- producteurs des Equiséîacéeset les étaminesde quelques Conifères, Linnée nommait ces organes des étamines, sans indiquer les organes qu'il regardait comme des pistils. Hedwig, au contraire, considérait chaque granule comme une fleur hermaphrodite; la partie glojju- leuse était le pistil et les filamens étaient quatre étamines, dont le pollen était situé extérieurement. Mais ces filamens sont certaine- ment analogues à ceux que l'on trouve dans les Jongermannes , les Marchantia, Targionia, etc. DIXIÊBIi: FARIILI.!:. * GHARACÉES. Chai'ûceœ. Fucii. Plantes aquatiques et submergées , dont les tiges grê- les, rameuses, vertes et quelquefois translucides, por- tent de distance en distance des rameaux verticillés au nombre de huit à dix. Sur les rameaux des verticillés supérieurs on trouve des espèces de sporanges ou de cap- sules au nombre de trois , quatre ou cinq. Chacun d'eux est environné à sa base par deux ou trois bractées ou ra- meaux avortés que Linnée considérait comme un calice. Ils sont uniloculaires et contiennent des sporules nom- breuses réunies en une seule masse, qu'on a regardée comme une seule graine. Ces sporanges sont formés de deux tégumens, l'un externe, membraneux et transpa- rent, très-mince, terminé supérieurement par cinq pe- tites dents étalées en forme de rosace; 1 inLerue est dur, sec, opaque, composé de cinq petites valves étroites, con- PLANTES EMBB.YONÉES. 79 tournées en spirale. Indépendamment de ces organes, on observe encore sm' les rameaux des espèces de tubercules rougeâtres, sessiles et arrondis. La plupart des auteurs les décrivent comme des étamines. Ils se composent d'une membrane réticulée , transparente , formant une sorte de vésicule remplie d'un fluide mucilagineux , dans lequel on observe des filamens blanchâtres et articulés et d'au- tres filamens plus gros , fermés à l'une de leurs extrémi- tés , paraissant s'ouvrir à l'autre , et remplis d'un fluide rougeâtre. Ces tubercules, par les progrès de la végéta- tion, s'affaissent, mais ne s'ouvrent pas. Cette famille ne se compose que du seul genre Chara. Il avait été établi par Vaillant, en 1719, dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris. Linnée l'avait d'abord placé parmi les Crypto- games, tout près des Lichens ; plus tard il changea d'opinion , et le rangea parmi les Phanérogames, dans la monœcie monandrie. M. de Jussieu, dans son Gênera, le réunit aux genres dont il forma sa famille des Nayades. Mais le professeur Richard ( in Michaux flor. bor. am. ) en lit le type d'une famille distincte sous le nom de Cha- racées, famille qu il plaça dans les Acotylédones. Plus récemment , M. Rob. Brown rapproche ce genre des Hydrocharidées; M. Léman, des Onagraircs; et enfin, MM. Martius, Walroth et Bory de Saint- Vincent pensent qu'il a une très-grande analogie avec des Hydro- phytes, et que c'est dans cette famille qu'il doit être placé. Mais si l'on compare la structure des organes reproducteurs des Characées avec celle des autres plantes acotylédones, on y trouvera une très- grande analogie, particulièrement avec les Marsiléacées, dont elles ne diffèrent que par leurs sporanges plus petits , à cinq dents , à tégument double, et par les tubercules rougeâtres que l'on observe aussi sur leurs rameaux. DEUXIÈME DIVISION. PLANTES EMBRYONÉES, ou PHANÉROGAMES. Ce second embranchement du règne végétal se com- pose de toutes les plantes dont la structure est plus OO FAMILLES NATURELLES. compliquée, qui sont pourvues d'organes sexuels mâles el femelles , c'est-à-dire d'ëtamines et de pistils , et qui se reproduisent au moyen de véritables graines , ayant be- soin d'être fécondées pour être aptes à donner naissance à de nouveaux individus. D'après la structure de l'em- Inyon, on les a divisées en deux groupes, les Monoco- tylédons et les Dicotylédons. I. Des plawtes monogotylédones. C'est dans la structure de l'embryon que réside le ca- ractère essentiel des végétaux qui forment ce groupe. Cet embryon est monocotylédon. Mais , indépendam- ment des caractères tirés de l'embryon, il en a en- core d'autres empruntés aux organes de la végétation et de la floraison , et qui peuvent servir, à défaut des pre- miers, à reconnaître une plante monocotylédone. Nous les indiquerons très-brièvement ici : 1° La structure interne de la tige, qui se compose d'une masse de tissu cellulaire , dans laquelle sont épars les faisceaux vasculaires. 2° Les nervures des feuilles en général parallèles dans les Monocotylédons , tandis qu'elles sont irrégulièrement ramifiées dans les Dicotylédons. 3" Le périanthe , constamment simple dans les plantes monocotylédones, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'un calice, quelquefois coloré à la manière des pétales. 4° En général, dans les végétaux unilobés, les organes floraux sont au nombre de trois ou d'un multiple de trois, tandis que c'est le nombre cinq qui domine dans les Dicotylédons. 5° Mais c'est surtout le port , l'aspect général , qui est diftérent dans ces deux grands embrancbemeus du règne végétal-, et une fois que l'on a bien saisi le caractère, des principales familles des plantes monocotylédones, MOSOHYPOGYÎÎIE. 01 comme les Graminées , les Joncées , les Lilincées , les ïri- dées, les Amomées, les Orchidées, les Palmiers, etc., on distingue ensuite très-'facilement, uniquement par le port, les plantes monocotylédones des plantes dicotylé- dones. Les Monocotylédons se divisent en trois classes, sui- vant que leur insertion est hypogyne , périgyne ou épigyne. DEUXIÈME CLASSE. MONOHYPOGYNIE. ONZIÈME FAKFILLE. ^ NAYADES. Nayadeœ. Juss. — Fluviales. Vent. — Po" tamophiles. Righ. Les Nayades , ainsi que l'indique leur nom mytholo- gique, sont des plantes qui croissent dans l'eau ou na- gent à sa surface. Leurs feuilles sont alternes , souvent embrassantes à leur base 5 leurs fleurs , très - petites , sont unisexuées, monoïques ou plus rarement dioï- ques. Les fleurs mâles consistent en une étamine nue ou accompagnée d'une écaille , ou enfin renfermée dans une spathe , qui contient deux ou un plus grand nombre de fleurs. Les fleurs femelles se composent d'un pistil nu ou renfermé dans une spathe-, elles sont tantôt solitaires, tantôt géminées, ou enfin réunies en plus grand nombre, et quelquefois environnées de fleurs mâles dans une en- veloppe commune , de manière que leur réunion semble représenter une fleur hermaphrodite. L'ovaire est libre, à une seule loge contenant un seul ovule pendant , très- rarement deux ou quatre ovules dressés comme dans le Lemna. (Dans le genre IVai/as, il est latéral et presque basilaire.) Le style est généralement court , terminé par 3* Partie. 6 02 FAMILLES NATURELLES. lin sliamale tantôt simple, discoïde, pîanc et membra- neux (^Zanichellia)-^ tantôt à deux ou trois divisions lonffues et linéaires. Le fruit est sec, nionosperme, in- déhiscent •, la (jraine renferme sous son téfuîment propre un embryon le plus souvent recourbé sur lui-même, ayant sa radicule très-grosse et opposée au liile. Exemples : Kayas, Zo.stcra, Riippia, Zaïiichellia et Potainogetmt, Leinna. Les genres que nous venons de mentionner sont les seuls qui eoni- posent Lt famiile des Nayades, dont nous avons singulièrement mo- difié les caractères , ayant donné de sa structure une explication différente de celie qui en avait été donnée jusqu'à présent. On doit en exclure plusieurs genres qui y avaient été rapportés à tort : tels sont Hippuiis et Myriophylliiin, qui forment la famille des Halora- gées ; CeratopliyUuDi , réuni aux Salicariées ; SciiirurKS et yfpono- geton, formant la famille des Saururées; Callitriche , genre dicoty- lédone, voisin des Euphorbiacées; Chairi , genre aeotylédone , for- mant la famille des Cliaracées. La famille des Nayades est très-voisine des Aroïdées , dont elle se rapproche et par son port et par ses caractères : les Aroïdées en dilfèrcnt surtout par leurs ovules dressés et leur embryon contenu dans un endosperme charnu. VO-aZïtmE FAMZLLB. *■ AROÏDÉES. Aroîdeœ. Juss. Plantes vivaces , à racine ordinairement tubéreuse, k feuilles souvent toutes radicales, ou alternes sur la tigej fleurs disposées en spadices environnés en général d'une spathe de forme variable -, unisexuées , monoïques , dé- pourvues d'enveloppes florales , ou hermaphrodites et entourées d'un calice à quatre , cinq ou six divisions. Dans le premier cas , les pistils occupent en général la partie inférieure du spadice , et doivent être considérés chacun comme ime fleur femelle , et les étamines comme autant de fleurs mâles 5 rarement les étamines et les pistils sont mélangés. Dans le second cas, les fleurs, au lieu d'être considérées comme des fleurs hermaphrodites, poiivent êlr;^ tk'orltes comme xme réunion de fleurs unî- sexut'cs: ainsi rliaque étamine et son écaille constituent une fleur mâle , et le pistil central une fleur femelle. L'ovaire est en (général à une seule loge contenant plu- sieurs ovules attachés à sa paroi ioféricure , ou ù trois loges; le stigmate est quelquefois sessile , plus rarement porte sur un style assez court. Le fruit est une baie, ou plus rarement une capsule qui quelquefois est mono- sperme par avortement. La graine se compose , outre son tégument propre, d'un endosperme charnu, dans lequel est placé un emijryon cylindrique et dressé. La famille des Aroïdécs se divise en trois tribus, savoir': 1'* tribu. Les Aroidées vp.aies. Fîcurs nues sans écailles; fruit charnu. Jrtmi, Arlsarum, CaJc.dlum, CiilcasUi, CaUti , Richardia. 2' tl'ibu. Les Op.oxtiacées. Fleurs enlourées d'cccilles en forme de ealice : Dracontiimi, Pothos, Crirfuflnvicf/, Orontium, Âconis. T tribu. Les Pistiacées. Fruit sec et capsulaire : Pistia, Amhro- si ni Cl. Voisine des Najades et des Tj'pbacées , cette famille se distingue surtout par son port, la disposition des fleurs , son embryon con- tenu dans un endosperme, et plusieurs autres caractères. TR2IZÎÊr,IR rAïaiitE. .*'îYpniKÉES. l'i/phineœ,— Typhœ. Juss. -^ Panda ne œ, R. BROWjf. Plantes aquatiques ou arborescentes et terrestres, â feuilles alternes , engainantes à leur base , à fleurs uni- sexuées, monoïques. Les fleurs mâles forment des cha- tons cylindriques ou globuleux , composés d'étamines nombreuses, som-ent réunies plusieurs ensemble par leurs filets , et entremêlées de poils ou de petites écailles, mais sans ordre et sans calice propre. Les Heurs femelles, disposées de la même manière , ont quelquefois les écailles réunies au nombre de trois à six autour du pistil , et for- mant un calice t ce pistil est sessile ou stipité, à une, plus rarement à deux loges, contenant chacune un oyvX^ 84 FAMILLES NATfRELLES. pendant. Le style , peu distinct du sommet de l'ovaire, se termine par vin stigmate élargi , comme memliraneux et marqué d'un sillon longitudinal. La graine se com- pose d'un endosperme farineux , contenant dans son centre un embryon cylindrique , dont la radicule est supérieure , c'est-à-dire offre la même direction que la graine. Cette petite famille ne se compose que des deux genres Typlui et Spargaiiiuiii. M. Robert Brown l'a ré;inie à la famille des Aroïdées, avec laquelle elle a en effet des rapports; mais néanmoins elle en diffère par plusieurs caractères, et entre autres par ses grai- nes renversées et la structure de ses fleurs. Cependant ces deux familles mériteraient peut-être d'être réunies. Faut-il placer dans cette famille le genre Pandanus, qui ressemble tellement au genre Sparganiuw, qu'il paraît en être en quelque sorte une espèce arborescente .3 ou faut-il , à l'exemple de Rob. Brown, en former une famille particulière sous le nom de Pandanées P QïTATOaZîÈMS FAIHILLE. SAURTJRÉES. Saururcœ. Righ. Plantes qui croissent sur le bord des eaux Ou nagent à leur sm'face. Leurs feuilles sont alternes , simples , pétio- lées. Leurs fleurs sont hermaphrodites , dépourvues de périanthe , et ayant une simple écaille qui en tient lieu , et sur laquelle sont insérés les étamines et les pistils. Les premières sont au nombre de six à neuf, ayant leurs fdets subulés, et leur anthère à deux loges qui s'ou- vrent par un sillon longitudinal. Les pistils sont au nombre de trois à quatre au centre de chaque fleur. Ils sont à une seule loge contenant deux ou trois ovules dressés ou ascendans. Le style est marqué d'un sillon glanduleux sur le milieu de son côté interne , qui à son sommet s'élargit en stigmate. Le fruit se compose de petites capsules indéhiscentes , contenant chacune une ou deux graines. Celles-ci sous leur tégimient propre con- MOOHYPOGÏIME. 85 tiennent un gros endospermc , au sommet duquel est ap- pliqué un très-petit embryon discoïde. Cette famille se compose des genres Saururiis et Jponogeton. Quant à YOuvirandia ou Hydrogetoit , que l'on en a rapproché, il en diffère par la présence d'un calice et par son embryon sans en- dospermc. Ce dernier caractère, s'il est réel, ce que nous n'avons pas été à même de vérifier, éloigaerait ce genre des Saururées pour le rapprocher des Alismacées. QUIITZIÈnSB FAnSIZ,LB. CABOMBÉES. Cahomheœ. Righ. Petite famille uniquement composée des deux genres Cahoniba et lîydropeltis , qui renferment des plantes herbacées vivaces, croissant dans les eaux douces du nou- veau continent. Leurs feuilles, qui nagent à la surface de l'eau , sont entières et peltées ou divisées en lobes plus ou moins fins. Les fleurs sont solitaires et longuement pédonculées. Leur calice est à six divisions^ profondes, ou à six sépales disposés sur deux rangées •, les étamines varient de six à trente-six. Le nombre des pistils, réunis au centre de la fleur, est depuis deux ou trois jusqu'à dix-huit, c'est-à-dire, en général, moitié moindre que celui des étamines. Chaque pistil , qui est plus ou moins alongé , offre une seule loge contenant deux ovules pa- riétaux et pendans-, le style est plus ou moins long, terminé par un stigmate simple. Le fruit est indéhis- cent , à une ou deux graines -, celles-ci contiennent sous leur tégument propre un très-gros endosperme charnu ou farineux, creusé à sa base d'une petite fossette dans laquelle repose un embryon presque discoïde , en forme dqjplou et parfaitement indivis. Cette petite famille a beaucoup de rapports avec les Saururées par son ovaire, sou fruit et son embryon; mais dans cette dernière famille les fleurs sont nues. Elle se rapproche aussi beaucoup , par l'organisation de sa fleur, des Alismacées, dont elle diffère par son 36 FAÎIILLES NATURELLES. Çros eiulospenîic et la forme rV' --^^n embryon. M. De CaïKloUc {Syst, liât, vegef.) place les Cabomi-v^^cs parmi les Dieotyîéclones , et en forme une tribu des Podopbyllëes ; mais celle m:inière de voir nous parait peu fondée, l'oiiibryon des Cabombécs étant monoco' tylédon. BZlZiiiViS TAmiLÏ.E, * GYPÉRAGÉES. Cyperaccœ, Juss. Végétaux herbacés croissant en général dans les lieux humides et sur le bord des eaux. Leur tige est un chaume cylindrique ou triangulaire, avec ou sans nœuds. Les feuilles sont engainantes, et leur gaine est entière et non fendue , assez souvent garnie à son orifice d'un petit rebord membraneux nommé ligule. Les fleurs forment de petits épis ou épillets écailleux , composés d'un nom- bre variable de fleurs; chaque fleur se compose d'une seule écaille , à l'aisselle de laquelle on trouve généra- lement trois étamines , un pistil formé d'un ovaire uni- loculaire et monosperme, surmonté d'un style simple à sa base, portant en général trois stigmates filiformes et velus. Les étamines ont leur filet capillaire, leur an- thère terminée en pointe à son sommet, bifide seule- ment à sa base. On trouve souvent en dehors de l'ovaire des soies ou des écailles en nombre variable , quelquefois même un utricule qui le recouvre en totalité (Ex. : Carex)» Le fruit est un akène globuleux comprimé ou triangu- laire. L'embryon est petit, placé vers la base d'un en- dosperme farineux, qui le recouvre par une lame très- mince. Cette famille est très-iVîîiirclîe, et le nombre des genres qui la composent est trcs-considcrabie. Les fleurs sont iinisexuëes ou her- maphrodites, et les étamines varient beaucoup en nombre. JLes genres Scirpus , Cypents , Sclucniis, Ttlarisciis, Papyrus , etc. , ap- partiennent à cette faniiile. Elle a beaucoup dana'ogie avec celle des Çramiuées, mais en diffère par quelques caraelèrts, que nous Cjjposcryns H \'ales ou iiuîfjales. Les étamines , au nombre de trois à six, sont insérées au tube du calice j leurs filets sont égaux ou inégaux. L'ovaire est libre ou semi-infère , à trois loges polyspermes. Le style et le stigmate sont simples. Le fruit est une capsule, quel- quefois légèrement charnue , à trois , rarement à une seule loge , contenant une ou plusieurs graines atta- chées à l'anjjle interne: C(;tle capsule s'ourre en trois valves septifères sur le milieu de leur face interne. Le MOINOPERIGYME. C)0 Il ile est ponclj forme; Fendosperme farineux, contient un embryon dressé , place dans sa partie centrale , et ayant la même direction que la graine. Cette pcfile faniilh; ne se compose que tles deux genres Ponfr- deria et lie tcrant liera. Elle a les rapports les plus gr.inds , d'une part , avee les Comniélinëes , et d'autre part avec les Liliacées. Elle diffère des premières par son eiuhryon ayant la même direction que; la graine, ee qui est le eoiitraire dans les ComnH''lin('!es, par sa graine, OÉPIGY>'IE. 100 limbe est à six divisions , dont trois extérieures et trois internes. (Dans le genre Musa, cinq des divisions sont externes, et formant en quelque sorte une lèvre supé- rieure , une seule est interne , et constitue la lèvre infé- rieure.) Les étamines , au nombre de six, sont insérées à la partie interne des divisions calycinales. Les anthères sont linéaires introrses , à deux loges , surmontées en général par un appendice membraneux coloré, péta- loïde , qui est la terminaison du filet. L'ovaire infère est à trois loges, contenant chacune un gTand nombre d'o- vules insérés à leur angle interne. Dans le genre //c/ico- nia, il n'y a qu'un seul ovule naissant de chaque loge. Le style simple se termine par un stigmate quelquefois concave, mais plus souvent à trois lobes ou trois laniè- res. Le fruit est ou une capsule à trois loges polyspermes, à trois valves portant l'une des cloisons sur le milieu de leur face interne , ou un fruit charnu et indéhiscent. Les graines, quelquefois portées sur un podosperme et envi- ronnées de poils disposés circulairement , se composent d'un tégument quelquefois crustacé, d'un endosperme farineux contenant un embryon axile, alongé et dressé. Cette famille se compose des genres Musa, Heliconin , Strelitzia et Urania. Intermédiaire entre les Narcissécs et les Amomées, elle diffère des premières par son calice constamment irrégulier, et des secondes par ses étamines, toujours au nombre de six. TaENTS-TKOISÎÈME FAMII.LE. AMOMÉES. Amomeœ. Ricii. — Cannœ. Juss. Scitamineœ et Cannœ, R. Br. Drymyrrhizées. Yest. Les amomées sont des plantes vivaces, d'un port tout particulier, qui les rapproche un peu des Orchidées; leur racine est souvent tubéreuse et charnue-, leurs feuilles simples sont terminées à leur base par une gaine entière ou fendue, quelquefois munie d'une ligule. Les fleurs, 104 FAMILLES ISATtfRELLES. rarement solitaires, sont accompagnées de bractées assez larges, et forment en général des épis denses ou des pani- cules. Leur calice est double; l'extérieur, quelquefois tu- buleux et plus court, est à trois divisions égales; l'inté- rieur a son limbe double ; les trois divisions externes sont en général égales : des trois internes , l'une est plus gTande et dissemblable , et forme une sorte de labelle; les deux latérales sont plus petites, et souvent même presque avor- tées. Il y a une seule étamine , dont le filet est souvent dilaté et comme pétaloïde. L'antbère est à deux loges quelquefois séparées et distinctes. L'ovaire est à trois loges polyspermes ; le stjde simple, terminé par un stigmate concave et en forme de coupe. A la base du style, sur le sommet de l'ovaire, on trouve un petit tubercule bilobé, qui peut être considéré comme formé de deux étamines avortées. Le fruit est une capsule à trois loges , s'ouvra nt en trois valves, portant chacune une cloison sur le mi- lieu de leur face interne. Les graines, quelquefois ac- compagnées d'un arille , se composent d'un embryon cylindrique placé dans un endosperme farineux, et ayant ' sa radicule tournée vers le bile. La description que nous venons de donner des caractères de la fa- mille des Amomées est conforme à celle qui a été tracée par la plu- part des auteurs ; mais on peut en donner une autre plus conforme aux affinités naturelles. Ainsi, les Amomées , qui ont la plus grande affinité avec les Musacées, peuvent être décrites comme ayant six étamines, et un périanthe à six divisions, comme ces dernières. L'une de ces étamines est fertile ; les cinq autres sont stériles : deux sont représentées par le tubercule bilobé qui existe à la base du style, et les ti'ois autres sont converties en appendices pétaloïdes, et sont représentées par les trois divisions les plus intérieures du calice. Cette description de la fleur des Amomées est conforme à la nature, et de cette manière, cette famille se lie naturellement aux Musacées, d'une part, qui en swnt en quelque sorte le type régu- lier, et aux Orebidées, d'une autre part, dans lesciueilcs on observe des avortcmens et des trruisformations analogues. M. Lestiboudois , professeur de botanique à Lille , a le premier appelé l'attention des l^otanistcs sur la structure de la {leur des Amomées; mais nous soni~ MOKOÉPIGYKIE. 100 mes loin do partager sou opinion, quatul il pense que cette famille doit être réunie aux Musacées. M. Brown a proposé de séparer des Amoraées quelques genres, tels que Canna, Maranta, Thalia , Phrynium etMyrosina, pour en for- mer une famille distincte sous le nom de Ca^aéks. Indépendamment des genres cités précédemment , les Amomées conii''.' iv.îcnt encore VAmoinum, le Zingiber, YHcUenia, le Cos^ tus , etc. THENTE-QTJ'ATBÎSME FABIÏILB. * ORCHIDÉES. Orchideœ. Juss. Plantes A'ivaces, quelquefois parasites sur les autres végétaux , ayant une raeine composée de fibres simples et cylindriques , souvent accompagnée d'un ou de deux tubercules charnus , ovoïdes ou globuleux , entiers ou digités. Les feuilles sont toujours simples , alternes, en- gainantes. Les fleurs , souvent très-gxandes et d'une forme particulière, sont solitaires, fasciciilées , en épis ou en panicule. Leur calice est à six divisions profondes , dont trois intérieures et trois externes. Celles-ci , assez sou- vent semblables entre elles , sont étalées , ou rapprochées les unes contre les autres à la partie supérieure de la fleur où elles forment une sorte de casque [cali/x galeaius). Des trois divisions internes deux sont latérales , supé- rieures et semblables entre elles : l'une est inférieure , d'une figure toute particulière , et porte le nom de lahelle ou tahlier ', il présente quelquefois à sa base un prolon- gement creux nommé éperon {laheUum calcaratimi). Du centre de la fleur s"élève sur le sommet de l'ovaire une sorte de columelle nommée cjiinosthne , qui est for- mée par le style et les filets staniinaux soudés , et qui porte à sa face antérieure et supérieure une fossette glan- duleuse qui est le stigmate , et à son sommet une an- thère à deux loges, s'ouvrant , soit par une suture lon- gitudinale , soit par un opercule qui en forme toute la partie supérieure. Le pollen contenu dans chaque loge T06 FAMILLES NATURELLES. de l'anthère est réuni en une ou plusieurs masses ayant la même forme que la cavité qui les renferme. Au sommet du gynostème , sur les parties latérales de l'anthère , on trouve deux petits tubercules qui sont deux étamines avortées , et qu'on nomme staminodes . Ces deux éta- mines sont , au contraire , développées dans le genre Cypripedhnn , tandis que celle du milieu avorte. Le fruit est une capsule à une seule loge , contenant un très- grand nombre de graines très-petites, attachées à trois trophospermes pariétaux , saillans et bifurques du côté interne. Ces graines ont leur tégument extérieur formé d'un réseau léger, et se composent d'un endos})ermc , dans lequel est un très-petit embryon axile et homotropc. Cette famille , qui peut être regardée comme une des plus natu- relles du règne végétal , offre des particularités si remarquables dans l'organisation de sa fleur, qu'elle ne peut être confondue avec nulle autre. (,a soudure des étamines, avec le filet et le stigmate, et surtout l'organisation du pollen réuni en masse ( caractère qui ne s'observe que dans les Asclépiadées et dans quelques mimeuscs parmi lesdicotylédons) , sont les caractères distinctifs les plus sail- lans de cette famille. Les masses poUiniques offrent dans leur com- position trois modifications principales qui ont servi à établir trois tribus dans la famille des Orchidées. Tantôt elles sont formées de granules assez gros , cohérens entre eux par le moyen d'une ma- tière visqueuse, qui, lorsqu'on tend à les séparer, s'alonge sous forme de filament élastique : on donne à ces masses polliniques le nom de masses sectiles; elles caractérisent la première tribu, ou celle des Ophuydées qui contient entre autres les genres Orcbis ,' Ophijs , Satyrium, Serapias , Habenaria , etc. Tantôt les masses polliniques sont pulvérulentes, c'est-à-dire formées d'une matière comme pultacée , ce qui s'observe dans la seconde tribu , ou celle desLiMODORÉES,qui contient les genres Limodonun , Epipactis, etc. Enfin, chaque niasse pollinique peut être formée de granules telle- ment cohérens et confondus entre eux, qu'elle semble composée de cire: dans ce cas , qui s'observe dans la troisième tribu ou celle des Epipekdrées , on dit qu'elles sont solides. Exemple : Epidendrum, Angrœcum , Mulaxis , Liparis , etc. Les masses polliniques se prolongent quelquefois à leur partie in- férieure en un appendice filiforme nommé caudicule , qui souvent se termine par une glande visqueuse de forme variée, et qu'on MONOÉPIGYiME. IO7 nomme létinach. Le nombre de ces masses poUiniques varie d'un à quatre pour chaque loge de l'anthère. Celle-ci est tantôt placée à la face antérieure et supérieure du gynostème, dont elle n'est pas distincte , comme dans la trihu des Ophrydées ; tantôt elle est pla- cée dans une espèce de fossette qui termine le gynostème à son sommet , et qu'on nomme cîinandre, et elle s'ouvre et s'enlève comme une sorte d'opercule {anthera operculiformis) comme dans presque tous les genres des deux autres tril)us , etc. , etc. * 1IYDR0GUARIDÉE3. Hydï'ocliarîdeœ. Juss. Herbes aquatiques , ayant les feuilles caulinaires en- tières ou iinement dentées , quelquefois étalées à la sur- face de l'eau. Les fleurs, renfermées dans des spathes, sont en général dioïques , très-rarement hermaphrodites. Les fleurs mâles , réunies ordinairement plusieurs en- semble , sont tantôt sessiles , tantôt pédicellées. Quant aux fleurs femelles ou aux fleurs hermaphrodites, elles sont toujours sessiles et renfermées dans une spathe uni- flore. Le calice est toujours ù six divisions : trois internes pétaloïdes et trois externes. Le nombre des étamines varie d'une à treize. L'ovaire est infère, quelquefois atténué à sa partie supérieure en un prolongement fili- forme , qui s'élève au-dessus de la spathe et tient lieu de style. Les stigmates sont au nombre de trois à six, bifides ou bipartis, rarement simples. Le fruit est charnu intérieurement , oiïrant une cavité simple , ou divisée par des cloisons membraneuses en autant de loges qu'il y a de stigmates. Les graines, qui sont nombreuses et enveloppées d'une sorte de pulpe , sont dressées , ayant un tégument propre membraneux très-mince , recou- vrant immédiatement l'embryon qui est droit et cylin- dracé. Parmi les gc:irrs qui comp;>sc;it cette famille, nous citerons le ValUsneiia , ic Strattotes, V llrdrnchdrls , le limnobiiiiit, VOttC' lia , etc. 108 FAMILLliS NATURELLES. Cette famille est bien caractdnsée par son ovaire infère , ses stig- mates divisés , l'organisation intérieure de son fruit , qui est la même que celle des fruits de Cucurbitacces, et son cmbrjon sans endosperme. TîlBîïTE-SZSïEîyïîJ FAMII.I.B. * riYMPHÉACÉES. Nywpheaceœ, Salisb. Grandes et belles plantes qui nagent à la surface des eaux , et dont la tige forme une souche souterraine ram- pante. Leurs feuilles alternes entières sont cordiformes ou orbiculées, portées sur de très-longs pétioles. Leurs fleurs sont très-grandes , solitaires et portées sur de très-longs pédoncules cylindriques. Le calice est formé d'un nom- bre variable, et quelquefois très-grand, de sépales dispo- sés sur plusieurs rangs, de manière à représenter en quelque sorte un calice et une corolle polypétale. Les étamines sont très -nombreuses , insérées sur plusieurs rangs au-dessous de Fovaire, ou même sur sa paroi externe , qui se trouve ainsi recouverte par les étamines et par les sépales intérieurs , qui ne sont probablement que des étamines transformées •, ce que prouve la dila- tation gTaduelle des filamens à mesure qu'on les observe plus extérieurement. Les anthères sont introrses et à deux loges linéaires. L'ovaire est libre et sessile au fond de la fleur, divisé intérieurement en plusieurs loges par des cloisons membraneuses , sur les parois desquelles sont insérés de nombreux ovules pendans. Le sommet de l'ovaire est couronné par autant de stigmates rayonnans qu'il y a de loges à l'ovaire. La réunion de ces stigmates forme une sorte de disque qui couronne l'ovaire. Le fruit est indéhiscent et charnu intérieurement, à plusieurs loges pol3spermcs. Les graines ont un tégument épais, quelquefois développé en forme de réseau, contenant un gros endosperme farineux , qui porte à son sommet un embryon irrégulièrement globideux ou napiforme, dont MOiyOÉPIGYNIE. 109 la radicule est tournée vers le bile. Le cotylédon est inince , sous la forme d'une enveloppe particulière re- couvrant la gemmule cjui est Lilobée. Cette famille , qui se compose des genres Nymphœa et Nénuphar, est encore aujourd'hui un sujet de controverse parmi les botanistes , puisque les uns la placent parnù les monocotylédons, et les autres parmi les dicotylédons , auprès des Papavdracécs ; mais la structure de reinl)ryon et la germination sont certainement celles des autres monocotylédons. ( Voyez dans le tome XII du Dictionnaire classi- que d'Histoire naturelle V article Nympiikacées , oi\nous discutons avec soin ces diverses opinions. ) Nous terminons l'arlicle cité ici par l'observation suivante : Doit-on laisser le genre Nelumbium dans la famille des Nymphéacécs, ou doit-on en faire le type d'une famille distincte? Nous n'osons résoudre encore cette question. Le port est absolument le même, et il peut paraître fort étrange de séparer , comme ordres distincts, deux genres que quelques botanistes, en tète desquels se présente Linnée, avaient cru de- voir réunir en un seul genre. Mais nous demandons , d'un autre côté , si l'on peut admettre dans la même famille deux genres, dont l'un a l'ovaire simple à plusieurs loges polyspermes, surmonté d'au- tant de stigmates qu'il y a de loges , et dont les ovules nombreux sont attachés h toute l'étendue des parois des cloisons , et dont l'autre, offrant au centre de sa fleur un très-grand réceptacle, ou torus en forme de cône renversé , présente un grand nombre de pistils distincts, uniloculaires et monospermes , implantés dans des alvéoles creusées à la face supérieure de ce réceptacle : deux genres, dont l'un est muni d'un très-gros endosperme charnu, qui manque en totalité dans l'autre. Ces différences nous paraissent tellement importantes que nous ne sommes pas éloigné de les croire sufti- santes pour établir deux familles distinctes , mais qui doivent rester l'une près de l'autre. Î5ALAN0PII0RÉES. JBalanopîwréœ. RiGif. Petite famille composée de végétaux parasites d'un port particulier, ciui a ciuclque analogie avec celui des clandestines et des orobanches , et ciui, comme ces der- nières , vivent constamment implantés sur la racine d'au- tres végétaux. Leur tige , dépourvue de feuilles , est cbar- gée d'écaillés ou nue. Les fleurs sont monoïques, formant 110 FAMILLES KATrRELLES. des épis ovoïdes Irt-s-denses. Dans les fleurs maies, le calice est ù trois divisions profondes, égales et étalées; rarement une simple écaille tient lieu du calice. Les éta- mines sont au nombre d'une à trois, rarement au-delà;, elles sont soudées à la fois par leurs anthères et leurs filets; dans les fleurs femelles , Tovaire est infère, à une seule loge , contenant un seul ovule renversé. Le limbe du calice qui couronne l'ovaire , est entier ou formé de deux à quatre divisions inégales. Il y a un ou deux stjdes filiformes terminés par autant de stigmates simples. Le fruit est une caryopse globuleuse, ombiliquée. La graine contient un très-petit embryon globuleux, placé dans une petite fossette superficielle d'un très-gros endosperme charnu. Les genres qui composcsit cette petite famille sont : Helosis , Longs- dorffia, Cynoiiwrium et Dalanophora. Elle a des rapports avecles Aroïd(îes et les Hydrocbaridées. II. DES PLAKTES DICOTYLÉDONES. Ce sont toutes celles dont l'embryon offre deux cotj^- lédons: dans une seule famille , celle des Conifères , on trouve souvent de trois à dix cotylédons verticillés. L'organisation intérieure de la tige , dont toutes les parties sont disposées par couches concentriques ; la dis- position et la ramification des nervures •, le nombre cinq ou un de ses multiples pour presque toutes les parties de la fleur •, la présence très-fréquente d'un calice et d'une corolle ; et enfin , le port si diflerent de celui des mo- nocotylédons , sont les signes principaux qui distinguent les végétaux dicotylédous des plantes monocotylédonées. Les dicotylédous ont été d'abord divisés en apétales, inonopétales , polypétalcs et diclines. ïîPiSÏAMÏXÎË. lit I. DI COTYLÉDONS ArÉTALES. CîNQIIli:ME CLASSE. ÉPISTAMil-flE. * ARISTOLOGIÏÏÉF-.S. ^Irislolocliill. JcSS. Famille composée des deii^ seuls ocnrcs aristoloche et azarct '. Ce sont d:^s plantes herbacées ou frulescontos et voluhiles , portant des ieuilles nlternes et entières , des fleurs axillaires. Leur calice est légulier, à trois divisions valvaires , ou irréj>ulier, tubuleux , et formant une lan- guette ou lèvre d'une li[;are très- variée. Les étamincs sont au nomlrre de dix ou de douze , insérées sur l'ovaire; elles sont tantôt libres et distinctes , tantôt soudées inti- mement avec le style et le stif^mate , et formant ainsi une sorte de mamelon placé au sommet de l'ovaire. Sur ses parties latérales, ce mamelon porte les six étamines qui sont biloculaires, et à son sommet il se termine par six petits lobes c[ui peuvent être considérés comme les stigmates. Le l'ruit est une capsule , ou une baie à trois ou six loges , contenant chacune un très-grand nombre de graines renfermant un très-petit embryon placé dans un eudosperme charnu. M. de Jussieu avait réuni à cette famiiJc le genre Cjtinns,([m est devenu le type d'ime famille distincte, sous le uoai de CytIiNÉES. '^ GYTiiNÉES. Ci/tlneœ. il. Browiv, Leurs iL'urs sont unisaxué'^s , inonoïqLies ou dioïques. Le calice est adhérent, rarement libre (^ncpen!h:'s)\, son ' M. Robert Browu cite encore comme devant faire partie de cette famille, qu'il nomme Âzarinées , les genres Thottea et Dragantia, 112 FAMILLES NATURELLES. limbe est à quatre ou cinq divisions. Les étamincs varient de liuit à seize, quelquefois même au-delà-, elles sont extrorses et monadelplies. L'ovaire est infère , excepte dans le nepenthcs , à une ou quatre loges. Les graines sont attachées à des trophospermes pariétaux. Le style est cylindi'ique , rarement nul , terminé par un stigmate dont les lobes sont égaux à celui des trophospermes. Les graines ont un embryon cylindrique axile, placé au centre d'un endosperme charnu. Les genres qui composent cette petite famille sont •. Cytiniis, Rafflcsia et Nepenthcs. 