NOUVELLES REMARQUES SUR LA N0MENCL4TURIÎ BOTANIQUE PAR M. Alph. de CANDOLLE Rédacteur des Lois de la nomenclature botanique recommandées par le Congrès ^ international de 1867 SIPPLÉMLM Aü COraATAIRË i)ü MÊME AUTEUR QUI ACCOMPAGNAIT LE TEXTE DES LOIS GENÈVE H. OEORü, LIBRAIRE-ÉDITEUR BALE-LYON, MÊME MAISON /■ NOUVELLES REMARQUES SUR LA NOMENCLATURE BOTANIOUE OUVKAGES DE M. ALPHONSE DE CANDOLLE Lois de la nomenclature botanique adoptées par le Congrès interna- tional Je botanique à Paris en août 1867. édit. in-S'^. Genève, Georg, 1867 Fr. — La Phytographie ou Pari de décrire les végétaux considérés sous diffe- rents points de rue. Paris. Masson. 1880. 1 vol. in-8î de xxiv-i8i pages. Fr. 10 — Darwin, considéré au point de vue des causes de son succès et de l’importance de ses tra\aux. In-12, Genève, Georg, 1883 Fr. 1 oO OUVRAGES DE M. CASIMIR DE CANDOLLE De la production naturelle et artificielle du liège dans le cliène- liège. ln-4o, 3 planches, 1880 Fr. 3 oO Anatomie comparée des feuilles chez quelques familles de Dicotylé- dones. In-4o. 84 pages et 2 planches, 1879 Fr. o — Considération sur Pétude de la Phyllotaxie. In-8o, 78 pages et i planches, 1881 Fr. 3 oO Nouvelles recherches sur les Pipéracées. In-4o, 17 pages et lo plan- Hies, 1882 Fr. 10 — Rides formées à la surface du sable déposé au fond de l’eau et autres phénomènes analogues, in-8®, 37 p., 5 pl Fr. 3 — GE-NÉVE. — IMPRIMERIE SCHUCHABDI. NOUVELLES REMARQUES SUR LA M. Alph. de ÇANDOLLE Rédacteur des Lois de la nomenclature botanique recommandées par le Congrès international de 1867 SimÉMEM AC COMEMAIRE K SÈME ACTECR (JCI ACCOMPACXAIT lE TEXTE DES LOIS GENÈVE H. GEORG, LIBRAIRE-ÉDITEUR BALE-LYON, MÊME MAISON 1883 A 1; N U L I) AU ij ■) U .i'i U IA JAUVAUA ' K M' . l; Jç i r,;.. '■'* '<> . ‘ < .-J ' ,i'4i - X .« S^ 'C ’ m^- p.-r •»;■ -'WUTSfiCieRA ■ " ' -, ï^:.; . f- ’^'fi v*'’‘-,’ ■"* '* ■.",^" ■ij>,'-'’’i,'«'* V* U ' 1 ’ 1 -' . (iy CiKfi/i. I . 1 • ■• ,,. .?• ^/r.-a . .-■<: , -■ vJL ■W- , * r •; .'A;,- * > -r ■ . . . '• J sV f! • ■' X : .1^. - --m 't ^ ' A. - . - ^ ' “ •# YTU-îI^VIKU . 't ' ■ -• r -1.' -Il •. ’• , i INTRODUCTION Dans les premiers moments qui suivirent la publication des Lois de la nomenclature botanique recommandées par le Con- grès international de 1867, il parut plusieurs articles de jour- naux, contenant des approbations ou des critiques. Je crus devoir répondre à celles-ci dans le Bulletin de la société hotani- que de France, du 26 février 1869, et je donnai ailleurs mon opi- nion sur des demandes qui m’avaient été adressées Parmi les objections de cette époque plusieurs n’ont pas été renouvelées, ou ne présentent guère d’importance en elles-mêmes, je les laisse aujourd’hui de côté; mais d’autres questions toujours contestées ou entièrement nouvelles méritent d’être discutées. Il faut distinguer dans les publications faites depuis quinze ans sur la nomenclature deux catégories, d’une valeur d’origine bien différente : Celles qui proviennent de sociétés, ou de commis- sions spéciales, ou encore de savants qui ont consulté un grand nombre de correspondants, et celles qui expriment des opinions purement individuelles. Les premières traitent de l’ensemble des questions de nomenclature en botanique, en zoologie, ou dans les deux branches également ; les secondes se rapportent presque toujours à des points spéciaux, quelquefois à un seul. Dans la première catégorie, dont il faut tenir grand compte, se trouvent les publications suivantes : Dall, Nomenclature, etc Nomenclature en zoologie et botanique ; rapport à l’Association américaine, siégeant à Nash- ville, le 31 août 1877. In-8“, 56 pages. Salem, 1877. Ce travail, très intéressant, n’a pas été soumis à une discus- sion; mais il avait été précédé d’une enquête que l’Association américaine avait chargé l’auteur de faire. Tous les naturalistes des États-Unis qui avaient publié, ‘ depuis cinq années, des ^ Réponse à une lettre de M. Caruel, dans le Giornaïe botanico ita- liano, 1870, vol. II, p. 146; et de M. Cogniaux, dans le Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 1876, p. 477. AUlvlhLb A h !>;(> h I i J Ui î! AKV 1 IXTEODUCTIOX. 2 mémoires ou des ouvrages descriptifs de zoologie ou de botaui- que, avaient reçu un formulaire de 27 questions, relatives à des points douteux, sur lesquelles on les avait priés de répondre. Quarante-cinq ont effectivement répondu. Pour chaque question les réponses ont été données, en général, à de fortes majorités, et d’une manière qui fait honneur au jugement des savants américains. Après cette enquête, et à la suite d’une étude des publica- tions faites en divers pays sur la nomenclature dans les deux règnes, M. Dali a rédigé un recueil de 83 articles, dans lequel il a suivi pour la forme et le fond à peu près notre travail de 1867. Les différences portent presque toujours sur des détails qui intéressent les zoologistes plutôt que les botanistes. Elles résultent de l’indifférence avec laquelle en zoologie on a consi- déré pendant longtemps les questions philosophiques touchant la nomenclature, tandis que plusieurs botanistes éminents s’en occupaient et donnaient dans la pratique de bons exemples. Nous sommes arrivés, en botanique, à des règles si générale- ment suivies qu’il m’a paru inutile d’examiner certaines ques- tions encore douteuses parmi les zoologistes. Elles sont fort bien discutées dans l’opuscule de M. Dali. Douvillé, Kapport fait à la commission (du Congrès géolo- gique) chargée d’étudier la question des règles à suivre pour établir la nomenclature des espèces. Voir : Rapports des com- missions internationales au Congrès géologique international de Bologne, en 1881, in-8°, p. 123-144. L’auteur a été l’organe d’une commission de paléontologistes et minéralogistes français, très distingués \ qui avait été nom- mée au Congrès de Paris, en 1878. Cette commission, qui s’est réunie plusieurs fois, a consulté quelques savants étrangers. Elle avait sous les yeux les règles de l’Association britannique de 1842, légèrement modihées en 1865, notre recueil de 1867 et celui de M. Dali. Après examen elle a préféré se borner à quelques règles importantes et simples, relatives aux genres et aux espèces. Ces règles sont au nombre de onze seulement, applicables aux fossiles des deux règnes. Ce qu’il y a de plus nouveau est exprimé dans les phrases^ suivantes de l’introduc- '■ MM. Cotteau, Douvillé, Gaiiclry, Gosselet, Pomel, de Saporta, aux- quels deux minéralogistes, MM. Descloizeaux et Jannetaz, étaient ad- joints. INTRODUCTION. 3 tiou : « La loi de priorité étant le vrai fondement de la nomen- clature, il a paru nécessaire de lui donner toute la généralité possible et pour cela de supprimer les exceptions et dérogations à cette loi Toujours préoccupée de la fixité à donner à la nomenclature, la commission a pensé qu’une contradiction existant entre la signification du nom et les caractères d’un genre ou d’une espèce n’était pas un motif suffisant pour auto- riser le changement de ce nom. » On verra plus loin que le raisonnement et l’expérience m’ont amené à penser à peu près de même. Le rapport soumis au Congrès géologique de Bologne n’a pas été l’objet d’une discussion aussi approfondie que celle du Con- grès botanique de 1867. Le rapporteur et tous les membres de la commission étaient absents, en outre, l’assemblée venait de consacrer de longues séances à l’examen d’autres questions qui l’intéressaient d’avantage. Cependant elle a ajouté au projet deux articles, dont je parlerai plus loin, l’un d’eux étant aussi curieux que nouveau. Le vœu exprimé par les géologues d’avoir un code spécial pour la nomenclature des fossiles avait alarmé simultanément les botanistes et les zoologistes, pour lesquels les plantes et les animaux fossiles font partie des deux règnes. Ils ne voyaient pas d’avantage et craignaient des inconvénients à l’introduction de règles particulières pour la description d’êtres qui sont seu- lement antérieurs à ceux de l’époque actuelle. La Société bota- nique de France fit une démarche officielle pour engager le Congrès géologique de Bologne à ne pas s’en occuper ‘, le recueil des lois recommandé par le Congrès botanique de 1867 étant jugé suffisant par les botanistes. La Société botanique de Belgique fit de inêmeL J’adressai une lettre dans le même sens ® et la Société zoologique de France fit paraître la publi- cation suivante destinée à servir pour la nomenclature des êtres organisés en général. Chaper, Règles applicables à la nomenclature des êtres organisés, proposées à la société zoologique de France, et Rap- port fait au nom de la commission de nomenclature. In-8”, 37 pages. Paris, 1881. ' Bulletin de la Société botanique, 1881, p. 9. Compte rendu de la ses- sion du Congrès géologique de Bologne, page 178. Compte rendu du Congrès de Bologne, p. 162. * Ibid. p. 181. 4 IXTRODUCTIOX. Ce travail, présenté par M. Chaper, au nom d’une commis- sion de ^se^p^oologistes * , renferme des considérations très justes auxquelles nous sommes disposés à adhérer, sauf en quel- ques points secondaires. Les règles énumérées sont au nombre de dix-sept. Elles reposent sur le principe de la priorité, dont le rapporteur fait sentir vivement l’importance, tout en admet- tant plus de dérogations qu’il ne convient selon nous d’en admettre. Je ne mentionne pas la réimpression faite en 1878 des règles de la nomenclature adoptées en 1842, sur la proposition de Strickland, et augmentées en 1865 de six articles, par les zoo- listes de l’Association britannique. Cette nouvelle édition, iden- tique avec les précédentes, ne pouvait pas être au niveau de la science, puisque les recueils dont nous venons de parler sont plus modernes et renferment ce qu’il y avait de meillem’ dans le travail de l’Association britannique. Deux réflexions se présentent à l’esprit lorsqu’on a étudié les publications de MM. Dali, Douvillé et Chaper, et lu la discus- sion du Congrès géologique de Bologne, qui expriment l’opinion de naturalistes nombreux, soit d’Europe, soit d’Amérique. 1° Les règles suivies en zoologie et en botanique se rappro- chent de plus en plus. Le recueil de l’Association britannique s’appliquait uniquement à la zoologie - ; le nôtre, destiné aux botanistes, émettait le vœu (art. 5) de l’uniformité des règles dans les deux règnes ; et les trois ouvrages qui ont suivi ont donné positivement leurs règles comme applicables aux noms de plantes et d’animaux. 2” La loi de priorité est reconnue de plus en plus comme le ' principe fondamental d’une bonne nomenclature. Les cas de dérogation à cette loi deviennent plus rares, et même d’après un des projets, ils seraient pom' ainsi dire supprimés. Cette tendance, de faire prédominer la priorité sur les consi- dérations de pureté linguistique, d’élégance, d’uniformité ou de sens précis des noms n’a pas cessé d’augmenter depuis cin- quante ou soixante ans. Elle est, à vrai dire, la cause des rédac- tions successives de règles présentées aux naturalistes par des individus, des sociétés et des congrès internationaux. Les usa- ‘ MM. Blanchard (D*'), Chaper, Jousseaume (D''), Jullien (D>’), Künkel d’Herculais, Lataste, E. Simon. Buîes for zoological nomenclature^ ed. 1878, p. 23. INTRODUCTION. O ges se sont conformés de plus en plus à cette disposition des esprits. Avec une tendance aussi accusée il est assez singulier de voir, en 1881, deux publications d’un savant lyonnais inspirées par des vues bien différentes. Nous ne doutons pas des bonnes in- tentions de M. Saint-Lager mais elles nous paraissent un véritable anachronisme. Proposer le changement de plusieurs centaines de noms et implicitement de plusieurs milliers, par des motifs de grammaire, de linguistique ou même de préfé- rences personnelles, donner ainsi l’exemple d’autres change- ments selon les idées de futurs érudits, c’est i-étrograder vers l’état de confusion de la nomenclature qui existait au commen- cement du XIX™® siècle. Je citerai plus loin quelques-unes des propositions de l’auteur. Ce n’est assurément pas pour le plai- sir de le critiquer. Rien ne m’est plus désagréable, et je res- pecte tous les savants de bonne foi, parmi lesquels il faut compter assurément M. Saint-Lager, mais ce qu’il propose est un avertissement de ne pas négliger la marche indiquée par Phistoffe de la science et l’appui de l’immense majorité des naturalistes. D’autres publications individuelles seront mentionnées plus loin. Il ne m’a pas été possible de les indiquer toutes et de les discuter. Je les ai traitées comme mes propres articles de 1869, auxquels je fais allusion çà et là, en laissant de coté ce. qui pré- sente peu d’importance ou n’est pas contesté. Une certaine réserve est nécessaire, même à l’égard de publi- cations excellentes, lorsqu’elles sont anciennes. La science fait toujoui-s des progrès. Les règles recommandées par Linné ne convenaient pas toutes au commencement de notre siècle ; de CandoUe les a quelquefois moditiées, avec l’approbation de ses contemporains. En 1867, nous nous sommes appuyés aussi sur l’expérience et sur des raisons nouvelles pour indiquer certains changements désirables. Il en est de même aujourd’hui, et j’espère que personne ne me taxera de contradiction ou de versatilité quand je parlerai de quelques défauts de notre tra- vail d’il y a seize ans et de modifications qui deviennent oppor- tunes. ^ Saint-Lager, Béforme de la nomenclature botanique, in-S*^, 155 pages, et Nouvelles remarques sur la nomenclature botanique, in-8°, 55 pages, dans les Annales de la société botanique de Lyon et à part. 6 INTRODUCTION. Les additions et changements que je propose ne viennent pas de moi seul. Elles résultent de propositions faites dans les jour- naux botaniques et des rapports de commissions spéciales que j’ai cités tout à l’heure. J’ai de plus été en correspondance avec plusieurs botanistes, notamment avec M. Asa Gray, bien connu 'pour l’attention qu’il donne aux questions de nomenclature, et ^I. Daydon Jackson, qui prépare le nouveau Nomendator, pour lequel l’illustre Darwin a fait les fonds nécessaires. Nous nous accordons sur les points qui pouvaient offrir quelques doutes. Une source d’erreurs dans les usages botaniques de nomen- clature est l’imitation de ceux suivis en zoologie. Je ne crains pas de le dire, parce que les zoologistes sont loin de contester l’infériorité de leur science à cet égard. Beaucoup d’incertitu- des, beaucoup d’irrégularités, beaucoup de négligences dont ils se plaignent n’existent pas en botanique. Ils ont amélioré leurs usages en imitant les nôtres, mais l’inverse est arrivé quand on a imité en botanique certaines publications de zoologie. La lecture du recueil de M. Dali, applicable aux deux sciences, fait parfaitement comprendre les diversités qui existent encore et la supériorité de la nomenclature botanique ‘. Notre première partie traite d’observations sur divers arti- cles du recueil de 1867. La seconde, de questions suscitées depuis peu de temps, ou sur lesquelles le congrès n’avait pas jugé à propos de voter. Je termine par une réimpression du texte primitif, avec les additions et moditications qu’il me paraît convenable de pro- poser en raison des motifs indiqués dans le présent opuscule. ^ Dali, Nomenclature, page 9. Voir aussi Douvillé, Rapport, p. 129. Depuis Linné des zoologistes éminents, tels que Bufifon, Cuvier, ont atta- ché moins d'importance que les botanistes aux méthodes de classifi- cation et de nomenclature. D’ailleurs l’immensité de la zoologie et sa division en branches très distinctes ont causé des irrégularités dans les usages. prf:m'ière partie Observations et discussions sur divers articles du Recueil des lois de 186T Titre et articles 1 et 2 des Lois de la nomenclature: Considérations c.