' s < S ' g'4/,p :^oi[rirjs^^jrj:^c DE L'ACAD£MIE DE DIJON, POC/R LA P ARTIE DES SCIENCES ET ARTS, PREMIER SEMESTRE, I785. Wcviiij;*. iiiv U f^5^^g'Ar.^--«y:tfMSi;^S^q«r^ ^ DIJON, 'DM II..... Chez Causse, Imprimeur-Libraire de l'Acad aura — ;; — . 6 m Ce frottement fait Teffet d'une puiffance qui tireroit de J en P ; mais comme cette puiffance eft oppofee a la premiere JK , elle €n diminue par confequent I'aftion qui ne /• , ahh n akhnZahkn lera plus que = . Cette adion eft appliquee au point D qui eft au tiers de la hauteur da mur; la elle fe dou Ion tire i8 2 9 2 1^ , X =.-hz=.TZ9 & comme on a trouve x r= 20 r- en n'ayant pas ^gard a cettQ puiffance , il fiiit que fi on lui donne le moyen d'aglr , elle dirainueroit d'un quart I'epaiffeur des murs. L'on voit , par cette obfervation , qu'il feroit important d'employer imm^diatement ( derriere les murs fur-tout ) des fables 011 graviers mobiles qui puiffent s'appuyer fur Jes in^galites des paremens interieurs des revetemens , & que Ton feroit bien de conf- truire alternativement une affile faillante & une affife renfonc^e d'un pouce environ , ayant encore attention de laiffer les pare- mens de ces pierres en talus, plutot que d'etre a-plomb. PROBLEM E. Un mur a-plomb des deux cotes ctant donne ^ trouver un mur en talus qui ait la memi ri" Jljlance. ( Fig. 4 & 5- ) RESOLUTION, 46. Soit la h-auteur du mur = h , I'epaif- feur du mur a-plomb = a , Tepaiffeur au 10 A C A D i M r E fommet que Ton cherche = at, fon talui L = -. L'^nergie du mur a-plomb des deux -At^- nhay^a a a h , , , . , cotes , eit = . L energie du mur en talus eft^^^^ + ^+L\ ^h^hhx ^ m a /a 3 m in . h X X . 1 k "^ • r 1' i^i + + - — - : ainli 1 on aura 1 equation ---- = — -— + + — ; d ou 1 on tire | "* J mm jmn _ h ft L'on a trouve ( 43 ) que I'epalfleur du mur de revetement devoit etre les 7- de la hauteur; ce qui donnera r = l/-L ^^ +11. — . Si /77 = c , on aura ^ = A 1/ -2«. 4. -L. T" 100 ~ '' "; ' = A X ^ = A X = -^- A. Si OT 1000 1000 looo 25 = 'li, on aura x= h V H. "t-JH _ i. = 100 3X144 la xooo 1000 100 50 L'on yerra par-la que fi une ^paifffeur de D E Dijon, lySS. ii , >;eds eft fuffifante pour un mur aplomb de 20 pieds de hauteur, il faudra qu'il ait 6 pi. 4 po. 9 lig. fur la bafe , fi on lui donne un talus de ~ r& 6 pi. l po. 9 lig. fi le talus n'eft que de 77. Si le mur de revetement devoit etre trian- gulaire , Ton aura toujours la puiffance agiffante = 1-i— .; la puiffance refiftante fera h X 1 X , ibh X X __bh XX • — X — x^= — =~ » ce qui i 3 6 3 donne I'^quation — 5— = — — ou a h h =: ^ i8 3 6 ^;.&;c;.=lAi.Si? = ii2. on aura 6 i" l> i^o _ A A ! rp mii dnnne x ^-^ h "^ ~ — i' :^ lOOO X X -zz ~~hh; ce qui donne at = /^ x I hx —fi' Oh Ton voir que la forme na- turelle des murs de revetement pour oppoier une refiftance relative a la pouffee dans le* differens points de la hauteur, eft un trian- gle dont la bafe feroit a la hauteur , coiftflie 567 eft la 1000 ou environ, comme 4 eil a II. 47. La forme de revetement triangula^ire n'etant pas praticable dans I'ufage , pai'^^e que la partie fuperieure feroit bientot de- truite, il eft neceftaire de lui donner une certaine epaiffeur relative a la longueur du lit de pierres , de telle forte que ces moellons , aient moyennement une longueur plus grandc 12 ACADEMIE que la moitie de repaifleur du miir, &: qu'IJ y en ait quelques-uns qui faffent doubles paremens. Un mur ^pais eft quelquefois moins iblide qu'un mur mince , parce que le mi- lieu n'etant fait qu'en pierraille , il n'y a point de liaifon entre les deux paremens qui fe detruifent aifement. II paroit que Ton ne pent guere donner moins de deux pieds d'epaiffeur aux murs de revetement au fom- met; & en admettant cette epailTeur , Ton trouvera les difFerentes ^paifTeurs des bafes par le calcul fuivant. Soit h la hauteur , / iepaifleurau fommet, Ton aura, comme ci- deffus , I'energie de la puiffance agiffante , a h ^ = — ^-. La puiffance rehftante fera b hlx _ j_ jc + .■ X — ; d ou 1 on tire f- hh I X •\- T ,8lxx-{-^Ixzz 6 i8 Mettant les valeurs de a: = 120, ^ = 150,' '/ = 2, on a a: K — AA + 3 — 3. Si ^ = 10, 15 I J ^ Jt + / = 3 pi. VV. Si h = 10, x-\- 1 — 6^, i\ k =30,;c+/=io. 09,fi/^=4o, AT + /= 13.71; 20. 98 ; d'oii Ton voit que les talus vont tou- jours en augmentant, il n'eft que le 7^ de la fcauteur pour un mur de IQ pi. 5 il eft pref; D E Dijon, iyS5. 15 que le tiers pour nn mur de 60 pi. La figure 7*. marque les difF^rens profils des murs de revetement qui ont 2 pieds d'epaiffeur au fommet. 48. M. de Vauban a donne a fon profil 4 p. J- d'epaiffeur au fommet , il eft facile de voir par la formule x ^=-v — ti h -<- 'i''- — ^-; i\ ce profil s'accorde avec la th^orie pr6ce- dente, on a / = 4 7 » & x-=^y --bh-\-—-^-^ ^; fi^ = I0,A:+/ = 3. 32; fiA = 20, AT+Z := 6. 25 ; fi A = 30 , :r + / = 8. 87 ; fi A = 40, ;»;_^/=: 12.86; fl A= 50, a:+ /= 16. I3.;fl /i — 60x + /= 19. 91 ,fl A=70,;t-f/=:23.50; fi A =: 80 , X -{- / = 2,7. 2 ; fi A = 100 , ;f 4- / =5 34-4. (La fig. 8 marque ces difFerens profils), L'on voir que les talus vont toujours en augmentant ; a 14 & i 5 pieds , il n'y a pas ~. Cette puiflance eft appliquee a Textremite du levier ED =: i p. 4^; fon energie fera done 2 " 3° ^V X i P°- 4 1 = j"- 4 on. 1. 1°. Lorfque la puifl"ance P fera mouvoir le plan vertical , alors le plan horizontal foulevera ce triangle DFN qui pefe i" 14 on. J. Son bras de levier eft f DF := f x 2 po. 5) li. — I po. 10 !"• , & fon energie = 3". 7 on. I 30. Le frottement de lapartie DNF centre chacune des furfaces collaterals de la caifle, occafionnera une troifieme puifl'ance refif- tante ; fi ce frottement fe faifoit dans la totalite de la furface NTDF, fon aftion feroit les | du prifme qui auroit cette fur- face pour bafe , & la ligne D T pour hauteur ; D E Dijon, iy83, 17 '" & comme il ne fe fait que fur la moltle de cette furface , mais des deux cotes , il faudra toujours prendre les | de ce prifme , qui eft 3 po- X 2Po- 9 X I po- 4t= II p- 4li--j, & pefe 2 on- 5 gr- ^ X 1 1 P°- 4 ''• J X I ". Ijon. I gr. ^ , dont les f iont 6 on. ^ gr. J- Le levier de cette puiffance eft f DF = i p. 10 : foa energie fera done — 1 2 on. 1 gr. |. 4°. II refte encore une puiffance reftftante formee par I'effort neceffaire pour operer une disjonftion dans les terres , fuivant la ligne FN. Cette adion depend de la tenacite & de la pouffee des terres : de la tenacite, en ce qu'il faut vaincre Fadherence des parties de la terre qui font enclav^es les unes dans les autres ;& de la pouffee, en ce que cette tenacite eft d'autant plus grande , que la terre a plus de pouffee. II eft difficile fans doute de determiner exadement cette force ; mais il n'eft pas douteux qu'elle ne foit plus grande que celle qui refulteroit d'un frotte- ment iimple des terres centre une furface qui feroit le tiers de la poufl'i^e ; je le fuppoferai cependant le meme. Le trapeze NFLM qui pouffe , pefe 6" pon 1 _ I " ,4 on. ^=4// iion.i. Son aftion centre la furface N F, eft le tiers de ce poids — I " pon. i-. L'adion du frottement eft au moins le tiers de cette pouffee = Son. j gr. Son bras de levier eft DF = 2po. 91;. ainfi foa energie fera =11" yon. o gr. ~. Le total de ces quatre puiffances r^fif^ f antes eft 8 " 1 5 on. o gr« \. 18 A C A D i M I E La puiffance aglffante eft ds \ " ~ appllqude a I'extrcmite da levier AG=:7po-^; ainfi fon energie eft 7 7 x i °"- x =: 9 " 6 o". L'on voit par-la que cette pulffance agif- fante n'eft pas encore fuffifante pour vain- cre les puiffances rdfiftantes; par confequent ijue la dernlere de ces puiffances doit etre eftimee plus que le tiers de la pouffee des terres. En Teftimant une moitle , la quatrieme jjuiffance fera 7 x i " 9°"- -^ = 1 2 on, ^ gr. Son bras de levier etant de 2 po. pli. fon energie {"era i" 2 on- 3 gr. & le total des 4 puiffances iera 9 " lOon. 4 qui eft de 3on. 1 feulement trop fort *• on trouve que cette adion eft environ leS j de la pouffee ; au lieu que le frottement feul centre une furface plane , n'en feroit au plus que les |. Mais Ton doit conclure de cet exemple , que Tadion horizontale D E n'a pas lieu. Si Ton confidere encore la premiere figure de la premiere partie , on verra que celles des pctites bcules ( auxquelles on a com- pare le fable ) qui font fur la bafe & qui portent les autres , n'agiffent fur cette bafe que verticalcracnt ; car la boule b , par exemple , eft pouffee par les boules af^ fui- Vant la dirediion ab f b; d'ou refulte un effort bd compofe de deux, qui ne peat 'qu'agir verticalement , puifque la boule ne touche la bafe que dans un point. II n'y a que la boule I qui ^tant pouffee par lafeule l)oule h, produit deux efforts i/, ik. Si on. confidere encore la figure 5 de 1^ D E D I / O N, Z7ras de Ievier=2 pi. ^ po. fon energie eft lpi.^X2^ = 7.li. La I2^puiflanceeft 'e trapeze M quicon- tient 46 pi. ;fon effort .'fti_=:i5i;fonbras ;le levier M Z 6 pi. 'I. II. fon energie = >5 pi. 4 X 6. II. II. — 1 10. [. La 13^. puifTance eft le trapeze N qui contient 46 pi.; fon effort eftl? = lO-j-; 3 ' Ion bras de levier NQ = II. pi. 10 Y ; fon energie 19. pi. i. 3 i. Outre ces puiffan- ces,les triangles a Oa, CjG, L,&lesparal- D E D I J '49-4 192. o, O N , lySS. 29 l^logrammes aT^dV, ^ X , m Q , agiffent aufli par leur poids pies que je pourrois citer de rindiirolubilite d'un compoie par I'une des lubftances diffol- vantes qui entrent.dans fa compofition , je ni'arreterai a un feui dont I'analogie ell frap- pante. On fait que le fpat calcaire tient une portion d'eau affez confiderable , & cependant il eft infoluble dans I'eau , meme a la faveur de la portion d'acide mephitique qui s'y trouve. L'indiffolubilit^ vient done du de- faut de proportions , comme celle de I'al- liage d'or & d'argent dans Tacide nitreux , quoique tons les points de I'alliage pre- fentent certainement une portion quelcon- que de metal foiuble dans cet acide. Aufli on ne peut douter que quand on aura trouve le vrai diffolvant des gemmes , il fervira , non-feulement a les compofer en agiffant fur leurs divers materiaux , mais il agira encore fur ces corps tout formes , & aura la pro- priete de les remettre au meme point de diffolution oil ils ont ete dans Torigine , & avant toute cryftallifation, D -^O ACADEMIE L'autfe partie de latheorie de M. Achard," porte fur des bafes plus folides. Les Natnraliftes font blen convalncus au- |ourd'hiii que les cryftaux de roche & le quartz cryllalliie , fe forment par la voie liumide ; il n'y a pas de colledjon oil Ton ne voie de ces cryftaux enfermes dans le fchifte , dans le fpat pefant, pofes fur le fpat fluor , & meme quelquefois places & comme monies fur la mine de fer fpatique , toutes matieres qui ex<;luent abfolument i'idee de la produdion par le feu. On pent tirer la meme indudion de Tetat dans leqiiel on trouve dans ces cryftaux du fchorl , de I'amiante , du fpat pefant , de la pyrite d'an- timoine , &c. lis ont n^ceflairement ete en etat de diflblution avant de fe cryftallifer, ils ont done eu pour diffolvant un fluide aqueux. Ayant eu occafion d'obferver fur les lieux memes des rognons de filex dans des maffes de craie , dans des bancs de falaife de plu- fieurs lieues, des filcns de quartz perpen- diculaires rempliflant des fifTures de granit fans lui etre adherent , & fur-tout des cryf- taux fendilles , caries , rouilles & vifiblement attaques par quelqu'antre caufe que le frot- tement; je ne pus m'empecher de coramen- cer a foupgonner qu'il y avoit reellement un fluide qui travailloit continuellement cette matiere , qui la portoit plus ou moinspure, plus ou moins alliee , a travers les fubftances plus poreufes dans les fifTures ., les geodes D E Dijon, lySS. 51I & les fours a cryftanx, qui ne font que cle grandes geodes, oil I'evaporation infiniment lente d'line portion furabondante du diffol- vant , lui donnoit enfin la forme cryftalline determinee par la forme generatrice de fes Clemens , abfolument comme fe forment , mais dans un temps plus court, les flalaftites calcaires dans les grottes, & meme fous les voixtes non couvertes. En conliderant apres cela la nature des fubftances qui environnent cette produdion , fur-tout les maffes de craie , les falaifqs des cotes de la mer, & meme des carrieres de pierre calcaire , telle que celle qui a ete obfervee en dernier lieu a Champigny , par M. Monnet ; ( Journ. phyf, torn. XXV, pag, c)j. ) il eft difficile de fe refufer a la pre- fomption , que c'eil I'acide mephitique, ou du moins Teau mephltifee qui a ete ie prin- cipal agent de ces diffolutions, puifqu'il ell impoflible d'indiquer aucun autre fluide k portee des lieux ou elles fe font faites , ni meme a un grand eloignement , & que le ' quartz qui en fait la bafe , etoit pr^cedem- ment difleminedans ces maffes. Je dis le principal agent & non le dijfol-^ rant, parce que Teau mephitifee n'a en effet aucune aftion fur le quartz , & que la faine' chymie ne permet pas d'admettre dans les forces de la nature , une diftinftion purement relative au lieu oil elle opere ; comme ii , toutes chofes d'ailleurs egales, les affinites pouYoienn etre differentes dans les cavites D ij 51 ACADEMIE louterrelnes & clans nos Laboratoires ( I )^ Mais il faut convenir aufli que la Chymie eft bien pen avanc^e dans la connoiffance des diflolvans compojTes ; or , je ne fais aucim doute que celui que nous cherchons ici ne foit reellement de cette nature ; c'efl un fait qui me paroit ^tabli fur la compofition des gemmes. Ces plerres ont 6t6 analyfees par MM. Bergman & Achard , par des precedes differens ; leurs r^fultats, comme on devoit s'y attejidre, ont un pen vari^ pour les pro- portions; mais ils en ont I'un & I'autre ex- trait les mcmes principes, c'eft-a-dire beau- coup d'alumine , beaucoup de quartz , un peu de terre calcaire & un peu de terre martiale. il eft: bien connu que I'acide mephitiqiie (i) M. Bergman dit , a la verite , que I'eau qui n'attaque en aucune fa90n le filex dans nos Labora- toires , la tient neanmoins en diflblution a Geyfer en Iflande , & que cette eau qui jaillit de plus de cent pieds en hauteur fur dix-neuf pieds de diametre , de-- pofe tous les jours une quantite de rnatiere quartzeufts qui produit a la fin des maffes cnormes : mais Is iavant ProfefTeur d'Upfal a bien fenti que cette nou- velle affinite ne pouvoit etre determince que par la prefence d'une autre matlere qui augmentat la force dilTolvante de I'eau. II fuppofe que c'eft la rnatiere de la chaleur , qu'il eft dihacile en efFet d'accumuler an meme point dans nos Laboratoires , a moins qu'on n'y applique le digefteur de Papin , comme il le confeille, pour veriiicr fa conjecture. ( Opufc. torn, 3 , di£crtat, 32, §. XI. ) D E Dijon, iyS5. f 5 agit fur trois de ces principes; mals quand il eft uni avec les iinv 011 les autres , 011 meme avec phifieurs, n'acquiert- il pas, comme diflTolvant compofe , cles proprietds nou- velles , des affinit(^s difF(:;rentes;, & peiit- ttre la force d'attaquer le quartz? voila la qiicftion que je me fiiis faite, & que je ne crains point de repeter ici. II y a dejaqiiel- ques exemples en Chymie d'une vertu dif- folvante produite par la r(;union de deux fubftances par elles - memes impuifTantes, L'acide nitreux ne touche pas a la platine, I'alkali. encore moins, & le nitre lui enleve le principe metaliifant. Le foufre , ni Talkali fepares , ne peuvent rien fur Tor , & Th^par le diiTout. Cen eft aftez pour nous avertir de ne pas juger toujoiirs fur des analogies qui nous ont ft fouvent trompe. Les plus petits faits donnent quelquefois de la hauteur de la bouteille a tres-peu pres, Ce bouchon eft traverfe de deux tuyaux de verre ; I'un tire en pointe capillaire a I'ex- tremite qui eft en dehors , fe prolonge feu- lement dans I'interieur de deux a trois pouccs » & forme un petit coude pour qu'il ne puiffe recevoir que la liqueur quand on retournera la bouteille ; c'eft celui par lequel doit fe faire la ftillation. L'autre tuyau defcend jofqu'a une ligne pres du fond de ia bou- teille; il forme une equerre a I'exterieur, pour donner la facilite d'ouvrir & de fermer le robinet qui eft fcelle a fon extremite. Tout etant ainfi difpofe , & le bouchorj h'len affermi , je retourne la bouteille avec precaution dans un panier dont le fond eft perce pour laiffer paffer fon goulot, & qui eft garni de paillafl'ons pour la recevoir. On con^oit que fi elle ne portoit pas par- tout egalement , elle fe brifetoit par le feul eifet de la charge , puifqu'elle doit refter fufpea- due dans cftte fituation. ^ ^4 ACADEMIE I Get appareil n'exige , comme Von volt,' ni de grandes depenfes , ni line manipulation bienrecherchee. Jedelire que ces avantages puilTent engager les Phyfjciens a le mettre ' en ceuvre. Quand on jugera la diffoJution affez avancee, on gliffera fimplement fous le goulot de la bouteille , une foucoupe de verre ou de porcelaine , & ouvrant [^ ro- binet pour donner acces a I'air du dehors au dedans , on laiffera fortir par le tuyau ca- ' pillaire aflez de liqueur pour remplir le fond de la foucoupe : on repetera cette operation jufqu'a ce que toute I'eau de la bouteille fe foit fucceffivement ecoulee & evapoiree dans la foucoupe. II n'eft pas befoin d'avertir que le tout doit etre place dans un lieu tran- quille & a I'abri de la pouffiere. J'ofe pro- mettre a ceux qui voudront s'occuper de cette experience, qu'ils trouveront a la fin la foucoupe reprefentant affez bien la cavite •d'une geode, couverte d'une croute epaiffe d'ochre martiale , ayant en quelques endroits I'apparence d'une mine fpatique brune , pre- fentant ^a & la des pointes cryftallines blanches , fur lefquelles I'eau forte n'a point d'aftion , & peut-etre, a la faveur d'une cryf- taliifation ainfi menagee, des aiguilles affez prononcees pour decider completement la queftion. J MEMOIRE D E Dijon; tySS, 6f . M £ M O I R E SUR le tremblement de terre qui sefl fait fentlr a Bourg en Breffe^le z3 Oclobrc Par M. Riboust. i J E S phenomenes qui femblent indiqiiet quelque derangernent dans la marche ordi- naire de la nature , doivent infpirer de la curiofite ou de la crainte. II n'en eft point qui faffe naitre ce dernier fentiment avec plus de force que les tremblemens de terre , parce qu'on ne peut ni les pre voir, ni s'en, garantir. Avant la fecouffe qui fut fi fatale a Lisbonne , nous ne connoiffions en Breffe les tremblemens de terre que paries relations de leurs terribles efFets dans des contrees eloignees, ou par la tradition de quelques commotions dont on avoit prefque perdu le fouvenir. Le 6 Juillet 1783 , il y en eut line qui fut fenfible dans notre Province , & M. Maret I'a decrite de la maniere la plus intereffante. Celle qui a ete fentie le 1 5 Oc- tobre dernier , a ete trop rapprochee de la precedente pour ne pas attirer I'attention , & trop marquee pour ne pas repandre quel- ques alarmes. II m'a paru important de re- cueillir les differentes obfervations que j'ai E 66 ACAD^MIE pu me procurer fur cet evenement , folf pour en faire connoitre les details , foit pour en tirer des confequences que je crois tres- capables de rafliuer fur la nature du fol oil nous fommes places, Le Vendredi I 5 Odobre , a midi 3 ou 4 minutes , le mercure etant eleve dans le barometre a 28 pouces 2 lignes , & ay de- gres au defTus de z^ro dans le thermometre de Reaumur , le vent du nord foufflant le- gerement , par un temps parfaitement ferein & d^gage de tout nuage , j'entendis fubite- ment un bruit femblable a celui d'un coup de vent impetueux , & au meme inftant le plancher fuperieur de mon cabinet place a un fecond etage,craqua avec violence dans toutes fes parties , & il en tomba beaucoup de pouftiere. Je fus fur le champ balance quatre oil cinq fois dans mon fauteuil, d'une ma- niere tres-fenfible , quoiqu'il fiit large & fort pen eleve. Ne doutant pas que ce mouve- ment ne fiit Teffet d'un tremblement de terre , je courus a mon barometre , & )e reconnus que le mercure avoit baiffe d'environ deux lignes ; il reprit promptement fon premier niveau , & je montai au grenier fuperieur a mon appartement. J'y trouvai une femme efFrayee , qui m'affura avoir entendu un cra- quement confiderable dans toute la char- pente du toit , & I'avoir vue en moiivement. Une chaife pofee fur un efcalier , de ma- niere qu un de (qs pieds portoit a faux fur D E Dijon, tyS5. 67 line marche, fut renverfee, & des bocauj^ de verre places fur une armoire , s'etoient entre-choques , & avoient fait entendre im bruit & uii fremiffement feniibles. Les perfonnes qui etoient dans les appar* temens inferieurs, ne s'apper^urent point de cet evenement , foit parce qu'elles etoient plus rapprochees du fol , foit a caufe de$ occupations interieures auxquelles elles etoient livrees. La commotion m'avoit pam affez forte pour me faire craindre que les murs de la maifon n'euffent re^u quelqu'at-* teinte ; je les vifitai , & n'y reconnus aucune fuite de leur ebranlement. La fecouffe avoit dure environ fix fecondes , & la maniere dont j'avois ete balance , me fit penfer qu'elle avoit ete dirigee du fud-eft au nord-oueft : les eclairciffemens ulterieurs que je me fuis procures , ont confirme mon opinion a cet egard, quoique les papiers publics aientan- nonce qu'on avoit cru la diredlion de I'efl a I'oueil. Cet evenement fut fenfible a Bourg , pouie tin grand nombre de perfonnes & de diverfes manieres : il en eft qui virent des glaces agitees avec affez de force (1), d'autres qui entendirent du bruit dans les charpentes ; queiques- unes qui fentirent leurs jambss chanceler en pleine campagne , & ne furent: (i) M. d'Aubarede I'aineo E ij 68 ACADfeMIE a qiioi attribuer cette pretendue foi- ble{fe (i). La joiirnee du i ^ Oftobrc ne fut marquee par aucun dtrangement dans rathmofphere; le ciel conferva fa ferenite , & le vent ne changea point. Mais des le lendemain il tourna au fud ; des pluies confiderables fur- vinrent pendant plufieurs jours , & la tem- perature a ^te variable & hiimide pendant iin mois; il y a eu de la neige les 26, 27 & 28 Oftobre , des pluies prefque conti- nuelles jufqu'au 10 Novembre , & le vent du fud a domine. Curieux de reconnoitre le foyer de la fecouffe , & de circonfcrire , du moins en partie, I'efpace qui avoit 6te ebranle , je fis toutes les recherches qui dependoient de jnoi pour avoir des notions a cet ^gard, & en voici le refultat. Ce tremblement de terre n'a point ete fenfible a Tournus , a Chalon , a Autun , a CharoUes, a Dijon, a Befan^on , a Lons-le- Saulnier, en Suiffe, a Geneve ni a Valence en Dauphine. Quelques perfonnes lent fenti , mais tres- foiblement, a Macon, a Pont-de-Vaux , a Saint-Amour , dans le haut Bugey ni dans le pays de Gex. Ces inCtruftions me prouverent que la fe- couffe ne s'etoit pas prolongee au dela de ^ (1) M. de ,Charesia, D E Dijon, iyS6. 69 quelques lieiies du cote du nord & de I'oueft de Bourg, & qu'll falloit en chercher le foyer dans les points oppofes. J'appris en efFet, foit par les papiers publics, (bit par 'des lettres particulieres , que ce phenomene avoit ete fenlible a Chatillon-les-Dombes , a Trevoux, a Lyon, a Vienna, a Grenoble, a Chambery , a Aix en Savoie , a Belley , a Saint-Rambert en Bugey , a Meximieux , & dans plufieurs endroits du Revermont (i). 11 ne m'efl point parvenu qu'on Fait remar- que dans la Bourgogne, le Charolois , le Forez, les Cevennes , le Vivarais, le Lan- guedoc,la Provence, le Piemont, le Fau- cigny, la Suiffe & la Franche-Comte. II eft done facile de voir qu'il n*a eu lieu que dans I'efpace environne par ces differens pays. A cette idee generale , & au detail de ce qui a ete obferv^ a Bourg , joignons ceux qui nous ont ete tranfmis de divers endroits renfermes dans Tefpace circonfcrit ; nous fuivrons naturellement le theatre de Tevene- ment , & nous reconnoitrons \qs points oil il a ete le plus confiderable. On m'a ecrit de Chatillon-l^s-Dombes & de Trevoux , que plufieurs perfonnes y avoient reffenti la fecouffe , & en avoient ete effrayees; qu'elle avoit ete plus forte (0 Notamment a Fofliat, fi-c, £ iij ^O ACADEMIE a Neuvllle-rArcheveque , fur les bords de la Saone julqu'a Lyon, & dans divers vil- lages du Mont-d'Or fitues fur fa rive occi- dentale. On s'en eil appergu fenfiblement a Lyon , fur-tout dans les quartiers voifins du Rhone & far la place des Terraux : M. de Landine , notre affocie , vit les murs de rhotel de la Chamarrtr'u de St. Jean, ebranles , quoiqu ils aient quatre pieds d'epaifleur. Le plus grand norobrc des perfonnes qui fentirent fa commotion, furent alarmees , & plufieurs de cellesqui fe raopelloient la fecouffe qu'on &voit <^prouvee a Lyon lors du defallre de Lisbonne , affurerent quelle n avoit pas et6 plus forte. La meme chofe a et6 obfervee a Vienne; tnais c'eft principalement dans la vallee de Grefivaudan que la fecouffe a ete violente. « Elle a efi'raye a Grenoble , nous ont dit w les papiers publics (i), les perfonnes qui » habitent les etages fiiperieurs des mai- j^ fons ; plufieurs ont quitte leurs apparte- » mens avec precipitation , dans la crainte ») de voir les planchers & les toits s'ecrouler. ti L'ofcillation fembloit itrz du levant au » couchant. On a remarque qu'un inftant avant -s) la fecoufle , il setoit fait dans les cor- ,> ridors du College un bruit feniblable a « celui qu'auroient fait trois ou quatre per- (i) Gazette de France du % Novembre , Courier D E Dijon, lySS. 7 1 J) fonnes en courant. Suivant les j-enfeigne- » mens qu'on avoit pu fe procurer le 16 » ail matin , le tremblement de terre s'etoit w fait fentir a quatre lieues au deffiis & au w deflbus de Grenoble , lur la rive droite » de rifere. ...» - M. Binelli ,Infpe£leur des mines, en m'en- voyant des details a pen pres femblables , penfe neanmoins , comme moi , que I'olcil- lation etoit dirigee du fud-eft au nord-oueil. Cet Academicien m'ecrit de Grenoble, qu'etan % dans ion cabinet avec deux perfonnes , il entendit le toit de fa maifon craquer a la partie du fud-eft; que ce bruit fut fuivi d'une fecoufle dont la duree fut au moins de fix fecondes , & la diredion vifiblement du fud-eft au nord-oueft ; qu'il en fuccceda ime autre moins forte qui dura aiitant de temps. Le mouvement fut fi confid^rable a la grande Chartreufe , que plufieurs batimens firent craindre leur chute, & que les habi- tans de ce lieu folitaire furent effrayes : ils remarquerent aufti la direftion comme M. Binelli. Une lettre m'a annonce qu'au pont de Beauvoifin , deux payfans qui fe trouverent, iors de la fecoufl'e, fur un chataigner eleve, dont ils abattoient les fruits , furent tous deux precipites ; I'un mourut fur le champ , & I'autre perdit connoiffance ; mais apres avoir regu les fecours convenables , il repnt E iv 72 ACADEMIE Tufage de fes fens, & declara qu'll avolt cm que I'arbre tomboit avec lui. La gazette de France ( 2 Novembre ) ajoute qu'au pont de Beauvoifin & dans les environs , « les planchers & les fenctres des » maifons fiirent ebranlees comme par un M gros coup de tonnerre ; que des payians >> qui etoient en rafe campagne & aii^is lur ,) la terra , fe fentirent foul eves , que d'au- » tres qui etoient deboui chancelerent ; qu'on » entendit un bruit fouterrein femblable a V celui d'une voiture roulante & pefamment » chargee; quil fe detacha des montagnes >> voifmes d'affez groiles pierres qui epou- » vanterent les Laboureurs , &c. » Dans le fort de Barrau , le Garde-magafin de TArtillerie faifant deplacer des caiffes de plomb, les vit toutes fauter fur elles- itiemes , par une impulHon brufque & im- prevue, & une pile de boulets qui etoit en dehors, entre deux contre-forts, fut ren- yerfee. A Chambery & a Aix en Savoie , plufieurs cheminees tomberent avec fracas , des murs furent crevafles , plufieurs perfonnes quit- terent les maifons. On entendit a Belley lin bruit fouterrein, & il fut fuivi de plufieurs ofcillations con- fecutives affez violentes pour renverfer dans Tune d'elles une perfonne qui etoit debout, mettre dans d'autres des fonnettes en mou- vement , d^ranger des tuiies , faire fremir les vitres. D E Dijon, lySS. 75 A Saint-Rambert lememe bruit & le meme mouvement furent obferves; on y vit des -murs balances , & le clocher le fut fi con- iiderablement , que plulieurs Habitans s'en apper^urent diftindement, & craignirent de le voir abattu. Dans le haut Bugey, ainfi que dans la plaine d' Ambronay , a Meximieux& a Loyes, la (ecouffe fut fenfible ; eiie le prolongea , quoique plus foiblement, dans le Revermont. M. le Comte de Lucinge etant a la chaffe entre Coligny & Bcurg , entendit un nnigil- fement profond & violent au milieu des bois. Si on fuit la ligne que j'al parcourue en rapportant ces details , & qu'on le rappelle les Provinces oii le tremblement de terre n'a point ete fenfible , il eft facile de circonf- crire avec alTez d'exaftitude I'efpace qui a ^te agite. En efFet , partant de Macon oii le moiivement a ete fi foible que peu de per- fonnes ofent affirmer s'en etre appergues, il a fuivi la Saone parTrivoux jufqu'a Lyon, embraflant le Mont-d'Or & les lieux circon- voifins. Decette Ville il s'eft replie dans le Dauphine au fud-eft , fans aller jufqu'a Va- lence & a Gap , qui , fuivant les relations , n'ont rien eprouve ; il a enveloppe le Bail- liage de Vienna & la vallee de Greiivaudan, jufqu'a quelques lieues au deffous de Gre- noble , d'oii , fuivant une ligne au nord , ii a agite le fort de Barrau , le pont de Beau- yoilin, Chambery, les territoires adjagens 74 ACADEMIE & Alx; dans cette partie il s'eft dirlge au nord-oueft , ebranlant le Bugey & la Brefle ; ia ligne de ceffation de ce cote, paroit com- mencer a quelques lieiies au deflus d'Aix , traverfer le Rhone & le haut Bugey, arriver a Coligny , Saint-Amour , Pont-de-Vaux & Macon. Le terrein environn^ par la ligne que nous venous de fuivre, forme une ellipfe tres- allongee , dont les deux points les plus cloignes paroiffent etre a fix ou fept lieues au deffous de Grenoble, & au nord-oueft de la Breffe vers les bords de la Seille.D'apres cette donnee, le plus grand efpace oii la fecouffe ait ^te fenfible, s'etend vifiblement du fud-eft au nord-oueft ; il eft de plus de quarante-cinq lieues dans cette ligne, tandis que du nord au fud , depuis les environs de Geneve jufqu'au deffous de Grenoble, ilnen a pas trente , & que fa plus grande largeur eft a peine de vingt lieues depuis les bords du Rhone , du cote de Vienne , jufqu'a Cham- bery. La fituation de I'ellipfe decrite , la pofition des montagnes de Savoie & de Dau- phine, prouvent tres-clairement la direftion de la fecouffe du fud-eft au nord-oueft , conformement a Tobfervation de M. Binelli , a celle des Religieux de la grande Char- treufe & a la mienne. Le principal foyer ou le centre du mou- vement paroit avoir ete dans les montagnes, cntre Grenoble & Chambery, puifque c'eft D E Dijon; i^SJ. yy dans cette partie & dans ces deux Villes que la fecoiiffe a produit les effets les plus fen- fibles. D'ailleurs,ces montagnes recelent dans leur (<2in une tres-grande quantite de pyrites & autres fubftances minerales qui peuvent donner lieu a ces evenemens , puifque tout le Dauphine , du cote de Feft & du fud-efl, abonde en mines de toute efpece , dont la plupart font exploitees. Le fer s'y prefente fous toutes fortes de formes &: melange avec toutes fortes de matieres. Le cuivre , I'argent, Tor meme s'y rencontrent ( i ) , les demi metaux , le foufre , le cobalt, y font par-tout diffemines. Quelqu'amas de pyrites, quelque melange de fubftances inflammables, aura ete en contafl: avec I'eau, leur fermen- tation aura ete fuivie d'inflammation , & le feu interieur ne trouvant point d'ifTue dans le lieu ou il s'eft developpe , fe fera porte avec force dans les cavernes & finuofites fou- terreines. Rencontrant de trop grands obfta- cles a fon expanfion, il aura fouleve la maffe qui le tenoit captif, mais elle a eu une epaif- feur aflez grande pour ne point fe fendre en s'elevant. L'air interieur rarefie & dilate aura fait egalement effort pour s'echapper, & le mouvement a ete prolonge de cette maniere au deia du lieu de la fermentation. L'atlion (i) Mine d'or de la Gardette ; mine d'argent d'AI- lemond ; mines de fer d'Allevar, de Vizilles , des jChalanches , fir. &c» 76 A C A D E M I E de ces denx elemens , auxquels etolt peut- etre unie unc partie d'eaii reduite en vapeurs, a donne lieu au gonflement & a I'abbaiffe- ment fucceffif de la (uperficie de la terra : clela les ofcillations qui n'ont du C|EiTer que quand Tequilibre a ete retabli , foit par la difperfion de la vapeur & de I'air rarefie dans les cavlte5 du globe, foit par leur Ibrtie hors de fon f^in par quslques foupiraux ,- tels que des fentes de rochers , ou quslques parties jnoins compares & plus permcables. Le mu- giffement entendu, & le bruit femblable a un coup de vent avec liirlement, femJjle prouver ce degagement. Ainfi le mouvement ipiprime dans les montagnes dont nous avons-parle, s'ef: prolonge vers le nord-oueft , parce que les canauj: fouterreins font pent - etre plus snultiplies de ce cote , & nous avons fenti 2'ebranlement par communication ;ils'efl: pro- page jufqu'a nous a pen pr^s comme la vi- bration d'une corde tendue eft fenfible a une extremite di cette corde, quand on a fou- leve celle-ci avec force aFextremite oppofee. On ne dolt point etre furpris de la frayeur que cet evenement a caufe a un aflez grand nombre de perfonnes; on en trouve la caufe, 1°, dans la rarete des tremblemens de terre dans nos contrees ; 2°. dans I'experience qui iait voir afiez communement qu'une fecoufle eft rarement unique, & qu'elle n'eft fouvent que le prefage de commotions plus dange- ceufesj y, enfin, dans la fermentation con- D E Dijon, iy85. 77 vulfive qui agite le globe depiiis deux ans. On a vu en efFet, en 1783 , au fond de I'Afie, la vafte & fuperbe ifie de Formofe , prefqu'en- gloutie avec une multitude de fes habitans ; au midi de I'Eiirope , la Calabre & une partiis de la Sicile bouleverfees , des villes abymees ; de nouveaux volcans s'enflammer dans le Nord; une ifle confiderable fortir, pres de riflande , An fein des eaux , couverte d.Qs traces terribles de Taftion du feu fouterrein ; differens tremblemens de terre dans les illes d'Amerique ; des fecoufles particulieres dans quelques ( i ) Provinces de France, & dans la Hongrie;un brouillard d'une nature extraor- dinaire envelopper une partie du globe pen- dant les mois les plus chauds ; les difques du foleil & de la lune colores d'une maniere effrayante pour le vulgaire : le feu interieur paroiffoit s'etre port^ en grandes maffes dans I'athmofphere pendant cet ete remarquable; dela les orages multiplies, les tonnerres pref- que continuels , les accidens caufes par la foudre , de!a les ouragans , les trombes & Iqs meteores fr^quens. -L'annee 1784, quoique moins feconde en evenemens auffi funeftes, ofFre neanmoins un trifle tableau : des neiges prodigieufes , un iiiver rigoureux & long, ont occafionne beau- coup de maux , & des inondations coniidera- bles les ont augmentes au printemps. Le 29 (i) En Auvergne, en Bouigogne, &c, le ^ Juillet; 7S ACADiMiE Juillet un tremblement de terre s'eft fait fentir a Saint-Domingue , & le 30 la Jamaique en a efluye un terrible. Les villes de Kingfton & Port-Royal ont beaucoup foiiffert, il y a eu des maifons renverfees, dcs citoyens ecra- i'es , beaucoup de batimens detruits (1). Le 23 du meme mois a ete bien plus fatal a la Province d'Erierum dans TArmenie : un tremblement de terre a ruine toute la con- tree , & la ville d'Arfuigham ou Eiinghiam , lituee a 15; lieues d'Erzerum, a ^te englou- tie. On avoit d'abord porte a cinq mille le nombre d'habitans qui ont peri avec leurs maifons , ainfi que le Pacha Soliman , Gou- verneur d'Erzerum , nouvellement arrive avec une fuite de cinq ou fix cents perfonnes. Mais des nouvelles plus recentes ont appris que les premiers details etoient au deffous de la verite , qu'il n'eft refte fur pied qu'une feule m maifon & deux molqu^es, & que douze mille r perfonnes ont 6ie enfevelies fous les mines de la ville (2). La malheureufe Calabre femble devoir etre devoree par les feux fouterreins qui s'echap- pent par les bouches de I'Etna & du Ve- fuve ; leurs alimens font accumules dans cettepartie du globe, & la terre n'y eft point encore raffermie ; elle ell toujours prete a ( t ) Mercure de France , n°. 44. (2) Gazette de France d« 12 Novembrc , Courier tl' Avignon , fi-c. D E Dijon, //^'J, 79 s'entr'ouvrir , les edifices font renverfes an moment oii on acheve de les Clever. Le \z Oftobre dernier , trois jours avant la iecoiiffe qui fait le fujet de ce Memoire , on en eprouva une dont TefFet fut terrible; elle detruifit beaucoup de maifons qui ecraferenc plufieurs perfonnes (i). Enfin , le 29 No» vembre dernier, Strabourg en a eprouve une qui a dure quatre a cinq fecondes ; plufieurs perfonnes qnt ete balancees; elle a ete fen' tie dans la partie meridionale de TAlface^ & pres de Neufchateau en Lorraine. Le 3 Decembre, la meme partie du Daiiphine qui a ete le foyer de la fecouffe eprouvee a Bourg , en a fenti deux legeres a quatre heures du foir , dans la diredion du nord- efl an fud-eft. Le 9 du meme mois , on en a encore remarque une a Briancon , & quel- ques perfonnes ont vu des vapeurs enflam-, mees s'elever du cote des mines de charbon. Ces evenemens confirment de plus en plus mon opinion, & elles indiquent evidemment le foyer dont j'ai parle. Malgre tout ce que le rapprochement de ces faits pent prefenter d'effrayant en ge- neral, & quand ces defaftres feroient en- core plus nombreux, nous ne devons point ( I ) Mercure de France du 16 Novembre : I'article eft dat^ de Naples !e 22 Oftobre , & on y parle du 12 de ce mois. La Gazette de France , du 5 Novembre, femble indiquer cet evenement au •l^ 6q Septembre j 'mais U date du Mercure kye tous les doutes. So ACADfeMlE redouter d'en etre Ifes vldimes dans la con- tree que nous habitons. La nature nous a li heureufement places , qu'il ell peu de points fur le globe ou Ton loit p\\is en lurete que dans la Breffe. Le? caules connues & necef- faires des trernblemens de terre ne s'y trou- vent aucunement reunies, & elles ne peuvent jamais y donncr lieu a des fecouffes funefles, Jt n'entrerai point ici dans le detail des caufes des tretnblemens de terre. On iait en general qu'elles conliftent principalement dans rinflammation des matieres pyriteul'es, la di- latation & la rarefaftion de Fair, la force prodigieufe de I'eau reduite en vapeurs par I'ailion du feu , TafFaiffement de quelques voiites de cavernes confiderables. Ces caufes, plus ou moins compliquees , produifent des effets plus ou moins etendus , plus ou moins terribles. 11 me fuffit de rappeller que ces phenomenes redoutables ne peuvent fe ma- nifefler que dans les endro'ts oil fe trouvoient interieurement des amas de pyrites & de ma- tieres fulfureufes & inflammables; qu'il faut que ces amas foient environnes d'affez grandes maffes d'eau pour operer la decompofition des pyrites, produire la fermentation du melange & fon inflammation ; que ces matieres abon- dent dans tons les pays oil ces ^venements font frequens , tels que la Calabre , la Sicile, riflande ; que prefque tons les volcans en acilvite font places dans des ifles, ou peu eloi- gnes de la mer ; enfin que tons les grands tremblemens de terre ont toujours eu leur D E Dijon, iy85, 8i. foyer principal dans des contrees baignees par ces eaux. On pent citer pour example , les Antilles, les Ifles de la mer du fud, celles dii Japon, les cotes du Perou, celles de Por- tugal, la partie meridionale de I'ltalie, I'Ar- chipel , I'Armenie meme qui eft a une petite diftance du Pont-Euxin & de la Mercafpienne, & qui n'eft pas fort eloignee du Golfe per- iique & de la Mediterranee. Cette mer eft la plus rapprochee de nous, & nous en fommes iepares par un intervalle de plus de 70 lieues , nous fommes eleves de plus de 600 pieds au defl'us du niveau de fes eaux. Rien n'annonce dans notre Province Taliment fatal des feux fouterreins; nui amas de pyrites Sc de matieres minerales, de foufre, de bitume , &c. ; des couches de glaife y tien- nent feulement quelques parties pyriteufes qui ne font point cryftallifees , & on n'y ren- contre d'autres indices metalliques que quel- ques morceaux difperfes de mine de for, pau- vre & fablonneufe : les fouilles dQS puits les plus profonds dans la plaine , ne montrent que des couches regulieres & plus ou moins epaiffes, de terre vegetale , de cailloux, fa- ble , argille , glaife , terre calcaire. Si dans quelques endroits clqs montagnes on rencontre des pyrites , elles font a la furface, en petit nombre, ou dans quelqne filon de glaife. Ces matieres dangereufes qui s'enfiamment par I'aftion unie de Pair & de I'eaii, n'y paroi/Tent point reunies en maffes coniiderables. Riea n'annonce dans nos cantons la prefence an- 2l ACADEMIE cienne ou aduelle des feux fouterreins qui devorent la terre , nulles traces de volcans eteinrs,nulles pierres calcinees, mils veftiges de lave ou deruption. Nos fontaines mine- rales font en petit nombre , & elles n'ont qu'un gout ferrugineux & vitriolique. D'un autre cote , la furface n'ofFre point d'accidens qui atteftent de grandes revolu- tions , d'enormes fciffures , eomme dans les hautes montagnes. Dans celles-ci le moindre ebranlement peut occalionner des chutes de rochers , des fentes dans les couches , des crevaffes dans les voutes des cavernes, des affaiffemens, des bouleverfemens remarqua- bles. AufTi ne doit-on pas etre etonne s'il y a eu plufieurs fois des tremblemens de terre dans les Alpes , la plus foible ofcillation y peut op6rer de grands effets ; mais quand on parcourt Thiftoire de ces evenemens dans cette partie du globe , on voit qu'ils n'ont jamais ete etendus au loin, & que les fuites n'ont ete que locales. Les couches horizon- tales de notre fol font compares , epaiffes & multipliees ; les eaux n'en fortent ni avec abondance , ni avec force ; elles n'y coulent point avec rapidite. Nous n'avons ni mers voifines , ni mines , ni hautes montagnes ; celles-ci font a une diftance confiderable dans la Suiffe & la Savcie; la chute de quel- ques-unes ou leiirdifparution ne peuvent etre fenfibles pour nous ; & tel mouvement qui fuffit dans ces contrees pour renverfer une fliontagne & ecrafer des villes , ou combler D E Dijon, lySS. g^ des vallons , ne pent etre pour la Brefle qu'ime ofcillation foible. Dans les pays fujets aux tremblemens de terre, les edifices les plus eleves font ddtruits , tandis que I'humble ca- bane de rofeaux fubfifte, & cette experience prouve la verite de ma propofition. Une des caufes les plus ordinaires de ces grandes commotions eft , d'apres tous les Phyficiens , Thumidite portee a une grande profondeur, oii elle peut pen^trer les fubf» tances pyriteufes, les faire tomber en efilo- refcence , & occafionner leur inflammation. ( I ) Mais quoique la Breffe foit tres-humide a fa furface , & que les eaux femblent la cou- vrir de toutes parts , il n'eft peut-etre point de lieu oil la terre foit probablement plus feche a une grande profondeur. La nature de fes couches y empeche la filtration des eaux, elles reftent toutes a la fuperficie (2), & y font contenues comme dans des baflins. La facilite de les recueillir & de former des ^tangs , nous afTure qu'elles ne peuvent pe- n^trer I'interieur de la terre. La profondeur- de ces petits lacs eft prefque nulle , & leurs (i) Un pouce cubique de pyrite contient plus ds 80 pouces cubiques d'air : qu'on juge de fa force & de fon volunie , quand il eft developpe par le feu. (2) J-'entends ici par fuperficie une couche peu pro- fonde , mais qui I'eft plus ou moins a raifon de la qua- lite du terrain. On peut en Breffe trouver des eaux i plus de cent pieds a la verite , cela depend de I'incli- naifon du fol , & je n'entends parler que d'une pro- fondeur confiderable. 84 Acad4mii eaux n'ont aucune communication avec les parties qui font au deffous des couches nom- breufes qui ccmpofent notre fol. II fuit dela que ii des pays mediterranes , tels que la Br effe , eprouvent quelquefois des tremblemens de terre , ils n'y font produits que par un ebranlement prolonge & par I'im- pulfion d'un foyer tres-eloigne. Ceft ce que M. Maret a obferv^ pour celui du mois de Juillet 1783 , relativement a la Bourgogne : on peut appliquer avec fucces a la Breffe tout ce qu il a dit de la Franche-Comte & de fa Province , puifque dans ces deux der- nieres il fe trouve des mines abondantes de charbon-fofTile & de fer , du fpath pefant & des matleres volcaniques qu'on ne rencontre point dans la notre. Si les deux Bourgognes n'ont rien a redouter, notre fecurite doit etre encore plus grande. II eft done bien certain que la fecouffe du 15 Oftobre dernier n'eft qu une prolongation du mouvement imprime interieurement a une petite portion de furface dans les montagnes du Dauphine, entre Grenoble & Chambery. Quoiqu'elles contiennent une tres- grande quantity de matieres minerales de toute ef- pece , I'inflammation de quelques parties ne jproduira jamais des eiFets bien etendus & bien a craindre , parce que ces matieres ne font point en communication avec des maffes d'eau alTez confiderables pour les decomposer en grand J les explofions ne feront que locales D E Dijon, tyS6. 