ETS RER RES SES MS BRRRSRESESSS PSS RE PSS ra , Ein 4! # h ÿ o A Né É : 0 Û L nr L nl ja - dv ENT ET | PRET TER TENTE 3 ee + Me UE ci At OBSERVATIONS sur. LA PHRESÂQUE, SUR L'’HISTOIRE NATURELLE É SURUILES ARTS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES À My. LE COMTE D'’ARTOIS; Par M. l'Abbé RozI1ER, de plufieurs Académies , & par M. J. À Moncez le jeune , Chanoine Regulier de Sainte Geneviève, des Académies Royales des Sciences de Rouen , de Dion, de Lyon, &c. &c. DEAN, el Bis ny 8e TOME XIX. A lat TS" AU BUREAU du Journal de Phyfique, rue & Hôtel Serpente, MAMA CCR IL XX EX LI. MMECLARMPFTILÉEÈGE DU ROZ #4 SHAnt. 2a& HONTE ai pe à RE var 1 à ÿ: RES + de ñ K.4 3 50 À F Wa j ° h LA RU DE se CPE ARE ik RUE *à sr gf Fou si cite Eh, FER PAT ke. mb ea L ; " % EL + 1 ne se < A es A. La L'MONINX br.) y + L r 1% = F L # 2 « L LE a , a ? cp EC } ï F Ts V4. 4 | ï ê à ! f | AR 4 ; d + “. _ j r r oW NE ‘ x. 1f4 #\\ assque) Is % ED" FA shgtivdft of te 5h oa tu U À: Fr D He 1e 1 rss z MERE RUE OU ARTE ARTE TEL" Nr: + s D en CR PR 1 CUS £ AE 0 ST) EE F ‘ 1 mm Q #7 R: 7 n, ne w N FU PS #3. A a d rs Ne. da” dal ses OBSERVATIONS PUE MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L’HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. Éo rmennnnnenns mmnnnnnt mn) LETTRE De M. Robert DE PAUL pe LAMANON à M. MoncEz, Auteur du Journal de Phyfique : Relative à des Obfervations météorologiques faites à Sallon - de - Crau en Provence, G& à la manière de corriger l'effet de la chaleur G& du froid dans le Baromètre. Monsreur, ÉTANT à Sallon-de-Crau, petite Ville de la baffe-Provence, j'entrepris, en 1778, de faire des obfervations météorologiques étendues & fuivies; jeles ai continuées jufqu'au mois de Février 1780. Mais avant de vous faire part de quelques-uns de mes réfultats, je crois devoir vous donner une courte defcription du local. Tome XIX, Pari. T, 1782 JANVIER. A2 SAN % OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La Ville de Sallon , ou du moins la tour la plus feptentrionale du Château, bâtie par les Empereurs , eft à 22 degrés 39 minutes 18 fecondes de longi- tude, & à 43 degrés 38 minutes 20 fecondes de latitude, Elle eft prefque adoflée au levant à une chaîne de montagnes coquil- lières, fur la plus haute pointe defquelles le baromètre fe tient à 12 lignes plus bas qu'à la porte de l'Hôtel-de- Ville; cette chaîne eft une des plus éle- vées du Diocèle d'Arles. On voit, au couchant, la vafte plaine de la Crau, dont Sallon eft regardé comme la Capitale. Au nord de Sallon, & à une bonne lieue de la Ville, il ya une chaîne de montagnes qui fépare la plaine de la Crau de celles de Senas & d’Or- gon. Au commencement de cette chaîne , & près du Village de Lamanon, eft une gorge par où pañlent & fe renforcent les: vents du nord; elle a été formée autrefois par la Durance. Le canal de Craponne ( ainfi appellé du nom de fon Auteur natif de Sallon) traverfe cette gorge ; d’où il fe répand dans plufieurs territoires qu'il arrofe & fextilife. La mer eft à deux lieues de Sallon au midi, &iln’y a entre deux qu'une petite chaîne de collines calcaires. Le {ol de Sellon doit être diftingué en fol des hauteurs & fol de la plaine. Le fol des hauteurs, fermé par les alluvions , n’eft qu’un détrimenv des montagnes fupérieures qui font calcaires; le fol de la plaine eft en général de trois qualités, felon Les rivières & les torrens qui y paflent ou y ont paflé: : _La Crau, formée anciennement par les eaux de la Durance, eft cail- louteufe. - à Le quartier du Grefc, formé par le torrent de Talagard, eft couvert de pierres calcaires femblables à celles des montagnes voilines, d’où ce torrent {e précipite. Le quartier des Plans, formé par la Toudoubre, eft rempli d’une terre fine & limoneufe , femblable à celle que les eaux de cette petite rivière dé- pofent encore aujourd’hui. ; Plufieurs autres quartiers doivent leur formation aux anciens dépôts dü torrent de Laval-de-Cuech. Ce torrent , & celui de Talagard (4), fe jéttoient autrefois dans la Durance lorfqu’elle pafloit dans la. Crau ; ils viennent , dans Le temps des orages , inender & ravager nos campagnes. Les hautes Alpes font au nord-eft de Sallon; le mont Ventoux au nord = (1) Les Provençaux ont confervé beaucoup de mots Celtiques, fur -tout pour la dénomination: des lieux. Talagard, nom d’un torrent furieux auquel j'ai ve creu/er déns un jour des trous de 15 à 20 pieds de profondeur, fignifie en Celtique eax qui creufe. La Crau vient du mot Celtique craig , qui fignifie péérre. Laval- de - Cuech , nom d'une vallée d'où defcend un torrent, fignifie en Celique vallée des eaux. Les con- nüïffances locales , en Hitoire Nanuelle, fonc d’un très-grand fecours pour trouver les ctyimologies, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ nord-eft ; les montagnes du Vivarais au nord; les montagnes des Cévennes au nord-oucft ; les Pyrénées à l’oueft-fud-oueft , & la mer au midi. I. Obfervations du Baromètre. Pour obferver avec précifion les variations dans la pefanteur de l’at- moiphère. jimaginai un baromètre différent de ceux que je connoiflois ; je l'obfervai plufieurs fois le jour , & je comparai fa marche aux différens points lunaires , felon la méthode de M. Toaldo, décrite dans vorre Journal. Un favant Académicien , qui paffla en Provence en 1778, mengRgrs à faire connoître ce baromètre; & , le 29 Juillet 1980, j'en lus la def- cription en préfence de Meflieurs de l’Académie des Sciences. Ils m'appri- rent qu'il n'étoit pas neuf, & que M. de la Grange avoit eu . long-temps avant moi, la même idée. Elle a fourni à M. Cigna la matière d'un Mé- moire inféré dans les Mêlanges philofopho - mathématiques de l’Aca- démie de Turin , imprimés en 1759. Il n’eft pas étonnant que je n'en aie pas eu connoiflance dans le fond de ma Province, puifque M. de Luc, favant Phyficien de Genève ( Ville peu éloignée de Turin) , ayant traité ex profeffo du baromètre, n’en a rien dit, & n'a pas même foup- çonné cette méthode, Il paroit aufli que les Météorolosiftes François & Anglois ignoroient aflez généralement la découverte de M. de la Grange, & que les baromètres que j'ai fair conftruire (1) font les premiers de ce genre qu’on ait vus en France. Comme cette manière cft très-peu connue, je vais vous faire part de mon Mémoire tel qu'il a éré lu à l'Académie. Ceux qui le compareront avec celui de M. de Ja Grange (qui doit avoir tout le mérite de la découverte } verront juiqu'a quel point nous nous fommes rencontrés. Il peut y avoir d'ailleurs quelques détails que les Mé- téorologiftes liront avec plailir. « Homberg apperçut le premier que le mercure fe raréfoit dans le » baromètre, &que cette raréfaction trompoit l'Obfervateur , qui attribuoit >» à une plus grande pefanteur de l'air une élévation quelquefois confidéra- ® ble , dont la feule caufe éroit la dilatation occafionnée dans la liqueur par æune température plus chaude. » Amontons crut parvenir, par des expériences très - ingénieufes , à » diftinguer dans le baromètre l'effet de la chaleur de celui du p ids de » l'atmofphère. Il fe fervoit pour cela d’un thermomètre, dans l'idée où > l'on étoit & où l’on eft encore que la dilatation dans le baromètte fuit » la même marche que dans le thermomètre. Il vouloit d'ailleurs que (1) J'en aï fait conftruire à Aix en Provence par M. Salomon, & à Paris par M. Moffy, Conftruéteur d’inftrumens de Phyfique en verre de l'Académie des Sciences & de la Secicsé Royale de Médecine. 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, > l’on conftruisit fon baromètre double , d’après des rapports très-difficiles >» à faifir. On a abandonné depuis long-temps fa méthode, & les baro- > mètres fimples font prefque les feuls dont les Phyfciens faflenc ufage. » Le moyen qu'il indigquoit pour corriger dans le baromètre l’erreur pro- » dyite par la chaleur , en Ê fervant pour cela du thermomètre , a été > renouveilé par plufieurs Météorolopgiftes |, & entr'autres par M. de » Luc. >» Îl n'eft pas inutile de remarquer qu'on a cru long-temps, à Londres » & à Paris, que dans les baromètres fimples le mercure n’augmente » pas fenfiblement de volume pendant les plus grandes chaleurs de l'été, » même en expofant le baromètre au foleil. Un pareil phénomène feroit # contraire aux Loix Les plus connues de la Phyfique; & , pour fe con- » vaincre du contraire, on n'a qu'à laifler un baromètre bien purgé d'air » pendant quatre minutes au foleil : on verra le mercure s’y dilater, pour » reprendre fon état naturel dès qu'on le tranfportera à l'ombre, A la » vérité, s'il y a de l'air dans Le haut du tube, le mercure ne s'élevera » point ; ilbaïfflera même, étant repouflé par l'air renfermé qui fe dilate : a mais dans un baromètre à deux branches, l'augmentation de volume fe » fera fentir dans la petite. : » M. de Luc, perfuadé avec raifon que la dilatation du mercure avoit > lieu dans le baromètre , en plaça plufieurs dans une chambre avec des >» thermomètres ; échaufflant enfuite l’appartement le plus qu'il lui fut » poffible, il obferva de combien de degrés les thermomètres étoient # montés, & quelle avoit été la dilatation du mercure dans les baro- » mètres, En partant de cette expérience, qw'iln'a pas répétée ,il a établi une » proportion , de laquelle il réfulte , felon lui , que le thermomètre montant » du point qui marque la glace à celui qui répond à la chaleur de l’eau » bouillante , le mercure dutbaromècre doitie dilater deifte lignes. M. de » Luc propofe enfuite de conftruire un thermomètre, où 96 marque la » chaleur de l'eau bouillante , & dit qu'alors chaque degré de ce thermo- » mètre défignera qu'il y a de ligne de dilatation dans le baromètre. » Mais comme dans l'expérience qui fert de bafe à fa méthode , la # hauteur de la colonne que l’air tient en équilibre eft fuppofée être de » 27 pouces , il eft clair que la dilatation fera plus grande ou plus petite, > felon la plus grande ou plus petite élévation du baromètre. Le thermo- # mètre de correction ne pourra donc fervir que pour le cas où la lon- » gueur de cette colonne fera de 27 pouces. L’Auteur a prévu cet incon- » vénient, &c il veut qu'on change les degrés du thermomètre en raifon » inverfe de La hauteur du baromètre, pour qu'ils indiquent toujours des » 16” de lignes à retrancher fur cette hauteur. » Le feul moyen qu'on ait donc trouvé jufqu’à préfent pour diftinguer » dans le baromètre l'effet de la chaleur de celui de la pefanteur de l'air, >» cft de confulter un thermomètre fait exprès, & de faire enfuite les ré- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 » dudtions néceflaires, felon les differentes hauteurs de la colonne de » mercure. » Je crois que cette méthode eft compliquée & fautive, & j'en ai >» une à lui fubftituer, qui me paroït plus fimple & plus certaine. » Au lieu de recourir à un thermomètre pour déterminer là dilatation » du mercure dans le baromètre , je ne me fers que du baromètre A » même. >» Mon baromètre, comme celui de M. de Luc (1), n’eft qu'un tube >» recourbé par l’un des bouts, & d’un égal diamètre dans toute fa lon- >» gueur. Je place une graduation à côté de l'une & l'autre branches, de > façon que la diftance des deux niveaux étant .de 28 pouces, je mets o » à côté de l'endroit où le mercure fe tient dans la petite branche, » & 28 à l'endroit où il s'arrête dans la grande. Un nonius , qui tient à » l'une & l’autre échelles , me fait connoître Les variations qui furviennent; 3 & — de ligne devient par-là très-appréciable. » Je connois aufli la longueur de la colonne ab/olue de mercure. J'en- > tends par colonne abfolue celle que forme tout le mercure du baromètre; » & à caufe du contour , elle eft dans mon baromètre de 38 pouces. On » peut lui donner indifféremment plus ou moins de longueur, pourvu qu'on # la connoiïfle. » Lorfque l'air agit par fa pefanteur fur le baromètre à deux branches, 5 le mercure monte d’une ligre dans la petite branche quand il def- » cend d’une ligne dans la grande , & il monte dans la grande lorf » qu'il defcend dans la petite : il fe tienc toujours à des points correfpon- » dans. » Mais fi la chaleur dilate ou fi le froid condenfe le mercure , cette # correfpondance n’exifte plus, & je trouve dans ce défaut de correfpondance >» un moyeninfaillible d'apprécier exaétement la dilatation du mercure dans » le baromètre. » Je fuppofe, par exemple, que {e mercure foit dans le grand tube à » une ligne en deffus de 28 & à o dans le petit, je dirai: Si la pefanteur = de l'air a fait monter le mercure d’une ligne dans le grand tube, il doit » être defcendu d’une ligne dans le petit ; il doit donc s'y trouver à une > ligne en deflous de 0; mais il eft toujours arrêté à côté de 0 : donc >» la ligne d'augmentation n’eft pas due à [a pefanteur de l'air, mais à la » dilatation du mercure. » Il en eft de même pour la condenfation. Si le mercure, dans la lon- »gue branche, eft à deux lignes en - deflous de 28, il doit fe trouver »# dans la petite branche à deux lignes en - deflus de ©, fi la pefanteux — — ———— (1) M. de la Grange a éé le premier à propofer le baromètre à deux branches , pour éviter le changement de la ligne de niveau ; & M, de Luc l'a rendu portatif, 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » de l'air a été la caufe de la variation. Si donc le mercure eft à o dansla » petite branche , les deux lignes d’abaiflement feront dues à la condenfa- » tion du mercure. » Il me fuffit donc, pour apprécier la dilatation ou la condenfation » du mercure dans le baromètre , d’obferver s'il fe tient ou non à des points » correfpondans dans les deux branches: s’il n'y eft pas, & que ce foit » par excès, il y aura dilatation; fi c'eft par défaut, il y aura condenfa- » tion. » Afin de partir d'un point fixe, je fuppofe qu'il n’y a ni dilatation ni » condenfation dans le mercure lorfque le thermomètre de Réaumur fe > tient depuis plufieurs jours au tempéré; c’eft alors qu'il faut conftruire # les baromètres, ou fe régler fur un qui ait été conftruit dans ces cir- » conftances : autrement, on pourroit toujours connoître la dilatation » qui furviendroit; mais les baromètres ne feroient pas comparables. » Pour avoir la hauteur réelle de la colonne que l'air tient en équilibre, »il ne faut point en ôter tout ce qu'on a trouvé de dilatation dans le #» baromètre: car la dilatation de la colonne d'équilibre ne peut être qu’une ÉE partie de la dilatation de la colonne abfolue de mercure; &, pour læ » connoître , il fautcombiner l'effet de la dilatation avec celui de la pefanteur » de l'air. » Le mercure contenu dans Le tube doit fe dilater dans tous les fens ; » &, chofes égales d’ailleurs, il doit s'élever également dans les deux » branches’: mais le mercure augmente fon volume , ou, ce qui eft la + même chofe, diminue de pefanteur fpécifique , en fe dilatant ; la co- » lonne d’air en foutiendra donc un plus grand volume qu’elle ne faifoit » avant la dilatation. Cette augmentation de volume fera par conféquent » plus confidérable dans la grande branche que dans la petite, & la » différence fera proportionnée à la longueur de la colonne d'équilibre. » Lorfque je voudrai connoître la longueur de cette colonne fans dita- » tation, la chofe me fera facile, en n'ayant recours qu'au baromètre À : » même. » D'abord , en voyant fi le mercure eft dans les deux branches à des » points correfpondans, je connois s’il y.a ou non dilatation, & de com- » bien de lignes & même de 12°°° de ligne la colonne abfolue a augmenté > ou diminué de volume, » Enfuite, la diftance des deux niveaux me donne [a hauteur de la colonne » d'équilibre. » Ces deux points déterminés, je dis : La dilatation ayant fair aug- » menter le volume de la colonne abfolue de = on +, &c., la colonne » d'équilibre doit aufli avoir augmenté le fien de ou +, &c. Je re- »tranche + ou +, &c., de la hauteur que je lui ai trouvée en prenant » la diffance des deux niveaux; il me refte la hauteur de la colonne » de mercure , qui fait équilibre à l’air fans dilatation ni condénfation. » Si SUR 'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 » Si je veux me difpenfer de calculer , je puis faire des tables qui m'in- » diquent tout de fuite combien il y a de dilatation dans la colonne » d'équilibre, relativement à ce que j'en trouve dans la colonne ab- » folue. ’ » Cette façon d'apprécier la dilatation ou condenfation du mercure dans » le baromètre, eft, comme on voit, très-fimple & bien moins compliquée » que celle qui eft en ufage. » M. de Luc a voulu connoître la dilatation d’une grande mafle de » mercure par la’dilatation d’une petite mafle contenue dans un verre » beaucoup moins épais. Il:me femble qu'il valoit mieux Apphques direc- » tement la chaleur à la mafle du mercure contenu dans le baromètre # même; &:qu'au lieu,d’échauffer une chambre, il eût été, plus fimple » d'ajouter un tube à La petite branche du baromètre , & de le plonger » enfuite dans la glace pilée & dans l’eau bouillante. Rien ne prouve, » dans l'expérience de M. de Luc , que la dilatation ait. été concomitante » dans les baromètres &.les thermomètres; on voit même qu'elle ne » l'a pas été, puifque ce Rhyficien dit qu'il n’a eu que des 4-peu-près dans » fes réfultats. » Pour corriger la ‘dilatation du mercure dans le baromètre par le » thermomètre , il faudroit premièrement connoître le rapport exact de » l’augmentation de volume de mercure avec une chaleur donnée. Or, ce # rapport n’a point encore été déterminé par Les Phyficiens d’une manière » inconteftable. » Selon M. de Luc, le volume du mercure augmente de +, lorfqu'ileft >» échauffé jufqu’au point de la chaleur de l’eau bouillante, en partant du point » de la congélation de l’eau. Selon M. Chriftin ; Académicien de Lyon, » le volume du mercure augmente dans ce cas de +, ce qui eft bien diflé- » rent ; & , d’après les expériences ingénieufes d'Amontons, il n'aug- » mente que de (1). » On peut donc aflurer que nous ignorons encore de combien le mer- » cure augmente de volume en paflant de la température de la glace » à celle de l’eau bouillante ; c’eft cependant fur ce point indécis que la >» méthode ordinaire eft fondée. En la fuppofant bonne en elle-même, » il faudroit l'appuyer fur de nouvelles expériences plus concluantes que (1) M. le Chevalier de Rocheblave a eu la même idée que moi, fans avoir eu connoiffance du Mémoire que j'avois lu à l’Académie. Pour connoître la dilatation du mercure dans le baromètre, il l’a plongé alternativement dans la glace & l'eau bouil- lante. Voyez le Mémoire curieux qu'il a publié dans le Journal de Phyfique du mois de Mai. Il a eu un rélultatdifférent de ceux d’Amontons, de Chriftin & de M, de Luc. M. le Gaux a aufli rendu compte, dans les Affiches de Metz, d’un procédé à-peu- De RPHnes & fon réfülrat differe cependant beaucoup de celui de M. de Ros eblave. Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER. B 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » les anciennes, & conftruire aufli un nouveau thermomètre de cortecz » tion. Mais quand même on feroit tout cela, on n’auroit jamaisun moyen » sûr de connoître par le thermomètre la dilatation du mercure dans le » baromètre. L'imperfection de cette méthode tient non-feulement aux ex- » périences peu exactes qu'on a faites pour l'étayer , mais encore à la mé- æ* thode même. > La chaleur ne fe communique pas feulement aux corps en raifon de » leur denfité, mais encore en raifon de leur volume, Si le volume d'un >» corps eft confidérable , la chaleur, dans un temps donné, ne pénètre » pas jufqu'à fon intérieur. Le mercure étant en plus grand volume dans » le baromètre que dans le thermomètre , & contenu dans un verre plus » épais, la dilatation ne peut être concomitante. dans l'un & l’autre inf- > trumernt, » On dira peut-être qu'il faut peu de temps au mercure pour prendre » la température de l'air ambiant; mais quel eft ce temps ? & quelles font » les expériences faites par les Phyficiens pour nous dire s’il faut pour » cela un quart-d'heure, une heure, un jour? Il eft clair que ce temps = variera comme la quantité de mercure. Il faudroit qu’on nous dit que >» lorfqu'il y a dans le baromètre tant de livres &c d’onces de mercure, » il faut le laifler pendant tel ou tel temps dans la température où l’on » veut obferver; & alors, quel embarras pour l'Obfervateur ! Arrivé au >» fommer d’une montagne, il fera obligé d’attendre que fon baromètre > ait repris la température de l'air ; &, fi le mauvais temps l'en empé- »che, il perdra le fruit de fon voyage. Ce n'eft pas encore tout. Sup- » pofons qu'il ne faille au baromètre ; pour prendre cette température , » qu'une demi-heure ou un quart-d’heure ( ce que je puis affurer n'être » pas aflez), fi la température vient à changer, il faudra que l'Obferva- » teur attende encore pour que le baromètre fe co-ordonne de nouveau »à la température extérieure ; & fi cette température continue à varier, » jamais la température du baromètre ne fera au même degré que celle » de l'air; jamais les dilatations ne: feront concomitantes dans les deux >» inftrumens : fouvent des variations fubites influeront d’une manière >» très-fenfible fur le thermomètre, fans rien changer au baromètre; & > alors, on fuppofera dans le baromètre une dilatation sou une conden- > fation qu'il n'aura réellement pas. Tout le monde fait que les varia- » tions de chaleur font fubites & fréquentes fur le fommet des montagnes : » elles le font aufli, quoique beaucoup moins, dans. les plaines; & j'ai ob- » fervé, dans-les environs de la plaine de: Crau, 64variations dans vingt- »quatre heures: » Îl y aura encore un autre inconvénient. On ne fèra jamais sûr que «les baromètres des Obfervateurs, placés au fommer & au bas de la » montagne à mefurer ; foient d'accord entr'eux ; l'un pourra être à la.tem- SUR'L'HIST'NATURELLETET LES ARTS, xx » pérature de l’atmofphère avant ou après l’autre , & alors les obfervations » ne feront plus comparables. » Dans ce que je viens de dire, je fuppofe qu'il ne faut guères au » baromètre qu'une demi-heure pour prendre la température de l'air am- » biant; mais il faut un remps bien plus long. » J'ai obfervé pendant plus d’une année, & jour par jour , la dilata- »tion du mercure dans le baromètre conftruit felon ma méthode, & j'ai » trouvé que cette dilatation n'étoit ni concomitante ni proportionnelle » à celle du thermomètre. Par exemple, en Janvier 1779, il y eut, dans » le commencement du mois, trois jours de glace, & pendant ce temps, » il n’y eut pas de condenfation dans le mercure du baromètre; le froid » augmentant enfuite, la condenfation parut, & elle fe foutint plufieurs jours » après le froid. » On peut donner bien des raifons pour expliquer le défaut de cou- » comitance dans la dilatation du mercure des deux inftrumens. » 1°. Tous les mercures ne font pas également dilatables par le même » degré de chaleur. Il eft prouvé que leur pefanteur fpécifique n'eft pas = toujours la même, quoiqu'ils foient également revivifiés du cinabre & bien » purgés d'air, » 2°. Le mercure eft en plus grand volume dans le baromètre que dans 5 le thermomètre ; il doit donc mettre plus de temps à recevoir la cha- » leur & à la perdre que le mercure du thermomètre, qui eft en plus » petite quantité. La différence dans les dilatations des mafles de mercure » de groffeur différente, obligea M. de Réaumur à abandonner les ther- » momètres à groffes boules. Il falloir, dit-il, trop de temps pour que la » chaleur s'y communiquät, Aufi, les Phyficiens , qui cherchent l’exaéti- » tude dans leurs réfultats , portent, en voyageant, leur baromètre fous un » parafol (1). » 3°. Dans le thermomètre , le mercure eft contenu dans un verre très- » mince; celui du baromètre eft en comparaifon fort épais. La chaleur » fe communique d’abord au verre , & du verre elle pafle au mercure; » de forte qu'on pourroit dire que le mercure ne prend pas la rempéra- > ture de l'air, mais celle du verre qui le contient. Or, le verre ne prend » pas facilement, lorfqu'il eft épais, la température de l'air ambiant : une » fois échauffé, il refte plus long-temps à fe refroidir. D'un autre côté, » la chaleur ne fe progage pas toujours dans les mêmes proportions : les » loix de fa communication me paroiflent dépendre beaucoup de la fé- » cherefle ou de l'humidité. J'ai obfervé que fi le tube du baromètre eft » humide extérieurement par un temps de brouillard, la chaleur ne fe (1) M. Darcet a très-bien fenti le défaut de concomitance dans les dilatations du baro- mètre & du thermomètre, en mefurant plufieurs montagnes des Pyrénées, Voyez les ob £ervations qui font à la fuite de fon Difcours fur l’état aétuel de ces montagnes. Tome KIX, Part. 1, 1782. JANVIER. B2 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » communiquera pas au verre avec la même facilité que fi Le verre eft # bien fec, » 4°. Le mercure du baromètre étant contenu dans un long tube d'un > verre épais, il fe fait une attraction confidérable, qui doit être fur- > montée par la chaleur avant que la dilatation foit fenfible. Tous les » Météorolopiftes favent que fi au lieu de laifler deux pouces de vuide » au-deflus du mercure dans le baromètre , on n'en laïfle que quelques » lignes , le baromètre , attiré par le fommet du tube, fe tient une demi- » ligne plus haut que dans les autres, fans que la pefanteur de l'air en > foit la caufe. Le plus ou moins de vuide qu'on laifle entre ie fommet > du tube & le mercure n’eft pas une chofe indifférente, bien qu'on n'y » fafle pas d'attention; & je penfe qu'en mefurant les hautes montagnes # fur lefquelles le baromètre defcend de 7 à 8 pouces , il faut faire une » correction à caufe du plus grand éloignement où fe trouve la furface du > mercure du fommet du tube qui le contient. » $°. Dans le thermomètre, le mercure eft dans le vuide ; dans le ba- # romètre, il a une communication avec l'air de l’atmofphère, & eft » en équilibre avec lui : nouvelle caufe de différence dans les dilatations, » comme je l'ai éprouvé en comparant la dilatation du baromètre avec » celle du mercure contenu dans un tube d'égal diamètre & de même » hauteur. » Je conclus donc que la méthode dont on fe fert ordinairement pour >» corriger la dilatation du mercure dans le baromètre eft appuyée fur des » expériences inexactes , & vicieufe en elle-même; tandis que la méthode » que je propofe eft très fimple & très-sûre «. Cet, Monfieur, avec le baromètre décrit dans ce Mémoire que j'ai fait mes obfervations à Sallon. Il feroit trop long de vous donner ici tous mes réfultats , & de vous dire quelle a été la hauteur moyenne du baro- mètre à chaque mois de l'année , l'influence fur cette hauteur de chacun des vents qui règnent dans nos contrées, &c., &c.; je remarquerai feu- lement que l'étatle plus ordinaire du baromètre à Sallon eft de 27 pouces 11 lignes & demie. J'ai trouvé, en comparant mes obfervations avec celles qu'on a faites à Marfeille, que l’érat moyen du baromètre , au ni- veau de la Méditerranée, n'eft pas, comme on le dit, de 28 pouces, mais de 28 pouces 2 lignes. J'entends par etat moyen , l'état le plus or- dinaire; car l'état moyen, pris entre la plus grande élévation & la plus grande defcente du mercure, change fouvent. Une variation extraordi- naire & momentanée fufht pour donner un nouvel état moyen pris de cette manière. Par exemple, en Février 1779, le mercure du baromètre eft monté plus haut qu'on ne lavoit vu depuis trente ans ; l’état moyen, pris entre les deux extrèmes, aura donc changé. Il me femble qu'on part L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3 d'un point beaucoup plus fixe, en prenant pour étar moyen du baromètre l'écar où il fe tient le plus fouvent, I IL. Obfervations du Thermomètre. Pour favoir quelle eft la température de l’atmofphère à l'ombre, je plaçai un thermomètre dans une cour expofée au nord. La plus grande dilatation pendant l’année 1779 a été le 13 Juillet, où le thermomètre eft monté à 27 degrés ; le jour le plus froid a été le 9 Janvier, où ce même thermomètre elt defcendu à — 4°. Pour connoître quelle eft la chaleur du foleil relativement à la chaleur de l'ombre, je plaçai un thermomètre daas un lieu où le foleil donnoit depuis fon lever jufqu'à fon coucher; la plus grande dilatation de ce thermomètre a été de $2 degrés le 30 Juin & le 15 Août : la différence la plus grande entre la chaleur du foleil & celle de l'ombre a été de 31 degrés le 12 Juin. J'ai obfervé, chaque jour de l’année 1779, le point de la plus grande dilatation du thermomètre au foleil, & dans le même temps la hauteur du thermomètre à l'ombre, En faifant chaque mois deux fommes de ces dilatations, & en divifant par le nombre de jours du mois la différence de ces deux fommes , j'ai eu pour chaque mois la diffé- rence moyenne qu'il y a entre la chaleur du foleil & celle de l'ombre. Voici mes réfultats, LITTLE AIGLE Et OA AE ER ONE) MFoprienin ee et ee NE 9 AOC NN ENEE LES JB ET ARS LOFT RARE OA Septembre . .. . . .,. 14,8 APT lits 90 10 19,3 ORDER LIEN. MATOS Mai se... 19,3 [| Novembre ..., 8,7 JE. Nele etes eee UT: 0 Décembre 7,3 En faifant une fomme de toutes les différences journalières, & en la divifant par 365, je trouve 14, 2 degrés pour différence moyenne entre la chaleur du foleil & celle de l’ombre , prile fur toute l’année. L'état moyen de la plus grande chaleur à l'ombre, pris fur les obferva- tions de toute l’année, eft de 14, 2 degrés. Donc, le nombre moyen des degrés de la plus grande dilatation du thermomètre au foleil, eft double du nombre moyen des degrés de Ja plus grande dilatation du thermomètre à l’ombre. La différence moyenne entre la chaleur du foleil & celle de l'ombre auroit été plus grande dans certains mois fans la pluie où le temps cou- ner. Vous en pouvez juger , Monfieur , par la petite table fuivante, qui 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, marque le degré de la plus grande élévation duthermomètre au foleil dans chaque mois de l’année, le ciel étant très-ferein. Janvier alias etete e 26 Fa Ne ete eo FHurienhetelete tel cieis 0028 PACE El CADOS UD OÉeER oO ce RATS eat let ete trie AZ Septembre + « + eo vis o + + 44 DITS OMR ONEMONALICNRE Oobre.. 1. 36,5 DNS MN UE NOT) Novembre. . .. + + + + à 28 AR N NES e eirlletel ets ele AZ Décembre sl. nier 028 I faut obferver que le thermomètre au foleil étoit placé contre un mur : j’aurois eu des réfultats bien différens, fi j'avois äfolé mon thermo- R mètre. Pour déterminer Le rapport de la chaleur de l'air avec la chaleur de l'eau dans les différentes faifons de l’année, j'ai tenu un thermomètre dans l’eau , d’oùje ne le retirois qu'au moment de l'obfervation. Je crois, Monfieur , qu'il feroit curieux, & en même temps utile, que les Météo- rologiftes, qui font à portée des fleuves & des rivières, y tinfflent des thermomètres. La comparaifon de la différente chaleur des eaux du Rhône à Genève, Lyon, Vienne, Valence, Montelimart, Orange, Avignon & Arles, offriroit fans doute des réfultats d’un genre nouveau. Le thermomètre que j'ai obfervé étoit placé dans un grand vafe expofé au nord, & habituellement couvert d'une lame d’eau de 4 pouces. L'état moyen, pris fur les obfervations de toute d'année 1779 , a été de 11, 7 degrés. Bien que la glace, qui couvroit quelquefois ce thermomètre , fût de 7 à 8 lignes d’épaifleur , il n’eft jamais defcendu au-deffous de o. III, Obfervations fur la direttion & la force du Vent. Pour connoître La force du vent, je voulus d’abord me fervir de l’ané- momètre décrit par M. Bouguer dans fon Traité du Navire ; mais comme je ne pus venir à bout d’en faire conftruire un dans le Pays, j'en ima- ginai un, qui confifte dans un carton d'un pied quarré de furface, fou- tenu par des roulettes, & foulevant un poids proportionné à la force du vent. Je m'en fuis fervi très-avantageufement pendant plus d'une année ; cependant comme toutes les fois que j’entendois Le vent fouffler avec force pendant la nuit, j’étois obligé de me lever & d'aller en rafe cam- pagne expofer mon anémomètre, je conçus & commençai l'exécution d'un anémomètre qui pût m'indiquer, à chaque inftant & fans que je quit- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1$ taffe mon lit, quelle éroit la direction & la force du vent. J'aurois tra- vaillé à Le finir, fi je n’avois été obligé de quitter ma folitude pour venir à Paris. Je vais vous le décrire tel que je l'ai imaginé. Il faut prendre vingt-un tuyaux, avoir foin de les calibrer exprès & dans de certaines proportions , de façon que le vent entrant dans chaque tuyau, puifle donner fucceflivement, & en détail, trois octaves. Le pre- mier ut doit répondre à la force du vent, frappant fur un pied quarré de furface, & foulevant un poids de cinq onces. Re doit donner dix ences, mi quinze onces, & ainfi de fuite, Les notes de la feconde & de la troifième octave défigneront un poids qui augmente progreflivement de trois en trois onces. De petites plaques ajuftées à des reflorts, feront qu'il n’y aura qu'un tuyau qui réfonnera àla fois; & le tuyau qui s'eu- vrira., fermera par ce moyen tous ceux qui lui font inférieurs. Il fera facile alors de juger de la force du vent. Si j'entends, par exemple, le fol de la première octave, je fuis averti que la force du venteft de 25 onces. Le f de la feconde oétave m'apprend-que le vent. tourne à la rempête, & j'en fuis Les progrès en écoutant. Tel fon de cette octave défignera que les mûriers rifquent d’être ébranchés., mais qu’il n'y‘a rien àcraindre encore pour. les oliviers, Tel autre fon précédera roujours.la chüte des tuiles, &c. Je calculerai d’ailleurs. avec La plus grande facilité, par cet anémomètre mufical, l’ordre & la fucceflion des bouffées. Huit autres tuyaux, avec des fons aigres, & dirigés vers huit parties. différentes du ciel, indique- ront la. direétion du vent; de forte que j'entendrai toujours deux fons, dont lun défignera la dire&tion du vent, & l’autre fon degré de force. IL feroit à defirer que quelque Phyficien tâchât d'exécuter cet anémomètre, fur-tout dans un. Port de mer, oùil.feroit très-utile & très-commode aux Navigateurs. Le vent le plus fort que j'aie obfervé en 1779, a été celui du 10 Avril; je trouvai, avec mon anémomètre à roulettes , qu'il foulevoit un poids de 98 onces; c’éroit un vent. de nord-oueft. J'entrerai dans de plus grands détails fur les vents qui règnent à Sallon, en donnant l’Hiffoire naturelle du Miftral, ventle plus fort & le-plus célèbre de routes les Gaules, & auquel l'Empereur Augulte fit dreffer un autel. Si certe Lettre n'étoit déjà trop longue, je vous rendrois compte, Mon- fieur , de mes obfervations comparées fur l'évaporation de l’eau à l'ombre & au foleil ; fur la quantité de pluie qu'il eft tombé pendant l’année; fur les nuages dont j'ai obfervé chaque jour la forme , la pofñtion , la direction & Ja couleur ; fur les dépôrs des eaux courantes , felon leurs différens degrés de chaleur, &c., &c. Au refte , mon travail a été réfumé en plufieurs tables, dont j'aicommuniqué la plus grande partie À la SociétéRoyale de Médecine, J'ai l'honneur d’être, &c. 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EE men eee à Suite d'Expériences fur l'Air inflammable des Métaux (1). Par M. DE LA MÉTHERIE., E N annonçant les expériences que j'avois faites pour retirer , par le feu, l'air inflammable des métaux, j'avois dit avoir toujours remarqué de l’hue midité dans le col des matras. Je n’ofai prononcer d'où venoit cette eau ; mais ayant répété ces expériences un grand nombre de fois, je puis affurer qu'elle fe trouve réellement dansle métal: je ne la crois pas néanmoine toute propre au métal. On eft obligé d'employer , dans ces fortes d’expé- riences , les métaux réduits en limaille, Or, le fer, le cuivre, l’étain & tous les métaux, excepté peut-être l'or, font attaqués plus ou moins fa- cilement par l'humidité de l'air, qui leur Ôôte leur éclat métallique: c’eft cette eau qui monte dans les premiers coups de feu. Voici la manière dont je m'en fuis afluré. Ayant pris de la limaille de reflort très - pure & toute choïfie à l’ai- mant, néanmoins un peu grisatre , je la mis dans un matras de ce verre qu'on appelle cryftal. J'eus beaucoup d’eau dès le commencement : les vaifleaux refroidis, je trouvai que le matras avoit coulé & enveloppé la limaille, de manière qu'il ne demeuroit qu'une ouverture capillaire. La limaille avoit repris tout fon éclat métallique, & il n’y avoit de noircie que la petite portion qui étoit à l’ouverture. Un petit lingot d’étain , qui venoit d'être fondu, mis dans le matras, n’a pas donné d'humidité fenfible : les limailles qui font faites depuis peu de temps, en donnent aufli très-peu. Cependant je croirois volontiers que les métaux contiennent un principe aqueux , qui n'eft peut-être pas de l’eau pure (2). J'ai reçu dans une veflie, par le moyen d’un fiphon, l'air inflammable de limaille d'acier. Tous les vaiffeaux avoient été bien féchés, ainfi que la limaille. J'ai fait brüler cet air contre une glace, & j'ai eu des gouttes d’eañ. M. Macquer avoit eu les mêmes réfultats ; mais il ne dit pas s'il avoit fait pañler fon air inflam- mable par l'eau , au lieu que dans mon procédé, il n’a eu aucun contaétavec elle. me mm à (1) Voyez la Lettre du même Auteur, fur un procédé nouveau pour rewrer Pair inflammable des métaux. Journal de Phyfique , 1781 , Tom. XVIIF, pag. 156; &fon Mémoire fur les élémens , 264. p.224 & 310. (2) L’eau qu’on trouve dans le col du matras, lorfqu’il contient de la limaïlle d’a@er, a un gotit tout-à-fait approchant de celui du fel marin. Quand on emploie le cuivre, Ê RUE eft plus âcre; cependant, elles n’agiflent ni fur le fuc de çournefol , ni fur l'eau g chaux, Ayant SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. +7 Ayant fort varié toutes ces expériences, fur-toutfur la limaille d'acier (1), voici les principaux réfultats que j'ai obtenus. L'air infammable, ainf tiré par le feu, a une odeur empyreumatique fingulière; elle eft prefque auf forte que celle des végétaux brülés, qui eft également due à leur air inflammable. J'ai fait calciner la limaille d’acier dans des creufets, parce welle ne left qu'imparfaitement dans les matras : elle donne une légère Éine bleue comme l'air inflammable qu'on en retire, fe noircit & ac- quiert beaucoup de poids, fouvent un tiers en fus. Aïnfi calcinée, elle rouoit fimplement à la chandelle ; au lieu que celle qui ne l’eft pas, brille & fcintille. La première , mife dans les acides, ne fait effervefcence avec aucun , quoiqu'il s'en diflolve une très-petite quantité, qui donne du bleu avec la liqueur teignante ; l’eau l'attaque aufli très-peu, tandis que l'autre left beaucoup, comme l'on fair, dans la préparation de l'échiops. Je mis de la même limaille d'acier, choifie à Paimant, dans un flacon à moitié plein d’eau : je le bouchai & l'agitai fouvent. L'éthiops fe forma; & on voyoit quelques bulles d'air fe dégager. En débouchant le flacon, une vive odeur d'air inflammable fe fit fentir. Je fis pafler cet air dans un bocal, & y plongeai une bougie qui s'éteignit, & l'air ne put s'en- flammer; mais, ce qui eft fingulier , c'eft qu'il parut que l'air extérieur fe précipita dans le facon, lorfque je le débouchai. Pour m'aflurer du fait , je prisun autre flacon , auquel j'ajuftai un tube, & une veflie dans laquelle je laiffai un peu d'air. Je ne pus diftinguer s’il y avoit eu abforption ou non: s'il y en eut , elle a été peu confidérable, M. Prieftley avoir déjà remarqué que l'air inflammable qui avoit été long-temps agité dans l’eau , étoit abforbé en partie , & éteignoit les lumières fans s'enflammer. L'éthiops fut attirable à l’aimant , comme il a coutume d’être : fa couleur étoit noire Jorfque le bocal étoit plein d’eau ; & un peu fafranée, lorfqu'il ne l'étoit pas entièrement. L'eau filtrée avoit un petit goût ftiprique & ferrugineux , mais n'altéra pas fenfiblement ni le fuc de tournefol , ni l'eau de chaux, ni la teinture de noix de galle. Voilà donc ma façon d'obtenir l'air in- flammable des métaux , qui ne peut laiffler aucun doute. Il paroît, par toutes ces expériences , que l'air inflammable eft dans les fubftances métalliques ce qu’eft l'air fixe dans les corps & pierres calcaires : (1) La partie verte de la ferpentine , & de la plupart des autres pierres, eft atrirable à l’aimant. Mifes dans les acides, elles ne font aucune effervefcence, ne donnent aucun gaz : cependant elles donnent du bleu avec la liqueur teignante ; ce qui. prouve que le fer y eft dépouillé de fon gaz inflammable, comme dans tous les minéraux, dont plufieurs font cependant fenfibles à aimant. Ileft peu de pierres & de teries où ce métal ne fe trouve, & les acides l’attaquent, quoique non fenfbles à l’aimant ; tels que dans le mica , le{chorl, la molybdène, l’argille elle-même, lorfqu’ellen’eit prs colo- sée , &c, Mis dans les acides, ils donnent du bleu avec l’alkali phlogiftiqué. Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER. G 18. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Tun & l'autre leur donnent de la confftance, & les font cryftallifer. Les fubftances métalliques, fans air inflammable , ne cryftallifens point. On l'a toujours confondu avec le fimple phlogiftique : peut-être même le phlogiftique de Stalh n'eft-il que l'air inAammabie ; car c’éroit , felon lui, le principe. qui revivifoit la chaux métallique, & formoir le foufre. Or, il ne peut point y avoit de revivification de ces chaux fans air inflamma- ble, Le foufre contient également cer air; & dans l’hépar, il fe dégage en quantité , & s’enflamme. On voit donc qu'il doit être le même prin- cipe que Stalh appelloit phlooiftique; & HE Atienene lair inflammable fe trouve dans les corps où ce grand Chymifte prenoit fon phlosiftique , favoir , le charbon & toutes les fubftances animales & végétales. . Mais nous n’appellerons phlogiftique , que le feu pur,'le feu élémen- taire combiné dans Les corps. Le fer, dépouillé de fon air inflammable , contient encore du phlogiftique , & eftattirable à l'aimant, la feule qua- lité métallique qu'il ait confervée. Seroit-ce ce principe qui lui donneroit cet excès de poids lorfqu’on le calcine? car ce ne fauroit être l'air fixe comme dans les chaux métalliques : d’où viendroit cet air fixe dans le petit matras? & d’ailleurs ici, il n’eft pas en état de chaux; l’étain ne fe calcine également pas dans le matras. Ne feroit-ce pas plutôt une furabondance du feu- principe, qui fe combine avec le fer, & empêche qu'il ne foit at- taqué par l'eau & les acides? J'ai dit précédemment que le feu combiné paroît jouer le rôle des acides. L’alkali furchargé de phlogiftique eft in- foluble dans les acides : peut-être eft-ce encore le même principe qui, dans le verre, rend les alkalis & la terre calcaire inattaquables aux acides & à l'eau; celle-ci n'a aucune affinité ni avec le feu, ni avec laterre, & ne s’yunit que par le moyen de l'air. Ce fera encore l'air inflammable qui rend les métaux folubles dans les acides, & les fait brûler. C’eft peut-être ce que quelques Anciens en- tendoient par huile ou foufre des métaux. Peut-être feroit-ce mieux de l’ap- peller acide , puifque c’eft par fon moyen que les métaux font atraqués par l'eau. M. de la Garaie a fait voir que l'or lui-même, long-temps agité dans l'eau, fe divife au point de pafler par un filtre. Tous ces phénomènes rapprochent plus ou moins l'air inflammable de la nature des acides. Peur- être fon acidité eft-elle réellement plus forte dans Les métaux, qu’elle ne nous paroït : elle peut être diminuée par l’eau qui, comme l'on fait , dénature Ce gaz, ou par le feu qui certainement l’attire également. M. l'Abbé Fon- tana dit avoit rougi le fuc de tournefol & précipité l’eau de chaux , avec l'air inflammable tiré du fer & de l’huile de vitriol; mais, dans ce cas, l'acide vitriolique donne un gaz. J'ai répété l'expérience, en faifant pafler Vair inflammable tiré par le feu directement dans un flacon plein d’eau de chaux, qui a été précipitée auffi-tôt : du fuc de tournefol, contenu dans un autre flacon, na pas été altéré fenfiblement, M. Bertholet a prouvé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 que l'acide acéteux contient de l'air inflammable, & nous allons voir qu'il entre dans l'acide nitreux. Ces différentes expériences fur l'air inflammable m'ont conduit à l'ana- lyfe de l'air nitreux. Les métaux donnent de l'air inflammable diffous par tous les acides, excepté le nitreux, avec lequel ils ne donnent qu'un gaz particulier, qu'on a appelé nitreux. Les fubftances animales & végétales qui contiennent beaucoup d'air inflammable, traitées par cet acide , don- nent aufli de l'air nitreux : celles au contraire qui ne contiennent point d'air inflammable , telles que les métaux qui en ont été dépouillés par le feu, les terres & les pierres calcaires, les alkalis fixes aërés diflous dans Le même acide, ne donnent point d'air nitreux : mais tous ces airs qu'on re- tire par les acides, ne font point les mêmes, parce que chaque acide fournit aufi un gaz, comme l’a Fr voir M. Prieftley. On peut donc conclure que l'air inflammable eft néceffaireà la formation de l'air nitreux , & que ne pouvant être détruit par ces diffolutions , il faut qu'il fe trouve dans celui-ci : mais il eft altéré par le gaz que fournit l'acide nitreux , comme tous Les autres acides : ce doit être le gaz déphlosiltiqué fi abondant dans cet acide , comme l’a prouvé M. Lavoifier. La détonnation d’un mélange d'air inflammable & Er déplogiftiqué , femblable à celle de l'acide ni- treux , eft une nouvelle raifon qui ne permet pas de douter que ce foient les vrais principes de Facide nitreux. Je pourrois dire, avec le célèbre Académicien que je viens de citer, que fi toutes ces expériences ne font pas neuves, on ne fauroit me dif puter les conféquences: elles peuvent concourir aux vues du Gourerne- ment {ur la formation de l'acide nitreux & l’établiflement des Nitrières. IL fufät de produire l'air inflammable , ce que fait la putréfadion des ma- tières animales & végétales, & de favorifer dans ces matières Ja circulation de l'air commun, pour y porter l'air déphlogiftiqué (x). QG) MM. Stalh & Voulfe difent avoir inverti acide marin en acide nitreux, & le nitreux en marin, Quoi qu'il en foit de ces expériences, le travail des Salpéiriers nous apprend qu'il y a toujours de l’acide marin & de l’alkali minéral produit, avec l’acide nitreux , puifqu'ils trouvent du {el marin tout formé; c’eft une chofe qui mérite bien J'attention des Chymiltes. Qu'on nedife pas que ce fel marin eft contenu dans les urines. On peut avoir des Nitrières fans urine ; & en Efpagne & dans les Indes , où on retire le falpêtre des rerres des champs, ôn trouve depuis 20 jufqu'à 40 livres de fel marin par Quinrel de terre, dir M. Bowile. Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER. C2 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EE RER TRAME Dee Differtations de Phylique animale & végetale de M. l'Abbé SPALLANZANI (1). = MAS € Edge" SUR LA DIGEST IO N. [fre ME cet Ouvrage, écrit en Italien, n'eft pas encore traduit, & qu'il eft rempli de recherches curieufes & de faits intéreflans, on croit faire plaifir au Public d'en imprimer ici l'extrait. M. Spallanzani eft un des meilleurs Obfervateurs de nos jours; c’eft à lui qu'on doit la belle découverte de la reproduétion de Ja tête du limaçon , de la queue & des jambes des falamandres aquatiques. Il s'eft fait connoître encore par fes Opufcules de Phyfique animale @ végétale, imprimés il y a quelques années, & traduits en François par M. Senebier, dans lefquels il expofe avec beaucoup d’exactitude l’origine & l'hiftoire des animialcules des in- fufons. Le premier volume des Differtations que nous annonçons aujourd’hui traite uniquement de la digeffion. Pour mettre de l'ordre dans fa narra- tion, l’Auteur examine ce qui fe pafle dans l'eftomac des différens ani- maux , fuivant la divifion qu'en ont faite les Phyfiologiftes d'animaux à ven- tricule mufculeux, à ventricule moyen, & à ventricule membraneux. La première Differtation eft confacrée aux phénomènes de la digeftion dans les ventricules mufculeux. Quoique l'eftomac de tous les animaux foit garni de mufcles, on appelle particulièrement mufculeux ceux qui font garnis de mufcles extrèmement forts, comme le ventricule des canards, des oies, des pigeons, des perdrix, de tous les gallinacées , &c. M. de Réaumur s'étoit déjà beaucoup occupé de la digeftion de ces oifeaux; il avoit imaginé de leur faire avaler des tubes de métal remplis de grains d'orge & de fromenr, pour voir quelle altération ces femences végétales recevroient dans leur eftomac: maïs elles n’en reçurent aucune ; elles reftèrent intaêtes dans leur enveloppe métallique ; & comme les tubes employés avoient été percés de plufieurs petits trous pour donner accès aux fucs gaftriques, & que, malgré cette précaution , les alimens ———@—— (x) Differtazioni di Fifica animale e vegetabile del’ Abbate Spallanzani, Regio Pro- feflore di Storia Naturale nell’'Univerfitate di Pavia, Socio delle Acadgmie di Londra , di Pruflia, &c.,&c., 2 com. in-3°. If ZLodena, 1780. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 ne s'étoient point digérés, il en réfultoit que ces fucs ne fufifent point à la digeftion , qu'il faut quelqu'autre agent préliminaire, & cet agent ne pouvoit être autre chofe que l’action des mufcles de l'eftomac ou la trituration. On pouvoit donc conclure que dans les oifeaux à ventricule mufculeux, la trituration des alimens eft une condition abfolument nécef- faire à leur digeftion. Ceci conduifoit à une autre expérience. Il falloit voir fi en employant des tubes de métal moins épais, ils garantiroient moins les alimens de la forte action des mufcles, & s'il pourroit s'établir quelque commence- ment de trituration, M. de Réaumur le tenta, & vit que non - feulement les alimens furent broyés dans l’intérieur du tube , mais que ces tubes eux- mêmes fe rompirent, {e tordirent , fe contournèrent bizarrement, s'ap- platirent en quelques endroits, comme s'ils avoient été battus avec un marteau, Ce réfultat confirmoic celui de la première expérience fur l’uti- lité de la trituration , & donnoit de plus une idée de la force éronnante des mufcles du ventricule des gallinacées. M. de Réaumur en fut fi frappé, qu'il crut que la digeftion ne s’opéroit dans ces oifeaux que par la tritu- ration. Les grains, dont ils font leur nourriture ordinaire , écoient, fui- vant lui, dépouillés, en quelques inftans, de leur enveloppe naturelle, de leur écorce; & la fubftance farineufe qu'ils contiennent fe trouvant expofée immédiatement aux chocs violens des mufcles, devoit bientôt fe réduire en une efpèce de pulpe, laquelle, mêlée à l'humidité natu- relle qui abreuve les organes de la digeition, devient un véritable chyle: en forte qu'il n’étoit point néceffaire de recourir à une diflolution opérée par les fucs gaftriques ; il affrmoit même qu'il n'y a dans Le ventricule des gallinacées aucun menftrue capable de nee & de difloudre les alimens. M. Spallanzani a répété les expériences de M. de Réaumur , & a ob- tenu les mêmes réfultats. Quand il a employé des tubes de métal épais, les alimens n’ont point été altérés ; & quand il s’eft fervi de tubes minces, il a vu ces tubes foufftir étrangement. Il s'eft donc convaincu, par fes propres yeux , que la trituration étoit une préparation néceflaire ; mais ila été plus loin que M, de Réaumur dans fesrecherches fur la force des mufcles du ventricule des gallinacées. MM. Redi & Magalotti avoient fait avaler à des poules des petites fphères vuides de cryftal d’une telle épaifleur, qu'en les jetant à terre avec force, elles ne fe rompoient point; &, à leur grand étonnement, elles s’étoient brifées dans l’eftomac de ces oifeaux. Notre Auteur a voulu revoir ce fair, & l’a trouvé parfaitement vrai. Ce quil ya de fingulier, celt que les fractures de verre n'étoient point aiguës & coupantes , comme le deviendroient celles qu'on produiroit en caffant ces fphères avec un marteau: mais elles étoient émouflées, comme fi leurs angles euflenc été rabattus fur le tour; en un mot, elles s'étoient tellement arrondies, 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'en les plaçant entre les deux mains, on pouvoit les frotter l’une contre l'autre fans fe blefler. —Encouragé par cette expérience, M. Spallanzani en imagina une qui fembloit devoir être beaucoup plus dangereufe pour les oifeaux qui y feroient expofés. Il ficha dans une balle de plomb douze groffes aiguilles d'acier qui avoient, hors de la balle, une longueur de trois lignes, & fit avaler cet inftrument à un coq d'Inde : il Le laiffa dans fon eftomac un jour & demi fans que l’animal parût fouffrir ;.& en effec, il ne fouffroit point: car, en le difféquant, on trouva que les aiguilles s'étoient caffées à rez de Ja balle, & que leurs pointes s’étoient parfaitement arrondies. La balle avoic plus fouffert que l'eftomac; il y avoit fur fa furface de légers fillons. Cette expérience fut répétée , en dubftituanc aux aiguilles douze lancettes, dont les lames pouvoient éga- lement couper & percer ; & l'animal rélifta auf bien à cette épreuve qu'à la précédente. — Il eft vrai que ces oifeaux n’y réfiftent que lorfqw'ils font adultes : dans leur premier âge, ils fuccombent ; les mufcles de leur eftomac ne parviennent pas alors à caffer les lancerres, & ils fe laiflent entamer : mais quand ils ont toute leur force, ils n’en reçoivent pas la plus petite atteinte. L'Auteur a cherché la caufe de cette fingulière réfiftance; &, malgré toutes fes tentatives, il n’eft point parvenu à la pénétrer. Quelques Na- turaliftes ont fuppofé que les petites pierres que les gallinacées avalent contribuoiert beaucoup à la force de leurs ventricules, qu’elles fervoient comme de boucliers aux mufcles dans le temps de leur plus grand mou- vement; mais cette fuppolition eft fans fondement : car non - feulement M. Spallanzani a vu que les oifeaux , dont le ventricule contenoit le moins de petites pierres, digéroient aufli-bién que les autres, mais en- core que des oifeaux qu'il avoit élevés depuis la fortie de l'œuf jufqu'au moment où il les expofoit à fes cruelles expériences, & qu'il n’avoit nourris qu'avec des alimens triés grain à grain, pour être sûr qu'ils ne renfermoient pas une feule pierre, avoient un eftomac aufli capable de cafler les boules de verre que ceux qui contenoient le plus de petits cailloux, La grande force du ventricule de ces oifeaux paroîtroit plutôt dépandre de la nature de fa tunique intérieure. L’Auteur dit qu’elle eft dure & prefque cartilagineufe. Lorfqu’on la détache des tuniques adjacentes , & qu'on l’étend fur un verre pour l’examiner mieux, on trouve qu'il faut affez d'effort pour l’entamer avec des outils tranchans. Il y a plus; fon fépare un ventricule tout entier, & qu'après l'avoir bien puriäé de tout ce qu'il contenoit, on le rempliffe de morceaux de verre aigus, pour le frotter enfuitre pendant quelques inftans entre les deux mains , on verra que certe tunique intérieure ne fouffrira que quelques égrationures, &: que cependant le tranchart des morceaux de verre aura déjà commencé à s'é- mouffèr &s’arrondir. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 Si l'on rapporte ces détails fur la fracture de ces organes , ce n'eft point gs croie qu'ils fufhfent à expliquer le fait dont 1l s’agit; mais ils in- iquent aux Phyficiens, qui pourroient entreprendre de s'en occuper, que c'eft de ce côté-là qu'il faut tourner leurs recherches. — Ce qu'il y a d’aflez fingulier, & qui augmente la diffculté du problème, c’elt que dans le moment de la digeftion, les mufcles de l'eftomac ne paroiflent point agités. M. de Réaumur l’avoit déjà dit, & notre Auteur l’a vu après lui, Il a ouvert la poitrine de quelques gallinacées pendant que leur ventricule étoit plein d'alimens , & il leur a trouvé peu de mouvement; il a même vu, dans ce moment, l’eftemac des canards & des pigeons parfaitement immobile, 1 Après avoir bien conftaté l’action prodigieufe de l'eftomac de ces animaux fur leurs alimens, on cherche fi la digeftion fe borne-à, & fi les fucs gaftriques n'y ont aucune part. M. Spallanzani a fait, pour s’en affurer, un très-grand nombre d'expériences , dont voici la plus décifive. Il remplit de morceaux de chair une petite fphère de métal, dont les parois éroient aflez folides pour réfifter à la compreflion des mufcles ventriculaires, & il cribla de trous cette fphère pour donner accès aux liqueurs de l’eftomac ; puis il la fit avaler à un canard : après un féjour plus où moins long dans le vifcère de cet oifeau, la chair changea de confiftance & de couleur , & fe trouva confidérablement diminuée; en un mot, elle préfenta tous les fignes d’une diffolution fort avancée. Dans ce cas, on ne pouvoit pas dire qu'il y eût eu trituration; car la fphère de métal étoit trop épaifle pour céder aux mufcles. La diminution de la chair ne venoit donc que de l'action des fucs gaftriques. On peut donc affirmer que dans les animaux à ventricule mufculeux la digeftion peut s'opérer uniquement par diffolution. Mais , dans l'état naturel, lorfque les alimens font laiflés à eux-mêmes, la trituration hâte leur digeftion , parce qu'elle les réduiten petites parties, multiplie les furfaces, & facilite ainfi l'action du diffolvant. La trituration n’eft donc qu'une préparation, dont quelques alimens, comme la chair, peuvent, à la rigueur , fe pañler (aise dans ce cas, leur digeftion foit plus lente), mais qui eft indifpenfable pour d’autres, comme les graines végétales, Si l'on fait avaler à une poule un tube épais de métal rempli de grains de bled, ce bled ne fe digèrera point; les grains s’imbiberont de fuc gaftrique, mais il ny aura pas de véritable digeftion , parce que le fuc diflolvant n’a pas de prife fur l'enveloppe du grain : il je abfolument que la trituration broie ce bled, qu'elle fépare la fubftance farineufe du fon ; & lorfque cetre opération eft achevée , Les fucs gaftriques s'emparent de la pulpe du grain , la diffolvent & la réduifent en chyle. M. de Réaumur s’étoit donc trompé, quand il croyoit que toute la digeftion confifte dans la trituration; la caufe de fon erreur, c’eft qu'il ne donnoit pas aflez de temps à fon expérience, Quand il voyoit qu'après 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quelques heures de féjour, les alimens, enfermés dans des tubes épais , ne fe digéroient point , il en concluoit qu'il n’y avoit point de diffolvant. Il falloit, comme M. Spallanzani, attendre plus de temps; au lieu de deux ou trois heures, y confacrer tout un jour: & alors il auroït vu que quoique la digeftion de la chair & de la mie de pain foit plus Lente lorf- qu'il n'y a point eu de trituration préliminaire, néanmoins elle s'établit & fe confomme en entier par la feule diflolution. M. Spallanzani a voulu avoir-des preuves plus directes encore de la préfence du fuc gaftrique dans le ventricule des gallinacées ; il a fait l'anatomie d’une oie , & a trouvé fon œfophage rempli de glandes & de de follicules glanduleux (fur-tout à fon infertion dans l’eftomac ), lef- quels laiffent échapper, à la moindre compreffion, la liqueur qu'ils con- tiennent : mais il n'y a point de ces follicules dans Le ventricule même. Il y a donc apparence que les fucs gaftriques , dont la Nature a befoin, viennent de l’œfophage, & plus particulièrement encore du duodénum , comme on Le verra ailleurs. — Quelle que foit leur origine , il eft sûr qu'il y en a une grande quantité. L’Auteur a introduit une éponge dans le jabot d’un pigeon, &, après l'avoir laiffée douze heures, il l'a retirée & trouvée pleine de fucs gaftriques ; elle en contenoit une once. Il fit enfuite fur cette liqueur des obfervations directes, par lefquelles il mit hors de doute fa vertu diffolvante. Je n’entrerai pas a@tuellement dans ce détail ; on verra plus amplement dans la fuite toutes les propriétés des liqueurs gaftriques de différens animaux—. Dans la feconde Differtation , on examine la digeftion des animaux à ventricule moyen.— Par ventricule moyen , on entend celui qui n'eft pas proprement mufculeux comme l’eftomac des gallinacées, & qui cepen- dant n’eft pas membraneux , ou d’une foible épaifleur, comme dans les oifeaux de proie, les quadrupèdes & l'homme, mais qui a une groffeur & une folidité moyenne entre l’un & l’autre. L’eftomac des corbeaux en eft un exemple; il ne peut point altérer des tubes de fer blanc, qui fe déforment facilement dans le ventricule d’un pigeon: mais il applatit des tubes de plomb; ce que ne peuvent point faire les eftomacs mem- braneux. Lorfqu’on leur fait avaler des tubes épais, percés de petits trous &c remplis de grains de froment ou de femences de féve, ces graines s'im- bibent de fuc gaftrique, mais ne fe digèrent point , lors même qu'elles reftent quarante-huit heures dans l’eftomac ; c'eft que les fucs gaftriques ne peuvent parvenir à la fubftance farineufe du grain fans traverfer fon écorce , qui eft probablement pour eux un obftacle imperméable: au lieu que fi on répète la même expérience , en employant des grains battus ou écorcés, leur diffolution s'achève très - bien dans l'efpace de vingt- cinq heures. Aufli la Nature, qui ne pouvoit point donner à ces oifeaux un eftomac capable de broyer ces alimens, leur a enfeigné le Due de aire SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. of faire eux-mêmes cette trituration préliminaire; lorfqu'on leur préfente des rains entiers , ils Les aflujettiflenc fous leurs pieds , & les écrafent avec leur Se avant de les avaler. Les fubftances végétales plus tendres, comme des morceaux de poire ou de pomme, n’ont pas befoin de cette préparation ; elles fe diffolvent dans Le ventricule des corbeaux, quoiqu’enfermées dans des tubes de fer- blanc. Il en eft de même de la chair; elle fe difflour parfaitement dans l'efpace de fept heures par la feule action des fucs gaftriques : ces fucs attaquent d'abord fa furface; puis ils pénètrent plus avant , rongent, pour ainfi dire , feuillet après feuillet, jufqu'à ce qu’ils foient arrivés aux couches les plus intérieures, & qu'ils diffolvent de la même manière. L’Auteur, au moyen d'une éponge , s’eft procuré du fuc gaftrique d'un corbeau; & l'ayant examiné hors du corps de l'animal, a reconnu, par plufieurs expériences , fa vertu diflolvante. Les petits corbeaux, non encore adultes , digèrent avec une fingulière promptitude ; leur ventricule contient beaucoup plus de liqueur que celui des oifeaux plus âgés. Les corneilles ne digèrent pas tous les os; elles n'entament que ceux qui, pat leur peu de folidité , femblent être plutôt cartilagineux qu’offeux.—On trouve dans leur ventricule même , des glandes pleines du fuc gaftrique: & en cela, elles différent des gallinacées , donc l'œfophage feul eft parfemé de glandes. IL paroît que la digeftion, dans cette efpèce d'oifeaux, fe commence déjà dans l'œfophage. L'Auteur le foupçonnant d’après quelques obfer- vations, voulut s'en affurer par une expérience directe. Î1 attacha à un fl de fer deux morceaux de chair, l'un à l’extrémiré du fil, l’autre un peu au deffus à une diftance de deux pouces; puis il fit avaler cet inftru- ment à une corneille, de manière que la première portion de chair occupa feule le ventricule , tandis que l’autre reftoit dans l'æfophage ; & il lia lextrémité libre du fil de ê autour du bec de l’oifeau pour le retenir folidement : après une heure, il le retira, & trouva que la chair placée dans le ventricule , commencçoit à fe digérer ; mais celle qui avoit féjourné dans l'œfophage étoit encore intacte, I] replaça le tout dans la même poli- tion, pour l'examiner une feconde fois une heure après; & en répétant fouvent ce procédé, il reconnut que Le ventricule diffolvoit fix deniers de chair en une heure, & l’œfophage feulement deux deniers en fix heures.— Pour découvrir la caufe de cette différence, il fe procura du fuc gaftrique du ventricule avec de petites éponges renfermées dans des tubes de métal , puis du fuc gaftrique de l'œfophage, & inftitua entre ces deux liqueurs une comparaifon fuivie, dont le réfultat fut que le fuc de læfophage eft moins actif & moins abondantique celui de l'eftomac, parce que ce dernier eft mêlé de bile, dont la vertu diffolvante elt bien connue, Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER. D 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Récapitulons en peu de mots tout ce qu'on vient de lire. Dans les animaux à ventricule mufculeux & à ventricule moyen, la digeftion ne peut s'effectuer que par l'aétion des fucs gaftriques ; mais comme ces fucs {ont moins énergiques dans les gallinacées que dans les oifeaux à ven- tricule moyen, leur eftomac a été rendu capable de rompre & de broyer les alimens en parties infiniment petites, pour qu'ils fuffenc atraquables par les liqueurs digeftives ; préparation qui n'étoit pas, à beaucoup près, auflt néceflaire dans les oifeaux à ventricule moyen, à caufe de la plus grande ac- tivité de leurs fucs gaftriques. On paîle enfüuite aux phénomènes de la digeftion dans les, animaux à ventricule membraneux ; & lon commence par avertirque ce mot de mem- braneu ne fignifñe point que le ventricule des animaux dont il eft queftion ne foit compofé que de fimples membranes, mais que fes parois font {1 miñees, qu'elles ne paroïflent être que membraneufes. L’eftomac de la plus grande partie des animaux eft de certe efpèce : l'homme lui-même doit y être placé. Les grenouilles ont le ventricule membraneux : leur digeftion eft fort lente. Les différentes viandes que l’Auteur leur faifoit avaler dans des tubes ne fe digéroient complètement qu'après cinq ou fix jours; elles n'y {ubifloient aucune trituration prélimiraire ; les fucs gaftriques faifoient tout le travail, mais ces fucs font en petit: quantité ou peu actifs. Les falamandres aquatiques digèrent plus promptement; Les vers de terre , qui font leur nourriture ordinaire , {e difflolvent dans leur eftomae en trente heures, quoiqu'enfermés dans des tubes de métal. L’Auteur donne une preuve très-sûre que leur vifcère n’a point la force de triturer les alimens. Il y a dans l’eftomac de la plupart des falamandres une mul- titude de petits vers blancs fichés dans les tuniques du ventricule, où ils fe nourriflent des fucs digeftifs ; lorfqu'on les tire de-là pour les exa- miner de plus près, on voit que la plus légère comprefion fufft à les écrafer. Il eft donc évident qu'ils ne rélifteroient pas à l'action des mufcles ventriculaires, fi ces mufcles éroient deftinés à broyer les alimens. La digeftion , dans les falamandres , s'opère donc uniquement par la vertu des fucs gaftriques. Mais comment fe peut - il que toutes les efpèces de vers, dont elles font leur nourriture, fe digèrent fort bien dans leur ventricule, & que les petits vers parafites, dont il eft ici queftion, ne s’y diflolvent point? c’'eft que probablement les fucs gaftriques n’ont aucune prife fur eux. On lit quelque fait analogue dass l’hiftoire de polypes à bras. Un polype de cette efpèce, inféré dans le corps d’un autre, ne s’y digère oint : il continue à vivre comme auparavant. M. Spallanzani a aufli,obfervé les ferpens, & il s'eft affuré qu'il ne fe fair point de trituration dans leur ventricule; tout s’y digère par diffolu- tion, mais avec une lenteur fingulière. Dans les temps les plus chauds , un ferpent ne parvient à digérer de la chair renfermée dans des tubes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 aien deux jours; & lorfqu'on met cette chair libre dans fon ventricule , il ii faut au moins un jour pour la difloudre complètement. Des animaux à fang-froid , | Auteur paîle aux animaux à fang chaud. M. de Réaumur, d’après quelques expériences ifolées , crut que la tritu- ration étoit néceffaire à la digeftion des brebis. Mais il fe trompoit ; le vrai eft que les brebis ne digèrent point les herbes qui n'ont pas aupara- vant été mâchées & imbibéss de falive: mais il n’en faut pas conclure qu'il £ fafle de véritable trituration dans leur ventricule. Cette force de tritura- tion w'exifte pas même ; car Les tubes de métal mince, avalés par Les brebis, re fouffrent pas la plus petite léfion. Les Phyfologiltes connoiflent déjà la quantité immenfe de fuc gaftrique que fournit l’eftomac de ce quadrupède ruminant. M. de Haller en parle dans fa Phyfologie; & notre Auteur dit ici qu'il en a trouvé trentefept onces dans les deux premiers eftomacs d’une brebis , après un jeûne de deux jours pleins: ce qui lui procuga l’occafion de faire quelques ex- périences fur l’action diflolvante de certe liqueur, par lefquelles il s’aflura que ce fuc, hors du corps de l’animal, peut, dans l'efpace de quarante- cingheures, difloudre à-peu-près en entier des feuilles de différentes plantes, pourvu qu’elles aient été auparavant mâchées & imprégnées de falive : mais qu'il n’avoit pas plus de prile fur elles que de l’eau lorfqu'elles n'avoient pas reçu cette préparation, Ceci. démontre que dans les animaux ruminans, comme dans les oi- feaux à ventricule mufculeux , Les alimens doivent être triturés pour pou- voir fe digérer; mais la Nature sy prend différemment dans les uns & dans les autres pour parvenir à cette fin. Dans les oifeaux dont je parle, la trituration s'exécute dans le ventricule même; & dans les animaux ruminans, la nourriture, avalée d’abord avec précipitation , remonte enfuite dans la bouche par un mouvement mécanique : là, elle fe broie entre Les dents & s'imprègne de falive ; préparation qui la rend fufceptible de fe diffoudre dans l’eftomac lorfqu'elle y revient de nouveau. Dans la Differtation quatrième , on examine Les phénomènes de la digef- tion des oifeaux de proic. M. de Réaumur avoit reconnu l'exiftence & la puiflance des fucs gaftriques de cetre efpèce d'oifeaux ; il s'étoit même afluré qu'un milan, fur lequel il avoit fait de nombreufes expériences , ne pouvoit point digérer les fubftances végétales, quoiqu'il digérât très- bien ja viande. Notre Auteur a eu occafñon de revoir le même fait dans loifeau de nuit, nommé par M. de Buffon petite chouette. Cette chouette avala un moineau , dont l’eftomac étoit plein de grains de froment & de miettes de pain non encore digérées, & , en peu de temps, les mufcles du moineau fe fondirent dans fon eftomac: mais enfuite elle rejetta une petite pelotte qui renfermoit les plumes du paffereau , & de plus les grains de bled , lefquels, quoique tendres & ramollis, étoient encore entiers ; © Tome XIX, Part, I, 1782. JANVIER, D 2 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce qui prouve bien que l'eftomac des chouettes n'a aucune force de tri- turation : car pour le peu qu'il en eût eu , il auroit écrafé ces grains de froment, qui étoient imbibés de fuc gaftrique, & par conféquent fort attendris, Mais ce qu'il y a de plus fingulier dans ce fait, c’eit que la chouette dicéra fort bien les os du moïneau. Voilà donc un animal dont les liqueurs diflolvent les os, & ne peuvent difloudre un grain de bled. Quant à cette diffolution des os, que M. de Réaumur avoit déjà obfer- vée , l’Auteur l’a fuivie exactement dans le ventricule d’une chouette; & il a vu que le menftrue gaftrique les transformoit d’abord en gelée, en ron- geant premièrement Îles feuillets extérieurs, & pénétrant enfuite les plus intérieurs fucceflivement. Ce meriftrue a, hors du-corps de l'animal, à-peu-près les mêmes pre- priérés ; il eft Auide comme l'eau , mais teint d’une nuance jaunâtre : il n'eft pointinflammable , & jouit, comme tous les autres fucs gaftriques dont on a parlé jufqu'ici, du privilége remarquable de n’être point putrefcible ; il fe conferve fain plufieurs femaines après avoir été tiré du corps de l’oifeau. Les oifeaux de proie diurnes digèrent aufli les os, même les plus durs. Un faucon digèrera une portion de fémur d’un bœuf, du poids de foïxante= fept grains, dans l'efpace de cinquante-fepcheures.— Les os les plus tendres, comme ceux des pigeons , fe digèrent beaucoup plus vite ; en un jour ils font difflous. Mais il y a des fubftances offeufes inattaquables par les fucs gaftriques des oifeaux , comme, par exemple , l'émail des dents, au lieu que le corps même de la dent fe laifie facilement entamer. Tous les oifeaux de proie ne peuvent digérer ni les plumes , ni la corne, ni la turique intérieure du ventricule des gallinacées, qui eft prefque car- tilagineufe, ni les femences végétales; au contraire , les tendons , même les plus durs & les plus tenaces, après avoir été féchés pendant long temps au {oleil , font une nourriture propre pour le faucon, & probablement pour les autres oifeaux de cetre clafle: du moins eft-il sûr que les liqueurs gaftri- ques du faucon les diflolvenr, L'aigle commun offre un phénomène qui lui eft particulier. Lorfqu'il avale des morceaux de viande, on voit fortir des trous de fes narines deux jets de liqueur qui coulent fur la partie fupérieure du bec, viennent fe réunir fur fa pointe , & de-là, pour l'ordinaire , entrent dans la bou- che, & sy mêlent avec les alimens. Cette liqueur eft un peu falée, teinte d'un bleu délavé ; elle continue à couler tant que dure le repas de l'aigle. Ce qui détermine fa fortie, c’eft apparemment la compreflion des glandes où elle eft renfermée. Son ufage n'eft pas encore connu ; il eft probable qu'elle fe mêle aux alimens pour les ramollir & faciliter leur coétion —. On croit communément que les oifeaux de proie ne boivent point. Le vrai eft qu’ils peuvent fe pafler d’eau fort long-emps : mais quand on leur LA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 en donne , ils s’y plongent, s’y baignent & en boivent à la manière des autres oifeaux. L'aigle a une grande antipathie pour le pain : il n'y touche pas , même après un long jeune ; cependant quand on le force d’en avaler, il le digère fort bien. Certe digeftion s'exécute uniquement par l'action des fucs gaftriques; la trituration n’y a pas de part. — Les femences végétales ne fe difloivent point dans fon ventricule ; & ce fait eft une, nouvelle preuve de l'inaptitude de ce viféère à la trituration : car quand les grains font ramollis par l'imbibition du fuc gaftrique, une légère compreffion pourroit les écrafer, & cependant ils fe confervent intaëts dans l’ef- tomac. Les aigles digèrent les os plus promptement que les autres oifeaux de proie; leur liqueur digeftive diflout,en vingt- cinq jours, une portion de fémur d'un bœuf, qu'un faucon ne peut digérer qu'en trente - cinq jours & trois heures.—Cette liqueur eft trés-abondante. L'Auteur s’en étant pro- curé, par le moyen d’une éponge, une quantité confidérable , a répéré toutes les expériences qu'il avoit faites fur les fucs gaftriques des autres animaux, & en a obtenu des réfultats très-analogues. Ce qu'il y a de plus particulier dans la conformation du canal inteftinal de Faigle, c'eft la différence de capacité du jaboc & du ventricule ; il peut entrer trente-huit onces d’eau dans le jabot, & le ventricule en contien- droit à peine trois onces, ce qui explique comment un feul repas fufira à ces oifeaux pour plufieurs jours : car fi la fortune leur adrefle quelque grand animal, ils rempliffent leur jabot, & la digeftion ne fe fait que fucceflivement à mefure qu'il paffe quelque partie de cette nourriture du jabot dans le ventricule.—Ce qu'il faut obferver encore, c’eft l'extrême ténuité de la tunique intérieure du ventricule : elle eft fi frêle, qu'en la frottant fimple- ment avec un linge , on l’altère. Dans lefpèce des chiens & des chats, les fucs gaftriques font aufi tout le travail de la digeftion, la trituration nv contribue point. À l'égard des chiens , M. Spallanzani n'eft pas d'accord avec Boerrhaave. Cet illuftre Médecin , qui avoit fait quelques expériences direétés, prérendoit que ces animaux ne digéroient pas la chair en entier; qu'ils ne faifoient que la dé- pouiller de fes fucs, & qu'ils rejettoient les fibres; qu’ils ne digéroient pas mieux les portions d'inteftins qu'on leur faifoit avaler; & enfin, que les os reftoient intacts dans leur ventricule. IL eft vrai que la digeftion des parties d’inteftins eft lente ; maïs fi on y emploie le temps convenable, on verra qu’elle s'achève complètement, Boerrhaave n’a pu la voir qu'imparfaite , parce qu'il ny a pas mis tour le temps néceflaire.— [1 en eft de même de la chair; les fucs gaftriques du chien la diffolvent lentement, mais en entier, non - feulement les {ucs qu'elle contient, mais encore les fibres mêmes dont elle eft compofée. La preuve qu'en donne notre Auteur, c’eft qu'il a fait awaler à un chien 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des morceaux de chair enfermés dans des tubes de métal qu’il avoit enve- loppés de toile; qu'il a laiffé ces tubes quatre jours dans l'eftomac de animal, & qu'au bout de ce temps il les a trouvés parfaitement vuides : la toile qui les enveloppoit ne s’étoit ni percée ni dérangée. Il faut donc convenir que les fibres de la chair avoient été affez diffoutes , aflez liquéfiées pour pafler au travers des pores de la toile. Quant à la diffolution des os, Boerrhaave ne les avoit laiflés que trois jours dans leftomac d'un chien; & il eft vrai que ce peu de temps ne fuit pas pour diminuer fenfiblement leur volume. M. de Réaumur , qui a répété cette expérience en y employant beaucoup plus de temps, a obtenu un réfultat contraire : il s'eft affuré que les chiens digéroient les os; & M. J'Abbé Spallanzani l’a vu clairement, Nous voici enfin arrivés à le partie la plus intéreffante de ces recher- ches , À la digeftion de homme, — La plupart des Auteurs, qui fe font occupés de cette matière, ont appliqué à l'homme les réfultats des ex- périences qu'iis avoient tentées fur les animaux. M. Spallanzani”a jugé le fujet trop important, pour fe contenter des raifonnemens que fourniffoit l'analogie; il a entrepris des expériences directes, & c'eft fur lui-même qu'il a eu le courage de les exécuter. La première qu'il fi confifta à avaler une petite bourfe de toile remplie de pain mâché ; cette bourfe refta vingt-trois heures dans fon corps fans lui occafionner aucune incommodité ; puis il la rendit par les felles: elle éroit alors totalement vuide de pain , & cependant la toile n’avoit aucu- pement fouffert ; Le fil qui unifloit fes deux bords n'étoit ni corrompu ri ufé. La digeftion de ce pain étoit donc l'effet des fucs gaftriques ; il n'y avoit point eu. de trituration. Encouragé par ce premier fuccès , l'Auteur avala d’autres bourfes femblables pleines de chair cuite & mâchée, & dans l'efpace de cinquante-huit heures, elles fe digérèrent le plus fouvent fans laiffer aucun réfidu ; cependant quelquefois il s’eft trouvé que les bourfes retenoient une petite portion de la chair ; &, ce qu'il y a d’affez fingulier, c’eft que ces réfidus, au lieu d'être enveloppés d'un voile gé- latineux comme le font ceux qui reftent dans les tubes de métal qu'on fait avaler aux animaux, étoient au contraire parfaitement fecs; les fibres de la chair qu'on pouvoit encore reconnoître, étoient aufli bien privées de leur fuc naturel, que fi on les avoit comprimées pour l'en faire fortir. De-là , il fembloit probable que l’eftomac de l’homme a une force de preflion , que fes parois peuvent agir mécaniquement fur la nourriture ui lui eft confiée : mais il falloit des expériences plus directes pour s'en aflurer. IL falloit, par exemple, fubftituer aux bourfes de toile des tubes; car fi, dans ce cas, la nourriture ne fe digéroit pas ou fe digéroit mal, on avoit la preuve qu'il manquoit quelque circonftance effentielle à la digeftion, & ce ne pouvoit être que la trituration. L'Auteur fe foumit encore à cette nouvelle épreuve fans répugnance; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 il prit feulement la précaution d'employer un tube de bois au lieu d'un tube de métal, & de l’envelopper de toile, pour ne pas offenfer les tu- niques délicates des vifcères. Le réfultat fur que le tube employé fortit après dix - fepc heures de féjour dans l'eftomac, & qu'il contenoit alors une petite portion de chair du poids de vingt-un grains. Non-feulement ce réfidu n'avoit pas perdu fon fuc naturel, mais il étoit gélatineux à la furface. Il eft donc clair que chez l'homme , comme chez la plupart des autres animaux , les alimens fe digèrent uniquement par l'action des fucs gaftriques , fans que la trituration y contribues Cela eft fi vrai, que le tube de bois , avalé par l’Auteur, étoit extrêmement fréle; que la plus légère compreflion fufäfoit pour le détruire : néanmoins il fe conferva intact dans l’eftomac ; il ne fut donc point comprimé.— Ce fait s'accorde fort bien avec d’autres déjà connus depuis long-temps. On fait que les cerifes & les grains de raifin, avalés tout entiers , fe rendent tels qu'ils ont été pris. Cependant combien feroient- ils facilement écrafés dans le ventricule, fi fes mufcles avoient une action directe ! , Refte à favoir pourquoi les réfidus de viande , laiflés dans les bourfes de toile , paroifloient comprimés. Il y a apparence que, pendant leur trajet dans les inteftins, les matières fécales plus ou moins dures dont ils font entourés de toute part, les prefloient & les dépouilloient de tout le fuc qu'ils pouvoient contenir encore. L'Auteur a fait des expériences directes pour s'aflurer de l'utilité de la maftication, & les réfultats qu'il en a obtenus font décififs. Il a placé dans un tube de la chair de pigeon qui avoit été mâchée & imbibée de falive, &il a rempli un autre tube d’une dofe égale de la même chair, mais qui n'avoit pas reçu la même préparation; puis il a avalé ces deux tubes au même inftant: dix - neuf heures après, il les a rendus l’un & l'autre ; il ne reftoit qu'un réfidu de quatre grains dans celui qui contenoit la chair mâchée , & il y en avoit un de cinquante-huit grains dans l’autre. Cette expériences été répétée plufieurs fois avec le même fuccès. C’eft donc un fait inconteftable, que l’action des dents & l’imprégnation de falive accé- lèrent la digettion. Les membranes, les tendons , les cartilages font diffolubles dans l’eftomac humain : mais leur diffolution eft lente. Les os tendres s’y diffolvent auffi; les os durs y réfiftent. M. Spallanzani s’étoit propofé une autre fuite d'expériences fur la di- eftion de l’homme ; il vouloit examiner l'aétion des fucs gaftriques hors “ corps: mais il trouva tant de difficulté à s’en procurer, qu'il ne put pas fuivre fon plan en entier. Le moyen qu’il employoit étoit de fe faire vomir le matin à jeun, en mettant les doigts dans fa bouche. Il répéta deux jours de fuite cette opération défagréable , & elle lui procura d’abord cinq onces trente-deux grains de liqueur gaftrique, qu'il trouva limpide comme l'eau , légèrement falée, évaporable, & nullement purrefcible ; 2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, car, après un mois de féjour dans un vale fermé, elle n’avoit point con- tracté de mauvaife odeur. IL eflaya de lui faire difloudre de la chair de bœuf mâchée, & il trouva qu'à l’aide de la chaleur, certe viande avoit perdu, en trente-cinq heures , toure fa confiftance ; que fes fibres fe {é- paroient d'elles-mêmes. La diflolution ne donnoit aucune odeur, mais elle n'alla pas plus loin ; deux jours après, elle étoit encore au même état. En faifant cette expérience, il avoit mis, pour terme de comparai- fon, de la chair dans l’eau ; au lieu de s'y diffoudre , elle fe corrompoit en feize heures, — Au refte, La chaleur eft une condition néceffaire, fans laquelle le fuc gaftrique des animaux à fang chaud n’agit point. Il n’en eft pas de même du fuc gaftrique des animaux à fang froid ; il conferve encore fa vertu diffolvante dans une température égale à celle de l'atmof- phère. On voic aifément la caufe finale de cette différence. M. Hunter, de la Société Royale de Londres, a publié un Mémoire dans lequel il rapporte qu’en difféquant des cadavres humains , il a trouvé très-fouvent la grande extrémité de l'eftomac notablement difloute , quel- quefois même rompue. Dans ce dernier cas, les bord de la rupture, qui étoient auf diffous , avoignt donné paflage aux matières contenues dans le ventricule , d’où elles étoient rombées dans la cavité de l'abdomen, Comme M. Hunter connoiffoit les maladies qui avoient fait périr ces cadavres, il favoit que le phénomène dont il s'agit ne provenoit point de quelque vice antérieur à la mort: d’ailleurs , il avoit obfervé le même fait dans des hommes tués d’une mort violente. Il conjetura donc que cette diflolution fingulière provenoit de la continuation de la digeftion après la mort; de manière que les fucs gaitriques avoient le pouvoir de diffoudre l’eftomac lui-même, lorfqu'il étoit privé du principe vital. Notre Auteur, qui connoïfloit, par fes propres obfervations, l’acti- viré du fuc gaftrique hors du corps de l'animal, comprit d'abord que cette conjecture étoit fondée ; & il chercha à en démontrer la folidité par des expériences directes. Il commença par vifiter ,anon des cadavres humains, parce qu'il n’en avoit pas la commodité, mais des cadavres d'animaux; & il en rencontra quelques-uns dont la tunique intérieure de l'eftomac étoit altérée en différens points, mais aucun dont le défordre fût aufi grand que le repréfente l’'Anatomifle Anglois : alors il examina da chofe fous un autre point de vue. Si les fucs gaftriques , fe dit - il à lui-même, exercent leur action fur les parois du ventricule après la mort de l'animal, à plus forte raifon l’exerceront-ils fur les alimens qui feront à leur portée. Il s’agit donc de favoir fi, dans ce cas, ils difloudrent les matières alimentaires. Pour s’en aflurer , il fit avaler à une corneille quelques morceaux de chair, & la tua un moment après; puis il la plaça dans une étuve pendant fix heures , &, au bout de ce temps , il examina Yétat de la chair : il la trouva déjà fort diffoute ; elle s’éroit réduite en gelée en grande partie, & fon poids étoit diminué de moitié.— Il répéta en VUS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3; en été cette même expérience, & la corneille qu'il choilit pour victime fut expofée au foleil immédiatement après fa mort, pour que la chaleur facilitâc la digeftion. Le réfultat fut plus décifif encore; la diflolution de la chair étoit plus avancée, & une portion avoit déjà paflé dans le duo- denum. Non fatisfait encore de ces premiers effais , il prit une autre corneille u'il tua; & lorfque fa chaleur naturelle fut évaporée , il introduifit dans fn effomac quelques portions de chair qu'il y laïfla un certain temps: puis , en les vifitant, il reconnut que, malgré ces circonftances défavo- rables , la diflolution s’étoit établie.— Les chats & les chiens ont été fou- mis aux mêmes épreuves, & ont préfenté les mêmes réfulrats. IL eft donc bien démontré que la digeftion peut encore fe continuer après la mort; & ce qu'il y a de plus fingulier, c’eft que les fucs gaftriques peuvent agir fur les parois de l'eftomac, Il eft sûr qu’un chien, auquel on fait ayaler FA parties des ingeftins d’un autre chien, & qu'on tue l'inftanc ‘après, digère aflez bien cette nourriture. C’eft la meilleure preuve qu'on donne ici de cette puiflance de la liqueur gaftrique ; car d'ailleurs, M, Spallanzani n’a jamais pu appercevoir fur aucun cadavre d'animal , le phé- nomène remarquable que M. Hunter a découvert fur des cadavres hu- mains & fur ceux des animaux. Je vois encore ici une expérience aflez fingulière , dont il faut dire un mot. Notre Auteur arracha le ventricule d’une corneille & celui d'un chat , puis il les remplit de chair; & après avoir lié leurs extrémités, il les plaça au foleil dans un feau d’eau, afin qu’ils ne fe defléchaffent point. Son but étoit de favoir fi, même dans ce cas, il fe feroit quelque diffo- lution. Cinq heures après , il vifita toutes ces parties, & il lui parut qu'il y avoit déjà quelqu'altération à la furface de la chair , quoiqu'on ne püt pas l'appeler proprement diflolution. Dans la fixième Differtation , on examine fi les alimens fermentent dans J'eftomac , comme la plupart des Médecins le croyoient vers la fin du dernier fiècle. Dans ce temps, on expliquoit prefque toutes les fonctions animales par des fermentations particulières, comme, de nos jours, on a appliqué l'électricité à cous les phénomènes phyfiques.—Boerrhaave ré- forma cette théorie ; il crut cependant devoir conferver la fermentation pour la digeftion, réfléchiffant que la plus grande partie des alimens dont nous nous nourriflons font fermentefcibles , qu’ils font mêlés dans l'ef- tomac avec la falive qui peut fuppléer à l’eau, que l'air & la chaleur peuvent y manifefter leur influence: il n’imagina pas qu'on püt nier un commencement de fermentation ; mais, fuivant lui, elle ne s’achevoit pas , à caufe de la briéveté du féjour des alimens dans l’eftomac. Cette opinion a été aflez généralement adoptée, quoiqu’elle ne füt pas appuyée fur des obfervations directes; & récemment, MM. Pringle & Tome XIX, Part. I,1782. JA NVIER. E 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Macbride ont fait, chacun de leur côté, de nouvelles expériences, qui ont paru la juftifier complètement ; en forte qu'aujourd'hui on ne doute lus que la fermentation ne joue le principal rôle dans la digeftion. Voyons fe fentiment de l'Auteur fur ce fujet. Avant de l’expofer , il rapporte , en détail, la principale lexpérience des deux Phyficiens Anglois. Ces Mef- fieurs préparèrent différentes fubftances animales & végétales , les mêlè- rent avec de l’eau & de la falive , les placèrent dans un lieu chaud, & fe rendirent attentifs aux changemens qu’elles fubirent : ils remarquèrent que toutes ces matières commençoient à fermenter après un temps plus ou moins long, que ce mouvement de fermentation devenoit enfuite con- fidérable, & s'appaifoit à la fin, en laiffant aux fubftances décompofées beaucoup de douceur & d’onétuofité. Ils conclurent de ce qui fe pafle dans ces vafes à ce qui doit fe païfer dans le ventricule, & affirmèrent que la digeftion n'étoit qu’une fermentation continuée , d’où réfultoit la converfion des alimens en un chyle doux & onctueux. à M. Spallauzani a répété cette expérience , & l’a trouvée très - exacte : mais il en a pas tiré les mêmes conféquences ; il ne lui a pas paru que ce qui fe pafloit dans fes vafes fût un indice sûr de ce qui fe pafle dans l'eftomac , parce que les alimens féjournent trop peu dans le ventricule ; que d’ailleurs ils s'y trouvent mêlés avec les fuçs gaftriques, qui n'ont pas le même mode d'agir que la falive.—Si l’on expofe hors du corps des morceaux de viande dans la liqueur gaftrique , ils commencent bientôt à s’y difloudre; & lors même que la diflolurion ne s’y achève pas, la liqueur les préferve de la putréfaction ; au lieu qu’en les expofant à l’ac- tion de la falive feule, ils sy corrompent plus vite que dans l'eau com- mune. MM. Pringle & Macbride ont donc oublié une circonftance effen- tielle , en ne mêlant pas aux fubftances qu'ils employoient, du fuc gaftri- que , au lieu defalive. Notre Auteur a réparé cet oubli; il a fait les mêmes préparations que les Phyficiens Anglois, mais en employant du fuc gaftrique au lieu de falive; & le réfultat a été très - différent: plus FT A de fermentation, plus de mouvement inteftin, diffolution com- plète. Il apparoïfloit bien de temps en temps quelques bulles d’air ; mais c’eft l'effet naturel de toutes les diffolutions ; & d’ailleurs, ces bulles étoient beaucoup plus rares lorfqu'il agitoit légèrement les vafes de fes expé- riences. Cette dernière circonftance n’eft pas indifférente; car l’eftomac , occupé de la digeftion , a toujours quelque mouvement particulier fans compter celui que tout le corps prend à la fois. Ceci nous rend déjà fort douteufe la corclufion des Auteurs Anglois; les expériences fuivantes acheveront de la détruire, L’Abbé Spallanzani a ouvert plufeurs animaux au moment de leur digeftion, pour examiner l’état des alimens contenus dans le ventricule; & il s’'eft afluré que la mafle alimentaire ne préfen- soit pas le moindre indice de fermentation, c’eft-à dire, ni-bulles d'air, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 ni écumes, ni mouvement inteftin. Cette obfervation a été faite fur des poules , fur des corneilles, fur des chiens, fur des vipères, dont la digeftion eft fort lente ; & dans toutes Le réfultat a été parfaitement le même. On ne doit point objeéter ici qu'on éprouve quelquefois pendant la digeftion des rapports aigres , fignes aflez sûrs d'une fermentation déjà établie : car comme cette acidité ne fe manifefte pas dans toutes les digef- tions , elle n'en eft pas une fuite naturelle; elle dépend plutôt de la na- ture des alimens qu'on a pris, qui tendent à l'acefcence, que des fucs gaftriques mêmes qui n’y ont aucune difpoftion; c'eft par conféquent un indice d’une digeftion mal faite ou d'un eftomac foible dont il ne doit point être queltion. — Pour prouver que les fucs gaftriques n'ont aucun caractère acide, l’Auteut rapporte, en détail, l’analyfe chymique qu'en a faite M. Scopoli, dont il réfulte qu’ils font parfaitement neutres. On ne diflimule point ici une autre objection plus fpécieufe : c'eft qu’on emploie la tunique intérieure de l'eftomac d’un veau pour cailler le lait. Or, cette qualité indique une difpofition à l'acidité , ou un principe acide caché. Il n'eft donc pas impoffible qu'il s’'établiffe une fermentation dans Peftomac : voilà un levain propre à l'exciter, M. Spallanzani s'éroit pro- pofé certe difficulté à lui-même, & il entreprit quelques expériences pour en apprécier la force; il s’affura bientôt que la tunique intérieure de l’ef- tomac pouvoit effectivement cailler le lait: elle a même"cette vertu à un tel point, que fi on la defsèche pour la garder plufieurs années fans qu'elle fe corrompe, on trouvera , au bout de trois ans, qu’elle eft en- core capable d'agir fur le lait ; & comme les autres tuniques du ventricule n'ont Fa FR ER au même degré, & que celle-ci eft beaucou plus abreuvée de fuc gaftrique que les autres, il eft clair qu'elle doit la propriété de cailler le lait aux fucs gaftriques , d'autant que ces fucs feuls & purs le caillent parfaitement. Mais, dit-il ,cette qualité fuppofe-t-elle wils foient acides? M. Macquer l’affirme. Il faudra donc aufli accufer d'acidité uelques autres parties animales, comme le foie, le cœur, le oumon d'un coq d'Inde, qui , coupés en morceaux, ont le même pouvoir fur le lait. L’Auteur ne paroït pas difpofé à Le croire ; cependant il laifle la queftion indécile —. D'autres Médecins ont penfé que la digeftion étroit un commencement de putréfaction ; ils fe fondent fur l'odeur qu’exhale le ventricule de quel- ques animaux, comme la hyenne & Le lion , & fur la putridité qui s’en- gendre dans l’eftomac de Do le trop long féjour des alimens. M. de Haller, qui rapporte ces faits & d’autres du même genre dans fa Phyfologie , ne paroît point éloigné d’adopter la conclufion qu'on en tire; & cette opinion a été foutenue plus récemment encore par deux Médecins François célèbres, MM. Macquer & Gardanne. Tome XIX , Part, I, 1782. JANVIER. E 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ces autorités refpeétables n’en ont point impolé à notre Auteur, Avant de s'y rendre, il a voulu confulter l'expérience, cer oracle fidèle qu'il fait fi bien interroger, & en a obtenu les réponfes les plus intéreffantes—. Comme la digeftion s'achève chez la plupart des. animaux dans l’efpace de cinq ou fix heures, il chercha quels changemens furviendroient dans ce même temps à de la viande qui tendroit à {e corrompre. IL prit de la chair fraîche de veau , qu'il coupa en petites parties, qu'il méêla d’eau, & qu'il expofa enfuite à une chaleur de 30° à 35°.—Après quatre heures, cette chair commencoit à fe décolorer & à perdre fa fermeté : mais l'odeur de putréfaction ne fe manifefta qu'à la neuvième heure. Ce premier ré- fultat indiquoit déjà que, dans l'eftomac de l'homme, les alimens de nature animale n'auroient pas le temps de fe corrompre pendant le cours ordinaire de la digeftion. Mais, pour s’en aflurer mieux encore , l'Abbé Spallanzani prit des tubes de verre en forme de poire, fermés à leur extrémité obtufe, & dont le bout fubtil, fort alongé, reftoit ouvert; il Les remplit de viandes préparées comme dans l'expérience précédente, & les fit avaler à des corneilles: de manière que l'extrémité alongée fortant du bec, il pouvoit les retirer quand il lui plaifoit. Il Les retira quelque- fois, & vit que ce n'étoit qu'après la neuvième heure que la chair com- mençoit à fe corrompre, Il eft donc bien démontré que la chaleur natu- relle de ces animaux ne peut gâter la viande qu'après un temps beaucoup plus long que celui qu'il faut pour la digeftion parfaite de ces mêmes viandes.—Afin d’avoir une preuve plus directe encore, l’Auteur fit avaler à différens animaux de la viande , & les ouvrit pendant qu'ils la digé- roient, & il reconnut que depuis le premier moment où la digeftion s'é- tablit, jufqu'à celui où elle eft achevée, la maffe alimentaire n’eft , à l'épreuve du fyrop violar, ni acide, ni alkaline; qu’elle ne préfente rien de livide , & que fon odeur , quoique défagréable , n’a aucun caraétère de putréfac- tion.—Ce qu'il y a ici de plus frappant , c’eff fon obfervation fur les ferpens, dont la digeflion eft, comme nous l'avons déjà vu, fingulièrement lente : des parties animales reftoient deux ou trois jours dans leur ventricule fans fe digérer complètement; &, malgré ce long féjour , il n’y avoit point d'indice de corruption. Ces vérités, bien établies, ont conduit à une autre plus intéreffante encore. La chair renfermée dans des tubes de verre, & placée dans l’ef- tomac d'une corneille, fe corrompt vers la neuvième heure; & dans d’autres oifeaux , lorfque la chair qu'ils ont avalée touche les parois mêmes de l'eftomac, elle peut y féjourner dix-huit heures au moins fans fe gâter. Il y a donc, dans ce dernier cas, quelque caufe qui réfide dans le ven- tricule , & qui retarde la corruption, Quelle eft cette caufe ? — c'eft la pro- priété antifeptique des fucs gaftriques. Rappelons-nous ces digeftions arti- ficielles comimencées dans des tubes de verre remplis de fucs gaftriques &: de viandes; la chair fe diflolvoit en partie, & ne fe corrompoit jamais : #6 LE SUR L'HISTINATURELLE, ET LES' ARTS. 37 les fucs digeftifs, en même temps qu'ils la diflolvoient , la préfervoiene donc de la corruption. :. L'Auteur a fait fur ce fujet une multitude d'expériences, defquelles il ré- fülre que la vertu diflolvante de la liqueur digcftive s’'affoiblit plutôr que fa vertu autifeptique. Il raconte qu'il a oblervé pendant l'hiver deux vafes pleins de fuc gaftrique & de chair, qui reftèrent trente-fept jours fans qu'il fe fit la moindre diflolution ni le plus petit commencement de pu- tiéfaétion, quoique dans cette même faifon la chair placée dans l’eau fe corrompit en fept jours. Il s’eft afluré de plus que cette liqueur ne perdoit fon pouvoir antifeptique qu'au bout de deux mois, quoiqu'à cette époque elle ne devint pas elle même putrefcible. ; Ce neft pas tout encore : après avoir démontré que les fucs gaftriques étoient antifeptiques , M. Spallanzani a voulu favoir s'ils ne pouvoient point rétablir les chairs déjà corrompues ; &,.fes expériences lui ont appris qu'ils avoient aufli ce pouvoir, Plus la chaleur eft grande, & mieux ils rétabliffent les viandes gârées; c’eft qu’alors la diflolution fe fait mieux , & que le rétabliffement paroît dépendre de la diffolution. Cette découverte induifoit à penfer que fi un animal avaloit de la chair corrompue , elle perdroit fa mauvaife odeur dans fon ventricule, & qu’en fe diflolvant dans les fucs gaftriques , elle rep.endroit fa douceur origi- nelle ; & ce foupçon s'eft trouvé très-jufte, Après l'avoir ainfi vérifié fur plufieurs animaux , l’Auteur a ofé en faire l'expérience fur lui-même : il | a avalé des tubes de bois remplis de différentes efpèces de viandes cor- rompues : ces tubes, en fortant.de fon corps , retenoient tous quelque petite portion de dépôt impur qui leur avoit été confié, mais parfaitement régénéré, qui ne donnoit plus de mauvaife odeur. Si donc ily a des animaux qui refuient abfolument de fe nourrir de viandes gâtées , ce n'eft pas qu'ils ne puflent les digérer: ceft plutôt parce que les miafmes déteflables qui s'en exhalent les dégoûtent ou les effraient. Refte à favoir auquel de leurs principes compofans les fucs gaftriques doi- vent leur vertu antifeptique ; il femble d’abordque c’eft au fel ammoniacal , dont , fuivant l’analyfe de M. Scopoli, ils contiennent une bonne quan- tité, Mais il n’en eft point ainf; car en faifant difloudre dans l'eau pure du fel ammoniac en même dofe qu'en contient la liqueur digeftive de Jeftomac, cette eau falée n'eft pas, à beaucoup près, aufli antifeptique ; il faut Jui en faire diffoudre dix-huit fois plus pour qu’elle légale en ce point. 11 ne paroît pas plus probable que les fucs gaftriques foient antifeprti- ques, parce que, fuivant. l'idée de M. Macbride fur les antiputrides en général, ils rendent aux corps, prêts à fe corrompre , l'air qui tendoit à s’en échapper. Sans qu'il foit befoin d’entrer dans un long détail , on voit d'avance que cette théorie ingénieufe ne peut pas trop s'appliquer ici, 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, C'eft donc un fujet que l'Auteur abandonne aux méditations des Chy- miftes. Ici finiffent les recherches fur la digeftion. Nous aurions trop alongé cet Extrait, fi nous avions rendu compte des précautions que l'Auteur a prifes pour éviter l'erreur: mais nous ne tairons point que nous avons été frappés de la fimplicité de fa marche & du choix de fes expériences ; elles font toutes décifives, & ne laiflent aucun doute dans lefprit. IL feroit à fouhairer maintenant que quelque Phyfolosoifte , qui pofléderoit aufi-bien que M. Spallanzani l'art d'oblerver , examinât, par des procédés analogues , les hénomènes ultérieurs de la digeftion, la diflolution des alimens dans la Bite , leur paflage dans les er du méfentère & leur converfion en chyie; nous aurions alors un enfemble de faits fur ladigeftion, dont la Médecinetireroit le plus grand parti. Le fecond volume, dont nous donnerons le précis, traite de la gé- nération de quelques efpèces d’amphibies , de La fécondation artificielle de leurs œufs, & de la fécondation naturelle & artificielle des graines des plantes. EE LL Defcription d'un Zoophyte Jingulier de la mer Balrique ; Par M. Le C.G. de R. | D Fete ma traverfée de Copenhague à Kiel, dans Le courant du 30 au 10 du mois de Septembre 1781 , en approchant du Holftein , je vis une quantité de corps ronds dans la mer, formés d’une fubftance flexi- ble, molle, d’un verd bleuâtre femblable à celui de certaines feuilles de plantes aquatiques, ayant à fon centre quatre plaques circulaires ( fig. 1, pl1), & ayant, dans fa totalité, une certaine reffemblance avec une tulipe : auffi penfé-je d'abord que la mer étant peu profonde dans ces endroits reflerrés, ce devoit être quelque plante marine réfléchie de fon fond à fa furface ; mais je fus bien défabufé quand je lui apperçus de temps à autre un mouvement périftaltique fenfible de la furface au fond , 6: vice versd. Ceci ayant excité ma curiolté, je voulus ablolument voir cet animal, que je reconnus alors pour tel de plus près. On m'en apporta quatre qu'on avoit pêchés dans un baquet, oùils n'étoient plus recon- noiffables que par la couleur qu'ils avoient eue dans la mer; en ayantre- tiré un avec une cuiller de bois, ilétoit encore bien moins reconnoiffable. (fig. 2). Je l'ai trouvé entièrement gélatineux, ou plutôt muqueux & extenfible comme une gomme ou réfine ramollie; fi bien quen appliquant un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 corps folide fur une partie quelconque de l'animal ou & Je vent d’eft eft prefque perpétuel au confluent du Maragnon & du Xingu ». Voilà pour les pluies: venons au fleuve lui-même. D. Ulloa , fans doute fur le rapport des gens du Pays & des Voyageurs, & fur l'infpection des cartes, ne peut déterminer ( pag. 309 de fon Voyage d'Amérique , Tom. [) quel eft, parmi Les courans qui fe réuniflent en fortant des Cordillières, celui qu'on doit appeller Maragnon : on croit, à Lima, que c’eft l'Ucayalé; & l'on peut fe fonder fur ce que le con- fluent des deux rivières eft à trois cents lieues des fources de l'Ucayalé , à cent cinquante des fources du Maragnon. Le Père Chriftoval croit que c’eft le Napo ; d’autres penfent que c’eft l'une des vinge rivières , que les cartes ne femblent omettre qu'à défaut de place. Tant de Tome X1X, Part, 1, 1782, JANVIER. H2° . \ 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, contradictions viennent de la majefté commune à tous ces fleuves, & fur laquelle on eft toujours d'accord. Tout ce qu’il y a de certain , c’eft qu'avant d'arriver au Pongo, à 120 lieues feulement de fa fource, le Maragnon eft fupérieur aux plus grands fleuves de l’ancien Continent. Pour aller de ce point à la mer, il a encore 600 lieues à courir, rece- vant chaque journée de droite & de gauche des courans auxquels M. de la Condamine n’ofe donner que le nom demers; &, malgré ces accroif- femens , toujours plus multipliés & plus vaftes , il trouve continuellement des rivaux qui lui difputent l’exiftence, z 89. Sorti du Pongo, le Maragnon n’eft plus qu’un gouffre , un gouffre qui rampe, qu'on n'atteint point avec une fonde de 80 brafles, ainfi que les profondeurs du grand Océan. Nous venons de lui trouver, au-deflus & près du Pongo, 135 toifes de large; & bien au-deffous du Pongo, c’eft- à-dire , à moins de 10 lieues plus bas , il s’eft affez gonflé pour vaincre le Paftaça, large de 400 toifes. 90. Parvenu bientôt lui - même à 700 toiles, il eft rejeté tout entier vers le nord par le choc de l’'Ucayalé, qui Le courbe en arc de cercle, comme pour montrer toute fa fupériorité; puis arrive le Napo, dont l’embou- chure weft, fuivant M, de la Condamine, que de 600 toifes, & que les premiers Navigateurs avoient pris cependant pour le vrai Maragnon : ce qui femble fuppofer que fa profondeur & fa vitefle compenfent fa petite largeur; je dis petite en comparaifon des courans que nous examinons : car elle contient dix fois celle de la Seine entre nos deux ponts. Au refte, ce Napo, rival du Maragnon & de l’Ucayalé réunis, eft une rivière aflez forte pour que le Portugais Texeira lait remontée près de 200 lieues ; fuivant le Père d'Acunha , & en ait forti par le fleuve Coca, qu'il remonta bien haut fur quarante-feptbateaux , dont quelques-uns devoient être char- gés d'environ cinquante hommes , avec leur attirail, en 1637. (Mémoires de l’Académie, 174$ ; pag. 396.) 91. Voilà les principales acquifitions que fait le Maragnon dans un trajet d'environ 150 lieues. Mais M. de la Condamine, quoiqu’emporté par le torrent, compte plufeurs autres rivières de 2 & de 00 toiles de large, & en omet cent, qu'il paroît ne pouvoir diftinguer dans la foule , & & dont la grandeur nous eft indiquée par celle des intervalles. 92. Après avoir englouti tout cela, le Maragnon reçoit lIca, qui, felon la carte, eft double au moins du Napo; puis l’Yutai, que les rela- tions égalent au confluent du Maragnon & de l'Yaveri: plus bas il trouve les huit branches de l'Yufari, qui femble ne s'être ainfi divifé que pour céder généreufement la prééminence au Maragnon, A près plufieurs au- tres accroiflemens défignés par M. de la Condamine, & tous ceux que ne peut ni évaluer ni voir un homme qui court, le Maragnon reçoit le Purus , que les Indiens lui préférent encore, & leur réunion leur donne 1,100 toiles, Cependant le Maragnon recoit encore vingt fleuves fuperbes poux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 61 fe mettre au pair avec Rio- Negro , qui, au-deflus de fon confluent & à l'endroit le plus ferré, a 2,103 toifes de large; mais à peine les eaux dicolores de ces deux rivières ont eu le temps de fe mêler , qu’elles reçoi- vent le Madère pour prendre une lieue de largeur , & ne refpecter aucune borne dans leurs débordemens. 93. Ce dernier confluent eft cependant à 250 lieues de Ja mer. C’eft dans ce dernier bout de fa courfe que le Maragnon recevra ou groflira de nouveaux courans , que M. de la Condamine femble oublier au mi- lieu des objets qui l’occupent. Il fait attention au Xingu, dont la largeur n’eft que d’une lieue, & dont le confluent eft à 100 lieues de la mer. Notre garant ne nous montrera plus que le Tocantin ; cette rivière femble avoir voulu laifler groflir le Maragnon tout à fon aife pour lui difputer avec plus d'éclat la gloire de porter fon nom à l'Océan , & au moment même où il va sy répandre. La Nature a concilié ces deux rivaux, en plaçant leur confluent fur le local même de leur embouchure , qui prend 60 lieues de large. Cet artifice nous ôte l'embarras d'adjuger la victoire ; & le Maragnon meurt comme il a vécu, em combattant pour l'honneur. 94. Nous venons de voir, pour ainfi dire de nos propres yeux , le Ma- ragnon courir & fe gonfler ; il faut voir de même , s'il eft poffible , fa gé- néalogie. Afurés de ce qu’il eft , nous fommes intéreflés encore plus à dé- couvrir comment il le devient. L'air que nous refpirons pañle pour contenir un tiers de parties hété- rogènes : une colonne d'air, aflife fur l'Océan , pèfe 32 pieds d'eau; & comme l’eau évaporée ne monte ie Pat des de cette région, qui a autant d'air en deflus qu’en deflous, c'eft-ä-dire , à environ 2,600 toifes; comme la hauteur moyenne des Cordillières vers Les fources innombrables du Maragnon approche affez de cette quantité, nous femblons pouvoir préfumer que le vent perpétuel d’eft ne porte à l’oueft de ces montagnes qu'une très-petite portion de ces parties hétérogènes , & qu'elles retombent prefque toutes dans les régions àe l’Amazone. 95- Si chaque partie de l’atmofphère contenoit une quantité de vapeurs proportionnelles à la denfité de cette partie, la mafle de ces fubftances hétérogènes égaleroit 10? pieds d'eau ; mais ces parties hétérogènes con- nues ne Jogent , ainfi que je viens de le dire, que dans la moitié de l’at- mofphère, ce qui réduit leur mafle à ÿ : pieds. De plus, l'air ne con- tient un tiers de ces parties que dans la baffle région: la fraction diminue à mefure qu'il eft plus élevé, pour devenir une valeur prefqw'infenfible dans la région moyenne. On peut voir ces combinaifons dans le Mémoire de M. Lambert, & autres du Journal de Phyfique , dans les Mémoires des Académies, & ailleurs. Elles prendroient trop de place dans cet Ecrit, me nous éclaireroient guères, & font inutiles à mon objet a@uel; il ne confifte pas à fixer le rapport de mafle entre l'air & fes vapeurs, mais à 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faire voir comment l'air & ces vapeurs fe criblent. Si j'emploie des quañ= tités déterminées , c'eft pour me faire entendre par les exemples arbitraires, ie approchans qu'ileft poffible de la vérité. Ainfi j’évalue à environ 3 pieds d’eau la quantité contenue dans une colonne aërienne , en attendant ue je puifle en donner de plus sûre ; & confidérant comme une quantité négligible la mafle des vapeurs diftribuées dans la région fupérieure, j'af figne ces 3 pieds à la baffle région de l'air, à laquelle je donne 2,600 toiles de profondeur, qui eft à-peu-près l'élévation moyenne des Cordillières, où le Maragnon a fes principales fources, 96. Cette eau évaporée, difloute, invifible dans le menftrue que nous appellons air , eft continuellement emportée en Amérique par le vent d'eft, qui eft continuel & général dans les régions intertropiques, & principa= lement fur l'Atlantique & le berceau de l’Amazone ; cette eau, enlevée à l’Atlantique par cet air, va fe précipiter toute entière fur l'Amérique équi- noxiale : elle peut être confidérée comme un courant d’eau dont la pro- fondeur eft de 3 pieds. La partie de ce courant, qui fournit les eaux du Maragnon, a la même largeur que le berceau de ce fleuve , c’eft - à-dire, environ cinq cents lieues du nord au fud. La viteffle moyenne du vent d'eft a été portée à 28 pieds par M. Bouguer , à 8 chaque feconde par Muffenbroeck, Mémoires de l'Académie, 1757, pag. 416 5 c'eft M. de la Lande qui parle, & 1773, pag. 318: & cet cette évaluation que admets proviloirement, comme la moins étrange. Ainfi le courant per- pétuel d'eau, traîné dans le domaine de l’'Amazone par le vent perpétuel d'eft, aura 3 pieds de profondeur , 8 de viîteffe par feconde & r1,500,000 roifes de Jarge. Ce courant fe diftribuera fur la face entière de ce berceau pour entretenir fes pluies, fes rivières , & redefcendre vers la mer par l'A- mazone, 97. Ce courant eft le produit de 3 pieds par 8 pieds, par 1,500,000 toifes chaque feconde, ou de 86,400,000,000 toiles cubes par jour , ou de 1,168 lieues cubiques tous les ans. Cette maffe eft fans déchet, puifque l'eau deftinée à l’évaporation & à l'entretien du genre organique eft un fonds une fois fait, qui tombe, remonte & circule fans augmenter ni di= minuer conftamment , tandis que l'eau évaluée paffe éternellement en Amé- rique du fonds invariable des mers. Nous allons prendre une belle idée du fleuve qu’elle nourrit, en ia comparant à la maffe d'eau que les vents pren- nent & que les autres fleuves reftituent aux mers. 98, Il tombe dans certains Pays 13 pouces d’eau , 18 à-peu-près ici, 76 dans la Torride ; prenant la valeur moyenne approchante de ces quan- tités, ayant égard à la furface des climats, à ceux où il ne pleut point, nous paroiflons pouvoir préfumer que , toute compenfation faite, il tombe au plus 4 pieds d’eau fur la terre: d'où je fouftrais 1 pied pour celle qui fournit à l'évaporation terreftre, au genre organique, circule comme SURLFHISTNNATURELLENETLES ARTS. 63 ur fonds une fois fait, & entre cependant dans l'évaluation des pluies ab- folues. Reftent donc 3 pieds que les rivières portent à la mer. 99. Or, laTerraquée paroït être environ le quart de la furface du globe, & contient par conféquent 4,320,000 lieues: fouftrayant 500,000 lieues, qui paroiflent être la contenance de l'Amérique équinoxiale , reftent 3:820,000 lieues pour le furplus dela Terraquée , & qui, multipliées par trois pieds, valeur des eaux pluviales, font 637 lieues cubiques d’eau, 100. Par conféquent Amazone porte annuellement à la mer $31 lieues cubiques d'eau plus que tous les courans d'Europe, d’Afie , d'Afri- que, de l'Amérique feprentrionale & des Ifles ; évaluation que je donne pour ce qu’elle eft, & dans la feule vue d'engager quelqu Amateur à la rectifier lorfqu’il pourra fe procurer des données. Le P. Paulian , Jéfuite, Dictionnaire de Phyfique, Tom. II, p. 396 , dit que le Danube jette dans l'Euxin 42,000,000 de pieds cubes d’eau par minute moyenne ; ce qui, fuivant ma fuppofition , ne feroit que la 3069° partie de ce que le Maragnon fournit. 101. Ainfi, en réfumant tout ce que j'ai dit de l’'Amazone; & fi l'on examine feulement ou les pluies qui la nourriflent, ou les progrès de fes accroiflemens, ou les caufes connues de ces pluies, on les regardera tou- jourscommeun miracle perpétuel ; & chacun de ces trois phénomènes fup- pofe néceffairement les deux autres. Pour en venir maintenant à mon but, on voit que la force de ce fleuve eft entretenue par ces montagnes, qui n'arrêtent pas le nuage, mais qui le font naître & s’évanouir dans la fuite de tous les fiècles : effet bien palpable de ce principe, que plus l'air s'élève, plus il dépofe. Il dépofe peu fur nos chaînes, qu'il peut franchir en s’élevant peu ; il dépofe beaucoup fur la Cordillière, qu'il ne franchit qu'en s’élevant beaucoup. Par-tout ou nous trouverons la Cordillière , nous trouverons l’Amazone, 102. L'Orenoque eft un nouvel exemple. Sur les exclamations de tous ceux qui l'ont vu, & fur les principes que je développe, on eft fâché qu'il n'ait pas été décrit par quelqu'autre la Condamine, IL eft nourri, comme l’Amazone, par le vent d'eft : de hautes montagnes criblent aufli l'atmofphère à fon profit. C’eft une Amazone, parce qu'il naît dans des Cordillières ; s’il eft moindre, c'eft que fon berceau eft moindre, c’eft que fon crible eft moindre: car les chaînes de la Grenade & du Popayan font fenfblement moins élevées que celles du Pérou. 103. L'on eft tout étonné de voir ce peuple de rivières qui, allant des montagnes de Panama dans le golfe de Mexique , font prefque toutes navi- gables en fortant de laterre; mais on y reconnoît bientôt l'effet de ce vent perpétuel d’eft, qui porte perpétuellement fur la face orientale de cet ifthme toutes les vapeurs qu'il a pompées fur l'Atlantique. La haute chaine de cet ifthme eft une te que l'air franchit en s'élevant de 10 à 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 1200 toifes au moins, & où, pour droit de péage, il dépofe la plus grande partie de fa charge. Or, l'efpace fur lequel ce dépôr fe diftribue a quelquefois moins d’une lieue de large, rarement plus de dix. Sur cette petite bande côtière , il verfe prefqu'autant d’eau que fur toute la longueur du Maragnon: car il arrive également faturé fur toute cette côte orientale intertropique. Sur l'embouchure du Maragnon, comme fur celle de la Chagre, & la Chagre ayant cinquante fois moins de longueur que le Maragnon, chaque point de la Chagre reçoit cinquante fois plus d'eau plu- viale que le point homologue du Maragaon. Auf, D. Ulloa nous dit-il « que l'eau potable defcend à torrens des montagnes qui entourent Porto- Bello». Voyage hiftorique de l'Améri= que, lom.l, pag. 86. Et Dampierre ajoute, pag. $7 de fon Voyage, « que fon navire puifa de l’eau douce à une lieueen mer de l'embouchure 5 de Rio-Grande ». L’eau falée entre bien avant dans Les rivières ordinaires fujetesaux marées fur-rour. Ici Le volume de l’eau douce eft aflez énorme pour dominer fur l'Océan lui-même, Cependant cette rivière n'a pas un grand cours : fon immenfité ne peut réfulter que de l'abondance des pluies; & François Coréal , dans fon Voyage aux Indes occidentales , p. 106, die « que Rio-Grande , grande rivière fort rapide, repouffe la marée ; fur - tout » en hiverles vaifleaux peuvent s’en appercevoir facilement ». 104. Cependant la Chagre doit être cinquante fois moindre que le Ma. ragnon, puifque le berceau de la Chagre a une largeur cinquante fois moindre que la largeur du berceau du Maragnon , puifque la chaîne qui cri- ble la fubfftance de la Chagre eft beaucoup moins élevée que le crible pour- voyeur du Maragnon. 105. Cette règle eft générale: il faut évaluer la mafle d'un fleuve moins par la furface du Pays qui lui fournit fes eaux , que par la hauteur & la longueur de la chaîne qui entoure ce Pays: aufli, & toute compenfation faite, peut-on confidérer, par exemple, le volume du Rhône comme oétuple de celui de la Saône à eur confluent , quoique le Pays qui abreuve la Saône furpafle le Pays qui abreuve le Rhône : car le Rhône eft deux fois plus rapide, plus profond & plus large que la Saône; c’eft que les mon- tagnes qui entourent le berceau du Rhône font beaucoup plus élevées que celles qui entourent le berceau de la Saône. Les vents maritimes , en re- montant contre la direction des deux rivières , s'élèvent de 9 à 1,100 toifes fur Le Jura, partie la plus élevée & la moins longue de l'enceinte de la Saône , & ne montent guères que de 4 ou Oo toifes fur Le refte de cette enceinte, au lieu qu'ils ne peuvent dépañler l'enceinte du Rhône fans s’é- lever au moins de ces 9 ou 1,100 toifes, puifque ce même Jura eft la artie la plus baffle de l'enceinte du Rhône : fouvent cette afcenfion va à 1,500 toifes, à 2,000 & quelquefois jufqu'à 2,400. Ces vents fe raréfient, £ refroidiflent & dépofent donc plus fur le Rhône que fur la Saône ; le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Gs le Rhône eft donc à mefure plus large, plus profond , plus rapide que la Saône. 106. Pour concevoir encore mieux tout ceci, revenons au mur que j'ai conferuit fur le méridien, & fur un horizon aufli plainier que la mer. Le vent d’eft commence à s'élever à une petite diftance du mur pour le franchir: il n’eft pluvieux que fur elle; dans tout le refte de fon cours , füt-il de 1000 lieues, ce vent a été ferein, puifque rien ne l’a fait mon- ter: mais fi lorient du mur étoit un plan régulièrement incliné fur une bafe de plufcurs mille lieues, l'air feroit humide en commençant à s'élever fur ce plan dans toute fa longueur & au fommet, & le feroit moins fur chaque point de ce plan que fur chaque point de cette diftance. Ceci va de- venir clair. 107. Soic AB, fig. 2, le mur, & l'horizon de fa bafe A. Le vent DE ne commence à s'élever qu’en C, par ERpÉe pour fauter le mur, & ne peut être pluvieux que fur CA , diftance du point C , où il commence à s'élever au mur À B, qu'il va franchir. C’eft dans le feul trajet CB, & par conféquent fur le terrein C A qu'il dépofera fa charge, fans en avoir abandonné une goutte fur fon chemin D C, quelque long qu'il puifle être , puifque rien n’a pu l’y détourner de fa direction horizontale, Premier cas. 108. Soit aufi un terrein en pente BD ; le vent fe raréfera, fe refroi- dira, dépofëra en paffant de chaque point quelconque D , au point con- tigu F plus élevé. Arrivé en ce point F, il fe trouve élevé fur le point D de La quantité verticale-F I : il a dépofé dans le trajet & fur le terrein D F toute l'eau que {a raréfaétion & fon refroidiffement l'empêchentde foutenir. Il s'élève enfuite de la nouvelle quantité verticale G L pourarriver en G,où il fe trouvera plusrare, plus froid, plus dégarni qu'en F. Arrivé en H,il aura de moins l'eau que lui ratic En afcenfion partielle M H. Le vent dépofera encore fur l’efpace H B, en s’élevant de la quantité NB pour le franchir. Second cas. 109. Dans ce fecond cas ; le vent: diftribuera fur le planentier D B toute l’eau qu'il avoit bornée dans le premier cas au feul efpace C A ; & fi la ligne CB avoit une petite courbure relative aux dofes décroiffantes des dé- pôts partiaux , en forte qu'il rombât une égale quantité de pluie fur chaque point de BD, on pourroit faire ce railonnement : la quantité d’eau tom- bée eft égale dans les deux ças , puifque l'air , également faturé , eft monté également : donc l’eau tombée fur un point de B D eft à l'eau tombée fur un point de C À ,comme C A eftà BD; c’eft-à-dire, que la quantité de pluie tombée fur chaque point d’un plan incliné au vent eft inverfe de la longueur de ce plan. Ainfi deux vafes égaux, femblables &femblablement fitués l'un fur C A , premier cas, l’autre fur B D , fecond cas, recevront une quantité d’eau réciproque aux plans CA & BD, Si DB contient cens Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER. I cé OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fois CA , il tombera cent fois plus d’eau fur Le vafe du premier cas , que fur le vafe du fecond cas, . 6 à 110. Dampierre nous fournit une bonne application de cette règle, pag: 354 du Fom. EI. « Les pluies font moindres, dit-il, fur la côte » baffle du Coromandel que fur la côte montagneufe du Malabar » ; car le mur, appelé chaîne dé Gates, eft à 60 lieues du Coromandel, à 15 du Nalabar. En fuppofant égale la charge des deux mouffons, il doit pleuvoïr quatre fois moins fur chaque point du Coremandel que fur le point homologue du Malabar, parce qu’une même quantité He pluie fe diftribue au Coromandel fur un efpace quadruple de celui qu'elle arrofe au Malabar. M. le Gentil détaille encore mieux ce fait, Tom. I, pag. 476. « Les » Gates, dit cet excellent Obfervareur , interrompant les vents à la côte » du: Malabar pendant les mouffons d'Oueft, forment un hiver effroyable; » on ne voit qu'orages qui denhent, dit-on, de7à 8 pieds d’eau: de Mai en » Oétobre, les vaifleaux n’ofent approcher la côte de so lieues. La même » chofearrive au Coromandeldut1$ O&obreaù r$ Janvier. Mais les Gates, » plus éloignés du Coromandel , n’y donnent pas autant ni fi Jong-temps » des pluies qu'au Malabar ». 111. Tous ceux qui ont des yeux & des jambes trouvent aux rivières une pente plus douce à leur embouchure, plus vive à leur fource qu'en tout autre point, Tout vent, dirigé en fens contraire d’un fleuve, s'élève donc toujours davantage en avançant également : fon, éfcenfion vers l'em- bouchure fera d’un pied par lieuc; vers le milieu de la courfe du fleuve, cette afcenfion fera d'une toife par lieue : à égale diftancé des fources & de ce milieu , l’afcenfion fera de 10 toifes parlieue , & vers les fources l'air s'élèvera de 400 toifes, en avançant d'une lieues. Sr fes dépôts étoient proportionnels à fon afcenfion, la pluie de l’éibémchure pourroit donc s'appeler r, vers le milieu 6, entre les fources & LE milien 60, & vers Les fources 2,400 , fur l'efpace conftant d’une lieue; & voilà pourquoi les pluies font fi-abondantes vers [a fource des grands Aleuves , f'peu confidéra- bles à leur embouchure. 112, Cette différence , entre l'humidité de l'embouchure & des fources, eftdiminuée parune cenfidération qu'offrént leschapitres BV, p.46,&FE, pas. 31 de mes Cahiers de Cofmogonie, Fortes lé, lames éoncentriques fphériques infiniment minces qu'on peut confidérer dans l'armofphère ; ou plurôt dans larévion de fes, Vapeursfenfibles, fourniffenc leur contingent à la pluië : les plus Bafles en foutniffent plus, comme plus denfes, plus échauf- fées & par conféquent Léé plus afpirantes ; les plus hautes mains, Comme plus rares , plus froides & par conféquént moins chargées que toures les autres. Or, les Pays élevés fur les fources ne recoivent que les eaux des lames fupérieures à ces’ fources, tandis que les pluies quelconques de l’embou- chure font fournies par toutes les lames. Une caufe égale-dé pluie donñeroit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 donc plus d’eau à l'embouchure qu'aux fources; &, par une double raifon, c'eft que la pluie eft fournie à l'embouchure par un plus grand nombre de lames & par des James plus chargées. 113. On trouve donc quelque compenfation à l'excès des pluies tombées fur les fources à raifon d'une plus grande afcenfion de l'air, & fur l'em- bouchure à raifon de la plus grande, profondeur & faturation de cet air ; compenfation qu'il ne faut point déterminer, fi l'on ne veut tromper le Public, & qu'on peut fuppofer pour s'inftruire. Je dis donc que la quan- tité de pluie tombée dans un ee , dans un local donné &. une fatura- tion complète, eft compofée de trois facteurs : 1°. la profondeur de la ré- gion vaporeufe; 2°, le degré de la faturation complète ( Mém. cité . le Roy); 3°. l’afcenfion de l'air, | 114. Soit donc, & feulement pour la clarté, 15 la profondeur tte région vers Damiète, fa faturation compiète 13, l'afcenfion de l'air 1; la pluie y fera le produit de 15 x 13 x 1195. Soit en même temps vers les yeux du Nil 1 la profondeur de cette région, 1 fa faturation com- plère, & 2,400 l’afcenfion de l'air, comme nous l'avons fuppofé plus haut, la pluie y fera le produit de 1 X 1 X 2,400 — 2,400. Le rapport des pluies fur ces deux points fera donc le quotient 12 de +2. Ainli, fur ces données abfolument arbitraires, on voit de quelle manière l'afcenfion de l'air l'emporte fur les autres élémens de la pluie. On peut en rectifiant ces données , appliquer le réfultat au Gange, àl'Euphrate , au Boxifthène , au Volga; par-tout on trouvera peu de pluies pour l'embouchure des grands courans , & beaucoup pour leurs fources, quoique la profondeur & la fa- turation complète de l'air vaporeux foient incomparablement plus confi- dérables à l'embouchure qu'aux fources : mais l'afcenfion de l'air eft en- core plus incomparablement fupérieure vers les fources à ce qu'elle eft vers l'embouchure, & la fupéforité de ce facteur éclipfe celle des deux autres; ce qui prouve encore plus que l’air afcendant donne la pluie , que l'air plus afcendant donne plus de pluie , que l'air Le plus afcendant donne le plus de pluie. 115. L'Abbé Richard, dans fa Defcription de l'Italie, pag. 181 du Tom. I, dit « que l’orage tombe fouvent fur les montagnes de Gênes, » lorfque le temps eft très-ferein dans les vallées; que les Autrichiens , » chaflés de Gènes en-1746, & campés fur la Polehevera , alors à fec, » perdirent 600 hommes & 60 chevaux dans l'inondation de la nuit; ce » qui les décida au départ ». Puis, pag. 185, il rapporte « que la Trebie, » ordinairement guéable, quelquefois sèche auprès de Plaifance ( appa- » remment pendant l'automne ), avoit un mille de large , une rapidité » qui entraînoic cout, Le 18 Oétobre 1761, la pluie augmenta pendant la » nuit, quoique les paflagers , arrêtés fur Les deux bords, annonçaffent & » atrendiffent depuis tout le jour la fn prochaine de certe crue, qui, le » lendemain , fut d’une lieue : les montagnes étoient chargées de nouvelles Tome XIX , Part. 1,1782. JANVIER. 12 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » eaux; rien n'annonce même aux gens du Pays ces fortes d’accidens «. Le ciel eft ferein, l'air tranquille & la terre noyée. 116. Car le vent qui charrie ce tiphon de la mer à ces montagnes peut n'avoir pas demi-pied de vitefle par feconde, & n'être pas perceptible. il avancera cependant de 300 toiles par heure , & pourra monter plus quil n'avance. S'il porte trois pieds d’eau, sil monte dans fix heures fur des crètes de 2,000 toifes, il lâchera prefque ces 3 pieds d’eau en fix heures , & ravagera toute la fcène de fon paflage, fans qu’on puifle deviner d’où, quand & comment il a porté tout cela là-haut. Cet air n'a rien dépoté fur les plaines, fur les grandes vallées, parce qu'il s'élève très-peu en les parcourant ; il dépofe tout fur les montagnes qu'il faut franchir fubite- mepflen s'élevant exceflivement. M. l'Abbé Richard n’a fait qu’enre- giftrer. deux faits connus de tout le monde dans les grandes vallées voi- FM. hautes montagnes. La moindre pluie, par un certain vent, dans une certaine faifon, préfage un débordement terrible & fubit, qui arrive fouvent fans préfage. Les petites rivières , iflues de ces montagnes, croif- fent & baïflent avec la rapidité du vent lui - même. Les montagnes font la partie du globe la plus arrofée : l'air n’y peut bouger fans monter vio- lemment. M. le Gentil dit, pag. 341 , Tom. II de fon Voyage aux mers de l'Inde , « qu'on ne reflent à Manille que les extrémités des orages , = parce que les montagnes les attirent prefque toujours; ils font furieux, >» dans les vallées étroites & profondes ». Le vent monte fi peu vers Ma- aille ! il monte fi rapidement dans ces vallées ! Continuons d'examiner les: principales circonftances de cette afcenfion. 117. Soit AB , fig. 3, le niveau de la mer; E, F ; G, les fommets: des trois montagnes inégales: un venc B A fera pluvieux fur toute la face BG du terrein fur lequel il s'élève en fortant de la mer, & fec en redef- cendant fur la face oppofée G R. Arrivé au point R, le plus bas de cette: vallée, il remonte vers le fecond fommet F fans rien dépofer, parce qu'il ne s'élève ni ne fe raréfe, ni ne fe refroidi autant fur F qu'il l’a fait fur G. Sa raréfaction en F eft celle qu'il vient d’éprouver en P, puifque F & P font au même niveau : il manque à fon afcenfion toute la quantité FM, ou Q G, pour fe trouver dans l’état où il s’étoit mis en G. Il fera donc defléchant fur le fommet F tout comme s'il étoit defcendu directement de GenF, & fans rencontrer de vallée. H defféchera toujours davantage en defcendant vers L par le flanc FL; il remontera encore par le flanc L E fr le fommer E , plus bas que F, & où il defféchera plus encore , tout comme s'il y étoit defcendu du fommet F par le fommet E , & fans trouver de vallée. 118. Un vent quelconque peut donc s'élever de 1so0toifes au-deflus du fpeétateur, non- feulement fans devenir humide, mais même en confer- vant une force afpirante, s’il vient de franchir une hauteur de r5o7 toiles; & voilà pourquoi tant de vents font fecs fur des fommets très-élevés. SUROL'HIST: NATURELLETET. LES. ARTS. 69 219, Si le vent prenoit une direction contraire AB, il feroit humide en s’élevant fur le Aanc À E; fec fur le flanc oppofé E L qu'il parcourt en defcendant, & fur la partie inférieure LIN du troifième flanc , fur laquelle il fe trouve toujours plus bas que fur le fommet E; puis pluvieux fur le refte NF de ce troifième flanc , parce que le point N elt au niveau du point E ; fec en defcendant & remontant dans tout l'efpace FRP, in- férieur au fommet F ; humide fur le refte P G de fon afcenfion , qui le rend toujours plus rare & plus froid qu'il ne l’a été fur le fommet F. 120. Aufli voit - on des vents fort pluvieux & fort fecs alternativement dans plufeurs intervalles de leur route, dans des intervalles très - vaftes ; car les lignes AH,EN,NO,FP;, PQ, qui mefurent ces intervalles , peuvent être chacune de 10 ou de $oo lieues , tandis que les hauteurs ver- ticales que le vent franchit feront H E-de 30otoifes, 1 F , KG de 2,000: Le venc d’eft, par exemple , fera pluvieux pour la Chine, en s'élevant toujours de la côte aux montagnes où prennent leur fource tous les fleuves de ce Pays-là( & ce fait , que je prétendois fimplement fuppoler , fe trouve confirmé par cette relation du P. Cibot, rédigée par M. Meflier, Savans Etrangers, Tom, VI, p.529 : « Le vent d’eft foufla 1,477 fois à Pekin » pendant fix ans; il y tomba $ pieds d’eau pendant le feul été de 1761, >» qui appartenoit à l’une de ces fix années») ; le vent d’eft fera , dis-je , plu- vieux fur la Chine, & plus fur ces montagnes ; puis fec en redefcendant du haut de ces montagnes dans les plaines baffes de la Tartarie indépen- dante ; il redeviendra pluvieux en atteignant les crètes des montagnes oc- cidentales des Eleuts, fi elles font plus élevées que celles de Chine; il defféchera de nouveau en redefcendant vers Aftracan; il dépofera de nou- velles pluies fur les Alpes , fielles font plus hautes que tout le refte de fa route , & confervera) jufqu'à l'Océan toute fa force afpirante , s’il ne trouve pas des Cordillières. = 121. Aufli les vents qui nous viennent d’entre le nord & le fud par l'eft font-ils tous defféchans , parce que, dès leur entrée dans le Continent, ils ont paflé par des Pays beaucoup plus élevés que la France , fe font def- failis de tout ce qu'ils ne peuvent foutenir fur les hauteurs qu'ils ont ren- contrées , & n'ont confervé qu’une quantité de matière infufhfante à leur faturation chez nous, où ils abforbent tout ce qu'ils trouvent d'évapo- rable. 122. Ces vents tenant dé left, en les--prenant-toujours & feulement pour exemple, après s'être déchargés en partie fur les frontières élevées qui bordent l’occident-de la Chine, trouvent fur leur route des lacs, des marais , des fleuves & des mers, fur lefquels.ils réparent en partie les pertes qu'ils ont efliiyées dañs la partie afcendante.de leur route, & .de- viennent d'autant, plus humides, en graviflant enfuite fur les’ hauteurs qu'ils rencontrent ; mais ces amas d'eau font trop peu confidérables & trop peu 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nombreux pour pouvoir rendre à ces vents toute l’eau néceflaire à leur nouvelle faturation. Je l'ai fait voir à l'occafion du récit que fair M. l'Abbé de la Caille des vents fud-eft qu’il a obfervés au Cap de Bonne-Efpérance, S. 52, & des vents fud que j'ai obfervés dans le haut - Languedoc, $. 72. L'air qui vient de fe purger fur de grandes hauteurs ne peut fe regarnir que für un grand océan, où par un long féjour fur une petite mer; ainfi ce vent d’eft peut devenir pluvieux par l’une de ces conditions : mais sil court d'un pas rapide & foutenu , la rencontre des mers Méditerranées ne peut lui rendre qu'une très-petite portion des vapeurs que les montagnes [ui enlèvent. 123. Les vents nord-elt , après s'être criblés en montant du Danube aux chaînes de la Croatie, defcendent fur le golfe Adriatique, qu'une petite vitefle leur faic franchir dans quelques heures : ils remontentfur l'Italie , aufli dépourvus que s'ils n’avoient pas rencontré de mer, & font deflé- chans jufqu'au fommet des Apennios ; ils n’y deviennent humides qu'après avoir furmonté le niveau le plus élevé des Etats d'Autriche, ou après avoir féjourné, louvoyé fur le golfe Adriatique aflez de temps pour sy faturer de nouveau. Un vent tenant de l’ouelt, qui s’eft criblé en pañfant fur les montagnes de la Corfe, de la Sardaigne ou de la Sicile, arrivera fec fur le continent d'Italie; car, quelque lent qu'il puifle être , il s'arrête trop peu fur la mer entre ce Continent & ces Ifles pour pouvoir s’y faouler: il afpire en Italie jufqu'à ce qu'il arrive en montant l'Apennin au niveau le plus élevé qu'il ait rencontré fur ces Ifles. Il en eft de même pour la Baltique : les vents oueft, après s'être déchargés fur les crètes qui féparent la Norwège & la Suède , deviennent fecs en redefcendant vers le golfe de Bothnie qu'ils paffent dans quelques heures , & fans pouvoir y réparer leurs pertes : ils remontent fecs fur les hauteurs de la Livonie & de La Fin- lande, Ainfi de tous les autres exemples que je pourrois employer, & que chacun peut voir fur fon horizon, dans fes voyages, dans fes converfations & dans les livres. 124. J'obfervé encore, en paffant, que la quantité de pluie eft , tout le refte égal , comme la viteffe du vent; car chaque molécule d'air faruré dépofant un molécule d’eau, plus il paflera d'air afcendant fur un certain local , plus le dépôt augmentera : aufli l'humidité , qui, par un petit vent, peut n'être pas fenfible fur le point €, fig. 1 , où l'air commence à s’éle: ver en allant vers Je mur quelconque, appelé chaîne de montagnes, de- vient un orage par un gros vent ; aufli la pluie, donnée par la tempête ; fe fait-elle fentir plus loin des montagnes, que celle donnée par un zé- phyr. Je n’enindiquerai qu'un exemple , rapporté par M. le Gentil, T.IF, pag. 787 de fon Voyage dans les mers de l'Inde. « La mouffon d’oueft, » nous dit ce Voyageur, amoncèle fur les Philippines une quantité de » nuages qui font ïe orages jufqu'à fo lieues en mer pendant quarante SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 71 » jours ; & cette mouflon eft furieufe ». fl en dic à-peu-près autant de l’Ifle de Java , pag. 769. POITITE ‘125$. Soit maintenant À BC, fig: 4, la feion verticale ordinairemenc parabolique d’une haute montagne; le vent, dirigé felon G Aou HF, fera pluvieux fur tout l'efpace GCB, où l'air s'élève, fe raréfie, fe réfroidit pour franchir le fommet B , & dépofe ce que ce changement l'empêche de foutenir ; pour redevenir fec en defcendant de ce fommet B au bas À dela montagne. Par la raifon des contraires, l'air vénu d’une autre mer dans la direction oppofée À G ou FH , eft pluvieux fur A DB, fec fur BC G: en forte que le fommet B paroît être in vraie limite de la qualité sèche ou pluvieufe des deux vents, Le point A doit donc avoir un ciel ferein quand la pluie inonde le/côté € de la montagne, & réciproque- ment le point C doit être fans nuage quarid ils verfencla pluie fur lé côté A. IL'arrive cependant , & prefque toujours, que la pluie eft conimutie en même temps aux deux côtés À, C , de la montagne’, diftans quelquefois de plufieurs lieues ; ce qui va devenir clair, 126. Un vent G A, humide fur GCB , dépofe le nuage dans la ré- gion HF, qui convient à la denfité a@tüelle du météore | & ce nuage fe réfout en pluie fur l'efpace GC B. Cette pluie ; que la pefanteur dirige vers le centre de la terre par des verticales, eft en même temps pouflée korizontalement par le vent dans fa diréétion GA: Voulant céder, au- tant qu'il eft en elle, à ces deux impulfons à la fois ; ellé décrit la route qui participe Le plus de chacune , & parcourt la ligne appelée réfultante par les Mécaniciens. La goutte de pluie, partie du point H, eft pouffée vers G par fon poids ; vers F par le vent, & arrive en C. De même, la goutte partie du point E, dirigée par fon poids vers lé fommer B & vers le bout F du nuage par le vent , fuit la ligneE D A, intermédiaire aux deux ; & ‘au lieu de (oies fur B, ou aller vers F, elle arrivé en A dans la région de la fécherefle , que ée mécanifnie rend pluvieufe ; & au contraire , par le vent oppofé AG, la pluie dirigée de Een H par le vent, de E en B par fon poids , va tomber en €, pour :s’acconimoder, autant qu’elle peur, à ces deux forces, & il/pléur en B par un vent fec; eh forte que la montagne toute entière ABC ,'fujetre”aux orages produits par deux vents contraires , paroîr êtte le réndez- Vous des eaux'atmofphériques pour devenir la nourrice des fleuves. l Ji] 127. Il ne faut pas perdre de vue-‘qüerdans toute cette théorie je parle principalement des chaînes dé monraghesquiconftituentl'encéinte des mers ; ce que j'ai expliqué fort en détail dans le fixième Cahier de ma Cofmo- goniei SES ne : - 128. Je n'ai ouère confidéré jufqu'ici que l’éffet Gtdinaire des vents monrans où defceñndans, meréfervant de trairér'enfüuite ; unie à une, des principales circonftantes qui l'éludent} le éachent 6 le’ détruifenr. Pour 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, écarter toute difficulté, j'ai négligé la direction elle-même de ces vents, Il eft temps d'en montrer toute l'influence. | 129. Les vents, dirigés de l’équateur au pôle, perdent continuellement de leur chaleur ; dans l'état de faturation parfaite, ils dépoferont donc fur chaque point de leur route une portion de leur charge, puifqu'ils ne peuvent fe refroidir fans dépofer. Ces vents feront donc humides fans s'élever; ils donneront donc la pluie à la furface parfaitement hori- zontale de l'Océan: & cette fecrétion fera d'autant plus abondante, que le vent fera plus rapide. Si l'air eft porté de l'équateur avec 20 mefures d’eau , fi fon refroidiflement l'empèche de foutenir plus de 3 mefures fous le cercle polaire, il dépofera 17 mefures fur l'arc du méridien compris entre le cercle polaire & l'équateur; fi même, en partant de l’équateur, il n’a pu trouver que 12 mefures à afpirer, tandis qu'il en faut 20 pour fa faturation , il pompera à la vérité, en courant, tout ce qui peut lui donner les 8 mefures qui lui manquent: mais, chemin faifant, il arrive à des latitudes où il ne peut foutenir que fes 12 mefures, & il ne prendra plus rien , commençit-il à trouver des mers. Sa faturation eft complète refpectivement au lieu, parce que fa charge & fon avidité font en équi- libre; il avance toujours cependant , & trouve une latitude qui le refroidit aflez pour qu'il ne puifle fufpendre que 7 mefures d'eau : il aura donc. dépolé $ mefures depuis le point & le moment d'équilibre jufqu’à cette dernière latitude , & dépofera encore 4 mefures avant d'atteindre le cercle polaire , où il n’en peut foutenir que 3 ; il part avide, il arrive faturé , quoi qu'il ait dépofé 9 en chemin. 130. Ce même vent peut reprendre fon humidité en defcendant d’une montagne dans une longue plaine. Par exemple, étant parti de l’équa- teur avec 16 mefures d'eau , il trouve une latitude & une montagne qu'il ne peut franchir qu'en payant un péage d'une mefure : le voilà réduit à 15 au fommet de la montagne. Il defcend avec une qualité sèche ; puis, en courant toujours vers Le pôle , il trouve une latitude, où il ne peut fou- tenir que 13 mefures : il en a donc dépofé 2 avant d'atteindre cette la- titude, & a donné l'humidité fur le Pays qui la précède, quoiqu'il vint de franchir une montagne. Aufli les vents méridionaux font - ils fouvenc humides à Paris, quoiqu'ils viennent de dépofer une partie de leur charge fur les chaînes du Languedoc : car ils fe trouvent plus froids à Paris que fur ces chaînes, où ils fondent la glace & la neige avec une impétuefité célèbre ; & une circonftance qui contribue encore à les rendre pluvieux ici , c’eft qu'en defcendant de ces montagnes, ‘il rencontre une foule de marais , d'érangs, de rivières ,.& plus que tout cela encore , l’eau qu'ont dépolé fur l’intervalle les vents pluvieux dont il peut avoir été précédé. Cette eau féjourne dans les forêts, où la mafle eft la plus confidérable , quoique la moins apparente, puifqu'elle fe multiplie par la furface des tiges, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7; -tiges , des branches , des feuilles , foit des arbres, foit des arbuftes , foit des herb:s. Il fe trouve encore dans ces forêts , comme dans les champs, mille réfervoirs dont il enlève la fubftance, & qui fe cachoient parmi les fillons , ou les racines, ou les amus de feuilles. Cette eau fe trouve encore dans Les ornières , dans les bourbiers , dans les foffés, dans de petites pappes dont les crues précédentes ont couvert le terrein bas, dans les étangs éphémères dont la campagne fourmille après les pluies. Mais fi ce ventcon- tinue plufeurs jours, il épuifera les dépôts d'eau formés par les vents an- térieurs ; il trouve fur fa route beaucoup moins d'eau, & perd à mefure Lx qualité humide qu'on remarque à tous les vents équinoxiaux. 134. Si les vents équinoxiaux ont une nature humide produite par le refroidiffement qu'ils éprouvent en courant vers le pôle, les vents polaires prenant plus de chaleur à mefure qu'ils approchent de la ligne , acquièrent toujoufs une vertu plus defféchante. Un tel vent, faturé dans la zone po- laire avec 3 mefures d’eau; par exemple, aura-t-il befoin de 20 mefures pour fe facurer dans la T'orride , il pompera, chemin faifant , jufqu'à ce qu'il aitab{orbé 17 mefures ; & cette raifon fuffira pour lui attirerla dénomination de vent fec. . 135. Ce vent pourra cependant être humide, s’il s’élève fur de grandes montagnes ; Où {a faturation fera fupérieure à fon avidité : ain, tout comme les vents équinoxiaux , naturellement humides , deviennent fecs en defcen- dant des hauteurs où ils fe font criblés, de même les vents polaires, na- turellement fecs, deviennent humides en graviflant.des hauteurs qui les criblent, On voit donc en général que les circonftances ne font que modifier le tendance éternelle de l'air à l'humidité quand il s'élève, à la fécherefle quand il defcend. 136. Mais à cet égard , il faut foigneufementdiftinguer Les faifons. Lorf- que le foleil arrive au tropique, es vents équinoxiaux trouvent une tem- pérature prefque uniforme dans routes les latitudes ,, & ne peuvent par conféquent rien dépofer par le refroidifflement ; au lieu qu'en. hiver ces vents trouvent toujours une froidure plus croiffante , & deviennent par con- féquent toujours plus humides, Par la raifon des contraires, les vents du pôle font fans comparaifon plus fecs enthiver, parce que leur vertu afpirante , à mefure qu'ils s’éloignent des régions de la nuit, eft augmentée par la calléfaction qu'ils éprouvent fans ceffe. En hiver, ces vents nord font donc plus fecs & les vents fud plus humides , & moins dans la canicule qu'en toute autre faifon. s 137. Dans toure cette doctrine, il faut toujours avoir une attention fon- dameñtale ; c’eft de n'ajouter aucune foi aux Anémofcopes, fans avoir vé- rifié leurs indications par d'autres principes. Ces principes ne nous font pas tous connus, & leur influence ne peut être déterminée encore par ceux mêmes qui Les connoitroient. Nos vents non alifés font rarement généraux; tandis que le vent eft fud à Paris, il eft nord à Londres, eft à Rome, Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER. K Tdi OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, oueft à Madrid ; & différent de lui - même dans tous les Pays. Tel vent que nous croyons venir de la mer, naît & meurt quelquefois à quelques lieues de nous. Tel eft en Dauphiné cevent pontias , décrit par Gabriel Boule, Marfeillois, Orange, 1647, in-8° , pag. 64, l’un des plus furieux & des plus fréquens qu'on connoiffe hors des bandes alifées. M. le Conite de: Marfioli , sis fon Hiftoire phyfique de la Mer, p: 49, dit: « Qu'on » temarque fouvent deux fortes ‘de vents fur la Méditerranée, ce que les » galères éprouvent prefque dans tous les roulis de Marfeille à Cette. Vent » en pouppe en partant , puis le fud-eft'; puis le fud , enfin le fud-oueft , ce » qui les force à s'en revenir. D’après cette remarque, elles tâchent de partir » par le vent nord ou par le calme ». Er le Traité des Ventsde Dampierre montre les vents alifés, les vents côtiers & les brifes alternatives, luttant continuellement enfemble dans des efpaces très-bornés. Ainf l’on ne peut, fans beaucoup de précaution, que s'expofer à attribuer à un certain vent l'effet produit par un vent tout.autre & quelquefois oppofé. La cenfigu- ration des Continens & des Ifles, les chaînes élevées alrèrent la direction naturelle des vents, leur font parcourir quelquefois tous les rumbs fur un vaite efpace; un grand courant d’air repouffe, fait pirouetter un autre cou- tant : de-là dés contradictions apparentes qu'il fiut favoir ou analyfer , ou preffentir #ou fuppofer. Il y a même plus , les vents font quelquefois différens au même inftant {ur une même bafs. M. I: Gentil vit tout-à- la-fois trois de ces courans au Fort - Dauphin le 7 Oétobre 1761. « Le » vent inférieur fud-fud-eft très - rapide, le moyen eft - fud-eft plus lent , > le fupérieur nord-eft très-lent». Voyages aux mers de l'Inde, Tom. If, pag. 417 : « Trois femaines avant que le vent change , les nuages très- » élevés vont en fens oppofé », pag. 485. Remarque faire à Pondicheri, à Marille, à l'Ile de France & en mer, p. 488. Point de Payfan, tant foit peu attentif, qui n'ait fouvent fait'la même remarque ; & M. D. Ber- nouilli l’a vérifiée dans une chambre; où il vit le vent entrer par le bas de Ja porte & fortir par le haut. Il fe fert de cette expérience pour mon- trer comment Patmofphère fe divife phyfiquement en deux régions , dont l'inférieure va du pôle à l'équateur , & la fupérieure de l'équateur au pôle. Prix de l'Académie, Tom: VII, pag. 306. C’eft une matière qui nous occupera beaucoup dans Ja fuite. Comment , dans cette contrariété des courans aëriens, pouvoir difcerner celui qui domine? Le plus lent, en apparence > peut être le plus rapide en effet; car remarquez que c'éroit le plus haut pour M. le Gentil, qu'il l'a toujours été pour moi , & que cette affectation pourroit bien venir de la diftance, & n'être qu'eprique. Je pañle à'une queftion difficile, ancienne & célèbre: Pleur-il davantage fur terre que fur mer? Et voici tout ce que je me permets d'y répondre. 