SD T if NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE, NATURELLE TROISIÈME SÉRIE : à ’ 2 : " KA L . + 5 î “à . : ; ; . "= " , = TE k F3 à ns br re en, LE | LA > , = 5 + ‘ €: MR = 1 ; =. L | e : = plié ” x = x. 2. < CORBEIL. — IMPRIMERIE ÉD. un Ê PEN Te piste Fi LLC T Le" $ ÉMETE HALLE LEE \ = ! d ë : | ; k ae , F L2 $ ï k Lu LA \ N 7 À n) | s = ” - dl : k CA Un ri ù Ha ‘à ;) É 3 a à (eu nl x [L . | ’ s td " EN { à Je, y À (: “èn Liu | > À ! | Le \ = æt JE ù ke : \ du ÿ june ; 1 Re” z s 4 ex} NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE PUBLIÉES PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT TROISIÈME SÉRIE TOME NEUVIÈME —> SR ‘2 PARIS MASSON ET C*, ÉDITEURS LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain, en face de l'École de Médecine 1897 — œ ï ’ ‘ E Li - C Ke 3 # # 5) ER û , A ‘ : F7 ñ = > * Ts 2 y r\ L ï € ë 3 : & Ï | i ’ = L + A = = Sr n il 5) | ï n re L e \ ; s tr 1 æ 1 7 j « d S L ë É: + #1 ' ue ! 1 S 4 re ” à a £ \ si À : ; : =. ñ \ # [a ll 5 2 1 È $ ï : 1 : - ù e 1 ç ) :: L = É " » e = À h 14 Lure Î ñ RArE : ÿ 1" ÉnEr N F Le } . “À 2 18 fl = = à E [l 1 * F . | e d ‘# 1 fs} \ C Le û Er: 1 À ; li \ d , [= v ; tr PA C À \ \ TAN ; lé è f . ll u re an 1 - - «t* ï “s NOMS DE MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ BLANCHARD... Professeur ONOT AIRE ee ee — 1862 DES CLOIZEAUX........ Id. HR ME care ADO ET UE OU LOTO ROUGETEEEE ECC CC Id. CASE EE AE ri ere ms et os ee ne — 1879 CANILLE eee ec. Professeur de Physique végétale....................... — 1857 AACGAUDRME Eee ce Id. de Paéoniolagiecoos:oo8ee0c0se 0686 — 1872 BUREAU Rec: Id. de Botanique (Classifications et familles na- EURONES) os oocoeceogononasacoccccscooct — 187% PANAUDEANT Eee 0 Id. de Zoologie (Reptiles et Poissons)............ — 1875 ALpa. MILNE-Epwarps.. Id. de Zoologie (Mammifères et Oiseaux). ....... — 1876 FMBERRIERS Eee Id. de Zoologie (Mollusques et Zoophytes)....... — 1876 P. Van TIEGHEM....... Id. d'Anatomie et de Physiologie végétales...... — 1879 Dsasnintoco500006600 Id. de Physiologie végétale appliquée à l’Agricul- LUTERRECE EC EEE 50600 00008 5500000000 — 1880 CORNUR esse rate Id. delCulture ere DE ADS à CO OS OR DE ON — 1884 CHAUVEADE EEE Eee Ce Id. de Pathologie comparée..............,..... — 1886 ARNAUD Eee ei else Id. de Chimie appliquée aux corps organiques... — 1890 HÉNBECODERED er". Id. de Physique appliquée à l'Histoire naturelle... — 1892 ST. MEUNIER ........... Id. GE FÉDIOT EToo6cosccocodusoocsovetcooobeace — 1892 M tibécoutone come Id. dAANÉNTOPDOIOSIE EE eee Mec — 1892 LAGEOEScoocscoaeubee Id. CONTRÉES RE St ocme0 codec — 1893 GRÉBNNTA SEE eee Id. defbhysioloste sénÉrale Fer ETC ECC. — 1893 MO cocon cos Id. déANATOMIENCOMPALÉC EE — 189% BOUVIERCE EEE eee Id. de Zoologie (Insectes et Crustacés)........... — 1895 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM TROISIÈME SÉRIE ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR LE BOTANISTE PIERRE: ANTOINE POITEAU D'APRÈS LES DOCUMENTS MANUSCRITS DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR M. ÉDOUARD BUREAU J'avais remarqué depuis bien longtemps, dans l’herbier du Muséum, des collections rassemblées les unes à Saint-Domingue, les autres à la Guyane, vers le commencement du siècle, et dont les échantillons étaient choisis avec un soin remarquable pour cette époque. Elles étaient dues à un botaniste nommé Poileau. Je savais, de plus, que Poiteau avait écrit un certain nombre de mémoires et avait illustré, avec un vrai talent, quel- ques grands ouvrages. Mais des détails de sa vie je ne savais à peu près rien, lorsque, l’été dernier, une dame vint me demander à la galerie de Botanique. Elle avait eu l’idée de prendre mes conseils au sujet de son fils, âgé d’une quinzaine d’années, qui montrait un goût prononcé pour l’horticulture et la botanique. C'était M"° Ogée-Poiteau, la petite-fille du botaniste dont je connaissais si bien les récoltes. Elle me parla longue- NOUVELLES ARCUIVES DU MUSÉUM, 32 série. — IX. l 2 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ment de son grand-père, me dit qu'il avait appartenu au Muséum, et m'apprit qu'il existait de lui un portrait gravé, dont elle possédait le cuivre qu’elle offrait de mettre à ma disposition. Elle me l’envoya en effet, et de plus, une notice sur Poiteau, par M. Rousselon, notice publiée en 1854, dans les Annales de la Societé impériale d'horticulture de Paris. Mais, si Poiteau avait rempli quelque fonction au Muséum, si, comme il résultait de ce que me disait sa petite-fille et de la note qu’elle me remettait, éloigné de notre établissement par des promesses qu’on ne put réaliser, il aspira toujours à y rentrer, lui conserva un attachement inal- térable, et ne perdit aucune occasion de lui être utile, il méritait tout notre intérêt, el je devais trouver de nombreuses mentions de lui dans nos archives. Je ne veux point parler iei du recueil imprimé, intitulé Archives du Muséum d'histoire naturelle ; mais d'archives au sens propre du mot, d'archives réelles, manuserites, comprenant les procès-verbaux de l’assemblée des professeurs depuis l’organisation du Muséum, et des dossiers contenant les pièces officielles et les lettres des correspondants, des voyageurs, etc., lues à chacune des séances. Notre archiviste, M. le D° Hamy, membre de l’Institut et professeur d’Anthropologie dans notre établissement, les a classées et les maintient dans un tel ordre qu'il est on ne peut plus facile d'y trouver ce qu’on cherche. J’y ai rencontré beaucoup plus que je n’espérais, et, entre autres, plu- sieurs lettres autographes de Poiteau, adressées aux professeurs en diverses circonstances, dans lesquelles il raconte les difficultés et les péripéties qui ont entravé sa carrière de botaniste; puis, le projet d’une mission botanique à Saint-Domingue, confiée à Poiteau, qui se préparait sous les auspices du ministre Chaptal, et dont les événements vinrent empêcher l’exécution; la candidature de Poiteau aux places de premier jardinier et de professeur de culture, etc. Je suis resté convaincu que nos archives, jusqu'ici peu connues et peu consultées, seront pour l’his- torien des sciences naturelles une mine presque inépuisable. Et ce n’est pas là seulement qu’on peut trouver au Muséum des docu- ments originaux : de nombreux manuscrits et dessins de Poiteau sont à la bibliothèque. Je les ai consultés avec fruit, et j'y ai trouvé aussi une autobiographie très détaillée. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 3 Je suis donc en mesure de compléter, et aussi de rectifier sur certains points, la notice anciennement publiée par la Société d’horticulture, PIERRE-ANTOINE POITEAU (1766-1854). (Cuivre communiqué par sa petite-fille, Madame Océe-Porreau.) ainsi que les articles sommaires qu’on trouve dans la Biographie unt- verselle de Michaud et dans le Dichionnaire de Larousse. L NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Je vais raconter la vie de Poiteau, telle qu’elle résulte de cet ensemble de renseignements, et je donnerai à la suite, comme pièces justificatives, les documents officiels et autres dont l’intercalation dans le texte inter- romprait la suite du récit. Pierre-Antoine Poiteau (1) naquit à Ambleny, près Soissons, le 23 mars 1766, de parents sans fortune, qui ne savaient ni lire, ni écrire. Son père était un simple batteur en grange. Cependant ce pauvre ouvrier illettré ne voulut pas priver son fils des bienfaits de l'instruction et l’envoya, lorsqu'il eut six ans, à l’école de Viviers. L'enfant y apprit à peu près tout ce que savait le maître, c’est- à-dire pas grand’chose; car ce maître était faucheur de son état et rece- vait pour la pension 20 centimes par mois. A neuf ans, Antoine Poiteau était enfant de chœur et chantait brave- ment au lutrin. A l’âge de douze ans, lorsqu'il eut fait sa première communion, son père, qui le croyait déjà un homme, le fit battre en grange avec lui; mais il avait trop présumé des forces du jeune Antoine, qui ne put sup- porter un pareil travail et fit une grave maladie. Ses parents lui cher- chèrent un état moins fatigant et le placèrent pendant un an, comme garcon limonadier, dans un café, à Noyon. « De retour dans la maison paternelle, » dit M. Rousselon dans sa notice, la seule où l’on trouve des détails précis sur la jeunesse de Poi- teau, « il redevint batteur en grange. Cependant le vicaire de Viviers le fit entrer, comme apprenti jardinier et servant de messe, dans un couvent de filles dites de Saint-Denis; il gagnait alors 20 écus. Après un séjour de deux ans, il entra comme jardinier chez M" Husard, veuve du garde- marteau de la forêt de Villers-Cotterets, où ses appointements furent portés à 100 francs; mais, n’ayant pu obtenir de l'augmentation, il la quitta {rois ans après, et vint à Paris pour chercher de l'ouvrage. Huit jours de séjour dans la capitale ayant épuisé sa bourse, il retourna à Villers- Cotterets, où il travailla quatre mois à raison de 20 sous par jour sans (1) La Biographie de Michaud el le Dictionnaire de Larousse lui donnent, par erreur, le prénom d'Alexandre. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. ù nourriture. Là, après avoir échoué dans quelques travaux au-dessus de son savoir, il entra chez un nommé Cholet, jardinier dans un couvent de filles nobles, à Soissons. Trois mois plus tard, il devint jardinier au couvent de Saint-Paul, dont M" de Breteuil était abbesse. » Poiteau avait là le titre de jardinier en chef et des appointements de 150 francs par an, qui furent ensuite, sans qu'il le demandât, portés à 200 francs; mais il ne se faisait pas d'illusions sur son peu d’expérience, la passion de savoir se développait en lui, et, au bout de trois ans, il quittait cette place pour venir une seconde fois à Paris. Voulant connaître successivement tous les genres de la culture, il entra d’abord chez un maraîcher au prix de 18 francs par mois, plus 18 sous le dimanche. Il s’y trouvait à l'époque de la prise de la Bastille et alla y assister une fourche à la main; mais il arriva lorsque déjà la forteresse était prise. « Son maître, » dit M. Rousselon, « ne gardait pas de garcons pendant l'hiver ; il fut donc obligé d’en sortir, et il entra au mois de novembre, chez un autre, où il ne resta que deux jours, faute d’avoir su repiquer la romaine au gré de la maîtresse. » IL dut alors, pour vivre, se faire polisseur de glaces; mais ce métier ne lui convenait pas, et, aussitôt qu’il le put, il redevint garçon jardinier. Il travailla chez Audebert, rue Saint-Jacques, puis entra chez Descemet, jardinier de l’École de pharmacie. C’est là qu'il vit pour la première fois des cultures scientifiques. Il y assista à la floraison de quelques Magnolia grandiflora, grande rareté à cette époque. Son désir d'apprendre augmentait. Il allait souvent au Jardin des plantes, et il lui semblait que s’il avait le bonheur d'y entrer il serait assuré de pousser aussi loin que possible son instruction horticole. Enfin, un jour, en 1790, il se décida à aller y demander de l'ouvrage. Les ouvriers à qui il s’adressa d’abord le reçurent assez mal; mais sa bonne étoile lui fit rencontrer André Thouin, à qui il présenta sa requête. Celui-ci, porté d’abord à le refuser, après quelques mots de Poiteau, s’aperçut bien vite qu'il n’avait pas affaire à un sujet ordinaire et l’auto- risa à venir travailler le lendemain malin, au grand étonnement des garcons jardiniers que Poiteau avait abordés en arrivant. 6 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Le nouveau venu les étonna bien plus encore par sa manière d’arroser à la fois-avec deux arrosoirs, un dans chaque main. Ce procédé, qu'il avait appris chez les jardiniers maraîchers, était encore inconnu au Muséum et fut remarqué de Jean Thouin, frère d'André, qui ne tarda pas à s'intéresser au Jeune Poiteau. Au bout de deux ans, il le choisit comme chef de l’École de botanique, en remplacement de Lahaye, qui s’embar- quaitcomme jardinier en compagnie du botaniste La Billardière. Tous deux faisaient partie de l'expédition qui partait à la recherche de La Pérouse (1). Cette place, que Poiteau n’avait pas demandée, était celle qui répondait le mieux à ses goûts; de plus, ses appointements étaient de 600 francs par an : jamais il n’avait autant gagné. Ravi de sa nouvelle situation, il en informa M. Paillet, professeur au collège de Versailles, qui lui voulait du bien, et qui vint le voir à Paris; mais il fut bien désappointé quand celui-ei lui expliqua qu’il faut se rendre digne par son savoir des positions qu’on occupe; que celle où il se trouvait demandait une certaine instruction, et qu'il avait tout à apprendre puisqu'il ne savait pas un mot de sa langue. Vainement répondit-il que son maître d'école lui avait dit, à douze ans, qu’il ne pouvait plus rien lui enseigner ; M. Paillet n'eut pas de peine à le con- vaincre de son ignorance et lui laissa une grammaire qu’il avait apportée. Poiteau ne savait pas ce que c'était qu’une grammaire; il n’en avait jamais entendu parler, et 1l avait alors environ vingt-six ans. Apprendre le français sans maître, à cet âge ! plus d’un aurait reculé. Poiteau se mit courageusement à l'étude; avec une volonté persévérante, il se transforma, se civilisa, si je puis ainsi dire, si bien qu'une douzaine d'années après, celui qui avait été un petit paysan illettré écrivait ce qui suit dans l’avertissement d’un de ses livres, resté malheureusement inédit, mais dont J'ai eu le manuscrit entre Les mains (2) : .(1) Au retour de l’expédition, l’herbier de La Billardière entra au Muséum d histoire naturelle; mais il n'en fut pas de même de l’herbier particulier que Lahaye avait formé en dehors de ses fonctions de jardinier, et qui était plus considérable que celui du botaniste officiel. Nous avons retrouvé, en 1879, rue de Bondy, chez un marchand, M. Pironin, qui l’avait acheté à l'hôtel des ventes, cet herbier de Lahaye, et nous en avons fait l'acquisition. Aujourd'hui, toutes les collec- tions botaniques faites pendant l'expédition d'Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse sont réunies dans les galeries de botanique du Muséum. (2) Florule de Saint-Domingue, manuscrit in-folio, bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 7 « Les mémoires et les rapports que je place à la tête de mon ouvrage font assez connaître qu'il doit m'être difficile d'atteindre à une pureté de langage digne de l'impression. Ce n’est en effet que par une attention soutenue que j'évite en écrivant les fautes graves d'orthographe et de syntaxe dans lesquelles tombent ceux qui, comme moi, ont eu le malheur de n'avoir point reçu d'éducation. C’est pourquoi, en faisant mes des- criptions, J'ai commis beaucoup de fautes de grammaire, parce que j'étais tout à mon objet et que ma plume marchait sans guide; mais ces fautes me sont connues, et je puis en faire disparaître une grande partie quand je voudrai. » Ces lignes mêmes ne sont-elles pas la preuve qu'il était arrivé à écrire sa langue avec une correction que certains auteurs pourraient envier. Il y a là quelque chose d'étonnant; mais ce qui est tout à fait extraor- dinaire, c’est que Poiteau ne se contenta pas d'apprendre le français. Il vivait au milieu des plantes de l'École de botanique, toutes étiquetées en latin. Apprendre leurs noms, il le pouvait certes par un effort de mémoire ;, mais cet enchaînement de syllabes, qui ne lui disait rien, à lui, avait une signification, et il voulait la connaître. IL voulait plus : connaître les noms, c’est bien ; mais connaître les choses, c’est mieux, et l’organisation de ces végétaux qu’il soignait était devant lui comme un problème qui le préoccupait constamment. Ce qu'il désirait savoir était à la vérité exposé dans des livres ; mais ces livres étaient tous en latin. Poiteau résolut d'apprendre le latin. Il achète un rudiment et ne s’en sépare plus : il le tient dans une main pendant qu'il prend ses repas de l’autre; lorsqu'il laboure la terre, toutes les fois que le travail le force à reprendre haleine, il tire son livre de sa poche et l'interroge ; en portant ses arrosoirs, il décline des noms et conjugue des verbes; bientôt il passe ses soirées à traduire à coup de dictionnaire (1); enfin il comprend le Genera plantarum de Jussieu et même le Systema vegelabilium et la Philosophia botanica de Linné. Or, le style de Linné offre cette difficulté de dire beaucoup de choses (1) Documents, n° XXIII. 8 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. en peu de mots, et rappelle celui de Tacite par son extrême concision. Poiteau avait fait en six mois le chemin que dans nos classes nous mettons huit ans à parcourir. Il était maintenant en état de rédiger lui-même des descriptions ; mais une description sans figures est souvent bien incomplète, et il y a des cas où l’on reconnaît plus facilement une plante à un dessin, même grossier, qu à une phrase diagnostique. Poiteau s’en apercut et s’exerca à dessiner, puis à peindre. Il acquit peu à peu un talent véritable et illustra plus tard d'importants ouvrages de botanique. Comme chef de l’École de botanique du Muséum, il préparait et sui- vait trois fois par semaine le cours de Desfontaines, et aucun des audi- teurs, assurément, n’en profilta comme lui : en l’espace d’une année le garçon jardinier était devenu un véritable botaniste. Il y avait trois ans qu'il était au Muséum et plus d’un que Jean Thouin l’avait chargé de l'École, lorsqu'un changement inattendu vint troubler le cours de ses études. Lakanal avait été chargé d'établir à Bergerac (Dordogne) une manu- facture d'armes et en même temps une maison d'économie rurale: singu- lière association, sans doute; mais à cette époque de transformation intérieure, la préoccupation de la défense nationale n’exeluait pas, chez beaucoup d'hommes, et surtout chez les membres du Comité d'’instrue- tion publique, une autre préoccupation, celle de travailler au développe- ment intellectuel du pays. Lakanal s’adressa naturellement au Muséum, à l'établissement qui lui devait la vie, et lui demanda un jardinier pour diriger les cultures qu'il allait installer. Daubenton et André Thouin lui désignèrent Poiteau, qui accepla. Mais le district, qui devait faire les frais, se lassa bientôt, ou se trouva hors d'état de payer, et prit la déci- sion de supprimer la fondation nouvelle. Poiteau se trouva sans place et sans ressources. Il écrivit de tous côtés pour essayer de sortir de cette situation. Il adressa une lettre à Lakanal, puis une à Grégoire, membre, comme Lakanal, du Comité d’ins- truction publique. Celle-ci est datée du 7 nivôse an III (1) et se trouve (1) 26 décembre 1794. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 9 actuellement dans la collection d'autographes de la Bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle (1). 11 envoya deux lettres à Daubenton. La seconde, portant la date du 30 pluviôse an IT (2), fut communiquée par celui-ci à Assemblée des professeurs, dans la séance du 14 ventôse (3), et je l'ai retrouvée dans le dossier de cette séance (4). J'insère ces lettres aux documents, en ayant soin de conserver les incorrections qui s’y trou- vent, afin qu’on puisse bien juger du degré d'instruction auquel Poiteau était arrivé à cette époque. Le procès-verbal de la séance dans laquelle il fut donné lecture de la seconde lettre adressée à Daubenton, nous apprend que Poiteau, comme beaucoup d'ouvriers, avait un sobriquet, sous lequel même il semble avoir été plus connu pendant son séjour au Muséum que sous son vrai nom. Ce surnom, du reste, ne lui fut pas maintenu, et nous ne le voyons pas reparaître dans la suite de son histoire. Ce procès-verbal nous montre aussi que l’Assemblée s’intéressa à la situation de l’ancien chef de l'École de botanique. Voici, du reste, le passage relatif à Poiteau : Séance du 14 ventôse, l'an IIT° de la République française une et indivisible (5). Le directeur lit une lettre du citoyen Poiteau, dit Valois, ci-devant employé comme garcon dans l'École du jardin du Muséum, qui fut envoyé pour cultiver un jardin de bota- nique établi à Bergerac par le représentant du peuple Lakanal. Ce jardin se trouvant sur le point d'être supprimé par le district, le citoyen Valois demande ou une indemnité pour l'aider à revenir, ou qu'on l’'employe à des recherches utiles à la botanique et à la culture dans les départements méridionaux de la France. L'assemblée arrête que l’on demandera pour lui au Comité d'instruction publique une indemnité dont il fera l'usage qu'il jugera convenable. (Procès-verbaux des séances de l’Assemblée des professeurs, vol. IT, p. 16. Archives du Muséum.) Cette indemnité fut-elle accordée et touchée? C’est fort douteux. Tou- jours est-il que Poiteau, obligé de quitter Bergerac, s’en fut à Agen, ) O | O 1 O è our être emplové comme garde-magasin des fourrages de l’armée des D ®) Documents, n° I. 48 février 1795. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, 3° série. — IX. 2 10 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Pyrénées Occidentales. Quelques rapports qu’il puisse yavoir entre le foin et la botanique, ce n’était pas, il faut l’avouer, une place bien souhaitable pour un homme de science, et Poiteau, à cette époque, l'était assuré- ment devenu. 1] aspirait donc à une situation plus en rapport avec ses connaissances, et correspondait à ce sujet avec André Thouin, son pro- tecteur. C'est ce qu'il nous apprend dans une lettre à A. L. de Jus- sieu (1) servant d'introduction à l’ouvrage inédit dont nous avons déjà parlé : « M. Thouin, l'aîné, dit-il, qui voulait bien me permettre de lui écrire de temps en temps, et à qui je donnais avis de ce qui m’arrivait, avait la bonté de m’encourager et de m'inviter à travailler de plus en plus, à mon instruction, me promettant que, de son côté, il ne m’oublierait pas, qu'il ferait son possible pour me procurer une place selon mes facultés dès que l’occasion s’en présenterait. Je donnais à la botanique tout le loisir que me laissait le devoir de ma place. J'ai même envoyé au Jardin des plantes quelques plantes du midi de la France. » Mais, loin de trouver une position meilleure, Poiteau ne put conserver celle qu'il avait : la paix se fit avec l'Espagne, le magasin d'Agen fut sup- primé, et notre pauvre botaniste perdit le modique traitement aveclequel il pouvait à peine vivre : il gagnait, il est vrai, 200 francs par jour; mais celte somme, en assignats, représentait à peine 20 sous. Il avait heureusement fait, à Agen, la connaissance d’un ancien offi- cier, botaniste plein d’ardeur, Saint-Amans, l’auteur bien connu de la Flore agenaise. Celui-ci l’aida de sa bourse et appuya près de Thouin, avec tout l'enthousiasme d’un Méridional, le projet qu'avait depuis long- temps formé Poiteau, de recueillir des collections botaniques dans le midi de la France. Il est certain qu’alors ces recherches eussent été fruc- tueuses et eussent fourni beaucoup d’espèces intéressantes, dont la découverte n’a été faite que beaucoup plus tard. Notre éminent archiviste, M. Hamy, a trouvé dans les papiers de Thouin, et nous donnons ci-après, parmi les documents (2), une curieuse lettre de Saint-Amans, dans laquelle celui-ci conjure Thouin de faire (1) Documents, n° XXII. (2) Documents, n° II. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 11 adjoindre Poiteau à Ramond, Lapeyrouse et lui-même, pour une explora- tion des montagnes les plus élevées des Pyrénées. Nous voyons par cette lettre que Thouin s’occupait de Poiteau, mais qu'il songeait à lui faire confier quelque mission bien plus lointaine, et qu'il avait d’abord pensé à lui faire explorer Madagascar. Ce premier pro- Jet n’eut pas de suites, et, au mois de frimaire an IV (1), Thouin lui écrivit pour lui proposer de passer à Saint-Domingue, avec plusieurs natura- listes que le gouvernement envoyait à la suite des commissaires adminis- trateurs de cette colonie. Poiteau accepta avec empressement, et Thouin lui annonça qu'il allait recevoir incessamment, du ministre de la marine, une commission en règle et les instructions nécessaires pour remplir convenablement la mission dont on le chargeait. Quinze jours se passent, et rien n'arrive. Poiteau aurait bien voulu aller attendre sa commission à Rochefort, lieu de l’embarquement; car il craignait de manquer le départ de l’escadre sur laquelle il devait prendre passage ; mais il se trouvait dans un tel dénuement qu’il ne pouvait subve- nir aux frais de la route. Il fit part de son inquiétude à Saint-Amans, qui, n'étant sans doute pas lui-même bien en fonds, vendit un peu de blé pour lui faire un petit pécule. Muni de ce léger subside, Poiteau s’embarque sur la Garonne et, deux Jours après, arrive à Bordeaux, où on le jette en prison. « Ne pensant plus qu'aux plantes de Saint-Domingue », dit-il dans sa lettre à A. L. de Jussieu, « le grand désir que j'avais de me rendre à Rochefort fit que J'avais oublié de solliciter un passeport de la commune d'Agen, lieu de ma résidence; voilà pourquoi je fus arrèté comme suspect en arrivant à Bordeaux; mais le professeur Latapie, à quison ami Saint-Amans m'avait recommandé, ne me suspectant pas, eut la bonté de me cautionner et obtint mon élargissement ». Enfin, muni d'un passeport qu'il fit venir d'Agen, par l’entremise de Saint-Amans, il parvint à Roche- fort. Le premier soin de Poiteau, en arrivant dans cette ville, fut de se rendre chez l'agent maritime Bellefontaine. Il avait, en effet, mandé son (4) Du 21 novembre au 20 décembre 1795. 12 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. départ d'Agen à Thouin, etil savait que celui-ci avait annoncé à cet agent la prochaine arrivée du botaniste. Poiteau comptait trouver là sa com- mission et les instructions qui lui avaient été promises ; mais Bellefon- taine n'avait rien reçu. Justement inquiet, Poiteau, pendant les douze jours qu'il resta à Rochefort, n'en laissa pas passer un seul sans écrire une lettre instante à A. Thouin, pour le prier de presser l’envoi de ces pièces, et sans passer chez l'agent maritime, pour savoir si elles étaient arrivées; il écrivit au ministre de la marine, et enfin, 1l oblint une audience des commissaires du Directoire, Raimond, Leblanc et Sonthonax, qui allaient à Saint- Domingue. Il leur représenta qu’il était compris parmi les naturalistes que le gouvernement envoyait à Saint-Domingue, mais que, par quelque incident qu'il ne concevait pas, la commission qui lui était annoncée à cet effet ne lui était pas encore parvenue. Il montra des leltres d’A. Thouin, qui furent reconnues authentiques, et 1l présenta une liste des objets indispensables au succès de son voyage, en priant les commissaires d'autoriser les agents maritimes à les lui faire délivrer. Raimond, con- vaincu, surtout par les lettres du professeur de culture du Muséum, de la vérité de la mission de Poiteau, ne voyait pas d’inconvénient à acquiescer à sa demande et se disposait à l’apostiller, lorsque son collègue Son- thonax s’y opposa d’un ton impérieux : « Il fit», dit Poiteau (1), « une sortie furieuse contre le comité d’'Instruction publique, contre Grégoire, contre M. Thouin et contre tous ceux qui protègent les sciences. Il finit par dire en s’opposant à mon passage : « S’27 portait de la poudre et des « balles, à la bonne heure. » Enfin, la veille du départ de la division, l’agent maritime annonça à Poiteau qu’il avait reçu du ministre de la Marine l’ordre de l’embarquer, et il ajouta : « Faites vos diligences; car il faut que vous soyez demain à bord. » Il lui refusa du reste tous les objets dont notre botaniste avait besoin pour remplir sa mission. Poiteau connaissait assez l’homme pour savoir qu'il était inutile d’insister : il alla prendre son ordre de départ et mettre en état son mince bagage. (1) Lettre à A. L. de Jussieu. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 13 Le 12 germinal an IV (1), à onze heures du matin, il montait à bord du lougueux, en rade devant lile d'Aix. est Poiteau lui-même qui va nous raconter son voyage et son arrivée à Saint-Domingue. Nous en trouvons les détails dans la lettre suivante, qu'il écrivit à A. Thouin un mois après êlre débarqué, et que M. Hamy m'a signalée dans la collection d’autographes de naturalistes formée par M. Desnoyers à la bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle : Au cap dans Lisle Saint-Domingue le ?4 prairial 4° année républicaine (2). Poteau Au citoyen T'hoüin, professeur de cullure au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Si vous avez reçu, citoyen, ma dernière lettre de Rochefort, vous avez pu voir que c'était en vain que vous m'aviez recommandez au ciloyen Bellefontaine, agent maritime de cette ville, vous avez pu y voir aussi que je parlais dénué de tout secours pécuniaire et autres : vous avez pu y voir, et je ne sai pourquoi, que le ministre de la Marine a écrit à l'agent maritime de me faire passer, sans envoyer ma mission. Je me suis cependant embarqué au risque de tout ce qui pourrait arriver ; je navais plus que 36 sols, de ce que je tenais de la sensibilité de M. Saint-Amans, lorsque je me suis rendu à la chaloupe le 12 jerminal (3) à dix heures du matin. Les autres pas- sagers, qui étaient tous plus étoffés que moi, s’avisèrent de faire une quête pour encou- rager les matelots à ramer ; j'aurais pu ne rien donner, mais je me serais rendu ridicule; il m'en coùla donc le tiers de ma fortune ; étant arrivé à bord du fougueux, j'ai donné la pièce 24 sols qui me restait aux matelots qui ont mis ma malle à bord, et je suis resté avec rien, ce n'était pas que jeusse besoin dargent sur le vaisseau, car je n'avais pas envie de jouer, mais je devais débarquer un jour dans un pays ou je ne connaitrais personne. Nous restames en rade jusqu'au 18 (4), c'est-à-dire six jours, et pendant cet espace il est surement venu des lettres de vous, et peut être ma mission, mais personne ne pouvait aller à terre. Il fallut donc partir comme a la bonne aventure. La division était composée du Waligni, commandant, de 74 : les commissaires étaient a son bord ; du fougueux, aussi de 74, sur lequel j'étais : les généraux Rochambault et Mirdoudet et un grand état major élait à son bord, et de la fregate la tortue de 44 canons. Nous eumes generalement assez bon temps; cependant, un certain jour comme nous etions à diner un coup de vent inattendu nous renversa presque tous avec les tables et les plats par dessus, notre mat de Peroquet et notre mat d’hune, se casserent net. Cet accident nous retarda d'un jour. Quand nous rencontrames du raisin de mer j'en attrapai avec une ligne et j'ai connu que c'est le fucus natans L. Le 8 floreal (5), nous avons pris et brulé un brick portugais. Le 21 (6) nous vimes terre, le 22 (7), deux vaisseaux anglais qui nous attendaient depuis longtems; mais quand ils nous eurent reconnu ils allerent se mettre a Labri dans le fort 1) 1er avril 1796. 2) 2 juin 1796. 3) 4er avril 1796. 4) 7 avril 4796. 5) 27 avril 1796. 6) 10 mai 1796. ) ( ( ( ( \ { (7) 11 mai 1796. 14 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. dauphin dou nous les entendimes faire le salut, le 23 (1) nous entrames dans la rade du cap, et le 24 (2) je suis descendu à Lerre. Après avoir un peu examiné le reste de l'incendie et apres avoir fait un petit tour dans les chams pour voir les figures de quelques végé- taux, je me mis a chercher le logement du commissaire Raimond, celui qui m'avait paru le plus humain a Rochefort. J'étais bien sûr de ne le pas trouver chez lui; mais j'avais fait une petite petition, etant encore a bord, que je voulais déposer chez lui, afin qu'on la lui donne quand il reviendrait. L’ayant trouvé j'invitait son domestique a lui dire que je viendrais chercher la reponse le lendemain matin. Je m'en fus de la au gouvernement pour voir si je pourais reconnaitre mon cadre qui devait y être avec tous ceux du bord, mais nayant pas pu le trouver, je fus reduit a coucher sans souper au corps de garde. Le lendemain matin j'ai été chez le commissaire Raimond, qui avait vu ma petition, fut bien etonné que jetais passé. Comme je lui témoignais que jetais aussi embarrassé pour faire venir ma malle à terre, que pour exister, il me donna deux gourdes (onze livres de france), et m'offrit un endroit dans sa maison pour la deposer en attendant que le conseil eut prononcé sur ma petilion. Sur ces entrefails un autre commissaire Geraud est arrivé qui sans attendre la decision du conseil me fit une lettre pour le citoyen Lahaye Botaniste au Cap, qui l’invitait à pourvoir a mon logement et a ma nourriture. Ce citoyen me fit loger a lhopital militaire a un quart de lieu hors la ville ou je suis encore. Si vous m'aviez adressé au commissaire Geraud personnellement a Rochefort, et si vous m'eussiez dit de le voir, jaurais eu tout ce que devais avoir des Magazins de la Republique à Rochefort, car il etait très porté a m'obliger et j'ai beaucoup perdu de ne l’avoir jamais rencontré chez les autres commissaires. Enfin me voilà rendu et j'existe ; mais je ne suis pas venu ici pour vivre seulement, la besogne que vous m'avez taillé exige quelques moyens, je n'ai que mon courage et cela ne suffit pas. Les commissaires ne me donneront jamais les moyens de faire des courses dans l'interieur de l’isle si je ne leur presente pas la missiop dont me charge le Directoire de france. Le cap est tellement ruiné que je ne trouverai jamais une main de papier, je n'y trouverai aucun des instrumens dont je vous ai parlé par ma lettre de Rochefort ni les livres dont je vous ai parlé dans celle d'agen, il faut donc que tout me vienne de france. C’est surtout du papier à dessecher qu'il me faudrait en quantité, el je vous le repète il n’y en a pas au cap. Je pense à une chose, ne serait il pas beau que l’on ramassa tout ce qui a rapport à l’histoire nalurelle, connu et non connu, et qu'on mette d’abord dans les armoires et galleries du muséum ce qui n’y est pas, et qu'ensuite dans un endroit particulier, on offre pour un seul coup doeil loutes les productions de Saint-Domingue, car je ne doute nulle- ment que nous ne recueillons des richesses immenses, si mes collaborateurs sont labo- rieux et robustes. On pourrait en faire autant des productions de Cayenne, de nos colo- nies de l'Inde, et par la peut être on découvrirait des caracteres de pays tirés de la phisiologie des objets. Si vous ne me le deffendez pas, je travaillerai sur ce plan. Je prendrai deux echantil- lons de racines, de tronc, et de tout ce qui ne constitue pas l’herbier proprement dit, dont un echantillon sera pour la galerie generale, et l’autre pour celle du pays. Quant a l’herbier il en faudra un plus grand nombre d’echantillon, car il en faut com- muniquer aux savans, c’est le moyen d’etendre la science, je crois que huit ou dix des plus rares ou nouvelles ne sont pas trop et quatre ou cinq des plus communes ou connues seraient suffisant; ainsi en supposant qu'il y eut deux mille espèce de plante à Saint-Domingue, vous pouvez calculer combien il me faudra de papier. (1) 42 mai 1796. (2) 43 mai 1796. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 15 Les commissaires ont autorisé le citoyen Lahaye a organiser le jardin du gouverne- ment en jardin botanique ou plutôt de commencer a y rassembler les végétaux utiles, nous y avons planté de la canelle de l'Inde dont le citoyen Lahaye avait un pied chez lui. Je suis nommé jardinier en chef de ce jardin sans préjudice à ma mission si elle vient. Je ferai mon possible pour me procurer une grande quantité de vase de bois ou de terre pour elever les arbres que je destinerai pour le muséum. Il y a dans le jardin de l'hopital deux especes de jacquiers dont l'une est a ce qu'on assure la varieté qui donne des fruits sans semences et par consequent le premier arbre a pain, il esi maintenant en fleur pour la première fois; cet arbre me parait avoir de grandes dispositions a reprendre de bou- ture; si jetais autorisé à faire quelque depense j'en aurais deja marcotté plusieurs bran- ches dans des vases que jaurais fait elever sur une espece de charpente, et j'en aurait essaié en bouture. Vous trouverez cy joint environ quatre vingt espece de graine elle ne sont peut être ni rare ni precieuse, il y en a quelques unes sans noms, mais j'ai toujours eu soin dans ce cas, de mettre si c'est une herbe ou un arbre, au reste je compte pour rien cet envoi ; c'est seulement pour vous faire voir que je suis arrivé, je n’en tiens pas le catalogue, mais quand jaurai du papier je recommencerai le tout; chaque paquet de graine sera accom- pagne d’un numero qui repondra a ceux dun catalogue, et a un autre numero qui sera a la même plante dessechée, de facon que je saurai exactement ce que je vous enverrai, vous ferez aussi un catalogue des numeros et noms des graines de chaque envoi, qui pour lors repondra au mien, toutes les fois que vous m'ecrirez vous me direz la plante telle numero, toute a bien lévé ou elle n’a pas lévé parce que la graine etait bien ou mal soi- gnée, ou bien vous l’envoyates sous un tel nomet c’est telle plante, ou bien vous me direz ne nous envoyez plus de telle plante numero tant, car il n’est pas possible de la faire germer, etc, elc., par ce moyen qui est aussi simple que facile, en regardant l’échan- tillon qui répond au numero du paquet de graine que je vous ai envoyé je sai tout de suite de quelle plante vous me parlez et je me conforme a ce que vous me prescrivez a son egard. Enfin pour mettre a execulion tous ces projets, il faut que ma mission soit arrivée, je l'attend avec la plus grande impatience, et je compte aussi que vous ferez votre possible pour que je ne manque ni de papier ni d’instrumens nécessaires a la reussite des efforts que je vais faire, pour meriter de plus en plus votre confiance. PoiTEAU. P. S.— J'oubliais de vous prier de vouloir bien faire mettre les lettres cy jointes a la poste pour que chacune aille à sa destination, excepté celle de Thuillier et de Macré. Il y a peu de choses à ajouter au récit de Poiteau; cependant, dans sa lettre, déjà citée, à A. L. de Jussieu, il est un peu plus explicite en cer- tains points : il nomme quelques-unes des plantes qui frappèrent d’abord ses yeux : le Datura Metel, l'Argemone mexicana, qui s'étaient emparés des ruines faites par l’incendie, et le Zribulus cistoudes, qui couvrait une place publique d’un beau tapis doré. Il ajoute qu’il s'était avancé jusqu’à une savane dont il examinait les plantes, lorsqu'il fut surpris par la nuit. Il erra par les rues, sans savoir où il allait, et, se trouvant enfin à la porte du Gouvernement, il se hasarda à se mettre sous un escalier pour y 16 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. passer la nuit, n’ayant point de quoi coucher n1 souper. « Il y avait envi- ron un quart d'heure », dit-il à A. L. de Jussieu, « que j'étais sous mon escalier, lorsqu'un aide de camp du commissaire Sonthonax vint à m’'aper- cevoir malgré l’obseurité quim’environnait. Mes réponses à ses demandes n'ayant pu dissiper les soupçons que ma place, ma tristesse, mon pauvre accoutrement lui suggérèrent contre moi, il erut devoir me faire mettre en lieu de sûreté, afin qu’il püt le lendemain me voir au grand jour et me faire de plus amples questions. Si J'avais connu le corps de garde où il me fit conduire, J'aurais été moi-même demander la permission d’y passer la nuit; car Je Py passai en effet plus sainement que je n’eusse fait sous l’es- calier où je m'étais blotti. Le lendemain matin, le même officier vint me reconnaître; je le détrompai aisément, et 1l me fit mettre en liberté sur ma parole; car Je n'avais pas un mot d’écrit qui put attester rien en ma faveur, n1 personne de qui je pusse me réclamer. » Au sujet du système des listes numérotées que propose Poiteau dans sa lettre à Thouin, il est curieux de remarquer que c’est le même que nous employons aujourd’hui avec les voyageurs qui passent un certain temps dans le même endroit. Il a done été imaginé une seconde fois : car la lettre de Poiteau élait sûrement restée inédite. Il espérait toujours voir arriver sa commission : elle ne lui parvint Jamais; cependant sa situation officielle était parfaitement reconnue par le ministère, qui avait donné des ordres pour qu'à bord il füt traité comme officier et qu'il mangeât à la fable de l’état-major. L’ordinaire qu'il trouva à Saint-Domingue fut bien différent; car pen- dant deux mois il dut vivre à l'hôpital avec une ration de malade. Cependant les commissaires s’occupèrent d'organiser l’Instruction publique. Ils décidèrent l'établissement d'un jardin botanique, dont l'abbé Lahaye fut nommé directeur et Poiteau jardinier. Pendant cinq mois Poiteau laboura, ratissa et planta des arbrisseaux qu'il allait cher- cher dans les mornes; mais il ne reçut pas un sou des appointements qui lui étaient promis : il dut quitter le jardin et entrer, en qualité de com- mis, dans l’administration, où, de temps à autre, il toucha quelques acomptes. Enfin, affaibli par une nourriture insuffisante, et le moral très affecté par le long silence de Thouin, duquel il se croyait abandonné, ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 17 il fut pris de fièvre et entra à l’hôpital, cette fois comme malade. II y resta deux mois et y retourna encore deux fois dans le cours de cette même année. « Je passai à l'hôpital », dit-il dans sa lettre à A. L. de Jussieu, «six mois dela première année de mon arrivée à Saint-Domingue, et à peine ai-je jouis d’un peu de santé pendant les deuxième et troi- sième année. » C'est néanmoins pendant son séjour à l'hôpital qu'il commença les premiers fascicules de son herbier et qu'il fit ses premiers envois de graines au Muséum. Le chef de bureau de Poiteau, un officier nommé M. Fillassier, avait l'attention de proporlionner aux forces de son employé le travail qu'il lui donnait. Poiteau en fut très reconnaissant ; néanmoins, sentant qu’il ne se rétablirait pas dans cette position trop sédentaire, 11 accepta un emploi qui lui était offert à la Direction des fortifications. Dans cette place, à occupations plus variées, qui lui permettait d’herboriser de temps en temps, il se fortifia et recouvra peu à peu la santé. Ce n’est pas pourtant que ses appointements lui fussent mieux payés; mais il faisait, avec le Génie militaire, le plan des maisons à reconstruire, et l'administration lui abandonnait de temps en temps le prix d'un des- sin, qui était de 100 francs. C'est à cette époque que Poiteau fit la connaissance de Turpin, qui était alors sergent au bataillon du Calvados. Il se lia avec lui d'une amitié qui ne s’est jamais démentie. Le général Hédouville arriva comme gouverneur de la colonie. Deux mois après son arrivée, 1l chargea Poiteau de lui faire un herbier et lui accorda vingt-cinq gourdes par mois. Il lui promit même que, lorsqu'il organiserait l’Instruction publique, il prendrait un arrêté pour lui assi- gner un traitement qui lui permettrait de couvrir les frais d’excursions dans l’île. C'était la première fois que Poiteau pouvait se livrer entière- ment à la botanique. Il le fit avec autant d'intelligence que d’ardeur. Non seulement il desséchait les plantes avec soin, mais il les dessinait dans tous leurs détails, avec un véritable talent. Ce travail fut malheureusement interrompu au bout de quatre mois : le général Hédouville, inquiet des menées de Toussaint Louverture, qui entretenait des relations continuelles avec les Anglais, s'embarqua pour NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3€ série. — IX. 3 18 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. la France, emmenant avec lui le bataillon du Calvados. Poiteau, n’ayant plus de moyens d’existence, dut reprendre l'emploi qu'il avait dans la Direction des fortifications. Au bout de sept mois, l'agent Roume arriva pour succéder au général Hédouville. Il chargea de nouveau Poiteau de faire l’herbier de Saint- Domingue, et lui fit rendre son ancien traitement de 25 gourdes par mois, payables sur les fonds de la colonie. Ce traitement fut payé pendant cinq mois; puis l’administration refusa de le continuer, et Roume le versa pendant quelque temps à Poiteau sur sa propre caisse; enfin, cet agent s’étant trouvé dominé, puis emprisonné, par Toussaint Louverture, Poiteau, privé de toute ressource, retourna de nouveau faire des dessins pour la Direction des fortifications. Tant de traverses et d'obstacles auraient détourné de l'étude des végé- taux tout autre qu’un botaniste ayant le feu sacré. Heureusement que la fortune, jusque-là contraire à la vocation de Poiteau, lui devint enfin propice : M. le D' Stevens, consul général des États-Unis, et grand ama- teur de plantes, lui offrit de grosses sommes s’il voulait travailler entiè- rement pour lui. Poiteau ne croyait pas pouvoir accepter sans l’autorisa- tion du gouvernement qui l'avait envoyé à Saint-Domingue. Cependant, la détresse dans laquelle il se trouvait l’obligea à faire à M. Stevens une autre proposition : celui-ci lui donnerait les moyens d’exister, et Poiteau partagerait avec lui ses récoltes. Cette proposition convint à M. Stevens. Il désirait aussi un dessinateur : Poiteau lui proposa Turpin, qui était revenu à la ville du Cap, et qui fut agréé. Tous deux se mirent à l’œuvre. Poiteau décrivait et desséchait les plantes : Turpin les dessinait, et, dirigé par Poiteau, représentait non seulement leur port, mais les détails d'analyse les plus exacts. Ils allèrent s'installer d’abord pendant six mois à Sainte-Suzanne, revinrent trois mois au Cap, puis restèrent un an à l’île de la Tortue, à dix lieues du Cap, chez un riche propriétaire, M. de Labattue. Ils retournèrent enfin au Cap, faire de la botanique jus- qu’à la fin de 1800. Mais en 1801, la nouvelle se répandit que la France envoyait une armée pour soumettre la colonie, où Toussaint Louverture s'était rendu presque indépendant, et tous ceux qui purent quitter Saint-Domingue ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 19 s’en allèrent, prévoyant un nouvel incendie. Plus alarmé pour ses collec- tions que pour lui-même, Poiteau en céda une partie à M. Stevens, qui lui facilita son passage pour se rendre aux États-Unis sur un bâtiment américain, avec l’autre portion de lherbier. Là, M. Pichon, consul général, l’accueillit avec bonté et le fit passer en France aux frais du gouvernement. Lorsque Poiteau quitta Saint-Domingue, Turpin avait déjà remis à M. Stevens près de trois cents dessins de plantes d’une grande beauté ; l’herbier montait à 1200 espèces. M. Stevens aurait désiré avoir les des- criptions déjà faites, pour les Joindre aux planches, y ajouter les dessins et les descriptions que Turpin, devenu botaniste par les soins de Poiteau continuait à faire, et publier un grand ouvrage sur la botanique de Saint-Domingue ; mais Poiteau, qui ne s'était point engagé à donner les descriptions, éluda les demandes de M. Stevens, avec lequel il resta, du reste, dans les meilleurs termes, et qui l’invita bien à aller le rejoindre, si le gouvernement français ne croyait pas devoir favoriser so ‘ravail. Poiteau avait en effet l’intention de publier de son côté une Flore de Saint-Domingue, et il en rédigea, sous le titre de Florule, un premier essai pendant son séjour en France ; mais ce livre, comme nous l’avons dit, ne fut jamais imprimé. Le voyageur arriva à Bordeaux vers la fin de 1801 et s’y arrêta, n'ayant pas les ressources nécessaires pour se rendre à Paris, et encore moins pour y transporter ses collections. Il écrivit à Thouin et demanda l'appui de l’administration du Muséum. Sa lettre fut lue dans la séance de l’Assemblée des professeurs du 7 nivose an X (1), Desfontaines et Thouin furent chargés des démarches près du ministre de l'Intérieur (2), à qui ils écrivirent le 9 nivose (3). Il est probable que l’affaire suivit une filière officielle ; car c'est seule- ment le 8 germinal an X (4) que le ministre, qui était Chaptal, répondit aux professeurs : il les avertissait qu'il avait prié le préfet de la Gironde d'avancer 1000 francs au citoyen Poiteau et les invitait à le faire savoir ) 29 décembre 1801. Documents, n° V. ) 29 mars 1802. 20 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. à celui-ci, dont il ignorait l'adresse. Cette lettre fut communiquée dans la séance du 17 germinal an X (1). Un mois après, le 17 floréal an X (2), le voyageur, arrivé enfin à Paris, faisait présenter à l’Assemblée des professeurs plusieurs beaux dessins coloriés et lui soumettait un important mémoire. Les dessins représentaient les deux arbres à pain : Artocarpus incisa et À. ntegrifolia. Hs sont aujourd'hui dans le laboratoire de botanique et servent assez souvent pour les démonstrations des cours. Dans le mémoire, Poiteau racontait toutes les difficultés qu'il avait éprouvées et demandait qu’on le nommât botaniste voyageur du gouver- nement; qu'on le renvoyàt à Saint-Domingue; qu’on lui adjoignît un peintre, et que ce peintre fut Turpin; qu'il fût établi à Saint-Domingue un jardin, ou plutôt un lieu de dépôt, où l’on püût recevoir et cultiver les végétaux destinés à être envoyés au Muséum; qu'il y fût attaché un garcon jardinier; qu’on procurât au botaniste chargé de la mission les livres indispensables et qu’on lui permit de rester encore six mois en France, pour mettre la dernière main à ses manuscrits et attendre que la sécurité se fût rétablie dans l’île. Il offrait de déposer au Muséum tous les matériaux qu'il avait rapportés, se réservant cependant le droit de les publier (3). L'assemblée confia le soin d'examiner ces demandes à une commission composée de Desfontaines, Jussieu et Thouin. Cette commission présenta son rapport dans la séance du 11 prairial an X (4). Il était très favorable et fut inséré tout entier au procès-verbal de la séance (5), ce qui ne se fait pas d'habitude et indiquait l'importance que les professeurs attachaient aux propositions de Poiteau. La com- mission approuvait toutes les demandes contenues dans le mémoire, sollicitait pour Poiteau une nouvelle mission à Saint-Domingue, et invitait l’administration à demander pour lui une nouvelle somme de 2000 à 3000 francs, soit comme gratification, soit comme prix de la ) 7 avril 1802. Voyez documents, n° VI. ) 7 mai 1802. ) Documents, n° VIL. ) 31 mai 1802. ) ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 21 collection qu'il remettrait au Muséum, somme qui lui permettrait de séjourner pendant quelques mois à Paris, pour mettre au net ses descrip- tions et ses dessins. L'Assemblée adopta ce rapport et arrêta qu'il serait écrit au ministre de l'Intérieur en faveur de Poiteau. Cependant, pressé par la pénurie dans laquelle il se trouve, Poiteau écrit de nouveau aux professeurs administrateurs. Dans sa lettre, lue dans la séance du 9 messidor an X (1), il précise ses propositions, et supplie PAssemblée de vouloir bien prier le ministre de l'Intérieur de les prendre en considération et de prononcer le plus tôt possible (2). À ce moment, comme pour appuyer la demande de Poiteau et donner là preuve de ce qu'il pourrait faire, la plupart des 289 espèces de graines rapportées par lui de Saint-Domingue avaient produit de jeunes plantes qui donnaient les plus belles espérances. Le profes- seur de culture avait annoncé leur germination dans la séance du 4 prairial an X (3). L'assemblée rappela les démarches qu’elle avait arrêté de faire. Nous ne savons pourquoi c’est seulement du 14 messidor an X (4 (plus d’un mois après l'approbation du rapport des commissaires) qu'est datée la lettre d'envoi au ministre (5), accompagnant ce rapport. Si les professeurs avaient hésité, par crainte de faire des demandes trop importantes, ils durent être agréablement rassurés : Chaptal, dans une lettre du 2 thermidor an X (6), qui fut communiquée à l’Assemblée le 7 de ce mème mois (7), adopta leur projet d’une exploration botanique de Saint-Domingue d’autant plus volontiers que le général en chef de l’armée de Saint-Domingue, Leclere, lui manifestait de son côté le même désir et lui demandait deux botanistes. Le ministre accordait à Poiteau une somme de 2400 franes, tant pour la collection qu'il cédait au Muséum que pour gratification de ses services, et l’invitait à partir Le plus tôt 28 juin 1802. Documents, n° X. 24 mai 1802. Documents, n° VIII. ) ) ) ) 3 juillet 4802. ) Documents, n° XI. ) ) 22 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. possible pour Saint-Domingue. Son traitement élait fixé à 6000 francs (1). Dans la séance du 28 thermidor (2), Poiteau sollicite l’Assemblée, pour que le ministre de l’Intérieur lui fasse procurer les livres de botanique dont il a besoin, ete. « Cette demande fondée », dit le procès-verbal, « est renvoyée au G. directeur, avec l’autorisation de poursuivre et appuyer la demande du G. Poiteau », ce qu'il fait, en effet, deux jours après (3), au nom des professeurs. Mais le ministre répond, dans une lettre du 17 fructidor (4), lue dans la séance du 19 (5), qu'il n'a accordé à ce voyageur une somme de 2400 francs qu'à la condition qu'il partit sans délai pour Saint-Domingue, et prie le Directeur de l’inviter de nouveau à se rendre à son poste (6). Les professeurs, préoccupés de cette demande de botanistes qui leur était faite, avaient invité le Directeur à en conférer avec le ministre. C’est sans doute à la suite de cette démarche que Chaptal adressa au Directeur un extrait de la lettre qu'il avait recue du général Leclerc. En réalité, c'était une exploration scientifique complète que celui-ci cher- chait à organiser. Il demandait des zoologistes, des minéralogistes, des chimistes, et, en ce qui concerne la botanique, il voulait établir dans l’île deux jardins : un en plaine, pour les plantes qui exigent une chaleur très grande, l'autre dans les mornes, pour les plantes qui se plaisent dans les montagnes. € Il faudrait, » disait-il, « pour cet établissement, un direc- teur et deux sous-directeurs, avec quatre jardiniers (7). » Cet extrait fut lu aussi dans la séance du 19 fructidor. Il était accom- pagné d’une lettre du ministre qui demandait l’avis du Muséum, et invi- tait, dans le cas d'approbation des projets en question, à lui désigner les hommes qu’on pourrait charger de cette mission importante (8). L'Assemblée nomma cinq commissaires : les CC. Fourcroy, Jussieu, Haüy, Thouin et Geoffroy, et les invita « à choisir les individus propres ( 1) Documents, n° XII. 2) 16 août 1802. 3) Documents, n° XIII. 4) 4 septembre 1802. 5) 6 septembre 1802. (6) Documents, n° XIV. (7) Documents, n° XV. 8) Documents, n° XVI. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 23 aux diverses fonctions énoncées dans la lettre du général Leclerc ». Enfin, dans cette même séance du 19 fructidor, où il est à plusieurs reprises question de Poiteau, on lit la lettre dans laquelle il annonce avoir remis à l’administration la collection de plantes recueillie par lui à Saint-Domingue et composée d'environ mille espèces, avec quelques autres objets qui y ont rapport (1). Le même jour, le Directeur envoie au ministère de l’Intérieur l'attestation de cette remise, et demande que le payement de la somme de 2400 francs, accordée par le ministre, soit fait à ce voyageur (2). La commission instituée le 7 fructidor ne tarda pas à se réunir, et, dans la séance du 26 (3), présenta le rapport suivant : Les commissaires nommés pour indiquer au ministre les citoyens demandés pour Saint- Domingue, offrent la liste nominative ci-jointe, savoir : les CG. Bouchon et de Besse pour la zoologie, le C. Tondy pour la minéralogie, ainsi que le G. Advenier, élève de l'École des mines ; le CG. Nectoux a été présenté comme directeur du Jardin de botanique ; le C. Poiteau, botaniste, et Boucher, cultivateur et jardinier en chef, les CC. Macé et Potier comme jardiniers. Le C. Nolot a été présenté comme chimiste et pharmacien (4). Ce rapport fut envoyé au ministre ; mais Chaptal ne s’en contenta pas, le trouvant beaucoup trop sommaire, et, le 7 vendémiaire an XI (5), il écrivit au Directeur, lui disant que les hommes choisis par les commis- saires ne pouvaient qu'être dignes de toute confiance, et qu’il les adres- serait volontiers au général Leclerc; mais qu’il aurait désiré que la com- mission s’occupât aussi d'indiquer les traitements qu’elle aurait jugé convenable d’allouer à ces explorateurs, ainsi que les avances à leur faire tant pour leur départ que pour les instruments et ustensiles dont ils avaient besoin, et il l’invita à entrer dans ces détails, afin qu'il pût prendre une prompte détermination (6). La lettre, lue dans la séance du 12 vendémiaire an XI (7), fut renvoyée aux mêmes commissaires, qui, dans la séance suivante (19 vendé- (1) Documents, n° XVII. (2) Documents, n° XVIII. (3) 143 septembre 1802. (4) Assemblée des professeurs du Muséum, procès-verbaux des séances, vol. VIT, p. 155. (b) 29 septembre 1802. (6) Documents, n° XIX. (7) 4 octobre 1802. 24 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. miaire) (1), présentèrent un second rapport, complémentaire du pre- mier. Ils estimaient que le traitement de chacun des deux zoologistes, des deux minéralogistes, des deux botanistes et du chimiste, devait être de 6000 francs, argent de France, sans y comprendre les frais de voyage, qui seraient payés séparément. Ils fixaient le traitement du chef des cultures également à 6000 francs ; Celui de chacun des deux jardiniers en chef, à 3000 francs: Et celui de chacun des deux garçons jardiniers, à 2000 francs : En tout, pour les traitements, 62 000 francs. Dans un second chapitre, intitulé : Frais d'approvisionnement, ils éva- luaient l'outillage de chaque zoologiste à 700 francs, de chaque botaniste à 1200 francs, de chaque minéralogiste à 1000 francs, et celui du chi- miste à 1000 francs, soit, pour tout le matériel, 8000 francs, qui, ajoutés aux 02000 francs du personnel, portaient le total des frais à 70000 francs. Ils faisaient remarquer que l’élévation de la somme s’expliquait par le prix des denrées, à peu près le double à Saint-Domingue de ce qu'il était en France (2). | Ce second rapport fut envoyé au ministre de l'Intérieur avec une lettre (3) des professeurs, datée du 22 vendémiaire an XI (4), dans laquelle ils exposaient qu'ils n'avaient pas cru d’abord devoir entrer dans ces détails, la demande ne leur en ayant pas été faile dans la première dépêche du ministre. Si l’on excepte l’expédition scientifique d'Égypte, dont les premières collections venaient d’arriver, et dont les résultats étaient de nature à encourager des recherches dans d’autres pays, on ne connaît guère d’ex- ploration organisée sur un plan aussi large que devait l'être celle de Saint-Domingue. Il semble, dureste, qu’à cette époque, et même jusque sous la Restau- ration, comme nous le verrons lors du départ de Poiteau pour la Guyane, on ait été plus convaincu qu’on ne l’est aujourd’hui de la nécessité ) 11 octobre 1802. ) Documents, n° XX. ) Documents, n° XXI. ) 14 octobre 1802. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 25 d'étudier scientifiquement une contrée avant de chercher à en tirer parti. Beaucoup de personnes ont, sur la manière de procéder à l'égard des colonies nouvelles ou mal connues, des idées fort erronées, et qui pourraient être funestes, si elles arrivaient à faire engager témérairement ou prématurément des capitaux. C’est avec une pénible surprise que j'ai entendu, un jour, dans une réunion où il s'agissait de Madagascar, un membre du Parlement dire qu’il fallait y développer d’abord le commerce et l’industrie, et que les études scientifiques viendraient après. Il est vrai que nous n’eûmes aucune peine à lui faire comprendre que c'était vraiment mettre la charrue avant les bœufs; que, pour exploiter les richesses naturelles d’un pays, il faut d’abord les connaître ; que, par exemple, l’examen géologique peut seul permettre d'entreprendre des travaux de mines avec quelque sécurité ; que lorsqu'on connaît bien la végétation spontanée d’un pays, on sait ce qu'on peut lui demander au point de vue agricole; que dresser la liste des animaux de la région n’est pas moins utile, puisque c’est le seul moyen de savoir ceux dont il faut se défendre et ceux qui peuvent servir ; et qu’en définitive, tous les objets capables de donner lieu à un commerce ou à une industrie sont toujours forcément tirés d’un des trois règnes de la nature. Pénétré de ces vérités et convaincu des services que nous pouvions rendre à la colonisation, nous avons commencé au Muséum, avec le concours de botanistes zélés, l’étude des Flores coloniales françaises. Deux sont déjà publiées; mais cette œuvre, si importante pour la France, n’est Jusqu'ici qu’une œuvre privée. Si les collections botaniques eussent été assez complètes pour qu'on püût l’entreprendre, à l’époque où se terminait l'exploration scientifique de l'Égypte et où se préparait celle de Saint-Domingue, 1l est à croire qu'alors c’est le gouvernement qui en eût pris l'initiative. Cette digression, dans laquelle nous nous sommes laissé entraîner à comparer les tendances des deux époques, nous a éloigné de l'expédition à laquelle Poiteau devait prendre part. Cette expédition, si bien conçue, ne put avoir lieu : il devint bientôt évident que l’état politique de l’île, les troubles et les combats qui s’y succédaient, ne permettaient pas de la parcourir avec sécurité. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série. — IX. 4 26 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Poiteau lui-même, le premier des missionnaires désignés, ne partit pas. Il avait toujours eu l’idée d'utiliser les matériaux de son premier voyage avant d’en entreprendre un second, et c’est évidemment alors qu'il écrivit l'ouvrage considérable modestement intitulé : Florule de Saint-Domingue. C’est un énorme manuscrit in-folio, qui ne fut jamais livré à la presse. Il est rédigé d’après le système de Linné et devait renfermer bien des nouveautés pour l’époque. Poiteau, du reste, n'avait pas l'intention de le faire imprimer tel qu'il est : il voulait le refondre, au retour de son second voyage, en un ouvrage général, sous le titre de Flora Domingensis. Ce manuscrit est précédé d’un averhissement (1) et d’une lettre à A. L. de Jussieu (2), auxquels nous avons déjà emprunté quelques citations. L'automne de 1802 et la plus grande partie de l’hiver de 1803 s’écoulèrent dans ce travail. Cependant A. L. de Jussieu, qui, comme professeur de botanique, devait désirer vivement le départ de Poiteau, proposa à l'assemblée, dans la séance du 4 ventôse an XI (3), d'écrire au Ministre de l’intérieur pour qu'il ordonnûât et facilitât ce départ. Ce fut de Jussieu lui-même qui fut chargé de rédiger la lettre, ce qu’il fit le 9 ventôse (4). Le Ministre répondit, le 2 germinal (5), qu’il ne lui était plus possible d'accéder à cette demande (6). Obligé de rester en Europe, Poiteau déploya une activité d’un autre genre. Il publia de nombreux mémoires, dont les uns, lus à l’Institut, furent imprimés dans les Mémoires des savants étrangers; dont les autres trouvèrent place dans les Annales et Mémoires du Muséum. En 1807, il fit paraître, avec Turpin, la première livraison de la seconde édition du Zraité des arbres fruitiers de Duhamel du Monceau. Les deux collaborateurs ont tellement ajouté à l’ancien ouvrage qu'ils en ont fait un ouvrage nouveau. Leur Traité forme six volumes in-folio, (1) Documents, n° XXII. (2) Documents, n° XXIII. (3) 23 février 1803. (4) 28 février 1803. Documents, n° XXIV. (5) 23 mars 1803. (6) Documents, n° XXV. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 27 et on n’y trouve pas moins de 4000 espèces et variétés de fruits décrites et figurées. Il ne fut terminé qu’en 1835. L'État l’encouragea assuré- ment d’une souscription ; car, Poiteau ayant envoyé la première livraison au Muséum avec une demande d'abonnement, l'assemblée des profes- seurs décida sagement qu'avant de souscrire elle attendrait qu'elle ne soit plus dans le cas d'espérer que le gouvernement lui fasse présent d’un exemplaire. Notre botaniste eut certainement le concours de l’État pour l'Histoire naturelle des orangers, qu'il publia avec Risso. C’est un magnifique in- folio, qu'il illustra de 109 planches coloriées de toute beauté. Cet ouvrage parut en 1818-1819, grâce à la souscription de MM. de Monta- livet et Decazes, ministres de l’intérieur. Mais il n’eut pas de collaborateur, et il fut probablement réduit à quelques souscriptions particulières, pour sa #/ore parisienne, dans laquelle toutes les espèces devaient être figurées en planches in-folio. De 1808 à 1813, 45 planches seulement furent publiées, puis l’ouvrage s'arrêta. Nos galeries de botanique possèdent une centaine de dessins originaux qui n’ont jamais été gravés, et qui étaient destinés à cet ouvrage beaucoup trop vaste pour être mené jusqu’au bout. Poiteau et Turpin comptaient assurément parmi les premiers dessina- teurs de botanique de leur temps ; mais les plantes figurées par Poiteau ont plus de vie, plus de relief ; leur couleur est plus vraie, et les analyses, bien supérieures à celles de Turpin, sont vraiment remarquables pour l’époque. Tous deux proposèrent à l'assemblée des professeurs, Le 20 janvier 1813, de faire, pour la collection des vélins, des dessins de plantes très rares d'Amérique qui ne peuvent être cultivées dans le jardin. Thouin, Desfontaines et Van Spaendonck furent chargés d'examiner cette propo- sition, dont j'ignore l'issue. Nous avons la preuve que Poiteau travailla pour des publications officielles, dans un certificat qu'il demanda aux professeurs, alors qu’il avait trente-huit ans, c’est-à-dire vers 1804. Ce certificat (1) dit que (1) Documents, n° XX VI. 28 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. « depuis son retour en France » (il ÿ avait alors près de trois ans), «il est resté occupé à dessiner des objets de la nature pour des ouvrages ordonnés par le gouvernement ». Son crayon et son pinceau ne furent pas, du reste, ses seuls moyens d'existence. Il dut quelques situations à ses connaissances horticoles : en 1815 il fut nommé chef des pépinières de Versailles. Il y habitait à Trianon, et c’est là qu'il commença les dessins de l’Ærstoire naturelle des orangers. Il dirigea la culture du jardin botanique de l’École de Médecine de Paris. Un second certificat plus détaillé et plus élogieux que le premier, qui lui fut délivré par les professeurs-administrateurs du Muséum le 6 février 1816, le dit formellement (1), et c'est aussi en 1816 qu'il publia un volume in-8° intitulé : Le Jardin botanique de l'École de Médecine de Paris et description des plantes qui y sont cultivées, par A. Poiteau, botaniste, jardinier en chef audit Jardin. Je n'ai pas la date de sa nomi- nation à cette place; 1l est probable qu'il l’occupait avant d'avoir la direction des pépinières de Versailles, et qu'il la conserva au moins quelque temps concurremment ; mais il ne l’eut certainement pas en revenant de la Guyane. Les articles de Michaud et de Larousse sont erronés sur ce point, comme sur bien d’autres. M. Rousselon, dans sa notice, dit que Poiteau fut nommé en 1817 jardinier en chef du pare et des jardins de Fontainebleau, mais qu'il n’y fit que paraître un instant avant de devenir botaniste du roi à la Guyane. Dans les nombreux documents que j'ai consultés, je n’ai pas trouvé trace de ce passage à Fontainebleau ; j'ai trouvé, au contraire, dans plusieurs d’entre eux, l’affirmation qu’il ne quitta Versailles que pour aller à la Guyane. Voici ce qui se rapporte à ce second voyage. Le 21 octobre 1818, le ministre de la marine écrivit à son collègue de l'intérieur, pour lui dire qu'il se proposait d'établir à la Guyane la culture en grand des végétaux utiles des deux Indes, et que cette entreprise et l'importance même des produits actuels de la colonie, où (1) Documents, n° XXVIT. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 29 l’État possédait, entre autres établissements agricoles, l'habitation des Épiceries, dite /4 Gabrielle, exigeaient qu’il y eût à Cayenne un botaniste à qui serait confiée la direction supérieure des cultures. Il priait le mi- nistre de l’intérieur d'inviter les administrateurs du Jardin du Roi à s'occuper de la désignation d’un sujet qui réunit les qualités propres à l'exercice de cet emploi. Il ajoutait enfin que le botaniste du roi à Cayenne recevrait un traitement de 6000 francs, non compris une somme fixe qui pourrait être affectée aux frais de voyage, recherches et essais (1). Le ministre de l’intérieur transmit aux professeurs-administrateurs copie de cette letre et leur demanda un rapport (2). Dans la séance du 28 octobre, Desfontaines et Thouin furent chargés d'examiner la question et de proposer à l’assemblée le sujet demandé. Mais, pour la séance suivante, 4 novembre, arriva une nouvelle lettre du ministre de l’intérieur, datée du 2 de ce mois. Le ministre confirmait sa première demande, il témoignait l'intention de la généraliser, et souhaitait qu'on püt déterminer les armateurs à mettre à bord de leurs navires un naturaliste, qui partout irait recueillir des plantes, des graines, pour les rapporter, les acclimater soit en France, soit dans les colonies. « Je ferais », disait-il, « des fonds pour cette affaire. Je me chargerais des dépenses et, par les résultats de ces voyages, on retrouverait, et bien au delà, les avances faites. » Pour commencer, il exprimait le désir « qu’on prît les moyens de transporter et d’acclimater au Sénégal et à la Guyane l’arbre dont l’écorce est le quinquina. »—« Vous examinerez », ajoutait-il, « quelles sont les mesures propres à assurer la réalisation des idées que je vous ai communiquées (3) ». Cette lettre fut renvoyée par l’assemblée « à la commission chargée du premier objet ». Nous n’avons pas à suivre ce qu'il advint des idées larges et hardies du ministre de l’intérieur, qui alors était Lainé; mais nous avons cru intéressant de mentionner les projets dont l’assemblée des professeurs- administrateurs se trouvait saisie coup sur coup, et de constater quel 1) Documents, n° XXVIIL. (2) Documents, n° XXIX. (3) Documents, n° XXX. 30 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. empressement l'État mettait à offrir d'engager des dépenses importantes, pour des recherches scientifiques dont il comprenait l'importance pour la France et pour les colonies. C’est dans la séance de l’assemblée tenue le 11 novembre 1818 que Desfontaines et Thouin firent leur rapport sur la première demande du ministre de l’intérieur. Ils proposèrent Poiteau pour la place de botaniste du roi à la Guyane. Ce rapport fut approuvé et transmis le jour même au ministre, sous forme de lettre collective des professeurs-administrateurs. Après avoir énuméré tous les titres de Poiteau : « Nous ne connaissons personne, disaient-ils, qui soit plus propre à remplir les vues de Son Excellence le Ministre secrétaire d'État de la marine (1) ». Le 17 novembre, le ministre de l’intérieur accusait aux professeurs- administrateurs réception de cette lettre. Le 27 décembre, il leur annonçait que sur leur présentation et sur la désignation qu'il avait faite en conséquence, le ministre de la marine venait de nommer Poiteau botaniste du roi à Cayenne ; et enfin le ministre de la marine lui-même écrivait le 26 décembre aux professeurs-administrateurs pour leur faire part de cette nomination, leur demander des instructions pour le bota- niste nommé et les inviter à entretenir avec celui-ci une correspondance, par l’intermédiaire de son département (2). Les professeurs de zoologie et de culture convinrent de se réunir pour rédiger les instructions demandées. Depuis son retour de Saint-Domingue, Poiteau s'était marié avec une demoiselle Putheaux, qui ne lui apporta pas de fortune, mais qui lui donna six enfants. A l’époque où il allait s'embarquer de nouveau, il avait deux fils en âge d'apprendre : l’un de onze ans, externe au collège de Versailles, l’autre de dix ans. En les emmenant avec lui, il les aurait privés de tous moyens d'instruction ; en les laissant, il aurait eu à faire des sacrifices bien au-dessus de ses moyens. Il adressa au ministre de l’intérieur deux lettres: par l’une, il demandait que son fils aîné fût placé aux frais de l'Etat dans un des collèges royaux ; par l’autre, que son fils cadet fût recu à l’École des arts et métiers de Châlons, (1) Documents, n° XXXI. (2) Documents, n° XXXII. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 31 et il pria les professeurs-administrateurs de vouloir bien appuyer sa demande. Sa lettre aux professeurs, datée du 23 février 1819 (1), fut lue dans la séance du 24, etle 26, ils adressaient au ministre de l’intérieur une lettre pressante en sa faveur (2). Poiteau partit pour la Guyane vers la fin de l'hiver de 1819. Il croyait bien ne pas y rencontrer d’autres obstacles que l'absence de chemins, les animaux venimeux, les caïmans et la fièvre. Il avait compté sans l'administration de la colonie. Aucun doute ne pouvait exister sur la nalure et l'étendue de sa mission. IL était bien entendu que, non seulement il devait avoir la direction supérieure des habitations royales, mais qu’il entrait dans ses fonctions d'explorer le pays pour en faire connaître les richesses botaniques. Le ministre de l’intérieur lui avait même fait préparer (3), par les pro- fesseurs de botanique et de culture du Muséum, et le ministre de la marine lui avait fait parvenir, un rapport dans lequel on lui demandait de visiter les montagnes de l’intérieur de la Guyane, pour y rechercher le quinquina, qu'on présumait y exister (4). Il pensait naturellement qu’il aurait la liberté nécessaire pour remplir sa mission dans toute son étendue. Cependant, à son arrivée, il fut mis, par le gouverneur, sous les ordres d’un directeur des domaines, qui, ne comprenant évidemment rien, ni à l'utilité de l’histoire naturelle, ni à la mission de Poiteau, l’entrava de toutes les manières, et alla jusqu’à défendre au botaniste du roi d'emmener avec lui quelques nègres de l'habitation de /a Gabrielle, pour l’aider dans ses excursions. Poiteau fut donc réduit à ses seules forces et, sauf un voyage qu'il fit comme membre d’une commission d'exploration à la Mana, ne put faire de recherches que dans un rayon très limité. Nous verrons que dans ces fâcheuses conditions, il arriva cependant à former des collections importantes. Avec un homme pénétré de ses devoirs, franc et tenace comme l'était (1) Documents, n° XXXIII. (2) Documents, n° XXXIV. (3) Documents, n° XXXV. (4) 32 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Poiteau, une telle situation devait amener des conflits fréquents ; aussi, en 1822, à la suite d’une discussion assez vive qu’il eut avec le directeur des domaines, le gouverneur donna ordre au botaniste du roi de s’em- barquer pour la France. Tous les mémoires pour et contre relatifs à ces dissensions, sont, d’après M. Rousselon, déposés aux Archives de la marine, et la solution en est une note de la main du ministre, qui déclare que Poiteau n’a en rien démérité de l'estime de ses chefs. Je n'ai pas cherché à voir ces pièces, qui eussent étendu, sans grand profit, ce travail déjà trop long ; car les documents que nous possédons au Muséum éclairent bien suffisamment cette phase de la vie de Poiteau. Celui-ci arriva à Paris en mars 1822, avec de grandes collections. J’ai pu en prendre une idée, grâce à deux catalogues : l’un de la main de Poiteau, l’autre, plus méthodique, signé de Valenciennes, qui se trouvent au dossier de Poiteau, dans un des cartons de nos Archives intitulés : Voyages el missions ; el grâce aussi à la lettre que les professeurs-admi- nistrateurs adressèrent au ministre de la marine aussitôt examen fait des objets apportés. Les catalogues sont trop longs pour être publiés ici; mais on trouvera la lettre aux documents (1). Les collections se composaient: D'un herbier de plus de mille espèces, dont les échantillons étaient répétés au moins une douzaine de fois ; D’une grande série de dessins et de descriptions de plantes dans laquelle beaucoup de nouveaux genres se trouvaient établis ; De 35 mammifères, appartenant à 16 espèces ; De 383 oiseaux, appartenant à 149 espèces; De 16 reptiles, appartenant à 12 espèces ; D’un certain nombre de coquilles. Dans tout cela, il ÿ avait beaucoup de nouveautés. Les collections ne renfermaient pas de poissons; mais Poiteau en avait fait, de Cayenne, un important envoi. Son vif désir, après s'être justifié au ministère de la marine, était d’être renvoyé à la Guyane. Il en fit la demande et pria les professeurs-admi- (1) Documents, n° XXX VII. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 33 nistrateurs de l’appuyer. La lettre, datée du 14 mai 1822 (1), leur arriva pour la séance de ce même jour. Les professeurs À. Thouin et Desfon- taines furent chargés de rédiger un projet de leltre au ministre de la marine, en faveur de Poiteau. Ils déposèrent, en effet, dans la séance du 21 mai, une note qui servit à rédiger celte lettre, dont j'ai pu voir dans nos archives la minute, datée du 23 mai 1822 (2). Les professeurs décla- raient qu'ils persistaient dans leur opinion favorable à Poiteau, que celui-ci leur avait fourni des preuves incontestables de ses lumières et de son zèle, et les avait convaincus des droits qu’il avait à reprendre un emploi où 1l ne manquerait pas de justifier la confiance qu'il leur inspirait. C’est seulement le 17 octobre que le ministre de la marine répondit aux professeurs. Il avait trouvé un moyen radical de mettre tout le monde d'accord : c'était la suppression des deux places de botaniste du roi et de directeur des domaines à la Guyane. Il reconnaissait du reste que la conduite tenue par Poiteau dans la colonie n’était pas de nature à lui faire perdre l'intérêt du gouvernement. Il lui maintenait les deux tiers de son traitement colonial, c’est-à-dire 4000 francs, jusqu’à la fin de novembre (3), et transmettait la copie d’une lettre de M. le commandant et administrateur pour le roi dans la Guyane française (4), qui réclamait le catalogue du Jardin royal des plantes de Cayenne que Poiteau aurait emporté. Il demandait enfin aux professeurs-administrateurs de vouloir bien se faire remettre ce catalogue et de le lui envoyer pour qu'il le fit passer à la Guyane. Les professeurs, suivant le désir du ministre de la marine, réclamèrent le catalogue (5). Poiteau répondit que non seulement il n’en avait jamais élé rédigé, mais qu'il eût été impossible d’en dresser un en l’absence de livres, et que le gouverneur devait le savoir, puisqu'il avait lui-même demandé au ministre les livres nécessaires, et qu'il les attendait au moment où 1l faisait embarquer pour la France le botaniste qui aurait pu ) Documents, no XXXVIII. ) Documents, n° XXXIX. ) Documents, n° XL. ) Documents, n° XLI. 5) Documents, n° XLII. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. b) (4 e (3 (4 ( 34 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. s’en servir. Poiteau ajoutait que les notes qu'il recueillait pour former un jour le catalogue étaient restées dans le tiroir de la table sur laquelle il écrivait à Cayenne (1). Ainsi, on demandait à Poiteau une chose qui non seulement n’existait pas, mais ne pouvaitpas exister. Je crois cependant que cette réclamation n’était pas l’effet de la malveillance; il est probable qu'il y eut ignorance de la part du jardinier chargé nouvellement du service, et défaut de mémoire de la part du gouverneur. | Mais l’ancien botaniste du roi n’était pas au bout de ses ennuis et de ses déceptions. Le ministre de la marine, qui avait informé les professeurs de la suppression de la direction des cultures à la Guyane, en avait aussi informé son collègue de l’intérienr, et lui faisait observer que l’ancien titulaire n’avait pas perdu ses titres à l'intérêt du gouvernement. Il désirait donc, ajoutait-il, que ce botaniste püt obtenir de l’emploi en France le plus tôt qu'il serait possible. Le ministre de l’intérieur, par une lettre du 4 novembre 1822, fit part aux professeurs-administrateurs du désir exprimé par son collègue de la marine et les consulta sur ce qui pourrait être fait en faveur de Poiteau (2). Dans la séance du lendemain, 5 novembre, cette lettre fut renvoyée au professeur de culture, pour qu'il proposät un projet de réponse. De son côté, Poiteau, prévenu par les bureaux de l’intérieur que les professeurs du Muséum étaient consultés à son sujet, leur écrivit, le 12 novembre, pour leur indiquer les moyens par lesquels il pourrait être indemnisé. 11 leur énuméra les dépenses qu’il avait faites pour les collec- üons, et qu’il avait dû prendre sur son traitement; il leur rappela que c'était pour être utile à la science et au Muséum qu'il avait encouru l’ani- madversion du directeur des domaines, et les supplia de présenter pour lui deux demandes, conformes à la plus stricte justice. 1° Dans la lettre que le ministre de la marine lui avait adressée le 16 novembre 1818, Son Excellence, outre les 6000 francs d’appointe- (4) Documents, n° XLIIL. (2) Documents, n° XLIV. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 35 ments, lui annonçait qu’elle lui accordait, par an, wxe somme de 1000 à 1500 francs, pour étre affectée aux frais de voyages, recherches et essais. Le gouverneur n'ayant pas consenti à lui verser cette somme, elle restait due, et pouvait être demandée pour chaque année de séjour à la Guyane. 2° Lorsqu'il avait accepté de partir pour Cayenne, Poiteau n'avait pas besoin de place : il occupait une des quatre premières places de jardinier en chef dans les jardins du roi, et cela suffisait à son ambition. Il serait équitable que le ministre de l’intérieur voulût bien l’adresser au ministre de la maison du roi, avec invitation de le faire réintégrer dans l’une de ces places (1). Le professeur de culture s’inspira évidemment de cette lettre, et présenta ces deux demandes dans le projet de réponse au ministre de l’intérieur qu'il proposa à l'assemblée dans la séance du 26 novembre 1822, et dont l’envoi fut décidé. « Ces deux demandes de M. Poiteau », disaient en terminant les professeurs, « semblent justes à notre adminis- tration, qui prie instamment Votre Excellence d’avoir la bonté de les prendre en considération (2). » Cette réponse des professeurs fut transmise par le ministre de l’inté- rieur au ministre de la marine. Celui-ci, malheureusement, n’était plus celui qui avait promis à Poiteau l'indemnité de 1000 à 1500 francs applicable à la formation des collections : au comte Molé, auteur de cette promesse, avait succédé le baron Portal, et au baron Portal, le marquis de Clermont-Tonnerre. Ce dernier ne se crut sans doute pas engagé par la promesse assez ancienne d’un de ses prédécesseurs et ne répondit aux professeurs du Muséum que le 19 mars 1823, par une lettre de refus fort courte et assez sèche. Il semble toutefois qu’au moment de l’envoyer il ait senti quelque remords ; Car il ajouta en post-scriptum : « Je vais faire examiner, au surplus, si, par la durée de ses services, M. Poiteau peut obtenir une gratification une fois payée (3). » (4) Documents, n° XLV. (2) Documents, n° XLVI. (3) Documents, n° XL VII. 30 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Mais Poiteau, nous l’avons dit, était persévérant et même tenace: il continua assurément à réclamer; car le 26 juin 1823, le ministre de la marine écrivit de nouveau pour lui aux professeurs-administrateurs du Muséum: il reconnaissait bien qu'il avait été décidé, lors du départ de ce botaniste pour Cayenne, qu'indépendemment de son traitement fixe de 6000 francs et d’un supplément éventuel de 2000 francs, une somme de 1000 à 1500 francs pourrait être affectée aux frais de voyages, recherches et essais que le directeur des cultures aurait effectués dans la colonie. Il ajoutait que les deux premières allocations avaient été versées à la Guyane, mais que le gouverneur, M. Laussat, interrogé depuis son retour en France, avait déclaré qu’il avait refusé de payer la troisième, parce que le seul voyage qu’eût fait Poiteau était celui auquel il avait pris part en 1820, comme membre de la commission d'exploration de la Mana, voyage qui avait motivé, pour M. Poiteau comme pour les autres explorateurs, des allocations extraordinaires réglées et soldées par l’administration. Il ter- minait enfin en disant que, Poiteau ayant récolté à ses frais des collections pour le Jardin du roi, c'était à l'établissement et au ministère de l’intérieur à lui procurer une indemnité (1). Mais la conscience de Poiteau ne lui permit pas de laisser ainsi déplacer les responsabilités. Le 29 juillet 1823 il écrivit aux professeurs- administrateurs, pour leur déclarer qu'ils ne lui avaient rien promis, qu'en lui accordant 1000 à 1500 francs par an pour ses voyages et recherches, on n’avait jamais eu l’intention de les leur faire payer, et pour leur demander d’écrire au ministre de la marine que son département seul avait pris l'engagement et que c’élait à lui de le remplir (2). C'est ce que firent les professeurs, en termes très modérés, dans une lettre datée du 14 août 1823 (3). Enfin, Poiteau sollicita une audience du ministre de la marine et l’obtint. Il lui demanda ou le remboursement de ce qu'il avait dépensé, ou la somme qui lui avait été accordée pour voyages et recherches. Le ministre (1) Documents, n° XLVIII. (2) Documents, n° XLIX. (3) Documents, n° L. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 37 lui répondit que c'était l'administration du Jardin du roi qui devait le rembourser, et Poiteau ayant observé que cette administration n'avait pas de fonds pour cela, le ministre répliqua: « Eh bien ! reprenez vos collections et vendez-les. » Poiteau sortit de cette entrevue étonné autant qu'affligé et ne chercha pas à reprendre ses collections. La z00- logie de son voyage est encore tout entière au Muséum, sauf les doubles qui ont pu être répartis dans les musées d'Europe. Quant aux plantes sèches, Desfontaines, voyant que Poiteau n'avait rien à espérer du ministre, lui dit, avec sa bonté ordinaire : « Laissez-nous seulement ce que vous croyez qui nous manque et emportez le reste. » « J’ai choisi », dit Poiteau, dans un mémoire dont nous reparlerons tout à l'heure, « quatre ou cinq cents échantillons qui manquaient à la collection du Jardin ou qui ÿ étaient en mauvais état, je les ai remis à M. Deleuze, et j'ai emporté le reste. » Voilà comment la plus grande partie des plantes recueillies à la Guyane par Poiteau est entrée soit dans l’herbier des Richard, qui a anpartenu depuis à M. de Franqueville, et qui appartient maintenant à M. Em. Drake del Castillo, soit dans l’herbier Delessert, qui se trouve maintenant à Genève. Tel fut le dernier voyage de Poiteau : hérissé de difficultés extra- scientifiques, qui se prolongèrent même après le retour. Maintenant que 74 années ont passé sur ces faits et qu’on ne peut plus avoir d’autre préoccupation que celle de la vérité historique, peut-être pourrions-nous rechercher sans inconvénient à qui incombaient les responsabilités. À quoi bon? Ce qui nous intéresse particulièrement, c’est le Muséum, et nous avons la certitude qu’il fit son devoir en soutenant chaudement Poiteau : une somme avait été promise pour frais de voyage, recherches et essais ; s’il n’y avait pas eu de grands voyages, il y en avait eu beau- coup de petits; il y avait eu des recherches assurément : de belles et nombreuses collections étaient là pour le prouver; 1l y avait eu des essais de culture couronnés d’un plein succès, puisque le voyageur avait envoyé une des plus belles séries de végétaux vivants qu'on eût jamais reçues. Les conditions étaient donc remplies, et la somme était due. C'était à ceux qui l’avaient promise à la ver- 38 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ser. Nous ne pouvons que donner pleinement raison à nos anciens. En 1825, Poiteau adressa au ministre de la marine un mémoire sur l'avantage qu’il y aurait à greffer le giroflier sur une espèce de myrte ou d'Eugenia de petite taille. Le ministre envoya ce mémoire au Muséum en demandant son avis. M. Bosc, professeur de culture, fit un rapport dans la séance du 195 mars, il concluait à ce que le ministre ordonnât des expériences. Ce mémoire est au dossier de la séance de ce jour, dans les archives du Muséum. C’est un gros travail, qui ne traite pas seule- ment du giroflier, mais donne le tableau exact des cultures des habi- tations royales à cette époque. Il serait désirable qu’il fût publié ; mais cette publication ne peut entrer dans notre cadre. En 1827, Poiteau demanda la place de jardinier en chef du Jardin du roi, devenue vacante par le décès de Jean Thouin, et adressa aux pro- fesseurs-administrateurs un rapport dans lequel il rappelait les services qu’il avait rendus au Muséum. Ce mémoire, daté du 4 février, arriva aux professeurs pour la séance du 6 février, lorsque déjà la place était donnée à Richer. Poiteau connut mème cette nomination avant d'envoyer sa demande; car, dans un post-seriptum daté du 5, 1l applaudit à ce choix, et n’envoie pas moins l’exposé de ses titres à la bienveillance de l'administration, espérant qu’elle pourrait en tenir compte lorsqu'une occasion se présenterait (1). En effet, on trouve au procès-verbal de la séance la décision suivante: « Garder ce mémoire pour y avoir recours dans l’occasion. » Elle ne fut pas bien longtemps à se présenter. Bosc, qui avait succédé à André Thouin, mourut en 1828, et le 16 juillet, Poiteau écrivit aux professeurs-administrateurs, pour les prier de joindre son nom à ceux des candidats qui se mettaient sur les rangs pour la chaire de culture (2). Sa lettre arriva pour la séance du 23 juillet; mais le vote avait eu lieu dans celle du 11 juillet, et Mirbel, désigné à l’unanimité des suffrages, avait été présenté au ministre comme candidat de l'administration du Muséum (3). Ainsi le pauvre Poiteau arrivait toujours trop tard. (1) Documents, n° LI. (2) Documents, n° LIT. (3) Documents, n° LIT. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 39 Il fut cependant professeur, mais à l’Institut royal agricole de Fromont. Il y fit son cours en 1830, et le publia plus tard en deux volumes, qui parurent en 1848 et 1853. Poiteau les offrit pour la bibliothèque du Muséum, et l'assemblée des professeurs, bien que ce ne fût pas dans ses habitudes, se fit faire, par les professeurs de botanique et de culture, un rapport sur cet ouvrage. Je ne sais à quelle époque les descriptions manuscrites et les dessins faits par Poiteau à la Guyane sont entrés à la bibliothèque du Muséum. Je signale aux botanistes qui s'occupent de la flore américaine, ces curieux et précieux documents qu’ils ne connaissent certainement pas, et que je ne connaissais pas non plus. Il y a là les résultats d’un travail énorme. Combien de genres et d'espèces reconnus et nommés par Poiteau ont été depuis publiés par d’autres botanistes, sans que ces derniers se soient doutés qu'ils enlevaient à Poiteau l'honneur et le bénéfice de ses recherches! Il ne pouvait pas en être différemment. Les notes et les croquis des botanistes voyageurs sont le complément néces- saire des plantes sur lesquelles ils ont été pris. Ils aident à comprendre les plantes et les plantes permettent d'en vérifier l'exactitude. C’est une partie intégrante de la collection. Les notes manuscrites de Jacquemont, d’Auguste de Saint-Hilaire, de Guillemin, de Weddell, de Trécul, de Balansa, continuellement consultées et rapprochées de leurs herbiers, facilitent singulièrement les études et permettent de con- server à ces savants voyageurs le mérite des précieux renseignements qu’ils donnent ; les notes el dessins de Poiteau, éloignés des plantes qui avaient servi à les faire, devaient tomber dans un profond oubli. Quant aux notes écrites et aux dessins faits pendant le séjour à Saint- Domingue, je n’en ai pas trouvé trace au Muséum, et il me paraît certain qu’ils n’y sont jamais entrés. Poiteau collabora aux Annales de Flore et de Pomone, au Portefeuille des horticulteurs, à la Revue horticole, au journal Le Culfivateur, au Dictionnaire d'agriculture pratique, ete. I fut rédacteur du Bon Jardinier, et, de 1828 à 1848, rédacteur en chef des Annales de la Société d'horticul- ture. En 1839 il fut nommé membre de la Société d'agriculture et reçut pour ses travaux la croix de la Légion d'honneur. 40 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Mais, comme il arrive à tous ceux dont la vie se prolonge, il s'était fait bien des vides autour de lui: il avait depuis longtemps perdu sa femme, et, de ses six enfants, il ne lui en restait que deux. Peu soucieux de ses intérêts, ainsi que bien des gens qui se laissent absorber par un travail intellectuel, il finit par se trouver sans ressources, et vécut d’une pension que lui faisait la Société d’horticulture. Le 27 février 1854 (1), il fut frappé d’une congestion cérébrale, qui l’enleva en une nuit. Si cette vie, que je pensais d’abord devoir donner lieu à une simple notice, m'a retenu longtemps, c’est qu’à mesure que je dépouillais des documents qui m’apportaient de nouveaux faits, je la voyais plus digne d'être complètement exposée et livrée aux méditations de ceux qui pourraient se laisser décourager par les difficultés qu’on rencontre au début de toute carrière. Ces difficultés, qu'ils en soient bien con- vaincus, sont moins grandes pour eux qu’elles ne l’étaient pour le petit paysan qui, sans aide, par son seul travail et sa persistance, est devenu un des premiers voyageurs naturalistes de son temps, un artiste dis- tingué, un bon professeur, un véritable savant et un écrivain estimable, en prose el... Hé bien! oui! en vers. Le portrait de Poiteau, que sa petite-fille a eu l’obligeance de me communiquer était enveloppé dans divers papiers que j’ouvris avec soin. Voiei ce que je trouvai sur l’un CLEFS Au sein d'une fleur tour à tour Une heureuse image est tracée. Dans un Myrthe, on croit voir l'amour, Un souvenir dans la Pensée ! La douce paix dans l'Olivier, L'espoir dans l’/ris demi-close, La victoire dans le Laurier, Une femme dans une Xose. À, PoITEAU, Botaniste. Ce n’est pas du Racine ou du Victor Hugo, je le sais bien ; mais trouvez, je vous prie, un batteur en grange qui, vers la fin de sa vie, soit capable d’en faire autant. (1) Et non 1850, comme le dit Larousse. ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR A. POITEAU. 41 J'aurais désiré donner la bibliographie complète des travaux imprimés de Poiteau; mais la liste serait si longue qu'il me semble préférable de laisser la place qu'elle occuperait à des publications d’une plus grande actualité. Je citerai donc seulement ses ouvrages publiés à part, et Les mémoires qu'il inséra dans les recueils périodiques dont la direction appartenait au Muséum. OUVRAGES DE POITEAU. Traité des arbres fruitiers, nouvelle édition, 6 vol. in-folio, Paris, 1807-1835, 329 pl. col. (En collabor. avec Turpin). Flore parisienne contenant la description des plantes qui croissent naturellement aux environs de Paris, t. 1*, 36 p., 75 pl. col., in-folio, Paris, 1808. Jardin botanique de l'École de médecine de Paris, où Description abrégée des plantes qui y sont cultivées. In-8°, Paris, 1816. Histoire naturelle des orangers. Xn-folio, 109 pl. col., Paris, 1818 (En collabor. avec Risso). Pomologie française, Recueil des plus beaux fruits cultivés en France, 4 vol. in-folio, 2 pl. noires, 433 pl. col., Paris, 1846. Cours d'horticulture, 2 vol. in-8°, vol. 1 (1848), vol. 2 (1853), Paris. (Ce cours a été publié dans les Annales de la Société royale d'horticulture de Paris, de 1845 à 1853.) MÉMOIRES PUBLIÉS PAR POITEAU DANS LES RECUEILS DU MUSEUM. Mémoire sur le Thouinia, nouveau genre de la famille des Savoniers, Sapindi Juss. (Annales du Mus. d'hist. nat.,t. TI, an XII (1804), p. 70-73, 1 pl.). Stevensia, nouveau genre de la famille des Rubiacées (Annales du Mus. d'hist. nat., t. IV, an XII (1804), p. 235-237, 1 pl.). Monographie du genre Hyptis de la famille des Labiées (Annales du Mus. d'hist. nat., t. VII (1806), p. 469-477,5 pl.). Mémoire sur l'embryon des Graminées, des Cypéracées et du Nelumbo (Annales du Mus. d’hist. nat., t. XIIT (1809), p. 381-400, 2 pl.). Lu à la classe des sciences physiques et mathé- maliques de l’Institut, le 31 octobre 1808. Observations sur le Pedilanthe, Pedilanthus Neck., genre d: plantes de la famille des Euphorbiacées (Annales du Mus. d'hist. nat., t. XIX (1812), p. 388-395, 1 pl.). Exposition des caractères de deux genres de plantes, ou nouveaux, ou incomplètement obser- vés jusqu'à ce jour. Établissement du genre Rumea (Mémoires du Mus. d’hist. nat., t. 1 (1815), p. 60-65, 1 pl.). Mémoire sur le genre Drypetes, faisant suite à celui sur le Rumea (Mémoires du Mus. d'hist. nat., t. L (1815), p. 152-161, 3 pl.). Exposition plus exacte des caractères du genre de plante Ludovia (Carludovica Flor. Per.), appartenant à la famille des Aroïidées (Mémoires du Mus. d’hist.nat.,t.1X (1822), p. 25-33,1 pl.). Établissement d’une nouvelle famille de plantes sous le nom de Cyclantheæ, les Cyclanthées (Mémoires du Mus. d’hist. nat., t. IX (1822), p. 34-40, 2 pl.). Histoire des Palmiers de la Guiane française (Mémoires du Mus d’hist. nat., t. IX (1822), p. 385-392, 5 pl.). Mémoires sur les Lécythidées (Mémoires du Mus. d'hist. nat., t. XIII (1825), p. 141-165, 7 pl.). 6 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, 8e série. — IX. Comité n° 26. Grégoire. DOCUMENTS LETTRE DE POITEAU A GRÉGOIRE, MEMBRE DU COMITÉ D INSTRUCTION PUBLIQUE. R. le 26 pluv. (1). Bergerac, le 7 nivos l’an 3e de la République une et indivisible (2). Citoyen Représentant, Le zèle que vous mettez à recréer les sciences et les arts qu’avaient ensevelies dans le deuil et la terreur les Vandales que vous poursuivez, m'enhardit à m'adresser directement à vous, pour vous offrir non seulement le tribut de mon hommage, mais encore celui de mes faibles connaissances. N'ayant pas reçu de réponse du citoyen Lakanal, je m'adresse à vous avec la confiance qu'inspire un homme tel que vous à l'artiste, qui gémit de se voir condamné à l'isolement, à l’oisiveté, lorsqu'il à l'envie d’être utile. Je vous fais donc passer un petit résumé de quelques idées analogues au but qu'on se propose pour les jardins botaniques, elc. Je suis dans une petite ville où le génie créateur de votre collègue voulait enfanter des établissements qu'ont arrêtés mille obstacles. Il y a fondé une maison d'économie rurale sans avoir eu le tems d’en assurer l'existence ou sans en avoir eu les moyens. On me fit venir de Paris pour coopérer aux succès qu'on en attendait ; mais son départ précipité m'a laissé au milieu des ruines entassées pour construire et dans un assez vaste local resté malheureusement en friche. Je gémis d’être livré à l'inaction, et qui plus est de voir qu'on ne prenne aucune mesures pour achever cet établissement où j'aurais eu je crois la gloire de me distinguer par mon travail, car le sol est très-bon, et le climat fort doux. Nommé par l'immortelle Daubenton, j'aurais taché de justifier son choix. Nesperant presque plus la réussite de cet établissement, je réitère, en attendant qu’on le termine ou qu'on y renonce, je réitère, dis-je, auprès de vous la demande que j'ay faite auprès du citoyen Lakanal, d’être chargé par ordre du comité de parcourir les provinces méridio- nales de la France, pour colliger les différentes plantes qui s’y trouvent, et qui manquent au Muséum ou jetais depuis cinq ans, quand je fus choisi pour venir ici. De cette manière je pourrais être très utile, et ne pas perdre mon tems. Dans le peu d'herborisations qu'il me fut possible de faire, j'en ai rencontré quantité qui ne sont point au Muséum. J'en ai même découverte des neuves dont je vais faire passer les graines à Paris. Je vous supplie en gràce de parler de ce dont je vous instruis au comité et de vouloir bien, si vous m’honorez de quatre lignes de réponse, me mander franchement ce que je (1) 44 février 1795. (2) 26 décembre 1794. DOCUMENTS. 43 dois espérer ou craindre, car je suis ici comme un pensionnaire de la République, cepen- dant je sais et je veux travailler, POITEAU, Jardinier botaniste de la maison d'économie rurale de Bergerac. Note de la main de Grégoire : Je communiquerai ses observations à Lakanal et au comité, j'ai à cœur que ses vœux soyent réalisés. (Collection d'autographes de la bibliothèque du Muséum d’his- toire naturelle.) IT LETTRE DE POITEAU A DAUBENTON. Au citoyen Daubenton, professeur au Muséum national à Paris. Bergerac, le 30 pluviose 3e année républicaine (1). Citoyen, J'ai trop de confiance en l'ami de la nature pour craindre de vous importuner par cette seconde lettre, votre sensibilité sans doute n'aime pas qu'il y ait des malheureux; c’est pourquoi j'espère que vous n’oublierez pas celui qui fut trompé. Comme vous ne m'avez proposez la place de Bergerac que dans la vue de me rendre heureux sous bien des rap- ports, vous ne m’abandonnez sûrement pas lorsque je suis frustré de toute espérance. L'administration du District va prendre sur elle de casser l'arrêté du représentant Lakanal qui établissait notre jardin, et d’après la conversation que j'ai eu avec plusieurs membres du District, je ne dois pas compter sur une indemnité (je veux dire sur les moyens de m'en revenir à Paris), et pourtant il m'est impossible de faire faire cette route à moi et à mon herbier, à cause de l’excessive cherté de toutes choses. Il est, en effet, du plus grand ridicule de nous laisser ainsi la les bras croisés au milieu d’un terrain en friche, puisque le District est bien déterminé à ne nous donner aucun secours, et que des établissements de cette nature ne peuvent je crois avoir lieu qu'avec la paix et de la part du gouvernement. Je me trouverai bien humilié, s’il faut que j’attende que l’on nous chasse pour ainsi dire ; le directeur s’en mocquera, il a sa maison et il est riche, moi je n'ai d'autre res- source que vos bontés. Je vous avais demandé dans ma dernière lettre si je ne pourrais pas être employé comme botaniste pour parcourir nos départemens méridionnaux, j'en suis capable, et je sais que cela serait très utile à la collection du Muséum. Je vous réitère cette demande, et je demande en grâce quatre lignes de réponse, ou vous voudrez bien me dire ce que je dois espérer. Je serai toujours votre très obligé concitoyen, PoiTEAU, Jardinier de la maison d’économie rurale de Bergerac. (Assemblée des professeurs du Muséum d'histoire naturelle; dossier de la séance du 14 ventose an III (2). Archives du Muséum). (1) 18 février 1895. (2) # mars 1795. 44 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. (Cette lettre est scellée du cachet de cire rouge fort curieux et très bien conservé que nous figurons ci-dessus : il représente un melon, le pédoncule dirigé en haut et sur- monté d'un bonnet phrygien.) III LETTRE DE SAINT-AMANS A ANDRÉ THOUIN. A Agen, le 8 nivose l’an # de la République francaise (1). Citoyen, Je prends la liberté de vous offrir un exemplaire de mon traité sur les plantes propres à former les prairies artificielles : l'administration du département ayant bien voulu me donner dans son arrêté les titres de botaniste et d’agriculteur, je ne saurais me dispenser de vous soumêtre mon ouvrage. S'il obtient votre approbation, alors seulement je croirai avoir atteint le but que l'administration s'était proposée et je croirai concourir avec elle à un projet utile. L'infatiguable Ramond, qui s'établit un droit de propriété surles Pyrennées, vous a sans doute fait part des nouvelles découvertes qu'il a faites dans ces montagnes pendant l'été dernier. Il a gravi des sommets jusqu'alors regardés comme inaccessibles, et en a rap- porté plusieurs plantes des régions polaires : la renoncule glaciale, la saxifrage du Groënland, la véronique du Kamtschatka; il à terminé l’histoire minéralogique et bota- nique du pic du Midi, où il a fait sept voyages ; il a parcouru pour la neuvième fois la vallée de Campan et ses environs, enfin il a grossi son herbier d'une foule de plantes rares ou nouvelles. Tant de succès appellent sur ses traces les naturalistes des environs. Lapeyrouse dans quelques mois doit se réunir à lui. Invité par ces deux maîtres de la science à reparaître sur les sommets des Pyrennées, je me dispose à effectuer un voyage aussi agréable pour moi que profitable à tous égards. Nous allons vraisemblablement mettre la dernière main à la flore de Lapeyrouse, et au grand ouvrage de Ramond, nous allons tout de bon visiter en force les recoins les plus secrets de ces montagnes, dans la partie la plus haute de leur chaîne. Mais, citoyen, laisserons-nous le pauvre Poiteau oisif? Ce botaniste plein de talent et de zèle, victime des événements, restera-t-il inutile au Jardin des plantes, dans une occasion, où il s’'emploirait pour lui si utilement ? il m'a fait part des bontés que vous lui témoigniez dans votre lettre. Ces bontés et l'intérêt que vous mettez à tout ce qui peut être avantageux au Jardin des plantes, me font espérer que vous procurerez à Poiteau la faculté de se réunir à nous ; qu'habitant pour ainsi dire les faubourgs des Pyrennées, pouvant se rendre utile à si peu de frais pour la république, vous lui obtiendrez une mission de deux ou trois mois, pendant lesquels il pourra recueillir une infinité de graines qu'il serait difficile, peut-être impossible, de se procurer ailleurs. — Quels succès ne peuvent point se promettre quatre botanistes ardens lancés à la fois dans les Pyrennées, surtout lorsque trois d’entreux connoissent déjà ces montagnes? il y a trop d'avantage pour le Jardin des plantes, et pour la science en général, dans l’exé- cution de ce projet pour que vous n’employiez point le citoyen Poiteau, pour que, dans cette occasion peut-être unique, vous ne lui accordiez pas la commission qu'il demande, si le voyage de Madagascar dont vous lui offrez la perspective est ainsi que je le présume retardé par la guerre et les autres circonstances où se trouve la république. Je ne dois point oublier, citoyen, de vous remercier des offres obligeantes que vous voulez bien me faire. Je n’en abuserai point surtout dans ce moment : je vous demanderai (1) 27 décembre 1795. DOCUMENTS. 