'LaSt àcxi-^ picmicrs sont parasites et dépour- vus de feuilles. Le troisième est remarquahie par ses feuilles ter- minées à leur sommet par une outre qui se ferme au moyen d'un opercule mobile. Cette famille se distingue des Aristolochiées sur- tout par ses .graines attachées à des trophospermes pariétaux, par ses fleurs unisexuécs, et par le nombre quaternaire ou quinaire des différentes parties de la fleur. QïTAaAîïrîÈaïï: faî/îiî.i.b. * SAKTALAGÉES. Saiitalciceœ. II. Brown. Plantes herbacées ou frutescentes , ou arbres à feuilles alternes, rarement opposées, sans stipules , à fleurs pe- tites, solitaires, ou disposées en épis ou en sertule. Leur calice est supère , à quatre ou cinq divisions valvaires. Les étamines , au nombre de quatre à cinq , sont op- posées aux divisions calycinales et insérées à leur base. L'ovaire est infère, à une seule loge, contenant un, deux ou quatre ovules qui pendent au sommet d'un podosperme filiforme naissant et sY-lcvant du fond de la loge. Le style est simple, terminé par un stigmate lobé. Le fruit est indéhiscent, monosperme, quelquefois légè- rement charnu. La graine oflre un embryon axile dans un endosperme charnu. Cette famille, établie par Robert Brown , se compose des genres Thcsiam, QiiincJu/iiialiiim , Osyris , Fusaiius , placés par M. de Jussieu dr.ns !a famille des Eléagnécs, et du gçiwc San ta lu m qui PÉRISTAMINIE. Il3 faisait partie dos Onagraircs. Elle diffère surtout des Eléagnées par son ovaire infère et contenant plusieurs ovules pendans , tandis que celui-ci a l'ovaire libre contenant un seul ovule dressé. Elle a aussi des rapports avec la famille des Combrétacées. Mais celle-ci se dis- tingue par ses ovules pendans du sommet de la loge de l'ovaire , par SCS graines sans endosperme et la corolle pclypétale que l'on remar- que dans quelques-uns de ses genres. SIXIÈME CLASSE. PÉRISTAMINIE. QUAHAKTS-iriTIÈMB FASIÏLLB. * ELÉAGNÉES. Eïœag^nœ. A. Righ. — Elœagnorum gen. Juss. Arbres ou arbrisseaux, à feuilles alternes ou opposées, sans stipules et entières. Leurs fleurs sont dioïques ou hermaphrodites : les mâles sont quelquefois disposées en espèces de chatons. Le calice est monosépale , tubuleux-, son limbe est entier ou à deux ou quatre divisions. Les étamines , au nombre de trois à huit, sont introrses et presque sessiles sur la paroi interne du calice. Dans les fleurs femelles , le tube du calice recouvre immédiate- ment l'ovaire , mais sans y adhérer. L'entrée du tube est quelquefois en partie bouchée par un disque diversement lobé. L'ovaire est libre, uniloculaire , contenant un seul ovule ascendant et pédicellé. Le style est court. Le stig- mate est simple , alongé , linguiforme. Le fruit est un akène crustacé , recouvert par le calice qui est devenu charnu. La graine contient , dans un endosperme très- mince, un embryon qui a la même direction que celle-ci. La famille des Eléagnées, telle qu'elle avait été établie par M. de Jussieu, se composait de genres assez disparates. M. Robert Rrown, le premier, a mieux circonscrit les limites de cette famille, en la réduisant aux seuls genres Ekeagiius et HippopJiae, auxquels nous avons ajouté les deux genres nouveaux , Shepherdia et Cnnuleum , qui tous ont l'ovaire libre et monosperme. Déjà M. de Jussieu avait retiré des Eléagnées les genres TermiiniUrt , Bucida , Pamea , etc. , 2* Partie, 8 114 FAMILLES IfATURELLES. pour en former la famille des Termiiiallées; mais M. Rrown a fait, des genres primitivement réunis clans les Eléagnées , trois familles , savoir : 1° les Eléagnées vraies, telles que nous venons de les ca- ractériser ; 2° les Santalacées, qui ont un ovaire infère, un ou plu- sieurs ovules pendans au sommet d'un podospermc basilaire ; 3" et les Combrétacées, qui comprennent la plupart des genres des Tcr- minaliées de M. de Jussieu, et quelques genres auparavant placés dans les Onagraires. * THYMÉLÉES. Tli^meleœ. Juss. Arbrisseaux , rarement plantes herbacées , à feuilles alternes ou opposées , très-entières , ayant les fleurs ter- minales ou axillaires , en sertules , en épis , solitaires , ou réunies plusieurs ensemble à l'aisselle des feuilles. Le calice est généralement coloré et pétaloïde , plus ou moins tubuleux , à cjuatre ou cinq divisions imbriquées avant leur épanouissement. Les étamines, en général au nombre de huit , disposées sur deux rangs , ou de quatre , ou sim- plement de deux , sont insérées et généralement sessiles à la paroi interne du calice. L'ovaire est uniloculaire , et contient un seul ovule pendant. Le style est simple , terminé par un stigmate également simple. Le fruit est une sorte de noix légèrement charnue extérieurement. L'embi-you , qui est renversé comme la graine , est con- tenu dans un endosperme charnu et mince. Les genres principaux de cette famille sont : Daphnc, S telle m , Passerina , Pimelea , Struthiola, etc. QITAR£.!«TZ:-TB.O!SISMC FÂE'IE. Il5 rarement uniscxiiées , sont tantôt groupées à l'aisselle des feuilles , tantôt réunies en une sorte de cône ou dô chaton. Leur calice se compose de quatre sépales linéai- res, quelquefois soudés, et formant un calice tubuleux à quatre divisions plus ou moins profondes et valvairea* Les étamines, au noml)re de quatre, sont opposées aux sépales et presque sessiles au sommet de leur face in- terne. L'ovaire est libre , à une loge contenant un ovule attaché vers le milieu de sa hauteur. Le style se termine par un stigmate généralement simple. Les fruits sont des capsules de forme variée , unilocuîaires et monospermes ou dispermes , s'ouvrant d'un seul côté par une suture longitudinale, et dont la réunion constitue quelquefois une sorte de cône. La graine, qui est parfois ailée, se compose d'un embryon droit dépourvu d'endosperme. Les Efenres de cette famille sont nombreux. Nous citerons ici comir.c exemples les Protea, Petrophila , lianksia , Grevillea , Em- bothrium , Hakea , etc. Celte famille , à cause de la forme de son calice , de ses étamines sessiles au sommet des sépales , et surtout par son port, ne peut être confondue avec aucune autre. * L.iURiNÉES. Laurlneœ, Juss, Arbres et arbrisseaux à feuilles alternes , rarement op- posées, entières ou lobées, très-souvent coriaces, per- sistantes et ponctuées. Leurs fleurs , quelquefois uni- sexuées, sont disposées en paniculrs ou en cimes. Le calice est monosépale, à quatre ou six divisions profon- des , imlDriquées par leurs bords avant leur épanouisse- ment. Les étamines sont au nombre de huit à douze, insérées à la base du calice; leurs filets présentent à leur base deux appendices pédiccllés , de forme variée , et qui paraissent être des étamines avortées. Les anthèie? sont terminales , s'ouvrant au moyen de deux ou quatre val" Yules qui s'enlèvent de la base vers le sommet. L'ovaire s. Il6 FAMILLES NATURELLES. est libre, iiniloculaire , contenant un seul ovule pendant. Le style est plus ou moins alongé, terminé par un stig- mate simple. Le fruit est charnu, accompagné à sa base par le calice qui forme une sorte de cupule. La graine contient sous son tégument propre un très-gros em- brj^on renversé comme la graine , ayant des cotjdédons extrêmement épais et charnus. Cette famille a pour type le Laurier et quelques genres qui ont avec lui du rapport, comme les Borhnnia , Ocotea, et Cassytlui. Ce dernier est remarquable en ce qu'il est formé de plantes herbacées, volubiles et sans feuilles. M. de Jussieu avait réuni aux Laurinées le Muscadier ; mais M. Robert Brown l'en a , à juste titre, retiré pour en former une famille distincte sous le nom de Myristicécs. La fa- mille des Laurinées est surtout caractérisée par son port , ses cta- mincs, dont les anthères s'ouvrent au moyei\ de valvules. Le même caractère s'observe encore dans les Hamamélidées et les Berbéri- dées ; mais cette dernière famille appartient à la classe des dicoty- lédones polypétales hypogynes. QtTAKAHTS-CIN^irîÉtaS FABSIZ,I.B. MYRiSTicÉES. Myristîceœ. R. Rr. Arbres tous exotiques et crissant sous les tropiques, ayant des feuilles alternes, non ponctuées, entières-, des fleurs dioïques, axillaires ou terminales, diversement disposées. Leur calice monosépale est à trois divisions valvaires. Dans les fleurs mâles, on trouve de trois à douze étamines monadelphes , dont les anthères rappro- chées et souvent soudées ensemble s'ouvrent par un sillon longitudinal. Dans les fleurs femelles, l'ovaire est libre , à une seule loge contenant un seul ovule dressé. Le style est très-court, terminé par un stigmate lobé. Le fruit est une sorte de baie capsulaire s'ouvrant en deux valves. La graine est recouverte par un arille charnu, divisé en un grand nombre de lanières. L'endo- sperme est charnu ou très-dur, marbré , contenant vers sa base un très-petit embryon dressé. PÉRISTAÎIIÎSIE. .117 Cette faniillc a pour type le Muscadier. Elle est très-distincte des Laurinées par son calice à trois divisions ;sc5 étaminesmonadelphes s'ouvrant par un sillon longitudinal; sa graine dressée, arillée; sou embryon très-petit, contenu dans un endosperme dur et marbré, * poLYGOisÉES. Pohjgoneœ. Juss. Plantes herbacées , rarement soiifrutescentes , à feuil- les alternes, engainantes à leur base, ou adhérentes à une gaine membraneuse et stipulaire , roulées en des- sous sur leur nervure moyenne dans leur jeunesse-, fleurs quelquefois unisexuées, disposées en épis cylindriques ou en grappes terminales-, calice monosépale, oflrant de quatre à six segmens, quelquefois disposés sur deux rangs et imbriqués avant leur évolution j étamines de quatre à neuf, libres et à anthères s'ouvrant longitudi- nalement -, ovaire libre , uniloculaire , offrant un seul ovule dressé. Le fruit, assez souvent triangulaire , est sec et indéhiscent , quelquefois recouvert par le calice qui persiste. La graine contient, dans un endosperme fari- neux, quelquefois très-mince, un embryon renversé et souvent unilatéral. Cette famille se compose des genres Polxgotniiii,Rumex , Rheuiii, Coccoloba , etc. Elle se distingue des Chénopodées par la gaîne sti- pulaire de ses feuilles, par son ovule dressé , et son embryon ren- versé. QUAaAWTS-SSPTïÈîfflB FABÏÏLLS. * cnÉNOPODÉES. Chenopodeœ. De Gaind. — Atrïpliceœ. Juss. Plantes lierbacées ou ligneuses , à feuilles alternes ou opposées, sans stipules. Leurs fleurs sont petites, quel- quefois unisexuées, disposées soit en grappes rameuses, soit groupées à raissclle des feuilles. Leur calice mono- sépale, quelquefois tubule^ix à sa base, est à trois , qua- Il8 FAMILLES NATURELLES. tre ou cinq lobes plus ou moins profonds , persistans. Les étamines varient d'une à cinq-, elles sont insérées, soit à la base du calice, soit sous l'ovaire : ces étami- nes sont opposées aux lobes du calice. L'ovaire est libre, uniloculaire , monosperme, contenant un seul ovule dressé, et porté quelquefois sur un podosperme plus ou moins long et grêle. Le style, qui est rarement simple , est à deux , trois ou quatre divisions terminées chacune par ua stigmate subulé. Le fruit est un akène ou une petite baie. La graine se compose , sous son té- gument propre, d'un embryon cj-lindrique grêle, re- courbé sur un endospermc farineux ou roulé en spirale, et quelquefois sans endosperme. Cette famille se compose des genres Chcnopodium, Atriplcx, Sal- sola, Beta, SeiUcornia, etc. Elle a, d'une part, beaucoup de rapports avec les Polygonées, qui en diffèrent parla gaîne stipulaire de leurs feuilles, par leur embryon non recourbé , et leur radicule supé- rieure. Elle a aussi, d'une autre part, beaucoup d'analogie avec les Amaranthacées , dont celles-ci ne diffèrent en réalité que par leur port et quelques autres caractères de peu d'importance. Les Chcno- podées nous offrent l'exemple de genres à insertion périgynique , comme les Deta, Blitum, Spinacia, et d'antres, en p!us grand nom- bre, qui ont l'insertion hypogynique : tels que les Bn'inia , Salsola , Camphorosma, Clieiiopodiuin, etc. M. Robert Brovr-n a proposé de séparer le genre Phytciacca des Chénopodées, pour en former le type d'une famille particulière, sous le nom de Phytolaccées. Cette famille, qui nous paraît peu distincte , diffère par ses ovaires réunis au nombre de dix à douze, et sou- dés en un seul fruit. SEPTIÈME CLASSE. HYPOSTAMIJVIE. *" AMAivAiNTîi ÂGÉES, ujmaraiilhaceœ. R. lîn. — Amai'an- tluicearum].)ars. Juss. Les amarantbacées sont des plantes herbacées ou sou- frutcscentcsj portant des feuilles alternes ou opposées, HY P OST A3IÏME . 1 1 g quelquefois munies de stipules scarieuses. Les fleurs sont petites, souvent hermapliiodites, quelqviefois unisexuées, disposées eu épis , eu panicules ou en capitules , et mu- nies d'écaillés qui les séparent. Le calice est monosé- pale, souvent persistant, à quatre ou cinq divisions très-profondes. Les étamines varient de trois à cinq. Leurs fdcts sont tantôt libres et tantôt monadelphes, et formant quelquefois un tube membraneux , lobé ù son sommet, et portant les anthères à sa face interne. L'o- vaire est libre , uuiloculaire , renfermant un seul ovule dressé , et porté quelquefois sur un podosperme très- long, recourbé, au s o minet duquel il est pendant. Le style est simple ou nul , terminé par deux ou trois stig- mates. Le fruit, en général environné par le calice, est un akène ou une petite pyxide s'ouvrant par le moyen d'un opercule. L'embryon est cylindrique, alongé, re- courbé autour d'un endosperme farineux. Cette famille, coniposce entre autres des genres Jmarcmthus , Celosia , Gomphrena , Jchyranthes , etc., est tellement rapprochée des Chénopodées, qu'il est extrêmement difficile fie tracer la limite qui les sépare. En effet, l'insertion, qui est en général périgynique dans les Chénopodées, est aussi hypogyniqae dans plusieurs genres, comme nous l'avons dit précédemment; mais le port de ces deux familles est tout-à-fait différent. Les éîaraines sont souvent mona- delphes dans les Amaranthacées , qui ont aussi quelquefois les feuilles opposées ; mais quoique ces caractères distinctifs soient peu importans , cependant il est difficile de réunir deux familles qui paraissent l'une et l'autre bien tranchées quand on ne considère que leur port. On a séparé des Amaranthacées certains genres à étamines péri- gyncs, comme les Illecebrani, Puronychia, etc., qui, réunis à quel- ques autres tirés des Caryopîiyllées , forracnt une faniillc distincte sous le nom de Paronycliiécs. ^'YGTAGï>'ÉES. Nyclafjineœ. Juss. Les Nyctaginces sont des plantes lierbacéeo ;, dco ar- 120 FAMILLÎÎS NATURELLES. bustes , ou même des arbres dont les feuilles sont sim- ples, le plus souvent opposées, quelquefois alternes. Les fleiu's sont axillaires ou terminales , souvent réunies plusieurs ensemble dans un involucre commun, ou ayant chacune un involucre propre et calyciforme. Leur calice est monosépale , coloré , souvent tubulcux , renflé à sa partie inférieure, qui souvent est plus épaisse, et per- siste après la chute de la partie supérieure. Le limbe est plus ou moins divisé en lobes plissés. Les étamines va- rient de cinq à dix, et sont insérées au bord supérieur d'une sorte de disque h3'pogyne , souvent en forme de cupule. L'ovaire est à une seule loge, contenant un ovule dressé. Le style et le stigmate sont simples. Le fruit est une cariopse recouverte en partie par le disqvie et la base du calice , qui sont crustacés et forment une sorte de péricarpe accessoire. Le véritable péricarpe est mince, adliérent avec le tégument propre de la graine. Celle- ci se compose d'un embryon recourbé sur lui-même , ayant sa radicule repliée sur la face d'un des cotylé- dons, et embrassant ainsi l'endosperme qui se trouve central. Les gem-es Nyctagn, JlUonia, Pisonia, Bocrrluiavia, etc., ajjpar- ticnnent à cette famille. Quelques auteurs, partant des genres dont l'involucre est uniflore , comme dans le Njcîage ou belle-dc-nuit , ont admis cet involucre comme un calice , et le calice comme une corolle ; mais l'analogie, et surtout les genres à involucre conte- nant plusicura fleurs, prouvent que le périanthe est véritablement simple. HUITIÈME CLASSE. HYPOCOROLLIE. * PLAîSTAGmÉES. Plaufaglnca' . Juss. Petite famille de filantes uniquement composée des genres Plaiitain et Littprclle , et que l'on reconnaît aux liyi'OCOROLLIK. 121 caractères salvans : Les fleurs sont hermaphrodites , unisexuées dans le genre Lît'orella , formant des cpis simples, cylindriques, alongés ou globuleux-, rarement les fleurs sont solitaires. Le calice a quatre divisions pro- fondes et persistantes, ou à quatre sëpales inégaux, en forme d'ëcailles, et deux plus extérieui's. La corolle est monopétale, tubuleuse, à quatre divisions régulières, rarement entière à son sommet. Cette corolle , dans le genre Plantain, donne attache à quatre étamines sail- lantes, qui, dans le Lîtlorella, naissent du réceptacle. L'ovaire est libre , à une , deux , ou très-rarement à qua- tre loges, contenant un ou plusieurs ovules. Le stj^le est capillaire , terminé par un stigmate simple subulé , rare- ment bifide à son sommet. Le fruit est une petite pyxide recouverte par la corolle qui persiste. Les graines se composent d'un tégument propre , qui recouvre un en- dosperme charnu , au centre duquel est im embryon cy- lindrique, axile et homotrope. Les Plantaginées sont des plantes herbacées , rarement soufrutcs- centes , souvent privées de tige , et n'ayant que des pédoncules ra- dicaux qui portent des épis de fleurs très-denses. Leurs feuilles sont souvent radicales, entières, dentées ou diversement incisées. Elles croissent en quelque sorte sous toutes les latitudes. M. de Jussieii et la plupart des autres botanistes considèrent les Plantaginées comme véritablement apétales. Pour cet illustre botaniste, l'organe que nous avons décrit comme la corolle est le calice, et notre calice n'est qu'une réunion de bractées; mais il nous semble que la con- stance et la régularité de ces deux organes doivent plutôt les faire considérer comme un périanlhc double, ainsi que l'a plus récem- ment admis le célèbre Robert BroviU. Les Plantaginées sont très-voisines des Plumbaginécs , dont elles diffèrent surtout par leur style constamment simple, par leur ovaire à deux loges souvent polyspermes , tandis qu'il est constamment uniloculaire , et contenant un ovule pendant du soiâmet d'un po- dosperme basilaire et dressé dans les Plumb.iginécs. X22 FAMIÏ.LES NATURELLES. CÏSrQirArîTS-UITIÈSMH FAMILIB, * PLUMBAGiNÉES. Flmnhagtneœ, Juss, Famille naturelle placée par les uns parmi les apé- tales , et par les autres dans les monopétales. Ce sont des végétaux herbacés ou soufrutescens , à feuilles al- ternes , quelquefois toutes réunies à la base de la tige , et engainantes. Les fleurs sont disposées en épis ou en grappes rameuses et terminales. Leur calice est mo- nosépale, tubuleux, plissé et persistant, ordinairement à cinq divisions. La corolle est tantôt monopétale, tantôt formée de cinq pétales égaux , qui , assez sou- vent , sont légèrement soudés entre eux par leur base. Les étamines , généralement au nombre de cinq , et opposées aux divisions de la corolle, sont épipétales, quand celle-ci est poljpétale, et immédiatement hypo- gynes, lorsque la corolle est monopétale (ce qui est le contraire de Igjidisposition générale). L'ovaire est libre, assez souvent à cinq angles , à une seule loge contenant un ovule pendant au sommet d'un podosperme filiforme basilaire. Les styles , au nombre de trois à cinq , se ter- minent par autant de stigmates subulés. Le fruit est un akène enveloppé par le calice. La graine se compose, outre son tégument propre, d'un endosperme farinacé, au centre duquel est un embryon qui a la môme direc- tion que la graine. Cette petite famille se compose des genres Phimhagn, Statice, Limonitim , Fogelia de Lamarck , Thêta de Lourciro , JgiaUtis de Robert Brown. Elle diffère des Nycîagiaées , qui sont monopérian- tbées , par son ovule porté sur un loug podosperme , au sommet duquel il est pendant ; par plusieurs styles et plusieurs stigmates J par l'embryon droit et non recourbé sur lui-môme, etc. CINQUASTTS-DaïJZïàHîS ?A3ÏIZXS. * PRÎ3IULAGÉES. Friniii!ciceœ.\ i^^'s > — Lyshncichiœ. Juss. Les Primulacées sont des plantes annuelles ou vivaces, H\P0C0B.OLLIi;. 123 à feuilles opposées ou verticillées, très-iarenient éparses. Leurs fleurs sont disposées en épis ou en grappes axil- laires ou terminales-, quelquefois elles sont solitaires ou diversement groupées. Le calice, monosépale, est à cinq ou à quatre divisions; la corolle, monopétale, régulière, est tantôt tubuleuse à sa base, tantôt divisée très-pro- fondément en cinq lanières , les étamiues , au nombre de cinq , sont libres ou monadelphcs , insérées au haut du tube de la corolle, ou à la base de ses divisions ; elles leur sont opposées , et leurs anthères introrses s'ouvrent chacune par un sillon longitudinal. L'ovaire est libre, à une seule loge contenant un très-grand nombre d'ovules attachés à un trophosperme central. Le style et le stig- mate sont simples. Le fruit est une capsule uniloculaire et polysperme , s'ouvrant en trois ou cinq valves, ou une pyxide operculée. Les graines ofl'rent un embryon cylindrique placé transversalement au hile dans un en- dosperme charnu. Les genres principaux «jui composent cette famille sont : Primula, Lysimachia, Hotlonia, Anai^alUs, Cyclamen, CeiUiinciiliis, etc. On y a aussi réuni le Samolas , bien que sou ovaire soit adhérent eu grande partie avec le calice; mais, par tous ses autres caractères, il convient à cette famille. Les Primulacécs sont très-bien caractérisées par leurs étamincs opposées aux divisions de la corolle, leur capsule uniloculaire, dont les graines sont attachées à un trophosperine central , et par leur embryon placé en travers devant le hile. Par ces différens carac- tères, elles se rapprochent beaucoup des Myrsinées , qui n'en diffè- rent que par leur fruit charnu et leurs graines enfoncées dans des espèces d'alvéoles du trophosperme, qui est charnu et très-gros, * LEXTI3ULARIÉES. Leniihulariœ. Righ. Petite famille composée uniquement des deux genres Ulricularia et JPi/ijuicuIa, placés auparavant à la suite des Primulacées. Ce sont de petites herbes vivant au mi- lieu des eaux , ou dans les lieux humides et inondés. 124 FAMILLES NATURELLES. Leurs feuilles sont ou réunies en rosette à la base des tiges , ou divisées en segmens capillaires et souvent vési- culeux , dans les espèces qui nagent à la surface des eaux. Leur tige est toujours simple , portant une ou plu- sieurs fleurs à leur extrémité. Leur calice est monosé- pale persistant , divisé comme en deux lèvres ; la corolle est monopétale , irrégulière , éperonnée , également à deux lèvres. Les étamines, au nombre de deux, sont incluses et insérées tout-à-fait à la base de la corolle. L'ovaire est à une seule loge contenant un grand nombre d'ovules attachés à un trophosperme central. Le style est simple et très-court; le stigmate bilamellé. Le fruit est une capsule uniloculaire, polysperme, s'ouvrant soit transversalement j soit par une fente longitudinale , qui partage son sommet en deux valves. Les graines offrent un embryon immédiatement recouvert par le tégument propre. Cette petite famille se distingue des Primulacécs par sa corolle jrrégulière, ses deux étamines et son embryon sans endosperme; des Anlirrhinécs par son fruit à une seule loge , dont le tropho- sperme est central, et par son embryon sans endosperme. * GLOBULAKiÉES. Glohulariœ. DC. Le genre Globularia, placé d'abord parmi les Primu- lacées , constitue à lui seul cette petite famille, dont voici les principaux caractères : le calice est monosépale , tu- buleux, persistant, à cinq divisions -, la corolle est mono- pétale , tubuleuse , irrégullcre , à cinq lanières étroites et inégales, disposées en deux lèvres*, les étamines , au nombre de quatre à cinq , sont alternes avec les divi- sions de la coroiie. L'ovaire est uniloculaire , contenant un seul ovuic pendant. Le style est grêle et terminé par un stigmate à deux divisions tubuleuses et inégales -, à la base de l'ovaire est un petit disque unilatéral. Le fruit est HYPOCOROLLIE. 120 un akène recouvert par le calice. L'embryon , presque cylindrique , axile , est place dans un endosperme charnu. Les Glohulariëcs sont des plantes herbacées ou soufriitcscentes , à feuilles toutes radicales ou alternes , à fleurs petites , violacées , réunies en capitules globuleux, et accompagnées de bractées. Elles diffèrent des Primuîacécs par leur corolle irrégulière , leurs éla- niines alternes, leur ovaire contenant un seul ovule renversé. * OROBASCHÉKS. Orohancheœ. Yest. Ce sont des végétaux tantôt parasites sur la racine d'autres plantes^ tantôt terrestres-, leur tige est quelque- fois dépourvue de feuilles , qui sont remplacées par des écailles. Les fleurs , accompagnées de bractées , sont ter- minales^ tantôt solitaires , tantôt disposées en épis. Le calice est monosépale tubuleux , ou divisé jusqu'à sa base en sépales distincts ; la corolle est monopétale , ir- régulière , souvent à deux lèvres -, les étamines sont en général didynames ; l'ovaire , appliqué sur un disque hypogyue et annulaire , ou adhérent avec le calice , est à une seule loge qui contient un très-grand nombre d'ovules attachés à deux trophospermes pariétaux et bifides par leur côté libre. Le style se termine par un stigmate à deux lobes inégaux. Le fruit est une capsule uniloculaire , s'ouvrant en deux valves qui portent chacune un trophosperne sur le milieu de leur face interne. Les graines, dont le tégument propre est double, offrent un endosperme charnu qui porte un très-petit embryon placé dans une fossette creusée dans sa partie supérieure et latérale. Les genres Orohanche, Phellippœa , Lathrœa , etc. , forment cette famille, qui diffère des Scrophularinces par son ovaire uniloculaire, la position de son embryon , et surtout le port des végétaux qui la composent. 126 FAMILLES NATURELLES. Nous y avons réuni la famille des Gcsnériées qui îi'cn diffère que par son ovaire adhérent. CIKQtrANTS-SrXïÈEÏE FAMILLE. * SCROPHULARÏNÉES. Scropliularîneœ . R.Brown. — >Sc?*o- phulariœ et Pedicidares. Juss. Herbes ou arbustes à feuilles souvent opposées , quel- quefois alternes , simples, à fleurs disposées en épis ou en grappes terminales. Leur calice est monosépale , persis- tant, à quatre ou cinq divisions inégales-, la corolle est monopétale , irrégulière , k deux lèvres et souvent per- sonnée; les étamines, au nombre de deux à quatre, sont didjmames. L'ovaire, appliqué sur un disque bypogyne, est à deux loges polyspermes. Le style est simple , termi- né par un stigmate bilobé. Le fruit est une capsule bilo- culaire , dont le mode de déhlscence est très- variable. Tantôtelles'ouvre par des trous pratiqués vers le sommet, tantôt par des plaques irrégulières, tantôt par deux ou quatre valves , portant chacune la moitié de la cloison sur le milieu de leur face interne , ou opposées à la cloi- son qui reste entière. Les graines contiennent sous leur tégument propre , une amande composée d'un endo- sperme charnu , qui renferme un embryon droit cylin- drique , ayant sa radicule tournée vers le liile ou opposée à ce point d'attache. Nous avons suivi l'exeniple de Robert Brown , qui réunit en une seule les deux familles établies par M. de Jussieu sous les noms de Seropiiulaircs et de Pédiculaircs. La principale différence qui ser- vait à distinguer ces deux familles, était tirée du mode de déhis- cencc de la capsule qui , dans les Scropluilaires , se fait par des trous ou des valves opposées à la cloison qui reste intacte, tandis que, dans les Pédiculaircs , chaque valve porte sur le milieu de sa face interne la moitié de la cloison. Mais ces différences, qui parais- sent fort tranchées , présentent des nuances nombreuses , et, par exemple , dans le genre T'eronica , on les trouve piesque toutes réunies. Cependant nous avons remarqué entre ces deux groupes une autre modification que nous n'avons pu observer sur tous les HYPOCOROLLIE. 127 genres , mais qui nous a paru constante dans tous ceux dont nous avons pu analyser la graine : c'est que , dans les Pédiculaires de M. de Jussieu , l'embryon a toujours une direction opposée à celle de la graine, c'est-à-dire que ce sont ses cotylédons qui sont tournés vers le hile, tandis que le contraire a lieu dans les Scro- phulaires. 1". Pédiculaires: Pediciilavis, Rhinanthus, Melampynim, Vero^ nica, Euphrasia, Erinits, etc. 2". Scropliulaires : Jntirrhiniim, Linaria, Scrophularia , Digita- lis, Gratiola, Ferbascum, etc. * soLANÉES. Solanece. Jusg# On trouve dans cette famille des plantes herbacées, des arbustes et même des arbrisseaux assez élevés , quelque- fois munis d'aiguillons sur plusieurs de leurs parties , ayant des feuilles simples ou découpées, alternes, ou quelquefois géminées vers la partie supérieure des ra- meaux. Leurs fleurs , souvent très-grandes , sont ou ex- Ira-axillaires , ou forment des épis ou des gTappes. Leur calice , monosépale et persistant, est à cinq divisions peu profondes ; leur corolle monopétale , régulière dans le plus grand nombre des cas, offre des formes très-variées, et cinq lobes plus ou moins profonds et plissés sur eux- mêmes. Les étamines^ en même noinbre que les lobes de la corolle , ont leurs filets libres, rarement monadelphes par leur base. L'ovaire , assis sur un disque hypogyne, est ordinairement à deux , rarement à trois ou quatre loges polyspermes^ dont les ovules sont attachés à l'angle in- terne. Le style est simple , terminé par un stigmate bilo- bé. Le fruit est ou une capsule à deux ou quatre loges polyspermes , s'ouvrant en deux ou quatre valves , ou une baie également à deux ou trois loges. Les graines , quelquefois réniformes et à épisperme chagriné , ont un embryon plus ou moins recourbé dans un endosperme charnu. 128 FAMILLES NATURELLES. Les Solanécs ont les rapports les plus intimes avec les Scropliula- rinécs. Elles en diffèrent en général par leurs feuilles constamment alteines , leur corolle régulière, leurs élamincs eu même nombre que les lobes de la corolle , et surtout leur embryon recourbé sur lui-même : ce dernier caractère est même quelquefois le seul qui distingue réellement les Solanécs à corolle irrégulière de certaines Scrophularinées. Les genres des Solanécs forment deux sections d'a- près la nature de leurs fruits. i'\ Fruit capsulaire : Nicotiaita, Hyociûiniis , Dafnjr/ , etc. 2". Fruit charnu : Solanum, Atrnpa, Capsicum, Physalis , Lf ciuni, etc. ûIKQUAN'rB-HtyïTïèKia PAKÎIAS. * AGANTHAGÉES. Acanfhacoœ . Juss. Les Acanlhacées sont des herbes ou des arbrisseaux , à feuilles opposées, à fleurs disposées en épis , et accompa- jTiiées de bractées à leur base. Leur calice est monosé- pale , à quatre ou cinq divisions , régulières ou irrégu- lières. La corolle est monopétale , irrégulière , ordinai- rement bilabiée -, les étamines sont au nombre de deux ou de quatre didynames. L'ovaire est à deux loges, qui contiennent deux ou un plus grand nombre d'ovules-, il est appliqué sur un disque hypogyne et annulaire. Le style est simple , terminé par un stigmate bilobé. Le fruit est une capsule à deux loges, quelquefois monospermes, s'ouvrant avec élasticité en deux valves qui emportent avec elles chacune la moitié de la cloison. Ces graines sont en général portées sur un podosperme filiforme , et leur embryon , placé immédiatement sous leur tégument propre , est dépourvu d'endosperme , et a en général sa radicule tournée du côté du hile. Exemples : Jiistia'a, Jcfinthus , Riiellia, Tlutnherg'ui , etc. Cette famille diffère des Scrophularinées par ses graines portées sur un long podosperme , par son embryon sans endospermc , etc. nVPOGOROLLIE. 12q CINQUANTH-NEUVIÈBIB FAKILLB. * JASMINÉES. Jasmineœ. Juss. — Jasminees et Lilacées, Vent. Oléînees. Link. Cette famille se compose d'arbustes , d'arbrisseaux ou même de très-grands arbres , à feuilles opposées , rare- ment alternes , simples ou pinnëes. Les fleurs sont her- maphrodites, excepté dans Te genre Frêne, où elles sont polygames. Le calice est monosépale , turbiné dans sa partie inférieure; la corolle est monopétale, souvent tu- buleuse et irrégulière , à quatre ou cinq lobes , quelque- fois assez profonds pour que la corolle paraisse polypé- tale ( Ornus , Chionanthus ) ; elle manque quelquefois entièrement. Les étamines sont au nombre de deux seu- lement. L'ovaire est à deux loges , contenant chacune deux ovules suspendus. Le style simple se termine par un stigmate bilobé. Le fruit est tantôt une capsule à une ou deux loges , indéhiscente ou s'ouvrant en deux valves; tantôt il est charnu et renferme un noyau osseux. Le tégument propre de la graine est mince ou charnu ; l'en- dosperme est charnu ou dur -, il contient un embryon ayant la même direction que la graine. Les genres de cette famille, dont on avait fait trois familles dis- tinctes, mais qui doivent rester réunies, ainsi que nous l'avons dé- montré ( Mém. Soc.Hist. nat. Paris, tom. ii), peuvent être divisés en deux sections de la manière suivante : 1°. Fruit sec. LiLACËES : Syrinsa , Fontanesia , Fiaxinus, Nyc tanthes. 2'*. Fruit charnu. Jasmi:nÉES : Jusmintim, olca, Ligustrum, Phil- ïyrea , etc. SOlXANTÏSnSB FAïyïîLL2. * VERBÉN ÂGÉES. Ferheuaceœ. Juss. Les Verbénacées sont des arbres ou des arbrisseaux , rarement des plantes herbacées, à feuilles ordinairement opposées , quelquefois composées. Les fleurs sont dispo- P:ir;ie. l5o FAMILLES NATURELLES. sées en épis ou en corymbes ; plus rarement elles sont axillaires et solitaires. Leur calice est monosépale , per- sistant, tubuleux. La corolle est monopétale, tubuleuse, ordinairement irrégulière. Les étamines sont didynames, quelquefois au nombre de deux seulement-, l'ovaire est à deux ou quatre loges , contenant un ou deux ovules dressés. Le style se termine, par un stigmate simple ou bifide. Le fruit est une baie ou une drupe, contenant un noyau à deux ou quatre loges souvent monospermes. La graine se compose , outre son tégument propre , d'un endosperme inince et charnu qui recouvre un embryon droit. Cette famille, composée .des genres Verhena , Vitex , Cleroden- (îrtiin , Zapania , etc. , se distingue des précédentes par son fruit charnu ( excepté dans la f erùena ), et par ses graines , ordinaire- ment solitaires dans chaque logo. SOIXANTE-UKIÈiaE rAaî*Ï.L3. MYOPOKiisÉES. Myoporincœ. R. Brown. Arbustes généralement glabres , à feuilles simples , al- ternes ou opposées , à Heurs axillaires et sans bractées , leur calice est persistant , à cinq divisions profondes -, leur corolle monopétale est presque régulière ou légère- ment Jjilabiée -, les étamines sont didynames ou quelque- fois au nombre de cinq, dont une reste parfois rudimen- taire -, Tovaire est libre, appliqué sur un disque hypogyne et annulaire-, il est à deux ou quatre loges, contenant chacune un ou deux ovules pendans de leur sommet. Le style simple se termine par un stigmate également sim- ple. Le fruit est une drupe contenant un noyau à deux ou quatre loges, renfermant chacune une ou deux graines, composées d'un embryon cylindrique , placé au centre d'un endosperme assez dense. Les Myoporinées , voisines des Verbénacées, dont elles diffèrent HYPOCOROLLIE. 101 surtout par leurs graines pondantes et munies d'un endosperme épais, se composent des genres Myoporum, Bontia, PkoUdia, Steiio- chilus, Ercmophild. S0ïSANTE-DEîr2;îSr.ïS FAIffiILI.S. * LABIÉES. Lahiatœ. Juss. Les Labiées forment une des familles les plus naturelles du règne végétal. Ce sont des plantes herbacées ou quel- quefois des arbustes , dont la tige est carrée , les feuilles simples et oppoisées, les fleurs groupées aux aisselles des feuilles, et formant ainsi par leur réunion des épis ou des grappes rameuses. Leur calice est monosépale, tubuleux, à cinq dents inégales. La corolle, monopétale, tubuleuse et irrégulière , est partagée en deux lèvres , l'une supé- rieure et l'autre inférieure. Les étamines sont au nombre de quatre et didynames-, quelquefois les deux plus courtes avortent. L'ovaire, appliqué sur un disque hypogyne, est profondément quadrilobé , très-déprimé à son centre , d'où naît un style simple que surmonte un stigmate bi- fide*, coupé entravers, l'ovaire offre quatre loges conte- nant chacune un ovule dressé. Le fruit se compose de quatre akènes monospermes, renfermés dans l'intérieur du calice qui persiste. La graine contient un embryon dressé au centre d'un endosperme charnu , quelquefois très-mince. Les genres très-nombreux de cette famille peuvent être divisés ea deux sections , suivant qu'ils ont deux ou quatre étamines didy- names. §. I. Deux étamines: Sah'ia, Ros)Haiiiins, Monarda, Lycopus, etc. §. II. Quatre étamines didynames : Bctonica , Leonurus, Thymus, BuUuta , Marrubium , PlUoniis , Satureia, Melissa, Meiitha, etc. S0ZK&NTS-Ti'i,02S£iSM£: FAKULLi:. * BORAGiA'ÉES. Jioragineœ. Juss. Les Boraginées sont des herbes, des arbustes ou même quelquefois des arbres élevés, portant des feuilles al- 9- 152 FAMILLES NATURELLES. ternes , souvent recouvertes , ainsi que les tiges , de poils très-rudes. Leurs fleurs forment des épis unilatéraux, rou- lés en crosse à leur sommet , souvent réunis et formant une sorte de panicule. Leur calice est monosépale , ré- gulier , persistant et à cinq lobes -, la corolle est mono- pétale , régulière , à cinq lobes : elle offre dans un cer- tain nombre de genres , près de sa gorge , cinq appen- dices saillans , qui sont creux dans leur intérieur et qui s'ouvrent extérieurement à leur base. Les cinq étamines sont insérées au baut du tube de 1 a corolle , et alternent avec les appendices*dont nous venons déparier, quand ceux- ci existent. L'ovaire, porté sur un disque bypogyne, an- nulaire et sinuevix, est profondément quadrilobé, à quatre loges monospermes , très - déprimé dans son centre -, le style naît de cette dépression et se termine par un stigmate à deux lobes. Le fruit se compose de quatre carpelles monospermes , plus rarement ils se sou- dent et forment un fruit sec ou charnu, à deux ou quatre loges , quelquefois osseuses , ou uniloculaire par avor- tement. Les graines ont leur embryon renversé dans un endosperme charnu , très-mince , et qui même quelque- fois n'existe pas. La famille des Boraginécs a des rapports avec les Labiées par la structure de son pistilquiest la même, et avec les Scrophulariiiées. Mais on la distingue des premières par sa tige cylindrique , ses feuilles alternes, sa corolle régulière, ses étamines au nombre do cinq , etc. ; des secondes par la structure de son ovaire et de son fruit. Kous citerons ici comme exemples de genres de cette famille les suivans : §. I. Genres sans appendices cala corolle: Echium , Lithospermuw, Pulmonnria , Onosina, Cordia, etc. §. II. Genres munis d'appendices : Syinphytum , Lycopsis , Jn- chusci, Borago, Cynoglossuin , etc. Ventenat avait proposé de séparer des Boraginécs le genre Cor- dia, à cause de son fruit simple et charnu, et d'en former une fa- mille sous le nom de SiiBESXÉNlERS. M. Rob. Browu ( Prodr. fî. HYPOCOROLLIE. 