138. Puifque les montagnes font une caufe de pluie , puifque la terre n'eft qu'une montagne , & puifque la mer n'a point de montagnes, nous connoiffons fur terre une caufe de pluie que nous ne voyons point fur mer. AA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 75 Auf M. le Caire a déduit de fes Voyages nautiques , que les pluies fonc fort rares en pleine mer , Savans Etrangers, 1773 , pag. $47. D. Ulloa, dans la relation célèbre de l'éclipfe du 24 Juin 1778, remarque que le ciel étoit fans nuage , comme il arrive fouvent en mer. 139. Dampierre , dans le Traité des Vents, qui termine le fecond Tome de fon Voyage autour du Monde, pag. 367, s'exprime à-peu-près ainli : « Si les montagnes font couvertes fi nuées , les Pays proches de la mer »en font couverts aufli fréquemment . . ; quoiqu'ailleurs le temps foir » fort clair ... . lesterres élevées font les premières découvertes, & ce » font ordinairement ces terres qui font couvertes de nuées . . . . Quel- » qu'un pourfoit s’imaginer que je prétends ici prouver qu'il ne pleut ja- » mais où que très-peu fur mer: mais ce n'eft pas-là ma penfée , & tout » le monde fait le contraire . . . .; j'ai dit que -plufieurs mers étoient » fujettes aux tornados (tourbillons pluvieux ), principalement autour de » l'équateur , mais plus particulièrement dans la mer Atlantique, & la » mer Arlantique ne l'eft pas tant au fud ni au nord de la ligne , fur-tout » À quelque diftance de terre. Quoi qu'il en foit, il eft fort vraifemblable » que La mer n'y ef? pas fi fujette que la terre ; car quand on eft près de » la terre dans la zone Torride, on voit fouvent pleuvoir [ur terre . . . » tandis Qu'il fait beau temps fur mer ... J'ai v@Mouvent une petite nuée, » s'élevant au-deflus d’une montagne, groflir fi prodigieufement, qu'elle » a caufé deux ou trois jours de pluie confécutits; & j'en ai fait l’obfer- » vation, non-feulement dans les Indes orientales & occidentales, mais » aufli dans les mers du Nord & du Sud . . . C’eft rarement que nous » paflions la nuit fans un tornado ou deux; nous en avions pour trois ou » quatre heures de fuite : il eft vrai que c’étoit alors communément près » des côtes. Les nuages fur terre nous paroïffoient fort épais; nous y voyions » les éclairs accompagnés de tonnerre, & la pluie nous paroïfloit y tom- » ber en plus grande abondance, Il y à apparence que, plus avant dans, » la mer, il pleuvoit encore moins qu’à l’endroit où nous étions; car, de » ce côté-là, le temps paroifloit affez clair ». Je n'ajoute que deux mots à ce détail. d 140. Quelqu'un pourroit s’imaginer. Précaution d’un Auteur qui craint le préjugé de fon fiècle ; car tout fon difcours tend à démontrer ce qu'on pourroit s'imaginér. Comme il circule autour de cette conféquence de quatre Voyages autour du Monde ! comme il voudroit qu'on la vitfans qu'il parût la montrer ! comme il brufque enfin & fon Lecteur & l'Uni- vers en faveur de cette vérité qui le perfécute! Quoi qu'il en foit ; c’eft- à-dire : Penfez à ce que vous voudrez; quant à moi, j'ai vu; j'ai vu fou- vent & par-tout : j'ai foigneufement comparé, & d'autant plus foigneufe- ment, que j'avois à vous ménager. On peut ajouter que tout le refte de fon Livre plaide fa caufe. Tome XIX , Part, I, 1782. JANVIER. K2 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 141. J'ai vu unepetite nuce . . . . caufer deux ow trois jours de pluie : Cum hoc , ergd propter hoc. Cette petite nuée ne donnoît pas plus la pluie ue la fumée ne donne un volcan. Elle lannonçoit; elle éroit le premier dép de cet air, qui, graviflant fur quelque montagne, commençoit par lâcher quelque chofe avant de fuer de quoi couvrir l'horizon. C'eft auprès de la montagne que Le vent s'élevoic Le plus rapidement, & par conféquent qu'il abandonnoïit cette petite nuée, ce premier dépôt, cette annonce des pluies de trois jours ; puis la dire&ion de Flair devenant gé- nérale fur cette fcène , l'effet de cette afcenfion croïfloit avec elle, &'les nuages couvroient erfin la terre & la mer voifine. 142. François Coreal , dans fon Voyage aux Indes occidentales, tra- duit & réimprimé chez Amaulri en 1722, in-12, pag. 328, dit « que > les montagnes du haut-Pérou donnent des torrens au bas, fur lequel il » ne pleut point, fur lequel le vent fud-oueft fouffle feul pendant une » bonne partie de l'année, fans y être humide comme ailleurs. De Tumbès »à Tarapaca, ajoutet-il, on ne voit ni eau, ni arbre, ni arbufte, ni » d'autre animal vivant que des oifeaux de paflage » , pag. 346. Wafer dit la même chofe dans fon Voyage, joint à celui de Dampierre, pag. 204. On a vu en général pourquoi ces vents fud-eft en particulier font fecs fur la côte & pluvieux fur la montagne. Le témoignage de François Coreal ne fait qu'appuyer notre théorie, & nous montre fur le haut- Pérou des pluies d'orage inconnues dans le bas-Pérou & fur toutes lès mers voifines. On voit donc pleuvoir davantage fur ces hauteurs que far ces mers. Ce qui eft confirmé par M. Bouguer, Figure de la Terre, pag. 26, & par M. le Gentil, Tom. IT, pag. 786. « La mauvaife faifon, » dit-il à M. de la Nux , fe fait plus fentir proche les terres qu'à une » grande diftance , vous le favez ». 143. Le Capitaine Furnaux, dans le fecond Voyage de Coock autour du Monde, Tom. 1, pag. 234, dit « qu'il avoit un beau ciel en général >» pendant la traverfée ke la pointe de Diemen à la nouvelle Zélande, puis > brumeux & fals en approchant de terre»; & l’on peuetirer la même re- marque de prefque tous les Voyageurs marins, fur tout des Anglois, qui régardent tout. 144. Ces dernières confidérations nous conduifent à une remarque inté- relance; c’eft qu'il tombe à proportion plus de pluie fur les Ifles à mefure welles font moindres, & tout le tefte étant donné, je puis même en dé- dilic cette règle facile: La quantité de pluie fur chaque point de deux Ifles femblables eft inverfe de leurs dimenfions homologues ; car la fomme de Pair pouffé parle vent fur ces Ifles, eft comme leur circonférence, & la furface de ces Ifles eft comme le quarré de cette circonférence. Or, la quantité de pluie croiffant comme une dimenfion , & l’efpace qui reçoit certe pluie croiffant comme le quarré de cetre dimenfion, chaque point de cette furface reçoit une quantité d’eau inverfe de cette dimenfion. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77. 145. Et c'eft-à vraifemblablement la raifon pour laquelle les petites Iles ont communément tant de {ources, des fources fi abondantes, tandis que les grandes, celles fur - tout qu'on appelle des Continens, ont tant & de fi grandes régions prefqu’arides, Les moindres Ifles fonc sèches dans les parties principalement qui partagent. la malheureufe propriété des grandes, c'eft-à-dire:, qui font he éloignées des hautes montagnes. S'il ne pleut prefque point fur certaines Ifles , c’eft ordinairement qu'elles font prefque plates : on peut les confidérer comme ur aux grandes plaines des grands Continens. M faut, pour ainfi dire , y guetter le nuage que certaines caufes font naître, pour emprifonner avec religion le peu d'eau qu'il laifle échapper. Ce n’eft donc pas le voifinage des mers qui donne la pluie; les mers en fourniffent la Ébiänce, l'air la charrie & les mon- tagnes la criblent. Les ifles prefque rafes n’ont donc que peu de pluie. IL 3 8 un peu plus fur celles qui font élevées, beaucoup lur celles qui le font eaucoup , & par averfes fur les plus hautes. 146. Daps l'évaluation de l'eau que les montagnes font defcendre du ciel, il faut confidérer encore la manière dont fe préfente au vent actuel la principale dimenfon de l'Ifle : tout le refte étant fuppofé , la quantité d2 pluie que reçoit la totalité d’une Ifle eft comme la dimenfon horizon- tale perpendiculaire au vent. Soit 1 lieue la largeur d’une Ifle & 100 fa lonoueur; que la longueur foit dans le plan du méridien, & la largeur dans le plan de la ligne; que les fommets de cette Ifle atteignent la région des nuages ; qu'un vent d’eft faturé les franchifle, tour l'air que ce vent pouffera dans cette Ifle y dépofera toute fa charge. Or, la quantité de cet air eft comme la longueur de Mfle ; puifque cette longueur eft perpendicu- laire au vent. 147. Puis faïfons fouffler fur cette Ifle un vent fud également faturé: tout l'air que ce vent pouflera dans cette Ifle y dépofera toute fa charge. Or, la quantité de cet air eft comme la largeur de cette Ile, HE cette largeur eft perpendiculaire au vent. Ainfi ces deux vents , dans lefquels on ne confidère d'autre inégalité que la direction, verfent fur cette Ifle le vent d'eft cent fois plus d’eau que le vent fud, uniquement parce qu'ils font perpendiculaires lun à la longueur, l’autre à la largeur de cette Ile, 148. Le vent fud, qui, par fa nature fuppofée , eft aufli plävieux fur cette [fle que le vent d’eft , Le paroîtra donc cent fois moins ; il le paroîtroit dix fois moins, quand il le feroit dix fois plus. Si cette Ifle avoit eu fes deux dimenfons dans un état oppofé , toutes ces conféquences auroient été oppofées, puifque Le phénomène qui nous occupe dépend uniquement de leur fite. ‘ 149. ba latitude ou plutôt la chaleur locale eft encore un des grands élémens à introduire dans l'évaluation des pluies, puifque cette chaleux 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, détermine:, en partie, la quantité d’eau néceffaire à la faturation d'un air donné. Si la chaleur de la Torride rend la faculté diflolvante de Pair dé- cuple de ce qu'elle eft fous le pôle, l'air faturé ide la Torride contiendra dix fois plasid’eau que lair faturé du pôle ; lorfqu'une caufe quelconque raréfe également ces deux airs, celui de la Torride dépofera dix fois plus que celui du pôle; ear dans la Torride & fous le pôle , en tout temps & par-tout , le dépôt eft proportionnel à la charge, tout le refte’ étant fuppofé. : 150. Auf les pluies de la Torride font-elles communément des averfes, & celles du pôle des bruines. Aufli la fomme annuelle des pluies équi- noxiales eft -elle décuple des pluies circonpolaires. Nos pluies d'hiver font beaucoup plus menues en général que celles d'été ;icar en hiver l’air tient beaucoup moins d’eau en diffolution que l'été; & n'en peut dépofer au- tanten hiver qu'en été , lorfqu’il eft raréfié par des caufes femblables. Aufli peut-on conclure de tous les relevés eudiométriques qu'il tombe beaucoup plus d'eau en été qu'en hiver, quoiqu'il pleuve ÉNmpee à plusfouvent.en hiver qu'en été. Par exemple, il pleuvra trois fois plus fouvent en hiver, mais chaque pluie d’été fera neut fois plus forte. La fomme des pluies d'été fera donc triple de la fomme des pluies en hiver. On éprouve aufi peu de bruines dans les Pays & les temps chauds , que peu d'averfes dans les Pays & les temps froids. 4 151, Voilà une complication de circonftances que je n'ai point épuifées , qu'on n’épuifera peut-être jamais, qu'on étudiera bien tard d’une manière efficace. Pour tirer quelqu'avantage de ce qu'on a lu, il faut l'avoir pré fent à l’efprit comme il l'eft dans la Natuge , ou s'expofer à prendre fou- vent pour contraire au ptincipe ce qui fufhroit ‘4e le démontrer. Of trouve des exceptions très-embarraflantes. M. le Marquis Poleni, Tranf. Philof., 1737, Trad. de M: de Bremond, dit « que le vent nord » eft pluvieux à Padoue de 1751 à 1736 », pag. 210. Et l'on ajoute, pag. 262, comme une chofe non extraordinaire ,: « que le même vent »# donna 2 pouces d'eau en vingt-quatre heures le 7 Novembre 1732»; ce qui paroît choquer de front mon principe. M. Ferber ; dans fes Lettres fur la Minéralogie, traduites par M. Dietrich , déclare, pag. 426, « que » le firoco donnoit la pluie à Rome, & la tramontane le beau temps » pendantil'hiver dé 1772 » ; ce qui s'arrange très-bien avec ce que j'ai dit: mais que, depuis le premier Avril, ce fut tout: le:contraire ; qu'il pleuvoit par la tramontane fur toute la route de! Rome à Florence , tandis qu'il faifoit beau fur la côte Adriatique ; ce qui femble me contredire. Mais: en donnant une caufe aux pluies, aux pluies même les: plus ordi- naires & les plus générales, je n'ai pas prétendu les montrer toutes. Celles que j'ignore peuvent fouvent déranger celles que j'explique, tout comme des caufes inconnues peuvent ôter à un plomb fufpendu fa direction ver- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 ticale. Il faudroit avoir étudié long temps fur les lieux, &leür configuration, S&leur afpect , & leur nature | pour pouvoir fuivre avec quelque fécurité tout ce qui y réfulreroit même de ma règle feule. 152. D'ailleurs ceci n’eft pas un principe que je dois établir: fon feul énoncé fair fa démonftration, L'air eft pluvieux en moñtant , parce qu'il fe refroidir, fe raréfié; fec én defcendant, parce qu'il fe condenfe & s'échauffe. On n'a pas befoin d’autre preuve ; tous les développemens que j'ai ajoutés ne {Ont deftinés qu’à rendre cettte règle urilé au progrès de nos connoiflances; & les faits les plus contraires én apparence, ne peuvent l'infirmer. Il n’en eft pas ainfi des principes de l’attraétion , de Ia réfraction, de l'aberration , de l'éleétticité , du magnétifme; ils ne réfultent d’au- cune loi connue : il faut les écablir fur la multitude & fur l'unanimité des fäits; une feule contradiction les renverfe , au lieu que mon principe téfulte de toutes nos connoiflances phyfiques ; ce qui peut le combattre doit être attribué à ce qu'on ignore. EXPÉRIENCÉS Sur Ta quantité d'Air pur qui fe trouve dans notre Atmofphère ; Par M. ScHErELEN 1). Ox fait que l’on ne doit pas regarder notre air comme un fimple fluide élaftique ; parce que fi on en fépare tout l'hétérogène qui s’y trouve mêlé,on trouve, fuivant les nouvelles expériences qui ont été faices fur l'air, qu'il confifte en deux efpèces très-diftinctes l'une de l’autre : l’une s'appelle air vicié (skdmd luft ), parce qu'il eft abfolument dangereux & mortel , foit pour les animaux, foit pour les végétaux, & qu'il altère, en partie, toute la mafle de Pair; Pautre au contraire s'appelle air pur ou air de feu (elds- luft), parce qu'il'eft tout-à-fait falutaire &. qu'il entretient la refpiration , conféquemment la circulation du fang. Nous ns pouvons donner aucune idée, claire & diftincte:, ni. fur fa nature ni fur fa formation ;snous favons feulement qu'il ne faitque la plus petite partie de route la mafle atmofphé- rique. Comme nous favons encore que ce dernier eft de la plus grande né- cefité pour La confervation de notre fanté, & qu’on n'eft pas sûr s'il y en a toujours la même quantité préfente dans notre atmofphère , je me fuis pure de faire , pendant tout le cours de l’année, des expériences fur ce ujet. ——— ———— —— ———"—"——"——"" ———— © (1) Traduites du Suédois par M. M. de Dijon. 80 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, IL eft certain que lorfque l'air pur rencontre une matière inflammable mife en liberté , il s’en approche, fe fépare de l'air vicié, & difparoît, pour ainfi dire , à vue d’œil (1). - Dès-lors, fi une quantité donnée d’air ordinaire eft renfermée dans quel- que vafe & qu'il y rencontre du phlooiftique , on peut juger, par la quan- tité d'air vicié qui y refte, combien ce même air contenoit d’air pur. Quoi- qu'il y ait plufieurs mélanges phlogiltiques capables de remplir cet objet , j'ai obfervé cependant que le foufre & la limaille de fer étoient jufqu'à pré- fent ce qui convenoit le mieux. Je réduifis en poudre très-fine une partie (2) de foufre; j'y mélai deux parties de limaille de fer non rouillée : ‘’humectai le tout avec un peu d’eau; je mis ce mélange dans plufieurs petites bouteilles , que je bouchai très- exactement (3); j'eus encore attention que la poudre füt bien preflée au fond : car comme après l'efpace de douze heures de temps, pendant le- quel fe fait l'union du foufre & du fer-( ce qui eft indiqué par une couleur noire) , le volume de cette mixtion augmente fenfiblement, les vaiffeaux auroient bien pu fe rompre. Je vais préfentement rendre compte du procédé que j'ai füuivi, pour contenter là-deflus ma curiofité, « Je mis au fond du vafe À ( Voyez fig. 1 ,pl. IT }un fupport formé d’un tuyau de verre fixé fur un petit piédeftal de plomb ; l'extrémité fupérieure du tuyau portoit un petit plateau horizontal, fur lequel je plaçai lé petic vaifleau C, rempli du mélange de fer & de foufre, dont j'ai parlé plus haut ; je renverfai fur le toüt le verre cylindrique D , & je remplis d’eau le vaifleau A. Comme le froid étoit très-vif & que l'eau fe congeloit, j'employai de l’eau- de-vie au lieu d’eau. J’avois difpofé le verre cylindrique de la manière fuivante. Il contenoit trente-quatre onces d'eau ; mais comme le petit vaifleau C , le mélange qui (x) J'ai fait voir, dans mon Traité de l'Air & du Feu, d'où provenoient la chaleur & même la lumière, ( Ce Traité, traduit par M. le Baron de: Dietrich , à été annoncé au mois de Décembre 1781 dans notre Journal, & fe vend rue & hôtel Serpente }. (2) Il y a dans l'original fka/pund; ce qui indique lal2o° partie d’une livre, qui eft à celle de France :: 8848 : 10193 +: maison voit qu'il ne s’agit ici que des proportions d'une compofition qui doit fervir à pluñeurs expériences. L’Auteur ne fixe même pas la dofe qu’il emploie ; il fufit fans doute qu’elle foit toujours la même & capable d’ab- forber tout l'air pur qui peut fe trouver dans l’air commun enfermé fous le récipient, L'appareil de M. Schecle ayant été exécuté au Laboratoire de l’Académie de Dijon, on a obfervé que le mêlange d’un gros de fonfre & deux gros de limaïlle de fer pouvoit abforber deux fois & plus L’air pur dans un récipient de capacité égale à celle déterminée par M. Scheele. (3) Si on fe fervoit d’une feule bouteille, l'air nouveau qui s’y introduiroit à chaque fois que l’on feroit obligé de l'ouvrir , affoibliroir à la fin confidérablement la se €voIt SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 81 devoir le remplir & fon fupport déplaçoient la valeur d’une once d’eau , il n'en reftoit plus.que trente-trois onces. Comme j'étois déjà convaincu , par les expériences des autres & par les miennes propres , que l’air pur n'excède jamais le tiers de toute la male, je collaien E , à l'extérieur du récipient cylindrique, une bande de papier, de ; par fa longueur, marquoit le tiers de fa capacité , favoir onze onces eau ; je divifai la bande en onze parties égales, & à côté de ces divi- fions, tracées à l'encre , jécrivis les nombres en petits caraétères : de forte que chaque ligne indiquoit — de ce . étoic renfermé dans le réci- pient; j'appliquai un vernis fur certe bande de papier pour empêcher la dif- folution de la colle & de l'écriture, Le premier Janvier 1778, je commençai mes expériences. Après avoir rempli de mon mélange de fer le vaifleau C , je renverfai deffus le réci- pient de verre ainfi difpofé, & j'obfervai la hauteur du baromètre & du thermomètre: l’eau commença à monter dans le verre cylindrique D, & huit heures après, elle s'arrêta à la hauteur de 9 degrés. Quoique j'eufle encore laïffé le verre dans la même pofition pendant fix heures’; je trouvai-cependant que l'eau n’avoir pas monté plus haur : le baromètre & le thermomètre n'avoient non- plus éprouvé aucune varia- tion. ; Le jour fuivant , je répétai la même expérience , après avoir fait pafler du nouvel air dans le récipient (1) : mais l’eau s’arrèta encore au méme point. Le 3 Janvier , l'air étoit de même. Le 4 Janvier, je vis l’eau monter plus lentement dans une nouvelle ex- périence ; càr il fe pañla quatorze heures entières avant que l'eau reprit fa première hauteur, De-là je conclus que le mêlange d& vaiffeau avoit perdu la plus grande partie de fon phlogiftique ; en conféquence, pour me rapprocher de la 4° expérience, je remplis toujours par la fuite le vaifleau avec unnou- veau mélange. 5! Je continüai chaque jour ces expériences pendant tout le mois de Jan- vier, & je remplis fouvent le verre de nouvel air , même pendant la nuit ; mais je trouvai toujours la même proportion d'air dans notre atmefphère. Quelquefois, à la vérité, l’eau s’élevoit un peu plus, quelquefois elle s’ar- rétoit un peu plus bas ; mais cela provenoit de ce que le baromètre & le thermomètre montoient & defcendoient fucceflivement. Je crus donc que ————— a — (1) Pour m’aflurer qu’il ne refte point dans le récipient C d'air corrompu de la pré- cédente expérience, je le remplis d’eau pour en chafler tout l'air, & je verfe enfuite l'eau dans l'air libre. J’ufe de lamêème méthode lorfque je veux éprouver l'air d’une cham- bre ou de quelqu’autre lieu, c’eft-à-dire, que je commence toujours par remplir d’eau le récipient en cet endroit. Tome XIX , Part.[,1782. JANVIER. L ::- 82 - OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cela fuffoit, & qu'il falloit difpofer mes expériences de la manière fuivante quatre fois la femaine feulement. Æn Février, l'air fe maintint abfolument de la même manière que la précédente : mais , Le 23 Mars ; l’eau ne s'éleva qu’à la hauteur de 8 degrés; ce qui étoit d'autant plus étonnant, que le froid étoit augmenté, & que le baromètre étroit monté. Le 19 Avril , l'eau s’éleva jufqu'à 10 degrés , quoique ni le baromètre ni le thermomètre n’euflent éprouvé aucune variation: l'air fe foutint de même jufqu’au 21; enfuite l’eau fe tint chaque jour à 9 degrés. En Mai& Juin, elle fe tint toujours entre 8 & 9 degrés. Le 30 Juillet, elle monta à 10. Elle refta entre 8 & 9 pendant tout le mois d’Août; mais depuis le 3 jufqu’au s $ Septembre, elle monta à 9 degrés : après quoi elle fe tint entre 8 & 9. ' Le s Oétobre ,elle monta de nouveau à 10 degrés pendant les plus fortes tempêtes ; mais enfuite elle refta entre 8 & 9 jufqu'au 4 Mo alors elle n’alla plus qu'a 8 ; de mêmele ÿ, le baromètre étant fort haut : enfuite elle refta entre 8 & 9. Le 10 , elle monta à 10 degrés, le baromètre étant aufli haut que le 4& les. Le 21, elle n'alla qu'à 8 ; enfuite elle refla entre 8 & 9 jufqu'au 8 Décembre : alors elle monta jufqu'à 9 degrés, le baromètre étant bas; mais de-là jufqu'au 31, elle ne monta qu'entre 8 & 9. On voit donc par-là que notre atmofphère doit toujours contenir (à uelques différences près ) une certaine quantité d'air déphlogiftiqué ou d'air pur, c’eft-àdire =; ce a eft très-furprenant, & dont j'avoue qu'il eft très-difficile de rendre raifon (1) , vu qu’une grande quantité d’air pur entrant dans une combinaifon nouvelle, foit pour l'entretien du feu , foie avec les végétaux , foit par La refpiration , il y en a une portion confi- dérable de corrompus qui fe transforme en acide aërien : nouvelle preuve AT = : des foins incomparables du Créateur pour tous les êtres vivans. Extrait d'une Lettre de M. DomBAy à M. DuUCHESNE, écrite de Lima le 20 Mai 1739. Sur l'ufage des Pommes de terre chez les Péruviens. D EPUIS quelques années, nos Savans s’occupent à tirer le meilleur parti de la pomme de terre. Les Péruviens , de temps immémorial, ont (1) Cet air pur eft rendu'à Patmofphère par l’aéte même de Ja végétation des plantes. Voyez Dictionnaire ou Cours complet d'Agriculture, &c, par M. l’Abbé Rozier ( rue & hôtel Serpente ) au mot ir, parag. IV & feét. V du parag. V. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 fu fe préferver de toute efpèce de diferte & de famine par la culture de «cette plante, qui, avec le maïs, eft leur unique nourriture. Je vous envoie ci-jointe la manière fuccinéte de les préparer , avec une lettre à M. Daquin, Secrétaire de yotre refpetable Académie de:Chambery , que je vous priede vouloir lui faire pafler. Je crois que c’eft particulièrement en Sa- voie où cette préparation doit être exécutée, parce que ce Peuple a la plus grande reflemblance avec le Péruvien , & par fa pofition ; & par fa douceur ; fa frugalité & fa conftance au travail, On recueille, comme vous favez, Monfieur & très-cher Confrère , les pommes de terre en automne, & on les conferve pour l'hiver : mais il S'en pourrit un tiers. Les Péruviens ont obvié à cet inconvénient par ces deux manières fimples de les préparer. Ces Peuples fobres entreprennent les plus grands voyages à pied avec un havrefac plein de pommes de terre defléchées & un peu de maïs en grain qu'ils mâchent continuellement. Comment des Peuples auffi fobres ont - ils pu être conquis? mais que ne fait pas entreprendre la foif de l'or ! Préparation de la Pomme de terre (folanum tuberofum ) , nommée par les Péruviens papa féca. On fait cuire la pomme de terre dans l’eau; on la pèle, on l'expofe enfuite au ferein & au foleil jufqu’à ce qu'elle foit sèche. Cette pomme de terre , ainfi préparée, peut fe conferver plufieurs fiècles, en la gatantiffant de l'humidité. Les Péruviens & les Habitans de Lima font une très-grande copfom- mation de cette pomme de terre, mélangée avec d’autres alimens. Autre préparation de la pomme de terre nommée Chunno. Les Péruviens font geler la pomme de terre, & la foulent enfuite aux pieds pour lui faire quitter la peau. ce , ils la mettent dans un creux d'une eau courante, & la chargent de pierres. Quinze ou vingt jours après, ils la fortent de l'eau & l’expofent au foleil & au ferein jufqu’à ce qu'elle foit sèche. x Cette pomme de terre, ainfispréparée, eft un véritable amidon, avec lequel on pourroit faire de la poudre pour les cheveux. Les Péruviens font de cette préparation des confitures, une farine pour les convalefcens , & la mêlangent avec prefque ous leurs mets. Tome XIX, Part. 1, 1782. JANVIER. L 2 NOUVELLES LITTÉRAIRES. S TRICTURES upon Agriculture Socieries, &c., &c. Réflexions fur les Sociétés d'Agriculture avec des Inftruëlions pour en établir une fur un nouveau plan. in-8°. À Londres, chez Ewars, 1780., Le plan que propofe l’Auteur de ce Mémoire eft très-fage; il convien- droit également à la France & à l'Angleterre. Nous avons vu jufqu'à pré- fent que les Sociétés d'Agriculture n’ont pas eu tous les fuccès qu'elles au- roient dû avoir ; les Prix qu’elles propofent deviennent infruétueux pour la plupart, parce qu'ils ne fixent l'attention & n’excitent l’émulation que de quelques Particuliers aflez riches ou aflez laborieux pour hafarder de réfoudre à leurs frais les problèmes propofés. Mais le travail en grand, qui doit fervir de leçon à tout un Canton , à toute une Province, n'eft pas le fujer de l'application de ces Sociétés; pourquoi cela? c'eft qu'elies ne font pas à même de l’entreprendre.& de lexécuter. Infiniment convaincu de cette vérité, l’Auteut voudroir que chaque Société d'Agriculture pof- fédät deux fermes , dans lune defquelles on s’occuperoït du labourage , & dans l'autre de la nourriture des beftiaux , afin que fes travaux puffent être regardés , non comme de fimples expériences , mais comme une pratique bien fondée ; qu’il feroit à fouhaiter qu’en France on adoptät ce principe, & que lon: vit les Sociétés devenir vraiment agricoles dans les Provinces où les différens genres de culture néceflitent abfolument les travaux en grand, Lezioni intorno alle Malattie degli Occhi, &c. Leçons fur les Maladies des Yeux, à l'ufage de La nouvelle Univerfité fondée par le Roi de Naples à l'Hôpital des Incurables ; par Michel TrO5A , Prof ffeur Royal dans la même Univerfité. A Naples, de l’Imprimerie Royale, 1781, in-8°., avec figures. S C'eft l’ufage , dans cette Univerfité, que les Profeffeurs faffent imprimer fes Leçons qu'ils diétent. Celles de M. Troja font au nombre de feize, & réunies en trois fections: La première contient l'anatomie de l'œil, & des détails fur tout’ ce ‘qui concerne ja vifion; la feconde fait connoître les maladies des parties externes qui environnent le globe de l'œil; & la troi- fième traite des maladies de l'œil lui-même & de chacune de fes mem- branes. Ces divers objets fontexpofés dans le nouvel Ouvrage de M. Troja, avec cette même clarté & cette même précifion qui caractérifent les autres Productions de ce favant Auteur, SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 85 Catalogue d’un Cabinet d'Hifloire Naturelle, dont la vente [e fera dans le cou- rant de Février 1782. À Londres ; & fe trouve à Paris chez Quillau , {m- primeur , rue du Fouare. - Comme nous con oiflons ce Cabinet ; nous pouvons aflurer qu'il con tient un très-grand nombre de morceaux intéreffans. IL eft-à remarquer que c'eft ici le premier Catalogue d'Hiftoire Naturelle dreffé fuivant la méthode de M. Daubenton , Profeffeur au Collège Royal. Traité complet d Arithmétique à l'ufage de l'Ecole Militaire, de la Compagnie des Cheyaux-Légers & des Pages , &c., Gc., &c.; par M. TRINCANO, Ingénieur extraordinaire de Sa Majefté pour les Princes Etrangérs, Pro- fleur de Mathématiques & de Fortifications de l'Ecole Militaire, de la Compagnie des Chevaux-Legers & des Pages, G'c., in-8°. A Paris, chez Cellor, Libraire , rue Dauphine ; & chez Mufier, Libraire, quai des Auguftins ; à Verfailles , chez Blaifot , Libraire , rue Satory , 1781. A l'Arithmétique proprement dite, que M. Trincano a traitée à fond, il a joint encore toutes les règles de commerce; tout ce qui regarde les logarithmes ; les nombres figurés ou ordinaux ; les quarrés magiques ; les titres de l'or & de l'argent, des efpèces courantes ; le change & la banque ; les rapports des poids & des mefures ; les propriétés particulières de certains nombres ; le calendrier, & les proportions & progreflions har- moniques. Prix propofés par LV Académie des Sciences, Arts & Belles-Lettres de Dijon. L'Académie propofe pour le fujet du Prix de 1783, La Théorie des Vents. C’eft pour la feconde fois que cette Compagnie demande l'expofition de cette théorie ; elle efpère que ce nouveau concours fera plus fatisfaifanc pour elle. Ce Prix fera double; elle le partagera, fi deux Mémoires envoyés fe trouvent y avoir un droit égal. Comme on n’a encore envoyé aucun Mémoire fur les favons acides, le Prix extraordinaire qu'elle deftinoit à cette queftion refte en réferve, & fera donné à celui qui , en quelque temps que ce foir, remplira les vues qui ont engagé l'Académie à propofer ce fujer. Tous les Savans, à l'exception des : Académiciens réfidens , feront admis au concours. Ils ne fe feront connoiïtre ni direétement ni indi- zeétement ; ils infcriront feulement leurs noms dans un billec cacheté, & ils adrefferont leurs Ouvrages , francs de port, à M. Marer , Doéteur en MédecinegsSecrétaire Perpétuel, qui les-recevra jufqu'au premier Avril inclufiv , des années pour lefquelles ces différens Prix font pro- pofés, Le Prix fondé par M. le Marquis du Terrail & par Madame Cruffol d'Uzès de Montaufier fon époufe, à préfent Ducheffe de Caylus, confifle en 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une Médaille d'or de la valeur de 300 livres, portant d'un côté l'empreinte des armes G du nom de M. Pouffier | Fondateur de L'Académie ; & de l'autre La devife de cette Societé Littéraire. = Hiftoria Naturalis Regni Mineralogici ad Naturæ duétum tradita à J. W. + BauMER ,&c. Hifloire Naturelle du Règne Minéral; par M. Baumer. À Francfort, chez Garbe, 1780, in 8°. La Minéralogie proprement dite n'eft pas le feul objet que traite M. Bau- mer; fon Ouvrage comprend encore l'Oryétographie & une partie de la Phyfque de la terre. Ses travaux précédens ont fait connoître jufqu’à quel point il pofsède la pratique des mines , & combien. il eft familier avec les Auteurs qui ont travaillé fur le même objet , & fur-tout les Anciens, Queflion de l'Académie Ele6torale Palatine pour l’année 1783. Inventer un hygromètre comparable, dont les points fixes foient sûrs , & qu'on puifle déterminer fans grande difficulté lorfqu'on conftruit linf- trument ; dont la fenfibilité ne change pas confidérablement avec le temps; dans lequel on puifle , par une règle sûre & facile, fouftraire l'effet de la chaleur ; dont enfin le prix ne foit pas exceflif. Quiconque remplira ces quatre conditions recevra une Médaille d’or de la valeur de so ducats. Mais il eft à obferver, 1°. que les Differtations, écrites en Latin , Allemand ou François, doivent être remifes à l'Académie avant les Fêtes de Pâques de l'année 1783 ; 2°. que les Concurrens join- dront à leur Mémoire un billet fermé, qui cachera leur nom, & qui foit marqué en dehors d’une devife qu'il faut répéter à la tête ou à la fin k Mé- moire, loi contre laquelle jufqu’ici on a péché fouvent ; 3°, que l’Académie fouhaite de recevoiraufli, fi cela fe peut, l'inftrument qu'on aura inventé , en s'offrant d’en payer le prix. Sobre un Aceyte del Reyno vegetal, &c. Differtation Yur une huile du rè- gne végétal, qui peut fuppléer à l'huile ordinaire dans les Pays trop froids pour la culture des oliviers , formant le N°.48 des Mémoiresinftruétifs, utiles & curieux fur l'Agriculture , le Commerce, la Chymie , &c. , tirés des meilleurs Ouvrages publiés par les Académies de France, d'Angle- terre , d'Allemagne , de Prufle & de Suède ; par Don Michel - Jerôme Suarès, Architeéte de la Junte Royale & Générale du Commerce, de la Monnoie & des Mines, Secrétaire de la Société Royale Economique de Madrid pour la claffe des Arts & Métiers . . . Obfervaciones, &c., &c, Obfervations fur le préjudice que caufe, dit-on, l’ufage des vaifleaux dé cuivre dans les cuifines, formant le N°. 49 des Mémoires inftru@ifs, utiles & curieux , &c.; par lemême Auteur. À Madrid , chez Orcel ; 1780. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. #8 Voyage aux Indes Orientales Ga la Chine, fait par ordre du Roi, depuis l’année 1774 jufqu'à l'année 1781: Ouvrage dans lequel on traite des Maœurs, de la Religion , des Sciences & des Arts des Indiens , des Chinois , des Pégouins & des Malgaches ; fuivi d'Obfervations fur le Cap de Bonne- Efpérance, les Ifles de Fränce & de Bourbon, les Maldives, Ceylan G& Malac ; avec des détails relatifs à l'Hifioire Naturelle de ces Pays dans le Règne animal € le Règne végétal; par M. SONNERAT, Commiffaire de la Marine, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris, Membre de l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Lyon. Propofé par foufcription. CONDITIONS, La foufcription eft de 36 liv.; on paiera 18 Liv. en foufcrivant , & pa- reille fomme en recevant les deux volumes : ils paroîtront au mois de Dé- cembre 1782. Il y aura quelques exemplaires en grand papier de Hollande avec les figures coloriées : alors la foufcription fera de 120 liv. ; on paiera 60 Liv. en foufcrivant, & pareille fomme en recevant les deux volumes. On aura foin de délivrer les exemplaires dans l'ordre où on aura fouf- crit, afin que les premiers aient les plus belles épreuves des.planchés. On foufcrit à Paris, chez l’Auteur , maifon de M. Menilier., Marchand ’étoffes de foie ,rue Saint-André-des- Arcs, vis-à-vis la rue de l’Eperon ; & chez Froullé , Libraire, fur le pont Notre-Dame, vis-à-vis le quai de Gèvres; & àLyon , chez Jean-Marie Bruyferpère & fils, Imprimeur-Libraires, rue Saint- Dominique. Ea foufcription fera ouverte jufqu'au premier Juin 1782 ; paflé cetemps, l'Ouvrage fera de 48 liv. en feuilles , & 51 liv. broché en carton. Méthodes sûres @ faciles pour détruire les Animaux nuifibles \ fervant de Supplément à l'Hifloire des Infeëtes nuifibles, in-12, À Paris, chez La- porte, Libraire , rue des Noyers, 1781. Cet Ouvrage fait partie d'une Collection de Traités économiques en gé- néral très-utiles, dont il en a déjà paru cinq. L’Auteur en annonce encore plufieurs non moins intéreffans. Dans celui - ci il fait l’hiftoire & prefcrit des moyens faciles de détruire les loups, les renards, les loutres , les fouines , les belettes , les loirs, les rats, les fouris , les mufaraignes , les taupes ,. les crapauds, les vipères , les corneilles , &cc, ÉRRATA “Page 1, lig.,27, tel fon de cette otave, difez : Tel fon, de velle. oftaye, Pag. 59, Big. 19 & 20, à guelques exemplaires; l'eau £ cribloit fi complètement &f vite, qu’elle inohdoiït tout dans les maïfons, dans les caves, par-tout où elle pouvoit circuler ; fez : L'air fe cribloit f complètement & f vite, qu'il inondoir, Gr. par -'tols où il pouvoit circuler, 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, t É . TAC TE { } ”* : ! DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. ras de M. Robert DE PAUL DE LAMANON à M.MONGEZs Auteur di Journal de Phyfique, fur un nouveau Baromètre, * Page 3 Suite d'Expériences fur l'Air inflammable des Métaux ; par M. DE LA MÉTHERIE, : 16 Extrait des Differtations de Phyfis que animale & végétale de M,l Abbé Spar- LANZANT, 20 Mare d'un Z'oophyte fingulier de la Mer Baltique ; ; par M.leC.G.deR., 38 Memoire fur la Terre des Os, & fur la Terre calcaire en général; par M. BERNIARD , Î 4? Suite du Mémoire fur Les Vents pluvieux € fecs; par M.DUCARLA, 58 Expériences fur la quantité d Air pur qui [e trouve dans notre Atmofphère; par M. SCHEELE, 79 Extrait d'une Lettre de M. DomsAx & M. DUCHESNE, écrite de Lima le 20 Mai 1779 , , 82 Noupelles Littéraires; 84 n. 7 e * APPROBATION. J ’AT lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre: Obfervaions fur Le Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Aris, &c.;par AM. Rozier & MoNcez le jeune, &e. La Colleétion de faits importans qu’il offre périodi- quement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans; en conféquence, j’eftime qu'on peutem permettre l'impreflion. À Paris, ce 25 Janvier 1782. VALMONT DE BOMARE. \ À a « \ RER N | K Ji \ NC (( D)\N) He) 1} danvier 1722 en Le D L à 4 = - . ER er mr ce UNS DER R EEE tue £ us À RE ee 'm * % ‘ E. is s £ (ss 4 « De 4 ‘ il x KA L ) LL | fe : À 0 : { L « 2 FE à ‘4 ; 4 ’ 1t x s ; ï * « a 100 - À. | [ he #] £ S'ÉREE * _. ea. x | rounnar DE PHYSIQUE. FÉVRIER 1782. | EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LE POIDS DU PAIN AU SORTIR DU FOUR; Par M. TiLLET , Chevalier de l'Ordre de S. Michel, de l'Académie des Sciences. A T été chargés par le Comité de Boulangerie , MM. Bofcheron , Brocq , le Roux , Garin & moi, de faire quelques expériences pour exa- miner fi, d’après les difcuflions qui fe font élevées fouvent fur le poids du pain expofé en vente, il étoit poflible d'établir ce poids avec exaéti- tude, & de ne point s’'écarter des Réglemens à cet égard, nous nous fommes aflemblés à l'Ecole de Boulangerie le 12 Oétobre 1781, pour y commencer les expériences qu’exige cet article de police aflez curieux en lui-même, & aufli intéreffant pour la tranquillité des Boulangers, qu'il mérite d'attention pour la juftice qui eft due au Peuple. Le chef de levain qui nous fut préfenté par le ee Lafne, chargé du détail de l'Ecole de Boulangerie, pefoit trois livres fept gros; il pouvoit contenir un tiers d'eau ou à-peu-près. Il fut délayé à fix heures & demie du foir dans fept livres de farine & quatre livres d’eau pour former le levain de première. A trois heures & demie du matin , le levain de feconde fut formé de ce premier mélange avec vingt-quatre livres de farine & treize livres d'eau. Enfin, le levain de troifième ou de tout-point fut compofé à huit heures du matin de celui de feconde , auquel on joïgnit quarante-deux livres de farine & trente livres d’eau. Deux heures après ou environ, on commença à pétrir. Le levain de tout-point pefoit en total cent vingt-trois livres fept gros :on le délaya dans quatre-vingt-fept livres huit onces de farine & quarante-cinq livres treize onces cing gros d’eau un peu chaude & telle que la circonftance Tome XIX, Part. I, 1782. FÉVRIER. M 90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'exigeoit. Lorfque la pâte eut été formée , on la frafa (1) & contre-frafa; on la mania, on la battit en tout fens, afin d’y occafionner ces bour« foufflures, ces sonflemens momentanés fi avantageux pour la légèreté du pain, & afin de la mettre au point de séchement, fuivant les termes de PArt, où plutôt dans l'état de combinaifon parfaite où il convient qu’elle foir. Cette pate ainfi préparée fut mife dans le tour , où elle refta pendant vingt à vingt-cinq minutes pour yentrer en levain, y acquérir un peu de reflort & la facilité de prendre un bon apprêt dans les pannetons. On procéda enfuite- à la pefée ‘de cette pâte pour en faire des pains de quatre livres de la forme ordinaire, & de vingt à vingt- deux pouces de Jonçgueur. Les Boulangers font dans l’ufage autorifé d'employer quatre livres dix onces de pâte pour chacun des pains dont nous parlons, parce qu'on a . remarqué que le déchet qu'éprouve-la pâte au four roule à-peu-près fur dix onces pour les pains ordinaires de quatre livres, & de la forme que nous avons défignée. Nous fimes donc préparer trente-huit pains de quatre livres dix onces.en pâte, pour nous conformer d’abord à cet ufage, & pour avoir en même temps un plus grand nombre d'objets de comparaifon : nous nogs bornâmes à douze pains, pour y faire varier l'excédent de poids fur la pâte; de manière que trois de ces pains n’avoient, avant leur cuiflon, que neuf onces d’excédent de poids ; trois autres en avoient dix; les trois: pains fuivans en avoient onze, & les trois derniers douze onces : la pefée de ces pains, encore én pâté, fut faite avec exactitude ; & ceux dont l'excédent de poids varioit portoient chacun un numéro. Lorfque les Boulangers, qui étoient témoins de cette expérience , eurerit feconnu que le four étoit au point de chaleur convenable, on y mit les pains dans l'ordre que voici. Dix-huit de ceux qui portoient dix onces d’excédent de poids furent placés dans le premier quartier du four; feize autres pains pareils furent mis dans le fecond quartier ; le cœur du four fut réfervé pour les douze pains numérotés, auxquels on joïgnit quatre autres pains femblables à ceux qui occupoient les deux quartiers. Le four (x) Le terme de frafer eft en ufage dans PArt de la Boulangerie, pour exprimer Popétation par laquelle, après avoir délayé le levain de rout-poinr dans'une quantité d’eau convenable, on le mêle fur le champ avec la farine réferyée pour le périflage , & davs laquelle le levain doit s’incorporer, C’eit alors que la pâté commence à fe former, que les grumeaux s’y divifent & s'étendent fous la main de ouvrier, qu’elle devient plus érale & aéquiert une certaine coufiftance : bientôt on la sruvaille avec rencore plus de foin; on la divife en plufieurs parties qu'on pétrit féparément; on réunit ces portions en les pétriflant enfemble de nouvean; on réitère cette |Opération., quelque pénible qu'elle foi; & en contre-frafant ainf la pâte, on parvient à lui donner du corps, de la liaifon & une forte de duétilité, L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 091 contenoit donc cinquante pains , qui, au premier coup-d’æil, paroifloient confondus ; mais que les pains, numérotés & placés au centre, fervoienc àdéfigner dans l'ordre où nous les avions d’abord établis, + Après que les pains'eurent refté trois quarts-d’heure ou environ dans le four, & que les Boulangers eurent jugé que ces pains étoient cuits fufffamment, on les retira du four dans l'ordre où ils y avoient été placés ; ceux du premier quartier furent mis dans un grand panier, avec une étiquetce qui les délignoit, comme ceux du fecond quartier & du cœur da four furent rangés dans deux autres paniers, avec la note qui fervoit à les faire diftinguer. Tous ces pains furent pefés par ordre au fortir du four, & leur poids fut écrie à melure qu'ils fortoient de la balance. Nous mettons fous les yeux du Comité le tableau de ces différentes pefées ( 1); on y voit les variations qui fe font trouvées non-feulement. dans les pains en général fur lefquels notre expérience a roulé, mais encore, dans ceux qui, en parti- culier , occupoient chacun des quartiers , ainfi que Le cœur du four. On y remarque que fi, dans le premier quartier , un des pains a pefé quatre livres juftes , & un autre quatre livres quatre gros, les feize autres ont éprouvé une perte plus ou moins marquée au-deflous de quatre livres : ce déchet a été pour l’un d’eux de deux onces & demie; pour d’autres de deux onces ; pour quelques-uns d’une once & demie, FRE ue d’autres n'ont perdu qu'une once, & que pour cinq d’entr'eux la perte Fe bornée à quatre gros. | : Le fecond quartier offre également des variations. Si deux des pains qui leccupoient pefoient quatre livres juftes, & un autre quatre livres quatre gros, un d'entreux avoit perdu deux onces quatre gros, quelques- uns une once & demie : huit autres n'avoient. éprouvé chacun qu'une once de déchet, & un ful n’avoit perdu que quatre gros. L'inégalité de poids eft également remarquable à l'égard des pains qui avoient été placés dans le cœur du four : tandis que des quatre pains qui, avant que d’être cuits, portoient dix onces en excédent de pate, le pre- mier pefoit, au fortir du four, quatre livres juftes, & le fecond jufqu'à quatre livres une once; il y avoit un déchet de quatre gros fur le troifième, & une perte d'une once & demie fur le quatrième , €’eft - à- dire, une différence de deux onces & demie du fecond au quatrième de ces pains , quoiqu'ils fuffent placés au centre du four , & cp avoir dû éprouver une Chaleur égale. Quant aux pains numérotés, qui avoient été placés auffi dans le cœur du four , on devoit s'attendre à quelques variations dans leur poids, puif- (x) Nous ne donnons ici que les réfaltats des différens tableaux cités dans ce Mé- moire. Tome XIX, Part. I, 1782, FÉVRIER. M 2 Et 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que l'excédent de pâte, avant la cuiflon , n’étoit pas le même dans ces douze pains, & qu'il devoir fe trouver au moins une différence bien mar- quée entre ceux dont l'excédent de pâte n’étoit que de dix onces , & ceux ui en avoient douze en excédent. On remarque cependant que fi les He & onzième pains numérotés pefoient quatre livres une once & demie au fortir du four, comme on pouvoit s'y attendre , parce que l'ex= cédent de la pâte, avant la cuiffon, y avoit été plus fort de deux onces que dans le fixième de ces mêmes pains numérotés ; on remarque, dis- je, que le douzième de ces pains, qui auroit dû pefer quatre livres une once & demie, comme les dixième & onzième pairs, puifqu'ils étoient tous les trois du même poids avant la cuiffon, ne pefoit cependant, au fortir du four, que trois livres quinze onces & demie; qu'il avoit perdu deux onces de plus que les deux pains précédens, & ne fe trouvoit pareil en poids qu'au fixième de ces pains numérotés, & à plufieurs autres des quartiers du four, quoique ceux-ci euflent porté, avant la cuifflon, deux onces de moins en excédent de pâte que ce douzième pain numéroté. On voit, par ce détail fur les pains que des numéros diftinguoient, que fi le douzième de ces pains n'avoit pas eu , dans l’état de pâte , deux onces de plus que le cinquième, ils feroient revenus tous les deux au même poids res la fon c'eftà-dire, à trois livres treize onces & demie. Nous faifons cette obfervation, afin qu'on ne foupçonne pas que le déchet aflez confdérable qui fe trouve fur le douzième pain numéroté, : ait été occafionné par quelqu'accident auquel nous n’aurons pas été at- tentifs, puifque le cinquième pain numéroté , le fecond du premier quar- tier, & le quatorzième du fecond quartier, ne pèfent également que trois livres treize onces & demie, & par conféquent fe trouvent inférieurs chacun de deux onces quatre gros, aux quatre livres juftes fur lefquelles nous avions lieu de compter. Le four de l'Ecole de Boulangerie étant un peu plus grand qu'il n'eût fallu pour les cinquante pains feulement que nous mîmes en expérience , il donna lieu à une obfervation de la part des Boulangers, à laquelle nous nous rendîmes attentifs. Ils prétendirent qu'il y auroit eu moins d'inégalité fur le poids des pains, s'ils -sy fufflent trouvés plus près les uns des autres; fi, en un mot, la fournée eût été complète. M. Garin, Fun d’entr'eux , infifta fur ce point , & nous dit qu'il avoit remarqué moins de variation dans ces circonftances, par une épreuve faite dans cette vue & avec l'attention que demandoit la pefée de la pâte avant que les pains fuflent mis au four. Le defir de ne rien négliger de tout ce qui pouvoit nous conduire à l’exactitude, nous engagea à lui propofer de répéter chez lui notre expérience : il voulut bien s'y prêter, & nous nous ren- dimes chez lui le 22 Octobre , à huit heures du matin. Nous y trouvames la pâre dans le tour & prête à être divifée pour en former des païns. Nous ne nous écartèmes point pour cette expérience-ci de celle que nous avions | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 93 faite à l'Ecole de Boulangerie; & s'il s’y trouva quelques différences , elles contribuèrent à nous: donner de nouveaux éclaircifiemens, fans nous faire perdre le point de vue qui nous occupoit. On pefa d'abord avec exactitude la pâte pour douze pains, dont les trois premiers étoient de quatre livres neuf onces , les trois autres de quatre livres dix onces, Les trois fuivans de quatre livres onze onces, & les trois derniers de quatre livres douze onces. Chacun de ces pains fur numéroté , & ne tail aucune incertitude fur l'excédent de poids en pête qu'on y avoit mis. Quatorze autres pains, pefant quarre livres dix onces, furent tee pour le premier quartier du #@ur; on en difpofa douze autres du même poids pour le fecond quartier, & le cœur du four fur réfervé tant pour les pains diftingués par des numéros , que pour fix pains longs de vingt-neuf pouces, & un pain rond auquel on conferva cette forme le mieux qu'il fut pofible, & qui pefoit quatre livres dix onces, comme les fix pains longs dont nous venons de parler. Lorfque le four eut acquis le degré de chaleur convenable ,on y mit les pains dans l'ordre que nous avions réolé; & après qu'il fur cuit, le même ordre régnadans les pefées que nousen fimes. Quoique le four de M. Garin foit plus petit que celui de l'Ecole de Boulangerie, cependant les pains que nous y avions mis , au nombre de quarante-cinq , n'avoient pas fuf pour le remplir entièrement ; On avoit rendu la fournée complète , en y ajoutant quelques petits pains de fantaifie, qui avoient garni les endroits du four qué nos pains n'avoient pas oc- cupés. Nous mettons encore fous les yeux du Comité le tableau du poids de ces différens pains. On y verra en général moins d'inégalité que dans la première expérience : cependant on y remarquera que pendant qu'il y a une égalité de poids entre les pains n°. 3 & 8 du premier quartier du four, il y a une différence de deux onces cinq gros entre ces deux nu- méros & le pain n°. $ du même quartier ; qu'il y en a évalement une de crois onces entre le pain n°. 1 & le pain n°. 7 du fecond quartier : on obfervera encore que des fix pains longs , aucun n’a le poids je uatre livres ; qu'un d’entreux a perdu jufqu'a trois onces , trois autres ont déchu de plus de deux onces, & les deux autres ont perdu deux onces juftes. Le pain rond au contraire a un excédent de poids, comme nous l’avions préfumé , de deux onces quatre gros. On verra moins de variation dans Les “os numérotés : l'excédent inégal de poids en pâte que portoient ces doure pains, s’y annonce fenfiblement & d'une manière aflez pro- greflive se le n°. 4 jufqu'au 12. On eft un peu furpris que le pain n°, A e quatre livres quatre gros, quoiqu'il n'ait eu que neuf onces en excédent de poids en pate, tandis que le n°. 1 du fecond quartier , qui a eu dix onces d’excédent de poids avant que d'être mis au four , ne °4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pèle cependant que trois livres treize onces fix gros, c'eft-à-dire, deux onces fix gros de moins que le premier de ces pains numérotés. Un particulier qui auroit été témoin de la pefée de ces quarante - cinq pains, & qui auroit vu l'inégalité de poids qui régnoit entr'eux , auroit héfité fans doute de les prenäre fur le pied de quatre livres l'un dans l’au- te, & auroit craint d'éprouver une perte de quelques livres de pain; cependant le poids de tous ces pains de forme différente, de pefanteur aflez inégale entr'eux , étoit de cent quatre-vingts livres deux onces quatre gros ; tandis que quarante-cinq pains, de quatre livres chacun , ne pèfe- roient en total que cent quatre-vingts livres juftes (1) 2 dès-lors, on fent que les Réglemens n’ont plus de bafe fixe pour prononcer fur la précifion du poids de chaque pain; que l'Art feul eft en défaut, fans qu'on voie encore le moyen de le perfectionner , & qu'un Boulanger peut être con- damné par la Loi pour avoir diftribué quelques pains d’un poids plus foible qu'il ne faudroit , & tels qu'il s’en eft trouvé dans cette dernière expérience, tandis que la fournée entière décideroit en fa faveur & annon- çceroit fa bonne foi. x Le moment le plus favorable au poids du pain eft celui où il fort du four : nous avons reconnu qu’en le gardant huit jours , il perdoit peu-à- peu une partie de fon poids, & qu'au bout de ce temps , la perte pouvoit être de quatre à cinq onces fur un pain de quatre livres, & de la forme ordinaire ; ce déchet doit varier fuivant le degré de cuiflon qu'on a donné au pain , & le plus ou le moins de furface qu'il préfente. Après avoir retiré du four, dans notre première expérience, tous les pains qu'il contenoit, nous en choisimes un bien cuir, & qui pefoie quatre livres juftes: nous le remimes fur le champ au milieu du four, & nous l'y laifsèmes pendant dix minutes; après ce temps, nous le pesames de (1) Il eft vrai que nous devions efpérer quelqu’excédent de poids fur le pain après Ja cuiffon , & compter fur une augmentation de plus de deux onces quatre gros, parce que les douze pains numérotés, pris enfemble, avoient eu en excédent de pâte fix onces au-delà de Ja quantité qu'ils en auroient reçue fur le pied de dix onces pour chaque pain: mais les trois onces quatre gros qui manquent pour que ces. fix, onces d’excédent de pâte reparoiflent en eutiër, font un trés-petit objet fur quarante— cing pains de quatre livres chacun, & n’en forment que la huit cent vingr- deuxième partie. La perte a été plus confidérable dans la première expérience : les cinquante pains qui en dépendoïent auroient dû pefer ‘enfemble deux cents livres, fur. le même pied de quatre livres chacun ; cependant on voit que le total de leur poids n’eft que de cent quatre-vinat-dix-fept livres quatre onces quatre gros, & qu’il fe trouve foible par conféquent de deux livres onze onces quatre gros : fans parler même des fix onces d’excédent de poids en pâte que les pains numérotés de certe expérience avoient reçues comme ceux de la feconde, & qui, fi on y aégard , font monter la perte für les cinquante pains dont il s’agit ici à trois livres une once quatre, gros, c'eft-à-dire, à une once ou a-peu-près fur chacun de ces pains, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9$ nouveau , il avoit perdu deux onces fur fon poids : il perdit encore une once dans une feconde épreuve, & fe trouva réduit à trois livres treize onces, ÿ Nous nous bornons à ces détails dés deux expériences que nous étions chargés de fuivre, & dont on fe.forme, au premier coup-d'œil, une idée aflez exacte, en confidérant les deux tableaux du poids des pains que ces expériences nous ont fournis. IL en réfulte que, malgré toutes les précau- tions que nous avons prifes pour obtenir des pains d'une pelanteur égale, nous n'avons réufli qu'à l'égard de quelques-uns, & fans étre mieux inftruits de la caufe de certe égalité ,que.nous n'avons connu la raifon de l'inégalité de poids de la plupart des autres. ‘H en réfulte , en fecond Jlieu , que cètte variation du poids des pains ne tient pas précifément à l'endroit du four où ils font placés, puifqu'elle a été remarquable , & dans les deux quartiers, & dans le cœur du four: fouvent même deux pains, placés l'un à côté de l’autre & d’une forme pareille, ne fe trouvent pas d'un poids égal au fortir du four, quoique tirés de la même pâte, & réglés fur le même poids avant la cuiflon. IL fuit de ces expériences, en troifième lieu , que plus lés pains préfen- tent de furface, foit par leur longueur, foit par l’applatiflement auquel on les réduit pour fatisfaire au goût des particuliers, plus ils perdent de leur poids au four ; tandis qu'au contraire les pains très arrondis fouftrent beaucoup moins de déchet, & n'ont pas befoin de tout l'excédent de pâte qu'exigent les pains de la forme ordinaire. IL réfuite enfin des faits que nous avons conftatés, que le féjour du pain dans le four pendant quelques minutes au-delà du temps convenable pour fa cuiflon, y occalñonne une diminution fur le poids , & l'y produit d’une manière plus ou moins marquée, fuivant que le pain fe trouve placé dans les endroits du four ,iqui, vers la fin de l'opération, ont plus où moins-perdu de la grande chaleur qu'ils avoient acquile. Lorfqu'on fe plaint,de l'inégalité du poids des pains de quatre livres de la forme ordinaire ,, les Boulangers repréfentent qu'elle a fouvent lieu par des inconvéniens dont, il leur-eft très-difficile de fe garantir: ils font obferver que la pefée dé la pâte eft confiée à des ouvriers qui n'y portent pas toujours l'attention, qu'elle ‘demande ; que ces ouvriers, dont le travail fe faitavec beaucoup de célérité , & qui font fouvent excédés de fatigue, manient la balance fans précaution, y laiffent quelquefois une portion de ‘a ‘pâte qui appartient, au pain qu'on vient de pefer, & fe réunit à celui -dont on établit enfuite le poids ; que ces ouvriers , Jorfqu'ils ont pefé la :pâre de chaqué pain, laijertent fur. unetable , où d’autres ouvriers la rour- nent pour la placer dans les pannetons , & l'y jettent avec fi peu de pré- caution, qu'elle sy trouve fouvent adhérente à celle d’autres pains qui “ont pas encore. été tournés, &; qu'alors il peut y avoir une inégalité de: poids däns les pains qui en réfulteront, parce que l'ouvrier, chargé r 06 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de tourner la pâte, n'aura pas pu féparer exaétement celle qui étoit deftinée pour deux pains, & aura par conféquent rendu Fun plus pefant aux dépens de l’autre. Les Boulangers infiftent encore fur la difficulté de régler comme il faut la chaleur du four, & de connoître le point précis de La cuiflon du pain, fur le danger qu'il y a de l'y laifler un peu trop long-temps pour le poids qu'il doit avoir au fortir du four. Ils ajoutent que les pains placés dans ce même four y font quelquefois trop ferrés, s'y collent l'un à l’autre , donnent lieu par-là à ce qu'on nomme baifure , & qu’en les détachant après la cuiflon, on ne les fépare pas toujours avec aflez d’exaétitude pour qu'une portion de quelques-uns des pains ne refte pas atrachée à ceux des autres pains qui s'y trouvoiént adhérens & n'occafionne pas alors quel- ques inégalités fur le poids. Ils repréfentent enfin qu’ordinairement ils trouvent très-peu de de dans les ouvriers pour une manutention aulli délicate que la leur; qu'ils y veillent à la vérité: mais que le fort du travail , fa continuité, les veilles qu’il exige, ne peuvent pas les regarder feule, & qu'alors leur vigilance a bien fon utilité, mais qu'elle ne fauroit obvier à tous les inconvéniens dont leurs opérations font fafceptibles, fur- tout entre les mains d'ouvriers peu inftruits & plus laborieux par état, que jaloux par goût de bien faifir l'Art du parfait Boulanger. Nous avons évité, je crois, dans nos expériences, toutes les caufes d’inégalité de poids dans les pains fur lefquelles les Boulangers fe fondent RP combien il leur eft difficile de parvenir fur cet objet à la précilion qu'on exige d'eux : nous nous en fommes d'autant mieux garantis, que nous en étions prévenus, qu’elles fixoient fpécialement notre atten- tion ; & cependant cette même inégalité de poids fubffte dans nos pro- pres expériences. Dès - lors, route féflexion cefie fur les caufes que les Boulangers ont alléouées ; elle cefle également fur ce qu'il y auroit à déduire des faits dont nous avons été témoins. Il n’y a encore que des conjectures à former fur la caufe réelle de cette variation dans le poids du pain, en fuppofant toujours qu'on a pris, pour l'éviter, toutes les précautions que l'Art du Boulanger peut admettre & que l’efprit d’obfer- vation peut fuggérer. Nous nous bornerons donc à faire obferver dans ce moment-ci qu'il a été employé pour les quarante-cinq pains de la fe- conde expérience deux cents huitlivres huit onces de pâte; que ces pains ne pefoient plus en total, au fortir du four ,que cent quatre-vinçts livres deux onces quatre gros , & qu'ils y ont éprouvé par conféquent une perte de vingt-huit livres cinq onces quatre gros. L'air gazeux, les vapeurs aqueufes ui s’en font élevées à mefure que la chaleur les faififloic, ne l'ont pu Pc , dans un temps donné, qu'à taifon de la furface des pains & des iflues plus eu moins faciles qu'elles s’y font pratiquées; c’eft mème par une fuite de l'effort que font ces vapeurs pour s'échapper , & de l’obftacle que leur oppofe la furface du pain en commençant à fe durcir, que l’in- térieur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 térieur du pain fe dilare-en tout fens , fe tuméfie, devient cellulaire &e acquiert de la légèreté. Si un pain -conferve fa rondeur dans le four & s'y trouve environné d’une croûte qui ne laïfle aux vapeurs aqueufes qu'une iflue diMicile, alors il pourra arriver que ce pain perdra un peu moins de fon poids dans un temps limité, tandis qu'un autre pain, où la fur- face fera gercée, où la mie aura été mife à découvett, en prenant certe couleur dorée & appétiffante, connue fous, le nom de-prigne, perdra quelque chofe de fa rondeur , s'applatira ‘un peu , au moins du côté où la gerçure fe fera faite , laifléra échapper plus facilement l'air gazeux , les vapeurs aqueufes qu'il contenoit, & pourra fouffrir un peu plus de perte, dans le même temps limité, que le pain enveloppé parfaitement de fa croûte , & maintenu dans toute la rofdeur que les vapeurs aqueufes lui ont fait perdre en s’échappant. | Nous ne donnons ici cette obfervation que comme une fimple con- jeéture: c'eft en examinant avec attention les pains de nos expériences , que nous avons eu occañon de faire cette remarque , dont il fera difficile, nous en convenons, de tirer quelqu'avantage, dans le cas même où il feroit conftant que l'inégalité du poids dans les pains tient aux accidens légers qu'ils éprouvent à leur furface pendant qu'ils font dans le four. Quoi qu'il en foit de Ja caufe de cette inégalité, il eft certain , par nos expériences, qu'elle a lieu d'une manière plus où moins marquée, & de nous l'avons reconnue fur quatre-vingt - quinze pains fortis de deux ours différens, quelques précautions que nous ayions prifes pour la prévenir. Nous nous repofons fur la fageffe de l'Adminiftration pour les confé- quences qui naiflent des faits que nous venons d'expofer. S'il eft d'une exacte équité, sil faut néceffairement que le Peuple reçoive la quantité de pain qu'il paye , il eft jufte auñi que les Boulangers jouiffent d'une cer- taine tranquillité ; qu'ils pratiquent leur Art par un principe d'honneur, & qu'ils ne vivent pas fans cefle entre les difficultés de ce même Art qu'ils doivent s'appliquer à vaincre , & la crainte d’être punis pour ne les avoir pas vaincues. On exige d'eux de la précilion pour le poids de chique pain de la forme ordinaire, & fur une quantité confidérable qu'ils ven- dent tous les jours au Public. Ils râchent d'obtenir cette exactitude’ dans une certaine efpèce de pains, & n’y parviennent jamais conftamment. La même précifion leur eft demandée pour des pains qui s’écartent de la forme ordinaire , & où il leur eft impoffble de l'obtenir. On Les réduic donc, par la rigueur d'un pateil Réglement, ou à la néceflité de porter le poids de leurs pains plus ou moins au-delà de celui qui eft prefcrir, & contre leurs intérêts, pour fe mettre à couvert de l'amende; ou au danger certain de Ja payer, fi, avec de la bonne foi, mais fans bleffer leurs intérêts , ils s’en tiennent à l'excédent ordinaire de dix orces de pâte Tome XIX, Part. I, 1782. FÉVRIER. N 98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour chaque pain de quatre livres , de quelque forme qu'on le fuppofe , &c quel que foitle caprice du particulier, à l'égard de la cuiffon, qui aura com- mandé ce pain. Nous devons aux Boulangers Ja juftice de dire ici qu'ils defirent qu'on les aftreigne à fournir au Peuple la quantité jufte de pain dont il paye le prix; qu'ils fe foumettent volontiers, dans le cas où le. pain expofé en vente, de la forme ordinaire, & annoncé toujours fur le pied du poids prefcrit , fe trouveroit cependant au deflous de ce même poids; ils offrent, dis-je, ou de fuppléer par d'autre pain à la quantité qui manqueroit ; ou de confentir à une diminution proportionnelle fur le prix du pain qui n'auroit pas le poids annoncé. En confidérant les chofes fous ce point de vue, on fent tout-d’un-coup que la balance eft dans la main du Peuple; que les Boulangers ont au- tant de furveillans & de furveillans continuels, qu’il y a de particuliers attentifs à leurs intérêts; & que les Boulangers ou rempliront toute juf- tice à cet égard, ou ne jouiront jamais de la tranquillité qu'ils def- rent. Tant que le Peuple fe repofe fur la vigilance du Magiftrat , fes plaintes font rares ; mais fon intérêt peut être léfé, parce que ce Macgiftrat, avec les intentions les plus pures, ne fauroit obvier aux imperfections de l'Art, & pourroit frapper fouvent un Boulanger de bonne foi, en croyant punir un homme infidèle. I] ne s’agit point ici d'un commerce comme celui de lOrfévrerie , où la Loi veille pour le Peuple, où une inf- pection rigide devient néceflaire , parce que le titre des matières, la valeur intrinsèque des chofes pafle les connoiflances du Peuple, & de-- mande qu'une autorité éclairée la fixe: ‘il eft queftion de l'aliment de première néceflité ; Le Peuple l’a fans cefle fous la main , & il en a le choix dans mille endroits : comme il fait l'apprécier à fa jufte valeur pour la qualité qu'il peut avoir, il lui eft également facile, s'il le veut, d’en cohnoïître le poids, de fe faire-rendre fur le champ la juftice qui lui eft due, en devenant en même temps & un fimple particulier qui achète du pain ( fi nous pouvons nous exprimer ainfi ), & l'homme d'une Loi jufte, qui fe trouve autorifé , intéreffé fur-rout à la faire exécuter fous fes, yeux, Alors il ne manque rien au Peuple dans ce qui concerne,le premier de fes alimens; il n’en ignore jamais le prix : il juge bien de fa qualité & ilen conf tate le poids. Nous terminerons ce rapport, non par une difcuffion en forme, mais par une réflexion fimple fur l'opinion de quelques perfonnes, qui, prés venues en faveur de l'ufage agtuel d: vendre le pain, penfent qu'il faut continuer d’aftreindre les Boulangers à le tenir ftriétement dans tout le poids prefcrit, & de les y obliger fous la peine d’une amende , quelqu'humi- liante qu'elle fuit pour eux, L SUR L'HIST. NATUREMLE ET LES ARTS. 99 Nous fommes perfuades que ces perfonnes n'ont que des vües droites & en demandant une exactitude fi rigoureufe dans le travail & une févérité fi marquée contre ceux qui s’en écartent; mais C'eft précifément parce qu'elles fe croient guidées dans leur opinion par l'efprit d'équité, qu'il ne s'agit que de bien entrer dans leurs vues, & de tirer de l'équité même les raifons folides qu’on peut leur oppofer. L'effence d'une Loi générale & des Réglemens particuliers qui en dé+ coulent , eft fans doute que tous ceux qui s’y trouvent aflujettis puiflent l'exécuter, & que la mauvaife foi feule cherche des prétextes pour l’en- freindre. Une Loi coaëtive, qui, malgré des apparences capables d’en impofer, eft en défaut fur ce point eflentiel, cette Loi , attaquable par elle même, ne fublifte qu'au milieu des abus ; & fi un homme , fidèle à fes devoirs , s’y foumer d’abord;'au hafard de blefler fes inrérêrs , il ne tardé pas à fentir que la Loi eft impraticable dans la rigueur avec laquelle on la Jui prefcrit ; il s’en écarte peu-à-peu, & finit par voir dans la Loi même Ja railon de s’y fouftraire, Ou il eft poñible à un Boulanger, pour revenir à notre objet, de faire une fournée de cinquante à foixante pains , foit de la forme ordinaire, foit plus longs qu'on ne les demande communément, qui aient été portés au degré de cuiflon néceflaire , & qui, au fortir du four, pèfent quatre livres juftes ; ou il lui eft impoñible de répondre de cette précifion pour chacun des pains qui feront fortis du même*four & dans le même inftant. Le Ré- glement de Police a@uel eft fondé fur la première de ces propofitions; & l'expérience , plus forte que la Loi, plus décifive qu'un Réglement, s'accorde avec la Leon. ù IL eft donc néceffaire que tout Réglement ait fa bafe daris l’éxpérience ; fans cette condition effentielle, il tombe bientôt par lui-même : ‘ou s'il fubfifte par voie d'autorité , il fournit fans cefle matière à de juftes réclama- tions. " Mais il naîtra des abus, dira-t on, de la liberté dont jouiront les Bou- langers d'avoir chez eux des pains foibles de deux ou trois onces fur quatre livres , à côté d'autres qui feront du poids prefcrir, Le Boulanger n’avertira point l’achereur de cette inégalité de poids; & celui-ci , de bonne foi, pren- dra le pain qui lui fera préfenté. Nous convenons qu'il le prend aujourd’hui avec cette confiance , & fouvenc à fon défavantage, parce qu'il fuppofe qu'on veille pour lui, & .qu'une plainte en forme de fa part auroit peut-être des fuites qui l'afflige- roient. | Au lieu que ce même acheteur, ne pouvant pas ignorer que, par un Réglement nouveau , il doir véiller lui-même à fes intérêts, s’en occupera certainement, ou les négligera, s’il le veut, fans avoir à fe plaindre du Bou- langer. Tome XIX, Part. I,1782. FÉVRIER. N2 100 : OBSERVATIONSISUR LA PHYSIQUE, Au refle , lesabus font prefque toujours à côté des meilleurs Réglemens. Le point le plus important d’une Loi , nous le répétons , c'eft qu’elle porte fur une bafe fixe, & qu'elle foit d'accord avec les faits qu’on lui donne pour appui : alors s'il naît des abus, comme il faut s’y attendre, on tâche de les corriger, mais en revenant toujours à cette Loi invariable, fondée fur l'expérience, & dont on ne peut , fous aucun prétexte plaufble , éluder l'exécution. : | C=——— a PQ — ee cu jo LE Mémoire qu’on vient de lire étoit fous la Prefle, lorfque le Comité de Boulangerie nous chargea de faire une troifième expérience fur le poids du pain au fortir du four, & fur l'inégalité à cet égard, qu'il ne nous avoit pas été poflible d'éviter dans les deux premières. Celle - ci devint d'autant plus digne d'attention , que plufieurs Magiftrats diftingués voulu- rent bien en être témoins ; que Les réfultats où elle conduifit acquièrent, par leur préfence, plus d'authenticité; & que cette expérience , s’accor- dant avec celles qui n’avoient pas été faires fous leurs yeux, imprima en quelque forte aux deux premières. route l'authenticité qu’elle avoit, Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons déjà dit, en rendant compte de la première expérience, fur la préparation du levain de pre- mière, de feconde & de tout-point ; ur la formation de la pâte & le bon FA qu’elle reçut avant qu’on la tournât pour en tirer Les pains de dif- éreffte pefanteur, que nous mimes au four: nous nous proposämes ; en gardent à peu-près le même ordre, de conftater de nouveau les faits que nous avions reconnus. S'il y eut quelque différence pour les réfultats entre cette troifième expérience & celles qui l'avoient précédée, nous-y trouvä- mes un avantage de plus, celui de varier nos obfervations & d’en être mieux inftruits. L Lorfque la pefée de la pâte eut été faite avec exactitude fur le pied de neuf livres pour les pains de huitlivres , de quatre livres dix onces pour ceux de quatre livres , de deux livres fix onces pour ceux de deux livres, & que ces différens pains eurent pris leur apprêt dansles panetons, onles mit au four, en obfervant l’ordre que nous avions déterminé ; & on garda le même ordre en les retirant du four, lorfque les Boulangers, qui étaient témoins de cette expérience, nous eurent afluré que ces pains étoient fufñ- famment cuits. On procéda fur le champ à la pefée de tous ces pains, fous les yeux des Magiftrats qui les avoient vu mettre au four, & que l'importance de Fobjet, leur zèle fur-tout, rendoient attentifs au réfultat de cette opéra- tion. Nous préfentons ici un état détaillé du poids de ces différens pains, comme nous l'avons fait en rendant compte des deux autres expériences , & nous y diftinguons également les endroits du four que ces pains occu- 12A9: Li LMD LP SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, tot poient, On voit, par ce tableau fidèle des produits de notre expérience, que l'inégalité de poids fur le pain a eu lieu dans tous les cantons du four ; que la perte fur le poids s’eft faite en raifon de la furface des pains, puifque les douze pains longs ont perdu, lun portant l'autre , cinq livres quatorze onces trois gros, tandis que les CA de du premier quar- tier, qui étoient de la forme ordinaire, n’ont perdu que deux livres fix gros, & que les dix -fept pains du fecond quartier, pareils à ceux du eg pour la forme, n'ont éprouvé en déchet que deux livres onze onces ix gros. On remarque que , par la même raifon, les pains plats pour la foupe font très-éloignés du poids de quatre livres où de deux livres , auquel on auroit pu s'attendre Re ne les eût pas applatis, afin qu'ils préfentaffent plus de furface , & que la perte fur le fecond de ces pains deftinés pour la foupe a été jufqu'à quinze onces quatre gros, C'eft-à-dire, à un quart ou environ du poids dose auroit dû être, en apparence, ce pain parti- culier. Les deux pains préparés pour être de huit livres chacun après leur cuif- fon, prouvent feuls la grande différence à l'égard du poids que produit fur le pain la forme qu’on lui a donnée, Le premier de ces deux pains qu'on avoit maintenu, en Le mettant au four, dans toute la rondeur que la molleffe de la pâte pouvoit permettre, pefoit un peu plus de huit livres , tandis que le fecond , qu'on avoit un peu alongé comme les pains de quatre livres de la forme ordinaire, pefoit quatre onces de moins que le premier. On peut remarquer encore que les cinq pains deftinés pour être de deux livres chacun au fortir du four , mais qu'on avoit un peu alongés avant que de les y mettre, étoient tous plus ou moins au - deflous de leur poids, & avoient perdu en total treize onces trois gros. Il en a été ainfi du pain en couronne , ou qu'on nomme braffele ; le déchet s’y eft trouvé de quatre onces fix gros, parce que ce pain étant très-ouvert dans fon milieu & mayant que peu d'épaifleur, préfente beaucoup de furface, donne même une ifluc facile aux vapeurs aqueufes par les gerçures qui fe forment aflez ordi- nairement à fa croûte, H convient enfin d’obferver que les cinquante-huit pains dépendans de cette expérience ne pèfent en total que deux cents onze livres onze onces trois gros, au lieu de deux cents vinot-fix livres qu'ils auroient dû pefer, s'il n’y avoit eu en déchet que l'excédent de pâte qui éroit relatif à cha- cun d'eux, & que la perte par conféquent fur la totalité ide ces pains a été de quatorze livres quatre onces cinq gros. Elle eft beaucoup plus con- fidérable , toute proportion gardée, que nous ne l'avons vu dans les deux premières expériences. Quoique la caufe de ce déchet extraordinaire ne paroifle pas aifée À faifir, cependant on peut en donner une explication aflez plaufble, d'après l'oblervarion que firent les Boulangers lorfqu'on to2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mit ces cinquante huit pains au four ; ils nous dirent que le four n’avoit pas tout-à-fait le degré de chaleur convenable, & qu'on en avoit ôté le feu un peu trop tôr. Ils examinèrent le pain à deux ou trois reprifes pen- dant qu'il cuifoit, & jugèrent qu'il falloit lé laiffer dans le four un peu plus long-temps qu'il n'y füt refté, fi la chaleur y eût été portée d'abord au degré qui convenoit. On fe régla fur leur avis, & peut-être ce féjour lus long du pain dans le four donna-t:il lieu à un peu plus d’évaporation, de déchet fur le pain, qu'il n’en füt réfulté de la chaleur du four portée d’abord à un plus haut degré , & capable alors de produire en moins de temps fur le pain l'effet jufte qu’elle devoit opérer. On pourroit préfumer encore , par une fuite de cetteobfervation, que le pain n'ayant pas été faifi dès le commencement par une chaleur aflez forte , fa furface eft reftée dans l’état de mollefle plus long-temps qu'il ne falloit, & que la croûte, formée un peu trop tard, n’a pu devenir jufqu'à un certain point un obf- tacle à l’évaporation qu'après la perte que Le pain a eu faite d’une grande partie de fon humidité. Si ces réflexions font fondées , Les déchets confidérables que nous avons éprouvés dans notre dernière expérience deviennent une inftruction ; ils avertiflent que fi l'égalité de poids dans le pain , au fortir d’un four bien conduit, n’a pas encore été obtenue , quelques précautions qu'on ait prifes pour y parvenir, il refte toujours, pour garantir le pain des déchets ex- traordinaires , une attention à donner au degré de la chaleur du fouravant que d'y mettre Le pain, un coup-d'œil à jeter fur le four dans ce moment décifif, dont un Boulanger prudent ne doit jamais fe difpenfer. La pâte, dont les pains de nos expériences furent compotfés , éoit celle qu'on nomine bâtarde, & qui n'a ni la légèreté de la pâte propre au pain mollet, ni la confiftance de celle qui eft connue fous le nom de pâte- ferme. On nous a objecté que nous n'aurions pas eu peut-être la même va- riation dans nos expériences , fi elles euflent été appliquées aux pains de pâte- ferme & réglées tant fur la forme que ceux-ci ont communément, que fur le poids de quatre & de huit livres qu'il eft d'ufage de leur donner. Nous convenons que moins a pâte a été battue avant que d'être mife dans le tour pour y recevoir fon apprêt, moins le£ pains qui en font tirés perdent au four de leur confiftance, de l'humidité qu'ils contiennent, & du poids par conféquent qu'ils avoient en état de pate. D'ailleurs, leur croûre qui eft plus folide que celle des pains demi-mollets, ne laifle qu'une iffue difficile aux vapeurs aqueufes ; par-là elle contribue à conferver dans la mie une certaine portion d'humidité , laquelle s'échappe au contraire d'une mie plus légère , criblée de toutes parts comme une éponge, & revêtue d'une croûte qui répond néceflairement à toute la légèreté de la mie qu'elle enveloppe. Aufli remarque-t-on que Le pain de pâre-ferme a plus de fraîcheur, eft plus favoureux le lendemain du jour où il a été 215 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 103 cuit , qu'un pain demi-mollet qu'on mange également vingt-quatre heures après qu'il eft forti du four. | Mais en même temps qu’on peut convenir que les pains de pâte-ferme font un peu moins expofés à éprouver dans le four une diminution fur leur poids que les pains de pâte légère , par la raifon que nous venons d'expofer , on doit reconnoître auf que l'inégalité du poids eft remar- quable dans une fournée de pains de pate-ferme , comme on l’obferve dans ceux qui ont été formés d’une pâte plus légère; qu'on faifit ous les jours chez les Boulangers plufeurs pains de pâte-ferme , comme inférieurs au poids fixé par la Loi, parmi un grand nombre d'autres de la même efpèce qu'on a trouvés en règle, & quelquefois fupérieurs au poids prefcrir ; qu’enfin le Réglement de Police n'établit aucune différence entre ces deux efpèces de pains, pour l'exactitude du poids fur le pied duquel ils font ex- pofés en vente; & qu'à l'exception des petits pains de fañtaifie dont on ne croit pas devoir s occuper , tous les autres, quelque préparation qu'ait reçu la pâte dont ils ont été formés , tous les pains, fur- tout de quatre, de fix & de huit livres, doivent avoir Le poids prefcrit. Ainfi lobjection qui nous a été faite tombe d'elle-même; & la réclama- tion des Boulangers fur la dificulté extrême, pour ne pas dire l'impofñi- bilité qu’ils éprouvent à tenir le pain en général dans l'égalité de poids qu'exige le Réglement, leur réclamation conftante à cet égard , mais toujours négligés, a trop de force dans ce moment-ci pour qu'elle ne ré- veille pas enfin l'attention fur une Loi contre laquelle l'expérience réclame elle-même , & réclame tout autrement que les Boulangers. Quoique la connoiffance du degré de chaleur qu'un four doit avoir pen- dant la cuiffon du pain paroifle plus propre à fatisfaire la curiolité qu'à conduire à un avantage réel, cependant nous chefchâmes à l’acquérir, mais fans être diftraits fur le fonds de notre expérience | & fur Les obfervations plus effentielles qui nous y intérefloient, Nous fîmes conftruire en conféquence un thermomètre à mercure, fui- vant Les principes de M. de Réaumur, & tel que cette expérience l’exi- geoit ; il était monté fur une lame de cuivre, qui portoit ‘des divifons gravées jufqu'au nombre de trois cents dix: deux efpèces d’anfes de fil de fer pafloient en-deflous de la lame de cuivre, y étoient écartées l’une de l'autre d'un demi-pied ou environ , & maintenues dans cette diftance ; elles fe réunifloienc enfuite au-deflus de cette lame à la hauteur de cinq à fix pouces, & y étoient attachées enfemble par un autre fil de fer: ces deux anfes qui , ainfi difpofées , laifloient entr’elles un pañlage libre au manche d'une pelle de four, donnoient la facilité par-là de tranfporter le thermo- mêtre fans aucun rifque , de le placér où l’on jugeoit à propos, & de Le retirer du four quand on vouloir. Lorfque les pains eurent été faifis par la chaleur & eurent acquis un peu 10: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de confiftance , nous mîmes le thermomètre fur les premiers de ces pains, & vers le milieu du four, donc aufli-tôt on ferma entrée : après qu'il y eut refté huit à dix minutes, nous le retirèmes, pour examiner, à la porte du four, le degré de chaleur que le mercure avoit éprouvé ; nous vimes qu'il éroit monté à 180 degrés : mais hous remarquâmes aufli que malgré notré promptitude tant à retirer le thermomètre du four qu’à jecter les yeux fur la graduation , le mercure étoit defcendu fort précipitamment de plu- fieurs degrés, & qu'on pouvoit eftimer à 185% ou environ Le point où le mercure étoit ftationnaire dans Le tube avant que nous euflions ouvert la porte du four & retiré le thermomètre : nous le remîmes fur le champ dans le four, dont on ferma l'entrée; le mercure monta bientôt au degré à-peu-près que nous avions d’abord remarqué, & nous parut s'y être main- tenu pendant tout le temps que nous Le laifsämes dans le four. IL fera poñible fans doute de donner à cette expérience, qui ,. je crois, n'a pas été faite jufqu'ici, plus de précifion que les circonftances ne nous ont permis d’en mettre ; mais elle fufht en général pour faire juger du degré de chaleur néceflaire à la cuiffon du pain, & pour guider ceux qui n’auroient pas la grande habitude des Boulangers. MÉMOIRE-PRATIQUE SUR RIRE AMICNUN EMA PREPARED HO TRETARPEE Par M. le Baron DE SERVIÈRES. D EPUIS la publication du Mémoire fur cetobjet, d j'ai donné dans ce Recueil ( 1 }, plufieurs Agronomes m'ont demandé des éclairciffemens que je m'empreffe de leur fournir. Rien n’eft plus à defirer que de voir cette culture généralement adoptée ; par elle on pourra bientôt fertilifer , du moins en partie, les fables d'Olonne , les landes de Bordeaux , & quel- ques cantons arides de la Sologne , de la Champagne & du Berry. Les Cul- tivateurs qui feront des effais en ce genre, ne manqueront pas fans doute d’en communiquer les réfultats. 8 Dettoutes les epèces d'ortie, on ne cultive que la grande pour le bétail : * nous la nommons ortie pie-grièche, & les Latins urtica urens. On peut cultiver la petite ortie à fleurs blanches. Pour mieux jouir d’une ample récolte de fleurs, on en prépare la terre au printemps dans un coin de jardin; & comme alors elle pouffe en touffes par - tout où elle vient naturellement, on La lève & on la tranfplante dans des rayons diftans d'un (1) Voyez le Journal de Phyfique, Juin 1781 , Tom. XVIII , pag. 465. c pied : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, xos. pied : on les place en quinconce , également à un pied. Les orties croiflent en touffes , qui fe chargent continuellement de fleurs : on les cucille tous les jours. Cette plantation périt peu-à-peu dès le folftice d'été. Si l’on juge à propos de laifler quelques plantes monter en graines, elles fourniront le plant pour l'année fuivante, fans fe donner aucun foin. Ces plantes ainfi rangées reffemblent beaucoup , de loin, aux fraifiers def jardins, La grande ortie eft vivace; on la. multiplie de plants enracinés, tout comme on fait de la lavande, de l’eftragon, de la mélifle , &c., &c. A cet effer, on prépare la terre dès l'automne , & l’on plante fur le champ les racines qu'on a rafraîchies ; le labour doitêtre aflez profond pour que les racines foient pofées droites. On les couvre jufqu'au collet, & pardeflus on sème un pouce de terreau ou de feuilles de forêt qui y pourriflent pen- dant l'hiver. On a foin qu’il y ait à chaque plant environ un pouce de la tige qu'on laifle à l'air libre. L'on a foin de feuler la terre le long des rangées de la plantation, afin d'empêcher leur échauffement; & quand il arrive, il eft néceflaire d’y faire un recouvrement au printemps fuivant. Lorfqu'on plante les orties , on peut commencer à les récolter dès l’année fuivante ; il eft vrai que la récolte en eff très-petite. Elle devient plus abon- dante la feconde année ; mais à la troifième, elle eft en plein rap- port. On sème auffi les orties ; la graine en eft mûre dès les premiers jours d'Aoùût, La préparation de la terre eft la même ; mais on sème la graine comme toutes les graines fines qu'on mêle avec fix parties de cendres ou de terre fine. Cette femaille fe Aie toujours en automne. Il eft inutile de recouvrir la graine: la charrue l'enterreroit trop, & la herfe ne feroit que la déplacer inutilement. On ne touche point l’année fuivante aux jeunes orties, & l'automne on les couvre de terreau léger, ou de fumier éga- lement léger , fé clair. Mais on a le plailir d'en jouir à la troifième an- née , & rien n’eft plus facile que de perpétuer cette jouiflance; car il fufic de laifler d’efpace à un autre quelques Rene monter en graines. Lorf- qu'elles font mûres, le vent les sème de côté & d'autre, & ces jeunes plantes fuffifent pour repeupler le champ. On a foin de changer tous les ans les places des plantes-mères, pour mieux régler la chûte de leurs fe- mences. . Cette cultureeft affez femblable à celle de la lugerne, qu’on multiplie éga- lement de graines & de plants enracinés. ortie fe plaît dans les bons terreins , & y vient à fix pieds de hauteur ; mais on lui Lftine ordinairement les plus mauvais, ceux où le farralin cefle de croître. C'eft avec elle qu'on tire parti des rochers pourris, des côtes pierreufes en pente, & de tous les terreins en général, dont on re peue rien faire. Lorfqu'on en garnir Les rochers , on y répand ordinairement Tome X1X, Part, 1, 1782, FÉVRIER, O 106 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deux ou trois pouces de terre, & on sème pardeflus. On évite que les pluies ne l'entraînent dans le bas, en les garniffant de brouflailles. Ces plantations étant entretenues par des plantes-mères, & de temps en temps par quelque terre, qui leur ferve d'appui & d'engrais, fonc éternelles , & ont le bonheur de rendre utiles les lieux les plus ingrats. Les orties croiflent très-bien dans les foffés, quoiqu'à l'ombre, pourvu qu'ils foient fecs : on en a plus d'un exemple. L'ortie vieille, & en graine, n’eftbonne que pour la litière ; le bétail la rejette par -rapport à fon odeur forte, à fes piquans , & fur-tout aux arai- gnées qui font leurs toiles fur fes grappes. On ne fauroit trop éviter d'en fervir en cet état. Pour donc en donner au bétail qui lui foit agréable , il faut la couper toutes les femaines : alors elle fera jeune , tendre & de bon gout. On ne la fert jamais feule ni eh verd ni en fec, parce qu'elle eft plante amère, & que par conféquent elle échauffe Les vaches. En la mélant au fourrage, il fuit d’un huitième fur la nourriture ordinaire. Les Suédois coupent l’ortie en très-petites longueurs, & ne fervent aucun fourrage fans qu’elle n'y foit mêlée. On fait avec l’ortie quatre récoltes par an, dont la plus forte eft toujours la première, On la fait fécher comme le foin, & on la fert mêlée avec le trèfle, le foin ou le regain & la paille. j En hiver, on fait bouillir de l’eau versie foir, & on la jette fur un baquet plein d'orties ; elles infufent toute la nuit, & le lendemain ma- tin, on fait déjeñnerles vaches avec ces plantes, & on leur en fait boire l'eau , que le bétail aime d'autant plus, qu'ordinairement on met dans ce “ liquide un peu de fel. Quand on fert du fon, des recoupes , de l'orge , de l'avoine & d'autres farineux aux vaches, il eft toujours bon d'y mêler un peugdorties hachées. Un des mérites de l’ortie eft de jaunir le beurre, Il eftlprouvé qu'à certe qualité, qui eft précieufe en hiver, cette plante joint celle de MALE beau- coup de crême, & d'entretenir en bon état le bétail, parce qu’elle eft à Ja fois antifeptique & altérante ; c’eft pourquoi on ne la fert jamais feule au bétail. Elle eft la première des plantes qui croiflent au printemps. Dans les endroits abrités & expofés au midi, l'ortiea déjà plufieurs pouces de hauteur ,tandis que les autres plantes n'ont pas encore végeté. Elles dorent le beurre du carême, & l’on préfume qu'elles font une des caufes de la bonté du beurre de la Prevalaie. + L’arpent royal d’orties bien cultivées, & dans un bon terrein, donne, en quatre récoltes, dix-huit chariots de fourrage fec ; ce qui peut régler le Pro- priétaire, en admettant la confommation au huitième. L'ortiene craint aucune gelée ni aucune intempérie; larécolte d’une ortière bien foignée ne manque jamais à caufe du froid ou de la chaleur, dé la féchèrefle ou de l'humidité, SUR L'HIST. NATÜRELLE ET LES ARTS. 107 On doit toujours & dans tous les temps interdire au bétail l'entrée des ortières, parce qu'il gâte les plantes en les foulant & entrépignant, & qu'il ne doit jamais manger feule cetce efpèce de fourrage. Les champs doivent être tenus foigneufement clos ; les clôtures font une des principales caules de leur profpérité. R Parmi les engrais qu'on peut leur donner, les mortiers des démolitions des vieux bâtimens font regardés comme un des meilleurs; & c’eft fort aifé à comprendre, puifqu'ils font très riches en alkali & en nitre. Une très-excellente nourriture fournie en automne au bétail, a été du farrafin en eur & en lait, mêlé à la proportion du tiers fur une moitié de regain & un fixième d'orties fraîches qu'on avoit afpergés d'eau un peu falée; lesyaches, pendant cette période , ont donné du lait auf abondam- ment, & le beurre a été aufli délicat & aufli doré qu'au printemps. Une obfervation générale en Suède, depuis plufieurs fiècles, eft que Les vaches qui mangent de l'ortie ne font plus fujettes aux épizooties, & qu’elle contribue à guérir celles que ce fléau a attaquées , étanradminiftrée de bonne heure : aufli la culture de cette plante y eft-elle généralement répan- due, Le Gouvernement s'y eft intéreflé , & les Miniftres du Roi n’ont pas dédaigné de s'en occuper eux-mêmes. On a imprimé à Paris, chez Lacombe, Libraire, un Ouvrage in-12, de la compoñtion de M. Baër , Suédois , intitulé : Recherches fur les Ma- Ladies épizootiques , dans lequel il y a un chapitre fur l'ortie , fes vertus & fa culture ; il eft bon à confulter. * Afin de compléter ce Mémoire , je tranfcriraice que m'écrivoit M. Grofley de Troyes , en date du 20 Juin 1781. , « Je viens de parcourir, dans l'Efprit des Journaux, un Traité fur la » culture de l'Ortie à l'ufage du bétail : je vous dirai, à ce fujet, que je >» connois un Pays où les bonnes ménagères chargent de cette plante les » cendres de leur leflive ; elle ieur donne une efpèce de favon, & au linge » ce, bel œil bleu que l'on cherche par le moyen de l'indiso, » D'autres gens s’en fervent pour donner aux prés des bornes auffi in- » variables que reconnoiffables. Un ou deux pieds d’ortie font ces bornes » que les racines des herbes qui les entourent empêchent de fe propager , » {ans s’oppofer à la difpofition que la Nature leur à donnée pour être s < Hier » vivaces à perpétuité ». Ne voulant rien laifler à defirer fur les divers ufages auxquels on peut em- ployer l'ortie, je joindrai ici un pañlage de l'Art de faire le Papier, par M. de la Lande (1). ; « IL,eft parlé, dans léWournal Æconomique du mois d'Avril 17$r, d’une » Manufature de fil d’ortie , qui s’établiffoic à Léipfick. La plante appelée © ————————— 2 ———— (1) 1760, in-fol., parag. 15 9: Tome XIX , Part. I ,1782. FÉVRIER. O 2 L.d ; 106$ OBSERVATIONS SUR LA PHVSIQUE, » urtica urens maxima, aflez commune en France, étant cueillie encore » verte, dans le temps néanmoins où fes tiges font à moitié flétries, on » la faifoit fécher, enfuite meurtrir, de manière à pouvoir tirer le bois » du milieu de l'écorce. Cette écorce eft une efpèce Féupe verte , qu'on » peut préparer comme du lin , qui fe file & qui donne un fil d’un brun » verdâtre , très-uni ,très-clair, & reflemblant à-peu-près à un fil de laine. » Ce fil érant bouilli, jette un fuc verdatre ; mais il devient enfuite plus » blanc, plus uni & plus ferme. Ces expériences, qui ont été faites en grand >» & avec fuccès pour parvenir à faire de la toile, réufliroient fans doute éga- » lement, s'il s’'agifloit de faire du papier ». BAROMÈTRE NOUVEAU, Inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, G de plufieurs Académies , décrit par lui-même ; avec la méthode pour mefurer - Les hauteurs des montagnes, & des Tables très-étendues pour calculer ces mefures avec la plus grande facilité. nm Sy R le baromètre en général. On doit l'invention du baromètre au fameux Torricelli, ami & {uccefleur du grand Galilée; mais depuis lui, nombre de Savans de prefque toutes les Nations de l'Europe, fe fonc occupés à perfectionner cet inftrument. En effet, le baromètre eft un des inftrumens qui réunifle Le plus difficilement toutes les qualités dont on a be- foin pour en tirer le meilleur parti poflible, M. de Luc, favant Genevois, femble avoir plus travaillé de nos jours fur cet objet qu'aucun de ceux qui l'ont précédé ; comme il paroït par fon grand Ouvrage fur les Mo- difications de l'atmofphère, qui eft généralement eftimé de toute l’Eu- rope. 2. Denominations différentes de cet inffrument. Les Savans & les Artiftes Anglois s'appliquent depuis long-temps à ce genre d'inftrument , dont les dénominations font devenues prefqu’aufli variées & aufli nembreufes que Les Artiftes qui y ont fait de nouvelles additions ou corrections. C'eft à leur imitation que j'ofe donner mon nom au baromètre dont je vais don- ner la defcription, parce qu'il femble réunir les avantages des meilleurs baromètres qu'on connoiffe actuellement , fans en avoir les défauts; & cette feule circonftance le rendroit fupérieur à tout autréétlors même qu'il n’au- zoit point les autres qualités qui lui doivent affurer la préférence. 3. Propriétés de ce baromètre nouveau. En premier lieu , ce baromètre a les propriétés du baromètre à fyphon de M. de Luc, mais fans que la DÉS SE LES me pe SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 109 moindre bulle d'air y puifle entrer dans le tuyau, quoiqu’on le renverfe ou qu'on le tourne dans tous Les fens, & cette circonftance le rend parfai- tement portable. 4 En fecond lieu, les variétés produites dans la hauteur de la colonne de mercure par la cohéfion & la répullion de fes deux extrémités aux différens points de la furface intérieure du tube, y font compenfées , parce qu'elles agiflent en fens oppofés les unes aux autres dans une étendue tout- à fait femblable des furfaces des deux tuyaux qui les renferment, & qui ont le même diamètre. ç- En troifième lieu , par la même raifon , la figure convexe de ces deux furfaces devient femblable , &\fait difparoître l'erreur qui peut.exifter lorf- w'une des furfaces eft beaucoup plus étendue que l’autre , ou , pour mieux de lorfque la furface du mercure dans le réfervoir eft plate a" de fa colonne dans le tuyau fupérieur convexe , comme il arrive toujOurs dans les baromètres ordinaires. 6. En quatrième lieu , ces deux furfaces, tout - à - fait femblables, font obfervées à découvert fans autre fecours que la vue; au lieu qu’il eft im- poflible d'obtenir cet avantage, ni celui du numéro précédent , dans les baromètres des meilleurs Artiftes , ou dans ceux dont la furface du mercure forme , dans le réfervoir, une des extrémités de la colonne de mercure, lors même qu'elle y eft obfervée, par le moyen d'une pièce flottante d'ivoire ou d'une autre matière. 7. En cinquième lieu, par la facilité qu’on a d’obferver à découvert les deux extrémités de la colonne de mercure , il n’y a pas à craindre aucune méprife de la part de l’Artifte fur la détermination du zéro, ou extrémité inférieure de la colenne de mercure; car outre que le poids de la pièce flottante peut diminuer avec le cemps , depuis que les divifions & diftances de la mefure des hauteurs ont été déterminées, on ne connoît jamais bien exactement l'effet du frottement que la tige de cette pièce foufire dans les côtés de fon châffis, pour obéir à la réfiftance que fa bafe rencontre dans la furface du réfervoir. 8. On verra quelques autres avantages de ce nouveau baromètre dans lesn®. 13, 14,15 ,16,148, &c., dont je ne parlerai point à préfent, parce qu’il fera plus naturel d’en faire mention lorfque j'en décrirai la conf: truction, Voyez ce que je dis au n°. 204 fur la reflemblance de mon baro- mètre avec ceux faits par M. Ramfden, Artifte aflez connu de Londres , mais qu'il eft très-facile de ne pas confondre. 9. Forme de laboîte. La fig. 1 , pl. I, repréfente le baromètre renfermé dans fa boite EF, de Mahogany , par le moyen de trois anneaux de mé- tal G BH, dont le plus grand G peut paffer pardeflus les deux BH, & celui du milieu B pardeflus le plas petit H. Chaque annéau a les deux rebords un peu élevés au-deflus de fon plan, & ils font guillochés , pour 110 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, être mieux faifis par la main, en les ôtant ou en les mettant à leur place. - 10. Cette boîte E F a La forme d’un cylindre creux, fendu en trois bran- ches depuis A A'jufqu'à F, qui font excavées en dedans pour recevoir le corps du baromètre, & garnies avec des bouts de fer à l'extrémité F. Ces trois jextrémités forment enfemble une pointe ronde fort obtule; mais lorfqu'elles font féparées, leurs pointes deviennent aflez tranchantes pour tenir folidement fur le terrein, ou même fur le plancher où elles appuient. (Voyez fig. 2, pl. I. 11. Manière de fufpendre l'inftrument. C’eft fur la boîte D D que le baromètre doit être fufpendu (n°. 14, 15), 82 fon propre poids l'y rend perpendiculaire à l'horizon, fans avoir befoin d’être ajufté par l’a- plomb Pet de Luc emploie pour fon baromètre. IL eft vrai que s’il furvient quelque vent aflez fenfible lorfqu'on obferve à découvert, il caufe des’ vibrations qui rendent l’obfervation difficile. Pour obvier à cet inconvénient, j'avois fait ajouter au-dedans de chaque jambe du fufpen- foir une tringle de bois, qui y tenoit par une charnière, & qui fe plioit au-dedans lorfque les jambes étoient fermées, comme dans la figure 7. Lorfqu’on ouvroit le fufpenfoir, on faifoit tomber les trois tringles fur le réfervoir NC, figure 2, du baromètre , & elles l'y arrétoient folide- ment. 12. Méthode pour fixer folidement l'inffrument. J'ai fupprimé cependant ce mécanifme dans la fuite, parce que j'ai trouvé qu'on pouvoit obtenir plus aifément toute la folidité requife , en attachant deux bouts de ficelle aux deux jambes du fufpenfoir : on fait un doublé ou triple tour avec les deux ficelles enfemble autour de la boîte ou réfervoir du baromètre, mais fans lé déranger de fa pofition verticale, & on les lie fimplement à la troi- fième jambe du même fufpenfoir. 13. Dans ces baromètres , chaque branche tient à la couronne ou partie fupérieure D D par une charnière, comme les fig. 1.& 2 le repréfen- tent; en forte qu'on peut les ouvrir autant qu'on veut, fans forcer ni gâter les gonds comme ibdoit arriver dans un cas pareil, lorfque leur conftruction eft comme celle qu'on voit repréfentée au n°. 33 des Tran/aët, philof. de Londres, 67° vol. , p. 658. 14. MM. Nairne & Blunt eurent recours à la nouvelle conftruction que je décris pour remplir l'objet que je leur avois recommandé; c'éroit de trouver la fufpenfion du baromètre au moyen d’une plaque qu'on fut à même de tourner du côté du jour le. plus avantageux, afin d’obferver avec précifion & fans gène les deux extrémités de la colonne de mercure, comme on le verra bientôt. En effet, il y a au - dedans de la couronne fupérieure une plaque ronde D D, qui eft mobile dans le fens horizontal , & qui porte l'axe du cercle où font Les deux entailles triangulaires, où SURUAHISTANATURELLE ET LES ARTS. xx le baromètre eft fufpendu, Voici comment il faut monter cet inftru- ment. 15. Manière de monter le baromètre dans fon trépied. Prenez le baromètre comme il eft dans fa boîte, fig. 1, & mettez-le fur uné table ou fur un autre plan horizontal, ayant les deux petits cercles noirs D ( même fig.) tournés en haut, Otez les trois anneaux G B H; levez ou pliez en-haur les deux branches ou plutôt les jambes fupérieures ; tirez le baromètre du dedans, & établiflez la boîte à trois jambes dans l'endroit où vous vou- lez obferver , comme on le voit fig. 2: enfuite Ôtez la calotte ZZ, qui eft de métal, & fert à boucher les boîtes. ( Voyez n°. 2 & 149 ). 16. Précaution néceffaire. IL'eft fort à propos d'examiner, avant de monter le baromètre dans fon trépied, fi par hafard il s’eft introduit quelque bulle d'air dans fon tuydu : fi cela étoit, l'obfervation feroit vicieule , comme je le remarquerai ci-après, n°. 21. Pour cet effer, j'ai fait pratiquer un gros trou K au fommet du baromètre, qu'on voit tout près de l'an- neau fupérieur , afin que Le bout du tuyau paroiffe tout à découvert, & qu'on puifle l'examiner fans la moindre difficulté. 17. Faites donc pafler la tige ou la partie étroite K du baromètre, Jig. 2 , par l'anneau mobile DD, & faites pofer les deux bouts de fon peus ellieu fur les deux entailles angulaires au - dedans de cet anneau mo- ile, qui par conféquent fournit une fufpenfon tout-à-fait libre, comme celle des boufloles de mer : de façon que le poids du réfervoir & du mer- cure qu’il contient mette toujours la tige du baromètre dans le fens per- pendiculaire à horizon ( n°. 11). j 18, Tournez horizontalement l'anneau mobile D D autant qu’il le faut pour que Le tube du baromètre foit entre vous & la lumiète du jour; en- fuite déviflez peu-à-peu la tige quarrée de là vis € , qui eft à double pas, en la tournant de la droite à la gauche par le moyen d'une clef qui fe trouve dans la boîte du même inftrument, couverte par un morceau de cuir. C’eft au bout de cette vis que fe trouve une plaque très-mobile , fur laquelle eft foutenu le fac de cuir qui forme le fond x réfervoir où eft le mercure, On verra le mécanifme de ce réfervoir au n°. 152, dans le Cahier d'Avril. 19. Du bouchon du réfervoir. Lorfque cette vis C, fig. 2 & 3, ne peut plus tourner de la droite à la gauche fans la forcer, tournez alors la ron- delle EE , fig. 2 &3, de la gauche à la droite , & le mercure defcendra dans le petit tube B. Prenez aufi-tôt la clef qui fe trouve dans la même boîte; mettez-la dans la cheville N, & faites-lui faire un ou deux tours de la gauche à la droite pour laiffer entrer de l'air extérieur dans le petit tuyau B, cette cheville d'ivoire ayant un petit trou dans le milieu, par lequel fe faic la communication de l'air extérieur dans Le réfervoir aufli- tôt qu'elle fait un tour ou deux de la droite à la gauche. 20. Cette rondelle EE, fig. 2 & 3, eft une pièce nouvelle inventée \ 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par M. Blunt, dont l’objet eft de pouvoir rétrécir plus ou moins la capacité du réfervoir , felon qu'on y veut faire entrer plus ou moins de mercure, à caufe des différentes élévations où l’on auroit des obfervations à faire avec le baromètre. 21. Cette circonftance eft plus importante qu'on ne le penfe ; car fi La vis € eft trop longue, & qu'on la dévifle en forte que la furface du mer- cure dans le réfervoir foit au-deffous du bout inférieur du tuyau, l'air extérieur entrera'dedans, & l’on ne pourra pas employer le même baro- mètre fans faire bouillir de nouveau le mercure dans fon tuyau , pour le repurger de tout l'air: autrement, ilne montreroit point la vraie hauteur du mercure, qui correfpondroit à la preflion de l’atmofphère, parce que la grande élafticité de l'air, les expanfons & contractions très-confidé- rables qu'il reçoit par la chaleur & par le froid , ne cefleroient de rendre douteufes les hauteurs de la colonne de mercure dansle baromètre. 22. Des foins à apporter pour faire rebouillir le mercure. L'opération de faire bouillir le mercure, comme il convient, dans le tuyau de verre qui fait partie effentielle de cet inftrument , demande beaucoup de foins & de patience. ( Voyez les n°°. 163 & fuiv. ). Outre cela, on court rifque de faire caffer le tuyau par l'action du feu, toutes les fois qu'il n'eft pas échauffé par degrés & fort lentement; ce qui n’eft guère praticable fur une mon- tagne, fans beaucoup de précaution & de peine. Aïnfi, l'on ne doit point oublier tout ce qui peut contribuer à prévenir de pareils accidens, 23. La capacité intérieure qu'il faut ménager convenablement dans celle du réfervoir des bons baromètres portatifs , peut aller quelque- fois au- delà d’un demi - pouce en hauteur ; car il eft néceflaire que fon tuyau ait un diamètre raifonnablement grand , c'eft- à-dire, il faut qu'il ait environ deux dixièmes ou même un quart de pouce , pour éviter les frottemens du mercure contre la furface intérieure du tuyau. Outre cette circonftance , il faut que ce tuyau foit aflez long , pour qu'il y refte un efpace vuide de quelques pouces, lorfqu'on obferve dans des lieux fort bas, comme dans des vallées profondes ou dans des mines, &c. 24 Or, on conçoit bien qu’en faifant cerraines obfervations fur de hautes montagnes , il eft des circonftances où le tuyau doit refter vuide au-delà de 20 pouces (n°. ÿ2)3 & par conféquent, fi le réfervoir n’eft ue d'environ un pouce & demi de diamètre , il eft clair qu'on aura befoin 4 ménager un efpace vuide dans le réfervoir au-delà d'un demi - pouce de hauteur; car la hauteur des cylindres égaux étant en raifon inverfe des 2 ÿ ? 20X ,25 20X, 0625 1,25 quarrés de leurs bafes, on voit que —— = = 2,25 2,25 c'eft-à-dire , le quarré de la bafe 1, $ eff au quarré de 25, comme la hau- teur 20eftà ç5. 4 25. Mais SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 113 25. Mais ce trop grand vuide dans le réfervoir ne doit étre employé qu'à mefure qu'on en a befoin , felon les circonftances du lieu où l'on fait J'obfervation , comme je l'ai déjà fait remarquer au n°. 20 : fans cette récaution , l'inftrument peut fe déranger & faire manquer l'opération. M, lunt difpofa denc la pièce E E, ffg, 3, en forme d’écrou ; alle long pour el Sn tourner fans fortir de fa place, En le tournant de fa main droite à à gauche, on fait monter une grofle vis, au - dedans de laquelle pañle la vis à double pas, qu’on fait inde par la clef C, fig. 2& 3, en la tournant dans le même fens. Cependant ; fi le diamècre du réfervoir de ces baromètres eft au-delà de deux pouces , il n’y a pas lieu de craindre V’accidenc dont je viens de parler, même dans les plus hautes montagnes ; & par conféquent la feule vis C étant affez longue, peut fuffire à ces baro= mètres, 26. Manière d'obfèrver le zero dans la colonne de mércure. Auffi - tôt que le mercure defcend dans le petit tuyau B, fg. 3, on abandonne la ron- delle EE ; & reprenant la clef C, on la tourne d'un côté ou de l’autre, jufqu'à ce que la partie convexe du mercure, qui eft au-dedans du petit tuyau B, foit en contact avec la feétion fupérieure de l'anneau de métal ui le couvre. Il ne faut pas oublier de placer Le baromètre au grand jour (n°. 18), afin de pouvoir bien diftinguer la furface du mercure, qui doit être convexe. IL eft aufli fort à-propos de donner quelques petits coups - avec le doigt fur la boîte N, fig. 2, du réfervoir , pour aider le mereure à furmonter la cohéfien qu'il a avec l'intérieur du tube, afin d'obéir plus librement à la vraie preflion de l'atmofphère, 27. Pour bien faire cette obfervation, il faut toujours placer l'œil en forte que les deux furfaces antérieures & poftérieures de cet anneau, pa- roiffent ne faire qu'une feule ligne, afin d'éviter toute parallaxe; & il faut auñi que, dans le même temps, la furface convexe du mercure qui eft dedans, paroifle la toucher comme un arc de cercle touche fa rangent2. Cette circonftance eft repréfentée par la fig. 4 : A A eft la furface fupé- rieure de l'anneau de métal, vue en forte qu’elle paroït former une feule ligne avec l'autre furface poftérieure; & N ON repréfente la furface convexe du mercure au-dedans de ce tuyau, qui touche en C la ligne À A, Cette ligne eft le zéro de l'échelle qui mefure la colonne de mercure, 28. Comme il eft fort génant de faire cette obfervation du zéro de la colonne de mercure, en mettant la tête fi bas que l'œil de l'Obfervateur foit daus la même ligne horizontale avec le petit tuyau B, fig 2 & 3, A:ra fort aifé d'y mettre à côté un petit miroir incliné d'environ 45 degrés, ou même plus, pour qu'on puifle voir les deux furfaces À A , dont je viens de parler , en regardant d'en-haut, c'eft-à-dire , en mettant l'œil en G »Îig. % LA Tome XIX, Part. 1, 1982. FÉVRIER, P ’ 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour voir la partie convexe du mercure au-dedans du petit tuyau B,, felon la ligne GB. N. B. Au défaut de miroir, on peut y fuppléer par un petit prifme de verre: ce qui fera plus durable & moins difficile à exécuter. 29. Après s'être afluré pendant quelques minutes que la furface du mer- cure eft exactement en contact avec la ligne apparente A A , on mefurera a hauteur de la furface fupérieure F, #g. 2, du baromètre. Pour cela , on prend la clef C, on la met dans la tige quarrée A, & on fait mouvoir par ce moyen l'anneau fupérieur qui embraffe le tuyau en F. Cet anneau {x rouve parderrière la pièce du nomius, repréfenté feul dans la fig. 5: e 30. Manière d'obferver la hauteur de la colonne de mercure. On doit aps pliquer l'œil , comme je l'ai dir'ci-deflus (n°. 27 ),en regardant à travers le tuyau contre le jour ; car la planche ou châflis du baromètre a dans le milieu une fente parderrière, qui eft auffi longue que leséchelles de métal. On placera l'œil en forte que la furface fupérieure du mercure paroiffe toucher la ligne qui eft formée par la furface antérieure & poftérieure de l'anneau du nonius, où le tuyau eft renfermé de la même manière qu'une tangente touche un cercle, comme je l'ai dit ci-deffus(n°.27) , en parlant de la furface inférieure. 31. Sur les échelles des pouces anglois 6 françois. L'anneau fupérieur F, fig. 2 , dontje viens de parler, eft couvert par la pièce à couliffe qui porte - les deux nonius, un de chaque. côté, Celui qui eft à droite glifle fur une échelle de pouces françois, dont chacun eft divifé en douze lignes, & chaque ligne eft divifée par le nonius en dix parties ; en forte qu'on peut connoître, par le moyen de ce nonius , quelle eft La hauteur de la colonne de mercure jufqu’à la 120° partie ( 10 x 12—120 ) du pouce françois. … 32. L'échelle qui eft de l’autre côté , à la gauche de l’Obfervateur, eft divifée en pouces anglois : chaque pouce eft divifé en 20° de pouce; & le nonius fubdivife chaque 20° en 25 parties; ce qui fait voir la hauteur de la colonne de mercure jufqu’à la $00° partie du pouce anglois(20 X 2$ — 500 ). Mais le nonius étant numéroté à double, pour la commodité . du calcul, c'eft-à-dire , les premières cinq divifions étant marquées 50, alors chaque divifion eft comptée par deux millièmes de pouce; ce qui 2 revient au même: car chaque = eft la même chofe que —+- de pouce. 500 1000 33: Pofition du nonius. Lorfque la ligne € C du nonius, fig. $, coïncide avec celle de l'anneau qui eft parderrière , alors les hauteurs fenfibles de la colonne de mercure font montrées exactement par le nonius fur chacune des deux échelles , c’eft-à-dire, en pouces, & leurs parties refpeétives en pieds frähçois ou pieds anglois. Ce féra cependant fur cette dernière mefure : \ } SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 115 que je donnerai les règles pour calculer les hauteurs des montagnes ou d'au- tres endroits quelconques , d'après celles du baromètre. 34. En adoptant la mefure du pied anglois par préférence au pied fran- çois, je rends jultice aux travaux confidérables que plufieurs Savans d'An- gleterre ont entrepris fur cet objet pour découvrir la vraie loi qu'on peut fuivre avec certitude dans ce genre d’obfervation, afin de déterminer “les hauteurs refpeétives de différens endroits par celles du baromètre, D'ail- leurs, la fubdivifion du pouce françois en 12 lignes, eft bien moins com- mode pour le calcul que celle de la divifion décimale du pouce anglois. 35. I feroit bien à fouhaiter qu’on adoptät par-tout les divifions déci- males; c'eft-à-dire, qu'on fubdivisät en parties décimales routes fortes de mefures, pour lesgrandeurs étendues & numéraires tant géométriques que civiles. Ceci facilireroic infiniment le calcul des mêmes mefures, & leur réduction à celles des autres Pays. Il eft à propos de remarquer ici que Varithmétique des Arabes, dont le fyftème eft purement décimal , ft adoptée chez prefque toutes les Nations policées , fans qu'aucune fe foit avifée de s’y conformer pour la fubdivifion de fes mefures particulières tant linéaires que cubiques : c’eft ce qui nous prouve que les Nations en général font fort inconféquentes , lors même qu'il s'agit de leur propre in- térêt. 36. Quoique je me propofe de ne eue dans ce Traité que des pouces anglois , & que les lignes & pouces rançois qui leur correfpondent foient également indiqués fur la même échelle de ces baromètres, par la feule pièce de porte les deux nonius (n°. 31), je donnerai cependant ici la méthode générale pour Les réduire les uns par les autres avec peu de dif- ficultés , par Le moyen des sables décimales fuivantes. Ces tables font formées fur la-proportion établie d’après l'examen fcrupuleux que feu M. Bird fic des deux mefures, en comparant le pied de l’étalon francois , fixé par ordre du Roi de Franceen 1766( Aftronomie de M. dela Lande, n°.2637), avec le vrai pied anglois , dont le même Artifte avoit rétabli, ou pour mieux dire refait l'étalon original qui fe trouve dans l’échiquier à Londres. La vraie proportion entre les deux pieds fut trouvée comme le nombre 106,575 elt à 100,000; de façon que 100,000 pieds françois font égaux précifément à 106,575 pieds anglois, Tome XIX , Part. I, 1782. FÉVRIER. pe 116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Tables décimales pour réduire les mefures angloifes en mefures françoifes. 38 able 2444" = Table 2°B, QUE DRE re 37. É Dixièmes du pouce | Lignes du pouce Poucés anglois. Pouces françois. anglois. françois. 1 , 938306 NE 1,125967 2 1,876612 ae 2291934 3 2,814918 53 35 377901 4 3, 753224 4 2AOSESE s 4: 691530 5 5629835 6 5 , (29836 >6 6,755802 7 6, 568142 »7 7: 881769 8 7 > 506448 8 9,007736 |. 9 8,444754 2 RUSSTRE Tables décimales pour réduire les mefures francoifes en mefures angloifes. Table 3° C, Table 4° D. 39 ART Pouces françois. Pouces anglois. Lignes françoifes. RES pre CE , pouce an2lois. 1 1,06575 I , 0888125 2 213150 2 5 1776250 3 35 1972$ 3 » 2664375 4 4, 26300 4 > 3552500 5 5» 32875 ÿ ; 4440625 6 6,39450 6 , 5328750 7 7: 46025 7 » 6216875 8 8, 52600 8 ; 710$000 9 9 59175 9 5 7993125 EE en SSSR RSS 4T. Ces tables euvent fervir également pour réduire les autres me- fures angloifes & françoifes, & ces dernières en mefures angloifes, foic i À SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 117 en pieds ou en toifes , comme ‘on va le voir dans les exemples fuivanns, En voici la méthode (1). 42. Règle pour employer ces tables. Lorfqu'on veut réduire les pouces anglois en pouces françois, ou ces derniers en pouces anglois, il faut: 1°. Ecrire chaque chiffre féparément, felon fon rang, dans des lignes diffé- rentes l’une au-deflous de l’autre. 2°. Il faut prendre dans la table 1°" le nombre correfpondant à celui de - chaque ligne , ayant foin d'avancer la virgule des décimales d'autant de places à droite & à gauche qu'il y en a avant ou après Les unités de cha- que ligne du nombre propofé, & la fomme donnera le nombre de pouces cre le] françois. 43. Premier exemple. Veut-on favoir la valeur de 20,756 pouces anglois réduits en pouces françois ou même en lignes françoifes ? Dans le premier cas, il faut employer la table A; & dans le fecond cas, on emploie la table B. ‘En voici l'opération, felon la règle ci-deffus. Pouces anglois, Parfa Table 1°"°, Par la Table 1°, 20; 000 Ait". 111857700120 NP 0220, r9 34 OPQCOER TS MEN LPO AA TN LE. ie 1015-2570 TOO MENAEER Di AONDOT Eee 7, 8817 S'OSOIN: MIT 504097 im (4 > S629 POCC MU SL SODFCZ ATEN re NS > 067$ 11,2331 12,222 29,756 pouc. angl. == 27,92021 pouc. franç. = 335,0425 lig. fr. 44. N. B. 1°. On peut réduiré également les pieds anglois en pieds fran- çois par la même table première ; & fi l’on emploie la feconde table, on aura le nombre de pouces françois qui lux correfpondent. Par exemple, 29,756 pieds anglois font 27,920 pieds françois, ou 335,042 pouces françois. 45. 2°. La même première table fert aufli pour réduire les toifes an- gloifes (fathoms }en toifes françoifes ; par exemple , 29,765 toifes angloifes font 279,2022 toifes françoifes. Ce nombre , multiplié par 6 , fait ‘167,52126 pieds françois ; la fraction 52,126, multipliée par 12, fair 625,512 pouces françois; & la fraction, 25,512, multipliée par 12 , fait ——————————— (1) 11 feroit fort utile que quelque Curieux prit la peine de calculer des cables déci- males comme celles-ci, pour toutes fortes de mefures, poid: , &c., des difiérens Pays ; car elles rendent route forte de réduétion extrêmement aifée & en même temps mes- exatte, ; 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 306,144 lignes françoifes. Ainli l'on trouve que 29 756 toifes angloifes ne font que 27 toifes françoifes, & 92,022 dixièmes ; ou plus exacte- ment 167 pieds françois 6 pouces 3 lignes, & la petite fradtion de G1 mil- lièmes de ligne. 46. Deuxième exemple. Pour réduire les mefures françoifes en mefures anoloifes , on emploiera les 3° & 4° table par la même méthode décrite dans le premier exemple. Suppofons qu'on a27 pouces 11 lignes, & 042 décimales de ligne qu'on veut réduire en pouces d'Angleterre : £) RP RE SD TE SE TO ro "9 2 Par la 3° Table, 7009 nr een s) N7»4002 105.000 note be Les lue , 39381 Opération. ma s 0888 { M EAN 0 à Par la 4° Table, COL Lo EN ENCIMOCATLOE EC EEE SEE 50035 OO Les Ie NE tr trente ne » 0002 I, 221 RE — 29,7558 pouc. angl. N.B. 1°. Si au lieu de 27 pouces 11 lignes on avoit fimplement 27,9202 ouces françois à réduire en pouces anglois, il faudroit employer la 3° ta- le, & le réfultatferoit aufh égal. 20; 6000 !: a Mere aie ar 8 TO 1700000 INR eli ee" teen ANEE 4602 Opération. 39000: ele 1, +11 + 39592* SParla 3° Table. Porte et EE à: >0213 50002: pis + (ete > 0002 \ ee 1,110 27,9202pouc. franc. font + + . 29,7550 pouc.angl. 48. 2°.Si l'on avoit 2792 pieds françois ou 27 pieds 11 pouces , on em- ploieroit également les 3° & 4° tables ; on auroit encore mieux la 3° table toute feule , qui donneroit 29 pieds & la fraction 7556, laquelle, multipliée par 12, donneroit 9067, c'efl-à-dire, 9 pouces & 67 millièmes de pouce anglois. mm metre * On verra dans le n°, 114 pourquoi l’onaptis 9592 au lieu de 9591 , qui eft le nombre de la 3° table, 4, A Lei * em ’ : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 49: 3°. Si l’on avoit des toifes françoifes à réduire en toifes ( fathoms ) angloifes qui leur correfpondent, la fraction 7556, multipliée par 6, donneroit 455,336 pieds de plus. Cette dernière fraction 5336, mulripliée par 12; donneroît 6403 ; c'elt - à - dire, 6 pouces 4 dixièmes & 3 mil- lièmes de pouce. Ainf, letotal feroit 29 fathoms4 pieds 6 pouces & 403 millièmes 2 pouce anglois, ‘ $0. Sur la longueur de l'échelle du baromètre. L'échelle des baromètres de cette efpèce qu'on emploie ordinairement dans des obfervations fur les montagnes, n’a qu'environ 12 pouces anglois ;c'eft-à dire, les colonnes du mercure qu’on y:peut obferver font depuis 19 jufqu'à 31 pouces & un quart ice qui doit fuffire pour les obfervations ordinaires : car la hauteur du baromètre au niveau de la mer n'eft que de 30,04 pouces, hauteur moyenne qu'on a déduite de 132 obfervations faites fur le bord de la mer en Italie & en Angleterre ( Voyezles Tranfaët. philof. 67 vol., n°. 39, ag. 586). j F Ain , la-colonne de mercure de 31,25 correfpond à une profon- deur de 171 toifes angloifes ( fathoms) & demie, où 1029 pieds d’An- gleterre au-deffous du niveau de la mer; & celle de 19 pouces “pus à une hauteur de 1989,46 toifes angloïfes, ou 1193,76 pieds au -deflus du même niveau, lorfque la température moyenne de l'atmofphère fe trouve à 31,24° de Fahrénheit (n°. 103). Le mont Ætna , felon la mefure de M. de Sauflure, n'a que 10954 pieds ( Tranfaët. philof. 67° vol.p. 595); &par conféquent le baromètre n’y doit defcendre , en fuppofant roujours la même température , que feulement jufqu’à 19,73 pouces. 52. Mais on trouve en Europe le mont Roza, entre les Alpes, dont la hauteur , prife géométriquement par le fameux P. Beccaria de Turin , eft de 2514 toifes angloifes ( Tranfaët. philof. 67° vol. ) ; le baromètre doit y defcendre à 16,8:9 pouces ; & le mont Blanc, entre les Glaciers de la Suiffe, dont la hauteur, prife de même, eft de 2610,3 toiles an- gloifes. Ainf, le barômètre doit fe trouver à ces hauteurs à 16,47 pouces anglois. Cette dernière montagne eft réputée la:plus haute de celles de l'Europe, de l'Afrique & de l’Afe.: Cependant, felon M. de la.Lande (n°. 269$ de fon Aftronomie ) , la montagne nommée Chimboraco dans le Pérou, a 3217 toiles françoifes en hauteur, ce qui fait 3428 toiles & demie angloifes. Si cette mefure eft au-deffus du niveau de la mer, & bien exactement prife (Tranfat. philaf. 68° vol. n°. 32, pag. 686), le mercure dans le baromètre doit avoir defcendu jufqu’à 13,644 pouces anglois daus une température de 3 1,24 de Fahreñheit ; comme .on'peut le calculer par la règle du n°. 107. 1462 s3- Mécanifme pour pouvoir employer des échelles plus longues. Ce fat d'après ces confidérations que je pris La réfolution de faire mettre à quel- ues-uns des baromètres deftinés pour la Cour d'Efpagne, qui peut- être feront envoyés dans l'Amérique Efpagnole , des échelles qui puflent 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mefurer les plus grandes hauteurs, en leur donnant la longueur depuis 13 jufqu'à 32 pouces. FC $4 Pour avoir la première échelle, c'eft-3-dire, celle de 13 pouces anglois, on fera obligé de fe trouver élevé au-deflus du niveau de la mer de 3637,57 toiles (fathoms ) angloifes; & pour la feconde , c’eft-à-dire 32 pouces dans, le baromètre , il faudra defcendre à une profondeur de 1647 pieds anglois , [orfque l’atmofphère fe trouve au 31,24 degré de Fabrenheit, ou de 1770 pieds, lorfque la température moyenne de l'air eft celle de 62 degrés du même thermomètre. ( Voyez le n°. 129). Ces deux extrémités font fi éloignées de la pofition ordinaire relativement à la furface du globe, que peut-être on n'y fera jamais aucune des obfervations de ce genre. 55. J'ai trouvé néanmoins deux difficultés pour faire exécuter ces inftru- mens avec des échelles aufli longues : l’une confiftoit dans la longueur de la règle dentelée qui porte le nonius F, fig. 2 , avéc l'anneau au-dedans, & qui pour lors ne pourroit pas defcendre aufli bas. L'autre difficulté étoit l'impoffbilité d’obferver la coïncidence du nonius avec les divifions de l'échelle , lorfqu'il fe trouveroit en-dedans de la tête D D du fufpen- loir , fig. 2. 56: Pour furmonter cette dernière difficulté ; j'ai fait mettre un fecond eflieu près de G, fig. 2 , pour l'y fufpendre lorfque cette partie de l'échelle doit refter à découvert ; & pour obvier à la première difficulté, j'ai fait mettre Le pignon A fur la partie fupérieure de la are du nonius, & la règle dentelée où il doit agir a été rivée au-dedans de la même planche de Féchelle : de façon qu'en tournant avec la clef A la tige quarrée de ce pignon du nonius , la pièce du nonius parcourt toute la longueur de l'é- chelle, Ait S7- Sur la température du mercure du baromètre. Avant de faire l’obfer- vation du baromètre fur une montagne ou dans quelqu'autre endroit , il faut roujours laiffer repofer l’inftrument quelque temps; par exemple, une heure ou trois quarts-d’heure, après l'avoir préparé comme il eft dit au n°. 26 , parce qu'il faut connoître quel eft le degré d’expanfion où fe trouve le mercure; ce qui dépend du degré de chaleur ou de froid actuel de l'at- mofphère: fans cette précaution, on ne pourra jamais rien décider de bien avéré par ces obfervations ; car la même prellion fe montre roujours par une colonne plus grande ou plus petite, felon la pefanteur fpécifique du mercure; & celle-ci change toujours, felon Le degré de la chaleur ou du froid, qui le fait raréfier ou condénfer proportionnellement , comme on le voit dans les thermomètres dont la conftruétion dépend entièrement de ce feul principe. 58. Sur la température de l’atmofphère. Par le même raifonnement, on fera convaincu que les différens degrés de la chaleur doivent raréfier plus ou moins l'air de l'atmofphère, & qu'il faut connoître auñli le degré de cette SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 121 cette chaleur pour juger de la raréfaétion aétuelle de l'air , & par confé- quent de la longueur de la colonne de cet air , qui agit par fa pefanteur fur le mercure du baromètre, en le faifant monter à la hauteur où il y eft foutenu par fa preflionMPour fe former une idée plus fimple de ce qui fait Fobjet de fes recherches , voyez fig. 7, pl. I. 59. Soit HC CH, fs. 7, une montagne dont on veut connoître la hauteur par des obfervations barométriques : tout le monde fait que la hauteur fe la colonne de mercure dans le baromètre dépend abfolumenct de la prefion ou gravitation de l'atmofphère , que je repréfenterai ici par la colonne K B, & que je fuppoferai être d’un fluide uniforme. Si l'on divife cette colonne en 6 portions égales, & que l’on divife de même la petite colonne MN du baromètre en 6 parties, il eft évident alors que fi l'on monte avec cet inftrument à la hauteur GG de la montagne , le mercure n'y doit pas monter plus de $ de ces petites divifions , parce qu'il n'y@lplus que $ portions de l’atmofphère 1K qui y preflent. Si l’on monte à la bauteur FF , la colonne du baromètre y fera feulement de 4 portions par la même raifon; & fi l'on monte à la cime CC de la montagne, la petite colonne de mercure dans le baromètre ne fera pas plus grande que la 6° partie de la longueur totale M N qu’il y avoit dans la première fta- tion HH , parce qu’il n’y a que la feule quantité Kÿ de l’atmofphère qui y preile alors fur le mercure de ce baromètre. 6o. Néceffité d'employer deux baromètres à la fois, & deux thermomètres avec chaque baromètre. Or, puifque les preflions de l'atmofphère varient, c'eft-à-dire, qu’elles font plus pefantes, ou, fi l’on veut, plus preflantes dans un temps que dans un autre, il eft évident que pour atteindre au but qu'on fe propofe , il faut faire des obfervations correfpondantes avec un bon baromètre, dans la plaine H H, tandis qu'on fait à la même heure & minute l'autre obfervation avéc un autre baromètre femblable fur la cime de la montagne; ainfi, il faut avoir deux baromètres pareils pour cer objet. 61. De mêmefilil faut avoir un th:rmomètre qui foit à la même tem- pétature du mercure qui eft dans le tube du baromètre, parce que fi, par exemple, le baromètre étant fur le fommet CC de la montagne, étoit lus condenfé d’un 20° par le froid que celui du baromètre la plaine h H, fa colonne feroit auf plus courte d’un 20° qu’elle n eroit sil étoit à la même température. J'appellerai déformais le thermomètre qui eft repréfenté par GH, ffg. 3 , thermomètre attache. 62. Enfin, il faut avoir de plus un fecond thermomètre femblable au premier, avec chaque baromètre , mais qui en foit tout-à-fair détaché , pour l'expofer féparément aux imprelfions de l'air, afin d'examiner la tem- pérature del'atmofphère dans les lieux où l'on fait chacune de ces obfervar tions , parce que l’autre thermomètre attaché devant être renfermé en païtie © Tome XIX, Part. 1,1782. FÉVRIER. Q 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans Le corps du châfis de l'inftrument, comme je le dirai ci-après, n°.6$, il ne peut pas montrer exactement la température de l'air libre où l’onfait ces obfervations, Pour diftinguer ce thermomètre du premier , je l'appellerai toujours thermomètre détache. 63. On concevra aifément la néceflité de ce fecond thermomètre , fi Ton confidère que l’expanfon caufée par la chaleur dans la colonne de latmofphère , doit la faire devenir plus haute, quoiqu'étant du même poids; c’eft-à-dire, fi au lieu d’avoir la hauteur KB, fig. 7, pl. 1, l’'at- mofphère avoit , par l’effet de fon expanfon, la hauteur X A; dans ce cas, la même colonne de $ portions ou parties du baromètre qui correfpon- doient à la hauteur GG dans Le premier cas, ne correfpondront alors qu'à la preflion faite à la hauteur de la ligne pointée qui eft au-defflus de GG ; parce que c'elt celle-ci qui fait la 6° partie de la longueur totale de la colonne X A de l’atmofphère, & ainfi de fuite jufqu'à la hauteur C C du fommet de la montagne: de manière que , felon cette fuppofitiongäil y aura à la hauteur C C une erreur de prefque un 6° au moins ; c’eft-a-dire, la colonne de mercure dans le baromètre fur le fommet C € montrera lamême preffion , à peu de chofe près, que dans la première rempératuré de l'air où on l’avoit obfervée à la hauteur DD, comme il paroït para fim- ple infpection de la fig. 7. | À 64. Il n'eft pas néceflaire d’avertir que ces deux thermomètres doivent être faits avec du mercure , & non pas avec l’efprir-de vin; car on a démontré depuis long-temps qu'on ne peut point compter fur l'exactitude de ces derniers. Néanmoins il eft afflez étrange que les thermomètres à efprit-de-vin trouventencore des partifans, mais en petit nombre àla vérité, C'eft par de femblables obftinations que Les progrès des connoiffances hu- maines font toujours retardés. 65. Deftription de ces thermomètres. Le premier thermomètre, GH, fig. 3, pl. T, dont je viens de parler (n°. 61), eft toujours attaché au corps du baromètre. Il y a un couvercle , fig. 6, qui le garantit contre tout accident. On l’ôte en déviffant la vis A, & l’on peut le viffer parder- rière au même endroit ; pour compléter l'équilibre du corps de l'inftru- ment. Ce thermomètre eft tout près du tuyau du baromètre, & n’eft pas plus exp ue lui aux impreflions de l'air extérieug, ayant fon petit ré- fervoir , -dire, fa propre boule enfoncée dans le bois pardefous la plaque de fa bafe. Ceux qui laïflent ce thermomètre tout-à-fait découvert, n'en ont jamais tiré tout l'avantage qu'on déevoit en atrendre dans la pra- tique. ( Voyez len°. 34, pag. 359 du 67° vol. des Tran/aff. philof.) 66. Le bout de la tice des thermomètres , tel qu’on le voit en G, fig. 3, doit tre plié à angle droit en arrière, & doit pafler par le trou quieft vis-à-vis dans la plaque de l'échelle, afin de l'y ie aflujettir , parce que lexpanfon ou la contraction du verre agit alors dans le même fens que celle du métal, & l'erreur n’affeéke pas tant la graduation du thermomètre, 1 ee PO 1 1 SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 123 Un autre avantage de cette conftruétion , eft que La boule du thermomètre peut refter libre fans toucher la cavité qui la reçoit dans la plaque de métal où fon échelle eft gravée. Par ce nioyen , le thermomètre n'eft pas affecté par la température du métal de l'échelle , qui eft foffvenc aflez différence de celle de l'air, ou du fluide environnant dofit l’on veut obferver la vraie température. Cette conftruction eft également eflentielle au thermomètre détaché dont je viens de parler ( n°. 62) , & fa boule doit étre tout-à-fait dé- couverte. | 67. Les degrés”du therniontitie GH, fig 3, font marqués fur deux échelles , une de chaqüe côté; favoir, celle de Réaumur, que les François emploient pour la plupart, & celle de Fahrenheït, qui a été adoptée de- puis très-long-temps par les Anglois & par plufieurs Savans. Le zéro de la première eft placé au même endroit de la tige où le mercure s'arrête lorfqu'il eft plongé dans la glace qui commence à être fondue, & Le degré de 80 à l'endroit de la même tige où le mercure s’arrête par la chaleur de l'eau bouillante lorfqw’il y eft plongé. . 68. Mais dans l'échelle de Fahrenheit, on trouve le froid de la glace ui commence à être fondue, marqué par le degré 32; & par le 212% que la chaleur de l’eau Rene ele la pefanteur de l'atmofphère eft égale à une colonne de mercure de la hauteur de 30 pouces d'Angle- terre; cat on fait que le degré de chaleur de l’eau bouillante change fenfi- blement à mefure que l'atmofphère eft plus pefante. Quelques-uns ont cru faire mieux, en fixant la hauteur du baromètre à 29,8, pour déterminer le point de l’eau bouillante dans les thermomètres : mais la raifon qu'ils en ont donnéene mérite pas qu’on s'y arrête, ( Voy. Iran/faël. philof., 67° vel., n°,37, p.932 ). 69. Avantages de l'échelle de Fahrenheit. On voit donc qu'il y a 180° (—212°—32° ) dans l'échelle de Fahrenheit, depuis la glace fondantex jufqu'à l'eau qui bout; tandis qu'il ny a pas plus de 80° entre les mêmes termes dans l'échelle deRéaumur. Ainfi cette dernière ne montre point, fans fraéffol, des variétés aufli pétites de la température ; comme celle de Fahrenheit, dont chaque degré eft deux fois & un quart plus petit que ceux de Réaumur, parce que = 2,25. IL y a en effet des expériences délicates dans la Phyfique , où l’on a befoin de pouffer l'examende la tem- pérature jufqu'à des gradations encore bien plus petites. IL y a cependant des occafions où celles qu’on fait relativement au baromètre, devroient ègre pouffées jufqu'à des dixièmes de degré de Fahrerheit, dont chacun Vaut 44 millièmes d’un degré de Réaumur. (Voyez le n°. 143). Un autre avantage de l'échelle de Fahrenheit, eft qu'on n'a beloin, pour être en- tendu , que de nommer le desré (excepté dans quelques expériences, mais très-rarement ); au lieu qu'il eft effentiel d'exprimer toujours , en par- lanc des degrés de Réaumur , s'ils font au-deflus ou au-deffous de la glace, & cela, afin d'éviter toute erreur. Tome XIX, Part. 1,1782. FÉVRIER. Q2 124 OBSERVATIONS SUR LA PAHKSIQUE, : 70. Sur la réduélion de ces deux échelles, € [ur le froid extraordinaire en Angleterre. Ces deux échelles étant à côté l'une de l’autre, un fimple coup-d'œil {ufft pour voir le degré où fe trouve dans chacune la tempé- rature actuelle, ER recourir au moindre calcul pour en faire la réduc- tion, Mais lorfque ces échelles font féparées, voici la manière de les ré- duire l'une &c l’autre. Si, par exemple, on veut réduire 50° de Fahrenheit en degrés de Réaumur, on en Ôôte 32°; on divife le refte 27 par 2,25, c'eft à-dire , par deux & un quart, & le go montre qu'ils fobt exac- tement 12 degrés de Réaumurau-deflus dela glace. Mais 23° de Fahrerheït ne font que 4° au-deffus de la glace dans l'échelle de Réaumur, parce que 23 —32——9 , & 7 — 4°. 71. Au contraire, les 20° de Réaumur au-deflus de la glace, font 77° de Fahrenheit, parce que 20 X 2,25—45,& 45+32°—77. Mais 4 de Réaumur au-deffous de la glace, font 23° de Fahrenheit; parce que 4X 2,2ÿ—9°; & 32—09—023°. Enfin ,16° de Réaumur au - deflous de la glace, font 4°*au deflous du zéro de Fahrenheit ; parce que 16 X 2,2$ — 363 & 32 —36— 4 au-deffous de zéro de cette échelle: ce qui en effet eft un degré extrême de froid, même pour le climat d'Anoleterre , où le froid le plus grand, dont on ait quelque mémoire, fur obfervé à Charam en 1776 par M. Simmons ; Chiruryien, qui trouva le thermemètre expofé à l'air dans fon jardin à 3 = degrés au-deflous de zéro de Fahrenheit, vers les fix heures du matin, le 30 Jänvier, & Les deux jours fuivans de la même année, 72. Sur l'ajuflement des deux baromètres. J'ai démontré (n°. 6o } la né- ceffité d’avoir deux bons baromètres, pour faire avec l'un d'eux des ob- fervations correfpondartes dans la plaine , tandis qu'on obferve avec l’autre, à la même heure & minute , fur la cime de la montagne ou dans le fond se la mine dont on veut connoître la hauteur ou la profondeur refpective. Mais il arrive fouvent que la hauteur de la colonne de mercure n’eft pas la même dans Les deux baromètres , quoiqu'ils foient Jun à côté de l'autre ; ce qui provient des vices de la conftruétion , quelquefois très-diffiiles à dé- couvrir. 73. C’eft pouréviter, dans la fuite , l'embarras de la réduétion où cor- rection de leurs réfultats, qu'on garnit la pièce du nonius avec les deux vis Z 2, fig. 5. Ceslvis tiennent à une couliffe intérieure, de façon qu’en les relâchant un peu , on peut la faire monter ou defcendre autant qu'il eft néceffaire pour que le nonius marque précifément fur fon échelle le même degré de l’autre baromètre, tandis que le mercure eft en conta avec l'anneau qui renferme le tuyau, & fur lequel cette couliffe eft arrêrée par les vis ZZ; car en les ferrant de nouveau, cette couliffe marchera toujours dans la fuite à la même diftance où elle a été ajuftée à l’égard du nonius. C'eft fur la pièce du nonius du baromètre qui eft Le plus bas, qu'on fait ordinairement cet ajuftement. PER Cru 7 * FA £ DT . Ÿ + SUR LHIST. NATURELLE ET LES: ARTS. 125 41 Si l'on veut remettre dans la faite le nonius én coïacidencé avec l'anneau qui environne le tuyau , en forte qu'il montre la mefure exacte de la hauteur du mercure , l'opération eft précifément comme celle qu'on vient d'indiquer dans le numéro précédent. Cependant en voici Le ré- fultat, 75: On commence par mettre l'anneau quieft au-deffous, du nonius fur la partie vuide du tuyau, moyennant la clef A, figure 2 : on déviffé un peu les deux petites vis ZZ , figure $ , qui ferrent la pièce du nonius fur celle de l'anneau, & on l'arrange de façon que les deux coins DD de la ligne CC, fig. 5 , paroïffent coïncider avec la ligne droite formée par les deux. furfaces inférieures du tuyau, lorfqu’on met l'œil fans pa- rallaxe , c'eft-à-dire, en forte que les deux furfaces antérieure & poité- rieure de ce tuyau ne paroiffent faire qu'une feule ligne droite C C. Après cela, on ferre les deux petites vis Z Z pour aflujettir les deux pièces en- femble. La fuite dans le Mois prochain. OBSERVATIONS Sur la terre abforbante ou terre des os (1), & fur le natron qu'elle contient ; 1235 Cali Par M.SAGE, de l'Académie des Sciences, Profeffeur Royal de Minéralogies Fr: os qui ont été cuits & falés avec les viandes qu'on emploie pour faire le bouillon , retiennent toujours du fel marin, qui fe retrouve dans leurs cendres. Comme on pourroit attribuer le natron à ce fel, il faut, pour écarter toute efpèce de doute fur l’exiftence de cet alkali dans la terre des os, brüler immédiatement ceux des ahiniaux terreftres. La cen- dre blanche qu'ils produifent', étant lavée avec dé l'eau diftillée, donne une teinte jaune à cette leflive; cette couleur eft due à une matière hui- leufe qui s’eft diffoute dans l'eau à la faveur du natron : cett£ même ma- tière graile eft caufe que cette lefive alkaline ne fait point effervefcence avec Les acides, quoiqu'il fe forme alors des fels neutres à bafe de na- tron. La leffive de la cendré ou terre blanche des os, ayant été évaporée jufqu’à ficcité dans un baflin d'argent, a produit par livre de cendres plus d'un gros de natron jaunâtre, qui faifoit une forte effervefcence avec les acides (1) La terre des os eft une combinaïfon de la terre abforbante ou primitive avec l'acide phofphorique & du natron. …-b 356 - OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cet alkali ayant été diffus dans de l’eau , faituné vive effervefcence avec les acides ; ce qui fait connoïtre que la matière grafle de la leflive de la cen- dre des os a été féparée & détruite en partie par la defliccation. Ce na- troh ayant été combiné avec l'acide ! vitriolique , a produit du fel de Glauber. 1Si lén calcine de nouveau les cendres des os qui ont été lefivées ; elles produifent du natron par une feconde leflive, Il faut quatre ou cinq cal- cinations & autant de leflives , pout les épuifer d’alkali. La terre blanche qui refte alors eit prefqu'à l'étar de terre abforbante pure, & he contient prefque plus d'acide phofphorique, Cette verre ne prend pas le caractère de chaux-vive par la caléination. TI ne faut pas fe fervir, pour décider ce fair, dés coupelles du commerce. Û La terre ‘abforbante pure n'a goint la propriété de décompofer Le fef ammoniac ; mais fi cette térré des os retient encore du natron , il. dé: compofeune partie du fel ammoniac, dont l’alkali volatil pafle fous forme concrète, & s'attache fous les parois du fufeau & du récipient qu'on a adapté à la cornue, La portion de fel ammoniac non décompofée , fe fu- blime dans le col de ce même vaiffeau. J'ai employé dans ces expériences trois parties de terre des os contre une de fel ammoniac. : La lefive de la cendre des os bien filtrée ne produit point de pellicule à fa furface, même après avoir été confervée plufeurs jours. Cette lefive alkaline étant verfée dans de l'eau de chaux, la trouble & la décompofe aufli-tôt. _ La leffive de la cendre des os donne à la teintare bleue des violettes, une couleur verte, qui ne fe dégrade point comme celle produite par l'eau de chaux, qui devient jaune au bout de vingt - quatre heures: dans ce cas, la couleur bleue fe trouve décompofée, & ne peut être régénérée par les acides. La terre des os, dépouillée de natron, étant diffoute dans l'acide ni- treux , forme un nitre qui n'eft ni déliquefcent ni cauftique, & qui ne fufe point fur les charbons ardens. C'eft.ce que j'ai fait voir à l'Académie en 1777: _ Le nitre formé par la terre calcaire & l'acide nitreux, eft déliquefcent & caultique, & fufe fur les charbons ardens. Pour s'en aflurer, il faut d’a- bord deffécher ce {el au feu dansun creufet. Si l'on ajoute à ces propriétés, que la terre abforbante des o$ ne peut pafler à l'état de chaux par la feule calcination, on voit qu'elle a un ca- ractère eflentiellement différent de la terre calcaire. Celle-ci contient un alkali ébauché , tandis que dans la cendre des os l’alkali eft tout formé, & que la terre abforbante s’y trouve en partie combinée avec l'acide phof- phorique. Dans la rerre calcaire, la terre abforbante ou primitive y eft com- binée avec le gaz acide méphitique.,: &c. La terre abforbante , faturée d'acide vitriolique , forme un vitriol ter- PL ..,\11 NN ER SEE 14n7 hi 280 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 reux qu'on nomme /élénite ou gypfe ; fi l'on expofe au feu une partie de ce fel, mêlée avec deux parties d’alkali fixe, il entre facilement en fufion, & produit une mafle faline blanche opaque , compofée d'alkali, detartre vitriolé & de terre abforbante, Celle-ci ayant été bien lavée dans de l’eau diftillée, & enfuite calcinée, retient encore de l’alkali, qui lui fait pren- dre une confftance pâreufe. Mais ff on lave cette terre dans de l’eau dif- tillée, l'alkali s'y diflout, & l’on trouve fur le filtre une terre blanche, la- quelle, après avoir été calcinée, prend le caractère de chaux-vive. La félénite naturelle, de même que celle qui a été faite avec la terre calcaire & l'acide vitriolique , ayant été traitées de la même manière, ont également produit de la chaux - vive. Eft-on en droit d'en conclure que la félénite eft compofée de terre calcaire & d'acide vitriolique, puifque lors de la faturation de cette terre par l'acide vitriolique , l'air fixe où gaz acide méphitique qu’elle contient, fe dégage , & qu'alors la terre fimple & primitive , qui.en ef la bae, doit refter feule en combinaifon avec l'acide vitriolique pour former la féléaite ? ce qui me paroît évident, puifqu'on fait de la félénite en combinant ce même acide vitriolique avec la terre abforbante : d’où on doit conclure, ce me femble*, que la félénite eft un vitriol à bafe de terre abforbante. Si cette terre prend le caractère de terre calcaire après avoir été dégagée de l’acide vitriolique par un alkali, c'eft parce qu’elle prend dans ce fel l'acide ou gaz qui lui eft néceflaire pour être mife à l'état deterre alkaline ou calcaire. "OBSERVATIONS SUR L’ACIDE ARSENICAL; Par M. PELLETIER. Ex SENIE, comme on ne l’ignore plus aujourd’hui, eft un demi- métal très-caractérifé & bien différent des autres métaux , tant par fes effèts meurtriers que par des phénomènes particuliers qu'il préfente lorfqu’on le traite chymiquement. F L'arfenic, fous forme régulière, a un afpect brillant & argentin (1 ); dans cet état, mis dans un vaiffeau fublimatoire , il en gagne la partie fu- périeure à un degré de feu pas trop violent, & commence d’abord par y former un enduit brillant, qui devient plus confidérable à mefure que la füublimation eft plus foutenue , & prend une cryftallifation qui lui eft pro- pre; ce font des pyramides triangulaires & quelquefois tétraèdres. Si on (1) On entend par le mot arfenic la chaux d’arfenic, quoiqu'il femble que ce nom convienne plus au réoule, Ainfi, pour éviter route ambiguité, Fe diftinguerai la chaux d’ar- fenic & le régule d’arfenic. Celui-ci perd fon éclat à l’air devient noir, & il n’a cerafpeét brillant que lor{qu'il eft nouvellement réduit. F EX RON OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 3 a donné un feu trop violent , alors uñe portion de réoule d’arfenic eft ré- duite en chaux , & dans cet état il eft encore fufceptible de cryftallifation: On aen même temps des cryftaux d’arfenic fous forme de résule, & des cryftaux d’arfenic dans l’état de chaux. Si on veut avoir des cryflaux de chaux d'arfenic, il faut, comme je Lai dit plus haut, mettre la chaux d’arfenic dans des vaifleaux propres à la fublimation ; ce font des bouteilles à médecine qu'on choilit pour ces opérations : on a foin de ne les rem- plir qu'à moitié, & alors on les place dans des creufers, & on les recouvre de fable, à l'exception de la partie fupérieure. Ici, on ne court point rif- que de donner un féu plus fort, parce qu'on n’a pas à craindre la calci- nation ; & de plus, quoique la chaux d’arfenic foit très - volatile, il faue que le feu foit ou long-temps continué , ou aflez vif pour la fublimer en entier. La partie fupérieure eft ordinairement vitreufe ; mais on y voit dif perfés çà & là des cryftaux très-réguliers, dont la formeeft l’oétaèdre , avec des variétés, Ce procédé m'a toujours réufli , & j'ai foin de faire La fublima- tion au grand air, afin de n'être point incommodé par les vapeurs qui fe- roient très-dangereufes dans un laboratoire. La chaux d’arfenic fe diffout dans l'eau diftillée en aflez grande quan- tité : l'eau peut en tenir en diffolution au moins + de fon poids. Certe dif- folution n’altère point le fyrop de violettes ;"& abandonnée pendant quel- ue temps, il s'y formeau fond de petits cryftaux blancs & brillans comme je cryftal de roche , ou comme des diamans : ces cryftaux fonc des octaè- dres AA ; qui’ varient quelquefois, & on y rencontre plufieurs va- riétés de l’alun (1), Je n'inffterai point fur toutes les autres propriétés de l'arfenic,, qui m'éloigneroient trop de'mon objer ; le détail même que je viens de faire y eft étranger : mais il m'a paru néceflaire, parce qu'il va {ervir de bafe aux obfervationsque j'ai eu occaon de faire fur cette fubftance, & dont je vais rendre compte. Il paroït qu'il y a long-temps que les Chymiftes avoient reconnu dans la chaux d’arfeaic un principe acide, puifqu'ils s’en fervoient pour décom- pofer le nitre. Stalh fait mention de cette décompolition, mais il y joi- noie le fer. Kunkel , après lui , avoit fimplifié le procédé ; & du mêlange es parties égales de nitre & de chaux ere il retiroit un acide üi- treux, difhcile à retenir & très-concentré. Kunkel n’avoit point porté fes recherches plus loin. Long-temps après , M. Macquer reprit le procédé; & comme bon Obfervateur, il examina la matière line qui refte dans la çornue. [l trouva qu’elle fe diffolvoit facilement dans l'eau, & que la li- queur lui fourniffoit un fel qui cryftallifoit bien différemment du nitre(2), (x) M. Darcet, dans un Coursiqu'il fit l’année dernière au Collége Royal , & donc il m’avoit confié les opérations a fait voir ces différentes cryftallifations. (2) M. Erchari obferve Mdans une lettre à M. Maret, qu'Annibal Barlet avoit connoif- fance de ce fel long-temps avant M. Macquer; mais il ne paroït pas que cet Aureur & * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 129 & dont la figure lui préfentoit un prifme quadrangulaire retangle, terminé à chaque bout par une pyramide aufi quadrangulaire reétangle , dont les ‘angles répondent à ceux du prifme. M. Macquer a examiné ce fel ; mais quelques recherches qu'il aic faites , il n’a pu parvenir à en féparer l'acide. Jufques-là donc on ne jugeoit l'acide dans l’arfenic que par cette propriété qu'il avoit de décompofer le nitre, & de former un nouveau fel dont l'acide ne pouvoit être démontré. Il étoit réfervé à M. Scheele de nous faire connoître l'acide dans l'arfenic : ce Chymifté, que des Ouvrages neufs & pleins de cénie ont rendu célèbre, a propofé Due moyens pour retirer cet acide : l'an par l'intermède de l'acide marin déphlogiftiqué par la man- ganèle , & l’autre par l'acide nitreux ; l'un & l'autre enlevant à la chaux d'arfenic Le phlogittique qui neutralife l'acide arfenical, pañfent dans le récipient furchargé de ce principe, & l'acide arfenical refte fixé dans la cornue, & on l'obtient par le deliquium Gr). Depuis Scheele, d’autres Chymiftes ont adopté cette doétrine#M. Bergman l’a appuyée, M M. de l'Académie de Dijon l'ont füuivie, & M. Bertholet eft le premier qui s'en foit occupé à Paris. M. Darcet qui a aufi répété le procédé de Scheele, a de même obtenu un acide particulier. Il en a parlé dans fon dernier Cours au Collége Royal; &gcomme le procédé eft long , il n’a pu le ré<. péter devant fes Auditeurs: mais il a fait voir de l'acide arfenical préparé a la manière deScheele, & fait obferver toutes Les précautions néceflaires pour avoir cet acide bien pur. D'après ces autorités, je ne doutois point qu'il n’y eût dans l’arfenicun “principe acide, Sobe d’autres Chymiftes foient d’un avis contraire & penfent que l'acide arfenical n'eft pas un acide particulier. Néanmoins les Obfervations que j'ai eu occafion de faire depuis, m'ont convaincu de l’exif- tence réelle de cet acide, J'ai fait obferver plus haut que pour décompofer le nitre par l’arfenic, on fait un mélange de parties égales de ces deux fubftances, qu'on met dans une cornue beaucoup plus confidérable que les proportions du mêé- lange, pour éviter le gonflement qui furvient. M. Macquer lui adapte un ballon qu'il ne lutte pas; je préfere de me fervir de l’appareil de M. Woulf, qui confifte en un AR qui a deux ouvertures : l’une beaucoup plus large, pour recevoir le bec de la cornue ; & l'autre , moins évafée , s’a- Jonge & diminue tellement , qu’elle peut être reçue dans un tube , qui, en fe recourbant , diminue beaucoup de diamètre, & plonge dans une AMRMSYEN LR aît fait des recherches fur ce fel: M. Macquer en a fait au contraire de très-fuivies , qui font inférées dans un Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie des Sciences , anpce 1746. (1) On peut confulter les Mémoires qu’a donné M. Scheele à la Société Royale dés Sciences d'Upfal. - Tome XIX, Part®l, 1782, FÉVRIER. ex R 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bouteille où on a mis la quantité d’eau néceffaire , fuivant qu’on veut avoir l'acide nitreux plus ou moins concentré. À mefure que les vapeurs d'acide nitreux fortent du bec de la cornue, elles enfilent le ballon, paflent par le tube, & comme elles rencontrent l'eau , elles sy diflolvent en partie; je dis en partie, parce que dans cette décompofition il y a encore une quantité de gaz confidérabie qui s'échappe fous la forme d’un air invif- ble , & qui aufli-rôt qu'il a le contaét de l'air atmofphérique, paroît fous la forme de vapeurs d'acide nitreux très-rutilantes: c’eft le gaz qu'on nomme aujourd'hui gaz nitreux. Ce phénomène explique facilement ce qu'avoient obfervé les Anciens, que l'acide nitreux qu'on retiroit de cette diftillation éroit très - difficile à retenir ; ce qui ne peut être attribué qu'à la quantité de phlogiftique que fournit l'arferic à lacide nitreux dans cette décom- poñition. Un mélange d'une livre de nitre & d'autant de chaux d’arfenic m'a fourni à l'appareil pneumato + chymique au moins 2736 pouces cu- biques de gaz nitreux. Les premiers Auteurs qui ont parlé de cette opéra- tion regarduient comme une chofe merveilleufe la couleur bleue qu’avoit l'acide qu'ils retiroient par ce procédé ; mais aujourd'hui le phénomène n'eft plus fi furprenant, puifqu’en érendant d’eau de l'acide nitreux très- concentré retiré par tout autre moyen, il y aun point où cet acide prend !