8f & tres-bornees. On voit en efFet que la fe- couffe du i^jOdobre n'a fouleve qu'iin point de la fiiperficie du globe, qu'elle n'a ete I'en- iible que dans une ellipfe etroite, dont la plus grande longueur n'etoit pas de cinquante lieues ; qu'elle n'a ete forte que dans une partie de cette ellipfe ; & que dans notre contree , on pent avec raifon la regarder comme la fin d'une vibration ou d'une com- motion qui ell venue sy terminer. Le bruit qu'^on a remarque vient a I'appui de cette opinion. On doit auffi obferver avec interet , que cet evenement n'a point ete precede & fuivi des fignes ordinaires qui ont frappe dans les grands tremblemens de terre. Une grande pluie ou un vent impetueux les annoncent; cette obfervation a ete faite tres-fouvent au Japon, a Lima, en Sicile oil ils font fre- quens; mais le 15 Odobre etoit un jour par- faitement ferein, I'air etoit pur & tranquille, il n'ofFroit aucun figne de matiere eledrique accumulee. On a egalement remarque que les grandes fecouffes fe font plutot fentir la nuit ou le matin , qu'en plein midi ; cepen- dant cette derniere heure eil celle de la notre. D'un autre cote, ce qui doit raffurer fur fa nature & fur io.^ fuites, c'eft qu'elle n'a €u aucune connexite avec celle du 6 Juillet 1783 , & celle que I'Alface vient de reffentir, ni avec les caufes des defaftres de la Ca- labre. Le tremblement de terre de 1783 , qui F iij[ S6 ACADEMIE flit fenfible en Breffe , agita iin efpace beau- boiip plus etendu ; il fiit circonfcrit par les Vofges , la chaine dii Jura, le Rhone, les montagnes du Beaujolois , du Maconnois & de la haute Bourgogne : les foyers n'ont done point ete les memes. II eft tres-remarquable que nous nous fommes trouves , dans ces deux evenemens , places a un point oil le mouvement a cefTe d'etre fenfible; mais nous etions a Textremit^ m^ridionale de celui de 1783 , & nous fommes a la feptentrional^ de celui de 1785 : cela prouve que nous n'a- vons eprouve Tun & Tautre que par fimple communication ; qifil n'y a aucune liaifon entre ces deux faits ; qu'ils ne dependent point d'une caufe commune , & n'en ont eu que de locales ( i). Or, comme leurs effcts n'ont pu & ne pourront vraifemblablement etre dan- gereux, meme dans les parties qui ont ete le centre du mouvement , par le defaut de con- tours des autres caufes neceffaires pour ope- rer de grandes agitations , telles que le voi- finage de la mer ou de quelques volcans , nous devons etre pleinement rafl"ures , &c croire que ces fecouffes ne peuvent etre alarmantes dans les points eloignes des foyers. Celie du 1 5 Odlobre n'a eu aucun rapport avec les caufes de celles qui defolent la — ----- - — ^ ^^ ,11 I ( i) II en eft de meme du tremblement de terre qu'oij 0 fenti a Strasbourg ie ay Novembre deraier. D E Dijon, iyS5. 87 Calabre & la Sicile ; & quand ces rapports exifleroient, les lieux d'inflammation & d'ex- plofion font trop eloignes de nous pour nous faire craindre de pareils malheurs. Grenoble & Chambery font a plus de 250 lieues de Mefline; fi une fecouffe dans ces malheureufes contrees etoit fenfible jufqu'en Dauphine , elle n'y feroit point dangereufe, & les pays places intermediairement , I'eprouveroient avec plus de force. Les papiers publics di- fent , il eft vrai, qu'on a effuye le 12 Oftobre dernier une fecouffe terrible en Calabre; mais celle du 15 en Dauphine, ne pent en etre line fuite, l°. parce que nous n'avons point appris que Tltalie & Naples meme , aient reffenti le moindre mouvement le 12 ou le 1 5 de ce mois ; 1S>. parce qu'une fecouffe ar- rivee trois jours apres ne peut avoir la meme caufe. Si cela eut ete ainfi , elle auroit ete fentie en Dauphine le meme jour, a la meme heure , au meme inftant. On connoit la prodi- gleufe rapidite avec laquelle I'etincelle elec- trique produit \qs memes effets dans des lieux eloignes ;il ne faut pas plulieurs journees an feu interieur pour parcourir une ligne dans le globe ; fa propagation fe fait aufTi prompte- ment que celle de la lumiere , & avec une viteffe dont Finflammation de la poudre a canon donne une foible idee; I'efpace & la duree ne font rien pour lui. Concluons done de tout ce qui vient d'etre 8 ACAD^MIB fences de tons les corps qui fe rapprochent par ces produits analytiques ; voila poiirquoi je n'ai pas craint d'avouer qu'il nous man- quoit quelque connoiflance pour Texplica- tion de ces plienomenes, a laquelle on n'ar- rivera peut-etre que quand on aura acquis de nouvelles lumieres fur le calorifique , ele- ment plus fugace que tons ceux que nous fommcs d^ja venus a bout de coercer, & qui joue vraifemblablement un role dans toutes ces operations ; mais jufques-la je ne vois pas que ce foit un motif de regarder comme iden- tiques des corps que nous voyons d'ailleurs manifefler des proprietes fi differentes ; que ce foit une raifon de penfer qu'il y ait plus de fucre dans la laine que dans le fucre meme, ou que I'efprit-de-vin contienne plutot du fucre dont il ne donne aucun indice , que le fucre ne contient de I'huile qui s'y decele de tant de manieres differentes. Deux obfervations d'un autre ordre vien- nent i I'appui de ces raifonnemens. La premiere eft due au c^lebre Scheele ; al a reconnu que Tacide citronien en I'etat concret & cryftallin , ne donnoit plus d'acide faccharin avec Tacide nitreux , tandis que le jus de citron ou acide citronien ordinaire en produifoit en quantite ( I ) : voila deux effets oppofes dont la caufe eft bien furement dans I'operation qu'on fait fubir a cet acide pour (i) Mem. de Chymie, &c. part, ii , pag. 20$, D E Dijon, ijSS. 99 lui donner la forme concrete ; jngeons de Talteration qu'elle produit par les moyens qifon emploie. Ceil en unifl'ant I'acide a lat, chaux pour lui reprendre enfiiite cette bafe par I'acide vitriolique , qu'on I'amene au de- gre de purete neceffaire, que Ton parvient a le debarraffer de la matiere extradive fa- vonneufe qui s'oppofoit a cette cryftallifa- tion. L'acide propre du citron ne contribue done en rien a la produdion de Tacide I'ac- charin , il n'y a que la partie huileufe qui devient partie conftituante de ce nouveaii produit ; & puifque I'acide citronien fluide paroit decompofe comme I'acide du fucre , puilque I'acide du fucre a auffi fon acide propre ( quoique moins a nu ) qui met aulii fon huile a I'etat favonneux, il paroit afler clair que c'eft abfolument le rneme ordre de phenomenes. Venons a la fcconJe obfervatlon. MM. Hermftadt & Weilrumb ont traite avec I'acide nitreux Tacidule tartareux , vulgairement ap- pelle creme de tartre , & en ont obtenu de i'acide faccharin. Le premier travaillant a dephlogiftiquer I'acide tartareux en diftillant deffus de I'acide nitreux, fut fort etonne lorf- qu'ayant interrompu fon operation avant que tout I'acide nitreux eiit pafle ,il trouva, apres le refroidiffement, des cryftaux de veritable acide faccharin. M. "Weftrumb avoit pour objet de decouvrir dans le tartre raffine I'acide faccharin qu'il foupgonnoit exifter dans tous ies acides vegetaux ; il commenga par verfer; G ij 100 ACADiMIE fur r.ne once 011480 grains d'acidule tartarciix ( crcnie de tartre dii commerce ) deux onces d'acide nitreux foible pour en faire la difio- lution; il en fepara par le filtre 28 grains de matiere terreule infokible ; il fit cryftallifer le nitre qui s'y etoit forme, & ay ant diftille a plufieurs reprifes fur la liqueur, julqu'a 4 dices d'acide nitreux plus fort , il trouva dans la cornue une maffe faline qui,redi{route & cryftallifee, fournit 280 grains d'acide fac- charin , independamment de ce qui s'etoit perdu par la frafture d'un vaiffeau fur la fin de Toperation. On vient de voir les conf^quences qu'en tire M.'Weltrumb. M. Hermftadt croit que I'acide faccharin n'elt autre chofe que de Vacide tar- tareux ou altere par fon union avec un peu d'acide nitreux , ou plus dipouille de fa partie grade par I'aftion de I'acide mineral , & que I'acide aceteux n'en differe lui-meme que parce qu'il retient encore plus de matiere huileufe que I'acide tartareux. Ce que j'ai dit precedemment me paroit devoir fuffire pour apprecier ces opinions , fans que j'en faffe une application direfte ; mais cette converfion de i'acide tartareux me femble bien favorable aux principes que j'ai etablis. Si on retranche de la quantite d'aci- dule tartareux employee par M. Weftrumb, 1°. les 28 grains qui n'ont pas ete diffcus & qui etoient du tartre calcaire; 2°. 61 grains d'alkali qui ont produit 125 grains de nitre cryilallifei il ne refte que 391 grains d'acide D E Dijon, iyS6. loi tartareux , c'eft-a-dire , de la matiere qui a pii etre convertie. Or, le prodnit de la con- verlion a ete de 280 grains , non ccmpris la perte occalionnee par iin accident ; & de- diiifcint le tiers pour le poids de I'air acidi- fiant, fuivant rcftimation de M. Lavoilier, on troiu'e que des 391 grains de fubftance convertible , il en a paffe 1 87 y dans le nouvel acide : voila done encore une matiere qui n'eft pas du fucre, & qui fournit phis que le double dn lucre a la compolition de I'acide faccharin : & fi on confidere en meme temos a quel point ces matieres s'eloignent Tune de I'autre par leurs proprietes I'enfibles , li on fait attention qu'en efFet le principe hui- leux domine dans I'acide tartareux, qu'il fe manifefte par le charbon qu'il laiffe , & a la diftillation ; que cette huile , quoique trop groffiere pour entrer en^ combinaiTon avec I'air acidifiant, n'en recele pas moins,en plus grande proportion, I'huile plus fubtile ana- logue a celle que Tair vital prend dans I'ef- prit-de-vin ; ennn,qu'a la difference de Tacida citronien , I'acide tartareux n'eprouve auciine alteration par la chaux , & peut etre regenere en tartre comme auparavsnt; on ne fera plus tente d'admettre ni I'acide faccharin dans le tartre, ni I'acide tartareux dans le fucre, ni aucun de ces fels tout entier dans I'acide fac- charin. On acquerroit probablement une nou- velle preuve contrc ces hypothefes, en trai- tant avec Tacide nitreux fhuile de la diftil- G iij J02 ACADEMIE lation dii tartre, & retirant ainfi de I'acide faccharin de ce fel decompofe. Concluons done que I'acide faccharin eft forme, comme tous les autres acides , de la combinaifon de I'air vital avec iin radical particulier ou bafe acidifiable de fon genre; que le premier eft fourni par I'acide nitreux qui eft decompofe , & dont la bafe eft mife en etat de foufre nitreux aeriforme par fon union avec le phlogiftique ; que le radical faccharin eft une fubftance huileufe qui fe rencontre fous une forme plus ou moins ex- tradive , plus ou moins grofliere dans une infinite de corps de diverfe nature , & qui par Toperation eft reduite au degre de pu- rete, de tenuite neceffaire, pour devenir le principe prochain identique de I'acide fac- charin. sa OBSERVATIONS SuR une dent fofjile trouvee a Trhoux. PA R M. D E M O R V E A U. J--iE Journal des Savans , du mois de Janvier dernier, a donne la dcfcription d'une dent fofJile , d'une groft'eur & d'une forme extra- ordinaires, du poids de 40 onces , trouvee le 17 Avril precedent, par M. Loliere,dans I'interieur d'un monticule de fable a Trevoux D E Dijon, iyS5. 103 en Dombes , & qu il croit avoir appartenu a un animal d'une race inconnue dans la claffe des cetacees. M. de Chaillou, Intendant de Bourgogne, a qui ce morceau a ete confie , m'a permis de Texaminer. L'email bien conferve qui recouvre toute la couronne,& les traces > lenfiblesde Tarrafement produit par la mafti- cation dans les points les plus faillans, m'ont paru etablir, d'une maniere afl'ez evidente , que c'etoit reellement une dent molaire de quelqu'animal. J'ai fait quelques recherches pour decouvrir quelle en pouvoit etre I'ef- pece; & comme elles n'ont pas ete tout-a-fait infrudueufes , )e crois devoir en comniuni- quer a I'Academie le refultat. En meme temps qu'il fervira a fixer la valeur d'un monument d'une fi haute antiquit^ , trouve fi pres de nous, il ajoutera un fait a ceux qui doivent fervir de bafe a Thiftoire des grandes revo- lutions du globe. Le Journal Phyfique (torn, i, pag. 135 ) a donne la defcription & le deffin d'une dent trouvee pres de Vienne en Dauphine , par M. Gaillard, dont la partie ccronaire paroit avoir quelque rapport avec celle dont il s'agit, & dont les racines etoient prefqu'en- tieres ; mais elle n'a que 3 pouces 9 lignes de longueur, & celle de M. Loliere a 7 po. II eft fait mention dans les tranfadions philofophiques de la Societe Royale de Lon- dres , a la date du 27 FeV. 1766, de quel- ques dents fofTiIes v^nant du Perou , qui pre- G i V 104 A C A D E M I E fcntent aiifllquelque refTerablance; maispoiir la trouver encore plus exade, il faut jeter les yeux fur les planches qui accompagnent les deux Memoires prefentes a la meme So- ciete les 16 Novefnbre & 10 Dccembre 1767, par M. Collinfon, fur de trts-grandes dtnts | fofliles envoyees de Philadelphie par M. I Coghan, & trouvees au bord de TOhio dans | TAmerique feptentrionale. La dent qui y eil reprefentee , peCoit 3 livres ~ , avoit ^. po. cte largeur & 18 po. de tour; la couronne ^toit tbrmee ccmme dans celle de Tievoux, de deux rangs de pro^minences ; toute ccrte partie etoit couverte d'un femblable email , ( prccifement , dit M. Collinfon , comme ft cette dent venoit d'etre tiree de la inachoire de Tanimal), fes racines etoient feulemcnt beaucoup plus longues, c'eft-a-dlre confer- vees plus entieres , quoique non terminees. II n'eil guere pciHble, ce me femhle,de douter que ces deux dents n'aient appartenu a des animaux de meme efpece. M. Collinfon avoit obferve que Tune des dents longues ou d^fcnfes envoyees en meme temps, & tirees du meme endroit, etoit fhiee ou cannfclee fur la largeur; il voulut s'affurer ii'cYtoit un Cc'Taclere particulier aux defenfes de I't'Iephant , ::< tn ayant trouve chez les Riorchaads des ftriees & des unies , il n'he- fita pas de proncncer qu'^lles rcfTcmbloient a tous egards aux dents d'elephans d'Afrique & d'Afit. Four ies dents molaires, il reconnut qu'elles D E D I J O N, lySS. 10^ n'avoient aiicune rcffeiT.blancd avec celles de Telephant , & il conclut, ou qu'elles de- voient appartenir, ainfi que les defenfes, a quelqii'autre efpece d'elephant, ou qu'elles venoient de quelqu'animal d'line grandeur confiderable, qui , avec les defenfes de Tele- phant , avoit de laigcs dents molaires par- ticuiieres a fon efpece, & differentes pour la forme & pour la grandeur des dents de tous les animaux connus. M. Collinfon remarque que Tetat & la forme de ces molaires femblent annoncer qu'elles out ete employees a couper & broyer dits branches d'arbres & d'arbriffeaux, & il fortifie cette conjefture en confiderant que des animaux d'un poids aufli enorme ne peu- vent etre carnivores , & font reduifs a fe nourriir de vegetaux , n'ayaiit pas Tagilite necefl'aire pour fuivre leur proie. Ce rapprochement fert non - feulement a confirmer I'idee qu'a fait naitre la feule inf- peftion du fofiile trcuve a Trevoux , qu'il eil: un debri de la machoire ^'.n animal ;il rend tres-probable que cet animal etoit de meme efpece que coux dont les reftes ont ete trouves au bord de TOhio , &' qui , avec de pareilles dents molaires, avolent des de- fenfes de plus de 5 pieds 8 pouces de lon- gueur;. &'fi Ton vouloit porter plus loin les reflexions, que ne donneroit pas a penftr cette rencontre dps memes offemens aux bords de la riviere de Popayan , de I'Ohio & de la Saone 1 I06 ACADEMIE ■Bnai M £ M O I R E SuR la fabrication des ujlcnfiles dc platine. Par M. de Morveau. J'AI annonce,il y a pres de dix ans,reffi- cacite de I'arfeniate de potaffe ou fel neutre arfenical pour mettre la platine en fiifion par- faite , ail point de donner iin culot qui fe laifToit limer & meme un pen etendre fous le inarteau( i ). Depuis ce temps j'ai fait divers effais pour la faire couler,au fourneau meme, dans des monies de terre de coupelle(2); niais ils n'avoient pour objet que de tres- petites pieces, comme des bees de chalumeau ou des cuillers a Tufage de cet inftrument, & Taugmentation de poids que j'avois remar- qu6e dans la platine employee a ces expe- riences , me faifoit craindre qu'elle ne retint affez d'arfenic revivifie pour participer des imperfecHons de ce demi-metal. ( I ) Lettre a M. le Comte de Buffon fur la fufibilite it la platine , &e. imprimee dans le Journal Phyfiqiie du mois de Septembre 1775 , exper. v. (2) Voy. mes notes fur les Opufcules chymiqiies , &Ct di Bergman ^ torn, z, pag, yl , 185 , 460 ^ 463. D E Dijon, lySS. 107 M. Crell a public, dans (es Annales chy- miques pour 1784, un Memoire de M. Achard, dans lequel ce Chymifte indique une methode pour faire des vales de platine,en la faifant fondre avec le double de Ion poids d\in me- lange de chaux blanche d'arlenic & de potaffe ou fel de tartre, pulverifant le culot qui en provient, & rempHffant de cette pouffiere la partie vuide d'un moule d-argille, dans lequel elle devoit prendre, en fe retbndant, la forme d'un creufet. Des que j'eus connoiffance de ce Memoire, je me m.is en devoir de repeter cette expe- rience fur quelques onces de platine , dans la vue de me faire un creufet qui put fervir aux analyfes par la voie feche ; mais je ne tardai pas a m'appercevoir que M. Achard s'en etoit tenu a fa premiere experience fur deux gros, pnifqu'il n'avertiffoit pas des diffi- cukes que prefentoit I'execution de fon pro- cede un peu plus en grand. Le melange d'arfenic & de potaffe fe bour- foufle fi prodigieufernent , qu'il eft impofiible de le tenir dans des vaiffeaux fermes , ni meme d'en trouver d'affez grands pour que la matiere ne paffe pas fur les bords, entrai- nant avec elle une partie de platine , avec qneique lenteur que Ton conduife I'opera- tion. On eft oblige de fortir promptement les creufets du fourneau pour ne pas perdre fa platine , & on rifque d'etre fuffoque par les vapeurs arfenicales. Ceft ce qui m'a engage a revenir a I'arfeniate de potaifei mais comme ^08 A C A D E M I L cefel prepare a la maniere ordinaire , aii- ro:t rendu le flux trop cher, j'ai imagine d y i»br tuer un melange de chaux d'arfenic I la iLZTZ:^ "^' ' parfaitement reufil; eJl, , ' f ''°"^^'^ ^' ^i^" fondue , f rSr'f' ^''' "^'"'J' "^ P"- dourer que ^cl ou fa combinaaion avec la foude. Les Totn.Tir^'''''''''' ^' <^^ ^"^"^ont paru d'aTni. ^' ^ ""' ^^^^^ ^^ ^h^"^ blanche d arfenic ,• 12 onces de fel commun, & 4 on- ces de potaffe, pour une Hvre de 'platine? fuccL' d.T ,^^"^^"°" effenrielle pour le ' ucccs del operation , eft de prendre la pla- furfbi i.t ' '^;^'"' "'"^^ P^"^ ^"^ ^^ ^^gre de violent, autrement on ne parvient quavec des peines incroyables a lui thire oeraVe l^ar- feme, fans la fondre ou fans la deVormer -en- core ne la:ffe-t-elle qu'une maffe bouXjA^e fJeTrT -J'^"^'''/ ^'^"^ 1 interieur. La pe- lanteur fpecifique fert tr^s-utilement a faire venaDie, il ny a meme que ce moyen d'e- vuer le rifque dX^tre au deffus ou an deffous. Cet e denfue doit etra, a ce qu'ii m'a p^-u, oe 1 8 a 1 8,00^. . La maniere de mouler exige elie-meme n des precautions que M. Achard n'a pas in- diquees, & une forte de pratique que je n'ai ' acquife qu'apres bien des tatonneoiens, iO, Le % D E Dijon, 'yS^. monle de creufet dans fa pofition naturelle avec un noyau fafpendii, comme I'enleigne M. Achard , n'eft praticable que pour des pieces de quelques gros. 2°. Si on laiffe ce moule ouvert fous la moufle, comme le dit cet Academicien , & que I'alliage foit au degre convenable, il fe forme a la partie fuperieure une douronne qui refte (eparee, ayant bientot perdu afTez d'arfenic pour etre inflifible; au lieu qu'en fe fervant d'un moule bien ferme, toute la pla- tine prend une fufion egale ; on eft meme difpenfe de la reduire en poudre pour garnir le vuide du moule , ce qui ne feroit guere facile quand I'alliage eft a fon point, puif- qu'il eft deja paffablement dudile : ii fuffit, dans ce cas , d'adapter au deftiis du moule, fait comme celui des cloches , une efpece de creufet perce , comme un entonnoir oil Ton arrange la platine /implement caftee en mor- ceaux de la grofl'eur d'une noifette. 3°. Le moule doit etre fait de Targllle la plus pure & la plus refraitaire , parce qu'il refte toiijours un peu de flux arfenical ad- herent aux morceaux de platine , & qui at- taque fortement les meilleurs creufets. II faut enfin qu'il ait ete cuit d'avance, a un degre de feu au moins egal a celui qu'il aura a fupporter lorfqu'il fera plein ; fans cela le poids de la matiere s'oppofant a la retraiie, occafionne des gerfures , & on rifque de Jrouver le moule vuide & la platine perdue no A C A D E M I E dans les cendres & dans les fcories , ce qui m'eil arrive plufieurs fois. Les trois creufets que je mets fous les yeux de TAcademie, peuvent fervir a veri- fier ce que je viens d'expofer , & a donner line idee de ce que Ton doit attendre de cette maniere de trailer la platine. Le premier a ete fondu par le flux que j'ai indique en 1775 ; c'eft-a-dire, Tarfeniate de potaffe, ou fel neutre arfenical pur, du verre pulverife & un peu de pouffiere de charbon ; il n'a point ete moule ; il a et6 d'abord un peu renfonc^ au marteau a em- boutir , puis creufe fur le tour. II a deja fervi a pluheurs operations , & particulierement a feparer la bafe acidifiable de I'acide phof- phorique , en etat de verre fixe au plus grand feujinlipide & infoluble, meme dans I'acide nitreux , qui a et6 demontre au dernier cours. Le fecond a et^ fondu avec la chaux d'ar- fenic , le fel commun & la potafTe , dans les proportions ci-deflus indiquees ; il eft trcs- bien venu dans le moule , mais il prefente des traces fenfibles de Talteration qu'il a eprouvee fous la moufie, pour avoir ete jete en moule trop charge d'alliage ; alteration qui n'a pas feulement change fa forme, mais qui en a rendu le tifTu fpongieux , au point qu il laiffe echapper la foude pendant la fu- lion, il n'eft bon qu'a refondre. Le troifieme eft mon dernier effai , il a ete D E Dijon, tySS. irr fondu & travallle avec toutes les precautions que j'ai decrites , & il a parfaitement reuffi, fa forme n'a nullement change an recuit, on plutot a la calcination fous la moufle ; fon tiffu eft par-tout egalement compaft,il a et6 decouvert fur le tour de plus d'une ligne & demie en quelques endroits , fans prefenter la moindre foufTlure , il a pris un poli pref- qu'auffi vif que I'argent; non-feulement ce poli ne s'altere pas au feu , mais il fe fait remarquer dans le moment meme de la plus forte incandefeence. Ce creufet qui a exac- tement la forme des creufets de fer recom-. mandes par M. Bergman pour les analyfes des gemmes ( i ) » etoit forti du moule avec un trou occafionne par un grain de fable refte dans un des cotes du moule; j'ai tenre d'y fouder un morceau de platine pour n'a- voir pas a en rabaifler le bord , & j'y fuis parvenu en la portant (comme on le pratique dans toutes les autres foudures) dans un plus grand degre de fufibilite; ce qui fait efp^rer de pouvoir donner aux vafes de platine tovite forte de formes. On fent quels avantages on pourra retirer en chymie de I'ufage de ces vaifl'eaux qui ne portent rien dans les melanges , qui , ne perdant rien, mettent a portee d'efcimer ri- goureufement les dechets. On les nettoie fa- cilement dans Tacide nitreux , mais il faut ( I ) Opujcules chymiques , Sec. torn, a , pag. 90. 112 A C A D E M I E bien fe garder d'y trailer an fcii des mdtanx oil du nitre; les premiers feroient alliage , le nitre calcineroit la platine , cotnme je Tai annonce dans les Elemens de Chymie de i'Academle ( ' ) ' ^''^ ^^ "^ ^"""^ P''^ perdre de Vue que ce nietal fi parfait a quelques egards, eft dans d'aiiires circontLinces trcs-inf'erieur a I'argcnt & me ne au cuivre. J'ai obferve depiiis pen une nouvelle mariere de detruire la platine par I'etain, dont je rendrai compte a TAcademie quand j'aurai acheve les expe- riences que j'ai commencees k ce fnjet. C'eft par la ccnnoiflance de toiites les proprietes d'un corps que Ton vient a bout d'en tirer tout le parti poffible, dans quelques circonf- tances , & de diftinguer les cas oil il feroit plus nuifible qu'utile. r?ajLj., .=~'i . '. '■■'■, 'Jgj REFLEXIONS Sl/R feffet des commotions eliciriqucs ^ relativement au corps humain. Par M. Carmoy. V>N regarde comma dangereufes les com- motions, &r particulierement celles qui paffent par le cerveau ; on cite plus d'un exemple (i) Tom. a, pag. 158^ de D E Dijon, lySS. 113 de ceux qu'on dit en avoir ete la vi(SLime. Oa ne pent nier qu'il n'y ait du danger, & que cette facon d'eiedtrifer ne demande de la pru- dence; mais faut-il admettre tons les mal- heurs dont on Taccufe ? ell-elte bien caufe de routes les morts qu'on lui reproche ? Ne voit-on pas tous les jours (\q^ perfonnes frap- pecs d'apoplexie foudroyante & de fyncopes mortelles ? ces accidens ne peuvent-ils pas arriver au moment de rele£tfiration fans en depcr.dre ? J'ai vu una femme que j'eledlrircis par bain, eprouver une foiblefl'e, qui m'efiraya d'autant plus que -j'ignorcis qu'eile y t'lit fu- jette. Si elle tut morre dans ce moment, n'en auroit-on pas accufe Tekdricite ? * Ce n'eft pas que je pretende que \qs com- motions nepuiffent faire dumaljl'elediril'ation meme par bain n'eft point indifFerente. j'ai vu un foldat du Regiment de Beaujolois qui avcit eu une forte contullon a la cuiffe , foufFrir, dans le moment de Toperation ek'tlrique, un accroiffement de douleur intolerable. L'etincelle commouvante eft en etat de tuer. Les experiences qu'on en fait tous \&s jours fur les animaux, le demontrent ; mais elles prouvent en meme ten^ps que pour donner la mort , il faut que les chocs foient tres-violens , & tels qu'un Medecin fage ne les donnat jamais , fur-tout en les dirigeant a travers la tete principalement. L'appareil dont je me fers eft petit. Le plateau a quinze pouces de diametre,&le bocal d'lin verre epais & vert, a un pied dQ H IT4 ACADiMIE hauteur fur quatre pouces de large , garni jnterieurement & exterieurement d'une lame tl'etain, a la maniere accoutumee. L'elcdrometre de M^ Lane mc fert pour mefurer la charge : il eft vrai cependant que cet inftrument eft peu exaft, quand Teledri- c'it6 eft foible & que le bocal fe charge len- tement; le bouton de Teleftrometre ne tire point a des diftances un peu notables, on au moins tres-difficilement , I'etincelle du con- dufteur, & neanmoins le bocal fe charge phis ou moins ; enforte qu'au rapport de Finftru- meot , on jugeroit I'etincelle fulminante au defl'ous de la charge defiree , tandis qu'elle fe trouve quelquefois fort au deffus. II faut exciter la detonnation au moment Hieme que Tetincelle part du condudeur a I'eleftrometre , fans quoi ce dernier continue de tirer fans empecher le bocal d'accroitre fa charge. Les hirondelles a travers la tete defquelles j'ai fait pafl'er la commotion au degre d'une ligne , a la mefure de I'ele^lrometre dont je viens de parler, n'ont eu aucun mal. La charge a trois , quatre & cinq lignes les a tuees fur le champ, ou elles ont langui pendant quel- ques heures , & font mortes, J'en ai cepen- dant vu une qui eut fix commotions a cinq lignes fanseprouver d'accident; je lui donnai la liberte , elle s'envola , & je la reconnus dix jours apr^s a un ruban que je lui avois attache au pied. X)es pigeons de force egale n'ont pas ega- D E Dijon, lySJ. 115 leinent fupporte les memes chocs , les iins ont ete tues d'une charge que d'autres ont tres-bien foutenue. J'ai donne a un vienx chapon cent vingt commotions en onze feances , I'eledrometre ^tant a dix & onze lignes : les trois ou quatre premieres le renverlerent, il entra en con- viillion , fa refpiration devint frequente , fibiieiiie ; le bee refta ouvert,& il en fortit une falive ecumenfe; il ie remit cependant en aflez pen de temps; mais quand il put (e loutenir, il parut etre afFefte de la plus grande trayeur, il marcha a recuIons,la tcte haute, le col renverfe en arriere, & comme voulant eviter un objet qu'il craignoit,quoiqu'il n'eut rien devant lui qui pilt lui infpirer de refrroi. J'ai obferve ces apparences de frayeur dans pluiieurs des oifeaux que j'ai eledrifes par commotion. Le chapon dont je viens de par- ler , fembloit tres-bien connoitre que c'^toit par le moyen de I'excitateur qu'il recevoit le choc eleftrique; toutes les fois qu'on lui pre- fentoit est inftrument , il lui langoit de vi- goureux coups de bee, ce qu'il ne faifoit pas quand on lui oifroit la main ou toute autre chofe. Pour donner la commotion d'une fagoii plus energique , j'avois deplum^ la tete fur laquelle j'appuyois une des branches de I'ex- citateur , dont I'autre qui touchoit au con- dufteur apportoit I'etincelle fulminante , qui , paffant tout a travers le cerveau , fortoit par le bee qui etoit en communication avec la furface externe du bocal, H ij Il6 A C A D E M I E Ce chapon a fupporte inegalement la meme force & le meme nombre de commotions. Dans la derniere fiance, quatre chocs le ren- verferent , il entra en convuifion , il fut aux abois apres en avoir regu une donzaine , a peine lui reftoit-il quelques moiivemens dans la refpiration qui ne fe failbit que de temps €n temps & par foubrefauts. Apres un quart d'heure il fe remit un pcu, il put fe relever; mais il tomboit quand il vouloit marcher, la refpiration etoit tres-frequente, & fe faifoit avec un grand fiffiement. Le bee etoit tres- ouvert, & il en decouloit beaucoup de fa- live. Je lui donnai dans cet etat trente-cinq commotions, de la meme force & tres-rap- prochees, non-feulement il ne fut point ren- verfe, mals il fe foutenoit mieux qu'aupara- vant ; il crioit beaucoup chaque fois qu'il recevoit le choc,& aucun des accidens qu'il avoit eprouv^s en commengant la feance , n'eut lieu. Quand on lui donnoit la liberte , il fe fauvoit d'un pas ferme & precipite. La lete etoit fort enflee, ainfi que le deffous de la gorge. La peau etoit rouge, meurtrie , noi- ratre dans plufieurs endroits. J'ai obferv^ , non-feulement fur ce chapon, jnais encore fur prefque tous lesoifeaux que j'ai foumis aux commotions , une chofe qui merite d'etre notee. A la premiere com- motion il fe vuidoit, les excremens etoient de confiftance ordinaire; a la fuite des autres chocs , ils devenoient moins lies , & finifToient par etre tout-a-fait liquides. D E D 1 J O K, l^9S, 117 II ne m'a pas para qu'il arrivat rien de pareil an corps humain. L'effet dont je viens de parler, n'eft jamais plus fenfible que dans ies premieres feances eledlriques; car les ani- maux en s'y accoutumant , fe vuident plus rarement, & les matieres Ibnt apeu pres na- turelies. La refpiration , quoique freq'uente a la fuite des commotions , n'ell cependant pas toujours ftertoreule ; il m'a paru qu'elle n'etoit tQile que lonque la gorge etoit enflee. Vn jeune pigeon fuyard re^ut foixante-fix commoiions en quatre feances , dans un feul jour, I'eleftrometre marquant deux lignes; il n'en refulta aucun effet fenfible. Douze autres a trois lignes ont rendu la refpiration un peu plus frequente ; quatre tout de fuite , a quatre lignes , ont augmente la gene; le bee s'efl: rempli de falive ; la refpiration eft devenue fibileufe ; le coeur palpitoit ; les plumes fe font refferrees ; le deffous de la gorge etoit tres-tumefie , & toute la tete enflee , & par- ticulierement Tendroit oil appuyoit I'excita- teur. Le lendemain dix-huit commotions, a. trois lignes & demie , tres -rapprochees les unes des autres , n'ont produit rien de remar- quable. Six autres tout de fuite , Teledro- metre a cinq lignes, n'ont point renverfe le pigeon ; mais il etoit moins ferme fur fcs jambes ; fa refpiration eft devenue tres-labo- rieufe ; une feptieme I'a culbute , mais un inftant apres il s'eft releve. Le lendemain 1 eleftrometre a fix lignes , trois commotions H iij IlS ACADEMIE ont renverfe le pigeon ; trois aiitres , apres qu'il a ete reniis cles dernieres , I'ont preique afphixie ; tandis que , le Jendemain , Teleftro- metre *^tant a 7 Ugnes, trois commotions n'ont produit que de la ftupeur. Six autres,dirigees de la tete aux pieds , n'ont eu aucun effet, ainfi que douze que Toifeau avoit regu la veille , reledrometre etant leulement a fix lignes. Ce pigeon, comme on le voit , fembloit etre parvenu par degres a fupporter de phis vives commotions ; en commen^ant , il ef- fuyoit des accidens graves a trois & quatre lignes, & a la fin il en fuppcrta de fept,lans etre notablement incommode. J\ii recommence I'epreuve fur un autre de plus grofle efpcce ( un patu j; deux commo- tions, Teleftrometre etant a 7 lignes, font ren- verfe; il eil entre en convulfion, & a eprouve tous les accidens qu'ont eu les autres. A la feconde feance , qui n'eut lieu qu'un mois apres, quatre commotionSjl'eledrometre etant a 8 lignes, ont ete fans effet, mais la cin- quieme les a toutes rappellees; la refpiration fur-tout etoit trcs-genee, & accompagn^e de beaucoup de fifflemens; la tete etoit fort en- flee , & particulierement le deffous de la gorge. Huit jours apres, leleftrometre etant tou- jours a 8 lignes, une feule commotion renverfa ie pigeon, il entra en convulfion, mais il fe remit un inftant apres; il en regut alors deux autres a dix lignes; la premiere fut fans effet. D E Dijon, ty^S, 119 snais la feconde en ent beaucoup ; la refpi- ration fiit on ne pent pas plus laborieiife , le fifflement etoit prodigieux, le deffous de la gorge forr enfl6. Cinq autres de la tete aux pieds ont ere bien moins ienfibles que celles qui ont paffe imiquement par la tete. Le lendemain, le meme pigeon regut trois commotions a dix lignes ; il n'en refulta rien de remarquable. Nul eftet de deux autres a onze lignes, qui ont, comme les premieres, traverfe la tete. Une fixieme a douze lignes produifit de la difficulte a refpirer , & dii fifflement; une feptleme ajouta de la ihipeur; line huitieme a treize lignes I'etourdit encore plus ; mais mis en liberie, il fe fauva & alia fe donner la tete contre le mur. Une neuvieme au meme degre eut meme efFet. Une dixieme a quatorze lignes n'en eut pas. Une onzieme Qi\^<\ ne fut fuivie que de lifflemens , & de quelques mouvemens convulfifs qui durerent peu. Toutes ces commotions furent tres-rap- prochees , & n'avoient d'intervalle que ce qu'il en falloit pour charger le bocal , qui Tetoit promptement, parce que releftricite etoit bonne. Le jour fuivant le pigeon fe portoit par- faitement bien; remis a I'epreuve, il la fup- porta moins que laveille. La premiere, a fept lignes, lui donna quelques mouvemens con- vulfifs de peu de duree ; quatre autres ne produiiirent rien, ainfi que deux a dix lignes; une troifieme, a ce dernier terme , fut fuivie de mouvemens convulfifs ; une quatrieme H iv. 120 A C A D E M I E renJit la refpiration ftertorenfe ; I'olfeau mis en liberie alloit fe donner la tete contre le mur. I ne derniere ne produifit que de la flii- peur , & de la gene dans la refpiration. Six jours apres, deux commotions a douze Ijgnes ont cte fans efFef ; une troiliem.e a caul'e dcs etourtliliemens & des mouvemens con- vuliits ; une quatrieme a produit le meme efFet ; une cinquieme , a i 5 lignes , n"a fait naitre aucun accident : enfuite quelques corn- morions donnees de la tete aux pieds ont plus .igite & caufe de plus grands accidens que ceiies qui ont paffe uniquement par la tete; ce qui contrarie non-feulcment les ex- periences rapportees plus haut , mais encore bcaucoup d'autres que j'ai oniifes. Quelques jours aprcs , dans une derniere feance , le meme pigeon ne put fupporter une commotion an terme de fept lignes ; il eprouva tous les accidens ordinaires qu'il avojt effuyes les jours precedens,m-a)gre que la charge fut tres-au deflbus de celle qu'il avoit plufieurs fois fupportee impunement. En paffant du fommet de la tete au bee, Tetincclle eft forte, blanche & bruyante; celle au contraire qui paffe de la tete a la poi- trine, au ventre , pour fortir par les pieds , eft petite , rouge , & fait peu de bruit. Les animaux paroifl^cnt moins afledes des chocs elcdriques en proportion de leur gran- deur, de leur force & de leur age. J'ai donne a un vieu?( lapin de tres-fortes commotions qui ne lui firent aucune forte D E Dl J O N, iyS5. Ill d'impreffion feiifible. Un jeune canard ayant neanmdins atteint route fa groffeur, fiit ren- verfe, convulie, &c. dime feule commotion de (iix lignes; tandis qu\m individu de la meme efpece , mais vieux , en re^ut vingt tout de fuite, de onze , doiize, treize, qua- torze & quinze , & les trois dernieres de feize lignes & demie , fans la plus legere altera- tion; Tanimal refta feulement pendant vingt- quatic heures fans manger; il paroiffoit ef- fraye , & fe cachoit. Les commotions operant des eftets bien diiferens dans les memes animaux. Tels ont ete renverfes par une etincelle fulminante d'une force mediocre , qui en avoient fup- porte auparavant de bien plus vives : nean- moins les premieres, toutes chofes egales d'ailleurs , font communement plus fenfibies, & afFectent davantage les animaux a qui on les adminiftre. J'avois cru d'apres cela que Tufage pou- voit accoutumer les animaux a en recevoir impunement de beaucoup plus fortes ; mais la fuite m'a prouve que cette regie , qui eft vraie jufqu'a un cert' in point, eft reftreinte dans des bornes etroites, foit que Tinftrument qui fert de mefure a la force du choc , in- duiie en erreur, foit que la difpofition ac- tuelle du fujet ne foit pas tou jours la meme; oueniin,& principalement, foit que le-paffage de 1 etincelle fulminante par tels endroits du cerveau plutot que tels autres , foit caufe des variations qu'on obferve a chaque inftant. 122 A. C A D E M I E Qu'il y ait dans le cerveau ccrtaines par- ties plus fenfibles & plus fufceptibles d'im- preffion que d'autres , cela eft indubitable. J'ai enfonce dans la tete d'un chardonneret line aiguille dans trois endroits difFerens , I'oi- feau ne donna aucune marque de fenlibilite. J-ai perce una quatrieme fois avec la meme aiguille, dans un autre endroit, a Tinftant le chardonneret fit un cri, baiffa la tete jufqua terre, & la tourna de cote. II garda cette fituation jufqu'au furlendemain qu'il mourut. Je fis Touverture de fa tete, j'y reconnus les quatre trous que I'aiguille y avoit fait; ils penetroient tous jufqu'a la bafe du crane , & contenoient un peu de fang noir & caille. Ii_ eft a croire que Tetincelle fulminante, quoique forte , eiit pafle tout auffi impune- ment par les trois premiers endroits , & que par le quatrieme elle eiit fait naitre des ac- cidens. II feroit bien intereffant de connoitre les diverfes parties de la tete qui pourroient fans danger recevoir Tetincelle fulminante. II eft viai neanmoins qu'on ne feroit point encore en fiirete quand meme on feroit pur- venu a les bien determiner dans I'homme , puifqu'on ne pent pas etre maitre de faire paffer les commotions determinement & pre- cifement dans le lieu oil Ton defireroit les diriger. J'ai eprouve ii je parviendrois a percer un carton par le moyen d'un choc eleftrique a I'endroit fixe oii j'appuyois la pointe d'un p E Dijon, lySS, 1 23 compas qui me lervoit d'excitateur. Cette etinceile ne iuivoit pas toujours la pointe fixee dans le carton, elle fe portoit fouvent aux cotes , & per^oit le carton afTez loin de la branche dii compas. ■ La mort que donne fi aifement aux petits oifeaux le choc eledrique , en paflant par leur tete , arHve egalement 8f meme plus in- variablement, quoique cela foit moins (iibtil lorfqu'il a lieu a travers le bas-ventre. Un chardonneret ne put foutenir cinq commo- tions a cinq lignes. Un autre qui en re^ut meme nombre & de meme force a travers le bas-ventre , furvecut a peine un demi-quart d'heure ; dhs la premiere il fut fans mouve- ment, (qs jambes s'etendirent, devinrent roi- des & inflexibles , la refpiration fut extre- mement frequente,& le bee tres-ouvert. Une feule commotion a travers le ventre d'un troifieme , & an meme degre , produifit le meme effet, neanmoins il furvecut jufqu'au furlendemain ; tandis qu'un quatrieme regut, dans ie meme temps & a la meme charge, une commotion a travers le cerveau , il en fut afphixie, mais peu a peu il fe remit & fe retablit parfaitement. D'autres petits oifeaux ont aufli recti, les ims des commotions a travers le ventre, & d'autres par la thte , en meme nombre & meme force ; les premiers font tous morts , lorfque les commotions ont ete au nombre de trois , tandis que les feconds revenoient peu k peu a la vie, Le pigeon patu dont il 114 ACADEMIE a ete qiieftion ci-devant , ainfi qu'un jeune canard, ont eii egalement, a I'occaiion des commotions qui paffoient par le ventre, des atteintes de cette roideur &. de cette inflexi- bilite des jambes, mais a iin degre leger,& qui le diilipoit bientot , tandis que de tres- petits poLilets bicn an deffous en force & en groffeur, n'en eprouverent ablolument rien , quoique les memes fuffent tres-affedes des commotions a travcrs la tcte. La respiration a ete conllamment tres-al- teree, & eft devenue fuffoquante toutes les fois que j'ai repete Tepreuve & fait pafler les commotions par le bas-ventre; les jambes fe font pareillement roidies , tandis que rien de femblable n'eft arrive quand je les ai fait paffer par la poitrine , quoique neanmoins elles aient tue tout de meme. Je n'ai obferve dans ce dernier cas nulle roideur, nul mou- vement convulfif dans les membres , la ref- piration etoit rare, & ne revenoit que par foubrefauts. J'ai diiTeque la plnpart des animaux que j'ai tues par I'eledhicite. Le chapon a qui j'ai donne tant & de fi fortes commotions, avoit I'exterieur de la tete , & particiili^rement I'endroit oil avoit appuye I'excitateur, tres- enfle , meurtri & noiratre ; les deux yeux etoient creves & les humeurs ecoulees. Je fis une incifion a la peau , il en fortit une eau fanguinolente ; I'os etoit parfaitement entier, mais li dur, que je ne pus Tenlever fans endommager la fubllance du cerveau. t> E Dijon, iyS6. i2j Ce que je n'ai pas vii dans le chapon, j'ai eu occafion de i'obferver dans pUifieurs oifeaux , & nofamment dans de jeunes pigeons, chez des hirondelles, (S-f. il en etoit de Texterieur de leurs tetes comme de celle dii chapon, ily avoit des aechimoifes, des extravafations dans le tiffu cellulaire ; mais rinterieiir de la tete n'avoit aiicun mal , on n appercevoit ni de- chirure,ni changement de coiileur; les vaif- feaux n'dtoient gorges nulie part, ii n'y avoit aiicune extravalationi les os etoient pareille- ment dans I'etat naturel; je ne les ai cepen- dant pas toiijours trouves tels. J'ai vii iine fradure dans un pigeon que deux commotions avoient tue ; & dans un jeune poulet & une hirondelle. Apres avoir enleve la peau de ia tete , on appercevoit un point rouge qui alloit en s'elargiffant dans Tinterieur de Tos, mais n'en outrepaffoit pas la table interne : tout, excepte cela , etoit dans I'etat naturel, Cette intdgrite de I'int^rieur du cerveau, que j'ai conftamment trouvee dans tous les ani- maux tues par le choc eledrique , fe rap- porte a ce qu'apprennent les diffedions des perfonnes foudroyees. Morgagni , & d'autres ne font mention que de defordres exterieurs. Cependant comment concevoir que Tetin- celle commouvante produife a I'exterieur des corps animes , des dechirures , &c. & que ion efFet mechanique fe borne-la, tandis que cette meme etincelle , en paffant a travers un car- ton, agit non-feulement fur les furfaces qu'elle trule &. d^chire , mais encore ie pcrce de 126 A C A D E M r E part en part. II faut done que cette etlncelle troiive dans retendue des pores des corps animes,dans la fouplelVe & dans rextenfibiiite de leur partie , affez de facility pour les tra- verfer , ians y caufer les eftcts qu'elle opere dans le carton , & dans les corps qui ne peu- vent pas prcter & s'etendre. Plus les fibres animales font fortes & ferrees , pins Tcffet eledrique fur la peau eft confiderable. Un homme adulte , d'une forte conltitution , a qui j'ai donne grand nombre de commotions, etoit meurtri, brule dans les endroits par oil entroit & fortoii Tetincelle commouvante , tandis que des perfonnes du fexe, foibles & dont les fibres etoient laches, n'avoient que quelques rongeurs , de i'enflure , des boutons aux memes endroits. Les differentes diffedions des animaux tues par la commotion de la force de celle dont j'ai parle , demontre que la rnort qui en a ete TeiFet, n'etoit due, ni aux dechirures , ni aux brulures, on autres caufes mechani- ques. Comment d'ailleurs concevroit-on que ceux des animaux a qui j'ai donne de ii vives commotions , & dont ils ont ete fi fort affec- tes , euflent pu fe retablir ii promptement , li a chaque fois I'ctincelle eiit fait un trou dans le cerveau ? J'ai eledrife une fille dont j'ai fait le commencement de Thiftoire dans mon premier memoire fur Teledricite medi- cale ; je lui ai donne en lix mois plus de quarante mille commotions; dies ne traver- foient pas ie cerveau a la verite, mais dies D E Dijon, fyS5. 1 27 pafloient a travers les vertebres du col,traver- oient la poitrine,& fortoient par Thypocondre gauche. D'autres fois elles entroient par Thy- pocondre droit pour ailer a Toppoie, & con- iequemment elles pafToient a travers le foie» Comment fe pourroit-il que cette filie eiit recu une fi grande multitude de plaies, toutes a travers A<::.s parties de la plus grande im- portance ? ii chaque commotion tut fait un trou & la plus legcre dechirure , comment n'auroit-elle pas ete criblee , aneantie , loin d'en avoir retire un foulagement etonnant?^ Les fecouffes electriqnes etoient ordinaire- ment & au moins de trois lignes a la mei'ure de I'eledrometre. 