100 nov. Holl. ) pense que les genres Hydiophylliim , ElUsia et Phacc- lia, qui ont un fruit capsulaire, un gros cndosperme corné , et des feuilles composées ou profondément lobées, forment une famille distincte qu'il nomme Hydrophyllées. Enfin, le professeur Schra- der, dans son excellent Mémoire sur les Boraginées, propose de les diviser en trois ordres distincts , savoir : les Boraginées , les Hy- drophyllées et les Héliotropiées. Mais les différences qui existent en- tre ces trois groupes , nous paraissent de trop peu d'importance pour justifier leur séparation comme familles distinctes, * CONVOLVULACÉES. Coiivolvulacece . Juss. riantes herbacées ou soiifrutescentes , souvent volu- bilis et grimpantes , ayant des feuilles alternes, simples, ou plus ou moins profondément lobées -, des fleurs axil- laires ou terminales ; le calice monosépale , persistant , à cinq divisions -, la corolle monopétale, régulière , éga- lement à cinq lobes plissés ; les cinq étamines insérées au tube de la corolle. L'ovaire est simple et libre , porté sur un disque b jpogyne -, il offre de deux à quatre loges contenant un petit nombre d'ovules. Le style est simple ou double. Le fruit est une capsule offrant d'une à quatre loges , contenant ordinairement une ou deux, graines , attachées vers la base des cloisons ; elle s'ouvre en deux ou quatre valves , dopt les bords sont appliqués sur les cloisons qui restent en place -, plus rarement la capsule reste close ou s'ouvre en deux valves superposées. L'em- bryon , dont les cotylédons sont planes et cbiflbnnés, est roulé sur lui-même , et placé au centre d'un endosperme mou et comme mucilagineux. Le caractère essentiel de cette famille consiste dans sa capsule , dont les sutures correspondent aux cloisons. Ce caractère manquant dans quelques genres, au paravant réunis aux Convolvulacées , tels que Hydrolea , Nama, Sagonea et Diapensa , M. Piob. Brovvn a pro- posé d'en former un« famille distincte, sous le nom d'HYDROLÉA- CÉES. Les genres principaux des Convolvulacées sont : Com'oh'ulas, Ipomaa , Cuscuta , E^olviilus , Cresscf , etc. l54 FAMIl-LES NATURELLES. soiXAKTn-cïsguiÈraE fabïiile. POLÉMONIACÉES. Polemoniaceœ. Juss. Plantes herbacées ou ligneuses, quelquefois volubiles, munies de feuilles alternes ou opposées, souvent divisées et pinnatifides , et de fleurs axillaires ou terminales, for- mant des grappes rameuses. Chaque fleur se compose d'un calice monosépale, à cinq lobes j d'une corolle mo- nopétale , régulière , rarement irrégulière , à cinq divi- sions plus ou moins profondes 5 de cinq étamincs insé- rées à la corolle ; d'un ovaire applic[ué sur un disque souvent étalé au fond de la fleur et lobé ; cet ovaire o^re trois loges contenant un ou plus souvent plusieurs ovules; le style est simple , terminé par un stigmate triilde. Le fruit est une capsule à trois loges, s'ouvrant en trois valves septifères sur le milieu de leur face interne , ou portant seulement l'empreinte de la cloison , c^ui reste intacte au centre de la capsule. Les graines offrent un embryon dressé au centre d'un endosperme charnu. Cette famille tient, en quelque sorte, le milieu entre les Con- volvulacées et les Bignoniacces. Elle diffère des premiùres par ses valves portant les cloisons sur le milieu de leur face interne et non contiguës par leurs hords sur ces cloisons , et par son embryon dressé; des secondes, par sa corolle presque toujours régulière, son ovaire à trois loges, ses valves portant les cloisons, etc. Les genres qui composent cette famille sont peu nombreux : tels sont : Pole- monium, Phlox, CaïUua, Lonplaudia , et probablement Cobœa, BiGNOJNiAGÉES. Bignonîaceœ. Juss. — Biynoriiacece et Pe- dalincœ. R, Brown. Ce sont des arbres , des arbrisseaux ou plus rarement des plantes herbacées , dont la tige est souvent sarmen- teuse et garnie de vrilles •, leurs feuilles , ordinairement opposées ou ternées , sont rarement alternes, le plus sou- hVpocorollie. i35 vent composées. Les fleurs , qui sont terminales ou axil- laires , diversement groupées , ont un calice monosépale, souvent persistant et à cinq lobes -, une corolle monopé- tale , plus ou moins irrégulière et à cinq divisions -, le plus souvent quatre étamines didynames, accompagnées d'un filelstérile, qui est l'indice d'une cinquième étamine avortée -, dans quelques genres, les cinq étamines sont égales ou deux seulement sont fertiles. L'ovaire , porté sur un disque hypogyne , présente une ou deux loges contenant ordinairement plusieurs ovules -, le style simple se termine par un stigmate bilamellé. Le fruit est une capsule à une ou deux loges, s'ouvrant en deux valves opposées à la cloison -, rarement le fruit est charnu , ou dur et indéhiscent. Les graines , souvent bordées d'une aile membraneuse dans tout leur contour, renferment sous leur tégument propre un embryon dres- sé , dépourvu d'endosperme. Les genres principaux de cette famille sont Bignonia , Catalpa , Jacaranda , Tecoma , etc., dont les graines sont ailées; et le Sesa- mum, Marlynia, Craniolaria, dont les graines sont sans ailes, et qui constituent la tribu des Sésamées de M. Kunth. Quant aux gen- res Pedaliiim et Josephinia , dont M. Brown a fait une famille dis- tincte, sous le nom de Pédali\ées, nous croyons qu'ils ont de trop nombreux rapports avec les genres qui forment la tribu des Sésa- mées pour en être sépares. S0IXAKTE-SSPTIÈB3B FAMIÎ.Î.E. * GESTiANÉES. Gentianeœ. Juss. Presque toutes lesGentianées sont'des végétaux herba- cés , rarement frutcscens , portant des. feuilles opposées, entières, glabres-, des fleurs solitaires, terminales ou axil- laires ou réunies en épis simples. Leur calice monosé- pale , souvent persistant , est à cinq divisions -, la co - rolle monopétale est régulière , ordinairement à cinq lobes iinbriqu€S avantleur développement. Les étamines, l56 FAMILLES NATURELLES. en même nombre que les divisions de la corolle , leur sont alternes. L'ovaire , quelquefois rétréci à sa base et comme fusiforme , a une seule loge contenant un grand nombre d'ovules attachés à deux trophospermes parié- taux et sutura ux , bifides du côté interne. Le style est simple ou profondément biparti 5 chaque division porte un stigmate. Le fruit est une capsule à une seule loge , contenant un très-grand nombre de graines -, elle s'ouvre en deux valves , dont les bords sont plus ou moins ren- trans pour s'unir aux trophospermes. Les graines sont en général fort petites , et leur embryon , qui est dressé, est renfermé dans l'axe d'un endosperme charnu. Cette famille est bien caractérisée par son port, ses feuilles oppo- sées , entières , leur couleur verte-glauque ; elle a du rapport , d'une part, avec les Polémoniacées, dont elle diffère par ses feuilles op- posées, SCS ovaires à deux loges seulement, et le mode particulier de déhiscence de sa capsule; d'une autic part , avec les Scrophula- rinécs; nir.is celles-ci , par leur coroiîc irrégulière, leurs quatre éta- mines didynames et la déhiscence de leur fruit, s'en distinguent facilement. Nous citerons parmi les genres de Gentianées les Gen- tiana, Erylhnra , Chirouia , Exacum , l'i/lrtrsia , Menyaiitlies. Ces deux derniers sont remarquables par leurs feuilles alternes et ter- ïiées dans !e Menyantltes. SOIXAHTS-RiriTIÈraB F.&rJIZXB. * APOCYNÉES. Apocyneœ. Juss. — Apocijncœ ^ Asclepia" deœ. Brown. — Slrychneœ . Juss. Les Apoeynées présentent un aspect très -varié. Ce sont des plantes herbacées , des arbustes , ou même des arbres très-élevés , et en général lactescens. Leurs feuilles sont simples et opposées, entières -, leurs fleurs sont axil- laires ou terminales , solitaires ou diversement réunies. Dans chacune on trouve un calice monosépale , à cinq divisions, tantôt étalé, tantôt tubuleux-, une corolle monopétale , régulière , d'une forme très-variée , offrant quelquefois cinq appendices pétaloïdes, concaves , qui HYPOGOROLLIE. iSy naissent de la gorge de la corolle et se soudent en partie avec les étamines. Celles-ci , au nombre de cinq, sont tantôt libres et distinctes , tantôt réunies par les filets et parles anthères , et formant une espèce de tube qui re- couvre le pistil et se soude souvent à son sommet avec le stigmate. Les anthères sont à deux loges , et le pollen qu'elles renferment est pulve'rulent dans celles dont les étamines sont libres, et en masses solides de même forme que l'intérieur de la loge dans celles où les étamines sont soudées-, chaque masse pollinique est terminée à son sommet par une glande , qui se soude avec celle de la masse pollinique à côté de laquelle elle est placée. Deux ovaires libres, appliqués sur un disque hypogyne , soudés ensemble par leur côté interne ou seulement par leur sommet , offrent chacun une loge qui renferme un grand nombre d'ovules placés à leur suture interne. Les deux styles se soudent quelquefois en un seul , et se terminent par un stigmate plus ou moins discoïde , qu.elquefois cy- lindriqu.e et tronqué. Le fruit est un follicule simple ou, double •, plus rarement il est charnu et indéhiscent. Les graines , attachées à un trophosperme suturai , sont nues ou couronnées par une aigrette •, elles contiennent dans un endosperme charnu ou corné un embryon droit. Cette famille a été divisée en deux par M. R. Brown, savoir : 1". Les APOGYAÉES vraies , qui ont la corolle dépourvue d'appen-# diees , et le pollen pulvérulent : tels sont les genres Jpocyniiin , rinça, Rauwolfia, Jrdiiiiia, JVeriuin, etc. 2". Les AsCLÉPiADÉES, dont la corolle est munie d'appendices , et le pollen en masses solides, comme dans les Orchidées : tels sont les genres Asclepias, Uoya , Cynanchum , etc. SOÏSANTE-NEUVÎÉTîSS FAMIILS. SAPOTÉES. Sapoleœ. Juss. Arbres ou arbrisseaux tous exotiques, et croissant l58 FAMILLKS NATURELLES. pour la plupart sous les tropiques. Leurs feuilles sont al- ternes, très-entières, persistantes, coriaces; leurs fleuis hermaphrodites et axillaires. Elles ont un calice persis- tant et mouosepale ; une corolle monopétale , régulière , dont les lobes sont en nombre égal , double ou triple de ceux du calice. Les étamines sont en nombre défini: les unes sont fertiles , en même nombre que les lobes du ca- lice j et opposées aux pétales ; les autres , stériles , sont alternes avec les précédentes. L'ovaire est à plusieurs loges, contenant chacune un ovule dressé. Le style se termine en général par un stigmate simple , quelquefois lobé. Le fruit est charnu, à une ou plusieurs loges mo- nospermes, quelquefois osseuses. L'embryon est dressé, contenu dans un endosperme charnu qui manque rare- ment. Les genres de cette famille sont : Achras, Miinusops , Siâeroxy- Inn , Imbricaiia , Litcuma , etc. Elle a de grands rapports avec les Ébéaacces , qui en diffèrent par leurs fleurs généralement uni- sexuées , leurs étamines disposées sur deux rangs, leur style divisé, et leurs graines pendantes. SOZX&KTE-DïXIÈini! TAMILLS. MYRSiNÉES. Myrsineœ. R. Brown. — Ardisiaceœ, Juss. Ojihtosperma. Vent. Les Myrsinées sont des arbres ou des arbustes, à feuil- les alternes, très-rarement opposées ou ternées , glabres, ^ coriaces , entières ou dentées , sans stipules -, à fleurs dis- posées en grappes ou en espèce d'ombelles, ou enfin sim- plement groupées à l'aisselle des feuilles ou au sommet des rameaux : ces fleurs sont hermaphrodites , rarement unisexuées. Leur calice, généralement persistant, est à quatre ou cinq divisions profondes. Leur corolle est mo- nopétale, régulière, à quatre ou cinq lobes. Les étamines, en même nomlire que les lobes de la corolle , c[uelque- Ibis monadelphes , sont attachées à la base des lobes et HYPOCOROLLÎE. iSg leur sont opposées. Les filets sont courts, les anthères sapittées. L'ovaire est libre, uniloculaire , contenant un nombre variable d'ovules insérés à un trophosperme cen- tral, dans lequel ils sont quelquefois plus ou moins pro- fondément enfoncés. Le style est simple, terminé par un stigmate simple ou lobé. Le fruit est une sorte de drupe sèche , ou une baie contenant d'une à quatre graines. Celles-ci sont peltées , ayant leur hile concave \ leur té- gument simple recouvrant un endosperme charnu ou corné, dans lequel est placé un embryon cylindrique, un peu recourbé et placé transversalement au hile. Cette famille a de grands rapports avec les Sapotces et les Ébéna- cées par son port et plusieurs de ses caractères; d'un autre cùté , la structure de son ovaire , ses étamines opposées aux lobes de la co- rolle, lui donnent quelque affinité avec les Primulacées. Les genres qui composent la famille des Myrsinées sont les suivana : Mjrsine , Jrdisia, Jacqviiùa, Samara, Jf'allenid, et .agiteras. ÉBÉis'AGÉES. Ehenaceœ, Ricii. — Guai/acaneœ. Jvss, Cette famille se compose d'arbres ou d'arbustes non lactescens , dont le bois est très-dur et souvent d'une teinte noire à son centre. Leurs feuilles sont alternes, entières, souvent coriaces et luisantes. Les fleurs sont en général axillaires, rarement hermaphrodites, le plus souvent polygames. Leur calice est monosépale , à trois ou six divisions égales et persistantes. La corolle est mo- nopétale régulière -, son limbe est à trois ou six divisions imbriquées. Les étamines sont en nombre défini : tantôt insérées sur la corolle , tantôt immédiatement hypogy- nesj elles sont en nombre double ou quadruple des divi- sions de la corolle , très - rarement en nombre égal , et alors alternant avec elles 5 le plus souvent les étami- nes sont disposées sur deux rangs , et ont leurs anthères linéaires lancéolées, à deux loges. L'ovaire est libre, ses- l4o FAMILLES NATURELLES. sile, à plusieurs loges, contenant chacune un ou deux ovules pendans. Le style est divisé , plus rarement sim- ple. Les stigmates sont simples ou bifides. Le fruit est une baie globuleuse, s'ouvrant quelquefois d'une ma- nière presque régulière , et contenant un petit nombre de graines comprimées. Leur tégument recouvre un en- dosperme cartilagineux , dans lequel est un embryon qui a la même direction que la graine. Mon père a retiré de la famille des Guayacanées, de M. de Jussieu, lin certain nombre de genres qui en sont fort différens , et dont il a formé la famille des Styracées. Telle qu'elle est limitée aujourd'hui par les botanistes modernes , la famille des Ébénaeées se compose des genres Diospyros, Royena , Paralea , etc. Elle a des rapports avec les Sapotées; mais celles-ci ont leurs étamines en même nom- bre que les divisions de la corolle , auxquelles elles sont opposées , et en outre présentent plusieurs autres caractères distinctifs. Quant aux Styracées, nous indiquerons, à la suite de cette famille, les caractères qui les distinguent des Ébénaeées. NEUVIÈME CLASSE. PÉRIGOROLLIE. SOIXANTE-DOUZIÈBSE FAIQILLB. * STYRACÉES. Styrcioeœ. Ricii. Syrnploceœ. Juss. Cette petite famille renferme des arbres ou des arbris- seaux à feuilles alternes, sans stipvdes, à fleurs axillaires, quelquefois terminales. Leur calice est libre ou adhérent avec l'ovaire infère. Le limbe est entier ou divisé. La co- rolle est monopétale, régulière. Les étamines, dont le nombre varie de six à seize , sont libres ou monadel- phes par leur base. L'ovaire, comme nous l'avons dit, est tantôt super e^ tantôt infère, ordinairement à quatre loges, séparées par des cloisons membraneuses et très- minces; chacune de ces loges contient communément quatre ovules attachés à l'angle interne de la loge , et PÉRICOROLLIE. l4l dont deux sont dressés et deux renversés. Le style est simple, terminé par un stigmate très-petit et simple. Le fruit est légèrement charnu -, il contient d'une à quatre nucules osseuses et plus ou moins irrégulières. La graine est formée , outre son tégument propre , d'un endosperme charnu , qui contient un embryon cylindrique , ayant la même dii'cction que la graine. Cette famille se compose des genres Halesia, Symplocos , Styrax, 'Alstonia et Biporina , qui faisaient autrefois partie de la famille des Ébénacées. Mon père les en a retirés pour en former la nouvelle famille des Styracées, qui en diffère par son insertion périgynique, son ovaire, dont les loges contiennent quatre ovules, dont deux dressés et deux renversés, et par son style simple. SOZXANTS-TRBIZIB5SE FASHIZ-LB. * ÉRiciNÉES. Ericineœ. — Ericce et lihodora. Juss. Epa- crideœ. R. Br. J^'aceinieœ. Desv. Arbustes et arbrisseaux d'un port élégant, ayant en général des feuilles simples , alternes , rarement oppo- sées , verticillées ou très-petites , et en forme d'écaillés imbriquées. Leur inflorescence est très-variable. Le ca- lice monosépale est tantôt libre , tantôt adhérent avec l'ovaire , qui alors est infère , à cinq divisions , quelque- fois tellement profondes , qu'il paraît formé de sépales distincts. La corolle est monopétale , régulière , à quatre ou cinq lobes , quelquefois à quatre ou cinq pétales dis- tincts. Les étamines, en général en nombre double des divisions de la corolle , ont leurs filets libres , rarement soudés entre eux à leur base. Les anthères sont introrses , à une ou deux loges , quelquefois terminées par deux ap- pendices en forme de cornes à leur sommet ou à leur base, et s'ouvrant en général par un trou vers leur som- met. Ces étamines sont généralement attachées à la co- rolle 5 mais quelquefois elles sont immédiatement hypo- gyues. L'ovaire est infère ou libre: dans ce dernier cas, l42 FAMILLES NATURELLES. il estsessile au fond de la fleur, ou appliqué sur un» dis- que hypogyne plus ou moins saillant, et quelquefois sous la forme de lobes ou d'écaillés ; il offre de trois à cinq loges contenant chacune un assez grand nombre d'o- vules attachés à leur angle interne. Le style est simple, terminé par un stigmate offrant autant de lobes qu'il y a de loges à l'ovaire. Le fruit est une baie ou plus souvent une capsule, quelquefois couronnée par le limbe du ca- lice , et s'ouvrant en autant de valves qu'il y a de loges ; tantôt chacune de ces valves entraîne avec elle une des cloisons sur le milieu de sa face interne (déhiscencc lo- culicide)-, tantôt la déhiscence a lieu en face de chaque cloison (déhiscence septicide). Les graines se composent d'un endosperme charnu , au milieu duquel est un em- bryon axile , cylindrique , ayant la même direction que la graine. Nous réunissons ici les Rhodoracées de M. de Jussicu, qui ne dif- fèrent des Ericinëes que par leur capsule, dont les valves emportent les cloisons sur le milieu de leur face interne, tandis que dans les Ericinées, en général, la déhiscence a lieu en face des cloisons. Mais on observe l'un et l'autre de ces deux modes dans plusieurs genres des Ericinées. Quant aux Epacridées de M. R. Brown , il n'existe d'autre différence essentielle entre ce groupe et les Ericinées que dans leurs anthères , constamment uniloculaires , et un port diffé- rent. Nous avons cru pouvoir les réunir et n'en former qu'une sim- ple section. Nous diviserons de la manière suivante la famille des Ericinées : 1". Vacciniées. Genres à ovaire infère. Faccinium , Escallonia, Gaylussaccia, etc. 2". Éuîcii%ÉES. Ovaire libre, disque hypogyne, anthères bilocu- laires. Erica, Rhododeiidiaut, Rhodora, Lcdum, Clethra, Aibutus , Andromeda, etc. 3". Épacuidées. Ovaire libre, disque sous forme de cinq écailles liypogyncs, anthères uuilocuiaires. Epacris, Styphelia , Leucopo^ son , etc. PÉRICOROLLIE. 1^0 SOXXANTE-QÎTATOaZIÈMSÏ FAMILLE. * GESNÉRiAGÉES. Gesnei'iacew. Rich. Ce sont des plantes herbacées , rarement soufrutescen- tes à leur base, portant des feuilles opposées ou alternes , des fleurs axillaires ou terminales. Le calice est monosé- pale , persistant , à cinq divisions , adhérant par sa base avec l'ovaire, cjui est .oénéralemeut infère , plus rarement libre. La corolle est monopétale , irrégulière , à cinq lobes inégaux j formant quelquefois comme deux lèvres : on trouA^e deux ou quatre étamines insérées à la corolle. L'ovaire , comme nous l'avons dit , est infère ou libre : dans le premier cas, il est couronné parmi disque épigyne souvent lobé -, dans le second cas , le disque est hypogyne souvent latéral. Le style est très-simple , terminé par un stigmate simple et concave dans son centre. L'ovaire pré- sente une seule loge , dans laquelle un nombre très-con- sidérable d'ovules sont attachés à deux trophospermes pariétaux , ramifiés du coté de la loge. Le fruit est ou charnu ou sec , et formant une capsule uniloculaire , s'ouvrant en deux valves. On cite comme appartenant à cette famille les genres Gesneria , Gloxi/iia, Besler/a, Columnea, Achi menés. Mais si l'on en excepte les deux premiers, qui ont l'ovaire infère, les trois autres, auxquels il faut réunir le Ramondia, autrefois placé dans les Solanées , ne nous paraissent différer en rien des Orobancliées ; peut-être fau- drait-il alors réduire les Gesnériées aux seuls genres à ovaire infère. SOSSAKîE-QUïNZÏSRïE FAMILLE. * CAMPANULAGÉES. Campanulaceœ. Juss. Les Carapanulacées sont ordinairement des plantes herbacées ou soufrutescentes , remplies en général d'un suc blanc et amer. Leurs feuilles sont alternes et entières, rarement opposées -, leurs fleurs forment des épis , des Ihyrses ou sont rapprochées en capitules. Elles olirent un l44 FAMILLES NATURELLES. calice monosépale , à quatre , cinq ou huit divisions per- sistantes, une corolle monopétale régulière ou irrégu- lière , ayant son limije partagé en autant de lobes qu'il y a de divisions au calice , quelquefois comme bilabiée. Les étamines , au nombre de cinq , sont alternes avec les lobes de la corolle. Leurs anthères sont libres ou rapprochées en forme de tube. L'ovaire est infère ou se- mi-infère, à deux ou plusieurs loges polyspermes. Le style est simple , terminé par un stigmate lobé , quel- quefois environné de poils ou d'une sorte de godet cupu- liforme. Le fruit est une capsule couronnée par le limbe du calice , à deux ou à un plus grand nombre de loges , s'ouvrant soit par le moyen de trous qui se forment vers la partie supérieure , soit par des valves incomplètes , et qui entraînent avec elles une partie des cloisons sur le milieu de leur face interne. Les graines , très-petites et fort nombreuses , renferment dans un endosperme charnu un embryon axile et dressé. Nous réunissons ici les familles des Carapanulacées , des Lobélia- cées, des Goodénoviées et des Stylidiées, qui ont entre elles des ca- ractères communs trop intimes pour former autant de familles distinctes. Nous les considérons simplement comme des tribus d'un même ordre naturel. 1". Campanclacées. Corolle régulière, étamines distinctes, cap- sule à deux loges poljspermes. Ex. : Cdmpanula , Pliyteiima , P/is- matocarpiis, Jasione, etc. 2". LouÉLiACÉES, Ricîî. Corolle irrégulière, étamines soudées parles anthères, stigmate environné de poils. Ex. : Lobelia , Lysi- pomia , etc. 3°. GoouKNOViÉES,R. BuoWiW Corolle irréguliére, étamines libres ou soudées par les anthères , stigmate environné d'une sorte de godet cnpuliforme , capsule biloculairc ou noix monosperme. Ex. : Goodcnovia , Eit thaïes , Lechenaultict , etc. 4". Stylidiées, R. Brown. CoruUe irrégulière, deux étamines , dont les iilets sont soudés et confondus avec le style , et formant une sorte de colonne centrale ; stigmate situé entre les deux an- thères; capsule biloculaire, bivalve. Ex. : Stylidium , Leuwenhoo- hia , etc. ÊPICOROLLIE. SYNANTHÉRIE. 1^5 DIXIÈME CLASSE. EPICOROLLIE. SYNANTHÉRIE. SOISAITTE-SEIZIÈniE FAmiLLB. * SYNANTHÉRÉES. Synanlliereœ . Rien. — Cichoraceœ , Corymhîferœ et Cynarocephalœ. Juss. — Composilœ , AUGT. Cette grande famille est une des mieux raractërise'es et des mieux limitées du règne végétal. Elle comprend des plantes herbacées , des arbustes ou même des arbrisseaux plus ou moins élevés. Leurs feuilles sont communément alternes , rarement opposées. Leurs fleurs, généralement petites , forment des capitules ou calathides hémisphé- riques , globuleuses ou plus ou moins alongées , nom- mées communément fleurs composées. Chaque capi- tule se compose : i" d'un réceptacle commun , épais et quelquefois charnu , convexe ou concave , et qui a reçu les noms de plioranthe ou de clinanthe; 2° d'un invo- lucre commun qui environne le capitule , et se com- pose d'écaillés dont la forme, le nombre et la disposition varient suivant les genres; 3° sur le réceptacle on trouve fréquemment à la base de chaque fleur de petites écailles ou des poils plus ou moins nombreux. Les fleurs qui forment les capitules sont de deux sortes : les unes offrent une corolle monopétale , régulière , infundibuliforme et en général à cinq lobes réguliers; on les nomme des ^cu- rons ; les autres ont une corolle irrégulière , déjetée laté- ralement en forme de languette : on les appelle des de- mi-fleurons. Tantôt les capitules se composent unique- ment de fleurons (Flosculeuses), tantôt uniquement de demi-fleurons ( Semflosculeuses ) , tantôt enfin leur centre est occupé par des fleurons , et leur circonférence par des demi-fleurons {Badiées). Chaque fleur offre l'or- al P;)itip. l46' FAMILLES NATURELLES. ganisatioii suivante : le calice , adhérent avec l'ovaire , a son limbe entier , membraneux , denté , formé d'é- cailles ou de poils ; la corolle monopétale , régulière ou irrégulière -, cinq étamines à filets distincts , mais dont les anthères sont soudées et forment un tube qui est tra- versé par un style simple , que termine un stigmate bi- fide. Le fruit est un akène nu à sommet ou couronné par un rebord membraneux , par des petites écailles ou par une aigrette de poils simples ou plumeux , sessile ou stipilée. La graine est dressée , contenant un embryon homotrope et sans endosperme. Cette famille , qui a été l'objet d'un grand nombre de travaux iniportans, surtout de la part de M\î. Cassini, R. Brown et Lessing, peut se diviser en trois tribus principales de la manière suivante : l'. Les Cynarocéphales ou Carduacées, dont toutes les fleurs sont des fleurons, et qui ont leur réceptacle garni de poils nom- breux ou d'alvéoles , et dont le style est enflé et garni de poils au" dessous du stigmate : tels sont les genres Carihumus , Carduus , Cynara , Centaurea, Onopoidoii, etc. 2". Les CmcouACÉES , dont toutes les fleurs sont des demi-fleu- rons: tels sont les genres Lactuca, Cichoriiim, Sonchus, Hleracium, Prenaiitlies , etc. 3". Les CoRYMBiFÈRES, dont les capitules se composent en gêné" rai de fleurons au centre , et de demi-fleurons à la circonférence. Ex. : Heitanthus, Clirysauthemuin, Autheniis, Ma tri caria, etc. SO!SANT£-CXX-S£:3>TIÉM2 TAmiLLE. CALYCÉRÉES. Culycereœ. F.icii. — Boopîdeœ. Cassini. Ce sont des plantes herbacées , ressemblant assez par lem- port aux Scabieuses. Leur tige oflre des feuilles al- ternes , souvent découpées et pinnatifides. Les fleurs sont petites , et forment des capitules gloJ3uleux , environnés d'un involucre commun. Le réceptacle qui porte les fleurs est garni de squames foliacées qui se soudent quel- quefois avec les fleurs , de manière à n'en être pas dis- tinctes. Le calice est adhérent avec l'ovaire infère , et les divisions de son limbe sont quelquefois roides et épi- ÉPICOROLLIE. CÎIORISANTHÉRIE. \f\'^ neuscs. La corolle est monopétale , tubuleuse , infuudi- bulifbrme et régulière. Au-dessous des cinq étamines sont cinq glandes nectarifères. Ces étamines sont soudées à la fois par les filets et les anthères , et forment un tube cylindrique , et chaque anthère s'ouvre par sa face interne. L'ovaire infère est à une seule loge , du som- met de laquelle pend un ovule renversé \ le sommet de l'ovaire présente un disque épigyne , un style simple, terminé par un stigmate hémisphérique. Dans le genre Acicarpha , toutes les fleurs sont soudées en- semble par leurs ovaires. Le fruit est un akène couronné par les dents épineuses du calice. La graine oft're sous son tégument propre un endosperme dans lequel est contenu un embryon renversé comme la graine. Cette petite famille se compose des genres Boopis , Colycera et Acicaipha. Elle tient le milieu entre les Synanthérées et les Dipsa- cces. Elle diffère des premières par son ovule renversé, ses étamines soudées à la fois par les anthères et les filets , et par son stigmate simple; des Dipsacées par ses feuilles alternes et ses étamines soudées. ONZIÈME CLASSE. ÉPICOR.OLLIE. CHORISAKTHÉRIE. EOIXAHTE-niX-HUITIÈnSS FAni:Z.I.E. * DIPSACÉES. Dipsaceœ. DC. — Dipsacearum gen. Juss. La tige est herbacée , les feuilles opposées sans stipules^ les fleurs réunies en capitules hémisphériques ou globu- leux , accompagnés à leur base d'un involucre de plu- sieurs folioles. Le calice est double , l'extérieur est mo- nosépale , libre , entier ou divisé en lanières étroites et sétacées. L'interne est adhérent avec l'ovaire , terminé par un limbe entier ou divisé. La corolle est monopé- tale, tubuleuse , à quatre ou cinq divisions inégales. Les étamines , en même noml)re que ces divisions , al- 10. 1^8 FAMILLES NATURELLES. ternent avec elles. L'ovaire est infère , à une seule loge contenant un seul ovule pendant. Le style et le stigmate sont simples. Le fruit est un akt-ne couronné par le limbe calycinal, et enveloppé dans le calice externe. La graine est pendante , et son embryon , qui a la même direction , est placé dans un endosperme charnu assez mince' Le professeur De Caudolle a retiré de cette famille, telle qu'elle avait été étaljlie par M. de Jussieu , le genre Valeriana , et quel- ques autres analogues , pour en former la famille des Valérianées , qui diffère des vraies Dipsacécs par ses fleurs non réunies en capi- tules, par son calice simple, son stigmate lobé, etc. Par leur port, et surtout leur inflorescence, les Dipsacées ont quelque analogie avec les Synanthéréos ; mais elles en diffèrent par leur calice double, leurs anthères libres, et leur graine renversée. Les genres principaux de cette famille sont : Dipsacus , Scabiosa , Knautia. SOIXAWTE-DIX-NEUVIÊBÏE FABSILIE. * VALÉRIANÉES. Vulcriauece. I)C. Plantes herbacées , à feuilles opposées, simples ou plus ou moins profondément incisées-, à fleurs sans calicule , ordinairement disposées en grappes ou cimes termi- nales. Leur calice est simple , adhérent avec l'ovaire in- fère , ayant son limbe denté ou roulé en dedans et for- mant un rebord entier. La corolle est monopétale , plus ou moins irrégulière, et quelquefois éperonnée à sa base, et à cinq lobes. Les étamines varient d'une à cinq, et sont alternes avec les lobes de la corolle. L'ovaire est à ' une seule loge (quelquefois on trouve deux autres cavi- tés vides ou fausses loges, de manière que Tovaire semble être triloculaire) . Cette loge contient un seul ovule pen- dant. Le style est simple, terminé le plus souvent par un stigmate trifide. Le fruit est un akène couronné par les dents du calice ou par une aigrette plumeuse , formée ÉPICOROLLIE. CUORISANTHÉRIE. l49 par le déroulement du limbe. La graine contient un em- bryon dépourvu d'endosperme. Cette famille se compose des genres Valerlana , Centranthus , Fedia, Putrinia, etc. Foy. la note placée à-la suite des Dipsacées. QXrATHE-VIKGTIÈBI!: FAiaiU.E. * RUBiAGÉES. Ruhiaceœ. Juss. — Operculariées. J. On trouve dans cette famille des plantes herbacées, des arbustes et des arbres d'une très-grande hauteur. Leurs feuilles sont opposées ou verticillées : dans le premier cas , elles offrent de chaque côté une stipule intrapétio- laire , qui souvent se soude avec les côtés du pétiole , et forme une sorte de gaîne. Les fleurs sont axillaires ou terminales, quelquefois réunies en tête. Le calice, adhé- rent par sa base avec l'ovaire infère , a son limbe entier ou partagé en quatre ou cinq lobes plus ou moins pro- fonds et persistans. La corolle est monopétale, régulière, épigyne à quatre ou cinqlobes.Lesétaminessontenmême nombre que les lobes de la corolle et alternant avec eux. L'ovaire est infère , surmonté d'un style simple ou bi- fide. Cet ovaire présente deux , quatre, cinq ou un plus grand noml3re de loges , qui contiennent chacune un ou plusieurs ovules dressés ou attachés à l'angle interne des loges. Le fruit est très-variable. Tantôt il se compose de deux petites coques monospermes et indéhiscentes-, tan- tôt il estcharnu, et contient deux noyaux monospermes-, dans certains genres , c'est une capsule à deux ou à un plus grand nombre de loges , s'ouvrant en autant de valves, ou vin fruit charnu et indéhiscent. Toujours ce • fruit est couronné à son sommet par le linirtje calycinal. Les graines, quelquefois ailées et membraneuses sur leur bord, contiennent, dans un endosperme dur et corné, un embryon axile et dressé , ou quelquefois placé en travers relativement au hilc. l5o FAMILLES NATURELLES. Dans un grand travail gtincral que nous avons publié sur cette famille ( Voy. Mém. de la Soc. d'Jûsf. nul. de Paris, vol. \), nous avons groupé les genres nombreux tie celte importante famille en onze tribus, savoir: §. I. Loges du fruit monospcrnies. I. ASPÉRtJLÉES. Jspenila, Riihia , Galium , Cruciajiclla , etc. 2. Aatiîospeumées. Anthospcrmum, JinbiarUi , Phyllis. 3. Opercularïées. Opercularia, Pomax. 4. Spermacocées. Spcnnacoce , Richanlsonia , Knoxia, Gaillonia , etc. 5. COFFÉACiiES. Coffcea, Psycltotiia , Cephœlis, Iroia , etc. G. GUETTARBACÉES. (iiicttarda , Malanca , Noiiatelia , Cnviera , etc. 7. COROiÉRÉES. Cordiera , Tricatysia. §. II. Loges du fruit polyspermes. 8. Haméliacées. IlaiiwUa , Sdbicea , Patiina , etc. 9. ISEIiTÏÉES. Isei/ia , Gonzalcu , Anihocephulus. 10. GAROÉrVîACÉES. Gardénia , 3Iassœ/ida , Genipa , Tocoycna , etc. II. ClA'CîîOÎWÉES. Cinchona, Exosteina , Hedyotis, etc. Nous réunissons à cette fanii'.le le groupe des Ofercllariées , qui ne diffère réellement pas des autres Rubiacées. ^ QO'iTaB-VÏIÎGT-trHZÈBSS FAMIILS. * Capbifoliacées. Cajjrifoliaceœ. Puch. Arbrisseaux à feuilles opposées , rarement alternes , généralement simples , plus rarement imparipinnées ' ÉPICOROLLIE. CHORISANTHÉRIE. iOl sans stipules ^ fleurs axillaires , solitaires , ou sou^ vent géminées , et en partie soudées ensemble par leur calice , disposées en cime ou réunies en une sorte de capitule. Le calice est toujours monosépale, adhérent par sa partie inférieure avec l'ovaire qui est infère. Le limbe est à cinq dents persistantes. La corolle est mono- pétale , le plus souvent irrégulière j quelquefois elle est formée de cinq pétales distincts. Les étamines sont au nombre de cinq , alternant avec les divisions de la co- rolle. L'ovaire offre d'une à cinq loges, contenant cha- cune soit un seul ovule pendant , soit plusieurs ovules attachés à leur angle interne. Le style est simple, ter- miné par un stigmate très-petit et à peine lobé. Le fruit est quelquefois géminé , c'est-à-dire formé de la sou- dure de deux ovaires -, il est charnu , à une ou plusieurs loges , quelquefois osseuses , et renfermant chacune une ou plusieurs graines. Celles-ci ont un tégument propre, quelquefois recouvert d'un noyau , un endosperme charnu , qui contient un embryon axile ayant la même direction que la graine. Cette famille peut être l'acikment divisée en deux tribus natu- relles , suivant que les loges de son ovaire sont moiiosperuies , ou suivant quelles sont polyspci mes. 1°. HÉDÉRACÉES. Loges de l'ovaire monospermes : Ilcdera , Cor- nus, Saiiibiiciis, Viburnain. 2". LoNicÉuÉES. Loges de l'ovaire polyspermcs ; Loniceiri, Xylos- teiun, Symplioricarpos, etc. Cette famille, voisine des Rubiacées, en diffère surtout par sa co- rolle généralement irrégulière, et l'absence des stipules entrx les feuilles. QTTATRE-VSîîGT-BSUSIÈBïE FAEIÏ3.I.S. * LoRAis TUÉES. Loraniheœ. Ricii. Les loranthées sont pour la plupart des plantes vi- vaces et généralement parasites. Leur tige est ligneuse et ramiliée-, leurs feuilles simples et opposées, entières ou lÔa ILLKS JMAïLRELLEâ. dentées, coriaces, persistantes, sans stipules. Les fleurs sont diversement disposées , tantôt solitaires , tantôt en épis 5 en {jrappes ou en panicules axillaires ou termi- nales. Elles sont en général hermaphrodites , quelquefois dioïques. Le calice est adhérent avec l'ovaire infère-, son limbe est entier ou légèrement denté: ce calice est accom- pagné extérieurement de deux bractées , ou d'un second calice cupuliforme enveloppant quelquefois entièrement le véritable calice. La corolle se compose de quatre à huit pétales, insérés vers le sommet de l'ovaire ; ces pé- tales, sont parfois soudés , et représentant une corolle monopétale. Les étamines sont en même nombre que les pétales •, elles leur sont opposées , sessiles ou portées sur des filamens plus ou moins longs. L'ovaire est à une seule loge, qui contient un ovule renversé : cet ovaire est couronné par un disque épigyne et annulaire. Le style est souvent long et grêle , quelquefois manquant com- plètement. Le stigmate est souvent simple. Le fruit est généralement charnu, contenant une seule graine ren- versée, adhérente avec la pulpe du péricarpe qui est épaisse et visqueuse. Cette graine renferme un endo- sperme charnu , dans lequel est placé un embryon cy- lindrique ayant la radicule tournée vers le hile. Cette famille , dont les genres faisaient autrefois partie des Ca- prifoliacées, en diffère par sa corolle, le plus souvent polypctale , ses étamines opposées aux pétales, son ovaire uniloculaire et niono- spernie. Les genres principaux de cette famille sont : Loranthits , Viscum, Aiicnbd, etc. DOUZIÈME CLASSE. ÉPIPÉÏALIE. QÛATaïi-VîEÎGT-?H033IÈaSH TASSIilB. RHrzopHORÉES. Fuiizophoreœ . R. Brown. Ce sont des arbres tous exotiques, à feuilles opposées, ÉPIPÉTALIE. 