çette couleur bleue. Le réfidu de cetre opéfation fournit le fel que M. Macquer a nommé fon fel neutre arfenical, & que j'ai décrit avec certe variété que fouvent le prifme s'élargit par la jon@tion de nouveaux cryf- taux : pour Lors Les deux plans oppofés des pyramides font des trapèzes & les autres des triangles, Je n’hélte plus à regarder ce fel comme un vrai fel neutre, ou moyen , réfultant d’une combiuaifon parfaite de l'acide ar- fenical avec l’'alkali végétal, puifqu'en combinant avec un alkali fembla- ble de l'acide arfenical préparé par un autre moyén que celui de M. Scheele, comme je vais le dire, je régénère le vrai fel neutre arfenical à bafe d’alkali végétal. ‘ : Quand on vient à décompofer le nitre quadrangulaire par la chaux d'ar- fenic , il faut y apporter les mêmes précautions que dans l'opération pré- cédente. Les mêmes phénomènes ont lieu, & on peut fe fervir du même appareil. Le réfidu leflivé ne fournit pas le même fe!; celui-ci, cryftallifé en prifimes hexagones, terminés par des plans perpendiculaires à leur axe, on ne peut donner à ce fel que le nom de fel neutre arfenical à bafe d’alkali minéral (1). On voit, d'après ces deux procédés, qu'on peut décompofer le nitre ammonid@al de même par la chaux d'arfenic > mais ici les phénomènes font bien différens : ce font ceux qui m'ont frappé, & dont je vais rendre compte; voici ce que j'ai obfervé. (x) C’eft d’après M. Romé de l'Ile, à qui j'ai fait voir ce el, que je détermine fa cryftallifation & la varictédu précédent. FA E "1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 131 Quand on a fait le mélange du nitre ammoniacal avec la chaux d’ar- fenic, il faut le metre dans une cornue de verre lutée ,affez valte, qu'on place dans un fourneau de réverbère avec un ballon pour récipient. Il faut comméncer par un léger degré de feu; c’eft qu'ici le mouvement de dé- compofition eft firapide, & les vapeurs d’acide nitreux fortent avec une telle force, qu'elles entraînent une portion d’arfenic non décompofé. Mais fi on va doticement, la décompofition eft plus lente : d’abord , il pafle de l'acide nitreux, & pour peu qu'on augmente le feu , ou qu'on le con- tinue, il s'en dégage de l'aikali volaril (1ÿ;:enfin, fi vous donnez un feu trop if, il fe fublime une portion d'arfenic fous la forme d’une poudre sblanche, & il refte dans la cornue une maffe: vitreufe qui attaque très-fort la cornue, & la ronge au point qu'en la prenant. elle fe brife entre les doigts. Cette matière virreufe attire Me He & fe réfout en une liqueur qui eft crès-acide , d’une grande denffifé , rougit Les teintures bleues, & fait une vive effervefcence avec les alkalis fixes & volatils. Cetre liqueur acide eft le vrai acide arfenical, Qu’eft - il donc arrivé dans cette opération ? Je dois obferver que ces décompofitions font doubles, & ont. lieu par une double tendance ou affinité double. La-:châäux d’arfenic eft une combinaifon d'acide arfenical & de phlogiftique ou principe inflam= mable, & le fel ammoniacal nitreux eft l'union de l'acide nitreux avec Palkali volatil. Ainfi , de même que l'acide nitreux tend à s'unir au phlo- giftique de l’arfenic, de même l'acide arfenical tend à s'unir à l’alkali vo- latil de ce fel ammoniacal. L’acide nitreux eft celui qui pafle le premier furchargé du principe phlogiftique de l'arfenic, & il refte dans la cornuz la combinaifon de l'acide arfenical avec l’aikali volatil : mais comme on continue Le feu, l'alkali volatil abandonne l'acide arfenical , pafle dans le A —— —— ”— — ——————————— —— (1) M. Macquer a connu & décrit cette décompoñtion dans un Mémoire inféré dans le volume de, l'Académie des Sciences pour l’année 1748. Il avoit très-bien obferve que l’arfenic s’emparoit de l’alkali volatil, & que l'acide nitrzux en étôit chaflé avec une telle violence, qu'il l’a regardée comme une détonation ; détonation qu'il attri- buoit au nitre ammoniacal , lequel, fuivant lui, détone dans les vaifleaux fermés : phénomène qui n’a lieu qu'autagr que les vaiffleaux font fufifamment embrafés & à une douce chaleur, On peut diftiller fans détonation dans des vaifleaux fermés du nitre ammoniacal , & le faire paffer en entier dans le récipient, M. Macquer a bien vu auffi . que dans cette décompofition , opérée à l’aide d'un degré de feu plus fort, l’alkali volatil même abandonne l'arfenic & pafle dans le rétipient ; mais alors il ne pouvoic jamais foupconner que le:réfidu qui reftoit dans la coraue fût autre chofe que l’arfenic même qu'il avoit employé. Mais aujourd’hui que le jeu de cette décompolition eft mieux connu, on doit fentir qu’il ne peut pas y avoir de détonarion. Dès le premier degré de chaleur, le nître ammonfacal eft décompolé ; l'acide nitreux furchargé de phlopif- tique , & devenu libre, paflé dans le récipient : donc il ne dérone pas; il nerefte dans la cornue que l’acide de l’arfénic uni à l’alkali volail, ce qui peut opérer encore moins une détonation. Tome XIX, Part. 1, 1782. FÉVRIER. R2 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, récipient , & l'acide refte dans la cornue, où il peut fupporter le plus grand feu. On pourroit faire cette même opération , en projettant peu-à- peu dans un creufet chaufié ,un mélange de nitre ammoniacal & de chaux d'arfenic; par ce procédé, fur-tout li on eft attentif, on prévient le gon- flement: mais il y a un inconvénient très-orand , qui eft que lorfque l'acide atfenical eft fans bafe , alorsil porte fon aétion fur l’argille du creufer, dont il eft le grand diflolvant. Si on employoit des creufets de poréelaine , l'obf tacle feroit moindre: mais pour la décompofition du nitreordinaire & du nitre quadrangulaire , on peut très-bien faire ces fortes de décompolitions dans des creufets , fur-tout lorfqu'on ne cherche pas à conferver l'acide nitreux ; &, quelque précaution qu'on prenne, une portion de l'acide ar. fenical attaque le creufet : mais, par les diflolutions & filtrations, on parvient à les priver de ce fel arfenical à bafe d’argille. Defirant favoir québéroir le fel qui formoit l'acide arfenical avec l’alkali volatil ; j'ai combiné l'acide obtenu du deliquium de là décompoñtion pré- cédente avec de l’alkali volatil; l’effervefcence a été très-vive, & l'acide n'a pas laiflé de demander une grande quantité d’alkali volatil pour ètre faturé parfaicentent. J'ai évaporé Ja liqueur jufqu'à ce qu'elle püt cryf- tallifer,, & le fel que j'ai obtenu étoit très - différent des deux premiers, Les cryftaux étoient très-prononcés & avoient une figure rhomboïdale , qui , au premier coup-d'œil, les feroit prendre pour du nitre rhomboïdal: mais ils en different, en ce que, feumis à l’action du feu dans une cornue, ils perdent d'abord l'eau de cryftallifation , puis l’alkali volatil; & il refte dans la cornue une mafle vitreufe, qui attire fortement l’humidiré, & qui eft l'acide arfenical le plus pur poffble. L’acide arfenical , tel que celui que j'ai retiré du deliquium précédent , combiné avec l’alkali végétal , régénère le vrai fel neutre arfenical; & avec l’alkali minéral, il produit un fel femblable à celui que j'ai obtenu en décompofant le nitre quadrangulaire par la chaux d’arfenic. D'après tous ces faits, ne peut-on pas foupçonner avec raifon un acide païticulier dans l'arfenic? puifques, comme tous les autres acides , il peut être fous forme fluide ; qu’il rougit les teintures bleues des végéraux ; qu'il eft corrofif à leur manière; qu'il fe combine avec toutes les fubftantces alkalines avec ou fans effervefcence, fuivant l'état dans lequel elles fe uouvent; & qu'enfin , comme les autres , il a fes affinités particulières, &c. M. Macquer a examiné fon {el neutre arfenical, & il a obfervé qu'à la faveur des doubles affinités , l'acide arfenical quittoit fa bafe pour s'unir à une autre , même par la voie humide ; & qu'en mélant une diffolution de fon fel neutre avec une diffolution métallique , l'acide arfenical quitte l'alkali, s'unit au métal, fe précipite, & l'acide qui tenoit en diffolution le métal sunit à l’alkali que l'acide a abandonné, Il obfervé que la dif folution d’or par l'eau régale n'a pu être décompofée par fon fa neutre. J'ai répété l'expérience ; & en effer, il n'y a point d'abord de changement SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 133 dañs la liqueur : mais au bout de quelques jours, la furface fe couvre d’une pellicule dorée, qui eft l'or fous fa forme métallique; ce qui n’a pu ar- river que par une double décompoftien. Le même phénomène a lieu avec le fel arfenical à bafe d’alkali minéral & avec le fel arfenico-ammo- niacal. M. Macquer obferve , dans le Mémoire déja cité, que de quelque ma- nière qu'il ait traité fon fel neutre arfenical , il n'a pu mettre l'acide à nud, & conclut que les acides Les plus forts n'ont point d’aétion fur fon fel neutre. Mais M. Macquer ignoroit alors , ainfi que tous les Chymiftes, que l'acide arfenical für auf fixe au feu , tandis que la chaux d'arfenic eft fi vo- latile. Voici ce qui arrive. à J'ai pris une partie de fel arfenical bien defféêhé ; je l'ai mêlée avec demi- partie d'huile de vitriol, & j'ai mis ce mélange dans une cornue de verre lutée, que j'ai pouffée par degrés au feu jufqu'à la faire rougir : il eft relté dans la cornue une mafle blanche, laquelle a attiré très-fortement l’hu- midité. Le deliquium, bien examiné, a toutes les propriétés de l'acide ar- fenical : il refte une poudre blanche en très - grande quantité, qui, bien lavée , n’eft plus du fel arfenical, mais du tartre vitriolé. On peut encore faire diffoudre toute la mafe dans de l’eau diftillée un peu chaude; féparer, par la cryftallifation ; tout Le tartre vitriolé: & les dernières portions qui ne fourniront plus de cryftaux, feront l'acide arfenical. On peut fuivre le même procédé pour décompofer le fel arfenical à bafe d’alkali minéral: ici, on obtient du vrai fellde Glauber & l'acide arfe- nical à nud, qui, étant très-fixe, refte dans'läicornue avec le fel de Glau- ber, d’avec lequelon le fépare très-bien par le procédé déjà indiqué. M. Macquer obferve qu'il faut bien diftinguer fon fel neutre arfenical d'une préparation qu’on trouve décrite dans plufieurs Livres de Chymie, qu'on nomme arfenic fixe (1). Il fe fait en projettant dans un creufet un mélange d’une partie de chaux d’arfenic & de deux de nitre. En réfléchif fant fur ce procédé, qu'eft donc devenu, me fuis-je dit , l'acide arfenical , lui qui eft Ê fixe au feu, fur-tout lorfqu'il eft uni à une,bafe , à moins qu'il n’ait le contaét d’une matière qui puifle lui fournir du phlosiftique 2 Pour n'aflurer de ce fait , j'ai répété le procédé tel qu'il eft décrit dans Lefevre ; il confifte à faire un mélange d'une partie de chaux d’arfenic & de deux de nitre: on met le teut dans un creufet très-grand, qu'on recouvre d'un autre creufet percé , afin de donner iflue aux vapeurs nitreufes : la dofe que je pris fut de deux onces de chaux d’arfenic & de quatre onces de nitre ; après avoir tenu le mélange à un feu très-doux pendant trois heures, je l'augmentai alors, & je l'ai continué pendant huit heures , ce (1) M. Macquer regarde cette préparation cotime-ayant toutes les propriétés d’un alkali e. 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui en fait onze en tout (comme l'Auteur le demande) : la matière qui reftoit étoiten une mafle blanche unie , fe détachant facilement du creufet , & pefoit quatre onces moins un gros. Je n’attendis pas qu’elle eût fait le deliquium , mais j'en fis la lefive avec de l'eau diftillée ; & par la filtration, je mis à part une petite portion d'une matière gélatineufe (1). Ayant fait évaporer la liqueur, & mife enfuite à cryftallifer , j'ai eu un feliqui, par la forme de fes cryftaux & l'examen particulier que j'en ai fait, s'eft trouvé être le fel neutre arfenical: le refte de la liqueur étoit l'alkali végétal à nud & dans un état cauftique; il s’eft combiné avec l'acide vitriolique fans effervefcence, & a fait du tartre vitriolé. Les Anciens faifoient faire le deliquium à cette matière, & ils en féparoient une poudre blanche qu'ils édulcoroient avec une noûvelle liqueur alkaline. Cetre poudre blanche , qui ne faifoit pas le deliquium , étoit le vrai fel neutre arfenical, & l'alkali à nud éroit féparé par le np & emporté par ces lotions. Voici comment jexplique ce qui fe pafle dans cette opération. Du moment que la chaux d’arfenic eft en contaét avec le nitre, elle Le décompofe ; il en part des vapeurs nitreufes; & en raifon du nitre décom- pofé par la chaux d'arfenic, il y a du fel arfenical de produit: mais tout le nitre n’eft pas décompofé, parce que la quantité d’arfenic n'eft pas fufifante. Cependant on continue le few: alors la portion de nitre qui refte fe décompofe fimplement par l'action du feu. On ne voit plus de va- peurs nitreufes ; c’eft un gaz qui s'échappe, & qui, étant recueilli, eft du gaz déphlogiflique ; enfin de dans Le creufet de l’alkali à nud , en raifon u nitre en excès qui a étemlkalifé. Ce ritre alkalifé trouvant le fel neutre arfenical déjà formé, s’y unit & forme une feule & même mafle , mais qu'on peut féparer facilement, comme je l'ai indiqué. L’arfenic, dans l’état de chaux, peut être diffous par Palkali fixe: ici, c’'elt l'alkali qui eft le diffolvant, & peut en tenir en diflolution une très-grande quantité. Cette diffolution fe fait avec effervefcence. M. Macquer a nommé cette préparation fgie d’arfenic. J'ai eflayé de décompofer certe efpèce de foie d’arfenic, pour voir fi le gaz qui réfulteroit de cette décompofition étoit femblable au gaz qui s'échappe lors de la décompoftion du foie de foufre par un acide : en conféquence, j'ai mis dans un flacon à deux gou- lots une diffolution d’arfenic par l’alkali ; à l'un de ces goulots éroit adapté un tube qui étoit recu fous l'appareil pneumäto-chymique ; pat l'autre ou- Verture , j'ai verfé de l'acide vitriolique , en la fermant tout de fuite très- exactement : La diffolution , qui étoit très-colorée, eft devenue claire ; il s’eft précipité de l’arfenic dans l'état de chaux , & la liqueur ne tenoit plus EE (1) Je crois que cette gelée eft due à une portion d’argile du creufer, diffoute par l'acide arfnical , & dont il eft un puiffant diffolvant. 4 ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 135$ que du tartre vitriolé en diffolution ; le gaz qui s'eft échappé étoit en très - petite quantité , & s'elt trouvé de l’air fixe. Je crois qu'il eft dû à une por- tion d’alkali non faturé d’arfenic, c’eft-à-dire , combiné avec l'air fixe, & que l'acide vitriolique en a dégagé. J'ai obfervé plus haut que la diffo- lution d’arfenic par l’alkali, ou le foie d’arfenic de M. Macquer, fe fait avec effervefcence. Ceci pourroit être contraire à cequ'onadit, que l'alkali eft Le diflolvant , puifque la chaux d’arfenic chafle, lors de fa combinaifon avec l’alkali, l'air fixe qui le faturoit. Les fels neutres arfenicaux , foit celui à bafe d’alkali végétal, ou celui à bafe d’alkali minéral , mis fur des charb@ns embrafés, fe bourfoufflent, & bientôt après on fent l'odeur de l'arfenic. Ces fels font décompofés ; leur acide s’unit au phlogiftique des charbons , & régénère de l'arfenic qui brûle aufli-tôr , & l’alkaii refte fur le charbon. Be fel arfenico - am- moniacal fe décompofesde même; on fent l'odeur de l’arfenic , mais il ne refte rien fur le charbon , parce que l’alkali volatil fe volarilife le pre- mier dans l’inftant de la décompofition. IL paroît que l'acide arfenical, dans quelqu'état qu'il trouve Le principe inflammable , s'en empare , perd alors la propriété acide , & redevient arfenic. J'ai pris de l'acide arfenical pur, que j'ai étendu d’un peu d’eau diftil- lée ; la diffelution étoit tranfparente. J'y ai fait pafler une certaine quantité de gaz inflammable , que je dégageai du fer par l'acide vicriolique : alors Ja liqueur s’eft troublée, & il s’eft fait un précipité noiratre, qui, bien lavé avec de l’eau diftillée, repréfente tous les phénomènes du régule d'ar- fenic. Ne peut-on pas conclure de cette expérience que l'acide arfenical , uni au principe inflammable , a produit de l'arfenic ? D'autres expériences prouvent encore la grande affinité de cet acide avec le phlogiftique, puifqu'il lenlève à des fubitances où il eft très - forte- ment combiné : tel elt le foufre. Les deux expériences fuivantes vont Le prouver. J'ai bien mêlé enfemble deux gros de fel arfenical de M. Macquer avec un gros de foufre; & le toug mis dans un petit matras, je l'ai expofé à un feu capable de faire rougir la partie inférieure; une heure après, je l'en airetiré ; & l'ayant caflé, j'y ai trouvé du foie d’arfenic , de l’orpiment & un beau réalgar fublimé. Le fel arfenical s’eft décompofé par le foufre ; l'acide arfenical a quitté l’alkali & s’eft uni au phlosiftique d’une portion du foufre, & a fait de l’arfenic; & l’acide du foufre, mis à nud , s'eft uni à l’alkali du fel arfenical , & a fait du tartre vitriolé : maïs comme il y avoit une petite portion de foufre en excès , il s’eft uni à l'arlenic , & a fait de l’orpiment & du réalgar ; & comme il ne faut pas beaucoup de phlo- giftique pour faturer une grande quantité d'acide arfenical , il y ts d’al- Kali à nud dans cette décompoftion de fel neutre arfenical , que d'acide du 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, foufre pour le faturer. Cet alkali a diffous une portion de foufre , & a fait un hépar qui aura porté fon aétion fur l'arfenic; de forte que je crois que de cette double décompofition il fe forme du foie d’arfenic , du réalgar , de Yorpiment, & vraifemblablement un peu de tartre vitriolé. 2°. Exp. Demi-gtos d’acide arfenical le plus pur, le même que j'ai retiré parle deliquium du réfidu de la décompolfition du fel arfenico-ammoniacal, & mis enfuire fous forme vitreufe, bien mélé avec demi- gros de foufre , ont été mis dans un matras , que j'ai tenu au feu pendant une heure; il s'en et dégagé de l'acide fulfureux très-vif: lorfque je n'ai plus fenti l'acide fulfureux, j'ai retiré le matrastdu feu, & l'ayant caffé , j'y ai trouvé de très-beau réaloar fublimé. IL réfulte de cette expérience que l'acide arfenical a décompofé le foutre, s'eft emparé de fon phlosiftique, a formé de l’ar- fenic, & l'acide vitriolique s'eft volatilifé fous la forme d'acide fulfureux ; mais comme tout Le foufre n’a pas été décompoff ;‘ la portion non décom- ofée s’eft unie à l’arfenic régénéré , & tous deux ont formé du réalgar qui s'eft fublimé (1). Les fels neutres arfenicaux, mis dans une cornue, peuvent foutenir le feu le plus violent fans fe décompofer; il n'y a que le fel arfenico-ammo- niacal qui laifle échapper l’alkali volatil. Si on vient à traiter de même le foie d’arfenic ou la diffolution d’arfenic par l’alkali fixe, ce fel ne peut point foutenir cette action du feu ; d’abord, la chaux d'arfenic fe fublime, & l’alkali refte dans la cornue. Tous ces phénomènes demandent des exa- mens particuliers; car il y a une très-grande différence entre cette dernière combinaifon & les divers fels neutres arfenicaux dont j'ai parlé. Il y a fans déute bien d’autres expériences nouvelles à tenter fur l'arfenic ; mais, dé- tourné par les occupations que le Cours de M. Darcet, dont les opéra- tions n'ont été confiées, exige de moi, il m'eft impolible , dans ces cir- conftances, de fuivre le plan que je me fuis formé , & de donner à cet Eflai tout le foin dont il eft fufceptible , & que j'aurois defiré. (1) Cette décompofition n’a pas lieu par la voieshumide, c’efl-à-dire, en faifane digérer l'acide arfenical étendu d’eau fur du foufre; cependant la chaux d’arfenic pre s’unir au foufre par la voie humide , & produire de l’orpiment. M. Bergman a obfervé ( dans fa Differtation fur l’analy{e des eaux ) que l’arfenic blanc, mis dans une eau chargée de vapeurs fulfureufes , en attire le foufre, & forme alors de l’orpiment. C’eft d’après cette expérience qu'il propofe la chaux d’arfenic pour réaétif dans les eaux , où le foufre fe trouve dans un état de gu7 hépatique. Il y a plufieurs années que M. Roux, un des Commiffaires nommés par la Faculté de Médecine de Paris pour analyfer l’eau minérale fulfureufe de Montmorency, ft ufage , avec fuccès, du beurre d’arfenic pour démontrer la préfence du foufie dans ces eaux, & forma de l'orpi- ment. ExPÉRIENÇES 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 DES EXPÉRIENCES RELATIVES À L ADHÉSION; Par M. Dutour , Correfpondant de l'Académie des Sciences (1). € TIRAONNST EME LE ART TE. >, ART CEE AUX, Sur les différentes difpofitions de l’eau & du mercure à l'adhéfion avec le verre. Far CXXV: L E mercure a été fubftitué à l'eau LR le vafe V de 11 lignes de diamètre, employé dans la première expérience de l'article V. Le difque du verre A, fufpendu en équilibre au trébucher, y fut appliqué; mais je ne pus réufir à produire aucune adhéfion entre ce verre & le fluide , à caufe fans doute de fa difpolition à fe ramaffer fous une fuper- ficie convexe, qui left d'autant plus, que l’efpace qui le renferme eft plus étroit. Elle prévaloir, malgré la contiguité du verre & du mercure, fur l’action des caufes qui s'exercent avec une énergie fi marquée dans les autres circouftances dont il a été queltion ci-devant. 2°. Exp. CX X VI. J'avois déjà remarqué qu'un verre de montre, fuf- pendu auli en équilibre au trébuchet , & appliqué fur une mafle de mercure peu étendue , avoit été enlevé par un poids de 10 grains, ajouté par parties dans le balin oppolé ; & que la mafle de mercure ayant été accrue au point que le diamètre de fa furface évoit de 21 à 22 lignes, il fallut 35 grains pour en détacher le verre de montre. Dans la première de ces deux épreuves, le plan de contatt, au com- mencement de l'expérience, étoit d'environ 4 lignes de diamètre; dans la fconde, d'environ 12 lignes: dans l’une & dans l’autre il diminuoit par degrés , à mefure qu'on accumulcir les poids. CXX VII, Ces faits , comparés enfemble, m'ont conduit à foupçonner que des circonftances analooues pouvoient avoir concouru à occalionner la grande difproportion de Ja réliftance oppofée par le verre de 30 lignes de diamètre de M.de Morveau à la féparation de mercure, à celles op- (r) Voyez le commencement de ce Mémoire , Journal de Phylique , 1780, T:XV, pag. 234. Tome XIX, Part.I,1782. FÉVRIER. S 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pofées par les miens, eu égard à l’excès de fon diamètre fur les diamètres de ceux-ci. Ces circonftances analogues paroiflent devoir s'être rencon - trées dans la fameufe expérience de ce favant Phyfcien , confignée dans les Elémens de Chymie de l’Académie de Dijon. Son objet éroit de re- connoître fi la preflion de l’atmofphère contribuoit ou non à l’adhélon ou réfiftance oppofée à la féparation. L'appareil dont il s’eft fervi, devoit être placé fous le récipient de la machine pneumatique. Un efpace aufli reflerré exigeoit très-vraifemblablement que le diamètre du vafe , qui con- tenoit le mercure, n'excédat que de très-peu celui du difque de verre. squi éroit de 30 lignes. Une couronne flus ou moins large de ce difque, “1 pliquée fur la fuperfcie de ce fluide , plane dans fon milieu,mais convexe vers 1es bords jufqu'à une certaine diftance , dut alors correfpondre à la portion annulaire convexe de cette fuperficie. La contiguité réciproque en étoit d'autant moindre, & fut reftreinte au point, qu'il fut enlevé par un poids beaucoup inférieur à celui qui eût été néceffaire, fi La fuperficie du mercure eût été plane dans toute fon étendue (1). 3°. Exp. CXX VIII. Mes préfomptions, à ce dernier égard, ont été confirmées par une expérience exécutée avec un difque de glace que j'ai fait tailler exprès, mais qui n’eft pas exactement rond. Son plus grand diamètre eft au plus petitcomme 30 lignes à29 =, & partant, fon diamètre moyen peut être réputé de 292 lignes. Les quarrés des diamètres de ce verre & de celui de M. de Morveau font à- peu - près dans le rapport de 850 lignes quarrées à 920. Ce nouveau difque, que je défignerai par la lettre P,na éts enlevé ‘de deflus une maffe de mercure, dont la fuperficie avoit 4 pouces de diamètre , que par un effort de plus de 8ÿ$ grains , qui excé- doit de 189 grains, c’eft-a-dire , de près d’un tiers, celui qui a fuff pour détacher Le difque de M. de Morveau, qui Le furpafle cependant un peu en étendue. CX XIX. Ce difque P, par cette fupériorité de réfiftance, nous fournit ua réfulrat bien plus conforme à ceux fournis par les autres verres D, C, B,A,EE, que ne le fait le verre M. Cette réfiftance de 855 grainseft, felon l'ordre des réliftances de ces autres verres 65, 1417, 1647, 194, 629(2), qui vont en croiffant, ainfi que leurs furfaces; au lieu que celle du verre M, de C66 grains, fe trouve être décroiflante à l'égard de celle de 855 (1) Norz. Suppofé mêine que le difque füt d’abord complètement contigu au mer- cure, cela ar être, dans ces circonftances, qu'aurant que la convexité quel- conque de la fuperficie du fluide feroit rendue plane par-tout au-deffous du difque ; & alors le fluide , en vertu de fa tendance à la convexité, doit être difpofé à concourir ayec l'effort du poids pour opérer la féparation, Voyez ci-après le n°.132, {2) Voyez la Table 3° de l'Art, 4. + . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 ains du verre P de moindre diamètre : ce qui eft diamétralement contraire à cet ordre. CXX X. Nous avons vu que l'adhéfion ou réfiftance à la féparation a toujours été plus confidérable quand Les difques de verre ont été appliqués fur le mercure, que quand ils l'étoient fur l'eau; que le difque À, par exemple, n’a été déraché du mercure que par un effort de 195 grains, & que 34 grains l'ont détaché de l’eau ; que par conféquent Le mercure fem- ble tenir alors plus au verre , qui s’en détache immédiatement , que les deux tranches d’eau entre lefquelles fe doit faire la féparation , ne tiennent l'une à l'autre. CXXX I. L'inégalité des denfirés de ces deux fluides influe fans doute ici ; mais ce n'eft point en ce que la plus grande denfité du mercure (comme je l’avois donné à entendre dans l'article 4, n°. 35) multiplie les points de contact du folide & du fluide; & cela eltbien conftaté par La première expérience de l'art. 9, n°. 99, felon laquelle l’orifice de Ja bouteille V, qui n'a que 11 lignes quarrées de furface , oppofe une réfftance très- fupérieure à celle oppofée par le difque À, quia plus de 9o lignes quar- rées de furface; & d’ailleurs feroit-on fufñfamment fondé à admettre qu'à égalité dé furface, la contiguité feroit plus complèteentre Le verre & le mercure qu'entre le verre & l’eau ? CXXXIT. Ce n’eft pas non-plus parce que le merctre s'attache ou fe colle au verre plus aifément que l'ean ; on fait qu'il ne le mouille pas , & que le plus petit globule de mercure comprimé entre deux lames de glace, & applati par-là , fe rétablit (dès que la comprefion ne fubfifte plus ) fous fa première forme de globule, en foulevant la lame de glace fupérieure , même aflez pefante. Mais quelque chofe de plus rapproché des réfiftances à la féparation , c’eft ce qui vient d'être dit , que le difque A peut être appli- EH pour fon orificefur ce fluide , fans qu'il en réfulce aucune adhéfon fen-. ible. CXXXIII. Mais comment une preflion , qui eft la même à égalité d’aire de féparation , y fait-elle oppofer, dans des expériences faites avec le même difque , une plus grande réfiftance de la part du mercure que de celle de l’eau? Les aires de féparation pourroient n'être pas égales dans ces deux cas. Cependant je ne m'arréterai pas ici à difcuter les rapports de leur inégalité, pour en afligner les réfultats relativement à celle des réfiftances des deux Auides , que je préfume dériver ultérieurement de leurs difpoftions ref- peétives à l'égard du verre. CXX XIV. Les molécules des Auides étant fphériques , ou approchane beaucoup de l'être , & peut- être les unes plus & les autres moins , doivenc vraifemblablement fe prêter d'autant plus aifément, qu’ils en approchene davantage à l’action de la preflion extérieure , qui tend à les reflerrer dans le moindre efpace poflible, & par conféquent À les ramafler, autant que Tome XIX, Part. I,1782. FÉVRIER. S 2 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les circonftances le permettent, fous une forme fphérique, qui ef celle où ils occuperoient le moins de place; & fi en effet les molécules des diffé- rens fluides font, en vertu de leurs formes particulières, difpofées inéga- lement à fe Haifler réduire par la prefion extérieure dans un efpace plus reflerré , l’action de la même preflion en fera plus ou moins efficace, & leur cohérence plus ou moins intime & énerpique : elle Le fera d'autant plus, que la réduction de l'efpace aura pu être pouflée plus loin. CXXXV. De- là dériveroient les inégalités de la cohérence des mo- lécules à l'égard des différens fluides, qui, en petit volume, prennent la forme de globules. Les plus fphériques font ceux du mercure ; ce qui in- dique que fes molécules font fufceptibies d'être réduites dans un moindre efpace que celles de l’eau & de tout autre Auide, & dès-lors d’une cohérence fupérieure à celle des molécules de tous ces Auides. CXXXVI. Si certaines combinaifons de folide à fluide font fufcep- tibles d’être refferrées par la preflion dans un efpace moindre que celui que le fluide & le folide occupoient féparément , cette réduétion produira une adhérence & une réliftance à la féparation, d'autant plus confidérable, que la réduction aura été pouflée plus loin. ; CXXX VII. De là dériveroient les inégalités de l’adhérence dans les diverfes combinaifons de folide à fluide; & conféquemment à la grande adhérencede l’eau au verre, il y auroit à préfumer que la furface du verre offre à leau bien des interftices entre fes'parties propres où elle peut pénétrer, & qui étoient inacceflibles à l'air : en forte que l’efpace que le verre & l’eau occupent entr'eux lors de la contiguité, puifle être moins étendu que celui qu'ils occupoient féparément. D CXXXVIII. Dans ces combinaifons, l'adhérence au folide l'empor- teroit en intenfité fur la cohérence des molécules du fluide , lorfque la ré- duction de l’efpace, réfultante du contact des deux corps, feroit plus grande que celle quiauroit lieu, file fluide, au lieu d’être appliqué fous le folide, léroit à une tranche du même fluide d'égale étendue que celle du folide; ce qui feroit le fort de l'eau appliquée fous le verre. CXXXIX. Et au contraire, la cohérence des molécules du fluide feroit fupérieure à adhérence au folide, quand la réduction de l'efpace, réful- tante du contact de l'un avec l’autre, feroit moindre que celle qui auroit lieu , fi le Auide, au lieu d’être appliqué au folide , l’étoit à une tranche dù même fluide, auffi étendue que le folide; c’eft Le fort du mercure appliqué fous le verre. CXL. Si dans d’autres combinaifons de folide à fluide les efpaces qu'ils occupoient féparément n'efluient aucune réduétion, & que l'étendue en foit la même lors du contact , la preflion extérieure ne s'exercera pas avec le même avantage & la même eflcacité que dans les combinaifons dont SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 14 il eft queftion au n°.136. Dans celles-ci, l'air atmofphérique doit être re- pouflé hors d'un efpace qu'il a ufurpé , lorfque ces corps fe font pénétrés ; dans les autres, il n’eft que foulevé par la féparation du folide d'avec le fluide : il doit oppofer moins de réfiftance à un fimple déplacement qu'a un refoulement fur lui-même. CXLI. Enfin, fi la combinaifon du folide avec le fluide exigeoit un efpace plus étendu que celui qu'ils occupoient féparément, ce feroit une difpofition oppofée ou défavorable à l'adhéfion. Cela peut ‘avoir lieu dans la combinaifon du verre avec le mercure, qui, fous une fuperficie con- vexe, & fur-tout fous la forme fphérique qu'il prend lorfqu'il eft en petic volume, occupe bien moins de place que fi faconvexité ou fa fphéricité vient à être apRiene fous une lame de verre plane. Confidérons cependant qu’en vertu de cette même difpofition à la fphé- ricité qu’il tient de l’éminente cohérence de fés molécules, il peur, lorf. ue ledifque de verre appliqué fur la portion intermédiaire & plane de 12 fuperfcie aflez étendue, eft élevé par degré au moyen de l'addition fuc- ceflive des poids qui Le contre-balancent, le füivre jufqu’à un certain point, en Te tenant comme collé au-deffous, puifqu'en cela il ne fait que fe précer à l’action dé fa cohérence, en prenantdans fa tranche foulevée’la forme convexe qu'il eft natureflément difpofé à affecter; & plus le difque eftamplés, & plus Le fegment de mercure foulevé AMfa fuite doit avoir d'éteñdue 8° dé, pefanteur avec moins de courbure. Aurefte, comme le mercure pèfe plus que l'eau, il neft pas étonnant que le poids , qui exprime la réfiftance contre-balancée ; foit plus fort dans V'expérience faite avec le mercure qué dans celle faite avec l’eau... CX LIL. Dans la première expérience de cerarticle, le mércure logé dans la beuteille V , n’a pu fuivre le difque de verre foulevé , parce que la fuper- ficie avoir devancé toute la convexité qu'il étoit fufceptible d'avoir dans ces circonftances. CXLIIT. Ne feroitce pas dans ces inégales difpoftions à l'adhéfon, dont font fufceptibles les combinaifons dont il vient d'être fait mention, & que j'ai attribuées à ce que l’efpace qu’elles occupent eft ou plus où moins étendu après le contact qu'il ne l’étoit avant, que confifteroir cé qui eft appelé en Chymie affinité & méfafinité > Peut-on leur afligher une caufe plus fimple? Les élémens provenus des décompofitions ôpérées par la reion de l'atmofphère (1) étant une fois entremêlés , les nouvelles com-" Éinaifons qui en réfultent & qui font produites par la même préflion rou- jours fubfiftante , doiventnaturellement étre celles où la réduétion'ds l'efpâce pourra être pouflée le plus loin; & en effet, l’obfervation rend qaëlquefois cette réduction fenfible. {1) Voyez Art. 8, n°.88 & fuiv. 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ACER L'TVONNC AE OIL Süur Les rapports des furfaces des difques , 6: de leurs aires de féparation d'avec le mercure. CX LIV.Quandle difque de verre, fufpendu au trébuchet, eften équilibte, & que fa fuxface inférieure rafe le niveau de la maffe de mercure , la preflion latérale de l'armofphère n’a aucune prife pour l'en détacher ; c’eft quand il vient à étre foulevé par l'addition graduelle des poids dans le baflin op- pofé & qu'une tranche de ce fluide qui Le fuir s'eft élevée au-deflous , qu'elle .commence à s'exercer , mais foiblement d’abord, & tant que la tranche n'eft que mince; enfuite de plus en plus énergiquenient, à mefure que la tranche épaillie pat fa retraite au moyen de l’accroiffement du contre-poids, lui préfente un flant plus étendu; & enfin avec aflez d'avantage , pour pouffer ce refoulement au point où la réfiftance , opérée par la preflion ver- ticale de l'armofphère & proportionnée à l'aire de contiguité aétuelle , fe trouve inférieure à l’action des poids accumulés. . CXL V. Le mercure, par la fupériorité de la cohérence de fes molé- cules , aflortie à fa denfité , réfifte plus que l’eau à ce refoulement de la part de la preffion latérale vers l'axe de la tranche foulevée ; mais il ne faut Hi le'concours d’un plus fort poids, pour que l'étendue de la tranche foit réduite dans les limites où la preflion verticale de l’atmofphère cefle de çcontre-balancer l'effort antagonifte, CXL VI. Ain, tout doit en général être analogue ici à l'égard des deux fluides , quoique leurs difpofitions à l’adhéfion foient différentes & leurs denfités inégales. Les intenfités des réfiftances du mercure n’en doivene pas moins étre aflorties aux aires de féparation, & indiquer les rapports de leurs étendues, On peut en conclure que le diamètre de l'aire de fépa- ration d'avec le mercure pour l’un d’entre plufieurs difques étant connu, il ne refte, pour déterminer ceux des autres difques, qu'a avoir, par l'ob- fervation, les réfiftances qu'ils oppofent à s'en laifler détacher. J'ai faic TARPRRERS de cette confidération à mes difques , dont je connoïflois les réliftances à la féparation d'avec le mercure, en fuppofant à l'aire de fépa- ration de l’un d’entr'eux un diamètre f@if; & j'ai trouvé , par les analogies faitesconféquemment, 1°. que les différences des diamètres des difques & de ceux des aires de féparation vont en croiflant , à mefure que les difques font plus grands ; 2°, Que ces mêmes différences ;. qui fontles mefures dela double largeur des couronnes de retraite du mercure fous le difque , croiffent dans un ordre régulier & de plus en plus (1) ; \ (1) Voyez Art. 5. + SUR'L'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. 143 3°. Que l'excès des diamètres des difques fur ceux des aires de féparation eft plus grand, dans les expériences faites fur le mercure, que dans celles fai- tes fur l’eau avec les mêmes verres ; 4°. Que les accroiffemens fuccellifs des retraites du Auide, relatifs aux augmentations des diamètres des difques , étoient plus confidérables dans les expériences fur le mercure que dans celles fur d'eau, faites aufli avec les mêmes difques (1). Les calculs, dont ces diverfes conféquences font déduites, ne font pas inférés ici, parce qu'y étant parti d’une faufle pofition , je n'ai pu obtenir les étendues réelles des aires de féparation , mais feulement leurs rapports analogues à ceux que j'ai pu fpécifier à l'égard de l'eau. CXLVII. L'excès des diamètres des difques fur ceux des aires de fépa- ration, plus grand dans les épreuves où le mercure a été employé que dans celles exécutées avec l'en, établir qu'à égalité des diamètres des dil- ques , la retraite du mercure , au moment de la féparation, eft plus grande que celle de l’eau ; ou, ce qui eft la même chofe , que l'aire d'adhéfion fub- diftante au moment qui précède la féparatien , eft moins étendue , par rapport au premier de ces deux fluides, que par rapport au fecond : & cela fe concilie avec ce que l'on fait, que l’eau a par elle même plus de difpofition à adhérer au verre que n’en a le mercure, & qu'en mêmæ SE fes molécules ont moins de cohérence entrelles que n'en ont celles du mercure. n CXLVIITI. Au refte, en conféquence de cette différence des difpofitions des deux fluides , la tranché de mercure, qui furpaffe le niveau de la mañle, & fe tient attachée à la furface inférieure du difque foulevé par le poids, doit avoir une forme oppofée à celle qu'a la tranche d'eau dangles cir- conftances analogues. La tranche d’eau prend celle d'une portion de cône renverfé (2), parce qu’elle tient plus au verre qu'à la mafle d'eau. La tran- che de mercure foulevé prendra celle d'une portion de cône droit, ou d'une monticule applatie à fon fommet, parce qu'elle gent plus à La mafle de mercure qu'au verre. À RTC L'E MXAI- JA; Sur L'intenfité de la cohérence des molécules de mercure, & de celle des molécules d'eau. 1° Exp. CXLIX. La bouteille V, appliquée fur le mercure par fon orifice inférieur, n'a donné aucune marque à dHéfion, foit qu'elle fut clofeau haur, foi qu'elle y für ouverte lorfque l'épreuve en a été faite tout fimplement. Je l'attribue à ce que lorfque la bouteille, qui eft très-mince , eft foulevée — (1) Voyez fur tous ces points l'Art, $ , n°. 49. (2) Voyez An. 5, n°, 39. : 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, au-deffus du niveau du mercure, il ne peut tenir à fon orifice que parun anneau encore plus mince. Cet anneau ne fauroie fe former aux dépens de la mafle, fans que l’efpace dans lequel elle eft contenue ne s’accrût: à quoi l’action de la cohérence de’fes molécules ne peut manquer de s'op- pofer. S 2°. Exp. CL. Mais il eft un procédé qui, dans la dernière circonftance, procure une adhéfion qui furpafle de beaucoup celle avec laquelle le dif- que À aparu tenir à ce fluide. La bouteille ayant été fufpendue en “ts libre au trébuchet avec fon contre-poids, qui étoit de 668: grains; d’a- bord ouverte au haut & de façon que fon orifice inférieur rasät la fuperficie -du mercure, je la fis plonger, en appuyant le doigt deflus, dans la mafle de mercure environ 12 ligne de profondeur: en cet état, le trou dont elle étoit percée au haut fut bouché avec de la cire molle, qui d'avance avoit été difpofée tout autour danscette vue. $ Le doigt ayañt été retiré, la bouteille laiffée libre , au lieu de revenir à fa première pofition, & de laifler Le fléau du trébuchet fe remettre dans la ligne horizontale, refta enfoncée comme auparavant. On voit qu’alors la tranche de mercure qui étoit en-dedans de la bouteille , & l'air qu'elle contenoit, contre-balançoient la tranche correfpondante extérieure du mer- cure & la preflion de la colonne de l’atmofphère. On chargea enfuite de plus en plus le baflin oppofé du trébuchet: la bou- teille V, devenant par-là fucceflivement plus légère, s’élevoit par degrés au-deffus du niveau du mercure extérieur jufqu’à ce qu’elle en fût détachée, & elle ne le fut que par un effort de 736 grains, & que lorfque la tranche intérieure du mercure, qui fut foulevée avec elle, fut toute entière, ainfi que fomprifice, au-deflus du niveau de la fuperficie de la mafle de mer- cure; en forte que la différence des deux niveaux étoit alors d'environ 17 ligne , autant que je pus en juger, & égale à l'enfoncement primitif de la bou- teille dans le fluide, $ 3° Exp.CLI. J'ai répété cette expérience, avec la différence que latranche de mercure foulevée en-dedans de la bouteille avoit 4 lignes d'épaiffeur ,;au lieu que dans la précédente, elle n’en avoit qu'environ 12 ligne. Elle s’y foutint à la même hauteur jufqu'à la fin, c’eft-à-dire, jufqu'au moment de la féparation , auquel moment elle furpañloit de 4 lignes le niveau de la mafle de mercure ,la bouteille ayant été par degrés élevée d'autant par ‘ l'accumulation des poids, dans le baflin oppotfé. La réfiftance fut de 1332 grains. L’addition d’un poids de 4 grains dé- tacha la bouteille. Ainfi , la réliftance avoit excédé au moins de ÿ96 grains celle qui avoit été trouvée dans l’autre expérience, où la tranche de mer- cure, renfermée au bas de la bouteille , n’avoit qu'environ 1+ ligne d’é- aiffeur. CLII. Dans ces deux expériences, la preflion extérieure a été la même. La compreflion de l'air renfermé dans la bouteille s’eft, par le procédé qu'on \ sttnbni SUR\L'HIST: NATURE LLECET LES ARTS, rtf qu'onÿia employé ;maintenfüäeconforme à celle de l'air extérieur dañs les deux efpaces inégaux qu'il y a fucceflivement occupés, jufqu'à ce que fa bouteille, enlevée tout-à-fait par l'accumulation des poids, a laiflé to6m- berle mercure qu'elle contenoic, Ce ne,fut qu'après que: la bafe de chacune de ces deux tranches cylindriques, logées, fucceflivemenc :dans:la: bou- tille , fur portée au niveau de la fuperficie de 1à mafle de mercure exté- rieure , & qu'en vertu d'une certaine portion. des derniers poids ajoutés, que la féparation eut lieu. Elle.s’opéra dans le plan de cette fuperficie, Je n'ai apperçu jufqu'alors aucune retraire dans le mercure : le diamèrre de l'aire de féparation parut être égal à celui du cylindre du merçure du dedans de la bouteille. ( Je ne tiens pas compte de l'anneau de contaét de fon orifice fur le mercure, où je jugeai que l’adhérence étoit nulleou trop foible pour contribuer fenfiblement à la réfiftance ). Or, l'identité qui a lieu dans les deux expériences, tant à l'égard des aires de la preflion verticale de l'atmofphère, qu'a l'égard des aires de féparation & des in- tenfités des preflions Jatérales, fi tant eft qu’on puifle foupçonner qu’elles y aient influé, établit que la non-égalité Le poids. qu'il a fallu employer dans ‘les deux cas pour détacher la bouteille , eft dl uniquement à la non-épalité de volume ou de hauteur des tranches cylindriques de mer- curé de même diamètre, qui ont été foule avec elle, & fournit de fortes préfomptions, que jufqu'à ce que les bafes de ces deux tranches fuf- fent parvenues au niveau de la fuperfcie de 14 mafle de mercure de la cuvette , Les poids employés pour les foulever avec la bouteille, onc dû être plus forts, par rapport à la tranche de 4 lignes d’épaifleur, que par rapport à celle de 17 ligne, dans la raifon des hauteurs refpectives de ces tranches; ou , ce qui eft Ja même chofe, dans [a raifon des hauteurs des portions de la bouteille qui les enveloppenit: mais qu'enfuite ies poids, ajoutés pour opérer enfin la féparation de la boyteille, ont dû ère les mêmes dans L'un & l’autre cas, CLIII. Conféquemment , il eft aifé de calculer que l'intenfité de la réfiftance qu'oppofe ici la cohérence du. mercure à le laifler divifer fur l’é- tendue de laîre embtaflée par l'orifice de la bouteille dans l’une & l'autre expérience , eft de 212 grains; car on trouve que pour porter au niveau de la fuperficie de la mafle de mercure dela cuvette, la bafe de la tranche de 4 lignes de hauteur, le poids doit être d'environ . . . . . . 1120 grains, Éc pour y porter la bafe de la tranche, dont la hauteur eft de 1+ ligne; H doit être de . . . .. $ÿ24grains, Et il refte à ajouter 211 ou 212 grains àchacun de ces deux poids pour opérer les féparations , en furmontant la cohéfion du mercure . , . ,. , :, 212... 212 grains, #30 sis 1332 Teme XIX, Part. I, 1782, FÉVRIER, T 146 OBSE RVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : : CLIV. L'intenfité de la cohérence des molécules de mercure, fur une aire de 83,79 lignes quarrées; feroit donc déterminée d'environ 212 grains: "> à Ù 119 À CL V. Dans la feconde expérience ; les 1130 grains, lorfque la bou- teille fe trouve portée au niveau de la mafféde mercure , fervent à foutenit le cylindre de mercure dé 4 lignes de hauteur, logé dans la bouteille; & il en‘eft de même des 524 grains à l'égard du cylindre de mercure de 17 ligne , logé dans la même bouteille dans la première expérience. Les 212 grains ajoutés enfuite dans celle-ci & dans l’autre , y font employés à vain- cre la cohéfionfur l'aire qu'embraffe l'orifice de la bouteille ; cohéfion qui ne peut être qué la même dans les deux cas. CLVI. La féparation, qui s'ékééute ici fur une étendue de 83,79 lignes qurrées — 95,06 lignes quarrées ( aire embraffée par la circonférence extérieure de {a bouteille ) — 11,27 lignes quarrées (aire des bords de l'ori- fice ), s'exécute entre deux lames de mercure; dans les expériences fur les difques , elle s'exécute entre Le difque & le fuide (1). . 4, Exp. CL VIL. Les deux épreuves précédentes, faites furle mercure avec la bouteille V, ont été aufli faites fur l'eau. Elle y a ‘été appliquée avec le même procédé , contenant\en-dedans , en premier lieu, une tran: che d'eau de 8 lignes cu. dont la Dee étoit au niveau de celle de l'eau extérieure ; & ainf la bouteille clofeau haut y éroit enfoncée de 8 lignes. Lorfque les poids ajoutés enfuite dans le baflin oppofé du tré- buchet furent montés à 1 fo grains, je m'apperçus que l’orifice de la bou- teille étoit déjà bien fenfiblement élevé au -deffus du niveau de la mafñle. d'eau, & que, l'intervalle étoir éccupé par un cordon ou anneau d’eau , tenant au cylindre intérieur, & rafant ou dépaffant même un tant foit peu le contour extérieur de la bouteille. La cohéfion fubffta encore enfuite , & elle contre-balança jufqu’à 179 grains. Un grain de plus la furmonta & détacha la bouteille: le cordon d’eau, en ce moment, me parut avoir acquis au moins une ligne de hauteur. 5“. Exp. CL VIIT. En fecond lieu, la bouteille , clofe de même au haut, avoitété chargée d’une tranche d’eau de 4 lignes feulement, & étoit enfoncée d'autant dans la mafle ambiante de ce fluide: la réfiftance à la féparation fut de 109 grains ; a bouteille ne fur enleyée que par le cent dixième. (1) Mora. L'évaluation de 55,06 lignes quarrées pour l'aire d'amplitude de la bou : ; ÿ Ve tille en ce n°. 156 eft plus exaête que celle de 94,96 lignes quarrées donnée à l’ar2 clé 9, n°. 102, où, ‘par une tranfpofition de chifires, il a été mis 49,96 au lieu ri ! E D ; de 94,96. La différence des deux évaluations eft légère : c’eft cependant le cas d’une correction; & conféquemment, au n°, 102 du même art. 9, au lieu de 30 centièmes, il faut lire 40 centièmes. SUR L'HIST. NAFUREULE ET LES ARTS ryt CLIX. Dans les deux dernières expériences , Les tranches d’eau qui y avoient été renfermées , fubfiftèrent dans toute leur hauteur jufqu’au mo- ent de la féparatidné: 140 0 2 DUC On y voit que pour amener l'orifice de la bouteille au niveau de Ja malle” d'eau } lorfque! Le cylindre de: ce fluide qui y étoie logé éroit de 8 lignes. il afallw 4 gens ue 35 oo a ep sage lg grainsd Et lorfque le cylindre n'étoir que de 4 lignes. : Jo grains, | Er qu'à chaque fois ilen a été employé pour? ©" 07: 0: contre-balancer la cohéfion JEUNE Le 2041399 0511099 , 1? uahortrs fa's., . SDLIGTEY, 2< b 221 AR ROURE ICRESCUE L0 a ————— lie 199 De: 19M SIN 1 TÉL X. Ces réfültats } quant au poids qui contre-balance ici {a cohéfon ; different de celui de l'expérience de l'art. 9, n°. 98, faite avèc la même bouteille , felon lequel la réfiftance à la féparation a été de 44 prains ; &, fur cetre différence, on peut préfumer que dans celle-ci il n'y a eu de ces 44,grains que 39 non - plus employés. En furmoncer la, cohérence des molécules d’eau, entre ; deux tranches. efquelles la féparation s'exécute. pareillement dans toutes cés, trois expériences, say étant, à cet égard, parfaitement égal, & que les $ grains excédens l'ont été à contre-balancer une mince tranche d'eau contenue’ de même au ‘bas de {a bouteille dans cette expérience de l’art. 9, & retenue jufqu'au momënt de la féparation (1). LAS ifhue en peut lmème être; décérminée, d'après l'effort qui à côntre- balancé ; foit l'une ; foir l'autre des deux tranches de 4 &:de 8 lignes que renferme la bouteille dans les expériences des n°. 157 8c:1ÿ8. La trän-: che:, ‘dans celle de l'art::9 ; éroic feulemenr de 0,285 -lignes un peu plus d'un quart de ligüe ; comme 7o gr: 4lign.:: ÿ gr.: 0,285. CLXI: Ain, il patoît qué ces trois expériences concourent à établir que la cohéreñcte des molécüles d'eau ‘fut une aire d'environ 83,70 li- gueS” quartées, ‘telle’ du’eft celle di dedans de Vorifice de fa boutéille , dôit ‘Etre évaluée 259 grains; Févaluation de éëllÿ ds 'molécüles de mer- cure fur la même aire a été portée EE Pr sa 212 Grains. D'a-' près ces déterminations , la cohérence du'unetêure {eroic à celle de l'eau / A / .1 —— —— 1) Hors. Au n°. 1031( Ârt, 9), a comparaifon.que j'ai faire de la boutcille-W, nue difque À, td Enr ME HD hr FRE a la tes ation, don celle’ du difque n’éft-que de 33 Idraïné, j'ai tegardé (a réfiftance oblerves HA rains de le” bouteille conime-détivant tauré entière de l& prélion dE Ftmolphète( ca f'admerrants là aucune retraite de la part de l'eau, & étendanbilioplande féparärion! far dure l'aire renfermée par la circonférence extérieure des parois de l’orifice, & en effet, on a alors une analogie entre les réfiltances & les aires, qui vient exatement à l'appui de ceue fuppoñion. Tome XIX, Part. 1, 1782. FÉVRIER, T2 148; OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans Le rapport de 212 à 393 rapport très - éloigné de celui des denfités refpectives. des deux fluides. Ce qui n'eft cependant pas furprenant , fi les intenfités de l’adhéfion ne font pas en raifon des points. dé conta@t. ( Voyez at 9 0e OT de vin ve sisrcos hi nb 2501 RAENT !CLX IL J'aiadmis ,°.156; que lé plan de fépatationde la bouteille V, dans, toutes les expériences. que je viens de difcuter, embrafle en entier Vétendue de Paire circulaire-renfermée en-dedaris des parois de l’orifice, quieft de 83,79 lignes quarrées — 95,06 lignes quarrées (aire embraffée par la circonférence extérieure de la bouteille) — 11,27 lignes quarrées: (aire des bords des parois de la bouteille ) ; & j'en ai jugé ainfi fur ce que, felon l’obfervation rapportée à l’art. 9, n°. 103, c’eft entre deux tranches horizontalès du cordon d’eau extrèmement mince, qui occupe l'intervalle de la fuperficie de la maffe d'eau & de l'orifice de la bouteille foulevée au- quel il tient, que la féparation s'effectue. Et de plus, cela éft confirmé nettement par la Comparaifon que l'on peut faire de la bouteille avec le difque À , relativement aux réfiftances & aux aires de féparation , felon laquelle on trouve: que comme 33 : 71,00" :: 39 : 83,90, & où l'aire de féparation conclue pour la bouteille V ne differe que de = de ligne quarrée d’avec l'aire circulaire renfermée dans les parois dé l’orifice , qui eft de 83,79 lignes quarrées. 1 Réfiftance des verres. Aires de féparation. JA V. Asa Nate) 533.078 J Ù -33-gr, : 44 gr. ‘: 61,00: 94,66 (étenduequi.ne differe que.de 40 cen- | tièmes de ligne quarrée de celle de l’airé embraffée. par Ja circonférence exté-1 ricure.de la bouteille). 1 dohernotäuts cel eneb sisi Lara Et dans cet article-ci, où ; d’après dès-obfervations qui femblentconftater que la cohérence de l'eau qu'il En vaincre pour enlever la bouteille n'eft que de 39 grains, nous venons d'admettre que la réfiftance obferyée de 44 grains eft due en partie, & pour $ grains ,au poids d’une mince tranche. d'eau, qui, renfermée au-bas de la bouteille, ,:&. y reftant jufqu'au mo- ment de la féparation, augmente d'autant le poids dé.la bouteille & contre- balance fvrains de ceux du contre poids. té | Réfiflance des vérres.. :-Aires de féparation. A HAN AIPAE SÉRE On a alors 33: 39 :: 71,00 : 83,96. | EtYérendue conclue pour cette airé dé féparation!, indique grille s'exécute à’peu-près dans l'aire qui eft renfermée en-dedans des parois de l’orifice , &c qui,eft de 83,79 lignes quarrées , & moindrede 11,27 lignes quarrées que celle de l'amplitudede la bouteille. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 149 | PR OUIUE T D'une Machine éledrique qui iroit toute feule; Par M. M***, de plufieurs Académies. 1" À grande utilité d'une machineéletrique qui pourroit aller toute feule, eft crop fnfble pour que nousnous arrétions long-remps fur cetobjet. Tous les Savans qui emploient cette machine , reprettent à chaque inftant d’être forcés de partager leur attention entre l'expérience qu'ils rentent & la ma- chine qu'ils font mouvoir. S'ils prennent un fecond pour fe charger de cette partie, la fatigue qu'il éprouve bientôt le force de difcontinuer , après quelque cemps, de tourner une roue d'autant plus fatigante , que la machine eft plus forte & le plateau plus vafte. L'embarras qu'entraînent néceflairement les machines connues jufqu’à préfent, empêche que l’on ne fafle de longues expériences , des expériences continuées. pes un efpace de temps'aflez confidérable pour que l'on püt remplir les vues que V'on fe propofe ; par exemple, pour hâter l'effet de l’incubation , ou plutôt le développement du germe dans les œufs comme dans la végétation: expériences qui ont réuili à M. l'Abbé Nollet, à M. Achard & au Prince Gallitzin , & qui ont manque entre les mains de M. Mauduyt. H y a cinq ans que, pour remplir ces vues, j'imaginai la machine que je vais décrire : mais le défaut d'ouvrier & d’autres circonftances m'empé- chèrent de l’exécurer. Puifle-t-elle réufir entre les mains d’un habile Artifte, qui fans doute la perfetionnera ! La caifle 20,20, 21,21 (pl. 11, fig.1), renferme un mouvement d’horlo- gerie femblable à-peu-pr's à celui d'un tourne broche. Il eft compofé d'un cylindre 1, aütour duquel tourne une corde qui foutient un poids 2. A ce cylindre, on qe fubftituer up barillet avec un:reflort de pendule très- fort. Le cylindre porte une roue dentée 3 , qui fe meut avec lui, & qui s'engrène avec un pignon 4, Sur le même arbre de ce pignon eft une &- conde roue dentée $, qui s'engrène avec le pignon 6, dont l'arbre eft le mêmeque celui du plateau électrique 8. L'arbre qui porte le pignon 4 & la roue dentée $, purte encore une roue de rencontré ou d'échappément 9 , qui fait mouvoir le pendule 11. La figure 2 donne le développement dela forme du pendule ; de celle de la roue de rencontre, & dé la manière dont l'un agit fur l'autre, La partie fupérieure du pendule eft ün triar- le curviligne 7, 3, 3. ‘À la bafe 8’eft attachée la verge du pen- Sie 4. Le fommet eft fupporté par-un pivot coudé 10, implanté dans le bâtis 20, 20, au deflus de l'arbre du cylindre 12. La pointe de ce pivoc eft enchäffée dans un petit cylindre mobile, dans l'épaifieur di fommer du = xfo ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ? triangle 7. Le devant de ce fommet eft encore garni d’une portion de cer= cle23 (fig. 1 &2), contre laquelle chaque dent de la roue de rencontre 9 frappe & entretient par-là de mouvement du pendule. La machine éleétri- que proprement dite eft comme toutes les autres , & elle eft fufceptible de toutes les perfections que l’on a inventées. Ce mécanifine bien enténdu, on concevra facilement que le poids 2 étant remonté & le pendule mis en mouvement, le mouvement fe con- tinuera jufqu'à ce que toute la corde du cylindre foit développée. En cal: culant le nombre des dents de chaque roue & de chaque pignon, on pourræ calculer. aifément de nombre de révolutions que fera le plateau. Il n'eft au. cun Artifte qui ne foir en érat d'établir certe proportion. y aa i * Ce premier pas fait, un Mécanicien habile & induftrieux peut compofer: fon mouvement de façon que la machine. marche non-feulement plufieurs heures, mais encore un ou plufeurs jours; &, dans ce cas , de quel avan- cage ne feroit-elle pas? En arrètant le pendule, le mouvement cefleroit cour d’un coup; en le faifant mouvoir de nouveau , tout recommenceroit à Matgher, 44. à | an On dit communément qu’à la longue un plateau, électriquers’épuife ;. cela ne viendroit-il pas aufli de ce que la machine eft pour ainfi dire trop. ifolée, lorfqu'elle n’eft foutenue que par les quatre pieds d'une table? En augmentant fa communication avec le grand réfervoir, la terre, par des chaînes ou destiges métalliques, sûrement on ne s'appercevroit pas decet effet. Ajoutez que la plupart des machines repofent fur des parquets cirés, qui lesifolent en quelque façon. M. de Courtenvaux n’ayoit aucun meuble de foie dans le vafte appartement où étoit fa fuperbe machine ; le parquet: n'étoit point ciré, & elle communiquoit encore avec fon jardin par une ou plufieurs chaînes. EXPLICATION DES FIGURES. Fir°6 ur x! ME ” #. Cylindre autour duquel tourne a corde qui porte le poids, 2. Le poids. À à 3. Roue dentée qui fe meut avec le cylindre. : 4 Pignon qui s'engrène dans la roue dentée 3. $. Roue dentée qui fe meurt avec lepignon 4. ; i à _ 6. Pignon qui s’engrène dans Ja roue dentée 5 , & dont l'arbre eft le mème) que celui du plateau électrique 8: ; JAN h lanié 7. Arbre du plateau électrique & du pignoné. 8. Plateau électrique. 9. Roue de rencontre ou d'échappement pertée fur l'arbre de la roues , & qui fait mouvoir Le pendule 41... il é . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘sr 10. Sufpenfion du pendule. ‘He: 11. Le pendules ; 12, Extrémité de l'arbre du cylindre par laquelle on remonte le poids 2, 13. Frottoirs du plateau. 14 Vis de preflion. 15. Bras du conducteur, . 16: Conducteur, + 47. Son fupport. 18. Table qui porte le tout. 19.20. 21. Bâtis ou charpente. 22. Jambe de force pour foutenir le mouvement 23. Cheville coudée du fommet du triangle, F FIGURE II. : 9. Roue d'échappement. ; 23. Portion de cercle du fommiet du pendule, 3: 3: 4 Pendule. 10. Crochet qui fupporte le pendule. , 7. Sommet du pendule dans lequel tourne Le cylindre mobile implanté fu Fextrémité du pivot 10. : LISTE PRET RER PE PERRET nn mc ee à mare rene à | EXTRAIT Du fécond Volume de l'Ouvrage de M. P Abbé SPALLANZANI: a | Differtation fur la génération de quelques Amphibies. - CHap.l®. De la génération de: la Grenouille verte aguätique. | ges efpèce de grenouille eft affez connue ; on ne la décrira point ici, —Le mâle a fur la tête deux veflies membraneufes, qui s’enflenr copfidéra- blemezt lorfqu’il croaffe ; il a de plus à chaque pouce des pattes añtérieures, une proéminence de fe manitefte particulièrement dans lé temps des amours, Ces deux différens organes manquent aux femelles , qui, de leur côté , font reconnoiflables par les taches noîres de leur dos & de leurs flancs, ges | Les amours de cet amphibie commencent en Avril, & finiffent en Mai, Si on obferve leurs œufs avant qu'ils foïent mûrs , dans l'état où ils font 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en automne , on les trouve tou fermés dans l'ovaire, qui eft divifé en deux lobes; chaque lobe eft compofé d’autres lobes plus petits, & chacun ft enveloppé de fa membrane particulière. Tous les ete ne font pas de la même grandeur ; il y en a de très-petits, qu'on peut à peine diftinguer, qui ont une couleur d'un gris livide : Les autres, fept ou huit fois plus gros, font blancs d’un côté & noirs de l’autre, En les obfervant de nouveau dans l'ovaire au printemps , on Les trouve? confidérablement grofis, & enfin ils parviennent à la maturité at temps ordinaire de l’accouplement. Swammerdam & Roefel ont très-bien décrit cet accouplement, Le mâle, monté & fixé folidement fur le dos de fa femelle , y refte jufqu'à ce qu’elle fe foit délivrée de tous fes œufs. Ces œufs font encore renfermés dans les facs de l'ovaire pendant les premiers jours de l'union; aux jours fuivans, on en trouve encore une partie dans cette même fituation: d’autres dans les oviduétus; & enfin ils defcendent tous dans l'utérus, à l'exceptfon des plus petits, qui reftent attachés aux ovaires. Malgré fes nombreufes tentatives, l'Auteur n'a jamais vu éclore les œufs qu'il avoit tirés des oviductus ou de l'utérus pendant l’accouplement, quoiqu'il prit la précaution de les plonger à l'inftant dans l'eau. Ceux qui fortoient naturellement venoiene tous à he , & ceux qu'il tiroit lui-même fe gâroient en peu de jours. Il ya plus ; comme le temps de l'accouche= ment dure au moins une heure , lorfqu'il y avoit déjà une moitié des œufs hors du corps, il féparoit le mâle, & fe rendoit attentif à la fortie du refte des œufs, prenoit ces derniers , les plaçoit dans yne eau féparée, & conf- tamment ils fe corrompoient en peu É jours ; ceux au contraise qui étoient fortis naturellement éclofoient tous au temps marqué. De ce fair réfulre une vérité inconteftable; c’eft que la fécondation dans cette efpèce de gre- nouille ne s'effectue pas dans le corps même, mais hors du corps. —Lin- nœus s'eft donc trompé, quand il affirme comme une vérité démontrée par Les faits : Nullamin rerum naturd fieri fzcundationem in ullo vi- vente cor- pore extra corpus matris. Quelle eft donc précifément la manière dont s'opère cette étrange fé- condation ? L’Auteur a pénétré ce myftère difficilement ; il voyoit que lorf que les œufs commencoient à fortir , le mâle alongeoit une petite pointe émouflée, fituée à fa partie poftérieure, qui paroifloit être le pénis, & qu'il approchoit de temps en temps de l'anus de fa femelle : mais on n’en voyoit fortir aucune liqueur quelconque. Enfin, heureufement il vint à foupçonner de la liqueur, s’il y en avoit une, étoit peut-être en fi petite quantité ou f tranfparente , qu'on ne pouvoit la diftinguer dans l’eau; & afin d’éclaircir ce doute , il tira de l'eau une grenouille accouplée au mo- ment de l'accouchement, & il eut alors le plaifir d’appercevoir que cha- ue fois que le pénis du mâle s’approchoit de l'anus de la femelle , il ER un petit jet de liqueur limpide qui fe répandoit à l'inftant fur AR es « SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15; les œufs déjà fortis. Il n’étoit pas douteux que cette liqueur ne füc du fperme ; & effectivement, tous les œufs qui en furent arrofés fous Les yeux de l'Auteur vinrent bien : il eut la précaution de les placer dans l’eau , dès qu'il fe fut parfaitement afluré du fait, Il entreprit enfuite l'examen fuivi de l'œuf depuis la fécondation juf- u’à la naiflance du tétard. Dès les premiers momens, l'œuf eft enveloppé d'une matière blanchâtre mucilagineufe. On trouve immédiatement autour de lui deux membranes délicates, circulaires & conçentriques l'une à l'autre’, dont la plus intérieure laifle échapper une liqueur limpide comme l'eau, lorfqu'on la pique avec une aiguille. L’œuf qu'elles: renferment eft rond , fa éice eft lifle ; un de fes çôtés eft blanc, l’autre noirâtre. — Si la faifon eft favoræble, il fait de grands progrès; fon volume s'accroît, l'hémifphère blanc fe brunit , l'hémifphère noir fe courbe, & forme un pétit fillon terminé par deux rebords faillans étendus en ligne droite fur LA longueur de l'œut Dans les jours fuivans, il continue à groflir; la mem- brane intérieure circulaire qui l'enveloppe, fe dilate & donne accès à uns plus grande quantité de liqueur. Le petit filon & les rebords s'alongent toujours plus. Sa forme change un peu. Une de fes extrémités s’amincit : bientôt on apperçoit que la partie émincée eft la queue du tétard: Le refteeft fon corps, fur lequel'on diftingue la place des yeux , quoiqu'encore fermés , les petites proéminences ou boutons dont l'animal fe fervira un jour pour s'attacher à différens corps, un commencement de bouche & les rudimens des petites ouies. ‘En ces premiers temps , le têtard ne donne encore que peu ou point de fignes de vie; feulement , fi on l’expofe aux rayons du foleil ou à quel- qu'autre chaleur plus forte, on le voit faire de petits mouvemens : alors on diftingue parfaitement que la membrane intérieure circulaire n’eft que Famnios , dans la liqueur duquel nage Le fœtus; on apperçoit même le cor- don embilical, qui n'eft pas, comme dans les autres animaux, attaché à l'ab- domen , mais à larète. De-là réfule une vérité qu'on ne foupçonnoît point ; c'eft que ce que on a nommé jufqu’à préfent œuf de grenouille, n’eft pas proprement un œuf , mais que c'eft le têtard replié & concentré en lui-même, qui, au moyen de la fécondation, fe développe & acquiert la figure d'un animal, En voici la preuve en peu de mots. Les membranes qu'on prenoit pour les enveloppes de l'œuf, ne font que celles de l'amnios, puifqu'avec le temps , elles grofliffent & fe rempliflent d’une plus grande quantité de li- queur , & Le point noir qu’elles renferment eft le tètard lui-même, puif- qu'on peut füivre fur fa furface même le développement de fes membres, & qu'on le voit fe modéler en animal , fans laïfler après lui ni coquille , ni écaille , ni dépouille, comme laiffent cous les animaux qui naiflent d'un œuf : c’eft donc un véritable fœtus, * Tome XIX, Part. I,1782. FÉVRIER. 4 154 .OBSERVATIONS,SUR LA PHYSIQUE, : Mais ces précendus œufs, qu'étoient-ils avant la fécondation, encore ren- fermés dans l'utérus de la mère? Comme la réponfe à cette queftion elt très-importante, je tranfcrirai ici les propres termes de l’Auteur. « Je fis la comparaifon la plus exacte & la plus détaillée entre les œufs >» fécondés & ceux qui ne l’étoient pas ; & je trouvai une identité parfaite » entre les uns & les autres, foic relativement à la nature & à la grandeur des » petites [PhèrES vifqueufes, foit à l'égard de la nature , de la poñtion , de la » figure, de la couleur de leurs deux membranes. J’écartai ces membranes, » & je vis que les œufs, foic inféconds , foit fécondés , étoient également » tachés de noir & de blanc. Notez que ces deux couleurs fubfftent en- » core en partie, lors même qu'on apperçoit déjà la forme du tétard. Mais » ce qu'il y a ici de plus frappant, c'eft la parfaite reflemblance de leurs » parties intérieures & extérieures. Si l’on perce un des globules avec une # aiguille avant ou un peu après la fécondation, il en fort de l’ouverture » une liqueur à demi-fluide d'un blanc jaunâtre; & en rendant l’ouverture > plus grande, route la capacité intérieure du globule paroît être remplie > de cette même matière, qui n’acquiert de la confiftance que lorfque le » tétard fe développe, Si avant leur fortie de l'utérus, ou à-peu-près , on » les met dans l'efprit - de - vin ou dans le vinaigre, ou qu’on les fafle » bouillir dans l’eau, puifqu'on les dépouille de leur écorce ; on recon- » noîtra que ce font autant de petites mafles légèrement endurcies , toutes » compofées d’une fubftance, en apparence fimilaire & homogène. Si, » après avoir confidéré leurs parties internes, on examine les parties ex- » ternes, on verra que leur écorce eft, avant la fécondatien, une pellicule » tranfparente & fubtile , qui fe conferve telle après la fécondation , à cela » près qu'au temps du développement du têtard, dont elle eft la vérita- >» ble peau, elle fe développe & groffit comme fe développe & groffit la » peau des autres fœtus d'animaux, à proportion de leur accroiflement. » Enfin, comme l'écorce eft attachée fur les parties intérieures des glo- » bules non fécondés, quand on les a fait durcir dans le vinaigre ou dans » l’eaubouillante , de même aufli elle y eft atrachée après la fécondation, & > cette adhéfion devient toujours plus forte à mefure que les globules , en » perdant leur figure fphérique, acquièrent celle du têtard. » La fuite de ces faits ne laifle aucun doute fur l'identité des globules » fécondés & non fécondés. Mais les globules fécondés ne font que les » fœtus de la grenouille; donc les globules non fécondés le feront aufli: » par conféquent , dans cette efpèce de grenouille, les fœtus préexiftent » à la fécondation. Cette vérité nous conduit à d’autres conféquences aufli » importantes. 1°. Comme ces prétendus œufs, avant de tomber par le » canal de l’oviduétus dans l'utérus, exiftoïient dans l'ovaire, & même » long-temps avant la fécondation, il eft clair que leur exiftence eft fort » antérieure au commerce du male. 2°, Quoique le développement de ces SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 155 » fœtus ne foit jamais fi prompt qu'après la fécondation , cependant il eft » aflez confidérable , même avant cette époque ; car les fœtus de la gre- » nouille defcendus dans utérus. font au moins foixante fois plus gros » qu'ils ne l’éroient l’année d’auparavant, lorfqu’ils renoient encore à l'ovaire, » 3°. Enfin, l'amnios & le cordon ombilical préexiftent aufli à la fécon- » dation ». Au chapitre fecond, on traite de la génération de la grenouille verte des arbres. Dans certe efpèce, comme dans la grenouille commune, la fé- condation s'opère hors du corps de la femelle. Remarquez cependant que les œufs les plus voifins de l'anus , quoiqu'encore renfermés dans le rec- tum, fe trouvent quelquefois fécondés. Ceci mérite une explication. Roefel Vavoit déjà vu, & fon obfervation eft exacte. Les œufs defcendent dans Vutérus avant l’accouplement ; mais la femelle ne s'en décharge que lerf- que le mâle la tient embraffée. Si, avant cet embraffemeñt, on prend les œufs defcendus dans l'utérus , ils ne viennent pas à bien ; mais fi, lorfque l'accouchement commence de lui-même par la préfence du mâle , on fé- are la femelle pour la difféquer & mettre à part les œufs dont elle s'ef déjà déchargée, & ceux qu'elle retient encore , on verra que tous les pre- miers viendront à bien , & que parmi les autres, il y en aura quelques-uns de ceux qui étoient les plus voifins de l'anus qui réufliront bien. Il fuit de-là qu’en certains cas une partie du fperme du mâle s’infinue dans l'anus de la femelle , foit que le mâle l’y darde luimème, foit, comme il eft plus probable, qu'une partie des œufs déjà fortis & arrofés de fperme rentre au moment où l’Obfervateur fait violence à la femelle pour la féparer & la difféquer. L’Auteur a inftitué entre les œufs fécondés & non fécondés de cette efpèce de grenouille une comparaifon exacte, par laquelle il a reconnu leur parfaite identité : d’où réfulte la même conféquence qu'on a tirée dans le chapitre précédent; c'eft que le fœtus préexifte à la fécondation. La génération du FRAIS nommé par Roëfel bufo terreffris, dorfo tu- berculis exafperato, oculis rubris, dont il eft queftion au chapitre 3, pré- fente les mêmes phénomènes & les mêmes ni nces. Les globules He la femelle accouche ne font pas des œufs, mais de véritables fœtus, re- liés & concentrés fur eux - mêmes : il n'y a aucune différence entre les globules fécondés & non fécondés. La fécondation fe fait hors du corps de la femelle : le mâle, qui la tient embraffée, répand fa liqueur fur les œufs à mefure qu'ils fortent. L'accouchement eft fort long; les œufs fe préfentent, en fortant de l’anus , fous la forme de deux cordons de fubf- tance tran{parente & glutineufe, qui renferment une multitude de points noirs. Ces cordons s’avancent avec une telle lenteur, que l'œil qui les fuit ne s’apperçoit de leur progrès qu’au bout d'un certain temps. Quand tous les œufs font fortis, on en peut compter plus de 1200, & les cordons Tome XIX, Part. 1,1782. FÉVRIER, V 2 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec leur glaire , forment une longueur de près de 43 pieds de Roi. Auf, quand la Al s'en cft déchargée, fon volume eft confidérablement di- minué. Dans le chapitre 4°, on donne quelques détails fur la génération du crapaud terreftre puant. L'accouplement de ce crapaud eft moins long que celui de l’efpèce précédente. En général, on croit communément que cet amphibie refte accouplé quarante jours. Swammerdam l’a dit, & d’autres Naturaliftes l'ont répété. Peut - être en eft-il ainfi dans les Pays froids; mais dans la Eombardie, que l'Auteur habite, ce temps eft beaucoup plus court. Pendant les trois premiers jours de l'accouplement du crapaud puanr , les œufs reftent attachés à l'ovaire de la femelle , & à la fin du quatrième, ils defcendent dans l'utérus. Les embraflemens du mâle contribuent fans doute à ce mouvement des œufs ; car dans les femelles qui n’ont pas fubi fes approches, & qu’on fait vivre ifolées dans le temps du rut , les œufs reftent fixés à l’ovaire. L'accouchement & la fécondation fe font dans cette efpèce comme dans celle dont il s’eft agi au chapitre précédent. Je n’en répéterai pas les dé- tails; mais je ne dois point omettre une expérience importante de l'Auteur, fur la glaire qui entoure les œufs. Pour favoir quel fervice elle leur ren- doit, il en a totalement dépouillé une certaine quantité d'œufs, & en a laïfé à d’autres une petite portion ; les premiers fe font tous gâtés , les autres ont réfifé à l'épreuve ,.& font éclos également bien. Il termine ce chapitre par le récit d’une expérience qui n’a qu'un rapport affez indire@ avec fon fujet. M. Bonnet adit, dans fes Corps organifés, qu'un étang laiflé à fec pendant long-temps, fe repeuploit , dans la fuite, de la même efpèce de poiflons qu'il nourrifloit auparavant; & il explique ce fait bien conftaté, en fuppofant que les œufs de poiflons ont Je pri- vilége de fe conferver au fec comme le rotifere , & de fe développer quand Veau leur eft rendue, M. Spallanzani a tenté de vérifier cette fuppolition. Il a confervé au fec les œufs de quelques poiflons , & les a replacés dans Veau un mois après; mais cette expérience n’a point réufh : quoiqu'elle ait été faire avec foin, tous les œufs ont péri. Il en eft de même des œufs de grenouille & de crapaud; quand ils reftent hors de l’eau plufieurs jours de fuite, ils perdent abfolument la faculté de fe développer. On pañle enfuite à la génération des falamandres aquatiques. Ces jolis amphibies féjournerit dans Les eaux mortes pendant la belle faifon, & à Fapproche de l'hiver, ils fe rapiffent dans la vafe ou dans les fentes des pierres. On en trouve cependant quelques-unes , même pendant les froids, qui continuent à vivre dans l'eau. Ce qu'il ya d’affez fingulier, c'eft qu'elles prennent leur quartier d'hiver dès le milieu d'Otobre , quand le ther- momètre eft encore à 10°, & qu’elles reparoiflent dès le milieu de Fé- SUR L'HISTeNATURELLE ET LES ARTS. 157 vrier, quoiqu'il gèle alors: toutes les nuits, & que rien ln, 40 le prin- ar l ne paroît donc pas que le froid foit la caufe de leur retraite , puifqu’elles la quittent avant qu'il foit fini, Il eft plus probable qu’au mois de Février, elles font preflées pat la faim ou par l'amour, Effectivement, dans ce temps-là ; les mâles commencent à agacer les femelles; cependant les noces ne fe célèbrent qu’au mois de Mars. Voici quelques détails fur la cérémonie. Le mâle pourfuit la femelle, qui, après avoir rélifté quel- que temps , cède enfin : alors ils fe mettent en contact, de manière que la partie inférieure de la tête du mâle touche la partie fupérieure de la tête de la femelle; le refte de leur corps s’écarte l'un de l’autre. Ils for- ment donc un angle, dont l’union des deux têtes eft le fommet. Cet an- gle eft pour l'ordinaire fort aigu. Dans cette pofition, le mâle agite le rebord membraneux de fon dos , contourne fa queue dans tous les fens, da ramène de temps en temps pour frapper. légèrement les Bancs de fa femelle; puis il fait fortir de fon anus , qui eft plus gonflé qu’à l'ordinaire, un jet copieux de liqueur qui fe mêle à l'eau, & ainfi délayée, arrive à Vanus de la femelle, Dans cette importante opération , jamais les deux falamandres n'approchent de plus près leur anus l’une de l'autre. Tout con- fifte dans ce jec de liqueur lancé à so diftance, & lancé par inter- valles; car le male fe repofe quelquefois, pour recommencer enfuite le même jeu. Dans cette efpèce d’amphibies, la fécondation n’exige donc pas d'accouplement proprement dit. L’Auteur s’en eft affuré par fes expé- riences , fuivies avec une patience & une afliduité incroyables. Il avoir déjà annoncé cette découverte en 1768, & croyoit en être feul l’Auteur; mais dans le Diétionnaire de M, de Bomare , imprimé en 177$, à l’article Sa- lamandre , il eft fait mention de l’obfervation de M, Demours , dont on ne cite point la date, & qui, pour l’effentiel, s'accorde parfaitement avec celle de M. Spallanzani. En quelque faifon de l’année qu’on ouvre l'abdomen d’une falamandre femelle, on trouve les deux ovaires remplis d'œufs d’une couleur jaune blanchätre, & plus petits que les grains de, mil. A l'approche du prin- temps, ces sons ra & parvenus à leur maturité au temps des amours , ils defcendent dans les oviduëtus. Ces oviduétus font deux efpèces de fyphonsblancs , qui s'étendent depuisles jambes antérieures jufqu’à l’ori- gine de la queue. Dans leur route , ils forment mille détours , mille circon- volutions différentes, Si on les développe , on leur trouve une longueur qua- tre fois plus grande que celle de la falamandre entière. Lorfque le mâle a jetté fa liqueur prolifique, elle s'infinue dans l'anus de la femelle , & féconde les œufs qui étoient les plus proches de cet ori- fice; les autres œufs , plus éloignés, plus reculés dans l’oviduétus , n’y participent point, En voici la preuve ; je laifle parler l'Auteur. « Dès que » les mâles commencoient à pourfuivre les femelles , je tenois celles - ci » ifolées dans des vafes pleins d’eau ; elles s'y délivroient de leurs œufs, 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, »i& ces œufs reftoient ftériles. Alors, je leur donnois des mâles, qui ne > tardoient pas à lancer leur fperme, fuivant leur méthode ; puis , j'ifolois » de nouveau ces femelles, & je voyois que les premiers œufs , au nom+ >» bre de cinq ou fix, qu'elles mettoient bas, étoient féconds, au lieu que » ceux dont'elles fe délivroient après ces premiers, reftoient ftériles, Dans # une autre expérience , j'ouvris une femelle qui avoit eu commerce avec » un mâle, & en tirant les œufs de l'ovidu@us , je mis à patt ceux qui étoient $ proches de l'anus; ils vinrent tous à bien : les auttes, qui étoient plus éloi- »5-gnés de cet orifice ; périrént ». Voilà done là manière dont s’opère la fécondation des falamandres. Eorfque les œufs font defcendus dans l’oviduétus, les prémiers jets de fperme du male s'iitroduifent dans l'anus de la femelle, & fécondent les œufs qu'ils rencontrént : bientôt la femelle fe décharge de ces premiers œufs ; le mâle recommence alors fon opération , & fa liqueur agit fur les œufs qui font venus près de lanus à la place des premiers, & ainfi de fuite jufqu'à ce. nn toute la mafle des œufs foit fécondée. Aufli, ce commerce amoureux dure-t-il vingt jours , quelquefois même trente. Dès que les œufs fortent de la femelle , ils vont au fond de l’eau. Pen- dant les premiers jours, ils ont la forme de petites fphères alongées: en- fuite ils fe courbent légèrement, & repréfentent aflez bien un rein où un tefticule de poule. Cette courbure augmente infenfiblement : une des extrémités groflit , l’autre devient plus mince ; tout l’œuf prend plus de volume , & alors il femble ne croître plus qu'en longueur. A cette épo- ue , ila des mouvemens fpontanés aflez vifs, auxquels fuccèdent des temps de rbds ; ce qui réveille As l'Obfervateur l'idée d’animalité, & lui fait bientôt foupçonner que ce prétendu œuf n’a que la forme d'un œuf, que c'eft un véritable fœtus de falamandre, Ce foupçon fe vérifie peu après , lorfqu’on voit l'œuf revêtir les apparences d’une petite falamandre , qu’on commence à découvrir la queue, un principe de vertèbres , les ouies dans lefquelles circule le fang, deux petits boutons qui annoncent les bras naif- fans , & enfin les yeux fous la forme de deux tumeurs. En continuant l’ob- fervation à l’aide d’une loupe, on diftingue nettement que [a falamandre naïflante n’eft pas enveloppée immédiatement par la glaire, mais par un cercle tranfparent, qui eft la circonférence de l’amnios rempli de liqueur dans laquelle nage le petit animal. Quandil a pris tout l’accroiffement qu'il devoit prendre dans cet état, il heurte violemment contre la membrane de Famnios,. parvient à ka rompre, & fe jette incontinent dans l’eau , où il nage avec vitefle. ÏL faut environ fept jours pour que le prétendu œuf de falamandre quitte fa forme d'œuf & pañle celle de Peru & quatre autres jours pour que l’äni- mal forte de fon enveloppe, — Il ne refte plus qu’à difcuter la queftion du moment, où l’on peut dire que les prétendus œufs de falamandre font de véritables fœtus. Ne doit : on leur donner ce dernier nom que lorfqw'ils SUR L'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. 159 fontifécondés & venus au jour, ou le méritent + ils déjà lorfqu'ils font encore dans l’oviduétus & qu'ils n'ont point reçu l'influence du fperme ? L'Auteur prouve très-bien que ce fontde vrais fœtus, dès l'inftant qu'on les apperçoit dans l'oviduétus. Ses preuves font tirées de la comparaifon’ qu'il A sr entre les fœtus fécondés &:ceux qui ne le font pas, & de l'identité parfaite qu'il a trouvée, entreux. Or, comme les œufs fécondés font de vrais animaux, lesœufs non fécondés le font aufli; & commeilsexiftent dans le corps de Ja femelle avant la fécondation, il en réfulte évidemment que lé fœtus préexifte à la fécondation. 3 PRITEe : Cette première Diflertation eft terminée par des réflexions fur des faits qu'on vient de lire, On remarque d'abord que les amphibies, dont il a été queftion jufqu'ici , doivent être rayés de la clafle des ovipares , & placés dans celle des vivipares ; cependant ils ont à cet égard:quelques caractères particuliers qu'il impotte d'examiner, La plupart des vivipares connus-mét- tent au monde des fœtus déjà tour formés, & qui confervent toute leur vie cette forme qu'ils ont en-naïflant:; ils ont même , avant de naître , les apparences de l'oèce - comme on le voit clairement dans les ayvortemens: au lieu que lès fœtus de’ nos amphibies font très - informestien venant au monde, & ce n'eftiqu'au bout d’un certain temps qu’ils acquièrent des membres & prennent la livrée de l'efpèce, On peut afligner la raifon phy fique de certe différence. Quoique la plupart des vivipates naiflent tour formés , ils n’acquièrent cette forme que quelque temps après la féconda- tion; avant-cette époque , on ne diftingue rien dans les germes dont ils naïtront : le perfeétionnement de leur être-eft donc toujours poftérieur à la fécondation. Mais dans nos amphibies , la fécondation ne s'opère qu'au moment où,les fœtus-fottent de la femelle: il ne faut donc pas s'étonner s'ils n'ont en naiflant aucun des caractères de l'efpèce. Le développement de ces caractères dépend de l'action du fperme: ce ne peut donc ‘étre wine l'avoir reçu qu'ils fe développeront ; ce ne fera donc qu'après être ortis du corps de la femelle. Toute la différence entre les amphibies donc nous parlons & les autres vivipares, gît donc. dans le temps de ‘la fécon- dation: ET | ‘lg L’Auteur porte enfuite fes regards fur linftinét de ces animaux. Onides appelle à jufte titre amphibies ; car, à l’exception des falamandres & des grenouilles communes, les autres efpèces de grenouilles & les crapauds font le plus fouvent fur terre ; néanmoins , tout le temps de leurs amours fe pafle dans l'eau, comme s'ils favoient que les pe qui naîtront de leur commercé ne peuvent-babiter que cet élément dans leur premier âge : & ils ne choififlent pas indifféremment toute efpèce d'eau; ils ‘ne s'adrel- fent qu'aux edux mortes des étangs & des-foflés , & fuientles fleuves & les eaux courantes , dont le mouvement & l'agitation pourrotent écrafer leurs œufs. Ce trait d’induftrie ne fera pas nouveau pour les Naturaliftés; ils font accoutumés à voir, même dans la plusbafle clafle des animaux, dans t6o . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les infectes , des apparences de raifonnement auñi frappantes. Les infeûtes femeiles ont prefque toujours la précaution de dépofer leurs œufs dans un endroit où les petits qui doivent naître trouveront facilement la nourri- ture qui leur convient. Autre réflexion. Les mâles de nos amphibies ont , pendant l’accouple: ment, une ardeur inimaginable. Non-feulement on peut, fans qu’ils quittent leurs femelles, les prendre & les placer fur la main: mais encore on peut lés percer avec une aiguille, les couper avec un'inftrument tranchant , & mème leur ampater Les cuifles, fans qu'ils abandonnent l’objer de leurs amours, + : El ya une efpèce de crapaud , dont le mâle fait ; pendant l’accouple- ment, les fonctions d’accoucheur ; fixé fur le dos’ de fa femelle, il fe ferc des doigts de fes jambes poftérieures pour tirer le cordon ‘des œufs lorf- qu'ilcommence à Brtir, Cette obfervation eftde M.Demours ; mais comme il n'a point particularifé l'efpèce qu'il a obfervée, & qu'il n'a vu ce fait qu'accidentellement , perfonne n’a pu le revoir après lui; en forte qu'il a befoin de confirmation. c On a cru pendant long - temps:que la fécondation s’opéroïc toujours dans le corps même, des femelles, On ne doute point que ce ne fût une loi générale de la Nature mais Swammerdam a démontré que cette loi fouffroit des exceptions. [l avoit obfervé une efpèce de grenouille dans laquelle la fécondation s'opéroit pardehors, Roefel a fait la même obfer- vation fur une autre efpèce de grenouille; & récemment, notre Auteur a beaucoup étendu le nombre des efpèces. d'amphibies dans lefquelles cette loi eft violée, On doit préfumer que toutes les efpèces du même genre, qui vivent dans les autres parties du monde, fe fécondent également pardehors. L’analogie permet de le fuppofer. t Quant aux poiflons, c'eft un point de leur hiftoire qui n’eft pas connu. M. de Buffon foupçonne que la fécondation s'opère par l'afperfion du fperme du mâle fur les œufs dont la femelle s’eft déja délivré : mais il n’en donne point de preuves. M. de Haller eft d’un autre avis, qu'il a expofé dans fa Phyfologie , & qui n’eft pas mieux prouvé que celui du Pline François. Linnæus a embraffé un troifième parti fort extraordinaire. Les autorités font donc fort partagées; la queftion refte indécife. Pour la ter- miner, notre Auteur propofe d’obferver avec foin les poiffons dorés de Ia Chine , dans le temps de leurs amours ; ils offrent mille facilités pour ce genre d'expériences. . Les infectes mériteroient auffi d’être examinés à cet égard. On en con- noît déjà une efpèce : les abeilles, dont la fécondation paroît s’opérer hors du corps de la femelle. On doit cette découverte à M. Débraw , Obfer- vateur Anglois; & on en trouve les détails dans un des derniers volumes des Tranfattions philofophiques. La fécondation des falamandres forme une efpèce de nuance particu- lière. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 161 Vière, Elle ne fe faic pas, à ENT parler , hors du corps ; car le fperme S'infinue dans l'anus de la femelle : mais, d'un autre côté, cette liqueur ne s'avance pas jufqu'à l'ovaire ; elle ne peut féconder que les œufs fitués au voilinage de l'anus. Les œufs qu'elle baigne fortent alors , font place à d'au- tes, qui reçoivent la même piébaratien, & ainf de fuite jufqu'à ce que toute la mafle des œufs ait été fécondée, Dans le paragraphe fuivant , l'Auteur fait un tableau raccourci des deux fyftèmes principaux fur la génération , celui de l'épigénèfe, & celui de la préexiftence dés germes. Il rappelle à fon Lecteur qu'il a déjà combattu victorieufement M. de Buffon dans fes premiers Opufcules , & que fes nou- velles découvertes fur la préexiftence e fœtus à fa fécondation dans la claffe des amphibies achèvent de détruire les molécules organiques (1). Enfin, il fe fait une objection qui mérite d’être pefée. Lorfqu'on ouvre une grenouille pendant l'hiver, on diftingue aifément les œufs aw'elle dé- pofera au printemps , ceux qu'elle pondra l'année fuivante , & quelquefois même ceux de la troifième année ; mais on n'apperçoit point ceux qu'elle pondra dans la fuite, quoiqu’on fache MR NE que la grenouille vit neuf ans, & que par conféquent elle doit accoucher tous les printemps pendant ces neuf années, On peut donc demander fi Les œufs deftinés à paroi- tre dans cette fuite d'années exiftent déjà dans l'ovaire, mais fous une forme invifble, ou s'ils fe formeront journellement, en forte que tousles ansil y en ait un ordre réellement nouveau? A cela, il répond que comme, malgré les efforts des Epigénéfiftes, on ne peut pas dire qu'il y ait une véritable formation dans les deux règnes organiques , il eft plus philofo- phique de penfer que ces ordres de fœtus, apparoiflent annuellement dans les ovaires, ne font pas formés fuccefliventent , mais qu'ils co-exif- toient avec la mère dès le commencement ; en forte qu'ils ne font que fe développer ou s’accroître au point de devenir vifibles par l'addition jour- nalière & continuée des fucs qui les nourriffent. Il en eft de ces fœtus comme des membres des amphibies ; les tétards naïffent fans jambes : ces parties «a’apparoiffent que dans la fuite, Dirons - nous qu’elles n’exiftoient pas en- core, mais qu'elles fe font formées quand les tétards ont été près du temps de leurs métamorphofes ? ou n’eft-il pas plus philofophique de penfer que ces membres co-exiftoient en même temps que les térards auxquels ils appar- tiennent, & que leur extrême petitefe feule les déroboit aux yeux ? (1) M. Spallanzani dit dans ce chapitre qu’il a ouvert 2027 grenouilles ou crapauds au moment de l’accouplement. Je note ce fait, parce qu'il eft très-propre à infpirer de la confiance aux Lecteurs, - Tome XIX, Part, I, 1782. FÉVRIER, X 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EXPÉRIENCES Sur la Mine de Plomb ou Plombagine (Plumbago), publiées par M. Scheele dans les aëtes de Stockholm, 3' Trimeftre de : 779 ; Traduires du Suédois par M. MG, de Dijon. ÊE RSQUE je publiai, en 1738, mes expériences fur la molybdène dans le troifième Trimeftre des Mémoires de l’Académie , j'annonçai tout en commençant que ce que l'on appelloit dans le commerce & dans: Fufage mine de plomb, étroit fort différent de la molybdène , dont il étoit alors queftion ; je me flatte de le démontrer par les expériences fuivantes. Cronftede, dans fa Minéralogie, la nomme molybdæna texturd micace4 gra- nulatä (1). $. 1. La mine de plomb choilie & réduite en poudre très-fine , je l'ai fait bouillir ou fimplement digérer dans tous les acides connus , foit con- centrés, foit délayés: mais ils n’y ont produit aucun changement fenfble , excepté que ces menftrues contenoient quelque peu de fer. L’acide arfe- nical eft le feul qui l'ait un peu attaquée , encore n’elt-ce que par la voie sèche. Deux parties d'acide arfenical fec ayant été mêlées à une partie de plombagine pulvérifée & diftillée dans une cornue , le col de la cornue fur rempli d'arfenic. Je ferai voir plus loin que cette rédution del’arfenic ne fut pas opérée par la chaleur. « S. 2. (a ) La plombagine, traitée au feu de fublimation avec le fublimé corrofif , n'a pas été plus attaquée. » (b) Avec le fel ammoniac, j'ai obtenu des fleurs martiales & un peu d’alkaii volatil cauftique : le réfidu n’avoit éprouvé aucun changement. (c) L'ayant mêlée avec Le double de foufre, j'ai trouvé , après avoir fu- blimé le foufre plufeurs fois dans une cornue , que le réfidu avoit le même poids qu'auparavant, _ (d) Fondue avec quatre parties de tartre vitriolé dans un creufec couvert elle a donné du Foie de foufre. j * (e) Avec huit parties de litharge dans un creufet couvert, la chaux de ptombs’eft réduite : mais il n'y a eu aucune réduétion avec le verre d’an- timoine. On voit par-là que la chaux de plomb attire plus puiffamment le phlogiftique que la chaux d’antimoine ; tellement, que fi on mêle la li- tharge avec le régüle d’antimoine, & que l’on poufle ce mélange à la: (1) Voyez la Traduét, franç. de cere Minéralogie, parag: 1 s4 STRUe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 163 füñon, il fe forme. un régule de plomb & en même temps du verre d’anti- moine noir, (f) Traitée à la diftillation avec le fel marin, il ne fe dégage point d'acide. (g) Traitée de même à la diftillation avec le nitre, il fe fait une détona- tion dans la cornue. $:3. (a). Ayant jeté dans un creufet rougi un mêlange de deux drachmes de plombagine bien pulvérifée & d'une once de nitre, il y eut d'abord une grande effervelcence ,| & enfuite une vive détonation, Il refla dans le creufet une matière Auide , noire, brillante, qui contenoit encore beaucoup de plombagine. (b) On fit enfuite un autre mêlange d'une partie de plombagine pul- vérifée & de fix parties de nitre, qui détona de la même manières mafle qui refta dans Le creufet fut abfolument femblable à la première." (c) La même opération fut répétée avec huit parties de nitre, & il refta un peu de plombagine qui ne fut point calcinée. On fit difloudre dans l'eau tout ce qui fe trouvoit dans les creufets, & pour lors la plus grande partie de la plombagine non attaquée tomba au fond. La diflolution lim- pide ne contenoit ni foie de foufre ni aucune trace d’acide vitriolique. Ainf, il n'y a poinc de foufre dans la plombagine pure. (4) Enfin, on mêla une partie de la plombagine pulvérifée avec dix patties de nitre, & on fit détoner dans un creufet rougi; le tout ayant été tenu en fufon pendant quelques minutes, il refta une matière blanche & alkaline, qui fut coulée fur une feuille de cuivre: & cette matière ayant été diffoute dans l’eau , elle laiffa précipiter un peu de poudre brune. D'une once de plombagine calcinée par le nitre , on trouva quinze grains de cette poudre defféchée , qui étoit une ocre martiale. L’acide vitriolique , verfé dans cette diffolution alkaline , y occafionna de l'effervefcence : l'air qui fe dégagea étoit de l'acide aërien , mêlé d’air nitreux (ou acide nitreux phlogiftiqué) , & coute la mafle forma une gelée. Je filtrai le tout; & ce qui refta fur le filtre ayant été examiné, fe trouva être du quartz, avec un peu de terre d’alun. La liqueur ne donna , par l’évaporation, que du tartre vitriolé, (e) Cependant cette expérience ne me paroifloit pas fufhfante pour prouver l’exiftence de la terre alumineufe dans la plombagine , parce que Javois précédemment obfervé qu’elle étoit peu concluante , quand, on fe fervoit des creufets ordinaires (1). Je préparaiune femblable déronation avec la plombagine dansun creufet de fer, & je reconnus que jen’étois pas trompé, puifque la lefive alkaline ne me donna pasla FRE EX trace d’argille. 2 ER pee RE TAN ELA Ce Of PR RAR PNR (1) Mém. de l’Acad, Royale de Stockholm, ann. 1776, 1“ Trimeftre. Tome XIX, Part. I, 1782. FÉVRIER. X 2 *: 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, $. 4 M. Gahn a calciné la plombagine fous la moufile, & elle perdie dans cette opération environ =, fans aucune fumée vifble. M. Hielm avoit auûi traité ce minéral à la calcination, & il avoit ew le même réfulrac: le réfidu n'étoit autre chofe qu'une terre ferrugineufe. On feroit d’abord porté à penfer que cette perte ne venoit que du phlogiftique qui s’étoit éva- poré pendant la calcination ; 1°. parce que la plombagine pure ne donne aucune odeur de foufre; 2°. parce que cette calcination na lieu qu'avec le concours de l'air; 3°. parce que la plombagine a la propriété de faire détonerle nitre, &c. : mais cette matière inflammable rendoit la plomba- gine plus pefante; & il n’étoit pas vraifemblable qu'une aufli petite portion de terre martiale pût enchaîner autant de phlosiftique, qui auroit été auf abondant dans la plombagine que dans le charbon même, puifque cinq parties de nitre fufffent pour confumer une partie de charbon, & que Es de nitre avoient été employées pour une partie de plombagine, Je me déterminai en conféquence à examiner la fumée qui s'élevoit auf abondamment pendant la détonation. $. 5. Je mêlai une partie de plombagine choïifñe avec dix parties de nitre ; le tout, bien pulvérifé , fut projeté peu-à- peu dans une cornuede grès tubulée, que j'avois fait rougir , & à laquelle j’avois adapté un grand récipient de verre : il fut à la fin rempli d'air nitreux, & enduit d'une ma- tière blanche. Cette matière fut aifément difloute par l’eau froide ; & après Yexamen le plus exact , il fe trouva que ce n’étoit que du nitre. Ain, il eft certain que pendant la calcination ou la détonation de la plombagine ; il ne s’en fépare aucun fublimé ni autre chof& femblable, $. 6. II y avoit encore une circonftance qui méritoit attention; c’étoif acide aërien qui avoit été dégagé pendant la faturation de l’alkali(. 3. d): en conféquence je mélai quinze grains de plombagine bien pulvérifée avec huit fcrupules de nitre ; je mis le tout dans une petite cornue de verre épais , au bec de laquelle j'attachai une grande veflie de bœuf vuide d'air, & je plaçai la cornue fur les charbons: dès que le nitre fut fondu, Le mélange s'enflamma dans la cornue , & la veflie s’enfla. Lorfque le tour fut refroidi, la veflie fe relächa près du col de la cornue, & l'air con tenu dans la veflie occupa un efpace égal à celui de trente-fix onces d'eau. Un tiers de cetair fut abforbé par l’eau de chaux, & le furplus pouvoit fervir à la combuftion. Ainfi, la plombagine contient de l'acide aërien, dont l’al K2li du nitre abforbe une bonne partie. $. 7. (a) On pouvoit imaginer que cet acide aërien venoit du nitre: même ; mais alors il devoit être AB par toute autre détonation avec le nitre, Je mêlai donc une demi-drachme de limaille d’étain avec deux drachmes de nitre, & je fis détoner ce mélange de la même manière : il en: réfulta un volume d'air égal à celui de 4 onces = d’eau ; mais celui-ci ne con- enoit pas la moindre trace d’acide aërien, SUR L'HIST, NATURELLE.ET LES ARTS. :6$ {b) Le mêlange d'une drachme de régule d’antimoine avec deux drachmes ‘de nitre donna un volume d'air égal à celui de huit onces d’eau , dans Jequel il ne fe trouva point d'acide aërien , mais qui éteignit le feu. La dé- tonation du nitre avec le foufre ne prodaifit pas plus d'acide aërien; mais voulant prévenir toute objection , je trouvai plus expédient de détrüire la plombagine fans employer le nitre. : (€) Je répétai en conféquence l’expérience par l'acide arfenical, dont J'ai parlé au &. 1°*; & au lieu du récipient , je me fervis d’une veflie vuide d'air : elle s’enfla à mefure que Parfenic montoit dans le col de la cornue, & j'obrins certe fois de l'acide aërien pur. j (4) Je diftillai de la'même manière ‘um mêlange de quatre parties de chaux de mercure & d’une partie de plombagine pulvérifég ; le mercure fut réduit, la veflie s'enfla, & l'air qu'elle contenoit étoit de l'acide aërien mélé d'air pur. " Le. € Ce) La litharge, pouffée à vitrification, puis réduite fur le champ en oudre , & mêlée avec deux parties de plombagine, donna , pendant {x téduétion dans la cornue, de l'acide aërien pur dans la veñie(1). (f) Une autre partie de plombagine pulvérifée fur mêlée avec l’alkali fixe cauftique; elle donna, à une forte difillarion ; de l'air indammable : la matière de la cornue avoit alors perdu fa caufticité ; elle fit une vive effer- yefcence avec les acides, $. 8. Ainf, je crus qu'il étoit aflez démontré que la plombagine étoit une efpèce de foufre.ou de charbon:minéral compofé d'acide aërien uni à une grande quantité de phtogiftique. La petite portion de-fer peut à peine entrer en confidération : car, en premier lieu, elle paroît y être fimplement mêlée mécaniquement ; & d’ailleurs, j'ai tenu une plombagine, dont je retirai, après facalcination, un peu plus de terre martiale qu'à l'ordinaire, & qui me donna un peu de foie de foufre, quand je l'eus fait déroner avec fix parties de nitre. Or, quand la plombagine exhale une odeur de foufre pendant fa calcination, il eft certain qu'elle tient un peu de pyrite. On a vu que la plombagine pure ne contraétoit aucune union avec le foufre ($.2.t), & qu'il n’en entroit point dans fa compofition ($.1): car il y auroit eu infailliblement un fublimé rouge ou jaune; c’eft ce qui réfulte également de l'expérience rapportée au 6. 3.c. ÿ Quand on a diffous les parties ferrugineufes dans l'acide vitriolique dé- layé,, il'refte une matière noire indifloluble dans les acides, & qui paroît être de la plombagine. Je prendrai de-là occañon de rapporter, en peu de mots, les expériences que j'ai faites fur ce réfidu. En ayant extrait une (1) Comme la litharge fournit ordinairement par elle-même un peu d'acide aërien , il étoi ici néceflaire de le féparer auparavant par la fufios, sé6 OBSERVATIONS SUR ÊA PHYSIQUE, once par l’eau régale, qui prit dans l'opération une couleur jaune obfeure ; la diffolution fut décantée; je verfai deffus un nouveau diffolvant , & je continuai ainfi jufqu'à ce qu'il ne parût plus de fer dans la diffolütion : alors je fis cher Le réfñda ; il évoit noir, luifant, tachoit Jes doigts comme la lombagine , & ne pefoit plus que 3 drachmes. M. Hielma traité le ré- fidu fous la mouffle , & il a obfervé qu’il f calcinoit un peu plus promp- tement que la plombagine ; il ne laifle qu’une cendre blanche en très petire quantité. Ayant mêlé une partie de cé rélidu de fa matière ferrugineufe avec cinq parties de nitre, & jetté ce mélange dans un creufet rougi, il y eut déco- nation de la même manière qu'avec la plombagine. La matière alkaline ui refta dans le creufer étoit blanche ; elle fur diffoute: dans l’eau, &.cette diffolution donna à la fin un peu de fédiment blanc, mais qui étoit en crop petite quantité pour qu'on püc le foumettre à un examen bien exaét. Cerre leflive ou diffolurion fit effervefcence avec les acides, & fe comporta abfolument comme celle dont il a été parlé ci-devant, 6. 3.4. J'ai aufli recueilli Pair produit par ‘la détonation de ce réfidu; il confifte en trois parties d’acide aërien & une partie d'air vicié. I faut bien conféquemment que ce réfidu de la matière ferrugineufe foie de la plombagine ; mais comme il n’exige pas pour fa deftruétion autant de nitre que la plombagine, il s’enfuit que cette dernière contient une plus grande quantité de phlogiftique. AIRIS Sur utilité d'une: nouvelle Machine fumigatoire, Inventée par le fieur FREDERICH HILDEBRAND , Suiffe. D E tout temps on a reconnu l’utilité des fumigations; mais, privé d'un fumigatoire propre à les appliquer aux différentes maladies qui les exigent, on n'en avoit pas fait un ufage aufli étendu que leur efficacité fembloit le demander, Le fieur Hildebrand, Mécanicien , a inventé différentes machines, à la faveur defquelles on peut aifément parfumer & expofer aux bains de vapeurs toutes les parties externes du corps humain & plufieurs des internes: Ces machines ont l'avantage de varier les effers des famigations & des va- peurs, en modifiant à volonté la quantité , la chaleur, la qualité , &c. Le fieur Hildebrand a cru devoir foumertre fes inventions à plufeurs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 167 Sociétés favantes , afin de pouvoir offrir au Public leur jugement, qu'il à toujours fenti être feul capable de fixer fon opinion; pour cet fe 4 il a préfenté fes machines au Collége de Médecine de Lyon & à l'Aca- démie des Belles-Lectres, Arts & Sciences de la même Ville, & il a ob- tenu de ces deux Compagnies des rapports avantageux , d’après lefquels il a adminiftré des fumigations dans cette Ville ; d'après l'avis des gens de l'Art. * Defirant faire connoître fes machines dans la Capitale , il a cru qu'il étoit de fon devoir de commencer par les communiquer à la Société Royale de Médecine; & cette Compagnie ayant reconnu qu'elles pouvoient être utiles dans plufieurs cas , il lui a demandé la permiflion de préfenter au Pu- blic l'extrait de fon rapport, tel qu'elle leluia donné, * Le fieur itdcbiand série que, ne fe-guidant que par ceux dont l'unique étude eft de connoître Les différentes efpèces de maladies, & d'y appliquer les remèdes , il ne s’eft propofé, dans fon travail ,ique de rendre plus aflurés & plus variés les effets de fes découvertes, que des expériences réitérées lui ont fait regarder comme très-efficaces. Il a fur-tour fait en forte d'étendre l'ufage de fes inftrumens au point qu'ils peuvent étre employés d’une chambre à l'autre, fans que le malade voie le fumigatoire , & cela avec le même fuccès. Uniquement occupé ; depuis plufieurs-années , à appliquer la mécanique au foulagement des maladies, il a aufli contlruit de bandages pour les varices & anévryfmes, & une machine propre à retenir les urines dans les maladies où ce fluide coule involontairement. Ces machines ont été également préfentées à la Société , qui, après avoir bien voulu lui com- muniquer quelques changemens , les a jugées avantageufes dans les cas défignés. Extrait des Regiftres de la Société Royale de Médecine. MM. Mauduyt, Varnier & de Fourcroy, ayant été nommés Commif- faires pour examiner une machine fumigatoire préfentée par Le fieur Hil- debrand , Mécanicien de Lyon, en ont fait un rapport avantageux dans a féance tenue, par la Société Royale de Médecine, au Louvre le 27 Avril 1781. Après avoir fait la defcription de la machine, ils ont ajouté ce qui fuit: « Quoique les meilleurs Médecins aient regardé les bains de vapeurs » & les fimigations comme des remèdes utiles dans un grand nombre » de cas, quoiqu'il foir démontré que les médicamens ainfi adminiftrés » font capables de produire , dans quelques circonftances, des effets plus » L & plus marqués que ceux que: l'on eft obligé d'adminiftrer en » fubftance , on ne peut cependant difconvenir que l'omn'en a pas taie ui 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » ufage aufi étendu que leur efficacité auroit femblé exiger: ne peut-on » pas foupçonner que cela dépend de la difficulté que lon a éprouvée dans » l'adminiftration de ces moyens? On fe contente le plus fouvent de volati- » Jifer ou de brûler à feu ouvert les fubftances que l’on ordonne en va- » peurs ou en fumigations , & de les recevoir à l'aide d’un entonnoir, ow. » feulement en expofant la partie malade couverte d'un linge au-deflus d’un » fourneau. Cette fimple opération fait difliper en pure perte la plus grande » partie de la vapeur. Les machines propofées parle: fieur Hildebrand , » nous ont paru capables de lever cette dificulté, On peutconcentrer dans » un feul point la matière volatilifée ; on peut l'appliquer à une grande fur- » face : on eft maître de l’employer en plus ou moins grande quantité dans » des degrés différens de chaleur ou d'atténuation. D D'après ces confidérations , elles ont réellement, fur la méthode or- » dinaire, des avantages qu'il eft facile d'apprécier. On peut même efpérer » que des médicamens , réduits en PR & adminiftrés par ce moyen, » produiroient des effersque l’on attendroit en vain de la méthode ordinaire » dans toutes les maladies, dont le fiége peut être -expofé à leurs vapeurs , » comme dans les douleurs externes, les rhumatifmes, les maladies de peau, > de l'oreille , des narines, de la bouche , des poumons, de la veflie, de Ja » matrice, des inteftins, &c. » Nous penfons donc que [a Société peut donner fon approbation aux » machines du fieur Hildebrand ; mais comme le but de cette approbation , » & fans doute le defir de ce Mécanicien, font de contribuer au foulage- # ment des malades & au bien de l'humanité, pour remplir ces vues, nous > croyons devoir ajouter les réflexions fuivantes, » Premièrement, le fieur Hildebrand ne doit jamais fe permettre de tenir » le fourneau de ces machines deftinées à adminiftrer les bains de vapeurs, > dans la chambre des malades, Le feu de charbon que l'on eft obligé d'y # faire, eft capable d’altérer l'air, d'exhaler une vapeur qui peut devenir >» nuifible. I lui eft très-facile de parer à cet incenvénient, en alongeant » le tuyau, de forte que le fourneau foit dans une autre chambre que » celle qu'habite le malade, ou au moins en plaçant le fourneau dans » une cheminée qui tire bien. Il nous affuré qu'il avoit eu la précaution >» d'en agir ainf; & cette précaution eft trop importante pour qu'il ne né- » glige jamais de la prendre : elle n’eft pas néceflaire pour les machines fumi- » gatoires, dans lefquelles on n’a befoin que de très-peu de feu. » Secondement, comme les matières des vapeurs volatilifées par ces » machines ont une action fingulièrement énergique, ce dont nous nous # fommes plufeurs fois aflurés, en les recevant fur les mains & fur les » bras, & comme, à plus forte raifon , cette aétion doit être beaucoup plus » vive fur des organes fenfibles, comme la bouche, la veflie, la matrice, &c., » & peut par conféquent être dangereux , nous penfons qu'il doit être » défendu y v u SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 169 ‘» défendu au ficur Hildebrand de les adminiltrer fans l'avis d’une pet- æ fonne de l'Art, qui doir être appelée dans tous Les cas, pour prefcrire la » matière de ces vapeurs, pour en régler l'adminiftration & en fuivre les » effets. » Troifièmement, il eft des cas dans lefquels ces fumigations ne peuvent -» être employées fans expofer les malades à des accidens, comme dans » les douleurs aiguës , & qui ne permettent pas que l’on change le malade » de place : ce qui eft abfolument indifpenfable dans l'ufage de ces ma- » chines ». Je certifie que La Société Royale de Médecine ayant entendu dans [a Séance, zenue au Louvre le 27 Avril 1781, la leélure du rapphrt ci-deffus , l'a entièrement adopté, & qu'il eft conforme à fon jugement, & à ce que con- tiennent les regiftres de cette Compagnie, qui a principalement infifté [ur les deux conditions fuivantes : 1°. que le fieur Hiléebrand ne fera jamais aucun ufage des fufdites machines, que par les ordres & fous les yeux des gens de l'Art ; 2°. qu'il ne fupprimera & n'ajoutera rien au préfent extrait de nos regifires , en le rendant public, 6 qu'il ne fera rien imprimer relativement à Jes machines , fans l'approbation de la Société. Paris , le23 Juin 1781. Signé, Vice-D'Azye, Secrétaire Pepétuel. On trouvera le fieur Hildebrand depuis neuf heures du matin jufqu’à midi , & depuis deux heures jufqu’à quatre heures de l'après-midi ; il fe tranfportera chez ceux qui defireront faire ufage de fon miniftère. Sa demeure ef? rue des Boucheries Saint- Honoré. L'on trouve les mêmes fecours dans fa maifon à Lyon, place du Petit- Change. A — 5 a — 1 — —— a ———— NOUVELLES LITTÉRAIRES. D'ésorrenox des Alpes Pennines & Rhétiennes ; par M. BoURRIT, Chantre de l’Eglife Cathédrale de Genève , 2 vol. in-8°, avec fig. A Genève, chez P. Bonnars, 1781. La grandeur, la majefté des objets que M. Bourrit a peints, le fpectacle fublime & impofant des merveilles que les Alpes renferment, élève l'ame, échauffe l'imagination, & de fon Obfervateur en fait un grand Peintre. On connoifloit déjà les talens de cet Auteur dans ce genre, & ce nouvel Ouvrage ne peut qu’intérefler de plus en plus, & exciter dans l'efprit des Naturaliftes le defir de parcourir des montagnes fameufes, où la Nate fe préfente telle qu’elle elt, où elle offre des traces fidelles de fon premier étar. Heureux qui peut étudier dans ce grand Livre ! Peut-être le Naturalifte Tome XIX, Part. I, 1782. FÉVRIER. Y 170 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eût-il defiré que les bordures des riches tableaux que peint M. Bourrit, euf- fent été enrichies par des defcriptions intéreflantes d'Hiftoire Naturelle; peut-être encore ne feroit-il pas de fon fentiment dans le Chap. VIIL du fecond volume, où il prétend démontrer que les Alpes font plus hautes que les Cordillières ; & ne croira-t-il pas, avec lui , que la bafe des mon- taones fi élevées du Pérou ne commence pas à Quito, mais qu'il faut efti- mer leur hauteur depuis le niveau de la mer? Voyage hiflorique € littéraire dans la Suiffe occidentale , 2 vol. in-8°. Neuf- châtel, 1701. Ce Voyage renferme quantité d’obfervations très-intéreffantes fur la Po- pulation , le Commerce , les Arts & l'Hiftoire Naturelle de cette partie de la Suifte. Hifloire Naturelle, ou Expofition générale de toutes fes parties , gravées & imprimées en couleurs naturelles ; par M. Fabien GAUTIER D'AGOTY, cinquième Fils; 3° Décade. Certe troifième Décade renferme , 1°. roche de cryftal noir entre-mêlé de cryftaux de feld - fpath blanc de Bretagne , tiré du Cabinet de M. Ber- tin; 2°, grouppe de cryftaux de foufre-citrin, natif des environs de Ca- dix, tiré du Cabinet de M. Sage; 3°. grouppe de fpath pefant ou féléni- teux en table, des mines de Hartz , tiré du Cabinet de M. Joubert ; 4°. pyrite blanche arfenicale , & mines de cobalt grife & blanche, tirées du Cabinet de M. de l'Ifle; 5°. grouppe de cryftaux de félénite à angle ren- trant , du Cabinet de M. Joubert; 6°, grenat dodécaèdré & fes variétés, des Alpes du Tirol, tiré du Cabinet de M. de F'Ifle ; 7°. fpath calcaire en prifmes hexaèdres tronqués net aux deux bouts, du Hartz, tiré de la Collection de M. Foriter; 8°. différens grouppes de cryftaux de mines d’ar- gent rouge & nitreufe, des Cabinets de MM. Nolin & de l'Ile; 9°. ludus argilleux & jayet à veines calcaires en forme de ludus , du Cabinet” de M. de l'Ile; 10°. ludus quartzeux & cellulaires, du côté de Durham en An- gleterre, de M. Foriter. Les Amateurs verront avec plaifir , dans cette troifième Livraifon , com- bien le jeune Artifte s'étoit perfectionné dans ce genre fi difficile ; il don- noit les plus grandes efpérances, & l'Hiftoire Naturelle lui auroit eu de : grandes obligations. L'activité & les foins qu'il mettoit à fon entreprife , les connoiffances relatives qu'il acquéroit de jour en jour, les guides fa- vans qu'il s'étoit choifis, tout annonçoit que les plus heureux fuccès de- voient le couronner ; mais la mort, qui ne refpecte ni les talens ni les con- noiffances, vient de l’enlever au commencement de fa brillante carrière. Il feroit bien à fouhairer que quelqu'Artifte intelligent voult fe charger de continuer une fi belle entreprife (1). {r) Nous apprenons que ce fouhait eft rempli, & que la 4° Décade va bientôt être délivrée aux Soufcripteurs. D ner | rt SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 171 Obfervations médico-chymiques fur le Cancer ; par M. MARTINET , Curé'de Soulaines près Bar-fur- Aube. A Paris , chez Didot le jeune, quai des Au- guftins; prix , 12 fols br. L'année dernière nous avons eu une brochure fur les propriétés curatives de l’alkali volatil-fluor de ce Curé Médico - Chymifte; celle-ci renferme fes réflexions fur le cancer, fa nature , fa manière d'agir, & fa guérifon par l’alkali volatil-Auor. De quatre malades, un a été guéri, & les trois autres donnent les plus Aatreufes efpérances de guérifon prochaine : c’eft toujours beaucoup. Nos plus habiles Médecins n'auroient pas de pareils fuccès fur quatre cancereux. Vient enfüuite une comparaifon fuivie entre le cancer & la brülure : dans le premier, l'acide phofphorique animal en fermentation agit de l'intérieur à la fuperficie du corps; dans le fecond , l'acide phofphorique ignée agit de la fuperficie à l'intérieur du corps, Le tout eft terminé par un examem des humeurs du cancer. Carte phyfique & hydrographique de la France, où l’on rrouve les chaînes de montagnes formant le baf]in des fleuves ; la hauteur des plus hauts pics Jur le niveau de la mer, exprimée en toifes ; le cours des fleuves & de toutes les rivières qui y affluent, avec l'indication des lieux où elles fonc font navigables ; les canaux exiftans , les villes riveraines ; les ports 6 les ponts : divifée par Gouvernemens & Provinces. On y a joint un difcours raifonné fur le cours des fleuves G les chaînes de montagnes. Dreffée pour l’ufage des Collèges & des Penfions ; par M. DuPAIN-TRIEL, fils, In- génieur-Géographe du Roi. C'eft à M. Buache qu’on doit l’idée de divifer la France felon les chaînes de montagnes formant le baflin des fleuves: & c’eft M. Sanfon qui le premier en a donné une carte par rivières. M. Buache , occupé de la partie des mon- tagnes, n'a exprimé que les principales rivières. M, Sanfon n'ayant pour but que les eaux courantes, a négligé les montagnes & même les villes riveraines. Comme nous avons aujourd’hui fur la Géographie de la France quantité de matériaux dont on peut garantir la fidélité, l’Auteur a cru devoir en faire ufage, pour réunir & rendre encore plus utile le travail de ces deux Géographes. Ilpréfente certe carte élémentaire aux Inftituteurs de La Jeunefle & aux Amateurs dela Géographie , en les aflurant qu’ils peuvent la confulter avec confiance. On la diffribue chez l'Auteur (rue des Noyers S. Jacques près S. Yves), enlu : minée , aux choix des acquéreurs , [elon le département des'fleuves ou la divifion des Provinces ; prix, 1 liv. 10 fols. 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Frac & Obfervations fur le poids du Paîn au fortir du four; pat M. TiLLeT, Chevalier del'Ordre deS. Michel, de l'Académie des Scier- ces, Page 89 Mémoire-Pratique fur La culture de l'Ortie; par M. le Baron DE SERVIÈRES, 104 Baromètre nouveau , inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, G de plufieurs Académies, décrit par lui-même ; avec la méthode pour mefurer les hauteurs des montagnes , & des Tubles très- étendues pour calculer ces mefures avec la plus grande facilité, 108 Obfervations fur la terre abforbante ou terre des os, G& jur le nitron qu'elle contient ; par M. SAGE, de l'Académie des Sciences, Profef[eur Royal de Minéralogie, 125 Obfervations fur l'Acide arfenical; par M. PELLETIER, : 127 Suite des Expériences relatives a l'adhefion ; par M. DUTOUR, Corre/pondant de L Académie des Sciences, I Projet d’une Machine éleétrique qui iroit toute feule; par M. M***, de plufieurs Académies, - 149 Extrait du fecond Volume de l’'Ouvrage de M.T Abbé SPALLANZANT, 151 Expériences fur la Mine de Plomb où Plombagine ( Plumbago) publiées par M. Scheele dans les Aëtes de Stockholm , 3° Trimeftre de 1779; traduites du Suédois par M. MG. , de Dijon, 162 Avis fur une nouvelle Machine fumigatoire, inventée par le fieur FREDERICH HiLDEBRAND , Suifle, | 166 Nouvelles Littéraires, 169 oo APPROBATION. J'« lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Arts, Ge.; par MM. Rozier & Moncezde jeune, &e. La Colleétion de faits importans qu’il offre périodi- quement à fes Lecteurs , mérite l’accueil des Savans; enconféquence, j’eftime qu’on peuten permettre l'impreffion. À Paris, ce 28 Février 1782. VALMONT DE BOMARE. Delier Sup. Fevrier 1782. Z71Z. IL Door TR —— T7 our var DE PHYSIQUE. LÉ | | MARS 1782. SIA md ve LE 7 LE — Dre: KOEEP: TL ON De divers Foffiles trouvés dans les carrières de Montmartre près Paris, & vues générales fur la formation des Pierres gypfeufes < Par M. Robert pE PAUL DE LAMANON. SE ——— sie &. L. Oifèau pétrifié. 15 ES Anciens ont parlé des coquilles renfermées dans le fein de faterre, & les ont regardées , fans aucun examen , comme des preuves du féjour de la mer für le continent; ils ont aufli fait mention de grands offemens détachés des montagnes, qu'ils ont pris pour des fqueletres de Géans: mais ils n’ont point connu Les ornitholithes ou pétffications d'oifeaux. Albert- le-Grand, Ecrivain du moyen âge, eft le premier qui ait dit quelque chofe de ce genre de pétrification. Il parle d'une branche d'arbre trouvée près de Lubeck, fur laquelle étoit un nid_plein de petits oifeaux pétri- fiés (1). Ce fait eft trop extraordinaire , & l'Auteur qui le raconte trop crédule , pour mériter notre aflentiment. Apgricola aflure qu'on trouva en 1539 l'empreinte d'un coq dans une pierre (2); mais ce qu'il ajoute rend fon affertion très-douteufe : car il dit qu'il y avoit fur la même pierre la vraie figure d’un Pape, ayant une triple couronne (3). Moylius parle auñi d'une poule empreinte fur une ardoife cuivreufe (4). Il en donne la —_———_——— TE (1) Lib. x, miner. tratt, 1, cap. 7. (2) Agric., lib. 10 , foff. , pag. 371. (3) Cette pierre fiagulière pafla entre les maïns de Luther, & fut enfuite préfentée à François 1°. 4/bin., p. 105. (4) Memor. Saxon. fubrerran., part. 1 , p. 47. Tome XIX, Part. I, 1782, MARS, Z 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, figure, ainfi que d'une tête ayant une grande perruque, que fon imagination, Jui faifoit appercevoir fur une ardoife de la même carrière. On doit regarder toutes ces pierres comme des jeux de la Nature; & il ne feroit pas plus raifonnable dé croire à la poule de Mylius, qu’au nid d’Alberi-le- Grand & au coq d'Apricola. Je paflerai fous filence tout ce qu'ont écrit fur ce fujet Butiner (1), Volkmann (2) ,Gefner (3), Zanicheli (4), Bruckmann (s) Kundmann (6), Éc. ; il paroît que ce qu'ils ont pris pour des oifeaux pétrifiés n’éroit que des incruftations falines faites artificiellement dans les bâtimens de gradua- tion, ou des incruftations pierreufes, comme celles qu'on obtient aux bains de Saint-Philippe. On voit un nid de cette efpèce , venant de Saxe, dans le Cabinet de M. Seguier de Nîmes. Tous-les Naturaliftes conviennent que les vrais ornicholithes font fort rares; on lesregarde même , dans l'Encyclopédie , comme des pétrifications fuppofées. M. Bertrand dit auf « qu'il ne fait fi on a jamais vu d'oifeau > entier pétrifié, quoique Linnæus & Vallerius en parlent ( 7). Il ajoute » que les parties de ces oifeaux peuvent être plus communes; que cepen- > dant il eft fort à craindre qu’on ait été trompé par une prétendue ref- » femblance à laquelle l'imagination & Le defir des chofesrares auront donné » lieu » (8). Il eft fait mention, dans le Catalogue de Davila, d’un tibia & d'un bec d'oifeau empreints fur deux pierres différentes. M. Rouelle, au rapport de M. Darcet, avoit trouvé , dans les carrières à plâtre de Montmartre, des parties d'oifeau féparées les unes des autres. J'ai vu aufi, dans le Cabinet d'Hifteire Naturelle de Bordeaux , quelques os qu'on feroit tenté de rapporter à des oifeaux ; ils ont été trouvés par M. l'Abbé Defhiey dans les carrières de Léognang qui font à deux lieues de cette Capitale. On ne peut cependant aflurer que ces offemens ifolés aient appartenu à des oifeaux , bien que leur cavité médullaire foit fort grande relativement à leur épaiffeur, Aucun Anatomifte n’a déterminé quel eft le rapport de cette cavité avec Le corps offeux dans les différentes clafles d'animaux; il eft même probable qu’on ne pourroit établir à cet égard de règle générale , & que certains animaux aquatiques ont des os aufli légers & aufli déliés (x) Ruder. diluv. teft., p.64. (2) Siles. fubrer., p. 144. (3) De perrificatis, 1758. Cap. xx, p. 66: (4) ÆZufeum, cité par d’Argenville: Ory&, p.333. (s) De nidis avium petrefattis. Lettre $ de la feconde Centurie des Epirres Irin. (6) Promptuarium , p. 254. (7) Pallerius & Linneus ne parlent d’oifeaux pétrifiés que d’une manière générale ; ils ne citent aucun exemple, (8) Dit. des Foff., art. Ornitholithes, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 175$ que plufieurs oifeaux. Pour ce qui eft des becs Mgr du corps, il eft aufli très-facile de s’y tromper; & l’on fait que les becs d’oifeau, qu’on a cru voir pendant long-temps dans l'ambre gris , ont été reconnus pour des becs de sèche ou de calmar, lorfqu’on les a mieux examinés. Mais en écartant de tout ce que les Auteurs ont rapporté ce qui n’eft dû qu'à une imagination exaltée, il refte quelques fairs fur lefquels on ne peut plus fe permettre de doute légitime, Het la belle découverte qu'on vient de faire , & dont je vais rendre compte. Le 2 Novembre de l’année paflée , M. Darcet fut faire une promenade lithologique à Montmartre, & trouva entre les mains d’un des ouvriers qui travailloient aux plâtrières, un oifeau pétrifié de la plus belle confer- vation. Nous n'aurions peut-être pas eu de long-temps la preuve com- plète de l’exiftence des ornitholithes , fi ce Savant n'eût été ce jour-là À Montmartre. Les ouvriers détruifent tout ce qu’ils découvrent , ou le ven- dent au premier venu; ce qui eft autant de perdu pour les progrès de l'Hiftoire Naturelle. M. Darcet, occupé dans ce moment de travaux chy- miques les plus-importans, & du Cours qu'il fait au Coliége Royal, a bien voulu me confer cette pétrification , & m'inviter à la décrire. La butte de Montmartre eit élevée d'environ 40 toifes fur le niveau de la Seine à Paris ; la pierre gypfeufe, dont elle eft principalement com- polée, y eft arrangée par couches horizontales plus ou moins diftinétes , plus ou moins adhérentes les unes aux autres. On voit à l'endroit de leur contact une raie qui paroît contenir une matière légèrement ferrugineufe. Si on Les fépare les unes des autres , & qu’on obferve leurs furfaces, on les trouve moins brillantes que l'intérieur de la pierre : elles ont aufli une légère teinte de rouge. On fe fert de la poudre pour exploiter ces carrières & obrenir des blocs’ qu'on brife enfuite à coups de marteau; c'eft dans l'intérieur de la pierre, à plus de 20 toifes du fommer , & entre deux couches qui avoient entr'elles de l'adhérence, qu'on a trouvé l’oifeau en queftion, La plus grande partie de fa fubftance a fuivi la couche fupérieure , & on en voit Le refte avec l'empreinte du total daus la couche inférieure. Il eft pofé fur le côté : une de fes aîles eft étendue, & l’autre repliée ; la tête eft rournée de manière qu'on voit un œil, le deffous du bec & une partie du deffus. Sa fituation eft naturelle, & il n’y a aucune tranfpofition dans Les parties. Il paroît donc qu'il n’a pas été enfeveli vivant, & qu'il na point péri dans une cataltrophe, dont fes aîles n’auroient pu le garantir; mais étant mort, il eft tombé au fond d’une eau tranquille , qui a dépofé, dans la fuite des temps, toutes les couches fupérieures. Les parties molles fe fonc confumées, ainfi que les plumes, & n’ont laiffé qu'une trace qui a tres- peu d'épaifleur. Ces parties molles ont entraîné dans leur diffelution les os minces des côtes & des vertèbres ; la pierre en a été pour ainf dire Tome XIX , Part, I, 1782. MARS, Z2 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, imbibée , & il n’y a que les os des extrémités qui fe foient confervés. C’eft ainfique, dans les ichthyolithes, les arètes renfermées au milieu d'un corps mol fe font comme fondues , & n'ont laiflé fur la pierre qu’une impref- fion bitumineufe, dent on doit rapporter l’orioine à Ha décompofition du corps de l'animal. Si l'on retrouve de la fubftance du poiflon, c'eft toujours loin des parties molles, comme vers la queue, la tête & les na- geoires. Dans l'ornitholithe de Montmartre, nous voyons les os des aîles & ceux d'une cuifle dans un état prefque naturel. ls ont une couleur jau- pâtre comme tous les os qu’on trouve dans ces carrières : on y diftingue la cavité médullaire & le tiflu intérieur. Le bec a fouffert une altération un peu plus grande que les os des aîles; cependant on apperçoit très- bien fa forme : il conferve même encore une partie de fa matière pri- mitive. Pour juger de a pofition de cet oïfeau fur la pierre qui le contient, il n'y a qu'à jeter les yeux fur la figure que j'en donne , & qui eftla première de la planche I , jointe à ce Mémoire. Il y eft defliné d’après Nature. Voici les dimenfions des parties les plus vifibles. Pouces, Lignes De l’extrémité du bec à celle de la queue + : . . : . 4 Longueur de laqueue, : - en. 1 Sa plus grande largeur + . . . . . . + . . . 1 Diametre dut corps ei... LR. NON ï Longueur de Pos de l'aile tenant au corps . . . . . 8 Longueur de l'aileconp. "#1 nn 6 Longueur de los de l’aîle qui eft entre ces deux ie 9 Le plus grand diamètre de cet os . . , . . + . : 1+ Longueur du tibia . . . . . . . . . . . . . 1 De lextrémité du bec à fa racine . . . . ... , . 10 Largeur du bec à fa racine . . . . . . . . . . 3 La plus grande largeur de la tête . . . . . . . . 6 Diametre-de loi EAU US PRE LAS AID NME: 1 Il feroit fans doute curieux dé déterminer l’efpèce de cet oifeau ; mais les vrais Naturaliftes favent combien on doit être réfervé lorfqu'il s’agit de prononcer dans une matière aufli neuve & auñli difficile. Ici, les pattes man- uent, & on ne peutfaire des conjectures fondées fur le nombre & la pofition de doigts, Nous avons à la vérité plufieurs offemens & la forme du bec; mais cela ne fufñt pas pour faire reconnoître l’efpèce: on feroit peut-être moins embarraflé, fi on nous avoit donné les dimenfons relatives des différentes parties des oifeaux , felon leurs différentes efpèces, au lieu de fe fervir des mots vagues de plus gros, plus longs, &c. Les Naturaliftes nc peuvent qu'avoir vu avec le plus grand regret que M. Daubenton n'ait “ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 177 pas accompagné l'Hiftoire Naturelle des oifeaux , publiée par M. de Buffon, des mêmes recherches anatomiques dont il a enrichi l'Hiftoire des animaux quadrupèdes. La queue de l’oifeau que nous examinons eft difpofée en triangle, & A ( autant qu'on peut en juger par la trace confufe qu'elles ont laiflée ) ont toutes une longueur égale. Je ne fais fi on a jamais trouvé de plumes qui aient laiflé une empreinte plus vifble. Scheutzer parle d’une queue d’oifeau trouvée dans les carrières d'Œningen, & il la regarde comme le feul monument connu de pétrification d’oifeau (1); mais il n'entre à ce füjet dans aucun autre détail. Le bec eft très-enfoncé dans la tête; de forte que fi on faifoit à la racine une fection perpendiculaire à la direction du bec, on emporteroit une partie du crâne. Cet oifeau n'eft guères plus gros qu'une fauvette; la forme du bec & la longueur de los de la cuifle, relativement aux dimenfions de l'animal , le rapprochent des oifeaux qui fréquentent le bord de l'eau, & fe nour- riflent d’infectes & de vers. La mandibule inférieure eft mince , la man- dibule fupérieure très - plate : le bec eft grèle & foible; ce qui l'exclue du genre des granivores, Il paroït avoir une très - large ouverture ; ce qui lé rendoit propre à faifir les infectes tout vivans. Voilà tout ce que que je puis dire avec quelque certitude. On fait qu'il y a des oifeaux quon ne peut diftinguer que par le plumage; il y en a d'autres qui nous font inconnus, fans compter ceux dont les analogues n'exiftent plus. L'ana- logie nous porte à croire que, parmi les nombreux habitans des airs, comme parmi les animaux aquatiques, ily a des efpèces perdues ; & cela a dû néceflairement arriver lorfque les lacs , qui ont dépofé les coquilles actuellement fofliles, fe font écoulés. Si le lac de Genève s'ouvroit un paffage fouterrein , comme a fait la mer Cafpienne (dont j'attribue la diminution à l’agrañdiflement de ce paflage) ; fi les dépôts des rivières, qui fe jettent dans ce lac, venoient à bout de Le combler ; ou fi le Rhône renverfoit les barrières naturelles de ce grand amas d’eau douce, plufeurs oifeaux , qui lui font propres, difparoitroient avec jui. On connoit plu- fieurs infectes pétrifiés, dont les analogues n'exiftent plus (2); & Les exemples en feroient moins rares, fi l’on examinoït attentivement ceux qui font ren- fermés dans le fuccin. $. II. Empreinte de Poif[on. On favoit que les pierres gypfeufes , des environs de Paris, contiennent des offemens ; mais on ignoroit qu'elles renfermaffent aufli des empreintes (1) Sch. pifcium querele. 1708. (2) Tranf, philof. , 1750 , n°, 494, art, 14, 15: 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de poiffon. A yant vu des ichthyolithes dans lescarrières à plâtre de Provence, je foupçonnai qu'il pourroit bien y en avoir aufli dans celles de l'Ifle de France. Je queftionnai les ouvriers, & ils m'apprirent qu'ils en avoient trouvé un vers la fn de l’année 1779 (1). Le 4 Oétobre 1781, ils en ont rencontré un autre, que j'ai dans mon Cabinet, & dont on peut voir la figure pl. I, fig. 2. Il a deux pouces de longueur. [l adhère très-peu à la pierre fur laquelle il eft appliqué ; & les ouvriers, en le grattant, ont détaché les nageoires & une partie de la queue: ce qui empêche qu'on puifle en déterminer l’efpèce. On diftingue très-bien la tête, l'œil , l'im- preflion de la colonne vertébrale & des côtes. IL eft d’une couleur noire ; & une petite partie, mife fur des charbons ardens, a donné une odeur bitumeule. La propre fubftance du poiflon m'a paru entièrement détruire ; elle a été remplacée par une matière gypfeufe, qui en a confervé la forme, & qui eft imbibée des fucs que l'animal a fournisen fe décompofant. Ce poiflon paroît avoir été applati comme fi on l'avoir mis à la prefle, ainfi que l’oifeau que j'ai décrit. Il n’en eft pas de même de ceux qu'on trouve dans les pierres calcaires. M. Bergman l'a très-bien obfervé ; & voici comment il s'exprime. ce C'eft avec furprife que j'ai remarqué, ily a déjà long-temps , que des > poiflons, des orthocératites, des lituites , &c., qui fe trouvent dans l'ardoife, » y ont été applatis; tandis que dans la chaux ( c'eft-à-dire , dans la pierre » calcaire) ils confervent leur rondeur, fans être génés en aucune ma- » njère . . . . La caufe de cet effet eft un myftère, & peut-être l'igno- » rerons-nous encore long-temps . . . . Il y a eu des matières bitumi- » neufes qui y ont pénétré; mais par quel moyen ce bitume sy eft - il >» porté? comment enfin ces corps, qui y font renfermés , fe font-ils placés » horizontalement » (2)? On conçoit qu’une mafle de pierre ayant été dépofée peu-à-peu par les eaux dans lefquelles elle étoit primitivement difloute , les coquilles qui tomboient fucceflivement fur les.couches déjà dépofées, ont du fe placer horizontalement ; car elles ne pouvoient fe foutenir fur le tranchant. A légard du bitume, il n’y eft venu d'aucun endroit ; mais il s'y eft formé, comme je l'ai déjà dit, par la décompofition du corps inclus. On convienc aujourd’hui que le bitume a une origine végétale ; lors donc que je verrai entre deux pierres l'empreinte bitumineufe d'une plante , & quelquefois la plante même changée en bitume, je ferai très-fondé à dire que ce bitume n'eft dû qu'à la décompofition de la plante: & cette obfervation d'Hif- toire Naturelle viendra à l'appui de ce qu’aflurent les Chymiftes. Mais (x) Ce poiffon a pañlé dans le Cabinet de M. de Joubert, où je l'ai vu. 1] m'eft pas inclus dans le gypfe , mais dans la marne, qui lui elt fuperpofée. (2) Leures fur l’'Iflande, 1783, p. 419. = - « SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. r79 uifqu'on trouve des poiffons, des oifeaux & d’autres animaux, qui, en £ décompofant , ont laiflé une trace vraiment bitumineufe , je crois qu’on doit rapporter l'origine du bitume , non-feulement aux matières végétales décompofées , comme on le fait ordinairement , mais encore aux matières animales, Voici comment il me paroït qu'on peut expliquer les divers états de compreflion des fofliles , felon Ja différence des matières qui les contien- nent. Je remarquerai d’abord , 1°. que les poiffons qu’on trouve dans les pierres ypfeufes , au lieu d'être pleins comme ceux que contient la pierre calcaire, ont comprimés comme ceux qui font renfermés dans les fchyftes & les ardoifes ; 2°. on voit le plus fouvent un relief d’un côté & une empreinte de l’autre ; 3°. le relief eft roujours dans la couche fupérieure , & l'empreinte dans la couche inférieure; 4°. le relief eft de la même matière que la pierre. Cela pofé, & en prenant l’ornitholithe de Montmartre pour exemple , je dis que les eaux lacueffres ( car je prouverai bientôt que ce ne font pas les eaux de la mer) ont dépofé peu -à- peu la terre qu’elles tenoient en diffolution. Le nombre des couches nous prouve encore aujourd’hui la fucceflion des dépôts. L’oifeau étant mort, eft tombé au fond de l’eau; & comme la dernière couche dépofée étoit encere molle, l’oifeau y a fait fon empreinte : l'eau continuant de dépofer , il n’a pu foutenir le poids de tous les dépôts, fans fouffrir une grande compreflion. Si la même chofe n’eft pas arrivée aux pétrifications contenues dans la matière purement calcaire, c’eft parce qu’elle a durci plutôt, & que les corps inclus n'ont eu à fupporter que les premières couches , qui, bientôt confolidées autour d’eux, les ont garanties de la preflion des dépôts furve- nus. F Dans le gypfe, comme dans les pierres argileufes , la matière a été plus long-temps boueufe; l'oifeau a fupporté la preffion de toutes les couches fuperpofées : de-là, l'impreffion forte qu'il a laiffée fur la couche inférieure, L y a eu enfuite équilibre entre la réfftance de la couche inférieure con- folidée, & la preflion des couches fupérieures : de-là , fon état de compreflion & d’aplatiflement. Le corps s'eft enfuite pourri, la matière des couches fupérieures a coulé dans le creux que l’oifeau avoit fait dans la couche inférieure : de- là, le relief qu'on voit encore fous la couche fupérieure après la féparation, & qui a à-peu-près quatre lignes de hauteur. La couche fupérieure étoit plus molle que la couche inférieure anté- rieurement dépofée : de là, la facilité qu’on a de les féparer, & que dans 15 il y a une grande partie de l'oifeau qui a refté attachée au relief, : 180 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La couche inférieure étoit donc encore molle lorfque la fupérieure a été dépofée ; cet état de demi-liquidité a duré très-long temps. La diffé- rence dans l'état de molleffe des couches a été aflez grande pour qu’elles ne s'amalgamaffent pas entr'elles ; mais elle ne l'étoit pas aflez pour qu’elles n'adhéraflent en partie l'une à l’autre. Dans la pierre calcaire , la fépara- tion des couches fe fait plus difficilement que dans le gypfe, les pierres argilenfes, &c.; & les corps inclus y confervent ordinairement leur forme primitive, parce que la partie inférieure de la couche calcaire à été plutôt durcie, & que la partie fupérieure qui touchoïir l'eau a refté plus long-temps molle. On peut donc connoître, par l’état a@uel des pétrifications , l’état an- térieur des pierres qui les renferment. Celles que nous trouvons dans le gypfe & dans les matières argileufes , nous font voir qu'en général elles fe font confolidées beaucoup plus tard que les pierres calcaires. C'eft par cet état lent de confolidation qu’on pourroit expliquer les prifmes gypfeux des environs de Paris, fi bien décrits par M. Defmaretz, ainfi que de grands retraits rhomboïdaux, que j'ai obfervés dans les fchyftes de Nor- mandie & de Bretagne. J'ai trouvé aufli des retraits réguliers dans les granits; mais je parlerai ailleurs de ces pierres, que plufieurs Naturaliftes regardent comme inexplicables , & je prouverai, par l'obfervation & les faics , qu'elles ont une origine calcaire 6: animale. S. III. Ofemens foffiles de divers animaux. M. Guettard a décrit (1) plufeurs offemens trouvés dans les carrières à plâtre des environs de Paris. Après avoir bien examiné une omoplare , une vertèbre, plufieurs côtes & une mâchoire mutilée , ce Savant conclut que l'anatomie des animaux , & fur-tout celle des poiffons , ef fi impar- faite, qu'il n'eft prefque pas poflible de déterminer à quels animaux ces os fofiles ont appartenu ; il conjecture cependant qu’on ne doit point les rapporter à des fquelettes d'animaux terreftres, mais plutôt à des animaux aquatiques. On lit dans les Mémoires de l’Académie des Sciences , année 1694, que M. Morin fit voir À cette Compagnie une côte trouvée dans les plà- trières de Montmartre : M. Mery crut y reconnoître la côte d’une fort grande tortue ; cette conje@ture m'a d'autant plus frappé , que j'ai trouvé dans une pierre calco-gypfeufe, des environs d'Aix, des écailles entières de tortues , qu'on avoit prifes pour des têtes d'hommes, ou des noyaux de nautiles. En 1767, le Père Cotte trouva à Montmorency, dans une carrière de —————_———_———p (1) Hém. fur Les Sciences & Anis ,T. I, p«1. oypée , . SUR L'HIST: NATURELLE ETLES ARTS. 181 gypfe, une mâchoire mutilée ; il en eft fait mention dans les Mémoires de l’Académie. Divers Auteurs , d’ailleurs eftimables, n’ont pas imité Ja réferve avec laquelle M: Guettard a parlé de ces offemens. Ils ontavancé, fans en donner Ma moindre preuve, & même contre toute vraifemblance, qu'ils avoienc appartenu à des fquelettes humains. [l n’y a qu'à jeter les yeux fur les planches jointes au Mémoire de M. Guettard & à celui-ci, pour étre convaincu de la légèreté de cette aflertion (x). J'ai fouvent vifité les carrières à plâtre de l’Ifle de France , & me.fuis procuré plufeurs des os fofliles qu’elles renferment, Après les avoir exa- * minés attentivement, ainfi que la plupart de ceux que j'ai trouvés dans les Cabinets d'Hiftoire Naturelle de la Capitale, je les ai comparés avec les os des animaux décrits par les Auteurs, ou confervés dans le Cabinet du Roi. On pourra juger , par la fuite de ce Mémoire, jufqu'à quel point j'ai réufli dans mes recherches. Les animaux renfermés dans les pierres fe confervent ou s’altèrent, felon leur nature propre & celle des différens acides que ces pierres contiennent. J'ai vu un chat, trouvé il ya quelques années à Paris dans l'épaifleur d'un mur du Palaisi il na perdu que les parties molles & Les poils : fes offemens font entiers, & fa peau eft unie & sèche comme un parchemin. Aen juger par l'ancienneté du mur qu'on a détruit, ce chat - momie a près de cinq cents ans. Il eft à préfent chez Madame Moreau , Peintre en cheveux , vis- a-vis du Palais. . Tous les offemens qu'on rencontre daris les mafles gypfeufes des en- virons de Paris ont prefque confervé leur état naturel, & donnent chy- miquement les mêmes réfultats que les offemens des animaux vivans. M. Darceren a fait publiquement l’analyfe au Collége Royal , & ilen a retiré un fegme inodore, un efprit alkali volatil, de l’alkali volatil con- cret, du verre phofphorique & une fubftance terreufe. M. Berniard avoit déjà obtenu les mêmes produits des offemens fofliles du Margraviat de Bareith, & ils ne different point de ceux que lui ont donné des os de bœuf, d'éléphant , de baleine & de marfouin. Voici les différences que j'ai remarquées entre les os fofliles de Mont- martre & les os naturels. 1°. [ls font plus friables, & fe délirent quelque- fois en plein air, ou expofés dans des lieux humides; ce qui peut venir du gaz qu'ils ont perdu pendant leur féjour dans la pierre, & qu'ils re. prennent avec avidité. 