11 eft done bien a prcfumer que les commotions bornant leur effet me- chanique aux furfaces ou pen au dela, la mort ou les accidens qu'elles caufent, font dus a la matiere ele£lrique agiffante daus ce cas a la maniere des gas mephitiques qui intercep- tent, detruifent plus ou moins promptement les fon(Sion5 vitales. Plufieurs fubflances de- leteres ne deviennent prejudiciables au corps humain que par leur abondance ou le defaut d'habitude d'en ufer. Combien y en a-t-il qui fourniffent a la medecine les plus puiffants fecours , lorfqu'on ne les emploie pas a de trop fortes dofes, & que Tufage a accoutume le corps & I'a rendu capable d'en fupporter de plus confiderables. II en eft de raeme de I'eledricite. Portee trop haut ou trop preci- pitamment , elle pent donner la mort : ad- miniftree avcc precaution , & a un degre 128 ACADEMIE convenable, elle opere des cures que tout autre moyen n'avoit pu obtenir. Si la force doit etre reglee avec fageffe , il ne feroit pas moins utile de determiner les vifceres & le lieu particulier oil Ton peut le plus liirement ik fans crainte d'accidens , ad- miniftrcr les chocs eleQriques. On a vu que la tete n'etoit pas le vifcere feul que Ton dut jnenager. Les fecouffes peuvent egalement faire du mal & donu'jr la mort en paflant par d'autres organes. N'y anroit-il done dans le corps aucune partie peu ou point efien- tielle a la vie , qui refervant pour elle tout le danger de la commotion, ne laifTeroit pas de tranfmettre aux parties n-JceiTaires , aux fonclions vitales, fi-c. ces influences falutaires & curatives ? Je n'ai garde de repondre affir- mativement. Un fait unique prouve peu en medecine; cependant ]e crois que celui que je vais rapporter eft de nature a etre diilia- gue, & a favorifer la conjecture que je rnets en avant. Le fait dont il s'agit ell tire de Tobfervation dont j'ai donne I'annonce dans le memoire que j'ai eu I'honneur de prefenter a I'Academie fur Teleclricite mcdicale. Je vais la reprendre & en donner la fuite. Etiennette Livet , de la Paroiffe de Ligny en Maconnois , agee de 20 a 22 ans , a la fuite d'une fievre intermittente qu'elle a eu pen- dant II ou 12 mois, eprouvoit depuis 4 ans des borborygmes ,' dont Tordre & le retour periodique etoient aufli etonnans qu'ils cau- foient de fouffrances a la malade. Le briiit qu'ils D E Dijon, //^i. 129 qu'lls produifoient , s'entendoit quelquefois de cinquante pas;il parroit de Thypocondre gauche , fe portoit tranfverlalement a Taii- tre, retournoit de ce dernier an premier avec la plus grande regularite & la plus exafte precilion. Ce bruit, toujours accompagne dii gonflement & de raffiu^'ement fucceifif du bas-ventre , n'etoit pas perpetiiellement uni- forme ; le flux revenoit de temps en temps par boufFee , il etoit plus fort , plus brufque que le reflux ; cet etat n'avoit aucune cor- rcfpondance avec le jeu de la refpiration ; il parcouroit ces temps & fuivoit fa marche indifferemment , foit que la malade inlpirat , ou qu'elle expirat, ou retint fa r.fpiration. Le public etoit perfuade, d'apres une affez forte reffemblance au grognement que ce bruit imitoit, que la fille dont il s'agit avoit iin cochon dans le ventre. On pouvoit s'aflTurer par la vue & le tad , que la fcene fe paflbit dans le colon ; on voyoit le gonflement fucceffif de cette par- tie ; I'air etoit viliblement chafle de gauche a droite, & de cette derniere partie a I'autre par un mouvement non interrompu , depuis les huit heures du matin jufqu'au foir. L'acces s'annon^oit par un trouble au cerveau , & finiflToit par un fourmillement au bout des doigts ; un relachement fuivoit alors , les vents circonfcrits s'etcndoient , & occupoient tout le trajet inteftinal, fans que toutefois lama- lade en rendit ni par le haut , ni par le bas. Tant que l'acces duroit, elle ne pouvoit ni 1 r^o A C A D i M I E s'afTdolr, ni fe coucher ; elle etolt de boiif ; appuyee fur iin baton, & le corps penche en avant ; fon ventre gros en tout temps , ^toit procligieux pendant le paroxifme. Les fouffrances dans le ventre , & en par- ticulier dans la partie defignee , les reins , la tete, les extremites tant fiiperieures qu'in- ferieures , etoient enormes. Les bruits dont il s'agit etant finis , la malade pouvoit s'affeoir & fe coucher, il ne lui reftoit plus de dou- leur , excepte une courbature , & une fatigue bien confequente a I'exces & a la longueur de fes fouffrances. Depuis quatre ans ces accidens fe renou- velloient conftamment tons les jours apres le lever du foleil pour finir a fon coucher. Je n'ai cependant pas fuivi cette finguliere cor- refpondance; je n'ai vu la malade qu'a la fin de Decembre 1783 , pendant le mois de Jan- vier. Ce rapport etoit affez exadl , mais Telec- trifation qui furvint, troubla bientot cet or- dre; je n'ai cependant aucune raifon de douter de la verite du fait , il m'a ete generalemcnt confirme par les perfonnes qui ont fuivi la malade. La r^gularite des acc^s , la fievre inter- mittente qui les avoit precedes , me firent foup^onner qu'ils pourroient etre dus a un levain febnl; je traitai le mal en confequence, mais fans aucun fucces , quoique j'euffe em- ploy6 plus de quatre onces de quina en douze jours. Je me retournai du cote des antifpaf- modiques, & en particulier de Topium. J'ob- D E Dijon, tj86. 131 tins par ce dernier moyen iine inrerrnptioni de vingt-quatre heures; mais elle fut fiipplee par tant d'angoifles, tant de defaillances, que je n'ofai pas retourner davantage a ce moyen. Je me determinai pour lors a employer Telec- tricite par bain & enfuite par etincelle. Je pla^ai la malade fur un iToIoire, une chaine attachee a un condufteur del'cendoit a quel- ques lignes de la tete , il en partoit conti- nuellement des etincelles. Aux pieds de la malade etoit une tige de fer pointue qui com- muniquoit au plancher, & etabliffoit un cou- rant plus rapide d'eledricite , ce qui fe ma- nifeftoit aifement par la frequence des etin- celles comparees a leiir rarete lorfqu'on ofoit la tige , oil qu'on la prefentoit par fon bout arrondi. L'eledrifation commenca le 3 Fev"". 1784. Apres quelques minutes, les bruits fe raien- tirent & ceiferent pendant denii-heure; iJs revinrent apres pour ceffer de nouveau, mais moins long-temps, & feulement pendant une ou deux minutes. Mais fans entrer dans le journal de cette longue operation , je dirai en general que chaque jour, jufqu'a la fixi d'Avril 1784 , les bruits ne revenoient plus que vers les fix 011 fept heures du foir; j'ai eprouve de jour en jour une diminution gra- duelle ; j'obtenois plus prompternent la cef- fation des accidens , & leur interruption de- venoit de plus en plus longue ; enforte que la malade, au lieu de fouffrir pendant huit a neuf heures, avoit a peine fon acces Tef- 1 ij 132 ACADEMIE pace de deux. La diir^e de releftrlfarion ^toit de cinq a fix heures par jour. Je liibf- tituai en Mai les commotions a reledrifation par bain & par etincelle. J'obtins alors I'effet defire bien plus promptement; il falloit nean- moins quinze commotions dans ces premiers temps , mais par degre un moindre nombre fuffit , & a la fin du meme mois , une feule, quelque legere qu'elle fut , faifoit cefler a I'inftant tons les accidens ; il arrivoit meme affcz frequemment qu'ils ceffoient pareille- ment apres quelques tours de roue, pourvii que la maiade fut en communication avec la furface exterieure du bocal , & fans qu'il flit befoin de donner aucune commotion. L'etincelle commouvante, comme je fai deja dit , paffoit des vertebres du col a Thypo- condre gauche; je voulus eprouver fi la cef- fation des bruits pourroit s'obtenir en ne fai- fant point paffer le choc a travers le fiege du mal ; j'arrangeai en confequence I'appa- reil pour que la main gauche la recut toute feule : la ceffation fut toute auffi prompte , & toute aufTi entiere que li la fccouiie elec- trique eiit parcouru la chaine ordinaire. Je repetai Texperience , & le refultat fut le meme. Apres m'ctre affiire , par de nom- breufes epreuves , que le fait etoit confiant, j'elTayai s'il auroit lieu en dirigeant Tetin- celle par d'autres parties. II fallut deux com- motions au lieud'une,lorlque jedonnai lechoc du cote droit, loit au pied ou a la main. Le pied gauche u'etoit pas meme aufli favorable D E Dijon, ty^^. 133 que la main du meme cote, quoiqirune feule commotion fuffit ; car la ceflation des bor- borygmts n'etoit point auffi fubite , on en- tendoit encore iin inftant aprcs un leger mur- mure ; au lieu que donne a la main , les mou- vemens en queltion ne duroient pas au deia de la commotion meme. L'etincelle tiree du plateau metallique de Tekdlrophore operoit de meme la ceflation des bruits; mais il falloit, pour Tobtenir, ea tirer une quinzaine. Ces experiences ont ete fi fouvent r^ite- rees , & le refultat fi uniforme , que je ne crois pas qu'il puiffe reiler la moindre 6qui- voqu.e. Comme dans ces derniers temps les acci- dens ne revenoient point tous les jours, & que I'en avois cependant befoin pour conC- tater les faits dont je viens de parler,.je n'e- ledrilois la malade que dans le temps d.QS acces, & qu'autant qu'il en falloit pour les faire ceffer. La guerifon de la malade peut en avoir ete retardee; mais le phenomene etoit trop intereffant pour ne pas I'appro- fondir ; apres quoi je me fuis borne a ne donner par la fuite qu'a la main gauche les commotions que je multipliois alors. D'apres ce que je viens de rapporter , il n'eft point parfaitement indifferent de faire paffer par une partie quelconque Tetincelle fulminante, puifque dans le cas dont il s'agit le cote gauche & la main de preference ope- roient plus vite ou plus completement la 1 iij 134 ACADEMIE ceiTation des bruits convulfifs, ; mais il n'en eft pas molns vrai cependant qiron Tobte- noit certainement , quelqu'autre part qiron fit paffer la commotion. II n'eft done pas in- difpeni'ablement neceffaire qu'elle traverfe le iiege meme du mal. Si ce phenomene n'eft point du a quelques circonftances particu- liercs, il ne I'eroit done pas abfblument ne- ceffaire de commouvoir , par exemple , le cerveau , lorfqiie le mal relide dans ce vll- cere. On feroit done delivre des dangers ou ail moins des inquietudes que donne Tope- ration lorfqu'on la dirige dans cette partie; on pourroit fans confequence appliquer a touies les maladies Teledricite ; on ne rif- qr.erolt jamais que fes peines & le degout de ne pas reuffir auffi fouvent qu'on defire- roit. A force de multiplier des recherehes peut-etre feroit-on d'utiles decouvertes : qui fait fi par la fuite on ne feroit pas avanta- geufemcnt dedommage d'avoir marche quel- que tempi a tatons, & fi a la fin on ne de- couvriroit pas line route eclairee. Les nerfs font les redorts qui font mouvoir la machine liumaine; un rrand ncmbre de maladies de- pendent de leur derangement; la depravation des humeurs qu'on accufe li fouvent, tient peut-etre un rang bien inferieur. Tous les jours on voit le fang vicie nota- blement , fins qu'il en refulte de grands ac- cidens. Crcira-t-on que dans le fcorbut, les ecrouelles , &c. le fang ne foit pas eloigne de fa qualite naturelk: Cependant il n'arrive p E Dijon, lySS. 135 fouvent que qiielques fymptomes locaux. La iuppuration interieure altere certainement la maffe des humeurs, & a peine s'enfuit-il une petite fievre lente , tandis qifune legere pi~ qiiure denerf jete dans Tetat le plus I'ouffrant & le plus dangereux. Les obfervations medicales prouvent que Teledricite agit puiffamment fur les nerfs : { profcinderc tcrram, avant ou pendant Thiver. C'eft le fecond moyen pour fe preferver de la folle-avoine. II en eft encore un autre auili effentiel que que les precedens. Ce moyen qui demande la plus grande attention de la part du culti- vateur , confifte a n'er:''vployer que du fumier bien prepare, c'eft-a-d.re, dans fon etat de fermentation. Si on le repand fur la terre avant que la fermentation foit -Jien etablie, & avant que la putrefaction fcvt a'^un certain degre i degre au refte qui fe reconnoit a la D E Dijon, ly^s, 1^7 cTialeur qui doit avoir precede , & fe faire encore fentir dans le fumier,& a une odeiir affez forte d'alkali volatil qui s'en exhale : li on le repand; dis-je, trop tot fur les terres, il n'a pas encore acquis I'adivite qu'il doit leur communiquer-, on rifque meme d'ap- porter dans la terre le principe de toutes les mauvaifes herbes. Ecoutons C8 que dit M. I'Abbe Rozier dans fon cours complet d'agriculture, torn. 2. an mot avoine. » En examinant , dit cet habile » Phyficien, les grains d'avoine, dans les ex- » crements des chevaux qui sen. font nour- » ris , on apper^oit que la plupart font en- » core dans un etat d'integrite Ces » grains font gonfies par I'humidite, & cefte » humidite leur donne une forte propenfioa » a germer, pour peu que les circonftances » le permettent. Ce qui prouve bien que ce »» grain eft peu altere , & qu'il a peu perdu » de fa qualite alimentaire , c'eft I'avidite » des poules , des oifeaux a fouiller ces ex- » cremens , afin de les manger. » Si on emploie done ces excrements comme fumier, avant que la fermentation foit eta- blie, & quelle ait decompofe les grains qui y font contenus ; j'ai raifon de dire qu'ort repandra fur les terres le principe des mau- vaifes herbes. Mais il ne faut pas aufli tomber dans I'exces contraire, & laiiTer trop fermenter le fumier. Si on le laiffe confommer en ter- reau , ce ne font plus que des parties friables aui s 'interpgfent fans chaleur entre les mo- 158 ACADEMIE l^cules de la terre , & I'alkali volatll eft eva- pore. II faut done garder un jufte milieu, & faifir le moment oii le /umier eft bien pre- pare. On repandra pour lors I'abondance dans les terres , on les rendra fertiles , & on les prefervera de la folle-voine & de toures les autres mauvaifes herbes dont les graines peu- vent fe trouver dans le fumier. Si , malgre ces precautions , malgre le choix des femences , malgre la preparation des ter- ras , on voit paroitre la foUe-avoine dans les champs ; il faut pour lors employer d'au- tres moyens que ceux que nous avons deja fait connoitre. Ces moyens, je les appelle moyens deftruftifs. On a dit, dans le didionnaire domeftique, qu'il n'y avoit point d'autre moyen pour purger un champ de folle-avoine , que d'eii couper les tiges avant fa maturite. Ce moyen fans doute feroit tres-bon, mais tr6s-difficile a etre mis en pratique : car comment par- courir un champ pour couper une plante au milieu de mille autres , fans nulre a celles- ci, fans les endommager, fans leur porter un grand prejudice. Comment fe flatter de de- couvrir toutes les plantes de folle-avoine qui peuvent s'y trouver repandues. On fent la difficulte & meme Timpoffibilite d'une telle jpratique. II echappera neceffairement quel- que plante de folle-avoine a I'oeil le plus vi- gilant , & pour lors on eft dans le meme etat oil Ton etoit auparavant , peut-etre pire en- core , puifque Iqs bleds peuvent avoir fouffert D E Dijon, lySS. 159 dans rexeciition de ce moyen. II faut done en rechercher qui n'aient point le meme in- convenient, & qui foient propres a detruire la folle-avoine. Laiffer en jachere , pendant deux ans de fuite, le terrein infede par cette plante , en le cultivant & lui donnant toujours les la- bours ordinaires avant & pendant Thiver, eft fans contredit le moyen le plus fur pour faire p^rir la folle-avoine. On detruit par les tra- vaux de la premiere annee ; on detruit , dis- je,le premier germe qui commence a pouffer peu de temps apres avoir et6 enterre, & on I'empeche de donner fon grain , de produire fa femence , & par confequent de le rege- nerer. Par les travaux de la feconde annee, on detruit le fecond germe qui refte fi long- temps enfeveli; & la troifieme annee, la re- colte du grain que Ton feme dans ce terrein fft a Tabri de la folle-avoine. Mais ce moyen eft bien violent, j'en con- viens. L'envie , ou pour mieux dire, le be- foin qu'un pere de famille agriculteur a de jouir de fes fonds , ne lui permet guere de iaiffer fes terres en repos plus d'un an , & c'eft meme beaucoup que la perte d'une an- nee ; aufii ai-je tache de trouver un moyen qui remplit la meme indication fans avoir encore cet inconvenient. J'ai feme dans un champ infede de folle- avoine , une luzerne. Les difFerens labours que j'ai et^ oblige d'y faire pour le preparer i recevoir cette femence , ont detruit le pre- g60 ACADEMIE mier germe de cette plante ; le fecond Ta ^te par les coupes reiterees de la luzerne , qui n'ont pas permis a fa tige de parvenir a (on ^tat de maturite, de former fon grain, & de fe reproduiie. Ce moyen bien fimple & bien aife, m'a parfaitement reuffi; j'ai detruit la folle-avoine , & je m'en fuis vii entierement debarrafft^. Lorfque mon terrein n'a point 6te propre a femer line luzerne , j'y ai mis a la place line vefce, & la feconde annee j'y ai feme des pois. J'ai eu foin de couper ces plantes en verd, & je fuis parvenu an meme but qu'en faifant une luzerne. Les deux germes de la folle-avoine ont ete detruits,le grain ne s'eft pas forme, & je n'ai plus vu reparoitre cette plante. Au refte, la vefce coupee en verd eft un fourrage excellent , & une des bonnes nour- ritures qu'on puiffe donner aux chevaux , boeufs, vaches & moutons; elle les engraiffe beaucoup,& leur profite iflfiniment. La vefce vient aifement dans toutes fortes de terres , & elle ne les fatigue point : bien loin dela , elle les engraiffe plutot que de les ufer. Ces plantes extirpent Therbe , rendent la terre legere, fans I'epuifer, & la difpofent peut- etre mieux encore que les labours , a rece- voir la femence du bled. Tels font les moyens qu'une experience de plufieurs annees m'a fait connoitre les plus propres a detruire la folle-avoine. lis ne font ni coutQux , ni difficiles dans I'ex^cution ; tout D E Dijon, iyS6. \6i tout le monde peat les mettre en pratique , dans quelque pays , dans quelque circonf- tance oil Ton puiffe fe trouver;i!s aiiront les fuites les plus heureufes , puil'qu'ils debar- raffent non-leulement d\ine plante qui nuit effentiellement aux produ£Hons utiles, mais encore de toutes les mauvaifes herbes qui peuvent (e trouver dans les champs. l^uiffsnt ces moyens procurer a ceux qui les emploieront , les mernes avantages que j'en ai retires. »B!_!_-.!*^y;*"— "JtJi.i I ■ I '< I. MH^ti L " L»i»|«i »^ M £ M O I R E ■ Dans lequel on examine JJ la mine £ andmoinc , les ethiops antimoniaiix & les mercuriels , pris interieurement , peuvent etre dangereux par leur decom.-' pojitivn dans les premieres voies. Pa R M. M A R E T. R.ILLER (i) & plufieurs autres Auteurs redoutent I'ufage Interne des preparations connues ibus les noms d'ethiops antimoniau::: & d'ethiops communement nommes mine- raux, & dont )e ferai mention fous la deno- ( I ) Difpenfatorium univerfale, toni> 2 , p. 8 Sc 474^ L l6i ACADEMIE jnination d'ethiops mercuriels , a raifon cIi? metal qui entrent dans lent compolirion. La mine d'antimoine leur ell egalement fufpecle , & ils croient qu'il eft dangereux de Temployer a Tinterieiir. Parmi les motifs qui leur font defirer qu'on profcrive abfolument ces remedes , ou du moins qu'on ne s'en ferve jamais pour les enfans , le principal eft la crainte de Tadion que les acides contenus dans les premieres voies pourroient exercer fur eiw. La mine d'antimoine eft un compof6 de foufre & d'antimoine fait pat la nature ou par Tart. L'ethiops antimonial eft cette meme mine combinee avec le mercure, & Tunion de ce metal-ci & du foufre conftitue l'ethiops mercuriel. ' Le mercure & I'antimoine , qui font parties conftituantes de ces remedes, donnent, avec les acides capables de les difl'oudre, des fels tres-acres & meme corrofifs. Ainfi , Ton ne peut fe diflimuler que ces composes , pris par la bcuche, feroient d'un ufage dangereux , s'il fe trouvoit dans les premieres voies des aci- des capables de difl'oudre les fubftances me- talliques qui en font partie. Cette poftibilite m'a paru meriter la plus grande attention , & j'ai cru qu'il etoit inte- refl^^Tiiit de I'apprecier. Si je m'en rapportois a Texperience clini- que , je pourrois nier cette poflibilite. J'ai tres-fouvent employe ces remedes,fans m'etre jamais appercu qu'ils aient produit de mau- t) E Dijon, lySS. 163 vais effets, Mais il eft pofTible que j'en fois redevable au bonheur des circonftances, & a I'avantage de les avoir adminiftres dans des inftans oil les premieres voies ne receloient aucun acide capable d'attaquer les fubflances metalliques dont ils font compofes. Les confequences que je pourrois tirer de ce genre d experiences, n'auroient done pas la julleffe qu'on eft dans le cas d'exiger pour la folution d'un probleme auiTi intereffant ; j'ai penfe que j'y arriverois d'une maniere plus fure , en recourant a des experiences chymiques. Qu'en expofant les differens remedes qui font le fujet de ce Memoire , a I'adtion dQS acides qui peuvent fe trouver dans les pre- mieres voies, je ferois en etat de juger, par le reUihat de ces epreuves, li les craintes, de Triiler & de ceux qui penCent comme lui, •font ou ne font pas fondees. Que ces experiences pourrolent encore tn'apprendre quels acides agiroient avec le plus d'energie fur ces remedes , & lefquels de ces medicamens reiifteroient avec plus da fucces a leur adlion diffolvante. La chaleur naturelle de I'eftomac & des inteftins doit neceft'airement rendre les re- 1 fultats de ra£i:ion des acides contenus dans ces vifceres , dfferens de ceux que donne- ront des experiences faites dans des vaiffeauJC chymiques. Mais comme il eft facile de ie procurer une temperature egale a celle de i'eftomac & des inteftins , il eft probable L \] 164 A C A D i M I E au'avec cette attention , cette difference ne fera piis affez conficlerable pour meriter la plus legere attention. Qu'ainfi , en prenant les precautions convenables, on pent rendre ces experiences concluantes. Celles dont je vais rendre compte ont ete faites dans une faifon oil le thermometre in- diqiioit une temperature de plus de 20 de- gres au defl'us de zero, & repetees, pour la plupart, dans des vaiffeaux plonges dans de Teau echauffee a 32 degres & plus ( i ). Mon projet etant de connoitre non-feule- ment ce qui refulteroit de Tadlion des acides des premieres voies fur la mine d'antimoine & Tur les differens genres d'ethiops mineraux, mais encore le degre de refinance que les genres & les efpeces de ces remedes oppo- leroient a cette adion; j'ai cru devoir com- mencer par conftater la force d'adhefion des parties conftituantes de ces differens reme- ^ des , & paffer enfuite aux experiences capa- bles de refoudre le probleme qui eft princi- palement I'objet de ce Memoire. L'affinite de Tacide nitreux etant fufRfante avec I'antimoine, pour que cet acide en dif- folve facilement une tr^s-grande partie , & tres-forte avec le mercure, m'a decide a me fervir de cet acide pour evaluer la force d'adhefion refpedive des parties conftituantes de ces remedes. ( I ) Le thermometre , dont je me fuis fervi , eft au mercure & jjradud fuivant i'ccUeU§ de Reaumur. D E Dijon, lySS. 165 Dans tons il y a union chymiqiie 6.qs fubftances metalliques & clii foufre, & de ces fubilances entre elles, & cette union efl d'autant plus forte que la force d'affinite eil plus grande , & qu'une feule affinite entre- tient la combinaifon. Mais cette combinaifoa chymique pent etre detruife par une fubf- tance qui ait plus d'affinite avec une ou avec deux des parties conftituantes du raixte , que ces parties n'en ont les unes avec les autres. D'oii il fuit que celui, de cq.s trois mixtes, qui fera le plus facilement decompofe , fera celui dont Tadhefion des parties conftituantes etoit la plus foible. En partant de qqs prin- cipes , on va juger, par les experiences fui- vantes, de la force d'adhefion des principes conftituans de la mine d'antirnoine , 6l des €thiops antimoniaux & mercuriels. Ces ethiops font prepares par la fimple trituration ou a Taide du feu ; & comme le precede employ^ doit neceffairement occa- iionner des differences dans la folidite des compofes , j'ai foumis fucceffivement a la meme epreuve , les ethiops par trituration , & ceux que je defignerai par ces mots, tW^/o/i- par It feu. C'eft a I'aide des readifs que j'ai juge I'effet du diffolvant. La propri^te qu'a I'alkali pruffiqne de pre- cipiter I'antimoine en bleu, ainfi que le fer & les autres fubftances metalliques fous diff'j- lentes couleurs , m'a determine a me fervir L iij l66 A C A D E M I E dc cet alkali clans toutes mes experiences; & comma racide miiriati'que enleve le merciae aux autres acicles,& en forme iin muriate mer- curiel infoluble qui fe precipite en blanc, j'ai employe ce reaftif dans toutes les expericnc.s faites fur les ethiops dont le mercure efV une partie conllituarlte. Par le moyen de ces readifs, j'ai reconnu fi le diffolvant avoit attaque les deux fub(- tances metalliques ou une feule d'entre elles. L'antimoine par le precipite bleu , le mer- cure par le precipite blanc de muriate mer- curiel. Voici la maniere dont j'ai procede. J'ai mis dans difFerens verres un gros des drogues compofees que je voxilois eprouver, &. que j'avois fait reduire en poudre tres-finc; verfe deffus de I'acide nitreux. Une digeflion de deux fois 24 heures, une agitation frequcnte du melange avec une baguette de verre , favorifoient I'adion de I'acide. J'obfervois & notois les phenomenes de la diffolution; puis je filtrois la liqueur. Lorfque le compofe, fur lequel j'avois operc, tenoit du mercure; je divlfojs cette liqueur en deux portions egales ; je precipitois Vune par I'alkali pruffique , &. I'autre par I'acide muriatique. Je crois devoir avertir que , dans aucune de mes experiences , le diffolvant n'a ete fa- ture , & que cctte circonftance m'a fouvent necefTite a employer de tres-grande quantite d'alkali pruffique pour parvenir a precipiter ramiiiioine. t D E D I J O N, lySS. 167 Experiences avec Hacide nltreux(^\). V^. J'ai verfe de I'acide nitreux fur de la •mine d'antimoine; il y a eu efFervelcence , evaporation d'air nitreux , & une pellicule graffe & grifatre a reconvert la liqueur. La diffolution filtree etoit limpide & fans couleur. L'alkali pruffique verfe dans cette diffolu- tion s'ert colore en bleu , & a donne un pre- cipite bleu fonce tres-abondant. 2^^^. Le meme acide mis en digeftion fur de I'ethiops antimonial par trituration , n'a point produit d'effervefcence fenfible , ni d'e- vaporation remarquable d'air nitreux. La li- queur s'ell cauverte d'une pellicule bian- chatre. ( 1 ) L'acide regalin etant le diffolvant le plus effi- cace de rantimoine , il femble que j'aurois du I'em- ployer , dans ces experiences, par preference a l'acide tiitreux, qui calcine une pariie de ce demi- metal ea •meme temps qu'il ea diffout Mais deux motil's m'ont fait prefcrer celui-ci. Le premier , que j'avois befoin d'un diffolvant qui put avtaquer le mercure , ainfi que I'antimoine, puiiqua ces deux fubftances metalliques etoient parties conflituantes de pluileurs des compofes fur lefquels je devois operer. Le fecond , parce que raon intention n'-etant pas de ■diffoudre en entier ces fubfii.mces , mais feulement da juger fi, malgre leur combinaifon avec le loutre, elles etoient attaquables par l'acide nitreux, il me futfitoit que ■cet acide en Qi\\. difious, pour que mes experiences tulTenc concluantes. L iv 1 68 ACADEMIE Lii diffolution filtree etoit llmpicle & fans conleur. L'aikali pruffique I'a coloree en bleu , & il y a eu un precipite bleu abondant , fiir- monte d'lm precipite blanc. L'acide muriatique a donne un precipite blanc caiilebote & abondant. 3^. La diffolution nitreufe de Tethiops an- timonial prepare par le feu , a prefente les mcincs phenomenes que celle de Tethiops antimonial par trituration. Mais il y a eu une difference notable dans les produits du me- lange des reaftifs. Le precipite par Talkali prufiique a ete bleu, mais moins abondant, & n'a pas ete fiirmonte d'un blanc. L'acide muriatique a rendu la diffolution louche & un peu blanchatre. ,11 y a eu un precipite blanc, mais pulverulent &. prelque infenlihle. 4^. L'acide nitreux verfe fur I'ethiops mer- curiel par trituration, n'a point caufe d'effer- vefccnce , ni fait elever de gaz nitreux. La liqueur s'eff couverte d'une legere pellicule grife , & , aprcis filtration , etoit limpide & ^■^ns couleur. Le melange de rallcali pruffique a colore eette liqueur en rouge vineux d'une nuance trcs-foible. II s'eft fait un precipite verd trcs- foible, & qui a promptement paffe au bleu noir. L'acide muriatique n'a produit aucun chan- gement dans la liqueur, elle n'a ni blanchi, ni loiichi, & il n'y a point eu de precipite. D E D I T O N, iy86. 169 5^ L'ethiops mercuriel prepare par le feu, parok avoir encore plus refille a Fadion de i'acide nitretix. La digeftion dans cet acide n'a point ete ^ccompagnee d'efFervefcence ; la pellicula dent sell couverte la liqueur , etoit a peine fenlible; & , apres la filtration, cette liqueur etoit limpide & ians couleur. L'alkali prufiique I'a coloree en verd pre d'une nuance tres-foible , qui s'eil change en fauve tres-peu fonce,a mel'ure que s'eft forme iin precipite bleu tirant au noir & d'une quan- tite inappreciable. L'addition de I'acide miiriatique n'a change ni la couleur, ni la limpidite de la liqueur, & il n'y a eu aucun precipite. llrefulte, de la premiere de ces experien- ces , que I'union de I'antimoine & du foufre efl tres-foible. De la feconde , que la trituration ne pro- duit pas line combinaifon chymique plus forte dans la formation de I'ethiops antimo- nial, & que le foufre, I'antimoine & le mer- cure adherant foiblement entr'eux dans cette compofition ; puifque la couleur bleue & la quantite du precipite donne par l'alkali pruf- fique, prouvent que I'antimoine a ete diffous & en grande quantite ; puifque le precipite blanc qui furmontoit le bleu , & qui etoit une chaux de mercure , & le muriate mercuriel form^ dans la liqueur apr^s l'addition de I'a- cide muriatique , demontrent que le mercur« avoit ete egalement attaque. ijO A C A D 6 M I E On pent concliire de la troifieme , que Tadhefion des parties conilituantes de I'ethiops antimonial prepare par le feu , eft d'une force capable dc relifler a Tadion chs acides foi- bles , puilque le nitreux n'a que foiblement attaque rantimoine, & plus foiblement en- core le mercure ; ce qui eft prouve par la petite quantite des precipites bleu & blanc. Les quatrieme &. cinquieme indiquent, dans ies ethiops mercuriels, une adhefion tres-forte du mercure au foufre ; adhefion que la force attra£live de I'acide nitreux, dependante de Ion aflinite avec le mercure, n'a pu detruire. Le refultat de ces experiences donne lieu de croire que cette force d'adhefion eft egale dans Tune & dans Tautre efpece d'ethiops mercuriels, ou tout au moins y eft trcs-peu differente : car il eft a prefumer que la cou- kur qua pris i'acide nitreux digere fur I'e^ thiops mercuriel prepare par la trituration , lots de I'addition de I'alkali pruftique, ainft que le precipite un peu plus copieux , font dus au foufre qui etoit furabondant dans cette efpece d'ethiops. Je crois done que les refultats de ces cinq ' experiences prouvent, que I'adhefion des par- ties compolantes de ces remedes eft tres-foible dans la mine d'antimoine ; prefque egalement foible dans I'ethiops antimonial , par tritura- tion; aflez forte dans I'ethiops antimonial par le feu , pour refifter a I'adtion des acides foibles. Tres-forte dans les ethiops mercuriels,mais D E Dijon, lySS. ijt un pen plus dans celui qui eft prepare par la fufion , que clans celui oil Ton n'a employe que la trituration. Ces verites vont etre confirmees par les autres experiences que j'ai tenteespour con- noitre I'efi'et qu'on peut craindre des acides contenus dans les premieres voies, lorfqu'on fait prendre par la bouche la mine d'anti- moine , ou les ethiops antimoniaux , ou les mercuriels. Les acides qui peuvent fe trouver dans les premieres voies font les vegetaux contenus dans la plupart de nos alimens , le phofpho- rique, dont les parties animales qui nous fer- vent de nourriture, & probablement nos fucs digeftifs , font remplis. Ces acides y font prefque toujours en com- binaifon avec des fubftances qui les neutra- lifent , ou en alterent I'energie attraftivc. Cependant il eft demontre par I'obfervation, que fouvent ils font d^veloppes & a nu; foit que la digeftion, en d^gageant de Tair, four- nilTe un principe acidifiant aux differentes bafes acidifiables ; foit qu'elle decompofe les acides engages , en ofFrant a leurs bafes neu- tralifantes ou enervantes, une fubftance avec laquelle ces bafes aient plus d'affinite. La formation de I'acide mephitique & dii gaz inflammable dans les premieres voies, eft encore demontree par des phenomenes qui ne permettent pas de la revoquer en doute. Ainfi, pour juger ce que Ton peut craindre de Tadtion que ces acides & ce gaz contenus \ 172 A C A D E M I E quelquefois dans les premieres voies,peiivent exercer fur la mine d'antirnoine & iiir les ethiops metaliiques , il faudroit mettre ces drogues en contact avsc ces differens acidcs* On peut preiiimer que I'acide mephitique produiroit trop pen d'effets pour qu'il tut in- tereflant d'eprouver fon adion fur ces com- pofes. Le gaz inflammable n'a jufqu'a pre- fent manifeile qu\me propriete redudive des chaux metaliiques, & ici nous avons des m.e- taux pourvus de phlogiflique , auxquels il n'eft pas queftion d'en rendre. Les acides vegetaux les plus en ufage & le phofphorique etoient confequemment les \ feuls dont je duffe chercher a apprecier les efFets en cette occafion , & c'eft auffi avec ces acides feuls que j'ai tent6 les experiences dont je vais rendre compte. J'ai cru devoir, eu egard au frequent ufage de I'acide aceteux , a la poffibilit^ de trouver dans les premieres voies les acides oxalin & faccharin , employer ces acides dans mes experiences : le premier, parce qu'il eft de- veloppe dans la plupart des vegetaux qui nous fervent d'aliniens ; le fecond , parce qu'il fe trouve auffi tout forme dans plufieurs de nos fubftances alimentaires, & qu'il peut etre degage , compofe par le mouvement inteftin qui opere la digeftion. La prefence de Tacide tartareux dans les liqueurs fermentees , dont I'ufage eft tres- commun, m'auroit encore engage a me fervir jie cet acide , fi fon indiffolubilite dans de D E Dijon, iy85. 17^ I'eau d'une temperature an deflbus de celle de I'eau bouillante , n'en eiit pas rendu Teni- ploi impraticable, Les acides aceteux, oxalin, faccharin & phofphorique, font en confequence les feuls dont j'ai cherche a connoltre i'adion fur les preparations defignees. J'ai procdde avec ces acides de la meme maniere qu'avec le nitreux, & je vais expofer, dans quatre articles , les etFets qu'a produits chacun de ces acides. Article i «r. Experiences aves, Cacide aceteux. y^. J'ai verfe de I'acide aceteux fur de la mine d'antimoine : il n'y a point eu d'erler- yefcence; une pellicule grife a recouvert la liqueur, & cette liqueur filtree a ete limpide & fans cculeur. L'alkali pruflique I'a coloree en bleu clair, & il y j^eu un precipite bleu prefque inap- preciable. 2^=. La dlgeftion de I'^thiops antimonial dans le mcme acide , n'a point occafionne d'effervefcence ; il n'y a point eu de pelli- cule, & la liqueur filtree a ete limpide & fans couleur. L'alkali pruffique a occafionne un preci- pit6 bleu peu abondant, & qui s'eft fait tres- promptement. L'acide muriatique n'a produit aucun chaa- / 174 A C A D E M I E gement fenfible , & il n'y a point eii de pr^- cipite. 3^. L'ethiops antimonial par le feu,traite de meme , il n'y a isii ni effervefcence , ni pellicule ; la liqueur a ete limpide Ck fans couleur. L'alkali prufllque a donne a la liqueur une teinte verdatre, & il y a eu un precipite bleu prefque infenlible. L'acide muriatique n'a ptoduit aucun chan- gement , & il n'y a point eu de precipite. 4". L'ethiops mercuriel par trituration ayant ^te expofe a I'adion du meme acide ; il n'y a point eu d'effervefcence , ni de pellicule , & la liqueur filtree 6toit limpide & fans couleur. L'alkali prufTique lui a donne une nuance bleue , & il y a eu un precipite bleu abon- dant & tirant au noir. L'acide muriatique n'a produit aucun chan- gement & aucun prc^cipite. 5^. L'ethiops mercuriel par le feu n'^i donne aucune couleur a l'acide aceteux ; il n'y a point eu d'effervefcence pendant la digeftion, & la liqueur filtree etoit limpide. L'alkali pruffique a donn6 a cette liqueur line nuance de verd pre , qui eft devenue legerement ambr6e par la precipitation d'une efpece de terre bleue tirant au noir, tres-peu abondante. L'acide muriatique n'a produit aucun chan- gement & aucun precipite. D E Dijon, lySS, jy^ Article 2. Experiences avec tacide. oxalin. 6^. L'acide oxalin , verfe fur la mine cFan- timoine , n'a pas fait d'effervefcence. La li- queur s'eft couverte d'une pellicule blancha- tre, formee de petits cryftaux, & les parois du verre ont 6te tapiffees d'une vegetatiorj faline. La liqueur, apres avoir ete filtree, etoit limpide & incolore. L'alkali prufnque a fait prendre a cette liqueur une couleur de iaune foufre , & il s'efl: fait un precipite tres-abondant de mcme couleur. 7*^. La digeftion de Tcthiops antimonial par trituration, n'a pas ete accompagnee d'eifer- vefcence , de meme que celle de la mine d'an- timoine. 11 y a eu auffi une vegetation faline centre les parois du verre , & une pellicule du mcme genre a reconvert la liqueur, mais elle etoit beaucoup moins epaifle. Cette liqueur iiltree etoit limpide & inco- lore ; I'alkali prufTique I'a teinte en jaune foufre , & il y a eu un precipite de meme couleur , & abondant. L'acide muriatique n'en a pas altere la lim- pidite , ne I'a point, coloree , & n'y a forme aucun precipite. 8^. L'aftion de Tacide oxalin fur 1 etbiops antimonial par le feu , de meme que fur les autres fubftances mifes en experiences , ne s'eft paS' manifeftee par une effervefcence. 176 A C A D i M 1 E II s'eft forme, a la furface de la liqueur, line pellicule grilatre tres-peii epaiffe, & il s'eil eleve centre ies parois du verre une vege- tation (aline. La liqueur filtree etoit limpide & incolore. Cette liqueur a pris , par Taddition de ralkali pruffique , une teinte jaunatre , mais d'une nuance foible. II y a eu un precipite jaune foufre , mais trcs-peu abondant. L'acide marin n'a cauf^ aucun changement de couleur dans la liqueifr, & il ne s'y eft fait aucun precipite. 9& 10^. Ces experiences-ci furent faites , la premiere avec I'ethiops mercuriel par tri- turation, la 1'^^, avec celui qui avoit ete pre- pare par le feu. L'acide oxalin verfe fnr ces drogues , ne fit efFervefcence ni avec Tune ni avec Tautre. Dans ces deux experiences , la liqueur fe couvrit d'une pellicule grife centrale , mais moins epaiffe & d'un moindre diametre dans celle dont I'ethiops mercuriel par le feu etoit le fujet, que dans I'autre. II y eut dans toutes deux une vegetation faline grimpant le long des parois du verre, & dans toutes deux la liqueur filtree etoit limpide , mais incolore dans la 10^. , & un peu ambree dans la ^^. Celle de cette 9^ experience , precipltee par Talkali prufTique , prit une nuance d'un verd tirant un peu fur le bleu , & il s'y forma fur le champ un precipite d'un bleu foible & tres-peu abondant. ^ La D E D I J O N, /7rrhe, I'aloes , le miel , le fel , la cire , le bitume, les refines ; ils les faifoient fecher avec la fumee de pin & de fapin. Les Egyptiens con- fervoient les leurs avec la refine de cedre, les aromates & le fel. Ces peuples gardoient fouvent les momies ou au moins leurs effi- gies, dans la maifon. On les prefentoit dans les grands repas , oil , par le recit des adions de ces aieux , on s'excitoit a la vertu. Que ce refpeft pour les morts differe de ce qui fe pratiqne dans nos pays ! Les Grecs dans Torigine n'eurent pas pro- bablement pour les morts la meme veneration que les Egyptiens. Auffi Empedocle , dans la 84'. olympiade , rendit-il la vie a Ponthia, femme d''Agrigente,que Ton alloit enterrer(i). ( I ) Diogene Laerce , de v'tia. 6* moribus philofophornml lib. 8. l86 A C A D E M I E Mais ce penple en fe civilifant, en devenant plus inftruit , I'entit la necellite d'etablir des loix pour proteger les morts. La loi vouloit a Athenes que Ton n'enterrat les morts qu'au y, jour ; & , dans la piupart dcs villes de la Grece, ce n'^toit qu'au 6'. ou 7^ jour que les funerailles avoient lieu. Lorf- qu'un homme paroiflbit avoir rendu le der- nier foupir, fon cadavre etoit lave le plus fouvent par fes parens avec I'eau tiede melee de vin. On Toignoit enfuite avec Thuile. On le revetiffoit d'habits , ordinairement de fil de lin , fuivant Tufage des Egyptiens : ces habits etoient blancs a Meffine , a Athenes, & dans la piupart des villes de Grece , oil Ton couronnoit le cadavre de fleurs. A Spartes Thabillement etoit pourpre , & Ton entouroit le cadavre de feuilles d'olivier. On depofoit. enfuite le corps dans un lit, a Tentree de la maifon, ou il reftoit jufqu'au temps des fu- nerailles. Dans les magnifiques obfeques que Alexandre fit a Epheftion , le cadavre ne fut brule qu'au lo". jour. Les Romains dans leur inftitution ne furent pas d'abord plus religieux que les Grecs. Acilius Aviola etant tombe en lethargie ,fut repute mort; on le porta fur le bucher, le feu le ranima; il s'ecria qu'il vivoit, & perit neanmoins faute de fecours. Lamia , Preteur, eut le meme fort. Tubero, qui avoit ete pre- teur, fut rapport^ du biicher (i). Alclepiade, ( I ) Valerius Maximus , lib. i , cap. 8, Pline , lib. yii, cap. 52. D E Dijon, iyS4. 187 (l) Medecin qui vivoit du temps de Pompee le Grartd, environ 1 20 ans avant Tere chre- tienne, reveoant de fa maifon de campagne, vit pres des murailles de Rome un grand convoi & line foule de gens qui afliftoient a des obfeques en habit de c^euil, avec des te- moignages d'afflidion extraordinaire. II de- manda ce que c'etoit, perfonne ne voulut lui repondre. II s'approcha du pretendu mort , & croyant reconnoitre en lui des fignes de vie , il s'ecria qu'il falloit eloigner les flam- beaux , emporter les feux, & abattre le bi'i- cher. Sur cela il s'eleva une efpece de mur- mure dans la troupe* Les uns difoient qu'il falloit croire le Medecin , les autres fe mo- quoient de la medecine. Les parens fe ren- dirent enfin aux inftances d'Afclepiade ; on confentit de differer un pen les obfeques, & le pretendu mort fut rendu a la vie. II pa- roit que ces exemples , & plufieurs autres femblables , engagerent les Romains a re- tarder davantage les funerailles , & a pro- noncer des loix qui puffent empecher ces in- humations precipitees (2). A Rome, apres avoir donn6 un temps fuf- fifant aux pleurs , le parent le plus proche (i ) Hiftoire de la Medecine, par Leclerc, pag. 394. Celfe , lib. 2 , cap. 6. (2) Unde putatis inventos tardos funerum appara- tur ? unde quod exequias plandibus , ploratu , magnoque femper inquietemus ululatu ? Quam quod vidimus faepc poft conclamata fuprema redeuntes, F*bius, decl. 8, l88 A C A D E M I E fermoit ordinairement les yeux dii mort. On lavoit fon corps avec I'eau tiede , loit pour le rendre propre a etre oint avec Thuile, i'o'it pour ranimer le principe de vie qui pouvoit refter interieurement , fans le manifefter. On faifoit enfuite des 6preuves pour s'aflurer de la mortjce qui etoit fouvent reitere pendant le temps oil le corps reftoit expofe; car il y avoit des perfonnes chargees de vifiter les morts & d'en conllater I'etat. Get ufage s'eft conferve feulement pour les Papes. Le 2*^. • jour , apres avoir encore lave une feconde fois le cadavre , on I'oignoit d'huile & de baume. Le luxe s'introduilit a tel point dans le choix de ces beaumes etrangers , que fous le confulat de Licinius Craffus & de Julet Cefar, le Senat defendit de tirer les parfums ai'leurs que de Tltalie. Le 3'. jour on reve- tiffoit le cadavre luivant fa dignite & fa con- dition. On mettoit la robe pretefte aux Ma- giftrats , la pourpre aux Confuls : cette der- niere robe etoit tiffue d'or pour les vain- queurs qui avoient merite les honneurs du triomphe. La robe etoit blanche pour les autres Remains, & noire pour le bas peuple. Ces habillemens etoient fouvent prepares de loin , & avec le plus grand foin, par les meres & les epoufes des perfonnes encore vivan- tes (i). Le 4% jour on pla9oi? le mort dans (i) On lit dans Homere, qu'Andromaque faifoit tra- yailler un habit pour les obfeques a venir d'Hedor en- D E Dijon, lySS. 189 im lit, & on Texpofoit foiis le veftibiile de la maifon; le vifage etoit toiirne dii core de I'entree , & les pieds pres de la porte : il ref- toit ainfi jufqira la fin de la femaine. Pres du lit etoient des clerges allunies,une caffo- lette dans laquelle briiloient des parfums , im vafe d'eau lu/lrale dont ceiix qui approchoient du cadavre s'arroioient. Un vieillard de la famille des libitinalres , ou autrement du nombre de ceux qui fourniffoient tout ce qui etoit neceffaite pour les funerailles,fe tenoit affis pres du defunt avec les domeftiques en manteau noir. Au 8'. jour on procedoit aux core vivant. La mere d'Euryale fe plaint, dans le 9', livre de I'Eneide, de ce qu'elle n'a pu conduire le corps de fon tils au tombeau , de ce qu'elle n'a pu lui fermer les yeux , laver fes blelTures, & le revetir, pour la fe- pulture, de ces habits aaxquels elle travailloit jour & nuit ; ouvrage qui fervoit de confoUtion a fa vieilleffe. Nee tt . . '. . tua funera mater Produxi prejjive oculos , aut vulnera lavi Vefle tegens , tibi quam nobles fejlina diesque Urgebam , 6» tela curas folabar aniles. En comparant ces ufagss aux notres, on eft tente de les trouver barbares. Mais lorfqu'en meme temps on re- flechit fur les traits d'humanite des Grecs & des Remains, fur les facrifices qu'ils faifoient de leur propre vie pour conferver celle de leurs parens ou de leurs amis, on juge que ces peuples n'envifageoient la mort que comme le lerme de la vie , &, qu'ils avoient appris a vivre & a niourir, 190 A C A D E M I E funerallles. Mais , pour empecher le corps de (e corrompre jufqu'a ce temps , on fe I'er- voit de fel, de cire, de refine de cedre , de niyrrhe,de miel, de baume, de gypfe^de chaux, d'afphalte ou bitume de judee , de n^rrum, &c. On portoit le cadavre a vil'age decou- vert, a moins que les bleffures ou le genre de ia maladie ne le rendiffent hideux ; dans ce cas on fe fervoit ou d\in mafque , d'oii Ton difoit fumra larvata , ou de platre. Ce hit ce dernier moyen dont Neron fit ufage, apris avoir fait empoifonner Germanicus : car I'eftet du poifon etoit devenu fenfibie par les ta- ches & la lividite du cadavre; mais ia pluie etant furvenue , le plarre fut entraine par I'eau , & le fratricide fut decele. Les Turcs furent toujours dans I'ufage de laver le corps avant de I'inhumer; &: comme les ablutions font complettes, & qu'ii n'ell point de parties qui echappent a I'attention de ceux qui font ces iugubres ceremonies , ils peuvent s'appercevoir ii la perfonne eft vivante ou morte; en examinant,entr'autres, fi le fphinder a perdu fa force de contrac- tion : or, fi ce mufcle refte encore contrade , ils rechauffent le corps & tachent de le r^p- peller a la vie; autrem.ent, apres I'avoir lave avec I'eau & le favon, ils I'effuient avec des linges , le lavent de nouveau avec I'eau-rofe & I'encens; enfuite ils le couvrent de riches habillemens, ils mettent fur la tete un bonnet garni de fleurs , etendent le cadavre fur un tapis place dans le veftibule ou la falle d'en- tree de la maifon. 