100 simples , avec des stipules inteqiétiolaires comme dans les Rubiacées. Leur calice , adhérent avec l'ovaire , offre quatre ou cinq divisions valvaires à son limbe , qui est persistant. La corolle se compose de quatre à cinq pé- tales. Les étamines varient de huit à quinze. L'ovaire , qui n'est quelquefois que semi-infère, offre constamment deux loges , qui contiennent chacune deux ou un grand nombre d'ovules pendans. Le style est simple , et le stig- mate biparti. Le fruit, qui est couronné à son sommet par le calice , est uniloculaire , monosperme et indéhis- cent. La graine qu'il renferme se compose d'un gros embryon privé d'endosperme : cet embryon germe et se développe quelquefois dans l'intérieur du fruit, qu'il perfore à sou sommet. Les genres Rhizophora , nrugitiera et Cavalia composent seuls cette famille , qui diffèic JSigella , Garidella , Aquilegia , Delphiniuni) Aconitum, Actœa. QTrATHE-VI»GT-SSPTÏÈBÏE FABIÎLIE. DiLLÉKi ÂGÉES. DiUeniaceœ. DC. Arbres ou arbustes sarinenteux , ayant des feuilles al- ternes, très-rarement opposées , sans stipules , souvent embrassantes à leur base,- des fleurs solitaires ou en grap- pes , 'quelquefois opposées aux feuilles. Leur calice est monosépale, persistant, à cinq divisions profondes et im- briquées latéralement; leur corolle ordinairement de cinq pétales. Leurs étamines, très-nombreuses, dispo- sées sur plusieurs rangs, sont libres, quelquefois uni- latérales ou disposées en plusieurs faisceaux. Les car- pelles varient de deux à douze , généralement distincts ; ils sont quelquefois soudés en un seul. Leur ovaire est uniloculaire , contenant deux ou plusieurs ovules atta- chés à la partie inférieure de leur angle interne, et dres- sés. Les styles sont simples et terminés chacun par un stigmate également simple. Les fruits sont distincts ou soudés, charnus ou secs et déhiscens. Les graines ont un tégument crustacé , recouvrant un endosperme charnu , dans lequel est un embryon très-petit, dressé, placé vers la base. On compte dans cette fanîillc les genres Tctraccra, DdviUa, De- HYPOPÉTALIE. iS/ lima, Pachyncma , Pleurandra, Diflenhi ^ Hibbei lia, etc. lîlle se distingue dos Magnoliacées et des Anonacées parle nombre quinaire des parties de sa fleur. QUATRE-VINGT-HUïTIÈMa F&IHII.LE. MAGNOLiAGÉES. MctcftioUacece. Juss. Cette famille se compose de grands et beaux arbres ou d'arbrisseaux élégans , ornés de belles feuilles alternes , souvent coriaces et persistantes , munies à leur base de stipules foliacées. Les fleurs, souvent très-grandes, et répandant une odeur suave , sont en général axillaires. Le calice se compose de trois à six sépales caducs -, les pé- tales varient de trois à vingt-sept , formant plusieurs yerticilles. Lesétamines, fort nombreuses et libres, sont disposées sur plusieurs rangées, et attachées au récep- tacle qui porte les pétales. Les pistils sont nombreux, tantôt réunis circulairement , et sur une seule rangée au centre de la fleur , tantôt formant un capitule plus ou moins alongé : ces pistils se composent d'un ovaire uni- loculaire , contenant un ou plusieurs ovules , d'un style à peine distinct et d'un stigmate simple. Les fruits sont des carpelles secs ou charnus , réunis circulai- rement et sous forme d'étoile , ou disposés en capitules , et quelquefois tous soudés entre eux : chaque carpelle est indéhiscent ou s'ouvre par une suture longitudi- nale , et la graine est quelquefois portée sur un tropho- sperme suturai et filiforme , qîii pend en dehors quand le fruit s'ouvre : ces graines ont leur embryon dressé dans un endosperme charnu. La famille des Magnoliacées se subdivise en deux tribus de la manière suivante : 1°. ILI.ÎCI1ÎES. Carpelles verticillés, rarement solitaires par avor- Icment ; feuilles marquées de points transparens. Ex. : lUiciitm , Drimys, Tosmannia. 2°. Magnoliées. Carpelles disposés en capitules, feuilles non ponctuées. Ex. : Magnolia, Miclielia, Talaiima, Lyriodendroit, etc. l58 FAMILLES îfATURELLES. Cette famille est très-voisine des Anonaeées , dont elle diffère surtout par ses stipules et la structure de son endosperme. Elle a aussi des rapports avec les Dilléniacc^-cs , qui en diffèrent par le nombre quinaire des parties de la fleur. ÇUATRE-VXSÎGT-2ÏSÎTVïÈ3iîa FAEîSï,ï,E. AKOisACÉEs. Anonaceœ. Juss. Les Anouacces sont des arbres ou des arbrisseaux ayant les feuilles alternes , simples , dépourvues de stipules, ca- ractère qui les distingue surtout des Magnoliacées. Leurs fleurs , ordinairement axillaires , sont quelquefois ter- minales. Leui" calice est persistant, à trois divisions pro- fondes. Leur corolle est formée de six pétales , disposés sur deux rangs. Les étamines sont fort nombreuses, for- mant plusieurs rangées. Leurs filets sont courts, et leurs anthères presque sessiles. Les carpelles , en général réu- nis en grand nombre au centre de la fleur , sont tantôt distincts, tantôt soudés entre eux 5 chacun d'eux offre une seule loge qui contient un ou plusieurs ovules atta- chés à leur suture interne , et formant souvent deux ran- gées longitudinales. Ces carpelles constituent, soit au- tant de fruits distincts ( rarement un seul par suite d'avortement)-, quelquefois ils se soudent tous entre eux, et forment une sorte de cône charnu et écailleux. Les graines ont leur tégument formé de de ix lames. Leur endosperme corné est profondément sillonné, contenant un très-petit embryon placé vers le point d'attache de la graine. Cette famille , dans laquelle on trouve les genres Jnona , KaA- sura, Jsimina, Vvaria, etc., est très-voisine des Magnoliacëes, dont elle diffère surtout par l'abse-nce des stipides, par les pétales, dont le nombre n'excè(ie jamais six, et par i'cndospcrmc, profondément et irrénulièrcmcnt sillonné. n\POPÉTALIE. lôg QUATRS-VÏSîGT-*!îïXîSMn FABÎIÎ.1B. * BEREÉRiDÉES. Berheridcœ. Juss. Herbes ou arbrisseaux à feuilles alternes , simples ou composées, accompagnées à leur base de stipules qui sont souvent persistantes et épineuses. Leurs fleurs , gé- néralement jaunes, sont disposées en épis ou en grappes. Elles ont un calice de quatre à six sépales , rarement d'un nombre plus considérable ou moindre , accompa- gné extérieurement de plusieurs écailles. Leurs pétales, en même nombre que les sépales , sont planes ou conca- ves et irréguliers , mais constamment opposés aux sépa- les. Ils sont souvent munis à leur base interne de petites glandes ou d'écaillcs glanduleuses. Les et aminés , en nombre égal aux pétales, leur sont opposées. Les an- thères sessiles , ou portées sur un filet plus ou moins long , sont à deux loges , qui chacune s'ouvrent par une sorte de valve ou de panneau , ainsi que nous l'avons déjà observé dans la famille des Laurinées. L'ovaire est à une seule loge , qui renferme de deux à douze ovules dressés ou attachés latéralement sur la paroi interne , et y formant une seule ou deux rangées. Le style , quel- quefois latéral, est court, épais ou nul. Le stigmate est généralement concave. Le fruit est sec ou charnu , uni- loculaire et indéhiscent. Les graines se composent d'un tégument propre , recouvrant un endosperme charnu ou corné, qui contient un embryon axile et homotrope. Cette famille , dont on a retiré plusieurs des genres qui y avaient ëté réunis par M. de Jussieu , se compose des suivans : JSerberis , Mahoiiia, Aandiiiiri , Leoutice , Caulophylliim , Epimedium et Di- phylleia. Elle est très-distincte de toutes les autres familles voisines par ses étamines opposées aux pétales, et le mode de déhiscence de ses anthères. l6o FAMILLES NATURELLES. QUATRE- VÎKGT-OHZIÈME FAMILLE. MÉNisPERBiÉES. 3Ienispernieœ . Juss. Cette famille se compose d'arbustes sarmenteux et grimpans , dont les feuilles alternes sont généralement simples , rarement composées. Les fleurs sont petites , unisexuées et le plus souvent dioïques. Le calice se com- pose de plusieurs sépales disposés par trois, et formant -plusieurs rangées. Il en est de même de la corolle , qui manque quelquefois. Les étamines sont monadelplies ou libres , en même nombre que les pétales , ou en nombre double ou triple. Les pistils, souvent en grand nombre, libresou soudéspar leur côté interne, sont aune seule loge, contenant un ou plusieurs ovules. Les fruits sont des es- pèces de petites drupes monospermes, obliques et comme réniformes , comprimées. La graine qu'elles contiennent se compose d'un embryon recourbé sur lui-même , et généralement dépourvu d'endosperme. Les Ménispcrméos, qui se composent entre autres des genres Me- nispermum, Coccnliis, Cissampelos, Abiita, Lard/zabahi, etc., sont assez rapprocliées des Anonaci^es; mais elles s'en distinguent par leur port, qui est tout-à-fait différent, par leurs étamines, générale- ment en nombre défini, et la structure de leurs fruits. QirATEE-VSWGT-DOUZÎÈME FAMILLE. ociiNACÉEs. Ochnaceœ. DC. Végétaux ligneux, très-glabres dans toutes leurs par- ties, ayant des feuilles alternes munies de deux stipules à leur base , des fleurs pédonculées , très-rarement soli- taires ou plus souvent disposées en grappes rameuses. Leurs pédoncules sont articulés vers le milieu de leur longueur. Elles ont un calice à cinq divisions profondes , imbriquées latéralement avant leur développement ; une corolle de cinq à dix pétales étalés , imbriqués lors de la préfloraison. Les étamines varient de cinq à dix, et IIYPOPÉTALIE. iQi même au-delà^ ayant leurs filets libres, insérés, ainsi que les pétales , au-dessous d'un disque liypo[jyne très- saillant, sur lequel est implanté Tovaire. Celui-ci est déprimé à son centre , et paraît formé de plusieurs pis- tils distincts rangés autour d'un stj le central , qui sem- ble naître immédiatement du disque. Le style est simple, et porte à son sommet un nombre variable de lanières stigniatifères. Le fruit se compose des loges de l'ovaire qui se sont séparées les unes des autres, et qui forment autant de carpelles drupacés, portés sur le disque ou gynobase , qui a pris de Taccroissement : ces carpelles, dont plusieurs avortent quelquefois , sont uniloculaires, monospermes et indéhiscens ; ils paraissent , en quelque sorte , articulés sur le gynobase dont ils se séparent faci- lement. Leur graine renferme un gros embryon dressé, dépourA'u d'endosperme. A cette famille se rapportent les genres Ochna, Grjinph/a, JVal- hera, Mecsia, etc. Elle a beaucoup d'afanilé a\ec la famille des Ru- tacécs , et plus particulièrement avec la tribu des Simaroubées , dont cUe diffère par ses feuilles simples et munies de stipules , par ses graines dressées et ses carpelles indéhiscens; d'un autre côté , les Ochnacécs se rapproclicnt des Magnoiiacées , et en particulier du genre Drymis. QTXATZS-yîKaT-TREISîESîSrAMIllB. * RUTACEÉ3. Hutaceœ. Adriex De Jussieu. — Zygophyl- leœ et Diosmeœ. Browa. Simaruheœ. Rigf7 Grande famille composée d'arbres , d'arbustes ou de plantes berbacées ou frutescentes , ayant des feuilles op- posées ou alternes , très-souvent marquées de points translucides, avec ou sans stipules-, des fleurs en général hermapbrodites , très-rarement unisexuées; un calice de trois à cinq sépales soudés par la base ; une corolle de cinq pétales, quelquefois soudés ensemble, et formant une corolle speudo-monopétale , plus rarement nulle ; 2' Partie. ,, l62 FAMILLES NATURELLES. cicq OU dix étamines, dont quelques-unes avortent quel- qu<'fois et offrent des formes varie'es. L'ovaire se com- pose de trois à cinq carpelles plus ou moins intimement soudés, et formant autant de côtes plus ou moins sail- lantes. Chaque loge contient souvent deux , plus rare- ment un , ou un assez grand nombre d'ovules , insères à leur angle interne , et y formant deux rangées. Les styles sont libres ou soudés. Ces carpelles sont en général ap- pliqués sur un disque liypogyne plus ou moins saillant , et quelquefois ils forment, par leur réunion, un ovaire gynobasique, dont le style semble naître d'une dépression très-profonde de sa partie centrale. Le fruit est tantôt sim- ple, formant me capsule, s'ouvrant en autant de valves septifères qu'il y a de loges , tantôt , et plus souvent, il se sépare en autant de coques ou de carpelles , le plus sou- vent monospermes , indébiscens 5 et quelquefois légère- ment charnus , ou secs , et s'ouvrant en deux valves in- complètes. Les graines, dont le tégument propre est souvent crustacé , se composent d'un endosperme charnu ou corné , contenant un embryon à radicule supérieure , rarement tournée vers le bile qui est latéral j quelque- fois l'embryon est dépourvu d'endosperme. Kous avons adopté la famille des Rutacées , telle qu'elle a t'té li- mitée par notre r.rai M. Adrien de Jussieu , dans son excellent tra- vail sur cette famille. Il] y a réuni comme de simples tribus , les Zygopliyllées de M. Brown et les Simaroubées établies par mon père, et l'a divisée en cinq tribus naturelles , qui sont : 1°. Les Zygopiiyllées : fleurs hermaphrodites , loges de l'ovaire contenant deux ou plusieurs ovules; endocarpe ne se séparant pas du sarcocarpe, endosperme cartilagineux , feuilles opposées. Exem- ple: Tribulus , Fagonia , Gaaiacum, Zygnphyllum, etc. 2°. Les RuTÉES : fleurs hermaphrodites; deux ou plusieurs ovules dans chaque loge ; endocarpe n 2 se séparant pas du sarcocarpe ; endcsperme charnu, feuilles alternes. Ex. : Ruta , Peganum, etc. a**. Les DiosMÉES : fleurs hermaphrodites; deux ou plusieurs ovu- les; endocarpe se séparant du sarcocarpe. Ex.: Dictainnus , Diosina, Bovoiiia , Ticorca , Galipea , etc. ni'POPÉTALIE. jg5 4«. Les SniAuouBÉEs: fleurs hermaphrodites ou unisexuées • loges a un seul ovule; carpelles distincts, ir.déhiscens ; embryon sans c-ndospcrme. Ex. : Suiiaruha, Qua.ssia , Simaha , etc. 5". Les ZAATïioxYLÉEs: fleurs unisexuées; loges contenant de deux a quatre ovules, embryon placc^ au centre d'un endosnerme cnarnu. Ex. : Gahezia, Aylanlhus, Jlrucea, Zanthoxylum, Todda- lia , Ptelea , etc. Cette famille a beaucoup d';ifnnilé avec les Ochnacées , surtout la section des Simaroubées, qui offre comme ces dernières un ovaire gynobas.que; mais elle en diffère par ses graines renversées, ses teuilles composées, sans stipules, etc. QITATRE-VIWQT-ÇUATCESIÈKIE FAMILLE. PiTTOspoRÉES. Piltosiioreœ. R. Brown. Arbrisseaux quelquefois sarmenteux et volubiles , A feuilles simples et allernes , sans stipules -, à fleurs soli- taires , fasciculées ou disposées en grappes terminales.. Leur calice est monosepale, à cinq divisions profondeur la corolle se compose de cinq pélales éjjaux , réunis el soudés par leur base , de manière à former une corolle monopétale , tubuleuse et régulière, ou étalée et comme rotacée ; les cinq étamincs sont dressées , hypogynes , de même que la corolle 5 l'ovaire est libre , élevé sur une espèce de disque hypogyne-, il présente une ou deux loges , séparées par des cloisons incomplètes , qui sou- vent ne se joignent pas au centre de l'ovaire, et de là l'unilocularité de cet organe. Les ovules sont nombreux , attachés sur deux rangées longitudinales et distinctes vers le milieu delà cloison. Le style est quelquefois très- court , terminé par un petit stigmate bilobé. Le fruit est une capsule à une ou deux loges polyspermes, s'ouvrant en deux valves . ou un fruit charnu et indéhiscent. Les graines se composent d'un tégument propre un peu crustacé , d'un endospcrme blanc et charnu, et d'un em- bryon extrêmement petit , placé vers le bile, et ayant sa radicule tournée vers ce point. l64 FAMILLES NATURELLES. Les genres qui composent cette famille dtaient placés auparavant parmi les l\hamnécs;n)ais leur insertion hypogyniquelesen éloigne de beaucoup. M. De Candolle place les Pittosporécs entre les Poly- galées et les Frankéniacées; mais il nous semble que cette famille doit èlre mise auprès des Rutacécs, dont elle se rapproche singuliè- rement par une foule de caractères. Voici les genres principaux de cette famille : Pittosporum, Dillardiera, Binsaria, Senacia, etc. QZrATKB-VSNGT-QïTÎKaiÈMa FAMILLE. * GÉRANiACÉEs. Gevaniaccœ. AuG. St-Iîilaire. Gera- niaeeœ , Oxalidœ , Trop œ oie œ et Linaceœ. BC. Bal" samineœ. A. Ricii. riantes herbacées ou soufrutescentes à feuilles simples ou composées , alternes , avec ou sans stipules à leur base. Les fleurs sont axillaires ou terminales. Leur ca- lice est formé de cinq sépales souvent inégaux et sou- dés ensemble par leur base , quelquefois prolongé en éperon ; la corolle se compose de cinq pétales égaux ou inégaux, libres ou légèrement coliérens entre eux par leur base j ces pétales sont en général tordus en spirale avant leur épanouissement. Les étaminessont au nombre de cinq à dix , rarement sept; elles sont lil3res , ou plus souvent monadelphes par la base de leurs filets -, leurs anthères sont à deux loges. Les carpelles sont au nombre de trois à cinq , plus ou moins intimement unis entre eux 5 ils offrent chacun une seule loge , contenant un , deux, ou un plus grand nombre d'ovules attachés à leur angle interne. Les styles, qui naissent du sommet de chaque ovaire , restent distincts , ou se soudent entre eux , et se terminent chacun par un stigmate simple. Le fruit se compose de trois à cinq coques , contenant une ou deux graines , restant indéhiscentes , ou s'ouvrant par leur côté interne ; ou bien c'^st une capsule à cinq loges po- lyspermes , s'ouvrant en cinq valves , c{uelquefois avec élasticité. Les graines, dont le tégument propre est quel- quefois charnu ou crustacé extérieurement, se composent HYPOPÉTALIE. l65 d'un embryon droit , ou plus ou moins recourbé, immé- diatement recouvert par le tégument propre , ou placé dans un endosperme charnu. Nous avons adopté l'opinion de M. Auguste deSaint-Hilaire, qui , dans sa Flore du Brésil mcridional , réunit en une seule les familles des Oxalidées, des Tropa^olées , des Linacécs et des Géraniacées du professeur De Candolle. Ces diverses familles , ainsi que celle que nous avions établie sous le nom de BalsamiinÉes , ne forment en effet que des tribus d'uue même famille , qui doit conserver le nom de Géraniacées. 1 ". Oxalidées, feuilles ordinairement composées , sans stipules; fleurs axillaires; capsule à cinq loges polyspermcs, styles distincts; embryon droit dans un endosperme charnu. Ex. : Oxalis. 2". Tuop.EOLÉES, feuilles simples sans stipules; fleurs axillaires; trois coques indéhiscentes et mouospermes ; embryon sans endo- sperme : Trojxeoliiin. 3". Balsamiaées, feuilles simples, sans stipules; fleurs irrégu- lières; point de style; capsule à cinq loges polyspermcs, s'ouvrant avec élasticité; embryon sans endosperme : Balsdinina. 4". Liaacées, feuilles simples sans stipules; fleurs terminales ré- gulières ; trois ou cinq styles distincts ; capsule à cinq loges disper- mes ; endosperme mince : Linum. 5°. GÉRAMÉES , feuilles simples , munies de stipules ; fleurs op- posées aux feuilles ; styles soudés ; coques indéhiscentes , et enrbryon généralement sans endosperme: Géranium, Erodiam, Pelargoniitm, Monsonia. QUATBE-VrWGT-SEISÏÈMï: FABÎILLE. * MALVACÉES. Malvacew. Ku>Tn. Malvacearum j^ars. Juss. Cette famille renferme à la fois des plantes herbacées , des arbustes et même des arbres à feuilles simples , al- ternes ou lobées , nmnies de deux stipules à leur base. Les fleurs sont axillaires , solitaires , ou diversement groupées , et formant des espèces d'épis. Le calice est souvent accompagné extérieurement d'un calicule forme de folioles variables en nomJire, et diversement soudées. Le calice est monosépale, à trois ou cinq divisions, rap- prochées en forme de valves avant leur cpanouissement, l66 FAMILLES NATURELLES. La corolle se compose généralement de cinq pétales al- ternes avec les lobes du calice , contournés en spirale avant leur déroulement , souvent réunis ensemble à leur base , au moyen des filets staminaux , de manière que la corolle tombe d'une seule pièce , et simule une co- rolle monopétale. Les étamines sont généralement très- nombreuses , rarement en même nombre ou en nombre double des pétales. Leurs filets sont réunis , et mona- delplies , leurs anthères réniformes , et constamment uniloculaires. Le pistil se compose de plusieurs carpelles, tantôt verticillés autour d'un axe central , et plus ou moins soudés entre eux , tantôt réunis en une sorte de capitule; ces carpelles sont uniloculaires ^ contenant un, deux ou un plus grand nombre d'ovules attachés à leur angle interne. Les styles sont distincts , ou plus ou moins soudés, et portent chacun un stigmate simple à leur sommet. Le fruit présente les mêmes modifications que les carpelles, c'est-à-dire que ceux-ci sont tantôt réunis circulairement autour d'un axe matériel, tantôt groupés en tête , ou formant par leur soudure une capsule plurilo- culaire, qui s'ouvre en autant de valves qu'il y a de loges monospermes ou poijspermes ; d'autres fois les car- pelles s'ouvrent seulement par leur côté interne. Les graines , dont le tégument propre est quelquefois chargé de poils cotonneux, se composent d'un embryon droit , généralement sans endosperme , ayant les cotylédons foliacés , repliés sur eux-mêmes. La famille des Malvacées , telle qu'elle est aujourd'hui limitt'e par les botanistes , ne contient qu'une partie des genres qui y a\aieut d'abord été réunis par M. de Jussieu. Ventenat a d'abord séparé des Malvacées le genre Sterculia, dont il a formé le type des Sterculia- cées. M. Rob. Brown considère les Malvacées, non comme une fa- mille , mais comme une grande tribu ou classe qui se compose des Malvacées de Jussieu , des Sterculiacées de Ventenat , des Cbléna- céii& de Dupetit-Tliouars, et des Tiiiacées de Jussieu, et une nou- velle fajnille qu'il nomme Byttnériucées, Notre savant ami M. le HYPOPÉTALIE. 167 professeur Kunth ne place dans les Malvacées que les trois pre- mières sections de Jussieu , il adopte les Bj ttnériacées de M. Rob. Brow n , cl y réunit les Sterculiacées de Ventenat ; enfin il forrae une famille nouvelle sous le nom de Bombacées des genres Bombax, Cheirostemou , Pachira , Helicteres, Cavanillesia , Malisia , et Chorisia. Ainsi définie, la famille des Malvacées se distingue surtout pir ses pétales simples , ses anthères constamment uniloculaires et ses graines généralement sans endosperme. Parmi les genres qui la composent, nous citerons les suivans: Malope, Maha , Althœa , Lavateia , Hibiscus, Gossipium, Palm'a , Lagunea , etc. QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME FAMILLE. BOMBACÉES. BomhaceoB. Ku:yTH. Ce sont des arbres ou des arbrisseaux , originaires des contrées intratropicales , ayant des feuilles alternes , sim- ples ou digitées , munies à leur base de deux stipules persistantes. Le calice , quelquefois accompagné exté- rieurement de quelques bractées , est monosépale , à cinq divisions imbriquées avant leur épanouissement , quelquefois entier -, la corolle , qui manque quelquefois, se compose de cinq pétales réguliers. Les étamines , au nombre de cinq, dix, quinze ou davantage, sont mo- nadelphes par leur base, et forment supérieurement cinq faisceaux , qui portent chacun une ou plusieurs anthères uniloculaires. L'ovaire est formé de cinq car- pelles , tantôt distincts , tantôt soudés entre eux , et terminés cliacun par un style et un stigmate , qui quel- quefois se soudent en un seul. Les fruits sont en général des capsules à cinq loges polyspermes , s'ouvrant en cinq valves , ou ils sont coriaces , charnus intérieure- ment , et restent indéhiscens. Les graines , souvent en- vironnées de poils ou de duvet, ont tantôt un endosperme. charnu , recouvrant un embryon , dont les cotylédons sont planes ou chiflbnnés. L'endosperme manque quel- quefois. Cette famille , très-voisine de la précédente , en diffère surtout i68 FAMILLES NATURELLES. par son calice entier ou dont les lobes ne sont pas appliques en forme de valves avant leur épanouissement , par leurs filets dispo- sés en cinq faisceaiuc et la structure de leur fruit. Les genres qui la composent sont : Bomba x , Hclicteres , Matisia , CavaniUcsid , ^dunsonia, etc. QUATSE-VÎNGT-DÎZ-HUITISME FABI£Z.Z.E. BYTT^ÈKïxcÈES, Bi/ttneriaceœ. R.Brown. Malvacearum (jcn. et Hermanniœ, Jlss. StercuUacœ. Vekt. Arbres ou arbrisseaux à feuilles alternes , simples ^ . munies de deux stipules opposées-, fleurs disposées en grappes plus ou moins rameuses axillaires ou opposées aux feuilles. Le calice, nu ou accompagné d'un calicule, est formé de cinq pétales plus ou moins soudés par leur base , et valvaires -, la corolle , de cinq pétales planes , roulés en spirale avant leur épanouissement , ou plus ou moins concaves et irréguliers -, ces pélales manquent quelquefois. Les étamines , en même nombre , ou double ou multiple des pétales , sont en général monadelphes , et le tube qu'elles forment par leur réunion , présente souvent des appendices pétaloïdes , placés entre les éta- mines antliérifères , et qui sont autant d'étamincs avor- tées. Les anlbères sont constamment à deux loges. Les carpelles, au nombre de trois à cinq, sont plus ou moins complètement soudés. Chaque loge renferme deux ou trois ovules ascendans^ ou un plus grand nombre, atta- chés à l'angle interne de chaque loge. Les styles restent libres , ou sont plus ou moins soudés entre eux. Le fruit est en général une capsule globuleuse, accompagnée par le calice , à trois ou cinq loges , s'ouvrant en autant de valves , qui souvent portent la cloison sur le milieu de leur face interne. Les graines offrent dans un endosperme Ciharnu un embryon dressé. Celte famille , qui se distingue surtout des Malvacécs par ses an- thères à deux loges, et ses graines en général munies d'un çndo- IIYPOPÉTALIE. 169 sperme charnu, a été paitagéc en six sections ou tribus naturelles, savoir : 1°. Les Steuculiacées , fleurs souvent unisexuécs , calice nu , pas de corolle; ovaire pddiccllé, formé de cinq carpelles distincts; l'cn- dospernic manque quelquefois. Ex. : Steixulifi , Triphaca, Heritiera. 1". Les Bytta'ériées , les pétales sont irréyulicrs , concaves , sou- vent terminés à leur sommet par une sorte de lingule; les étamines sont nionadclphes , l'ovaire est à cinq loges , contenant en général deux ovules dressés: Thcobroma , Jbroma, Guazuma, Bytlneria, Ayenia, etc. 2>^. Les Lasiopétalées, calice pétaloïde ; pétales très-petits en forme d'écaillc, ou nuls; ovaire à trois ou cinq loges, contenant chacune de deux à huit oyvXt?,: Seringia , Thomasui , Ktraudre- nia, etc. 4°. Les Hermanmées, fleurs hermaphrodites, calice tubuleux, corolle de cinq pétales planes, roulés eu spirale avant leur épanouis- sement; cinq étamines nionadclphes ou libres, opposées aux pétales, loges polyspermcs : Mclochia , Hennainiia, l^Jalternia, etc. 5". Les DoiiBÉYACÉES , calice monosépalc , corolle de cinq pétales planes , étamines égales , nombreuses et monadelphcs ; ovaire à trois ou cinq loges, contenant deux ou un plus grand nombre d'ovules: Muizia , Dombeya, Pentapetes , etc. 6". Les Wallichiées , calice environné d'un involucre de trois à cinq folioles, pétales planes; étamines très-nombreuses, monadel- phcs, inégales, et formant une colonne analogue à celle des Malva- cées : Eiiulama, If'allichia, Ca'tlica, QUATHE-VÏNGT-DIS-KBUVÏSMH FAMELIH. GiiLÉNAGÉES. Chlenaccœ. Dupetit-Thouars. Celte petite famille se compose d'arbrisseaux, tous ori- ginaires de l'île de Madagascar. Leurs feuilles sont al- ternes , miinies de stipules, entières et caduques. Les fleurs forment des grappes rameuses. Ces fleurs ont des involucres persistans , qui contiennent une ou deux fleurs. Leur calice est petit , formé de trois sé- pales : les pétales varient de cinq à six -, ils sont sessiles , et quelquefois réunis par leur base. Les étamines , au nombre de dix , ou en nombre indéterminé , mona- delphcs par leurs filets , quelquefois cohérentes entre elles par leurs anthères. L'ovaire e^t à trois loges , sm> lyO FAMILLES NATURELLES. monté d'un style simple , et d'un stigmate triiide. Le fruit est une capsule à trois , rarement à une seule loge par avortement , contenant chacune une ou plusieurs gTaines , insérées à leur angle interne et pendantes. Ces graines contiennent un embryon axile dans un endo- sperme charnu ou corné. Les Gbiénacées, composées des genres Sarcolœna , Leptolœna, Schizohena et Rhndolœnn , ont été rapprochées des Malvacées par M. Dupetit-Tliouars , à cause de leur calicule et de leurs étamines monadelphes , etc. ; et par M. de Jussieu des Éliénacécs , à cause de leurs pétales soudés et formant une sorte de corolle raonopétalc, et de quelques autres caractères. cENriisiHB TAmîzr.Ji. * TiLiACÉES. Tiliaceœ. Juss. Tiliaceœ et Elœocarpeœ, Juss. Presque toutes les Tiliacées sont des arbres ou des ar- brisseaux , un petit nombre des plantes herbacées. Elles portent des feuilles alternes simples , accompagnées à leur base de deux stipules caduques. Leurs fleurs sont axillaires, pédonculées, solitaires ou diversement grou- pées. Elles ont un calice simple , formé de quatre à cinq sépales , rapprochés en forme de yalves avant l'épa- nouissement de la fleur 5 une corolle d'un même nombre de pétales, qui manquent rarement, et sont souvent glanduleux à leur base. Les étamines sont en grand nom- bre, libres, et ont leurs anthères biloculaires j on trouve souvent en face de chaque pétale une glande pédicellée. L'ovaire présente de deux à dix loges , contenant cha- cune plusieurs ovules attachés sur deux rangs à leur angle interne. Le style est simple , terminé par un stig- mate lobé. Le fruit est une capsule à plusieurs loges , contenant plusieurs graines, et quelquefois indéhiscente, ou une drupe monosperme par avortement. Les graines HYPOPBTALIE. 171 coutiennent un embryon droit ou un peu recourbé, dans un endosperme charnu. Nous réunissons à cette famille celle des Éléocarpées tic M. de Jussieu, qui n'en diffère que par deux caractères de peu d'impor- tance, savoir: des pétales frangés à leur sommet, et des anthères s'ouvrant seulement pardeux pores. Kous en faisons une simple tri- bu des Tiliacées, que nous divisons en deux sections, savoir : 1**. Les Tiliacées vuaies, comprenant les genres Tilia , Spnr- mannia, Heliocarpus, Corchoriis , Tiiumfetta , Apeiba , etc. 2". Les ELi*;ocARPÉES,dans lesquelles sont les genres Elœocarpus Fallea , Decadia , etc. Les Tiliacées ont de l'affinité avec les Malvacécs, dont elles diffè- rent par leurs étamincs libres et leur embryon placé au centre d'un endosperme charnu ; avec les Byttnériacccs, dont elles se distinguent par leurs étamincs libres et nombreuses , leur style simple, etc. CBNT-UNÏÈME FAMILLE. ternstrjEmiagées. Ternstrœniiaceœ. — Ternstrœtniacœ et Theaceœ. Mibeel. Arbres ou arbrisseaux , à feuilles alternes , sans sti- pules, souvent coriaces et persistantes-, à fleurs quel- quefois très-grandes , axillaires et terminales , ayant un calice formé de cinq sépales concaves inégaux , et im- briqués ; une corolle composée de cinq pétales , c{uel- quefois soudés à leur base , et formant une corolle mo- nopétale-, des étamincs nombreuses, souvent réunies par la base de leurs filets , et soudées avec la corolle. L'ovaire est libre , sessile , le plus généralement appliqué sur un disque bypogyne, divisé en deux à cinq loges, conte- nant chacune deux ou un plus grand nombre d'ovules pendans, à l'angle interne de chaque loge. Le nombre des styles est le môme que celui des logos ; ils se termi- nent chacun par un stigmate simple. Le fruit offre de deux à cinq loges-, il est tantôt coriace, indéhiscent, un peu charnu intérieurement j d'autres fois il est sec, cap- sulaire, s'ouvrant en autant de valves. Les graines , sou- vent au nombre de deiLX seulement dans chaque loge , 1|73 FAMILLES NATURELLES. ont leur embryon nu ou recouvert d'an endosperme charnu souvent très-mince. Nous avons cru devoir réunir !cs deux familles établies par M. le professeur Mirhel, sous les noms deThéacées etdeTernstrœmiacées: ces deux familles en effet ne diffèrent pas sensiblement l'une de l'autre. Elles sont formées des genres Ternstrœinia , Thcn , Camcl- Ua, Freziera, etc., qui avaient été placés dans la famille des Au- rantiées, dont ils diffèrent par leur calice, la pluralité des styles, par l'absence des points translucides, et par un endosperme, qui manque néanmoins quelquefois. D'un autre côté , cette famille a quelques rapports avec celle des Ébéuacécs, placée parmi les Mono- pétales. ' CENT-DEUXÏBMH FASaïtlD. OLAGiKÉES. Olacineœ. Mirbel. Cette petite famille, formée aux dépens des Aurantia- cées , se compose de végétaux ligneux , portant des feuilles simples , alternes , pétiolées , sans stipules , des fleurs très-petites et axillaires. Celles-ci se composent d'un calice très-petit , monosépale , persistant, entier ou denté , prenant souvent beaucoup d'accroissement et devenant charnu. La corolle est formée de trois à six pétales, coriaces , sessiles , valvaires , libres ou soudés par leur base. Ces pétales, qui portent quelquefois les ctamines, sont réunis souvent deux à deux , et seulement séparés à leur sommet. Les étamines sont en général au nombre de dix , dont plusieurs avortent quelquefois , et existent sous la forme de lîlamens stériles. Ces étamines sont im- médiatement hypogjmes ou portées sur les pétales. L'ovaire est libre, à une seule loge, contenant en gé- néral trois ovules , cjui sont pendans , au sommet d'un podosperme central et dressé. Le style est simple, ter- miné par un stigmate très-petit et trilobé. Le fruit est drupacé , indéhiscent , souvent recouvert par le calice devenu charnu , et contenant une seule graine. Celle-ci se compose d'un gros endosperiuc charnu, dans lequel HYPOPÉTALIE. 173 est renferma un petit embryon basilaire et liomotrope. Composée des genres Oîax, Fi.'isiUa, etc., cette petite famille est très-di.stincte des Aiirantiacécs par ses feuilles non ponctuées, ses étamincs définies, son ovaire constamment uniloculaire , et son em- bryon contenu dans uu très-gros cndospernie. Selon îc célèbre Rob. Rrown , le genre Ola.r serait apétale , c'est- à-dire que sa fleur aurait un involucre calyciforme , et un calice formé de trois sépales ; et à cause de la structure intérieure de sou ovaire, ce genre devrait être rapproché des Santalacées. CSNT-TEOÎSZÈMH FAMZI.X.&. MARCGRAViACÉES. Marcgraviacew. Ciioisy. Arbrisseaux très-souvent sarmenteux et grimpans , pa- rasites à la manière du lierre , ayant les fouilles alternes, simples, entières, eoriaces et persistantes-, les fleurs gé- néralement disposées en un épi court et en forme de cime. Ces fleurs, longuement pédonculées, sont quel- quefois ol)liques au sommet de leur pédoncule , qui porte assez généralement une bractée irrégulière, creuse et cuculliforme ou en cornet. Ces fleurs sont liermapliro- dites, ayant un calice de quatre à six ou sept sépales, courts, imbriqués, et généralement persistans. La corolle est monopétale, entière , s'enlevant comme une sorte de coiffe, ou formée de cinq pétales sessiles. Les étamines, généralement en grand nombre ( cinq seulement dans le Sourouhea ) , ont leurs filets libres. L'ovaire est globu- leux, surmonté d'un stigmate sessile et lobé en étoile, qui est rarement porté sur un style ; il présente une seule loge qui offre de quatre à douze tropliospermes pariétaux, saillans en forme de demi-cloisons , divisés par leur bord libre en deux ou trots lames diversement contournées, et toutes couvertes d'ovules fort petits. Le fruit est globu- leux , coriace , cbarnu intérieurement , indébiscent , ou se rompant irrégulièrement en un certain nombre de valves, dont la débiscence se fait de la base vers le 174 FAMILLES NATURELLES. sommet , et qui portent chacune un trophosperme sur le milieu de leur face interne. Les graines sont très-petites, et contiennent immédiatement sous leur tégument propre l'embryon , qui est bomotrope. Les genres qui composent cette famille sont Marcgravia, Jnlho- lama, Noranta'a et Souroitbea. Ce groupe a des rapports avec les Gnttifèrcs ; mais il en a aussi de très-intimes avec les Rixinées et les l'iacourtiant'es, qui ont (également une corolle polypétale et des étamines indéliiiics, un fruit uniloculairc et des trophospermes pa- riétaux. Mais dans ces deux dernières familles les feuilles sont ac- compagnées de stipules, et l'cmliryon est recouvert par un endo- speriiie. CEWT-QUATBÏÈME rAMIlLS. GUTTiFÈRES. Guftlferœ. Juss. Cette famille se compose d'arbres ou d'arbrisseaux, quelquefois parasites, et tous remplis de sucs propres, jaunes et résineux. Leurs feuilles , opposées , ou plus ra- rement alternes , sont coriaces et persistantes. Leurs fleurs, disposées en grappes axillaires ou en panicules terminales , sont hermaphrodites ou unisexuées et po- lygames. Leur calice est persistant, formé de deux à six sépales arrondis, souvent colorés. La corolle est com- posée de quatre à dix pétales , les étamines , très-nom- breuses , rarement en nombre défini , libres ; l'ovaire , simple , surmonté d'un style court , qui manque quel- quefois, et qui porte un stigmate pelté et radié ou à plu- sieurs lobes. Le fruit est tantôt capsulaire , tantôt charnu ou drupacé , s'ouvrant quelc}uefois en plusieurs valves, dont les bords , généralement rentrans , sont fixés à un placenta unique ou à plusieurs placentas épais. Les graines se composent d'un embryon homotrope sans endosperme. Les Guttifèrcs comprennent un assez grand nombre de genres , tous exotiques; tels sont les Clusia, Godoya, Mahurca, Garcinia , HYPOPÉTALÎE. 