2°. [ls ont une couleur jaune à- peu - près comme —— (1) Il paroît que l'erreur dans laquelle on eft tombé, au fujer de ces offemens, eft tr S-ancienne, #onc-Hfarrre fipnifie en Celtique monrigne de la demeure des morts. On y'a enfuite placé le Dieu de [a Guerre, en lappellant Mons-JLuriis ; & dans les temps modernes, on lui adonné le nom de #/ous-Muriyrum, ‘ Tome XIX, Part. I, 1782, MARS, À à 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le marbre blanc & l'ivoire qui ont refté long-temps en plein air. Cette couleur leur donne une faufle apparence d’agate , en rendant leur poli plus fenfible à l'œil. 3°, Expofés au feu dans des vaifleaux ouverts , ils ne s’enflam= ment pas comme les os naturels; ce qui prouve que les offemens fofliles de Montmartre ont perdu cette partie graiffeufe logée dans le tiffu réri- culaire, qui eft la caufe de l’inflammation , de la fumée épaifle & de l'odeur empyreumatique des autres os pendant leur calcination, Les offemens fofliles d'Aix en Provence, & d’autres que j'ai trouvés dans les carrières de Léognan près de Bordeaux , ne répandent non-plus aucune odeur , & ne s'enflamment point fur des charbons ardens ; tandis que l'os foflile de la rue Dauphine , ceux du Margraviat de Bareith, & les oflemens des animaux amphibies qu'on trouve dans le Canada & la Sibérie , brülent en général au feu comme les os des animaux vivans. On peut voir à la planche I la figure d’une dent enclavée en partie dans un morceau de pierre gypfeufe. Elle eft deflinée d’après Nature; on l’a trouvée , il y a fix mois , à Montmartre, & je lai dans mon Cabinet, Elle n'a rien de commun avec celle que M. Guertard a décrite, & qui paroît être une dent incifive. La forme de celle-ci indique une dent molaire ; elle a deux racines, à l'une defquelles eft une petite faillie en‘forme de cro: chet (pl. T, fig. 3, lettre D ). Ces racines ont chacune une inclinaifon dans un fens contraire; ce qui devoit contribuer à les mieux fixer dans la machoire, Le corps de la dent forme un quarré long , dont les angles font abattus , & on n’apperçoit aucun fillon fur fa furface convexe : fa furface plane a un poli extraordinaire. Elle eft d'un tiers plus étroite d’un côté que de l'autre, & a deux lignes du côté le plus étroit (lettre À ). Ily a une faillie en dos-d’äne ( lettre B), qui partage cette furface en deux paities inégales. On voit fur le côté de la partie la plus grande (lettre C) un petit creux qui part de la furface convexe & s'étend en ligne aflez droite jufqu’au milieu de la furface plane. Cette même furface plane eft partagée de le fens de la longueur par une raie liferée de blanc; ce qui, joint à l'émail de la dent, la fait reffembler à une agate œuillée. La fur- face convexe, ainfi que la racine , ont un poli beaucoup moins lui- fant. J'ai tâché de décrire exactement cette dent, pour qu'on puiffe la com- parer avec celles qu'on découvrira dans la fuite. Si les Naturaliftes , qui ont parlé des offemens fofliles , avoient tous eu la même attention, l'Oftéolocie minérale feroit une Science plus avancée. La planche IT, fig. 1 ,repréfente la plus belle pétrification de ce genre qu'on connoifle ; ceft une partie de mächoire avec toutes fes dents, en- clavée dans une pierre gypfeufe de Montmartre, Ce morceau curieux ap- partient à M. de Joubert, Tréforier - Général des Etats de Languedoc, qui a bien voulu me le communiquer. Je l'ai fait defliner fous mes yeux, & il a été rendu avec beaucoup d’exactitude, Comme on a confervé dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 183 ce deflin la grandeur naturelle du foflile, on pourra prendre , avec un compas, les dimenfions de chacune des parties qui le compofent, La pierre qui contient cette mâchoire a été caflée de façon qu'on voit un côté de la mâchoire inférieure, le côté correfpondant de la machoire fupérieure & une partie du crâne. La mâchoire inférieure a fix pouces de longueur , & contient quatre dents molaires, grofles à-peu-près comme celles d'un mouton; elles font féparées par un petit intervalle ; des dents incifives, La plus courte de ces dernières dents eft conique (fig. 2 ,lett. c), & a 10 lignes de longueur, en y comprenant la racine. On voit enfuite : ts de deux autres dents qui ont à-peu près la forme des dents incifivesdu cerf ( lett. d) ; & rout-à-fait au bout dela mâchoire (letr. ), il y a une autre empreinte de dent. Comme on voit exaétement la moitié de la mâchoire , on peut aflurer que l'animal avoit huit dents incifives à la mâ- choire inférieure. Il n’y a que trois dents molaires à a mâchoire fupérieure ; elles font extrèmement plates , entourées & partagées , à la face qui broie par un petit bourrelet offeux, qui correfpond aux intervalles des Fa. inférieures. Ces dents ont fouffert une comprefion par les couches fuperpofées ; & c'eft pour cela qu'on apperçoit leur bafe ( lett. c J: Il n'y a que le côté des dents inférieures qui paroît , & leur furface ( let. f) eft enclavée dans la pierre, La dent molaire du fond de la mâchoire (lett.g) eft plus courte que les autres, & on n'y voit point Le coller qui fépare Les racines des dents, de leur couronne, IL y a deuxalvéoles à la mâchoire fupérieure (lett. L); & je juge, d'après leur forme & leur direction , qu'ils contenoient deux dents incifives coniques femblables à celle qu'on y voit encore ( lett, c ). < La mâchoire fupérieure tient à une partie du crânc; on reconnoît la cavité du nez , celle de l'œil & des morceaux du coronal. s L'animal que nous examinons avoit donc fix dents molaires & fix dents incifives à la mâchoire fupérieure, huit dents molaires & huit dents incilives à la mâchoire inférieure, La forme plate des dents molaires, la pofition des dents incifives, ainfi que leur figure, l'éloignent des animaux carnivores, Les animaux de cette claffe , comme les lions , les loups, les chiens , &c., ont en général les molaires furmontées de pointes; celles de l'animal foflile fonc très-plates. Les dents incifives des carnivores font rangées de façon que les plus lon- gues font fur les côtés, & les plus courtes au milieu ; celles de l'animal folile ont une potion contraire. Les dents molaires du fond de la mà- choire des animaux carnivores font les plus longues & les plus grofles; les dents molaires de l'animal fofile ont à- peu- près les mêmes dimen- fions , excepté celle du fond de la mâchoire inférieure, qui elt la plus petite & la plus courte , comme dans l'homme, Enfin, les dents molaires fe ren- Tome XIX, Part, I, 1782. MARS, Aa2 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, éontrent dans la mâchoire foflile, tandis qu’elles fe croifent comme des cifeaux dans Les animaux carnivores. Il y a de grands traits de reffemblance entre cette mâchoire & celle des animaux ruminans, comme le cerf, le mouton, &c. On voit dans les deux un efpace vuide entre les dents molaires & les dents incilives. Les incilives de la mâchoire inférieure ne s'appuient pas fur les dents de la mâchoire fupérieure, mais fur une efpèce de bourreler. Les dents inci- fives, les plus longues, font pardevant; Les dents molaires de la mâchoire fupérieure font plus larges que les dents molaires de la mâchoire infé= rieure , &c.MMais dans les animaux ruminans, il ny a aucune dent inci- five dans la mâchoire fupérieure , & l'animal foflile en a trois de chaque côté. Ces dents fe losent dans l’efpace vuide de la mâchoire inférieure , qui n’eft point deftiné au même ufage dans les animaux ruminans. En. comparant ces dents fofliles avec celles des animaux herbivores non ruminans, comme le cheval, l'âne, &c., & avec celles que Linné comprend fous la dénomination des glires , comme le caftor, la loutre , &c., je trouve des différences effentielles , fur-tout dans Le nombre, la poñtion & la forme des dents incifives. : On ne peut enfin rapporter ces offemens à aucun des animaux terreftres que nous connoiflons. Voyons fi nous trouverons l’analogue parmi les ani- maux aquatiques. La forme conique des dents incifives, ainfi que leur longueur relative- ment à leur peu d'épaiffeur , délignent un animal aquatique. On ne peut douter non-plus que Ja plupart de ces offemens n'aient appartenu à des ani- maux aquatiques , en examinant les vertèbres qu'on trouve aflez fouvenc dans les mêmes carrières. M. Guettard en a décrit une qui différoit de celles des animaux terreftres par la longueur & l’obliquité de fes apo- phyfes. J'en ai fait defliner deux (fig. $ ) qui font entièrement différentes de celles que M. Guettard a fait connoître. Il n’y a point de trou creufé dans l’épaifleur, & la moëlle épinière devoit paffer à travers les trous des apophyfes. La fg, 6 repréfente une des vertèbres vue par le bout. Parmi lesanimaux aquatiques marins ,iln' yen a aucunde connu dont les dents reflemblent à celles de l'animal de Montmartre. Les dents desrequins , des marfouins, des dauphins, des veaux marins, &c., &c., en different autant par leur nombre que par leur forme & leur pofition. S'il falloit le rap- porter à un animal,aquatique d’eau douce, le caftor feroit celui auquel il reffembleroit le plus, tant par la groffeur du corps que par les dents molaires ; mais il en diffère par la tournure de la machoire , la forme & le nombre des dents incifives. Ne trouvant parmi les animaux exiftans aucun analogue de l'animal foflile de Montmartre, on eft fondé à dire que c'eft un animal dont l'ef- pèce eft perdue, comme celle des animaux amphibies trouvés en Canada, “. A du } à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 en Sibérie & ailleurs. Les coquillages ne doivent pas être les feuls ani- maux dont plufeurs efpèces fe font perdues; & comme nous trouvons des dépouilles de teftacées fans analogue , il n'eft pas étonnant que nous rencontrions aufli des offemens d'amphibies & des poiflons dont l’efpèce n'exilte plus. La forme des dents de l’animal de Montmartre prouve qu'il fe nourrifloit d'herbes & Ra & je juge qu'il étoit amphibie. Les dents de cet animal different de celle que j'ai décrite ci-deflus, ainfi ue de la dent incifive , dont le deflin que j'en donne montre les Le faces (fig. 4). Elle eft taillée en bifeau, & reflemble aflez à nos dents incifives ; elle eft cependant un peu plus convexe pardevant, Il pa- roît qu'elle eft ufée parderrière. Les dents & Les vertèbres que j'ai exami- nées, & celles que M. Guettard a décrites, font voir que les offemens de ces carrières ont appartenu à des animaux d'efpèce différente. On a encore trouvé dans le même endroit des dents que j'ai fait defliner . fous deux points de vue, pour qu'on puifle mieux juger de leur forme. La plus grande de ces dents ( fig. 2, lett. a ) reflemble beaucoup à celle d’une brebis; elle eft en partie agatifée, & fait feu avec le briquet : mais la feconde & la troifième ( Letr.b.c ) font évidemment de la même efpèce que les dents molaires de l’amphibiolite fans analogue de Montmartre, Ce fait prouve qu'on ne doit pas juger de l’efpèce d’un animal par l'inf pection d’une dent ; mais il faut faire attention à toutes Les circonftances. D'ailleurs , ‘il eft plus sûr que les fquelettes de deux animaux, qui dif ferent pat les dents, ont appartenu à des efpèces diftinétes , qu'il ne left que deux fquelettes, donc les dents font parfaitement reffemblantes , aient appartenu à deux animaux de la même efpèce. Nous voyons des efpèces voifines , comme le cheval & l'âne, le chat & Le chien, &c., qui ont les dents femblables, tandis qu’on n’a point encore trouvé d’animaux de même efpèce qui aient des dents différentes ( abftra@tion faite des monf- truofités ). On n’en trouvera jamais , s'il eft vrai que les dents des animaux prennent à la longue une forme relative à leur manière de vivre, & fe coordonnent aux circonftances , & fi ces circonftances, fe maintenant tou- jours les mêmes dans la durée des fiècles, Les formes confervent une perma- nence qui fe perpétue par la génération, SI V. Formation des Pierres gypfeufes, Lorfque les lacs primitifs fe font écoulés pour aller former ou joindre l'Océan, le fol qu'ils ont abandonté a été fillonné de mille façons dif- férentes par les eaux des pluies; fe réuniffant en torrens & en rivières, ces eaux ont enfuite creufé des ravihs & des vallées , comblé des enfon- cemens & formé des plaines. Mais il a fallu du temps aux fleuves & aux rivières pour établir leur cours d’une manière conftante: ce n’eft que peu- à-peu qu'ils ont pu miner des collines, fe frayer des palages à travers les 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chaînes de montagnes & renverfer tous Les obftacles, Avant d’en venit à bout , les eaux réunies & accumulées fe font étendues autant que la forme du terrein a pu le permettre ; elles ont creufé de toutes parts le baflin qui les contenoit ; les vallées ont été agrandies, & de nouveaux lacs fe font établis fur les dépôts des anciens. | Je donne à ces lacs les noms de Auviatils ou fecondaires , pour les dif= tinguer des lacs primitifs. C’eft aux dépôts des uns & des autres, que font dues toutes les montagnes calcaires que nous connoiflons & les dépouilles d'animaux qu'elles renferment; c’eft à l'épanchement de ces lacs & à leur réunion, qu'il faut rapporter la formation de l'Océan, la féparation des deux Continens , les inondations mémorables , les coquilles fans analogue , les offemens d'animaux amphibiés trouvés dans le Canada, en Sibérie & ailleurs, le mêlange dans le fein de laterre des animaux aquatiques & terreftres, les différentes fuperpofitions des coquilles d’eau douce & d’eau falée , les anneaux de fer tenant à des montagnes de diver/ès hauteurs, & tant d’autres phénomènes qu’on n'a jamais pu expliquer par l'hypothèfe ancienne & peu fondée du féjour de la mer fur le Continent. C’eft par les dépôts des lacs fecondaires que j'explique la formation des pierres gypfeufes difpofées en grandes mafles. Des obfervations faites dans le Valais & en Provence n'ont conduit à cette théorie; & tout ce que j'ai obfervé dans l’Ifle de France me la confirme. ce : ‘ ET _ Au milieu du bafin de la Seine ; & entre les trois principaux courans ui fe réuniflent pour la former , c’eft-à-dire, entre la Marne, la Seine & l'Oife, fe trouvent des collines de gypfe qui s'étendent dans une longueur de plus de 25 lieues fur une largeur qui varie. Cette mafle énorme de gypfe repofe fur des couches de pierre cal- caire, dans lefquelles on voit une grande quantité de coquilles. La nature différente de ces deux pierres prouve qu'elles n'ont pas été dépofées par les mêmes eaux. On doit obferver qu'il ny a poine de co- quilles dans le gypfe, tandis que la pierre calcaire inférieure en eft rem- plie; que le gyple contient des offemens fofiles , & qu'il ny en a pas unfeul dans la pierre inférieure. Le gypfe n’eft pas joint & ne fait pas corps avec la pierre calcaire fur laquelle il eft placé: ce qui prouve que la pierre calcaire étoit confolidee Lors de la fuperpofirion du gypfe. Les eaux de l'Aifne, de l'Oife, de la Marne & de la Seine, courant fur une partie du fond d’un ancien lac écoulé, & ne s’y étant point encore ouvert de paflage, formèrent un lac dont nous pourrons circonfcrire l'é- tendue , en obfervant celle des terres qu'il dépofa. Ce lac fluviatil tenoit du gypf en diffolution : la pierre à flâtre qu'il a dépofée , forme encore aujourd’hui une efpèce d’ifle au milieu des pierres calcaires qui l’entourent, & cette ifle gypfeufe a fur fes bords les quatre rivières que je viens de nommer, Nous voyons par-là que ce lac couvroit aflez exaétement tout E ‘+ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13? le pays compris entre les quatre rivières, & que nous appelons aujour- d’hui l'Ifle de France proprement dite. J'en ai fait drefler la carte qu’on peut voir à la fin de ce Mémoire ( planche III). Les collines & les mon- tagnes qui font fux les bords extérieurs des quatre rivières formoient le bañlin de cet ancien lac. Nous voyons la pierre gypfeufe s'étendre dans toute la longueur de ce baflin , s’élargir & ie rétrécir avec lui, & on n'en trouve plus au-delà de fon enceinte. Ce lac avoit à -peu- près vingt-cinq lieues d’étendue"& moins de dix lieues dans fa plus grande largeur; après fon écoulement & fon parfait def- sèchement, fon lit a étécultivé & habité par les hommes, &il y a plus de cent Villes ou Villages qui le couvrent aujourd'hui. Les pierres dépofées ar le lac primitif, fervent à la conftruction des édifices; & le sypfe, dépôt du lac fecondaire , eft employé à les unir ou les enduire. Il n’y a prefque pas de Village dans l’Ifle de France où l’on n'ait ouvert des car- rières à plâtre , depuis Nogent jufqu'à Meulan, & de Paris à Afpre- mont (1), La furface de notre lac fluviatil étoit donc plus confidérable que celle du lac de Genève dans fon état actuel. Comme tous les lacs de la Suifle, formés par des rivières, il étoic beaucoup plus long que large, & fa lon- gueur étoit dans le fens de la rivière qui contribue Le plus à fa forma- tion; c’eft la pente générale du terrein qui donne aux lacs fuviatils leur figure alongée , en Les forçant de creufer plus dans ce fens que dans les autres. ‘IL femble d'abord qu'en connoiflant la quantité d’eau amenée par les trois rivières , la quantité de pluie & l’évaporation ordinaire dans l'Ifle de France , on auroit un nouveau moyen de déterminer l'étendue de cet ancien lac. Mais je prouverai ailleurs que la conftitution de l’atmofphère dépend principalement de la nature & de la forme des terreins; & qu’ainfi les ré- volutions de l'air ont #té foumifes aux révolutions phyfiques de la terre fur lefquelles elles ont influé à leur tour, Le fond de l’ancien lac fur lequel celui-ci s’eft établi étant rempli d'inégalités, elles ont été comblées par les dépôts gypfeux du lac fecon- daire ; de -là vient la poftion différente de la pierre à plâtre. Ici, elle eft à la furface du terrein |; comme à Montreuil ,Rofny , &c.; ailleurs, on ne la trouve qu’à cent pieds fous terre, comme vis-à-vis Choify-le- Roi, à la carrière du Petit-Barbeau près d'Antony , &c. Il paroïît que certaines fommités du fond de l’ancien lac n’ont jamais été couvertes par les eaux dû lac fecondaire, & qu'elles s'élevoient en forme d'ifle au-deflus de fon — (1) On peut cirer Puujours, Voudray , Chatou, Coucheret, Saërr- Fiacre, Bou- tigny, Muareuil, Quincy , Coulommiers , Ebly , Nanteuil, Perry, Plffis - Lévêéque, Meaux , Nogent, Beffoncourt, Herblay , la Ferré-Nouffoulr, Monrmarire , Bagnelets Belleville, Mefril - Monranr, Mortreuil, Pafly, Meulan, &c., &c., &c. (Voyez la l'Adas minéralogique de MM. Guettard & Monnet ). 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - niveau. On en voit les traces très diftinétes à Moifelles, à Montlognan , 8 à beaucoup d’autres endreits. Cette ifl: de pierre à plâtre, fituée à quarante lieues de la mer , élevée à certains endroits à plus de quatre .cents pieds für fon niveau , entourée d’une pierre calcaire fur laquelle elle pofe immédiatement, & qui s'étend au loin, {e trouvant enfin au confluent de trois rivières, & n’y ayant au- cune matière femblable entr'elle. & la mer; cette ifle, dis-je, défigne bien évidemment un ancien lac; mais ce qu'on pourroit ne regarder que comme une conjecture probable, devient une démonftration par les faits qui fuivent. La pierre à plâtre eft difpofée par bancs qui ont plus ou moins d’épaif feur, & ces bancs font féparés les uns des autres par des couches de marne. 1 y a aufi de la marne en-deflus de tous les bancs; elle contient une aflez grande quantité de gypfe. Il y en a qui décrépite au feu avec vio- lence & avec bruit. Cette marne gypfeufe elt difpofée par couches hori- zontales & parallèles aux couches de la pierre à plâtre. Elle contient, dans plufieurs endroits, des coquilles dont on chercheroit inutilement les ana- logues dans la mer , mais dont les femblables fe trouvent encore dans la rivière de Marne & dans celle des Gobelins. Les coquillages qui exiftoient dans ce lac fecondaire , & dont on trouve les dépouilles , ont donc continué de vivre dans quelques-unes des rivières qui l’ontanciennement formé. On trouve dans cette marne gypfeufe des moules & des cames. Il exifte encore quelques lévers fragmens de coquilles, quife réduifent facilement en pouflière , & l’on apperçoit, pardeflous , leur empreinte en creux ou en relief; les coquilles d'eau douce, & fur-tout celles de la Marne & de da rivière des Gobelins, font en général fi minces & fi fragiles, qu'il n'eft pas étonnant qu’elles fe détruifenc avec facilité. - IL s’offre ici un phénomène affez remarquable, & dont il n’eft pas facile de rendre raifon. Pourquoi ne trouve-t-on jamais des coquilles dans la pierre à plâtre, tandis qu'on y rencontre fouvent des offemens d'animaux aquatiques bien confervés ? Pourquoi trouve-t-on fi rarement des offemens dans la pierre calcaire , tandis que les coquilles y font fi communes? On ne peut dire que les animaux à charpente offeufe n'ont pas vécu dans les mêmes eaux que les animaux ayant des coquilles; car nous voyons le contraire dans les lacs actuels & dans la mer. D'ailleurs, je trouve, à Aix & à Montmartre, Les offemens & Les coquilles bien con- fervés dans la même colline, dans le même banc, mais toujours les offemens dans le gypfe & les coquilles dans la Marne. Je crois , d’après ces faits, que les coquilles fe détruifent dansle gypfe, & que les offe- mens s'y confervent, tandis que Les coquilles fe confervent dans la pierre calcaire ou dans la marne, & que les oflemens sy détruifenr, Plufieurs des ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 des offémens qu'on trouve à Aix en Provence , & que j'ai décrits (1) font dans une pierre calco - gypfeufe , & ne font plus dans leur état natuel, J'en ai vuaufli, dans le beau Cabinet de M. Sage , Profeffeur de Chymie à l'Hôtel de la Monnoie ,qui font dans le même état que ceux des envi- rons d'Aix; ils viennent du rocher de Cette en Languedoc. On pourroit dire, ce me femble, que l'acide méphitique contenu dans la pierre calcaire & dans les coquilles qu’elle renferme, agiflant à la longue fur les os (qui contiennent peu de cet acide), parvient à les dé- truire , & que l'acide vitriolique du gypfe ,chaflant l'acide méphitique des coquilles, les détruit auffi ; tandis qu'il n'attaque que très-iégèrement Les offemens, foit à caufe qu'ils ont moins d'acide méphitique , foit à caufe de l'acide phofphorique qui entre dans leur compofition. Au refle , je laifle aux Chymiftes le foin d'apprécier cette conjeéture , ou d’en donner une plus vraifemblable (2). On avoit cru voir dans quelques pierres de Montmartre, près de la py- ramide fur laquelle Ja méridienne eft tracée ( & qu'on devroit réparer ), des loges de pholades: mais cestrous n’ont ni Ja forme , niles dimenfions des loges de ces animaux; ils ont été creufés par les eaux pluviales. Des pierres employées en Provence à un grand chemin fait par les Romains, & qu'on appelle la voie Aurélienne , font ainfi perforées. Ces trous fonc évalés à leur furface, & l’évafement eft en fens contraire dans les loges : ne IL a fallu environ dix-huit cents ans aux eaux pluviales pour perforer des pierres calcaires dures de la voie Aurélienne; & Les trous Les plus profonds , lorfqu'ils fonc ifolés, n'ont pas trois pouces ; ils ont fix li- gnes de diamètre. Les moules & lescames,renfermés dans la marne gypfeufe def'Ifle de France, ont pardeflus & pardeflous descouches minces de gyple cryftallifé | connu fous le nom de félénite. Il y a aufli , parmi les moules & les cames, quel- ques vis à fept fpires, entièrement femblables à celles qu'on trouve dans la marne, & que MM. Geoffroy & d'Argenville ont décrites & gravées. J'ai dans monCabinet quantité de ces coquilles, & on peut s'en procurer tant qu'on voudra , en allant aux carrières à plâtre de Belleville & de Charonne , tout près de Paris. J'ai encore trouvé dans la même marne un planorbe (3), forte de coquillage très - commun dans la rivière de Marne, & fur-tout dans celle des Gobelins, On fait que ce qui ditingue cette petite coquille de LA (1) Voyez le Journaf de Phyfique, Décembre 1780. à (2) Bianchini dit avoir vu, au bas de la plaine de la fameufe mine de Qufre : à un mille de Pouzzol , une foffe remplie de foufre liquide qui s’élève par l'ébulliion à 10 ou 12 piedss il ajoute que cette matière liquide confume la chair de tous les cadavres, fans caufer la moindre altération aux os. Tranfuéf. philof, , n°. 476, (3) Voyez pli,fig7,8,9. Tome XIX, Part. I,1782, MARS, Bb -190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la corne d’ammon, c'eft la forme de fa bouche & le défaut de cloi- fons. Les coquillages d’eau douce vivoient donc dans l’ancien lac qui a dé- pofé la pierre à platre de l’Ifle de France, Il y avoit auñi des poiflons , puifque nous en retrouvons les empreintes, ainfi que des animaux am- phibies, fans analogue aujourd’hui , dont j'ai décrit ci-deflus les offe- mens, Je pourrois ajouter à toutes ces preuves , que M. Adanfon trouva, il y a près de trente ans, fur les bords de la Marne & de la Seine ; quelques oflemens qu'il jugea avoir appartenus à l'hippopotame (1); mais ces oflemens ue j'ai vus étant à demi /roulés , il eft difhicile de décider s'ils ont été Aéictés des pierres gypfeufes, ou s'ils viennent des montagnes plus éloi- gnées, & dont la matière qui les compofe eft Le dépôt d’une autre efpèce de lac. On demandera peut-être pourquoi ce lac formé par les quatre rivières a dépofé du gypfe plutôt que toute autre pierre , & d’où eft venu tout cet acide vitriolique que contient cette us énorme de gyple à plâtre? Je crois pouvoir répondre à cette queftion d’une manière fatisfaifante & tout - à- fair conforme à la théorie que je viens d'établir , d’après les faits; théorie qui n'eft qu'une application de la théorie générale de Ja terre, fruit de mes obfervations & de mes voyages, dont j'ai donné les principaux réfulrats(2), & que j'appuierai, dès que les circonftances pour- ront me le permettre , d’un très-grand nombre de preuves. : On fait que les pierres gypfeufes font un compofé de terre calcaire dé- pourvue de fon gaz, & d'acide vitriolique. M M. Margraff, Lavoifier, Macquer , &c., ont fait du gypfe artificiel avec de la craie & de l'acide vitriolique. Or, la Marne, en traverfant la Champagne, qui eft route crayeufe , s’eft chargée de cette terre qui fe diflout facilement dans l’eau, la amenée & dépofée dans notre lac fecondaire. Mais d’où eft venu , me dira-t-on, l'acide vitriolique qui a faturé cette craie? Je réponds qu'il n'eft sûrement pas venu de la mer , qui ne contient point d’acide vitriolique. Mais je conçois très-bien comment il a pu fe trouver dans ce lac formé par les rivières. La craie de Champagne , ainfi que toute l'argile des environs, contient beaucoup de pyrites martiales. Ces pyrites fe font décompofées ; leur acide vitriolique s’eft uni à l’eau dans laquelle la craie étoit en diffolution: il en eft réfulté un lac d’eau féléniteufe , qui a dépofé du gypfe dans toute fon étendue. Les pyrites fe font décompoñées, foit à caufe que les torrens les déta- LES LENS PSP ESA EAP RE PR TE SES PET SRE EN ESPERANT {1} Voyez Lehmann, Tom. III. (2) Voyez le Journal de Phyfique. hote. oh SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 191 chant des collines d'argile & de craie, elles ont été expofées à l’action diffolvante de l'air, foit parce que ,entrainées par les eaux courantes , le frottement continuel qu’elles ont fubi, les a aténuées & pour ainfi dire criturées ; & c’elt ainfi que , par voie humide decide vitriolique contenu dans les pyrires s'en eft dégagé. Cet acide vitriolique s’emparant dé fa terre bafe de la craie, il en eft réfulté la pierre à platre que nous voyons. Comme il y a eu excès de terre calcaire , la faturation n'a pas été com- lète : aufi, toutes les pierres gypfeufes de l’Ifle de France font-elles une épère effervefcence avec les acides. Le fer de la pyrite répandu dans l'eau, a aufi été dépofé : de-là vient la teinte rougeître, dont j'ai déjà fait mention, & les morceaux de mine de fer qu'on rencontre à Montmartre. Il paroît donc que des quatre rivières qui formoient ce lac, la Marne a le plus contribué à lui fournir une eau féléniteufe , dans laquelle le gypfe s’eft formé : aufli voyons-nous que la pierre à plâtre fe trouve tout le long de la Marne jufqu'à Nogent, & de chaque côté de la rivière, tandis qu'il n'y en a point le long de la Seine avant fon confluent avec Ja Marne, On n'en trouve point non- plus en-delà de l’Aifre & de l'Oife. On doit encore remarquer que les coquilles fofliles, renfermées dans la marne gypfeufe , ont leurs analogues dans la rivière de Marne encore plus que dans la Seine; car les coquillages qui font dans la Seine à Paris y viennent de la Marne, & font très-rares avant le confluent. La grande quantité qu’on en trouve dans la petite rivière des Gobelins ( phénomène extraordinaire & peut-être unique) me fait conjecturer que les coquil- fages , amenés par la Marne dans la Seine , s’y trouvent mal, & fe retirent, autant qu'ils le peuvent, dans la rivière voifine. Le gypfe n’eft pas dû ,comme on voit, à unsritus de coquilles opéré fer les lieux. [1 n’eft pas non-plus le produit des volcans (1), dont onne voit aucune trace dans les environs : mais c’eft une matière de tranfport détachée par les eaux courantes & dépofée par les eaux tranquilles , qui a cryftallifé confufément. La marne, qui eft entre les couches de gypfe ou pardeffus, ne doit pas non-plus fon origine à des ébaulemens locaux ; car il n’y a point de marne dans les environs : elle a été amenée par les rivières qui formoient le lac ; aufli eft-elle dépofée par couches horizontales, & les coquilles du poiflons qu'elle contient font pofés à plat. Comme l'eau qui tenoit én diffolution ces couches de marne contenoit peu de terre calcaire & beau- »: (x) Voyez l'opinion de M. de la Métherie à ce fujet, dans fon Mémoire fur la cryftal- Jifation. Journal de Phyfique. Tome XIX, Pari. I,1782, MARS. Bbz 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, coup d’acide vitriolique, la félénite qui s’eft formée a reçu une faturation plus parfaite , & les cryftaux ont été plus diftinéts & plus réguliers. Lorfque l'eau feléniteufe de ce lac dépofoit avec excès de terre calcaire, il fe for- moit des couches de pierre à plâtre, dont le grain eft groflier, & qui, n'étant pas faturées d'acide D , font encore effervefcence avec lui. : id Ce lac d’eau féléniteufe qui recevoit celles de la Marne, de la Seine & de l'Oife, s'eft enfin ouvert un paflage entre les collines de Meulan, à huit licues de Paris. La pente du terrein, le poids des eaux & leurs mou- vemens ont contribué à lui faire rompre fa barrière’; il s’'eft écoulé, & tout le terrein qu'il couvroit, devenu marécageux , s’eft enfuite defféché. Les eaux pluviales ont , à la longue , fillonné le fond de ce lac fecon- daire; il sy eft formé des torrens qui ont creufé de toute part : mais les couches de pierre à plätre oude marne gypfeufe fe correfpondent encore, autant que l'inégalité du fol primordial a pu le permettre. Les rivières de Marne, de Seine , d’Aifne & d'Oife fe font creufé un lit à travers ces an- ciens dépôts lacueftres , & le-terrein a pris, avec le temps , la forme que nous lui voyons aujourd'hui. à Si l'on doit s’en rapporter aux témoignages des ouvriers qui travaillent aux plâtrières , on doit croire que l’exiftence des hommes eft de beaucou antérieure à l'écoulement du lac féléniteux que je viens de décrire. Un Carrier, homme fenfé, m'a afluré avoir trouvé, il.y a deux ans, une clef à près de quatre-vingts pieds de profondeur dans le cœur de la pierre gypfeufe de Montmartre. Il n’a raconté ce fait, qu'il ne cherchoit pas à me dire, avec tant de fimplicité, que je n'ai pu m empêcher de le croire. I! m'a defliné fur le fable la forme de cette clef; & c’eft d’après lui que j'en donne la figure (planche I, figure 4 ). On m'a encore afluré, à Belle ville & à Charoïne, qu'on trouvoit quelquefois des morceaux de fer ouvré en pleine mafle. Les ouvriers qui travaillent aux carrières de pierre cal- caire, fur laquelle la pierre à plâtre eft fuperpofée , aflurent n'y avoir ja- mais rien trouvé de pareil. On ne peut fuppofer que les mêmes hommes s'accordent pour inventer des faits lorfqu'il s’agit de la pierre gypfeufe, & pour dire toujours la vérité lorfqu'il eft queftion des pierres cal- caires. Je regarde donc comme sûr que non-feulement l’exiftence des hommes a précédé celle du fol attuel de Ffle de France, mais encore que les bords de ce lac d’eau féléniteufe étoient habités par les hommes réunis en fo- ciété, & qu'on connoifloit de leur temps l'Art d'exploiter les mines & de forger le fer. Je connois plufieurs autres faits analogues à celui-ci, & qui prouvent inconteftablement que les Arts étoient cultivés dans des temps qui ont précédé de grandes révolutions phyfiques arrivées à la furface du globe. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 193 On trouve dans l’Ifle de France une plus grande quantité de gypfe que dans les autres Provinces, parce que la Champagne eft la Province de France la plus crayeufe. I eft fi vrai que Les pierres à plâtre font dues aux dépôts des lacs fe- condaires formés par les rivières, que je trouve par-tout le gypfe dans les vallées formées par Les rivières qui Les traverfent, Avant que le Rhône fe fût ouvert un paffage à travers les montagnes de Saint-Maurice, où il eft encore très-reflerré, ces eaux réunies formoient un lac dans le Valais , & ce lac a dépofé du gypfe. J'en ai vu une col- line confidérable entre Sion & Granges ; elle y eft connue fous le nom d'albâtre. Il y en a dans plufieurs autres endroits de cet ancien baflin. J'en ai obfervé à Sierre, à Chipis , à Chaley & près du bois de Finges, Les environs de la Ville d'Aix en Provence offrent auf le-baflin d'un ancien lac d'eau féléniteufe , qui a dépofé toutes les pierres gypfeufes qu'on y trouve. La rivière d'Arc a ouvert un paflage & occafonné l'épanchement de ce lac, dont Le fond a été enfuite excavé par Les eaux pluviales réunies en torrens. Je pourrois encore citer les pierres gypfeufes qu'on trouve à mille autres endroits, & toujours dans les vallées formées par des rivières; mais je me contente d'indiquer legypfe de Brifembourg , dans la vallée de la Charente ; le gypfe d’Aloche, à trois lieues de Marfcille, dans la vallée de l'Uvone ; Le gypfe du Martigues, dans le val Saint-Pierre ; le oypfe de Cotignac , dans la vallée de la Caffole ; & le gypfe de Draguignan, dans la vallée de l'Artuby. - x Dans tous les lieux que je viens de nommer , la pierre gypfeufe pole fur la pierre calcaire, & eft furmontée de plufeurs couches de marne oyp- feufe plus ou moias dure. Il y a fouvent dans cette marne des empreintes de poiflons & des coquilles d’eau douce. Bien que je n’aie jamais trouvé de coquilles d’eau falée fur des dépôts gyp- feux , je ne doute pas que dans certains endroits il ne s’en rencontre : quelques coquilles d'un lac primitif d’eau falée ont pu fe conferver dans les bas fonds après l'écoulement , & propager enfuite dans des lacs fecondaires, autant que la différence des eaux aura pu le permettre. Les dépôts des lacs fecondaires ont dû aufli être quelquefois recouverts parun lac {upérieur qui s’écouloit, Dans ces deux cas , on doit trouver les dépêrs d’un lac fluviatile en deffous des dépôts d’un lac primitif qui aura changé de place. Je pour- rois citer plus d'un exemple de coquilles d’eau douce fous des couches de coquilles d’eau falée, & de cailloux de rivières fous des bancs calcaires. Les exemples de ce genre fe multiplieront, lorfque les Naturaliftes obfer- veront , fans vouloir expliquer l'exiftence des coquilles fofliles par les an- ciens dépôts de la mer. A l'égard des pierres gypfeufes en petites mafles, nous les voyons fe former fous nos yeux par les dépôts des eaux courantes, Il faut poux cela 294 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : qu'elles rencontrent des pyrites ou de l'argile, & qu'elles traverfent des contrées calcaires. Dans les Pays quattzeux, où ces circonftances n’ont paslieu, on netrouve point de félénite : de-là vient la rareté du gypfe dans te Nord. On ne pourroit expliquer ce fait dans l'hypothèfe de la for- mation du gypfe par les eaux de la mer, hypothèfe contraire à toutes les obfervations. Qu'on parcoure en effèt les bords de la mer, jamais on ne la verra dépofer un atôme de cypfe ; elle eft dépourvue d'acide vitriolique qui entre dans la compolition de la pierre à plâtre, & celui que Les rivières y amènent s'y déniature bientôt, en fe changeant en acide marin, comme M. Sage & quelques autres Chymiftes l'ont obfervé. PSE PE SUITE DU MÉMOIRE SUR LE BAROMÈTRE NOUVEAU, Inventé par M. MAG ELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, &c. (1). 76. RARE EEE des obfervations. Après avoir remarqué tout ce que j'ai cru néceflaire pour l'intelligence de la conftruction & le maniement du baromètre & des pièces néceflaires qu’il y faut employer, je vais pañier à la pratique des obfervations, en reprenant le baromètre dans la fituation que j'ai décrite n°. 15. Aufhi-tôc qu’on fera arrivé à la hauteur où l’on veut faire l’obfervation , on préparera les inftrumens , comme il eft dit ci-deflus , n°. 15; & tandis que le baromètre prend une température égale à celle de l'air, n°. $7 , on attendra le moment qu'on eft convenu d'avance avec celui qui doit obferver dans la plaine. On fait alors la première obfervation , ayant foin auparavant de regarder fi le mercure eft précifément au zéro du petit tuyau B, fig. 3. ( Voyez les figures dans le Cahier précédent). On examine l'anneau du nonius D, fig. 2, & on écrit avec de l’encrg ou avec un crayon fur le papier les pouces, dixièmes, centièmes & millièmes de pouce que le nonius montre dans l'échelle angloife. On remue immédiatement avec la clef la vis C, aufi-bien que le pignon de la tige A, fo. 2, & on répète la même ob- fervation qu'on écrit au-deflus de fa première. 77. On doit répéter la même obfervation trois ou quatre fois , parce qu'il y a de petites erreurs qui s’y gliffent, & dont on obtient la correc- (1) Voyez le commencement de ce Mémoire, Journal de Phyfique, Février, 1782 Tom. XIX, pag. 108. £ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 195 tion par cette répétition, en Prenant la moyenne de toutes, comme on le dira n°.79. Il faut aufli que chaque fuite d’obfervations foit répétée, au moins trois fois, dans le même endroit & à la même heure qu'on fera convenu avec celui qui obferve avec Le fecond baromètre dont j'ai parlé n°. 60. 78. Pour faire cette opération avec intelligence , on convient d’obferver avec le fecond baromètre dans la plaine à chaque demi-heure ou à cha- que quart-d'heure; de façon que les deux Gbfervateurs font, chacun de leur côté, leurs obfervations au même moment, la montre à la main. Dans l’efpace de deux heures ou moins encore qu'on refte fur la cime de montagne, on peut faire une douzaine d’obfervations en trois fuires , nettant entre chaque fuite mn intervalle de demi - heure, & elles doi- it être exactement correfpondantesà celles qu'on fairen même temps avec l'autre baromètre dans la plaine. . 79: Lorfqu'on a obtenu les deux fuites d’obfervations barométriques faites à la même heure & à la même minute, s'il eft pofible , tant au fommet de la montagne que dans laplaine, il faut prendre la moyenne de cha- que fuite d'obfervations féparément ; ©eft-à-dire, on fomme celles de chacune , & en les divifant par leur nombré8lle quotient en eft la moyenne, En faifant la même opération pour chaque fuite, on obtient Les deux moyennes; favoir, une moyenne des obfervations faites fur Le fommet de la montagne , & une autre de celles qui leur correfpondenr, & qui ont été faites dans la plaine. Enfuite, il faut corriger dans chacune la variation caufée dans le mercure par les différens degrés de la tempéra- ture de chacun des baromètres, n°. 61, en les réduifant tous deux au même degré; ou, ce qui eft plus intelligible, on les réduira à l’état où ils doivent fe trouver dans da température moyenne de 5 ÿ degrés de Fah- renheit. 80. La température moyenne , dont je viens de parler , fera déformais le terme ou le point de féparation entre la chaleur & le froid : ce terme correfpond , comme je l'ai dit, à $5° de l'échelle de Fahrenheit; de forte que fi je parle d’une obfervation faite, par exemple, à crois degrés de cha- leur, j'entends que la température étoit à 58° de Fahrenheit(—= $$+ 3 ), Une autre obfervation faite, par exemple, à 12 degrés de chaleur ,fignife que la température étoir à 67° de Fahrenheit ( = fÿ + 12); & une autre obfervation faite, par exemple, à trois degrés de froid, c’eft-à-dire , dans une température de ÿ2° de la même échelle(—$53—3). Car en efer, il n'y a te de plus naturel ni de plus court que d'indiquer fimplement le degré de la température, felon Jes idées plascommunes de nos fenfations dans les climats de l'Europe, k 81. Sur l'échelle de correétion à côté de celle du thermomètre. On a mis, pour faire Ja correétion du n°. 79 , une troifième échelle dans le thermo- 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mètre GH, fig. 3 , à côté de fes degrés. On l'appelle écheile de correc- tion, & c’eft l’extérieure à la droite de l'Obfervateur. Le zéro, degré de cette échelle , eft Le terme de la température moyenne, vis-à-vis le 5° degré de Fahrenheit, qui correfpond au degré 10,2 de Réaumur. Ainf, toutes les fois que le thermomètre GH fera au $$* degré, il n'y faudra point faire de réduction ; pourvu que le baromètre foit à la hauteur de 30 pouces. (Voyez n°.8$ ). 82. Mais fi le thermomètre GH montre des degrés au- deflous de 55°, & que le baromètre fe trouve à 30 pouces, ou à très-peu de chofe près, alors il faut ajouter à la hauteur du baromètre les centièmes de pouce qui fe trouveat dans cette échelle, vis-à-vis ce degré du thermomètres; il faudra au contraire en retrancher cette quantité, fi la températ au-deflus de la moyenne de S$° > pourvu toujours que la hauteur du m baromètre foit à 30 pouces anglois, ou à très-peu de différence près. E fimple infpe@ion de la fig. 11 fuffit pour comprendre l’ufage de cette échelle fans aucune autre explication, ; 82. Mais lorfque la hauteur du baromètre eft éloignée de 30 pouces anglois, il eft néceffaire d'employer la règle de srois , pour connoitre la vraie correction qu'il y fautéfaire. Si la hauteur du baromètre et, par exemple , de 24 pouces, quéwlappellerai P ; & qu'on appelle C la correc- tion indiquée par l'échelle du thermomètre attaché GH, figure 3; & enfin x, la vraie correction qu'on fouhaite avoir: dans ce cas, on aura SO: Cr 100 = x. Cette valeur de x fera ajoutée à la hau- teur de la colonne obfervée du baromètre, toutes les fois que le thermo- mètre fera au-deflous de 55° ; mais s’il eft au-deflus de $5°, alors il faut l'en retrancher. 84. Pourrendre plus aifé ce calcul , voici une petite table décimale que j'ai formée , & qui le réduit à une fimple addition & multiplication. Cette table eft fondée, de même que l'échelle ci - deffus , fur le réfultat d’un grand nombre d'expériences très - délicates faites par M. le Che- valier-Schuckburgh, jeune Savant Anglois, & Membre de Ja Société Royale. J 85. Il eft démontré , par cesexpériences, que lexpanfon du mercure, par chaque degré du thermomètre, eft égale à ,00304 de pouce, lorf- que la hauteur du baromètre eft à 30 pouces anglois, (Voyez fon excel- Jent Mémoire dans les Tranfaët. philofoph. , 67° vol. ,n°. 30, p. 567). 86. Il eft. donc évident, 1°. qu'il-y a un dixième de pouce anglois à retrancher dans la hauteur de 30 pouces du baromètre pour chaque 33 degrés du thermomètre de Fahrenheït, au-deffus de la rempérature moyenne de 55°; ou à l’y ajouter lorfque le thermomètre eft au deffous du même : degré L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 197 degré fs , parce que ,00304 : 1° 5:, 1 : 32,89° ( ou en nombres ronds 33° ). * 87. Et l’on voit , en fecond lieu, qu'à chaque dix pouces de Ja hauteur du baromètre, l’expanfon du mercure eft égale à ,00101333, par l'eftex d'un degré du même thermomètre; car 30 : 10 : :,00304: ,0010133> C'eft d’après ce principe que j'ai formé la table décimale qui fuit, 8e qui donne en 9 lignes tout ce que le Chevalier Shuckburgh expofa dans les Tranfaët. philofoph. , par des tables qui rempliflent plufieurs pages, ( Voyez n°, 205 ). 1 88. Table décimale E des expanfions du mercure par un degré de tempéra- ture, felon les hauteurs du baromètre. Correétion pour Pouc. du baromètre. chaque degré du thermomètre. 0) ; 001013 20:00 002027 30 | ‘,003040 CAR LOU 001053 _ fo " :, 005067 60 _ » 006080 70 > 007093 80 775 COS 107 90 > 009120 N. B. Quoique la hauteur du baromètre n’arrive jamais aux dizaines de pouce au-delà de 30, il a fallu néanmoins les faire entrer dans cette table pour lesemployer dans les fractions , comme on le verra dans les exemples fuivans. 89. Ufage de cette table, La méthode pour employer cette table déci- male E, eft à - peu.- près la même qu'on a expliquée n°. 42, en parlant de celles de la même efpèce pour la réduction mutuelle des mefures fran- çoifes & angloifes. Voici cependant en quoi elle confiite. . 90. 1°. Ecrivez chaque nombre de pouces dans une ligne féparée , comme au n°. 43, & mettez vis-à-vis de chacun Les nombres qui lui correfpon- dent dans la table E, ayant foin de les difpofer felon le rang refpectit des décimales, en les avançant ou reculant à la gauche ou à la droite d'autant Tome XIX, Part, 1, 1782. MARS, Cie 198 (OBSERVATIONS SUR LA PAYSIQUE, de places qu'ils en ont de plus ou de moins ; à l'égard de leurs femblables dans la première colonne. 91. 2°. Ajoutez ces nombres enfemble , & multipliez-les par la diffé- rence qu’il y a entre les degrés du thermomètre arraché & la température moyenne de ÿ5°. 92. 3°. Ce produit ajouté à la hauteur obfervée du baromètre, fi le degré du thermomètre étoit au-deflous de ÿs°, ou retranché, s'il étoit au deflus de la même température de 55°, donnera la hauteur corrigée du baromètre. 93. Premier exemple. Suppofons que le baromètre fe trouve à 28,987 pouces, c'eft-à-dire, 28 pouces 9 dixièmes 8 centièmes & 7 millièmes de pouce; & que le thermomètre attaché étoit à 21° de froid , c’eft-à-dire, à 34° de Fahrenheit; & qu'on veut réduire ou corriger cette hauteur du baromètre, en la réduifant à la température moyenne de 55°. Voici le détail de ce calcul , felon les règles ci-deffus. 20,000 miam ele ton M:00202!7 8000 MARRON. MEET MP OCOB107 0CO Meet Mes ODBONLE OO UE ENS is OGOUOOI CON ele 0000007 Cette fomme . . .: : . . 0029377 Multipliée par 5$°==34 =21° . - . X21 es 29377 53754 Donne le produit additif ( parce que Le ther- momètre étoit au-deflous de 55°) . . ,0616917 — Qui ajouté à la hauteur du baromètre . . ‘28,987 Donne la hauteur corrigée . «+ . + . 29,048 04. Deuxième exemple. Suppofons qu'on obferve la hauteur du baro- mètre à 2438 pouces anglois , c’efl-à-dire , à 24 pouces 1 dixième 3 cen- tièmes & 8 millièmes de pouce; & que le thermomètre fe trouve au 182 degré de chaleur, c'eft-à-dire, à73:° de Fahrenheit: on demande quelle eft la vraie hauteur du baromètre. En voici Le détail, felon les mêmes règles ci deflus. h SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 20,000 10m 8 4h 10-085) 131: 5002027 4,000 1,0, 1197 110 14 la 147 ,00040$3 OO mer Mr crie US OOUOTO 2030 nt si eee, abs 3 00PDOSO 1008) sr nn le tar DIN O0000008 La fomme et . . : . . > 0024462 Qui multipliée par la différence de 55 à 73,5, c'eft-à-dires par ,, © « « LHÉNCUSE x18,5 122310 195696 24462 Donne la quantité . : : . ,04$25470 Ce produit écant retranché ( parce que le ther- momètre eft au-deflus de la cempérature moyenne de 55° ) de la hauteur du baro- MÉC PEU Mere Neo oil ee —————— Donne pour la vraie hauteur réduite, . , 24,0928 24, 138 05. Sur La réduélion des deux températures de l'atmofphère à une hauteur commune. Après avoir connu les deux différentes preflions de l’atmofphère fur Les deux baromètres à la même heure & minute , & après avoir réduit leur mercure à la même denfité, la différence de ces deux preflions doit donner la hauteur perpendiculaire entre les deux endroits où l’on a fait les obfervations , pourvu qu'on connoïffe l'expanfon que le différent degré de chaleur aura produite dans la mafle de l’atmofphère, comme je l'ai noté n°. 58. C'elt pour cette raifon qu'il faut obferver dans le même en- droitoù l’on fait les obfervations avec chaque baromètre, quel eft le degré de la température de l’atmofphère , employant pour cela Le fecond ther« momètre détaché, dont j'ai déjà fait mention n°. 58. 96. Ce thermomètre doit être expofé à l'air libre du lieu où l'on fait chaque obfervation. On doit Le mettre à l'ombre, & non pas à la chaleur d » A A du foleil , s'il y en a dans ce temps-là, parce que la chaleur des rayons . 2 à “ . LA 2 La q \ y folaires , en réfléchiflant fur l'échelle du même thermomètre, ne manque pas d'y exciter une chaleur bien au-delà de celle de l'air que les rayons tra- verfent librement. 97. Ayant donc reconnu {a température refpective de chaque thermos Tome XIX , Part. 1,1782, MARS, Ccz2 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mètre détaché, on ajoutera les degrés de ces deux températures enfemble, & l’on en prendra la moitié, qu'on peut confidérer comme celle de la température uniforme de la colonne entière de l’atmofphère, qui étoit comprife entre les deux élévations ou endroits où l’on a fait ces obferva- tions avec les deux baromètres. J’appellerai cette température commune ; ou plutôt température uniforme parce qu’en effet ; fi l'on fuppofe que la différence entre les deux températures fe fait par une gradation répulière, felon la progreflion arithmétique , entrela chaleur & le froid, le degré moyen entre les deux extrêmes fera celui qui produiroit les mêmes effets , fi le total avoit uniformément fa température: Comme fi, par exemple, un des thermomètres attachés éroit à 55°, & l'autre à 63°, le degré de 63 118 2 2Z la température uniforme fera le degré so (= 98. Voici maintenant les règles du calcul de ces obfervations, pour en déduire la vraie hauteur perpendiculaire entre les deux endroits où elles ont été faites en même temps. ï Régles pour déduire la hauteur refpeétive entre les divers lieux où fe fon8 des obfervations. 99. Règle première. Réduifez la température du mercure de chaque baro- mètre à la moyenne température de $5* de Fahrenheir, comme on l'a montré dans les nombres 89 & 93. N. B. On pourroit faire la correction de cette règle par une feule opé- ration, en ue un des baromètres, dont la température eft la plus bafle ou froide , à celle de l’autre baromètre, par la même méthode dont je viens de parler; mais il vaut mieux réduire tous les deux baromètres à la température moyenne. ( Voyez Tran/aët. philofoph. , 67° vol. , n°.39, pag. 568 ). 100. Deuxième règle. Réduifez les deux temperatures obfervces de l'atmof- phère à celle qui feroit la commune de toutes les deux, comme on l’a montra dans les nombres 95 & fui. N. B. On a déjà expliqué au n°: 97 qu'on devoit entendre par tem= pérature commune celle qui, étant uniforme dans la colonne de l’air com- prife entre les deux endroits où l’on fait les obfervations du baromètre, y produiroit un degré déterminé d'expanfion dans la longueur totale. 101. Troilième règle, Cherchez dans les tables de logarithmes ordinaires celles qui correfpondent au nombre de pouces & des parties de pouce de Ge de ces hauteurs obfervées à la même heure avec les deux baro- FRetTeS, : PET ON RE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS :o1- Yo2. Mettez une virgule ou un point après les quatre premiers chiffrés gui fuivent la carafériflique , en la fupprimant tout- à - fait , Ji vous le voulez. 103. Retranchez un logarithme de l’autre, 6: leur différence montrera ; par les nombres qui précèdent la virgule mifè au quatrième chiffre, les toifes angloifes ( fathoms de fix pieds chacune) qu'il y aen hauteur perpendiculaire entre les deux endroits où l'on a fait ces obfervations , pourvu que la température moyenne de l'atmofphère foit au 31, 24 degré, c’eft-a-dire, au 31° degré & en- viron = de Fahrenheit. 104. Multipliez le nombre de toifes angloifes par fix, & Le produit fera le Îe nombre de pieds qu'il y aura dans cettehauteur. | 105. Mais comme la température moyenne de l'atmofphère ne fera que très-rarement celle de 31, 24° de Fahrenheit , il faudra employer la règle füuivante pour toute autre température. 106. Quatrième règle. Cherchez dans la table F (n°. 111) les nombres qui correfpondent aux picds que vous venez de trouver par la règle troifième, que vous appellerez hauteur approchante , ayant foin d'avancer à la droite og à la gauche la virgule de chaque nombre , felon fa valeur correfpondante ; comme j'en ai averti , en des cas pareils, aux n°°.42, 90 & 114. 107. Prenez la fomme de ces nombres, & multipliez-la par la différence de 31,24° au degré de la température moyenne de l'atmofphère trouvée par la règle deuxième. 108. Ce produit ajouté au nombre de pieds de la hauteur approchante, trouvée par la règle troifième , f? la température moyenne de l'atmo/phère ejt au-defjus du degré 31, 24° de Fakrenheit ; ou autrement retranché de la même hauteur approchante, fi la température moyenne eff au-deffous , donnera en pieds anglois la vraie hauteur perpendiculaire qu'il y a entre les lieux des deux obfervations. ; 109. Je vais donner aétuellement la table abrésée que j'ai formée d’après Les principes ci-deffus établis par le Chevalier Shuckburgh , dans le Mé- more inféré dans le 67° vol. des Tran/afl. philo/oph., n°. 39; mais élle ne fera que de 9 lignes, tandis que le Chevalier remplit plufieurs pages avec la fienne. ( Voyez n°, 205 ). 110. Les mefures géométriques que ce Savant prit avec beaucoup de précifion de plufieurs hauteurs différentes où il fit des obfervations baro- métriques, démontrent , à n'en pouvoir douter, la juftefle & la certitude de cette méthode, . 205 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 111. Table décimale F , des correëtions, pour la plupart additives ; felon les raréfaftions caufées dans l'atmofphère par un degré de chaleur à diffe= rentes elévations. sed Correftions pour la plupart addirives. CARRIERE CR > 00243 , 00486 3 00729 > 00972 » OI21$ »01458 » 01701 > 01944 502187 D Ou amnr WW D m 212. Comment il faut faire ufage de cette table. La méthode pour faire ufage de cette table décimale eft la même déjà expliquée dans les n°° 42 & 90. Je dirai cependant que les nombres dans la colonne , à la gauche, font des unités de pieds. Si l’on veut des dizaines, on recule la virgule d’une place vers la droite ; pour des centaines , on les recule de deux places; & pour des mille, on la recule de trois places, &c. Au contraire, fi l'on veut que ces nombres correfpondent à des fractions décimales, il ny a qu'à reculer la virgule vers la gauche pour autant de places qu’il y en a dans les décimales. 113. Par exemple, fi l'on veut avoir le nombre qui correfpond à des 4 mille, of met Le doigt ou la pointe d’un canif ou d’une épingle fur la virgule qui eft dans la ligne vis-à-vis le 4 , difant unités ; enfuite on pofe la même pointe après le chiffre fuivant, à la droite ; où l'on dit dix :en la mettant après la feconde, on dit cent ; & après la troifième, on dit mille. On marque d’abord la virgule fur le papier , & on écrit les nombres à la droite & à la gauche de cette virgule comme ils fe trouvent à l'égard de la pointe du canif dans la table. 114. C’eft en faifant la même opération dans le fens contraire qu'on peut avoir Les nombres de la table qui correfpondent aux fractions décimales; &c, En voiciun exemple, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 203 1 .: 4000,000 : « . 4mille, SN 9,720000 20... 400,000. .| 11. M4icents. SN: + 972000 d 1. - 40,000 , , …, 4dizainesf B:]l. : | ,097200 MERE PE 45000 -.)5: .-t4unités, à B/@ En sdop72o NS ,400 - … … 4dixièm | # }. … ,o00972 AP a 5040 « + . geentièm.\ 5 f . . ,000097 PONT CTR ,004 + . . 4millièm. JET . . ,000009 NN. B. Dans l’ufage de ces tables décimales, on doit augmenter d’une unité le dernier chiffre à la droite, lorfqu'il eft fuivi dans la table par un nombre au-deflus de $. Ainfi , au lieu de 000009 , il vaut mieux prendre 00010, parce qu'il y a dans la table un 7 après le 9, &c. 11$. Premier exemple. On a obfervé dans la plaine avec le baromètre À, tandis qu'on obfervoit au fommet de la montagne avec le baromètre B. Le baromètre À étoit à 29,4 pouces anglois. Son thermomètre attaché étoit à 5°, & le thermomètre détaché , pour reconnoître la température de l’at- mofphère, éroit à 45°. Le baromètre B, dans la montagne, étoit en même temps à 2$,19 pouces : fon thermomètre attaché étoit à 46°, & le thermo- mètre détaché à 39°. 116. Détail de ce calcul. Le baromètre À étoit à pouces an- C0 SPAS RU PARENT A NI Se RE TE & fon thermomètre attaché étroit à 5° de froid; ——5° a $ defroidi Car « + . SOS —=—S Or, felonla table E, n°. 88, nous avons pour 20 pouces . 4, 002027 Pour ol NET à OCDE POUr 4.) v-- 5 , 000040 Cette fomme . . ,002979 multipliée par la différence de température $ donne ce produit . . . ,01489$ qui doit être ajouté( parce que la température étoit au-deflous de $ ÿ° ) à la hauteur appa- —+ ,01489 rente du baromètre À n°.82,c’eft-à-dire, . . pour la vraie hauteur de À , ceft-à-dire, . . . . +. 29,41489 ou plutôt en nombres ronds , , . ,. . . - 29,41ÿ 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, | 117. Le thermomètre B étoit à pouces anglois , , ,. 25,19 & fon thermomètre attaché étoit à 9° de froid (parecique 1 NME Rai 02) Or, felon la table E, n°. 88 , nous avons : pour 20 pouces NII Ses 100. 5002027 pour $ HART, > 000506 L ‘ Pour ,7 .*, 3 000010 SCPOUTMSONMNENLS a ne ; 000009 , Cettefomme . . . 5002552 étant multipliée par . . , . . X 9 donne le produit . . , . . ,022968 qui, felon le n°. 82, doit être ajouté (parce que la température étoit au-deffous de $ 5°) à la hauteur apparente du baromètre B, coltdirouenn el or Sat arts 5 + : +,022968 Pi ee de on pour avoir la hauteur vraie de ce baromètre . . 25,212968 ou plutôt en nombres ronds . . , ., 25,213 118. Le logarithme de . , 29,415 . . eft . . 1.4685,689 célmide 4 26,213 7.1 NE Edo 245 Ayant mis une virgule au 4° chiffre après la caractériftique | ( qu'on pouvoit omettre ); la différence eft en toifes an- 669,245, | DONS ET Let re dép aure Dieu 1e) MN RL PAREMENR OR qui étant multipliés par . . 6 donnent la hauteur approchante en pieds anglois . . 4016, 664 ce qui feroit la vraie hauteur , fi la température de l'atmofphère étoit à 22 degrés de Fahrenheit (n°. 103). . 119. Mais le thermomètre détaché du baromètre À étoità + , 45° Bcceluidu'barometre BÉtoi a NO RE CN EE 0 At ———_—« Donc leur fomme ef nt vi ein rire Sun & la température moyenne entreuxeft . , , . . 42,2$ dont la différence pour . 4 , , , . : . 31,24 CR RENE ME TRIO qui doit être additive , païce qu'il s’agit des degrés au-deflusde 31,24 ( felon le n°.108), | Or; 1 RES | ; . - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 205 Or, nous avons par la table F,(n°.111) DOME Me Mar ee CAODM POS Herr ne : 0,72 PARIS ue tele he cm 0243 POLE Re ROM are MS OT 40 pour abat mo Et us eh 1: SOOIL e— “ Lafommetenteltt." 4." . .M.00,7602 qui multipliée par « . . . .« . . 11,10 97693 97603 97693 Ce produit : . 4 + . . . + 107,460903 étant ajouté au nombre ci-deflus de la RUE 4016, 664 CHAT EE OU S a ire. et fe ire ! montre que da vraie hauteureft . . . . . 4124,125 p anpl, c'eft à dire, 4124 pieds, & la fraétion 125 , qui multipliée par 12, donne - un pouce & demi. 120. Or a employé dans cet exemple les grandes tables des Logarithmes in-4°, publiés par feu Gardiner, qui les donnent à 7 places , outre la caractériftique ; mais on peut égalemeut employer les petites de feu M. de la Caille, in-12, qui. donnent les logarithmes en 6 places: car on voit bien, par cet exemple ;'que le chiffre dernier ne repréfente plus que des millièwnes de toifes, dont la valeur ne mérite point du tout d'être re- gardée. 121. Deuxième exemple, On obfervera la hauteur apparente du baro- mètre À en pouces anglois . . lertieie. 0e 6 M4, 175 fon thermomètre artachéà . , . . , . , $7:° & {on thermomètre détaché à , . . : . . 56° On obferve la hauteur apparente du baromètre B dans le même 8 1= : temps en pouces . OR MM LL PE }28,152 fon thermomètre attaché étoità . . . . 61°° & fon thermomètre détache à . . . . . 64° 122. Détail de ce calcul. On voit ; au‘premier coup-d'œil , que le ther- momètre attaché du baromètre A ne différoir que de 2 degrés au - deffus dela température moyenne de ÿ5° (25,55 — 55 —=2, 25°) de Fah- renheit. Tome XIX, Part. 1, 1782. MARS, Dd 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Or, felon la table E ( n°.88 ), nous avons pour 20 pouces . « + « + + + 002027 pour 4 pouces MR r er ile > 00040 5 & pour deux dixièmes ( au lieu de,178) . . . ,000020 lenciommetet ne 002262 qui multiplié par le 25°, c'eft-àdire, par , . . . . X2,2$ 12260 A0 DÉRRE donne le produit : . . + . ,00ÿ51700 Ce produit étant retranché ( parce qu'il s’agit des degrés au-deflus de la température de 55°) de la hauteur ph 24, 1780 parente du baromètre À . . . donne la vraie hauteur de ce baromètre À . . . 24,1725 123. Le thermomètre attaché du baromètre B ne différoitque de 6i* (ou 6,75° de la température de ÿ$5° (car 61,75 — 55° = 6,75" )-Or, {elon la table E , n°.88, é À NOUS avONS pour 20 pouces 24.7. . 1..." 002027 POUTIONpOUCES*. MERE AIS SE OO UIT pour Lx diyème 0). M NES 00OC10 & pour 3centièmes . . . . . . ,00000% Leur/fommencft in 1e CR COZ28"E quimultiplié par la différence des degrés . . . . . . 6,75 14255 19957 17106 donne le produit . . . . . + ,01924425 Ce produit doit être retranché ( parce qu'il s’agit des de- grés au-deflus de ÿ 5° ) de la hauteur apparente du ba} 28,132 TOMÉLEON D M PE PNR NT PATES ci Ainf, la hauteur corrigée du baromètre B eft . . . 28,113 124. Le logarithme de la vraie hauteur de A . . 24,172.eft.3833,126 & celui de la vraie hauteur de B . . . . . . 28,113.eft..4489,072 655, 946 6 dont la différence entoifes qui multipliées par 6 pour les réduire en pieds anglois . . donnent la hauteur perpendiculaire apparente en pieds : : . 3935:076 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 125. Le thermomètre détaché du baromètre À étoità . . . 56° & celui du baromètre B étoità . . . . . . . . . . . G4 dont fommme CRUE MAP 5e TL y 20 donc la température moyenne de l'atmofphère étoit . . . . Go° CHAR M De ae ane 31524 La'différence.eft. «neue nlyle + 128,76 Or, par la table F, n°. 111, nous avons : Pour ere AR 22000 pis ne ne LS #7, 20 BOUT RUE PR OO ra fe etait es tie 1 2 107 NPOUL re ee SO disons e sbintseiter:21007 3 PAUTI, eU TA a te er TONNES NET ET EU RUES Cr2 Ccpour 6dixiemestou plat@t, .. 0,7%. «'. , à + : 002 Ju ÉOMME LP Le AN ET SO OA multipliée par la différence ci-deflus de la moyenne température . 28,76 57384 66948 76512 19128 - Ce produit ajouté à la hauteur approchante . . . . 275,06064 qu'on a trouvée ci-deflus ; favoir aux . . . . . 3035, 676 fait voir que la vraie hauteur cherchée eft . . . . 4210,732p.an. -+ 126, En effit, le Chevalier Shuckburgh fit ces deux obfervarions, & la hauteur entre les deux endroits, mefurée géométriquement par le même, fut trouvée de 4211,3 pieds anglois, ce qui ne differe que d'environ 6: pouces de celle donnée par Le baromètre, (: Voyez Tranfail. philof. 67° vol., n°, 39:p- 581. 127. Troifième exemple. On a obfervé plufeurs fois la hauteur du baro- mètre fur le rivage de la mer, tant en Italie qu’en différens endroits de l'Angleterre, avec le plus grand foin; & prenant la moyenne de 132 ob- fervations, on atrouvé que la colonne de mercure étoit , en poucesan- ADI Eee Ac: ee er abre Mer etelienur > 305 O4 le thermomètre arraché éroit au degré. , . . . , S$5° ÉPTCHTOMAAITIOEREE LE np envers ca ele +), 02 Voyez Tran/aël. philof., 67° vol,, n°, 39, p. 536. Tome XIX, Part. 1, 1782. MARS. Dd 2 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : 128. Je fuppofe qu'on obferve le baromètre dans une mine très-pro- fonde où la hauteur du baromètre foit trouvée en pouces . . . . 32 & chacun des deux thermomêtres au même degré de fon femblable ; c’eft= à-dire, l’attaché à $ 5°, & Le détaché à 62 : on demande quelle fera la pro- fondeur de cette mine ? 329. Détail de ce calcul. Le logarithme de . , 30,04..eft...4777, 00 celui dE De 2 MOVE ete 1 511325 000.0. SONO es Leur différence donne en toifes angloifes . . 274,5 qui multipliées par . . . . "6 donnent la hauteur approchée en pieds anglois . . 1647,0 Celle-ci féroit la vraie hauteur de cette mine qu'on a fuppofée, fi la température de l'armofphère étoit (n°: 103 )à . - 31,24 mais étant dans le cas préfenràa 4. . ... .,. . 1.1. 62,00° # Commene | on y doit appliquer la correction ( quatrième règle, n°. 106) de la différence . . . DE AA U En ARE 30, 76° Or, difpofant la hauteur approchante en différentes lignes (n°. 114) ,on trouvera , par la table F du n°, 111, les nombres fuivans; favoir : POULE) LRU IO0O NE el 43 POULE Ne be 600. EEE are ct AS POUT US Mer p)sne AO See 01 /31097 pour SIT See ee TE no Ge dontilafomme ft le PC Re 4,002 qui multipliée par la différence de la températurede l'air . . x 30,76 24012 28014 12006 Ceproduit .-. + . « + . + X 123,10152 . LA - ajouté à la hauteur approchante ci-deflus . . 1647, Ja ommemeMEeE NE RS r770, 1 fera la vraie profondeur , en piedsanglois, de la mine fuppofée au - deffous du niveau de la mer. 130. La méthode que je viens d'expliquer eft générale pour tous les cas des obfervations barométriques ; mais lorfque Les hauteurs qu'on veut me- furer avec le baromètre ne font point au-delà de 4000 , ou même de ooo pieds , on peut s’épargner, dans ce cas, d’employerles tables des logarithmes, comme ci-deflus , en fe fervant de la table fuivante , que le même Chevalier Shuckburgh a donnée dans la feconde Partie des Tranfuët, philo. , 68 vol., n°, 32, p.688. nant en à CI - ou md Le 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 209 131: Table G des hauteurs correfpondantes à chaque dixième de pouce anglois dans la différence des deux baromètres , lorfque la hauteur moyenne eft de 30 pouces, du RE ab Pieds anglois. JT [rongp8e 35: 87,49 49° A 54 o , 60 jo . , 66 $ÿ 91,72 60° 92,77 65° 93; 82 70° 94, 88 TS 95:93 80° 96,99 2 0 132. Ufage de cette table. Toutes les fois que la hauteur moyenne des deux baromètres eft exactement de 30 pouces anglois, il ny à autre chofe à faire que de chercher dans la table les degrés de la température moyenne des He thermomètres détachés , & l’on trouvera vis-à-vis de ce degré le nombre de pieds qui correfpondent à chaque dixième de pouce anglois contenu dans la différence entre les deux baromètres. 133. Premier exemple. Suppofons que le baromètre A fe trouve à 31,6 pouces & le baromètre B à 28,4 pouces, la moitié de leur fomme (—60,0) eft 30 pouces; dans ce cas, il y a une différence de 32 dixièmes de pouce entre les deux baremètres ; car 31,6—28,4—32 pouces. Or, fi la tem- pérature moyenne des deux thermomètres détachés et, par exemple , 45°, le nombre 89,60 qui fe trouve dans la table vis -à- vis le degré 45, montre que chaque dixième de pouce donne la hauteur de 89,6 pied. Ainf, il n’y a qu'à multiplier 32 x 89,6; & le produit 2867,2 montre qu'il y a ce nombre de pieds en hauteur perpendiculaire entre les deux endroits où l’on a fait chacune de ces deux obfervations: c’eft-ä-dire, 2867 pieds, & environ deux pouces & demi; parce que 12 X 2— 2,4. 134. Mais lorfque la hauteur moyenne des deux baromètres n’eft pas celle de 30 pouces Anglois: dans ce cas, la valeur de chaque dixième de pouce, dans la différence des deux baromètres, fera en raifon inverfe de leur hau- teur moyenne pour celle de 30 pouces. Si l’on appelle H, la moyenne hau- teur des deux baromètres en pouces, D, la différence des deux barommètres, L 510 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, exprimées en dixièmes de pouce ; C, le nombre trouvé dans la Table vis-3: vis Le degré de la temperature moyenne des deux thermomètres dérachés 3 & x, la hauteur qu'on cherche : la formule D Sie —x, montre l'opération qu'il faut employer, pour cotinoître la valeur x; c’eft-à-dire, pour connoître la vraie hauteur perpendiculaire entre les endroits, où l’on a fait ces deux r PES É ne 2 obfervations, L exemple fuivant montrera la manière de faire ce calcul. 135. Deuxième exe hauteur apparente de POUCES EE fon thermomètre attaché au degré & Le thermomètre détaché au degré . Suppofons que le baromètre B fe trouve à la hauteur app de pouces . . . . fon thermomètre attaché au degré . . & le thermomètre détaché au degré . . . . . « .… , 60,25 1 36. Détail de ce calcul. La différence du degré de la température moyenne $5° à celle du chermomètre du baromètre A n'eft que 1, 5° (56,5° — 55° ET) Or, nous avons, felon la table E du n°, 88, pour 20 pouces ol aiielis pour & pour Ouces . . ° . IXICINES ee rue En multipliant cette fomme On aura la vraie hauteur de À , favoir par la différence ple. Suppofons que le barom en retranchant le produit , de la hauteur du baromètre À . arente ètwe À fe trouve à la ÉNCE 29, $24 D D 56, 5. 57» ska 30,018 site 60, $ + 002027 . >000912 . >0000$ I È :0029ç0 Û 1,$ 14959 2990 ——— - > 00448 5 + 29, 5240 + 29,$19$ 137, La différence du degré de la température moyenne $5° à celle du thermomètre attache du baromètre B, eft $,5° (60,5° — 55°=— 5,5), Or, felon la même table E du n°, 88, nous avons pour 30,02 pouces qui multipliés par les donnent le produit , qui doit être retranché de la hauteur degrés .’ 003042 . 55 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. :21rx Pour avoir la hauteur corrigée ou vraie du baromètreB , favoir STORE: PORT TUE en y ajoutant la hauteur corrigée de À , , . +. 29,520 Life 30,002 & divifant par 2 lafomme , . . . . $ÿ9,522 on aura la fomme moyenne H de la formule ci-deflus; c’eft - à- dire, on aura 29,761 — H. 138. En retranchant de la vraie hauteur de B.. 30,002 ue hauteur de À 0.7, 4 4.10 +. 293520 . La différence (— D dans la formule ) fera ,482 Or, le thermomètre détache du baromètre A étroit à , . , 57, 00° & celui du baromètre B étoit à . , . , . . . . , 60, 25° Lour fonte Rs, DL UN Var ig donc la température moyenne de l’atmofphère ( n°.97 ) étoit 53; 625° 139. [1 faut à préfent chercher C dans la table G du n°. 131, c’eft- à-dire, les pieds cerrefpondans à chaque dixième de pouce entre les baro- mètres, vis-à-vis leur température moyenne de 58,625°; mais comme cette température eft, dans la table, entre les 50° & 60°, on fera obligé de la trouver par la proportion fuivante : 5° (—60°— 55° ):3,625°(—58,625 —$5°):: 1,05 pieds (=92,77—91,72): x—C, On multiplie donc . . . . . 3,625° par pisde SM." GISI. LR 1,05° 18125 362$ & on divifera par $ ce produit, c'eft-àdire, —$).. 3,80625(,76125 on ajoutera ce quotient . 7612$ au nombre de pieds vis-à-vis Le 55° de la table G , c'eft-àdireà . . 91,72 & cette fomme , . . . . . 92,481 pieds fera celle qui corref- pond à 58,625"; c'eft-à-dire, fera la quantité exprimée par C dans la for- 39CD mule —x du n°. 134 140. Or, nous avons par le n°, 138, en prenant les dixièmes comme autant d'unités ( parce que c’eft à des dixièmes de pouce que les nombres de la table G correfpondent ); nous avons , dis-je, , + + + 4820—D Nous avons aufli, par le n°. précédent, . . , . 92,481— C & enfin, par le n°, 137 1H00S avons M 0420020701 —H . à oCD 200 En fubftituant ces nombres dans la formule ci-deflus ? = x ; c'eft 2- dire, 30 x 92,481 x 4,82; & divifant le produit 13372,7526 par 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 29,761, le quotient 449,3 montre que la hauteur perpendiculaire entre les endroits des deux obfervations eft 449 pieds & 4 pouces anglois, 141, Si l’on fait ce calcul par la première méthode des logarithmes , comme daus Les deux premiers exemples (n°*, 115 & 121), ontrouveræ le réfulrat de 450,122, c'eft-à-dire, 45Q pieds & 1,4 pouces ; d'où il fuit que ces deux méthodes donnent prefque les mêmes réfultats, On évite, à la vérité, par cette dernière méthode, d'employer les Jogarithmes dans le calcul; mais en revanche la première eft infiniment moins longue & moins embarraffante, toutes les foisique les degrés de la température moyenne de l’atmofphère ne font pas les mêmes exprimés dans latable G. 142. M. Shuckburgh fit, en effet, ces deux obfervations à Rome : læ première avec un baromètre dans la galerie fupérieure du dôme de l'Eglife de Saint-Pierre , qui eft à ço pieds au-deffous de la croix de la coupole du même dôme; & l’autre fur le bord du Tibre : il y mefura géométri- quement la hauteur de la croix, & il trouva que cette hauteur étoit 02,2 pieds. Si l'on ajoute $O pieds au premier réfultat, on aura 499,3 pieds, ce qui ne fait point trois pieds de différence; & fi l'on ajoute la même quantité au fecond réfultat, on aura $000, 122 pieds, ce qui ne faie plus qu'environ 2 pieds & 1 pouce & demi de différence, 143. On peut voir dans le Mémoire que j'ai cité, inféré au n°. 39 du €7° vol. des Tranfaët. philof., Le détail du calcul de ce dernier exemple, où la différence du réfultar, felon les obfervations du baromètre, ne differe que d'environ 4 pouces de celui de la mefure géométrique. Mais M. le Chevalier Shuckburgh poufla fon exactitude jufqu’à des dixièmes de degré dans le thermomètre, & jufqu'à des dizaines de millièmes de pouce dans l'échelle du baromètre, Cette dernière quantité peut bien être déduite , en prenant la moyenne de plufieurs obfervations répétées dans le même en- droit, comme je l'ai ditau n°, 79 ; mais pour les Maires de degré du ther- momètre, il n'eft pas poflible de les déterminer, à moins d'avoir des thermo- mètres d'une échelle fort grande , ou d’avoir un œil très jufte & très-accou- tumé à ce genre d’obfervations, On doit en effet aû Chevalier Shuckburgh de nous avoir fait connoître les défauts & l’infufifance de la méthode de M. de Luc & des autres Savans, pour déduire les vraies hauteurs des monta- gnes, moyennant les obfervations barométriques. 144. Sur le rapport des obfervations du baromètre avec les réfraétions affro- npmiques. Pour ce qui regarde les influences de la pefanteur variable de l’at- mofphère fur les réfraétions aftronomiques , le Lecteur pourra confulter là- deffus l’'A/fronomie de M. dela Lande, liv. 12, n°. 2236. C’eft un objet qui peut-être ne fera jamais déterminé avec la dernière précifion; mais il y a eu des Aftronomes du premier ordre, tels que MM, de la Caïlle, Mayer, de l'Ifle & autres , qui ont beaucoup contribué à fa perfection. Fin du fecond Mémoire; la fuite au Cahier prochain. SUITE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 SUD ILE: D'ÉSETEN PR ATT Du fecond Volume de l'Ouvrage de M. l'Abbé SPALLANZANI. a PE ==) Differtation fur la fécondation artificielle opérée [ur quelques Animaux. M ALPIGHI eft le premier qui ait tenté de féconder des animaux par art; il opéra fur les papillons des vers à foie, mais il ne réullit point, Son Compatriote Bibiena a répété fon procédé , l’a varié, & n’a pas mieux réulfi. IL falloit l'appliquer à d’autres animaux, & c'eft ce qu'a exécuté l'Auteur, d'apiès les exhortations preflantes que lui fit M. Bonnet dès l'année 1767, & les confeils qu'il lui donnoit de travailler fur les am- phibies, F M. Spallanzani tenta fa première expérience fur un crapaud accouplé, IL en prit un au moment où il jugea que la femelle alloit fe décharger de fes œufs; il déracha le mâle , & laiffa la femelle feule dans un vafe par- ticulier. Au bout de quelques heures , elle commença à pondre, & lorf- que les chapelets d'œufs eurent quelques pouces de longueur, il les coupa près de l'anus; puis il en laïffa un dans l’eau , & s'empara de l’autre pour le baigner dans le fperme qu'il avoit tiré des véficules fpermatiques d’un mâle, C’eftavec un pinceau, plongé dans la liqueur prolifique, qu'il arrofa les œufs, — Quand l'opération fut faite, il replaça dans l’eau Les fœtus fur lefquels il avoit opéré, — Pendant cinq jours , il n'apperçut aucune différence entre ces œufs fécondés artificiellement & ceux qui ne l’avoient point été du tout; mais au fixième , il commença à diftinguer que les œufs fécondés s'alongeoient un peu, tandis que les autres confervoient leur forme fphérique, Ces premiers progrès continuèrent les jours fuivans, Au onzième jour, les petits têrards prirent du mouvement dans les mem- branes de l’amnios : à cette époque, les œufs non fécondés fe gâtèrent; enfin, au treizième jour , lestétards naquirent. On peut donc donner la vie à certains animaux, en employant les mêmes moyens dont la Nature fe fert lorfqu'elle eft laiflée à elle-même. Mais cette découverte étoit trop importante ,pour s’en tenir à une feule obfervation; il falloit varier & multiplier à l’ihfini les expériences, L'Auteur s'y livra en entier, & eut un plein fuccès. Il vouluc enfuite favoir fi les œufs fécondés artifici-lle- ment écloroient plus tard que ceux que le mâle féconde lui-même, & il trouva que toutes les périodes de développement & le moment de la naif- fance étoient contemporains dans les uns & dans les autres, Tome XIX, Part. I,1782. MARS, Ec 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Par ces premiers eflais, il n’avoit fécondé les œufs que hors du corps de la femelle , en imitant la Nature autant qu'il avoit pu; il falloit aufli s'écarter de fes voies ordinaires, & tenter la fécondation dans le corps même de la femelle , lorfque les œufs font encore dans l'ovaire, lorfqu'ils font dans l’oviduétus, & enfin quand ils font dans lutérus. M. Spallan- zani , Curieux de s'inftruire fur ces trois points, opéra d'abord fur les œufs contenus dans l'utérus ; il ouvrit une femelle accouplée, trouva fon utérus rempli d'œufs, en tira quelques - uns qu'il arrofa de fperme & plongea tout de fuite dans l’eau: il en tira dans le même tempsune quan- tité égale, qu'il ne féconda point & qu'il plaça aufli dans l’eau pour lui fervir de terme de comparaifon, Le réfultat fut qu’au bout de quelques jours, les œufs fécondés fe développèrent, & qu'au contraire ceux qui ne l’avoient pas été périrent tous (1). Paffant enfuite à l'examen des œufs contenus dans les oviduétus, & les ayant foumis aux mêmes expériences, il s’affura que ceux qui étoient dans les parties. de l'oviduétus les plus voifines de l'utérus réuffiffoient tous par la fécondation artificielle ; mais que ceux qui fe trouvoient dans l’extré- mité oppofée de ce canal ne réufliffoient point, La raifon de cette diffé- rence eft facile à trouver; les œufs ne peuvent venir à bien que lorfqu'ils font enveloppés de cette glaire épaifle qui les accompagne quand la fe- melle s’en décharge : c’eft une fubftance qui fert de nourriture aux fœtus dans les premiers temps, & dont on nous a appris l'indifpenfable nécef- fité dans la Diflertation précédente, Or, c’eft en traverfant les oviductus que les œufs s’enveloppent de cette glaire; ceux qui en ont traverfé la plus grande partie, & qui font près d'entrer dans l'utérus, ont déjà la quantité de mucilage qui leur eft néceflaire , au lieu que les œufs qu'on tire de l'extrémité oppofée de ce canal n’en ont qu’une très-petite dofe, qui ne fufit pas à leur développement, — Par la même raifon , les œufs que l’Auteur tira immédiatement de l'ovaire, & qu’il féconda à fa ma- nière, périrent tous : ils étoient privés de la glaire nourriffante. Mais ce mauvais fuccès l'engagea à tenter une expérience fingulière. Il favoic que fi on ouvre l'abdomen d’une femelle au moment de l’accouplement, la mort ne fuit pas incontinent la bleffure ; que quelquefois même, malgré fes fouffrances , l'animal continue à fe décharger PE fes œufs, & que les œufs, nés dans ces circonftances malheureufes, ne laiflent pas de fe dé- velopper : il fit donc une ouverture dans l'abdomen d’une femelle ac- couplée, & avec un canal approprié à la chofe , il introduifit une goutte (1) En faifant ces expériences, l’Auteur a trouvé prefque toujours des animalcules fpermatiques dans le fperme des crapauds , à l'exception de deux fois feulement, où cette liqueur lui en parut totalement privée. Cependant cette femence, dépeuplée de vs s'eft trouvée tout aufli propre à la fécondation que celle qui en contenoit le plus. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ot de fperme fur les œufs contenus dans l'ovaire ; dans cet inftant , il déta- cha le mâle, & mit la femelle à part : elle ne mourut qué cinq heures après; & dans cer intervalle , elle pondit tous fes œufs, qui fortirent bien enveloppés de glaire: cependant ils périrent tous fans exception ; ce qui prouve d'une manière frappante l'utilité de la glaire : car fi les œufs s'en trouvent dévarnis au moment où on les féconde, ils périflent, quoiqu'enfuite ils arrivent à la. lumière enveloppés de certe fubftance. La liqueur tirée du tefticule eft auffi propre à la fécondation que celle des véficules fpermatiques ; ces deux efpèces de fperme font développer & naître Les têrards dans le mêrne temps : cependant il paroîr que d'un sombre donné d'œufs, une certaine dofe d: fperme des véficulesen fera développer un plus grand nombre que la même dofe tirée du tefticule, Dans le chapitre fecond, on rend compte des expériences tentées pour féconder artificiellement [es fœtus des falamandres aquatiques & des cra- pauds terrefties puans. Comme p-ndañt l'accouplement des falamandres aquatiques Le fperme du mâle s'introduit dans l'anus de la femelle, on ne ouvoit pas tenter la fécondation artificielle far les œnfs pondus par les femelles , parce qu'il étoit à craindre qu'ils n'euffent déjà été fécondés na- turellement : il falloir donc recourir à quelqu'autre procédé. L’Auteur imagina d’abord d'ouvrir l'abdomen d’une falimandre , de mettre à nud les oviduétus, & d’arrofer avec le fperme du mâle les œufs qui s’éloi- gnoient le plus de l'anus; car nous favons que la fécondation naturelle n'influe que fur les cinq ou fix premiers fœtus placés près de cer orifice, & par conféquent on ne pouvoit pas fuppofer que ceux qui en font plus éloignés fe fuffent reffentis des embraffemens du mâle. Mais ce moyen ne réuflit pas; tous les œufs qu'il féconda de cette manière fe gâtèrent. Il penfa enfuite à opérer fur des femelles qu'il avoit élevées en folitudle pendant tout l'hiver, & qui, à l'approche du printemps, commencoient à fe dé- charger de leurs œufs fans le commerce du mâle ; il arrofa donc ces œufs de fpzrme à l'inftant où les femelles les pondoient , & malgré cette nouvelle précaution iln’eut point de fuccès. : Découragé par ces réfulrats infruétueux ;MiMétoit près d'abandonner la fécondation artificielle des falamandres , lorfqu'enfin il vint à penfer que comme dans l’état naturel le fperme n'eft pas lancé immédiatement dans l'anus de la femelle, mais qu'il ne s’y introduit qu'après s'être mêlé avec l'eau , il ne falloit pas arrofer les œufs avec du fperme pur , mais avec du fperme délayé dans l’eau. Cette idés fingulière fut fur-le-champ foumile à l'expérience, & couronnée du fuccès. En preflant légèrement le ventre des falamandres femelles au temps des amours, on en Be fortir des œufs, Celle que l'Aureur choifit en pondic vingt- fept par ce moyen, & il les plongea dans l’eau, où il avoir mêlé une légère dofe de fperme. — Ces fœtus ne périrent pas tous; des vingt-fepr, ilen maquit dix, & ce nombre Tome XIX, Part. I, 1782. MARS. Ee 2 218 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, étoit bien fufifant pour prouver que la fécondation artificielle peut réuflir dans l’efpèce des falamandres. D'ailleurs, ces fœtus font fujets à mille accidens qui les détruifent: il en périt un grand nombre de ceux que la fe- _ melle pond naturellement après l’accouplement ordinaire, — C’eft même ce motif qui a empêché M, Spallanzani de foumettre cesamphibies à des expériences ultérieures ; il étoit trop difficile de fouftraire leurs fœtus à tous les petits maux qui les menacent, On peut aufli féconder artificiellement les fœtus du grand crapaud ter- reffre puant. L’Auteur s'en étant afluré par plufeurs obfervations dont le fuccès fut conftant, tenta de s’écarter un peu des voies ordinaires de la Nature, foit en altérant plus eu moins les caractères primitifs du fpeime, foit en eflayant de produire quelques changemens analogues fur les fœtus qu'il obfervoit. Son premier effai fut d'employer le fperme d’un crapaud male tué depuis quelques heures (1) , & il trouva que rrois heures après la mort cette liqueur étoit encore très-prolifique ; car tous les fœtus qu'il en arrofa naguirent dans le temps ordinaire. Par une autre expé- rience, il s’aflura qu’un retard de cinq heures n’étoit pas plus préjudiciable. 11 étroit aflez intéreflant de favoir combien de temps le fperme confer- veroit fa vertu fécondatrice ; mais pour le découvrir, il falloir employer quelqu’autre moyen que celui que l’Auteur avoit d’abord choiïfi, parce que plus on attend à ouvrir le crapaud après fa mort , & plus fes véficules fpermatiques font affaiflées; en forte qu'au bout de cirq heures, il n’y.a prefque plus de femence, L'Aureur prit le parti d'ouvrir le crapaud dès linftanc qu’il lui avoit donné la mort, & de mettre fon fperme dans de petits el de verre qu'il fermoit avec de la cire laque pour en pré- venir l’évaporation; puis il fe fervoit de certe liqueur en diférens temps , pour déterminer la durée de fon pouvoir, Il trouva que pendant les fix premières heures, elle ne perdoit prefque point fa vertu ; que la feptième commençoit déjà à l'afloiblir, & que la huitième & la neuvième la dé- truifoient totalement, Cependant il ÿ a ici une certaine latitude dépen- dante de la chaleur de l'agmofphère. Quand il fair chaud , le fperme S’affoiblit plus vite que ad il fait froid. Cela eft fi vrai, qu'on peut prolonger fa puiflance fécondatrice jufqu’à la vingt cinquième heure, en la laiffant tout ce temps - là dans une glacière. La raifon en eft, que le fperme eft une liqueur très-putrefcible , & que le froid retarde beaucou la putréfaction. On ne fera donc point étonné qu'une chaleur de o® fafle erdre à la femence fa vertu prolifique en 3 minuutes , & qu’une chaleur de 35° la lui fafle perdre en 2. (1)Ily aiun moyen de faire périr fubitement ces animaux; c’eit de piquer ou de détruire quelque partie de leur moëlle fpinale ; à l'inftant , ils entrent en convulfion & meurent, au lieu qu'ils furviyent encore affez long-temps quand on les a déca- pités. SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 217 M. Spallanzani effaya enfuite de mêler le fperme avec différentes li- -queurs. Le mélange avec l’eau lui réuñit parfaitement; nous verrons plus bas les détails de cette obfervation. Le mélange avec le fang , qui fe fait naturellement lorfqu'on ouvre l'abdomen & les vélicules fpermatiques du mâle, n’eft point préjudiciable à la fécondation. IL eft vrai que dans ce cas il ny a pas une véritable diflolution ; car le fang fe caille tout de fuite, furnage , & dans cet état on peut l'enlever: alors le fperme refte pur & homogène. La bile, la falive , la liqueur qui fort du poumon , celle qui fort des reins du même animal , fon urine même, qui eft brülante & corrofive, mêlées avec le fperme, n'affoibliflent point fa vertu. L’urine humaine, pourvu qu'elle foit en petite dole, c'eft-à dire, à parties égales avec la femence, & le vinaigre en même quantité, ne l’altèrent point; mais fi la quantité de vinaigre ou d'urine furpafle celle du fperme, alors elles nuifent beaucoup. Ici , l'on pourroit demander fi ces diverfes liqueurs fe mêlent réellement avec la femence ; car fi elles ne s'incorporent point enfemble , fi elles fe féparent d'elles - mêmes , comme l'huile fe fépare de l’eau , il ne fera pas étonnant qu’elles n’altèrent pas fa vertu. L’Auteur, qui avoit conçu lui- même ce doute, n'a pas négligé de l’apprécier ; & il croit s'être afluré pofitivement qu'il fe fait une véritable incorporation , un vrai mélange chymique entre ces liqueurs & le fperme. IL raconte enfüite en détail les différentes épreuves auxquelles il a fou- mis les fœtus avant de les féconder , & en premier lieu, le réfultat de fes recherches fur le temps pendant lequel ils pouvoient refter dans le cadavre de leur mère, fans devenir ftériles. Ceci dépend beaucoup de la tempé- rature de l'air. Au mois de Juin, le thermomètre étant entre 20° & 22°, les fœtus perdirent la faculté de fe développer , pour avoir féjourné 14 heures dans l'utérus de leur mère , périe de mort violente. On s'apperçut déjà, à la 12 ou 13° heure , que le trop long féjour les altéroit ; mais ce ne fut qu'à-la 17° que la putréfaction fe manifefta : la glaire s’épaiflit, les œufs rendirent une odeur fort défagréable. Lorfqu'il gèle, le féjour des fœtus dans l’utérus de leur mère, peut être prolongé après fa mort fans in- convénient. 2e On n’auroit pas foupçonné l’eau de nuire aux fœtus avant la fécondation ; cependant s'ils y féjournent plus de 13 minutes avant que d’avoir étéarrofés de fperme , c'eft inutilement qu’on cherchera dans la fuite à les féconder ; ils refteront ftériles. L'expoftion au fec leur eft moins contraire; car ils peuvent refter quelques heures hors de l’eau avant la fécondation, fans en fouffrir, D'où vient donc cette maligne influence de l'eau ? L’Auteur a fuivi attentivement ce qui arrive àun chapelet de ces œufs plongé dans l'eau, & il a vu qu'au bout de quelques heures , ilaugmentoit de volume. Or , cette augmentation ne provient que des particules d'eau qui fe font infinuées dans la fubftance mucilagineufe du chapelet; & la preuve en eft, qu'enle retirant de l'eau, cette eau qui s'y étoit infinuée, fort. Il eft donc + 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, très-vraifemblable que ce liquide étranger, introduit dans la glaire, em- pêche la fécondation, parce qu'il bouche les canaux que le fperme doit traverfer pour arriver aux œufs. Voilà pourquoi , au bout de 13 minutes de féjour dans cet élément , Les fœtus deviennent ftériles.—Dans l’état naturel des chofes, la Nature a parfaitement paré à cet inconvénient, en faifant répandre au crapaud mâle fa femence fur les œufs naiffans à l'inftant qu'ils fortent de l'anus de la femelle. IL eft vrai qu’en venant à la lumière, ils tom- bent dans l’eau ; mais ils y font fi peu de temps avant l'opération du mâle, que les canaux deftinés au paflage de la liqueur prolifique ne peuvent point {e fermer. S'il étoit permis de fe fervir ici de l’analogie, on feroit porté à croire que la fécondation des poiffons ne s’effcétue pas comme on le croit com- munément, puifque les œufs qui ont féjourné quelque temps dans l’eau avant d'avoir été arrofés du fperme, reftent ftériles. Il n’eft pas probable que les femelles des poiflons abandonnent leurs fœtus au fond des eaux, & qu'ils y confervent leur faculté de fe développer, jufqu’à ce que le mâle vienne répandre fa femence fur eux, & les anime. L'efpèce de la grenouille aquatique commune, qui eft fi abondante, a été la victime de l’infatiable curiofité de M. Spallanzani. Il a vérifié fur les fœtus de cette efpèce toutes les découvertes qu’il avoit faites fur la fécondation artificielle des fœtus du crapaud , & les réfultats n'ont pré- fenté que de très-légères différences. Par exemple , la liqueur des véficules fpermatiques & des tefticules de la grenouille conferve plus long -temps hors du corps de l'animal fa vertu fécondatrice que celle des crapauds ; cependant elle réfifte moins bien à la chaleur : car une température de 32° l'altère très-promptement. Une autre différence , c’eft que les fœtus de gre- nouille ne fe confervent pas aufli-bien dans le cadavre de leur mère, que ceux du crapaud. Paffons maintenant à d’autres expériences , dont les réfultats font fort intéreflans, Dans les premiers eflais fur la fécondation artificielle, l'Au- teur plongeoïit les œufs & leur glaire dans un cryftal de montre plein de fperme , ou bien il les arrofoit abondamment avec un pinceau trempé dans cette même liqueur. Il fut enfuite curieux de favoir s’il étoit nécef- faire d'employer une aufli grande quantité de femence, & il fe mit à ar- rofer différens fœtus de grenouille, les uns fur toute leur furface , d’autres fur deux tiers, d’autres fur un tiers feulement de leur circonférence, & il trouva que ces derniers fe développoient auñli vite & aufli - bien que les autres, — Excité par ce fuccès, il chercha encore à diminuer la dofe de fperme , & il vit qu'il fufhloit de toucher un œuf avec la pointe d'une aiguille humectée de femence , pour Le développer ; bien plus, il mit dans douze cryftaux de montre douze portions de chapelet d'œufs , qui en con- tenoient chacune vingt-deux , & toucha dans chacune de ces portions un œuf avec la pointe d’une aiguille humide de fperme : le réfultat fut qu'il Le SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 219 naquit vingt-deux tétards dans le temps ordinaire; par conféquent chaque petite goutte de liqueur avoit fécondé deux œufs, Comme elle ne peut opérer la fécondation qu’en traverfant une épaifleur confidérable de fubf tance glaireufe, il falloit encore favoir fi, en augmentant l'épaifleur de ce mucilage , fans augmenter la dofe de fperme, on affoibliroit fa vertu prolifique. Il paroît , par l'expérience qui en a été faite , que l'augmenta- tion d’épaifleur de la glaire diminue la puiffance du fperme , mais qu'elle ne l'anéantit pas totalement, — Si l'on fubtitue du blanc d'œuf de poule au mucilage ordinaire des œufs de grenouille, la fécondation n'a plus lieu (1). On a annoncé plus “haut qu’on parleroit de l'influence du fperme de grenouille , mêlé d’eau, fur les fœtus : c’eft ici le lieu d'en faire mention, M. Spallanzani commença par mêler ces deux liqueurs en parties égales , & la fécondation faite avec ce mélange réuflit admirablement bien ; il n'employa enfuite qu'un quart de fperme fur trois quarts d'eau, & cette liqueur mélangée , bien loin de paroître afloiblie, fe montra au contraire plus puiffante : il naifloit la moitié plus de fœtus qu'elle fécondoit, que de ceux qu’on fécondoit avec du fperme pur, Ce font les termes de l’Au- teur, « Ce n'eft pas, ajoute-t-il, que l'eau ajoutée au fperme augmentât >» fa vertu, elle En Le cette énergie: mais c'eft que la petite quantité » de femence que fournit une grenouille mâle, délayée avec beaucoup æ d'eau, peut baigner un plus-grand nombre de fœtus. Voilà pourquoi, >» ayant quadruplé La quantité d'eau, je vis naître plus de trois cents tè- > tards; au lieu qu'en employant du fperme mêlé d’eau à parties égales, #il en naïfloit à peine une centaine. Cet heureux fuccès m’enhardit au » point , que je hafardai de mêler à une livre d’eau trois grains feulement >» de fperme, Le réfultat fürpafla mes efpérances. À ma grande furprife, » je vis naître toute la nombreufe famille de fœtus que j'avois extraits » de l'utérus de deux femelles, & que je n'avois fécondés qu'avec ce mé- » lange ». Ici fe préfente un doute, Comme le fperme eft plus pefant que l’eau , ne fe fépareroit-il point du mélange? Dans ce cas, il tomberoit au fond du vafe , où les œufs font ordinairement placés, & il opéreroit feul la fé-- condation, Si la chofe fe pañloit ain, il n’y auroit plus de merveille ; car l'eau , mélée avec la femence, n'arrivant point jufqu'aux œufs, ne contribueroit point à l'effet que nous admirons, Ce fcrupule méritoit d’être examiné. L’Auteur fit tout de fuite une expérience, dont le réfultat devoit être décifif, Il mêla de nouveau trois grains de femence à une livre d’eau, (x ) Ce fait n’a rien de furprenant. Je fais, par mes propres expériences, qu’en fubftituant au blanc propre d’un œuf de poule celui d’un autre œuf de poule , ou celui d'un œuf de canard, lincubation ne développe pas cet œuf mutilé. La Nature ne s’y trompe point, More de l'Editeur. 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & avant d'employer cette liqueur délayée , il la laiffa repofer pendant trois heures, Ce temps fufifoit pour faire précipiter la femence, dañs le cas où eile düt fe dépofer naturellement ; après ces trois heures, il prit plu- fieurs fœtus de grenouille, & les plongea les uns jufqu'au fond du vafe qui contenoit le mêlange, d’autres feulement jufqu'au centre, les autres reftèrent à la furface, Si le fperme fe füt précipité, il n’y auroit eu que les fœtus plongés jufqu'au aa du vafe qui fe feroient animés: cepen- dant ils fe développèrent tous, & il ne parut pas qu'il s’en développätun plus grand nombre de ceux qui avoient été plongés jufqu’au fond du vale, . que de ceux qui étoient reftgs à la furface. Preuve démonftrative que le mê- lange d'eau & de femence ne fe décompofe point, & quele fperme refte dif- féminé dans toute la maffe d’eau. M. Spallanzani voulut enfuite favoir dans quelle quantité d’eau le fper- me , mélangé avec elle, perdroit fa puiflance. C’étoit une affaire de täton- nement. Î1 vit que 18 onces d’eau , mêlées à 3 grains de fperme, lui laif foient toute fa vertu prolifique; que 22 onces d'eau commençoient à la diminuer ; que 44 onces lui nuifoient beaucoup : cependant un mélange de 3 grains de fperme à 242 onces d'eau, fut encore capable d'animer quelques fœtus. C’eft le dernier point où l’on ait pouflé ces recherches. Revenons au mêlange de 3 grains de femence & de 18 onces d'eau. Le LeGteur comprend combien peu une goutte de ce mélange doit con- tenir de païticules fpermatiques : cependant elle en renferme affez pour développer le Se ce qu'il en refte, à la pointe d'une aiguille qu'on y plonge, ne forme guère qu'une goutte d’= de ligne de diamètre, & cette goutte eft aufli propre à féconder le fœtus , que fielle étoit de fperme pur, La comparaifon en a été faite avec foin. Notez encore qu’elle eft très-prompte dans fes effets. Les œufs qui reftèrent plongés dans cette li- queur pendant 1 feconde feulement ,naquirent aufli vite que ceux qui féjour- nèrent pendant tout le cours de leur développement. Une autre prérogative de ce mêlange d'eau & de femence, c’eft de con- ferver fa vertu prolifique plus long-temps que le fperme pur. Nous avons vu qu'en quelques heures, le fperme pur perdoit la fienne: au lieu qu'à une température de 17 ou 19°, il faut 35 heures pour altérer le mê- lange; &, dans une glacière , il fe conferve fain pendant plus de 67 heures, Toutes ces expériences ontété répétées avec Le même fuccès fur la femence de deux ou trois efpèces de crapauds. L'Auteur termine cette Difertation , comme la précédente. par des ré- flexions fur les faits qui y font expofés. — Il accumule Les argumens con- tre l'opinion de Leuwenhoeck fur Les vers fpermatiques confidérés comme auteurs de la génération. Cette digreflion étoit peu néceflaire ; car ce fyf- tême na plus de partifans, Cependant, fi quelqu'imagination exaltée entre- prenoit . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 221 prenoic de le reflufciter, il eft bon d’avoir d'avance de nouvelles armes our le combattre, Nous avons vu que la femence de deux crapauds, par- on privée de vers fpermatiques, étoit également prolifique. Ces vers n'y jouent donc aucun rôle. Nous favons encore ca l'urine humaine eft un poifon pour eux; & cependant , quand on mêle de l'urine au fperme des grenouilles , il conferve fa vertu fécondatrice ; conféquemment , lors même que les vers fpermatiques ont péri, la liqueur qu'ils häabitoient peut animer les fœtus de grenouille, Ces faits font décififs. Avant que l’Auteur les eût découverts, M. de Haller avoit montré que le poulet préexifte dans l'œuf à la fécondation : & cette grande vérité avoit por'é Le dernier coup à l'opinion de Leuwenkoeck, La préexiftence des fœtus à la féeondation dans l’efpèce des amphibies, dont M. Spallanzani nous a procuré la con- noiffance , eft un argument du même genre également victorieux. Mais ce qu'il y a de plus intéreffant ici , ce font Les objections terribles que ces mêmes découvertes élèvent contre l'épigénèfe de M, de Buffon. Cet homme célèbre a pris les vers fpermatiques pour des molecules organiques, qui font, fuivant lui, l'inftrument effentiel de la génération, Or fi, comme on l'a prouvé dans cet Ouvrage , les molécules organiques manquent dans le fperme de quelques animaux; ou fi, en les féparant du fperme, on ne prive pas certe liqueur de fa puiffance fécondatrice, il en réfulté que les molécules organiques ne, font rien dans œuvre de la génération, & que Le fyftème établi fur leur ptérendue exiftence n’a point de folidité. Les fœtus ou les germes appartiennent donc aux femelles ; ils préexif- tent à la fécondation. La femence du mâle ne crée rien: elle ne fait que développer. Il.ne s'enfuit pas de-là que les germes ne croiffent que par fon influence; il eft évident au contraire que, d moment oùon commence à les appercevoir dans l'utérus jufqu'au temps où ils font prêts à être £e- condés , ils prennent un accroiflement confidérable; & comme tout ac- croiflement fuppofe la nutrition , & que la nutrition fuppofe la circulation des humeurs, on eft obligé d'admettre qu'avant l'action de la femence, il y avoic uv principe de mouvement, mais extrêmement foible & lent. Ce principe ne fufnroit point à produire le développement rapide, l'ani- mation fenfible, que: nous appellons vie, s’il w’étoit pas aidé par l'action du fperme, qui donne plus de moyvement au cœur , plus d'agitation aux fluides , en un mot une irritation générale dans toutes les parties du fœtus, C'eft fous ce point de vue que les Halier & les Bonnet envifagent la fé- condation. — Mais pour, que le fperme pénètre jufqu’au fœtus (car il ne peut agir fur lui qu'immédiatement), la Nature a dû ménager quelques voies particulières qui facilitent fon accès, L’æœil peut- il découvrir ces voies? M. Bonnet exhortoit fouvent lAuteur à:les chercher ; & enfin, M. Spallanzani commença à examiner au microfcope les petites fphères mucilagineufes des œufs de grenouille. Malgré la netteté de l'objet, il Tome XIX, Part. I,1782. MARS, FFE 222 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : ne put rien découvrir qui eût l'apparence d’un canal ménagé à cette fin, Ne réufliffant point par ce procédé, il imagina de dépouiller les œufs en entier de leur glaire, & quand ils étoient parfaitement nuds, de les percer pour faire fortir toute la matière à demi-fluide qu'ils renfermoient , de manière qu'il ne reftàt plus que l'écorce ou la peau. Alors, il examina de nouveau cette peau au microfcope , & la trouva criblée de petits trous ou de pores qui font comme autant de bouches par lefquelles le fperme eut s'infinuer dans leur intérieur; & comme ces pores font également répandus fur toute la furface de l'œuf, il n’eft pas étonnant qu'en -quel- quendroit qu'on le touche avec une pointe humeétée de fperme, il foit fécondé» Cette découverte , dont on n’avoit point encore fait mention, eft très-importante. Nous avons vu combien peu il falloit de fperme pour féconder les fœtus de nos amphibies. 3 grains de cette liqueur , délayés dans 18 onces d’eau , opèrent la fécondation aufli-bien que le fperme pur; & cepen- dant la petite dofe de liqueur prolifique eft prodigieufement raréfiée dans ce mélange. Afin de faire mieux reflortir cette vérité, l'Auteur a entrepris quelques calculs affez fimples, dont je ne donnerai ici que les réfultats. En fuppo- fant le diamètre d’une goutte de ce mélange fécondageur = = de ligne, celui d’un œuf de grenouille = + de ligne, le volume des particules {per- matiques contenues dans cette goutte fera au volume du fœtus comme —1:1064777777. Le poids de ces mêmes particules ne fera que a. d'un grain, & leur volume précis réduit en parties de ligne cubique ne fera que la —#—— d'une telle ligne. Le Lecteur, furpris de ces réfultats, demandera fans doute comment une fi petite quantité de femence peut ftimuler le germe & l’animer. À cela, on répond que la Phyfque fournit plufeurs exemples analogues de tout ce que peut la Nature avec de petits moyens. Une goutte de venin d’une vipère , infinuée dans le fang, fuflit pour détruire l'irritabilité & la fenfbilité du fyftème mufculaire & nerveux dans un grand animal. Si donc une aufli petite quantité de poifon fuffit pour faire périr un bœuf ou un cheval, faut - il s'étonner qu'une petite goutte de fperme développe le fœtus d'un petit animal tel que le têtard ? Un grain de ftyrax enflammé remplit un vafte efpace de fon odeur picotante; & malgré fa prodigieufe raréfattion , excite l'éternuement de ceux qui s'y expofent. Pourquoi l'influence d’une petite quantité de liqueur prolifique ne pénétreroit-elle pas jufqu’aux germes & ne les animeroit-elle pas ? ) M. Bonnet regarde le fperme non-feulement comme une liqueur ftimu- lante, mais encore comme un fluide nourricier. IL fonde fon opinion fur l’accroiffement de la barbe au temps de la puberté, fur les modifications que la liqueur prolifique apporte à la conftitution du mulet, fur l'organe LD Éd L 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2:% de fa voix, fur fes longues oreilles, &c. , &c. Si Le fperme étroit unique- ment ftimulant, l'âne, accouplé avec la jument , ne produiroit qu'un che- val ; mais il produit un être qui tient aufli de la nature de l'âne, La fe- mence de l'âne pénètre donc le germe du petit cheval defliné en minia- ture dans l'ovaire de la jument. Î1 le modifie, & s’il le modifie, il le nourrit, — M. de Halle: n’étoit pas de cet avis ; il attribuoit Le développe- ment de l'organe de la voix du mulet à la force irritante du fperme de J'âne, qui eft plus puiflant dans cette efpèce que dans celle du cheval pour agir fur ces parties. L'Auteur ne décide point entre ces deux autorités refpeétables ; mais il expofe humblement fes doutes fur la théorie de M. Bonnet, Frappé du réfultat de fon expérience fur la petite quantité de nn néceffaire au développement du fœtus des grenouilles , il dit que 1 la liqueur prolifique nourrifloit le germe, l’accroiflement qu'il en rece- vroit feroit proportionnel à la petite dofe de femence dont il auroit été arrofé. Mais dans ce cas-ci , Le volume de fperme eft au volume du fœtus comme 1: 1064777777: le tétard, repréfenté par ce dernier nom- bre, ne devroit donc recevoir qu'un accroiflement repréfenté par l'unité, & cependant fes progrès font très-rapides, Il n'y a donc aucune propor- tion entre la caufe & l'effet; ce qui laifle déjà des doutes fur la réalité de la caufe aflignée. D'ailleurs, fi le développement des têtards, dans Les pre- miers temps, dépendoit de la nourriture que leur fournit le fperme, ceux qui en auroient reçu une plus grande quantité devroient fe développer plus vite que les autres ; &cependantil n’en eft point ainfi: le mélange de 3 grains de fperme & de 18 onces d'eau anime aufli promptement le fœtus que la femence pure. 2 Quoiqu'il foit fuffamment prouvé que cette liqueur eft un vrai ftimu- lant , l’Auteur a cherché à s’en aflurer plus poftivement encore par l'ex- périence fuivante. Un liquide devient d’autant plus irritant , que fes par- ties acquièrent plus d'activité, & la chaleur eft un moyen d'augmenter cette activité. Il penfa donc à arrofer des foetus de grenouilles avec du fperme qu'il avoit fait réchauffer , pour voir fi le développement feroit lus rapide. Il fit un mêlange de 2 grains de fperme avec demi-once d’eau qu'il échauffa au 30° , & y plongea une vingtaine de fœtus, qu'il tranf- porta enfuite dans une eau qui te la chaleur de l’atmoefphère. Il féconda dans le même temps d’autres fœtus avec un mêlange femblable , mais froid, & il en réfulta que les premiers fœtus naquirent dix heures avant les autres; « phénomène que je ne faurois, dit-il, attribuer qu'à la » plus grande énergie , & parconféquent àl'itritation plus forte, occalñon- » née par l'impreffion de la chaleur fur le fperme. Dans le chapitre fuivant , Auteur s'occupe de cette queftion fort dé- battue entre les Phyfologiftes. La partie épaifle & vifible de la femence eft-elle néceffaire À la fécondation , ou n’eft-il befoin , pour cette fonction naturelle, que de la partie fubtile & invifible qu'on appelle communé- Tome XIX , Part, I, 1782. MARS, Ff2 224 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment aura fpermatica ? Les Phyficiens, qui foutiennent que l'aura fper- matica fufit à la fécondation, s'appuient fur la petitefle des trompes de Fallope, dontle diamètre eft tel , qu'à peine l'air peut-il s'y introduire , & qui ‘conféquemment ne peut pas admettre la partie épaiffe du fperme. D'autres prétendent que le diamètre de ces trompes s'agrandit dans l'acte vénérien; ou du moins dans le temps des amours ; qu'on les a quelquefois trouvées remplies de fperme mâle; qu'on en a même vu jufqu'aux ovaires : & de-là ils concluent qu'il ne faut point recourir à une partie fubrile quon ne connoît pas, tandis qu'on a fous les yeux une fubftance vifble & maté- rielle capable de produire les effets dont on cherche la caufe. — Ces ar- gumens ne font point décilifs ; il faudroit, pour terminer le procès, trou- ver quelque moyen de féparer l'aura fpermatica de la partie épaifle de la femence, & s’en {ervir pour féconder artificiellement des œufs. Si ce pro- cédé réullifloit, on ne pourroic plus douter que la vapeur fpermatique ne puille feule opérer la fécondation. Si au contraire il ne réuflifloit pas, on en concluroit que la partie épaifle du fperme y eft aufli néceffaire. Cette expérience n’avoit pas encore été tentée , M. Spallanzani l'a faite, — Il plaça dausun verre de montre 11 grains de fperme tirés de plufieurs cra: pauds; & dans un autre cryftal femblable , mais plus petit, il mit vingt: fept fœtus de crapaud, qui, au moyen du mucilage, fe collèrent contre le verre; puis il ajufta ces deux cryftaux de manière que leurs bords fe joignoient exactement. Cet appareil fur expofé pendant cinq heures à une chaleur de 18°. On comprend aifément que la partie volatile de la fe- mence devoit s’'évaporer & baigner les œufs qu’elle rencontroit dans fa route. Effectivement, les œufs fe couvrirent bientôt d’un voile humide, qui n’étoit que de la vapeur fpermatique , & 11 grains de fperme fe trou- vèrent réduits à 9 grains+; cependant tous ces œufs périrent, — Ce ré- fultat ne laifloit pas l'efpérance de réuflir une autre fois ; néanmoins l’Au- teur voulut encore répéter l'expérience : il fuivit la même méthode; feu- lement il expofa fon appareil à une chaleur de 25° : & malgré cette aug- mentation de chaleur, qui devoit volatilifer une plus grande quantité de, fperme, il ne vint à bien aucun des œufs qu’il foumit à cette épreuv Notez que le réfidu de la femence, après avoir perdu fa partie volatile, étoit très-propre à opérer la fécondation. Ainfi donc la partie volatile du fperme de crapaud n’eft point prolifique; mais la partie épaifle de ce même fperme , après avoir fouffert une évaporation fenfible ; eft encore très-propre à la fécondation. Il en eft de même de la femence de grenouilles. Ce petit nombre de tentatives ne fuffit pas pour étendre cette conclufion aux autres animaux; mais l’analogie la rend femblable. On pafle enfuite à d’autres ob . fervations d’un genre affez fingulier. En 1778, M. Bonnet écrivit à l’Auteur, pour le prefler d’électrifer des œufs de grenouille non fécondés. « Vous favez, lui difoit-il , que M. Achard » de Berlin hâte le développement du poulet dans l'œuf au moyen de LC y La SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 22$ » l'électricité; ce qui fuppofe que lélettricité augmente le mouvement » desfluides, ou, ce qui revient au même , qu'elle accroît l'irritabilité du = cœur ; & comme je crois avoir prouvé que le fperme féconde le germe, »en tant qu'il augmente l'irritabilité du cœur , il feroit curieux de fubfti- » tuer l'électricité au fperme, & d’effayer de féconder des œufs en les élec- » trifant. Je n'efpère pas beaucoup de cette expérience : mais elle mérite »> d’être tentée ». L’'Abbé Spallanzani n’efpéroit pas davantage. Cependant il mit Ja main à l'œuvre; il éleétrifa deux jours de fuite, mais fans tirer d'étincelles, un vafe plein d’eau, dans laquelle il avoit mis des fœtus de grenoüille non fécondés; mais tous ces œufs périrent fans fe développer. IL répéta l'expérience, en prolongeant le temps de l'eleétrifation , & n'eut pas plus de fuccès. L’électricité n’eft donc point un fluide fécondareur. Il cft vrai cependant que lorfque les œufs ont été fécondés fuivant les loix de la Nature, l'électricité hace leur développement ; l'expérience en a été faice fur des fœtus de grenouille, & a aufhi-bien réufli que fur les œufs de poule. Déjà , quelque temps avant de recevoir la lettre de M. Bonnet, notre Auteur avoit cherché s'il n'y a point de fluide qui, fubftitué à la femence, produife le même effec, la fécondation du germe, Il travailloit alors fur les fœtus du crapaud , & il s’adrefla dans ces recherches au fiel , au fang, à la bile de ce mème animal: mais il n'eut pas plus de fuccès qu'avec le fluide éle@rique. Il employa encore , dans ce même but, des liqueurs végétales, comme le vinaigre, l'efprit-de-vin., le fuc de limon : & au lieu de féconder le germe, elles en accélérèrent la corruption. On pou- voit efpérer que la fécondation tentée fur ces mêmes amphibies avec le le fperme de quelqu'animal du même genre, réufliroit mieux. Puifque l'âne féconde la jument, ou, ce qui eft Le plus fingulier, puifque le rau- reau féconde l'âneffe, il y a tout lieu de croire que la femence + crapaud fécondera les œufs de grenouille, & qu'il en naîtra des mulets , qui par- ticiperont de l’une à l’autre efpèce, Ce genre de recherches étant d'ail: leurs très - propre à éclaircir le myftère de la génération , l'Auteur s'y. livra avec beaucoup d’empreflement. IL commença par arrofer des œufs de grenouille & de crapaud avec du fperme de falamandre, & réciproque- ment des œufs de falamandre avec la femence des deux autres amphibies. Quel ne fut point fon étonnement de voir, au temps marqué, qu'il n’y avoit pas un feul des fœtus fur lefquels il avoit travaillé qui donnat le moe figne de développement! & le réfultat fut le même quand il arrofa des fœtus de grenouille avec du fperme de crapaud , ou des fœtus de crapaud avec du fperme de grenouille. — Certainement on ne devroit pas s'y attendre, L'on lit encore dans ce chapitre deux faits remarquablesL’Auteur , { trouvant dans le Modénois au mois de Juillet, temps dés amours du ver-à-foie, imagina de tenter de nouveau la fécondation artificielle des 226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, œufs de ce papillon, que MM. Malpighi & Biliëna n'avoient point réufi à effe@uer ; & il s’adrefla à une variété de cette efpèce , qui eft la même L à que celle fur laquelle ces deux Obfervateurs opérèrent. Le feul caractère qu'on lui afligne ici, c’eft de ne fournir qu'une génération par année. Cctçe première tentative , quoique faite avec foin & par le procédé le plus fim- ple, que le Lecteur peut aifément imaginer , ne réuflit abfolument point. Cependant J’Abbé Spallanzani ne fe découragea pas; il s'adrefla à une autre variété, qui a ceci de particulier, qu'elle produit trois'récoltes dans la même année, au printemps, en été & en automne, & il obtint un plein fuccès. Les œufs tas par des femelles , qui vivoient ifolées , furent arrofés avec la liqueur tirée des vaiffeaux fpermatiques du male , & ils naquirent dans l'efpace d'une femaine. Ce réfultat imprévu lexcita à de nouvelles tentatives. Après avoir démontré que des animaux ovipares peuvent être fécondés par art, que dans la clafle des amphibies ceux qui fe fécondent naturellement hors du corps de la femelle avoient le mème privilége , il lui reftoit à chercher fi dans la claffe des vivipares ceux dont la fécondation naturelle s'exécute dans le corps même de la femelle, ne pou- voient pas auffi être fécondés artificiellement ; & comme le fuccès devoie être plus glorieux encore ou plusbrillant , fi on l’obtenoit fur quelque grand animal , il choifit une chienne, — Celle à laquelle il s’adreffa éroit de M l'efpèce des barbets, de moyenne grandeur; avoit déjà mis bas plus d’une o fois, .& commençoit à fentir de nouveau l’ardeur vénérienne. A cette épo- que , il l'enferma dans une chambre particulière dont il portoit toujours la clef, & il s’aftreignit à lui donner fa nourriture lui-même, Au treizième jour de Pemprifonnement, l’animal donna des fignes de rut bien mar- qués ; fes parties naturelles avoient beaucoup eñfé, Cet état continua jufqu’au _vingt-croifième jour; en forte que ce même jour il fe déter- mina à faire fon expérience. Il avoit alors un jeune chien de la même race , qui, plein d'ardeur, rendit, par une émiflion fpontanée, 19 grains de femence, que l’on injecta fur le champ dans la matrice de la chienne, au moyen d'une feringue propre à cet ufage, & qu'on avoit réchauffée jufqu'au 30°. — Deux jours après cette opération , les fignes du rut de la chienne cefsèrent. Vingt jours après, le ventre parut fort grofli, & les marques de la groffeffe devinrent fi frappantes, qu’au vingt-fixième jour, à dater de la fécondation , il mit la chienne hors de prifon. Oncontinuoit cependant à l'obferver : fon ventre grofifloit toujours ; & enfin le foixan- deuxième jour depuis l'injection , elle mit bas trois petits, deux mâles & une femelle , qui reflembloient aflez, pour la forme & la couleur, au ère & à la mère, Cet heureux fuccès procura à Auteur, fuivant fes pro- pres exprellions, le plus grand plaifir qu'il et eu depuis qu'il étudie la Nature. * La dofe de fperme employée dans cette expérience étoit de 19 grains ; mais toute cette quantité n'entra pas dans la matrice : il ne s’y en intro- \ Gains ms robe titi fit ne nt dé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 227 Quifit que 13 grains: Le refte s’attacha aux parois de la feringue; & il eft probable que la fécondation peut s’opérer avec une dofe bien moindre encore , car de 13 grains introduits , il en refta sûrement une affez bonne ortion fur les parois de la matrice & des trompes. En combinant ce ré- ilrac avec ceux que nous fourniflent les expériences fur les amphibies , nous ferons convaincus que la fécondation peut s’opérer avec une très- petite quantité de liqueur prolifique, non - feulement dans les petits ani- maux, mais encore dans les grands, Cette induction paroît plus vraifem- blable encore, quand on réfléchit à ce qui fe pafle chez les oifeaux. Un coq féconde d’un feul aéte tous les œufs qu’une poule pond en vingt jours ; & comme il fufft à douze ou à quinze poules, on voit qu'il pourroit faci- lement en un jour être père de trois cents poulets. Il y a tout lieu de croire que le moyen employé pour la fécondation artificielle de la chienne réufliroit pour tout animal quelconque. «— a —— » L’Auteur a fait imprimer ici deux longues lettres qu’il a reçues de M. Bonnet, & dont voici l'occafon. M. Spallanzani, accoutumé depuis long- temps à informer M. Bonnet de fes découvertes, & à le confulter fur fes Ouvrages , lui avoit envoyé l'indice des chapitres qui compofent les Dif- fertations dont on vient de lire l'extrait. M. Bonnet, en lui répondant, lui fait part de fes réflexions & de fes vues ; il commence par l'exciter à mettre dans tout fon jourle fait important de la préexiftence des germes à la fécondation. La preuve qu'en a donné M. de Haller n’eft pas propre- ment directe; elle n’établit que la continuité des membranes du poulet avec le jaune , qui préexifte inconteftablement à la fécondation. Les obfer- vations de M. Spallanzani fur les fœtus des amphibies font plus pofitives: car fi la peau entière de l’animal qui doit naître eft antérieure à la fécon- dation, on ne peut fe refufer à croire que tout animal préexifte à certe époque. Cependantil feroit encore à defirer qu’on püt voir les mêmes faits dans les germes des quadrupèdes & des oifeaux. Comme le germe nous échappe plus encore par fa tranfparence que par fa petitefle ; on réuifi- roit probablement, en diminuant cette grande tranfparence par quelque procédé particulier. Si on pouvoit pour ainfi dire faire cailler l'embryon, il y a tout lieu de croire qu'on le mettroit à portée de nos verres. Nous avons vu que l’Obfervateur Italien, frappé de la petite dofe de fperme qui fufft à la fécondation, fe montroit difpofé à penfer que le fperme Me amphibies n'eft qu'un pur ftimulant, & non un fluide nourri- cier. Cette conclufion eft contraire aux principes de M. Bonnet. Cepen- dant ce Philofophe reconnoît ici qu'il l’admet à l'égard des amphibies; puis, il ajoute ces mots : « Il ne me paroît pas que vous puifliez l'appli- >» quer aux grands animaux, Les mulets , chez ceux-ci, préfentent des faits 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, > qui ne permettent pas de douter que le fperme ne modifie plus ou moins » Les différentes parties de l'embryon. Le fperme eft donc porté àces parties; » & comment concevoir qu’il en change les formes & Les proportions , fans » pénétrer dans leur intérieur » ? Dans la feconde lettre, il revient encore aux moyens à tenter pour diminuer la tranfparence du germe ; il voudroit qu'on eflayat de répandre une goutte de vinaigre ou d’efprit-de-vin fur la cicatricule de l'œuf pour épaifhir les folides du germe & les rendre perceptibles. IL faudroit encore répandre fur le jaune une liqueur colorée par quelque teinture végétale car fi les vaiffeaux du jaune la pompoient & la portoient jufqu'a la cica- tricule , elle pourroit rendre vilbles quelques-unes de fes parties, fur-tout file jeu dés vaifleaux étoit aidé par une chaleur douce. Peut-être réufliroit- on mieux encore, en fubitituant à ces liqueurs la femence même du coq ; comme c’eft la liqueur qui a le plus d'influence fur le germe, il ne feroit pas impofñhble qu’elle produisit fur La cicatricule quelque changement fubit dont l'Obfervateur feroit témoin, Les crapauds & les grenouilles , qui vivent égalemerit bien fur la terre & dans l'eau, ne dépofent jamais leurs embryons fur terre , comme s'ils favoient que l’eau leur eft abfolument néceflaire, Cet inftint refflemble beaucoup à la prévoyance. Mais combien fe.tromperoit - on, fi on attri- buoit la prévilion aux animaux ? « Il eft plus philofophique de penfer, » dans ce cas ci, que Ja femelle du crapaud ou de la grenouille, preffée » du befoin de pondre , éprouve un certain fentiment intérieur qui lui » rend pénible le féjour fur terre , & lui fait defirer de gagner l'eau; & » comme les eaux croupiffantes font moins froides que les eaux courantes, » c'eft peut être la raifon pour laquelle l’amphibie préfere les premières , >» non pour fes petits qu’il ne peut connoître, & dont il ne peut prévoir les » befoins, mais uniquement pour lui-même ; car c’eft ainfi que la Nature a > pourvu par-tout aux befoins des petits: elle a fu enchaîner ces befoins à > ceux que les parens devoient éprouver en certaines circonftances ». M. Bonnet félicite enfuite le Profefleur de Pavie fur fa belle obfervation de la fécondation artificielle d'une chienne. « Vous tenez, lui dit-il, un fil » précieux qui vous conduira aux découvertes les plus importantes». Il l'in- vite à introduire dans la matrice d’une chienne le fperme de quelqu'animal , comme d’un chat ou d'un lapin ; en un mot, à tenter de produire toutes fortes de mulets par ce moyen facile & qui promet tant. Il faudroit encore s'en fervirpour favoir file fperme des grands animaux, délayé dans l’eau , confey= ve fa vertu fécondatrice comme celui des amphibies. La fin dans le Mois prochain. . RÉFLEXIONS REP LE A TON Sur la Force centripète & fur la Force centrifuge ; Par M. Davipo. J ’AI dit, dans mon premier Mémoire(2), que tout étoit en mouvement dans la Nature; que cet effec, confidéré dans les grandes mafles que nous nommons planètes, éroic le produit de limpulfion qu'elles avoient primi- tivement reçue du globe enflammé & lumineux qui eft placé au centre de notre fyftème. J'ai ajouté que le mouvement circulaire qu'elles affec- tent autour du foleil étoit le produit de l’aétion perpétuée de ce globe fur ces planètes , & de la réliftance qu’elles éprouvent en fens oppofé, tant de la part des impulfions que les étoiles exercent continuellement fur elles par leur hémifphère nonféclairé, que de la part du fluide fubtil, qui, en rempliffant l'Univers , lie tous les mondes, & dans lequel la force im- pulfve du foleil n’a pu les enfoncer ( pour ainfi dire), fans trouver, pour chaque planète, un terme où fa force étant enfin en équilibre avec la ré- fiftance, elle aura dû prendre une route compofée, où elle fe tient à la diftance qu'exigent ces deux agens, Cette route compofée conftitue les orbites , foit circulaires, foit elliptiques , que les planètes décrivent autour de leur centre de mouvement; mais à ce mouvement primordial , dont la vitefle eft plutôt démontrée que conçue, elles en joignent un autre, fubordonré fans doute au premier, & dont la vitefle ne fauroit lui être comparée. L'on conçoit de relte que c’eft de celui de rotation dont je veux parler ici, Ce mouvement fubalterne , qui paroîtroit mériter peu de con- fidération , eft celui à la faveur duquel toutes les parties du globe font, dans l'efpace d’un jour, alternativement éclairées & foumifes à l’action de l’aftre bienfaifant qui anime toute la Nature (2). C'eft à la faveur d'un pareil mouvement, connu d'abord par les plus anciens Aftronomes, & méconnu enfuite pendant deux mille ans, que l’on fournit une explication auf fimple que fatisfaifante des mouvemens rétrogrades , ftationnaires & accélérés des autres planètes avec lefquelles la terre tourne dans la même direction autour du foleil. La rotation de la terre une foisadmife, ces appa- rences, impoflibles à réalifer dans un Univers harmonique, appelé à l'exiftence (1) 1781, Tom. XVIII, p. 192. (2) Ce que je dis ici ne doit pas s'entendre à la rigueur, & ne fauroit s'appliquer aux répions pôlaires qu’on fait être éclairées fix mois de fuite, pour être, pendant le même efpace de temps , plongées dans les ténèbres, Tome XIX, Part. I, 1782. MARS. Gz 230 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parl'fntelligence fuprême ; ces apparences, plus impoflibles encore, de parties détachées & fans nombre placées à des diftances infinies lesunes desautres, & fe mouvantdans vingt-quatre heures autour d’un point confondu dans lef- pace; fans changer de pofitions refpectives , furent bientôtréduires à leurjufte valeur, IL.eft fans doute des phénomènes dont la rotation de la terre fur fon axe fournit évidemment la folution; mais ne iui a-t-on pas accordé trop tégè- rement des effets qu’elle ne fauroit produire? C’eft ce que nous nous propo= {ons d'examiner ici, Ne pas admettre dans la Nature deux forces, l’une que l’on nomme centripète & l'autre centrifuge, €e feroit fans doute vouloir fe donner un ridicule; parmi les Phyficiens nombreux qui peuplent la partie éclairée de PUnivers. Mais comment ces deux -forces.exiftent-elles , & où {e rencon- trent-ellés:? La folurion de ces deux quéftions eft intéreffante pour la Phy- fique , & devient la clef de plufieurs- phénomènes , dont l’on ne faurois fournir l'explication fans s'être fait une idée jufte de ces deux forces & du mécanifme de leur ation. Je ne vois qu'une manière de concevoir la force centrifuge & la force centripète, pour qfffelles ne foient pas défa- vouées par Les faits les plus communs. Une force centrifuge n'eft, d'après fon expreflion, qu'un effort {elon lequel un corps tend à s'écarter de fon centre de: mouvement. Les planètes, qui, en tournant autour du foleil, tendent à s'en écarter autant qu'il eft en elles, nous donnent un exemple du mouvement centrifuge ; mais elles Le doivent à l’action qu’exerce fur elles ce globe enflammé , & ce mouvement ef le produit d’une impullon. Si les planètes ne s’écartent pas de plusen plus du lieu d'où part la force qui agit fur elles, nousenavons vu ailleurs la-caufe. La force ou le mouvement centrifuge eft doncun effet dont les planètes, comme toutes les parties qui les conftituent, jouiffent en commun, & à à la faveur duquel elles tendent à s'écarter de la fource d’où elles le tirent. La force ou le mouvement centripète eft aufli un effet d’après lequel ces mêmes planètes rendent à s’écarter du principe qui les détermine, & qui conftitue la tendance qu'elles ont: vers le centre de leur mouvement cir- culaire. Si cette tendance n'a pas complètement fon.effet , c’elt que lim= pulfon conftante du foleil, à laquelle eft due'la tendance contraire, y met un Obftacle perpétuel. & invincible. Mais que ce globe enflammé Séreigne , comme je l'ai déjà dit dans mon premier Mémoire , ou qu'il. cefle d'avoir une action impulfive, & alors les planètes iront fe réunir à lui, comme occupant la partie la plus baffe de notre fyftème, le lieu enfin où le veulent tous les globes lumineux au milieu defquels il eft placé dans l'efpace (1). D'après ce que je viens d’expofer , la force centripète, comme (r) Si, après l’extinétion du foleil, le mouvement circulaire des planètes , qui eft le produit de deux forces oppofées, fe continuoit encore, il combineroït néceffairemen$ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 le force centrifuge , étant le produit d’impulfions ou de réfiftances en fens contraire, elles doivent nous montrer entrelles cet antagonifme dont nous venons de donner une idée: mais ces efforts, ces tendances oppofées des planètes & de leurs parties, en les confidérant relativement au foleil, Comme centre de leur mouvement , peuvent-ils être rapportés aux parties qui compofent ces planètes, en les confidérant relativement au centre ou’ même à l’axe de rotation de ces corps fphériques ? Nous fommes bien éloi- gnés de le croire. La force centripète fur les planètes eft exprimée par la tendance qu'ons les parties qui les confituent à fe précipiter vers leur centre ; & cette ten- dance produit ce que nous nommons la pefanteur des corps. Si nous par- venions donc à donner la raifon de cette tendance , nous aurions la caufe de la pefanteur. Sans anticiper fur l'explication de ce phénomène, nous dirons d’abord que nous avons confidéié la terre comme fe mouvant dans une ligne où elle eft perpétuellement en équilibre entre deux forces qui déterminent l'efpèce de courbe qu'elle décrit; mais l'équilibre ne fuppofe qu'un point, & ce point ne fauroit être occupé par toutes les parties d’un tout. C’eft fur la partie L occupe ce point que les autres s'appuient [uc- cellivement jufqu’à la furface de la terre. Siellea 3000 lieues de diamèrre , nous fommes Ércés de convenir que les parties , placées fur Le milieu de la furface de l'hémifphère inférieur ou éclairé de cette planète, fe trou- vent 1500 lieues plus près, & celles qui occupent le miliew de la furface de l'hémifphère fupérieur ou non éclairé 1500 lieues plus loin du fojeil la force impulfive ou la réfilance qui s’exerceroit en fens contraire de la force anéan- tie, de façon à donner une fpirale rentrante, dont les révoluions exprimeroïent des ofcillations qui iroient en diminuant , fans ceffer fans doute d’être ifochrones , jufqu’à ce que ces planètes fuffent rendues au lieu où le repos les attendoir. Si au contraire , l’action du foleil venant à cefler, le mouvement circulaire $’anéantif- foit fubitement par la fouftraétion d’une des caufes donc il eft le produit, alors Jes planètes fe précipiteroient par une ligne droite vers le lieu qu’occupe le foleil; & fi elles ne le rencontroient pas dans leur paflage, elles le depafleroient de la même quantité d’efpace qu’elles en! étoient éloignées, à‘ part le déchet qu’elles éprouveroient dans leur mouvement par la réliftance du milieu qu’élles déplaceroient ,,ce qui cor[- tiueroir de vérirables ofcillations, dont la diminution auroit lieu d’une manière plus ou moins marquée pour les différentes planètes , jufqu’à l’inftant de leur repos partait : mais ce que l'impulfion en fens contraire de celle qu’exerce le foleil obtiendroit dans le cas de fon extinétion, elle l’obtient dans le cas aétuel à la fin de chaque demi- révolution des planères, puifqwelles fe trouyent portées à cétre époque aurant par-delà le foleil, qu’elles en étojeat par-decà, avec cette différence feulement que.ce m’eft pas par la ligne la plus courte qu’elles y parviennent : mais. toujours Le burde la puiffance antagonifte eft-il rempli; d’où lon pourtoit conclure que dans le cas de l'extin&tion du fo'eil, la durée des ofcillations de chaque planète fe mefureroit par la durée aétuelle de leur demi-révolurion. Tome XIX, Part, I, 1782. MARS, Gzg2 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, u'il ne le faut pour que ces parties foient au point d'équilibre entre Ia fe & la réfiftance dont nous avons parlé. Nous avons d’autant plus de droit de Le conclure, que le centre vers lequel ces parties ( fi rien ne s'oppofoit à leur chüte) fe précipiceroient, les unes en s’écartant, & les autres en fe rapprochant du foleil, eft précifément à cette diftance moyenne où nous difons que l'équilibre feul doit fe rencontrer: mais plus les par- ties d'un globe feront éloignées de ce point d'équilibre, plus vigoureufe- ment elles devront y tendre ; car fi la terre , au lieu d’avoir 3000 lieues de diamètre, en avoit 12000, les parties de ce globe, placées au milieu de fa furface éclairée, feroient 6000 lieues plus loin du point d'équilibre que ne le comporteroit l’aétion impulfive du foleil; & celle - ci PRE avoir d'autant plus d'effet fur ces parties, que fon but feroit plus éloigné d’être rempli : la réfiftance, de la part des corps placés fur l'hémifphère fupérieur ou non éclairé, jouiroit alors fur la force impulfive du foleik d'une fupériorité d'antagonifme, qui fe mefureroit de même par la plus grande diftance où ils feroient du lieu où devroit fe montrer l'équilibre. L'adhéfion des parties fur un globe plus confidérable devroit donc être plus grande & la pefanteur plus active, que dans un globe de moindre dia- mètre. Cette conclufion eft fimple, naturelle & même néceffaire, comme je le prouverai ailleurs; & bien loin que Pobfervation & les faits la démentent, c'eft d'eux qu'elle tirera fa fanction. Quoi! me dira - t-on, vous comptez donc pour rien les effers de la force centrifuge? vous ivnorez donc, d’après Huighens & tous les Phyli- ciens, que plus une planète eft confidérable , en fuppofant qu'elle tourne fur elle-même avec une vitefle donnée ; plus les cercles de rotation étant grands, plus aufli la force centrifuge doit être a@tive fur les corps placés à la furface de ces cercles? Vous ne favez donc pas que la force centrifuge tend à diminuer l'adhéfion des corps entreux, ou leur force centripète ; que ces deux forces font perpétuellement en antagonifmez & que l'on a même calculé quel devoit être le volume d’une planète qui rourneroit fur fon axe en vingt - quatre heures, pour que fur fon équateur , qui feroit fon plus grand cercle de rotation, la force centripète de corps qui y fe- roient placés füt parfaitement en équilibre avec la force centrifuge ? ce qui fuppoferoit alors un anéantiflement de pefanteur de la part de ces corps ; ce qui excluroit pour eux toute idée d’adhéfion avec les parties de la furtace du globe fur lefquelles ils feroient appuyés. Vous ignorez donc , continuera t-on, que ce que vous vous oppofez ici vous-même, préfente des vérités dé- montrées fur lefquelles le doute n’eft plus permis? Je répondrai à de pareilles apoftrophes : Je connois tout ce que l’on ‘m'objecte; je n'ignore point ni les expériences qui ont déterminé à ad- mettre , de la part des corps, deux forces, l’une centripète & l’autre cen- trifuge , ni celles qui ont été faites pour donner de la valeur aux idées ns. ft \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 233 qu'on s’étoit formées de l'antagonifme de ces deux forces; & c’eft , ajou- terai je, parce que J'ai analyfé & médité ces expériences de manière à pou- voir montrer le vice des conclufions qu'on en a tirées, que j'ofe avancer avec confiance que la pefanteur des corps ou leur force d’adhéfion iroit en croiflant dans la propoition de l'augmentation d’une planète, quelle que fût la vitefle de fa rotation fur fon axe, Mais approfondiflons ce mouvement; cherchons à remonter à fa caufe, & voyons s'il peut nous fournir les phénomènes ou les produits qu’on lui attribue. En imprimant un mouvement de rotation à une roue , à un globe, à un cylindre, l'on a vu que les liquides que l'on répandoit fur leur furface, les folides qu'on y projetoit, s'échappoient par la tangente, & que les corps qui n'avoient qu'un certain degré de cohéfion avec cette furface par- venoient à s’en détacher lorfqu’on augmentoit la viteffe du mouvement de rotation : dès-lors les phénomènes , vus en petit dans nos chétives expé- riences de Phyfique, ont été tranfportés à notre globe , & l'en a tout de fuite prononcé que de fon mouvement de rotation fur fon axe, devoit naître une force centrifuge très-propre à affoiblir la force centripète ou la pefanteur qui exprime cette force; mais les cercles de rotation, & par con- féquent les degrés de force centrifuge , allant en diminuant de l'équateur au pôle, où la force centrifuge eft cenfée nulle, Huighens en tira l'expli- cation d’un fair connu : favoir, que la chûte des graves eft plus prompte vers les pôles que fous l'équateur, Un homme aufli favant , & qui faifoitrant d'honneur à la Phyfique, eut bientôt prefque tous les Phyficiens pour admi- zateurs & pour partifans. | Mais, je le ae à à tout homme , qui , en état de faifir la queftion , aura l’efprit dégagé de préjugés ; y a-t-il bien parité entre les exemples de rotation cités & le mouvement de rotation de notre globe, pour en dé- duire les mêmes effets? Qui dit mouvement, dit ae d'un effort; & dans tout effort , la mafle, pouflée ou preflée par la puiflance, tend tou- jours à s’en écarter. [l n’y a, dans rous les cas , qu'à favoir d’où part l'effort, pour connoître le côté par lequel la mafle contre laquelle il agit tend à s’en écarter. Le mouvement d’une maffe eft un état violent , à la faveur duquel elle tend à fuir l’agent qui la maîtrife. Dans les expériences de Phyfique , que nous avons invoquées pour éta- blir fur notre globe une force oppofée à la pefanteur , que trouvons-nous ? une force impulfive ( y en eut-il jamais d'autre?) , placée au centre ou tran{- portée à l'axe du mouvement de rotation , comme nous le voyons dans la fonde, dans une roue qui tourne autour de fon eflieu, dans un globe qu'on fait tourner autour de fon axe: alors, plus la force impulfive agit vigoureufement , plus la rotation eft précipitée, & plus les corps, placés à l'extrémité de la fronde , à la circonférence de la roue & fur la furface du globe, tendent à s’écarter du point d’où part l'effort. La première impulfon que je donne au corps placé fur une fronde, eft 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, employée à Jui donner en mouvement circulaire ce que cette impulfon Jui auroit donné en mouvement dire, fi ce corps avoit pu s’y livrer. Dans tous les cas de rotation, les corps tendent donc à s’écarter du lieu d'où vient l'effort; & ce lieu , dans toutes les expériences de Phyfique, d’où Pon part pour établir la force centrifuge des graves placés fur les grands cercles de rotation du globe, fe trouve au centre ou fur l'axe de rota- tion. Mais la rotation de notre globe nous préfenre-t-elle rien de femblable ? la caufe du mouvement part - il de fon centre ou d'un axe dont il feroit enflé, & fur lequel s’appliqueroit une puiffance propre à fui imprimer ce mouvement ? $a rotation ne feroit elle pas plutôt un effer néceffaire de fon mouvement de tranflation , qui eft fi prodioieux, que le premier peut prefque n'être compté pour rien ( 1}? & alors, la caufe de cette rota- tion fe trouve placée à la furface de la planète, & ne part plus de fon centre, Dans ce cas, toute idée de force centrifuge s'évanouit ; il ne refte plus que la force centripète ou de pefanteur, qui exprime la tendance qu'ont les graves à s’écarter de la force qui les prefle ; & ils ne peuvent s'en écarter qu'en fe précipitant vers le centre, où ils fe rendroïent effectivement , fi la route par laquelle ils pourroienty parvenir étoit libre : mais toujours la foree avec laquelle ils adhèrent à la furface du globe eft - elle une expreflion de cette tendance , & la preuve de leffort qui les follicite de la circonférence vers le centre de la planète. Dirons-nous, lorfque nous imprimons, par exemple, un mouvement de rotation à une bille placée entre le tapis d’un billard & la paume de notre main, que les parties de fa furface , preflées, cherchent à s’écarter de l’axe de rotation de la bille , & que ces parties tendent alors à s’élever & à s'appliquer plus fortement contre les puiflances qui déterminent le mouvement de rotation & celui detranflation ? Croirons-nous que fi ces billes étoient mollafles, le grand cercle de leur rotation rendit à ‘agrandir aux dépens de la mafle de la bille, qui fe trouveroit depuis ce cercle juf: qu'aux endroits par où pafleroit l'axe de ce mouvement ? L'expérience nous apprend le contraire; la bille s’alongeroit dans le fens de l'axe de fa ro- tation: ce qui n'indiqueroit rien moins qu'un effort centrifuge de la part des parties placées fur fon équateur. Ces parties auroïent, dans ce cas, fuivi la loi commune à tous les corps, qui eft de chercher , en cédant, à s'éloigner de la force qui les preffe , ou qui tend à leur imprimer du mou- me ne à mo nn (1) On peut en juger par la différence énorme qu’il y a entre la rapidité de Pun & autre mouvement, celui de tranflation eft de plus de cinq cents mille lieues par jour, pendant que celui de rotation, pris même à l'équateur où il eft le plus grand, n'elt que de neuf mille lieues ; d’où il.ett évident que le mouvement de w'anflation de la terre eft environ foixante fois plus rapide que fon mouvement de rocation. 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23ç vement, C'eft unc vérité qui fe trouve exprimée pat-tout dans les mou- vemens de rotalité des globes , comme dans les mouvemens de leurs par- ties. [ne fautici, pour faifir la relation de la caufe aux effets, ni géométrie ni Calculs; ces inftrumens ne font pas aufli eflentiels pour -le développe- ment des vérités phyfiques, que la plupart des Savans actuels voudroient le faire croire. Certe première vérité conduit à bien d’autres, que j’expo- ferai par la fuite. Mais toujours eft-il que l'applatiflement de Jupiter ( füt- il aufi réel & aufli confidérable qu'on nous le dit) ne peut être une preuve de la folidité de l'explication qu’a donnée Huighens de la plus grande pelan- teur des graves vers les pôles , & que cerapplatiflement ne peut être invoqué en faveur de celui de notre globe. Pour pouvoir induire, de la rotation fur leur axe , l'applatiffement des planètes vers leurs pôles , & conclure de cette rotation que les graves doi- vent avoir moins de pefanteur fur les grands que fur les petits cercles de rotation , il faudroit commencer par prouver que la caufe dese mouve- ment part de leur axe. La raifon fe refufe à de pareilles preuves, & montre évidemment qu'un mouvement de tranflation très- rapide de la part d'une lanète, accompagné d'un mouvement de rotation fur fon axe, ne peut être que le produit de forces appliquées à la furface, Mais, à cet égard, invoquons des expériences très-faciles à faire & à répéter, & écoutons leux témoignage, Si la force centrifuge diminue la pefanteur des corps , ou fi(ce qui re- vient au même ) elle affoiblit la force centripète, les graves , placés fur le plus grand cercle de rotation, tel que celui de l’équateur, graviteront moins fortement vers le centre que ceux qui feroïent placés fur un plus petit cercle , tel que le plaire. Ce que vous énoncez ici, me dira-t on, eft une vérité de fait dont.des expériences fameufes ont fourni la preuve, Ne favez-vous pas que Richer a obfervé, en 1672, qu'un pendule, réglé pour battre les fecondes à Paris, exigeoit un raccourciflement marqué pour mefurer le même efpace de temps à Cayenne. Je conviens du fait; je conviens encore qu'on étoit à Cayenne fur un plus grand cercle de ro- tation qu'à Paris: maisje me garderai bien de conclure de ces expériences, ue la force centrifuge, plus forte dans l’un des endroits & plus foible LR l'autre, fût la caufe de la différence du produit des pendules dans Vun & l’autre lieu. Je fuis d'autant plus fondé à rejeter une pareille con- clufion , qu'une pendule, placée à l'extrémité d’un plus grand rayon du même cercle de rotation, accélérera toujours fur celle qui fera placée à l'extrémité du plus petit rayon. Une montagne un peu élevée , & fon pied, nous fourniflent le moyen d’avoir ces deux termes de comparaifon, Si, comme on l'a prouvé par des expériences faites aux Alpes, la pefarteur eft plus active au fommet qu'au pied des montagnes, quoiqu'on décrive un plus grand cercle de rotation au premier qu'au dernier de ces endroits , la rotation de notre globe fur fon axe n'affoiblit donc point la pefanteur 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des corps ; ou, fi l'on vouloit abfolument que cette rotation influât fur le phénomène de la pefanteur , il faudroit dire que la tendance que les graves ont vers le centre augmente en raifon de ce qu'ils font placés fur un plus grand cercle de rotation. Mais non; cette affertion, qui fembleroit dériver un fait, feroic auffi faufle que ridicule, & feroit bientôt démentie par un autre fait, qui eft que la pefanteur vers les pôles , où les cercles de rota- tion font Les plus petits, fe montre plus aétive que vers l'équateur, où les cercles de rotation font les plus grands. En convenant que ces expériences ne permettent plus aux forces cen- trifuges de figurer parmi les caufes de l'inégalité de la pefanteur des graves confidérés fur différens points du globe , on fe rabattra peut-être fur l'at- traction , pour fournir l'explication de cette inégalité ; & pour y parvenir, l'on donnera d'abord comme un fait ce qui n'’eft rien moins que tel, que l'attraction exifte, & que cette force agit en raifon directe des mafles & en raifon inverfe du quarré des diftances ; & de ces fuppofitions gratuites , on croira tirer la preuve que Les lieux où la tendance des graves vers le centre du globe eft plus aétive , font ceux qui font plus près de ce centre, & que Les lieux où La pefanreur des graves s'exprime moins fortement en font placés plus loin. En fe rappellant enfuire que les expériences du pen- dule A a que la tendance qu'ont les graves vers le centre de la terre eft plus fortement exprimée vers Les pôles que fur l'équateur, on en tirera tout de fuite cette conclufon, que les pôles font plus près du centre que ne l'eft l'équateur ; & que par conféquent la terre eft néceffairement applatie par ne & élevé par le dernier de ces endroits. Maïs à cette conclu- fion , digne des prémiffes d’où elle dérive , j'oppoferai roujours le réfultae de deux pendules dont la marche eft uniforme , lorfqw'elles font placées à la même diftance du centre de la terre, & qui ont enfuite une inégalité de marche bien marquée , lorfqu'on varie cette diftance ; & j'obferverai que c'eft celle qui eft plus élevée au-deflus de ce centre, qui donne toujours une accélération manifefte fur celle qui l’eft moins. Or, comme je fuis plus certain que la pendule, placée fur le fommet d’une montagne, eft plus éloignée du centre de la terre que celle qui eft placée à fon pied , que je ne puis l'être qu'une pendule à Pello eft plus près de ce centre que celle qui eft fous l'équateur, j'ai droit de conclure que les conféquences qu'on avoit tirées de la néceflité de raccourcir le pendule à Cayenne, & de l'alonger vers les pôles pour qu'il continue à battre des fecondes, font d’au- tant plus hafardées , que les expériences que nous invoquons nous foux- niflent une vérité qui les terrafle, une vérité contre laquelle tous les rai- fonnemens captieux des partifans , foit de l’attra@tion, foit des forces centrifuges , viendront fe brifer; favoir, que la pefanteur, de {a part des graves , eft d'autant plus aétive , qu’on les confidère placés plus loin du centre du globe; & je prouverai ailleurs, par une fuite harmonique de faifonnemens & de nouveaux faits, que c’eft une condition néceffaire fans Jaquelle rennes » SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 laquelle il exifteroit dans les parties qui conftituent le globe , des incohérences ai ne font point entrées dans le plan de l'Etre intelligent qui leur a donné l'exiftence & la forme. Je prévois d'avance qu'on me fera obferver que les expériences faites , tant aux Alpes roues par M. Coultauld de Turin, qu'aux Alpes Hel- vétiques par M. Mercier , & dont les réfultats ont été donnés dans le Jour- nal des Beaux-Arts en Juin #769 & en Décembre 1771 , font des expé- riences fuppofées , ainfi que l’a annoncé M. le Sage , Profeffeur de Mathé- matiques à Genève, qui a été à portée de fe procurer des éclairciffemens exacts à cet égard. J'admets la fuppofition de ces expériences, & je veux croire qu’elles aient été imaginées pour exciter quelque Phyficien à les répéter , & à s'aflurer par-là fi le produit qu’elles annonçoient feroit vérifié ou démenti : mais on a mieux aimé croire à.la réalité de ces expériences , que d'en faire de pareilles ; on n'a pas même argué de l'exactitude de leurs réfulats , quoi- qu'ils fuflent diamétralement oppofés à ceux qui dériveroient néceflaire- ment , foit de la force centrifuge admife à la manière d’Huighens , foit de l'attraction agiffante en raifon inverfe du quarré des diftances. Quelques Newtoniens célèbres , parmi lefquels on compte M M. d'Alembert & de la Lande , cherchèrent feulement à aller au-devant du coup que c:s expé- riences portoient à l'attraction ; & voici comment ils s’y prirent. Les ex- périences des Alpes , par l'accélération d'autant plus grande dans une pen- dule, qu'on la place à une ftation plus élevée , prononçant que la pefan- teur eft plus active au fommet qu'au pied d’une montagne , ils opposèrent bien vite à un pareil réfultat des réflexions faites par M. Bouguer trente années auparavant, & qui annonçoient qu'il pourroit arriver qu'on Fit des expériences fur la pefanteur des graves qui fourniroient le même réfultat qu'ont donné celles des Alpes, fans que les loix de l'attraction Newtonienne en fuflent infirmées ; & voici, à cet égard, comment ils fe font expri- més, en rapportant ces réflexions. M. Bouguer a montré, dans fon Traité de la Figure de la Terre , queMle rapport entre la denfité des montagnes & du fond des vallées peut être tel, que même, fuivant Les loix de l'attraëtion Newtonienne , la pefanteur foit plus grande au fommet qu'au pied des monta- ghes. Quoi ! ce Savant, tout Newtonien qu’il étoit ; auroit deviné d’a- vance le réfultat des expériences des Alpes, & l'auroit regardé comme compatible avec les Loix de l'attraction, lui qui étoit monté plufieurs fois à Pitchincha, élevé de 750 toifes au-deflus de Quito , non pour décou- vrir, par le moyen du pendule, fi la pefanteur étoit plus ou moins active au fommet qu'au pied des montagnes , mais bien pour s'aflurer de com- bien cet excès d’élévation diminuoit la pefanteur des graves ! Par quel hafard M. Bouguer , qui nes’élevoit pas même jufqu’au doute à l'égard du produit qu'il cherchoit , auroit-il paflé à des réflexions qui fuppofent la Tome XIX, Part. I, 1782. MARS, Hh 233 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, poffibilité d’un produit contraire? Les expériences qu'il auroit faites à Pitchincha, au lieu de lui fournir les preuves qu'il cherchoit, fe feroient- elles obftinées à lui donner des réfultats oppofés à fon attente? On eft d'autant mieux fondé à le croire, que ni M. Bouguer ni M. de la Conda- mine ne donnent nulle part le réfultat de ces expériences qu'ils s’étoient même propofé de répéter à la montagne pelée de la Martinique; d'où Fon peut préfumer, avec beaucoup de fondefhent, que ce furent elles qui firent naître à M. Bouguer des réflexions propres à fauver du difcrédie qu'auroient pu donner au fyftême chéri des expériences analogues aux fiennes. De pareilles réflexions, peu propres à foutenir l’épreuve. de la difcuffion & de l'expérience , ont mt trouvé des partifans dont l'autorité eft. d'un grand poids; & c’elt pour les juftifier que M. d’Alembert a avancé qu'il eft pofible que la denfité des matériaux, qui forme le filon qui con- duiroit du fommet d’une montagne au centre de la terre, foit telle que l'attraction, en raifon directe des mafles, rendue plus active par un excès de denfité , fupplée avec avantage la diminution que doit produire, dans la pelanteur des graves , leur plus grand éloignement du centre , d’après l'attraction agiffante en raifon inverfe du quarré des diftances : ce qui fup- poferoit coujours, felon lui, que le filon qui conduiroit du pied d’une montagne ou du fond d'une vallée au centre de la terre, feroit compofé de matériaux de moindre denfité, & qu'il y auvoit dans fa dire&tion de vañtes cavernes , de grands vuides dans l’intérieur du globe, Ce Savant va même jufqu'à dire qu'il eft poffble que la denfité des montagnes foit à la denfité moyenne du globe , contme 8 eft à s. Mais M. d’Alembert, pour être un homme célèbre, n’en eft pas moins un homme, & par conféquent peut fe tromper. La fupériorité de denfiré d’une montagne fur celle de fon pied , qui eft lui-même une portion de cette montagne, peut-elle exifter dans Le rapport néceflaire, pour produire , fans infirmer laloi du quarré de Newton, un excès marqué de pefanteur dans Les corps plus éloignés du cen- re de la terre ? Si les graves, qui conftituent notre planète , occupent dans leur arrange- ment l’ordre des gravités fpécifiques, comme on peut le fuppofer plus na- turellement qu’on ne fait le contraire, le filon le matière, qui conduit de la montagne au centre de la terre, eft compofé de matériaux de plus en plus denfes à mefüure qu’on s'approche du centre; l'énorme compreflion qu'ils doivent éprouver fembleroit encore rendre néceffaire cette plus grande denfité. Si l'on fe permet des fuppoftions contraires, par la feule raifon qu'on en a befoin , pourquoi celles-ci , qui tiennent à des vérités de faits connus, ne feroient -elles pas admifes ? Les fubftances qui ont le plus de males , telles que le fer , le plomb, le mercure, l'argent, l'or, &c., d’au- tres fubftances , pour être infiniment plus denfes que toutes celles que nous » SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 ounoiflons, ne peuvént - elles pas ètre employées à former le noyau du be? On peut le préfumer; & M. de Buffon vient à l'appui de cette pré- ption, lorfqu'il dit, dans fa Théorie de la Terre, que c'eft feulemenc dans les montagnes que l’on trouve de grandes cavernes, de grands vuides, produits & augmentés fans doute par l'écoulement des eaux ag fe préci- pitent de leur fommet vers leur pied pour former les fleuves, Tes rivières & les torrens quien fortent, Le même Auteur ajoute que de pareils vuides ne fe rencontrent guère dans l'intérieur de la terre. D'après cela, & l’arrangement probable des fubitances du globe à rai- fon de leur denfité fpécifique , les montagnes peuvent être confidérées comme des mafles qui ne fauroient furpafler en denfité le filon des ma- tériaux , qui, du pied de ces mafles, conduifent au centre du globe; d’où l'on voit qu'on feroit mieux fondé à avancer qu’il eft poflible que la den- fité moyenne du globe, depuis le pied d’une montagne jufqu'au centre de la terre, foit à la denfité du corps de la montagne comme 8 «tar, que M. d'Alembert ne l’a été de nous préfenter la pofhbilité de l'inverfe , pour fouftraire la loi Newtonienne de la pefanteur, à la contradiétion dans laquelle l'a fait tomber l'accélération des pendules au fommet des mon- tagnes. Mais, m'objectera-t.on, peut-être que cette accélération, mife en avant, eft un fait fuppofé. Je le préfume d'autant moins , que , d’après une théo- rie ( qui n'eft certainement pas celle de M. d’Alembert ) , j'ofe aflurer d'a vance que fi l'on place deux pendules bien réglées, l'une à une ftation plus baffle & l’autre à une ftation plus élevée, celle qui occupera la dernière ftation aura toujours une accélération marquée fur l'autre, & que l’accé- lération de la pendule fupérieure fera proportionnelle à l'excès d'élévation qu’elle aura fur l'inférieure. J'ajoute même que ce réfultat aura lieu par- tout & dans routes les circonftances , & que rien n’altèrera cet effet. MM. d’Alembert, de la Lande, & tous les Partifans du célèbre Anglois, pourront oppofer à la première expérience Les fuppofitions avec lefquelles ils ont éludé, dans le temps, la conféquence tirée des expériences des Alpes. Mais les oppoferont-ils à une feconde, à une troilième , à une qua= trième expériences faites en différens lieux? Le hafard voudroit-il que Le fommet de la montagne préfentât toujours jufqu'au centre de la terre un filon continu de marières très-denfes , pendant que fon pied , qui eft une partie de la même montagne , n’offriroit jamais qu'un filon, dans la con- tinuiré duquel fe trouveroient non-feulement des matières moins denfes, mais encore des cavernes, des vuides, &c. ? Ils n’abuferont fans doute pas jufqu'à ce point de la permiflion de fuppofer. J'annonce donc , pour les expériences que j'indique, des réfultats, finon abfolument conformes , du moins analogues à ceux énoncés dans les expériences des Alpes, vraies ou fuppofées ; & je me crois d'autant mieux Éndé à les attendre, ces Tome XIX , Part. 1,1782. MARS. Hh 2 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - séfultats , que je ne crains pas de faire, aux Antagoniftes de ces affertions,. à tous ceux qui les croiront hafardées ou prématurées , le défi formel de dépofer , comme eux , chez un Notaire à Paris ou ailleurs, la fomme de dix mille livres pour dédommager celui par lequel la vérité fe décla- rera , des frais & des dépenfes qu il auroit pu faire pour la conftater. à à INSTRUCTIONS Sur les moyens de conferver les Vins, particulièrement dans les citernes; Par M. FouGErRoUx DE BONDAROY. N Ga DE 9 Réflexions générales [ur le produit qu'on peut attendre dela culture de la Vigne. L ES premières dépenfes , Jorfqu’on plante un terrein en vignes, quatre, cinq ou fix années qui doivent néceflairement s’écouler avant de tirer du profit d’un nouveau plant; les façons annuelles , les fumiers, échalas , frais de vendanges , cuves, futailles, &c.; les années où la vigne, encore trop jeune, ne produit pas; la vigne, qui, dans la plupart des terreins , ne dure que vingt-cinq à trente ans; La régie fatigante & onéreufe, avec les droits multipliés qui accompagnent perpétuellement le commerce des vins, forment pour le Propriétaire-Cultivateur , & fur-tout pour le Vigne- ron, une culrure très-onéreufe. D'après cet apperçu & l’aveu général que les vignes font un mauvais bien; s'il eft furprenant qu'il refte encore des terres plantées en vignes , il left encore plus qu'elles fe multiplient, fur-tout proche Les Villes. Depuis que le bled eft marchand, comme cette récolte eft moins fau- tive que celle des vins , toute terre qu'on peut mettre en culture étant aug- mentée en loyer, les terres à vignes ont aufli fubi de grandes augmenta- tions. Croira-t-on qu'à la vérité, proche une Ville , un arpent qui autre- fois étoit loué en corps de ferme 7 à 8 livres , eft donné maintenant à baux de vingt-fept ans pour y planter de la vigne, fur le pied de 40 liv. & plus ? Eft-il pofible qu'un Vigneron, à ce prix , ne s’y ruine pas (1)? (x) Le Cultivateur des terres en grains eft certain, ainfi que celui qui vit fur fes fonds , en tirant du grain de fon grenier, d’y trouver fa nourriture & celle de fa famille ; tandis que le Vigneron, même dans une année abondante, paie difficilement les im- poñrions royales , & peut manquer de l’aliment Le plus néceffaire à la vie, Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. o4t L'Etat devroit cependant favorifer cette culture, parce que, 1°. ce font affez fouvent les plus mauvaifes terres à bled qui produifent le meilleur vin; 2°, ce travail fait vivre beaucoup d'Habitans dans le Royaume , deux ou trois arpens de vignes fufhfant à une famille vigneronne ; 3°. enfin, il eft de fait qu’on ne perçoit fur aucune autre production de la terre autant d’im- pofitions que fur celle du vin. Pour tirer quelqu’avantage du commerce des vins, il faut abfolument les garder jufqu'au moment où cette denrée foit marchande, A la vérité, le Vigneron ne jouit jamais d’ume aifance qui lui permette d'attendre un moment favorable pour la vente de fes vins (1). Nous ne parlons que des vins qui fe prêtent à ce qu'on les conferve ; car tous ne le permettent pas 5 la plupart ne paflent pas deux à trois années fans perdre infiniment de leur qualité ou fans fe gâter. Le proverbe, qui die que le vin gagne à vieillir dans les caves, que fon prix augmente à raifon de fon âge, ne peut en général s'appliquer qu’au Propriétaire des vins acquis; mais rarement le Propriétaire - Cultivateur , encore moins le Vigneron, font-ils dans le cas de le garder. Le Vigneron n’a que quelques celliers peu vaftes; il manque fouvent de caves, & il en faut d'immenfes pour conferver beaucoup de futailles. Il eft de fait que le vin ne peut éprouver 14 degrés de chaleur fans fe gâter. L'hiver, on peut, avec des précautions, empêcher qu’il ne gèle dans les celliers; mais l'été, la chaleur s'y introduit toujours. Lorfqu'il y a abondance de vin, le Vigneron fe trouve donc obligé de fe défaire de fon vin auffi-tôt qu'il l’a recueilli, & de le donner X un fi bas prix, qu'il n'eft pas payé des journées de l’année où il a cultivé fa vigne. Tout Propriétaire de vigne doit fe précautionner de bonne heure d’une certaine quantité de futailles fufifantes , pour, année commune , y pouvoir dépofer la récolte de fon vin: mais lorfque l’année eft généralement abon- dante , il en faut davantage; & c'eft pour lors qu'il devient difficile , très- coüreux , quelquefois impoflble , fur-tout pour le Vigneron , de s’en appro- vifonner. Les poinçons font pour lors d’un prix fi exceffif, qu’en 1781 , on vendoit en Gâtinois un füc vuide 121. & 15 liv., & le vin propre à le remplir 3, 4 ou $liv. Perfonne n’ignore que tout Cultivateur de vignes a de grands vaifleaux de bois nômmés cuves, où l’on dépofe les raifins; on les y foule, & on les y laifle cuver , c’eft-à-dire, fubir la fermentation vineufe, Ce vaiffeau (1) Nous pourrions ajouter , en déplorant l’état du Vigneron , que pour qu’il füt heu reux , il faudroie qu’il pût vendre non-{eulement fon vin , mais encore il conviendroit qu’il lui fût poflible de conferver de fes revenus dans les années d’abondance, pour fuppléer en- faire aux années de diferre. : , 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n'eft point couvert ; feulementon a pratiqué vers fon extrémité fupérieure une feuiilure difpofée à recevoir un fecond fond , compofé de plufieurs plan- ches arrangées artiftement , comme le feroit Le fond fupérieur d’une futaille niife fur fon champ. Lors donc que le Vigneron & le Cultivateur font furpris dans une année très-abondante en vins, fans avoir pu fe précautionner d'aflez de futailles, ils le dépofent dans cette cuve à laquelle on a ajouté ce fecond fond ,ce qu'on nomme enfoncer la cuve. Il eft d'ufage de faire un lut, dont on remplit les joints de ce fecond fond, qu'on couvre avec de la moufle, & enfuite du fable, Si le vin eft fameux lorfqu'on l’entonne, on pofe une pièce de bois en travers les plan- ches qui forment ce fond , & une autre pièce de bois perpendiculaire qu’on nomme chandelle , appuyée fur le plancher fupérieur du cellier, qui retient ce fond , & l'empêche de monter ou d’obéir aux impulfons du via qui fer- mente dans cette cuve, Mais on remarquera, 1°. que cette cuve refte dans le cellier où le vin a fermenté ou cuvé. 2°. Qu'il eft de fait qu'un vin qui devient potable dans lefpace de peu de mois , ne peut pas fe conferver plufieurs années enfuite. 