45 seulement aujourd'hui des semences du panicum altissimum vulgairement appellé herbe de Guinée, qu'il serait avantageux de connaître dans notre département, et quelques graines du mimosa sensiliva où pudica. Le citoyen Lacuée voudra bien avoir la complai- sance de me les faire passer. D’après la réponse que vous aurez la bonté de me faire à cet égard, je lui écrirai d'envoyer chez vous chercher ces graines, si du moins vous avez la bonté de me les procurer. Excusez, citoyen, cette lettre déjà trop longue en ce qu'elle prend sur un tems que vous employez avec tant d'utilité pour vos semblables, et recevez, avec l'assurance de la fraternité la plus parfaite, l'expression de tous les sentimens que vous inspirez. SAINT-AMANS. J'ajoute au traité sur les prairies artificielles une instruction que je viens de rédiger aussi d’après l'invitation du département sur un objet également intéressant pour l'agri- culture. (Archives du Mus. d’hist. nat., papiers de Thouin). [A ANNONCE DE L'ARRIVÉE DE POITEAU A BORDEAUX. Séance du 7 nivose an dix (1). Le C. Thouin, communique une lettre qu'il vient de recevoir du C. Poiteau, jardinier- botaniste, élève du Muséum. Il annonce son arrivée à Bordeaux, avec une collection de graines, de plantes sèches, de dessins et de descriptions de plus de 1000 plantes nouvelles ou mal déterminées, qu'il a recueillies dans la partie espagnole de Saint-Domingue ; il demande l'appui de l’administration pour avoir les moyens de se rendre à Paris avec sa collection. Les C. C. Desfontaines et Thouin, sont chargés de faire des démarches auprès du ministre de l'Intérieur pour remplir la demande du CG. Poiteau. (Procès-verbaux des séances de l’Assemblée des professeurs, vol. VII, p. 170. Archives du Muséum). y LETTRE DES PROFESSEURS DU MUSÉUM AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, POUR LE TRANSPORT DE BORDEAUX A PARIS DES COLLECTIONS FAITES PAR POITEAU A SAINT-DOMINGUE. Le 9 nivôse an 10 (2). Les professeurs du Muséum au ministre de l'Intérieur. Le C. Poiteau, élève jardinier-botaniste du Muséum d'histoire naturelle, garcon labo- rieux et très instruit, passa à Saint-Domingue il a six ans, avec l’autorisalion du Gouver- (1) 27 décembre 1801. (2) 29 décembre 1801. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 3° DIVISION. Bureau des Beaux-Arts. Réponse à la lettre du 9 nivose. Enregistrée à l’arri- vée. No 316 niv. et 31 pr. Enregistrement du départ, No 32-4. Le ministre a invité le Préfet de la G:i-- ronde à avancer 1000 francs au ci- toyen Poiteau. A6 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. nement, pour y faire des recherches et des observations sur la botanique et l’agriculture de la partie de cette isle cédée à la France par l'Espagne. Quoique la circonstance de la guerre civile qui dévastait cette colonie fut contraire à l'exercice de sa mission et qu'il fut privé de tout secours du gouvernement, il ne l’a pas moins remplie en grande partie. Il est arrivé à Bordeaux depuis quelques jours avec une masse d'observations très étendues sur la nature du sol de Saint-Domingue, sur les différentes cultures qui y sont établies et sur les moyens de les perfectionner. Il apporte, de plus, avec lui, 12000 échan- tillons de plantes sechées avec soin, formant plus de mil espèces différentes. Elles sont accompagnées de leurs graines propres à être semées, et il y a joint les descriptions d'environ 800 espèces avec les dessins de 600 d’entre elles. Cette collection est une des plus riche qui ait été faite à Saint-Domingue, et sans con- tredit la plus utile aux progrès de l’agriculture et de la botanique de cette grande colonie. Elle est destinée au Muséum et sera très précieuse au complément de sa collection végé- tale. Mais, pour que le C. Poiteau puisse l'en faire jouir, il est indispensable que le Gou- vernement lui fournisse les moyens de l’y faire transporter. Nous vous prions instament C. M. de vouloir bien donner des ordres pour qu'il soit fourni à ce voyageur les sommes nécessaires pour qu'il transporte à Paris sa collection. Nous vous en aurons la plus sin- cère obligation. Salut et respect. (Archives du Muséum, correspondance, nivose an 10. Minute de la lettre de la main d’A. Thouin). VI LETTRE DU MINISTRE CHAPTAL AUX PROFESSEURS DU MUSÉUM, AU SUJET DU TRANSPORT DES COLLECTIONS DE POITEAU. Liberté. Égalité. Paris, le 8 germinal an 10 de la République francaise, une et indivisible (1). Le Ministre de l'Intérieur, aux professeurs du Muséum d'histoire naturelle, Jardin des plantes. J'ai reçu, citoyens, la lettre par laquelle vous m'invitez à faire mettre à la disposition du citoyen Poiteau la somme qui lui est nécessaire pour faire transporter à Paris les objets d'histoire naturelle qu’il a apportés des Isles. . Je vous préviens que j'ai prié le Préfet de la Gironde d'avancer à ce naturaliste la (1) 29 mars 1802. DOCUMENTS. 47 somme de mille francs, et je vous engage à le faire savoir au citoyen Poiteau dont j'ignore l'adresse. Je vous salue, CHAPTAL. Aux professeurs du Muséum d'histoire naturelle. (Assemblée des professeurs; dossier de la séance du 17 ger- minal an dix (1). Archives du Muséum). VII MÉMOIRE ADRESSÉ PAR POITEAU AUX PROFESSEURS DU MUSÉUM, LU DANS LA SÉANCE DU 17 FLORÉAL AN DIX (2). À Paris, le 15 floréal an 10 (3). Poileau Aux citoyens professeurs composant l'administration du Muséum national d'histoire naturelle. Citoyens professeurs, Né de parents aussi pauvres que simples, il était naturel que je ne recusse aucune éducation ; aussi avais-je déjà vingt-cinq ans, que je me croyais encore fort habile parce que je savais écrire et planter un arbre quelque fois plus heureusement que ceux de ma classe. Mon goût étant parfaitement d'accord avec la fatalité je me livrai entièrement à la cul- ture des jardins; et lorsque je me comparais avec ceux qui couraient la même carrière, je n’eus jamais de reproche à me faire, car le désir de m'instruire ayant toujours été ma passion dominante, j'ai profité de toutes les occasions qui ont pu me conduire à ce but. C’est ce désir de m'instruire qui me fit passer par tous les grades du jardinage. Après avoir été jardinier en chef dans plusieurs jardins de province, il ne me répugnat point de venir à Paris occuper les dernières places, successivement, chez les maraichers, pépiniéristes et fleuristes. N'ayant plus rien à apprendre dans ces sections du jardinage, je sollicitai de l'emploi au Jardin des Plantes où M. Thouin l’ainé me reçut sans diffi- culté au nombre de ses ouvriers journaliers. En sollicitant de l'emploi dans ce Jardin, mon intention n'était point d'apprendre à connaître les plantes, mais seulement leurs noms; car je n'avais encor nulle idée de botanique. Mais mon naturel studieux ne voulut pas que je m'en tinsse aux seuls noms, il voulut que j'étudiasse aussi les plantes en elles-mêmes. C’est alors que pour la première fois je sentis de quel prix est l'éducation. Non seulement je ne savais pas le latin, sans lequel on ne peut connaître les plantes, mais encor je ne savais pas deux mots de fran- çais. Cependant je ne me décourage point : j'achète un rudiment : je le tiens dans une main tandis que je prends mes repas de l’autre : en labourant la terre il est toujours dans ma poche, et je l’interroge toutes les fois que le travail me force à reprendre haleine. En portant mes arrosoirs je décline des noms et je conjugue des verbes : bientot je passe les soirées à traduire à coups de dictionnaire. Enfin j'entends quelques mots du Sistema vegetabilium. (1) 7 avril 1802. (2) 7 mai 1802. (3) 5 mai 1802. 48 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Je continuais toujours à tout faire pour mon instruction, lorsque l'an quatre, les C°”* Daubenton et Thouin lainé, me jugeant digne de coopérer à l'établissement d’une maison d'économie rurale, m'envoyèrent à cet effet dans le Département de la Dordogne. Mais les commotions révolutionnaires ayant empéché l'établissement de cette Maison, je fus obligé de prendre de l'emploi dans les subsistances de l'armée des Pirennées occiden- tales. Le citoyen Thouin lainé qui voulait bien permettre que je lui écrivisse de temps en temps, me proposa alors, de me faire voyager au compte du Gouvernement pour l’avan- cement de la Botanique et pour le complement de la collection du Museum. J’acceptai cet offre avec transport et assurai M. Thouin que je ne désirais rien.autant que d’être utile à la Botanique et que j'étais prêt à partir pour tel lieu du monde qu'il lui plairait m'indiquer. Peu de temps après M. Thouin m'écrivit que j'avais dû recevoir ou que j'allais recevoir incessamment, du ministre de la Marine, une Commission et les instruc- Lions nécessaires pour remplir dignement la Mission dont me chargeait le Gouvernement. Après avoir attendu quelque temps et voyant que le ministre ne m'’envoyait rien, je me rendis sur le port de mer indiqué, croyant y trouver la Commission que m'avait annoncée M. Thouin; mais je n'y trouvai rien. Pendant les douze jours que je restai encor à Roche- fort, je n’en ai laissé passer aucun sans écrire une lettre très instante au citoyen Thouin avec prière de hâter l'envoi de la commission qu'il avait eu la bonté de solliciter pour moi; mais ce fut en vain : on leva l'ancre et je partis sans commission et sans aucune espèce de moyen : aussi fus-je emprisonné en arrivant au cap ; car lorsque l’on est pauvre et sans caution, l’on est aisément suspecté. à Cet avilissant et malheureux début ne me découragea pourtant point : j'ai commencé les premiers fascicules d’un herbier et j'ai fait trois envois de graines au Museum qui parvinrent heureusement à leur destination ; mais bientôt accablé de fatigue : affaibli par la trop petite quantité de nourriture que Je prenais : extremement affecté du cruel silence de M. Thouin à mon égard, j'ai dû succomber. Je passai à l'hopital six mois de la pre- mière année de mon arrivée à Saint-Domingue, et à peine ai-je joui d'un peu de santé pendant les 2"° et 3° années; mais J'avoue que dans ces derniers temps mon mal élait plus moral que physique. L’abandon dans lequel je me trouvais m'affectait au point que je ne me fusse jamais rétabli, si enfin l’agent Roume, quoiqu'en m’accordant un secours bien médiocre, ne m'eut mis à même de m'occuper entièrement de Botanique. En effet, ce secours fixé à 25 gourdes par mois, ne put me permettre aucune excursion un peu considérable. Ce mince secours ne dura même que huit mois, après quoi l'agent étant devenu progressivement sans moyens, sans pouvoir et enfin sans liberté, je ne reçus plus rien. Heureusement qu'alors Monsieur Stevens, consul général de Étâts-Unis d'Amérique, me fit des propositions qui auraient parues très avantageuses à un Botaniste mercenaire, car il m'offrait de grosses sommes si J'eusse voulu travailler entièrement pour lui, mais quoiqu'extremement pauvre je n'ai pas cru devoir accepter ses propositions avant que d’avoir connu les intentions de mon Gouvernement à mon égard. Cependant la détresse dans laquelle je me trouvais me força de lui proposer à mon tour une modification qui fut que je partagerais seulement mes récoltes avec lui et qu’il me donnerait les moyens d'exister. Je lui procurai aussi un peintre fort habile qui travailla sous ma direction et selon les principes que j'avais adoptés. Lorsque je partis de Saint-Domingue, ce peintre avait déjà remis à M' Stevens, près de Lrois cents dessins d'une beauté et d'une exactitude peu commune et infiniment précieux par la vérilé et par l'étendue des développemens des parties de la fructificalion. Monsieur Stevens m'a plusieurs fois demandé les descriptions de ces mêmes plantes ; mais comme je n'avais eu garde de m'obliger à les lui donner, j'ai toujours éludé sa demande. DOCUMENTS. 49 Lorsqu'après avoir l’un et l’autre quitté Saint-Domingue, nous nous revimes à Philadel- phie, M' Stevens ne me cacha pas que son intention était de publier, non seulement les plantes que je lui avais fait peindre, mais encor celles que le peintre, devenu aussi bola- niste par mes soins, continuait à lui faire à Saint-Domingue; c'est pourquoi il me rede- manda avec plus d'instance les descriptions que j'avais faites. Je ne les lui refusai pas directement, mais j'éludai facilement en lui objectant qu'il me serait préjudiciable d'exposer en public un travail auquel je n'avais pas mis la dernière main. 11 me renou- vella l'assurance de sa bienveillance et m'invita d'aller le rejoindre si le Gouvernement français ne croyait point devoir favoriser mon travail. Tel est le point où j'en suis avec M: Stevens, qui est trop patriole pour n'avoir pas approuvé ma résolution de faire hom- mage à mon Gouvernement de mes travaux et de mes faibles connaissances. C'est à cet américain zélé que je dois la collection que j'apporte et l'augmentation de mes connaissances en Botanique. J'aurais pu rester à Saint-Domingue et continuer mon travail ; M. Stevens m'en eut toujours fourni les moyens; mais je dois savoir enfin à quoi m'en tenir, et j'ai cru ce travail assez avancé pour qu'en vous le mettant sous les veux vous puissiez juger si je suis capable d’être utile à la Botanique. L'ile de Saint-Domingue est peut-être relativement à sa surface l'endroit du monde le plus riche en plantes. Cette ile est peu ou point connue sous le rapport dont nous l’en- visageons ici. Nul doute que ses forêts aussi anciennes que le monde ne recèlent plusieurs bois précieux pour les arts et que nous tirons de l'étranger. Dans le très petit espace de cette île, qu'il me fut possible de parcourir, combien de végétaux n'ai-je pas observés qui sont indiqués par les Botanistes dans différents lieux du globe ? Saint-Domingue, par la grande inégalité de la nature et de la surface de son sol, offre la température et les pro- ductions végétales de climats très éloignés et très différents. Il est étonnant qu'une ile susceptible de tenir lieu de toute autre colonie pour la France, soil aussi peu connue rela- tivement à l'économie végétale. Les anglais nos voisins n’ont pas la même insouciance : ils ont à la Jamaïque un jardin daus lequel passent successivement toutes les productions de l’île. La protection particulière que le Gouvernement anglais accorde à l’économie végétale et l’encouragement qu'il lui donne, ne lui sont pas moins utiles qu'honorables. Son commerce, ses manufactures, les arts en reçoivent un relief sensible. La Botanique surtout est une science bien plus familière en Angleterre qu'en France : presque tous les anglais que j'ai rencontrés étaient botanistes. Le consul de Sa Majesté Britannique en me donnant une lettre de passe à Philadelphie me dit « je crois bien que les croiseurs de Sa Majesté, au moyen de la lettre que je vous donne, respecteront vous et votre collec- tion ; mais s’il était possible que vous fussiez conduit en Angleterre, je vous assure que vous n’auriez point lieu d'en être fâäché. » Quoique les Botanistes soient citoyens de tout le globe, je suis français et j'aime bien mieux travailler au noin et pour l’honneur de mon pays que pour tout autre. Enfin je ne désire rien autant que de consacrer ma vie à l’étude de la Botanique; à cette idée je sacrifie toutes les autres. Je vous prie, citoyens Professeurs, de nommer parmi vous des commissaires chargés d'examiner la collection que j’apporte de Saint- Domingue, consistant en plantes sèches, graines, dessins et manuscrits. Si d'après le rapport de vos commissaires vous jugez que je n’ai rien fait pour le progrès de la science, je cesse aussitôt toute espèce de réclamation : si au contraire vous jugez que j'ai fait quelque chose d’avantageux à ses progrès, je vous prie de prendre en considération les divers articles cy-dessous, qui sont les moyens par lesquels je pourrais travailler le plus avantageusement possible aux progrès des connaissances dans l’économie vé- gétale. Je vous demande : NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série. — IX. 7 50 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ARTICLE 1°. D'être nommé Botaniste voyageur du Gouvernement et d'en recevoir les honoraires de suite afin de me mettre à même de subvenir aux frais que nécessite l’article 9. De = D'être envoyé en cette qualité à Saint-Domingue, chargé particulièrement de colliger les végétaux de cette île, de les décrire, les peindre, les analiser et les considérer enfin sous le plus grand nombre de rapports possibles. ac. Qu'il me soit accordé un peintre qui ainsi que moi s’engageàt pour dix ans, afin que nous puissions rendre l'histoire des végétaux de Saint-Domingue aussi complette que possible, et digne du Gouvernement qui l’aura faite faire. ee Qu'il soit établi à Saint-Domingue un jardin ou plutôt un dépôt dans l'endroit le plus convenable, où l’on élèvera les végétaux destinés à être envoyés à Paris pour completter la collection du Museum, et où on en rassemblera le plus grand nombre possible pour P être soumis aux analises et aux expériences. De Qu'il soit accordé un Garçon jardinier subordonné au Botaniste, chargé du soin du jardin et de conduire en France les envois que nous y ferons successivement. 6°. Qu'il soit confié au Botaniste et sous sa responsabilité les livres nécessaires au succès de l'ouvrage, des instruments d'optique et de chymie nécessaires à l’analise des végétaux et aux expériences sur la teinture. 7e 1 Qu'il soit mis à ma disposition à Saint-Domingue un domaine national dont le revenu puisse subvenir aux frais que nécessitera le travail dont je me charge. De u Que le Capitaine général ou le Préfel de Saint-Domingue prenne connaissance de l’état de notre travail aussi souvent qu'il le voudra pour en instruire le Gouvernement, s’il le Juge à propos ; mais que les matériaux restent toujours entre nos mains, jusqu à la fin de notre Mission; nous réservant l'avantage de les apporter nous même au Muséum. Jo Qu'il me soit permis de rester encor six mois à Paris après la délibération de l'adminis- tration, pendant lequel temps la sécurité se rétablira à Saint-Domingue. Je prie l’admi- nistration de me faire jouir pendant ce temps de tous les avantages particuliers et ins- tructifs qu'offre le Museum aux étudians et aux étrangers. DOCUMENTS. o1 10°, Qu'il soit mis en délibération dans l'administration du Muséum si j'ai droit à une indemnité de la part du Gouvernement, pour n'avoir reçu des secours que pendant huit mois : ce qui fait que je me trouve dans un dénuement tel que je manque de beaucoup de chose de p"° nécessité. Et au cas que le droit à cette indemnité ait lieu, je prie l’adminis- tration de m'en favoriser la jouissance. AM Qu'il me soit adjoint pour Peintre et Collegue le c" Turpin, travaillant actuelle- ment à Saint-Domingue pour M. Stevens. Ce jeune artiste, le même que j'ai mentionné plus haut, est extrêmement plus habile que moi en peinture, et me surpasse peut être déjà en Botanique, quoique mon élève. Il possède aussi des connaissances en Entomologie. Il serait honteux pour le Gouvernement français que ce jeune artiste fut obligé de vendre plus longtemps ses talens aux étrangers. Il est français et aime son pays. Il m'a chargé de deux superbes dessins pour être présentés à l'Institut national, et d’une lettre où il témoigne le désir de se consacrer entièrement aux progrès des sciences et pour l'honneur de son pays. Il a d’ailleurs remis ses intérêts entre mes mains et il trouvera bon tout ce que je ferai pour lui et en son nom. Je demande que le Ministre soit prié d'inviter le Capitaine géneral de Saint-Domingue d'accorder promptement des secours au citoyen Turpin pour le mettre à même de s'occuper de suite du travail que je propose, jusqu'à ce que je me rende moi même à Saint-Domingue avec tous les moyens et les instructions nécessaires à la perfection de l’entreprise. Mais je demande aussi très particulièrement que le Gouvernement ne nous assujetisse pas à l'administration coloniale pour être payés du traitement qu'il nous accordera; car une assez longue expérience m'a appris qu'une administration coloniale n’est jamais disposée à favoriser ceux qui s'occupent des sciences : tout ce qui ne produit point direc- tement et promptement de l'or, est toujours dédaigné par elle. Peut être aussi qu'en nous revetissant moi et le Peintre, d'un emploi dont les fonclions nous occuperaient très-peu, et dont les appointemens ne seraient point payés par l'administration, l’on parviendrait au même but qu’en nous accordant, pour le temps de notre mission, une propriété quelconque dont le produit suffirait à nos dépenses. Si l'administration du Museum approuve mes demandes, et que, d’après son invitation, le Gouvernement me nomme son Botaniste voyageur, et qu’il m’envoye à Saint-Domingue y remplir les vues que je propose, je mettrai la dernière main à mes manuscrits que je déposerai au Museum ainsi que mes dessins, les graines et les plus beaux échantillons de toutes les plantes que j'apporte de Saint-Domingue. Tous ces matériaux seront néan- moins toujours censés être ma propriété et personne ne pourra en disposer ni pour son honneur, ni pour son profit, à moins que je n’aye renoncé authentiquement au désir extrême que j'ai de faire l’histoire générale des végétaux de Saint-Domingue, dont ces malériaux sont déjà une petite portion. Tels sont, citoyens Professeurs, les divers objets que je soumets à votre discution el sur lesquels je vous prie de prononcer le plutôt possible. J'ai l'honneur d'être avec la plus grande considération votre conciloyen, PoITEAU. (Assemblée des professeurs; dossier de la séance du 17 floréal an dix (1). Archives du Muséum.) (1) 7 mai 1802. 52 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. NAT GRAINES APPORTÉES DE SAINT-DOMINGUE PAR POITEAU. Séance du 4 prairial an dix (1). Le Professeur de culture annonce qu'il a reçu du C. Poiteau 289 espèces de graines, venant de Saint-Domingue. La plupart de ces graines ont déjà levé, donnent de belles espérances et annoncent beaucoup de variétés. (Procès verbaux des séances de l'Assemblée des Professeurs, vol. VIIT, p. 62. Archives du Muséum.) IX RAPPORT DES COMMISSAIRES NOMMÉS PAR L'ADMINISTRATION DU MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE SUR LES TRAVAUX EN BOTANIQUE DU CITOYEN POITEAU. Séance du onze Prairial an dix (2). Le C. Poiteau ancien garçon jardinier du Muséum, revenu de Saint-Domingue, où il avait été envoyé pour recueillir des graines et des plantes, a présenté à l'administration de cet établissement le résultat de ses travaux. Les C. C. Desfontaines, Thouin et Jussieu ont été chargés d’en prendre connaissance et d’en faire leur rapport à l'Assemblée. Ils rappelleront d’abord ici que le C. Poiteau, désigné pour aller à Saint-Domingue, en l'an 4 (3), à la suite des Commissaires administrateurs de cette colonie, n’obtint, par suite d’un oubli ou de quelque mal entendu, que le passage gratuit, sans la fixation d'aucun traitement. Les administrateurs, différant d'opinion entre eux sur l'utilité de la mission, n’ont pu s accorder sur les moyens à lui procurer pour faire ses recherches. Il a seulemeut obtenu de l’un d’eux des secours passagers et toujours insuffisans. Sa santé, altérée par des privations multipliées, l’a forcé d'interrompre plusieurs fois ses travaux pour aller se rétablir dans les hôpitaux. Au milieu de ce dénument, soutenu par un zèle infatigable, par un grand amour pour les plantes, il en a recueilli en herbier environ 1200, il a récolté 600 paquets de graines, dont une partie a déjà été livrée par lui au jar- dinier du Muséum pour être semée sur le champ. Il ne s’en est pas tenu à ce genre de travail, déjà très utile pour la science; il a décrit avec soin et clarté celles des plantes qui lui ont parues ou inconnues ou susceptibles de quelque observation nouvelle. Toutes ont été nommées par lui, il a presque toujours bien désigné les espèces anciennes ; parmi celles qu'il donne comme nouvelles, quelques-unes sont consignées dans des ouvrages récens qu'il n’avait pas été à portée de consulter, mais d’autres en assez grand nombre sont véritablement neuves. Il a établi environ 60 genres nouveaux dont la moitié sera peut être conservée. Ces descriptions d'espèces et de genres, au nombre de près de 600, sont en général assez détaillées. L'auteur y a joint les dessins coloriés de la plupart, exécutés par lui d’après nature, lesquels, soignés dans leur ensemble, présentent surtout les détails de la fructification assez finis pour (1) 24 mai 1802. (2) 31 mai 1892. (3) 1796. DOCUMENTS. 53 dispenser souvent ceux qui veulent étudier ces plantes de recourir aux descriptions. Ces dessins sont une preuve nouvelle du zèle et de l’aptitude du C. Poiteau. On sera étonné de voir un homme dont la première éducation n'a été dirigée que vers les travaux manuels, s'élever par ses seules forces à la connaissance de sa langue, qu'il écrit assez purement, et de la langue latine, qui lui facilite l'intelligence des livres latins de Bota- nique ; parvenir à reconnaître les genres et les espèces d’après les descriptions ; déter- miner les objets nouveaux ; se saisir du crayon et du pinceau et s’essayer à peindre ce qu'il voit; se perfectionner dans cet art au point de présenter une série de dessins qui obtiendront l'approbation des Botanistes et l'encouragement des artistes consommés. Un dernier travail du C. Poiteau, et qui mérite dêtre cité, est une suite de réflexions el observations sur le Philosophia botanica de Linné : elle est remplie de faits additionnels confirmatifs des axiomes contenus dans cet ouvrage, et parsemée aussi de quelques faits et observations contraires. Ce genre de recherche annonce une disposition à voir la science en grand, et l’on doit souhaiter que l’auteur puisse être dans le cas de les mul- tiplier. Sa position incertaine et l'Étât politique de la colonie, ne lui ont pas permis de rester plus longtemps à Saint-Domingue, qu'il à quitté en thermidor an neuf (1), après un séjour de six ans, au moment où il à prévu l'explosion meurtrière que devait occasionner l’appa- rition d'une flotte française. Il aurait désiré avoir les moyens et la tranquilité nécessaires pour parcourir toute l’isle, et surtout la partie espagnole, à peine connue, et pour ras- sembler tous les végétaux qu'elle renferme. Par ce qu’on connaît, on doit présumer qu'il reste encore plus à découvrir, et ce que le Citoyen Poiteau a fait avec des moyens très bornés est une indication de ce qu'il fera s’il est suffisament secondé. Nous pensons que l'Administration du Muséum doit mettre sous les yeux du Ministre de l’intérieur le compte des travaux du C. Poiteau et l’engager à utiliser les talens et le zèle de ce voyageur, en le renvoyant à Saint-Domingue, soit pour y continuer ses recher- ches, soit pour y rétablir et diriger le Jardin Botanique que l’on y avait formé. Les collec- lions qu'il fera dans cette île enrichiraient le Muséum et contribueraient aux progrès de la science par l'addition de beaucoup d'objets nouveaux. L'établissement d’un lieu de dépôt au Cap ou au Port au Prince lui donnerait les moyens de réunir en un seul point les végétaux récoltés, en attendant les occasions de les envoyer en France. Il serait encore très utile pour recevoir et acclimater à Saint-Domingue les plantes économiques cultivées ailleurs avec un grand succès, telles que l'arbre à pain, qui est la nourriture principale des insulaires du grand océan, les divers arbres à épices déjà naturalisés à Cayenne, la canne à sucre violette d’Otahiti, plus estimée et plus productive que celle de nos colonies, le lin de la Nouvelle Zélande et tant d’autres qui seraient pour Saint- Domingue une nouvelle source de prospérité. L'Établissement existant à Cayenne peut servir de modèle à celui-ci, soit pour l'objet de sa formation, soit pour la mission à donner au Directeur ; il à enrichi la colonie de nouvelles cultures, et le C. Martin, qui le soigne, a fait parvenir au Muséum des envois précieux. Nous proposons au Ministre de rétablir le jardin de Saint-Domingue sur le même plan et d'en confier le soin au C. Poiteau. Nous observerons en même temps que ce voyageur absolument dénué de fortune, rap- portant une collection nombreuse et des objets neufs qu'il offre de déposer au Muséum, mérite une indemnité qui lui donne les moyens d'existence pendant son séjour à Paris, qu'il devra employer à terminer ses dessins et à mettre au net toutes ses descriptions, Déjà il a reçu une somme de mille francs pour ses dépenses de séjour prolongé à Bor- deaux et de route et transport d'objets à Paris. Nous invitons l'administration à solliciter (4) Juillet ou août 1801. d4 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. pour lui une somme nouvelle de deux ou trois mille francs, soit comme gratification, soit comme prix d'acquisition de la collection qu'il remettra au Muséum, et à demander pour lui une nouvelle Mission Botanique à Saint-Domingue, avec les moyens de la remplir dans toute son étendue, JUSSIEU, THOUIN, DESFONTAINES. (Archives du Muséum.) (L’original, de la main d’A.-L. de Jussieu, et signé des trois commissaires, se trouve parmi les pièces formant le dossier de la séance. Une copie signée par Al. Brongniart, qui était secrétaire, fut envoyée à Poiteau, qui la transcrivit en tête de son manuscrit intitulé : Florule de Saint-Domingue. Une autre copie fut adressée au Ministre de l'Inté- rieur avec la lettre d'envoi formant le document n° XI.) X LETTRE DE POITEAU AUX PROFESSEURS DU MUSÉUM, LUE DANS LA SÉANCE DU 9 MESSIDOR AN DIX (1). Poiteau aux Citoyens Professeurs composant l'administration du Muséum national d'histoire naturelle. Citoyens Professeurs, Après vous avoir prié de prendre connaissance d’un travail botanique que j'ai fait à Saint-Domingue où je passai en l’an 4 (2) au compte du Gouvernement, vous avez bien voulu nommer parmi vous, les citoyens Jussieu, Desfontaines et Thouin Commissaires chargés de vous faire un rapport sur mon travail. Il résulte du rapport de vos Commis- saires que ce travail est utile à l'avancement de la science et qu'il contient plusieurs observations de quelque mérite. En vous priant de mettre le résultat de mon travail sous les yeux du Ministre de l'Inté- rieur, vos Commissaires vous ont encor observé, que je continuerais à être utile aux pro- grès de la science si je retournais à Saint-Domingue pour le continuer, et y relever un jardin botanique et école de culture que la révolution a entièrement détruit. Vos com- missaires vous ont encor invités à prier le Ministre de me nommer Directeur de cette école de culture, qui sera aussi un dépôt où l’on rassemblera les objets d'histoire natu- relle destinés à être envoyés en France pour enrichir les collections nationales. D'après un rapport aussi flatteur pour moi et duquel je ferai toujours mes efforis pour me rendre digne de plus en plus, j'ose encor vous prier de prendre ma position en consi- dération, et qu'étant absolument dénué de fortune il m'est impossible d'attendre assez longtemps, en suivant la marche ordinaire, pour quil soit loisible au Ministre de prendre connaissance du rapport de vos Commissaires, et de prononcer sur ce qui me concerne. C'est pourquoi je vais relater ici succinctement les principaux articles dont je vous ai déjà donné connaissance lorsque je vous ai rendu compte de mon travail, et qui sont nécessaires au succès de la mission dont vous priez le Ministre de me charger. Je demande : ) 28 juin 1802. (1 (2) 1796. DOCUMENTS. 59 ARTICLE 4°. D'être nommé Botaniste voyageur du Gouvernement et d’êlre envoyé en cette qualité à Saint-Domingue yÿ rétablir le Jardin Botanique, y introduire toutes les améliorations possibles dans la culture, et travailler à l’histoire générale des végétaux de cette île. ART. 92. Qu'il me soit fourni par le Gouvernement, en France, avant mon départ, les livres et instruments nécessaires au succès de l’entreprise : Ces objets seront toujours apparte- nants au Gouvernement, et je ne pourrai en aucun cas en disposer autrement que pour le succès de ma mission. Are et Que le Général le Clere soit prié de mettre à ma disposition un terrain convenable au but que se propose le Gouvernement, et de m'’adjoindre le citoyen Turpin, résidant actuellement à Saint-Domingue, et dont les talens supérieurs et la moralité sont avanta- geusement connus du Général le Clere. ART. 4, En demandant à être commissionné en France et que l’objet de ma Mission soit déter- miné par le Ministre, je demande aussi d’être renvoyé au Général le Clere pour la fixation du traitement qu'il me sera accordé. INRITD: Pour que le travaille que j'ai précédemment fait à Saint-Domingue ne devienne pas inutile à la science, si je trouve la mort sur des bords lointains, je demande au Ministre la permission de rester encor quatre mois à Paris pour mettre mes manuscrits au net, et je le prie de me faire accorder deux cents francs par mois Jusqu'à mon départ pour Saint-Domingue. ART. 6. Que le Ministre soit prié d'envoyer par la p'° occasion au Général le Clere, six rames de papier gris, six mains de papier à peindre, une boîte de couleur assortie, des pin- ceaux, crayons, etc., avec prière au Général de remettre ces objets au Citoyen Turpin, afin que cet habile homme puisse utiliser son temps en attendant que je me rende moi- même à Saint-Domingue. Tels sont, Citoyens Professeurs, les articles que je crois nécessaires au succès de la mission dont vous voulez bien prier le Ministre de me charger. Si vous les trouvez Justes, vous voudrez bien les approuver séance tenante et mettre cy dessous la prière au Ministre de l’intérieur de les prendre en considération et d’avoir la bonté de prononcer le plutôt possible. J'ai l'honneur d'être avec la plus grande considération votre concitoyen POITEAU. (Assemblée des professeurs; dossier de la séance du 9 messidor an dix (1). Archives du Muséum.) (1) 28 juin 1802. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. Bureau des beaux-arts. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 3° DIVISION. Bureau des beaux-arts. Réponse à leur lettre du 14 messidor der- nier. Enrégistrée à l’arrivée, n° 833, an 10. Enrégistrement du départ, n° 84. Le Ministre accorde une gratification de 2400 francs au Cen Poiteau, et l’envoye à Saint-Domingue avec un traitement de 6000 francs. © [ep] NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. XI LETTRE DES PROFESSEURS ADRESSÉE AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR AVEC LE RAPPORT SUR LES DEMANDES DE POITEAU. 14 messidor an 10 (1). Les professeurs au Ministre de l'Intérieur. C°2 Ministre, Nous avons l'honneur de vous adresser un rapport sur les travaux du C° Poiteau, ancien jardinier du Muséum, pendant le séjour qu'il vient de faire à Saint-Domingue : il désire retourner dans cette isle soit pour y continuer ses recherches, soit pour y rétablir et diriger le Jardin de Botanique qu'on y avait formé, et qui a été détruit par la guerre. Nous pensons, comme vous le verrez par le rapport ci-joint, que ce projet seroit utile- à la colonie, et au Muséum d'histoire naturelle, et que le C°”* Poiteau est très capable de remplir cette mission. Comme il est absolument denué de ressources il sollicite quelques secours du Gouvernement pendant son séjour à Paris pour terminer les dessins qu'il a faits et mettre au net ses descriptions, et il offre de donner au Muséum la collec- tion qu'il a recueillie et qui renferme beaucoup d'objets que nous n’avons pas. Nous vous prions, citoyen Ministre, de prendre sa demande en considération. Salut et respect. (Archives du Muséum, correspondance, messidor an 10. Minute de la lettre, de la main d’A. Thouin.) XII LETTRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUB ACCORDANT A POITEAU UNE MISSION POUR SAINT-DOMINGUE. Liberté. Égalité. Paris, le 2 thermidor an 10 (2) de la République, une et indivisible. Le Ministre de l'Intérieur, aux Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle au Jardin des plantes. Je me suis fait mettre sous les yeux, citoyens, le rapport que vous m'avez adressé, sur les travaux du Cit‘" Poiteau revenu de Saint-Domingue où il avait été envoyé pour recueillir des graines et des plantes, et j'ai pris en considération les propositions diverses que vous m avez faites à ce sujet. (1) 3 juillet 1802. (2) 21 juillet 1802. DOCUMENTS. 57 J'accorde au C** Poiteau une somme de 2400 francs, tant pour la collection qu'il cède au Muséum, que pour gratification de ses services; celte somme lui sera contée le 4” jeudi de fructidor prochain, sur la vue du récépissé que vous lui aurez donné de sa collection. Mais il faut que ce Naturaliste parte le plutôt possible pour Saint-Domingue, où il est nécessaire qu'il arrive bientôt. Je l’adresserai au Général Leclerc qui a demandé deux Botanistes, et son traitement sera fixé à 6000 francs, argent de France. Je suis fort aise d'employer un homme qui, par ses seules forces, s'est élevé à des connaissances que son zèle rend si utiles, el de trouver une nouvelle occasion de vous donner à vous mêmes ce témoignage de mon entière confiance dans les mesures que vous me proposez pour l'avancement des Sciences naturelles. Je vous salue, CHAPTAL. (Assemblée des professeurs ; dossier de la séance du 7 thermidor an dix (1). Archives du Muséum.) XIII MINUTE DE LA LETTRE ADRESSÉE PAR LES PROFESSEURS AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR A L'EFFET D'OBTENIR LES LIVRES NÉCESSAIRES POUR POITEAU. 30 thermidor an dix (2). Les professeurs du Museum au Ministre de l'Intérieur. C® Ministre, Le C°" Poiteau à qui vous prenez intérêt, et que vous renvoyez à Saint-Domingue avec un traitement, pour y faire des observations sur la botanique et l'agriculture, nous a remis une liste d'ouvrages qui traitent des plantes des Antilles, et qui lui sont néces- saires pour son travail. Nous avons l'honneur de vous adresser cette liste. Il demande que vous ayez la bonté de lui accorder une somme de 1000 à 1200 francs pour qu'il puisse se les procurer. Sur l'observation que nous avons faite au C°" Poiteau que vous lui aviez déjà donné 2400 fr. pour la collection qu'il doit remettre au Muséum, il nous à répondu qu'il etoit absolument sans fortune, et que cette somme etoil à peine suffisante pour payer les dettes qu'il a été forcé de contracter depuis son retour. Nous vous prions en con- séquence, citoyen Ministre, de prendre sa demande en considération, et si vous ne Jugiez pas à propos de lui donner cette somme comme gratification, de la lui accorder du moins en avance sur ses appointemens. Salut et respect. (Archives du Muséum. Correspondance, nivôse an dix.) (1) 26 juillet 1802. (2) 48 août 1802. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 8 MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 3° DIVISION Bureau des beaux-arts. Réponse à lettre d Enrécistrée à l’arrivée, no 63 füor, Enrégistrement du départ, n° 7. Le c® Poiteau est invité à partir de suite pour Saint-Do- mingue. 58 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. XIV LETTRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR PRESSANT LE DÉPART DE POITEAU POUR SAINT-DOMINGUE. Liberté. Paris le 17 fructidor an 10 de la République francaise, une et indivisible (1). Le Ministre de l'Intérieur au Directeur du Muséum d'histoire naturelle. S J'ai reçu, mon cher Collègue, la lettre par laquelle vous m'invitez à C:" Poiteau, pour achat de livres, la somme de mille à douze cent francs. Je n'avais accordé au C°* Poiteau une somme de deux mille quatre cent francs qu'à condition qu'il partirait sans délai pour Saint-Domingue. Je suis étonné qu'il fasse de nouvelles réclamations. Je vous prie de nouveau de l’inviter à se rendre à son poste : il y est attendu avec impatience, et peut être sûr, à son arrivée dans cette isle, d’être bien recu par le Général Leclerc, qui demande des Botanistes, et qui lui offrira un traitement très-favorable. Je vous salue, avancer au CHAPTAL. (Assemblée des professeurs ; dossier de la séance du 19 fruc- tidor an dix (2). Archives du Muséum.) XV EXTRAIT DE IA LETTRE ÉCRITE PAR LE GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE DE SAINT-DOMINGUE AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. 4 Au quartier général du Cap, le 28 messidor an dix (3). Citoyen Ministre, * S'il se trouve à Saint-Domingue, ou dans les Isles voisines quelques productions miné- rales, végétales ou animales qui manquent au Muséum d'histoire naturelle, je vous prie de me le faire savoir, je les ferai passer. Il seroit important d'établir à Saint-Domingue, deux Jardins Botaniques, un en pleine, destiné à recevoir les plantes et arbres qui ont besoin d'une terre forte et d'une chaleur (1) 4 septembre 1802. (2) 6 septembre 1802. (3) 17 juillet 1802. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 3° DIVISION. Bureau des beaux-arts. éponse à la lettre d Enrégistrée à irrivée, n° 498 for. inrégistrement du _ départ, n° 50. e Ministre lui trans- met un extrait de la lettre du général Leclerc. DOCUMENTS. 59 très active, l’autre dans les mornes pour y recevoir les plantes qui se plaisent dans les montagnes. Il faudroit pour cet Établissement, un Directeur et deux sous Directeurs avec quatre Jardiniers. Qu'ils arrivent ici au mois de Vendemiaire, ils n'auront plus rien à craindre du x climat, qui cesse à cette époque d’être meurtrier. Qu'ils apportent ici les instrumens araloires dont ils auront besoin. Si les Botanistes que je vous demande sont arrivés à Saint-Domingue avant mon retour en France, je leur fournirai tout ce qui sera nécessaire à leur Établissement. Les Minéralogistes trouveront à Saint-Domingue des mines d'or, d'argent, de fer et même de platine à ce que l'on m'assure. Ils y interrogeront la nature, qui répondra d'une manière satisfaisante à plusieurs questions non encore résolues. Le Chimiste profitera des recherches des Botanisles et nous fournira les moyens de nous passer des médicamens que la Colonie tire de l’Europe à grands frais, el de fournir la France et les marchés Étrangers de Drogues saines et qui sont ici en grande abondance. (Assemblée des professeurs; dossier de la séance du 19 fruc- tidor an dix (1). Archives du Muséum.) XVI LETTRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR ACCOMPAGNANT L'EXTRAIT PRÉCÉDENT. Liberté. } Paris, le 17 fructidor an 10 de la République francaise, une et indivisible (2). Le Ministre de l'Intérieur, au Directeur du Muséum d'histoire naturelle. Je vous adresse, Citoyen, un extrait de la lettre que le Général en chef de l’armée de Saint-Domingue m'a écrite le 28 messidor (3) dernier. Vous y verrez qu'il m'annonce un chat tigre, déjà arrivé à Brest, et plusieurs autres animaux vivans ou morts qu'il fera passer en France, à mesure qu'ils lui parviendront. Le Général en chef ajoute, qu'il serait important d'envoyer à Saint-Domingue des botanistes, des minéralogistes et des chimistes, qui y feraient d'abondantes récoltes, et y formeraient d'utiles établissemens. Je vous prie de me donner, le plutôt possible, votre avis sur les projets dont le Général Leclerc me fait part ; et dans le cas où vous penseriez qu'il serait utile de les exécuter, je (1) 6 septembre 1802. (2) 4 septembre 1802. (3) 17 juillet 4802. 60 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. vous invite à m'indiquer les hommes qu'on pourrait charger de cette mission importante. Je vous salue, CnAPTAL. (Assemblée des professeurs; dossier de la séance du 19 fruc- tidor an dix (1). Archives du Muséum.) XVII LETIRE DE POITEAU ANNONÇANT LA REMISE DE SES COLLECTIONS AU MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE. Paris, le 18 fructidor an 10 (2). Poiteau au citoyen Président de l'administration du Muséum national d'histoire naturelle. J'ai l'honneur de remettre à l'administration une collection de plantes de mon voyage à Saint-Domingue. Cette collection est composée d'environ mille espèces rapprochées selon le système séxuel, et de quelques autres objets qui y ont rapport. J'ai l'honneur d'être avec la plus grande considération. Votre très-obéissant serviteur, PoiTEAU. (Assemblée des professeurs ; dossier de la séance du 19 fruc- tidor an dix (3). Archives du Muséum.) XVIII NOTE DU DIRECTEUR CERTIFIANT AU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR LA REMISE AU MUSÉUM DES COLLECTIONS DE POITEAU. Enregistré le 19 fructidor an dix (4). Le soussigné Directeur du Museum d'histoire naturelle certifie que le C® Poiteau a remis à l'administration, conformément à la lettre du Ministre de l'Intérieur du 2 ther- midor an 10 (5) (bureau des beaux arts), une collection de plantes de Saint-Domingue, composée d'environ mille espèces, et autres objets d'histoire naturelle dont plusieurs manquaient à la collection, le Ministre lui ayant accordé par cette leltre une somme de 2400f tant pour cette collection que pour gratification de ses services, je le prie de vouloir bien en ordonner le payement afin que, suivant les intentions du Ministre, le C® Poiteau puisse partir pour Saint-Domingue dans le plus court delai. Ce 19 fructidor an dix. À Signé : DESFONTAINES. (Archives du Muséum. Correspondance, fructidor an 10.) ) 6 septembre 1802. ) à septembre 1802. ) 6 septembre 1802. \ 6 septembre 1892. ) 24 juillet 1802. p J MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR, 3° DIVISION. Bureau des beaux-arts. Réponse à sa lettre du 24 fructidor der. Enregistrement à l'ar- rivée n° 1241, au départ, n° 125. Le Ministre le prie de donner un plus grand développe- ment à sa lettre. séance du 1? vende- maire an onze(?). Renvoyée aux Com- missaires. DOCUMENTS. ü1 XIX LETTRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR RELATIVE AUX TRAITEMENTS A ACCORDER ET AVANCES A FAIRE AUX SAVANTS QU'IL SE PROPOSE D ENVOYER A SAINT-DOMINGUE. Paris, le 7? Vendre an 11 de la République francaise (1). Le Ministre de l'Intérieur au Directeur du Musée d'histoire naturelle. J'ai reçu mon cher Collègue, la lettre par laquelle vous désignez les Citoyens que vous croyez devoir être envoyés à Saint-Domingue, en conséquence de la demande que le Général en Chef de l’armée française, dans cette isle, m'a faite. Des hommes que les commissaires nommés ont choisis, ne peuvent qu'être dignes de confiance ; et je les adresserai volontiers au Général Leclerc. Mais j'aurais desiré que, pour tout ce qui leur est nécessaire dans leur mission, vous eussiez donné un plus grand développement à votre leltre, et que vous eussiez par exemple indiqué le traitement que vous jugeriez convenable d’allouer à chacun d'eux, ainsi que les avances à leur faire, tant pour leur départ, que pour les livres, intrumens et ustensiles dont ils ont besoin. Je vous prie donc, mon cher collègue, d'entrer dans ces détails, afin que je puisse prendre une promple détermination à cet égard, d’après les apperçus que vous aurez bien voulu me donner. Je vous salue, CHAPTAL. (Archives du Muséum d'hist. nat., dossier de la séance du 12 Vendemiaire an onze.) XX RAPPORT DES COMMISSAIRES NOMMÉS PAR L'ASSEMBLÉE DES PROFESSEURS SUR LES DÉPENSES A FAIRE POUR L'EXPLORATION SCIENTIFIQUE DE SAINT-DOMINGUE. Les citoyens Fourcroy, Thouin, Geoffroy et Haüy que vous avez chargés de proposer, conformément à la demande du Ministre de l'Intérieur, les traitemens et les frais d’appro- visionnemens des voyageurs naluralistes qui doivent aller à Saint-Domingue, se sont réunis le vendredi 16 du présent mois (3), et ont déterminé ainsi qu'il suit les sommes qu'ils ont jugées nécessaires pour remplir ce double objet : 1° Traitemens. Le traitement de chacun des deux zoologistes, des deux minéralogistes, des deux bota- nistes et du chimiste sera de 6000 francs argent de France, sans y comprendre les frais de voyage qui seront payés séparément. Le traitement du chef des cultures de naturalisation sera pareillement de 6000 francs ; (1) 29 septembre 1802. (2) 4 octobre 1802. (3) 8 octobre 1802. 62 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. celui de chacun des deux Jardiniers en chef des Jardins de naturalisation sera de 3000 francs. ; Celui de chacun des quatre garçons Jardiniers sera de 2000 francs. La somme totale pour ces différens traitemens est de 62 000 francs. Il est d'usage de payer à chaque voyageur six mois d'avance de son traitement, pour lui donner le moyen de se mettre en équipage de voyage. 2° Frais d'approvisionnement. Pour chaque zoologiste : instrumens de chasse pour les mammifères, oiseaux etinsectes ; instrumens propres à fouiller, pour atteindre les espèces qui vivent sous terre; autres instrumens pour la préparation des animaux, comme scalpels, épingles, fils de fer, etc., boites pour recevoir des insectes et ouvrages de zoologie, 700 francs. Pour chaque botaniste : Livres, instrumens, boites, flaccons, papier, liqueur conserva- trice, 1200 francs. Pour chaque minéralogiste : baromètres et thermomètres, nécessaire de minéralogie, collection d'échantillons et livres, 1000 francs. Nécessaire du chimiste, 1200 francs. Le relevé de la dépense, pour ces différens objets, se monte à 8000 francs, laquelle somme ajoutée à celle de 62 000 francs pour les traitemens forme un total de 70 000 francs. Vos commissaires observent, relativement à la somme destinée pour les traitemens des voyageurs, que le prix des denrées, à Saint-Domingue, est à peu près double de ce qu'il est en France. En fixant celte somme, ainsi que celle qui doit fournir aux frais d’appro- visionnement, ils se sont restreints à ce que la nécessité leur a paru exiger, pour procurer aux voyageurs une honnête existence, et les mettre à portée de se livrer avec sucès aux différentes recherches que leur zèle leur suggérera. Signé : HAuy, FouRCRoY, THOUIN ET GEOFFROY. [Assemblée des professeurs, procès-verbaux des séances, vol. VIII, p. 176. Séance du 19 vendémiaire an onze {1).] (A.-L. de Jussieu, l'un des commissaires désignés, ne paraît pas avoir assisté aux séances de la commission. Peut-être est-ce parce que le botaniste, Poiteau, était déjà nommé et son traitement fixé, par décision ministérielle.) XXI LETTRE DES PROFESSEURS ACCOMPAGNANT LE RAPPORT PRÉCÉDENT. 22 vendémiaire an onze (2). Les Professeurs du Muséum au Ministre de l'Intérieur. Citoyen Ministre, Nous avons recu la lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous écrire le 7 vendé- miaire, par laquelle vous nous demandez notre avis sur le traitement à accorder aux natu- (1) 14 octobre 1802. (2) 14 octobre 1802. DOCUMENTS. 63 ralistes que nous vous avons indiqués pour aller à Saint-Domingue auprès du Général en chef de l'armée francaise dans cette isle. Vous désirez aussi avoir de nous des instruc- tions sur les avances à leur faire, tant pour leur dépense que pour les livres et instru- ments dont ils ont besoin. Nous n'avions pas cru devoir entrer dans ces détails parce que vous ne nous les aviez pas demandés par votre première lettre. D'après l'invitation que vous avez bien voulu nous faire, les mêmes commissaires se sont réunis, et ils ont dressé le rapport que nous avons l'honneur de vous adresser. La somme vous paraîtra peut être un peu considérable, mais comme ces naturalistes vont dans un païs ou tout est fort cher, nous pensons, citoyen Miuistre, qu'il convient de leur accorder ce qui est nécessaire pour remplir leur mission, dont le résultat sera assurément utile à l'avancement des sciences naturelles. Salut et respect. (Archives du Muséum, correspondance, vendémiaire an onze.) XXII MANUSCRIT DE POITEAU INTITULÉ : « FLORULE DE SAINT-DOMINGUE ». Avertissement. Je donne le nom de Florule à ce manuscrit parce quil ne contient les descriptions que d'un petit nombre de plantes de Saint-Domingue. Plusieurs de ces descriptions même ne sont pas terminées ; parce que n'’écrivant que mes propres observalions, et les plantes n'offrant pas toujours en même temps tous les attributs et tous les caractères sous les- quels nous les considérons; il en est nécessairement plusieurs que je n'ai pu connaitre pendant les trois ans que je me suis occupé de Botanique à Saint-Domingue. Aussi ce manuscrit n'est-il point destiné à la publication. Il est seulement le dépôt des observa- tions que j'ai faites jusqu'à ce jour ; mais si le destin favorise mon entreprise, et si je puis retourner à Saint-Domingue y continuer mes observations, j'espère le refondre pour la suite dans un ouvrage général sous le litre de Flora Domingensis. Les Mémoires et les rapports que je place à la tête de mon ouvrage, font assez con- naître qu'il doit m'être difficile d'atteindre à une pureté de langage digne de l'impression. Ce n’est en effet que par une attention soutenue que j'évite en écrivant les fautes graves d'ortographe et de syntaxe dans lesquelles tombent ceux qui comme moi ont eu le mal- heur de n'avoir point reçu d'éducation. C’est pourquoi en faisant mes descriptions j'ai commis beaucoup de fautes de grammaire, parce que j'étais tout à mon objet et que ma plume marchait sans guide. Mais ces fautes me sont connues, et je puis en faire dispa- raître une grande partie quand je voudrai. Il me suffit maintenant de m'entendre. Il y aurait, je crois, de la cruauté à exiger de moi que mon portefeuille fut aussi poli que celui d'un homme de lettres. Les raisons qui m'ont porté à faire des transpositions dans les classes, les ordres, les genres et dans les espèces sont expliquées, chacune en son lieu, dans le corps de l’ou- vrage. Enfin, au cas que ce manuscrit tombe un jour entre des mains étrangères, je dois avertir que j'ai fait toutes mes descriptions et tous mes dessins sur le lieu natal des plantes, d’après des individus vivants, et qu'ils méritent la confiance des Botanistes. (Bibliothèque du Muséum). 64 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. XXIII MANUSCRIT INTITULÉ : & FLORULE DE SAINT-DOMINGUE ». LETTRE A A.-L. DE JUSSIEU, SERVANT DE PRÉFACE. É A Monsieur Jussieu, Professeur de Botanique au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Monsieur, Si la réputation que vous vous êtes acquise par l'aménité de votre caractère, n'égalait pas celle qui est due à votre érudition, si vous n'aviez pas toujours accordé un regard obligeant à ceux qui ont fait quelque effort pour le progrès des sciences, certes je n'aurais jamais eu la iémérité d'espérer que vous ne dédaigneriez pas assez le faible essai que jose vous présenter pour que vous vous donnassiez la peine d’en prendre connaissance. En effet, il est sans exemple qu'un garçon jardinier élevé dans un village, n'ayant recu qu'une éducation villageoise, c'est-à-dire, à qui on fit apprendre à lire, à écrire et les premières règles de l’arithmétique en même temps qu'on lui montrait à labourer la terre; ayant vingt-cinq ans passé lorsque pour la première fois le son du mot grammaire frappa son oreille ; n'ayant jamais eu jusqu'aujourd'hui d’autres moyens d'existence que ceux que lui fournit le travail journalier de ses bras; il est sans exemple, dis-je, qu'un tel homme ait jamais écrit sur une science qui fait l’appanage des grands hommes. Cepen- dant, moi qui suis ce garcon jardinier, j'ai osé sortir de ma sphère; et depuis ce temps, malgré la fortune ennemie, malgré la raison même qui condamnait mon audace, j'ai marché à très petils pas, il est vrai, dans une carrière de laquelle je n'étais pas fait pour approcher de la Barrière. Cette fortune ennemie m'arrèta souvent; elle me chassa même plusieurs fois du sentier fleuri que je parcourais : mais j y revins toujours toutes les fois qu'elle se déridait un peu en ma faveur. Je n'ai donc fait qu'essaïer mes forces; mais si je n'ai pas atteind le but que je me proposais, la cause en est hors de moi. Si par exemple un botaniste érudit et fortuné vous présentait un ouvrage aussi mince que celui que j'ose soumettre à votre censure, certes un tel botaniste serait aussi mince que son ouvrage; mais il mériterait ce me semble quelque indulgence, si son travail était purement le prix de son zèle et de son amour pour la science. Or celui que j'ai l'honneur de vous présenter n'a point d'autre origine : tous les autres moyens de le produire m'ont toujours été totalement exclus. Et pouvant le prouver je réclame votre indulgence, afin de vous faire passer rapidement devant les yeux les principaux accidents de ma vie. Je suis né en 1766 dans un village nommé Ambleny près Soissons. La culture des jar- dins potagers fut mon occupation pendant ma jeunesse. Je courus les plus beaux de ma province, et vins ensuite à Paris pour me perfectionner dans ma profession de jardinier. Après avoir travaillé chez les maraichers, n'ayant plus rien à apprendre chez eux, je passai chez les fleuristes d'où en 1790 j’entrai garçon jardinier au Jardin des plantes, mon intention, en sollicitant de l’emploi dans ce jardin, n'était pas d'apprendre à con- naître les plantes, mais seulement leurs noms, car je n’avais nulle idée de Botanique ; mais mon naturel studieux ne voulut pas que je tinsse aux seuls noms des plantes, il voulut aussi que j'étudiasse les plantes en elles-mêmes. C'est alors que pour la première fois je connus de quel prix est l'éducation. Loin de savoir le latin, sans lequel on ne peut connaître les plantes, je ne savais pas même deux mots de francais. J'avais alors vingt-cinq ans passé, et, comme je l'ai dit plus haut, jamais je n'avais entendu décliner le mot Grammaire. Cependant je ne me rebute pas. D'après les conseils et les encouragemens de Monsieur Paillet, qui connaissait d'une part mon ignorance et DOCUMENTS. 65 de l'autre le dessein que j'avais de m'instruire, j'achèle un rudiment, je le tiens d'une main tandis que je prends mes repas de l’autre, quand je laboure la terre il est toujours dans ma poche, et je l'inlerroge toutes les fois que le travail me force à reprendre haleine. En portant mes arrosoirs je décline des noms et je conjugue des verbes. Bientôt je passe les soirées à traduire à coups de dictionnaire. Enfin j'entends quelques mots du systema vegelabilium. Il y avait déjà trois ans que je travaillais au Jardin des plantes, et il y en avait plus d'un que Monsieur Jean T'houin m'avait choisi pour travailler particulièrement dans l'école. Or, si la place de Garçon de l'école, n'exige pas un très habile jardinier, elle exige au moins que celui qui l’occupe ait quelque teinture de Botanique. Cependant il y avait, dis-je, plus d'un an que j'étais chargé du soin de l’école lorsqu'un jour Monsieur Jean Thouin apprit avec surprise que je savais lire. Quoiqu'il en soit j'ai profité autant que jai pu des avantages particuliers que fournit cette place pour m'instruire, jusqu'à ce qu’en l'an trois de la république, d'après l’aveu de Monsieur Thouin l’ainé, Monsieur Daubenton me choisit pour aller coopérer à l'établissement d'une Maison d'économie rurale dans le département de la Dordogne. Les commolions révolutionnères ayant empéché l'établis- sement de cette maison, je fus obligé de prendre de l'emploi dans les subsistances de l'armée des pyrénées occidentales. Monsieur Thouin l'ainé, qui voulait bien me permettre de lui écrire de temps en temps, et à qui je donnais avis de ce qui m'arrivait, avait la bonté de m’encourager et de m'in- viter à travailler de plus en plus à mon instruction, me promettant que de son côté il ne m'oublierait pas, qu'il ferait son possible pour me procurer une place selon mes facultés, dès que l’occasion s’en présenterait. Je donnais à la Botanique tout le loisir que me lais- sait le devoir de ma place. J'ai même envoyé au Jardin des plantes quelques graines du midi de la France. Enfin au mois de frimaire de l'an 4 Monsieur Thouin m'écrivilt pour savoir si je serais bien aise de passer à Saint-Domingue avec plusieurs naturalistes que le gouvernement envoyait dans cette colonie. J’acceptai cet offre avec transport, et j'as- surai Monsieur Thouin que non seulement j'étais prêt à partir pour Saint-Domingue, mais encor pour tel lieu de la terre qu'il lui plairait de m'indiquer ; et que je ferais tou- Jours tous mes efforts pour me rendre digne de la confiance dont il m'honorait. Peu de temps après, Monsieur Thouin m'écrivit que j'avais dû recevoir, ou que j'allais recevoir incessamment du Ministre de la marine, l’ordre de me rendre sur le port de mer qui me serait indiqué avec les instruclions nécessaires pour remplir dignement la mission dont me chargeait le gouvernement. Je n'avais alors encor rien reçu de ce que m'an- nonçait Monsieur Thouin. Quinze jours s'écoulèrent encor sans que je reçusse rien, J'étais dans une grande perplexité. J'aurais bien voulu aller attendre ma commission à Rochefort lieu de l'embarquement; mais le discrédit des assignats était si grand que, quoique je gagnasse deux cent francs par jour, à peine pouvais-je exister, loin de pouvoir subvenir aux frais d'une longue route. Je decouvris mon inquiétude au savant et vertueux Saint amans : La commission que m'a annoncé Monsicur Thouin lui dis-je n'arrive pas, et je crains fort que la division destinée pour les Antilles, ne parte sans moi. Aussitôt cet ami des sciences m'ouvre sa bourse : je m'embarque sur la Garonne, et deux jours après j'arrive à Bordeaux, où l’on me jette en prison. Ne pensant plus qu'aux plantes de Saint- Domingue, le grand désir que j'avais de me rendre à Rochefort fit que j'avais oublié de solliciter un passeport de la commune d'Agen lieu de ma résidence; voilà pourquoi je fus arrêté comme suspect en arrivant à Bordeaux ; mais le professeur Latapie, à qui son ami S' Amans m'avait recommandé, ne me suspectant pas, eut la bonté de me cautionner, et il obtint mon élargissement. Après lui avoir témoigné ma gratitude et avoir pris des me- sures pour n'être plus arrêté, je me suis rendu à Rochefort. 9 NOUVELLES ARCIIIVES DU MUSÉUM, 3C série. — IX. 66 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Monsieur Bellefontaine agent maritime en cette ville avait été prévenu de ma prochaine arrivée, par Monsieur Thouin, à qui j'avais mandé mon départ d'Agen. Je croyais trouver chez cet agent la commission et les instructions qui m’avaient été annoncées, mais je n y trouvai rien. Pendant les douze jours que je suis resté à Rochefort je n’en ai laissé passer aucun sans écrire une lettre très instante à M" Thouin, pour le prier de hâter l'envoi de la commission qu'il avait bien voulu solliciter pour moi. J'écrivis aussi au Ministre de la Marine. J’allais tous les jours chez l'agent maritime pour savoir si la com- mission était arrivée, et pour réclamer les choses indispensables au succès de mon voyage ; Car Je ne pouvais pas croire que cette commission n’arrivât pas. J’obtins audience chez les commissaires du Directoire, Raimond, Le Blanc, Sonthonax, qui allaient à Saint-Domingue. Je leur représentai que j'étais compris parmi les natura- listes que le gouvernement envoyait à Saint-Domingue; mais que par quelque incident que je ne concevais pas, la commission qui m'élait annoncée à cet effet ne m'était pas encor parvenue. Je leur montrai plusieurs lettres de M. Thouin qui prouvaient ce que J'avançais. Je leur présentai aussi une liste des objets indispensables au succès de mon voyage, et je les priai d'autoriser l'agent martine à me les faire délivrer. Après quelques renseignemens, après que l'on eut connu que les lettres que je montrais étaient de M. Thouin, le commissaire Raimond ne trouvait point d'inconvénient à ce que l’on acquiesçât à ma demande et il se préparait déjà à l’appostiller, lorsque son collègue Son- thonax s'y opposa d’un ton impérieux. Il fit une sortie furieuse contre le comité d'instruction publique, contre Grégoire, contre M. Thouin et contre tous ceux qui protè- gent les sciences. Il finit par dire en s’opposant à mon passage : « S'il portait de la poudre et des boulets à la bonne heure ». Je sorlis le cœur navré d’une aussi vandalique réception. J'écrivis avec plus d'instance encor à M. Thouin, pour le prier de hâter l'envoi de la commission qu'il m'avait annoncée. Enfin, la veille du départ de la division, l'agent marilime que j'allais voir tous les jours me dit qu'il avait reçu du Ministre de la Marine l'ordre de m’embarquer, et il ajouta : « faites vos diligences; car il faut que vous soyez demain à bord ». À tous ce que je lui dis pour obtenir les objets indispensables au succès du travail dont Je devais être chargé il ne répondit que ceci avec un sang-froid à glacer : « vous deman- dez à passer, je vous passe ». Je connaissais déjà assez l’agent maritime pour savoir quil était inulile de persister. J'allai donc prendre mon ordre de passage ; je savonne mes cravattes, je racommode ma malle, c’est-à-dire mon coffre, qui avait été tout brisé dans la route de Royan à Rochefort. Le lendemain 12 Germinal à 7 heures du matin, je suis sur la chaloupe sur la rivière de Rochefort, à 41 heures je suis à bord du Fougueux, en Rade devant l'ile dè {1). En arrivant à bord je ne possédais plus que 24 sols; je les ai donnés aux matelots qui ont monté mon chétif coffre à bord du vaisseau. Ainsi je partis pour le nouveau monde aussi pauvre que j'étais lorsque j'arrivai dans l’ancien. Je n'étais cepen- dant pas sans inquiétude; j'allais dans un pays ravagé dont les cendres fumaient encor, je n'avais nulle personne de qui je pusse me recommander, ni espérer de secours en débarquant ; mais je Lirais le rideau sur ces tristes réflexions. Je me figurais d’un autre côté combien j'allais être heureux lorsque je serais au milieu d’un aussi grand nombre de plantes, la plus part inconnues aux savans de l'Europe. Pendant les six jours que la division a encor restée en rade après mon embarquement, j'avais toujours espérance de recevoir une Commission ou au moins une lettre satisfaisante de M. Thouin; mais mon espérance fut vaine. Le 18 on leva l'ancre el bientôt nous perdimes l'Europe de vue. Il ne nous arriva que des choses à peu près ordinaires pendant la traversée; ainsi je (1) L'ile d'Aix. DOCUMENTS. 67 vous fait grace de trente cinq jours et de 1800 lieues. Le 23 floréal la division mouilla dans la rade du cap et le 24 après midi je suis descendu à terre. Le Datura Metel, l'Arge- mone mericana reçurent mes premiers regards. Ces plantes marcotiques malfaisantes à plusieurs égards s'étaient emparées des ruines produites par le vertige et la folie; rapport frappant entre la cause et l'effet. Cependant, cédant au démon des Botanistes, je n’entrai point dans la ville; je suivis le quai qui borde la mer; je traverse une place publique tapissée de Zribulus cistoïdes qui la couvraient du plus beau tapis doré ; enfin je me trouve hors des ruines, dans une savanne que je parcourus, en en examinant les plantes jusqu'a ce que la chute du jour me forcàt de tourner mes pas vers le Cap. J'entrai dans ses rues, où j'errai sans savoir où j'allais, ni où je voulais aller. J'observai, chemin faisant, des barils de clou qui avaient élés en fusion au temps de l'incendie, et qui s'étaient greffés ; des barres de fer de 6 pouces de face s'étaient pareillement greffées. Enfin la nuit ayant tout à fait succédé au jour, et me trouvant à la porte du gouvernement, je me hazardai à me mettre sous un escalier pour y passer la nuit, n'ayant point de quoi souper ni coucher. Il y avait environ un quart d'heure que j'étais sous mon escalier, lorsqu'un aide de camp du commissaire Sonthonax vint à m'apercevoir malgré l'obscurité qui m'environnait. Mes réponses à ses demandes n'ayant pu dissiper les soupcons que ma place, ma tris- esse, mon pauvre acoutrement lui suggérèrent contre moi, il crut devoir me faire mettre en lieu de sureté, afin qu'il put le lendemain me voir au grand jour et me faire de plus amples questions. Si j'avais connu le corps de garde où il me fit conduire, j'aurais été moi-même demander Ja permission d'y passer la nuit; car je l'y passai en effet plus seine- ment que je n’eusse fait sous l'escalier où je m'étais blotti. Le lendemain matin le même officier vint me reconnaitre, je le détrompai aisément, et il me fit mettre en liberté sur ma parole, car je n'avais pas un mot d'écrit qui put atlester rien en ma faveur, ni per- sonne de qui je pusse me réclamer. Lorsque je fus en liberté, je me souvins que le com- missaire Raimond m'avait témoigné quelque bienveillance à Rochefort, et qu'il aurait favorisé mon passage, sans l’opposition de son tout puissant collègue Sonthonax. J'osai donc solliciter une petite audience de lui, et je l’obtins sans peine. Je lui rappelai la bien- veillance qu'il avait eu la bonté de me témoigner à Rochefort, et le priai de me la conti- nuer au moins jusqu'à ce que j'aie pourvu à mon existence. Je ne lui cachai pas que je ne possédais pas un denier, et qu'il y avait bientôt 24 heures que je n'avais mangé. I] fut sensible à ma posilion; m'invita à prendre ma part d'un déjeuner qui était servi; ce que je fis de fort bonne grâce. Il dit ensuite à sa femme de me donner deux gourdes, afin que je pusse faire descendre mon coffre qui était encor à bord, et il me permit de le déposer chez lui. La commission ayant ou paraissant avoir envie d'établir un Jardin Botanique au Cap, quand ses affaires majeures lui en laisseraient le loisir, elle me destina pour en être le futur jardinier ; mais en attendant l’accomplissement de ce projet, elle me mit en subsis- tance à l'hopital militaire où j'ai vécu pendant deux mois avec une ration de malade par jour. Pendant mon séjour à l'hopital, j'ai commencé les premiers fascicules d’un herbier, je me suis familiarisé avec les plantes de Saint-Domingue, et j'ai fait 2 envois de graines au Muséum, l’un composé de cent et l’autre de cent quatre vingt espèces. L'on ne m'a jamais accusé la réception de ces envois, ni de ceux que je fis dans l’an cinq, quoiqu'ils fussent parvenus à leur destination; car j'avais continué de mettre dans la boète même qui contenait les graines des lettres pour mes parens et mes amis avec prière à M. Thouin de les envoyer à leur adresse, et j'ai reçu les réponses à toutes ces lettres, excepté à celles adressées à Monsieur Thouin lui-même. La commission ayant organisé l'instruction publique, je fus nommé jardinier du Jardin 68 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. où l'on devait enseigner les premiers éléments d’agriculture aux enfans. Ce jardin n'a jamais existé, du moins sous le rapport de l’instruction. Je fus cependant assez sot pen- dant cinq mois pour labourer, ratisser, espérant toujours les secours que me promettait L'abbé Lahaye, dupe de la commission et directeur de ce futur jardin. N'ayant jamais pu toucher un sou des appointemens qui m'étaient accordés; me trou- vant presque nud ; ma santé étant très altérée par la trop pelite quantité et par la mau- vaise qualité de la nourrilure que je prenais, j'ai cru devoir abandonner une place où j'étais évidemmont inutile; car la commission ou plutot Sonthonax, n'avait jamais eu réellement envie d'établir ce jardin, comme la suite le prouva. J'entrai donc en qualité de commis dans l'administration, où je touchai du moins de temps en temps quelque acompte ; mais J'avais déjà le physique tellement affaibli par les privations de toute espèce, el le moral tellement abattu par le meurtrier silence de M. Thouin, que Je dûs enfin succomber. Mes organes me refusèrent leurs fonclions ; une fièvre indélerminée me conduisit droit à l'hopital, où je restai plusieurs mois, et où je relournai encore deux fois dans la même année, tant il est vrai combien j'étais affaibli. J'ai les plus grandes obligations à M. Fillassier, cet officier eut la bonté de me donner du travail convenable à mes forces et des alimens convenables à mon estomac délabré. Cependant la fièvre ne me quittait pas, et mon estomac faisait toujours mal ses fonctions. Je crus aussi que le lieu que j'habilais s'opposait à mon rétablissement; c'est pourquoi j acceptai de l'emploi qui m était offert depuis longtemps à la Direction des fortifications. Le travail de cette nouvelle place, plus varié et infiniment plus agréable que celui d'un copiste, contribua je crois peu à peu à rétablir ma santé, du moins, au bout de quelques mois, je me sentis assez fortifié pour ne plus désespérer de revoir un jour ma patrie. Il y avait environ deux mois que le Général Hedouville était à Saint-Dominique, lors- qu'il me charge de lui faire un herbier, et il m'accorda à cet effet 25 gourdes par mois. Cette somme était suffisante alors à mon existence mais ne me suffisait pas pour faire les courses qu'exige la Botanique. Aussi le général Hédouville m’avait-il promis que, par un arrêté, il me ferait fixer des appointemens suffisants, lorsqu il s’occuperait de l'instruction publique. Je me livrai donc entièrement à la Botanique. Je compris bientôt combien l'art du dessin est utile à celui qui, comme moi, n'a pas celui de s'exprimer avec celte préci- sion que l’on voit partout dans votre ouvrage. D'après mon principe, que l’on n'est jamais trop vieux pour apprendre, je me mis donc à dessiner et à faire marcher de front le dessin et la description de chaque plante, à mesure que je les mettrais dans ma collection. Depuis ce temps l’expérience m'a appris que ce moyen est peut être le seul qui put mener promplement et surement à une connaissance exacte des plantes. Le dessin et la des- cription, devant s'accorder en tout, se prêtant un mutuel secours : l’un montre une omis- sion ou une erreur dans l’autre. Ceci est si vrai que j'ai été obligé quelquefois de retoucher des descriptions faites avant le dessin. Mais je ne suis pas encor au moment de vous parler de mon travail. Je retourne au Général Hédouville. Il y avait près de 4 mois que j'étais entièrement livré à la Botanique, lorsque le retour inopiné de ce Général en France m'ota les moyens de continuer mon travail. Je fus donc forcé d'abandonner la Botanique pendant les sept mois qui s'écoulèrent depuis son départ Jusqu'à l’arrivée de l'agent Roume qui vint le remplacer. Ce nouvel agent me fit accorder par mois les 25 gourdes que je touchais du temps du Général Hédouville, mais payables par l'administration : elle s’en acquilta pendant les six premiers mois, ensuile je ne reçus plus rien. L'agent Roume me paya quelques mois de sa caisse; mais bientôt, étant lui-même sans moyens, ensuile sans autorité, enfin sans liberté, je me trouvai encor obligé d'abandonner la Botanique et de faire des plans de maisons pour la direction des fortifications, comme j'avais fait au départ du Général Hédourille. DOCUMENTS. 69 Après lant de traverses, la forlune se dérida pourtant un peu en ma faveur. J’ai trouvé chez un étranger des secours que je n'avais pu obtenir déjà de qui je devais naturellement en attendre. Le docteur Stevens, Consul général des États-Unis d'Amérique, est celui à qui je dois la conservation et l'augmentalion de mon travail. Les secours que j'ai obtenus de sa libéralilé m'ont mis à même d'augmenter non seule- ment ma collection, mais encor mes connaissances en Botanique. Je lui dois tout, jusqu'à mon retour en France; car c'est lui qui m'a encor procuré les moyens de me rendre aux Étals-Unis près du consul Français qui favorisa mon passage pour France. Si la réussite d'une entreprise élait proportionnée au zèle qu'on y a déployé, certes peu de voyageurs auraient mieux mérilé que moi de la Botanique. J'ai surmonté des obstacles que d’autres n’ont osé regarder que de bien loin. Mais il ne me convient pas de me faire ici un mérite ni de mon zèle, ni de mes peines : si je n'ai rien fait pour l'avancement de la science je ne suis qu’un éphémère. Depuis longtemps Monsieur c'est vous que j'ai choisi pour être mon juge. C'est à votre Censure que je soumets mon travail, qui est composé de cinq parties assez distinctes. Savoir : 1 d'une collection de plantes sèches. 2 — — de graines de toutes ces plantes. 3 des descriplions des mêmes plantes. 4 des dessins de presque loutes celles que j'ai décrites. 5 de beaucoup de Notes sur les aphorismes du Critica Bolanica de Linné. La collection de plantes sèches n’est peut être pas aussi nombreuse que vous croyez car je me suis fait une loi de décrire ct de dessiner chaque plante avant que de la mettre dans ma collection. J'ai toujours cru que toutes ces grandes collections dont les objets ne sont déterminés en aucune manière étaient onéreuses à la science et la source de beau- coup d'erreurs qui s’y sont introduites. Ce n'est point sur la beauté de mes dessins que j'en fonde le mérite : ils en ont au contraire très peu de ce côlé; mais c'est sur les détails des parlies de la fructification que j'ai taché d'exposer très fidèlement. Si je laisse encor beaucoup de choses à décrire sur ces parties, c'est qu'il me fut impossible de me procurer les instrumens d'optique nécessaire. (Bibliothèque du Muséum.) XXIV LETTRE DES PROFESSEURS AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, DEMANDANT LE DÉPART DE POITEAU ; POUR SAINT-DOMINGUE. 9 ventôse an 11 (1). Les professeurs du Muséum au Ministre de l'Intérieur. Ce Ministre, Vous avez bien voulu accorder au C® Poiteau un traitement de 6000 fr. pour quil retournat à Saint-Domingue afin de continuer ses recherches sur l'histoire naturelle de cette colonie, et d'envoyer au Muséum tout ce qu’elle peut offrir d'intéressant. Nous vous prions de ne pas suspendre l'exécution de ce projet. Les talens du CG‘ Poiteau vous sont connus par le rapport de l'Institut et par celui que nous avons eu l'honneur de vous adresser. Depuis qu'il est en France il a fait encore beaucoup de progrès dans le dessin (1) 28 février 1803. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 3° DIVISION. Bureau des sciences. Réponse à leur lettre du 11 ventose (2). Enrégistrement vent. à l’arrivée, n° 417, départ, n° 42. Regrette de ne pou- voir accéder à leur demande. 70 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. et dans la connaissance des plantes, et nous sommes persuadés qu'il rendra aux sciences les services les plus importans. La gratification que vous aviez eu la bonté de lui donner à titre de recompense et pour prix de la collection qu'il a remise au muséum a servi à le faire vivre depuis son retour. Si vous consentez à l'envoyer à Saint-Domingue, nous vous prions, C®* Ministre, de lui faire avancer une somme d'environ 1200 fr. pour achat de quelques livres dont il à besoin, et pour subvenir aux frais de son voyage. Il partira à l'instant ou vous lui en donnerez l’ordre. Nous vous atlestons que son séjour dans la colonie sera extremement utile et à l’histoire naturelle et à l'agriculture. Salut et respect. (Archives du Muséum, correspondance, Ventôse an 11.) XXV RÉPONSE DU MINISTRE, QUI REGRETTE DE NE POUVOIR ACCÉDER A LA DEMANDE PRÉCÉDENTE. Paris le ? germinal (1) an 11 de la République francaise. Le Ministre de l'Intérieur aux Professeurs du Muséum d'histoire naturelle. Vous m'invitez, citoyens, à effectuer le projet d'envoyer le C°* Poiteau à Saint-Domingue pour y continuer les recherches sur l’histoire naturelle; j'aurais désiré que le C‘* Poiteau se fut décidé à faire ce voyage lorsqu'il lui a été proposé; mais de nouvelles dispositions ne me permettent pas aujourd'hui d'accéder à votre demande. Soyez persuadés de tous mes regrets. Je vous salue, CHAPTAL. [Archives du Muséum d'histoire naturelle ; dossier de la séance du 9 Germinal an onze (3).] XX VI MINUTE DU CERTIFICAT DONNÉ A POITEAU, VERS 1804, PAR LES PROFESSEURS- ADMINISTRATEURS. Nous soussignés, Professeurs-Administrateurs au Muséum national d'histoire natu- relle, certifions que le citoyen Antoine Poiteau, âgé de 38 ans, natif d'Ambleny, Dép: de l’Aisne, a été occupé à la Culture du Jardin du Muséum, l’espace d'environ 5 ans, d’où il a été commisionné par le Gouvernement pour faire des recherches relalives à l'histoire naturelle à Saint-Domingue, que, depuis son retour en France, il est occupé à dessiner des objets de la nature pour des ouvrages ordonnés par le Gouvernement, que de plus et enfin, sa conduite et ses mœurs sont irréprochables. Fait etc. (Liasse de minutes de certificats des années 10 à 12 de la Répu- blique. Carton de la correspondance de l'an XI à l'an XIII. Archives du Muséum.) (1) 23 mars 1803. (2) 2 mars 1803. La lettre, dont la minute est du 9 ventôse ne partit peut-être que le 11. (3) 30 mars 1803. DOCUMENTS. 71 2 CP UE MINUTE DU CERTIFICAT DONNÉ A POITEAU LE 14 FÉVRIER 1816 PAR LES PROFESSEURS- ADMINISTRATEURS, Ecrire sur papier à la lettre et têle du Muséum. Nous soussignés, Professeurs-Administrateurs de cet établissement, cerlifions, d'après une longue connaissance de la personne, des travaux et des talens de M. Antoine Poiteau que : 1° Il s’est occupé très-jeune de la pratique de l'art du Jardinage, soit comme employé dans les différentes branches de la Culture du Jardin du Roi, soit en dirigeant celle du Jardin de botanique de la ville d'Agen. 2° Qu'il a voyagé dès le commencement de la révolution à Saint-Domingue et ensuite dans les États-Unis, pour se perfectionner dans la connaissance des plantes et faire des découvertes en botanique. 3° Qu'il a rapporté en France, de ses voyages en Amérique, un nombre considérable de graines et de plantes, dont beaucoup d’entre elles sont inconnues aux botanisles mo- dernes. 4° Qu'il a publié plusieurs de ces plantes nouvelles, dans les Mémoires des Savants étrangers de l’Institut et dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle. Les descrip- tions et les figures qui les accompagnent, lesquelles ont été faites par lui-même, ont obtenu l'approbation de la classe des sciences phisiques et mathématiques en même temps que celle des botanistes. 5° Qu'il s’est occupé avec fruit de l'étude de la physiologie et de l'anatomie végétale, et qu'il a fait des découvertes dans cette partie, qui doit servir de base au perfectionne- ment de la cullure des végétaux. 6° Qu'il est l'un des auteurs de la nouvelle édition des Arbres fruitiers de Duhamel du Monceau, quil a enrichi de beaucoup d'espèces et de variétés intéressantes inconnues de ses prédécesseurs, ouvrage qui lui mérite la reconnaissance des amis de l’agriculture. 1° Que, sans abandonner les arts du dessin, la publication de ses ouvrages scientifiques el l'étude de la phisique végétale, il dirige avec succès la culture du Jardin de botanique de l'École de médecine de Paris. 8° Et qu'enfin, ayant été fils respectueux, il est devenu époux affectionné, père tendre, et qu'il jouit à juste titre de la réputation d'un homme probe, honnête, paisible, d'un commerce sûr, d'ami des lois et de sujet fidèle. Fait à Paris, le 14 février 1816. Signé : THOUIN, DESFONTAINES, DE JUSSIEU, VAUQUELIN, LAMARCK, CUVIER. (Assemblée des professeurs-administrateurs : dossier de la séance du 7 février 1816. Archives du Muséum.) MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. Choix à faire d'un sujet propre à rem- plir les fonctions de botaniste du Roi à Cayenne. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 1 LO XX VIII COPIE D'UNE LETTRE DU MINISTRE DE LA MARINE AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, LE PRIANT D'IN- VITER LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DU MUSÉUM A LUI DÉSIGNER UN SUJET POUR LA PLACE DE BOTANISTE DU ROI A CAYENNE. Paris, le 21 octobre 1818. Monsieur, la Guyane française est susceptible d'offrir, pour la culture les denrées colo- niales, de nombreuses ressources qui ont fixé d'une manière particulière l'attention du gouvernement. Je m'occupe de procurer à cette colonie, s'il est possible, un accroisse- ment de population libre. Des instructions, ou données précédemment, ou actuellement préparées. tendent en outre, à y faire établir la culture en grand, de lous les végélaux utiles des deux Indes, et à y introduire également tous les animaux propres aux travaux agricoles et à la nourriture de l'homme. De semblables dispositions et l'importance même des produits actuels de la Guyane francaise, ou l’état possède entr’autres établis- semens agricoles, l'habitation des Épiceries, dite la Gabrielle, exigent qu'il y ait à Cayenne un botaniste, ou un naturaliste du Roi, à qui soit confiée la direction supérieure des cultures des propriétés domaniales, et sous les ordres de qui seraient placés les géreurs chargés de la partie purement économique, il présiderait à tout ce qui concerne la naturalisation des végétaux et des animaux exotiques, ainsi qu'aux amélioralions à introduire en ce genre ; il se livrerait aux recherches et aux expériences qui seraient jugées nécessaires, et rédigerait, sur ces diverses matières, des observations et des pro- jets sur lesquels je prendrais ici l'avis des savans, et particulièrement celui de MM. les administrateurs du jardin du Roi. Il serait alloué au botaniste de Sa Majesté à Cayenne un traitement de 6000 f, non com- pris une somme fixe qui pourrait être affectée aux frais de voyages, de recherches et essais. Le choix à faire ne pouvant être trop soigné, dans le double intérêt de la science et de la prospérité de la Guyane francaise, je prie V. E. d'engager MM. les adminis®" du jardin de Sa Majesté à s'occuper de la désignation d'un sujet qui réunisse les qualités propres à l'exercice de l’emploi dont je viens d'indiquer les fonctions et les attributions. Je prie V. E. d’agréer assurance de ma haute considéralion. Le pair de France, MS'° de la Marine el des colonies. Signé : le C'° Mort. A. S. £. le Ministre de l'Intérieur. (Assemblée des professeurs-administraleurs, dossier de la séance du 28 octobre 1818. Archives du Muséum.) MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR 2° DIVISION Sciences el beaux-arts. No 32299. Guyanefrancaise. Botaniste à désigner. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. 22 DIVISION. Sciences el beaux-arts. Naturalisation de plantes exotiques en France et dans les colonies. Renvoyé à MM. Des- fontaines et Thouin pour un rapport. DOCUMENTS. 1 XXIX LETTRE DU MINISTIIE DE L'INTÉRIEUR TRANSMETTANT AUX PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS LA COPIE PRÉCÉDENTE. Paris, le 24 octobre 1818. Messieurs, je vous envoie copie d’une lettre que je recois de M. le Mt* de la Marine au sujets des étab'° français à la Guyane. On veut augmenter la population libre de la colonie, envoyer des animaux uliles, naturaliser des plantes, et prendre enfin tous les moyens d'assurer la prospérité d'un pays dont les relations sont très intéressantes. Pour conduire une partie de ces améliorations, on a besoin d'un botaniste éclairé et dévoué. C'est à vous que l’on s'adresse pour la désignation d’un sujet propre à remplir les hautes vues de l'Administration. Ayez la bonté de vous occuper de suite de cette affaire et de me faire part de vos pro- positions pour le choix à arrêter. Vous verrez que le traitement ici offert est de 6,000", indépendamment des faveurs et avantages relatifs à la gestion. — J’attendrai votre rapport. J'ai l'honneur de vous offrir, Messieurs, l'assurance de ma considération. Le Mr Sr d'État de l'Intérieur. LAINÉ. MS les Profs ad' du Mus? d'h"° n°. (Assemblée des professeurs-administrateurs ; dossier de la séance du 28 octobre 1818. Archives du Muséum.) XXX LETTRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR PROPOSANT L'ENVOI DE NATURALISTES A BORD DES NAVIRES MARCHANDS. Paris, 2? novembre 1818. Messieurs, dernièrement vous m'avez prévenu qu'un naturaliste s’'embarquait à Roche- fort sur un vaisseau parlant pour les Indes. — Plus récemment encore je vous ai prié d'indiquer un botaniste pour un bâtiment que le M'*° de la Marine envoie à la Guyane fers; Ce sont de bonnes mesures. Mais je voudrais qu'il fut possible de les étendre et de les généraliser. Il serait à souhaiter qu'on put déterminer les armateurs à mettre à bord de leurs navires un naturaliste qui partout irait recueillir des plantes, des graines, pour les rapporter et les acclimater soit en France, soit dans nos colonies. Je ferais des fonds pour cette affaire. Je me chargerais des dépenses, et par les résultats de ces voyages, de ces échanges, on retrouverait et bien au delà les avances faites. Dès à présent je désirerais qu’on prit des moyens pour transporter et acclimater au Sénégal et à Cayenne l'arbre dont l'écorce est le Quinquina. Je sais que ce projet offre des difficultés, mais on doit pouvoir les vaincre et j'espère que par vos soins on y par- viendra. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série. — IX. 10 74 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Je vous prie, Messieurs, de rédiger une double instruction, et pour l'objet général dont je viens de vous entretenir, et pour l’objet particulier dont je vous ai parlé ensuite. Vous examinerez quelles sont les mesures propres à assurer la réalisation des idées que je vous ai communiquées. Vous voudrez bien me faire sur le tout un rapport que je recevrai et lirai avec autant de reconnaissance que d'intérêts. J'ai l'honneur de vous offrir, Messieurs, l'assurance de ma considération. Le Mir S° d’État de l'Intérieur. LAINÉ. Ms les PrS ad°® du Jardin du Roi. (Assemblée des professeurs-administrateurs; dossier de la séance du 4 novembre 1818. Archives du Muséum.) XXXI LETTRE DES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS AU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, PAR LAQUELLE ILS PROPOSENT POITEAU POUR LA PLACE DE BOTANISTE DU ROI A LA GUYANE. 11 novembre 1818. S. £, Le Ministre de l'Intérieur. Nous avons reçu la lettre de V. Ex. du 24 octobre à laquelle était jointe une copie de celle du M''° de la Marine au sujet des Établissements français à la Guyane. Le Ministre annonce l'intention d'améliorer les Établissemens déjà existans à Cayenne, celle d'y établir la culture en grand des végétaux des deux Indes, et le besoin qu'on aurait d’un Botaniste du Roi auquel serait confiée la direction supérieure des cultures. D’après le désir du Ministre de la Marine et l'invitation de V. Ex., nous nous sommes occupés des moyens de remplir ses intentions pour le choix d’un homme capable d'exercer les fonctions de Directeur des Établissemens de Cayenne, et nous ne croyons pouvoir mieux faire que de désigner M" Poiteau. M: Poiteau, ancien Élève du Jardin du Roi, a résidé plusieurs années à Saint-Domingue. Maintenant il dirige la culture des pépinières du Roi de Versailles ; c’est un botaniste distingué et connu par d’excellens mémoires lus à l’Académie des sciences, approuvés par elle, et publiés dans les Annales du Muséum d’hist° n°. Il est un des auteurs de la nouvelle édition des arbres fruitiers de Duhamel, et, aux connaissances qu'il possède dans les siences naturelles, il réunit une longue pratique de la culture, le talent d’un très bon dessinateur, et une conduite irréprochable. Nous ne connaissons personne qui soit plus propre à remplir les vues de S. Ex. le M"° Secrét® d'État de la Marine, et nous avons l'honneur de vous le proposer. (Archives du Muséum d'histoire naturelle, correspondance, novembre 1818.) MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES. DIRECTION DES COLONIES. Bureau d'administralion. Avis de la nomina- tion de M. Poiteau, en qualité de bo- taniste du roi à Cayenne. Observa- tions à ce sujet. MM. les profrs fe- rontuneinstruction pour M. Poiteau, chacun en ce qui peut concerner la partie qu'il pro- fesse. ?t DOCUMENTS. XXXII LETTRE DU MINISTRE DE LA MARINE DONNANT AVIS AUX PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE LA NOMINATION DE POITEAU AUX FONCTIONS DE BOTANISTE DU ROI A CAYENNE. Paris, le 26 décembre 1818. Messieurs les Professeurs-administrateurs du Muséum d'h"° naturelle au Jardin du Roi. Messieurs, j'ai l'honneur de vous prévenir que j'ai nommé, aux fonctions de botaniste du Roi directeur des cultures de l'habitation de {a Gabrielle à Cayenne, M' Poiteau, que vous avez bien voulu désigner pour cette place à Mr le Ministre de l'Intérieur. Je ne doute pas que M. Poiteau ne justifie votre suffrage et mon choix, par son zèle pour le service du Roi et pour la science. Dans l'intérêt de celle-ci, il vous paraitra peut être utile de rédiger, pour le botaniste de Cayenne, une instruction particulière que je me chargerais de lui faire parvenir, en lui prescrivant de s’y conformer, et dans laquelle seraient indiqués, indépendemment des principes généraux qui doivent le guider dans la direction des cultures, et des dispo- sitions à faire pour obtenir de bons résultats, les diverses matières sur lesquelles il aurait à entretenir avec vous une correspondance régulière par l'intermédiaire de mon département, qui se chargerait de lui faire passer vos réponses. Je vous prie de me donner votre avis à ce sujet et de compter en toute occasion sur mes soins à faciliter et à étendre, entre le Muséum d'histoire naturelle et nos possessions d'outremer, des relations qui me paraissent également intéressantes pour l’histoire natu- relle et pour l’agriculture coloniale. Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération distinguée. Le Pair de France Ministre Secrétaire d'État de la Marine et des Colunies. Cte Moré. (Assemblée des professeurs-administrateurs ; dossier de la séance du 30 décembre 1818. Archives du Muséum.) XXXIII LETTRE DE POITEAU AUX PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS, LES PRIANT D'APPUYER PRÈS DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR LA DEMANDE QUIL VENAIT DE FAIRE POUR SES FILS. Trianon, 23 février 1819. A Messieurs les Professeurs composant l'administralion du Jardin royal des Plantes. Messieurs, Quelque grande que soit la faveur dont vous venez de m'honorer en me faisant nommer Botaniste du Roi Directeur des habitations de Sa Majesté à la Guyane française, j'ose encore vous supplier d'y en joindre une autre qui en sera le complément. Le 9 de ce mois j'ai adressé à Son Excellence le Ministre de l'Intérieur, deux lettres par lesquelles, après lui avoir exposé ma situation et mon prochain départ pour la 16 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Guyane, je la suppliais de vouloir bien ordonner que mon fils ainé, agé de 11 ans, actuel- lement externe au College de Versailles, fut reçu comme élève aux frais du Gouverne- ment dans l’un des colleges royaux de France, et que mon fils cadet agé de 10 ans, fut recu à l’École des arts et metiers de Chalons. J'ai séparé ces deux demandes afin que chacune d'elles put être renvoyée à sa division respective. D'après les informations que j'ai prises, je sai que ces demandes n'ont pas été apos- tillées de Son Excellence, et qu'elles resteront sans réponse, si vous, Messieurs, n'avez la bonté de les appuyer auprès de Son Excellence le Ministre de l'{ntérieur. C'est la grace que je réclame aujourd'hui de votre bienveillance, Messieurs, avec la plus vive instance : je n'ai plus que peu de tems à rester en France, et si vous daignez ne pas rejeter ma prière, votre recommandation ne peut arriver trop tot à Son Excel- lence. Je suis avec un profond respect, Messieurs, votre très humble et très obligé serviteur, POITEAU. (Assemblée des professeurs administrateurs; dossier de la séance du 24 février 1819. Archives du Muséum.) XXXIV LETTRE DES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS APPUYANT PRÈS DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR LA DEMANDE PRÉCÉDENTE. 26 février 1819. S. Ex. le Ministre Secréte d'Etat de l'Intérieur. Mons®, D'après la demande de S. Ex. le M'° Sécrét® d'Etat de la Marine et des Colonies, nous lui avons designé M" Poiteau comme le plus propre par ses connaissances à exercer les fonctions de Botaniste du Roi Directeur des habitations de Sa Majesté à la Guyane française. _ Le S' Poiteau, agréé par le Ministre, est sur le point de partir pour se rendre à sa destination. Il est reconnaissant du choix que le Ministre a bien voulu faire de lui; mais il ne peut sans une vive inquiétude considérer la position où son départ met ses deux fils, agés de 10 et de 11 ans. En les emmenant avec lui, il les priverait de tout moyen d’instruclion, en les laissant en France il aurait à faire des sacrifices bien au dessus de ses facultés. Dans cet embarras pénible pour un père, il supplie V. Ex. de placer ses enfans dans les Établissemens consacrés à l'instruction des fils de fonctionnaires publics : il désirerait que l’ainé put être placé dans un Collège Royal et le cadet dans l'École d'arts et métiers de Chälons. Nous croyons devoir joindre nos instances à celles de M: Poiteau, et la prier d’accueillir avec bonté sa demande, qui nous semble d'autant plus juste qu’en s’expatriant ce natu- raliste sacrifie son repos aux intérêts de la colonie, à laquelle nous sommes assurés qu'il rendra de grands services. Nous espérons que V. Ex. jugera que la demande de M' Poiteau est assez pressante MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. Bureau des sciences el beaux-arts. No 39014. MINISTÈRE DER LA MARINE ET DES COLONIES. DIRECTION DES COLONIES. Bureau d'administration. Dispositions faites pour qu'ils recoi- vent de Cayenne les objets d'histoire naturelle indiqués dans leur lettre du Smarsetpourlesre- cherches à faire re- lativement au quin- quina. DOCUMENTS. 11 pour être l'objet d'un rapport spécial à Sa Majesté, et que l'obligation où il est de partir sous peu de tems le place dans une circonstance tout à fait particulière, Nous avons l'honneur, etc. (Archives du Muséum d'histoire naturelle, correspondance, février 1819.) XXXV LETTRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR AUX PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS, LEUR ANNONÇANT QUIL A TRANSMIS AU MINISTRE DE LA MARINE LEUR RAPPORT SUR LA RECHERCHE DU QUINQUINA A LA GUYANE. Messieurs, j'ai reçu, avec votre lettre du 24 Décembre dernier, les nouvelles instruc- tions que je vous avais invité à rédiger pour faciliter la recherche du Kina. Je les ai lues avec intérêt et ne puis qu'applaudir au zèle qui vous a dirigé dans la poursuite de ce projet utile. J'ai donné communication de votre rapport à M' le Ministre de la Marine, en l'invitant à charger M° Poiteau, à qu'il a confié la direction des pépinières coloniales de la Guyane française, de se livrer à l'exploration des montagnes de ce continent. Vous pensez que, dans les mêmes vues, on pourrait proposer à M' Bonpland de remonter le fleuve de l'Amazone....…. J'ai l'honneur, Messieurs, de vous offrir l'assurance de ma considération. Le C!'° DECAZESs. MA. les professeurs-administrateurs du Muséum d'histoire naturelle du Jardin du Roi. (Assemblée des professeurs-administrateurs, dossier de la séance du 10 mars 1819. Archives du Muséum.) XXXVI LETTRE DU MINISTRE DE LA MARINE ANNONÇANT QUIL A REÇU LE RAPPORT SUR LA RECHERCIE DU QUINQUINA A LA GUYANE ET QU'IL VA ÉCRIRE A CE SUJET A M° POITEAU. Paris, le 17 mars 1819. Messieurs les Professeurs-Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle. Messieurs, j'ai recu votre lettre du 8 de ce mois, par laquelle vous m'annoncez que les quatre caisses contenant une collection d'animaux et de plantes préparée à Cayenne par feu M’ Martin, sont parvenues en bon état au Jardin du Roi. Je viens d’en transmettre une copie à M. Poiteau et à M" le Comte Carra S' Cyr, en les priant de prendre les soins nécessaires pour que les divers objets d'histoire naturelle que vous demandez vous soient adressés le plutot qu'il sera possible. M: le Ministre de l'Intérieur vient de m'envoyer le rapport de Mr Desfontaines, en date du 23 X°'° 1818, sur les recherches à faire relativement au quinquina, que l'on présume exister sur les montagnes de l’intérieur de la Guyane, et dont il s'agirait d'introduire la culture à Cayenne et à la Martinique, en le tirant au besoin des possessions espagnoles. 18 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Je vais écrire à ce sujet à M' Poiteau, qui est destiné pour Cayenne, en qualité de Botaniste du Roi. Je vais charger aussi le Consul de Sa Majesté à Rio Janeiro de ne rien négliger pour que M. Bonpland, ou à son défaut quelqu'autre naturaliste français, soit invité à recueillir et à transmettre, suivant vos indications, les variétés du Chincona que l'on pourra se procurer dans l'Amérique espagnole, et je prie M. le Comte Decazes de me faire parvenir à cet effet, s’il y a lieu, des ampliations du rapport de M. Desfontaines et des desseins qui y étaient joints. Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération distinguée. Le Ministre Secrétaire d'Etat de la Marine et des Colvnies. Baron PorTAL. (Assemblée des professeurs-administrateurs, dossier de la séance du 23 mars 1819. Archives du Muséum.) XXXVII MINUTE DE LA LETTRE DES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS ADRESSÉE AU MINISTRE DE LA MARINE AVEC LE CATALOGUE DES COLLECTIONS APPORTÉES DE LA GUYANE PAR POITEAU. A Son Exc. le Ministre de la Marine, etc., etc. 29 avril 1822. Mer, Il est de notre devoir de vous rendre compte des services rendus à la Science et à notre établissement par M. Poiteau. La collection qu'il vient de rapporter de Cayenne a été examinée ; on en a fait un cala- logue qui est ci-joint, et elle est aussi variee qu utile pour l'accroissement des collections du cabinet du Roi. Les mammifères sont au nombre de 35 individus ; il y a 16 espèces, et 11 d’entre elles sont déjà données à préparer pour prendre place dans les galeries de zoologie. La collection d'oiseaux, au nombre de 383 individus, se comple par 149 espèces, 66 ont été choisies pour le cabinet. Plusieurs d’entr'elles sont nouvelles pour la Science, et les autres serviront à remplacer par des individus frais et mieux conservés des exem- plaires defectueux de ces mêmes espèces que l’on n'avait pas recues au Muséum depuis longtemps. La collection de reptiles n’est pas moins curieuse. Quoique le nombre soit très petit, puisqu'il n’y a que 12 espèces et 16 individus, les professeurs de zoologie ont remarqué huit espèces qui doivent augmenter cette partie déja très riche des collections zoologiques du Jardin du Roi. Enfin M' Poiteau s’est aussi occupé de ramasser des coquilles, et, parmi celles quil a recueillies, il en est qui n'avaient pas encore été observées par les naturalistes. L'administration sera très flattée que ces détails engagent Votre Excellence à traiter favorablement cet homme laborieux et utile. Nous vous prions d’agréer l'hommage du respectueux dévouement avec lequel nous sommes. Monseigneur de V. Exec. les, elc. (Archives du Muséum, correspondance, Avril 1822.) _ DOCUMENTS. XXX VIII LETTRE DE POITEAU AUX PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS, LES PRIANT DE L'APPUYER DANS SA DEMANDE POUR RETOURNER A CAYENNE. Paris, 14 mai 1822. A Messieurs les Professeurs el Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle. Messieurs, J'ai appris par M" Daugier chef du Personnel au Ministère de la Marine, que Son Excellence me traiterait favorablement si vous aviez la bonté de l’assurer que vous vous intéressez à moi, et que ma résidence à la Guyane est utile à l’agriculture, à l’histoire naturelle et à l'augmentation des richesses du Muséum. Je vous supplie, Messieurs, d’avoir la bonté de faire écrire dans ce sens au Ministre de la Marine, el de lui faire sentir que mou retour à Cayenne est nécessaire. Je proteste, Messieurs, que ce n'est que parce que je voulais remplir mes devoirs dans toute leur étendue, c’est à dire me rendre utile à l’agriculture, à la science et à votre établissement que j'ai déplu à l'homme vil et ignorant à la merci duquel le Gouverneur m'a mis, sans aucune raison que la justice et le besoin puissent avouer : ma probité et mes connais- sances contrariaient cet homme dans ses vues ambitieuses ; il m'abreuva de dégoûts, en ne me permettant pas de prendre quelques nègres sur l’habitation du Roi pour me suivre et m'aider dans mes excursions et mes recherches en histoire naturelle; en s’efforçant constamment de persuader au Gouverneur et aux habitans que je n'élais pas cultivateur ; en voulant jeter du louche sur ma probité, et en tachant de faire tomber sur moi les inconvéniens de son impéritie en administration. Cet homme mal famé, étranger à toute espèce de service, a été fait presque simullanément Directeur du Domaine, Direc- teur de l'Intérieur, Directeur des chantiers, Directeur des successions vacantes, Direc- teur des haras et ménageries ; il ne lui manque plus que d'être Directeur de l'habitation la Gabrielle qui rapporte deux cent mille francs par an, pour être au comble de ses vœux, et je suis un obstacle à une aussi belle perspective. Cela explique clairement son obsti- nalion à me nuire. Si Monsieur le Gouverneur, au lieu de me mettre à la merci d’un vilintrigant, m'eut donné pour chef un honnête homme pénétré de la dignité de sa place, j'aurais toujours été bien avec lui, et on ne m'aurait pas envoyé rendre compte de ma conduite à Son Excellence le Ministre de la Marine. Les tracasseries de ce méchant homme ne m'ont pas permis de travailler autant que vous aviez droit d'attendre de mon zèle et de ma reconnaissance. Si, par votre bienveil- lance, Messieurs, le Ministre me renvoie reprendre mes fonctions à Cayenne, il faudrait que le Directeur du Domaine ne put que me donner des ordres, me demander des comptes, me surveiller, s'il le juge à propos, mais qu'il me laisse libre dans les détails de mon service, et ne m'arrête que quand je ferai mal. Par ce moyen je ferai marcher de front la culture et l’histoire naturelle et pourrai vous donner des preuves de mon zèle et de mon dévoument. Je crois avoir découvert dans deux jardins de Paris une canelle supérieure à celle cul- tivée à la Guyane. Il serait digne de la sollicitude de Son Excellence de me charger d'en 80 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. porter un ou deux pieds à Cayenne pour la multiplier, ainsi que le Camphrier. Laurus camphoratus L. Je suis avec un profond respect, Messieurs, Votre très humble et très obéissant serviteur, POoITEAU. (Assemblée des professeurs-administrateurs, dossier de la séance du 14 mai 1822. Archives du Muséum.) XXXIX MINUTE DE LA LETTRE ADRESSÉE PAR LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS AU MINISTRE DE LA MARINE POUR APPUYER POITEAU, QUI DEMANDAIT A RETOURNER A CAYENNE. 