1^5 Calophyllii/n , etc. Elles diffèrent surtout clcslîypéricinées par leurs étainines complétcnieut liîircs , leur suc propre laiteux , l'ahscncc des points translucides, etc. CSHT-CINQtTïÊMB FAMILLE. iiYPÉRiciNÉES. Hijpericîneœ. Juss. Plantes herbacées , arbustes ou même arljres souvent re'sineux et parsemés de glandes transparentes, ayant des feuilles opposées, très-rarement alternes , simples ; des fleurs axillaires ou terminales , diversement grou- pées. Leur calice est à quatre ou cinq divisions très- profondes , un peu inégales -, la corolle se compose de quatre à cinq pétales , roulés en spirale avant leur évo- lution. Les étamines sont très-nombreuses , réunies en plusieurs faisceaux par la base de leurs filets , quelque- fois monadelphes ou libres. L'ovaire est libre, globu- leux , surmonté de plusieurs styles , quelquefois réunis et soudés en un seul j il offre autant de loges polyspermes que de styles. Le fruit est une capsule, ou une baie à plusieurs loges polyspermes. Dans le premier cas, elle s'ouvre en autant de valves continues , par leurs bords , avec les cloisons , cpi'il y a de loges. Les graines , très- nombreuses et très -petites, contiennent un embryon homotrope sans endosperme. Cette famille , composée d'un petit nombre de genres , tels que Hypericitm , Jiidiosœmum , Jscyrum , Tismia , etc., porte aussi le nom de Millepertuis, parce que la plupart des espèces présentent dans l'épaisseur de leurs feuilles des glandes miliaires transparen- tes , qui , vues entre l'œil et la lumière , semblent être autant de pe- tits trous. Ce caractère , joint à celui des étamines très-nomlireu- ses, aux loges du fruit polyspermes , distinguent parfaitement les Hypéricinées des autres familles voisines. 176 FAMILLES NATURELLES. * AUBAîJTiAGÉES. ÂuranUacecv. Corrka. Aurantiorum genet'a. Juss. Arbres ou arbrisseaux U\'S- glabres, quelquefois épi- neux , portant des feuilles alternes et articulées, simples, ou plus souvent pinnces , munies de glandes vésicuieuses, remplies d'une huile volatile, transparente*, des fleurs odorantes , généralement terminales. Leur calice est mo- nosépale , persistant , à trois ou cinq divisions plus ou moins profondes •, leur corolle , de trois à cinq pétales sessiles, libres ou légèrement soudés entre eux 5 les éla- mines , quelquefois en même nombre que les pétales , ou doubles ou multiples de ce nombre, sont libres, ou diver- sement réunies entre elles par leurs filets, et sont atta- chées au-dessous d'un disque hypogyne , sur lequel est appliqué l'ovaire. Celui-ci est globuleux, à plusieurs loges contenant un seul ovule suspendu , ou plusieurs ovules attachés à l'angle interne de la loge. Le style , quelquefois très-court et très-épais, est toujours simple, terminé par un stigmate discoïde, simple ou lobé. Le fruit est en général charnu , intérieurement séparé en plusieurs loges par des cloisons membraneuses très- minces , contenant une ou plusieurs graines insérées à leur angle interne , et généralement pendantes. Extérieu- rement, le péricarpe est épais et indéhiscent, rempli de vésicules pleines d'huile volatile. Les graines renferment un , quelquefois plusieurs emfn-yons sans endosperme. Les genres qui composent cette famille se distinguent surtout par leurs feuilles articulées, souvent composées , munies de glandes vé- sicuieuses , qui cxislent aussi dans l'épaisseur de leurs pétales et de leur péricarpe, par leur style simple et leurs graines sans endo- sperme. Ex.: Ci tins, Limonia , TJarraya , etc. iiypopetamt:. 177 * AMi'ÉLiDÉES. ^hnpeUdcr,?. Kicii. / iks. Juss. Arbustes ou arbrisseaux volabiles , sarmenteux et mu- nis de vrilles opposées aux feuilles. Celles-ci sont alternes, pétiolées , simples ou digitées , munies à leur base de deux stipules. Les fleurs sont disposées en grappes op- posées aux feuilles. Le calice est tris-court, souvent en- tier et presque plane -, la corolle , de cinq pétales , quel- quefois cohéreus entre eux par leur partie supérieure, et s'enlcvant tous ensemble en fornjc de colile. Les éta- mines , au nombre de cinq, sont dressévis , libres et op- posées aux pétales-, l'ovaire est appliqué sur un disque h jpogyne , annulaire et lobé dans son contour ; il offre constamment deux loges , ronlenant chacuna deux ovules dressés -, le style , qui est épais et très-court , se termine par un stigmate à peine bilobé. ]-e fruit est une baie globuleuse , contenant d'une à quatre graines dres- sées , ayant leur épisperme épais , leur endosperme cor- né , et contenant vers sa base un très-petit embryon dressé. Cette petite famille, conipnséc clos genres J'ilis , Cis.<:::s et Ampe- lopsis , est très-distincte p:ir ses feuilles iiuinies «le stipules, par ses vrilles oppost'es aux feuilles, ses étamines opposées aux pdtales, et la struetuîo de sou fruit et c!c sa graine. BippocRATiGKES. Hippocraticcœ. Juss. Hippoeratéaeées. KUATH* DC. Arbustes ou arl)risseaux généralement glabres et sar- menteux , portant des feuilles opposées , simples , co- riaces , entières ow dentées; des fleurs petites , axillaires, fasciculées ou en corymbes. Lear calice est persistant , à cinq divisions j leur corolle se composa ds cinq pé- 178 FAMILLES NATURELLES. taies égaux; les étamines sont généralemeni: au nombre de tiois, raremt'nt quatre ou cinq, ayant leurs filets réunis par leur base , et formant un androphore tubu- leuK. L'ovaire est trigone , à trois loges , contenant cha- cune quatre ovules attachés à leur angle interne. Le style est simple , terminé par un ou trois stigmates. Le fruit est tantôt capsulaire à trois angles raemln-aneux , tantôt charnu -, chaque loge contient en général quatre graines. Ce Ics-ci ont un embryon dressé , dépourvu d'endo- sp rme. Cfîtte famille, composée âcs genres Hippocirt/er/ , Àiitlwdon, Rad- disia , Salacia, et*., est voisine des Acérinées et des Malpighiacées. * AGÉRiNKES. Aceriiieœ. DC. Famille uniquement composée du genre érable (acer, L. ) et offrant les caractères suivans : fleurs hermaphro- dites ou unisexuées , calice à cinq divisions , plus ou moins profondes , ou entier ; corolle de cinq pétales 5 étamines en nombre double des pétales, insérées sur un disque hypogyne , qui occupe tout le fond de la fleur-, ovaire didyme et comprimé , à deux loges , contenant cliacune deux ovules attachés à l'angle interne*, style simple, quelquefois très-court, terminé par deux stig- mates subulés. Le fruit se compose de deux samares; in- déhiscentes , prolongées en ailes d'un côté. Les graines offrent sous leur tégument propre un cmbrj'on roulé en spirale. Les Acériiiées sont des ar'orcs à feuilles opposées, simples ou pin- nées, et à fleurs disposées en grappe ou en cimes terminales. Elles ■tiennent en quelque .sorte le milieu entre les Malpi.gbiacées , dont elles diffèrent surtout par leurs fruits membraneux , ailés et seule- ment à deux logfs , et les Hippocastanées. La famille des Acérinées, telle qu'elle avait été établie par Jiissieu, contenait plusieurs autres genres ; tels sont VyEsculus , qui forme la famille des Hippocnstanées de M. De CandoUe, et qui nous paraît IIYPOPETALIE. ir-g appartenir à celle des Malpighiacées ; et YHippocratea , celle des HiPpocraticées. CEÎJT ni5:ï3B5)E 7ASÎILI,S. MALPIGHIACÉES. jïalpiijhiaceœ . Juss. Famille conipost'e d'arijves , d'avlirisseaux ou d'ar- biîsles , à feuilles opposées , simples ou composées , sou- vent munies de poils en forme de navette {pili malpî- f/Jiiaccl), accompagnées souvent à leur base de deux stipules*, fleurs jaunes ou blanches formant des grappes, des corymbes ou des sertules axilîaires ou terminales. Les pédicelles qui supportent les fleurs sont souvent ar- ticulés et munis de deux petites bractées vers leur partie moyenne. Leur calice est monosépale , souvent persis- tant , à quatre ou cinq divisions profondes ; leur co- rolle , qui manque quelquefois , se compose de cinq pétales, longuement onguiculés. Les examines, au nom- bre de dix , rarement moins , sont libres ou légèrement soudées par la base. Le pistil est tantôt simple, tantôt formé de trois carpelles, plus ou moins soudés entre eux. Chaque carpelle ou chaque loge contient , soit un seul ovule suspendu à la partie supérieure de l'angle interne, soit deux ovules attachés à cet angle. Les stjdes , au nombre de trois , sont quelquefois soudés. Le fruit, qui est sec ou charnu, se compose de trois carpelles distincts, ou forme une capsule ou un nuculaine à trois , rarement à deux ou à une seule loge. La capsule est ordinairement relevée d'ailes m^embraneuses , très-saillanles, ou de pointes épineuses. Le nuculaine renferme tantôt trois nucuîes uniloculaircs, tantôt un noyau à trois loges mo- nospermes. Chaque graine se compose d'un tégument propre peu épais , recouvrant Immcdiatemsnt un em- bryon un peu recourbé. Cette famillo, dans laqiip]!? on troîiTe mire autres le.s genres 13. loO FAMILLES >"ATUREiLES. lili'ilpigliici, rsyrsonima, Jlyptiige, Gaudichaudia , Banistevia , etc., est voisine des Acdsiiiccs et des Hypdricces. Elle se distingue'des preuîières par ses péiales longueincit onguicuk's , ses dtamines mo- nadelphcs et les loges de son fruit toujours monospernies; des se- condes, par ses étaiJiines définies, ses loges monospermes , etc. Kous réunissons ici le genre JllscuUts , qui forme la famille des Hip- pocastanées de 'Î.Dc Candoilc. CENT OH3SÈIffi23 TAIffilLLS. ÉRYTUROXYLÉES. Eviltliroxilhce . KuKTH. Ar])res ou arbrisseaux à feuilles alternes ou opposées, généralement glabres , munies de stipules axillaires. Les fleurs sont petites , pédicellées , ayant un calice persis- tant à cinq divisions profondes-, une corolle de cinq pé- tales, sans onglet et munie intérieurement d'une petite écaille. Les étamines , au nombre de dix , sont mona- delphes. L'ovaire est uniloculaire , contenant un seul ovule pendant, ou bien il est à trois loges, dont deux sont vides. De rovairc naissent trois styles , tantôt dis- tincts , tantôt soudés presque jusqu'à leur sommet. Le fruit est une drupe monosperme , contenant une graine anguleuse , dont rcndospcrme dur et corné contient un embryon axilc et homotrope. Cette petite famille ne se compose que du genre Erythroxyliim , placé jadis parmi les Malpighiacées et d'un genre nouveau établi par M. Kun!:!i,sous le nom deScthia. Elle diffère des Malpighiacées par ses pétales appendîculés, son fruit monosperme et son embryon, muni d'un endosperme. ester DOUZIÈME rAMïiis. MÉLiACÉES. MeUaceœ. Juss. — Cedreleœ. V\. Brown. Arbres ou arbrisseaux à feuilles alternes sans stipules, simples ou composées, à fleurs tantôt solitaires et axil- laires , tantôt diversement groupées en épis ou en grappes , ayant un calice monosépale , à quatre ou cinq divisions plus ou moins profondes j une corolle de quatre IIVI'OPKTALIK. loi à cinq pélales valvaircs-, des étainines [jénéialcinent en nombre doulîie des pétales , rarement en minne nombre ou en nombre plus considérable. Ces élamines sont tou- jours monadclphes , et leurs fdets forment un tube , qui porte les anthères tantôt à son sommet, tantôt à sa face interne. L'ovaire est porté sur un disque bjpogyne et annulaire -, il ofi're quatre à cinq loges , contenant géné- ralement deux ovules collatéraux et superposés. Le style est simple , terminé par im stigmate plus ou moins pro- fondément divisé en quatre à cinq lobes. Le fruit est tantôt sec , capsulaire , s'ouVrant en quatre à cinq valves septifères j tantôt il est charnu et drupacé , et parfois uni- loculaire par suite d'avortemcnt. Les graines se com- posent d'un embryon , quelquefois enveloppé d'un en- dosperme mince ou charnu, qui manque dans d'autres genres. Les genres Ticorea et Ciisparia , d'abord placés dr.ns cette famille, ont été transportes par Bl. Robert Ennvn dans les Rutacées. Le même botaniste a formé des genres Ccdrcla et Swietcnia une fa- mille distincte, sous le nom de Cédrélées. Mais le professeur De Candolle en a simplement fait une tribu des Méliacécs. Cette fa- mille se divise en deux trilius naturelles, savoir : 1". MÉMACÉES vraies: loges du fruit conlenant une ou deux graines sans ailes ni endosperme; embryon renversé ; cotylédons planes et foliacés , ou épais et charnus. Ex. : Gemma , Humilia , Turrœa, quwisia, Strigilia , Sandoriciim , Melia, Trichilia , Gua^ rea, etc. 2". Cédrélées: loges du fruit polyspcrmcs , graines générale- ment ailées, munies d'un endosperme charnu; embryon dressé, co- tylédons foliacés. Ex. : Ce.drela, Swietenia, etc. Cette famille, voisine des Sapindacées et des Anipélidces, en dif- fère par ses étamines constamment ïiionadcîplics , et la structure de son fruit. SAPINDACÉES. Sapindaccœ. Juss. Famille composée de grands arbres ou d'arbustes , qiielquei'ois de plantes herbacées et volubiles, portant des I02 FAMILLES NATURELLES. feuilles alternes et ge'néralement imparipinnées , munies quelquefois de vrilles. Leur calice se compose de quatre à cinq sépales , libres , ou légèrement soudés par leur base. La corolle, qui manque quelquefois, est formée en générai de quatre à cinq pétales, tantôt nus, tantôt glanduleux vers leur partie moyenne , où ils portent ({uel- quefois une lame péîaîoïde. Les étamines , en nombre double dos pétales , sont libres et appliquées sur un disque bypogyne, plane, lobé, qui garnit tout le fond de la tleur. L'ovaire est à trois loges, contenant en général deux ovules superposés et attachés à l'angle interne de chaque loge. Le style , simple à sa base , est triiide à son sommet, qui se termine par trois stigmates. Le fruit est une capsule quelquefois vésiculeuse , à une, deux ou trois loges, contenant chacune une seule gi-aine. Les graines se composent d'un gros embryon aj-ant sa radicule re- courbée sur les cotylédons , et dépourvu d'endosperme. Cette famille a été divisc-c en trois tribus de la manière suivante : 1". PAULLirviÉES : pétales appendicuîés , disque formé de giandes distinctes, placées entre les pétales et les étamines; ovaire à trois loges monospermes; herbes ou arbustes volubiles , munis de vrilles. Ex. : Cardiosf.ermuin, Uivillea , Serjania , Paullinia. 2". SAPîr'SDÉES , pétales non appendicuîés , mais glanduleux ou barbus, rarement nus; disque annulaire, ou quelquefois glandes soudées entre elles; ovaire à deux ou trois loges monospermes ; ar- bres ou arbrisseaux non volubiles. Ex. : Sapindus, T^ilisia, Schnd- dclia, Euphoria, Thoainia , Ctipania, etc. 3". Doror^ÉACiiES , pétales munis d'une écaille à leur base ; ovaire à deux ou trois loges , contenant deux ovules ; péricarpe vésieuleux ou aile ; embryon ayant ses cotylédons roulés en spirale. Ex. : Kœl- reiiteria, Dodonœa , etc. CESTT QÏTATOasrSHÎE rABaïllS. * l'OLYGALÉEs. Poli/(jaleœ. Juss. Nous trouvons dans cette famille des plantes herba- cées , ou des arl>ustes , à feuilles alternes , simples et en- tières, i'ï il-^urs solitaires, axillaires ou en épis. Chacune HYPOPÉTALIE. l83 se compose d'an calice de quatre à cinq sépales, imbri- qués latéralement avant l'épanouissement de la fleur, et dont deux, quelquefois plus intérieurs, sont pétaloïdes et colorés. La corolle est formée de deux à cinq pétales, tantôt distincts , tantôt réunis ensemble par le moyen des filets staminaux, qui forment un tube fendu d'un côté. Les étamines, généralement au nombre de huit, sont monadelplies -, leur androphore est divisé supérieu- rement en deux plmlanges , portant chacune quatre an- thères uniloculaires , et s'ouvrant en général par leur sommet. Plus rarement les étamines sont au nombre de deux à quatre , et libres. L'ovaire est quelquefois accom- pagné à sa base par un disque h3-pogyne et unilatéral, ou formé de deux appendices latéraux et lamelleuxj il offre deux , plus rarement un seul ovule. Le style est long, ordinairement recourbé, et portant un stigm;.te . creux, bilobé ou unilatéral. Le fruit est une capsule ou une drupe. Dans le premier cas, il est à deux loges mo- nospermes, et s'ouvre en deux valves septifères-, dans le second cas, il est uniloculaire, monosperme et indéhis- cent. Les graines sont pendantes , en général accompa- gnées d'une sorte cle caroncule ou d'arille de forme variée. Leur embryon est tantôt placé dans un endosperiia charnu, et tantôt dépourvu d'endosperme. Le genre Polygala avait d'abord été placé par M. de Jussieii dans la famille des Pédiculaires. Mou père, en faisant voir que sa corolle était véritablement polyçétale , a le premier indiqué la nécessité d'en former une famille distincte, que M. -le Jussieu a établie plus tard sous le nom de Polygalées. Cette famille se rapproche par la forme générale de sa fleur des Légumineuses et des Fumariacécs ; mais par ses caractères , elle doit être placée dans le voisinage des Droséracées et des Tréniandrées de M. Rob. Brown. Outre le genre Polygala , on compte encore dans cette famille les genres Saloiuo- nia , Comesperma , Badiera , Sonlamea , Kmmeria, etc. l84 t"A3Ui.Ui;S >ArijKEi>LE,S. TRÉMAiNDKÉES. lYcmanclrecv. R. Bkow>. Cette petite (auiIUe, formée des deux seuls genres Tre- tnandra et Tetra'lieca , se compose d'arbustes ajant le port des Bruyères , tous originaires de la Nouvelle-Hol- lande , portant des feuilles alternes ou verticillées, sans stipules, simples ou dentées, et souvent garnies de poils glanduleux. Leurs fleurs sont axillaires et solitaires , ayant un calice de quatre à cinq sépales inégaux, rapprochés en forme de valves , avant l'épanouissement de la fleur, et caducs. La corolle se compose de quatre à cinq pé- tales égaux , alternes avec les sépales , plus longs que les étamines. Celles-ci , au nombre de huit à dix , sont pla- cées par paire en face de chaque pétale-, leurs anthères, qui offrent deux ou quatre loges, s'ouvrent à leur som- met par un petit trou ou une sorte de tube. L'ovaire est ovoïde , comprimé , à deux loges , contenant chacune deux à trois ovules pcndans. Le style se termine par un ou deux stigmates , et le fruit est une capsule comprimée , biloculaire , s'ouvrant en deux valves septifères sur le milieu de leur face. Les graines, insérées au haut de la cloison , sont terminées par un appendice caronculi- forme. L'embryon est dressé dans un endosperme charnu. Cette famille a de nombreux rapports avec les Poly^^alécs , dont elle diffère par sts étamines libres, ses anthères à deux ou quatre loges, sa corolle réj^ulière, et avec les Drpséracèes, dont elle se dis- tingue par SCS anthères , les loges de son ovaire, qui ne contien- nent que deux ou trois ovules, etc, * Fur.iARiAOÉEs. Fitmariacca' . DC. Les Fumariacées sont foutes des plantes herbacées non laclescent^'s , ayant des {cuilies alternes et décomposées HYPOI'ÉTALIË. l85 en un grand nombre de segmens étroits; des fleurs assez petites, généralement disposées en épis terminaux. Leur calice se compose de deux sépales très-petits , opposés , planes et caducs. La corolle est irrégulière , tubuleuse , formée de quatre pétales inégaux , quelquefois légère- ment soudés entre eux à leur base : le supérieur, qui est le plus grand , se termine à sa partie inférieure par un éperon court et recourbé. Les étamincs , au nombre de six , sont diadelphes , c'est-à-dire formant deux andro- phores , qui portent chacun à leur sommet trois an- thères , savoir : une moyenne à deux loges et deux laté- rales uniloculaires. L'ovaire est uniioculaire, et contient quatre ou un grand nombre d'ovules attachés à deux trophospermes longitudinaux , correspondant à chaque suture. Le style est court, surmonté d'un stigmate dé- primé. Le fruit est tantôt un akène globuleux, mono- sperme par avortement , tantôt une capsule quelquefois vésiculcuse , polysperme , et s'ouvrant en deux valves. Les graines sont globuleuses , munies d'une caroncule , et contenant, dans un endosperme charnu, un embryon petit , un peu latéral , quelquefois recourbe et placé transversalement. Celte famille, composée du genre Fumaria et des genres établis avec ses diverses espèces, comme Corydalis , Diclytra , Cysticap- nos, etc., se distingue des Papavéracécs par l'absence du suc lai- teux, la corolle irrégulièrs et les six éîamines diadeîpîies. CBKT DIX-SEPTIÈaSE FARtlLLS. * PAPAVÉRAGÉES. Papaveraccw. — Papaveraccarmn gen. J. PodophyUearitm rjen. T)C. Plantes herbacées ou plus rarement sous -arbrisseaux à feuilles alternes, simples, ou plus ou moins profondé- ment découpées, remplies en général d'un suc laiteux blanc ou jaunâtre. Les fleurs sont solitaires ou disposées i86 FAMiiyLES :maturelles. en cimes ou en grappes rameuses. Le calice est formé de deux, très-rarement de trois sépales concaves et très- caducs. La corolle, qui manque quelquefois , se compose de quatre , très-raremen c de six pétales , planes , chifibn- nés et plissés avant leui épanouissement. Les étamines , en très-grand nombre, sont libres. L'ovaire est ovoïde ou globuleux , ou étroit et comme linéaire , à une seule loge , contenant un très-grand nombre d'ovules attachés à des trophospermes sailians , sous la forme de lames ou de fausses cloisons. Le style, très-court ou à peine dis- tinct, se termine par autant de stigmates qu'il y a de trophospermes. Le fruit est une capsule ovoïde , cou- ronnée par le stigmate, indéhiscente, ou s'ouvrant par de simples pores au-dessous du stigmate, ou bien elle est alongée en forme de silique , s'ouvrant en deux valves , ou se rompant transversalement par des articulations. Les graines , ordinairement fort petites , se composent d'un tégument propre , portant quelquefois une sorte de petite caroncule charnue , d'un endosperrae également charnu, dans lequel est placé un très-petit embryon cylindrique. M. de Jussieu avait réuni dans ses Papavéracées le genre Fiimaria, qui, mieux étudie , est devenu le type d'une famille distincte. Les genres de Papavéracées sont : Papaver, Argemone , Meconopsis , Sanguiriaria, Bocconia, Rœmeiia , Glauciuvi , Chelidoniiim et Hy- pecouin. INous réunissons à cette famille le Pcdbphyllum et le Jeffersonia , qui forment l'une des tribus de la famille des Podophyllées de M. De Candolle, famille dans laquelle ce professeur célèbre réunit, en ou- tre des deux genres mentionnés ici , le Caboniba et VHydropellis , qui forment une famille toi!t-à-fait distincte , et appartenant, selon nous, aux Monocotylédons. T'oyez Cabombées. * CRucïFÈRES. Crnc-ifirœ. Juss. L'une des familles les plus grandes et des plus nalu- HYPOPÉTALIE. 187 relies du règne végétal , composée de plan tes herbacées ou quelquefois soufrutescentes , croissant pour la plupart en Europe. Leurs feuilles sont alternes , simples , ou plus ou moins profondément incisées -, leurs fleurs , disposées en épis ou grappes simples ou paniculées. Le calice est formé de quatre sépales caducs , et dont deux sont quel- quefois bossus à leur base, La corolle se compose de quatre pétales onguiculés =, opTX)sés en croix ( de là le nom de Crucifères). Les étamànes , au nombre de six, sont tétradjmames , c'est-%dire qu'il y en a quatre plus grandes rapprochées deux par deux , et deux plus courtes et opposées. A la base des étamines on trouve sur le ré- ceptacle deux ou quatre glandes , dont une entre chaque paire des grandes étamines , et une plus grande sur laquelle est imposée chaque petite étaminc. L'ovaire est plus ou moins alongé , à deux loges séparées par une fausse cloi- son. Chaque loge contient un ou plusieurs ovules atta- chés au bord externe de la cloison membraneuse , qui n'est qu'un prolongement des deux trophospermes sutu- raux. Le style est court ou presque nul , et semble une continuation de la cloison : il se termine par un stigmate bilobé. Le fruit est une silique ou une silicule, d'une forme variable , indéhiscente , ou s'ouvrant en deux valves. Les graines sont attachées de chaque côté de la cloison. Leur embryon est immédiatement recouvert par le tégument propre -, il est plus ou moins recourbé sur lui-même. Les i^cnres qui composent cette farailîe sont extrcmc'.îient nom- breux. Linnéc les divisait ca deux ordres , suivant que le fruit était uirj si'i'ulcou une silique. Dans le premier, oa trouve entre autres les genêts Lepi clin m, Thhispi , Isatis, Myagriim , Cochlearia , Ibc~ ris, etc. Dans le second , les genres Ckciranthns , Sisymhrlam , Hcs- perls , Drasslca , Eruca , Sinripis , etc. ibo FAMILIER KATL'RELLES. * CArpARiDÉES. Capparideœ. Ce sont des plantes îicrbacées ou tles végétaux ligneux qui portent des feuilles alternes , simples ou digitées -, accompagnées à leur base de deux stipules foliacées. Leurs fleurs sont terminales , en forme d'épis ou de grappes, ou axiilaires et solitaires. Leur calice se compose de quatre sépales caducs , très-rarement soudés ensemble par leur base. La corolle est formée de j|patre à cinq pétales égaux ou inégaux. Les étamines sont tantôt en nom])re défini, tantôt et plus souvent en nombre indéfini. L'ovaire est simple , souvent élevé sur un support plus ou moins alongé , qu'on nomme podogyire , à la base duquel sont insérés les étamines et les pétales; il oflre une seule loge contenant plusieurs trophospermes saillans sous la forme de lames ou de fausses cloisons , portant un grand nombre d'ovules. Le fruit est sec ou charnu. Dans le premier cas, c'est une sorte de silique plus ou moins alongée , s'ou- A'rant en deux valves , comme dans la plupart des cruci- fères. Dans le second cas , c'est une baie uniloculaire et pol} sperme , dont les graines sont ou pariétales , ou sem- blent éparses dans la pulpe qui remplit le fruit. Ces graines sont en général réniformes , composées d'un épisperme sec et comme ci'ustacé , qui recouvre immédiatement un embryon un peu recourbé et dépourvu d'endosperme. Parmi les genres qui composent cette famille, nous citerons les suivans : Capparis , Cratœva, Morisonia , Boscia, Cicomc, etc. M. de Jussieu avait place dans sa famille des Capparidées plusieurs genres «jui sont devenus les types de familles distinctes. Ainsi , le Rescda forme la famille des Résédacées; les Droscra , Parnassirt , Jldro- xaiida et Dlonœa , les Droséracées ; le Mciicgrcu'ici et le Koraii- ten , les MARCGiiAviACs:r:s. Les Capparidccs ont les rapports les plus intimes avec les Cruci- fères; mais elles cîi diffèrent par leurs feuilles munies de stipules, leurs ctrîmincs nombreuses et la structure de leur fruit. HTPOi>ÉTALIE. 189 * RESKD ÂGÉES, liesedaceœ. Î)C. Plantes généralement lierbacées , rarement soiifrutes- centes , à feuilles alternes, sans stipules, souvent numies de deux glandes à leur Î3asc. Les fleurs forment des épis simples et terminaux. Le calice présente de quatre à six divisions profondes et persistantes. La corolle se com- pose d'un même nombre de pétales alternes avec les sé- pales du calice. Ces pétales sont, en général, composés de deux parties , Tune inférieure entière , l'autre supé- rieure , divisée en un nombre plus ou moins considérable de lanières. Les étamines sont généralement en nombre indéterminé (de quatorze à vingt-six); leurs filamens sont libres et hypogynes -, leurs anthères à deux loges , s'ouvrant chacune par un sillon longitudinal. En dehors des étamines, c'est-à-dire entre les pétales et les filets, on trouve une sorte de godet annulaire , glanduleux , plus élevé du côté supérieur, et formant ainsi un disque hypogyne d'une nature particulière. Le pistil , légère- ment stipité à sa base , paraît formé de la réunion intime de trois carpelles , et se termine supérieurement par trois cornes portant chacune un stigmate à son sommet. Cet ovaire oftïc une seule loge ouverte à son sommet, con- tenant un grand nombre d'ovules attachés à trois tro- phospermes pariétaux , qui ollVent le caractère remar- quable de ne point correspondre aux stigmates , mais d'alterner avec eux. Le fruit , très-rarement charnu , est ordinairement une capsule plus ou moins alongée , ou- verte naturellement à son sommet , qui se termine par trois angles , à une seule loge , et dont les graines sont rangées sur trois tropliospermes pariétaux. Ces graines, très-souvent rénlformes , sont composées d'un tégument igO FA3IILLES NATURELLES. assez épais, d'an enclosperme charnu très-mince, et d'un embryon recourbé on forme de fer à cheval. Cette faniillo ne se compoS':» que du genre Eeseda et de VOcIira- (lenris de M. DcHle. Le genre Reseda avait été placé par M. de Jus- sieu dans la famille des Capparidécs, et il faut convenir en effet qu'il a plusieurs points de contact avec cette famille, et en parti- culier avec !e genre CJcome. Mais M. de Tristan {Ann. du Mus. d'Hist. nat. , t. xvm, p. 392) en a formé le type d'une famille dis- tincte , adoptée par M. De CîUîdoîîe, et placée par le premier de ces botanistes entre les Passifîorécs et les Cistécs, mais néanmoins plus prés de ces dernières. Dans ses CoUectauea hotanica , t. xxii , M. J. Lindlcy a donné une explication tout-à-fait différente de la fleur du Réséda. Pour ce botaniste, le calice est un involucre com- mun ; chaque pétale est une fleur stérile , et le nectaire ou disque est un calice propre qui environne une fleur hermaphrodite , com- posée des étamiucs et du pistil. D'après cette manière de voir, M. Lindley rapproche les Résédacées des Erphorbiacées , qui offrent une disposition à peu près analogue. Mais néanmoins nous croyons que cette famille ne saurait être éloignée des Capparidées et des Cistées. CE2TT VïîTGT-'JKSÊIKS ?ArflîLLE. FLACOURTIANÉES. FlacuTtianeœ . Righ. — Bixînées. KUKTH. Arbrisseaux ù feuilles alternes , simples , entières , sou- vent coriaces, persistantes et dépourvues de stipules*, à fleurs pédonculées et axillaires , souvent unisexuées et dioïqucs, d'antres fois hermaphrodites. Leur calice est formé de trois à sept sépales distincts ou légèrement soudés par leur base. La corolle, qui manque quelquefois, se compose de cinq ou sept pétales alternant avec les sépales. Les étamines , en nombre défini ou indéfini , ont leurs filets libres , leurs anthères à deux loges : ces étamines sont , ainsi que la corolle , insérées au pourtour d"nn disque hypogyne et annulaire , qui manque rarement. L'ovaire est sessile ou stipité , globuleux , à une seule loge dans tous les genres de la famille , excepté dans le Fla- curtia , qui en office de six à neuf. Dans le premier cas, HYPOPÉTALIE. I9I il renferme un assez ;;rand nombre d'ovules attachés à des trophospermes pariétaux , dont le nombre est le même que relui des stigmates ou des lobes du stigmate. Le fruit est uniloouîaire, excepté dans le Flacurtia-, il est indé- hiscent ou déliiscent, et les Taivcs portent chacune un trophosperme sur le milieu de leur face interne. En gé- néral, le tégument propre de la graine est charnu, et l'embryon homotrope ?t droit, est placé au centre d'un endosperme charnu. Les genres qui composent cette famille ne nous paraissent point encore bien définitivement déterminés. Leur caractère essentiel consiste dans des placentas pariétaux, simples, ou plus souvent étalés et ramifiés sous la forme de veines qui tapissent la paroi in- terne de l'ovaire, comme nous l'avons déjà fait remarquer dans la tribu des Batomées de la famille des AHsmacées. Peut-être serait-il convena!)lc de réunir aux Flacourtia^écs la famille des Eixinées , établie par notre savant ami le professeur Kunth , et qui ne nous paraît point en différer scnsibîem.ent. Les genres principaux qui composent les Flacourtianées sont : Flacurtia , Roumca, KiggcUa- ria , Evythrospermum , etc. Cette famiîica du rapport avec les Cap- paridées> dont elle diffère surtout par son embryon pourvu d'un endosperme charnu, et par ses graines insérées sur le milieu et non sur le bord des valves. Elle a aussi que/que affinité avec les Cistées et les Tiliacées. * ciSTÉES. Cisleœ. DC. — Ci-dorwin fjenera. Ju.ss. Ce sont des plantes herbacées annuelles ou vivaccs , ou des arbustes ligneux, pcrtant des feuilles souvent op- posées, entières, et parfois munies de deux stipules; des fleurs axillaires ou terminales, solitaires ou en épis, en grappes ou en sertulcs. Leur cali 'c est à trois ou cinq di- visions très-profondes , tantôt égales , tantôt inégales , et deux étant plus extérieures ; leur corolle à cinq pétales chiffonnés, très -caducs, étalés en rose et sessiles; les étamines, fort nombreuses et libres*, l'ovaire, globu- leux , rarement uniloculaire , plus souvent à cinq ou dix 1<)2 FAMILLES 7ÎATURELLES. loges , contenant plusieurs ovules insérés au bord interne des cloisons: dans l'ovaire nniloculaire, les ovules s'at- tachent à des trophospermcs pariétaux. Le style et le stigmate sont simples. Le fruit est une capsule globu- leuse, enveloppée dans le calice , qui est persistant, of- frant une, trois, cinq ou même dix loges, et s'ouvrant en trois , cinq ou dix valves , portant chacune une des cloisons, ou un des trophospermcs sur le milieu de leur face interne. Les graines , assez nombreuses dans chaque loge , contiennent un embryon plus ou moins recourbé , ou roulé en spirale dans un endosperme charnu. Celte petite famille ne se compose que des genres Cis/iis et Hc- lirintheiinuîî. Telle qu'elle avait été établie par M. de Jussieu, dans son Generrt Planlanuu , elle renfermait les genres Fiol/i , Piparca, Piriqupfa et Tavhibota , qui forment aujourd'hui la famille des Yiol.'iriées. C^KT VÎKGT-TEOXS2ÈBIE rAMILLa, * DîiosÉR.vcÉES. Droseraccœ. BC. Plantes herbacées, annuollos ou vivaces , rarement soufrutescentes , ayant des feuilles alternes, souvent mu- nies de poils glanduleux et pédiccUés , et roulées en crosse avant leur développement. Leur calice est mono- sépale , à cinq divisions profondes , ou à cinq sépales distincts-, leur corolle, de cinq pétales planes et régu- liers. Lesétamines, au nombre de cinq, quelquefois de dix, alternent avec les pétales, et sont libres: quelque- fois on trouve en face de chaque pétale des appendices de forme variée : ces étamines sont généralement périgy- ncs et non hypogynes, comme on l'a dit jusqu'à pré- sent. L"ovaire est à une seule loge , rarement à deux ou trois: dans le premier cas , il contient un grand nombre d'ovules attachés à trois ou cinq trophospermcs parié- tiuix, simples ou biildes; dans le second cas, les cloi- sons pai'aissent ftjrmées par les trophospermcs saillans, HYPOPÉTALIE. 2q3 en forme de lames, et qui se rencontrent et s'unissent au centre de l'ovaire. Les stigmates , généralement en même nombre que les trophospermcs ou que les loges , sont ses- siles et rayonnans. Le fruit est une capsule ù une ou plu- sieurs loges, s'ouvrant seulement par sa moitié supé- rieure en trois, quatre ou cinq valves, portant, sur le milieu de leur face interne, un des trophospermcs. Les graines , souvent recouvertes d'un tissu cellulaire lâche , contiennent un embryon dressé, presque cylindrique, dans l'intérieur d'un endospermc mince qui manque quelquefois. Les genres rapportés à cette famille par M. De Candollo sont- Dro^ sera, Aidrovanda , Romanzofjia, Byblis . Rondula, Drosophyllum Dionœa et Parncssia. Mais en traitant avec quelques détails des caractères de cette famille , dans le tome v du Dictionnaire classi- que d Histoire naturelle, article Drosér.vcées , p. 024 , nous avons fait voir que l'on doit en retrancher, 1<> le Dionwa, qui a l'insertion réellement hypogync et les graines toutes attaclicv-s au fond de la capsule, et qui se rapproche peut-être davantage des Ilypéricécs; 2» le Romanzoffia , qui appartient aux Scrophulariées. La famille des Droséracées diffère des Vio!ariécs,dont ei!e se rar- proche beaucoup, par son insertion pcrigync, ral)sence des stipules et la régularité constante de la fleur, etc. CENT VIXaT-2TrATazsSSÏ2 FABîîLta. * viOLARiÉES. Fiolariewi DC. Herbes ou arbustes à feuilles alternes, très-rai'ement opposées, munies de deux stipules persistantes. Les fleurs sont axiUaires , pcdonculécs. Le calice se compose de cinq sépales libres , ou légèrement soudes entre eux à leur base , qui se prolonge quelquefois au-dessous de leur point d'attache, et qui sont égaux ou inégaux. La co- rolle se compose de cinq pétales inégaux, dont l'infé- rieur se prolongs à sa base en un éperon plus ou moins alongé : très-rarement la corolle est formée de cinq pé- tales réguliers. Les étamines, au nombre de cinq, sont a' Parlie. 194 FAMILLES NATURELLES. presque sesslîes, rapprochées ou continues latéralement entre elles , à deux loges introrses -, les deux qui sont pla- cées vers le pétale inférieur offrent assez souvent un ap- pendice en forme de corne recourbée , qui naît de leur partie dorsale , et se prolonge dans l'éperon. L'ovaire est globuleux , uniloculaire , contenant un grand nombre d'ovules attachés à trois trophospermes pariétaux. Le style est simple , un peu coudé à sa base , renflé vers sa partie supérieure , qui se termine par un stigmate un peu latéral, et offrant une petite fossette semi-circulaire. Le fruit est une capsule uniloculaire , s'ouvrant en trois Vf Ives , qui , chacune , portent un trophosperme sur le milieu de leur face interne. Les graines contiennent un embryon dressé dans un endosperme charnu. Les Violariécs , qui se composent des genres Viola, lonidium , hyhanthus f Noisetlia, Coiilioria , Jlsodeia , etc. , se distinguent surtout des Cistécs par leur corolle souvent irrégulière , leurs cinq ëtamines, leur stigmate renfle et concave, etc. Elles ont aussi des rapports avec les Polygalées , les Droséracées , etc. CENT VSNGT -CÏÎÎQîriÈME PAMEL£2. * vn^k^KÈnwcwE.