11 D E Dijon, //^i. ipi Les Juifs feuls, apres avoir lave le corps & I'avoir enduit d'aromates d'line odeiir plus ou moins agreable, fuivant la condition dii mort & fes facultes , Tentouroient enfiiite de linges & de bandes , & lui couvroient la tete d'un fiiaire. Dans la primitive eglife on lavoit & en- fuite on oignoit les morts , on enveloppoit le cadavre avec un linge, ou on le coiivroit d'habillemens plus ou moins riches , & Ton n'enterroit qu'apres avoir expofe le corps & I'avoir garde un ou deux jours dans la mai- fon. La coutume de revetir les morts s'efl: confervee feulement en France pour les Prin- ces & les Eccleliafliques. Dans les autres contrees on prend plus ou moins de foins pour empecher les inhuma- tions precipitees. A Geneve il y a des per- fonnes prepofees a la vifite des corps morts. Leur fonftion confifte a examiner fi la mort eft certaine , & fi elle eft naturelle ou vio- lente. Dans le Nord , ainfi qu'a Genes, I'ufage eft de n'enterrer qu'apres trois jours revolns. En Hollande, on pouffe encore les precau- tions plus loin, & on enterre plus tard. En Efpagne , on revetit les morts aff'ez ordinai- rement d'habits religieux. En Allemagne , on leur met des habillemens plus ou moins ri- ches, & le vifage decouvert ; on les place dans une chambre, on choifit ordinairement celle qui eft la plus voifine de Tentree de la maifon; je les ai vus ainfi expofes. En Angleterre , les gens les plus pauvres 192 A C A D E M I E gardent les morts 4, 5 & 6 jours, & les vol- lins font invites a voir le detunt expofe. Car, a moins que les Anglois ne meurent de mala- dies contagieules, on les lave avec des herbes aromatiques,on les rale, on les habille fuivant leur Texe. Toutes les pieces de rhcibillcment font faitesd'une etoffe delaine blanche, d'une efpece de crepe; on y efl meme oblige, a moins qu'on ne prefere de payer une amende de cinq guinees aux pauvres de la paroifTe. C'eft un moyen dont cette nation indullrieufe s'eft fervi pour I'encouragement des manu- fatlures de laine & le bien des pauvres. S'il arrive d'enterrer avant quatre jours, cette precipitation fait naitre des foup^ons parmi les voiiins , qui ne manquent jamais de s'a- dreffer aux Magiftrats, & de faire exhumer le cadavre , pour reconnoitre s'il ne porte aucune trace de mort violente. De plus , chaque paroiffe etablit deux Commiflaires qui entrent dans les maifons , voient le mort , & font au confiftoire des Marguilliers le rap- port de la maladie a laquelle il a fuccombe. Get ufage a eu lieu dans tous les temps en Antrleterre. Jamais on n'a etc dans la neceflite de foliiciter des loix a cet egard. C'eft un avantage qu'ont les Anglois fur les autres nations , qui furent fouvent dans le cas de faire des reclamations fur cet objet interef- fant ( I ). (i) Sepulti viviy Camerarius memorabilium, cent. 14 , part. 5,6,7, 8. Quidam fepultus revivifc'u : ibid. part. i. D E Dijon, iyS:$. 193 Ce n'ell pas feulement en Europe oii Toiri prend des precautions contre les inhumations precipitees. Lorfqu'en Afie un habitant du Royaume de Boutan meurt , on garde le mort a la maifon pendant trois jours qui fe paffent en chants & en prieres (1). Si au Hen de fuivre I'exemple de ces peu-* pies , nous nous fommes ecartes du refpe£l que les anciens avoient pour les morts, nous le devons aux prejuges de Teniance. Dans ce premier age, des nourrices, des domefli- ques groffiers infinuent a I'enfant confix a leur foin, les puerilites dont eux-memes font fuf- ceptibles , & les prejuges de la premiere jeu- neffe font les plus plus difficiles a furmonter. A peine eil-on repute avoir ceiTe de vivre, qu'un homme mort devient un fujet d'hor- reur. Le corps eft abandonne a des merce- naires qui commencent par le titer d'un lit fort chaud pour le mettre fur de la paille froide,ou qui au moins tamponnent le ton- dement pour empecher le mort de falir le lit dans lequel ils veulent bien le laiffer. Sepultus revivifcens : ibid. part. 2. Admonhio ad Senatum de non fepellendis gravidis : ibid, cent, ii, part. 32. j4po~ pleilici , epileptui, ab utero (Irangulati fcrius humandi : ibid. cent. 7 , part. 43. Sepelire ante triduum quos non opportet : Minaldus, cent. 9 , aph. 34. Sepultura accelerata : Borellus , cent. 3 , ch, 44. Lancili , de fub'uantis morti- ius, &c. &c. (i ) M. Aubry, Oracles de Cor, difcours prellmlnalre;^ f94 A C A D E M I E Bientot la devotion , ou le defir de la de- pouille , attire les enfeveliffeurs , qui com- mencent par envelopper la tete & le vifage avec line coefFe de bonnet renverfee qui forme line efpece de fac ; ils mettent quel- quefois du colon dans la bouche , dans les oreilles & dans le fondement, fi Ton n'a pas pris cette derniere precaution avant leur ar- rivee : ce colon eft place dans la vue d'em- pecher le mort de falir le linge dont ils doi- vent I'envelopper. Ils ferrent enluite la poi- trine & les bras avec line bande ; ils pafTent une autre bande fur le bas-ventre; cette der- niere qui comprend les avant- bras, fert a en- tourer les pieds ; & , pour la fixer , on la paile dans le gros orteil.Apres cela les enfeveliffeurs enveloppent tout le corps avec un drap qu'ils attachent aux deux extremites, & qu'ils cou- fent ou qu'ils fixent avecdes epingles,obfer- vant touJGurs deferrer le plus qu'ils peuvent. C'eft ainli qu'on ajufte un homme par fon cer- cueil ; il feroit difficile de faire pire,fi Ton avoit rintention d'accelerer la mort, ou de rendre impoffible le renouvellement de la vie. Le froid auquel on expofe unhomme,avant qu'il ne fe faliffe, eft du plus grand danger; car tant que le fphinder refte en contraftion, il fiibfifte au dedans de nous un refte d'irri- tabilite & confequemment de vie. La fortie des matieres inteftinales eft Vultimum vita. Ainfi, tant que I'enfant n'a point rendu le meconium , I'accoucheur , malgre Its appa- rences les plus triftes, efpere encore le rap- 4 D E D I J O N , lySS. 195 peller a la vie. La fortie de cet excrement lui paroit ail contraire un figne prefque certain de la mort. Le tampon dans le fondement n'a pas «ioins d'inconvenient ; il empeche I'adion des parties dans leCquelles la vie fiib- fifte encore ; car M. I'Abbe Spalauzani vient de prouver que la digeftion continue quelqiie temps apres la mort. Si ces parties pouvoient recouvrer enfuite alfez de force & d'irrita- bilit^ pour ranimer nos autres organes , le tampon deviendroit n^ceffairement un obf- tacle a leur afition falutaire. La fituation dif- ferente que Xor\ donne au corps fuffit, lorf- qu'il eft parvenu au dernier degre de foi- ble{re,pour determiner la mort ou I'accderer ; c'eft neanmoins ce qu'on fait en retirant I'oreiller & pla^ant le cadavre fur une pail- laffe ( 1). De plus , il s'exhale continuellement pendant la vie, dans les cavites de la tete, de la poitrine , du ventre , une vapeur qui eft fans ceffe reforbee par les vaifTeaux ; mais li cette vapeur eft condenfee par le froid , elle s'epaiffit en goutte, comme on le recon- noit en foufRant fur un glace , des-lors il fe forme des epanchemens qui genent Tadion des vaiffeaux , & qui s'oppofent au renou- vellement de la vie. L'humanite reclame centre une economic aufti deteftable ; elle prefcrit de peimettre au malade de terminer (i) Hoffman, mii. rat. torn, i , p. 1, cap. 3. Va- lentini, novellcz medic i-kgalesy yerfiis finem : de pulvinar^ momntibus non fubtrahendo» 196 A C A D E M I K fa trifte carriere dans iin lit qui foit bon & chaud ; elle vent que I'on eloigne ainfi les caufes qui peuvent accelerer le terme de la vie. On enfevelit cinq a fix heures apres la mort apparente, cependant combien n'exifte- t-ii pas d'exemples oil le principe de vie s'eft confcrve plus de temps encore apres la cef- fation du mouvement du coeur & des arteres. On fait que le cceur s'affoiblit ordinairement par degre , qu'ii finit par n'etre plus en etat de poufl'er le fang dans les arteres, que ce fang reflue vers les gros vaiffeaux , & que la circulation ceffe : mais fi le mouvement to- nique fubfifte encore , la circulation peut fe retablir , & c'eft fur-tout dans la circon- ference du corps qu'il peut etre mis en jeu pour pouffer le fang : ainfi, etant excite par des frictions fur la peau , par I'infufflation »dans les inteftins , fuivant la pratique des Acadiens ( i ) , il a plufieurs fois fait revivre des gens que Ton avoit retires de I'eau avec toutes les apparences de la mort. Mais lorf- que le corps eft enfeveli, les parties exte- rieures font glac^es & dans un ^tat de com- preffion. D'ailleurs , il ne fuffit pas que ce mouvement tonique foit excite , il faut en- core eloigner tous les obftacles qui s'oppo- fent a ce qu'il fe propage & mette en jeu les organes du pouls & de la refpiration; mais [^ ( 1 ) Dierville, "Voyage d'Acadie, pag. 190. D E Dijon, iyS5. 197 la preflion faite fur la poltrine , fur le ventre , tandis que la bouche eft fermee & qiielque- fois remplie de coton, deviennent des obf- tacles prefque infurmontables. La preffion fur le ventre a le double defavantage de s'op- pofer a I'abaiffement du diaphragme , d'em- pecherainfi la refpiration, & de plus de com- primer les inteftins qui ordinairement font la derniere partie dans laquelle fubfifte le principe vital. II refulte done de cet ufage precipite , on que Ton etoufFe quelquefois un refte de vie, ou qu'on I'opprime pour un temps; de forte qu'il ne fe retablit que dans les horreurs dii tombeau. La difference eft ft foible entre la fin d'une vie tres- petite & le commencen*ent de la mort , I'incertitude des fignes de ce dernier etat eft ft bien etablie par les Auteurs anciens & modernes, qui fe font occupes de cet objet interefl"ant , qu'il devient impoftible de fup- pofer les enfevelifleurs capables de diftinguer line mort apparente d'une mort reelle. Les animaux qui dorment tout I'hiver , vivent fans donner aucun figne de vie(i), dans ce cas la circulation n'eft que fufpendue ; mais fiit-elle aneantie , I'efprit vital , comme je viens de le dire , ne perd pas fon aftion aufti facilement que nos autres fluides ; & le prin- cipe de vie qui furvit long-temps aux appa- rences de la mort , peut ranimer un corps (1) Lancifi, dc fubltantU morubus,\^. i , cap. ij.' ^ iiji IpS A C A D ^ M I E oil I'aftlon de tons les organes paroiffoit ^teinte(i) : mais qifil eft difficile de deter- miner fi ce principe furvit ? Des animaux ^touiFes par les vapeurs mephitiques , n'ont pu etre rappelles a la vie, quoiqu'ils paruf- fent moins atFedes que d'autres qui ont revu le jour (2) ; le refroidiffement , la pefanteur du corps,la couleur livide,pIombee & comme jaunatre du vifage , font des fignes tres-incer- tains : M. Zimmerman les a tous obferves fur le cadavre d'un homme que la crainte d'une mort meritee avoit femble faire perir. On pouvoit le remuer, le tirer , le retourner a la maniere des cadavres , fans aucune re- flftance, & neanmoins apres 24 heures il fut rappelle a la vie au moyen de Talkali volatil. Un ancien Direfteur du Bureau des Car- roffes de Dijon, nomme Colinet, fut repute mort ; le bruit s'en rdpandit dans la Ville. Un de fes amis voulut le voir au moment oil Ton fe difpofoit a I'enfevelir. A force de renvifager,il crut appercevoir quelques reftes de fenlibilite dans les mufcles du vifage ; il entreprit de le ranimer avec des liqueurs fpi- ritueufes , & ce Direfteur jouit encore aflez long-temps apres de la vie qu'il dut a fon ami. Ce miracle que je tiens de mon pere. ( I ) Senac. Traite de la ftrufture du coeur. (i) M. Portal, rapport fait a 1' Academic des Sciences fur la mort de deux perlbn,n«5 fuffo^uees par la vapeur da charboo. D E Dijon, lySS. 199 fut le meme que ceux d'Empedocle & d'Af- clepiade. Cesprodiges feroient peut-etre plus frequens ii Ton appelloit toujours les gens de I'art dans les cas de mort fubite, oil Ton eft fouvent trompe par les apparences de la mort (i). (i) Lemniiis {^de ocult'is natiirce minzculis, lib. 2. cap. 31. ) avertit de retarder I'inhumation dans les cas d'apo- plexie , de lethargie , d'epilepfie , de fufFocation hyfto- rique, paice qu'on a fouvent reconnu , en oiivrant les charmers , que ces infortunes avoient furvecu a leur en- terrement. Lancifi (i^ fubiuneis mortibus , lib. 2.2. cap. 46.) rappelle a cette occafion la loi qui defend d'enfe- velir tout de fuite les morts , & lur-tout ceux qui font cnleves par une mort fubite. Les Hiftoires rapportees par Fabrice Hildan (cent. 2), par Camerarius ( admir. traft. XV ) par Horftius {in Marcelli Donati ^Yxh.-vii), par M.icrobe {in fomnio /ipionis^ ^ par Platon ( dans fa Republique, liv. 10.), par Valere Maxime (lib. i. cap. 8.), & par un plus grand nombre d'Auteurs modernes, ne laifTent aucun doute fur les dangers d'une telle pre- cipitation. Non-feulement les fignes ordinaires font tres- incertains , mais on peut en dire autant de la roideur des membres qui peut etre convulfive , de la dilatation des prunelles qui peut avoir la meme caufe, de I'affaifle- ment des yeux qu'il efl fouvent tres-difficile de diflin- guer de la flaccidite,de la molleffe, qui feules defignent la perte entiere du mouvement tonique ; enfin, de la putrefaction qui peut attaquer egalement une partie d'un corps vivant, & devient alors tres-difficile a diftinguer de celle qui furvient a un mort. Haller, convaincu de I'incertitude de tous ces fignes, en propofe un nouveau qu'il regarde comme Jnfaillible ; c'eft d'ouvrir la bouche & d'ecarter le plus qu'il efl poffible la machoire infe- rieure. «Si la perfonne, dit-il, eft encore en vie, la bouche a fe fertnera fur le cbainp d'elle-meme , parce que le ti- N iy 200 A C A D E M I E \Jn homme pent tomber en fyncope , il pent y refter trois & mcme huit jours : on a vu dans ce cas des gens recouvrer la vie apr^s avoir ete depofes parmi les morts. Tandis que j'etois en AUemagne, I'lnfirmier, gargon de pharmacie de Thopital militaire de Caffel , parut avoir rendu le dernier foupir. On le porta dans la falle des morts , oil on I'enveloppa d'une fimple ferpillere. Qiielque temps apres, revenu de fa. lethargie , il re- connut le lieu oil on Tavoit depofe. 11 fe traina jufqu'a la porte qu'il frappa de fes pieds. Ce bruit fut heureufement entendu de la fentinelle , qui s'^tant bientot appercue du mouvement de la ferpillere, appella du fe- cours. On porta le moribond dans un lit bien chaud, & j'ai vu cet homme continuer juf- qu'a la paix le fervice des hopitaux. S'il eiit ete ferre par des bandes ou des ligatures etroites , il n'auroit pu ie faire entendre ; fes 3» raillement fles mufcles de la machoire aura reveille 7> leur irritabilite endormie. Mais la machoire pourroit €tre paralyfiee ou privee d'irritabilite , fans qu'un homme fut mort. La vie ie conferve plus long -temps dans le trajet des intefans. Le figne indique par le fieur Fother- gilles paroit meriter plus d'attention. « Si I'air fouffle j> dans la bouche , dit ce Medecin , pafTe librement a j» travers tout le canal alimentaire, cette liberie de pafTer i> ofFre une prefomption tres-forte de la deftruftion de » I'irritabilite des fphinfters internes, & conlequemment « de la celTation de la vie. «t Ces fignes qui meritent d'etre confirmis par de nouvelles obfervations , ne foi\t -certainement pas connus des enfeveliileurs. i' D E Dijon, i^SJ. apt efforts inutiles Teuffent fait tomber dans une nouvelle fyncope, on Teut enterre tout vi- vant. On ne doit pas etre etonne que des infir- miers aient pris une fyncope pour une mort reeile, puifque les^perfonnes les plus eclai- rees font tombees dans une erreur femblable, Le dofteur Jean Schmid ( i ) rapporte qu'une petite fiUe de fept ans, apres avoir effuy^ pendant quelques femaines les acces de la toux la plus violente , fut tout-a-coup de- livree de cette maladie incommode , & parut jouir dune bonne fante. Mais quelques jours apres , jouant avec fes camarades , cet en- fant tomba par terre, comme fi elle eiit ete frapp^e de la foudre. Une paleur mortelle fe repandit fur fes joues & fur fes bras ; on ne lui fentoit point de pouls, les tempes etoient enfoncees ;elle ne donnoit aucun figne de fen- timent , foit qu'on la fecouat ou qu'on la pin9at. Le Medecin qui la crut morte , ceda, quoique fans efpoir de fucces , aux inftances reiterees des parens, & fit quelques tenta- tives po)»r tacher de rappeller cet enfant a la vie. Enfin, apres plulieurs effais inutiles, il lui fit frotter rudement la plante des pieds avec des vergettes trempees dans une forte fau- mure. Au bout de trois quarts d'heure, cette jeune fille pouffa un petit foupir , on lui fit avaler un peu de liqueur fpiritueufe , & la (i) Ephemeridcs, d^c.i , ann. 1677. 202 ACADEMIE vie fut retablie. Un homme ayant fait ua voyage pour voir font frere, le troiive mort. Cette nouvelle le plonge dans une fyncope fi afFreufe , qii'on le croit mort lui-mcme. Apres avoir employe les moyens ordinaires pour le rappeller a la vie , on decide qu'il faut I'ouvrir pour reconnoitre la caiife d'une mort aufli fiibite. Le pretendu mort en- tend le complot , ouvre les yeux, fe leve & s'enfuit (i \ Le Cardinal Efpinola, premier Miniftre de Philippe II, n'eut pas le meme bonheur, car on lit dans les Memoires d'Ame- lot de la Houffaie , qu'il porta la main au fcalpel avec lequel on Touvrit pour I'em- baumer. Enfin, perfonne n'ignore que Vefale, le pere de I'anatomie , ayant ete mande pour ouvrir une femme hyfterique qui paffoit pour morte , reconnut au fecond coup de fcalpel , par fes mouvemens & fes cris , qu'elle etoit encore vivante ; ce qui le rendit odieux , Tobligea de prendre la fuite , & lui caufa un tel chagrin qu'il mourut peu de temps apres. (2) Je ne puis me difpenfer d'ajouter encore I'hiftoire d'un evenement plus recMt & non jnoins malheureux. L'Abbe Prevoft, fi connu par fes ecrits & par la fingularit6 de fa vie, fut, le 23 Odobre 1763, frapp6 d'une atta- que d'apoplexie dans la foret de Chantilly ; on porta fon cadavre au Cure du village le (l) Fifcher, de fenio, part, xtvi, pag. 177. {z) Lartcifi, de fubilaneis mortibusy lib. »3 , cap. 46. D E D I J O N, iyS3, 20) pins prochain ; la Juflice fit proceder fur le champ a rouverture. Un cri fit connoltre au Chirurgien que I'Abbe Prevoft n'etoit point niort,& gla9a d'efFroi les afiiftans; mais c'etoit trop tard , le coup porte etoit mortel(i). La difficulte de dillinguer une mort appa- rente d'une mort reelle , eft caufe que dans tons les pays oii Ton a inhume avec trop de precipitation , la loi eft venue au fecours de i'humanite. Parmi plufieurs reglemens faits a cette occafion, j'en citerai feulement quel- ques-uns des plus recens , tels font ceux d'Arras en 1772, de Mantoue en 1774, du grand Due de Tofcane en 1775 , de la Se- nechaufl'ee de Sivrai en Poitou en 1777, Sf du Parlement de Metz dans la meme annee : il doit fufiire de rapporter celui de Tofcane pour donner une idee des autres. Par cet Edit, le grand Due defend de proceder avec pr«Jcipitation a Tinhumation des perfonnes frappees de mort fubite & violente ; il or- donne d'en avertir les Magiftrats de fante , afin que les M^decins & Chirurgiens puifl"ent examiner le corps, pour le rappeller a la vie, s'il eft poflible , ou decouvrir la caufe de fa mort , & en faire un rapport au tribunal. A cette cccafion le Magiftrat de fante ordonne que les morts ne foient couverts jufqu'au moment de I'inhumation , qu'autant que le (1) Memoires d'un Homme de Qualite , torn. V Effai fur la vie de I'Abbe Prevoft, pag. a6. i04 A C A D E M I E demandent I'honnetete & la decence, en ob- fervant toujours que le corps ne foit point ferre , que rien ne pulffe comprimer les veines iugulaires & les arteres carotides externes. 11 defend d'enfevelir, fuivant les anciens abus; il veut qu'on laifle les mains & les bras eten- dus , fans les replier pour les appuyer fur la poitrine ou fur reftomac. II defend fur-tout de fsrrer les machoires I'une centre Tautre, & de remplir la bouche & les narines avec du coton & des etcupes. Enfin , il enjoint de ne point couvrir le vifage du mort avec un capuchon ou une piece de toile , fi ce n'ell au moment ou on le met dans le cercueil. On ne pent s'empecher d'admirer la fagefle d*un pareil Edit, lorfqu'on compare ce qu'il prefcrit avec ce qui fe paffe dans cette ville. M. de la Place, confulte fur ce qu'il con- venoit de faire apr^s la mort tragique de I'Abbe Prevoft,repondit, ge'wir &fe tain. Nous devons gdmir fur les fuites funeftes que doi- vent avoir les enfeveliffemens precipites,mais notre filence feroit blamable. Ici, des que la nouvelle d'une mort fe r^pand, les enfeve- lifTeurs ou les enfeveliffeufes accourent ; le grand nombre eft fans doute attire par la de- votion, mais quelques-uns peuvent etre ame- nes par I'efpoir de la depouille qui appartient a celui qui remplit la trifte fonftion d'enfe- velir; au moins pent -on fuppofer ce motif aux gardes-malades qui quelquefois fe char- gent de ce foin. Les enfeveliffeurs font in- txoduits par les dompftiques auxquels le ca-. D E Dijon, lySS, 205 davre eft abandonne ; ils le vifitent fuivant leurs foibles connoiffances ; ils le trouvent ordinairement depofe fur line table on une paillaffe ou il s'eft refroidi; ils I'enfeveliffent quatre j cinq ou fix heures apres la mort ap- parente : ils eludent ainfi la loi qui fixe le terme oil il eft permis d'enterrer; car I'enfe- veliflement precipite peut , de meme qii 'un enterrement fait trop a la hate , s'oppofer ail retour de la vie , ou opprimer un refte de fentiment qui ne fe reveille que dans le tom- beau. On raconte dans cette ville les fuites funeftes de pluiieurs inhumations precipitees ;; mais ces hiftoires , qui peuvent etre vraies , ne font pas afl"ez conftatees , il fuffit de fa- voir que cet abus exifte. II n'eft aucun me- decin ou chirurgien qui , dans ces triftes cir- conftances oil il devient efl'entiel de con- fulter les morts pour pouvoir conferver ia fante des vivans , n'ait trouve quelquefois , quoiqu'apres avoir obtenu Taveu des families pour I'ouverture du cadavre , le mort dejat enfeveli ou meme renferme dans le cercueil, J'en ai vu retlrer un de cette boite funebre avec les membres encore flexibles & le corps non entierement refroidi; la connoiflance du genre de la maladie pouvoit feule fuftire pour perfuader qu'il ne devoit plus voir le jour, mais quel motif avoit pu determiner les en.- feveliffeurs ? Apres tout ce que j'ai dit dans ce Memoire, il devient aif^ de fentir que les enfeveliffemens peuvent avoir les fuites les plus aiFreufe.s , & 206 A C A D E M I E qu'il feroit avantageux de profcrire ce refte de judailVne , on au moins de ne le permettre qu'apres im delai fuffifant pour conftater la mort ( I ~;. 11 ell difficile de penfer fans fremir, que cette pratique admife par un tres- petit nombre de peuples , inconnue ou dedaignee par tant d'autres , peut faire defcendre un homme dans la tombe, avant qu'il ait rendu le dernier foupir. H I S T O I R E MET to R OLOGKIUE, NO ZOLOG I QUE E T tCONOMiqUE. POUR L'aNNEE 1785. PAR M, MarET , & par M. PlCARDET, Pricur de Neuilly. X>ANS toutes ies hiftoires du meme genre que j'ai donnees pour Ies annees precedentes, j'ai rapporte, autant qu'il m'a ete poflible, tous Ies evenemens phyfiques , zoologiques & economiques. Mais mon fejour habituel dans la ville me rendoit cette tache difficile ■ ( 1 ) La ville d'Arras defend d'enfevelir avant le temps ou il eft permis de renfermer le cadavre dans le cercueil ; c'eft-i-dire, 24 heures apres une mort ordinaire, &4$ pres une mort fubite. D E Dijon, i^S3. 207 a remplir , & j'etois oblige , pour me procurer la plupart de ces details, d'interroger les ha- bitans de la campagne; il en refultoit qu'il m'en echappoit beaucoup de tres-intereffans. M^ Picardet, Prieur de Neuilly, un de mes Confreres Academiciens, qui fe trouve dans line pofitlon favorable a ces fortes d'obfer- vations , a bien voulu fe charger de cetre partie. II reunit au goiit des obfervations, les connoiffances qui peuvent rendre un obfer- vateur digne de confiance. On trouvera a la fuite des tableaux ordinaires , dont Thiftoire de chaque annee eft compofee , une expoli- tion fidele de tons les evenemens botaniques, zoologiques & ^conomiques de cette annee- ci ; evenemens que ci-devant j'inferois dans Thiftoire de chaque mois. Ce changement avantageux eft le feul qu'on ait fait , & les meteores feront indiqu^s dans les tableaux par les memes fignes employes les annees precedentes. Nous croyons devoir avertir que notre thermometre , quoiqu'expofe en plein air, in- dique toujours une temperature moins froide, qu'elle ne I'eft reellement a la campagne. Cette hiftoire fera, de meme que les au- tres, terminee par un refum^ general, & par le rapprochement des details caradleriftiques de chaque faifon , & relatifs a tous les eve- nemens obferves pendant le cours de I'annee : rapprochement fait dans des tableaux oii fe trouvera auffi Tindication du nombre des naif- /ances & des morts. 208 A C A D E M I E OBSERyjTlONS MEltOROLOGIQUES. JANVIER. T HLRMOMETRE. J°-Matin, du' m, I 2 3 4 5 6 7 8 9 to 1 1 12 >3 '4 '5 i6 17 i8 19 7.0 21 22 ^3 24 ^S 26 8 9 30 ■XX deg. 12 o I I. 2. 5 5 3- o I — I. — 2. — 2 I I 2. 3- 2 2. 5- 5 4- » • — o. o o o —I. I 4- I. 2. Midi, deii. 12. 2. I. I. 6 6. 7 4 2. 2. I 2 2 4. 5 5- 7 7. 6. 5 I I. I. 2. 2 4 4- 3 4 Soi R. aeg. 1; I I. 3 4. 5 6 2 I. — o. — I. — o. I. 2. 2. 3 3- 4 6 6. 3- 3 2. I. 5 3 2 o BARO METR E. Matin. Midi. )o. 1. 12. 26. ^7- po. 1. 12. 7- 9 6 7- 9 II 5 9 • • • ■ 2. 3 6. 3 8 7 5 5 3 a, I, 4. 5.6 5 3. f 3 4- 3 7 7- 7- 7- 7. 7- 6 I. 3- 26. 7. 6. 8 27. . . 26. II. 27. 2. 7- 7- 7- 5- 3- 3- 2. 2 4- 5- 4- 3 3 4. 8 7. 7. 7- 7- 7. 4- I. 4. a'^ TO. S o I R. po. 1. {2. 26. 6 27. 6 26. 27. 7. 6 6. 6 9. 6 I- 3 6 II. 9 4 8 7.6 6. 6 5 3- 3- 2 3- 5- 5- 4- 2. 3- 6 8 7- 7- 7- 7- 7- 4- I. 2. 3 3- 3 9 6 9 6 6 D F t> T T O N , i-y9^. 209 FENTS ET ETJT DU C I E L. JANVIER. S O I R. 0. lu 11. M A T I N. Midi. I E , CO. brm. S , CO. brm. 2 S , CO. bnn. SO , CO. 3 S , CO. -ir. S, nu. A S , CO. S^, CO. 5 SX , nu. S^ , nu. 6 bX , nu. Sx , -}-nu. 7 N^,co. Nx, CO. 8 NOx,fe. NOx,-nu. 9 N ^ , CO, -nci. N^,co. 10 Nx , fe. g^. NX , fe. gg. u NX, i 6 lb -6. 3 ^9 50 ^i 3 3 3 3 4 3 I o -o. 2. I. I 1. 2. 1. I. 3 S O I R. ae g. 12. o -o. -I -o -o. 3 2. 3 2. 2. 3 o I. -2 -2. o I -o o -1 -2. -I. I -o. -2. -7 -I. 3 -o. 3 .5.4/2 O ME TRE. MAT ^N po. 1. i: 27. 4. 3 4 1. 6 1. 6 26. 10. 9 7- 3 9. 6 I 4 6. 9 5.6 7 7 7 6 4. 6 2. 6 26. 9- 27. 3- 5- 6. 4- 9- 3 8. 3 6.9 10 8. 6 9 6 3' Midi. po. 1. 12 27. 4. 26. 27, I I 9- 7- 9 2. 5- 6. 6. 7- 3 7- 3 6. 5- 4- 16. 8 8. 6 8. 3 9. 9 7 10. 6 5 S- 9 6 6. 6 4 S O 1 R. :)0. 1. J 2 26. 26. 4- I, 1. • • 7- 10. 9- 3- ' 6. 5. 6 7 6. 7- 6. 5 3- II 9- 8. 10 9- 7- ^- 3 5- 3 3 6 6 4. C 3. 6 D E Dijon, 1^84. 213 FENTS ET tTAT DU C 1 E L. F 6 V R I E R. Matin. Midi. 1 Ox , nu. nein, gg. 2 KX, (e. gg. u Ox , CO. gg. ne. 4 Ox,co. gg.hr.nep. 5 S^,QO.gg.-ne. 6 SO^,co. ne. 7 SQ^.co.-gg.ne. 8 SO^^,co.~ne.-gg. 9 ^ox^+nu.re/n.-gg o SX , ni). -gg. -br. fe.g^. SE^ , CO. ^^, NEx , CO. gg. NOx , CO. gg. SO, CO. ^tf. Nx,fe.-^^. NJ^,fe.^^. 214 ACADEMIE RECAPITULATION. La conftitutlon tres-froide & peu humide. Gelee prefque continuelle. La liqueur du' thermometre a fouvent et6 -an deffous de o, & toujours peu au deffus. La plus grande elevation a ete de -f 4. 6. La moindre de — y. La difference de 1 1 . 6. L'elevation moyenne de +2. Et la temperature comme + 2 1 +10. L'air a eu tr^s-peu d'elafticite & de pe- fanteur. Le mercure dans le barometre a prefque toujours ete fort bas & fort au deffous de fa hauteur moyenne : il eft meme defcendu a. im point que je n'ai jamais obferve, le 17 dans I'apres midi. Sa plus grande elevation a ete de 27 p. 6 1. 6. La moindre de 26. 3. Le balancement de . . . i p. 6 1. 3. La moyenne de tout le mois de 26 p. 9 1. 10. Les vents du N n'ont regne que fept jours du II au 14 , & du 26 au 28 inclufive- ment. Ceux du S & de TO , tout le refte du mois ; tons ont ete fouvent tres - vifs & fouvent impetueux. II fut fi violent dans la nuit du 5 au 6, qu'il caffa la tige du para-tonnere place fur I'hotel de I'Academie. D E Dijon, i^8S, 215 II eft tombe 22 fois de la neige, & il y ea a eu 3 p- 5 1. de hauteur : elle a convert la terre prefque pendant le mois entier. II a rarement plu , & I'eau que la pluie & la neige ont donnee a ete de i p. 5 1. -f~=. Le ciel n'a ete ferein que la valeur de fept jours , & couvert on nuageux tout le refte du mois. II n'y a eu que 3 fois c\es brouiliards. Constitution catharrale ; rhumes , pleure- fies, douleurs erratiques rhumatifmales. Quelques fluxions erefipellateufes , quel- ques fievres quartes , quelques fievres ver- mincules. En general tr^s-peu de malades. 2l6 A C A n t M I E OBSEK^A 1 IONS ivit fEOKOLOGiqUES. MARS. T HERMOMETRE. '°-(Matin. M I D I. duj m jdeg. xajdeg. 12. li- 2!. 3 E — 2. 4f-2. ■) — I 6 7 8 9 -I • • 3 10 4 1 1 I. (2 2 n — 2 M — 4. I"; -■) !(■ — 2. J *;■ — I iF — 0. •y I. 0 I. .] 3- 0 I <£ ,3 _3 -4-3- ^^1-3 :6;-i :8, I. ^9-2 30 —2 31 -3 9- 3-5- 3 9 6 I 2. I. 2. 4- 3- 4. 5 6. 3 2. o — o. 5 2. 3- 3- 4- 4- 5- 3- I. 1. 2 3- 3 I I. I. 2 Soi R. deg. 12. -6 — I. — o. — I. I I I 2 4- 3- 2. — I. -3 -3 — I • • I I* 2. 4- 3 o — I. — o. o 2 — 2 O I. BARO METRE. Matin. Midi. S 0 I R. po. 1. 12. po. 1. 12. po. 1. 12. 27. 3. 3 27. 3. 9 17. 5. 4. 6 4. 3 4- "^ 3' 9 2. 9 4. 6 2. 3 2. 3 2. 6 2. 9 3- 9 4. ^6 5 V 3 5.6 4- 3 4 3- 3 3 2. 3 1. 6 I. 6 17 I 26. 11. c. 26. 11. Cy 2. 6 27. 3. 5 27. 4- 3 3- 9 3 2. 9 2. 9 a. 9 2. 0 2. 9 2. 9 2. 9 2. 9 2. 6 2. 9 3- 3 4. 6 ^ 3 5- 9 6. 6 6. 9 6. 9 6. c 6. 6 6. 6 6. 5 6 5- 9 6 6, 6 6. 6 6 5.6 5 4. 6 4 4- 3 4 5 5.6 5- 9 6. ? 6. 3 6 6 6 6.3 6. C 6 4- 9 4 2. 6 .. 6 9 I. 9 I 27. . ^7 • • • © 26. 11. 9 17. ,. 9 . . . . /'^ A D E D I y <5 N, /7^J. ■pJgffffWT'y^'T""'^*"*"-^™'"*' 217 VENTS ET tTAT DU C I E L, MARS. ]0. du m. I 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 o 3 ■4 S [6 I '^ ^ / [8 '9 10 21 22 23 26 27 28 P9 !3o (31 I Matin. N^ , fe. +-^. Nx , le. +gq-. NNEx , fe. +"■0'. Ex , fe. +i^^. Nx,+nu. ^^. Nx , fe. -gg. Nx,(e.-gg. NEx, -nu. -gg. S , CO. pi. Sx, CO, +/?/. NNEx J CO. NO^, CO. Nx , CO. +ne. gg N^ , fe. ^-o^^ NNEx, fe. +^-. N , fe. ^^. N , fe. g^. N , +nu. -gg. NO , CO. -^^. ONO,H-nu.-^g. ONO, CO. NNO, +nu. gg. Nx, fe. H-g-|. Nx , fe. -\-gg. NEx , fe. -\-gg. Nx, fe. g^. SOx, +nu. gg. Sx » CO. nei. NEx, -nu. g-^. NNO^, k,gg. NOx , fe. gg. Midi. N^,fe. +gg. Nx , +fe. gg. NEx, fe.-gg. NEx, fe. NNE^,nu. de.-ne. NNEx, fe. ^e. ENE, le. dc. S J -j-nu. de, S , CO. -yj/. SO , CO. ~pl, Nx, CO. NO^, CO. m. N^. CO. gg. N^, fe. gg. NEx, i^.gg. Nx , -nu. NOx, fe. N^ , +nu. NOx , nu. NOx, CO. NE, -nu. Nx, CO. N'x , nu. -ne. NNE^,fe. Ex, nu. NE , fe. O, co:i NNOX, nu. gg. NE^.fnu.gg.-ne. Ox , nu. gg. NEx , -nu. gg. S O I R, N% , +fe. ^gg. N^,-Ffe.gg;fc| Nx , -f-fe. gz. Nx , -hie. gg. Nx , nu. de. NNEx, fe. E, fe. S , CO. ~pl, Sj CO. N^, CO. Nx, CO. NNO:^,co.-f/zf, N;^, fe. gg. N^, re.>g. NE^, +fe?gg.| Nx, fe. gg. N^ ^ fe. gg. N, nu. NO , nu. -pL NO, CO. SEx , ie. N^ , nu. gg. NX , fe. gg. NNEx, fe.gg. SSEx, fe.gg. NNEx , fe- gg. SOx , cc. gg. NX , fe. gg. NE^,co.g^. Ox , ie. gg. O , fe. gg. 2l8 A C A D E M I E RtCAPITULATION. la conftitutlon athmofpheriqiie a et6 tres- froiJe tout le mois , & ibuvent avec exces; tres-feche clans la premiere moitie du mois, exceffivement feche dans la feconde. La plus grande elevation du mercure dans le ihermometre a ^te -{- 6. 6. La moindre .... — 9. 3. Difference de latitude. 15. 9. Elevation moyenne du mois +7V- L'air a eu un peu de peianteur & d'elaf- ticite. Le mercure du barometre sell foutenu a une hauteur fort grande. La plus grande elevation a ete de 27 p. 6 1. tV. La moindre 26 11. 77'. . Balancement - 7 ^- La moyenne 27 p. 2 1. ~. Les vents du nord ont domine au point que ceux du S & de TO n'ont regne que la valeur de 5 jours. Ces vents ont cit fouvent tres-vifs, & quelquefois impetueux. Le ciel a et6 ferein pendant la valeur de 16 jours ; nuageux pendant 3 ; couvert ou charge de nuages gpais pendant 1 1 jours. II a plu 6 fois ; neige 6 fois ; & fpwvent abondamment. II y a eu neige cinq pouces; il eft tombe feulement 3 1. \^\ d'eau par la pluie. D E Dijon, iy83. 219 La gelee a ete conftante pendant la valeur de 26 jours. II y a eu du degel dans les apres- midi des 5 , 6 , 7 & 8, & un degel complet les 9, 10 & II. II y a eu un halo-lunaire le 24. La neige a couvert la terre pendant pref- que tout le mois. La conftitution maladive a ^t6 catharrale, compliquee de putridite vermineufe. Cette complication s'efl: plus manifeftee dans les campagnes , oil de fauffes pleurefies putrides ont regne epidemiquement , non- leulement dans des pays de montagnes , mais encore dans quelques-uns de la plaine ; mais €n general dans les plus pauvres , & danS ceux oil les habitans cultivent les vignes des arrieres-cotes. La rougeole a 6t6 commune. II y a eu quelques fauffes pleurefies dans la ville,des fluxions de tout genre, de gros rhumes, des doulears rhumatifmales errati- ques. Quelques fievres ^ph^meres, quelques flux fereux , quelques tenefmes. La fievre tierce s'efl: montr^e fur la fin du mois. Pii 210 C A D E M I E =r;i OBSER VA TIONS METtOROLOGKl UES. A V R I L. THERMOMETRE. B ARO METRE. ^. 1 -A/— -•aa*- ^ 1 ■Ba»^_y 2 I MATIN. Midi. S 0 i r. MATIN. Midi. S 0 I R. deg. 12. deg. 12. deg. 12. po. 1. 12 26. ii."r> po. 1. 12. ;.)0. 1. J 2. _6. 9 3. 6 0 26. 10. 6 26.11. 3 2 -0. 3 4. 3 0 II 10. 3 10. 5 1 J ~3 2. 6 — 0, 6 27. I. 6 27. 2. ( 17. 2. 6 H -2.. 9 I I. 3- 9 3 4. 6 1 -I. 3 1. 9 0. 3 4. 9 5- S 6 6 0 3- 9 0. 0 5- 9 5- S 5- 9 7 -I. 3 4 2. '3 5- 9 4. 9 5- 5 b' 2. 3 4. 6 4 4- 9 4- 9 5- 3 ! 9 4 5. 6 3- 3 5. 6 6. 3 7 1 ?• 9 7. 6 4 7 6:9 8. 6 ri 2 9 6 9- 3 9- 3 9. 6 12 4. 6 lO. 6 9 9.6 9 8. 3 •3 7 lo. 9 7- 6 6. 9 5- 9 5- 3 M 7 lO. 9 7- 6 5. i 5- ^. 6. 9 15 8 1.1 8 6. 9 7. c 7- 9 16 6 II. 3 9- 6 7. 9 7- i; 6. 6 ,»7 2- 3 15 1 1. 6 6. ^ 5- 9 5- 6 |i8 S 13 12 -5. 9 5. 6 5- 9 1^9 8. 9 lO. 9 8 6. 9 7. 3 7- 3 |20 7 12 10 6. 0 5. 6 5- 3 h 9 13. 6 10. 9 V 3 4. 9 4. 9 1 i22 7 9. S 8 4- 9 4- 9 4- 9 ^3 6. 9 12. 6 11. 3 5 S- 3 5- 3 M ? lO 7- 3 5-^ 5. 6 6. 5- ^5 6. c 13 10 7 7 7 26 8 12 9 6. 6 6. 6 6. 6 2^7 6. 6 10. t 6. 3 6. 6 6.9 7- 3 cl8 5 9 6 7 6. 9 6. 6 29 A- 3 ICS. 6. 9 6. 6 6 6 30 5 10. c 7 _^__ 5 4. 6 » 4. 6 -^SSKJ D E Dijon, iy83. Ill FENTS ET £tJT DU CI E L A V R I L. JO. m. I 2 3 4 6 7 8 9 lO 1 1 12 '3 '4 '5 i6 '7 9 20 21 22 23 24 26 27 28 29 30 31 Matin. SOx J nil. va. Sx, ie. br. NOx, CO. va. NO^, fe. va. Ox, -CO. va. N , Ye. va. N , fe. va. ONOx,+nu.va NO , 4-nu. Nx, fe. NNE, fe. NNE , fe. va. Sx , nu. NOx.fe. N, fe. N, fe. SEx , -nu. S, -nu. Sx^ nu. pin. NOx , nu. N X , fe. Ox , -|-nu. NOx,fe. gb.' Ox, nu. g^. N^,fe. N^ , fe. n;^ , fe. N^ , fe. gg. ^^ ' <'e- ^^. XT ^ V *° Nx > ie. ^o-. Midi. Ei^.fe. SOx, CO. NOx , nu; N^, nu. NOx, -CO. NO, nu. NNO, nu. OSOx, nu. NO, nu. Nx , fe. NNEX , fe. NE, ie. Sx , -nu. NOx,-nu. NE, -nu. SE, fe.- S,^i , fe. S^, nu. SOx, fe. Nx , -nu. NOx, -nu. O^ , +nu. O^ , -nu. 0^,-nu. N^., fe. NNE^, fe. N:>^,ie. n:^, fe. N^, fe. Ex , -nu. S O I R. S^ , -nu. SOx, CO. NOx , fe. NO^, fe. NO, -nu, NO , -nu. N, fe. Ox, CO. NNO , fe. NNE, fe. NE, fe. NE , fe. NNOx , -nu. N, fe. NE,fe. SE, fe. S^, fe. S, CO. p/. 0,fe. N^,fe. N, nu. O^ , nu. NO^ , nu. Ox . fe. N^,fe. n;^ , fe. N^, fe. N;^, -nu. N^,-nu. NEx,fe. 212 ACADEMIE RtCAPITULA T I O N. La conftitiition a itQ tres-froide & feche dans le commencement du mois ; temperee & exceffivement feche dans ion milieu, frai- che & exceffivement feche fur la tin : en ge- neral beaucoup plus froide qu'elle n'a cou- tume d'etre dans ce mois - la , & d'une fe- cherefle extraordinaire. Le mercure du thermometre eft monte a . .^ _1- 13 d. -*=-% II eft defcendu jufqn'a — 3 Ce qui donne de latitude de chaieur 16 '^.-~% La temperature du mois a ete a la moyenne :: + 6tV. : a + 10. L'air a prefque toujours eu beaucoup de pefanteur & d'elafticite. La plus grande elevation du mercure dans le barometre a ete de . . . 27 p. 91.7V* La moindre de 26 \ i ~^. Balancement 1 1 tV- La moyenne 2.7. 5. 6. Les vents du N & de I'E out ete ies domi- nans. Ceux du S & de TO ont rarement fouffle. Les premiers toujours vifs , ont ete quelque- fois impetueux. Le ciel a prefque toujours ete ferein, quel- ' quefois nuageux , tres-rarement convert. II y a eu du brouillard line feule fois. L'air a ete vaporeux pendant neuf matinees. 11 eft ^Qmbe 4 po. 6 li. de neige dans un D E Dijon, lySi. 225 apres-midi & la nuit fuivante; deux fols uns tres-petite pluie. , L'eau produite par la pluie & la neige a ete de 10 1. ~^ II a gele a glace 7 fois, dont 4 dans les pre- miers jours du mois , & 3 dans \^s derniers. II y a eu de la gelee blanche les 23 & 24* La conilitution maladive a toujours ete la catharrale. On a obferve toutes les maladies propres a cette conftitution; dits fluxions m^, fe. ONO^, -{-nu. Ox . 4-nu. SO^ , nu. SO:a^,^-nu./;/. SX , nu. SSO^ , -fnu. Sx , -}-nu. pi. N^,+nu. NE^, -nu. SO^ , -f-nu. S^ , -fnu. SOx , -nu. SOx , -{-nu. T. OSO^ , -nu. SSO^ , CO. -pi. SO^,-fnu. Ox , -hnu. S O I R. NNOx,nu. NEx , fe. -br. NO^, fe. SSEx , fe. SSEx, fe. nu. SSOx, fe. Nx, fe. N^,fe. NE^,.nu. NNEX-.-nu. NEx, fe. NEij^, fe. N^,fe. N^, fe. NOX, fe. ONO,-{-nu.-;7/. Ox, +nu. SO, -|-nu. S , nu. Sx , CO. pi. SSE , CO. pL NNO^ , fe. NE^, fe. O, nu. N^,fe. Ox, -nu. SOx, -nn. OSOx,fe. S^,co.-;,/, SO, CO. pi. O , CO. pL 2l6 A C A D E M I E RtCAPITULATION. La conftitutlon de I'athmofphere a ktk ex- cellivement feche, temperee pendant la plus grande partie du mois , chaiide fur le milieu , fraiche fur la fin. L'evaporation a ete tr^s-forte, & pluxieurs fois a 3 1. par jour. La plus grande elevation du mercure dans le thermometre , a ete -f-20 La moindre 4-6 DifFerente 14 La moyenne elevation . . . 4-12. 11. Et la temperature du mois a la moyenne *. * 4-12. 1 1 '. -f 10. L'air a toujours eu beaucoup de pefanteur & delafticit6. La plus grande elevation du mercure dans le barometre a ete de . . . 27 p. 8 1. — . La moindre 27 i -~\ Balancement 6 7V. La moyenne elevation 27. 4. ~^, Les differens vents le font prefque egale- ment partages le mois ; mais ceux du iS & de rO ont regn^ un peu plus fouvent que ceux du N & de TE; tous ont ete vifs; ceux du N fouvent impetueux. Le ciel a et^ ferein pendant plus de la moitie du mois , & convert feulement pen- dant la valeur de lO a 11 jours. II y a eu ^ne gelee a blanc ; le 6 un brouillard dans la D E D I T O N, ,ySS. rty folr^e du 2. On a entendu deux fols le ton- Jierre II a phi 13 fols, mais toujours pen abon- damment, & il n'eft tombe que 7 1 5.ie j, " La conftitution maladive a contimi^ k etre lerce a ete la dominante , & a eu le meme :araaere que dans le mois precedent. Elie a exige le meme traitement. II y a eu des fievres doubles tierces , quel- JeVmineX ^^'^"" ' ^ ^^^^^ ^-es On a encore obferv^ quelques fauffes pleu- refies; mais ces maladies ont ete epidemiques dans quelques villages, avec le caradere^pu! tnde vermineux. ^ n}lj^ ^""'^^ ^" quelques fluxions , quel- Tncr "T'^^"'"' S""^^"^' quelques eW tions fans fievres; quelques cholera-morbu? quelques apoplexies fanguines. "'°"^"^' Le nombre des malades a ^te grand fans etqp confiderable. ^granajians 228 A C A D E M I E OBSER VA TIONS Ut TtOROLOGlQ UES, J U I N. THERMO METRE. MAT1> 1 1 3 4 6 7 8 9 lO II 12 13 '5 16 '7 18 I- 21 22 23 24 ^5 26 27 28 29! 30 M ID 1 I S C) I R. :eg. i: 12. 8. 3 11 10 9. 9 12 10 10 12. 9 10. 14 13. 6 13 12. ^ 14. 6 14 12 13. 6 12 13 16 14- 12. 6 17 M- O- 3 19 16 15. 6 19 16. M- 6 20 18 16 21 18. 16. 9 21 16. 14 20 16 14' 6 19. 6 18. 18 18. 3 14 12 12 10. lO 12. 9 10. 10 11. 6 10 12 M. 6 13 12 17. 6 13 11 15. 6 13 11. 3 15. 9 12. 12. 6 17 14- »3 18 IS* 13 18. 9 17 76 20 18. 1 5- S 21 17- 16 19. f M- M 17 16. 6 6 9 9 9 3 3 BARO METRE. MATIN. po. I. 12 Midi. po. 4- 4 4- 3' 4' 4 5 5 7 8 8. 3 7. 6 7 6, 4 3 4' 5 6 6 6 6. 3 6. 3 6. c, 6. '6 6. 6 5 4 3. 6 27. 9 9 6 "6 3 3 3 5 S O 1 R. 1. 12 )0. 1. t: 4- ; 4- ; 4 3. ( 4- ; 5- 5 5 7 8. 3 8 7. 3 7 6 5.6 3 4- 3 5. 6 6. 3 6. 6 6. 3 6 6. 6 9- 9 6. 6 6 6 4. 6 2. 9 3.6 4. 3 4- 3 4 3.6 4- 3 5. 9 5.6 6. 6 8 8, 7 7' 7 V 3 3 4 4 6 6 6 6. 3 6. 3 7 6. 6 6 5- 4 3- 3- 3 3 3 D E Dijon, iji^ jy FENTS ET ETAT DU C I E L J U I N. 0. u 1. Matin. Midi. S 0 I R. I SOX, CO. -nln. SOx, CO. SOx, CO. -pi. ^ SOx , CO. -pi. SOx , CO. -pi. Ox , CO. -pi. 0, CO. NOX, -f-nu. Sx , fe. 4 NEx . fe. -7^/. S , nu. -pi. S>:^, CO. ■) SO -^ , CO. -;./. sx , +""• -pi- s;^^ , CO. 6 0^' nil. pin. ONO^, nu. SO , fe. 7 ONO^, nu./jo. E^, nu. Ex, fe. 8 E^, nu. -Ro. E^, -}-nu. 0 , fe. 9 Ox, fe. -«(7. N^, -nu. N^,fe. 10 Nx , fe. RO. N^,-nu. Nx,fe. u E^, fe. NN£X,fe. Nx, fe. Nx, fe. 12 NEX ' <■«• Nx, fe. '3 NNEx, fe. NNEx, fe. NNEx , fe. M N^, fe. NX,-nu. N^,fe. IS ESEx, fe./Jo.va. SEx, -nil- SX, nu. SOX:,fe. i6 S^, -nu. so^,tnu.