23 mai 1822. S. Ex. le Ministre de la Marine et des Colonies. ME, L'administration du Museum d'histoire naturelle, dans la lettre qu'elle a eu l'honneur d'adresser à V. Ex. le 29 du mois dernier, avait regardé comme un devoir de vous rendre compte des services de M° Poiteau, Directeur des cultures des arbres à Épiceries de Cayenne, et, récemment revenu à Paris, a rendu à la Science en général et plus particu- lièrement au Jardin du Roi. Nous avions joint à notre lettre, qui énonçait sommairement les nombreuses et utiles collections de mammifères, d'oiseaux, de reptiles et de molus- ques dont il a enrichi les cabinets de $. M., un catalogue plus détaillé de ces mêmes objets, et nous terminions en sollicitant votre bienveillance en faveur de M' Poiteau, dont les travaux nous ont été si utiles. Nous désirons, Monseigneur, rappeler de nouveau votre attention sur M' Poiteau, par quelques détails sur sa personne, convaincus que des éclaircissements que nous vous transmettons aujourd’hui, il résultera pour M° Poiteau l'obtention de la demande qu'il a eu l'honneur de vous faire, de reprendre les fonctions de Directeur de l'habitation de la Gabrielle dans la colonie de Cayenne. M" Poiteau à fait le premier apprentissage de l'élat de cultivateur dans son pays, et s’est perfectionné dans les diverses branches de l'art agricole au Jardin du Roi, d'où il est passé à Saint-Domingue. Il est resté 18 mois dans cette île, en est sorti à l'époque de la révolution, et s’est rendu aux États Unis, où il a continué ses recherches en botanique. Revenu à Paris, il a contribué avec M' Turpin à la nouvelle édition des Arbres fruitiers de Duhamel, a occupé pendant plusieurs années la place de Jardinier en chef de la Faculté de médecine à Paris, et a successivement rempli avec distinction les fonctions de Directeur des Pépinières du Roi à Versailles, à Trianon puis à Marly. Il occupait cette place, lorsque (sur la demande de votre prédécesseur, d'un cultiva- teur habile pour remplacer Joseph Martin décédé à Cayenne Directeur du Jardin à Épice- ries de /a Gabrielle), nous présentames M Poiteau comme le plus propre à cette fonc- tion. Nous persistons avec d'autant plus de raison dans cette opinion favorable à M" Poiteau que, d’après le compte qu'il nous a rendu de ses travaux pendant le séjour qu'il vient de faire à Cayenne et les preuves incontestables qu'il nous à fourni de ses lumières et de son MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES. DIRECTION DES COLONIES. Bureau du personnel. ‘Au sujet de M. Poi- teau, botaniste du roi, ex-directeur des cultures des habi- tations royales à Cayenne. Une pièce jointe. Écrire pour demander le catalogue. DOCUMENTS. 81 zèle, il nous a convaincus des droits qu'il auroit à reprendre son emploi à Cayenne. C'est donc avec la plus grande confiance que nous prions Votre Excellence d'autoriser M° Poi- teau à se rendre au poste qu'il occupait déja, puisque tout nous prouve qu'il justifiera l'opinion que nous avons conçue de ses moyens et la certitude qu'il se rendra digne du choix de Votre Excellence. Nous sommes, etc. (Archives du Muséum, correspondance, mai 1822.) XL LETTRE DU MINISTRE DE LA MARINE, ANNONÇANT LA SUPPRESSION DE LA PLACE DE BOTANISTE DU ROI ET RÉCLAMANT LE CATALOGUE DU JARDIN ROYAL DES PLANTES A CAYENNE. Le 17 octobre 1822. Messieurs, j'ai recu les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire au sujet de M: Poiteau, botaniste du Roi, envoyé à Cayenne en 1818, en qualité de Directeur des cul- tures des habitations royales, et revenu en France au commencement de 1822, par ordre de M' le Commandant et Administrateur de la Colonie. Il résulte des rapports parvenus de Cayenne à ce sujet, et des mémoires fournis par M Poiteau, que son renvoi ne peut être attribué qu'à l'incompatibilité qui existait entre lui et le Directeur du Domaine, et qui avoit donné lieu à des discussions tellement vives que l'administration locale a jugé indispensable d’éloigner le Directeur des cultures. J'ai reconnu, d’ailleurs, que la conduite tenue par M" Poiteau, dans la colonie, n’étail pas de nature à lui faire perdre l'intérêt du Gouvernement. Mais, l'économie, d'une part, et, de l'autre, de nouveaux arrangements préparés relali- vement aux habitations du Roi dans la Guyare francaise, ont nécessité la suppression des deux places de Directeur des cultures et de Directeur des Domaines. J'ai, en conséquence, remis M: Poiteau à la disposition de M' le Ministre de l'Intérieur, en le recommandant à Son Excellence pour être placé en France, le plutot qu'il sera possible. Ce botaniste a été payé, sur les fonds de mon Département, à raison de 4000 f par an (2/3 de son trailement colonial) depuis son départ de Cayenne jusques à la fin d'aout 1822; et il continuera à recevoir le même traitement jusques à la fin de novembre. Il a touché, en outre, ses frais de route de Rochefort, où il a débarqué, jusqu'à Paris, ainsi que le supplément de traitement de 2000 f par an, qui lui avait été éventuellement promis par mon prédécesseur, et que je lui ai définilivement alloué sur la proposition de M' le Com- mandant et Administrateur de la Colonie jusques à la fin de 1821. Mr Cosnard, jardinier du Roi, destiné pour la Guyanne en Janvier 1821, demeure provi- soirement chargé de la Direction du jardin établi à Cayenne pour la conservation et la propagation des plantes exotiques et pour l'amelioralion des espèces indigènes. M: Laussat fait l'éloge de ce jeune botaniste qui, lors de son départ, avait été désigné comme donnant beaucoup d'espérance, et qui parait avoir, en effet, montré de l'instruc- tion et un grand zèle. J'aurai l'honneur de vous entretenir plus tard des dispositions qui seraient à faire pour l’organisalion définitive de ce service. La correspondance de M'le Commandantet Administrateur de la Guyanne fait connaître que M' Poiteau a emporté le Catalogue des plantes qui se trouvent au jardin du Roi dans la Colonie. Je joins ici copie d'une lettre de M' Laussat qui indique qu'il serait impossible NOCVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3€ série. — IX. il MINISTÈRE DE L A MARINE ET DES COLONIES, 82 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. de suppléer sur les lieux à ce document. J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien vous le faire remettre par M' Poiteau, et me l'adresser pour être transmis à Cayenne. Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération distinguée. Le Pair de France, Ministre Secrétaire d'Etat de la Marine et des Colonies, Marquis de CLERMONT TONNERRE. À Messieurs les Administrateurs du Muséum d'Histoire naturelle au Jardin du Roi à Paris. (Assemblée des professeurs administrateurs, dossier de la séance du 22 octobre 1822. Archives du Muséum.) XLI COPIE D'UNE LETTRE ÉCRITE AU MINISTRE SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE LA MARINE ET DES COLONIES PAR M' LE COMMANDANT ET ADMINISTRATEUR POUR LE ROI DANS LA GUYANNE FRANÇAISE, LE 7 MARS 189292. Monseigneur, Je disais à Votre Excellence, dans une lettre du 11 février dernier, N° 35, que j'avais donné ordre, au Jardinier du Jardin royal des Plantes à Cayenne, de m'en remettre le Catalogue. Il est venu me représenter que ce lui était, pour le moment et de long tems impossible. 11 ne connait pas la plus grande partie des Plantes qui s’y trouvent. Elles ont été appor- tées du dehors, et nommément de Manille et de l'Inde, par M: Perrotet. Ce jeune Bolaniste, qui en avait appris la nomenclature par tradition dans ses voyages, avait aidé M° Poiteau à les nommer et, par conséquent, à les classer. Avec le secours et grâce à ses propres recherches, M' Poiteau était parvenu à en faire le Catalogue assez complet. Lorsqu'il est parti, M' Cosnard le lui demanda. Il était naturel qu'il le laissat car, n'y ayant travaillé que comme Botaniste du Roi dans ce pays, l'ouvrage était censé appartenir à l'Élablissement. En supposant que toutes les plantes fleurissent, il faudrait à M" Cosnard une longue période de tems et d'observations et des livres de Botanique avant qu'il parvint désormais à nommer et classer toutes ces plantes. Je prie donc Votre Excellence d’ordonner, ou de faire ordonner par le Musée à M Poi- teau, qu'il remette le Catalogue du Jardin des Plantes de Cayenne tel qu'il l'avait dressé et au point où il était lors de son départ au commencement de Janvier d‘. J'espère que Votre Excellence aura ensuite la bonté de me l'envoyer pour M' Cosnard, jardinier du Roi. Agréez, etc. (Assemblée des professeurs administrateurs, dossier de la séance du 22 octobre 1822. Archives du Muséum.) Envoyer copie au ministre. DOCUMENTS. 83 XLII MINUTE D'UNE LETTRE DES PROFESSEURS ADMINISTRATEURS A POITEAU, POUR RÉCLAMER, AU NOM DU MINISTRE DE LA MARINE, LE CATALOGUE DU JARDIN ROYAL DES PLANTES A CAYENNE. 23 octobre 1822. M., S. E. le Ministre de la Marine et des Colonies, informé par M. le Commandant et Admi- nistrateur de la Guyane qu'il a été dressé un catalogue des plantes, tant de celles qui existaient dans le Jardin Royal à Cayenne que de celles rapportées de Manille et des Indes par M. Perrotet, botaniste, et que vous avez emporté lors de votre départ de celte colonie, nous charge de vous le demander. Ce catalogue redigé avec les soins de M" Perrotet lors de son séjour dans cette colonie, et étant la propriété de cet Établissement, nous vous invitons à nous le faire parvenir pour être transmis à S. E., qui se charge de le renvoyer à Cayenne. Nous avons l'honneur M. d’être avec considération vos très humbles et ob. À M, Poiteau, Botaniste du Roi. (Archives du Muséum d'histoire naturelle, correspondance, octobre 1822). XLIITI LETTRE DE POITEAU DÉCLARANT QU'IL N’A JAMAIS ÉTÉ RÉDIGÉ DE CATALOGUE DU JARDIN DES PLANTES DE CAYENNE. A Messieurs les Professeurs et Administrateurs du Jardin du Roi. Messieurs, Je m'empresse de répondre à la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire en date du 93 courant. Il n'a pas été rédigé de catalogue du jardin des plantes de Cayenne, ni par moi, ni par M' Perrotet, ni par nous deux conjointement. Je recueillais des notes soit à l'encre soit au crayon pour le former un jour. Monsieur le Gouverneur, d’après mes observations, avait parfaitement senti qu'on ne pouvait faire un bon catalogue qu'après avoir vu les plantes en fleurs et en avoir déter- miné les caractères au moyen des auteurs classiques : aussi Monsieur le Gouverneur avait-il demandé à Son Excellence le Ministre de la Marine les livres de Botanique que je lui avais indiqués, et il m'a dit depuis que ces livres avaient été accordés : illes attendait quand il m'a envoyé en France. Ainsi, non seulement il n’a pas été rédigé de Catalogue du Jardin de Cayenne, mais Monsieur le Gouverneur reconnaissait parfaitement qu'on ne pourrait le rédiger convena- blement que quand il aurait reçu les livres que j'avais indiqués. Ces livres sont relatés dans la note que j'ai remise dernièrement à Monsieur Milius. 84 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Quant aux notes que je recueillais pour former un jour le Catalogue, elles sont restées dans le tiroir de la table sur laquelle j'écrivais étant à Cayenne. Je suis avec un profond respect, Messieurs, votre très-humble et très-obéissant ser- viteur, PorTEAu. (Assemblée des professeurs administrateurs, dossier de la séance du 29 octobre 1822. Archives du Muséum.) XLIV LEITRE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR CONSULTANT LES PROFESSEURS ADMINISTRATEURS SUR CE QUI POURRAIT ÊTRE FAIT EN FAVEUR DE POITEAU. 3605. Paris, le 4 novembre 1822. MINISTÈRE Messieurs, M le Ministre de la Marine me fait connaitre que M' Poiteau, botaniste, qui DE L'INTÉRIEUR. avait été nommé, en 1818, Directeur des cultures des habitations du Roi dans la Guyane — française, est revenu en France, au commencement de 1822, par ordre de Mr le Com- 4° DIVISION. mandant et administrateur de la Colonie. Ce ministre observe que l'économie et de nou- = veaux arrangements ont nécessité la suppression des deux places de directeur des cul- 2 bureau. tures et de directeur du domaine, et que la conduite de M’ Poiteau dans la colonie FT n’élait pas d'ailleurs de nature à lui faire perdre l'intérêt du Gouv'. Par ce motif, Son MESSE Excellence désirerait que ce botaniste put obtenir de l'emploi en France, le plutôt qu'il D'HISTOIRE NATURELLE. Eu : : à A 2 s oo c À serait possible. Veuillez me mettre à même de répondre à M. le Ministre de la Marine, en me transmettant votre avis sur ce qui peut être fait en faveur de M. Poiteau. M. Poiteau, botaniste Em roù corner Agréez, Messieurs, l'assurance de ma parfaite considération. des cultures des ha- a : 2, : bitations royales à Le Ministre Secrétaire d'Etat de l'Intérieur. Cayenne. COBIÈRES. Renvoyé à M. le Prde culture pour pré senter un projet de ; +: tte (Assemblée des professeurs administrateurs, dossier de la séance du 5 novembre 1822. Archives du Muséum.) MA. les administrateurs du Muséum d'histoire naturelle. XLV LETTRE DE POITEAU AUX PROFESSEURS ADMINISTRATEURS DU MUSÉUM, POUR LEUR INDIQUER CE QUI POURRAIT ÊTRE FAIT EN SA FAVEUR. Paris, 11 novembre 1822. A Messieurs les Professeurs-Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle. Messieurs, Son Excellence le Ministre de la Marine et des Colonies, en m’annonçant, par sa lettre du 19 octobre dernier, la suppression de ma place de Directeur des cultures à la Guyane française, ma appris aussi qu'elle me remeltait à la disposition du Ministre de l'Intérieur, DOCUMENTS. 8 avec invitation de m'employer dans l'intérieur de la France. J'ai été prévenu par les Bureaux de l'Intérieur que le Ministre vous demandait votre avis à ce sujet. Plein de confiance dans vos bontés, Messieurs, j'ose prendre la liberté de vous rappeler que c'était dans l'espoir de me rendre utile à votre Établissement et agréable à vous- mêmes que je suis allé à Cayenne; car je n'avais pas besoin de place: celle que j'occupais aux Pépinières royales de Versailles suffisait à mon ambition ; mais le Gouverneur de Cayenne, en dénaturant ma place et me mettant à la merci du Directeur du Domaine, à trompé vos espérances et les miennes. Alors mon séjour à la Guyane devenait à peu près inutile à votre Établissement, el ce n'a été qu’en me roidissant contre le Directeur du Domaine, que je suis parvenu à rassembler et mettre en caisse les plantes vivantes que vous a menées Mr Perrotet, et la collection que j'ai remise moi-même au Muséum. C'est enfin à ma persévérance à vouloir travailler pour vous que je me suis altiré la haine du Directeur du Domaine, et par suite mon retour en France. Dans ces circonstances, Messieurs, Son Excellence le Ministre de l'Intérieur, vous invite à lui indiquer le moyen de m'indemniser en quelque sorte de la perte de ma place. Vos bontés et votre bienveillance, Messieurs, me permettront de vous indiquer comment vous pourriez répondre à Son Excellence, selon votre cœur et suivant mes intérêts, qui ne sont d'ailleurs que conforme à la plus stricte justice. Je vous prie d’abord de prendre connaissance de la lettre du Ministre de la Marine, ei jointe, datée du 16 X?® 1818; vous y verrez qu'outre mes appointemens Son Excellence m'accordait une somme de mille à quinze cent francs pour étre affectée aux frais de voyages, recherches et essais. Monsieur le Gouverneur de Cayenne ne m'a pas accueilli quand je lui ai parlé de cet article, ct la position dans laquelle il m'avait mis auprès du Directeur du Domaine, ne m'a pas permis d'insister. Néanmoins, ayant (ourné mes espérances vers vous, Messieurs, et vers la justice de Son Excellence le Ministre de la Marine, je n'ai pas balancé à faire tous les sacrifices que ma position me permettait de faire pour réunir les objets d'histoire naturelle qu'il m'était possible de me procurer. Quand j'eus amené à Cayenne les plantes vivantes que j'avais élevées en caisse, à la Gabrielle, à l'insçu du Directeur du Domaine, le Gouverneur à été émerveillé de leur nombre et de leur beauté, et c'est à ma sollicitation qu'il a changé la destination de la gabare du Roi La Durance, en la chargeant d'apporter ces plantes à votre Établissement, avec celles que M° Per- rolet avait recueillies dans l'Inde. M' Perrotet sait que j'ai acheté huit rames de papier à quinze francs la rame, et que, sans ce papier, ni lui ni moi n'aurions pu vous rapporter un seul échantillon de plantes de la Mana. La poudre à tirer me coutait 7 francs la livre, el le plomb 1 f. 20°. La bourre pour les gros animaux me coutait 50°%i". ]a livre, et le coton pour les oiseaux vingt et trente sous. J'ai usé peu de liqueur, parceque je ne pou- vais pas me procurer de bocaux ; mais j'ai laissé à l'habitation quatre Dames-jeanne de tafñia destinés à mettre des animaux : J'ai acheté un fusil, que j'ai également laissé, croyant retourner à Cayenne : j'ai donné je ne sai combien de récompenses aux nègres qui m'accompagnaient et m'aidaient à porter mes collections : je n'ai pas fait de longs voyages ; mais j'en ai fait beaucoup de petits. Enfin, Messieurs, vous sentez parfaitement que les collections que j'ai déposées au Muséum n'ont pu se faire sans de penibles voyages et sans d'assez grandes dépenses, dans un pays aussi difficile que la Guyane. Vos inten- tions, Messieurs, et celles du Ministre, n'étaient pas que je sacrifiasse mes appointements à cet objet, et la leltre de Son Excellence, disant positivement que les mille ou quinze cent francs seront affectés aux frais de voyages, recherches, essais, il me semble par toutes les raisons susdites que j'ai droit à réclamer ces 1000 ou 1500 francs, par chaque année de mon séjour à Cayenne. Je vous supplie, Messieurs d’avoir la bonté de représenter à Leurs Excellences les Pe 27 novembre 1822 86 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Ministres de la Marine et de l'Intérieur, 1° Que les collections que j'ai remises au Muséum, m'ayant nécessité beaucoup de voyages et de dépenses; que n'ayant recu à Cayenne aucune espèce de secours pour cet objet, j'ai été obligé d’y employer mes appointemens; que cependant les 1000 à 1500 francs mentionnés dans la lettre du Ministre de la Marine, en date du 16 Decembre 1818, s’y appliquant directement, vous pensez quil est juste que Son Excellence me fasse toucher cette somme de 1000 à 1500 f., pour chaque année de mon séjour à Cayenne. 2 De rappeler au Ministre de l'Intérieur que quand il m'a proposé au Ministre de la Marine pour aller à Cayenne j'occupais une des quatre premières places de Jardiniers en chefs dans les Jardins du Roi, et qu’il serait de toute justice que Son Excellence voulut bien m'adresser au Ministre de la Maison du Roi, avec invitation de me faire réintegrer dans l’une de ces places. Je suis avec un profond respect Messieurs Votre très humble et très obeissant serviteur, POITEAU. (Assemblée des professeurs administrateurs ; dossier de la séance du 11 novembre 1822. Archives du Muséum.) XLVI PROJET DE RÉPONSE A LA LETTRE ADRESSÉE LE 4 NOVEMBRE 182% A L'ADMINISTRATION DU MUSÉUM PAR LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. Séance du 26 9Pre 1899. M: le Ministre de l'Intérieur. Par la lettre que Votre Excellence nous a fait l'honneur de nous adresser le 4 de ce mois, elle nous apprend que M" Poiteau directeur des cultures de la Guyanne française, vient d’être supprimé par suite de raisons d'économie, et que le Ministre de la Marine désire que ce botaniste puisse obtenir de l'emploi en France le plutôt possible. Lorsque M" Poiteau fut appelé à la fonction que ses connaissances le rendaient propre à remplir à Cayenne, il quitta la place de jardinier en chef des pépinières du Roi à Trianon et à Marly. Cette place est actuellement occupée par un cultivateur qui s’acquitte de ses fonctions d’une manière irréprochable et qu'il serait injuste d’en priver; mais deux autres places de jardinier en chef se présentent l’une à Stein près Paris, l’autre à Cham- bord. M: Poiteau serait vivement reconnaissant si, par l'intercession de Votre Excellence et par celle du Ministre de la Marine auprès de M° le Comte Mounier, il obtenait l’une ou l’autre. En attendant, pour l'indemniser, soit d'un déplacement qui a occasionné à lui et à sa famille des maladies longues et graves, soit des voyages qu'il a entrepris dans l'intérieur de la Guyanne, pour en connaître les productions et recueillir celles qui pourraient être uliles aux cultures royales de Cayenne et au Muséum d'histoire nat°° de Paris, le Ministre de la Marine pourrait lui faire allouer une somme de 1000 à 1500. Cette somme qui avait été fixée par S. E. pour des dépenses de cette nature pendant que M* Poiteau exer- cait ses fonctions, le mettrait à même d'attendre la place qu'il sollicite. MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES. MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES. DIRECTION DES COLONIES. Bureau d'administralion. Au sujet d'une indem- nité réclamée par M. Poiteau, ancien botaniste du roi à Cayenne. DOCUMENTS. 87 Ces deux demandes de Mr Poiteau semblent justes à notre administration, qui prie instamment Votre Excellence d'avoir la bonté de les prendre en considération. (Archives du Muséum d'histoire naturelle, correspondance, novembre 1822, n° 12). XLVII LETTRE DU MINISTRE DE LA MARINE QUI REGRETTE DE NE POUVOIR ACCUEILLIR LES RÉCLAMATIONS DE POITEAU. Paris, le 19 mars 1823. Messieurs, vous avez appuyé de votre recommandation les réclamations pécuniaires qui m'ont été adressées par M' Poiteau, ex-Directeur des cultures des habitations royales à Cayenne. Je regrette beaucoup qu'il ne m'ait point été possible d'accueillir ces réclamations. Les motifs qui m'en ont empêché sont indiqués dans une lettre que j'adresse aujourd'hui à M" Poiteau. Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération très-distinguée. Le Pair de France, Ministre Secrétaire d'Etat de la Marine et des Colonies. Marquis de CLERMONT-TONNERRE. P.-S. — Je vais faire examiner, un surplus, si, par la durée de ses services, M' Poiteau peut obtenir une gratification une fois payée. Messieurs les Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle, à Paris. (Assemblée des professeurs administrateurs ; séance du 25 mars 1823. Archives du Muséum.) XL VIII LETTRE DU MINISTRE DE LA MARINE AUX PROFESSEURS ADMINISTRATEURS, POUR LES INVITER A FAIRE PAYER PAR LE MUSËUM L'INDEMNITÉ DUE A POITEAU. Paris, le 26 juin 1823. Messieurs, à l'époque ou M’ Poiteau fut destiné pour Cayenne, en qualité de Botaniste du Roi, il fut décidé qu'indépendamment de son traitement fixe de 6000! et d’un supplé- ment éventuel de 2000! par an, une somme de 1000 à 1500 f. pourrait êlre affectée aux frais des voyages, recherches et essais qu'il aurait effectués dans la Colonie. L’'Adminis- tration locale était chargée de régler l'emploi de cette indemnité. M: Poiteau a touché sur les lieux, les deux premières allocations ; il a réclamé depuis son retour en France, le paiement de la troisième. M: le B°" Laussat, ex commandant et administrateur de la Guyane, à qui cette demande a été communiquée depuis son retour à Paris, a fait connaitre qu'il n’a point fait payer à M" Poiteau, dans la colonie, l'indemnité dont il s’agit, parce que les travaux de ce bota- niste, pendant son séjour dans la Guyane, se sont à peu près bornés au service de l’habi- 88 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. talion royale dite la Gabrielle dont il dirigeait les cultures, et que le seul voyage au dehors qu'il ait effectué est celui en 1820, comme membre de la commission d'exploration envoyée de Caïenne à la Mana en 1820; voyage qui a motivé, pour M' Poiteau comme pour les autres explorateurs, des allocations extraordinaires, réglées et soldées par l'Administration. Au reste, M' de Laussat pense que M Poileau mériterait d'obtenir une indemnité, à raison du zèle qu'il a mis à recueillir à ses frais, pour le Jardin du Roi à Paris, des collections d'histoire naturelle, dont la dernière a été rapportée et déposée par lui-même au Muséum. C'est à vous, Messieurs, qu'il appartient, de concert avec Mr le Ministre de l'Intérieur, de procurer à M" Poiteau cette indemnité à laquelle sa position actuelle parait le mettre dans le cas d’attacher une grande importance. Je vous serai obligé de m'informer de la décision qui aura été prise par vos soins, concernant cet objet sur lequel j'écris directement à Mr le Comte de Cubières. Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération distinguée. Le Pair de France, Ministre secrétaire d’État de la Marine et des Colonies. Marquis de CLERMONT-TONNERRE. A Messieurs les Professeurs Administrateurs du Jardin du Roi. (Assemblée des professeurs administrateurs; dossier de la séance du 1°" juillet 1823. Archives du Muséum.) XLIX LETTRE DE POITEAU AUX PROFESSEURS ADMINISTRATEURS, POUR LES ENGAGER A RETOUSSER L'INVITATION PRÉCÉDENTE. A Messieurs les Professeurs et Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle au Jardin du Roi. Paris, 29 juillet 1823. Messieurs, Vous avez reçu une lettre du Ministre de la Marine par laquelle Son Excellence demande votre avis sur la réclamation que je lui ai adressée pour être payé d'une somme de 1000 à 1500 f. par an, pendant Îes trente mois que je suis resté à Cayenne. Vous avez vu, par la lettre du Ministre, que le Gouverneur de Cayenne ne m'a rien fait toucher de celte somme : vous verrez, par ma Commission Ci-jointe, que ces 1000 à 1500 f m'avaient été accordés par M' le comte Molé, pour frais de recherches, voyages, expériences, etc. ; c'est à dire pour ce que je fesais dans les intérêts de votre Établissement et dans ceux de la Science. Pendant mon séjour à Cayenne, j'ai recu, de Son Excellence le Baron Portal, deux lettres qui m'enjoignaient de m'occuper des intérêts de votre Établissement, et je l'ai fait autant qu'il m a été possible, malgré les entraves qui m'ont été opposées et que vous ne connaissez que trop bien. Je ne sai pourquoi les Bureaux de la Marine voudraient aujourd'hui vous charger de faire droit à ma reclamation, sous prétexte que c’est dans les intérêts du Muséum que j'ai travaillé et me suis constitué en frais. Le Ministre, en m’accordant une somme de 1000 à 1500 f. afin que je travaille pour le Museum, a voulu faire un acte de Munificence DOGUMENTS. 89 envers votre Établissement, el il serait absurde de supposer qu'il eut l'intention de vous les faire payer. Je suppose donc que vous repousserez l'insinuation que vous est faite de me donner une indemnité pour ce que j'ai fait dans l'intérêt du Muséum et de la Science; mais j'ose croire qu'il vous paraitra juste, de repondre à Son Excellence, que vous pensez que le Ministre de la Marine doit me payer la somme de 1000 à 1500 f. par an, pendant le temps que j'ai été employé à Cayenne, conformement à ma commission et aux deux lettres ministerielles qui m'enjoignaient de m'occuper d'histoire naturelle dans les inlérets de votre Établissement. Je reclame votre Bienveillance Messieurs et suis avec un profond respect Votre très humble et très obéissant serviteur, POITEAU. Note jointe à la lettre : Rendu à M" Poiteau le 26 7°'° 1823 la Commission jointe à sa lettre du 29 juillet et datée elle même du 16 X?'° 1818. (Assemblée des professeurs administrateurs, dossier de la séance du 29 juillet 1823. Archives du Muséum). L MINUTE DE LA LETTRE DES PROFESSEURS ADMINISTRATEURS AU MINISTRE DE LA MARINE, POUR LUI DEMANDER DE FAIRE VERSER PAR SON DÉPARTEMENT L'INDEMNITÉ DUE A POITEAU. Ministre de la Marine et des Colomies. 1#août 1823. Monseigneur, D'après la lettre que V. E. a bien voulu nous écrire le 26 juin dernier, Mr Poiteau, cid! botaniste du Roi à Cayenne, aurait obtenu, au moment où il partit pour sa destination, la promesse d'un traitement fixe de 6000, d'un supp‘ eventuel de 2000, et il lui fut annoncé, en même tems, qu'une somme de 1000 à 1500 f. pourrait etre affectée aux frais des voyages, recherches et essais qu'il aurait effectués dans cette colonie, et que l’administra- tion locale serait chargée de régler. M. Poiteau, qui a touché sur les lieux les deux premières allocations, réclame aujour- d'hui la troisieme. M. Laussat a fait connaitre à V. E. que, s’il n'a pas fait payer celte 3"° somme à M. Poiteau, c'est que le seul voyage qu'il a effectué a motivé des allocations extraordinaires, qui ont été réglées et soldées par l’administralion; mais il pense que M. Poiteau mériterait d'obtenir une indemnité à raison du zèle qu'il a mis à recueillir à ses frais des collections d'hist. nat. dont la dernière a été apportée et déposée par lui au Museum. Nous prions V. E. de nous permettre de lui adresser à ce sujet quelques observations. Le Museum, M:', ne doit les accroissements qu'il a reçus et qu'il reçoit tous les jours qu'aux voyages d'histoire naturelle entrepris par les ordres deS. Ex. le Ministre de l’Inté- rieur ou par les vôtres, et aux présens que veulent bien lui faire les personnes qui s'inté- ressent aux sciences naturelles et à la prospérité de l'établissement qui leur estconsacré, et dans lesquels vous même, ME", avez encore une si grande part. Du reste les fonds qui nous sont accordés pour acquisition d'objets d'histoire naturelle sont extrêmement limités, et suffisent à peine aux fraix de transport de ceux de ces objets qui nous sont procurés NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série. — IX. 12 Séance du 6G février 1827. 16. 90 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. par les voyageurs dont nous venons de parler. Nous reconnaissons tout le mérite des collections rapportées par M'Poiteau, mais dans une telle situation, nous n’aurions jamais songé à le charger de les recueillir à nos frais, et M' Poiteau sait bien qu'il n’a recu de nous aucune commission, et qu'il ne s'est occupé de ce travail que sur la demande expresse de S. E. le Ministre de la Marine. Nos ressources ont encore été diminuées cette année par l'envoi d’un jeune lion offert au Roi par S. Exec. le Ministre des Affaires étran- sères et de deux vautours donnés par M" l'Ambassadeur à Constantin., dont le transport s'est élevé a près de 1500 fr. Il nous serait donc entièrement impossible de supporter une nouvelle dépense, mais M° Poiteau, n’en mérite pas moins l'indemnité qu'il réclame, et V. Exc. ajouterait beaucoup à la reconnaissance que nous lui devons déjà en consentant à faire payer cette indemnité sur les fonds du département de la Marine et des Colonies, d'où sont émanées les demandes et la promesse. (Archives du Muséum, correspondance, aout 1822, n° 5). IE MÉMOIRE DE POITEAU EXPOSANT SES TITRES A LA PLACE DE JARDINIER EN CHEF DU JARDIN DU ROI. A Messieurs les Professeurs et Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle au Jardin du Roi. Messieurs, J'ose vous prier de me permettre de vous rappeler les titres que je crois avoir à votre bienveillance, et les efforts que j'ai toujours faits pour la mériter. Issu de cultivateurs et cultivateur moi-même, dès mon enfance, j'ai sollicité la faveur de travailler au Jardin du Roi quand je n'ai plus rien trouvé à apprendre chez les marai- chers, les pépiniéristes et Les fleuristes. En 1789, M. André Thouin ma recu au nombre de ses ouvriers. Bientôt, par mon zèle et ma conduite, j'ai mérité d'être attaché particuliè- rement à l'École de Botanique. Vers 1791, M. Thouin m'a nommé chef de cette école, en remplacement de M. Lahaye, qui partait pour un voyage autour du Monde avec M. Labil- lardière. Trois ans après, le Gouvernement voulant établir un Jardin Botanique dans le département de la Dordogne, M. Thouin m'a envoyé remplir cette Mission. Deux ans plus tard, le Gouvernement ayant décidé d'envoyer plusieurs naturalistes à Saint-Domingue, M: Thouin m'a compris au nombre de ces naturalistes; mais, par une fatalité bien étrange, la commission qui devait m'être expédiée par le Ministre de la Marine ne m'est jamais parvenue. Cependant des ordres avaient été donnés pour que je fusse traité comme un officier à bord du vaisseau, puisque j'ai mangé à la table de l'État major pendant toute la traversée. Débarqué sur la terre de Saint-Domingue, encore fumante de l'incendie qui venait de ruiner cette ile, sans recommandation, sans aucun papier, sans moyens pécunières, j'ai été naturellement soupçonné et jeté en prison comme suspect. Je n'y couchai cependant qu'une nuit; car à mon premier interrogatoire j'ai dissipé tous les soupçons défavorables que ma position isolée avait fait concevoir contre moi. Rendu à la liberté, je me suis occupé des instructions qui m'avaient été données par M.Thouin et point du tout de mon existence. Mes trois collègues, quoique bien payés, parce qu'ils avaient leur commission en main, moururent tous en peu de temps; moi ne recevant rien, ne vivant que par miracle, je n’en ai moins persisté à travailler dans le but de mes instructions. J'ai fait au Jardin du Roi tous les envois qu'il m'a été possible de faire, et, malgré la guerre mari- DOCUMENTS. 91 time, plusieurs de ces envois parvinrent à leur deslinalion, ainsi que je l'ai appris par M. Thouin, à mon retour en France. Je ne vous rappelerai pas, Messieurs, toutes les privations que j'ai supportées, tous les métiers que j'ai été obligé de faire pendantles six années que je suis resté à Saint-Domin- gue; je vous dirai seulement que ma plus grande peine était de ne recevoir aucune conso- lation, aucun encouragement de M. Thouin. J'ai su depuis que c'était la guerre conti- nuelle, que c'était l’état intérieur de la France qui ne lui permettait pas de m'écrire. Néanmoins, dégrossi, purifié dans le creuset de l’adversité, je n'étais plus ce garçon jar- dinier qui savait à peine signer son nom, quand en 1789 il était entré au Jardin du Roi : j'étais parvenu à savoir assez ma langue pour ne plus rougir d'écrire ma pensée; je savais assez de latin pour entendre les auteurs classiques, assez de grec pour analyser les noms génériques des plantes et pour en composer en cette langue. J'élais devenu dessinateur passable, et assez géomètre pour avoir eu l'honneur d'être admis dans la direction des fortifications de l'Ile, où certainement je serais devenu officier du génie s'il m'eut été possible d'oublier le but de ma Mission, ou si une force invincible ne m'’eut fait préférer la culture et la connaissance des plantes à toute autre occupation. En 1801 les présages d'un nouvel incendie se manifestèrent dans l'Ile, d’après le bruit que la France envoyait une armée pour soumettre la colonie : tous ceux qui purent sortir de l'Ile s’en allèrent ; moi, craignant plus pour mes collections que pour moi même, j'en cédai une parlie au consul américain pour obtenir de lui le moyen de me sauver aux États Unis avec l'autre. Là M. Pichon, consul général, parent de l'un de vous, Messieurs, me recueillit avec bonté, me chargea de lettres pour sa famille, pour le Ministère, et me fit passer en France aux frais du gouvernement. Vous savez le reste, Messieurs ; vous vous rappelez qu’en 1802 j'arrivai à Bordeaux dans le plus grand dénument; que, d’après votre demande, le Ministre de l'Intérieur me fit tou- cher 1000fr. pour me mettre dans la possibilité de me rendre à Paris avec mes collections, et qu'ensuite, et toujours à votre demande, le même ministre, M. le C!° Chaptal, me fit toucher encore 2400 fr. J’ai remis mes collections au Jardin. Vos Annales de 1802 attes- tent que jamais on n'avait reçu une collection de graines aussi considérable que celle que j'avais apportée. J'ai rendu compte de mon voyage à l'Institut, et il en est résulté un rapport extrèmement honorable pour moi. J’ai établi et consacré un genre au vénéré pro- fesseur Thouin que vous avez perdu depuis, et dont vous ne vous consolez, Messieurs, que parce qu'il est remplacé au milieu de vous par le savant qui était le plus digne de lui succéder. Ce genre a été sanctionné par tous les botanistes, et ils y ont ajouté plusieurs espèces qui en assurent la durée. C'était le seul moyen qui fut en mon pouvoir d'immor- taliser ma respectueuse reconnaissance envers un homme qui m'avait tenu lieu de père, et à l’indulgente bonté de qui je dois ma faible instruction. J'ai été porté aussi par devoir, par reconnaissance et par la vénération que j'ai toujours eu pour les hommes supérieurs, à enrichir les Musées particuliers de MM. de Jussieu et Desfontaines, de plantes que je croyais devoir leur être agréables. C'était aussi le seul moyen qui fut en mon pouvoir de leur prouver mon respect. Toujours à votre recommandation, Messieurs, et dans l'intérêt de votre Établissement, le Ministre Chaptal me renvoyait à Saint-Domingue, avec des moyens mieux assurés que la première fois, quand la perte définitive de cette colonie est venue mettre un obstacle à l'exécution de vos bonnes intentions, à celle du Ministre, et déterminer mon séjour à Paris. Pendant mes neuf années d'absence, l'Administration du Jardin du Roi s’est formée comme elle est aujourd'hui ; les diverses sections de culture ont été mieux caractérisées; les places des jardiniers ont été consolidées ; celle de chef de l'École de botanique que 92 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. j'occupais quand M. Thouin m'a envoyé dans le département de la Dordoyne, était remplie à mon retour par un homme dont l'administration était satisfaite ; je ne devais donc pas prétendre à réoccuper cette place, et j'avoue qu'il m'aurait répugné d’en occcuper une qui lui fut inférieure. L'absence de mutation m'a tenu en non activité pendant quelque temps, mais si mon corps est resté éloigné du Jardin du Roi, mon esprit et ma pensée y sont toujours restés. Enfin M. Thouin, qui n’a cessé qu'en mourant de me donner des preuves de sa bonté, m'écrivit en 1817. /{ se présente une belle occasion d’être utile à l’éta- blissement, etc. Vous sentez de suite, Messieurs, qu'il était question de la place que j'ai occupée à Cayenne, place qui était de nature à satisfaire la seule ambition qui m'a tou- jours poursuivie, celle de faire plus que tout autre dans l'intérêt de votre établissement. Vous et moi étions loin de soupçonner que le Gouverneur de la Colonie dénaturerait cette place pour reverser mes plus belles attributions sur un protégé, ennemi de l’histoire naturelle, qui m’a lié les bras, m'a abreuvé de dégouts et a fini par déterminer mon retour. Si, comme bien d’autres, je n'eusse considéré que mon intérêt pécuniaire, je serais resté à Cayenne, car on m'avait conservé mes appointements dans leur intégrité, il m'aurait suffi de vous oublier pour avoir la paix ; mais mon élément, mon bonheur étant de travailler à enrichir l'établissement auquel je dois le développement de mon intelli- gence, il m'était devenu impossible de rester au milieu des richesses de la Guyane sans espoir de vous en faire jouir. Malgré le peu d'années que je suis resté à Cayenne, malgré les obstacles qui m'étaient suscités, malgré la fièvre qui me tourmentait la moilié du temps, je vous ai cependant expédié, sous la conduite de Perrotet, la plus belle et la plus riche collection de plantes vivantes qui soit jamais parvenue au Jardin du Roi. Le Catalogue que j'en ai remis au Gouverneur, et qui a élé adressé au Ministre de la Marine, prouve qu'il n’y avait parmi ces plantes qu'un très petit nombre d individus venus de l'Inde, échappés à la mort dans le trajet de Bourbon à Cayenne. La réunion de toutes ces plantes que j'avais cullivées en caisse pendant plus d’un an, pour assurer la reprise, m'avait couté au moins huit cents francs d'argent. Des deux torpilles électriques vivantes que le même Perrotet a remises à M. le baron Cuvier, l’une m'avait couté 25 francs, et l'espèce de baignoire que j'avais fait faire, pour être suspendue afin que les torpilles ne fussent pas tuées par le roulis du batiment, m'avait couté aussi %5 francs. Précédemment j'avais adressé plein un grand baril de poissons rares dans du tafia à M. Cuvier, avec plusieurs aulres objets non moins intéressants. Enfin je suis revenu moi-même avec une collection d'animaux que j'ai remise entre les mains de M. le baron Cuvier et une collection de plantes que j'ai déposée dans la Galerie de Botanique. M. le Ministre de la Marine m'avait alloué par écrit une somme annuelle de 4000 f. à 4500 fr. pour frais de voyages, recherches etc., et je pensais ainsi que vous, Messieurs, que ces sommes s’appliquaient naturellement à l’histoire naturelle etaux dépenses qu’elle entraine. Quand, après avoir déposé nos collections au Jardin du Roi, j'ai demandé au Ministre, dans l'audience qu'il m'a donnée, le remboursement de ce que j'avais dépensé, ou les sommes qu'il m'avait accordées, pour voyages et recherches, il m'a répondu que c'étail l'administration du Jardin du Roi qui devait me rembourser, et lorsque je lui ai répondu que vous n’aviez pas de fonds pour cela, il a répliqué, £h bien, reprenez vos col- lections et vendez-les. — J'aurais voulu, Messieurs, avoir pu vous cacher toujours celte réponse qui m'a étonné autant qu’elle m'a affligé. J'aurais également voulu que vous ne sussiez jamais que des marchands naturalistes, qui avaient vu la collection d'animaux que j'ai remise à M. le baron Cuvier, m'ont dit que j'aurais pu la vendre 6000 f. Quant aux plantes, que je croyais aussi devoir vous laisser et qui étaient déposées dans la Galerie 2 de Botanique, M. Desfontaines voyant que je n’avais rien à espérer des Ministres me dit DOCUMENTS. 93 avec sa bonté ordinaire : laissez nous seulement ce que vous croyez qui nous manque el em- portez le reste. J'ai choisi quatre ou cinq cents échantillons qui manquaient à la collection du jardin, ou qui y élaient en mauvais état, les a remis à M. Deleuze et j'ai emporté le reste. Je possède encore huit à neuf cents dessins et autant de descriptions de plantes faites dans mes voyages de Saint-Domingue et de Cayenne ; ne prévoyant pas pouvoir jamais publier ce qu'ils contiennent de neuf, j'ai conçu l'espoir de pouvoir les placer dans la Bibliothèque du jardin du Roi, à côté des manuscrits de Plumier. Je vous aurais déjà prié de vouloir bien les accepter si ma posilion me donnait le temps de copier mes des- criptions sur du papier plus convenable, et si j'avais le moyen de faire relier le tout mé- thodiquement en plusieurs volumes. Tel est, Messieurs, le résumé de mes relations avec le Jardin du Roi. Je suis l’un de ses enfants. C'est dans son sein que j'ai puisé le goût de l'étude et le germe des connaissances que j'ai acquises avec le temps. J'y reviens toujours comme à ma terre natale. Je suis le plus ancien de ses jardiniers, puisque je date de 1789. Quand M. Thouin m'a envoyé éta- blir un jardin botanique dans le département de la Dordogne, son intention n'était cer- tainement pas de nuire à mon avancement. Quand il m’a envoyé à Saint-Domingue, c'est que rendant justice aux progrès que J'avais faits, il voulait que je devinsse plus immédia- tement utile au Jardin du Roi et à moi-même. Quand enfin en 1817, il m'écrivit. ZI se présente une belle occasion d’être utile à l'Établissement, il savait bien, et tout le monde le savait, que j'étais dans une position satisfaisante; il ne m'aurait pas tiré de ma retraite, s'il m’eut considéré comme étranger au Jardin du Roi, pour m'envoyer courir de nouveaux hazards dans l'intérêt du Muséum, et pour me mettre à même d'obtenir un nouveau regard de bienveillance de votre part, Messieurs. Me voilà revenu une troisième fois. Peu de jardiniers voyageurs ont été aussi longtemps expatriés que moi dans l'intérêt de votre Établissement, Messieurs, aucun n'a plus pro- fité que moi des lumières que vous répandez continuellement autour de vous et aucun n’a plus fait pour obtenir votre bienveillance. Si vous me permettez, Messieurs, de vous rappeler combien de jardiniers-voyageurs périssent de faligues et de misères sur les bords lointains, vous reconnaitrez aisément que ceux que la mort épargne ne peuvent revenir qu'avec une santé altérée et des douleurs chroniques pour le reste de leur vie. Dans la Marine, les campagnes comptent double; dans la troupe, le soldat qui a fait une ou plu- sieurs campagnes obtient plutôt de l'avancement que celui qui est resté en garnison, et cela est fort juste. Il n’est pas dans votre caractère d'être moins justes, Messieurs, je suis votre plus ancien jardinier et celui qui a fait le plus de campagnes. Il doit vous sembler doux d’être à même de pouvoir réparer l'erreur du Ministre qui m'a refusé le remboursement des dépenses qu'il m'avait autorisé, c’est-à-dire commandé par écrit, de faire pour vous. J'en appelle à votre conscience, Messieurs, j'en appelle surtout à celle de M. le baron Cuvier, parce qu’il sait que la collection d'animaux que j'ai eu l'honneur de lui remetire a dû me couter beaucoup plus que ce que le Ministre m'avait promis et qu'il n'a plus voulu me donner. Si vous ne répariez pas l'erreur du Ministre, Messieurs, ce serait le pain de mes enfans que je vous aurais donné et que vous auriez reçu. J'en appelle de rechef à vos consciences ; c'est à elles que je demande la place de Jardinier en Chef du Jardin du Roi, vacante par la mort de M. Jean Thouin, place que j'espère être en élat de remplir à votre satisfaction et avec la dignité qui lui convient. Je suis avec un profond respect, Messieurs les Professeurs et Administrateurs, Vous très humble et obéissant serviteur PorrEAu. Paris, 4 février 182. Enr. à led. 119. Séance du ?3 juillet 1828. C. E° n° 147. 94 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. P.-S.— 5 février. — Je viens d'apprendre, Messieurs, que l'Administration a donné la place que je lui demandais par la lettre ci-dessus, à M. Richer. Je ne puis qu'applaudir à cet acte de justice de l'Administration. C’est pour moi une preuve qu'elle ne repoussera pas l'exposé que je lui fais de mes droits à sa bienveillance, et que je puis espérer qu’à la première occasion elle fera tomber sur moi une marque sensible de sa bonté. POITEAU. (Assemblée des professeurs administrateurs ; dossier de la séance du 6 février 1827. Archives du Muséum.) LIT LETTRE DE CANDIDATURE DE POITEAU A LA CIAIRE DE CULTURE. Paris, 16 juillet 1828. A Messieurs les Professeurs et Administrateurs du Muséum d'histoire naturelle au Jardin du Roi. Messieurs, La perte que vous venez de faire dans la personne de M' Bose, laissant la chaire de Professeur de culture vacante, j'ose prendre la respectueuse liberté de vous prier de vouloir bien joindre mon nom à ceux des candidats qui se mettent sur les rangs pour obtenir cette chaire. Mes titres vous sont connus : j'ai eu l'honneur de vous les rappeler en sollicitant la place de Jardinier chef à la mort de Mr Jean Thouin. Dans cette circonstance comme dans toutes les autres, j'en appelerai toujours à votre bienveillance, Messieurs, et recevrai avec respect la décision que vous dicteront votre sagesse et vos lumières. J'ai l'honneur d’être avec respect Messieurs Votre très humble et très obéissant serviteur PolTEAU. Rue Copeau, n° 36. (Assemblée des Professeurs Administrateurs; dossier de la séance du 27 juillet 1828. Archives du Muséum.) LIIT MINUTE DE LA RÉPONSE DE L'ADMINISTRATION DU MUSÉUM A LA LETTRE PRÉCÉDENTE DE POITEAU. Mr Poiteau. 16 juillet 1828. M", Vous nous avez fait l'honneur de nous écrire le 16 de ce mois pour demander à être placé au nombre des candidats à la chaire de Professeur de culture au Muséum. Vous avons l'honneur de vous informer que lorsque votre lettre nous est parvenue la délibération de l’Assemblée relativement à cet objet avait eu lieu et que sa décision avait déjà été prise et transmise à S. Exec. le Ministre de l'Intérieur. (Archives du Muséum, correspondance, juillet 1828.) RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES BALÆNIDES" PAR MM. H. BEAUREGARD ET R. BOULART (PL. 1). Au cours de ces dernières années, nous avons pu réunir un certain nombre de pièces anatomiques en bon état de conservation, prélevées sur divers Balænides échoués sur les côtes de France. Nous nous proposons dans ce mémoire de décrire les plus impor- lantes de ces pièces, en insistant surtout sur des particularités qui nous ont paru n'avoir pas été vues jusqu'ici, en raison même des diffi- cultés que l’on rencontre pour se procurer les éléments de semblables études. Les pièces que nous avons eues à notre disposition appartiennent aux deux espèces de Balænoptères qui fréquentent plus spécialement nos mers : la Balænoptera musculus et la Balænoptera rostrata. Les sujets que nous avons disséqués étaient, pour la plupart, encore jeunes, condition favorable, du reste, aux recherches anatomiques. Voici d’ailleurs les renseignements que nous pouvons fournir sur leur provenance : 1° B. musculus © jeune, mesurant 5",30 de longueur, jetée à la côte à Cavalaire près Saint-Tropez (Gard). Entre autres pièces utilisées dans les (1) Travail du Laborattire d’Anatomie comparée du Muséum. 96 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. descriptions ci-dessous figurent : le cœur, l’utérus et l'ovaire, l’esto- mac et la rate (n° du catalogue des magasins de l’Anatomie com- parée, 1884-2658). 2 B.rostrala © non adulte, mesurant 6”,40 ; échouée à Cancale. Cœur et estomac (n° du catalogue, 1887-1147). L’encéphale de ce sujet qui a été recueilli par l’un de nous sera décrit ultérieurement. 3° B. rostrala © longue de 6 mètres environ; capturée par des pêcheurs à Guilvinec, près Penmarch (Finistère). Appareil digestif (n° du cata- logue, 1892-502). 4 B. musculus G' adulte, mesurant 20 mètres de longueur; échouée à Kérafédé, près de Loctudy (Finistère). Pièces utilisées ici : canaux défé- rents, testicules, vessie et urèthre, yeux (n° du catalogue, 1894-36). Appareil digestif. Esromac. — Sur la Balænoptera rostrata © échouée à Guilvinec (Finis- tère), nous avons pu étudier l’estomac dans un état parfait de conservation. L'estomac de la 2. rostrata a été décrit par Hunter, Eschricht, Carte et Macalister, et en dernier lieu par Perrin ; mais ces anatomistes ne sont pas d’accord sur le nombre des poches stomacales. [unter (1), ainsi que Carte et Macalister (2), décrivent cinq compartiments à l'estomac de ce cétacé, tandis que Perrin (3) n’en trouve que quatre et Eschricht (4) trois seulement. Le même désaccord existe du reste entre les naturalistes qui se sont occupés des Cétodontes. C’est ainsi que l’Hyperoodon, par exemple, présenterait, suivant Hunter, sept estomacs, tandis qu’il n’en aurait plus que six pour Jackson, cmq pour Cuvier, quatre pour E. Home, trois pour Baussard et deux pour E. Deslongchamps. Ces divergences tiennent, comme le fait remarquer H. Milne-Edwards dans ses Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparée beaucoup plus à la manière d'interpréter les dispositions organiques observées qu’à un désaccord sur ces dispositions elles-mêmes, et dépendent principalement de ce Philos. Trans., t. 57, 1787. Philos. Trans., 1868. (1) (2) (3) Proc. Zool. Soc. London, 1870. (4) Untersuchungen ueber die nordischen walthiere. Leipsig, 4849. ANATOMIE DES BALÆNIDES. 97 que les uns considèrent comme des estomacs distincts ce que les autres regardent comme de simples subdivisions de la dernière portion de l'estomac. L'étude histologique des différents compartiments en question donne raison à cette manière de voir. Nous l'avons déjà montré aussi bien chez le Dauphin (1) que chez la Balænoptera rostrata (2) et nous avons établi qu'il existe, chez les cétacés proprement dits : l° une grande poche, panse ou Jabot, dérivée de l’æœsophage, auquel elle fait immédiatement suite; 2° un estomac vrai qui forme le compartiment le plus vaste, et 3” enfin une poche intestiniforme divisée en un plus ou moins grand nombre de com- partiments ayant même structure histologique et dont les glandes ont les caractères morphologiques des glandes pyloriques. Chez la Balænoptera rostrata qui fait l'objet de la présente description l'estomac présentait quatre poches, à savoir : unepoche œsophagienne, une gastrique proprement dite et deux petites interposées entre cette dernière et le duodénum bien caractérisé par la présence de l’ampoule de Vater. L’æsophage, à parois épaisses, offre des replis saillants ; ses fibres mus- culaires sont striées jusqu’au voisinage immédiat de l'estomac et son épithélium pavimenteux stratifié forme des assises épaisses qui coiffent de longues papilles vasculaires, très nombreuses. La couche la plus superficielle est d'apparence cornée. La poche qui fait suite à l’œsophage, panse ou jabot, comme on vou- dra la nommer, est de forme oblongue et présente, à peu de chose près, les mêmes caractères histologiques que celui-ci. Sa tunique musculaire est épaisse etcomposée de fibres lisses ; les papilles du derme y sont longues et groupées par petits paquets. La couche d'apparence cornée est moins épaisse que dans l’œsophage. C’est entre ce réservoir et le suivant que débouche, à droite, l’œsophage. L'estomac proprement dit, de forme cylindrique, constitue la poche stomacale la plus vaste. Sa muqueuse, de couleur brun rougeâtre, molle, présente à sa surface des plis irréguliers en hauteur, entre-croisés et (4) BocLarT et PizL'ET, Estomac du Dauphin. (Journal de l'Anat. et de la Phys, 1884). (2) Przuier, Note sur la structure de l'estomac des Cétacés (C. R. hehd. de la Soc. de Biol. 1891, p. 325). — Picuier et Boucarr, Estomac des Cétacés. (Journ. de l'Anat. et dela Phys., 1895, n° 3.) NOuvELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. 13 93 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. délimitant des aréoles au fond desquelles se voient des plis plus petits. Ces plis, vers le tiers postérieur, disparaissent graduellement et la muqueuse n’est plus marquée que de petites saillies effacées et flabelli- formes. Ce réservoir présente, dans toute son étendue, les mêmes caractères histologiques et répond à l’estomac cardiaque ou estomac du fond des autres mammifères. On y trouve des glandes en tube allongées, rectilignes, disposées par petits groupes séparés par des faisceaux con- jonctifs assez épais. Il ne répond donc pas à la caillette entière des Ruminants ni à l'estomac entier de l’homme, mais à celle de leurs parties qui contient les glandes à pepsine, autrement dit à l'estomac cardiaque. A son extrémité postérieure, la deuxième poche stomacale s'ouvre par un large orifice elliptique dans un conduit cylindrique long de 0°,04 dont la muqueuse est relevée de plis annulaires et qui présente sur sa paroi droite un diverticule en forme de fossette. Conduit et diverticule ont été probablement considérés comme une poche spéciale par les auteurs qui décrivent cinq poches dans l'estomac de £. rostrala. - Le conduit dont nous venons de parler débouche dans la troisième poche; celle-ci est ovoïde et sa grosse extrémité fait saillie à droite et en dehors. Sa muqueuse est lisse et de couleur brunâtre. Les glandes y sont beaucoup plus courtes et plus larges. Un orifice elliptique, pourvu d’un repli semi-lunaire et placé à gauche fait communiquer cette troisième poche avec la quatrième dont la forme est globuleuse. La muqueuse de ce quatrième réservoir a la mème apparence que celle du troisième. D'ailleurs, toutes deux sont assimilables aux poches pylo- riques:du Dauphin et constituent la portion intestiniforme terminale de l'appareil stomacal. Ce quatrième réservoir, en effet, débouche dans le duodénum; son orifice a beaucoup de ressemblance avec celui qui fait communiquer le deuxième compartiment avec le troisième. À environ 0",07 de cet orifice se voit la papille de Vater. Le canal hépatique fait fortement saillie sous la muqueuse dans son trajet à travers les parois du duodénum. Somme toute, il résulte de cet examen que nous avons pu faire, chose rare, sur des pièces suffisamment conservées pour l'examen histologique, que l'estomac de Z. rostrata est formé de quatre poches : ANATOMIE DES BALÆNIDES. g9 1° Une poche qui n’est que l'expansion de l’œsophage ; 2° Un estomac cardiaque avec glandes à pepsine ; 3 Deux renflements séparés par un repli muqueux et, tous deux de structure identique, répondant à la région pylorique de l’estomac simple de l’homme. Appareil circulatoire. Cœur (PI. [, fig. 2 et 3). — Nous examinerons dans ce chapitre les particularités anatomiques que nous avons observées en étudiant Île cœur de deux Balænoptères : B. rostrala (1887-1144) et B. mus- culus (1884-2658). Comparé au cœur de 2. rostrata, celui de Z. musculus nous a paru moins pointu à l'extrémité inférieure (comparez les figures de la planche I), les deux ventricules étant à peu près égaux, alors que chez B. rostrata le ventricule droit l’emporte sensiblement sur le gauche. Chez les deux espèces d’ailleurs, le pannicule graisseux de la pointe enveloppe de volumineuses branches des vaisseaux coronaires. Nous donnons d’abord les dimensions du cœur de Balænoptera mus- culus, individu long de >”°,30, ayant pu prendre ces dimensions alors que le cœur était encore frais. Hauteur des ventricules, de la pointe à la base de l'artère PUMIONEIRE NS PR LEE Ne tn UE Hahn 02,23 Hauteur des ventricules, de la pointe à la base üe la MEILE CAVE tete delete che ea en MNa Dane aie ane eue le De Biens ee 0",20 HautetmdelornletieRaneneEr nent RE PAU pe 013 Pangemderlormemenorelelie 2 0,10 Largeur totale du cœur au niveau du miürieu des ventricules. 0,40 Diamètre de la veine cave près du cœur..:..,.....,...... 0®,10 Diamètre de l'artère pulmonaire à son origiue............ 02,12 Diameire dend'aorte a sonorieine the. er Le 0",09 Les artères émises par la crosse de l’aorte sont disposées comme chez. l'homme, c'est-à-dire qu'il existe un tronc brachio-céphalique droit, une carotide et une sous-clavière gauches naissant isolément du tronc aortique. Chez beaucoup de Cétacés, l'aorte et l'artère pulmonaire se dilatent en un sinus à leur origine. Y. Delage a constaté ce fait chez une Balænoptera musculus longue de 20 mètres, échouée sur la plage de 109 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Langrune (1). Il en est de même chez notre jeune sujet, mais nous partageons l’opinion de cet analomiste, qui regarde le volume de ces sinus comme insignifiant relativement à la taille de l'animal. Le canal artériel, encore présent et perméable chez le jeune individu dont il s’agit, est court et large ; il mesure près de trois centimètres de diamètre. Le trou de Botal, qui est également persistant à cetäâge, mesurait 0",04 de diamètre. II se voit à l’extrémité d’un court relèvement tubulaire de la paroi interauriculaire saillant dans l'oreillette gauche. Les parois de ce relèvement sont minces et découpées près du bord de l’orifice en une dentelle formée de trous irréguliers comme enlevés à l’emporte- pièce. C’est le cas de rappeler que le trou de Botal, étudié par Turner chez un fœtus de 2. Sibbalidir, était muni d'un bourrelet sur ses bords et fenestré dans le milieu. A la base du cœur et des gros vaisseaux se voit le thymus (fig. 2, 6 composé de deux lobes; celui de droite étendu transversalement et dirigé un peu obliquement d’arrière en avant est situé entre la veine cave et l’aorle; celui de gauche plus volumineux siège sur la partie antérieure gauche de l’aorte, un peu latéralement. VAISSEAUX CORONAIRES. — Les anatomistes qui se sont occupés des organes internes des Cétacés ne donnent que peu de détails sur le cœur et ont négligé l'étude de la circulation coronaire chez les Mysticètes. Deux bonnes injections pratiquées sur un cœur de Balænoptera mus- culus (1884-2658) et sur un cœur de Balænoptera rostrata (1887-1144) nous ont permis de constater que le mode de distribution des vaisseaux du cœur chez les Balænoptères offre, cependant, un certain intérêt. Artères. un peu au dessus des valvules sigmoïdes. L’artère coronaire gauche ou Chez P. rostrala (PI. T, fig. 5), les artères coronaires naissent antérieure gagne la face antérieure du cœur en passant entre l’infundibu- lum et l'oreillette gauche. Elle se prolonge dans le sillon interventricu- laire et fournit auparavant une branche auriculo-ventriculaire (c). Cette branche, après avoir contourné le ventricule et l'oreillette gauches, s'anas- (4) Y. Delage, Histoire du Balænoptera musculus, in Arch. de Zool. expérim. 2° série, suppl. au vol. IT, 1886. ANATOMIE DES BALÆNIDES. 101 tomose avec la coronaire droite au niveau du sillon postérieur interventri- culaire. Elle fournit dans ce trajet de nombreuses branches ventriculaires, quelques rameaux grèles pour l'oreillette et donne, en particulier, une artère importante, très flexueuse, qui longe le bord externe du ventricule gauche et s’irradie à la fois sur les faces antérieure ct postérieure du cœur ; nous la désignons sous le nom d’arlère marginale gauche (m). Le tronc de l'artère coronaire antérieure qui se place, comme nous l'avons dit, dans le sillon interventriculaire antérieur, se divise dès son entrée dans ce sillon en deux rameaux d’inégale importance. L'un, le plus grêle, d’abord supérieur puis inférieur à l'autre se perd, vers le milieu du cœur, dans Île sillon interventriculaire. C’est l’artère de la cloison. L'autre, volumineux, flexueux, se place de suite dans le sillon interven- triculaire qu'il suit jusqu’à son extrémité. C’est l'artère interventriculaire antérieure (+); elle présente, danssa partie initiale, sur son bord droit, une branche dont les divisions constituent, à la surface de l’origine de l'artère pulmonaire, un riche et délicat plexus que complète une autre branche ramifiée émanant de l’artère coronaire droite. Ce plexus (fig. 3,p) représente l’artère dite artère graisseuse de Vieussens, chez l’homme. Vers la pointe du cœur, l’artère interventriculaire antérieure s’épuise en trois ramifications principales dont une médiane gagne le sillon inter- ventriculaire postérieur, tandis que les deux autres [branches récurrentes latérales (7)] se distribuent, à droite et à gauche, au tiers inférieur du cœur et remontant à la rencontre des artères marginales, sans toutefois s’anastomoser avec elles, vont compléter le cercle vasculaire marginal qui entoure les bords du cœur. L'artère coronaire droite ou postérieure, née sur le côté droit de l'aorte, presque au même niveau que la coronaire gauche, chemine entre le ventricule et l’oreillette. Elle fournit tout d’abord un vaisseau d’une certaine importance dont nous avons déjà parlé comme entrant dans la composition du plexus situé à la base de l'artère pulmonaire. Elle donne ensuite une branche marginale flexueuse qui longe le bord droit du cœur [artère marginale droite (n)l; puis elle s’incurve et gagne la face posté- rieure où elle se divise ea deux rameaux : l’un s’anastomose avec la branche auriculo-ventriculaire gauche, tandis que l’autre gagne la pointe 102 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. du cœur dans le sillon interventriculaire postérieur pour s’anastomoser avec la branche interventriculaire antérieure. Nous trouvons la même disposition générale des artères coronaires chez Balænoptera musculus (PI. T, fig. 2). Il y a cependant quelques par- ticularités à signaler. Le plexus de la base de l’artère pulmonaire est plus important. D'autre part, les deux artères provenant de la coronaire antérieure à son origine et qui sont destinées au sillon interventriculaire antérieur présentent, dès leur entrée dans ce sillon, un nombre considé- rable de rameaux consituant un second plexus artériel qui borde le tiers inférieur de ce sillon. Pour le reste, même disposition, sauf que l'artère marginale droite (#) est plus développée et plus longue que chez B. rostrata. Elle atteint la récurrente inférieure droite émanée de l'artère interventriculaire principale. En somme, chez ces Balænoptères, les branches auriculo-ventriculaires fournissent des rameaux à tout le tiers supérieur du cœur; les branches marginales aux parties latérales des deux faces ; les branches interven- triculaires aux parties moyennes des ventricules et enfin la circulation est complétée, à la pointe du cœur, par des rameaux récurrents fournis par l’artère interventriculaire antérieure. A la face postérieure, les parties situées de chaque côté du sillon interventriculaire reçoivent leurs vais- seaux de la branche que loge ce sillon et qui est issue de l’auriculo- venlriculaire droite. Veines. — La distribution des veines coronaires chez B. museulus et B. rostrata ne diffère que fort peu de celle qui a été signalée par G. Pouchet et Beauregard chez le Cachalot (1). A la face postérieure du cœur, dans le sillon interventriculaire, il existe un gros tronc veineux vertical qui reçoit les veines coronaires droite et gauche. La veine coronaire gauche, placée au-dessous des divisions de l'artère correspondante, contourne le bord du ventricule et, arrivée à la face antérieure, gagne le sillon interventriculaire. Elle recoit, dans son trajet auriculo-ventriculaire, une veine marginale (#') résultant de la réunion de nombreux vaisseaux veineux venant du bord externe et d’une partie (1) G. Povcuer el Bescrecarn, Recherches sur le Cachalot, in Nouvelles Arch. du Mus'um, série, t. IV, p. 68. ANATOMIE DES BALÆNIDES. 103 de la face antérieure du ventricule. Dans le sillon interventriculaire antérieur, la veine coronaire gauche se place sous l'artère correspondante et reçoit, dès son entrée dans ce sillon, deux branches d’inégal volume. La plus grêle de ces branches est constituée par les veinules du bord du sillon. La plus volumineuse recueille dans tout son parcours de nom- breux vaisseaux émanés du bord droit du cœur et, en particulier ceux d'un riche plexus veineux situé en arrière du plexus artériel que nous avons décrit comme occupant l’origine de l'artère pulmonaire. A la pointe du cœur, la veine se comporte comme l’arière. La veine coronaire droite se loge dans le sillon auriculo-ventriculaire, d’abord en dessus, puis en dessous de l’artère coronaire droite. Une veine marginale, dans laquelle débouchent les rameaux d’un plexus compa- rable à celui du bord gauche du cœur, se jette dans cette branche. Quant à la veine coronaire verticale ou principale postérieure, elle reçoit les vaisseaux veineux venént de la parlie inféricure du cœur et ceux qui occupent les bords du sillon postérieur interventriculaire. Chez Balænoptera restrata, la disposition est la même. RATE. La rate (PI. 1, fig. 6) n'ayant été décrite ou figurée nulle part, nous en donnons un dessin après injection des vaisseaux artériels et veineux. Cette rate a été prélevée sur la jeune Balænoptera rostrala échouée près de Saint-Tropez. Elle était suspendue par un repli du mésentère à la face inférieure el postérieure du premier sac stomacal (jabot). De forme elliptique, elle mesure 12 centimètres de longueur et 7 centi- mètres de large. Son bord libre est sinueux et vers le milieu présente une encoche plus profonde qui se prolonge sur la face supérieure de l'organe, divisant superficiellement celui-ci en deux lobes. C’est dans ce sillon prolongé jusqu'au bord adhérent au repli mésentérique que pénètrent les vaisseaux artériels et veineux. La face supérieure de la rate est parcourue par un grand nombre de vaisseaux, sorte de refe artérioso-veineux, à branches le plus souvent parallèles. Dans ce réseau, les veinules sont beaucoup plus nombreuses 10% NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. que les arlérioles et d’ailleurs le tronc des veines qui concourt à former le pédicule vasculaire de l’organe est d’un volume relativement considérable. Deux branches principales, dont l’une particulièrement grosse recueille le sang de presque toute la face supérieure de la rate, forment par leur réunion le tronc de la veine splénique. PLEXUS VEINEUX PÉRI-CHOANOÏDIEN DE L'OEIL DE BALÆNOPTERA MUSCULUS. CNT) La vascularisation de lPœil des cétacés a élé assez bien étudiée par divers auteurs. Hunter, en particulier, dans son remarquable Mémoire publié en 1787 dans les PAilosophcal Transactions a fait connaître qu'il existe en outre de l'artère centrale de la rétine un riche réseau artériel enveloppant le nerf optique d’un manchon continu fort épais. Ce plexus artériel isole le nerf optique du muscle choanoïde ou rétracteur de l’œil qui existe chez les cétacés, comme chez beaucoup d’autres mammifères. On pouvait croire qu'il n’y avait plus rien à ajouter aux descriptions des auteurs. Cependant, l’un de nous ayant énucléé avec soin les yeux d’une Ë. musculus échouée en Bretagne (1894-36), il nous fut possible de pratiquer de bonnes injections des artères et des veines ophthalmiques. Nous avons constaté alors, qu'en outre du plexus artériel (a) qui enveloppe le nerf optique, il existe chez les cétacés, un plexus veineux particulièrement riche (v), plongé dans une couche cellulo-adipeuse, épaisse, qui enveloppe le muscle choanoïde. Ce plexus veineux forme manchon autour du muscle choanoïde, d’une façon moins continue, peut-être, sur les côtés, de telle sorte qu’on pourrait lui recon- naître une partie supérieure et une partie inférieure répondant respec- tivement aux troncs des veines ophthalmiques supérieure et inférieure. Sur les côtés, d’ailleurs, ces deux parties du plexus communiquent par de nombreuses anastomoses. Les vaisseaux qui le forment sont très flexueux, pelotonnés par place sur eux-mêmes et fréquemment anasto- mosés. Ce réseau est, en partie, formé de veines scléroticales et de branches musculaires; nous n'avons pu le suivre jusqu'à la veine ophthalmique. ANATOMIE DES BALÆNIDES. 105 En résumé : en arrière du globe de l'œil on trouve autour du nerf optique, de dedans en dehors, les parties suivantes : 1° un plexus arté- riel ; 2° le muscle choanoïde ; 3° un plexus veineux ; 4° enfin les muscles droits et obliques. Ce plexus s'ajoute aux systèmes de refe mirabile artériels et veineux qui existent en grand nombre dans les diverses régions du corps des céta- cés. Il paraît évident, conformément à ce que nous avons dit ailleurs (1) sur la riche vascularisation du cœur, que le développement de ces plexus est en relation avec le mode de vie de ces animaux dans l’eau. Organes génito-urinaires. APPAREIL MALE. Testicules (PI. I. fig. 10). — Le laboratoire d'Anatomie comparée du Muséum a reçu en 1880 différents organes de Balænoptères, au nombre desquels se trouvait un testicule d’une Baiænoptera Sibbaldü dont nous avons donné la description dans le Journal de l’Anatonne et de la Physiologie (2). Ce lesticule, de forme elliptique, mesurait 0",55 de long sur 0*,25 de large dans sa région moyenne. L’extrémité antérieure était plus volumineuse que la postérieure. L’épididyme décrivait un arc dans la concavité duquel se trouvait logé l’organe spermatique. Dans la région moyenne, l'épididyme mesurait 0*,08 de large, puis allait s’amincissant de facon à ne plus avoir que 0",03 vers sa partie postérieure ou caudale. Le canal déférent d’abord flexueux, devenait ensuite rectiligne. Une injection aussi complète qu’elle pouvait l'être, étant donné l’état de la pièce qui avait séjourné longtemps dans le sel, nous avait permis de constater que les veines formaient plusieurs plexus que nous avons rapportés à deux groupes principaux. Le plus important de ces groupes, placé à la partie postérieure de l'organe, était constitué par de nombreuses veines prove- nant de l’épididyme, de l’origine du canal déférent et de l'extrémité (4) Voir Note sur la circulation du cœur chez les Balænides, par Beauregard et Boulart, in C. R. hebd. de la Soc. de Biologie, 1896 p. 125. (2) BeaureGarp et Boucarr, Recherches sur l'appareil génito-urinaire des Balænides, Journ. de l'An. et de la Phys. 1882. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3 série. — IX. 14 106 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. postérieure du testicule. Le second groupe comprenait les vaisseaux veineux de la région moyenne de l’épididyme. Une veine de fort calibre cheminait le long du bord épididymaire du testicule, recevait un grand nombre de branches provenant de cet organe et se divisait en plusieurs rameaux qui concouraient à la formation du plexus postérieur. Nous avons dans le mémoire en question attiré spécialement l'attention sur cette veine qui, une fois formée par la convergence des veines de la tête de l’épididyme et du testicule, se divise en quelques rameaux dans le plexus postérieur. Les artères étaient peu nombreuses et petites. La plupart se rendaient sur la queue de l’épididyme et à l’origine du canal déférent. D’autres, plus volumineuses, cheminaient dans le plexus principal pour se dis- tribuer au testicule et fournissaient des rameaux à l'épididyme. Récemment, l’échouement d’une Balænoptera musculus sur les côtes de Bretagne (1894-36) nous a permis de reprendre l'étude du testicule chez cette espèce pour le comparer à celui de la Z. Sibbaldu. Rien ne différencie cet organe, comme forme, de celui de la 2. S:bbaldu, mais sa circulation offre des particularités intéressantes. Ces particularités sont-elles propres à l'espèce ou bien les différences qui existent entre le testicule de la Z. Sibbaldii et celui dela P. musculus, comme nombre des vaisseaux, tiennent-elles à une injection peut-être incomplète dans le premier cas et mieux réussie dans l’autre? Nous ne pensons pas qu'il en soit ainsi quant à ce qui touche aux veines, mais il est possible que l'injection artérielle du testicule de la 2. Sibbaldu, étant donné le séjour prolongé de la pièce dans le sel, n'ait pas été complètement réussie. En tout cas, voici comment les choses se présentent pour le testicule de la B. musculus que nous avons injecté et disséqué et qui mesurait 0°,47 de longueur sur 0°,16 de large dans la région moyenne. Le plexus veineux principal que nous avons vu occuper, chez la B. Sibbaldii, la partie postérieure du testicule existe également chez la B. musculus, aussi volumineux (p), aussi complexe, mais il n’y a plus, en réalité, de plexus secondaires, en ce sens que dans toute l’étendue du bord épidi- dymaire de l’organe spermatique il n’y a pour ainsi dire qu’un seul plexus (p') formé par un nombre considérable de vaisseaux veineux et ANATOMIE DES BALÆNIDES. 107 artériels qui recouvrent et masquent même l’épididyme (e), dans lequel ils pénètrent à différents niveaux. La plupart de ces vaisseaux veineux, veines testiculaires et épididymaires, se jettent dans une veine de fort calibre analogue à celle que nous avons observée dans la 2. Sibbaldii, veine qui se divise également en branches qui concourent, avec d’autres provenant soit du testicule, soit du canal déférent et de la tête de l’épi- didyme, à constituer le faisceau vasculaire postérieur. En résumé, sur le bord interne du testicule nous trouvons chez B. musculus un rete artérioso-veineux continu. Les artères qui pénètrent dans le testicule sont au nombre de cinq principales et sont situées dans le plexus postérieur (p). Deux d’entre elles, placées sous l’albuginée, se dirigent l’une vers la partie postérieure du testicule et l’autre vers la région antérieure. La première fournit des branches à la queue de l’épididyme et au canal déférent (d); la seconde donne de très nombreux rameaux qui, pour la plupart, se distribuent à l’épididyme. Les veines testiculaires émanent-elles, au delà de la limite où nous les avons étudiées, de quelques troncs principaux seulement? Existe-t-il, d'autre part, plusieurs artères naissant de l'aorte? Ce sont là des points que l’état de l’organe ne nous a pas permis d'élucider. 11 est probable, cependant, que les choses se passent chez les mysticètes comme chez les cétodontes. Dans ces deux groupes d'animaux, la veine cave inférieure présente une intéressante particularité. Elle est généralement formée en effet, au niveau de l'extrémité antérieure des reins, par la réunion de deux branches qui proviennent de la région caudale et qui reçoivent auparavant chacune la veine rénale du côté correspondant. C’est, dans ces veines venant de la région caudale auxquelles de Baër a donné le nom de veines iliaques, que débouchent les veines du plexus génital. Quant aux artères, elles doivent probablement naître de l’aorte par un grand nombre de branches comme chez le Marsouin, par exemple, cétacé dont la circulation a été bien décrite par Bouvier. Ces branches se divisent, s’anastomosent et forment un plexus dont les vaisseaux, en se réunissant, donnent naissance à deux troncs. Ces deux troncs 198 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. se fusionnent ensuite pour former une artère spermatique qui se divise à son tour pour fournir au testicule et à l'épididyme. Vessie et région prostatique de l'urèthre (PI. I. fig. 1, 4, 5 et 9). — L’utricule prostatique, protometra ou utérus mâle, très petit chez l’homme, présente au contraire, chez beaucoup de mammifères, un développement assez considérable et peut alors rappeler, comme forme, l'utérus de la femelle. L'étude du protometra, chez les cétacés, n’a pas encore été faite d’une facon complète. On n’a signalé l'existence de cet organe que chez un certain nombre de cétodontes, comme nous allons lerappeler brièvement, mais on ne possède encore aucune description du protometra des mysticètes. C'est cette lacune, que nous avons été à même de combler (1). L'existence de l’utricule prostatique chez les cétodontes a été indiquée, pour la première fois, par Jackson dans un mémoire publié en 1847 (2). Cet anatomiste se contente, du reste, de signaler la présence, entre les canaux déférents, d’un organe « qui doit certainement faire partie du système génital. » Il a constaté que chez le Globiceps, on trouve en con- nexion avec les canaux déférents un canal de deux pouces et demi de long qui s'ouvre sur le verumontanum, Juste en avant de ces canaux et si intimement confondu avec eux qu’on ne peut en apercevoir qu’une portion d’un tiers de pouce dépassant les orifices des canaux en ques- tion. Il se termine en cul-de-sac et a, dans cette partie, la dimension des canaux déférents. Jackson signale aussi, chez le Marsouin, un protometra à peu près semblable à celui du Globiceps. Il se termine en pointe qui s’atténue graduellement tandis qu’il s’élargit dans le point où il prend contact avec les canaux déférents. Owen, d’autre part, donne dans ses Leçons d’ana- {omie comparée une description succincte de l’organe mâle des cétacés, et ne figure que le protometra du Narwal qui se rapproche beaucoup de celui des cétodontes précités. (1) BeauREGARD et BouLarT, Sur l’utricule prostatique et les canaux déférents des cétacés. C. R. Ac. des sc., 12 mars 1894. (2) Jackson, Dissection of a Sperm Whale and others Cetaceous. (Boston Journal nat. Hist., 1845-1847). ANATOMIE DES BALÆNIDES. 109 Chez le Dauphin, célacé dont nous avons pu disséquer plusieurs spécimens de différents âges le protométra n'avait pas encore été signalé ; nous avons constaté que le verumontanum, de forme cylindrique, pré- sente sur les côtés deux fentes semi-lunaires, ouvertures des canaux déférents. En avant, sur la ligne médiane, on trouve un autre orifice plus petit et circulaire donnant dans un utérus mâle. Voici d’ailleurs comment se présente la région prostatique chez ce cétacé : en avant du verumontanum, la muqueuse du col de la vessie se relève en un raphé médian ou frein. De chaque côté de l’extrémité postérieure du verumontanum se voit un repli longitudinal qui délimite un espace médian divisé en deux rigoles par une saillie de la muqueuse, saillie qui fait suite au verumontanum. Le protometra, peu apparent, se termine en pointe mousse. Chez un Dauphin de 1”,20, disséqué par nous, il mesurait 2°,4 de long sur 4 millimètres de large. Il semble donc d’après tout ce qui précède que, chez les cétodontes, il existe d’une façon très générale un protometra. Si des cétodontes on passe aux mysticètes, on constate, comme nous le disions tout à l'heure, qu’il n’y est fait mention du protometra ni dans les traités d'anatomie comparée n1 dans les mémoires spéciaux. Y. Delage (/oc. cit.) dans ses recherches anatomiques sur la 2. mus- culus de Langrune dit qu'il n’a pas trouvé cet organe. Plus favorisés, probablement par les circonstances, nous avons pu chez notre Palænop- tera musculus de Kérafédé, constater l'existence d’un utérus mâle, petit il est vrai, mais néanmoins très apparent et ressemblant beaucoup, comme forme, à celui du Dauphin. 3 Chez la P. musculus qui fait l’objet de cette description, la vessie mesure 0*,60 dans son grand axe sur 0”,35 de diamètre transversal. Le col a une longueur de 0,55 jusqu’à son orifice dans la région prostatique de l’urèthre. La tunique musculaire du col est très déve- loppée et la muqueuse présente des plis longitudinaux. La région prostatique ovoïde mesure, dans sa portion antérieure, 0",09 de diamètre transversal et environ 0",11 dans sa partie médiane. Le col de la vessie se termine à la région prostatique sous forme d’un canal relati- vement étroit ayant à peine trois centimètres de diamètre. Son orifice 110 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. est taillé obliquement, d'avant en arrière et de bas en haut. Le bord de cet orifice festonné se prolonge latéralement, embrassant le verumon- tanum. Celui-ci se montre, à première vue, comme un bourrelet épais, large de 0”,02, long de 0,06, terminé, en avant, par deux prolongements membraneux triangulaires et disposés comme les deux mandibules d’un bec de canard (pl. I. fig. 1, /). En écartant ces deux prolongements (fig. 4), on voit qu’ils délimitent un orifice qui donne issue dans une petite cavité impaire, sorte de cloaque, au fond duquel se voient trois ouvertures, deux latérales et une médiane dorsale. Les ouvertures laté- rales sont celles des canaux déférents ; la médiane est celle du proto- metra (fig. 9). La muqueuse du verumontanum, disséquée et rejetée de côté, laisse voir nettement ces trois parties (fig. 9) et montre que, jusqu’à trois centimètres de leur terminaison, les canaux déférents ont une apparence. spiralée sur laquelle nous reviendrons. Le protometra est une poche claviforme mesurant 0",13 de long sur 0",01 de large. Il siège à la face dorsale, entre les deux canaux déférents. Ces canaux, dont nous n'avons pu mesurer la longueur, étant donné l’état de la pièce que nous avons étudiée, offrent cette particularité que leur muqueuse est relevée en une sorte de valvule spirale (fig. 8) très comparable à celle qu’on observe dans l'intestin des sélaciens et les cæcums de l’autruche. La prostate, peu épaisse, est recouverte d’un fort muscle compresseur. De nombreux canaux qui en émanent parcourent le repli falciforme (fig. 1, /.) qui fixe le verumontanum à la région dorsale de l’urèthre et s'ouvrent par un grand nombre de petits orifices sur les replis et sur toute la surface de la région. APPAREIL GÉNITAL FEMELLE. Nous avons donné en 1882 (1) la description d’un utérus de B. mus- culus, mais l’état de la pièce ne nous avait pas permis d'étudier les vaisseaux artériels et veineux qui se rendent à cet organe ou en revien- nent. Nous avons eu depuis l’occasion d'examiner les organes génitaux (1) Appareil génito-urinare des Balænides; loc. cit. ANATOMIE DES BALÆNIDES. 111 d’une jeune Z.musculus (spécimen de Saint-Tropez). Nous avons constaté que dans le ligament large utérinilexiste un riche plexus artérioso-veineux qu’une injection réussie nous a permis de mettre en lumière. Ce plexus intéresse toute l’épaisseur du ligament large et se montre composé de vaisseaux flexueux très serrés et d’un petit calibre. Ces vaisseaux s’anas- tomosentet forment une série de houppes qui se répandent sur les cornes utérines. Ce plexus semble avoir échappé aux observations des cétologues, du moins quant à ce qui touche aux mysticètes. Chez le Dauphin, où il a été étudié pour la première fois, d’une façon complète, par Bouvier (1), il est particulièrement riche et ses nombreuses branches constituantes naissent isolément de l'aorte. (4) Cétacés souffeurs, par Bouvier, 1889 ; Thèse d'agrégation, Ecole supérieure de pharmacie de Paris. EXPLICATION DE LA PLANCHE I Fic. 1. — Balænoptera musculus. — Région prostatique de l'urèthre vue latéralement : d, canal déférent ; p, protometra; [-l', lèvres inférieure et supérieure del’orifice commun des canaux déférents et du protometra, au niveau du verumontanum ; f, frein du veru- montanum, à la surface duquel rampent les canaux des glandes prostatiques; v, orifice de la vessie. Fic. 2. —- Balænopiera musculus (1884-2658). — Cœur; face antérieure. Injection artérielle et veineuse. Fic. 3. — Balænoptera rostrata. — Cœur; face antérieure. Injection artérielle et veineuse. Pour les figures 2 et 3 les lettres ont même signification, savoir : a, aorte; c, arlère coronaire gauche (branche auriculo-ventriculaire); c’, veine coronaire gauche ; d, artère de la cloison; g, artère coronaire droite; g', veine coronaire droite ; m, artère margi- nale gauche; ”m', veine marginale gauche; n, artère marginale droite; n°, veine margi- nale droite; p, plexus de la base de l'artère pulmonaire ; r, branches récurrentes de l’artère interventriculaire v; v', veine interventriculaire antérieure; {, thymus. Fig. 4. — Balænoptera musculus. — Région prostatique de l’urèthre : w, saillie longitu- dinale du verumontanum aboutissant à l'orifice o de la cavité au fond de laquelle siègent les orifices des canaux déférents et du protometra. Cet orifice présente deux lèvres (L et /') dont la supérieure à été relevée sur le dessin pour montrer l’orifice qu'elle cachait. Fic. 5. — Balænoptera musculus. — Même pièce; la lèvre supérieure a été divisée et ses lambeaux écartés pour laisser voir au fond de la cavité le verumontanum avec les orifices dd des deux canaux déférents et celui e du protometra. Fi. 6. — Rate de Balænoptera musculus. — Injection artérielle et veineuse. Fi. 7. — Balzænoptera musculus. — OEil (9) avec le plexus veineux v qui siège à la surface du muscle choanoïde. — a, plexus artériel enveloppant lé nerf optique n. Fic. 8. — Balzænoptera musculus. — Portion de canal déférent ouverte pour montrer la valvule spirale. FiG. 9. — Balænoptera musculus. — Protometra p, et extrémité terminale des canaux déférents isolés (d. d). Fic. 10. — Balænoptera musculus. — Testicule ; injection artérielle et veineuse : e, épidi- dyme ; d, canal déférent ; p, plexus veineux postérieur ; p’, plexus du bord épididymaire. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE PAR A. FRANCHET (Suite) (1). x x x Slylus trifidus; spiculæ 1-3 superiores inferne masculæ. 84. C. fastigiata Franch. CPAM pl 42e 2) C. fastigiata Franch., Bull, Soc. philom. de Paris, 8° série, t. VIT, p. 35. Rhizoma crassum, cespitans, pluricaule; folia culmis breviora, 5-8 mm. lata, rigida, complicata; arcuato-falcata, aculissima, superiora bracteæque vaginantia; spiculæ erectæ, dense fasciculatæ, inferne ramosæ, laxifloræ, inferiores longiter, superiores breve pedunculatæ; squamæ omnes conformes, ovato-lanceolatæ, mucronatæ, masculæ albidæ, femineæ pallidæ, omnes nervo viridi carinatæ, utriculo breviores; utriculi 5 mm. longi, lanceolato-fusiformes, in rostrum gracile margine scabrum, ore oblique truncatum longe attenuali. Hab. — Chine occidentale, province de l’Yunnan, dans les bois de Koutoui, au-dessus de Mo so yn (R. P. Delavay). Espèce bien caractérisée par ses épillets plus ou moins rameux, fastigiés, les supérieurs mâles à la base; ce dernier caractère l’éloigne des espèces du groupe /ndicæ, en le rapprochant du €. séipitinux C. B. Clarke, qui n’a que deux styles et dont l’aspect est très diffé- rent. (1) Voir t. VIII, p. 179, de la 3° série de ce recueil. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 30 série. — IX. 15 114 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ++ Spiculæ nunquam ramosæ, nec ad axillam bractearum geminæ vel plures. (Cf. t. VIII, p. 24.) 1. Spica terminalis (nunc spicæ duæ) superne mascula, vel raro inferne et superne mascula, floribus intermediis femineis ; stylus trifidus. 85. C. speciosa Kunth. C. speciosa Kunth, Æ£num. 1, 504 ; C. B. Clarke in Hook., Flora of Brit. Ind. NI, 729; Boott, Carex, 1, 53 ; C. concolor Nees in Wight, Contrib.195 (non R. Br.); C. Courtallensis Nees Ms, ex Boott, /{lustr. Car. I, 52, tab. 138. Rhizoma ad collum fibrillis fuseis vestitum ; folia glaucescentia 4-5 mm. lata, culmos florentes longe superantia, acuminatissima; culmi scabri trigoni, paucifoliati, nune nulli et tunc pedunculi basilares, valde compressi, ad angulos leves; spicula sæpius solitaria, vel rarius spiculæ duæ, approximatæ sed quaque ex vagina propria orta, angustissime linearis 6-8 cent. longa, inferne feminea ; squamæ masculæ arete imbricatæ, cucullatæ, apice truncatæ vel apice breviter productæ, anguste albo marginatæ, dorso striatæ; squamæ femineæ masculis similes et vix mayores, utriculo triplo breviores; utriculus 3-4 mm. longus, olivaceus rubro punctatus, obovatus, basi attenuatus, apice rostratus, ore bidentato, margine acuto ciliatus. Hab. — Tonkin, Hao nho sur la montagne de la Croix; dans les montagnes de Nhan Pham (R. P. Bon, n. 724 et 1316). C’est une forme du type répandu dans l'Himalaya et les montagnes du sud de l’Inde, caractérisé par des chaumes très développés, trigones, scabres sur les angles, présentant des feuilles ou des bractées à l’aisselle desquelles naissent un ou quelquefois deux pédoncules. La forme du Tonkin n’a point ses chaumes développés; les pédoncules sont absolument basilaires et ne portent le plus souvent qu’un seul épillet très grêle ou rarement deux épillets très rapprochés, mais pourvus chacun d’une gaine distincte dépourvue de limbe. 86. C. cylindrostachys Franch. C. cylindrostachys Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, sér. 8, vol. VIT, p. 32. Slolonifera, rhizomate gracili; folia 3-4 mill, lata culmos superantia ; eulmus acute trigonus, apice scaber; bracteæ foliaceæ, vaginantes; spiculæ exerte pedunculatæ, erectæ, cylindraceæ, 2 cent. longæ, basi breviter femineæ, utriculis tantum 3-6; squamæ breves, latissime ovatæ, breviter acutatæ, margine pallide membranaceæ, dorso valide nervatæ, mucronatæ, femineis perigynio fere duplo brevioribus; perigynium ovatum, breviter acutum, bidentatum, ventre planum, dorso convexum, nervulatum, undique tenuiter setulosum. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 115 Hab. — Chine, province de l’Yunnan, sur les coteaux calcaires au- dessus de Che tong, près de Ta pint zé (R. P. Delavay, n. 1742). Rappelle le €. speciosa Kunth, dont il semble être une réduction; épillets plus courts, avec des fleurs femelles beaucoup moins nom- breuses ; utricules relativement plus larges brièvement atténués en bec court, sans marge aiguë ciliée. 87. C. nambuensis Franch. GITE pl AXta D. 2) C. nambuensis Franch., Bull. Soc. philom., 8° série, t. VIT, p. #4. Rhizoma repens fibrillosum ; culmi plures, erecti, leves; folia heteromorpha, sterilia 3-4 mm. lata, plana, culmis breviora, margine scaberrima, culmorum inferiora multo angustiora, pallide fulva; bracteæ pallidæ, omnes longe vaginantes, lamina brevi; spiculæ 4-7, omnes vel superiores tantum pro dimidia parte superne masculæ, omnes longe et exserte pedunculatæ, 2-3 cent. longæ, anguste lineares, erectæ; squamæ subho- momorphæ, superiores (masculæ) paulo angustiores haud raro mucronatæ, inferiores (femineæ) late obovalæ, apice breviter attenuatæ, pro maxima parte fulvæ, margine superne anguste albæ, hyalino-marginatæ, utriculum amplectantes; utriculus pallidus e basi ovata lata, attenuatus, plurinervatus, margine longe ciliatus et pilis brevibus conspersus, rostro breve, bidentato ; stylus trifidus, vel raro bifidus. Hab. —. Japon; île de Nippon, Nambu (Faurie, n. 2172), torrents de Shiobara (id., n. 4086) ; nord de l’Akita, sur les montagnes (id., n. 2075). Assez voisin du C. Reinn Fr. et Sav., mais déjà bien différent par la forme des écailles femelles, toujours sinuées au sommet dans le C. Reinu. 88. C. Reïinii Fr. et Sav. (NII pl TRE") C. Reinü Franch et Sav., Enum. pl. Jap. I, p. 559. Rhizoma elongatum, gracile, stolones emittens; folia glaucescentia, rigescentia, 3-4 mm. lata, margine scabra, culmos vix æquanñtia ; culmi graciles 20 cent. alti, obtuse trigoni, etiam apice leves, toti vaginis tecti; bractete longe vaginantes, vaginis striatis laxis, limbo brevi acuto, longe acuminato ; spiculæ 3-6, exserte pedunculatæ, lineari- clavatæ, 2-3 cent. longæ; spica superior haud raro ex toto mascula, inferiores pro majore parte masculæ, ima basi tantum flores femineos gerentes; pedunculis gracilibus ochreatis; squamæ masculæ fulvæ, dorso uninerviæ, late rhomboideæ, inferioribus præsertim repando-dentatis, superioribus integris et magis acutis; squamæ femineæ masculis similes, apice sæpius repandis, quaque utriculum totum involvente; stylus trifidus ; utriculus 3 mm. longus, obovatus, facie interna planatus, dorso convexo angu- 116 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. latus, multinervius, apice attenuatus, ore bifido, ad margines e basi ad apicem dense setoso-serrulatus ; achænium lanceolatum, fusiforme, trigonum, tenuiter punctulatum. Hab. — Japon, ile de Nippon, sur les rochers dans la chaîne de Hakone (Rein, in Savatier, n. 3489). Diffère du €. cylindrostachys par ses épillets plus longuement pédon- culés à l’aisselle de bractées bien plus longuement engainantes ; par la forme particulière, très élargie, des bractées qui se recouvrent anté- rieurement à leur base, par ses utricules ciliés. Par sa forme extérieure, le €. Reinu rappelle assez bien le C. #legitima Cesati. 89. G. yunnanensis Franch. C. yunnanensis Franch., Bull. Soc. philom. Paris, 8° sér., vol. VII, p. 31. Rhizoma tenue, multiculme ; folia angusta, 2-3 mm. lata, culmis breviora; culmi 2-3 pedales, graciles, trigoni, apice etiam parum scabri, bracteis vaginantibus longe L foliaceis vestiti; spiculæ 4-5 remotæ, omnibus graciliter et exserte, inferioribus longe pedunculatis, pendentibus, præter supremum androgynum basi femineum totæ femineæ, oblongæ ; squamæ omnes pallide rufescentes, masculæ magis acutæ, femineæ utriculo fere duplo breviores, obtusæ, dorso valide viridi-nervatæ; utriculi e basi ovata longe rostrati, rostro leve, ore bidentati, demum leviter excurvi; stylus trifidus (raro bifidus); achænium trigonum. Hab. — Chine occidentale, province de l'Yunnan, sur les rochers ombragés dans les bois de Koutoui au-dessus du Mo so yn (R. P. Dela- vay, n. 4788). Port du C. longipes Don, qui n’a que deux styles et des écailles d’une forme très différente; rappelle aussi le C. desponsa Boott, dont les épillets sont plus grands et les utricules ciliés sur la marge. Ceux du C. yunnanensis sont toujours glabres et remarquables par le long bec qui les termine. 2. Spicula terminalis velspicæ plures superiores inferne masculæ, vel alter- natim masculæ et femineæ ; stylus bifidus. 90. C. cernua Boott. C. cernua Boott, Carex, IV, 171, tab. 578; C. B. Clarke in Flora of Brit. Ind. NI, p. 108. C. shimidzensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, VIL, p. 33. Culmi basi squamis fulvis membranaceis lale ovatis oblusis cincti, acute trigoni, ad LES GAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 117 angulos leves, foliati, foliis vaginantibus, 7 mm. lalis, ligula alla ovato-lanceolata, flaccidis, culmum æquantibus, bracteis longe foliaceis spiculas superantibus; spiculæ 4-8, cylindricæ, approximatæ, pedicellatæ, erectæ vel cernuæ, terminali basi mascula, vel alternatim mascula et feminea, reliquis ex tolo femineis vel ima basi masculis ; squamæ pallidæ, membranaceæ, lanceolatæ, apice acutæ vel obtusæ cum mucrone plus minus evoluto; utriculi squamis paulo breviores obovati, compressi, pallidi, impresse fusco- punctati, marginati, leves, in rostrum breve obscure bidentatum plus minus attenuali; stylus bifidus. Hab. — Japon (Zollinger, n. 119), Nippon : Nambu, forêt de l’Ozorezan (Faurie, n. 4590); montagnes de Shouai (id., n. 2770) ; Aomori, plaines de Shichinohe {id., n. 680); Sobetzu (id., n. 764); Yéso: bords du lac Toya (id., n. 10183); Vesashi et Fukuyama {id., n. 3949 et 5741); Iwanai (id., n. 8243, 7071, 6973); Shimidzu (id., n. 2405); marais du cap Soya (id., n. 7239). Le C. shimidzensis n’est qu’une forme du €. cernua, caractérisée surtout par ses épillets brièvement pédonculés, dressés, fastigiés et dont les utricules présentent le plus souvent deux nervures saillantes ; l’épillet terminal est presque toujours complètement formé de fleurs mâles. 91. C. phacota Sprens. C. phacota Spreng., Syst. TT, 826; C. B. Clarke in Hook., #lora of Brit. Ind. NI, p. 708; Boott, Zllustr. Car. 1, p.63, tab. 128. Cespitosa, pluriculmis; folia nunc angusta, nunc latiuscula (3-7 mm. lata); bracteæ vaginantes, longe foliaceæ, superiores inflorescentiam multo superantes ; spiculæ 4-8, cylindraceæ, sæpius fuscæ, inferiores nunc longe nunc breviter exserte pedunculatæ, pedunculo filiformi, superiores confertæ omnes distincte pedunculatæ ; spicula terminalis inferne mascula vel alternatim mascula et feminea; squamæ masculæ lanceolatæ, acutæ vel mucronalæ, membranaceæ, pallidæ; squamæ femineæ obovatæ, apice trun- catæ vel obcordatæ, pallescentes, utriculo duplo breviores, dorso valide nervatæ, nervo ultra apicem in mucronem sæpius elongatum, utriculum superantem, scabrum, producto; utriculus sæpius fuseus, ovatus, in rostrum breve, truncatum, attenuatus, facie ventrali plus minus distincte trinervatus, marginatus, totus scabrido-papillosus, sæpe impresso punetatus; stylus bifidus. Hab. — Tonkin, bords du Loch-Nam (Balansa, n. 221); bords de la Rivière Noire, en amont de Phuong Lam (id., n. 2826); Kien-Khe, dans les marais (R. P. Bon (n. 4127); Hanh Lam, au pied du mont Tho (id., n. 2891). Forma gracilior, foliis angustis, spiculis pallidioribus. 118 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Plante très variable dans la largeur de ses feuilles et la grandeur des épillets. Dans tous les spécimens du Tonkin les utricules sont ovales, assez longuement atténués au sommet. Le caractère constant du C. jha- cota est d’avoir les utricules finement papilleux sur les deux faces et des écailles obcordées terminées par un long mucron seabre. 92. CG. dimorpholepis Steud. C. dimorpholepis Steud., Synops. Cyp. p. 214; Miq., Prolusio, p. 82; Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., Il, p. 127. Utriculi rufescentes squamis tantum paulo longiores ; squamæ omnes (etiam masculæ) obcordatæ, valide caudato-acuminatæ. Hab. — Japon; Nippon, autour d'Yokoska (Savatier, n. 1417); île de Sikoku (Rein in Savatier, n. 3559). C’est une espèce très voisine du C. phacota, dont elle n’est peut-être qu’une forme ; elle s’en distingue surtout par ses utricules fauves et non bruns ; ses écailles plus grandes, terminées par une arête plus robuste, et qui sont semblables dans les fleurs mâles et les fleurs femelles. 93. G. stachydesma Franch. C. stachydesma Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, VIX, p. 85. Cespitosa ; multiculmis; culmi 4-5 poll., leves, apicem usque crebre foliati ; vaginæ eleganter reticulato-fissæ ; folia rigida, 4 mm. lata, culmis multo longiora, scabra ; spiculæ 4-6 anguste lineares, stricte erectæ, fasciculatæ terminales (1 vel 2) breviter pedunculatæ, inferne maseulæ; spiculæ femineæ subsessiles, 6-10 cent. longæ ; squamæ homomorphæ, anguste lanceolatæ, acutatæ, leves, superiores apice bidentatæ et inter dentes mucroniferæ, dorso virides, ad latera brunneæ, margine hyalinæ ; utriculus squama paulo longior, virens, glaber, anguste lanceolatus, superne longe attenuatus, ore obscure bidentato; stylus bifidus. Hab. — Chine occidentale, Yunnan, aux environs de Long ki (R. P. Delavay). C’est une espèce qu’on ne peut éloigner du groupe des Prescottianæ, mais qui demeure bien caractérisée par la forme étroitement lancéolée de ses périgynes longuement atténués en bec; les gaines déchirées en LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 119 réseau fournissent également un bon caractère qu’on ne rencontre pas d'ordinaire dans ce groupe. 94. C. Fargesii Franch. (TX Sp 2e) C. Fargesii Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, VIT, p. 34. Culmi elati, trigoni, angulis scabri; folia 8-10 mm. lala, plana, acutissima, culmos parum superantia (saltem superiora), non vaginantia, bracteæ foliaceæ, inflorescentiam parum superantes, minime vaginantes ; spiculæ inferiores longe pedunculatæ, arcuatæ, superiores subsessiles fasligiatim erectæ, omnes angustæ lineares, cylindraceæ, 8-12 cent. longæ, superior apice breviler feminea, vel ex toto mascula; squamæ masculæ lanceo- lato-obovatæ parum acutæ, mucronulatæ ; femineæ pallide virides vel albidæ, utriculum vix æquantes, obovatæ, apice truncatæ vel leviter emarginalæ cum nervo viridi in acumen breve excurrente ; utriculi rufescentes, valide nervati, lanceolato-oblongi nullo modo rostrali, ore rotundo brevissime bidentulo ; stylus bifidus. Hab. — Chine occidentale, Setchuen oriental à Tchen Keou tin (Farges, n. 761). Ressemble au C. Prescoltianæ Boott, dont les épillets inférieurs sont à peu près sessiles et dont les utricules sont toujours dépassés par le mucron des écailles. Dans le €. Furgesn le mucron est plus court que les utricules et l’écaille plus blanche. 95. G. cremostachys Franch. C. cremostachys Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, VII, p. 34. Tripedalis ; cespitosa ; culmi trigoni, acutanguli, leves, dense foliati ; folia 4-6 mm. lata, culmos æquantia longe acuminata, superiora breviter vaginata ; bracteæ foliaceæ, longis- simæ, vix vel non vaginantes; spiculæ 7-12, cylindraceæ, densifloræ, 6-10 cent. longæ, præter inferiorem longiuscule peduneulatam subsessiles, 1-2 superiores basi longe masculæ; squamæ masculæ et femineæ homomorphæ, pallidæ, lanceolatæ, in acumen longum utriculo longius attenualæ, acumine apice nunc recurvalo; utriculi parum compressi, pallidi, obscure nervati, cum punctis sparsis impressis, fuscis, in rostrum ore bidentatum longiter attenuati; stylus bifidus. Hab. — Chine occidentale; Yunnan, dans les terrains humides près du col de Yen tze hay, alt. 3300 m. (R. P. Delavay, n. 4691). Port du C. teres Boott, dont il se distingue bien par la forme des écailles et celle des utricules, atténués en bec distinct, caractère qui 120 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. sépare nettement le C. cremostachys des C. cernua, Fargesti, Prescot- hana, etc. 96. G. incisa Boott. C. incisa Boott in Asa Gray, PI. Jap., 327 ; Miq. Prol., 3517; Fr. et Sav., Enum. pl. Jap. 1, 128. Cespitans, pluriculmis ; culmi 30-80 cent., flaccidi, dense foliati ; folia 4-5 mm. lata, mollia, superiora haud vaginantia, culmis longiora vel breviora; bracteæ foliaceæ inflorescentia sæpius breviores, minime vaginantes ; spiculæ 3-7 fastigialæ, omnes longe ee pedunculatæ, arrectæ demum cernuæ, anguste lineari-cylindraceæ, 5-7 cent. longæ 1-2 superiores inferne longe masculæ, nunc totæ masculæ ; squamæ obcordatæ, lateribus late albo-hyalinæ, nervo medio viridi, crasso in mucronem brevem vel brevissimum producto, conslanter utriculo breviorem; utriculus parvus, stipitatus, ovato-lanceolatus, enervis, levis, apice in rostrum brevissimum attenuatus ; stylus bifidus. Hab. — Japon; Nippon, C. autour d'Yokoska (Savatier, n. 2051) et dans la chaîne de Niko (id., n. 2752) ; prov. d’Aomori, environs de Mori (Faurie, n. 645); Sambongi (id., n. 589); Sannohe (id., n. 300); Shichinohe (id., n. 643); Nambu, torrent de Shiobara (id., n. 4115) ; île d'Yéso, autour d’'Hakodate (Will. et Morr.); plaine de Némuro (Faurie, n. 5596); vallées d’Yesashi (id., n. 8870); Kominato et plaine de Washibetsu (id., n. 13214 et 10 514). Espèce bien caractérisée par ses épillets grèles et fastigiés, dressés, ses petits utricules exactement ovales lancéolés ; ses écailles courtes. 