énérales et principes dirigeants. Quelques rares personnes ont critiqué le mot Lois, appliqué aux règles qu’il convient d’adopter dans la nomenclature. Elles se figurent que notre congrès aurait eu l’idée de s’imposer. L’objection n’est pas soutenable au point de vue du sens fran- çais du mot loi, car on l’emploie souvent dans le sens de règle et même dans un sens beaucoup plus vaste, comme la loi de la pesanteur, la loi des échanges, etc. Que le congrès botanique n’ait eu aucun désir de s’imposer c’est évident, d’après son arti- cle 2, et la décision finale qu’il a votée à l’unanimité : De recommander le recueil comme le meilleur guide à suivre (Lois, etc., p. 4). Il y a cependant, j’en conviens, quelques articles qui s’impo- sent, mais seulement lorsqu’on adopte le principe de la priorité énoncé dans les articles 3 et 15. Dans ce cas, à moins de se con- tredire, il faut absolument se soumettre aux conséquences indi- quées dans les articles 16, 41, 59. Le reste se compose le plus souvent de conseils, qu’on peut suivre ou ne pas suivre sans ^ Voir le texte de ces articles soit dans les Lois de la nomenclature adoptées par le Congrès (Actes du Congrès, 1807), soit dans mon Com- mentaire de même date, soit encore à la tin du présent opuscule. 8 OBSERVATIONS beaucoup crinconvéuieiit, mais qui sont basés sur de justes motifs et sur les usages. Les anciens auteurs qui se sont occupés de la nomenclature, en particulier Linné, de Candolle et Lindley, ne mettaient pas assez en évidence, sous forme d’articles, les principes géné- raux sur lesquels ils s’appuyaient et ne classaient pas les règles, suivant leur nature, en chapitres ou sections. Notre recueil a été le premier dans lequel on ait adopté strictement une classi- fication analogue à celle des codes de la plupart des pays civili- sés. M. Dali, en Amérique, a suivi notre exemple. Ce classement des articles facilite les recherches, et l’énoncé, au début, de principes généraux a d’autres avantages, qui mal- heureusement n’ont pas été compris par tout le monde. Ces avantages sont de faire réfléchir aux conditions de toute bonne nomenclature et de donner un moyen de résoudre les questions douteuses quand des articles spéciaux n’en ont pas parlé. J’es- time que la plupart des questions peuvent être résolues en remontant aux principes du chapitre de notre rédaction et de la section D® du chapitre III, mais c’est à condition de lh*e attentivement les textes, et de réfléchir au sens de chaque phrase ’. Article 3. — Conditions d’une bonne nomenclature. M. Dali- a modifié judicieusement notre article, en disant: « Le principe essentiel est : 1° de viser à la fixité dans les noms; » 2" et 3" (à peu près comme le reste de notre article). Il fait ainsi mieux ressortir l’objet principal. Les considérations accessoires, mentionnées à la fin de notre article, n’ont guère d’application que dans la création des noms nouveaux, car une fois un nom publié la loi de priorité lui profite, sauf dans des cas exceptionnels, qu’il convient de rendre tout à fait rares. ^ J’indiquerai à l’occasion des articles 15 et 48, des principes, assez généraux également, qui n’ont pas été énoncés dans le recueil, et dont l’importance est considérable. 2 Dali, § 3. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 9 Article 4. — Sur l’usage. Quelques botanistes donnent plus d’importance que d’autres à l’usage. Ils vont jusqu’à préférer un nom très connu, de famille, genre ou espèce, à un nom plus ancien mais oublié ou négligé. Je me suis demandé d’après cela si notre article 4 est trop absolu et s’il ne faudrait pas le modifier. En y réfléchissant, je ne pense pas que ce fût convenable. Un usage est de sa nature assez vague. Il peut changer d’an- née en année, tandis que les règles subsistent. Comment consta- ter d’ailleurs qu’un usage est bien établi? Ce n’est pas en comp- tant les auteurs qui l’ont suivi, car un seul ouvrage delà nature de certains Généra ou Species fait plus connaître un nom que cent flores ou catalogues. Dans tel pays, dans telle suite d’années un nom peut se répandre ou au contraire tomber en désuétude. Je comprends qu’on suive ce qu’on croit être Tusage dans des choses secondaires et en l’absence de règle, comme le dit l’arti- cle ; mais pour autoriser à mettre un usage au-dessus d’une règle, il faudrait définir et constaterclairement.ee que c’est qu’un usage et cela n’est guère possible. Il y a peut-être des cas dans lesquels un auteur enfreint une règle, même la loi de priorité, par des motifs judicieux, appro- priés à un cas particulier, mais alors il le fait sans en parler, à ses périls et risques. Tout auteur subséquent pourra rappeler la règle et l’appliquer. Personne n’a le droit de l’en empêcher, d’où il résulte que la violation d’une règle, si elle a de l’avantage sous un certain point de vue, n’a pas un avantage qui dure. Il en est de cela comme des violations de lois ou de règlements de police que se permettent quelquefois des personnes honnêtes, dans le but d’éviter une application trop rigouseuse dans un cas parti- culier : si le fait est remarqué, la loi ou le règlement reprennent toute leur force et celui qui les a méconnus peut en souftrir. Dans la science, la peine est simplement qu’un auteur n’est pas suivi lorsqu’on a vu qu’il s’est écarté de la règle. Ces incidents peuvent arriver, mais il vaut mieux ne pas les prévoir, pour ne pas les encourager et éviter des discussions. 10 OBSEKVATIOXS Article 6. — Noms en latin. « Les noms scientifiques, dit le texte, sont en langue latine, » mais quel latin faut-il entendre? Une langue dont la durée a été aussi longue a beaucoup varié et quand on ouvre un diction- naii*e on s’aperçoit qu’un grand nombre de mots ont eu simulta- nément ou successivement plusieurs sens. A mon avis, pour l’histoire naturelle, c’est le latin de Linné qui doit servir d’exem- ple. Il est correct et, sous le rapport scientifique, il a ce grand avantage d’être plus précis que le latin de l’antiquité. Chaque mot dans Linné n’a qu’un sens et chaque idée ou objet s’exprime par un seul terme. J’en ai donné ailleurs ‘ des exemples assez curieux. Ceci pour la construction des noms ; mais une fois un nom publié, il revêt le caractère d’un mot propre soit technique. Il devient botanique ou zoologique, c’est-à-dire qu’il appartient en quelque sorte à une langue spéciale et qu’il est soumis à des règles particulières, dont la plus importante est la fixité. Ceci est vrai surtout pour les noms de genres, mais il y a aussi des noms d’espèces qui sont devenus scientifiques par l’usage, quoique manquant aux dictionnaires latins L L’inconvénient des noms en langues vulgaires s’est fait sentir lorsqu’il a fallu traduire en latin certains noms spécifiques. Une espèce appelée en français des bois, peut se traduire par sylves- tris, sylvatica ou nemorosa. Cependant elle ne doit avoir qu’un nom. Le principe de l’article 6, posé d’une manière générale, a pris de l’importance depuis qu’on a commencé de publier en russe, japonais, etc., c’est-à-dire dans des langues dont la plu- part des naturalistes ne connaissent pas même les caractères typographiques. Article 8. — Tour végétal appartient a une espèce, etc. Je regarde cet article comme une concession faite au besoin ‘ Phytographie, p. 34, 247, 463. ^ Voir plus loin mes observations sur l’article 66. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 11 d’ordre et d’uniformité dans les livres, car chacun des degrés de la hiérarchie des groupes (art. 10) peut manquer dans tel ou tel cas particulier. Non seulement beaucoup d’espèces ne pré- sentent pas de variétés, et beaucoup de genres n’ont pas de sous-genres ou sections, mais il y a aussi des genres monotypes qui ne sont pas des associations d’espèces, et des familles com- posées d’un seul genre qui ne sont pas des réunions de genres. Dans d’autres circonstances la distinction en espèces est telle- ment difficile qu'on peut se demander si certains genres ou sous-genres ne sont pas constitués par des variétés plutôt que par des espèces. Les naturalistes antérieurs à Linné désignaient quelquefois un genre par un seul nom, sans épithète ou phrase spécifique, lorsqu’ils ne voyaient pas matière à distinguer des formes différentes. C’est le désir d’uniformiser et la prévision qu’on découvrirait plus tard d’autres espèces qui a fait donner un nom spécifique au contenu d’un genre monotype. Article 10. — Hiérarchie des groupes. Les naturalistes reconnaissent maintenant, d’une manière assez générale : 1° que les groupes désignés par un nom sembla- ble n’ont pas exactement la même valeur ; 2® qu’il y a souvent des transitions entre deux groupes superposés dans la hiérar- chie, ce qui permet d’hésiter dans l’application des termes espèce ou sous-espèce, genre ou section, famille ou tribu, etc.; 3" que les groupes sont des associations plus ou moins vastes, mais en soi de même nature, vu leur qualité d’objets collec- tifs. Il n’en est pas moins vrai que les termes espèce, genre, famille, classe, ont des bases dans l’histoire de la science, et reposent sur certains caractères de formes ou sur des facultés physiolo- giques, conséquences de l’organisation intérieure. Historique- ment l’espèce est la catégorie de groupes établis par Linné quand il a réuni sous un seul nom des associations de moindre valeur. Le genre est la catégorie de groupes plus vastes consti- tués par Tournefort, admis presque toujours et nommés plus régulièrement par Linné. La famille est ce que Antoine-Laurent de Jussieu a appelé du nom latin Ordo, On peut différer sur les caractères morphologiques à employer pour fonder des espèces, genres ou familles. On peut dire aussi que les caractères de OBSERVATIONS 12 fécondation et d’hérédité ne sont pas absolus. Mais le sens dans lequel les fondateurs de la classification moderne ont pris ces termes est assez clair d’après leurs ouvrages, et peut servir de point d’appui, du moins pour les personnes qui aiment à se baser sur la priorité. Je comprends qu’on s’applique à énumérer des formes contenues dans une espèce de Linné, mais pourquoi don- ner à ces groupes le nom d’espèces ? C’est du pur néologisme. C’est abandonner le principe de viser à la fixité des termes, qui est notre sauvegarde contre une immense confusion. L’énumé- ration des vingt groupes superposés dans l’article 10 permet de classer toutes les formes, sans changer le sens des termes anciens, espèce, genre, famille. On peut ajouter des intermé- diaires plus nombreux, au moyen de mots d’un emploi facultatif ou de lettres, de chiffres et de signes typographiques. Le cadre existe. Pourquoi changer ses divisions principales qui sont histo- riques ? La convenance, dans beaucoup de cas, de reconnaître des groupes immédiatement supérieurs aux espèces a suggéré l’idée de leur donner un nom, par exemple celui de sur-espèce {siiper- species), comme le proposait H. C. Watson L Par ce procédé l’espèce de Linné étant comprise entre des sur- et des sous- espèces^ deviendrait plus claire. Malheureusement il en résulte- rait assez de complications de synonymie, car il faudrait indi- quer si tel nom est une espèce ou une sur-espèce dans l’ouvrage que l’on cite. Ce serait doubler l’embarras qui existe déjà dans la citation des sous-espèces ou variétés et des espèces. Le résul- tat auquel ou vise, — celui de faire comprendre un groupe supérieur à l’espèce, — peut s’obtenir par un moyen simple, dans lequel on ne crée aucun nom. Ce moyen consiste à classer ^ Hewett Cottrell Watson (Compendium of tlie Cybele britannica, 1, p. 36) en recommandant ce système, dit que Boswell Symes l’a appliqué dans la 3“'® édition de son Englisli hotany. 11 se servait de trois termes Super- species, Ver-species^ Siib-species. Le terme moyen paraît inutile. L’année dernière M. Clavaud (Flore de la Gironde, fasc. 1, Paris 1882) a nommé Stiipes les sur-espèces, mais ce terme employé quelquefois dans un sens différent, assez vague, est moins expressif. MM. Burnat et Gremli {Sup2)l. à la Monogr. des roses des Alpes-Maritimes^ Genève, 1883) usent d’un procédé ingénieux, qui consiste à imprimer en fortes capitales les noms d’espèces selon eux de premier ordre et en capitales moins fortes ceux d’espèces de second ordre. L’avantage est d’indiquer une diversité d’importance sans introduire un nom nouveau de groupe. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 13 plusieurs espèces très voisines, ou une espèce très séparée des autres sous une rubrique numérotée, ou marquée d’une lettre ou d’un signe. L’admission de sur-espèces amènerait, par analogie et pour les mêmes motifs, des sur-genres, sur-familles et sur-classes, dont on se passe très bien, quoique la multiplicité des degrés dans la hiérarchie des groupes soit conforme à la nature. Les groupes minimes, compris entre les variétés et les indivi- dus, doivent ce me semble être considérés à part, comme ne pouvant pas rentrer dans la série des groupes systématiquement nommés. J’en parlerai dans la troisième partie, la question étant assez nouvelle. J’examinerai aussi une addition importante relative aux plantes fossiles. Les personnes qui s’intéressent à la concordance des noms de groupes en zoologie et en botanique, feront bien de consulter le tableau publié par M. Dall\ qui me paraît avantageux pour uniformiser les ouvrages d’histoire naturelle. La plupart des tableaux indiquant la subordination des groupes font ressortir, en lettres capitales^ les noms de Classe, Famille, Genre, Espèce. Je répugne à ce procédé, parce que les groupes naturels sont tous également des associations, et comme telles sont soumis à certaines lois communes, par exemple d’avoir des limites un peu vagues, de présenter des exceptions, et de faire quelquefois défaut, comme je le disais tout à l’heure (p. 11). J’estime aussi qu’ils doivent tous reposer sur des caractères, non sur des hypothèses, nécessairement con- testables, relatives à leur origine. Article Ld. — Sur le point de départ de la priorité. Les zoologistes ont eu des incertitudes prolongées pour savoir quel ouvrage de Linné, ou même de naturalistes antérieurs, doit être considéré dans leur science, comme le point de départ de la nomenclature des genres et des espèces ^ Pour les botanistes * Nomenclature^ p. 24. ^ L’Association britannique adoptait la 12® édition de Linné, mais M. Dali (Nomencl. p.43), a donné de bonnes raisons pour préférer la 14 OBSERVATIOXS la question est plus facile à résoudre, pourvu qu’on réfléchisse à ce qui constitue véritablement une certaine catégorie de groupes. Avant Linné les auteurs employaient souvent des noms bino- minaux pour les espèces, mais quand un adjectif ne sufîisait pas pour exprimer les caractères différentiels ils en mettaient deux, trois, ou davantage. Linné mit systématiquement une seule épithète spécifique, d’abord dans son opuscule du Pan suecus, de 1749, et même, d’après le Ahling‘, dans un écrit en sué- dois, de 1745, mais c’étaient là des tentatives partielles et, comme on dit, des ballons d’essai. Il a généralisé ensuite son procédé dans la première édition du Species plantarum^ de 1753. Évidemment ceci est la date qui doit servir de point initial pour les noms d’espèces. Quant aux genres proposés ou adoptés par Linné, c’est la première édition du Généra^ en 1737, qui doit être invoquée. Jusqu’à Tournefort plusieurs botanistes avaient nommé des genres, sans énoncer leurs caractères. Or, un groupe sans caractères n’est, pour ainsi dire, pas publié (art. 46), puisqu’on ne peut pas le reconnaître exactement. Tournefort a eu le mérite de donner des caractères, mais il conservait pour plusieurs genres des noms adjectifs i^Acetosa^ Bermiidiana, etc.), ou des noms doubles (Herha-Paris, Ferrum-Eqninum^ Narcisso-Leu- cohim, etc.), tandis que Liiiiié a donné une forme régulière aux noms, toujours substantifs, en même temps qu’il donnait les caractères. C’est donc à dater de son Généra, que les groupes appelés genres ont été nommés et décrits, selon la forme qui est admise. Par les mêmes motifs, c’est du Généra play'itarum, d’Antoine Laurent de Jussieu, en 1789, qu’il faut faire dater les premiers noms de familles (Ordines) vraiment constituées. Avant cet ouvrage, Linné et Bernard de Jussieu avaient bien indiqué des familles et leur avaient même donné des noms, mais ils n’avaient pas énoncé de caractères. Adanson, il faut le reconnaître, avait énoncé des caractères, mais chez lui les noms de familles 10“*®. Il admet en outre qu’on remonte à des auteurs plus anciens que Linné, dans certaines branches de la zoologie (Lettre citée par M. Dou- villé, Rapport, p. 139). ‘ Olandska och Gotlilajidska resa, cité, d’après Aliling, dans le Journal of Botany, 1831, p. 280. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 15 n’étaient ni réguliers ni acceptables {Ana^ GalUdes, Jasmina, Bissiis, Orcliis, etc.), ce sont Bernard et A.-L. de Jussieu qui ont commencé de régulariser les noms, et c’est Antoine-Laurent qui a donné avec des noms réguliers des caractères vraiment distinciifs. On voudrait remonter plus haut pour les familles qu’on trouverait ou des noms inacceptables qui tombent dans la synonymie, ou des noms nuis par défaut d’explications. R. Brown, Prodromus Novœ Hollandiæ, en 1810, a distingué des sous-genres, sans les désigner ainsi^ et il leur a donné quelquefois des noms substantifs. Ce n’est pas encore une con- stitution régulière de cette sorte de groupes. Elle a été opérée par de Candolle, en 1818, dans Regni vegetahilis systema natu- relle, où les sections soit sous-genres sont régulièrement dési- gnés comme tels et presque toujours avec un nom substantif. C’est dans le même ouvrage que des groupes de familles ont été désignés sous le nom de cohortes, avec un nom pour chacune et l’énoncé de caractères. Là aussi des tribus se trouvent pour la première fois classées, nommées et caractérisées. Les séries de ïmnlles Apetalœ, Monoimialœ, etc., de Jussieu, qu’il ne nomme pas des classes ou sous-classes, et qui reposent sur un seul caractère, sont des divisions artificielles plutôt que naturelles, tandis que les noms de Thalamijloræ, Calydjioræ, etc. du Systema (1818), précédés de la désignation Suhclassis I, II, etc., et suivis de caractères détaillés, présentent toutes les conditions nécessaires pour un point de départ dans cette sorte de groupes. Les deux classes fondées sur les cotylédons avaient été aper- çues par Théophraste YIII, c. ii^ et ensuite par Cesalpin, mais elles ont été nommées Monocotyledones et Dicotylédones, par Ray (Methodus plantarum emendata et aucta, 1703, p. 1). Van Royen^ en 1740, les appelait Monocotyledones et Pluri- coiyledones. Quant aux grandes divisions, supérieures à ces classes, il n’est pas facile de constater celles qui ont été le plus ancien- nement nommées et définies. Acotyledones se trouva déjà dans de Jussieu Généra, à titre de classe égale aux Dicotylédones et Monocotyledones. Gryptogamia est dans Linné (Syst, ed. 1, 1735, p. 4), mais comme nom d’une classe analogue aux vingt- trois autres appelées Monandria, Diandria,eic,. Phanerogamia ou Phanérogame est un nom moderne surtout dans le sens 16 OBSERVATIONS (iTiiie grande classe. Il irest pas dans Linné. En 1813, de Can- dolle s’en est servi pour une subdivision des Monocotylédones (Théor. élém., p. 219), ce qui montre à quel degré le sens était alors variable et vague. L’auteur (p. 213^ 220) divisa le règne végétal en Vasculaires ou Cotyléclonés et Cellulaires ou Aco- tylédonés, classes dont il donnait les caractères spéciaux dans le Systema (1, p. 120, 121) dès 1818 '. Richard avait dit aupa- ravant (1808, Anal, du fruit, p. 50), Exemhryonatæ et Emhryo- naiœ, mais le nom d’Acotyledones, plus ancien, devait être conservé en l’élevant dans l’échelle des groupes, si d’ailleurs les découvertes modernes sur les Cryptogames avaient permis de conserver le tenue ExembryonatæC II est curieux de penser au nombre des noms de grandes divisions qui tombent au rang des synonymes lorsqu’on admet le principe qu’il faut un seul nom, pour chaque groupe d’un ordre déterminé, avec l’énoncé des caractères distinctifs et une forme acceptable ^ En résumé une catégorie de groupes est constituée lorsque : V on lui a donné un nom, tel que genre, espèce, etc. ; 2“ une forme régulière pour chaque catégorie ; 3° on a indiqué la place du groupe relativement aux autres dans la hiérarchie de la classification ; V on a exprimé les caractères dans chaque cas particulier. Si l’on admet ces conditions, les dates suivantes sont celles qui doivent servir de points de départ : 1703 (Ray, Methodus emendata), pour les classes de Phané- rogames. 1735 (Linné, Syst. ed. 1), pour les grandes divisions du règne végétal, telles que Cryptogamîn. 1737 (Linné, Généra, etc., ed. 1), pour les genres. 1753 (Linné, Species, ed. 1), pour les espèces, distinguées des variétés. ^ La citation, p. 121, de Cotyledoneæ Juss. Gen. p. 70, est une erreur. On ne trouve pas ce mot dans le Généra, et à la p. 70, il est question des Dicotylédones. Dans la nomenclature des classes du règne végétal on s’aperçoit de l’inconvénient des mots significatifs. Il a fallu souvent les changer à la suite de découvertes. En zoologie les noms Aves^ Pisces, Vei'mes, etc., etc., durent toujours, parce qu’ils n’ont aucun sens. ■’ Vasculares et Cellulares DC. tombent, comme double emploi, et le dernier, en outre, comme postérieur à Acotylédones. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 17 1789 (Aiit. L. de Jussieu, Généra), pour les familles appelées par lui Ordines. 1810 (R. Brown, Prodr. Fl. N. Holl.) ou le suivant, pour les sous-genres. 1818 (A. P. de Candolle, Systema naturale), pour les cohortes et les tribus. Notre article 15 aurait dû tenir compte des noms de classes (Monocotylédones et Dicotylédones), qui sont antérieurs à Linné et que l’illustre Suédois a eu le tort de négliger, même dans ses Fragments sur la méthode naturelle, publiés par Giseke. Si je ne propose formellement aucune addition à l’article, c’est à cause du très petit nombre des noms de cette nature. Article additionnel 15 bis. — Un nom est fait seulement POUR DÉSIGNER. Aux principes généraux (art. 15-17), il serait convenable d’ajouter ceci : « Article 15 his. La désignation d’un groupe, par un ou plu- sieurs noms, n’a pas pour but d’énoncer les caractères ou l’his- toire de ce groupe, mais de donner un moyen de s’entendre lorsqu’on veut en parler. » Voici mes motifs. Une tendance, qui reparaît sous différentes formes, est de mêler avec un nom certaines considérations d’une autre nature. Avant Linné les noms d’espèces étaient à la fois un nom et une énumération de caractères. En séparant ces deux choses, Linné a rendu un grand service. Un nom est un nom ; des caractères sont des caractères ; la succession des noms est de la synonymie. Mélanger des idées aussi différentes est une source de confusion et de longueurs. De nos jours il existe une disposition à attribuer trop d’importance à la signification des noms et aussi à mêler la synonymie, c’est-à-dire l’histoire bibliographique des groupes, avec les noms, du moins avec l’indication de l’auteur, qui fait à peu près partie du nom, étant presque toujours annexée. Ce sont des complications opposées au principe général que des ' idées différentes doivent être énoncées séparément. Si l’on oublie cette règle, on sera tenté bientôt d’exprimer dans le nom ou avec le nom l’histoire phylogénétique du groupe ; car c’est à 18 OBSERVATIONS présent une des idées qui préoccupent. Il faudrait pourtant comprendre qu'un nom n’est pas clair et commode quand il se complique de plusieurs idées. Les peuples barbares désignent les hommes par une généalogie : Ali fils de Mahomet, fils de Joseph. D’autres se servent d’épithètes soit caractères : Pied léger, Grand chef à barbe longue, etc. Les peuples civilisés, au contraire, veulent des noms qui souvent ne présentent aucun sens et ne sont absolument que des noms. C’est un progrès. On le comprend si bien qu’on n’est pas choqué lorsqu’un individu de grande taille a pour nom de famille Petit, ou qu’un autre de teint clair se nomme Brun. De même la nomenclature des loca- lités nous satisfait quand chaque ville ou village n’a qu’un nom, indépendamment de l’histoire ou de l’apparence de ces divers groupes d’habitations. Mon article supplémentaire fait ressortir ce qui est l’essence d’un nom, et indique ce qui peut le fausser ou, en tout cas, le compliquer et l’aÙonger. Il repose sur l’idée que les procédés simples sont un progrès. Article 20. — Noms des cohortes. Je persiste à croire que la meilleure manière de nommer les cohortes, soit associations de familles, est de terminer en aies le nom d’un des principaux éléments du groupe. C’est le pro- cédé de Lindley, suivi par MM. Bentham et Hooker, dans leur Généra, du moins quand ils ont indiqué des Cohortes. Le Con- grès .de 1867 a mieux aimé ne rien préciser sur la désinence, mais la forme en aies a l’avantage de n’avoir été employée dans aucun autre cas et de faii’e présumer quelque chose de vaste ‘ . Malheureusement ce genre d’associations n’est pas encore assez défini ou, peut-être, n’existe pas dans certaines parties du règne végétal. Deux choses le montrent assez bien. Les auteurs n’ont pas osé faire la synonymie des cohortes quand ils en ont adopté, et si l’on essaie de faire cette synonymie, on trouve que chaque botaniste a compris dans chaque cohorte ou en a exclu des familles différentes. En outre, de Candolle, qui ‘ AUscere, accroître; aies, ailes. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 19 avait distingué des cohortes dans le Systema^ n’a pas continué dans le Prodromus, et MM. Bentham et Hooker ont classé les familles Monocotyledones sous l’expression de séries, qui fait supposer un ordre, selon eux, moins naturel. Après tout, il n’est pas extraordinaire qu’un certain degré de la hiérarchie vienne quelquefois à manquer. Beaucoup de genres se groupent en familles sans tribus, et beaucoup d’espèces ne forment pas des sections dans les genres. Article 25. — Noms génériques. Comme les noms de genres se tirent souvent du grec, et que nous autres naturalistes ne sommes ordinairement pas très versés dans cette langue, je recommanderai les indications fort claires données par M. Dali * pour la traduction des lettres grecques en latin. M. Saint-Lager^ a donné des directions analogues, moins com- plètes, mais bonnes à consulter. Je note seulement que selon lui Tj du grec répond à è (comme Aloe pour àlor^), tandis que plus souvent les latins traduisaient cette lettre par a (biblio- theca, dialectica, Hecuba, etc., etc., répondant à des mots grecs terminés par ti). Cette désinence en a, si fréquente chez les classiques et dans les livres de botanique, donne des noms latins plus faciles à décliner que ceux en e. Les noms génériques sont essentiellement des noms propres. De là, plusieurs conséquences dont je parlerai plus loin. Article 26. — Noms des subdivisions de sections. La rédaction de l’article admet des noms substantifs pour les sous-sections èt autres subdivisions de sections, mais l’expé- rience paraît avoir montré que des adjectifs, de simples signes typographiques ou des lettres sont préférables. Il y a déjà tant de noms génériques et de sections sous la forme de noms sub- stantifs qu’il vaut mieux ne pas en introduire d’autres, qui gros- ' Nomenclature, p. 55. ^ Réforme, p. 11. OBSERVATIONS 20 sissent les index. Quand un ancien genre est considéré comme sous-section, le mieux est d’indiquer son nom en synonyme, a'près les caractères de la sous-section, au lieu d’en faire un nom de sous-section, afin de ne pas créer des noms inutiles fart. 3, alinéa 2). Article 33. — Noms d’espèces tirés de noms d’hommes. Cet article, introduit pendant la discussion du Congrès et qui n’était pas dans le projet, aurait dû être mis comme simple recommandation dans l’article 36. Une foule de noms ont été faits sans égard à la distinction qu’il indique, et personne, je présume, ne prendrait sur soi de les changer, puisqu’ils exis- tent. M. Ascherson‘ demandait, peu de temps après la publica- tion du recueil, que chacun fît ce qu’il jugerait à propos dans la construction de noms de cette sorte. C’est bien ce qui est arrivé. L’article est tenu pour nul. Article 34. — Sur les noms d’espèces forme de substantifs. Linné et les auteurs subséquents ont introduit des noms tels que Digitalis Sceptrum, Coronilla Emerus, Indigofera Anil^ Ces- ivumParqui, etc., etc. M. Saint-Lager, qui met au-dessus de la loi de priorité les règles ou les usages de la linguistique, propose de changer tous ces noms. Il en cite deux ou trois cents qu’il qualifie en bloc de « Charabia et galimatias ^ » Pour nous qui partons de l’idée qu’un nom est une manière quelconque admise pour désigner un objet et que le premier nom donné doit être maintenu, à moins de motifs exceptionnels d’une très grande force, nous recommandons de ne pas changer les noms spécifiques dont il s’agit. Leur nature n’est pas aussi éloignée des autres noms d’espè- ces qu’il ne semble au premier aspect. Ce sont des épithètes, car Digitalis Sceptrum veut dire le Digitalis appelé par d’an- ’ Bot. Zeit., 1868, p. 342. ^ Saint-Lager, Réforme, etc., p. 118-141. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 21 ciens auteurs Sceptnon; ladigofera Anil signifie V Indigofera appelé par certains peuples Anil^ etc. Il y a un mot sous- entendu, comme disent les grammairiens : Digitalis (olim) Scep- trum; Indigojera (vulgo) Anil, etc. Au lieu de rappeler une forme, le nom rappelle une ancienne désignation, un nom vul- gaire ou un emploi économique. L’avantage, toujours désiré, que les noms d’espèces indiquent un caractère, existe complè- tement, car il est aussi utile de rappeler l’histoire d’une plante ou ses noms que la forme de ses feuilles ou de sa fleur. La lettre capitale, mise exceptionnellement aux noms de cette forme, fait comprendre qu’il y a un mot sous-entendu. Il va sans dire qu’un tel nom, une fois fait, profite de la loi de priorité, et ne peut pas plus être changé que tout autre. Mais, dans quel cas convieiit-il de faire des noms de cette sorte? C’est ce qu’ii est bon d’examiner. Lorsqu’on fait passer une espèce d’un genre dans un autre, il est avantageux de conserver un indice de la transmission. Dans les cas ordinaires on garde le nom spécifique. Cependant, si l’espèce constituait à elle seule un genre, comme le nom générique a plus d’importance que l’épithète spécifique, il y a de justes motifs pour conserver le nom générique. C’est une excellente manière de rappeler ou de signaler l’ancien nom et aussi le fait qu’on croyait jadis l’espèce assez particulière pom* constituer un genre. De bons auteurs ont préféré, dans ce cas, conserv^er le nom spécifique. Ils pouvaient le faii-e, et ce qu’ils ont fait reste nécessairement dans la science, mais le nom géné- rique me paraît meilleur à conserver. Ainsi, en réunissant le T/iea au genre Camellia, Camellia Thea m’aurait paru un meil- leur nom que Camellia chinensis. Camellia tlieifera, imaginé de toutes pièces par Griffith, est contraire aux règles, puisque l’ancien nom était Thea chinensis. Article 36. — Conseils pour les noms nouveaux d’espèces. ' Le 5® de l’article me paraît trop favorable à la publication de noms inédits. Il est vrai que le 3® de l’article 47 blâme la publi- cation de ces noms lorsqu’ils tombent immédiatement parmi les synonymes, attendu que l’auteur qui les cite ne les adopte pas ; mais nous verrons plus loin, à l’occasion de l’article 50, les diffi- cultés causées par les noms inédits qu’un auteur adopte. Il AUCbl b /, K COUC V-MA C Al; V AI;d OBSERVATIONS 22 faudrait au moins ajouter à la fin du 5° de l’article les mots : « Ou que l’auteur n’en ait pas approuvé d’avance la publica- tion. )) Articles 37 et 39. — Noms d’hybrides et de métis. La première partie de l’article 37 est, due à la commission du Congrès et au Congrès plutôt qu’au rédacteur. Je dirais mes objections si le nombre des cas dans lesquels la nomenclature indiquée est possible n’était excessivement limité. Il faut en eftèt « une origine démontrée par voie d'exjyérience. » Rien de plus rare! Presque tous les hybrides de plantes spontanées dont on parle sont présumés, et l’espèce qu’on suppose avoir servi de père ou de mère est encore plus incertaine. Quant aux hybrides dont on connaît l’origine, — qui sont fré- quents dans les jardins, — le procédé employé par M. Focke ’, pour indiquer les parents, mérite d’être recommandé : Digitalis lutea 9 X purpurea J . Digitalis purpurea Ç x lutea cf • Article 40. — Noms de variétés cultivées. L’emploi de noms de fantaisie pour les modifications d’espè- ces obtenues dans les jardins, a été recommandé de nouveau, avec autorité, par le judicieux directeur du Garde?ier's CJironi- cle '\ Il indique, comme un des meilleurs procédés, de nommer ces formes d’après l’horticulteur qui les a obtenues {William' s Croton^ PaiiVs Cratœgus^etQ,.). Lorsqu’un Pelargofiium, dit-il, est le produit de cinquante ou cent croisements, des noms tels qMecarneum^ longifoliim, etc., ne font que jeter de la confu- sion, en mêlant des produits artificiels avec les espèces natu- relles. Puissent les horticulteurs écouter ces excellents con- seils ! ' Œsterreichisdie botanische Zeitschrift. 1882, p. 9. ^ Masters, On the nomenclature of garden plants {Journal of the hortic. soc.), mémoire présenté dans la séance du 19 nov. 1878. Il SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 23 Articlk 42. — Conditions de la publicité. Il s’est introduit depuis quelques aimées un genre de com- munications imprimées ou autographiées, que l’on ne connais- sait pas en 1867. Plusieurs sociétés de botanistes, en France, en Angleterre, en Allemagne et ailleurs peut-être, se sont con- stituées pour faire des échanges d’échantillons, accompagnés de listes ou de notes plus ou moins développées, qui contiennent quelquefois des noms nouveaux. J’entends des listes ou notes (]ui ne sont pas dans un journal^ mais qu’on distribue seulement aux associés, sans les mettre en vente. Elles ne présentent pas l’une des conditions jugées nécessaires pour une véritable publi- cité, savoir la distribution dans le public. Jusqu’à ce qu’un journal ait dévoilé leur incognito, elles restent dans la demi- obscurité de papiers communiqués à des amis. Les noms nou- veaux qu’elles renferment ne peuvent pas compter dans une question de priorité, puisque le public est censé les ignorer. Je signale ce point aux membres des associations d’échanges. Il leur est facile de parer à l’inconvénient, au moyen d’une mise en vente d’exemplaires à une date certaine, ou ce qui vaut mieux encore, en publiant leurs listes dans un journal. Le Congrès s’est montré indulgent pour les distributeurs de plantes numérotées, lorsqu’il a considéré les noms imprimés sui- des étiquettes comme publiés et prenant date, moyennant une distribution aux principales collections publiques. A la rigueur, et en raison de l’article 46, il faudrait, selon la remarque du D" J. Müller ‘, une indication des caractères qui paraissent à l’auteur motiver l’établissement nouveau d’un genre ou d’une espèce. On peut dire cependant que la vue d’un échantillon ou même d’une planche, en apprend quelquefois plus que l’énoncé bref ou imparfait de caractères. Du reste, il y a fort peu de collections qui réunissent toutes les conditions exigées dans l’article 42. La plupart ne contien- nent pas de noms, ou sont déposées dans un ou deux herbiers seulement, ou n’ont pas été distribuées avec une date connue. Les noms qui s’y trouvent sont en réalité, le plus ordinairement, * Flora, 1874, p. 89. 24 OBSERVATIONS des noms inédits, que les auteurs sont libres d’adopter ou de négliger quand ils publient et qui, jusqu’au fait de la publication, ii’ont pas di’oit à la priorité. Article 4(5. — Groupes nommés sans caractère. Un nom de genre, d’espèce ou autre, ayant été publié sans aucune explication, il peut arriver que, plus tard, un auteur constate, dans un manuscrit ou dans un herbier, ce que l’on avait entendu par ce nom. Si l’auteur publie cette remarque, il n’en résulte pas que le nom primitif date de la première publi- cation. Le nom était nul, faute de pouvoir être compris ; donc il ne peut primer les noms qui auraient été donnés ensuite avec des caractères. Un nom inintelligible n’a pas plus de valeur que s’il avait été écrit dans un herbier ou déposé dans un paquet cacheté. Son existence inconnue ne peut vicier un nom expliqué . et publié. La tin de l’article 46 est incomplète. Aux mots : « Il en est de même d’un genre, » nous aurions dû ajouter : « ou cVim autre groupe nommé ou annoncé » sans être caractérisé. En effet, ce qui est inintelligible ne peut jamais compter Nous verrons, dans l’article sur les plantes fossiles, que plu- sieurs géologues considèrent comme inintelligible toute descrip- tion qui n’est pas accompagnée de figure. Article 47. — Indication nécessaire de la nature d’un groupe. I La recommandation du 2” de l’article est beaucoup trop négli- gée, surtout chez les cryptogamistes. Beaucoup d’entre eux mentionnent un groupe sans dire si c’est, dans leur opinion, une famille ou une triûi, une classe ou une famille. Il en résulte des inconvénients pour la synonymie et dans les index. On ne '■ Des noms soi-disant de familles ou de tribus, ou en ayant l’appa- rence, mais sans désignation de caractères et sans mention d’un auteur ayant donné des caractères sont malheureusement assez communs dans les publications sur les Cryptogames et sur les plantes fossiles. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 25 sait comment appeler un nom lorsqu’il a une qualité vague dans la série des groupes, ou quand il est désigné par un terme qui n’entre pas dans ceux de la hiérarchie usitée (l’article 10), comme compagnie, corporation ou en latin consociatio, etc. Voir les observations sur l’article 36, 5% qui justifient la fin de l’article 47. Article 48. — Citation des noms d’auteurs. Le principe essentiel, qui doit dii’iger dans toute citation de nom d’auteur, est,celui-ci : Ne jamais faire dire à nn auteur ce qu'il n'a pas dit ; on pourrait même ajouter ce qu’il n’a pas dit clairement. C’est une application du principe, beaucoup plus général, de ne pas faire aux auti-es ce que vous ne voudriez pas qu’il vous fût fait *. Plusieurs naturalistes n’observent pas cette règle, tantôt par inattention et tantôt, ce qui est plus singulier, par un sentiment erroné de justice. Ainsi, on attribue assez souvent à un auteur une famille, tandis qu’il avait fait du groupe en question une tribu; on lui attribue un sous-genre lorsqu’il en avait fait un genre, ou vice-versa. Ce sont des causes d’erreur et d’obscurité contre lesquelles je me suis déjà prononcé C Le but de la citation du nom d’auteur est mal compris par quelques personnes. Ce n’est que l’abrégé d’un renseignement bibliographique, destiné à faire constater, sans de longues recherches, la date d’un nom qui fixe la priorité. M. Asa (Lray m’a témoigné le désir que ce fût exprimé dans l’article et je m’y suis conformé, par l’addition de quelques mots. Quelquefois on est embarrassé lorsqu’il faut citer l’auteur d’un groupe. Je vais indiquer un moyen pratique, applicable dans tous les cas : Ecrivez le nom du groupe, avec la citation de l’ouvrage dans lequel il a été publié pour la première fois, par exemple : Bidens Linné Généra, iP 932. Bellevalia romana Keichenbach, Fl. germ. excurs., p. 105. Retranchez ce qui suit le nom de l’auteur, vous avez : Bidens Linné, Bellevalia romana Reichenbach. • A. de Caudolle, Bull. soc. roy. de bot. de Belgique., vol. XV, 1876. ^ Bull. soc. roy. de Belgique, ibid. 26 OBSERVATIONS L’avantage de ce procédé est de ne jamais attribuer à un auteur ce qu’il n’a pas publié, car s’il n’y a pas eu de publica- tion, vous ne pouvez citer ni titre ni page. Inversement on peut vérifier l’exactitude d’une citation d’au- teur en cherchant dans quelle publication il a mis le nom ou les noms qui lui sont attribués. Si l’on n’en trouve pas, c’est que la citation est erronée. Beaucoup de citations modernes ne résis- tent pas à cette épreuve. J’ai combattu souvent ’ les innovations qui consistent à mêler avec les noms d’espèce et d’auteur l’histoii'e des noms qui ont précédé. Je n’ai pas eu l’avantage de convertir quelques naturalistes dont j’estime beaucoup le mérite, mais d’autres en assez grand nombre ^ m’ont appuyé expressément. Je voudrais montrer ici, sans rentrer dans le fond de la question, que les procédés dont je parle tendent à détruire deux des principaux avantages de la nomenclature linnéenne des espèces, la clarté et la brièveté. Cette nomenclature est censée binominale, mais comme on ajoute presque toujours le nom d’auteur, elle est plu- tôt trinominale. Or, les procédés inventés par quelques zoolo- gistes, imités en botanique par M. Bubani d’abord ^ et ensuite par d’autres, rendent la nomenclature quadrinominale et même quelquefois plus longue, attendu qu’il y a plusieurs manières de mélanger l’histoire d’une espèce avec sa désignation. La commission de zoologistes de l’Association britannique, en 1842, avait recommandé d’indiquer entre parenthèses le nom du premier auteur de l’espèce, quel que soit le genre différent auquel on l’a rapportée depuis. Miiscicarpa crinita Linné de- vient Tyrannus crinitus Linné {sp.), ou si l’on veut Tyrmmus crinitus (Linné). M. Bubani a suivi une forme plus explicite, Thlaspi rivale ( Cupani ) Presl, indiquant que Cupani a distingué le premier la plante et que Presl l’a rapportée au genre Thlaspi. ' Commentaire, p. 45 à 55; Phytographie, p. 360, 464. ^ La commission du Bulletin de la Société botanique de France, 1860, p. 438; Caruel, Ibid., 1864, p. 11; Malinvaud, Ibid. 1881, p. 10; Caruel, Journal ofbotany, 1877, p. 282; Trimen, Journal of botany, 1878, p. 189, 1878, p. 170; D. Jackson, Ibid. 1881, p. 76, sans parler d’une multitude d’auteurs de flores, de monographies ou de Généra qui ont suivi l’ancien procédé de citation. ® Bubani, Dodecanthea, in-8®, Florentiæ, 1850. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 27 Plus loin il donne Helianthemum croceion ( Clusii^ Ciipani, Miclieli) Persoon, en quoi il se montre plus conséquent que tout autre sectateur des nouveaux procédés. En effet, lorsqu’on veut intercaler dans la désignation d’une espèce les auteurs qui méritent un hommage, il faut citer celui qui l’a décrite le pre- mier (peut-être fort mal), celui qui l’a classée le premier dans son vrai genre, celui ou ceux qui en ont publié la meilleure des- cription, celui qui en a donné une bonne figure, et dans certains cas, le collecteur qui a rapporté la plante d’un pays lointain, en exposant peut-être sa vie. D’autres botanistes se sont contentés d’une histoire plus développée que celle de l’Association britannique, mais plus claire que celle du Thlaspi de Bubani : Emx exigua ( Sïbthord suh Filago), ou Matihiola tristis Lbmé (Cheirantlnis). Les zoologistes disent quelquefois ' Crania craniolaris Nilssou ex Linné, ce qui présente deux sens : ou que Linné aurait parlé d’un genre Crania et de Nilsson, ce qui est impossible, ou qu’on a pris dans Linné quelque chose concernant l’espèce. Lisons maintenant à haute voix, ou dictons ces désignations d’espèces, et comptons ce qu’elles renferment de mots : Procédé linnéen. Muscicarpa crinita Linné 8 mots. Nouveaux procédés. Tyrannus crinitus, en parenthèse Linné 5 » Tyrannus crinitus Linné, en parenthèse species ... 6 » Thlaspi rivale, en parenthèse Cupani, Presl 6 » Evax exigua, en parenthèse Sibthorp sub Filago. . 7 » Matthiola tristis Linné, en parenthèse Cheiranthus Brown 7 » ’ Helianthemum croceum, — ouvrez parenthèse, Clusii, Cupani, Micheli — fermez parenthèse, Persoon . . 10 » C’est bien un retour aux phrases, dont le génie éminemment pratique de Linné avait délivré l’histoire naturelle. ' Ce procédé est celui que M. Crépin (La nomenclature au Congrès de Paris) recommande dans une discussion loyale et développée, où il conclut dans un sens opposé au nôtre. 