^r.;7/.r. 17 OX'+nu- SO^ , CO. ;,/. SOX, co-P'- 18 NO^,+nu. -iJo. 0>:^,nu. o:^,-nu. ' 19 NO^,fe. ONOX:,-{-nu. OX,+n"- 20 NNO^, CO. N^ , nu. NX , fe porta fur le crampon de la pouiie d'an puits voifin, & fuivit apr^s cela la chaine de metal julqu'au fond de I'eau, fans faire le moindre degat. « Cette obiervation ne laifle certainement rien a dclirer; elle demontre clairement que les cheneaux & les gouttieres font d'une epaiffeur fuffifante pour tranfmettre, fans au- cune fulion , une decharge eledrique ou ful- minante. Si les gouttieres de fer blanc , qui font revetues de chaque cote d'une tres-mince couche d'etain , n'ont rien a apprehender dans ce cas ; a plus forte raifon les gouttieres en plomb qui font infiniment plus epaiffes. Cell a cette occaiion que dans une lettre du doc- teur Franklin a M. Dalibart, on lit ce qui fuit ( 1 ). » Je vous remercie , M. , de m'avoir fait part de la relation que M. de BufFon vous a donnee d'un efFet de la foudre tombee a Di- jon : en revanche , permettez-moi de vous parler d'un evenement de la meme forte que j'ai vu dernierement. « « Etant a Newbury, dans la nouvelle An- gleterre, en novembre dernier, on me montra I'efFet de la foudre fur I'eglife qui en avoit (i) Lettre 14*. torn. 2, pag. 312, 264 A C A D E M I E ^te frappee pcu de mois auparavant, Le clo- cher etoit line tour qnarree de bois, elevee de 70 pieds depuis le fol jufqu'a Tendroit oil la cloche etoit fiifpendue; au dcffus s'elevoit line pyramide , aiiffi de bois , haute de plus de 70 pieds jufqu'a la girouette ou au coq. Pres de la cloche etoit attach^ un marteau de fer pour frapper les heures; du haut dii manche defcendoit un fil d'archal par un petit trou de foret dans le plancher au deffus du- quel etoit la cloche , & de meme au travers d'un fecond plancher. Sous le plafond en '*i platre de ce fecond plancher & tres-pres, couloit horizontalement le fil d'archal juf- qu'aupres d'une muraille de platre , le long de laquelle il defcendoit a I'horloge qui etoit 20 pieds au deffous de la cloche. Ce fil d'ar- chal n'etoit pas plus gros qu'un lacet ordi- naire. "> « La pyramide fut toute mife en pieces par la foudre , & les eclats en furent pouffes de tous les cot^s fur la place oil I'eglife etoit batie , enforte qu'il ne refta rien au deffus de la cloche. »> » La foudre paffa entre le marteau & Thor- ioge, dans ce fil d'archal, fans offenfer les planchers , fans y produire aucun effet , fi ce n'eft d'agrandir un peu les trous de foret; en- fin , fans endommager les murailles de platre, ni aucune partie du batiment jufqu'a I'extre- jnit6 de ce fil d'archal , & de celui du pen- dule de i'horloge : ce derrtier etoit de la groffeur d'une plume d'oie. o D E Dijon, iyS5, 265 >> Depuis rextremite du pendule jufqu'a la terre , le batiment etoit fendu & exceffive- ment endommage : des pierres avoient ete arrachees des fondcmens & jetees a la dif- tance de 20 011 30 pieds. L'on ne put re- trouver auciine partie du petit fil d'archal en queilion, entre I'horloge & le marteau , fi ce n'eft environ deux pouces qui pendoient au manche du marteau , & environ autant qui etoit attache a Thorloge ; le refte etant faute & fes particules difiipees en fumee & en par- ties invifibles , comme il arrive a la poudre a canon a Tapproche du feu ordinaire : on voyoit feulement une trace noire & fale, large de 3 ou 4 pouces , plus obfcure dans le mi- lieu , plus foible vers le bord fur le platre , le long du plafond fous lequel le fil d'archal paffoit, & de haut en bas du mur. Voila , continue M. Franklin , les effets & les appa- rences fur lefquels je ferai le peu de remar- ques qui fuivent. « « Savoir, 1°. que la foudre dans fon paf- fage au travers d'un batiment, quittera le bois pour paffer dans le metal autant qu'elle le pourra , & ne rentrera pas dans le bois que le condudeur de metal ne finifle. J'ai fait la meme obfervation dans d'autres occafions , par rapport aux murailles de briques ou de pierres. » 2*^. « Que la quantlte de matiere fulminante qui paffa au travers de ce clocher, doit avoir ete bien grande , a en juger par {e.s effets fur cette haute pyramide au deffus de la cloche ^ 266 A C A D E M I E & fur toute la tour quarree , au deffous de I'extremite du pendule de I'horloge. » 3". » Que quelque grande qu'ait ete cette quantite , elle avoit ete conduite par un petit fil d'archal & un pendnle d'horloge, fans que le batiment ait ete endommage le long de ces fils. « 4''. « Que la verge du pendule etant d'une grofTeur fuffifante , conduifit la foudre, fans en etre ofFenfee ou fondue , mais que le petit £.1 en fut entierement detruit. « 5°. « Que quoique le petit fil ait ete de- truit , il avoit conduit la foudre & preferve le batiment. « 6°. « Que de toutes ces circonftances il paroit plus que probable , que fi un petit fil iemblable avoit ete etendu avant Torage, de- puis la verge de la girouette jufqu'a la terre, ce coup de foudre n'auroit caufe aucun dom- mage au clocher , quoique le fil meme eut ete detruit. » Cette obfervation,analyfee parle do£teur Franklin, contient une preuve bien evidente que les condudeurs eledriques n'exigent pas une epaiffeur extraordinaire (i)pour remplir ( I ) Un fait recent prouve encore ce que j'avance. « Daltorfle iijuin. La tour de notre egliie,loit a caufe nous n'y penfions en aucune taccn,&: qu'elle » n'etoit pas venue a nous apres le coup de *> tonnerre. ** C'eft done une v^rlt^ malntenant reconnne en phyfique, que la foudre eA quelquetbis afcendante : conlequeniment il manque a I'appareil dont eft arme le befFroi d'Arras, la piece qui lui eft neceffaire pour parer avec plus de facility a cet evenem^nt. Ce condudeur a pour le furplus ce qu'il lui faut pour etre compler. II a, dans ce dernier cas, donne des preuves de fon efficacite; 8r toutes les objeftions qui m'ont ^te faites a ion fu- jet, etant pleinement lefutees , ne peuvent que tourner al'avantage de cette decouverte. Not A. Depuis la redaftion de ce memoire, on m'a fait une autre objedion : il eft vrai qu'elle regarde moins le condufteur elediri- que du beffroi d'Arras en particulier , que tons les condufteurs en general. Cette machine , dit-on , pent fe derangcr avec le temps , en per- dant fa contigiiite par un grand vent , ou par qucl- qu autre caufe^ & ce derangement doit expojer a. des dangers cvidens , cejl^a-direy a des explojions lateralis, J'avoue D E Dijon, /y^i. i^i J'avoue que cet evenement pent avoir liei^ fi Ton n'a pas la precaution de velUer a cette armure comme aux autres parties dii bati- ment ; c'eft pourquoi M. Barbier de Tinan ^ dans fon memoire ci-defTus cite, fur le con-» dudeur de la cathedrale de Strasbourg, s'ex-^ prime en ces termes. << II fera necefiaire de j> faire faire tous les ans la vifite du conduc- » teur dans toutes fes parties , pour s'affurer j> que fa continuation n'a pas ete interrom- » pue. 11 feroit bort d'ordonner que cette „ vifite le fit tous les ans dans le coiirant » de mars , par les architedes & maitres- „ magons attaches a la fabrique, qui en ren^ » droient compte a Tepoque du i^"". avril ^ » (& mcme avant) par iin proces- verbal » detail!^ , qui contiendroit I'enonciation ^ » tant des parties qui leroient trouvees en » bon etat, que de celles qui auroient befoin » de reparations. Celles-ci feroient auffi-tot » ordonnees, & fe termineroient penx:lant(oa » avant) le mois d'avril , de maniere que la M condudcur piit le trouver dans toute fon » integrite avant la faifon des orages. II fera » bon auHi d'ordonner aux gardes de la ca- » thedrale, li, pendant le temps d'un orage, » ils appercoivent quelques efFets fenfibles » fur quelques parties du condudeur , de » Tobferver avec attention , & d'en rendre >y compte le plus promptement & le plus » exaftement qu'il fera polTible. « Toutes ces precautions recommandies ponr !e condufteur de la cathedrale de Strasbourg^ V]l A C A D i M I E peuvent ctre remplies facilement par les per- fonnes a qui on confiera la garde des para- tonnerres eleves lur les edifices publics , & par celles qui en ont fait etablir fur leurs maifons. Celles-ci ont meme un interct par- ticulier de ne pas les negliger, Au refle , je penfe que les explofions laterales doivent etre rarement dangereufes, a moins que les parties da conduQeiir ne laiffent entre elles iin efpace un peu confiderable. L'affedlatioti de la matiere eledtrique a fe jeter fur les fubllances metalliques par preference a toute autre , me fait croire qu'elle n'abandonne les inetaux,pour fe jeter fur la pierre ou le bois, que lorfqu'il y a entre les parties metalliques des intervalles trop grands pour qu'elle puifTe les franchir d'un faut : alors elle entre dans la pierre & le bois. Mais y eft-elle entree, elle en fort aufli-tot pour revenir au conduc- teur ou aux fubftances metalliques. Cette affertion eft demontree par les deux exem- ples ci-devant rapportes , de Dijon & de A Newbury. Dans le premier, on voit que le ^j tonnerre ou la matiere eleftrique, apres avoir ^| abandonne la gouttiere de fer blanc & fillonne ^1 la muraille, s'eft porte fur le crampon de la vt poulie d'un puits voifm ; & dans I'autre, on remarque qu'elle a quitte le bois pour fe jeter fur le HI d'archal attache au marteau de I'hor- loge. Ainfi, a moins que I'intervalle entre les parties du condufteur ne foit un peu conii- derable , il paroit que rexploiion laterals ne peut pas etre dangereufe. D E Dijon, tySS. 273 Confeqiiemment les fouclures qui iinifTent les nattes & les gouttieres de plomb qui com- pofent le paratonnerre c!u beffroi d'Arras, peuvent tres-bien ne pas remplir parfaitement I'objet de leur deftination , & laifTer entre les nattes & ies gouttie-res quelques petits inter- valles, fans que ce defaut devienne prejudi- ciable a la tour. L'biftoire du paffe eft un grand prejuge pour I'avenir. D'ailleurs,cofflme on fait aduellement que \qs parties de cet edifice prefentent un paratonnerre, c'eft une raifon de plus pour veiller avec attention a leur contiguite. Cette befogne n'eft pas diffi- cile a remplir , elle n'exige qve des foins places a propos, & qui peuvent etre confies a un ouvrier de mediocre intelligence. M. de Sauffure a decouvert a Geneve quel- ques tours & quelques edifices publics qui font, comme le beffroi d'Arras, munis d'un paratonnerre accidentel , & qui pour cette raifon ont ete depuis plufieurs fiecles refpedes de la foudre , quoique plus eleves que les autres tours. M. Guyot a fait la meme re- marque a Neufchatel. L'eglife principale ny a jamais re^u la moindre atteinte,parce qu'elle eft auili armee accidentellement d'un conduc- teur eledtrique. C'eft ce que M. le Baron de Servieres m'apprend dans une de fes lettres du 12 juillet 1782. « Le befFroi cl'Arras , me dit-il , n'eft pas le » feul clocher qu'une armure accidentelle ait » garanti de la foudre pendant plufieurs fie- 274 A C A D i M I E » cles. Voici deux aiitres faits tres-ffappans » clu nieme genre. » 1°. Dans line brochure de neiif pages rn- >} 4°. que M. de Sauffure fit imprinier & dif- » tribuer a Geneve le ii novembre 1771 , V fous ce titre : Expojition abre^ce de CutiLite » des conduclciirs eUclriqius ; menioire qui avoit » pour but de raffurer les perfonnes effrayees » de r^redion d'un condufteur fur la maifon w de ce phyficien ; on lit (pag. 7 & 8 ) . . . „ mais que diront ceux qui s'effraient de mon » condufteur, & qui voudroient le faire re- >, garder comme im attentat a la furete pu- » blique , quand ils apprendronf que peut- » etre la maifon qu'ils habitent , & a coup » fiir plufieurs edifices publics, la maifon de » ville , les tours du temple de St. Pierre en » particulier, font armees , depuis bien des » annees , de veritables condudeurs ; car je » dirai que les girouettes , les fleches , les » pommeaux qui font au faite de ces edifi- » ces , font au fond la meme chofe , & pro- » duifent les memes efFets que la pointe qui » eft au fommet de mon mat, & que les » tuyaux qui conduifent les eaux depuis les » egoiits des toits jufqu'a terre , & meme » fouvent jufques dans des canaux fouter- » reins , tiennent exaftement la place du fil iy de fer qui va depuis la pointe de mon mat » jufques dans le baflin du jet d'eau de la ter- » raffe ; car ces tuyaux de metal , contigus >> aux egoiits qui font auffi de metal, com- » muniijuent aux corniers de fer blanc qui D E Dijon, iy83. 275 w recouvrent les aretes des toits. Ces corniers „ touchent le pied de la fleche , de la gi- » rouette ou du pommeau qui couronnent » I'edifice & 6tabliflent ainfi line communi- » cation ou un veritable condufteur depuis » les nuees jufqu'a terre. <« Je dirai plus encore; je fuis perfuade , & » tout phyficien le fera comme moi, quec'efl >, a ce'; condudeurs accidentels que les tours » de notre cathedrale doivent leur conferva- » tion, blanc qui conduifent les eaux jufqu'a terre, ne ibnt j> pas fort anciens ; mais la tour du milieu exifte depuis j> pres de deux cents ans , & comme elle eft toute de jj bois , elle a du tonjours etre comme elle eft aujcur- j) d'hi.i, couverte de fer blanc du haut en bas. On dit 5) meme qu'elle a ete pendant long-temps plus haute j» qu'elle n'eft a prefent , mais qu'on I'a baiflee d'un j» etage, parce que les vents avoient trop de prife iur » elle & la faifoient vaciller. Or, il eft aife de com- s> prendre qu'un volume de metal aufti coniiderable , a V du toujours fftire un excellent conducteur, St que la T iij 276 A C A D E M I E » clocher dii temple de St. Germain au » contraire, quoique beaucoup moins eleve, » a effuye, depuis moins de foixante ans , « deux coups de tonnerre ; Tun au commen- » cement de ce fiecle , qui fendit lamuraille y> du haut en bas ,& caula beaucoup d'autres » defordres ; I'autre en 1764. Or, je prie » qu'on remarque que ce clocher n'a aucun » tuyau qui conduife les eaux depuis le toit « julqu'a lerre , & n'a par confequent point » de conducteur qui decharge Teledricite. » Get ecrit de M. de Sauflure ( continue » M. de Servieres ) eft termine par cette » phrafe bien remarquable Puis done que s> ia conftruftion des conducteurs eft fondee » I'ur les principes les phis certains de la laine „ phyfique , puifque Texperience a conftam- V ment confirme leur utilite; puifque, ft Ton » s'en efFrayoit , il faudroit redouter d'habiter »> toute maifon qui a une girouette ou feule- » ment une fleche ou un pommeau de me- » tal, j'efpere qu'on fe defera des craintes yy que I'on avoit concues; & que, bien loin » de me trouver coupable d'une temerite » condamnable , on me faura quelque gre » d'avoir donne I'exemple d'une pratique )> large bafe de ce conducleur communiquant avec toutes s) les faitieres & tous les corniers de 1 edifice , a pu fort 3» aifement rencontrer quelque part , dans une aufli J) grande etendue , quelques matieres qui achevent la 3> communication , & par oil fe decharge infenfiblement 3t releftricite des nuces. n D E Dijon, iyS6. 277 *) utile, & qui finira fiirement, comme Tino- » dilation , par etre generalement adoptee. » IP. » Je tiens de M. Guyot ( ajoute M. de Ser- » vieres)^ qii'a Neufchatel, I'^glile principale n n'a jamais Qit fulminie , parce que cet edifice M eft Viuffx armi accidentclkrnent. Acette cauie, » felon M. Guyot, sen joint une autre; fa- » voir , le conduclmr invijibh , mais pcnnne , » forme par la coionm vaponiife qui s'eleve « fans ceffe de la furface du lac , & va fe » perdre dans X athmofphcn, Cette idee, que » tous les principes admis confirment , fait » beaucoup d'honneur a la fageffe & a Tefprit » obfervateur de M. Guyot. « M. Michaelis ayant fait des recherches fur la conftrudion du temple des juifs , parce qu'il dtoit etonne de ne lire, ni dans la bible, ni dans Jofeph, que la foudre eut jamais tou- che ce batiment qui a fubfifte tant de fiecles, & qui , independamment de fa fituation , con- tenoit outre cela beaucoup de metal qui au- roit pu attirer les orages , fit part de fes ob- fervations a M. Lichtenberger , & la corref- pondance de ces deux favans fnr cet objet, a donne lieu a plufieurs lettres inferees dans le journal de phyfique de 1784 & 1785. Voici ce que Ton lit dans IVine des reponfes de M. Lichtenberger. »L'opinion que vous ctabliftez „ dans votre dermer pofl-fcnptum , dit-il a >i. >, Michaelis , & dont vous faites fi peu de » cas , parce que c'eft la votre , eft certai- » nement celle de tous les connoiffeurs. La » circonftance que vous obfervez touchanc T iv iyS A C A D E M I E V la doriire epaiffe dii toit, des niurailles pa- >> rietales & des gouttieres, eft une certitvide >> que le temple leur devoit fa furete ,& cette p certitude eft au moins egale a ces circonf- »> tances : meme les pointes de fer dorees en » liaifon avec Tor des platines du toit , ce- » lui-ci communiquant immediatement, oil w avec lor des murailles parietales , on avec ^> les oQUttieres qui aboutifToient aux citernes J, $c y verfoient les eaux dans les orages , >> forrnent enfemble un paratonnerre ft par- j, fait , que je ne dis pas trop , en foutenant V que le dixieme des condudeurs etablis au- >> jourd'hui ne le font pas autant; par la raifon 3> que ceux qui les etablifl'ent, manquent or- »> dinairement, ou par ignorance, ou par une >? econornie mal entendue, quoiqu'ils ne fon- i> gent, en les conftruifant, ni a rornement, i> ni k I'eloignement des oifeaux , comme au nt temple , mais uniquement a garantir de la ^> foudre, i> Les gouttieres metalliques forment fou- ^> vent d'aufti bons condudeurs de la foudre » que les eaux de pluie , & elles ont quel- » quefois convaincu des perfonnes incredu- » les, de I'utilite des paratonnerres. II y en i> a de frequens exemples, dont Tun des plus ^> memorahles eft conftgne dans le journal de ». i\4. I'abbe Holier, du mois d'aout 1782, lorf- ^ qu'une terrible foudre fut conduite & di- >> rigee par une gouttiere , a Breft. « Ces paratonnerres accidentels donneront Ijeu fans dgute aux archite<^es de faire des D E Dijon, iyS6. 279 reflexions utiles a la confervation des edifi- ces : ils aiiront foin d'armer les nouveaux clo- chers & d'employer les matieres metalliques qui fe rencontrent dans les anciens , pour en former, au moyen de quelques jonftions fuffi- fantes, des condudeurs t^ledriques. ADDITION AU M£M0IRE PR£C£DENT. Par M. Chaussier. J_j A ledure du memoire de M. Buiffart rap- pelle naturellement que Dijon ell la premiere ville de France oil Ton ait eleve des conduc- teurs fur des edifices publics , & ou on les ait vus li multiplies en tres-peu de temps : c'efl au zele & aux foins de M. de Morveau que nous devons ces avantages.Toujours em- prelfe a repandre les decouvertes utiles , a etendre les connoiffances , M. de Morveau publia fucceflivement , dans les feuilles pe- riodiques de cette ville, des remarques, des obfervations fur Teledricite , fur le tonnerre, Apres avoir ainfi familiarife (qs concitoyens avec la theorie , alors peu connue des con- dudeurs eledriques , il propofa d'^tablir des paratonnerres, il fe chargea des details de la Conftrudion; fes propofitions furent accueil- 3t80 A C A D E M I E lies, & bicntot les condiideurs etablls dans notre ville , donnerent lieu a quelques ob- servations intereffantes. Pour faire connoitre I'epoque de I'etablif- iement de ncs difFerens condudeurs , nous rapporterons I'extrait d'une lettre que M. de Morveau ecrivoit , le 30 oftobre 1783, a M. le chevalier Landriani , & qui fe trouve im- primee en italien dans I'ouvrage intitule, ddC utilita dci conduttori deurici , &C. pag. 2jj & fuiv.' « J'obferverai d'abord (dit M. de Morveau) » que M. le comte de Buffon fut un des pre- » miers qui eleva une barre fulminante fur »> fa tour a Monibard en Bourgogne ; ce n'e- M toit point pour preferver I'edifice , mais » pour faire des observations fur I'eledricite » athmofpherique : il la fit enlever des que » M. Dalibard eut publie les obfervations » qu'il avoit faites avec un femblable inf- » trument. » Un coup de tonnerre, qui fembla ecrire » en traits de feu la theorie des condufteurs » fur une maifon de cette ville , en 1773 , » acheva de me convaincre de leur utilite » deja bien annoncee par les obfervations » faites a la Caroline, & publiees par le doc- M teur Francklin. En 1776, je propofai a M. » de Bacquencourt , alors intendant de Bour- y> gogne , de placer un condudeur fur Thotel » dont I'Academie avoit fait Tacquifition : il » confentit d'en faire les frais , il voulut que » j'en dirigeaffe la conftrui^ion, & le 28 max D E Dijon, ^ySS. 281 M le condufteur fut eleve Dans le » courant du mois d'aout de la meme ann6e, » j'en pla^ai un autre fur ma propre maifon; » je I'avois ifole , j'y avois ajoute un ca- >) rillon ; & en Tobfervant dillerentes fois dans » des temps d'orage , je remarquai lenfible- » ment fon adion ; quand la nuee etoit eloi- » gnee de plus de 600 toifes, je pouvois » annoncer Teclair avant que dele voir;je » publiai alors ces obfervations & la dei- » cription de ces deux condudeurs : enfin , » dans la meme annee , M. de Saify me pria » d'en faire elever un a its frais fur le clo- » cher d'une eglife de cette ville ; j'y con- » fentis volontiers , & en moins de i 5 jours >> le paratoi»nerre fut place ; c'eft, je penfe, » la premiere eglife en France qui ait ete » armee d'un condudeur , & mife fous la » fauve-garde de la phyfique. Je publiai aufli » la defcription de cette machine. Je crois » qu'a cette epoque il n'y avoit encore au- >> cun autre condufteur dans toute la France , » du moins je n'en connoiffois aucun, a I'ex- » ception de celui que M. de Voltaire avoit >» etabli a Ferney , qui fans doute etoit dii » an voifinage de M. de Sauffiire , mais qu'il •» n'avoit oih placer fur fa maifon, ni meme » a une certaine proximite , par confidera- » tion , me dit-il , pour les dames qui I'ha- »> bitoient avec lui » En 1778 , j'en ai fait elever ww autre a fur le clocher de I'eglife collegiale de Bourg » en Breffej en 1779, j'en pla^ai egakment iSl A C A D E M I E » un autre fur Teglife de N. D. de Brou ,; » dans la meme province , & un troifieme » fut eleve fur la maifon d'un particulier. >> Enfin , me trouvant, il y a deux ans a » Montbard, chez M. le comte de Buffon, il » voulut bien s'en repofer fur moi pour faire » executer celui qu'il avoit refolu de faire » placer fur fa maifon. » Depuis ce temps, on a ^leve plufieurs » autres machines femblables a Bourg, a Se- » mur & a Dijon. En 1781, M. Champy fit » armer le magafm a poudres fuivant le plan » qu'il en avoit prefente a TAcademie , & » de I'agrement de la regie des poudres. » Tons ces difFerens condudeurs ont ^te » conilruits fuivant les principes que j'ai ex- » pofes dans rencyclopedie. J'ai foin d'^lever » la tige autant qu'il eft poffible; je la fais » terminer en cinq pointes tres-aigues d'ar- » gent ou de cuivre dore ; je pofe des barres » de gros fer le long des murs; je reunis ces »> barres a la pointe , par le moyen d'une » treffe compofee de 3 5 fils-de-fer. Enfin , » quand la barre de fer eft enfoncee profon- » dement dans la terre, je la fais environner » de poufliere de charbon; & fi je ne fuis pas »> bien affurd d'avoir toujours de I'eau , je » fais divifer I'extremite de la barre en plu- » fieurs pointes qui s'etendent dans la terre » comme autant de ramifications , &c. &c. « Depuis la date de cette lettre , MM. les Elus gen^raux de la province, par une de- D E D I y O N i iy85. 283 Iib6ration du 9 Janvier 1784, ont fait elever cinq condudeurs metalliques ou paratonner- res ; favoir , un fur le fommet de la grande tour quarree du palais du Roi, tour fort an- cienne , & qui maintenant fert d'obfervatoire a I'academie : un autre fur la tour de Bar, faifant partie du meme palais : un troifieme fur Tangle nord-oueft du palais des etats, & les deux autres fur I'extremite de chacune des deux ailes de ce palais donnant fur la place royale. Enfin , par une autre delibe- ration du 27 Janvier 1784, MM. les Elus ge- neraux des etats de Bourgogne ont fait elever deux autres condudeurs fur I'hotel de Tin- tendance. En etabliffant ces derniers condufteurs, on a cherche a reunir Tagre 'ble a Tutile : an lieu de terminer la tige fuperieure par une feule pointe , on a fait un faifleau de petites tiges , toutes terminees par une efpece de dard aigu , dont les uns font dores , les au- tres argentes , & toutes recourbees en difFe- rens fens , tels a pen pres que les anciens poetes nous reprefentent les carreaux fou- droyans dans la main de Jupiter. Dans To- rage qui arriva le 17 mai dernier (1786) fur les neuf heures du foir, nous vimes les dif- f^rentes pointes du condudeur place fur la tour de Tobfervatoire, entourees d'une au- reole lumineufe qui s'etendoit & fillonnoit le long de la treffe de fi!-de-fer, & fuivoit ainfi la route que lui pr^fentoit le m^tal. Ce fait tout recent , qui a pu etre obferv^ 3.S4 A C A D i M I E par plufieurs perfonnes de la ville, confirme bien Tenergie des pointes metalliques & Tiiti- lite des condufteurs. Leur conftruction eft fimple & facile; il fufrit d'elever fiiffiramment line pointe metallique pour foutirer la ma- tiere ^iedrique de la niiee prete a faire 6clater I le tonnerre ; mais , pour prevenir toute ex- plofion, il faut qu'a mefure que la matiere eledlrique eft foutiree du nuage par la pointe metallique , elle {oit tranfmife facilement & fans interruption dans le fein de la terre ; c'eft pour cela que M. de Morveau inlifte li expreffement, dans la lettre que nous venons de tranfcrire, & dans le didionnaiie ency- clopedique ,fur ce que Textremite de la barre condudrice foit placee profondement dans la terre , de maniere a communiquer dans un puits perdu , ou au moins dans un fol tou- jours humide , toujours capable de diffeminer la matiere eledrique qui y eft apportee par I'extremite du condudeur; fans ces attentions on rifqueroit de voir, dans un temps d'orage | oil I'athmofphere eft fortement chargee de f fluide eledrique, I'explofion fe former a I'ex- tremite inferieure du condu6teur;circonftance que Ton a deja obfervee une fois en Angle- terre , & qui, aux yeux des obfervateurs inf- truits, eft une nouvelle preuve de Tefficacite des condudeurs. Dans une nuit d'ete de I'annee derniere ( 1785 ) qui avoit ete fort orageufe , trois | crampons de fer qui fervoient a fixer la barre defcendante le long du mur de Taile neuve D E Dijon, ly^j. 2gj du palais dii Roi , furent ebranles & meme tires de leiirs joints, ce qui fut remarque le lendemain par plulieurs perfonnes. Le fieur Bonin, fondeur mecanicien , qui avoit ete charge de ces ouvrages & qui fut appelle pour replacer ces crampons , aflure qu'ils avoient ete chaffes a grands coups de mar- teau : en les voyant ainfi tires de leurs joints, il foup^onna, & cela eft tres-vrailemblablel que ce fut I'effet d'une decharge confiderable de matiere fulminante , qui ne pouvant s'e- couler affez promptement dans la ligne per- pendiculaire, fit des explofions partielles a la pointe de ces crampons. Dela on peut titer deux confequences im- portantes; Tune, que ce batiment fut vrai- femblablement preferve de Texplofion en- tiere par I'appareil condudeur; I'autre, que la barre de fer de cet appareil n'eft point affez prolongee dans la terre. En effet , on convient que de tons les puits de decharge des paratonnerres eleves fur le palais du Roi, c'eft le moins profond ; qu'il n'a point ete vuide jufqu'a Teau ; & que , malgre I'atten- tion qu'on a eue de terminer la barre par plufieurs branches qui s'enfoncent encore dans la terre, on n'eft pas affure d'avoir atteint k point oil elle eft conftamment humide. Un coup de vent ayant, I'hiver dernier, rornpu le mat qui portoit le paratonnerre de I'hotel de I'Academie , cette compagnie, Au- la propofition qui en a ete faite par M. de 286 A C A D E M I E Morveaii, a arrets de le retablir avec pointe ifol^e , pour fervir en meme temps a I'ob- fervation , & il s'eil charge de diriger cette conftrudion. CONSIDERATIONS 5" UR fetat aciuel de [" AJlronomie, Par M. de Lalande. 1 OUTES les fciences font des progres jour-* naliers, les Academies en doivent compte an public ; & je demande la permiflion d'acquitter ici ce devoir, en prefentant le refultat de ce qui s'eft fait depuis quelques annees pour I'avancement de I'aftronomie, avec Tindica* tion de ce que nous avons lieu d'efperer. Les grandes epoques de Taftronomie ont ete celles d'Hipparque, i6o ans avant Jefus- Chrift, de Copernic en 1545} des obferva- tions de Tycho-Brahe a la fin du meme fiecle > qui amenerent bientot la decouverte des loix de Kepler, dans le meme temps que celle des lunettes d'approche ouvroit a Galilee une nouvelle carriere d'obfervations. L'etabliffement de I'Academie des fciences en i666, nous procura la connoiffance de la grandeur de la terre, de Taccourciffement du pendule, du micrometre, de I'application des lunettes au quart de cercle, la connoifl'ance, 1^ D E D [ J O N, lyS^. 287 la diftance clii foleil & des, planetes, &c. & des refractions, &c. enfin , la decoiiverte de I'attradion univerfelle , publiee par Newton en 1687, donna a raftronomie line nouvelle face , & Ta portee a un degre de perfedion qifon n'auroit jamais ofe efperer. Mais ce liecle meme n'a pas ete flerile pour leprogres de raftronomie. Cell: en 170^ que Halley fit, pour la premiere fois, la pre- didion du retour d'une comete , que nous avons vu paroitre en 1759 ; c'eft en 1728 que Bradley fit la decouverte furprenante de I'aberration des etoiles; en 1736, les voyages faits pour la mefure de la terre ont conflate fon applatifTement ; enfin, les voyages faits pour les pafTages de Venus en 1761 & 1769, nous ont fait connoitre avec la plus grande exaditude les dillances & les grandeurs de toutes les planetes. Tant de chofes curieufes fembloient laifTer peu d'efperance aux aflronomes aduels pour de nouvelles decouvertes ; cependant nous avons vu, il y a quatre ans, s'ouvrir un nou- veau ciel pour nous, & ce n'efl pas meme a im aflronome que nous en avons i'obligation, M. Herfchel, allemand , ne en 1738, tranf- porte dans la foule d'un regiment hanovrien jufqu'en Angleterre , n'avoit pas encore ap- pergu que I'impulfion de la nature le deflinoit a toute autre chofe. Son vol n'avoit rien de hardi ; il montroit la mufique au fond d'une province , mais il y tournoit" des verres de lunettes & polifToit des miroirs. Une patience y 288 ACADEMIE & line adreffe qui rarement font r^unies i mais qui appartiennent fpecialement a la na- tion allemande , confpirerent a lui procurer des fucces; il en fut enchante , fon courage s'anima, il parvint a faire un telefcope qui groffiffoit 2000 fois les objets ; c'etoit deja quatre fois plus que les meilleurs t^lefcopes de Short. En parcourant avidement le ciel avec ce nouvel inftrument, il voir I'univers s'agrandir pour lui , & prefenter un fpedacle nouveau. 44000 etoiles qu'il diftingua dans iin efpace de quelques degfes , femblent en indiquer a proportion 75 millions dans tout le ciel, & donnent lieu de fuppofer encore par dela tout ce que Timagination des hom- ines peut embraffer dans Tinfinite ou du moins dans I'immenfite de Tunivers. M. Herfcliel ne fongeoit qu'a confiderer cette multitude furprenante de petits objets, lorfque, le 13 avril 1781 , il tomba fur les pieds des gemeaux ; il y remarqua un petit aftre qui ne reffembloit pas parfaitement aux autres , & qui par-la meme attira fon atten- tion. Quoiqu'a peu pres femblable a une etoile de 6^. a 7^. grandeur, il fembloit avoir line lumiere plus tranquille , moins etince- lante. M. Herfchel y revint le lendemain , & il vit avec etonnement que ce petit point lu- mineux avoit chang^ de place. Peu de jours fufRrent pour s'en affurer,& il en donna avis aux aftronomes , qui n'ont ceffe de s'en oc- cuper depuis trois ans : on eft deja parvenu a determiner toutes les circonftances de fon D E Dijon, lySS. 289 mouvement ; pluneiirs aftronomes en ont donne des tables , & les obfervaiions de ce mois-ci s'accordent parfaitement avec ces calculs. Voila done line fixieme planete a ajouter aux cinq planetes principales que nous connoiffions : Mcrcure , Finns , Mars Jupiter & Saturne. ' * Par un heureux hazard, cette planete de Herfchel fe trouve avoir ete obfervee par Mayer le 25 feptembre 1756 , & par Flamfteed le 23 decembre 1690; ils I'ont marquee comme line etoile de 6^ grandeur, qui par confe- quent ne fe retrouve plus aux endroits oii ils 1 avoient indiquee , I'un dans les poiffons , 1 autre dans le taureau; & ces deux obfer- vations, deja anciennes, nous ont fait con- noitre que la revolution de cette planete fe fait en 83 ans, & que fa diftance eft 19 fois celle du foleil , ou 650 millions de lieues ; mais M Herfchel eft parvenu a faire groffir fon telefcope 6000 fois, & d^s-lors il a vu des chofes qu on ne pouvoit foupgonner avec nos telefcopes qui groffifl-oient 3 k 400 fois II mecrivoit, au mois de juin, qu'il avoit ob- ierye 1250 n^buleufes; ce font des blancheurs qu on appercevoit avec les lunettes , & qui paroiftent comme la voie laftee a la vue ftm- pie. On en avoit obferve jufqu'ici 103 de- puis unfieclejmais toutes celles-la vues dans le telefcope de 20 pieds de M. Herfchel, ne lont que des amas dune multitude de petites etoiles. Les nebuleufes qu'il apper^oit aauei^ XCfO ACADiMIE lement, font invifibles dans nos lunettes or- dinaires ; il en voit meme quelques- lines d'une efpece bien finguliere, il les appelle nebii- lenfes planetaires , parce qu'elles prefentent un difque bien termine comme les planetes, d'une lumiere uniforme & pale , mais dont la nature nous eft encore inconnue. S'il parvient a faire iin telefcope de 40 pieds de long & de 4 de diametre , dont il s'occupe aftuellement, nous verrons s'ouvrir iin nouveau champ d'obfervations & de de- couvertes dans le ciel ^toile. Mc Herfchel m'^crit qu'il a vu auffi dans la lune deux pics ou efpeces de montagnes, qui fe font pour ainfi dire formees fous fes yeux : il y a dans les environs certains cou- rans femblables a ces torrens de laves qui coulent du Vefuve dans fes grandes eruptions. Enfin , cette obfervation lui a ete confirmee par une eruption tres-vifible dans fon telef- cope de 9 pieds; c'eft un feu ou une lumiere femblable a celle d'une etoile de 4^. grandeur, que Ton regarderoit a la vue fimple , & qui s'eft fait voir dans la partie obfcure de la lune : cela pent fervir a expliquer I'obfer- vation de M. d'Ulloa , qui , dans Teclipfe to- tale de 1783 , vit au milieu de la lune un point lumineux, & jugea que c'etoit un troii de la lune. Les lunettes achromatiques , iraaginees par Euler & par DoUond vers 1758 , fe perfec- tionnent auffi. M. Bofcovich, exjefuite , un des plus grands g^ometres de notre fiecle. D E D IJ O N , ,yS6. ipt vient de faire imprimer a Baffano pr^s de Venife, cinq volumes- //2-40. de menioires mathematiques, dont line grande partie eft employee a des calculs pour les dimenHons de ces lunettes. ^ La perfedHon des Inftrumens a divifer fait egalement des progres. M. Ramfden en An- gleterre, M. Meignie a Paris, ont fait des machines a diviler , dans lefquelles on ne commet pas une erreur d'un loo^ de ligne. Le quart de cercle de 8 pieds de rayon, au- quei M. Meignie travaille aduellement pour 1 obfervatoire royal, fera fondu tout d'une piece ; il fera dreffe fur un marbre qu'on a prepare pour cet effet, & luii avec de grandes regies d'acier polies I'une fur I'autre comme les glaces , pour eviter la moindre erreur II lera divife en place , & verifie avec d.Qs inf- trumens de finvention de M. Meignie avec lefquels on peut s'affurer d'une feconde! Nous pouvons ici nous applaudir d'avance de ce que le plus grand & le meilleur inftru- ment d'aftronomie fera I'ouvrage dun com- patnote & d'un confrere auquel tous les af- tronomes de TEurope feront obliges d'avoir recours a I'avenir pour fe procurer d'excel- lens inftrumens. ^ Les tables aftronomiques qui nous fervent a calculer & a predire les fituations des pla- netes , font le refultat de tous les travaux des aftronomes , & la precifion de cqs tables peut fervir a apprecier nos iwcchs. L'erreur y lij Jpl ACADEMIE de nos tables ne va plus guere qu'a une demi- minute pour le foleil, a une minute pour la Inne , pour mercure & pour venus , a deux minutes pour mars , a quatre pour jupiter , & a douze pour faturne. On peut fe faire line idee de la valeur de ces quantites , en les rapportant a la largeur apparente du fo- leil & de la lune, qui eft d'environ 30 mi- nutes a la vue fimple. Cette inegalite de faturne vient en partie du derangement qu'y caufe Tattradion de jupiter; mais j'ai reconnu dans fon mouvement, depuis trente ans , un derangement fenfible, dont la caufe eft en- core inconnue. La th^orie de Tattraftion , employee par le celebre Euler, & enfuite par Clairaut & d'Alembert , nous a procure la connoiffance des petites inegalites de la lune & des pla- jietes, que les obfervations n'auroient pu nous faire appercevoir , fur-tout de Tinegalite du mouvement de la terre, dont il eft indifpen- fable de tenir compte dans nos calculs. L'aftronomie des fatellites de jupiter, que M. Wargentin & M. Maraldi avoient cultivee pendant 40 ans avec autant de courage que de fucces, exigera encore des obfervations fuivies. Le premier vient de mourir; le fe- cond eft retire a Prinaldo , ou fon age ne nous permet plus de compter fur (es travaux. Cependant les inegalites du 3^. fatellite font encore tres-mal connues, & les erreurs de nos tables vont jufqu'a 4 ou 5 minutes de temps. Ces inegalites viennent des attraftions D E Dijon, iyS3. ic^j clii premier, du fecond & du quatrieme fa- tellites; mais la theorie de Tattradion & les obfervations meme n'ont encore pu fuffire pour demeler ces equations & en feparer les valeurs : au refte , Ton continue a Tobferva- toire royal a obferver les fatellites de Jupi- ter , fans interruption , & Ton y trouvera bientot une matiere a de nouvelles recherches. Le catalogue general des etoiles eft une des chofes les plus effentielles a I'aftronomie. Celui de Flamfteed , fait il y a pres de iOO ans, contient environ 5000 etoiles; mais il eft trop ancien pour qu'on puift^e aujourd'hui s'en fervir avec fiirete. Ceux de la Cailie & Mayer qui font modernes , contiennent feu- lement les etoiles auftrales & les Etoiles zo- diacales. II refte a obferver les etoiles bo- reales , & M. Dagelet I'a entrepris a I'dcole militaire , avec un courage & une aftiduite incroyables; il avoit deja obferve 4000 etoi- les , quand un grand voyage , dont ;e vais bientot parler, I'a arrache malgre lui a cette importante entreprife. Les variations de lituation d'etoiles offrent encore un vafte champ d'obfervations & de decouvertes a faire. II eft prouve qu'Ardurus, cette belle etoile qui eft pour ainfi dire au bout de la queue de la grande ourfe, change de 4 minutes par fiecle ; ainli elle eft deplacee au moins de 80 mille lieues par annee. On a deja remarque de femblables deplacemens dans beaucoup d'etoiles ; mais, pour les con- noitre tous , il faudroit avoir obferve toutes V iv 194 ACADEMIE les etoiles chacune plufieurs fois, a de grands intervalles de temps , & c'eft de quoi nous fommes encore fort eloignes. Les changemens de lumiere qui arrivent dans les etoiles, font un objet d'obferva- tions qui eft: bien plus a la portee de tous les amateurs. S'il y avoit , par exemple , dans les cloitres des perfonnes aufli curieufes que I'etoit le P. Anthelme , Chartreux de Dijon au commencement du fiecle , on connoi- troit bientot un grand nombre de ces etoiles changeantes. Un gentilhomme d'Yorc nomme M. Goodrike, qui eft fourd & muet, en a deja remarque quelques-unes : par exemple , I'etoile appellee Algol , ou tete de Medufe, climinue tous les trois jours , au point quau lieu d'etre de la feconde grandeur ,elle eft a peine de la quatrieme. Je I'ai vue dans cet etat le 17 juin , a deux heures du matin , et'int a Ancy-Ie-Franc. Hier 20 aout, a 10 heures du foir, chacun auroit pu remarquer cette diminution de lumiere , ft le mauvais temps ne Teiit empeche , & on la verra le 9 feptembre a II ^ t^i-i ^o\r. J'ai meme appris , il y a huit jours, que M. Goodrike a obferve des changemens pa- reils dans I'etoile de Cephee. Quelles eton- nantes revolutions ne faut-il pas dans la na- ture pour que des globes de feu , qui ont probablement un million de lieues de circon- ference , perdent ainfi leur lumiere pour la recouvrer dans quelques heures. Cela eft: cgalemeat incomprehenlible , foit qn'on fup- D E D 1 J O N, lySS. 295; pofe qn'il y ait un mouvement de rotation & un cote moins lumlneux que I'autre , ou qu'on admette une grande planete qui tourne au- tour de Tetoile & qui en cache une partie a nos yeux. Des obfervations fuivies fur les taches du foleil , m'ont fait reconnoitre que ces taches fe forment en des points determines du globe folaire; enforte qu'apres avoir difparu fou- vent pendant des annees entieres , elles re- naiffent au meme endroit : les ecumes de cet immenfe fourneau qui a un million de lieues de circonference, font quelquefois beaucoup plus groffes que la terre; peut-etre font-elles arretees a la rencontre de quelques eminences ou montagnes du noyau folide du foleil , ce qui fait qu'elles paroiffent fouvent dans cer- tains endroits de fa furface. Des obfervations •■plus nombreufes pourront confirmer ou de- truire mon hypothefe. Mais ce mouvement de rotation du foleil, dont je me fuis long-temps occupe , m'a fait naitre une idee , ou plutot reconnoitre un fait qui pourra devenir bien important dans la cofmologie. Le foleil ne pent avoir \\n mouvement de rotation, fans avoir auffi un mouvement de tranflation , car il n'y a pas tie caufe phyfique capable de produire Tun fans I'autre : ainli le foleil accompagne de la terre , de toutes les planetes , & de toutes les cometes qui tournent autour de lui, avance dans I'immenfite des efpaces celeftes, fans que nous puiffions encore favoir vers 1C)6 A C A D E M I E quel cote. Mais iin jour nous appercevrons les diftances entre les^toiles s'agranclir a nos yeux dans une partie du cicl , & fe retrecir dans la partie oppofee ; nous faurons alors de quel cote nous avangons. M. Herfchel , dans les tranfadions philofophiques ,a donne iin ample commentaire de monidee ; il croit avoir reconnu que c'eft du cote de la conf- tellation d'Hercule que nous avan^ons ; mais je crois avoir des raifons fuffiiantes pour en douter. Le foleil tourne dans un plan qui ne differe que de fept degres de lecliptique, & la conftellation d'Hercule en eft beaucoup plus eloignee. Les cometes font la partie du fyfteme fo- laire que nous connoiffons le moins. Depuis 175 I , M. Meffier s'occupoit des obfervations aftronomiques ; & fon affiduite a parcourir ibuvent tout le ciel avec une lunette , lui avoit fait decouvrir plufieurs cometes qui , fans lui , nous auroient echappe. M. Mechain fuit la meme carriere, & il en a deja decou- vert quatre , y compris celle du mois d'avril dernier; c'eft la 72^. parmi les cometes que Ton a obfervees & calculees , de maniere a pouvoir les reconnoitre quand elles repa- roitront. Les cometes offriront eternellement un nouvel objet de recherches aux aftronomes. Newton a demontre fans doute qu'elles tour- nent autour du foleil; & celle de 1682, que nous avons vu reparoitre en 1759, a donne le dernier degre d'evidence a cette theorie. I D E Dijon, lySS. 297 Mais cette comete elle-meme nous a fourni une preuve des d^rangemens enormes aux- quels ces aftres font expofes , car fon retour fut retarde de dix-huit mois par I'attradion de Jupiter & de Saturne. On a vu enfuite la comete de 1770, dont le mouvement avoit €te fi derange , que fon orbite reffembloit a celle d'une planete qui feroit moins eloi- gnee de nous que Jupiter, & qui tourneroit en cinq ans : il paroit par-la que les appa- ritions d'une meme comete pourront etre fort differentes , & que les prediftions qu'on fera fur leurs retours feront toujours fort equivoques. Un des plus grands ouvrages que Ton ait faits pour I'aftronomie, eft le traite des co- metes que M. Pingre vient de donner cette annee en deux vol. i/z- 40. oul'on trouve tout ce qui s'eft fait jufqu'ici , foit pour la theorie , foit pour les obfervations des cometes , tons les paftages des auteurs oii il en eft parle, & toutes les orbites qu'il a ete poflible de calculer. Pour fuivre tant d'objets d'obfervations , le nombre des aftronomes eft bien petit. Ce- pendant on vient d'y fuppleer par un etablif- fement bien utile. Trois obfervateurs pay^s par le Roi, font attaches a Tobfervatoire royal de Paris , & veillent alternativement pour qu'il n'y ait aucune nuit fans obferva- tions , aucun phenomene fans obfervateur ; & qu a I'exemple de Tycho-Brahe , dans fon obfervatoire d'Uranibourg en Dannemarck^ 298 A C A D fe M I E les Fran^ais puiflent foiirnir a tons les aftro- nomes prefens & a venir un fond inepuifa- ble d'obfervations de toute elpece. On y trouvera aufli un feminaire d'aftro- romes pour les circonftances oil Ton en aura befoin, conime cela arrive de temps en temps. Lorfque M.Foulquier, intendant de la Guade- loupe , M. le comtede Choifeul-Gouffier, am- baffadeur a Conftantinople , ontvoulu avoir avec eux chacun un aftronome , on a eu peine a en trouver, & M. Tondu a ete oblige de faire fucceffivement les deux voyages : ce dernier nous apprendra bientot la pofition de la mer Noire fur laquelle ily a plufieurs degres d'incertitude, tandis que M. de Beauchamp, vicaire general de Babylone , ira determiner la lituation de la mer Cafpienne. L'etabiiffement utile fait a I'obfervatoire royal, n'eft pas la feule obligation que nous ayons au Roi & a M. le baron de Breteuil , les trois grandes academies en ont re^u de nouveaux bienfaits : il a lui-meme perfon- nellement forme cette annee le projet d'un voyage autour du monde , pour faire des decouvertes dans la geographie & la phyfique. Deux aftronomes , deux phyficiens , deux naturaliftes, deux peintres , ont ete choifis pour'cet embarquement ; on leur a fourni tous les inftrumens qu'ils pouvoient defirer. J'ai remis moi-meme a M. Dagelet, un pen- dule invariable, que M. de la Condamine avoit porte en Amerique , M. de la Caille .en Afriqiie , M. Mallet en Laponie , & M. D E D I J O N, iyS6. 299 Dagelet aux terres auftrales. Quand ce pen- dule aura fait le tour du monde, nous au- rons pour toutes les parties du globe , la pe- fanteur reelle qui doit indiquer, & I'appla- tiffement de la terre , & fon h6terogeneite , de meme que Tegalite ou Tinegalite de {qs deux hemifpheres. L'obfervation des marees eft aufli un des objets importans des inftru6lions que I'Aca- demie a donnees a nos navigateurs. Nous en connoiffons tres-bien les loix & les phe- Komenes generaux ; mais les exceptions lo- cales font prodigieufes , puifque la maree n'eft que d'un pied dans la grande mer pa- ci-fique, & qu'elle va jufqu'a quarante-cinq pieds a Saint-Malo. Nos navigateurs etoient en rade des le 16 juillet, & le I^^ aout les vents leur ont enfin permis de mettre a la voile. On a frappe une medaille a cette oc- calion , avec cette infcription : Lis frigates du Roi de France , la Boujjfole & C AfiroLahe , commandies par MM. de la Peiroufe & de Langle , parties du port de Breji en juin lySS. C'eft la dixieme medaille du regne de Louis XVI. Que ne doit-on pas efperer pour les fciences,' de la proteftion d'un Roi qui veille ainli par lui-meme a leurs progres, & qui, malgr^ fa jeunefle , a deja fi bien compris jufqu'oii s'etendent les devoirs de la royaute , & com- bien les fciences peuvent contribuer a la gloire de la France , comme au bien de I'hu- xnanit^i 500 ACADEMIE D'autres etabliflemens utiles a raftronomie ; fe forment encore ailleurs : riiniverfit^ d'Ox- ford vient de faire batir & dirpofer I'obferva- toire le plus complet que Ton connoifl'c. Le grand maitre de Make , a rinftigation de M. le commandeur de Dolomieu , a attire pres de lui M. le chevalier d'Angos , qui etoit connu par Ion zele pour I'aftronomie : il I'a re^u dans Tordre de Malte , a fait dif- pofer un obfervatoire dans fon palais , & conftruire des inftrumens a Paris. Nous n'a- vions point encore d'obfervatoire dans un climat aufli meridional & fous un auffi beau ciel , & deja il en a r^fulte des obfervations d'une nouvelle comete qui n'avoit point ete appergue dans nos regions feptentrionales. Les etats de Languedoc ont fait I'acqui- iition de Tobfervatoire & des inftrumens de M. Garipuy , pour les remettre a I'acade- mie de Touloufe ; tandis que les etats de Bourgogne ont procure I'etabliffement d\m obfervatoire a Dijon , pour qu'il ne manquat aucun fecours a une academic oii les fciences font cultivees avec ^clat. Le zele & I'adli- vit^ devorante de M. I'abb^ Fabarel , ont mis I'obfervatoire de Dijon dans un etat a fervir de modele. II n'y a dans aucun obfer- vatoire de I'Europe , une lunette meridienne mieux placee que la votre. L'emulation que vous excitez , MM. s'eft etendue jufqu'a la petite ville de Tonnerre, & j'y ai vu avec plaifir une meridenne de 70 pieds de long, qu'on vient de tracer dans une tres-ancienne D E Dijon, iy86. 