39. Que le vin fe fait plus promptement dans un cellier que dans une cave fraîche. 4°. Qu'il fe conferve moins de temps dans une cuve, & plus de temps dans une bouteille, que je cite comme étant le plus petit vafe employé àcon- ferver le vin. 5°. Les cuves ont encore l’inconvénient des tonneaux & de tous vaif- feaux faits en bois ; lorfqu’ils ont pris un mauvais goût , ils ne peuvent le perdre , & ils lefcommuniquent au vin qui y féjourne : ce vin pour lors tourne à l'amertume ou à l'aigre. 6°. Le vin n’eft pas en sûreté dans des cuves de bois. Les grandes, qni contiennent 30 à 40 poinçons, font retenues par plufieurs cercles de fer, qui ne font pas à l'abri de fe détruire par la rouille , & de fe brifer ; ce qui entraîne la perte du vin que contenoit cette cuve. Cela arrive plus fré- uemment encore aux cercles du bouleau , qu'on emploie à retenir les cuves a moindre continence (1). J'ai aufi vu perdre 36 poinçons de vin dépofés dans une cuve retenue avec des cercles de fer, un rat l'ayant percée comme on l’auroit fair pour y placer une canule, Je fuppofe un Cultivateur ou Propriétaire de douze arpens de vigne, — —— (1) J'apprends qu'un Particulier de nos environs vient de perdre vingt-cinq pièces de vin blanc qu’il avoit dépofées dans une cuve dont les cercles n’ont pu foutenir l'effort du vin en fermentation. à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 243 ui peut compter , année commune, fur $O ou 60 pièces de vin, & qui, de une année abondante, fe trouve en avoir récolté la valeur de 300 pièces, même plus; il a fouvent dans fes caves deux ou trois récoltes antérieures à celle qu'il veut conferver. Ce Propriétaire a dans {a foulerie les cuves deftinées à y faire fon vin; mais où dépofera-t il le nouveau vin qu'il recueille avec abondance? Nous venons de voir les inconvéniens u'il doit craindre, s'il enfonce fes cuves, D'ailleurs, il y a impoflbilité dy placer tour le produit de la récolte; & il n'a pu qu'avec beaucoup d'argent acheter quelques futailles , dont peut-être une partie eft bien pro- pre à perdre & corrompre le vin. Voyons donc fi ce ne feroit pas une économie bien placée d'avoir 248 cette circonftance, & s’il n'auroit pas dû, voulant garder fon vin, faire conftruire des citernes, qui, fans être fujettes à des réparations annuelles , font toujours difpofées à recevoir Le vin & à le conferver. : Ilme femble affez prouvé qu'il eft avantageux à un Cultivateur de vi- gnes, qui ne peut vendre fon vin, d'avoir des vaifleaux propres à pouvoir l'y dépofer (1), jufqu’à ce qu'il trouve le moment favorable de Le vendre ; ce qui arriveaflez fouvent , trois ou au plus fix années après une abondance, dans des cas où des gelées d'hiver ou de printemps détruifent toute efpérance de récolte. Je ne dois donc plus m'occuper qu'à indiquer le moyen le plus économique de le garder. Le bois devenant de plus en plus rare, nous ne pouvons plus efpérer voir diminuer le prix des mairins. On fera obligé de tourner fon induftrie de manière à pouvoir fuppléer avec la pierre ou autrement à tout ce que nos pères conftruifoient en bois. Dans certains Pays, en Provence, encore plus en Allemagne, ona ce qu'on nomme des foudres. Ce font Le plus fouvent d'énormes pièces conf- truites en bois, qui fe placent dans des caves. Mais on voit, d’après ce que nous Se AE dire, que cela ne remédie pas abfolument à tous les inconvéniens actuels qui tiennent à la cherté des bois, & qu’il faudroit pou- voir les conftruire en pierres. La forme de ces foudres eft ou affez femblable à celle des tonneaux, mais d’une beaucoup plus grande continence ; ou bienelle eft à angle , & pour lors en pyramide tronquée , afin que fon ouverture fupérieure foit très- rétrécie. MM. Duhamel , dont les terres font fituées dans un Pays de vignobles, fur les limites du Gâtinois, Citoyens zélés & éclairés, après avoir fait e (1) Je m'explique. Lorfque le via eft à trop bas prix, il eft avantageux de le pouvoir conferver ; mais ayant été à portée de füuivre, depuis vingt-cinq ans, le produit d'une rérre en vignes, j'ai vu que le Propriétaire, lorfqu'il vend 24 liv. le poinçon de vin ,perd moins que lorfqu'il le vend 30, 36 & même 40 liv., après l'avoir gardé plufieurs années, par la perte des poinçons & lerempliffage. 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toutes ces réflexions, defirant ne parler que d’après l'expérience; ont fait conftruire , il y a plus de vingt ans, deux citernes à Denainvilliers (1); & comme Le Public peut s'en rapporter aux foins qu'ils ont mis dans leur conftruétion , que plufeurs perfonnes fe font Sdrclées & écrivent tous les jours à M. Duhamel pour profiter de fes obfervations , je crois leur faire laifir en communiquant ces détails fur la manière de conferver les vins dans les citernes (2) conftruites dans le fol d’une cave voütée. J'ai donné les raifons qui les ont portés à les placer dans un fouterrein. Cette cave eft fous le lieu qu'on nomme foulerie, La-foulerie eft celui où l’on porte le raifin de la vigne, pour qu'il s'y convertiffe en vin. De cette manière, ayant fait une ouverture à la voûte de la cave , propre à recevoir le gou- leau d’un entonnoir; & par le moyen d’un tuyau ou conduite en cuir, on tire le vin de la cuve , & on l’entonne aufi-tôt dans la citerne. Il convient d'examiner quelle eft à-peu-près la nature du terrein dans lequel M. Duhamel fe propofoit de conftruire fes citernes, C'’eftune terre blanche, le plus fouvent garnie & mêlé: de petites pierres qui fe fondent la plupart à l'air; le terrein , en deux mots, le moins dif pofé par fa nature à recevoir des citernes, & qui demandoit par confé- quent qu'on miît toutes les attentions en les y conftruifant. M. Duhamel a préféré deux citernes à une grande de la continence de ces deux. Nous en donnerons plus bas les raifons. L'une des citernes qu’il a conftruites tient 28 poinçons ou pièces d'Or- léans : l’autre 32 pièces, mefure & jauge d'Orléans , contenant 240 pintes ; ce qu’on appelle demi-queue d'Orléans. Voici les dimenfions de la moindre , contenant 28 poinçons. Pieds. Pouces. Lignes: Le diamètre des fonds eft de . . .… , $ 3 3 La hauteur du cylindre de . . . . . 9 La citerne contenant 32 poinçons de vin, le diamètre des fonds eft de . + , . , . S 6 9 La hauteur du cylindre de . , . . . 9 La citerne contenant 32 poinçons , & des dimenfions fufdites, peut coûteren er 250 liv. environ. façons & journées d'ouvriers . . . . (1) On connoît des citernes faites en pierre en Provence; on en cite auffli de conftruites à Strafbourg , & en plufeurs autres cantons de vignobles. C’eft déjà prévenir le Pu- biic en fayeur des citernes ; mais il falloit en faire l'épreuve fur des vins du Gâti- pois. (2) Dans mes recherches fur ce qui avoit été écrit fur des citernes, le hafard m'a procuré un article bien fait de l'Encyclopédie fur cet objet , mais que je n’euffe point découvert , faute de le chercher au mot vaiffeau, & vaïfleau à conferver du vin. Comme je ne fuis pas toujours du même avis de l’Auteur de cet arücle , j'ai été obligé d’étendre davantage les objets fur lefquels nous différons, Je SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 24$ Je croisque, d’après la forme la plus convenable, & qu'on a adoptée pour les furailles mifes fur les chantiers, il convient de fuivre, ÊSE les dimenfions des citernes, des proportions réglées fur celles d’une futailles, Or, un tonneau ordinaire a 22 pouces 11 lignes + pour le diamètre de fes fonds , & 24 pouces 11 lignes + de diamètre à fon bouge , fur 29 pouces 6 lig. de longueur. Si l’on vouloit, dans le rapport de ces proportions (1), faire conftruire une citerne contenant 30 poinçons ou demi-queue mefure d'Orléans , cha- que poinçon de la continence de 240 pintes(2), Pieds. Pouces. Lignes. la citerne devroit avoir pourhauteur . . . ÿ II 7: ÉOpOLE d'ametre nue MMM EMRNCS NET 4 2; Une citerne qui contiendroit 300 poinçons alFOiP pour hauteur: NN Se 12 10 o & pourdiamètre . , ; SAM SET 9 7 Suppofant un poinçon de vin, c’eft-à-dire, 240 pintes de vin que contient ce poinçon, CNE NA MNMIONE BE E Lcit lo raf CHE 4 à $L Haras aide MT NO) CET HENTE US US Une citerne contenant 30 poinçons de vin qui aura coûté àconftruire . . . . . . 250 |. entgontiendra pogr L!150 004 en «47e 120 I. ou 150 tandis que les futailles auroient coûté . . . 360 I. ou 450 (3). En une année par l'épargne des futailles qu'on aura achetées $ liv., dans un temps où elles auront diminué de prix , au lieu de 15 liv. qu’elles auroient valu dans un autre temps, on aura gagné le coût de la citerne. On a donné à la fouille de ce cylindre 28 pouces en fus des dimenfons que nous venons d'établir; puis on a fait choifir les plus petites pierres qu'ona trouvées faines & non percées : c’eft dans les vignes où ces pierres font le plus communes; & file Pays avoit fourni des filex roulés, on les eût choifis de préférence : car on verra qu’il fautnoyÿer abfolument ces pier- res dans le mortier, &.qu’on ne les emploie que pourdiminuer un peu de la confommation du mortier, Ce mortier doit être fait avec de la bonne chaux, éteinte dans fufhfante (7) Les diamètres font aux hauteurs comme 23 pouces rilignes+ à 29 pouces é6lig, (2) On a füppofé, dans toutes les dimenfions ci-deflus , que le pied cube conte- noit 3$ pintes, ceft-à-dire, que la pinte d’eau pefoit 2 livres, & le pied cube 70 livres. (3) Au mois de Janvier 1782, les futailles valoient s à 61., &le vin, fansle fût, 12, 23 a14 liv. Tome XIX, Part. I, 1782. MARS, Ti 246 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quantité d'éau & de bon ciment bien battu & pailé au tamis fn; c’eft dans le mêlange de ce mortier qu'il faut mettre les plus grands foins. On prend de la bonne chaux & bien éteinte, &, fans y ajouter de nou velle eau, on y mêle le ciment à divers temps; ce n'eft qu'à force de bras qu'il faut former le mélange; & il eft convenable qu'une perfonne inftruite foit préfente à cette opération : car. les ouvriers, pour ménager leur peine, rarement exécutent-ils parfaitement les ordres qui leur font donnés. Ce mortier eft porté dans la cave, où les fouilles du terrein font dif- pofées pour la conftruction des citernes; les pierres y font aufli: pour lors, Pouvrier conftruit Le fond de la citerne , auquel il donne aux environs de 26 pouces d'épaifleur. Il jette du mortier; &, fans lui permettre de fe fervir de maïteau , il poufle ce mortier dans les angles avec la pierre qu'il tient dans fa main, rejette de nouveau moitier, & ainfi de fuite, ayant toujours attention que les pierres foient entourées & même noyées dans le mortier. ) Quand fon fond eft fini, il trace les dimenfions intérieures des côtés de la citerne , & par de nouvelles hauffes , il parvient à la terminer entièrement, en noÿant toujours les pierres dans le mortier. Ç Lorfque la citerne. eft prefque sèche, ou au moins qu'elle a pris de la confiftance, il l’enduit d’un mortier fait avec le même foin que le premier ; feulement ce dernier eft un peu plus liquide, & il life ce mortier avec une grande truelle à mefure qu'il fe sèche. C’eft encore une opération pénible, & qui exige beaucoup de foin : fans quoi cet enduit fe gerceroit, fe fendroir, & c'eftce qu'on veut éviter, On y parvient , en revenant deux fois par jour appuyer la truelle fur l'enduit, jufqu’à ce qu'il ne cède plus à fa preflion (x). La citerne ayant été ainfi conftruite, il ne s’agit plus que de diminuer fon ouverture ; car s'il falloit, lorfque le vin y feroit dépofé, la couvrir avec un fond conftruit en planches jointées à - peu - près comme cela fe pratique lorfqu'on enfonce une cuve, cela exigeroit des foins, des dé- penfes , & les planches, dans une cave humide, s'y pourriroient promp- tement. / On diminue donc beaucoup cette ouverture, en plaçant des pierres longues & plates qu'on taille en recouvrement, & qu'on pofe & fcelle fur Lépaifleur du mur de la citerne , fur lequel elles portent au moins de 4 à 6 pouces. On reftreint ainfi l'ouverture de la citerne, en ne laiffant à fon centre qu'une ouverture quarrée de 18 pouces environ fur toutes fes faces; & cette ouverture, par laquelle on entonnera le vin, faffra pour qu’un - (1) On peut confulter le Mémoire de 2: Hire, volume Académique, 1703, fur la conftruétion des citernes propres à conferver l’eau de la pluie, quoique celles ci différence, àplufieurs égards, des citernes dont nous parlons , où l’on doi dépofer du vin, ainfi que les Mémoires de M. Loriot, &c., fur la meilleure manière de faire les bons mor- tiers. Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 homme puiffe y pafler , & fe fermera aifément avec un couvercle qui s'ap- uiera fur une feuiliure pratiquée fur le bord des pierres de taille; enfin , il fera aifé de le luter avec de la toile , &c. , & de la même manière qu'on le pratique pour le fond fupérieur d’une cuve lorfqu'on la remplit de vin: fi l’on veut, on couvrita de fable tout le deffus de la citerne, Telle eft La manière dont M. Duhamel a fait conftruire les deux citernes exiftantes dans l’un des bâtimens de fon Château de Denainvilliers, fitue en Gârinois, proche la Ville de Pethiviers, … J'ai dit pourquoi il les a placées dans une cave, & pourquoi il les a miles fous le bâtiment qu'onnomme foulerie. IL me refte à ajouter qu'il a préféré la conftruétion de deux citernes plutôt qu’une grande de la con- tinence de. ces deux , parce que Le vin fe conferve mieux dans de moindres vafes que dans des grands; & que d’ailleurs on ne doit jamais laifler les citernes en vuidange, qu'il faut les vuider entièrement. Il eft plus aifé de trouver l'emploi d'une citerne de 2$ ou 30 poinçons, que de 50, 60, ou même 4 à ÿO0 pièces , comme o2 le propofoit dernièrement à M, Duha- mel (1). Voyons fi, d'après l’ufage qui en a été fair, on peut décider s’il eft avan- tageux de s’en fervir de pareilles, enfin d'employer ce moyen pour conferver le vin pendant plufeurs années , & jufqu’au moment où fa rareté, fe failant fentir , en fait augmenter Le prix, On ne peut affez répéter qu'un Propriétaire de vignes ne doit fonger à conferver fon vin qu'après qu'il fe fera afluré de la qualité & de la force — (1) Ces citernes, en Provence, fuivant Particle de l'Encyclopédie que j'ai déjà cité, fonc confiruites dans des caves , mais au-deffus du fol de la cave ; elles font à angles & de forme pyramidale tronquée, & faites ou en pierres de taille, ouen brique, ou en Blerror, Comme il eft très -difficile de faire des vaifleaux en pierres de taille liées par un ciment, & qui ne laiffent point échapper la liqueur qu'ils contiennent, qu’au contraire, MM. Duhamel font affurés de la conitruétion des leurs, je préférerois les citernes faites en ciment. La forme cylindrique me paroïît aufli la plus facile à bien exécuter. La canule, placée dans celles élevées au-defflus du fol de la cave à leur partie infé- rieure, à paru encore inutile à M. Duhamel , la pompe y fuppléant avec la plus grande aifance & fimplicitéz Celles faites en brique me paroiffent fujettes à tant d’inconvéniens , qu'il me fera permis de ne pas m'y arrêter, & de paller à la troifième manière de conftruire les citernes qu’on nomme en Bletton. C’eft un mortier fait avec du gravier, du fable de rivière & de la chaux-vive , qu’on éteint avec de l’eau à mefure qu'on en fait le mortier, en la mêlant avec le fable & le gravier. On fe fert de ce ciment, qu'on place.pour ainfi dire dans un moule en planches de la grandeur ‘de la citerne qu’on veut former. On rexient ces planches de mäanièreque le mortier. ne puifle point les faire travailler & fe retirer ; & on forme ainfi la citerne. Tome XIX, Part. 1, 1782, MARS, Ji 2438 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de celui que produit fon canton; car, foit de lefpèce de vignes qu’on cultive, foit de la nature du terrein & du climat où elle croît, foit de la culture, de la taille de cette même vigne, il en réfulte un vin plus ou moins fpiritueux , contenant plus ou moins de pose tartareufes, enfin plus ou moins de parties oléagineufes, ainfi que de muqueufes ou fucrées, & qui, fuivant toutes les circonftances , fe conferve plus ou moins d’an- nées fans fe gater ( 1 ). Je parle en général; car il eft de fait que cer- taines années les vins devenant potables promptement , fe confervent peu au-delà de ce temps; que ces vins, fouvent dans l’année, paflent à Paigre, ou au moins graiflent & deviennent amers; ce qui eft un moindre mal , puifqu'on peut, dans ce dernier état, les brüler & en tirer de bonne eau de-vie , tandis que des vins qui tournent à l’aigre , on ne peut qu’en faire du vinaigre. I! convient donc de s’aflurer ficommunément les vins du canton qu'on habite fe confervent trois , quatre ou fix ans fans perdre de leur qualité; car fi le vin que vous confervez deux ans en futailles, après ce temps eft dégénéré, n'eft plus potable, n’efpérez pas qu’en le mettant dans une ci- terne, même dans un grand vafe de bois, il fe confervera un efpace d'années plus confidérable. Je fais que certains bois contribuent à faire gâter du vin lorfqu'on ena conftruit des futailles; & j'aurois pu ajouter cet inconvénient lorfque j'ai parlé de ceux qui appartenoient aux vaiffeaux faits de planches. Certaines pièces d’un vin qui a été dépofé dans des futailles neuves, & dans la même cave , fe gâtent promptement , tandis que d’autres font & demeurent très- bonnes. Il faut, pour juger de la qualité du vin d’un canton, partir d’un prin- cipe ; c’eft qu'un vin nouveau, mis en bouteilles , fera plus de temps à arriver à fon point de maturité, que fi vous l'aviez laïffé dans un tonneau ; qu’il fe fera moins aifément & moins promptement dans un tonneau que dans une cuve; qu'il fe gardera mieux dans une petite cuve qu'il ne le fera dans une grande ; & je fais qu'au mois de Décembre 1781, en Gâtinois, plufieurs cuves remplies de vin étoient déjà gâtées, Que ne peut-on pas craindre du peu de durée du vin qui refte dans les autres cuves , fur-tout lorf que les chaleurs fe feront fentir ? (1) ILeft certain que les vins different les uns des autres ou en faveur ou enforce, füivant la proportion & le mélange des élémens qui les conftituent. Il ne feroit donc pas impoflible de rendre aux uns ce qui leur manque, & d’ôter aux autres une partie du fleome dans lequel fe trouvent noyées les parties effentielles au bon vin. J'ai commencé un travail & des expériences fur la manière de bonifier les vins, & de les rendre plus propres à être confervés ; mais on peut déjà confulter les Ouvrages qui ont déjà paru fur cette partie intéreffante. \ » SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 249 Je reviens à la qualité des vins que recueille M. Duhamel. Ce vin de- mande , lorfqu'il eft en tonneau, à être bu la deuxième ou la troifième année ; lorfqu il eft de bonne qualité, il peut aller jufqu'à la quatrième feuille : mais il dégénère enfuite , à moins qu’on n'ait eu l'attention de le mettre à temps en bouteilles , & de le dépofer dans une bonne cave. J'en ai bu d’excellent ainfi gardé , qui avoit plus de dix ans. M. Duhamel ayant laiflé fécher fes citernes , les a remplies avec du vin de fa récolte ; ce vin avoit été tiré à clair d'unecuve dans laquelle il avoit fermenté. Cette cuve étoit placée dans la foulerie, & au-deflus de la cave où étoient les citernes, À la vérité, ces vins étant ainf dépofés , auroient exigé encore d'être tranfvalés & d'être ce qu'on appelle foutirés ; ce qui n’a pas été fair. Quoi qu'il en foit, ce vin s'eft bien confervé pendant deux années, ayant cependant perdu de fa couleur. Seroit- ce la chaux qui auroit attaqué la partie colorante du vin? Je ne me propofe pas, pour le moment, de V'examiner ; mais la troifième année , le vin étant prefque décoloré, & ce vin étant amer, M. Duhamel le fit tirer entièrement des citernes qui le contenoient , en fe fervant de la pompe (uftenfile très-connu des Ton- * neliers), & le fit brüler, [Len réfulta un avantage pour lui ; c’eft que le vin dont la récolte avoit été médiocre l’année dont je parle, lui donna de l’eau- de-vie ‘2 étoit bonne , qui fut vendue un prix avantageux, qui Le dédom- magea de fes foins(r). Le grand avantage des citernes, c’eft qu'il n’y a à craindre aucune éva- poration , & par conféquent prefqu’aucune diminution fur la quantité du liquide. Il eft indifpenfable qu’au fond il ne fe dépofe une lie & autour de la citerne un tartre ou gravelle, que je ne dois pas compter ici en perte, puifque c’eft propre à tout vin, & non au vafe qui Le contient. Depuis cette première expérience, des occupations de différens genres qui ont partagé le temps de M. Duhamel, la perte d’un frèçe qui habi- toit continuellement fa Terre , des récoltes peu abondantes en vins , un travail de longue haleine auquel il s'eft livré depuis long-temps, ne lui ont pas permis de la répéter. Il avoit des foudres en planches qui contien- nent jufqu'à quatre tonneaux de vins ( huit poinçons) , & dans lefquelles il a dépofé fes’ récoltes, dont il s’eft défait à mefure. Pour ne point induire en erreur les perfonnes qui, d’après l'exemple (x) Je me propofe deremplir cette année une des citernes de M. Duhamel , & en même temps de conferver dans une bonne futaille da même vin dont j'aurai rempli cette citerne ; mais pour remédier au dommage que la chaux du mortier pourroit occafionner au vin, comme de le décolorer , &c, (quoique ces citernes foient faites depuis plus de vingt ans), je me propofe , d’après les principes que nous ont laiffé Caton , Columelle & Céfar , de couvrir ce mortier d’un enduit réfineux , &c. æ 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de M. Duhamel , voudroient faire conftruire des citernes en pierres, exa- minons fi fon expérience peut mettre à labri.de toute incertitude fur la con= feivation du vin qu’on y dépoferoit (1). Jene le crois pas, Pexpérience n'ayant pas été répétée, & ayant été faite fans avoir confervé du même vin dans une futaille proche la citerne comme objet de comparaifon avec celui dépofé dans les citernes. Il me paroït feulement qu’on peut être certain que les citernes, lorf-- qu'on y a dépofé du vin, obvient à tous Les inconvéniens des furailles, La citerne ne perd point, comme Les tonneaux , par le fuintement , &c. ,' & l’on n’a à remplacer qu'une petite quantité de vin qui s’y perd par le peu d'évaporation. Enfin, ny a-t il pas déjà un avantage à pouvoir ainfi con- ferver une, deux ou trois récoltes, avec la reflource, s'il foiblit après ce temps, de pouvoir le convertir en eau-de-vie? S'il y a quelques craintes bien fondées, c’eft fur-tout pour les vins rouges: elles me paroiflent moin- dres pour les vins blancs. Quelques perfonnes craignant que la chaux des mortiers qu'on emploie à la conftruction de ces citernes ne gâte les vins, ont imagiré de garnir le dedans de la citerne avec des planches ou douves pareilles à celles des cuves ordinaires, De cette manière, Levin feroit contenu dans une cuve de bois , & celle de bois dans une autre faiteen pierre & ciment. Mais, 1°. on éprouveroit certainement des difficultés lorfqu’il s'agiroic de retenir, comme il convient , les planches qui formeroient la cuve inté- tieure; 2°. ces planches pourriroient bientôt, n'ayant point d'air du côté de la cuve en pierres ; 3°. il n’y auroit aucune épargne, puifqu'il s’agiroit d'ajouter aux frais de la cuve en bois ceux d’une citerne en pierres. M, Duhamel, après avoir fait tirer le vin de fes citernes , l'ayant con- verti en bonne eau-de-vie, ne puis-je pas conclure que, dans fon expé- rience , la chaux a refpecté la partie la plus effentielle du vin? j'entends la fpiritueufe, Quand on fe borneroit, ayant des citernes, à les employer pour conferver des eaux-de-vie , leur avantage ne feroit-il pas affez grand? La perte confidérable qu'occafionne la garde des liqueurs fpiritueufes vient de celle qu'elles éprouvent dans des futailles par le fuintement & par l'évapo- ration, On n’auroit plus cet inconvénient à craindre , en les dépofant dans des citernes. Je ne crois pas que la chaux puifle altérer leur Qualité. De plus, fuppofant que le mortier puifle donner quelque couleur , il en don- neroit certainement moins que ne le font des futailles de bois, Lorfque le vin ef commun, quand les vignes ont produit dans tout le ( 1) Des perfonnes qui voudroient partir d’après des expériences réhiérées fur les ci- ternes, devroient, ce me femble, plutôr s’adrefler en Allemagne ou en Provence, où l’on fait ufage des citernes depuis un temps immémorial. b P P Je dois ajouter que’ Auteur de l’article de l'Encyclopédie que j'ai cié, après avoir parlé de l’économie immenfe qu’il y a à conftruire de ces citernes , ajoute que le vin y acquiert GLS 2°) À } une perfeétion conftatée par l'expérience qui en a été faite, ’ \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 251 Royaume, on convertit dans certains vignobles le vin en eau-de-vie, ou , pour me fervir du terme ufité, on le brûle. L’eau-de vie pour lors étant réduite en un moindre volume que le vin qui la fournit , il faut moins de füts & moins d'emplacement ; elle fe conferve donc plus aifément, même dans des celliers, fans rifque de s’y gâter. Mais pour brûler le vin, il faut qu'il foit de qualité à fe prêter à cette opération , c'eft- à - dire, qu’il contienne aflez de parties fpirirueufes pour tourner au profit du Propriétaire. Certains vins ne contiennent qu’un cin- quième, un fixième, & d’autres moins encore d’eau-de-vie; ce qui pour lors ceile d’être praticable, Pour brüler , il faut être muni d’uftenfiles néceffaires à ce travail , alam- bics, ferpentins, fourneaux, &c., &c.; il faut être dans un Pays où le bois ne foit pas très-cher. C'eft par cette raifon qu'on convertit plutôt en eau-de-vie les vins da Poitou , de la Saintonge , du Forez, de l'Orléanois, enfin plutôt ceux qui font éloignés des Capitales , fur-tout lorfqu'il ne refte aux Propriétaires de vignes aucun moyen de fe défaire autrement de leurs vins. S'ils brûlent , c’eft principalement parce qu'ils peuvent, ainfi que je viens de le dire, conferver plus aifément l’eau-de-vie que le vin: carie Proprié- taire auroit- il befoin d'argent, il ne lui feroit pas plus aifé d’en trouver avec de leau-de-vie qu'avec du vin. L’eau-de-vie doit naturellement avoir une valeur à-peu-près relative à celle du vin dont elle eft le produit, & exige, ainfi que lui, que le Propriétaire attende un moment fivorable pour s’en défaire ; & c’eft pour lors qu'il auroitun moyen affuré de la bien confer- vér , en la dépofant dans des citernes , telles que nous venons d'en donner la conftruction. ; C’eft donc dans les Pays de vignobles, où le vin feroic propre à être converti en eau-de-vie, que nous confeillerions principalement d'établir de ces citernes en pierres. IL eft connu que le vin acquiert plus d’efprit à mefure qu'il eft gardé ; le maximum a lieu à l'époque où la fermentation eft à fon dernier période, Ce feroit donc encore un avantage de pouvoir dépofer le vin au fortir de la cuve dans des citernes où on le laifferoit neuf mois ou un an plus ou moins; & lorfque la fermentation feroit complète , on retireroit ce vin pour le convertir en eau-de vie, Ce feroit alors que , pour le brûler, on profiteroit des moyens économi- ques annoncés par M. Baumé dans le Journal de Phyfique & d'Hiftoire Naturelle, année 1781 , mois de Juillet. Auf tôt que cette eau-de-vie feroit refroidie , on en empliroit Les citernes, où j'ai tout lieu de croire qu'elles fe conferveroient jufqu’au temps où la vente, devenantaifée & lucrative, on pourroit l'en tirer (1). (1) Un Particu ier aifé pourroit, dans un canton de vignoble , établir avantageufément A . . . . . e . n une brülerie, où les Proptictaires de vin, pour un prix convenu, l'enverroient brüler. 252 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'ai cru que ces remarques fur les moyens de conferver des vins & des eaux-de-vie, pourroient être utiles dans une année où M. Duhamel reçoit de tous côtés des queltions fur les citernes , & lorfqu’on lui demande comment, pouvant être utiles , il faut les établir. D'ailleurs, l'abondance de vin qu'on a recueilli dans prefque tout le Royaume , & la rareté des ton- neaux mettant le Vigneron & le Cultivateur des vignes, l’un dans le cas de manquer de pain, le fecond dans celui de ne favoir où dépofer fes richefles , qui forment pour lui maintenant un véritable embarras, & le for- cent quelquefois de laifler fa récolte aux ceps , le produitne l’indemnifant pas des frais; j'ai penfé qu'il feroit avantageux au Public de mettre fous fes yeux les réflexions dont on vient de voir le détail, & de parer aux incon- yéniens réfultans d’une année d’abondance en général, & à la non-valeur dans laquelle tomberoit yne denrée aufli précisufe, fi, l’année prochaine, on venoit encore à recueillir autant de vin. NOUVELLES LITTÉRAIRES. See CAHIER des Météores locaux ; par M. DUCARLA. IL eft difficile d’analyfer cet Ouvrage, qui n’eft lui-même qu'un réfumé; nous nous contenterons d'annoncer les fujets. 1°. Les courans maritimes portent, dans les régions qu'ils traverfent , la chaleur ou la froidure qu'ils ont contractées dans les latitudes d’où ils viennent : la colonne d’air qu'ils portent participe à cette température quelconque. S'il fe refroidir, il devient plus denfe, plus pefant que l'air voilin ; il combe donc fur fa propre bafe, pour aller foulever cet air, en courant par tous les rumbs. S'il s'échauffe , il devient plus rare, plus léger ; il eft foulevé par l'air ambiant, lequel y afflue par tous les rumbs. Cet air foulevé ne peut emporter au haut de l'atmofphère les particules hétérogènes qu'il contient, & qui ne fe raréfient point comme lui; elles re- tombent, fe coagulent, forment la pluie. 2°. Les volcans échauffent l'air qu’ils portent; il fe raréfie, eft foulevé par l'air environnant , qui, étant plus pefant, afflue vers l'incendie pour être foulevé de même, Cet air afcendant ne peut entraîner avec lui l'eau qu'il contient; elle retombe & conftitue ces pluies inconnues, d’où fe forment ces torrens célèbres dont les grandes éruptions font ordinairement accom- pagnées. 3°. L'air, dirigé vers une haute chaîne de montagnes par un vent quel- conque , ne franchit point ces montagnes fans s'élever, fe raréfier , dépofer en tout ou en partie les fubftances aqueufes dont il eft imbu, & quil ne peut SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 253 peut foutenir après être devenu plus froid & plus rare. Cet du brouillard, un nuage de pluie; puis, après avoir paflé la chaîne , il fe condenfe, fe réchauffe, reprend la force refpirante qu'il avoit avant de monter: il eft donc pluvieux avant de pañler la chaîne, fec & ferein après l'avoir pañlée. 4°. La chaleur interne de la terre, quelle qu’en foit la caufe, eft ordi- nairement d'environ 10°; elle fe répand dans l'air lorfqu'il eft plus froid, ou eft augmentée par celle de Pair lorfqu'il eft plus chaud : il s'établit donc une émanation conftante, alternative de feu. IL s'étend toujours ou de la terre dans l'air, ou de l'air dans la terre. Cette émanation fe failant par tous les points de la furface terreftre , eft plus confidérable fur les mon- tagnes que fur les plaines. En hiver, la chaleur interne s’exhale donc plus vite par les montagnes que par les plaines. La colonne aërienne que por- tent les montagnes eft donc plus échauflée que le refte de l'air fitué fine les mêmes niveau & latitude. Elle eft donc foulevée, & entretient des brouil- Jards & des pluies prefque perpéruels en hiver fur les montagnes, 5°. Certe émanation du feu interne eft plus forte fur les terres que fur les mers; car fur un efpace donné , les terres ont plus de furface que les mers: aufñli , en hiver , l'air aflis fur les terres étant plus dilaté par cette différence d'émanation, eft ordinairement foulevé par l'air qui pèle fur les mers, qui afflue vers les terres, s'y échaufle, s'y raréfie, eft foulevé, dépofe les pluies de l'hiver, 6°. Les brifes font produites par ce mécanifme. Les rayons du foleil , pénétrant plus profondément la mer, échauffent d'autant moins fa furface; tandis que leur aétion diurne, bornée à quelques pouces de profondeur fur les terres , eft d'autant plus vive à la furface. La furface des terres s’é- chauffe donc plus vite que celle des mers, Pendant le jour, l'air terreftre eft donc plus raréfñé que l'air maritime. Celui-ci accourt fur terre , & pro- duit la brife du jour. Après le coucher du foleil, la terre perd fa chaleur plus vîte que la mer; car la terre a pris moins de chaleur, & cette chaleur a moins de chemin à faire pour fortir de la terre où elle ne s’eft enfoncée que de quelques pouces, que pour fortir de la mer où elle s’eft enfoncée de plufieurs dizaines de toifes. La terre fe refroidiffant plus vite que la mer, l'air terreftre devient plus pefant la nuit que l'air maritime; il defcend vers la mer & dans Ja brife de nuit. 7°. L'équateur reçoit plus de feu & le pôle moins que le refte de la terre. L'air équinoxial eft donc plus léger , & l'air polaire eft plus denfe que le refte de l'atmofphère. L'équilibre entre l'air de ces deux régions ne peut donc fe per- pécuer. L'air du pôle afflue donc continuellement vers la ligne, quoiqu'on pa- roifle ne pas s'en appercevoir en Europe. Il va dépofer, en s'élevant fous le parallèle du foleil, ces pluies qui ravagent la Torride, & dont il a pris Tome XIX, Part, 1,1782, MARS, Kk 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la fubftance fur les mers qu'il a parcourues; & comme cet orage eft cont< mun à tous les points du même parallèle, il forme autour de la terre un anneau. Cet anneau va & vient dans fix mois, comme le foleil , d’un tro- ique à l’autre , fans jamais ceffer d’être parallèle à l'équateur. 8°. [ler eft de même pour Saturne ; mais fon atmofphère eft fi vafte, que la région de fon anneau eft fort loin de lui. Il ofcille dans la Torride comme l'anneau terreftre; mais ce mouvement n'étant quede 8 fecondes, {on obli- Se ; Par rapport à nous, le réduifant à 4 minutes, & ne s’achevant que ans quinze années, on ne s'en eft pointapperçu. Jupiter a aufli fon anneau ; ce font fes bandes coupées , comme celles de la terre , par la configuration des hauteurs & autres circonftances. Mars a fans doute aulli fon anneau ; ce font aufli fes bandes, dont la bi- zarrerie ne paroït pasexplicabie encore à M. Ducarla. 9°. Ce Cahier eft terminé par des conjectures fur l'aurore polaire, qui fervent à développer la théorie des atmofphères , qui fera l’objet du Cahier fuivant, Voici les principes. L'air qui defcend du haut de l’atmofphère fur le pôle pour aller foulever enfuite celui de la Torride , eft auffi pur & froid qu'il peut l'être chez nous. Le feu interne gravit du fein des terres pô- laires dans cet air avec une violence exceffive, y entraîne les matières qu'il peut détacher du terrein, & qui, fe trouvant fubitement dans un état fi nouveau, fermentent, s’entre-choquent , s'éleétrifent, & joutent de toutes les manières propres à nous montrer les couleurs & variations de l’aurore pôlaire. Les huit Cahiers fe trouvent chez Quillau aîné , Libraire , rue Chriftine; & chezla veuve Tilliard & fils, Libraires, rue de la Harpe. Prix, 12 liv. Seconde Livraifon des Préfens de Flore ; par M. Buc’Hoz, Médecin de MonsrEUR. Ceux qui ont foufcrit pour cet excellent Ouvrage de Botanique font priés de faire retirer leurs Exemplaires chez l’Auteur , rue de la Harpe, au-deflus du Collége d'Harcourt, Plantes vénéneufes de la France, gravées en couleur; par M. BULLIARD , 18°, 19°, 20°, 21° @ 22° Livraifons. Nous ne répéterons pas ici Les juftes éloges que nous avons déjà donnés à cet habile Artifte, & qu’il mérite de plus en plus par la beauté & encore plus par la vérité de fes deflins, foit dans le port de la plante, foit dans fa couleur. Ces cinq Livraifons contiennent les plantes fuivantes : Le cabaret d'Europe, a/arum Europeum ; l'agaric tigré, agaricus tigri- nus ; le pied de griffon ou hellébore fétide , Flor. Franç., helleborus fætidus , Lin, ; la vefle-de-loup d'hiver, licoperdon hiemale ; le pied-de-veau fer- pentaire, FL Franç., arum dracunculus, Lin.; le boler foie, boletus hepa- éicus ; Schœff, ; La tichymale dentée, FL Franç., euphorbia ferrata, Lin, ; FEES ENT, LE D SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 255 Pagaric fufforme , agaricus fufiformis ; la renoncule rampante , F1. Franc, , ranunculus repens , Lin.; l'agaric couleuvré, agaricus colubrinus , variegatuss FL. Franç., fungus pileolo lato, Vaill. ; agaricus procerus , Sch. ; La tithymale à feuilles rondes, euphorbia peplus, Lin.; le concombre fauvage ou mo- mordique piquante, momordica elaterium, Lin.; le bolet amadouvier, boletus igniarius , Lin. ; l'h:rbe de Saint-Chriftophe ou l'atée à épi, Flor. Franç., aclea fpicata , Lin. ; l'agaric luftré, agaricus nitens ; la rhue des jardins, ruta graveolens, Lin.; le boletbigarré, FI. Franc. , bolerus verficolor Lin.;'la tichymale des marais, FL Franç. , euphorbia palufiris, Lin. ; l'agaric cendré, agaricus cinereus, Sch. M. Bulliard vient de mettre fous-preffe une Introduétion à la Botanique ; faite dans les vues de rendre à la portée de tout le monde les élémens de. cette Science. IL y a fimplifié Les exemples pris fur la Nature, aflez pour que les Dames puiflent faire de cette étude leur amufement, & que les enfans même trouvent du plaifir à s’en inftruire, Cet Ouvrage important fera enrichi de planches colotiées fous preffe , qui faciliteront l'intelligence des termes de cetre Science, de nores que Jean-Jacques Rouffeau nous a Et laiflées fur la Botanique, & d'une Traduction des Ouvrages latins élémen- taires du Chevalier Linné. I] fera du même format que l’Herbier de la France, & fera accompagné d’un Difcours préliminaire fur l’état de la Botanique & fur tous les points de vue fous lefquels on doit l’étudier avec fruit, On trouvera le plan détaillé qu’on fuivra dans l'exécution de l'Herbier de la France , imprimé en couleurs fous les yeux de l'Auteur, On préfume que la première Partie de cet Ouvrage (l’Hiftoire des plantes vénéneufes, avec un Difcours fur les poifons végétaux de la France ), fera finie avant la fin de cette année. Les perfonnes qui defireront avoir cette Introduétion, foit féparément ; foit pour être mife à la tête de l'Herbier, s’adrefferont à Paris à M, Bulliard, rue des Poftes , au coin de celle du Cheval-vert. Hifloire Naturelle dela France Méridionale ; par M. GIRAUD SOULAVIE, Tom.IV. À Paris, chez Quillau aîné , Libraire, rue Chriftine. Dans ce 4° Volume, M. l'Abbé Giraud continue à examiner les volcans de notre France méridionale, qu’il divife en fix époques différentes par leur forme & leur état préfenr, Ces détails intéreffans le conduifent à parler des volcans en éruption , de la théorie des bafaltes & de l’hiftoire naturelle de la mer Méditerranée. C’eft aux Obfervateurs Naturaliftes, qui ont parcouru les régions que décrit cet Auteur, à juger facilement du mérite de ce 4° Volume, Papillons d'Europe, peints d'après nature , fêxième Cahier. A Paris, chez M. Delaguerte, Imprimeur-Libraire, rue de la Vicille-Draperie , & chez M. Bafan, Marchand d'Eftémpes , rue & hôtel Serpente, Cette fixième livraifon, auf belle & auñi-bien exécutés que les pre- mières ,eft la fuite du fupplément que nous avons annoncé au mois de Mai 1781, p.407, & content une variété du collier argenté, du damier, 1 256 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Gr. le grand damier , une cinquième efpèce du damier, une variété du damier décrit pl. 19, n°. 31; le damier , fixième efpèce, le perit Silvandre; une variété de l'hermire, repréfenté pl. 21, n°. 36; l'arachné , le mercure, une variété du grand nègre des bois, pl. 23, n°. 40; une variété du grand nègre Hongrois , repréfenté pl. 23, n°. 42; le pronoé, le grand & le petit nègre Barrois , une variété femelle du fatyre, le titire, des variétés du myrtil , repréfenté pl. 28, n°. $4, $ÿ , 56 dela même planche, une variété du céphale , des remarques fur les mars & leurs variétés, une va- xiété du grand porte-queue ,- la chenille & la chryfalide du porte-queue bleu, l'eumedon, l'argus myope violet, une variété de l'argus verd, de l'argus bronzé, l'argus bronzé & la femelle de l’helle, g TABLE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, D ESCRIPTION de divers foffiles trouvés dans les carrières de Montmartre près Paris , G vues générales fur la formation des pierres gypfeufes; par M. Robert DE PAUL DE LAMANON, Page 173 Suite du Mémoire fur le baromètre nouveau, inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, &c., 194 Suite de l'Extrait du fecond Volume de l'Ouvrage de M. l'Abbé SPALLAN- ZANI, 132 Réflexiors fur la force centripète & [ur la force centrifuge ; par M. DAVID , 229 Inffruétions fur les moyens de confèrver les vins, particulièrement dans les citernes ; par M, FOUGEROUX DE BONDAROY, 249 Nouvelles Littéraires, 2ÿ2 4.P PR O0 BAT: ON, J' lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a-pour titre Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, Ge. ; par MM, Rozier & MoncEz le jeune, &c. La Colle@ion de faits importans qu’il offre périodi- quement à fes Leéteurs, mérite l'accueil des Savans; en conféquerce, j’eftime qu’on peuten permertre l'impreffion. À Paris, ce 22 Mars 1782. VALMONT DE EOMARE, Mt, é 1 D a sq —— nt, nt OBSERVATIONS fur les Planches fuivantes. 1e Graveur, par un mal-entendu , n’a pas donné aux foffiles repré- fentés dans la Planche II, les mêmes dimenfions qu'ils avoient dans le deffin. On ne pourra donc fe fervir d'un compas pee juger de leur grandeur naturelle, comme M. de Lamanon le defiroit, & comme il le dit dans fon Mémoire, La figure 1 qui repréfente la tête d’un Amphibie fans analogue, eft réduite aux trois cinquiemes de la grandeur naturelle du foflile. Dans les figures 2 & 3, qui repréfentent des dents dont l'émail -eft fcintillant comme celui des dents fans analogue , trouvées en Cana- da, &c., & comme les dents des Hippopotames , il faut augmenter d'un tiers toutes les dimenfions, Les dents incifives à & b de la figure 4 ont fix lignes & demie depuis leur tranchant jufqu’à leur couronne , & cinq lignes dans l'endroit le plus large. Il faut augmenter des deux cinquièmes les dimenfions des vertèbres repréfentées dans les figures $ & 6. Dans la Planche I, figure 4, on a exprimé trop fortement les ombres; ce qui pourroit faire croire à quelques perfonnes que la clef qui y eft repréfentée a quatre dents, tandis qu’elle n'en a que deux. © Dans la Planche IIT, on a deffiné du gypfe fur une colline, entre la Marne & l'Oife, où il n'y en a point. Fautes à corriger dans le Cahier de Février. Page 128, l’avant-dernière ligne, M. Erchari; lifez Crohare. P. 138,1. 11, appliquées ; lifez appliqué; & fupprimez la virgule, P. 139, 1. 27, le dijque À ; lifez la boureille W. ! P. 146, 1. 26, cylindre intérieur ; lifez cylindre d'eau intérieur. P. 148, 1. 20. Le Mémoire fe termine à cette ligne, entre laquelle & la fuivante qui eft en cara@ères italiques , il auroit dû être tiré un trait de féparation ; le reftant, depuis cette dernière ligne qui eft la vingt- unième, jufqu’au bas de la page, eft la fuite d'une note, dont le com- mencement eft au bas de la page précédente, ei! ée (fe y 1H €: zou 2 sn 0} sig : Pie L . = 5 HN TUVEE G, Le | A" Re L »- o A 2 2 . { RE: PE GA à LA DES 913% à div #! 10 dim) gli nr | A ", CARTE de l'Isle de France., [ proprement dite ’ vve.Zowes 4 DS For 7 Ses rue date benne mp on (22 Laseetdes Le ms Jeller » eee ce k ss / KL JOURNAL DE PHYSIQUE. | AVRIL 1782. | — = 2 ——— et — ET men ==, — a "> SUITE DU MÉMOIRE SUR LE BAROMÈTRE NOUVEAU, Inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, Gc.(1). 145. M ANIÈRE de démonter & plier ce Baromètre , pour Le tranfporter. IL me refte à dire deux mots fur la manière de démonter & replacer cette efpèce de baromètre dans fon étui, après l’obfervation, & fur la ma- nière d'y fubitituer un fecond tuyau , lorfque celui du baromètre vient à cafler par quelqu’accident, Quant au premier, il n’y a qu’à fermer la vis N (fig. 2, pl. I du cahier de Février 1782 ) ,en la tournant de la droite à la gauche, avec la clef qui fe trouve en dedans de la boîte pardeffous une couverte de cuir :on ôte la clef À (même fig.) qu'on met en C; & inclinant doucement le baromètre en arrière, jufqu’à ce que le mercure monte en K , on tourne cette vis C avec la clef, de la gauche à la droite; en forte qu'en remettant le baromètre d’aplomb, le mercure puifle remplir tout Île tuyau jufqu’au bout qui eft à découvert en K, 146. Il faut néanmoins y mettre un peu d'attention pour bien ména- ger la preffion de la vis C , afin que le tuyau refte plein de mercure, fans y laiffer aucun vuide fenfible en haut; car fi on tourne trop la vis C, on court rifque de faire crever le fac de cuir qui forme le fond du réfervoir; ou autrement , on oblige le mercure à s'ouvrir quelqu’iflue , pour fortir du ré- fervoir. Au contraire , fi on laifle le mercure trop aifé, on trouvera qu'à chaque fecoufle du baromètre, il frappera avec violence contre le tout K du tuyau , & il pourra aifément ‘le cafler. . 147. Après qu’on a aflez tourné La vis C, pour que le mercure relte près du bout K, lorfqu'il eft d’aplomb , on peur le placer horizontale- ment ; & s'il y a trop d'air dans le réfervoir, il paroitra dans le petit (1) Voyez les Cahiers des mois de Février & Mars 1782. Tome XIX, Part, 1, 1782. 4 VRIL. Li 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tuyau B (fig. 3 ). Dans ce cas, on tourne tant foit peu la vis C de droite à gauche , jufqu'à ce que cet air difparoifle; & fi elle ne peut plus tourner dans le même fens, on renverfera le baromètre avec le réfervoir N C en haut & le bout K en bas; on déviflera alors entièrement la vis C par fa clef, en la tournant de la droite à la gauche, & on viffera un peu la pièce EE, fig. 3, dans le même fens (n°. 19). Si l’on trouve , en re- mettant l'inftrument horizontalement, qu'il y a encore de l'air dans le pe- tit tuyau B, fig. 3 , on viffera un peu plusla petite vis avec la clef C, juf- qu'à ce que l'air difparoiffe. 148. C’eft encore un des avantages de cette nouvelle eonftruction , qu'on voit tout ce qu’on fait avec l'inftrument; au lieu qu’il faut deviner, pour ainfi dire, ce qu'ily a à faire aux baromètres de conftruction diffé- rente; car il n’y a pas d'autre moyen pour reconnoître l'air qui refte dans le réfervoir de ces derniers, que de tâtonner à différentes reprifes avec la vis inférieure, jufqu'à ce que le mercure touche le bout K du tube, après que l'air du réfervoir s’eft tout-à-fait échappé par Les pores du cuir & du Bois, 149. Enfin, on met lacalotte de métal Z Z (fig. I , même pl.) à fa place, pour empêcher que la pouflière, la pluie , ou quelqu’autre corps étranger , ne puifle entrer dans la boîte, & endommager l'inftrument. 150. Inftruëlions pour remplacer les Tubes qui fe caffent. Lorfque le tube du baromètre vient à cafler par quelqu'accident , il faut y en mettre un autre qui foit de la même groffeur, Pour cet effet, on poufle l'anneau D qui eft parderrière le ronius ( fig. 2 ) jufqu'au bout inférieur de l'échelle du baromètre, & on y fait entrer le tube par le bout qui eft fermé, afin de voir s’il y pafle librement jufqu'au trou K. 151. Pour mieux comprendre toutes Les particularités de cette opé- ration, qu'on ne doit pas voir indifféremment, parce qu'elles font nécef- faires pour bien réuflir, il faut confidérer avec attentionla forme in- térieure du réfervoir & l'arrangement de fes pièces. 152. Mécanifine intérieur du Réfervoir. La fy. 8, pl. de ce mois, repréfente la fedion verticale de la partie inférieure-du baromètre , afin d'en montrer tout Le mécanifme intérieur ; & chaque pièce y eft défignée un peu féparée de l'autre qui lui correfpend , pour qu'elle foit examinée avec plus de préci- fion. On a fait pafler tout exprès a feétion verticale qui coupe cette fi- gure par le milieu du baromètre & du petit tuyau B, fig. 3, pour que fa communication avec la capacité du réfervoir foit entièrement à dé- couvert. Ainf , il faut confidérer que l’inftrument y eft repréfenté laté- ralement, tandis que toutes les autres figures le repréfentent avec Le petit tuyau tourné vis-à-vis de celui qui le regarde. 153. La partie inférieure du chaffis de bois qui forme la tige du baro- mètre, eft marquée par BBZZ, fig. 8; elle entre à vis dans la partie fupérieure de la boîte D F du réfervoir; & le rebord ou modilion ZZ » , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 259 doit être tant foit peu plus court que le bord du trou V, dans lequel fe trouve la clef N (fig. 2 & 3), afin de pouvoir être déviflé toutes les fois qu'on voudra féparer du réfervoir cette tige, pour examiner le tuyau, ou pour y en mettre un nouveau. 154. J'ai changé tout nouvellement la manière d'ajouter la tige KDA (fig. 2) avec la boîte NC, par la vis de bois ZZ (fg.5), comme on le verra dans les numéros 169 & 171 ,où je montrerai l’er- reur que cette vis peut caufer, étant de bois, dans la vraie mefure des hauteurs du baromètre. La rondelle II (même fig. 8) fert d’écrou à La groffe vis du centre , où l’autre vis mince H eft logée; de façon qu'en tour- nant cet écrou I I de droite à gauche , tout l'équipage L L monte enfem- ble avec la vis H; & fi celle-ci tourne toute feule dans le même fens, alors elle fait defcendre l'équipage de la plaque L L. Cette plaque eft double, & tourne librement fur le bout de la vis H, où elle eft arrêtée par une goupille entre les deux plaques dont elle eft compofée. 155. La boîte DF (fig. 8) devroit être toujours d’un feul morceau de bois affez compacte pour empêcher le mercure de s'échapper. Les bons Tourneurs favent bien comment il faut tourner la cavité DO OOF au- dedans d’une feule pièce, fans avoir befoin d'aucune inftruétion là-deffus. En tout cas, on y doit pafler du vernis au dedans , pour empêcher le mer- cure de s'en échapper par les pores du bois , ou par quelque crevafle im- perceptible, 156. La cavité VEOV (fg. 8) eft proprement le réfervoir du baro- mètre où fe trouve plongé le bout E du tube au milieu du mercure, dont le réfervoir eft rempli, Le fond C de ce réfervoir eft de cuir : on l’attache avec de la colle forte d'Angleterre aux parois d'un anneau de buis, dont X X repréfente la fetion; & cet anneau eft attaché enfuite au bord fail- lant V V par une bandelette de cuir qui y eft également collée tout au- tour par le dehors. N N repréfente la fection de ce cuir. 157. On commencera donc l'opération , en raclant avec un couteau toute la bandelerte de cuir NN, jufqu'à dégager tout-à-fait l'anneau de bois XX , & laifler le réfervoir cout à Re Après cela , on fera fer- tir le bout E (fig. 8 ) du tuyau café qui doit refter cimenté dans la boîte du réfervoir (n°. 158), moyennant un morceau de fil de fer, ou un gros clou qu'on frappera avec un marteau, jufqu'à ce que tous les morceaux de verre en {oient chaflés. On en raclera le dedans du trou avec une broche quarrée, & on le nettoiera avec une lime ronde; enfuite on marquera la longueur néceflaire du tube, en forte que le bout fermé pa- roiffe par le trou K (fig. 2}, & que le bout ouvert foit au milieu du ré- fervoir , comme il paroïît en E (fig.8 ). On coupera le furplus du tuyau, ce qu'on exécute aifément avec une lime triangulaire ; car en le Jimanc tout autour un peu crop vivement, ÿ fe fend & cafle de foi- mème. Tome XIX , Part, 1, 1782. AVRIL, TA 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 158. On liera autour de l'endroit du tuyau qui doit refter dans l'efpace RO (fig-8), une ficelle cirée bien étroitement , de façon qu’en y met- tant le tuyau , il y refte bien ferme dans cette partie de la boîte, & fans le moindre mouvement , comme fi c’étoit une feule pièce. 159. Du meilleur Ciment pour les Tubes. J'ai trouvé qu'une pâte faite avec de la cérufe ou blanc de plomb, & du vernis huileux de gomme copal, eft un ciment qui furpafle tous les autres qu'on connoît. Ce ne fut qu'après avoir fait un grand nombre d’effais avec d’autres fubftances pour cet objet, que je parvins à ttouver cette compofition. On met, fans perdre de temps, É ce ciment tout autour du tuyau en RO (fig.8), fans lui donner le temps de fe fécher ; autrement il forme en très-peu de. temps une efpèce de croûte qui affoiblit fa tenacité. 160. Au bout de vinot-quatre heures, on remplit le tuyau avec du mercure bien purifié, Celui qui eft diftillé ou revivifié du cinabre, eft le meilleur pour les baromètres, parce qu'il eft le plus débarraffé de toutes: les parties hétérogènes, Cependant on doit toujours le nettoyer , pour lui enlever la pouflière, ce qu’on fait aifément en le paffant deux ou trois fois. par des cornets, ou cônes de papier blanc, avec un petit trou dansle fond, par où le mercure coule tout clair & fans pouflière. Au bout de chaque écoulement , on doit mettre à part le peu de mercure qui refte dans le papier , parce qu'il fe trouve chargé de la pouflière, & on fe fert d’un autre cône de papier propre pour le repafler de nouveau. 161. Préparation du Mercure. Avant d'employer Le mercure dans le ba- romètre , il eft fort à propos de Le faire bouillir pendant un quart-d’heure , ou. même plus , fur un feu de charbon bien clair & fans fumée. On met le mercure dans une terrine de grès , ou dans un pot neuf de terre cuite ,. qui foit verniffé en dedans, On couvre ce pot avec un ‘couvercle de la mème matière; ou autrement avec un couvercle fait de bois fec (au dé- faut du premier), pour recueillir le mercure qui monte en forme de va- eurs, tandis que la partie aqueufe fe diflipe dans l’'atmofphère , ou eft. imbibée dans le couvercle. J'ai trouvé cette humidité plufieurs fois dans le mercure , en le faifant bouillir; & M. Macquer affirme le même fair, dans fon Diéfionnaire de Chymie. On fera bien de mettre le réchaud fur une terrine plate , & affez grande pour recueillir le mercure, en cas que le pot vienne à cafler fur le feu, comime il arrive quelquefois. 162. Pour faire bouillir le Mercure dans Le Tube, Après avoir fait bouil- lir le mercure, on le laïfle refroidir aflez pour le pafler par le papier, comme je l'ai dit ci-deffus, & pour en remplir le tuyau qu'on doit chauffer auparavant, pour qu'il ne fe fende point; enfuite on allume un feu bien clair de charbons fecs dans le réchaud, & on y approche très-lentement le bout du tuyau; car fi on l’approche tout d’un coup au feu , il ne man- que pas de fe fendre , par l’efer de la chaleur foudaine : en peu de minutes, le mercure y bout au-dedans avec un bruit affez fort pour faire craindre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 que le tube ne fe cafle, lorfqu'on voit cette opération pour la pre- mière fois. 163. On peut tenir avec la main le tube, tandis qu’il bout, par l’ex- trémité qui eft ouverte, parce quella chaleur ne fe fait jamais fentir à cette diftance, On verra Le peu de temps que plufieurs bulles d'air s’at- tachent aux parois inrérieures du tube, Pour les faire fortir, il faut met- tre le bout du doigt couvert d’un morceau de papier ou de cuir fur l’ou- verture du tube , & l'incliner de côté dans tous les fens, pour ramaffer ces bulles d'air, & les faire fortir coutes enfemble avec l'air qu'on y a introduir, On répétera cette opération plufieurs fois alternativement, en le faifant bouillir, & en faifant fortir ces bulles d'air, jufqu'a ce qu'il n'y en refte plus. 164. Les Artiftes fe contentent, pour la plupart , de faire bouillir le mercure feulement dans Le bout fermé du tuyau, au lieu de le faire bouil- lir dans toute fa longueur. En effet, cette dernière opération ne fe fait pas fi aifément que la première; car il faut laïfler refroidir le tout par degré , avant de faire bouillir le refte: autrement, le bout du tuyau qui eft échauffé fe fend aifément avec le froid fubit. IL faut aufli avoir un réchaud avec des ouvertures latérales , aflez grandes pour y pafler fucceflivement le tuyau, & ménager toute l'opération avec un foin extrême, 165. Lorfqu'on a bien fait bouillir le mercure , avant de le mettre dans le tube, & qu'on l'y introduit encore avec quelque chaleur , avant de le laifler refroidir tout-à-fait , de crainte qu'il n'attire quelqu'humidité de Vair, on peut s’épargner cette peine de plus; car j'ai vu Les baromètres excellens qui avoient été faits de cette manière; c’eft-à-dire, dont le mer- cure avoit bouilli feulement dans le bout K (fig: 2 }, & qui montroient exactement leurs colonnes de mercure à la même hauteur que les autres pour lefquels on avoit eu à vaincre les obftacles donc je viens de parler. 166. Après avoir fait bouillir le mercure dans le tuyau, fans y laifler aucune bulle d’air, en forte que toute la furface foit auñli brillante qu'un miroir, on remplit tout le réfervoir VE V (fig. 8), qui pour lors fe trouve renverfé, ayant l'embouchure V V tournée en haut : on le rem- plit, dis-je, avec du mercure , autant qu'il en peut contenir ; on le ferme avec l'anneau de bois XX, dont le milieu eft garni avec Le petit fac de cuir C: on met tout autour de la jointure une bandelette de cuir NN, couverte de colle forte fondue , qu'en y laifle fécher jufqu'au jour fuivane, 167. En preffant un peu avec le doigt le cuir C (fig. 8), qui forme le fond du réfervoir , on verra bientôt fi le tout eft bien fermé ou non, & fans aucune crevafle par où le mercure puifle s'échapper. On vifle l'autre moitié GK (même fig.) de la boîte hi réfervoir fur celle DF, & on viffe la petite vis H en la tournant doucement de G vers K, jufqu'à ce qu'on s’apperçoive par fa réfiftance qu’elle touche le fond C du réfervoir, 262 , OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou, pour mieux dire, La furface du mercure qui eft dedans. On redreffe alors le baromètre dans fa pofition naturelle ; on y metle chäflis ou tige du bois KDAN (fig. 2), que l’on vifle , & l'on place le tout, felon ‘que je lai dit ci-deflus n°°, 14$ & 147. 168. Si par hafard on trouvoit que le baromètre n’a pas aflez de mer- cure dans fon réfervoir, ce qu'il feroit aifé de reconnoître, en le mettant dans le fens horizontal , comme je l'ai dit n°, 147, il fera aifé d’y en mettre davantage en ouvrant la clef N (fig. 2 & 3), & en y appliquant un cône de papier pour fervir d’entonnoir, afin d'y jetter La quantité de mercure dont il a befoin , & qui doit être fufifante pour remplir tout le tuyau jufqu'au bout K(fg. 2), fans que la plaque ronde LL (fg.8) puifle jamais mettre en contaét le cuir C du fond du réfervoir avec l’o- rifice O du tuyau. 169. Nouvelles correétions plus avantageufes à donner a ces Baromètres. J'ai penfé depuis peu à deux autres conftructions, ou , pour mieux dire , nouveaux arrangemens, par lefquels ces baromètres deviennent encore plus commodes, Le premier confifte à fupprimerla vis de bois ZZ(fg. 8 ), par laquelle la tige IKDAN (fig. 2 ) eft viflée à la boîte N C. Au lieu de cette vis de bois ZZ,on fubftitue trois petites vis demétal MM (fig. 9), où lon voitce réfervoirentier, par le moyen defquelles la bafe de la même tige B C eft attachée à la boîte DEF. On y ajoute deux pièces de métal comme deux petits crampons, une de chaque côté, marquées par des points MM. IL fufft de tirer une ligne droite fur chaque petit crampon , en la continuant horizontale- ment fur l'endroit qui lui correfpond dans la boîte, pour être toujours afluré, par fa coïncidence, que Le zéro des mefures marquées dans les échelles n’a fouffert aucune variation, 170. L'arrangement dont je viens de parler pour fupprimer la vis ZZ (fig. 8 ), mérite l'attention des Obfervateurs; car il eft bien aifé de con- cevoir que cette vis étant de bois, doit s’ufer avec le temps, & devenir fort lâche. En effet, il a fallu mettre quelquefois des rondelles de cuir ou de papier entre le rebord de la vis dont il s’agit, à plufieurs baromètres faits même par M. Ramfden, célèbre Artifte de Londres , qui employa le premier cette conftruction , afin que la face du devant de la boite du réfervoir püt correfpondre exactement à celle de la tige; ce qui montre le défaut que je corrige par la méthode que je viens de propofer. Certes il eft ridicule de poufler les obfervations du baromètre jufqu'à des mil- lièmes de pouce, & même au-delà , fans qu'on ait jamais pris foin de faire en forte que l'échelle de la tige par laquelle. elles font mefurées , ne produife des erreurs beaucoup plus grandes, 171. J'ai penfé également qu'on épargnera de la peine & même de la dépenfe, filon fubftitue un tuyau de laiton à la tige de bois, Ce tuyau en fera alors le même fervice, & ne rendra pas le baromètre bien plus pefant, Il doit avoir deux fentes oppofées , comme celle de l'échelle KDA . f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 (fig. 2), & l'autre, qui eft parderrière, dont on a parlé n°. 30; & l’on y se fur chaque côté de la fente du devant du tuyau, les mêmes di- vifions qu'on a décrites n°. 31, &c. M. l'Abbé Fontana , Directeur du Cabinet de Son Altefle Royale le Grand-Duc de Tofcane, eut aufli la même idée que moi, & il fit exécuter à Londres un de ces baromètres, avant fon départ en 1779. ; 172. Certe tige de métal peut avoir le nonius arrangé dans la forme dont j'ai parlé, n°. $6; & la règle dentelée ou crémaillère donc il y eft aufi queition , peut être aufli formée dans la face latérale de la fente de la tige métallique, fans aucun inconvénient, Cette tige ou tuyau métallique doit entrer à vis dans une rondelle de métal, dont la partie fupérieure de la boîte DF (fig. 8) fera garnie; car les vis de métal ne s’ufent point fi aifément que celles de bois. L'on peut y employer éga- lement les mêmes trois petites pièces ou crampons dont je viens de parler, n°. 169 , pour marquer jufquà quel point on doit vifler cette tige à la boîte DF. 173. Il eft vrai que la différente température de l'atmofphère doit caufer quelques variations dans les divifions de cette tige métallique, tandis que celle de bois n’eft pas fi fujette à ces variations; mais elles ne feront jamais aflez confidérables pour caufer des erreurs fenfibles dans la pratique. D'ailleurs il n'edgas ificile d’en tenir compte; car fi l’on prend la diftance, par exemple , entre le zéro & le trentième pouce de ce baromètre, dans deux températures aflez différentes , on peut aifément calculer la partie proportionnelle dont il faut augmenter ou rétrécir chaque hauteur du baromètre, felon la différence de la température. Je fais faire actuellement quelques-uns de mes baromètres fur l’une & l’autre de ces deux formes dont je viens de parler. | 174. Les baromètres que j'ai décrits jufqu'ici peuvent fervir à faire des obfervations fur mer, en les montant fur des fufpenfoirs aflez fer- mes, dont je donnerai l’idée dans len°. 193 , & en y faifant d’autres changemens néceflaires, pour mieux réuflir. Mais comme le but qu’on fe propofe dans les obfervations barométriques , faites à bord des vaifleaux, eft principalement d’être inftruit du mauvais temps & des tempêtes , dont le baromètre ne manque pas de donner d'avance des indices très-margnés, il vaut mieux pafñler actuellement à la defcriprion des baromèr-es de cham- bre faits felon cett: nouvelle conftruétion ; après quoi il {ra plus naturel de parler des obfervations météorologiques faites fur terre avec le baro- mètre, & enfuite de celles qu'il eft fort avant-geux de faire fur mer pour œbtenir l'avantage dont je viens de parler } +} j 175: Sur Les Barornètres de chambrs pour Les obfervations metcorologiques. Lorfqu'on veut avoir des baromères de l'efpèce dont je viens de donner la defcription K adaptés aux obfervations météorologiques s il eft néceffaire de leur ajouter des échelles bien plus courtes que dans Les précédens ; c’eft- 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à dire, depuis les 26 © jufqu'aux 32 pouces Anglois. Dans ce cas, on leur donne à la partie fupérieure la forme repréfentée par la figure 10. Les deux échelles de la mefure Angloife & de la Françoife, n°, 31 , y font toutes deux au côté droit de l’obfervateur, 176. La pièce du ronius , quoiqu'attachée à l'anneau qui fert à prendre la vraie hauteur du mercure, fans parallaxe (comme je l'ai dit, n°. 30), n'y tient que par un côté, & pafle entièrement parderrière la plaque où font les échelles menant un romius de chaque côté Z & P, fig. 10, fur chacune de ces deux échelles. C’eft en mettant la. clef dans le trou H, fig. 10, qu'on fait monter ou defcendre ces deux nonius enfemble avec l'anneau, pour montrer la hauteur précife de la colonne de mercure dans l'inftrument, (Voyez n°. 30). 177. Quoique les obfervations de la température de l'atmofphère en- trent dans le plan des obfervations météorologiques, en forte que le ther- momètre, pour cet effet, doit être expofé à l'air extérieur du côté du nord , & tellement fitué, qu'il n’y ait aucune muraille ou autre corps qui puifle réfléchir fur lui la chaleur des rayons folaires ; cependant on ne re- garde point les obfervations de ce thermomètre désaché , contme apparte- nantes à celles du baromètre de chambre. 178. Quant au thermomètre attaché, il eft indifpenfable de l'avoir en même temps avec le baromètre , parce que I&itempérature d’une chambre eft prefque toujours fort différente de celle de l'air extérieur; & par con- féquent c’elt une erreur fort groflière d'appliquer aux corrections baro- métriques le degré de la température d’un autre thermomètre , qui n’eft pas dans les mêmes circonftances que le baromètre, (Voyez n°. 65.) 179. Ce thermomètre arraché eft hxé fur la plaque de-métal M N, fig. r0, à la gauche de l’inftrument , ou plutôt de l’obfervateur. Les trois échelles de correction , n°°. 67 &81, y font gravées; & Les nombres de l’échell: de correction , n°. 81, montrent les centièmes de pouce qu’il faut ajouter ou retrancher de la hauteur obfervée du baromètre , felon que la tempé- rature du mercure fe trouve au-deffous ou au-deflus de la température moyenne de $$° de Fahrenheir. 180. Il y a deux petites aiguilles horizontales fur la plaque du thermo- Mère , qui tiennent parderrière à une verge dentelée, & celle‘ci engrère dans le pigson T, ! g. 10. Ainfi, on les fait mouvoir en haut ou en bas, en tournant la cher qu'on met dans la tige T , fig. 10, jufqu'à ce que les pointes des deux aiguïlles foient vis-à-vis le degré a@uel du thermomètre, Dans ce cas , elles marquesr en même temps le degré de l'échelle de Réaumur , celui de l'échelle de Fahrenheit ; & outre cela , la quantité de la correction qu'on doit faire à la hauteur du baromètre; favoir, en plus, fi le thermemètre eft au-deffous de Gi à Fahrenheit ; ou en moins 5 s’il eft au-deflus de cette température moyenne (n°, Sr & fuivans.) 191. Il eft fort à propos aulli que le fommer ou bout fupérieur du tuyau ÿ . SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 926$ tuyau de ces baromètres foient tout-à-fait à découvert, comme on l’a dit au n°, 16, en pratiquant le trou qui laifle voir s’il y a ou non quelque bulle d'air introduite dans le tuyau avant de fufpendre l'inftrument à fa place. 182. Pour ce qui concerne le réfervoir & la partie inférieure de ces baromètres , voyez fig. 3 : fon intérieur eft décrit dans le n°. 152 & fuivant; mais il n’eft pas néceflaire d’avoir plus que la vis C: cer en effet, la feconde vis ou rondelle EE décrite dans le n°. 19, n’eft point utile dans les baromètres dont il s'agit à préfent. 183. Il feroit cependant de quelqu'utilité qu'il y eût un petit enton- noir d'ivoire , au-dedans duquel la clef N, fig. 2 & 3, fit fon office; car fi l'on oublie de fermer cette clef, lorfquon a obfervé la colonne de mercure, par exemple à 31 pouces, il arrive que l’atmofphère devient fort légère, en forte que fi le mercure defcend jufqu'à 2% pouces, il ne manquera pas de s’en échapper quelque portion, Mais , dans un cas pareil, c'eft l'Obfervateur & non pas l'inftrument qu'on doit blimer; d'ailleurs , on y peut remettre en tout temps, & fans le moindre incon- vénient, autant de mercure qu'on en a perdu. 184. Comme il eft plus commode d’avoir ces baromètres fufpendus contre une muraille, j'ai cru néceflaire d'employer la petite potence de métal A CD, fig. 10, qui tourne fur fon petit axe vertical CD , dans les deux anneaux de la plaque ECBD, fixée contre la muraille par les quatre vis dont on voit les trous dans la figure : ces baromètres ont également une fente oppofée à la partie fupérieure du tube , pour voir au travers la furface du mercure , comme on l'a dit n°. 30. Cette petite potence a un crochet à fon bout A, auquel eft fufpendu libre- ment le baromètre par l'anneau qui eft à fon fommet. Ainfi, il eft aifé de mettre toujours le baromètre contre le jour, & d’obferver en contact la curvature fupérieure de la furface du mercure avec l'anneau du petit tuyau , commme je lai dit aux n°°. 27 & 30. 185. Sur Les Obfervations météorologiques, La manière de faire ces obfervations avec ces baromètres, eft la même qui a déjà été expliquée en traitant du baromètre , pour obferver la hauteur des montagnes. On commence parimettre la furface intérieure du mercure dans le petit tube B, fig. 3, au zéro de l'échelle, comme on l'a dit au n°. 27: enfuite on obferve la furface fupérieure , n°. 30; & après cela on rocède à la correction de la température actuelle, qui doit être addi- tive lorfque le thermomètre eft au-deflous de $5° de Fahrenheit, ou fouftractive lorfqu’il eft au-deflus du même degré. Voyez les n°*, 81 & fuivans. 186. Toutes les fois que les hauteurs du baromètre s'éloigneront peu de 30 pouces Anglois ; à peine aura-t-on befoin d'autre calcul our réduire les obfervations à la température moyenne de ÿ5° de Tome XIX, Part.I,1782. AVRIL. Mm 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Fahrenheit, que la correction qu’on trouve dans la troifième échelle déja expliquée n°. 81. Mais lorfqu'il y aura au-delà d'un demi-pouce de différence , ce qui arrive rarement , il faudra employer la méthode expliquée dans le n°. 90, ou autrement faire l’analogie dont j'ai parlé ns 92. 187. D'ailleurs, cette échelle ne mentre que des centièmes du pouce Anglois, tandis que le nonius de ces barométres poufle l'exactitude des obfervations jufqu’à des millièmes de pouce; & celle-ci eft une raifon de plus, pour que tout Obfervateur exact n'emploie d'autre méthode que celle du calcul, même dans les obfervarions météorologiques. Voyez l'idée du météorographe perpétuel de ma conftruction, dans le n°. 244. 188. Sur les prédiétions du Baromètre. Je ne dirai que peu de mots fur les obfervations qu’on fait avec cet inftrument , pour prédire ou con- noître d'avance les changemens de temps. Les Artiftes marquent ordi- nairement ces changemens comme fuit : Les François : Les Anglois: : É 31 . . veridry . trés-fec. HE 187... très-fec. 30 + . fetfair. . feu durable. PSSCErS 28. .... ferein. vis-ä=vis, N3o . . fair... . . Beautemps. les pouces 277. + « «Variable Les pouces K 29 + « change. . variable. François. 27 . .... orage. Anglois. 29 . . rain... . de la pluie. 26 +. +. . tempête. 28 +. muchrain Æcaucoup de pl. 28 . . ftormy. . orageou rempéte 189. Mais on ne doit pas trop compter fur ces prédictions du baro- mètre, car elles ne font rien moins qu'infaillibles. Cependant il arrive fouvent que fi le mercure monte dans le baromètre , cela annonce du beau temps; & au contraire, lorfqw'il. defcend , le temps fe met à la pluie, &c. Ceci eft un problème fi compliqué dans la Phyfique ; les caufes concomitantes en fonr fi nombreufes , fi variées, & fi peu faites à l'examen de nos fens, que peut-être on ne fera jamais à même de le réfoudre au-delà d’un certain degré de probabilité. , 190. Dans ces circonftances-ci , comme dans bien d’autres , les probabilités ne font pas à méprifer ; car, àdire vrai , nous n'avons d’évidence qui fur un très-petit nombre de connoiffances abfolues de pratique; & nous ferions bientôt réduits à l'inaction, fi nous rejettions Les probabi- lités qui nous donnent au moins quelques efpérances de réuflir dans nos entreprifes. 191. Ainfi , l’on emploie le baromètre fort avantageufement , & très-fouvent avec un grand fuccès, pour connoître d'avance fur mer les changemens du temps & même les orages paflagers , afin de pouvoir préparer les voiles & ce qui eft néceffaire à la füreté du vaifleau, & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 267 d'éviter , autant qu'il eft poñlible, les funeftes conféquences d'un mauvais temps fubit. 192. Application des nouveaux baromètres aux obfervations fur mer. Quoique je me propofe de parler plus bas, n°. 208 & fuivans, des baromètres marins inventés par le Docteur Hook, qui en effet font fort commodes pour être employés fur mer, il fera à propos de démontrer ici que mes nouveaux baromètres peuvent être employés également au même ufage, fans devenir inutiles aux obfervations pour mefurer des hauteurs; de façon qu'on pourra les employer comme marins quand on fera à bord du vaifleau; & enfuite on pourra aller faire fur terre route autre efpèce d’obfervation avec Les mêmes inftrumens. Pour remplir ce double objer , il faut employer Les moyens fuivans , que j’avois annoncés ci-deflus n°. 174. 193. En premier lieu , il faut avoir un autre fufpenfoir plus ferme Fi celui repréfenté par la fig. 2, qui ne pourroit pas fe foutenir, & eroit renverfé par les mouvemens violens du vaiffeau. Ce fecond fufpen- foir n’eft qu'une boîte en forme de pyramide quarrée, dont la bafe eft pour le moins aufli grande que la hauteur. Celle-ci a environ les deux tiers de la hauteur KC du baromètre , fig. 2, & par conféquent il doit avoir fon eflieu, n°. 17, un peu plus haut que la fig. 2 ne le fuppofe. Dans ce cas, le fecond eflieu dont j'ai parlé n°. $ÿ6, n’a pas befoin, comme il y eft dit, d’être mis auffi bas. On mer le cercle mobile pour cette fufpenfion , dont j'ai parlé n°. 17, à la partie fupérieure de cette boîte pyramidale, & on y emploie deux vis ou chevilles, pour aflujétir les deux bouts de l’axe du baromètre, de façon qu'il n’en puifle fortir de lui-même par aucun mouvement accidentel. 194. La feconde circonftance doit étre celle d’entourer la boîte du réfervoir NC, fig. 2, avec un couflin rond & bien mou , afin d'amortir les coups qu'il peut être forcé de recevoir en frappant contre la furface intérieure de la caifle ou fufpenfoir pyramidal , lorfque les mouvemens du vaiffeau le font pencher d’un côté & de l’autre : car, malgré l'attention qu'on doit avoir à raffermir & arrêter rout-à-fait l'inftrument dans le temps d'orage, il peut arriver aufli qu’on l'oublie. MM. Naïrne, Blunt & Dollond , qui ont fait de ces baremètres avec beaucoup de perfe&tion, & dont les poileffeurs font fort fatisfaits , tâchèrent d'appliquer toujours un poids confidérable au bout de la boîte NC, fig. 2, du réfervoir, pour rendre ce baromètre moins fujet à vaciller, & capable de réfifter aux impulfions du tangage du vaifleau. Cette précaution eft très bien fondée, & rien nempêche de la pratiquer dans le cas dont il s'agit actuel- lement, | . 195. En troifième lieu , il faut ajouter une petite pièce d'ivoire (voyez fig. 11) au bout inférieur E du tuyau, fig. 8, qu'on y cimentera n°. 159, & qui aura un petit trou E d'un vingtième de pouce , avec une Tome XIX, Part. 1, 1782. AVRIL. Mm 2 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, valve BC, afin que le mercure n'ait pas trop de liberté, pour pouvoir être mis en mouvement tout d’un coup. L'objet de cette addition n’eft pas uniquement pour empêcher le mercure de frapper trop fortement contre le bout K, fig. 2; car, outre le moyen que je viens d'indiquer , on pourroit encore en mettre un autre-en ufage que j'ai vu pratiquer il yalong-temps, & qui fe trouve annoncé dans le Journal de Phyfique 1777, tom. Il, comme une chofe nouvelle. Ce moyen confifte à faire un rétré- ciflement au bout fupérieur du tuyau, comme on le voit repréfenté dans la fig. 12. Ce rétréciffément empêche le mercure de cafler le bout fupérieur K, fig. 2, du tuyau, lorfqu'il y frappe avec violence. J'emploie quelquefois de ces tuyaux , avec grand avantage felon moi , dans quelques-uns des baromètres que je fais exécuter fous ma direction. 196. Mais à l'égard du baromètre marin, il faut donner une atten- tion & des foins particuliers à la fermeté, ou pour mieux dire à l'im- mobilité, s’il eft pollible, du mercure dans le tuyau du baromètre : car fans cela il eft très-difficile de déterminer la hauteur vraie du mercure, qui repréfente la preflion de l’atmofphère; & fi l'inftrument r'eft pas prefque aufli fixe %& folide que lorfqu'il eft fur terre, on aura de la dit- ficulté à en reconnoître les variations. 107. Pour mieux obtenir cet état de fixité dans le baromètre marin, j'ai fair plufieurs effais, & je crois l'avoir fort approché de la perfection dont on a befoin, par le moyen de la pièce ci-deflus , dont je viens de parler, & qui eft repréfentée par la fig. 13. Elle confifte fimplement en deux valves miles à angle droit l’une de l’autre, dont on voit la coupe ou feétion horizontale. Ce font deux lentiiles d'ivoire renfermées chacune dans une capfule ou petite boîte de la même matière , viflée dans la même pièce. Chaque capfule a un petit trou d'environ un vingtième de ligne; & c'eft par les deux trous que le mercure du réfervoir VCOOO, fig. 8, com- munique avec celui qui eft au-dedans du tuyau. 198. Il eft très-aifé de concevoir que ces deux valves centriculaires doivent laifler pafler librement le mercure, en montant ou defcendant entre Le tuyau & le réfervoir , parce qu’étant plongées dans un fluide, dont la pefanteur fpécifique eft infiniment plus grande que la leur, elles doivent être conftamment pouflées en haut au-dedans de leur capfule, & par conféquent laiffer un paflage libre tout autour, pour que le mercure obéiffe à la preflion lente & graduelle de l'atmofphère. Mais aufli-tôt qu'il y aura le moindre mouvement rapide & foudain dans le mercure , par le tangage du vaifleau dans un fens ou dans l’autte, elles doivent être pouflées d’abord contre leur trou refpedtif, & les boucher tout-à- fait; & fi par hafard les valves ou lentilles bouchoient trop long-temps par leur cortaét, les trous en queftion , il fuffroit de frapper dou- cement le baromètre avec le doigt (n°. 26) pour que le paflage s'ouvrit de foi-mème. L * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 269 109. IL faut remarquer que c’eft pendant le beau temps qu'on doic faire ces obfervations fur mer, pour prévenir & faire les difpolitions à l'égard du mauvais temps qui va fuccéder; car pour ce qui regarde la prédiction du beau temps pendant la tempête, elle ne rire pas à con- féquence : je veux dire qu'il eft indifférent de le favoir d'avance , parce qu'il n'eft pas néceflaire de préparer le vaifleau pour le recevoir. [l n'en eft pas de même pour ce qui concerne Le mauvais temps : lorfqu'il s'ap- proche, cet inftrument ne manque pas d'en donner des fignes aflez fen- fibles , en defcendant, dans peu de temps, fort au- deffous de fa hau- teur ordinaire; & cela, bien avant que la tempête éclare : de façon qu'on peut arranger les voiles, & prendre les autres précautions néceflaires pour mettre le vaiffeau en état de fupporter l'orage avec moins de défa- vantage. 200. D’après cette réflexion, on voir bien que l'obfervation de ces baromètres ne peut pas avoir la moindre difficulté fur mer , pendant le temps qu’elle eft la plus importante/& néceflaire. En PRE même que le tangage du vaifleau produife quelque mouvement dans la hauteur du baromètre, il n’y a qu'à regarder les deux extrémités de ce mouve- ment , c’eft-à-dire, quelle eft la plus grande & la plus petite hauteur du mercure au-dedans du tube ; & prendre la moitié ou la moyenne de ces deux extrémités , pour avoir la vraie hauteur aétuelle caufée par la preflion de l'atmofphère. 201. Or, pour ces obfervations , il faut avoir l'attention d'examiner fouvent fi la hauteur du baromètre fe foutient ou non comme aupara- vant, fans qu’il foit néceflaire pour cela d'ouvrir le réfervoir , ni avoir aucun égard au zéro de l’échelle ; c’eft à-dire, qu'on n’a pas befoin d’exa- miner fi la furface inférieure du mercure en B, fig. 3, fe trouve ou non en contact avec l'anneau du petit tuyau, comme on l’a dit n°. 27. 202. Âu contraire on doit teurner la vis H, fig. 8, de la droite à la gauche , jufqu’à ce que le mercure defcende à l'endroit DOOOF, où le réfervoir a la plus grande largeur horizontale; car alors les hau- teurs de la colonne de mercure feront plus fenfibles dans la partie fupé- rieure, tandis que dans l’autre cas, elles n’y paroïtroient que de moitié, comme dans un vrai fyphon. Il eft prefque inutile d'ajouter encore que le même baromètre peut fervir dans la fuite aux obfervations fur terre, pour mefurer des hauteurs comme on l’a indiqué n°. 192. 203. S'il ne s'agifloit que d'avoir des baromètres deftinés unique- ment aux obfervations fur mer, je ne balancerois pas à recommander le baromètre marin inventé par feu M. Paffement, que j'ai vu chez lui à Paris, durant le féjour que j'y fis vers l’année 1758 ou 1759. On peut voir l’idée de ce baromètre dans l'Ouvrage de M. Deluc, fur les Modifications de lAtmofphère, n°. 61 , note a, Mais je fuis charmé d’ap- prendre que depuis peu, MM. Nairne & Blunt ont travaillé fur cet objec 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec beaucoup de fuccès, & que différens baromètres marins de leur conftruétion ayant été eflayés fur mer, ont parfaitement répondu à leur attente, Je ne fais pas encore en quoi confifte la nouvelle conftruction qu'ils ontimaginée ; leurs talens font affez connus pour ne pas douter de leur fuccès. Aufli tôt qu'ils mettront au jour leur méthode, jene manquerai as , à la première occafion, de l’annoncer au Public pour l'avantage des Marins. Voyez les n°. 208 & fuivans fur les petits baromètres ma- rins du Docteur Hook, perfeétionnés depuis peu. 204. Déclaration de l’ Auteur. X1 me refte à dire encore un mot fur mes baromètres & fur mes tables pour calculer les hauteurs, Quant aux premiers, je fupplie le Lecteur de ne pas les confondre avec ceux de l’efpèce que j'ai citée n°. 13, faits à Londres par M. Ramfden, quoique en effet ils aient entreux différens rapports & propriétés qui leur font communs, Les baromètres auxquels je donne mon nom, font, je le répète, uniquement ceux qui ont les qualités décrites dans le n°. 3, danses cinq fuivans, dans ceux cités au n°. 7,.8& dans les n°° 169 à 174, & 192 à 203. Les amateurs de cette partie de la Phyfique jugeront fi ies avan- tages que je leur fournis par la conftruction de ces inftrumens, font affez importans pour être employés dans leurs obfervations. Je les crois tels, il eft vrai ; mais je je point être infaillible dans mon jugement. Mon but étant de poufler cette efpèce d’obfervation au plus haut degré de perfection dont je fois capable, j'ai confidéré qu'il étoit à propos de réveiller l'attention du public par le titre de la nouveauté. Dans le fond , il m'eft fort indifférent Ê mon opinion eft ou non généralement adoptée : je me fuis déjà aflez déclaré fur le mérite des inventions dans la note F de mon Traité fur les Oëfans , pour n'avoir pas befoin de répéter ici les mêmes fentimens, 205. Pour ce qui concerne les deux tables décimales des n°. 88 & 111, jai expreflément déclaré les avoir formées fur les principes établis par les expériences & obfervations de M. le Chevalier us. Ce- pendant mes deux tables font comprifes en dix-huit lignes, & à peine occuperoient-elles une demi-pace fi elles étoient jointes lune à côté de l'autre , tandis que celles de M. Shuckburg ne contiennent pas moins de trois pages entières. 206. J'ai aufi employé les logarithmes au lieu des tables que ce dernier eut la patience de calculer furcelles des mêmes logarihmes, & qui rempliflenc trois autres pages in-4°. de fon Mémoire, parce que j'ai réfléchi que les tables des logarithmes fe trouvent entre les mains de tout le monde, & qu'il ne s’agit d'aucune autre opération , finon d'y chercher fimplement deux nombres ( fur quoi il n'eft pas poflible de fe méprendre ), & d'en fouftraire l’un de l’autre pour en avoir le réfultat ; ce que tout Le monde eft en état de faire par foi-même , & fans aucun autre fecours, 207. Enfin, j'ai donné toute l'opération du calcul d'une hauteur ob- à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2371 fervée avec le baromètre , en employant la table du n°. 131, que M. Schuckburg publia comme particulièrement commode. Le Lecteur pourra juger, d'après les opérations de cet exemple , fi la première méthode p'eft pas bien plus facile que la feconde dans la plupart des obfervations ; c'eft-a-dire , dans celles qui ne font pas exactement dans les onge cas exprimés par la table , comme je l'ai déjà remarqué ci-deflus au n°. 147. 208. Des petits Baromètres marins du Doëleur Hook. Après avoir donné la defcription & ufage de mes baromètres, je ne balancerai point à ajou- ter ici un précis de la conftruétion de ME autres qui ont des avan- tages particuliers. C’eft ce que je vais faire d'autant plus volontiers, que je ne m'écarterai point de mon füujet, & moins encore du but principal pour lequel j'écris; favoir , celui d'étre utile au public, objet infiniment précieux à mon opinion. Je commencerai donc par le petit baromètre marin inventé par le Doéteur Hook au commencement de ce fiècle. Cet inftrument, tombé dans un oubli prefque total , méritoir, il eft vrai, un meilleur fort, d'autant mieux que plufieurs Navigateurs de réputation en ‘ont tiré de grands avantages, en l'employant à bord de leurs vaifleaux , pour connoître d’avance l'approche des orages & des tempêtes, lors même que cet inftrument n'étoit pas dans l’état de perfection où il eft aujourd'hui, 209. Ce baromètre confifte dans un manomètre placé à côté d'un thermomètre, Les expanfions de l'air renfermé dans le manomètre caufées par la chaleur de latmofphère , tandis que fa pefanteur fe trouve à une hauteur connue, y font marquées par les mêmes nombres des degrés du thermomètre, Ainfi , toutes les autres différences de la pefanteur de l’at- mofphère qu’on obferve dans la fuite, doivent faire monter ou defcendre lemanomètre au-delà du degré qui correfpond à celui montré par le thermomètre, Je vais donner la defcription de cet inftrument avec les corrections que l’on a faites en Angleterre au manomètre, & auxquelles je viens d'ajouter un nouvel avantage , celui de le rendre portable. [1 n'y a qu'à comparer cet inftrument avec celui décrit par le Doéteur Défa- guilliers dans fon Cours de Philofophie, dont M. Deluc avoue néanmoins Futilité pour les obfervations fur mer (n°, 61 de fon Ouvrage fur les Modifications de LArmofphère ) & Von fera convaincu que celui-ci eft infini- ment fupérieur, 210. Soit FLNK, fig. 14, un thermomètre de mercure d'environ 1? ou 15 pouces en lonoueur. La boule K peut être recourbée en arrière Cf l’on veut) & refter cachée ertre le faux fond du châflis. L'échelle LN de ce thermomètre doit être graduée pour le moins depuis la glace (32°. de Fahrenheit) jufqu'à la plus grande chaleur de l’été, ou même jufqu'au degré de 90 de la même échelle. Voyez le n°. 66 , fur La pofition du bout de la tige du thermomètre. 211. Le manomètre eft compofé de deux tuyaux AC & BD: le 272 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, premier a une boule À qui peut être également recourbée & cachée pat- derrière le faux fond. Ce tuyau eft étroit, & du même calibre que l’autre B D. Tous les deux font cimentés (n°. 159) à deux embouchures coniques de bois dur, qui communiquent avec le réfervoir E, dont Le robinet C peut empêcher la communication avec le tuyau A C lorfqu'on le tourne en bas , ceft-à-dire , dans la poftion contraire, repréfentée par des points. Le tuyau BD communique toujours avec le réfervoir; mais il y a une embouchure d'ivoire ou de bois dur, en forme d’en- tonnoir en B , qui peut être fermée à volonté avec un bouchon de la même matière. Il y a une échelle fixe qui règne tout le long entre ces deux tuyaux, qu'on doit divifer comme je vais le dire, & une autre échelle MS qui eft mobile dans la rainure AC : celle-ci eft de trois pouces, divifée en dixièmes , & marquée par les n°, 34, 30, 29 & 28. 212. Le réfervoir EË a un fac de peau qui ef fitué latéralement, & qui peut être pouilé vers E en tournant la clef G. La boule A doit être d’une grandeur telle, que l'air contenu dans fa capacité à la température de la glace, ne puifle avoir une expanfion plus grande que la capacité de fon tuyau NC, au moins d'environ trois pouces. On remplit donc le tuyau avec du mercure, tandis que le thermomètre eft à 32°, laiflant la boule À pleine d'air ; on en met aflez dans le réfervoir E , en forte que tour- nant la clef G, il puiffe monter dans le tuyau BD , jufques vis-à-vis la furface du mercure en N, ayant toujours le robinet ouvert pour qu'il communique avec le réfervoir. 213. On fait changer graduellement la température de la chambre, ou de la boîte où l'on fait l'opération ; marquant fur l'échelle XZ qui eft entre les tuyaux NC & BC, les mêmes degrés donnés par le thermo- mètre KF, & ayant foin de tourner la clef G , en forte que le mercure en BD foit toujours à la même hauteur de celui qui eft dans l’autre tuyau NC, parce que fans cette circonftance , il y aura de l'erreur dans la vraie expanfion que l'on croiroit être caufée par la chaleur dans le ma- nomètre. Après avoir divifé la grande échelle XZ, entre les deux tuyaux NC & BD, on doit mettre un index ou aiguille T dans l'échelle mo- bile MS, exactement au même pouce, & dixième ou centième de pouce où fe trouve le baromètre fimple, tandis qu’on fait l’opération dent on vient de parler. 214 Le châffis de cet inftrument doit être garni d'un verre en forme de porte, pour pouvoir l'obferver fans que l'haleine de l'Obfervateur puifle caufer aucune variation dans le manomètre. C'eft par cette raifon qu'on laifle au dehors la clef G, & qu’on en pratique une autre H pour haufler & baifler l'échelle MS, fans ouvrir la porte qui renferme l'inftrument, Voici à préfent la manière de faire des obfervations. 1°. Tournez la clef G, jufqu'à ce que le mercure dans les deux tuyaux NC & BD foit précifémenc à la même hauteur, 2°. Examinez le degré du thermomètre dans l'échelle IN, de. 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 EN. 3°. Faites mouvoir par l'anneau H l'échelle MS, jufqu'à ce que l'ai- guille T foit is-à-vis le même degré dans l'échelle XZ du manomètre, g°. Si l'aiguille T coïncide exactement avec la furface du mercure du manomètre , c'eft une marque que la pefanteur ou preflion de l'atmofphère eft la même que celle où cet inftrument fut conftruic , qui eft celle où l'aiguille fe trouve placée dans cette échelle ; autrement la différence réelle de cette preflion paroîtra par les pouces & parties de pouce de cette échelle MS, vis-à-vis lefquels le mercure fe trouvera pour lors, 215$. Enfin lorfqu'il s'agit de tranfporter cet inftrument d'un endroit à un autre quelconque , il n'y a qu'à tourner en bas le robinet C, pour que l'air qui eft dans Le tuyau NC ne puille s'échapper; & pouffer le mer- cure du réfervoir E , jufqu'à peu de diftance de l'embouchure B par le moyen de la clef G. On le bouchera avec le bouchon qui lui appartient, & l'inftrument ne pourra point être dérangé dans fon tranfport, pourvu que le robinet C foit aufli bien arrangé qu'il le faut. M. Adams, Artifte très-intelligent de Londres , vient d’entreprendre la conftruction de ces inftrumens , telle que je viens de la décrire ; 8 je me flatte qu'on les adoptera déformais avec grand avantage pour les ufages de mer, 216. Nota benè, Pour ce qui regarde le mouvement caufé par Le tan- gage dans le mercure de ces petits baromètres maris, il n’eft jamaisfort confidérable ; & en y appliquant ce que j'ai dir n°. 200. , on reconnoi- tra fans difficulté la variation qui y eft caufée par la pefanteur de l’atmof- phère. Si le propriétaire de chacun de ces baromètres avoit l'attention de marquer fur une échelle avec un crayon la hauteur du mercure lorf- qu'il l'obferve durant quelque orage ou tempête , cette marque ferviroit à J'avertir avec plés de vérité des approches du danger. La fin dans le Mois prochain. FENADE SL EXT R ALT + Du fecond Volume de l'Ouvrage de M. l'Abbé SPar LANZANTI, Te Differtation fur La generation de diverfes Plantes. use Naturaliftes fe font formé différens {yftémes fur la génération des plantes : les uns veulent que les embryons préexiftent dans l'ovaire; d'au- tres qu'ils appartiennent à la poufière des étamines; d’autres enfin, qu'ils s’engendrent dans l'ovaire par la combinaifon des principes fécondateurs Tome XIX, Part. I, 1782. AVRIL, Nan 274 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la partie mäle & de la partie femelle. M. Spallanzani , qui vouloit éclaircir cette matière obfcure, a cru devoir commencer pamétudier à fond l'ovaire des plantes; il l'a donc obfervé dans trois états différens : 1°. avant la fécondation, ou lorfque les fleurs font encore fermées; 2°, dans le moment où elle s'exécute lorfque la corolle eft ouverte; & 3°. après cette époque, lorfque les pétales font tombés. Ses premières obfervations ont été faites fur l’efpèce de genêr que Lin- nœus appelle /partium junceum , dont les fleurs ont cet avantage , qu'elles ne fe développent pas toutes à-la-fois; on trouve fur la même branche des boutons déjà épanouis , & d’autres fort éloignés de l'être. En ouvrant ceux-ci délicatement, on diftingue les pétales repliés fur eux-mêmes, qui entourent les organes de la génération ; les anthères font déjà couvertes de -pouflière : mais cette poullière n’eft point dans l'état de maturité ; elle eft comme collée fur le fommet des étamines au moyen d’une matière vifqueufe. Le piftil encore tendre s'élève verticalement ; fa bafe fe ter- : mine par une filique qui eft proprement l'ovaire, & qui eft déjà formée , mais qui n’a de longueur qu’ = de ligne. Cette filique eft remplie de pe- tits grains ronds logés dans autant d’enfoncemens particuliers, & retenus par une efpèce de pédicule. Ce font les femences futures : mais elles ne fonc point encore compofées d’une enveloppe extérieure & d’un noyau inté- tieur réfultant de deux lobes comme les femences.mures; elles ne repré- fentent qu'un tout de fubftance fimilaire fpongieufe, aflez reflemblante à une gelée légèrement raffermie. Ces fenrences’exiftent donc dans l'ovaire plus de vingt jours avant que la fleur s'épanouifle ; OU,ce qui revient au même, avant la fécondation; car des boutons de la même groffeur attachés à une autre branche, & laiffés à eux-mêmes , ne fe développent que le vingt-cinquième jour. Peu de temps avant l’'épanouiflement , toutes les parties fexuelles de [a fleur font plus grofles & plus aifées à diftinguer : mais les femences ne laiflent voir encore ni lobes, ni la petite plante ; elles font comme aupa- ravant fpongieufes , verdatres, & en apparence homogènes. Cependant comme ces lobes & la plantule fe montrent lorfque la filique eft mûre, il falloit en conclure qu'avec le temps ils fe forment, ou du moins deviennent viñbles; de là naïfloit l'obligation de fe rendre attentif au momentde leur apparition. #7 L’Auteur entreprit donc d’obferver aflidument la filique après la chûte des pétales, — Pendant les cinquante premiers jours qui {uivent leur chüte, il n'apperçut aucun changement: mais le cinquante-cinquième jour il vit ue les femences prenoient la forme d’un cœur , dont la bafe reftoit atta- chée à la filique par un petit appendice , & dont la pointe laiffoit pa- roître un point blanc mobile lorfqu'on la preffoit entre deux doigts ; & on reconnoifloit en l'ouvrant longitudinalement, que c’éroit une petite cavité pleine d’une goutte de liqueur mobile. Au vingt-unième jour cette He SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 275 cavité avoit pris beaucoup d’accroiflement, & s'étoit avancée vers la bafe du cœur. Au vingt-cinquième, elle étoit plus grande encore , & montroit un petit corps bleu , gélatineux , à demi tranfparent, attaché par fes deux bouts aux parois de la cavité. Au trentième, la femence n'avoit plus la forme d’un cœur, mais celie d’un rein ; le petit corps contenu dans la cavité étoit plus grand, moins diaphane , moins gélatineux ; mais nulle apparence encore d’organifation. Au quarantième , le petit corps étoit enveloppé d’une membrane fubtile un peu vifqueufe, & il remplifloit toute la cavité ; on pouvoit le divifer facilement en deux portions qu'on recon- noifloit pour être les lobes , & entre eux on appercevoit la plantule fixée dans cette poftion. Ces lobes & leur membrane fubtile étoient entourés d'une efpèce de peau, qui formoit la partie extérieure de la femence. Ces obfervations nous apprennent :« 1°. que les femences de ce /partium exif- » tent dans l'ovaire plufieurs jours avant la fécondation ; 2°. qu'elles ref » tent quelque temps fans apparence d’organifation , puifqu'il fe forme » dans leur intérieur une cavité pleine de liquide ; 3°. qu'après la fécon- » dation l’on voit paroître dans cette cavité un petit corps attaché à fes » parois, qui groflit tous les jours & enfin montre les deux lobes & la » plantule qu'ils renfermoient ; 4°. que Ja femence parvenue à la matu- » rité eft compofée de ces deux lobes , enveloppés d’une membrane fub- » tile, laquelle eft recouverte par une furpeau ». Les embryons ne fe manifeftent donc qu'après la chüte des fleurs, & par conféquent après la fécondation , quoique les petites femences, ou pourmieux dire leurs enveloppes, apparoiflent aflez long-temps auparavant, L'Auteur a fuivi le développement des femences de fèves , de pois & de haricots, avec la même patience, & a obfervé précifément les mêmes chofes : ces réfultats paroiflent contraires à ceux que lui ont fourni fes obfervations fur les amphibies, dont les fœtus font vifibles avant la fé- condation ; mais avant de prononcer fur la réalité de ces différences , il faut voir & revoir tous ces faits, & multiplier à l'infini les expériences. Les fleurs du Raphanus Sativus, du Cicer Arietinum , de V'Ixia Chinen- JE ; du Cucurbita Pepo , préfentent à l'obfervateur le même ordre de déve- loppement, & conféquemment la même conclufon. Je ne puis entrer dans tous ces détails; les defcriptions ne peuvent pas trop s'abréger: je noterai feulement les principales différences. Les fleurs femelles de l’efpèce de courge, appellée Cucurbita Pepo, ont offert quelques faits nouveaux : les boutons encore petits laiffent voir Les femences qu'ils renferment, & ces femences ne font pas compofées d’une fubftances homogène comme celles des autres plantes, mais de deux fubftances, une écorce &un noyau qui tiennent peu l’un à l’autre; car s’il {e fait quelque fente à l'écorce, & qu'on comprime la femence entre les doiots , fon noyau s'échappe comme feroit celui d'une cerife dans les mêmes circonftances ; il a en petit la forme d'une poire avec fon pédicule , & il a routes les apparences des lobes avec leur Tome XIX , Part. 1,1782, AVRI L. Na2z 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plantule : en forte qu'ici la petite plante fembleroit être vifible avant fa fécondation. Cependant comme dans les femences müres de toutes les autres fleurs le noyau fe partage en deux lobes , quelquefois même en quatre, & que celui des femences de courge ne pouvoit point fe divifer, mais faifoit un feul tout ; l’Auteur comprit qu'il ne falloit pas fe prefler de décider, mais plutôt continuer l'obfervation. 11 examina donc des bou- tons plus avancés , & dans ceux-ci il trouva que l'écorce s’étoit fortement attachée au noyau , & étoit compofée elle-même de trois membranes diftinctes : la première qui eft la plus extérieure étoit très-fine, & pouvoit s'appeler l'épiderme de la femence ; la feconde plus épaifle, plus dure , tenoit à la troifième qui avoit aflez de confiftance, & enveloppoit im- médiatement Le noyau. Vingt-cinq jours après la chüte des pétales, le noyau fembloit s'être perdu : à fa place on diftinguoit un petit fac men- braneux terminé par un bec attaché aux parties intérieures de la femence; ce fac étoir plein de liqueur &’compofé de deux membranes : en ouvranc ces membranes on trouvoit un petit corps mucilagineux nageant dans la liqueur, qui fe rompoit à la plus légère compreflion, & qui examiné au microfcope préfentoit un tiflu de mailles , ce qui prouve quil étoic organifé, Cinq ou fix jours après, l'Auteur trouva le petit corps mucilagineux contenu dans le fac membraneux affez grand ; & la où la femence fe ter- mine en pointe , il découvrit une particule folide & blanche faite en cône, qu'il put reconnoitre pour le germe ou la plantule en miniature ; à cette plantule reftoient attachés les deux-lobes qui étoient blancs, plus grands qu’elle, & au milieu d'eux gifloit le corps mucilagineux qui s’eriracinoit avec la petite plante, Il eft aifé maintenant de deviner les progrès ultérieurs de cette femence; le corps mucilagineux acquerra plus d’extenfion:, la plantule croîtra auffi , & les deux lobes viendront à occuper toute la capa- cité de la femence. On juge par cette defcription détaillée , combien M. Spallanzani fe feroit trompé, sil avoit perfifté à croire que le noyau qu'il appercevoit dans la fleur avant la fécondation étoit la réunion des lobes & de la plantule, puifque ces lobes & cette plantule ne paroiffent qu'un mois après la fécondation, Comme le réfulrat de ces obfervations étoit parfaitement d'accord avec celui qu'a obtenu M, Duhamel de l'examen du germe dans les fleurs des fruits à noyau, on ne pouvoit pas dôuter de leur juftefle, & cet enfemble de faits pouvoit déjà fe prêter au raifonnement. L’Auteur fe demanda d'abord lequel des trois fyftèmes fur la génération des plantes quadroit le mieux avec les phénomènes qu'on vient de rapporter; & il fentir que fi on fe contentoit des apparences , on croiroit plus vraifemblable que les embryons des plantes pañlent aux ovaires dans la fécondation par le moyen de la pouf fière des éramines, car ces embryons ne s'étant jamais montrés dans l'ovaire qu'après l’action de la pouflière des étamines , il en réfultoit qu'ils dépen- s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 277 dent direétement de cette action : l'on pouvoit alors fuppofer que les embryons préexiftoient dans cette pouflière , & qu'ils s'infinuent dans l'o- vaire au moment de la fécondation, Ce fyftéme ne fatisfait point l'efprit; cependant il n’a rien d'impoflible, M. Spallanzani entreprit de le confirmer ou de le détruire par quelque moyen décifif. D'abord, fe dit-il à lui-même , fi les embryons préexiftent dans la pouflière des étamines , il fe pourroit qu'on les y découvrit avec de bons microfcopes ; & dès-lors il fe mir à examiner Ces Organes avec une grande attention: mais il ne trouva rien à l'extérieur des globules des éramines, qui reffemblat à ce qu'il cherchoit, & dans leur intérieur il ne diftingua que cette vapeur oléagineufe que tous les Naturaliftes connoiffent, & rien de plus : en forte qu’il renonça abfolument à fe procurer la connoiflance intuitive de ces embryons dans le cas où ils feroient cachés dans la pouflière"des étamines. Mais il lui reftoit encore une reflource ; c’étoit de voir fi en empêchant l’attion de la potflière des étamines fur le piftit, les embryons fe développeroient également dans l'ovaire , car il eit évident que fi le développement avoit lieu les embryons n’appartiennent qu'à l'ovaire, & point aux étarnines, Cette idée occafonna plufieurs expériences , fur lefquelles voici quelques détails. Les fleurs de la petite efpèce de bafilic qu'on élève ordinairement dans des vafes font hermaphrodites , chacune à quatre étamines & un piftil. Ces organes font déjà vifbles douze jours avant que la leur ne s'épanouifle , & dans ce temps on découvre aufli les femences de l’ovaire au nombre de quatre. Peu de jours avant que la fleur s’ouvrit , l'Auteur coupa les quatre anthères des étamines ; & comme la pouflière de ces organes eft très-volatile, & fe porte au loin, ilne laiffa fur la plante qu'il obfervoit que les fleurs qu'il avoit mutilées, & retrancha toutes les autres afin que leur pouflière ne nuisit point à fes réfultats ; il eut foin encore de tenir ce bafilic pendant tout le temps de lexpérience , dans un lieu au voifinage duquel il n’y avoit aucune plante de cette efpèce, Malgré toutes ces pré- cautions les femences des fleurs mutilées fe développèrent & mürirent à l'ordinaire, comme fi elles avoient été réellement fécondées ; en forte que la privation des étamines ne parut leur apporter aucun préjudice quel- conque. Ce fuccès fingulier fit naître quelques doutes dans l'efprit de l’Auteur. Comme l'opération eft affez délicate , il craignit qu'au moment oùil avoit coupé les anthères il ne fe für répandu quelques grains de pouflière fur le piftil ; d’ailleurs il penfa qu'il falloit faire l’amputation plutôt. Îl fe déter- mina donc à répéter l'expérience, & l’exécuta fur quatre-vingt-deux bou- tons de fleurs aflez éloignés de l’époque de leur épanouiflement. Cette nouvelle précaution rendit le réfultat un peu différent. Prefque un tiers de ces boutons mutilés, périrent avant La maturité des femences ; dans d’au- tres, elles reftèrent petites & mal conformées, Il n'y eut guères que vingt- cinq boutons , dont les femences acquirent le volume & la maturité ordi- _ 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, naires. On les difféqua, & on leur trouva effectivement des lobes & une plantule qui ne différoient point des lobes & de la plantule qu’on décou- vre dans les femences fécondées. Cetre analyfe anatomique r’avoit été inf- tituée que fur douze d’entrelles; les treize autres furent femées en terre , mais elles n'y germèrent point. On pouvoit tirer de-là cette conféquence directe , que le fuccès du développement des embryons dépend en grande partie de l'action fécondatrice de la pouflière des étamines, mais que néanmoins elle n'eft ni le véhicule , ni l’auteur de ces embryons. Les fleurs de l'Hybiftus Syriacus, foumifes à la même épreuve, préfen- tèrent les mêmes réfultats. Il falloit enfuite expérimenter fur les efpèces de plantes qui ont leurs fleurs males & leurs Aeurs fémelles féparées fur le même individu. M. Spallanzani choifit la Cucurbita melopepo, fruëtu clypeiformi ; il sen pro- cura la graine, la fema, & eut foin de féparer tous les boutons des fleurs mâles à mefure qu'ils commençoient à paroître; il ne laïiffa fur chaque fujet que deux fleurs femelles, pour que les fruits profitaffent davantage. Le réfulrat fut que ces Aeurs , quoique privées de l'influence de la pouffière male , fe développèrent très-bien ; Les fruits groffirent & murirent dans le temps ordinaire; les femences qu'ils renfermoient fe trouvoient bien conf- tituées, & ce qu'il y a d’affez fingulier, c'eft que placées en terre , elles germèrent toutes fans aucun accident. L’obfervation fut pouflée plus loin encore : pour être für que des femences font fécondes, il ne fuffit pas que placées en terre elles germent & produifent des plantes du même genre; il faut encore qu'il en naïfle des femences fécondes : l'Auteur éleva donc foigneufement cette feconde génération de cucurbita melopepo , re- trancha toutes les fleurs males, recueillit les graines qui provinrent des fleurs femelles , les fema en-terre, & les trouva aufli fécondes que les premières. Voilà donc une efpèce de plante dans laquelle il eft bien sûr que la fructification ne dépend aucunement de la pouflière des étamines ; je dis bien sûr, car on ne peut point foupçonner ici qu'il foit arrivé de la poufière fécondante fur les fleurs femelles que Auteur obfervoit, parce que cette plante eft fort rare, & qu'il n'y en avoit pas une feule dans les environs de l'endroit où il opéroit. Les fleurs de l'efpèce de courge commune appellée cucurbita trullus, font également fécondes , malgré l’'amputation des fleurs mâles, Comme cette efpèce eft beaucoup plus répandue que l’autre, & qu'on pouvoit craindre que les pouflières des éramines difféminées dans l'air n’arrivaffent aux fleurs fémelles & ne les fécondaflent , l’ Auteur prit le parti de les enfermer dans de grandes cloches de verre, dont il luta les bords; maloré cette précaution, ces femences fe développèrent , & acquirent la faculté de germer en terre. Je viens maintenant aux expériences {ur la génération des plantes à individus mâles & à individus fémelles, comme le chanvre, l’épinard des F4 \ » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 279 jardins, la mercurielle. M. Spallanzani avoit déjà, dès l’année 1767, quel- ques obfervarions ifolées fur des pieds de chanvre femelles qui avoient produit des graines fécondes fans aucune communication avec des indivi- dus mâles de la même efpèce: mais comme il n'avoit pas fuivi cette ob- fervation , il a entrepris depuis Lors des expériences plus directes. — Il a femé une certaine quantité de grains de chanvre; & quand ils ont levé, & qu'il a pu diftinguer les individus mâles des individus femelles, il a jetté ceux-là, & enfermé ces derniers dans des cloches de verre, dont il a luté les bords exaétement, en forte qu'il ne pouvoit y avoir aucune communication entre l'air extérieur & celui de l’intérieur du récipient; il s'eft même afluré par un artifice ingénieux , de exactitude avec laquelle toute communication étoit. interdite. Il a introduit un tuyau de verre recourbé dans la cloche , & l’a couvert de maftic à l'endroit où le luc étoit arrangé; puis ayant fucé par l'extrémité de ce tube une petite quan- tité d'air, il a plongé tout de fuite cette même extrémité dans l’eau: en vertu de la raréfaction qu'il a occafionnée, le liquide s'eft élevé de quel- ques pouces dans le tube, & eft refté conftamment à la même hauteur pendant tout le cours de l'expérience ; preuve certaine qu'il ne s’y eft pas infinué une feule particule d'air, & par conféquent pasiun feul globule de cette pouflière d'étamines difléminée dans l'atmofphère. Néanmoins les individus de chanvre emprifonnés ont continué à croître ; leurs fleurs fe font épanouies , leurs femences fe font développées , & font parvenues à une pleine maturité; il les a femées, & elles ont germé comme fi elles euflent été fécondées. Nouvelle démontftration de l'inutilité des étamines pour la fécondation du chanvre. Cependant l’Auteur réfiftoit encore à tirer cette conclufon; il n'étoit pas impoflible que comme la poullière fécon- dante de cette plante eft très-abondante & très-volatile, elle ne refte diflé- minée aflez long-temps dans l'air, & que par conféquent il ne s’en füt infinué quelques grains fous les cloches de verre pendant qu’on les arran- geoit, qu'on les lutoit fur les individus du chanvre, — Pour écarter ce doute fingulier , M. Spallanzani fema des grains de chanvre au mois de Novembre, éleva pendant tout l'hiver les plantes qui en provinrent, & au printemps les plaça fur fa fenêtre , où elles continuèrent à croître; il avoit eu foin de jetter les individus males; les fleurs femelles s'épanouirene plus d’un mois avant que le chanvre femé dans la campagne feurit: ainfi il n’y avoit point à craindre qu'il arrivât ici des pouflières d’étamines qui puflent déranger les réfultats; cependant ces leurs produifirent des femences fécondes. Les épinards des jardins ont préfenté des mêmes phénomènes ; leurs fleurs femelles ont produit des femences fécondes, quoiqu'’elles aient été enfermées pendant tout le temps de l'expérience dans les cloches de verre lutées avec beaucoup de foin. Mais les pieds de mercurielle (mercurialis annua ) ont donné des ré.. 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fultats oppofés : les individus femelles de cette efpèce ayant été élevés pendant le temps de leur accroiffement fur une fenêtre fort éloignée de tout lieu où il pouvoit y avoir des individus mâles, leurs Aeurs fe font épanouies comme à l'ordinaire, mais n’ont pas noué; il y en a eu feule- ment deux ou trois qui ont produit quelques femencessmal conformées, & incapables de germer en terre. Pour s’aflurer que cette ftérilité venoitg de la privation des individus mâles, l’Auteur répéta fon expérience, en ayant foin au temps de la floraifon de mettre des individus mâles à une petite diftance des individus femelles, & il eut le plailir de conftater l'avantage de cette approximation; les fleurs femelles roduifirent un affez bon nombre de femences fécondes. Dans une autre expérience il appro- cha plus encore les individus mâles & femelles, & alors toutes les {- mences de ceux-ci furent fécondes. — La pouflière des étamines eft donc abfolument néceflaire pour la fécordation de cette efpèce de plante. M. Spallanzani a placé fes réflexions fur tous ces faits dans le der- nier chapitre de cette differtation, — Malgré les phénomènes que préfente la mercurielle, nous devons, dit-il, regarder comme une vérité aflurée, que dans un grand nombre de plantes, les embryons fe développent, & les femences fe forment fans la participation de la pouflière des étamines; & comme il ny a point de véritable génération dans les règnes orga- niques, que tout ce qui eft préexiftoit au développement, nous devons conclure que les plantes dont les femences ne fe forment pas fans la par- ticipation de la pouñière des étamines, ne reftent ftériles que parce qu'il leur manque la condition néceflaire pour le développement des embryons, de même que les œufs des amphibies non fécondés reftent ftériles, quoique préexiftants dans l’ovaire, Une autre conféquence de ces faits, c'eft que les embryons n’appartiennent point à la poullière des étamines, ils appar- tiennent donc à l'ovaire qui eft leur fièse naturel. Enfin, une troifième conféquence également importante, c’eft que l'embryon n'eft pas le réful- tat de deux principes, l'un dépendant de la pouflière des étamines, l’autre des piltils, car une multitude de femences font fécondes malgré l’am- putation des parties fexuelles mâles. Mais eft-il bien sûr que l'embryon déjà tout formé & non développé préexifte dans l’ovaire ? & ne pourroit-on point fuppofer qu'il fe forme journellement par l'addition des fucs que lui fournit la plante? M. de Buffon adopteroit fans doute cette derniere fuppofñition; s'il avoit fait les mêmes obfervations que l’Auteur fur le développement des femences , il ne douteroit pas que les différentes phafes fous lefquelles elles fe montrent ne fuflent des preuves d'une formation fucceflive ; accoutumé à argumen- ter de l'invifbilité à la non exiftence, il perffteroit à nier un embryon tout formé, parce qu’il ne Le diftingueroit pas. D’autres Philofophes qui confultent moins leur imagination, ne parviendroit jamais à comprendre comment un corps non organifé & informe peut s'organifer par les feules loix SUR L'HIST. NATURELLE ŒTILES ARTS. 28% loix de la mécanique ; ils fe rappelleront toujours que le poulet qui préexifle bien fixément à la fécondation ne montre rien d'organifé dans les premières heures de l'incubation; qu'il en eft de même des fœtus des amphibies : lexiftence de leur peau, antérieure à la fécondation, ne permet pas de douter que toutes leurs autres parties ne pré-xiftent aufli; cepen- dant l’on n’en diftingue encore aucune avant la fécondation, ni même quelque temps après cette époque. Pourquoi n’en feroit-il pas de même de l'embryon végétal ? ne peut-il pas être organifé, quoiqu'il ne le paroifle poinc ? Mais il y a plus: on peut, par un procédé particulier, démontrer qu'il eft déjà organifé , quoiqu'il ne le paroïfle point. Si on examine les femences fécondées au moment où le point gélatineux commence à fe montrer dans la liqueur de la cavité, & qu'on l'obferve avec un bon microfcope , on ne dftinguera rien encore qui ait aucune apparence or= ganique : mais fi dans cet état des chofes, on fait bouillir quelques mo- ments ces mêmes femences, alors tout fera changé, le point gélatineux aura plus de confiftence ; il fera facile de le divifer en deux portions égales, au milieu defquelles on trouvera un petit atôme terminé en pointe, qu’on reconnoîtra pour la plantule logée entre Les deux lobes. Fout cela paroîtra plus diftinét au microfcope. Ainfi donc Le point gélatineux éroir réellement organifé , avant qu’il parüt l'être. La feule action de la cha- leur peut donc rendre vifible l'embryon plufieurs jours avant le temps où on le diftingue , lorfqu'il ne fe développe que par les feules forces de la nature. On objectera peut-être que comme l'embryon paroît ifolé dans la li- queur. où il nage , il n’a aucune dépendance avec les parties environnantes, & qu’il pourroit n'être que le réfultat de la liqueur qu'il habite. L'Auteur répond que quoique l'embryon fe foit montré fouvent ifolé, il a vu auf plufieurs fois les liens qui luniffent aux parois de la cavité, fous la forme d’une toile mucilagineufe , qui eft probablement un aggrégat de vaiffeaux nutritifs, analogue au cordon ombilical des animaux. Si donc ces or- ganes lui ont échappé dans quelques obfervations, ce n’eft point une preuve qu’ils n’exiftent pas, mais une preuve de leur tranfparence ou de leur petiteffe. On a dit plus haut que, lorfque les fœtus du crapaud puart nagent encore dans la liqueur de l'amnios, l’on ne diftingue point de cordon ombilical : cependant il eft erès-sûr qu'il exifte. « Ainfi donc, après avoir prouvé que c’eft fans fondement qu'on attri: » buoit l'exiftence de l'embryon à une formation mécanique dans l'ovaire » des plantes, & fachant d'ailleurs qu'il eft indépendant de la pouflière » des étamines , il ne nous refte qu'à tirer cette conclufon légitime, qu'il » préexifte dans l’ovaire. Nous avons d’ailleurs un argument très-fort en >» faveur de cette préexiftence, dans la communiçation phvfique de l'em- » bryon avec la femence, moyennant les liens & les vaifleaux dont on », a parlé. L'embryon & la femence ne compofent donc qu'un feul tout Tome XIX, Part. I, 1782, AVRIL, Oo 282 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » organique; & puifque fuivant toutes mes obfervations les femences » préexiftent dans l’ovaire, & sy laiflent voir long-temps avant l’épa- » nouiflement des fleurs, je ne vois pas pourquoi l’on ne diroit pas la æ même chofe des embryons » ? Dans un autre endroit l’Auteur s'exprime ün peu différemment. « Je n'ofe pas, dit-il, affirmer que les embryons » de toutes les plantes préexiftent dans l'ovaire à la fécondation, ce juge- # ment feroit précipité; nous avons mille exemples que la nature varie > dans fes opérations, quoiqu'elles aient la même fin. Je dis feulement » que tant qu'on ne nous donnera aucune démonftration du contraire, # nous avons droit de perfévérer dans cette opinion ». On prévoit bien que M. Spallanzani n’a rien négligé pour mettre dans tout fon jour la préexiftence de l'embryon; il a donc foumis des femences non fécondées à l'épreuve de l'ébullition , comme il Pavoit fait pour les femences fécondées : mais le réfultat a été différent; quoique la gelée fe foit un peu raffermie, l'embryon n'eft pas devenu vifble. On n’a pas mieux téufi dans les infufions colorées. Le bafilic & la mercurielle ne produifent que des femences ftériles, lorfqu'on les prive de la poullière de étamines ; il faut donc les ajouter à la nombreule claffe des plantes, dont la fécondation ne peut s’opérer que par les étamines. Ici l'Auteur rapporte Pobfervation de MM. Juffieu & Duhamel fur un arbre de terébinthe femelle, qui ne produifit pendant Fang-temps que des femences infécondes , & qu'ils parvinrent à faire fruc- tifier utilement , en en approchant pendant la floraifon un arbre de téré- binthe mâle. I1 parle aufli d'une belle obfervation de M. Gleditfch {ur un almier femelle, qu'on élevoit depuis 80 ans dans le jardin Royal de Berlin. & qui n'avoit jamais porté de fruits, parce que dans fon voifinage il n'y avoit point de palmier mâle, Ce célèbre Naturalifte ne pouvant oint avoir l'arbre lui-même , imagina de faire venir une certaine quan- tité de la pouflière de fes étamines, & la fema fur les Aeurs femelles de fon palmier. Le fuccès couronna fon œuvre ; les fleurs fécondées p'odui- firent des fruits, dans lefquels étoient des femences fécondes. Notez que la pouflière qu'il employa avoit 9 jours de date au moment de l'opération. M. Spallanzani avoue qu'il n’a point penfé à répéter cette expérience fur fa mercurielle : mais il ne doute point qu’elle ne réufsit ; il exhorte fort les Naturaliftes à la tenter, & il leur indique plufieurs obfervations à faire à cet égard , crmme par exemple de chercher quelle eft la partie vraiment fécondante de la pouflière des étamines. Les Botaniftes font divifés {ur ce point : les uns veulent que les globules de la pouflière aient eux- mêmes la vertu prolifique; d'autres {outiennent qu'elle n'a été accordée qu'à la vapeur fubtile qu'ils renferment , &c ils regardent cette vapeur comme un efprit viral, dont les grains de pouffière font le véhicule. Il ne feroic pas impoñible d'apprécier, par des expériences directes , la folidité relative de ces deux fuppoltions:on pourroit, par exemple, raflembler une ” SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 283 certaine quantité de grains de pouflière des étamines , les faire crever dans l'eau, tenir cette eau expofée à l'air pendant quelques jours, puis s’en fervir pour arrofer les piftils de la mercurielle au moment de La floraifon; car fi alors la fécondation ne s'effectuoit pas, il femble qu’on en pourroit conclure qu'elle ne s'exécute qu’au moyen de cette vapeur fubrile, laquelle s'eft déjà évaporée: fi au contraire la fécondation avoit lieu, il en feroit ici de même que du fperme des animaux, qui n'eft pas fécondant par fa partie la plus fubrile & la plus évaporable, mais plutôt par fa partie épaifle & fixe. . M. Adanfon prétend que , pour obtenir la fécondation des plantes , il fuit que le plus petit corpufcule de pouflière des étamines vienne à tomber fur le ftigmate da piftil. Ce feroit un nouveau rapport avec Les animaux ; car nous avons vu qu'une portion de fperme infiniment petite fufit à fé- conder les fœtus de quelques amphibies, Mais M. Adanfon n’a point fait d'expérience fur ce fujet; ce n'eft qu'une fuppoñition, Un autre trait de reflemblance des plantes & des animaux bien plus afluré, c'eft le privi- lége qu'ont reçu les parties fécondantes des uns & des autres, de con- ferver leur vertu quelque temps après avoir été tirées de leurs récepracles naturels. L’Auteur nous a appris ce qu’il avoit obfervé à cet égard fur la femence de quelques amphibies , & nous favons par l'expérience de M. Gleditfch , que la pouflière du palmier eft encore prolifique neuf jours après avoir été tirée de l'arbre qui la produit. M. Adanion ne penfe pas avec rous les Botaniftes , que dans la fécon- dation des plantes la pouflière des étamines s’introduife dans les canaux du piftil : il fe fonde fur ce qu'il a obfervé les piftils d’une foule de plantes ; qu’il n’a trouvé percés que ceux d’un très-petit nombre d’efpèces ; que la plupart des piftils font folides, & ne préfentent pas la moindre apparence de canal : il paroït plus difpofé à croire que l’efprit vital ren- fermé dans les globules de pouflière , doué d’une agilité égale à celle du fluide électrique, s'infinue dans les trachées qui terminent la furface du piftil, & de-là eft porté à l'ovaire. Notre Auteur n’a jamais beaucoup étudié la ftruéture du piftil; il en a cependant examiné au.microfcope un bon nombre :il les coupoiren petites portions, & les expofoit vertica- lement fur fon porte-objet ; puis nn attentivement la furface de la feétion : par ce moyen il s'eft afluré que plufeurs piftils étoient réelle- ment percés par un canal longitudinal, & que d'autres ne paroifloient point l'être; mais de ce qu'ils ne paroifloient pas l'être, il n'en conclut point qu'ils ne le font pas , comme l’a fait M. Adanfon, Au refte, cette conjecture fur l'utilité des trachées dans la fécondation peut avoir quelque fondement ; mais il faut confulter l'expérience : il faudroit chercher aufi s'il n'y a point d’autres parties, par lefquelles cette importante fonétion naturelle puifle s’effeétuer ; par exemple , fi les feuilles Tome XIX, Part. I,1782. AVRIL. Oo 2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, »’y ont aucune part, ou les pétales, comme l’écrivoit un jour M. Bonnet à l'Auteur, M. Spallanzani récapitule enfüite les faits que lui ont préfentéle chanvre, & différentes efpèces de courges qui ont produit des femences fécondes fans l'intervention de la pouflière des éramines; & il conclut que s'il y a des plantes dont la fruétiñcatior dépend de l'action de cette pouflière , il y en a d’autres dont la fécondation n’a pas befoin de ce fecours; & quoique nous n’en connoillions encore qu'un petit nombre qui ait certe prérogative, il n'eft pas douteux qu'il fe mutipliera à mefure qu'on ob- fervera davantage. L’Auteur fent bien que cette propofition mécontentera toute la clafle des Naruraliftes, qui ont affirmé d’un ton fententieux qu'il ne fe fafoit point de fécondation dans le règne végétal fans le concours des étanines, & qui ont bâti le fyftème fexuel des plantes fur cette loi qu'ils regardoient comme générale dans la nature. Mais il ne peut fe rendre à leur avis; les arguments qu'ils emploient ne lui paroiflent pas aflez forts. Si, comme le prétend Linnœæus, la pouflière des étamines ne fe répand fur le ftigmate qu'au moment où il s'ouvre, où il eft difpofé à recevoir l'influence de la poufière fécondante, ce n'eft pas une preuve décifive de la vertu prolifique d: cetre pouffière; car enfin, combien eft- il facile de fe tromper fur la prétendue difpofition du ftigmate à la rece- voir ! Et fi les fleurs de qu2lques plantes ne produifent point de femences fécondes , lorfqu'on coupe à remps leurs étamines, ce n'eft pas une forte preuve de Ja vertu prolifique de ces étamines; car il fe peut que fans ètre les organes mêmes de la fécondation, ils l'intéreffent néanmoins beaucoup, comme plufieurs autres parties des plantes dont l’amputation empêche la fru@ificirion. Le feul fait bien conftaté, qui prouveroit le fexualifme des végétaux, c’eft celui de la ftérilité des individus femelles qui vivent éloignés des individus mâles. Mais, comme il n'y a qu'un très- petit nombre de plantes de cette efpèce, & qu'au contraire il yen aun nombre immenfe de celles qui ne préfentent point le même phénomène, ce fe oit tirer une conclufion générale de quelques faits particuliers. Mérhode vicieufe ! M. Bonnet lavouoit lui-mêm: dans une de fes réponfes à Auteur, qui lui avoit fait part de: fes découvertes. æ Vos b-lles expériences me prouvent aflez, mon bon ami, que je » me trompois avec tous les Naturaliftes. Nous avons tous précipité notre jugement, & tiré une conclufion générale, de prénufles particu- » lières. Nous avions déduit la réceflité de l'intervention des pouilières, » des expériences exécutées fur différentes efpèces de plantes: & nous de- >» vions nous borner à dire qu'il fembloit réfulter de ces expériences que, » dans ces efpèces , l'intervention des pouflières étoit néceflaire à la fé- » condation =. Au refte, cette différence entre Les plantes, dont les unes fe fécondent t K SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 285 par le fecours des étamines, & dont d’autres font fécondes par elles- mêmes , fe retrouve également dans la claffe des animaux. Il y en a d'hermaphrodites au fens le plus étroit, puifqu'’ils fe fufhfent à eux-mêmes, comme les pucerons, les polypes, les animalcules des infufions ; & d’autres qui ont befoin du fecours des deux fexes , comme tous Les grands animaux. Enfin , une dernière réflexion de l'Auteur, & qui eft une nouvelle preuve de fa bonne logique ; c’eft que malgré les faits qui démontrent que dans certaines efpèces de végétaux les étamines font inutiles à la féconda- tion, il ne nie point que ces plantes ne puiflent être fécondées de quelqu’autre manière. Il ne feroit pas impoñlible qu'elles le fuflent par quelque principe féminal qui réfideroit dans le piftil même : ce léger foupçon lui vient de l’obfervation qu'il a faite d’une efpèce de pouflière ui fiégeoic fur le ftigmate du piftil de quelques plantes, avant que celle 4 éramines eût fa maturité. Kœlreuter l’avoit apperçu aufli, & croyoit s'être afluré que cette pouflière de ftigmate avoit un caractère analogue à celle des éramines; mais il n’avoit point fait d'expériences ultérieures fur ce fujet. On invite les Naturaliftes à s'en occuper, — On finit par quelques remarques générales fur les nomenclatures. Cet Ouvrage eft un modèle pour lart d’obferver. L’Auteur connoît toute la difficulté de cet art, & routes fes reflources, Son génie le porte aux nee , & il imagine toujours les plus décifives. On voir à chaque page des preuves de fon excellente logique, ce qui infpire une parfaite confiance en fes rélultats. — Quant au ftyle , il nous paroît fimple & clair ; peut-être y a-t-il trop de longueur dans les détails, Mais on a voulu mettre Le Lecteur à portée de vérifier lui-même toutes ces belles décou- vertes, EE LEE RE AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Sur Le Volcan de Marez dans les Cévennes; par M. CHAVPIx. R LEN de plus curieux qu’une contrée où l’on voit tout le défordre & toute la variété de la nature, Le Vivarais offre un fpeétacle des plus impofans , qui fatisfait la vue en effrayant l'imagination, Repréfentez-vous, 286 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Meffieurs, une valte étendue de pays hériffée de montagnes. On n'y voie que des pics fourcilleux, d’affreux précipices, pas la moindre petite plaine: les montagnes ne font féparées que par des torrens qui fe piécijitent & creufent leurs lits entr’elles. C’eft-là que brillent aux yeux du Naturalifte toutes Les richefles de la nature, préférables pour lui aux mines du Potofe. C’eft à cet afpect que doit s’enflammer l'imagination du Peintre, & que le Naturalifte et cranfporté de plaifir. J'ai parcouru ce pays admirable avec un charme inexprimable, J'y ai découvert les traces d'un volcan qui n’a été décrit par aucun des Auteurs qui ont donné l'Hiftoire Naturelle du Vivarais , & que je vais tâcher de vous faire connoître. Vous connoiflez aflez , Meflieurs , la longue chaine de montagnes qui s'étend des bords de la Méditerranée vers le nord de la France. Ces mon- tagnes rempliflent les Cévennes, forment le pays montagneux de Viva- rais, & fe prolongent dans Le Velai, le Forez, &c. C'eft fur la chaîne la plus élevée que fe trouve le volcan éteint de Marez, entre le Vivarais & le Velai, & fort près du Village de Coftoros, Le crarère eft un grand baffin régulier, affez profond, fur le bord duquel eftun chemin, Ce bañlin offte à l'Obfervateur les traces les plus évidentes & les plus variées de cette ancienne bouche volcanique. J'ai examiné, j'ai admiré plus d'une fois le fond de ce cratère, les parois & l'enfemble, J'ai trouvé dans ces antiques débris , des laves, des fchoerls produits par Veau, environnés de productions volcaniques , des granits altérés , des laves fpongieufes attirables à l'aimant, Des terres végétales couvrent cette abondante diverfité de fubitances. Le cratère eft ouvert du côté du levant. C'eft par-là que s'eft faite firruption du volcan & qu'il a jetté fes laves le long de la montagne ; & c'eft-là qu'on trouve ce qu'il y a de plus curieux dans cout l'appareil extérieur du volcan. Des laves bafaltiques font répandues du bord du cratère au loin dans les vallées, & difperfées dans la plaine. Cette fubf tance volcanique , qui a été fi bien définie par le plus grand des Natura: liftes, ferri coloris & duririei, & dont MM. Defmareft, Faujas de Saint- Fond & l'Abbé Soulavie ont donné l’hiftoire, eft , comme en Vivarais & en Auvergne, toute prifmatifée : quelquefois cependant elle s'offre en blocs irréguliers. Puiffiez-vous, MM. , agréer Le zèle qui m'a porté à vous faire connoitre un ancién volcan qui n'a été décrit par aucun Auteur, & qui peut fervir À l’hiftoire de ces contrées ; car ce volcan eft la continuation du fil qui lie .ceux du Vivarais à ceux du Velai! Je fuis, &c. J'e : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 287 er emmener vu | a er ne enera er ones S VIT E DES EXPÉRIENCES RELATIVES A L’ADHÉSION; S Par M. DuTouri1). Qt Ge Sur La part qu'ont féparément le calibre & l'amplitude des Tubes de verre, l'un fur l'afcenfion de l'eau, l'autre fur leur immerfion, produites fimul- canément par une même caufe. CLXIII. FX figure 14 repréfente une efpèce de cage formée de deux montants C, C, & de deux traverfes À , À : fur la traverfe fupérieure eft placée une portion de foliveau d’un bois un peu pefant D, garni d’un crochet S, long d’environ deux pouces , au bout duquel eft fufp:ndu le trébuchet. Entre le foliveau & la traverfe , vis-à-vis à-peu-près de la chafle du trébuchet, eft implantée une lame de couteau I, affez longue pour pafer au-delà de la chaîle, & qui, mobile fur fa pointe, peut décrire par l’autre bout un arc de cercle, être appliquée contre la chaîle , ou en être écartée plus ou moins, & ainfi dans le premier cas y contenir l'aiguille, & empêcher le Aéau de s'incliner, & dans les autres foutenir l'aiguille & Le fléau à tels degrés d'inclinaifon qu’on veut. CLXIV. Une très-étroite bande de papier divifée par lignes, & dont les diverfes portions, de trois lignes chacune, font différemmentcolorées , pour les faire diftinguer plus nettement à l'Obfervateur, a été logée dans un tube de verre Z, qui, fixement arrêté dans le vafe V deftiné peur la mafle d’eau, fe trouve à côté & tout près du tube fufpendu pour les expériences ; en forte que les degrés de fon immerfion , & ceux de l’afcen- fion de l’eau dans le tube, font aifément reconnus à l’aide de cette échelle, CLXV. Avant de mettre dans le vafe V l'eau qui doit atteindre précifé- ment l’orifice du tube fufpendu en équilibre au trébuchet , & dont à cer effet la dernière portion n’y doit être verfée que goutte à goutte, on applique la lame Î tout contre la chafle du côté du point de fufpenfon du tube , qui dès-lors , quand l’eau vient à atteindre, ne peut être entraîné, ou ne peuril'être qu'extrémement peu au deffous de la fuperficie de la mafle D (r) Voyez le mois de Février, 238 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, \ d'eau. Mais il l'eft enfuite à un certain point , fi on vient à écarter tout doucement la lame d’auprès de la chafle ; & l'aiguille s'incline de ce côté. C’eft à modérer cette immerfion dans le moment du contact du fluide & du tube, & à la reftreindre en obviant aux balancemens , au degré précis qu'exige la caufe qui tend à les faire pénétrer l’un dans l’autre, que ce pro- cédé & cet appareil font deftinés principalement. ; CLXVT. I faut cependant oblerver que fi alors l'aiguille du fléau trouvoit d'avance appuyée fur la lame L, ce feroit comme fi le tube étoit en à un poinr fixe, & que l'eau s'y éleveroir aflez vite à la hauteur ordinaire, & même tout-à-coup, s’il étoic déjà mouillé ou humide en dedans. Il doit donc être laiflé entre l'aiguille & la lame un petit intervalle, ou auñli grand feulement, ou un peu moindre que celui qu'exige l'inclinaifon con- venable pour laïfler enfoncer le tube de deux lignes dans la maffe d’eau; & avoirattention, quand l'aiguille en s’inclinanc a frappé la lame, de fe preffer d'écarter cette lame doucement au-delà, pour que l'aiguille ceffe inconti- nent d'y être appliquée & d’être arrêtée par elle. CLXVIT. Dans les épreuves faites avec cet appareil fur trois tubes de différens calibres, j'ai de plus eu recours à une autre précaution pour évi- ter Les fecoufles déjà affoiblies des tubes. Une portion des contrepoids a été formée de bandes étroites & de dix-huit pouces de longueur , prifes dans une carte à jouer, & pefant chacune un demi grain. Une carte entière , faifant aufi partie du contrepoids, étoit ajuftée fixement fur le baflin def. tiné à le recevoir, & les bandes d’un demi-grain pouvoient y être placées afez féparées les unes des autres, & la déborder fufifamment pour qu’on les en Ôtât facilement l’une après l’autre, fans occafionner des ébranlemens nuifibles à la pofition actuelle du tube. CLXVIHT. Après le premier degré d’immerfion fucceflivement efluyé par chacun des tubes dans l'état d'équilibre , on enlevoit de fon contrepoids feize demi-grains un à un. Le tube , dont la pefanteur étroit nulle aupara- vant , en acquéroit par-là une qui alloit en croiffant de plus en plus, & qui à la fin étoit de huit grains. Conféquemmentil s’enfonçoit, mais peu-à-peu, & fans efluyer de fecoufles bien marquées, dans la mafle d'eau, à mefure que le fléau s'inclinoit. L'immerfion totale & l’afcenfion correfpondante du fluide dans le tube étoient défignées par l'échelle, où on avoit pu obfer- ver celles qui avoient eu lieu, à mefure que le tube avoit acquis fes di- vers accroiflemens de pefanteur par les fouftractions partielles & fucceñives du contrepoids. CLXIX. Un autre moyen , qui fervoit à évaluer affez exaétement les immerfons, fut d'appliquer vers le haut des tubes une marque, en obfer- vant à quel degré de l'échelle correfpondoit cette marque au moment où Je fléau du trébucher étoit horizontal , & avant que l'eau fit atteint le tube: on jugeoit enfuire, quand le tube atteint par l’eau venoit à s'y enfon- ger, à quel point il s’y étoit enfoncé, par la différence des niveaux de ce degré ES PO » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 289 degré de l'échelle & de la marque , cette différence étant la mefure de limmerfion. CLXX. Comme lorfque le tube eft plongé dans l’eau en partie , elle forme tout autour un cordon élevé d'environ demi-ligne au-deflus de fa fuperficie | on pourroit évaluer tant l’afcenfion que l’immerfion, à cemp- ter ou du niveau du deflus du cordon, ou de celui de la fuperficie de la mafle, C’eft d'après ce dernier niveau que je les ai évaluées. Les différences des-calibres de mes trois tubes étoient telles que dans le premier R, l'eau pouvoit s'élever à 1$ = lignes au-deffus du niveau ; dans le fecond T, à 7 - lignes; & dans le troifième S, à $ + lignes. CLXXI. Selon les réfultats obtenus par mes épreuves , 1°. le degré d'immerfion dans l’état d'équilibre après le contaét fubit de l’eau avec l'ori- fice des tubes qui étoient .a-très-peu-près d’égale grofleur, eft conftam- ment le même pour tous , malgré la différence des diamètres de leurs calibres, & de deux lignés autant que j'ai pu en juger. Cela ne doit il pas être ainfi, malgré l'inégalité de leurs calibres ref- peétifs, parce que les intenfités de l'action qui opère l'immerfion , y font relatives & proportionnées aux aires embraffées par les circonférences à-peu-près égales de la furface inférieure des orifices des tubes ; & qu’à cet égard la preflion , qui dans ces tubes capillaires s'exerce fur l'eau qui y eft contenue & adhérente à leurs parois internes, doit contribuer à leur immerfion , par la même raifon que dans l'expérience faite avec la bou- teille V, bouchée par le haut (art. 9, n°*, 102, 104), la réfiftance qu’elle oppofe à fe laifler détacher de la mafle d’eau , eft relative & proportionnée non à la furface inférieure de fon orifice , qui n’eft que de 11 lignes quarrées, mais à une étendue de plus de 34 lignes de la tranche des cordons d'eau foulevés qui y tiennent, & où s'exécute la féparation. 2°. Les degrés d’afcenfion de l’eau dans les tubes, en cet état d'équi- libre, varient, & font d’autant plus grands que le diamètre du calibre des tubes eft moindre, L’afcenfion dans le tube R a été de 4 lignes, dans le tube T de 2 lignes, & dans le tube S de 1 + ligne, 3°. Le degré d’afcenfion, toujours moindre dans chacun de ces tubes mo- biles , que s’il étoic fufpendu à un point fixe , et, lorfque la pefanteur de 8 grains qu’il a acquife en rend l'immerfion plus profonde, le même qu'il eft dans l’état d'équilibre. Dans ce nouvel état les afcenfions étoient encore dans les trois tubes R, T,S, de 4,2, & 1 : lignes. 