28 OBSERVATIONS Lorsqu’un botaniste propose un nom nouveau, qui n’est même pas dans un document inédit, il lui est impossible de citer un auteur; par conséquent l’absence de nom d’auteur à la suite d’un nom de groupe suffit pour avertir que le nom est nou- veau. Linné, de Lamarck, de Candolle, R. Brown, de Martius, Blume, etc., etc., l’estimaient ainsi. C’est donc une complica- tion inutile, chez beaucoup de modernes, de mettre mihi, nobis, sp. nov., çjeyi. nov., à la suite d’un nom nouveau. La grande majorité des espèces, genres et familles, a été introduite dans les livres sans ces indications d’une nature toute personnelle. Article 50 — Citation des auteurs de noms inédits. Cet article est contesté. Plusieurs botanistes éminents, surtout en Angleterre et en Amérique, refusent de l’appliquer. Les motifs que j’avais donnés dans le commentaire, p. 57, et dans le Bulletin de la Société botanique de France, du 26 février 1869, n’ont pas été jugés par tout le monde suffisants, bien qu’on les ait aussi approuvés et qu’ils me paraissent toujours d’une grande force. La discussion a été rouverte récemment dans le Journal of botan?/, où l’on trouve des arguments nouveaux exposés d’une manière très lucide '. Je n’essaierai pas de les reproduire ici, parce qu’il faudrait les traduire intégralement, et que d’ailleurs chacun peut en prendre connaissance dans le Journalj, mais je signalerai quelques idées judicieuses contenues dans ces articles et j’indiquerai ensuite un procédé pour la citation de noms inédits qui rapproche les deux modes actuelle- ment usités. Disons d’abord que l’article 50 nous avait paru une consé- quence forcée des articles 41 et 43, qui font de la publication d’un nom la condition du droit de priorité. Si la publication, à une certaine date, n’était pas un point essentiel, il ne vaudrait pas la peine d’ajouter un nom d’auteur. Ou pourrait se conten- ter de le mentionner dans la synonymie. Nous sommes partis encore d’un second principe: que l’indication du nom d’auteur est un détail bibliographique — l’abrégé de la citation d’un ouvrage, — et nullement une dédicace ou la reconnaissance ’ Britten, p. 53; Daydon Jackson, p. 104; A. Gray, p. 173; Trimen, p. 238; dans Journal of hotany, 1882. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 29 (l’un droit. Les dédicaces ou hommages s’expriment par d’autres formes bien connues, et, dans les matières scientifiques, le droit appartient à la personne morale appelée Science, qui peut tout changer quand elle estime que cela lui convient. Ces deux prin- cipes ont été admis d’une manière assez générale, et plusieurs botanistes ou associations de botanistes les ont même répétés expressément dans leurs publications L Pour ce qui me concerne, adoptant ces deux principes, il me répugnait beaucoup de me mettre en contradiction avec moi-même. Heureusement on a émis des réflexions propres à diminuer les inconvénients que peut entraîner l’article 50, et je crois possible, comme je le disais tout à l’heure, de concilier les deux modes de citation des noms inédits, au moyen d’un troisième, usité jadis par Steudel et de Candolle. Une première bonne remarque est de M. Asa Gray% lorsqu’il recommande de ne pas attribuer un nom inédit à un naturaliste, à moins d’avoir la preuve qu’il en est véritablement l’auteur. Selon lui les indices, les suppositions ou la tradition ne suffisent pas. Il faut une assertion publique de l’auteur ou de celui qui publie le nom inédit. Ce n’est pas toujours ce qui arrive. Par exemple, on a des raisons de croire que de Jussieu a aidé Palisot de Beauvois dans la Flore d’Oware et Bénin, que Bichard a fait une partie de la Flore de l’Amérique septentrionale de Michaux, que Brown est pour beaucoup dans la seconde édition CiQ V Hortus Kewensis d’Aiton, etc., mais il est impossible de savoir quelles espèces et quels genres ont été nommés, décrits et communiqués par ces auteurs, à moins de rencontrer quelque note qui l’exprime positivement. Dans ces exemples il est indi- qué de mentionner le seul auteur connu exactement, celui qui a publié. Par extension du même raisonnement, je dirai : s’il n’est pas certain que tel nom inédit a été donné par un voyageur ou un botaniste, comment peut-on l’attribuer au dit voyageur ou ^ Commission du Bulletin de la Société botanique de France, 1860, p. 438; — Bentham, Linn. Soc. journal, 17, p. 190; Caruel, Journal of Botany, 1877, p. 282; Bail, Ibid., p. 358; D. Jackson, Journal of Botany, 1882, p. 76. La Société botanique de Fra'nce a renouvelé, le 24 mars 1882, la déclaration qu’elle adhère au recueil des lois de 1867. Dali, Nomencl. p. 38, admet notre article 50. * Journal of Botany, 1882, p. 173. OBSERVATIONS 30 botaniste ? Ainsi, Bertero avait envoyé ses plantes d’Amérique à Balbis. Celui-ci les communiquait simultanément à Sprengel et à de Candolle, en 1820 et 1821. Les étiquettes de l’herbier du Frodromus portent souvent le nom qui a été publié par Spren- gel, dans le premier volume de son Systema, en 1825. Est-ce alors un nom suggéré par Balbis ? ou Sprengel (qui se l’attribue, sans mentionner Balbis) l’avait-il donné à Balbis et publié plus tard ? On trouve dans l’herbier Boissier beaucoup de plantes de Pavon, nommées par lui, mais non publiées dans ses ouvrages ou dans ceux de Ruiz et Pavon. Il y a d’autres plantes de Pavon dans l’herbier de Florence, et Lambert en possédait, qui ont été dispersées. Est-on bien sûr que la même espèce n’a pas été nommée de deux manières différentes dans ces divers herbiers, ou que le même nom n’a pas été donné par Pavon à deux espè- ces ? Dans une suite d’années un voyageur ou botaniste quel- conque peut regretter un nom et le changer '. Un horticulteur peut avoii’ répandu une plante sous un nom et ensuite sous un autre. En général, quand on relève des noms inédits, on s’aper- çoit qu’ils offrent souvent des ambiguités ou des incertitudes qui contrastent avec la qualité patente et positive des noms publiés. Citer les voyageurs pour les localités de leurs plantes et avec les numéros, s’ils en ont donné, c’est très bien; mais pour des noms qu’ils ont peut-être improvisés et qu’ils n’auraient peut-être pas aimé voir publier, c’est autre chose. Il est bon d’user de pmdence à cet égard, ou de s’abstenir, puisque d’ail- leurs, pour la date de priorité, les noms inédits sont subordonnés à la publication effective. Une autre bonne remarque — celle-ci de M. Trimen- — est qu’il faut distinguer la première publication d’un nom inédit de la citation ultérieure de ce nom. Lorsque vous trouvez, dans un herbier ou un manuscrit, un nom pour un genre nouveau ou une espèce nouvelle, vous êtes disposé à le citer, surtout s’il est accompagné de notes indiquant qu’il n’a pas été mis sans exa- ^ Le D’’ J. Millier a mis souvent des noms dans notre herbier, aux espèces qu’il croyait nouvelles, mais il a eu soin de dire dans un journal {Flora 1874, p. 123), qu’il n’en est pas responsable, et que si quelqu’un juge à propos de les publier, c’est celui-là qui en sera l’auteur. Bien d’autres n’ont rien dit et pensent toutefois qu’on est responsable seule- ment de ce qu’oD publie. ^ Journal of hotany, 1882, p. 238. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 81 iiien. C’est pour cela qii’oii trouve dans les ouvrages un assez grand nombre d’espèces nouvelles intitulées, par exemple, Cyno- glossum ciliatum Douglas mss., ou Cleome latifolia Vahl ined. Mais, plus tard, quand on a voulu indiquer aux lecteurs dans quels ouvrages et à quelles dates ces noms ont acquis le droit (le priorité par la publication, il a convenu, pour ne pas égarer le public, de mettre : Douglas ex Lehmann Pugillus, p. 24, ou Vald in DC. Prodr. i, p. 239. Malheureusement ces additions disparaissent quand on intitule les espèces Cynoglossum ciliatum Douglas et Cleome latifolia Vahl. Les personnes qui cherchent les descriptions de ces plantes ou la date de leurs noms se trou- vent dans un grand embarras, car Douglas n’a rien publié, et dans les nombreux ouvrages de Vahl on chercherait inutilement un Cleome latifolia. L’indication de l’auteur qui a produit dans la science le nom et l’espèce, en les publiant, est évidemment plus utile à con- naître que celle de l’auteur du nom inédit. Cependant, puisque lieaucoup de botanistes tiennent à mentionner indéfiniment celui-ci, ils pourraient indiquer l’un et l’autre, comme l’ont fait de temps en temps de Candolle dans le Prodromus, et Sfeudel dans son Nomenclator ^ et comme le suggérait M. Asa Gray dans un article que j’ai traduit en 1869. On peut voir dans le Prodromus, 2, p. 349, 350, trois synonymes notés ainsi : Hedysarum reticulatum Muhl. in Willd. ; et dans Steudel : Bryonia odorata Hamilt in Wall. Cat. Oxalis lineata Gillies in Hooh. Euphorbia cuneifolia Guss. in Ten. etc., etc. h En parlant du genre Leptocaulis, que le Prodromus, vol. 4, p. 107, indique comme étant de Nuit, in litt., M. Asa Gray ^ pense qu’il faut l’appeler Leptocaulis Nuit, in DC. Si l’on obtient des rédacteurs d’index de conserver ces dou- bles citations, les botanistes comprendront bien qu’il faut chercher les descriptions dans le second auteur, et il faut convenir que deux noms ne sont pas plus embarrassants à ' Cependant Stenclel a mis quelquefois dans des cas identiques l’indi- cation seule de l’auteur du nom inédit. American journal of science, July 1868; Bull. Soc. Bot. France, 1869, p. 77. 32 OBSERVATIONS citer que Rœmer et Schultess, Ruiz et Pavon, Chamisso et Schlechtendal, etc., qu’on est obligé de réunir, dans un autre sens. Le procédé de la double citation n’est pas absolument contraire aux articles 41 et 48 comme celui de la citation du seul nom inédit. R a seulement l’inconvénient théorique d’at- tribuer une valeur à des noms qui n’en avaient pas dans la science, attendu qu’ils n’étaient pas nés, c’est-à-dire publiés, et qu’on ne sait pas au juste si leurs auteurs en auraient approuvé la publication. M. D. Jackson est d’accord avec M. A. Gray et moi pour la double citation de noms sous la forme indiquée. L’embarras causé par les noms inédits est un avertissement pour les collecteurs et les propriétaires d’herbiers. Dans beau- coup de cas ils ont raison de ne mettre aucun nom, mais quand ils en mettent qu’ils se hâtent au moins de les publier d’une manière intelligible ! L’article 42 indique aux collecteurs le minimum de ce qu’ils ont à faire pour cela. Beaucoup suivent cette indication et s’en trouvent bien. D’autres se contentent de mettre des numéros et s’en trouvent encore mieux, car des noms mis sans une étude spéciale sont souvent erronés et nui- sent à la considération de leur auteur, tandis que des numéros n’entraînent aucun reproche L Article 52. — Abréviation des noms d’auteur. Les abréviations de noms d’auteurs trop grandes ou mal faites deviennent de plus en plus incommodes, à mesure que le nombre des auteurs augmente. Dans le siècle dernier on avait à citer cent ou deux cents noms tout au plus. A présent il a existé ou il existe des milliers de botanistes. Comment deviner par quelques lettres, une foule de noms d’auteurs qui ont décrit des espèces dans les journaux, les catalogues ou les flores ? Il faudrait du moins que les abréviations ne fussent pas trop gran- * Pendant l’impression je reçois une lettre de sir Joseph Hooker, dans laquelle, au milieu de réflexions de diverse nature, il me demande de réprouver la publication de noms inédits. J’estime être bien entré dans ses idées et dans celles du D'" Asa Gray, en demandant que les publica- tions de noms inédits soient faites rarement, lorsqu’elles sont certaines et avantageuses par quelque motif particulier. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 33 des et quelles fussent conformes à l’usage latin. L’abus s’ac- croît d’une telle manière qu’on sera obligé bientôt de recourir à la réforme radicale de ne plus abréger aucun nom. Au fait nous sommes assez ridicules, en histoire naturelle, avec nos abréviations qui empêchent un zoologiste de lire à haute voix un nom de plante avec le nom d’auteur, ou un bota- niste, un nom d’animal, attendu que l’ensemble des natura- listes ne connaît à peu près, en fait d’abréviations, que L. pour Linné. Que penserions-nous des ouvrages de physique et de chi- mie, s’ils donnaient N. pour Newton, Lav. pour Lavoisier? et de ceux d’histoire s’ils écrivaient Cés. pour César ? Ce serait bien pis si l’on abrégeait Lavoisier par Lvs. et César par Csr. Encore, je suppose des noms célèbres, mais les trois quarts des auteurs dont il est question dans les livres sont peu connus. Heureusement il n’existe pas une seule branche des connais- sances, excepté l’histoire naturelle, où l’on ne mentionne les noms propres en entier. Nos abréviations sont une cause de défaveur jetée sur les livres de zoologie et de botanique. Nous désirons que les noms scientihques soient plus usités, et nous les accompagnons de lettres qui sont comme des hiéroglyphes pour le public, tellement que nous-mêfnes avons souvent de la peine à les comprendre ! Je me suis prononcé ailleurs ' contre l’habitude de trop abré- ger et surtout contre les abréviations mal faites. Il ne convient pas encore de demander — ce qui sera nécessaire dans quelque temps — de renoncer à toute abréviation, mais à quoi sert d’abréger les noms d’une et même de deux syllabes ? Convenons aussi que dans les ouvrages destinés au grand public, hors du cercle des naturalistes, l’abandon total des abréviations serait bien convenable, pour plus de clarté et pour familiariser tout le monde avec des noms d’auteurs qu’il est bon de connaître. ' Commentaire^ pages 58-60; Fliytograpliie, p. 275, 360, 464. Aux abréviations inintelligibles, contraires à la règle latine (art. 52) dont j’aijparlé, je pourrais ajouter Nke pour Nitsclike et Awd pour Auerswald, qui se trouvent dans un cahier récent des Annales des sciences naturelles^ Scli. pour je ne sais qui, G. G. pour Grenier et Godron, S. et M. pour Sébastiani et Mauri, Crn pour Crouan, et bien d’autres que j’ai rencon- trés dans des ouvrages récents. Crn me paraissait tellement obscur que j’ài eu la curiosité d’écrire à l’auteur pour savoir de qui il avait voulu parler. 11 est convenu, dans sa réponse, qu’il aurait mieux fait d’écrire Crouan. 