^. Frankeniaceœ. Aug. Saist-Hilaire. Les Frankéniacées sont herbacées ou frutescentes. Leurs feuilles sont alternes ou verticillées, entières ou dentées en scie , avec des nervures latérales trcs-rappro- rhées , munies à leur base de deux stipules , qui man- quent seulement dans le genre Frankenia. Les fleurs sont axiliaires, disposées en grappes simples ou composées, ou en panicules : ces fleurs sont hermaphrodites. Leur calice est formé de cinq sépales, légèrement soudés à leur base; la corolle de cinq pétales, égaux ou inégaux. Dans le genre Sauimgesîa , on observe de plus un verti- cille de filamcns renflés en massue , et une corolle qui existe aussi dans le genre Luxemhurgîa. Les étamines sont au noniljre de cinq, de huit, ou indéfinies j elles HYPOPÉTALIE. 1q5 sont libres. Leurs anthères sont à deux loges extrorses, qui s'ouvrent par une fente lonoitiidinale ou un pore. L'ovaire est ovoïde , alonge. , ou trigone , souvent placé sur un disque hj^pogyne; il offre une seule loge , conte- nant trois trophospermes pariétaux, portant chacun un assez grand nombre d'ovules. Le stjde est grêle , terminé par un stigmate extrêmement petit. Le fruit est une cap- sule recouverte par le calice ou par la corolle intérieure , à une seule loge qui s'ouvre en trois valves , dont les bords, légèrement rentrans, forment trois cloisons incom- plètes, portant les graines. Celles-ci, au centre d'un en- dosperme charnu , contiennent un petit embryon axile, cylindrique et homotrope. Cette petite faiiiille se compose des i^onres Frankcnia, Lnvradia, Sauvasesia et Luxemburgia. Elle a les plus grands rapports avec les Cistecs, les Violacées et les Droséracées ; mais elle en diffère surtout par le mode de déliiscence de ses capsules, dont les valves portent les graines sur leurs bords rentrans , tandis que les pla- centas sont placés sur le milieu de la face ialcrne des valves dans les familles précédentes. CEÏÏT V1ÎÎST-SÏ2ÏSBÏ3 rASÎSLlH. '^ CARYOPHYLLÉES. Caryophylleœ. Juss. Les Caryophjdiées sont herbacées, rarement soufrutes- rentes à leur base. Leurs tiges sont souvent noueuses et articulées. Leurs feuilles , opposées ou verticillées , sont simples. Les fleurs , généralement hermaphrodites, sont terminales ou axillaires. Leur calice se compose de qua- tre à cinq sépales distincts ou soudés entre eux , et for- mant un tube cylindrique ou vésiculeux, simplement denté à son sommet. La corolle, de cinq pétales ordi- nairement onguiculés à leur base, manque très-rare- ment. Le nombre des étamines est, en général, égal ou double des pétales : dans ce dernier cas , cinq sont alter- nes avec les pétales, et cinq leur sont opposées, et sesou- i3. 196 FAMILLES NATURELLES. dent inférieurement avec les onglets*, toutes sont insérées à un disque hypogync qui supporte l'ovaire. Celui-ci présente depuis une jusqu'à cinq loges. Les ovules, qui sont nombreux , sont attachés à un trophosperme central; quand il est pluriloculaire , les ovules sont attachés à l'angle interne de chaque loge. Les styles varient de deux à cinq , et se terminent chacun par im stigmate subulé. Le fruit est une capsule , très-rarement une baie , ayant d'une à cinq loges polyspermes : cette capsule s'ouvre , soit par son sommet, au moyen de petites dents qui s'écartent les unes des autres , soit par des valves com- plètes. Les graines sont tantôt planes et membraneuses, tantôt arrondies; elles contiennent un embryon re- courbé ou comme roulé autour d'un endosperme fari- neux. Plusieurs genres, d'abord placés dans cette famille, en ont été retiri^s et réunis à quelques autres, tirés de la famille des Amaran- thacées , forment la nouvelle famille des Paronychiées , qui se dis- tingue surtout jjar son insertion périgynique : tels sont les genres Polycarpon , Lœfflingia, Minuartia , Qiicria. Les genres /./«»/« et Lechea , dont on avait fait la famille des Linacées , ont été réunis aux Géraniacécs. Le Frunkenia est devenu le type de la famille des Frankéniacécs ; le Sarothra a été reporté dans les Hypéricinécs. On peut diviser en deux tribus les genres de cette famille, savoir : 1". Les DiAXTifÉES, qui ont un calice monosépale tubulcux ; des pétales longuement onguiculés : Diaiithus , Silène, Lychms, yigros- temma , Cucubalits, etc. S**. Les Alsixées , dont le calice est étalé et les pétales sans on- glet : Jrenaria, Jlsine, Spergida, Cemstiiiin, MoKugo, etc. PÉRIPÉTALIE. 197 QUATORZIÈME CLASSE. PÉRIPÉTALIE *. OEWTT VINGT-SEPTIÈME FAIVÎII.I.B. * PARONYCHIÉES. Paromjchice. Aug. St.-Hil. Plantes herbacées ou soiifrutescentes , portant des feuilles opposées , souvent connées par leur base , avec ou sans stipules -, des fleurs très-petites , axillaires ou ter- minales , nues ou accompagnées de bractées scarieuses. Leur calice , monosépale , souvent persistant , offre cinq divisions plus ou moins profondes -, assez souvent il forme un tube à sa partie inférieure, qui est épaissie par un bourrelet glanduleux. Les pétales , au nombre de cinq, très-petits et squammi formes ou même nuls, sont insérés au haut du tube calycinal. Les étamines , égale- ment au nombre de cinq , dont quelques-unes avortent parfois , sont* alternes avec les pétales , et ont leurs an- thères introrses. L'ovaire est libre, à une seule loge con- tenant un seul ovule placé au sommet d'un podosperme basilaire quelquefois très-long, et, dans ce cas, l'ovule est renversé; d'autres fois plusieurs ovules sont attachés à un trophosperme central très-court. Le stigmate est ' Indt^pendamment des familles dont nous avons tracé les carac- tères, plusieurs autres appartiennent aussi h la même classe; mais comme leurs caractères ue sont pas encore bien parfaitement dé- terminés, ou qu'elles ne se composent que d'un très-petit nombre de genres, nous avons cru devoir les négliger dans un livre de la nature de celui-ci. Telles sont, 1° les Escallomîïes (R. Brovv.at ), voisines des Saxifragées ; 2" les Stackhoi'SIKES ( R. Buovvim), qui ne se composent que du genre Sluckhousia ; 3" les Chaillétikes ( R. Brown ) ; 4" et les Aquilarixées ( R. Buovv.x ) , intermé- diaires entre les Rhamnécs et les Térébinthacées, et qui compren- nent , les premières , les genres Chailletia, Leucosia et Tapiira; et les secondes, les genres Jquilaria, O^'phipennum et Gyrinops. 198 FAMILLES NATURELLES. tantôt sessile et simple , tantôt il est bifide , et porté sur un style assez court. Le fruit est une capsule déhiscente , au moyen de valves ou de fentes , ou bien elle reste close. Les graines se composent, outre leur tégument propre , d'un embryon cylindrique appliqué sur un des côtés , ou roulé autour d'un eudosperme farineux. La ra- dicule est toujours tournée vers le liile. Cette faraiUe, établie par M. Aiig. fie Saint-Hilaire, se compose de genres retirés des Amarantiiacées , des Pcrtulacécs et des Caryo- phylJces, dont ils s'éloignent surtout par leur insertion périgyni- que , tandis qu'elle est liypogyaique dans les deux autres. Nous avons divisé les genres dcsParonychiécs en deux tribus, savoir: 1°. Les ScLÉRArvTHÉES , qui renferment les genres qui n'ont pas de bractées, dont les divisions calycinales ne sont pas scarieuses sur les bords ; les feuilles sans stipules et connées. Ex. : Lœfflingia , Mi- mtartia , Queria, Scleran/hi/s , Miticirum et Larbrca. 2°. Les Paro.^ychiées vraies, dont les genres ont leurs fleurs munies de bractées; leurs divisions calycinales scarieuses sur les bords, souvent cliarnues et creusées eu gouttière; les feuilles ac- compagnées de stipules. Ex. : Gyiunocarpiis, Paronychui, lllecc britin, Anychia, Herniaria , Polrcarpon , Hagea , etc. CSHT VSNQT-HÎTSTZÈaiB rAISaiXlB. * PORTULAGÉES. Porlulcicece. Juss. Plantes herbacées , rarement frutescentes , ayant des feuilles opposées , quelquefois alternes, épaisses et cliar- nues , sans stipules -, des fleurs généralement terminales. Leur calice est en général formé de deux sépales plus ou moins soudés, et souvent comme tubuléà la base. La co- rolle se compose de cinq pétales libres , ou légèremeut soudés entre eux , et formant une corolle monopétale. Les étamines sont en mê ne nombre que les pétales , insé- rées à leur base, et leur sont opposées-, elles sont ra- rement plus nombreuses. L'ovaire est libre, ou presque scmi-infùre, à une seule loge , contenant un nombre va- riable d'ovules , naissant immédiatement du fond de la loge, ou attachés à un trophosperrae central. Le style est PÉRIPÉTALIE. 199 simple , terminé par trois ou cinq stigmates filiformes. Le fruit est une capsule uniloculaire , contenant trois ou plusieurs graines, et s'ouvrant, soit en trois valves, soit en deux valves superposées. Les graines, sous leur tégument propre , souvent crustacé , renferment un em- bryon cylindrique qui est roulé sur un endosperme fari- neux, riusieurs genres, d'abord réunis à cette famille, en ont été re- tranchés. Ainsi , le Taimuix forme la famille des ïaniariscinées, qui diffère surtout par l'absence de Fendosperme ; les genres Scleran- thus, Gymnocarpiis , et probablement XeTeleplduiii et le Corrigiola ont été portés dans la nouvelle famille des Paronycliiées, qui n'eri diffèrent guère que parleurs éîamincs alternes et non opposées aux pétales; leur stigmate simple ou bifide, et non tri ou quinquéfide. Les genres qui restent parmi les Portulacées sont : Portulaca, Ta- linum , Montia , etc. CSHT VIÎÎST-SïaUVîÉBIH r&asïL2.s. * FicoÏDÉES. Fîcoïdeœ. Juss. Ce sont en général des plantes grasses , comme les Cras- sulacées, ayant leurs feuilles alternes ou opposées-, leurs fleurs , souvent très-grandes , axillaires ou terminales : chacune d'elles présente im calice monosépale, souver t campanule et persistant , ayant son limbe quelquefois coloré , et à quatre ou cinq lobes -, une corolle polj'pé- tale, et dont les pétales sont quelquefois en nombre indé- fini, d'autres fois soudés en une corolle monopétale: plus rarement la corolle manque. Les étamines sont généra- lement assez nombreuses , libres et distinctes. L'ovaire est tantôt entièrement libre , tantôt adhérent par sa base avec le calice, il ofï're de trois à cinq loges, contenant chacune plusieurs ovules attachés à un tropliosperme qui naît de l'angle interne de chaque loge : cet ovaire est surmonté de trois à cinq styles, terminés chacun par un stigmate simple. Le fruit est tantôt une baie, tantôt une capsule environnée par le calice j à trois ou cinc| loges ÔOO FAMILLES NATUÏIËLLES. polyspeimes. Leurs graines offrent un embryon roulé au- tour d'un cndosperme farineux. Cette fainiile a de fiôs-graïuls rnppcrts avec les Fortul?.cée?, dont elle diffère par ses pétales et ses étaniines, généralement en grand nombre, par sa pluralité de styles, et son ovaire à trois ou cinq loges, et non uniloculaire, comme dans les Portulacécs. Les genres prin- cipaux de la fanîjllc des Ficoïdécs sont : Reainnuria, Meseinbijan- themuin , Nitmria, Tetragonia , etc. Cette famille , qui , par soii port, se rapproche des Crnssulacéea, co diffère par son ovaire pJDiple, * SAXiFEAGÉES. Saxifrageœ. Juss. Cunoniaçeœ^ R. J3p.o\V]y, Les Saxifragées sont des plantes herbacées , rarement des arbustes ou des arbres, dont les feuilles sont alternes ou opposées, simples, et quelquefois composées, avec ou sans stipules. Leurs fleurs, tantôt solitaires, tantôt di- versement groupées en épis, en j>rappes , etc. , offrent un calice mouosépale , tubuleux inférieurement , où il se soude avec l'ovaire , terminé supérieurement par trois ou cinq divisions, La corolle, qui manque très-rare- ment , est formée de quatre à cinq pétales quelquefois soudés par leur base. Les étamines sont en général en nombre double des pétales , quelquefois en nombre in- défini. L'ovaire est à deux , plus rarement à quatre ou cinq loges-, il est tantôt tout-à-fait libre , tantôt semi-in- fère ou presque infère , terminé à son sommet par autant de styles qu'il y a de loges. Celles-ci contiennent ordi- nairement plusieurs, très-rarement un seul ovule : ces ovules sont attachés à un trophosperme placé le long de la cloison. Le fruit , qui est rarement charnu , est en gé- néral une capsule terminée supérieurement par deux cornes plus ou moins alongées, s'ouvrant souvent en deux valves septifèrcs. Les gr'aines offrent sous leur té- PERIPETALIE. 201 gument propre un endosperme cliainu qui contient un embryon axile , homotrope , quelquefois un peu re- courbé. Cette famille, .MaqiicUe nous réunissons les Cunonlacdcs de M. R. Brown , qui n'en diffèrent que par leur tige ligneuse, se compose des genres Saxifmga, Heuchcra , Tiarella , Cunonia, jrcinnmdu- nia, ctc CENT 7S.zvTs-'a:aitvas famiiib. HAMAMÉLIDÉES, Hamamelideœ, R. Browit. Ce sont des arbustes ù feuilles alternes , simples , mu- nies souvent de deux stipules caduques. Les fleurs sont axillaires, ayant un calice compensé de^ quatre sépales, quelquefois réunis en tube à leur partie inférieure , et soudés avec l'ovaire, qui est semi-infère. La corolle se compose de quatre pétales alongés , linéaires, valvaires, et un peu tordus avant Tépanouisscment des fleurs. Les étamines sont au nombre de quatre , alternes avec les pé- tales, ayant leurs anthères introrscs, et à deux loges, s'ouvrant par une valvule qui est parfois commune aux deux loges, et qui occupe leur face interne : devant cha- que pétale, on trouve souvent une écaille de forme va- riée, et qui paraît tenir lieu d'une étamine avortée. L'o- vaire est semi-infère , ou entièrement libre , à deux loges, contenant chacune un ovule suspendu. Du sommet de l'ovaire naissent deux styles, terminés chacun par un stigmate simple. Le fruit, enveloppé par le calice, est sec, à deux loges monospermes , s'ouvrant en général en deux valves septifèrcs. Les graines se composent d'un embryon homotrope , recouvert par un endosperme charnu. Le genre Hamamelis, qui forme le type de cette famille , avait été placé par M. de Jussicu à la lin des Bcrbéridcçs; mais son insertion est bien réellement pc'rij:;ynique. M. Roh. Krown ( in Abcl Itcr Chi- nens.) a proposé d'établir pour ce genre une fanîillo particulière , 203 FAMILLES NATURELLES. SOUS le nom d'HamaTnélidëcs. Il rapporte , en outre, à cette famille les genres Dicoryphe et Dahlia, et en rapproche le Fothergilla , qui cependant en diffère par plusieurs caractères. C'est auprès de cette nouvelle famille que l'illustre botaniste anglais pense qu'il faut placer sa famille des Bruniacées. Quant aux Hamamélidées elles- mêmes , elles nous paraissent avoir beaucoup de rapports avec les Saxifragées. brujviacées. Brimiaceœ. II. Brown. Ad. Brong. Les plantes qui forment cette famille sont des arbustes qui 5 par leur port , ressemblent beaucoup aux Bruyères , et aux Pliylica , ou Bruyères da Cap : tous sont originai- res du cap de Bonne- Espérance. Leurs feuilles sont très- petites 5 roides , entières , quelquefois imbriquées. Les fleurs sont petites, disposées en capitules, plus rarement en panicules. Le calice est monosépale, à cinq divisions, adhérent en général par sa base ave*) l'ovaire , qui est infère ou semi-infère ( il est libre dans le seul genre Ras- palia ) : les cinq divisions sont imbriquées , de même que la corolle , avant leur épanouissement. Les pétales sont au nombre de cinq et alternes. Les cinq étamines sont al- ternes avec les pétales , et leurs filets adhèrent latérale- ment avec la base de chacun des pétales j ce qui a fait croire à quelques auteurs qu'ils étaient opposés aux pé- tales. L'ovaire est semi-infère, ou infère , ou enfin libre , à une ou trois loges , contenant chacune un ou deux ovu- les collatéraux et suspendus. Le stjde est simple ou bifide, ou les deux styles sont distincts , et terminés chacun par un très-petit stigmate. Le fruit est sec, couronné par le calice, la corolle et les étamines, qui sont persistante?, indéhiscent, ou se séparant en deux .coques généralement monospermes, s'ouvrant par une fente long tudinale et interne. Les graines sont suspendues, contenant un très- petit embryon homotrope placé vers la base d'un endo- sperme charnu. PÉRIPÉTALIE. 205 Cette petite famille, indiquée par Rob; Brown ( in Ahel Iter Chin.), a été adoptée par U. De CandoUe ( Prodr. sys. , 2 , p. 43). M. Adolphe Brongniait en a fait l'objet d'un mémoire spécial, dans lequel il a mieux tracé et les caractères de la famille , et ceux des genres qui la composent. Le genre Briinia , qui en forme le type, avait été placé par M. de Jussicu à côté du Phylica dans la famille des Rhamnées ; mais il en diffère par plusieurs caractères , tels que ses étamines alternes et non opposées aux pétales; ses ovules sou- vent géminés et suspendus, et non solitaires et dressés, etc. M. Brown pense que les Bruniacées doivent être rapprochées des Hygrobiécs et des Hamamélidécs , tandis que M. De Candolle les place au voisinage des Rhamnées. Dans son travail sur cette fa- mille, M. Brongniart énumère les genres suivans: /?e/-;:e//ff, Brunia, Raspalia , Staa-.'la, Bera relia, Linconia , Judouinia , Tittmannia et Tamnea. CENT THE3ÎTS-TKOÏSÏÈBSE FArJïS.LH. * CRASSULACÉES. CrassiiJaceœ. DC. — Setnperviveœ. Juss. Cette famille se compose de plantes herbacées , ou d'arbustes dont les fouilles , les tiges , et en général toutes les parties herbacées, sont épaisses et charnues : ces feuil- les sont alternes ou opposées. Leurs fleurs, qui présentent quelquefois des couleurs très-vives , offrent diflerens mo- des d'inflorescence. Leur calice est profondément divisé €n un grand nombre de segmens. La corolle se com- pose d'un nombre variable , quelquefois très-grand , de pétales réguliers , distincts ou soudés en une corolle mo- nopétale. Le nombre des étamines est le même, ou plus rarement double des pétales , ou des lobes de la corolle monopétale, Au fond de la fleur, ou trouve constam- ment plusieurs pistils distincts , et dont le nombre varie de trois à douze, et même au-delà: chacun d'eux se compose d'un ovaire plus ou moins alongé , à une seule loge , contenant plusieurs ovules attachés à un tropho- sperme suturai et interne. Le style et le stigmate sont simples. Les fruits sont des capsules uniloculaires , poly- 204 FAMILLES NATURELLES. spermes , s'ouvrant par leur suture longitudinale et in- terne. Leurs graines offrent vin embryon plus ou moins recom'bé, enveloppant en quelque sorte un endospermo farineux. Cette famille , composée de plantes grasses , a , par ses capsules polyspennes uniloculaires, et s'ouvrant par une seule suture longi- tudinale, du rapport avec les genres de la famille des ilenoncula- cées, qui offrent le même caractère. Mais elle se rapproche davan- tage des Saxifragées et des Ficoïdées, dont elle diffère surtout par ses pistils distincts au centre de la fleur. Les genres principaux sont: Tillcea , BuUanUa , L.asi-ida , Cotylédon, Bryophyllum , Sedum j Sempeivi\'um. CENT TRSITTS-QUATBIÈKIE FAXa^LLS. * jvoPALÉES. Nopaleœ, Vekt, Cacti, Juss. Cette famille se compose uniquement du genre Cactus de Linnée , et des divisions qu'on y a établies. Ce sont des plantes vivaces, souvent arborescentes, d'un port tout particulier, qui n'a d'analogue que dans quelques Eu- phorbes. Leurs tiges sont ou cylindriques, rameuses, cannelées , anguleuses , ou composées de pièces articu- lées, qui ont été considérées comme des feuilles. Les feuil- les manquent presque constamment , et sont remplacées par des épines réunies en faisceaux. Les fleurs, qui sont quelquefois très-grandes et brillent du plus vif éclat, sont en général solitaires , et placées à l'aisselle d'un de ces faisceaux d'épines. Leur calice est monosépale, adhé- rent avec l'ovaire infère, quelquefois écailleux extérieu- rement, terminé à son sommet par un limbe, composé d'un grand nombre de lobes inégaux, qui se confondent avec les pétales : ceux-ci sont en général très-nombreux, et disposés sur plusieurs rangs. Les étamines, également très-nombreuses , ont leurs filets grêles et capillaires. L'ovaire est infère, à une seule loge , contenant un grand nombre d'ovules attachés à des trophospermes pariétaux, PÉRIPÉTALIE. 205 dont le nombre est tirs-yariaLle , et ordinairement en rapport a'vec celui des stigmates. Le style est simple, terminé par trois ou un plus grand nomJjre de stigmates rayonnes. Le fruit est charnu , ombiliqué à son som- met. Ses graines ont un double tégument , et renfer- ment un embryon droit ou recourbé , dépourvu d'endo- sperme. M. de Jussieu avait réuni dans cette famille, avec le genre Cactus , le genre Ribes, dont on a formé la famille des Ribésiées. Voyez ci- dessous les différences qui existent entre ces deux familles, CENT THEKTE-CINQTriàiyiS T&MZVLB. * RIBÉSIÉES. lUhÉsicB. RiCH. Grossulciriées. DC. Arbrisseaux buissonneux , quelquefois épineux , ayant des feuilles alternes , sans stipules ; des fleurs axillaires , solitaires , géminées ou disposées en épis ou grappes sim- ples. Leur calice est monosépale, tubuleux inférieure- ïnent, où il adhère avec l'ovaire , ayant son limbe évasé et comme campaniforme , à cinq divisions étalées ou ré- fléchies. Leur corolle est formée de cinq pétales quel- quefois très-petits. Les étamines , en même nombre que les pétales, et alternes avec eux, sont insérées vers le milieu du limbe calicynal. L'ovaire est infère, à une seule loge , contenant un grand nombre d'ovules atta- chés sur plusieurs rangs à deux trophospermes pariétaux. Les deux styles sont plus ou moins soudés entre eux , et se terminent chacun par un stigmate simple. Le fruit est une baie globuleuse , ombiliquée , polysperme , et ses graines se composent d'un gros embryon , immédiate- ment recouvert par le tégument propre. Le seul genre Ribes, auquel on pourrait peut-être ajouter le genre Gronovia , auparavant placé dans les Cucurbitacées , compose cette famille. Elle est extrî^mement voisine des Nopalées, dont elle diffère surtout par le port si différent des végétaux qui la composent , par leurs pétajes et leurs étamines constamment au nombre de Cinq , et ^06 FAMILLES NATURELLES. non en nombre indéterminé, comme dans les Cactus; par leurs deux trophospermes et leurs deux styles. Dans un autre ouvrage ( Bota- nique mcdicale, p. 487 ) , j'ai proposé de diviser les espèces nom- breuses de ce genre en trois sections ou sous-genres , ayant pour type , l'une, le Ribes iiva-cr;spa ; ïuntve , le Ribes nigruiii, et la troi- sième, le Ribes rubnnn. J'ai appelé la première Grossularia , la se- conde Ribes , et la troisième Botrycarpum. CSNT TKENTS-SÎKÎÈME FAMILLE. * cucuRBiTACÉES. Cueuvhitaceœ. Juss. Grandes plantes herbacées , souvent volubiles , cou- yertes de poils courts et très-rudes. Leurs feuilles sont alternes, pétiolëes, plus ou moins lobées. Leurs vrilles , qui sont simples ou rameuses , naissent à côté des pétio- les. Les fleurs sont en général unisexuées et monoïques, très-rarement hermaphrodites. Le caVice est monosépale: dans les fleurs femelles , il offre un tube globuleux adhé- rent avec l'ovaire infère. Son limbe , plus ou moins campanule , et à cinq lobes , est confondu et intime- ment soudé avec la corolle , et n'a de distinct que le som- met de ses lobes. La corolle est formée de cinq pétales , réunis entre eux au moyen du liml)e calycinal , et repré- sentant ainsi une corolle monopétale. Les étamines , au nombre de cinq , ont leurs filets monadelphes , ou réunis en trois faisceaux , deux formés chacun de deux étami- nes, et le troisième, d'une seule étamine. Les anthères sont uniloculaires, linéaires, contournées sur elles-mêmes, en forme d' c/: placée horizontalement, et dont les bran- ches seraient très-rapprochées. Dans les fleurs femelles, le sommet de l'ovaire, qui est infère, est couronné par un disque épigyne. Le style est épais , court , terminé par trois stigmates épais , et souvent bilobés : cet ovaire est à une seule loge dans les deux genres Sicyos et Gronovia: il contient un seul ovule pendant-, mais, en général, il offre trois trophospermes pariétaux, triangulaires, très- PÉRIPÉTAtlE. 207 épais , continus les uns aux autres par leurs côtés , et remplissant ainsi toute la cavité de l'ovaire ;, et donnant attache aux ovules à leur point d'origine sur les parois de l'ovaire. Le fruit est charnu, ombiliquë à son som- met : c'est une péponide. Les graines, à la maturité du fruit , semblent éparses au milieu d'un tissu cellulaire , filamenteux ou charnu. Le tégument propre est assez, épais, ei recouvre immédiatement un gros embryon ho- motrope dépourvu d'endosperme. Les genres principaux de cette famille sont ; Cucumls , Cnciir- bita , Pcpo , EcbalUnm , Momordica, Bryonia , Gronovia , etc. Elle a des rapports assez grands avec la famille des Onagres, dont elle diffère très-bien par la structure de son périanthc, et surtout celle de son fruit. Elle se rapproche également beaucoup des Nopalèes et des Ribésiées. Quant au genre Passiflora, d'abord placé dans cette famille , il est devenu le type d'un ordre distinct , sous le nom de Tassiflorées. CEÏÏX' TSSHr2-3SI?T£SME FAΫïr.La. LOASÉES. Loaseœ. Juss. Plantes herbacées, rameuses, souvent couvertes de poils hispides, et dont la piqûre est brûlante, comme celle des orties. Leurs feuilles sont alternes ou opposées, entières ou diversement lobées. Leurs fleurs, assez sou- vent jaunes et grandes , sont tantôt solitaires, tantôt di- versement groupées. On y trouve un calice monosépale, tubuleux, libre ou adhérent avec l'ovaire infère, ayant son limbe à cinq divisions-, une corolle de cinq pétales, réguliers, planes ou concaves. La gorge du calice est quel- quefois garnie de cinq appendices , ou d'un rebord dé- coupé. Les étamines, généralement très - nombreuses , sont quelquefois en même nombre que les pétales. L'o- vaire est libre et infère , à une seule loge^ offrant inté- rieurement trois trophospermes pariétaux, quelquefois saillans en forme de cloisons , et portant plusieurs ovu- 208 FAMILLES natuhelles. les : cet ovaire est surmonté de trois longs styles grêles ,, quelquefois renais en un seul, et terminés chacun par un stigmate simple, ou en forme de pinceau. Le fruit est une capsule , couronnée par les lobes du calice , ou nue , s'ouvrant j par son sommet seulement , en trois valves qui portent un des trophospermes sur le milieu de leur face interne , excepté dans le genre Loasa, où les tro- phospermes correspondent aux sutures. Les graines, quelquefois arillées, offrent un embryon homotrope dans un endosperme charnu. Cette famille se compose des genres Loctsri , Mentzelia, Klapro» thia , Dlumenbacliia , auxquels M. Kunth a ajouté le Turnera et le Piriqueta. Elle a de grands rapports avec les Onagraircs et les Nopa- lées, mais en diffère par des caractères très-tranchès. Ainsi, dans les Onagraires, l'ovaire est pluriloculaire ; les étamincs sont en nombre déterminé, etc. Dans les Nopalées, le fruit est charnu, et la graine sans endosperme. CENT TRSîTÏ'E-BlTÏTÏÈaîE PAMÏtlE, pAssiFLORÉES. Pûssifloreœ, Juss. Plantes herl^acées , ou arbustes à tige sarmcnteuse , munies de vrilles extra-asillaires , et de feuilles alternes simples ou lobées , et accompagnées de deux stipules à leur base. Plus rarement, ce sont des arbres dépourvus de vrilles. Leurs fleurs sont en général grandes et soli- taires; plus rarement elles forment une sorte de gi'appe. Ces fleurs sont hermaphrodites , ayant un calice mono- sépale, turbiné ou longuement tubuleux , à cinq divi- sions plus ou moins profondes, quelquefois colorées-, une corolle de cinq pétales insérés au haut du tube du calice 5 cinq étamines monadelphes par leur base, et formant un tube qui recouvre le support de l'ovaire , et se soude avec lui. Les anthères sont versatiles, à deux loges. En dehors des étamines sont des appendices très-va- riés, tantôt filamenteux, tantôt sous la forme d'écaillés PÉRIPÉTALIE. 209 OU de glandes pédicellées , réunis circulairoment , et for- mant d'une à trois couronnes qui naissent à Torifice et sur les parois du tube calycinal : quelquefois ces appen- dices , et même la corolle , manquent complètement. L'ovaire est libre, longuement stipité, aune seule loge, offrant de trois à cinq tropliospermes longitudinaux, qui parfois sont saillans en forme de fausses cloisons , et qui donnent attache à un grand nombre d'ovules 5 il est sur- monté de trois ou quatre styles , terminés par autant de stigmates simples : rarement les stigmates sont sessiles. Le fruit est charnu int(?rieurement , contenant im très- grand nombre de graines-, plus rarement il est sec, mais toujours indéhiscent. Les graines ont un endosperme charnu , dans lequel est un embrj^on homotrope et axile. Scion M. Ù0 Jussieu , les Passiflordcs , de nièine que les Cucurbi- tacécs , n'auraient qu'un périanthe simple , et l'organe que nous avons décrit comme la corolle, et qui manque dans quelques gen- res, devrait être assimilé aux appendices nombreux qui garnissent le tube du calice. Quelle que soit l'opinion que l'on adopte à cet égard , il n'en reste pas moins très-difficile de déterminer avec exac- titude la place des Passiflorécs dans la série des ordres naturels. Elles ne nous paraissent avoir que de bien faibles rapports avec les Cucurbitacées, parmi lesquelles le genre Passiflore avait été rangé. Mais cependant on peut leur trouver quelque affinité éloignée avec certaines familles de plantes polypétalcs , et en particulier avec les Capparidées , et surtout avec les Loasées , dans le voisinage des- quelles elles nous paraissent devoir être rangées. Les Passiflorécs se composent des genres Passiflora, Taxonia , Mnnicttja , Malcsherbia , Dcidamia , Kolbia , et probablement le Cai-ica , placé aussi dans les Cucurbitacées, CENT TKEÎîTB-2îEXTVI2nîE FAEULir. MYGROSiÉES. îïygrohieœ. Ricn. Cevcodlennes, Juss. HaloVageœ R. Brown. Petite famille , composée en général de plantes aqua- tiques , portant souvent des feuilles verticillées , des fleurs très-petites, axillaires, et quelquefois unisexuées, ayant un calice monosépale, adhérent avec l'ovaire infère , et 9' Partie, 1^ 210 FAMILLES NATURELLES. terminé supérieurement par un limbe à trois ou quatre lobes. La corolle , qui manque quelquefois , se compose de trois à quatre pétales alternes avec les lobes du ca- lice. Les étamines sont en nombre égal ou double des pétales, auxquels elles sont opposées dans le premier cas. L'ovaire présente de trois à quatre loges , contenant chacune un seul ovule renversé. Du sommet de l'ovaire naissent trois ou quatre stigmates filiformes , glanduleux ou velus. Le fruit est une baie , ou une capsule cou- ronnée par les lobes du calice , à plusieurs loges mono- spermes. Chaque graine, qui est renversée, contient, dans un endosperme charnu , un embryon cylindrique et ho- motrope. * Les genres qui composent cette fr.miHe avaient d'abord été placés parmi les Onagraires ou les Nayadcs. Ces genres sont : Myriophyl- lum , Haloragis , Cercodia , Proserpinaca , Trixis , etc. Elle diffère surtout des Onagraires par son ovaire à loges monospermes , ses graines pendantes, et soji embryon pourvu d'un endosperme cbarnu. * OKAGRARiÉES Onmjrariœ. Juss. Végétaux herbacés , rarement frutescens , portant des feuilles simples , opposées ou éparses , et des fleurs termi- nales ou axillaires. Leur calice est adhérent avec l'ovaire infère -, son limbe , à quatre ou cinq lobes ; la corolle , formée de quatre à cinq pétales, incombans latéralement et tordus en spirale avant leur parfait épanouissement : cette corolle manque rarement. Les étamines sont en même nomîjrc ou double , quelquefois moindre , des pé- tales; elles sont insérées au tube du calice. L'ovaire, infère , oôire de quatre à cinq loges , contenant un assez grand nombre d'ovules attachés à leur angle interne. Le style est simple , et le stigmate est tantôt simple , tantôt à quatre ou cinq lobes. Le fruit est une baie ou une capsule à quatre ou cinq loges , ne contenant souvent PERIPETALIE. 211 charnue qu'un petit nombre de graines , et s'ouvrant en autant de valves portant chacune une des cloisons sur le milieu de leur face interne. Les graines offrent un tégument propre , en général formé de deux feuillets , et recouvrant immédiatement un embryon homotrope et dépourvu d'endosperme. M. de Jussicu , dans sa famille des Onàgraires , avait d'abord placé un certain nombre de genres qui en ont été successivement retirés. Ainsi, le genre Mocancra nous paraît appartenir j'i la famille des Ternstrœraiacées; le Cercodia forme le type de la famille des Hy- grobiées. Les genres Cacoucia, Combretum, rentrent dans les Com- hrétacées ; le Santalum forme le type des Santalacées ; les genres Mouriria et Petaloma nous paraissent appartenir aux Mélastoraa- cées , et enfin les genres -Loasa et Mentzelia constituent la famille des Loasécs. On trouve, entre autres genres , dans les Onagrariées les Epilo' lium , OEnotliern, Lopezia , Circœa, Jussia't/ , Puschia , etc. Très- voisine des Myrtaeées et des Mclastomacées , la famille des Onagra- riées se distingue des premières par ses feuilles non ponctuées, ses étamines en nombre déterminé , et par son port; des Mélastomacées, par la structure si différente de leurs feuilles et de leurs anthères. GOMBRÉTACiÉES. Conihretaceœ. îl. Brown. Eleagnormn et Terminaliarum gen. Juss. Ce sont des arbres , des arbrisseaux ou des arbustes à feuilles opposées ou alternes, entières ou sans stipules, portant des fleurs hermaphrodites ou polygames , diver- sement disposées en épis axillaires ou terminaux. Leur calice est adhérent par sa base avec l'ovaire , qui est in- |. fère. Son limbe , souvent tubuleux , est à quatre ou cinq divisions, et articulé avec le sommet de l'ovaire. La co- rolle manque dans plusieurs genres , ou se compose de quatre à cinq pétales insérés entre les lobes du calice. Le nombre des étamines est en général double des divisions calycinales : cependant ce nombre n'est pas rigoureuse- ment déterminé. L'ovair^' est à une seule loge, contenant .4. 