4°. Dans ce nouvel état des tubes les degrés de leurs immerfions refpec- tives font égaux , car on les a obfervés pour le tube R de 16 = lignes, & pour chacun des tubes T & S de 17 lignes, La petite différence de : ligne peur être cenfée nulle & accidentelle, Et l'égalité doit avoir lieu à cet égard , puifque Les accroiffemens d'im- merfion font dûs ici à des pefanteurs procurées aux tubes par une égale fouftraction de 8 grains de leurs contrepoids, & que ces accroiflemens, Tome XIX, Part. I, 1782. AVRIL. Pp 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, égaux par conféquent entreux, font ajoutés à leurs immerfions primor- diales égales entr'elles. . CLXXII. La part que la pefanteur des tubes peut avoir à leur immer- fion, £e laiffe donc bien diftinguer ici d'avec celle qui a en même temps la caufe de l'adhéfion ou pénétration , dont l'intenfité à l'égard de chaque tube eft toujours égale malgré les variations de fa pefanteur. CLXXIITL. Ec il eft indiqué aufli que la pefanteur acquife par chaque tube, laquelle accroît d’autant le degré d’immerfion, qui, lorfque fa pe- fanteur eft nulle dans l’état d'équilibre, lui eft procuré par la caufe de l’adhé- fion , n’influe en rien fur les afcenfions de l’eau dans le tube, mais unique=- ment & pour le tout en même temps, fur les accroiflemens à fon premier degré d’immerfion dans l’état d'équilibre. CLXXIV. On peut en conclure que quelle que foit l'immerfion du tube mobile ; la totalité de l’action qui y intervient pour opérer à-la-fois & l’afcen- fion de l’eau, & une portion conftamment la même (n°. 171) de cette immerfion , dont le reftant eft procuré par la pefarteur du tube, ne peut y influer tant à l’un qu’à l’autre égard qu'avec une intenfité toujours la même; & que comme relativement au tube R, par exemple, elle ne contribue, qu'elle que foit l'immerfion de ce tube rendu plus ou moins pefant, qu'à y élever de 4 lignes l’eau qu’elle y éleveroit à 15 < lignes, s'il étoic arrêté fixément, le furplus de cette action partagée, lequel feroit capable d'y fou- tenir unecolonne d’eau de 11 + lignes , eft tout employé à coopérer unique- ment pour deux lignes d'immerfion dans celle pouffée àune profondeur plus ou moins grande, felon le plus ou moins de pefanteur que le tube a acquis, CLXXV, Remarquons que de même dans le tube T , où il a été retenu une colonne d’eau de 2 lignes, que la caufe de l’adhéfion y auroit élevée à la hauteur de 7 : lignes , s’il avoit été arrêté fixément, le furplus de fon action, lequel pourroit y contrebalancer une colonne de $ © lignes, eft employé à coopérer pour 2 lignes dans l’immerfion que la pefanteur de 8 grains, procuré au tube T , rend plus profonde. Et que de même encore dans le tube S, où il n'a été retenu qu'une moindre colonne de 1 = ligne feulement, que la caufe de l’adhéfion y auroit portée à la hauteur de ç = lignes, s’il avoit été arrêté fixément, le furplus de fon a@ion, lequel peut y contrebalancer une colonne de 4 lignes, eft employée à coopérer peur 2 lignes dans l’immerfion que la pefanteur de 8 grains, procurée au tube S, rend plus profonde, CLXXVI. Deux lignes d’immerfion exigent donc à l'égard du tube R un effort capable d'y élever ou foutenir une colonne d'eau de 11 À lignes, A l'égard du tube T ,un effort capable d'y en foutenir une de ÿ + lignes, Et à l'égard du tube S, un effort capable d'y en foutenir une de 4 < lignes, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘ao Sur l'afe. fur l'immerf. Rapports calculés des ANS CT INR ee TN OA éntenfîtés de l’attion de De ES nets) EM TS da caufe de l'adhéfion. MR V4 ce Vale D MOI s 103 208 CLXX VIL. IL paroîc que dans ces expériences , où l’attion qui opère l'im- merfion du tube s'exerce aux dépens de celle qui opère Pafcenfion dans le tube fufpendu à un pointfixe (v. art. 8.),cette action partielle eft un reftant qui opère l’afcenfion dans les tubes rendus mobiles dans un même rapport qu'on peut regarder comme conftant , & qui approche fort de celui de 3 à 15 les différences, qui font varier les rapports conclus, pouvant être dues au feul défaut de précifion dans les obfervations & les appréciations. La hauteur des colonnes d’eau élevées dans ces tubes fufpendus en équi- libre au trébuchet, feroit à-peu-près le quart de celle de la colonne qui s'y élève, quand ils font arrêtés fixément, CLXX VIIL.Les immerfions,quidans nos épreuvesfur les troistubesR, TS, dont les diamètres d'amplitude ne diffèrent prefque point, font de 2 lignes, & fe font aux dépens de l’afcenfion É l'eau, n’avoient pas eu lieu , où navoient pas été bien marquées dans celles faites fur les . difques de verre; cela ne vient pas de ce que les difques n'étoient pas percés comme les tubes. Un tube L, dent l'orifice fut bouché en dedans avec du fuif, qui en rendoit la cavité inaccefibie au fluide , ne s'y eft pas moins enfoncé dansde pareilles circonftances à une profondeur de 2 + lignes, CLXXIX. Sur cela il y a à confidérer que l'immerfion de nos tubes, fuf- pendus en-équilibre au trébuchet dans ces expériences, n’eft pas déter- minée conféquemment aux loix de lhydroftatique, qui au contraire y font enfreintes, puifque c’eft un corps dénué de pefanteur qui s’y plonge dans Le fluide , & qu'on ne peut pas dire que le poids du volume d'eau qu'il a déplacé foit égal au poids qu'a perdu le folide, qui n’avoit rien à perdre à cet égard en ces circonftances, où ce qui s'opère de la part de la caufe de l'adhéfion exclufivement à tout autre agent, peut fe comparer à ce qui auroit lieu , fi avec la main on enfoncçoit dans l’eau un tuyau de Ja paille la plus légère clos par un bout. Il eft conftant qu'il faudroit employer, pour le tenir enfoncé à une profondeur donnée, un effort d'autant plus puiffant, que Le tuyau auroit un plus grand dia- mètre. C'eft la grande difproportion des diamètres d'amplitude de nos tubes avec ceux de nos difques, qui rend les premiers fufceptibles de Timmerfion à l’exclufon des difques. L'intervention des loix de l’hydrof- tatique ne fe manifefte ici , que lorfque les tubes ont commencé à acquérir quelque pefanteur. CLXXX. J'ai obfervé de plus à l'égard de nos tubes capillaires, qe leur groffeur influoit aufli fur le plus ou le moins de profondeur de. leur immerfion. Un tube X , dont le diamètre d'amplitude évoit de 1 = ligne, Tome XIX, Pari. 1,1782. AVRIL. END 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moindre par conféquent que celui des trois autres tubes R, T, S, & où l’eau pouvoit s'élever en dedans à 21 lignes = au-deffus du niveau , ayant été fufpendu en équilibre au trébuchet, l’afcenfion, qui, après qu'il fut atteint par l’eau, fe fit affez lentement , fut de 6 + lignes, & l’im- merfon plus prompte d'environ 3 + lignes. On ne fauroit l'attribuer à ce que le diamètre de calibre de ce tube eft moindre que ceux des trois autres, qui, quoiqu'inégaux à cet égard, n’en ont pas moins été fufcep- tibles d’une égale immerfion. CEXXXI. La même caufe, dont l’action partagée s'exerce avec la même intenfité, fans doute par rapport à l’immerfion conftamment la même, & de 2 lignes dans les trois tubes d’égale groffeur, doit, en élevant en même temps l’eau en dedans à d’inégales hauteurs relativement aux dit- férences de leurs calibres, y trouver des difpofitions d’autant plus favo- rables pour y faire monter ce fluide avec un égal effort, qu'ils font plus étroits, comme il arrive quand les tubes font fufpendus à un point fixe. CEXXXIL. Les parois du tube X étoient plus minces que ceux de nos trois autres tubes. Comment la prellion verticale de l'atmofphère , fuppofée ici l'agent de l'immerfion, agit-elle plus efficacement à cet égard fur ce tube que fur les autres trois dont Les paroi font plus épaifles ? C’eft apparem- ment parce que l’eau oppofant de la réfiftance à fe laifler divifer par le tube enfoncé, & à fon refoulement qui en réfulte , en oppofe d'autant moins , que les parois du tube font plus minces On ne peut invoquer ici Vattraction qui, de deux tubes également dénués de pefanteur , devroit faire abforber plus profondément par l'eau celui dont les parois font plus maflives. CLXXXIIL. J'ai cherché à confirmer mes préfomptions à cet égard,en choi. fiffant pour la même expérience un tube D, d'une grofleur encore moindre que celle du tube X; il n’a tout au plus que + de ligne de diamètre d'amplitude, quoique fon calibre ne permette qu'il s’y élève qu'une co- lonne d’eau de 17 lignes , moindre que celle qui peut s'élever dans le tube X, & qui eft de 21 lignes; ce qui indique que le diamètre de fon calibre excède celui de ce tube X, & combien par conféquent fes parois doivent être plus minces que celles de cet autre tube. L'afcenfion de l’eau dans le tube D, fufpendu en équilibre au trébuchet, fut de $ lignes, & fon immerfion de 17 : lignes. CLXXXIV. L'orifice de cetube D a été bouché avec une lame circulaire & extrèmement mince de cire jaune , qui n’en débordoit point la circonfé- rence, Il a été atteint par l'eau, fans qu'il y ait eu d’abord aucune im- merfion, Ayant foupçonné que la cire jaune, dont la pefanteur fpécifique eft prefqu'égale à celle de l’eau, y influoit pour quelque chofe; j'ai ajouté par goutte aflez d'eau pour qu'elle excédât tant foit peu la lame de cire qui avoit moins d'un quart de ligne d'épaifleur , & parvint à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 293 s'appliquer fur le bas du tube. Alors le tube commença à s’enfoncer dans la mafle d’eau , mais lentement. Une demi-heure après, il n'y étoir encore enfoncé que 13 = lignes. Au bout d’un autre intervalle de 4 heures, fon immerhon accrue par degrés , fut obfervée de 18 lignes. Elle fubfiftoic la même le lendemain matin. J’attribue l’excès de demi-ligne fur fon immerfion obfervée dans la précédente expérience (n°. 183) à l'eau que j'avois ajoutée pour furmonter le niveau de la lame de cire. CLXXXV. Le tableau des obfervations que nous ont fourni les cinq tubes, en facilitera la comparaifon, Tubes Diamèrres Rapports des Tubes dénués d'amplitude, calibres. de pefanteur. immetrfion, ajcenfions R 2 15 + 2 4 Æ 2 7 = 2 2 S 2 $ + 2 1 + X ; 1 + 21 3 + 6 + D” o à 17 17 & s Dans les trois premiers tubes R, T, S, d'égale groffeur , limmerfion a été la même , malgré la grande inégalité de leurs calibres refpectifs, Le calibre des tubes n'a donc influé en rien fur leur immerfon; & fi elle a été plus grande à l'égard des tubes X & D, cela provient urique- ment de ce qu'ils font moins gros que les premiers; & en effet le plus menu de tous , à favoir le tube D , eft celui dont l'immerfion a été la lus profonde. CEXXXVI. Dans les cinq tubes füfpendus en équilibre au trébuchet, l'afcenfion du fluide a été d'autant plus grande, que le calibre des tubes a été moindre. Elle eft donc aufi principalement relative au calibre des tubes. - Dans Les trois premiers , d’égale amplitude, Le rapport de lafcenfion à la colonne qui peut s'élever dans le tube arrêté fixément , a été le même. Tube R, 4 CICICTE; 1 3-9 Tube T, 2 JUIL 3:75 Tube S, 1 + $ + SRI 4.15 Ce rapport eft à-peu-près celui de 1 à 4; les petites différences de ceux ui font conclus ici, doivent être attribuées à la non précife évaluation EL calibres des tubes déterminés par l’afcenfion effeétuée lorfqu’ils font fufpendus à un point fixe, & des afcenfions qui ont lieu lorfqu'ils font mobiles & dans l'état d'équilibre. CLXXX VIT. Dans les deux derniers tubes qui difièrent des autres, & aufli entreux en amplitude, le rapport de l’afcenfion à la hauteur de la co- lonne d'eau qui peut y être foutenue quand ils font arrêtés Gxément, 294 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, (n°*°. 180, 183), n'eft pas à beaucoup près celui de 1 à 4. 2 D COUSP NEC PE ET Tube D, 5 DD ARE EE RON AC: Ces rapports des afcenfions obtenues dans l’état d'équilibre en même temps que Les immerfions, à la hauteur des colonnes qui s’éleveroient dans les tubes arrêtés fixément, font d'autant plus grands, que les calibres des tubes déterminés par les hauteurs de ces colonnes , font moindres. Si les calibres étaient égaux , ce rapport à l'égard de ces deux tubes d'inégale amplitude ne feroit-il pas le même ? CLXXXVIIE Table relative aux obfervations précédentes , où les tubes font rancés felon l'ordre de leurs calibres. Tubes. X D R Gb S Hauteur des colonnes d’eau E È : gwils peuvent foutenir. : 17 RENE $ DE) Sue obfervées dans } PA ; à L 12 état d'équilibre. Différences. 147 12 114 $ 5% 4% En fuppofant que les cinq nombres de la première ligne de cette table repréfentent les actions refpectives de la caufe qui opère l'afcenfion de l'eau dans les cinq tubes arrêtés fixément ; les cinq de la feconde repré- fenteront les portions de ces actions refpectives qui (les tubes étant mo- biles & dans l’état d'équilibre) font employées à y opérer alors les af- cenfions bien diminuées de ce fluide ; & partant , les différences énon- cées dans la troifième ligne repréfenteront les reftants de ces actions ref- pectives , employées en même temps à opérer les immerfions de ces cinq tubes malgré la réfiftance du fluide. Or 6 : #44 + 1: 2.23 pour le mbe X. 5 sers 1: 2.40 pour le tube D. 4 OUTRE 1: 2.91 pour Le tube R. 2 8 + 1: 2.75 pour le tube T. 15: 4% 1: 3.12 pour le tube S. CLXXXIX. Ces conféquences nous font appercevoir que de ce qu'il a été dit à l’art, 8, n°. 84, que le rapport de 1 à 3 des efforts em- ployés pour l’afcenfion de l’eau dans le tube R, & fon immerfion, étoit le même que celui des pefanteurs fpécifiques de ces fubftances ; il ne faut pas entendre que ce font leurs pefanteurs fpécifiques qui contribuent à le rendre tel, d'autant plus que dans l'expérience de l'art. 8, comme dans celles-ci , la pefanteur du tube avoit d’abord été rendue nulle. CXC. Nous voyons aufli que dans ces dernières le rapport approchant de 3 à x de ces efforts partagés & imprimés comme féparément fur le 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 29$ tube qui en eft enfoncé dans la mafle d'eau, & fur l'eau qui en eft élevée dans le tube, n'a lieu que pour les trois tubes qui ont le même diamètre d'amplitude, & qu'il eft tout différent à l'égard des deux autres d'inégale amplitude. Et cela eft conforme à ce qui a été obfervé au n°. 187. CXCI. Les phénomènes, dont nous venons de difcuter les réfultats, ne nous laiffent rien entrevoir qui empêche de fuppofer qu'une preflion quelconque , exercée comme J'eft celle de l'armofphère ,. ne puifle les opérer , & ne doive même les opérer dans la Hess faite à l’art. 17, que l'eau & le tube de verre font fufceptibles d'occuper par leur co-pé- nétration un efpace moindre que celui qu'ils occupoient féparément, & que c’eft en cela que confifte leur difpofition à l'adhéfon. CXCII. L’immerfion cenfée produite par la preflion de l’armofphère fur les tubes, doit être proportionnée au plus ou moins de facilité qu'ils éprouvent à pénétrer dans le fluide. Or, felon nos obfervations , les im- merfions ont été égales à l'égard des divers tubes capillaires, dont l’am- plitude a été la mème ; elles ont été inégales quand leurs amplitudes ont été différentes , & d’autant plus profondes , que l'amplitude étant moindre, le déplacement en devoit être moins difficile. (Voy. la Table, n°. 185). Er par rapport à l’afcenfion , :la pee de lair fur l’eau ambiante doit tendre à la refouler en dedans du tube, s'il n’y eft pas oppofé une réfiftance égale à la preflion extérieure qui follicite l’afcenfion. Or, dans nos expériences fur les tubes capillaires ( 1 ), fect. 4, n°. 5, ila été établi Des une fuite de faits, que tant que la colonne d'eau, logée dans un tube capillaire, n’a pas une certaine hauteur, elle ne contreba- lance pas la colonne d’eau extérieure, & qu'elle doit continuer à s’y éle- ver jufqu'à la hauteur où l'équilibre a lieu entre les deux colonnes ; & dans la troifième fe&ion (2), n°°. 32—36 , que la preflion , qui follicite Pafcenfion , éprouvant d'autant moins d’obitacle que le tube eft plus étroit (3) , l'eau doit s'y élever d'autant plus haut qu’ils le font davan- tage; & dans nos nouvelles expériences, les effers de la preflion exercée immédiatement fur la fuperficie de la mafle d’eau ambiante, & par renvoi, & en fens oppofé fur la bafe de la colonne d’eau contenue dans le tube, c’eft-à dire, les afcenfions des colonnes d’eau ont été d'autant plus hautes, que Les tubes étoient plus étroits. (1) Journal de Phyfique, vol. 14 , pag: 217. (2) Ibid vol. 13, pag. 388, 392. (3) Moru. Je dois obfetver, par rapport à cette dernière citation, qu'il s’eit gliflé une erreur d’impreflion au n°, 33, page 390, ligne 22, qui, en intervertiffant la fuite du calcal, répand en cet endroit une confufon à laquelle on ne pourroit remédier qu’en reprenant le calcul, pour déméler où eft l'erreur, & comment cet endroit doit être rétabli ; c’'eft en y lifant: P Jera 16, au lieu de ? fera 11. 296 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE , CXCIIL La preflion de l’atmofphère fur nos tubes ne peut manquer d'être la même , foit que leur orifice inférieur foic bouché, foit qu'il foie ouvert (voy. n°. 171); & c'eft pourquoi nous avons éprouvé, par exemple, à l'égard du tube D , que fon immerfion étoit de 17 = lignes dans l'un & l'autre cas (voy. n°. 183, 184.) : la preflion fur Peau qui environne le tube, y eft aufli la même dans les deux cas. Dans celui où fon orifice eft bouché, elle eft rendue inefficace par rapport à l’afcenfion de l'eau dans le tube. CXCIV. La bouteille V ouverte au haut, ayant été fufpendue en équilibre , & enfuite atteinte par l’eau, fon immerfon a été d’abord de deux lignes; quelques heures après de 2 :; & le lendemain matin elle étoit de 3 lignes. L'épaifleur de fes parois n'étant que d'un tiers de ligne, on auroit pu s'attendre qu'elle fe feroit enfoncée davantage dans la mafle d'eau. D'un autre côté, de ce que fes parois formoient une circonférence de 11 lignes de diamètre, il eft certain que , fi le dedans eût été mañlif, la bouteille ne fe feroit pas enfoncée du tout, conformément à ce qui a été obfervé à l'égard de nos difques. Il y a fans doute ici quelque compenfation; la difficulté de la fpécifier eft une raifon de plus pour faire mention dy fait. En voici la fuite, CXCV. Après avoir reconnu de quel degré d’immerfion la bouteille V étoit fufceptible dans l’état d'équilibre, je me mis à éprouver de combien il faudroit alors augmenter fon contrepoids, pour ramener fon orifice à La fuperficie de la mafle d’eau. Les additions au contrepoids furent faites par demi-grains. Par la pre- mière d'un demi-grain, limmerfion décrut de demi-ligne. Les fuivantes la diminuèrent aufli peu à peu. Quand la furcharge fut de 13 grains, l’orifice de la bouteille me parut être au niveau de la fuperficie de la mafle d'eau; & quand elle fut de 15 grains, fon orifice élevé au-deflus de la fuperficie, n'y tenoit que par une tranche d’eau foulevée. Un demi-grain ayant encore été ajouté, la bouteille au bout de quel- ues momens fut détachée & enlevée. CXCVI. Ce qu'il a fallu ajouter au contrepoids, pour ramener l'o- rifice de la bouteille à la fuperñcie de l’eau, c’eft-à dire, au niveau où il étoit quand l'eau l’avoit atteint, auquel moment l'immerfion s'étoit faite fubitement , n'eft-il pas l'équivalent de l’'intenfité de l'aétion de la caufe de la cohéfion qui avoit opéré cette immerfion de 3 lignes ? Cette action s'étoit exercée relativement à la furface inférieure de lorifice, & s’étoit employée à vaincre la réliftance oppofée par la mafle d’eau, à fe laifler énétrer fur une circonférence de plus de 34 lignes, & par-tout d'un tiers de ligne de largeur. CXCVII, Ce n'eft point de leur perforation que les tubes, fufpendus en SUR L'HIST.NATURELLE ET LES ARTS. 7 en équilibre , & dénués de leur pefanteur, tiennent Leur difpolition à l'im- Me RE des corps entièrement maflifs en font également {uf- ceptibles dans les mêmes circonftances, L'abforption du verre de montre par l'eau dans une des expériences de l'art. 6, & celles du tube L & du tube D dont les orifices éroient bouchés, aux n°, 178 &.185 de celui- ci, en font des exemples. En voici d’autres, ! = Un cylindre de cire jaune, de 4 lignes de diamètre dans l'écat d’équi- libre, & appliqué fur l'eau, a efluyé une immerfion d'environ demi- ligne. Un cylindre de fer bien poli, de 3 lignes de diamètre , en a efluyé une d’une ligne. Un fl de fer non poli , d’à-peu-près + de ligne de diamètre, en a a efluyé une d’un peu plus de 18 lignes, mais peu À peu ; & elle n'a été confommée qu'au bout de quelques heures, CXCVIIT. Les immerfons décroiflantes du fil-de-fer, du cylindre de fer, & de celui de cire jaune, dont les diamètres dans cet ordre vont en croifflant, montrent qu'il en eft de même fur ce point à l'égard des cylindres maflifs qu’à l'égard des tubes; & la conformité entr’eux paroît s'étendre au cas de l'égalité des diamètres, même malgré la différence des fubftances : car l’immerfion du fil-de-fer , de 18 lignes, eft prefqu’égale à celle de 17 : lignes du tube D, dont le diamètre d'amplitude eft à très-peu de chofe près égal à celui du fil-de-fer. Nous les avons, trouvés tous deux d'à-peu-près deux tiers de ligne. ÆE RRATA pour la fèconde partie des Expériences relatives à lAdhéfions imprimées au tome XVI, cahier d’Août 1780, Pag. r1o1, lis. 36, fig. 11, Afey fig. 5. EE 103; lg. 2 ë HR LA lifez & l'afcenfon de, Idem , lig: 26, fig. 11, Lferfig. s. Pag. 104, lig.1,N°, lifez NO. Pag. 106, lig. 37, aprés le mortelle, metrez un poiu, Pag. 107, lig. 31, contre, fé comme. Tome XIX, Part. I,1782. AVRIL. Qg 29B OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pag. 108, lis. 7, de, /ifez entre. Idem, lis. 13, air, Afez aire. Page 108, lis. 16, dans l'air, 4fez dont l'aire. Idem, lig. 17, 51.00 , lifez 71.06. dem, lg. 26, air, /ifez aire. Jdem, lg. 32, 21.70, lifez 54:42. Idem, lig. 37 , 21.70, lifez 34.42. Pag. 109, lig. $, 49.66, lifèz 94.66. Jdem, lig. 22, rectifié, Lifez raréfic. Idem , lig. 16, après le mor higne, ajoutez quarrée. Pag. 110, lig. 11, caufe, /ifez celle. Pag. 111, lig. 15, l'eau, /ifez d’eau. Pag. 114, lis. 11, après Le mor dues, ajoutez les unes. } MÉMOIRE SUR quelques Trombes terreffres , obfervées en Artois & dans quelques Pro- vinces voifines , li dans la Séance publique de l Acadèmie d’Arras , le $ Avril 1780; par M. BUISSART , Membre de cette Académie, D: que la plupart des Phyfciens s'occupent férieufement de la Météorologie, & qu'ils obfervent & notent tous les jours les différens météores qui paroiflent dans chaque Pays , les Ouvrages périodiques ont plus fouvent inftruit le Public des particularités intéreffantes qui accom- pagnent chaque efpèce de phénomène PAR RIRIques La trombe terreftre que l’on regardoit comme fi rare autrefois, a été fréquemment décrite ; je he parlerai pas ici de celles qui ont paru dans toute la France : mon intention eft feulement de retracer aujourd'hui quel- qe trombes terreftres que l’on à efluyées dans cette Province (d'Artois), & ans les environs; j’ajouterai à cette defcription le fentiment des Phyficiens fur les caufes de ce météore. à Le Père Core, Prêtre de l’Oratoire, favant Météorologifte , qui ob- ferve à Montmorency par ordre du Roi, nous a donné dans fon excellent Traité de Météorologie, un article à ce fujet, .. ec Il arrive rarement fur » terre, mais très-fouvent fur mer, qu'on apperçoit, nous dit-il , un amas » de vapeurs femblable à une nuée épaifle qui s’alonge de haut en bas, > en partant d'un gros nuage fupérieur , ou qui s'élève de bas en haut, en » allant joindre le gros nuage qui eft au-deflus. Cet amas de vapeurs forme » ordinairement uve colonne plus large par le haut que par le bas : & » cette colonne qui fait entendre un bruit femblable à celui d'une mer » agitée, jette fouvent autour d'elle beaucoup de pluie.& de grêle ; quel- » quefois même il en fort des éclairs, & des coups de tonnerre : & ce ter- » rible météore, accompagné le plus fouvent d'un vent très-impétueux ; > eft capable de renverfer les vaifleaux ; les maifons, les arbres, & tout 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 299 ce qui fe trouve fur fon paffage. Les Marins le connoiffent fous le noms de trombe, puchot, où £yphon ; ils font leur poffible pour s’en éloigner : mais s'ils ne peuvent éviter de s’en approcher, ils tâchent de rompre la » colonne à coups de canon, & quelquefois ils y réufliffent ». Voilà en abrégé les circonftances générales qui caractérifent ce phéno- mène extraordinaire ; il en a paru dans plufeurs endroits de cette Pro- vince : Les plus anciens ont été recueillis par la tradition ; mais tranfimis de bouche en bouche, ils font parvenus jufqu’à nous dans un état d'inexadti- tude fi grand , qu'il n’eft guère poflible de faire aucun fond fur les détails merveilleux qu'on en rapporte ; les plus récens feront ceux dont nous nous occuperons. Je commencerai par la trombe terreltre qui a paffé Le 9 Avril 1770 près de Pommier , Village peu éloigné du Bourg de Pas ; ce météore , qui a eu lieu vers Les cinq heures du foir, étroit accompagné d’un orage terrible ; le tonnerre grondoit avec force, & à la fuite d’une infinité d’éclairs qui fe fuccédoient fans interruption. Le ciel étoit couvert de gros nuages ; au-deflous de ces nuages très-épais, on en appercevoit un autre tout enflammé , & qui rayonnoit de toutes parts ; la clarté lumineufe qu'il répandoit , fe communiqua vivement à toutes les maifons & aux arbres du Village de Pommier , au point qu'il paroifloit entièrement éleétrifé (1), Les habitans épouvantés s'imaginèrent que tout alloit devenir la proie des Aammes ; ce fpectacle fut encore bien plus effrayant pour les Villageois , 5 + n o EE (1) Ccla me rappelle ce que j'ai lu dans les Annonces des Pays-Bas François pour 3762, page 69. C'eft une Lertre adreffée à l’Anteur de cette Feuille périodique, le 26 Février de la même année ; elle eft conçue en ces termes:... « Monfieur, le 2 » Février, vers les fept heures du foir , à la fuite d’un coup de tonnerre, accompagné » d’un éclair confidérable, la flêche du clocher de l'Abbaye de Cyfoirg (près de Lille » en Flandres ) fut enveloppée d’une atmofphère lumineufe. Cette lumière, femblable » à celle de l'aurore boréale, difpart peu-à-peu; maïs elle fe foutint plus long-temps » vers l’extrémité de la flèche , furmontée d’une boule de cuivre , d’une croix de fer, & » d’un coq de même métal que la boule, On vit fucceflivement autour de cette boule » des couronnes rayonnantes, des aigrettes lumineufes & des étincelles; le coq parut » chargé de plufeurs étoiles , AIS le ciel fut très-couvert & très-obfeur, Ces phé- » nomènes jettèrent l'alarme chez nos voifins, qui s’empreflèrent de frapper à la » porte de l'Abbaye, dans la perfuafion où ils étoient que le tonnerre avoit mis le feu » au clocher. On ne tarda pas à fonner le tocfin & à vifiter la flêche; mais on fur » agréablement furpris de ne la trouver endommagée en aucune façon. Un des Ou- » vriers , qui veilla pendant la nuit, m’aflura au il apperçut encore autour du globe » de cuivre, plus de cinq heures après, des aigrettes lumineufes , quoique très-foibles » & très-pâles. Ces obfervations réunies , donnent à croire que les méraux de l’extré- » mité de la flêche ont été éle&trifés par le nuage qui portoït la foudre ; mais com- » ment expliquer la clarté dont la flèche entière fur d’abord environnée ? C’eft ce qu’on » Jaiffe à décider aux Phyfciens». Cfoing , ce 26 Février 1762. Tome XIX, Part. I, 1782. AVRIL, Qa 2 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui travailloient dans fa campagne ; ils virent au-deffons du nuage en- flamme defccadre, entre Soudtre & Pommier, une colonne de vapeurs dont le pied repofoit fur la terre : cette colonne qui fembloit attachée au nuage, en fuivoit la direction, & fe promenoit du fud vers le nord , en roulant dans les champs un globe de feu confidérable, & gros à peu-près com- me une meule de moulin ; un Berger qui gardoit le troupeau de moutons, dont on parle ci-après, aflure avoir vu cette mafle de feu s'élever du fein de la terre. I! fortoit de ce globe des traits de flamme qui montoient en zig-zag jufqu’au nuage ; tantôt il en defcendoit de Ja même manière fur le globe. Ce volume de feu, qui fe trouva toujours renfermé dans le fein de la tromb:, dont le diamètre étoit de 1$ à 20 pieds , ferpentoit avec rapidité dans la plaine ; ce météore augmentoit l’épouvante des fpectateurs par le murmure & le vent impétueux qu'il produiloit , ainfi que par la pluie & la grêle qu'il verfoit par ondée. Aucun Village ne s’eft heureufement rencontré fur fa route ; il paffa près d’un troupeau de moutons, qu'il couvrit de boue ; il alla enfuite dans un champ fur lequel ôn avoit voituré du fumier qui étoit encore en mon- ceaux, & le fit voltiger & l'étendit de tous côtés. De-là il traverfa un che- min planté d'arbres aflez gros ; il brifa les deux qu'il trouva fur fon paf- fage, & les enleva au-deffus des autres, de façon qu'ils tombèrent à 20 pas plus loin, & barrèrent le chemin. Cette trombe & le globe de few pafsèrent fur un foffé ; ils en firent jaillir l’eau à une hauteur prodigieufe : enfin on les vit fe perdre & fe difliper à un demi-quart de lieue du Village de Pommier , entre Berles & Bauillaut- Val , fans avoir caufé d’autres dom- mages que celui que nous venons de rapporter. Les dégâts qui ont été occafionnés par la trombe terreftre, qui a ex Lieu en 1777 se le voifinage de /2 Baffée, font plus remarquables. En voici quelques détails , d’après une lettre du Curé de Billy- Berclau , écrite le jour du phénomène. « Aujourd’hui fur les deux heures après midi, le ciel étant fort obfcur, » un nuage blanchâtre jetta l’effroi dans tout le Village de Bi//y-Berclau ; » le bruit étoit femblable à celui que produifent les grandes eaux : on voyoit » s'élever de la terre une fumée rrès-épaiffe, qui accupoit environ dix pieds » de large, & qui alloit en diminuant jufqu’en haut; le nuage étoir pouflé » du fud au nord ; en paflant fur ane maïfon il renverfa une muraille de » brique, & découvrir une partie de la couverture ; il éleva à huit pieds » de terre une grange qui n étoit pas encore couverte, & la fracafla rotale- » ment ; s'il avoit paflé au-deflus du Village, je crois qu'il auroit culbuté » près de cent maifons. » Ce phénomène dura plus d’une demi-heure ; il n’y eut qu'un jeune » homme de bleffé, par une brique qui lui tomba fur la tête, tandis qu'il » vouloit fe fauver de l'écurie de la maifon dont je viens de parler, Ce « SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 307 # nuage renverfa tous les grains qui fe trouvèrent fur la ligne qu'il décri- » vit; des colfats misen chaîne, furent &ifperfés & jettés crès-loin. Je n’ai » jamais vu pareille chofe ; rout le monde trembloit, Je ne puis vous dire » ce que c'éroit que ce météore : mais je J'ai très-bien examiné & fuivi ; » ce nuage s’eft perdu dans les environs d'Hantay». Cette lettre eft du 27 Juillet 17775 un mois après ,le Curé du Village de Drouvain m'a écrit ce qui fuit... « Que j'aurois été fatisfait , Monfieur, » fi j'avois pu être témoin oculaire du phénomène dont vous me deman- # dez le détail! L’efpérance de pouvoir lever un petit coin du voile dont » la nature couvre un fi grand nombre de fes opérations ; neüt donné » comme à Pline, la hardiefle de voir ce météore Le plus près qu’il m’eût » été poflible , au rifque d’éprouver le même fort ; & alors j’aurois pu vous » inftruire d’une manière plus fatisfaifanre : mais n’ayant été témoin que æ de certains effets qui ont fuivi & accompagné cette wombe , ne fachant # le furplus que fur le rapport de plufeurs perfonnes, qui différemment » affectées voient les chofes tout autrement , les narrent arbitrairement, » & qui à leurs propres erreurs joignent fouvent celles qui naïflent de l'op- » tique même : quel fond puis-je faire fur tant de difcours qui paroiflent >» fe détruire ? voici cependant ce que j'ai pu recueillir de plus certain. » Le 21 Juillet 1777, vers une heure & demie après midi, une perfonne » de mon voifinage s'écrioir... Quel bruit on entend ? Je fors dans le » jardin, & j'entends en effet le bruit que feroit le bled , jetté puiffam- » ment fur un crible de fer. Le temps étoit très-nébuleux ; le ciel chargé » de nuages épais & noirs ; le baromètre marquoit trois ou quatre lignes » ve a variable (1) : je pris ce bruit pour les avant-coureuré d’un æ orage; je rentrai chez moi. >» De la réunion de plufieurs nuages, il fe formoit à une demi - lieue de ma réfidence un globe nébuleux , dont le diamètre paroifloit à certains fpectateurs d’environ feize pieds , à d’autres beaucoup plus grand, qui, fondant tout-à-coup entre le Village de Wingle & celui de Meurchin , forma par fa chûte une colonne dont la bafe , appuyée fur la terre, fem- bloit par fon autre extrémité s'élever jufques pardeflus les nues ; cette colonne qui paroifloit aux uns comme une fmée épaifle & noire , paroifloit à d’autres comme un nuage gris-blanc , du diamètre de vinge » ou trente pieds. CRC 2 — — (1) Suivant mon Journal Metéorologique pour 1777, le 21 Juillet après-midi, le thermomètre de Réauur au mercure étoità Arras à 17 degrés & 8 dixiemes ; le baro- mètre à 27 pouces 7 lignes & 1 dixième, L'hygromètre comparable de mon invention, avec lequel le Pére Corre obferve à Montmorency ( Vuyez {2 Jourr. des Sçav. ), à 27 degrés & 6 dixièmes, déduétion faite des effets thermométriques ; le vent médiocre & placé au fud-oueft ; le ciel nébuleux , & verfant de la pluie par intervalle, 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » Animée dans toute fa marche, cette colonne agitée intérieurement eri » tous fens, & comme bouillonnante, exprimoit avec grand bruit de fa » fubftance des ruiffeaux ou plutôt des torrens de vapeurs d’une violence » fi prodigieufe, que par la percuffion & la répercullion qu'ils excitoient » dans l'air , ce météore formoit des tourbillons qui arrachoient les ‘& plantes, foulevoient les eaux, brifojent les arbres , enlevoient les toits » des maifons, &c. ? » J'ai vu une grange tranfportée à plufieurs pas de diftance de fon em- » placement ; ce bâtiment paroïfloit avoir étéenlevé, & les pièces étoient » jettées pêle-mêle, au point de ne pouvoir reconnoître la difpofition de »# la charpente. J'ai vu une maifon de bois déplacée de plus de fix pouces ; + une autre entièrement découverte ;une écurie route détruite ; un mur exté- >» rieur, quoiqu'en brique, renverfé dans un fens prefque oppofé à la di- » rection de la marche de la colonne, que l’on m'a dit avoir été fe per- » dre dans les marais entre les Villages de Berclau & Hantay. » Toute la route , qu'a parcourue cette colonne, a été marquée par » des dévaftations qui formoient une trace de trente à quarante pieds , » femblable à un chemin battu ; les bleds , les avoines & les autres grains » étoient couchés & attérés ; Les colfats, qui fe fonc trouvés fur fon paf- » fage, étoient tellement battus, qu'il étoit impoñlible d'en recueillir la » moindre chofe ; les pailles étoient difperfées & éparfes çà & là, quel- » quefois réunies par monceaux ; la direction de la marche de ce météore ‘» m'a paru avoir été du /xd-eff au nord-oueft, dans un efpace de près de » trois quarts de lieue ; fa durée fut d'environ vingt-cinq minutes. Cette > trombe a été accompagnée en partie, & fuivie d'une pluie orageufe & » très-abondante. Quelque temps après cet événement, j'eus occafion de faire un voyage proche à la Baflée , & je pris moi-même des inftruétions & des éclair- ciffemens fur les lieux ; j'ai entendu dire par des gens dignes de foi, que ce météore s’etoit annoncé fous He d’un orage très-violent, & par un nuage épais & noir, qui donna deux ou trois coups de tonnerre, que l’on entendit diftinétement d’Auchi.lès-la-Baflée. Que cette trombe terreftre , en paflant près d’un jardin où fe treuvoient des oignons , avoit fait pouifer prodigieufement cette plante ; & que cette pouffe accidentelle étoit noirâtre & comme brülée. Que la colonne de vapeurs répandoit une odeur de foufre infuppor- table , & qu'en traverfant un marais très-large , elle fouieva l'eau de manière qu'on vit fur les bords le fond du marais. Que fon paffage s'étant fait, non loin du Canal de Douai à Lille, & dans un temps où la voiture d’eau, qu'on appelle la Bargue , n’étoit pas éloignée de Billy-Berclau ; cette colonne agita tellement les eaux de la rivière, que l'épouvante fe mic parmi les Voyageurs, lefquels defcen- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 303 dirent de la barque , que l'on fut obligé d'attacher à la rive pendant la durée du météore : tels font les détails les plus intéreflans que nous avons recueillis de cette trombe terreftre. Le même phénomène s'eft repréfenté l'année dernière (en 1779) dans les environs de l'Abbaye de Saine- Amand, par des dévaftations bien plus confidérables ; il a été obfervé le 22 Juillet entre cinq & fix heures dufoir (1); cette trombe avoit été précédée d’un orage accompagné de lufieurs coups de tonnerte; le diamètre de la colonne qui PR Moi de b terre aux nuages (nuages qui paroifloient fouvent agités en fens con- traires) étoit de trente à quarante toifes ; fon mouvement étoit circulaire & rapide ; elle tournoit fur elle-même: &, fi l'on peut s'en rapporter à ce que difenc des Spectateurs très-effrayés, elle ne produifoit poinc d'éclairs. Elle n’étoit pas compofée de vapeurs inflammables, & ne ren- fermoit aucun feu vifble; on y voyoit dans une agitation continuelle des ondes d'une vapeur noire , que plufieurs perfonnes prirent pour des cor- beaux , qui fe jouoient dans les airs; il en fortoit par intervalle des tour- billons L vent très-impétueux. Cette colonne s’eft manifeftée près de Mivelle, & non loin de la Scarpe : après avoir paflé fur cette rivière, dont elle fouleva les eaux & montra le lit, elle dirigea fa route fur le Village de Nivelle ; une grande partie des maifons furent renverfées ; l'Eglife fut prefqu’entièrement détruite ; il n'en refta que le chœur. La couverture du Presbytère offroit une fingularité temarquable ; la moitié du toit avoit été emportée; fur l’autre on voyoit les tuiles déplacées, & preffées de haut en bas les unes fur les autres entre les lattes, au point qu'on eut beaucoup de peine à les en dé- gager. Le chemin tracé par cette trombe étoit rempli de défaftres affreux : des grains enlevés & jettés au loin; des bois déracinés ou rompus ; de gros chênes pliés, tords & fendus; un noyer affez fort , tranfporté avec toutes fes racines à deux cents pas de diftance du jardin où il étoit planté ; la cage d'un moulin à vent, enlevée au-deflus de fon arbre ‘ tournant, & fracaffée à vingt pas de fon emplacement ; le Hameau de Tun , la Ville de Mortagne, non moins confidérablement endommagés que le Village de Nivelle ; Leuze & Fontenoy maltraités; Chateau-l Abbaye prefqu'entièrement dévafté; enfin, l'image de ce phénomène mémorable & défaftreux eft confignée dans les papiers publics, & il feroit inutile (1) Suivant mon Journal Météorologique pour 1779 , le 22 Juillet après-midi, le thetmornètre étoir à Arras à 17 degrés & o dixième; le baromètre à 27 pouces 8 lig, & x dixième ; lhygromètre comparable de mon invention à 29 degrés & 4 dixièmes, déduétion faire des efiets thermométriques ; le vent médiocre, & placé au fud ; le ciel couvert; pluie & tonnerre entre quatre à cinq heures le foir, 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ?* de redire une infinité de chofes, qui font encore préfentes à la mé= moire. ‘Je ne puis cependant paffer fous filence ce qui m'a été annoncé par une perfonne qui fe trouvoit chez le Curé de Mivelle au moment du phénomène, Ce Curé , en allant dans fon jardin, vit une fumée très- épaifle , qui paroifloit s'élever deflus la Scarpe, diftante d'environ deux cents pas de fon Presbytère ; il crut que le feu étoit à un bateau. Il monta aufli-tôt dans le grenier avec quelques perfonnes qui étoient chez lui; ils en ouvroient les fenêtres, lorfqu'ils eu fubitement renverfés comme pat un coup de vent. Ces perfonnes fe trouvèrent fuffoquées & étourdies ; elles fentirent une grande chaleur dans tout le corps, & fur- tout à la tête: c’étoit, à ce que l’on n'a dit, un courant de feu qui tra- verfoit le corps avec beaucoup de rapidité, & qui fembloit pañler des pieds à la tête; plufieurs Res e Nivelle tombèrent fans connoif- fance; le Curé, les Prétres , & les Religieux qui avoient dîné chez lui, fuffrent à peine pour donner des fecours. Deux chambres du Presbytère furent renverfées , les autres ne furent qu'ébranlées; tous les meubles qui s’y trouvoient furent déplacés, une partie fut brifée; les gonds, les pentures, les clinques & les ferrures des portes & des garde-robes, &c., ainfi que les clous des tables , étoient détachés & comme arrachés. Les murailles de l’Eglife de Mivelle furent renverfées dans l'intérieur; lufieurs maifons du Village offroient le même fpeétacle. Les bords de la rivière de la Scarpe , À l'endroit où les eaux avoient été foulevées , étoient , à dix ow douze pas à la ronde , couverts d’une boue noire ; les herbes qui fe trouvoient d:flous paroifloient grillées &c brülées, Ce météore fingulier , en piquant avec raifon la curiofité des Phyfi- ciens , eft devenu l’objet de leur examen & de leur méditation. Il méri- toit qu'on en cherchât Les caufes: en conféquence les explications fe font multipliées ; & l’on en a préfenté de plus ou moins farisfaifantes dans l’Hiftoire de l’Académie des Sciences de Paris. Une des plus ingénieufes, zous die Le Père Cotte dans fon Traité de Météorologie, page 36 , eft celle qui fut donnée en 1727 par M. Ardoque de Béziers; il admet pour caufes des trombes , tant de mer que de terre, deux courans d'air parallèles & voifins, mais d’une direction entièrement oppofée ; cette direction oppofée force, felon lui, la partie immobile de l'atmofphère qui eft entre les deux courans, à prendre un mouvement circulaire : de-là il déduit la figure conique du tourbillon, dont la partie fupérieure doit tourner plus aifément, parce qu’elle eft moins pefante; il en déduit aufli la grande condenfation des nuages, l'efpèce de fumée &c le bruit qui accompagne fouvent le phénomène : mais, quelque ingénieufe que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 30$ que foit cette explication , il s'en faut bien qu’elle rende raifon de tout ce qu'on obferve dans ce météore; elle le fuppofe toujours accompagné de deux vents violens , & fouvent il n’en fait pas. De plus, la trombe , füuivant M. Ændoque, devroit toujours venir du nuage , & fouvent c'eft la mer qui s'élève la première vers le nuage. D'autres ont attribué ce météore à des exhalaifons fouterreines ; on fait que le fond de la mer & celui des lacs n’en font pas toujours exempts: mais une feule obfervation fufft pour rendre fufpect cout ce fyftème; les trombes ont un mouvement qui leur fait fuivre le nuage auquel elles femblent tenir, & on ne peut raifonnablement fuppofer ce mouvement, ni aux volcans, ni aux exhalaifons fouterreines qu'on leur donne pour caufes. Enfin, ce fyftème ne peut nullement s'appliquer, ni aux trombes marines , ni aux tombes terreftres. M. Briffon de l'Académie des Sciences de Paris, & digne Succeffeur de M. l'Abbé Not dans la Chaire de Phyfique expérimentale au Collège de Navarre, en donne une explication plus fimple, plus natu- relle , & qui répond mieux à tout ce qui s’obferve dans ce phénomène (1); il la tire de l'électricité. IL n'eft pas douteux aujourd’hui que les nuages ne foient fouvent très-électriques, & qu’on ne doive leur attribuer les phénomènes du tonnerre & des orages; rien n'empêche donc de leur attri- buer aufi ceux des trombes , qui paroiflent y avoir beaucoup de rapport, puifque ce météore arrive toujours dans un temps orageux , & que d'ail- leurs il produit les mêmes effets que la foudre. On fait que deux corps, dont l’un eft électrique & l’autre ne l’eft pas, étant placés à une certaine diftance, ont l'un vers l’autre une efpèce d'attraction & de tendance qui les porte à s'approcher s'ils font libres. Si donc un nuage orageux , & par conféquent fortement électrique, fe préfente à une diftance convenable de la terre , il eft certain que la partie du nuage la plus voifine de la terre fera attirée, & s’alongera (pour ré- tablir l'équilibre) en defcendant vers notre glob:, qui elt alors moins électrique. Voilà donc une rrombe terreffre defcendante, parce que l'éleétri- cité furabondante du nuage , ayant une tendance vers la terre, y pafle li- brement à la faveur de la pluie, ou des parties aqueufes répandues dans l'air. C'eft une chofe reconnue & conftante en Phyfique, que l'air chargé de vapeurs eft le meilleur conducteur qu’on puifle préfenter au Auide électri- ue. Quand une des couches intermédiaires de l’atmofphère eft dégagée Œ ces vapeurs aqueufes, elle ne peut plus fervir de conduéteur à l'élec- tricité; cette couche d’air fec ifole le nuage qui eft au-deflus d'elle; ce nuage n'ayant plus alors aucune communication avec la terre, {e trouve tantôt éleétrifé en plus , tantôt électrifé en moins. (x) Voyez les Mém. de l’Acad. des Sciences, année 1767, page 409. Tome XIX , Part. 1, 1782. 4 VFRIL. Rr 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Que les nuées foient tantôt électrifées négativement , tantôt politive-. ment, c'eft une vérité atteftée par une foule d'expériences, & qu'il n'eft plus permis de révoquer en doute. Lorfque le nuage eft moins électrique que la partie de la terre au- deflus de laquelle il eft fufpendu , & qu'il furvient une petite pluie, cette pluie dépofe fon humidité, ou plutôt des vapeurs aqueufes dans la couche d’air fec intermédiaire de l’atmefphère , & il s’y forme alors un conducteur électrique, à la faveur duquei l’éleétricité furabondante de la terre s'élève, & monte aufli-tôt pour fe mettre en équilibre avec celle du nuage. Voilà dans ce cas une trombe terrefire afcendante, parce que la die du fluide électrique de la terre fe rend & pañle dans le nuage. Plus celui-ci en eft dépourvu, plus fans doute Le cours de ce fluide doit être rapide; conféquemment , plus il y a à craindre que fes effets ne foient violens & terribles fur la terre : la trombe alors renverfe, em- porte ou détruit tout ce qu'elle y rencontre , fuivant la différence des obftacles qu’elle éprouve en paffant dans les diverfes matières. La fumée & le bruit qui accompagnent ordinairement ce météore , doivent augmenter avec la rapidité du courant électrique ; c'eft un tor- rent dont le paflage fe fait dans l'air, c'eft-à-dire , à travers un corps élaftique & fonore, qui eft vivement agité & frappé par le courant, & dans lequel forte une infinité de fubftances étrangères, que la trombe divife, difperfe & jette autour d'elle ; & c’eft-là ce qui occafionne le bruit, le mouvement intérieur & circulaire, ainfi que lefpèce de fu- mée & les tourbillons qui ont lieu quelquefois pendant la durée du phénomène, Ce que nous venons de dire relativement aux trombes terreftres , eft également applicable aux trombes marines & de rivière; & quelque na- turelle que parût cette explication, M, Briffon a voulu s'en aflurer par une expérience , faite en petit à la vérité, mais dans les circonftances les plus femblables qu'il a été poñible. Il a donc approché un tube éleétrifé à quelques pouces de diftance de la furface de l'eau contenue dans un vale de méral ; auffi-tôt l'eau s'eft élevée en forme de monticule, jufqu'à ce qu'il en foit parti une étincelle : après quoi elle eft retombée; & le côté du tube , qui regardoit le fluide, s’eft trouvé couvert de très-petites parcelles d’eau. On imagine bien que fi le tube avoir été compofé de parties mobiles , il auroit pu s’alonger vers la furface de l’eau. La figure de cône renverfé , que prend prefque toujours la colonne de la trombe , eft encore une fuite naturelle de cette explication ; les rayons, partant d'un corps électrique , font d’abord divergens: mais à l'approche d'un corps non éleétrique , ils deviennent convergens; & la même chofe doit arriver aux vapeurs du nuage. En un mot, l'analogie entre les phénomènes des trombes & ceux de l'électricité fe foutient fi conftamment, qu’ileft bien difficile de fe refufer ÿ Ê: tr: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 à regarder l'idée qu'en offre M. Briffor , comme fondée fur la nature & fur l'expérience , & comme une des plus ingénieufes explications qui ait été donnée; elle a été généralement adoptée en Phyfique , fur-tout depuis que Jon a reconnu, par des preuves non équivoques, que la foudre eft tantôt afcendante , & tantôt defcendante. Cette vérité elt portée au plus haut degré d’évidence , dans: l'excellent Mémoire de M. Berrholon de Saint-Lazare : Voyez Le Journ. de Phyf. de Septembre 1777, pag. 179 & Juiv, Le moyen de nous mettre à l'abri des terribles effets des trombes terreftres, fixera fans doute un jour l'attention des Phyficiens : les efforts qu'ils ont faits pour anéantir la foudre , & rendre fes coups impuiflans, foir qu'elle vienne de la terre , foit qu’elle vienne du nuage; ce qu'ils ont imaginé pour empêcher la formation de la grêle, la formation des vol- cans , & des tremblemens de terre; tous ces travaux multipliés depuis quelque temps , & couronnés , pour la plupart , du fuccès, font naître les plus hautes efpérances. Les conduéteurs électriques, a/cendans & defcendans, de M. Bertholon, aous rendront probablement un jour ce fervice; ces machines ingénieules, efpacées de diftance en diftance, plus élevées, ou placées en plus grand nombre tant dans les Villes que re les campagnes, pourront nous ca- rantir des dévaftations occafionnées par les trombes : ces conducteurs s'oppoferont à la formation de ce météore; ils foutireront petit à petit, & à chaqueinftant, la furabondance de la matière électrique, en la faifanc paffer en filence , tantôt du nuage dans la terre , tantôt de la terre dans le nuage. Enfin ces machines établiront en tous temps un accord & un équilibre parfait entre l'électricité de la terre & celle des nuages, & con- féquemment de l'atmofphère. Le moyen le plus sûr, nous dit un. favant Météorologifte (1), de parvenir à la connoiffance de la vérité , dans le PA comme dans le moral , c’eft de remonter toujours à un principe qui , bien développé, puifle s'appliquer à tous Les cas particuliers , à tous les faits qui n'en font alors que les corollaires & les conféquences; l'unité de principe eft, je penfe, le plan que Dieu s'eft propofé dans tous fes ouvrages. : Quel eft donc ce premier principe, ce principe unique dans la nature ? queftion que je me fuis fouvent faite , & à laquelle j'ai toujours eu une efpèce de honte de répondre. Que de connoïffances , en effet, n'exige pas la folution de cette queftion ! Quelle fagacité & quelle jufteffe de raifonnement ne faut-il pas pour trou- ver le lien qui unit à ce premier principe tous les effets naturels connus, tous les phénomènes météorologiques ! Mais eft-ilnéceflaire , pour entre- (1) Le Pere Cotte, dans fa Lettre touchant le rapport de l’éle&ricité avec tous les phénomènes de la Nature. ( Voyez le Journal des Scavans , 1769.) } Tome XIX, Part. 1,1782. AVRIL. Rr2 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voir ce premier principe, d’avoir une connoiflance parfaite de tous les effets naturels , & de leur liaifon avec cet agent univerfel ? je ne le crois pas : on peut fe contenter alors de juger de l'inconnu par le connu. Si donc on apperçoit dans les phénomènes de la nature les plus frap- pans & les plus connus un rapport bien décidé avec les phénomènes électriques , il y a tout lieu de penfer que Les effets naturels, inconnus jufqu'à préfent, ou attribués à d’autres caufes, ont aufli une liaifon in- time avec l'électricité, & qu'elle doit être regardée par conféquent comme le premier principe de la nature, comme le principe unique de tous les phénomènes météorologiques. Ainfi la végétation des arbres , des plantes, &c. la pluie, la neige, la grêle, le tonnerre , les trombes, les volcans, les tremblemens de terre, &c. ont pour caufe première l’éleéfriciré. La terre, en circulant dans les airs, reffemble aux globes de nos machines éleétriques ; l’une eft éleétrifée par les rayons du foleil , l’autre par la main du Phyficien; cette aflertion a été publiée, il y a 7 à 8 ans, par M. Dagoty, père, de l'Académie de Dion. Woy. le Jourr. des Scienc. & des Beaux-Arts, du 1$ Mars 1776, Pas. 533- j La terre, nous dit ce favant Botanifte, eft une boule élettrique fans ceffe en rotation, que le foleil, par fes rayons, comprime comme la main dans les expériences d'électricité ; le mouvement précipité de fa furface (qui parcourt 9000 lieues en 24 heures) infiniment plus vite que celui du plateau & de toutes les boules électriques, forme une vraie électricité qui fait végérer les plantes, élever les vapeurs & Les nuages, former le ton- nerre , &c. Je ne crois pas que l’on puifle donner une caufe mieux établie de tous les météores & de tous les phénomènes; les analyfes de plufieurs obfervations nous y conduifent. : En effet, les Phyficiens ne peuvent rien créer dans leurs laboratoires; ils ne font que développer & combiner. Il ne leur feroit pas poffible, aidés des meilleures machines, de produire la moindre électricité, fi ce fluide nétoit pas répandu non-feulement dans l'atmofphère , mais encore dans la terre & les autres corps fublunaires. Les différens degrés de dilatation & d'humidité, qu'éprouvent conf- tamment tous les corps (abftraétion faite de leurs conftitutions particu- lières), les rendent plus ou moins propres à recevoir une dofe plus ou moins grande d’éleétricité ; & la variabilité de ces deux caufes phylfiques perma- nentes, imprime à ce fluide élaftique un mouvement continuel, un flux & reflux pour fe mettre en équilibre. Il en eft de l'électricité naturelle comme de l'électricité artificielle ; l’une & l’autre dépendent du même fluide : c’eft pourquoi l’éle&ricité natu- relle ou atmofphérique eft, comme l'électricité artificielle , tantôt négative & tantôt politive. ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 309 Ce fut le 12 Avril 1753 , que le Docteur Francklin obferva , pour la première fois , que l'éleétricité des nuages éroit négative; dans huit orages fuivans, il trouva que les nuages éleétrifoient négativement , & fut tenté de conclure qu'ils étoient toujours électrifés de même : mais le 6 Juin füuivant il rencontra un nuage qui étoit électrifé pofitivement , & dans la fuite il en trouva beaucoup d’autres; il a même obfervé que les nuages, dans le cours d'un feul orage , changeoïient plufieurs fois, & pafloient de l'électricité polirive à la négative. M. Kinnerfley a également éprouvé que les nuages étoient fouvent dans un état négatif, & qu'ils tn aufli de l'érat négatif à l’état pofitif , & réciproquement; le Père Beccaria a fait des obfervations ble. & a fouvent remarqué que fon appareil élec- trifé par le tonnerre, ou feulement par les nuages, fans apparence de tonnerre , étoit tantôt dans um état poftif, & tantôt dans un état né- gatif. Ces obfervations rapportées par M. Bertholon (dans fon Traité de l'Electricité du corps huinain , Ouvrage couronné en 1779 par l’Académie de Lyon) ont trop de rapport à notre objet , pour négliger d’en enrichir notre Mémoire, & de les y ajouter; elles atteftent de la manière la plus évidente que les trombes, comme nous l'avons avancé, doivent être tantôt afcendantes & tantôt defcendantes ; & que les effets furprenants qu’elles produifent ont pour caufe première l'électricité, qui cherche à fe mettre en équilibre. PS OUPATUE SE DES EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE De M. l'Abbé DIcQuEMARE, de plufieurs Sociétés & Académies Royales de France , Efpagne, Allemagne, & Correfpondant de l'Académie Royale de Marine. CE ——— 5); EMONSISETIINENSE (D). E NTRE les polypiers fofliles & pétrifiés que j'ai trouvés dans les falaifes des environs du Havre, j'en diftingue plufieurs, fur lefquels on ne me pa- ( 1) Voyez les articles Fo/fles , Corne Ammon, Nauriles, Os, Coguilles | &c,, que M. Dicquemare a publiés dans ce Journal, depuis fon origine. 310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, roît pas être pleinement inftruit, L'un des plus orands eft affez rare pour n'être pas connu de plufieurs Naturaliftes. J'en ai deux grandes portions différemment pétrifiées : l’une me fut apportée par un homme de peine en 1776 ; il s’en falloit peu qu'elle ne formât un cylindre creux de huit pouces de longueur, cinq pouces & demi de diamètre moyen , un pouce & demi d’épaiffeur moyenne , & dont la cavité a environ deux pouces & demi. Je l'ai caffée , pour en communiquer des échantillons ; elle eft très- pefante , un peu moins tranfparente que l'agate, d'un gris tendre, fai- fant efférvefcence avec les acides, & feu avec le briquer. A en juger par tout ceci, par fa manière de fe cafler ,.&c., c’eft une combinaifon aflez dure de quartz & de fpath. Il paroît que ces polypiers étoient des cylindres creux. Ont-ils fait partie d’un tout formé comme les coraux , les madrépores? En ce cas, quelqu'accoutumé qu'on foir à voir la nature, on ne peut être que très-furpris de la quantité innombrable des animaux qui élèvent un édifice de cette nature, [1 femble , à la pre- mière vue compofée de tubulaires menus, quarrés & ftriés tranfverfale- ment. Mais en regardant avec plus d’attention, on voir que ce font des efpèces de colonnes formées de très-petites cellules empilées lune fur l'autre, & érayées par des piliers, Ces cellules, dont l'épaifleur égale à peine le plus léger trait de plume, quoiqu'il s'en trouve de plus épaifles , forment des couches perpendiculaires à la longueur du cylindre ; mais qui ne gar- dent pas un parallélifme parfait , ni une grande égalité entr'elles. Il y a des bandes de quatre à cinq lignes de largeur , où l'ouvrage paroît plus férré. Seroit-ce celui d’une colonie naïffante? Ce morceau offre des parties moins pétrifiées que les autres, & dans lefquelles les cellules paroiffent dans toute leur intégrité , & font comme des témoins de l’état antérieur de toute la mafle que la trop grande pétrification pourroit faire mécon- noître à des yeux peu exercés. Î1 faut un deflin à la plume , très-foigné , une gravure précieufe & un grand format , pour faire connoître , d'une manière plus particulière, ces deux beaux morceaux. Le fecond, que j'ai trouvé dans Les écroulemens des falaifes de la Heve, paroit avoir eu les mêmes dimenfions que le premier ; mais il eft plus intéreffant, d’une pétrification différente , moins pefante : il tient plus de la nature de Fini de taille, mêlée de quartz & de quelques parties de filex ; il fait effervefcence avec les acides, feu avec le briquet , eft d’une couleur fauve & d'une âpreté fingulière au toucher, conféquemment bien confervé. Ces deux morceaux font percés de trous de folades, SUR L'HIST. NATURELLE ET LESTARTS. 311 OBSERVATIONS SUR la Cryflallifation artificielle du Soufre & du Cinabre. Par M, PELLETIER, C: EST de nos jours que les Chymiftes fe font occupés de la cryftalli- fation des métaux, & l'idée de ce nouveau genre de travail eft due aux Chymiftes François. M. Brongniard eft le premier qui ait entrepris avec fuccès la cryftallifation du bifmuth, en fuivant le même procédé M. Rouelle l'aîné indiquoit dans fes Cours, pour faire cryftallifer le foutre, M. Mongez le jeune, Chanoine de Ste.-Geneviève, a pouflé enfuite ce travail bien plus loin, & il eft parvenu à faire cryftallifer tous les métaux, à l'exception du mercure & de la platine; l’un à caufe de fa fluidité continuelle , & l’autre à caufe de fon infufbilité, qui ne permet pas de fuivre à fon égard le procédé qu’on emploie pour les autres métaux, M. Rouelle, comme je viens de le dire , eft le premier qui a décrit le procédé pour faire cryftallifer le foufre. Je vaisle rapporter tel qu'on le trouve dans fes Cahiers manufcrits, rédigés depuis 1754, & dont ilya tant d'exemplaires répandus, non-feulement en France, mais encore dans toute l'Europe. « Le foufre, dit M, Rouelle , fond à un degré de feu peu confidérable, » Lorfqu’il eft fondu, il répand une odeur particulière , différente de celle » qu'il a lorfqu’il brüle , & qui eft celle de l'acide fulfureux volatil. IL eft >» rouge lorfqu'il entre en fufion. Cette couleur change à mefure qu'il re- » froidit; il cryftallife en refroidiffant , à la manière des fels neutres. Voici » comment fe fait cette cryftallifation. Les parois des vaifleaux dans lef- » quels le foufre eft en fufion , venant à fe refroidir les premières , le foufre » sy fige , ainfi qu’à la furface. Lorfqu’il eft refroidi à la moitié , on vuide » le foufre qui éroit encore en fufon dans le centre , & qui fervoit pour » ainfi dire de diflolvant au foufre , ainfi que l’eau en fert aux fels neutres >» qu'on met à cryftallifer. On trouve de véritables cryftaux, qui font >» toujours perpendiculaires aux furfaces des vaifleaux dans lefquels ils ont pété formés ». On n’a point manqué d’objeéter que les cryftaux qu’on obtenoit par ce procédé, n'étoient point la vraie forme du foufre , puifqu'ils étoient toujours en aiguilles, & que la nature nous offre du foufre cryftallifé régulièrement. Mais il eft vrai de dire quec’eft par un procédé femblable qu'on eft parvenu à faire cryftallifer les méraux, d'après le confeil de M. Rouelle, qui dit formellement que les métaux & les demi-métaux 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, font fufceptibles de cryftallifation , & que c’éroit l'idée de M, de Réau- mur (1). IL falloit donc chercher un autre moyen pour avoir le foufre cryftallifé régulièrement: il nétoit point difficile à trouver , puifque je fais voir quil étoit connu; mais perfonne n'y avoit fait attention. Ce procédé confifte à faire diffoudre le foufre dans un menftrue duquel il fe fépare, fans être altéré, & de manière que chaque molécule fe réuniffant tran- quillement, il puiffe prendre fa Are propre, L'eau n'ayant point d’ac- tion fur lui, n'a pu être employé à cet ufage. L’efprit-de-vin n’en diffout non plus que très-peu; encore a-t-il fallu le moyen ingénieux de M. le Comte de Lauraguais, qui eft de faire réunir le foufre & l’efprit-de-vin tous deux en vapeurs, L'efprit-de-vin diffout alors le foufre; mais par le refroidiffement , celui-ci s'en fépare prefque enentier , en prenant une f- sus cryftalline, Ces cryftaux font fi petits, qu’on ne peut les déterminer. es huiles eflentielles diffolvent le foufre, & le nouveau compofé fe nomme baume de foufre. M. Rouelle obferve que, fi l'on a mis trop de foufre , l'excédent qui ne peut être tenu en diffolution, cryftallife au fond du matras, & que les huiles effentielles font à fon égard l'office de dif- folyant , comme l’on voit que l'eau le fait à l'écard des fels qui cryftal- lifent dans ce fluide; & ces cryftaux font, dit-il , autant d'aiguilles grou- pées en forme d’éventail. J’ai répété cette expérience, & je me fuis fervi de l'huile effentielle de rérébenthine , qui eft la plus commune & à plus bas prix. Cette diffolution aufli chargée de foufre qu’elle pouvoit en tenir à chaud , m'a fourni par le refroidiflenent, & après l'avoir abandonnéé quelque temps, des criftaux à vingt-deux facettes, qui préfentent une des modifications de l’otaëdre rhomboïdal: on y compte huit pentagones & huit trapezoïdes en bizeau, quatre pentagones linéaires, & deux rhombes. La plupart de ces cryftaux font groupés de manière à ne préfenter qu'une portion plus ou moins grande de plans rhomboïdaux avec un certain nombre de leurs pentagones & de leurs trapézoïdes en ces pans (2). Je fuis d'autant plus porté à croire que ce moyen eft celui qui eft le plus pro- pre à faire criftallifer le foufre , qu'il nous préfente une des variétés du foufre que nous trouvons cryftallife par la nature; & fi on faifoit ces expé- riences en grand, on pourroit peut-être avoir les autres variétés. J'ai auffi obtenu , par un autre procédé , des cryftaux de foufre bien lus réguliers , & femblables à des cryftaux de foufre naturel. Celui-ci eft plus long & difficile à répéter. Cependant comme je le dois au hafard, ce (1) Ceux qui ontles Cahiers de M. Rouelle, peuvent voir ce qu'il dit dans les re- marques du 98° procédé du regne minéral, où il parle de la cryftallifation du régule d’antimoine. , (2) J'ai fait voir certe cryftallifation à M, Romé de l'Ile, & c’eft d’après lui que je la décris, & SUR L'HIST. NATURELLE,ET LES ARTS. 313 & qu'il nous préfente des phénomènes particuliers , je vais le faire con- noître ; il confifte à unir le foufre à l’alkali volatil, ce qui ne peut pas fe faire facilement, en traitant immédiatement Le foufre avec l’alkali volatil : il faut une appropriation particulière, & fuivre Le procédé indiqué par Boyle ; il confiite à faire un mélange de foufre, de fel ammoniac & de chaux vive, & on diftille, La liqueur qu'on obtient eft une diflolution de foufre par l’alkali volatil, un vrai hépar volatil, qui, lorfqu’il eft con- centré, & qu'il a le contact de l'air, fe volatilife fous forme de vapeurs blanches. Boyle, à caufe de certe propriété, l'a nommée fa liqueur fu- mante. Quand on garde cette liqueur dans un flacon qui bouche exac- tement, la liqueur fe conferve avec fes propriétés; fi au contraire le fa- con neft pas bien bouché , & qu'il s’y ÊTe une évaporation infenfible, & dans un endroit tranquille , l’alkali volatil quitte le foufre, s'échappe , & le foufre alors fe précipite , en prenant une forme cryftalline (1). Mais fi le flacon étroit tout-à-fait ouvert , l’alkali volatil, en s’évaporant , don: neroit des aîles à une portion du foufre, & le refte fe précipiteroic confu- fément. On doit obferver que les phénomènes qui arrivent ici ne font pas ceux. qui fe paffent dans la A PDT RE E des hépars, où les alkalis fixes entrent, Quand ces derniers viennent à avoir le contact de l'air, ils fe dé- compofent ,-& le foufre lui-même eft décompofé ; le principe inflamma- ble qui faturoit l'acide vitriolique fe diflipe ; alors l'acide s’unit à l’alkali, & forme du tartre vitriolé. Si dans cette décompofition, les mêmes phé- nomènes avoient lieu , nous devrions avoir du fel amimoniac vitriolique ; mais c’eft ce qui n'arrive pas. L’alkali volatil s’'évapore , & lefoufre ne pou- vant plus être tenu en diflolution, reparoît fous fa forme naturelle, en prenant fa figure propre, qui eft l’octaëdre rhomboïdal , formé par deux pyramides quadrangulaires obliques & obtufes, jointes bafe à bafe. Lorfque le foufre eft uni au mercureyle nouveau compofé eft connu fous le nom d'ærkiops minéral , fi on ne fait que les triturer ou les fondre enfemble ; mais fi on donne plus de feu à ce mélange, il fe fublime en entier , en prenant la forme d’une fubftance minérale ftriée, ui eft connue fous le nom de cinabre, lequel étant alors extrèmement dvi, prend une belle couleur rouge. On trouve ce compofé dans Le fein de la terre, & même il y en a des mines confidérables. 11 fe préfente fouvent fous la forme aiguillée. M. Romé de Lifle, dans fa cryftailogra- phie, parle d’une cryftallifation de cinabre , qui étoit deux tétraëdres réunis par leur bafe, & tronqués ; & M. de Born aflure l'avoir vue en tétraëdres réguliers. Le cinabre que nous faifons artificiellement dans nos Laboratoires, & qu'on fait fublimer dans des matras ou bouteilles à médecine , eft toujours (x) J'ai eu occafion d’obferver ce phénomène au Laboratoire du Collége Royal, avec la liqueur fumante de Boyles que je confervois dans un facon qui ne bouchoit pas bien, & qui n’avoit pas été remué depuis un an. Tome XIX, Part, I, 1782, AVRIL, Ss 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en aiguilles. Mais il eft un moyen de l’avoir en cryftaux réguliers; c’eft de faire la fublimation dans une cornue dont le col elt trèslarge : on la place dans un fourneau de réverbère , & on fait fortir le col , autant qu'il eft poñfible. En procédant ainfi à la fublimation, j'ai obtenu au col de la cornue Le cinabre, où on apperçoit des cryftaux très-diftints , & qui font des técraëdres réguliers. Cette expérience vient à l'appui de l’obfer- vation de M. de Born, & prouve que la vraie cryftallifation du cinabre _eft le térraëdre (1). DE SIC RIT PL TON D'UNE Machine propre à broyer toutes fortes de couleurs. Par M. P. D. C. he le monde connoît les dangers auxquels on eft expofé par le broïement des couleurs , fur-tout de celles dont la préparation exige des chaux de plomb, &c: Nous ignorons que l’on fe foit occupé, jufqu'a pré- fent, des moyens de parer à cet inconvénient. Convaincus que, fouftraire l'humanité à la maladie fi cruelle , connue fous le nom de colique de Poitou, colique des Peintres, colique de plomb, &c., ce feroit lui rendre un fer- vice précieux , nous nous fommes propofé le problème fuivant. Trouver le moyen de broyer toutes fortes de couleurs, de les repréfenter Jans ceffe fous la molette, de les enlever de deffus Le porphyre lorfqwelles fonc prêtes, de répandre à propos l'huile & Les couleurs que l'on veut amalgamer, Le tout fans Le Jecours ni la préfence de perfonne. Le Lecteur va juger fi nous avons rempli la tâche que nous nous fommes impofée. Auparavant d’efitrer dans aucun détail, nous croyons devoir pévénir qu'on peut employer comme moteur le vent ou l'eau indif- féremment , & même conjointement, le choix dépendant de la pofition des lieux; il fera libre auf d'appliquer la puiffance d’un homme ou d’un cheval. Le moteur de la machine énoncée fera: cenfé l’eau qui fuivant fa chûte & la force de fon courant , donnera, foir par le haut, foit par le bas, le mouvement à une roue dont l'arbre portera un rouet, lequel engrénera dans une lanterne, dont l'axe coudé, en forme de manivelle, fera jouer tout le refte. Pour plus de clarté dans notre defcription , nous diviferons tout le tra- vail en trois parties : 1°. le broiement des couleurs & leur repréf-ntation fous la molette; 2°. leur enlèvement de deflus le marbre ou porphyre; 3°. le verfement de l'huile & des couleurs. Nous allons faire connoître (1) Not du Réduëteur du Journal. Je puis certifier que ce dernier procédé de M. Pelletier ef excellent, puifque j’ai obtenu de pareils cryftaux de cinabre atificiel, il y à plus de deux ans, dans le Laboratoire de Sainte-Geneviève, —————@—— SUR L'HIST. NATURELLE 'ET LES ARTS. 331$ féparément les pièces Si appartiennent à chacun de ces travaux, afin de faciliter l'intelligence de leur jeu , que nous expliquerons enfüite. PREMIER TRAVAIL. Broiement des couleurs & leur repréfentation fous La molette. Le premier travail eft compolé 1°. d’un grand bras M ( voyez pl. Il , fig. 1 & 2 avec leurs détails), dontle mouvementeft déterminé par celui de la manivelle G; il eft percé dans fa longueur d'une mortaife M", double de la manivelle : elle fert à le conduire autour d’une cheville Q, qui lui tient lieu en même temps de fupport intermédiaire entre l'extré- mité entraînée par la manivelle , & celle à laquelle eft fixée la molette N', propre à broyer les couleurs. 2°. Au grand bras M eft ajufté un petit bras O', formé fimplement d'une feule tige, & fe mouvant entre les dents de la fourche O; l'extré- mité libre de ce petit bras eft coudée en O:, < 3°. D'un plateau de marbre ou porphyre P, enchäflé ou fcellé folide- ment fur une roue O4, dentée fur toute fa circonférence , portée fur uatre roulettes S, & retenue dans fon milieu par un pivot U, qui repré- HN fon centre de rotation. 4” D'un renvoi 0, fixé folidement {ur la plate-forme P', par le bras 9", SECOND TRAVAIL. Enlèvement des couleurs préparées. Les pièces qui concourent au fecond travail font, 1°. une roue ou régulateur V , portant fur fa circonférence 16 dents X, dont chacune eft pouflée fuccellivement à chaque révolution de la grande roue O4 , par une longue dent R; cette roue où le régulateur eft appliqué au cylindre YŸ , creufée, dans fa partie fupérieure , de deux gorges ou rainures L', L*, portant chacune haut & bas des plans & , &", 2°. Des leviers 3 & 4, dont le point de communication eft en 3’; le levier 3 eft engagé par fon coude 3+, dans la rainure ou gorge infé- rieure L' du cylindre Y ; & celui 4 reçoit dans une fontaine $', pratiquée à fon extrémité $ , la cheville ou fupport Q du bras M. 3°. D'un levier à couteau 11, dont le point d’appui eft en 11°; fon manche H* eft engagé dans la rainure fupérieure L' du cylindre Y. TROISIÈME TRAVAIL. Werfement de l'huile & des couleurs. Les pièces qui compofent le troilième travail font; 1°. une fourche 33, dont les branches 32, 32, fe meuvent fur les points 34: vers la queue de certe fourche eft placée une roulette 36, portée fur le plateau fupérieur du cylindre Y; la ligne ponctuée 37 repréfente fon chemin; fur celui-ci fe trouve une cavité 38, formée par deux plans inclinés ; oppofés par leur pointe , ils reçoivent la roulette 36 lors de fon pañlage, 2°. D'une trémie 20 (fig. 4) , propre à contenir les couleurs , retenue & fuf- pendue par une ou deux ceintures 22: l’auget 21 eft fufpendu fous la trémie ; il a une queue 22', qui communique à la bafcule 23, hauffée & baiflée , fuivant que la roulette 36 eft dans la cavité 38, ou fur le pla- Tome XIX , Part I, 1782. AVRIL, Ssz 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, teau 37. La bafcule 23 repofe fur la branche 32 , par un tenon 31. 3°. D'un vafe 24 (fig. 3) propre à contenir l'huile, garni vers fon fond d'une foupape 25 , dont la tige 25° communique avec la bafcule 30, réglée comme celle-ci deflus par la fourche 32; fous le vafe 24 eft fuf- pendueune cuvette 29, pour recevoir l’huile qui fuinte après Le jet. Jeu. De la difpofition de ces différentes pièces , il fuit que la mani- velle G , entraînant dans fa révolution le bras M, celui-ci ne peut l'être, fans faire jouer la molette N°, fixée à fon extrémité. Le chemin de celle-ci eft défigné par fa ligne ovale ou elliptique N°. Le premier bras entraîne à fon tour celui O*, dont le coude O* poufle fuccefivement chaque dent O5, placée fur la circonférence de la roue O*, qui porte le plareau ou porphyre P, fur lequel font les couleurs, lefquelles , par cet effet, viennent fe repréfenter continuellement fous la molette, pour en fubir l'action. Comme la force centrifuge imprimée au plateau pourroit faire échapper la couleur , avant qu’elle ne foit fufifammient broyée, le renvoi 9 ; placé à-peu-près comme le repréfente la fig. 1, s'y oppofe , en la raflemblant au fortir de deflous la molette, & la force de s'éloigner de plufieurs pouces de fa circonférence, L'efpace qu’elle laifle libre par l'effec du renvoi, eft défigné par le chiffre 10; le mouvement continue jufqu’à ce que la couleur foit fuffifamment broyée & bonne à être enlevée de deflus le marbre. Voici comment s'exécute cette feconde opération. Suppofons qu'il faille quinze révolutions de la roue O4, fur laquelle eft fcellé le porphyre P, pour que les couleurs foient affez préparées. V, avons nous dit plus haut, repréfente un régulateur, dont la circonfé- rence et armée de 16 dents X; à chaque tour de la roue O4 fe préfente une longue dent R , laquelle pouffe une dent X, & fait faire par confé- quent au régulateurun feizième de tour. Le cylindre Y (fig. 3), comme il a été dit, porte deux rainures ou gorges Z', Z?: fur la bordure inférieure &* de celle Z', fe trouve un plan &', difpofé de telle manière que lorfque la quinzième dent de la roue V eft pouflée par la dent R, le plan & force le coude 63 du bras de levier 3%, baiflé auparavant, à s'élever; mais le bras du levier 35 ne peut s'élever , fans que celui 34 ne baifle & ne fafle baifler à fon tour le bras 43, dont le petit bras 44 eft forcé, par cela même, de s'élever; or l'extrémité $ de ce petit bras 4 porte la cheville de fupport 2 , fur laquelle roule le bras M, qui porte la molette N*: donc le bras M fera élevé, & par conféquent la molette N: qui , dès ce moment, ne touchera plus Le marbre ni les couleurs, puifque fon mouvement fe fera fimplement en l'air. Mais le cylindre Y porte une fecondé gorge Z?; fur fa bordure infé- rieure eft difpofé un plan &', de telle manière que, dès le moment que la quinzième dent du régulateur eft pouffée , le manche 11* du couteau échappe à un plan fupérieur qui le tenoit baiflé, & eft forcé par la ren- contre de celui inférieur €&* de s'élever : or ce manche ne peut s'élever, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 fans que le couteau 11 ne s'applique immédiatement au marbre P : donc le mouvement de la roue O4 , continuant par le moyen du petit bras O', le couteau 11 s'oppofera au paflage Le couleurs qui, forcées par celles qui fuivent de monter le petit plan incliné 12, font reçues dans la gorge 13: La révolution de la roue O4 finie, la grande dent R fe préfente de nouveau , & poufle la feizième dent du régulateur; pour lors le manche du couteau échappe au plan inférieur qui le forçoir d’être élevé, & il fubit l’action de celui fupérieur qui le contraint de baïfler. Dès cet inftanc, le couteau ceffe de toucher le marbre ; il eft incliné en Fair, & les couleurs qu'il a reçues dans fa gorge, s’écoulent par la pente qui leur eft donnée dans le canal circulaire 14. Cette polition du couteau efttelle, jufqu'à ce que la roue 14 ait fait quinze autres révolutions, & que la longue dent R ait pouflé les quinze dents X fuivantes du régu- lateur. Voyons actuellement comment s'opère le verfement de l’huile & des couleurs. Au même inftant que le manche 11* du couteau eft forcé de s’abaifler,, c'eft-à-dire, que la feizième dent du régulateur eft pouflée par fa longue dent R, la roulette 36 eft reçue dans fa cavité 38, qui fe trouve fur fon chemin 37. Cette roulette ne peut defcendre dans cette cavité’, fans faire baifler les branches 32, & par conféquent les deux bafcules 23 & 30, qui fe trouvent dès-lors expofées à l’action des dents O3, verfent à chaque battement , l’une par l’auget 21, la couleur propre à être broyée , l'autre fait lever la foupape 25 , & la preflion de l’huile contenue dans le vale 24 force celle qui avoifine la foupape , de s’échapper par le gou- lot 27;.& ainfi de fuite, jufqu'à ce que le plateau P ait fait fon tour, & que la cheville ou dent R , en pouflant la première dent X du régu- lateur V , fafle remonter & la roulette 36, & les deux bafcules 23 & -o, en foulevant les branches 32, fur lefquelles elles font fufpendues en liberté, Pour lors le coude & 3 du bras de levier 33 échappe au plan &, qui le forçoit de s'élever, & la molette fe trouve de nouveau für le plateau ou marbre P; elle ne ceffe de broyer la nouvelle dofe de couleur, que lorfque la quinzième dent du régulateur, qui prefcrit la durée du broie- ment, vient à être repouflée, & ainfi de fuite, pour toute la quantité de couleur dépofée dans la trémie , & celle de l'huile contenue dans le vafe deftiné à la recevoir, Sous ce dernier eft fufpendue une cuvette 29, pour recevoir lhuile qui peut s’écoutter du bec 27 ; celui-ci doit être taillé en flûte, afin que, lorfque le jet de l'huile eft fini, celle qui s'égoutte vienne d'elle-même gagner infenfiblement le déflous du vafe & tomber dans la cuvette, Si le bras M , auquel eft fixée la molette N', & qui eft entraîné par la’ manivelle G, Éibifloit trop de frottement à caufe de la mertaife M*, quoiqu'on ait eu foin d'indiquer des roulettes M*, propres à le diminuer, 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'on pourroit lui fubftituer celui repréfenté par la fig. 8 : c’eft une fimple tige 4°, fe mouvante entre deux roulettes L?, & fur une troifième L3; elle reflemble en cela à celle du petit bras O', qu'on auroit pu faire éga- lement avec une mortaife. À Voici la manière dont eft failie la molette, pour qu’elle ne puiffe point s'échapper dans fon travail. Quatre bras reprélentés par les chiflres 42, font coudés en 42' & en 423 (fig. $): une ptite rainure pratiquée au bord fupérieur de la molette , fert à introduire le crochet 43°; les quatre bras fe rejoignent au milieu du difque fupérieur, entre les deux mächoires 41, pour être pénétrés, ainfi que ces dernières , par une vis 43, La tige ou bras 39, qui unit les deux mâchoires, glifle dans une coulifle 40 du bras M, & y eft retenue par deux vis C'. Lorfqu'on voudra charger plus ou moins la molette, entre cette der- nière & les coudes des bras 42, on peut placer un plateau de plomb plus ou moins lourd; il n’eft pas befoin de dire que , pour que la preffion des vis foic plus étroite, il fera bon d’interpofer du cuir par-tout où il fera néceffaire. Comparaifon du travail d’un homme avec celui de La machine. Xl eft reconnu qu’un homme conftamment à fon ouvrage, ne peut guère broyer dans un jour, par exemple, plus de fix livres de térufe ; (il eft des cou- leurs pour lefquelles il faut plus de temps.) Suppofons le jour de 10 heures, celles des repas non comprifes, les fix livres de couleurs donneront environ 2 onces 4 gros pour + d'heure; leur étendue fur le marbre ne demande pas plus d'un pied quarré : or le plateau ou porphyre fur lequel les couleurs feroient étendues dans la machine énoncée, contient quatre fois autant de fuperficie, Préfentement fuppofons que la grande roue , qui reçoit l’impreflion de l’eau, faffe huit tours dans une minute (ce qui n’eft point extraordinaire) , le rouet porte quarante dents, & la lanterne huit fufeaux ; la lanterne fera donc cinq tours, pendant que le rouet n’en fera qu’un : mais celui-ci en fait autant que la roue dans une minute, c’eft-à-dire huit. Donc ce fera $ x 8— 40, nombre de tours que fera la lanterne dans une mi-, nute, & par conféquent la manivelle & les bras qu’elle entraîne : mais la roue fur laquelle eft fcellé le marbre a quarante dents, dont une eft pouflée à chaque révolution de fa manivelle : donc elle fera fa révolu- tion en une minute, La petite roue ou régulateur porte feize dents, dont une marque le temps employé à ramaffer les couleurs , les [quinze autres expriment la durée du travail; elles font mues chacune à leur tour pen- dant les quinze minutes qu’elles repréfentent: donc à fuppofer que quinze minutes fuffent pour broyer la quantité de couleur énoncée plus haut, & qu'il ne faille pas plus d’un pied quarré pour l'étendre, la machine pro- pofée fera dans le même temps quatre fois autant d'ouvrage qu’un homme SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 avec les bras ; elle en feroit même plus, fi elle étoit conftruite en con- féquence. Si l'on difpofe , comme il conviendroit, cinq autres marbres à égale dif tance de la manivelle , on pourra broyer à-la-fois & féparément fur chacun d'eux les fix couleurs , rouges , bleues , jaunes , vertes, noires & blanches , avec lefquelles on peut, pour ainfi dire, faire toutes les nuances. L'on féroit fur chaque plateau {a nuance qui domineroit dans les couleurs à mélange, On voir que ce feroit beaucoup plus expéditif & même plus commode, que d'être obligé d'efluyer les marbres, &c. toutes les fois qu’on voudroit changer. Autrement la machine feroit contrainte de s’arrêter, & ce feroit toujours une perte de temps, … I paroît donc démontré, que l'on pourroit fe pafler de la préfence d'un homme pendant le travail de la machine; qu’on régleroit facilement, en mettant de l'huile & des couleurs dans les vafes propres à les conte- nir, ce qui devroit en être dépenfé pendant un certain temps; comme, par exemple, douze heures , au bout defquelles, où même avant leur expiration, on viendroit fimplement remplir les vafes , mettre la couleur préparée en dépôt, & graifler ; en un mot, foignet la machine: opéra- tions qui ne demanderoient pas beaucoup de temps. À cet avantage, joignez celui de pouvoir travailler la nuit & de ne dépenfer aucun lu- minaire , &c. Avec un moteur fufñfant, rien n’empêcheroit de faire mouvoir, non- feulement plus de molettes que la quantité ci-deffus , mais encore de faire jouer en deffous du moulin , par le moyen de l'arbre de la grande roue, des pilons qui cafferoient & réduiroient en petits morceaux les couleurs ou matières dures propres à en faire ; de-là les faire paffer fous une.meule mue par un rouet, pour être pulvérifées, & enfuite fubir le tamifage , avant d'être dépofées dans les trémies. Tout ce travail dépen- droit 1°. de la force du moteur; 2°. de la poftion des lieux & du com- merce du propriétaire. L'établiflement d’une femblable machine convien- droit aflez à Paris ou aux environs , dans des Villes principales, dans des ports , &c., où l’emploi des couleurs eft confidérable, IL feroit auñi facile de la placer fur un bateau , comme les moulins à bled & autres. Si l'on fait attention à la quantité de perfonnes dont la vie eft abrégée par le broïement des couleurs, & qui meurent dans des tourments af- freux , à la difculté, pour ne pas dire l’impofhbilité de foutenir “long-temps ce travail à caufe des corpufcules dangereux pa émanent des chaux en général , fur-tout de celles de plomb fi ufitées dans la pein- ture ,on ne balancera pas un inftant fur l'importance de prévenir ces dangers. Nous ne nous flattons point de les avoir éloignés; nous nous eftimerions heureux d’avoir ouvert la voie, & démontré la pofhbilité de réfoudre le problème que nous avons énoncé, 320 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Apperçü de la force ou puiffance requife par La machine propofte. Nous partirons de ce principe de mécanique : La puiffance eft à la réfiftance, en raifon compofée des rayons des eflieux aux rayons du rouet, ou comme le produit des rayons des eflieux multipliés les uns par les autres , au produit des rayons des roues multipliés les uns par les autres. Soit la grande 'roue à cuvettes ou gourgolles, qui reçoit le mouve- ment de l'eau, de 10 pieds de diamètre ; le rouet qui meut la lanterne , de ÿ pieds; la lanterne de 14° & la manivelle de 18° : les rayons des eflieux feront 2 pieds 6° & 9° : multipliés l'un par l'autre, le produit fera x pied 10° ou 22°; les rayons du rouet| feront $ pieds & 7°: multipliés l’un par l'autre , le produit fera 2 pieds 11° ou 35°. Partant, on aura la proportion fuivante : en fuppofant la réfiftance de quatre-vingt- dix livres, c’eft-à dire, fix molettes dont la preflion de chacune fera cenfée de quinze livres P : R :: 22°: 35°; ou 35° : roue, eflieux, réfi£ tance 22° :: 90: x en faifant la rècle , on trouvera pour quatrième terme $3 livres 4-À, pour former l'équilibre; mais , comme il faut bien un tiers, où même, fi l'on veut, une moitié en fus, pour furmonter la ré- fiftance des frottements & des autres petits mouvements, Le total de la puiffance ou effet de l'eau fera aux environs de 106 iv., pour faire jouer les fix molettes comme il faut, & tout ce qui dépend de leur tra- vail. D'où l’on peut voir, qu'avec une chûte de dix pieds feulement, pourvu que le ruiffeau puiffe fournir continuellement à chaque gourgolle qui fe préfentera la feptième ou huitième partie du poids ci- mentionné, on pourra faire aller la roue pardeffus , fans donner de pente au canal qui apporte l'eau; on pourra aufli lui faire recevoir l’eau à fon tiers; mais alors il faudra environ le cinquième du poids ci-deflus, & au moins le quart, en fuppofant la chüte de 7 à 8 pieds feulement. En un mot, en combinant l’eau & le vent à propos , il en peut réfulter, fi l'on veur, de grands avantages, fur-tout lorfqu'un de ces moteurs vient à mollir, &c. On pourroit même fuppléer à ces moteurs, en leur fubftituant un homme, dont le poids: feroit mouvoir une roue difpofée en conféquence , & rem- plaçant celle qui reçoit le mouvement de l’eau; il feroit à craindre feule- ment que la machine n’allt pas aufli vite dans tous les temps. Apperçu du bénéfice d’une femblable machine. Pour peu que l'on fe foit rendu compte du jeu, dutravail & de la force de la machine propofée, onne doit pas tarder à s’appercevoir, que chaque plateau ou porphyre fera quatre fois autant d'ouvrage qu’un homme dans le même temps :mais , comme cette machine eft fufceptible d’aller la nuit comme le jour, dans 24 heures chaque plateau fera environ neuf fois autant d'ouvrage qu'un homme. Suppofons que la journée aétuelle d’un broyeur foit de 20 f. (on ne peut guère donner mains, vu la difficulré & les tifques du travail, &c.) dans 24 heures , chaque plateau aura donc économifé 9 hommes ou 9 francs : Of» SUR L'HIST: NATURELLE ET.LES ARTS. 322 ot la machine propofée eft cenfée avoir. 6,.planss doncice fera 6 x:D — $4L. d'économie; dans 24 )heures. Pour, Le fervice. d'une femb'able machine , nous.avons dit qu'il falloit un homme, foit pour remplir les vafées de couleurs & d'huile, ou de tout autre liquide, foit pour graifler les mouvements; que la journée de cet homme foit de 1,0 [ce fera autant à diminuer fur les, 54 L Refte donc ; pour les 6 plans f2_Lbmec.de bé- néfice dans 24 heures, abftraction faite de, l'entretien ; nous.lne poulfe- rons pas ce calcul plus loin., il dar 1 s LiX D'après ce fimple éxpofé, ileft facile de juger, & du prix honnête auquel pourroient être réduites les couleurs en général, & de l’érendue: du com- amerce d’un Propriétaire d’une femblable machine , &c, &c. : Explication des Figures. à À'on [A . Lafig. 1 repréfente.le plan d'une place, ou plateau de la machine, | . La fig.2 la coupe &1le profil de Ja même place, prife fur la ligne a, b, ka plan. .. La fig. 3 repréfente 1°. l'élévation du vafe à l'huile, enfemble le détail de fa bafcule ; 2° Le couteau à ramafler la couleur: 3°. la coupe & le profil du régulateur , enfemble une partie de la coupe & profil de le roue qui porte le porphyre. | : La fig. 4 l'élévation de la trémie à couleur, enfemble le détail de fa bafcule, he La fig. $ la coupe de la molette, enfzmble les bras qui la faififfent. La fig, 6 repréfente le plan du bras de la manivelle & le plan de la molette. La fig. 7 la coupe & profil du couteau à ramafler la couleur. : La fig. 8 le plan d'un bras propolé pour remplacer celui de {a FAC | “Les mêmes lettres fignifient les mêmes chofes dans chacune de ces ures. re Projection de la circonférence de la roue à laquelle l’eau imprime le mouvement. A?. Arbre de cette roue. B. Rouet, C. Dents du rouet, D. Lanterne, E. Fufeaux. F. Volansiquitrend égal le mouve- ment de la manivelle. G, Manivelle. H'. Collet qui embrafle l'axe de la manivelle, H*. Croix qui fupporte le coller, 1". Crapaudine qui reçoit le pivot de la lanterne. 1. verte dans laquelle ‘elle eft encaftrée, K. Coude de la manivelle qui reçoit les anneaux L. M. Bras de la mani- velle,. N', Moletre, elle peut être en marbre ou en verre, N°.Chemin de la molette. O'. Bras qui fait tourner le. plateau ou marbre P. O*, Coude de ce bras. O3, Dents de la roue O4. Q.Cheville ou fup- port coudé avec roulettes pour diminuer le frottement du bras M. Tome XIX, Part. 1,1782, AVRI L. Tt 322 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, R: Grande dent qui fait mouvoir le régulateur V. S. Roulettes de fer ou de'cuivreijauné ,'qui portent la roue O 4 & le plateau P. T. Bandes de cuivre jaune ou de fer , fur lefquelles cheminent Les roulétres ci-deffus; au lieu des roulettes appliquées à la roue O 4, on pourroit fubftituer une roue horizontale de fer ou! de cuivre, qui fe mouvroie fur des roulettes qui prendrôienti la place de cinq bandes que repréfentent les figures. Voyez la fig. 9: U. Pivot ou centre de rotation de la roue O4 : V. Régulateur. X. Dents du régulateur. Y. Cylindre du régulateur. Z', Gorge infé- rieure ‘du cylindre, Z'. Gorge füupérieure. &. Plans de la gorge ou rainure inférieure, 6. Plans de la gorge ou rainure fupérieure. 1. Axe du cylindre. 2. Boîte de cuivre jaune pour diminuer fon (frottement. 3: Grand levier. 4. Petit levier. ç- Extrémité du petit levier , qui reçoit dans une fontaine le piéd du fupport Q. 6. Grand levier du petit bras O'. 7. Petit levier du même bras O', 8. Extrémité de ce petit levier, qui reçoit pareillement dans une fontaine le pied de la fourche 8, À F'aide de ces quatre leviers, on peut, quand on'le juge à propos, arrè- ter tout mouvement de la molette & du petit bras fur chaque plateau, fans pour cela arrêter la machine où fufpendre le travail des autres plateaux voifins, ‘ 9. Renvoi ou ramafle-couleur. 10. Efpace du plateau laïffé libre par la couleur & produit par le renvoi. 11. Couteau à ramafler la couleur, 12. Plan incliné. 13. Gorge. Voyez la coupe de ce couteau , fig. 7. Si le mouvement du couteau étoit gêné par celui de la manivelle, äl feroit poffible de faire travailler celle-ci plus près de la circonférence, en tranfportant fa cheville de conduite plus près de celle 8, qui , à fon tour, demanderoit à être reculée, pour faire jouer librement le petit bras O" ; lors de cette tranfpofition, il faudroit reculer le renvoi & le placer à convenance environ vers 9°. Si l'on vouloit pareillement que la molette N'. décrivit un plus grand ovale, ce feroit de placer fa cheville plus près de la manivelle G. Si l'on vouloit encore que la vit-ffe du plateau fût augmentée, il feroit poffible de la doubler en établiffant un fecond bras 113, qui rameneroit un nombre de dents égal à celui que chafle le bras; mais alors il faudroit doubler le nombré des dénts du réoulateur, &c. 14. Canal ou auge circulairé propre à recevoir les couleurs que laifle échäpper le couteau , & les conduire par une pente 15, pratiquée à cet effet jufqu’au goulot 16, qui les introduit dans le réfervoir 17. 18. Cou- vercle de ce réfervoir. | Le canal qui reçoit les couleurs préparées, peut être formé de terre cuite “verniflée & jointoyée avec de la téline, ou quelque matière la moins fufcéptible de fe mélanger avec les huiles & les couleurs; il {era bon audi “de préferver Le pourtour de Ja roue, SUR L'HIST. NATURELLB ET LES ARTS. 223 19. Elévation qui furpafle le niveau de la plate-forme & du marbrié on porphyre P, afin de retenir la couleur qui pourroit s'échapper lors du mouvement de la molette. Si on le jugeoit convenable, lon pourroit pratiquer l même élévation tout autour de la places! ) \ : 20. Trémie en bois où en fer-blancipropre à recevoir Les couleurs qui doivent être broyées. 21: Auget qui renvoie la couleur fur le porphyre. 22. Ceinture qui porte la trémie. 23. Bafcule de la trémie. 24. Vafe à contenir l'huile. 25.Soupape. 26, Ceinture qui tient fufpendu le vafe à l'huile. 27. Gouloc ou bec qui répand.lhuile fur la couleur à chaque élévation de la foupape 25. 28, Couvercle du vafe à huile, 29. Cu- vette fufpendue fous le goulot. 30. Bafcule qui met en jeu-la foupape 25. 31. Tenon par lequel font fufpendues les bafcules 23 & 30. 32. Bran- ches de la fourche 33. 34..Axe des branches 32. 36. Supports des ceintures, 36. Roulette de la fourche 33. 37. Chemin de la roulette, 38. Cavité qui reçoit la roulette lors de fon pañlage. Si l’on vouloit tenir note de la quantité de fois que le coutéau ramaf- feroit la couleur , ou que: les trémies feroient mifes en jeu il feroit très- poflible de difpofer fur le plateau fupérieur du cylindre un petit mou- vement pie préfenteroit le nombre au moment que le furveillant feroit curieux de les connoître. à î 39. Bras de la molette. 40. Coulifle du bras M de la manivelle, dans laquelle il eft introduir, 41. Mâchoires adaptées au bras 39 de la molette. 42. Liens où bras coudés de là molette. 47. Vis qui unit les liéns ax mâchoires 41. 44. Partie de la voûte dans laquelle eft renfermé I rouerB? 45: Projection au plan de la même voüte. 46. Rez de chauffée où pro- menoir autour des places de la machine ; entre chaque placé féroit pra: tiqué un petit efcalier pour monter fur la plateforme. ‘47. Plan du pour- tour de la plate-forme, qui renferme les différentes places. Cette plate- forme peut être ronde, à pans , quarrée ou baflongue , à volonté. Notz. Comme le travail continu de la molette fur le marbre pourroit déranger la droiture de ce detnier , il fera facile de ‘la Jui rendre; fi on fubftitue à la molétte un moëllon, c'eft-àdire ; ‘un plan de grès plus grand qu'elle. En lui faifant faire à peu-près le ‘même mouvement, & faifant répandre , par le jeu démontré , l'eau, le grès, les différens éme: rils ou tripolis , &c., qui doivent ufer le marbre, on parviendra en peu à lui rendre fa droiture, S'il éroir difficile de fe procurer des marbres tels qu'ils ont indiqués Tome XIX, Part. I1,1782. AVRIL. Htia 324 © OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tardera pas à's’appercevoir de la-poflibilité de l'appliquer à différens Arts, comme oelui-de la -Gravure | pour'en dreffer les planches, les doucir & les polir ; à l’ufage des Graveurs & des Imprimeurs en toiles, &c.; du Marbrier., pour drefler; doucir &:polir différentes pièces de rapport ou autres; des Æaéeurs d’Oroues , où ceux qui emploient l'étain ou d'autres métaux en planches; eniun mot, pour broyer;, dreffer ; donner une épaif- feut égale ; doucir & polir toutes les furfaces planes fufcepribles de ètre, Silé Public patoît approuver cette machine, nous donnerons par Ja fuite fon application aux différens Arts énoncés. EXPÉRIENCES > Sur PAtide retiré du Suif de Bœuf, traduites de l'Allemand de M. CRELL. “71! Par M. MGn. de Dijon. Troifième & dernière partie (1). LE fel neutre de Segner étant très-commode pour obtenir l’acide de la graifle rout-à-la fois très-concentré & très-pur, j'ai indiqué dans l’'ex- périence LIX le procédé le plus fimple & le plus expéditif pour fe pro- curer çe fel, en le retirant , parle moyen de l'alun, d'un favon cuit en confiffance de gelées 21101 2 Après un grand) nombre d'expériences , cette, méthode m'a toujours paru Ja plus-avantageufe ;. &, pour faciliter le travail aux Chymiftes qui voudroient eux-mêmes préparer cet acide ,, je donnerai ici Les proportions exadt°s des matières à employer, que je fuis parvenu à déterminer par des eflais mulripliés. Sur dix livres de la maffe cuite en confiftance de gelée épaiffe (c’elt-à- dire; au,point où l’onjajoute le fe] marin dans la préparation du favon commun), On ajoute peu-à-peu 22 onces d'alun, (2), que l'on a fait dif- foudre. auparavant dans l'eau, Après'avoir filtré & évaporé, on obtient environ viñgt-une: onces de fel, dont, partieide tartre vitriolé, partie de fel de Segner, &un peu d’alun non décompofé. On verfe fur les trois quarts de cette mafle faline quatre onces & demie d'huile de, vitriol, qui er ae qi TEE (1) Voyiez Journ. de Phyf,, tom XVIIF, pag;i 1 10-8383. 1 : arte (2), Si, on déduit Peau. de | eryftallifation 1de ’ce, 41. neutre. terreux .. ill refte environ onze onces,, dont la terre fait. à peu-pres quatre onces & HERUCS EU y UCen 2 ; 1. Béremann a déréfpiné d'uge manière plus précife La compofirion de ce fel Poy. rom 3 de fes Œuvres’; édit! Frang:, pags 150 (Note du Traduéteur ). d À € L } . È SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 325 s'échauffe & répand quelques vapeurs : on obtient enfin par la diftil- lation , à un feu plus violent, plus de cinq onces d’un acide jaune fumant, Quoique cet acide ne donne pas communément de précipité in- foluble , par l'addition du fucre de Saturne, cependant je le rediftille fur le quart reftant de la mafle, foit pour être afaré qu'il ne retient point d'acide étranger, foit pour qu’il y laïfle la couleur rouffe dont il eft chargé: cet acide eft alors clair comme de l'eau , cependant encore fumant & d’une odeur très-pénétrante. J'ai annoncé ( expérience VI) que pour s’aflurer que l'acide de la graifle ne contenoir plus d'acide vitriclique , il falloit en verfer quelques gouttes dans une diflolution de fucre de Saturne , & examiner fi le précipité qui s’y étoit formé pouvoir fe diffoudre dans l'efprit de nitre, parce qu’alors on pouvoit tenir pour conftant qu'il n'y refloit point d'acide vitriolique, le vitriol de plomb étant abfolument infoluble dans l'acide nitreux. Je fui- vois en cela M. Rerzius, dans fon Mémoire {ur le tartre (1). L'acide de la graifle a fans doute une grande difpolition à cette union ; car fi on le met feulement dans un verre découvert au-deflus d’une diffolution de fu- cre de Saturne, on apperçoit bientôt un précipité abondant, qui fe re- diffout facilement dans l’'eau-forte, Pour vérifier fi cette épreuve de l’a- cide vitriolique étroit bien füre, je verfai huit gouttes de cet acide dans deux drachmes d'acide de la graiffe , & l’acide nitreux ne fit pas difpa- roître tout le précipité qui y avoit été produit par le fucre de Saturne ; mais lorfque j'ajoutai une quantité plus confidérable d’acide nitreux, & fur- tout lorfque je recommençai par décanterla plusgrande partie de la liqueur, toutle précipité fut diffous. Je reconnus ainfi que cette épreuve n’éroit pas abfolument Fdelle , & je découvris au contraire que le bon vinaigre feroit ici d’un ufage beaucoup plus für, Il ne fallut en effet pas plus de 4 à 6 drach- mes de fort vinaigre pour diffoudre le précipité formé dans la diffolution de fucre de Saturne , par üne drachme d'acide de la graifle; mais ayant ajouté huit gouttes d'acide vitriolique, le précipité , qui étoit abondant , demeura infoluble, quoique j'y eufle employé quatre onces du même vinaigre après avoir décanté à différentes fois la-liqueur , & que j'euffe fair digérer & même bouillir le mélange. Quant à la forme fous laquelle fe préfente le fel neutre de Segner, je puis encore donner quelques obfervations, M. Segner avoit dit (2), que lorfqu’on combinoit l’acide de la graifle avec l'alkali fixe végétal, il en réfultoit un fel neutre femblable à la terre foliée de tartre, & pour la fi- gure, & pour les autres propriétés; & je l'ai ainfi annoncé dans la pre- mière partie (3). Ayant faturé de fel de tartre une certaine quantité de cet (1) Mém. de l'Acad. de Stockholm, &c., vol. 32. { ann. 1770 ). () Différtar. de acido pingued. anim. Gottingue, 1734. (3) Poyez Journ. de Phyf., vom. XVIIT, pag. 113. 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, acide dégagé par l'acide vitriolique & redtifé, je trouvai à la vérité qu'il s’éroit formé à la furface une croûte faline; mais l'ayant enlevée, je vis w'il s’y étoit attaché une grande quantité de cryftaux droits, quadrilatères, décroiflans infenfiblement-en forme de poignard , de trois lignes de lon- gueur , & qui avoient deux côtés oppofés, plus étroits que les deux autres. Si on n’a employé que la quantité d'alkali néceffaire, & qu'on ait fait écoutter les cryftaux fur le papier gris, ils font folides, & ref- tent long-temps à l'air fans attirer l'humidité, Cette propriété , ainfi que la forme de La cryftallifation , établit une différence bien fenfible entre le fel de Segner & la terre foliée. Ce qui a pu faire croire à M. Segner qu'ils étoient femblables , c'eft peut-être qu'il n’avoit fait cryftallifer ce {el qu'en petite quantité ; qu'il n'avoit ainfi obtenu qu'une croûte faline, au-deflous de laquelle il n’y avoit ni affez de matière poux fournir des cryftaux , ni aflez d’efpace pour les laifler former : peut-être aufli fon acide n’étoit-il pas aufli complettement privé de toutes parties huileufes, ou fon. alkali n'étoit peut-être enfin qu’une potafle impure, Après ces obfervations préliminaires , je reprends la fuire de mes expé- riences, pour déterminer l'aétion de notre acide fur les fubftances mé- talliques, Les expériences LXXV & LXXVI laiffant encore de l'incertitude fur le point de favoir fi cet acide attaque l'or & la platine, j'ai cru devoir les répéter. Après avoir tenu ces deux métaux pendant fix femaines , dans des vaifleaux fermés, à la chaleur du fourneau, j'ai effayé ces diflolutions par le fel de tartre (1)3 mais il n’y a eu aucun précipité. J'expofai cetre dif- folution à la chaleur, & il s’y forma bientôt un peu de dépôt, Je décantai la liqueur ; j'édulcorai ; je laiflai fécher , & il refta une matière blanche (2). Non-feulement cette terre blanche ne fit pas effervefcence avec l'acide nitreux : mais elle ne fe laïffa diffoudre que très-difficilement, même à l'aide de la digeftion, Au contraire, elle fe laifloit difloudre très-aifé- ment lorfqu’elle étoit encore humide, Soupçonnant que cette terre pouvoit tenir quelque chofe de métallique , je verfai dans fa diffolution un peu de foie de foufre volatil (qui découvre les métaux , lors même que l’alkali n'en donne aucun indice); mais le foufre qui fe précipita ne fut pas autrement coloré qu'avec l'acide pur. (x) Je ne cherchai pas à découvrir l’or par le précipité pourpre avec la diffolution d'érain, parce que j’avois obfervé une couleur rouge, lorfque j’avois réuni les liqueurs qui furnageoient les précipités de plomb, d'étain , d’antimoine , de mercure & de bif muth par l’acide de la graifle, & féparé ce nouveau précipité par le papier gris. On verra dans la fuite que cette couleur rouge venoit probablement de l’'étain. Ë (2) J'obfervai à-peu-près la même chofe dansle mêlange du fel de tartre avec l'a- cide qui avoit digéré fur l’argent & le bifmuth , lorfque je fis chauffer le mélange après la faturation. L’alkali volatil, verfé dans cet acide, en précipite fur le champ une terre blanche , qui fe rediflout à vue d'œil, quand on y ajoute de l’efprit de fel, En LE | C ( SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 327 On peutdonc regarder ce précipité blanc comme une fimple terre que l'acide a emportée à la diftillation; & comme on ne trouve pas ici les pro- priétés de la terre calcaire ordinaire , qui n’eft pas non plus fufceptible de fe volatilifer, il eft très-probable que cette terre volatile eft celle du fpath-fuor, On peut vérifier cette conjecture , en raflemblant les produits de plufieurs expériences, qui ne donnent qu'une très-petite quantité de cette terre (1). LXXXVI. Je pris de la chaux d'or précipitée par le fel de tartre, & ayant ver{é deflus de l'acide , je fis digérer pendant un mois. Il refta en- core beaucoup de chaux d’or au fond du vaifleau , quoique je n’en eufle mis que huit grains pour une demi-once d’acide, Je filtrai la liqueur; j'en verfai une partie dans du foie de foufre volatil (teinture volatile fulfureufe de Beguin ), & le mélange devint d’un gris bleuâtre. y Je laiffai repofer ; je filtrai enfuite la liqueur, & le précipité devint d'un jaune obfcur en féchant fur le papier gris; preuve que la chaux d'or avoit été attaquée. La diflolution du métal fe manifefta d’une manière encore plus fenf- ble, lorfqu’ayant fait évaporer l’autre partie, j'obtins plufieurs petits cry{- taux de figure indéterminée , mais très-diftinéts. LXXX VIT, La chaux d'or n'étant que difficilement foluble dans cet acide, je voulus voir sil ne deviendroit pas plus actif par le mélange d’un autre acide. Jé mis en conféquence pareille quantité de chaux d’or dans deux verres , avec quarante pouttes de l'acide de la graifle la plus concentrée, J'ajoutai dans l'un vingc gouttes d'efprit de fel; je remarquai bientôt qu'il s’élevoit des bulles , & que la diffolution fe faifoit dans le premier verre, tandis qu'il n'y avoit aucun mouvement dans celui qui contenoit l’efprit de fel. Lorfque je m'apperçus que le premier mélange cefloit d'agir fur la chaux d'or, je les expofai tous les deux à une chaleur douce, pour favo- tifer, s'il étoit pofible, l'action de celui où étoit l'efprit de fel; mais la diflolution recommencça alors plus fortement dans le premier, & le fe- cond n'éprouva aucun changement. Après les avoir tenus quelque temps en digeftion , jimaginai, pour déterminer exactement les proportions , de mettre dans deux verres féparés huit gouttes de chacun de ces mé- langes avec une bonne diffolution d’étain, Le mêlange de l'acide nitreux donna fur le champ un précipité pourpre abondant; mais dans l’autre, -la diffolution d'étain conferva fa couleur, & parut feulement fe trou- bler. LXXX VIII. Le fuccès de l'expérience précédente me fit concevoir l’efpé- (1) Les Chymiltes ne diflineuenr pas la terre-bafe du fpath-fluor, de La rerre éat- caïire. Il ne feroir pas étonnant qu'une diftillarion à un feu violerr en eûr fair monwr quelques parcelles. Au refte , les carattères que M. Crell donne à fon précipité ,paroif- Jéntindiquer la terre alumineufe , plus qu'aucune are. ( Note du Traduéteur, ) 528 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rance de difloudre l'or même, Je mis une petite feuille d’or dans un mé- lange de quatre-vingts gouttes d'acide de la graifle, & de vingt gouttes d’acide nitreux pur. Cette feuille fut prefque à l'inftant toute couverte de bulles, & la diffolution fe fit très lentement; mais ayant encore ajouté vingt gouttes d'acide nitreux , Le jet des bullés d'air dans la diflolution de- vint régulier, & ne cefla point. Ayant mis le vaifleau fur le feu, il fut en- core plus vif, jufqu'à ce qu'enfin toute la lame eûc été diffoute, & la li- queur donna avec l’étain un précipité pourpre abondant. Ce phénomène remarquable eft une preuve bien forte de la différence qui fé trouve entre l'acide marin & l'acide de la graiffe ; car comment un mélange de deux parties d'acide marin fumant avec une partie d’eau-forte, pourroit-il diffoudre l'or à froid? Il en réfulte encore que l'acide de la raifle doit occuper un des premiers rangs dans la clafle des acides, LXXXIX. Je traitai de même, parunelongue digeftion dans cet acide, la platine précipitée de l'eau régale par l'efprit de-vin ; la diffolution fil- trée prit avec le foie de foufre une couleur plus brune, & ce qui refta fur le papier gris parut d'un brun jaunâtre , après avoir été féché. La diffolution donna par l'évaporation de longs cryftaux jaunes tirant au brun, & il fe trouva que l'acide avoit diflous plus de platine que d’or, ’XC. L'argent précipité de l'acide nitreux fut pareillement diflous à la faveur d’une longue digeftion. La diffolution prit une couleur bleue, ti- rant au noir, pat l’addition du foie de foufre volatil. Le dépôt qui sy forma ayant été recueilli & féché, étoit noirâtre, J'obtins aufi, par l’évaporation , de petits cryftaux , mais ils n’étoient pas blancs comme les cryftaux de lune que donne la diffolution par l'eau- forte; ce que j'attribue à la couleur brune que notre acide prend toujours pendant la digeftion. L'acide vitriolique verfé dans cette diffolution y occafionna un peu de précipité ; mais l'acide marin n'y produifit aucun effet. XCI. L'expérience LXxVIr m'avoit bien convaincu que notre acide attaquoit même le "ercure coulant ; cependant je voulus effayer fon action fur le précipité du fublimé corrofif. La plus grande partie fut difloute à froid, Les phénomènes que m’avoit préfenté l'expérience précédemment citée, n'engagèrent à poufler cette diflolution ; je la verfai en confé- quence dans une cornue , à laquelle j’ajuftai un récipient, & que je pla- çai dans le fable. IL paffa d'abord un peu de flegme à une chaleur douce ; e feu ayant été augmenté , j'eus le plaifir de voir qu'il fe formoit un vrai fublimé blanc à la partie fupérieure de la cornue. Il ne fe laifla dif- foudre dans l’eau que difficilement , même par La digeftion, & l’alkali du tartre en précipita une poudre blanche. Ainfi , c’eftune nouvelle efpèce de fublimé mercuriel. Il eft fans doute fort remarquable que cet acide donne un fublimé folide, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 329 folide , l'acide marin étant jufqu'à préfent le feul qui l'ait produit, IL eft pareillement néceflaire de veiller ici à ce que le feu ne devienne trop fort. La cornue étoit fur une petite capfule de tôle que j'avois mife dans le foyer, fimplement fur des briques ; le feu ne portant pas fur une grille, & n'ayant que peu d’efpace, ne pouvoit avoir beaucoup d'action. Ce fublimé noircit fur le champ avec le foie de foufre volatil , & donna peu de temps après du cinabre. Mis fur du cuivre dont on a raclé la fur- face avec un couteau , il le blanchit. J'ai obfervé que le fublimé ordi- paire avoit la mème propriété. XCII. Des rognures d'érain de Malacca furent réduites à froid, par notre acide, en une poudre jaunâtre. La diflolution fe fit encore mieux à l'aide de la chaleur; deux fcrupules de ce métal furent completement rongés par une demi-once d'acide. L'odeur de ce mêlange éroit extrème- ment défagréable & reburante , peu différente de celle qu’exhale la diffo- Jution de zinc dans l'acide marin, feulement plus forte, La liqueur fur- nageante étoit trouble & en petite quantité; je la verfai avec précaution fur un filtre de papier , mais cette diflolution paffa toujours trouble. Je la filtrai à travers un papier double & même quadruple; elle paffa encore trouble & comme de la colle. L’ayant laïflé repofer, il fe raflem- bla au bas une poudre jaune, & la liqueur furnageante étoit d'une très- belle couleur de rofe. J'effayai de la décanter: mais je n’eus pas plutôt remué , que le fel s'y méla ; elle pafla trouble Fe le filtre, & fe remic quelque temps après comme auparavant. J'attribuerois volontiers à cette couleur rouge le précipité rouge dont j'ai parlé plus haut. Je verfai de l'eau diftillée fur l’étain calciné par l'acide; je fs digérer; & après avoir filtré & évaporé, j'obtins un fel blanc, qui fe liquéfia fa- cilement à l'air. Je verfai de nouvel acide fur la poudre jaune d’érain , pour effayer fi elle formeroit ainfi une diffolution couleur de rofe. Tourte la liqueur prit en effet bientôt cette couleur ;, mais la chaux métallique ne diminua pas fenfblement. Lorfque je mis le vaifleau fur le feu , non-feulement la diffolution ne fe fit pas mieux , mais la belle couleur rouge fe changea en jaune. XCIIL. Le Pifinuth ne fut pas diffous, même à l'aide d'une longue digeftion ; mais la chaux que j'avois obtenue , en précipitant par l’alkali une diffolution étendue de beaucoup d’eau, fut crès-bien difloute à froid. L'eau précipita fur Le champ en blanc cette diflolution; mais l'acide vitriolique, ni l’acide marin, n'y produifirent pas d'autre changement. XCIV. Le régule de Cobalr, revivifié du fmalt, n’a pas été attaqué par notre acide, quoique je l’aie cenu en digeftion à une chaleur prefque conftante pendant plufieurs femaines, Il y eut au contraire diflolution, lorfque j’employai le cobalt précipité de l'acide nitreux par le fel de Tome XIX , Part. 1, 1782. AV RI L. Vy 330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tartre (1). Je jettai une drachme de nitre dans trois drachmes de cette diffelution, & je diftillai le mélange. Au milieu de l'opération, la cornue fe remplit de vapeurs jaunes, qui devinrent rouges fur la fin. (Voyez expér. CxIV ). Il y avoit déjà nombre de cryftaux verts. Je vis claire- ment comment la vapeur nitreufe blanchifloit le fel vert. La difflolution me donna une encre de fympathie d’un verd jaunätre. XCV. Le réoule de zicke! que j'avois préparé après plufieurs calci- nations , & en le fondant alternativement avec le nitre, la chaux , le borax & la pouflière de charbon, ne fut prefque pas attaqué par notre acide, même après une longue digeftion. L'alkali n’en précipita rien; mais le foie de foufre volatuil y occafionna un très-foible précipité, d'un gris noirâtre, Le nickel précipité de l’acide nitreux par le fel de tartre fut dif- fous , même à froid, & la diflolution prit une couleur verdâtre. L'acide vitriolique, ni l'acide marin, n'y occafionnent aucun changement. XCVI. L'arfenic blanc ne fur diffous que très-difficilement, malgré une très-longue digeftion; une demi-once d'acide ne prit pas même un fcrupule. L'acide , aidé de la chaleur , fe chargea de plus d’ar- fenic qu'il n’en avoit pu difloudre à froid ; c'eft pourquoi il s’en précipita une partie en forme de petits cryftaux. Je voulus voir fi on pourroit précipiter l’arfenic de cette diflolution par le cuivre: cela ne réuflit pas, mais le cuivre fut diffous ; & à mefure que la liqueur s’évaporoit par la chaleur du fourneau , il fe dépofoit fur les bords du vafe un fel de cou- leur de verd de mer, fans aucune précipitation d’arfenic. L’évaporation ayant continué , le dépôt prit une nuance de vert de pré; ce qui prouve que le premier étoit compofé d'arfenic & de cuivre, & le fecond de cuivre & d’acide. Le premier n'attira pas l’humidité de l'air. Une autre partie de cette diffolution d’arfenic ne fut pas précipitée par Palkali ; celle même dont l'acide s’étoit évaporée pour la plus grande partie, fut entièrement redifloute , en y verfant goutte à goutte une dif- folution de fel de tartre ; mais peu de temps après , le précipité reparut, & ne fe laiffa plus rediffoudre par l'addition de la leffive alkaline. Ééroir fans doute un fel neutre arfenical , qui ne pouvoit être tenuen diffolution, faute d’une fuffifante quantité d’eau, XCVII. Je verfai de l'acide de la graifle fur de la maenganèfe d'Ile- feld (2), & je laïflai digérer. Elle fut d’abord attaquée, & tous les mor- cuaux fe chargèrent d'une poudre noire (car je ne l’avois pas pulvérifée ); (1) Si on expofe cette diffolution à ja chaleur , ils’en précipite une partie qui ne fe tediflout plus après cela. J'ai obfervé ce phénomène dans plufieurs femblables diffo- futions ; entrautres dans celles du nickel & du bifmuth. (2) La manganèfe en faifceaux divergens , d'Ilefeld en Thuringe, eft connue dans tous les Cabinets, (Vore du Traducteur ). DS de, Le 74, Dodbe à = — Cx , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 331 mais dans la fuite elle fut complettement diffoute, & même en aflez grande quantité, La couleur de l'acide , qui , en pareille circonftance , éroit le plus fouvent devenue abfcure, demeura ici conftamment claire. Le mélange prit une odeur particulière , à-peu-près femblable à celle de la diffolution d’étain (expér. xC), mais plus foible , & il avoit un goût métallique. Cette diflolution fut un peu troublée par l'addition de l’eau diftillée; l’alkali fixe y occafionna un précipité abondant , qui fut rediffous fur Le champ par de nouvel acide de la graifle , & dont l'acide vitriolique ne put rien précipiter; ce qui prouve bien que la manganèfe ne contient point de terre calcaire, Loriqu'on emploie plus d’alkali qu'il ne faut, la terre fe rediflout; car fi on y verfe enfuite de l'acide ; par exemple de l'efprit de fel , on obtient un précipité abondant. Le foie de foufre volatil donna à cette diffolution une couleur jaune rougeâtre, & il s'y forma beaucoup de précipité, qui , après la deflic- cation , étoit blanc, tirant un peu au rouge. Après avoir examiné comment l'acide de la graifle fe comportoit avec les métaux comme diflolvant, il nous refte à dérerminer les précipita- tions qu'il opere dans les diffolutions métalliques faites par les autres acides, De l'aétion de l'acide du Suif fur les métaux diffous par les autres Acides, XCVIII. L'or. Il s'étoit formé de beaux cryftaux jaunes dans une diffolution d’or par l’eau régale, que j'avois laiflée long-temps dans une fiole à médecine, fans la boucher : ils paroifloient compofés de feuillets anguleux , appliqués lesuns fur les autres; leur forme approchoit de celle du fel marin, & ils reftèrent quelques femaines expofés à l'air, fans en attirer l'humidité. Je fis redifloudre ces cryftaux dans l’eau diftillée; & ayant ajouté de l'acide de la graifle , il y occafonna fur le champ un précipité jaunâtre. Je décantai la liqueur, & je verfai fur le précipité de nouvelle eau diftillée, pour enlever le peu d’acide qui y adhéroit encore, Après avoir de nouveau décanté , je continuai d'y verfer beaucoup d’eau diftillée, & je tins le mélange fur le feu pendant plufieurs jours, Ayant après cela filtré & évaporé, j'obtins un rébdu jaune , qui attira l'humidité de l'air. XCIX. La platine. Ce métal fut précipité de l'eau régale par notre acide. Ce précipité avoir une couleur jaune tirant au rouge. Après avoir été édulcoré , il fut arrofé d’une grande quantité d'eau , & tenu long- temps en digeftion. La liqueur fitrée & évaporée, donna un réfidu d’un gris jaunâtre , qui n'attira pas l'humidité de l'air aufli puiffamment que celui de l'or. C. L'argent , précipité de même de l’eau forte, étoit d'un gris tirant au rouge ; il fuc édulcoré & mis en digeftion avec une grande quantité d’eau. Tome XIX, Part. 1, 1782, AVRIL, Vv2 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ayant verfé quelques gouttes d'huile de vitriol dans une partie de cette liqueur , il y eut une précipitation imparfaite; une autre partie laiffa , après l'évaporation, une poudre blanche , qui attiroit fortement l'humidité de l'air. L'argent diffous dans l'acide vitriolique, fut précipité très prompte- ment & très-abondamment en blanc. La difflolution de l’une cornée ne reçut aucun changement de notre acide , même après avoir été expofée à une douce digeftion, CTI. Le mercure fut précipité de l'acide nitreux en blanc, Mais ce qui eft encore plus remarquable, notre acide le précipita du fublimé corrofif[ dans lequel cependant l'acide eft fi fortement uni au métal (1)]: car le mêlange devint fur le champ laiteux; il fe dépofa en- fuite un peu de poudre blanche, & le dépôt fe fit plus promptement, lorfque le mêlange fut expofé à la chaleur. Ce phéiomène de la préci- pitation du fublimé corroff en blanc, nous fournit un figne caractérif- tique , pour diftinguer notre acide des autres acides, & particulièrement de l'acide marin. Ce précipité blanc édulcoré , fut rediffous par la digeftion dans l'eau diftillée. La difflolution blanchit une piècé de monnoie (pfenning) qui y fut plongée ; après l’évaporation , elle laïffa une pouflière blanche, qui mattira pas l'humidité de l'air. CII. Le plomb fut précipité de l'acide nitreux en cryftaux blancs ai- guillés; il fut édulcoré & mis à digérer dans l’eau diftillée , dans laquelle il fuc aifément diffous. L’acide vitriolique occafonra un précipité dans cette diflolution. La liqueur évaporée laifla une poullière , qui n'attira ue foiblement l'humidité de l'air. CII. Le bifmuth. Ce demi-métal fut diffous, à l’aide de la chaleur, dans de l'acide nitreux étendu de beaucoup d’eau; de manière que cette diffolution ne fe laifloit pas précipiter par l'eau pure, Mais l'addition de quelques gouttes d’acide de la graiffe y occafionna fur le champ un pré- cipité blanc abondant, Après l'édulcoration, la digeftion dans l’eau dif- tillée , la filtration & l’évaporarion , il refta une matière blanche, qui at- tira fortement l'humidité fe l'air. CIV. Le réoule d'antimoine. Je préparai une diflolution d’antimoine dans l’eau régale, bien faturée par une forte diveftion ; jy verfai de l'eau diftillée qui le troubla; je la filtrai, & j'y verfai encore de l'eau, qui (1) Le mercure n’eft pas même précipité du fublimé corrofif par l’acide vitriolique ; & fi les eaux féléniteufes donnent avec le fablimé corrofifun précipité jaune Baumé, tom. 2.p29. 434), commeje l'ai moi-même obfervé , il paroît que cela vient d’une double afinité, & que l'acide marin ne cède le métal à l'acide vitriolique , que parce qu'il eft en même temps attiré par la terre calcaire, ce qu'il m’auroit pas fait, s’il s'eût rencontré un corps auquel il fût difpofé à s’unir. 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 333 n'en précipita plus rien: alors j'y ajoutai de l'acide de la graifle, & dans l'inftanc il y eut un précipité blanchâtre. Ayant traité ce précipité de la manière tant de fois-décrite, j'ai eu, après l’évaporation, un réfidu d’un blanc jaunâtre, qui étoit un peu déliquefcent, & dans lequel il y avoit quelques petites aiguilles cryftallines. CV. L'érain. Ce métal a été précipité de l’eau régale par notre acide en jaune tirant au brun. Le précipité édulcoré & mis en digeftion, la liqueur a laillé , après l’évaporation, une poufière blanchâtre , qui étoit très-déliquefcente (1). CVI. Le cuivre ne fut précipité ni de l'acide nitreux, ni du vitriol bleu, par l'acide de la graifle. CVIT. Le fer. Ses diffolurions par l'acide nitreux & par l'acide vitrio- lique ne font pas précipitées par notre acide. CVIIL Le zérc. Notre acide n'occafionne aucun changement dans fes diflolutions par l'acide nitreux & par l'acide vitriolique. CIX. Le cobalt ne fut pas précipité de l’eau forte par notre acide. CX. Le nickel, Ses diffolutions par l’eau forte & par l’efprit de fel ne donnèrent aucun précipité. CXL. L'arfenic uni à l'acide nitreux , n’en fut point féparé par notre acide. CXIL. La manganèfe. L'eau forte n'en avoit pris qu'une petite quantité au feu de digeftion & même pouflée en partié à la diftillation; car avec l’alkali, elle ne donna qu'un léger précipité d’un blanc grisâtre , & le foie de foufre volatil en précipita la manganèfe en gris tirant au jaune, Cette foible diffolution ne fut point précipitée par notre acide, De la manière d'agir des divers Acides fur le Sel neutre de Segner. On a déjà vu qu'il étoit décompofé par l'acide vitriolique qui en déga- geoit l'acide de la graifle, CXIIT. Acide niereux. Sur deux drachmes de fel neutre , je verfai deux drachmes de bonne eau forte précipitée & rediftillée (2) ; fon aétion ne (1) On voit que notre acide ne détermine ces précipités, que parce qu’en fe combi- nant avec les métaux , il prodüit des fels neutres métalliques peu folubles. (2) Jé remarquai dans cette opération une forte de volatilifztion ‘du cuivré (car j'avois diflous dans l’eau forte une monnoie courante). L’acide étant déjà ptéfque tout päfé, je vis au col de la cornue une goutte dé liqueur verte. Après une récherche plus exacte , jetrouvai près du col de la cornue plufieurs cryftaux en aiguilles, d’un vert de pré, qui avoient grimpé jufqu'à la partie fupérieure, & avoient en cet endroit une couleur de vert de mer. Vers le milieu du ventre de la corniue, il y avoit un cercle du même vert de pré , formé par des aiguilles cryftallines, au-deflus de l’endroit où la liqueur avoir été précédemment. Je trouvai au fond une petite montagné de cuivre, pie gris: obfcur , avec de jolies végétations; mais cetre mafle ne tenoit nullement au cercle. 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fut pas fenfible. A près la diftillation , je trouvai dans le récipient une li- queur femblable pour le goût à l'acide de la graifle, mais qui avoit en- core un peu de l’odeur de l’eau forte : ce qui fit voir cependant que l'acide étoit réellement féparé de fon alkali, c’eft que la liqueur fut précipitée fur le champ & abondamment par l'addition de la diffolution de plomb dans l’acide nitreux. CXIV. Acide marin. Sur deux drachmes de fel neutre, je verfai pareille quantité de bon efprit de fel; le mélange fe fit fans aucun mouvement fenfible. Je trouvai après la diftillation deux drachmes de fort acide de la graifle, qui avoit abfolument fon odeur propre , & qui précipita en blanc le fublimé corrofif. * CXV. Vinaigre. Sur deux drachmes de fel neutre, je verfai fix drachmes de fort vinaigre : la diftillation achevée, ce qui étoit paffé fe trouva avoir la même odeur que le vinaigre; aufli n’occalionna-t-il aucun précipité blanc dans la diflolution de Éblimé. Pour une plus grande démonitra- tion , je verfai de l’efprit de fel fur la mafle faline reftée dans la cornue; alors la liqueur du récipient fe fit reconnoître à {a feule odeur pour de Vacide de la graifle , & elle précipita en blanc le fublimé corroff, CXVI. Acide fluor. Sux ni drachmes de notre fel, je verfai partie égale de cet acide. Il s’unit fi promptement au fel , que le tout parut fec: il fallut un feu violent avant qu'il palsät quelque chofe. À en juger par l'odeur , c'étoit de l'acide fluor fans altération. Je m'en aflurai cependant encore, en en verfant dans la diffolution nitreufe de plomb, qui n’eft pas troublée par l'acide fluor (1), au lieu qu'elle donne un précipité avec l’a- cide de la graifle, ] CXVII. Acide phofphorique. Je verfai une demi-once de cet acide dif fous dans l’eau fur deux drachmes de notre {el neutre: il s’éleva à un feu modéré un peu de liqueur, que je reconnus à fa faveur n'être que du fiegme, Je l’ôtai du récipient, & j'augmentai le feu (2). Il paffa encore un peu de liqueur; mais elle n’avoit pas la moindre faveur acide , & ne récipita nullement la diffolution du fucre de Saturne. CXVIIL Arfenic blanc. Je pulvérifai exaétement deux drachmes d’arfe- nic blanc, & pareille quantité de notre fel neutre (il étoit un peu jaune ), ce qui forma une poudre blanchâtre. Pour favorifer leur action récipro- de ; j'ajoutai dans la cornue à-peu-près une drachme d’eau diftillée, & je onnai une chaleur douce. Un quart-d'heure après tout au plus, toute la poudre qu'elle couvroit fe trouva noire. Je l'agitai , mais il refta à (1) Scheele, Mém.de lAcad. de Suède. Chemifches Journal, &c. de M. Crell, paït. 1, pag. 203. (2). Il fut pouflé plus qu'il n’avoit été néceffaire pour la fublimation du fel ammo- njacal animal ( Voyez l’exp. cxx). Je ne voulus pas donner un degré de feu plus fort, notre fe! s’éçant déja décompofé de lui-même dans le feu. (Exp.ivr.) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 335 l'endroit où elle s’étoit placée un cercle noir folide (1). IL pañla très-peu de chofe à la diftillation (environ une drachme); cequi Si n'avoit au- cune faveur, & ne précipita pas la diffolution de fucre de Saturne. Le feu éroit le même que pe la précédente expérience: il s’étoit élevé au col de la cornue quelque peu de fublimé, qui y formoit une couche très- mince. CXIX. Nitre de cobalr, Je jettai une drachme de notre fel neutre dans une demi-once de diffolution de cobalt faite par l'eau forte, & je diftillai prefque jufqu’a ficcité. Le fel formé par l'évaporation dans la cornue , paroifloit d'un beau vert, mais il devint tout blanc en refroïdiffant, Je fis difloudre le réfidu dans l’eau diftillée , & j’obfervai que l'écriture tracée avec cette diflolution devenoit verte à la chaleur , & difharoiffoir au froid, comine l'encre de fympathie ordinaire de cobalt; feulement elle éroit d'un vert plus herbacé & plus obfcur que celle de la xciv expé- rience. On peut les regarder toutes les deux comme deux nouvelles efpèces d'encre de LÉ Aipaibie CXX. Je mêlai très-exactement dans deux drachmes de fel ammoniac animal (compofé d’acide de la graifle & d’alkali volatil) , avec quinze grains de pierre fanguine (2), & je mis le tout dans une cornue à laquelle J'adaptai un récipient. La fublimation commença à un feu modéré. Je laugmentai; & l'opération achevée, tout le fel ammoniacal fe trouva au-defflus, & la fanguine au fond, Je remélai ces deux fubftances , & les humectai pour favorifer leur action; mais le réfultat fut le même (3). De la manière dont l'acide de la Graiffe fe comporte avec quelques Sels neutres. CXXI. Le nirre, Sur deux drachmes de nitre purifié (je l’avois fait diffoudre encore une fois, & j'avois féparé les premiers cryftaux ), je verfai deux drachmes d'acide de la graifle qui commença tout de fuite à diffoudre le {el avec un peu de mouvement, A peine eus-je mis la cornue fur un bain de fable chaud, qu’elle parut déjà d’une couleur jaunâtre. En augmen- \ ———— (1) IE me paroît que ce n’eft autre chofe qu’une réduétion fubite & imprévue de l’arfenic blanc à fa furface ; auffi, après la diftillation, étoit-il encore noir & folide. (Le reite de la mafle avoit été féparé de ce cercle pendant toute l'opération.) On enleva la partie noire, & il fe trouva deffous une fubitance blanche 2ffez fotide. Il faut donc que ce foitla matière inflammable, contenue dans le {el jaunätre, qui ait opéré cewe prompte réduétion. 2) Suivant le confeil de M. Baumé, qui croit qu’une trop grande quantité de fer eft crès-défavantageute. ( Chym. Expér., tom. 2, pag. 618.) (3) On ne voir pas pourquoi M. Crell emploie ici La pierre fanguine ou l'hématire (blut-ftein }, ax lieu de limaille de fer porphyrifée, qui eür été fans contredir plus fire pour renrer la décompo/irion. (Note du Traduéteur. ) 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; tant le feu, la couleur devint toujours plus obfcure, & enfin aufñi rouge que quand on a employé de l'acide vitriolique. La liqueur qui avoit paffé dans le récipient avoit l'odeur ordinaire de l'acide nitreux. Pour re- connoître fi cet acide étroit pur, ou s'il éroit mélé d'acide de la graifle, ‘ jy jettai un morceau d'argent fin ; il ne fut pas fenfiblemenit atraqué à froid. La diflolution ne fut pas plus marquée avec l'aide de la chaleur , fi ce n'eft que l'argent devint noir, & qu'il s'y formoit de temps en temps quelques petites bulles. Je le laiffai quelque temps fur le feu , & je vis qu'à travers la liqueur, il paroifloit d'une couleur de foie claire. Je décantai la liqueur , & j'y verfai de l'huile de tartre, qui en précipita une chaux blanche. L’ar- gent retiré de la liqueur , avoit la même couleur; féché à l'air (car il n’at- tiroit point l'humidité ), il étoit d’un gris rougeñtre & comme moucheté de taches blanches, Cette couleur venoit d’une croûte dont on pouvoit à peine reconnoître la figure: elle s’enlevoit en petits morceaux avec un couteau; la partie inférieure étoit blanche, & entr'elle & l'argentil y avoit encore un peu de chaux blanchâtre. Je raclai le tout, & le mis dans un verre avec de l’eau forte pure (voyez exp. cx). La liqueur devint {ur le champ trouble & blanchätre. Je le plaçai fur un bain de fable chaud; il ne oi cependant pas qu'il fût attaqué, Je filtrai la liqueur, & j'ef- fayai de reconnoître , par l’efprit de fel, s'il y avoit de l'argent diflous; mais il n’y eut aucun précipité. CXXIL. Le /ë/ marin. Sur deux drachmes de fel marin, je mis deux drachmes de notre acide. Je remarquai d’abord très-diftinétement des va- peurs orifes monter à la diftillation. La liqueur du récipient avoit l'odeur de l'acide marin: mais n’y avoit-il pas un peu d'acide de la graïfle mêlé à l'acide marin ? Ce n’étoit pas une chofe facile à déterminer aufli fürement & auli promptement, ces deux fubftances ayant enfemble tant de rap- ports, Pour ÿ parvenir, j'employai l’étain: 1°. je mêlai quatre-vingts gouttes d'eau forte , quarante gouttes d'efprit de fel; 2°. pareille quantité d’eau forte, avec quarante gouttes d’efprit de fel, & quarante gouttes d'acide du fuif; 3°. quatre-vingts gouttes d’eau forte, & quarante d'acide du fui, Je pefai pour chaque mélange deux fcrupules d’étain de Malacca ; je mis de très petites lames de chaque portion dans chaque verre, & j'at- tendis que la diffolution fe fit à froid; car ces trois mélanges attaquèrent fenfiblement l’érain , le premier plus fortement, enfuite le troifième, & le fecond plus foiblement. Quand le premier cefla d'agir, la diflolution fe trouva claire & fans aucun dépôt; le refte étoit de fept grains. Le /écond éroit trouble , paroifloit d’un gris jaune , & contenoit encore une matière faline noiratre ; le refte étoir de dix-fept grains. Le sroifième formoit une diffolution claire; il contenoit cependantun peu de dépôt tirant au brun; lé refte étoit de neuf grains, : Ces expériences ainfi établies , pour me fervir de règle de comparaifon, je mélai quatre-vingts gouttes du produit de la diftillation du fe] marin avec SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 avec cent foixante gouttes de même eau forte, & je pefai aufli quatre fcru- pules d’étain. Les fragmens d’étain que l'on y jetta furent d'abord diflous, & la diflolution fut partairement femblable en tout à celle du n°. 1. Cepen- dant il {e trouva au fond un peu de chaux noirâtre : il refta dix-huit grains de métal: d’où je conclus que l'acide marin avoit paflé, foit à caufe des vapeurs grifes qui éroient fenfbles, foit parce qu'il y a eu ici une pareille quantité d'étain difloure, & même avec aufli peu de dépôt. L’acide de Ja graifle n'y étoit pas mêlé, puitque la diflolution étoit claire, à la diffé- rence de la diffolution , n°. 2. Le dépôt (non brunâtre) venoir de ce que je n'avois pas jugé l'acide ma:in auil fort, & que j'avois mis en confé- quence trop peu d'acide nitreux, fuivant les proportions. CXXIIL. Terre folice de tartre. Sur deux drachmes de ce fel neutre, je verfai pareille quantité d'acide de la graifle , qui parut occafionner un peu d'effervefcence , & je diftillai. Il pafla dans le récipient une liqueur qui avoit l'odeur du vinaigre concentré, & qui ne précipita pas en blanc le fublimé corroff. CXXIV. Se/ de Glauber. Quoiqu'il füt peu vraifemblable que notre acide püt déplacer l'acide vitriolique fi puiflant, je voulus en tenter l’ex- érience. Je diftillai en conféquence un mélange de parties égal s de ce fel & d'acide de la graiffe. La liqueur qui pafla dans le récipient avoir, indé- pendamment de fon odeur forte ordinaire, quelque chofe de fulfureur, J'en verfai dans une diffolution de plomb par l'acide de la graifle , & elle y occafonna un peu de précipité blanc ; ce qui prouve qu'il y avoit eu un peu d'acide vitriolique dégagé. J’attribue ce phénomère au principe in= flammable qui fe manifefte toujours dans l'acide de la craifle, même pu- tifié, & qui a pu volatilifer en cet état une portion de l'acide vitriolique, CXXV® € dernière Expérience. Le ta tre tartarifé. J'ai fait une diffolu- tion limpide: de deux drachmes de ce {el dans l'eau diftillée, & j’y ai laiflé tomber quelques gouttes de notre acide, Le mélange seft troublé fur le champ, & il s’y eft formé un précipité, La liqueur décantée , ce précipité s'eft crouvé une pure crème de tartre, EC RE De M. HASSENFRUTZ , fur le Feu libre de l'Atmofphire. O N a propofé dans le Journal de Phylique, en Mars 1780, pages 321 & fuivanres , certe queftion aux Phyficiens : « Quand l'orage fe forme , & >» qu'il doit bientôt tomber une pluie abondante , que devient la prodi- # gieufe quantité de feu libre abandonnée en vertu d'une fi grande précipi- Tome XIX, Part. I, 1782. AVRIL, X x 338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » tation » ? C’eft pour répandre à cette queftion propofée par un homme célèbre , de qui je tiens mes foibles connoiffances en Phyfique , que j'ai fait plufieurs expériences , parmi lefquelles j'en diftingue quatre principales , que je donne au Public aujourd'hui, me référvant de donner les autres , lorf- quelles auront été fufhlamment réfléchies. 1°. Si l’on expofe de l’eau à l'action du feu , & que l'on couvre le vafe qui la contient ( lorfqw'elle a un certain degré de chaleur) d'un récipient pénétré d’un conducteur, à l'extrémité duquel pend une houppe de métal, on apperçoit avec un éleétromètre fenfible des fignes non équivoques d'é- leériciré négative. 2°. Si, au lieu de mettre fous le récipient un vafe rempli d’eau chaude , on y place un réchaud de feu , on obtient, mais plus fenfiblement , des fi- nes d'électricité négative. 3°. Si on place le même récipient fur le plateau d’une machine pneu- matique , après trois ou quatre coups de pompe, lorfque le nuage difpa- roît, on a pour réfultat des fignes d'éleéricité poñtive , non fenfbles à l’é- lcétromètre , mais très-perceptibles à l'électrophore ifolé. 4°. Si, après avoir mis trois ou quatre gouttes d'eau dans une bou- teille, on la bouche hermétiquement avec un conducteur garni d'une houppe de métal à fa partie intérieure; qu'enfuite on la mette devant le feu, E de faire diffoudre l’eau qu’elle contient; qu'après cela on la tranfporte dans un lieu où l’atmofphère foit moins chaude , il en réfulte , pendant que l'air abandonne l’eau qu'il tenoit en diffolution , des fignes d'électricité pofi- tive, perceptibles à l'éleétrophore ifolé, Si, lorfque les parois intérieures de la bouteille font tapifléés d’eau, on l'environne extérieurement d’une fesviette très-chaude , l'électricité diminue à mefure que l’eau fe diffout, devient zéro. , & pañle du pofitif au négatif. Quand la ferviette eft ôtée , fi l’atmofphère du lieu eft froide, l'électricité devientzéro, & pale au pofitif. De ces quatre expériences, on feroit porté à conclure , que toutes les fois que l’atmofphère d'un lieu a, par fa denfité , ou par fa chaleur, la faculté de difloudre de l’eau , l'électricité du lieu doit diminuer ; qu'au con- taire, lorfque , par une raréfaétion fubite, ou par une diminution de chaleur, Fatmofphère a la faculté d'abandonner l’eau qu’elle tenoit en diffolurion , l'électricité du lieu doit augmenter; d’où il fuir, .... Mais fi un des hommes que je refpedte le plus , a dit: « Je ne me permettrai pas >» de faire moi-même à cette queftion une réponfe qui pourroit choquer » quelques idées reçues, & que d’ailleurs on doit prévoir » ; pourquoi, après. quatre expériences , qui ne font pas encore connues ; me preflerois-je de conclure? J'artends donc que les expériences que je fais pour cet objet uiffent conclure d’elles- mêmes. Ju J'obferverai., pour ceux.qui voudront, répéter ces expériences, qu'elles font très-délicates ; & demandent les plus grands. foins,; que l’éleétromètre. dont je me fuis fervi n'éroit autre. chofe qu'un. cheveu très-fin, qui tenoit. ” SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 fufpendu un petit morceau de papier ferpenté de cinq lignes de diamètre, & que fi on laifle trop long-temps Pélectrophore fur fon plateau , il puife de l'électricité dans la mafle de l’armofphère qui l’environne. A NOUVELEES LITTÉRAIRES. CAMES complet d'Agriculture théorique , pratique , économique , & de Mé- decine rurale & vétérinaire; fuivi d'une Méthode pour étudier L Agriculture par principes : où Diffionnaire univerfel d’ Agriculture , par une Société d’A- griculteurs , € rédigé par M. l'Abbé ROZIER, &c. &c. TOME SECOND , in-4° , avec 28 planches en taille-douce. À Paris , rue & Hôtel Serpente. Prix, 12 liv. en feuilles, & 12 Liv. 8 fols broché. La foufcription eft tou- jours ouverte. Supplément au Didionnaire de Phyfique , par M. S r GAU D DELAFOND, tome V,in-8°. avec figures, Prix, $ liv. broché, & 6liv.relié. Paris, rue & Hôtel Serpente. L'accueil jufte 8 mérité que le Public a fait aux-quatre premiers volumes de cet excellent Diétionnaire , a engagé fon favant Auteur à le com- pletter , en donnant un volume de Supplément , qui renferme quelques articles intéreffans , qui n’étoient point entrés dans ces premiers volumes. Toute la partie de la Phyfique célefte ou aftronomique eftajoutée, & pré- fentée d’une manière, à ne rien laiffer à defirer: pour. ceux qui cherchant à s'inftruire dans. cette partie, ne defirent pas être de profonds Aftro- nomes. LeTTRE de M. BAcHER a M. BOUVART,chezDidot, quaides Auguftins. C'’eft la différence des avis concernant le traitement de feu M. l’Arche- vêque de Paris , qui a donné lieu à cette difeuflion. Elle: éf faite pour ré- foudre deux queftions, qui intéreflent les Médecins & le. Public: favoir : Eff-il avantageux &-néceffaire d'affujertir les Hydropiques:a l'abflinence de la boiffon ? eft-il avantageux & néceffaire de les laiffer boire, 6 méme deles faire boire au-dela d2 leur foif? M. Bacher avance des faits & des principes, pour prouver qu'il eft toujours inutile , & prefque toujours pernicieux de priver les hydropiques de la‘boiffon, & qu’excepté deux éas qu'il énonce, il eft avantageux , & le plus fouvent néceffaire de-laiffer boire, & mème de faire boire les hydropiques. M. Bacher, pour, détruire enfin les préjugés tranfmis.parl’enfeignement des Ecoles, perpétués par la. lecture des Auteurs , & adoptés généralement dans a, pratique , invite, M. Bouvart à admettre fs principes, à les avouer 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6c publiquement , ou bien à en faire connoître les inconvéuiens & les dangers. Ces deux Lettres font terminées par l'Hiftoire d’une Confuültation faire il y a plus de cent ans à Venife, pour un hydropique, Elle et très-pi- quante , par la conformité entre l'avis de Montanus & de M, Bacher; entre l'avis d'Eugubinus & de M. Bouvart ; & erfin , entre Pavis de Pa- pienfis & de M. Cochu. Mais à Venife , le malade fuivit l'avis de Monta- ous, qui fut bientôt approuvé par Papienfis. Cet hydropique but beau coup, & il guérit. TA B LE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Re du Mémoire [ur le baromètre nouveau , inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, &c., 257 Fir de l'Éxtrait du fecond Volume de l'Ouvrage de M. l'Abbé SPALLAN- ZANI, 372 Lettre aux Auteurs du Journal de Phyfique, par M. CHAUVIN , fur Le Volcan de Marez dans les Cévennes. 28$ Suite des Expériences relativ:s a Adhéfion ; par M. DuTour. 237 Mémoire fur quelques Trombes terrefires obfirvées en Artois & dans quelques Provinces vorfines , lu dans La Séance publique de l'Académie d'Arras , le $ Avril1780 ; par M. BUISSART , Membre de cette Académie. 298 Suite des Extrairs du Porte-Feuille de M. l Abbe ViCQUEMARE , de plu- - freurs Sociétés & Académies Royales de France, Efpagne, Allemagne |, & Correfpondant de l A‘adémie Koyale de Marine. 309 Objervarions fur la Cryftallifation aruficielle du Soufre & du Cinabre ; par M. PELLETIER. 311 Defcription d'une Machine propre à broyer toutes fortes de Couleurs ; par MP DC: 314 Expériences fur ? Acide retiré du Suif de Bœuf, traduites de l'Allemand de - M. CRELL ; par M. MGN. de Dijon. Troifième & dernière partie, 324 Lettre de M. HASSENFRUTZ , Sur le Feu libre de l'Armofphère. 337 Nouvelles Litréraires, "339 APP RO BR AMTAIO "NN. J'« lu , par ordre de Monfeigneur le Ga: de des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Arts, te. ; par MM. Rozier & Moncrz le jeune, &e. La Colleétion de faits importans qu’il offre périodi- quement à fes Lelteurs , mérite l’accueil des Savans ; en conféquence, j’eftime-qu'on peuten p=imeure limpreffion. À Paris, ce 20 Avril 1782, VALMONT DE BOMARE, ALT? Avril 178 J'éhèr Seulp : RS *TyLr 7214 è À à ! È no à Ÿ <° Lea m É. (L | ll WU f | | L \0à np, + er | ES Te, | | | | 4 | : | JOURNAL DE PHYSIQUE. | j MAI 1782. FIN DU MÉMOIRE SUR LE BAROMÈTRE NOUVEAU, Inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, Gc.(1). QE D ES Baromètres appropriés à d'autres objets de la vie civile, Les avantages que nous tirons, dans bien des circonftances, de l'obfervation du baromètre, font fi importans & fi nombreux, qu'il eft affez furpre- nant de voir le peu d'attention qu’en prête en général à cet objer dans la vie civile. Les Fermiers , dans leurs labours , femailles & récoltes ; prefque tous les Manufacturiers, les Voyageurs , & pour ainfi dire toutes Les au tres clafles de Citoyens, ont très-fouvent un grand intérêt à connoître d'avance les changemens que le temps va opérer, & à cet égard le ba: romètre ne manque pas d'en avertir plusou moins de bonne heure, 218: Pour cette efpèce d'obfervarion, plus l'échelle du baromètre fera agrandie, plus les différentes hauteurs de la colonne de mercure devien- dront fenfbles à ceux qui n’ont pas aflez de connoiffances ou de patience our les examiner par des obfervations. délicates. Je: vais donner en abrévé la defcription de quelques baromètres de cette efpèce, qui me femblent les plus avantageux , laïffant de côté plufeurs autres, qui, felon moi, ne font pas fi commodes dans la Es 219. Idée du Baromètre de Defcartes. Le baromètre inventé par Def cartes remplit affez bien ces vues, malgré tous les défauts qui le rendent infufifant pour les obfervations qui demandent de l'exactitude, On en trouve la defcription dans l’Aréométrie de Wolf, propof. 28, & dans POuvrage de M. Deluc, fur les Modifications :de l Armofphère, n°. 24. Soit le tube A B , fig. 1; plI, formé par une efpèce de:boîte ou fiole cy- (1) Voyez les Cahiers des mois de Février, Nlars -& Ayril 1782, Tome XIX, Parc. I, 1782. MAL, Yy 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lindrique CDFE d'un diamètre beaucoup plus grand, à la hauteur ordi- naire, depuis 28 jufqu'au 33° pouce au-deflus de fon réfervoir B G. Mettez dans ce tube , qui pour lors doit être renverfé , autant d’efprit-de-vin, ou même d’eau colorée en rouge ou en bleu , que la partie ACD en peut contenir ; mettez-y enfuite du mercure; jufqu'à ce que tout le tuyau foit plein; bouchez le trou B avec le doigt , 8: redreflant le tuyau dans la po- fition repréfentée par la fig. r,avec Pouverture B, au-dedans du réfer- voir BG, l'eau montera en haut vers le tuyau AC D , tandis que le mer- ' cure , comme plus pefant, de feulement la partie inférieure , depuis environ la moitié du gros cylindre CDFE. 220. On conçoit que tous les changemens correfpondans à la pefanteur de l’atmofphère dans ce baromètre, doivent paroître dans letuyau AC D, par des efpaces qui feront en raifon inverfe des quarrés de fon diamètre, pour celui du diamètre de la fiole cylindrique CDFE. Ainf, l’on di- vifera , felon cette proportion , une échelle dans la longueur de AC, où les variations du baromètre feront montrées par des efpaces fort grands. J'ai vu quelques-uns de ces baromètres en Angleterre, qui avoient été donnés par un jeune Savant, comme d’une invention nouvelle , faute d’être mieux inftruit : ils font excellens pour l’ufage de la campagne. 221. N, B.On doit couvrir toute la partie inférieure, depuis BG juf- qua CD, avec quelque caifle ou bordure de boïferie, non-feulement pour la garantir des accidens, mais parce que le tuyau inférieur eft ordi- nairement peu agréable à la vue, par le mêlange des gouttes d’eau rouge qui y reftent attachées. 222. Du Baromètre a cadran ou à poulie: Le célèbre Docteur Hook, contemporain du grand Newton, inventa le baromètre à cadran, qu'on emploie aflez communément aujourd’hui , & qui en effet a beaucoup de mérite. IL confifte dans un fiphon ABM , fig. 2 , plein de mercure, Un petit poids , qui flotte fur le mercure de la branche inférieure M du fiphon, eft attaché par un fil autour de la petite poulie N , & prefque contreba- lancé par l'autre petit poids © , qui y eft fufpendu par un autre filattaché à la même poulie. La fufpenfon de ces deux poids par des fils différens, fe pra- tiquoit en Angleterre bien avant que M. Deluc eût fongé à écrire fon Ou- vrage , où il la recommande dans la note # du n°. 3$;car j'ai vu, ily a plus de vingt ans, un vieux baromètre de feu mon ami le Docteur Knigth, qui avoit été arrangé de cette manière. 223. L’aiguille C D eft fixée dans l'axe de cette poulie N, & elle-même doic être très-légère & bien équilibrée à fon centre. Quoique l'efpace par- couru par le mercure dans la petite branche M O du fiphon ne foit que la moitié de celui montré par le baromètre fimple , l'aiguille C D montre en effet les variations du poids de l’atmofphère fur le cadran, par des efpaces cinq ou fix fois plus grands, parce qu'ils font proportionnés à la longueur du diamètre XZ, qui eft tout-à-fait arbitraire. D SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 224. Idée du Baromètre diagonal ou incliné, Le Chevalier Moreland, Anglois, et l'inventeur du baromètre incliné où diagonal , dont on fait encore un grand cas aujourd'hui, comme on peut le voir parle n”. 67 de l'Ouvrage de M. Deluc , ci-deflus cité. Ce baromètre montre aufli, par des efpaces fort grands, les variations de l’armofphère; il eft repréfenté par la fig. 3. Le tuyau AN BCD eft plié en N, de façon qu'il forme la diagonale ND , & la perpendiculaire DE eft égale à la différence entre Ja moindre & la plus grande hauteur du baromètre fimple; c’eft-à-dire, depuis 28 jufqu'à 31 pouces au-deffus du réfervoir X A, 225. On voit bien que fi l'on fait certe diagonale de 1$ ou 21 pouces, le mercure en doit parcourir $ ou 7, dans le temps qu'il n’en parcourt qu'un du baromètre fimple, Feu M. Horme, Gentilhomme Anglois, de Ashby en Lancaftre, rendit bien plus commode cette efpèce de baromè- tre, en raccourciflant le tuyau N D jufqu'en B, & ajoutant à côté du premier deux autres tubes FGH & XK L, qui font plongés dans le même réfervoir X A, & dont les coudes correfpondent aux efpaces BC & CD, comme la figure 3 le montre, fans avoir befoin d'autre détail. Il y a apparence que ce baromètre eft le même dont le Docteur Defaguilliers parle à la fin du n°. 