3 34 OBSERVATIONS M. Ferd. de Miieller a supprimé toute abréviation de noms dans une flore populaire de Victoria \ Je Fai imité dans mon récent ouvrage sur V Origine des plantes cultivées. Il n’en est pas résulté une page, peut-être même une demi-page de plus sur l’ensemlile du volume. Abtigi.es 53 A 58. — Des noms a conserver lorsqu’un groupe Esr réuni a d’autres ou divisé. Il s’était élevé jadis des doutes* sur le maintien, comme règle générale, de l’ancien nom de genre ou d’espèce dans le cas de séparation des éléments du groupe. Lorsque j’ai revu cette question en 1869 ^ il m’avait paru convenable de ne rien changer aux dispositions adoptées par le congrès. Aujourd’hui je regarde comme inutile de reprendre la discussion, puisque plusieurs sociétés et M. Dali, qui ont eu notre travail sous les yeux, n’oiit fait aucune objection on même ont reproduit textuel- lement nos articles L Du reste, pour qu’une règle soit appliquée dans un cas parti- culier, il faut évidemment qu’elle soit applicable. Par exemple, dai^le cas d’une division d’espèce en plusieurs, si l’on ne peut pas découvrir à laquelle ou auxquelles des formes répondait l’ancien nom, il est clair qu’on ne peut pas le conserver b Ce nom devient un synonyme douteux de l’une des nouvelles espè- ces. On évite ces complications de synonymie en appelant sous- espèces ou variétés les formes qu’on désire distinguer, de la même manière qu’en établissant des sections, au lieu de créer de nouveaux genres, on simplifie la nomenclature des genres. L’usage de conserver l’ancien nom spécifique lorsqu’on fait passer une espèce d’un genre dans un autre (art. 57) est bien ' The native plants of Victoria, Melbourne, 1879. ^ Lejolis, lettre citée par A. de Candolle en 1869, et le même dans llédaction des flores locales, 1874 ; Bail, Journal ofhotany, 1877, p. 360. ^ Bulletin delà Société hotanicpie de France, 1869, p. 64, ^ Association Britannique, édition de 1878, p. 9; Société zoologique de France, 1881, p. 4; et surtout Dali, Nomenclature, 1877, p. 39. ^ C’est le cas, selon M. Lejolis du Filago germanica, L. qu’on ne sait il quelle forme attribuer parmi celles appelées spéciflques par Jordan ^‘t autres botanistes. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 85 établi. Cependant on Ta critiqué, au moins comme règle obliga- toii'e, basée sur le principe de la priorité. On soutient alors qu’une espèce est désignée par l’assemblage de deux noms, et que l’un de ces noms étant abandonné l’autre tombe avec lui. ce qui permet d’en créer un nouveau. Le raisonnement serait fondé si le liom de genre et celui qu’on ajoute pour l’espèce n’avaient chacun son sens particulier. En sortant une espèce d’un genre on détruit sa désignation générique, mais on res- pecte sa qualité d’espèce. Pourquoi changer de nom puisque la chose subsiste ? Il y a évidemment de l’avantage à conserver l’ancienne éi)i- thète de l’espèce pour servir en quelque sorte de lil conducteur de l’un des genres à l’autre. On raisonne de la même manière dans d’autres nomencla- tures. Ainsi quand un individu obtient de changer son nom de famille on laisse subsister le nom de baptême. Quand une rue est classée dans un autre quartier on ne change pas son nom. Ahtjcit: — Des noms a rljlteu ou MooiriKit ur dk gkux qu’il CONVlUN'i’ DK CONSKDVKR MALGUK CKRTAlNS DKFAUI’S. Depuis deux ans une opposition complète de vues s’est mani- festée, — en dehors il est vi-ai du cercle général des botanistes — sur les changements qu’on peut ou doit se permettre dans les noms mal faits et, en général, sur les changements de noms. M. le D" Saint-Lager ', bibliothécaire de la ville de Lyon, propose de modifier des centaines de noms génériques ou spé- cifiques de plantes en raison de fautes plus ou moins graves dont il estime qu’ils sont entachés. S’il avait passé en revue les genres et espèces exotiques aussi attentivement que ceux d’Eu- rope, ce seraient probablement des milliers de noms qu’il faudi’ait changer. Il propose aussi d’abandonner les noms qui expriment un pléonasme ( Sagittaria sagittifolia, etc. ), les noms d’es])èces sous forme de substantifs (Digitalis Sæptrnm, etc. ), et d’autres encore. De cette manière, par des motifs de correction linguis- , ' Saint-Lager, Réforme de la nomenclature botanique, in-S*', Lyon 1880; Nouvelles remarques sur la nomenclature botanique, in-8% Lyon, 1881; Iæs origines des sciences naturelles, 1883 (dans les Ann. delà Soc. bot. de Lyon, et à part). 36 OBSERVATIONS tique et par un désir d’élégance et d'uniformité, le savant lyon- nais a introduit forcément dans les futurs index et voudrait voir introduire dans les textes descriptifs des centaines ou de& milliers de noms, dont on s’est passé jusqu’à présent. D’un autre côté, la commission du Congrès géologique inter- national, par l’organe de M. Don ville ', propose de ne jamais faire exception à la loi de priorité, en particulier de ne pas admettre des changements lorsqu’un nom n’est pas d’accord avec les caractères et quand il est tiré de deux langues diffé- rentes. « Il est fâcheux, dit M. Douvillé, d’introduire dans la science des noms hybrides ou impropres, mais n’est -il pas plus fâcheux encore de changer un nom admis et déjà adopté, parce qu’on s’aperçoit d’une contradiction entre le nom et les carac- tères du groupe auquel il appartient. » « Les mêmes remar- ques, dit-il, plus loin, sont applicables à l’art. 65. » D'après cette dernière phrase, on ne pourrait pas changer Qweœ la dési- nence d’une tribu qui avait été écrite d’une autre manière. La loi de priorité serait suivie jusqu’aux dernières limites, excepté pourtant dans le cas de fautes d’orthographe \ Celles-ci n’étant guère que des erreurs typographiques, ou pouvant, par poli- tesse, être supposées telles, on peut dire que la commission géo- logique propose de n’admettre aucune exception à la loi de priorité, ni pour le fond, ni pour la forme, ni pour un nom entier, ni pour une partie. Déjà en 1869, peu de temps après la publication de notre recvieil, M. Ascherson % dans des articles fort bien raisonnés du journal BotaniscJie Zeitnng, avait criti- qué les dérogations que nous avions admises au principe de la priorité. J’avais répondu à quelques-unes de ses objections L mais le conflit qui s’élève maintenant m’oblige à traiter la ques- tion d'une manière plus approfondie. S’il fallait choisir entre l’un ou l’autre des systèmes opposés, je n’hésiterais pas à dire que le respect absolu de la priorité l'emporte de beaucoup sur l’avantage d’avoir des noms plus corrects. La nomenclature, en histoire naturelle, n’est pas une affaire littéraire. Son objet est d’avoir une désignation pour cha- que groupe. Le point essentiel n’est pas de nommer selon cer- ’ Congrès géol. internat. Rapports, in-8", Bologne 1881, p. 135, 143. - Douvillé, Rapport, p. 136. ® Botanische Zeitung, 1869, p. 356, 357. Bull, de la Soc. bot. de France, 1869, p. 77. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 37 tailles formes linguistiques ou esthétiques, mais de nommer sans équivoque et sans multiplier inutilement les noms. S'il est question des genres, leurs noms ressemblent à ceux de nos familles humaines et à ceux de pays ou de villes. Ce sont des noms propres, et chacun sait que les noms de cette catégorie ne sont pas soumis aux règles ordinaires. Si l’on parle des noms d’espèces, je conviens qu’à titre d’adjectifs ils rentrent dans les règles de la grammaire et doivent avoir un sens dans la langue latine, mais est-il à propos de se montrer puriste dans une ma- tière toute scientifique? Qu’on puisse changer un adjectif absolu- ment inintelligible en latin, c’est un cas si rare qu’on peut bien l’admettre. Changer la terminaison en ns^ en a ou en iim d’un nom d’espèce, d’après le genre masculin, féminin ou neutre du nom de genre, c’est une correction sans conséquence, qui trans- pose à peine les noms dans les index. Mais si l’on veut faire des changements plus graves, sous prétexte qu’un nom spécifi- que est contraire à la vérité, on tombe facilement dans l’abus, à cause des noms faiblement ou partiellement contraires aux caractères. J’ai déjà parlé (p. 20) des noms spécifiques analo- gues à des substantifs ( Ammi Visnar/a^ Digitalis Sceptrum) que M. Saint-Lager proscrit pour n’être pas des adjectifs, mais qui le sont en réalité. Yeut-on savoir jusqu’oü l’on est conduit en abandonnant le principe qu’un nom est un nom, quelque vicieux qu'il puisse être? M. Saint-Lager nous le montre en jiroposant de changer 738 noms d’espèces, la plupart d’Europe b ce compte il y en aurait dix ou douze mille à changer dans le règne végétal et plus encore dans le règne animal. Ce serait, pour chaque règne, un volume additionnel de noms ou synonymes, à l’encontre des efforts que font les naturalistes depuis cinquante ans pour éta- blir la loi de priorité et avoir plus de stabilité dans les noms. La fixité absolue des noms aurait-elle des inconvénients aussi sérieux que le défaut de fixité ? Je ne le pense pas. Ce serait abonder dans le sens des principes généraux (art. 15, 16, 59), et d’ordinaire une conformité stricte aux principes est préféra- ble à des facilités d’infraction. Il y a cependant des motifs variés pour lesipiels on a cru devoir admettre l’obligation de déroger à la loi de priorité. Ces motifs sont énumérés dans notre article 60. Je n’ai rien à dire ‘ Eéforme, etc. 118-137. OBSERVATIONS o8 sur les deux premiers. Ils résultent évidemment de l’article 15, qui est la base du système de nomenclature admis par tout le monde. J’ai déjà parié du cinquième motif (5'" de l’article) à l’occasion des articles 58 et suivants. Il me reste à considérer les 3" et 4" de l’article 60. Le tertio enjoint de changer un nom « quand il exprime un caractère ou un attribut positivement faux dans la totalité d’un groupe, ou seulement dans la majorité des éléments qui le com- posent. )) M. Ascherson craint que l’on n’abuse de cette règle. Il donnerait volontiers à la priorité une importance assez grande pour faire maintenir des noms contraires à la réalité des faits. Il cite à l’appui l’exemple des noms d’hommes. Eftéctive- ment on ne change pas les noms de famille quand ils sont en opposition avec l’apparence des individus. Le défaut de cette comparaison est que, dans la nomenclature des êtres organisés, on a eu fréquemment en vue d’exprimer les caractères et de rappeler au moins les plus apparents dans la composition des noms, procédé qui a eu l’avantage de soulager la mémoire et aussi de faciliter la construction de noms nouveaux. Des mil- liers de noms ayant ainsi été faits avec un sens, ceux qui se trouvent contraires à la vérité sont plus que défectueux, ils trompent. L’article 60 et notre ancien commentaire expliquent qu’on doit changer seulement les noms très opposés à des caractères réels. Ce serait le cas, par exemple, d’une espèce vivace qui aurait été nommée annna^ ou d’une espèce appelée (uiiericana qui serait d’Asie. Excepté pour des erreurs aussi fortes, qui entraînent des idées fausses, on doit se dire qu’il vaut mieux conserver un nom quelque peu inexact que d’en avoir deux pour le même groupe. Il y a des exemples frappants de noms plus ou moins faux qui ont été plutôt avantageux. Ainsi dans ChrysantJienmni Lencantliemnm, de Linné, l’opposition des deux noms fait sen- tir que la couleur des fleurs de l’espèce est exceptionnelle dans le genre Cnrysanthcmum. Le nom CcmiiKunda rotundifo- lia, contraire souvent à la réalité des échantillons, rappelle l’extrême diversité des feuilles dans l’espèce. Tel nom peu exact dans un sens strict se trouve exact dans un auti’e. Par exemple les Cryptogames ne sont pas sans fécondation, mais la reproduc- tion sexuelle y est si bien cachée qu’on l’a découverte cent ans après celle des Phanérogames. Il appartient à un bota- niste judicieux de s’accrocher, pour ainsi dire, à une explication SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 39 OU un sens quelconque plutôt que cradniettre un nom nouveau. A cette occasion je note l’avantage des noms qui ne présentent pas un sens très précis. On a beaucoup moins de motifs pour les changer. Les noms les plus immuables sont ceux qui n’ont aucun sens, comme Algie, Fiingi. Ceux-là traversent les siècles et n’ont besoin d’aucune dissertation sur la nomenclature. En définitive on a de la peine à conserver des noms d’une fausseté flagrante, mais si une fois quelque congrès s’efforce de prohiber tout changement, comme le désirent plusieurs natura- listes ', ou de les rendre excessivement rares, selon le vœu de l’immense majorité, ce sera un bien, dût-il rester dans la science quelques mots positivement faux. Assurément ce serait moins fâcheux que des mutations rendues faciles. Je devine l’objection des érudits : Comment fournir une éty- mologie dans le cas de noms contraires aux faits réels? Je réponds : comme vous le faites vous-mêmes en disant : hiciis, a non liicendo. Et si l’esprit positif des naturalistes répugne à ce genre d’explications, j’en indiquerai un autre, qui est de dire : tel nom a été fait arbitrairement, ou par une mauvaise dériva- tion du grec, ou même par ignorance de tel ou tel caractère. L’inconvénient de changer des noms par des motifs d’érudi- tion hellénique est d’ouvrir la porte à des contestations pure- ment de philologie, étrangères aux sciences naturelles. Ainsi on pourra peut-être contester que le 7. des Grecs soit bien traduit, en latin par C. Les Grecs prononçaient certainement zsfjac, comme en français keras. Tel puriste pourra donc imaginer de modifier tous les noms tels que Ortlioceras, Ceratocarpus, etc. Les botanistes ont fait des noms de sections en eu suivi d’une voyelle (Eaarctotis, Euosniunda, etc.). Un érudit voudra peut- être les changer en Ee, comme Evangelium, ce qui jetterait des centaines de noms inutiles dans les Index. Un Grec moderne, M. Crinos ^ voudrait changer Crgptogama en Lantanogama, à cause du sens du mot grec qu’on traduit à tort, suivant * La commission des paléontologistes et M. Asclierson ne sont pas les seuls. M. Dali a posé aux savants américains la question suivante : Un poisson dépourvu de dents a été nommé Pohyodon, qu’un auteur a changé ensuite en Spatularia, à cause de la fausseté du nom. Est-ce convenable? Vingt-huit naturali-tes ont blâmé le changement, treize l’ont approuvé (Dali, p. 18). ' Buïï. Soc. hot. de France, 1881, lier, bihl, p. 50. 40 OBSERVATIONS lui, par cacher. Nous iguoroiis quelles réflexions et quelles décou- vertes les hellénistes peuvent faire, et il ne convient pas que notre nomenclature en dépende'. On peut avoir commis la faute de tirer un nom moitié d’une langue, moitié d’une autre. Le 4® de l’article 60 déclare de pareils noms complètement inadmissibles, et, de fait, on en a changé plusieurs. J’estime à présent que nous avons eu tort L Un nom bilingue peut répondre au but essentiel qui est de dis- tinguer un groupe. Il est admis d’ailleurs qu’on peut construire un nom générique d’une manière arbitraire, même en tirant au sort les lettres ou les syllabes. Un nom moitié grec moitié latin est arbitraire. En dehors de l’histoire naturelle, le public et jnême les lettrés s’accommodent de ces noms fautifs sans trop de peine. Oiï dit, par exemple, arcliiclianceUer, arcliitrésorier, hureaiicratie ^ , et dans le système métrique, décimètre, centimètre, hectare, etc. Les puristes les plus sci'upuleux se ser- vent de ces derniers mots. Personne ne les a repoussés quand le système métrique s’est répandu, parce que des changements seraient plus fâcheux que les fautes linguistiques faites à l’ori- gine ne l’ont été. Notre article 66, malgré toutes les restrictions et recomman- dations de la tin, de même que le 4° de l’article 60, ouvre trop la porte aux propositions de changements. Les publications de ^I. Saint-Lager le montrent bien, puisque d’après ses notions ' Rien ne montre mieux l’inconvénient de corriger des noms généri- ques en raison d’une étymologie que les manières successives selon les- quelles on a écrit Didytra. Borckhausen, en 1797, dans Rœmer Arcliiv., I, part. 2, p. 46, dit avoir tiré le nom de et x.a’jtocv, en allemand Sporn (en latin calcar). Chamisso et Scldeclitendal, en 1826 (Linnæa, p. 556), ont cru bien faire en changeant le nom en Didytra, supposant (sans le dire) qu’il s’agissait d’une comparaison avec des élytres d’insectes, mais Bernhardi (Linnæa, 1833, p. 468q voyant sans doute que calcar se dit en grec x.evrscv et non x.'