97. G. nervulosa sp. nov. Affinis C. incisæ sed spiculæ breviores, oblongæ, racemosæ, nec fastigiatæ, breviter pedunculatæ; squamæ femineæ apice subacutæ, nec truncatæ, obcordalæ; utriculi C.incisæ. Hab. — Japon ; île d’Yéso, montagnes de Mombetsu (Faurie, n. 792). C’est une espèce évidemment très voisine du C. incisa dont elle a les utricules exactement ovales lancéolés et la nervure sous-apiciale; mais elle en diffère complètement par ses épillets courts (15-20 mm.), disposés en grappe et portés par un court pédoncule. 98. GC. polyantha Franch. et Say. C. polyantha Franch. et Sav., Enum. pl. Jap. IX, 556. Planta glaucescens; culmi ultra pedales apice acute trianguli et scabri ; folia omnia LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 121 basilaria, 3-4 mm. lala, marginibus scaberrima; bracteæ foliaceæ, inferior etiam haud vaginans, culmum longe superans ; spiculæ 5-6 erectæ, omnes pedunculatæ, inferioris peduneulo nunc tripollicari, 2-2 1/2 poll. longæ, cylindraceæ ; spicula superior nune ex toto mascula, nunc apice breviter feminea ; squamæ masculæ oblongæ, apice integræ vel denticulatæ, in mucronem scabrum breviler attenualæ ; squamæ femineæ utriculo bre- viores et angustiores, obovatæ, dorso virides, pallide trinerviæ lateribus albo hyalinæ, apice truncatæ vel subcordatæ, nervo medio in mucronulum spinulosum excurrente ; stylus bifidus; utriculi mox patentes, turgidi, parum compressi, membranacei, late obovati, in rostrum breve integrum abrupte desinentes, 5-7 nervati, impresso punc- tati, pallidi. Espèce remarquable dans ce groupe par ses utricules membraneux, renflés, caractère qui le différencie bien nettement du €. incisa et de toutes les espèces du groupe des Prescottiana. Les écailles femelles du C. kiotensis sont beaucoup plus étroites, les feuilles deux fois plus larges et les utricules sans nervures apparentes. 3. Spicula terminalis ex toto mascula. — Rostrum utriculi breve vel nullum. 99. GC. kiotensis Franch, et Sav. C. kiotensis Franch. et Sav., £'num. pl. Jap. IT, 556. Rhizoma crassum, obliquum, fibris radicalibus crassis farctum ; culmi bipedales, basi vaginis fulvis siccis vestiti, vaginæ inferiores in reticulum fissæ ; culmi acute trianguli etiam inferne ad angulos scabri ; folia longissima, culmos superantia, marginibus scabra ; ligula interior maxima, fere 1 cent. longa, lanceolata ; bracteæ foliaceæ, elongatæ, etiam inferior non vaginans ; spiculæ 4-5, superiores stricte erectæ, suprema ex toto mascula, omnes pedunculatæ, inferiore longissime (pedunculo usque ad 5 poll. longo), dependente, nunc fere 4 poll. longa ; squamæ masculæ pallide fulvæ, oblongæ, distinctæ 5-nerviæ, apice denticulatæ, acuminatæ ; squamæ femineæ oblongæ, dorso pallide virentes, valide trinerviæ, lateribus albo-hyalinæ, apice truncatæ vel subcordatæ, nervo medio in acumen serrulatum utriculum superans producto; stylus bifidus; utriculi parvi (vix ultra 1 mm. longi), obovati, basi attenuati, apice rotundati, compressi, enerves, vix conspicue punctati; rostrum subnullum. Hab. — Japon ; île de Nippon, à Kioto (Rein, in Savatier, n° 3735) ; Goyen Yama, prov. de Kii (collector japonicus). Groupe du C. Prescottiana caractérisé par des épillets très longs et étroits. Le C. kiotensis diffère du C. Prescottiana et du C’. teres par ses épillets très longuement pédonculés (au moins les inférieurs) et surtout par ses utricules un peu rugueux, à ponctuations à peine visibles. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, 8e série. — IX. 16 122 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 100. C. otaruensis Franch. C. otaruensis Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, VII, 34. Rhizoma valide stoloniferum; culmi subbipedaies, graciles, inferne squamis fulvis dense farcti; squamæ acutæ, margine reticulato-filamentosæ ; folia 4 mm. lata culmos æquantia vel superantia, inferiora et media vaginantia ; bracteæ foliaceæ elongatæ, non vaginantes ; spiculæ 5, inferiores (vel omnes) pedunculatæ, superiores (sæpius) subsessiles erectæ, confertæ, terminalis tota mascula, omnes 4-5 cent. longæ; squamæ dimorphæ, masculælanceolatæ margine rufæ, lanceolato-obtusæ ; squamæ femineæ utriculo breviores albidæ ; et fere triplo angustiores, lanceolatæ, acutæ vel subacutæ dorso virides, lateribus utriculi obovati, in rostrum obliquum bidentatum attenuati, leves, nervis fere incons- picuis. Hab. — Japon; île d'Yéso, Otaru sur les collines (R. P. Faurie, n° 6982); marais de Furumagi (id., n° 13035, 13041). Espèce du groupe des Prescottiana, bien caractérisée par les gaines inférieures qui sont filamenteuses, les écailles femelles plus courtes et beaucoup plus étroites que les utricules, ceux-ci terminés en bec assez long devenant vite très sensiblement oblique. 101. G. Prescottiana Boott. C. Prescottiana Boott, in Proc. Linn. Soc. I, 286; /Ilustr. Car. 1, p. 115 (excl. Havañ plant.); C. teres? Boott, ZU. Car. 1, 62, tab. 167 (pro parte). Rhizoma validum ; culmi 50-80 cent., acute trigoni, etiam superne leves vel vix scabri, basi vaginis tecti; vaginæ margine reticulalo-filamentosæ; folia inferiora vaginantia, 10-8 mm. lata, culmos superantia; bracteæ foliaceæ, elongatæ, non vaginantes; spiculæ 4-5, graciles, cylindraceæ, superior ex toto mascula longe pedunculata, infima plus minus pendula, pedunceulo gracili 4-5 cent. longo, intermediæ femineæ multo brevius pedunculatæ vel subsessiles; squamæ masculæ lanceolato-obovatæ, obtusæ, pallide fulvæ; squamæ femineæ oblongæ, apice emarginatæ, lateribus membranaceæ pallide fuscæ, cum nervo dorsali viridi in acumen scabrum utriculos sæpius superans excurrente; utriculi compressi late ovati, haud valide nervati, parce impresso-punctati brevissime et abrupte rostrati, rostro tubuloso ore bidentato. Hab. — Japon; île d’Yeso, au pied d'Yésan (Faurie, n° 8052); Nippon, province d’Aomori, Hakkoda (id., n° 13061) ; Kominato (id., n° 13219). Autour du C. Prescottiana, considéré comme tête de groupe, on peut réunir un certainnombre de Carex, appartenant presque tous à la Flore de Chine et à celle du Japon, peu différents dans leur aspect général, LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 193 mais parmi lesquels il est cependant possible de distinguer plusieurs espèces. Tous ces Carex diffèrent du groupe des Vulgares par des épillets plus longs, plus étroits, souvent pendants à cause de leur gracilité; leur style est toujours bifide ; les épis supérieurs ou l’épi terminal sont tantôt complètement mâles, tantôt androgynes, mâles à la base; maïs ce caractère est peu précis, certaines espèces présentant les deux états; aussi ne faut-il s’en servir qu'avec circonspection. Les numéros suivants des collections de M. Faurie devront sans doute être considérés comme appartenant à des formes du C. Prescoltiana dont les épillets tout en demeurant grêles, sont cependant plus courts que d'ordinaire : N° 7935 (montagnes de Tsuruga); 10311 (plaine de Washibetsu); 4095 (montagnes de Shiobara) ; 363 (entre Ichinohe et Morioka) ; 3873 (Ye- sashi) ; 7935 bis (montagnes de Tsuruga); cette dernière forme est remar- quable par ses utricules petits et un peu renflés. Je ne connais pas l’espèce suivante, dont M. C. B. Clarke compare l’utricule à celui du C. notha Kunth, en ajoutant que dans le C. rubro-brunnea les branches du style sont beaucoup plus longues. 102. C. rubro-brunnea C. B. Clarke. C. rubro-brunnea C. B. Clarke, in Hooker, flor. of Brit. Ind., VI, p. 710. — C. heterolepis Boott, in Perry, £xped. Japan, IX, 327 (non Bunge) teste C. B. Clarke. « Spicæ 4-8 approximatæ, subsessiles ; stylus bifidus, persistens, elongatus, rubro- fuseus ; utriculi ellipsoidei, plano-convexi, tenuiter 3-5 nervati, nervis nunc minute glan- dulosis, in rostrum breve lineare attenuati. « Glabra ; rhizoma durum, breve ; culmi plurimi 30-60 cent. alti; folia crebra sæpius culmos æquantia, vix 3 mm. lata; spiculæ 2-3 poll. longæ, 2-4 mm. longæ, fusco-rubræ, sæpius stylis longis persistentibus comosæ ; spicula mascula pallida ; spicula inferior raro pollice distans; bractea inferior inflorescentiam longe superans ; squamæ femineæ ovato- triangulares, muticæ vel submuticæ, intense fuscæ cum carina lutescente'; utriculi illis C. fucatæ (vel C. nothæ) simillimi, sed cum parte styli ramorum exserta quam utriculi multo longiore ». G. B. Clarke, loc. cit. Hab. — Chine (Ex. C. B. Clarke) ; Japon, Alpes de Nikko (Maries in herb. Kew). Cette espèce que C. B. Clarke dit être très répandue sur les collines du Khasia et qui se retrouve en Chine et dans le Japon n'existe pas dans 124 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. l’herbier du Muséum de Paris. Elle paraît très voisine de la plante que j'ai décrite en 1879, p. 89, dans le Pudlletin de la Société botanique de France, sous le nom de C. Fauriæ et que j'ai depuis considérée comme une forme grèle du C. dimorpholepis, appliquant la dénomination de C. Fauriei à une espèce du groupe du €. pilosa (Cf. Bull. Soc. philom. de Paris, 1886). Quoi qu'il en soit le C. rubro-brunnea paraît bien caractérisé d’après sa description, par ses utricules souvent finement glanduleux sur les ner- vures, terminé en bec linéaire d’où sort un style persistant aussi long que l’utricule lui-même. 103. C. vulgaris Fries. C. vulgaris Fries, Nov. Plant, III, 153, et Summa Neget. 230; Fr. et Sav., Enum., pl. Jap. 11, 128; C. B. Clarke, in Hook, For. of Brit. Ind., VI, 714; Boott, Z!lustr. of Car., IV, 166, t. 557-5067. Cespitosa, rhizomate nunce stolonifero descendente; culmi stricti graciles 25-40 cent. alti ; folia angusta, longe acuminata, inferiora ad vaginas adducta, vaginis fissis ; spiculæ masculæ sæpius solitariæ, nunc 2 vel 3 et tune parvulæ, femineæ 2 vel 3, e bractea eva- ginata breviter pedunculatæ ; squamæ masculæ et femineæ intense fulvæ vel fuscæ cum nervo medio pallido, plus minus obtusæ vel apice rotundaiæ, utriculum superantes vel vix æquantes, utriculi plus minus distincte 3-7 nervati, compressi, ovati vel ovato-lan- ceolati in rostrum brevissimum ore emarginatum contracti vel breviter attenuati, faciebus fusco-punctati vel concolores ; stylus bifidus. Hab. —- Japon ; très répandu dans toute l’île d’Yéso et dans le nord de Nippon (Savatier; Faurie, n” 4082, 624, 507, 13058, 625, 626, 508, 546, 2050, 2047, 3917, 4009, 10069 P:s, 362, 684). Chine sept. ; prov. de Shan tung, à Chefoo (Fauvel). Espèce extrêmement variable qu’ilest à peu près impossible de disposer en variétés suffisamment caractérisées et surtout constantes ; les syno- nymes sont très nombreux, et M. Bœckeler en cite la plupart, Linnæa, XL, p. 417. Le C. Gaudichaudiana Kunth n’en est qu’une forme à écailles femelles plus aiguës et dépassant les utricules assez longuement; le C. Thunbergu Steud. a les utricules couverts de ponctuations brunes et ne diffère pas autrement du C. vulgaris. Les deux espèces suivantes ne sont peut-être aussi que des formes extrêmes du C. vulgaris; aussi je ne les présente que sous toutes réserves. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 125 104. GC. usta Franch. C,usta Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, & série, t. VII, p. 41. Dense cespitosa ; culmi graciles flaccidi, 30 cent. alti, angulis scaberrimi fere nudi ; folia culmis bfæviora, plana, 2 mm. lata, mollia, vaginis infimis aphyllis parce in fibras solutis; bracteæ nigræ, parvæ, lanceolatæ ; spiculæ 2-3, terminalis mascula, lineari- oblonga, 12-15 mm. longa, breviter pedunculata, squamis dense imbricatis, fuscis, apice rotundatis ; squamæ femineæ subcontiguæ breviter pedunculatæ, erectæ, ovato-oblongæ vel ovatæ, 8-10 mm. longæ, squamis atrofuscis, obtusis, utriculo brevioribus et angus- tioribus ; utriculi ex brunneo lutescentes, late ovati, apice rotundati, vix 2 mm. longi, 4 mm. lati ; slylus bifidus. Hab. — Japon; île d’'Yéso, dans les tourbières de Noboribetsu (Faurie, n° 10041). Petite espèce, plus molle que le C. vulgaris dont elle se distingue assez facilement, ainsi que des autres espèces du groupe, par sa consis- tance flasque, ses épillets petits et rapprochés, d’un brun foncé, presque noirs. 105. G. minuta Franch. C. minuta Franch., Bull Soc. phil. de Paris, 8° sér., t. VIE, p. 41. Cespitosi; vaginæ inferiores fuscæ, demum reticulato-fissæ ; culmi gracillimi, 2-3 pedales, præsertim superne angulis scabri, fere nudi ; bracteæ fulvæ, haud foliaceæ ; spiculæ 3-4, parum dissitæ, terminalis mascula, linearis, 2-3 cent. longa, subacuta, squamis fulvis, haud dense imbricatis, obtusis ; spiculæ femineæ ovato-oblongæ, parvæ (10-15 mm. longæ), subsessiles, erectæ ; squamæ fulvæ obtusæ vel superiores aculæ, utriculis paulo breviores et angustiores; utriculi ovati, sordide ochracei, vix 2 mm. longi, breviter vel abrupte attenuati, rostro brevissimo ; stylus bifidus. Hab. — Japon ; île d'Yéso, dans la plaine de Saru (Faurie, n° 10398) et dans la plaine de Tarumai, aux bords des eaux (id., n° 10066). Diffère du C. usta par ses chaumes très allongés, ses épillets mâles linéaires, ses écailles fauves et non presque noires. Le C. minuta forme avec le C. usta un petit groupe d'espèces caractérisées surtout par les petites dimensions de ses utricules. 106. GC. aperta Boott. C. aperta Boott, F1. Bor. Amer., I, p. 218, tab. 21; Zllustr. Car., IV, p. 132, tab. 426 Korshinsky, Acta hort. Petrop., XI, p. A1. — C. vulgaris Maxim, Flor. Amur.,p. 314. — C. Maximowiczii Fr. Schm., Æeisen im Amurl., p. 71 (non Bœckl. var. $. Boott. 126 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Culmi graciles, bipedales ; vaginæ infimæ parce fibrillosæ ; folia culmis breviora, plana, 3 mm. lata; bracteæ breviter foliaceæ, spiculas masculas æquantes vel illis breviores ; spiculæ masculæ solitariæ vel binæ, oblongo-lineares, 2-3 cent. longæ, acutæ, squamis obovato-oblongis obtusis, pallide fuscis cum margine anguste albo-hyalino; spiculæ femineæ 2-3 cent. longæ, densifloræ cylindricæ, obtusæ, sessiles, erectæ wel inferiores longe pedunculalæ, pendentes, squamis fuscis, cum nervo dorsali luteo, lanceolatæ, acutæ vel vixobtusæ, utriculum æquantes vel superantesilloque angustiores, demum plus minus patentes; utriculi fere orbiculati, brevissime rostrati, fusco-lutei, crebre punctati, parum compressi, sæpius ad maturitatem plus minus exeurvi; stylus bifidus. Hab. — Mandshurie, dans la région moyenne du fleuve Amur (Maxi- mowiez). Japon; île d'Yéso, tourbières de Némuro (Faurie, n° 5585); plaine de Mombetsu (id., n° 668). Espèce bien caractérisée par ses utricules gonflés, à parois minces, or- dinairement dépassés par les écailles qui sont lancéolées, un peu aiguës, à la fin étalées, rendant ainsi l’épillet squarreux. 107. C. cryptocarpa C. A. Mey. C. cryptocarpa C. À. Meyer, Cyp. nov., p. 226, tab. 14; Boott, Zllustr. Car., TL, 64, tab. 171; C. latiscuspis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, & série, t. VII, p. 38. Cespitosa ; culmi robusti, elati, usque ad 4-dripedales, angulis acutissimis etiam apice vix scabris; vaginæ inferiores fuscæ, reticulato-fibrillosæ ; folia 8-15 mm. lata culmos nunc superantia, nunc illis breviora, plana, pallide viridia, margine parum scabra ; bracteæ longissime foliaceæ, inflorescentiam saltem æquantes ; spiculæ 4-7, superiores 1-3 masculæ, pedunculatæ, 3-4 cent. longæ, oblongæ, obtusæ, squamis fulvis, ovato- lanceolatis, acutatis; spiculæ femineæ 2-4 distantes sæpius longe pedunculatæ pendentes, raro subsessiles erectæ, 4-5 cent. longæ, cylindraceæ obtusæ ; squamæ lanceolatæ, acutæ, marginibus fusco-fulvæ, nervo medio lutescente, utriculo sæpius triplo longiores, demum patentes; utriculi concolores, lutescentes, nunc fusco-punctati, parvi (haud 2 mm. longi) complanati, vix vel non nervati; ovato-orbiculati, rostro brevissimo, squama perfecte occultati; stylus bifidus. Hab. — Kamtschatka (Meyer); Mandshurie Orientale, au voisinage du port de l’'Empereur-Nicolas. Japon; C. dans les Kurilles, l’île d’'Yéso et dans le nord de Nippon. Kunashiri (Faurie, n°5148); Tomakomai (id., n° 10062, 10356); bords de l'Yurap Gawa (id., n° 10236); bords de l’Abashiri gawa (id., n° 5384); île d’Yeterofou (id., n° 7467); Marais du Cap Soya (id., n° 7239 bss); ile de Rebunshiri (id., n° 7308); Mombetsu (id., n° 686); prairies de Sapporo LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 127 (Gid., n°10815) ; plaine de Washibetsu (id., n° 10315) ; Tchitose(id., n°375); forêt de Shibetcha(id., n°5330 et 5267); montagnes de Shari (id., n°5464); falaises de Baranta (id., n° 8294). Diffère du C. aperta par ses proportions plus robustes, ses feuilles (id, n° 337); île de Kunashiri (id., n° 5144); plaine de Kushiro 3-0 fois plus larges, ses épillets plus longs et plus nombreux, ses écailles femelles beaucoup plus longues, plus aiguës, couvrant complètement le fruit ; les utricules une fois plus petits, comprimés, durs. 108. C. cespitosa L. C. cespitosa L., FI. suec., 333 (2 éd.); Fries, Summa, p. 227 ; Boott, Zllustr. Car., 1, 23, tab. 62; Bœckl., Linnæa, vol. 40, p. 427. Dense cespitans, breviter stolonifera; culmi 40-70 cent., filiformes, superne scabri, subrigidi; vaginæ infimæ castaneæ, egregie marginibus reticulalo-fissæ ; bracteæ foliaceæ, nunc breves, nunc spiculas superantes ; spiculæ 3-4, terminalis mascula (rarius 2 masculæ), lineares vel oblongæ, squamis fuscis cum nervo dorsali lutescente, obtusis vel apice rotundatis ; spiculæ femineæ 2 vel 3, subsessiles erectæ, vel plus minus pedunculatæ, pendentes, lanceolatæ vel cylindricæ, acutæ; squamæ subacutæ, lanceolatæ, margine fuscæ, dorsali nervo lutescente, utriculo breviores et sæpius angustiores ; utriculi ovales vel ovali-lanceolati, fusci, fulvi, vel pallescentes, obscure nervali, sæpe punctati in rostrum brevissimum breve attenuati vel contracli, compressi, stylus bifidus. Hab. — Japon, île de Nippon, Sendai (Faurie, n° 2168); île d'Yéso, plaine et marais de Kushiro (id., n° 5256, 10653); Tomakomai (id., n° 10348); Cap Soya (id., n° 7235); tourbières dans les forêts de Némuro (id., n° 55651. Chine septentrionale; montagnes des environs de Pékin (Bodinier). Mandshurie, embouchure de l’Ussuri (Korshinski). Espèce voisine surtout du C. vulgaris Fries ; elle s’en distingue prinei- palement par ses gaines inférieures qui se résolvent sur les bords en filaments anastomosés. La plante varie du reste beaucoup dans ses dimen- sions, dans la forme et la coloration des utricules, dans la longueur des épillets, etc., etc. 109. ? G. acuta L. C. acuta L., Species pl., p. 972 (1"° éd.). Cespitosa; rhizoma elongatum ; fibrillæ validæ ; culmi erecti 30-60 cent. alti, stricti, superne scabri, parte inferiore foliati, bracteæ foliaceæ spiculas vix superantes ; spi- 128 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. culæ 4-5, masculæ 1-3, femineæ 2-4, sæpius pedunculatæ ; squamæ masculæ fulvæ, apice albo-hyalinæ, obovato-oblongæ, obtusæ ; spiculæ femineæ basi et apice attenuaiæ, cylin- draceæ, squamis fuscis, lanceolatis, acultis, utriculum sæpius longioribus, nervo carinali olivacea : utriculi obovati, olivacei, nervati, compressi, apice rotundati vel obtusissimi, rostro brevissimo, bidentato ; stylus bifidus. Hab. — Japon, île d’Yéso, dans les marais de la côte d’Yesan (Faurie, n° 3987). Je n’ai pas vu la partie inférieure de la plante d'Yéso, ce qui doit laisser quelques doutes sur l’assimilation. Tousles autres caractères conviennent bien d’ailleurs. Le €. acuta est surtout en effet distingué du C. cespitosa par ses gaines inférieures qui ne se résolvent pas en fibres anastomosées ; les écailles femelles, plus longues que les utricules, séparent bien la plante du C. vulgaris. Je ne connais pas le C. chloroleuca Meinsh. mms. in Korsh., Acfa hort. Petrop., XI, #10, ni le €. Schmidt Meinsh., Nachr. Wilni-Geb., n° 414, l'un et l’autre de la région de l’'Amur. 110. G. prionocarpa Franch. (NII pl 8 et) C. prionocarpa Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8 sér., t. VII, p. 87. Valide stolonifera ; culmi 80 cent. alti, acute trigoni, scaberrimi, fere usque ad medium foliosi; vaginæ infimæ castaneæ, vernicosæ, marginibus elegantissime reticulato-fissæ ; folia rigida, 4 mm. lala, viridi-glauca, culmis breviora; bracteæ longe foliaceæ spiculas masculas haud superantes ; spiculæ 5-7, superiores 3 masculæ, nunc sessiles contiguæ, nunc breviter pedunculatæ plus minus dissitæ, oblongo-lineares, fuscæ, cum nervo lutescente, obtusæ ; spiculæ femineæ 3-4 longe et graciliter pedunculatæ, pendulæ, haud raro apice longiter masculæ ; squamæ fuscæ, obovatæ, obtusæ, utriculum subæquantes, vel illo paulo breviores et angustiores ; rostrum subnullum ; utriculi glaucescentes, ovato- oblongi, obtusi, margine et nervis dorsalibus serrulato-spinulosi; stylus bifidus. Hab. — Japon; île d'Yéso, dans les tourbières des forêts de Nemuro (Faurie, n° 5568). C'est une espèce qui par sa forme rappelle le C. cryptocarpa et le C. Bueki dont les utricules sont plus arrondis, les écailles plus étroites, les épillets plus allongés. Les utricules du C. prionocarpa, bordés de soies raides, élargies à la base, qui les font paraître serrulés, sont d’ailleurs très caractéristiques. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 129 111. C. leiogona Franch. C. leiogona Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, sér. NII, t. 7, p. 88. Rhizoma valide repens; culmi erecli, graciles, trigoni, eliam apice angulis perfecte leves ; vaginæ infimæ secus marginem reliculato-fissæ; folia 3 mm. lata, apice tantum serrulato scabræ, pro maxima parte marginibus leves, culmos æquantes; bracteæ breviter foliaceæ ; spiculæ 3-4 approximatæ, superiores 2 contiguæ, masculæ, squamis fuscis, oblusis vel apice rotundatis ; spiculæ masculæ sessiles vel subsessiles, cylindrico-acutæ, erectæ 29-2%5 mm. longæ; squamæ fuscæ cum nervo lutescente, lanceolalæ, acutæ, utricu- lum superantes et illo angustiores; utriculi fulvi, compressi, spongiosi, e basi latiore late ovato-atlenuatæ in rostrum distinctum, bidentatum ; stylus bifidus. Hab. — Japon; dans le nord de Nippon, sur le Tsurugisan, alt. 1800" (Faurie, n° 13413). Espèce assez voisine du C. acuta et surtout du C. cespitosa à cause des gaines inférieures qui se résolvent en filaments anastomosés. Elle s’en distingue bien d’ailleurs par ses tiges absolument lisses sur les angles, par son rhizome rampant qui émet à son collet de nombreux bourgeons alternes, rapprochés, donnant naissance à des faisceaux de feuilles. 112. C. rigida Good. C. rigida Good., Observ.,193, fig. 10. — C. vulgaris, var. alpina Boott, ZU!. Car., IV, p.167, tab. 568-5175. Rhizoma stoloniferum, valide fibrillosum ; culmi rigidi, plus minus incurvi, apice tantum subtilissime scaberuli, vix ad medium usque foliati; folia ex viridi-glaucescenlia, plus minus curvata, 2-3 mm. lata ; bracteæ breviter foliaceæ; spiculæ approximatæ, sæpius 4, duabus superioribus masculis, oblongo-cylindraceis, cbtusis, omnes densifloræ ; squamæ femineæ et masculæ perfecte homomorphæ, nigrescentes, obovalæ, apice rotundatæ; spi- culæ femineæ sæpius 2, sessiles, erectæ vel breviter pedicellatæ; utriculi albescentes, ovati, ore nigricante; stylus bifidus, vel rarissime trifidus. Hab. — Chine occidentale, province de Setchuen, dans les prairies humides autour de Tongolo (R. P. Soulié, n° 842). Bien caractérisé dans le groupe par ses écailles qui sont d’un brun noir, les mâles et les femelles semblables, très serrées ; par ses tiges raides, ordinairement courbées ; les feuilles de la plante de Tongolo sont pourtant un peu plus étroites, moins raides, plus glauques, qu'on NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série, — IX. 17 130 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ne le voit d'ordinaire dans le C. rigida qui, comme on le sait, est une plante extrêmement polymorphe. Cette variabilité est du reste en rapport avec l'étendue de sa dispersion séographique, extrêmement considérable, puisqu'on le retrouve dans tout le voisinage du cercle polaire, en Islande, en Laponie, dans toute la Russie, la Sibérie el l'Amérique arctique, sans préjudice de nombreuses stations rayonnantes émises dans la direction du Sud ; c’est ainsi que la plante pénètre sous une forme spéciale, Jusque dans la Corse et, en Asie, atteint la région thibétaine, sans toutefois que la compensation de climat soit toujours suffisamment explicable par l'altitude. C’est en définitive une espèce dont l’aire de dispersion semble avoir beaucoup d’analogie avec la distribution du C. vulgaris où du C. cespitosa, avec cette différence toutefois, que ces deux derniers sont plus nettement partout des plantes de plaine et de marais, ce qui explique mieux leur vaste extension dans les Deux Mondes. Ë 113. GC. luctuosa, Franch. sp. nov. Rhizoma crassum ; vaginæ inferiores pallide fulvæ, demum in fibras solutæ, fibris anastomosantibus! ; culmi rigidi, erecti, 30-60 cent. alti, trigoni, superne scabridi, ad medium usque foliati ; folia haud rigida, 3-4 mm. lata, intense viridia. erecta, culmum æquantia longe vaginata, vagina laxa ore truncata, facie anteriori late membranacea, pallide fulva; bracteæ haud vaginantes, foliaceæ, inflorescentiam longe superantes, foliis simillimæ et æquilatæ ; spiculæ 5-6, supremæ (sæpius duæ) masculæ; squamæ femineæ et masculæ omnino conformes et concolores, atrofuscæ, obovato-lanceolatæ obtusæ vel apice rotundatæ ; spiculæ femineæ 4-2, sessiles vel breviter pedunculatæ ; utriculi(juniores) albidi, lanceolati, mox ovati, in rostrum asperulum distinctum fuscum attenuati; stylus bifidus. Hab. — Chine occidentale : prov. de Se tchuen, aux environs de Tchen-kéou-tin (R. P. Farges). Voisin du C.rigida, mais plus robuste et couvert jusqu’au milieu de la tige par des feuilles assez molles, très longuement engainantes ; bractées allongées. 114. C. brachysandra Franch. (T. VILL, pl. 9, fig. 1.) C. brachysandra Franch., in Bull. Soc. philom. de Par., série VII, t. 7, p. 40. Culmi graciles, 2-3 pedales, etiam apice leves, inferne tantum foliiferi; folia flaccida culmos subæquantlia, 3 mm. vix lata, margine scabra; bractea inferior foliacea, haud LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 131 vaginans, inflorescentiam æquans vel illa brevior ; spiculæ 4-5, terminalis ex Loto mascula, 40-30 mm. longa, longe (6-8 cent.) pedunculata, ceteræ femineæ (nunc superiores apice breviter masculæ), 5-7 cent. longæ, breviter pedunculatæ vel sessiles, ereclæ, haud densifloræ ; squamæ in utroque sexu lanceolato-lineares, acutæ vel parum oblusæ, femineis utriculum longe superantibus; utriculi ovato-lanceolali, distincte stipitati, in rostrum leve, breve, emarginatum, longiter attenuali, antice 4-nervi, margine valide nervati, leves ; stylus bifidus. Hab. — Le Japon: île d'Yéso, au bord des eaux à Tomakomai, dans la province d'Iburi (Faurie, n° 10349). Assez voisin du C. cryptocarpa, avec des épillets plus grèles, briève- ment pédonculés ou sessiles. Les feuilles sont aussi beaucoup plus étroites, les tiges plus débiles ; la forme allongée des écailles est égale- ment très caractéristique et ne permet pas de confondre le C. brachi- sandra avec aucune autre espèce de groupe des Vwlgares. L'épillet mâle est quelquefois plus long qu'il n’est dit dans la description originale. 115. C. Tolmiei Boott. C. Tolmer Boott in Hook., Flor. bor. Amer., 11, 224, et Zllustr. Car., Il, p. 100, tab. 299. Rhizoma repens, cespitans; vaginæ infimæ pallidæ, margine fibrillosæ, fibrillis haud anastomosantibus; culmi 30-60 cent., apice tantum scaberuli, ima basi tantum foliati ; folia culmis breviora 3-4 mm. lata ; bracleæ haud vaginantes, inferiores foliaceæ inflorescentia breviores ; spiculæ 4-5, terminalis (rarius duæ) mascula, inferiores femineæ graciliter pedunculatæ, infima sæpius pendente, laxiflora, oblonga, superioribus magis confertifloris ; squamæ masculæ pallide fulvæ, subacutæ, nervo medio proeminente ; squamæ femineæ fuscæ, ovato-lanceolaltæ vix aculæ, nervo pallido excurrente brevissime mucronulatæ, utriculo breviores; utriculi nunc ex loto fusci, nunc pallidi cum nervis. fuscis scabriusculis, ovati vel ovato-lanceolali, apice breviter attenuali, rostro integro vel obscure bidentato; stylus trifidus ; achænium obscure trigonum. Hab. — Le Kamtschatka, aux environs de Petropaulowski (C. Wright). Cette espèce, qui paraît propre aux îles du détroit de Bering et aux continents asiatique et américain qui sont situés au nord du Pacifique, à tout à fait l’aspect de l’une des nombreuses formes du €. cespitosa ou du €. vulgaris; elle s’en distingue surtout par son style trifide. 132 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. € 116. G. bidentula Franch. C. bidentula Franch., Buil. Soc. phil. de Paris, série VII, t. 7, p. 41. Spiculæ omnes sessiles vel femineæ inferiores brevissime pedunculatæ; rostrum longiler productum, haud raro recurvum ; stylus bifidus vel sæpius trifidus. Pro ceteris C. Tolmiei quam valde affinis. Hab. — Le Japon : île d’Yéso, où la plante paraît être assez com- mune ; montagnes d’Otaru (Faurie, n° 2844, 3008, 2944, 2813); bords du lac de Toya (id., n° 10138); Sobetzu, bord des rivières (id., n° 760); Mombetsu (id., n° 723); Shakotan (id., n° 9883); bord de la rivière de Mori (id., n° 10265); Tarumai, bords des ruisseaux (id., n° 10059); environs d’[wanai (id., n° 8234); montagnes de Shari (id., n° 5509, 5515, 5469) ; Sapporo, n° 323. Par la forme du bec le C. bidentula rappelle assez Le C. forta; mais par tous ses autres caractères il est plus voisin du C. Tolmie, dont il se dis- iingue surtout par ses épillets tous sessiles, caractère qui paraît bien constant d’après les nombreux. exemplaires envoyés par M. Faurie ; il diffère de l’espèce suivante par les écailles femelles plus longues et plus aiguës. 117. C. Augustinowiczii Meinsh. C. Augustinowiczü Meinsh. apud Korshinsky, Acta horti petrop., vol. XII, p. 411. C. eleusinoides, var. flaccida Fr. Schm. /'eis. im Amurl., p. 196 (excel. syn.). Spiculæ sessiles, terminalis mascula breviter pedunculata ; squamæ masculæ fulvæ apice rotundatæ, femineis fuscis, obtusis vel apice rotundis, utriculis duplo brevioribus ; utriculi ovato-oblongi, virescentes, fere enerves, in rostrum breve desinentes: stylus trifidus. Hab. — La Mandshurie austro-orientale, dans la région de l’Ussuri supérieur (Maxim., #er secund. in Herb. Mus. Paris.); bords des ruis- seaux près de Babstowa, dans la région moyenne de l’Amur (S. Kors- hinski). Les C. Tolmiei, bidentula, Augustinowiczii forment un petit groupe d'espèces à style trifide (quelquefois bifide dans le C.bidentula) très rapprochées entre elles, et qu'il est impossible d’éloigner du groupe des LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 133 Vulyares et des Cespitosæ. La seule différence réside dans le nombre des stigmates. Le C. chloroleuca Meinsh et le €. Schmidt Meisn., l’un et l’autre de la région de l’Amur, cités sans description par M. Korshinskvy,loc.cit.,p.#11, me sont inconnus. 118. C. marginaria Franch. C. marginaria Franch., in Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, t. 7, p. 40. Valide stolonifera. Caulis seaber gracilis, bi-tri-pedalis ; vaginæ pallidæ, margine fisso-reticulatæ ; folia caule breviora, 4-6 mm. lala ; bracleæ inferiores foliace, inflorescentia breviores, acuminalæ, non vaginantes ; spiculæ 4-5, femincæ sessiles, crectæ, cylindraceæ, densifloræ, obtusæ, mascula pedunceulata, cylindracea multo angustior ; squamæ masculæ et femineæ homomorphæ, ovalæ, obtusæ, fuscæ cum dorso pallido ; utriculi squamis latiores et vix longiores, late ovati vel suborbiculali, olivacei, tota superficie tenuissime papillosi, punctis resinosis desliluli, in rostrum breve acute bidentatum subabrupte attenuati, faciebus 5-7 nervii, margine nervis crassis cincli: stylus bifidus. Hab. — Le Japon: île d'Yéso, province d’Iburi, aux environs de Toya (Faurie, n° 1084); Tomakomai, dans la plaine, sur le bord des eaux courantes (id., n° 10355) ; Akan (n° 10673) ; Hayashine san, au bord des eaux (id., n° 10673). Voisin surtout du C. érappistarum Franch., dont 1l se distingue faci- lement par ses utricules plus arrondis, complètement dépourvus à la surface des glandes brillantes qui caractérisent Le €. #rappistarum. 119. GC. trappistarum Franch. C. trappistarum Franch. in Morot, /ourn. de Bot., IV, p. 320. Stolonifera, pallide virens; culmi 50-60 cent., leves, inter spiculas tantum scabri : vaginæ pallidæ, ad marginem fisso-reticulatæ ; foliaculmos æquantia, 4-5 mm.lata; bractesæ non vaginantes, foliaceæ, inflorescentiam æquantes vel illa paulo breviores ; spiculæ 5-6, inferior breviter pedunculata, superiores sessiles, stricte ereclæ, omnes cylindraceæ, oblusæ, superior pedunculala, tota mascula, squamis ovato-oblongis, ad latera fuscis, dorso virescentibus, obtusis, valide nervatis, nervo in mucronem haud vel brevissime exsertum excurrente; spiculæ femineæ confertifloræ; squamæ utriculo breviores et plus duplo angustiores, oblongo-lanceolatæ, breviter acutæ, dorso virides, ad marginem fuscæ : utriculi compressi, ovato-elliptici, 3-5 nervi, pallide virentes, tota superficie papillosi slandulisque micantibus rubris vel pallide lutcis conspersi; stylus bifidus. Hab. — La Chine septentrionale, dans les montagnes au N.-0. de 131 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Pékin, sur le bord des ruisseaux près du monastère des Trappistes (R. P. Bodinier, PI. de Hongkong et de Pékin, n° 94). Rappelle le C. Forficula Franch. et Sav., dont les chaumes sont scabres, les périgvnes plus arrondis avec le bec beaucoup plus long et scabre. 120. GC. podogyna Franch. et Saw. CAN DEAS, ) Franch. et Sav., £num. pl. Jap., I, p. 557. Cespitosa, robusta; culmi 30-60 cent., ad angulos scabri, ad medium usque foliati; vaginæ inferiores amplæ, in laminam ovatam acutam desinentes; folia inferiora lanceolato- linearia, nunc 12 mm. lala, superiora fere æquilata, sed longiora, suprema linearia 4-6 mm. lala. ; fasciculi steriles sæpius numerosi, aggregati, foliis erecto-penicillatis latis, breviter acutis ; vaginæ omnes postice ligulatæ, ligula ovata, 10-12 mm. longa fusca, late e folii lamina libera; bracteæ foliaceæ, haud vaginantes, breviter auriculatæ, inflorescentiam non superantes ; spiculæ 4-6, omnes longe et graciliter pedunculatæ, cernuæ, ovatæ, obtusæ, supremæ 2 duplo minores masculæ (raro mascula solitaria) ; squamæ masculæ, oblongæ vel obovatæ, marginibus fuscæ, dorso valide nervatæ, nervo lutescenti in acumen rigidum scabrum producto ; filamenta albida longe exserta ; squamæ femineæ masculis similes sed longius acuminalæ et apice sæpius truncatæ, utriculis 2-3plo breviores ; utriculi slipite piloso 4-8 mm. longo suffulti, tenuiter membranacei, lineari-lanceolati, 8-12 mm. longi, basi vix 1 mm. lati, in rostrum bifidum e basi atlenuati, præsertim margine hirtelli et maculis fuscis adspersi, inferne viridi- olivacei, superne fusci, obtuse marginati; achænium oblongum, fuscescens, tenuiter striato-lineatum, utriculo 6-7plo brevius; stylus bifidus. Hab. — Le Japon: Nippon, province d’Etchigo, sur les rochers mari- times de Kakuda Yama (Faurie); province d'Aomori, aux environs de Kuroishi (id., n° 72); Shirosaki (id., n° 492); Shakotan (id., n° 9934); Tsurugisan, près des glaciers et des précipices (id., n° 13455). Ile d'Yéso, à Mori (id., n° 192) ; C. C. sur les falaises humides d’'Iwanai (id., n° 7038); Morovan (id., n° 738); côtes de Fuku yama et ravins des montagnes (id., n° 3853); bords escarpés du chemin de fer d’Otaru à Sapporo (id., n° 232,274) ; falaises d'Otaru, près de la gare de Temiya{id., n° 3618). Espèce remarquable par ses proportions robustes et trapues, ses gros épillets ovoides longuement pédonculés et surtout par ses utricules étroits, minces, allongés, portés par un long stipe poilu. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 135 4. Spicula terminalis ex toto mascula (vel rarius varie androgyna ); ulriculi glabri vel puberuli, longe et abrupte rostrati, dentibus, subdivergen- lüibus ; stylus bifidus. 121. C. melinacra sp. nov. Vaginæ fulvo-rubescentes, margine fissæ, fibris laxe reticulalis ; culmi acute triquetri, superne scabri e basi ad medium foliati; folia 4 mm. lata culmos subæquantia, acumi- natissima ; bracteæ non vaginantes, foliaceæ, inferior inflorescentiam superans ; spiculæ 4-5 e basi attenuata cylindraceæ, 4-6 cent. longæ, terminalis mascula apice breviter feminea ; spiculæ femineæ (præter suprema) graciliter pedunculatæ, laxe patentes; squamæ masculæ et femineæ homomorphæ, ovato-lanceolatæ, lateribus fuscæ, dorso pallidæ cum nervo flavido in mucronem brevissimum excurrente, femineæ utriculos subæquantes,; utriculi ad superficiem punctis resinosis adspersi, marginibus leves vel parce spinulosi, submaturitate suborbiculati, virescenes, tenuiter subquinquenervati, in rostrum nunc À mm. longum margine leve abrupte desinens, rostri dentibus divaricalis ; stylus bifidus, ramis brevibus. Hab. — La Chine: dans les terrains humides, au pied du Tsang chan, près de Tali, province d'Yunnan (Delavay). Voisin surtout du C. Sadoensis, dont il n’a point les longs styles si caractéristiques, dont les écailles florales sont plus molles, mutiques et les utricules plus étroits à la maturité. 192. C. Forficula Franch. (T. VII, pl. 8, fig. 2.) C. Forficula Fr. et Sav., Enum. pl. Jap. IL, p. 556. Rhizoma crassum, elongatum ; culmi 30-60 cent., cespitantes, graciles, acute triquetri, scabri, vaginis inferioribus fulvis, demum ad marginem laxe reticulato-fissis ; folia glaucescentia, 4-5 mm. lata, culmos ad medium usque vestientia et plus minus superantia ; bracteæ foliaceæ non vaginantes, inferiore inflorescentiam sæpius superante, nunc breviore ; spiculæ 4-5, cylindricæ, sæpius haud densifloræ, 4-5 cent. longæ, suprema (nunc 2) ex toto mascula, reliquæ femineæ, inferioribus 1-2 sæpius breve pedunculatis, patentes; squamæ masculæ oblongæ, obtusæ vel etiam apice truncatæ et tenuiter serrulatæ, lateribus atrofuscæ cum nervo dorsali viridi vel lutescenti ; squamæ femineæ utriculis paulo breviores, obovatæ, lateribus fulvæ, dorso virentes vel pallidæ, apice breviter attenuatæ vel obtusæ, vix conspicue serrulatæ, in mucronem brevem scabrum desinentes; utriculi compressi, pallide virentes, sub maturilate late obovali vel subor- biculati, obsolete trinervati, superne marginibus spinulosi, in rostrum serrulatum rigide bidentatum, dentibus divergentibus, abrupte desinentes, stylus bifidus. Hab. — Le Japon: île de Kiusiou, autour de Nagasaki (Maximowiez). Nippon, province de Kobé (Savatier, n° 3731); Oginohama (Faurie, 136 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. n° 53); Tchitose (id., n° 388); Nikko (id., n° 15557); marais des mon- tagnes de Shiobava (id., n° 4105); Hayashime san (id., n° 13198). Ile d'Yéso, au pied du Raïden (id., n° 7870); bords du lac Toya (id., n°” 10149, 10154); au pied du Noboribetsu (id., n° 10042 et 10071 bis); plaine de Washibetsu (id., n° 10319) ; Iwanai, bords des torrents (id., n° 7062); (Otaru, n° 276, 6963); marais de Nassai, près d'Hakodate (id., n° 3692) ; plaine de Kushiro (id., n° 10650) ; montagnes de Saruru (Gid., n° 10510) ; au pied d’Yesan (id.,n° 8049); vallées humides à Yesashi (id., n° 3865). Espèce très répandue dans tout le Japon et surtout dans l’île d'Yéso. Son aspect varie beaucoup ; ses épillets ordinairement laxiflores, surtout dans les formes où ils sont portés par des pédoncules qui peuvent atteindre 1 ou 2 cent., sont assez denses, lorsque le pédoncule est court ou même nul; l’épillet est alors dressé. La longueur du bec à dents un peu divergentes, la forme des utricules fournissent au contraire des caractères constants, quel que soit lé port de la plante. 193. G. Sadoensis Franch. C. Sadoensis Franch., Bull. Soc phil. de Paris, série VIH, t. 7, p. 42. Affinis C. Forficulæ à qua differt: squamis femineis lanceolatis utriculo multo longio- ribus; utriculis minoribus et præsertim stylo longissimo. Hab. — Le Japon: île de Sado (Faurie, n° 25952 et 15565). Ile de Nippon, Nikko (Faurie, n° 15553); montagnes au nord d’Hirosaki Gid., n° 124;; Nambu (id.); Shichinohe (id., n° 647); environs d'Aomori (id., n° 506) ; (Hakkoda, n° 13068); Tsurugisan (id., n° 13458); plaine de Azuma (id., n° 10360). Ile d’Yéso ; Sobetsu, bords des rivières (id., n°761); vallées humides à Yesashi (id., n° 3866); bords de la rivière de Sapporo (id., n° 7133) ; lits des torrents à Fuku yama (id., n° 3858); montagnes de Fuku yama (id., n° 5683) ; montagnes de Shari (id., n° 5512); plaine de Kabato (id.,n° 8088); environs d’Iwanai (id.,n°* 8244, 7061); montagne d’Iwanobori (id., n° 8215) ; marais à l’entrée des montagnes de Sapporo (Gid., n° 314); environs d’Otaru (id., n° 289, 2945, 2843); bords du lac de Toya (id., n° 10145). | LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 137 Plante ordinairement plus robuste que le €. Forficula ; les épillets sont aussi généralement plus longs et plus gros, les utricules plus petits, tantôt ovales-oblongs, tantôt largement obovales ou suborbiculaires. Mais la distinetion la plus saillante réside dans la longueur des styles qui, dans le €. Sadoensis, sont à la maturité, 5-8 fois plus longs que l’utricule et s’enchevèêtrent de façon que les achaines de tout l’épillet se trouvent réunis en paquet el se trouvent ainsi disséminés en masse. 124. C. Sendaica. CEA plMO0 te 22) C. Sendaica Franch., Bull. Soc. Philom. de Paris, série NI, t. 7, p. 42. Rhizoma longe repens ; culmi filiformes, inferne tantum foliali, 20 cent. ali; folia 2-3 mm. lata, culmis vix longiora; bracteæ inferiores filiformi-lineares, longiter vagi- nantes; spiculæ 2-5 parvæ, 4-8 mm. longæ, inferior sæpius distans, graciliter peduncu- lala, superiores sessiles, terminalis linearis superne mascula inferne breviter feminea, squamis fulvis ovato lanceolatis ; spiculæ femineæ breviter ovatæ, 5-6 mm. longæ, squamis pallidis, late ovatis, oblusis, margine anguste membranaceis, utriculo brevioribus ; utri- culi compressi abrupte rostrali, crebre et valide nervati, margine scabri, rostro achænio breviore bidentato ; stylus bifidus. Hab. — Le Japon; île de Nippon, aux environs de Sendai (Faurie, neb704) Espèce bien caractérisée dans le groupe auquel elle appartient par ses pelites dimensions, ses tiges filiformes, ses pédoncules presque capillaires et surtout par ses bractées engainantes. 125. C. Spachiana. C. Spachiana Boott., Zllustr. Car., 1, 43, tab. 108. Rhizoma horizontale; culmi cespitantes 25-60 cent., graciles, leves; folia culmis lon- giora, 3-4 mm. lata; bracteæ vaginantes, foliaceæ, inflorescentiam superantes; spiculæ 5-8, sæpius distantes, exserte et graciliter pedunculatæ, nonnullæ inferiores vel mediæ intra vaginas geminatæ, terminalis nunc tola mascula linearis, nunc varie androgyna ; spiculæ oblongo-cylindricæ, 2-3 cent. longæ, sæpius apice masculæ ; squamæ masculæ et femineæ pallidæ, ovato-lanceolalæ, acutæ vel cuspidatæ, inferiores nunc obtusæ ; utriculi squamis longiores, lanceolati, trigoni, breviter puberi, nunc epunctati, nunc fusco- punctali, in rostrum longum sensim desinens, rostro bidentato utriculum ipsum haud raro æquante; stylus trifidus ; achænium trigonium. Hab. — La Chine : environs de Macao (Calléry, 40, 44 et 398). NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 30 série. — IX, 18 138 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Les relations systématiques de cette espèce ne sont pas bien faciles à établir. La forme des utricules ne permet guère de l’éloigner des Carex à utricules trigones atténués en long bec; l'existence de deux épillets sortant d’une même gaine, particularité qui se présente assez souvent chez le C. Spachiana, semble le rapprocher du groupe des Prunnea, chez lesquels la présence de deux épillets dans une seule gaine est vrai- ment normale; d'autre part si l’on considère que tous les épillets sont presque constamment androgynes, le terminal rarement complètement mâle, on trouve que malgré l’existence d’un style trifide c’est encore avec les espèces du groupe lorfieula que les relations sont le plus accentuées. 196. C. Fabri Hance. C. Fabri Hance, Journ. of Linn. Soc., XIII, p. 90. « Radice parce fibrosa, foliis radicalibus linearibus glabris margine carinaque minule RS serrulatis, lineam latis, culmo 3-4 pedali glabro paulo brevioribus, spicis 5 androgynis basi femineis apice masculis densifloris 4-6 lin. longis exserte pedunculatis infima infra caulem medium sita superioribus sensim approximatis, bracteis arcte vaginantibus lineari setaceis margine serrulatis caule multo brevioribus, perigyniis lenticulari-ovalibus rufo castaneis valide costato-nervosis præsertim margine et rostro ipsius perigynii dimidiam longitudinem adæquante, apice oblique bidentale scabris, squamis ovatis acutis rufo- castaneis nervo viridulo scabrido percusis vix ad rostri basin atlingentibus, achænio rotundato-lenticulari stramineo lævi, stigmatibus duobus. » — Hance, Loc. cit. Hab. —- La Chine, aux environs de Shang-haï (D° Fabre Tonnerre, ex Hance). Hance a donné le nom de C. l'abri à une espèce recueillie dans le voyage de Hérald et que Munro rapprochait du C. vulgaris et du C. trinervis Degl. Hance la croit alliée surtout au C. Setigera Don; Boott, Illustr. Car., pl. 6, dont elle diffère par ses styles bifides, ses utricules glabres et ses akènes lenticulaires. Le C. Fabri paraît devoir prendre place à côté du C. Spachana Boott. 127. C. gracilirostris. C. gracilirostris CG. B. Clarke in litt. Stolonifera, cespitans ; culmi graciles, 40-50 cent. alt, vix ad medium foliati acutanguli, eliam superne leves, inter spiculas tantum scabri; folia culmis breviora LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 139 3-4 mm. lata ; bracteæ non vaginantes, foliaceæ, infima inflorescentiam superante ; spiculæ 5-6, terminalis longiler pedunculata, mascula, angusta 4-5 cent. longa, reliquæ femineæ, haud remotæ, nunc fere fastigiatæ, 1-2 inferiores breviter pedunculatæ, superiores sessiles, omnes erectæ, 5-8 cent. longæ, graciles ; squamæ masculæ et femineæ homomorphæ, lanceolatæ, acuminatæ, margine anguslissime fuscæ, pro maxima parte pallide fulvæ, nervo medio tenui in setam tenuem desinente, femineæ utriculos longe superantes ; utriculi obovati, fuscescentes, punctis et lineis intense fuscis conspersi, in rostrum ipso æquilongum abrupte contracti, dentibus tenuibus, plus minus divergentibus; stylu#bifidus, utriculo 3-4 longior — Achænia stylis demum intricata. Hab.— La Chine : province de Hupeh, aux environs de Ichang (Henry, n° 1725, ex distrib. Herb. Kew). Voisin du C. Sadoensis, mais plus grêle : bec des périgynes plus long ; styles plus courts ; épillets plus rapprochés formant une inflorescence presque fastigiée ; écailles femelles molles. Le C. gracihrostris n'est peut-être qu'une variété chinoise du C. Sadoensis ; M. C. B. Clarke (in litt.) la place dans le groupe des Cernua, probablement à cause de son inflorescence. Le n° 3531 (Hupeh, Ichang) du D° Henri s'éloigne par ses utricules pubescents; la plante n’est pas assez développée pour qu'on puisse risquer une détermination. 128. C. taliensis Franch. (DAS pl IE Tie 2.) C. taliensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, €. 7, p. 34. Repens, multicaulis; culmi 30-40 cent., superne scabri, ad medium usque foliati ; vaginæ infimæ pallidæ, demum fibrillosæ, fibris laxe anastomosantibus ; folia 4-5 mm. lata, culmos parum superantia ; bracteæ haud vaginantes inflorescentiam superantes, foliaceæ ; spiculæ 6-7 lineari-clavatæ, 4-7 cent. longæ, breviter pedunculatæ erectæ, quasi fastigiatæ, terminalis tota mascula vel apice breviter feminea, squamæ masculæ et femineæ homomorphæ, anguste lanceolatæ, longe acuminatæ, dorso pallidæ, femineæ utriculis longiores ; utriculi fusci, cum punctis magis intense coloratis, late ovati com- pressi, in rostrum lineare marginibus scabrum ore bidentatum abrupte desinentes. Hab. — La Chine : province d’Yunnan, le long des ruisseaux des montagnes à Tchen fong chan (Delavay, n° 412) et aux environs de Tali (id.). C’est une espèce très voisine du C. graciirostris CG. B. Clarke ; elle s’en distingue bien par ses utricules plus larges et surtout par ses écailles terminées par un mucron rigide, jaunâtre allongé. 140 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 5. Spicula terminalis (rarius 2) tota mascula ; utriculi longe attenuato ros- trati,rostro profunde bifido ; stylus sæpius elongatus, bifidus vel trifidus. 129. C. plocamostyla Maxim. C. plocamostyla Maxim., Mél. biol., XII, p. 565. Rhizoma stoloniferum ; culmi 40-60 cent. superne scabri; vaginæ fulvæ ; folia 3-4 mm. lata culmis paulo breviora; bracteæ foliaceæ, inferior inflorescentiam æquans, superiores setaceæ ; spiculæ 2-4 distantes, omnes longe (nunc longissime) et graciliter pedunculatæ, pendentes, vel superiores erectæ, suprema tota mascula (raro masculæ duæ), ovatæ vel oblongæ, femineis nune ovalis, nunc obovatis, obtusis ; squamæ in utroque sexu homo- morphæ, lineares, margine fulvæ vel fuscæ, dorso pallidæ, nervo in aristam levem squama ipsa duplo vel fere triplo longiorem producto; utriculilanceolati, margine strigosi, faciebus hispiduli, in rostrum tenue profunde bifidum ipsis longius sensim produeti ; stylus longe exserle, alte supra rostrum bifidus. Hab. — Le Japon : île de Nippon, ad rivulos in tractu Hakone (Tschonoski, ex Maximowiez); in monte Fudsi yama (M. Matsumura) ; montagne de Hakkoda(Faurie, n°849); sommet du Tsurugizan, alt. 2000 m., au milieu des Prnus densiflora, à la bifurcation du sentier qui conduit de Tsurugawa au sommet (Faurie, n° 13411); sommet de l’Hyashine (id., n° 13570). Maximowiez reste indécis sur la place que doit occuper sa plante dans la série des Carez ; il la compare seulement au C. longirostris Torr., tout en reconnaissant qu'elle n’a que des relations éloignées avec cette espèce dont le style est trifide et dont le bec étroit, beaucoup plus allongé, n’est point partagé en deux, presque jusqu’à la base, comme celui du C. plocamostyla. | En réalité, depuis la découverte des quatre espèces suivantes, le C. plocamostyla se trouve être la tête d’un groupe jusqu'ici propre à la flore du Japon. 130. C. dicuspis Franch. (T. VII, pl. 10, fig. 1.) C. dicuspis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, t. 7, p. 42. Culmi 25-40 cent., scaberuli, ad medium usque foliati; squamæ basilares fuscæ, brevis- sime foliaceæ ; folia flaccida, 5-6 mm. lata (vel in speciminibus diminutis tantum 3-4mm.), culmo paulo breviora; bracteæ foliaceæ, inferior inflorescentiam æquans, superior subu- LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 141 lata ; spiculæ 3-5, subdistantes, oblongæ, inferiores graciliter pedunculalæ, superiores sessiles vel subsessiles, suprema breviter pedunculala tota mascula, reliquæ femineæ ; squamæ lanceolalæ fuscæ, nervo dorsali flavo in acumen squamæ æquilongum scabrum desinens; squamæ masculæ multo brevius acuminatæ; utriculi squamis occultali, angusti, tenuiter membranacei, margine et basi setulosi, apice longe attenuati, profunde bifidi, lobis aristæformibus paulo divergentibus, stylus bifidus. Hab. — Le Japon : île de Nippon, province d'Yamagata, aux environs de Shonaï (Faurie, n° 2784) ; sur le Chokkaï san (M. Okubo Saburo). Voisin du C. plocamostyla; il en diffère par ses feuilles plus larges et plus molles, ses épillets plus allongés dont les supérieurs sont sessiles ; ses écailles femelles plus larges et dont la pointe est très scabre. Dans l’une et l’autre espèce les feuilles sont homomorphes, c’est-à-dire que les feuilles des rejets stériles ne sont pas sensiblement différentes de celles des tiges fertiles comme Maximowiez l'avait dit de celles du C. ploca- mostyla. 131. C. trichopoda Franch. CNITE pl A; fig 2.) C. tichopoda Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, t. 7, p. 43. Cespitosa ; culmi graciles 10-15 cent. alli, vaginæ infimæ rubro-fulvæ, breviter foliaceæ ; folia culmos ad medium usque vestientia et illos superantia, 3-4 mm. lata ; spiculæ 2 vel 3, longe et gracillime pedunculatæ, pedunceulis capillaribus 20-25 mm. longis, breviter ovalæ, 1 cent. longæ, suprema tota mascula paulo minor; squamæ masculæ et femineæ conformes, lanceolatæ in aristam flavidam scaberulam attenuatæ, masculæ fulvæ, femineæ magis intense coloratæ, arista 1-2 mm. longæ ; utriculi squamam paulo superantes, membranacei, lanceolati, in rostrum valide bidentatum desinentes et cireum- circa ad marginem longe setosi; stylus bifidus. Hab. — Le Japon : province d’Aomori aux alentours de Gonohe (Faurie, n° 339). C’est une espèce bien distincte de toutes celles du groupe par ses petites dimensions, ses feuilles molles, ses chaumes grèles et flexibles. 132. Okuboi Franch. C. Okuboi Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, t. 7, p. 43. Culmus pedalis, levis, vix ad medium foliatus; vaginæ infimæ brevissime foliiferæ, rubro-fuscæ ; folia culmo breviora, 4-5 mm. lata; bracteæ haud vaginantes, foliaceo-subu- 142 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. latæ, inflorescentia paulo breviores; spiculæ 3 sessiles, ovato-lanceolatæ, 2-3 cent. longæ, contiguæ, terminalis mascula, omnes fuscæ; squamæ femineæ et masculæ lanceolatæ, longe attenuatæ, in cuspidem flavum desinentes ; squamæ femineæ utriculos occultantes, cum cuspide 8 mm. longæ ; utriculi pallide virentes lanceolati, 6-7 mm. longi, margine serrati, faciebus setulosi, et tenuissime nervati, rostro profunde bifido, lobis aristæfor- mibus ; stylus bifidus. Diffère des autres espèces du groupe par sesépillets sessiles et sa bractée inférieure filiforme un peu plus courte que l’inflorescence. Le C. Okubor fournit un exemple d’un utricule biflore, tel que Boott l’a figuré, Illustr. Car., WI, 362, chez le C. atrata; c'est-à-dire que l’utricule renferme deux achaines complètement développés tout à fait indépen- dants l’un de l’autre et pourvus chacun d’un style bifide qui sortent ensemble entre les dents du rostre. Quelques autres Carex présentent cette même anomalie. 133. GC. tenuiseta Franch. C. tenuisela Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VIIL, t. 7, p. 43. Valide rhizomatosa, cespitans ; culmi 30 cent. alti, etiam superne leves ; vaginæ infi- mæ fuscæ, breve foliaceæ ; folia 3-4 mm.lata culmos æquantia ; bracteæ non vaginantes, inferior foliacea inflorescentiam parum superans ; spiculæ 5-6, omnes oblongæ, obtusæ, rubro-fulvæ, terminalis mascula, reliquæ femineæ, inferiori pedunculata, superioribus subsessilibus vel sessilibus; squamæ in utroque sexu anguste lanceolatæ, marginibus rubro-fulvæ, dorso pallide flavæ, femineæ longissime aristatæ, arista 12-7 mm. longa, seta- cea vix conspicue ciliolata ; utriculi pallide virentes, 5-7 mm. longi, anguste lanceolali, margine toto et faciebus setulosi, rostro breviter bifido, dentibus aristæformibus ; stylus trifidus. Hab. — Le Japon :île de Nippon, province d’Akita, au sommet du Chokkaïi san (Faurie, n° 2731). Espèce bien caractérisée par ses styles constamment trifides, mais très voisine d’ailleurs du €. plocamostyla, dont elle diffère par ses épillets plus allongés, ses utricules beaucoup plus longuement atténués et moins profondément bifides. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 143 6. Spicula terminalis (nune 2 vel 3) ex toto mascula; utriculi erostrati vel brevissime rostrati, margine et faciebus raro leves, sæpius scabri vel spinulosi ; squamæ femineæ longe vel longiter aristatæ; stylus trifidus. 134. C. flavocuspis Franch. C. flavocuspis Franch. et Sav., £num. pl. Jap., Il, p. 574. Rhizoma stoloniferum, stolonibus gracilibus, horizontalibus ; eulmi debiles 20-30 cent. alti, acute trianguli, etiam superne leves, inferne tantum foliati; vaginæ infimæ fulvæ ; folia culmos æquantia vel superantia, mollia, 4 mm. lata ; bracteæ evaginatæ, inferior foliacea inflorescentiam superans ; spiculæ 3-4 inferiores pedunculatæ, pedunculis ochrea fusca 5 mm. longa, cinclis; spicula mascula unica, late oblonga vel oblonga, circiter 2 cent. longa, squamis obovatis, fuscis, dorso lutescentibus, nervo in mucronem levem excurrente ; spiculæ femineæ 2:5 cent. longæ, superior sessilis, squamis intense fuscis oblongis, masculis homomorphis sed longius acuminatis ; utriculus 4 mm. longus squa- mas subæquans, lœte virescens, apice fuscescens, compressus, ellipticus, margine et faciebus levis, in rostrum breve paulo emarginatum sensim desinens; stylus trifidus ; achænium sessile. Hab. — Le Japon: île de Nippon, province de Senano, sur la montagne d'Ontake (Savatier, n° 3762); sommet du Chokkaï san (Faurie, n° 2726 et 2754). Le C. flavocuspis n’est peut-être qu’une forme du C. podocarpa Rob. Br., qui pourtant paraît différer par ses périgynes plus larges et surtout par ses achaines longuement stipités. Le C. macrochæta semble constituer une autre espèce, dont les arêtes des écailles sont très longues et rudes. Les espèces suivantes s’éloignent davantage par leurs utricules plus ou moins seabres, surtout sur les bords. 135. GC. scita Maxim. C. scita Maxim., Mél, biol., XII, p. 564. Rhizoma repens, stoloniferum ; culmi leves, 4-10 dec., ad medium usque foliati; vaginæ vetusiæ fusco-rubræ ; folia 3-4 mm, lata, culmis breviora ; bracteæ evaginatæ, inferiores foliaceæ inflorescentiam subæquantes; spiculæ 3-5, distantes, omnes vel saltem inferiores pedunculatæ, pedunculis 1-2 cent. longis filiformibus, nunc brevioribus ; terminalis mas- cula oblonga, femineis latioribus ovato-lanceolatis, aculis; squamæ lanceolatæ, atrofus- cæ, utriculo breviores in aristam plus minus elongatam, scabram desinentes ; utriculi obscure trigoni, compressi, membranacei, fusco-punctati, marginibus albidi et scabri, obtusi cum rostro brevissimo, nigrescente : achænium stipitatum, trigonum. 144 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Hab. — Le Japon : province de Nippon, au bord des ruisseaux dans le Hakone central (Tschonoski, ex Maxim.) ; sur la montagne d’Asari yama (Faurie, n° 2984) ; dans les montagnes de Mashike (id., n° 8342, 8341); bords de la rivière à Mashike (id., n° 7167), sommet du Riishiri (id.,n° 8364); falaises de Nemuro (id., n° 5615). — Kuriles ; île de Yéto- ropu (id.,n° 7439 bas) ; forme à épillets femelles tous subsessiles. Espèce bien caractérisée par ses utricules très obtus, souvent blan- châtres, au moins sur les bords, et très rudes sur la marge; la longueur de l'arête varie assez sensiblement ; elle peut atteindre jusqu’à 7 mm. 136. C. xanthathera Franch. (LUIX, pl: 4 fo.2» C. xanthathera Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VIIE, t. 7, p. 88. C. urolepis Franch., loc. cit., p. 36 (non C. urolepis Franch., Miss. du Cap Horn, Phanér., p. 376). Rhizoma robustum, horizontale ; culmi superne vix scabri 50-60 cent. alli, ad medium foliati ; vaginæ rubro-fulvæ, late marginatæ ; folia caulina culmis breviora velillos vis æquantia, 5-7 mm. lata, breviler aculata ; bracteæ non vaginatæ, late foliaceæ, inflores- centia breviores; spiculæ 4-6, excepta terminali maseula, omnes sessiles, sæpius subcon- tiguæ, infima nunc brevissime pedunculata, ovatæ, crassæ obtusissimæ, fere 1 mm. latæ; squamæ masculæ et femineæ homomorphæ, lanceolatæ, fuscæ, cum nervo lutescente in aristam elongatam, rigidam, asperrimam producto; utriculi pallidi, ovato-lanceolati, margine et faciebus ad nervos spinuloso-serrati, in rostrum breve, emarginatum, atro- rubens attenuati; stylus trifidus ; achænium stipitatum. Hab. — Le Japon septentrional, dans l’île de Rebunshiri, au pied des falaises (Faurie, n° 7298). Cette espèce a presque tous les caractères du C. scita, mais ses épillets sont ordinairement rapprochés, plus gros, très obtus, ses feuilles plus larges, ainsi que les bractées. 137. GO. scabrinervia Franch. C. scabrinervia Franch , Bull. Soc. philom. de Paris, série VIII, vol. 7, p. 37. Affinis €. xanthatheræ ; spiculæ masculæ 2 vel 3, conliguæ, inferior minor; spiculæ femineæ dissitæ, subsessiles vel inferior pedunculata laxiflora, e basi attenuata acuta obo- valæ vel oblongæ, apice attenualæ ; utriculi e basi rotundata ovati, breviter altenuati, in rostrum breve cylindricum emarginatum desinentes, margine et nervis serrulato-spinu- LES CAREX DE. L'ASIE ORIENTALE. 145 losi, faciebus rubro-nervati nervis 3-7, præserlim superne scabri ; achænium longe slipilatum, trigonum. Hab. — L'ile de Rebunshiri, au N.-0. d'Yéso (Faurie, n°” 8482 et 8418) ; île de Shikotan (id., n° 7416). Espèce caractérisée surlout par ses épillets mâles qui sont au nombre de 2 ou 3; par ses gros épis (diam. { cent.) de forme ovale ou obovale atténués aux deux extrémités; port du C. Gmelini, avec des utricules serrulés-spinuleux sur les bords et sur les nervures des faces. 138. C. ciliolata Franch. C. ciliolata Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VIIL, L. 7, p. 38. Repens ; culmi graciles, 40-50 cent. alti ; vaginæ infimæ pallide fulvæ ; folia flaccida, 3-5 mm. lala, culmis breviora ; bracteæ evaginalæ, foliaceæ, inflorescentiam parum supe- rantes ; spiculæ 4-5, remotæ, terminalis mascula, oblonga, obtusa, squamis ovato-oblon- gis, margine rubro-fulvis, breviter mucronatis; spiculæ femineæ præter supremam sessilem longe et graciter pedunculatæ, infima pendente, ovato-oblongæ, 15-20 mm. longæ : squamæ ovato-lanceolatæ, margine fulvæ, dorso pallidæ, breviter mucronatæ, su- perioribus utriculos non æquantibus ; utriculi pallidi, ovato-lanceolati, margine ciliolali, basi et apice atlenuati, rostro brevissimo emarginato. Hab. — Le Japon : ile de Nippon, sur l'Asariyama ; pelouses récemment abandonnées par les neiges, alt. 1500 à 2000 mètres (Faurie, n° 2984 bis). Plus grêle et plus petit que les espèces précédentes du même groupe : utricules très finement ciliés et non serrulés-spinuleux. È 139. Riishirensis Franch. C. Riüshirensis Franch., Bull. Soc. phil. de Puris, série VIIT, t. 7, p. 88. Stolonifera ; culmi 20-25 cent., eliam apice leves, ad medium vel paulo ultra foliali ; vaginæ infimæ fusco-rubræ; folia culmo vix breviora, 4-5 mm. lata, breviter acuta ; bracteæ non vaginantes, foliaceæ, inferior inflorescentiam non superans; spiculæ 4-5, supremis duabus tolis masculis clavalis, stricte contiguis ; spiculæ inferiores totæ lemi- neæ, 1-2 cent. longæ, lanceolatæ, acutæ, distantes (præter superiorem subsessilem), gra- ciliter pedunculalæ ; squamæ in omnibus spiculis homomorphæ, ovato-lanceolatæ, rubro- fuscæ, cum nervo dorsali rufescente in cuspidem desinente ; utriculi squamam æquantes, ovali, margine serrulali, rostro subnullo, ore truncato ; stylus trifidus. 19 NOUVELLES ARCHIVES DU MUsEUM, 3€ série. — IX. 146 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Hab. — Le Japon : île de Rüishiri, au sommet de la montagne (Faurie, n° 7392). Port du C. wstulata Vahl, qui n’a qu'un seul épi mâle, des bractées engainantes, surtout l’inférieure, des utricules lisses sur les bords et terminés en bec distinct. 1. Spicula terminalis tota mascula vel superne feminea ; stylus trifidus. «. Utriculi ovato-lanceolati, in rostrum bidentatum attenuati. 140. C. psychrophila Franch. C. psychrophila Nees in Wight, Contrib., 127; Boott, Car. Illustr. I, p. 70, tab. 191; Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, t. 7, p. 88. C. celsa Boott, loc. cit., II, p. 108, tab. 330. Rhizoma stoloniferum; culmi graciles, pedales, superne scabri, ad medium foliati; vaginæ infimæ fulvæ demum ad marginem reticulato-fissæ ; folia 2 mm. lata culmis paulo breviora ; bracteæ non vaginantes foliaceæ, lineari-subulatæ, inferior inflorescentiam plus minus superans; spiculæ 3-4, suprema oblonga inferne mascula, inferiores femineæ ejus- dem formæ sed paulo minores, omnes sessiles paulo distantes; squamæ utriusque sexus conformes, ovato-lanceolatæ, lateribus fuscæ, dorso virides cum nervo in mucronem brevem excurrente; utriculi lanceolati, squamas paulo excedentes, in rostrum biden- tatum margine ciliati vel leves ; stylus trifidus. Hab.— La Chine occidentale : province de Setchuen, district de Tchen kéou tin (Farges). | Espèce bien caractérisée par la forme étroite de ses utricules atténués en bec assez long. La forme du Setchuen correspond plus spécialement au (€. celsa Boott. - 8. Utriculi late ovati vel obovati in rostrum brevissimum abrupte desinentes. 141. C. atrata Franch. C. atrata L., Sp. pl. (éd. 4), p. 976 ; Boott, Car. Illustr., II, p. 114; t. 362-364 ; Franch., Plant. David., part. II, p. 140. C. B. Clarke, in Hook. f., For. of Brit. Ind., NI, p. 731 Franch., Bull. Soc. Linn. de Paris, série VIII, t. 7, p. 36. Rhizoma repens ; culmi 40-70 cent. superne scabri, parte inferiore tantum vel ad medium foliati, vaginæ infimæ fuscæ; folia 4-5 mm. lata, culmis breviora; bracteæ eva- ginatæ, foliaceæ, inferior inflorescentiam æquans vel superans ; spiculæ quasi fastigiatæ, LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 147 inferiores præsertim pedunculatæ, infima nunce magis remota, pendens, suprema oblongo- cylindrica inferne mascula ; femineæ ejusdem formæ velnunc clavatæ ; squamæ utriusque sexus conformes, aterrimæ cum nervo medio rubro-fuscæ, lanceolatæ, acutæ vel suba- cutæ ; utriculi leves, albovirentes, ovati, obtusi, cum ore nigro, faciebus pauci-nervali : stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale : principauté de Moupine (Arm. David) ; Yunnan, prairies élevées au-dessus du col de Yen tzé hay, alt. 3500 m. (Delavay) ; lieux humides sur le Tsang chan, alt. 4000 m. (Delavay, n® 2807 et 867); montagnes séparant la vallée du Mékong, de celle de la Salouen à la hauteur de Tsekou (Pr. Henri d'Orléans). Setchuen; environs de Ta tsien lou (Soulié), 142. C. Tarumensis Franch. C. Tarumensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, 1. 7, p. 87. Rhizoma validum; culmi plures bi-tripedales, superne scabri, fere ad medium usque foliati ; vaginæ inferiores fusco-rubræ, margine demum in fibras anastomosantes solutcæ ; folia 4-6 mm. lata, culmis longiora; bracteæ non vaginantes, inferior foliacea inflores- centiam subæquans; spiculæ 3-4, superiore inferne mascula vel interrupte mascula et feminea, oblongo-cylindrica, 3-4 cent. longa; spicuiæ femineæ sessiles vel subsessiles, infima tantum magis remota, omnes cylindricæ, vel abbreviatæ fere ovatæ, haud densi- floræ; squamæ utriusque sexus conformes, ovato-lanceolatæ, fulvæ vel fuscæ, nervo dorsali stramineo in aristam utriculo longiorem desinente ; utriculi e basi attenuata ovati, apice rotundali, dense et elevate papillosi, utraque facie valide multinervati, compressi, rostro subnullo; stylus trifidus; achænium e basi attenuata oblongum, trigonum. Hab.— Le Japon : île d'Yéso, dans la plaine de Kushiro (Faurie, n° 10648); Tarumai, bords des marais (id., n° 10093). Port du C. stricta ; bien caractérisé par ses styles trifides, son épillet supérieur androgyne, ses utricules très papilleux. Le €. Gmelinr a les styles ordinairement bifides, les utricules plus larges et lisses. 143. C. Souliei Franch. C. Souliei Franch., Bull. Suc. philom. de Paris, série VIT, t. 7, p. 35. Rhizoma valide repens, stoloniferum ; culmi 30-50 cent., validi, acutanguli, superne scabri, nunc alte foliati; vaginæ inferiores castaneæ, demum ad marginem in fibras capillaceas solutæ ; folia 4-5 mm. lata, culmos longiora ; spiculæ 4-5, obovato-oblongæ, 148 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. congeslæ, inferior peduneulata, omnes vel tantum superiores basi breviter masculæ : squamæ rubro-fuscæ, late obovalæ, obtusæ vel apice rotundatæ, nervo scabrido rubro- luteo sub apice desinente; utriculi viridi-flavescentes squamam paulo superantes, ovato- orbiculati, in stipitem abrupte desinentes, ore brevissimo bidentato, pilis brevibus mican- tibus veslili, margine incrassato superne spinuloso, stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale : province de Setchuen, dans les bour- biers etles marécages à Tatsien lou (Soulié, n° 412); bords des ruisseaux à Tongolo (id., n° 958). Ressemble au C. alpina, mais il est de plus grande taille; ii en diffère nettement par ses périgynes arrondis et couverts, surtout au sommet, de papilles spinuleuses ; le €. Lehmann a l'inflorescence moins compacte, les utricules glabres et plus petits. 144. C. Lehmanni Franch. C. Lehmanni Drejer, Symbol. Caricol., 13, tab. 2; Boott, {lustr. Car., III, 113, t. 361. — C. B. Clarke, in Hook. fil., FT. of Brit. Ind., NI, p. 370; Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, t. 7, p. 35. Rhizoma stoloniferum, laxe cespitosum ; culmi 30-50 cent. alti, graciles, superne sca- bridi, alte foliati, vaginæ infimæ pallidæ, antice demum laxe in fibras solutæ ; folia 3-5 mm. lata, culmos æquantia vel superantia, bracteæ evaginatæ, herbaceæ, inferiores inflorescentiam plus minus superantes; spiculæ 4-6 parvæ (1 cent. longæ), ovato-cylin- dricæ, confertæ, subfasligiatæ, inferiores longe et tenuiter pedunculatæ, suprema breviter basi mascula ; squamæ ulriusque sexus conformes, ovatæ, superne attenuatæ, vix acutæ, fusco-nigrescentes, cum nervo fusco-rubro ullra apicem non produceto; utriculi albido- virentes, demum aurantiaci, ovati, in rostrum brevissimum ore nigricans abrupte desi- nentes; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale : Yunnan, sur Tsang chan au-dessus de Tali (Delavay, n° 1733); les bois près du sommet du Maeulchan, alt. 3500 m. (id., n° 4677); province de Se tchuen, district de Tchen kéou tin (Farges); Ta tsien lou (Soulié, n° 637) ; Tongolo, (id., n° 631). Espèce remarquable par ses épillets courts et ses petits utricules sou- vent blancs, puis devenant rouge brique ou orangés à la maturité ; les 3 épillets inférieurs sont souvent longuement pédonculés, étalés, diffus. La plante du Yunnan est très robuste: celle de Tchen keou tin est assez grêle et plus semblable aux spécimens de l'Inde; les échantillons de Ta tsien lou tiennent le milieu entre les deux. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 149 145. GC. Hancockiana Maxim. C. Hancockiana Maxim., Bull. Soc. nat. de Moscou (18179), t. LEV, liv. I, p. 66; Franch., in Morot, Journ. de Bot., IV, 320. — C. Buxbaumi Franch., PI. David., part. I, p. 130 (non Wahl). Rbhizoma brevissimum ; cespitosa; culmi 1-2 pedales, erecti, superne scabri, ad medium usque foliati; vaginæ inferiores fulvæ, demum antice in filamenta capillacea solutæ ; folia 3-4 mm. lata, culmis longiora ; bractea inferior foliacea evaginata, inflorescentiam superans; spiculæ 3-4, approximalæ, inferiores longe pedunculatæ, infima patente vel dependente, omnes ovato-cylindricæ, 10-15 mm. longæ, obtusæ, superior basi maseula ; squamæ utriusque sexus conformes fulvæ, cum margine anguslo hyalino, ovatæ vel lan- ceolatæ, cum nervo pallido in aristam vel mucronem excurrente, utriculis duplo angus- tiores et sæpe paulo breviores; utriculi obovati vel suborbiculali, albido-virides, tenuiter nervulati, in rostrum cylindricum brevem contracti, rostro bidentato; stylus trifidus, raro bifidus. Hab. — La Chine septentrionale, dans les montagnes de Pékin (Han- cok, ex Maximowicz) ; monastère des Trappistes, au bord des ruisseaux (Bodinier, n° 100) ; Po-hua-schan (Bretschneider). Mongolie orientale ; Géhol (Arm. David, n° 1821). Port du C. Buxbaumi Wahl, dont les épillets sont plus allongés, les inférieurs, ou l’inférieur, moins longuement pédonculés, les écailles plus grandes, les utricules plus gros, terminés en bec plus court. 146. C. Buxbaumi Wahl. C. Buxbaumi Wahlenb., Act., 163; Boott, Z{lustr. Car., IV, p. 136, tab. 438 et 439. Rhizoma repens ; cespilosa; culmi 30-80 cent., superne scaberrimi, fere ad medium usque foliali; vaginæ inferiores pallide antice in filamenta anastomosantia solutæ; folia 3-4 mm. lata, culmos æquantia vel superantlia ; bracteæ evaginatæ, foliaceæ ; spiculæ 5-6 plus minus distantes, ‘infima breviter pedunculata, suprema basi mascula longiter pedunculala, reliquæ femineæ sessiles, omnes cylindricæ 2-3 cent. longæ, raro ovato- cylindricæ ; squamæ utriusque sexus conformes, lanceolatæ, fulvæ vel fuscæ, breviter acuminatæ vel acutæ, muticæ, plerumque utriculos superantes ; utriculi ovales, pallide virides, in rostrum brevissimum obscure bidentatum altenuati ; stylus trifidus. Hab. — Le Japon : ile d'Yéso, environ de Toya (Faurie, n° 10186) ; Cap Soya (id., n° 7230). Espèce répandue dans toutes les régions froides ou tempérées du globe. La plante du Japon a un port spécial; ses feuilles sont molles, un peu 150 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. glauques ; ses épillets assez nombreux et distants ; ils forment une grappe longue de 8 à 10 cent. 147. CG. Mertensii Presc. (T. VIN, pl. 13, fig. 1.) C. Mertensü Prescott, Mém. Acad. St-Pétersb., NI, 2° série, p. 168; Hook., For. Bor.-Amer., IT, 217, tab. 217 ; — Boott, Jllustr. Car., IN, p. 212. C. urostachys Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VII, t. 7, p. 35. Rhizoma repens, multicaule ; culmi 50-70 cent., superne scabri, non ad medium usque foliati; folia 4 mm. lata, culmis breviora; vaginæ inferiores pallide fulvæ ; bracteæ eva- ginatæ, inferiores foliaceæ inflorescentiam superantes ; spiculæ 5-7, dense cylindraceæ, 2-3 cent. longæ, omnes androgynæ basi brevissime masculæ, superiores 4-5 approxi- matæ sessiles vel breviter pedunculatæ, infima magis remota, longe pedunculata, sæpius pendens; squamæ utriusque sexus conformes, fuscæ, lanceolatæ, cuspidatæ, margine rubro-fulvæ, utriculis (exclusa arista) fere duplo breviores, multo angustiores ; utriculi plani, tenuiter faciebus trinervati, membranacei, leves, late ovati, superne breviter atte- nuati vix rostrati, ore truncato; achænium utriculo multo minus, trigonum inferne attenuatum. Hab. — Le Japon : île de Nippon; province d’Aomori, au sommet de l’Iwagisan (Faurie, n° 4714, 1016, 10138). La plante du Japon diffère à peine de celle de Sitcha et des autres localités américaines où elle a été observée, par ses épillets un peu plus courts et d’une couleur rousse plus accentuée. 8. Spicula terminalis tota mascula, vel inferne feminea; stylus trifidus. 148. GC. Moorcroftii Falcon. C. Moorcrofti Falc., in Boott, Proceed. Linn. Soc., XX, p. 140, et Car. Illustr., I, p. 9, tab. 27: C. B. Clarke, in Hook., Flor. of Brit. Ind., NI, 733. C. Prattü Franch., Pull. Soc. phil. Par., sér. MIT, t: 7, p.32: Repens ; culmi 25-40 cent., superne leves; vaginæ inferiores pallidæ, antice demum in fibrillas anastomosantes solutæ; folia 2-4 mm. latæ, culmi breviores; bractea inferior foliacea inflorescentiam vix æquans ; spiculæ 3-4 congestæ vel parum distantes, omnes sessiles, supremæ apice masculæ (vel tolæ fæmineæ), ovato-oblongæ, obtusæ; squamæ utriusque sexus conformes, omnes rubro-fuscæ, lanceolatæ, acutæ, femineæ utri- culos æquantes et illis angustiores; utriculi pallidi, etiam margine leves, ovati, in rostrum brevissimum obscure emarginatum abrupte desinentes; stylus trifidus, raro bifidus. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 151 Hab.— La Chine occidentale, province de Se tchuen, aux environs de Ta tsien lou (Pratt, n° 556). Forme à chaumes grèles, élancés, à feuilles étroites ; l’épi terminal est androgyne, mâle au sommet, ainsi que le décrit Boott. Le C. Moor- crofti n’est peut-être qu’une variété du €. melanantha Mex. 149. C. picea Franch. C. picea Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VIII, t. 7, p. 39. Valide stolonifera, stolonibus squamis nigricantibus dense vestilis; culmi cespitantes, 30 cent. alti, triquetri, etiam superne leves, graciles, vix ad medium usque foliati; folia 3 mm. lata, culmis breviora ; bracteæ inferiores foliaceæ, nullo modo vaginatæ, inflorescentia breviores; spiculæ 3 vel 4, rubro-atræ, subcontiguæ, præter supremam sessiles, lanceolatæ, terminalis fere duplo major, 25-30 mm. longa, medio mascula, basi et superne feminea; squamæ utriusque sexus conformes, anguste lanceolatæ, acutæ, mu- cronatæ vel breviter aristatæ; utriculi squama fere duplo breviores, ovali, albido-virides, crebre papillosi, quasi puberuli, apice breviter attenuali, ore integro; stylus trifidus. Hab. — Le Japon : marais de Tomakomai, dans l’île d’Yéso (Faurie, n° 200). Port du C. ustulata, dont il est très voisin; il en diffère surtout par ses épillets femelles sessiles, dressés contre l'axe ; par ses périgynes couverts de fines papilles qui simulent une pubescence serrée. La dispo- sition des fleurs mâles et femelles dans le €’. usfulata est variable ; dans le C. picea les fleurs mâles occupent le milieu ou la base de l’épillet terminal qui n’est point complètement mâle comme je l'avais cru tout d’abord. 9. Spicula terminalis nunc tota mascula nunc superne feminea(in eodem spe- cimine), solitaria ; utriculi ovati in rostrum breve cylindricum abrupte desinens ; squamæ sæpius longe et rigide aristatæ ; stylus trifidus, raro bifidus. «. Spicula mascula (nunc basi feminea) terminalis solitaria. 150. C. Gmelini Hook. C. Gmelini Hook., Bot. Beechey's Voy., tab. 27; Boott, Z!lustr. Car., IV, 137, tab. 440; Maxim., Prim. fl. Amur, n° 806; Fr. Schmidt, Æeis. im Amurl.; p. 193. — Gmelin, F1. Sibir., I, 139, tab. 30, fig. 1. Repens; culmi cespitantes, 30-60 cent. alti, superne scabri; vaginæ inferiores fulvæ antice in fibrillas laxe solutæ; folia 3-4 mill. lata culmis breviora; bractetæ non vagi- 152 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. nantes, inferior foliacea, inflorescentiam subæquans; spiculæ circiter 4, superiores sessiles, inferior haud raro longiter pedunculata, suprema obovata vel oblongo-obovala, ex toto mascula vel superne feminea; inferiores totæ feminæ ; squamæ utriusque sexus conformes obovalæ, fulvæ vel fuscæ, cum nervo medio stramineo in aristam scaberrimam plus minus excurrente ; utriculi lutescentes, obovati, leves, squamas æquantes vel paulo supe- rantes, in rostrum breve vel subnullum abrupte desinentes; stylus trifidus vel rarius bifidus. Hab. — Le Japon: île d’Yéso, plaine de Kushiro (Faurie, n° 10816) ; côte d’Otsu (id., n° 4823), plaine de Tomari (id., n° 5137); Mororan, (id., n° 846); volcan de Mori près du cratère, où ilest rare (id., n° 630); côte d’Akkeshi (id., n° 5000); falaises de Némuro (id., n° 5053); côtes d’'Abashiro (id., n° 5301). — Ile de Rebunshiri, auprès des falaises (id., n° 7299). — Ile de Riishiri (id., n° 7354). 151. C. angustisquama Franch. C. angustisquama Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, vol. 7, p. 39. Repens, valide stolonifera ; culmi 30-40 cent., acutanguli, etiam superne leves ; vaginæ fulvæ vel fuscæ antice demum in fibrillas laxe solutæ:; folia rigida, 4-5 mm. lata, brevia, culmis non æquantia ; spiculæ 4-5, omnes pedunculalæ, inferiores sæpe pendentes, termi- nalis tota mascula; spiculæ femineæ densifloræ oblongo-cylindricæ obtusæ; squamæ fulvæ vel fuscæ in utroque sexu conformes angustæ, masculæ haud raro mucronatæ, femineæ vix aculæ ; nervus dorsalis lutescens, vel pallidus; utriculi squamis latiores et sæpe longiores, pallide fusci, ovati, apice breviter attenuati, ore brevi integro, margine incrassalo ciliali; stylus trifidus vel bifidus. Hab. — Le Japon : scories de Tsurugisan (Faurie, n° 13410); auprès des solfatares de l’Ozorezan (id., n° 4597) ; sommet du Gansu (id., n° 5988). Espèce très distincte ; ellea le port du €. Gmelini, mais ses épillets bien que rapprochés sont tous assez longuement pédonculés ; les écailles femelles sont deux fois plus étroites que les périgynes et les utricules ciliés sur les bords. 152. C.gansuensis Franch. (AN DIS 6222) C. gansuensis Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, vol. 7, p. 39. Repens; culmi 40-70 cent., acutanguli, etiam apice leves ; folia 4-6 mm. lata, culmis breviora ; bractea inferior foliacea ; inflorescentia brevior; spiculæ 3-4, omnes peduncu- LES CAREX DE L'ASIE. ORIENTALE. 153 latæ, suprema tola mascula, rarius feminea superior subsessilis ; spicula mascula linearis, squamis rubro-fuscis, oblongis, mucronatis; spiculæ femineæ cylindraceæ, inferne et superne allenuatæ acutæ, inferior paulo remota, pendens, 3-4 cent. longa ; squamæ fuscæ, ovato-lanceolatæ, mucronatæ vel breviter cuspidatæ, utriculos vix superantes ; utriculi ovati, nervosi, leves, apice attenuali, in rostrum tubulosum ore truncatum 1 mm. longum desinens; stylus trifidus. Hab. — Le Japon: île de Nippon, province du Nambu, sur la monta- gne du Gansu, près des eaux chaudes (Faurie, n° 5880). Rappelle assez bien le C. Gmelini, mais les feuilles sont plus larges, les écailles au moins aussi longues que les utricules et terminées par une pointe lisse ; le bec des utricules est aussi sensiblement plus long. 153. GC. funicularis Frarch. (T. IX, pl. 3, fig. 1.) C. funicularis Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, t. 7, p. 37, et C. crassinervia Franch., loc. cit., p. 38. Cespitosa : culmi graciles, 30-50 cent. alti, rigidi, angulis scabri; vaginæ infimæ castaneæ, demum antice in fibras laxe anastomosantes solutæ; folia rigida, angusta, 1-2 mm. lata, inferne semiterelia, superne plana, marginibus scaberrima, bractea inferior nulla vel subulata; spiculæ 2 vel 3, terminalis mascula, breviter pedunculata vel subsessilis, 20-25 mm. longa, cylindrica, subacuta, densiflora, squamis ovalibus, fulvis, margine latiuscule hyalinis, apice rotundatis; spiculæ femineæ contiguæ (rarius 1) stricte sessiles, 1 cent. longæ, late ovatæ, obtusæ, squamis rubro-fuscis, ovatis, obtusis vel apice rotundatis, utriculos vix vel non æquantibus; utriculileves, pallidi, ovati, breviter attenuati, ore integro ; stylus trifidus. Hab. — Le Japon: île de Nippon; province d’Aomori, dans la plaine marécageuse de Shirakawa (Faurie, n° 7635). Cultivé à Sambongi (id., n° 13015). C’est une espèce assez voisine du C. Meryeriana Kunth dont elle a le port, mais dont elle s'éloigne par plusieurs caractères ; les écailles des fleurs mâles ne ressemblent point à celles des fleurs femelles, elles sont plus pâles, plus étroites, arrondies au sommet avec une bordure mem- braneuse assez large surtout dans leur partie supérieure ; les écailles femelles sont d’un brun très foncé, ovales, atténuées au sommet. Les feuilles sont aussi très caractéristiques dans cette espèce ; celle des rejets stériles sont étroites, plus courtes que la tige; celle des chaumes flori- NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série, — IX. 20 154 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. fères sont beaucoup plus longues, pliées-triquêtres dans leur partie inférieure, planes dans leur moitié supérieure et parcourues en dessous par une nervure épaisse et très saillante ; leurs bords sont très rudes, mais la nervure médiane est lisse; c’est seulement à la maturité des fruits que les écailles femelles prennent leur teinte brun foncé. Le C. funicularis est cultivé dans la plaine de Sambongi dans les champs tourbeux; ses feuilles servent à faire des liens; le C. crassinerwia n’est certainement qu’un état très avancé du C. funicularis ; les écailles accompagnant les utricules presque murs sont d’un brun noirâtre et l’épi femelle supérieur est contigu à l’épi mâle, d’où il résulte que ce dernier est presque sessile. 154. C. limosa L. C. limosa L., Sp. plant. (éd. 1), p. 977; Boott, Zllustr. Car., Il, p. 78, tab. 276; Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, t. 7, p. 36. Repens, stolonifera; culmi 30-50 cent, graciles, superne scabridi; vaginæ infimæ fuscæ, antice demum in fibras valde laxe anastomosantes solutæ ; folia angusta, 1-2 mm. lata, culmos superantia vel illis breviora ; bractea inferior non vaginans, ad auriculas fuscas adducta, vel breviter setacea; spiculæ 2-4, suprema mascula linearis, squamis fulvis acutis vel mucronatis; spiculæ femineæ e basi lata ovatæ, nunc apice masculæ, omnes distantes, longe pedunculatæ, pendentes, pedunculo filiformi; squamæ ovatæ, obtusæ cum mucronulo, marginibus late fulvis vel fuscis et dorso pallidis, utriculos æquantes vel paulo superantes ; utriculi pallide virentes, ovati, apice rotundaii in rostrum breve cylindricum, integrum, abrupte contracti; stylus trifidus. Hab. — Le Japon: île de Nippon ; province de Senano à Ontake (Mat- sumura); sommet de Hakkoda (Faurie, n° 933) ; île d’Yéso, dans les tourbières de Tomakomai (id., n° 10045 et 10346); plaine de Kushiro, dans les tourbières (id., n° 10646); marais, au cap Soya (id., n° 7236); sur le Tsurugisan (id., n° 13419); tourbières de l’Iwanobori (id., n° 8216); tourbières d'Otamura, près d'Akkeski (id., n° 8679); plaine de Kobato (id., n° 8082) ; île de Kunaskiri (id., n° 8500). — Ile d’Yétéropu dans les Kurilles (id., n° 7435). C’est une espèce très répandue dans l’île d’Yéso et qui paraît rare dans l’île de Nippon. La forme japonaise correspond exactement aux formes européennes, dont les bractées inférieures ne sont engainantes à aucun degré. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 155 155. C. ustulata Wahl. C. ustulata Wahl, in Handl. Acad. Stockh., 156; Boott, Z{lustr. Car., 1, pp. 70, 71, tab. 193, fig. 4 et 2, et tab. 194, fig. 1 ; C. B. Clarke in Hook. fil., Flor. of Brit. Ind., IV, p.734; Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, 8° série, t.7, p. 38. Repens, stolonifera; culmi 25-30 cent., superne leves, inferne tantum foliati; vaginæ infimæ mox in fibras solulæ; folia culmis breviora, 4-5 mm. lata ; bracteæ (præsertim infima) longiter vaginantes, in limbum brevem sæpe coloratum subulatum desinentes ; spiculæ 2 vel 3 omnes atrofuscæ, pedunculatæ, terminalis (in speciminibus sinensibus) tota mascula, oblongo-clavata, femineæ distantes, pendentes, ovatæ ; squamæ in utroque sexu subconformes, masculæ paulo latiores et breviter mucronatæ, femineæ ovatæ acu- minatæ vel mucronatæ utriculis longiores ; utriculi suborbiculati vel obovali, pallide virentes superne fusco-tincti, in rostrum distinctum bidentatum abrupte desinentes; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale; province d'Yunnan, montagnes de Likiang, alt. 3400 m. (Delavay, n° 2472). La plante de Chine est tout à fait semblable à celle des Alpes d'Europe ; épi terminal est complètement mâle et la bractée inférieure longue- ment engainante. Dans les exemplaires de l'Himalaya, l’épi terminal pré- sente souvent une grande variation dans la disposition des sexes; les fleurs femelles peuvent être placées en haut ou en bas de l’épi, ou même en haut et en bas, les fleurs mâles disposées entre les deux. 156. C. pruinosa var. picta Boott. C. pruinosa var. picta Boott., Car. Illustr., IV, p. 198. C. picta Boott in A. Gray, Bot. Jap. A8 (non Steud). C. Mazimowiczii Miq. Prolus. 82. Cespitosa, multicaulis, rhizomate crasso ; culmi 50-80 cent. alti, superne vix scabri, inferne lantum foliati; vaginæ fuscæ; folia 3-5 mm. lata, culmos æquantia; bracteæ inferiores haud vaginantes, foliaceæ inflorescentiam longe superantes; spiculæ 3-4, plus minus pedunculatæ, inferiores nunc dependentes, terminalis tota mascula, oblonga vel linearis; reliquæ cylindraceæ obtusæ, plus minus crassæ; squamæ masculæ lanceolatæ, acuminatæ, rufæ, femineis obovatis vel obcordatis, lateribus rufescentibus, nune punc- tatis, margine hyalinæ, nervo dorsali pallido in acumen scabrum desinente, nunc utriculo brevius, nunc æquilongum, nunc superans ; utriculi compressi, plus minus distinte nervati, suborbiculati vel obovati, in rostrum fere inconspicuum breviter attenuati vel contracti, fusei vel fulvi, indique papillis albidis vestiti, haud raro punctis rubris cons- persi ; stylus bifidus; achænium lenticulare. Hab. — La Chine : province de Shan tung ; aux environs de Chefoo (Fauvel) ; province d’Yunnan, dans les marécages à Longki (Delavay, 156 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. n* 5162 et 4999); les bois à Tchen fong chan (id., n° 417): prov. de Hupeh, aux environs d’Ichang (Henry, n° 3581). — Ile de Hong kong. haute ravine de mont Kellet, au-dessus de Pokfulum (Bodinier, n° 1431). Le Japon; île de Nippon, environs d’Yokohama (Faurie, n° 554); Yokosha (Savatier, n° 1405 et 2081); environs d’Aomori (Faurie, n° 487); Sendai (id., n° 2167); Shichinohe (id., n° 682), à l'entrée des montagnes de Shiobara (id., n° 4094 et 4079) ; environs de Shonai (id., n° 2765) ; ilede Sado (id., n° 2557); île de Yéso, aux environs d'Hakodate (Maximowiez); plaine de Hakodate (Faurie, n° 4505 et 4517); plaine de Tomakomai (id., n° 10061 ; plaine de Nemuro (id., n° 5629); Fukuyama (id., n° 5692 et 5686). Tourbière de Yurup dans les Kurilles (Faurie, n° 10266 bs). Espèce très variable dans la largeur de ses épillets, dans la forme des écailles femelles et celle des utricules, dont les trois nervures sont plus ou moins apparentes, quelquefois complètement immergées, comme il arrive dans la forme typique du €. pruinosa ; il me paraît impossible en présence de la variabilité de cette espèce, de conserver comme distinet du C. pruinosa, le C. picta caractérisé seulement par la présence de 3 nervures plus ou moins saillantes sur les faces de l’utricule. La place du C. pruinosa dans la série des Carex est assez indéeise ; ses achaines lenticulaires, ses épillets femelles plus ou moins mais souvent longuement pédonculés et pendants, indiquent une grande analogie avec le €. phacota et surtout le C. dimorpholepis, que Boott lui réunit. D'autre part l’ensemble des caractères et notamment la constance de l'existence d’un épi terminal complètement mâle ne permet guère de l’éloigner du €. Gmelini et du C. limosa. C’est un fait qui du reste se présente souvent dans ce genre et cette ambiguïté, portant sur des caractères considérés longtemps comme importants, n’est pas l’une des moindres difficultés que l’on rencontre dans la disposition systématique des espèces. La division en espèces à style bifide et en espèces à style trifide a l’inconvénient de détruire toutes les affinités les plus naturelles, dans beaucoup de cas; on peut en dire autant de la disposition des sexes sur les épillets, certains Carex présentant chez une même espèce toutes les combinaisons sur lesquelles on a établi les divisions en apparence les LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 157 plus naturelles. C’est dans des particularités qui semblent au premier abord d’une importance tout à fait secondaire qu'on rencontre souvent une fixité qui doit étonner; l'existence d’une bractée inférieure longuement engainante, la présence d’une villosité sur l’utricule, la direction du bee, l’étroite application de l’utricule sur l’achaine sont dans ce cas. 10. Spiculæ terminales 2-4, totæ masculæ ; stylus trifidus vel rarius bifidus. 157. C. Middendorfii Fr. Schm. C. Middendorfii Fr. Schmidt, Aeis. îm Armurl., p. 70 et p.197, tab. VIL fig. 1-5. Rhizoma repens, crassum, vaginis fibrillosis fuscis dense vestitum ; culmi 40-70 cent. stricli, etiam superne fere leves ; folia 3-4 mm. lala culmis breviora; vaginæ infimæ laxe reticulato-fibrillosæ ; bractea inferior haud vaginans, inflorescentia brevior, foliacea vel selacea ; spiculæ 2-4inferiores longe et graciliter pedunculatæ, nutantes, superiores 2 vel 3 tolæ masculæ oblongo-lineares, squamis lanceolatis margine fuscis, dorso viridibus ; spiculæ femineæ e basi latiore anguste lanceolalæ, squamis ovatis acutis, margine fuscis, dorso pallidis, utriculo angustioribus et brevioribus; utriculi pallide virentes, ovati, acuti, in rostrum breve attenuati, 3-5 nervati stylus bifidus vel raro trifidus. Hab. — Le Japon: île d'Yéso,; plaine de Kabato dans les tourbières (Faurie, n° 8085). Ile de Sachalin ; dans les tourbières de Choi, Traiziska, Tooputschi (Glehn). Espèce intermédiaire entre le C. lmosa et le C. stricta, elle diffère du premier par ses styles ordinairement bifides, le nombre de ses épillets mâles ; elle se distingue nettement du C. s/ricla par son épillet inférieur femelle longuement pédonculé et pendant. 158. C. levicaulis. (T. VIT, pl. 43, fig. 2.) C. levicaulis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIT, t. 7, p. 11. Rhizoma ascendens, ramosum, ramis alternantibus unilaterater dispositis squamis siccis, pallide castaneis, rigidis, complicalis, lanceolato-pungentibus, demum antice in fibrillas laxe anastomosantes solutis vestitum; culmi 2-3 pedales, rigidi, inferne tantum foliati, etiam superne perfecte leves; folia 3-4 mm. lata, culmis breviora ; bracteæ foliaceæ inflorescentiam nunc æquantes, nunc illa breviores ; spiculæ masculæ 2-4, lon- giter vel breviter pedunculatæ, anguste lanceolatæ, acutæ, squamis fulvis, obovatis, apice 158 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. rotundatis : spiculæ femineæ sæpius duæ, haud raro superne masculæ, longiter pedun- culatæ, rectæ vel pendentes, lanceolatæ, squamis obovatis, obtusis, margine fulvis, dorso stramineis ; utriculi pallidi, squamis laliores, late ovati, paucinervati, apice brevissime attenuati, rosiro integro parum conspicuo, margine laxe ciliati, faciebus distincte 5-ner- vali; stylus bifidus vel trifidus. Hab. — Le Japon; île d'Yéso, montagnes d'Hakodate (Faurie, n°3326- 3361); tourbières, dans les forêts de Némuro (id. n° 5569) ; plaine maré- cageuse à dix lieues au nord de Sapporo (id. n° 3050); Tsurugisan (id. n° 13708). Ile de Yétoropu (id. n° 7439). Ile de Kunashiri, dans les marais de Tobutsu (id. n° 5135), et dans les montagnes de Tomari, aux bords d’un lac sulfureux (id. n° 5141). Espèce très remarquable par son mode de végétation, le rhizome ascendant au milieu des mousses se divise très nettement en rameaux subopposés, puis nettement alternes et unilatéraux affectant la disposi- tion d’une cyme unilatérale. Résumé synoplique des CAREX PLEIOSTACUIÆ. (Suite ; voir tome VIII, p. 260.) x x x Spiculæ (compositæ) superiores 1-3 superne masculæ stylus trifidus. Spiculæ inferiores haud raro ramosæ, ramis sæpius 2 parallele OTÉCLL sen een en ee DE ER C. fasligiata Franch. ++ Spiculæ nunquam ramosæ nec ad axillas bractearum geminæ (excepto n. 198) vel plures, constanter simplices et solitariæ ad axillam bracteæ. 4. Spicula terminalis (nunc spiculæ duæ) superne maseula vel rarius inferne et superne mascula, floribus intermediis femineis ; stylus trifidus. «. Spiculæ e basi culmorum orlæ, simplices vel geminæ. Spicula mascula vel spiculæ pars mascula elongaia, cylindrica ciroiter 4 nm. lala rer RP Eee ES C. speciosa Kunth. 8. Bracteæ foliaceæ. UtriculiNbrevitersacutmienuilerssSe ul SEE PR PP ER C. cylindrostachys Franch. Utriculimlonsesrostra tele EE P ERP EEE EC Eee C. yunnanensis Franch. y. Bracteæ membranaceæ, Squamæ ovato-lanceolatæ, utriculi basin tantum tegentes..... C. nambuensis Franch. Squamæ lalissimæ utriculum involventes...,................ C. Reïinit Fr.-et Sav. 2. Spicula terminalis vel spicæ plures, superiores inferne masculæ vel alternatim mas- culæ et femineæ; stylus bifidus. «. Utriculi punetati et sæpe dense papillosi. Uiriculifuscidense rubro-punctati Creer EC Pere C. Phacota. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 159 Utriculi fulvescentes dense papillosi, squamæ longe acumi- MORE le ga eee ose ces ae iente ie ee D ne C. dimorpholepis Steud. Utriculi fulvescentes punctali; squamæ breviler acuminatæ. €. cernua Boott. 6. Utriculi nec punctati, nec papillosi ; vaginæ infimæ in fibras anastomosantes antice solutæ. Spiculæ angustæ, dense fasligiatæ, erectæ, foliis longe superatæ. €. s/achydesma Franch. y. Utriculi nec punctati nec papillosi; vaginæ infimæ in fibras liberas antice solutæ. — Utriculi ovales vel late obovati. DATA BRONTES so NEPMCR REE RRe C. polyantha Fr. et Sav. Utriculi plani, rostrati; squamæ attenuato-subulatæ......... C. cremostachys Franch. Utriculi plani, erostres; squamæ obovalæ, apice emarginatæ, ENT GLS ONE ARE EL Se C. Fargesi Franch. ++ Utriculi lanceolati. Spiculæ longepedunculatæ, fastigiatæs.-............,...... . C.incisa Boott. Spicuke subseseiles brèves raCeMOSE. 0... C. nervulosa Franch. 3. Spicula terminalis tota mascula; utriculi distincte rostrali vel suberostres. «. Squamæ femineæ lateribus pallidæ, obovalæ, nervo in cuspidem desinente. Utriculi rubescentes brevissime rostrati, ore integro. .... C. Kiotensis Franch. et Sav. Utriculi pallidi longiuseule rostrati, ore acute bidentato. C. otaruensis. Utriculi pallidi impunctati breviter rostrati............. C. Prescottiana Boott. Uinculiuscrelandulosopunetatt ere Rene er C. rubro-brunnea Clarke. 6. Squamæ femineæ lateribus fuscæ, nunquam cuspidatæ. + Vaginæ inferiores anlice integræ vel in fibrillas non reticulalas demum fissæ ; stylus bifidus (in unica specie (n. 115) trifidus). Folia recta vel plus minusflaccida ; utriculi distincte nervati. C. vulgaris Eries. Folia rigida, curvata; utriculi sæpius enerves......... CC 1gida GOT: Folia mollia; utriculi distincte nervati-superne attenuati in FOSTER TES RUN PARU ANR CHE VUE. 2. te C. Augustinowiczi Meinsh. Folia . mollia ; utriculi nervati superne attenuati recurvi TOSTORDIUEEAO re ee reer on-- ucs C. bidentula Franch. Stylus trifidus (pro cæteris ut in specie præcedente)....... C. Tolmiei Boott. Pedunculus spiculæ masculæ 6-8 cent. longus............. C. brachysandra Franch. SDIAUREMNASCUIE REA ES PROS CC oc C. acula L. ++ Vaginæ inferiores anlice in fibras anastomosantes demum solutæ. a. Utriculi sessiles. Uineulé2 non lopel::culmi scabri......."" 4... C. cespitosa L. Utriculi vix plus quam 1 mm. longi; squamæ utriusque sexus UV PRES CAD er à à see re sono ee osseuses C. minuta Franch. Utriculi circiter 1 mm. longi; squamæ utriusque sexus fusco ÉCOLES ROUES eee ce eco C. usta Franch. Spiculæ femineæ densifloræ; squamæ demum sub angulo recto superne patentes, utriculos æquantes, .............. C. aperta Boott. 160 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Spiculæ femineæ longe pendentes; squamæ longe acutatæ utriculum longe superantes et demum patentes.......... C. cryptocarpa C. À. Mey. Culmi trigoni, etiam superne perfecte leves............... C. leiogona Franch. Utriculi margine et secus nervos valide remote spinulosi Spiculæ MASCUlÆMSE DISAIS EE EE CEC EE EEE ECC C. prionocarpa Franch. Spiculæ atrofuscæ ; squamæ utriusque sexus apice rotundatæ ; utriculi apiceNSCAabriIdi PEER PRE TT CET CEE C. luctuosa Franch. Utriculirostrumiaeute bidentatunn eee PEER RC ECC EEE C. marginaria Franch. Utriculi punctato-resinosi, rostro acute bidentalo........... C. trappistarum Franch. b. Utriculi pedicellati. Uiriculilineari-lanceolati;pedicelli pilosi.""....…...... C. podogyna Fr. et Say. 4. Spicula terminalis tota mascula vel varie androgyna ; utriculi glabri vel puberuli abrupte rostrali, rostri dentibus plus minus divergentibus; stylus bifidus vel trifidus. 4. Bractæ inferiores vaginantes. UtriculiMe abris tMIUSSDIQUS RER PEER EEE ER EEE C. sendaica. Utriculi puberuli longe rostrati ; stylus trifidus................. C. Spachiana Boott. 8. Bracteæ omnes evaginatæ. — Spiculæ distantes. a. Stylus utriculo vix duplo longior. Spicula terminalis androgyna, atro-brunnea........... ... C. melinacra Franch. SDCUIe orriTae Los MAseNIe, se cc00a06 ce occocodcooo C. Forficula Franch. et Saw. b. Stylus utriculo 3-plo longior. l Utriculi demum stylis intricatis aggregatim secedentibus........ C. sadoensis Franch. ++ Spiculæ subfastigiatæ. Squamæ femineæ molles, anguste lanceolatæ, fulvæ........ C. angusticruris C. Clarke. Squamæ rigide mucronatæ vel acuminatæ................. C. taliensis Franch. 5. Spicula terminalis (rarius 2) tota masceula ; utriculi longe attenuato-rostrati, rostro profunde bifido ; stylus sæpius elongatus bifidus vel trifidus. «. Stylus bifidus. + Spiculæ pedunculatæ ; culmi foliis longiores. Uitriculistota/superficiesetulosi PPPPPPEC PER EECEPRRRREE C. plocamostyla Max. Uiriculimarginetantum setulosi- "#72 EECr Pr Peer M tt ce C. dicuspis Franchet. + Spiculæ pedunculatæ; planta humilis, culmis quam folia brevioribus. Utriculimarnginedonseiselosie EPP PET EE CCE CCE EEE TE C. trichopoda Franch. +++ Spiculæ sessiles. Uiriculiutraquesfacie adpresse setosis PE Er EC C. Okuboi Franch. B. Stylus trifidus. Utriculi superne præsertim setulosi.........,.......... ..-... (GC. tenuisela Franch. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 161 6. Spicula terminalis (1 vel 3) tota mascula; utriculi erostrati vel/breviter rostrati, margine vel nunc eliam faciebus scabri vel spinulosi (in unico leves) ; squamæ femineæ longe aristatæ ; stylus trifidus. «. Spicula terminalis mascula solitaria. Utriculi etiam ad marginem leves.................. Sete th C. flavocuspis Fr. et Sav. Utriculi ad marginem scaberrimi ; spiculæ subsessiles....., C. scita Maxim. Utriculi parce ciliolati; spiculæ inferiores longe pedunculatæ. C. ciliolata Franch. 8. Spiculæ terminales duæ masculæ. Spieulæ densifloræ, crassæ, inferior sæpius etiam brevissime pedunculata ; utriculi ad nervos leves vel vix asperuli....... C. xanthathera Franch. Spiculæ laxifloræ, inferior sæpius longiter peduneulata; utriculi etiam ad nervos dense spinulosi. .... te sous ARE OU C. scabrinervia Franch. Spiculæ pedunculalæ, acutæ ; utriculi margine ciliolati, ovati ; squamæ utriusque sexus nigricantes............... CR C. rüshirensis Franch. 7. Spicula terminalis tola macula vel apice feminea,; stylus trifidus. «. Utriculi ovato-lanceolati in rostrum bidentatum attenuati. Vaginæ inferiores antice reticulato-fissæ. ........ 2 MO psychrophilaNees. 8. Utriculi late ovati vel obovati in rostrum brevissimum abrupte desinens. + Utriculi leves, non papillosi. a. Spiculæ femineæ pedunculatæ. Squamæ nigræ utriculos oblongos obtegentes et superantes; spiculæ oblongæ haud'densifloræ, .::...:"............... C. atrata L. Squamæ nigræ, utriculis globosis vel obovato-inflalis paulo breviores:; utriculi pallidi vel vitellini. . ................. . C. Lehmanni Drej. Squamæ pallide fulvæ, obovatæ, aristatæ vel acuminatæ; utri- culi subrotundi, distincte rostellati....... ARE Ou Die rie. C. Hancockiana Maxim. Squamæ fulvæ, lanceolatæ, aristatæ ; utriculi ovati, membra- nacei, superne attenuati........ do MP POP OE E On R C. Mertensii Prescott. b. Spiculæ femineæ sessiles. Squamæ fuscæ vel fulvæutriculos ovato-oblongos vix æquantes. C. Buxbaumiü Wall. ++ Utriculi papillosi. Squamæ fuscæ aristalæ; spiculæ paulo distantes........... ... C. tarumensis Franch. Squamæ fuscæ obtusæ, muticæ; spiculæ congestæ........... . C. Souliei Franch. 8. Spicula terminalis inferne feminea; stylus trifidus. Utnculieleves SquaimetrubroluseR FE meer. C. Morcrofftii Falcon. Utriculi dense papillosi; squamæ femineæ piceæ............... C. picea Franch. 9. Spica terminalis solitaria, tota mascula vel basi mascula (in eadem specie); utri- culi ovati in rostrum breve cylindricum abrupte desinens ; squamæ sæpius longe et rigide arislatæ; stylus bifidus vel trifidus. 4. Bractea nulla vaginans. + Utriculi leves. a. Spiculæ pedunculatæ. Utriculi obovati margine ciliati.......................... (C. angustisquama Franch. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 8° série. — IX. 21 ÿ 162 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Utriculi obovati margine leves, rostro brevissimo ; squamæ late ovatæaristatæ, arista sCabra PP PP EPP EE TEE C. Gmelini Hook et Arn. Utriculi obovati margine leves, rostro distincto; squamæ ovatæ, aristatæ, arista levi........:::.. SE ARTE AGE C. gansuensis Franch. Utriculi margine leves, erostres; squamæ ovales, obtusæ vel parumNacutæ MUCHONUIALERE FE EEE CEE ET LICE C. limosa L. b. Spiculæ femineæ sessiles, subcontiguæ. Squamæ femineæ ovatæ; utriculi margine leves, pallidi, squamas HU AO RIM PS0 bo cas ca bbeonosounoco0002onpo000e C. crassinervia Franch. ++ Utriculi papillosi. Squamæ obovatæ, emarginatæ vel obtusæ, longe aristatæ, ME AADekosob0ocoucoogsdosécssoucone SHo00006000 0 C. pruinosa Boot. var. picta. B. Bracteæ longe vaginantes. Squamæ lanceolatæ, acutæ, vaginantes................. cute C. ustulata Boott. 10. Spiculæ masculæ terminales 2 vel 4. Utriculi ovati superne attenuati; squamæ lateribus rufæ....... C. Middendorffii Schm.. Utriculi late ovali oblusissimi; squamæ chartaceæ pallidæ...... C. levicaulis Franch. 2. Pleiostachyæ sexu rite disjunctæ. (Sexus in spiculis rite disjunceti [raro abnorme spiculæ androgynæ]; stylus trifidus; achænia trigona utriculos sæpius exacte replentia.) + Spicula terminalis mascula solitaria. 4. Slylus basi sæpius in bulbum conicum plus minus dilatatus (1). —+ Rostrum brevissimum vel plus minus evolutum; utriculi puberuli, nunc demum glabrali. | x Bractea inferior longe vaginans (exceptis n.n. 194, 195), in laminam evolu- tam desinens. 