18 de la dixième leçon de fon Cours de Phyfique, comme ayant été porté à un certain degré de perfection par M. Horme, dans le baromètre incliné, & non pas dans la préparation du mercure, comme il le dit. Ce fut parmi les papiers de M. Adams (que fon fils eut la bonté de me communiquer ), que jetrouvai cette belle idée de M. Horme. 226. Idée du Baromètre fléréométrique. Je dois l'idée de ce baromètre à M.le Chevalier Marfille Landriani, Gentilhomme Milanois , actuelle- ment Profeffeur de Philofophie à Milan , qui en eft proprement l'inven- teur. Il eut la bonté de me communiquer la defcription d’un baromètre nouveau de fon invention, qui a l'avantage de pouvoir être employé comme baromètre fimple, ou comme celui à fiphon de M. Deluc, & qui en outre peut montrer les différentes hauteurs de la colonne de mer- cure, par les différences de la quantité ou mafle du mercure qui les forme L4 le tuyau. C’eft à ce titre que je l'appelle eromèrre fféréométrique. Je re m’arrêterai pas à la defcription totale de cet inftrument , que le Public peut recevoir bien plus avantageufement de la main même de l'inventeur. D'ailleurs , il ne peut avoir place entre ceux dont je traite ac- tuellement , que fous ce feul point de vue; c’eft-à-dire , de rendre fort fenfibles les moindres variations dans la pefanteur de l’atmofphère. Ainfi, je me Matte que l'Inventeur ne trouvera pas mauvais queje profite feule- ment de cette partie de fon invention qui a du rapport à mon fujet ,en y faifant quelques petits changemens , que je crois plus avantageux pour le but que je me fuis propofé. ? 227. Soit le tube AB, fig. 4, recourbé en B comme un fiphon, Tome XI X, Part. I, 1782. MAI. Yye2 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : où l’on a adapté une boëte ou réfervoir d'ivoire €, avec un robinet D fait de la même matière , mais à double trou, c'eft-à-dire, en forte qu’en le tournant horizontalement , ily ait une double communication entre le réfervoir € & l'intérieur du tuyau B À ; mais qu'en le tournant dans un fens vertical , tout le mercure qui fe trouve dans le réfervoir C puifle alors fortir au dehors, & tomber dans l’entonnoir E. Cet entonnoir eft cimenté à un tube de verre d’un diamètre fort petit & bien calibré , dont le bout I eft ouvert & recourbé en haut , comme on le voit dans la figure. Ce tuyau doit être cimenté fur une petite planche NZ , avec une échelle divifée en 25° ou même 64° de pouce. 228. On conçoit bien qu'après avoir rempli le tuyau AB avec du mercure , il nya qu'à mettre l'entonnoir EI au-deffous du robinet D, & y recevoir tout le mercure qui fe trouve dans la boëre CD à chaque ob- fervation. Ce mercure étant mefuré par l'échelle NZ, à côté du tuyau, dont le diamètre eft cinq ou huit fois plus petit que le diamètre du tuyau AB du baromètre , il doit montrer les variations 25 ou même 64 fois plus grandes que le baromètre fimple. 229. Si l’on employoit une bonne paire de balance pour pefer à chaque fois le mercure contenu dans le réfervoir DE , on pourroit pouffer en- core plus loin l’agrandiffement fenfible de ces variations ; & enfin, fi l'on formoit un gros cylindre FG au bout fupérieur du tuyau AB, depuis les 28 jufqu'aux 31° pouces au-deflus du fond du réfervoir C, qui en doit avoir le même diamètre, ou encore bien plus grand , on pourroit pouf- fer cette exactitude fort au-delà des millièmes de pouce. N. B. Lorfqu'on aura fait l'obfervation , on tournera le robinet D horizontalement , & l’on remettra le même mercure dans le réfervoir C D. 230, Idée d'un nouveau Baromètre feétoral. \ y a plus de 14 ou 1$ ans que j'ai penfé à cette nouvelle efpèce de baromètre , pour en rendre les variations très-fenfibles , fans rien perdre de fon exactitude , & j'en com- muniquai l'idée à différentes perfonnes, capables d’en juger , qui me don- nèrent leur approbation. Soit le tuyau recourbé ou fiphon EPONA, fig. s, avec du mercure, fixé par les attaches PO N fur la planche ANOPE mobile dans le centre N. Cette planche. a un petit bras Q , où l'on voit deux têtes guiliochées , dont lune fert à mouvoir l’inftrument, parce qu'elle appartient à un pignon qui engrène dans la rainure dentelée R V, & l'autre appartient à une agraffe, pour tenir l'inftrument autant incliné qu'on le veut. La grande planche Z Y MB eft coupée comme un fecteur tiré du centre N,, où le baromètre tourne. [1y a une échèlle.ZY tracée en portion de cercle, d'environ 30° , & un niveau à bulles d'air C M, pour avoir toujours la ligne T SN perpendiculaire à l'horizon. Enfin , il y a un tuyau B N à double loupe , avec une croix filaire au centre N, pour obferver , fans parallaxe, la furface inférieure N du mercure, C'eft à =. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34s caufe de la figure de cette planche en forme d'un feéteur , que j'appelle ce nouveau baromètre fééforal. + 231. Par cette conftruétion il eft évident que l'échelle de ce baromètre deviendra d'autant plus grande, que l’arc Z Y fera décrit à une plus grande diftance du centre N; çar pourvu que TN foit de 31 pouces , pourvu que Le nus verfe TS foit de 3 pouces, il n'importe guère à quelle dif- tance fe trouve le nonius E. Ainfi , lorfque la pefanteur de l’atmofphère ne fait monter Le mercure qu'à 27 pouces (égal au co-finus SN de l'angle TNX, qui eft de 29° 25’ 44”), il faut incliner aflez le baromètre pour que la furface fupérieure du mercure foit à la hauteur de la ligne SX, qui eft le finus de l'angle TNX; & cette furface fupérieure n’y fera jamais , à moins que la furface inférieure dans la petite branche AN fe trouve exaéteinent au même point N. 232. N. B. Les petites tes qui peuvent réfulter de Pincli- naifon du tube où le mercure doit avoir une furface plus ovale que quand le même tube eft perpendiculaire à l'horizon , feront aifées à remédier dans la pratique , en formant une table de ces corrections, s’il yena, pour chaque inclinaifon, &c. à 233. Lorfque la hauteur du mercure eft de 28 pouces, l'angle du ba- romètre doit être de 25° 24/ 53”: à la hauteur de 29 pouces , cer angle doit être de 24° 41/ 38”; & à la hauteur de 30 pouces, il ne doit être que de 14° 35/ 35”. Il eft fort aifé de calculer tous les autres angles intermédiaires pour chaque dixième, centième & millième de pouce, c'eft-à-dire , tous les co-finus correfpondans à ces hauteurs, depuis l'angle ci-deflus de 29° 25/44” jufqu’au rayon de 31 pouces; de façon qu'ayant formé une table de la valeur de tous ces angles, & ayant ajouté un no- nius E pour glifler l’arc fur l’échelle ZY , on y reconnoîtra la vraie hau- teur du baromètre avec la plus grande exactitude, 234. Autrement on peut fe contenter de fuppofer la hauteur de 31 pouces , divifée en 100 000 parties; & dans ce cas, il n’y a qu'à employer les tables des finus naturels, en marquant les 27 pouces par 60° 34! 16” ( ou fimplement 60° 34/, en omettant les fécondes ), cequi eft le co-finus de l'angle 39° 25/ 44”; & ainfi de fuite pour toutes les autres hauteurs, mettant fur l'échelle Z Y le nombre des degrés qui fuivent jufqu’au finus total. Ainfi, lorfque le ronius qui fe trouveen E, g. $ , marque, par exemple, 60° 34/, le finus de cet angie eft 87093, c'eft-à-dire 2%: donc, fi l’on fappofe 31 pouces divifés par 100,000, il ny a qu'à multiplier fon quotient , 00031 par 87093 & le produit 26,99883 , donne la vraie hauteur de la colonne du. baromètre. En général , il ne s'agira que de prendre à chaque obfervation , dans les tables de finus naturels, le nombre correfpondant aux degré & minute marqués par le nomius fur l'échelle ZY , fig. $ , & le multiplier par la 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fraction conftante , 00031 , pour avoir le nombre de pouces & de fractions de pouce, qui font alors la vraie hauteur du baromètre (1) 235. Jdée du Baromètre flatique. Je finirai cette defcription des baro- mètres à grande échelle par le baromètre ffarique inventé par le Cheva- lier Moreland , favant Anolois, dont j'ai parlé ci-deflus, n°. 225$, qui le préfenta au Roi Charles II. Ce baromètre a l'avantage fingulier de montrer les variations de l’atmofphère par des efpaces doubles de ceux montrés par le baromètre fimple. Il eft cependant aflez extraordinaire qu'aucun des Auteurs qui ont traité de ce fujet , n’aient fait mention de cet inftrument ; du moins, je ne me fouviens pas d’en avoir vu la defcrip- tion imprimée nulle part, & je n'ai rencontré que deux de ces baromètres, les feuls peut être qui exiftent aujourd'hui en Europe. L'un fut fait en 1760 par feu M. Adams, habile Artifte de Londres, pour le Roi de la Grande-Bretagne actuellement régnant, & alors Prince de Galles; l’autre avoit été commencé peut-être auparavant par feu M. Jonathan Siflon, Artifte célèbre de cette Capitale. Je trouvai ce dernier, par hafard , très- bien confervé chez un Particulier. J'en fis aufli-tôt l’acquifition , & je l'ai a@tuellement chez moi, entièrement achevé fous mes yeux, avec quelques changemens, qui en rendent la conftruétion plus avantageufe. 236. La fig. 6 repréfente le baromètre faique dont je parle. B D eft un tuyau de verre piein de mercure , avec une boule en B, pour faire difparoîrre l’effet de quelques petites bulles d'air qui fe trouvent au dedans, Le bout inférieur F eft plongé dans le réfervoir A D CF. Vers le milieu de ce tube fe trouve une agraffe G de métal, par laquelle il eft fufpendu au bout du bras ou fléau de la balance HL, moyennant deux petites chai- nes de métal, comme celle des montres de HE , qui ao fur une portion de cercle-H G, pour ge la preffion du tuyau du baromètre foit toujours à la même diftance du centre du fléau. L’autre bout L eft formé aufli en portion de cercle , par la même raifon , afin que le contre-poids KK fe trouve toujours à des diftances égales. 237. L'aiguille ou index MN de ce fléau eft aufli contrebalancée par la boule M de métal, qui eft viflée au bout fupérieur de cette aiguille. Le tout doit y être fi contrebalancé, que l’on puifle trouver un équilibre parfait dans toutes les politions ou fituations de ce fléau. Il eft effentiel de faire routes ces pièces aflez minces , pour en éviter le poids: mais comme il faut aufi qu’elles puiffent tenir folidement, fans plier en aucun fens, on y a appliqué les Lx fils de méral ZZZZ & RRRR qui produi- fent cet effet. Enfin , l'axe du fléau H L & de fon aiguille MN pofe fur quatre roulettes , dont on en voit deux EE dans la figure, & il y a une © © ————— ————————— ——————————— — —— —— (r) Nous donnerons une defcription plus détaillée de ce baromètre , lorfque M. Ma: gellan nous aura envoyé celle qu’il nous a promife. dé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 échelle PQ toute divifée , fur laquelle la hauteur du baromètre eft montrée par l'aiguille N. 238. La manière la plus füre pour régler ce baromètre, eft d’attendre que la hauteur du baromètre fimple foit à 29 pouces & demi; alors on ajoute autant de petites boules de plomb dans la boîte K, qu'il en faut pour que l'aiguille foit vis-àwisle milieu de l'échelle P Q, On attend juf- qu'à ce que le Baromètre fimple foit monté ou baiflé d’un pouce ; on y mar- que cette diftance fur l'échelle , & l'on en divife le refte par des portions pareilles , qu'on fubdivife dans la fuite en dixièmes & centièmes de pouce, &c. 239. J'ai déjà avancé ci-deflus que les hauteurs du mercure dans le baromètre ftatique , font doubles de celles du baromètre fimple ; c'eft-à- dire, fi l’on metune échelle O G attachée au tube BD , on verra que le mercure y parcourt deux pouces, tandis que le baromètre fimple n’en monte ou defcend qu’un feul pouce: la raifon en eft que dans le baro- mètre fimple la preflion de l’atmofphère fur le tuyau du baromètre eft foutenue par la bafe du réfervoir ou de la planche oùileft monté ; de fa- çon que le mercure qui eft dedans refte en équilibre avec la preflion qui agit fur le mercure du réfervoir. 240. Mais dans le baromètre ftatique , toute la preflion fur le tuyau n'eft foutenue que par l'équilibre du poids K , & par conféquent elle y doit agir avec une force double ; de façon que fi le poids K, fig. 6 , fou- tient le baromètre B D à 29 pouces de hauteur, il eft évident qu’en ajou- tant une preflion égale à celle d’un pouce de mercure en H, il faudroit en ajouter une autre en L ou K pour conferver l'équilibre, 241. Mais comme le contre-poids refte toujours le même, le tuyau doit s'enfoncer de cette quantité dans le réfervoir, & par conféquent la co- lonne de mercure ne feroit pas plus haute qu'auparavant; c’eft-à-dire, elle ne feroit alors que de 29 pouces, au lieu de 30 qu’il doit y avoir, felon la fuppofition. IL faut donc que, dans ce cas, le mercure monte en- core un autre pouce ; par cenféquent il y parcourra un double efpace dans le tube ; tandis que la vraie hauteur du mercure au-deflus de la furface de ce qui eft dans le réfervoir, n'eft augmentée que d’un feul pouce, comme il eft aifé de s’en aflurer , en mettant un index fur la planche, à côté du tuyau B D. 242. I] eft aifé de concevoir que plus le Aéau HL fera long & inflexi- ble, plusil y aura d’exaétitude dans le mouvement de ce baromètre, Dans un cas pareil, on peut employer un eflieu d’acier trempé, comme dans les balances ordinaires. De même, fi l'aiguille eft beaucoup plus longue , les divifions de l'échelle P Q deviendront beaucoup plus gran- des ; & enfin, fi l’on forme le tuyau B D comme celui de la figure 4, en forte que les variations caufées par la preflion de l’atmofphère foient produites dans lefpace où fe trouve la vale FG , on fera alors plus für de 548 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'effet produit dans le fléau HL, & par conféquent de l'indication de l’'ai- guille fur l'échelle P Q. 243. L'horloge perpétuel qu'on a fait à Londres il y a quelques années, & qui réuflit parfaitement bien , étoit conftruit fur le même principe que le baromètre ftatique, Deux grands vaifleaux de :cryftal, dont l'un faifoit l'office de tube BD, fig. 6, & l’autre celui de réfervoir ACF, étoient fufpendus par des chaînes qui pafloient furdes poulies, & qui ; avec leur mouvement, faifoient remonter à propos , par des rochets & encliquetages, la force motrice de la pendule. Cette idée eft fort heu- reufe & très-commode dans un inftrument fi généralement néceflaire , & ficommunément employé dans la vie civile pour connoître les difté- rentes portions de la mefure fucceflive du temps. Mais la Mécanique mo- derne vient encore de faire un autre pas femblable à l’égard des montres de poche , qui n'ont pas befoin d’être montées pour marquer l'heure continuellement; car elles fe remontent d'elles-mêmeés, par le fimple mouvement qu'elles reçoivent étant portées dans la poche ; & cela , fans que leur forme ni leur volume foient différens des montres ordinaires. J'en ai effayé deux depuis peu , faites par MM. Recordon , Spencer & Perkins, pendant date jours, & une autre pendant plufeurs mois j'en fus on ne peut pas plus fatisfait. En rapportant ces idées aux ob- fervations météorologiques, c'eft ici le lieu de communiquer celles qui me font venues fur cette matière, & qui font l’objet des articles fui- vans, 244. Idée d'un méréorographe perpétuel. Les obfervations météorologi- ques font, depuis un grand nombre d'années , l'occupation de beaucoup de Savans & d’autres perfonnes qui s'y appliquent, ou pour leur propre curiofité, ou pour feconder les efforts & les vues des premiers. Î neft pas néceffaire d'entrer ici dans le détail des avantages qui réfulrent de ces obfervations, qu'on ne peut trop multiplier dans les différentes pofi- tions des lieux & climats du globe; car tout le monde eit d’accord , que la combinaifon & les réfultats de ces obfervations contribuent infiniment à l'avancement des connoiffances humaines, relatives à la phyfique géné- rale, & à celles qui ont du rapport à la médecine, par la grande in- fluence , ou- plutôt dépendance qu'il y a entrelles & les fonctions animales. 245. Il eft cependant très-certain que les obfervations météorolo- giques ont encore quelques défauts affez confidérables, à la plupart def- quels il ne feroit pas difficile d'apporter du remède, fi les perfonnes qui font à même de les faire vouloient fe donner la peine de généra- lifer un peu plus leur plan. En premier lieu , il faudroit avoir égard au nombre d'objets intéreffans dans la météorologie , dont les vicifitudes journalières demandent à être connues & comparées avec celles dubaromètre & du thermomètre : telles font la qualité & la force des vents; la quantité de » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 349 dé pluie, d'humidité, d'évaporation ; la hauteur des marées , &c, En fecond lieu , il faudroit favoir le vrai temps de ces phénomènes, c’eft-à-dire, l'heure précife à laquelle ils font arrivés, de même que leurs variérés pré- cédentes & fubféquentes , au termé:principal de chacun : car ce n’eft pas aflez de favoir fi, par exemple, le baromètie ou .le thermomètre éroient à une telle hauteur ou à un tel degré dans la huitième, neuvième ou douzième heure du jour; il faut aufli être inftruit s’il y a eu quelqu'autre variation ou changement confidérable dans l'intervalle qui s’eft écoulé entre l'heure qu'on a marquée, & celle du jour fuivant , ou l’autre du jour qui l'a précédé ; & quel étoit le moment ou chaque variation eft arrivée. 246. L'inftrument dont je vais donner l’idée , produit les effets dont je viens de parler; & c'eft par cette confidération que je l’appellerai Méréorographe perpétuel, parce qu'il donne conftamment les obfervations météorologiques pour chaque heure du jour, & cela fans autre foin que celui de le remonter au bout de la femaine ou du mois; c’eft-à-dire, en même temps qu'on remonte la pendule qui lui fert de régulateur. L'idée en eft fi fimple & fi aifée dans la pratique, qu'iln”y a pas de per- fonne, tant foit peu curieufe, qui ne puifle le faire arranger fous fes yeux, & à peu de frais, par un Artifte quelconque, même d'une capa- cité fort médiocre. 247. Je fuppofe premièrement qu'il y ait une pendule ordinaire qui aille huit jours où un mois fans être remontée; en fecond lieu, ue les inftrumens météorologiques foient tels, que leurs degrés foient ere par quelque pièce qui ait un mouvement vertical tout le long de leurs échelles, comme je le montrerai ci-après; & en troi- fième lieu, que l'Obfervateur ait une chambre, ou même un grenier deftiné uniquement à l'appareil de ces obfervations. 248. Soit une planche AB, fig. 7, pofé: fur deux rouleaux DM, mife contre la muraille, entre les deux tablettes LC & DE : BF eft un cordon attaché par le: bout B à la planche, & par l’autre bout à la poulie F, Un autre cordon également attaché à la même poulie, pafle par la poulie G, & porte le poids H, qui eft fufñfant pour faire traîner la planche AB vers F. Soit à préfent le poids I de la pendule K ; & qu’à la par- tieinférieure de ce poids I foi attaché un autre cordon qui, paflant par la poulie N , aille aboutir à l’axe ou rouleau de la poulie F, mais dans un fens contraire du cordon BF, de manière que l'action du poids H ne foit dans la liberté d'agir, qu'autatit que le cordon F NTI lui permet de tourner la poulie F. On voit bien, par cétte conftruction , que la planche AB'aura un mouvement horizontal aufli régulier vers F que celui de la pendule, & que celle-ci n’en fouffrira aucun obftacle dans fà marche ; il y aura même une tendance à en augmenter la force motrice du poids I. Il dépendra de la proportion du diamètre de la poulie F; de celui de Tome XIX, Part, 1,1782. MAI. FAT: n 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fon fecond cercle , relativement à la longueur de la planche A B, & de lefpace que le poids I aura à defcendre, que cette planche foit une fe- maine entière , ou même un mois à parcourir l'efpace ME. Ain, iln'y a qu'à couvrir cette planche À B avec du papier, & la diviferen fept , ou même en trente parties, pour que chacune repréfente l'efpace d’une jour- née, & fi l’on fubdivife chacune de ces 24 parties par des lignes plus dé- dicates , on aura lefpace correfpondant à chacune de ces 24 heures. 249. Il ne s’agit donc à préfent que d’ajouter un crayon à chacun des inftrumers météorologiques , qui, comme je Jai fuppofé ci-deflus, doi- vent avoir un mouvement vertical , de façon qu'étant pouffé par un foi- ble reflort contre le papier, il y marque à chaque heure la hauteur ou le degré où l'inftrument fe trouve actuellement. 250. Cependant, l'idée de M, Changeux, qu'on vient de me commu niquer, eft très-heureufe & beaucoup plus avantageufe , pourvu cependant qu'on y fafle les changemens fuivans : 1°. Il faut employer une pointe de métal au lieu du crayon qu'il a ap- pliqué à fon barométrographe; car les petits trous marqués fur le papier feront infiniment plus exacts que les marques obtufes du crayon. 2°. Il faut fimplifier fon mécanifme, dont la complication eft inutile & même nuifble; car c'eft aflez d'appliquer une plaque de métal ou même de bois fur la planche LC, fig. 7 , qui foit foutenue aux deux bouts X Z comme fur deux eflieux, & qui aitune queue Ÿ au bout C, On mettra autant de petits marteaux pardeflus cette plaque qu'il y a d'inftrumens météorologiques , mais qui foient foutenus chacun par un reflort V, comme ceux des carillons des pendules à minutes. 251. À préfent il eft aifé de concevoir que fi l'on ajoute une roue à dents derochet ou à chevilles {ur la poulie F , fig. 7 , avec autant de dents ou de chevilles que cetre poulie emploie de “minutes à faire fa ré- volution entière, il fera fufffant que la petite queue Y de la règle XLCZ dont je viens de parler, frotte fur les dents ou chevilles de cette roue, pour faire élever tous les marteaux enfemble à chaque minute, & les faire tomber chacun fur la pointe refpective qui fera au bout de la tige PQ, appartenante à chaque inftrument météorologique, Par cette méthode, on aura une fuite de points ou piquures fur le papier de la planche A B, qui donnera les variations de chaque inftrument pour chaque mi- nute de temps, fans que le frottement caufe la moindre erreur dans Yobfervation, puifque la tige PQ fera toujours en liberté pour obéir aux variations indiquées par l'inftrument météorologique. 252. Il faut bien remarquer que les petits marteaux doivent toujours être fufpendus par leurs reflorts fans toucher le papier de la planche AB, & que ce doir être feulement par la force de la chûte de la règle de métal qui fera fur A B, qu'ils doiveng frapper leurs coups à chaque minute fur les pointes des tiges dont je viens de parler. Le Leéteur con- rs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 351 çoit bien que les dents à rochet ou les chevilles de la roue deftinée à être fixée [ur la pee F, ne font proprement que des plans inclinés, fur lef- quels pafle fucceflivement la queue Y de la règle mobile de métal fur AB, qui fait élever les petits marteaux , & qu’on fera toujours le maître de mettre autant de poids en H qu'il en faudra pour furmonter le frotte- ment de cette queue , fans que le mouvement de l'horloge ou pendule K puifle en fouffrir, ni que fon poids I ait befoin d’être augmenté. 253. On a râché de repréfenter tout ce mécanifme par des points dans la fig. 7 , où la planche de bois ou de métal dont on vient de parler eft indiquée par les lettres XLCZ ; les deux pivots qui lui fervent comme d’eflieux , font indiqués par X & Z ; fa queue , qui doit tomber fuccefli- vement fur chaque intervalle des dents ou chevilles de la roue F, eft indi- quée par Y. Un des marteaux qui doit frapper à chaque minute fur la pointe du bout fupérieur de la tige LQ, eft défigné en P. Le bras par lequel le marteau eft foutenu , eft indiqué par PT, &c’eften T qu'il eft attaché, de manière cependant à pouvoir fe lever ou baïfler, felon que la planche ou plaque eft levée ou baiflée par le mouvement recu de la roue F, moyennant la queue Y. Enfin, le petit reffort qui doit foute- nir le marteau fufpendu, “e de laiffer en liberté la tige PQ, qui plonge dans l'inftrument météorologique, eft défigné par la lettre V. 254. N. B. Il faudra toujours difpofer chaque tige qui porte la pointe deftinée à marquer les hauteurs de l’inftrument météorologique, en forte qu'elle ait un peu de reflort en elle-même , afin qu’elle faute en arrière aulli-tôt que le marteau lui a frappé fon coup ; car fans cette pré- caution, la pointe pourra refter aifément fixée fur la planche mobile À B,. Il ne faut pas être grand Mécanicien pour exécurer toutes ces petites particularités dont je viens de parler , avec l'exactitude néceffaire. # 255. Les lignes ou divifions verticales marqueront alors non-feulement les jours de Ja femaine ou du mois, mais auf les heurés, & même , fi l'on veut, les demi-heures de chaque jour, & les lignes horizontales mar- queront leshauteuts ou les degrés correfpondans à la variation de chaque inftrument. 256. On aura foin d’arranger chaque inftrument à la hauteur convena- ble ; & pour que le trait de fon crayon ne fe confonde pas avec celui d’un autre, il fera à propos de mettre des crayons rouges à ces inftrumens, alternativement avec les crayons noirs , afin d’en empêcher la coufufon, Si le mouvement vertical de quelqu'inftrument eft trop grand pour entrer dans la hauteur de la planche, on le réduira par le moyen d’un levier , & la même méthode fervira pour l'agrandir, dans le cas où il feroit trop petit, afin qu'il puifle être apperçu aflez diftinétement. 257. Je me fatte que tout homme qui connoît un peu la Mécanique, ne trouvera pas la moindre difficulté à pratiquer ce que je viens d'expofer. Mais à l'égard de ceux qui trouvent de la difficulté par-tout, je leur Tome XIX , Part, I, 1782. M AI. Zz'a 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, citerai la pendule qui marche depuis plus de 55 ans au Palais du Roi ( Buckingham-Houze ) à Londres, faite par M. Cummings fon Horloger. Cette pendule magnifique marque les hauteurs du baromètre avec la plus grande exactitude; car il y a anéanti , pour ainfi dire, la réfiftance des traits du crayon par des poulies RAR DIT Le même Artifte a chez Jui une autre pendule de cette efpèce toute : achevée, dont le prix va à près de 500 louis: d’or. J'ai faie connoître la pre- mière de ces pendules à l'Académie Royale des Sciences! de Paris, dans une lettre que j'écrivisle 27 Juiller 1772 à M. le Chevalier de Borry , que la même Académie nomma pour ma correfpordance , & u'il lut a l’affemblée. J’en fis mention moi-même en 1775, lerfque lA- cadémie délibéroit fur les moyens de charger quelque perfonne de con- fiance dans chaque port de mer, pour obferver aflidumient les différentes hauteurs des marées, avec toutes les circonftances de l'heure exacte & des:vents qui Les font fouvent varier. C’eft avec bien du plaifir que je viens de lire dans le Journal de Phyfique de Janvier 1780, page 75, que M. Changeux avoit préfenté une machine de cette efpèce à l'Académie Royale des Sciences , en Juin dernier ( peut-être fans avoir aucune idée de celle de M. Cummings ), & qu'il fe propofoit de faire conftruire le sLermo- métrographe ; l'anémométrographe , l'hygrométrographe , &c , qui doivent avoir les mêmes propriétés. 258. J'ai fait exécuter auñi une pendule fur un autre plan fort dif- férent de celui de MM. Cummings & Changeux, & bien plus économi- que que celle du premier ; car elle ne coûtera pas la quinzième partie de Ja dépenfe , lorfque tout fon mécanifme fera achevé. Elle marche déja chez moi depuis plus d'un an, fans que j'aie encore eu le temps d'y faire ajouter les inftrumens météorologiques. Au lieu d’un cercle misen mou- vement par le rouage de la pendule, il y a quatre cylindres verticaux, fur lefquels une longue bande de papier blanc qui y eft enveloppée , paffe d'un rouleau à l'autre par un mouvement aufli réoulier que celui de la pendule, dont la marche eft d’un mois entier fans être montée. 259. Mais pour ce qui regarde le mécanifme du météorographe que je viens-de propofer ci-deflus, il pourra être exécuté affez bien avec une dépenfe fort médiocre. Mon but étant de lever toutes les difficultés aux jeunes Phyficiens, & de faciliter à tous ceux qui, fe trouvant bornés par les circonftances, ne peuvent farisfaire qu’à peu de frais leur penchant pour les recherches en ce genre, je n’ai pas balancé à entrer danstous ces détails, quoique bien perfuadé qu’ils ne peuvent que devenir ennuyeux aux Lecteurs plus inftruits. Je demande donc grace à ces derniersen faveur de l'utilité du fujer. ) 260. Voici actuellement quelle eft l’efpèce d’inftrumens qui me fem- blent les plus propres pour remplir les vues d'économie que je viens de propofer, D'abord , pour faire les expériences barométriques relatives à la Météorologie , je crois que le baromètre ftatique, n°. 237, eft le plus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 353 avañtageux, Cependant un fiphon avec une boule aflez grande à la hauteur où deviennent fenfibles les variations de l’atmofphère , peur bien fervir au même objet, ayant une pièce flottante avec une tige de fapin, au bout de laquelle on adoptera le crayon ci deflus. 261. Il ya une efpèce de thermomètre affez bien connue, & for tcom- mune en Angleterre, qui a la qualité qu’on fouhaite; car les deux où même quatre grandes boules font pleines d’efprit-de-vin, &c le tuyau , avec les branches inférieures , font pleins de mercure; Ain , toutes Jes expanfions & contractions caufées par la chaleur 8 par le froid , dans le fluide contenu dans les boules qui font fermées, doivent faire hauf- fer ou baïller le mercure daus le tuyau, Une tige de bois qui furnage dans le mercure au dedans du tuyau , étant arrangée'en forte qu’elle ne puifle tourner de côté, & ayant un crayon à fon bout, doit donner à ce crayon le mouvèment vertical qu'on fouhaite | pour marquer les degrés du thermomètre fur la planche du météorographe. : 262. Cependant le thermomètre métallique eft peut-être plus avanta- geux que le précédent, Pour le conftruire , on rive folidement , ou même on foude enfemble une lame d'acier avec une autre de laiton; car la cha- leur & le froid font ceurber plus ou moins cette double lame , felon le degré du thermomètre. Il vaut mieux donner à cette double lame la forme fpirale, pour l'avoir affez longue , afin d’en agrandir le mouvement. La lame de laiton doit être au dedans, &celle d’acier dans la païtie con- vexe du dehors. Cette lame étant arrêtée par un bout} fera mouvoir le crayon qu’on attachera à l’autre bout ( ou à une verge qui y fera arrêtée), felon les différentes températures de l’atmofphère. 263. On peut conftruire auffi , par la même méthode, un’ bon hydrof- cope , qui peut fervir , dans le cas dontils'agit ; à montrer l'humidité de l'atmofphère. L'on prend une règle de bois de fapin ; d'environ 12 pouces en largeur , avec des fibres longitudinales , & on la colle fortement au- deffous d’une autre de même bois, éoupée de travers, comme la figure 8 le repréfente. Cet inftrument, qui eft de l'invention de M, W'hite- hurft, Membre de la Société Royale de Londres, marque très-diftincte- ment les variations de l'humidité & de la! féchéreffe ; en l'appliquant comme le thermomèrie à lame droite ci-deffus, * : ü£ 264. Si l'on met huit, ou même trente-deux pointes de boncrayon ;ou, comme d'autres l’appellent, de mine de plomb dans'la circonfétence de la tige d’une girouette qui defcend du toit jufqu’à la chambre du météo- rographe , en forte qu’elles y forment un tour de fpirale; on connoîtra, par la hauteur refpective de leurs traits fur la planche A B:;°fig. 7, la direction des vents qui ont régné dans chaque heure’dér jour (1 15 26ç: L’anémomèrreteft un inftrumiént qui fert à: mefurér la force des : vents. Le Docteur Lind ; Membré de la Société Rüÿale de Londres; qui ft aétuellemerit aux Indes Ofientalés, inventa ünidé ces ‘inftruméns ;-qui 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft très-fimple. L'on en peut voir la defcription avec tout fon détail dans les Tranfaët. Philof, ; 65° vol. , n°. 34. li confifte dans une efpèce de fiphon où l’on a mis de l'eau, que la force du vent foufflant dans une branche , fait monter plus ou moins dans une autre, Mais comme l'eau eft fujette à être glacée par le froid , & à être évaporéeirrégulièrement, je crois que l'on pourra y fubftituer du mercure , en formant le fiphon avec une courbure qui foit. une portion d’un cercle plus grand , comme dans la fig. 9 qui en repréfente la feétion. Le bout S doit: être fermé par en haut, & avoir une embouchure latérale , garnie d’une efpèce d'entonnoir, pour recevoir une plus grande quantité de vent. Le bout de la branche R fera ouvert, & c’elt dans celle-ci qu'on doit mettre une tige de bois léger , quiy Aottera fur un petit bouchon de liége. Il eft évident que fi l'on fixe ce fiphon à l'axe de la girouette, en forte que l'embou- chure en forme d’entonnoir foit toujours tourné du côté du vent, la verge légère qui Aotte dans le bras oppofé du fiphon doit marquer la violence du vent par un mouvement perpendiculaire à l'horizon. Ainli, il ne s'agira que d'y ajouter un cercle horizontal , pour communiquer fon mouvement au crayon du météorographe , quelque direétion que Le vént puifle avoir. 266. Maisil y aencore d’autres moyens pour parvenir au même but ; car fi L'on mer un reflort fait en fpirale autour de latige de la girouette , en forte qu'il foutienne un plan toujours oppofé au vent qui foufile, il eft évident que {a force. ou vitefle fera connue par le moyen de la différente inclinaifon de ce plan, qui doit avoir un coude, pour plier plus où moins le refort, afin de former des marques plus ou moins hautes fur la planche du mé- téorôgraphe. On peut également, employer aufi pour le même effet un petit moulin, dont l'eflieu horizontal fafle élever des poids différens , dans une progreflion arithmétique , pour exprimer les degrés de la violence de chaque vent ; ou autrement on peut faire en forte que ce même axe fafle bander un reflort fpiral, qui portera un crayon, dont le mouvement vertical croîtra felon les degrés de la force du vent, &c. Voyez la defcrip- tion d’un anémomètre de M, Lemonofow , dans Le vol. II° des Commen- taires nouveaux de l'Académie Inipériale de Péterfbourg , page 129, 267. La fig. 10 repréfente la fection d'un pluviomèrre. C'eft un vaiffeau cylindrique bien régulier, d'un pied de diamètre, & d'environ trois pieds de hauteur: on le fait de cujvre rouge , ou même de fer blanc bien verniflé au dedans & au dehors. Il a une pièce flottante B de cuivre rouge très-légère , qui eft creufe & bien foudée. Celle-ci porte deux fils de cuivre, ou une tige de boisléger CB, qui pafle par l'anneau de fou- tien D, & par le ceuvercle en forme d'entonnoir. C'eft au bout de certe tige qu'on doit mettre le crayon, pour, marquer la hauteur de la pluie qui rombe précifément dans un entonnoir de même diamètre que le cy-” lindre MN. Cet enronnoir doic être mis fur le voit de la maifon, aflez SUR L'HIST. NATURELLE:ET LES ARTS. 35s éloigné de tout autre bâtiment plus élevé, & doit être muni du tuyau SRR, par léquel l’eau de la pluie tombe dans le cylindre MN, Il fera bon d'employer au dedans la foupape S , qui ferme lépèrement l’em- bouchure inférieure de ce tuyau RRR. Le robinet T fert pour vuider Veau à chaque fois qu'on remonte le météorographe. Ce robinet eft mis à une telle hauteur, qu'il refte roujours aflez d'eau au dedans pour faire fotter la pièce creufe B, 268. L'atmidomètre ou inftrument pour mefurer l'évaporation , doit être compofé à peu-près des mêmes pièces que le p/uviomèrre | mais diffé- remment difpofées. En premier lieu , il doit y avoir un vaifleau de cuivre, comme celui repréfenté fig. 10. La pièce flottante B, qui eft creufe & de cuivre, porte trois fils de métal , comme celui de la tige CB; ils pañlent à travers du couvercle en forme d’entonnoir , & fupportent un vaifleau de métal, qui eft expofé librement à l'action de l'air, mais bien garanti de la pluie par une ‘efpèce de toit , qui empêche l’eau de romber au dedans. 269. On conçoit aifément que toute l’évaporation dans ce dernier vaiffeau fera haufler la pièce B dans l’autre vaifleau, fans que celui-ci ait aucune évaporation fenfible , étant couvert par la pièce en forme d’en- tonnoir , & à l'abri de l’action de l'air, & même de celle de La chaleur. Ainf, tous les changemens en hauteur , montrés par le crayon attaché au vaifleau fupérieur , doivent être attribués à l’évaporation fouf- ferte dans ce vaifleau , qui eft ront-à-fait expofé à l’action de l'air. On pourra faire augmenter ou agrandir l'échelle de ces variations, par le moyen d'un levier, comme je l'ai dit ci-deffus, n°, 256, & l'on fera porter les différens mouvemens à la planche du météorographe , en pre nant les précautions que la Mécanique fournit , Pe que ces variations ou mouvemens ne foïent pas dérangés ni confondus par ceux des leviers ou pièces néceflaires ; ou par la faute de bien équilibrer chaque partie fur fonaxe, &c, 270. On peut confulter la defcription de l’armomètre inventé par un célèbre Académicien de Péterfbourg, M: Richimann, dans le fecond wol, des nouveaux Commientaires de l'Académie Impériale des Sciences , page 121. Cet inftrument a lavantäge d'aveir un grand mouvementavéc fort peu d’évaporation; parce que le vaifleau fupérieur où l'évaporation: eft exécutée , eft chargé en forte qu'il refte enfoncé au milieu de l'eau -dir vaifleau inférieur. Ainfi, la moindre variation caufée dans fon poids par l'évaporation, lé fait monter confidérablemene. dans l’eau, : On: peut: donner le même avantage à celui que'je viens de décrire; mais c'eft à l’ex- périence qu'il appartient de décider fur cette qualité , qui peut-être fera contrebalancée par d’autres inconvéniens. 271. Enfin , on conftruira fur les mêmes principes le rhoiamèrre ou inftrument pour marquer la hauteur précife de chaque marée ; c’eft-à- 356 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dire, la quantité ‘du flux & du reflux de la mer, ou, comme onle dit, de fon ébe ou de fon Jufant ; la quantité de’ la durée de chacun, & les momens où ils-commencent &'où ils finiflent. 3 Pourvu qu'on puifle faire la communication (par un tuyau de plomb où'par une rigole) entre l’eau d'un port de mer & la cave au-deflous de l'endroit où le météorographe eft établi, il uffit d'y mettre une pièce flot- tante, avec un mécanifme femblable à celui que je viens d'indiquer dans les deux articles précédens ( du p/uviomètre & de l'armidomètre ), pour que toutes les variations foient marquées fur la planche du même inftrument , en les réduifant par la même méthode à la grandeur proportionnelle d’un poucé où d'un demi-pouce pour chaque pied de hauteur, &c. 272, Le P. Beccaria,; de Turin, Savant très connu & très-célèbre de notre fiècle, a invénté un inftrument où machine très-ingénieufe pour con- noître La guantice de l'éleétricité (& même, je crois, fa qualité) actuelle de l’atmofphère dans tous les momens du jour & de la nuit. Ce font, ce me femble , les obfervations les plus intéreffantes de toute la météorologie, & il froit très-important qu'on en fit conftamment par-tout. Je crois que la defcription dé cette machine eft déjà publiée en Italie. ! 1 ANALYSE. IT£ >ri De la Compofition de La couleur, dite Prune de Monfieur ; par. M. PILATREDE . Rozrer, Chef du premier Mufée autorife par le Gouvernement, [ous la = ME en. > Rrves à: Pétuderde la Teïnture 8 de :la ‘Fabrique des étofles , été: Sin par:iplufieurs Membrés de! la Sociétés2r1: tam al à e Da Violet ou Prune de Monfieur.'Le violet} ainfiqueles bruns puces, lilas, chocolat, &c. font, comme onle fait, iles préduits du mélange du rouge &c'dw bleu en différentes proportions. : La chertéde ces deux cou- leurs ; jointe à la difficulté de les porter à leur perféétion ; en ont fouvent fait SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 357 fait profcrire l’ufage. Cependant quelques Particuliers font parvenus, dars ces derniers temps , à donner une vogue au violet , en le mettant dans le commerce fous le nom de prune de Monfiear , à caule de fa reffemblance avec Le fruic de ce noïn. Comme élle fied à prefque toutes les phyfiono- mies , en faifanc dominer lé rouge ou le blèu ; elle s'eft âccréditée, au point que le Payfan qui né fait ufigé que de drap commun, le vouloit néanmoins teint en prdne de Monfieur; mais lé prix dé: la teinture furpäf- fant fouvent celui de l'étoffe, on a été forcé dans ce dernier cas d'employer la teinture dite dé faux-reinr , que le peu de folidité a bientôt fait aban- donner ; & par le fecond abus qui en eft encore réfulté chez quelques Marchands , qui obligeoïent les Teinturiers à appliquer indiftinétement le faux teint fur les étoffes de prix , comme fur les communes; en forte que la couleur de mélange la plus noble eft tombée dans le plus grand dif- crédit, 1Ly a cependant un Particulier qui eft parvenu à donner à la teinture du petie teint prefque toute la folidité & l'éclat de celle du grand teint : au moins le fuccès qu’il a obtenu pour le prune de Monfieur, nous fait-il efpérèr qu'avec un travail afidu, on pourroir fixer lés autres couleurs. Animé du defir d’être utile à la Société , l'ingénieux Artifte fit pafler fa découverte, dans le Commerce ;fous le nôm de compofition de prune de Monfieur , en fe réftrei- gnant à un bénéfice tiès-modique. M. Oudin ; qui voudroit ne rien ignorer dans fon état , me pria de faire l'analyfe d'une pinte de cette compolition; analyfe qu'il confirma enfuite en grand par l'excellence dé fa pratique. Première Analyfe. 'Cetté compoñition ; qui , malgré fa caufticité, fe négocie dans de petits barrils, eft d'une couleur rouge de vin, qu'ellé doit à des portions de bois d'Isde, ge voit encore furnager : quoi- que quelques perfonnes aient réufli parfaitement à produire cette couleur avec de la cochenille, je leur ai prouvé que le bois d'Inde , qui eft beau- coup meilleur marché, remplit la même indication. Cette compofition a une faveur acide très-corrofive, l’odeur de l'acide marin; enfin , elle fournit un dépôt confidérable, Je fépatai d’abord par la filtration la liqueur du dépôt. Cette liqueur pafla limpide & d’une belle couleur de vin rouge; le dépôt qui refta fur le filtre étoit très-blanc ; mais au bout de vingt-quatre heures, il étoit d’un vert qui décéloit manifef- tement la préfence du cuivre. Afin d'en être plus convaincu, j'ai plongé dans cette liqueur une lame de fer poli ; elle y prit aufi-tôt la belle couleur du cuivre rofette, Je mêlai enfuiteune partie de cetre liqueur avec de l’al- kali volatil , qui devint à l'inftant d’un très-beau bleu célefte; évaporé, j'ai obtenu des cryftaux de faux azur, qui, au bout de quinzé jours ,ten- doient déjà au vert de la malachité. Enfin, je fondis dans un creufer une once du dépôt blanc avec déux gros de poudre de charbon, & j’obtins ua Tome XIX, Part. I,1782, MA I. Aaa 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, culot du poids de 37 grains, que j'ai reconnu être un alliage d’étain & de cuivre. J'ai réitéré cette expérience fur quatre onces de dépôt. Après avoir laiffé quelques minutes les matières en fufon, je les ai verfées dans un cône de fer chauffé, ayant la précaution de ne le laifler refroidir que très-lente- ment ; alors j'ai trouvé que les deux métaux qui occupoient la partie co- nique , s’étoient féparés par leur pefanteur fpécifique : le cuivre pefoit 39 grains, & l’étain 70. Je dois obferver que fi, dans cette opération, on ne laiffe pas aflez long-temps les matières en fufion, les métaux, quoique revivifés , reftenc en grenaille, confondus dans les autres fubftances. Seconde Analyfe. Convaincu de la préfence du cuivre & de l’étain, j'ai cherché à connoitre l’efpèce d’acide qui les diffolvoit. Comme je préfumois qu'on avoit employé une eau régale , j'ajoutai à la liqueur filtrée une lefMive d’alkali fixe végétal , efpérant obtenir du nitre & du fel fébrifuge de Silvius. Si la formation de ce dernier étoit inconteftable, je n'ai pas reconnu un atôme de nitre. Comme je parle aux Maîtres de l'Art , j'ai jugé à propos de fupprimer de ce Mémoire les détails trop élémentaires. Par exemple, il n’eft aucun de vous, Meffieurs , qui ne fache qu'après avoir combiné l'alkali à cette li- queur , il faut la filtrer , & qu’il doit y avoir un dépôt des métaux diflous , ainfi que des fels, &c. &c. Én continuant mon analyfe fur cette liqueur, j'ai fubftitué l’aikali minéral au végétal ; mais au lieu de nitre cubique , il ne fe forma qu'une grande quantité de fel marin, que j'ai féparé par la filtration. & cryftallifation , ainfi qu'une petite quantité de tartre vi- triolé, En verfant quelques gouttes de la laque filtrée dans une diflolution d'argent, je produifoisun caillebotté ou des floccons qui fe précipitoient , Aefquels ne font autre chofe que de l'argent corné. Les vapeurs de cette diflolution bouillante rouilloient à f'inftant Le fer qu'on leur préfentoit. Cette liqueur ne m'ayant jamais donné d'indice d'acide nitreux , j'ai préfumé que l'ingénieux Auteur faifoit fa diffolution d’étain dans l'acide marin concentré, malgré qu’il foit le plus cher de tous les acides après le phofphorique. Je dis que cet acide eft très-concentré; premièrement, parce qu'il a une faveur très-corrofive; fecondement, parce que la liqueur filtrée produit du fel marin en très-grande quantité ; troifièmement , parce que Vacide marin trop affoibli ne diflout prefque point d'étain , tandis que la liqueur en contient près de quatre onces par livre. Troifième Analyfe. J'ai diffous une once du dépôt dans dix-huit onces d’eau diftillée bouillante. Après lavoir filtrée & cryftallifée, j'ai obtenu demi-once d'alun , & quelques cryftaux de tartre, Le cuivre qui les co- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARIS. 359 Toroit en vert n'a donné aucune efpèce de cryltallifation , fans doute parce qu'il n’y eft qu'en très-petite quantité. Ayant mêlé de la leflive d’alkali fxe minéral avec une femblable diffo- ution du dépôt, il s’'eft formé du fel de Glauber, indice trés-certain de la préfence de l’acide vitriolique; le précipité m'a prouvé qu'il faifoit partie de l’alun, _ Quant à la partie colorante, je n'ai pu déterminer afiremativement fi elle étoit du règne animal ou végétal. Comme elle a plus d’afhnité avec l'acide qui la tient en diffolution, qu'avec l'efprit-de-vin & l'eau, & qu'elle fe décompofe au feu, je ne puis pas certifier qu'elle foit plus réfineufe ge gommeufe, Ce qui paroït certain, c'eft qu'elle eft toujours due au er, & qu'on l'obtient abfolument femblable, en employant le bois d'Inde, Comme un Chymilte ne doit pas toujours prononcer d'après la fimple décompofition d’un corps , j'ai cru devoir m'occuper de fynthèfe: &c M. Oudin, à qui je faifois part de toutes mes obfervarions , fut aflez hardi pour lentreprendre en grand fur quatre pièces d’écoffes. Le fucces qu'il en obtint eftune preuve non équivoque des connaïffances de cet AÂrtifte; car malheureufement nous n'avons que trop d'exemples que le plus grand nombre des Teinturiers ou Fabricans refufent de fe rendre même à l'évidence des expériences les plus fimples, & que ce ne fera que très-difficilement qu’on parviendra à leur faire abandonner une routine aveugle , fouvent fondée fur des principes contradiétoires. Fixer la coulèur des boïs eft une découverte dont MM Hullot & Mac- quer avoient feuls entrevu la poflibilité, que l'ingénieux Artifte a appuyée d’une manière prefqu’inconteltable , & que nos expériences rendent en- core plus intéreflante , puifque nous fommes parvenus à fixer la couleur violette du bois d'Inde à la nuance que nous AT , par un procédé très- fimple , qui eft encore moitié moins difpendieux que la compofition du commerce, Détail du Procédé que j'ai fuivi , conjointement avec M. Oudin , pour teindre en Prune de Monfieur. Quoique l’analyfe nous eût fait connoître les différentes fubftances qui entrent dans la compofition du Prune de Monfieur ; comme l'économie exige qu'on fubftitue des drogues moins chères à celles qui augnientent trop Le prix de Ja teinture , je vais décrire celles que nous avons em- ployées, & qui ont produit tous les effets indiqués par l'Auteur de la compofition du Prune. Le procédé par lequel on peut teindre quatre pièces d'éroffes de Rheiris de quarante-cinq aunes chacune , fur demi-aune demi-quart de large (1}, (1) L’aane d’étoffe ordinaire péfe une livre. Tome XIX, Part. 1, 1782. M AI. Aaa2 369 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE , confifte à faire bouillir dans une chaudière très-propre cinq pièces d'eaw de rivière (la pièce répond à deux cents quarante bouteilles de Champa- gne ), avec fix livres & demie d’alun de roche: on délaie bien exacte- ment dans un vaiffeau quelconque quatre onces de verd-de-gris ; avec fix livres d’une diflolution d’étain préparé, ainfi que je ke dirai: on verfe le tour dans la chaudière avec trois, quatre ou cinq livres de tartre crud blanc: on a foin de pafler ces fubftances dans la pafloire qu'en tient plongée dans la liqueur bouillante ; au bout de 15 ou 20 minutes , on en- lève avec un tamis lécume qui furnage, Cette première opération fe nomme le bouillon. On plonge les étoff:s dans ce bouillon, après les avoir placées fur le: moulinet, & les avoir tournées environ trois quarts-d'heure: alors on les retire; elles ont confervé prefque toute leur blancheur , quoique chargées des principes falins propres à fixer la couleur. Durant ce premier travail, on fait bouillir dans une autre chaudière environ vingt livres de bois d'Inde ; qui a fubi la préparation que je vais décrire. Dans quinze à feize feaux d'eau, lorfqu'elle eft très-chargée de la teinture de ce bois, on la pale dans la première chaudière , qu’on a parfaitement nettoyée : on y jette trois, quatre ou cinq livres de tartre blanc crud ; enfuite on y replonge les étoffes qu'on tourne rapidement fur le moulinet ; au bout de trois heures tout au plus, elles font teintes d'un beau prune de Monfieur, qui a tour l'éclat & prefque toute la fixité de cette couleur préparée à l'indigo & à la cochenille, Le tartre , par fon acide, ayant la propriété de rancir, c'eft-à-dire , de développer les couleurs, & l’alun produifant l'effée contraire, il s’enfuic néceflairement qu'on doit proportionner leurs dofes à la nuance qu'on défire obtenir. ù Préparation du Bois d'Inde. La préparation du bois d'nde confifte à lui faire éprouver une lévère fermentation , qui, en atténuant les parties colorantes, les développe au point de faire foupçonner qu’elles font aug- mentées confidérablement en nombre. Il eft bien furprenant qu'un pro- cédé auf fimple qu'induftrieux ne foit pas plus ufté, puifque Les avan- tages qui en réfultenc font inconteftables. Il fait de hacher le bois , & de le réduire fous des meules en poudre groflière : on l’amoncelle enfuite dans un grenier percé au moins de trois ou quatre lucarnes : on l'arrofe légèrement avec de l’eau ; au bout de quel- ques jours , cette eau établit la fermentation, qui fe reconnoît à une foible chaleur qui s’excite dans l’intérieur du tas. Si la tee eft-trop rapide, & que la chaleur foir plu fenfble: dans une partie du tas que dans l’autre , alors il faut remuer cette partie deuxou trois fois par jour , & ouvrir la lucarne qui yrépond. L’humidité, ens’évaporant ,. interrompt la fermentation. Si quelques parties du tas entrent difficilement en fermentation, il faut SUR L'HIST.-NATURELLE ET LES ARTS. 361 s'aflurer s’il y a aflez d'humidité, & alors laïfler les lucarnes fermées, On peut être tranquille, parce qu'elle s'établira au bout d’un efpace de temps plus ou moins confidérable. Le printemps , l'été & l'automne, font Les faifons les plus favorables à cette opération ; parce que la chaleur eft un agent effentiel à la fermen- tation, ; On reconnoft que a fermentation eft parfaite , lorfque toute la poudre a acquis une couleur uniforme, d'un rouge de fang d'artères ; lorfque le tas renvoie une odeur aflez fuave, fans aucune faveur, alors il fautle re- muer crès-fouvent , afin d’accélérer la defliccation du bois d'Inde, qu'on met enfuite dans des tonneaux , où il peut fe conferver des an- nées entières, fans éprouver une nouvelle fermentation, à moins qu'on ne l'ait renfermé encore humide. il eft à remarquer que fi on laifle trop Jong-temps les tas en fermentation , ils s'échauffent & renvoient une odeur putride ou de foie de foufre, & l’intérieur du tas prend une couleur très-brune, Lorfque le bois d'Inde n'a pas trop fermenté, il fournit beaucoup plus de teinture qu'avant d’avoir éprouvé cette opération, ce qui indemnife bien avantageufement de la main-d'œuvre qu'exige ce nouveau procédé; d'ailleurs, la couleur qu'il donne aux étofles étant bien plus vive, plus nette & plus tranchante, elles n’ont plus cet œil de faux teint, qui n'é- chappe jamais aux Négocians inftruits. e crois que d’après les imgénieufes expériences de M. de Laval, on peut attribuer cette métamorphofe au développement de l'acide du bois, 4 fe reporte fur le fer , principe colorant, qu'il divife & atténue confi- érablement ; tandis que fi le bois pañle à la fermentation putride, comme il sy forme un alkali , il neutralife cet acide: ou peut-être eft-ce ce même acide qui s'unit à la terre hypoftatique du végétal, & couftitue de l'alkali. Enfin, on pourroit encore foupçonner , d’après M. Sage, qu'il s'eft formé de l’alkali volatil à la faveur de la matière grafle. Quelle que foir la caufe, je puis affurer que l'expérience m'a convaincu que par ce procédé on peut rendre la qualité colorante à une infinité de bois qui paroïflent l'avoir perdue, foit par la vétufté , ou d’autres caufes femblables. Préparation de la Diffolution d’Etain. Cette préparation fe fait, en mettant huit onces d'efprit de nitre pur avec quatre onces d'eau de rivière: on y diflout une demi-once de fel ammoniac bien blanc, ce qui produit une eau régale. M. eu m'a très-bien obfervé qu’on peut va- rier la dofe de fel. Je me fuis afluré, en répétant cette expérience à Paris, que quatre onces d'eau'de rivière produifoient plus d'effet que huic onces, ui affoibliffoient trop l'acide nitreux. On fait difloudre dans cette eau régale, par très- petites , trois 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & même quatre onces d'étain fin filé, tel quon le tire d'Amiens erf Picardie , obfervant de ne pas jetter une nouvelle dofe , que la précé- dente ne foit totalement difloute. On obtient une liqueur limpide, de la couleur de la diffolution d’or, qui ne fournit aucun précipité, ou fédi- ment, Cependant au bout de quelques jours , fur-tout en été , elle éprouve les mêmes altérations que la compofition d'écarlate décrite par M. Hellot. On doit préférer l’étain filé au grenaillé , qui , préfentant moins de fur- face, eft coujours beaucoup plus long à fe diffoudre, Obférvations fur l'opinoin de quelques Phyficiens & Artiftes. Je ne puis adhérer aux fentimens des Phyficiens ; qui ont fait profcrire de la teinture, par des ordres fupérieurs, toutes les préparations du cuivre, en prétendant qu’elles rongeoient & détruifoient le tiflu des étoffes. Outre que, malgré les recherches les plus fcrupuleufes, je n'ai jamais apperçu cet effet fur aucune étoffe, il eft encore à préfumer qu’elles ne produifent rien de femblable que dans les animaux vivans, & qu'alors c'eft la fer- mentation qui fournit fans cefle des diffolvans au cuivre, que la circula- tion rend alors très-nuifible (1); car fi le cuivre corrodoit Le tiffu des étoffes à raifon de fes qualités malfaifances, les préparations du fer devroient donc leur donner du corps, puifqu’elles donnent du ton aux fibres dans l’économie animale, tandis que nous favons qu'elles les détruifent, au point de faire dire aux Artiftes que toutes les étoffes noires font brülées. Dans ce dernier cas, c’eft le fer qui, étant prefque à l’état métallique, colore en noir. Comme toutes fes molécules font infiniment dures, le frottement feul fufit pour déchirer Le tiflu des étoffes. Je ne puis cependant difconvenir que le degré de chaleur produit dans cette opération de la teinture en noir (2) ne foit plus confidérable, en raifon de la denfité qu'acquiert ce fluide par la diflolution des fels métalliques; au refte, le cuivre qui entre dans ma nouvelle compofition y eft en trop petite quantité pour craindre aucun des mauvais effets qu'on lui attribue ; d’ail- leurs à peine le verd-de-gris eft-il dans la chaudière , qu'il eft décompofé & mené par fa nouvelle combinaifon. ) Telles font , Mefieurs , les obfervations que j'ai cru devoir publier, (1) Un Chymifte moderne vient de m’affurer qu’il alloit démontrer, par des expc- riences inconteftables, que le cuivre n’eft pas dangereux , quoique pris intérieure- ment. N. PB. Cerce noreeft de L Aureur du Hlémoire. (2) C’eft une erreur qu’on a accréditée, en aflurant que dans les coulenrs noires ; le fer étoit rappelé à fon état métallique, puifqu’aucun corpsteint dans cette couleur, n’a la propriété de faire mouvoir l'aiguille aimantée. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 363 comme devenant utiles à la Société. Si vous daignez les accueillir, ce fera récompenfer généreufement un travail dicté par un zèle vraiment pa- triotique. Creme gore eee ce) MÉMOIRE Sur le Mammouth , animal du Groënland, dont on trouve des offémens & des dents énormes en Europe , en Afie & en Amérique ÿ par M, P, DE LA COUDRENIERE, L ES dépouilles d'animaux monftrueux que l'on trouve fréquemmene en Europe & dans les contrées feptentrionales de l’Afie & de l'Amérique, ont beaucoup exercé l'imagination des Naturaliftes. M. le Comte de Buffon, à qui l'Hiftoire Naturelle eft fi redevable, penfe que les élé- phans, les rhinoceros, les hippopotames , & autres animaux du midi , ont primitivement habité le Rs rer deux continens; que depuis , cette pue tie du globe s'étant confidérablement refroidie, ils fe font répandus dans les pays chauds de l'Afie & de l'Afrique. Mais fi ces animaux ont habité le Canada, les bords de l'Ohio & ceux du Mififipi , pourquoi , après le refroidiflement de ces contrées, ne fe font-ils pas retirés dans l’Améri- que méridionale? Eft-il bien vrai que l'Ifthme de Panama, qui a pour le moins 1$ lieues de large , ait toujours formé une barrière pour les élé- phans ? C’eft une fuppofition trop légèrement hafardée: mais quand on l’accorderoit, ne devroit-on pas trouver cet animal dans la Province de Guatimala , le Jucatan & tout l'Empire du vieux-Mexique ? D'ailleurs, les premiers fondemens de cette hypothèfe ne peuvent fe foutenir ; la terre ne fe refroidit point. L'Europe étoit plus froide il y a deux mille ans, qu'elle ne left aujourd’hui. On a répondu que les défrichemens ont caufé cette diminution de froid : mais cette réponfe eft elle-même contra- dictoire avec le fyftème de M. de Buffon; car la terre fe trouvant, par les défrichemens , dépouillée des forêts qui l’abritent, devient plus expo- fée à l’impreflion des vents froids, de la neige & des glaçons ; ce qui de- vroit hâter fon refroidiffement. Enfin, la terre étant applatie fur les pôles , devroit moins fe geler en ces lieux qu’en rout autre, puifqu'ils font plus près du prétendu feu central, M. le Chevalier de Lamanon a démontré que les dépouilles trouvées près de l'Ohio, r’ont pu appartenir à des éléphans. M. Collinfon l'avoir déja dit à M. de Buffon, qui s'exprime ainf dans fes notes juftificatives : # Lout ce que dirici M. Collinfon eft très-vrai ; ces grofles dents mo- 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, « laires diffèrent abfolument des dents mâchelières de l'éléphant... ., mi On a lieu d'être furpris qu'après un pareil aveu, M. de Buffon dife en- core que les défenfes mêlées parmi ces dents, font des défenfes d’élé- phans; car s’il étoit vrai que ces défenfes fuflent de ces animaux, on devroit Les trouver avec Leurs dents ; & non parmi celles d'un animal in- connu. M. de Lamanon foupçonne que cet animal exifte encore dans quelques coins de la Sibérie & de l'Amérique feptentrionale , & il penfe que c'eft un cétacée , & non un animal terreftre. Cette conjecture prend beau- coup de -vraifemblance fous la plume de l'Auteur; mais, malgré les rai- fons qui l’établiffent , elle foufire des difficultés qui la détruifent. Il faut de vaftes mers pour nourrir des cétacées de cette groffeur; & les lacs falés , qu'il faudroit fuppofer dans les déferts de la Sibérie , ne pour- roient être aflez confidérables pour être habités par des efpèces aufli monf- trueufes, La mer Cafpienne nous en fournit la preuve. Certe mer , beau- coup plus étendue que ne le pourroient être les lacs falés de la Sibérie, ne contient que des animaux d’une grofleur médiocre. Pline & plufeurs autres Hiftoriens de la Nature, ont écritque cette mer étoit plus remplie de monftres marins que les autres mers; mais depuis qu'elle a été mieux connue , ces monftres marins fe font réduits à des poiflons blancs de 20 pieds de long, à des chiens de mer & à de gros poiflons, qui ne peuvent tout au plus que renverfer de petits bateaux de Pêcheurs. Il eft donc vrai queles profondes vallées des montagnes de la Sibérie ne peuvent contenir des lacs falés aflez grands pour être peuplés de monitres aufli gros que le mammouth. Ajoutons que les cétacées ne peuvent guères s'éloigner de eau falée. Si quelques-uns de ces animaux vont paître de l'herbe fraîche fur le bord des mers , ils s'éloignent peu, & ne tardent pas de rentrer dans leur élément naturel. Comment donc feroit-il poflible que des cétacées fiffent affez de chemin pour venir périr dans les lieux où l’on a trouvé des dé- pouilles de mammouth encore fraîches , & même faignantes ? Ces raifons femblent prouver folidement que ces dents & ces offemens énormes ont appartenu à des animaux terreftres. Cela n'empêche pas que l'hypothèfe de M. de Lamanon ne foit très-heureufement imaginée pour expliquer la formation de ces couches de coquilles marines, & n'être oint obligé de recourir à des fuppoñitions plus que hafardées de quelques Rauralifées On ne peut guère douter que les deux continens n'aient renfermé une multitude de orands lacs falés qui n’exiftent plus. M. Collinfon, dans le Mémoire quil a lu à la Société Royale, le 10 Décembre 1767, a donc bien eu taifon de dire que ces déporilles trouvées près de l'Ohio, font les reftes d’un animal énorme & inconnu , qui avoit les défenfes de l'éléphant, & des dents particulières à fon ef pèce. Cét'animal n’eft pas plus ignoré des Sauvages du Canada, qu'il ne pr SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36$ ne Left des Ruffes, dont quelques-uns aflurent en avoir vu de vivans. Si les uns & les autres débitent des fables fur fon compte, cela prouve tout au plus que cet animal eft rare, & que fa grofleur effraie ceux qui le voient. Mais quelle figure a-t-il ? quelle eft fa nourriture ? & quelle contrée en produit le plus ? Je réponds à ces queftions: fa forme appro- che de celle de l'ours ; il doit être ommivore. Enfin, c'eft au Groërland qu'on en voit le plus. Après avoir trouvé les dépouilles du mammouth en Europe, en Afie: & en Amérique, on eut dû au moins confulter le peu de relations que nous avons fur le Groënland, puifque ce vafte pays fe trouve fitué entre ces trois parties du monde. J'ai fait cette recherche depuis peu de temps, & j'ai lu, fans beauceup de furprife, que cet animal eft très-connu des Groënlandois. Ils difent qu'il ale poil noir, la forme d’un ours , & fix brafles de hauteur. C’eft à la page 39 du dix-neuvième volume de l'Hif- toire générale des Voyages, que j'ai lu cette defcriptien ; PAuteur de la relation dit que la peur a fait exagérer la hauteur de cet animal. Mais quand cette aflertion feroit vraie, on doit toujours en conclure que cette taille eft bien extraordinaire, dr épouvante toutes les Nations qui prétendent avoir vu ce quadrupède monftrueux. On ne peut donc plus douter de l'exiftence d’un animal terreftre dans le nord, dont la 2 H6fut furpaile de beaucoup celle de l'éléphant; ni que le mammouth des Ruffes , le père aux bœufs des Sauvages du Canada, & le grand ours noir des Groënlandois , ne foient un même animal. Mais pourquoi cet animal eft-il plus rare en Afie & en Amérique, qu'il ne l’eft au Groënland? Pour répondre à cette queftion, je fuppofe , avec les plus fortes raifons, que je détaillerai dans un autre Ouvrage, que le Groën- land tient à l'Ale & à l'Amérique par deux ifthmes, Lorfque les mam= mouths fe trouvent preflés par la faim au Groënland , il en pafle en Amé- rique & en Afie par celui du nord de la Sibérie : alors, fe trouvant ifo= lés fous un climat étranger, & peut-être trop chaud pour leur efpèce , ces animaux ne peuvent sy multiplier, & ils périflent loin de leur pays natal. Peut-être aufli que cette efpèce fe trouve depuis bien des fiè- cles fur fon déclin , & que c’eft pour cela qu’elle ne peut maintenant fe perpétuer fous notre zône. Cette conjecture eft d'autant plus probable, que plufieurs faits femblent prouver que les efpèces ont leur aceroifle- ment & leur décadence comme un fimple individu, Voilà, je crois , l’exiftence du mammouth bien conftatée. IL feroit à fouhaiter que les Savans de Copenhague fiflent prendre des informations plus détaillées fur le phyfique & le moral ‘de ce prodigieux animal : mais en attendant, nous pouvons conjecturer que fa forme approchant de celle des ours , il doit comme eux être omnivore (1); c'eft-à-dire, manger de — {1) Nora. Il n'y a peut-être pas d'animaux plus voraces que les ours blancs, Tome XIX, Parr. 1, 1782. M AL. Bbb 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tout , fe nourrir indifféremment de végétaux , de poiflons , de coquillages & d'animaux terreftres. Cet appétit vorace femble même néceffaire à l’exif- rence d’un animal aufi monftrueux, fur-tout dans le Nord, où la nour- riture végétale eft moins abondante. ! Concluons en finiffanr, que jamais Les éléphans n’ont exifté dans le con- tinent de l'Amérique, & que les animaux qui habitent le midi n’y fonc point venus du nord, Concluons de plus que la Nature n’eft point expi- rante fous les zônes glaciales , puifque Les plus gros animaux terreftres & marins, le mammouth & la baleine, {e trouvent au Groënland. Il en eft de même de plufieurs autres efpèces qui peuplent ces mers & ce con- tinent glacial, L’aigle , par exemple , y eft fi gros & fi fort, qu'il enlève communément de jeunes veaux marins; & les moutons que les Danois ont tranfportés dans ce pays, font devenus plus gros & plus forts qu’en Eu- rope. Ces vérités nous éronneront moins, {1 nous réfléchiffons que le condor, le plus gres de tous les oïifeaux carnivores, ne fe trouve point dans les lieux chauds & bas du Nouveau-Monde & de l'Afrique, mais dans les plus hautes montagnes, où l’on fait que l'air eft très-froid. Le laemmer-geyer des Alpes, qui eft une efpèce de condor, en eft encore un exemple. Il paroît donc que M. le Comte de Buffon s'eft trop hâté de citer des faits pour prouver fa théorie de la terre. Il eût été à fouhaiter que ce génie profond fe füt affuré davantage des preuves dont il s'étoit {ervi pour faire valoir fon fyftème. EUX CR RATE D'un Mémoire fur la StruSlure des Cryflaux de Grenat, préfenté à l’Aca- démie Royale des Sciences , & approuvé par cette Compagnie le 21 Février 1781; par M. P Abbé HAuY , Profeffeur de l'Univerfité au Collége du Cardinal le Moine, A VANT de paffer à l'extrait du Mémoire dont il s’agit, j'ai cru qu'il ne feroit pas inutile de faire quelques réflexions générales fur la cryftalli- fation, & de donner une idée du point de vue fous lequel j'ai confidéré mon objet, Lorfque les molécules de la matière inorganique qui nage dansun fluide, ont un certain degré de pureté ; lorfqw’elles jouiffent, felon l'expreflion fi exacte & fi précife de M. Daubenton (1), du temps , du repos & de l'ef- — (1) Leçons de Minéralogie. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 pace néceffaires , elles s'approchent, fe réuniffent en vertu de la force attractive qu’elles exercent les unes fur les autres , & produifent prefque toujours des polyëdres de figure régulière, Ce font ces corps auxquels on a donné le nom de cryftaux, & dont lobfervation , mieux fuivie depuis un certain nombre d’années, a découvert aux yeux des Naturaliftss un nouvel ordre de connoïflances, & leur a fourni de nouveaux fujets d'admirer la puiflance fuprème, qui de la Nature toujours variée & toujours iné- puifable dans les jeux de fa fécondité. Ce qu'ilyaici de plus furprenant, c’eft de voir fouvent parmi les cryftaux qui appartiennent à une même fubftance, une multitude de for- mes diverfes, entre lefquelles on n’apperçoit au premier coup-d’œil aucun rapport, & qu'il paroît prefqu'impoflible de ramener à une même forme. On voit aufi, dans des genres trèsdilftingués entr'eux , des cryftaux qui ont une forme commune. Ceux qui font dans l'habitude d’obferver des minéraux , favent combien de matières différentes affleétent la forme du cube ou celle de l’oétaëdre, J'ai effayéde faire difparoître au moinsune partie des difficultés & de la con- fufon apparente qui réfultent de cétafflemblage fi diverfifié , & où les reffem- blances même de Éa” qui rapprochent certains êtres, fi différens d'ailleurs par leur nature & leurs propriétés, deviennent une nouvelle fource d’em- barras. Pour procéder par degtés dans més recherches, j'ai commencé par écarter tout ce qui tiendroit à des fuppofitions ou à des fyftèmes qui ne feroient pas Éndés fur des principes univerfellement avoués, Si je me fuis permis quelques affertions générales, ce n'a été qu'autant que j'y ai été conduit par l'obfervation & par lexpériénce; du ue je me fuis borné pour le préfent à la ftruéturé des cryftaux, & j'ai cherché à la reconnoître par les ions que l’on peut faire à laide d’un inftrument tranchant dans ceux qui fe prêtent à cette épreuve, Ces feŒions font des indices d’autane plus fürs de la ftructure dont il s’agit, qu'on ne peut jamais les faire que dans un fens déterminé, pour détacher des lames qui aient le poli de la nature ; toutes les coupes qu'on tenteroit de faire dans un autre fens ne produifant que des fragmens de forme irrégulière. Lorfque des cryftaux fe trouvoient trop durs pour être divifés par des coupes nettes , j'en ai recherché la ftructure, d'après des raifons LS gie ,; & en profitant fur-tout des ftries & des linéamens que l’on obferve ouvent fur leurs différentes faces, & qui indiquent la pofition des lames dont ces cryftaux font l'affemblage. IL réfulte des obfervations que j'ai faites, d'après les indices dont je viens de parler, que chacun des cryftaux d'une même forte, quelle que foit fa forme, Et , comme noyau , un cryftal d'une forme que l'on doit regarder comme primitive ou originaire, par rapport à la forte dont il s'agit, c'eft-à-dire, qu'après avoir détaché fucceflivement une partie des lames dont le cryhtal eft compofé , eu fuppofant ce cryltal divifible, Tome XIX, Part. I,1782. MAI. B bb 2 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on obtient toujours un folide, qui lui eft cenfé infcrit, & qui dans les uns eft un cube, dans les autres un folide à plans rhombes fous des angles déterminés & conftans, dans quelques-uns un oétaëdre , &c. , felon la forme primitive particulière à chaque cryftal. De plus, route la matière excédente de ces cubes, de ces octaëdres, &c., eft compofée de lames feniblables à celles dont les cryftaux de forme primitive font eux-mêmes l’afflemblage ; en forte que le cryftal , quelle que foit la figure, eft formé dans fa totalité de parties fimilaires, qui fonc feulement combinées entr'elles dans différentes proportions, felon les diver- fes variétés du cryftal. Il y a cependant une différence entre la ftruéture du noyau & celle des lames qui le recouvrent. Si le noyau eft compofé par exemple de molécules rhomboïdales , les lames dont la matière excé- dente eft formée, n’ont fouvent le long de leurs bords , que des demi- rhombes ou des trianglesifocèles , qui font les moitiés des rhombes qui occupent tout le refte de la furface de ces mêmes lames. C’eft ce que j'ai obfervé entr'autres dans plufieurs variétés de fpath calcaire. La théorie que je propofe fait voir encore que les formes qui font communes à plufieurs fortes de cryftaux , cachent fouvent des ftruétures très-différentes entr'elles. Par exemple , un cube de fel marin fe partage par des coupes nettes en d’autres petits cubes, ou, fi on l'aime mieux, en lames de figure quarrée, Au contraire, un cube de fpath fluor phof- phorique ne peut fe divifer en dernière analyfe qu’en lames triangulaires équilatérales , dont Les rebords ontune certaine inclinaifon , par rapport à leurs grandes faces , comme je l'ai prouvé dans un autre Mémoire, donc je donnerai auffi l'extrait par la fuite. Enfin, pour ne rien laiffer à defirer, s’il étoit poffible , fur la ftructure des cryftaux , j'ai entrepris de déterminer la valeur des angles plans que forment leurs différentes faces , fur-tout celles des formes primitives, Quelquefois la ftruéture elle-même m’a fourni des données pour calculer ces angles en toute rigueur. Au défaut de ce fecours , je les ai mefurés avec toute la précifion qu'il m'a été poffible d'y apporter. Les cryftaux de grenat dont il s’agit dans l'extrait que je vais donner, fe refufent à toute efpèce de divifion, d’où il réfulte des lames qui aient le poli naturel. Mais Les ftries & autres indices extérieurs de ftructure , fuppléent ici au défaut d’une divifion mécanique. Le grenat a trois variétés de forme bien reconnues ; la première eft le grena: à douze plans rhonibes , que Fon doit regarder comme la forme originaire de ce genre de cryftaux. J'ai remarqué qu'un cryftal de gre- nat pouvoit être conçu comme un aflemblage de quatre ste rhom- boïdaux , femblables & égaux entreux , qui auroient une de leurs py- ramides obtufes à découvert, & l’autre renfermée dans l’intérieur du gre- nat, de manière que les fommets de ces dernières pyramides fe réuniroiene an centre du cryftal. Ayant calculé, par la méthode des finus , la mefure SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 3:69 que devoient avoir lesangles plans des rhombes qui compofent les faces de ces cryftaux rhomboïdaux, en fuppofant le grenat dodécaëdre régulier, j'ai trouvé que le grand angle du rhombe étoit de 109° 28/, & par conféquent le petit angle de 70° 32/ ; ce qui s'accorde avec l’obfervation, dans les grenats dont la forme eft parfaite. Or, chacun des quatre cryftaux thomboïdaux dont il s'agit, peut être conçu comme étant compofé d'un nombre cubique de très-petits cryftaux femblables entr'eux & au cryftal en- tier : d'où il réfulte que le grenat , confidéré fous ce point de vue , a dû commencer par la réunion de quatre petits cryftaux rhomboïdaux , ap- pliqués l'un à l’autre par trois de leurs faces , & fe fera enfuite accru par une fuperpolñtion de couches fucceflives, compofées de petits cryftaux femblables aux premiers, La feconde variété du gtenat , eft celle qui a trente-fix faces, dont d-uze fort des rhombes , & les vingt-quatre autres des exagones alongés ; inter- pofés entre les rhombes, Suppofons que les rhombes #40 f, fo mp, aomi (fig. r, pl. IT), repréfentent les trois faces d’une des pyramides du grenat caëdre; imaginons que de nouvelles couches rhomboïdales , femblables à celles qui ont fait croître le grenat dodécaëdre, foient appliquées für les faces de ce grenat , mais aïllent en diminuant, felon une loi uniforme, jufqu'à un certain terme, paflé lequel la matière vienne à manquer tout- ä-coup. Les côtés de ces nouveaux rhombes formeront , par leur fuper- pofition , des trapèzes , tels que amco, comg, &c.; & fi l’on fuppofe que le décroiffement des rhombes fe fafle de manière que les deux trapèzes voifins fe trouvent furle même plan, ces trapèzes formeront, par leur réunion ; des exagones alongés, tels quecohdan. Les côtés des lames de fuperpoition produifent dans ce cas quatre trapèzes pour chaque face du grenat dodécaëdre , ce qui fait quarante-huit trapèzes pour la totalité ; & divifant par deux, pour avoir le nombre des exagones, on trouvera vingt-quatre faces accidentelles, qui , jointes aux douze plans rhombes ex- trèmes , tels que rdhs, donnent en tout trente-fix faces , conformément à l'obfervation. La troifième variété du grenat eft celle qui a vingt-quatre faces qua- dhilatères , dont les côtés pris deux à deux, font égaux , ainfi que les re- préfente la figure 3. Imaginez que l'accumulation des rhombes décroiffans, qui a donné la variété précédente, continue jufqu’à ce que ces rhombes foient réduits à un point : alors les trapèzes fe changerent en triangles ; les douze rhombes extrèmes difparoïîtront, & les vingt-quatre exagones deviendront des quadrilatères cfnd, crof, &c.(fo.2), tous égaux & femblables en- treux, & dans lefquels on aura Aer & cd—dn, Mais le point c étant plus éloigné de l'angle aigu d, que de l’angle obtus f, on aura auf cd plus grand que cf, & par la même raifon dn plus grand quef», qui eft d'accord avec l’obfervation, En examinant avec foin les facettes du cryftal dont il s'agit, j'ai vu 370 * OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des lames rhomboïdales décroïflantes, empilées les unes fur les autres, ainfi que je l'ai expliqué , & difpofées comme par étages, en forte que les côtés de chaque rhombe dépafloient un peu ceux du rhombe fupé- rieur, Ces indications m'ont paru annoncer d'une manière fenfible la po- fition des lames intégrantes, & ajouter un nouveau degré de vraifem- blance à une explication qui ramène à une fimple accumulation de rhom- bes femblabies, la ftruéture d’un cryftal, qu'on jugeroit, au premier afpect, n'avoir aucun rapport avec le grenat dodécaëdre dont il dérive. J'ai auf calculé la valeur des angles des quadrilatères, tels que c/7d (fig.3), qui compofent la furface du grenat à vingt-quatre faces, & j'ai trouvé que l'angle cfn étoit de 117°, l'angle cdn de 78° 28/; d'où il fuit que chacun des angles latéraux def, daf,et de 82° 16/. D'après la valeur de ces angles , il eft facile de tracer le développe- ment du grenat à vingt-quatre faces, & de conftruire un folide artificiel entièrement femblable à ce grenar, Si l'on vouloit conftruire un folide de la forme du grenat à trente-fix faces, on traceroit d’abord une des faces dcfn (fig. 3) du grenat à vingt- quatre faces : on feroit enfüite far les côtés deux feétionseg, km, paral- lèles à df, & également diftantes de cette ligne. On auroit ainfi le con- tour degfm h d’un des vingt-quatre exagones. La ligne eg ouhm feroit le côté d’un des douze rhombes; après quoi il eft facile d’avoir tout le refte, en faifant attention que les rhombes dont il s’agit doivent avoir leurs angles égaux à ceux des faces du grenat dodécaëdre. MÉMOIRE Sur les Dénominations Chymiques , la néceffiré d’en perfe£hionner Le [y fléme; & les règles pour y parvenir ; par M. DE MorvEAU. Je fais qu'il n'y aque la convention qui puifle fixer la valeur des ter- mes , & je fuis plus éloigné que perfonne de Ja prétention de les changer par l'autorité de mon opinion; mais il eft permis à tout le monde de pro- pofer ce qu'il juge plus avantageux à la Science , à ceux qui la culti- vent, & à ceux qui veulent l'acquérir. Du moment que je me fuis en- gagé à traiter la Chymie dans tontes fes paities , j'ai eù lémulation d’aug- menter l'utilité de mon travail , en perfectionnant fa langue; & j'ai pen é qu'en expofant les principes & le plañ de cette réforme , en follicitant d'avance l'approbation , le jugement , les objettions même des Savans, fit fur l'enfemble, foic fur les détails, pour recueillir leurs voix &c profiter SUR L'HIST. NATURELLE ET. LES ARTS, 271 de leurs critiques , je préviendrois tout reproche fur la hardiefle de l’en- creprife, & que j'en préparerois en même temps le fuccès. Tel eft l’objec du Mémoire que je publie aujourd’hui. Les dénominations des êtres qui forment l’objet d’une Science ou d’un Art, qui font fes matériaux, fes inftramens, fes produits , conftituent ce que l'on appelle fa langue propre. L'état de perfection de la Langue annonce l'état de perfection de la Science même; fes progrès ne font fürs, ils ne peuvent êrre rapides , qu'autant que les idées font repréfentées par des fignes précis & déterminés , juftes dans leur acception, fimples dans leur expreflion, commodes dans l’ufage, faciles à retenir, qui con- fervent autant qu'il eft poflible , fans erreur , l’analogie qui les rapproche, le fyftême qui les définit, & jufqu'à l'étymologie qui peut fervir à les faire deviner. Ces principes pofés , que perfonne ne fera tenté de contredire, il fuit que la langue de la Chymie a befoin d’être réformée pour la plus grande partie; quen retenant opiniâtrément les faufles dénominations qu'elle a fucceffivement adoptées, c’eft arrêter la communication de fes découver- tes, & réhfter à fes progrès évidemment liés à la facilité de cette commu- nication. J’attefte ici les plus célèbres Chymiftes qui ont écrit, & qui n'ont ceflé de déplorer la confufon , l'obfcurité, la gêne qu’une foule de noms impropres portoit dans leur langage. En effet , il n’eft point de Science qui exige plus de clarté, plus de précifion, & on cft d'accord qu'il n'en eft point dont la langue foit aufli barbare , auli vague, aufli -incohérente (1). Je dis qu'aucune langue n’exige plus de clarté; & pour s’en convain- cre , il fuffit de réfléchir dans combien de différens états elle a à confi- dérer la même fubftance , tantôt unie , tantôt féparée, dans tel ou tel ordre, dans tel ou tel genre de compofition, dans tel ou tel degré de combinaifon , quelquefois d’une manière abftraite , quoiqu’elle ne foit pas réellement ifolée. Comment s'entendre , fi l’on n’a des termes confacrés pour indiquer ces différens états ? Cette néceflité devient fenfible à mefure que les objets fe multiplient. Ily a moins de vingt ans qu'on ne connoïfloit que fix acides, qu'onne diftinguoit que deux terres folubles, qu'on ne comptoit que dix ou onze fubftances métalliques, qu’on ignoroit même une partie des combinaifons des bafes connues. Il étoit fans doute encore poñlible de loger dans fa mé- (1) Ayant demandé à M. Bergmann, fi, par l’épithète Orientalis , qu'il avoit don- née à une émeraude , il avoit voulu défigner le climat où la qualité ; il na répondu en ces termes, qui méritent d’être rapportés: C’e/f /a qualité que j'ai entendu. Cerre façor de s'exprimer eft abfurde; mais je n'ai ofé La corriger , voyant qu’on aime conferver les noms les plus bizarres, fous prétexte d’évirer La confufion. Par cette indulgence, la Jtience la plus fublime fera enfin pour Le Langage un vrai galimatius, 372 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moire les noms impropres d'une trentaine de fels , de les retenir à force de les relire, & de les entendre : mais aujourd'hui que la Chymie compte dix-huit acides, dont l’action & les produits font différens ; qu'elle a nou- vellement acquis deux terres, plufieurs demi-métaux ; qu'on examine avec foin l'action je tant de matières les unes fur les autres, foit fimples , foic dans l’état de compofition, il devient indifpenfable d'adopter un fyftème de dénominations, pour en indiquer fans confufon les réfulcats, Ce ne feroit pas affez de convenir de quelques principes , pour y con- former à l'avenir les dénominations des corps qui reftenc à découvrir & à combiner, ou même celles qui n’ont pas encore été confacrées par un ufage général & uniforme. Les anciens noms diftribués dans une nomen- clature aufli étendue , n’en feroient pas moins effrayans pour la mémoire; ils troubleroient l'harmonie de la méthode , & la néceñlité de les allier con- tinuellement dans l'expreflion des nouveaux compofés en feroit perdre tout le fruit. On ne doit pas être étonné de l'impropriété révoltante de ces mots an- ciens ; ils ont été tirés la plupart des plus groflières apparences , des circonftances les plus accidentelles. Les premiers qui ont vu de l'acide vi- triolique , de l’alkali fixe végétal dans un certain degré de concentration, y ont appliqué le figne d’une matière qui n’a de rapport que par la con- fiftance ; de-là les noms d'huile de vitriol, d'huile de tartre. Une analogie auf fauffe a motivé les dénominations de beurre d'antimoine , de beurre d'arfenic , de lune cornée, de plomb corné | &c. Des couleurs peu déci- dées & très-variables ont produit les noms de foie de foufre, de fafran de Mars, d’éthiops , de kermès minéral, &c. On appelle créme de chaux; crême de tartre des fubftances qui n'ont rien de commun, nientrelles , ni avec la crême du lait, que de fe raflembler à la furface de la liqueur qui les contient, La forme de la cryftallifation a décidé les exprellions de nitre cubique , de terre folice , &c. Mindererus a nommé efprit, un fel que l'or peut même obtenir fous forme concrète. Tantôt les noms ont été empruntés de la matière première , quoique décompofée ou furcompofée, comme ritre fixe, arfenic fixé, [el urineux , &c. ; tantôt de la faveur, comme fucre de Saturne; tantôt d’une propriété médicinale, fouvent peu avérée, comme el fédarif, [el fèbrifuge , antimoine diaphorétique , &c.; tantôt de la manière d’orérer, comme précipité fublimé ; quelquefois enfin la même fubftance a retenu différens noms, fuivant les différens procé- dés, comme zartre vitriolé, fel de duobus , fel polichrefle de Glafer. Ajou- tons les termes d’arcane , de magiffère, &c. que les Alchymiftes ont portés par-tout; ajoutons les fignes des planètes qu'ils ont rendus fynonymes à ceux de quelques métaux ; ajoutons tous les produits, qui ne font défignés que par les noms de leurs inventeurs , comme teinture de Stahl, de Lu- dovic, de Paracclfe, de Mynficht, poudre d'Algaroth, liqueur de Libavius, Jél de Glauber , de Seignerte, de Takenius , de Segner , &c. &c. &c.; & demandons \ \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35% demändons maintenant s'il eft’ poflible de fe reconnoître dans ce cahos; demandons fi l'intelligence d’une pareille nomenclature’ne coûre pas plus que l'intelligence de la fcience même; ou plutôt, avouons la néceflité de réformer ce langage, & cherchons à établir les principes qui doivent dé- terminer le choix: dans routes les circonftances. LPREMIER PRINCIPE, Une phrafe n'efl point un nom; les êtres € les Produits chymiques doivent avoir leurs noms qui les indiquent dans toutes les occafions fans qu'il foic befoin de recourir a des circonlocutions: Cetté propofñrion fondamentale me paroît d’une vérité évidente, & n'a befoir d'autre preuve que les.efforts que nous faifons continuellement pour ra- mener les dénominations à cette fimplicité d’expreflon. crea Lau ri ou: Pruffien a déjà. remplacé dans les écrits de quelques Chymiftes da Zgreur alkaline faturée de la matière colorante' du bleu de Pruffe; qui étoit moins un nom qu'une définition. Sion n'a pas changé ceux de /el neutre arfenical à bafe d’alkali minéral, de fel marin à bafe deiterre pefante, & d’une infinité d’autres tout aufli embartaffans dans le difcours, c’eft qu'on n’a pas trouvé la même facilité de les abréger ; de les réduire à une expreflion plus fimple, qui pût fe pafler d'explication ; mais le fyftême, une fois formé & adopté, il fournira tout-à:la-fois Le terme. &. l'explication. | 3 \ ° SEconND Principe. Les dénominations doivent étre, autant qu'il eff poffible ; conformes à .la nature des chofes. J'emprunte ici les termes de M Bergmann, dans fon excellent Difcours fur la recherche de la vérité ; mais ils me paroïflent avoir befoin de quelques éclairciffemens: Peu importe quel nom l’on donne à un individu qu'on n’envifage que pour lui-même; qui ne fe reproduit pas fous des formes différentes ; tout-nom qui né fi- gnifiera rien, pourra s'appliquer avantageufement à cet individu, quand lu: fage l'aura identifié avec lui , parcé que les fons, & les mots qui repréfén: tent les fons, n'ont réellement par eux mêmes aucun rapport, aucune!éon: formité avec les chofes. Au contraire, quand la convention a une fois attaché, une première idée à un mot, céft induirseen erreur que de le franfporter à des fubftances d'un autre genre ; & les dérivés , Les compofés de ce mot fontles feuls noms conformes à la nature d:s êtres congénères, Ainf , la dénomination d'huile de visriol éft contraire à la règle , en ce qu’elle porte. le figne du caraétère huileux tout-à-fait étranger à certe fubf tance, Ainf ,le nom d'acide vitriolique étant donné ; tous les corps for- més de ce diffolvant font des virriols ; le produit de fa combinailon avec le plomb eft un vitriol de-plomb , ou da plomb virriolé, Ce font les feules expreflions conformes à la nature de ces chofes. Je dis: que certe règle doitêtre fuivie, autant qu'il eft poffible. Nous verrons bientôr les raifons qui fondent des exceptions ; mai, auparavant, nous devons recueillir trois corollaires de notreprincipe.. “Le premier, que Le nom primitif appartient de préférence à l'être le plus Tome XIX, Part, 1, 1782. MAI, Ccc 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ! fimple, à l'être entier, à l'étre non altéré, & quel. expreffion qui modifie ÿ qui particularife , doit venir par forme d'épithète , ‘ou dans un ordre analogue. C'eft la marche naturelle des idées , qu'il importe toujours de conferver, Quoi de plus bizarre , par exemple , que de donner à une mine le nom de fon métal ! C'eft ce que l’on a fait pour l’antimoine; ce qui ne peut man- quer d'occafionner de l’embarras , des impropriétés forcées , & fouvent de la confufion, Si je veux parler de la combinaifon de certe fubftance métal lique avec l'acide nitreux, nitre antimonié ou d’antimoine eft équivoque; ziütre à bafe de régule d'antimoine eft un membre de période, Rappellons donc cette efpèce à l’ufage adopté pour toute fa clafle, & difons déformais : L’antimoine eft le demi-métal ; l’'antimoine uni au foufre eft l’antimoine mi: péralifé ; la mine d’antimoine , ou mieux encore, la pyrite d'antimoine. Le fecond , que la dénomination d’un compofé chymique n'efl claire € exaële gw’autant qu'elle rappelle Les parties compofanres par Les noms confor- mes a leur nature: Les êtres fimples , ou confidérés comme fimples , doivent fans doute avoir chacun leur nom particulier ;maïs ce feroit {urcharger la langue d'une foule de mots inutiles & embarraflans , que de créer un figne propre à chaque compoñition. - Le troifième, que les noms d'inventeurs , qui ne peuvent avoir avec les chofes aucune conformité , ni individuelle | ni générique, doivent étre prof- trits de toute grande nomenclature. L'erreur de ceux qui ont attaché à des produits chymiques les noms de ceux qui les ont déanve , eft bien excufable; elle a pour principe un fentiment que nous devons partager. Mais l'intérêt de la Science doit être ici le principal objet: or, il exige une méthode conftante de dénominations qui aide l'intelligence & fou- lage la mémoire ; il exige fur-tout que la combinaifon de su êtres déjà nommés ne reçoive pas le figne qui la repréfente habituellement; du nom fortait & infignificatif du premier Obfervateur. Je ne fuis nullement éçonné d'entendre des Elèves, même après plufieurs années d'étude & d'application , demander encore, qu’eft-ce que le /e/ de Glauber? qu'eft-ce guc le fè/ de Seignette, &c, &c. &c.? Et ils n'ont jamais appris qu'une fois ce que c’étoit que le rartre vitriolé, le virriol de zinc, le nitre mercuniel, l'éther acéteux ; &c. &c. Les Chymiftes les plusexercés conviendronr, s'ils font de bonne foi, qu'ils ont été fouvent dans!la néceflité de rechercher Les définitions de l'a/kaef} de Refpour, du fondantde Rotrou, & autres fem- blables dénominations, après les avoir cent fois écrites &-expliquées,Eroùen ferions nous aujourd'hui , que nousifaifons état de pluside quatre cents fels, s'il ny avoit d'autre manière de les défigner? Laiflons doncà l'Hiftoire de la Science à conferver religieufement les noms de ceux qui Font enrichie, & ne les faifons pas fervir à en rendre l'étude difcile & la pratique em- barraffante. Troisième PRINCIPE: Lorfqu'on n'a pas une connoiffance certaine du caraëière qui doit principalement. dérerminer la dénomination, il faut préférer SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 375 un nom qui n'exprime rien à un nom qui pourroit exprimer une idée fauffe. La liqueur qui précipite le fer en bleu me fervira ici d'exemple. Nous fommes aflurés que l'alkali y exifte , & nous ne devons pas héfiter de faire entrer le nom de [a partie compofante dans la dénomination du com. QE mais le principe qui y eft en combinaifon avec l'alkali , meft pas à eaucoup près aulli certainement connu; c'elt peut-être un acidé, peut être un acide en état de foufre. Je préfère donc l'expreflion d’a/kali Pruffien , ee ne décide rien , à l’expreflion d’a/kali phlogifliqué , qui trompe nécef- airement, fi ce n'eft pas du phlogiftiqne pur ; je la préfère à celle de lef- five de fang (en Allemand #/utlauge), qui a l'inconvénient de mettre à la place du principe, la matière dont on le tire, ou même l’une des matières; car les cornes , les poils, &c. le fourniflent également. C'eft par la même raifon que M. Bergmann confeille de ne défigner l'air effentiel à la refpiration que par l'expreflion d'air fair, d'air pur ,aw lieu d'air déphlogiflique, jufqu'à ce que l'on ait pleinement éclairci Les faits, qui femblent y annoncer la préfence du phlogiftique (1). On {ent que cette règle s'applique à bien d'autres exemples. QUATRIÈME PKINCIPE. Dans Le choix des dénominations à introduire ; on doit préférer celles qui ont leurs racines dans les langues mortes les plus généralement répandues|, afin que le mor foit facile à retrouver par Le fens, le fens par le mot: Vel eft l'avantage des noms formés fur ce prin- cipe , qu'ils confervent une conformité d'idées très-fayorable à l'incelli- ence, en même temps qu'ils produifent une variété de fignes qui enri- chiffent réellement la langue ,:en lui fourniffant les moyens de particula rifer des objets qui feroient confondus dans une expreflion générale. Un baromètre n’eit, dans le fens étymologique , que mefure de pefanteur; mais Fapplication que l’ufage en a faite à l'inftrument qui indique le poids de la colonne de Pair, à rempli Le double objet de fübitituer un nom à une phrale, & de créer un mot qui portât avec lui fon explication. IL eft tout fimple que ceux qui ont obfervé les premiers l'efpèce de mi. néral qui joint la cryftallifation fpathique à une pefanteur extraordinaire, Faient appellé fpath pefant ;'ils en indiquoient ainfi les vrais caractères. Les Chymiltes ayant enfuite décompofé ce minéral, en ayant retiré une terre qui diffère de toutes les autres terrès par nombre de propriétés , ilk l'ont appellée terre du fpath pefant (en: Suédois sung fpat jord ) ; bientôe la néceflité d'une ;dénomination plus courte & moins phrafée a fait adopter celle de terre pefante (en Latin serra ponderofa) ,(en Allemand fchwererde ) : mais cette expreflion doit-être réformée d’après nos principes; car, 1°. ce h'eft pas encore un, hom:éommode ; fufceptible.de former des dérivés ad- jectifs, tels qu’il convient à une fubftance aufi fimple, qui fubit autant (1) Opufcul. Chym., tom. 2, Differtat. 13. à Tome XIX, Part. I, 1782. M AI, Gicz 376 -® OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de combinaifons , & dont le nom doit entrer continuellement dans la com- potion de grand nombre d’autres noms ; 2°. cette expreflion manque de quftefle , en ce qu’il n’eft pas prouvé que la terre qu'on tire du fpath pefant foit elle même plus pefañte qu’une autre terre. La nécefité de fubftituer une autre dénomination ‘ft donc fufhfamment démontrée: Mais pour ne pas introduire un figne dépourvu de toute analogie , qui n'ait qu'une valeur arbitraire , j'emprunte un terme quife relie par l'étymologie aux idées que je veux modifier. La racine grecque de Béps, déjà fi naturalifée dans notre langue , me fournit le nom fimple barote , tout aufli facile à entendre & à retrouver, auquel il fera libre déformais de n’attacher que les qualités propres du corps nommé, De ce nom je tire l'épithète barorique poux tous les fels qui admettent cette fubftance , & ces dénominations rentrent einf dans l’ordre analogique , fans qu'il foit befoin de faire violence à la convention. 7 CiNQUIÈME PRINCIPE. Les dénominations doivent être afforties avec Join au génie de la langue pour laquelle elles font formées." Cette: règle n'eft pas la moins importante, Ceux qui traitent les Sciences, fe perfuadent affez volontiers: qu'ils n’ont pas befoin de choifir. leurs expreflions; :qu'il leur fufft de parler de manière à fe faire entendre, & de-là il arrive fouvent qu'ils ne parviennent ‘pas même à {e faire écouter. [ls ont.fans doute plus En liberté pour'créer de nouveaux mots ; mais ils'ne: doivent pas perdre de vue qu’ils ne tiennent ce privilége que de La néceflité plus fréquente de: circonfcrire leurs idées par des termes plus appropriés; & que la né- cefhré:ceflant; le néologifméine leur eft-pas plus permis qu'aux autres Ecrivains. On a dit /ubfances foléillées , pour fubflances yféchées au foleil, & il n’eft perfonne qui n’ait condamné. cettæ exp:eflion. On a dit le diffol- verde, pour le-corps à diffoudre; & je fuis'perfuadé que le plus grand nom- bre des Chymiltes a applaudi à cette heuréufe hardi-ffe, qui met un mot fimple à la place d’une circonlocution embarraflante (1), Le génie de la langue eft une forte de convenance du matériel des fons, de la métaphyfi- que du ftyle , avec les opinions & iles habitudes de la Nations il n'eft Fr pas moins ‘exigeant pour l'oreille, que: pour: l'éfprit. L’Anglois & TAllemand-admettent facilement des :motsk formés de: plufieurs mots-af= #mblés fans liaifon grammaticale: fans inflexion paragogique. La :ian- gue FranÇoife: eft bien plus réfervéè :dins l'ufage-de.ces compelés ; & ne reçoit même dans les Arts que des mots sarrangés,pour: être au to .d’üne douce articulation, (oo ts Ars) Sn alé N (1) Hi nef fârement pas ur lé ‘ceux gui. datécrie for la Chymies'qi n'ait regretté bien des :foïsique le verbe-dif@tidre manqhe | dence; temps, ibiftorique. propre à notre langue , & fi favorable à la clarté de la narration On a pourtant déjà ofé dire : je -difjolvis. Que- n’eft-ce-un.de ces Ecrivains dont l'exemple Hait-loi!. Il nous-épargne- roit bien des tournures qui ne peuvent j:mais ateindre le but ; car j'ai fondu, ou je fis fondre , ne rendent pas exaétement' ye foñdise ROATEIIES 1 À sêtr el SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 : Quelque gênant que foit ce principe ; l'autorité d’un nombre infini d'exemples ne permet pas de douter que l'on ne doive lui facrifier à un certain point les règles de la formation analogique. Ainfi, comme de craie on a pas fait crayacée , mais crétacée, j'aicru que pour qualifier des fubftances tirées du fuif, des fourmis, de l’ofeille, &c:, il valoic mieux aufli reprendre la racine érymologique ou fynonymique, & dire: fébacé, formicin ; oxalin , &c. (1), au lieu de fuifacé, fourmieux , ofeillique , ow autres dérivés du nom François, tout aufli mal fonnans, & qui d’ailleurs fe feroient encore moins prêtés à la formation des fubftantifs, pour indi- quer les genres des combinaifons caraétérifées par ces diflolvans, Tels font les principes qui me paroiflent établir à la fois & la nécefiré de changer un grand nombre de dénominations chymiques, & le fyltème à fuivre dans le choix de celles qui doivent les remplacer. Je n’imagine pas quel motif pourroit arrêter cette utile réformation. Seroit-ce la crainte de s'écarter du langage du commerce? Mais, 1°. les objets fur lefquels le Chymifte doit s'entendre avec le Droguifte qui les lui fournit, ne forme pas la centième partie de la nomenclature qu'il s'agit de rectifier. 2°, Qui eft-ce qui ne fait que, même pour la plupart de ces objets, les noms de PArtifte & du Marchand font déjà très-différens ? Le vitriol de Mars , le virriol de zinc, &c. des Laboratoires, ne font plus dans les boutiques ee la couperofe verte, la couperofe blanche , &c. 3°. On conviendra fans oute que ce n'eft pas à la Science à recevoir à cet égard la loi du Com- merce. Le Savant qui connoitra les fubltances, & par leurs qualités, & par leurs fynonymes , trouvera toujours le moyen d'indiquer füremenç ce qu'il defirera, & fon expreflion de choix deviendra à la fin le terme le plus commun. Gardons-nous donc de donner trop d'importance à une objec- tion aufi frivole ; & pour mieux faire juger de tous les avantages de la réformation propofée, eflayons de l'exécuter. Application de ces principes aux dénominations des diverfès fubffances. Les fubftances que le Chymifte traite continuellement, qu'il eft obligé de nommer à tout inftant , d'indiquer fous différentes formes , font principa- lement les terres, les alkalis , les acides & les métaux. Avant de préfen- ter le tableau de leurs dénominations anélogiqhes > il nefera pas inutile demotiver les principaux changemens, par de courtes réflexions fur cha= cune de ces divifions. f g: | Des Terres. J'ai fait voir que dans l’état a@uel de nos connoiffances, nous devions compter cinq terres fimples (2). La première eft connue fous T (x) Le nom botanique de la plante qui fournit_ l'acide de l’ofeille eft oxalis accro fela, Linn.; & oxalis à fa racine dans le mot grec O'Eÿs, aigu ,acide. (2) Mém. fur les-terres fimples ; &c:,Jourmide Phy£}, tom: XVIL pag.216 & 3533 & tom. XVII, pag: 68: Ona d'abord'reconnu l’exaétitudé de mes expériences ; puis on a imprimé que la terre des os prefque pure manifeftoit des propriétés difiérentess 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les noms de quartz & de filex. J'adopte le premier , parce qu'il annonce la même matière dans un plus grand état de pureté, & parce que l’adjectit quartzeux elt déjà reçu plus communément. La feconde terre eft celle qui fert de bafe à l'alun: en la nommant ar- gille, il faudroit chercher un autre nom au minéral, qui n’en recèle ja- mais qu'une portien; il faudroit , fuivant notre fecond principe , fubitituer le mot argilleux au mot alumineux , pour tous fes compofés. Il eft plus fimple de conferver le dernier, & d'en tirer un fubftantif , pour indiquer Pétre primitif. Ainfi, l'on dira que lalun ou vitriol alumineux a pour bafe l'a/umine, que la Nature nous offre abondamment dans Les ar- gilles. La troifième eft celle que l’on appelle ca/caire ; mais ce n’eft-là qu'une épithète qu'il faut réferver pour les compofés. Le nom de chaux appar- tient lui-même à une modification très différente de cette fubftance , qu'il éft effentiel de ne pas confondre, Pour fuivre nos principes, il fuffc de tetrancher du premier terme la terminaifon adje@tive, & nous aurons pour lors le calce, qui indiquera commodément la terre calcaire, confidérée hors de toute combinaifon. La quatrième eft la magnéfie. En fupprimant l’épithète que l'on lui donnoit anciennement , & qui eft devenne inutile, elle fe place naturel- lement dans notre fyftème avec l'adjectif magnefien. La cinquième eft la terre pefante. On a vu dans les développemens du quatrième principe Les raifons de fubftituer à ce nom impropre celui de barote , avec l'adjectif barotique. Les trois dernières étant fufceptibles de pafler à un autre état par la cal- cination , prendront , après cette operation, les noms de chaux ou deterre cauflique. Elles peuvent auffi être confidérées en état de diffolution par le foufre; alors en adoptant le terme d’hépar , conformément aux principes I & II, ces compofés pourront être défignés d’une manière commode & exacte. Des Alkalis. Les alkalis forment un genre , dont les efpèces n’ont véri- tablement point de noms, puifqu’on eft encore réduit à les indiquer par les qualités qui les diftinguent. Or, il n’y a rien de plus infupportable que d’avoir à répéter fans cefle alkali fixe végétal, alkali fixe minéral, &c. Pour fe rédimer de cette gêne, on a fubftitué au premier l’expreflion plus abrégée de fel de tartre, & même quelquefois tartre, comme dans tartre vitriolé: mais ces fubititutions ne font nullement heureufes, puif- qu'elles n’ont fervi qu’à confondre prefque fous le même nom deux fubf- maïs c’eft convenir encore de la vérité deice que j'ai dit de la terre pure, telle qu'on doit J’employer pour en déterminer les caraétères. Voyez Journ. de Phyf. , tom. XIX, pag, 126, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 tancés très différentes, le fel de tartre & la crème de tartre, un alkali & un acide (1). Comme on ne doute plus aujourd’hui que l’alkali tiré des cendres de tous les végétaux ne foit abfolumentle même, lorfqu'il eft pur, il n’y a aucun inconvénient d’approprier l’idée de cet alkali pur à l'un des noms adoptés dans le commerce , pour fpécifier fon origine. Celui de potaffe remplira parfaitement notre objet (2). On fera encore plus facilement la même appropriation du mot foude à l'idée d’alkali minéral, puifqu'il eft déjà reçu d'appeler cryftaux de foude cet alkali cryftallifé , de quelque plante maritime ou autre matière qu'il ait été tiré, Soudire repréfentera fon adjectif , au lieu de foudé, pour éviter Fond du participe confonnant. | Par rapport à l’alkali volatil, je fens combien il feroit difficile d’enle- ver à fes compofés l’épithète ammoniacal , confacrée par une habitude auf ancienne qu'univerfelle; mais nous pouvons tirer parti de la néceflité même de la tefédtei Le mot ammoniac n'a eu feul & par lui-même jufqu'à préfent aucune fignification ; prenons-le pour le nom de l'être fimple qui nous manque , qu'il faudroit pour cela introduire de création abfolument nouvelle, & nous aurons deux expreflions bien connues & parfaitement conformes à nos principes. Le III principe indique les raifons de conferver le nom d’alkali Pruf- fien à la liqueur faturée de la matière colorante du bleu de Pruffe. Des Métaux, On a vu ci-devant (principe II°) que le nom d’un mé- tal appartenoit communément à fa terre , actuellement dans l’état métalli- que, & non à fa chaux , ni à fa terre unie au foufre. IL fufira donc, pour rétablir ici l'harmonie , de rappeller à cette analogie quelques indivi- dus qu'un ufage bizarre en a exceptés. Les termes de chaux , de précipités, ferviront toujours à diftinguer les métaux calcinés par le feu ou féparés des acides. Les terres des métaux que la Nature nous offre dans l’état non métalli- que feront en général des mines; celles unies au foufre feront des pyrites naturelles ou artificielles : elles conferveront comme fynonymes , les déno- minations particulières qu’elles ont reçues des Minéralogiftes. Des Acides. C'eft fur-rout par rapport aux acides & à raifon de la mul- titude de leurs compofés , que l'application du premier corollaire du fe- cond principe devient très-importante. Il y a peu de chofe à He rectifier la nomenclature des vitriols & des nitres, ou , pour mieux dire, il n’y a qu’à y rapporter les noms que (1) Ieft bon d’avertir ceux qui ne fentiroient pas limportance d’un fyftême else parfait de nomenclature, qu'il neft pas fans exemple que des Médecins aient conton= du ces deux fels dans leurs formules, c’eft-à-dire, un cauflique avec un apéritif, (2) Poraffe nous ft venu de l’Allemand po-afche , dont là traduétion littérale feroit pot cendres. On peut conferver le mot fynonyme védaffe pour la potaffe impure, 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, … nous, venons dafligner aux fubltances qui font les bafes de ces {els. IL n’en eft pas de même des fels formés de l’acide marin ; nous n’avons pas de nom pour en indiquer le genre. Lesuns ont retenu des dénominations faufles & équivoques , empruntées de quelques circonftances du procédé, ou d’une apparence groflière du produit, comme fubliné corrojif, lune cornée, beurre d'antimoine, &c. &c. On éroit obligé de définir les autres, chaque fois que l’on vouloit les défioner. Pour rétablir l’analogie , je tire, fuivant le IV® principe, du mot muria, employé par les Chymiftes qui ont écrit en Latin, Le fubftantif muriare & l’adjectif muriatique. L'ap- propriation ainfi commencée par l’étymologie , on n'aura pas grande peine a convenir que les fels formés de l'acide muriatique feront des mu- riates. , Pour indiquer les fels dans lefquels entre l’acide régalin, il ne faut que modifier cet adjectif par un terminatif, Le mot régalre m'a paru le plus conforme au V° principe. Comme Les mots fpath & fpathique appartiennent déjà à un affez grand nombre de fubftances, il eft néceflaire, pour prévenir la confufion, de chercher d'autres dénominations à l'acide tiré du fpath fulble, & à fes compofés : elles fe préfentent naturellement dansles mots f{xor & fluori- que , déjà appropriés par les Minéralogiftes & par les Chymiftes qui ont écrit en Latin. £n confervant le nom de fel fédatif à l’acide du borax, il eût été in- difpenfable , en fuivant l'analogie, de changer les noms des compofés les plus anciens & les plus connus de cette claile. On fatisfait à cour, en for- mant fimplement de #orax l'adjectif boracin. Le felfédatif mercuriel deve- nant ainfi le borax mercuriel, la diffolution de ce métal par le fel neutre dont j'ai donné, il y a quelque temps , la préparation, prendra le nom de borax foudite mercuriel, pour qu'il n’y ait point d’équivoque , & en çonformité de notre principe Il, appliqué aux compolés à trois parties, Ayant trouvé les adjectifs arfenical & acéteux confacrés par l’ufage, il falloit les conferver & leur former feulement des fubftantifs tellement rap- prochés des radicaux de ces termes, qu'ils puflent être entendus fans ex- plication. Arfeniates & acétes m'ont paru remplir cetre condition, Qn verra dans le tableau combien de dénominations phrafées, d'expreflions vagues & impropres font ainf retranchées de la nomenclature, Les rartres formés de l'acide rartareux viennent fe placer d'eux-mêmes dans la férie analogique. Tartre erud fervira , comme auparavant , à défi- gner la matière impure dont on retire l'acide; & surtre raffiné, ce même tartre privé de matière colorante, mais non d’alkali, que l'on appelloit ci- devant crème de tartre. Les els formés des acides du fucre, du citron, de l’ofeille, étant la plupart x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 381 plupart encore très-peu connus, j’ai eu plus de liberté dans le choix de leurs dénominations, & on remarquera fans doute que j'en ai profité pour mettre encore une forte d’analogie entre les fignes des différens genres par une terminaifon femblable , autant que cela étoit poflible, fans s’écar- ter des autres principes. De l'acide /accharin, j'ai tiré fucchartes ; de l'acide citronien , citrates; de l'acide oxalin, oxaltes; de V'acide lignique , lignices, La racine de ce dernier eft dans le nom latin du bois, J'ai été guidé par les mêmes vues, lorfque j'ai formé d’acide pho/pho- rique, phofphates ; d'acide formicin , formiates ; d'acide febacée, febares; 8e d'acide galaëique, galaëtes, (Voyez principe V°.) Le premier eft le feul qui pourra étonner au premier coup-d'œil , comme étant bien nouveau pour des fels bien anciens; mais les fels phofphoriques connus font en bieu petit nombre; d'ailleurs la néceflité d’un nom de genre une fois admife, & phofphore reftant de droit au foufre phofphorique , il falloit bien introduire un autre terme : je n’en ai point trouvé qui confervât mieux la racine de l’adje@if, Tous les Chymiltes s'accordent aujourd’hui à reconnoître que le Auide élaftique qui fe dégage de la craie, du marbre & de plufieurs autres fubitances des trois règnes, entre comme acide dansun grand nombre de combinaifons, Il eft naturel de lui donner une place dans notre Nomen- clature, fyftématique , ne fût-ce que pour faire cefler l'incertirude & la confufion qui naiflent de la multiplicité même de fes dénominations, Nous avons en effec ici l'air fixe de M. Prieftley, l'acide aérien de M. Berg- mann , l'acide crayeux de M. Buquet, l'acide méphirique de M. Sage , le gaz méphitique de M. Macquer, l'acide gazeux de quelques autres , &c. &c. Toutes ces expreflions s'entendent fans doute, mais il en faut une qui devienne générale ; il faut des raifons pour décider l'unanimité : voici celles que je propofe. 1°. Air fixe eft impropre & prefque abandonné : 2°. gay eft déjà approprié à tous les fluides aëriformes; il convient de le laifler à cette deftination: 3°. acide aërien nous prend une épithète d’un ufage fréquent, & me paroit former un nom trop fignificatif: 4°. avant d'avoir rapproché tous les principes d'une bonne nomenclature, j’avois adopté acide crayeux ; les autres mots qu'il en faudroit tirer feroient équi- voques ou peu intelligibles. Je facrifie volontiers ma première opinion, & je préfère ACIDE MÉPHITIQUE, comme fe renfermant plus exaéte- ment dans l'idée d'un caraétère propre & eflentiel, Les compofés de ce genre feront des méphites ou des corps méphirifés. Les autres gaz qui tuert les animaux, feront appellés déformais fimplement gaz nuifibles : ne for- mant pas de claflé de compofés à la manière des acides, une épithète fufft pour les qualifier; ils n'ont pas befoin de noms particuliers , fufcepti- bles dindiquer divers états par leurs modes & leurs terminaifons. Jufqu'’ici j'ai regardé comme indifférent d'employer Le nom de l'acide comme fubitantif ou comme adjectif; Le prender m'a paru feulement un Tome XIX, Part. I, 1782. MAL. Ddd _— 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, peu plus conforme à notre ufage & à la marche de nos idées. J'ai dit ert conféquence vitriol de fer, au lieu de fer virriolé. J'en uferai différemment dans cette claffe, parce que j'ai penfé que l'an fe prêteroit peut-être diffi- cilementà confidérer en premier ordre le fluide fubtil, qui entre quelque- fois en fi petite quantité dans ces combinaifons , & à lui fubordonner ainfi dans l’expreflion les mafles très-fenfibles qui l’enchaînent , en lui fervanc de bafes, & je dirai cuivre méphitifé , au lieu de méphite de cuivre ,&c. &c. Il ne me refte plus qu'à préfenter le tableau de cette Nomenclature : on y verra plus de CINQ CENTS fubftances , dont les dénominations font ra- menées à un fyftème conftant, facile à faifir , & tel qu'il fuffira de connoi- tre une fois les dix-huit genres d'acide & les vingt-quatre bafes princi- pales , pour que le mot rappelle fürement la chofe à l'efprit, & que l'idée mette déformais l’efprit en état de recréer le figne conventionnel de la chofe , s’il eft échappé à la mémoire. C’eft pour procurer à là Chymie un aufi grand avantage, que je fol- licite encore en finiffant, l'approbation , le jugement, les critiques mêmes de ceux qui aiment cette Science, qui s'intéreflent à fes progrès, qui s’en font aflez occupés pour fe pénétrer de la néceflité de la rendre plus accef= fible , plus facile à traiter , en perfeétionnant fa nomenclature. LEE TRE À M. DE LA TouRETTE, Secrétaire perpétuel de | Académie des Sciences de Lyon, par M. BERTHOLON DE SAINT LAZARE , © Membre de plufieurs Académies ; fur les Paratonnerres afcendans & deftendans de la Ville de Lyon. D ES occupations fans nombre, Monfieur & cher Confrère , m'ont em- pêché de pouvoir vous donner plutôt la notice que vous m'avez demandée des paratonnerres de Lyon, Je m’emprefle de profiter du premier moment de loifr, pour répondre à vos defirs , qui feront toujours pour moi des ordres bien agréables. Dansun des Ouvrages que je publierai bientôt, vous en verrez une defcription plus détaillée. Le paratonnerre de Saint-Juft eft le premier de ceux que j'ai élevés à Lyon, noie patrie commune : on n’a rien épargné de ce qui pouvoit con< tribuer à fa folidité & à fa perfection, & la mécanique felon laquelle il eft conftruit eft différente de celle de tous les inftrumens de ce genre qui exiftent, Des raifons particulières, relatives à des obfervations de phy- fique que nous avons euesen vue, M. l'Obeancier & moi, ont été un des motifs qui nous a conduits. La forme étroite du clocher, & la grande élé- poy Tome XIX , Mai 1782 ; pag. 382; YMIQUE,; ion des noms compofés. R à ps ExEMPLES pris de diverfes clalfés, un. | Soufre méphitique ox Plombagine. Des Nitre re É Muriate calcaire. Acète de magnélie. Tartre barotique. k Arfeniate de potafle, Borax de Soude ou Borax commun, Fluor ammoniacal. Régalte d’or, | Oxalte d'argent. Saccharte de platine, Citrate de mercure. pre. | Lignite de cuivre. Phofphate de plomb, Formiate d’étain. Sébate martial. | Muriate antimonial o4 Beurre d’antimoine, | Galacte de bifmuth. le. | Borax de zinc. Muriate d’arfenic. Ê Saccharte de cobalt, N. Formiate de Nickel. trevus d Oxalte de manganèfe. connus! Ether lignique ox Ether de Goetiling, &c. &c, &c. {1 & fi ingt quatre bafes & les produits de leur union , forment € 'te-quatorze dénominations claires & méthodiques , in- Her $ ou compofés à trois parties, dont les noms viennent €s fers / L L à EL QUE hépar de foude , hépar ammoniacal , pyrite d'ar- Voyez le Mémoire apologéique de ce Syfléme. TABLEAU DE NOMENCLATURE CHYMI Tome XIX, Mai 1782; pag. 382; QUE; Contenant les principales dénominations analogiques | € des exemples de formation des noms compofès. RÉGNES, ANCET D ES. Des trois Règnes, | Méphitique oz Air fixe. . . | Méphites, Phlogiftique. . . FA sie Vitolique nec 0 Vitriols. Alumine ou Terre delargille, . Nirreux eme nl INicres, Calce ou Terre calcaire. , . Minéral, Muriatique ox du fel marin, | Muriates. Magnéfie. RSA DRE Régalin, . . . |Régaltes. Barote ou Terre du Spath pefant. Arfenical . . .|Arfeniates, Potaffe o4 Alkali fixe vésétal Boracin ou fel fédatif . .|Boraxs. Soude ox Alkali fixe minéral Fluorique ox du fpath fluor. | Fluors. Re ou Alkali volatil . Acéteux où Vinaigre . | Acètes. Érocne er CR Tartareux ox du Tartre, .{]Tartres. DÉC) PAR RE. Me Végé Oxalin ou de l'Ofeille . .{Oxaltes. MIEYCUTC LEE RC égétal. Saccharin ou du Sucre . .|Sacchartes, GONE Se NL ER ete Citronien ou du Citron . . |Citrates, Mons. wibos ee 0008 6 Lignique ou du Bois. . | Lignites, EE MALE TANT - OT -b® 5 Ke Geo. INDE \ Phofphorique . | Phofphates. Antimoine( au lieu de Régule d’) Animal. Formicin ou des Fourmis .| Formiates. BHDICtO I Re Sébacé ou du Suif . | Sébates. FAC EME Do 0 : l Galactique ov du Lait . .} Galaétes. AR RE se 5 Dee N. B. Lorfque les acides particuliers déjà en- Les foufres & Les Ca x ; _ ù : à Vu revus dans la molybdène, l'étain, &c. feront plus éthers deviennent eux- | NS 2 CAES mémes noms de gen- 5 onnus, on en formera les noms d’acide m0/ybdi- ue & molybdes, d'acide flannique & flannes, &c. Len fera de même d:s nouvelles bafes. Le nou- eau demi-métal trouvé par M. Bergmann dans es fers caffans, pourra être nommé /ydérotète, aché dans le fer. Les Selsformés de ces BASES ou fubflances qui s’uniffenc cides prennent les ' 4 P aux Acides. noms génériques de s De | Efprit-de-\in … … + : + res, & fe diflinguent \| RE par lépithète de l'a- cide, Les nom) de ces bafes , ou leurs adjeëlifs , yjoutés aux fubflantifs quiindiquent les genres des acides, forment ledénominations exaéles , comme onle voir dans les exemples Juivans, ExEMPLES pour la claffe des Virrids. Soufre vitriolique oz foufre commin. Vitriol alumineux oz Alun. Vitriol calcaire ou Sélénite. Vitriol magnéfien ou Sel d'epfom. Vitriol barotique ou Spath pefant. Vitriol de potafle ou Tartre vitriolé, Vitriol de Soude oz Sel de Glauber. Vitriol ammoniacal. Vitriol d'or. Vitriol d'argent. Vitriol de platine. Vitriol de mercure. Vitriol de cuivre ox Vitriol de Chypre. Vitriol de plomb. .| Vitriol d’étain. Vitriol de fer o4 Couperofe verte. Vitriol antimonial. Witriol de bifmuth. . | Vitriol de zinc ox Couperofe blanche. Vitriol d’arfenic. Vitriol de cobalt. . | Vitriol de Nickel. Vitriol de manganèfe. Ether vitriolique. EXEMPLES pris de diverfes claffés, Soufre méphitique ox Plombagine. Nitre alumineux, Muriate calcaire. Acète de magnéfie. Tartre barotique. ÂArfeniate de potafle, Borax de Soude oz Borax commun, Fluor ammoniacal. Régalte d’or, Oxalte d'argent. Saccharte de platine, Citrate de mercure. Lignite de cuivre. Phofphate de plomb. Formiate d’étain. Sébate martial. Muriate antimonial ox Beurre d’antimoine, Galacte de bifmuth. Borax de zinc. Muriate d’arfenic, Saccharte de cobalt, Formiate de Nickel. Oxalte de manganèfe, Ether lignique ox Ether de Goettling, &c. &c, &c, Les dix-huit acides, les vingt quatre bafes & les produits de leur union , forment ainfi quatre cents foixante-quatorze dénominations claires & méthodiques , in- dépendamment des hépars où compofés à trois parties, dont les noms viennent À , : : encore dans ce fyftême , comme hépar de foude | hépar ammoniacal , pyrite d'ar- gent, &c. &c, + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38 vation de la pointe au-deflus du comble , pouvoient expofer à des dangers qu'on a voulu prévenir, la perfonne qe auroït chargée d'examiner l’ex- trémité fupérieure de cet appareil. Le but du Chapitre des Barons de Saint- Juft étroit encore de protéger tous les environs de l'Eglife , & une grande partie de la Paroiffe, des ravages de la foudre qui eft tombée plufieurs fois fur ce clocher, & que fa polition, & toutes les circonftances locales y rendent très-fujer. C’eft pourquoi la partie fupérieure de ce paratonnerre, qui eft au-deffus du faîte du clocher, ayant trente-trois pieds d'élévation, en y comprenant la pointe du cuivre, il a fallu faire bafculer toute la barre de fer à laquelle la pointe en cuivre eft fortement viflée. Pour cet effet, on a planté un grand mât qui tient folidement à la charpente du clocher. A l'extrémité fupérieure de ce mât font fixées avec précaution deux grenouilles de métal, dans lefquelles entrent les deux tourillons qui font à-peu-près à la moitié de la longueur de la barre de fer, laquelle par ce moyen peut faire le mouvement de rotation, fon extrémité fupérieure s'abaiflant, tandis que le bout inférieur s'élève, Ce mouvement s'exécute avec la plus grande facilité, par Le foin qu'on a eu de mettre en équilibre cette barre de fer, dont la longueur eft environ de 26 pieds. On fent bien u’il a été néceffaire pour cet effet de donner plus de longueur à la partie ja haut, & plus de mafle à celle d’en bas, Un homme feul, en ne fe fervant que foiblement d'une de fes mains, peut élever ou abaifler ce con- duéteur avec une facilité étonnante. On retient cette barre dans une poli- tion perpendiculaire à l'horizon, par une vis qui traverfe l’épaiffeur du mât & celle de la barre, & cette vis a un fort écrou pour aflujettir le tour, On a pratiqué une rainure dans le mât , afin que La barre de fer y fût in- férée. Ce mât a été couvert de poix-réfine : on l’a armé de deux chapeaux de fer blanc à fes deux extrémités , afin que la pluie ne püût point l’endom- mager. Une barre de communication part du talon de la barre de fer dont j'ai parlé, & va s'unir intimément avec la partie du paratonnerre qui s’é- lève parallélement le long du mur. Les plus grandes précautions ont été prifes pour rendre la plus parfaite quil eft poflible la jonction de toutes les barres de fer dont cet appareil eft compofé. Des verticilles pour la fou- dre afcendante ont été placés à la hauteur que les circonftances locales exigeoient. La partie qui eft en terre eft enfoncée à une grande profon- deur ; elle eft environ de dix-huit pieds , & on a pris des précautions pour y jetter les eaux de pluie, y verfer d’autres eaux, & pour les y re- tenir. Dans le fein de la terre, j'ai également placé plufeurs verticilles. On peut en voir les raifons dans mon Mémoire furun nouveau moyen de fe préferver de la foudre, qui a été imprimé en 1776 , dans les Obferva- tions de Phyfique. Ce paratonnerre , depuis fa pointe jufqu’au dernier des verticilles inférieurs, a 135 pieds de longueur, & fon extrémité fupé- rieure eft près de 400 pieds d’élévation au-deflus des moyennes eaux de la Saône. Tome XIX, Part. I, 1782. MAI. D dd 2 384 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les Adminiftrateurs de l'Hôpital de Lyon m’ayaut prié enfuite de di- riger la conftruction d’un paratonnerre fur le dôme de ce magnifique édi- fice , je me fuis rendu avec le plus grand plaifir à leur invitation. La forme du dôme entraînoit beaucoup de difficultés dans l'exécution ; ila été né- ceffaire d'élever plufieure échafauds, placés Les uns au-deflus des autres, Cependant la conftruétion de ce nouveau paratonnerre eft de la plus grande fimplicité; & cer inftrument a été placé avec tant d'art, qu'il eft auf folide qu'on peut ie defirer, & qu'il ne nuit en aucune façon à la dé- coration du dôme, Sur la croix qui eft au-deflus de la boule, j'ai fait fu- perpofer une feconde croix en fer , laquelle eft elle même l'extrémité fu- périeure du paratonnerre. Trois pointes de cuivre dorées à or moulu font profondément viflées à l'extrémité des trois branches de notre nouvelle croix ; celle ci eft retenue en fituation par plufieurs brides de fer placées dans les endroits convenables. On peut en être afluré; car je fuis monté plufieurs fois au-deflus du dernier échafaud , pour examiner tout par moi- même. Le paratonnerre paffe enfuire dans le collier fupérieur de la boule ui eft au deflus de la croix ; il eft uni par une communication avec tou- tes les bandes de fer qui forment les côtes placées dans l’intérieur de la boule, & avec tous ceux qui fervent de foutien aux trois anges de plomb qui fupportent la boule, le long defquels il defcend fans interruption , ainfi que devant les nuages & le piédeftal. Il en eft de mème relativement à la baluftrade de fer qui règne autour du piédeftal. Le conducteur def- cend enfuite le long du dôme, en fe prêtant à la courbure de la voûte. Des tafleaux qui ont une faillie fufifante , qu'on a peints à l'huile , & cou- verts de plomb aux endroits néceflaires , font folidement unis à la char- pente du dôme; ils foutiennent des embâfes de fer armées de clavettes dou- bles , pour appuyer & retenir le conducteur de diftance à diftance : le long du mur il eft différemment fixé. Des verticilles afcendans ont été placés à la hauteur convenable, A dix pieds environ au-deffus du fol , la barre de fer eft noyée dans une rainure pratiquée dans la pierre de taille, Une grande borne de pierre la couvre prefque à la hauteur d'appui; enfuite la partie inférieure entre profondément dans laterre : on y a ménagé plufieurs verticilles inférieurs qui font dansun puits, creufé exprès, & qui eft beau- coup plus profond que les plus baffes eaux du Rhône avec lequel il com- munique continuellement, Sa hauteur totale eft de plus de 206 pieds de Roi. Le patatonnerre élevé chez M. Rocfort, Négociant, rue des Quatre- Chapeaux, eft placé au bout d'une tour qui a fept étages. Sur le faîtage, jy ai fait mettre un mât qui porte une barre de fer, furmontée par une pointe en cuivre doré au feu. Plufieurs colliers de fer, avec vis & écrous, fixent folidement la partie du paratonnerre, qui eft parallèle au mât que j'ai eu foin de faire poiffer fur le feu; deux chapeaux de fer blanc y font placés aux endroits néceffaires; une partie du paratonnerre fuit la pente SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38$ du toit, & defcend enfuite le long du mur; des verticilles afcendans y ont été placés à différentes élévations. Il y en a également dans la partie inférieure, laquelle eft en plomb , ainf que celle des autres paratonnerres que j'ai fait conftruire; & fa profondeur en terre a toute la longueur né- ceflaire ; eu égard aux eaux qui coulent journellement dans cet endroit, Ce paratonnerre, qui domine tous les environs, eft d'autant plus nécef- faire dans cet endroit, que le tonnerre eft tombé plufieurs fois fur les maifons voifines de celles de M. Rocfort. Au Chiteau de la Ferrandière eft aulfi un autre paratonnerre ; dont j'ai. également dirigé la conftruétion. M. Riverieu , ancien Prévôt des Mar- chands de la Ville de Lyon, s’y eft déterminé avec d'autant plus de rai- fon , qu'il a vu la foudre y tomber un affez grand nombre de fois. La longueur totale de cet inftrument eft de 111 pieds de Roi; fon élévation au-deflus du faïtage eft de 19 pieds 1 pouce; fon extrémité inférieure en- tre dans un puits à 21 pieds de profondeur, en comptant depuis la mar- gelle : il eft aufli armé de verticilles afcendans. Toutes les précautions prifes pour les paratonnerres précédens , ainfi que plufieurs autres, dont je n'ai pas parlé , ont été également employées, & rien ne manque à fa perfection. î Si des affaires relatives à une Chaire que j'occupe , ne m’avoient con- traint de retourner dans le Languedoc, j’aurois encore conftruit trois autres paratonnerres , qui probablement auront lieu dans quelque temps. Lyon, où les Sciences, le Commerce & les Arts fleuriffent, femble avoir voulu réparer publiquement l'injure qu'on a tenté de faire à la Phyfique dans une Ville de France où la lumière des nouvelles découvertes ne pa- roît pas encore avoir pu difliper les ténèbres des préjugés populaires, Pofl-Scriptum. Je profiterai de cette occafion, pour vous annoncer que j'ai trouvé , à Beziers même , un jeune maniaque, fils d'un Horloger de cette Ville, qui, felon certains changemens de temps, éprouve divers accès, lefquels fe répètent périodiquement, Jamais il n’eft furieux ; tantôt il rit, tantôt il eft férieux ; quelquefois il parle beaucoup, d’autres fois fon corps eft plus en aëtion. Voilà les quatre périodes qu’on obferve régulieremenr, & dont j'ai été témoin oculaire. Ceci confirme de nouveau, non-feulement le fyftème du célèbre Abbé Toaldo , que j'ai adopté, mais encore la vérité des Tables relatives à la manie, aux mois & aux morts de Padoue, qui font du favant Profeffeur de cette Ville, & que j'aimifes à la fuite de mon Ouvrage de l'Eleétricité du Corps Humain. L'autorité de ce nom étant la meilleure preuve qu’on puifle donner de l'exactitude de ces obfervations , je fuis charmé , depuis que , par les recherches que j'ai faites , je fais que ces Tables de Padoue & des environs font de lui, de pouvoir en décorer les preuves confirmatives que j'avois données de mes idées à cet égard. Le fujet étant à mon avis trèsiintéreffant, j'y reviendrai dans un des Ouvrages auxquels je travaille. 386 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - Je vous ajouterai encore que les nouvelles expériences de lilluftre M, Hunter , confignées dans les Tranfaétions Philofophiques, confirment éga- lement'ce que j'ai dit dans mon Ouvrage fur la diminution de la chaleur animale pendant Le fommeil. Ce favant Anglois la trouve d’un degré & demi, & quelquefois moins; ce qui eft généralement d’accord avec les expériences faites avant lui, & que j'ai rapportées. Sans la crainte d'être trop long , je vous parlerois de plufieurs autres confirmations de tout ce que j'ai avancé par divers Savans qui m'honorent de leur corxef-. pondance, Je fuis, &c, DES ANNEAUX PLANÉTAIRES:; Par M. DUuCcARLA. Te UTES les relations que nous avons de la zone torride , nous appren- nent que la faifon des pluies arrive quand le foleil pafle au zénith; en forte qu’à la fin de Juin tous les pays fitués fous le tropique boréal font couverts d'un épais nuage : c'eft un cercle de vapeurs qui entoure le globe parallélement au plan de l'équateur. . Lors de l'équinoxe, l'équateur eft à fon tour dans la faifon des pluies, parce que Le foleil y eft au zénith. Le milieu de la torride eft alors cou vert d'un épais nuage qui entoure le globe : c’eft un anneau. Vers la fin de l'année, le tropique auftral eft à fon tour aufli dans la faifon des pluies, puifque le foleil y pafle au zénith. L’anneau vaporeux eft donc alors fur ce tropique, & toujours parallélement au cercle équi- noxial. Quelle que foit la fituation du foleil , les pays dont il avoifine le zénith font couverts d’un épais nuage , qui forme par conféquent autour du globe une ceinture éternelle. Cette ceinture toute entière, toujours parallèle au plan de la ligne , va comme le foleil, & parallélement à elle-même tous les fix mois (ayanttoujours pour axe l’axe du mouvement diurne ); elle va, dis-je, tous les fix mois d’un tropique à l’autre. … C'eft cette ceinture que j'appelle l'anneau de la terre. Les Habitans des planètes voifines peuvent le voir, s’ils ont des verres: c’eft le plus large de tous les nuages; fa largeur moyenne eft de trois cents lieues, puifqu'il couvre le tiers de la torride : c’eft le plus épais des nuages, puifqu'il change fouvent le jour en ténèbres ; c’eft le plus denfe , puifqu’il donne dans qua- tre mois jufqu’à fept pieds d’eau: c'eft Le plus long de tous les nuages, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 387 puifqu'il entoure la terre : c’eft le plus faillant , puifqu'il eft continu ; le plus obfervable, puifqu'il ne difparoït jamais. Les autres nuages font trop petits, trop minces , trop coupés, trop inconftans, pour être fuivis comme l'anneau par des obfervateurs furlunaires. La raifon de ce phénomène eft évidente & fimple comme lui. L'air fi- tüé fous le parallèle que parcourt le foleil , eft le plus échauffé de l'at- ce cet air, le plus échauffé par la chaleur du zénith, eft par conféquent le plus raréfé , Le plus léger de toute l’atmofphère; cet air, fitué fous le parallèle. actuel du foleil, eft donc foulevé par toute l’atmof- hère. L'air afflue de toutes les latitudes, pour pouffer vers le zénith qu’ha- bre le foleil l'air fitué fous ce zénith. L'air raréfié par la chaleur fe raréfe encore en s'élevant , & fe refroidit en s’élevant : il abandonne à mefure les vapeurs qui ne peuvent gravir comme lui jufqu’aux bornes de l'atmofphère, Ces vapeurs, condenfées en retombant & s’accumulant fur la bafle ré- gion , deviennent un nuage , une pluie, Cet orage eft perpétuel , puifque fa caufe eft conftante: quelque part que foientle foleil & la terre , tandis que l’eau de ces deux globes éprouvera la chaleur de l’autre , l'atmofphèreterreftre aura toujours le foleil à quelque zénith; l'air fitué fous ce zénich fera le plus échauffé , le plus léser de route l'atmofphère. L'air de toute l'atmofphère affluera donc pour foulever l'ait ui a le foleil au zénith; & cet air foulevé ne pouvant traîner au haut de latmofphère les parties hétérogènes dont il eft imbu, ces parties retom- beront ; conftitueront un nuage , fe réfoudront en pluie. Cetair, qui monte ainfi fans relâche fous la latitude que parcourt le foleil, eft fourni par deux vents perpétuels dans la oh l'un fouffle du nord - eft dans l’hémifphère boréal ; l’autre fouffle du fud - eft dans l'hémifphère auftral. La direétion de ces deux vents forme un angle de 90 degrés , angle dont le fommet eft toujours dans l'hémifphère actuel du foleil. L'air s'accumulant éternellement vers ce fommet , n’a d’autre épanchoir que le zénith. Le fommer inconnu de cet angle fenfible , eft célèbre fous divers noms, par les calmes, les tourbillons, Pobfcurité , les pluies, les tonnerres : c'eft-là que l'atmofphère en corps va fe décharger de tout ce qui la cor+ rompt. ds même caufe produit Ls même effet par-tout. Si elle donne à la terre ce que j'appelle anneau de la terre , elle donne à Jupiter ce que les Aftro- nomes appellent les bandes de Jupiter. En parlant de Jupiter, je dirai comme pour Ja terre: Le parallèle que parcourt le foleil fur Jupiter eft le plus échauffé dans FR de Jupiter. Il eft donc le plus léger de cette atmofphère ; il eft donc. toujours foulevé par route l'atmofphère; il monte donc fans cefle au zénith , fe raréfie & fe refroidit en montant; il dépofe donc fa charge fur le parallèle du foleil, & cette charge devient un nuage, un anneau , des bandes, 588 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'anneau de Jupiter n'eft pas parfaitement continu , parce qu'il ef coupé par des montagnes, & par d’autres caufes que je ne puis difcurer en cemoment. Cet anneau ne fe déplace point , parce que le foleil y touche prefque toujours l'équateur. C’eft l'air de l'équateur qui eft éter- nellement le plus échauffé ; le plus rare, le plus lézer de certe atmofphère ; c'eit fous l'équateur que l'air monte fans cefle , qu'il dépole fans cefle routes fes parties aqueufes , un orage fans fin nirelâche. Saturne a aufli fes bandes, qu’il faut bien diftinguer de ce qu'on ap- pelle vulgairement fon anneau. Ces bandes , comme celles de Jupiter, ont toujours parallèles à un certain grand cercle que l’analogie nous autorife à prendre pour l'équateur. Je dirai donc pour Saturne comme pour la terre & Jupiter. Dans l’atmofphère de Saturne, l'air échaufté par la Chaleur du zénith ; eft foulevé par tout le refte de l'air, 8 dépofe un nuage qui entoure Le globe & le refte, Ce'nuage!, ou plutôt ce cerceau , rou- jours parallèle à lui-même & à l'équateur quelconque; va tous les quinze ans d'uh tropique à l’autre avec le foleil & comme le foleil. Mais cette ofcillation, füt-elle dégagée de routes Les circonftances qui nous la cachent, ayant pour nous que 4” dé latitüde,' ne peut être apperçue. Ce qu'on appelle anneau de Saturne , réfulre de ces mêmes caufes com- binées avec quelques autres , qui font particulières à cette planère, & que j'ai développées ailléürs, dr Hal) L'anneau que nous avons trouvé fur la terre, fur Jupiter & fur Sa- turne , fe trouve aufli dans l’atmofphère de Mars, & par les mêmes rai- ons; car Mars a toujours un cercle de latitude plus échauffé que tous Les autres , &c dont par conféquent l'air monte & dépofe toujours: Mais ce parallèlé fur Mars eft toujours l'équateur lui-même , parce que le fo- leilya peu de déclinaifon. Les bandes de Mars font donc toujours voi- fines de l'équateur. 12 ne Vénus eft trop près du foleil, pour qu’on puifle bien voir fes météores; fa torride eft trop valte, pour que fes bandes puiffent fe fixer quelque part; fon année eft trop courte, pour qu'elles aiént le temps de fe former, Mercure éftencore plus près du foleil, & fon année eft plus courte ; d’ail- leurs fa petitefle peut nous faire préfumer la petitefle de fon atmofphère , qui n’a fans doute point de météores plus apparens que l'air lunaire.- ? Ces bandes ne peuventdonc être bien tranchantes que fur la terre , Mars, Jupiter & Saturne; elles font modifiées par des circonftances de temps & de lieu , qui feront l’objet d'un Ouvrage particulier, & dont j’ai donné une ébauche dans le feptième cahier de ma Co/mogomie. Des :mouflons , des cordillères, des grandes marées fort variables, coupent & fendent ces bandes , fans jamais leur ôter leur parallélifme, leur volume , leur fitua: tion intertropique , leut noirceur (1). ; (1) Les bandes terreftres , par exemple, font interrompues à l’oueft du Pérou fut La \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389 La terre a donc un anneau comme Saturne, Il a fallu que nous vif- fions un anneau dans Saturne, pour favoir que la terre a un anneau. Mais nous ne pouvions appercevoir que fur terre la caufe de cet anneau, qui dès ce moment n’eft plus un phénomène particulier à Saturne, mais une propriété de tout le fyftème planétaire, ou plutôt un fait cofmique; car fur les quatre exemples que nout venons de parcourir, & fur les prin- cipes qui nous en ent fourni la folution, nous pourrons établir, avec la certitude nécefaire, que toute planète qui a une atmofphère, une rotation, des mers, un foleil, a aufi un anneau. Et ce fait, qui n’eft d'abord qu'une nouveauté, nous fera connoître ar-tout les équateurs des corps opaques; car ces anneaux font parallèles a l’équateur par leur effence , ils fuppofent par leur effence une rotation. Nous faurons donc que Saturne tourne fur lui-même; que fa torride eft large de 60° ; que fon atmofphère a au moins 15,000 lieues de profon- deur, puifque certains nuages y montent à cette hauteur ; qu’elle a deux régions bien diftinétes, dont la haute contient un nuage brillant, comme nos nuages Les plus élevés, & dont la bafe contient des bandes noirescomme nos nuages les plus bas. Nous faurons par conféquent que cette atmof- phère eft élaftique; que l'anneau étant moins variable que les bandes, la haute région elt moins agitée que la bafle. Nous faurons qu'il doit pleuvoir beaucoup fur Les tropiques de Saturne, puifque leur nuage même n’eft point caché par 300,000,000 de lieues, PRE IPS EE PINCE NE PONS PSE PP PS QE STEP EVENE STONE SEE TS NT EENEENE NN MENEN DEEE mm LE Eu RUE De M. Tomas HENRY, de la Societé de Londres, à M. MAGELLAN, Membre de la même Société, fur un moyen d'empêcher l'eau de La mer de fe putréfier, & fur la théorie de ce procéde, ÎL eft rare que l'on fafle, foit en Phyfique, foit en Chymie , des expé- riences entièrement inutiles; car lors même qu'elles ne fervent point à dé- la mer pacifique, par les Cordillières : elles font de même in:errompues par les Gates, par les montagnes de la Lune, par les Philippines , par les hautes chaînes , qui, felon mon Mémoire fur les vents pluvieux , rendent (erein l'air qui les a franchies. Vers Saint-Domingue, la bande nébuleufe n’exifte guère qu'après midi ; &en général, le nuage eit ordinairement plus épais, & verfe plus de pluie après-midi, parce que c’eft le moment où) Fair eft le plus échauffé ; qu'il eft plus rare, qu’il monte plus vite, qu'il dépofe davantage. Mais je ne puis faire connoître routes les altérations de temps & de lieu qu'éprouve l’anneau terreftre, avant d’avoir montré tout ce que j'ai ctu voir fur les météoresaqueux. Tome XIX , Part. I, 1782. MAI. Eee 390 OBSE RVATIONS SUR LA PHYSIQUE, couvrir ce que l’on cherche, ou à confirmer les idées qui les ont fait ten- ter , le hafard préfente des faits nouveaux , qui contribuent aux progrès des Sciences. Dans le temps où je publiai mon procédé pour préferver de la corrup- tion l'eau douce embarquée fur les vaiffeaux pour l'ufage des équipages , une perfonne qui s’étoit procuré une aflez grande quantité d’eau de mer, pour en faire prendre des bains aux enfans , vint me dire que cette eau de- venoit promptement putride, & me demander un moyen d’empêcher cette corruption. 3 © Les principaux fels que contient l’eau de mer, font, 1°.le fel marin commun, quieft compofé d’alkali minéral & d'acide marin ; 2°.un fel formé par l'union de l'acide marinavec la magnélie (1); 3°. une petite quantité de {élénite. Un gallon d’eau de mer puilé dans l'océan autour des Ifles Bri- tanniques , contient , felon le Docteur Hughens ; cinq onces neuf pennins deux grains & demi de matière faline. Si on foumer cette eau de mer à une évaporation lente , on voit le fel marin fe cryftallifer, & la magnéfie marine refter dans le réfidu , qu’on appelle eau-mère. C'eft de cette eau- mère que, par un fecond procédé , on retire le fel amer purgatif, qui porte le nom de fel d’ebfom. Le fel marin dont on a féparé le fel amer, fe trouve beaucoup plus propre à conferver les fubftances animales, que le fel gemme & celui des fources falées.On a cru fauflement que cette amer- tume n'avoit pas fon principe dans la faumure , parce que dans la fabri- cation du fel marin, l’évaporation eft fi prompte, que les cryftaux de fel retiennent beaucoup de magnéfie. En effet, le fel de magnéfie eft très - fep- tique , & diminue beaucoup la propriété qu'a le fel de préferver de la putridité. J'ai imaginé deux moyens également RER à remplir les defirs de mon ami: le premier eft de mettre la chaux dans l’eau de mer; le fecond d'ajouter encore du fel commun à l’eau de mer. Ce qui me fit penfer à employer la chaux, ce font les effets antifepriques qu’on lui connoît quand (1) Le fel qu'on nomme en Angleterre {el d’ebfom ou fel cathartique amer , ne fe tire pas en général des fontaines ou fources médicinales d'ebfom , mais de Peau - mère qui relte après la cryftallifation du fel marin. Il y a dans l’eau-mère un fel compo d'acide matin & de magnéfie ; il ne faut par conféquent, pour lui donner les vraies propriétés du fel naturel d’ebfom , que fubitituer l'acide vitriolique à l’acide marin. Pour y parvenir, on leflive quelques pyrites vitrioliques: on met une certaine quantité de cette leffive dans leau-mère épaiflie ; puis on fair calciner légérement ce mélange; evfuite on le diflout & on le laïfle cryftallifer. C’eft de ce [el artificiel d’ebfom que fetire la magnéfie Angloife, & celle-cine de- vient pas chaux vive par la calcination. Les Chymiftes peuvent s’en convaincre, en éprouvant la vraie magnéfie, telle qu'en a reçu d'Angleterre M. Mitouard, Apothi- cire (rue de Beaune, Fauxbourg Saint-Germain ). 