/.’jrpov, a substitué Dicentra, qu’il attribue par erreur à Borkhausen. Endliclier a adopté Dicentra, mais Didytra et Dielytra persistent dans les livres. Ainsi, pour plus d’érudition, les ouvrages de botanique se sont chargés de trois noms pour le même genre. N’aurait-il pas mieux valu garder le premier, Didytra, en le considé- rant comme un nom arbitraire ? — C’est à quoi conclut M. A. Gray, qui a le premier remarqué l’erreur faite dans la citation de Borkhausen (Bull, of Torrey Club, 1878, p. 277). ^ C’est aussi l’opinion de M. Asa Gray (Lettre du 20 mars 1883). ^ Voir le Dictionnaire de l’Académie. SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. 41 (rhelléniste, il demande de changer Dianthiis en DiosantJios, Achillea en Achillios^ Myricaria en Myrice, Yincetoxicum en Alexitoxicon , Mentha en Plinthe, Ajiiga en Ahifja, etc., etc. Aucun botaniste n’hésitera, dans ces exemples, à dire : ce sont des noms nouveaux, qui sont mort-nés, parce qu’il y a des noms plus anciens. Mais il se présente des intermédiaires entre un changement évident et une modification plus ou moins légère. Par exemple Hydrocotyle hrevi2)eclata au lieu de brevipes. pour Draba, pour Ligusticum, etc.'. C’est alors qu’un botaniste doit balancer les avantages et les incon- vénients de changements qui introduisent des mots nouveaux dans les livres, notamment dans les index. J’estime que si l’on peut découvrir un motif ou un prétexte pour conserver une manière erronée, mais ancienne et connue, d’écrire un nom, il faut se hâter d’en faire usage. On a proposé, par exemple, d’écrire Plriis au lieu de Pyrus, en disant que les latins écrivaient Finis, mais si Pyrus n’est pas latin, je dis : c’est un nom scientitique, destiné à tous les peuples. Comme il a été adopté par Linné, il a la priorité parmi les noms botani- ques du genre. Dans le fait, les noms grecs ou latins de l’anti- quité étaient des noms vulgaires, usités par un seul peuple. Les noms scientifiques sont universels, et nous ne parlons ici que des noms scientifiques. Il m’est indifférent que les Grecs aient dit : Ballotê et Betonicè, Cactos et Aron ^ si les noms scientifiques sont Ballota et Betonica, Cactus et Arum. Pour- (jiioi mettre plus d’importance aux noms vulgaires des Grecs et des Latins qu’à ceux des Germains, des Slaves ou des Hébreux? Notre nomenclature commence à Linné (art. 15), parce qu’elle n’avait pas de règles régulières avant lui. Les noms tirés du grec ou du latin par le savant suédois ne sont peut-être pas toujours ceux qu’un Athénien ou un Pvomain aurait faits, mais ils sont botaniques, scientifiques, destinés à toutes les nations, et que d’ailleurs les noms propres, c’est-à-dire ceux de genre et quelques autres, ne suivent pas les règles ordinaires. En résumé, pour le bien de la science, il est désirable qu’on ‘ Tous ces exemples sont tirés des opuscules de M. Saint-Lager, qui préfère généralement les désinences purement grecques. Cicéron n’était pas si difficile. Il admettait harhariis de ftiap[iJapoç, machina de iJ.r,yj.'rr., emporium de sa7:cp-.ov, etc. Voir Clavel, De Marco Tullio Cicerone Græco- rum interprète, Paris, 1868, p. 18 et index. ^ Saint-Lager, p. 121. 42 OBSERVATIONS use très rarement de la taciilté de changer ou de nioditier les noms. J’en vois si clairement aujourd’hui le danger que si j’avais à recommencer ma carrière de botaniste descripteur, j’aimerais mieux garder constamment le premier nom publié, quel qu’il fût. En déliiiitive voici, selon ma manière de voir, les noms qu’il ne convient pas de changer quand ils sont les plus anciens. Xo)ns à conserver mahjré certains défauts. 1. Les noms qui expriment un ])léonasme, comme Sagittaria sagittifoUa , Cgpripediinn Calceolus, Fsanima arcnaria.^ie. etc. M. Saint-Lager* ies trouve « intolérables dans un langage scien- titique. » Je ne conseillerai à personne de les créer, mais une fois faits, pourquoi les changer? Ils répètent une vérité; ce n’est assurément pas nuisible, ni obscur ! 2. Les noms spécihques à forme de substantifs, comme Digi- talis Sceptriun, Indigofera Anih etc. Le même auteur propose de les remplacer par des centaines d’autres noms. J’ai appuyé déjà (p. 20) sur l’excellence de ces noms, qui rappellent ceux usités auparavant ou des noms vulgaires très connus. Ils sont pris dans un sens adjectif, DigitaJis (olim) Sceptnim, Indigo- fera (vulgo) Anil, et se distinguent par leur première lettre capitale. M. Les noms spécifiques composés de deux mots, comme Ipomœa Jfona nox, Lychnis Flos cacali, etc. Ils sont prohibés dans le même ouvrage, mais des plaisanteries et des imputations de routine ' ne changent rien à l’avantage de conserver des noms existants, à moins de motifs sérieux, scientiliques L 4. Les noms génériques mal construits, par exemple au point de vue d’une étymologie grecque. Il est possible qu’un nom expiime mal ce que l’auteur voulait dire, ou qu’il choque un érudit, mais comme on a le droit de donner à des genres nou- veaux des noms arbitraires et qu’un nom mal fait est toujours un nom, je ne vois pas pourquoi on changerait dans ce cas. ' Saint-Lager, Nouvelles remarques^ p. 136. ‘ Saint-Lager, Nouvelles remarques, p. 43 et suivantes. Quelques auteurs écrivent hona-nox, Nlos-cuculi^ce qui sauve l’objec- tion (le M. Saint-Lager, car alors les mots sont univoques. SCR DIVERS ARTICLES DKS LOIS. 43 Puisque l’auteur aurait pu tirer au sort les lettres ou les sylla- bes, a fortiori il pouvait se rapprocher d’iiu mot grec ou latin. 5. Les noms génériques tirés d’un nom d’homme, dans les- quels on n’a pas suivi exactement l’orthographe du nom, afin de les rendre moins longs, plus harmonieux, plus conformes aux usages latins, etc., comme Andreo^kia d’après Andrzeiowski ; Gundelia, dédié à Gundelsheimer. Aujourd’hui ces mutilations de noms ne sont guère pratiquées et l’article 27 les blâme, mais celles qu’on a faites méritent d’être conservées, à cause du principe supérieur que la fixité est désirable 6. Les noms d’espèces qui ne sont pas latins, mais dans l’es- ])rit de la langue latine et parfaitement intelligibles. On peut citer le mot arvensis. J’indiquerai de même hrasiliensis, cana- riensis, capensis, qui ne sont pas construits selon la règle du latin, car c’étaient les noms de villes qui donnaient des adjectifs en ensis (parisiensis, atheniensis), tandis que les noms de pays donnaient la désinence us (italiens, germanicus). Il en résulte ([lie hrasïlianus est plus correct que hrasiliensis, mais pourquoi changer celui-ci quand il existe? M. Daydon Jackson cite comme une pédanterie de changer crassinervia en crassinerris, tri- iiervia en trinerris, parce que ces mots ne sont pas dans les dictionnaires. On peut en dire autant de spinoscens^ latisepta^ capillifloraj, f/enistifolia, etc., etc. Tous ces noms et beaucoup d’autres se comprennent, sans être véritablement latins. Cela suffit. Sans eux, il aurait été impossible de nommer toutes les espèces dans les genres qui en comptent des centaines. 7. Les noms qui ont été faits sans égard pour les conseils donnés dans les articles 33 et 36. Les changer serait contrevenir à l’article 16, qui est fondamental, et aux alinéas 2 et 3 de l’ar- ticle 3, qui sont également à la base de toute bonne nomencla- ture. 8. Les noms tirés de langues différentes. Ils sont devenus nombreux depuis qiTon a employé la syllabe en pour un grand nombre de sections au commencement d’un mot latin : Eusor- hus, Euscorzonera, Euevum^ Eucomhretum, etc., etc. Ce sont des barbarismes, au point de vue grammatical, mais vaudrait-il ^ Voir dans Bentham, On Eüpliorbiaceœ^ p. 105, 190, des réflexions judicieuses sur l’orthographe des noms d’hommes en latin et sur l’avan- tage de conserver les mots faits avec altération d’un nom écrit d’une cer- taine manière dans une langue moderne. 44 OBSERVATIONS SUR DIVERS ARTICLES DES LOIS. mieux dans la science avoir deux noms pour chacun de ces grou- pes? Je ne le pense pas. 9. Un nom qui paraît contraire à ia vérité, mais qui peut devenir exact à la suite de découvertes. Je comprends, par exemple, qu'il ait fallu changer le nom de TAsclepias syriaca, puisque l’espèce est américaine, mais si une plante appelée syriaca était connue en Perse ou en Arabie, non en Syrie, il est possible qu'elle ait existé en Syrie, ou qu’on l’y découvre tôt ou tard. Mieux vaut dans ce cas conserver le nom. 10. Un nom qui se trouve faiblement ou partiellement en opposition avec le caractère du genre ou de l’espèce. Les noms significatifs ne peuvent exprimer qu’un des caractères du groupe, et il est possible que l’une des unités diffère sur ce point, en s’accordant d’ailleurs avec l’ensemble. Tel caractère exprimé dans le nom de genre ou d’espèce est quelquefois médiocrement vrai dans une des espèces ou dans certaines variétés. Si l’on voulait éviter ces inconvénients il faudrait renoncer à une quan- tité de noms signihcatifs, et ce serait un bouleversement com- plet. Mieux vaut supporter quelques contradictions partielles ou secondaires. 11. Les noms de genre ou d’espèces très semblables de son ou de sens, mais qui diffèrent cependant par l’orthographe. M. Chaper ’ me semble allei’ trop loin lorsqu’il propose de chan- ger, comme formant des emplois doubles, des noms tirés de Ermann et Hermann, Filippi et Philipin, et des adjectifs tels que fliiviornm, fluvialii>, flnviatllis, employés dans le même genre. M. Asa Gray • observait avec raison qu’il aurait mieux valu éviter de faire ces noms, mais que les botanistes ne sont pas disposés à les changer une fois qu’ils ont été faits. On peut ajouter que la prononciation des lettres varie d’une langue à l’autre et que, par conséquent, elle n’a pas l’importance de l’orthographe. ‘ Bapport de la Commission de la Société zool. de France, p. 4, 5, 20 et 21. * American journal, 1853, p. 157. DEUXIÈME PARTIE Qiie!9tio]i«$ noiiv€*lles ou huv l€*^^c^^leIlc*s lo Congrès fossi- les comme à celles actuellement rivantes (Voir p. 46). CHAPITRE II Sur la manière 70 LOIS AVEC LES CHANOEMENTS PROPOSÉS. Art. 37. Les hybrides d’une origine démontrée par voie d’expérience, sont désignés par le nom de genre, auquel on ajoute une combinaison des noms spécifiques des espèces dont ils proviennent, le nom de l’espèce qui a fourni le pollen étant mis le premier, avec la terminaison i ou o, et celui de l’espèce qui a fourni l’ovule venant ensuite, avec un trait d’union entre les deux (Amaryllis vittato-reginæ, pour l’Amaryllis provenant de l’A. reginæ fécondé par le vittata). Us peuvent aussi être désirjnès par le procédé suivant {\q\y p. 22): Difjitalis lutea 9 X purpurea cÉ- Digitalis purpurea 9 X lutea cf . Les hybrides d’origine douteuse se nomment comme des espèces. On les distingue par l’absence du numéro d’ordre et par le signe X précédant le nom de genre (X Salix capreola Kern). Art. 38. Les noms de sous-espèces, variétés et mutations (art. 10 bis) se forment comme les noms spécifiques et s’ajou- tent à eux dans leur ordre, en commençant par ceux du degré supérieur de division. Les métis d’origine douteuse se nomment et se classent de la même manière. Les sous-variétés, variations, sous-variations et autres modi- fications légères ou passagères de plantes spontanées, reçoivent^ des numéros ou des lettres qui facilitent leur classement. Art. 39. Les métis d’une origine certaine sont désignés par une combinaison des deux noms de sous-espèces, variétés, sous- variétés, etc., qui leur ont donné naissance, en observant les mêmes règles que pour les noms d’hybrides. Art. 40. Dans les plantes cultivées, les semis, les métis d’origine obscure et les sports reçoivent des noms de fantaisie, en langue vulgaire, aussi différents que possible des noms latins d’espèces ou de variétés. Quand on peut les rattacher à une espèce, à une sous-espèce ou une variété botanique, on l’indique par la succession des noms (Pélargonium zonale Mistress-Pol- lock). Le texte portait : « peuvent recevoir des noms analogues aux précé- dents, ou seulement des numéros, » etc. — Voir les motifs du change- ment ci-dessus, p. 49-52. LOIS AVEC LES CHANGEMENTS PROPOSÉS. 71 Slction 3. De la publication des noms et de la date de chaque nom ou combinaison de noms. Art. 41. La date d’uu nom ou d’une combinaison de noms est celle de leur publication effective, c’est-à-dire d’une publi- cité irrévocable. Art. 42. La publication résulte de la vente ou de la distribu- tion, dans le public, d’imprimés, de planches ou d’autogra- phies. Elle résulte aussi de la mise en vente ou de la distribution aux principales collections publiques d’échantillons numérotés, nommés et accompagnés d’étiquettes imprimées ou autogra- phiées, portant la date de la mise en vente ou de la distribution. Art. 48. Une communication de noms nouveaux dans une séance publique, des noms mis dans des collections ou des jar- dins ouverts au public, ne constituent pas une publication. Art. 44. La date mise sur un ouvrage est présumée exacte, jusqu’à preuve contraire. Art. 45. Une espèce n’est considérée comme nommée que si elle a un nom générique en même temps qu’un nom spécifique. Art. 46. Une espèce annoncée dans un ouvrage sous des noms générique et spécifique, mais sans aucun renseignement sur les caractères, ne peut être considérée comme publiée. Il en est de même d’un genre ou (Vun mitre groupe nommé ou annoncé sans être caractérisé (voir p. 24). Art. 47. Les botanistes feront bien d’avoir égard aux recom- mandations suivantes : U Indiquer exactement la date de la publication de leurs ouvrages ou fractions d’ouvrages, et celle de la mise en vente ou de la distribution de plantes nommées et numérotées. 2*" Xe pas publier un nom sans indiquer clairement si c’est un nom de famille ou de tribu, de genre ou de section, d’espèce ou de variété, en un mot sans indiquer une opinion sur la nature du groupe auquel ils donnent le nom. 3® Éviter de publier ou de mentionner dans leurs publications des noms inédits qu’ils n’acceptent pas, surtout si les personnes qui ont fait ces noms n’en ont pas autorisé formellement la la publication (voir art. 36, 5°). 