301 €glife , dont les murs font de la plus grande folidite , & qui Cervira pour obferver les va- riations de retraction au folflice d'hiver , peut- €tre meme celles de I'obliquite de Tecliptique. M. Baudouin de Guemadeuc , ancien niaitre des requetes , & Dom Ferouillat , m'ont charge de vous prefenter la defcription de leur ouv^rage. Quoiqu'il y ait dans I'Europe iin grand nombre d'obfervatoires , il n'y a que huit endroits oil il y ait des aflronomes aflidus qui nous fourniffent des obfervations habi- tuelles & non interrompues : a Paris , M. Caffini , diredeur de I'obfervatoire ; M. le Monnier, M. Mechain & M. Dagelet. M. Maskelyne a Green"vrich pres Londres. M. Darquier a Touloufe. Le P. Fixlmillner , Benedidin a Crems- Munfter en Autriche. M. Slop a Pi('e« MM. de Cefaris & Reggio a Milan. M. WeifT a Tyrna en Hongrie. M. Bugge a Copenhague. Des provinces oii il n'y a point d'obfer- vatoires , nous fourniillMit des calculateurs tres utiles. M. du Vaucel a Evreux , a calcule toutes les eclipfes d'ici a Tan 2000, dans la nouvelle edition del'art de verifier les dates, oiiM. Pingr^les annfesjufqu'al'an 1900, &ea remontant jufqu'a looo ans avant J. C. M. Leveque, notaire a Breteuil , calcule nos nos ephemeiides. M. Robert, cure de Toul , a pris la peine de calculer les tables des finus 302 ACAD^MIE de fecondes en fecondes, en deux gros vo- lumes zVz-fol. ignorant que M. Taylor y tra- vailloit en Angleterre, & qu'on etoit lur le point d'imprimer ces grandes tables. Tels font , MM. jufqu'ici les fruits des travaux reunis de tous les aftronomes : il en eft un que vous daignates adopter, il y a trente ans, comme etant ne pr^s de vous, & qui s'efForce chaque jour de juftifier Tidee que vous voulutes bien concevoir alors de les difpofitions. Un des fruits les plus fatisfaii'ans de fes longs travaux , eft d'avoir aujourd'hui, pour la premiere fois , le bonheur delever la voix parmi vous , & d'exprimer publique- ment les fentimens d'une ancienne reconnoif- fance. ■Ml ma M £ M O I R E Su R le champignon ride , & fur les autres plantes de la mime famille. Par M. Durande. X A R M I les plantes decouvertes en Bour- gogne , depuis le temps oiij'ai public le ca- talogue des veg^taux de cette province (i) , (i) Entre awtres plantes , on a decouvert pres de D E Dijon, lySS. 305 \\ en eft iine qui femble m^riter crautant plus d'attention , qu'elle ne fait que com- mencer a fixer les regards des botaniftes; c'eft le champignon ride , ( boletus rugofus ) ftipitatus pinnnis ^ piho dbnidiato. Linn. II paroit que cette plante a ^te d^crite, pour la premiere fois , par M. Jacquin (i). Suivant ce celebre botanifte , ce champignon croit fur les troncs d'arbres pourris , il eft entierement ligneux , coriace & perfiftant; fon p^dicule eft dar , in^gal , de couleur baie, comme enduit d'un vernis , de la grof- feur d'une plume ou d'un pouce , en raifon du volume plus ou moins grand de la plante; ce pedicule porte un chapiteau prefque 319 dans les lieux ou ils les avoient ramaffes les annees precedtntes. Enfin , dit M. cle Necker, comme la generation ^t^ cham- pignons fe fait conftamraent iorfque le pa- rtnchyme ou tiTiu ceJluiaire a change de nature, de forme , de fondion , & mtme cle qualite , c'eft a la degeneration de cette partie que Ton doit ces productions. Si les champignons etoient dus limplement a la degeneration des plantes , i!s n'en fe- roient que plus eloignes de confrituer un rouveau regne ; ce feroit une decornpofition & non une nouvelle formation ou de nou^ Veaux etres. Au fiirpliis , on ne pent difcon^ Venir que dans les etres qui terminent les regnes vegetal & asiimal , I'organifation fe iimplifie , que les organes deftines a la nour- riture fe multiplient : mais comme le dernieif des infedes appartient au regne animal , les champignons doivent , malgre la fimplicite de leur organifation , appartenir encore ail regne vegetal. Le tiffu parenchymateux oil cellulaire qui , comme le dit M. Bonnet dans fa palyngen^lie philofophique , eil genera- lement repandu , qui embraffe le fylieme entier des fibres , & devient le principal inf- trument de raccroiffement , doit naturelle- ment fe trouver bien plus abondant dans ces plantes , ce qui fert a rendre raifon de la promptitude deleur accroiffement : d'ailleurs raccroiffement plus ou moins prompt ne fervit jamais a determiner la prefence ou Tabfence du caraQere vegetal ou animal. La Y 32.0 ACADEMIE drave printaniere qui , dans quelques fe- maines , poiifle fes tiges, fes feuilles, donne fes fleurs & les fruits , n'eft pas moins une plante que le palmier dont on ignore la duree & la vie. L'infefte qui n'a prefque qu'un moment d'exiftence, n'eft pas moins im animal que le cerf qui vit trente-cinq a quarante ans. Quant aux femences des cham- pignons , il eft probable que la nature a voulu louftraire a nos yeux la diffemination de ces plantes , en rendant les graines pref- qu'imperceptibles ; il I'eft egalement que les naturaliftes n'ont vu ou fenti tout au plus que les capfules. Mais de ce que la foibleffe de nos Tens ne pent nous permettre d'ap- percevoir ces femences, doit -on conclure qu'elles n'exiftent point ? Eft-on autorife a penfer ainii , parce qu'on ne retrouve pas les champignons dans les memes lieux oil ils avoient ete ramafles les annees precedentes? Nonfans doute, puifque la plupart des plan- tes exigent un terreau particulier, & que ce meme fumier qui cette ann^e favorife dans nos couches le developpement de vegetaux rares , n'aura plus I'annee prochaine la meme propriete. On n'eft pas plus fonde a nier I'exiftence de ces femences, fur ce que les pretendues graines des champignons , les lambeaux de ces plantes ou leur lavure ,ne fervent point a faire lever des champignons de meme efpece. La nature paroit setre referv^ le foin de femer certaines plantes : c'eft inutilement , par exemple , que le bo- b £ Dijon,' lyS:^. 321 taniftefeme la pouffiere des capfules de Tor- chis , a laquelle on ne conterte point le nom de femence: d'aillturs, qu'eft-ce que ces par- ties obfervees dans les champignons par d'ha- biles naturaliftes , & prii'es pour etre celles de la frudification (l) ? Ces parties font en- tierement diftinftes du reile du champignon ; quel que foit leur uiage , elles ne peuvent fe former feulement par une fuite du pro- longement du tiffu cellulaire , ou des fibres de Tarbre ; elles font done dues , de meme que la fleur & le fruit , a I'organifation pro- pre des plantes ; ces plantes ont done une exigence particuliere , independante du vegetal en putrefaction fur lequel elles pren- nent leur accroiffement. Les feulllets de certains champignons, qui different entiere- ment du refte de la plante , quant a leur con- formation , fufHroient pour autorifer cttte derniere opinion : d'ailleurs, quelle exiflcnce peut donner la putrefadion ? Par exemple ^ fuivant Tobfervation de M.Gleditfch, le lyco^ perdon carpobolns nait dans un fol compofe de la poufTiere des bois caries & des plantes pourries. A peine les chenes creux , d'une (i) Uexplofion du lycoferdon carpoholus ^c\\x\ 2. lieu ordinaiiement dans les mois d'cftobre & de novembie, & qui a ete obfervee par Micheli 6f M. Gleditfch, ft elle n'eft pas deftinee a repandre les femences , comme on peut le conjefturer, eft au moins une operation qui. ne peut guere convenir ^ un etre inorgar.iie. Yij 322 A C A D E M I E vieillefTe decrepite , d'oii emane ce bois carie , ont-ils un refte de vie , comment leur carie pourroit-elle done donner la vie a un champignon aiifli bien organife que I'eft le caipobolus ? La putrefaftion qui detruit tout , ne produilit jamais des etres aufli reguliere- anent conformes. La nature repand fans doute dans I'air & fur la terre des graines innombrables de champignons , comme elle repand des oeufs d'infedes. Les uns & les autres eclofent ou fe developpent , lorfque le terrein ou la tem- perature font favorables a leur developpe- ment. Eft-il concevable, difoit M. de Fon- lenelle , que ces produftions de la nature refultent d'un concours fortuit ou de quel- ques fucs diverfement agites ; que ce concours fortuit foit en meme temps fi re- gulier,qu'il produife toujours dans les memes efpeces une infinite de plantes parfaitement femblables ; & fi limite , malgre I'etendue in- finie que le fortuit doit avoir, qu'il ne pro- duife jamais aucune efpece qui ait et6 juf- ques-la inconnue? 11 me paroit qu'il fiiffit de Jeter les yeux fur les belles & nombreufes planches de champignons, publiees par M. Schoeffer, auxquelles il en refte encore phi fieurs a ajouter , & de les comparer avec les loupes & autres excroiflances animales , pour fe convalncre que ces produdionsn'ont pas une meme origlne. La puiflance du tiffu cellulaire des vegetaux feroit done bieti fiiperieure a celle du meme tiffu chez le D E Dijon, lySS. 315 animaux, oil il ne produit que des diffor- mites. La plupart des champignons prefentent certainement une configuration trop regu- liere , trop conftante , trop uniforme , pour que Ton puiffe attrlbuer leur origine au ha- fard de la putrefadion ; ils confervent conf- tamment la meme forme, en quelque lieu qu'on les rencontre ; ils doivent done in- dubitablement contenir en eux-memes les principes de leur reprodudion : ils alTimilent a leur propre fubftance les fucs qu'ils ab- forbent ; ils different par la faveur , I'odeur , ibuvent meme par la coniiftance & la cou- leur, des plantes fur lefquelles ils croifTent. On ne pent done les comparer qu'au gui, a I'hypocifte & autres plantes parafites qui font entierement diftinites des arbres & des arbuftes fur lefquels on les obferve. Les champignons font done des etres organifes & vivans , ou autrement de vraies plantes. Si Ton ne connoit pas affez la maniere dont j!s fe reproduifent , plufieurs infedes font dans le meme cas ; & les champignons font des plantes , comme ces infedes font Azs animaux dont Thiftoire, quant a la repro- duftion, n'eft pas affez connue , mais qui n'en occupent pas moins une place diftinfte dans les regnes vegetal & animal, fans qu'il foit neceflaire de creer pour eux de nou- veaux regnes. On doit favoir gre aux naturalises Je s'occuper de la cryptogamie , dans laquelle Y iij 324 ACADEMIE il rc-fte tant de chofes interefTantes a obfer- ver ; mais on pourroit defirer que leur tra- vail ne parut point dirige a nous replonger dans le cahos d'oii les obfervations des Rcdi, des Malpighi, &c. fembloient nous avoir pour toujours retires. REFLEXIONS SuR les induclions que ton tire dc Id mort d'un homme , arrivee dans I'ejpace des 40 jours qui ont Juivi le moment oil il a ete blejfe. Pa R M. M A R E T. I E public , prefque toujours inconfidere dans fes jugemens , croit qu'il eft impoiFible qu'un homme qui a ete maltraite & qui meurt pen de temps apres, ne foit pas mort des coups qu'il a re^us. Ce prejuge qui n'a d'autre fondement que le raifonnement vicieux , pofi hoc ergo propter hoc^ eft d'autant plus dangereux, que les ju- ges , charges de veiller a la fiirete des ci- toyens, ne font pas a I'abri de i'illufion qu'il eft capable de faire ; que dans le cas d'une mort furvenue en pareille circonftance , ils font forces par le cri public d'inftruire une^ ■)^ D E Dijon, lySS. 325 procedure criminelle centre le malhenreux foupgonne d'homicide. Si la rixe eft conf- tatee, Taccufe ne pent eviter remprifonne- ment que par la fuite. Sa main , fon cceur peuvent etre innocens. Mais fa confcience, mais I'equite de (es juges le raffurent en vain , le prejuge le reduit a la condition des cri- minels. II ne pent fans effroir porter (es re- gards fur I'avenir. Tour ce que la perfpedive lui ofFre de plus confolant, eft la neceffite de venir lui-meme fe charger de fers pour purger fon dec'et/Sr I'efpoir d'obtenir un arret, qui, apres une detention plus ou moins longue , le rende a la fociete, mais fans dedommac;e- ment des pertes qu'il aura faites & des maux qu'il aura foulTerts. Deux celebres proces criminels, dans lef- quels j'ai confulte , m'ont rendu fenfible le danger de ce prejuge : ils ont donne lieu aux reflexious que je vais hazarder. J'ai vu qu'en prenant ce prejuge pour guide, on etoit expofe a fe tromper, parce qu'il peut fe faire que rhomme le mieux portant en apparence , recele dans fon fein une caufe de mort qui produira ion effet dans un moment plus ou moins rapproche de celui oii cet homme aura ete maltraite. Parce que des circonftances abfolument etrangeres a des bleffures, meme confidera- bles , peuvent influer fur I'evenement , fans que ces bleffures foient mortelles par elles- niemes. Parce qu'enfin les precautions ordonnees Yiv 326 ACADEMIE par le legiflateur, dans rintention de con-- noitre la nature du delit, font le plus fouvi^nt inlufHfantes , & capables de livrer a Terreur centre I.'.quelle on travaille a fe preniunir. La poffibilitd de voir mourlr I'nbitement des pc'i'onnes dont la vie paroifToit devoir etre prolongee a un terme fort recule , eft line c!c ces verites qu'il devioit fuffire d'c- nonctr. Mais, quelqu'evidente qu'elle foit , le prejuge dont je m'occupc , I'a fait fi fou- \ent perdre de vue, qn'il n'cft pas inutile de I'etayer de preuves, de rappellc^r qu'il n'ert: aucun recueil d'obfervations medicales oU el'e ne foit etablie par des faits decififs , St que Texperience journaliere en fournit par- toi'.t d'aufTi concluans. Foreftus (i) , Hildanus (2), Velchius (3), IJonhi-s (4), Bonnet (5), Morgngni (6), & uno infinite d'autres auteurs, donnent a ce f«)';t des obfervations non moins frappantes qii authentiques. On voit , a la ledure de ces differens ©uvrages, des morts fubites caufees par des smas de graiffe autour du coeur & des gros (i) Obfervati & curati medicinalium. (^) Obfervat. &> curati chirurgianUm ccnturia. (3) De renunciatione vulnerum apud Mange ti bibtiothi thirtirgicam. (4) Eiidem in colle6iione. (<)') Sepulcbretum andtomicum. (6) Vc fedibus & (uujis morbor, per anatomem inda^ V. D E Dijon, i^8S. 327 vaiffeaux , par des dechiremens fpontanes de ces organes , par des epanchemens inftaii- tanes de lang & de ferofit^ dans les ven- tricLiles du cerveau , par des ftafes fanguines dans les finus de ce vilcere, par line mul- titude d'autres caufes non moins furprenantes qu'imprevues. Mais fans recourir a des autorites etran- geres , je pourrois citer pluiieurs evenemens du meme genre qui ie font paffes fous les yeux de nos concitoyens. Je me bornerai 3 en rapporter un qui fit dans le temps une grande fenfation. M. le Bret fils , profefTeur en droit de I'univerfite de notre ville , jouiffoit d'une fante qui paroiffoit lui promettre une vie tres-longue. Son corps etoit bien propor- tionne-, fon embonpoint mediocre , fon co- loris frais & brillant ; il etoit a la fleur de fon age. Une indifpofition legere en appa- rence le determine a fe mettre au lit; il tombe mort en y montant ; tous les fecours imaginables font inutilement employes. L'ou- verture de fon corps n'offre d'abord qu'uii engorgement fanguin des vaiffeaux du cer- veau. Get effet caufe d'autant plus de fur- prife , qu'aucune paflion vive , aucun abus de liqueurs fortes n'avoit pu I'occafionner. On pourfuit les recherches ; on trouve que le corps des dernieres vertebres du cou & des premieres du dos, eft herifl^ d'excroif- fances ofTeufes en forme d'epines greles & im pen recoiirbees. On obferve qu'en em'. 328 A C A D E M I E braffant les gros vaiffeaux deftines a rame- ner le fang dxi cerveau , ces excroiffances avoient forme des etranglemens de ces vaif- feaux , & s'etoient oppofees an degorge- ment des finus de la dure-mere. Un autre fait rapporte par Bonhius (i), merite encore d'autant plus d'etre cite , que non-feulement il prouve la poffibilite d'une mort fubite determinee par ime caufe na- turelie, mais encore le danger de tirer des induftions fauffes du concours des circonf- tances. Une femme, dit ce favant, dont les liens de I'hymen formoient une chaine pefante, & qui n'avoit pas eu la politique de diffi- muler les fentlmens que lui avoit infpires un mari violent & injufte, s'appergut un jour a fon reveil , que fon tyran etoit mort a fes cotes pendant la nuit. A la nouvelle de cette mort, les foup- cons fe portent fur cette infortunee ; on fe faifit d'elle , mais rouverture du cadavre la difculpe. On trouve que le dechirement du ventricule gauche du coeur avoit fubitement arrets la circulation , & determine fponta- nement la mort , fans qu'aucune violence eiit pu I'occafionner. Ce fut le prejuge des quarante jours qui autorifa les foup^ons ; il expofa cette mal- heiireufe femme aux horreurs d'une accufa- (1) Ddns fon traite de dcponendi rations, pag. 63. D E Dijon, iy86. 329 tion capitale & d'une enquete criminelle. Ce prejiige eiit produit le meme effet , li M. le Bretjii les fujets dcs obfervations con-. iignees dans les recueils dont j'ai fait men- tion , euiTent ete les objets d'une mauvali'e volonte, comme s'ils euffent ete maltraites quelques inftans , quelqiies jours, quelqucs femaines avant le moment fatal. La poffibilite d'une mort imprevue par une caufe naturelle , & du concours de cette mort avec le moment d'une rixe, pourroit done fiiffire pour etablir le danger du prejuge des quarante jours. Ce danger devient plus frappant encore, quand on fait attention a rillulion que peuvent faire les apparences , a la difficulte de remonter en toute occafion de I'effet a la caufe, a I'influence qu'ont quel- quefois fur Fevenement , les circonitances , les difpolitions particulieres des bleffurcs qui n'etoient pas mortelles par elles-memes : des maladies aigues peuvent caufer la mort, fans que les effets des violences fuffent ca-^ pables de la donner. Ces affertions non moins evidentes que la premiere , n'auroient encore befoin que d'etre enoncees , fi je n'avois pas a combattre un pre- juge enracine : mais en pareilie lutte , on ne; doit negliger aucune reffource. Or , que j'ouvre tons les obfervateurs qui ont ecrit depuis Hyppocrate jufqu'a nous, tous le aiiteurs, tels que Velchius^ 330 A C A D E M I E Bonhius (i) , Zacchlas (i) , &c. qui ^e font attaches a determiner le cara^tere des blef- iiires mortelles ; je troiive par-tout qu'on ne doit pas , Tans reftridtion , attribuer a une bleffure la mort qui la luit de pres. Que Tintemperie de la iaifon , I'etat de foibleffe du bleffe , fa mauvaife conftitution, ont rendu funeftes des bleffures qui ne de- voient pas I'etre. Que le laps du temps qui s'eft ecould entre le moment oii les coups ont ete re^us, & celui oil Ton eft venu au fecours du bleffe ; que I'imperitie , Tinaclion , ou Tim- prudente adivite de ceux qui I'ont fecouru , ont plus d'une fois influe fur I'evenement. Qu'une maladie aigue ou chronique, telles que la phtyfi^ , Thydropifie , la maladie ve- nerienne ,une apoplexie , une fievre ardente ou eruptive , ont decide la mort desbleffes, fans que leurs bleffures aient ete de nature a la caufer. Enfin , que bien fouvent les apparences en ont impofe a des gens peu attentifs. II me feroit facile de juftifier toutes ces affertions par des milliers d'obfervations. Je n'en rapporterai que trois , dont deux me font particulierement connues par les de- tails de proces dans lefquels j'ai confulte ; (i) Traite dc nnunc'iationt vulnemm , dans le 3*. vol.' lie bibliotheqiie chirurgicale de Manget. (i) Tom. I, liv. V, tit. II, queft. ill, v & W. D E Dijon, tyS5^ 351 & la troifieme , par le recit meme de I'ob- fervateur. Un jeune homme eft maltrait^ , mais pa- roit en public pendant plufieurs jours apres la rixe : une fievre eruptive tres-meurtriere regnoit epidemiquement ; il la comrade & meurt. On I'avoit inhum^ , quand le juge inftruit des mauvais traitemens qu'il avoit effuyes, crut devoir s'affurer de la caufe de cette mort. L'exhumation fut ordonnee : )a pourriture avoit commence a fe faire ; elle etoit plus marquee dans quelques parties que dans d'autres. On crut y reconnoitre les veftiges de quelques contufions ; & fans faire atten- tion que de femblables bleffures ne font pas mortelles par elles - memes , quelque confiderables qu'elles foient , & que Talte- ration putride les avoit denaturees , fans tenir compte de I'influence que la fievre epidemique pouvoit avoir eue fur Fevene^ ment, les experts prononcerent que ce jeune homme etoit mort des coups qu'il avoit regus. Ceux qui les ont portes furent pourfuivis comme affafUns : ils n'echapperent au fiip- plice & a I'infamie , que par la force des raifons developpees dans les confultations des medecins & des chirurgiens dont on in- voqua les lumieres. La meme inattention dans I'examen dw cadavre d'un homme mort pen de temps apres avoir effuye des violences, & exhume trois jours apres I'inhuraation ; la meme negli- 33i ACADEMIE gence a s'occiiper des accidens qui avoient precede le dernier moment de cet homme; la meme indifcretion dans le jugement de la caufe de fa mort , forcerent le premier juge a precipiter dans les cachots une fa- mille entiere. Elle n'en feroit lortie que pour paller fur un echafaud , fi Thiftoire fidelle des accidens n'eiit mis les confultans dans le cas de demontrer qifune apoplexie avoit termine les jours de celui dont on croyoit devoir piinir Taffaflinat. Un autre juge auroit eu de meme la dou- leur de pourfuivre comme homicide un malheureux qui avoit frappe une femme en- ceinte , fi le chirurgien (i) charge d'exa- miner le corps du delit , fe fiit laiffe fcduire avec les apparences. Cette femme accoucha d'un enfant mort quelques jours apres la rixe. Une tumeur pen elevee & violette , obfervee fur I'epine du dos , paroiffoit aux a/Tillans , & meme au chirurgien traitant, un effet des coups, & la preuve complette de I'aflaffinat de cet enfant dans le ventre de fa mere. Mais le commis , au rapport , reconnut que cette tumeur etoit un fpina bifida , ma- ladie mortelle par elle-meme, & TafFaire ne fut pas fuivie au grand criminel. Dans tous ces cas , le prejuge des quarante (i) M. Ravachat, Maitre en chirurgie, mort depuis quelques annees. D E Dijon, lySS. 333 jours avoit fait naitre les foupcons ; il avoit arme la jullice de fon glaive, & ce glaive, dans les deux premiers , etoit fur le point de tomber fur des tetes innocentes. Le dan- ger de ce prejuge n'ell done pas problema- tique. En vain fe raffuroit-on fur les precautions ordonnees par le legiflateur pour conftater la nature du crime; ce prejuge nefit-il qu'inf- pirer des foupcons , que livrer un accufe a I'horreur de Tinquietude , a celle de I'em- prifonnement , il feroit affreux & digne de la profcription. Mais quelle idee doit-on en prendre , quand on voit que les precautions ordonnees pour prevenir I'erreur font ren- dues illufoires par des abus nes a cote de la loi ; quand on voit I'examen que cette loi prefcrit , fait le plus fouvent dans des circonftances defavorables a la decouverte de la verite, & par des perfonnes que leur capacite ne met pas toujours a I'abri de I'erreur & du malheur. Nous devons le dire hardiment , parce que rinteret de I'humanite I'exige ; le temps qui s'ecoule le plus fouvent avant qu'on ait pu faire les recherches neceffaires , le peu de capacite de ceux a qui les recherches font quelquefois confiees , rendent tres-frequcm- ment les rapports errones, ou tout au moins peu concluans. Le juge feul ale droit d'ordcnner I'ouver- ture & I'examen des corps dont la caufe parce que celles-ci reftant les memes , la quantite des autres diminue de plus en plus; ce que prouve auffi I'alkali du tartre, qui, expofe a la circulation d'un air fee , c'eft-a- dire , contenant pen d'eau , n'en detache pas le moindre atorae , tandis qu'il ne manque pas de s'humefter, de fe liquefier meme, fi Tathmofphere eft humide : cette loi , dis-je^ de I'attradlion , etant univerfelle, on ne pent douter qu'elle n'ait lieu a Fegard de I'aic conftdere comme le diffolvant ou le menftrue ( I ) Dans un fiecte oii Ton a tant dcrit fur I'air & fuf la contagion, 3'etois furpris de ne trouver nuUe part cette idee ; mais mon etonnement a cefK a la leiture de la notice dn memoire de M. de Berg , couronne par la Societe Royale de Medecine de Paris , inferee dans la| Gazette lalutaire, annee 1778, n°, xxviij. A a i) 0^4 ACADEMIE des exhalalfons, & par confequent 11 eft de toute certitude qu'en augmentant le volume refpedtif de Tair , on rend les miafmes, hif- fent-ils meme pcftilentiels, ft adherens, qu'on peut fejourner impunement dans cet air & le refpirer ians le moindre danger d'infedion , puifque les molecules ainfi repandues , font, a regard de la maffe athmol'pherique , ce qu'eft dans le fel alkalin le dernier atome d'eau, lequel ne cede qu'a la derniere vio» lence du feu ; c'eft-a-dire , que Tunion reci- proque entre fair & le corpufcule en quef- tion , eft fi forte , que Tattradion des vaiiTeaux abforbans ne pent la rompre , & qu'ainli tout cet air peut paffer par les veficules pulmo- naires, fans rien communiquer de nuilible a la mafte du fang. Cette verite eft appuyee de Tobfervation de Sorbait ( I ) , qui dit avoir remarqu^ qu'il periffoit trois fois plus de monde de la pefte qu'il decrit, lorfque le temps etoit pluvieux, que lorfqu'il etoit ferain. Car, qui ne voit que j| cette difference etoit due a la diverfite de ' condition de la vertu attr;i6i:ive de fair, qui, fature des vapeurs dans la premiere confti- tution, ne pouvoit abforber ni difloudre la jnatiere de ia tranfpiration , ou les etfluves peftilentiels desmalades, lefquels flottans li- brement dans I'athmofphcre' confervoient la liberte de s'infmuer dans le premier corps qu'ils rencontroient; au lieu que cette liberte . •— — ■ ' * (i) Vanfwietsn, Comm. in £oerhaav<, torn, r, p. 160, D E Dijon, iy83. 3^^ leur etoit otee dans la feconde, par I'unioa 6troite qu'ils contraftoient avec la maffe d'un air pur qui s'en emparoit avec avidit^, & les diffolvoit completement. Or, te lerepete, lorfque cette diflblutiort eft line fois faite, il n'y a plus rien a craindre de la part de I'air que nous refpirons, & s'il reftoit encore quelque doute fur ce fait im- portant , apres tout ce que j'ai avance juf- q'.rici pour le prouver, je produirois , pour le diffiper, une obfervation faite dans cette pefte terrible qui en 1718 & J719 fit perir dans la feule ville d'Alep quatre-vingt mille perfonnes en fix mois ; favoir , que les fa- milies angloifes & autres europeennes qui furent s'en garantir en fe renfermant dans leurs maifons , montoient cependant impii- nement fur leurs tcrraffes ( qui dans cc pays- la fervent de toils ) ou fe parloient des fe- netres des etages fuperieurs ; & cela, remar- que le celebre Vanfwieten , parce que la contagion qu'exhaloient les peftiferes fe trou- voit deja li diffoute par I'athmofphere a cette hauteur , qu'elle avoit perdu fa force ; car on fait , aioute cet oracle de la medecine , que les venins les plus terribles ceflent d'etre nuifibles lorfqu'on les diffout dans beaucoup d'eau : d'oii il conclut que le venin de la pefte eft d'autant plus virulent, qu'il eft con- denfe & reuni , d'autant moins meurtrier , qu'il eft rarefie , etendu Sc difperfe ( 1 ), (,i ) Comments in Boerhaavc^ com. v, §• '407» 556 A C A D E M I E Ce fait bien pefe difculpe enti^rement rathmofphere des calamites qn'on lui im- pute; car fi la caufe du mal refidoit dans ce grand ocean , on ne gdgneroit tien a fe ren- fermer , puifqne I'air commun a acces dans nos maifons, & qu'on ne peut vivre fans le arefpirer. Mais ce qui acheve de prouver que la caufe n'eft pas ainii difperfee, qu'au contraire elle eft concentree dans Tair meme de nos habitations , c'eft Tobfervation qui apprend tjue la calamite refifte aux vents doux & moderns , & ne cede qu'aux violens & im- petueux; ceux-la cependant fuffiroient, dans la premiere fuppofition , pour faire ceffer la inaladie , puifqu'ils chaffeiit tout le volume d'air qui baigne les endroits infeftes, & pour peu qu'ils durent , lui font fucceder un autre air qui vient des lieux eloignes & exempts de maladie. Puis done qu'il taut de forage, de la tempete , des vents violents & impe- tueux , en un mot , des ouragans pour faire eeffer les epidemics , c'eft une preuve pe- lemptoire qu'elles ont leur ficge dans les re- joins , les trous , les reduits les plus abrites de nos maifons ; car Ton con^oit aifement que , pour renouveller des portions d'air ainii croupilTanteSjil faut de grands coups de vent, ou un mouvement terrible qui donne le branle ^ toute Id mafle, Croirat-on apr^s cela que la pefte a fou- yent eu fon foyer dans un nuage fufpendu ^u dcfTus des endroits affliges de ce fleau , i D E D I J O N , tyS^, 357 tandis que perfonne ne s'avifoit d'emprunter Ics ailes d'icare pour aller refpirer ce me- t^ore. Ty^^s globes de feu appercus dans I'air, ou qui tombent , felon plufieurs auteurs , pen- dant le regne de la pefte , meriteroient quel- qu'attention , li ces phenomenes n'apparoif- foi^nt que dans ces temps de calamites : mais que ne pent pas la frayeur ? Quoique le virus de la pefte foit affurement imperceptible , on a cru le voir raffemble dans un peu de fumee qu'une mauvaife cheminee faifoit refoulcE dans une charnbre clofe , &c. Des qu'il eft prouve par I'cxp^rience cfu'on peut fe garantir d'une maladie contagieufe quelconque, en fe renfermant, & qu'il fufF^ d'une feule perfonne venue du dehors pour infecber toute une famille ainii ifolee ; il eft manifefte que la caufe de ces fortes de ma- ladies ne refide pas dans ratlimofphere. Si done lair contribue queiquefois a re- pandre la contagion , ce n'eft jamais de fa^ nature, mais uniquement par accident, ou lorfque de facheufes circonftances Fempe- chent de nous favorifer de fes falutaires pro- prietes , comrae lorfqu'etant emprifonne il eft prive de la facuke de fe renouveller, & qu'en confequence il lui arrive plus d'emanations qu'il n'en peut abforber & intimement dif- foudre , ou que celui que la refpiration , feloa- le fentiment des raodernes , docompofe pons- I'iniinuer dans nos humeurs, abandonne plus de miafmes que n'en peut reprendre i'air fix& 558 A C A D i M I E qui en fort. Mais il depend de nous, dans la plupart de ces cas, d'obvier a cet incon» venient; & nous devons nous en prendre a notre negligence , fi ce fluide , deftine par I'Etre fupreme a nous preferver , devient quelquefois la caufe ou le vehicule d'une maladie communicative. De fait , les influences de I'air nous feront toujours utiles & favorables, relativement a la contagion, des que nous aurons I'attention de lui menager des ouvertures correfpon- dantes , au moyen defquelles il puiffe d^- ployer fa faculte de pompe foulante , exercer la fondion dun excellent ventilateur; & dans le cas oil le jeu de cette admirable machine ne pourroit avoir lieu, ou feroit infuffifant, ii nous avons foin d y fuppleer, en arrangeant les foyers putrides de maniere que la pro- portion entre la quantity de leurs emanations & la faculte abforbante de I'air foit a I'avan- tage de cette derniere; pour lors nous aurons toujours lieu de nous louer de fes bonnes qualites , 8f loin de lui attribuer la propa- gation de nos maladies, nous le reconnoitrons pour I'agent falutaire qui nous en garantit. Nous devons done, lorfqu'il s'agit de nous mettre a I'abri de quelqu'infeftion , travailler a ce que la quantite de miafmes deleteres foit la moindre poflible dans lair que nous refpirons; toutes nos precautions a prendre dans les temps d'epidi^niies & d'epizooties , fe reduifent a ce feul article , & il ne s'agit que de cela dans tous les cas imaginables } D £ Dijon, lySS. 3 jj^ Or,Iesmoyens d'obtenir ceite condition, confiftent a d^truire les foyers malins , a les Eloigner; & quand cela ne fe pent, a mo- d^rer leurs emanations , iinon a les chaffer dans les hautes regions de I'air. Relativement a la deflriiftion des foyers ,' ne feroit-il pas avantageux, en temps d'^pi- zootie , de renfermer dans im enclos eloign^ de nos demeures, un nombre fuffifant de grands chiens , ou autres animaux carnailiers qui devorafTent les cadavres des betes mortes de maladie qu'on y jetteroit ? Le b^n^fice que j 'attends de la voracit6 des betes d'lm autre genre que les mortes ou malades , eft fonde fur ce que les miafmes font produits par certaines modifications de I'adion vitale; car en phyfique , comme en isorale , rien n'eft plus propre a d^truire un etre , que les caufes qui lui ont donne naif- fance, arrangees d'une fa9on toute oppofee; puifque fi un ordre d'aftion a pu produire, une ordination contraire doit avoir la puif- fance de detruire; par confequent la digeftion que feroient ces betes feroces de la chair d'aniraaux d'efpece difFi^rente de la leur, fe- roit le veritable antidote des miafmes que nous cherchons a aneantir,puifqu'ils devroient abandonner leur caraftere, pour prendre celui de I'animal qui les convertit dans fa fubftanceJ Ces betes nous d^livreroient done en un jour d'un danger auquel nous reftons expofes dans la methode ufitee pendant bien des annees, ainfi qu'il eft prouv^ par lepizootie aduellff;| 560 ^ A C A D E M I E qui, malgr^ toutes nos precautions, continue depuis un demi-iiecle a ravager fucceffive- ment les differentes parties de TEurope. Dans la pefte de Vieune, tie Tan 1713, on remar- qua que les maifons qui avoient lervi d'ho- pitaux, & celles dans lefquelles il avoit peri plufieurs perfonnes pendant la maladie pefti- lentielle de Tan 1679, furent les premieres infedees , & que le nombre des morts y fut jncomparablernent plus grand que dans le refte de la ville(i). On lit dans le journal phy- fique de M. i'abbe Roiier, que trois ouvriers de Marfeille moururent fubitement tous les trois, au moment qu'ils eurent donne quel- ques coups de beche dans un endroit oil Ton avoit, trente-cinq ans auparavant , enterr^ un grand nombre de cadavres (2). Les mai- fons, dans la premiere obfervation , avoient done , malgr^ qu'on les eiit fans doute lavees , balay^es, aerees, parfumees, avoient, dis- je, conferve un germe d'infeftion qui a fer- mente de nouveau & repris vigueur au bout de trente-quatre ans; & la terre dans laquella les cadavres de la feconde ont ete enfouis , & dont ils ont ete recouverts pendant fept luftres , n'a pu detruire la quaiite meurtriere des miafmes putrides : d'ou il eft evident qu'oa fe fait illufion , en croyant qu'il fuffit d'en- terrer profondement les cadavres pour fe (1) Vanfwieten, torn, v, §. 140^. (i) Tom. I, pag. 109. D E Dijon, iy85. 361 mettre a I'abri de I'infeftion, comrae fi Ja ^erre poffedoit la vertu de changer la nature des fubflances , tandis que ce privilege eft referv^ aux organes digeftifs des corps orga- nifes , qui font les petits laboratoires de la nature , & a la region fuperieure de notre athmofphere qui en efl le grand attelier, & dans lequel elle fait fubir aux vapeurs & exhalaifons de teas genres qui s'y elevent, le grand oeuvre de leur tranfmutation par les meteores ignes qu'elle y excite. Or, fi Ton reflechit que ce que le feu fait la haut, il pent Toperer ici bas , Ton com- prendra que Tignition eft un autre moyen de detruire les foyers. L'on s'en fert avan- tageufement pour fe debarrafTer des pailles, litieres , foins fufpe^ls , & autres matieres combuftibles ; c'eft meme probablement la depenfe qui aura detourne d'en faire ufage a regard des cadavres des betes mortes de ma- ladie contagieufe. Neanmoins, quelqu'excellent que foit cet agent , je n'ai aucune coniiance a ces feus publics par lefquels on s'eft flatte autrefois d'aneantir le fleau de la pefte; car, croyant aufli peu au malefice de I'air libre qu'a celus de cet air que I'antiquite pretendoit etre rempli de forciers , je donne la preference au feu domeftique , aux braifes bien aidentes de nos foyers , fur celui qu'on allumeroit dans les rues en temps de pefte & de con- tagion ; & cela , parce que le premier renou- yelle i'air de nos maifons , c'eft-a-dire , qn a 562 ACADiMIK un air infefte, il en fait fucceder un fain : au lieu que le fecond ne fait qu'un echange ft6- rile dun bon air contra un autre qui I'elt aufli, mais qui d'ailleurs donne lieu au peuple de s'attrouper , ce qui eft la chofe la plus pernicieufe dans des temps de calaraites. kwfCi je n'hefite pas d'attribuer a cette derniere caufe I'augmentation de la pefte qui fe ma- nifefte apres des feux etablis publiquement ♦ par ordre des gouvernemens, ou allumes par hazard : la chofe merite que je trnnfcrive ici les paflages de deux auteurs celebres , Mead &£rnelet, qui nous en ont tranfmis I'hiftoire. Le premier dit , que les feux ayant ^te or- donnes dans toutes les rues pendant trois jours, en vue de purger I'air de la pefte, il ny eut pas moins de qiiatre mille perfonnes emportees en une des nuits fuivantes , ////« no&e ijifcquenu , tandis que chacune des fe- maines auterieures & pofteiieures a cette tentative n'en fournit guere que trois fois mutant. Le fecond rapporte qu'une pefte qui , du premier mai jufqu'au dernier odobre , avoit fait perir plus de 20000 ames, mais qui enfin tendoit a fa fin, fe ralluma tout-a-coup apres un incendie arrive par malheur dans un des fauxbourgs de Varfovie ( i ). Car , quiconque confidere que des feux ordonn^s parmi toute une ville , ou un incendie con- iid^rable dans un de fes quartiers , font des (1) Vanfwieten, Comment, §. 1407. D E Dijon, iyS6. 365 fpeftacles affez extraordinaires pour y attirer la foule du peuple , conviendra que I'augraen- tation de la maladie fut tnoins I'efFet du feu que celui du melange des perfonnes infeft^es avec les individus fains ; & il eft d'autant plus important de ne pas prendre le change a cet egard , que la veritable caufe reconnue fuggere des precautions a prendre dans bien des occafions : peut-elle ne pas reveiller I'at- tention des officiers de police a faire obferver plus rigoureufement dans des temps d'epid^- mies & d'epizooties , les ordonnances qui prohibent les attroupemens? On devroit auili, par la mcme raifon, interdire les pelerinagesg les convois , les proce/lions, qui fe pratiquent encore dans bien Q.t^ endroits, dans les temps de calamites. Au furplus , il feroit expedient de munir nos temples d'un corridor place !e plus pres pofTible des voiites , oil fe place- roient les habitans des maifons oil il y auroit quelque maladie contagieufe , les fermiers dont les ^curies feroient infe^ftees, les mede- cjns , les chirurgiens , les hofpitaliers , les garde- malades, pendant le regne des epide- mics & des epizootics. En effet , le foyer le plus redoutable a Thomme , c'eft I'homme meme, par fon analogic avec fon femblable, principalement celui qui, plonge dans la roi- ferc , eft expofe aax injures & aux vicifli- tudes des temps. Son corps charge de toutes les ordures d'une mal-proprete entretenue par le decouragement, par la nonchalance, par la groffi^rete des fens, par le d^faut 364 Academic ^'education, par le manque cle reflexions; fon corps abreuve d'eau de mauvaife qua- lite , nourri d'alimens peu fubrtanriels , lou- vent hazardes, exhale la pefte de toute part; jl s'en echappe , par la refpiration & par la tranfpiration , une matiere qui , par la manicre dont elle affede I'odorat , ne laifie aucun doute fur la corruption. C'eft , dis-je , I'homme renferme dans des chambres bafl'es , oeu ou- Tertes, remplies d'immondices de toute el- pece , ou dans des manoirs fouterreins , froids & humides, dont les murailles font pour ainli dire lepreules , dont tous les meubles lont moifis, qui n'y refpire qu'un air ftagnant , m^phitique & corrompu , & qui par conle- quent ne peut manquer de donner un degre de perveriite abominable a nos humeurs : c'eft, en un mot, Thomme que fon etat oblige de fe tenir conftamment dans le meme re- duit , & fouvent meme de partager le lit d'une perlonne attaquee de maladie conta- gieufe. s. Les hopitanx font deftines a garantir.j'a fo- ciete des malignes influences que des gens dune telle condition peuvent lui communi- quer;mais le font-ils toujours? L'examen de cette queflion a tant de rapport avec la ma- tiere que je traite, que je crois devoir me permettre quelques reflexions fur quelques- % uns des vices de ces louables hofpices. La diftribution de la plupart des hopitaux I D E Dijon, lySS^ 365 eft vlcieufe ; les malades y font au rez-de- chauffee, les deffervans au premier etage , tandis que le iimple bon fens exige tout I'op- pofe ; mais le mal n'eft pas fans remede, il peut fe reparer dans bien des maifons,moyen- nant certaine depenfe. II en coutera moins pour redreffer une au- tre faute du meme genre , qui acCompagne ordinairement la precedente; je veux dire, pour faire ouvrir les pans fuperieurs des fe- netres , au lieu des inferieurs , & je ne re- peterai pas ici ce que j'ai dit dans mon me- moire fur les antifeptiques, de pofer les croi- fees le plus pres du plafond poffible, afin que les exhalaifons les rencontrent en montant, & que leur fortie en foit acceleree ; a quoi contribueroient beaucoup des lanternes fe- netrees , faciles a ouvrir & fermer ^ placees fur le toit du batiment au deffus de chaque falle , ou a leur point de rencontre , fi elles font diftribu^es en croix. On augmentera le fervice de ces domes, fi , d'apres I'idee de I'abbe Jacquin ( I ), on conftruit les falles en. talut,de fac^on qu'elles s'elevent en arrivant des p'ignons aux coupoles ; li chaque pignon eft muni a fa partie fuperieure d'une fenetre qu'on puifte ouvrir & fermer a volonte ; & fi les tuyaux des poeles fortent par le milieu de chaque lanterne. Une attention qui n'eft pas de moindre «" ' < '■ 111.. I — — — M^M^ ( I ) De la fanti, pag. yj. 566 A C A D fe M f E importance , eft celle de faire les falles les phisvaftes pofnbles,afin qu'etant moins rem- plies de monde, Tair foit moins charg6 des vapeurs; motif qui doit audi engager a au- gmenter le nombre des hopitaux autant que les finances peuvent le permettre; car, quoi- qu'on multiplie par-la les foyers infedis & qu'on les repande dans la ville , le danger de la contagion en eft neanmoins diminu6, .vu que kurs forces difperfees font moins a redouter, ou moins capables de communiquer la contagion , qu'un feul qui les reuniroic tous ; & cela , parce que les vapeurs etant plus abondantes dans un receptacle unique, elles y font plus refferrees, plus denfes , plus malignes & moins difToiubles par Tathmof- phere, outre que le tranfport des malades de toute une ville dans un feul hopital, repand plus de germes morbifiques dans fes dilferens quartiers : car, foit, par exemple, un feul hopital place au coeur d'une ville , lequel devient par -la un centre commun , auquel aboutilTent les rues comme autant de rayons; il eft manifefte qu'un malade qu'on tranfporte de la derniere maifon ou de la plus eloignee, repand plus de germes dans la rue que cehii de la penultieme , celui-ci plus que celui de Tantepenultieme , & ainfi de fuite : d'oii il r^fulte qu'on pent exprimer la fo'mme des miafmes que les tranfports des malades re- pandent dans la ville par autant de triangles quil y a d'hopitaux, & dont la longueur des cdt^s fuit la raifon inverfe d.e leur nombre; c'eft-a-dire , I D E Dijon, iyS6. 367 c'eft-a-dire , que les cotes font deux fois plus longs dans le triangle dun feul hopital , que ceux de deux triangles places au milieu de chaque moitie d'une ville. Or, la raifon des triangles femblables etant comme les quarr^s de leurs cotes homologues, le tranfport des malades a un feul hopital , repand quatre fois plus de miafmes dans la ville que celui a Tun des deux hopiraux, & par confequent deux fois plus que le tranfport aux deux ho- pitaux : d'oii Ton voit qu'il eft avantageux, relativement a la contagion, de multiplier les hofpices. Mais il n'appartient qu'aux grandes vllles,' d'etre, par leur opulence, fuffifamment pour- vues d'hopitaux , & les petites peuvent a peine fournir a Tentretien dun feul : mais il eft peu dangereux lorfqu'il eft litue dans I'en- droit convenable ; c'eft-a-dire au centre de la ville , fi la population eft egale ; & dans le quartier le plus rempli de menu peuple, s'il y a inegalite de population. C'eft en confequence du principe que je viens de pofer, que je dis, qu'a population ^gale, Ton doit placer Thopital au centre de la ville , puifque tons {&^ diametres etant partages egalement par cet emplacement, ils fournifl'ent un triangle d'infedion qui eft moindre que celui qui refulteroit de leur divifion inegale. Car, foit un diametre quelconque partage en parties egales , & le meme divife inega- lement ; que les rayons foient, par exemple , Bb ^68 A C A D E M I E comme 8 & 8 dans le premier cas, & cotnme 4 & 12 dans Taiitre , rcxprcflion de chacim des premiers fera 32 & leur fomme 64 , tandis que rexpreflion des inegaiix fera 8 & 72 , & leur fomme 80 ; par confequent le clanger d'infeftion dans Templacement central eft a Texcentrique comme 64 a 80, c'eft-a-dire , nioindre d'un cinquieme. Mais fi la population eft inegale, c'eft moins le centre de figure que cehii de la popula- tion qu'il faut choifir; on doit alors rappro- cher I'hopital d'autant plus d'un quartier qu'il eft plus rempli de menu peuple. Le cours de la riviere , le domaine des vents , ne font pas moins a confiderer; & , refpedivement au premier, il paroit certain qu'on le doit placer au bas du ruifl"eau, afin que les immondices en foient charriees en s'eloignant de la ville. La meme raifon doit engager a donner la preference au fite oriental fur tous les au- tres , d'autant que les vents d'occident pre- dominent dans ces pays. Mais quel parti prendre, lorfque la riviere a fon cours de I'orient a I'occident? Je crois que dans tel cas, il eft mieux de former I'eta- bliflement a I'occident; & cela , parce que les vents ne foufilentpas toujours, tandis que la riviere coule fans interruption & ne cefte d'amener des immondices que le peuple, qui y va puifer, peut rapporter dans fa maifon, & aufli parce que les exhalaifons apport^es vers la ville par les vents, partent d'un en- D E Dijon, iy83. 