159. GC. tristachya Thunb. C. tristachya Thunb., Flor. Jap., p. 38; Schkubr, Cyp. I, p. 48, tab. Ww. 109; Boott, Illustr. Car. IV, p. 131, tab. 424; Franch. et Sav., £num. pl. Jap., Il, p. 135. C. mona- delpha Boot in Asa Gray, Plant. Jap., p. 323 (texte Maxim.). Cespitosa, basi fibrillosa ; culmi 20-30 cent. graciles, etiam superne subleves, fere nudi; folia 3 mm. lala, culmis breviora vel sæpius longiora; bractea inferior foliacea, vagi- nans; spiculæ sæpius 4 sessiles, contiguæ, vel spicula inferior feminea dissita exserte vel non exserle pedunculata ; spica mascula femineas sæpius paulo superans, lineari- cylindracea, angustissima, squamis brevibus late obovatis, apice rotundatis, fimbriato- denticulatis in parte superiore; squamæ femineæ utriculis dimidio breviores, late (1) Cette dilatation du style parait avoir été signalée pour la première fois chez les Carex par Kunth et ensuite par Duval-Jouve, Bull. Soc. bot. de Fr., vol. 17, p. 257 et xx, à propos d’une espèce de la région méditerranéenne qu’il nomme C. œdipostyla. Mais c’est une particularité qui se retrouve dans beaucoup d'espèces appartenant à la Flore de l’Asie orientale. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 163 obovalæ, oblique truncalæ vel rotundàtæ, cireumcira fimbriato-denticulatæ, lateribus albido-hyalinæ, cum nervo dorsali crasso viridi, infra apicem evanescente in squamis superioribus ; utriculi ovali-fusiformes, apice in rostrum breve emarginatum attenuati, nervali, prima ætate puberuli, demum glabrescentes; achænium trigonum, anguste ova- tum, fusiforme superne in annulum dilatatum ; stylus trifidus, basi in bulbum incrassatus. Hab. — La Chine orientale, autour de Wampoa (Iance) et de Canton (id. n° 7198) ; prov. de Hupeh (D'° Henry, n° 7898). Le Japon : Kiusiou, près de Nagasaki (Maximowiez); Nippon à Yokoska (Savatier, n° 1411 et 2093) ; montagnes sur les bords du lac Biwa (Faurie, n° 7823); prov. de Setsu à Obama. Espèce très bien caractérisée par la forme de ses écailles coriaces, arrondies ou tronquées, denticulées sur les bords, celles des épis mâles s’emboîtant comme des cornets. 160. G. pocilliformis Boott. C. pocilliformis Boot, Illustr. Car., IV, p. 175, tab. 593 ; Bœck. in Linn., vol. XLI, p. 195. C. tristachyæ nimis affinis; abilla vix differt squamis masculis horizontaliter truncata, cucullatis, utriculis validius nervatis, achæniis apice magis anguste dilatatis. Hab. — L'ile de Tsusima, au voisinage de la Corée (Wilford). Le Japon : île de Nippon, dans les montagnes de Shidzuoka (Faurie, n° 7740); montagnes de Tsuruga (id. n° 7934). Ile de Sikoku, aux envi- rons de Tosa (Makino Tomitaro). M. C. B. Clarke (in litt.) pense que le C. pocillifornus devrait peut-être ètre considéré comme une forme du €. #ristachya; le fait est que Boott ne donne aucun moyen de distinguer sûrement les deux espèces ressem- blant à un capuchon dont l'ouverture est tournée en haut; les écailles mâles ont seulement une forme un peu moins nettement définie dans le €. éristachya; quant aux épillets qui seraient plus ou moins longue- ment pédicellés dans le €. pocilliformis, c'est un caractère sans valeur. M. Boeckeler donne un autre moyen de distinction. D’après Jui le C. pocilliformis appartiendrait au groupe dont les feuilles sont hétéro- morphes, c'est-à-dire différentes sur les tiges florifères et sur les rejets stériles, tandis que dans le €. éristachya Thunb., les feuilles seraient hétéromorphes. Mais il ne semble pas que M. Boeckeler ail vu des 164 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. spécimens des deux plantes, ou tout au moins le C. érestachya dont il dit : « speciei insignis specimen exstat unicum floriferum ». Le fait est que d’aprèsles zombreux spécimens quise trouvent dans l’herbier du Muséum, les deux espèces appartiennent sans aucun doute au groupe dont les feuilles sont homomorphes. 161. C. ligata Boott. (AND) C. ligata Boot in Benth., #lora Hong-Kong., p. 402 et Jllustr. Cur., IV, p. 2141. Rhizoma crassum, ad collum fibrillosum ; culmi cespitantes, leves, graciles, 30-50 cent. alti, foliis angustis brevibus vestiti, folia innovationum 6-8 mm. lata, cum nervo medio valido, levi, marginibus tenuissime serrulato-scabra; vaginæ infimæ fuscæ demum in fibrillas reticulatas solutæ ; bracteæ vaginantes, lamina brevi anguste lineari vel subulata ; spiculæ 4-7, superiores subapproximatæ, inferiores remotæ, exserle pedunculatæ ; spicula suprema mascula brevi-pediunculata, angustissima, vix 1 mm. lata, subulata, squa- mis arcte imbricatis, cuculliformibus, apice horizontaliter truncatis, viridibus, angustis- sime albo-marginatis ; spiculæ femineæ superiores sessiles vel brevipedunculatæ, lineares, floribus sublaxis fere distichis ; squamæ femineæ masculis homomorphæ, apice rotun- datæ vel obtusæ, nec tam horizontaliter truncatæ; utriculi virides, striati, tenuiter puberuli, oblongi vel fere lageniformes, infra apicem leviter constrict, in rostrum late et breviler conicum desinentes, ore brevissime emarginato ; achænium trigonum oblon- gum, apice in annulum dilatatum ; stylus trifidus, basi leviter inflatus, intra annulum insertus. Hab. — La Chine, dans Pile de Hong-Kong (Ringgold; R. P. Bon, n° 138); haute ravine du mont Kellet, dans les bois (Bodinier, n° 1432); ravines du mont Gough (id., n° 501). Plante spéciale à l’île de Hong-Kong, jusqu'ici du moins; elle a beau- coup d’analogie avec le C. éristachya et le C. pocuhformis, mais elle est bien plus robuste et ses périgynes sont d’une forme différente. Les achaines sont remarquables par la dilatation en forme de coupe qui les termine ; c’est un caractère qui se retrouve dans un certain nombre de Carex, mais avec moins d’exagération. 162. G. tapintzensis Franch, C, tapintzensis Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, sér. VII, t. 7, p. 44. Rhizoma crassissimum, obliquum, pluricaule, cespitans ; culmi triquetri, leves basi tan- tum folhali ; folia culmis breviora, 3-4 mm. lala, glauca, asperrima, apice longe subulata; LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 165 vaginæ inferiores fuscæ in fibrillas anastomosantes demum solutæ; bracteæ vaginantes, inferiores longe lineari-subulalæ, superiores breviter foliaceæ ; spiculæ 4-6, omnes pedun- culalæ in racemum longum disposilie, terminalis sæpius tola mascula, nonnull&e infe- riores tot femineæ pendentes, intermediæ superne masculæ omnes inferne laxifloræ ; spicula mascula 2-4cenl.longa,pallida, squamis ovalis, subaculis, late hyalino-marginalis, mucronulatis; spiculæ femineæ 2-5 cent. longæ, squamis late ovalis pallide rufescen- tibus, lateribus hyalinis, oblusis vel emarginalis cum mucrone aspero, apice fimbriolatis; utriculi squamam subæquantes, pallide virentes, toli setulosi, ovali, in rostrum breve emarginalum desinentes; stylus trifidus; achænium trigonum pallide fulvum, dense punctatum, styli basi inflala bulbosa coronatum. Hab. — La Chine occidentale ; province d'Yunnan, sur les rochers calcaires au col de Pi iou se, au-dessus de Ta pin {ze (Delavay, n° 4532) ; au-dessus du col de Yen-tze hay (id., n° 3973); rocailles calcaires du mont Che tcho {ze, au-dessus de Ta pin {ze (id., n° 1740). Espèce du groupe du C. pedifornus et du C. lanceolata Boot, mais plus robuste avec des bractées foliacées à gaines vertes et des épillets plus grands et plus gros ; le C. David a les écailles femelles plus étroites, bien plus longuement aristées et les gaines des bractées sont membra- neuses. 163. CG. Davidi Franch. C. Davidi Franch. Plunt David., part. I, p. 319. Rhizoma repens; culmi 30-40 cent. alli, superne scabridi, ima basi tantum foliati; folia 3-4 mm. lati, culmos æquantia, scabra ; bractex longe vaginantes, lamina foliacea brevi, vagina pallida, saubmembranacea; spiculæ 3-4, dislantes, suprema mascula lanceolata longe pedunculata, albescens, squamis obovalo-oblongis apice truncatis, marginibus ex toto hyalinis, nervo dorsali in mucronem rigidum producto ; spiculæ femineæ laxifloræ, squamis lanceolato-obovatis, obtusis vel apice rotundalis, marginibus ex Loto albo-hyali- nis, nervo dorsali sub anthesi virescenti, demum pallido, in aristam scabram utriculum superantem producto; utriculi puberuli ovalo-lrigoni, utrinque breviler attenuati pluri- nervati, rosiro brevissimo obliquo, ore albido truncato; stylus trifidus basi leviter dila- tatus; achænium trigonum tenuissime punctulatum. Hab. — La Chine centrale, dans le Chensi méridional (Armand David). Port du C. chinensis Retz; il s’en distingue par la forme des utricules fructifères, qui sont prolongés en bec bifide et serrulé dans le €. chi- nensis, terminé en bec très court et tronqué obliquement dans le C. David ; il ressemble ainsi beaucoup aux utricules du €. conica Boot ; 166 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. mais ce dernier est plus grêle et plus petit dans toutes ses parties et ses écailles femelles sont beaucoup moins longuement aristées. 164. C. pediformis C. A. Mey. C. pediformis Meyer, Mém. Acad. St-Pélersb., 1, 219, tab. 10. Boott, Z/lust. Car., IV, p.196. Var. pedunculala Maxim., Prim. flor. Amur., p. 310. C. pediformis Bunge, Enum., p. 389. Rhizoma obliquum collo dense fibrilliferum; eulmi 30-50 cent. alti, triquetri, superne subtiliter scabri, pro maxima parte nudi; folia innovationum culmis breviora, 2-3 mm. lata, plana ; folia culmorum brevissima; bracteæ longe vaginantes, lamina foliacea brevi et brevissima, vaginis antice tantum membranaceis, dorso viridibus; spiculæ 3-5, omnes distantes ereclæ, terminalis ex toto mascula sat breviter pedicellata, oblongo-linearis, squamis late obovatis, dorso pallide fulvis, margine albo-hyalinis, obtusis, nervo medio scaberrimo vix vel non exserto; spiculæ femineæ subdensifloræ, superiore subsessili, inferiore longiter exserte pedunculatäa; squamæ utriculos vix superantes, late ovatæ, lateribus fulvæ, marginibus albidæ, nervo medio viridi, aspero, nunc in mucronem brevem, nunc in aristam longiusculam desinente; utriculi dense pubescentes, trigoni, angulis cum nervo crassiusculo alternantibus, rostro brevissimo, obliquo, ore integro; stylus trifidus basi paulo incrassatus. Hab.— La Chine septentrionale ; montagnes de Pékin, dans le parc im- périal de Tang-Chan et au bas de la montagne de ce nom (Bodinier, n° 9). La plante figurée par C. A. Meverest plus petite et ses épillets sont très rapprochés ; je n’ai pas vu cette forme provenant de localités chinoises ; la forme signalée ici correspond bien à la description donnée par Maximowicez de sa variété pedunculala, et ressemble absolument à la plante de l’Europe centrale et septentrionale (Suède, Norvège, Bohème, Hongrie, etc.) et de la Sibérie. 16% bis. C. pedifcrmis C. À. Mey. Var.rostrata Maxim., Prim. flor. Amur., 310. Utriculi in eadem spicula nunc longe, nunc breviter rostrati, rostro pyramidali vel lineari paulisper incurvo, ore oblique truncato, emarginalo vel leviter bidentalo; spiculæ inferiores sæpius longe vel longissime pedunculalæ, ut in €. {æla Boott. Squamæ femineæ intense fulvæ, anguste hyalino-marginatæ. . Hab. — La Chine occidentale; province de Se tchuen aux environs de Ta tsienlou (Soulié, n° 833). LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 167 Variété très singulière, à cause du développement du bec de l’utricule qui se produit du reste très inégalement dans un même épillet, quelques- uns des utricules n'ayant pas leur bec beaucoup plus long que dans les formes typiques, alors que chez d’autres il égale au moins la moitié de la longueur totale du corps de l’utricule, qui est plus étroit que dans la variété précédente du C. pediformis. La plante de Ta tsienlou est tout à fait semblable aux spécimens types de Maximowiez qui se trouvent dans l’herbier de Paris. 165. G. lanceolata Boott. C. lanceolata Boott, Plant. Jap. 329; Miq. Prol, p. 357; Franch. et Sav., £num. pl. Jap. I, 134. Rhizoma superne in ramos plures divisum, fibrillis tenuibus juxta collum vestitum ; culmi polymorphi, nunce tenuissimi, elongati, maxima parte nudi, nunc breves vel brevis- simi, bractearum vaginis ex ima basi tecli, in cunctis formis inferne tantum parce et breviter foliati; vaginæ foliorum inferiorum fuscæ, demum in fibras anastomosantes solutæ ; folia innovationum glauca nunc longissima, culmos multoties superantia, nunc illos æquantia, nunc illis breviora, latitudine valde variabilia, 2-3 mm. vel nunc vix 1 mm. lata, longissime setaceo-acuminata ; bracteæ longe vaginantes, fere membra- naceæ, pallidæ cum marginibus late hyalinis, dorso purpureo tinclæ, rarius vires- centes, lamina brevi vel brevissima, foliaceo-subulata vel mucroniforme; spiculæ 3-7 nunc fere secus totum culmum alternatim orlæ, nunc ad partem culmi superiorem tantum, plus minus remotæ, inferiores paulo exserte pedunculatæ; spicula suprema mascula parva, lineari-lanceolata, pauciflora, spiculam femineam contiguam nunc paulo superans, nunc illa brevior, raro duplo longior; squamæ masculæ obovatæ, late albo- hyalinæ, dorso fulvæ, apice rotundatæ cum mucronulo; spiculæ femineæ sæpius ante anthesin acutæ, mox oblongæ, haud densifloræ nec multifloræ, squamis dorso fuscis, lateribus hyalinis, obtusis vel truncatis, muticis vel mucronulalis, raro subaristatis ; utri- culi squamis nunc duplo breviores, distincte slipilali, ovato-lanceolati, trigoni, faciebus multinerves, setulosi; stylus trifidus, basi demum leviter incrassatus ; achænium fuscum, lucidum, punctalum. Hab. — La Mandchourie, dans la région de l’Amur (Maxim. ; sub: C. pedifornis, G. A. Mey. var. genuina, distrib.). Chine orientale : province de Shantung, environs de Chefoo (Fauvel) ; environs de Pékin (Bunge). Japon : île d’Yéso ; autour d'Hakodate(C. Wright; Maximowiez; Faurie, n* 170, 174,175, 231); Otaru, sur les montagnes (Faurie, n° 133): falaises de Tomari, dans la presqu'ile de Shakotan (id., n° 9872); environs de Sapporo (id., n° 6815); côtes de Fukuyama (id., n° 3826); 168 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. montagnes à l'ouest de Sapporo (id., n°309); Shibetcha (id., n° 3733); / Tehitose (id., n° 377); Mori (id., n° 637). Ile de Nippon: forêt d'Ogi- 4031 et 445); montagnes d’Aomori (id., n° 126, 127 nohama (id., n° et 431); environs de Sannohe (id., n° 303, 315 et 304); Gonohé (id., n° 342); village de Konita, près d'Aomori (id., n° 400); Kominato (id., n° 272) ; au pied de l’Ibuki (id., n° 7799); Yokoska (Savatier, n° 2092) ; Kominato (Faurie, n° 271); au pied de l'fwagisan (id., n° 87, 9,5); Kuroishi (id., n° 24). C'est une plante des plus variables sous le rapport de la largeur et de Ja longueur des feuilles ; quand les feuilles sont beaucoup plus longues que les chaumes, ceux-ci sont ordinairement en très grand nombre, et ne dépassent guère 4 à 10 centimètres de hauteur; quand les feuiiles sont très étroites, presque filiformes et qu’en même temps les chaumes florifères sont très courts, la plante ressemble beaucoup au C. celandestina; c'est peut-être par confusion avec cette forme que le €. clandestina a été indiqué dans la Chine orientale. Le C. lanceolala ressemble beaucoup au C. pediformis, surtout lorsque ses chaumes sont très allongés ; le caractère tiré de l’homomorphie et de l’hétéromorphie des feuilles ne suffit pas pour les distinguer et devient difficilement appréciable dans beaucoup d'exemplaires. Je crois que le C. lanceolata est surtout différencié du €. pediformis par son épillet mâle beaucoup plus petit, pauciflore et peu saillant au-dessus de l’épillet femelle qui lui est contigu; c'est un caractère que je lrouve absolument constant dans les très nombreux exemplaires que j'ai pu voir du Japon. Dans la Chine septentrionale et voisine du littoral, on retrouve la plante avec les mêmes caractères, ainsi que dans la région de l’Amur. Il ne semble donc pas que le C. lanceolata pénètre très avant dans l’intérieur de la Chine, au moins sous sa forme japonaise à petit épillet mâle. Aux caractères tirés de l’épillet mâle, on peut en ajouter un autre fourni par les épillets femelles, toujours plus petits, formés de fleurs moins nombreuses et moins serrées que dans le C. pediformis. Enfin les bractées du C. lanceolata sont plus pâles et ordinairement d’une nature moins foliacée, plus membraneuses que celles du C. pedi- LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 169 formis; mais ce caractère n’est pas absolu et devient peu appréciable dans les individus à chaumes allongés. 165 bis. C. lanceolata Boott. Var. macrosandra Franch. Spicula mascula longiter pedunculata, lanceolata, acuta, mulliflora et densiflora ; pro cæteris formæ typicæ simillima. Hab. — La Chine centrale, province de Hupeh, aux environs d’Ichang (D. Henry, n° 1288, 7846, 7860). Par son épiliet mâle atteignant 3 ou 4 centimètres, formé de fleurs serrées et dépassant longuement l’épillet femelle supérieur, cette variété macrosandra se rapproche beaucoup du C. pediformis, mais les bractées sont celles du C. lanceolata et parfois couvrent la plus grande partie de tige florifère, caractère qu’on ne retrouve pas chez le €. pediformis. 166. C. conica Boott. C. conica Boott in Asa Gray, plant. Jap., p.325, Franch. et Sav., £num. pl. Jap., IL, p. 143. Rhizoma gracile, repens, ad collum fibrosum ; culmi cespitantes 25-50 cent.alti, graciles basi tantum foliati; folia glauca, rigida, plana, 3-4 mm. lata, scabra, culmos æquantia, foliis culmorum brevissimis; bracteæ longe vaginantes, vaginis fuscis vel fulvis, lamina foliacea brevi, vel in bracteis superioribus ad mucronem adducta; spiculæ 3-5, inferiores (femineæ) plus minus longe exserte pedunculatæ, erectæ; spicula terminalis longe pedunculata, mascula ovato-lanceolata, fulva vel fusca, bracteis late ovatis, margine albo- hyalinis, dorso valide trinerviis, rigide mucronatis vel acuminatis ex apice rotundato vel truncato; spiculæ femineæ ovatæ, demum oblongæ, laxifloræ, squamis pallide rufis, obovatis, apice rotundatis vel emarginatis, rigide mucronatis, mucrone rigido ciliato, dorso uninervatis vel plus minus distincte trinervatis ; utriculi ovato-lanceolati, leviter extus curvati, superne attenuati, prima ætate puberuli, sub maturitate haud raro subglabri, rostro distincto, paulum recurvo, ore albo integro; stylus trifidus basi incrassatus; achæ- nium fuscum trigonum, in lineas punctatum. Hab. — Le Japon: île de Nippon, aux environs d’Yokoska (Savatier, n” 2112, 3734); montagnes à l’est d’Aomori (Faurie, n° 505 et 134); Oginohama (id., n° 456) ; montagnes de Tsuruga (id., n° 7926) ; mon- tagnes de Shidzuoka (id., n° 7739, 7738, 7737) ; environs de Sanohé (id., n° 310); Kominato (id., n° 268); montagnes de Shichinohe (id., NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. 22 170 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. n* 649, 650); montagne de Gansu (id., n° 5969. Ile d’Yézo); montagnes d'Hakodate (id., n° 6295, 169) ; falaises d’Iwanai (id., n° 7039) ; forêt de Todohoke (id., n° 5819); montagnes à l’ouest de Sapporo (id., n° 310); Mori (id., n° 186, 183 et 189); bords du lac Toya (id., n° 10152); Mo- roran (id., n° 201). — Un certain nombre de numéros des Carex de M. Faurie doivent sans doute être rapportés au C. conica, mais en raison du jeune âge des spécimens qu'ils concernent, il n’est pas possible de donner une déter- mination certaine. Cette observation s'applique également à l'espèce suivante. Le C. conica varie beaucoup dans la disposition des épis qui, norma- lement, sont écartés, alternes et qui, parfois, sont très rapprochés au point de paraître fasciculés. La coloration des écailles est aussi très variable ; mais on trouve tous les degrés entre les écailles rousses et les écailles blanches, de sorte qu'il n’est pas possible de conserver une variété leucolepis Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., 1, 143. Les utricules demandent à être examinés avec soin ; à la maturité ils perdent presque en totalité leur pubescence. Leur forme n’est pas bien constante, non plus que la longueur du bec, qui est formé presque totalement par l’atténuation de la partie supérieure de l’utricule. Ce dernier est aussi souvent occupé par un champignon qui le rend noir et presque globuleux (/Æ/yalodotis Caricis Pat.). 167. C. pseudo-conica Franch. C. pseudo-conica Franch. et Sav. £num. pl. Jap., I, 144. C. Amphora Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., Il, 142 et 556. Rhizoma nunc gracile, radicans, nunc validius, parlitum; culmi cespitantes 25-30 cent. alti, superne vix scabridi, graciles, basi tantum foliis brevibus vestiti; folia mollia, 2-4 mm. lata, culmis breviora vel longiora; bracteæ longe vaginantes, lamina foliacea vel in bracteis supremis aristæformi; spiculæ 2-4, femineæ remotæ exserte pedunculatæ, suprema mascula longe pedunculata, linearis; squamæ masculæ obovatæ, obtusæ, nervo dorsali valido in mucronem brevem excurrente ; spiculæ femineæ breves oblongæ, mox laxifloræ, squamis pallidis, margine scarioso-hyalino, ovalis, obtusis vel acutis, nervo medio viridi in aristam brevem excurrente ; utriculi squamis longiores, ovato-lanceolati, irigoni, nervati, prima ætate plus minus puberuli, mox calvescentes in rostrum distinc- tum contracli vel longiter attenuati, rostro scabro bidenlato ; stylus trifidus; achænium fuscum, granulosum stipilatum, styli basi parum dilatata apiculatum. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 171 Hab. — Le Japon : île de Nippon, dans la chaîne de Hakone (Savatier, n° 3496) et de Nikko (id., n° 2223); montagnes de Hakone (Faurie, n° 7666); montagnes de Shiobara (id., n° 4110, 4108 et 4083): monta- gnes de Yamagata (id., n° 4383) ; environs de Kominato (id., n°247) ; au pied de l’Ibukiyama (id., n° 7802, 7795); mont Hakkoda (id., n°” 955, 937 et8%2); montagnes de Shichinohe (id., n° 726) ; Nambu (id., n° 2164); au pied du mont Shimidzu (id., n° 2594); collines d'Aomori dans les bois (id., n° 536); montagnes au nord de l’Akita (id., n° 2078). Ile d'Yézo, dans les montagnes de Vésashi (id., n° 3909); forêts de la côte d’Yésan (id., n° 3980 et 8045); montagnes entre Ola et Kudo (id., n° 8311). Forêt de l’île de Kunashiri, l’une des Kurilles (id., n° 5131). Ile de Rebunshiri (id., n° 7303). Espèce bien distincte du C. conica par son épillet mâle plus étroit et plus long; par le bec de l’utricule sensiblement plus long, cilié et droit; la plante est aussi plus molle. Les spécimens des montagnes d’'Hakone, les premiers décrits et types de l'espèce, sont plus petits et ont des feuilles sensiblement plus étroites que celles des nombreux exemplaires rencontrés plus tard par M. Faurie dans beaucoup de localités de Nippon et d’Yézo. Le C. Amphora n’est qu’une forme à utricule plus arrondi et contracté en bec. 168. C. blepharicarpa Franch. C. blepharicarpa Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, sér. VIT, t. 7, p. 46. C. polyrrhiza, Ezxped. Comm. Ringgold et Rodg. (non Walir.) Rhizoma validum hinc inde et ad collum fibris dense vestitum ; culmi dense cespi- tantes, 30-80 cent., scabridi, inferne tantum foliati, foliis brevibus ; folia innovationum longa, nunc culmis abbreviatis multoties longiora, 3-4 mm. lala; bracteæ longe vagi- nantes, vagina pallida, ore sæpius fusca, lamina brevi, ovata vel selacea, spiculæ 3-4, terminalis mascula, clavæformis, haud longe pedunculata, 14-18 mm. longa, nilida, pallide rufa vel albescens, squamis obovatis plus minus hyalino-marginatis, apice trun- catis vel marginalis, mucronalis; spiculæ femineæ nunc subcontiguæ, nunc subfasti- giatæ, nunc remotæ, inferiores pedunculatæ, supremæ sessiles vel subsessiles, ovato- densifloræ vel oblongo-lineares, inferne laxifloræ ; squamæ femineæ aureo-rufæ, sæpius late hyalino-marginatæ, albidæ, latissime obovalæ, truncatæ, mucronatæ vel muticæ, utriculo nunc duplo breviores nunc illud æquantes; utriculi ovato-oblongi, undique setulosi, præsertim ad angulos longe ciliati, apice attenualti, distincte rostrali, rostro bidentulo sæpius paulisper recurvo; stylus trifidus, basi vix incrassatus; achænium trigonum obovatum apice rotundalum, undique tenuissime granulatum. 172 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Hab. — Le Japon (Wright, sub: C. polyrrhyza) ; île de Nippon, montagne de Hakkoda (Faurie, n° 936, 847); sommet du Chokkaisan (id., n* 2734 et 2729); Akita (id., n° 2045 et 2162); village de Kanita près d’'Aomori (id., n°” 398, 397); environs de Shirosaki (id., n° 491, 458 et 459); au pied de l’Iwagisan (id., n° 100 et 101); Tate yama (id., n° 15574); montagnes au Sud de Hirosaki (id., n° 42); Kuroishi (id., n°71). Ile d’'Yézo : montagne de Shakotan (id., n°9876) ; forêt de Shibecha (id., n° 5335 bis), collines de Shari (1d., n° 5516); côte de Fukuyama (id., n° 3818); côtes abruptes à Mororan (id., n° 3650); montagnes de l’Iwanobori (id., n° 8221); Mombetsu (id., n° 782 et 234); montagnes de Sapporo (id., n°6854, 6816); montagnes de Tsuruga (id., n° 7924); mon- tagnes d'Hakodate (id., n° 176, 593, 6289); Otaru (id., n° 221, 211, 3607, 278, 281). Ile de Rebunshiri (id., n° 7309). Plante beaucoup plus robuste que le C. pseudo-conica, dont elle est assez voisine et dont elle se distingue bien par ses écailles qui sont d’un fauve doré et d’une forme différente, par ses utricules plus grands, plus velus et ciliés sur les angles. 169. C. cardiolepis Nees. C. cardiolepis Nees in Wight, Contrib. 127; C. B. Clarke in Hook fil., Flora of Brit. Ind., NI, p. 744; Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, sér. NIII, vol. "7, p. 81. Rhizoma ad collum filamentis fuscis veslitum, fibris radicalibus validis, longissimis, tenuissime puberulis; culmi 30-35 cent., superne asperuli, basi foliali; folia innova- tionum culmis longiora, rigida, asperrima, 4 mm. lala; vaginæ infimæ fuscæ, de- mum in fibrillas reticulatas fissæ; bracteæ longe vaginantes, lamina foliacea brevi; spiculæ 3-4, superior mascula, oblongo-subacuta, fulva vel pallide fusca, squamis micantibus margine anguste albo-hyalinis, obovatis, apice rotundato-emarginatis cum nervo dorsali in mucronem rigidum brevem excurrente; spiculæ femineæ distantes, inferiores paulo exserte pedunculatæ ; squamæ femineæ masculis homomorphæ, nervo dorsali asperrimo ; utriculi ovato-oblongi dense setosi ; stylus trifidus. Hab.— La Chine occidentale ; province de Se tchuen, aux environs de Tchen kéou tin (Farges). La plante de la Chine occidentale ressemble absolument à celle du Kaschmir, distribué par le musée de Kew, et aux spécimens deJacquemont. Le C. cardiolepis est voisin du C. Wepharicarpa, mais la forme des écailles est différente et l’épillet mâle est plus court. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 173 170. C. mitrata Franch. C. mitrata Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, sér. VII, t. 7, p 88. Rhizoma crassum, obliquum ad collum fibrillosum ; culmi dense cespitantes, 10-50 cent. all, gracillimi, filiformes, leves, decumbentes basi tantum breviter foliati ; folia inno- vationum 2-3 mm. lala, culmos æquantia vel superantia, scabrida ; bracteæ vaginantes, lamina setacea vel nulla; spiculæ 3-4, terminalis mascula breviler peduncula, 1-2 cent, longa, anguste linearia, squamis membranaceis, oblongo-ovatis apice rotundatis vel truncatis ; spiculæ femineæ parvæ, nune omnes subcontiguæ, sessiles, nunc inferior pau- lisper remota, pedunculata, omnes ovato-cylindricæ, haud densifloræ, 8-12 mm. longæ, squamæ pallidæ, scariosæ, utriculis breviores, obovalæ, truncatæ vel rotundatæ, albes- centes vel rufescentes, nervo medio sub apice evanescente; utriculi vix 2 mm. longi, intense virentes, nitentes, multistriati, setulis brevissimis dense vestiti, inferne altenuati, superne constricli et supra constrictionem ovato-conici, rostro brevi, ore integro; stylus trifidus, basi parum incrassalus ; achænium acute trigonum atro-fuscum apice in annulum vel in poculum paulisper concavum abrupte dilatalum. Hab. — Le Japon : île de Nippon, montagnes de Shidzuoka (Faurie, n° 7733, 7735, 7744). Espèce bien caractérisée par ses chaumes filiformes, ses épillets rap- prochés et son épi mâle très étroit, linéaire subulé, à écailles très obtuses, ce qui le rapproche beaucoup du €. #ristachya. Les chaumes florifères sont très nombreux, très inégaux, quelques-uns ne dépassant pas 7-8 cen- timètres; dans ce cas, ces chaumes raccourcis ne portent souvent qu'un seul épillet femelle et sont couverts, presque jusqu’au sommet, par des gaines brièvement foliacées. 171. C. lasiolepis Franch. C. lasiolepis Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VIII, t. 7, p. 46. Rhizoma repens, vaginis fulvis tectum ; eulmi gracillimi, 5-10 cent. longi, debiles, nudi, leves; folia culmislongiora vel breviora, molliter pubescentia ; bracteæ vaginantes, lamina breviter subulata ; spicula e peduneulo basilari solitaria, vel duæ æqualiter pedunculatæ, terminalis mascula ovata, 6-8 mm. longa, squamis fulvis late ovatis. pubescentibus, obtusis, brevissime mucronatis; spicula feminea 3-6 flora, 5-8 mm. longa, squamis obo- vatis, obtusis, mucronatis, rarius emarginatis, pallide vel intense rubro-fuscis ; utriculi squamis longiores vel paulo breviores, trigoni, pubescentes, valide paucinervali, rostro obscure bidentato, nunc evoluto, nune vix distincto ; stylus trifidus ; achænium longe stipitatum, acute trigonum, fulvum, styli basi æquali apiculatum. Hab. — Le Japon: île de Nippon, sur l’Asama yama (Faurie, n° 8023); Oginohama (1d., n° 4039 et 7588). 174 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Espèce très remarquable par la pubescence de ses feuilles et surtout de ses écailles ; les chaumes très grêles sont toujours assez courts et ne portent que deux épillets, l’un mâle, l’autre femelle; ces chaumes sont quelquefois si courts qu'ils sont difficilement visibles; les pédoncules très allongés semblent alors naître avec les feuilles tout à fait à la base; l'utricule est relativement grand et atteint 3 mm.; les feuilles, d’abord irès courtes, presquelancéolées, s’acroissentensuite beaucoup etdépassent longuement les fleurs. Les analogies du €. lasiolepis sont surtout avec le C. pedunculata Muhl. 172. C. nexa Boott. C. nexa Boott in Benth., Flora Hong kKong., p. 402 et Zllustr. Car., IV, p. 194. Rhizoma obliquum ad collum fibris rigidis nigricantibus obsessum ; culmi cespitantes, basi tantum foliis brevibus vestiti, cæterum nudi. 40-60 cent. alti, graciles, decumbentes, leves; bracteæ vaginantes, lamina foliacea, subulata; folia innovationum 4-6 mm. lata, rigida, scabra, culmos superantia; spiculæ 4-7, remolæ, exserte vel incluse pedunculatæ (spicula infima nunc longe), terminalis mascula, 4 6 cent. longa, anguste linearis vel eliam lanceolato-linearis, squamis nunc pallidis, nunc albo-marginatis, aculis vel obtusis, nervis rufesces centibus vel viridibus non ultra apicem productis; spiculæ femineæ 2-3 cent. longæ, ad maturitatem 3 mm. latæ, haud densifloræ, squamis ovalis, scariosis, pallidis brevissime mucronatis, dorso valide nervatis, vel lateribus albo-scariosis, cum fascia dorsali virescenti, nervo brevissime exserto ; utriculi squama paulo longiores, virides, nervali, puberuli, e basi obconica pyramidales, infra medium dilatati, supra medium paulisper constricti, ex inde in conum attenuati, distincte rostrati, rostro scabro, biden- daio ; stylus trifidus, basi dilatato-bulbosus ; achænium trigono-pyramidatum, superne in annulum albidum leviter dilalatum, basi styli intra annulum insidente. Hab. — Chine, île de Hong kong (Wight, Faber, Hance); dans le lit d'un torrent au sommet du pie Victoria (Bodinier, n“ 105, 106, 108, 109); hautes pentes du mont Gough (id., n° 502); bois de Happy Valley {id., n° 104). Plante variable ; Bentham lui attribue des utrieules glabres ; Boott dit qu'ils sont finement pubescents, et c'est ainsi que je les vois dans tous les spécimens de l’herbier du Muséum ; leur forme normale est absolument celle des utricules du C. ligata, c’est-à-dire que, au-dessus d’une base obconique, ils présentent un épaississement assez saillant, puis une sorte de constriction qui s'étend jusqu'’ausommet, au point où ils s’atténuent en LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 175 un cône qui se termine lui-même en bec très distinet et bidenté. La forme de l’utricule détermine absolument celle de l’achaine qui présente à son sommet, comme celui du €. ligala et de plusieurs autres Carex, un épais- sissement en forme de coupe ou d’anneau (Boott) dur, lisse et blanchâtre. Mais il arrive souvent que l’utricule du €. nexa se développe irrégu- lièrement et affecte une forme ovale lancéolée, sans présenter la trace de l’épaississement si caractéristique qui se produit un peu au-dessous de son milieu. Il est assez difficile dans ce cas de reconnaître le €. nexa et l’on serait tenté de voir dans cette modification ou plutôt cette mons- truosité, une espèce particulière, si l’on ne trouvait des formes de tran- sition. L'épi mâle varie aussi beaucoup; dans les spécimens types recueillis durant l’expédition de Ringgold, il est assez large, avec des écailles d’un roux très pâle et quelquefois un peu aiguës. Dans d’autres spécimens, les écailles sont blanches sur les côtés et parcourues par une bande verte formée de trois nervures contiguës; sa largeur n’atteint pas 2 millimètres et dans cet état on ne distingue la plante du €. ligata que par la forme des écailles qui, dans ce dernier, sont tronquées au sommet, les femelles beaucoup plus courtes que l’utricule. Le C. n7exa demande donc à être examiné avec soin; la description de Boott dans les //lust. Car., est beau- coup plus exacte que celle du Flora Hongkongensis. 173. G. manca Boott. C. manca Boot in Benth., Flor. Hongkong., p. 402 et Zllustr. Car., IV, p. 131, tab. 495. Rhizoma crassum, fibrillis ad collum nullis ; culmi 40-70 cent. alti, leves, erecti, foliis brevibus vaginantibus inferne vestiti, folia innovationum culmos superantia, 8-10 mm. lata, subtus glauco-albida, levia; bracteæ longe vaginantes, lamina breve, complicata, rigida, spicula breviore ; spiculæ sæpius 3, terminalis mascula longe pedunculata, linearis, acuta, 4-5 cent. longa, vix 3 mm. lata, squamis pallide fulvis, lanceolatis, longe attenuatis, acutis vel mucronatis, nervo dorsali valido; spiculæ femineæ longe remotæ, inferiori vix exserte pedunculata, anguste oblongæ, acutæ, præsertim inferne laxifloræ ; squamæ Janceolatæ, lateribus tenues, albidæ, fere membranaceæ, acutæ, vel mucronatæ, nervo dorsali fulvo, in acumen breve rigidulum sæpe producto; utriculi squamis paulo longi- oribus, trigoni ovato-lanceolatis multistriati, undique setulosi, in rostrum bidentatum longe attenuati;, stylus trifidus; inferne non incrassatus; achænium ovato-trigonum, apice in collum tenue, obliquum, cum stylo articulatum longe productum, angulis ad medium horizontaliter intrusis. 176 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Hab. — Chine, dans l’ile de Hong kong (Harland; Hance, n° 6648). Bentham compare le €. manca au C. nexa; il est pourtant bien distinct de ce dernier par ses proportions plus robustes, ses utricules plus grands, longuement atténués en bec et surtout par ses achaines plus courts, ne présentant point au sommet la dilatation brusque en forme de coupe ou d’anneau qui entoure la base du style et caractérise si bien le C. ligata, le C. nexa, etc., et qui se retrouve au sommet du long bec terminant l’achaine du C. Harlandi, avec lequel Boott, /{lustr. Car., IV, p. 132, compare plus justement le C. manca. 174. C. Harlandi Boott. C. Harlandi, Illust. Car., II, p. 87, tab. 255 et IV, 132; Benth., Ælor. Honglong., p. 403. Rhizoma crassum fibrillis ad collum destitutum ; culmi 15-40 cent. alti, basi tantum foliis brevibus vestiti, cæterum nudi, leves ; folia innovationum culmis longiora, lanceolato- linearia, ad medium 2 cent. lata, supra nervis 4 validioribus percursa, perfecte levia, inferne lineis fuscis notata, intense viridia ; bracteæ vaginantes, lamina foliacea, inferiori anguste lineari inflorescentiam æquante ; spiculæ 2-5, terminalis mascula linearis, breve pedunculata vel subsessilis, 3-6 cent. longa, squamis ovatis, pallide fulvis, cum margine hyalino albido, obtusis; spicula feminea superior masculæ contigua et illa haud raro longior, inferiores parum remotæ haud exserte pedunculatæ, 6-8 cent. longæ ; squamæ femineæ utriculis breviores, ovato-lanceolatæ, lateribus albidæ, cum nervo dorsali vires- cente in aristam scabram desinente ; utriculi olivaceo-virides, glabri, 5-8 mm. longi,e basi ovata trigona longe attenuati, rostrati, rostro bidentulo; stylus trifidus basi dilatatus ; achænium pallidum, ovato-trigonum in collum rectum tenue, apice in annulum dilatatum desinens, styli basi dilatata annulo insidente. Hab. — La Chine, île de Hong kong (Harland); dans les bois autour d’un temple boudhiste et dans les ravins à West Point (C. Wright); rocailles d’un torrent à mi-côte du Pic Victoria, au-dessus de la ville (Bodinier, n° 101); mont Gough, dans le lit d’un torrent (id., n° 102). Plante très robuste, d’un vert sombre, bien caractérisée par ses larges feuilles, ses gros utricules à long bec et surtout par son achaine terminé par un col long et étroit qui se dilate au sommet en une sorte d’anneau ou de plateau un peu concave sur lequel s’insère la base dilatée du style. Une faute d'impression, sans doute, rend inintelligible une observation de Boott, Z{ustr. Car., IN, 132, se rapportant aux affinités du C. manca avec le C. Harland. Boott a voulu probablement dire que le C. manca LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 177 différait du C. Harlandi par ses utricules pubescents, ses écailles aiguës et ses feuilles plus étroites; c’est l’idée contraire qui est exprimée. 175. C. thibetica Franch. C. thibetica Franch., Plantæ David., part. II, p. 141. — C. dichroa Franch., Bull. Soc., philom. de Paris, série VIIT, tom. 7, p. 86. — C. bella C. B. Clarke mms. Rhizoma validum, ad collum plus minus fibrillosum ; culmi 30-45 cent. leves, ima basi tantum foliis brevibus vestiti, ex inde bracteis longe vaginantibus, lamina foliacea brevi complicata; folia innovationum culmis breviora vel longiora, 10-15 mm. lata, breviter acuta, basi lineis fuscis percursa, levia ; spicula 4-6, terminalis mascula, vel raro inferne feminea, pedunculata, lanceolalo-linearia, vix acuta, 4 mm. lata, 5 cent. longa, bracteis nitido-fulvis, obovalis, acutis, nervo dorsali in mucronem brevem exerens ; spiculæ femi- neæ haud raro superne masculæ, remolæ vel superiores subcontiguæ inferior longe exserte, supremæ breviter pedunculatæ ; squamæ femineæ masculis multo pallidiores, obovato-oblongæ, breviter acutæ, haud raro mucronalæ; utriculi tenuissime setulosi, ovato-lanceolati,squamas superantes, striati, fulvi, in rostrum longum obliquum attenuati, ore bidentalo ; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale; Se tchuen, dans la principauté de Mou- pine, sur les montagnes boisées (Arm. David); district de Tchen kéou tin (Farges) ; province de Hupeh, aux environs d’'Ichang (Henry, n° 5245). Espèce robuste à feuilles larges, voisine du C. Æarlandi, maïs déjà bien distincte par le bec des utricules très oblique et les épillets femelles aussi longs, mais plus étroits. Le (. #hibeñica est du reste très variable ; J'avais cru pouvoir distinguer spécifiquement sous le nom de C. dichroa, une forme dans laquelle les épillets sont assez rapprochés, comme fasti- gliés, tous moitié mâle, moitié femelle, les écailles mâles rousses, les femelles blanchâtres. Dans un exemplaire type du C. bella, recu de M. C. B. Clarke, presque tous ces caractères se retrouvent, si ce n’est que tous les épillets sont assez distants. De nombreux exemplaires reçus depuis du Setchuen font voir de nouveaux cas de variabilité ; l’épillet mâle terminal est plus épais et ne présente à sa base que deux ou trois fleurs femelles, bien indiquées par la couleur blanchâtre de leurs écailles, celles des fleurs mâles étant toujours d’un fauve vif; quant aux épillets femelles, ils ne présentent que quelques fleurs mâles, placées au sommet, et dont la présence est nettement accusée par la présence d’écailles rousses. Les jeunes utricules ont le bec large, droit, avec deux dents divariquées ; NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 80 série, — IX, 23 178 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. à l’état adulte le bec est long, étroit et oblique : la pubescence existe dès le jeune âge, mais on l’observe difficilement; à la maturité elle est cons- tituée par de petites soies éparses. 176. C. drepanorhyncha Franch. (MX pl 2e 2") C. drepanorhyncha Franch., Plant. David., part, II, p. 141. Rhizoma ad collum dense fibrillosum ; culmi graciles, leves, 30-50 cent. alti, basi tantum foliis brevibus vestiti; folia innovationum 3-4 mill. lata, asperata culmis longiora, vaginis inferioribus demum in fibrillas anatomosantes solutis ; bracteæ vaginantes, vaginis elongatis, fuscis, vel apud bracteas superiores coloratis, lamina brevi foliacea ; spiculæ 3-5 distantes, omnes longe pedunculatæ, raro supremæ subsessiles, terminalis tota mascula, squamis intense fulvis, obovatis, breviter acutatis vel fere obtusis, nervo medio pallido sub apice desinente ; spiculæ femineæ oblongo-lineares, 3-4 cent. longæ, 4 mm. latæ, præsertim inferne laxifloræ, squamis intense rufis, obovatis, margine angustissime albo-hyalinis, vix acutis, muticis vel breviter mucronatis; utriculi squamas superantes, pubescentes, lanceolato-fusiformes, superne et inferne attenuati, longe oblique rostrati, rostro oblique emarginato, scabro; styli tres. Hab. — La Chine occidentale, province de Se tchuen dans la prinei- pauté de Moupine (Arm. David). Plante assez voisine du C. {hibetica, mais à feuilles beaucoup moins larges ; la coloration rousse intense des écailles et de la gaine des bractées dans cette espèce, est très caractéristique ; par ses utricules et par son port elle rappelle assez bien le Carex setosa Boott. L'existence d’un court rameau à la base de l’épillet paraît constituer seulement une anomalie. 177. G. laticeps C. B. Clarke. C. laticeps C. B. Clarke in Scheed. Rhizoma elongatum, repens, nodosum, ad collum fibrillosum ; culmi 15-20 cent. longi, leves, basi tantum foliis brevibus vestiti, ceterum bracteati ; folia innovationum rigida, 3-4 cent. lata, subtus scabra, margine et nervis pilosula, culmis longiora ; bracteæ vagi- nantes, vaginis pubescentibus, lamina brevi foliacea, præsertim subtus puberula ; spiculæ 2-3 remotæ, terminalis mascula, oblongo-lanceolata vel obovato-lanceolata, usque ad 13 mm. lata (teste Clarke), pallide rufa (præter squamas inferiores latiores albidas), Squamis obovato-oblongis, obtusis vel emarginatis, rigide et breviter mucronulatis ; spicula feminea (juveni ætate) non exserte pedunculata, anguste lanceolata, squamis lateribus albidis cum nervo medio lato, virescente, in aristam vel mucronem scabrum LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 179 ex apice obluso vel truncato desinentibus: utriculi (juveniles) setosi, in rostrum latum elongatum attenuati, ore rigide bidentato ; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale, province de Hupeh aux environs d'Ichang (Henry, n° 3382). Le Muséum possède seulement des spécimens jeunes de cette espèce, _ qui paraît bien caractérisée par son large épillet mâle et par ses bractées poilues en dessous et sur les gaines; la pubescence des feuilles est beaucoup plus courte. 178. C. lamprosandra Franchet. C. lamprosandra Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIIX, t. 7, p. 45. Rhizoma crassissimum, horizontale, fibrillis vetustis dense vestitum, fibrasque radicales numerosas emittens ; culmi valde cespitantes, cespitibus basi incrassatis quasi bulbosis, 25-30 cent. alti, apice vix scabridi; folia culmis longiora vel breviora, 3 mm. lata, glauca, asperata ; bracteæ vaginantes, lamina lineari-subulata, inferior spiculam paulo superans ; spiculæ sæpius 3, remotæ, terminalis tota mascula lucida, lanceolata, acula, pedunculata, 2 cent. longa, squamis fulvis, margine angusto pallidis, lanceolatis, obtusiusculis, nervo dorsali viridi, scabro, non vel brevissime in mucronem exserto ; spiculæ femineæ pedunculatæ, pedunculo vaginæ æquilongo, lineari-lanceolatæ, acutæ, squamis Jlanceolatis, margine pallidis vel fulvo tinctis, apice attenuatis, mucronalis vel aristatis, nervo dorsali virescente, spinuloso; utriculi squamis breviores, dense setulosi, distincte stipitati, ovati, apice breviter attenuati, bidentati; stylus trifidus. Hab. — La Chine, province de l’Yunnan, sur les rocailles calcaires du Yang in chan, au-dessus de Moso yn, alt. 2500 m. (Delavay, n° 1745). Espèce bien caractérisée par son mode de végétation en toulfe épaisse formée de très nombreux chaumes florifères dont les innovations sont comme bulbeuses à la base ; les utricules sont obtus, mais se terminent par deux dents assez profondes et aiguës ; le stipe qui les porte égale le quart de leur longueur. C’est par anomalie que les épillets femelles sont quelquefois mâles au sommet. 179. CG. pachyrrhiza Franch. C. pachyrrhiza Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, t. 7, p. 45. Rhizoma crassum, fibrillis vetustis dense vestitum, partitum; culmi 20 cent. alti, foliis breviores, cespitantes, foliati; bracteæ vaginantes, inferior longe, superiores breviter, 180 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. vagina viridi, lamina foliacea; spiculæ 3-4, omnes pedunculatæ, intense fulvæ, lineares, terminalis tota mascula, 2-3 cent. longa, squamis ovato-lanceolatis, breviter acutatis, mucronalis ; spiculæ femineæ remotæ, inferior exserte pedunculata, omnes 3-4 cent. longæ, obtusæ, squamis in utroque sexu homomorphis et concoloribus, femineis tantum paulo obtusioribus apice et nervis ciliolatis ; utriculi squamis paulo breviores, setulosi, ovati, superne attenuati, rostro bidentato ; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale, province d’Yunnan, sur les coteaux du Tsang chan près de Tapin tze (Delavay, n° 2808). Rappelle beaucoup par son port le C. drepanorhyncha dont les feuilles sont nettement hétéromorphes, celles des tiges toutes basilaires, les bractées à limbe raccourci et à portion engainante membraneuse et colorée en brun. Les rhizomes épais divisés en rameaux allongés sont aussi très caractéristiques chez le C. pachyrrhiza. 180. G. setchuenensis Franch. C. setchuenensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, vol. 7, p. 45. Rhizoma gracile, elongatum; culmi 25-30 cent. alti, apice scabridi, ad medium usque foliati ; folia culmis breviora, vix 2 mm. lata, superne longa filiformi-subulata ; bracteæ vaginantes, vagina virescente, lamina foliata subulata; spiculæ 3-4, distantes, terminalis tota mascula oblongo-linearis, 20-25 mm. longa, breviter pedunculata, squamis pallide fulvis, breve acutatis, cuspidatis ; spiculæ femineæ exserte pedunculatæ, 3-4 cent. longæ, inferne laxifloræ, squamis ovatis albo-rufescentibus, obtusis, inferioribus mucronulals ; utriculi squamis subduplo longiores, puberuli, trigono-subcompressi, in roslrum gracile, longum, rigide bidentatum attenuati, faciebus 7-nervati, basi acuti, stylus trifidus ; achænium albidum, apice in annulum parum conspicuum incrassatum. Hab. — La Chine occidentale, province de Se tchuen à Tchen Kéou tin (Farges) ; mont Oméi (Faber, n° 1146). Les utricules, dans leur forme générale, ressemblent beaucoup à ceux du €. brunnea Thumb, mais ils sont trigones et à 3 styles; l’épi terminal est toujours complètement mâle et les inférieurs complètement femelles ; il n°y a jamais qu’un seul pédoncule dans chaque gaine ; l’épaississement annuliforme qui termine l’achaine est peu distinct; il se voit néanmoins à un assez faible grossissement et montre les affinités du C. se/chuenensis avec le C. {ristachya et les espèces du même groupe, malgré la longueur du bec. LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 151 181. C. tsangensis Franch. C. tsangensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, vol. 7, p. 44. Rhizoma elongatum repens, culmos crebre emiltens; culmi graciles, 30 cent. alti, acute trigoni, superne scabri, basi tantum foliali, vaginæ inferiores rubro-fulvæ, demum ad margines reliculato-fissæ; bracleæ vaginalæ, vagina virescente, lamina subulata ; spiculæ 3, omnes anguste lanceolalæ, lerminalis mascula, pedunculata, 3 cent. longa, squamis ovalis rubro-fulvis, in mucronem flavidum breviler attenuatis; spiculæ femineæ distantes, inferior exserte, superior incluse pedunculalæ, haud raro apice brevissime maseulæ vel steriles, squamis ovalis, margine rubro-fulvis, in mucronem brevem flavidum abrupte desinentibus ; utriculi squamas æquantes sparse et breviter pilosuli, ovali, abrupte et breviter rostrati, rosiro bidentulo ; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale, sur le Tchang-chan, près de Tapintze (Delavay, n° 2615). Espèce à long rhizome rampant, émettant des chaumes florifères et des innovations très rapprochées ; les feuilles sont très nombreuses et étroites, d’abord pliées en deux et à la fin beaucoup plus longues que les chaumes florifères et larges à peine de deux millimètres; les écailles rousses avec une grosse nervure dorsale Jaune qui fait saillie en mucron, les petits utricules finement velus et ciliés caractérisent bien le C. #san- gensis. 182. C. longkiensis Franch. C. longkiensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIT, t. 7, p. 86. Rhizoma horizontale ; eulmi 40-50 cent., flaccidi ; folia mollia culmis longiora, 4-5 mm. lata, margine vix scabra; bracteæ vaginantes, vaginis virescentibus, lamina foliacea, inferiore spiculam superante; spiculæ circiter 7, superiores parum remolæ, inferiores distantes, omnes anguste lanceolatæ ; spicula suprema varie androgyna, sæpius apice mascula, pollice longa ; squamæ utriusque sexus homomorphæ, pallidæ, lanceolatæ, acutatæ, nervo medio viridi, scabro, in mucronem excurrente; spiculæ femineæ 3-4 cent. longæ, inferiores exserte pedunculatæ, subcernuæ, superiores subsessiles, erectæ; utriculi squama paulo longiores, trigoni, fusiformes, nervulati, pilis conspersi, in rostrum biden- tatum attenuali; stylus trifidus basi dilatata calyptræformi achænium coronans. Hab. — La Chine occidentale ; marécages à Longki, dans le N.-E,. de la province d’'Yunnan (Delavay). Espèce assez voisine du €. fragilis Boott, avec des épillets femelles formés d’utricules très serrés et un style épaissi à la base dans une forme toute différente. 182 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. La place du C. longkiensis, dans la série des Care, est difficile à pré- ciser; ses épis terminaux androgyns semblent l’éloigner du groupe où il est ici placé; mais d’autre part la dilatation de la base du style est un caractère plus important que celui qui peut être fourni par l’androgynie, éminemment variable et qu'il ne faut employer qu'avec beaucoup de discernement. 183. C. ascotreta C.B. Clarke. C. ascotreta GC. B. Clarke, in litt. Rhizoma validum, obliquum, vaginarum vestigiis vestitum; culmi 30-40 cent. alti, debiles, leves; folia culmos demum superantia, 3 mm. lata; bracteæ vaginalæ, vaginis virescentibus, lamina foliacea lineari, inferiore inflorescentia breviore vel longiore ; spiculæ sæpius 4, lanceolalæ, terminalis tota mascula, acutissima, 4 cent. longa, femineæ superiori contigua ; squamæ masculæ ovatæ, lateribus albidæ, nervo medio pallide viridi in mucronem rigidum excurrente; spiculæ femineæ laxifloræ, præter superiorem dislantes, incluse pedunculalæ, squamis obovato lanceolatis, lateribus albo-scariosis, nervo dorsali pallide viridi ultra apicem attenuatum vel truncatum longe in mucronem producto, recto; ulriculi squamam (exclusa arisla) æquantes, puberuli, oblongo-fusiformes, in rostrum attenuali, roslro parum recurvo, ore membranaceo oblique truncalo ; stylus trifidus. Hab. — La Chine occidentale, province de Hupeh, aux environs d'Ichang (D° Henry, n° 7888 et 7899). Voisin du C. chinensis Retz dont il diffère par des feuilles moins larges, des écailles femelles à arête droite et non plus ou moins étalées, des épillets plus courtement pédonculés ; les écailles des épillets mâles du C. chinensis sont aussi plus étroits et plus longuement aristés. 184. C. chinensis Retz. C. chinensis Retz, Observ. 3, 42; Boott, Zllustr. Car., 1, p. 13 et 74, lab. 36; Benth., for. Hongk., p. 402. Rhizoma validum, ad collum fibrillosum ; culmi 30-50 cent., leves, basi tantum parce foliati; folia innovationum 4-6 mm. lata, culmis longiora, scabrida, rigida; bracteæ longe: vaginantes, vagina pallide viridi, lamina foliacea lineari, inferioribus spiculas superan- tibus; spiculæ 5-7, terminalis tola mascula longiter pedunculata, lanceolala, acuta, squamis pallidis, anguste lanceolatis, nervo dorsali viridi in aristam excurrente; spiculæ femineæ distantes, inferiores {antum exserte pedunculatæ, omnes erectæ, lanceolato- cylindricæ, obtusæ, 3-4 cent. longæ, squamis lanceolalis, apice obtusis vel truncatis vel obcordatis, raro subacutis, lateribus late albo-scariosis, nervo dorsali valido, viridi, in aristam scabram elongatam ultra producto : squamæ femineæ mox plus minus patentes ; LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 183 utriculi squamas (exclusa arista) æquantes, puberuli, faciebus 5-7 nervalti, ovato-trigoni, superne attenuati in rostrum hyalinum acute bidentatum ; stylus trifidus, basi incrassa- tus, achænio pallido triquetro basi styli rostrato. Hab. — La Chine, aux environs de Macao (Callery, n° 42, 397). L'ile de Hong kong (C. Wright, n° 603; R. P. Bon, n° 131); ravine du Pic Victoria (Bodinier, n° 541); pentes élevées du mont Parker (id.). Le C. chinensis est bien caractérisé par ses écailles femelles longue- ment aristées et devenant promptement plus ou moins étalées sous l’utricule ; ce caractère, Joint à celui que fournit la largeur des feuilles, le différencie bien de l’espèce précédente. 1485. C. Duvaliana Franch. et Saw. C. Duvaliana Franch. et Sav. Enum. pl. Jap., I, p. 568. C. villosa Fr. et Sav. £num. pl. Jap. 1, p. 142 pro parte (exclus. syn. Boott.). Rhizoma repens stolones emittens ; culmi cespitantes 40-60 cent. alti, superne parum scabridi, ima basi tantum foliis brevibus vestiti; folia fasciculorum sterilium 2-3 mm. lata, pilosula, culmos sæpe superantia, subtus et marginibus scabra ; bracteæ præsertim inferiores longe vaginantes, lamina brevi, foliacea ; spiculæ 3-4, terminalis tota mascula, lineari-lanceolata, 2-3 cent. longa, pallide fulva vel albida, squamis margine membra- naceis, apice rotundato tenuiter ciliatis, nervo dorsali lato in mucronem brevem excurrente ; spiculæ femineæ distantes, omnes exserte pedunculatæ, lineares, dissitifloræ, 2-4 cent. longæ, squamis late obovatis, dorso fascia lata viridi vel pallida notatis, trinerviis, lateribus albo-hyalinis, apice late rotundatis vel subtruncatis, breviter mucronatis, mucrone levi vel parce hispido ; utriculi squamas paulo superantes, vires- centes, demum paulo excurvi, obovati, obscure trigoni, conspicue nervati, pubescentes, basi longe attenuati, in rostrum breve sed distinctum, bifidum abrupte desinentes; stylus trifidus basi dilatatus ; achænium pallescens, tenuiter punetatum, annulo crasso styli basin cingente coronatum. Hab. — Le Japon: île de Nippon, aux environs d’Yokoska, dans les bois (Savatier, n° 1428, 2109 is); Yokohama (Maximowicz; Faurie, n°” 7597, 7598, 7596); environs de Shidzuoka (id., n° 7734). Espèce bien caractérisée par ses feuilles velues et ses épillets formés d’utricules pubescents, un peu écartés. 186. C. stenostachys Franch. et Sav. C. stenostachys Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., p. 142. Rhizoma repens, ad collum dense fibrillosum ; culmi floriferi 1-2 dec. alt, filiformes, superne scabridi, ad medium usque vaginis vestiti, lamina breviter foliacea folia fascicu- 184 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. lorum sterilium longissima, 30-40 cent. longa, 3 mm. lata, margine scaberrima ; bractea inferior conspicue vaginans, lamina angusta brevi spiculam non superante ; spiculæ 3-4, terminalis mascula, oblongo-clavata, 20-25 mm. longa, obtusa, breviter pedunculata, squamis obovalis, lateribus pallide fuscis, margine albo-hyalinis, apice breviter attenuatis vel rotundis vel etiam truncatis, nervo medio virescente, in mucronulum brevissimum excurrente; spiculæ femineæ distantes sub anthesi fere filiformes, 2 cent. longæ, laxifloræ, inferiori vix exserte pedunculata, squamis anguste obovalis, masculis homo- morphis; stylus trifidus; utriculi (juveniles) virescentes, setosi, in rostrum ore bifidum attenuati. Hab. — Le Japon: île de Nippon, sur le mont Kuruma Yama (Sava- tier, n° 3700). Paraît voisin du €. Duvaliana, dont il se distingue bien du reste par ses feuilles coriaces et glabres ; les épillets femelles sont très grèles et laxiflores ; les anthères présentent une particularité sur la valeur de la- quelle je ne suis pas suffisamment renseigné, mais qui mérite d'être signalée; les anthères sont terminées par un appendice rouge, ovale, aussi large que leur sommet ou même plus large, qui paraît être un prolon-" gement du connectif; cet appendice existe dans d’autres espèces, mais il est toujours beaucoup plus petit, mucroniforme. Le C. stenostachys fournit un bon exemple de feuilles hétéromorphes, celles des chaumes florifères étant réduites à des gaines dont le limbe est très raccourci, long à peine de deux centimètres. 187. CG. chrysolepis Franch. et Saw. C. chrysolepis Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., II, p. 144. Glauca ; rhizoma breve, repens; culmi basi fibrillis nigricantibus dense vestiti, curvati, vix semidigitales, acute trianguli, scabri, fere ad apicem usque vaginati, vaginis in laminam brevem serrulatam desinentibus ; folia fasciculorum rigida vix 2 mm. lata, valide carinata, scaberrima, circinala ; bractea inferior vaginans brevissime foliacea ; spiculæ 3-4 parum distantes, terminalis mascula, subsessilis, oblonga, 15 mm. ionga, squamis aureo-fulvis, obovalo-spatulatis, obsolete uninerviis, dorso scaberulis, apice truncatis vel obtusis; spiculæ femineæ lineares 1 cent. longæ, incluse pedunculatæ, subcontiguæ vel nunc inferior paulo remota, masculis colore et forma homomorphæ ; utriculi juveniles squamis breviores, oblongi, nervulosi, hispiduli, in rostrum bifidum attenuati; stylus bifidus. Hab. — Le Japon; île de Kiusiu, province de Satsuma, sur le Kiris- hima Yama. Port du C. curvula, mais plus voisin par ses caractères du C. macro- LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 185 lepis, dont les épillets sont longuement pédonculés, les utricules plus velus, les écailles d’un fauve moins brillant. 188. C. pisiformis Boott. (PIX pl 7, fige 2.) C. pisiformis Boott, in Asa Gray, PI. Jap., p. 324; Miquel, Prol., 357; Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., 1, p. 142. Rhizoma repens, stoloniferum ; culmi cespilantes, 30-40 cent. alli, graciles, leves, basi tantum foliis brevibus vestiti; folia innovationum 2 mm. lala, scabrida, culmos supe- rantia; bractea inferior longe vaginans, lamina foliacea spiculam superante vel illa breviore; spiculæ 3-6 distantes vel rarius superiores approximalæ ; spicula suprema tota mascula, oblongo-linearis, 2-3 cent. longa; squamis pallide fuscis cum margine angusto hyalino, obovatis, apice rotundatis, fimbriatis, nervo dorsali lato, pallido, in mucronem brevissimum excurrente ; spiculæ femineæ inferiores raro exserte, sæpius incluse pedun- culatæ, superiores sessiles vel subsessiles, ovatæ vel anguste cylindricæ, obtusæ, squa- mis pallidis, obovalis acutis vel oblusis, mucronulatis, apice nunc ciliolatis; utriculi puheruli squamas parum superantes, e basi attenuata ovoidei, obtuse trigoni, faciebus 2-3 nerviis, distincte rostratis, rostro bidentato; stylus trifidus ; basi conico-dilalatus ; achænium flavidum e basi stipitata ovoideum, trigonum, secus lineas densas ad facies scrobiculatum, apice abrupte constrictum, exinde dilatato-conicum (styli basis). Hab. — Le Japon (C. Wright); île de Nippon, dans les provinces boréales (Savatier, n° 3732); île de Sado (Faurie, n° 2555, 2553); château d’Akita (id., n° 2067, 2070, 2049, 2170); montagnes d'Aomori ad n2,155,2131152,0613);Umontagnes de. Gifu {id:; n° 7773); forêts de l’Yamagata (id., n° 10508); forêt de Saruru (id., n° 10508). lle d’'Yézo, sur les collines de Kushiro (id., n° 5254); montagnes d'Otaru (id., n° 3028). Très répandu dans le Japon; ses petits utricules ovoïdes, pubes- cents, la longueur de la gaine de la bractée inférieure le caractérisent bien et ne permettent guère de le confondre d’une part avec le C. præcox dont il a les utricules, d'autre part avec le C’. conica, ou espèces affines, dont les bractées ont les gaines plus ou moins fauves ou brunes. Le C. pisiformis fournit aussi un bon exemple de style dilaté dans sa partie inférieure, formant un cône à base disciforme reposant sur un étranglement du sommet de l'achaine; cette dilatation du style se retrouve, sous la même forme, dans un certain nombre d'espèces du même groupe, mais rarement d’une facon aussi nette que dans le C. pesi- = â r FT 2 , NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 2% 186 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. formis ; il est à remarquer que le style ne se détache qu’en un point placé au-dessus de sa dilatalion inférieure, de sorte que cette dilatation persiste au sommet de l’achaine et semble faire corps avec lui. Les Carex du groupe Conica et ceux du groupe Præcox offrent de nombreuses modifications, qui se produisent au sommet de l’achaine et affectent la base diversement dilatée du style. Dans le C. præcox, par exemple, l’achaine est surmonté par une sorte d’anneau épaissi ou de coupe très évasée au centre de laquelle repose la base bulbiforme du style ; dans le C. éristachya, le C. pociliformis, la coupe est plus profonde encore. Il n’est pas douteux qu'on ne trouve un jour d’excellents éléments de classification, pour le genre Carex, dans l’étude de la forme des achaines, dans la facon surtout dont le style est dilaté à sa base. Mais cette étude doit être étendue aux Carex de toutes les régions du globe, et jusqu'ici il ne paraît pas qu’on ait examiné sous ce rapport les espèces d'Europe et d'Amérique. * * Bractea inferior vix vel non vaginans, laminifera. 189. C. præcox Jacq. C. præcox Jacq., FI. Austr., NV, 25, tab. 446; Boott, Z{lustr. Car., IN, p. 214 (cum synon. permullis). C. Vidali Fr. el Sav., £num. pl. Jap., IL, 365. C. nervala Fr. et Sav., loc. cit., 567. C. homoiolepis Fr. et Sav., loc. cit. Cespitosa; folia angusta, 2 mm. lala, nunc rigida, nunc magis mollia, sæpius culmis gracilibus breviora ; bracteæ breviter vel brevissime vaginantia, lamina subulata brevi vel brevissima ; spiculæ 2-4, approximatæ vel parum remotæ, terminalis tota mascula, obovato-clavata, obtusa; squamis fulvis obovato-lanceolatis, nunc acutis vel subacutis, nunc apice rotundatis, nervo dorsali pallido sub apice evanido vel in mucronem brevissi- mum exserlo; spiculæ femineæ sessiles vel subsessiles, nonnunquam distincte vel longiter petiolatæ, ovatæ vel ovato-cylindricæ, squamis lateribus fuscis, nervo medio virescente in mucronem brevem producto ; utrieuli squamis paulo longiores, puberuli, nunc copiose, nune parce, haud raro sub maturitale perfecte calvescentes, ovati, ner- vati, in rostrum breve, vel nunc magis distinctum breviter attenuati, rostro fere integro vel bidentato, sæpe ciliato; stylus trifidus ; achænium pallidum, superne in annulum abrupte dilatatum. Hab.— Le Japon, où il paraît très répandu surtout dans l’île de Nippon et celle d'Yéso. M. Faurie en a distribué diverses formes sous les LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 187 numéros suivants : 389, 3780, 10043, 2161, 3871, 3916, 2140, G14, 216, 615, 638, 416, 2048, 2141, 564, 5255, 481, 393, 7041, 6964, 3791, 21415875, 5523, 1185, 482, 2541780, 2019, 167, 18, 129,,37, 91, 38, etc., etc. Le C. præcox est une espèce extrèmement polymorphe au Japon. La variabilité porte principalement sur le degré de pubescence des utricules, qui dans certains cas peuvent être complètement glabres; sur la longueur des pédoncules des épillets femelles souvent nuls ou presque nuls, mais qui atteignent quelquefois un ou deux centimètres, sur la forme de ces épillets, tantôt ovales, tantôt cylindriques; sur la longueur du bec. quelquefois indistinct, quelquefois nettement développé ; l'épi mâle varie peu, ses écailles sont ordinairement dépourvues de bordure hyaline; dans le €. Vidalu Fr. et Sav., qu'il n’y a pas lieu de considérer comme spécifiquement distinct du C. præcox, les écailles mâles ont une bordure blanche assez nettement distincte et quelquefois un peu fimbriée, mais ce caractère disparaît par des transitions insensibles. Le C. nervala Fr. et Sav. et le C. homotolepis (C. setosa Fr. et Sav., non Boott), ne sont également que des formes du €. præcox; le premier a seulement ses périgynes un peu plus fortement nerviés; le second n’est qu’un état dont les utricules sont plus hispides et à bec très nettement bidenté. Le €. polyrrhiza WNallr. (C. wmbrosa Host) admis dans presque toutes les flores d'Europe, sur la considération de sa souche qui n’émet pas (?) de stolons, et de la forme plus allongée du bec de l’utricule, me paraît difficile sinon impossible à distinguer au milieu des multiples formes que fournit la flore du Japon. Le Carex que Maximowiez a distribué de Nanga- saki, sous le nom de C. polyrrhiza Wallr., a certainement des stolons; ce n’est donc pas la plante européenne à laquelle on attribue d'ordinaire ce nom ; le bec des utricules de la plante de Nangasaki est très distinct et assez semblable à celui des spécimens d’origine européenne ; mais c’est un caractère qui devient inextricable si l’on examine les nombreuses formes de bec dans le C. præcox du Japon. Boott considérait le €. polyrrhiza Wallr. seulement comme une variété du €. præcox; peut-être vaut-il mieux réunir tout à fait les deux plantes. 183 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 190. C. kamikawensis Franch. C. kamikawensis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, t. 7, p. 48. Cespitosa, rhizomatosa, ad collum dense fibrillosa; culmi 50-80 cent., gracillimi, pro maxima parte nudi, inferne tantum breviter foliali, apice scabri; folia innovationum culmis breviora, plana, mollia, 3 mm. lata; spiculæ sæpius 3 approximatæ, terminalis tota mascula, breviter pedunculata oblonga, acuta vel obtusa, squamis fulvis breviter acutis, nervo medio crasso, concolore, sub apice desinente; spiculæ femineæ ovatæ, breviter pedunculatæ, superiore sæpius sessili, vagina spiculæ inferioris abbreviata; squamæ fulvæ ovatæ, muticæ vel mucronulatæ; utriculi squamis longiores, setulosi obovato-subglobosi, trigoni, faciebus valide 1-2 nervati, in rostrum bidentatum obli- quum contracti, ore membranaceo fulvo, paulo dilatato, auriculiformi,; stylus trifidus basi incrassata achænio insidens; achænium obovato-turbinatum, rufum, tenuissime scrobiculatum, angulis validis, sub styli basi discoidea abrupte contractum. Hab. — Le Japon: île d'Yéso, montagnes de Kamikawa (Faurie, n° 8068), plaine d'Hakodate (id., n° 3990). Très remarquable espèce du groupe des Præcox, caractérisée par un bec très distinct, oblique, terminé par une portion membraneuse rousse, un peu dilatée en forme d’oreillette, comme on le voit dans les espèces du groupe des Pilosa ; l'achaine est dur, turbiné, très finement serobiculé ; les nervures des angles sont très saillantes ; au sommet il se contracte brusquement en col très court qui se dilate en plateau continué par la base conique du style ; les utricules rappellent ceux du C. pensylvanica, mais les achaines sont différents dans les deux plantes. 191. GC. recticulmis Franch. C, recticulmis Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIIL, t. 7, p. 48. C. lucidula Franch., loc. cil., p. 48. Dense cespitosa, ad collum crebre fibrillosa; culmi recti, graciles, 30-50 cent. alti, basi tantum foliati, foliorum lamina brevi; folia fasciculorum sterilium crebra, culmos superantia, 3 mm. lata, ad margines et supra secus nervos asperrima ; spiculæ 2 vel 3 subcontiguæ vel raro inferior paulo remota, terminalis mascula, oblonga, obtusa, bre- viter pedunculata, squamis rufis obovatis, apice breviter acutis vel obtusis; spiculæ femineæ parvæ, 1 cent. longæ, inferiore nunc breviter pedunculata, pedunculo in vagi- nam membranaceam incluso; squamæ femineæ rufescentes late ovatæ vel suborbiculatæ, abrupte mucronatæ ; utriculi squamis longiores, ovato-globosi, sparse setulosi, in rostrum distinctum bidentatum abrupte contractum ; stylus trifidus, basi incrassatus; achænium illo C. kamikawensis persimile. [Hab. — Le Japon: île d'Yézo, province de Kushiro, forêt de Shibetcha (Faurie, n° 5835 er). Ile de Rebunshiri? (id., n° 7304). LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 189 Les épillets rappellent beaucoup ceux du €. globularis, mais ils sont moins écartés, le bec des utricules est droit et n’est point membraneux, roux, comme celui de l’espèce précédente. Le (. lucidula n’est qu’une forme grèle du €. rechiculmus. 192. C. microtricha sp. nov. Rhizomatlosa; culmi 30-50 cent., erecti, graciles, superne scabri, basi tantum foliis 1-2 parvis brevibus vestiti; folia innovationum culmos superantes, vel sæpius illis bre- viores, 3 mm. lati, margine scabri; bractea inferior brevis, fere tota membranacea, lamina subulata; spiculæ sæpius 2, nunc 3, terminalis tota mascula, oblonga, oblusa, longiter vel longe pedunculata, squamis rufis, obovatis, obtusis, nervo dorsali concolore sub apice deficiente ; spiculæ femineæ breviter ovatæ, paucifloræ, inferior paulo remota, nunc exserte pedunculala; squamæ feminæ ovalo-lanceolatæ, rufæ acutæ vel breviter mucronalæ ; utriculi squamis paulo longiores, sub lente valida tantum conspicue pube- ruli, ovato-fusiformes, obscure angulati, nervati, apice in rostrum parum distinctum, obscure bidentatum sensim attenuati; stylus trifidus basi incrassatus ; achænium cine- reum vix conspicue trigonum, apice in annulum cupuliforme basin conicam styli acci- pientem dilatatum. ù Hab. — Le Japon : île de Nippon, dunes de Niigata (Faurie, n° 2456). Se rapproche des Carex du groupe Præcox par des bractées courtement engainantes ; bien caractérisé d’ailleurs par ses utricules allongés-fusi- formes, peu distinctement trigones et dont la pubérulence très courte et très fine, n’est visible qu’à un assez fort grossissement. 193. C. gifuensis Franch. C. gifuensis Franch., Bull. Soc. philom. de Paris, série VIT, t. 7, p. 47. Rhizoma gracile, in ramos plures iteratim divisum; culmi gracillimi, decumbentes, 20-30 cent. longi, superne scabriusculi, ad basin tantum foliis brevibus vestitum ; folia innovationum vix plus quam 2 mm. lata, nervis utraque facie setoso-pilosis; spiculæ 2-3 contiguæ vel fere contiguæ, omnes sessiles vel inclusæ pedunculatæ, terminalis tota mascula, linearis, acuta, squamis rubro-fuscis, apice obtusis vel rotundatis, margine anguste albo-hyalinis ; spiculæ feminæ ovato-subglobosæ, paucifloræ, inferiores pedun- culo in vagina brevi (5-6 mm.) incluso; squamæ ovatæ, lateribus fulvo-rubræ, nervo dorsali virescente ultra ap#em obtusum vel acutum in mucronem producto; utriculi squamis paulo longiores, dense setulosi, ovato-trigoni, faciebus valide nervati, in rostrum . breve, cylindricum ore oblique truncato productum; stylus trifidus basi æqualis ; achæ- nium acute trigonum, flavidum, superne sensim atlenuatum, acutum et cum stylo con- tinuum, minime incrassatum. Hab. — Le Japon : île de Nippon, dans les montagnes de Gifu (Faurie, n° 7775); Utsuromya (id., n° 7627). 190 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. C'est une espèce assez voisine du €. pilulifera, mais facilement dis- tincte par ses chaumes encore plus grêles, ses rhizomes divisés en plu- sieurs ramifications, et surtout par ses feuilles couvertes sur les nervures de longues soies qui ressemblent à des poils. La forme de l’achaine et du style est anormale dans le groupe ; le style en effet n’est nullement épaissi dans sa partie inférieure et l’achaine dont les angles sont très aigus se prolonge en pointe aiguë qui se continue avec le style; ces deux caractères, joints à celui que fournit la pubescence des feuilles, diffé- rencient bien le C. gifuensis de l'espèce suivante. 194. C. Wrightii Franch. C. Wrightii Franch., Bull. de la Soc. philom. de Paris, sér. VIII, t. 7, p. 47. C. montana, var. oxyandra Franch. et Sav., £num. pl. Jap., Il, p. 4141. C. pilulifera Wright in Asa Gray, Plant. Jap., p. A17 (non L.). Rhizoma stoloniferum ; culmi cespitantes 1-2 decim. alti, basi tantum breviter folii- feri; folia innovationum 3 mm. lata, scabrida, culmis sæpius breviora; bractea nulla vaginans, omnes ad laminam selaceam adduclæ, vel rarissime et brevissime et vaginantes et tunc scariosæ et lamina omnino destitutæ ; spiculæ 4-6, superiores arcte contiguæ, con- gestæ, inferior nunc plus minus remota, sessilis, brevissime ochreata terminalis tota mascula, sessilis, parva sæpius acula, squamis fucis, ovatis, apice oblusis, hyalinis ; spiculæ femineæ ovatæ vel subglobosæ deusifloræ, 4-6 mm. longæ, squamis fuscis, ovatis, acutis, margine albo-hyalinis, nervo dorsali lutescenti in mucronem haud raro exserto; utriculi squamas superantes, tenuissime setuloso-pubescentes, distincle rostrali, rostro acute bidentato ; stylus trifidus basi leviter incrassatus ; achænium late obovatum, lutes- cescens, acule angulatum, apice rotundatum vel fere truncatum. Hab. — Le Japon (C. Wright): Sasagamine, dans l’ile de Sikoku (Makino Tomitaro); île de Nippon, environ de Yokoska (Savatier) ; mon- tagnes de Hakkoda (Faurie, n° 850, 845, 930, 13068); montagnes de Shiritoko (id., n° 10986); plaine de Tchitose (id., n° 380); montagnes de Yamagata (id., n° 4431); montagnes de Shichinohe (id., n° 723); sommet du Gansu (id., n°5943); Iwagisan (id., n° 1012, 4745, 4754); île de Sado (id., n* 2634, 2569, 2890); Shimidzuü toge (id., n° 2391); sommet du Chokkaison (id., 2696); Mororan (id., n° 299); montagne de Shiobara (id., n° 4103). Ile d’Yéso; Iwozan (id., n° 5340); forèt d’Yésashi (id., n°5719); sommet des montagnes d’Yésashi (id., n° 3876); environs de Mori {id., n° 179, 180); Montbetzu (id., n° 224, 223, 612), volcan de Turumai (id., n° 10055;) environs de Tomakomai (id., LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 191 n° 253); environs de Sapporo (id., n°” 6827, 6855). Ile de Rebunshiri (id., n°7300). Ile de Riishiri, au sommet de la montagne (id., n° 7374); montagne volcanique de Séséki dans l’île de Kunashiri, l’une des Kuvilles. Diffère sensiblement du €. montana par ses périgynes nettement rostrés et par ses écailles. Il paraît très voisin du C. Amgunensis Fr. Schm., mais ses bractées sont dépourvues d’oreillettes à la base. Le C. Wrightu existe peut-être dans l'Amérique septentrionale, où il a pu ètre considéré comme une forme du €. pilulifera. La plante du Groenland, publiée par M. Warming sous le nom de €. pilulifera L. forma en est extrêmement voisine et en diffère insuffisamment par ses épillets femelles distinctement pédonculés et pourvus d’un ochréa allongé. 195. C. Amgunensis Fr, Schm. C. Amgunensis, Fr. Schmidt, /eis. im Amur, I, p. 69, tab. I, fig. 4-5. Cespilosa; culmi flaccidi, tenues, superne scaberuli, basi lantum foliis brevibus vesliti; folia innovationum vix 2 mm. lata, culmis breviora ; bractea inferior minime vaginans, foliacea, cum auriculis acutis utroque latere ad basin laminæ adnatis ; spiculæ 3-4, terminalis tota maseula, parva, femineæ superiori conligua, squamis ovato lanceo- latis fuscis, albo marginatis ; spiculæ femineæ globulares paucifloræ, inferior vel infe- riores remolæ, squamis ovatis acutis masculis similibus; utriculi dense albo-puberuli, squamis paulo breviores, e basi ovata in rostrum bidentatum longe attenuati. Hab. — La Mandchourie dans la région du fleuve Amgun (F. Schm.). Plus robuste que le C. Wrightu, épillets femelles plus écartés, saufle supérieur formé de deux ou trois fleurs et contigu à l’épillet mâle ; les bractées auriculées n’existent pas dans le €. Wright. Mais on les retrouve telles dans beaucoup d’autres Carex, ces auricules n’étant autre chose que les deux côtés de la gaine, lorsqu'elle est complètement fendue en avant. Le C. Wrightü et le C. Amgunensis, à cause de l’absence d’une gaine close à leur bractée inférieure, pourront paraître anormaux dans le groupe ou ils sont ici placés; mais ils s’y rattachent si intimement par tous les autres caractères qu'il est impossible de les éloigner des C. comca, C. præcox, etc.; c’est un nouvel exemple montrant qu'il ne saurait y avoir rien d’absolu dans les caractères que nous choisissons pour établir 192 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. nos coupures systématiques et que, dans certains cas, il faut faire bon marché de certaines particularités de groupement qui n’ont de valeur réelle qu'autant qu’elles ne séparent pas ce qui doit être rapproché et qu’elles ne rapprochent pas ce qui doit être tenu éloigné. 196. C. breviculmis Rob. Brown. C. breviculmis Rob. Brown, Prodr., p. 242, sensu Boott, Z{lustr. Car., p. 181. C. Royleana Nees apud Wight, Contr., 127; C. leucochlora Bunge, Mém. Acad. St-Pétersb., I, p. 142; C. Langsdorfii Boott, Linn. Transact., XX, p. 144. C. puberula Boott in Morrow, Parry Exped., p.324. C. discoidea Boott, Roddg. Exped., On the bot. of Japon, p. 419. C. fili- culmis Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., I, 137. C. aphanandra Fr. et Sav., loc. cit. ; C. fibrillosa Franch. et Sav., Loc. cit. Rhizomatosum, repens vel cespitans ; culmi nune 5-10 cent. nunc 20-35 cent. alti et nunc graciles vel magis stricti, longe nudati et sæpius decumbentes, foliis breviores vel longiores ; bractea inferior breviter vaginans, nunc fere obsoleta; spiculæ 2 vel 4, suprema mascula, nunc fere inconspicua pauciflora, nunc obovata, densiflora, 10-15 mm. longa, squamis margine scariosis albis vel pallide rufis, nervo dorsali nunce sub apice evanido, nunc longe vel longissime in aristam scabram producto; spiculæ femineæ sessiles, congestæ, superiore masculæ contigua, vel inferiores parum remotæ, squamis obovalis, lateribus albo-scariosis, breviter acutis vel obtusis, nervo dorsali virescente ultra apicem plus minus longe producto; utriculi pubescentes obovato-fusiformes, trigoni, in rostrum crassum bidentatum producli; stylus trifidus, basi incrassala conica, achænio truncato vel in collo constricto insidens. Hab. — La Chine septentrionale, aux environs de Pékin (Bunge, Bodinier, etc.) et Tchéfou (Fauvel); environs de Shangai (d’Argy, Bodinier); Amoy (Hance); province de Hupeh, aux environs d’Ichang (Henry, n° 3732). Le Japon; extrêmement répandu dans l’île d’Yéso et dans Nippon d’après tous les collecteurs. Le Tonkin, aux environs de Hanoï (R. P. Bon). Il est impossible de citer, pour cette espèce, tous les numéros des collections du P. Faurie; dans l’herbier du Muséum, ils dépassent le chiffre de cent, le même numéro s'appliquant d’ailleurs à des formes différentes; je citerai seulement les suivants : 10383 ; 8071; 7747; 13167 ; 7669 ; 10308 ; 8072; 7922. La plante est en effet si variable qu’on peut dire qu’il n’y a pas deux exemplaires semblables. Dans l’Enumeratio plantarum Japonicarum, nous LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 193 avions tenté, à limitation de Bunge et de Boott, d'établir quelques coupes spécifiques sur des spécimens peu nombreux d’ailleurs qui pou- vaient passer pour suffisamment distincts ; mais les nouveaux matériaux qui sont parvenus en abondance montrent bien que toutes ces différen- ciations sont vaines et qu’elles se combinent de mille facons sans pré- senter la moindre trace de stabilité ou de subordination. Il n’est pas jusqu'à l’existence d'une gaine accompagnant la bractée inférieure qui ne soit soumise à une variabilité qui justifie la présence dans ce groupe du €. Wrightn el du C. Amgunensis. Le C'. discoidea Boott, des îles Loo Choo, qui présente la particularité d’avoir toutes ses bractées sans gaines, n’est vraiment qu un état particulier du €. breviculmis ; dans le C. fibrillosa, la gaine fait également défaut, et dans le C. puberula elle est courte ou même nulle. x x x Bracteæ omnes ad vaginam truncatam, muticam vel {antum setiferam adduclæ (stylus basi æqualis; spicula mascula femineæ impositus : an vere cum illa continua ?). 197. C. cryptostachys Brongn. C. cryptostachys Brongn., Voy. de la Coquille, p. 152, tab. 95 ; Boott, Zllustr. Car., I, p. 103, tab. 310. C. B. Clarke, in Hook, Flora of Brit. Ind., VI, p. 714 (Sphalm. sub : C. cyrtostachys). Rhizoma crassum, horizontale ; culmi plurimi 20-60 cent. graciles, decumbentes, leves, e basi florigeri, folia fasciculorum longissima, firma, marginibus et nervis asperata, glauca, 10-12 mm. lata; vaginæ floriferæ culmos tota longitudine vestientes, laxæ, mem- branaceæ, ore rufescentes, truncatæ, muticæ vel inferiores in laminam filiformi-subu- latam desinentes ; spiculæ 15-25, incluse vel breviter exserte pedunculatæ, lineares, 1-2 cent. longæ, pallidæ vel fulvæ, inferiores tolæ femineæ, superiores superne breviter masculæ (androgynæ sensu auctorum omnium), sed fortasse (si recte intelligam) spicula mascula vere a feminea subjacente libera, axim distinctam lateralem efficiens, unde spiculæ ramosæ dicendæ; flores masculi arcte imbricati, in spiculam fere inconspicuam, 3 mm. vix longam, dispositi squamis cucullatis rhombeis, oblusis; squamæ femineæ masculis homomorphæ, tanlum paulo majores ; utriculi squamas superantes, stipitati, pubescentes, fusiformes, nervali, in rostrum breve bidentatum altenuati; achænium depressionibus deformatum, stipite calloso obconico insidens ; stylus trifidus basi æqualis. Hab. — La Chine dans l’île de Hong Kong (Wright; Bodinier, n°103); rocailles d’un torrent à mi-côte du pic Victoria (Bodinier, n° 107). Balansa, 3 Tonkin, vallée de Banton, près de Tu-va dans les bois NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. — 19 194 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. n° 2833); bois de la vallée de Lankok, sur le mont Bavi, n° 2822). Espèce d’un type très particulier dont les affinités paraissent être sur- tout avec le groupe des C. plantaginea ; tous les auteurs lui ont attribué des épillets androgvnes, mâles au sommet. Si le fait est réel, il faut admettre que dans le C. cryptostachys, Vandrogynie ne se comporte pas tout à fait comme chez les autres Carex qui appartiennent à cette caté- gorie, où l’on voit les écailles florales disposées régulièrement selon la spire normale, sans que cette disposition éprouve une modification au point où les sexes se superposent. Dans le C. cryptostachys, il n’en est pas de même; de la base jusque près du sommet les écailles axillantes des fleurs femelles se succèdent régulièrement; au-dessus d’elles se produit un épillet mâle très court qui termine l’axe, mais qui paraît être un peu pédonculé, sa base étant brièvement nue. Cet épillet paraît du reste inséré latéralement, comme si la dernière fleur femelle terminait l’axe primaire. Si, comme je le crois, cet épillet mâle constitue un axe secon- daire de l’épillet, c’est un fait analogue à ce qu’on voit dans beaucoup de Carex du groupe /ndicæ, le C. moupinensis, par exemple, ou mieux encore dans le C. Steudelii. — Cf. Boott, {Uustr. Car., L, tab. 103. 6. Stylus æqualis basi non incrassatus. + Utriculi glabri; rostrum breve vel evolutum. x Bracteæ vaginantes; spicula mascula femineæ imposila, an vere cum illo continua ? 198. C. pachygyna Franch. et Saw. (A pl ie A) C. pachygyna Franch. et Sav., Enum. pl. Jap., I, p. 560. Intense virens, flaccida ; rhizoma elongatum, horizontale, squamis adpressis fulvis dense vestitum, ad collum divisum, ramo altero culmum floriferum debile leve, altero foliorum fasciculum proferenti; culmi floriferi palmares usque pedales ex ima basi vagi- nali, vaginis distantibus, membranaceis, inflato-cucullatis, pallide virentibus, multinerviis in laminam brevem ovato-lanceolatam acutam desinentibus, apice utroque latere auricula albo-hyalina parva auctis, ore antico breviter fissis, intus postice ligula fusca rotundata margine tantum libera donatis, superioribus tantum spiculam foventibus; folia fascicu- lorum lineari-lanceolata, culmum æquantia vel superantia, 12-20 mm. lata, 15-30 cent. longa, acuminata, mullinervia, nervis tribus magis distinctis marginuibus tenuissime serrulata, præserlim sublus pilis sparsis pilosula ; spiculæ haud raro in vaginis geminæ, incluse pedunculalæ, androgynæ (?), apice masculæ, globosæ vel etiam depresso-globosæ, LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 195 peduneuli inæquales basi ochrea brevi cincti, leves, crassiusculi; flores masculi fere inconspicui (an vere femineis conlinui non bene constat), squamis obovalis, apice rotun- datis, dorso fascia lata viridi notatis, uninerviis, lateribus albo-hyalinis, apice rotun- datis ; stamina 2 (vel polius 3), filamentis inferne rufis, superne niveis, antheris mulicis ; flores feminei 3-5 arcte glomerali, squamis late ovatis vel rotundatis, perigynio dimidio brevioribus, marginibus late albo-hyalinis, dorso viridibus cum nervo tenui albido, inferio- ribus sæpius 3-5 nervalis; stylus trifidus, sligmatibus brevissime exsertis, cylindricis, crassis; utriculi 1 mm. longi, ovalo-lanceolali, pallide virescentes, basi et apice obtusi, vix angulati, mullinervali, nervis parallelis ex apice orientibus, basin non altingentibus ; achænium lanceolatum basi styli æquali apiculatum. Hab. — Le Japon, île de Sikokou (Rein in Savatier, n° 3519). Espèce bien nettement caractérisée par ses gaines cuculiformes, par ses stigmates très courts et épais, par ses pédicelles souvent géminés dans la gaine. La plante ressemble au C. siderosticta, tout en en demeurant bien différenciée par ses fleurs et la forme globuleuse de ses épillets, qui ne sont pas du reste conformés de la même façon. 199. G. siderosticta Hance. CMDC bat 2) C. siderosticla Hance, Journ. Soc. Linn. of Lond., XII, p. 89; Franch., Plant, David., part. I, p. 320. Rhizomatosa, stolonifera, stolonibus squamis fulvis, ovatis, acutis vestitis ; culmi debiles, 2-3 decim. alli, bracteis vaginantibus tota longitudine tecti; vaginæ laxæ, inflatæ in lim- bum ovatum subacutum desinentes; innovaltiones sessiles vel nunc stolones elongatos terminantes, foliis e basi sepe pubescente attenuata lanceolatis vel lineari-lanceolatis, nunc 3 cent. lalis, acuminatis, culmos florentes superantibus, multinervatis cum nervis tribus crassioribus ; spiculæ 5-7 secus culmorum totam longitudinem dispositæ, pleræque superne flores masculos gerentes; bracteæ masculæ ovato-lanceolatæ, marginibus hyalinæ superne rufescentes; flores femineæ plerumque laxæ, bracteis ovatis, oblusis vel acutis, dorso fascia lata notatis, margine albo-hyalinis, rarius fusco-punctalis ; utriculi squa- mas subæquantes vel breviores, ovato-trigoni, glabri, faciebus nervali, abrupte et bre- vissime rostrati, rostro parum incurvo, ore integro; stylus trifidus. Hab. — La Chine orientale ; dans les bois ombragés humides, à Géhol (Arm. David, n° 1812); montagnes de Pékin dans les vallons de Tong- kéou et de Pékéou, dans les lieux ombreux et humides (Bodinier, n°97); province de Shantung, près de Chefoo (Fauvel). Japon : île de Kiusiu, Kundshosan (Maximowicz) ; montagnes de Shio- bara (Faurie, n° 4072); Utsuno miya (id., n° 7609) ; Ichinohe (id., n° 357); forêt d’'Oginohama (id., n° 4033); collines de Shari (id., n° 5517); nord 196 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. de PAkita (id., n° 2076); montagnes de l’Akita (id., n° 2160) ; Mororan (id., n° 203); province de Nikko à Shimodsuke; Chichibu, Musashi; île d’'Yéso, sur la côte d’Yésan (id., n° 3973). Voisin du €. pachygyna dont il a le port; mais bien distinct par ses épillets allongés, ses styles linéaires une fois plus longs que l’utricule, ses fleurs mâles en épillet plus distinet. C’est encore une espèce qu’on ne peut éloigner du groupe des Plun- taginea, bien que l’épillet mâle ne soit pas très distinct de l’épi femelle et qu’à ce titre le C. siderosticta appartienne au groupe des androgynes ; mais outre quil n’est pas démontré, ainsi qu'il arrive pour les deux espèces précédentes, que la partie mâle de l’épillet appartienne au même axe que les fleurs femelles, la disposition systématique des Carex, si l’on veut maintenir le mieux possible les affinités naturelles, exige que l’on ne tienne pas rigoureusement compte de l’importance de tel ou tel caractère quand il doit en résulter des dislocations d’affinités. Le nombre des espèces de ce genre est si considérable qu’il est nécessaire, pour s’y reconnaître, d'établir des groupements, mais c’est à la condition de ne pas trop les multiplier et de ne pas considérer comme absolus les carac- tères qu'on leur assigne; il ÿy a longtemps que Drejer a dit à propos des Carex: « Gregum in infinitum multiplicatio æque mala est et æque a naturali affinitate aliena ac in universali systemate ordinum vel fami- liarum vaga et nullo universali principio fundata dismembratio. » Symb. Caric., p. 16. 199 bis. G. siderosticta Hance. Var. bracteosa. — C. platyphylla Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VIII, vol. 7, p. 50 (non Carey). Bracteæ omnes in laminam elongatam foliosam evolutæ ; folia præserlim subtus ad nervos breviter puberula; squamæ utriculis longiores, acutæ, vel etiam ad basin spiculæ supremæ longissimæ, 12-15 mm. longæ ; spicularum pars suprema mascula parum cons- picua. Hab. — Le Japon: ile d'Yéso, dans les forêts de Saruru (Faurie, nH0510). C’est une plante qui a tout à fait le port du €. platyphylla, mais dont LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 197 l'épimâle n’est pas si nettementdistinet; les bractées à Paisselle desquelles naissent les pédoncules ont leur limbe complètement développé en lame foliacée qui atteint de 6 à 4 centimètres, ce qui est absolument le carac- tère des bractées du €. platyphylla; les feuilles ont les nervures de leur face inférieure couvertes de pelits poils, alors que dans les exemplaires japonais du C. sideroslicta les feuilles sont presque toujours glabres. Le développement des écailles qui accompagnent les fleurs femelles à la base de l’épillet terminal est remarquable, mais je ne crois pas que, même joint au fait de l’évolution du limbe des bractées, il constitue un caractère suffisant pour distinguer spécifiquement la plante. Le C. siderosticta var. bracteata, est peut-être la plante que Miquel a décrite dans le Prolusio sous le nom de Pseudo-Carex plantaginea. x x Bracteæ vaginantes; spicula mascula perfecte distincta. 200. C. Fauriei Franch. CRD GS. 1") C. Fauriei Franch., Bull. Soc. phil. de Paris sente 10 p.105 (sphalmate C. lauriæ). Rhizomatosa stolonifera ; culmi cespitantes acute trigoni, scabri, basi brevissime foliali, longe nudi, decumbentes, e basi vel superne tantum florigeri; lamina foliorum culmi lanceolata, brevis, acuta; folia innovatio num late linearia, 10-12 mm. lala, culmos supe- rantia, multinervia, nervis tribus validioribus ; bracteæ omnes vaginatæ, in laminam spi- cula breviorem desinentes ; spiculæ sæpius 3-4, terminalis longe pedunculata, oblonga, 2-3 cent. longa, vel obovato-clavata, 10-12 mill. vix longa; squamæ masculæ lateribus fulvæ vel albidæ, cbovatæ, breviler apice altenuatæ vel obtusæ, muticæ vel inferiores mucronaltæ; spiculæ femineæ ovatæ, inferiores exserte pedunculatæ, distantes, superiores subsessiles vel breviter pedunculatæ subcontiguæ, squamis albidis, obovato-truncalis vel subcordatis, nervo dorsali viridi in mucronem crassum producto; utriculi glabri, trigoni, nervali, squamis fere duplo longiores, 4-5 mm. longis, e basi obovata in rostrum biden- tatum productis; stylus trifidus inferne non incrassatus, sed paulo supra basin annulo disciformi cinctus ; achænium fuscum vel fulvum, trigonum, distincte slipitatum superne rotundatum. Hab. — Le Japon: Nippon, au pied de l’Iwagisan (Faurie, n° 102); montagnes de Shonai (id., n° 2740); montagnes de Shakotan (id., n° 9881); Hakkoda (id., n° 13060) ; forêt de Kominato (id.,n° 243); mon- tagnes d’Aomori (id., n° 433 et 136) ; nord de l’Akita (id., n° 2077). Ile d'Yéso, montagnes à l'Ouest de Sapporo(id., n° 7115,6817, 319 et 326); 198 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Otaru (id., n° 271 et 2845); montagnes de Tsuruga (id., n° 7936); montagnes d’Iwanai (id., n° 7000). Cette espèce, l’une des plus belles de la Flore du Japon, est bien caractérisée par ses larges feuilles rubanées, ses nombreux chaumes, florifères quelquefois dès la base; ses gros épillets femelles, ses utrieules à bec étroit assez long, qui ne sont nullement du type de ceux du groupe du €. plantaginea, groupe dont le C. Fauriei ne peut cependant être écarté. L'épi mâle se présente sous des formes assez différentes; il est tantôt roux, oblong, tantôt obové blanc ; le pédoncule atteint jusqu’à 3 centi- mètres, mais il est souvent beaucoup plus court et ne dépasse pas ! cen- timètre. Dans ses divers états la plante pourrait aisément constituer des espèces différentes, si l’on ne trouvait des intermédiaires. 201. C. pilosa Scop. C. pilosa Scop., F1. Carniol., 226; Franch., Bull. Soc. phil. de Paris, série VII, Gas De SD) Rhizomatosa; stolonifera; cuimi 20-50 cent. alti, leves, basi tantum breviter foliali; folia innovationum 6-10 mm. lata, sæpe pilosa, culmis longiora, asperulata; bracteæ longe vaginantes in laminam foliaceam bence evolulæ ; spiculæ 3-4, terminalis longe pedun- culata, feminea oblonga vel clavata, squamis fulvis, nunc fere albidis, obtusis, muticis; spiculæ femineæ longe et longissime pedunculatæ pendentes, laxifloræ, 3-4 cent. longe, lineares, squamis sæpius margine rubro tinetis, cæterum pallidis, obovatis, breviter acu- tatis, mucronalis; utriculi maturi squamis longiores recurvi, e basi ovata in rostrum hians attenuali, ore lato, oblique truncato, purpureo ad marginem tineto, acute biden- talo; stylus trifidus, basi æqualis ; achænium trigonum, fulvum, tenuissime punctu- latum, sessile, apice obtusum. Hab.— Le Japon: île Nippon, forêt entre Ichinohe et Morioka (Faurie, n° 398). Ile d’Yéso ; Hakodate (Maximowicz) sur les montagnes (id., n 108); Nana Gd.n#3620);Mforèts du Méso id 25m 0e n” 273, 130, 216, 214, 212, 3027), montagnes de Shakotan (id., 9882); Mombetsu {id., n° 220, 671); forêt de Saruru {id., n° 10518); forêt d'Iwanai (id., n° 8236); forêts de Kamikawa (id., n° 8132); plaine marécageuse à l'entrée des montagnes de Sapporo (id., n° 313, 1556, 6826) ; forêts d'Abashiri (id., n° 5386) ; plaine de Némuro (id., n° 5590) ; forêts d’Akan (id., n° 10660). Bec très largement ouvert, surtout avant la maturité; pédoneule LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE. 199 atteignant 10 et 20 centimètres ; fleurs femelles un peu serrées dans quelques formes, mais d'ordinaire écartées. La présence de €. pilosa dans l’île d'Yéso est un fait très intéressant de distribution géographique. La plante est inconnue dans toute l'Asie continentale et en Amérique; elle est dispersée dans l’Europe centrale, mais n'atteint pas le Caucase et ne franchit point l'Oural. Le €. pilosa, découvert dans l’île d’Yéso par Maximowiez, paraît y être fort abondant et s y présente sous des formes multiples, ainsi qu’on en peut juger par les abondantes récoltes faites par M. Faurie. Dans l’île de Nippon, il ne paraît avoir été observé qu'aux limites des provinces de Nambu et d'Aomori. Les feuilles de la plante du Japon sont quelquefois glabres, mais leur gaine est toujours velue et l’on observe assez souvent des poils sur la lige. Partout la plante est caractérisée par ses utricules dont le bec est largement ouvert, membraneux, bordé de rouge ou de brun et souvent cilié. 202. C. auriculata Franch. C. auriculata Franch., Bull. Soc. phil, de Paris, série VIT, vol. 10, p. 106. Caricis pilosæ affinis ; folia innovationum paulo latiora, glabra, vaginis tantum pube- rulis; bractearum lamina breviter lanceolala (nec longe lineari-lanceolata) ; utriculi glo- bosi, valide nervali, in rostrum curvatum ipsis æquilongum contracti, rostri ore late hiante, truncalo, labio superiore emarginato (nec acute dentato); achænium flavidum slobosum, apice truncatum. Hab. — Le Japon, île d'Yéso, aux environs de Toya (Faurie, n° 352 et 10180). Ressemble beaucoup à l’espèce précédente, dont elle est peut-être seulement une variété à utricules plus petits, globuleux, contractés en bec largement ouvert au sommet. 203. C. vaginata Tausch. C. vaginala Tausch., in flora (1821), p. 557; Boott, /{lustr. Car., IV, p. 148, tab.…178;: C. falcata Turez., Flor. Baik.-Dahur., 11, n° 1254, ex Boott, loc. cit., el Korshinski, Plant. Amur., in Acta Horti Petrop., XIL. p. 409. Folia etiam ad vaginas glaberrima, illa innovationum 5-7 mm. lata; utriculi ovali, demum lucidi, tenuinervati, in rostrum obliquum breviter attenuati. 200 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Hab. — La région de lAmur, dans les forêts profondes près de Chabarowska, et à l'embouchure de l’Ussuri (S. Korshinski). Le C. auwriculata n’est peut-être pas suffisamment distinet du C. vaginata, dont les feuilles sont cependant toujours glabres, même sur les gaines, et les utricules d'une forme plus allongée. (À suivre.) I E 1 PL GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L’ACCOMPAGNENT (PREMIÈRE CONTRIBUTION A LA MINÉRALOGIE DU BASSIN DE PARIS) PAR A. LACROIX. AVANT-PROPOS Ilest peu de régions sédimentaires qui soient aussi riches en minéraux que le bassin de Paris en général ct le sol même de Paris en particulier. Depuis plus de cent ans, mes prédécesseurs ont réuni dans la collection du Muséum une grande quantité d'échantillons intéressants. Cette série est parliculièrement précieuse; on y trouve en effet des types décrits par Romé de Lisle, Haüy, Alexandre Brongniart, A. C. Becquerel et Des Cloizeaux, en même temps qu'un grand nombre de documents inédits. Beaucoup d’entre eux sont intéressants à un autre point de vue : ils ont élé recueillis au cours de travaux effectués dans des quartiers de Paris aujourd’hui entièrement bâtis, et constituent par suite de grandes raretés qu'il serait impossible de retrouver actuellement. J'ai pensé que ce serait rendre hommage à mes devanciers que de préluder à l’étude minéralogique du bassin de Paris, que je me propose de poursuivre, par la description des plus intéressants documents réunis par eux, et complétés par ceux que j'ai moi-même recueillis; tel est le but de ce premier mémoire. : : G AC 9 NOUVELLES ARCUIVES DU MUSÉUM, 30° série. — IX. 20 202 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Parmi les minéraux parisiens, le plus intéressant est sans contredit le gypse; c'est à son étude et à celle de quelques-unes des substances qui l'accompagnent le plus habituellement que J'ai restreint ce travail. Afin de ne pas le développer outre mesure, je me suis en outre limité, au point de vue géographique, au sol même de Paris et à son voisinage immédiat. Je prie le lecteur de ne point oublier le point de départ et le but de ce mémoire ct de ne voir dans les quelques pages qui suivent qu'un premier et succinct aperçu d’un plus vaste sujet. INTRODUCTION Dans la région parisienne, le gypse se rencontre dans des conditions très différentes, également intéressantes au point de vue minéralogique, meis ayant au point de vue géologique une importance inégale. La craie sénonienne présente à Meudon des tubulures et des diaclases depuis longtemps décrites, le long des parois desquelles ont été observés autrefois de petits cristaux de gypse et de célestite. On verra plus loin que ce gypse paraît dû en grande partie à la réaction sur la craie des produits de la décomposition de sulfure de fer. A la base de l’éocène, l'argile plastique (sparnacien) est très riche en magnifiques cristaux transparents de gypse; eux aussi sont liés à la décomposition de la pyrite et de la marcasite qui en outre a donné naissance à de nombreux minéraux (websterite, apatélite, sidérose, etc.). Une petite quantité de gypse secondaire se rencontre dans les marnes miocènes. Avec l’éocène moyen, apparaît toute une série de gisements gypseux qui ont une origine différente et qui fournissent non seulement des cristaux de gypse isolés au milieu de marnes ou d’argiles, mais encore des lits gypseux continus ; ceux de l’éocène supérieur, possèdent une grande importance géologique et économique. Depuis la fin du siècle dernier, on connaissait dans les assises supé- ricurcs du calcaire grossier (lutétien supérieur), désignées sous le nom de caillusses, de curicuses pseudomorphoses de gypse, associées à des LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 203 cristaux de quartz, de fluorine, de calcite. M. Munier-Chalmas, en utili- sant les sondages effectués dans diverses parties de Paris ou de ses environs, à montré que les niveaux renfermant ces pseudomorphoses représentent les affleurements de lits continus de gypse, qui ont persisté là où un puissant manteau sédimentaire les a préservés de la dissolution superficielle, accompagnée des phénomènes chimiques dont il sera question plus loin. 11 paraît bien établi aujourd'hui que ces diverses for- mations gypseuses du lutéfien supérieur, de même qu'un certain nombre de niveaux analogues du bartonien (sables de Beauchamp, calcaires de Saint-Ouen) ont une origine lagunaire. Il en est de même, non seulement pour le gypse du ludien, qui forme les puissantes masses exploitées dans la région parisienne, mais encore pour celui qui se trouve en cris- taux épars ou en lits continus dans les assises de l’oligocène inférieur (marnes supragypseuses, marnes vertes et stampien). La discussion de l'hypothèse adoptée (1) et de celles qui ont été pro- posées autrefois pour expliquer le mode de formation des dépôts gypseux, pas plus que l’étude stratigraphique de ceux-ci, n’est l’objet de ce travail, aussi Je renvoie pour ce sujet aux nombreuses publications dans Îles- quelles il est traité. Ce mémoire, en effet, a pour but spécial de mettre en lumière les formes propres aux cristaux de gypse correspondant aux deux catégories de mode de formation indiquées plus haut, c’est-à-dire à la cristallisation directe par évaporation d'eau de mer s’effecluant dans des lagunes et à la formation par réaction secondaire des produits de décomposition du sulfure de fer sur des assises renfermant du calcaire ; j y joindrai quelques observations sur les formes que prend le gypse déposé par les eaux qui se sont chargées de sulfate de chaux en circulant dans les gisements gypseux postérieurement à leur dépôt. Dans chacun des trois chapitres qui vont suivre, un paragraphe est consacré aux minéraux qui accompagnent le gypse et sont liés d’une facon plus ou moins intime à la formation de celui-ci. Afin d'éviter les redites, je donnerai ici l’énumération des couches (1) Cette hypothèse a été formulée d’une facon extrêmement nelle dès 1780 par Pralon (Journal de Physique, p. 289), dans une description minéralogique de la colline de Montmartre, fort remarquable pour celte époque. 204 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. gypseuses dont il sera question dans ce mémoire, avec l'indication des minéraux qui seront étudiés plus loin. L'ordre suivi et la nomenclature straligraphique employée sont ceux qui ont été adoptés par MM. de Lapparent (1) et Munier Chalmas (2) dans leurs récentes publications. I. — NivEAUX LAGUNAIRES RENFERMANT DU GYPSE D ORIGINE PRIMAIRE. Oligocène inférieur (Longrien). a. Stampien. MECS CAOUTCHOUC > RP asae octobre orteoee Gypse, moulages de sel marin. Marnes-verless. ere SE PRO CE RER RE Gypse (et pseud.), célestite. MarnesSasCunenG CONTE LA RE TE CCC TE TC CEE Gypse, célestite. Marnes supragypseuses blanches, puis bleuâtres........ Gypse. É'ocène. a. Ludien. Allernances de bancs de gypse ct de marnes (formation Gypse (el pseud. siliceuses el lagunaire avec quelques retours de l'élément marin). calcaires), célestile, ménilite, ; calcite, moulages de sel ma- rin, pyrile, ete. Ces assises comportent les divisions suivantes : Première masse du gypse (haute masse) non strali- fiée, ayant de 10 à 20 mètres d'épaisseur (gisement des ossements de mammifères : Palæotherium, Ana- plotherium, etc.) ; Marne à ménilite ; Deuxième masse du gypse (allernance de lits de gypse saccharoïde et de marnes jaunes). Marne marine jaune à Lucina inornala. Troisième masse du gypse. Marne à Pholadomya ludensis. Quatrième masse du gypse (horizon restreint et peu constant) recouvrant les sables marins d'Argenteuil. (1) Truité de géologie, 1893. (2) Bull. Suc. géol., XVIT, 846, 1889. — C. rendus, CX. 663, 1890. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 205 b. Barlonien. Calcaire de Saint-Ouen, saumâlre à la base, lacustre au Gypse (pseud. siliceuses el cal- SAN SONG 0 EE OO EE Te DU caires), ménilite, opale nec- tique, maynésile. Sables de Beauchamp (calcaire de Ducy, et horizon à Gypse (pseud. siliceuses el cal- UT AMTIATORERG) A ee. NA MT ee acute ste ed eee caires). c. Lulélien supérieur. Caillasses (lits minces de marnes, de calcaires ct de bancs Gypse (pseud. siliceuses et cal- SACS) ERA TR te cu nette reset Dane caires), quartz, lulécile, cal- cédoine,calcile, fluorine,céles- tile, moulages de sel marin. II. — NIVEAUX RENTERMANT DU GYPSE D'ORIGINE SECONDAIRE. Oligocène inférieur. Sannoisien. MAMA TNA NCUNLERQN CAEN ET. sueur Gypse, apatélile. Mornestsuprasypseuses bDlenaires 02... .7 : 1.0 Gypse, apatélile. Eocène. Sparnacien. RATES DA SIERRA de eu Marcasite, pyrile, hlende, gypse, websterile, mélantérile, apa- télile, phosphorile, vivia- nile, sidérose, célestile, suc- cinile, elc. Crélacé supérieur. Sénonien. Ge DANCE dEMEUTON ELA Ru eue Gypse, céleslile, marcasite. CHAPITRE PREMIER Gypse de lagunes (éocènes et miocènes). 1° Cristaux des marnes et des argiles. L'étude des cristaux de gvpse des marnes éocènes el miocènes de la région parisienne montre que, tandis qu'il existe la plus grande analogie entre les formes des cristaux de gypse du /xtétien supérieur (caïllasses), du bartonien (sables de Beauchamp et calcaire de Saint-Ouen) et enfin du ludien (étage du gypse), de nombreux cristaux des marnes ziocènes et notamment beaucoup de ceux des #arnes verles présentent des différences 206 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. notables avec ceux de l’éocène, particulièrement en ce qui concerne les macles. Ces différences tendront peut-être à s’atténuer par l'examen d'un nombre de gisements plus grand que celui que j'ai eu l’occasion d'étudier, elles m'ont toutefois paru assez intéressantes pour nécessiter un exposé distinct de ces deux catégories de gisements. A. —— (GISEMENTS ÉOCÈNES. Les cristaux distincts de gypse du luféhien supérieur (eaillasses) et de la base du bartomen sont, à de rares exceptions près, pseudomorphosés en produits siliceux ou calcaires ; ils se rencontrent en individus groupés et facilement isolables dans des marnes calcaires plus ou moins modifiées. Dans le calcaire de Saint-Ouen, ils ne sont généralement pas libres, mais sont englobés dans des rognons d’opale (ménilite) et épigénisés. Le gypse ludien au contraire est généralement intact; les cristaux distincts s’observent dans les marnes intragypseuses ou à la surface de contact des lits gypseux et de celles-ci. Ils se rencontrent un peu à tous les niveaux du ludien, mais les grandes lentilles généralement maclées (gypse en fer de lance) abondent particulièrement dans une couche de marnes située entre la première et la deuxième masse du gypse : de beaux cristaux se trouvent aussi dans les marnes de la troisième masse (Montmartre, Noisy-le-Sec). Les carriers parisiens désignent sous le nom de grignards les cristaux mal formés qui constituent souvent de véritables lits continus, ainsi qu’on peut l’observer à Argenteuil, à Noisy-le-Sec, etc., dans la troisième masse du gypse. La couleur la plus habituelle du gypse ludien est le jaune clair, elle devient parfois presque blanche et dans d’autres cas d’ur jaune d'or plus ou moins foncé. Les cristaux présentent parfois des zônes d’accrois- sement, de forme et de couleur différentes. A l'est de Paris, se trouve dans le gisement de Thorigny près Lagny une variété de gypse laminaire d’un blanc de cire, opaque en lames un peu épaisses, plus rarement incolore et transparent, qui n'existe pas dans les environs immédiats de Paris. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 207 Quand les cristaux sont engagés dans le gypse en roche, ils ont sou- vent leur surface extérieure intacte; lorsqu'ils se trouvent dans les argiles, au contraire, leur surface est souvent recouverte d'une couche rugueuse ocracée, parfois accompagnée de pyrite et de produits siliceux (voir plus loin). Les petiles lentilles des argiles ludiennes sont souvent opaques ou seulement translucides. Les grands cristaux et notamment les variétés donnant les macles en fer de lance sont au contraire transparentes ct parfois d’un limpidité parfaite sur plusieurs centimètres d'épaisseur ; celte limpidité est surtout grande à travers les faces de clivage g' (010) très planes et remarquablement brillantes, tandis qu’elle est beaucoup moindre à travers les faces extérieures, arrondies et offrant une surface dépolie. Dans les échantillons englobés dans le gypse en roche ct souvent accompagnés de gypse niviforme (fig. 3 et 4, pl. VII), la transparence est telle qu’il est possible de distinguer à travers une face g' (010), sous une épaisseur de plusieurs centimètres, les moindres détails de la gangue sous-jacente. | Enfin, pour terminer ce qui concerne la couleur du gypse parisien, je ferai remarquer que les cristaux qui se forment dans les fentes du gypse ludien par recristallisation actuelle du gypse dissous sont générale- ment parfaitement incolores. Ils seront étudiés dans le chapitre IT, je ne m'occuperai ici que des cristaux que l’on peut considérer comme formés normalement au moment du dépôt des couches qui les renferment. a. Cristaux simples. La forme lenticulaire est à peu près constante dans les cristaux des marnes éocènes, qu'il s'agisse des niveaux luféliens (caillasses), barto- niens (sables de Beauchamp, calcaires de Saint-Ouen), ou /udiens. Dans le ludien, se trouvent les cristaux les plus nets au point de vue de la forme (Montmartre, Buttes-Chaumont, Belleville, Ménilmontant, Romainville, Noisy-le-Sec, Montreuil), etc. Les lentilles dérivent du type IL de l'argile plastique, qui sera étudiée dans le chapitre If, par disparition plus ou moins complète des faces de la zone prismatique, il 298 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ne reste plus alors que les faces 4, @i1) et diverses formes des zones pg' et a’g', loutes plus ou moins arrondies. La figure 7 (A et B) de la planche VIIL est la reproduction d’une photo- graphie un peu réduite d’une lentille de ce genre, limitée par les faces a; (211), e' (011), 8"? (111) : elle présente en outre de petites faces zx (1 10). Les formes de ces lentilles sont du reste assez rarement aussi nettes, le plus souvent, il est à peu près impossible de faire sur elles aucune mesure. Les formes qui concourent à la production de ces lentilles sont : dans la zone pg', les faces e' (011), et parfois e"* (031); dans la zone g' a”, la forme w — (b'd'g"*)(233), la forme très fréquente @,, (549) est extrêmement voisine de celte zone; dans la zone a'g', la forme bd! (111) ; dans la zone a‘°g!, la forme a, (211) presque constante ; peut-être enfin les formes «= (b'd'%g"#)(234)et)=(6""d'%#gt%) (15.21.26). Voici les angles calculés (1) que ces diverses faces font avec g (010) et avec m (110) e. /| g' m Gi m CRIE 110°40" 120245’ Tone Lee 9925" 982287 CN EEE 18922 130 1 RE ER Ce 119092% 10%6 Ghee ere 107°2/ 105253 DUÉRRETREE 11 95°5' CN ue 108218" 1641928 TASER AE 10S26 130°5' L'arrondissement des faces est du reste facilité par la grandeur des angles obtus des diverses pyramides énumérées plus haut et par suite de leur angle avce les faces de la zone de symétrie qui leur sont tan- gentes, ainsi qu'avec les autres faces adjacentes. On a en effet les valeurs suivani{es : CE PO I RS ee NN 145956" PT A Re | DUR UR Se Gi à 0200 135049 où ad) PT RTC To DOC Oe 143024 L'Ea' 157°5 1! C>;9 29 ad} Ne rene 1e eee 162507: O0 ST ER RS RO A CT 13519? GR SUP Fer so au 143°48" EE APE Re 157°36' US ONU RE PER 16354! Pour vérifier l’orientation des faces courbes de ces lentilles, on peut employer le procédé suivant qui n'est, bien entendu, qu’approxi- matif ; il consiste à déterminer par le clivage une lame mince g' (010) de (1) La torme adoptée pour le gypse cest celle choisie par Des Cloizeaux (Bull. Soc. minér. IX 475 18861 a : D : c—0,75442 : 4 : 0,412%1. y —66°9!. mm— 111030. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 209 la lentille à étudier et à l’examiner au microscope en lumière polarisée parallèle après avoir produit par une piqûre d’aiguille des clivages 4! (100), et e! (011). On détermine ensuite les angles d'extinction par rapport aux contours rectilignes de la lame, constitués par les arêtes des zones a° g' (1). On sait que dans le gypse, le plan des axes opliques est parallèle à g' (010) et que, dans cette face, la bissectrice aiguë positive, »g, fait avec l'axe vertical un angle de 52°30"; connais- sant d'autre part les angles que font avec h° (100) les faces de la zone de symétrie, on en Fic. 1. — Face gt (010) du gypse parallèle au plan des axes optiques. déduit les valeurs sui- vantes pour les angles d'extinction du clivage g' (010) par rapport aux arêtes des zones indiquées plus haut (fig. 1). RICE RENE REERS 52°30" DONNERES RS RARE PR CR 37°30' MOD RER es Mise 13°39/ RONDE CE Ce en 16°21! RON ne NL 24° (ONCE IEEE =, 66° LONDRES SERRE 27°42’ LD ER RCE ESC EREEEE 62°18" 10e APE ee EI ME di ms 39019" DONNER 54941" DOC NOE RARE 46°18' TONER RSR ENS EEE 43012 GRO EEE SRE EE 57935" LOUER ER EE SRE 32925" RONA NET Un. 15°4 MON QU NT RE A 1456" Dans le cas le plus général, les lentilles sont aplaties par suite du grand développement et de l’arrondissement des faces de l’une des zones indiquées plus haut et d’une façon toute particulière de la zone g'&,; il y a souvent même allongement suivant l’axe de cette zone. La figure 2 représente une série de lentilles de plus en plus allongées et arrondies (Montmartre, Ménilmontant, Pantin, Romainville, Noisv- le-Sec, etc.). (4) La pyramide ç est très voisine de la zone «°‘‘g!, les pyramides 4°?/° et à de la zone a%/?y1. c = 9 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. 27 210 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Dans d’autres cas, au contraire, toutes les formes qui concourent à la formation de la lentille ont un égal développement et en même temps leurs arêtes d’intersection sont arrondies. La lentille prend alors la forme de deux cônes réunis par la base. La figure 10 de la planche VII représente le type le plus régulier de ces lentilles coniques. L’échantil- lon photographié est engagé dans une marne calcaire provenant de fouilles faites à l'hôpital Saint-Louis ; il a été étudié par Haüy (1). Les cristaux lenticulaires de gypse dépassent souvent un décimètre de plus grande dimension. Ceux du lutétien supérieur (caillasses), tou- F16. 2. — Lentilles de gypse plus ou moins allongées. Jours pseudomorphisés en produits siliceux ou calcaires (Passy, Vaugi- rard, Gentilly, Vanves, etc.), sont le plus souvent groupés, constituant des masses enchevêtrées ou crétées pouvant peser plusieurs kilogrammes. La figure 3 de la planche VI et les figures ! et 3 de la planche XI, donnent une idée de l’aspect varié de ces enchevétrements de lentilles. Des groupements analogues se trouvent aussi dans les marnes ludiennes (Montmartre, Pantin, etc.), mais dans celles-ci, les cristaux sont plus souvent isolés et ils présentent très fréquemment la maele sui- vant a‘? (201) qui va faire l’objet du paragraphe suivant. De grandes lentilles aplaties et groupées d’une façon curieuse ont élé rencontrées jadis à la Glacière de Gentilly. Elles sont entièrement pseudomorphisées en calcite ou en produits siliceux; elles sont distri- buées en grand nombre dans une marne calcaire, parfois orientées (1) Traité de minéralogie. 1, 545, 1822. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 211 suivant des plans à peu près parallèles. Dans d’autres cas, elles sont groupées d’une façon bizarre, de façon à donner des formes arborescentes extrêmement variées. Les figures 1 et 2 de la planche XIII représentent deux échantillons de ce genre bien caractéristiques. Les grandes lignes de ces groupements ne sont liées par aucune loi géométrique, mais on voit que fréquemment les petites lentilles coupent les grandes sous des angles qui sont ceux qu’exige la macle suivant a'* qui va être étudiée plus loin. Les variations de ces angles plans dans la figure précitée sont dues à ce que les cristaux sont vus suivant des directions quel- conques; ils n’ont pas tous leur face g' (010) dans un même plan. Des groupements analogues à ceux-ci, mais dans lesquels le gypse n’est pas pseudomorphisé, se trouvent dans les assises ludiennes. Notre collec- lion en possède notamment un échantillon provenant de Ménilmontant. Les cristaux de très petite taille que l’on rencontre dans les marnes intragypseuses et qui y sont parfois prodigieusement abondants (Argen- teuil) présentent souvent la forme conique assez régulière. B. Macles. Une des caractéristiques cristallographiques les plus intéressantes du gypse ludien réside dans la grande fréquence de la macle, dont les clivages ont très souvent la forme bien connue d’un fer de lance; elle paraît moins abondante dans le gypse lutétien et bartonien. Cette macle a pour face d'association a'/° (201), avec axe de rotation normal à celte face. On peut en distinguer trois types, basés sur la forme des individus élémentaires. Type 1. — Le premier type est de beaucoup le plus commun, c’est lui qui depuis longtemps, à cause de la forme des clivages g', est désigné par les ouvriers carriers parisiens sous le nom de fer de lance quand les individus sont de grande taille et de pred dalouette quand ils sont plus petits ou enchevêtrés. Les grands échantillons se rencontrent particulièrement dans une couche de marne située entre la première et la seconde masse du gypse, mais on en trouve aussi à d’autres niveaux, el notamment dans les marnes 212 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. de la troisième masse. Les échantillons qui ornent les anciennes collections proviennent de Montmartre et des diverses carrières de Belleville, des Buttes-Chaumont (carrières de Montfaucon), de Pantin, de Montreuil, etc. Aujourd’hui, ces carrières sont fermées, c’est surtout dans celles de Noisy-le-Sec et de Romainville que ces échantillons peuvent êlre trouvés en abondance quand les travaux d’exploitation atteignent les niveaux qui viennent d’être indiqués. Les pieds d’alouette se trouvent à divers niveaux dans les marnes et souvent à leur contact avec des bancs gypseux. Les macles sont parfois implantées sur leur gangue dans la position des figures 1 et 2 de la planche IX, de telle sorte que la pointe du clivage g° semble fichée en terre. Les macles en fer de lance atteignent souvent de très grandes dimensions, les plus gros échantillons que possède la collection du Muséum mesurent dans un clivage g' (010) 40 centimètres de plus grande dimension, et il en existe de plus grands encore. La caractéristique de ce type de macle réside dans ce fait que les cristaux qui la composent ont la forme lenticulaire décrite plus haut, mais sans prédominance des formes a, (fig 3); de plus, toutes leurs faces sont arron- dies, le plus souvent presque mécon- naissables, enfin le prisme 72 (110) est généralement absent ou réduit à de très petites facettes. La figure 7 de la planche VIII montre le type le plus habituel de ces cristaux élémentaires. Les figures 1 et 2 de la planche IX représentent divers aspects de la Fic. 3. — Macle suivant a'® (201) : face g: (010). macle. Dans la figure 1, la photo- graphie a été faite de façon à mettre en évidence la ligne de jonction des deux cristaux; la figure 2 montre au contraire une lentille couchée à plat sur laquelle est implanté un autre cristal, qui a été clivé suivant g' (010) pour montrer la forme caractéristique du fer de lance. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 213 Dans ces clivages g', l'angle saillant de la pointe, et l’angle rentrant de la partie supérieure sont variables, et dépendent de la nature des faces qui limitent les cristaux lenticulaires élémentaires. On voit, en effet, d'après les figures 3 et 4, que ces angles sont égaux à 2 (180°— a" a"), a° élant la face de la zone ph' en zone avec g! et avec celles des faces courbes de la lentille qui limitent le cristal à leur point de rencontre avec la ligne de macle «°°. Le tableau ci-joint donne la valeur de quelques-uns des plus fréquents de ces angles. CRT ER SES RES 24076" CHA AE TEEN TL 94044! AUDE RS EE Sd er 34058" GR RE ne CT 10228 NT NAT NN . 56°32 DERNIERES 122°50" PRE TE 79°30 On voit ainsi en tenant compte de la déformation due à la position de l'échantillon photographié que le fer de lance de la figure 2 de la planche IX est limité à sa pointe par a** (403) et à sa partie supérieure par des faces courbes de la zone pg' (e', e'”*°). Cette liste d’angles montre aussi pourquoi il existe une assez grande variété dans l'angle ter- minal du pointement des clivages g': cette pointe est généralement aiguë et surtout distincte quand Un Pic. 4. — Macle suivant «'” : les faces 4,, dont l’arête d’intersection avec g'est AAA d parallèle au plan de macle, n'existe pas ou est peu développée (fig. 4). La figure 2 de la planche XII montre le clivage e' (011) très distinct dans une pseudomorphose caleaire d’une macle pro- venant des caillasses de Vaugirard. J'ai fait représenter dans la planche XIII (fig. 8) un cristal de forme tout à fait exceptionnelle provenant de Montmartre (1); contrairement à ce qui a lieu d'ordinaire dans les macles de ce type, les faces #2 (110) y sont très distinctes et larges, les faces # moins arrondies que d’or- dinaire et les faces g' (010) assez larges. Les macles qui nous occupent sont loin d’avoir toujours la régularité (1) Il n’est pas impossible que ce cristal provienne des marnes vertes. 214 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. théorique des échantillons représentés ci-dessus, le plus généralement les deux individus composants n’ont pas la même dimension, l'inégalité déjà marquée dans la figure 8 de la planche VIIT s’accentue et l’on trouve souvent une grosse lentille englobant une ou plusieurs lentilles plus petites ; tantôt ces petits individus sont placés du même côté, tantôt ils se trouvent alternativement à droite et à gauche de l'individu principal. Ces variations de forme s’observent surtout dans les échantillons de petite taille. Il n’est pas rare d’yÿ rencontrer par exemple deux len- tilles entrecroisées de telle sorte que leurs clivages g' montrent deux pointes placées bout à bout avec (fig. 5) ou sans pénétra- tion. Les groupes de ce genre peuvent se reproduire plusieurs fois dans un même échantillon. On trouve parfois dans les marnes lu- diennes un grand nombre de lentilles maclées, enfilées à la suite les unes des autres suivant l'arête g' a'°: tantôt elles po MC An NE une par iepreculanlentdentonmnes pénétration : face g!. tantôt au contraire, comme dans la figure ! de la planche VIIT, quelques individus du groupement présentent un développement exagéré par rapport aux autres. Enfin les lentilles maclées s’enchevêtrent souvent d’une façon quelconque. La figure 3 de la planche XII représente en grandeur naturelle un curieux échantillon que mon collègue M. Stanislas Meunier m'a communiqué, il provient d’Andrésy (Seine-et-Oise). On y voit dissé- minées dans une marne calcaire une série de petites lentülles de gypse, maclées suivant a!” et emboîtées les unes sur les autres, mais au lieu d'être régulièrement enfilées les unes à la suite des autres suivant une droite comme dans le cas précédent, elles le sont suivant une ligne courbe et capricieuse qui donne à ces groupements de curieuses formes palmées. Les caillasses de la Glacière à Gentilly [34.1087 et celles des environs de Nanterre ont fourni autrefois de magnifiques échantillons du même genre qui peuvent être facilement dégagés, leur gangue étant LE GYPSE DE PARIS ET LES MINERAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 215 une marne argilo-calcaire peu cohérente; lorsqu'elle a disparu par lavage, on distingue les lentilles maclées formant des empilements palmés les plus élégants. Type IT. — Les cristaux du type II sont moins abondants que ceux du précédent; comme eux, ils se trouvent, soit disséminés dans les argiles, soit implantés sur le gypse en roche. Tous les échantillons que j'ai observés viennent dé Montmartre, des Buttes-Chaumont, du Pré- St-Gervais, de Pantin, de Noisy-le-Sec, de Romainville, leur surface est arrondie, luisante, mais ne présente aucun produit d’altération. Ces cristaux sont essentiellement caractérisés par un très grand 16. 6. — Macle suivant a'° (type IT). Fic. 7. — Macle suivant a*® (201) : (type I). Figure théorique de la face g!. allongement suivant une arête a, a; ; la forme a, existe souvent presque seule, oscillant avec a‘? (201). Quelques cristaux sont extrêmement aplatis, parallèlement à cet hémidome qui n'est jamais plan, mais qui constitue des surfaces gondolées et très irrégulières. Les cristaux du type IT ont la forme de lames de couteau arrondies et plus ou moins aplaties. Ils sont terminés par un angle rentrant géné- ralement formé par des faces arrondies e! (011) ou a°“(904). Les clivages g' (010), au lieu d'offrir la forme en fer de lance, affectent celle de la figure 6, dont les plus grands côtés sont parallèles à la ligne de macle. Les cristaux de ce type peuvent dépasser 20 centimètres suivant une arête a'° g'. J'en ai observé qui ont été brisés, puis ensuite naturelle- ment ressoudés ; ils sont souvent associés aux macles du type I. 216 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Type 111. — Les cristaux de ce type sont, comme ceux du précédent, allongés suivant l’arête a, a; et caractérisés par un large développe- ment des faces 7x (110), grâce auquel l'angle rentrant des macles précédentes n'existe plus (fig. 8). Les cristaux sont alors terminés par un pointement à quatre faces. Dans la face g' (010), les arêtes rm des deux individus font entre elles un angle de 10452’. L’unique cristal isolé de ce type que j'ai eu l’occasion d'étudier se trouvait dans un lot de cristaux du type précédent provenant de Pantin. Les faces #7 sont profondément creu- sées de cannelures verticales; les faces 4, sont arrondies, creusées, elles aussi, de figures de corrosion. Ce cristal est transparent et légè- rement teinté en jaune; la ligne de macle n’est accusée que par l'existence d’un nuage jaune foncé. Il mesure 4 centimètres suivant Fic. 8. — Macle suivant a'® JU AO Be . QUE + LA n partie bri ar ee cc arte ae an té SEnMparenbrisésp un large clivage g'. C'est à ce même type que se rapportent des cristaux des marnes supra-gypseuses qui seront décrits plus loin. B. — GISEMENTS OLIGOCÈNES. De fort beaux cristaux de gypse se rencontrent localement dans les marnes supra-gypseuses et surtout dans les marnes vertes. Les carrières de Belleville, de Ménilmontant, des Buttes-Chaumont, ont fourni jadis de superbes échantillons cités pour la première fois par Pasumot (1) aux Buttes-Chaumont. Cet auteur y signale aussi des cristaux distincts recou- vrant la partie supérieure de petits lits gypseux intercalés à divers niveaux dans les mêmes marnes. Ces cristaux se trouvent surtout après l'hiver à la surface des marnes éboulées et délavées par les eaux. Ils sont d’ordi- naire incolores, et par cette particularité ressemblent à ceux de l'argile plastique. Ce n’est que rarement qu'ils sont un peu teintés en jaune. Les (1) Journal de Physique, XXX, 84, 1781. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 217 grandes lentilles des marnes vertes de la butte d'Orgemont à Argen- teuil, de Massy près Longjumeau présentent des zones d’accroissement plus ou moins jaunes, ainsi que des inclusions argileuses. Les échantillons que j'ai examinés proviennent des anciens gisements de Montmartre, des Buttes-Chaumont, de Belleville, de Pantin, d’Argen- teuil; un certain nombre d’entre eux se trouvent dans les collections d'Haüy et de Romé de lIsle, j'ai recueilli moi-même les autres à la butte d’'Orgemont à Argenteuil. J'y ai observé trois types. a. Cristaux simples. Type 1. — Ces cristaux sont tout à fait analogues aux cristaux lenti- culaires des argiles ludiennes, mais les faces m (110) et g' (010) paraissent y ètre eh — plus fréquentes. Ils sont incolores ou à peine teintés en Jaune pâle. La figure d de la planche VIII représente un superbe cris- tal transparent de Belleville, photographié en grandeur naturelle; les faces arrondies A a ne paraissent y être constituées par 4" (111), din (549), à (203); les faces à, représentées en B sont nettes et bril- lantes ; les faces parallèles sont au contraire très arrondies. Dans d’autres échantillons [61.223|, les faces a, sont toutes arrondies. Cepen- dant ces cristaux sont généralement nets de formes. Il n’en est plus de mème pour d'énormes lentilles arrondies que j'ai rencontrées récemment à la butte d'Orgemont à Argenteuil, dans la partie supérieure des #arnes vertes, et immédiatement au-dessous d’un lit de gypse qui surmonte ces dernières. Ces lentilles souvent très altérées (voir à Pseudomorphoses calcaires), sont fragiles : elles dépassent parfois 00 centimètres de plus grande dimension, et ne diffèrent comme aspect el comme couleur des grands cristaux ludiens, que par l’existence de zones d’accroissement de teinte jaune ou blanche : beaucoup d’entre elles sont irrégulières et riches en inclusions argileuses. Quelques-uns de ces cristaux présentent des faces #2 et rappellent la 28 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 218 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. forme des individus composant la macle reproduite par la figure 8, de la planche X. Type 11.— Le type Il est identique au second type de gypse de Pargile plastique (voir chapitre IT); les cristaux aplatis suivant g' (010), peu allongés suivant l'axe vertical, présententles faces (110) très développées, les faces a; (214) brillantes, tandis que les faces de la zone «°° g' et souvent en outre #w, sont extrèmement arrondies (fig. 10). Parfois les cristaux, au lieu d’être allongés suivant l’axe vertical, sont un peu allongés parallèle- ment à la normale à k' (100) [Montmartre, Buttes-Chaumont (marnes à Cyrene), Pantin (marnes blanches)|. Une mention doit être faite pour des cristaux légèrement teintés en jaune pâle qui établissent le passage au type I: ils sont très allongés suivant l’arète 4,4, (fig. 9), leurs faces 4, sont à peine arrondies (sur un des côtés d’un de ces cristaux, j'ai observé entre g et a; une face faisant avec g' un angle d’envi- ron 122”, mais qui est trop arrondie pour pou- Fic. 10. — Gypse des marnes es don voir être déterminée exactement), ils présentent en outre #, a’"et des traces de #1. Les marnes vertes de Montmartre, de Ménilmontant, de Pantin, ren- fermant des cristaux de ce genre, incolores ou verdâtres, réunis en rosettes, atteignent jusqu'à 10 centimètres de diamètre. Les cristaux sont distribués d'une facon quelconque, montrant à l'extérieur du groupement leurs faces # (110) très nettes : c'est très probablement le gypse en rose des anciens auteurs. Type III. — La collection Haüy renferme un cristal de Montmartre présentant la forme du gypse trapézien si fréquent dans l’argile plastique (fig. 5,-pl. XIV). 6. Macles. Les cristaux maclés sonttrès fréquents. Le plus grand nombre des échan- üillons que j'ai étudiés personnellement se rapportent au type suivant. Macle suivant h' (100). — Cette macle est celle dont il sera question plus loin, dans l'étude du gvpse de l'argile plastique. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 219 Les individus qui la constituent, appartiennent au type I : ils sont accolés suivant la face 4° (100) postérieure du premier individu, de telle sorte que les faces 4,4, font toujours un angle saillant à l'extrémité infé- rieure du groupement, Landis que l'extrémité supérieure de celui-ci est constituée par 4°, &,,, d'ou: dans le cas de «°°, l’angle «°° 4°? étant de 175°38', les sommets supérieurs des deux individus semblent être sur la continuation l’un de l’autre, l'arrondissement des faces rendant presque insensible le faible angle saillant qui devrait exister normalement. On observe parfois de petites gouttières 4, 4, contiguës à la ligne de sépara- tion des deux individus. Ces cristaux présentent donc un aspect hémimor- phe (fig. 11): iln’en est cependant pas toujours ainsi; la macle peut en effet se produire non seulement par accolement, mais encore par entrecroise- ment des deux individus, de telle sorte que les deux extrémités du cristal sont semblablement terminées par des pointements 4,, ouai aie J'ai trouvé dans la collection Haüy un cristal offrant cette disposition. Les macles de ce genre présentent deux variétés, la première est carac- térisée par le grand développement des faces » par suite de l’allongement de la macle suivant l’axe vertical (fig. 9, pl. VIT); laseconde présente une forme trian- gulaire (fig. 11) par suite du grand dévelop- pement des faces 4° el la disparition souvent complète des faces z (110) (fig. 4, pl. IX). Les macles de la seconde variété sont Fic. 14. — Macle suivant À! (100), généralement plus complexes ; un grand par accolement, du gypse des nombre d'entre elles s’enfilent suivant l'axe PASS vertical pour donner des groupements curieux dans lesquels les indi- vidus constituants vont souvent en décroissant de taille. Il n’est pas rare de trouver des groupements de ce genre dans lesquels on voit alterner des macles appartenant aux deux variétés ; les angles rentrants latéraux sont produits par les faces #, et le plus souvent les faces courbes de la zone «°° g". Ces macles, et particulièrement celles de la seconde variété, sont produites par aecolement si intime qu'il est souvent impossible de voir à l'œil nu la ligne de séparation des deux individus constituants, dans une 220 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. lame de clivage, le groupement n'apparaît que grâce aux propriétés optiques et à la direction des clivages e (011) qu'il est facile de déter- miner par le choc. Les individus maclés suivant cette loi atteignent souvent de grandes dimensions, l’échantillon d'Argenteuil figuré dans la planche IX (fig. 4) mesure dans g', 16 centimètres suivant l’axe vertical et 21 suivant une direction per- pendieulaire ; 11 a été recueilli par M. Lebrun, prépara- teur au Muséum. La collection Haüy renferme un cristal provenant de Montmartre formé par le groupement cruciforme Fe no mme de debxieristaux dupe II ie" ADININ LISSS ol suivanth',paren- fraversés par une lame plus mince ayant la même trecroisement, du à d À ns gypse des marnes Orientation, mais constituée par une macle par accole- vertes de Mont- ment et par entrecroisement. Ce groupement rappelle martre. celui qui a été décrit par Laspeyres dans le gypse d’Eichstädt (7schermak. miner. petr. Mittherl, 115, 1875). 1/2 Macle suivant a'° (201). — La macle suivant a'° (201) correspondant au type I du ludien {macle en fer de lance) se rencontre dans le gise- ment de la butte d’Orgemont dont il est question page 217, et à Massy près Longjumeau : elle offre les divers aspects signalés dans les marnes du gypse. Notre collection possède une très belle macle provenant de Montmartre [61.195] correspondant au 3° type de macle du gypse du ludien ; les faces a, sont nettes, très planes et éclatantes, les faces 7» (110) sont largement développées et la face g' (010) ne paraît pas due à des clivages. Cet échantillon presque incolore mesure 3°*,5 de plus grande dimension. Les deux individus constituants n’ont pas exactement la même taille, de sorte que l’un repose sur l’autre laissant voir une petite bordure 4, et une face arrondie très irrégulière. C'est probablement ce cristal qui est cité par Des Cloizeaux dans son mémoire sur le gypse, mais la figure qu'il en donne est schématique, l’angle rentrant représenté à la partie postérieure de sa figure 5 n'existe pas dans l'échantillon qui se termine irrégulièrement par des faces courbes (fig. 8). LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 221 Un autre échantillon recueilli à la même époque que le précédent à Belleville [61.198] est également transparent, un peu jaune: il mesure 4 centimètres de plus grande dimension. 11 présente la même macle; les faces a, sont encore très planes et très développées, mais les faces » sont peu larges et l’angle saillant de la macle du type IT (page 215) est très net. Cette macle se rencontre aussi dans les curieuses boules cristallines d'un blanc verdâtre trouvées à Pantin (14.17), à Ménilmontant [35.1305] et à Montmartre (collection Haüy), celles-ci sont essentiellement consti- tuées par des cristaux lenticulaires, identiques à ceux de la figure 5 de la planche VIIT, dont les extrémités terminées par les faces »2 (110) font \ saillie à l’extérieur. Çà et là quelques cristaux offrent la macle qui nous occupe. Tous ces cristaux sont compliqués par de nombreuses interpé- nétrations à axes parallèles. C. — COMPARAISON DES FORMES DU GYPSE PARISIEN ET DE CELLES DU GYPSE DE FORMATION ACTUELLE DANS LES MARAIS SALANTS,. Il m'a paru intéressant de comparer les formes des cristaux de gypse se formant actuellement dans les lagunes et dans les marais salants, avec ceux de l’éocène et du miocène qui ont cristallisé dans de semblables conditions pendant la période tertiaire et de montrer l’analogie des cris- taux formés dans des conditions analogues. On sait en effet que le gypse est un minéral de formation constante dans tous les gisements salifères; les cristaux que J'ai étudiés à ce point de vue sont ceux des marais salants du Bourg de Batz, des salins d’Aigues-Mortes et de divers autres gisements. 2. (iypse des marais salants du Bourg de Batz. L'existence de beaux cristaux de gypse dans les marais salants du Bourg de Batz a été signalée par M. Baret (1); les premiers cristaux que j'ai étudiés m'ont été donnés par lui. J’en ai récemment fait moi-même (1) Bull. Soc. minéralogique France, IX, 294, 1888. 229 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. une abondante récolte dans une excursion, pendant laquelle J'ai eu pour guide M. Lehuédé. Les marais salants du Bourg de Batz, comme tous ceux de la presqu'île guérandaise, présentent la disposition bien connue. L'eau est amenée de la mer par de grands canaux (éfers), conduite dans de larges réservoirs (vasières) où elle se clarifie, puis dans des compartiments plus petits et moins profonds (cobiers). De là, de petites rigoles la dis- tribuent dans une série de divisions rectangulaires, de moins en moins profondes (/ares, adernes) dans lesquelles l’eau s’échauffe et se concentre avant d'arriver aux derniers compartiments ou œillets dans lesquels s'effectue la cristallisation du sel. C’est dans les fares et les adernes que les cristaux de gypse ont élé observés. Lors de ma visite à Batz, un été pluvieux avait arrêté Le fonc- lionnement de l’industrie saulnière et je n’ai pu constater la concentration relative des eaux des divers bassins dans lesquels se dépose le gypse. On admet généralement que l’eau a 7° ou 8° Baumé dans les cobiers, 13° à 20° dans les fares et les adernes. L'existence du gypse dans les fares correspond bien à ce que prévoit la théorie, puisque dans les concentrations artificielles de l’eau de mer, le gypse se dépose entre 14 el 30° B. (le sel marin se déposant à partir de 26°). Les cristaux sont simples ou maclés, ils présentent les formes suivantes : Type I. — Les cristaux du type L sont caractérisés par le développe- ment à peu près égal des faces g' (010) et a, (211) et leur allongement suivant l’arête d’intersection de ces deux formes ; les faces 27 (110) sont toujours larges, de mème que g', elles sont brillantes et striées parallè- lement à leur intersection mutuelle, alors que les faces «, sont toujours plus où moins courbes ; il en est de même des autres formes qui suivent: e (O1), # (233), 9 (15.21.26), a°* (409), plus rarement D"? (111) et aussi une forme de la zone «°° g', faisant des angles d’environ 140° avec g' et d'environ 114° avec +. Parfois la convexité de toutes ces faces n'empêche pas de les mesurer approximativement,mais souvent aussi, elles sont extrè- mement courbes, leurs arêtes d’intersection mutuelle arrondies; elles forment alors avec a, des pointements coniques tout à fail comparables à ceux qui ont été décrits plus haut dans le gypse des marnes intra- sypseuses de l’hôpital Saint-Louis. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 22? Les cristaux de ce [ype alteignent3"%,5 suivantla direction d'une ârète g'a,. Type I. — Le 1jpe IF dérive du premier par la disparition souvent complète des faces 2 (110) et g' (010), ce qui entraine l’aplatissement des cristaux par suite de l'angle oblus que font entre elles les faces de Ja forme dominante 4,. Il est assez fréquent de trouver des cristaux dans lesquels celles-ei sont très brillantes : on trouve associées à 4, la plupart des formes signalées plus haut et surtout # (233). Tantot les cristaux présentent les faces #, et # également développées, tantôt et le plus sou- vent, ils sont allongés suivant une arête 4,4,. Ces cristaux sont souvent constitués par le groupement à axes parallèles d’un grand nombre d'individus, Cette structure complexe se manifeste par des cannelures parallèles aux arêtes 4, 4, a, u et à #. Enfin très fréquemment, toutes les faces sont arrondies et toutes les arêtes courbes. Ces cristaux lenticulaires offrent toutes les variétés d'aspect que Pon rencontre dans le gypse lenticulaire éocène. IIS se groupent en grand nombre, formant des masses enchevètrées tout à fait identiques à celles qui sont représentées par la figure 3 de la planche IX. Macles suivant h (100). — La macle la plus fréquente est la macle suivant 4'(100) par accolement ; les individus maclés offrent l'identité la plus parfaite avec les macles des marnes vertes et correspondent à la figure 9 de la planche VIIT et à la figure 4 de la planche IX. Les eristaux, toujours aplatis suivant g' (010), sont largement déve- loppés et présentent, dans le premier cas, un allongement net suivant l'axe vertical avec les faces 2» assez développées. Dans le second cas, les faces » sont réduites ou absentes et la macle offre une forme en cœur des plus régulières, semblable à la figure 4 de la planche IX. Toutes ces macles sont uniformément terminées à l’extrémité supé- rieure par les formes # (233) et «°° (409), le plus souvent arrondies, et à la partie inférieure par 4,. Elles sont rarement constituées par deux indi- vidus seulement et c'est là encore un point de ressemblance avec Îles macles des marnes vertes. On observe d'ordinaire un grand nombre de semblables macles, enfilées suivant un même axe vertical. Il n’est pas rare de voir dans des groupements de ce genre, s’enfiler alternativement des macles et des cristaux simples, d'y rencontrer deux macles réunies 224 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. bout à bout par celle de leurs extrémités qui est constituée par les formes a,: une moitié peut être formée par un eristal simple du type Î alors que l’autre est constituée par une macle du type de la figure 9 de la planche VIIT: ces particularités sont fréquentes dans les macles des marnes vertes. Macles suivant a°*. — Les macles suivant «'° sont constituées par des cristaux lenticulaires: elles sont extrêmement rares. Le gypse cristallisé n’a été trouvé jusqu à ce jour que dans un seul des marais salants des environs de Batz, celui de Grouer, près de la gare, et dans quelques-uns de ses fares seulement. Il n'existe plus dans les derniers compartiments où l’eau de mer, très concentrée, abandonne du sel. Il est probable que des recherches attentives permettraient de le trouver dans d’autres marais, le temps m’a manqué pour effectuer cette recherche. Je me suis attaché à voir quelle était la distribution relative des formes des cristaux étudiés plus haut dans trois fares successifs dont la concentration varie. Dans le premier fare, le plus rapproché de la rigole amenant l’eau des cobiers, celui par suite dont l’eau est le moins concentrée, le gypse appartient uniquement au premier type. D'une facon générale, lorsqu'on entaille le sol des compartiments de ces salines, on trouve immédiatement recouverte par l’eau, une croûte résistante de matière organique. Celle-ci repose sur une couche de vase noire visqueuse qui recouvre une couche argileuse jaune, elle-même superposée au sable granulitique. Les trois premières couches peuvent dépasser quarante centimètres d'épaisseur. C'est dans l'argile jaune que se trouvent, toujours isolés, les cristaux de gypse, ils doivent à cette particu- larité leur teinte jaune. Ils se trouvent par nids et sont parfois tellement abondants qu'un coup de bèche permet de retirer une poignée de eris- taux atteignant en moyenne 3 centimètres de plus grande dimension. Dans le second fare, renfermant de l’eau déjà plus concentrée, les cris- taux de gypse présentent un mélange des types [ ct If. C'est là surtout que j'ai rencontré les macles, elles sont assez rares du reste. Ces cristaux se rencontrent à une profondeur plus grande que dans le compar- timent précédent, et abondent dans le gravier granulitique; ils sont presque incolores et renferment de nombreuses inclusions de grains de LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L’'ACCOMPAGNENT. 295 quartz, de feldspath, de paillettes de muscovite (1). Les cristaux lenti- culaires sont parfois isolés, mais étant donnée leur abondance, ils se eroupent pour former des assemblages enchevêtrés, constituant même une véritable roche miarolitique dont on peut enlever à la pioche des blocs de grande dimension. Enfin dans le troisième fare, le gypse ne se rencontre plus que sous la forme lenticulaire dans les graviers granulitiques ; les cristaux sont en moyenne plus petits que dans le compartiment précédent. Il résulte de ces observations, qui auraient du reste besoin d’être étendues à d’autres marais salants de cette région, que la rapidité de l’évaporation étant la même, les cristaux sont d'autant plus gros, d'autant plus nets et d'autant moins lenticulaires qu’ils se produisent dans une solution plus étendue. Dans les eaux très concentrées, les formes lenticulaires se produisent, seules ; on comprend dès lors pourquoi les cristaux épars des marnes vertes étant peu abondants, sont générale- ment nets de forme, tandis que ceux des lits continus de ces mêmes marnes, ceux des masses du gypse ludien et de leurs marnes sont lenticulaires ; la concentration de la lagune a été dans ce cas poussée plus loin, puisqu'il sy est produit des bancs épais du minéral qui fait l’objet de cette discussion. La grande abondance des cristaux de gypse dans la partie profonde des fares de Batz montre que leur formation se produit grâce à la satura- tion progressive du sous-sol de ceux-ci, en des points assez éloignés de la surface liquide pour n'être pas influencés par les changements de la concentration qui varie nécessairement avec la température et l’arrivée de l’eau nouvelle déterminée par l'exploitation du marais. Les nom- breuses récoltes de cristaux de gypse faites par M. Baret dans les derniers compartiments du marais expliquent peut-être l'absence actuelle de cristaux dans leurs vases jaunes. (1) Ce gravier est à grands éléments ; c’est à sa partie superficielle que se produit le gypse, aussi les cristaux de ce minéral ne contiennent-ils qu'une quantité relativement faible de ces inclusions. C’est par une cristallisation dans des conditions analogues, mais au milieu d’un sable fin homogène, que se sont formées les belles cristallisations de gypse lenticulaire du Souf (Algérie) qui servent de ciment à d'innombrables grains de quartz; ils sont à comparer à ce point de vue aux cristaux de calcite des grès de Fontainebleau. Comme dans ceux-ci, leur structure est un des meilleurs exemples que l’on puisse donner de la structure poecilitique. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 29 226 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 8. Gypse des salins de la Méditerranée. Je viens de recevoir de M. E. Gervais une intéressante série d'échantillons du gypse qui se dépose dans les parténements des salins d’Aigues-Mortes, équivalents des fares et des adernes des marais salants de Batz. L'aspect de ces cristaux est un peu différent de celui du gypse de Batz et cela tient peut-être à la rapidité plus grande de l’évaporation de l’eau des salins. Le gypse forme dans les bassins dont l’eau a une densité de 14° à 16° Baumé, des croûtes gondolées reposant directement sur le sol. Elles sont constituées par de petits cristaux d’un blane Jaunâtre présentant des faces m, «°°, u ou w, libres : ils sont allongés suivant une arête ga" et aplatis parallèlement à «°°. Les faces 4, sont courbes et généralement non mesurables. Ces cristaux sont donc à comparer comme forme à la figure 9, ressemblent surtout à ceux des marnes miocènes ; ils présentent des zones d’accroissementdiversementcolorées, grâce à des inclusions d’argile noire. Les observations sur la disposition du gypse dans les salines qui vien- nent de m'être communiquées sont conformes à celles de Dieulafait (1): les croûtes gondolées du gypse reposent sur une boue noire, visqueuse, qui recouvre elle-même une zone jaunâtre, M. Gervais n’a cependant pas trouvé dans celle-ci les cristaux de gypse isolés ou plus souvent groupés, signalés par Dieulafait. Dans les anciens marais, on trouve des masses miarolitiques, constituées par des lentilles indéterminables, avec parfois des géodes de beaux cristaux distincts, ayant la même forme que ceux décrits plus haut. +. Gypse de diverses lagunes. L'île de Sel au Cap-Vert fournit de beaux cristaux lenticulaires inco- lores de gypse; les faces a; (211) ne sont pas plus développées que les faces «°°? (203) toujours ternes et arrondies ; les faces #7 et g' sont souvent peu larges (fig. 9), il existe aussi des lentilles à surface complètement arrondie semblables à celles de Batz. Une mention toute spéciale doit (4) Ann. chim. et phys. XIV, 383, 1878. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX OUI I'ACCOMPAGNENT. 227 èlre faite pour deux macles suivant a!* (201), identiques l’une à la figure 8, l'autre au type IT de la macle du gypse ludien (figure 6). Notre collection possède une série de beaux cristaux de gypse, recueillis par Al. d'Orbigny (1) dans la Saline d'Andres Paz, située à 6 lieues de Carmen de Patagones, près de l'embouchure du Rio Negro (République Argentine). Ils atteignent 30 centimètres suivant leur arête d’allongement 4,4,. Cette dernière forme (a,) domine, ses faces sont très planes, alors que les faces 4°? (302) sont irrégulières, ternes et bos- selées ; g' existe parfois, mais généralement par clivage. , fe] [ D 2° Gypse en roche. La distinction élablie plus haut entre le gypse éocène et celui du miocène de la région parisienne au point de vue de la forme des cris- taux isolés dans les marnes, n’a pas de raison d’être quand on examine les dépôts entièrement gypseux. Le gypse en roche des divers niveaux séologiques présente une grande constance de caractères extérieurs et de structure. Je ne veux du reste qu'indiquer ici les grands traits de celle-ci, sans entrer dans des détails circonstanciés. Le gypse en roche se rencontre particulièrement dans le /wdien où il est exploité ; 1l y forme des masses dont il a été question plus haut et qui ont une épaisseur moyenne d'environ 30 mètres. Je renvoie à la coupe classique de Montmartre donnée par Cuvier et Brongniart (2) pour l’énumération des caractères extérieurs de chaque couche de cet ensemble, me contentant de rappeler que la première masse, la plus importante, présente de volumineuses fentes de retrait (3) qui depuis longtemps lui ont fait donner le nom de hauts piliers. Les échantillons dont la composition sera étudiée plus loin ont été recueillis à Montmartre, à Clignancourt, aux Buttes-Chaumont, à Belle- (1) Voyage dans l'Amérique méridionale, NX, 61, 182. (2) Op. cit., 228. (3) De curieuses fentes de retrait, rappelant les cassures perlitiques des roches volcaniques, s’observent dans les marnes intragypseuses : la figure 5 de la planche XVI représente un échantillon de gypse recouvert d'un enduit de marne blanche offrant cette structure; il a été recueilli par A. Brongniart davs des fouilles faites en 1834 au nord du parc de Saint-Cloud. Des fentes de retrait analogues, mais non identiques, ont été trouvées à Argenteuil dans les marnes à Pholadomya ludensis. 228 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. ville, à Ménilmontant, à Romainville, à Noisy-le-Sec, à Montreuil, à Argenteuil, à Sannois. Dans les marnes blanches supragypseuses blanches et bleues, dans les marnes à Cyrene et dans les marnes vertes, le gypse en roche forme aussi de petits lits peu épais. Le gypse en roche du lutétien et du bartonien est connu depuis la publication faite par M. Munier-Chalmas (1) du résultat des sondages effectués par MM. Dru et Arrault. A Paris, les dépôts gypseux du lutétien supérieur peuvent atteindre 7 à 8 mètres ; ils ont été reconnus à la gare de l'Est, au quai Jemmapes, à Brévannes, à Choisy-le-Roi, etc. Le gypse et ses marnes peuvent atteindre 2°,50, dans la zone moyenne des sables de Beauchamp de Choisy-le-Roi et la même épaisseur dans le niveau du calcaire de Ducy à Belleville et au quai Jemmapes, et 1,90 à 4°,25 au niveau du calcaire de Saint-Ouen dans ces deux dernières localités. Les échantillons que j'ai étudiés proviennent du lutétien tra- versé par les fondations de l’abattoir de Vaugirard. Le gypse en roche de la région parisienne présente un aspect des plus caractéristiques. C’est une roche dont le type moyen d’un blane jaunâtre est éminemment cristallin. Le grain est variable; tantôt en effet le secours d’une loupe est presque nécessaire pour distinguer les éléments qui la constituent, tantôt au contraire la roche est saccharoïde et ses éléments atteignent 0"",2 de plus grande dimension. On rencontre même quelques variétés (gypse porphyroïde) dans lesquelles une grande quantité de cristaux porphyroïdes de gypse, pouvant atteindre plusieurs millimètres, se trouvent au milieu d’une pâte à grain uniforme. La roche est parfois tenace, mais le plus souvent, elle est facile à briser et même à émietter sans le secours du marteau, elle met alors en liberté une poudre cristalline dans laquelle brillent les clivages g° du gypse. Dans les lits minces et au contact des bancs de marne, le gypse se charge dé marne calcaire et il est facile de trouver tous les passages progressifs entre le gypse pur et la marne ne contenant que quelques cristaux lenticulaires clairsemés. (4) C. Rendus, CX, 663, 4890. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 229 Le gypse parisien est fréquemment calcarifère, cette particularité a depuis longtemps attiré l'attention et Delaméthrie l’avait jugée suffisam- ment intéressante pour qu'il ait désigné (1) la roche qui nous occupe sous le nom de Montmartrite. L'examen microscopique (2) fait voir que quelles que soient les variétés macroscopiques considérées, leur structure est peu variée, la grandeur relative des éléments, l'existence ou l'absence de cristaux porphy- roïdes venant seules les différencier. Le gypse automorphe est formé par des lentilles qui ne diffèrent en rien de celles qui ont été étudiées à l'état isolé; il faut noter cependant la rareté de la macle suivant a”, si fréquente dans les cristaux libres. Ces lentilles sont pressées les unes contre les autres, sans aucun ciment dans le gypse friable. Lorsqu'il existe de la marne, celle-ci moule les lentilles gypseuses dont les formes sont alors toujours très nettes, les cristaux n'ayant pas été gênés dans leur formation par des individus voisins. Cette structure est visible à l'œil nu dans les lits minces de gypse qui se trouvent dans les marnes et particulièrement dans celles du miocène ; ils sont souvent formés par l’enchevêtrement miarolitique de lentilles atteignant quelques millimètres de diamètre. Quant à la calcite, elle se présente en grains, en rhomboëèdres aigus plus ou moins nets, elle moule le gypse ou est englobée par lui. Il me semble probable que dans beaucoup de cas, cette calcite est d’origine secondaire et constitue le commencement des épigénies qui seront étudiées plus loin. La monotonie de cette composition n'est interrompue que par l’exis- tence de deux minéraux, le quartz et la céleshte. Le quartz est connu depuis longtemps sous forme de nodules ellip- soïdaux aplatis, dont la figure 4 de la planche XV reproduit une cassure. Ces rognons désignés sous le nom de si/ex corné par Cuvier et Bron- gniart, de fusils par les ouvriers carriers parisiens, se rencontrent à la base de la première masse du gypse. J’ai rencontré le quartz micros- (1) Lecons de minéralogie, IX, 380, 1812. (2) Je ne m'occupe pas des propriétés optiques de ce gypse qui n'offrent rien de spécial : je ferai seulement remarquer qu’il est nécessaire de monter à froid les préparations microscopiques des roches : sans cette précaution, le gypse subit des modifications profondes et prend alors l'aspect maclé des deux grands cristaux de la figure 1 de la planche X ou même se transforme complèlement. 230 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. copique dans le gypse de tous les niveaux du ludien. Je le considère dans tous les cas comme d'origine secondaire et en reparlerai plus loin. J'ai découvert la célestite comme élément microscopique du gypse dans quelques échantillons que j'ai recueillis dans la basse masse d’Argen- teuil; elle y constitue des grains irréguliers ou de petits prismes qui, d’après le profil de leurs sections, me paraissent avoir la même forme que ceux qui seront étudiés plus loin. Les sections L'notamment, perpendiculaires à la bissectrice aiguë positive, sont limitées par des faces e' (011), faisant entre elles des angles plans de 76° et de 104. La célestite se distingue bien du gypse qui l’englobe par son indice médian (1,62%), beaucoup plus grand que celui du gypse (1,524); la biréfringence maximum (0,009) de ces deux minéraux est la mème; elle est égale aussi à celle du quartz qui se trouve dans la même roche. Celle-ci contient également quelques ponctua- lions de calcite. La figure 1 de la planche X représente une lame mince de cette roche, vue en lumière polarisée parallèle, quelques grains de célestite s’y distinguent du gypse par leur plus grand relief. L'existence de célestite dans le gypse a une certaine importance théo- rique, sa cristallisation simultanée de celle de ce dernier minéral, con- forme à la théorie (1), évite d’avoir recours à une hypothèse compliquée pour expliquer l'existence dans les marnes supérieures du ludien et dans les marnes vertes de l’oligocène, des rognons de célestite dont l’étude sera faite plus loin. Les observations qui viennent d’être faites au point de vue de la com- position et de la structure du gypse s'appliquent aussi bien au gypse des différents niveaux du ludien qu’à celui du luféhien et de l’oligocène. Il existe cependant dans la région parisienne, à Thorigny, près Lagny, aux environs de Meaux, une variété de gypse présentant une struelure tout à fait différente de celle-ci. Ge gypse offre du reste un aspect exté- rieur également différent, il est blanc, compact et ressemble assez au sypse triasique pour avoir été depuis longtemps désigné sous le nom d’albatre de Lagny. Sa structure microscopique rappelle, elle aussi, celle (1) M. Dieulafait a montré, en effet, que quand l’eau de mer s’évapore, de très petites quantités de strontium se déposent sous forme de carbonate et de sulfate, en mème temps que la calcite et surtout que le gypse. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 231 du gypse triasique; la roche est composée par des plages xénomorphes de gypse, enchevètrées et rappelant la structure de certains quartzites. Au milieu de ce gypse compact, se rencontrent de larges masses de gypse laminaire d’un blanc opaque ; elles renferment parfois des plaques inco- lores, jaunes, translucides ou transparentes ; c’est au milieu de ces masses que j'ai rencontré des grains de célestite et des cristaux cristallitiques d'anhydrite ; ils sont faciles à distinguer du gypse par leurs trois clivages rectangulaires, leur haute biréfringence (n,—n,=00%4), leur réfrin- gence plus grande (N=—1,587). Le signe de leur bissectrice est positif comme celui du gypse, l’écartement des axes est faible. Ce cas d’anhv- drite est le seul que j'ai observé dans le gypse de la région parisienne : contrairement à ce qui se passe dans la plupart des gisements triasiques, le gypse n’est pas ici le produit de lhydratation de l’anhydrite. Le gypse de Lagny est célèbre par les cristaux de quartz qu'il ren- ferme. Ils seront étudiés plus loin. 3° Pseudomorphoses de gypse. La région parisienne renferme de très nombreuses pseudomorphoses de gypse en produits siliceux ou calcaires ; les pseudomorphoses sili- ceuses sont de beaucoup les plus intéressantes. Elles se rencontrent à tous les niveaux gypseux éocènes et dans quelques-uns d’entre eux, le gypse intact n'existe même plus aux affleurements. L'existence de ces pseudomorphoses siliceuses a été signalée pour la première fois par Pasumot (1), qui trouva à Passy, près du château de la Muette, de remarquables échantillons dont notre collection possède une belle série. C’est d’après la forme lenticulaire, que cet auteur décrivit le minéral comme gypse, en faisant remarquer que les cristaux présentent souvent des vides intérieurs, tapissés par des houppes de pelits cristaux limpides. Peu après son premier mémoire, Pasumot annonçait (2) que d’après les essais de Sage, le minéral était exclusivement formé par du quartz et il le désigna sous le nom de quartz grenu en cristaux lenticu- (4) J. de physique, XVI, 155, 1780. (2) Id., 234. 232 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. laires, c’est sous cette dénomination, du reste, que Romé de l'Isle l’indi- que dans sa Cristallograple (1). Pasumot cite ce minéral dans de nombreux gisements, notamment à Saint-Ouen, sur les hauteurs d'Herblay, en allant à Conflans-Sainte- Honorine, ainsi que près de Germigny sur la Marne; il l’assimile au quar!z en rose des environs de Compiègne, de Saint-Germain-en-Laye et le signale dans les environs d’Issy et de Vaugirard. À ses yeux, ce quartz était d’origine secondaire et dû à des infiltrations superficielles. Ce fut Haüy (2) qui établit la nature pseudomorphique du minéral de Passy en montrant son analogie de forme avec le gypse lenticulaire de Montmartre, analogie qui avait déjà frappé Pasumot. Tous les échantillons signalés par les auteurs précédents proviennent du lutétien supérieur (caillasses). Cuvier et Brongniart (3) ont signalé des pseudomorphoses du même genre dans les fondations de l'Arc de Triomphe (sables de Beauchamp d'après M. G. Dollfus, qui en a retrouvé (4) au même niveau à Bois- Colombes et à la briqueterie de Suresnes). Des pseudomorphoses analogues ont été trouvées, vers 1836, au niveau du calcaire de Saint-Ouen (bartonien), dans les travaux du creuse- ment du tunnel du chemin de fer de Versailles qui se trouve dans le parc de Saint-Cloud. Elles n’ont jamais été décrites, la collection du Muséum en possède une très belle série recueillie par Huot. Notre collection ren- ferme aussi une nombreuse série d'échantillons du même genre rencon- irés par Ch. d'Orbigny, en janvier 1836, dans la tranchée du chemin de fer traversant la plaine Monceau; ce sont sans doute ces pseudomorphoses que cet auteur cite (5) dans la coupe qu'il a donnée de cette tranchée. Plus récemment, l'attention a été de nouveau appelée sur les pseudo- morphoses de gypse du lutéfien et du bartonien, par M. Munier-Chal- mas (6) qui a montré qu’elles se trouvent exclusivement sur le bord LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 233 des vallées quaternaires, aux affleurements des niveaux lagunaires qui renferment des bancs de gypse intact là où les eaux superficielles n’ont pu les dissoudre et les transformer, Le même géologue à signalé à Gentilly, au-dessous du fort de Bicêtre, des pseudomorphoses analogues dans deux niveaux lagunaires des sables de Beauchamp, Vun situé dans la partie moyenne de ceux-ci (zone à Welania hordacea), l’autre intercalé dans les calcaires de Ducy. C’est dans ces pseudomor- phoses, considérées jusque-là comme formées par du quartz normal ou par de la calcédoine, que ce savant à trouvé le minéral décrit par M. Michel-Lévy et lui sous le nom de lutécite. Enfin, je montrerai dans ce mémoire que des pseudomorphoses ana- logues aux précédentes se rencontrent à divers niveaux du ludien et de l’oligocène. Il ressort de ce court résumé historique que les pseudomorphoses de gypse existent à tous les niveaux gypsifères de l’éocène et de loli- gocène, et qu’elles sont particulièrement abondantes dans les caëllasses et dans le calcaire de Saint-Ouen. A. —— PSEUDOMORPHOSES SILICEUSES. Les produits siliceux qui constituent cette catégorie d’épigénie du gypse sont constitués par divers minéraux du groupe du quartz et par de l’opale. Les premiers consistent en quartz normal à formes nettes ou cristalli- tiques et en diverses variétés fibreuses du même minéral, la calcédorne el les deux produits désignés par MM. Michel-Lévy et Munier-Chalmas sous le nom de quartzine et de lutécite (1). Ces minéraux fibreux diffèrent essentiellement les uns des autres par l'orientation de leurs fibres par rapport à la direction des axes de l’ellip- soïde des indices ; dans la calcédoine, l'allongement des fibres a lieu sui- vant,, dans la quartzine suivant »,, dans la lwfécite enfin, suivant une direc- tion du plan 2,7, faisant avec », un angle qui ne paraît pas établi encore po d’une facon définitive et qui semble être intermédiaire entre 29° et 45 (4) Op. cit. et Bull. Soc. minér., XV, 159, 1892. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 30 234 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. (32° d’après M. Wallerant). L'étude optique de ces divers produits siliceux n'étant pas l’objet de ce travail, je renvoie pour la discussion de ce sujet au mémoire détaillé de MM. Michel-Lévy et Munier-Chalmas et à celui plus récent de M. Wallerant (1) dans lequel ce savant a étudié d’une facon spéciale la corrélation existant entre la biaxie de ces produits sili- ceux et le pouvoir rotatoire du quartz. Les matériaux que J'ai personnel- lement recueillis sur cette question seront décrits dans le tome IIT de ma * Minéralogie de la France qui paraîtra l’an prochain. Notons toutefois que la lutécite se présente parfois en cristaux macros- copiques, ayant la forme de pyramides hexagonales surbaissées, irrégu- lières, dont les angles sont difficiles à mesurer, à cause de l’aspect calcédonieux des surfaces et de nombreuses stries (l’angle de deux faces adjacentes du poin- tement paraît osciller entre 123° et 127”). Ces cristaux ne sont jamais isolés, ils s’enfilent en plus ou moins grand nombre suivant leur axe pseudo-hexa- FiG. 13. — Groupements macroscopiques de lutécite. gonal Dnénco re s’empilent Er vant une des faces de la pyramide (fig. 13, d’après MM. Michel-Lévy et Munier-Chalmas). La figure 1 de la planche XV reproduit la photographie d’une pseudomorphose de gypse de Clamart, montrant un grand nombre de cristaux de lutécite dont la forme est très visible à la loupe. L’échan- tillon photographié m'a été donné par M. Munier-Chalmas. Les figures 2 et 4 de la planche X représentent des sections parallèles ou perpendiculaires à l’axe vertical des cristaux de lutécite, photo- graphiées en lumière polarisée parallèle ; elles montrent la disposition des groupements complexes qui les constituent (Clamart). Les préparations photographiées m'ont été communiquées par M. Michel-Lévy, et sont celles qui ont été représentées dans le mémoire précité; il en est de même pour l’échantillon reproduit figure 3 de la même planche et qui (1) Bull. Soc minéral., XX, 52, 1897. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 235 montre une section basique de quartz entourée par une zone de lutécite (Lizy-sur-Oureq). Voyons maintenant comment sont distribués ces divers produits siliceux dans les pseudomorphoses gypseuses : celles-ci ne sont généra- lement pas massives, la somme des minéraux néogènes n’était pas égale à celle du gypse disparu : il en résulte des cavités constituant des géodes parfois tapissées de cristaux. a. Pseudomorphoses sans opale. Les pseudomorphoses dans lesquelles les produits siliceux sont tous cristallisés sont celles du lufétien, du ludien et enfin une partie de celles du bartonien. Dans les pseudomorphoses des divers niveaux du lutétien et dans celles du bartonien, les grandes lentilles gypseuses sont non seulement en parte transformées en produits siliceux, mais encore imprégnées de calcite, dont Les rhomboëèdrese' tapissent les cavités ou recouvrent la surface ; 1l est nécessaire de faire disparaître la calcite par un traitement à l’acide chlorhydrique pour pouvoir étudier les minéraux siliceux. C'est ainsi que les cristaux de Vaugirard, figurés dans la planche XII, ont subi ce nettoyage préalable. Il existe de nombreux passages entre ces pseudomorphoses dans lesquelles dominent les produits siliceux et celles qui ne sont plus consti- tuées que par de la calcite. Dans quelques gisements, et notamment à Passy, le calcaire n’accom- pagne pas toujours ces produits siliceux. De grandes différences locales existent dans la nature des minéraux siliceux qui constituent les pseudomorphoses. Tantôt en effet, on n'y trouve que du quartz cristallisé, tantôt au contraire seulement de la lutécite, alors que dans d’autres cas, le quartz et la lutécite sont associés entre eux et avec de la quartzine. La pseudomorphose ‘s’est effectuée souvent par la périphérie et dans beaucoup de cas s’est propagée le long des clivages g' (010), 2" (100) ou e' (011) ; cette disposition peut être étudiée avec une grande facilité dans 236 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. les pseudomorphoses du bartonien qui seront examinées dans le para- graphe suivant. Les pseudomorphoses de Passy ont souvent des surfaces extérieures parfaitement lisses, elles sont alors constituées essentiellement par du quartz cristallisé dont les pointements distincts s’observent parfois dans les cavités des lentilles; cette particularité avait été signalée par Pasumot dans sa description de 1786 : beaucoup d’entre elles sont extrêmement riches en lutécite, dont les cristaux sont indépendants ou groupés autour du quartz comme dans la figure 3 de la planche X. J'ai étudié de nombreux échantillons recueillis par M. Jecker dans les fondations des abattoirs de Vaugirard; c’est de là que proviennent les beaux spécimens qui ornent aujourd’hui notre galerie (planche XII). Ces pseudomorphoses se trouvaient dans un lit épais de quelques décimètres, situé à environ 7 mètres au-dessous du niveau actuel de la cour de l’abattoir : elles étaient très abondantes. Les lentilles gypseuses attei- gnent souvent 20 centimètres de diamètre. La composition intime des pseudomorphoses de ce gisement est peu compliquée; on n'’observe guère que du quartz, groupé parfois autour d’orbicules fibreux et con- crétionnés de quartzine, semblables à ceux que MM. Michel-Lévy et Munier-Chalmas ont décrits dans les pseudomorphoses de Clamart (fig. 4 de la planche III du mémoire précité). Après traitement par l’acide chlorhydrique, les produits siliceux se présentent sous la forme d'une masse poreuse, constituée par de petits cristaux de quartz enchevètrés. Ils sont généralement cristallitiques, les faces des pyramides sont très souvent creuses, et les nombreuses cavités de ces cristaux peuvent être comparées à celles du quartz de Poretta considérablement exagérées. Ces cristaux sont généralement implantés sur les parois du cristal de gypse, sans aucune relation géométrique avec lui ; assez fréquemment on les voit accolés sur elles par une face p ou e'”. Ces formes cristalli- tiques, très visibles à la loupe, sont plus distinctes encore dans les lames minces taillées dans les pseudomorphoses avant traitement par les acides. Des cristaux du même genre, mais présentant une disposition plus régulière, se rencontrent à l’état isolé dans les pseudomorphoses presque exclusivement calcaires des caillasses des carrières de Vanves près la LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 237 porte de Versailles et dans celles de Clamart; les échantillons de ce dernier gisement exploré par M. Munier-Chalmas ont été décrits récemment par M. Wallerant (1). Les échantillons que j'ai examinés m'ont été donnés autrefois par M. Munier-Chalmas ou ont été recueillis par M. Jecker à Vanves. Ces petits cristaux de quartz sont cristallitiques, parfois im- plantés plus ou moins perpendiculairement à la gangue; les faces prisma- tiques sont brillantes, striées, mais peu développées, les faces de la bipyramide ont en partie disparu : chaque cristal est ainsi réduit à un prisme creux dont la cavité présente des stries en gradins en rapport avec la symétrie du minéral ou des lames dentelées, il a l’apparence d’une coupe dont la cavité est plus ou moins irrégulière. Plusieurs cristaux ainsi constitués se réunissent souvent à axes plus ou moins parallèles s’emboîtant les uns dans les autres, donnant naissance à des groupements en forme de bouquets de fleurs, extrèmement élégants de forme. L'insertion de ces cristaux sur la paroi de la lentille gypseuse se fait parallèlement à une face p (1011) ou e‘* (0111) : cette face est remplacée par une pyramide hexagonale surbaissée, constituée par des gradins successifs et simule une pseudobase. Il me semble inutile de décrire longuement ces formes, en tout point identiques à celles du babelquartz de Beralston qui présente cette structure quand les cristaux sont im- plantés sur des cubes de fluorine (Voir Des Cloizeaux, Mém. sur le quartz, fig. 68). Les formes cristallitiques du quartz qui nous occupe s'expliquent aisément par les difficultés rencontrées par la cristallisation du minéral qui ne pouvait s’accroître que lentement, au fur et à mesure de la dissolution du gypse dont il occupe aujourd’hui la place. Dans les échantillons des abattoirs de Vaugirard que J'ai examinés, je n'ai pas trouvé de lutécite nettement caractérisée. Il n’en est pas de même dans de grandes lentilles trouvées en 1834 dans le même quartier et qui sont presque exclusivement formées par ce minéral qui s’isole dans des géodes en cristaux fort nets. Ils sont semblables à ceux de Clamart, localité où M. Munier-Chalmas a recueilli les beaux échan- (1) Bull. Société minéral., XX, 173, 1897. 238 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. tillons qui ont servi à l’établissemént de ce type minéralogique. L’axe vertical des cristaux de lutécite est généralement disposé normalement à la paroi contre laquelle ils se sont formés. La figure 1 de la planche XVI représente une géode de lutécite obtenue par attaque d’une de ces pseudo- morphoses par l’acide chlorhydrique. Les caillasses de la Glacière de Gentilly ont fourni autrefois en abondance considérable des pseudomorphoses gypseuses d’une grande beauté : elles sont riches en lutécite et en quartz et offrent beaucoup de ressemblance avec celles de Passy. Jai observé un lit gypseux entièrement quartzifié etrecouvertsuperficiellement par des cristaux lenticulaires, eux- mèmes transformés en cristaux de quartz, enduits d’orbicules de lutéceite. Notre collection renferme des pseudomorphoses similaires provenant des environs de Grignon {[34. 106; 38. 14], de Pontoise (avec jolis cristaux de lutécite). de la forêt de Saint-Germain, etc. La calcite de ces diverses pseudomorphoses ne présente aucune particularité intéressante. Elle moule les produits siliceux ; parfois elle a comblé complètement toute la partie du cristal de gypse qui n’était pas remplie par ceux-ci, mais le plus souvent, il reste des cavités dans lesquelles elle se montre en petits rhomboèdres aigus e! (0221). L'examen des couches ludiennes fournit quelques faits intéressants concernant le mode de formation des pseudomorphoses qui nous occupent ici (voir aussi plus loin aux Psewdomorphoses calcaires). Dans les marnes intragypseuses d'Argenteuil, jetées dans Les déblais des car- rières, on rencontre fréquemment des échantillons durcis dans lesquels toutes les lentilles de petite taille ont été enlevées par dissolution. Des lames minces taillées dans ces marnes offrent en lumière parallèle la même structure que les marnes intactes, la place des cristaux de gypse actuellement vides ayant absolument conservé leur forme. On comprend comment des circulations d’eau, saturée de produits caleaires ou siliceux, peuvent, par le remplissage de ces cavités, produire les pseudomorphoses qui nous occupent; les marnes à Pholadomya ludensis renferment du reste des blocs dans lesquels de semblables pseudomorphoses calcaires sont en voie de formation. Toutes les pseudomorphoses ne se forment point par remplissage de cavités laissées libres par dissolution du gypse. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 239 Quand un cristal de gypse est exposé aux eaux pluviales, on voit que la dissolution se propage plus rapidement suivant la direction du clivage g', de telle sorte que toutes les faces se creusent de profonds sillons, parallèles à la trace de g'. C’est dans les fentes de ce genre, formées à la surface de macles en fer de lance de Pantin, que j'ai trouvé de jolis cristaux nets de lutécite dont l’axe vertical est implanté perpen- diculairement à g'. Dans d’autres échantillons, les cristaux de lutécite se sont produits sans orientation par rapport au gypse, au fond de la gouttière de la macle. L'origine secondaire de ces produits siliceux n’est pas douteuse. C’est également dans ces mêmes cristaux, que j'ai trouvé les imprégnations de limonite et de pyrite qui seront étudiées plus loin. Les lames taillées dans le gypse saccharoïde des divers niveaux du ludien recueilli à Montmartre, Belleville, Argenteuil, ete., de même que dans le gypse du lutétien de Vaugirard, renferment presque toujours du quartz dont l’origine secondaire n’est pas douteuse; tantôt il moule les lentilles du gypse, tantôt au contraire il les épigénise; on peut trouver toutes les étapes de leur transformation en cristaux de quartz, pressés les uns contre les autres et renfermant des inclusions de calcite. On y voit les cristaux de quartz se grouper autour d'un centre pour former des rosettes régulières. Les pseudomorphoses quartzeuses généralement éparses dans le gypse, se concentrent et deviennent macroscopiques, à la base de la première masse du gypse, pour constituer ces concentrations siliceuses appelées fusils par les carriers parisiens. Ces rognons siliceux (figure 5, pl. XVD ne sont autre chose (1) que des parties de la roche plus ou moins entièrement quartzifiées, ils ont une surface unie et renferment souvent à leur centre du gypse resté intact. On y voit, au microscope, des cristaux nets de quartz, sur lesquels s’orientent d’une façon régulière de la quartzine et de la lutécite. Ces (4) M. Cayeux a indiqué déjà (C. Rendus, CXX, 391, 1895) la nature cristallisée et l’origine de ces nodules et critiqué le nom de silex qui leur a été donné par les vieux auteurs; il y a lieu de faire remarquer que ceux-ci et notamment Cuvier et Brongniart (op. cit., 46) ne confondaient pas au point de vue minéralogique ces concrétions siliceuses avec les silex de la craie (silex pyromaque); ils les appelaient silex cornés et désignaient sous ce nom les produits siliceux compacts dont le microscope nous décèle aujourd’hui la nature cristalline. C'est sous le même nom du resle que ces auteurs désigoaient une partie des lits siliceux des caillasses, etc. 240 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. deux produits s’observent en outre en abondance sous forme de rosettes, de sphérolites ou de petites masses concrétionnées irrégulières. Pour terminer ce qui concerne le développement secondaire de quartz dans le gypse,il ya lieu de signaler iei les remarquables cristaux de quartz du gypse de Thorigny, près Lagny. Ils atteignent plusieurs centi- mètres, offrant les mêmes particularités que ceux des caillasses luté- tiennes de Passy (voir page 247) et sont fréquemment associés à de la calcite. Les blocs constitués par le mélange de ce minéral et du quartz ne se distinguent du reste en rien de ceux des caillasses, et il faut admettre que ce gisement plus encore que ceux des environs immé- diats de Paris est actuellement le siège de transformalions chimiques analogues à celles qui ont fait disparaître le gypse des affleurements de l’éocène moyen. 8. Pseudomorphoses renfermant de l’opale et des produits siliceux cristallisés. | Notre collection possède une très riche série de pseudomorphoses de gypse, recueillies par Ch. d'Orbigny, dans les lits de magnésite des calcaires de Saint-Ouen, rencontrés dans la plaine Monceau par la tran- chée du chemin de fer de Versailles. Ils occupent tous la partie centrale de gros rognons de ménilite qui englobent parfois des moules de Lymnæa longiscata comme le montre la figure 6 de la planche XV, et la figure 4 de la même planche (des sections de ce fossile se trouvent à la partie supérieure de l'échantillon photographié). Par suite de la nature siliceuse de leur gangue, ces pseudomorphoses ne peuvent pas être isolées comme celles du lutétien, leur forme est indi- quée seulement par celle de la cavité tenant la place du cristal de gypse. Elles sont en effet creuses, les produits siliceux se sont déposés tout d’abord à la périphérie des cristaux, puis ont cheminé le long des clivages, constituant ainsi des cloisons qui, grâce à la disparition posté- rieure du reste du cristal (disparition effectuée sans substitution cette fois), restent aujourd’hui disposées dans la cavité comme autant de lames parallèles. Les cristaux du gypse épigénisé affectent la forme de grandes LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 241 lentilles, ayant parfois plus d’un décimètre de longueur, elles présentent fréquemment la macle en fer de lance suivant a'°. Suivant les échan- tillons, les produits siliceux ont pénétré dans le cristal en cheminant dans le clivage g' ou au contraire dans un clivage e" (011), mais en général dans ce dernier cas, un seul de ces clivages e' a servi de passage aux produits de transformation. Les figures # et 5 de la planche XIT représentent des échantillons dans lesquels les cloisons siliceuses montrent les deux dispositions qui viennent d’être indiquées. Examinées à l’œil nu, ces cloisons sont d’un blanc laiteux, translucides ; dans quelques-unes d’entre elles, on peut voir à la loupe de petits mamelons cristallisés, arrondis, parfois transparents. L'étude microscopique des lames minces, taillées dans ces cloisons, fait voir qu’elles ne renferment pas de quartz, mais qu'elles sont constituées par des lits parallèles à leur aplatissement formés par un mélange d’opale concrétionnée et de calcédoine. Les meilleures sections pour étudier cette association minéralogique sont les sections perpendiculaires au plan des lames. Dans celles-ci, on voit que l’opale, légèrement teintée en jaunâtre, est constituée par des globules assez réguliers, pressés les uns contre les autres et disposés tangentiellement au plan de la lame, ils se réunissent localement pour former des lits absolument continus; globules ou lits d’opale sont enveloppés par de la calcédoine ou alternent avec celle-ci. La calcédoine est elle-même globulaire et ses sphérolites sont disposés comme les globules d’opale, à moins qu'ils ne tapissent des cavités irrégulières et, dans ce cas, ses fibres sont disposées perpendiculairement aux parois de celles-ci. Dans quelques échantillons, la complexité de structure est plus grande, car on voit apparaître un nouvel élément, la lutécile. Celle-ci présente, elle aussi, la même orientation que les deux minéraux précédents, c’est-à-dire que l’axe vertical de ses lentilles pseudohexagonales est disposé perpendiculairement au plan de la lame. Les propriétés optiques permettent aisément de distinguer ces deux minéraux. Il n’est pas rare de voir l’opale disparaître et la pseudo- morphose est alors exclusivement constituée par les deux minéraux ceris- tallisés, la lutécite formant assez souvent le recouvrement de la lame dont l’intérieur est alors constitué par de la calcédoine sphérolitique ; il 31 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série — IX. 42 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 19 ya même dans des cas plus rares des alternances successives de fibres de calcédoine et de fibres de lutéceite. Dans des échantillons exceptionnels [37. 4; 37. 17, ete.] la lutécite est extraordinairement développée; on y rencontre à foison des cristaux dis- tincts de ce minéral (fig. 13), ayant environ ! millimètre, ils sont pressés les uns contre les autres et il est possible d'observer avec la plus grande netteté la structure mise en lumière par les figures 2 et 4 de la planche XI. Les cristaux de lutécite faisant saillie dans la cavité du gypse sont quelquefois recouverts d’un enduit fibreux de calcédoine, ils sont trans- lucides et constituent de beaux échantillons de collection. Le creusement du tunnel du chemin de fer qui traverse le pare de Saint-Cloud a fourni à la mème époque que celle à laquelle ont été trouvés les échantillons qui viennent d’être étudiés, des pseudomorphoses gypseuses non moins remarquables. Elles sont, soit englobées dans une ménilite grossière, soit engagées dans une marne, imprégnée d’opale. Les nombreux échantillons que possède notre collection ont été recueillis par Huot; les uns présentent à peu près les mêmes particularités de structure que les pseudomorphoses de la plaine Monceau, avec cette différence toutefois que toute la surface intérieure de la cavité libre, de même que celle des cloisons qui correspondent aux anciens clivages du gypse, sont uniformément recouvertes d’une couche de calcédoine mame- lonnée d’un jaune très pâle [40. 70]. D’autres échantillons ne renferment aucune cavité; les lentilles de gypse, généralement de petite taille, ne dépassant guère 2 centimètres de plus grande dimension, sont entièrement remplacées par de la luté- cite, associée à une petite quantité d'opale et de quartz. Dans ces pseudomorphoses, l’axe vertical de la lutécite est disposé parallèlement à celui du gypse, souvent le remplissage du cristal de gypse est formé par des cristaux de lutécite complets, empilés les uns sur les autres avec la même orientation, de telle sorte qu'une section de l’assem- blage parallèle à l’axe vertical du gypse montre tous les cristaux de lutécite avec la structure représentée par la figure 2 de la planche XI. Dans d’autres cas, toute la surface intérieure de la lentille est recouverte d'une croûte fibreuse de lutécite, le milieu seulement de la pseudo- LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 243 morphose étant occupé par des rosettes complèles du même minéral. 4 1 (JE Dans un seul échantillon [40. 71}, j'ai rencontré du gypse intact, le L'opale occupe généralement le bord du cristal épigénisé [48. 2 milieu d’un petit nombre des lentilles de ce spécimen est occupé par du gypse hmpide. La figure { de la planche XI représente une lame mince taillée parallèlement au clivage g' (010) du gypse, elle met en évidence ce fait énoncé plus haut que l’axe vertical de la lutécite coïncide en direction avec celui du minéral primordial. La lutécite ne se rencontre pas seulement dans les pseudomorphoses de gypse, ses cristaux sont aussi distribués, mais en petite quantité, dans la ménilite du même gisement. Elle y présente une disposition intéressante, ses cristaux isolés sont placés dans les plans de schistosité du minéral, de telle sorte que leur axe vertical est perpendiculaire à celui-ci. Ce fait prouve que dans la plupart des pseudomorphoses, constituées par de la lutécite, l'orientation de celle-ci n’est pas déterminée par un rapport de symétrie avec le minéral épigénisé. En se disposant de telle sorte que son axe vertical soit perpendiculaire aux faces e' ou g' du gypse, la luté- cite obéit simplement à la tendance, que montrent fréquemment les miné- raux cristallisant dans une fente, à se disposer de facon que leur axe principal de symétrie soit perpendiculaire aux parois de celle-ci. Les lames minces de l'échantillon auquel il est fait allusion ic1[38. 24}, taillées perpendiculairement à sa schistosité, montrent dans le champ du microscope plus d’une trentaine de sections semblables à la figure 2 de la planche XI, distribuées suivant des plans parallèles et parfaitement isolées au milieu de l’opale. y. Pseudomorphoses en opale seule. L'examen microscopique fait voir que l’opale nectique constitue des pseudomorphoses de gypse d'une nature toute spéciale. L'attention a été appelée depuis longtemps sur ces curieux rognons globuleux, atteignant parfois la grosseur de la tête, qui se rencontrent dans les marnes associées au calcaire de Saint-Ouen, de la plaine Saint- Denis (usine à gaz) et de Paris même [rue de Rome (M, Dollfus)]. Ils sont 244 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. légers, tendres, äpres au toucher et poreux : placés dans l’eau ils y flottent pendant quelque temps jusqu'à ce que le liquide, ayant rempli leurs pores en dégageant des bulles d’air, les fasse tomber au fond du vase. C'est à cause de cette propriété qu'Haüy les a désignés sous le nom de quartz neclique (1), bientôt changé en celui de silex nectique. J’appellerai ce minéral opale nectique, car 1l est exclusivement cons- titué par de l’opale pure. Le produit soigneusement débarrassé par lévi- gation d’une petite quantité de marne et par un lavage à l'acide chlorhy- drique de traces de calcite, se dissout sans résidu apparent dans les alealis et dans l'acide fluorhydrique. Des échantillons conservés depuis cin- quante ans dans la collection du Muséum et préalablement desséchés sur l'acide sulfurique m'ont donné par la calcination une perte de 4,5 p. 100. L'examen microscopique en lumière natureile montre que les lames minces d’opale nectique offrent exactement la même structure que celles du type commun du gypse ludien. Il suffira pour s’en convaincre de comparer les figures 2 et 4 de la planche X. La figure 2 représente une lame de gypse d'Argenteuil (3° masse), la figure 4 une section d’opale nectique de Saint-Ouen. Tous les cristaux à forme lenticulaire de celle-ei sont monoréfringents, ils ont un indice de réfraction voisin de celui du baume du Canada, mais cependant plus faible. Ils sont pressés les uns contre les autres, sans aucun ciment, laissant entre eux des vides qui donnent à la roche sa porosité caractéristique. Pour mettre en évidence ces vides, j'ai employé deux procédés; la roche a été taillée tout d’abord après avoir été maintenue pendant quelques minutes à la température du rouge ; il se produit ainsi une contraction de l’opale qui, sans détruire la forme des cristaux élémentaires, accentue les intervalles qu'ils laissent entre eux. Le second procédé consiste à monter la lame mince dans du baume du Canada dissous dans du chloro- forme et coloré par de la fuchsine ou du vert de méthyle; la matière colorante souligne ainsi tous les pores de la roche et permet en outre de montrer que les cristaux sont entièrement remplis par de l’opale. Par analogie avec les roches gypseuses décrites plus haut, on peut (4) Minéralogie, I, 431, 1801. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 245 supposer qu'originellement les petits cristaux de gypse opalisés étaient consolidés par de la calcite qui a été postérieurement dissoute. L'opale nectique est parfois intimement associée à la ménilite et à des variétés brunes d’opale dans lesquelles Cuvier et Brongniart avaient dès 1822, signalé l'existence de gypse (1); ses nodules renferment parfois un centre compact. d. Minéraur néogènes divers, contemporains de la formation des pseudomorphoses siliceuses. Les phénomènes de dissolution superficielle et de transport moléculaire qui ont fait disparaître le gypse à ses affleurements et donné naissance aux pseudomorphoses qui viennent d’être décrites se sont effectués non seu- lement sur les cristaux distincts de gypse, mais encore sur les diverses roches qui les englobaïent. Des lits entiers de calcaires, de marnes, ainsi que les fossiles qu’ils renferment, ont été silicifiés. De plus, on trouve fréquemment, surtout dans les caillasses, des lits ou des amas extré- mement cristallins essentiellement formés de calcite et de quartz, creusés de cavités dans lesquelles se sont formés en cristaux distincts, divers minéraux, calcile, fluorine, quartz, lutécite, célestite : c’est d’eux dont il s’agit ici. Les échantillons de ces produits néogènes ont un aspect très caractéristique qui ne change guère dans toute la région parisienne. Calcite. La calcite se rencontre sous la forme du rhomboèdre inverse e' (0221), en cristaux généralement de petite taille, transparents, et d’un jaune pou- vant aller jusqu’au jaune d’or. Il n’est pas rare de constater que les rhom- boèdres sont constitués par le groupement à axes parallèles d’un grand nombre d'individus de même forme. Leurs faces sont souvent arrondies et ne donnent pas de bonnes réflexions. Il n’est pas rare cependant de trouver des échantillons sur lesquels sont implantés de petits cristaux de même forme, opaques, et ayant leurs arêtes vives, leurs faces très planes. (4) Op. cit., 15, 246 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Ces rhomboëdres sont réunis parfois dans d’assez belles géodes comme celle qui est représentée par la figure 6 de la planche XVI. L’échantillon photographié provient de fouilles faites dans la rue du Val-de-Grâce. Les rhomboèdres s’agglomèrent souvent pour former des masses miaro- litiques, très peu cohérentes, que le moindre choc transforme en sable cristallin : ce sont ces masses qui renferment les cristaux de fluorine. On peut citer comme localités ayant fourni des géodes de calcite parti- culièrement belles : la Glacière de Gentilly, Vanves, Vaugirard, de nom- breux points de la rive gauche de la Seine entre le Luxembourg et le Muséum, Passy, Neuilly, les environs de Saint-Germain-en-Laye, etc. Il est à noter que, dans la région parisienne, la forme presque exclusive de la calcite est le rhomboëdre e', quelle que soit du reste la situation géologique du gisement considéré; c’est, on le sait, la forme des célèbres cristaux des sables de Fontainebleau (1). Fluorine. La fluorine en beaux cristaux est un minéral fréquent des caillasses ; il y a été découvert par Lembotin (2) à Paris même près du Muséum, au Marché aux chevaux. Les échantillons que j'ai étudiés viennent de ce gisement (collection Haüy), de Neuilly, d'Herblay, d’Areueil et de Gentilly. Ceux de cette dernière localité m'ont été donnés par M. Munier-Chalmas. Ce minéral constitue de petits cubes, simples, transparents, d’un jaune clair ; ils atteignent parfois 2 millimètres d’arête ; ils sont très fréquem- ment constitués par des emboîtements à axes parallèles de cubes plus petits ; leurs faces sont généralement courbes et ternes. Ils sont toujours associés à la caleite, et souvent englobés par ce minéral, mais peuvent aussi reposer sur lui et sur le quartz : la lutécite est quelquefois implantée sur eux. Dans un même échantillon, la calcite et la fluorine ont en général une couleur tellement semblable qu'au premier abord elles se distinguent difficilement l’une et l’autre. (4) Il faut remarquer cependant que la calcite qui constitue les nodules calcaires des marnes vertes (Charonne) ef parfois des lits dans les marnes supragypseuses (Argenteuil) a la forme de la sidérose de l'argile plastique (fig. 6, pl. IX), mais les cristaux qui tapissent les fentes de ces roches présentent généralement la forme e!. (2) In Haüy, Minéralogie, I, 1801. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 241 Ces cristaux de fluorine examinés en lumière polarisée parallèle pré- sentent les propriétés optiques si fréquentes dans ce minéral, c’est-à-dire la division de la face cubique en une bordure biréfringente, entourant un centre monoréfrimgent. Dans la bordure biréfrigente, le plus petit indice x, est disposé parallèlement au côté adjacent de la face. Cette formation de la fluorine dans des assises sédimentaires par concentration des traces de fluorure de calcium qu’elles renferment, est à rapprocher de celle qui est connue dans les calcaires urgoniens du Salève dans la Haute-Savoie. Quartz (lutécite, calcédoine). Le quartz se présente uniquement sous la forme du prisme e° (1010), accompagné du pointement habituel p (1011) ete'?(0111). Dans quelques cristaux qui ont été surtout trouvés à Neuilly, à Herblay, à Arcueil et qui peuvent dépasser 2 centimètres de longueur, les faces p sont toujours plus développées que les faces 2", de telle sorte que le pointement est le plus souvent triangulaire. Il arrive mème que e"”* disparaisse complètement. Ces cristaux formés librement dans des cavités ne présentent pas les formes cristallitiques creuses qui sont si fréquentes dans les cristaux des pseudomorphoses du gypse. Les cristaux de quartz et particulièrement ceux de Neuilly 35. 1354] sont remarquables par leur structure ; 1ls sont en effet rarement homo- gènes, le plus souvent ils sont constitués par le groupement à axes à peu près parallèles d’un grand nombre d'individus dont les pointements ter- naires sont comme emboîtés les uns dans les autres. Quand l’obliquité de l’axe vertical des cristaux groupés est notable, il se produit des gerbes de cristaux très variées de forme, mais dont les relations mutuelles ne semblent liées par aucune loi géométrique : ils forment parfois de véritables sphérolites en se groupant autour d’un centre. Les cristaux de Neuilly [40.152], d’Herblay, etc., sont souvent accompagnés et recouverts par des mamelons de lutécite et de calcédoine. La figure 4 de la planche XV représente un fort bel échantillon de cal- cédoine de Neuilly dans lequel ce minéral forme de petites stalactites 248 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. délicates, translucides, d’un beau jaune pâle. Elles sont fréquemment creuses et permettent de constater avec une remarquable netteté les propriétés optiques de la calcédoine. Elles sont mélangées à de la calcite et se sont parfois formées sur un rhomboëdre de calcite dont l’axe vertical est parallèle à l’axe de la stalactite. Une section transversale d’un semblable assemblage montre les fibres de calcédoine implantées sur les faces du rhomboëèdre de la calcite. Notre collection possède quelques échantillons d’une substance ma- melonnée blonde translucide ayant l’aspect extérieur de la calcédoine et provenant des alentours du Val-de-Grâce. L'examen microscopique y montre des rosettes de cristaux de quartz et de cristaux de calcite entourées par un minéral en sphérolites à fines fibres négatives, dont la biréfringence est beaucoup plus faible que celle du quartz. Il semble qu'il y ait là une nouvelle forme de silice cristallisée sur laquelle je reviendrai prochainement. Les variétés de gypse ludien de Thorigny près Lagny qui sont dési- gnées sous le nom d’albätre de Lagny renferment de très jolis cristaux transparents de quartz qui ont été signalés autrefois par Ch. d’Or- bigny (1). J'ai pu en recueillir de bons échantillons grâce à l’obligeant accueil de M. Taté. Les cristaux transparents se groupent parfois en rosettes plus régulières que celles de Neuilly. Au milieu de ce gypse, se trouvent des blocs auxquels il a été fait allu- sion plus haut, ils sont constitués par un mélange de cristaux de quartz hyalin et de rhomboëèdres e’ de caleite, ne différant en rien des échan- tillons des caillasses (je n’y ai cependant pas trouvé de fluorine), aussi n'est-il pas douteux que ces minéraux n'y soient secondaires et formés de la même façon que ceux de l’éocène. Célestite. Parmi les minéraux accidentels des caillasses, il y a lieu de faire la mention de la célestite dont je n’ai vu qu’un seul échantillon que M. Munier- Chalmas a bien voulu me donner pour notre collection [96.225]. Il a été (1) Bull. Soc. géol., VIT, 22%, 1836. LE GYPSE DE PARIS LT LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 249 … recueilli par M. Jannel à la halte d'Armentières près Trilport (Seine-et- Marne), lors de travaux effectués le long de la voie du chemin de fer. Cet échantillon est constitué par des cristaux de calcite enrhomboèdres jaune pâle, offrant la forme habituelle. Dans une géode se trouvent des cristaux distincts de célestite bleuâtre transparente atteignant 2°",5 de plus grande dimension. Ils présentent les formes e! (011), «? (102), très nettes ; les faces e' sont ondulées et oscillent vers une pyramide qui est sans doute 4 (133), mais qui ne peut être mesurée avec précision; les faces a” sont au contraire très lisses et plus développées que dans les autres cristaux étudiés dans ce mémoire; à leur intersection, se trouve une petite facette 2’ (100) striée parallèlement à l’axe vertical. L'un des cristaux est déformé par aplatissement suivant une face e! (011). Un très petit cristal a pu être détaché du même échantillon, il présente, en outre des formes précédentes, de petites facettes 772 (110). B. — PSEUDOMORPHOSES CALCAIRES. Les pseudomorphoses exclusivement calcaires du gypse ne méritent qu'une simple mention, car elles ne présentent pas de minéraux spé- ciaux ; elles sont cependant intéressantes, car on les voit se former de nos jours et elles permettent de suivre pas à pas le mécanisme des épigénies décrites plus haut. Les échantillons que j'ai examinés ont été particulièrement recueillis dans le lutétien du sud et du sud-est de Paris (Bicètre, Vaugirard, Van- ves, etc.), et dans les sables de Beauchamp (Puteaux, Gentilly, sous le fort de Bicêtre). La figure 3 de la planche IX représente un magnifique groupement de lentilles gypseuses en partie transformées en calcaire et provenant de Vanves !37.8]|.Ces pseudomorphoses sont pleines et l'examen microscopique montre qu’elles ont été remplies par la calcite en petits rhomboèdres, mélangée à quelques grains de quartz clastique. J'ai observé la même structure dans un échantillon de la collection géologique du Muséum recueilli à Puteaux dans les sables de Beauchamp. Le quartz clastique yest beaucoup plus abondant que dans l'échantillon précédent. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. 32 250 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Les travaux qui ont été effectués à Vaugirard pour la construction des abattoirs ont mis à découvert, en 1895 et en 1896, non seulement les pseudomorphoses gypseuses du lutétien supérieur étudiées plus haut, mais encore de petits lits gypseux dans le bartonien. Les échantillons de ce niveau géologique ont élé recueillis par M. Jecker sur le bord du chemin de fer (à environ 2 mètres au-dessus de la surface actuelle du niveau de la cour des abattoirs), dans un massif rocheux qui a été enlevé par les travaux de construction. Ces échantillons sont constitués par des pseudo- morphoses exclusivement calcaires. La figure 2 de la planche XII représente deux fragments de macles suivant 4? (201) dans lesquels la pseudomorphose s’est effectuée de la même façon que dans les pseudomorphoses siliceuses décrites plus haut. La dissolution du gypse s’est effectuée par la périphérie, par le plan de macle et enfin par un seul clivage e' (011); il en résulte un squelette divisé par des cloisons intérieures, correspondant aux plans a" et e’. Ces deux échantillons sont limités par une face plane qui correspond à un ancien clivage g' (010). On voit que les cloisons transversales sont bien 12 est voisin parallèles à e', car l’angle plan qu’elles font avec la trace de a de 120°. Elles font avec g' un angle très obtus qu'il n’est du reste pas possible de mesurer avec précision, les cloisons en question n'étant pas planes, mais constituées par de petits rhomboëèdres irréguliers, distribués d’une facon quelconque. Des pseudomorphoses analogues à celles de Vaugirard ont été trouvées dans des rognons calcaires des marnes à Pholadomya ludensis d'Argenteuil. Dans ceux-ci, la place des lentilles gypseuses reste parfois vide, dans d’autres cas, elle est remplie par du gypse niviforme. Notre collection possède un bel échantillon d’une marne grise lu- dienne de Montmartre englobant un grand nombre de lentilles gypseuses à surface noire qui sont entièrement transformées en calcite compacte [(35.1521]. Ces lentilles sont extrêmement minces, leurs bords sont très tranchants ; elles atteignent 3 centimètres de diamètre (1). (1) Blum a cité à Montmartre (Pseudomorphosen, 315) des pseudomorphoses de gypse lenticu- laire en strontianite (SrCO3), sur l'autorité de Beudant ; celui-ci (Minéralogie, I, 464, 1832) signale seulement des pseudomorphoses de gypse lenticulaire en céleslile, déjà mentionnées par Haüy. Je n'ai eu entre les mains aucun échantillon de ce genre. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 251 Un autre échantillon provenant probablement aussi de Montmartre est constitué par des lentilles de gypse simples ou maclées suivant a'/° et engagées dans une marne : elles sont périphériquement transformées en calcite dont les fibres sont implantées sur un centre intact. Enfin pendant la correction de ce mémoire, J'ai trouvé à la butte d'Or- gemont à Argenteuil de très nombreuses pseudomorphoses calcaires de gypse en voie de formation. Dans la seconde grande carrière, un décou- vert a permis d'aborder la partie supérieure des #narnes vertes qui est recouverte par un banc de gypse ; immédiatement au-dessous de celui-ci, les marnes vertes renferment en abondance les grandes lentilles de gypse dont 1l a été question page 217. Celles-ci aux affleurements se dissolvent, le long de leurs divers clivages, le long du plan de macle a"® et même inégalement dans le plan g'(010), se produit de la calcite en petits cristaux peu nets, qui peu à peu remplace le gypse. Il est possible de trouver tous les passages entre le minéral intact et des pseudomor- phoses complètes identiques à celles de la planche XII (fig. 1). La crête de la carrière étant formée surtout par des alternances de lits minces de marnes et de calcaires à Ostrea cyathala, les eaux qui arrivent au contact des marnes vertes sont très riches en carbonate de chaux qui décompose aisément le gypse. Becquerel et plus récemment M. Damour ont montré avec quelle facilité un carbonate soluble transforme à froid en calcite un cristal de gypse. L'expérience répétée dans le laboratoire, à l’aide des cristaux de gypse de ce gisement ct du carbonate d’ammonia- que, ne nécessite que quelques jours seulement. C. — PSEUDOMORPHOSES FERRUGINEUSES. Indépendamment des pseudomorphoses qui viennent d’être décrites, les cristaux de gypse des marnes ludiennes et particulièrement les cristaux en fer de lance présentent des altérations intéressantes. J'ai fait remarquer plus haut que ceux de ces cristaux qui sont recueillis dans les marnes présentent généralement une surface extérieure terne, souvent rugueuse et colorée en jaune de rouille ou en noirâtre. La coloration jaune est due à de la limonite, il est facile de voir par transparence à travers une des faces courbes des lentilles el mieux 239 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. encore à travers deux clivages g' parallèles, placés obliquement devant l'œil, que cette limonite s’infiltre entre les clivages g', gagnant plus ou moins profondément à l’intérieur du cristal. L'examen microscopique des lames g' fait voir que la limonite constitue, entre deux feuillets de cli- vage, une pellicule extrêmement mince, rappelant les formes capricieuses que prend une goutte d’un liquide pressé entre deux glaces parallèles. Beaucoup plus curieux sont les échantillons présentant une coloration noire et dans lesquels j'ai trouvé de la pyrite; celle-ci offre exactement les mêmes formes que la limonite à travers les clivages g'. On distingue à l'œil nu son éclat métallique et sa couleur jaune clair. Au microscope avec de forts grossissements, j'ai pu constater que ces enduits étaient constitués par de délicates dendrites qui parfois prennent des formes remarquablement nettes, constituées par l’empilement à axes parallèles de petits cubes aplatis suivant une face p. Çà et là s’observent quelques facettes octaédriques. Dans les marnes de la troisième masse des carrières de Noisy-le-Sec, J'ai trouvé des cristaux en partie dorés par une mince pellicule de pyrite. Ils sont englobés dans une marne blanche veinée de noir. Quand on examine des lames minces taillées dans les veines noires de celle-ci, on voit qu'elles sont colorées par de la pyrite qui épigénise complète- ment ou partiellement les petites lentilles gypseuses. L’explication du mode de formation de cette pyrite paraît assez facile. Son origine secondaire n’est pas douteuse, elle se glisse dans les clivages, par la périphérie des cristaux et le long de leur plan de macle a'° (201), elle n'existe jamais isolée au centre des cristaux sous forme d’inclusions. Il me semble probable que des eaux sauvages, chargées de bicarbonate ferreux, ont dû imprégner le cristal dans lequel s’est effectuée, grâce à l'existence de traces de matières organiques, la réduction bien connue du gypse qui, dans ces conditions, en présence d’un sel de fer, donne naissance à de la pyrite. C’est, on le sait, grâce à cette réaction que la” pyrite se forme actuellement dans la vase d’un grand nombre de localités, ainsi que dans diverses sources thermales sulfatées (1). (1) Voir pour plus de détail ma Minéralogie de la France, II, Paris, Baudry édit., 1897. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'AGCOMPAGNENT. 253 Les cristaux de gypse contenant la pyrite sont souvent piquetés de grains de calcite sans doute aussi d'origine secondaire. Cette formation de pyrile par décomposition de gypse est intéressante, car elle présente l'inverse des phénomènes qui vont être décrits dans le chapitre IT de ce mémoire, consacré à l’étude du gypse formé par décomposition de la pyrite. 4° Minéraux accompagnant le gypse. A. —— MOULAGES DE CRISTAUX DE SEL MARIN. Parmi les minéraux qui accompagnent le gypse lagunaire, l’un des plus intéressants est constitué par les curieux solides à symétrie cubique qui doivent être attribués au moulage de trémies de sel marin; l’exis- tence de ce minéral a une grande importance théorique en montrant que l’évaporation des lagunes éocènes et oligocènes a été parfois poussée suffisamment loin pour permettre le dépôt de sel qui a été plus tard dissous par les eaux superficielles. C’est là un point de ressemblance entre les dépôts gypseux parisiens et les nombreuses assises gypseuses triasiques dans lesquelles on ne rencontre plus actuellement de sel intact, mais dans lesquelles cependant ce minéral a laissé ses traces sous une forme analogue. Ces moulages ont été découverts par Desmarets et Constant Prévost (1) dans les marnes jaunes à PAoladomya ludensis, de la Hutte-aux-Gardes à Montmartre (fig. 3, pl. XVI)[23. 643]. Ils ont été retrouvés dans toute la ceinture nord de Paris, depuis Passy jusqu’au faubourg du Temple (notamment derrière l’hôpital Saint-Louis) [23. 644], dans les carrières de la porte de Montreuil [61. 190}, ainsi qu’à Argenteuil, etc., Constant Prévost les a rencontrés plus tard (2) dans des bancs de calcaire marneux et dans des marnes supragypseuses oligocènes à Montmorency, Monlignon et Saint-Prix. La collection du Muséum possède un échantillon de Monli- gnon ne se distinguant en rien de ceux des marnes du gypse [23. 643]. (1) J. physique, CXIX, 158, 1809. (2) Bull. Société géologique, VIII, 230, 1837. G 19 D4 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Notons enfin que M. Munier-Chalmas a indiqué des moulages iden- tiques dans l’éocène moyen au milieu des caillasses lutétiennes. Les solides réguliers dont il s’agit ici sont constitués par des pyramides quadrangulaires, portant des stries en escaliers, parallèles à leur base. Elles se fondent insensiblement dans la marne argileuse qui les renferme et dont elles possèdent la composition ; elles sont souvent emboîtées 6 par 6, leur sommet étant au centre de l'assemblage ; elles constituent ainsi un cube dont les faces ne sont pas distinctes ; la base de ces pyra- mides atteint jusqu'à 6 centimètres de côté. Cette disposition régulière de six pyramides, si fréquente dans la constitution des substances pseudocubiques et qui est un des meilleurs arguments que l’on puisse mettre en avant pour défendre l'hypothèse d’un remplissage de trémies d’un minéral cubique en général et de sel semme en particulier, fut une des raisons qui conduisirent Constant Prévost à la rejeter et à imaginer l'interprétation des fentes de retrait prismatiques (1) qui, acceptée longtemps dans la science, est aujourd’hui rejetée par tout le monde. Il est facile du reste d'expliquer les particularités de ces moulages. Le sel gemme a cristallisé dans les marnes Jaunâtres sous forme de gros cubes en trémies, réduits à leurs arêtes età de minces cloisons. Dès l'origine, l'argile qui englobait ces trémies a eu cette forme de six pyramides réunies autour du centre et portant l’empreinte de toutes les irrégularités de la surface des trémies. Quand plus tard le chlorure de sodium a été dissous, ces pyramides ont conservé leur position mutuelle. La continuité de la matière de ces pyramides et de la marne ambiante s'explique aisément, puisque ces pyramides ne sont autre chose que la marne elle-même ayant moulé le eristal en voie de formation. Il est facile du reste de reproduire des pyramides tout à fait identiques à celles qui viennent d’être décrites en remplissant avec de la paraffine les grandes trémies de chlorure de sodium que l’on obtient artificiel- lement dans les salines et en dissolvant ensuite ce sel dans l’eau. Les solides qui nous occupent ne sont pas, on le voit, des pseudomor- (1) Bull. Société géologique, VIT, 320, 1837; IV, 455,, 1847. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'AGCOMPAGNENT. 255 phoses, au sens strict de ce mot, puisqu'elles ne représentent pas la place du minéral ancien, mais seulement le moulage en relief de ses cavités régulières. Des moulages de trémies de sel analogues à ceux de la région pari- sienne se rencontrent à Burfenich, dans PEifel (fig. 1, pl. XVD) ; ils accom- pagnent de véritables pseudomorphoses cubiques dont la figure # de la même planche XVI représente un échantillon; des pseudomorphoses de ce genre sont très fréquentes dans les marnes irisées du keuper de divers gisements français. DB. CÉLESUTE. On a vu ou on verra au cours de ce mémoire que la célestite se ren- contre dans les fentes de la craie de Meudon, dans l'argile plastique et même dans les caillasses du lutétien supérieur, mais dans ces divers gisements, elle ne constitue qu’un accident minéralogique peu important au point de vue de sa masse; il n’en est pas de même pour les gisements dont il s’agit ici. La célestite se trouve en effet dans les assises d’origine lagunaire en rognons, parfois même en petits bancs continus dont on extrait des centaines de kilogrammes du minéral assez pur, pour que l'on puisse même l’exploiter pour la pyrotechnie. La célestite se rencontre tout d’abord dans les marnes verdâtres (pierre à détacher) situées entre la première et la seconde masse du gypse ludien {collines de Montmartre, et, à l’ouest de Paris, collines de Sannois, etc.), mais son gisement prin- cipal se trouve à un niveau plus élevé. On la rencontre dans les marnes jaunes feuilletées à Cyrena convexa de l’oligocène (Montmartre, collines de Belleville, etc., on en trouve actuellement un lit continu, immé- diatement au-dessous de ces marnes, dans la grande carrière de Romainville), et dans les #arnes vertes, où elle constitue parfois jus- qu’à quatre bancs minces distincts (collines de Belleville, des Buttes- Chaumont, Bagnolet, Montreuil); elle se retrouve à ce niveau sur la rive gauche de la Seine, à Villejuif, Bagneux, Châtillon, Arcueil, Clamart, Fontenay-aux-Roses, dans la haute vallée de la Bièvre, ete. 256 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Les nodules de célestite affectent parfois la forme de galettes circulaires ayant plusieurs décimètres de diamètre (1); à l’intérieur, ils présentent fréquemment des fissures de retrait très distinetes dont la figure 3 de la planche XIV donne une représentation exacte. Dans les échantillons provenant des marnes intragypseuses, ces fentes de relrait ont des parois raboteuses, parfois concrétionnées, mais dépourvues de eristaux très dis- tincts; elles sont béantes ou remplies par de la marne. Dans les marnes vertes, au contraire, ces fissures sont fréquemment tapissées par des cristaux de calcite ou de célestite. Souvent aussi les nodules de céles- tite sont irrégulières, leur surface est ondulée : parfois ils se brisent par le choc en écailles concentriques (Romainville). L'examen microscopique fait voir que ces nodules sont formés presque uniquement par de la célestite plus ou moins finement grenue, avec des ponctuations de calcite; dans les plus eristallins d’entre eux, la célestite offre souvent des formes distinctes, qui sont les mèmes que celles des cristaux macroscopiques des géodes, ces formes sont surtout très accentuées lorsqu'il existe dans la roche une petite quantité de marne calcaire qui souligne leurs contours. La figure 5 de la planche XI représente une lame mince d'un nodule de célestite des marnes vertes. À Romainville ces nodules présentent des zones successives, constituées par des éléments de grosseur variable. Les nodules de célestite de l’oligocène sont les plus cristallins, leur cassure présente souvent l'apparence d’un grès, celle des nodules des marnes intragypseuses ressemble davantage à un calcaire compact. La calcite des géodes présente invariablement la forme du rhomboëèdre inverse e' (0221), généralement de petite taille. Les cristaux de célestite sont de plus grande dimension, ils atteignent 2 centimètres ; leur forme est toujours la même et rappelle celle des gisements précédents: (1) On trouve parfois dans les marnes vertes des nodules verdâtres, pesants, qui ont été pris souvent pour de la célestite. Il est facile cependant de constater qu’ils sont constitués par de la cal- cite englobant un peu de marne verte et de gypse. Les petits cristaux de calcite qui les constituent ont fréquemment la forme des cristaux de sidérose de l'argile plastique (fig. 6, pl. IX). Ces nodu- les présentent des fentes de retrait, ayant la forme de calottes sphériques (elles diffèrent par suite comme forme de celles de la célestite compacte), recouvertes de rhomboëèdes transparents de calcite. Les échantillons que j'ai examinés ont été recueillis par M. Stanislas Meunier à Fontenay- aux-Roses, par M. Dollfus à Chaville, par M. Ramond au réservoir de Charonne, etc. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L’ACCOMPAGNENT. 257 l'allongement suivant les arêtes e' e! est généralement plus marqué, ils sont terminés par les faces Ÿ (133), avec parfois «° (102), #2 (110), 4° (100). Leurs formes sont surtout très distinctes dans les larges fentes pauvres en cristaux ; ceux-ci sont alors couchés parallèlement à une face de zone de leur allongement sur un tapis de petits pointements de caleite. Jai observé dans quelques échantillons une forme un peu différente, les faces e' Fi. 14, 15 el 16. — Célestite des marnes vertes. sont extrèmement réduites ou même manquent complètement: les arêtes des faces Ÿ sont arrondies et le cristal a la forme d’un grain d’avoine. Enfin, plus rarement encore, manque et le jointement est formé parzn et a” également développés. Souvent, les cristaux de célestite sont implantés normalement à une paroï de la fente (fig. 6, pl. XIV), ils s’enchevêtrent avec ceux de la paroi opposée et présentent ainsi tous les stades successifs d’un remplissage fibreux : les cristaux offrant ce genre de disposition sont généralement cristallitiques et déformés par aplatissement suivant une face e' ou 4. C. —— OPALE MÉNILITE. La ménilite est une variété d’opale en concrétions, offrant des formes bizarres (pl. XV); elle se rencontre à deux niveaux distincts, dans les marnes feuilletées situées entre la première et la seconde masse du gypse ludien et au milieu des lits de magnésite du calcaire de Saint-Ouen. La première mention qui ait été faite de cette substance est due à Delarbe et Quinquet qui la décrivirent (1) en 1787 sous le nom de pech- stein de Mesnil- Montant, « variété de pierre à fusil qui ne fait pas feu ». Leur type provenait du premier des gisements indiqués plus haut. Le nom de ménilite fut employé par Delamétherie dans sa Théorie de la Terre (2), il (1) Journal de Physique, XXXI, 219, 1787. (2) Théorie de lu Terre, II, 169, 1797. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 33 DORE NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. indique en note que cette dénomination a été donnée par de Saussure en souvenir du premier gisement où ce minérai a été trouvé; il en dis- tingue deux variétés, l’une brune se rencontrant à Ménilmontant, et l’autre blanche provenant des carrières de gypse d'Argenteuil. La ménilite a été signalée plus tard dans les calcaires de Saint-Ouen par Cuvier et Brongniart (1) qui l’ont trouvée englobant des Lymnæa à Saint-Ouen et dans le canal de l’Ourcq au delà de Sevran. La ménilite des divers gisements parisiens présente quelques parti- cularités assez caractéristiques. À Ménilmontant, elle constitue desrognons tuberculeux, isolés ou groupés en grand nombre dans l’argile magnésienne schisteuse, ils sont aplatis suivant le plan de la stratification de celle-e1 (fig. 7, pl. XV); cette argile est gluante dans la carrière, elle prend par dessiccation une structure papyracée et happe à la langue. Les nodules de ménilite dégagés de l’argile présentent la trace des lits successifs de celle-ci (fig. 2, pl. XV) et l'examen microscopique fait voir que cette structure se poursuit parfois jusque dans le nodule lui-même. La ménilite de ce gisement a une cassure conchoïdale brune, cireuse, et une surface un peu bleuûtre. Les nodules de Villejuif sont de plus grande taille que ceux de Ménil- montant, leur surface est blanche, leur cassure d’un jaune brunâtre plus clair. [ls sont parfois isolés en curieuses concrétions dont la figure 8 dela planche XV représente un tvpe commun: ils atteignent souvent des dimensions bien supérieures à celles des nodules de Ménilmontant. A Argenteuil, les nodules rappellent ceux de Ménilmontant, mais leur cassure est blanchâtre ; l'argile qui les renferme étant moins schis- teuse que dans ce dernier gisement, pas plus que ceux de Villejuif, ils ne présentent à l'extérieur les traces de la stratification de leur gangue. Dans les calcaires de Saint-Ouen, les rognons de ménilite sont souvent de très grande taille, leur surface est fruste, tantôt blanche, tantôt rou- geâtre. La figure 3 de la planche XV représente un échantillon de ce genre provenant de la plaine Saint-Denis, la figure 6 de la mème planche un fragment d’un nodule de plus grande taille englobant des Lymnæa longis- (1) Descript. géol. des environs de Paris, 244, 1822. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 259 cata, il provient de la tranchée creusée en janvier 1836 dans la plaine Monceau pour la construction du chemin de fer de Versailles. Ces nodules renferment des pseudomorphoses de gypse (page 240). L'examen microscopique des rognons de ménilite montre que cette substance est essentiellement constituée par de l’opale concrétionnée monoréfringente, au milieu de laquelle on observe des traïnées de l'argile ou de la magnésite qui renferme les nodules ; la magnésite présente alors les propriétés optiques quiseront étudiées plus loin. Dans les échantillons du calcaire de Saint-Ouen contenant des pseudomorphoses gypseuses, on observe parfois aussi des produits siliceux (quartz et lutécite) qui ont été décrits page 240, mais alors le minéral prend un aspect spécial le rapprochant de la calcédoine, et constitue le si/ex corné de Cuvier et Brongniart. Enfin, il existe aussi parfois dans la ménilite des tests de fossiles (hydrobies), des graines de chara, etc. L'origine de la ménilite, formée par concrétion au milieu d'argile magnésienne et calcaire, postérieurement au dépôt de celle-ci, explique les variations de composition mises en évidence par les analyses suivantes qui ont été faites sur les échantillons des localités Les plus classiques. Analyses de la ménilite : a. des marnes ludiennes de Ménilmontant par Klaproth. b. de Ménilmontant par M. Damour (Bull. Société minér., VII, 239, 1884). c. des Buttes-Chaumont idem d. de Villejuif idem e. d'Argenteuil idem f. du calcaire de Saint-Ouen idem g. de la plaine Monceau idem h. d'un échantillon trouvé dans les alluvions de la plaine d’Ablon (Seine-et-Oise) (idem). a b c d e fi q h SD eue 85.5 16.00 59.10 78.25 74.50 75.47 67.09 33.08 APOPESMNAETS 1.0 AMOR COM SONO MIS NS » HO ren 0.5 DÉS DEN CORAOU D 072 00m 0:80 1.00 MAO TE » CONS AN SSID SOUS 55,09; 00 6.13 CADET EURE 0.5 ARLON ON IG IE22 07800820 » (COPLERRRTRREE SE) MISE EC SET) » » ON ) 11.0 TO M6 0 4044 9.60 9.50 1450 9.20 Pere meet à 1.5 » » » » » » » 100.0 99.49 99.53 99.82 98.56 99.84 99.59 100.00 DENSUENLENES re. DMC AIS ON SN OS TC MGR PR MICRO L'analyse c) faite sur un échantillon feuilleté représente un mélange 260 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. particulièrement riche en magnésite ; l’analyse a) donne, au contraire, la composition d’une opale presque pure. Quand on traite la ménilite par l'acide chlorhydrique pur, il se produit une Jégère effervescence si le minéral est imprégné de caleite, puis à chaud, il se dissout de la magnésie, de l’alumine et du fer; le résidu est constitué par de la silice presque pure. On voit en résumé que la ménilite, dont le mode de formation rappelle celui des silex de la craie, est une variété d’opale, généralement très impure, qui offre des formes extérieures assez constantes; elle est remar- quable par la rareté des produits siliceux eristallisés. A Villejuif, se trouvent aussi des rognons blancs rappelant la forme de ceux de la ménilite pure : leur milieu est compact, ressemblant à du calcaire lithographique : leur partie périphérique est poreuse, elle happe à la langue. D’après les analyses de M. Terreil (1) et de M. Fran- chet (2) ces rognons sont constitués par de l’opale, imprégnant du cal- caire dont la teneur peut dépasser 70 p. 100, le minéral est alors un véritable calcaire siliceux. La zone poreuse résulte d'une décalcification superficielle : celle-ci peut être même parfois complète et le nodule est alors recouvert d’une croûte de silice pulvérulente. D. — MAGNÉSITE. La magnésite forme des lits minces dans les calcaires de Saint-Ouen de la région parisienne; elle a-été étudiée jadis par Alex. Brongniart (3) et J'aimoi-même fait des recherches (4) sur sa structure intime. Elle forme des masses plus ou moins feuilletées, happant à la langue, absorbant les liquides pour devenir translucide ; elle absorbe aussi les corps gras, cette propriété est utilisée pour Le nettoyage des chiffons. Beaucoup plus rarement, la magnésite forme de minces pellicules, transparentes sous une faible épaisseur et offrant l’apparence d’une pelure d’oignon. Ce sont ces beaux échantillons trouvés par M. Munier- ) Comptes rendus, CXI, 126, 1890. ) Bullelin philom. Paris, VIII, 1895. ) Ann. des Mines, VII, 291, 4822. 4) C. Rendus, CXXI, 737, 1895, et Bull. Muséum hist. nat., 1, 73, 1895. (a (2 (3 ( LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 261 Chalmas dans le quartier de l'Étoile qui m'ont servi à déterminer les propriétés optiques de la substance. Il est facile de voir que dans ces lames, la bissectrice aiguë négative est perpendiculaire, ou à peu près perpendiculaire, à leur plan d’aplatissement. Le plan des axes optiques est parallèle à la trace d’un plan de sépa- ration difficile. Par suite de groupements intimes, l’angle des axes (2V) varie de 74° à 0°. L'examen microscopique fait voir que la magnésite schisteuse est constituée par l’enchevêtrement plus ou moins irrégulier de petites lamelles ; ce n’est que là où des lits très minces de magnésite ont été soumis à de fortes pressions que ces lamelles ont pu s'orienter pour donner les pellicules transparentes décrites plus haut. La magnésite de l'Étoile est légèrement pléochroïque dans les teintes jaunes, avec minimum d'absorption suivant »,. La difficulté de dessécher complètement la substance rend quelque peu incertaine la formule de la magnésite qui me paraît devoir être la sui- vante : (H° Mg Si° 0). Je renvoie pour plus de détails sur ce minéral à ma Minéralogie de la France (1), où je l’ai étudié. La magnésite présente les mêmes particularités que la ménilite qu’elle englobe, on y observe en effet des graines de chara, de petits mollusques (hydrobies), etc. Les gisements à signaler pour l’abondance de la magnésite sont, en outre du quartier de l'Étoile indiqué plus haut, la base de tous les gisements gypseux (Ménilmontant, Montmartre, Argenteuil, etc., et, dans les environs plus éloignés de Paris, Chennevières près Champigny, Coulommiers, etc.). L'association d’opale à la magnésite sédimentaire n’est pas particulière à la région parisienne, je rappellerai notamment la belle opale rose | carmin des environs de Quincy-sur-Cher près Mehun qui accompagne et imprègne la variété rose de magnésite qui a recu le nom de gwncyte, elle se rencontre dans des calcaires oligocènes. (1) Minéralogie de lu France ct de ses colonies, I, 457, 1895 262 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Ds —— an. La pyrite se trouve en très petite quantité dans les assises ludiennes et oligocènes; je l’ai trouvée récemment dans les marnes de la troi- sième masse de Noisy-le-Sec; elle y forme de petits nodules ou des marbrures noires très altérables et recouvre les cristaux de gypse que renferment ces marnes. Dans la grande carrière de Romainville, elle se rencontre finement divisée dans de petits lits des marnes bleues et dans les marnes à Cyrena convexza, elle est souvent appliquée sur ce dernier fossile, elle est géné- ralement très altérée et donne par sa destruction du gypse et de l’apaté- lite qui seront étudiés plus loin. Les marnes bleues supragypseuses sont généralement considérées comme pyriteuses, ce n’est qu’à Romainville que j'ai trouvé au milieu d'elles de la pyrite individualisée. Il me semble probable que dans ces divers niveaux la pyrite est d’ori- gine secondaire, et produite par réduction du gypse en présence des sels de fer. On peut affirmer, dans tous les cas, qu’à Noisy-le-Sec elle est postérieure aux cristaux de gypse, puisqu'elle les épigénise (voir p. 251). Dans ce dernier gisement seulement, j'ai pu observer des formes permettant de rapporter ce sulfure de fer à la pyrite; il est possible que dans les autres gisements, il soit constitué par de la marcasite; le minéral est trop impur pour qu’en l’absence de formes géométriques, il soit possible de vérifier cette hypothèse. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 263 CHAPITRE II Gypse formé par décomposition des pyrites et minéraux qui l'accom- pagnent (Craie sénonienne, Éocène et Oligocène). 1” Gypse cristallisé. Partout où large plastique (sparnacien) a été rencontrée dans les envi- rons immédiats de Paris, on y a observé du gypse. Ce minéral s’y présente souvent en cristaux limpides d’une grande beauté, d’une per- fection de forme parfaite, aussi convient-il de les étudier avant ceux du miocène et de la craie qui sont rares, toujours petits etsouvent peu nets. Le gypse se rencontre à tous les niveaux de l’argile plastique, mais il est particulièrement abondant dans les horizons très pyriteux et notam- ment dans les fausses glaises qui en occupent le sommet : les lignites du Soissonais qui correspondent au même niveau, renferment des cristaux de gypse ayant les mêmes formes et la même origine. Il y a lieu de citer parmi les localités qui ont fourni les plus beaux cristaux : les carrières d’Issy près la porte de Versailles, Auteuil (notamment près de l’usine à gaz, la rue Mozart et principalement les fondations des maisons portant les n° 66 à 76), Meudon, Bougival, Saint-Germain-en-Laye, etc. La relation d'origine existant entre le gypse et les pyrites n’est pas douteuse, comme on le verra plus loin ; il n’est pas rare du reste de voir les cristaux du premier de ces minéraux implantés directement sur un rognon du second (fig. 6, pl. VIIT). a. Cristaux simples. Gypse de l'argile plastique. Les formes du gypse de l'argile plastique sont à rapporter à trois types. Type 1. — Les cristaux de ce type sont ceux qui abondent à Issy, à Auteuil, à Bougival, à Saint-Germain, ils sont caractérisés par la constance des formes g' (010), #2 (110), et a; (21 1) avec aplatissement suivant g. 264 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. à Tantôt les cristaux sont également développés suivant les arêtes 27m et aa, (gypse trapézien d'Haüy), tantôt ils sont, au contraire, allongés suivant l’axe vertical, ou parallèlement à l'arête a, a. Les figures 4 et 5 de la planche XIV font voir les dimensions relatives que présentent les cristaux les plus communs. Ceux qui possèdent la forme de la figure 4 sont les plus fréquents parmi les trouvailles faites depuis quinze ans. Ils possèdent quelquefois de petites facettes e' (011) et e'* (031) ; elles sont souvent arrondies, creuses et il n’est pas rare de voir une seule face e° développée, ou encore cette forme n'’exister qu'à l'une des extré- mités de l’axe vertical; tel est notamment le cas du cristal de la figure 4 de la planche XIV. Plus rarement, les faces e' et a, sont également déve- loppées et les cristaux, généralement alors très allongés suivant l’axe vertical, ont un pointement à quatre faces très régulier (Bougival). Les autres faces des cristaux sont parfois assez planes, mais le plus généralement, elles sont arrondies, gondolées, et ne donnent au gonio- mètre que de mauvaises mesures. Les cristaux n’ont souvent que les faces dela zone prismatique nettes, ilsse terminent alors en pointes irrégulières sur lesquelles on peut voir les traces d’une structure polysynthétique, les grands cristaux étant en réalité formés par le groupement à axes parallèles de nombreux individus de même forme. Ces cristaux peuvent atteindre d'assez grandes dimensions et dépasser 15 centimètres dans la direction de l’axe vertical. Dans quelques cas, leur allongement est plus grand encore que dans la figure 4 de la planche XIV, il peut être augmenté par des emboîtements à axes plus ou moins parallèles, généralement compliqués d’entrecroi- sements irréguliers dont la figure 6 B de la planche 8 donne une idée; le groupement photographié provient d'Auteuil. La figure 6 À de la même planche montre un groupement en éventail; de semblables échantillons étaient fréquents dans une trouvaille faite en 1893 lors du creusement des fondations d’une maison à Auteuil (rue Mozart). Ce groupement consiste en un cristal allongé suivant l'axe vertical qui, dans l’angle obtus de 4, m#, supporte un éventail, formé par une série de cristaux très aplatis suivant g' et groupés comme les feuillets d’un livre autour d’une parallèle à l’arète a, a;; parfois aussi, LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 265 ces lamelles sont mélangées de cristaux disposés avec quelque irrégu- larité. L’angle postérieur 4, » supporte un éventail du même genre; les cristaux qui le constituent ont leurs parallèles dans l'éventail antérieur, mais ne se trouvent pas sur leur prolongement. IT y a là tendance à la formation d’une macle, et, à ce point de vue, les cristaux d'Auteuil sont à comparer à ceux du Papelsberg (Siebengebirge) décrits par M. Laspeyres (1). Type IT. — Les cristaux de ce type sont moins fréquents que les pré- cédents ; ils ont été trouvés notamment à Meudon dans une argile rouge très ferrugineuse. Ils présentent, eux aussi, les formes 72 (110) et surtout g'(010) très développées, mais , (211) est réduite ou même absente : les cristaux sont raccourcis suivant l’axe vertical et parfois un peu allongés pa- rallèlement à une normale à '; ils sont terminés par une surface arrondie dont l'intersection avec g'faitavecl’axe vertical un angle voisin de 88” ; elle correspond suivant les individus à 4°? (103) ou à a,,(549). Ces cristaux sont souvent identiques à ceux du type IT du gypse des marnes vertes (fig. 10). Plusieurs cristaux de cette forme s’empilent souvent suivant l’axe vertical pour donner un individu offrant des angles rentrants sur les faces 7. Type IT. — Je dois à l’obligeance de M. G. Dollfus un échantillon de gypse recouvrant du lignite pyrilisé des fausses glaises de Meudon (les Moulineaux) : les cristaux sont des lentilles sans forme nette, sem- blables à celles du gypse ludien : la collection géologique du Muséum renferme un échantillon de ce type qui paraît être exceptionnel. Les cristaux de gypse des types I et IT, une fois isolés de leur gangue, se montrent limpides ; les seules inclusions qu'ils renferment sont constituées par de l’argile parfois emprisonnée dans des cavités ayant la forme de cristaux négatifs. Gypse des marnes intragypseuses, des marnes bleues et des marnes vertes oligocènes. J'ai rencontré de la pyrite finement divisée dans les marnes de la troi- sième masse du gypse de Noisy-le-Sec, ainsi que dans les marnes à Cyrene (1) Tschermaks’ miner. Mitiheil. 1875, 117. : pue , oz NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM, 3° série. — IX. Du 2606 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. et dans les marnes bleues de Romainville. Aux affleurements de ces marnes, la pyrite s’altère très rapidement en les colorant en jaune, on voit alors les couches ferrugineuses se couvrir de petites aiguilles inco- lores de gypse se rapportant toutes au type I du gypse de largile plas- tique. Ces cristaux, dont l’origine secondaire n’est pas douteuse, se dis- linguent bien par leur couleur ct leur forme des cristaux de gypse existant normalement dans ces différentes assises (voir plus haut). Gypse de la craie sénonienne. On a vu plus haut que la craie sénonienne de Meudon est percée de tubulures et traversée par des diaclases le long desquelles se sont parfois déposés des cristaux de célestite et de gypse qui recouvrent indistinc- tement la craie elle-mème, ses silex, ou imprègnent ses fossiles. Notre collection possède quelques échantillons de ce genre, rares aujourd’hui; le gypse s’y trouve le plus souvent dans des cavités riches en limonite qui résultent de la décomposition de la marcasite. Ce sontde petits prismes incolores ou blancs, aplatis suivant g' (010) offrant les divers aspects du type I du gypse de l'argile plastique. Ils n’ont aucun intérêt cristallographique. . 8. Macles. Les macles du gypse secondaire sont relativement peu abondantes, si on les compare à celles des autres gisements étudiés plus haut. Elles correspondent toutes à la même loi, c’est la macle avec axe de rotation normal à L' (100), mais tandis que, dans le gypse des marnes vertes, la macle se fait par accolement suivant 2'(100), ici, il y a plus généralement pénétration des Pic. A7 et 18. — Macle suivant (100) deux individus et quelquefois accolemeni panaceo ments ET US Norte 7 DID) tettemmnaclepresente par pénétration (fig. 18). , à SR dans ce cas les diverses particularités de la macle de Carlsbad dans l’orthose. Les figures 17 et 18 montrent les LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 267 deux aspects les plus communs de cette macle. Quand les individus maclés présentent les faces e! (O1T), il n’y a parfois pas d'angle rentrant à la partie supérieure de la macle. A côté de ces macles, se trouvent de nombreux groupements acci- dentels, dus à des enchevètrements plus ou moins réguliers. Les petits cristaux ont assez souvent une tendance à se grouper autour d’un centre pour former des étoilements. 2° Minéraux accompagnant le gypse secondaire. A. — Pynive, MARCASITE, ET PRODUITS DÉRIVANT DE LEUR ALTÉRATION. 2. Marcasite el pyrile. On à vu plus haut que le gypse de l'argile plastique, et celui de la craie de Meudon proviennent de la décomposition du sulfure de fer que renferment ces roches. Dans la craie de Meudon, la marcasite est peu abondante, elle affecte la forme habituelle aux nodules de la craie; ceux que j'ai examinés sont très allongés et ont une forme contournée; ils ne présentent aucune particularité intéressante. Dans l'argile plastique et notamment dans le sable argileux et dans les fausses glaises qui les surmontent, la marcasite est extrêmement abon- dante. Les carrières d’Issy, près la porte de Versailles, sont à citer spécialement pour l’étude de ce minéral qui y forme des masses ou des rognons allongés et ramifiés pouvant atteindre plus de 40 centimètres de longueur. Gette marcasite est finement grenue, d’un blanc livide ; elle renferme en grande abondance des empreintes végétales, parfois des mollusques réduits à leur moule (1), des grains de sable, etc. Il n’est pas douteux que la concentration de ce sulfure de fer ne se soit produite grâce à une réduction effectuée par ces débris organiques. Je n’ai observé aucune forme cristalline distincte, mais j'ai trouvé à la partie supérieure «des fausses glaises de jolis octaèdres microscopiques de pyrite réunis en (4) M. G. Dollfus m'a remis de beaux exemplaires de Vivipara sublenta d'Orb. pyritisés, prove- nant de Montrouge. 268 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. globules résultant souvent de l'épigénie de graines de chara. Ces globules existent en grand nombre dans le même échantillon et jouent un rôle capital dans la production de la sidérose et de la websterite qui seront étudiées page 272. Dans les fentes de retrait des nodules de sidérose dont il sera question plus loin, se rencontrent de petits cristaux de pyréle, ce sont des octaèdres réguliers avec les faces du cube ; ils sont d’origine nettement secondaire. Dans l’argile plastique d’'Ivry, on a trouvé des nodules de marcasite rappelant ceux de la craie, ils ontune structure fibreuse très nette, leur sur- face est lisse et brillante, mais dépourvue de pointements cristallins. Cette marcasite fibreuse est plus altérée encore que la variété compacte d’Issy. On a vu page 262, la description de la pyrite des divers niveaux du ludien et de l’oligocène. 6. Produits d'altération. On sait que la pyrite et la marcasite présentent dans leurs divers gise- ments deux modes principaux d’altération, l’un que j'ai appelé altération hépatique, l’autre altération saline (1); tous deux donnent comme produit secondaire le gypse étudié plus haut. Allération hépatique. — L’altération hépatique s'effectue dans les gise- ments en place, là où les pyrites n’ont été soumises que lentement à l'oxydation. Le minéral conserve intégralement sa forme, mais se trans- forme insensiblement de la périphérie au centre en limonite ou en héma- tite, etc. Peut-être cette altération hépatique est-elle due à une oxydation directe de la pyrite sous l'influence d’eau riche en oxygène ou bien est-elle le résultat de l’action sur ce minéral d'eaux chargées de bicar- bonates solubles qui transforment d'abord le minéral en carbonate, plus tard décomposé lui-même en limonite. Quoi qu'il en soit, c’est ce mode d’altération que présentent tous les échantillons décomposés de marcasite de Meudon que j'ai eu l’occasion d'étudier. (1) Minéralogie de la France, IL, 576, 1897. (2) Je désignerai désormais sous le nom de pyrites, indistinctement la pyrite et la marcasile. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINERAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 269 Il y a en outre généralement formation de gypse quand la gangue de la pyrite est calcaire ; mais étant donnée la solubilité de ce minéral dans l’eau, 11 disparaît fréquemment. Les nodules limonitisés sont creux et c’est souvent à leur place ou à l'intérieur de leurs cavités que se sont implantés les cristaux de gypse de la craie. Altération saline. — L’altéralion saline est celle qui se produit actuel- lement partout où les pyrites se trouvent exposées à une oxydation rapide soit à Pair libre, soit dans un gisement originel traversé par des eaux très oxydées. La réaction initiale de cette altération consiste essentiellement dans la transformation des pyrites en nélantérile et en acide sulfurique. FeS°? + 8H°0 + 07 — FeS0:,7H°0 + H2$0: Pyrile. Mélantérite. Des produits secondaires prennent naissance d’une part par l'oxydation de la mélantérite et d’une autre par l’action de l’acide sulfurique libre sur les roches servant de gangue aux pyrites. Enfin, les produits d’oxy- dation de la mélantérite forment, par leur action sur ces mêmes gan- gues, une nouvelle série de produits intéressants. Ce sont ces divers mi- néraux que je vais étudier. Ils ne sont véritablement très abondants que dans l’argile plastique ; quelques-uns d’entre eux se trouvent aussi, mais en moindre abondance, dans les marnes bleues oligocènes. Mélantérile. L'altération des pyrites se propage avecune rapidité d'autant plus grande que ces minéraux sont moins homogènes, fibreux ou imprégnés de ma- tières d’origine organique qui absorbent elles-mêmes avec avidité l’oxy- gène en dégageant de la chaleur. A Issy, cette décomposition marche avec une rapidité extrème, et il est curieux d'aller visiter par un jour de soleil, suivant une période de pluie, la partie de la carrière où les sulfures abondent. On voit alors le sol couvert d’efflorescences blanches qui sénéralement recouvrent les nodules de marcasite empâtés dans l'argile. 270 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Des échantillons de marcasite de la grosseur du poing, recueillis humides dans cette carrière et conservés dans un tiroir de collection, sont en quelques mois entièrement transformés, après s’ètre préalable- ment fendillés dans tous les sens. La mélantérile que l’on observe dans les carrières parisiennes a la forme de petites houppes blanches ou incolores; ce n’est guère que dans les échantillons formés, comme il vient d’être dit, dans les collee- tions, c'est-à-dire à l'abri de la dissolution, que le minéral se présente en cristaux assez épais pour prendre la coloration verte, habituelle à ce minéral. Il suffit du reste de lessiver dans de l’eau distillée bouillie les échantillons naturels non oxydés pour obtenir par recristallisation des cristaux monocliniques de mélantérite. PRODUITS DUS A DES RÉACTIONS SECONDAIRES. Produits directs. Je rangerai dans cette catégorie les minéraux produits directement par l’action de l'acide sulfurique libre ou de la mélantérite, ou encore de ces deux produits réunis, sur la gangue des pyrites. Gypse. Le gypse secondaire de Meudon, ainsi que celui des marnes vertes el des marnes bleues de Romainville, résulte de l’action de l’acide sulfu- rique libre sur la craie ou sur le calcaire des marnes; il en est de même de celui de l’argile plastique : dans ce dernier gisement le calcium est formé par l'argile plastique elle-même et aussi par les eaux calcaires, apportées par les eaux superficielles qui arrivent dans l'argile plastique après avoir le plus souvent traversé un manteau de calcaire grossier. On verra plus loin, cependant, qu'une partie de ce gypse est le résultet d’une réaction plus complexe. 19 = LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L’'ACCOMPAGNENT. 1 Webslerile. La websterite a été rencontrée pour la première fois par A. Bron- gniart (1) dans les fausses glaises d'Auteuil. Elle y forme des rognons constitués par des grains globuleux d’un blanc de neige, à structure fibreuse. Is sont pressés les uns contre les autres et ont été comparés inexactement à des oolithes. La figure 2 de la planche XVI est la reproduction de la photographie d’un échantillon du type de Brongniart. Le même minéral se rencontre au raême niveau dans les carrières d’Issy (près la porte de Versailles). Dans le courant de 1896, un de mes élèves, M. Jecker, m'en a signalé une assez grande quantité dans ce gise- ment; nous avons constaté que la websterite y était localisée à la partie supérieure des fausses glaises; elle se présentait dans une zone blanche se fondant insensiblement, d'une part avec celle-ci et de l’autre avec un sphéroïde riche en sidérose globulaire dont il va être question plus loin. L'examen microscopique des globules de websterite montre que ceux-ci constituent de véritables sphérolites, parfois remarquablement réguliers. Le minéral possède une faible biréfringence, les fibres des sphérolites sont très minces ettrès enchevêtrées, aussi l'étude détaillée de leurs propriétés optiques n'est-elle guère susceptible de précision. J’ai pu constater toutefois que le minéral est biaxe, le plan des axes optiques est parallèle aux fibres dont la direction est toujours de signe négatif. La complexité des fibres de websterite peut être mise en évidence en éteignant une fibre placée entre les nicols croisés. On voit apparaître alors de nombreuses ponc- tualions biréfringentes dues à des fibres présentant une autre orientation. La websterite estgénéralement considérée comme monoclinique. L’exa- men optique n’est pas contraire à cette hypothèse, mais ne la démontre pas cependant; les fibres sont trop enchevêtrées pour que l’on puisse affirmer qu’elles présentent des extinctions obliques dans leur direction d’allongement. L'étude de la websterite de l’argile plastique du Mont- Bernon près Épernay est plutôt favorable à l'hypothèse du système orthorhombique : le minéral de ce gisement est formé par de petites (1) Ann. Sciences nalur., mars 1828. 279 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. aiguilles enchevêtrées et non groupées en sphérolites : leur extinction est longitudinale ; la bissectrice aiguë est positive et perpendiculaire à une face de la zone d’allongement, parallèlement à laquelle se trouve placé le plan des axes optiques. L'analyse de la websterite d'Auteuil faite par J.-B. Dumas est voisine de celle qu'exige la composition théorique (1) (AFO*, SO’, 910). Ialotrichite. L'action de l'acide sulfurique exercée sur l'argile plastique en présence de mélantérite donne naissance à de l’halotrichite{FeSO',AËF(SO*),24H0 |; je n'ai pas trouvé ce minéral isolé, mais J'ai constaté son existence à l’état de mélange mécanique dans les croûtes résultant de l’oxydation de la mélantérite et dont il sera question plus loin. Sidérose. C’est, selon toute vraisemblance, à la réaction simple (FeSO*, 7H°0 + CaCO* = FeCO* + (CaSO*,2H°0) + 5H°O) de la mélantérite sur des eaux d'infiltration calcaires ou sur du calcaire existant normalement dans l'argile plastique, qu'il y a lieu de rapporter la formation de la sidérose qui se rencontre parfois en assez grande abondance dans l’argile plas- tique. Dans quelques cas (Issy) la sidérose s’est produite en même temps que la websterite, les deux minéraux étant voisins l’un de l’autre. C’est Ch. d’Orbigny qui en 1837 découvrit à Vaugirard, à Vanves, à Arcueil et en diverses autres localités, de véritables lits constitués en srande partie par de petits globules cristallins de sidérose. Ces derniers étaient distribués dans une argile située entre l’argile sableuse et l'argile de la base. À Arcueil, ces globules entrent pour 45 p. 100 dans la masse argileuse qui les renferme. Ces globules ont, dans un même gisement, sensiblement le même diamètre (pouvant dépasser 2 millimètres). Les nombreux échantillons de cette sidérose que j'ai examinés pro- (1} S03— 23. APO?— 30. H20—4%41 (in Broncnianr, op. cit.). La websterite est faiblement dé- composée par l’eau, et peut à la longue être transformée en hydrate d'alumine. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 273 viennent des récoltes de d’Orbigny; j'en ai recueilli moi-même l'an dernier dans les carrières d’Issy. Les meilleurs échantillons sont ceux de ce dernier gisement. La sidérose doit être étudiée au sortir de la carrière, Car si ce minéral reste, même peu de temps, exposé à l’air, il ne tarde pas à se décomposer partiellement. A l’état pur, la sidérose se présente sous la forme d’une masse grenue d'un blond clair, pénétrée d’un peu d'argile. L'examen de lames minces fait voir que les globules sont en réalité constitués par un grand nombre de petits rhomboëèdres souvent arrondis et affectant une forme de grains d’orge. Ils sont fréquemment groupés d’une façon quelconque pour constituer les granules macroscopiques, mais, souvent aussi, ils sont arrangés d’une facon régulière, le grand axe des sections étant placé tangentiellement à la périphérie du globule. Ces grains sont pressés les uns contre les autres sans ciment et peuvent être aisément désagrégés. Plus rarement, on rencontre des échantillons dans lesquels les cristaux de sidérose sont isolés et atteignent 0”,5 de diamètre; ils se prêtent à un examen détaillé. La figure 6 de la planche XI reproduit la photographie d’une préparation taillée dans un échantillon de ce genre. La sidérose est englobée par de l'argile contenant quelques petits grains clastiques de quartz, elle à la forme de rhomboëdres très obtus ou de prises hexagonaux terminés par le même rhomboèdre. Les sections perpendiculaires à l’axe vertical sont régulièrement hexagonales et montrent en lumière convergente un axe optique négatif. Le plus souvent, ces cristaux ne sont pas simples, mais sont constitués par le groupe- ment en éventail, c’est-à-dire à axes imparfaitement parallèles, de plu- sieurs individus. Enfin, j'ai observé quelques groupements dans lesquels les axes principaux des deux composants font entre eux un angle très voisin de 90° et qui correspondent à la macle suivant p (1011), connue dans la calcite. La figure précitée montre une particularité curieuse que présentent très souvent les cristaux de sidérose de ce gisement, leur centre est occupé par un rhomboëèdre du même minéral, souvent en partie isolé au milieu d’une cavité, il a la même orientation que le cristal périphérique. C'est généralement par lui que commence l'oxydation, de telle sorte Ë * F0) 7 £ NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX, 35 274 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. que les cristaux sont souvent colorés en brunâtre au centre, alors que leur périphérie est presque incolore en lames minces. Quand la décomposition est plus avancée, le cristal entier est trans- formé en limonite, des veinules de ce minéral traversent le globule diamétralement ou obliquement, réunissant les eristaux élémentaires qui finissent par se souder et par être transformés entièrement en un globule homogène de limonite. Les échantillons du gros sphéroïde de l'argile de la carrière d’Issy dont il a été question plus haut renferment des grains de sidérose à structure un peu différente : le centre des grains est formé par des rhombhoëdres aplatis groupés en éventail ou en sphérolites ; ils sont entourés par une croûte fibreuse de sidérose en partie oxydée ; dans beaucoup de grains la partie centrale seule subsiste et l’on est ainsi conduit aux globules creux recueillis par d’Orbigny à Arcueil et qui dans les échantillons de notre collection [59. 192] ne renferment plus guère de carbonate; ils sont surtout constitués par de l’oxyde de fer hydraté à poussière rougeâtre. Les globules d’Issy renferment souvent à leur centre des octaèdres de pyrite et quand on examine des lames minces taillées dans les petits nodules encore pyriteux qui, çà et là, s’observent dans les blocs à sidérose, on ne doute plus que ce ne soit cette pyrite qui par oxydation leur ait donné naissance ; on voit dans ceux-c1 que la pyrite en octaèdres épigénise les cloisons ou remplit les cavités de fossiles qui paraissent être des graines de chara. La sidérose globulaire constitue donc parfois, sinon toujours une épigénie d’origine organique, comme le supposait d'Orbigny, mais celle-ci a été d’abord pyriteuse avant d’être carbonatée. On voit en résumé que la sidérose de l'argile plastique, pas plus du reste que de la websterite, ne mérite l’épithète d’oohthique sous laquelle on l’a désignée jusqu’à présent. Produits d'altération de la mélantérite. La mélantérite s’oxyde à l’air avec une extrême facilité, elle donne ainsi naissance à un produit à aspect butyrique, concrétionné, dont la LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 275 couleur varie du jaune pâle au jaune de soufre ; il présente généralement une réaction nettement acide. : Ce produit abonde sur les parois de l'argile plastique des carrières d'Issy, où il constitue des concrétions parfois épaisses de plusieurs cen- timètres. Ces concrétions se dissolvent complètement dans l’eau, celles qui sont de couleur pâle el par suile peu oxydées laissent déposer par cristallisation des aiguilles de mélantérite, mais le plus souvent, on n'obtient aucun produit cristallisé ; la liqueur, en se concentrant, devient sirupeuse, épaisse, puis donne un résidu jaune concrétionné, analogue à celui qui a servi de point de départ. La coloration jaune de ces concrétions est due à la formation d’un sulfate de sesquioxyde de fer qui me semble voisin {sinon identique), de la copiapite (2Fe*0*, 5S0*, 1SH°0), mais que je n’ai pu parvenir à isoler, car il est mélangé non seulement à la mélantérite non oxydée, mais à de l’halotrichile, et à du gypse produit par la réaction dont il a été question plus haut. Produits indirects. Dans les carrières d’Issy, sous l'influence des pluies, les concrétions complexes qui viennent d’être étudiées se dissolvent, ruissellent à la sur- face du sol et, en présence de fragments de calcaire éboulés des assises du calcaire grossier qui recouvrent l'argile plastique, subissent une double décomposition, donnant d’une part, un sulfate basique de sesqui- oxyde de fer, qui est l’'apatélite, et d’une autre, du gypse. On peut dans les carrières recueillir des fragments de calcaire gros- sier, montrant les divers stades de cette transformation en gypse. C’est par une réaction de ce genre qu'il y a lieu d’expliquer l'association cons- tante de l’apatélite aux beaux cristaux de gypse étudiés plus haut. Je ne m’occuperai plus iei que de l’apatélite. Apatélite. Le nom d'apatélite a été donné par Meillet (1) au sulfate basique de sesquioxyde de fer qui accompagne d’une facon presque constante les (1) Revue scientifique, II, 255, in Ann. Minér., UT, 808, 1843. 276 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. cristaux de gypse et la marcasite dans l’argile plastique. On trouve ce minéral en abondance dans l'argile plastique de Meudon, d'Auteuil, d’Issy, etc., sous la forme d’une substance jaune clair, à structure ter- reuse, constituant de petits nodules irréguliers ou des enduits friables : je l’ai rencontrée en très petite quantité, associée au gypse secondaire des marnes à Cyrena convexa et des marnes bleues de Romainville. La composition correspondrait, d’après Meillet, à la formule (4Fe*0°, 6S0*, 3H°0). Je renvoie pour la discussion de cette composition et pour les rapports existant entre la rarmondite, la carphosidérite, la pastréite et l'apatéhite au tome IIT de ma Winéraloqie de la France dans lequel ces diverses questions seront traitées en détail. Il y a lieu de remarquer que l’apatélite se transforme avec la plus grande facilité en limonite par exposition à l’air humide : cette parti- cularité, jointe à la difficulté de séparer mécaniquement le minéral intact de son produit d’altération, pulvérulent comme lui, rend difficile l’établis- sement de la formule définitive de l’apatélite. J'ai pu constater que l’apatélite examinée en lames très minces avec de forts grossissements se montre constituée par de petits cristaux à con- tours vagues, nettement uniaxes, optiquement négatifs et très biré- fringents ; ces propriétés sont celles que j'ai observées dans les trois sul- fates hydratés de sesquioxyde de fer cités plus haut, ainsi que dans la cyprusite. Les caractères extérieurs de tous ces minéraux sont sensiblement les mêmes ; la raimondite, la carphosidérite et la cyprusite se montrent cependant parfois avec une structure macroscopique cristalline qui n'existe, ni dans l’apatélite, ni dans la pastréite. Mélantérite. Acide sulfurique. / a. Action de H?S0* sur la a. Calcaire.. Gypse. Produits d’altération primaire (oxydation dela marcasite et dela pyrite. gangue. 6. Argileuse. Websterite. __ (4 directs. b. Action de la mélantérite ( x. Calcaire.. Gypse, sidérose. Produits et de H?S0* sur la d altération \ gangue. 6. Argileuse. Aalotrichite. Secondaire. a. Produit de l'oxydation de la mélantérite. Copiapite. 2 indirects. ({ b. Action de la copiapite sur le calcaire... Apatélite, gypse. Le tableau ci-dessus résume les réactions qui ont donné naissance aux LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 277 produits d’altération de l'argile plastique ; il y a lieu de faire remarquer que tantôt ces réactions ont été effectuées isolément et que tantôt elles se sont enchevêtrées. Généralité des faits concernant la yenèse des minéraux dus à la décom- posihon des pyrites (pyrile et marcasite). Les réactions qui, par la décomposition des pyrites, ont donné nais- sance aux minéraux qui viennent d’être étudiés, ont un caractère de grande généralité, mais 1l est peu de gisements dans lesquels il soit pos- sible de les étudier en voie de formation dans leurs diverses phases suc- cessives et aussi facilement que dans l'argile plastique parisienne. Dans la plupart des gisements en effet, une partie des produits formés ont dis- paru sous l’influence de diverses causes. Ces phénomènes sont bien entendu indépendants de l’origine sédimen- taire ou éruptive de la pyrite et ils sont notamment à comparer aux phé- nomènes du même genre qui s’observent dans certaines fumerolles volca- niques; les minéraux qui nous occupent y résultent de l’action de l’acide sulfurique (produit par l'oxydation de l'hydrogène sulfuré) sur des roches variées de composition convenable. Lors d’une récente mission en Grèce, j'ai eu l’occasion d'observer les faits suivants, particulièrement intéressants au point de vue qui m'occupe ici : Sur la côle occidentale de l’île de Naxos et à quelques centaines de mètres au Nord de la petite ville de Naxie, les falaises sont constituées par des sédiments gréseux tertiaires, recouverts par une argile, riche en pyrite cubique, puis par des conglomérats calcaires que surmontent des conglomérats granitiques. La falaise est par places très démantelée, les débris de sa partie supérieure (conglomérats granitiques et calcaires) s'éboulent sur ses flancs et s’amassent à son pied. Sur ces débris, ruis- sellent les eaux qui se sont chargées de mélantérite, en passant sur les couches argileuses dont les cristaux de pyrite sont souvent entièrement limonitisés aux affleurements. On retrouve toutes les particularités des enduits de mélantérite et de leurs produits d’oxydation Jaunes décrits plus haut, mais dans ce gisement, grâce à la sécheresse du climat, la 278 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. mélantérite peut se conserver mieux que dans la région parisienne et elle s’observe en cristaux nets et transparents. Le long des rigoles qui conduisent au pied de la falaise ces eaux acides, chargées de sulfate de fer, on voit se former des cristaux de gypse identiques à ceux de l'argile plastique d'Auteuil [eristaux simples, ou maclés suivantÆ'(100)|, partout où cette argile est riche en calcaire. Les eaux minéralisées, produites par dissolution des concrétions de sulfates peroxydés, en suintant à la surface des blocs éboulés du conglo- mérat calcaire, subissent la même décomposition qu’à Issy et l’on peut recueillir des blocs arrondis de calcaire, superficiellement transformés en gypse(l), mélangé d’apatélite qui les colore en jaune: Partout on voit l'association de ces deux minéraux et 1l est possible de suivre au mi- croscope toutes les phases de cette sulfatisation progressive du calcaire ; quand elle est incomplète, un coup de marteau permet parfois de séparer la croûte sulfatée d’un noyau de calcaire intact. Le ravin de Susaki, situé à quelques kilomètres à l’est de l’entrée orien- tale du canal de Corinthe, est connu par une solfatare qui se trouve au con- tact d’argiles et de conglomérats calcaires pliocènes et d’une serpentne. Cette solfatare dégage de la vapeur d’eau, accompagnée d’acide carboni- que et d'hydrogène sulfuré. Celui-ci par décomposition donne non seu- lement du soufre, mais encore de l’acide sulfureux, lui-même transformé en acide sulfurique ; c’est ce dernier qui en attaquant toutes les roches avoisinantes produit les minéraux qui vont nous occuper. Depuis longtemps, M. Fouqué avait signalé latransformation en gypse des conglomérats calcaires, j'ai étudié récemment (2) les curieux pro- duits transformés aux dépens de la serpentine. On voit celle-ci se couvrir d’epsomite, puis la magnésie, le fer, la chaux disparaître à l’état de sul- fates solubles pour ne laisser que de l’opale, offrant encore la structure (1) Le gypse produit par la transformation de ces calcaires est constitué par des aiguilles enche- vêtrées et ne ressemble en rien, au point de vue de la struclure, au gypse parisien. Ce pourrait être là un argument contre l’origine épigénique de ce dernier, s'il était encore nécessaire de discuter cette vieille hypothèse. A ce point de vue, il y a lieu de faire remarquer que les ossements des mammifères du gypse parisien ont conservé leur structure originelle et n’ont subi aucune des transformations minéralogiques, certainement fort curieuses, qui se seraient produites dans des assises métamorphisées par un mécanisme quelconque. (2) C. Rendus, CXXIV, 513, 1897. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 279 microscopique de la serpentine intacte. Elle est généralement imprégnée de gypse résultant en grande partie du ruissellement des eaux superfi- cielles qui ont traversé le conglomérat gypsifère recouvrant localement la serpentine. En un point du ravin, j'ai observé en outre un curieux accident miné- “logique: le fer, au lieu d’avoir été éliminé à l’état de mélantérite, soluble par les eaux superficielles, à été réduit et transformé en 7rarcasite qui imprègne l’opale, tapissant même ses cavités de belle masses mamelon- nées. Cette marcasite s’altère aisément sous l’influence de la vapeur d’eau acide qui traverse la roche, elle se décompose, donnant ainsi nais- sance à de la mélantérite dont j'ai pu recueillir de beaux échantillons, généralement riches en magnésie. Alors, aux dépens de cette mélantérite, se produit tout le cycle de décompositions, étudié plus haut; comme le conglomérat calcaire supérieur s’éboule constamment, à la surface de blocs calcaires qui, au bas du ravin, arrivent en contact avec les produits d’altération, dont il vient d’être question, on voitse produire encore du gypse et de l’apatélite. Ce gisement est fort remarquable à ce point de vue, car il permet de saisir sur le fait la formation actuelle du gypse pur, s’effectuant par deux voies différentes, bien qu’en réalité elles soient dues à la même action de l’acide sulfurique sur du calcaire. Dans un cas en effet, cet acide provient directement d’une fumerolle volcanique, alors que dans l’autre il a passé par diverses combinaisons dont la dernière est un sulfate ferrique. Le gypse de Susaki est aussi intéressant à étudier, car de même qu’à Naxos, il est facile de suivre pas à pas la gypsification des blocs calcaires qui s'effectue par leur périphérie. Quant au gypse produit dans les argiles, associées aux conglomérats, il affecte la forme de beaux cristaux, identiques comme forme à ceux d'Auteuil. Enfin, sur la côte sud-est de l’île de Milo, j'ai observé des faits du même ordre que ceux qui viennent d'être passés en revue: les fume- rolles de Piromeni se font jour à travers des assises constituées par une alternance de micaschistes et de calcaires, les vapeurs sulfurées ne 280 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. laissent guère subsister dans les micaschistes que le quartz et le calcaire est transformé en gypse; les sulfates ferrifères offrent les oxydations étudiées plus haut et à la surface de blocs de calcaire, J'ai recueilli, là encore, du gypse et un sulfate analogue à l’apatélite. B. —— MiNÉRAUX DIVERS DE LA CRAIE ET DE L'ARGILE PLASTIQUE. «. Célestite. La célestite se rencontre dans la craie sénonienne (1) et à deux niveaux de l’éocène inférieur dans le conglomérat ossifère de Meudon ainsi que dans l’argile plastique. Il est à noter que les formes dominantes de la célestite sont les mêmes dans ces divers gisements et en outre que ce sont celles qui ont été indiquées plus haut dans les marnes vertes oligocènes. Craie sénonienne. — La célestite a été rencontrée vers 1817 en fort beaux cristaux dans les fentes des silex de la craie de Meudon et dans les tubulures plus ou moins cylindriques que présente celle-ci. Ces minéraux sont introuvables aujourd’hui. Cuvier et Brongniart (2) en décrivant ce minéral font remarquer que son origine secondaire n’est pas douteuse, que dans les silex nolamment, les cristaux de célestite soudent les fissures d’un même échantillon et ne se trouvent pas dans des cavités primordiales de ceux-ci. La figure 1 de la planche XIV représente un fragment de silex de ce gisement dont une cassure est couverte de délicates cristallisations de célestite. La figure 2 est la reproduction de la photographie d’une Ananchytes ovata dont le test calcifié a été en partie soulevé pour (4) M. Munier-Chalmas vient d'indiquer (Bull. Société géologique, XXV, 88, 1897) l'existence de petits amas de célestite dans le calcaire pisolitique d'Auteuil et dans les marnes blanches de Meudon. D’après ce géologue, ces marnes résultent de la décalcification de calcaires montiens à Ceri- thium inopinatum, etc. C'est dans les blocs calcaires d’une argile de ce niveau que M. Jannettaz a signalé autrefois (Bull. Sociélé géologique, XXIX, 41, 1871) l'existence du carbonate de strontium, d'où le nom de marnes strontianifères souvent donné aux marnes de Meudon. Je n’ai pas eu entre les mains de céleslite de ce gisement. (2) Cuvier et BRONGNIARD, op. cit., T4, LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 281 montrer une cavité laissée entre celui-ci et le milieu du fossile trans- formé en silex. Cette cavité est lapissée de cristaux du même minéral. Les échantillons de célestite des tubulures de la craie étaient beau- coup plus rares que les précédents. Notre collection en possède de bons exemplaires [41.162]; les cristaux sont implantés sur un revête- ment de limonile scoriacée qui semble indiquer que la cavité étudiée élait originellement constituée par un rognon allongé de célestite. La forme de tous les cristaux de Meudon est uniformément celle qui a élé étudiée page 297 dans ies marnes vertes, c’est-à-dire la com- binaison de e! (O11) avec la pyramide 4 (133) (cé/estite apotome d'Haüv), et parfois & (102); ce sont les cristaux de cette localité présentant cette dernière forme qui ont constitué le type de la celestite dioxynite (1) d'Haüy. Dans ceux des cristaux de la craie que j'ai étudiés, la pyramide à est très développée, souvent même presque seule, elle est fréquemment terminée non seulement par 4° (102), mais encore par des facettes L' (100), 22 (110), b'® (111). Toutes ces faces terminales sont très petites et très brillantes, alors que les faces £! et Ÿ sont le plus souvent ternes, mais non arrondies; le minéral est blanc, souvent taché de rouille. Dans les cristaux tapissant les fentes des silex au contraire, toutes les faces sont généralement brillantes ; les cristaux transparents sont incolores ou légèrement bleuâtres. Les cristaux qui recouvrent l’oursin figuré dans la planche XIV offrent une forme un peu différente des précédents : tandis que ceux qui sont implantés sur le noyau siliceux du fossile présentent la com- binaison e! 4 a*, avec les faces p généralement peu développées : ceux qui sont fixés à l’intérieur du test calcaire au contraire affectent la forme de tables e! (011), a (102), très aplaties suivant la base : il existe parfois des petites faces 7x. Eocène inférieur. Conglomérat ossifère de Meudon. — Un second gisement de célestite a été trouvé par Cuvier et Brongniart à Bougival dans le conglomérat dit de Meudon. Celui-ci est formé en parlie par (1) Guvrer et BronGniarr, 0p. cit., et Haüy, Minéralogie, IT, 33, 1822. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série, — IX, 30 282 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. des blocs d’un calcaire dur, jaune, avec fossiles du calcaire de Mons. Dans un de ceux-ci, les auteurs précités ont trouvé une géode tapissée de cristaux de célestite, atteignant 2 centimètres de plus grande dimension, ce sont eux qui ont constitué le type de la célestile apotome d'Haüy (1). Notre collection renferme les originaux de Cuvier et Brongniart et ceux d'Haüy. On voit que dans ceux-ci, la célestite non seulement est implantée sur le calcaire, mais encore l’imprègne sous forme de longs eristaux mesurant | centimètre à partir de la paroi de la géode ; la formation de la célestite a été accompagnée de celle de calcite concrétionnée. Ces cristaux sont fortement translucides, leurs faces sont peu réfléchissantes. L’un d'eux a pu être taillé perpendicu- lairement à la bissectrice aiguë positive, c’est-à-dire parallèlement à 2° (100), et m'a donné pour l’écartement des axes optiques la valeur suivante pour la lumière du sodium : 2E — 87°, d’où 2V — 50°9 environ. en prenant pour la valeur »,, la valeur 1,624 donnée par Arzruni. La célestite s’est aussi trouvée dans le même conglomérat à Meudon en masses grisâtres concrétionnées à structure fibrolamellaire : elles remplissent des cavités de corrosion, creusées à la surface de blocs de calcaire [37. 47]. Argile plastique. — Dans l’argile plastique, C.-A. Becquerel (2) a égale- ment trouvé la célestite sur des échantillons de lignite. Il l’a observée en cristaux pouvant atteindre 2 centimètres de longueur, ils étaient parfois implantés dans le lignite comme si on les avait enfoncés avec un coin. Les échantillons que possède notre collection sont constitués par une sorte de sable à gros éléments à peine cohérents; la célestite y forme de très petits cristaux brunâtres, accolés à axes parallèles ou enchevêtrés. Ils présentent les mêmes formes que dans la craie de Meudon. La célestite à été trouvée aussi à Auteuil sous la forme de nodules aplatis, formés par l’enchevêtrement de grandes lames spathiques (A 2 ) Cuvier cl BRONGNIART, 0p. cit., 17, et Haüy, Minér., II, 33, 1822. \ KA) Ann. chim. et phys., XXII, 348, 1823. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 283 atteignant 0,5 de diamètre, elles sont de couleur variée, jaune ou rouge. La surface de ces nodules présente des faces cristallines distinctes qui montrent que les individus élémentaires de célestite ne possèdent pas la même forme que dans les échantillons précédents ; leurs formes dominantes sont p (001) et #2 (110) avec généralement aplatissement suivant p; de nombreuses autres facettes se rencontrent en outre a! (101), a (102), e! (OL), 62 (111). B. Phosphorite. — Vivianite. C.-A. Becquerel signale dans l'argile plastique d'Auteuil des nodules terreux, happant à la langue et rappelant l’apparence de la ménilite. Ces nodules avaient de 2 à 3 centimètres de diamètre; d’après une analyse de Laugier, ils seraient constitués par de la phosphorite. Je n’ai eu entre les mains aucun échantillon de ce minéral, pas plus que de la wvianite bleue terreuse, signalée par Becquerel, puis par M. Stanislas Meunier (1) à la surface d'échantillons du minéral précédent provenant du même gisement. M. Dollfus m’a signalé l'existence de la vivianite dans l’argile plastique des Moulineaux. y. Blende. La blende a été observée pour la première fois par C.-A. Becquerel dans l’argile plastique d'Auteuil. Ses petits cristaux nets du type dodé- caédrique ont été retrouvés dans plusieurs gisements analogues de l'Oise : ils ne constituent qu’un accident minéralogique intéressant, comparable à celui que lon observe dans de nombreux gisements sédimentaires primaires ou secondaires. d. Succinile. La succinite a été trouvée à de nombreuses reprises dans les parties ligniteuses de l’argile plastique d'Auteuil, de Meudon, de Vanves, d'Issy. (1) Géologie des environs de Paris, 116. 284 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. Elle constitue des globules dont la grosseur varie de celle d’un pois à celle d’un œuf. C.-A. Becquerel y a signalé l'existence de phénomènes de polarisation dus à la trempe. Les échantillons que possède notre col-- lection sont jaunes, souvent presque complètement opaques. Beaucoup d’entre eux sont fendillés par suite de la décomposition saline du sulfure de fer qui les imprégnait originellement. . Mellite (?) (Xylocryptite). De très petits cristaux d’un jaune de miel ont été trouvés par C.-A. Bec- querel (1) dans le lignite d'Auteuil, associés à la marcasite, à la succinite. Leur forme était octaédrique, leurs propriétés pyrognostiques et leur dureté voisines de celles de la #ellite : le peu de substance trouvée n’a pas permis d'identifier complètement ces cristaux à ce dernier minéral et Becquerel a proposé de les désigner provisoirement sous le nom de aylocryphte en attendant une étude plus complète. Je n’ai pu retrouver aucun échantillon de cette substance.” (1) Journal de physique, LXXXIX, 237 et 308, 1819. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 285 CHAPITRE III Gypse de redissolution. Je réunis dans ce chapitre tout d’abord les échantillons de gypse, pro- duits par voie secondaire, dans les fentes des formations gypseuses, par recristallisation sur place du gypse dissous par les eaux d'infiltration. Je m'occuperai ensuite de quelques cas de cristallisation à distance de cristaux de gypse dans les conduites d'eau séléniteuse provenant de la région gypseuse qui fait l’objet de ce mémoire. u, Crislaux distincts. Les cristaux de gypse qui se forment actuellement à la Type L. surface des affleurements des marnes vertes, des marnes bleues, sont de petite taille, ils offrent les formes du type I des cristaux de gypse de l'argile plastique, les macles suivant 2! (100) par accolement ou pénétra- lion y sont assez fréquentes. Ces petits cristaux limpides et incolores sont généralement de très petite taille, ils ont parfois moins de un millimètre. Je les ai observés en abondance à Argenteuil ; il est possible que ceux des marnes bleues proviennent en partie de la décomposition de la pyrite. Ce sont des cristaux de ce même type, presque tous maclés par accole- ment suivant À (100) qui constituent un bel échantillon de notre collec- tion [52,380] ayant conservé la forme du tuyau de conduite d’eau dans lequel on l’a rencontré à Montmartre. Ils sont colorés en jaunâtre, leurs faces de la zone prismatique sont très cannelées verticalement ; 1ls attei- gnent un centimètre suivant l’axe vertical. Ils sont implantés dans du gypse à cristallisation moins nette, de telle sorte que l’angle rentrant de la macle est toujours dirigé vers la cavité de la géode, aussi aucun poin- tement à angle saillant n'est-il visible. Beaucoup des cristaux de cet échan- tillon sont formés par accolement à axes parallèles d’un grand nombre d'individus de même forme, mais très minces. Cette structure polysyn- thétique estmise en évidence par des angles rentrants sur les faces» et a,. La collection Haüy renferme un échantillon d’une concrétion formée 286 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. dans une chaudière d’une machine à vapeur de Chaillot. Il est constitué par des croûtes fibreuses de gypse, brisées et ressoudées sur lesquelles sont implantés de petits cristaux transparents de gypse de la forme trapézienne. Type 1H. — Jai déerit (1) un curieux échantillon de gypse trouvé à Saint-Denis dans le générateur de la chaudière d'une usine. Il est cons- titué par des cristaux de un centimètre qui sont uniformément maclés suivant a'? (201). Ils sont limités extérieure- ment par les faces g', mn et des faces arrondies voisines de la zone «4° g'; les angles de celles-ci étant voisins de ceux de &,, (549), j'ai indiqué par erreur cette forme dans le travail précité. ; AE De même que dans les macles du type IT du F16. 19. — Projection sur g'(010) d'une macle suivant &2(201)de gypse ludien, les angles rentrants de la macle a (cristallisation acide Léxistent pas par suite du large développe- ment des faces 7». Ces cristaux ont la forme de coins à pointement aigu, à sommet quadrangulaire formé par les faces » {rès striées parallèlement à leur intersection avec g' (010) : ils sont implantés sur la paroi par leur extrémité aiguë. Type LIT. — Les cristaux transparents qui se forment parfois par recristallisation dans les fentes du gypse (Montmartre, Clignancourt, Belleville, Montreuil, etc.) sont généralement absolument incolores et transparents. Ils appartiennent à la forme lenticulaire avec d'ordinaire les faces 77 et g' distinctes. C’est à la même origine secondaire qu’il y a lieu de rapporter de fort Jolis cristaux incolores que j'ai observés dans une géode de l’albâtre de Lagny, les cristaux sont des lentilles maclées suivanta’*(maele du type Il), leur particularité réside dans l'existence des faces a!/? (201), qui sont souvent creuses formant une profonde gouttière entre les faces a,. Ces cris- taux atteignent 3 centimètres suivant l’axe vertical. Il est possible que quelques-uns des cristaux lenticulaires simples ou maclés que l’on rencontre entourés par le gypse niviforme soient d’ori- gine secondaire. (1) Bull. Société minéralogique, XII, 515, 1889. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT. 287 B. Gypse rniviforme. Le nom de gypse niviforme à été donné à la fin du siècle dernier (1) à une variété de gypse qui présente un aspect très caractéristique. Elle est constituée par le feutrage de lentilles extrêmement minces; ce feu- trage est peu serré, de telle sorte que le gypse niviforme se laisse facilement entamer par l’ongle et diminue de volume sous l'influence d'une pression peu intense. La figure 6 de la planche X montre la structure microscopique du gevpse niviforme. On voit que ces cristaux allongés rappellent au premier abord les microlites des feldspaths des roches volcaniques. La forme des sections parallèles à 4! (010) et de celles perpendiculaires aux bissectrices ne laisse pas de doute sur la nature lenticulaire de ces petits cristaux microscopiques. Ils sont parfois remarquablement contournés. Le gypse niviforme remplit des cavités dans le gypse ludien et englobe parfois de gros cristaux de gypse (fig. 3 et 4 de la planche VII); il nya pas de niveau spécial pour ce minéral que l’on trouve aussi bien dans la première masse que dans celles qui lui sont inférieures. À Argenteuil, on rencontre dans les marnes à Pholadomya ludensis des rognons formés par des épigénies de gros cristaux de gypse : ils sont constitués essen- tiellement par de petits rhomboëdres e' (0221) jaunâtres de caleite, leur centre est occupé par du gypse niviforme. L'origine secondaire de cette variété de gypse n’est pas douteuse. 7. Gypse fibrolamellaire. On rencontre parfois dans les marnes intragypseuses et dans les marnes supragypseuses de petits lits ou filonnets de gypse blanc fibrolamellaire, offrant la plus grande analogie avec ceux qui sont si abondants dans les gisements de gypse triasique; ils sont parallèles à la stratification des marnes ou tinelinés sur celle-ci, leur origine secondaire est évidente. On en a trouvé notamment de fort beaux échantillons aux Buttes-Chau- (1) Journal de physique, XVI, 295, 1780. 288 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 59.35] dans les marnes jaunâtres situées entre la deuxième et la troi- mont sième masse, dans les marnes à ménilite (Montmartre, Pantin, etc.), ete. Ce gypse fibrolamellaire est parfois parfaitement transparent sous une faible épaisseur. . Gypse stalactiforme et concrétionné. Les cavités des assises gypseuses ludiennes sont fréquemment recou- verles par des dépôts concrélionnés de gypse recristallisé, qui dans les échantillons que J'ai observés, ne présentent pas de particularités dignes d’être citées. J'indiquerai toutefois des stalactites, signalées par Pralon (1) à Clignancourt, remarquables par leur couleur jaune citron et leur aspect qui les faisaient ressembler à du sucre d'orge. Les tuyaux de conduite alimentés par les eaux séléniteuses sont fréquemment lapissés par des enduits de gypse qui peuvent souvent les obturer complètement; la cassure de ces enduits montre des zones concentriques, souvent différemment colorées avec une structure plus ou moins régulièrement fibreuse. La figure 5 de la planche X représente une lame mince taillée dans un échantillon de ce genre provenant du remplissage presque complet d’un tuyau de 4,5 de diamètre (Montreuil) [35.15 1 4]. On voit que la structure microscopique est sensiblement la même que celle du gypse niviforme, avec cette différence toutefois que les éléments en sont de plus grande taille et souvent orientés. Les deux sections très éclairées qui se trouvent presque au milieu du champ font voir nettement le cli- vage g° (010) et montrent que la forme de ces cristaux élémentaires est bien celle du gypse lenticulaire. c. Minéraux néogènes divers de la formation gypseuse. En outre du gypse recristallisé et des minéraux contituant les pseudo- morphoses décrites plus haut, la formation gypseuse renferme divers minéraux de formation actuelle, qu’il me reste à signaler. (1) Op. cit. LE GYPSE DE PARIS ET LES MINÉRAUX QUI L'AGCOMPAGNENT. 289 Caleile. Les fentes du gypse sont fréquemment recouvertes par des enduits, des croûtes fibreuses ou des stalaclites essenticllement constitués par de la calcite. L'examen microscopique montre que celle-ci est fréquem- ment mélangée de lames de gypse. Epsomilte. L'epsomite (MgS0*,7IL°0) a été indiquée par Vauquelin (1) en efflo- rescences à la surface des banes de gypse de Ménilmontant et des marnes intragypseuses. Ce minéral paraît être peu abondant, il résulte de la réaction du sulfate de chaux dissous par les eaux superficielles sur les marnes magnésiennes. L’échantillon de notre collection est constitué par de petites aiguilles incolores recouvrant une marne blanchätre. Le minéral dissous dans l’eau recristallise sous forme de prismes ortho- rhombiques identiques au sel artificiel. Soufre. De petites masses de soufre pulvérulent d’un blane jaunâtre ont élé rencontrées dans les marnes gypseuses de Montmartre: elles proviennent de la réduction du gypse par des matières organiques et sont probable- ment en parlic de formation actuelle, bien qu'il ne soit pas possible de l'affirmer. M. G. Dollfus m'a communiqué un intéressant échantillon de soufre très cristallin de Châtillon englobé dans du gypse laminaire transparent. Ce mode de formation du soufre si fréquent dans certains gisements triasiques ou tertiaires a été souvent observé dans le sol de Paris où le minéral s’est produit aux dépens de plàtras, on l’a trouvé notamment en 1778 à la porte Saint-Antoine (2), et en 1881 dans Ie sous-sol de la place de la République (3). (1) Haüy, Bull. Soc. philom., 140, 1798. . Mém. Acad. Sciences, 1780, 105. (3) Dausrée, C. Rendus, XCII, 101 et 1440, 1881, et A. Lacroix, Minéral. de la France ct de ses colonies, II, 371, 376, 1897. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. 31 APPENDICE (GISEMENT D’ALBÂTRE DE THORIGNY). Au moment du lirage de cette feuille, j'ai pu, grâce à l'obligeance de M. Taté, visiter en détail la carrière souterraine d’albâtre de Thorigny dont il a été question page 230. J’indiquerai ici les principaux résultats obtenus par cette étude, renvoyant pour le détail à un prochain mémoire. L’albâtre forme un banc d'environ deux mètres d'épaisseur, au-dessous de la deuxième masse du gypse : il a pour toit une marne magnésienne, pour mur des marnes et des lits de gypse à structure normale, renfer- mant beaucoup de grandes lentilles en banc continu. La partie supérieure de l’albâtre est irrégulière, concrétionnée, creusée de cavités remplies par la marne. C’est là surtout que se trouvent les grandes masses Jaminaires de gypse (p. 230), elles se terminent sou- vent dans la marne par des pointements eristallins. Le quartz est disséminé non seulement dans l’albâtre, mais dans la couche inférieure du gypse normal, et jusque dans les grandes lentilles gypseuses de celle-ci. En dissolvant dans un acide les agrégats miaro- liliques de calcite et de quartz (p. 248), j'ai trouvé mélangée au quar!{z une pelite quantité de eristaux de célestite. Ce nouveau gisement de célestite est à comparer à celui des caillasses de Trilport (p. 248) : il montre que le sulfate de strontium existe normalement en proportion infinitésimale dans le gypse; grâce à sa faible solubilité, il se con- centre par la dissolution de ce dernier. Enfin, dans la masse de l’albâtre se trouvent des cavités de corrosion sur les parois desquelles sont implantées de magnifiques lentilles trans- parentes et incolores de gypse, riches en faces brillantes, et offrant tous les types du gypse ludien : elles me permettront sans doute de préciser les formes de celui-ci. Quand ces cavités de corrosion sont creusées dans l’albâtre laminaire, les cristaux néogènes sont orientés comme celui-ci. Ces cristaux drusiques sont parfois de grande taille ; ils atteignent un décimètre, 1ls sont jaunâtres et ne se distinguent pas des grandes len- ülles ludiennes. Leur origine secondaire étant indiscutable, Phypothèse que j'ai émise page 286, sur la possibilité de l’origine secondaire des lentilles ludiennes implantées dans le gypse en roche, devient à mes yeux presque une certitude. EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE 8 GYPSE. Fic. 4. — Macle suivant a‘? (201), clivée suivant g' (010); cristaux enfilés suivant l'arête g'a'?. Marnes ludiennes de Montmartre [97.698]. F1G. 2. — Groupe de lentilles de gypse (maclées suivant a"?) dans marne ludienne (Mont- martre) [14.16]. FiG. 3. — Clivage 9! d'une macle a!?, englobée dans gypse saccharoïde (Montmartre) [97 544). FIG. 4. — Lentille elivée suivant 9!', avec gypse niviforme, sur gypse saccharoïde (Mont- martre) [97.543]. FiG. 5. — Gypse lenticulaire des marnes vertes de Belleville; la face g' (010) a été placée dans le plan de la figure. B, le même cristal vu perpendicuiairement à l'axe vertical [61.196]. Fi6. 6. — Crislaux de gypse de l'argile plastique; À, cristal présentant la disposition en éventail (Auteuil, rue Mozart, n° 66 à 76) [97 54]; B, groupement irrégulier de cristaux, allongés suivant l'axe vertical (Auteuil, 14.11); C. cristaux de gypse implantés sur un rognon de marcasile, celui-ci est en partie recouvert d'apatélite (Issy, carrière de la porte de Versailles) [74.86] (Réduction de moitié environ). FiG. 7. — Gypse lenticulaire des marnes ludiennes (Montmartre). A, le cristal est disposé de telle sorte que g' (010) est parallèle au plan de la figure. B, le même cristal vu perpendiculairement à l'axe vertical [14.15] (Réduction de 1/3). F1G. 8. — Macle suivant at? (201) montrant exceplionnellement les faces m (110) (Mont- martre) [97.538]. F1G. 9. — Macle suivant k! (100) à aspect hémimorphe. Marnes vertes d'Argenteuil (Butte d'Orgemont) [48.441]. F1G. 10. — À. Gypse lenticulaire conique dans marne ludienne de l’hôpilal Saint-Louis. En B, le crislal a été enlevé de sa gangue, à droite celle-ci a laissé son empreinte en creux ; à gauche le cristal est vu de profil [35.15131. (4) Les planches de ce mémoire sont la reproduction de photographies exécutées sous ma direction par un artiste habile, M. Monpillard, que je suis heureux de remercier ici. Les numéros placés entre { | sont les numéros d’ordre du catalogue de la collection minéra- louique du Muséum, les deux premiers chiffres indiquent l'année d'entrée de l'échantillon, le dernier nombre le numéro d'ordre dans la série aunuelle; par exception, et sauf indication contraire les échanlillons de la série 97 ont été recueillis avant 1837, ils proviennent de la collection Gillet de Laumont et ont été récemment catalogués. Les figures pour lesquelles n'est donnée aucune indication de grossissement ou de réduction sont reproduites en grandeur naturelle, 292 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. PLANCHE 9 Fc. 1. — Gypse de Montmartre placé de façon à montrer la disposition symétrique des deux lentilles composantes par rapport au plan de maele a? (201) (Montmartre) [72.142] (Réduction de 1/3 environ). FiG. 2. — Macle semblable à la précédente vue parallèlement à la face d'aplalissement de l’une des lentilles; celle-ci porte une seconde macle qui a été clivée pour montrer le clivage 9' (010) en forme de fer de lance [72.142 bis] (Montmartre) (Réduction de 1/3). F6. 3. — Gypse lenticulaire en groupes enchevêtrés des marnes du lutétien supérieur (caillasses de Vanves) [37.87] (pseudomorphose) (Réduction de 2/3). FiG. 4. — Macle suivant 2! (109) à aspect hémimorphe des marnes vertes d'Argenteuil. Échanlillon vu parallèlement à g! (010) [77.258] (Réduction de 1/3). PLANCHE 10 Lumière polarisée parallèle (sauf la figure 4). Les directions des seclions principales des nicols sont parallèles aux marges. Aie il Lame mince du gypse d'Argenteuil (3° masse) (Grossissement de 45 diamètres). F1G. 2. — Lame mince du gypse de Montmartre (1° masse); échantillon servant de gangue à un ossement de l’atæotherium (Grossissement de 45 diamètres). F1G. 3. — Lame mince du gypse d'Argenteuil (3° masse); les cristaux de gypse sont entourés par des ponctuations de calcite (Grossissement de 50 diamètres). FiG. 4. — Lame mince de l'opale nectique du barlonien (calcaires de Saint-Ouen) mon- trant que celte substance est une pseudomorphose de gypse (Lumière naturelle, gros- sissement de 125 diamètres). FiG. 5. — Lame mince d'une concrélion de gypse remplissant un luyau de conduite d'eau de Montreuil (Grossissement de 95 diamètres). F1G. 6. — Lame mince de gypse niviforme de Montmartre (Grossissement de 55 diamètres). PLANCHE 11 (1) La direclion des seclions principales des nicols est parallèle aux marges de la planche. Toutes les figures sont vues en lumière polarisée parallèle, sauf la figure 6. F1G. 1. — Lame mince taillée parallèlement à g' (010) dans un cristal de gypse en voie de transformation en lulécite. L'apparence de macles suivant 4! (100) dans le gypse est due à l'existence d'un sulfale auhydre de calcium produit par déshydralations pen- dant la confection de la préparation. Le fond noir de la préparation est constitué par de l'opale (Tunnel du chemin de fer de Saint-Cloud) {(Grossissement de 45 diamètres). FiG. 2. — Lutécite du lutétien supérieur de Clamart. Section parallèle à l'axe vertical. Fi. 3. — Section de quartz perpendiculaire à l'axe vertical entourée par une zone périphérique de lutécite (lutélien supérieur de Lissy sur Ourcq); les zones d’accrois- sement de la lutécite sont très visibles sur cette figure. (1) Les figures 2, 3 et 4 ont été faites à l’aide des plaques décrites et figurées par MM. Michel Lévy et Munier-Chalmas (Bulletin Société franc. Minéralogie, XV, 1892, phot. n°° 6, 8 et 5). EXPLICATION DES PLANCHES. 293 Fic. 4. — Section de lutécite perpendiculaire à l'axe vertical (Clamart). Po Fic. 5. — Célestite des marnes vertes de Montmartre; plaque mince de l'échantillon représenté par la figure 3 de la planche 14. Fi6. 6. — Sidérose de l'argile plastique d'Issy (carrière de la porte de Versailles); les cristaux sont distribués dans l'argile plastique (Lumière naturelle, grossissement de 50 diamètres). PLANCHE 42 Fic. 1 et 3. — Gypse lenticulaire, pseudomorphisé en quartz, du lutétien supérieur (cail- lasses). Fondations de l'abattoir de Vaugirard. Ces échantillons ont été débarrassés par l'acide chlorhydrique des cristaux de calcite qui les imprégnaient, ainsi que de leur gangue argilo-calcaire dont une partie à élé laissée à droite dans la figure 2 [96.534] (Réduction de moilié) et [96.223]. FiG. 2. — Fragments clivés parallèlement à g' (010) d'une macle suivant a‘? (201) du gypse bartonien (sables de Beauchamp) des fondations de l'abattoir de Vaugirard. Ces échantillons sont entièrement pseudomorphisés en calcite; on voit la trace des clivages e! (011), constituée par des cloisons calcaires [97.547]. FiG. 4 — Pseudomorphoses exclusivement siliceuses du gypse barlonien, englobées par de l'opale ménilile qui renferme à la partie supérieure des traces de Lymnæa longis- cata. Ces pseudomorphoses sont réduites à une cavité ayant la forme du cristal et montrant des cloisons siliceuses correspondant au clivage e! (011). Le cristal est vu à peu près parallèlement à g' (Plaine Monceau, tranchée du chemin de fer de Versailles) [97.539 (Réduction de moitié). Fi. 5. — Comme la figure 4, les cloisons siliceuses correspondent ici aux clivages g' (010) [37.1] (Réduction de moitié). PLANCIIE 13 F1G. 1 et 2. — Lentilles de gypse très aplalies à disposition arborescente. Pseudomor- phoses calcaires, engagées dans marne calcaire du lulélien supérieur (caillasses) de Gentilly [34.109] (Réduction de 1/4) et [34.108] (Réduction de moilié). F6. 3. — Gypse maclé suivant a'/? (201) à disposilion arborescente dans marne calcaire (Andrésy) | Coll. géologique] d'après un dessin de M. Jacquemin, calque de l'échantillon (Réduction de moitié). PLANCHE 14 l1G. 1. — Cristaux de célestite, implantés sur les parois d'une fissure d'un rognon de silex de la craie sénonienne (Meudon) [26.157] (Réduction de 1/3). F16. 2. — Celestite implantée sur le remplissage siliceux d'une Ananchyles ovata de la craie sénonienne (Meudon); ils tapissent une cavité limitée exlérieurement par le test de cet oursin [26.167] FIG. 3. — Fragment d'un nodule de céleslile des marnes vertes (Montmartre) montrant des fentes de retrait [17.51] (Réduction de moitié environ). Fi. 4 et 5. — Gypse de l'argile plastique. Un des cristaux est allongé suivant l'axe ver- tical (fig. 4) [97.545] (il est réduit de moitié environ), l’autre est allongé suivant une arêle a, a, (fig. 5). 294 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Fc. 6. — Célestite des marnes vertes dont les fissures de retraitsont en voie de rem- plissage par des cristaux du même minéral (Montmartre) [17.51 bis]. PLANCHE 15 Fig. 1. — Lutécile tapissant les cavités d'une pseudomorphose de gypse du lutétien supérieur (caillasses) de Clamart. On peut voir à la loupe les formes pseudohexago- nales de la lutécite (Échantillon grossi deux fois) [97.546]. F1G. 2. — Opale ménilite des marnes ludiennes de Ménilmontant. Des traces de marnes magnésiennes sont visibles sur l'échantillon qui porte des traces de la stralifica- tion de celles-ci [26.354]. L'échantillon est vu perpendiculairement à la stratifica- tion. FiG. 3. — Opale ménilite des marnes bartoniennes (calcaire de Saint-Ouen) de la plaine Saint-Denis [41.40]. Fi. 4. — Calcédoine stalactiforme et calcite du lutélien supérieur (caillasses) de Neuilly {40.277] (Réduction de moitié environ). FiG. 5. — Rognron quurlzeux (fusil des carriers) engagé dans le gypse saccharoïde du ludien (base de la première masse du gypse), Montmartre [55.36]. FIG. 6. — Opale ménilite englobant des Lymnnea longiscala des marnes barloniennes (calcaire de Saint-Ouen) de la plaine Monceau (tranchée du chemin de fer de Versailles) [97.5401. Fic. 7. — Opale ménilite en pelils nodules dans marne schiteuse du ludien de Ménil- montant. Échantillon vu parallèlement à la stratification [97.537] (Photographie un peu réduite). Fi16. 8 — Opale ménilite des marnes ludiennes de Villejuif [41.53|. PLANCHE 16 16. 1. — Moulage en relief d'une (rémie cubique de sel gemme (Hutte aux Gardes, pied N.-0. de Montmartre) [23.613]. Fa. 2. — Websterite sphérolitique de l'argile plastique d'Auteuil [46.99]. Fig. 3. — Moulage d'une trémie cubique de sel gemme du trias de Burvenich, près Commern (Eifel) en grès [70.44]. Fic. 4. — Pseudomorphoses de sel marin (épigénie des cristaux de sel gemme du trias) de Burvenich, près Commern (Eifel) [70.45]. Fic. 5. — Figures de retrait produites dans une marne calcaire à la surface du gypse ludien du parc de Saint-Cloud [38.2] (Réduction de 2/5). Fic. 6. — Géode de calcite en rhomboëdres e! (0221) du lutétien supérieur (caillasses) de la ruc du Val-de-Gràce (niveau à pseudomorphoses de gypse). TABLE A TE D TE SEE ER OU ER ae ave alter ele eo ES AS RP CA 201 NAT O DU CON A dote re ie eu te MOTO NON RER 202 CHAPITRE PREMIER GYPSE LAGUNAIRE (ÉOCÈNE ET MIOCÈNE). 1° Cristaux des marnes et argiles. hs CEGETEL EAN PR Et 206 CSN ETNNES à OPEN EE OO PEER 7 201 ÊE MRONESS De RE SR PRE ME RE ENS RS PSE EE PER NTM 214 A GECNONS CHENE ER M ER PR EEE 216 Rs CMS ÉNERGIE EAP DR CGRIS TUE CI ES RE RER RM D Red Lou ve o ocre y ae 218 C. Comparaison des formes du gypse parisien et de celles du gypse de formation actuelle dans les marais salants. 5 «. Gypse des marais salants de l’île de Batz......... Se CR M AE A 991 CMGypse des salnsdelarMédilerannée ARR EE sale. use 226 ay ededlaetnesidelnle dec Lu. eue 226 2 COCO TOUL RE NET RE OR TE ET EE 291 AU TOTONDROSE RACEQUDSE D ne 0 a ren rente Aie Re CR RBSEUAOMOBDROSES SIICLSES RE RE nues. di dus doc ice 233 AS CUUOMORDROSCS IS ANS TOUR PERLE CR nec udes ee dira are 235 6. Pscudomorphoses renfermant de l’opale et des produits siliceux cristallisés. 240 AP SCUTOMORDROSES ER OPA SEUTC PAR MR A ee LE see semences eme aocu a 213 5. Minéraux néogènes contemporains de la formation des pseudomorphoses PYDE CUS ES EEE Re ee TN Ne ne SE de mate ae AUD RIN ON le 245 CANÈE soie a Da MN PET RON ee ele DR CO SE 245 HIUOPINC MAS A ne on No delete n duo ae 246 CuartAlulécile calcédoine)2AREPAPE PEN CU ee nn. ee 247 CÉTRSUTE SE PER Re ut ee à Host 248 BARSENdOMOLDHOSENCAICAIReS RME NT ET din... ES) CAPSeUdoMOrphoSeMerrusineuSeR er MU int. Nil. ru. cu 251 4° Minéraux accompagnant le gypse. AMoulasestderenstautdesclsemme Pen MR un 2.4 Nastr en ont 20 BACS ACER RE EP CE et PR se ets mois: core a io tte 2 255 (C7 Oréle MÉMORISER RS 2h DÉMO RE te lens a ne die eee delmat ue) paye 260 CIAPITRE II GYPSE FORMÉ PAR LA DÉCOMPOSITION DES PYRITES (CRAIE SÉNONIENYE, ÉOCÈNE ET OLIGOCÈNE). 1° Gypse cristallisé. CACHISIOUS SIMPLES. Meur se nome re MTS Le Sn AE 263 296 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Gypserde Harslesplas tique RER PRE RE Gypse des marnes intragypseuses, des marnes bleues et des marnes vertes oligocènes 4:00. Meier MERE TRS ER ER PE RENE Gypsetde la Craie sénonienne"PPEROE PER EEENEE PE PEER LE B. Mäcles:5 MMM RE EEE TP Eee Te MO RU Sn MO 2 Minéraux accompagnant le gypse secondaire A. Pyrite, marcasite, pyrite et produits dérivant de leur altération. ............. «. Marcasité el pyriles stress, ORNE REP B. Produits d'altéra lion 28e Ne SERRE ee Re Mélanléribes ts Een pete RE MORE RE OR AE nee Produits dus ardesréactionsiSeCONAIRES POP EE EE ER UE a; Produits directs; 000 RETENU GYpSE He LR OR PER PNR RER PR PE ESS Websterilé: ss." eee er Re Ant RENTE Halotrichile.25 5 2 rs RP AS AR SIDE OS LE bn nee LT res A REA NOTA RONA Re PRE Er Produits d'altérationtde lamélantéiie PEER ES bd Produils Indirec ts nee PRE ER ES ne CARO En DAS CE AU mn UD ee AO 00 de nE Généralité des faits concernant la genèse des minéraux dus à la décom- DOSILION ES BUTLER RE PRE SR ET EE CC ETES B. Minéraux divers de la craie et de l'argile plastique... LACÉIESILÉS ER RE EEE RAR A TE D CE PRE PERL BAPhosSphorite NIVIanIte MER EU RCE Pr EE RREN TERRE PP TBIEN Te RARE RENTE A Rires VA LECRRE ES RARE RS ARR De Ge SMBDNI®S 4 4 50e o6ooéaaco D Rd D oc à es MOT M de PAR RE EN EAN EEE M SRE CHAPITRE II GYPSE DE REDISSOLUTION. DCS LAUXEUS INC ISERE EEE Mr ere TT CD M a Nage BAOMDSENNIMIORINC EE PRE EEE EETEEECERCEEE EST Feu MO te ST YOYpSeMDLOlAMENAIRCE EEE EEE EEE CEE ENTER NRA EEE CCypsestalactifonme eHConCrÉHONNnEr EE PAPER E EE ERP PRE EEE TT EE e. Minéraux néogènes divers de la formation gypseuse...... HAE MCE Calce rise Des ut tenee eV TE ER ER Épsomile 3,5. inerte Et RSR RENTRER rR LU re ONU D te M Ne PE A a UE etc 015 OM E à 0 lé me lo D à ASS Appendice.— Dalbätre de hOorIgny- Pre EEE ER PEN RER CNE Re RSS Explication. des planches ets RC ES 6276-97. — Congseic. Imprimerie En. Cré1é. 289 287 287 288 288 289 289 289 290 291 BULLETIN DES NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE TROISIÈME SÉRIE TOME NEUVIÈME NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3€ série. — IX. me oô.Duyardin GEORGES VILLE PROFESSEUR AU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE (24 mars 1824-22 février 1897). NOTICE NECROLOGIQUE PAR L. MAQUENNE ASSISTANT AU MUSEUM, MAITRE DE CONFÉRENCES A LA SORBONNE. Il est peu d'exemples, dans l’histoire des sciences, de discussions aussi longues et aussi âpres que celles qui ont accueilli les premiers travaux de M. G. Ville; il en est également peu d'une énergie et d’une ténacité comparables à celles que M. G. Ville mità combattre ses détracteurs, même les plus puissants, et à défendre contre tous ses conclusions de la première heure. A la fin de cette lutte, qui dura près de quarante années, G. Ville eut le bonheur de voir tous les physiologistes accepter enfin, sans conteste, l'opinion qu'il pro- fessait depuis son entrée au Muséum d'Histoire naturelle, et l'oubli commence à se faire sur ces débats déjà lointains. Il n’est pourtant pas sans intérêt d'en rappeler ici l’origine; ce sera pour nous l’occasion de rendre une dernière fois justice à la grande figure qui vient de disparaïtre, comme aussi de faire voir comment l'expérience, même entre des mains aussi habiles que celles de ses contradicteurs, peut devenir une source d'erreurs quand ses conditions n’ont pas été suffisamment variées ou qu'elle n'a pas été appropriée comme il convient au but poursuivi. NE à Pont-Saint-Esprit (Gard), le 24 mars 1824, G. Ville manifesla dès sa pre- mière Jeunesse l’ardent désir de s'élever au-dessus du modeste milieu où le sort l'avait placé : aussi, dès l’âge de treize ans, le voyons-nous quitter l’état d'horloger, qu'il commençait à apprendre, abandonner sa famille et partir pour Lyon où, IV NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. pendant quelques années, il travaille péniblement dans une pharmacie. Là, dans ses moments perdus, il prépare ses examens, vient les passer à Paris, se fait remarquer aussitôt par sa vive intelligence et sa brillante élocution, est reçu hors concours interne à l'Hôtel-Dieu, enfin commence sa carrière scientifique en publiant avec l'un de ses maîtres, le docteur Blandin, un premier travail relatif à l'influence de l'éthérisation sur l'intensité des échanges respiratoires (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1847). 