72 LOIS AVEC LES CHANGEMEXTS PROPOSES. Section 4. De la précision à donner aux noms par la citation du botaniste qui les a publiés le premier. Art. 48. Pour être exact et complet dans Piiidication du nom ou des noms d’un groupe quelconque, et pour qu’ on imisse aisé- ment constater leur date, il faut citer rauteur qui a publié le premier le nom ou la combinaison de noms dont il s’agit. Art. 49. Un changement de caractères constitutifs ou de circonscription dans un groupe n’autorise pas à citer un autre auteur que celui ayant publié le premier le nom ou la combi- naison de noms. Quand les changements ont été considérables, on ajoute à la citation de rauteur primitif : mutatis charact., ou pro parte, ou excl. gen., excl. sp., excl.var., ou telle autre indication abrégée, selon la nature des changements survenus et du groupe dont il s’agit. Art. 50. Lorsqu’un nom inédit a été puUiè en V attrihiant à son auteur, les personnes qui le mentionnent plus tard doivent ajouter le nom de celui qui a puhlié, exemple : Leptocaidis K'uttall in DC. — Oxalis lineata Gillies in HoolerK Art. 51. Lorsqu’un nom existant est appliqué à un groupe qui devient d'un ordre supérieur ou inférieur à ce qu’il était auparavant, le changement opéré équivaut h la création d’un nouveau groupe et l’auteur à citer est celui qui a fait le chan- gement. Art. 52. Les noms d’auteurs mis après les noms de plantes s’indiquent par abréviations, à moins qu’ils ne soient très courts. A cet ehet on retranche d’abord les particules ou lettres pré- liminaires qui ne font pas strictement partie du nom, puis on ‘ Le texte ainsi changé à la suite d’im accord avec divers botanistes (voir p. 28), était : « Les noms publiés d’après un document inédit, tel qu’un herbier, une collection non distribuée, etc., sont précisés par l’addition du nom de l’auteur qui publie, malgré l’indication contraire qu’il a pu donner. De même les noms usités dans les jardins sont pré- cisés par la mention du premier auteur qui les publie. Dans le texte développé, on cite l’herbier, la collection, le jardin (Lam. ex Commers. mss. in lierb. par. ; Lindl. ex horto Lodd.). » 73 LOIS AVEC LES CIIAXCEMEXTS PROPOSES. indique les premières lettres, sans en omettre aucune. Si un nom d’une seule S}dlabe est assez compliqué pour qu’il vaille la peine de l’abréger, on indique les premières consonnes (Br. pour Browi]); si le nom a deux ou plusieurs syllabes, on indique la première syllabe, plus la première lettre de la syllabe sui- vante, ou les deux premières quand elles sont des consonnes (Juss. pour de Jussieu; Bich. pour Richard). Lorsqu’on est forcé d’abréger moins, pour éviter une confu- sion entre des noms qui commencent par les mêmes syllabes, on suit le même système, en donnant, par exemple, deux syllabes avec la ou les premières consonnes de la troisième, ou bien l’on indique une des dernières consonnes caractéristiques du nom (Bertol. pour Bertoloni, afin de distinguer de Bertero ; Michx pour Michaux, afin de distinguer de Micheli). Les noms de bap- tême ou les désignations accessoires, propres à distinguer deux botanistes du même nom, s’abrègent de la même manière (Adr. Juss. pour Adrien de Jussieu, Gærtn. fil. ou Gærtn. f. pour Gærtner filins). Lorsque l’usage est bien établi d’abréger un nom d’une autre manière, le mieux est de s'y conformer {L. pour Linné, S’-Hil. pour de Saint-Hilaire). Dans les piihlications destinées an puhlic en général^ et dans les titres, il est préférable de ne pas abréger (voir p. 33). Six 1 ION 5. Des noms à conserver lorsqu’un groupe est divisé, remanié, transporté? ou abaissé, ou quand deux groupes de même ordre sont réunis. Art. 53. Un changement de caractères, ou une révision qui entraîne l’exclusion de certains éléments d’un groupe ou des additions de nouveaux éléments, n’autorisent pas à changer le nom ou les noms du groupe. Art. 54. Lorsqu’un genre est divisé en deux ou plusieurs, le nom doit être conservé et il est donné à Tune des divisions principales. Si le genre contenait une section ou autre division qui, d’après son nom ou ses espèces, était le type ou l’origine du groupe, le nom est réservé pour cette partie. S’il n’existe pas de section ou subdivision pareille, mais qu’une des fractions détachées soit beaucoup plus nombreuse en espèces que les autres, c’est à elle que le nom doit être réservé. 74 LOIS AVEC LES CHAXCEMENTS PROPOSES. Art. 55. Dans le cas de réiiiiioii de deux ou plusieurs groupes de même nature, le nom le plus ancien subsiste. Si les noms sont de même date, l’auteur choisit. Art. 56. Lorsqu’on divise une espèce en deux ou plusieurs espèces, si l’une des formes a été plus anciennement distinguée, le nom lui est conservé. Art. 57. Lorsqu’une section ou une espèce est portée dans un autre genre, lorsqu’une variété ou autre division de l’espèce est portée au même titre dans une autre espèce, le nom de la section, le nom spécifique ou le nom de la division d’espèce subsiste, à moins que dans la nouvelle position il n’existe un des obstacles mdiqués aux articles 62 et 63. Art. 58. Lorsqu’une tribu devient famille, qu’un sous-genre ou une section devient genre, qu’une subdivision d’espèce devient espèce, ou que des changements ont lieu dans le sens inverse, les noms anciens des groupes subsistent, pourvu qu’il n’en résulte pas deux genres du même nom dans le l'ègne végé- tal, deux subdivisions de genre ou deux espèces du même nom dans le même genre, ou deux subdivisions du même nom dans la même espèce. Shx rioN 6. Des noms à rejeter, changer ou modilier. Art. 59. Xul n’est autorisé à changer un nom sous prétexte qu’il est mal choisi, qu’il n’est pas agréable, qu’un autre est meil- leur ou plus connu, quïl n’est pas d’une latinité suffisamment pure, ou pour tout autre motif contestable ou de peu de valeur. Art. 60. Chacun doit se refuser à admettre un nom dans les cas suivants : D Quand ce nom est appliqué dans le règne végétal à un groupe nommé antérieurement d’un nom valable. 2*^ Quand il forme double emploi dans les noms de classes ou de genres, ou dans les subdivisions ou espèces du même genre, ou dans les subdivisions de la même espèce. 3'’ Quand il exprime un caractère ou un attribut positivement faux dans la totalité du groupe en question, ou seulement dans la majorité des éléments qui le composent. 4", à supprimer'. ' Le 4'» était : Quand le nom est formé par la combinaison de deux langues. » (Voir p, 40 et 43.) LOIS AVEC lÆS CHANGEMENTS PROPOSES. 75 5® Quand il est contraire aux articles de la section 5. Art. 61. Un nom de cohorte, sous-cohorte, famille on sous- tamille, tribu on sous-tribu, doit être changé lorsqu’il est tiré d’un genre qu’on reconnaît ne pas faire partie du groupe en question. Art. 62. Lorsqu’un sous-genre, une section ou une sous-sec- tion passe au même titre dans un autre genre, le nom doit être changé s’il existe déjà dans le genre un groupe de même ordre sous ce nom. Lorsqu’une espèce est portée d’un genre dans un autre, son nom spécihque doit être changé s’il existe déjà pour une des espèces du genre. De même, lorsqu’une sous-espèce, variété ou autre subdivision d’espèce est portée dans une autre espèce, le nom en doit être changé s’il existe déjà dans l’espèce pour une modification du même ordre. Art. 63. Lorsqu’un groupe est transporté dans un autre en y conservant le même rang, son nom doit être changé s’il devient un contre-sens ou une cause évidente d’erreur et de confusion dans la nouvelle position qui lui est attribuée. Art. 64. Dans les cas prévus aux articles 60, 61, 62, 63, le nom à rejeter ou à changer est remplacé par le plus ancien nom valable existant pour le groupe dont il s’agit, et à défaut de nom valable ancien un nom nouveau doit être créé. Art. 65. L"n nom de classe, tribu ou autre groupe supérieur au genre peut être moditié dans sa désinence, pour être rendu conforme aux règles et aux usages. Art. 66. Un nom de genre doit subsister tel qu’il a été fait, à moins qu’il ne s'agisse de corriger une erreur purement tgpo- grapliique. La désinence d'an adjectif latin de nom d'espèce peut être modifiée pour la faire accorder avec le nom générique^ ^ L’ancien article portait : « Lorscpi’iin nom tiré du grec ou du latin a été mal écrit ou mal construit, ou (pi’un nom tiré d’un nom d’homme n’a pas été écrit conformément à l’orthographe réelle du nom, ou (pi’une erreur sur le genre grammatical d’un nom a entraîné une désinence vicieuse dans les noms d’espèces ou de modifications d’espèces, chaque botaniste est autorisé à rectifier le nom fautif ou les désinences fautives, à moins qu’il ne s’agisse d’un nom très ancien et passé entièrement dans l’usage sous la forme erronée. On doit user de cette faculté avec réserve, parti- culièrement si le changement doit porter sur la première syllabe, surtout sur la première lettre du nom.» « Quand un nom a été tiré d’une langue vulgaire, il doit subsister tel 76 LOIS AVEC LES CHAXCEMEXTS PROPOSES. Section 7. Des noms de plantes dans les langues modernes. Art. 67. Les botanistes emploient dans les langues modernes les noms scientifiques latins ou ceux qui en dérivent immédiate- ment, de préférence aux noms d’une autre nature ou d’une autre origine. Ils évitent de se servir de ces derniers noms, à moins qu’ils ne soient très clairs et très usuels. Art. 68. Tout ami des sciences doit s’opposer à l’introduc- tion dans une langue moderne de noms de plantes qui n’y exis- tent pas, à moins qu’ils ne soient dérivés des noms botaniques latins, au moyen de quelque légère modification. qu’on l’a fait, même dans le cas où l’orthographe du nom a été mal com- prise par l’auteur et donne lieu à des critiques fondées.» Les motifs du changement sont donnés p. 4, 39, 41, 42, 43, etc. RÉPERTOIRE GÉNÉRAL DES OPINIONS EHIISES PAR L’AUTEUR SUR LA NOMENCLATURE DEPUIS 1866 DsDICATIOX DES SU.IEÏS i’oin- rai’u- taire Piiblicatious diverses ^ Xou- 1 Telles 1 remar- ques Pages Pages ' Texte des lois de la nomenclature botanique. Texte atlopté par le congrès de 1867 ‘ 13 61 Même texte, avec les moditications proposées ! 61 Historique des lois de la nomenclature 1-D2 A, 10, 177. 1-6 , 1 B. 65 Considérations générales et principes 13 B, 79 4,7,9,! 35 Nature des règles ou lois recommandées 33 A, 177, 19i. 7 ! B. 65. D. 1 158 ' Conditions d’une lionne nomenclature (nriorité. etc.) 3,8,36 37, 58 Sur Tusage '33 A, 177 9 Nature des noms en général 17.251 ! La place d’un groupe dans la liiérarcliie doit être énoncée. ... 24 : Langue de la nomenclature botanique (latin) j G, 271 10,40, 41,43, 55 Rétroactivité des lois dans certains cas B, 66 1 Le texte adopté par le Congrès se trouve : !<> Dans les Acle& du Congrès, p. 209 ; 2’ en tête du Commentaire, 2“® éd. (Genève, 1867, chez Georg), dans la traduction en allemand (chez le même), et en anglais (chez Reeve) ; 3° dans le présent opuscule, p. 61. 2 Deuxième édition française du Commentaire, in-8’, Genève, 1867, chez Georg. 3 Elles sont désignées par des lettres et pages, savoir : A. Passages divers dans les Actes du Congrès. Un vol. in-8“. Paris, 1867. B. Réponse â diverses questions et critiques faites sur le recueil des lois de la nomenclature botani- que, dans le Bulletin de la Soc. bot. de France, 26 février 1869. C. Una questione di nomenclatura botanica. Lettre de M. Caruel et réponse, dans Nuovo giornale bot. italiano, 1870, vol. 2, p. 146. D. Journal of Botany, 1874, p. 158. Réponse à M. Hance sur les décisions du Congrès. E. Quelques points de la nomenclature botanique et réponse à M. Cogniaux, dans Bulletin de la Soc. bot. de Belgique, 1876, p. 477-485. F. Journal oj Botany, 1877, p. 212. G. A. de Candolle, La Bhytographie, ou l’art de décrire les végétaux considérés sous différents points de vue. Un vol. in-8o. Paris, 1880, chez Masson. H. Lettre au Comité d’organisation du Congrès géologique à Bologne, en 1881, dans Compte rendu de la session, 1882, p. 181-185. I. A. de Candolle, Origine des plantes cultivées. Un vol. in-S°. Paris, 1882. 78 EÉPERTOIRE GENERAL. INDICATION DES SUJETS Com- men- taire Publications diverses .Nou- velles remar- ques Pages Pages Dates initiales pour la priorité des noms 13-17 Ce qui constitue une catéGforie de groupes 16.52 Ne pas définir un sroiipe d’après une origine présumée 52^ 1 Nomenclature des organes G, 7. 169. 43 189 Nomenclature des fossiles H. 181 2, 46 Désignation et subordination des groupes 34-38 B. 73. G. 46 11 Groupes faisant l’objet de la nomenclature, leur ordre 3i-37 A. 178. 181 11 Définition des catégories de groupes b; 73 52 Groupes minimes (rnicromorphes), à désigner sans noms 49 Groupes dans les plantes cultivées 37,38 Classement dans chaque groupe ! G, 74 Groupes faisant défaut dans certains cas 10 Séries artificielles G, 185, 186 Application a chaque catégorie de groupes 39-43 Principes généraux . ... 39 H, 183 17,35,1 57 1 Jusqu’où peut remonter la priorité 7 13 Noms des subdivisions et classes 57 Noms des cohortes 39 A. 181 18 Noms des familles (ordines), tribus, sous- tribus 39 A. 177. 181 Noms des genres et subdivisions de genres 40, 41 G. 271. H. 19,42, 1 183 44 Noms des espèces et subdivisions d’espèces 41-43 A. 193. 196. 20,21, B. 71 42, 44 Lettres capitales dans certains noms d’espèces B.72:G,264 54. 57 Noms d’hybrides ou de métis 42“ A, 197. B, 78 22 Noms de sous-espèces, variétés, sous-variétés ou mutations. . . G. 75 48 Désignation des groupes minimes (rnicromorphes) 49 Noms des formes cultivées ; 43 B, 79 22 Publication et date des noms. En quoi consiste la publication 44 A,199.B,74 23 Ce qui fixe la date 44,45 13, 23 Groupes nommés sans caractères 45 24 Id. sans indication de la nature du groupe 24 Id. conditionnellement ou dubitativement 1 C, 146-148 Noms inédits 45 B. 77 28.32 Noms en cas de changement dans les groupes 60, 61 B]67.78.F. 21,34 242 Changements spécifiés B. 67-70... 34 Changements indiqués sans détails précis 53 Noms a rejeter, modifier ou conserver, lorsqu’il n’y a PAS DE CHANGEMENT DANS UN GROUPE 61,63 B, 77 35-44 Noms à rejeter ou modifier 35 Noms tà conserver malgré certains défauts 1 / ,3d. 42 Noms tirés du latin ou du grec 19,39-1 41,43 répertoirb: général. 79 LXDICAÏlOX DES SUJETS Com- meu- taire Publications diverses Non- ' Telles ; remar- 1 qnes i Noms dans les langues vulgaires Pages 1 63 1 A. 207. G. Pages j 10 Citation des auteurs 45-60 266-270; I. 15-18 E. 6-11. F. 25-27, Son but et ses avantaiies 183 E, 6 ’25 ; Principe essentiel à cet ésrard 25 Comment la citation doit se faire 57 À. 204. G. 25-27 En cas de changement de groupe En cas de doute émis par l’auteur 45, 57 147. H, 184 ;26 ' C* 147 1 Abréviation des noms d’auteur 58. 60 G. 272. 301. 32 Citation des auteurs de noms inédits 57 464.H.184^ B. 74. 77 28-32i Un croupe sans nom d’auteur est censé nouveau E. 11 28 ! pj^.v^-y'*' . ^.vc; ;■' ' ‘Vf. ' •. -- 1 ' ^‘' ap*::#^?^ii : Vf fj"- -ff v':>:y ;f^ hf .^i#f ; '• . '': S- 1* - f .^V >7 f 4 #, f -v^- *’ (vV / î,^'''..i.V*'S^v 1 ^ ^ - ■ : :-'■ " ' ^ s 'H V i * - - ■ ' ■ > : y.* ‘ -, iv- 4-‘' '• : ' . ' viij. ..- 'JÉ : f / V* - ■Jt’.''';:. '■ ■ •\ . V- î^-' '.:• .4 '■'•'i V "7,: •.■:.> fH vV • ► .* ' - ♦ '■ ■'’ir , • f . •• •■'■ h’; ‘î:-- . ■'- f .. ' ■ ■ • • wn.^ ■ "?V^:,-V-' •«■- f':.-' f' •J • t if ■: ^’ V ' 7* * I jî'V' I *-; . 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