369 droit exhauffe , & que s'elevant de plus en plus en vertu de leur iegerete fpecifique , elles n'atteignent guere la partie de Fathmof- phere que refpirent les habitans ; au lieu que les emanations (peu abondantes il eft vrai) des immondices entrainees par la riviere , partent du niveau de la terre, & ne peuvent gagner la region fuperieure fans traverfer la mafle d'air qui baigne les maifons , & qui fert a la reTpiration des citoyens. Je ne puis done voir qu a regret I'hopital , dont je Tuis me- decin , place a I'orient de la ville , tandis que fon canal coule vers Toccident , oii fe trouve auffi le quartier le plus rempli de peuple. S'il s'agiffoit de choifir entre la pofition meridionale & la feptentrionale, il ny a nul doute qu'il faudroit donner la preference a celle-ci, parce que la pourriture etant plus animee pendant le regne des vents du midi , ils charrieroient vers la ville une plus grande quantite d'effluves & d'une qualite plus dan- gereufe , que les vents du nord qui font afj- tifeptiques par la fechereffe & la froideur de Tair. Car , quoique les vents du midi fem- blent devoir, en vertu de leur chaleur, etre plus fees & meilleur menflrue que ceux du nord , ils ne le font pas a raifon de leur hu- midite , & d'autant moins relativement a Fhomme , que tons les corps fe reflentant de la temperature de Tair, la tranfpiration eft generalement plus abondante quand il fait chaud ; & qu'ainfi Tair qui vient du midi , Bbij i 370 A C A D E M I E etant deja fature de vapeurs , ne pourroit diflbudre celles qui s'exhaleroient en abon- dance de I'homme , & apporteroit vers la ville les miarmes de I'hopital , non diffous , mais feulement fufpendus , c'eft-a-dire, dans iin etat qui les rend propres a s'infinuer dans nos corps , & a y repandre des germes de jiialadie. §. Tout ce que je viens de dire des hopitaux, eft egalement applicable aux cimetieres. Je crois tres-important d'en faire plus d'un dans les villes dont la population eft confi- derable ; je crois qu'ils doivent etre places dans un endroit oil Tair ait la facilite de dif- foudre les miafmes qui s'en elevent , & ne puiffe les porter en niafl'e fur les endroits habites. Mais je crois encore que le choix du terrein oil Ton doit les former eft de la plus grande importance , & qn'il ne faut donner aux foffes qii'une profondeur fuffifante pour moderer les emanations. La terre n'aneantit pas les miafmes , elle ne fait que les arreter , & par conf^quent on ne doit pas tant fonger a fupprimer entiere- ment leur tranfpiration, qu'a la moderer, en ieur menageant toujours quelques iffues par lefquelles ils puifl'ent s'echapper par petites portions, afin que I'air n'en re^oive conti- nuellement qu'autant qu'il en peut diffoudre. Si Ja terre, par fon trop de confiftance ou M D E Dijon, fySS. ^-ji par fa mafre,retient les exhalaiibiis que foiir- niffentjlans difcontinuer , les corps en pour- riture, ces vapeurs s'amaffent inl'eniiblement, fe fiibtilirent , & gagnent a ia fin une force expanfible qui leur fait furmonter tout obf- tacle ; elles s'elancent alors par bouitees , ainii que je I'ai prouve par experience dans men memoire fur les antifeptiques(i) , & repan- dent une infedion d'autant plus dangereufe & meurtriere , qu'elles ont eu le temps de developper leur virulence. Qu'on fe rappelle ici le fatal effet d'un coup de beche donne trente-cinq ans apres une inliumation, qu'on y joigne I'hifloire rapportee par M. Antre- chaux dans fa relation de la pefle de Toulon, ceile de plulieurs perfonnes qui s'etant mifes a ouvrir & a partager un paquet de foierie venu d'un lieu peiiifere , perirent toutes en tres-peu de temps , & infederent tellement leurs families refpedives, que pas un feul n'echappa. On en a vu tomber morts fubi- tement a I'ouverture d'un ballot egalement infede ; d'autres ont ete en pareille circonf- tance faiiis de maux de tete, de vertiges, & enfuite d'une fievre peftilentielle qui les a emportes en peu de jours. Or , comme le remarque tres-judicieufement M. Fromond ^ &l apres lui le celebre Fanjwieten (^i) , de tels faits prouvent que le miafme peftilentiel ( 1 ) Introdufi'wn , n. ij. (2) Comment, in ^oerhaave , lorn, v, §. i^op: Bb ii) 37^ A C A D E M I E gagne de la malignite pour avoir 6te retenu & arrete. Si ce venin avoit eu la meme vi- rulence , lorfqp'on empaquetoit les marchan- difes , ceux qui les auroient eniball^es au- roient eprouve le meme lort que ceux qui ont ouvert le ballot. Tirons-en done la confequence que c'eft bien plus de I'evaporation des miafmes , de leur migration vers la haute region de Tair, oil ert le grand attelier de la nature, que de leur fufiocation , que nous devons attendre notre falut dans le temps de pefte & de ma- ladies contagieufes. En eftet , le rnoyen le plus propre de priver les miafmci- de leur virulence, c'ell: de les delayer dans un grand volume d'air par Tevaporation , & c'eft d'apres ce principe qu'il eft d'une coutume imme- moriale d'expofer pendant plufieurs jours, au grand air , les marchandifes & autres effets fufpefts, comme aulii de faire fubir la qua- rantaine aux gens qui viennent dcs endroits pe ft i feres. Qu'on en conclue aufti qu'un terrein def- tine a fervir de cimetiere ne doit pas etre tout argilleux, & que la couche terreufe ne doit pas etre trop profonde. La raifon tiree du retard de I'evaporation , lorfque la terre eft tres-compade ou la foffe trop profonde , fufiit pour autorifer cette confequence. Mais voici encore un autre motif. Les fofl'oyeurs profitent de la facilite qu'ils trouvent a creu- ier,& dans des temps d'epidemies ils entaf- fent les cadavres les uns fur les autres , & en D E Dijon, iy85, 373 placent jul'qu'a fix dans une meme foffe : im de ces malheureux qui s'acquittent de cet emploi dans la ville oii je reiide , men a fait I'aveu ; ce qui precede fait aflez fentir le danger de cette pratique ; mais il s'eft fou- vent manifefte par les n\aladies epidemiques furvenues apres de grandes batailles; mala- dies qui ont pour une de leur caufe princi- pale rinhumation de plufieurs cadavres dans une meme foffe. Si Ton en veut une preuve particuliere , je peux citer I'hiftoire d'une pefte qui en 1562 ravagea tout CAgenols\ il fut reconnu qu'elle avoit pour caufe les abo- minables exhalaifons d'un puits du chateau de Pene , dont la profondeur etoit de cent aunes,& dans lequel deux mois auparavant on avoit jete plufieurs cadavres (i;. Les immondices des rues, les latrines, les egoiits , les tueries, boucheries , tanneries , font autant de foyers qu'il nous importe d'^loigner , fi nous voulons refpirer un air pur 6i fain , mais dont je me crois difpenfe de parler , vu les fages r^glemens faits a ce fujet dans les villes bien policees : ainfi , il ne me refte qu'a traiter de la conduite a. tenir lors des epizootics; celle qui defole depuis fi long-temps nos cantons , me paroit rendre ces details bien necefiTaires. (1) Ambroife Pare, lib. jt, cap. is- Bb iv 374 A C A D E M I f §. Si la maladie fe declare dans la bonne fai- fon, rlen ne me lemble plus urgent que d'e- vacuer au plus vite Tetable , d'en aflbmmer les betes, ou fi ce parti paroit trop violent, de les condulre a la campagne pour les y laiffer conftamment jufqu'a cc que la maladie ait cefie; il faudra placer les betes attaquees, fous Ic vent, les faines au deffus, & changer leur pofition refpedive a chaque variation de rhumb. La raifon qui me fait penfer ainfl, eft que je confidere les betes malades d'epizooties , comme des foyers plus dangereux que ne le font les betes mortes d'une maladie fpora- dique; elles fourniffent en effet des miafmes plus dangereux & plus contraires au principe de la vie que ces dernieres ; & puifque , de I'aveu general , il eft abfolument necefl"aire de tirer des ecuries les betes mortes pour les porter a la voierie , on ne pent a plus forte raifon fe difpenfer d'en econduire celles qui font attaquees de maladie contagieufe. La vie dont elles jouiffent les rend plus infec- tantes que ne le font les cadavres de celles qui font mortes. Si je veux qu'on faffe aufli fortir les faines des ecuries, c'eft que je crois \me etable infei^ee , des que de pareils ma- lades ont commence a y exhaler leurs ema- nations , & d'autant que ces miafmes n'en rempliffentpas feulement rathmofphere,mais D E D 1 J O N , lySS. 37J q!i'i1s s'attachent encore, par leur vifcofite, aux parois , aux atteliers , & a tout ce qui peut leur fournir le moindre point d'appui , 6z qu'il en refulte une infinite de foyers d'oii il ne ceffe de s'elever des miafmes contagieux qui infedlent I'air , lors meme qu'il eft fou- vent renouvelle; d'oii il fuit que les animaux les plus fains contraftent la maladie en ref- pirant cet air infede. II ne refte d'aiitre moyen d'arreter les pro- gres de la maladie naiffante, que de transferer tout le betail an grand air, pour que les par* ticules deleteres qui fortent du corps des malades manquent de point d'appui, & foient a I'inftant noyees dans le grand air, & em- portees dans les regions fiiperieures. II faut fe comporter autrcment a I'egard des epizootics qui fe developpent dans les autres faifons de I'annee; le frcid & I'humi- dite fupprimaiu la tranfpiration , les miafmes ie trouvent plus renfermes en plein air que dans des etables d'une temperature mediocre, puifqu'ici , outre la capacite du corps anime, ils ont toute I'etendue de Tetable pour champ; au lieu que dans le cas du froicl & de I'hu- midite , ces molecules font retenues dans rint^rieiir de Teconomie , & y deviennent plus cauftiques & plus virulente?. Le meilleur parti qu'il y ait done a prendre lorfque la maladie fe declare dans une etable aux mauvaifes faifons, c'eft de Tevacuer & de former un double lazaret, I'un pour les betes faines, I'autre pour les malades, ayant 376 A C A D E M I £ Coin d'y menager a I'air une circulation libre autant que la rigueur de la faifon peut le permettre , ou de fa^on que les betes refpi- rent nn air renouvelle , fans pourtant en etre refroidies au point d'arreter la tranlpiration ; car, pour le dire en un mot, je penfe que le principal prefervatif des maladies conta- gieufes confifte dans la refpiration d'un air pur & dans I'entretien d'une louable tranfpi- ration : or, pour le premier, il faut renou- veller Tathmofphere du lieu , I'air le plus pur fe corrompant des qu'il croupit ; & le fecond demande un abri qui garantiffe du froid & de I'humidit^. D'apres ces principes , il eft aif6 de juger fi, lorfque la maladie s'eft declaree dans une etable, il eft mieux de tenir le betail du vil- lage renferme, que de le faire fortir. Je ne doute aucunement qu'il ne vaille mieux le retenir dans les ecuries que de Ten faire fortir trop matin & de le faire rentrer trop tard, ou de le laifl^er trop long-temps a Tair dans les faifons de Tannee qui peuvent le refroidir, ou de lui permettre de ruminer, etant couche fur un terrein humide ; il eft aufli plus prudent de le tenir renferme que de le laiff'er vagabond le long des maifons infeft^eSjfous le vent & parmi leurs fumiers. Mais fi le temps eft ferein & tempere, & qu'on puifle lui faire refpirer un air eloigne des Stables oii la maladie a pris , je penfe qu'on le garantira plus fiirement en le faifant fortir qu'en le tenant conftamment renferme; I D E D 1 J O N, lySS. 377 car, outre que le danger de I'infeftion eft nul au grand air tempere & fous les conditions que je viens denoncer , il (emble moins fa- vorifer le developpement de la maladie que celui des enclos , puifque la matiere de la tranl'piration , qui , dans des temps d'epide- mies , a la difpofition prochaine a devenir morbifiqiie , fort & s'en va fans retour dans la premiere circonftance ; au lieu qu'elle rentre de I'air dans le corps , dans la feconde, & que par cette circulation reiteree , elle pent, dans les betes les plus faines, contrader le caradere d^letere de I'epizootie regnante. En effet , il ne faut pas s'imaginer que la contagion foit la feule fource des maladies communicatives; au contraire, il paroit cer- tain que comme la maladie a pris naiffance da fein du premier individu malade , elle fe developpe de meme chez plufieurs autres fans le minillere de Finfedion, & j'en appelle au temoignage des obfervateurs qui atteftent avoir fouvent vu naitre tout -a- coup une maladie epidemique , fans qu'aucune caufe manifefte y eiit donne lieu , & fans qu'on put former le moindre foup^on d'une pr^- tendue infedion apportee d'ailleurs. Je prie, au furplus , ceux a qui il refteroit quelque doute la-deffus, de reflechir que les maladies ont leurs faifons ; que dans un temps Ton n'entend parler que d'apoplexie, de mort fu- bite ; dans un autre , de pleurefies , de ca- tharres, de peripneumonies; une annee eft abondante en varioles , puis il s'en ecoule 37^ A C A D E M I E pluiienrs pendant lefquelles elles font bien rares; certaines conftitutions developpent des fievres continues, tantot putrides, tantot in- flammatoires; d'autres fe font remarquer par nombre de fievres inteimittentes de tous genres; d'autres annees donnent la galle , des eruptions a la peau , d'autres des coliques , des dyfl'enteries , des diarrhees , &c. ajoutez qu'on voit des epidemics s'animer, fe ralen- tir, ceiTer mcme entierement, puis renaitre, & cela parce que, par un concours de caufes impenetrables a Tefprit humain, il y a dans ies etres vivans une difpoiition prochaine a telle ou telle maladie contagieufe on non , & qui n'attend que la moindre circonftance pour fe developper. Ainii Ton ne pent douter que dans une conftitution favorable a une maladie contagieufe, plutieurs fujets ne foient atteints de cette maladie, fans que la con- tagion y ait contribue, & c'eft en partie dela que Ies epidemics font ordinairement plus animees & plus meurtrieres dans leur com- mencement que fur la fin de leur regne. La conrtitution ayant etabli des foyers morbi- fiques chez quantite de fujets , I'epidemie eft entretenue dans fa naiffance par deux fources a la fois ; favoir, par ces differens foyers & par la contagion qu'ils repandent; mais lorfque Ies perfonnes qui fourniffoient la maladie aux autres de leur fond,font mortes ou gueries, une des deux fcurces eft tarie, &■ Tepid^mie ne fe foutient que par la con- tagion i- & de mcme qu'ua jruiffeau baiffe 1 D E Dijon, lySS. 379 lorfqu'iine de fes fources eft a fee , de meme repidemie doit diminuerpar le retranchement d'une de fes caufes. Or, cette diminution n'eft pas feulement d'extenfite , mais elle eft auffi d'intenfite ; c'eft-a-dire , que non- feulement la maladie fe repand moins lorfque \t^ foyers primitifs, difperfes parmi un peuple nombreux , font eteints, mais qu'elle a encore moins d'adi- vite , parce qu'entre les premiers attaques , il y en a plufieurs qui le font , & par conta- gion, & par leur difpofition particuliere, ce qui doit rendre leur maladie plus grave, mais enfuite la contagion opere feule i & comme elle eft une efpece d'inoculation, le venin doit etre adouci & mitige par fon miniftere. Pour comprendre la raifon de ce fait, qui eft une fccojjdc caufe de la diminution des epidemics, il faut revenir de I'erreur oii Ton eft de confiderer Ifs miafmes comme des fer- ments. Ceux-ci produifent exaftement leurs femblables, ou des fruits auffi forts que leurs auteurs , parce qu'ils ne font qu'eveiller, ai- der ou accelerer un mouvement fpontane ou naturel aux fermentefcibles. La fermentation ne depend pas toujours de ce fecours etran- ger , puifqu'elle auroit lieu ( quoique plus tard ou plus lentement, dans une pate ou un liquide , encore qu'on n'y eut pas mcle de ferment); mais il n'en eft pas ainfi des miaf- mes; iis excitent dans la fubftance qu'ils in- fedent un mouvement centre nature, qu'elle neut jamais eprouve : livree a elle-meme. 380 A C A D £ M I E elle refifte meme a ce mouvement qui hii eft etranger, il faut de la violence pour ia forcer a s'y prefer, &i cette renitence ou readion afFoiblit I'energie dii miafme , & en coni'e- qiience il ne pent produire qu'un diminutit de fon eflence & pas exadlement Con fem- blable, comme le font les fermens ; c'eft dela que ceux-ci font encore aujourd'hui ce qu'ils etoient au commencement du monde; tandis que les miafmes de la lepre , de I'elephan- tiafis , de la ladrerie , font pour ainfi dire aneantis, celui de la verole confiderablement afFoibli, & qu'il eft en notre pouvoir de mi- tiger, d'adoucir, de refrener celui de la va- riole, au moyen de Tinoculation. Une troijicmc raifon par laquelle les epide- inies font fucceifllvement moins meurtrieres qu'elles ne I'etoient dans leur commence- ment , c'eft que les miafmes fe delaient en fe repandant, & que moins concentres, ils ont moins de force , conform^ment a I'axiome , vis unita fort'ior. Ce delaiement fournit une quatr'ume. raifon ; favoir , qu'en s'alliant en moindre quantite ou proportion avec la matiere de la tranfpi- ration, ils deviennent plus diffolubles , plus decompofables par I'air, moins afpirables par nos pores , & moins contagieux a raifon de ieur decompofition. Seroit-ce par cette mo- dification, que , fi Ton en croit plufieurs ob- fervateurs , I'air rempli d'effluves putrides eft quelquefois devenu un remede fouveraia D E Dijon, iy8S. 381 centre la pefte ? M. Malouin ( i ) dit que dans celles de Lyon & de MarfeilU , on obferva que les rues les plus peuplees, les plus etroites, les plus remplies d'ordures , furent moins in- fedtees de la maladie que les autres. Lorfque, fous le regne de Charles II, la pefte regnoit a Londres , les medecins conieillerent de de- couvrir toutes les latrines , & ce moyen, a ce que Ton pretend, la fit ceffer. (2) 11 faudroit fuppofer que dans ces occafions les miafmes peftilentiels etoient d'une nature a ne point fe laiffer diflbudre par I'air; que flottant dans ce fluide fans y etre combine chymiquement , la vertu abforbante de nos corps s'en faififfoit tres-facilement; qu'il fal- loit leur adjoindre un intermede d'affinite , quelques exhalaifons analogues ou appro- chantes de leur nature & diffoliibles par I'air, afin qu'elles leur lerviffent de vehicule ou de menftrue , & les rendiffent mifcibles a I'air , de meme qu'un alkali rend Thuile ioluble dans I'eau. Cinqu'iimcment ^ les effets des miafmes font fans doute , comme ceux des remedes, rela- tifs a la difpofition des corps qui les re^oi- vent, ou le refultat de I'adion de I'agent & de la readion du patient ; par confequent d'autant plus violens que la difpofition du fiijet chez qui ils s'introduifent, leur eft plus ( 1 ) Acad, des Sciences de Pans , 77//, Q2) V anjw'-eun , comm, §. /^p,?. 3S2 A C A D E M I E favorable, & vice verfd. Or, il eft dans I'ordre des chofes , que les Tiijets les plus difpof^s a la maladie, la contradent les premiers, & que les moins difpofes foient referves pour la fin de la fcene ; d'oii il s'enfuit encore que les fymptomes de la maladie doivent etre plus feroces au commencement de I'epide- mie , qu'a fa fin. SixUmement y n'oublions pas ici I'influence de Thabitude , dont le pouvoir va jufqu'a enerver les poilons les plus virukns. L'on a toujours juge de la force d'une epidemie par fon efFet fur les gens employes au fervice des malades : comment pourroient-ils refifter a Tadion des miafmes contagieux, fi Thabi- tude de les refpirer ne les mettoit pas dans le cas de n'en eprouver aucune atteinte ? Tel eft le cas des cures , des vicaires & autres deflervans des eglifes, qui parviennent Ibu- vent a un age tres-avance , quoiqu'ils foient continuellement plonges dans un bain de va- peurs cadavereufes ; tel eft encore celui des tanneurs , des favonniers , des chandeliers , des charcutiers, des fabricans de colle : leur fant6 , leur longsvite font autant de preuves de la puiffiince de I'habitude, & expliquent pourquoi une epidemie perd de la force a proportion de fa duree, la nature s'habituant & fe familiarifant avec fon venin. SeptiemerTicnt,^ E Dijon, .yg^, . un creufet ferme, deux quintaux docJmafli q«es de fonte de Leuffladt en Rofla, e f,^^] donne un bon fer dudile; il a trouvf ',; ^r^ guJe noir pef^nt 196 livres, pen maiJ^abJe cedant a Ja hme, mais difficiJement, dont la cafTure cendr^e montroit de oetite. l. bnllantes,& qui a routes Ies%~es'nS reconnu pour un excellent ackr : \\ nV a point eu de fcones. Le meme effai r^pete dans im creufet dont le couvercle n'etoh pas u tt' il n y a eu de difference qu'en ce que le vtl guie pefoit 2 hvres de moins. {^Expcr. ^y\ n ^^^'"f T^^ ^'^'^' ^^ "^eme fonte, pouffees a la fuhon avec 67 livres de cW o« cr^.. c^/a/z,,, ont donne un regule du poids de 191 hvres, ayant Le caraclere dt t acicr. hrv 3°- Dans un flux compofe de parties egales ^. .W & de quani, la meme fonte a donne 192 hvres de regule, un peu plus maheable que le precedent, ayant Le caraclere de Leader \ hxper. I ly.) 4°. Dans la chaux noire de mangajihfe, cette fonte a donne un regule qui cedoit a« mar-, teau & a la hme, & qui hoit acier. (Exp //, y. Pareille quantite de cette fonte a donne ""^^"W ,,.n"''''^(^''^^''' "" '■^g"le de 198 liv. cryftalhfe a la furface, caffant fous le mar- teau , cedant k la lime , montrant tons Les ca^ racleres du meilleur acier anolois, {Expir. 1,6 ) 6«. Cette {QVit^^ traitee avec la chaux dc E e ij 41 8 ACADEMIE plomb recemment fondue & reduite en poll- dre , a donne im regale qui furnageoit le plomb revivifie , qui fe brifoit fous le mar- teau , c^doit a la lime, & montroit la plupart des caraclens de Cacicr. (^Expcr. no & in. ) j°. La mC-me fonte pouffee a la fufion , foit avec Y hematite noire, ioit avec le precipite de vitriol de mars rougi dans un creufet 6z encore magnetique , foit avec une chiux defir^oh- tenue par la calcination da fer forge, & non magnetique, a donne un regule qui n'etoit que du fer tres-dudtile :(e.r/7. j)2, ^j &c)^): cependant avec \e fafran de mars de Dylta, le regule a paru s'approcher de I'etat d'acier : ( exper. ^5 ) : avec la chaux de fer caflant a chaud , elle a donne un fer qui avoit le meme v\ce\{exp. tzcf) : avec la chaux de fer caffant a froid , elle a produit un excellent acier. ( exp. 128.) 8^. M. Bergman n'avoit traite la fonte avec la plombaginc qu'a la cementation , il avoit feulement obferve qu'elle n'kvoit rien perdu de fon pcids , & le regule s'etant egare , il n'avoit pu Texaminer ( exper. ijo ). Cette experience m'a paru une des plus importan- tes ; je Pai repdt^e au feu de fufion avec la fonte grife de Foucherans en Franche-Comt(^ , 150 grains mis en trois morceaux dans un creufet rempli de plombagine pulverifee, out donne un feul regule dans lequel les trois morceaux ^toient bien reunis, formant nean- moins une maffe plutot quarree que globu- leule, pefant, apres avoir ete bien nettoyee. D E Dijon, ,^ss. ^,^ 149 grains laynnt toujonrs J'apparence mi- cacee. Sa pefanteur fpecif^aue ne fe frouv^ que de 6,847. Le reg.L cedoit f^c^^l^t la hme; zl fnt tache par I'eau- forte comma laaer,„,ais line prit pas Ja trempe. Ta plombapne avou acquis „n pen de L.ne- tifme Je barreau aimanr^ en enlevoit chaqne fois des parcelles. ^ 9". J'ai penfe qn'il ferolt egalement Inte- reflant de traiter a la fufion la^onte avec L terrc caUa^re & avec la chaux ; j'ai mis en con- fequence 150 grains de la meme fonte grlfe de Foucherans dans un creufet que j'ai rempii r(^gule du poids de 147 grains f; il netoit pas parfaitement en globule , mais \^s an J es etoient bicn arrondis; il s'etoit forme un 1,1 de flux vitreux dun verd clair, aux denens de la fubftance du creufet qui ^toit fenl^b'e! ment attaque. Ce regule etoit bien plus com- pafte que celui de Fexperience pricedentT car la pefanteur fpecifique s'eft trouvee de 6,949; il cedoit facilement au marteau & k la hme, & fe decouvroit d'un blanc plus vif que le precedent : eholt de trh-bon acur qui prenoit une trempe tres-dure. 100. Avec la chaux vive ricente , la fonte a iJr' ";'T ^°"vertie en acier de pareille qua.ite le flux vitreux etoit feulement dW. verd plus opaque; il s'etoit forme chux ve- nules en boutons fepares , pefant enfemble 347 grains ~. il"". J'ai traite la fonte feu le au meme fen Ee iij 420 A C A D E M I E cle fufion , dans un creiifet garni de fon coii- vercle bien lutte ; 150 grains de fonte grife de Foucherans ont fourni un regule qui a d'abord parii n'avoir pas change de forme ; mais cette apparence etoit produite par line portion de Ja Surface calcinee , qui s'etoit confervee , & dont la partie fuperieure etoit creufe , le refle du metal ayant coule en nn bouton arrondi qui occupoit le bas ; ce bouton pefoit 143 grains 7 ; il cedoit a la lime & nn peu au marteau ; I'acide nitreux le tachoit comme I'acicr , mais il n'a pas durci a la trempe. 1 zo. J'ai encore poufle A la fufion 1 50 grains de meme fonte dans un creufct de HefTe , avcc le minium on chaux rouge de plomb, en quan- tite fuffiiante pour couvrir la fonte ; le creufet a ite tellement attaqu^ , qu'il s'efl: affaiffe d'un cote , & je n'ai trouve qu'un globule de 43 grains , loge dans un des angles & envi- ronne d\m verre tres-noir; c'etoit un ex- cellent acier, & qui a pris la trempe la plus dure. M. Bergman a auffi effaye de cementer fim- plement, & fans pouffer a la fufion, la fonte de Leufftadt avec diverfes matieres , dans de petites fioles de verre enfermees dans des creufets remplis de craie pulverifee , qu'il a tenu pendant quinze heures dans un four a potier : je dois faire connoitre les relultats des experiences les plus decifives. I3<>. Cette fonte cementee dans la terre cat' (airei ^ augmente de poids de plus d'un cen- D E Dijon, ,yS6. 421 tieme;elles'eft trouveecouverted'unecroute calcinee qui fe detachoit par la perciifllon, & qui etoit attiree par I'aimant ; le noyau etoit un peu malleable , & avoit k cardUtre. (Tacler. ( Exper. iji.) I40. Bans la chaux de manganefe^ elle a pris a peine una augmentation du poids de ^,; elle portoit une croiite calcinee, & pourtant fenfible a I'aimant; le noyau n'etoit toujours que de la fonte, n'ayant ni les carafteres de de fer dudiile, ni ceux d'acier. {Exper. 1^2). Dans les experiences tres-multipliees que le celebre Rinman a rapportees dans fon hif- toJre du fer, j'ai choifi celles qui fuivent , & qui m'ont paru les plus importantes pour la theorie de I'acier. 15°. Un ringard de fonte ayant ete plac6 fur la tympe d'un haut fourneau , fut a demi fondu; on remarqua, en le caffant , que le cote tourne du cote du feu , etoit devenu fer doux de -~ de pouce depaideur; que la. couche plus epaiffe qui fuivoit, etoit de tacier; que la partie exterieure expofee a Fadion de Tair, avoit conferve tous les carafteres de fer crud ; enfin , que ce qui etoit forme en gouttes , etoit entiirement de Cacicr. ( Farfcek till jaernets hijloria , &c. AfSwen Rinman^ §. 8c) , n. f.pag. j^j. ) 16°. Des morceaux de fonte grlfe, places feuls dans des creufets bien luttes & tenus an fourneau d'acier pendant 12 jours, ont ete trouves converts d'une pellicule calcinee; ils etoient fenfiblement adoucis a la furface , Ee iv 42Z ACADEMIE niais n'etoient pas convertis en acier , puir- <|irils n'ont pii etre forges a chaiid. Un autre morceau de fonte fut place dans iin creufet viiide , & tenu a un tourneau a vent tres-fort , une partie coula en goutte, & le laiiTa mettre en lame, ccioit di Cacur fin: ]a partie non fondue , environnee de fcories, etoit da fer ductiie. ( Idld. §. 2615, n. i.) 17°. Un morceau de fonte grife, tr^s-net, de la largeur d'un demi-pouce, d'~ de peace crepaiffei:r , fut mis da/is la poujpure de churbon^ & tenu au fourreau d'acier pendant 1 1 jours, il fe trouva avoir augmente d'environ ■^\~. de fon poids ; il n'y avoit point de traces de fcorie , mais une pellicule femblable a la plombagine; fa furface cedoit a la lime; il ne put etre forge ni a chaud ni a froid ; apres avoir ete caffe, fa caffure prefenta au milieu iin grain qui approchoit de celui de I'acier, Evec iits {tries blanches plus fines vers les angles. Dans cette cementation , ajoute I'auteur, de plus petites baguettes de fer crud font bien changees entierement en acier; mais il ell li caiTant , qu il eft impoifible de le forger. ( Ibid, n. X. ) 18°. La meme fonte cementee a la manure, de Rcajanur y c'eft-a-dire, dnns un melange de pouffiere de charbon , de luie, de cendre & de fcl commun, cedoit de meme a la lime, ne foutlVoit pas plus le marteau : chaufFee a blanc & trempee dans Teau, fa furfa-ce s'eft jdiircie, mais ce n etoit qu'iine croute mince D E Dijon, lySJ. 413 ibus laquelle etoit du fer noir. Une portion de cette croute qui avoit coule , etoit de tres-boii acier. Un autre morceau de fonte grife , traitee de la meme maniere , puis forgee a chaud & trempee , devint ii dure que la lime ne pouvoit y mordre. (^Ibld.) 19°. Un morceau de fonte a grains fins , d'un gris clair, de I'epaiileur de ~ de pouce , de la forme d'une lame d'epee , fut cemente pendant 14 jours dans -la poudre d'os calcines au btanc; ii fe trouva apres cela plus trai- table a la iime , malleable a froid , pre- fentoit des James blanches dans fa caffure , fe laiffoit forger & etendre apres avoir ete chaufFe au rouge, foudoit paffablement avec le fable fin, pouvoit etre tire en petits bar- reaux, & fe comporta a la trempe comme de Vacier Jin'^ il paroifToit feulement que la fur- face exterieure avoit paffe a I'etat de fer, (^ Ibid. n. J. ) 20°. Un morceau de pareille fonte, tenu de meme dans un cement compofe de parties egales d'os calcines au blanc & de pouffiere de charbon , a bien durci a la trempe & pre- fente a la caffure le grain d'un acier commun, mais il fe brifa tout de fuite fous le marteau. La fonte blanche traitee dans le meme ce- ment, fe montra d'abord un peu plus douce, cependant elle fe fendit bientot vers les an- gles. ( Ibid. ) 21°. Pour determiner encore avec plus de precifton I'adion differente de ces cemens , M. Rinman imagina de garnir le fond d'un 424 ACADEMIE creufet du melange de poudre d'os & de charbon , & la partie fuperieure , de feule poufliere d'os , & d'y placer un barreau de fonte pareille a celle du n". 19 : apres I'avoir tenu pendant quatre heures au fourneau a vent , il trouva la portion du barreau qui etoit environnee de poudre d'os, malleable a chaud & a froid , & convertie pour la plus granJe parrle en acier ; il y reftoit feulement un noyau de fer , parce que le feu n'avolt pas ete continue affez long-temps. Au con- traire la portion inferieure etoit caffante comme auparavant , elle ne prit la trempe que comme la fonte ordinaire; a fon extre- mite , qui avoit commence a entrer en fu- fion , fe trouvoit une larme duQile comme un acier tendre. {I/yid.) 22°. La fonte mife dans le meme cement compofe, apres avoir ete enduite de muriate mercuriel ou de muriate ammoniacal, n'a pas ete plus avancee a Tetat d'acier. {Ibicl.) 230. Un morceau de fonte qui avoit ete precedemment adouci par une addition de ileurs de zinc {gallmei hlomma ), fut cemente de nouveau dans la cendre d'os au foairneau a vent, & y devint acier fin; il y avoit feu- lement a fa furface exterieure une, couche qui avoit paffe a i'^tat de fer; ce qui arrive toujours ( ajoute I'auteur ) quand le centre paffe a I'etat d'acier. ( Jhid. ) 240. Une ecaille mince de fonte grife , traitee dans le meme cement, commen^a a fondre en un bouton qui s'etendit fous le D E D I J O N , i;;S^. 425 marteau ; a la trempe le milieu Je montra vrai acier , ce ii'etoit que du fer vers les angles. ilbid.) 25°. La fonte coulee au fourneau de r6- verbere , dans le fable ou dans Targille , & qui etoit blanche dans fa caffure , fut ce- mentee pendant onze jours dans la cendre d'os au fourneau d'acier ; elle fe trouva con- venie en acier fin & dur : mais en Youlant la decaper, on y appergut une infinite de points noirs & de gerfures qui fe rapprochoient de la fonte coulee au feu de reverbere. (//-/W. ) 26°. Deux morceaux de fonte , Tune grife que M. Bergman croit tres-chargee de phlo- gillique { noedfatt) ^ Tautre blanche, la plus pauvre de phlogiftique fuivant le meme chy- mifle haordfatt ), furent mis dans des creufets de Heffe luttes , remplis de cement de cen- dres d'os, & expofes pendant trois heures au feu le plus violent d'un fourneau a vent : ils fe trouverent apres cela malleables a chaud & a froid , la fonte blanche plus encore que la fonte grife , fans aucune trace fenfible de calcination; la furface etoit du fer qui ne prit pas la trempe, le noyau d' acier fin. (^ Ibid.) 270. M. Rinman a tenu pendant onze jour$ au fourneau de cementation, dans des caiffes de bonne argille, bien couvertes,^vec la cendre d'os , difF^rentes fontes , telle que la fonte grife d'Haellefors,adoucie & non adoucie , de la fonte blanche de Dannemora , des fontes des mines de Straofz , de Kopparberg , &c. Apres Foperation, toutes ont prefe^te dQ% 426 ACADEMIE aciers phis ou moins fins, quelqiies-uns feu lement etoicnt moins diidiles apres avoir ete chauiFes an rouge, 011 confervoient un noyau dont !a conA'crfion n'etoit pas entiere. Les fontes blanches, fur-tout celles qui avoient ete refondues & coulees dans un mouie cou- "vert,produilirent des aciers qui fe poliflbient parfaitement , dont le tranchant etoit d'un bon ufage , cependant plus cafTant que celui de i'acier fonclu. La fonte grife d'HaeHefors donna a la forge iine legere odeur de foufre, comme on le remarque auffi en forgeant I'acier cemente. iS^. Un morceau de fonte blanche des mines de Klapperud en Dalland , tenant man- ganefe , qui n't^toit pas attire par Taimant , ayant ete traite de meme au fourneau de cementation avec la cendre d'os , fut enleve par I'aimant apres I'operation ; cependant il n'etoit pas malleable , Tinterieur etoit aufli caffantqn'auparavant, il etoit feulement con- vert dans la partie fuperieure d'une lame de fer doiix. La cendre d'os qui touchoit le morceau etoit devenue verte; on fait que la jnangancfe prend cette couleur a un pareil degre de chaleur. ( Il-id. ) 29°. Au feu de cementation ordinaire qui convertit completement une barre de fer de 1 ~ pouce d'epaifleur, on ne peat convertir la fonte que d'^ de pouce avec le cement de cendre d'os; a une chaleur plus violente, ou en rep^tant I'operation , on obtient quelque chofe' de plus. ( Ibid. ) I D E D I J O N, iyS^, ^27 ^0^. Dans la chaux v'lve blanche, la fonte blanche de Dannemora , cementee pendant fix jours, flit convertie en acier, qui fe laifla forger & etenclre a chaud , qui paroiffoit un pen tendre, mais qui, apres la trempe au rouge, n'etoit plus entame par la lime : dans fa caffure, on voyoit encore au milieu des parties poreufes qui le rendirent tres-fufcep- tible de la rouille. La fonte grife ne put foutenir le marteau a chaud , elle fauta en ecailles brilJantes comme la plombagine , elle etoit encore plus difpofee a la rouille que la precedente. La pierre calcaire reduite en poudre fine, employee pour cement avec la fonte grife d'Haellefors, fe trouva, apres roperation,cal- cin^e au point de faire peu d'efiervefcence avec Teau-forte , & de ne donner qu'un gas hepatique. La fonte etoit caffante , elle pre- fentoit une cavite remplie enpartie d'une ma- tiere d'un gris blanc ,reffemb]ant a des fleurs de zinc , mais qui ne fe diffolvoit pas dans I'acide nitreux , & paroiffoit etre ce qu'on a nomme amiante dc fir '. cette fonte , durcie par la trempe , reffembloit a x\n acier grof- fier, inegal & pailleux; elle ne pouvcit etre forgee a chaud; une partie qui avoit could en globule, fe trouva changee en acier grof- fier , mais malleable. En general , la pierre calcaire crue a paru porter la fonte a I'etat de fer d;:61ile , mais ron a I'etat d'acier ; au contraire la chaux yive, foit eteinte, foit non eteinte, a mieux 4l8 A C A D E M I E reufll pour Tamener a I'etat d'acier. La fonte grile ne donne point de cette maniere de bon acier , il elt meilleur avec la fonte blan- che. ( Ibid. n". 4. ) 310. La fonte grife & la fonte blanche de Dannemora, cementees pendant douze jours dans la crait pulvirijk , fe font trouvees tres- duftiles , avec une lame de fer a la furtace , ^ de I'acier deffous : la derniere etoit mieux convertie , pouvoit etre forgee , & a donne a la trempe un tranchant dur, feulement un pen caffant. La fonte s'eft comportee de meme dans le cement d'ecailles d'huitres , il n'y a eu de difference qu'en ce qu'elle etoit un peu plus adoucie. (^Ibid» n°^. 5 & G.') ■5 2°. Dans le gypfi non calcine ^ la fonte perd ordinairement de 10 a 20 pour cent ; une partie eft calcinee par le foufre qui fe forme, line partie devient fer doux ; cependant un morceau de fonte blanche fouett^e d'un peu de gris, s'eft trouve convert! en acier, fans avoir la croiite de fer doux , & fe laiffoit tres-bien etendre a chaud. Le fpat pefant ^ em- ploye comme cement, a prefente les memes phenomenes, la fonte a paffe a I'etat de fer duftile noir , & a donn6 , apres avoir ^te forgee & trempee, un acier dur, mais pall- leux. (72°^ 7 6- S.) 33®. La fonte blanche, cementee dix jours dans \q f eld -fpat blanc ^ a ete convertie en acier ; elle etoit grife dans la caffure avec des ftries blanches brillantes : le feld-fpat avoit coul6, de meme que le creufet, en une D E Dijon, i;^86. 41^ maffe grife vitieufe, dans laquelle le fer fe trouva enveloppe fans prefenter la moindre apparence de calcination. ( n^. c^. ) 34°. Le quarf^ bianc pidvcrifl ayant ete fubf- titue comme cement , apres I'opeiation il s'ell trouve de meme encore pulverulent , feule- ment un peu colore en rouge pres du fer , mais non adherent. \}\\ morceau de fonte blanche sy etoit conferve fans calcination fenfible , il pouvoit etre forge a chaud en lame mince ;les deux tiers etoient convertis en acier fin , mais il y avoit un noyau qui n'avoit change que par la couleur, etant de- venu noir. («". /o. ) 350. Deux morceaux de fonte grife furent mis dans un creufet de Heffe , environnes de vtrrc verd pulverlfc , & expofes d'abord a un feu doux pendant trois heures , enfuite au plus grand feu de fufion ; ils fe trouverent fondus en un regule blanc, bien net, fans di- minution de poids, qui ceda facilement a la lime, mais qui etant chaufFe ne put etre forge long -temps fans eclater vers les bords ; il durcit a la trempe , & prefenta dans fa caf- fure un grain fin , mais mat ; blanc , mais non d'une couleur egale; de forte que ce n'etoit encore que de la fonte pres de paffer a I'^tat d'acier fondu. ( Ibid, ) 36°. La fonte grife, ceraentee pendant dix, jours dans Cargillc blanche de Cologne calcinee , a montre dans fa cafTure un grain d'un gris clair, cedoit a la lime & au marteau, & s'eft comports a la trempe abfolument comme de 430 ACAD^MIE I'acier groflier ; rargllle avoit pafle an grls noir, elle etoit agglutinee , mals non fondue. ( ll". /2. ) 37°. La fcnte traitee de meme dans la magnejie , etoit malleable a froid & a chaud ; elle avoit pafle a I'etat d'acier tendre ; la magnefie avoit pris une couleiir grife, fk. ne donnoit plus que du gas hepatique pendant fa diffohition dans I'acide nitreux. («". /j.) 38°. Dans la terre £alun^ pr^cipitee par J'alkali & edulcor^e , la fonte eft devenue acier, mais il s'eil comporte a la forge comme un fer caflant a chaud. ( n". 14. ) 39°. Dans la ccndrc de boideau non lefjivee , un morceau de fonte blanche a ete conver?! en acier par une cementation de 12 jours, fans avoir rien perdu de fon poids , & fans prefenter aucune trace de calcination ; il ce- doit a la lime, fouffroit le marteau a froid & a chaud fans ^clater, prit la trempe, & montra dans fa caffure un acier fin & meilleur que celui qui avoit ete cemente dans la chaux. La cendre de pin & de fa pin , qui eft d'une qualite inferieure , fut elTayee fur diveries efpeces de fonte ; mais le refultat fut bien different ; ces fontes ne fe troiiverent con- verties en acier que de Tepniffeur de 7'^ de pouce, & par consequent etoient moins mal- leables. ( n<'. 18. ) 40°. Un morceau de fonte d'un gris clair, de r^paiffeur d'^ de pouce, fut cemente pen- dant onze jours an fourneau d'acier, dans la. chaux noire du manganefc : apres Toperation , il D E Dijon, lySS. 43 1 il fe trouva net, fans dechet, affez doiix a la lime & au marteau , & tout blanc dans fa caf- fure ; on en forgea fans peine a chaiid iin petit canif , qui prit la trempe & le poli, comme iin acier fin & dur. La manganefe etoit de- venue verte & adheroit a I'acier , mais fans fufion. Une fonte d'un gris plus fonc^ fut bien convertie en acier dans le meme ce- ment , mais de qualite inferieure au prece- dent ; elle n'avoit cependant pas perdu a la cementation plus de 0,Oi de fon poids. Cette experience ayant et6 repetee fur la fonte blanche, dans un creufet convert ex- pofe pendant quatre heures au feu du four- neau a vent , la fonte fe trouva bien convertie en acier a fa furface, elle fe laifTa etendre a froid & a chaud , mais il y avoit eu calci- nation & dechet d'un pen plus de 0,10, & il reitoit au centre un noyau qui etoit en- core a Tetat de fonte. (a". /^.) 41°. M. Rinman a encore eiTaye la mine de zinc ou pierre calaminaire^ telle qu'on I'em- ploie pour la preparation du laiton; un mor- ceaii de fonte blanche provenant de chau- diere, & refondue au fourneau de reverbere de \ de pouce d'epaifTeur , y fut cement^ pendant douze jours ; elle fe trouva nette apr^s cela & fans apparence de calcination, tres-douce a la lime , d'un grain blanc bril- lant dans fa cafTure, abfolument comme le fer apres la cementati«?n : elle fe forgea a chaud, prit la trempe comme. un acier fi?:, feu- lement un peu moins dur que I'acier de ce- Ff 431 AcAoiMiE mentation , re^ut parfaitement le poll , & forma des outils d'lin bon ufage. II en fut de meme d'un morceau de fonte blanche de Norberg de 7 ponce d'epaiffeur; cependant I'acier fe trouva moins fin , & il y avoit encore au centre un noyau non con- vert!. La calamine, qui etoit auparavant d'un jaune rougeatre , peu fenfible a I'aimant , etoit devenue d'un gris cendre , etoit attir^e comme de la pure limaille de fer , paroiffoit avoir perdu ce qu'elle tenoit de zinc , & I'acide nitreux I'attaquoit avec violence , prefque comme le fer pur. La fonte grife devint egalement acier par cette cementation , mais elle prefentoit quel- ques traces de pellicule de fer a la furface. Diverfes efpeces de fonte environnees de la chaux blanche ou fleurs de zinc,& recou- vertes d'argille, ont ete converties en acier a leur furface , & il n'y avoit point de cal- cination , quoique toutes les fleurs de zinc euffent difparu. 42°. Enfin, M. Rinman a effaye fur la fonte le cement de plombagine , de cette fubftance , qui , fuivant I'analyfe de M. Scheele , eft un compofe de gas acide mephitiqiieSr de phlo- giftique , tenant accidentellement un peu de fer; il a mis un morceau de fonte d'environ ~-^ de pouce d'^paiffeur, avec de la plomba- gine pulverif^e dans un creufet bien lutte au fourneau a vent. Quand le creufet a com- mence a rougir , il a augment^ le feu , & I'a tenu pendant deux heures au degre le plus I D E Dijon, iy86, 455 violent. Apres I'operation , il a trouve que la plombagine n'avoit eproiive aucun chan- gement , le morceaii de fonte etoit blanc & net, fans apparence de calcination; il etoit plus traitable a la lime & au marteau qu'au- paravant , mais en meme temps beaucoup plus fragile ; au lieu que fa calTure prefentoit un grain fin d'un gris clair , avec un cercle blanc pres de la furface, elle etoit devenue noire, a gros grains brillans, comme la plom- bagine meme,ou comme I'hematite appellee torrjien (i) \ on ne pouvoit la forger long- temps ni a chaud , ni a froid , qu'elle n'e- clatat plus que la fonte ordinaire ; trempee rouge , elle ne durcit pas , mais devint li fragile, qu'elle fe pulverifoit fous le marteau; c'eft-a-dire, que la plombagine produifit fur la fonte le meme effet que le charbon , & meme a un plus haut degre. ( Ihid. n°. 21. ) Voila les faits que nous fourniffent les ex- periences & les obfervations les plus impor- tantes fur les moyens de faire pafler la fonte a I'etat d'acier, oil Ton a deja pu remarquer, malgre I'attention que j'ai eue d'ecarter toute reflexion qui auroit pu determiner un juge- ment premature : 1°, que la chaleur feule , meme dans le cas de fulion, ne fuffit pas en vaiffeaux clos, du moins conilamment pour changer la fonte en acier. Dans I'experience (i) Cronftedt, §. 103. Kirwan, efp. x. Ffij ;^34 A C A D E M I E de M. Bergman, la fonte de Leuflladt n'etoit pas reellement convertie, puifque le regule etoit aigre a la lime & pen malleable : dans celles de M. Rinman , il n'y a que la portion qui s'eli feparee en goutte ; & , malgre la fufion entiere, je n'ai pas eu de I'acier avcc la fonte de Foucherans. i^. On a pu remar- quer encore que les c^mens vitreux & cal- caires , avec la chaleur de fufion, manquoient rarement leur effet pour la converfion par- faite. }°. Enfin, on a vu que ce n'etoit ni le charbon , ni les matieres charbonneufes qui reuffilfoient le mieux , & meme qu'elles pa- roiffoient empecher I'efFet de la cendre d'os : ( n°. 