212 FAMILLES NATURELLES. de deux à quatre ovules pendansde son sommet. Le style est plus ou moins long , terminé par un stigmate simple. Le fruit est constamment uniloeulaire , monosperme par avortement, et indéhiscent. La graine, qui est pendante, se compose d'un épisperme qui recouvre immédiatement l'embryon. Les Combrétacées se composent de genres d'abord rapportés les uns aux Eléagnées , et les autres aux Onagraires : tels sont Bucida, Tenninalia , Conocarpus, Qnisrji/alis , Combretum , etc. Cette fa- mille ne paraît pas , au premier coup d'œil , réunir des genres ayant entre eux une très-grande affinité. En effet , les uns sont pourvus de pétales , et les autres en manquent ; les uns ont les cotylédons planes , les autres les ont roulés sur eux-mêmes. Mais le caractère vraiment distinctif de cette famille consiste dans son ovaire unilo- culaire , contenant de deux à quatre ovules pendans du sommet de la loge sans podosperme. Par ses genres apétales , cette famille tient aux Santalacécs, qui s'en distinguent surtout par la présence d'un ëfldosperme et leurs ovules dressés ; par ses genres pétales , elle se rapproche beaucoup des Onagraires et des Myrtacées, outre les- quelles elle doit être placée. CEKT QTTARASfTS-DEÎTXïÈME rAïiïI2.LB, * MYRTACÉES. MyrlacÉOi, Juss. Cette famille intéressante se compose d'arbres ou d'ar- brisseaux d'un port élégant , dont les diverses parties sont pleines d'un suc résineux et odorant. Les feuilles sont op- posées , entières , souvent persistantes , marquées de points translucides. Les fleurs sont diversement disposées, soit à l'aisselle des feuilles , soit au sommet des rameaux. Leur calice est monosépale , adhérent par sa base avec l'ovaire infère , ayant son limbe à cinq , six ou seulement quatre divisions. La corolle , qui manque rarement , est formée d'autant de pétales qu'il y a de lobes au calice. Les éta- mines , généralement très - nombreuses , rarement en nombre déterminé , ont leurs filets libres ou diversement soudés, et leurs anthères terminales et généralement assez petites. L'ovaire , infère , présente de deux è six loges , t> RIPÉTALIE, 215 qui contiennent un nombre variable d'ovules attachés à leur angle interne. Le style est généralement simple, et le stigmate est lobé. Le fruit oftre un grand nombre de modifications 5 il est tantôt sec, déhiscent en autant de valves qu'il y a de loges , tantôt indéhiscent ou charnu. Les graines, généralement dépourvues d'endosperme , ofirent un embryon dont les cotylédons ne sont jamais ni convolutés , ni roulés en cornet l'un sur l'autre. Le professeur De CandoUe a divisé la famille des Myrtacéeâ eo cinq tribus naturelles , qui sont : 1". Les CnAMÉLAVCiÉES : fruit sec, uniloculaire ; graines basilai- res, calice à cinq lobes; corolle de cinq pétales, manquant quel- quefois ; étaniines libres ou polyadelphes. Les genres qui forment cette tribu sont tous originaires delà Nouvelle-Hollande : Calythrix, Chamœlaucium, Pileanthus , etc. T. Les Leptospermées : fruit sec, déhiscent, à plusieurs loges ; graines attachées à l'angle interne, dépourvues d'arille et d'endo- sperme; feuilles opposées ou alternes. Arbrisseaux tous originaires de la Kouvelle-HoUande : Beaufortia, Calothamnus, Tristania, Me- laleuca, Eudesmia, Eucalyptus, Metrosideros, Leptospennum, etc. 3°. Les Myutées : fruit charnu, généralement à plusieurs loges; graines sans arille ni endospernie ; étamines libres , feuilles oppo- sées. Arbrisseaux presque tous originaires des Tropiques : Eugenia, Jambosa , Calyptranthes , Caryophyllus , Myrtus , Campomane- sia , etc. 4'\ Les Barrijvgtoniées : fruit sec ou charnu, toujours indé- hiscent, à plusieurs loges; étamines monadelphespar la base; feuil- les alternes non ponctuées. Arbres des régions équiuoxialcs de l'an- cien et du nouveau continent : Dicalyx , Stras'adium , Barringlo- nia , Giistavia. b°. LÉCYTHIDÉES : fruit sec, s'ouvrantpar un opercule (/^jx/rfe); étamines très-nombreuses, monadciphes ; feuilles alternes, non ponc- tuées. Grands arbres de l'Amérique équinoxialc : Lecythis, Coura- tari , Conroitpita , BerthoUetia. La famille des Myrtacécs, considérée dans son ensemble, forme une famille fort distincte parmi les Dicotylédons h ovaire infère ; elle a des rapports ajec les Mélastomacécs , qui en diffèrent par la disposition si remarjiable et si constante des nervures de leurs feuilles , et par le nombre et la structure de leurs étamines ; avec les Onagraires, qui s'en éloignent par leurs étamines en nombre dé- terminé ; avec les Rosacées et les Combrétacées, dont les feuilles alternes, les styles multiples dans la première, l'embryon à lobes 2l4 TPAMILLES ^NATURELLES. roulés dans la seconde de ces deux familles , forment les caractère^ distinctifs. Mé^ASTOMACÉES. Melastomacecc, Juss* Les Mélastomacées sont de grands arbres , des arbris- seaux , des arbustes ou des plantes herbacées , ayant des feuilles opposées , simples , munies généralement de trois à cinq et même jusqu'à onze nervures longitudinales, d'où partent un très -grand nombre d'autres nervures transversales et parallèles, très-rapprochées. Les fleurs, quelquefois très-grandes, offrent en quelque sorte tous les modes d'inflorescence. Leur calice est monosépale, plus ou moins adhérent avec l'ovaire , qui est infère ou semi-infère : son limbe est quelquefois entier, ou denté , 0(1 enfin à quatre ou cinq divisions plus ou moins pro- fondes^ plus rarement il forme une sorte de coifte ou d'opercule. La corolle se compose de quatre à cinq pétales. Les étamines sont en nom!)re double des pétales. Leurs anthères présentent les formes les plus variées et les plus singulières , et s'ouvrent à leur sommet par un trou ou pore commun aux deux loges. L'ovaire est quelquefois libre, plus souvent adhérent avec le calice^ il ofl're de trois à huit loges contenant chacune un très-grand nom- bre d'ovules. Le sommet de l'ovaire est souvent tapissé par un disque épigyne. Le style et le stigmate sont sim- ples. Le fruit est tantôt sec et tantôt charnu , offrant le même nombre de loges que fovaire ; il reste indéhiscent, ou s'ouvre en autant de valves septifères sur le milieu de leur face interne. Les graines sont fréquemment réni- formes-, elles contiennent un embryjp dressé ou légère- ment recourbé , mais sans eudosperme. Cette famille , qui vient d'être trayailU^e avec soin par le profes- seur De Candolle, dans le troisième volume de son Prodrome , est très-nombreuse eu cspèccs; qui ont été groupées en un grand nom- PÉRIPÉTALIE » 2 1 i> bie de genres. Parmi ces genres, on trouve les siû\ans . Melasfomci , Rhexia, Micunia , Tiistemma , Topobœa , etc. Elle est tellement distincte par la disposition des nervures de ses feuilles , qu'elle ne peut être confondue avec aucune autre de celles dont elle se rap- proche, comme les Onagraires, les Myrtacées et les Rosacées. CENT QïTARAWTE-QîrATaXÈME V&.mïLLE. * SALICARIÉES. SciUcCiricB. JuSS. Herbes ou arbustes à feuilles opposées ou alternes , por- tant des fleurs axillaires ou terminales-, un calice mo- nosépale, tubuleux oii urcéolé, denté à son sommet; une corolle de quatre à six pétales alternes avec les divi- sions du calice , et insérés à la partie supérieure de son tube. La corolle manque dans quelques genres. Les éta- mines sont en nombre égal ou double des pétales , plus rarement en nombre indéfini. L'ovaire est libre , simple, à plusieurs loges , contenant chacune un assez grand nombre d'ovules. Le style est simple , terminé par un stigmate ordinairement capitulé. Le fruit est une cap- sule recouverte par le calice , qui est persistant , à une ou plusieurs loges , contenant des graines attachées à leur angle interne : ces graines se composent d'un embryon dépourvu d'endosperme. Parmi les genres qui composent cette famille , ou peut citer les suivans: Lythrum, Cuphea, Ginoria, Lagœiitrœiiiia, Amman'ut, etc. Cette famille a de î'afOnitë avec les Onagraires, dont elle diffère par sou ovaire libre; avec les Rosacées, mais celles-ci ont constamment des stipules et un ^faiid nombre d'autres caractères qui les distin- guent des Salicariées. CENT eUARANI'S-GSî^Q^ÎÈBSH FAMSllS. * TA3iAFJsci?vÉES. Tamarischicœ, Desvaux. Arbustes ou arbrisseaux , ayant des feuilles eu général très-petites , squammiformes et engainantes -, des fleurs également petites, munies de bractées, et disposées en épis simples , dont la réunion constitue quelquefois une 2l6 TAMILLES NATURELLES. panicule. Leur calice est à quatre ou cinq divisions pro- fondes; rarement il forme un tube à sa partie inférieure : ses divisions sont imbriquées latéralement. La corolle se compose de quatre à cinq pétales persistans. Les étami- nes, au nombre de cinq à dix, rarement de quatre, sont monadelphes par leur base. L'ovaire est triangu- laire, quelquefois entouré à sa base d'un disque périgyne; le style simple ou triparti. Le fruit est une capsule trian- gulaire, à une seule loge , contenant un assez grand nom- bre de graines attachées vers le milieu de la face interne des trois valves qui forment la capsule. L'embryon est dressé, dépourvu d'cndosperme. Cette petite famille se compose du genre Tamarix, que M. Des- vaux , professeur de botanique à Angers , propose de diviser en deux genres , savoir : Tamarix et Myricaria. Ce genre Tamarix faisait d'abord partie de la famille des Portulacées , dont il diffère par son port et son embryon dépourvu d'cndosperme. Par ce dernier carac- tère , la famille des Tamariscinécs a quelques rapports avec les Ly- tbraires. * ROSACÉES. Rosaaeœ. Juss. Grande famille composée de végétaux herbace's , d'ar- bustes, ou d'arbres atteignant de très-grandes dimensions. Leurs feuilles sont alternes, simplâs ou composées, ac- compagnées à leur base de deux stipules persistantes, quelquefois soudées avec le pétiole. Les fleurs offrent différens modes d'inflorescence •, elles se composent d'un calice monosépale , à quatre ou cinq divisions , quelque- fois accompagné extérieurement d'une sorte d'involucre qui fait corps avec le calice, de manière que celui-ci paraît à huit ou dix lobes. La corolle , qui manque ra- rement, est composée de quatre à cinq pétales régulière- ment étalés. Les étaniines sont généralement en grand nombre et distinctes. Le pistil présente plusieurs rnodifi- PÊRIPÉTAÏ-IE. 217 cations: tantôt il est forme d'un ou de plusieurs carpelles, entièrement libres et distincts, places dans un calice tubu- leuxj tantôt ces carpelles adhèrent, par leur côté exté- rieur, avec le calice -, tantôt ils sont soudés, non-seulement avec le calice , mais entre eux ; tantôt ils sont réunis en une sorte de capitule sur un réceptacle ou gynophore. Chacun de ces carpelles est uniloculaire, et contient un, deux ou un plus grand nombre d'ovules dont la position est très-variée. Le style est toujours plus ou moins laté- ral , et le stigmate simple. Le fruit est extrêmement po- lymorphe: tantôt c'est une véritable drupe 5 tantôt une mélonide ou pomme; tantôt uu ou plusieurs akènes, ou une ou plusieurs capsules déhiscentes, ou enfin une réunion de petits akènes, ou de petites drupes, formant un capitule sur un gynophore qui devient charnu. Les graines ont leur embryon homotrope et dépourvu d'en- dosperme. Celte grantlc famille a ùié àh'ïséc en tribus, dont quelques-unes ont été considérées par quelques auteurs conmie des familles dis- tinctes. V" tribu. ChrysobalaniÎes ( R. Brow^'): ovaire unique, libre, contenant deux ovules dressés ;stjde filiforme, naissant presque de la base de l'ovaire ; fleurs plus ou moins irrégulières; fruit dru- paeé. Ex. : Clujsobalanos , Parinarium , Moqiiilea , etc. 2" tribu. Drupacées, DG. : ovaire unique, libre, contenant deux ovules collatéraux ; style filiforme terminal , fleurs régulières, fruit drupacé. Ex. : Prunus, Jinygdalus , Cerusus , etc. 3" tribu. SpiKiÎACiiES ( Rjcîf. ) : plusieurs ovaires libres ou légè- rement soudés entre eux parleur côté interne, contenant deux ou quatre ovules collatéraux; style terminal, capsules distinctes, uni- loculaires, ou une seule capsule polysperme. Ex. : Spirœa, Kerria. h" tribu. Fragarïacées ( Rica. ) : calice étalé , souvent muni d'un calicule extérieur ; plusieurs carpelles monospcrnies, indéhis- cens, réunis quelquefois sur un gynopbore charnu; style plus ou moins latéral. Ex. : Po/c«r///(;/ , Fragaria , Gcuin, fatbus ^ Bryus , Comarum , etc. 5'' tribu. Sanguisorbées (J.): fleurs ordinairement polygames et quelquefois sans corolle; un ou deux carpelles, quelquefois adhé- rçns avec le calice, terminés par uu style et un stigmate en fonnç 2l8 FAMlttlS WATtJRELtES, de plume ou de pinceau. Ex. : Poteriam , CUffortia , Âlchemilhi, etc. 6'' tribu. Rosées (J.) : calice tubuîeux, iircéolé, contenant un nombre variable de carpelles monospermes, attachés à la paroi in- terne du calice, qui devient charnu et les recouvre. Ex.: Rosa. 7" tribu. POMACÉES (Pacn.) : plusieurs carpelles uniîoculaires, contenant chacun deux ovules ascendans , rarement un grand nom- bre attaché au côlc interne, soudés entre eux et avec le calice, et formant un fruit charnu , connu sous le nom de mélonide ou de pomme. Ex.: Malus , Pyrus , Crat(;csus , Sorbus , Cydonici , etc. HOMALiNÉEs. Homalineœ. R. Broww. Les Homalinées sont des arbustes ou des arbrisseaux , tous originaires des contrées chaudes du globe. Leurs feuilles sont alternes, pétiolées, simples, munies de sti- pules caduques. Leurs fleurs sont hermaphrodites , dis- posées en épis, en grappes ou en panicules. Leur calice est monosépale, ayant son tube courte conique, adhé- rent avec l'ovaire j son limbe , divisé en dix à trente lobes, dont les plus extérieurs sont plus grands et val- vaires, et les intérieurs plus petits, et en forme de pé- tales. La corolle manque. A la face interne , et le plus souvent vers la base des sépales intérieurs , sont situés des appendices glanduleux et sessiles. Le nombre des étami- nes varie ; il est quelquefois égal à celui des lobes exté- rieurs du calice, et les étamines leur sont opposées; d'autres fois les étamines sont plus nombreuses et réunies par faisceaux. L'ovaire est généralement semi-infère, à une seule loge , contenant un grand nombre d'ovules at- tachés à trois ou cinq trophospermes pariétaux. Les sty- les , en même nombre que les trophospermes , se termi- nent chacun par un stigmate simple. Le fruit est tantôt sec , tantôt charnu. Les graines ont leur embryon placé dans un endo.sperme charnu. Famille encore peu connue, établie par M. R. Brown, dans son Mémoire sur les plantes du Congo , et adoptée par M. De CandoUe ( P.'vdr. syst. , 2, p. 53 ) , qui y place les genres suivans : Hoinw PERIFÉTALIE. 2fig lium , Napimoga, Pineda , BlachweUia, Jstranthus , Kisa , My' riantheia, Asteropeia et Aristutelia. Par la structure de son fruit, cette famille se rapproche des Flacourtianées et des Saniydécs, et par soa insertion elle vient se placer près des Rosacéae. CENT SFABANTS-HUÎTISBCS FA!»ZLX£. SAMYDÉES. Samydeœ. Vest. Arbrisseaux tous exotiques , et croissant dans les ré- gions les plus chaudes du globe , portant des feuilles al- ternes , distiques , simples , persistantes , le plus souvent marquées de points translucides j munies de deux stipu- les à leur base. Les fleurs sont axillaires, solitaires ou groupées : elles ont un calice formé de cinq , plus rare- ment de trois à sept sépales, réunis ensemble à leur base , et formant quelquefois un tube plus ou moins alongé. Le limbe ofi're des divisions plus ou moins profondes, et colorées sur leur i'ace interne. La corolle manque con- stamment. Les étamines sont en nombre égal, double, triple ou quadruple des divisions calicynales , à la base desquelles elles sont insérées j elles sont monadelphes , et quelques-unes d'entre elles sont parfois stériles et rédui- tes à leur filet, qui devient plane et velu. L'ovaire est libre , à une seule loge , contenant un grand nombre d'o- vules insérés à trois ou cinq tropbospermes pariétaux. Le st^le est simple j terminé par un stigmate capitulé ou lobé. Le fruit est une capsule uniloculaire , s'ouvrant en trois ou cinq valves qui portent sur le milieu de leur face interne les graines, enveloppées dans une pulpe plus ou moins abondante et colorée : ces graines ofïrent un endosperme charnu , dans lequel est un embryon très- petit , hétérotrope , c'est-à-dire ayant sa radicule opposée au bile ou point d'attache de la graine. Cette famille se compose dos genres Samyda , Anavinga et Cà- searia. Par la structure de son fruit, elle se rapproche des Violettes et des Flacourtianées; mais son insertion, évidemment pcrigyne, la 22,0 FABHLLES NATURELLES. rejette du côté des Rosacées , dont plusieurs genres sont également apétales. Indépendamment des trois genres cités plus haut, on doit encore rapporter à cette famille le genre Piparea d'Auhlet i rangq jusqu'à préseot parmi les Yiolacéc^. CENT QTXÂBAITTII-ITIiUVIÈOIII TAnziLLS. * LÉGUMINEUSES, Legumifiosœ, Juss, Famille très-naturelle, et dans laquelle sont réunis des plantes herbacées , des arbustes ou des arbrisseaux , et des arbres souvent de dimensions colossales. Leurs feuilles sont alternes, composées ou décomposées,, quel- quefois simples : rarement les folioles avortent , et il ne reste que le pétiole qui s'élarp[it , et forme une sorte de feuille simple, A la base de chacune d'elles, sont deux stipules souvent persistantes. Les fleurs offrent une inflo- rescence très-variée ; elles sont en général hermaphrodi- tes. Leur calice est tantôt tubuleux , à cinq dents inéga- les , tantôt à cinq divisions plus ou moins profondes et inégales. En dehors du calice, on trouve une ou plusieurs bractées , ou quelquefois un involucre caliciforme. La corolle , qui manque quelquefois , se compose de cinq pétales généralement inégaux , dont un supérieur , plus grand , qui enveloppe les autres , et qu'on nomme éten- dard ^ deux latéraux, appelés ailes , et deux inférieurs plus ou moins soudés ensemble , et formant la carène; tantôt la corolle est formée de cinq pétales égaux. Les étamines sont généralement au nombre de dix , quelque- fois plus nombreuses. Le plus souvent leurs filets sont diadelphes , rarement monadelphes , ou entièrement li- bres , périgjnes ou hjpogynes. L'ovaire est plus ou moins stipité à sa base : il est en général alongé , inéquilatéral , à une seule loge , contenant un ou plusieurs ovules at- tachés à la suture interne. Le style est un peu latéral, souvent recourbé , et terminé par un stigmate simple. Le PÉRIPÉTALIË. 221 fruit est constamment une gousse. Les graines sont en général dépourvues d'endosperme. Cette «:raiide famille est composée d'un nombre très-considérable de genres qui peuvent être divisés en trois tribus naturelles , savoir: 1" Les Papilïoivacées, qui ont une corolle composée de cinq pé- tales inégaux, formant la corolle irrégulière nommée papilionacée ; dix étamines en général diadelphes. Ex. : Phaseolus, F(ib(i^ Lathy- rus , Robinia, Glycine, ^strcigalus, Phaca, etc. 2". Les CassiÉes , dont la corolle est en général formée de cinq pétales réguliers ; les dix étamines libres. Ex.: Cassia , Saiihinia , Geoffrœa , etc. 3". Les MïMOSÉES , renfermant les genres apétales , munis d'un involucre en forme de calice; des étamines très-nombreuses et li- bres. Ex. : Mimosa, Acacia , Inga, etc. La famille des Légumineuses est très-voisine des Rosacées: quoî- qu'au premier abord il paraisse très-aisé de les distinguer, cepen- dant il faut convenir qu'il y a des genres qui servent en quelque sorte à établir le passage de l'un à l'autre. CSMT CINQUAKTIÈMS FÂMIUI}, *TÉRÉBrKTHÀCÉEs/7'e/*é'/5îw/Aaa/ui,etc. ; 3" les Sponbiacées, qui comprennent les genres Spon- lUas et Peupartia; 4*^ les Burséracées, où sont réunis les genres Icica y Boswellia, Bursera , Cauarium , etc.; 5" les Amyridkes, ex. : Amyris ; C" les Coîvnaracées , ex.: Connarus, Oinphalobium, Cnestis , etc. ; 7" les Juglandées, ex. : Juglans , Carya , etc. Cette famille a de très-grands rapports avec celle des Légumineu- ses , dont elle se distingue surtout par l'absence des stipules ; elle offre aussi de l'affinité avec les Rhamnées, qui en diffèrent par leur ovaire quelquefois infère , et leurs étamines opposées aux pétales. CENT CÎNQïrAHTE-UHIÈME FAMILLS, * RHAMNÉES. Rliamneœ. R. Browk. — Rhamnorum pars. Juss. Ce sont des arbres ou des arbustes à feuilles simples et alternes , très-rarement opposées , munies de deux très- petites stipules caduques ou persistantes et épineuses. Les fleurs sont petites , hermaphrodites ou unisexuécs, axil- laires, solitaires ou réunies en sertule , en faisceaux, etc., quelquefois formant des grappes ou des capitules termi- naux. Leur calice est monosépale, plus ou moins tubu- leux à sa partie inférieure , où il adhère avec l'ovaire, qui est infère, ayant un liîube évasé, à quatre ou cinq lobes valvaires. La corolle se compose de quatre à cinq pétales onguiculés, très-petits , souvent voûtés et conca- ves. Les étamines, en même nombre que les pétales, rÉRIPÉTALIE. 223 sont placées en face d'eux , et en sont souvent em]>ras- sées. L'ovaire est tantôt libre , tantôt semi-infère , ou complètement adhérent, à deux, trois ou quatre loges, contenant chacune un seul ovule dressé : du sommet de l'ovaire partent eu général autant de styles qu'il y a de loges. La base du tube du calice , quand l'ovaire est libre, ou le sommet de ce dernier quand il est infère, présente un disque glanduleux, plus ou moins épais. Le fruit est charnu , et indéhiscent ou sec , et s'ouvrant en trois co- ques. La graine est dressée , et contient dans un endo- sperme charnu, quelquefois très-mince, un embryon homotrope , ayant les cotylédons très -larges et très- minces. • La famille des Rhamnécs , telle qu'elle avait été établie par le cé- lèbre auteur du Gênera Plantarum, avait été divisée' en quatre sections. M. Robert BrovvU , le premier, a proposé de former des deux premières sections une famille distincte, sous le nom de Ce'- lastrinées. Cette famille se distingue surtout par son calice , dont les lobes sont imbriqués et non vaîvaires , par ses étamines alter- nes et non opposées aux pétales , et par son ovaire toujours libre , et dont les loges contiennent un ou deux ovules latéraux et super- posés , par son fruit constamment sec , et s'ouvrant au moyen de valves septifères sur le milieu de leur face interne. M. Robert Brown a proposé de plus de faire une famille particu- lière ayant pour type le genre Bru nia. Cette division de la famille a été adoptée par M. De Candolle dans le deuxième volume de son Prodrome , et par M. Brongniart fils , dans sa Dissertation sur la famille des Rhamnées. Parmi les genres de Rhamnées, nous pou- vons citer ici les suivans : Rhamnus , Paliurus, Ceanothns, Colle- tia , etc. * GÉLASTPvOÉES. Celaslrineœ. H. Brown , Ad. Brong. — Rhamnorum pars. Juss. Cette famille est composée d'arbustes ou d'arbrisseaux à feuilles alternes , ou quelquefois opposées, à fleurs axiL- laires disposées en cimes. Le calice , légèrement tubuleux à sa base , offre un limbe à quatre ou cinq divisions éta- 224 FAMILLES KATtRELLES. léer, , imbriqu(5es lors de leur prcfleuraison. La corolle se compose de quatre à cinq pétales planes , légèrement charnus , sans onglet , insérés sous le disque. Les étami- nes, alternes avec les pétales , sont insérées , soit sur le bord du disque , soit sur sa face supérieure. Le disque est périgyne et pariétal, environnant l'ovaire : celui-ci est libre, à trois ou quatre loges, contenant chacune un ou plusieurs ovules attachés par un podosperme filiforme à l'angle interne de chaque loge , et ascendant. Le fruit, qui est quelquefois une drupe sèche , est plus souvent une capsule à trois ou quatre loges , s'ouvrant en trois ou quatre valves qui portent chacune une cloison sur le milieu de leur face interne. Les graines , quelquefois recouvertes d'un arille charnu, contiennent un endo- sperme charnu, dans lequel est un embryon axile et ho- motrope. Nous avons , en parlant des Rbiimnces , indique les principales différences qui existent entre cette famille et celle des Célastrinëes. M. De Candolle , dans son Prodrome , divise cette dernière famille en trois tribus , savoir : les Staphyléacées , les EvonjMuées et les Aquifoliacées. M. Adolp. Brongniart se range de la première opi- nion du célèbre professeur de Cxcnève, qui, dans sa Théorie élé- mentaire , avait considéré les Aquifoliacées comme une famille dis- tincte. En effet, ce groupe se distingue des vraies Célastrinées par sa corolle souvent monopétale, son insertion hypogync, l'absence complète du disque ; les loges de son ovaire contenant constam- ment un seul ovule pendant; son fruit cbarnu contenant de deux à six nucules osseux. C£HV ClHQlTAHTE-T&OlSlÈmS FAMI1LS3. *" AQUIFOLIACÉES. AquifoUaceœ, DC. — • lUcîneœ, Ad. Brong. Arbrisseaux à feuilles alternes ou opposées , coriaces , persistantes , glabres , à dents quelquefois épineuses , ayant leurs fleurs solitaires , ou diversement groupées à l'aisselle des feuilles: chacune d'elles offre un calice de filCLlKlE, 225 quatre à six 8(?pales , petits et imbriqués ; une corolle d'un égal nombre de pétales alternes , soudés ensemble par leur base, et formant une corolle monopétale , à di- visions profondes et hypogyncs. Les étamines, alternes avec les lobes de la corolle , sont insérées à sa base ; il n'y a pas de trace de disque. L'ovaire est libre > épais, tronqué, ayant de deux: à six loges, qui contiennent chacune un seul ovule pendant du sommet de la loge , et porté sur un podosperme cupuliforme. Le stigmate est en général sessile et lobé. Le fruit est constamment charnu , contenant de deux à six nucules indéhiscens , ligneux ou fibreux et monospermes. L'embryon est pe- tit , homotrope , et placé vers la base d'un endosperme charnu. Cette famille , ainsi qUc liôUs l'aVonS démontré en parlant des Célastrinées, est fort distincte des vraies Rhamnëes et des Celas» trinées , avec lesquelles elle avait été réunie. Ces différences sont même si grandes, que M. de Jussieu , et plus tard le professeur Do CandoUe , avaient cru pouvoir ranger les Aquifoliacécs parmi les Monopc^tales , auprès des Sapotacées , et surtout des Ebénacées, dont elle ne diffère que par des caractères peu importans. Mais M. De Candollc a depuis abandonné cette opinion , puisque , dans le se- cond volume de son Prodrome, il fait des Aquifoliacécs une simple tribu des Célastrinées. iNéanmoins la première opinion nous paraît la plus vraie. Parmi les genres qui composent les Aquifoliacécs , nous trouvons les suivans : Jlex, Cassine, 3Iyginda, etc. QUINZIÈIME CLASSE. BICLINIE. * EUPHORBiAGÉES. Etcpliothiaccœ, Juss. Les Euphorbiacées sont des herbes, des arbustes ou de très-grands arbres , qui croissent en général dans toutes les régions du globe : la plupart contiennent un suc lai- teux et très-irritant. Les feuilles , communément alter- a' Parlic. l5 326 FAMILLES NATURELLES. nés , sont quelquefois opposées, accompagnées de stipu- les qui manquent quelquefois. Les fleurs sontunisexuées, généralement très-petites , et offrent une inflorescence très-variée. Leur calice est mouosépale,à trois , quatre , cinq ou six divisions profondes , munies intérieurement d'appendice écailleux et glanduleux. La corolle manque dans le plus grand nombre des genres , ou se compose de pétales, tantôt distincts, tantôt réunis en une corolle monopétale ', mais cette corolle ne paraît formée que par des étamines avortées et stériles. Dans les fleurs mâles , on compte un assez grand nombre d'étamines ; plus ra-* rement ce nombre est limité , ou même chaque étamine peut être considérée comme une fleur (ainsi qu'on l'ad- met pour le genre Euphorbe) : ces étamines sont libres ou monadelphes. Les fleurs femelles se composent d'un ovaire libre, sessile ou stipité, quelquefois accompagné d'un disque hypogyne. L'ovaire est en général à trois lo- ges, contenant chacune un ou deux ovules suspendus. Du sommet de l'ovaire naissent trois stigmates , généra- lement sessiles et alongés. Le fruit est sec ou légèrement charnu •, il se compose d'autant de coques contenant une ou deux graines, qu'il y avait de loges au fruit : ces co- ques , qui sont osseuses intérieurement , s'ouvrent par leur angle interne en deux valves , et avec élasticité j elles s'appuient , par leur angle interne , sur une colu- melle centrale, qui souvent persiste après leur disper- sion. Les graines, qui sont crustacées extérieurement, et présentent une petite caroncule charnue dans le voisi- nage de leur point d'attache, offrent un endosperme charnu , dans lequel est renfermé un embryon axile et homotrope. On doit à M. Adrien de Jussieu une excellente Monographie des genres de cette famille , qui y sont au nombre de quatre-vingt-six , contenant environ mille quarante espèces. Parmi ces genres, il nous DICIilKIE* 327 suffira de citer ici les suivans : Euphorbia , Mercurialis , Ricinus, Croton , latropha , Hitra , Buxiis , Je air plia , etc., etc. La famille des Euphorbiacées est extrêmement distincte par la structure de son fruit. Elle a quelques rapports avec certaines Té- rébinthacées et Rhamnées. CENT CINQtrAHTS-CINQTTIBMB rAMIX-LB. * URTïGÉES. Urlieeœ. Ku5th. — Vrtîceœ. Juss. et Ccîtideœ, Rich. Plantes herbacées , arbrisseaux , ou grands arbres quelquefois lactescens , à feuilles alternes , en général munies de stipules , ayant des fleurs unisexuées, très-ra- rement hermaphrodites , solitaires ou diversement grou- pées . et formant des chatons , dw réunies dans un invo- lucre charnu, plane, étalé, ou pyriforme et clos. Dans les fleurs maies , on trcmve un calice formé de qua tre à cinq sépales , distincts ou soudés , et formant un lube^ quatre à cinq étamines alternes , ou très-rarement Oppo- sées aux sépales. Les fleurs femelles ont un calice formé de deux à quatre sépales, ou une simple écaille, à l'ais- selle de laquelle elles sont placées. L'ovaire est libre , à une seule loge , contenant un seul ovule pendant , et sur- monté, soit de deux longs stigmates sessiles, soit d'un seul stigmate , porté quelquefois sur un style plus ou moins long. Le fruit se compose toujours d'un akène crustacé, enveloppé par le calice, qui quelquefois de- vient charnu ; d'autres fois , l'involucre , qui renfermait les fleurs femelles , prend de l'accroissement , ainsi qu'on le remarque dans le figuier, le dorstenia , etc. La graine, outre son tégument propre , se compose d'un embryon en général recourbé , souvent renfermé dans l'intérieur d'un endosperme plus ou moins mince. A l'exemple de notre savant ami M. le professeur Kunîh , nous avons réuni aux Urticées les genres Vlnius et Celtis , auparavant placés parmi les Amentacées , et dont on avait formé la famille des Celtjdées. En effet , ce dernier groupe ne diffère par aucun CAr^ctère f5i 220 FAJMILLES NATURELLES. essentiel des autres Urticëes. Cette famille, ainsi limitée, peut être divis(5c en trois tribus de la manière suivante : l"*. Celtidées ( Rien. ) : fleurs hermaphrodites; embryon sans eudospermc. Ex. : Ulmits , Celtis. 2". Urticées vraies: fleurs uniscxuées, fruits distincts, embryon renfermé dans un endosperme mince. Ex. : Urtica , Parietera, Hu- niulus , Cannabis , Morus, 3". AuTOCARi'ÉES ( DC. ) : fleurs unisexuées, fruits réunis dans un involucre charnu , plane ou pyriforme; embryon pourvu d'un endosperme. Ex. : Dorstenia , Ficus , etc. CEHT ClNQ'CAVTZ-SlKÏÈMSi FAMILLE. MONIMIÉËS. Monhniœ. Juss. Atherospermece. R. Browic. Arbres ou arbrisseaux , à feuilles opposées , dépourvues de stipules , à fleurs unisexuées. Ces fleurs offrent un in- Tolucre globuleux ou caliciforme , dont les divisions sont disposées sur deux rangées. Dans le premier cas , cet in- volucre a seulement quelques petites dents à son som- met, et dans les fleurs mâles il se rompt et s'ouvre en quatre lobes profonds et assez réguliers, dont toute la surface supérieure est chargée d'étamines , à filamens courts, et formant chacune une fleur mâle. Dans le second cas {Jluizia), les étamines tapissent seulement la partie inférieure et tubuleuse de Finvolucre -, les filamens sont plus longs , et vers leur partie inférieure ils portent de chaque côté un tubercule pédicellé , analogue à celui qu'on observe à la même place dans les Laurinées. Les fleurs femelles se composent d'un involucre absolument semblable à celui des fleurs mâles. Dans les genres Mo- nimia et Ruizia , on trouve au fond de cet involucre huit à dix pistils dressés , entièrement distincts les uns des autres et entremêlés de poils. Dans Vyhnhora , ces pistils sont fort nombreux , entièrement plongés dans l'épaisseur des parois de l'involucre , n'ayant de libre et de visible que leur sommet , qui est vm petit mamelon conoïde , et forme le véritable stigmate. Chacun de ces pistils est uni- DICLINIE. 229 loculaîre , et contient un seul ovule pendant de son som- met. Dans les genres Jmhora et Monîmia., Tinvolucre est persistant-, il prend même beaucoup d'accroissement, et devient charnu dans le premier de ces (jenres. Les fruits , qui dans Vjmbora sont contenus dans Tépaisseur même des parois de l'involucre , sont autant de petites drupes uniloculaires et monospermcs . La graine se com- pose d'un tégument propre , assez mince , recouvrant un très-gros endosperme charnu , dans la partie supérieure duquel est placé un embryon offrant la même directioa que la graine. Cette famille, établie par M. de Jussieu, avait été divisée en deux familles distinctes par Robert Biown ; mais nous croyons que ces deux familles forment simplement deux tribus d'un môme ordre naturel, 1''^ tribu. Amborées: anthères s'ouvrant par un sillon longitu- dinal; graines renversées: Ambora , Monimia , Ruizia. 2^ tribu, Athérospermées : anthères s'ouvrant de la base au sommet par le moyen d'une valvule : graines dressées : Pmviiia , Atherosperma , Citrosma. Les Monimiées ont beaucoup de rapports avec les Urticées, aux- quelles plusieurs des genres qui les composent étaient d'abord réu- nis ; mais elles en diffèrent surtout par leurs graines munies d'un très-gros endosperme , et par leur ovule pendant et non dressé. Le même caractère les éloigne aussi des Laurinécs, dont elles se rap- prochent par la structure de leurs étamines dans la tribu des Athé- rospermées. CENT CIHQUAHTE-SEPTIBMB FAMÏIXB. * SALiGiNÉES. Salicîneœ. Righ, Famille qui se compose des deux genres Saule et Peu- plier. Ce sont de grands arbres à feuilles alternes, sim- ples , munies de stipules caduques. Leurs fleurs sont uni- sexuées, et disposées en chatons cylindriques ou ovoïdes. Les fleurs mâles se composent de deux à vingt étamines placées à l'aisselle d'une écaille , ou sur sa face supérieure. Les fleurs femelles consistent en un pistil fusiformc, ter- 350 FAlHILLES NATURELLES. mîn^ par deux stigmates bipartis, situés à l'aîsselîe d'une écaille, et quelquefois accompagnés à leur base d'un, calice en forme de cupule. Cet ovaire est à une ou deux loges contenant un assez grand nombre d'ovules dressés, attachés au fond de la loge et à la base de deux tropho- spermes pariétaux. Le fruit est une petite capsule alon- gée , à une ou deux loges , contenant plusieurs graines environnées de longs poils soyeux , et s'ouvrant en deux valves. L'embryon est dressé , homotrope , sans endo- sperme. Formées aux dépens de la famille des Amcntacëcs , les Salicinées constituent un groupe très-distinct par la structure de leur fruit. CENT CIWQX7AHTS-KÎ7ÎTÏSKÏE FASÏÎLLE. MVRiGÉES. Myrîceœ. Ricii, — Casuarineœ. Mirbel. Si l'on en excepte le genre Casuarina , qui , par son port, ressemble à une presle gigantesque [Equisetum), les Myricées sont des arbres ou des arbrisseaux à feuilles alternes ou éparses , avec ou sans stipules. Leurs fleurs sont constamment unisexuées et le plus souvent dioïques. Les fleurs mâles , disposées en chatons , se composent d'une ou de plusieurs étamines souvent réunies ensemble sur un andropbore rameux et placé à l'aisselle d'une bractée. Les fleurs femelles, également en chatons, sont solitaires et sessiles à l'aisselle d'une bractée plus longue qu'elles. Chaque fleur se compose d'un ovaire lenticulaire contenant un seul ovule dressé. Le style, très-court, est surmonté de deux longs stigmates subulés et glanduleux. En dehors de l'ovaire on trouve deux , trois ou un plus grand nombre d'écaillés hypogynes et persistantes, se soudant quelquefois avec le fruit. Celui-ci est une sorte de petite noix inonosperme et indéhiscente, quelquefois membraneuse et ailée sur ses bords. La graine qu'il ren- ferme est dressée; son tégument recouvre immédiate-r DICLINIE, 25l ment un gros embryon ayant une direction entièrement opposée à celle de la graine. Formée de genres auparavant placc'S dans le groupe polymorphe des Amentacées , cette famille est voisine des Bétulinées ; mais elle en diffère par son ovaire uniloculairc et son embryon sans endo sperme. CEKT CÎNQITANTE-WEÎXVIÈME F&MILLB. * BÉTULiKÉES, Betulineœ. Righ. Arbres à feuilles simples, alternes, accompagnées à leur base de deux stipules ^ fleurs unisexuées , disposées en chatons écailleux. Dans les chatons mâles, chaque écaille , qui est quelquefois formée de plusieurs écailles soudées , porte deux ou trois fleurs nues , ou ayant un calice à trois ou quatre divisions profondes. Le nombre des étamines est très-variable dans chaque fleur. Les chatons femelles sont ovoïdes ou cylindriques , écailleux-, à la base interne de chaque écaille on trouve d'une à trois fleurs sessiles , nues , présentant un ovaire libre , com- primé, à deux loges, contenant chacune un seul ovule attaché vers la partie supérieure de la cloison , et sur- monté de deux longs stigmates alongés, cylindriques et glanduleux. Le fruit est un cône écailleux, dont les écailles ligneuses ou simplement cartilagineuses portent à leur base un ou deux petits akènes uniloculaires , mo- nospermes par avortement , et membraneux sur les bords. Leur graine se compose d'un gros embryon sans eudo- sperme , ayant la radicule supérieure. I^es deux genres, Aune et Rouleau, forment cette famille, qui diffère des Salicinécs par son ovaire à deux loges monospermes, par ses fruits indéhiscens , et ses graines dépourvues des longs poils qui recouvrent celles des Salicinées. Les Myricées ont aussi beaucoup d'analogie avec les Bétulinées; mais leur ovaire toujours unilocu- lairc et leur ovule dressé sont les signes distinctifs qui existent en- tre cette famille et celle des Bétulinées. 