11 avait alors vingt-trois ans. A cette époque, G. Ville n’avait pas encore trouvé sa voie, mais il avait su déjà attirer suffisamment l'attention pour n'avoir plus à craindre les appréhensions du début ni la solitude danssa marche en avant. Monseigneur Sibour, son compatriote, l'avait pris en affection et, grâce à ce puissant appui, nous le voyons entrer en relation avec les plus hautes autorités de l’époque, entre autres le prince qui devait bientôt devenir empereur des Français et le duc de Morny. Dès lors G. Ville pénètre et va s’instruire dans les laboratoires de science pure; il travaille successivement chez Regnault, dont il a toujours gardé le meilleur souvenir, et chez Boussingault, où il puisa les premières idées qui devaient plus tard devenir la préoccupation de sa vie tout entière. L'ammoniaque de l’air peut-elle être utilisée par les plantes ? La question était alors indécise et quelques personnes, se fondant sur les indications de Th. de Saussure, étaient portées à croire qu’il y a là une source importante et incessam- ment renouvelable d'azote, où la végétation peut puiser largement. G. Ville installe un laboratoire chez les Carmes, rue de Vaugirard, et y entreprend une série de recherches portant à la fois sur le dosage exact de l’ammoniaque atmosphérique et sur l'influence que ce gaz, à différentes doses, peut avoir sur les plantes cultivées sans azote; sa conclusion est que l'air normal renferme seulement 0,000.000.035 en volume d'ammoniaque, alors qu’il devraiten contenir 0,000.3, c'est-à-dire dix mille fois plus, à peu près autant que d’acidecarbonique, pour être profitable à la végétation. Cette source naturelle d’azote est donc négligeable et il n‘y aura pas lieu d’en tenir. compte dans les recherches ultérieures concernant l'alimentation azotée des plantes : ce fut d’ailleurs, quelques années après, l'opinion de Boussingault lui- même. Remarquons en passant que les chiffres publiés par G. Ville sur ce sujet en 1852 ont été retrouvés presque identiquement par M. Schlæsing vingt-trois ans plus tard, ce qui témoigne de la haute approximation à laquelle il avait pu parvenir, le premier. Ce fut également chez les Carmes que G. Ville commenca ses cultures en sable calciné, dont il aimait tant à décrire avec détail le mode opératoire dansses cours et ses conférences, mais, le couvent ayant été désaffecté pour faire place à l’École des hautes études ecclésiastiques, il dut déplacer son laboratoire et vint s'installer à Grenelle, passage Violet: c’est là qu'il fit presque toutes ses célèbres expériences sur l'assimilation de l’azote gazeux, qui devaient enfin décider de sa carrière. Ces nouvelles recherches n'étaient au fond que la suite naturelle de son travail BULLETIN. V sur l’'ammoniaque atmosphérique et une sorte de vérification des résultats publiés antérieurement par Boussingault, en 1836. Aussi G. Ville trouve-t-il, ainsi que Boussingault l'avait annoncé, que certaines espèces de plantes sont capables de s'assimiler directement l'azote gazeux; mais au même moment Boussingault reprenait de son côté l'étude de la même question et, par un curieux concours de circonstances, qu'il nous est bien difficile de préciser aujourd'hui, ne trouvait plus cette fois que des résultats négatifs ; dès lors l’illustre agronome considère ses anciennes recherches comme non avenues et engage avec G. Ville cette lutte si célèbre et en mème temps si fâcheuse pour les progrès de la physiologie végétale, dont ilne devait pas voir l'issue. Loin de reculer devant une pareille attaque, G. Ville sent qu'il ya là pour le vainqueur une belle place à prendre dans la science et, en effet, si Boussingault, par hasard, avait retrouvé en 1854 les mêmes résultats qu'en 1836, c'est nécessai- rement à lui que revenait l'honneur d’avoir découvert la fixalion de l'azote par les légumineuses; il se multiplie, répond à l'argumentation et aux expériences de son puissant contradicteur par d’autres arguments et d’autres expériences, bref arrive à obtenir de l’Académie qu’elle nomme une commission chargée du contrôle de ses résultats (1). Ces nouveaux essais furent entrepris au Muséum, dans un terrain où, quelques années plus tard, devait s’édifier le laboratoire de Physique végétale ; malgré quelques accidents survenus au cours des analyses, ils confirmèrent pleinement les asserlions antérieures de G. Ville, c’estau moins ce quiressort des conclusions du rapporteur, Chevreul, qui se trouvent insérées aux Comptes rendus de l'Aca- démie des Sciences pour 1855. Cependant l'autorité de Boussingault était telle que cette vérification académique ne suffit pas à faire admettre les idées du jeune agronome ; d’ailleurs d’autres personnes, parmi lesquelles MM. Lawes et Gilbert, à Rothamstedt, n'avaient pu constater la fixation de l'azote gazeux par les légumineuses et semblaient ainsi donner raison à Boussingault ; enfin il n’est pas jusqu’à la fougue de la défense de G. Ville, un peu en dehors des habitudes en matière scientifique, qui n’ait égale- ment contribué à jeter quelque doute sur ses assertions. Aussi presque tous les physiologistes, à part quelques timides et rares exceptions, se rangèrent-ils du côté de son contradicteur. Pourquoi ces controverses entre deux hommes également habiles et à coup sûr également sincères? G. Ville attribuait les insuccès de Boussingault à ce qu'il placait ses cultures dans des vases trop exigus, où les racines n'arrivaient pas à, s'étendre, où l'oxygène atmosphérique ne pénétrait pas en quantité suffisante pour assurer leur respiration normale, et il est curieux de noter à ce propos que Boussin- gault ne voulut jamais tenir compte sérieusement de ces observations Judicieuses. (1) Cette commission, instituée en 4855, était composée de MM. Dumas, Regnault, Payen, Péligot, Decaisne et Chevreul, rapporteur. VI NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Mais G. Ville lui-même n'était pas maître de son expérience; il étail certain que, en suivant la marche indiquée par lui, on avait chance de la voir réussir souvent, mais il lui était impossible d'affirmer à l'avance qu'elle réussirait à coup sûr. C'est que, en effet, la première condition, la seule qui fût suffisante, d’après les physio- logistes allemands, lui avait échappé ; il ignorait la nécessité de l'intervention des microorganismes etil devait en être fatalement ainsi, puisque Pasteur n’avait pas encore attiré l'attention sur eux et que personne ne soupconnait à cette époque la toute-puissance de l’activité microbienne. G. Ville avait bien imaginé sa théorie de la génésique, sorte de prédisposition physiologique qu'il supposait exister dans la graine, à l’état latent, et qui suivant son degré d'énergie lui aurait donné ou non la faculté de se nourrir d'azote gazeux; mais ce n'était qu'une manière d'interpréter les divergences, incapable de démonstration directe, sur laquelle G. Ville lui-même ne se faisait pas illusion et il nous fallut attendre jusqu’à la mort de Boussingault, en 1887, pour voir enfin M. Berthelot, d'une part, signaler les actions microbiennes qui entrent en jeu dans la fixation de l’azote atmosphérique, Hellriegel et Willfarth, d'autre part, nous donner la solution expérimentale complète du problème, en ce qui concerne les légumineuses. Pour ce qui est des autres plantes, des crucifères, par exemple, que G. Ville affirme pouvoir également fixer l’azote de l’air, nos connaissances sont moins avancées, mais nous ne doutons pas que les vérifications ultérieures ne viennent aussi donner raison, à leur égard, au savant professeur du Muséum, et ici nous ne savons plus si la symbiose de la plante supérieure avec un microorga- nisme est encore nécessaire. G. Ville fut vivement affecté de ce que les auteurs allemands n'aient pas dans leurs Mémoires rappelé ses travaux antérieurs ; pour nous et pour tous ceux qui l'ont connu il n’y a rien dans cet oubli qui puisse en diminuer l'importance, car il n'arrive Jamais qu'une grande loi naturelle soit définitivement établie par un seul et, quand cette loi est fondée sur l'expérience, c’est au premier de ses observateurs que revient nécessairement le mérite de sa découverte. Entre temps, G. Ville s'occupe de l’assimilation de l’azote combiné par les végé- taux ; il démontre par ses essais de culture en sable calciné, l'influence heureuse des nitrates et des phosphates, il donne une méthode nouvelle pour doser l’azote nitrique, dont le principe consiste à transformer en ammoniaque le bioxyde d'azote qui se dégage dans la réaction de Pelouze ; il reconnaît qu'à dose égale d'azote les matières azotées sont loin d'être toutes également efficaces, que les ammoniaques composées sont d'autant plus actives qu’elles sont moins complexes, que les cyanates aléalins restent sans effet alors que l’urée profite aux plantes autant que l’ammoniaque elle-même : c'était le germe de sa méthode si féconde d'analyse du sol par les essais de culture. La facilité si remarquable d’élocution dont il était doué prédestinait G. Ville à l'enseignement : il y débuta avec succès en 1851, comme professeur à l'Institut agronomique de Versailles, puis fut nommé en 1857 titulaire de la chaire de BULLETIN. vIl Physique végétale, que M. Rouland, alors ministre de lInstruction publique, venait de créer pour lui au Muséum d'Histoire naturelle. C'est là qu'il établit d'une manière définitive son laboratoire, qu'il fit construire sur ses indications et pour lequel, pendant les quarante années qu’il professa au Muséum, il dépensa person- nellement des sommes considérables. Ce laboratoire, cependant, ne suffisait pas aux recherches culturales que G. Ville se proposait de poursuivre plus en grand et, en 1860, il obtenait de l'empereur la création du champ d'expériences dit de Vincennes, sur lequel, à l'exemple de Lawes el Gilbert, en Angleterre, il entreprit l'étude systématique des engrais artificiels. C'est alors que, changeant de direction, l’enseignement de G. Ville devint un cours d’agronomie pure, embrassant à la fois l'étude des engrais et des pratiques agricoles, l’économie politique et jusqu'aux questions sociales, qui pour lui étaient en rapport intime avec la puissance de production du sol et devaient toutes se ré- soudre par une application générale de ses méthodes de culture intensive. Depuis la création du champ d'expériences de Vincennes, G. Ville y réunissait chaque dimanche, pendant les mois de juin et de juillet, un grand nombre d'audi- teurs auxquels, sur le terrain même, il exposait ses doctrines, ses résultats et ses espérances; c’est dans celte suite d'entretiens qu'il se fit surtout connaitre au monde agricole, c'est aussi par eux qu'il contribua davantage à répandre la pra- tique des engrais industriels. Avec une verve intarissable, qui souvent s'élevait jusqu’à l’éloquence, avec un enthousiasme que son léger accent méridional rendait plus communicatif encore, le professeur, devenu apôtre, savait intéresser son auditoire jusqu'aux plus petits détails de son exposition et remporter chaque fois un nouveau et légitime succès ; il y tenait d’ailleurs beaucoup, ses conférences étaient toutes préparées de longue main, et même dans les dernières années de sa vie, alors qu'il y était accoutumé depuis longtemps, les applaudissements du public lui causaient toujours le plus vif plaisir. Tous ceux qui ont assisté aux entretiens de Vincennes en garderont certaine- ment un inoubliable souvenir; chacun de nous se souviendra toujours de la théorie des dominantes, de la sidération ou application raisonnée des engrais verts, de ces gigantesques pieds de maïs et de chanvre, récollés sur le champ d’expériences, qui ne pouvaient tenir debout sous la toiture de la salle de conférences, enfin de ces effets oratoires par lesquels le Professeur cherchait à convaincre ses auditeurs, de ces multplications fantastiques et de ces chiffres formidables exprimant, d'après lui, le bénéfice que l’agriculture française pourrait réaliser en généralisant les méthodes de culture expérimentées à Vincennes. Sur les instances de Madame G. Ville, dont l’aide intelligente et le dévouement sans bornes allaient souvent jusqu’à la collaboration directe, les conférences de 1864, 1867 et 1868 furent réunies en un beau volume, aussi remarquable par l'élégance du style que par la perfection de sa forme, qui encore aujourd’hui sera lu avec avantage par tous ceux qui s'intéressent aux questions agricoles. VIII NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. = Entrainé par l'impulsion qu'il avait donnée lui-même à son enseignement, G. Ville fut conduit à échanger une correspondance active avec les différentes sociétés d'Agriculture de France et de l'étranger, en même temps qu'avec toutes les personnes qui sollicitaient ses conseils ou même sa visite. En 1864 il se rendit en Égypte pour diriger les cultures de Casr-el-Nouza et de Choubrah, propriétés Khédiviales, puis donna une suite de conférences publiques à la Sorbonne (1866-1869-1870), à Lyon (1865), à Arras (1868), à Rouen (1879), à Lille (1892) et même à Bruxelles (1874-1883), qui toutes firent sensation. Enfin, sur l'initiative de M. Duruy, il fut chargé de l’organisation et de la direc- tion des champs d'expériences scolaires, institution nouvelle qui devait montrer aux yeux mêmes des cultivateurs et apprendre à leurs enfants ce que l’on peut faire avec l'emploi judicieux des engrais chimiques. Déjà mille de ces champs d'expériences avaient été créés en 1868, mais la guerre vint tout interrompre et ce n’est qu’en 1890 que l’idée fut reprise et de nouveau mise à exécution, d’abord par M. Bourgeois, puis par M. Dupuy, ministres de l'Instruction publique. Pendant quatre années consécutives, ses champs d'essai donnèrent des résultats que l’on trouvera consignés dans deux Rapports publiés à cet effet par M. G. Ville et que M. Berthon, inspecteur primaire, déclare des plus instructifs et des plus favorables à l'extension de l’enseignement agricole dans les campagnes. Leur suppression, motivée par de simples raisons d'économie, impressionna péniblement G. Ville; d’ailleurs il commencait à se sentir fatigué ; depuis quelque temps il souftrait d’une affection au cœur qu’il savait pouvoir devenir grave et il ressentait le besoin de prendre enfin quelque repos ; aussi se fit-il suppléer dans son enseignement au Muséum, d’abord par M. Guignet, directeur des teintures à la Manufacture nationale des Gobelins, puis par l’auteur de cet article, se réservant seulement la direction de son champ d'expériences et ses conférences annuelles, qu'il fit encore en 1896 avec un plein succès et un entrain qui ne pouvait faire présager une recrudescence aussi brusque du mal dont il était atteint. Après un court séjour à Nice, dans le courant de décembre 1896, G. Ville rentrait à Paris, plus faible encore qu'à son départ, et s’éteignait au milieu des siens, le 22 février, la tête toujours pleine de projets et annonçant pour ses prochaines conférences le triomphe décisif de la sidération. Son dernier travail scientifique avait été son étude sur la coloration des plantes et leur richesse en chlorophylle ou en carotine, qui fut communiquée à l’Académie des Sciences en 1889 et insérée dans le volume commémoratif du Centenaire du Muséum d'Histoire naturelle. Telle fut, en quelques mots, la carrière de cet intrépide et infatigable lutteur qui, fort de son intelligence, de sa confiance illimitée en lui-même, de sa puis- sance de parole et, plus tard, de sa fortune considérable, usant même quelquefois d'audace, sut conquérir, par son travail et les appuis qu'il s'était créés, la haute situation qui a fait connaître le nom de G. Ville dans le monde agricole tout BULLETIN. IX entier. C’est pour le savant un exemple remarquable de ce que peut faire l'énergie morale, jointe à l’activité intellectuelle; pour l’homme du monde G. Ville fut à la fois un orateur et un écrivain des plus distingués, pour l'agronome il restera l'auteur indiseuté de la découverte de l'assimilation de l'azote gazeux par les légumineuses et le plus ardent promoteur de l'emploi des engrais chimiques en agriculture ; à ce seul titre il a rendu de grands et réels services, c’est le meilleur et le plus simple hommage que nous puissions offrir à la mémoire du savant pro- fesseur au Muséum, qu'il ne nous a été donné de connaître qu'un instant, mais qui pendant cet instant a bien voulu toujours nous traiter en ami. NOUVELLES ARCHIVES DU Muséum, 3° série. — IX. b LISTE DES OUVRAGES ET MÉMOIRES 1847 1850. 1852. 1853. 1854. PUBLIÉS DB 1847 A 1897 PAR G. VILLE PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR AU MUSÉUM D HISTOIRE NATURELLE. . — Modifications de la respiration chez les personnes soumises à l’inhalation de l’éther (en collaboration avec M. Blandin). Comptes rendus, t. AXXIV, p. 1016. — Note sur l'assimilation de l’azote de l'air par les plantes et sur l’in- fluence qu'exerce l’ammoniaque dans la végétation. Comptes rendus, t. XXXI, p. 5178; Erdm. Journ. prakt. Chemie, t. LI, p. 60. -- Recherches expérimentales sur la végétation. Comptes rendus, t. XXXV, p. 464. — Recherches expérimentales sur la végétation (3° partie). — Influence de l'ammoniaque ajoutée à l'air sur le développement des plantes. Comptes rendus, t. XXXV, p. 650. — Recherches expérimentales sur la végétation. Ann. Hist, nat., t. XIT, p.68; Erdm. Journ. prakt. Chemie, t. LVIII, p.10 ; Proc. TOY. 100.0 VID SD — Absorption de l’azote de l'air par les plantes. Comptes rendus, 1. XXX VIII, p.105 et 723; E'rdm. Journ. prakt. Chemie, t. LAIT, p-. 121 et 183. 1855. 1856. 1857. 1858. BULLETIN. XI — Recherches concernant l'assimilation de l'azote de l'air par les végétaux (Rapport sur ce travail; rapporteur M. Chevreul). Comptes rendus, t. XLI, p. 151. — Nouveau moyen pour doser l’azole des nitrates; expériences prouvant que le nitrate de potasse est décomposé par les plantes, et qu’à égalité d'azote le nitrate de potasse agit plus que le sel ammoniac. — Note déposée le 13 août 1855, ouverte le 26 novembre. Comptes rendus, t. XLT, p. 938. —— Du rôle des nitrates dans l’économie des plantes. De quelques procédés nouveaux pour doser l'azote des nitrates. Comptes rendus, t. XLI, p. 987. — Du rôle des nitrates dans l’économie des plantes. — De quelques pro- cédés nouveaux pour doser l’azole des nitrates en présence des malières organiques (Rapport sur ce Mémoire; rapporteur M. Pelouze). Comptes rendus, t. XLIT, p. 679. — Rôle des nitrates dans l’économie des plantes. Comptes rendus, t. XLITI, p. 85 ; Annales de Chimie et de Phys., 3° série, t. XLVI, p. 314; Erdm. Journ. prakt. Chemie, t. LX VIII, p. 134. — Note intitulée: « De l’état auquel se trouve, quand il est combiné, l’azote que les plantes tirent de l’air » ; lettre relative à cette note, déposée sous pli cacheté en décembre 1855. Comptes rendus, t. XLIII, p. 143. — Mémoire sur le rôle des nitrates dans l’économie des plantes. Comptes rendus, t. XLIII, p. 612. — Remarques à l’occasion d’un Mémoire de M. Boussingault, concernant l'influence du phosphate de chaux sur la production dela matière végétale. Comptes rendus, t. XLV, p. 996. — Influence des nitrates sur la végétation (2° partie). — Comment la nature des produits quise forment pendant la décomposition des fumiers prouve que les plantes absorbent l'azote gazeux de l’atmos- phère (3° partie). — Vérification de mes premières expériences ; discussion de leurs résultats. Annales de Chimie et de Phys., 3° série, t. XLIX, p. 168, 185 et 197. — Nouvelles recherches sur le rôle des principes inorganiques dans l’éco- nomie de la nutrition végétale. Comptes rendus, t. XL VIT, p. 438. XII 1859. 1860. 1861. 1862. 1863. 1864. 1865. 1866. 1867. 1868. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. — Constitution et propriétés de la terre végétale. Comptes rendus, t. XLVIIT, p. 589. — Del'importance comparée des agents qui concourent à la production végé- tale. Comptes rendus, t. LI, p.246, 437 et 874. — De l'importance comparée des agents de la production végétale. Comptes rendus, t. LITI, p. 832; Répert. chim. appl., t. IT, p. 450. — Del’importance comparée des agents de la production végétale. — L’urée ayant une action favorable sur la végétation, pourquoi l’éthylurée se montre-t-elle inactive ? Comptes rendus, 1. LV, p. 32. — Remarque à l’occasion d’un Mémoire de M. Raulin sur la végétation des Mucédinées. Comptes rendus, t. LVII, p. 270. — Sur les lumières que peuvent fournir les phénomènes de la végétation relativement à l’état moléculaire des corps; analyse de la terre végétale par des essais de culture. Comptes rendus, t. LVII, p. 464 ; Chem. News, t. VIII, p. 195. — La production végétale (Conférences faites au champ d'expériences de Vincennes en 1864). — 1 vo/. gr. in-8. — La production agricole définie par la science (Conférence faite à Lyon, en 1865). — 1 vol. in-8, avec planche. — Cours de Physique végétale. Revue des Cours scientifiques, t. II et III. — Discussions et controverses. Réponse au Journal d'Agriculture pratique. Moniteur scientif., t. VIII, p. 529 ; Journ. d'Agr. prat., 1866. — La crise agricole devant la science (Conférence faite à la Sorbonne le 17 mars 1866). Revue des Cours scientif., t. LIT, p. 273; Mon. scientif., t. VIII, p. 289. — Discussions et controverses. — Ma réponse au Journal de l'Agriculture. Mon. scientif., t. IX, p. 369 et 833 ; Journ. de l’Agric., 1867. — Les engrais chimiques. — Entretiens agricoles donnés à Vincennes en 1867 et 1868. Revue des Cours scientif., t. V, p. 15, 100, 131, 146, 191 et 206. 2 vol. in-12. — Recherches expérimentales sur la végétation. — Mémoires et mélanges. — À vol. gr. in-8 avec deux planches. 1868. 1869. 1870. 1872. 1874. 1875. 1878. 18179. 1883. 1884. 1889. BULLETIN. XIII — Recherches expérimentales sur la végétation. — La maladie de la pomme de terre. — 1 br. èn-8. — L'école des engrais chimiques. — Premières notions des agents de ferti- lité. — 1 br. èn-12. — La betterave el la législation des sucres. (Conférence faite à Arras, le 30 mai 1868). — 1 br. èn-8. — Sur la présence du sulfate d'’ammoniaque dans les lagoni de la Toscane. Comptes vendus, t. LXVII, p. 1075. — L'agriculture par la science et par le crédit (Conférence faite à la Sor- bonne, le 7 janvier 1869°. Revue des Cours scientif., t. VI, p. Â14; Mon. scientif., t. X, p. 155; Journ. d'Agr. prat., 1869. s — Résultats obtenus en 1868 au moyen des engrais chimiques. Journ. d'Agr. prat., 1869. — Le sorgho, le topinambour et les autres plantes à sucre. Journ. d'Agr. prat., 1869. — Dosage des sucres. Mon. scientif., t. ÀT, p. 267. — Le renchérissement de la vie (Conférence faite à la Sorbonne, le 17 mars 1870). Mon. scientif., 1. XI, p. 353 et 465. — Du dosage rapide de l’acide phosphorique, de la magnésie et de la chaux. Comptes rendus, t. LXXV, p. 344. — Les engrais chimiques (Conférences faites à Bruxelles, en 1874). — Les engrais chimiques. — Le fumier et le bétail. — Br. in-18 de 400 pages. — Comment des graines également mûres et saines déterminent des ren- dements inégaux. Comptes rendus, t. LXXX VII, p. 82. — De la situation nouvelle faite à l’agriculture par la concurrence amé- ricaine (Conférence faite à Rouen, en 1879). — Le propriétaire devant sa ferme délaissée (Conférences faites à Bruxelles en 1883). — 1 vol. in-8. — De la puissance de production de la famille agricole dont la loi protège le foyer (Conférence faite à la Société d'économie sociale pour la réu- nion annuelle des Unions de la paix sociale, le 16 mai 1884). — Recherches sur les relalions qui existent entre la couleur des plantes et a richesse des terres en agents de fertilité. Comptes rendus, 1. CIX, p. 397. XIV NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 1889. — Recherches sur les relations qui existent entre les caractères physiques des plantes et la richesse du sol en éléments de fertilité. Comptes rendus, t. CIX, p. 628. 1892. — Ce que je réclame pour l’agriculture. — 1 br. in-8. — La conquête du soleil (Conférence faite à Lille, le 24 janvier 1892). 1894. — L'analyse de la terre par les plantes (Mémoire extrait du volume com- mémoratif de la fondation du Muséum d'histoire naturelle). — 1 vol. in-h avec planches. 4895. — 1°, 2° et 3*rapports au Ministre de l’Instruction publique sur les champs d'expériences scolaires. 2e A. DES CLOIZEAUX NOTICE NÉCROLOGIQUE PAR A. LACROIX Le 6 mai dernier, s’éteignait après une longue et douloureuse maladie un de ceux que le Muséum peut, à plus juste titre, être fier d’avoir comptés parmi les siens. À. Des Cloizeaux à occupé pendant dix-sept ans la chaire d'Haüy, ajoutant encore par l'éclat de ses travaux à l'antique renommée que lui a donnée l’illustre fondateur dela cristallographie. En écrivant ces quelques pages, c'est moins à mon prédécesseur qu'à mon maître vénéré que je veux rendre un hommage ému. Son histoire peut se résumer dans celle de son œuvre, il n’a vécu que pour la science et sa vie tout entière a été remplie par une passion exclusive et désin- téressée pour la Minéralogie. Ses travaux sont l’un des points de départ d’une des branches les plus fécondes de cette science, et tous ceux qui aujourd’hui se pressent à sa suite dans l'étude des propriétés optiques des minéraux sont plus ou moins directement ses élèves. Né à Beauvais, le 17 octobre 1817, d’une vieille famille de magistrats, Des Cloi- zeaux fut, dès sa première jeunesse, attiré par l'étude des minéraux : il aimait à se rappeler sa petite collection de collégien. Quand il vint à Paris pour achever ses études, il eut la bonne fortune d’avoir pour professeur de mathématiques spéciales le cristallographe Lévy. Celui-ci encouragea le goût naissant de son élève pour la minéralogie et l’engagea à suivre le cours de Dufrénoy à l'École des Mines, où il fit plus tard la connaissance de H. de Senarmont. Ces savants distingués décidèren de sa carrière scientifique; c’est sous l'influence de Lévy qu'il devint cristallo- graphe habile ; c’est surtout de Senarmont qui l’engagea dans l'étude des propriétés optiques dans laquelle il ne tarda pas à devenir un Maître. Des Cloizeaux a occupé diverses fonctions dans l’enseignement de la minéralogie. XVI NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. Répétiteur à l'École centrale en 41843, il fut nommé Maître de conférences à l'École normale en 1857, suppléa Delafosse à la Sorbonne de 1873 à 1876 et le remplaça au Muséum en 1876 où il professa jusqu'en 1892, époque à laquelle il fut nommé professeur honoraire. Mais ses goûts l’entraïnaient plutôt vers le travail personnel et solitaire que vers l’amphithéâtre. Il fut du reste, jusqu’à la fin de sa carrière, privé de laboratoire convenablement organisé et des ressources que donnent généralement les situations officielles. Il dut toujours travailler avec des moyens matériels insuffisants et à l’aide de ses ressources particulières. Les miné- ralogistes qui sont venus au Muséum, il y a quelques années seulement, dans le couloir situé sous la galerie de Minéralogie, se souviennent de l'étrange disposition de la petite salle basse, pompeusement décorée du nom de Laboratoire de Minéra- logie, dans laquelle des fenêtres étroites à barreaux de fer rectangulaires rendaient impossible l’usage de tout instrument d'optique et transformaient, comme le disait gaiement Des Cloizeaux, tous les minéraux en cristaux uniaxes. Aussi, ce fut chez lui qu'il fit tous ses travaux; dans son cabinet, encombré de livres, de brochures, d'instruments de tout genre, transformé en laboratoire et en atelier de lapidaire, il menait de front les plus délicates mesures et le travail manuel de l’opticien, aussi habile ouvrier qu'expérimentateur consommé. Malgré leur multiplicité, les travaux de cabinet n’ont pas absorbé toute l’activité de Des Cloizeaux; bien que ses études aient été surtout du domaine de la physique, il était naturaliste dans l’âme. Il ne voyait pas seulement dans un minéral matière à recherches physiques ou chimiques, toutes les questions se rattachant à l’origine, au gisement des minéraux, à leur rôle géologique, l’intéressaient au plus haut point. Aussi voyagea-t-il beaucoup pour voir en place les minéraux dont il étudiait la structure et les propriétés physiques: c’est dans ces nombreuses pérégrinations, qu'il noua d'intimes relations dans leur pays d'origine avec les minéralogistes les plus éminents de son temps: Angstrom, Breithaupt, Haidinger, Haussmann, Kokscharoff, Miller, Naumann, vom Rath, G. Rose, Scaechi, Sella, pour ne citer que les morts. Ses premiers grands voyages eurent lieu en 1845 et 1846. Dès cette époque, les physiciens se préoccupaient de la rareté du spath d'Islande. Biot, auprès duquel Des Cloizeaux travaillait au Collège de Franec, ayant eu l’occcasion de l’apprécier, le fit charger de deux missions en Islande. Des Cloizeaux ne se contenta pas de déterminer exactement le gisement du précieux minéral, il fit d'intéressantes observations sur les geysers avec son compagnon de voyage, le célèbre Bunsen, et rapporta une riche collection de minéraux et de roches qui lui servirent plus tard pour divers travaux: c’est de ce voyage que date la découverte de la christianite. En 1868, il fut chargé par le ministre de l’Instruction publique d’une mission en Suède, en Norvège et en Russie. À diverses reprises, il parcourut la plus grande partie du reste de l’Europe et fit en France de nombreux voyages qui lui permirent de recueillir d'innombrables observations. * Véritable bénédictin, Des Cloizeaux avait un entrain à l’œuvre, une puissance BULLETIN. XVII de travail, une persistance dans les desseins, une ténacité extraordinaires ; il pou- vait pendant des années poursuivre sans répit la même recherche (ses travaux sur les feldspaths en sont un exemple), et s'isoler en quelque sorte du monde exté- rieur, revenant au problème cherché au milieu des occupations de tous les jours La mobilité de sa conversation (enait généralement à ce qu'il continuait dans la rue le travail commencé dans le silence de son cabinet. Une autre caractéristique de son esprit élait une honnêteté scientifique rigide, une conscience inflexible, jointes à un soin constant de l'exactitude et de la préci- sion, mais de la précision réfléchie. IT était ennemi, en effet, de cette précision illusoire que donnent des mesures poussées jusqu'à la seconde el effectuées sur des quantités qui, d'un eristal à un autre où même dans un même cristal, peuvent varier de plusieurs minutes et même de plusieurs degrés. C'est cette conscience toujours en éveil qui, même à la fin de sa vie, lui rendait pénible le moment de la signature du bon à tirer d'un travail quelconque; il cherchait jusqu'à la dernière minute à perfectionner son œuvre, la rebâtissant parfois de fond en comble, alors qu'elle semblait achevée. Lorsque Des Cloizeaux avait touché à un sujet, il le considérait comme sien, ne le perdait plus de vue, y revenait sans cesse, au fur et à mesure qu'il perfectionnait ses méthodes ou que les travaux d'autres savants appelaient son attention sur la question. C’est ainsi qu'on le voit vers le milieu de sa carrière étudier à l’aide des propriétés optiques des cas difficiles, qu'il avait jadis cherché à résoudre cristallo- graphiquement, puis y revenir plus tard encore : ses divers mémoires sur la wühle- rite, la christianite et l'harmotome sont dans ce cas. Des Cloizeaux lisait avec avidité tout ce qui se publiait sur la science qui lui était chère, mais en parlait peu. Quand il avait sous la main le minéral décrit, il résistait rarement, ou plutôt il ne résistait jamais au désir de répéter l'expérience indiquée ou de vérifier la description donnée, cherchant toujours à se former une opinion personnelle sur le sujet. Cette curiosité scientifique insatiable, l'entrainant continuellement à des observations nouvelles au milieu du travail du moment, a été l’un des éléments de suceès de son Manuel de Minéralogie, mais elle est aussi le secret de son inachèvement. Vivant au milieu des minéraux, vivant pour eux, il les aimait passionnément. Quand l'heure de la retraite impitoyable eut sonné, bien qu'il n'en ait jamais confié le secret à personne, ce fut avec un serrement de cœur qu'il quitta cette grande collection du Muséum qui lui rappelait de longues années de travail, de découvertes et de hautes jouissances, cette collection dans laquelle il laissait un morceau de Tui- même. Cetamour des minéraux ne l’a abandonné qu'avec la vie; peu avant sa mort, alors qu'il ne quittait plus son lit, je lui porlai quelques cristaux de cinabre, venus de Chine ; illes prit dans ses mains défaillantes, et un rapide sourire passa sur ses lèvres à la vue de ce minéral qui lui rappelait ses chères études et l'une de ses plus brillantes découvertes. Cultivant une science peu bruyante, Des Cloizeaux était un modeste: n'ambi- NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3e série. — IX. C XVIII NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. tionnant que l'estime de ses pairs, ila toujours négligé de faire valoir ses travaux auprès du grand public qui l'ignorait, mais partout où il existe un minéralogiste, son nom est populaire. Aussi, lorsqu'en 1892, la Société française de minéralogie voulut fêter le einquantenaire de la première publication de son fondateur, et en même temps lui donner un témoignage de son unanime admiration, les minéra- logistes du monde entier répondirent-ils nombreux à son appel. Tous les honneurs qu’un savant peut désirer vinrent le trouver. Élu membre de l'institut en 1869, il devint président de l'Académie des sciences et des cinq acadé- mies en 1889. La Société Royale de Londres lui décerna en 1870 la médaille Rumford et la Société géologique de Londres la médaille Wollaston en 1886. Il faisait partie depuis longtemps de ces deux célèbres compagnies. En 1878 il avait été nommé docteur Lonoris causa de l'Université de Leyde et était membre d’un grand nombre d’académies étrangères (1). Officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique, il était décoré de divers ordres étrangers (2). Sous des dehors un peu brusques, Des Cloizeaux était d’une grande bienveillance. Les jeunes gens, les débutants, aussi bien que les savants en renom, trouvaient auprès de lui un accueil plein d’aménité : je ne puis me rappeler sans émotion les encouragements qu'il me prodigua lorsque, pauvre étudiant sans recomman- dations, je vins le trouver au Muséum en débarquant de ma province. Il était toujours prêt à mettre au service de celui qui le sollicitait sa profonde connais- sance des minéraux et son érudition inépuisable. Chez lui, les qualités du cœur étaient à la hauteur de la science, il était habile à concevoir et à susciter de chaudes et durables amitiés, cachant souvent sous une enveloppe un peu rude, d'exquises délicatesses de sentiment. Ses affections de famille étaient profondes et seules pouvaient le distraire de ses travaux; je l'ai souvent admiré, au cours de longues heures de travail en commun, en le voyant abandonner un calcul compliqué, ou une observation optique passionnante, pour répondre au premier appel de sa petite-fille, la joie de ses dernières années, et raccommoder gravement un jouet brisé. Au cours de sa longue existence, Des Cloizeaux a été frappé par des coups doulou- (1) Il était membre étranger de l’Académie des sciences de Danemark, associé étranger de l’Académie des Lincei, des Académies des sciences de Belgique, de Stockholm, de la Société royale des sciences de Gôtlingen, correspondant des Académies des sciences de Berlin, de Boston, de Munich, de New-York, de Pesth, de Saint-Pétérsbourg, de Turin, de Vienne, membre honoraire de la Société française de minéralogie, de la Société minéralogique de Saint-Pétersbourg, de la Sociélé des amis de la nature de Moscou, des Sociétés géologiques d'Irlande, de Stockholm, de Belgique et de Californie, de la Philosophical Society de Cambridge, des Sociétés des sciences de Harlem, d'Upsal, des naturalistes de Bâle, de la Société de physique de Genève, de la Société hel- vétique des sciences naturelles, de l'American philosophical Society de Philadelphie, de la Société des naturalistes de la Nouvelle-Grenade, membre de la Société géologique de France, de la Société académique de l'Oise, de la Société Ramond, etc. (2) Grand-croix de Saint-Stanislas de Russie, Commandeur de l’ordre de Saint-Olaf de Suède et de la Rose du Brésil, chevalier de l’ordre des Saints-Maurice-et-Lazare. BULLETIN. XIX reux et répélés qui lui ont été adoucis par des convictions religieuses vivaces et par les soins dévoués des deux nobles femmes qui ont entouré toute sa vie de délicates tendresses. Le premier mémoire de Des Cloizeaux date de 1842 ; à partir de cette époque, il n'a cessé pendant cinquante-deux ans de publier presque chaque année de nom- breux travaux. Jusqu'en 1855, son œuvre est exclusivement cristallographique; sa première publication, consacrée à l'étude des propriétés optiques des minéraux, date de cette année ; dès lors, ce nouveau genre de recherches l'absorbe presque entièrement et il ne publie plus guère de travail eristallographique sans y ajouter quelques observations opliques. Peu chimiste lui-même, Des Cloizeaux eut l'heureuse fortune de trouver dès sa première Jeunesse en M. Damour, l’habile chimiste auquel la minéralogie doit tant d'analyses délicates, non seulement l'ami sûr auquel il devait être attaché jusqu à la mort, mais encore le conseil dévoué qui l’a aidé souvent de son expé- rience et avec lequel il a publié plusieurs mémoires importants. Les travaux ceristallographiques de Des Cloizeaux ont toujours eu un but des- criptif, celui de fixer la forme et de déterminer avec le plus de précision possible les constantes eristallographiques d'un grand nombre de minéraux ou de sels de la chimie. Il s’est attaqué soit à des substances nouvelles, rares ou inconnues à ce point de vue, telles que la homilite, la herderite, la beudantite, la nadorite, la huréaulite, la barytocalcite, la descloizite, la dufrénoysite, l’ilvaïte, le malacon, la gadolinite, la cymophane, la claudetite, la gay-lussite, la greenockite et l'iody- rite, etc., soit à des minéraux communs offrant quelque incertitude dans leurs formes : apatite, gypse, anatase, réalgar, rutile, gehlenite, melilite, wolfram, niobite, christianite, harmotome, etc. Il a publié, en outre, de nombreuses notes sur des espèces minérales provenant de gisements nouveaux ou peu connus (adamine du Laurium, etc.). Son œuvre cristallographique capitale est son mémoire sur le quartz qui est resté un modèle du genre. Il l'entreprit en 1853, à la suice de l'examen qu'il avait fait de cristaux de quartz du Valais ; la structure intime du quartz appelait alors son attention. Il voulut passer en revue les cristaux de quartz des collections publiques de Paris, sans avoir l'intention du reste d'entreprendre un travail cristallographique que le mémoire de G. Rose paraissait rendre superflu ; il ne larda pas cependant à trouver tant de faits nouveaux qu'il fut entrainé à écrire une véritable monographie de ce minéral; elle lui coûta plus de deux ans de travail. Aux 35 formes connues jusque-là dans le quartz, il en ajouta 134 nouvelles, faisant pour la plupart partie de zones Intéres- santes et offrant une complication de symboles plus grande que celle qu'on élait alors habitué à trouver dans les cristaux. Tous les échantillons étudiés n'avaient pas fourni, à beaucoup près, de bonnes mesures; très fréquemment, Des Cloizeaux eut à hésiter entre plusieurs symboles également compliqués: par XX NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. un usage habile de la considération des zones, par un sentiment cristallographique très fin, il sut toujours faire un choix heureux entre les diverses hypothèses qui se présentaient à lui, et les travaux plus récents effectués sur ce sujet, si souvent étudié et jamais épuisé, sont venus donner de multiples et éclatantes vérifications à son œuvre. Les macles du quartz ont beaucoup occupé Des Cloizeaux; par des mesures nombreuses il a montré que les macles à axes parallèles, si bien étudiées par G. Rose, ne s'effectuent que rarement avec la précision théorique, qu'il y a souvent des oscillations atteignant 2° autour des nombres donnés par le calcul, exemple de cette tolérance qui s’observe si souvent dans les phénomènes naturels en général et dans les groupements cristallins en particulier. Il a en outre précisé la très rare macle à axes inclinés qui porte le nom de macle de la Gardette. Les enchevêtrements par pénétration ont été étudiés par lui à l’aide des propriétés optiques ; il a montré toute leur complexité et fixé leurs moindres détails par la photographie, employée pour la première fois dans des recherches de ce genre. Ses études cristallographiques n'ont pas toutes fait l'objet de publications spéciales, il en a disséminé un grand nombre dans son Manuel de minéralogie et dans ses mémoires consacrés plus spécialement à des observations optiques; c'est ainsi par exemple que l’on trouve dans ses Nouvelles recherches sur les propriétés opliques des cristaux, insérées dans le tome XVII des Mémoires des savants étrangers, de véritables monographies cristallographiques de la carnallite, de la tachydrite, de l’adamine, et de la pisanite isomorphe de la mélantérite, de la vivianite, de la prosopite, ainsi que d’un certain nombre de sels. Parmi ses études cristallographiques consacrées spécialement à la détermination de sels artificiels, il y a leu de citer ses travaux sur divers tartraltes et sa mono- graphie des seis de thallium, la détermination du système cristallin du silicium et du magnésium, etc. L'autorité acquise par Des Cloizeaux comme cristallographe est attestée par la confiance accordée à ses mesures par tous les minéralogistes et par l'adoption de la plupart de ses données par les auteurs des traités de minéralogie les plus récents. Mais son influence dans la science cristallographique s’est manifestée d'une autre façon encore ; c’est grâce à lui en effet, grâce à l'exemple qu'il a donné dans ses mémoires el dans son Manuel de minéralogie que la notation eristallographique de son maitre Lévy a été universellement adoptée en France. Des Cloizeaux se plaisait à faire valoir la grande commodité de ce système, ses avan- tages au point de vue descriptif, au point de vue de l’enseignement oral et de l'inscription sur les figures des cristaux de symboles qui dans le plus grand nombre de cas sont constitués par une seule lettre. Il ne se dissimulait pas cependant l'inconvénient qu'il présente d’avoir pour axes les trois arêtes aboutissant à l'angle antérieur du prisme pris comme forme primitive, et non les axes adoptés dans les autres systèmes de notation; mais son attachement à ce genre d'axes tenait à BULLETIN. XXI son grand désir de donner une réalité objective à la forme primitive du cristal qu'il étudiait, à choisir pour celle-ci une forme fréquemment réalisée dans la nature et possédant quelque propriété physique intéressante, telle que des clivages par exemple. IL était du reste grand admirateur de Miller et de son système qu'il utilisait fréquemment pour le caleul. Les travaux cristallographiques qui viennent d'être brièvement passés en revue suffiraient à eux seuls pour établir la réputation d'un savant, ils ne forment qu'une faible partie de l'œuvre scientifique de Des Cloizeaux. La partie la plus durable de celle-ci est constituée en effet par ses travaux sur les propriétés optiques des minéraux. Pour bien les apprécier, il faut se reporter au point où en était leur connaissance lorsqu'il les aborda. Elles n'étaient guère encore sorties des laboratoires de physique. Des Cloizeaux m a raconté bien souvent ses premières expériences effectuées au Collège de France sous la direction de Biot pour la mesure des angles d'extinction des clivages de gypse, sans microscope, par roltalion d'une large lame entre deux nicols placés aux extrémités d'un tube incliné. Les microscopes d’Amici et de Nürremberg faisaient alors leur apparition et son premier instrument, construit à l’aide de len- lilles que lui avait envoyées Amici [ui-même, est conservé au Muséum comme une précieuse relique. Il y a loin de cette pesante machine aux délicats instruments dont se servent aujourd'hui les débutants dans nos laboratoires ! Personne alors parmi les minéralogistes, sauf son maître de Senarmont, trop tôt enlevé à la science, ne se doutait de l'importance que devaient prendre les pro- priétés optiques dans l'étude des minéraux, et Des Cloizeaux m'a montré un jour des lettres de son ami de Marignac, écrites dans la période de tätonnements qui précéda ses premiers mémoires, lettres dans lesquelles le célèbre chimiste et eris- tallographe le raillait affectueusement de son entêtement dans une semblable voie. Aux prises avec de multiples difficultés, mais animé de cette ardeur et de cette persévérance qui élaient parmi ses qualités maïtresses, Des Cloizeaux sut trouver de grandes ressources dans son esprit ingénieux et inventif. Sous sa main, le microscope de Nürremberg construit par Soleil prend une forme nouvelle ; son champ augmente, permettant d'observer les plus délicats phénomènes avec des plaques de dimension relativement restreinte. Les limites d'observation, néces- sairement très étroites jusque-là, s'élargissent. Des Cloizeaux voit dès lors devant lui une source presque illimitée de recherches, il fait le rêve enthousiaste de déterminer les propriétés optiques de tous les corps transparents et translucides, étendant ses recherches au delà des limites habituelles à la plupart des minéralo- gistes de son temps, effacant les barrières factices qui limitaient leurs observations aux seuls corps existant dans la nature et annexant tous les sels de la chimie. Il se met à l’œuvre avec une ardeur dévorante qui ne devait s'éteindre qu'avec la vie. A l'ancien procédé employé pour mesurer l'écartement des axes optiques par rotation de la lame, taillée normalement aux bissectrices, autour de l'axe d'un XXII NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. goniomètre de Wollaston, il substitua le microscope horizontal qui est aujourd'hui encore en usage, le disposant pour les mesures dans l'air ou dans un liquide approprié pour les substances ayant un écartement d’axes très grand. Lorsque plus lard ses travaux sur les variations de l’écartement des axes optiques le nécessitèrent, il disposa l'original appareil qui a donné entre ses mains de si intéressants résultats. Jusqu'à lui, l'étude de la dispersion s'était faite par la mesure directe de l'écartement des axes optiques pour diverses lumières monochromatiques. Plusieurs physiciens, Nürremberg, Neumann, Herschell et plus récemment de Senar- mont, avaient remarqué que les minéraux orthorhombiques présentent des variétés dans la disposition des couleurs dans les anneaux, fournis par les sections perpen- diculaires aux bissectrices, quand on les examine en lumière convergente et que, dans quelques substances monocliniques, ces couleurs offrent une certaine dissymétrie. Des Cloizeaux s'empara de ces observations, montra leur généralité, les systématisa et mit en lumière leur importance pour la détermination du système cristallin des substances qui présentent de semblables phénomènes. Il fit voir quelles lois régissent cette distribution des couleurs dans les lames des minéraux rhombiques, suivant le sens de la dispersion des axes cptiques. Dans les substances monocliniques, il définit les. dispersions inclinée, tournante ou croisée des bissectrices, suivant la position de ces dernières par rapport à l'axe de symétrie binaire, et enfin étudia dans les substances tricliniques les mélanges de ces diverses dispersions. Ce nouveau procédé d'investigation prit entre ses mains une très grande importance ; il le maniait du reste avec une habileté incompa- rable. Son œil percevait dans une figure donnée par la lumière convergente, des nuances qui surprenaient un observateur moins exercé. Les déductions qu'il en irait et qu'il cherchait du reste toujours à vérifier par d’autres procédés étaient rarement en défaut. Enfin, pour terminer l'énumération des méthodes que la science minéralogique doit à Des Cloizeaux, il me reste à rappeler les formules qu'il a établies pour calculer l’indice moyen et lécartement réel des axes optiques des substances à deux axes en fonction de l'angle apparent des axes optiques, mesurés autour de chacune de leurs bissectrices. L'âge n'avait en rien affaibli son ardeur pour les recherches d'un genre nouveau et lorsqu'il y a près de vingt ans des perfectionnements apportés aux anciens appareils vinrent modifier les procédés d'investigation qu'il avait toujours pratiqués, lorsque surtout M. E. Bertrand construisit un microscope analogue à celui dont se servent les pétrographes et dans lequel était introduite la lentille qui porte le nom de ce dernier savant, vit-on Des Cloizeaux abandonner résolument pour toujours l’ins- trument de ses anciennes recherches et se remettre au travail avec une ardeur juvénile, repassant en revue, en quelques années, avec le nouveau micros- cope, toutes les préparations de cristaux qu'il avait étudiées depuis vingt-cinq ans, s'acharnant sur toutes les substances qu'il n'avait pu jadis débrouiller complè- tement, donnant ainsi à ses élèves un entraînant et fortifiant exemple. BULLETIN. XXIII Il ne peut guère être question dans cette notice de passer en revue même briève- ment toutes les publications consacrées par Des Cloizeaux à l'étude des propriétés optiques des substances cristallisées, je me contenterai donc de noter les principaux. En 1857, 1858 et 1867 il a donné dans les Annales des mines et dans le Recueil des savants Ctrangers trois grands mémoires renfermant Ie résultat de ses recherches et montrant le progrès de ses méthodes ; il y passe en revue d'une facon plus ou moins complète les propriétés optiques de 468 minéraux ou sels, ce qui constitue à peu de chose près le bilan de ee qui était connu à ce point de vue au moment de leur publication. Dans le mémoire de 1857, qui lui servit de thèse de docteur ès sciences physiques, Des Cloizeaux étudie particulièrement le signe optique des substances biréfrin- gentes en montrant son importance pour la distinction des substances miné- rales. Sous l'influence d’un récent mémoire de H. de Senarmont sur les propriétés opliques des corps isomorphes, il insiste sur ce fait que des corps isomorphes peuvent avoir des signes optiques différents. D'autre part, frappé par la découverte qu'il vient de faire de types positifs et de types négatifs dans l’apophyllite, la pennine, le clinochlore, l’eudyalite (eucolite), il définit l'espèce minérale telle qu'il la comprendra désormais, c’est-à-dire la réunion des individus dont tous les caractères chimiques et optiques sont semblables, alors que le groupe ou la famille se composera de la réunion des individus ayant la même forme cristalline, mais dont la composition chimique offre des variations soumises aux lois de l’'isomor- phisme et dont les propriétés optiques peuvent se manifester par des signes contraires, les différences de propriétés optiques étant consécutives des variations chimiques. Son second mémoire, paru en 1858, montre un grand progrès dans les méthodes; c'est à partir de ce moment qu'il utilise d'une façon constante les caractères tirés de la dispersion et qu'il les définit. Dans un mémoire publié en 1864, il est revenu avec plus de détails sur ce dernier sujet et a donné la description circonstanciée de toutes les méthodes employées par lui pour la détermination des propriétés optiques des corps cristallisés. Enfin son troisième grand mémoire publié en 1867 est consacré non seulement à la suite des recherches précédentes, mais encore à la publication d'un travail poursuivi pendant plusieurs années sur la variation que l'écartement des axes optiques présente sous l'influence de la chaleur. Des modifications temporaires dans l’écartement et la position des axes optiques étaient connues dans le gypse et dans la glauberite. Des Cloizeaux découvrit que l'orthose présente cette même propriété; en chauffant une lame de ce feldspath taillée perpendiculairement à sa bissectrice aiguë, il vit les axes optiques disposés tout d’abord dans un plan normal au plan de symétrie, se resserrer, se réunir, puis s'ouvrir dans un plan perpendiculaire au premier. Quand l'échauffement ne dépasse pas 400 degrés, par refroidissement, les phénomènes se produisent dans un ordre inverse; mais si la tempéralure est poussée à 700 ou 800 degrés. XXIV NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. les modifications deviennent permanentes. Cette observation d'un phénomène nouveau présentait d'autant plus d'intérêt qu'il existe des gisements volcaniques dans lesquels l’orthose possède le second mode de disposition du plan des axes optiques. Après cette brillante découverte, Des Cloizeaux, suivant sa méthode habituelle, se hâta d'essayer l’action de la chaleur sur tous les corps qu'il avait précédemment étudiés; il ne retrouva des phénomènes identiques à ceux de l'orthose que dans trois substances : la brookite, la cymophane et la zoïsite; mais dans un grand nombre de cristaux biaxes, il observa des variations reversibles. Dans beaucoup de substances orthorhombiques, l'angle des axes optiques varie sous l'influence de la chaleur dans des proportions plus ou moins grandes qu'il détermina. Dans les minéraux monocliniques, il constala en outre pour quelques- uns d'entre eux des variations dans la position des deux indices compris dans le plan de symétrie. Quant aux minéraux tricliniques étudiés à ce point de vue, il ne lui montrèrent aucune modification appréciable. L'étude de la polarisation rotatoire, abordée au point de vue expérimental, fut pour lui une source d'importantes découvertes; c'est ainsi qu'il trouva le pouvoir rotatoire du cinabre, dix-sept fois plus considérable que celui du quartz, qu'il fit voir que le sulfate de strychnine possède le pouvoir rotatoire à la fois dans ses cristaux et dans ses dissolutions, ce fut le premier corps connu possédant cette propriété. Il montra par contre que le benzile ne possédait le pouvoir rotatoire que dans ses cristaux et les camphres seulement dans leurs dissolutions. Avant d'aborder une des œuvres capitales de Des Cloizeaux, je tiens à citer les mémoires dans lesquels il établit, à l’aide des propriétés optiques, l'existence de types orthorhombiques dans les groupes jusqu'alors considérés comme exelusi- vement monocliniques, la zoïsite dans celui des épidotes, l'hypersthène, l’ensta- üte, la bronzite dans celui des pyroxènes, enfin l’anthophyllite parmi les amphiboles ; les mémoires dans lesquels il fit voir que les minéraux à terres rares (gadolinite, orthite, homilite, ete.), dont il avait étudié les propriétés pyro- gnostiques curieuses en commun avec M. Damour, étaient formés par des plages biréfringentes (dont il a déterminé les propriétés optiques), noyées dans une masse monoréfringente provenant peut-être de l’hydratation des premières; ses mémoires sur les formes et les propriétés optiques du wolfram, de l’amblygonite et de la montebrasite, de l'huréaulite, de la descloizite, de l’'orpiment, de la cryolite et des minéraux qui l'accompagnent, de la téphroïte, de la durangite, de la wôhlérite, de l’harmotome, de la christianite, de la gismondine, de la erocoïse, de la vauquelinite, de la nadorite, des trois types de humite de Seacchi dans lesquels il établit l'existence d’un type rhombique et de deux types monocliniques à pro- priétés optiques différentes, sa note sur l'existence d’un carbonate de fer et de magnésie dans la météorite d'Orgueil, ete. Des Cloizeaux a en outre établi, soit seul, soit en collaboration avec M. Damour, un certain nombre d'espèces minérales : la christianite, l’otrélite, la chalcoménite, la serpiérite, etc., et surtout le microcline. BPTENENE XXV J'arrive maintenant à une longue série de recherches qui ont occupé Des Cloizeaux pendant plus de vingt ans, je veux parler de ses travaux sur les feld- spaths ; ces minéraux ont une importance considérable au point de vue de leur rôle dans la constitution des roches. Leur connaissance est la base même de tous les systèmes de elassilication pétrographique et c’est là une des causes principales de l'intérêt passionné que leur a porté Des Cloizeaux. On a vu déjà plus haut à quelle découverte importante l'avait conduit l'étude de l'orthose; en poussant plus loin l'étude microscopique de ce minéral, il vit qu'un grand nombre de cristaux, ayant la même composition chimique, étaient en réalité tricliniques, avec forme limite monoclinique ; il montra les curieuses macles et les propriétés opliques de cette substance nouvelle qu'il appela #icrocline et dont les propriétés optiques, à l'inverse de celles de l’orthose, présentent une remarquable stabilité à toutes les températures. Ce fut un véritable triomphe pour ses délicates méthodes d'investi- gation que de l'avoir conduit à la découverte d'une espèce nouvelle dans un groupe de minéraux aussi connus que les feldspaths potassiques sur lesquels le dernier mot semblait dit. C'est à Des Cloizeaux que nous devons les premières notions précises sur les propriétés opliques des plagioclases; leur détermination présentait de nombreuses difficultés, non seulement à cause de la dissymétrie triclinique de ces feldspaths, mais encore en raison de la rareté de leurs cristaux et de leurs petites dimensions. Il eut besoin de toute son ingéniosité, de toute son habileté manuelle pour mener à bien son œuvre par approximations successives. Il attachait du reste un grand prix à la collection des feldspaths taillés qui lui avait demandé tant de travail, il les a donnés à son laboratoire du Muséum où je leur ai assuré une place digne de leur intérêt historique. Après avoir établi les propriétés optiques de tous les plagioclases, d’une facon aussi exacte que le permettaient les méthodes employées et la nature des échantil- lons étudiés, Des Cloizeaux s’est surtout attaché à l'étude détaillée des types acides, de l’albite à l'andésine, montrant notamment les variations que présentent à ce point de vue les oligoclases; il a eu la satisfaction de voir un de ses confrères, M. Fouqué, continuer son œuvre pour les plagioclases basiques. Les données fournies par Des Cloizeaux sur les plagioclases ont permis en 1875 à M. Michel Lévy de construire ses courbes sur les extinctions en zone de ces feldspaths, elles ont fourni à Mallard les bases de son mémoire sur la loi de Tscher- mak. Aiïmant peu les controverses et les. théories, Des Cloizeaux s'est tenu presque à l'écart de la discussion soulevée par cette loi célèbre, s'applaudissant toutefois des progrès énormes qu'elle faisait faire à la connaissance des feldspaths et de la part qu'y prenaient ses disciples. Des Cloizeaux avait dès l'origine senti toute la portée de son œuvre au point de vue de l'étude des importantes et multiples questions qu'elle soulève. Sans avoir lui-même participé directement à la transformation de la pétrographie moderne, il n'ignorait pas que ses travaux avaient contribué pour une très large part à NOUVEILES ARCHIVES DU MUsFU», 3e série. — IX. d XXVI NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. l'éclosion et au progrès de cette nouvelle branche de la minéralogie et il était heureux d'en suivre le rapide essor. En terminant, il me reste à parler de l'œuvre de prédilection de Des Cloizeaux, de celle à laquelle il a travaillé tant qu'il a pu tenir une plume et dans laquelle il s'est mis tout entier, de ce beau livre qu'il a appelé modestement Manuel de Miné- ralogie. Lorsqu'il l'entreprit, il voulait seulement publier une traduction de l’ou- vrage de Brooke et Miller, An elementary introduction to nuncralogy, mais bientôt les nombreuses observations personnelles qu'il avait recueillies le conduisirent à écrire un livre nouveau, resté malheureusement inachevé. Ce livre diffère de tous ceux qui l'ont précédé par deux points principaux. Des Cloizeaux s'était donné la {âche d'indiquer en détail les propriétés optiques de tous les minéraux {ransparents ou translucides; il s'était proposé d'autre part de faire pour chaque espèce minérale l'inventaire de toutes les formes connues el d'établir de longues listes d'angles calculés, soigneusement classés par zones sui- vant un ordre invariable qui évite de longues recherches, et mises en regard des angles mesurés par divers auteurs ou par lui-même. Cette comparaison des données de l'expérience etdu calculavait pour but de mettre en lumière les variations qu'est susceptible de présenter une même espèce minérale suivant ses variations de composition chimique et suivant ses gisements. L'introduction des projections stéréographiques dont Miller venait de faire un si habile usage donna à cet inven- laire cristallographique une clarté toute particulière. Des Cloizeaux s'était donné pour règle de ne jamais citer dans son Manuel un seul nombre sans le vérifier par le calcul, et il faut avoir assisté, comme j'ai eu l'occasion de le faire, à l'exé- cution d'une partie de cette œuvre pour se rendre compte du prodigieux effort de travail que ce livre a coûté à son auteur. Dans son Manuel, Des Cloizeaux établit l'état de la science au moment où il écrit, effaçcant complètement sa person- nalité, n'ayant aucun souci de mettre en première place les innombrables obser- valions originales qu'il y sème à chaque page et d'échapper ainsi au reproche de compilation qui atteint infailliblement tout auteur d’un ouvrage de ce genre. Cette notice serait incomplète, si je ne rappelais la part prépondérante prise par Des Cloizeaux à la création de la Société française de m néralogie dont il fut deux fois le président et dont il était membre honoraire. Jusqu'en 1878, il n'exis- lait aucun lien entre les minéralogistes français dont les travaux élaient épars dans diverses publications. Des Cloizeaux employa sa grande autorité et son entrain habituel à établir un trait d'union entre tous ceux qui, de près ou de loin, s'intéressent aux éludes minéralogiques. Il était fier du rapide développement de cette Société où il se sentait entouré par une unanime admiration pour son œuvre et une respectueuse affection pour sa personne. " £" L n : . . LE A . - a + n x L ' . CR va L * 0 : k ï ü ( Fr = D M [e. = TJ Hélioô. Du mp .Wittmann 1] € 2 C 1817-1 LPS DES OUVRAGES ET MÉMOIRES PUBLIÉS DE 1842 A 1894 P AR A. LEGRAND DES CLOIZEAUX MEMBRE DE L' ACADÉMIE DES SCIENCES.DE L'INSTITUT DE FRANCE”, PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR AU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE 1842. — Extrait d'un mémoire de M. Piitiages sur les principaux minerais de manganèse. “Ann. dès mines, t. 1, p. 409. — Cristallisation de l'aeschynite. ANNE HAN ES ELEC A9 — Cristallisation de la chaux phosphalée. AnnVdestnimes Coll pe 352: — De l'ottrélite, nouvelle espèce minérale (en commun avec M. Damour. Ann. des mines, t. Il, p. 391. —_ Détermination des formes primitives et secondaires de la monazite, nouvelle éspèce minérale. Ann. des mines, t. 11, p. 362. 1843. — Détermination des formes cristallines de la Gay-Lussite. Ann. de Chimie et de Physique, t: VII, p. 489. — Recherches chimiques et cristallographiques ayant pour résultat la réunion de, la mellilite et de la humboldtilite en uné séule et mème espèce minérale (en commun avec M. Damour). Comptes rendus, t. XVII, p. 1245. 1844. — Nouvelle déterminalion de la forme primitive du gypse. Ann. de Chimie et de Physique, t. X, p. 53. XX VII 1844. 1845. 1845. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. — Note sur la détermination de la forme primitive de la humboldtilite. Ann. de Chimie et de Physique, t. X, p. 69. — Examen cristallographique des cristaux de Horhausen désignés sous le nom de beudantite. Ann. de Chimie et de Physique, t. À, p. TI. — Examen cristallographique et réunion du néoctèse à la scorodite. Ann. de Chimie et de Physique, t. X, p. 402. — Note sur les formes cristallines de l’anatase. Ann. de Chimie et de Physique, t. À, p. 420. — Note sur les formes cristallines du réalgar. - Ann. de Chimie et de Physique, t. X, p. 422. — Analyses de quelques substances minérales : pennine, chlorite hexago- nale et talc (en commun avec de Marignac). Bibliothèque universelle de Genève, t. XLIX, p. 131. Ann. de Chimie et de Physique, t. X, p. 427. — Formes cristallines du cadmium sulfuré. Ann. de Chimie et de Physique, t. XIIT, p. 326. — Descriplion de quatre arséniates de cuivre différant par leur compo- sition et leurs caractères cristallographiques (en commun avec M. Damour). Comptes rendus, t. XX, p. 148. — Examen cristallographique de cinq variétés d'arséniate de cuivre. Ann. de Chimie et de Physique, t. XIII, p. AT. — Étude cristallographique des nitrates de protoxyde de mercure. Comptes rendus, t. AX, p. 1303. — Nouvel examen des formes cristallines de la cymophane. Ann. de Chimie et de Physique, t. AIIT, p. 334. — Formes cristallines de la perowskite. Ann. de Chinue et de Physique, t. XIII, p. 338. — Nouvelles recherches sur les deux variétés de barytocalcite (en commun avec M. Delesse). Ann. de Chimie et de Physique, t. XIIT, p. 498. Ann. des mines, t. VIII, p. 643. — Note sur une nouvelle macle du rulile. Ann. de Chimie et de Physique, t. XIII, p. 436. — Astérie fixe offerte par deux plaques de diamant. Comptes rendus, t. XX, p. 514. Ann. de Chimie et de Physique, t. XIV, p. 301. -— Observations minéralogiques faites en Islande pendant l'été de 1845. Comptes rendus, t. XXII, p. 736. BULLETIN. XXIX 1845. — Note sur la hauteur de l'Hékla et sur l’éruption de ce volcan au mois 1846. 1847. 1848. 1849. de septembre 1845. Comptes rendus, t. XXIIT, p. TH. — Conferves recueillies en Islande dans une source thermale à une tempé- rature de 98° C. Comptes rendus, t. A'XIIT, p. 934. — Os d’agneaux affectés d'exostose recueillis en Isiande. Comptes rendus, t. XXTIT, p. 934. — Observations sur les températures des geysers d'Islande (en commun avec W. Bunsen). Comptes rendus, t. XXITI, p. 934. — Examen cristallographique et réunion de la morvenite à l'hormotome. Comptes rendus, t. XXII, p. 745. Ann. des mines, t. IX, p. 339. -— Sur la willémite (en commun avec Delesse). Ann. des mines, t. X, p. 211. — Observations physiques sur les principaux geysers d'Islande. Comptes rendus, t. XXTIV, p. 456. — Mémoire sur les formes cristallines de la greenovite. Ann. de Chimie et de Physique, t. XX, p. 84. — Mémoire sur la christianite, nouvelle espèce minérale. Comptes rendus, t. XXV, p. 710. Ann. des mines, t. XII, p. 373. — Détermination des formes cristallines de la gehlenite. Ann. des mines, t. XII, p. 382. — Observations sur les températures à diverses profondeurs des principaux geysers d'Islande. Ann. de Chimie et de Physique, t. XIN, p. 444. — Sur le gisement du spath d'Islande. Bulletin de la Société géologique, t. IV, p. 768. — Note sur la forme cristalline du malakon, hydrosilicate de zircon, de Chanteloube (Haute-Vienne). Ann. de Chimie et de Physique, t. XXIV, p.94. Ann. des mines, t. XV, p. 106. —_ Notice de l'arkansite des États-Unis (en commun avec M. Damour.). Ann. des mines, t. XV, p. A417. 4850. — Rapport sur les observations physiques et géologiques faites en Islande pendant l'été 1846. Archives des missions scientifiques, [, p. 581. XXX 1850. 1854. 1855. 1856. 1851. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. — Mémoire sur les formes cristallines du wolfram. Ann. de Chimie et de Physique, t. XX VIII, p. 163. — Détermination de la forme cristalline de la wohlérite. Ann. de Chimie et de Physique, t. XL, p. 76. — Note sur la forme cristalline de l'iodure d'argent et son isomorphisme avec le sulfure de cadmium. Ann. de Chimie et de Physique, t. XL, p. 85. — Note sur la forme cristalline d’un nouveau vanadiate de plomb. Ann. de Chimie et de Physique, t. XLI, p. 78. — Mémoire sur la cristallisation et la structure intérieure du quartz Comptes rendus, t. XL, p. 101. Ann. de Chimie et de Physique, t. XLV, p. 199. — Note accompagnant l'envoi au nom de M. Greg d'un morceau de fer météorique renfermant des globules de plomb métallique. Comptes rendus, t. XLT, p. 490. — Note sur le diamant noir. Ann. des mines, t. VIIT, p. 304. — Notices minéralogiques sur la dufrénoysite, la baiérine et l'ilvaïte. Ann. des mines, t. VIII, p. 389. — Note sur la forme cristalline du silicium. Société philomathique, 23 février 1856. — Sur la cristallisation et les propriétés optiques du quartz. L'Institut, t. XXII, p. 161. — Mémoire sur l'emploi des propriétés optiques biréfringentes pour la distinction et la classification des minéraux cristallisés. Comptes rendus, t. XLIV, p. 322. Ann. des mines, t. À, p. 261, 342. L'Institut, t. XXVI, 1858, 111-112. — Note sur l'existence de la polarisation circulaire dans le cinabre. Comptes rendus, XLIV, p.876-878. — Note sur la découverte de la polarisation circulaire dans les cristaux de cinabre ét sur l'existence simultanée du pouvoir rotatoire dans les cristaux et dans les dissolutions de sulfate de strychnine. L'Institut, €. XXV, p.149: Pogg. Ann., t. CII, ATI. — Complément à la note sur l'existence de la polarisation circulaire dans le cinabre ct observations sur le pouvoir rotatoire des cristaux de sulfate de strychnine. Comptes rendus, t. NXLIV, p. 909. Ann. de Chimie et de Physique, p. 41-361. Pogg. Ann., t. CI, p. 4ï4. 1857. 1858. 1859. 1860. 1861. BULLETIN. XXXI — Examen de divers échantillons de sables aurifères et platinifères d'An- lioquia (en communavec M. Damour). Ann. de Chimie et de Physique, t. LI, p. 445. — Déterminalion des formes crislallines et des propriétés optiques de l'hu- réaulite. Ann. de Chimie et de Physique, t. LITI, p. 293. — Propriétés optiques biréfringentes et forme cristalline de la liroconite, L'Institut, t. XXVI, p. 420. Sur la cristallisation et la structure intérieure du quartz. Comptes rendus, t. ALVII, p. 29. Recueil des savants élrangers, t. AV, p. 404-614. — Deuxième mémoire sur l'emploi des propriétés optiques biréfringentes en minéralogie. Ann. des mines, t. XIV, p. 339. — Nouvelles recherches sur les propriétés biréfringentes des corps cristal- lisés. Comptes rendus, {. XLVIIT, p. 263 et 849. — Etude du camphre au point de vue de la cristallographie chimique. Comptes rendus, t. XLVIII, 1064. — Note sur la forme cristalline et les propriélés optiques du camphre. Ann. de Chine et de Physique, t. LVI, p. 219. —- Mémoire sur les formes cristallines et les propriétés optiques de la zoïsile, de la sillimanite et de la wohlérite, et note sur une nouvelle disposition du microscope polarisant. Ann. des mines, t. XVI, p. 219. — Examen des propriétés opliques ct pyrogénéliques des minéraux connus sous le nom de gadolinite, allanite, orthite, euxénite, tyrile, yltrotan- talite et fergusonitle (en commun avec M. Damour). Ann. de Chimie et de Physique, t. XLIX, p. 357. — Sur un nouveau procédé pour mesurer l'indice moyen et l’écartement des axes optiques dans certaines substances et sur la séparation de plusieurs espèces minérales regardées jusqu'ici comme isomorphes. Comptes rendus, €. LIT, p. 584-790. — Nole sur la forme cristalline d'un oxyde de manganèse artificiel. Comptes rendus, t. LIT, p. 1333. — Sur la forme des cristaux artificiels de fer oligiste produits dans les fours de M. Kuhlmann. Comptes rendus, t. LIT, p. 133%. XXI 1861. 1862. 1863. 1864. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. — Note sur les modifications temporaires et sur une modificalion perma- nente que l’action de la chaleur apporte à quelques propriétés optiques du feldspath orthose. Comptes rendus, t. LITI, p. 64. — Note sur la présence du zinc carbonaté, de la lherzolite et de la fluorine dans la chaîne des Pyrénées aux environs des Eaux-Bonnes. Bulletin de la Sociélé géologique, t. XIX, p. A6. — Manuel de minéralogie. Paris. Dunod, édit., t. [, 4 vol. in-8, xzvur- 572 pages et atlas. —— Relation entre les phénomènes de la polarisation rotatoire et les formes hémièdres ou hémimorphes des cristaux à un ou deux axes optiques. British Association, p. 38. — Nouvelles observalions sur les modifications permanentes et temporaires que l'action de la chaleur apporte à certaines propriétés optiques de plusieurs corps cristallisés. Comptes rendus, t. LV, p. 651. Ann. de Chimie et de Physique, t. EX VIIT, p. 191. Ann. des mines, t. II, p. 327. Bulletin de la Sociélé géologique, t. XX, p. 41. Pogg. Ann., t. CXIX, p. 481. — Note sur la forme cristalline et les propriélés opliques de la téphroiïte. Ann. des mines, t. II, p. 339. — Note sur les formes cristallines et les propriétés optiques biréfringentes du castor et du pétalite. Comptes rendus, t. LVI, p. 488. — Sur le pseudodimorphisme de quelques composés naturels ou artificiels. Comptes rendus, t. LVT, p. 1018. Bull. Soc. chimique, p. 290-300. — Sur les propriétés optiques biréfringentes et sur la forme cristalline de l’'amblygonite. Comptes rendus, t. LVII, p. 351. — Note sur la classification des roches dites hypérites et euphotides. Bulletin de la Société géologique, t. XXI. — Sur la présence d’un carbonate de magnésie et de fer dans la météorite d'Orguecil. Comptes rendus, t. LIN, p. 829. — Mémoire sur le pseudodimorphisme de quelques composés naturels et artificiels. Ann. de Chimie et de Physique, t. 1, p. 313. — Note sur les formes cristallines et les propriétés optiques biréfringentes du castor ct du pétalite. Ann. de Chimie et de Physique, t. LIT, p. 264. 1864. 1865. 1866. 1867. BULLETIN. XXXIII — Mémoire sur l'emploi du microscope polarisant et sur l'étude des pro- priélés optiques biréfringentes propres à déterminer le système cristallin dans les cristaux naturels ou artificiels. Ann. des mines, &. VI, p. 557. — Mémoire sur l'emploi du microscope polarisant et sur l'étude des pro- priétés opliques biréfringentes propres à déterminer le système cristallin dans les cristaux naturels ou artificiels. Comptes rendus, t. LAIT, p. 39. Ann. Poggend., t. CXXVI, p. 381. — Sur la présence d’un carbonate de magnésie et de fer cristallisé dans la météorite d'Orgueil. Ann. Poggend., t. CXX1IV, p. 191. Bulletin de la Société géologique, t. XXII, p. 24. — Origine de la karsténite de Modane en Savoie. Bulletin de la Société géologique, t. XXIT, p. 95. — De l'étude des propriétés optiques biréfringentes des cristaux. Schweizer Naturf. Gesell. Verhandl., t. XLIX, p. 64. — Bemerkungen zum Aufsatz von Herrn F. Pfaff: Ueber die Bestimmung der Brechungsexponenten doppeltbrechender Substanzen aus ibren Polarisationwinkeln. Ann. Poggend., t. CXXIX, p. 479. — Sur la forme cristalline et les propriétés optiques de l’adamine Comptes rendus, t. LXII, p. 695. Bull. Soc. Chim., t. V, p. 438. — Sur les propriétés optiques des cristaux naturels ou artificiels, et sur les variations que ces propriétés éprouvent sous l'influence de la chaleur. Comptes rendus, t. LXII, p. 987. Ann. Poggend., t. CXXIX, p. 345. — Nouvelles recherches sur les propriétés optiques des cristaux naturels ou artificiels, et sur les variations que ces propriétés éprouvent sous l'influence de la chaleur. Recueil des Savants étrangers, t. XVIII, p. 511-752. — Note surla tankite. Mém. Soc. minér., Saint-Pétershourg, t. II. — On the crystalline form of Pachnolite. Amer. Jour. of sciences, t. XLIIT, p. 267. — Note on the optical character of different micaceous mineral called Margarite. Amer. Journ. of sciences, !. XLIV, p. 283. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 32 série — IX. e XXXIV 1868. 1869. 1870. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. — Sur la forme clinorhombique à laquelle on doit rapporter l’harmotome et la wühlérite d'après de nouvelles recherches sur la dispersion de leurs axes optiques. Comptes rendus, t. LXVI, p. 199. Ann. de Chimie et de Physique, t. ATIT, p. MG. Mém. Soc. minér., Saint-Pétersbourg, t. III. Phil lrans COLIN p 45607 Proc. Roy. Soc., t. AVI, p. 319. Phil. Mag., t. XXXV, p. 461. — Études chimiques, optiques et cristallographiques sur les sels de thallium (en commun avec Lamy). Comptes rendus, t. LAVI, p. 1146. Ann. de Chimie et de Physique, t. XVII, p. 310. — Note sur la forme cristalline et sur les propriétés optiques du paratar- trate de potasse. Ann. de Chimie et de Physique, t. XVII, p. 365. — On a transparent wolfram. Amer. Journ. of sciences, t. XLVITI, p. 137. — Sur l'existence du pouvoir rolatoire dans les cristaux de benzyle. Comptes rendus, t. LXVIIT, p. 308. Ann. Poggend., t. CXXX VIT, p. 629. — Sur la forme cristalline, les propriétés optiques et la composition chi- mique de la gadolinite. Comptes rendus, t. LXVIIT, p. 1114. Ann. de Chimie et de Physique, t. XVIII, p. 305. — Nouvelles recherches cristallographiques et optiques sur la forme clinorhombique du wolfram. Comptes rendus, t. LXIX, p. 868. Ann. de Chimie et de Physique, t. AIX, p. 168. — Sur la véritable nature de l’'esmarkile. Comptes rendus, t. LXIX, p. 871. — Sur la véritable nature de l’esmarkite. Ann. de Chimie et de Physique, t. XIX, p. 176. — Note sur l'émeraude morallon des mines de Muso (Nouvelle-Gre- nade). Ann. de Chimie et de Physique, t. XIX, p. 333. — Note sur quelques dérivés cristallisés des hydrocarbures de la houille. Comptes rendus, t. LXX, p. 587. — Sur la forme clinorhombique de l’oxyde rouge de mercure. Comptes rendus, t. LXX, p. 830. Ann. de Chimie et de Physique, t. XX, p. 201. 1870. 1871. 1872. 1873. BULLETIN. XXXV — Note sur la forme cristalline et les propriétés optiques d'une combinai- son de protochlorure de platine et de triéthylphosphine analogue au sel de Magnus. Comptes rendus, 1. LXX, p. 970. Sur les propriétés optiques du benzyle et de quelques corps de la famille du camphre, à l'état de cristaux et à l’état de dissolution. Comptes rendus, t. LXX, p. 1209. Ann. de Chimie el de Physique, t. CXLI, p. 300. — Note sur la montebrasite. Comptes rendus, t. LXNIT, p. 306. Ann. des mines, t. XX, p. 22. — Note sur les formes cristallines de la nadorite. Comptes rendus, t. LXXII, p. 81. Ann. des mines, !. XX, p. 32. — Observations optiques ct cristallographiques sur la montebrasite etl'am- blygonite de Montebras (Creuse). Comptes rendus, t. LXXIIT, p. 1247. — Mémoire sur une nouvelle localité d'amblygonite et sur la montebrasile, nouveau phosphate d’alumine et de lithine hydraté. Ann. de Chimie et de Physique, t. XXVII, p. 385. — Note sur la wavellite de Montebras. , Ann. de Chimie et de Physique, t. XXVII, p. 405, — Mémoire sur les propriétés optiques les plus propres à déterminer le type cristallin des espèces naturelles ou artificielles dont les cristaux sont imparfaits ou offrent une forme limite. Ass. france. pour l'avancement des sciences, !. I, p. 393. — Nouvelle note sur l’amblygonite et la montebrasite. Comptes rendus, t. LXXV, p. 114. — Sur la composition chimique de la gadolinite. Ann. des Mines, t. 7, p. 157. — Sur le thallium (en commun avec MM. Wilm et Lamy). Ann. des Mines, €. 1, p.157. — Note sur la détermination des dimensions relatives de la forme fonda- mentale de l’amblygonite. Comptes rendus, t. LXXVI, p. 319. Ann. de Chimie et de Physique, t. XXIX, p. 82. — Rapport sur un mémoire de M. Fouqué intitulé : « Nouveaux procédés d'analyse médiate des roches et leur application aux laves de la der- nière éruption de Santorin. » Comptes rendus, t. LXXVI, p.1182. XXXVI NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. 4873. — Ueber Leucit und Analcim. Zeitschr. deutsch. geol. Gesellsch., t. XXV, p. 566. 1874. — Manuel de minéralogie, Paris, Dunod édit., t. IF, 1° fasc., p. 1 à Lu et 1 à 208 et atlas. —- Observations relatives à une communication de M. Lawrence Smith imti- tulée : « Curieuse association de grenat, d’idocrase et de datholite. » Comptes rendus, t. LXXIX, p. S14. — Sur la forme cristalline et sur les propriétés optiques de la durangite. Ass. franc. pour l'avancement des sciences, t. III, p. 388. Ann. de Chimie et de Physique, t. IV, p. 401. 1875. — Sur les propriétés optiques biréfringentes caractéristiques des quatre principaux feldspaths tricliniques et sur un procédé pour les distin- guer immédiatement les uns des autres. Comptes rendus, t. LXXX, p. 364. Ann. de Chimie et de Physique, t. IV, p. 499. — Note sur l'élément pyroxénique de la roche associée au platine de l’'Oural. Comptes rendus, t. LXXNX, p. 785. — Ueber Perowskit; über die Bestimmung der vier hauptsächlichsten triklinen Feldspathe auf optischen Wege. Neues Jahrb. Min., p. 2179. — Ueber Leucit Krystalle von Pompeji; Salit von Nischne Tagilsk; über Eukrit und die triklinen Feldspathe. Neues Jahrb. Min., p. 395. 1816. — Mémoire sur l'existence, les propriétés optiques et cristallographiques et la composition chimique du microcline, nouvelle espèce de feldspath triclinique à base de potasse, suivi de remarques sur l'examen microscopique de l’orthose et des divers feldspaths tricliniques. Comptes rendus, t. LX XXII, p. 885, ett. LXXXIIT, p. 818. Ann. de Chimie et de Physique, t. IX, p. 433. — Examen microscopique de l’orthose et des divers feldspaths tricliniques. Comptes rendus, t. LXXXII, p. 1017. — On the crystallographic relations of the three types of chondrodite (humite). Amer. Journ. of sciences, t. XII, p. 229. — Memoir on the three types of humite. Phil. Magaz., t. II, p. 286. Neues Jahrb. Min., p. 640. 4877. — Note sur la forme cristalline, les propriétés optiques et la composition chimique de la homilite (en commun avec M. Damour). Ann. de Chimie et de Physique, t. XIT, p. 399. BULLETIN. XXXVII 1877. — Ucber die optischen Verhältnisse der Krystalle und ihre Unwollkom- menbheiten. Neues Jahrb. Min., p. 160. — Sur la forme cristalline et les propriétés optiques du protoiodure de mercure. Comptes rendus, t. LXXXIV, p. 1418. — Sur une nouvelle anthophyllite de Bamle en Norvège. Comptes rendus, t. LXXXIV, p. 1473. — Sur l'existence et sur les caractères optiques, cristallographiques et chimiques du microcline, nouvelle espèce de feldspath triclinique à base de potasse. Assoc, franc. pour l'avancement des sciences, t. VI, p. 508. — Ueber Humit und Mikroklin. Meues Jahrb. Min., p. 499. — Ein neuer Barytfeldspath. Tschermak’s min. Mittheil., p. 99. Neues Jahrb. Min., p. 591. 1878. — Om mikroklin, nyt species, triklinisk kalifeldspat, dens optiske krystal- lografiske og kemiske kjendeteyn. Nyt. Magaz. for Naturwidensk. Kristiania. — Ueber Topaz Krystalle aus Mexico; über den Milarit, über den Pe- rowskit; Calcit von Broken Hill, Vorkommen des Tridymit im Mont- Dore; Forcherit. Neues Jahrb. Min., p. A0. — Sur un nouveau gisement de l'adamine. Comptes rendus, t. LXXXVT, p. 88. — Présentation de minéraux (nouméite, adamine). Bull. Soc. min. de France, t. I, p. 28. — Sur la cabrérite du Laurium (en commun avec M. Damour). Bull. Soc. min. de France, t. I, p. 75. — Note sur un nouveau feldspath barytique. Bull. Soc. min. de France, t. I, p. 84. — Note sur les travaux de M. Delatosse. Comptes rendus, t. LXXX VIT, p. 569. — Note sur les dépôts de quartz résinite dans la vallée de Saint-Nec- taire. Assoc. franc. pour l'avancement des sciences, t. VII, p. 552. XXX VIII NOUVELLES ARCHIVES. DU MUSÉUNM. 1879. — Note sur les caractères optiques de la newberyile. Bull. Soc. min. de France, t. IT, p. 133. — Formes et caractères optiques de la hopéite. Bull. Soc. min. de France, t. II, p. 133. — Sur la forme clinorhombique à laquelle doit être rapportée l’épistil- bite. Bull. Soc. min. de France, t. II, p. 161. — Note sur la forme cristalline et les propriétés optiques de la saccharine. Comptes rendus, t. LXXXIN, p. 89 et 922-924. 1880. -— Sur la forme cristalline du magnésium. Comptes rendus, &. XC, p. 1101. Bull. Soc. min. de France, t. LIL, p. UMA. — Nouvelles recherches sur les caractères optiques des oligoclases. Bull. Soc. min. de France, t. II, p. 157. — Sur la danburite. Bull. Soc. min. de France, t. III, p. 194. — Note sur les propriétés optiques de l'érythrozincite, de la raimondite, de la copiapite. Bull. Soc. min. de France, p. 40. 1881. — Note sur la roscoélite, la karyinite et la monazite. Bull. Soc. min. de France, t. IV, p. 56. — Étude de différents minéraux : serpiérite, hédyphane, corindon de Cha- mounix, cordiérite du Puy, barytocalcite. Bull. Soc. min. de France, t. IV, p. 89. — Note sur la chalcoménite, nouvelle espèce minérale (en commun avec M. Damour). Comptes rendus, p. 92-837. Bull. Soc. min. de France, t. IV, p. 51. — Caractères optiques de la jadéite. Bull. Soc. min. de France, t. IV, p.158. — Note sur la fibrolite d'Auvergne et la haydénite de Baltimore et sur de très petits diamants du Brésil. Bull. Soc. min. de France, t. IV, p. 251. — Instructions géologiques destinées aux membres de l'expédition du Cap Horn (en commun avec M. Daubrée). Comptes rendus, p. 94, 1882. 1882. — Note sur l'existence anormale de la dispersion tournante dans un cristal du système orthorhombique. BULLETIN. XXXIX 1882. — Note sur les formes crislallines et sur la réunion de la vauquelinite et de la laxmannite (en commun avec de Kokscharow). Bull. Soc. min. de France, €. V, p. 53. Ann. de Chimie et de Physique, t. XXV, 421, et 1. XX VI, p. 135. Bull. Soc. min. de France, t. V, p.58. — Note complémentaire sur la vauquelinite. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. T0. — Note sur les constantes optiques de la crocoïse. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 103. — Note surles propriétés optiques de la hübnérite de la Nevada et de l’or- piment. Bull. Soc. min. de France, L. V, p. 105. — Nole sur les constantes optiques de la nadorite. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 192. — Nouvelles observations sur les divers échantillons de prehnite. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 195. — Note complémentaire sur le béryl bleu de la mer de Glace. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 142. — Sur l'indice de réfraction du chlorure d'argent naturel. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 143. — Note sur la probabilité de l'existence à Barbin, près Nantes, du nouveau silicate d’alumine, de fer et de chaux de Petit-Port, décrit par M. Ber- trand en 1880. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 176. — Note sur les caractères optiques et cristallographiques de la pachnolite et de la thomsénolite. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 310. Ann. de Chimie et de Physique, t. AXXIX. — Note sur quelques formes nouvelles de l’euclase du Brésil. Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 317. Ann. de Chimie et de Physique, t. XXXIX, p. 400. — Note sur l'existence de la néphéline en grains d’un blanc d'émail, dans les blocs d’oligoclase ponceux à la Denise, près le Puy (en commun avec M. Jannettaz). Bull. Soc. min. de France, t. V, p. 319. — Sur une épidote à base de magnésie (picroépidote) (en commun avec M. Damour). Bull. Soc. min. de France, t. VI, p. 23. XL 1883. 1884. 1885. 1886. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM. — Nouvelles recherches sur l'écartement des axes optiques, l'orientation de leur plan et de leurs bissectrices et leurs divers genres de disper- sion dans l’albite et l’oligoclase Bull. Soc. min. de France, t VI, p. 89. — Nouvelles observations sur le type cristallin auquel doit être rapportée la cryolite. Bull. Soc. min. de France, t. VI, p. 255. — Note sur l’existence de deux axes optiques écartés dans les cristaux de gismondine. Bull. Soc. min. de France, t. VI, p.301. — Note sur les caractères optiques de la christianite et de la phillipsite. Bull. Soc. min. de France, t. VI, p. 305. — Extraits de minéralogie. Bull. Soc. min. de France, t. VII, p. 35. — Examen optique et cristallographique de plusieurs silicates de man- ganèse. Bull. Soc. min. de France, t. VII, p. 72. — Formes et caractères optiques de l’eudnophite. Bull. Soc. min. de France, t. VII, p. 78. — Sur la forme cristalline et les caractères optiques de la gismondine. Bull. Soc. min. de France, t. VII, p. 80. — Sur l'identité optique des cristaux de herdérite d’Ehrenfriedersdorf (Saxe) et de Stoneham (Etat du Maine). Comptes rendus, t. XC VIIL, p. 956. Bull. Soc. min. de France, t. VII, p. 130. — Nouvelle note sur la gismondine et sur la christianite. Bull. Soc. min. de France, t. VIT, p. 135. fè. Accad. Lincei, t. VIII. — Oligoclases et andésines. Bull. Soc. min. de France, t. VII, p. 249. É — Note sur des nodules cristallins contenus dans le grès de Bagnoles. Bull. Soc. min. de France, t. VIL, p. 468. — Remarques sur la composition chimique de la herderite (en commun avec M. Damour). Bull. Soc. min. de France, t. VIIL, p. 3. — Forme cristalline et caractères opliques de lhydrate de chloral. Bull. Soc. min. de France, t. VIII, p. 195. — Notes sur quelques formes nouvelles observées sur des cristaux de topaze de Durango (Mexique). Bull. Soc. fr. de min., t. IX, p. 135. 1886. 1887. 1888. BULLETIN. XLI — Note sur la orme rhombique de la Descloizite. Bull. Soc. fr. de min., t. IX, p. 138. — Nouvel examen optique et chimique de deux oligoclases (en commun avec M. Pisani). Bull. Soc. min. de France, t. VIII, p. 76. — Note sur Ja vérilable valeur de l'indice moyen de la herderite de Stone- ham. Bull. Soc. fr. de min., t. IX, p. 141. — Note sur la phénacite de Colorado et de Framont. Bull. Soc. fr. de min., t. 1X, p. AA. — Note sur la détermination des paramètres du gypse et sur les incidences des formes observées dans ce minéral. Bull. Soc. fr. de min., t. IX, p. ATT. — Sur un minéral qui parait offrir une forme dimorphe du rutile. Bull. Soc. fr. de min., t. IX, p. 184. — Note supplémentaire sur la forme rhombique de la Descloizite. Bull. Soc. fr. de min., t. IX, p. 190. — Cristallographic notes (hiddenite, xenotime, quartz, phenacite) in Ilidden. Amer. Journ. vf Science, t. XAX1I, p. 204. — Note sur le professeur Websky. Bull. Soc. fr. de min. t. À, p. 42 et 1178. — Note sur la forme clinorhombique et les caractères optiques de l'acide arsénieux prismatique. Comptes rendus, t. CV, p. 96. Bull. Soc. fr. de min., t. X, p. 303. — Nole sur la crucile. Bull. Soc. fr. de min., t. XI, p. 63. — Sur la forme que présentent les cristaux de rubis obtenus par M. Frémy. Comptes rendus, t. CVI, p. 567. — Note sur les caractères optiques de la pharmacolite naturelle et sur leur comparaison avec les cristaux artificiels de M. Dufet. Comptes rendus, t. CVI, p. 1215. Bull. Soc. fr. de man. t. XI, p. 192. — Note sur les propriétés optiques de la haidingerile. Comptes rendus, t. C VI, p. 1218. Bull. Soc. fr. de min., t. ÀT, p. 195. — Notice sur Gerhard vom Rath. Bull. Soc. fr. de min., t. XT, p. 255. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM, 3° série. — IX. Jf XLII 1888 1889. 1890. 1891. 1893. 1894. NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM. — Note sur des cristaux du Connecticut, paraissant appartenir à une forme triclinique dimorphe de la baïérine. Centenaire de la Société philomatique. — Sur la mazapilite. Bull. Soc. fr. de min., t. XII, p. 441. — Discours d'ouverture prononcé comme président à la séance publique annuelle des Cinq Académies. Paris. Firmin-Didot, p. 3. — Notc sur des cristaux remarquables de chalcopyrite de l'ile de Cuba. Bull. Soc. fr. de min., t. XIII, p. 335. — Présentation d'échantillons de pollux de Hebron. Bull Soc. fr. denim, AVE p-2129; — Manuel de minéralogie. Paris, Dunod, édit., t. I, 2° fasc., 1 vol. in-8, p. cui à 1x et 209 à 542. — Nouvelle note sur les propriétés cristallographiques et optiques de la perowskite. Bull. Soc. fr. de min. t. XVI, p. 216. — Phénacite de Saint-Christophe, en Oisans(encommunavec M. A. Lacroix). Comptes rendus, p. 116-1231. —— Phénacite de Saint-Christophe, en Oisans(en commun avecM. A. Lacroix). Bull. Soc. fr. de min., t. XVII, p. 33. — Note sur les travaux de Marignac. Bull. Soc. fr. de min., t. XVII. — Notice sur les travaux de A. Scacchi. Comptes rendus, t. CXVIII, p. 221. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE PRÉSENT VOLUME Étude biographique sur le botaniste Pierre-Antoine Poiteau, d'après les documents manuscrits du Muséum d'histoire naturelle, par M. Édouard Bureau.......... Recherches anatomiques sur les Balænides, par MM. H. Beauregard et R. Boulart. HesiCarer del Asielonentale, pan M Branche (Sue) Re CC CT Le Gypse et les Minéraux qui l'accompagnent (Première contribution à la Minéra- loietdutbassmtdentarns) par MANIP AerOIR Ne RC Orne. BULLETIN Georges Ville — Notice nécrologique par M. L. Maquenne......... ........:... Liste des Ouvrages et Mémoires publiés de 1847 à 1897, par G. Ville............ A. des Cloizeaux — Notice nécrologique par M. A. Lacroix.................... Liste des Ouvrages et Mémoires publiés de 1842 à 1895 par A.-L.-0. Legrand des OA ARE ET EE die Ra a den ee lo die devis TABLE DES PLANCHES Portrait de Georges Ville. Portrait d'A. des Cloizeaux. Anatomie des Balænoptères. Carex Fargesii — C. Taliensis. Carex funicularis — C. Ganjuensis. Carex drepanorhyncha — C. Xanthathera. Carex sideroslietä — C. pachygyna. Carex Fauriei. Carex ligata. — C. pisiformis. Gypse de Paris. Gypse de Paris. Gypse de Paris. — Microstructures. Pseudomorphoses de gypse. Lutécite, célestine et sidérose de Paris. Micro- structures. Pseudomorphoses siliceuses ct calcaires du gypse de Paris. Formes arborescentes du gypse de Paris (gypse intact et pseudomor- phoses). Célestine et gypse de Paris. Lutécite, quartz, calcédoine, opale (mélinite) dans magnésite de Paris. Pseudomorphoses de sel gemme. Webstérite, sidérose, calcite, etc., de Paris. Nouvelles Archives du Muséum . 3° Série. Mémoires TIXPI I. À. Millot, del et lith. Masson & C'° Editeurs. Imp* Lemercier, Paris. Anatomie des Balænoptères. Mémoires.TIX.PI 2 Nouvelles Archives du Vuseum.3° Série. Imp"° LEMERCIER Paris. B. Herincq del.et lith. 1. Carex Fargesii Franch __ ©. C Taliensis. Æench. Masson et C“Edit Paris. ee 5 Le ? p. o Cr L l N K ! \ = 1 = 4 1 “ (ou A LP f, = 7 ï # 4 7 { 1 Ê 2 . | \ ) = F ; î : 1 ÿ, û Le à L r CA U ra 1 à à 2 A f ÿ : CE 1 Ê re N \ Le Le L qu U L si ï 1 ; mn - \ ( = NL ! = à (2 u >f, 2-0 1 | L de # ù ÿ , 4 WA ; PU ; 2 a ï 1 Se: - { % ‘ | De L 1 15 i _ e 1: \ LE a) F ane ST ET 1 à D'ius : 3 RO 2 Pa 2 ER Î td -. + SOC FUME Mernoires .TIX.PI3. um.9° Serie. ‘ > ” Nouvelles Archives du Musé B.Herincq del et hih. frenel I. Carex funicularis ranch _ 9? C. Ganjuensis. Masson el CÆdit , Paris. F du VE =: v— (l = ! Ga ï à L n E f - à ë = 50 S à TA ü ; “ f ‘ e 3 < : s ) ! | \ : & F | = Eat ï # ; $ \ ‘) a = 7 7 : | A ; \ - ! À e à fes L ) M r K (: à, £ h ul : # ï 14 V l ë Cri! Ê À (l a À : n ÿ : 4 = x ra À. à k J . L « Û # 0 ] | * ñ H it , È È * fé" o on a | | ù | ; ï \ 3 nl 4 mi | FE ; ï ; 10 À î Ja Ï nl d \ ” É i 2 % où LU L k - 2 À Ch L “ ; , ; # k va sa L ’ ; | 4 " d L à L L | os 1] b Î 1: EI 11 1 Mémoires TIX. PI 4. Nouvelles Archives du Museum.9° Serie. Imp's LEMERCIER Paris . B.Herineq delet lith. 1 Carex drepanorhyncha Franch - 2 C. xanthathera ranch. Masson et C'EÆdit Paris. Nouvelles Archives du Museum.3° Serie. Mémoires TX. PI.5. Imp*° LEMERCIER Paris. B.Herincq del.et hith. 1. Carex siderosticta #ance __2 OC. pachygyna Fr et Sar Masson et C! Edu.Parts. Mémoires T.IX. PI.6. Nouvelles Archives du Muséum. 3° Serie. &S Lemercier Paris. fnp° B. Herincq del. et lith. 1._C. Fauriei ranch. Masson et CE Editeurs Mémoires TIX. PI. 7 Nouvelles Archives du Muséum. 3° Serie. RE —— RE — Impies Lemercier, Paris. B. Herincq del.et lith. Âsa Gray. 26. pisitormis 1._ Carex ligata Boot. Masson et C Editeurs. nl Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI. 8 Fig. 10. F. Monpillard, phot., Paris. Photocollographie J. Royer, Nancy. Gypse de Paris: Masson & C2 Cditeurs. Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T, IX. PI 9 Photocollographie J. Royer, Nancy. F. Monpillard, phot., Paris. Gypse de Paris. Masson & C2 Cditeurs. Le Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PL 10 Le PAT L û Photocollographie J. Royer, Nancy. F. Monpillard, phot., Paris. Gypse de Paris. — Microstruclures. Masson & C2 Éditeurs. Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI. 11 Fig. 2. F. Monpillard, phot., Paris. ; Photocollographie J. Royer, Nancy. Pseudomorphoses de gypse, lutécite, célestite et sidérose de Paris. Microstructures. Masson f C: CA Leurs Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI. 12 F. Monpillard, phot., Paris. Photocollographie J. Royer, Nancy. Pseudomorphoses siliceuses et calcaires du gypse de Paris. Masson & C: Éditeurs. Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI. 13 E. Jacquemin del. F. Monpillard, phot., Paris, Photocollographie J. Royer, Nancy. F'ormes arborescentes du gypse de Paris Masson ca C: Éditeurs, Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI. 14 F. Monpillard, phot., Paris. Photocollographie J. Royer, Nancy. Célestine et Gypse de Paris. AMnoson 4 Ce Éditeurs. Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI 15 F. Monpillard, phot., Paris. Photocollographie J. Royer, Nancy. Lutécite, quartz, calcédoine et opale ménilite de Paris. Masson æ Ci: Élileurs. Nouvelles Archives du Muséum. 3° Série. Mémoires T. IX. PI 16 F. Monpillard, phot., Paris. Photocollographie J. Royer, Nancy. Pseudomorphoses de sel gemme, webstérite, calcite, etc. de Paris. Masson # C: Éditeurs. «msn vif *. * #i42 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT TROISIÈME SÉRIE TOME NEUVIÈME PREMIER FASCICULE ÉTUDE BIOGRAPHIQUE SUR LE BOTANISTE POITEAU PAR M. ED, BUREAU .RECHERCHES ANATOMIQUES SUR LES BALÆNIDES | | PAR MM. H. BEAUREGARD ET R. BOCLART | LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE | | PAR M. A. FRANCHET | (Feuilles 1 à 16. — Planches I à V). PARIS MASSON ET C, ÉDITEURS LIBRAIRES DE LACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1897 NOUVELLES ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE PUBLIÉES PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT TROISIÈME SÉRIE TOME NEUVIÈME SECOND FASCICULE LES CAREX DE L'ASIE ORIENTALE PAR M. A. FRANCHET LE GYPSE ET LES MINÉRAUX QUI L'ACCOMPAGNENT PAR M. A. LACROIX BULLETIN GEORGE VILLE. — NOTICE BIOGRAPHIQUE PAR M. L. MAQUENNE DES CLOIZEAUX. — NOTICE BIOGRAPHIQUE PAR M. A. LACROIX (Feuilles 16 à 38 et a à f. — Planches IV à XVI). PARIS MASSON ET GC‘, ÉDITEURS LIBRAIRES DE LACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1897 HU } A (N 1 (O1 We 44 A Uiel me NMASSON et C'!, Éditeurs, 120, boulevard Saint-Germain, Paris NOUVELLES ARCHIVES MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT TROISIÈME SÉRIE COMMENCÉE EN 1889 Le tome I: contient les Mémoires suivants : Recherches sur le Cachalot, par MM. G. Poucuer et H. BeaurEGanD. — Recherches sur les Insectes de Pata- gonie, par MM. Ed. LeBrun, L. FarmmaiRe et P. Magilze. — Description d’une Tortue terrestre d'espèce nouvelle, par M. Léon VarccanT. — Mémoire sur l’organisation et le développement de la Comatule, par M. Edmond PERRIER (Suite). Le tome II contient les Mémoires suivants : Mémoire sur l’organisation et le développement de la Comatule, par M. Edmond Perrier (Fin). — Monographie du genre Chrysosplenium, par M. Francueër. — Sur la faune herpétologique de Bornéo et de Palawan, par M. F. Mocouarp. — Crustacés du genre Pelocarcinus, par M. Mirxe-Eowaros. — Insectes recueillis dans l'Indo-Chine, par M. Pavæ (1° article). Coléoptères et Diptères, par MM. J. BourGeois, Ed. Lerèvre et J. Bicor. — Lichenes exotici, par M. l'abbé Hue. Le tome III contient les Mémoires suivants: Monographie du genre Chrysosplenium, par M. A.FrancHer (Fin). — Lichenes exotici par M. l'abbé Hue (Suite). — Monographie du genre Palophus, par M. Cu. BRonGniarT. — Insectes recueillis dans l'Indo-Chine, par M. PAvie (2° article). Coléoptères et Lepidoptères, par MM. Aurivicuius, LESNE, ALLARD, BRONGNIART et Pousape. — Monographie du genre Eumegalodon, par M. Ch. BRONGNIART. Le tome IV contient les Mémoires suivants : Recherches sur le Cachalot, par MM. G. Poucuer et H. BEaurEGARD. — Recherches anatomiques sur le Pentapla- tarthrus paussoides par M. A. Rarrray. — Lichenes exotici, par M. l'abbé Hue. — Espèces nouvelles ou peu connues de la collection ornithologique du Muséum, par M. E. Ousrazer. — Contribution à l'étude de l'alimentation chez les Ophidiens, par M. Léon VarzzanT. — Liste des ouvrages et mémoires publiés par À. DE QUATREFAGES. Le tome V contient les Mémoires suivants : Les anciennes ménageries royales et la ménagerie nationale fondée le 14 brumaire an II (4 novembre 1793), par le Dr E.-T. Hamy. — Contribution à l'étude de la faune ichtyologique de Bornéo, par M. Léon VaiLLanT — Catalogue des Oiseaux provenant du voyage de M. Bonvalot et du prince Henri d'Orléans à travers le Turkestan, ie Thibet et et la Chine occidentale, par M. E. Ousrazer. — Etude sur les Strophantus de l'herbier du Muséum de Paris, par M. A. Francer. — Notice sur le Drepanornis Bruijni (Oust.), par M. E. Ousrazer, Le tome VI contient les Mémoires suivants : Catalogue des Oiseaux provenant du voyage de M. Bonvalot et du prince Henri d'Orléans à travers le Turkestan, le Thibet et la Chine occidentale, par M.E. Ousraer (suite et fin). — Description d'une nouvelle espèce de Mammifère du genre Crossarchus et considérations sur la répartition géographique des Crossarques rayés, par M. E. DE PousarGues. — Des Galasos et description d’une nouvelle espèce appartenant à ce groupe, par M. E. pE PousarGues (2 planches). — Revision du genre Catalpa, par M. Edouard Bureau. — Etude miné- ralogique de la Lherzolite des Pyrénées et de ses phénomènes de contact, par M. A. Lacroix. — Transla- tion et inhumation des restes de Guy de la Brosse et de Victor Jacquemont, faites au Muséum d'histoire natu- relle, le 29 novembre 1893. — Edmond Frémy. Notice nécrologique par M. P. DEHÉRAIN. Le tome VII contient les Mémoires suivants : Monographie du genre Ceratosoma, par M. A. T. ne RoceBruNe. — Les Mammifères et les Oiseaux des Iles Mariannes, par M. E. Oustacer. — Note sur le Pharomacrus xanthogaster, par M. E. Ousrazer. — Monograpkei du genre Synodontis, par M. LÉON VaiLzanT. — Liste des Ouvrages et Mémoires de Georges Pouchet. Le tome VIII contient les Mémoires suivants : Vespasien Robin, par le Dr E.-T. Hamy. — Les Mammifères el les Oiseaux des iles Mariannes, par E. Ousracer (suite et fin). Forme nouvelle d'Oclopus, par le Dr A.-T. pe RocueBunEe. — Monographie du genre Synodonus; par Léon Varzcanr (suite et fin). — Les Carex de l’Asie orientale, par A. FranCHET. — Catalogue des Brévi- pennes de la collection du Muséum, par E. Ousracer. — L'OEuvre scientifique de M. H. Daubrée, par Stanislas MEUNIER. BULLETIN DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE 3° année — 1597 HUIT NUMEROS PAR AN ABONNEMENT : Paris £T DÉPARTEMENTS : 15 FR. — UNION POSTALE : 16 Fr. Jusqu'à présent les naturalistes du Muséum n'avaient d'autre organe officiel que les Archives, qui, tous les aus, dans un beau volume orné de planches exécutées avec soin, renferme quelques mémoires étendus des membres du corps enseignant. Cette publication ne peut donner qu'une idée très incomplète du labeur exécuté au Muséum ; la plupart des autres travaux sont disséminés dans les recueils spéciaux. L'œuvre accomplie s'éparpille et la dissémination des travaux empêche de saisir leur ensemble. L ! : Pre RE Pour les grouper, le Directeur du Muséum, M. A. Milne-Edwards, a eu l'idée de créer le Bulletin du Muséum d'Hisroëre naturelle. Le mode de rédaction est très particulier ; le Directeur a prié tous les naturalistes attachés au Muséum de se réunir une fois par mois dans un des amphithéätres et de communiquer à l'assemblée les risultats constatés dans leurs divers services. On ne demande pas de Mémoires, encore moins de Conférences; on raconte rapidement ce qu’on a vu, on montre les objets, ou projette les photographies ; de là le Bulletin. - NEASSON et C:, Éditeurs, 120, boulevard Saint-Germain, Paris Traité de zoologie, par M. Edmond Perrier, membre de l’Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle. OPA MINE Das ES dev dub nobeoccdac DS OO PO on ne de dodU ER dns 00 BE 0 se AU PREMIÈRE PARTIE. — Zoologie générale. Protozoaires et Phytozoaires — Arthropodes. 1 fort vol. gr. in-8, avec 980 fig. dans le texte......... PROS ER SN PR UE A QE AD 2 RASE DA ee EE 30 fr. DEUXIÈME PARTIE. — Premier fascicule. Vers, Mollusques, 1 vol. gr. in-8 avec 566 figures .......... 16 fr. Deuxième fascicule. Tuniciers, Vertébrés (sous presse). Traité de botanique, par M. Van Tiscugw, membre de l’Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle. 2e édition entièrement refondue et corrigée. 2 vol. gr. in-8, avec 1213 gravures dans le texte... ..... 30 fr. Traité de géologie, par M. A. de LappaRENT. Ouvrage couronné par l’Institut. 3° édition entièrement refondue. 2 vol. gr. in-8, 1650 pages avec 726 gravures dans le Lexte............. As LRO te TPE. 24 tr. Leçons de géographie, par A. ne LapparenT, professeur à l'École libre des Hautes-Études, ancien président du la commission centrale de la Société de géographie. 1 vol. in-8, avec 117 figures et une planche entcouleurs etre rome te ceect- Let TPE RE ET PRIE MER ENNEE 42 fr. Les enchaînements du monde animal dans les temps géologiques, par M. Albert Gaupry, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle : Fossiles primaires. 1 vol. gr. in-8, avec 285 fig. dans le texte, dessinées par Formant.......... 2 CLUBS Fossiles secondaires. 1 vol. gr. in-8, avec 304 fig. dans le texte, dessinées par Formant........ 10 fr. Mammifères tertiaires. 1 vol. gr. in-8, avec 312 fig. dans le texte, dessinées par Formant...... 40 fr. Essais de Paléontologie philosophique, par Alb. Gaupry, membre de l'Institut de France et de la Société Royale de Londres, professeur de Paléontologie au Muséum d'Histoire Naturelle, 4 vol. in-8, avec AULÉaravures dans iletextes. ts MT CL CR TEE ARE ER Er APE A Se Expéditions scientifiques du « Travailleur » et du « Talisman » pendant les années 1880, 1881, 1882 et 1883. Ouvrage publié sous les auspices du ministère de l’Instruction publique, sous la direction de M. A. Milne-Edwards, membre de l'Institut, président de la commission des dragages sous-marins, professeur- administrateur au Muséum d'histoire nalurelle : Poissons, par M. L. Vaizcanr, professeur-administraleur au Muséum d'histoire naturelle, membre de la commission des dragages sous-marins. 4 fort vol. in-4, avec 28 planches.....,................ 50 fr. Brachiopodes, par M. P. Fiscuer, membre de la commission des dragages sous-marins et D.-P. OBazeax, membre de la Société géologique de France. 1 vol. in-4, avec 8 planches...................... 20: Échinodermes, par Edm. PErRtEeR, professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle, membre de lnstitut-MMolin-2 avec planches EP RE PE TOR Et RON APR EEE ca 50 fr. L'ouvrage comprendra en outre : Introduction. — Crustacés. — Mollusques, Bryozoaires, Annélides, Coralliaires, Eponges, Protozoaires. Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son Yacht, par S. A. S. Mer le Prince AzBert [°* pe Monaco, publiés sous sa direction et avec le concours de M. le baron Jules de GuErne, chargé des travaux zoologiques à bord. Dix fascicules, in-4, avec 47 planches en noir et en couleurs........., 168 fr. Résultats scientifiques de la campagne du Caudan dans le golfe de Gascogne (août-septembre 1895), par R. KwuLer, prolesseur de zoologie à la Facultés des Sciences de Lyon. Trois fascicules in-8 avec figures dans le texte et 99iplanches en none en Couleurs FC CNP PR ET 32 fr. Le Terrain carbonifère marin de la France centrale (I. Étude paléontologique et stratigraphique des faunes. — TI. Transgression de la mer carbonifère. — II. Anciens glaciers de la période houillère supérieure dans la France centrale), par A. Juxxew, professeur de géologie et minéralogie à l’Université de Clermont- ‘ Ferrand. 1 fort vol. in-4 avec coupes géologiques et 17 planches de fossiles en héliogravure Dujardin. 60 fr. Études sur les terrains tertiaires du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse occidentale, par H. Douxam, docteur ès sciences, ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé de l'Université. 1 vol. in-8 de 318"pages, des Annales de l'Université de Lyon, avec figures et 6 planches hors texte... Gr Recherches physiologiques sur l'appareil respiratoire des oiseaux, par J.-M. Soux, docteur ès sciences naturelles, professeur agrégé au Lycée de Lyon. À vol. in-8 des Annales de l'Université de Lyon, avec 40 figures dans lertexle. 0.42 "R RE Une RE RARE PLAIN NCREE RS 0 OR Conee — Imprimerie Éd. CRété. 17 1496 C2! LA MA, VAL ca fa utoen bete Hem ne f PAP A OT AE CC ROC CEE anne M mr bn tn 4 D 6 hAVRA Vies veut terre Li a DAS vw COCEAREE OO TAL CN Aie eu see et de (ARTS TAC TE Re ! CARTON RE ESC ECS % PT IQ ARDEIRAR S db AXE 0 (Xe 0 ke DICO LEURS CNIL A ONCE ee PTS erE VHETICNEN Y Nbre # di % au 1e : ere LR RE RATE DES ‘ nan taie Fons NE . daueninuntit OLPC LE # , me j nous t tn “ We NC IOC se k gran de CIGARE ES CRE een MUC) (ee Ê TE y LE A 00 Met KA Thème ñ MUR vivre ie # à n \ (1 LI Lt CNET Liu à Un Dé 6 AE EC YU : # ‘ CHA h Wir CI thus + \ dube robert : Ad È sir Kit “ . r ï DE A ‘ ras COX GLEN AA NAS t ee mes 7200 x MARS É AO ï LUE CRU RER ‘ ‘ HA PA in te (& ep des 9 1 # hd : 2 # ' ts Re PA Er FA NE | À dat F1 CNE ut h : AAA pal Ÿ \ nt tv e "1 PRIT (re) NY à , Are ñ ï CIDRE vu , VAT Ÿ * NOR RL pa nmbit bts QUE ' CA û l " * ‘ à ANOINUEN LS Je 1% LS SIA CU) EU ERA < PANNE ER SAS ONIOTAIEERN SE n CHAINE none 44) LS Saur CAIN À } 7 X Vas j + d ï , tienot Re sent ART LA QU) OUC CNRC À. 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(Tue) S ne # Koné ait AU pi pit ; S ï RENNES dl CRE UNS A NNENNEON COURS Y pur ut , Het va pi u tt 1É A RAS let ER ee ANIONE Chpt à EN NENEUE cn Nue TR NÉ 4 LÉ M nue Ds AT VA NEC Lee m4 4 4 hdi a : 1 RS RS tre y We pe Be ME NEA A ALAIN EN EEE RCDON COR #: DONC AI " OREOAUOER y f CAL i fe + » e L k \ us è PAP ENT ALICE HEUREUSE à) 1 NE trahit CNE CN 104 ! lM à : i Pr] FOTOS Ÿ LA) INC CAC POIL AO ÉAOICIORLEECE ter C C À mn { at: nm PÉTE fi CA EI FNAC AP PAC TE \ } 4 np ae: pe) CIC COPA CRAN siû 14 ‘ » à MA .3 4 a) e We CNE ' : APT ANT rs ve or + à . + k + #isieu à i Dr ere CADOTA nu HO À \ cé ve 2 . AR AUDE ‘ AAA VU T, \” ï k CREU PR 4 CONTI TENNIS PATIO ‘ ee CONTENT NEO OUI { AOL ET k À OOUEX pot VAR Î i rs NAN LP RCD LR À k v i LA at GE AA ; k Ne Ml | RAR AA A 4 | Cy eh À: H à s , k 3 ch? 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L'eh su4 CT LE ie of 99e Vin ÿ e Ch + * QE TLER ARR S : “ Ré À MAT sens FX CCR MER "n " , ) N : A ES s " 15 * 4 MAAF ENNTE ETCPN ER v A k Tab tte cat or 1e % ù 147 a ein ;, ’ DR 1 ve Cu er ROPOEIONEE D v 1 De De cet imve QE I2 P Ad 10 r +4 NUE j #1) » W Î OP ONE “+ he b ‘ V CE cn! eu da 1 AU LA ÿ h “+ UE Mont ! CA] [ t ‘ ’ ape 1 + à 0 pee ou tes 'utete Vis E PYNOLOIENECI DEL : # A jt CON Ab hALR ' ï \ ’ C PARENT GR BEN ju LR A CT M ’ CCR ir + à “ 3 SE Tes PENSER DANIE En CPE EL re % LUN TE den , OO + ï t "1 ; nr vrpe à k lente MAT CIC TTONE CE LA # ADR vo ft Ste DO c v» : à PA Les pern eçes R 2 DC NA A AIO NME CRAN ù TAC | CORP Et dry COTE DO AOSRAUER, è Poe nk Pen riee SOON . , POS tte es > ‘ ‘ i * “ete , 20 4 fieque 8 ET à À A , , “à ' r F dé t APT ANTOINE ( ve > ' + , PCSI ++ de breteunir a at vu 4er 140 Ha La 91 r t ’ ve + d TNT LES L [RAI * ent r+ 0 Roth ie arte CAL: ere te H Pr * à #0 PEN < ; * Û LCA : L CORCUR RS ut À + rex * av * ti, , DEDEALCERLRLS Eh k jù LAON % Véit 02 h U AA 4 ave 8 Largo a rs à se ! LAN VA AA Des QW, = narrte il AL OENCOE TC REC bare dd + deb Re Ut AT û bei ME Et " è MMS STONE 4 3 L n HA ' L'HLIE r#: (ROCHE k br , * J * v deb dep eee tt ER TIC RAA Wh SE UE PS Eine ur û pL ‘ t vu …. Ê y ô , + APS To ve et n nine Eve Ph Pexty te è ’ ° + : ÿ era v CPE CPCDCEONS | AAA OTÉ) A 4 ‘ ; S À Via er æ Ca is 04 teur Da 8 Dee ee 3 5 + ir L APCE ROMEO 1 + TRAITER : 2 l é NL OUN COMME ; ‘ LEE rte: a are Q pr e. CHAPELLE . - I CIONTS RACE TÉUICICOTES PET +14 L rer El RENE E ÉPICES 4 re + à ' ” 4 AN OO NE EEE À * » » ‘ * +? hr + pe M LR Ts DRÉOONER EUR w ‘ Ws 3 + * LR ar : : b , ' ” * PA Li ee 04 Lerr rt2d IDE A ù À De . \ ’ DD , ï : te DEN su ea en H UNE ÿ + » ) LD ee biheese rt te p “ \ f trait . 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