2/). Mais je me garderai bien de tirer des confequences de ces premiers appergus. Avant que de chercher line hypoth^fe qui leur convienne , il faut encore rapprocher les faits les plus concluans 61 les mieux conf- tates fur les diverfes manieres de changer le fer duQile en acier, puifque c'eft de la com- paraifon de ces procedes & de la nature des fubftances qu'ils exigent, que nous devons attendre le plus de lumieres fur les caraderes ipecifiques du fer dans ces trois etats : ce fera le fujet d'un fecond memoire. D E Dijon, tySS. 43 5 e JOURNAL Des obfervations da Barometre de M. Lavoificr. L Pa R M. P I C A R D E T. E barometre dont I'Acad^mie publie ici les obfervations , lui a ete donne par M. La- voifier, de TAcademie royale des fciences, qui a penfe que pour hater les fruits que Ton pouvoit fe promettre des journaux me- teorologiques, il etoit effentiel de les fuivre en meme temps , en divers endroits , avec des inilrumens parfaitement comparables, & qui en a fait executer plulieurs clans ce def- fein , pour les confier a des obfervateurs exafts en divers endroits du royaume. Ce barometre eft compofe de deux tube* appliques fur une regie mobile dans un cadre a couliffes : cette regie s'eleve ou s'abaifte par le moyen d'une vis placee a I'extremite fuperieure ; la cuvette dans laquelle plongent les tubes, etant adh^rente a cette regie, elle en fuit les mouvemens; & comme elle plonge elle-meme dans un baffin exterieur rempli de mercure , I'obfervateur eft fur d'avoir une ligne de niveau invariable , toutes les fois qu'apres avoir defcendii la cuvette mobile dans ie baflin exterieur, il la releve de ma- Ff iij 436 ACADEMIE mere a en voir les bords au deffus dii niveau du mercure dans le baflin, parce que cette cuvette en fort toujours egale-ment pleine , & que les divifions commencent a la hanteur de fes bords. La regie qui porta les deux tubes , eft ouverte a jour dans la partie fuperieure : deux anneaux qui coulent fur les tubes par le moyen d'une vis tres-lente , fervent a prendre I'elevation de la colonne de mer- cure en s'abaifTant jufqu'a intercepter la lu- miere. Le vernier qui accompagne ce curfeur, divife le quart de ligne en 25 parties, de forte que Ton pent compter facilement les centiemes de ligne. A ce barometre eft joint un thermometre a mercure divife en 80 degres entre la glace & I'eau bouillante , & dont les divifions font affez eloignees pour qu'on puiffe eftiraer les quarts de degres. II fuffit de dire que cet inftrument a ete conftruit par M. Meignie , pour annoncer que tout y eft difpofe avec intelligence, & exe- cute avec la plus grande precifion. Ce barometre, deftine par M. Lavoifier a I'Academie, ne lui ayant ete remis que le 29 du mois de juillet 1785 , elle ne pent donner que les cinq derniers mois de cette annee. Pour repondre aux vues de ce favant, elle a arrete que le journal de ces obfervations feroit fuivi avec exactitude par Tun de fes membres, & imprime dans fes memoires. M. Picardet a accept^ cette commiflion. Lorfque D E D I J o N ; tyS5, 437 fes affaires ne lui permettent pas de s'en ac- quitter perfonnellement, il eft remplace par Mad^. Picardet, dont I'application & le zele pour les progres des fciences font conniis par les tradudions qii'elle a donnees an pu- blic des oiivrages de plufieurs favans etran- gers. Ainfi Ton pent compter fur la regularite de ces obfervations , qui ont ete faites trois fois par jcur , de fix heures en fix heures ; la premiere a neuf heures du matin , la feconde a trois heures de Tapres midi , la troijlcme a neuf heures du foir. Ff Iv If A c A D E . M I E f Annee 1785 M ois d'aout. . p Matin Midi. SOIR. Degres au therniomctre n c I qui y ejt joint. pO. 1. 7 po. 1. ^•, I'o. 1. I. N;AllN. MlUi. b 0 1 R. -7 5 V 4 57 27 4 i^ 0+18 i -+i7i o-i-16^ 1 3 7^ 3 2 62 17 ^7l 17 3 I 57 a 31 2 8S 17^ i7i 18 J 4 2 8 1 R. 1» V 5 3c .7 5 28 27 6 50 0+"5 o+i3i 0+12 !^ 6 50 6 53 5 60 II 12 10"; ft 13 5 60 3 29 3 30 II 13 12} 4 3 ^5 3 88 3 78 12^ 13' »3 5 5 ^° 5 20 5 95 1^1 »3; 127 6 5 9^ 5 26 4 88 12 14 13J 7 4 65 4 60 5 46 13 16 -: 13 8 4 5« 3 44 2 82 12 12^ ^^4 9 3 83 3 43 3 42 12^ 13 V 13 If a 35 2 43 3 7''> »^T 13 127 11 5 4C 4 78 4 90 "^ 12-^ l^T i: 4 55 5 55 5 52 II »^^ 125- 1; 781 8 16 8 20 i^! i3r 13 M 8 20 9 35 9 29 i^^ Mi 13 t; 9 75 9 82 9 6 12^ 137 i2|; I( 8 4c 782 7 24 12 n:; '^^i '7 7 21 6 i<^ 5 99 ii| 12 '"" i8 5 80 5 88 6 50 10 II 10 '9 665 6 50 6 89 8i 9i 8| 20 6 90 6 91 6 31 75 8^ 8 21 7 21 7 I- 8 5 6i 7i 7 22 7 95 7 40 7 42 6i 77 6i 23 7 6 6 25 6 30 5l 7 ^' 24 5 64 4 61 4 23 6 8 7i 25 3 ^5 2 53 2 64 5^ 8i 8| 26 3 20 2 35 3 73 87 9? 8 27 3 21 4 4 77 6| 7i 7 28 5 8^ 5 76 6 33 6 6^ 6i 2C 4 91 3 60 4 12 5 6i 6^ 3^ 4 u 5 14 7 40 5-: 5? 5i il 6 25 5 5 47 4;> 5i 5 D E Dijon; lySi. 4A\ AnNEE 1785. INOVEMBRE. | 'c Matin Midi. SOIR. Dig res 1 ^" du thermomiti i ?■ y e/y wint. = 0. 1. ; .0. 1. 1 pu. 1. r. ; M A 1 1> 1 Midi. \ SoiR. 1 LJ 4 17 2 60 27 2 38 J04- 6i o-j- 8 0+ 8 2 2 37 2 56 2 60 ; 8 8i 9 3 4 ^ 5 5 6 14 8 9 9i 4 7 41 7 10 7 96 9 9 1 9i 5 6 6 4 20 4 20 ' 8., 9^ 9^ 6 1 35 3 28 3 51 9; 9^ 8-: 7 3 80 3 67 5 54 ! 8' 8 7-: 8 5 95 5 65 5 9c, 6i 6i 6^ 9 64 6 10 676 5; 6 5! IC 6 76 6 15 655; 5 5' 5i II 64 5 70 6 40' 5 5i 5 12 5 80 5 44 6 4 5 5 4' 13 6 30 6 5. 6 8ii 4 4^ 4; 14 6 27 5 80 6 54 2 4? 4i M 7 6 88 7 76 3- 4. 4 16 7 50 6 81 7 31' 3 3^ 35 17 6 79 6 52 6 85 3 3: ^^ iS 5 52 4 25 4 M 2- 2; al 19 2 0 75 0 71 =^7 3t 4^ 20 26 II 80 0 35 1 56 5i 5r 5f 21 27 2 ir 2 62 3 33 5i 5; 51 2- 3 7f 3 5^ 4 70 5i 51 5 23 5 52 5 8c 6 53 4 58 3 92 5i 5i 5 24 5 16 25 I 17 5 3 5^ 4f 5 5 5 5 4| 2C 2 12 0 6c 6 II 45 4; 4! 5 27 16 7 95 26 7 yr. 9 97 5 5t 5J =2? 11 75 9 9' 8 67 5 51 5J |29 9 32 10 i-^^ II 48 5 6 51 [30 6 IP 9 ir 10 52 5^ 5! 5l ~-' 1 '44i A C A D fe M 1 fi "^ Annee 178^ D >ECEMBR E. p" Matin. Midi. SOIR. Degres du thermomare qui y ejl joint. \ 5 po. 1. ~. po. 1. §. DO. 1. I. MATIN. MiUl. S 0 I K.| I 27 031 V I 43 27 4 0 0+ a\ 0+ 4I o4- 4l 2 4 i5 3 »^ I 50 3^ 4 31 3 I 17 I 52 2 0 3i 4! 4i 4 26 11 50 26 11 61 1 56 4| 54 51 5 27 3 82 27 5 10 6 76 5 5^ 5 6 5 16 3 47 3 49 4i 4l 4; 7 4 5 4 38 5 35 A\ 55 5! 8 578 4 68 3 58 5i 6 5l 9 0 80 0 25 0 95 51 6 6 10 I 45 0 76 I 6 5 4i 41 II 0 41 0 91 0 13 4 4l 3l 12 26 " 70 26 II 76 I 13 3 3t 3I 13 27 3 ao ^7 3 37 4 89 3i 4 3I M 5 94 6 89 7 35 3i 4l 4| h 7 3 5 32 6 21 41 5 4l i6 4 80 4 3 4 48 4| 4^ 4l 17 3 88 3 80 4 68 4i 4! 41 18 5 80 5 40 7 8 4i 4 4 19 6 40 6 10 6 21 3i 3l 3I 2C 4 55 4 37 S 45 3l 3l 4l 21 5 6c 5 ^S 5 54 31 3 3 22 4 I 3 25 3 61 0 — 2I ^1 23 I 95 I 36 I 32 il 2 - 24 i6 11 45 26 11 2C 26 II 60 I-: if 'M -^, 17 0 83 27 0 75 27 1 82 ii 1^ 11] %( X 8 a 15 2 79 4! 0 0 27 2 63 2 30 2 52 0 0+ 1 0-|- I 28 I 5 0 12 26 11 94 0+ ii 2 2 29 26 10 53 26 9 25 8 74 2 il ll 30 6 44 7 82 873 10 481 I il ofi 31 9 85 9 ^9 0 on 0 J p E D I ^ o N, I ^§5, 443 SUITE E L'H I S T O I R E M^TEORO-NOSOLOGIQl/E DE 1785. Par M, Maret* Ff vi 444 ACAJDEMIE OBSERVATIONS MtTtOROLOGIQUES, J U I L L E T. THLRMOMETRE. JO. ,du m. I 2 3 4 5 6 7 8 9 ;io ,11 I T2 !i6 !17 I i20 I- ■^3 26 27 28 '^9 130 31 Matin deg. 12 S 6. 5- 3. 4 3 2 I 1. 6 4. 3 I. 3 5 5- 4- S 6 5- 7 4- 2. 6 VI ID I. Jeg. 12 8 6. 6 7 6. 6 6. 20 7- 6 4- 6 6 7 7- 6. 9 7 8, Soi R. 5- 9 BARO METRE. M AT I N, pO. 1. 12 26. II. 27. 3. 9 5 5. 6 5- 3 4 3 4 4 6.9 5. 6 5 4 2 2 2. 9 4- 3 5.6 5- ^ 3. 6 9 M I 0 I. po. I. 12 I 4- 6. 7 5 3- 3- 5- 3 5 5- 3 27. 3. 5 . 6 5- 3- . 4. 4. 5- 7 5- 5 3- 2. 2, 3- 5- 5- 5- S O I R. po. 1, 12. 27. 4 5- 6 ! 5- 3 3- 4- 4- 6. 6. 4- 5 3 2 2. 4 5- 5- 4- 2. 3 I. 9 .. 9 .. 9 26. II. 9 .. 6 27. I. 9 3- 3 5.6 6.9 7 7 6. 9 5- 9 3- 9 3- 3 2. 9 3 4. 3 4. 9 5- 3 5- 3 5- 3 5 5. 6 5 1 D E D I J O N , ^lySS, VENTS ET tTJr DU C/£I. ij J U I L L E T, — jo. du m. 1 2 \ 3 1 6 7 8 9 o 1 2 3 4 5 Ma t I N. ! 7 8 9 20 21 22 23 24 25 26 28 ,2.9 iO II OSO^,co.-p/. SO:^ , +nu. SO^, nu. Ox , le. -TO. 0^,+nu. or.r.p/ ONO^,-}-nu.-ri.. NO^, nu. ;?/. N^ , fe. -TO. NX , fe. SO, -pu. N^, nu. -ro. N^ , fe. N, nu. S^ , nu. -^n so;^,nu. SO^, +nu, OSO , -nu. ]pl, SOX ' '^n- Sx , CO. p/«. S^ , +nu. />//z. SX , +nu. /;/. SOX J ""• v^'^' OSOx , fe. Ox, fe. NEX , fe. r<7, SX » *-''^' /''''' OX,n"- OX,fe. Ox , nu. SOX»nu. Midi. S o I R. Sx , nu. SOX> +nu. f^- SOX » "»• O , nu, ONOX, nu. NOX, -[-nu. NNoX5CO.t;j/.or. NX.+nu. Nx, CO. SOX ' n^"" NEx , nu. NNE , fe. OX , CO. Sx> nu. SOX, CO. SOx , nu. SOx, +nu. Ox , nu. SX, nu. Sx, +nu. SSOx,nu. SOXi CO. T. OSOx, nu. SO, nu. ENEx, fe. SEX ' ""• SSOX,nu.-p/. SOX » nu. Sx, nu. OSOx , fe. SOx, -j-nu. Sx , CO. SOx,fe. OSOx , -mi. NO, fe. OX,fe. Ox, -nu. NX,fe. NX , f«. S , -nu. OX,«u- N, fe. Nx,+fe. SOx , CO. ft, SO, -j-nu. -brUcL \ Sx, nu. >\ OSO, CO. OSO,-fnu. Ox , nu. Ox, nu. S , nu. SOX , n". SOx , nu. -pi, OSOx, fe. O, fe. NE, fe. Sx , CO. pi. T, S, CO. SOx , nu. -pi:, SO, CO. Ox , -nn. SO, fe. '^44^ A C A D E M I E RtCAPITULA T I O M. La conftitution a ete tres-feche,& fouvenC avec exces. Quelques legeres rolees , quel- ques pluies legeres , trois orages tres-forts , deux plus foibles , ont modere I'effet de la fechereffe. L'evaporation a fouvent ete de deux lignes & demie. II eft tombe en pluie, I p I I 12' ^% d'eau. La temperature a ete chaude , mais fans exces , & meme il y a eu quelques fraicheurs dans les premiers jours ; elle a ete dans le cours du mois a la moyenne :: + 15. 8'^^: + ■Io. La plus grande elevation du mercure dans le thermometre , a ete de 10^. La moindre de 1 1 Ce qui fait une difference de . . 9 ^. L'air a eubeaucoup de pefanteur & d'elaf- ticite , fans grande variation ni exces : la plus grande elevation du mercure dans le barometre, a ^te de 27P. 7I. La moindre de 26 11 9 ""% 1 it Le balancement , 7 '• 3 L'elevation moyenne de . 27. 4. 4 L'air a toujours eu beaucoup de mouve- ment , & fouvent il a ete tres - agite. Les vents dominans ont et6 ceux du S & de rO ; ceux du N & de I'E ont foulrle la va- leur de fept jours dans le premier tiers da mois : le ciel a ete plus fouvent couvert ou jiuageux que ferein. La, D E Dijon, ty^S' 447 La conftitution catarrale fe foutient encore, mais la bilieufe s'y reunit. On volt encore des fievres tierces , quelques affeftions rhu- matifmalesgoiitteufes, quelquesgrosrhumes, quelques maux de gorge & des rougeoles; mais la variole qui fe declare , devient ra- pidement tres - commune. II y a plufieurs fievres continues avec eruption, quelques- unes avec eruptions urticaiies , & \es acci- dens du cholera -morbus; quelques fievres ardentes , quelques fievres puerperales ; & chez plufieurs accouch^es, la fievre miliaire. Le nombre des malades a ete confiderable. g 448 A C A D E M I E OBSER VA TIONS M^T^OROLOGiq Z7£J. A OUT. THERMO METRE J R. BAR 0 MEl 'RE. S 0 I R. 3 vlATlN. Ml D J Soi MATIN. Midi. leg. 12. leg. 12. ieg. 1 2. po. 1. 12 po. 1. 12 JO. 1. 12. 11 17. 6 M. 9 27. 4. 9 27. 4 •7- 3- 9; 1 ^ M 18. 9 18 3 2. c 2. 3J i 3 '7 17. 9 M- 3 3 I ^- 9; 1 13. 6 17 M- 6 a 2. ^ 3.6 5 16. 9 M M 4 4 5 ! 6 14 16 W- 9 5 5- 3 5 , 7 13. 9 16. 6 M- 3 5 4. 9 4- 9 3. 9' , 8 M 17. 9 M- 6 4. 6 3- 9 • 9 M M- 9 M- 6 2. 3 2. 6 lO »3 M- 3 13- 3 4 5 5.6 1 1 11. 3 15 »3- 6 5- 3 5- 3 5- 3 12 11. 3 16, 3 M- 9 4- 3 3. 6 2. 9 n IS 15. 9 M 3 3 3 M 12 14. 6 14 3 3 3 '5 »3 14 13 3 3- 9 4.6 i6 1 1 M 14. 3 4. 6 4 3- 9 17 13. 3 16 '3- 9 3- 3 3- 3 3- 3 18 11. 6 M 12. 3 3- 9 3- 9 3- 9 19 12. 3 15 12 3. 9 3- 9 3- 9, 20 II 12. 3 12. 9 3- 9 3- 3 3 21 12 14 13 3 3. 6 3. 9 22 12. 5 14. 6 »3 4 5 5 23 12. 6 15. 3 M- 3 4. 6 4 4 24 11. 6 15. 9 M 3- 9 3- 3 3 1=^^ 13. 3 16 14. 3 2. 6 2. 3 I. 6 26 n- 3 ^S »3 I. 9 3 '27 9- 5 13. 6 10. 6 5. 6 6. 3 28 n 13. 9 II. 9 6. 6 6. 9 6.9 ^9 9- s 12. e 13- 3 6 5- 9 5- 3( i3^ 12, '■ 17. 6 16. 9 4. 9 4] 3-6, 3' 15. ( 17. 9 16 3- 9 4 ^.1 D E Dijon, iyS6. "449 FENTS ET tTAT DU C 1 E L. A O U T. iO. du m. I 2 3 4 ■) 6 7 8 9 [O ; I [2 3 '4 15 [6 [7 18 9 ao I '21 '22 i24 ^5 26 '27 ,'28 30 3» 1 Matin. 0^,co. Sx , -f nu. +p/. 0^,co.4-;^/.r. Sx , nu. +/'/. S js^ , CO. -;;/. Ox, fe. -br. SOX,nu- O^ , -nu. Ox, fe. Sx , re. SO^ , mi. hrm. SO^,+ni,. OSO>^,nu.+;,/. Ox, nu. Sx, 4-nu. SOx,nu. SOx , +nu. Ox, nu. O^y nu. ro. SOx , CO. -pi. N, nu. NOx, CO. +^r. S, -nu. -br. SOx, -nu. NO^,fe. Nx , fe. ^r. n?. NO^ , fe. S, -nu. OSO^,-f nu. ro. or. T. Midi. SE^ , +nu. -pi. SE^ , nu. S^, CO. -\-pl. TO. SSE^, CO. pl.r. SSO:^,^nu.pL Ox, -nu. SOx, nu. SOx, nu. SOx, -nu. Nx , nu. S/^, nu. OSO:^ , nu. SO^, +nu. 0:^,-fnu. Sx, nu, SSO:^,nu. OSOX, nu. -pi. NO^, nu. NNO^,nu. O^, nu. SOXi -fnu. Ox, nu. S , nu. SO^,+nu. Ox , -f-nu. ;;/. NO^, -nu. NE^,fe. Ex , fe. S, fe. S, nu. S o I R. SE , nu. SE, nu. Sx , nu. SOx, CO. Sx, CO. Ox , CO. Ox, -nu. Ox. fe. Sx J nu. so;>5f , uu. Nx , fe. S^,fe. SOx 3 -j-nu. pi. Ox , nu. Sx , CO. Sx, CO. pi. SOx, nu. E^ , CO. pi. O , -f nu. pi. 0.^,+nu. SO , CO. Ex fc SO^ , CO. -f/u'.; Sx,-fnu. -\-pi. f! Nx , CO. Ni<:,fe. NEV , fc. SE , fe. S, (e. SO^,co.or.r./>/, ; 450 ACADEMiE RtCAPITULATION. La conftitution a continue a etre feche , mais im pen moins que le mois precedent , quoique fouvent avec exces ; Tevaporation n'eft jamais allee au dela d'une ligne & demie : quelques brouillards , quelques rofees , des pluies fiequentes , fouvent abondantes , & quatre orages ont modere les efFets de la fechereffe. La pluie a donne 2 p. 3 1. ii '*% d'eau. La temperature a ete en general peu chaude , & mcme un peu fraiche dans les deux derniers tiers du mois , excepte les deux derniers jours oil elle a ete chaude. La temperature de ce mois a ete la moyenne ::+ 14. i'^% :+ lo. La plus grande elevation du mercure dans le thermometre, de 18 'i. 9'*% La moindre de . 9 9 La difference 9 d. L'air a eu beaucoup de pefanteur & d'elaf- ticite , fans variations notables ; la plus grande ^l<§vation du mercure dans le barometre a ^te de 27 p. 6 1.9'^% La moindre 27 i Le balancement .... ~, o 5 9 La moyenne elevation de 27 p. 4 1. Les vents d'O & de S ont prefque toujours fouffle , & fouvent avec impetuolite ; ceux du N & de IE ont a peine regne trois ou quatre joijrs, mais ont ete vifs : le ciel a D E Dijon, iyS6. 451" itk tres-fouvent convert 011 niiageiix, & fe- rein teulement pendant huit a neuf jours en diff-6rens temps. La confhtution maladive eft toujoiirs com- pliquee de Ja bilieufe & de la catarrale , & celle-ci paroit plus dominante que I'autre. La varjole tvt tres-commune , & fouvent tr^s- confiuente & d'un mauvais caraftere. 11 y a beaucoup d'eruptions fans fievre, telles que la ceinture de feu , la porcelaine, &c, Beaucoup de fievres avec Eruptions fympto- matiques , & quelques-unes de critiques : ce font principalement dans les fievres tierces que ces eruptions critiques ont le plus fou- vent lieu ; ces fievres font tres-frequentes. II y a plufieurs fauffes pleurefies , & quel- ques-unes feterminentpar des eruptions; plu- fieurs fievres miliaires & des urticaires ; quel- ques fievres malignes nerveufes; des fievres doubles tierces , des fievres ardentes, dgs apo- plexies , des douleurs erratiques ; plufieurs phthifies fe d^clarent & pafTent rapidement au fecond degre. Le nombre des malades eft confiderable. ACADEMIE OBSERVATIONS METtOROLOGKl UES. SEPTEMBRE. I T HERMOMETRE. 1 BARO METRE. 1 jo. du m Math 4 I D I. Soi R. VI AT I N Midi. s 0 I R. ! iieg. 12 eg. 1 2 deg. 12 JO. 1. 12. po. 1. 12. 00. 1. 12.1 15 16. 6 »)- 9 17. 3 17. 3 17. 3. 6j 2 15 16. 9 I?- 3 3- S 4 '^ 3 12. 3 M »4- 3 3 4. 3 5- 3 A 14. 3 16 14. 9 S- 3 4 3 1 5 15 16. 9 16 2. ( 2. 6 2. 3 6 ^7 19. 6 17 I. 9 3 4 ! 7 14. 6 20 18. 6 4 4 4- 3 8 16 20 17 4. 3 4 4 1 9 14. 9 18. 6 16 4 3 2. 9 lO M 17 >S 3 3- 9 4- 3 II 14. 6 18 18. 3 4- 3 4. 6 5- 3 12 12 »5 13. 9 6 6 6. 5 13 13 15. 6 13. 9 6.7 6. 8 6. 6 14 II. 9 M- 3 14. 6 5- 7 4. 9 4. 2 M 12 16 »5 3. 2 2- 5 2. 7 16 13. 6 M- 3 13. 9 3- 7 4- 6 5 17 II M- 3 14 5 5- I 5- 5 18 14. 6 16. f 14. 3 5.6 5- 9 5- 9 19 n 16 14. 6 5- 9 5- 9 5- 9 20 '5 , »7 »5 , 5.11 4- 2 3. 2 11 14. 6 14 12. 6 2. 6 2 2- 5 22 12. 6 M , 13. 9 2. 9 3- 4 3- 9 23 II. 6 16. 6 14. 3 3- 7 2. 9 2. I 24 M 16 15- 3 I- 5 ^-7- 7 16. ti.ii ^5 14 16. 9 M- 3 26. 10. 6 26. 10. 9 -7- * 26 14. 9 16 13. 3 17. 2 17. 2. 9 4. 4 27 11. 6 12 14 4- 7 6. 6 7- 1 28 8. 6 II 8 7. I 7- 4 7- 5 29 6 10 8. 3 7. 7 7. 7 6 L 7- f 13 12 5. 8 5- 5 5- 5 D E Dijon, lySS. 455 VENTS ET tTJiT D U C I E L. SEPTEMBRE. '0. Ju m. 1 2 3 4 •) 6 7 8 9 lO ; 1 12 '3 14 '5 16 '7 [8 9 20 21 i22 .23 (26 u? 28 29 !3o i Matin. S^, CO. on r. /)/. SOX, nu. NO , CO. -\-pl. Sx , fe. ri'. S , CO. pi. br. Sj^, +nu. bf. SSE:^, fe. ir. OSOx,-nu. 3r. Ox, re. ir. Sx, +nLi. hr. O , nu. ro. SXj nu. SOx , fe- ro. N,fe. rcj. S , nu. ro. O X , +nu. ro. Ox , +nu. ^r. Nx, fe. br. Nx, fe. ro. O , fe. ro. Sx, nu. ro. Sx , +nu. ro. Sx , +nu. br. S^,-\-nn.br.pI. Sx, CO. SSOx , +nu. -p/. SOx,+nu.-/7/. Nx, nu. Nx , fe. ro. SSEX 5 nu. -ro. Midi. SOx, nu. SSE, -f-nu. SEx,fe. SSE, CO. SSO^ , nu. S^,fe. S, fe. NEx, -nu. S, nu. S ^<; , CO. cr. -\-pl. SOx, -\-Du. -pi. SE , nu. E, fe. SOx , nu. O, nu. SOx , nu. NE , -nu. E, fe. S, nu. S , CO. S, -J-nu, S,fe. S , CO. pi. S^, nu. •\-pl. S , -j-nu. Ox, nu. Nx, nu. N , fe. Sx , nu. S O I R. fe. -nu. SSE. SEx, fe. Sx , CO. SOx. Sx , fe. va. Nx, fe. va. Sx, CO. or. T.pl. Sx, fe. Sx, +nu. SOx , fe. -pi. E, fe. E,fe. Sx , +nu. Ox, -nu. SO , fe. E, fe. E^,fe. S , -nu. S, -{-nu. Sx, -fnu. S^ , nu. S, CO. Sx , nu. Sx, CO. Sx, nu. Nx , fe. N, nu. Sx , -nu. ^54 ACADEMi £ RECAPITULATION. La conftitution chaude & peu feche dans les premiers jours du mois , tres-chaude & feche dans fon milieu, fraiche & un peu hu- mide fur la fin. II y a eu dix fois des brouil- lards le matin, onze fois de la rofee, fept fois de la pluie, dent trois avec orage, & elle a fouvent ete tres-abondante ; elle a donne eau , 4 p. 3 1. 16 *'% Les vents du S & de TO ont ete les do- minans , au point que ceux du N & de I'E ont a peine fouffle pendant fix jours. Le ciel a et^ ferein pendant la valeur de douze jours , & convert ou nuageux pendant tout le refte du mois. L'evaporation a ete une fois de 2 1. fouvent d'l 7 1. La pefanteur & I'elafticit^ de Tair ont ete en general affez fortes, mais avec des va- riations frequentes & quelquefois confide- rables. La plus grande elevation du mercure dans le barometre , a et6 de 27 p. 71.9"% La moindre de 26 10 6 Balancement , 9^-3 '*"• La moyenne elevation dans le mois , de 27 4 4. Le plus haut degre oil foit monte le mercure dans le ther- mometre , a ete le 20*, Le moindre le 6**. La difference, 14. La D E Dijon, lySS, 455 La moyenne elevation dans le courant dii irtiols, de 14^. 5 '*% & la temperature a etd a la moyenne *. t + 14 5 '". '. + 10. La conftitiition maladive a ete principale^ ment bilieufe. La variole a ete tr^s- com- mune , & fouvent confluente. II y a eu encore quelques fluxions, quelques fauffes pleurefies^ quelques eruptions fans fievre. On a vu quel- ques dyfenteries , quelques fievres continues r^mittentes. La fievre qiiarte a paru fur la fin du mois. Le nombre des malades attaques de la variole, a ete fort grand; celui des autres peu confiderable. H h 40 A C A D E M I E OBSERVATIONS MtTtOROWGlQUES, O C T O B R E. THERMOMETRE. I MATIN deg. 12. I 2 3 ( 7 ! 8 \9 \o II [12 i»3 iM ;>6 17 18 19 20 21 22 23 24 ^5 26 27 28 29 3 10 7- 8. It ir. 9- 12 9- 1 1. 10. 9 8. 9 9- 10 9- 8. 6. 4. 4 2. 2. 2. 3 6 7 3 3 I 2 3 Mid deg. 12. 9 6 13 12 «3 13- *3 13- 13 12. »3 12. 12 »3 12. 13 12 13 10. 10 8 7. 6. 7- 6. 8. 10. 9 5 5- 6. 5- 6. S O I R. deg. 12. 9 6 6 6 3 6 6 6 6 3 9 9 12. II. 10. 12 II II. II II 10. li. II. II. lO. 10. 9 7 4. 5 4- 4. 4. 6. 9 6 4. 2 5 2 5- B A RO MET RE. 9 6 9 6 3 6 9 9 9 6 9 M AT 1 N. M I D I. po. 1. 12 27. 5. 6 6. 2 3 3.6 4- 3 5 4 4 3 2. 9 3 6 9 9 9 6 po. 1. 12 27. 6. 9 5. 6 6 6. ; 6. 3 7. e 7 4. 3- 2. ( 3- 3 4. 9 5- 2 6. 9 6 7- 6. S O I R. 'O, 1. J 2, 5- 3 6 3 3- 9 4. 9 4- 9 4 3 3 2. 9 4- 4' 7 8, 8 7 6. 6 5- 6 6 6. ^7- S 2. 9 2. 6 3. 6 5- 5 3. 9 6. 9 5- 3 4- 5- 3- 7- 5 6. 3 3- 6; 3- 9i 5 4. 9 4. 3 3 3- 3 3- 3 4. 6 4. 9 8. 6 8. 9 8. 3 7 6 6 6. 3 6 7. 6 7. 6 5- 5 4- 3 2. 9 2. 9 D E P I J O N, lySS. '457 VENTS ET tTJT D U C I E L. O C T O B R E. |0. du m. Matin. Midi. I S, -|-nu. hr. 0, nu. 1 N, nu. br. Nx, nu. 3 S , CO. -f-/'/. SOx , +nu. 4 Sx , nu. br. SE , nu. 5 SOx , nu. pi. br. SE, nu. 6 SO X , nu. ro. Sx. nu. 7 SOx , +nu. pi Ox , nu. 8 S, +nu. Sx, +nu. 9 SOx,4-nu.-^r. SOx, nu. 10 SOx , CO. pi. SO^,-|-nu. 11 SOx J nu. ro. Sx , nu. 12 S^, nu. -\-br. S^,fe. n S3X, nu.-^r. OSO , -nu. M Ox, fe. ro. Sx , fe. 15 Ox 1 nu. br. Nx, -nu. 16 NNE^,fe. -ro. NE,fe. 17 SEx , i'e. +^r. E, fe. 18 Ox, nu. br. NO^, nu. 19 NX , fe. N^,fe. 20 N^,fe. -^r. NX,fe. 21 Nx,fe. N^ , fe. 22 Nx, -nu. Nx , fe. 23 Nx,S. NE , nu. 24 SSOX , fe. -br. Sx , fe. 25 Sx, -nu. -br. SSOX, nu. 26 Sx , CO. D/n, SOx , nu. 27 0^ , fe. NO^ , fe. 28 Ox, re. ro. Sx, nu. 29 Sx, fe. S^ , -nu. 30 Sx, fe. Ox, fe. 31 SEx, fe. Sx, f«. N, fe. Sx , "i-nu. br. SO, CO. -pL SSE, -|-nu. SO , fe. S , CO. eel. Ox, nu. S^, CO. O, fe. SOx , -nu. pi. Sx, fe. Sx, H-nu. OSO , fe. S, ie. Nx , fe. NE.fe. E, -f-fe. N^ , +fe. N^,+fe. N^ , +fe. NX , +fe- Nx,-|-fe. Ex , fe. N, fe. SO^, -fnu. OSOX,-;./. O^, CO. Sx , fe. Sx, CO. Ox,fe. S, CO. 458 A C A D E M I E RtCAPITULATION. La conftitution a kth fraiche & humlde dans plus de la moitie du mois , & tres-froide & i'eche fur la fin. L'evaporation a et^ plulieurs fois de I I. ^, deux fois de 2 1. II y a eu du brouillard pendant onze ma- tinees & une foiree ; trois fois de la rofee ; Tieuf fois de la pluie qui ont donne i p. 2 1. 33 ^'^e, d'eau. Le ciel a ete prefqu'aufli fou- vent convert, nuageux , que ferein. Les vents tlu S & de rO ont fouffle bien plus fouvent 9 20 21 12 »3 24 12 26 27 28 3f Matin leg. t: 4- 8 7- 8. 8 9 5- 3- 3 2. 2. 3 I. 2 I o o o o 6. 9 5 3 2. 2, 3- 2. 2. 3- 4. Vl I D I. leg. 12 deg. 10 10. 9- II 10 7- 6 5 4 4 4- 3- 4 S 3- 3 I I. 7- 6 5 3 3- 5 4 4 6. 5- 5 4. Soi R. I 2 8 8. 5 8 9. 3 8. 9 6 4- 9 4 3 3- 3 3- 3 I 3 3 2 I. « o 8 S- 4 3 3 3- 3- 4 5 4. 5 4 BARO METR E. M AT I N. ,>o . 1. 12. po. 4 2- 3 2. 6 7 6. ^ 3 5- 6 6 5- 5- 6. 6 7 6. 6 a. 26. II. 27. 1. 3 4- 5- 4. r 2. 6 26. 9 II 9. 9 5.6 Midi. 27. 16. 12, 2. 9 2. 3 4. 6 6. 6 27. S O I R. 1 po. 1. 12. 4- 2. 3. 6 5- 31 5. 6 6 6 5. 6 6. 6 6 6. 9 7 6. 6 5 I. 9 2. 6 3- 9 4. ^ 5- 3 4- 3 I. ( 8. c 10. < 9. y 8. 3 ^7- 16. 2. 3 2. 3 V- 9 7 3 2. 5 5- 6 6 6 5- 9: 5- 6: 6 7 7 6. 6 4 3 4. 6 4. 4 '1 9 9 8. 9 lo. 9 10. 3 D E Dijon, lySS, 461 yENTS ET tTAT DU C 1 E L. NOVEMBRE. JO. du m. I 2 ■} 4 5 6 7 8 9 o I 2 3 4 5 6 7 8 9 20 21 22 23 24 ^5 26 27 28 29 Matin. Sx, nu. S Js^ , CO. p/. SO^ , CO. pi. Sx J CO. p/A2. /tot. Sx , CO. br. S:^, CO. hr. \pl. Ox, +nu. NOM, CO.-/./. N , -nu. ^p SO , CO. hnju Ox , +nu. g^. NX, fe. N^,fe. ... Nx , fe. va. Nx , ft. va. S, CO. ^.. SE, -nu. hr. SO , CO. plnm. Sx , CO. pin. brm. NO^ ' ^°" P^'^"'- ONOX, CO. pin. N^ , CO. gg. NO^,co.' SSEx , CO. br. Sx , CO. ^r. S^ , CO. ;7//7OT. ^ S^, nu. 30 SO^, nu. pin. Midi. Sx * nu. S^f , CO. SO, -nu. Sx , CO. Sx , -nu. O^ , CO. O^, CO. ONO^,nu. N^, CO. N^,-}-nu. N ^, CO. SOXjCo. Nx , CO. NNE^< , fe. Nx,+re. Nx , fe. E, CO. hr. S , CO. brm. s;^ , CO. pi. O , CO. pi. E , CO. pi. NO^^, CO. pi. O^, CO. pi. Nx, -fnu. NNO^,co. Sx . CO. -pi, Sx, CO. pi. S/)><; , nu. SOx, 4-""- S o I R. * SOx, nu. S^ , CO. -{-pi. SO^ , CO. ~pl. Sx, CO. -\-br. Sx , fe. SOx, CO. N^,fe. NX^, CO. nJ^, CO. Nx, CO. SO, fe. Nx , fe. -^r, N^,-fre. N.^ , -f fe. Nx , fe. S, CO. S , CO. -\-hrm. Sx , nu. -\-pl. S, CO. NO^ , CO. -pi. NOj^, co.pl. NO;^, CO.;;/. N^, cc. NNO, CO. S))^, CO. -pi. S^ , nu. pi S:^, CO. -f/,/. O^, CO. O:^, -nu. -;,/. 46i AcADfMie RiCAPITULATIOM. La conftitution a ete toujours humlcle , & fouvent exceflivejnent fraiche , puis froiJe dans la premiere moitie du mois , enliiite temperee pendant quelques jours, puis fraiche jufqu'a la fin. 11 y a eu du brouillard 8 fois dans la ma- tinee , 2 fois dans la journee, & 3 fois dans la foiree ; 2 fois un air vaporeux , une fois du givre ; la valeur de dix jours enticrs de pluie qui ont donne 4 p. 3 1. 3 "'^ d'eau. II y a eu 2 fois un peu de neige fondue , & les montagnes voifines en ont ^te couvertes une fois ; 5 fois de la gelee a glace , une forte inondation. L'evaporatlon a ete rarement d'l 7 par jour. Les vents du S & de TO ont domine, an point que ceux du N & de I'E ont a peine fouftle pendant 738 jours. Ceux du N , de TO & du S ont ete fou- vent impetueux & tous vifs. Le ciel a ete prefque toujours convert ou nuageux , & feu- lement ferein la valeur de 6 a 7 jours. L'air a eu fouvent peu de pefanteur & d'elafticite ; les variations ont et^ frequentes, fouvent confiderables & brufques. La plus grande elevation du mercure dans le barometre n'a ete que de 27 p. 7 1. 11 eft defcendu jufqu'a . . 26 5 <^« Ce qui donne de balancement i i 6. Lelevation moyenne a ete 27. 3 7. Le J D E Dijon, i^SS, 463 Le plus haut degre oii fe foit dleve le mtrcure dans le thermometre a ete le 11. II eft defcendu jufqira O. Difference ii- L'elevation moyenne pendant le mois a ^te+4. 4'*'. La temperature a et6 a la moyennne : : + 4 4'^% 4- 10. L.i conftitution catarrale domine ; il y a des coqueluches , des rhumes , des fievres catarrales, des fluxions de poitrine; des doii- leiirs rhumatifmales vagues , fans fievres in- fla matoires ; quelques erefipelles, quelques eruptions fans fievre , quelques vertiges. La variole eft toujours repandue , mais le nombre des varioles eft peu confiderable i & en general il y a peu de malades. li 464 A C A D E M I E OBSER FA TIONS MtTkOROWGKl UES. D fi G E M B 'R E. THERMO ME TRE. S 0 I R. B ARO MEl 'RE. S 0 I R. v. - a 5 0 I MATIN. Midi. MATIN. Midi. deg. 12. deg. 12. deg. 12. po. 1. 12 po. 1. 12. po. 1. 12. 3 3- 3 I. 9 26. 11. 3 27. 2 27. 3. 6 2 • • 6 3 I. 3 27. 4 3.6 I- 3 3 3 S- 6 4- 6 2 I- 3 I. 9 4 4- 9 6. 9 3- 6 •• 3 27. I. 6 5 4- 9 5- 3 3- 6 2. 6 S ^ 6. 6 6 . • 9 2. 9 3 5.6 4. 6 3. 6 7 4- 6 6. 3 5- 3 3. 6 3- 9 4- 9 8 4- 3 5- 9 4 4. 9 5 3- 3 9 3- 9 5- 3 4. • 9 I •• 9 .. 9 10 2. 9 I. 9 1. 3 •• 9 I I i»i I. 6 2 • • 6 •• 9 27. 27. 12 • • 9 I. 9 2, 6 26. 11. 9 26. IX, 9 .. 6 13 • 2. 6 3- 6 2. 9 27. 2. 9 27. 3. 6 4. 6 14 2. 3 5 4. 3 5' 3 6. 6 7 15 2. 9 4- 9 4 6. 9 7 6 16 2. 9 4 2 5 4. 6 4. 6 17 2 3- 6 3 '4 4 4. 3 18 I. 6 2. 9 I. 9 5 6. 3 7 »9 I 2 I. 9 6. 6 6. 9 6. 3 20 I. 9 2 2 5 5 5 21 I I • • 3 5- 3 5- -9 5. 6 22 — 0. 3 • • 6 0 4. 9 4 4 23 0 • • 6 0 2. 9 2. 3 I. 9 24 — 0. c • • 6 0 • • 3 .... ■ • • ■ ^5 — 0, 6 I ^i. 9 • # I I. 6 26 -6 -3 — 2 I- S 2. 6 2. 9 17 — 2. 9 I I 2. 9 2. 9 2. 6 28 I 2 • 2 I. 6 ., 6 26. 11. 6 29 0 /• c 0 26. 11. 6 26. 9. 0 8. 6 30 — I. 9 — 1. K, —2. 6 7. 6 7. 6 7. 9 3M-3- _3 — I. 6 — 2. 6 . 9 10. 3 10. 6 i D E Dijon, lySo. 465 VENTS ET tTAT DU C I E L, Dfi'CEMBRE • jo. rlu m. Matin. Midi. S 0 I R. I N,~^, nu. NX,n.u. N^ , fe. 2 Nb^,co.g«-. S^ 5 -nu. S^ , CO. gr. nei. 3 SO Ji<^ , CO. /;/«. SSE^,nu. S^, CO. -//. j 4 S^, -fnu. •/?//;. S:^ , -f nu. -pi. Sx,fe. 5 SSOx, nu- Ox, nu. 0, CO. 6 0 , CO. -\-hr. s;. bl. SSOx, nn. S , CO. 7 SSO , CO. +k S, nu. S, CO. bl. 8 SO , CO. -br. SO, -1-nu. S 9 SSOx, nil. -br. Sx , CO. -pi. s^ lO NO^ , CO. N^,+nu:^/-. N^ , CO. II Ex, nu. -br. E , -nu. SEx,.^r. 12 Sx , nu. br. -gg. NOx , CO. +;'/. 'S , CO. /j/. br. 13 S , CO. -\-br. S , -j-nu. -\-br. , S , -nu. . 1 14 Sx, CO. -^br. SOx, riu.' SSOx , CO. 15 SOx,co. Ox, nu. Ox . 16 Ex, nu. Nx, 4-nu. Nx , -f nu. 17 Nx , CO. neif.* Nx, CO. Nx, CO. 18 NOx, CO. NDx, CO. NOx, CO. 19 ONOx, CO. NOx , CO. NOx, CO. 20 Nx , CO. NE^,co. NE^ , CO. ia N^,co.. N^, CO. N^,co. 22 NOx , CO. gg. br. N^,co. NX-^ ^o- 1 23 Nx , CO. gg. N;^,-l-nu. N^,co. 24 NXj CO. gg. mi. N, CO. N^ , CO. ^5 S , CO. gg. nei. Sx , nu. br. Sx,-|-nu. . 26 Ex , +nu. gg. nei. NOx , GO. gg. GX, co.^^. 27 Nx , nu. gg. NOx, nu. nei/. Nxyco. 28 NNOX , nu. -gg. Nx, nu. Nx, CO. 29 :^^,co:-gg. N^ , CO. 'gg. ' N)^, CO. -gg. 30 N^ , CO. gg. , N^, CO. gg. ^A,co.g§. N^,.co.^.. 31 N^ , nu. gg. N^, ^o.gg. 466 ACADEMIE RtCAPITULATION. La conftitution fraiclie dans le premier tiers clu mois, tres-froide fur le milieu & la fin , a toujcurs ete humide & fouvent avec exc^s. II V a eu huit tois da brouillard le matin , trois fois dans la journee , trois fois dans la foiree , fept fois de la pluie, fept fois de la neige , dont une pelotonnee , & en tout 3 pouces. La pluie & la neige ont donne I p. 2 1. 14"'% d'eau. Le ciel, a I'exception de la valeur de deux jours , a toujours ete convert ou nuageux. Les vents fe font en quelque forte partages le mois; mais ceux du N 8l de TE ont regne plus fouvent que ceux du S & de TO; tons ont iiQ fouvent violens , quclquefois impe- tueiix, fur-tout ceux du S. La plus forte eva- poration n'a ete que d'une ligne. L'ait a eu peu de pefanteur & d'elafticite; mais les variations, tres-frequentes & fouvent confiderables , ne fe font jamais faites bruf- quement. La plus grande elevation du mer- cure dans le barometre a ete de 27 p. 7 1. La moindre de 26 7 6'*% Le balancement de . . . . 1 1. 6 La moyenne du mois ... 27 2 6 Le mercure dans le thermometre ne s'eft ^leve qu'a +6''. 9'*% II eft defcendu jufqu'a — 6. La difference delatit. 12*^.9'*% L I D E 1> 1 J O N, tyH:). 46J La temperature du mois a ete a la tempe- rature moyenne : : + i ^. 9'*% : + 10. 11 a gele a blanc une fois , & a glace 9 jours en- tiers & deux matinees. La conftitution catarrale eft la dominante ; il y a de gros rhumes,des coqueluches, des catarres , des maux de gorge, quelques flu- xions de poitrine , quelques erefipelles au vifage, quelques affedions comateufes. Plu- fieurs accoiichees ont des depots laiteux, des fievres puerperales. II y a encore des varioles, mais elles font rares , & pour la plupart tres-benignes. En general , le nombre des malades n'eft pas bien grand. OBSERVATIONS Meteorologiques , hotaniques , ^oologlques & economiques y pour Le fecond Scmejlre de lySb, Par M. PiCARDET, Prieur de NmlUy, J_uES jours du folftice d'et6 font une epo- que celebree dans la nature par tons les etres vivans ; le laboureur eft a la fin de (es tra- vaux, & fe difpofe a en recueillir le fruit; les tendres couvees des oifeaux font ^clofes, & les peres & meres font en quete de toute* parts pour alimenter leurs petits; la fraie de tous les poiftbns eft finie, & le fein des eaux 468 4 C A D E M I E fe penple d'une infinite de noiiveaux etpes vivans. Les fruits fur les tiges des arbres , ainfi que les i'emences dans leurs diverfes enve- loppes , prennent de raccroiffement. Quel- ques fruits font deja miirs ; ils portent la fraicheur dans le fang, apres avoir rejoui la vue par les couleurs vives dont ils font ornes la plupart. Les pluies du folftice femblent rappeller un nouveau printemps au fein de Fete; les plantes produifent de nouvelles feuilles; tons les animaux penferont bicntot a fe donner une nouvelle pofterite. Voila i'ordre de la nature, jamais elle n'eft fans aftion, tous les etres crees fe detruifent par une fuite de leur propre fragilite; mais I'energie repandue dans la nature par fon auteur , repare fans ceffe {es pertes. Cet ordre a ete fufpendii cette ann^e par des caufes qui font hors de notre portee. Les grains confies a la terre, les haricots, les vefces , les feves, le chenevis, les navettes d'ete y font demeures fans y etre le moin- drement alteres. L'ete de 1785 a ete tres-pauvre en pro- dudions vegetales ; les cerifiers feuls ont donne du fruit abondamment; les fraifiers & les framboifiers n'ont pas reufli; les grofeliers ont coule en partie , & n'ont pas eu un fort auffi favorable que la vigne , ce qui eft contre Topinion commune , qui eft que la r^uftite de Tune de ces plantes affure le fucces de I D E Dijon, tySS. 469 I'aiitre. Les pruniers, dans les terres feches, ont offert un phenomene fingulier, en ce que leiirs fruits, quoique parvenus A leur matu- rite, ont degenere de leur forme, & ont pris celle de Tamande ; enforte qu'au lieu d'etre rondes , les prunes fe font trouvees applaties de deux faces, & plus minces au deffus qu'au has. Les fruits a pepins ont en general donne affez abondammeni, mais il y en a eu beau- coup qui ont ete piques du ver, ce qui les a empeche d'etre de garde. Les raiiins, dont la recolte a ete plus grande qu'on ne I'ait jamais vu, fe font conferves difficilement & n'ont pas acquis toute leur maturite, parce que les grains de leur grappe etoient trop ferres. On a vu cette annee des arbres fecher fur pied apres le folftice d'ete, faute d'humidite. Le feu eleftrique, concentre dans les plantes & exalte par celui du foleil qui le met en adion, y produit, comme dans les corps ani- mes, des maladies inflammatoires , une lan- gueur mortelle. 11 falloit neceffairement des pluies pour temperer cette ardeur intelline qui les devoroit ; c'eft pourquoi il a fallu y fuppleer par de copieux ar ofemens. Or, ces arrofemens, dont la fralcheur fu- bite arrete la tranCpiration des plantes & em- peche la circulation de la matiere elcdrique, ne valent pas a beaucoup pres les pluies tiedes & foufrees du printemps & de I'ote : le foleil furvenant fur ces arrofemens, grille les feuilles des plantes, elles s'etiolent,& donnent des productions tardives & dertgurees. 470 A C A D £ M I E Les moiffons ont commence le 14 juUlet; en beaucoup d'endroits , les feigles & les frcmens ont epies centre terre ; ils fe font cependant Aleves depuis ce temps, les pre- miers a deux pieds & demi , & les aiures a 18 a 20 pouces de hauteur : les epis iont pleins , mais courts , & les meilleures terres donnent entre 14 & 16 demi-quintaux de bled par journal; le grain eft feul & fans melange d'aucune des plantes qui naiffent ordinaire- ment parmi les bleds; enforte qu'on ne trouve dans les champs, ni mdampyrum^ ni vefces, ni latirus y ni bluets , ni adonis , 11 y a neanmoins de la nielle. Les labours ont kih tres-alf6s , en ce que les terres ont et6 dcffechecs au point que j'ai fonde , le 10 juillet, Aes crevaffes qi;i avoient trois pieds huit pouces de profondciir dans des terres fituees pres le finage de Rou- vre : ces crevaffes avoient un pied d'ouver- ture a la fuperficie de la terre, elles etoient augmentees de quatorze pouces de profon- deur en huit jours de temps. II eft bon d'obferver que vers la fin de juillet de cette annee, la fechereffe a ete li grande dans nos cantons & en d'autres pays, que les fauterelles ont quitte les pres a cette ^poque , pour fe jeter dans les bleds , puis dans les orges 5z dans les avoines, qu'elles n'ont pu entamer,parce que ces grains etoient murs ; mais elles ont mange tout ce qui fe trouvoit de verdure. On fait que ces infedes ne difparoiffent qu'apr^s avoir ravage les productions D E Dijon; lySS. 471^ produdions de la terre pendant trois mois & demi, qui font juin, juillet, aoiit, jufqu'i la mi-feptembre. La maturite des fruits d'^te a ete retardee d'environ quinze jours. La hauteur moyenne de la riviere etant fuppofee de quatre pieds , elle a baiffe de trois pieds & demi depuis les neiges , & fe trouve r^duite a fix pouces a peine de pro* fondeur,Ie J ^^ juillet. C'efl ici le lieu d'ob- ferver que des fontaines qui de temps imme- morial avoient toujours donne leurs eaux , ont et6 entierement taries. Nous avons deja dit que la vendange avoit ^te tres-abondante, mais les vins qui en ont r^fulte, ont ete de petite qualite a caufe de la verdure du raifm. Les regains , fur lefquels on comptoit pour r^parer la rarete des four- rages , ont abfolument manque. Les pluies qui font furvenues en quelques contrees a la fin de la moiflon des bleds , y ont favorife la recolte des mais , du chanvre & des ha- ricots ; mais il y a eu peu de pays qui aient eu a fe feliciter de quelque profit fur les re- coltes, & en general le baffin Aa.^ rivieres n'a ete rempli qu'apres le fojftice d'hiver, & I'au- tomne a ete plus feche qu'elle n'a ete hu- mide. Les fecondes pontes de la volaille, non plus que celle des petits oifeaux , n'ont pas ete frudlueufes. Les infedes fe font extraor- dinairement multiplies , je parie de ceux dorrt la fechereffe favorife raccroiffement ; car le| K k 47^ A C A D E M I I courtllieres ont peri dans les terreins oil elks ^toient le plus abondantes. Les grenouilles font devenues plus rares. Les recoltes des menus grains ont ete abon- dantes dans les lieux oil elles n'ont pas cou- tume de reuiilr. Les canards ont ete les feuls des animaux aquatiques qui fe foient deplaces iur la fin de Tautomne. Les feuilles des arbres ne font tombees qu'apres la mi-novembre ; & quoi- que les fourrages fuffent fort tares aufli bien cette annee que la precedente, I'habitant de la campagne s'efl trouve moins an depourvu a Tentree de Thlver ; il s'etoit cette fois ap- provifionne dans les bois & dans les marais, il avoit fait de la feuille & ramaffe des fou- chets ; il avoit ramafle des feuilles d'arbres 'pour faire de la litiere ; il avoit arrache jiif- qu'aux eteules des fromens pour le meme ufage. II n'y a eu ni epizootie, ni epidemic dans nos cantons , avant le i^"". Janvier. Le labourage a ete tres-aife cette automne, & les femailles de feigle & de froment pro- mettent une recolte tres-abondante, F I N. D E Dijon, lySS, 475 KM ADDITION j4u memoire fur le danger de latjfer vendre des J els mcdicinaux en poudre^ par d'autres que par les gens de I' Art, L 'ARRET que le parlement de Paris vient de rendre le 2 juin de cette annee , ( 1786 ) pour la ville de Chateaudun , prouve bien que ces craintes ne font pas exag^r^es. -Cet arret fait defenfes a tous marchands de tenir , vendre & d^biter a Tavenir aucunes drogues medicinales fxmples & compofees ; ordonne que les apothicaires etablis en la ville de Chateaudun , pourront feuls & ex- clufivement a tous autres, tenir, vendre & diftribuer toutes efpeces de drogues , &c, ( Mercun de Franci^ n". ^^. ) '474 TABLE J) E s matieres contenues dans Us deux Simejlres de lySb, A ciDE MURIATIQUE : dephloglftlqu^ ne decompofe le phofphore , iv. Acide phofphoriqiie : fe trouve dans le fer caffant a froid en etat de pyrite phofpho- riqiie , vij. Acidc miuiadque. \ dephlog'ijftique , decompofe le cinabre , vij : decolore le bleu de Pruffe , ibid, en etat concret , viij. Acidc faccharin '. retire de la graiffe, vij- Acidi. du Wolfram , vii). Acidc oxalin pur, viij. Acidc prujjiquc , viij. Acides du corps humain , viij. Acidc bomhycin, viij. Acidc mcphitiqiic. Diffout-il le quartz, 46, Experience de M. Achard , ibid, Examen de fa theorie , 48. Obfervations qui prou- vent Taction de ce diffolvant fur le quartz , 50. Nouvelles experiences direftes , 55. Appareil commode pour ces experiences;, 60. D E S M A T I E R E s; 4-7^ Ac'ide faccharin. Le fucre y entre-t-il tout entier , 90. Objedions contre cette opinion , 94. U eft compofe d'air vital & d'une bafe acidifiable huileufe , 102. Acier. Examen des faits qui doivent fervir de bafe a fa theorie , 406. Expofition des divers fyftemes , 407. Preuves que tout fer peut devenir acier, 409. Des divers moyens d'operer cette converfion , 413 & fuiv. Experiences fur la fonte,4l6. jiir : ne peut penetrer dans les vaifleaux inhalans des animaux , 347-349: diffout les miafmes & en fait ceffer le danger, 352-355, Comment il contribue a repandre la contagion, 357 : eft le meilleur moyen de la faire cefl'er, lorfqu'il circule , 358. Air vital : adminiftr^ dans les maladies de poitrine , pag. ij. Analyfe. Neceffite des creufets de platine pour I'analyfe des gemmes, in. AJlronomie. Confiderations fur font etat aftuel, 286 : les grandes epoques de fon hiftoire , ibid. M. Herfchel lui ouvre un nouveau del , 287 : planete qu'il a decouverte , 289. Pics obferves dans la lune , 290. Progres de la perfedion des inftrumens , 291. Utilite des catalogues des etoiles , 293, Etoiles changeantes , 2^94. Nouvelle comete appergue, 296. Etablifl'ement utile k I'af- tronomie, 297 & fuiy. 47^ Table B 'S^ROMETRE donni parM. Lavoifier, 435 : fa deicription , il^id. Journal d'obfervations de cet inftrument, 438 & i'uiv. Beffroi (f Arras : fa defcription, 245 : efl un paratonnerte conftruit par hafard , 246- 250. c Chaleur rpecifique des corps, mefuree , vij. Champignons. Caradere du champignon ride , 302 & 305 : a quel regne appartient le champignon , 307 : range par quelques- iins dans les produdions animales , 308 : infedes que Ton y a appercus, 310. Opi- nions fur la graine du champignon , 313- 320 '.compare a une excroiffance , 315 : exclus des troisregnes, par M. deNecker, 317: doit etre regard^ comme plante pa- rafite, 323 = Cimetieres. De quelle importance eft le choix du lieu & du tcrrein , 370. Contagion : des moyens de s'en garantir, 346: cfFet du feu pour la faire cefler, 361. ( Foy. air & hopitaux. ) D D EXT Foss HE extraordinaire , trouv^e a Trevoux , 102 : fa reffemblance avec D E S M A T IE R £ S. 477 celle trouvee au bord de I'Ohlo , 104 : ne pent etre une defenfe d'elephant, 105 : la reffemblance avec celle trouvee dans la petite Tartaric , ix. Conjeftures fur I'efpece d'animal auquel elle peut avoir appartenu, ibid & 105. Douce-amere : fon efficacite dans les douleurs de rhumatifme, ij. Eau reduite en gas inflammable dans le fer, vij. Ekciricite. Y a-t-il dii danger de Temployer par commotion, 113. Experiences fur les animaux ,115. EiTets differens fur diiferens animaux , 121. Appliquee a la cure de borborigmes extraordinaires , 128. Son action fur les nerfs , 135. EfFet d'une trop forte commotion, 140. Refultats de plulipurs experiences furies animaux, 141. Difference de I'eleftricite pofitive & ne- gative, 146. Emcrmide trouvee en Bourgogne , vj. Epidlmies obfervees en Bourgogne dans le printemps de 1785 , 384 : lieux oil elies ont regne, 386 : leur caraftere dominant , 392. Cara£lere~general des epidemics en Bour- gogne depuis douze ans , 495. Defcription des fymptomes, 396. Indication a fuivre dans les memes cas, 399. Formules des reniedes appropries , 402. Epi^ooties, Precautions a prendre pour en arreter les progres , 374 &. fuiv. 47? Table Ether. Fait fans feu , viij : fait par la ttan- ganefe, ibid, acide que Ton y retrouve , ibid. Ethiops. Examen des ethiops antimoniaux & mercLiriels , i6o : leur compofitlon par le feu ou par trituration , 165. EiTai fur leur decompofition par Tacide nitreux , 167. DifFerens degres d'adh^fion des parties de ces ethiops, 170. Aftion des acides des premiere voies fur ces ethiops , 47^- Soumis a Taction do I'acide aceteux , 173 : 4 I'adion de I'acide oxalin, 175 : a Taftion de I'aci le faccharin, 177 : a I'adion de I'acide phofphorique , 179. Conchifions de ces effais pour la pratique medicinale, 183. EtoiU filante , iv. FoLLE AvoiNE. Ses caraftercs, T 48. Opinions : fur fa reproduction, i^O. Moyens d'empe- cher fa naiffance , 154. Moyens de la de- truire , 158. Iroid : paroit augmenter la pefanteur des corps , V. H HoPiTAU X. Moyens de les rendre moin» fujets a la contagion, 364. L Lu z ERN E. On en feme pour detrulre la foUe avoine, 160. D£S MATIERES. 47^ M Ml N ER dv X trouves en Bourgogne , v. Mart. La mort dans les quarante jours , apres line bleffure , n'eft une preuve que les coups ont ete mortels 324. Obferva- tions qui combattent ce prejuge , 326 & fuiv. Marts. Abus de les enfevelir precipitamment, 184. Refped des anciens pour les morts , 185. Ufages des Turcs , 190: des Juifs, 191 : dans le Nord , FAllemagne , la Hollande , &c. ibid. Maniere dont on enfevelit a Dijon , 194. Exemples d'hommes enfevelis vivans, 198. Edit du grand due deTofcane pourpre- venir cet abus , 203. Neceflit^ deprofcrire ce refle de Judaifme , 106. Muriate mcrcuridy fait fans fublimation , vij. Muriate de manganlfe. Ses cryftaux , vij. Murs de foutenement. Trouver I'epaiffeur qu'ils doivent avoir pour r^fifter a la pouffee des terres fur un terrein oil ils peuvent gliffer, i^^^. Pour empecher leur renverfe- ment , 4. Avantages d'une aflife alternati- vement faillante dans le parement int^rieur, 9. De la refiftance du talus , ibid. Calcul des puiffances, 22. Effet des arcs derriere Jes murs, 36 : principes pour lesregler, 39.. Table des dimenfions de ces arcs , 44. o Observations m^teorologlques pour les fix '4S0 T A B L E premiers mois, 206 & fuiv. ; pour les fix derniers jnois , 443 & fiiiv. Obfervatlvis zoologiques & economlques pour les (\\ premiers mois, 232 & liiiv. ; pour las Iix derniers mois , 467 & fuiv. Or , difTous par le fel ammoniac, vij. Paratonnkrre Le clocher d'Arras en tient Jieu, 250. Autres clochers dans le meme cas, 273.Toutclocherpeutetre conriderecomme prefervant ce qui eft moins eleve , 2)4. Si- nuofites des barres metalliques n'empechent I'efFet des condudeurs , 255. Le plomb aufli bon condufteur que tout autre m^- tal , 258 : fa fiifibllite n'eft un obftacle a. fes effots , 260. Les gouttieres fervent de condudeur , 262-278. La 'continuite me- tallique forme la principale condition , 267. Addition propofee pour le tonnerre afcen- dant, 268. N^ceffite de vilitcr de temps en remps les condudeurs, 271. Notice des paratonnerres etablis a Dijon, 279 & 282. Crampons d'un paratonnetredeplaces, 284: caufe de cet accident, 285. Pierre a meuU de Manlay ; fon anlyfe , ilj. Platlne diffoute dans I'acide nitreux par im- termede de I'argent, vij. Platlne. La maniere d'en faire des uftenfiles,' 106. A vantages des creufets qui en font, formes, 110. DES MATIERES. 184 Poujfec des urns. ( Voy, murs dc Jouuneincns.) Q^u ART z atraque par Tacide mdphltique , 46. ( Foy^-acid^ mephitiqur. ) R R.AP PORTS cnfuite d'examen des cada- vres ; leur incertitude, 333 ^ ne peuvent raffurer contre le danger du prejuge des qiiarante jours, 335. Examen des caufes qui concourent a rendre ces rapports peu dignes de confiance , 337 & fuiv. Com- ment on pourroit y remedier , 344. Schorl noir en canon ; endrolts oii il fe trouve en Bourgogne, vj, Sel fed jtiff tronve contenJr du fublime co- rolif ou muriate mercuriel , 2.42,. Se/s. Danger de les laiffer vendre en pou- dre,23c)& 473. Tremblement de terre obferv^ le 15 odobre 1784, 60 : fon foyer determine , 68 & 74 : quelles peuvent en etre les '482 Table desmatieres; caufcs , 80. Motifs qiii doivent raffurer fur ces ev^nemens en Bourgogne , 85. Zeo LIT H ES de Drevln , v. Fin de la. Table des matieres. APPROBATION, NOUS fouflignes Commiffaires nomm^s par I'Aca- demie des Sciences, Arts vSc Belles-Lettres de Dijon, en execution des ordres de Monfeigneiir le Garde des Sceaux , avons examine le manufcrit deftine pour le fe- cond Semeftre de 1785, qui doit completer le quatrieme Volume des nouveaux Memoires de cette Societe , & nous n'y avons rien trouve qui puiffe en empecher rimpreflion. A Dijon ce 18 juin 1786. Signe , DE MORVEAU & DuRANDE. Le privilege fe trouve a la fin du volume pour 1^82. I i •vjt A<