252 FAMIIAES NATliRELLES. cïjsîT soixAKTiÊsîB rAïaixus. * cupui-tPèRES. CupuUfcrœ. Kich. — ' JmetUaoearum g en. Juss. Ce 50nt des arbres à feuilles alternes , simples , munies de deux stipules caduques à leur base. Leurs fleurs sont constamment unisexuées et presque toujours monoïques. Le« mâles forment des chatons cylindriques et écailleux. Chaque fleur offre une écaille simple , trilobée ou cali- ciforme , sur la face supérieure de laquelle sont attachées, de six à un grand nombre d'étamines , sans indice de pistil. Les fleurs femelles sont généralement axillaires, tantôt solitaires , tantôt groupées en capitules ou en cha- tons. Dans tous les cas, chacune d'elles est recouverte, en partie ou en totalité, par une cupule écailleuse, et offre un ovaire infère, ayant son limbe peu saillant, et for- mant un petit rebord irrégulièrement denté. Du sommet de l'ovaire naît un style court qui se termine par deux ou trois stigmates subulés ou planes. Cet ovaire présente deux , trois ou un plus grand nombre de loges contenant chacune un ou deux ovules suspendus. Le fruit est con- stamment un gland généralement uniloculaire , souvent monosperme par avortement , toujours accompagné d'une cupule , qui quelquefois recouvre le fruit en totalité, à la manière d'un péricarpe, comme dans lé châtaignier et le hêtre, La graine se compose d'un très- gros embryon dépourvu d'endosperme. Cette famille, composée de genres d'abord placés dans l'ancienne famille des Amentacées , comprend les genres Quercus , Corylus , Carpimis , Castanea et Fagiis. Elle a quelques rapports avec les Conifères et les Bétulinées ; mais les premières , par leur port , la structure de leurs fleurs femelles , leur embryon muni d'un endo- sperme ; les secondes , par leurs fleurs femelles disposées en cône , leur ovaire simple, etc. , s'en distinguent suffisamment. Quant aux autres familles également formées aux dépens des Amentacées, comme les Salicinécs , les Myricées, leur ovaire libre est le carac- tère le plus saillant qui les éloigne des Cupulifcres. DICLINIE, 353 CENT SOISAHTE-TTKIÈaiE rAMItlE. * co^•IFèRES. Cofiiferœ. J. Righ. Cette famille se compose de tous ces arbrisseaux et grands arbres ayant de l'analogie avec le Pin et le Sapin , et que l'on désigne communément sous le nom à'arhres verts et résineux. Leurs feuilles, coriaces etroides, per- sistent dans toutes les espèces, excepté dans le Mélèze et le Gingo. Ces feuilles sont tantôt linéaires, subulées, réu- nies au nombre de deux à cinq, et accompagnées à. leur base d'une petite gaine scarieuee , ou bien elles sont en forme d'écaillés imbriquées ou lancéolées , etc. Les fleurs sont constamment unisexuées , et en général disposées en cônes ou chatons. Les fleurs mâles consistent essentielle- ment chacune dans une étamine tantôt nue , tantôt ac- compagnée d'une écaille à l'aisselle ou à la face inférieure de laquelle elle est placée 5 assez souvent plusieurs éta- mines s'entregreffent ensemble par leurs filets et leurs anthères, qui sont uniloculaires ou biloculaires, restent distinctes ou se soudent. L'inflorescence des fleurs femelles est très-variable , quoique généralement elles forment des cônes ou chatons écailleux : ainsi , elles sont quelquefois solitaires , terminales ou axillaires , ou bien réunies dans un involucre charnu ou sec. Chacune de ces fleurs présente un calice monosépale , adhérent avec l'ovaire , qui est en partie ou en totalité infère. Son limbe, quelquefois tubuleux , est tantôt entier et tantôt à deux lobes diva- riqués , glanduleux sur leur face interne , et que l'on a généralement considérés comme deux stigmates. L'ovaire est à une seule loge, et contient un seul ovule. A son sommet il présente communément une petite cicatrice qui est le véritable stigmate. Tantôt ces fleurs femelles sont dressées à l'aisselle des écailles ou dans l'involucre où elles sont placées-, tantôt elles sont renversées et spii- 3^4 FAMILLES îfATUIlELLES. dées deux à deux , par un de leurs côte's , à la face in- terne et vers la base des écailles qui forment le cône. Le fruit est généralement un cône écailleux ou bien un {jalbule , dont les écailles sont quelquefois charnues , se soudent, et représentent une sorte de baie , comme dans les Genévriers par exemple. Chaque fruit en particulier, c'est-à-dire chaque pistil fécondé , a un péricarpe souvent crustacé, quelquefois muni d'une aile membraneuse et marginale. Le tégument propre de la graine est adhérent avec le péricarpe , et recouvre une amande composée d'un endt sperme charnu , contenant un embryon axile et cylindrique , dont la radicule est soudée avec Tendo- sperme, et dont l'extrémité cotylédonaire se divise en deux , trois , quatre et jusqu'à dix cotylédons. La famille des Conifères, sur laquelle moa père a publié un si beau travail ( Commentatio Botanica de Coniferis , in-fol., fig. Pa- ris, 1826) , peut se diviser en trois ordres : 1". Taxinées : fleurs femelles distinctes les unes des autres, at- tachées à une écaille ou dans une cupule. Fruit simple. Ex. : Podo^ carpus , Dacrydium , Taxas, Salisburia , Phyllocladu.s, Ephedra. 2°. CiPRESSixÉES : fleurs femelles dressées, réunies plusieurs ensemble à l'aisselle d'écaillés peu nombreuses , formant un gal- bule quelquefois charnu. Ex. : Juniperus , Thuya , CalUtrix, Cu^ pressas , Taxodiiim. 3°. ABIETI^ÉES. Ici se trouvent réunis tous les genres qui ont les fleurs femelles renversées , et pour fruit un véritable cône écail' Jeux. Ex. : Pin us , Abies, Cannirighainia , Araucaria , etc. CEKT S0IXA]»7Z-DEUZI±iaB T&iaiZZ.B. CYCABÉES. Cycadeœ. Righ. Les Cycadées, qui ne se composent que des deux genres Cycas et Zamîa , sont des végétaux exotiques , ayant le part des Palmiers. Leurs feuilles , réunies au haut du slipe , sont pinnées et roulées en crosse avant leur déve-» loppement, comme dans les Fougères. Les fleurs sont constamment dioïques. Les fleurs mâles constituent des chatons ou cônes quelquefois très -grands, composés DICLINIE, ùSS' d'ëcailles spathul(?es , recouvertes à leur face inférieure d'un très -grand nombre d'étamines qui doivent être considérées chacuûe comme une fleur mâle. L'inflores- cence des fleurs femelles n'est pas la même dans les deux genres Ci/cas et Zamia. Dans le premier, un longspa- dice spathuliforme , aigu , denté sur ses côtés , porte à chaque dent une fleur femelle , enfoncée dans une petite fossette. Le Zamia a ses fleurs femelles également en cône , et ses écailles , qui sont épaisses et peltées , porteat chacune à leur face infériem'e deux fleurs femelles ren- versées. Ces fleurs se composent d'un calice globuleux, percé d'une très-petite ouverture à son sommet , et ap- pliqué sur l'ovaire avec lequel il est en partie adhérent à sa base. Cet ovaire est uniloculaire et contient un seul ovule-, il se termine à son sommet par un stigmate en forme de mamelon. Le fruit est une sorte de noix formée par le calice, qui quelquefois est légèrement charnu. Le péricarpe est , en général , mince , crustacé et indé- hiscent , adhérent avec le tégument propre de la gTaine. L'amande se compose d'un endosperme charnu , conte- nant un embryon à deux cotylédons inégaux , et quelque- fois cohércns entre eux , et dont la radicule est soudée avec l'endosperme. Pour peu qu'on compare la structure des fleurs mâles , et surtout des fleurs femelles des Cycadées avec celle des Conifères , on sera frappé de l'extrême ressemlDlancc qui existe entre ces deux familles, et l'on devra adopter l'opinion de mon père , qui les place l'une à côté de l'autre. En effet, dans toutes les deux, les fleurs mâles consistent chacune dans une seule anthère uniloculaire ; les fleurs femelles se composent d'un périanthe monosépale, d'un ovaire semi-infère , à une seule loge et à un seul ovule. Le fruit et la graine offrent la même organisation ; il est vrai que le port est tout-à-fait différent dans ces deux familles, puisque les Cycadées ressemblent entièrement aux Palmiers , et que la structure intérieure de leur tige est celle des Monocotylédons. Mais doit-on sacrifier à ce carac- tère les analogies si importantes qui existent dans l'organisation des fleurs des Cycadées et des Conifères ? Doit-on placer parmi les 256 FAMILLES NATURELLES. Monocotylëdons une famille dont l'embryon est évidemment à deux cotylédons? En admettant cette supposition, à côté de quelle fa- mille raonocotylédone placcra-t-on les Cycadées? Elles n'ont de rap- port avec aucune de ces familles ; elles devront rester isolées, tan- dis que si l'on donne la préférence à la structure de l'embryon et à celle des fleurs, et qu'on place les Cycadées parmi les Dicotylédons , il ne reste aucun doute sur la place qu'elles doivent occuper. Elles vienneut tout naturellement se classer à côté des Conifères. UORLOGE DE FLORE, ot) TABLEAU DE l'hEUDE DE l'e'pANOUISSEMENT DE CERTAINES FLEURS, A UPSAL, PAR 6o** DE LATITUDE BORE'aLE. HEURES du lever. c'esl-i-dire de l'épanouisse- ment des fleurs. MATIN. 3 à 5 4 a 5 4 a 5 4 a 5 4 à 5 4 a 6 5 5 5 5 a 6 5 a 6 5 a 6 0 6 6 à 7 G a 7 6 a 7 6 a 7 (5 a 8 7 7 7 7 7 NOMS des PLANTES OBSERVÉES. Tragopogon pratense , Leontodon tubçrosum. Picris hleracioldcs . . . Cicboriuin inlybus. . . Crépis tectorum. . . . Picridium tingitatam. . Souchus oleraceus . . « Piipaver nudicaaie. . . Hemerocnllis fulva. . . Leontodon taraxacuoi. Crépis alpina Rhugadiolus edulis. . . Hypocliœris macnlata . Ilieracium ambellutum, Hieraciutn marorum. . Hieracium pilcsella. , , Crépis ruLra Soncbus arvensis. . . . Alyssum utricuLtnm. . Leontodon Soncbus L-ipponicus. . Laclnca sativa. . . . • . (îalendula plnvialis. . . Nympbsea alba MATIK. 9à lo lo lo à la 8 à o HEURES du coucher, c'est-i-diro où se ferment ces mêmes fleurs. lo i 12 SOIR. 3 7 7 à 8 I 4 à 5 5 2 3 à 4 1 à 3 4 3 3 à4 5 238 ÛORLOGE SB FL0R:E. HEURES du lever, c'est-à-dire de l'e'panouisse- ment des flei^rs. MATIN. 7 7 à s 7 à 8 S 9 9 9 9 lO lO lO II SOIR. 5 6 9 9 10 lO NOMS des PLANTES OBSERVÉES. Anthericum ramosum Mesembryanlheinuna tarbalura... Mesembryantheinaiu liuguiforme Hieraeium auricula Anagallis arvensis. , , Diautbus prolifer Hieraeium chondrilloides Calendala arvensis Arenarla Mesembryautbem. crystallynnin. Mesembryanthemuui nodlflorum HEURES du coucher, c'esl-à-dire où se ferment ces mêmes fleurs. Nyctago bortensis. Géranium triste. . . Silène noctiflora. . Cactus grandiflorus. SOIR. 3 à 4 a 3 2 3 2 à 3 2 à 4 3 Selon la remarrjue d'Adanson , le tableau de Linnseus, pour le climat d'Upsal, diffère d'une heure de celui qu'on pourrait faire pour le climat de Paris. CALENDRIER DE FLORE, EPOQUES DE LA FLORAISON DE QUELQUES PLANTES SOUS LE CLIMAT DE PARIS , d'aprÈs M. DÉ LAMARCK. JANVIER. L'Hellébore uoir [Hdlehorus niger). FÉVRIER. L'Aune {Alniis vîscosa). Le Saule marceau {Salix caprœa). Le noisetier {Corylus a\'elland). Le Bois-Gentil ÇDaphne niezereiim). Le Galanthus nivalis. MàRS. Le Cornouiller mâle {Cornus mas). L'Anémone hépatique {Hepadca iriloba). \jAndrosace carnea, La Soldanellc {Soldanella aîpïna). Le Buis {Biixiis sempervirens). La Thuya {Thuya orientalis). L'If {Taxus baccata). U Arahis alpina. La Renoncule ficaire {Ficaria Ranunculoides). 24o CALÈNDRIEB. DE ÎLORÊ. L'Hellébore dl.ùvev (Helleborus hyemalis). L'Amandier {Amygdalus comtnunis). Le Pêcher {Amygdalus persica). L'Abricotier {Armeniaca saliva). Le Grosciller à maquereau {Rihes grossularia). Le Pétasite ( Tussilago Petasites). Le Pas-d'Ane {Tussilago Farfara). Le Ranimculus auricomus. La Giroflée jaune {Cheiranthus cheiri), La Primevère {Pri/nula veris). La Fumeterre bulbeuse {Corjdalis hulhosa). Le Narcissiis pseudo-Narcissus. U Anémone Ranunculoides. Le Safran printanier (Crocus vernus). Le Saxifraga crassijolia. L'Alaterne {Rhamnus alaternus). Le Prunier épineux [Prunus spinosa). Le Rhodora de Canada {Rhodora canadensis). La ïulipe précoce {Tulipa suaveolens). Le Draba verna. Le Draba aizoides. Le Saxifraga granulata. Le Saxifraga tridactylites. Le Cardamine pralensis. U Asaruni europœuni. Le Paris quadrij'olia. Le Pissenlit {Taraxacuui Dens-Leonis). La Jacinthe {Hyacinihus oriemalis). L'Ortie blanche {Landuni album). CALEJXDRIER DE FLORE. 24 1 Le Prunier {Prunus domesticà), La Sylvie {Anémone nemorosa). L'Oi-obe prinîanier {Orohus vernus). La petite Pervenche {Vinca minor). Le Frêne commun {Fraxinus excelsor). Le Charme {Carpinus betulus). L'Orme {Ulmus campeslris). L'Impériale {Fritillaria imperialis). Le Lierre terrestre {Glecotha hederacea). Le Junctus syhaticus. La Luzula campeslris. Le Cerasdum arvense. Les Erables. Le Çrunier niahaleb {Prunus mahaleh). Les Poiriers. MAI. Les Pommiers. Le Lilas {Syringa vulgaris). Le Marronnier d'Inde {^sculus Hippocastanum). Le Bois de Judée {Cercis Siliquastruni). Le Cerisier {Cerasus communis). Le Faux Ébénier {City sus Laburnum). La Filipendule {Spirœa Filipendula). La Pivoine {Pœonia ojjîcinalis). \^ Erysinuim alliaria. La Coriandre {Coriandruni sativum). La Bugle {Ajuga reptans). L'Aspérule odorante {Asperula odoraia). LaBryoue {Bryonia dioica). Le Muguet {Convallaiia maïalis). a' Partie. iG 242 CALENDRIER DE FLORE. L'Epine-Vinctte {Berheris vulgaris). La Bourrache {Borrago officinalis). Le Fraisier {Fragaria vesca). L'Argentine {Poteniilla argentea). Le Chêne {Quercus Robiir). Les Lis , etc., et en généial le plus grand nombre des plantes. JUIN. Les Sauges. L'AIkékenge [Physalis Alkekengi). Le Coquelicot {Papaver Rhœas). La Cardiaire {Leonurus cardiaca). La Ciguë {Conium maculalum). Le Tilleul {Tilia europœa). La Vigne [Vitis vinifera). Les Nigelles. U Heracleum sphondylîum. Les Nénuphars. La Prunelle {Prunella vulgaris). Le Lin {Limim usilatissimum). Le Cresson de fontaine {Sisymbriuju Nasturtîum). Le Seigle {Secale céréale). L'Avoine {Avena sativa) . Le Froment ( Triticum sativum). Les Digitales. Le Pied-d'alouette {Delphinium consolida). Les Hypericum. Le Bleuet (Centowrea Cyanus). U Amorpha fructicosa. Le Melia Azedarach. CALENDRIER DE FLORE. 245 JUILLET. L'Hysope {Hysopiis ofjîcinalis). Les Menthes. L'Origan {On'ganus vulgaré). La Carotte {Daucus Carotta). La Tanaisie (Tanacelum vulgare). Les OEillets. La petite Centaurée {Erythrœa Centaurium). Le Monotropa Hypopithys. Les Laitues. Plusieurs Inules. La Salicaire {Lythrum Salicaria ). La Chicorée sauvage {Cichorium Intyhus). La Verge d'or {Solidago Firga aurea). Le Catalpa {Bigoiiia Catalpa). Le Ceplialanthus. Le Houblon {Hiunulus Lupulus). Le Chanvre {Cannabis sativa), etc., etc. AOUT. La Scabiosa succisa. Le Parnassia palustris. La Gratiole {Gratiola officinalis). La Balsamine des jardins {Balsamina hortensis). L'Euphraise jaune {Euphrasia lutea). Plusieurs Asters, lie Laurier-Tin {Vïburnum Tinus). Les Corcopsi's. Les Rudbeckia. Les Sylphium. 16. 244 CALENDRIER DE FLORE. SEPTEMBRE. Le Riiscns racemosiis. \J Aralia spinosa. Le Lierre {Iledcra Hélix). Le Cyclamen [Cyclamen eiiropccu/n). U Amaryllis luiea. Le Colchique {Colclncwn autumnale). Le Safran {Crocus sativus). L'OEillet d'Inde ( Tagetes erecta). OCTOBRE. U Aster grandijîorus . Le Topinambour [Helianlhus tuherosus). U Aster miser. \J Anthémis grandijlora , etc. Le Chrysanthemum indiciim. •w*^^™**^^^ TABLE ANALYTIQUE PES MATIÈRES, INTRODUCTION. Définition de la Botanique, et objetsdont elle s'occupe, i. — Sa division en trois brandies, la Botanique proprement diic,la Physique végétale , et la Botanique appliquée; Subdivisions do ces branches, 2. — Ce qu'on entend par un végétal j 3,-~. Différence enW9 les végétaux et les animaux, 4- PREMIÈRE PARTIE. Parties élémentaires des végétaux ou Anatomie végétale , 7. — Tissa cellulaire, S. — Composition, ib. — Formation et développement du tissu cellulaire ; Globuline de M. Turpin ; Chromidc de M. De Candolle, 9. — Trois modes de multiplication, i i. — Formes des cellules , /6. — Com- munication, «è.— Par des pores, ib. — Par des fentes, 12. — Tubilles , ib. Prosenchyme,/^. — Clostres, ib.' — Méats, i3 Rapbides, ib, — Rayons médullaires, ib. — Lacunes, ib. — Cellules composées , i4' — Matières contenues dans les cellules , /è. — Propriétés du tissu cellulaire, i5. — Tissu vasculaire ou tabulaire, ib. — -Différeutes espèces de vaisseaux, 16. — Distinction des vaisseaux en vaisseaux séveux ou lymphatiques, en vaisseaux propres et en vaisseaux aériens, 11. — Observations de M. AmicI sur les vaisseaux poreux, 11. — Organisation des pores, ib. — Fonctions des rayons médullaires, ib. — Mode de communication des cellules , ib. — Système de M. Dutrochet sur les pores des parois cel- lulaiies, aS. — Parenchyme, 24. — Origine et formation des vais- seaux, 20. — Les vaisseaux sont originairement des cellules, ib. — Des glandes, 3o. — Différentes espèces de glandes, ib, — Des poils, 3r. ^ Distinction des poils en glandulifères, excréteurs ou lymphatiques, Sa. — leurs formes, ib. — Organes de lanutrition , ib. — Organes delà repro- duction, 33. — Grande division des plantes en inembryonées (crypto- games , agames , acolylédones), et en embryonées (phanérogames), fondée sur l'absence ou laprésence de l'embryon, 37. — Division des embryonées en monocotylédons et dicotylédous, suivant que le corps cotylédonaire est simple ou divisé , ib. — Division des organes des végétaux en deux classes, suivant qu'ils servent à la nutrition ou à la reproduction, 38. 246 TABLE APSALTTIQUE l'e CLASSE. Organes de la nutrition ou de la 'végétation. Chapitre l'^t. De la racine; définition et caractères de l.i racine, 40. — Il ne faut pas la confondre avec les tiges souterraines, 42. — Différen- tes parties sont snsceptibles de produire des racines, 43. — Distinction de la tige et de la racine , ib. — Exostose, 45. — Elle est formée de trois parties , ib. — Division des racines suivant leur durée , en an- nuelles, bisannuelles, vivaces et ligneuses, /é. — Suivant leur struc- ture , en pivotantes, fibreuses, tubérifères et bulbifères, 47- — Sniv'ant leur consistance, 49- — Leur direction , ib. — Leurs formes, ib. — •■ Us? ges des racines, 52. — Leur division fondée sur leurs usages en médecine , 59. Chat. IL De la tige; caractères delà lige, 6r. — Il ne faut pas la con- fondre avec la hampe et le pédoncule radical, ib. — Cinq espèces de tiges, le tronc, le slipe , le chaume, la souche, la tige proprement dite, 62. — Distinction des tiges suivant leur consistance , 64- — Leurs foriies , 67, — Leur composition, 69. — Leur direction , 70. — Lear vfstitureet leurs appendices, 71. — Leur superficie , ib. — Leur pu- bcscence, 73. — Lenr armure, 74. — Stiucture anatomique des tiges, ib. — Sect. If» Organisation de la tige des dicotylédons , 75. — De l'épiderme, 76. — Opinions diverses sur sa nature et son ori- gine, ib, — Stomates, 78. — Glandes lenticulaires de Guettard , ou lenticelles de M. De Candolle , 80. — De l'enveloppe herbacée, 8i. — Des couches corticales, 83. — Du liber, ib. — De l'aubier ou faux bois , 85. — Du bois proprement dit, 86. — De l'étui médullaire , 88. — De la moelle, 89. — Sect. II. Organisation de la tige des monoco- tylédons ,91. — Sect. III. Organisation de la tige des fougères arbo- rescentes, 93, — Sect. IV. De l'organisation de la racine, 94. — Sect. V. Considérations générales sur l'accroissement des végétaux, et eu particulier sur le développement de la tige , 96. — §. le'. Accrois- sement de la tige des arbres dicotylédones , 98. — y4. Accroissement en diamètre, 16. — Théorie de Duhamel, 99. — Théorie de M. Du Petit-Thonars , 102. — Théorie de M. Mirbel , 108. — D. Accroisse- ment en largeur, 1 12. — Accroissement en hauteur, 116. — §. II. Ac- croissement de la tige des arbres monocotylédons , 118. — Opinion de l'auteur sur la nature delà t'ge ligneuse des monocotyîédons , 119. — Théorie de quelques procédés pour la multlplicatiou artificielle des végétaux, expliqués par les lois de la physiologie végétale, i23. — ]\Inicotte, 124. — Bouture, ib. — Greffe, i25. — §. I". Greffes par approc'ae, 127. — §.11. Greffes par scions, /é. — §. III. Greffes par gemmes ou boutons, 129. — §. IV. Greffes des parties herbacées des DES MATIÈRES. l[\f végétaox, ih' — -De la haateur des arbres, i3o. — De la grosseur les arbres, ï3i.^^ De la durée des arbres, i 32. — Usages des tiges, ib. — Leur division suivant leurs usages en médecine, i'->3. Chap. III. Des bourgeons, i34. — Des bourgeons proprement dits, ib. — Leur division en nus et écaillenx , i35. — Subdivision des seconds, suivant les parties qu'ils renferment, iS^.—^ Du tnrion, ih. — Da bulbe, i38. — Des tubercules, 140. ^- Des bulbilles, 141. — Usages des bourgeons et des bulbes, 142. Ckap. IV. Des feuilles, i43. — Leurs différentes dispositions avant leur entier développement, ib. — ■ Considérations sur la feuille, après ce développement; sa définition, son origine , i45. — Ses deux parties, le pétiole et le limbe, ib. — Faces du limbe : l'inférieure présente les uervtires dont les dispositions variables ont une grande importance, et peuvent être rapportées à trois principales, i4t> et suiv. — Diverses manières dont la feuille est unie à la tige, 148, — Division des feuilles en simples et composées, i5o. §. I. Des feuilles simples. Leur distinction suivant leur point de départ. Leur disposition sur la tige ou les rameaux, iSî. — Leur direciion rel.itivement à la tige, i56. — Leur circonscription ou figure, i58.— ^ Les écbancrures de leur base, 160. — Leur mode de terminaison à leur sommet, 161, — Leur contour, ifia. — ■ Leurs incisions plus ou moins profondes, i63. — Les modifications de leur bord , ifiS. — — Leur expansion , 167. .^- Leur superficie, ib. — Leur pubc-acence, t68. — Leur consistance ^t }eur tissu, ib. — Leur forme, 169. — Leur coloration ,ïb. — Leur pétiolation , 170. — Leur durée, 172. §. II. Des feuilles composées , 172. — Leur division en composées pro- prement dites et décomposées , ib. — - Subdivision des unes, ib. — Et des autres, 173. Structure, usages et fonctions des feuilles, 178. - Opinion de M. Dn- trocbet sur les mouvemens des feuilles, 191. — Défoliatioa ou cbute des feuilles, 198. — Leurs usages économiques et médicaux, igS. Chap. V. Des stipules; leur définition, 197. — Importance des caractères qu'elles fournissent , j^. — Variétés de leur connexion , de leur con- sistance, de leur figure, de leur durée, 198. Chap. VI. Des vrilles, cirrhes ou mains, 199. CnAP. VII. Des épines et des aiguillons , 200. De la nutrition dans les végétaux , 202. — De l'absorption ou suc- cion, 2o3. — De la raarcbe de la sève , 20S. — Obser-^ations nouvelli s de M. Amici sur la circulation du suc dins les Chara et le Cauli/iia fragilis , 21 3. — Diverses bypotbèses relativement à la cause qui dé- termine la marcbe de la sève, a 17, — De rçjjdosniose , 230.-^ De la 34^ ÏAJBLE ANALYTIQUE transpiration, 227. — De l'expiration, 229. — De l'excrétion , 2 33. -^De lasèvedescepdantp, 234. — De l'assijmlatiou ou de la nutrition proprement dite, 2 36. ÏI« CI.A5SE, J}es organes de la reproducùon m de la//nc(l/icacion, • SïCTioir Ipp, Des organes de la floraison. Considérations générales sur la fleur, 248. Chap. 1er. Du pédoncule et des bractées, 2/19. — Ce que sont les pédon- cules, là. — Ce que sont les bractées, ?5o. — Leurs diverses dis- positions, 25 1. -r- Unies, elles forment ou une capnIe,ouun iuvo- lucje , qui prend, suivant les cas, le nom de calicule ou de spathe, iù, ^^ De ces parties dans les Graminées, 253. CuAP. II. De l'inflorescence. Définition, 254. — Divers modes d'inflores- cence, 255. — L'épi, 257. — Le chaton, aSS. — Le spadice, ibid.—- La grappe, aSg. — La panicule, ibid.— La. cyme, 260. — Le thyrse, 261. — La corymbe, i^«W. —. L'ombelle, 262. — Le sertule, 203. — Le capi» tule , ibid. Chap. III, De la préfleuraîson , 264. Chap. IV. Des enveloppes florales en général , 266, Chap. V, Du calice, Définition et caractères, 270. — Distinction des calices en monosépales on gamosépales, et polysépales, ib. — Carac- tères des premiers, ib. — Leur distinction établie d'après leurs divisions plus ou moins profondes , 27 I. — D'après leur régularité ou irrégu- larité et leuss formes diverses, 273. — Nombre variable des sépales dans les calices polysépales ,275. Chap. VI. De la corolle. Définition et caractères , 276. — Division des corolles en monopélales et polypétales , ib. — Ce que c'est qu'un pé- tale, 277. ~ Ses parties , ib. ~ Différences des corolles monopéta- les et polypétales , ib.^.,- Des parties que présentent les premières , le tube, le limbe et la gorge, 278. . — Corolle monopétale régulière,?'^. — Irrégnlicre , 280. ~ Corolle polypétale , 284. — • Corolles polypé- tales régulières qui peuvent être cruciformes , rosacées, caryopbyl- lées, 286. — Corolles polypétales irrégulières qui sont papilioiiacées on anomales, 288. . — Situation relative des sépales et des pétales, ib. CuAp. VII. Des organes sexuels. Histoire de leur découverte , 290. — . Des parties qui concourent à les former, 292. Chap. VIII. De l'étamine ou organe sexuel mâle, 292.— Des parties qui la composent , ib. — Nombre variable des étamines , 293. • — ' Leur grandeur relative, 394.—. Leur situation relativement aux divisions du calice et de la corolle. 295. —5 Leur direction , 296. — Elles sont libres ou réunies, 297. DES MATIÈRES. 249 §. I. Ha filet. Ses différentes forines, 297. —Les filets sont calibres ou soudés, soit en partie, soit en totalité, 298. — Leur nature et leur structure organique, jOO. §. II. De l'aiithère. Des parties qui conconrcnl à la former , 3oi, — De fies loges et de leur nombre, iù. — Points d'attache des antbères, 3o2. — Leurs formes , ib. — Les loges des anthères biloculaires peuvent être soudées de difféi-entes manières , 3o4. — Peuvent être réunies par ua connectif , ib, — Modes de déhiscence des anthères, 3oD.. — Les an- thères peuvent être adhérentes entre elles, 3o6. §. in. Du pollen, 309 Structure, nature de la superficie, et forme des grains polliniques , 3 10. — Observations de M. Guillemin, tb. ■— Observation de M. Ad. Brongniart , 3i2. — T'ormation du pollen suivant M. Miibel, 3 1 4. >— Pollen en masse des Orchidées et des As- clépiadées , 3 1 .'). CuAP. IX. Dn pistil ou organe sexuel femelle. Parties qui le compo- sent , 317. — Du gynopbore et du podogyne , 3 1 8. §. I. De l'ovaire. Ses caractères , 3 ig. ' — • Son adhérence, ou non-adhé- rence avec le calice; importance de ce caractère, ib Ovaire infère, ib. • — Ovaires pariétaux, 32o, — Ovaire gynobasique, 32 r. — Cavités in- térieures ou loges de l'ovaire variables en nombre , 322. — Des ovu- les qu'elles contiennent , 32 3. §. II. Du style , 324.^ — • Le nombre des styles et leur position relative- ment à l'ovaire, ib. — Leurs formes , 32 5. §. îlï. Dn stigmate. Définition , 327..^ — Nombre des stigmates, 328. — Leur position sur le style , ib, — Leur différence de substance , ib. — Leurs formes , 32g. Nouvelles considérations générales sur la fleur, 33o. -— De l'an- thése , 33i. Division des plantes suivant la saison de leur floraison, 333. Influence des météores atmosphériques sur certaines fleurs, 334. Des nectaires, 335. Cha-p. XII. Du disque. Définition, 337. — Sa distinction en bypogyne , périgyne et épigyne. De l'insertion. Ce qu'on entendpar ce mot, 340. — Distinction des insertions en absolue et relative, 341, — Troissortes d'insertion rela- tive, S42. Chap. XIII. Du réceptacle de la fleur, 343. Chap. XIV. Delà nature physiologyque de la fleur, 346. Chap. XV. De la fécondation historique , 35o. ■ — Phénomènes prépara- toires, 353. — Phénomènes essentiels, 356. — i Phénomènes consé- cutifs, 368. 300 TABLE ANALYTIQUE SfiCTiox II. Du fruit ou des organes de la fructification proprement dits, 370. Chap. I". Du péricarpe. — Définition, 370. — Des trois parties qui le forment , l'épicarpe , le sarcocarpe, l'endocarpe, 37 i. - — Des organes accessoires du péricarpe. De sa cavité intérieure simple on offrant plu- sieurs loges, 372. § I. Des cloisons qui séparent ces loges, 376. ^ II. Du trophosperme, 377. § III. De l'arille , 378. — Delà columelle, 38o Déhiscence du péri- carpe , 38i, — Péricarpes simples, ibid. — Péricarpes déhiscens , iblil. — Nombres de valves, ibid.- — La déhiscence valvaire peut être 10 lo- culicide , 2" septicide; 3" septifrage, 382. —Formes di péricarpe dans son ensemble, 383." — Le fruit est quelquefois couronné d'une ai- grette , ibid. — Cette aigrette est sessUe ou stipitée , ibid. — Elle est poilue on plumeuse , ibid. Chap. II. Delà nature physiologique du péricarpe, 385. Chap. III. De la graine, 390. ■ — Définition de la graine, ibid. • — 11 n'existe pas de graines nues, c'est-à-dire sans péricarpe, ibid. — Dis- semblance des véritables graines d'avec les corpuscules reproductifs des plantes agaraes , 391. — La graine est formée de deux parties : 1° de l'épisperme ou tégnment propre; 2* de l'amande, 392. — Du hile ou point d'attache de la graine , ibid. — Sommet , face , bords de la graine , ibid. — Graine comprimée , graine déprimée , ibid. • — Position des graines , ibid. — Dressées , 393. — Renversées, ibid. — ■ Ascendan- tes , suspendues , péritroj es , ibid. ^ I". De l'épisperme, Sg . — Testa et te^xatn , ibid. — Hile, cmpha- lode, vasiducte et chalaz( , 394. — Micropile , eœbryotége, SgS. § II. De l'amande, 385. — Elle est fjrmée par i'embryon seul ou uni à un endospernie , 3y6. § IIJ. De l'endosperme, 396. — Sa couleur, sa substance, 397. § IV. De l'embryon, 397. — Embryon épispermique, 398. — Embryon endospermiqae, ibid. — Embryon extraire et intraire , ibid. — L'em- bryon est formé de quatre parties: 1° le corps radiculaire ou la radi- cule ; 2» le corps cotylédonaire ; 3* la gemmule ; 4° la tigelle. La radi- cule peut être nue ou coléorhizée, c'est-à-dire renfermée dans une coléorhize, 399. — Le corps cotylédonaire e^t à un seul, à deux ou à un grand nombre de cotylédons , 400 Embryon monocotylédoné et dicotylédoné, ibid. — Nouvelle division des végétaux en endo- rhizes, exorhizes et synorliizes , 401. — Usages des cotylédons, 402. — Cotylédons hypogés et épigés , ibid. ■ — Feuilles séminales , ibid. — De la gemmule ou plumule, ibid. — Feuilles primordiales , 4o3. • — De DES MATIERES. 201 la coléoptile, ibid. >— De la tigelle, ibid. — Direction de l'embryon re- lativement au péricarpe , /6iW. — Embryon homotrope, antitrope, or- tliotrope et amphytrope, 404. § V. De l'embryon dicotylédoué, 4o5. — Caractères que présentent en général sa radicule , ses deux cotylédons, sa gemmule , sa ligelle, ibid. — Ses anomalies , ibid. ■ — Soudure des deux cotylédons en un seul; le marronnier d'Inde , ibid. § ^l' De l'embryon monocotylédoné, 406. — Souvent on ne peut bien reconnaître ses différentes parties que par la germination , ibid. — Corps radiculaire, embryon macropode, ibid. — Radicule enfermée dans une coléorbize ; elle n'est pas toujours simple , ibid Corps co- tylédonaire, 407. — II est simple, indivis, ibid. — Gemmule renfer- mée dans le cotylédon, composée de petites feuilles emboîtées les unes dans les autres, ibid. — Piléole, tigelle, se confond ordinairement avec le cotylédon ou la radicnle , ibid. — Structure de l'embryon des Graminées, ibid. — De l'hypoblaste , ibid. — Du blaste , ibid. — De la radiculode, 4o8. — De l'épiblaste , ibid. Chap, IV. De la structure de l'ovule avant l'imprégnation, et des modi- fications qu'il éprouve jusqu'à la maturité de la graine, 408. Chap.V.Dc la Germination Définitions de la germination , 4 1 9 — Circon- stances nécessaires de la germination: les unes dépendent de la graine, les antres lui sont accessoires ou étrangères. État où doit être la graine, 41g. — Agens extérieurs indispensables à la germination, 420. — BeVesLU, ibid. — Elle sert de véhicule aux substances alimentaires du végétal, ibid. — Sa trop grande quantité est nuisible aux graines, ibid. — Elle ramollit l'enveloppe séminale et favorise sa rupture, ibid. — De la cbalenr, 421. — Elle est aussi nécessaire que l'eau, mais ne doit pas passer certains degrés, ibid. — Une cbalenr de aS à 3o degrés est la plus convenable, ibid. — De Vair, ibid. — Il est aussi utile aux végétaux pour germer et croître qu'aux animaux pour respirer et vivre, ibid. — Expériences deHomberg, qui dit avoirvu germer des graines dans le vide de la macbine pneumatique, peu exactes, ibid. — Action de l'oxigène, 422. — Il aide et fevorise la germination, ibid. — Pur, il l'accélère d'a- bord , mais il ne tarde pas à l'arrêter par l'activité troppuissante qu'il lui communique, ibid. — Son action tempérée par sa réunion au gaz azote ou au gaz bydr.ogène, 42 3. — Proportions les plus convenables de ce mélange. — L'oxigène, absorbé pendant la germination, se combineavec l'excès de carbone que contient le jeune végétal, et fonne del'acide car- bonique qui est rejeté au debors, ibid Influence de cette combi- naison sur l'endosperme , ibid. — Expériences de M. de Humboldtavec le chlore, (^iW. — Influence du sol et delà lumière sur la germination, 203 TABLE ANALYTIQUE 424. •» Phénomènes généraux de la germination, 4a5. — La radicule parait la première 426. — La gemmule paraît peu de temps après, 427. Usage de l'épisperme, 428. — Il sert à empêcher l'eau d'agir trop di- rectement sur l'embryon, ibid. — Origine de l'endosperme, ibid. — Usage de l'endosperme, qui fournit les premiers matériaux de sa nu- trition au jeune végétal, ibid. — Les cotylédons remplissent souvent les mêmes usages que l'endosperme , ibid. %• !"• Germination des embryons exorhizes on dicotylédones, 429. § II. Germination des embryons endorhizes on monocotylédonés, 432. Chap. IV. Classification des différentes espèces de fruits, 433. — Con- sidérés en général, les fiults sont distingués en simples et compose, 434- — Suivant la nature du péricarpe , les fruits sont secs ou charnus, ibid, — Les fruits secs sont déhiscens ou indéhiscens, ibid. — Selon le nombre des graines qu'ils renferment, on distingue les fruits en olïgo- spermes et en polyspermes, 435. — Fruits pseudospermes, jj/t/. Premirèe classe. Des Fruits simples. Section tremière. Fruits secs. §. I". Fruits secs et indéhiscens, 437. I ° La Cariopse , ibid. 20 L'Akène 438.»— Akène avec aigrette , «ijVf. 30 Le Polakène , ~- Dlakène , — Triakène , etc. ,438, 4° La Samare , ibid, 5' Le Gland ,439- 6" Le Carcérule, ibid, §. II. Fruits secs et déhiscens, 4^o^ 1° Le Follicule , /6/t^. a" La Silique, ibid. 3° La Silicule, 44^- 4' La Gousse , uni-biloculaîre , lomentacée f ibid. 5° La Pyxide , 442. 6* L'Élatérie, ibid. 7' La Capsule, 443' Section II. Des fruits charnus , ibid. 1" La Drupe, 444. 2* La Noix, ibid. 3° Le Nuculaine , ibid. 4° La Kalauste , ibid. 5' La Péponide, j^/é/. DES MATIÈRES. 253 6" L'HespérIdie, 445. 7» La lîaie, ibid. DEUXIÈME ctAssE. Dcs Fru'its multiples. Du Syncai'pe, 44^. La Mélonide. 447.' — Note sur cette espèce de fruits, lô/i/.— Mélonide à nucules , et Mélouide à noyaos , ibid. Troisième classe. Des Fruits agrégés ou composés. t" Le Cône ou StroLile, 449. 2° Le Sorose , ibid. 3' Le Sycône, ibid. Chap. V. De la Dissémination , 45o. — Ce que l'on doit entendre par ce mot, ibid. — C'est le moyen le plus puissant de la reproduction des espèces, /\5i. — Circonstances qui favorisent, ^5-2. — Péricarpes qui se rompent avec élasticité, et lancent leurs graines, ibid. —Appendices divers des graines qui augmentent leur surface et les rendent plus légères, ibid.— Les vents, les ileuves,les eaux de la mer sont les agens de la dissémination, 45(j. — Usages des fruits et des graines , 453 et suiv. DEUXIÈME PxVRTIE. î)£ tA Taxosomib, ou dcs Méthodes totaniqnes, t. — Coap d'œll sur l'histoire de la Botanique, létW. — Théophraste , ibid. — Gesner, 3. — Les frères Baubin, Rai, Magnol etRivin, 4. — Cœsalpin, ibid.> — Tonr- aefort , ibid. — Linnœus, 5. — Adanson, Bernard de Jasslen, An- toine Laurent de Jussieu. Méthode de Tournefort, 9 et suiv.— Clef de la méthode de Tourne- fort, 17. Système sexuel de Linnacus , 18. Système sexuel de Linnsens, modiiié pat' M. Richard père , 3o. Clef du système sexuel de Linnaius , 33» Méthode de M. de Jussieu, ou des familles naturelles , 34. Clef de la méthode de M. de Jussieu, 62. Tableau des familles du règne végétal , 63. FIN ht. tA TABLE ANAtVtiQOE. TABLE ALPHABÉTIQUE DES FAMILLES DE PLAATES DiCIUT^EB DAlSrS CET OUVRAGE. AcaitthacAes. Pag. 128 Bmnîacées. Acérinécs. 178 Butomeœ. Mgœ. 67 Byttnéiiacées. Alismacées. 93 Alismoides. 94 Cabombées. Amaranihacées. 118 Calycérées. Amarjllidœ. 100 Campannlacées. Amentacearum gênera. 232 Cannce. A moulées. io3 Capparidées. Ampélidées. 177 Caprifoliacées. Anonacces. i58 Caryophyllées. Apocynées. i36 Casuarineœ. Aqnifoliacées. 224 Cedreleœ. Araliacées. 154 Célasti-inées. Ardisiacece. i38 Celtidece. Aristolochiées. m Cercodiennes. AroïJées. 82 Champignons. Asclepiadeœ. i36 Cliaracées. Asparaginées. 95 Chénopodées* Asphodeli. 97 Chlénaeées. Atherospermœ. 228 Chicoraceœ. Atripliceœ. 117 Cistées. Aurantiacées. 176 Colcliicacées. Azarineœ. III Combiéfacées. Coœmélinées. Balanophorées, 109 Compositœ. Balsaminœ. 164 Conilères. Eerhéridées. i59 Convolvulacées, Bétulinées. 23l Corymbiferœ. Eignoniacées. i34 Crassniacées. Bbinées. 190 Crucifères. Eonibacées. 167 Cucurbitacées. Boopidœ. 146 Cunoniacece. Eorraginées. i3i Cupclifères. Broméliacées! 98 Cycadées. TABLE ALPHABET." DES FAMILLES DE PLANTES." 255 Cjnarocephaîœ. Cyperacées. Cytinées. DlLLÊNIACÉES. Dîoscorées. Diosmeœ. Dipsacées. Droséracées. Dr/injrrhizées. Ebéitacées. Eléagnées. Epacridece. Equisétacées. Eiicinées. Erythroxyl^es. Euphorbia cées. FlCOÏDÉES. Flacourtianées. Fluviales. Fougères. Frankeuiacées. Fuinariacées. Geiîtianées. Géraniacées. Gesuérjacées. Globulariées. Goodenoviœ. Graminées. Grnssulari(V. Guayacanece. Guttifères. Halorageœ. Hamamélidées. Heinerocalltdece, Hémodoracées. Hépatbiques. Herinanniœ. Hippocasl-anece. Hippocralicées. Hoinalinées. Hydrocharidées. Hydroléacées. Hydiophytes. Hygrobiées, Hypéiiciûées. i45 Hypoxylces. 86 XII llicineœ. Iridées. i56 99 Jasminées. i6i Joncées. i47 Juncagineœ. 192 io3 Labiées. Laarinées. 189 Legam-iieose^. u3 Lentibulariées. 141 Lichénée j. 77 Lilaceœ. 141 Liliacées 180 LinacecE. 325 Loasées. Lobeliaceœ. 199 Loranthées. 190 Lycopodiacées. 81 Ljsimachicc, 75 194 Magîtoliacées. 184 Malpighiacées. Malvacées. i35 Marcgraviacées. 1G4 Marsiléacées. 143 Mélastoinacées. 124 Méliacées. 144 Ménispermées. 87 Moniuiiées. 2o5 Mousses. i39 Masacées. 174 Myopi>iInées. Myrîcées. 209 Myrlsticées. 201 Myrsinées. 97 Myrtacées. 102 71 Narcissées. 168 Nayades. Nopalées. 177 Nyctaginées. 218 Nj mphéacées. 107 i33 OCHIÎACÉES. 67 Olacinées. 209 Oleineœ. 175 Ombellifères. 224 lOI 129 90 94 i3i n5 220 123 71 129 97 164 207 144 i5t 74 122 i57 179 i65f 173 76 fti4 180 160 22S 72 t02 i3o 23o ir6 i38 ai2 100 81 20J "9 108 160 172 129 x53 pe a zi\^ i\ 63 256 TABLE ALPHABÉ. DES FAMILLES DE PLANTES. Oiiagrariées. Opcrculariœ. Ophiospcrma. Orchidées. Orobanchées. Oxalidee, Palmiers. Pandanecc. Papavéraeées. Pai'onychiées. Passiflorées. Pedalineœ. Pediculares. Pittospoiées. Plantaginées. Pluiiibaginées. Podophyllœ. Podossewece, Polémoniacées. Polygalées. Polygonées. Pontédériacées. Portulacées. Potamophiles. Priniulacées. Protéacées. KenoncclacÉes. Résédacées. Resiiacées. Ilbamnées. Rhizoplioifies. Rizospermes. Rhodora. Ribésiées. Rosacées. RnbiacéeSé Rutacées. SalicariÉks. 2IO Salîcinées. 149 Sali'iniées, i38 Samydées. io5 Santalacéesl 125 Sapindacées. 164 Sapotacées. Saarurées. 88 Saxifragées. 83 Scitamincœ. i85 Sciophularinées. 197 Simarubœ. 208 Smilnceœ. t34 Solanées. 126 Scerciiliacecv. i63 'StrychnecE, 120 StjUdiœ. 122 Styracées. i85 Syinplocecs. 93 Syiiantbérées. i34 182 Tamariscinées. 117 Térébintbacées. 92 Terminalia. 198 Teinstrasmiacées. 8r Theaceœ. 222 Thytnélées. 114 Tiliacées. Trémandréea. t55 189 Tropocoleœ. ïyphinées. «9 222 l52 Urticées. 76 i4t Vaccinicc, 205 Taléi'ianéesi 2ltJ Terbénacées» 149 Violariées. 161 Vites. 2 1 5 ZjgophjUa:. 2l5 22 t 211 I7Ï ib. 114 170 184 i6i 83 927 ai 143 129 193 177 161 FtN DE LA TADI.É ANALTrïQtJE DES FAnlir.r.ES DLS n.AT^TES. 87" 71 275S B 59 iiAH^liii i-MMaki:!