1l a aufli de la magnéfe cal- einée, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 391 _oh en met dans l’eau douce; & il n'étoit pas moins naturel de fe fervir-de fel marin , puifqu'il eft prouvé que fi une petite dofe de ce fel hâte la pu- tréfaction , une dore confidérable la retarde. Expérience 1°, Sur une pinte (quart) d’eau de mer, j'ai mis deux gros d’eau de chaux nouvellement faite; fur une autre pinte de la même eau, j'ai mis une demi-once de fel de cuifine ; enfin, une troifième pinte a été gardée fans aucun mélange ou addition , pour me fervir de comparaifon. Les bouteilles qui contenoient ces eaux ne furent couvertes qu'avec du pa- pier, & furent expofées à l’action du foleil durant plufieurs jours, pendant le cemps le plus chaud de l'été dernier. Au bout d'environ une femaine , l’eau de comparaifon a pris une odeur très-féride ; l'eau à laquelle j'avois ajouté du fel marin , s'eft gatée pref- quant promptement ; mais l’eau où j'avois mis de la te conferva urant plufieurs mois, fans donner la moindre marque de putridité. IL me femble que tout, ou du moins une partie de ce qui eft arrivé dans ces expériences, peut s'expliquer de la manière fuivante : Je préfume que la chaux décompofe ce fel marin, le fépare de fa bafe terreufe ; ation que l’on a déjà cru reconnoître à la chaux dans quelques circonftances ; ou bien on peut penfer que En antifep- tique de la chaux dépend de ce qu’il fe forme une eau de chaux. Or, il fe produit, d’une de ces deux manières, un changement important , & peut- être défavorable. Enfin , on peut imaginer que la précipitation de la bafe terreufe , ou fa féparation d'avec le fel de magnéfie, occafionnée par la chaux, contribue à préferver l’eau de mer de la corruption. Expériences 11 & III. Si l’eau dans laquelle on a mis de la chaux eft foumile aux épreuves qu’on peut employer pour découvrir sil s’eft dé- gagé du mélange un alkali , on ne voit rien qui indique l’exiftence d’un pareil fel ; & quoique l’on fouffle dans ce mélange d'eau de mer & de Chaux , durant long-temps, l’haleine ou l'air qui fort du poumon , on n'ob- ferve ni la précipitation, ni même le nuage que ce fouffle de l'haleine oc- cafionne dans l’eau de chaux ordinaire. Il refte donc à favoir fi la terre de la magnéfie a été précipitée ou féparée de fon acide. Le Docteur Black a prouvé que la magnélie précipite la terre calcaire d'avec les acides, Par exemple, fi on mêle de la magnéfie douce dans une diffolution de terre calcaire faite par l'acide nitreux ou par l'acide marin, la terre cal- caire fera précipitée , parce que la fomme ou la force des attractions , foit entre la terre calcaire & l'air fixe , foit entre la magnéfie & l'acide, eft plus grande que l’attraction qui exifte entre la terre calcaire & l'acide, Mais fi on ajoute de la terre calcaire cauftique à une diffolution de ma- gnéfie par les acides , l’affinité de la terre calcaire avec l'acide fe trouve augmentée; l'air fixe ne l’altère pas , & il précipite la magnélie. Expérience IV. Dans une partie de FRE re réfervée pour fervir de comparaifon , j'ai mis un peu d’eau de chaux; aufli-tôt ce mélange eft Tome XIX , Part, I, 1782. M AI, Ece 2 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, devenu trouble, & il s’eft fait enfuice un précipité abondant , ce qui fut fufffant pout me convaincre, ainfi que le Docteur Eafon, qui étoit pré- fent à certe expérisnce, que nous avions découvert la manière donr agit la chaux, & pourquoi il ne fe fait point d’eau de chaux en pareil cas. Mais ayant ajouté de l’eau de chaux à un peu d’eau de mer qui avoir été préfervée de la corruption par le moyen de la chaux, nous obfervâmes que ce mélange devint trouble, & il fe fit un précipité comme dans l'expérience précédente, ce qui ébranla notre théorie ; car nous imagi- nions que la première dofe de chaux avoit été fufhfante pour précipiter route la magnéfie de l’eau de mer , & dès-lors nous foupçonnâmes que le fel marin avoit empêché la diffolution de la chaux. Diverfes occupations m'ont empêché , pendant quelque temps, de con- tinuer ces recherches; mais j'y fuis enfin revenu , & j'ai réufli, je crois, à éclaircir ces phénomènes. Expérience V. Dans une forte diffolution de fel de Cheshire,, j'ai verfé un peu d’eau de chaux; le mélange eft devenu trouble , & il s’eft féparé une terre blanche qui ne tomboit pas au fond du vafe, mais fe tenoit fuf- pendue partie à fa furface, & partie au milieu du mélange. D'où vient donc ce précipité? Eft-ce que la chaux eft précipitée par le fel? ou bien la chaux occafonne t-elle la féparation des parties qui compofent le fel commun? Expérience VI. Dans une portion de pareille diffolution de fel de Chef hire ,au lieu de verfer de l'eau de chaux, j'ai jetté quelques gouttes d'une diflolution d’aikali minéral ; les mêmes phénomènes ont eu lieu. Expérience VII. Après avoir ôté la plus grande partie de l’eau en dé- cantant, chacun de ces précipités s’eft diffous rapidement & en entier, en verfant deffus quelques gouttes d’acide vitriolique , étendu ou foible. Expérience VIII. Pour déterminer s’il fut de mêler une certaine quan- tité de fel amer purgatif dans une diflolution de fel commun, pour empé- chef que cette diflolution ne devienne de l’eau de chaux, quand on y a mis dé la chaux dans la même proportion où elle a fervi à préferver l'eau de mer de la corruption , j'ai mis dans une chopine d'eau de pluie vingt gtains de chaux vive , fept gros de fel commun , & un gros de fl purgatif amer. Il ne s’eft pas formé d’eau de chaux dans cette expé- tience; mais ils’en eft fait dans un premier eflai où j'ai mêlé la même dofe de chaux avec une chopine d’eau de pluie, & dans un fecond, où j'ai ajouté une diffolurion de fel commun, dont la matière rerreufe avoit préaliblement été précipitée par l’alkaliminéral, 8 alkali neutralité par lacide marin. HE LA Le fecond objet de mes récherches éroir de favoir fi le {ef commun de Cheshire eft fuifamment chargé de mabnéfie, pour empêcher qu'il ne fe fafle de l’eau de chaux , quand, avec la dof de chaux employée ci- 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 393 deffus, lil f trouve une once de {el de Cheshire fur une chopine d’eau. Expérience IX. Ces proportions de fel, d’eau de pluie & de chaux, ayant été mêlées , le mélange fut filtré; & la colature ayant repofé un temps fufhfant , la liqueur n’a donné aucun indice qu’elle fût chargée de chaux non-neutralifée ; mais lorfque j'ai ajouté quelques gouttes de leffive de tartre, le mélange eft devenu à l'inftant fort trouble, & a dépolé un fé- diment , qui, au lieu de difparoïtre quand j'ai verfé de l'acide vicriolique dans ce mélange, a formé avec cet acide une félénite, qui a fait un nou- veau dépôt au fond du vafe. Expérience X, J'ai ajouté cinq grains de chaux au mélange de la neu- vième expérience; & après un temps convenable, la liqueur a été filtrée, enfuite foumife aux. épreuves ordinaires , qui ont fait voir évidemment qu'elle étoit devenue de l’eau de chaux. | : Je commençai alors à préfumer que la portion de chaux ajoutée à l’eau de mer dans la première expérience, n’avoit pas été fufhfante pour préci: piter route la magnéfe d’avec fon acide, & je fis une nouvelle expé- rience. | : Expérience XI. Il me reftoit une chopine & demie de l’eau de mer dans laquelle j’avois mis de La chaux ; je mis de l'eau de chaux far une petite portion de cette eau de mer: le mélange devint trouble, &il, y eut préci- pité comme dans l’expérience précédente, sl Hay Expérience XII, J'ajoutai un autre gros de chaux; le mêlange fut filtré, mais il ne devint point trouble, quand j'y mêlai de l’eau de chaux, & il ne donna pas le moindre figne qu'il füt devenu lui-même de l'eau de chaux. | da: ) fiit 5) à L Expérience XIII. Ayant encore ajouté un autre gros de.chaux, cette fois il fe forma de l’eau de chaux ; car en y foufflant de l'air des poumons, le mélange devenoir très-trouble. RPM En Dr CNE D @ , Ainfi ; cette fuite d'expériences prouve non- feulement que l’on peut pré- ferver l'eau de la mer de corruption pour l’ufage du bain, par lé moyen de la chaux , fans faîré de l’eau de chaux, mais elle démontre encore la théorie ou l'étiologie de ce fait: enfin , elle nous apprend quelle dofe ou prôportion.de chaux-on peut mettre dans l'eau, fans'que ce mélange devienne de l’eau de chaux. tu) Il y a lieu de croire, 1°. que la chaux , diffoute dans l’eau , fait féparer la terre de la magnéfe d’avec l'acide marin auquel elle eft unie dans l’eau de mer ; 2°. que la chaux fe combinant avec cet acide , eft retenue dans Peau fous la forme de félénite marine. ‘Ainfi , dans ce mélange , l’eau perd un fel, maiselle en acquiert un autre: en mème temps que la magnélie eft précipitée par une terre calcaire cauftique , elle fe trouve dans un état femblable à celui auquel elle eft réduite par la calcination , c’eft à-dire, privée d’air fixe. J'ai prouvé, par une fuite d'expériences , que, dans cet état, la ma- 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, gnéfie eft puiffamment antifeptique (1). Comme elle eft infoluble , l’eau de mer ne forme avec elle aucune combinaifon ; la feule altération qui fe faile dans les parties qui compofent l'eau de mer, eft que Le fel marin ter- reux change fa bafe 4 magnéfie pour une bafe calcaire. On voit auffi qu’il y a des bornes à obferver , quand on mêle de la chaux à l'eau de mer; & que fi l'on pale la dofe ou proportion conve- nable , on forme de l’eau de chaux. La proportion de deux fcrupules de chaux pour une pinte d'eau de mer, quoiqu'incapable de décompofer tout le fel de magnéfie, fufñit ce- pendant pour préferver l’eau de la corruption. Ces proportions varient comme la qualité ou la force de la chaux; un gros de plus de chaux fépare, précipite toute la magnéfie; fi on ajoute encore davantage de chaux, il fe fait aufli-tôt de l’eau de chaux. Les propriétés du fel commun , comme antifeptique , font très-affoi- blies par la portion de fel de magnéfie qui y eft mêlée (2). Il eft proba- ble que la félénire marine eft moins feptique , & n’eft pas affez {oluble dans l’eau pour fe féparer durant l’évaporation de la faumure. Ainfi, dans Les fabriques de fel , il peut être utile d'ajouter de la chaux à l'eau de mer, avant de la foumettre à l’évaporation. Mais nous fommes trop peu inftruits des propriétés des fels calcaires ; pour décider avec probabilité ques doivent être Les effets d’un pareil procédé. Je me propofe cependant ’eflayer, 1°, fi l'on peut purifier le fel commun par ce moyen; 2°. de déterminer à quel degré il eft antifeptique, lorfqu'il a été traité de cette manière, & s'il eft plus antifeptique , quand il contient de la magnéfie; 3°. d'examiner fi le fel marin calcaire ou fans magnéfie, eft antifeptique par lui-même. EE (1) L’Auteur a prouvé, par des expériences , que la magnéfie blanche qui n’eft pas dépouillée de fon air fixe , eft puiffamment feptique pour les fubftances charnues ; mais qu’elle eft antifeptique pour la bile ; au lieu que quand elleeft calcinée, & par-là privée d'air fixe, elle eft très-antifeptique pour les chairs & la bile. Zoyez Herry's, ÆE Xxperiments , &c. (2) Voyez les Effais du Doéteur Percival, vol. 2, pag. 115 & 116 de l'édition de Londres, en Anglois. ske ea SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 395 QU QC MÉMOIRE Sur des Corps étrangers trouvés dans le foie d'une Poule; par M. GORCY; Doëteur-Médecin à Pont-a-Mouffon. [IF n’eft pas rare de trouver des bézoards, des égagropiles dans les pre- mières voies, des calculs, des pierres dans différentes parties du corps des’ animaux. On a obfervé des chofes fort fingulières à cet égard, foit par la groffeur ou la figure de ces corps étrangers, foit enfin par rapportaux par- ties qu'ils occupoient: mais l’obfervation que je vais rapporter eft d'une nature à mériter l'attention des Phylologiftes , par fa rareté & par la dif- ficulté de l'expliquer. Comment peut il fe faire en effet que des corps tels que de petits cail- loux : paflent à travers tous les organes de la digeftion, pour aller fe nicher dans le foie ? Malgré le flambeau de l'Anatomie, mal- gré les raifonnemens de la Phyfique , le phénomène paroïît in- concevable & prefque incroyable , fi l’obfervation ne venoit l'at- tefter. Voici le fait. Le 4 Octobre 1781, en mangeant du foie d’une peer , je fentis quelque chofe craquer fous ma dent; c'étoir un petit cail- ou, que je reconnus facilement par fa tranfparence. Etonné de trouver ce caillou dans le foie, je crus qu'il venoit d’ailleurs; & perfuadé de l'im- poffibilité du fait, je fis des recherches dans le refte du foie, afin de favoir fi je n'en trouverois pas d’autres, qui m'en rendroient plus certain. Je dé- couvris en effet le plus gros des quatre corps, que j’enverrai, & je le pris d’abord pour une pierre, Éd, en lexaminant de plus près, je vis bien diftinétement que c’étoit un noyau de cerife. J’appuyai le tranchant du couteau fur la petite dépreflion qu'ont tous les noyaux, & je le fendis en deux. L'amande n’éroit pas confervée, & il n'en reftoit que la pelli- cule. Je la Alairai ; elle répandit une odeur foible, mais aflez féride. Enfin, continuant mes recherches , je découvris encore deux autres petites pierres, qui font de nature calcaire. La furface extérieure du noyau eft légérement bézoardifée : en un mot, l’on voit que le foie de cette poule centenoit un petit filex blanc à demi-tranfparent; deux autres pierres jaunâtres & diflo- lubles par les acides ; enfin, un noyau de cerife dans toute fon intégrité. On fait que tous les volatiles avalent de petits corps femmblables pour faci- liter leur digeftion. Le plus intéreffant feroit de déterminer comment tous ces corps étran- gers ont pu fe loger dans le foie, Quel chemin ent-ils pris? Arrivés au duodénum , ont-ils remonté contre leur propre poids, dans les canaux «ho 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lédoque & hépatique , pour fe rendre au foie ? J'ai peine à le croire, vu la différence qu'il y a de la groffeur de ces corps au calibre de ces vaifleaux. C’eft cependant leur chemin le plus vraifemblable , tout autre me paroif- fant impoffible. . | J'abandonne voléntiers aux Phyfologiites plus inftruits que moi, le foin d'expliquer un phénomène qui furpafle mes lumières. Je me contente de faire Eonrioître Le fait tel que je l'ai obfervé, fans n'égarer dans des raifonnemens qui pourroient bien ne pas être felon la vérité , en attendant qe plufieurs nr femblables étant rapprochées , puiflent fournir es conjectures qui fatisfaflent les perfonnes inftruites,, fur la caufe d'un phénomène, fi étonnant. Tout ce que je fais de certain , c’eft que la poule fe portoit très-bien quand on la tuée; que le foie ne paroïfloit pas malade , quoiqu'il für, à ce qu'il ma femblé, un peu plus mol, plus délicat & plus petit qu'à l'ordinaire ; & qu'enfin tous les corps étrangers pouvoient faire à-peu-près le cinquantième de fon poids, E-X.T°R AIT D'une Lettre de M. F.FONTANA , Phyficier de S. A.R. l'Archiduc Grand- Dac de Toftane, &c., a M. G1BELIN, Doëleur-Médecin , Membre de la Société Médicale de Londres, à Aix en Provence, fur La cozverfion de l'éau en terre, Moxsieur, J’aurois mille chofes à vous dire de mes études & de mes occupations, J'ai beaucoup travaillé fur l'ércubation des œufs, pour découvrir la for- mation fuccefive ou le développement des parties de l'embryon, & j'ai trouvé des chofes originales & capables de répandre un grand jour {ur le profond myftère de la: génération. J'ai fait deffiner & colorier le tout, & le nombre des defins fe monte à plus de cent; mais je ne faurois vous dire en quel temps j2 pourrai mettre en ordre mes papiers fur ce fujet. Paffons à un autre objet fur lequel j'ai déjà écrit. Je ne vous ferai part ici que d'une feule expérience ; mais elle fufñit pour décider claire- ment que la terre qu’on trouve dans les matras de cryftal, remplis d'eau diftillée, & fermés hermétiquement , après qu'ils ont été expofés au feu pendant long-temps, provient d’une diflolution de la matière du verre, opérée BE 5 2 arret fée = + et nr a me = RES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 épérée par l'eau diftillée, & non pas de l'eau même changée en terre, commeant de Phyficiens l'ont cru. J'ai expofé au feu de fable un petit matras de fix pouces de haut , dont le ventre eft d’un pouce de Ace: & qui pefoit 3 onces 17 grains & + de grain, J'y ai introduit de l’eau qui avoit été diftillée quatre fois avec la plus grande attentien, & chaque fois dans des vaif- feaux neufs. J'ai repefé le matras , & il pefoit alors 3 onces 72 grains & =. Je l'ai aufli-tôt fcellé hermétiquement , fans perte de fubftance ; car il pefoit après cette opération 3 onces 72 grains + exaétement de même qu'auparavant. L'eau renfermée dans ce matras étoit donc du poids de 55 grains? Après quatorze mois de feu continuellement appliqué jour & nuit, j'ai trouvé quil y avoit dans Le matras une matière blanchâtre , comme une pâte un peu ferme, qui avoit peine àglifler, quand je penchois le ma- tras, J'ai repefé ce vaifleau dans cet état, & je l'ai trouvé un peu aug- menté de poids , mais feulement d'une fraction de grain. J'ai ouvert en- fuite le col du matras tout au haut, fans perte du cryftal; jy ai adapté une petite cornue , que j'avois auparavant pefée avec foin, & que j'ai bien lutée, & j'ai procédé à la diftillation à un feu très-lent. Quand elle a été: finie , j'ai de nouveau pefé la cornue , & je l'ai trouvée augmentée du poids de $2 grains —. Cette augmentation étoic due à l'eau claire & limpide qui avoit pañlé dans la cornue. Il y avoit donc un déficit d'environ 3 grains à d'eau, qui s'étoit vraifemblablement perdue dans la diftillation. J'ai dé- taché du fond du matras , petit à perit, & avec beaucoup de difficulé, la terre qui étoit reftée à fec. Je me fuis fervi pour cela d'une petite fpatule d’argent à taillant émouflé, qui n’a rien perdu de fon poids dans cetre opération, & j'ai retiré du matras par ce moyen 43 grains = de pouflière crès-fine, J'ai pefé alors le matras conjointement avec le morceau que j'a- vois détaché de fon col, & je l’ai trouvé précifément du poids de 2 onces $50 grains. Îl étoit donc diminué d'environ 43 grains, qui étoientle poids de la terre que j'en avois retirée. [l y avoit encore dans le matras quelques veftiges de terre blanche fortement attachée à fes parois; mais à force de le laver avec les acides minéraux, je fuis parvenu à J'en dépouiller entié- rement, Le matras avoit alors perdu encore un grain + de fon poids. L’in- térieur du fond du matras étoit poli, tranfparent, égal par-tout, & il étoit tel, même dans tous les points d’où j'avois détaché la terre par le, moyen des acides. Je déduis de cette expérience , qui eft très-certaine , les vérités fuivantes : 1°. Que larerre qui fe trouve dans les vaiffeaux fermés qu'on a expofés à un feu long-temps continué, ne provient point de l’eau qui ait changé de nature. F 2°. Qu'elle ne vient point d'une terre que l'eau tienne naturellement en diflolution , & qui en foit précipitée par l’aétion du feu. Tome XIX , Part. I, 1782. MAI. FFF 3 98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 3°. Qu'elle eft compofée de la matière du matras même, 4°. Que l'eau diffout Le cryftal dans ces circonftances. 5°. Que la diffolution fe fait, fans que le matras devienne raboteux & perde de fa tranfparence. : 6°. Qu'au moyen d’un feu continué plus long-temps, le matras pour- roit parvenir à n'offrir qu'une pâte ferme & prelque sèche. © 7°. Que certe terre ef filiceufe , ainfi que je m'en fuis affuré par des expériences dire@es, & ne fait point effervefcence avec les acides. Le dernier corollaire feroit de montrer le peu de cas qu'on doit faire de tant d'expériences qu’on a publiées depuis Boyle jufqu'à M. Achard pour prouver que l’eau fe change en terre, & des hypothèfes de ces Philofophes, qui trouvent des transformations par-tout , parce qu'ils n'examinent rien d’une manière convenable & fuffifante. Je me propole de publier les autres réfultats, de mes travaux fur certe matière, & fur-tout les obfervations que j'ai faites fur l'eau renfermée dans des vaiffeaux de cryftal de roche, & dans un tube d'argent très-pur, J'ai retiré de l'acide phofphorique des os des poiffons, & particulière- ment des vertèbres du thon.... Les bornes d'une lettre ne me permettent pas de vous en dire davantage. Je fuis, &c. Florence, le 25 Novembre 1781, A LETTRE De M. CaArNUS, Profeffeur de Phyfique, fur les Eudiomètres & l'effet du for des Cloches dans les orages, Monstreur, Depuis la découverte des gaz, on juge communément de la falubrité de l'air atmofphérique par la plus ou moins grande diminution qu'il éprouve avec le gaz nitreux: mais ce moyen eft-il bien exact? ne feroit-il pas poflible qu'un air plus dangereux à refpirer , éprouvât plus de dimi- nütion dans l’eudiomètre, qu'un autre air beaucoup moins dangereux ?, Eft-il bien prouvé , par exemple, que l'air qu'on refpire dans une falle où fe trouvent raflemblés pêle-mêle toutes fortes de malades, attaqués fou- vent de maux qui fe communiquent avec la plus grande facilité ; foit plus SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 falutaire que celui des Salles de Spectacles? Pour moi, Monfieur, je fou- baiterois bien ardemment que cette aflertion für démontrée ; mais je ne puis m'empêcher de dire que je la crois peu conforme à la vérité. Je con- viens que le premier air, celui des Hôpitaux, HAE ordinairement avec le gaz nitreux plus de diminution que Le fecond : mais la conféquence qu'on en tiré ne me paroît pas bien déduite; & pour établir mon fen- timent , il fufhroït de faire attention qu'une mefure de gaz déphlopiltiqué, imprégné de quelques atômes peftilentiels , feroit très certainement un fluide très-dangereux à refpirer, puifqu'il pourroit communiquer une des maladies les plus terribles. Cependant, à s'en tenir à l'épreuve du ge ni- treux, on le jugeroit fürement beaucoup plus falubre que l'air ordinaire, Le gaz nitreux peut fervir cout au plus à faire connoître la quantité plus ou moins confidérable de fubftances hétérogènes , unies avec un volume donné d'air atmofphériqué , maïs non point à indiquer fa falubrité, Je dis tout au plus, car je ne crois même pas qu'on puille tirer cet avantage des eudiomètres ; c’eft à dire, que, fuivant ma manière de voir, un air qui guet de diminution avec le gaz nitreux , peut cependant contenir plus dé fubftances étrangères à fa propre nature , qu'un autre air qui éprou- véroît moins de diminution; feulement les matières unies avec le pre- mier air feront différentes de celles que le fecond tiendra en diffolution, & ces matières pourront aufli être différemment combinées. Que de faits toute la Chymié ne me fourhiroit-elle pas, pour faire fentir la vérité de cette dernière idée, fi c’étoit-là l'objet que je me fuis propofé dans cette Éettre ! Mais je nai pas oublié, Mol, que mon but eft de vous ex- ee mes doutes fur la manière de juger, par l'eudiomètre, du degré de onté que peuvént avoir différens airs. Je penfe donc que, quand bien même D PRNPLE connoître, par le gaz nitreux , la pureté de l'air, ou le nombre de parties aëriennes conte- nues dans un volume donné de fluide atmofphérique , ce que je crois faux, la falubrité du Auide que nous refpirons n’en feroit pas meins in- connue. En effet, pourquoi n’en feroit-il pas de l'air tout comme de l’eau, dont on ne peut eftimer la bonté, qu’en connoiffant non-feulement la quan- tité, mais encore la nature des matières qu’elle a diffoutes? Ainfi, par exemple , perfonne n’ignore qu’un verre d’eau diftillée, unie à une once de fel marin , ne feroit pas fort dangereufe à boire ;au lieu qu’un verre de la même eau, qui auroit diffous feulement un grain de fublimé corroff, Se La beaucoup plus pure que la premiere, feroit un poifon violent. ourquoi air ne pourroit-il pas aufli fe charger de fubtances plus ou moins dañigereufes , de corpufcules morbifiques , &c., dont le degré d'in- fälubrité ne fera pas du toût indiqué par le gaz nitreux? Il eft très-für que leudiomètre ne peut pas nous faire connoître combien un air eft ou n'eft pas propre à entretenir la combuftion des corps, j'en trouve la preuve dans l'excellent Ouvrage de M. Sigaud de la Fond, fur différentes efpèces Tome XIX , Part, 1, 1782. MAI, FFF 2 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'air, Cet illuftre & favant Phyfcien , qui jouit de la réputation la plus dif tinguée , la mieux méritée & la plus univerfelle, & à la bonté duquel je me fais gloire de devoir en grande partie le peu de Phyfique que je fais, rapporte (page 100) que de l’air pris à la ventoufe de la Comédie Italienne, n'éprouva dans la jauge que <= de diminution, tandis qu'un réfidu d'air fixe ou gaz méphitique , mêlé à parties égales avec le nième gaz nitreux, fubit une diminution de -* (page 194); d'où l’on peut conclure , avec toute évidence, qu'un air qui éprouve plus de diminution dans l'eudiomètre, n’en eft pas pour cela, du moins généralement, plus PU à l’entretien de la combuftion , puifque , comme tout Je monde fait, les bougies s'éteignent dans les réfidus de gaz méphitique, fouffrant une diminution de 7, fuivant M. de la Fond, & qu’elles fe confervent très- bien dans un air qui ne diminue que de = , tel que celui dont parle le même Savant ( page 190). Qu'’eft-ce qui nous affurera qu'il n’en eft pas de même par rapport à l'entretien de la vie des animaux ? On convient aflez généralement que l'air joue un rôle à-peu-près femblable dans la refpiration & dans la combuftion ; & peut être fi l'on avoit introduit deux fouris également vivaces, l’une dans l'air pris à la Comédie Italienne, & l'autre dans un même volume de réfidu de gaz méphitique , auroit-on trouvé que la première auroit vécu plus long temps que la feconde : c'eft du moirs, ce me femble, le meilleur moyen, moyen très équivoque néan- moins, de confirmer ou d’infirmer les réfu'tats donnés par l’eudiomètre. Je dis moyen très- équivoque, foit à caufe de la différente conftiturion des fouris ou autres animaux dont on fe fert pour faire ces expériences, foit fur-tout parce qu'il pourroit bien fe faire qu’un animal i écüt plus long-temps dans un petit volume d'un air moins falubre , qu'un autre animal, également bien conftitué, nevivroit dans un volume égal d’un autre air plus falubre, C'eit, Monfieur, une vérité que je développerai dans une autre Lettre, 2 ! Je fuis, &c. Rhodez , le 27 Juillet 1781. P. S. Me ferat-il permis, Monfieur , de vous prier d’inférer aufli dans votre Journal la queftion fuivante: Toutes chofes étant d’ailleurs égales, éff-il plus à craindre qu'un clocher foit frappé par la foudre, lorfque l'on y Jonne pendant un orage , que f? Ton n’y fonnoit point ? L'ufage de fonner dans les temps où Le tonnerre gronde , eft très-enraciné dans ce pays-ci. De quelles bonnes raifons pourroit-on fe fervir auprès de ceux qui connoiffert un peu les phénomènes électriques, pour leur faire voir clairement que cette pratique eft non- feulement iautile, mais même dangereufe ? bis. à Dares CE SUR L'HIST. NATURELLE'ET LES ARTS. 40t a BA TN SD AR TL\yE,.S: ! qe bains d'Arles en Rouflillon , qui avoient été jufqu'ici prefqu'impra: ticables , par le mauvais état de leurs bâtimens , viennent d’être réparés par les foins de M. Raymond de Saint-Sauveur , Intendant de la Province! Les malades y trouveront aujourd'hui toutes fortes de commodités, foit pour le logement, foit relativement à l’ufage des bains; & quelques unes des commodités qu’on'y a pratiquées ne pourront qu'en favorifer les effets: ils pourront y réunir l'ufage des bains , des douches & des bains de vapeurs, L’utilité de ces baïns dans un grand nombre de maladies eft prouvée par l'analyfe qui en a été faite par MM. Wenel & Carrere, & par les obfervations muültipliées de ce dernier. On peut confulter à ce fujetle Trairédes Eaux miné- rales de la Province de Rouffillon, par M. Carrere: on y verra combien les bains font utiles dans les rhumatifmes , les douleurs rhumatiques, les paralyfies, les douleurs & les plaies invétérées , les plaies d'armes à feu, les maladies. de Ià peau, &c. Les malades pourront y réunir l'ufage intérieur des eaux, par fa découverte qui a été faire depuis peu d'une nouvelle fource, d’une cha leur beaucoup inférieure à celle des bains, & abfolument analogue ‘aux eaux de Barège. Le Roi , pour y multiplier les fecours que les malades peu- vent defirer, vient de créer un Intendant de ces bains, & a nommé à cette place M. Companyo , Médecin à Ceret en Rouflilion, qui réfidera aux bains pendant la faifon des eaux. NOUVELLES LITTÉRAIRES.. N UVEAU PRIX extraordinaire propofè par L'Académie Royale des' Sciences , pour l’année 1783. (Ce Prix fera annuel. ) Un Citoyen qui defire de refter inconnu , a fait préfenter à l'Académie le Mémoire qui fuit: -.« Mefieurs , tandis qu'on applaudit au fuccès des Arts, tandis qu’on # admire les prodiges rouveaüx dont ils embelliffenr & éntichiflent jour- » nellement la Société, on ignüte! où plutôt on oublie qué prefque toutes » leurs opérations font mal-fäines & meurtrières. Il en fau peu que Le 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » dénombrement des différentes claffes d'Ouvriers ne foit une lifte de » victimes, nee « Carrier, Platrier, Chaufournier , Briquetier, Tuilier, Tailleur de pier- wres, Verrier, Miroirier , ou du moins, Ouvrier qui mec au teint; Doreur » fur métaux, Peintre Broyeur de couleurs , &c. Foulon , Cardeur, Tifferand, » Tanneur, Corroyeur, Chapelier, Buandier , &c. Crioleur, Blutier, Saunier, »Bralleur, &c:, Amidannier , Chandelier , Potier de Terre ; &c. Ouvriers qui y» creufent les puits , vuident les foffes d'aifances ,enterrent Les morts , &c.Tous » les Ouvriers employés à tirer les: métaux des mines , 6 la plupart de ceux, » qui Les travaillent, 6c. # Dans toutes ces Profefions, la matière extraite ou fabriquée s'atté- ». nue où fe volatilife , s’infinue dans Le corps humain, & y porte des par- » ticules arfénicales, fulfureufes , métalliques , vénéneufes, &c. ou des » molécules incilives, où une poufière qui attaque les poumons , ou un » air corrompu, efpèce de mouflerte arrifcielle. » Lorfque la décompofition de la matière n’eft pas pernicieufe, les Ou- » vriers périffent, ou par l’action exceilive du feu , ou par une fituation for- » cée & continue, comme les Tai/lewrs, les Tireufes des Ouvriers er. » Joie, Ec. » Souvent la nature des travaux occafionne des morts violentes ou des ».accidens funeftes, Tel. eft le fort des gens de peine, qui font forcés de » porter des.poids excellifs., de ceux qui {ont placés au-deffus des meules ».mues avec.une grande viteile, de ceux qu'on enferme dans des roues, # pour y. imprimer, par leur poids & par leur marche;, un mouvement de » rotation, &c. j » Les moins malheureux des Artifans. contraétent des infirmités graves, » comme Ja foibleffe ou la perte de la vue, &c. è » Quel trifte réfulrat de l’induftrie! Nos bâtimens font cimentés avec »idu fang, nos vêtemens.en font teints , nos plailirs- en fontinfeétés ; il n’eft » point de jour où la richefle n'ordonne des meurtres, & la vie humaine » eit mife à prix comme un effet commerçable, Cependant, parce que le » fpeétacle de la mort n’eft pas préfent, parce qu'on peut fe prévaloir de » l'ufage (cette excufe des ames foibles) , on croit n'être pas inhu- »” main. e Û © » Sitels étoient l’ordre naturel &indifpenfable des chofes , & la malheu- » reufe condition de l'humanité, que pour jouir il fallût facrifier fes fembla- ».bles; quel homme-pourroit, fans rougir & fans frémir, fatis faire àce prix » fes befoins, fes goûts, fes plaifirs ? Mais que penfer d'une Nation célèbre: 2 para douceur de fesmœurs, faite pour la Société , pour s'affecter & pour ».aimer fes. femblables? que penfer de ces barbares inftruits & polis, qui, » fans.rien perdre de leurs jouiffances, peuvent en prévenir leseffets fu- ».neftes, & cependant, méprifent ou négligent de tels. foins?,, | » Qu'on fupplée les hommes par des machines , qu'on les remplace par SUR L'HIST. NATURELLE (ET LES ARTS. 403 » des animaux , qu’en éloigne le travailleur de l'objet, qu’on facilite fon » action par des inftrumens , qu’on emploie des préfervatifs contre des im+ » prefions mal-faines ou des accidens funeftes; après quelques frais & quel- » que temps confacrés à l'invention ; à l'eflai, à la perfeétion de méthodes » nouvelles, on verra le danger de plufeurs vrofeffions cefler , où du » moins diminuer ; peut-être même, fi des intérêts fecondaires peuvént être » comptés après de fi grands intérêts, peut-être bientôt les ouvrages fe- 2 ront plus Ris & moins difpendieux, L’humanité ordonne la recherche » de tels expédiens , le bien de l'Etat l'exige, la raifon indique la poffibilité: >» du fuccès: déjà plus d’un exemple l’a prouvé ; cependant perfonne en- » core n'a fait d’une télle étude fon objet principal, + » On vous propofe, Mellieurs , de fonder un Prix annuel en faveur d'un » Mémoire ou d'une expérience qui rende les opérations des Arts mécani- »# ques moins mal-faines ou moins dangereufes, » L'Académie fera connoître chaque année quel: doit être l’objet du » Mémoire ou de l'expérience; & le premier Prix fera donné dans l'Affem- » blée publique d’après Pâques 1783. » On déftine à certe fondation une, fomme de: 12,000 liv., qui fera » placée dans le nouvel emprunt en rente viagère, fur la tére du Roi & 2 fur celle de Monfeigneurcle Dauphin, & les intérèts ferviront à payer »une Médaille qui formera le Prix», L'Académie ayant accepté, avec la permiflion du Roi, & d’une voix unanime; la donation du. Citoyen eftimable , Auteur de ce: Mémoire : Elle propofe enconféquence pout.le premier Ptix de ce genre, qu’elle donnera l'année prochaine-1783 ; confiltant en une Médaille de 10801., le fujet fuivant ; favoir: De déverminer La-narure: & les caufes des maladies! auxquelles font expofes les Doreurs au feuiou fur métaux; € /2 meilleure manière de les préferver de ces maladies , foit par des moyens phyfiques , foit’ par des moyens mécaniques (1). - L'Académie s'eft. déterminée pour ce fujet, parce qu’illa déjà occafionnié quelques tentatives; que le: peu de remps'accordé aux Savans qui con- courront , ne comportoit pas un fujet qui demandât des recherches plus multipliées ; que les Mémoires pourront fournir des connoiffances utiles , même pour plüfieurs autres Artiftes; enfin, parce ane les objets fur lefquels s'applique cette dorure au feu , font aujourd’hui {1 nombreux , & forment une branche de commerce fi confidérable , qu’ils multiplient tous les jours les victimes de:cer Art, fi: nuifible:à ceux qui le pratiquent: Les Savans & Attiftés de toutes les Nations func invités à travailler fur (1) On peur confultér le Mémoire-de M. Tingry, far les moyens dé préferver Les Doreu s envpiêces de montres’, des pernicieux effers du mercure réduit en vapeurs , \u= féré dans notre Journal de Novembre 1777, page 403. 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : ce fujet, & mème les Aflociés étrangers de l'Académie. Elle s’eft fait une’ loi d'exclure les Académiciens regnicoles, de prétendre au Prix. - Ceux qui compoféront font invités à écrire en François ou en Latin, mais fans aucune obligation: ils pourront écrire en telle langue qu'ils vou- dront, l'Académie fera traduire leurs Mémoires: :: Les Ouvrages ne feront reçus que jufqu'au 15 de Février 1783 , exclufi- vement : ce terme eft de rigueur. L'Académie , à fon Affemblée publique d'après Pâques 1783, procla- mera la Pièce qui aura mérité ce Prix (a). Prix extraordinaire prôpofé par l'Académie Royale des Sciences | pour o l'année 1783. L'Académie avoit accordé Le titre de fon Ingénieur en inftrumens de: - n Mathématiques à feu M. Langlois , comme au premièr Artifte du Royaume en\ce genre ; elle l’avoit accordé de mêmeà M, Canivet fon neveu , qu'elle’ avoit regardé comme l'héritier des talens de fon oncle! 1 - À la mort de ce dernier , plufieurs Artiftes fe foht empreflés de deman- der ce titre vacant ; mais l’Académie a cru devoir en faire l'objet d’un’ concours, & le réferver à celui des: Artiftes nationaux & regnicoles qui lui préfenteroit le meilleur Quart de cercle de trois pieds de rayon , garni de: toutes les pièces. qui peuvent fervir a le rendre d'un ufage Jér & commode, & accompagné d'un Mémoire contenant le détail des moyens qui auront-été em- ployés pour Le confiruire. LE jugement ide l'Académie devoit être proclamé à l'Affemblée publique de la Saint-Martin 1777 ; mais aucun dés inftru-’ mens préfentés n'ayant rempli les conditions du concours, l'Académie a cru devoir remettre Le Prix, & ouvrir un autre concours , aux mêmés con- ditions, Quoique parmi les quarts de cercle qui ont été préfentés pour ce fecond . concours ; , l'Académie ‘n’en ait trouvé aucun qui ait rempli fuffam- ment l'objet: principal qu’elle s’eft propofé , elle a cru néanmoins devoir? (r9 More des Auteurs du Journal. Quoique nous ignorions le nom du Donateur, nous fommes certains, & autérifés à dire que C’eft la même perfonre qui a donné , il y a deux ans, un fonds de 11,000 liv. à l’Académie des Sciences, pour des objets relatifs aux Sciences on aux Arts, & dépendans du choix de certe Compagnie. C’eft aufli le même Citoyen qui,a donné récemment à l’Académie Françoife un fonds de 12,000 1. , : pour récompen{er tous. les ans lOuvrage de, Litrérature le plusiutile au bien de l’huma- nité, &un autre fonds de 12,000 liv. pour récompenfer tous les ans un aéte de vertu exercé dans la claffe du Peuple, &-dans la Ville ou Banlieue de Paris, ce-qui fait en" tout 48,000 liv. données en deux ans par la même perfonne aux! deux Académies, , pour des objets utiles de différens genres. La Nation & l'humanité doivent à ce géné- eux Citoyen une égale reconnoïffance, accordet SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40ÿ accorder la moitié du Prix, c’eft-à-dire, une fomme de 1209 I. à la Pièce n°, 1, dont l’Auteur eft M. Magnié , Ingénieur en inftrumens de Mathématiques. L'Académie regardant l'exactitude des divifions comme l'article le plus effentiel à remplir dans les conditions du Prix qu’elle avoit propofé, s’étoit réfervé d'accorder le titre de fon Ingénieur en Mathématiques, & les douze autres cents livres, faifant l’autre moitié de la fomme du Prix, à l'Auteur qui , dans un nouveau concours , auroit le mieux rempli les con- ditions annoncées ci-deflus, & notamment celle qui concerne l’exacti- tude des divifions , fans laquelle il n’eft point poffible de faire un ufage utile des quarts de cercles aftronomiques. Les pièces qui ont été préfentées à ce troifième concours n’ont pas en- core rempli, d'une manière fatisfaifante, cette dernière condition, que l'Académie a déclaré devoir être regardée comme effentielle, Elle a donc réfervé éncore une fois le titre de fca Ingénieur en Mathématiques, & la moitié du Prix, pour être l'objet d'un nouveau concours; & en même temps, elle a accordé l’autre moirié du Prix à la Pièce n° 1, dont l'Au- teur eft le même M. Magnié, de l'Académie de Dijon, Ingénieur en inf- trumens de Mathématiques. L'Académie a cru devoir porter à 1200 liv. le nouveau Prix qu'elle propofe, & confacrer à cet objet la première année de la fondation qu’elle a reçue en 1781 , du zèle éclairé d'un ami des Sciences & de la Patrie , qu'elle regrette de ne pouvoir nommer. Elle a regardé les encouragemens donnés à l’Art de faire des inftrumens & de les bien divifer, comme importans pour les progrès des Sciences & “pour l'intérêt public. Ce n’eft pas que l'avantage d'enlever à l'Angleterre cette petite branche de commerce foit bien confidérable , ou que la Na- tion Françoife ne puifle fe pafler de ce genre de gloire : mais il importe plus qu'on ne croit communément aux progrès des Sciences Phyfiques, que les Savans qui emploient les inftrumens habitent le même lieu que les Artiftes qui les exécutent; & d’ailleurs l'Art de conftruire les inftru- mens qu'emploient les Savans avec le degré de précifion qu'exige l'état actuel des Sciences, ne peut fe perfeétionner, fans que les inftrumens def tinés aux opérations journalières de la Marine, de l'Arpentage & des dif- férens Arts ne faffent des progrès proportionnés. Les Ouvrages feront reçus jufqu'au 1°* Mai 1783 inclufivement; mais le concours fera ouvert , & les Pièces préfentées feront examinées depuis la publication de ce Programme jufqu’audit terme. Les Ouvrages qui vien- dront après ne feront point admis au concours. Les Inftrumens & les Mémoires feront remis entre les mains du Secré- taire de l’Académie, qui, après en avoir enregiftré la préfentation , en donnera un récépiflé, & fe chargera de Les remettre aux Commiflaires Tome XIX, Parc. I,1782, MAI, Geg \ 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nommés par la Compagnie. Ils feront rendus aux Auteurs après Je juge= ment du Prix. L'Académie , à fon Affemblée publique de la Saint-Martin 1783, pro- clamera , dans la forme ufitée, celui auquel elle adjugera le titre de fon Ingénieur en [nftrumens de Mathématique , & un Prix de 1200 liv. def tiné à le dédommager de fes avances. Prix de Phyfique propofé par l'Académie Royale des Sciences ,. pour l'année 1733. L'Académie fe trouvant à portée de difpofer d’un fonds fuffifant pour donner un Prix tous les deux ans, a réfolu, en 1777, de joindre un Prix de Phyfique aux Prix de Mathématiques qu’elle eft dans l'ufage de décer- ner annuellement, Parmi les différens fujets de Prix, elle a cru devoir préférer ceux qui non-{eulement tendoient à éclaircir quelque théorie, mais qui pouvoient en même temps être utiles à la pratique des Auts & fubvenir à leurs be- foins. Les matières falines font un grand objet de commerce , parce qu’elles font d'un grand ufage dansles Manufaétures; & comme , malgré les tra- vaux & les découvertes de plufeurs Chymiftss modernes fur Le horax € le Sel fédatif, i reft: encore beaucoup de connoiffances effentielles à acqué- rit, principalement fur la nature & la compofition du /e/ Jédatif, lAca- démi: propofe en conféquence , pour le fujet de fon Prix de Phyfique de l'année 1764; 1°. De faire un examen chymique du borax , du fel fédatif, & de la terre du borax brut des Indes; 2°. De faire artificiellement, s’il eff poffible , du borax ou du [il fédatif, ou quelqu'autre matière faline qu'on pit enploy:r auffi avantageufement que le borax , dans les Arts, & [ur tout pour La foudure des métaux ; 3°. De rechercher s’ilexifle du [el Jédarif naturel, ailleurs que dans l'eau du lac de Morte-Rotondo, ez lrulie , dans laquelle on en a deja fuit la dé- couverte. L'Académie fentant la difficulté de répondre, d'une manière entière- ment fatistaifante, à toutes Les queftions qu’elle propofe fur le borax & fur le fel fédatif, déclare que fi, parmi les pièces qui lui feront envoyées, il fe trouve quelque bon Mémoire qui contienne des faits nouveaux & des obf-rvations importantes, la circonftance que l'Auteur n’auroit dirigé fes recherches que fur une partie des objets énoncés, n'empêcheroit pas qu’elle ne lui déc-rrâr le Prix, Ce Prix fera de : oo liv. L'Académie proclamera la pièce qui l'aura métité , dans fon Aflembléc publique de Pâques 1784. Mais, comme elle £ x | À , LL > j nas Le Er CR à pl re dédie die ingatmlhare > F | À « SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 fe propofe de vérifier les faits & les obfervations qui lui feront communi- qués, & fur lefquels elle exige, par cette raifon, tous les détails nécef- faires, les Mémoires ne feront reçus, pour le concours , que jufqu’au 1° Novembre de l'année:17824 .. Les Savans deitoutes les Nations font invités à travailler fur ce fujet, même les Aflociés étrangers de l’Académie. Elle s'eft fair La loi d’exclure les Académiciens regnicoles de prétendre aux Prix. ; Ceux qui compoleront font invités à écrire en François ou en Latin. Prix extraordinaire propolé par l'Académie Royale des Sciences", pour s\l'année. 1783. : Le Roi defirant augmenter dans fon Royaume la fabrication des fels alkalis , & procurer à fes Sujets de nouvelles lumières fur une opération fi importante pour le commerce, a jugé utile de faire de certe opération le fujet d'un Prix, & a bien voulu, par une lettre du Miniftre de fes Fi- nances , charger l'Académie des Sciences de propofer ce Prix, & de le juger. L'Académie s'eft empreflée de remplir les vues du Roi, & de répon- dre à laconfance dontil l’a honorée. Ellea confidéré que les alkalisemployés dans nos plus grandes Manufactures | & qui font fi néceflaires à différentes branches de commerce , font diftingués en deux clafles, à raifon de leur origine & de quelques propriétés différentes; l’un eft l'alkali marin ou mi- néral , contenu dans le fel de mer , dans le fel gemme, dans le fel des fon- taines falées, &-dans plufeurs plantes maritimes, tels que les foudes, les falicots, les vareks , les goëmons, & autres qui les fourniflent par une ef- pèce de, combuftion &,calcination; l'autre eft l’alkali végétal que l'on tire des bois, de la fougère, des lies de vin, des marcs de raifin, & autres matières végétales, après les avoir réduites en cendre, . Les Verreries: les Faïanceries, les Blanchifferies , Les Savonneries , les Teintureries, peuvent employer indifféremment dans leurs travaux les deux fortes d’alkalis; ils fe combinent Jun & l'autre avec le fable pour former le verre, les frites , les émaux, avec les huiles & les graiffes pour faire tes: fayons; ils fervent également à. fouler Lis dräps, à blanchir les toiles : g'eft La facilité plus ou. moins grande que l’on peut avoir à fe procurer ces fortes de fels, qui feule en détermine le choix pour ces ufages. Les Sayonniers-de Marfeille emploient la foude qu'ils -tirenc de l'Efpagne & de l'Égypre; ceux de Lille préfèrent.la potafle qui leur vient de Suède. A Paris on emploie la foude pour les leflives. Les Blanchifleries de Flan- dressfe. fervent des vedafles ou paraffès tirées de Suède, de Pologne, de uflie; le nord de l'Amérique en fournit aufli beaucoup. On n’a pas le même choix pour la fabrication du falpêtre. L'alkali minéral ne; peut-pas-y être employé, parce qu'il forme avec l'eau de nitre Tome XIX, Part. [,1782, M À 1. Ggg 2 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un fel qui s’humecte trop facilement à l'air, & qui parlà même doit être exclu de la compofition des poudres de guerre. Ce feul objet entraîne une grande confommation d’alkali végétal ; mais nous ne pouvons pas efpérer de balancer de long-temps l'importation des potaffes étrangères, eu égard à la plus grande abondance & à la moindre confommation des bois dans les climats feptentrionaux, beaucoup moins peuplés & moins induftrieux que nos Provinces, Ii faudroit donc s'appliquer principalement à multiplier en France la produétion ou lextraétion de l’a kali minéral , pour faire baiïfler en même temps les prix de ces deux fels, en diminuant la concurrence des Fabri- ques qui les confomment,. On peut y réuflit par différens moyens : on pourroit cultiver, choifr & brüier fur les côtes de nos Provinces méridionales, les bonnes efpèces de ioude, Feu M. Antoine Jufieu , à fon retour d'Efpagne, a donné quelques inftruétions fur cette matière dans les Mémoires de l’Académie pour l’année 1717. On pourroit peut - être encore plus avantageufement tenter la dé- compofition du fel de mer, pour en féparer lalkali minéral qui lui fert de bafe , & le mettre à nud. Plufieurs Chymiftes ont indiqué des métho- des pour y réuflir ; mais la plupart font très-difpendieufes , & difficiles à pratiquer en grand, De toutes les produétions du Royaume, une des plus faciles à multi- plier davs nos Provinces maritimes , eft celle du fel marin. Les eaux de la mer, échauffées par le foleil, le répändent avec profufion fur les côtes de France , au point qu’elle pourroit en fournir l'Europe entière. Ces réflexions ont fait bel à l'Acadétiié qu'un des meilleurs moyens de répondre aux intentions du Roi, étoit de fixer , pour fujet du Prix que Sa Majefté veut bien accorder, la queftion fuivante: Trouver Le procédé le plus fimple & le plus écomomique pour décompofer en grand le [el de mer, en extraire Palkali qui lui fert de bafe dans fon état de pureté, dégagé de toute combinaifon acide où autre, fans que la valeur de cet alkali minéral excède le prix de celui que l'on tire des meilleures foudes étrangères. à - Le Prix fera de 2400 liv. Les Savans de toute Nation font invités à travailler fur ce fujet , même les Affociés étrangers de l’Académie; elle s’eft fair une loi d’en exclure les Académiciens regnicoles. Les pièces pourront être écrites en Latin ou en François, & ne feront plus admifes pailé l'époque de Pâques 1783. Prix propofe par le Collège Royal des Médecins de Nancy, fur les Eaux potables. Ë Dans l'ordre des agens phyfiques, généraux ou communs qui influent Los. | t SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 fur la fanté des hommes, les eaux douces potables ont mérité de tout temps une attention particulière de la part des Médecins. Les Modernes ont ajouté peu de chofe à ce qu’en avoient dit les Anciens. Prefque tous, depuis Æippocrate e font copiés fur cet objet, foit dans leurs Ouvrages diécétiques, foit dans leurs Traités, aujourd’hui crès-multipliés, de aere, docis & aquis. On fenc bien qu'une telle tradition fucceflive de connoiffances, prefque purement rationnelles , fur les qualités génériques des eaux , ne fufht pas, non plus que l’obfervation purement empirique & fouvent 1folée de leurs effers particuliers , pour former cette partie de l'Art; il faut encore une étude - pratique , éclairée pour la Chymie, & fpécialement fondée , à ces deux égards, fur la comparaifon faite en grand des différentes eaux pota- bles, dans les différens pays , & relativement aux divers foyers de leur filtration, de leur écoulement, de leur ftagnation , &c. Cette étude pourroit fournir une des Dränches les plus importantes de la Chymie diététique. IL exifte déjà quelques recherches faites felon certe double vue, On trouve dans le fecond volume de la Société Royale de Médecine, un Mémoire qui contient des obfervations & des expé- riences nouvelles fur les eaux potables en général , & qui trace en quel- que forte le plan des recherches ultérieures à faire fur cet objet, pour éta- blir de plus en plus la diftinétion effentielle des eaux potables , faines &e mal-faines, C'eft l'Aureur de ce Mémoire (1} qui a fourni au Collége Royal le fujet du concoars qu'il propofe , & le Prix qui y eft attaché, Il s’agit de réfoudre les queltions fuivantes. Première Claffe. Quelles font, dans les eaux de neiges & de glaces, dans celles des fols craycux & gypfeux , les qualités qui confituent effen- tiel'ement leur infalubrité? Quels rapports & quelles différences y a-t-il entre ces quatre fortes d'eaux douces, relativement à leur compofition chymique & à leurs effets diérétiques? Pourquoi toutes les eaux qui con- tiennent de la craie ou du gyple, pourquoi toutes celles qui proviennent dés neiges & des glaces fondues ne font-elles pas mal-faines ? Pourquoi les deux premières , fi différentes, à plufieurs égards, des deux autres , pro- duifent-elles des -ffts analogues? Seconde Claffe. Quel eft le degré de leur influence, ou commune, ou telative, dans la produétion de certaines maladies populaires ou endémi- ques, & notammenr des gouétreufes écrouelleufes & rachiriques? Cette influence e’ifte t-elle aufli pour la clafle des affeétions calculeufes & gout- teufes > Peut ondécouvrir par-là quelqu'analogie, quelque dépendance, entre les aitérations du fyftéme glanduleux, lymphatique, & celles du 1 (1) M. Thouvehel, Agrévé honoraire du Collége de Médecine de Nancy, & Affouié-regnicole de la Société de Médecine de Paris. 410 :OBSERVATIO NSSUR LA PHYSIQUE ,: fyftème, offeux & articulaire L'impreffion. mal-faifante de ces différentes eaux potables , s'exexce-t-elle dans le travail de la chilification , ou bien dans celui des fécrétions , foit muqueufes & nutritives, foit rerreufes & excrémentirielles ? > ; … Commeil eft difficile que les Savans qui voudront s'appliquer à:ce Con- cours intéreflant , fe trouvent à portée d'examiner les différentes efpèces d'eaux défignées , 8 d’eri obferver les effets fur Le- peuple, on admertra les Mémoires qui ne-traiteront que d'une feule, efpèce d'eau, ou de plu: fieurs dans lemême continent. On diftribuera autant de Médailles , de-la valeur de, cent éçus chacune , qu'il y aura d'Ouvrages dignes de les obte- pis, au jugement des Commiflaires nommés par le Coliége: Royal. 1 Ces Mémoires feront adreflés francs de, port; fuivant -les ufages ordis naites des Concours Açadémiques ; 4. M., H4RMANT , \Préfident. du. Cole lége Royal des Médecins de; Nancy. On demande qu'ils foient-fendus pour le premier de Mai: 17845 &-k8 Prix fera proclamé à la rentrée de La Saint- Martin. fuivanté, lp 1 «sup inv sl Le but dé- ce contours rentre dans le plan général des: travaux de [a Société. Royale.de Médecine de Paris; -dont le Collége de Nancy sem preffera toujours de feconder Le zèle. Le fujet propolé pouvant-intéreffer toutes les Nations; il fera.libre à tous Les Savans d'envoyer des Mémoires ; pourvu qu'ils foient écrits:eh François ou en Eatin, ou bien que, les Au- teurs fe chargent de les, faire traduire dans l'une:dé, ces deux Lan« guess. ii Lo: { : sv Ta 2 1 oué M Prix.propofépar la Société Royal de Médecine, dans [4 Séance-publique , «tenue. au £ouvre le Mardi19 Février 1782 + v LE 25h 2ellaoanrsh \'é di ait (Sy La Société propofe, pour fujer, d'un Prix dela, valeur de.400. Liv. , la queition fuivante:,{rdiquer quelles font. les Maladies. qui, règnent le plus ouvert, parmi les Troupes.. pendant L'été ,. Gen général dans: les temps des grandes chaleurs ? quelle efl la méthode la plus funple.& la moins. dif; pendieufe de les traiter ? & quils fons les moyens d'en) prévemir.ou d'en, dis minuer Les effets dans les pays très-chauds, comme dans les; lfles du Vens & fous le Vent,?, je ; OL SRI É Dans, un Programme publié en 1780. la Sogçiété avoit demandé deg renfeignemens {ur les maladies auxquelles les ,Troupes font le plus expos fées pendant l’automne ; le nombréides Mémoires ENVOYÉ: au CONCOuTS a été fi grand, & la Compagnie.en a été fi fatisfaite., que le Prix. & l'Acceffit ont été partagés... nues Mais Ce fuccès l'a engagée à propofer aujourd’hui une queftion qui peur être regardée comme une fuite dela première, On doit la confidérer fous deux rapports; 1°. la nature & le traitement des maladies qui.règnent dançiles pays & dans les temps chauds'en général, feront.l'objer des recherches SUR:L'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. qu des Concurrens ; la chaleur peut. être combinée avec la fécherefle ou avec Fhumidité, & les vapeurs font: elles-mêmes de différente nature; 2°, des maladies meurtrières enlèvent annuellement un grand nombre d'hommes dans ies Colonies chaudes de l'Amérique, On defire fur-tout que les pris cipes généraux établis fous le premier rapport, foient appliqués au f:cond, “& qu'il en réfulte des confeils uriles.fur la, manière de prévenir les dangers auxquels les Troupes du Roi font CARO dañs ces climats. La méthode préfervative a principalement, dans des cas de cetre riature, un grand avantage fur la curative , qui ne doit cependant pas être népligée. MM,Aes Chirurgiens-Majors font invités à concourir. Ce Prix , dû à la bienfai- fance d'un Militaire diftingué , fera diftribué dans la Séance pubiique du premier Mardi de Carème. 1784 Œuvres complettes de. M. le Chevalier HAMILTON, Miniffre du Roi d Angleterre à la Cour de Naples . &c. &c. ; commenuées par M, l'Abbé GIRAUD SOULAVIE. Paris, chez MOUTARD ; Imprimeur-Libraire, rue des. Mathurins, Hôtel de Cluny, 1781. Nous ne pouvons rendre un, meilleur compte. de cet Ouvrage , qu'en tranfcrivant ici le rapport. que les Commiflaires. de l'Académie en..ent ‘porté. H° : vo opt: 3 ÆExtrait des Regiftres de l'Académie Royale des Sciences, du premier : Septembre 17811 AO * : « Nous, Commiffaires nommés par l’Académie , avons examiné un :# Manufcrit , intitulé: Œuvres complertes de M. le Chevalier Hamilon, æ Minifire de la Cour de Londres près celle de Naples,,, &c. ; commentées æ par ÎM.l Abbé Soulavie ». CEE Cet Ouvrage , comme le titre l’annonce, doit êrre confidéré fous deux points de vue; 1°. comme une nouvelle édition d'un Ouvrage, connu; 2°, comme .un Commentaire {ur FOuyrage même. fui Nous allons en donner une idée à l’Académie, en le! confidérant fous ce double rapport. | | .… Comme nouvelle édition , cet Ouvrage renferme inon-feulement: les obfervations faites fur,les. éruptions ultérieures du: Véfuve, qui ne fe -trouvent pas dans la belle édition in-folio , mais encore les idefcriptions .que M,leChevaliér Hamiiton nous a données des volcans éteints.des en- virons du Rhin. près dé Bonne & de Coblentz , dont la traduétion n’a - : voit, pas encore paru en Françoiss &.c'eft d'après la réunion, dé, ces diflérentes obfervations de l’Auteur {ur des xpleans, ‘que l'on a donné à cette nouvelle édition Le. titre d'Œuvres complettes de M. le Chevalier ‘Hamilton. Le mérite de JOuvrage étant bien:,.connu du. Public, les gi2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Phyfciens & les Naturaliftes ayant approuvé les defcriptions exactes & circonftanciées de ce grand Obfervateur du Véfuve, nous croyons qu'il feroit inutile de nous arrêter à en parler; nous paflerons tout de fuite au travail de M. l'Abbé Soulavie , ou à fon Commentaire fur cet Ou= rage, L'objet principal qu'il fe propofe eft de comparer les obfervations téfultantes de l'examen des volcans éteints de la France méridionale, avec celles que l'on a faites & que l’on fait encore aujourd'hui fur les volcans brülans d'au-delà des Monts; de réunir fous un même point de vue les defcriptions des plus anciens volcans dela France avec celles d'au- delà des Monts actuellement brülans ; de comparer les phénomènes que l'on obferve à ce fujet au bord dela mer, à ceux qui s'obférvent encore fur les plateaux fupérieurs des plus hautes montagnes du Vivarais , dont la bafe eft élevée quelquefois, felon M. l'Abbé Soulavie , de mille toifes ou aux environs au-deflus du niveau de la mer, Enfin, fon but eft de raflembler & de rapprocher ainfi les phénomènes & les obfervations fi éloignées les unes de autres par les diftances & par le temps, afin de pouvoir en tirer quelques conclufions immédiates & générales. Pour remplir fon but , il fuit pas à pas l'Ouvrage de M. Hamilton, qu'il ‘commenteipar une fuite de notes qui répondent aux points les plus impor- tans de cet Ouvrage, Nous D bre lions pas de les faire connoître en détail; cela nous meneroit trop loin: nous nous contenterons d’en faire ‘connoître quelques-unes des principales. Il paroît conftant que dans les environs du Véfuve & du Mont-Etna, le pays eft très-fertile ; la végétation & le vin d’une qualité fupérieure à ce qu'il eft dans les autres HE du Royaume de Naples ou de la Sicile. «M. l'Abbé Soulavie dit, dans fa note 12, qu'on obferve la même chofe dansles terreins volcaniques de la France méridionale. : Il remarque, dans la note 14, où il traité des courans de laves, que ces courans font quelquefois refondus par des courans de laves fupérieures ; d’où il réfulte, felon lui , des formes prifmatiques dans les laves inférieures plus régulières, les degrés de refroidiffement fe trouvant mieux gradués par-là , & produifant en conféquence une retraite plus régulière des parties conftituantes. | Ilinfifte, dans la note 16 , furune obfervation intéreffante , fur l'homo- généité des laves du Mont-Etna , du Véfuve, & de celles des volcans éteints de la France méridionale. Il penfe en conféquence que les laves des anciens volcans & des modernes, de ceux qui font fous la mer & de ceux des continens , des volcans qui font fitués fur des roches calçaires, & de ceux qui font fitués fur des roches granitiques, ne diffèrent entr'elles de par des accidens, & nullement par le fon] , Ja lave étant par-tout errugineufe , fufble, attirable à l'aimant, inattaquable par les trois acides, & faifant feu avec le briquet, &c, &c, M. l'Abbé AP PTT ee De Po SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 M. l'Abbé Soulavie remarque , dans la note 23, que fi l’on trouve aux environs des volcans brülans de l'Italie & de la Sicile des eaux ther- males , minérales, ferrugineufes & vitrioliques , on en trouve aufli dans les environs des volcans éteints de la France méridionale ; que fi on y trouve des émanations méphitiques, les volcans éteints offrent aufli bien fouvent des foupiraux , d'où émane une vapeur gazeufe de même nature ; il rappelle même à ce fujet, dans plufieurs de fes notes, les obfervations u’ila faites fur les vapeurs méphitiques du Vivarais. Après les différentes notes , il en vient aux conclufions qui lui paroif- fent réfulter des obfervations & des comparaifons qu’il a faites ; & comme elles font encore mieux connoître la nature de fon caraétère , nous en rapportons quelques-unes, pour que l’Académie puifle mieux juger, 1°. Quelques laves du Mont-Mezin, volcan élevé de mille toifes ( ou aux environs) au-deflus du niveau de la mer, & les laves fous-ma- rines du volcan de Brefcou, font , felon l'Auteur, analogues & fem- blables. 2°, On trouve le même rapport & la même analogie, felon M. l'Abbé Soulavie, entre les laves des volcans éteints les plus anciens & les laves compactes du Véfuve, “ 3°. Les laves du volcan du Coiron, fitués fur un fol granitique & fchifteux, font encore, felon lui, analogues entr'elles. Il enconclut, 1° que les volcans produifent les mêmes matières, foit u'ils foient au niveau de la mer, ou qu'ils foient fort élevés au-deflus & ce niveau, 2°. Que les montagnes granitiques & calcaires où fe trouvent plufeurs de ces volcans, n’en font que les cheminées (fi cela fe peut dire), & nulle- ment Les foyers où fe trouve leur feu. 3°. Que le feu de ces volcans a produit dans les temps anciens, comme de nos jours, des fubftances homogènes. Enfin, en parlant des volcans qui font fous la mer, il prétend que l'air atmofphérique ne peut nourrir leur feu, comme nos feux factices ; il s’ap- puie fur ce que ces volcans font fous l'eau de la mer; qu'ils forment de nouvelles ifles , qui s'élèvent du fein des eaux ; & comme il ne trouve point ici des courans d'un air libre, pour entretenir ce feu, & produire tous ces effets, & que fi le foyer de ce feu avoit quelque communication au dehors , il feroit fubitement inondé d’eau , il infifte fur ce que leur feu doit être nourri & entretenu par quelqu’autre caufe que par notre air at- mofphérique. Tes font en abrégé les obfervations & les réfultats des comparaifons ue fait M. l'Abbé Soulavie des volcans éteints à ceux qui brülent, & de anciens aux modernes, Sans garantir les faits adoptés danscet Ouvrage, & fans adopter les Tome XIX, Parc. 1, 1782. M A1. Hhh 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, conclufions que l’Auteuren tire (1), nous penfons, que comme il renferme plufieurs obfervations & remarques intéreffantes , l'Académie peut lui ac- corder fon privilége pour l'impreflion. Fait dans l'Académie Es Sciences le 1° Septembre 1781. LE Ror, ADANsON. Je certifie Le préfent Extrait conforme a l'original & au jugement de l'Aca- demie. A4 Paris , ce 1° Septembre 1781.Le Marquis DE CONDORCET , Secrétaire perpétuel, Profpeëtus d'ur Ouvrage intitulé : De Relatione mutuà capacitatis & ter- minorum figurarum Geometricè confideratà; feu de maximis & mini- ris. Pars prior Elementaris. Savoir, fur la dépendance mutuelle de la grandeur des Figures @ de leurs limites, confidérées géometriquement ; ou première partie élémentaire d'un Traité des Maxima & minima; par S1- MON L'HUILIER, Citoyen de Genève, Cum Figuris , in-4°, Warfoviæ, Leopoli & Drefdæ, Typis & fumptibus M. GR6LL, Cet Ouvrage eft deftiné à fervir de fuite aux Elémens de Mathémati- ques que l’Auteur a compofés pour l'éducation publique en Pologne, d'a- près l'invitation & l'approbation de l’illuftre Commiflion établie pour cet important objet. Quoique ce Traité, pris dans fa totalité, ne puifle pas fervir de bafe aux leçons publiques dans lefquelles on eft obligé de reflerrer les fujets, & d’infifter fur ceux dont Les applications font les plus fréquentes & les plus immédiates , il eft recommandé par l'illuftre Com- miflion aux Profeffeurs & Maîtres foumis à fon infpection, de le regarder comme un fupplément important au cours qu’il leur eft prefcrit de fuivre; & comme un moyen de fortifier dans les élémens , & d'introduire aux parties fublimes les jeunes gens que leur goût & leur capacité porteront à faire une étude plus approfondie des Mathématiques & de leurs applica- tions. Cet Ouvrage , qui contiendra environ trente feuilles & fix planches, eft imprimé à Warfovie , fous l'infpection de F'Auteur , fur du beau pa- pier , & a dû fortir de la prefle en Février 1782. Les Amateurs des Sciences Mathématiques, qui n’auroient pas l’occafñon de mander cet Ouvrage de Warfovie même , ou de Léopold &e de Drefde , peuvent s’adreffer aux Li- braires de Léipfic pour la prochaine Foire de Pâques. Le format eft in-4°. ordinaire ; mais on en atiré aufli un certain nombre d'exemplaires en grand in-4°. , fur du tiès-beau papier encadré, pour les Amateurs des belles éditions. tt (x) Selon lufage ordinaire & l’efprit de PAcadémie. ° SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS 415 Cours de Myologie , peint & gravé enacouleurs naturelles par M. GAU- THIER DAGOTY ; Ouvrage exécuté fur Le choix des meilleures Tables Anatomiques , comparées à la Nature, pour former une explication pré- cife de toutes les parties du corps humain ; expliqué par M. JADELOT, Profeffeur d’ Anatomie & de Phyfiologie de la Faculté de Médecine en l'Univerfité de Nancy , & Membre de plufieurs Académies. Cette partie importante de l’Anatomie contient trente planches, de vingt pouces de hauteur fur quinze de largeur. Il y en a quinze qui repré- fentent les mufcles au naturel , & quinze pour fervir d'explication. Les deux premières, qui fervent de frontifpice à l'Ouvrage , repréfen- tent Apollon & Vénus. Ces deux figures nues, fans être indécentes, font de la plus grande beauté ; elles offrent & donnent à connoître toutes les parties extérieures du corps humain. Elles ont été exécutées d’après le deflin de M. Girardet , premier Peintre du Roi de Pologne, Duc de Lorraine & de Bar. ÿ Les huit fuivantes expofent les détails de toute la Myologie, Les quatre autres font confacrées à la petite Myologie de la face, de l'os hyoïde, du larynx, du pharynx, des yeux , des oreilles, des mains & des pieds, de grandeur naturelle. La quinzième repréfente le diaphragme , les mufcles des parties hon- teufes, & ceux de l'anus. Cette riche Collection , reçue favorablement des Médecins , des Chirur- giens, des Phyficiens & des Amateurs ( puifqu'elle les difpenfe de raffem- bler à grands frais les Traités publiés fur le même fujet ), avoit été portée au prix de 90 liv. de France; mais pour en accélérer la vente, & faci- liter aux Curieux les moyens de l'acquérir, on la laiflera à 24 liv. de France. Ce rabais confidérable , auquel on ne pouvoit s'attendre , eft occafonné par l'achat qu'en a fait un Particulier à la mort de l’Auteur de cette en: treprife. , Ceux qui defireront s'en procurer, s'adrefferont au fieur Hœner , Impri- meur Libraire , rue Saint-Dizier, à Nancy: on aura foin d’affranchir les lettres; ou à Paris, chez Didot, Imprimeur de Monsieur , & Libraire, quai des Auouftins. . Confidérations fur les Montagnes volcaniques, par M. COLLINI, Secrétaire Intime & Direëteur du Cabinet d'Hifloire Naturelle de S. À. S. Elettorale- Palatine & de Bavière, Membre de La méme Académie & de celle de L’Inf- siut de Bologne , &c. Gc., avec une carte & une planche en taille-douce , qui concernent les montagnes ; brochure in-4°. de 78 pages. Prix , 2 Liv. À Paris , rue & Hôtel Serpente. Nous rendrons compte inceffamment de cet Ouvrage intéreffant. 416 OBSERVATIONS SUR L'4 PHYSIQUE, &c} FABLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. F IN du Mémoire fur le Baromètre nouveau inventé par M. MAGELLAN ; Membre de la Société Royale de Londres, Ec. Page 341 ANALYSE de la Compofition de la couleur, dire Prune de Monfieur ;par M. Pr- LATRE DE ROZIER , Chef du premier Mufée autorife par le Gouvernement, Jous la proteëlion de MONSIEUR G de MADAME ; premier Profeffeur de Phyfique & de Chymie de la Société d'émulation de Rheims, &c. ; lue à l’Académie Royale des Sciences | Le 29 Juillet 1780. 356 MÉMOIRE fur le Mammouth , animal du Groënland, dont on trouve des offemens & des dents énormes en Europe , en Affe & en Amérique ; par M. P. DE LA COUDRENIERE, 363 EXTRAIT d'un Mémoire fur la Struëlure des Cryflaux de Grenat, pre- Jénté à l’Académie Royale des Sciences , & approuvé par cette Compagnie le 21 Février 1781 ; par M. l'Abbé HAUY , Profeffeur de l'Univerfité au Collège du Cardinal le Moine. 366 MÉMOIRE fur les Dénominations Chymiques , la néceffité d’en perfeëlion- ner le fyflême, & les règles pour y parvenir ; par M. DE MoRVEAU. 370 LETTRE à M. DE LA TOURETTE , Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Lyon , par M.BERTHOLON DES 4INT-LAZARE , © Membre de plufieurs Académies ; fur les Paratonnerres afcendans &-defcendans de la Ville de Lyon, 382 DES Anneaux Planétaires, par M. D'UCARLA. 386 LETTRE de M, THomas HENRY, de la Société de Londres, a M. MA- GELLAN, Membre de La méme Société, fur un moyen d'empécher Peau de la mer de fe putréfer, © [ur la théorie de ce procédé. 389 MÉMoIRs fur des Corps étrangers trouvés dans le foie d’une Poule; par M, Gorcy , Doëteur-Médecin à Pont-a-Mouffon. 39$ EXTRAIT d’une Lettre de M.F,FoNTANA , Phyficien de S. A.R. l'Archi- ducGrand-Duc de Toftane, Ec., a M. G1BELIN , Doëleur-Médecin, &c. fur la corverfion de l'eau en terre, 396 LETTRE de M.CARNUS, Profeffeur de Phyfique, fur les Eudiomètres & l'effer “du Jon des Cloches dans les orages, 398 Bains d'Arles. 4OI Nouvelles Lutéraires, Ibid. APPROBATION. ’ax lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle & fur les Aris , &c.; par MM. Rozier & MoncEz Le jeune, &c. La Collection de faits importans qu'iloffre périodi- quement à fes Leëeurs , mérite l’accueil des Savans ; enconféquence, j’eftime qu'on peut en psrmetre limprefion, À Paris, ce 18 Mai 1782. VALMONT DE BOMÂRE. FR LA are L ÿ te . EN Tr | JOURNAL DE PHYSIQUE. | j| JUIN 1782. | NOTICE Des EXPÉRIENCES ELECTRIQUES faites par M. ACHARD , de l'Aca- démie Royale des Sciences de Pruffe, de l'Impériale des Curieux de la Nature, & de l'Eleéorale d'Erfurtt, &c., adreffée a M. MAGELLAN. L A diftance du corps qui abforbe le fluide électrique au corps dont il le reçoit , infuant beaucoup , tant fur la quantité de matière électrique dont il fe charge , que fur la viteffe avec laquelle il l’attire , & certe différence entre la quantité & la vitefle de l’abforprion fuivant l'éloignement des deux corps, pouvant dépendre en partie is leur figure; en forte que deux corps conducteurs , de différentes figures , qui , à la même diftance du corps éleétrifé , abforberoient la même quantiré de fluide éleétrique , produi- roient à une autre diftance un effet oppofé ; je crus qu’il falloir commen- cer par déterminer la quantité de matière électrique que des corps .con- duéteurs de différentes figures abforbent, lorfqu'ils font placés à des diftan- ces différentes, mais connues, du corps éleétrifé. Je fufpendis dans cette vue un cube de laiton à un conduéteur qui recevoit, au moyen d’une bouteille de Leyde , l'électricité d'un globe de verre; & après avoir joint à cet appareil l’éleétromètre harmonique dont j'ai donné la defcription dans le premier volume des Ouvrages de la So- ciété Phyfique de Berlin, j'électrifai jufqu'à ce que l'éleétromètre refta im- mobile, Le degré d'électricité qu’il indiquoit alors étoit le plus grand de. gré que je pouvois donner au conducteur. Ce degré eft variable , & dé- pend de l'air; ileft plus grand lorfque l'air eft moins conducteur , & moindre lorfqu'il eft plus perméable à la matière électrique. Afin de déter- miner Le temps dans lequel l'électricité fe perd & eft abforbée par l’air qui entoure tout l'appareil, je ceffai de courner le globe, lorfque le pendule de l'électromètre reftoit immobile , & commençai à compter de.ce mo- ment les vibrations d'un pendule qui indiquoit les 7 d'une feconde , juf- qu’à ce que l'électricité füt perdue , ou du moins fi foible, que l'extrémité du fil auquel la boule de L'éleétromèrre, qui pefoit ;; de grain étoit atta- Tome XIX, Part, I, 1782 JUIN, Lii 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chée, ne füt plus qu'à la diftance de + de ligne de la règle de laiton qu'il touche dans toute fa lorgueur lorfque l'éledicité eft nulle, ‘De cetre-manière,, je déterminai: + 1°, Le plus grand degré d'électricité polfible que je pouvois communi- quer dans chaque temps donné aa conduéteur. 2°. Le temps qu'il faut au conducteur pour qu'il perde fon électiicité, Karrangement des différentes pièces de l'appareil & des corps qui l'en- tourent reftant le mème, & la conftitution de l'air, fuivant laquelle il elt plus ou moins o:iginairement électrique, ne chang:ant pas. Pour faire cette détermination, qui fert de bafe à routes Les expériences faivantes, & de l'exa@itude de laquelle dépendent toutes les conclufons qu'on peut en tirer, il faut faire attention aux plus petitescirconftances, J'ai trouvé!, par exemple, que Le plus grand degré d'électricité que le conduéteur peut recevoir, & le temps pendant lequel il Le conferve, eft très différent , lorfque la conftitution de l'air refte la même, mais qué les perfonnes qui font dans l’appartement où fe font ces expériences chan- gent de place, Une chaife qu'on mer à une autre place , une porte ou une fenêtre qu'on ouvre, produit le même efft, J’ai même fouvent obfervé une différence très-fenfible , lorfqu'une perfonne avoit pris la place de Fautre, ce qui né peut provenir que de la différence ertre la facilité avec laquelle différentes perfonnes conduifent le fluide électrique, & de leurs vétemens , qui peuvent être plus ou moins conducteurs. Les différences qu'on découvre très bien au moÿen de l’éleétromètre dont j'ai fait ufage, ne feroient pas feufibles fi l’on fe fervoit des éleétromètres ordinaires, parce qu'ils windiquent les degrés d'électricité que foit imparfaite- ment, Expérience I. Le plus grand deoré d’éle&ricité que je pus donner au conducteur, étoit tel, que le perdule de À de grain fut élevé à un angle, dont la corde avoit 23 lignes; & par conféquent la force élec- trique comparée à celle de la gravité, eft exprimée 311,929 de grain. Le pendule qui fervoit à déterminer le temps pendant leq'el le conducteur confervoit l’éle&ricité, fit 109 vibrations avant qu’elle füt perdue. Après avoir donné au conducteur toute l’éleétricité dont il pouvoit fe charger , je plaçai aufli vite qu'il me fut poflible, fous le cube que j'y avois utendu , un cône de laiton, dont la pointe étoit fort Ne fa bafe avoit un pouce de diamètre, & fa hauteur perpendicula re du fom- met à la bafe étoit de 17 pouces. Au centre de la bafe du cône, j'avois fait fouder un fl de laiton de deux pouces de longueur , qui fe terminoit en une vis; en forte que je pou- vois le fixer fur un perit cube de laiton, qui empêchoit qu'il ne tombar, & le fourenoit toujours dans une fituation verticale. J'avais placé ce cube fur un guéridon de bois, par le milieu duquel. il paffoit un fil-de-fer qui touchoit le-plancher, & fur lequel repofoit le cube qui foutenoit Le # 71 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 fil de laiton attaché au centre de la bafe du cône; ce fil de fer fervoit à décharger la matière électrique du cône , à mefure qu'il en abforboit. En faifant glifer le guéridon fur une planche que je pouvois élever & baif- fer à volonté , au moyen de quatre vis, je pouvois dans un FAR le fommet du cône fous le milieu de la A du cube , & cela à différen- tes diftances connues. Voici maintenant les réfulrats de ces expériences. 1°. La diftance du fommet du cône à la bafe du cube étant de © de pouces l'électricité f perdit entièrement , après 23 vibrations du pen- ule. 2°, La diftance du cône au cube étant de = pouce, le conducteur per- dit toute fon éledricité , après 30 vibrations. 3°. La diftance étant de + de pouce, le conduéteur fat épuifé, après 45 vibrations. Û 4°. Enfin la diftance étant d'un pouce, l'életricité du conduéteur de- vint nulle, après 60 vibrations. Expérience II, Le plus grand degré d'électricité que l'appareil pût acquérir, & Le temps qu'il falloit pour que l'électricité fe perdit naturel- lement , étant comme dans l'expérience précédente , je plaçai le cône à différentes diftances du condu@teur, avant de l'électrifer ; enfuite je Félec- trifai, jufqu'à ce que le pendule de l’éleétromètre reftât immobile; je céffai alors de faire tourner le globe, & mefurai le degré d'électricité & le temps dans lequel elle fe diflipa , le cône reftant toujours fous le cube. Je trouvai de cette manière : 1°. Que La diftance du fommet du cône àla bafe du cube étant de = de pouce, Le degré d'électricité éroit de 39,309, & elle fe perdit après 24 vibrations d'un pendule, dont chaque vibration duroit pendant ? de feconde. 2°. La diftance érant d'un demi-pouce, le plus grand degré d'électricité que je puffe donner au conducteur étoit de 50,666, & fa durée de 30 vi- brations du pendule, 3°. La diftance étant de © de pouce , le plus grand degré d'éle&ri- cité que le conducteur püt acquérir étoit de 56,332, & elle fe foutinc pendant 4ç vibrations. © 4°. Ladiftance étant d’un pouce, je ne pus donner au conduéteur qu'un degré d'éleétricité de 79,553, qui fé perdit dans 60 vibrations. 5°. La diftance étant de ? de pouce, le plus grand We d'éle&ri- cité que l'appareil püt recevoir étoit de 109,424, & elle dura pendant 74 vibrations, S Expérience IT. Je répétai l'expérience précédente; le plus grand de- gré d'électricité que je pufle donner à l'appareil , lorfque le cône n'é- toit point fous le cube, étoit tel, que la corde de l'angle , l'élévation du pendule de l’éleétromètre, qui pefoit + de grain, avoit 25 lignes, & Tome XIX , Part, I, 1782. JUIN, lii2 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par conféquent le degré d’éleétricité étoit de 353,517: elle fut entières ment perdue après 281 vibrations du pendule, Je trouvai: à 1°. Que la diftance du fommet du cône à la bafe du cube étant de 3 de pouce, le plus grand degré d'électricité que je pufle donner au con- duéteur étoit de 39,309 ; l'électricité fe foutint pendant 27 vibrations, du pendule, . 2%. Que la diftance étant de = pouce, le plus grand degré d’éle&ri- cité que l'appareil püt acquérir étoit de 82,488 , & elle dura pendant 72 vibrations. 3°. Que la diftance étant d’un pouce, le plus grand degré d'électricité que le conducteur püt recevoir , étoit de 140,722, & fa durée de 15 vi- rations. 4°. Que la diftance érant de 15 pouces , le conduéteur ne put acquérir qu'un degré d'électricité de 221,161, qui ne fe foutint que pendant 182 vibrations. 5”. Que la diftance étant de 2 pouces, le plus grand degré d'électricité de l'appareil fut de 236,86$ , & elle dura pendant 213 - vibra- tions. j 6°. Que La diftance étant de 25 pouces, le degré d'électricité que je ps donner au conducteur étoit de 270,299 , & fe perdit après 225$ vi- rations. 7°. Que la diftance étant de trois pouces , le conduéteur acquit un degré d'électricité de 353,517, égal à celui qu’il acquit lorfque le cône n’étoit point fous le cube, dont la durée ne fut cependant que 258 vibrations, par conféquent de 23 vibrations moindre que fans cône, Expérience IV, Le plus grand degré d'électricité que je parvins à don- ner au conducteur étant de 376,316, & fa durée de 461 vibrations , je plaçai le cône à la d'ftance de 25 pouces du cube ; l'appareil ne prit alors qu'un degré d'élettricité de 283,649, & après 414 vibrations, elle fut entièrement perdue. Expérience V. L'électricité que je pus donner au conducteur éoit feule- ment de 173,972, & [a durée de 18$ vibrations, Je mis le cône à la diftance de 2 pouces du milieu de la bafe du cube, & trouvai que l’ap- pareil ne pouvoit recevoir alors qu’un degré d’éleétricité de 67,900 , qui ne fe foutint que pendant 1$5 vibrations, En comparant les réfultats de la première & de la feconde expérience , l'on voit que le temps pendant lequel le conducteur refté éle@rifé , eft le même , foit qu’on lui donne le plus grand degré d'électricité qu’il peut recevoir , avant de placer le cône fous le cube, ou bien qu'on mette le cône fous le cube avant de l’élec- trifer: d'où il fuit que route la matière élect:ique dont on charge un corps au-delà de celle qu’on peut lui donner, lorfqu'un autre corps conducteur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41% abforbe fon électricité , eft épuifée dans un inftant par l'approche de ce conducteur. I! paroît encore, par les expériences dont je viens de donner le détail, que plus Le corps conduéteur eft éloigné du corps éleétrifé dont il abforbe le Auide électrique , plus il lui faut de temps pour labforber , & qu'àune certaine diftance cette abforption devient nulle, I! doit y avoir une loi conftante entre la quantité de fluide électrique abforbé par un corps de la méme figure & fa diftance au corps électrifé, Cette loi doit pouvoir être exprimée par une fonction de la diftance, & repréfentée par une courbe , dont les ordonnées & les abfcifes expriment le rapport de la diftance à la quantité de fluide électrique abforbé : mais ce n’eit qu'après un grand nombre d'expériences faites dans différens temps & dans différentes circonftances, qu'on peut efpérer de pouvoir détermi- ner cette loi, qui, lorfque nous la connoîtrons , nous mettra en état de rendre raifon de beaucoup de phénomènes électriques que nous ne pou- vons point encore expliquer. En faifant quelqu'attention à la quantité du fluide électrique abforbé à des diftances plus ou moins grandes du conduéteur, mais dont les différences font ies mêmes, l'on verra que les différences entre les quan- tités de Auide éleétrique abforbé, diminuent à mefure que l'éloignement au conduétrur devient plus confidérable. Enfin , il fuit encore des expériences précédentes, que plus le degré d’éleétricité que le conduéteur pourroit recevoir , lorfque le cône n'éroit pas fous le cube, eft grand , & plus fa durée eft confidérabie, plus auffi il faut , les autres circonftances reftant les mêmes, de temps au cône pour épuifer le conducteur, ; Dans la vue de déterminer l'effet de, plufeurs pointes, je fis faire une laque circulaire de laiton, que je viffai au moyen d’un fil de laiton fixé à fon centre au même cube de laiton fur lequel j'avois viffé le cône dans les expériences vrécédentes. Ce fil avoit la même longueur que celui qui éroit attaché au cône, en forte que la plaque éroit à la même diftance du cube que celle à laquelle avoit été le cône. Une circonftance que je re= marque , parce qu'elle n’eft pas indifférente, & peut beaucoup influer fur les expériences; cette plaque avoit le même diamètre que celle qui fervoit de bafe au cône , c’eft à-dire, 1 pouce; elle étroit percée de neuf trous, dans lefquels je pouvois viffer autant de pointes dont chacune avoit 15 pouces de longueur , d’une figure conique ; en forte que le diamètre de Ja bafe d: chaque pointe avoit environ 1 ligre. Je plaçai cette plaque avec une feule pointe fous le milieu du cube qui étoit fufpendu au Edaétene & qui recevoit, au moyen d’une bouteille de Leyde, l'électricité d'un globe de verre ; j'obfervai quel étroit le plus grand degré d’éleétriciré que je pouvois donner à mon appareil , & dans combien de temps l’électri- cité {e perdit, 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Expérience VI. La plaque n'étant pas fous le cube, le pendule de l'électromètre formoit en s’élevanc un angle, dont la corde avoit vingt- fix lignes. Ce pendule pefoit + de grains : donc le degré d'électricité étoit de 376,316 , & elle fe perdit entiérement, après 46 1 vibrations du pen- dule dont j'ai fait ufage pour les expériences précédentes, En plaçant alors la plaque avec la pointe à différentes diftances du milieu de la bafe du cube; je trouvai: 1°. Que lorfque la diftance entre l'extrémité de la pointe & la bafe du cube éroit de + de pouce, je ne pouvois pas communiquer la moindre électricité au conduéteur. 2°. Lorfque la diftance étoit de + pouce, le plus grand degré d'élec- tricité que:je pus donner au conducteur étoit de 56,382 , & elle fe per- ditaprès 3$ vibrations. . 3°.-La diftance étant de 1 pouce , fs plus grand degré d'électricité que le conduéteur pouvoit recevoir étoit de 124,863, & elle fe perdit après 126 vibrations. 4°. La diftance étant de 1 pouce, je ne pus communiquer à l'appareil qu'un degré d'électricité de 153,759 , & elle ne dura que pendant 160 vibrations. 5°: La diftance étant de 2 pouces , le conduéteur ne prit qu'un degré d'électricité de 173,972, qui fe perdit entiérement après 360 vibra- tiens. 6°. La diftance étant de 2° pouces, je ne pus communiquer au conduc- teur qu'un degré d’éle@ricité de 228,930 , & elle ne fe foutint que pen- dant 342 vibrations, Expérience VII. L'appareil prit un degré d'électricité de 370,474, lorfqu'il n'y avoit rien fous le cube , & elle fe foutint pendant 434 vibrations, Je répétai alors l'expérience précédente, en viffant routes Les pointes fur la plaque; en voici Les réfultats : 1°. Les fommets des pointes érant à la diftance de + de pouce de cube, le conducteur ne prit pas le moindre degré d'électricité. 2%, La diftance étant de : pouce, le conduéteur prit un degré d'élec: tricité de 73,702, qui fe foutint pendant 33 vibrations. 3°. La diftance étant de ? de pouce ,le conduéteur ne prit qu'un degré d'électricité de 85,432 , qui fe perdit après 83 vibrations, 4°. La diftance étant de 1 pouce, le plus grand degré d’éleétricité fut de 112,480, & il ne la conferva que pendant 144 vibrations. 5’. La diftance étant de 11 pouce, je donnai au conducteur un degré d’éle&ricité de 187,958 , qui fe perdit après 201 vibra- tions. 6°. La diftance étant de 2 pouces, le plus grand degré d’éleétri- cité que je pus donner à l'appareil étoit de 202,395 , & elle fe foutint pendant 26$ vibrations, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 423 7°. La diftance étant de 22 pouces, le plus grand degré d’éle&ri- cité étoit de 253,216 , & elle fe conferva pendant 275 vibra- tions, 8°. La diftance étant de 3 pouces , le conducteur prit un degré d'é- leétricité de 283,649 , qui dura pendant 230 vibrations. 9°. La diftance étant de 32 pouces, je donnai au conduëteur un degré d'électricité de 297,512 , qui fe foutint pendant 289 vibra- tions. 10°. Enfin, la diftance étant de 4 pouces, le conduéteur prit un degré d'éieétricité de 311,929, & elle fe conferva pendant 289 vi- brarions. Expérience VIII. Le conduéteur acquit un degré d’élericité de 376,316, qui fe foutint pendant 461 vibrations; mais après avoir placé toutes Les pointes fous le cube à la diftance de 22 pouces, il ne prit qu'un degré d'électricité de 265,962, qui fe perdit après 341 vibra- tions. Expérience IX. Le plus grand degré d’éleétricité que je pus donner à Pappareil, écoit de 173,972, & elle fe conferva pendant 184 vibrations. Après avoir mis toutes les pointes fous le cube à la diftance de 2 pouces , je ne pus donner au conduéteur qu'un degré d'électricité de 62,127, & elle ne fe conferva que pendant 140 vibrations. Ces expériences fur la quantité du fluide éleétrique , abforbé par une ou plufieurs pointes, confirment non-feulement très-bien les conclufions générales que j'ai tirées des expériences faites avec le cône: mais elles pré- fentent encore des réfultars fort finguliers , & auxquels lon ne fe feroit pas attendu; car il étoit très-probable que plufieurs pointes devoient ab- forber plus de fluide électrique qu'une feule pointe ; & cependant l’ex- périence prouve le contraire: & l’on voit, en comparant celles que j'ai faires avec une pointe, avec plufeurs pointes & avec le cône , que toutes les circonftances étant les mêmes , une pointe fait plus que le cône, & plus que les neuf pointes, ce qui certainement eft fort extraordinaire. La pointe que j'avois viflée fur la plaque ne différoit du cône que par la lar- geur de fa bafe, car elle avoit la même hauteur; elle avoit par confé- quent moins de furface ; d’où il fuic que la quantité de matière électrique ablorbé: par un corps conducteur placé dans l’atmofphère éledrique, n'eit pas en raifon du nombre des pointes où le corps qui abforbe l’élec- tricité peut toucher cette atmofphère. Expérience X. Le conducteur prenant un degré d'électricité de 376,316, qui fe foutint pendant 461 vibrations du pendule qui m’avoitfervi, dans toutes les expériences précédentes , à déterminer la durée de l'électricité du conducteur, je répétai les mêmes expériences , en fubftituant à la pla- que fur laquelle je pouvois vifler les pointes, une autie plaque de la même grandeur, qui n’étoit pas trouée, Lorfqu'elle fut à une diftance de 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 22 pouces de la bafe du cube, je ne pus donner au conducteur qu'un degré d'électricité de 364,731, qu'il ne perdit qu'après 408 vibraz tions. Je n'entrerai pas dans Le détail des autres expériences que j'ai faites avec cette plaque, parce qu’elles m’arrêteroient trop, & me contenterai feulement de remarquer qu'à des diftances aflez confidérables, comme l'eft celle de 2° pouces à laquelle je plaçai la plaque, dans l'expérience que je viens de rapporter, elle produit moins d'ffer que le cône & la plaque avec une ou plufieurs pointes; mais Lorfque la diftance de la plaque au corps électrifé , dont elle doit abforber le fluide électrique, n'eft que fort petite, comme celui d’un demi-pouce tout au plus, elle produit plus d’effèt même que la pointe, & fe charge plus vite de la matière électrique , & en plus grande quantité. EE À MÉMOIRE Sur les avantages des Roues à larges jantes ; par M. BOULARD , Archi- cette de la Ville de Lyon, & M. MARGUERON , Secrétaire de M. Bou- lard de Gaflelier, ancien Echevin de la même Ville. Difcours qui a obtenu le fecond Acceflit du Prix propofé par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Lyon, en 1781. | Magnum decus palmam referre , maximum Reipublice operam præbere. O N ne peut difconvenir que le Commerce ne foit la fource des ri- cheffes d'un Etat; par lui tout s’anime , les Sujets font heureux, & le Monarque voit augrnenter fa puiffance avec fes tréfors. Eft-il en guerre? Finduftrie de fes Peuples lui fournit des reffources inépuifables ; & dans la paix, elle procure l'abondance & accroît la population. Il eft donc d’une fage Adminiftration d'encourager le Commerce ; tous fes rapports doivent fixer l'attention du Gouvernement; & le Miniftre éclairé qui veut fincérement la gloire de fon Maître & le bonheur de la Nation, donnera tous fes foins à faire fleurir le Commerce & les Arts. La France, par fa fituation , fes productions & le génie de fes Habi- tans, eft fans contredit, de rous les Royaumes de l’Europe, le plus pro- pre au Commerce, Embraffant les deux mers , elle prodigue aux Nations étrangères fes denrées & fon induftrie , & reçoit en échange les richeffes des Deux-Mondes, : Mais it à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 42$ Mais l’objet le plus effentiel, celui dont le Miniftère devroit s’occuper fans cefle , qui affure & multiplie les produits, qui encourage l’activité & tire de l’inertic des Provinces entières , c’eft la liberté de l'importa- tion & de l'exportation, A la vérité elle a été rendue cette liberté; mais ne refte-til plus rien à faire ? & L'Etat n’eft-il pas encore intéreflé à facili- ter les moyens d’en faire -ufage, & à rendre ces moyens les plus fimples & les moins coûteux poñlible ? Pour arriver à ce but, ue chofes font indifpenfablement néceflaires : il faut que les grandes routes foient bien entretenues , que Le roulage foit facile, & ne dégrade pas les chemins , 8 qu’en confervant les grandes routes & le pavé des Villes, la confiftance & le poids des chargemens ménagent les intérêts du commerce, Ce font fans doute ces confidérations qui ont déterminé l’Académie de Lyon à propofer , pour fujet d'un Prix, la queftion fuivante: « Quélle » doit être la laroeur, la forme & la nature des jantes pour les roues » des voitures deftinées au tranfport des marchandifes , en confidérant » en même temps l'intérêt du Commerce & la confervation des grandes » routes & du pavé des Villes », Le fujec eft fans doute au-deflus de nos forces; mais, encouragés par notre zèle, nous prenons la plume; & fi nous n'avons pas l'avantage de répondre pertinemment à la queftion de l'Académie , puiffions-nous du moins lui prouver que nous defirons avec elle l'intérêt & le bonheur de nos Concitoyens ! Nous ne nous étendrons point fur les avantages des grandes routes ; ils-font affez connus : nous ferons feulement quelques réflexions fur les dé- gradations qui y furviennent, & fur la manière dont elles font entrete- nues. Ces réflexions ne nous paroiflent point étrangères au fujet que nous avons à traiter. Les ornières que les voitures , notamment celles deftinées au tranfport des marchandifes, tracent & renouvellent fans cefle fur les grands che- mins, font les caufes fenfibles de leur dépériflement. Les pluies augmen- tent encore le défordre , foit en saolifiane la terre dans les endroits qui nefont pas pavés, ce qui donne lieu à la profondeur des ornières ; foit en détrempant les liaifons des res que’ les roues à jantes étroites en- foncent, brifent ou font forrir de leur place avec plus de facilité. Tous ces inconvéhiens augmentent la difficulté du tirage ; le conducteur met beaucoup plus de temps à faire fa route; les cahots abîment la voiture & les eflieux , &'fatiguent continuellement les chevaux. Lorfque le chemin eft dégradé au point de devenir bientôt impraticable, on commande des corvées pour le réparer, Des carvées! la feule idée d’un expédient auffi injufte révolte route ame fenfible. C'eft la claffe la plus avre &c, nous ofons le dire; la plus utile à l'Etat, qui fupporte cette chatge accablante ; les Habitans de la campagne; ce font des Laboureurs qu'on arrache à la charrue; des malheureux, dont la perte du produit Tome XIX , Part. 1, 1782. JUIN. Kkk 426. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’une journée influe fur leur fubfftance, qu’on force à des travaux publics, fans leur donner de falaire : on va même jufqu'à contraindre ceux qui ont des bêtes de fomme de les employer au charroi des matériaux dont on veut fe fervir pour la réparation des chemins , & cela fans le moindre dé- fraiement : avihi ces réparations ne fe font-elles jamais avec l'attention & la folidité convenables. Le Roi, par fon Edit du mois de Février 1776 , fupprima les corvées. Cet acte de bienfaifance fut cher à la Nation; & fi quelques circonf tances en ont néceflité le rétabliflement, nous aimons à nous perfuader que le Gouvernement ne perd pas de vue cet objet d’adminiftration ; qu'il en connoît l'importance, & que dès qu'il pourra s’en occuper utilement, il s'empreflera d’y faire les changemens qu'exigent l'équité & l'intérêt de la Patrice. * Les roues à jantes étroites dégradent les grandes routes ; les profondes ornières qu'elles y impriment en font une preuve évidente, puifqu'il ef démontré qu’un corps quelconque ,mis en mouvement fur une furface, a une preffion plus ou moins active, en raifon inverfe de la largeur de fa bafe (1). Les chevaux attelés en file contribuent encore aux dégrada- tions qu'occafionne une voiture à deux roues. es charriots à quarre roues caufent moins de dégât, parce que le fardeau eft réparti fur quatre poin- tes; que Les chevaux font ordinairement attelés de front , & que l’enfemble du train parcourant une furface aflez large, cetre même furface efluie une preflion beaucoup moindre. Les Ordonnances de nos Rois ont fouvent fixé la charge que porte- roient les voitures, & le nombre des chevaux qu'on pourroit y atteler. L'Ordonnance du 3 Mai 1718 fixe à cinq poinçons de vin, our à trois milliers pefant, la charge des voitures à deux roues. La Déclaration du Roi, du 14 Novembre 1724, règle le nombre de chevaux des charrettes à deux roues, pour la confervation des grands chemins ; elle excepte les charriots à quatre roues, & accorde la liberté d'y atteler le bre de chevaux qu'on jugera à propos. Les difpofitions de cette Déclaration font fondées « fur ce qu'après avoir employé les moyens les plus fürs pour «» faciliter les communications , avoir fait réparer les chemins, & y avoir » employé des fonds trois fois plus confidérables qu'il n’y en avoit été » employé jufqu'alors , une dépenfe aufli forte ne produit pas tout l'effet >» qu'on en attendoit, parce que les chemins les mieux réparés font , peu » detemps après, rompus par le poids énorme des voitures, que les » Rouliers, avid:s de gagner davantage d'argent, chargent de plus du —) pme aus (x) Les Sauvages du Canada fe fervent de raquettes pour marcher plus commodé- ment fur la neige ; & fans ces machines, qui élargiffent la furface de leurs pieds, ils ne pourroient s y tenir, & enfonceroient. y 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 double de ce qu'ils les chargeoïent autrefois. L'ufage des charrettes à deux roues , pratiqué dans une partie des Provinces du Royaume, eft la prin- cipale caufe de ce défordre, parce que le poids n'étant pas partagé, comme fur les voitures à quatre roues , l’effeten cft quatre fois pluscon- fidérable ; & nous voyons même que dans plufieurs Provinces , où l'ufage des chacriocs eft établi, les chemins font infiniment moins rom- pus , quoique par la nature du terrein , & fouvent par la nature du pays couvert de bois, ils duffent l'être infiniment davantage. » L'expédient fouvent propofé de régler le poids que gourroit porter chaque voiture, peut être fujet à de grands inconvéniens, par le re- tardement, l'embarras, & même le dépériffement des marchandifes que pourroit caufer au Voiturier la néceñlité de décharger fa voiture toutes les fois qu'on en voudroit vérifier Ile poids. La fixation du nombre des chevaux paroît l'expédient le plus fimple & le plus aifé : mais fi cette fixation étoit établie pour toute forte de voitures fans diftinéion, il pourroit fe trouver des inconvéniens pour Les Rouliers venants de pays éloignés, qui pourroient être embarraflés dans certains endroits où les chemins font plus difficiles, quoique le nombre des chevaux limités leur fût fuifant pour le refte de la route. Nous nous fommes détermi- nés par ces motifs à ne fixer Le nombre de chevaux que pour les char- rettes à deux roues, qui feules caufentle plus grand défrdre , par l'effer naturel que produit un poids qui n'eft pas fufifamment partagé. Nous Jaifferons la liberté à ceux qui veulent fe,fervir defdites voitures à quatre roues , d'y atteler le nombre de chevaux qu'ils jugeront à propos. La liberté du choix laiffés au Voiturier entre Les deux expédiens propofés, le mer en érat de prévenir tous les inconvéniens qu'il pourroit appré: hender de ce Réglement; & l’ufage que feront plufieurs d'entr'eux des charrettes à quatre roues leur faifant connoître que l'on y voiture un plus grand poids avec un moindre nombre de chevaux & plus de fa- cilité, ils auront recours à cer expédient pour leur propre commodité, indépendamment de l'avantage qui en reviendra au Public par la con- fervation des grands chemins. À C:s CAUSES, &c. Article °°, qu'à commencer au premier Juillet prochain, tout Roulier ou Voiturier , foit qu'il voiture pour fon compte particulier ou, pour d’autres, ne puifle avoir à chaque charrette à deux roues que le nombre de chevaux mar- qués ci-après; favoir : depuis le 1°* Oétobre jufqu'au 1° Avril, quatre chevaux; & depuis le 1° Avril jufqu'au 1° Oobre , trois che: vaux ; à peine contre ceux qui auroient excédé le nombre de chevaux ci-deflus limité, de confifcation des chevaux, charrettes & harnois, & de 30 Liv. d'amende. Article II. Permertons à ceux qui voudront fe «fervir de charriots à quatre roues d'y atteler telle quantité de chevaux qu'ils jugeront à propos, &c.» Tome XIX, Part. 1,1782, JUIN, KKEKI2 428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE , Il eft donc conftant que les charriots dégradent moins les chemins que -les charrettes. Achevons d’en dévelcpper tous les avantages. Les charriots à quatre roues portent un fardeau plus confidérable , & font plus aifés à tirer, même dans un chemin raboteux, que les charrettes. Le charriot peut fe rencontrer de trois manières différentes à l'égard des . cahots ; & de ces trois manières , deux fur-tout lui donnent un avantage . fur la charrette. Ou Pun des trains d’un charriot montant un cahot, l’autre le defcend ; - ou l’un montant un cahot, l’autre fe trouve dans un endroit uni; ou les deux trains montent en même temps chacun un cahot. Lorfqu'un train monte un cahot & que l’autre Le defcend , le charriot £e retire alors aulli facilement que fi les deux trains étoient dans un endroit -uni. Dans la feconde fituation où, un train montant un cahot, l’autre fe trouve dans un endroit uni, il ne faut, pour furmonter ce cahot, que la moitié des forces qu'il faudroit pour le franchir avec une charrette ; & quand les deux trains montent chacun un cahot en même temps , le charriot peut encore avoir l'avantage fur la charrette , fi l'un des cahots eft plus petit que l'autre. Les roues à larges jantes ordonnées en Angleterre, & employées conf- tamment , font très-avantageufes ; aufli accorde-t-on des exemptions d'une partie des péages (1) dûs aux barrières des grandes routes en raifon de la largeur des jantes, parce qu’on a reconnu que celles qui font très-larges applaniffoient les chemins , n'y faifoient point d’ornières, & recombloient même celles qu'avoient formé les roues à jantes. étroites. Si nous écrivions au Gouvernement fur la bonté & l'excellence des roues à larges jantes , afin de lui en faire adopter l'ufage, nous nous bor- nerions à lui montrer les chemins de toute l'Angleterre applanis par ces mêmes roues, tandis que les nôtres ont de fi profondes ornières ; nous lui comparerions l'entretien de ces chemins, qui fe réduit à peu de chofes, avec les frais immenfes que nous faifons pour réparer les nôtres , en y employant. les matériaux les plus durs, en y travaillant continuellement, & que cependant tous les hivers ils font en fi mauvais état: nous lui fe- tions appercevoir que nos Rouliers chargent leurs voitures à deux roues de plus de fix milliers, &: leurs chariots .de plus de dix milliers ; que ce pefant fardeau ne porte que fur deux roues , dont les jantes n’ont que deux pouces & derni à trois pouces de largeur ; que des roues fi étroites , char- () Les grande: routes ,. que les Anglois nomment chemin de barrières, font en- tretenues aux dépens de ceux qui les fréquentent : on a des machines pour pefer les voitures toutes chargées, & elles payent à proportion du poids de leur charge- ment, ho ts en SUR L'HIST.\NATURELLE ET LES ARTS. 429 gées d'un poids fi confidérable , écrafent les matériaux les plus durs, écartent ou écornent ceux. qu’elles ne peuvent écrafer, & s'ouvrent un paflage entre les débris ou recoupes de pierres , qui forment lafliette de nos.chemins; que les routes qui font payées ; de même que, les.pavésides Villes , ne font pas exempts de ces inconvéniens , parce que la largeur des roues ne portant Le plus fouvent que fur un, pavé ; il ne peut réffker à untel fardeau , & s'enfonce ; nous lui montrerionsles-proportions que:le Gouvernement Anglois prefcrit.entre la largeur des jantes. & le fardeau dont on doit les charger; nous lui .dirions à cet égard que les charrertes à deux roues , deftinées au tranfport des marchandifes , doivent avoir les jantes de. $ pouces au moins de largeur , & qu’elles ne peuvent porter que trois mille trois cents en été, &.deux mille quatre cents.en hiver; que les charriots à quatre roues de la même largeur portent. fept mille huic cents en été. & fix mille fix cents en hiver. Les charrettes à deux roues , dont.les jantes ont $ pouces 8 lignes ; por- tent $800 livres en été, & 4600 en hiver. Les charriots à quatre roues de la même largeur, portent 11200 liv.en été, 8900 liv..en hiver. jf Les charrettes. dont les jantes ont 8 pouces & demi de largeur, portent 6700 liv. en iété, 8& 6000 liv. en hiver. q Les. charriots de la même largeur portent. 14500 liv.en été, & 12300 liv. en hiver. Et les gros charriots, dont les jantes ont 1 $ pouces de largeur, portent 17900 liv. en été, & 15600 liv..en hiver (1). Que l'expérience journalière & le long ufage que font les Anglois des roues à larges jantes, font les meilleures preuves que nous: puifions don- -her de leur bonté & dela préférence qu'elles méritent; que le Commerce y trouve fon compte, en ce que de elles roues fubfftent plus long-temps, & ne fe déboîtent pas aifément, & l'Etat y gagne encore plus , par le peu de réparations qu'il y a à faire aux grands chemins; & qu'enfin , nous ne voyons d'autre inconvénient aux roues à larges jantes ;que-de coûter quelque chofe de plus que les autres: encore cette dépenfe fe trouve-t-elle bientôt compenfée par leur folidité & leur durée. Mais nous parlons à une Académie | qui demande: « Le calcul des frottemens des différentes >» éfpèces! de! jantes ». id | | Le contaét d’une jante fur un chemin eft un frottement dela feconde efpèce, puifque ce font différentes. parties (d'une furface qui : couchent fuccelivement différentes parties, d'une autte furface, Ce frottement s'ac- croît en xaifon des mafles ou preflions ,-& nonpas en raifün des fur- c , 3 F4 J , " = 7 . ; Cyr Eu (1) Lefdites dimenf ons &poids font réduits au : pied-de:Roi& au poids de marc, l D 430 © OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faces, Pour nous en aflurer par l’expérience, nous avons fait conftruire un charriot à quatre roues, de fix pouces de hauteur, dont les jantes avoient trois lignes de largeur, avec k autres paires de roues de rechange, Deux paires avoient leurs jantes de 6 lignes de largeur, deux autres de 12 lignes ;&°les deux dernières paires de 24 lignes. Nous avons placé fucceflivement ces roues de différentes épaifleurs au même charrior, & nous avons remarqué qu'il ne falloit pas plus d'effort pour faire mouvoir le charriot avec des roues à larges jantes , qu'avec des roues à jantes étroites, & que Le même poids qui lui faifoit parcourir quatre pieds par feconde , lorfque les roues n'avoient que 3 lignes de largeur, lui faifoient égale- ment parcourir. le même efpace, & dans le même temps, lorfqu'on y ap- pliquoit les roues à jantes de 6, 12 & 24 lighes de largeur, quoique : ces dernières euflént une furface huir fois plus large que les premières: l'expérience a toujours été la même. Nous difons que l'expérience a tou- jours été la mêmé : on fent bien que lorfque le charriot étoit chargé, il falloit un poids plus confidérable pour Le tirer; mais ce même poids fufñ- foic, foit:que les toues fuffenc larges , foit qu'elles fuflent étroites , foic que Le charrioc füt à vuide , foit qu'il für chargé de différens poids. : Nous avons fait une feconde expérience avec un cylindre de pierre blanche d’un pied de diamètre & d’un pied de largeur fait fur le tour avec -toute:la juftefle C&z l'égalité poflibles. Ayant pole ce cylindre fur des bar- reaux quarrés de bois de différentes largeurs , favoir de 1,2,3,4,5$ & 6 pouces de largeur, & énfuite fur une furface d’un pied de largeur, après avoir fait parcourir ces furfaces par ce cylindre, au moyen d’un poids üfpendu à une corde, qui pafloit fur une poulie, & qui aboutifloit à unie «chappe qui embrafloit ce cylindre | & qui le retenoit, au moyen d'un boulon ÊEs déic: qui lui fervoit d'axe, nous avons reconnu que le même poids faifoir mouvoir le cylindre avec la même vîtefle, foit qu'il für fup- paré par les deux barreaux d’un pouce de largeur , foit qu'il le fût par es autres barreaux plus larges, ou par la furface d’un pied , ce qui prouve que la largeur des furfaces n'augmente pas les frottemens de la feconde -efpèce.. ; AVI Comme notre premièreexpérience avoit été faite trop en petit, nous avons fait faire-une charrette, dont les roues avoient 4 pieds 1 pouce de diamètre, Nous avions d'abord établi un appareil femblable à celui de MM. d’A- lembert, le Marquis de Condorcet & l'Abbé Bofluc, pour leurs expérien- ces {ur la réfiftance des fluides , à l'exception du mât, au défaut duquel nous nous fervions d'ane maïfon élevée de 48 pieds. Mais nous fûmes bientñt.obligés d'abandonner éet appareil ;\pârce qu'il falloit un poids con- idérable pour ébraxler la voiture; enfuire le mouvement s'accéléroit. trop; &en recommençant la même expérience, nous avions des réfultats fi différens, que nous ne favions fur quoi compter. q 2 » A Nous avons employé un autre moyen , en nous fervant d'un pefon à SUR: L'HISTONATUREZLLE) ET\BES\ ARTS, AJE cadran, pour tirer la charrette, qui étoit très-légère , ne pefant que 32liv., & les roues 115 livres. Les jantes avoient un pouce & demi de largeur. Nous avons fait rouler cette charrette fur différens plans ou terreins. Le premier étoit uni & de niveau; Le fecond étoit fablé, & avoit 2 pouces 2 lignes par toife de pente; le troifième étoit pavé & avoit 2 pouces & 1 ligne par toife de pente; & le quatrième étoit pavé , & avoit 3 pouces 2 lignes par toife de pente, Pour faire mouvoir cette charrette uniformé- ment, nous avons fair fufpendre les brancards'par une corde à une per- che élevée à l'extrémité nee autre charrette, attelée d’un cheval qui alloit au pas. Cette corde ne faifoir que fupporter les brancards, & le pefon à cadran attaché horizontalement à ces mêmes brancards & à l’ex- trémité de l’autre charrette, faifoit le tirage. On n’examinoit le cadran que lorfque. le cheval avoit parcouru environ fo toifes , afin qu'il eût pris un pas réglés. il parcouroit alors 30 toifes par minute. Après avoir fait parcourir à cette charrette ces différens plans, fans être chargée , nous avons recommençé notre expérience , en la chargeant d’un poids de 200 li. enfuite d’un poids de 500 liv.Nous avons enfüite fait appliquer aux jantes des roues de cette charrette d’autres jantes d’un pouce & demi de largeur, fortement “arrêtées pour former des jantes de trois pouces! de’ largeur; alors nous avons recommencé toutes nos expériences. Nous les avons encore renouvellées, après avoir ajouté aux jantes de nos roues d’autres jantes de 3 pouces de largeur, en forte que les roues de cette charrette avoient leurs jantes de 6 pouces, ce qui a qua- druplé leur largeur primitive; & nous préfencons le réfultat de toutes ces expériences dans le tableau fuivant. "UL : L TABLEAU des Expériences faites avec des Jantes de différentes largeurs, La ‘charrette pefoit| "2 2411 420102, 75 321 gaûtive avec des Jantes d’un pouce & demi de largeur, 175 Les roues pefeient {a des Jantes de trois pouces, . . ..,. «+ 140 & avec celles de fix pouces, . ... . . + 188 Les roues avoient quatre pieds uh pouce de diamètre. 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Puiffance motrice, exprimée en livres. À En plaine, Sur un che- | Sur uh che Suruñe pen- min pavé, | min pavé, te fablée de | ayant 2 po. | ayant 3 po. 3 pou.2 lig. | x1. parvoife | 2 l.partoife par roife, de pente. de pente. Jantes d’un pouce > La chatrette à vuidel |... 7|....15|.... 9[... & demide largeur Chargée defzobAi | IE oN Te to 0 UNE Chargée de 500 liv. |... $01....90|....75|, Ba charretté a vuidé |... 1. 08 7 tro Jantes de 3 pouces. { Chargée de 206 liv. Chargée de ‘500 liv. } La chärrette à vuide? |: Jantes de 6 poucés. Ÿ Gina desatouliv.| ©, : + 20 pote demon +: 8530 note Chargée de 500-div.|. . ., s01.,,.90|...: 761.. + 1. . … © . . . & o < . . . = em . : On voit, par ce tableau , que le frottement de la feconde efpèce n'aug- mente pas ; qq la furface augmente , parce que les parties'engagées le‘font moins profondément, lorfque la’ furface eft plus large, & qu'il n’y a que le poids ou preflion qui augmente ce frottement. Avantages des Roues a larges Jantes. Par les expériences dont nous ve- nons de rendre compte, nous démontrons bien clairement les avantages des roues à larges jantes, puifque nous prouvons qu'elles n’ont pas plus de frottement que les roues à jantes étroites, ou , ce qui revient au même, d'il ne faut pas plus de chevaux pour tirer une voiture chargée, ayant de jantes larges, que fi ces mêmes jantes étoient étroites. Il ny a que Lorfque la voiture eft.à vuide, qu'il faut un-plus grand effort pourla tirer. lorfque Les jantes font larges , parce que les roues font plus pefantes. Nous remarquerons feulement , d'après nos expériences, qu'il eft plus facile de tirer une voiture.fur un pavé ‘que fur un chemin fablé;:ea fuppofant qu'ils aient cous deux la même-pente.Il eft fenfible que les jantes larges ne feront - pas des ornières fi proforides ; par conféquent les chemins en feront mieux confervés , avantage très-confidérable pour l'Etat, Le Commerce y trouve aufli fon profit , en ce que les chemins étant plus unis ; on pourra charger les voitures de plus de marchandifes, fans y atteler plus de chevaux; & dans les Villes comme celle de Lyon, où le pavé eft en cailloux , ces jantes portant à-la-fois fur plufieurs pavés, les enfonceront moins, n'ufe- ront pas les pavés larges, & écraferonc moins promptement les pierres concaffées qui forment l’affiette de nos grands chemins (1). EEE (1) On tireroit un avantage très-confidérable des roues à larges jantes dans un che- min fablonneux, parce qu’alors elles le comprimeroient & le rendroient folide. La Inconvéniens . 10 25 86 12 35 8G 1$ 3o 86 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 Inconvéniens des Roues à larges Jantes. Les inconvéniens des roues à lar- ges jantes ne confiftent , nous le répétons , que dans la dépenfe qui fera un peu plus confidérable; mais une fois faite, on en fera bisn dédom- magé par leur durée. Il eft à remarquer que les roues périffent ordinaire- ment par les jantes ou par les tenons des raies, qui ne peuvent être que très-minces dans une jante étroite. Nous ne regardons pas comme un inconvénient la rencontre des pierres que de pareilles roues feroient plus fréquemment dans un chemin pierreux; parce que nous fuppofons les chemins dans leur perfection, foit qu'ils foient faits en gravier recouvert de fable, où de pareilles jantes feroient l'office d’un rouleau qui applanit & affermit les allées d’un jardin, foit qu'ils foient faits avec des pierres brifées. Er quoique, dans ce dernier cas , la fuperficie de la route préfente une infinité de pointes , de telles roues pafleroient deffus fans les écarter, comme font les roues à jantes étroites, qui par-là augmentent confidérablement l'effort dutirage, Cela eft fi fenfible , que pour defcendre une pente très-rapide, il fufhr de faire pafler une roue {ur la chauffée ou encaiflement fait avec des pierres brifées pour retenir La voiture, & alors le cheval de brancard , appellé limonier, ne fait plus aucun effort pour la retenir. Il ne nous paroît pas néceffaire que toutes fes voitures aient des roues à jantes très-larges ; il fuffñit, pour la confervation des grandes routes & du pavé des Villes , que la largeur des jantes foit proportionnée à la charge qu'elles doivent porter. Pour fixer cette largeur, nous croyons devoir nous régler fur ce qui eft obfervé en Angleterre, & fuivre les proportions que l’on y prefcrit entre la largeur des jantes & Le poids des chargemens. Nous les avons rapportées dans ce Mémoire : mais comme on n'a pas en France des machines pour pefer les voitures toutes chargées , & qu'il y auroit un inconvénient très-confidérable de les pefer en détail , parce qu'il faudroit les décharger toutes les fois qu'on voudroit vérifier leur poids, nous penfons qu'on peut fixer la largeur des jantes , relativement au nom- bre des chevaux qu'on attèle à la voiture, ce qui revient au même, à peu de chofes près; car un cheval a une force limitée, & on ne compte que 1000 à 1200 livres par cheval pour la charge d’une voiture. Largeur des Jantes. Ainf, la largeur des jantes pour les charrettes à deux#roues doit être de deux pouces par cheval, & celle des charriots d'un pouce par cheval; de forte que nos charrettes, qui font attelées de quatre chevaux , % qui portent $ à 6 milliers , auroient les jantes de leurs roues de la largeur de huit pouces, ce qui eft conforme à celle qu’on leur donne grande route de Villefranche à Saint- George de Renein , & auprès de ce dernier en- droit eft un terrein fablonneux, dans lequel les roues à jantes étroites font des fillons très-profonds. Nous y avons vu des Rouliers obligés de wripler leur awelage, pour fortir leurs voitures des fables. Tome XIX, Part. I,1782. JUIN. Lil 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en Angleterre, On fent combien de pareilles jantes applaniroient les che- mins, En fixant ainfi la largeur des jantes des roues des voitures deftinées au tranfport des marchandifes , il feroit indifférent, pour la confervation des grandes routes, de fe fervir de charrettes ou de charriots. Mais le Commerce trouvera toujours mieux fon compte d'employer les charriots, parce que, comme nous l'avons dit, ils ont un avantage décidé fur les charrettes, & qu'en outre les chevaux n'y font employés qu'à tirer. On peut encore rendre le charriot avantageux pour les chemins, en formant l’avant-train un peu plus large que l'arrière: alors les roues de derrière ne paflant pas fur les traces des premières , elles élargiront l'or- nière, & ne la creuferont pas. Forme des Jantes. X1 ne fuffit pas que les jantes des roues foient larges, il faut encore qu’elles foient plates & unies, & que la tête des clous foit noyée dans l’épaiffeur de la bande. On diroit que les Charrons de France forment leurs roues exprès pour détruire les grandes routes ; car ils ne fe contentent pas de faire les jantes étroites, ils font encore la bande plus étroite, & ne l’attachent qu'avec des clous dont la tête déborde de plus d’un pouce. Ces rêtes de clous font un obftacle au roulage, & brifent les pavés tendres ; les bandes s'arrondiflent; & dans cet état, elles reffem- blent plus à un outil fait pour trancher, qu'à une furface ou bafe deftinée à porter un fardeau, Nature des Jantes. Nous eftimons que Le bois le plus propre à former des jantes eft le bois de frêne. Roues fans être armées de fer. Les roues des charriots de Comté étoient autrefois fans bandes de fer, au moins pour la plupart: mais depuis qu'on a formé l'aflietre des chemins avec des pierres concaflées , on a été obligé de les ferrer , parce que ces pierres les détruifoient en peu de temps. On fe fert encore dans le Beaujolois de roues non ferrées pour le tranf- port des vins à la Loire: mais on remarque que la même voiture ne va que d'un entrepôt à l’autre, & que les roues ne font uniquement en bois que lorfque le chemin eft pavé de pierres, ou fimplement en terre; & quand il eft formé de pierres concaflées , les roues font ferrées. Ainfi, nous concluons que l’on ne peut employer les jantes fans être armées de fer, que dans Le cas où le chemin eft fimplement en terre, ou pavé de pierre. Voilà ce que nos foibles lumières nous ont permis d'écrire fur la quef- tion propofée, Peut être il s’en faut de beaucoup que nous foyons arrivés au but. Mais fi nous fommes privés de cet avantage , nous efpérons que Académie ne dédaignera pas les efforts que nous avons faits pour remplir fes vues IL s'agiffoit de l'intérêt de l'Etat & de l'utilité publique, & ces objets furent toujours chers à de vrais Cicoyens, pe nn SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 435 HART EP SET LP CORSA EE VE TEE VER NET TEE A ET ONE SOU PRET CEE) EXPÉRIENCES Sur l'efpèce de terre qui refle dans la dernière leffive-mère du Sel commun, ou fur La bafe du Sel amer , en tant qu'elle peut rendre d'autres verres fufi- bles, Par M. MARGRAF ; traduites de L Allemand, he déjà obfervé, dans un Mémoire inféré parmi ceux de l’A- cadémie de Berlin, pour l’année 1760, une fingulière propriété de la terre qui refte dans la dernière leflive-mère du fel commun ; {avoir que, mêlée au fpath fuñble, elle produit un mélange qui fond aifément au creufet qu'elle pénètre. Cette obfervation m'a porté à mêler cette terre, w'aucun feu ne rend fufble , avec d’autres terres, pour voir l'effet que le eu produiroit fur ces différens mélanges. 1°. Je mêélai cette terre , avec partie égalé de caillou pulvérifé & lavé; je mis le tout dans un creufet luté, que je plaçai dans un fourneau de fuñon , où je le laiffai expofé pendant trois heures à un feu violent. Le creufet étant refroidi, je trouvai que ce mélange n'avoit point été fondu , & pa- roifloit même n’avoir fouffert aucun changement. 2°, Je traitai de même un mêlange , fait avec parties égales de cette terre & d’argile blanche de porcelaine que j’avois lavée foigneufement. Expofé comme le précédent mélange à un feu ardent , je trouvai, après le refroi- diffement , qu'il avoit pris de la confiftance , & qu'il y avoit une appa- rence de fufon. Cette matière donna des étincelles, en la frappant con- tre de l'acier. 3°. Un mélange de parties égales de cette terre, de cailloux & d'argile, expofé au feu , donna une mafle plus fondue que la précédente, d’une couleur blanche , & qui donnoit des étincelles. 4°. Je mêlai enfuite en parties égales cette même terre avec le préci- pité d'os calcinés, précipité que j'avois retiré d’une folution dans l'ef- prit de nitre, par le moyen d’une folution de fel de tartre, & que J'avois édulcoré & fait fécher. Ce mêlange , travaillé comme les précédens , ne laïffa dans le creufet qu'une matière fort blanche , qui n’avoit point pris de confiftance, & par conféquent n'avoir pas été fondue. 5°. Mais ayant mêlé certe terre avec le précipité ci-deflus, & y ayant ajouté de l'argile & du caillou , le tout en parties égales, j'obtins au feu une mafle tranfparente , lifle, d’un blanc verdâtre , & qui ne donnoit que de foibles étincelles. 6°. Je mélai encore la même terre avec un précipité de craie, préci- Tome XIX, Part, I, 1782. JUIN, Li] 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pité que j’avois retiré d'une folution dans l'efprit de nitre, par le moyen d'une folution de fel de tartre, que j'avois édulcoré & fait fécher ; jy ajoutai de l'argile & du caillou pulvénifé , le tout en parties égales; favoir de chaque matière un fcrupule, à quoi j'ajoutai enfin quatre grains d'un précipité du fublimé du fpath fufible par la folution du fel de tartre, précipité qui eft rule de la fufibilité du fpath fufble, ( Voyez les Mémoires de l’Académie de Berlin pour l'année 1768), Je travaillai ce mélange comme les précédens ; ilfe fondit, & la mafle parut d'une cou- leur d’onix, donnant dans le bleu célefte. J'en tirai des étincelles, 7°. Ayant joint au mélange précédent quelque peu de bleu de cobalt, & ayant travaillé de même, je retirai une mafle femblable , tirant feulement de peu plus dans le bleu. 8°. Ce mélange , n°. 6, avec une plus grande quantité du bleu de cobalt, donna une mafle d’un bleu plus foncé: j'en tirai des étincelles comme des précédentes. 9°. Ayant mêlé la terre dont il eft queftion avec de l'argile & du cail- lou , un huitième d’once de chaque matière; & ayant ajouté à ce mèê- lange douze grains du /path fufible, n°. 6, j'obtins une mafle femblable à Yagathe, donnant dans le bleu clair , & jettant de fortes étincelles, 10°. Une once du mélange, n°. 6 , & huit à dix grains du bleu de co- balt, me donnèrent une belle mafle, femblable à une turquoife pâle; elle donna de fortes étincelles. | 11°. La terre dont il eft queftion dans ce Mémoire, mêlée avec parties égales d'argile , du caillou & de la craie d'Efpagne , & traitée comme les précédens mélanges , donna une mafle femblable à la porce- laine, opaque & d’un blanc tirant fur le bleu; j'entirai des érincelles. 12°. Je mêlai encore cette terre, en parties égales , avec de laroile ; du caillou , de la craie d’Efpagne & du précipité d'os , de chaque matière un quart d'once; j'y ajoutai un feizième d’once du précipité du fublimé du /path fufible, & douze grains du bleu de cobair , & je retirai une mañe opaque , bleue, life , donnant de fortes érincelles, & ayant pénétré àtra- vers le creufert. 13°. Je mélai parties égales de la terre dont il eft queftion , du caillou, de l'argile & de la craie d'Efpagne; le tout pefant une demi-once. J’ajou- tai à ce mélance deux grains du bleu de cols , & vingt grains de préci- pité du fublimé du fparh fufible; je retirai une mafle moitié tranfparente & d'un bleu clair. A un feu plus violent, elle auroit peut-être acquis un plus grand degré de tranfparence ; elle jetta beaucoup d’étinciiles. Je fis un mélange de la terre en queftion , du précipité de craie , d’ar- gile & de cailloux, de chaque matière quarante grains; à quoi j'ajoutai trente grains de /path fufible crud , à la place du fublimé du fparh fufible. Je travaillai Le tout de la même manière que les mélanges précédens, & SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 je retirai enfin une mafle opaque, tirant fur le verd , & donnant des étincelles. 15°. Un autre mélange de cette terre avec de l'argile, du caillou, de la craie d'Efpagne , de la craie lavée , du /parh fufible, de chaque matière deux drachmes, auquel j'ajoutai un grain de grenat de Bohème bien pulvérifé , donna , après avoir été travaillé comme les mélanges précé- dens , une mafle femblable à une belle chryfolite , claire & donnant des étincelles, 16°. Le même mélange, n°. 15, auquel je n’ajoutai qu'un grain du bleu de cobalt , donna une mafle bleuâtre, dont je retirai "e étin- celles. 17°. Deux drachmes du mêlange , n°. 15; mais au lieu d’un grain de grenat de Bohème bien pulvérifé , j'en mis quinze, qui produifirent une mafle tranfparente, mais plus foncée que n°. 15, fans aucune bulle , & donnant des étincelles, 18°. Deux drachmes du mêlange, n°. 15; mais au lieu d'un grain de renat, j'en mis douze , & auquel j’ajoutai feize grains de borax foi- lement calciné, qui produifirent , aprèsavoir paflé par un feu violent , une male à-peu-près Émblable à la précédente: elle étoit feulement un peu plus opaque, & parut à la furface couverte d’une petite croûte ferrugi- neue. 199. Deux drachmes du mélange , n°. 1$ ; mais au lieu d’un grain de grenat, j'en mis huit, & auquel j'ajoutai un grain du Crocus magnefiæ vitriariorum préparé au moyen d'une longue calcination; ce qui donna une male d’un verd foncé, dont je tirai des étincelles. 20°. Deux drachmes du mélange, n°. 1$, auquel j'ajoutai un grain de crocus-martis , préparé au moyen d’une longue calcination, donna une mafle d'un verd de mer. J'obferve en général que, dans toures les expériences que je viens de rapporter , je ne me fuis fervi que de matières foigneufement dépouillées de tout ce qu'elles pouvoient avoir d’étranger , &:je remarque que je n'en= tends par bleu de cobalt que fa partie colorante:; favoir le précipité d'une folution du cobalt dans leau-forte ; faite au moyen de l'huile dé tartre, Fine CUS 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DESCRIPTION D'une Machine & comprimer l'air; par MM. GReEpriN 6 BILLIAUX, Mécaniciens , rue Croix-des-Peties-Champs , au Paratonnerre. A. fenti l'inconvénient de [a machine ordinaire, dont le récipient ne peut fupporter même une condenfation médiocre , fans fe brifer, nous nous fommes occupés des moyens d'en conftruire un qui füt capable de téfifter à l'air Le plus fortement comprimé; nous y avons de plus adapté une mécanique nouvelle, qui en rend l’ufage facile & commode. Le récipient de compreflion A (fig. 1) fe préfente fous la forme d’un prifme à fix pans , terminé par deux bafes exagones; la bafe inférieure eft une platine d’une bonne épaifleur , dont les bords font percés d’un certain nombre de trous taraudés pour recevoir des vis de füreté; au centre de cette platine eft un gros trou également taraudé, dans lequel fe vifle un robiner (B, fig. 2);les pans du prifme font des plaques de cuivre , qui ont la forme de parallélogrammes rectangles , avec deux rebords faillans, par lefquels ils fe joignent les uns aux autres à l’aide de plufieurs vis, & deux autres rebords rentrans, par lefquels ils tiennent aux deux bafes, dont les bordsfont percés à cet effet pour recevoir d’autres vis (fig. 2 ,ccc). Chacune des plaques eft percée d’un trou circulaire (F) , dont le contour porte une feuillure pour recevoir un verre courbe, dont le côté convexe eft tourné vers l’intérieur de la cage; la bafe fupérieure (D, fig. 1 ) eft une platine femblable à celle qui forme la bafe inférieure , à l'exception qu'elle eft percée au milieu, d’un trou dans lequel fe viffe un grand cer- cle (e), portant un verre courbe, dont la convexité eft aufli tournée en dedans ; le cercle s’enlève à volonté, à l’aide de deux boutons, pour don- ner la facilité d'introduire dans la cage les objets que l’on veut foumettre à l'expérience, Le verre dont on vient de parler eft percé à fon centre pour recevoir une boîte à cuir (G), traverfée par une tige (H, fig. 2), que lon fait gliffer à fon gré, pour exécuter dans l'intérieur du récipient tous les mouvemens que l’on juge néceffaires. La mécanique adaptée à la cage pour condenfer l'air, eft compofée premièrement de deux tablettes rondes (oo & pp;,fig. 1), & detrois montans, qui maintiennent les tablettes à la diftance néceffaire, & qui, par leurs parties inférieures , font l'office de trois pieds deftinés à foutenir tout l'appareil (KK ); les montans font fixés aux tablettes à l’aide de trois vis pour chaque tablette , lefquelles RAT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 font arrêtées par autant d’écrous attachés dans le bois. Le corps de pompe (L) eft fixé à la tablette fupérieure dans laquelle on l'a fait entrer par fon extrémité; & pour le maintenir plus fortement, nous avons attache fur la tablette, à l’aide de quatre vis , une plaque de cuivre évidée par le mi- lieu, & qui embrafle ce même corps de pompe. Le haut du corps de pompe a un large rebord , fur lequel eft arrété, avec quatre fortes vis, la pièce (M ) à laquelle font adaptées es foupapes , dont l'une qui eft inté- rieure , S'ouvre pour laiffer entrer l'air dans le corps de pompe ,&fe ferme our l'empêcher d'en fortir. Cette foupape eft renfermée dans un tuyau Ê cuivre (N , fig. 2 ), auquel on peut adapter un flacon , ou tel autre vafe de forme convenable , dans lequel feroit renfermée toute efpèce d’air que l’on voudroit comprimer. La feconde foupape A d'a dans l’intérieur de la pièce (M), de ma- nière qu'elle fe lève quand le pifton refoule l'air, & fe referme enfuite quand il afpire, C’eft immédiatement au-deflus de cetre foupape qu’eft arrêté avec des vis un cercle , dont la circonférence eft une lame de cui- vre , à laquelle eft attachée une pièce ronde de taffetas , recouverte de gaze en quatre doubles , pour arrêter toutes les matières étrangères capables d’altérer la pureté de Pair que l’on introduit dans le récipient, ayant eu foin à cet effet de ménager un efpace vuide au-deffous de la foupape, pour recevoir ces vapeurs groflières qui y retombent par leur propre oids. La pièce (M) eft taraudée fupérieurement pour recevoir le robinet dont la clef fe tourne à volonté, pour contenir l'air dans le récipient , ou l'en faire fortir. Le pifton porte deux rondelles de laiton , dont l’une eft foudée à la tige; l’autre , qui termine le pifton , eft à vis, pour faciliter le moyen de ferrer fortement les molettes de liége , entre lefquelles font des morceaux de peau difpofés à la manière ordinaire, ‘La tige du pifton defcend verticalement comme dans les machines pneu- matiques ordinaires elle eft terminée par une vis, à l’aide de laquelle elle Lie monter & defcendre , par un mouvement contraire , une traverfe de cuivre (q , fig. 2). Sur cette traverfe font attachées à vis deux chaînes d'acier trempé , l’une attachée fupérieurement en (r), l’autre inférieure- ment en (5). Cette dernière paîle à travers la tablette inférieure , enve- loppe une poulie ( T) , qui tourne fur fon axe dans une chappe placée fous la tablette , repafle enfuite par le côté oppofé de la tablette , & re- monte verticalement. La chappe (T )qui porte la poulie ef mobile de haut en bas, & obéit à deux vis de rappel, à l’aide defquelles on peut augmenter ou diminuer à volonté la tenfion de la chaîne. Sous la tablette fupérieure eft fixé horizontalement un arbre d'acier {uu, fig. 2), porté par deux tenons ( V V) [un des tenons eft repréfenté fig. 3 ], dans lefquels il tourne à l'aide d’une manivelle , qui eft attachée 449 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à l’une de ces extrémités. Cet arbre porte deux rouleaux (xx), traverfés par l'arbre fur lequel ils tournent avec frottement ; les deux chaînes font attachées avec des vis fur ces rouleaux par leurs extrémités fupérieures entre les deux rouleaux &une pièce d'acier trempé (z), qui entre horizon- talement dans une entaille pratiquée à une partie faillante qu’or a laïflée à deffein fur l'arbre (fig.4). La pièce dont il s'agit fair l'office d'un échappement, & accroche par fes extrémités des efpèces de dents d’a- cier, ayant une queue qui fait reflort. Ces dents font fixées au rouleau à l'aide de deux vis ; ce reflort fert à empêcher le rouleau de s'éloigner de fa pofition, & en même temps à rendre fon jeu moins libre & à le fouitraire au poids de [a chaine. Les efpèces de dents d'acier dont on a parlé, accrochent alternativement les rouleaux ; en forte que l'une tient en repos l’un de ces rouleaux, tandis que la feconde laifle à l’autre rouleau la liberté de tourner fur l’arbre ; ce qui donne la facilité de tourner tou- jours la manivelle dans le même fens , & de faire monter & defcendre le pifton avec une très-grande force, Nous donnerons incefflamment la defcription d’une machine électrique pe nous avons exécutée, où le plateau fe trouve entièrement ifolé u côté du conducteur, ainfi que d’autres machines également nou- velles, mer eee te | AU NV EERS Pour neutralifer & peu de frais les Foffes d'aifance , afin d’en faire la vui- dange fans inconvénient & fans danger; par M. MARCORELLE, Baron D'EsCALE , de plufieurs Académies. Vorago SAN ed LE Sævam exhalat opaca mephitim. ( Wire.) S I l'accident funefte qui arriva le 16 Avril 1779 dans une foffe d'ai- fance de Narbonne , jetta d’une part le deuil & la confternation dans cette Ville , il a procuré de l’autre des avantages inappréciables à l'humanité. C'eft cet accident dont je rendis compte ; le 3 Mai fuivanc, à l'Académie Royale des Sciences de Paris, qui a déterminé cette Compagnie à déf- nir exactement l’afphyxie & l'apoplexie, à bien établir les caraétères conf titutifs À : { | A | DRE SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 44 titutifs & diftinctifs de l’une & de l’autre de ces maladies, que l’igno- rance ne confond que trop fouvent , & à expofer, d'une manière claire 8c précife, la méthode (1) qu'il faut fuivre dans Le traitement des Afphyxiés, C'eft cer accident qui a porté les Savans à publier divers écrits, qui ont répandu le plus grand jour fur le méphitifme , à découvrir les fources les plus cachées 7 la vie , & à les rouvrir , pour reflufciter des Citoyens Ébdenée réputés morts, & les rendre à la Patrie, dans le moment même où leur mort apparente lui faifoit verfer des larmes fur eux. C’eft cet accident enfin qui a engagé Les Phyficiens & les Chymiftes à chercher des moyens pour prévenir les effets terribles des vapeurs méphitiques , empé- cher que leurs miafmes n’altèrent [a pureté de l'air, & parvenir à les diffiper & à les neutralifer. dé La découverte de la neutralifation des réfervoirs de corruptions, d'où s'élèvent fans cefle des volcans putrides, qui portent par-tout l'infection & la mort, étoit réfervée à ce fiècle. Quand on en confidère l'importance, on eft étonné qu'elle ait été fi tardive. Ce n’eft pas que dans les temps antérieurs , la Phyfique & la Chymie réunies ne fe foient occupées de la re- cherche des moyens de faire, avec le moins de danger poñlible, la vui- dange des foffes d’aifance; mais ceux que ces Sciences ont trouvés juf- qu'à ce jour, font compliqués, difpendieux, & fouvent infufifans & inefficaces. Entre ces moyens, on diftingue ceux, du feu & du ventilateur. Je vais effayer d’en donner une idée , d’après celle qu'en ont donné MM. Laborte , Devaux , Cadet & Parmentier , Suppl. au Journ. de Phyf. 1778, tome XIIT, page 444. Le feu eftun fourneau de réverbère afpirant par fon fond, placé au milieu de l’Attelier des Vuidangeurs, fur un trépied élevé de terre d'un ou deux pieds , le dôme du fourneau furmonté de tuyaux de tôle, qui ont leur iflue en dehors. Le ventilateur confifté en un cabinet de menuiferie, placé fur louver- ture de la foffe, dans l’intérieur duquel le vent de plufieurs foufflets, ui jouent en dehors, fe rend par trois tuyères , dont deux horizontales Donciffenc à l'orifice du réfervoir ; l’autre tuyère part de la partie fupé- rieure du cabinet, foufle du haut en bas , & perpendiculairement au même orifice. On bouche toutes les ouvertures qui répondent à la fofle, à l'exception de celle qui eft la plus voifine du toit. Sur celle-ci on établit un entonnoir de fer-blanc , fervant de bafe à plufieurs tuyaux placés les uns dans les autres, & prolongés Red des maifons. Par cet arrangement & le jeu des foufflets, on établit , du cabinet à l’extré- 2 ——— (1) Le rapport de mon Mémoire fur le méphitifime de Narbonne, fait le 30 Juig 1779 , à l’Académie Royale des Sciences, contient cette méthode. Çe rapport, dont la Gazette de France , les Journaux & autres Papiers publics ont parlé , eft imprimé à Ja fuite du Mémoire ci-deflus cité, Tome XIX, Part. 1,1782, JUIN. Mmm 442 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mité des tuyaux ,un courant d'air, qui fe charge fans cefle des vapeurs méphitiques de la fofle, & les porte dans le vague de l’atmofphère. Le ventilateur eft aujourd'hui fi connu , qu'il feroit fuperflu d’en faire une plus ample defcription. . Quoiïqu'on donne dans la vuidange des foffes la préférence aux moyens dont je viens de parler, ils ne laiffent pas que d’être fujets à des incon- véniens d'une dangereufe conféquence. Les Auteurs que j'ai déjà. cités en ont relevé & publié quelques-uns ; en voici un apperçu. ce 1°. Le feu, de quelque manière qu’on en fafle ufage, fait éprouver aux Vuidangeurs une chaleur très-incommode. 2°. I ne fauroit empêcher les émanations pernicieufes des matières fé- tides , lorfqu’après avoir été tirées des foffes , on les tranfporte en plein air. 3°. Le ventilateur eft un appareil très-compliqué. Le cabinet dont dé- pendent fes avantages trouve fouvent dans le local des foffes.des empè- chemens qui ne permettent pas de s’en fervir. 4°. Le courant d'air que détermine l'appareil du ventilateur dans les fofles, eft fi fuperficiel, qu'il laifle la mafle méphitique daus l’état de ftagnation qui fait le danger des Vuidangeurs. 5°. La vapeur des fofles, chaflée par le jeu des foufflets, n'en exifte pas moins dans l’atmofphère. IL eft des cas où elle retombe & produit des accidens fâcheux, même à de grandes diftances de la foffed’où elle s'eft élevée. * 6°. Enfin, tous ces moyens ne font que des palliatifs, & ne fauroient détruire le principe du méphitifme, I! éroit temps qu'on ne livrât pas au hafard une opération autant impor- tante & dangereufe que l’eft ceile de la vuidange des’ foffes d’aifance. De cette opération dépendent la fanté, la vie des hommes, & principale- ment de ceux de la claffe qui en eft fpécialement chargée; claffe fi utile & pourtant fi dédaignée ; claffe que fes fon&tions rebutantes & fes périls im- Rs rendent fi déplorable ; clafle qui rifque de perdre la vie pour fau- ver celle des autres , & de trouver à chaque inftant fon tombeau dans {on Laboratoire. Qu'il eft affligeant d'entendre dire enfuite froidement, que cette claffe n'eft compofée que de Porte-faix , accoutumés à vendre la force de leurs épaules à leurs Concitoyens ! réflexion inhumaine & méprifable ! il n’y a ue des ames viles & barbares qui foient capables de la faire. Il feroit plus difcile de les changer & de les neutralifer , que quelqu'amas de corrup- tion que ce füt. Celui des foffes d’aifance eft le produit des déjetions groflières des parties animales & végétales, & des fubftances gazeufes décompofées, atténuées & miles en aétion par la chaleur fouterreine. Les vapeurs mé- phitiques qui s’en exhalent étant d’une nature acide, il étoit naturel de - . SUR L'HIST: NATURELLE\ET LES ARTS. 443 penfer que les alkalis feroient les agens qui pouvoient le mieux Îes neutra- lifer & Les détruire, C’eft d'après cette idée qu'a étésréglé le plan des ex- ériences donr je vais rendre compte. Je ne me fuis déterminé à pe Élier qu'après les avoir vérifiées avec M. Ca/merres (1), qui les avoit déjà faites. La vérification & la répétition de ces expériences ont fait voir que parmi elles il y en a dont la réuflite n’eft pas heureufe. Je ne fais aucune difficulté de-les rapporter avec celles que le fuccès a couronnéss , parce qu'elles peuvent épargner des tentatives inutiles à ceux qui voudroient les répéter , ou en faire de nouvelles. 1°. Une partie du gyple, jetée fur deux parties de matières fécales, abforbe leur humidité , fans détruire leur odeur. 2°, Une partie de chaux réduite en poudre par l’action de l'air, ayant été jetée fur quatre parties d’excrémens &id'urine mêlés enfemble, il s'é- leva du mêlange une grande quantité d’alkäli volatil ; mais l'odeur putride n’en fut pas entièrement diffipée. 3°. Une partie de lait de chaux , rendu cauftique par une lefive ordi- naire, étant jetée fur quatre parties d'excrémens & d'urines mélés, détruit fur le champ le principe odorant de ce mélange : quelque mouvement qu'on lui imprime, il eft toujours inodore, Dans cette expérience, il ne fe dégage pas d’alkali volatil. à 4°. Une partie de lait de chaux , rendu également cauftique par la lie de vin calcinée, ayant été projettée fur deux parties de matières fécales, d'urine & du foin haché, qui, depuis neuf mois , étoient enfermés enfem- ble dans une cucurbire de verre bien lurée, détruilit, au moment même de la proje“tion, leur principe odorant, fans qu'il s'en dégageit aucun atôme d’alkali volatil. 5°. Le mêlange de la précédente expérience’ fut mis dans un baquet de vendange , où il s’éleva à la hauteur de 4 pouces : on y ajouta fix livres de chaux en poudre, & neuf livres de fang de bœuf; on y jetta encore chaque jour d'autres excrémens & de l'urine. Ce nouveau com- pofé, qui remplit prefque le baquet, ne rendir, dans l’efpace de deux mois ,‘aucune mauvaile odeur. 6°. Pour favoir fi l'odeur putride ne reparoîtroit pas, on fépara quatre livres de la partie la plus Auide des excrémens neutralifés, & on les verfa dansun vaifleau de terre de grès. Ce vaifleau ayant été expofé pendant vingt jours à l’aétion de l'air, la matière qu'il contenoit fut toujours dore Il fe forma à la furface une pellicule femblable à la crème de (x) Cer habile Maître en Chirurgie , ce digne Lieutenant du premier Chirurgien du Roi, a des connoiffances fort étendues fur la Mécanique , Anatomie, la Chymie, PHiftoire Naturelle, la nature & la qualité des remèdes propres à chaque maladie: il porte beaucoup d'intelligence, d’exaétitude , de précifion & de dextérité , dans les expé- riences phyfiques & les opérations chirurgicales. Tome XIX, Part. I, 1782. JUIN. Mmm2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chaux, Après l’évaporation, il refta un précipité terreux, qui , mis fur une pelle rougie , exhalæune odeur animale très-fenfible. Ces expériences ont été faites en grand par des Particuliers de Nar- bonne ; leurs foffes d’aifance n’avoient point été vuidées depuis près d'un fiècle, & elles contenoient environ 100 pieds cubes de matière fécale, qui éroit liquide à la furface, & jufqu'à deux pieds de profondeur. Il étoit à craindre qu’en l’enlevant , il n’arrivât des accidens fâcheux. Dans la vue de les prévenir, on fit une leffive avec du falicor (1) pulvérifé & des cendres ordinaires , dans laquelle on éteignit de la chaux vive réduite en poudre par l’action de l'air; & on La jetta , à différentes reprifes , par le fége d’aifance, fur la matière putride. Après la projection de la leflive, cette matière fut inodore, & on fit la vuidange de la foffe qui la renfer- moit , fans que l’odorat en fütubleflé, & fans qu'on éprouvat la plus lé- gère incommodité, > Ce procédé réunit plufeurs avantages ; il neutralife à jamais la ma- tière putride, ainf que le démontrent les expériences rapportées , & no- tamment la cinquième. Il eft fimple: on peut le faire en tout temps, en tout lieu , & dans routes les circonftances. [left économe , puifque 15 ou 20 fols fufñfent pour neutralifer quelque magafin de corruption que ce foit. Pour remplir cet objet , il'faut éteindre dans environ deux quintaux & demi d’eau naturelle , à-peu-près cinquante livres de chaux vive: on ajoute enfüuite à ce lait de chaux trois ou quatre livres d’un alkali fixe quelconque , foi concret , foir en liqueur. Il eft inutile de dire que plus ce mélange aura de force & d'énergie, & plus l'effet qu'il produira fera fenfible, On range dans la claffe des alkalis concrets la potafle, la lie de vin calcinée, le falicor , la foude , le varech, le fel £ tartre , le tartre cal- ciné , &c. On comprend dans la clafle des alkalis en liqueur l’huile*de tartre, la leflive des Savonniers, celle des Buüanderies , toutes les leflives de cen- dres , &c. Comme on trouve par-tout à bas prix ces alkalis & le lait de chaux, il eft facile de faire la compofition que je viens d’indiquer. Dès qu’elle eft faite ,on en répand PÉPAE proportionnée à la grandeur de la foffe à vuider fur la matière putride. Cette projection fe fait par la lunette de conduite. (1) Les expériences rapportées dans mon Mémoire fur le Salicor , font voir que le fuc & le marc de cette plante contiennent du fel marin, & une grande quantité d’al- kali minéral, & qu’on retrouve les mêmes fels, fans être décompofés , dans la ma- tière qui provient de la plante, après la combuftion & la calcination, Cette matière eft le As Sayans étrangers, tome V, pag. 531 & fuivs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 435 Après qu'on l’y a jettée, ilne peut être qu'avantageux de percer avec une longue perche, à différens endroits , la matière putride. De cette façon , la compolition s’infinuera mieux dans cette matière, en pénétrera plus intimément les différentes couches, & parviendra plus facilement Jufqu'au fond de la foffe. Si, par un événement imprévu , il arrive qu'après l'enlèvement de quel- ques couches de la matière putride , la mauvaife odeur reparoiffe dans la fofle, la prudence exige qu'on y répande une autre quantité de la même compolition, Comme on l'a commodément , & pour ainfi dire fous la main, il fera ailé de faire cette nouvelle afperfion. Pour l'ordinaire , les foffes d'aifance répandent , quelques jours après leur vuidange, une odeur plus défagréable encorerque celle qu'elles ré- pandoïient avant que d'être vuidées. Si, durant ces jours, des Maçons y defcendoient pour les réparer , ils rifqueroient d’éprouver les effets funeftes de la mofette, d'en être Les victimes, On a remarqué aufli que ceux qui fe prélentent dans ces circonftances fur le fiége d’aifance, font expofés à la dyffenterie & à des hémorrhoïdes douloureufes. Le retour LA la vanne dans ces fofles produit ces incommodités & la mauvaife odeur. On préviendra ces inconvéniens , en arrofant avec la compofition indi- quée les murs & le fond des fofles récemment vuidées, Quand on a des foffes d’aifance à faire vuider , & qu’on ne craint pas la dépenfe , on peut fe fervir d'une forte leflive alkaline, fans ysgjouter le lait de chaux ; cette leflive rendra parfaitement inodore la matière pu- tride. Si au contraire on veut ufer d'économie, on pourra neutralifer cette matière avec le feul lait de chaux , fans addition d’aucun alkali; mais if faut alors employer un peu plus de lait de chaux. L'expérience à fait voir qu'on réuflifloit au mieux en fuivant ce procédé , le moins coûteux de tous, quoique tous les autres le foient fort peu. Pour rout concilier, on a préféré celui du lait de chaux, où l'on ajoute un alkali fixe quel- conque, Ce procédé participe des deux autres ; il eft mixte. Le fuccès com- plet qu'il a eu dans la vuidange des foffes d’aifance où il a étéemployé , a déterminé à lui donner la préférence. D’après ce qui vient d'étre dit, on comprend qu'il eft facile de fup- pléer à peu de frais, dans les maifons des particuliers , les fofles d’aifance : 1] ne s'agit que d’avoir un baquet, au bout füpérieur duquel on établit un fiége, Cinq ou fix livres de chaux vive, une petite quantité de cendres, & deux feaux d'eau jettés dans ce baquet, empécheront que les déjec- tions groffières qu'il recevra ne répandent aucune mauvaife odeur. On voit fans peine qu'au lieu d'un baquer, on peut employer une chaife, un fauteuil, un fopha , & leur donner même une forme élégante. La matière fécale étant neutralifée de la manière qu’on vient de rap porter, eft un excellent engrais pour les terres : nuifible & pernicieufe aux Arts, aux hommes, & fur-tout aux malades, quand elle eft dans fon 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, état naturel, elle devient ; après l'avoir perdu , utile & profitable à PAgri- culture & à l'humanité, L'importance de l'avis que je prends la liberté de donner au Public, me fait efpérer qu'il voudra bien me pardonner les détails que j'ai été forcé de mettre fous fes yeux. Dans un fujet fi étroitement lié au bien de l'humanité , j'ai cru qu'il valoit mieux en ‘trop dire , que d’en dire trop peu. Si en fuivant le procédé que j'ai indiqué pour faire fans inconvénient & fans danger la vuidange des fofles d’aifance , on parvient à fauver la vie d’un feul Citoyen, j'aurai obtenu de mon travail la plus douce ré- compenfe qu’il foit poflible d'ambitionner , lorfqu’on s’intérefle à la con- fervation des hommes. Rien de ce qui les regarde ne fauroit m'èrreindiffé- rent, & moins encore étranger : Homo [um , humani à me nil alienum puro. (Térence.) D'OLORMREETS Prapofis à MM. Les Savans, par M. P. DE LA COUDRENIERE. Se eft vrai, comme l’a dit Defcartes, qu'un bon Phyfcien doit ne s'entêcer fur rien, & apprendre à douter de tout, on peut dire que cette difpofition d’efprit eft fur-rout néceffaire pour fe garantir de quelques faux principes qui fe font gliflés dans la Phyfique moderne. On a écrit, & l'on répète tous les jours , que L2 grandeur & La petitefle n'ont rien d'ab- Jolu, & qu'un corps ne doit être eftimé petit ou grand, que par com- paraifon à un autre corps, D’après ce principe , des Phyficiens célèbres ont foutenu que la génération n’eft qu'un développement , c'eft-à-dire, que Le premier homme , le premier cheval, la première fouris contenoient en eux-mêmes tous les individus de leur efpèce , qui devoient naître juf- qu'à la fin du monde, & que ces individus ne Le que fe développer fucceflivement, étant tous formés les uns dans les autres , dans la propor- tion d’un animal adulte à un fœtus renfermé dans fa femence ; pareille- ment, que les végétaux ont tous été formés à la création; que le premier chêne renfermoit tous Les chênes à venir dans la proportion d’un chêne à un gland. F Ce fyftème , aujourd'hui prefque abandonné, ne trouveroit pas ici une place, fi un autre fyftème non moins incroyable n’avoit été de mème fou- tenu par des Phyfciens d'une grande réputation, & qui fe font fondés SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 fur le même principe. En traitant des merveilles de PUnivers , ces Hiftoriens de la Nature ont dit que les animalcules microfcopiques font à d’autres plus petits ce que l'éléphant eft à un ciron ; & que ceux-ci fonrà d’autres encore plus petits dans Îa même proportion, ceux-là à d'autres, & ainf de plus petit en plus petit, jufqu'àf l'infini. Mais, fans vouloir examiner toutes Les conféquences que l'on peut tirer d'une pareille hypothèle , con- fultons l'expérience; interrogeons la Nature dans l’ordre & l'harmorie qu'elle a établi dans l'Univers. Les quadrupèdes en général vivent plus long-temps que les reptiles, ceux-ci plus que les infeétes, & ceux-là plus que les animalcules, Il en eft de même ee le Règne végétal: les arbres durent plus que les arbrif feaux , ceux-ci plus que les dr ceux-là plus que les herbes; & enfin, celles. ci plus que les plantes éphémères. La durée de la vie fe mefure donc en général fur la force & la grandeur de l'individu. Je fais qu'il y a des exceptions particulières. L'homme, par exemple, vit plus de temps que le bœuf & le cheval; mais cela ne prouve rien contre l’ordre géné-- ral de la durée de la vie dans chaque genre. Ce principe érant démontré par l’obfervation, il me femble que s’il y avoit des animaux aflez petits pour être aux animalcules microfcopiques ce que le ciron eft à l'éléphant, leur durée ne feroit que d’un inftant, & qu'enfin de plus petits animaux ne pourroient exifter. Quand l'imagination philofophique eft une fois échauffée, elle fe donne le plus fouvent une carrière fi grande, que la raifon ne peut la fui- vre, On a été jufqu’à dire que chaque atôme infenfible pourroit bien ren- fermer un Univers où fe trouveroient des foleils, des planètes & des ha- bitans, dans la même proportion que ces êtres exiftent dans l'Univers vifible, dont nous faifons partie MHé ! combien d’autres myftères aufli peu raifonnables ont de même été imprimés ? Si l'étendue particulière de cha- que corps n'eit point une grandeur abfolue , relativement à celle du tour univerfel , pourquoi dit-on encore que Le rout eff en raifon de fes parties ? C'eft ainfi que plufieurs de nos axiomes fe trouvent en contradiétion, quand on veut fe donner la peine de les comparer : aufli re peut-on, fans humeur ; blâämer le doute univerfel de nos Sceptiques. J'aime donc mieux croire que la charpente de l'Univers n'a rien de vague ou d’indéterminé. Tout eft lié & conféquent dans la Nature ; rout eft fini relativement au tout , comme ilgJeft relativement aux parties. Cette Nature fimple& énergique fuic un plan, un fyftêéme général , donc ordre & l'harmonie forment la bafe, L'étendue & la durée des indi- vidus font déterminées en grand comme en petit ; & dans les trois Rèones, il y a des bornes de grandeur que Les forces de la Nature ne peuvent outre- pañler. En fuppofant qu'il pât fe former monftrueufement un animal d’une grandeur démefurée , il faut croire qu'il périroit avant d’avoir achevé fa croiflance, & qu'il ne pourroit perpétuer en efpèce. Ainfi , tous 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les individus font relatifs à la place qu’ils occupent dans l'Univers, & l'on peut confidérer cet Univers comme un individu lui-même , ou comme un grand être animé qui en contient une infinité d’autres , dont l'étendue & la durée font néceflairement déterminées en raifon de l'harmonie géné- tale, 5 Ces idées , qui me paroiffent fimples & évidentes, ne feront pas du goût de toutle monde; car depuis que l’on foutient que la grandeur & la pe- titeffe n’ont rien d’abfolu, l’on a bâti des fyftêmes brillans qu’il feroit fä- cheux d'abandonner. Cependant, comme je crois les Savans plus ama- teurs de La vérité que de ces fyftêmes , j'ofe es prier de réfoudre les pe- tites difficultés que j'ai l'honneur de leur expofer , afin d'éclaircir mes dou- tes: cela pourra m'enhardir à leur en propofer de nouveaux fur d’autres points de la Phyfique moderne. - . LE PAN DES BŒUFS, Qui indique les plantes que mangent les Bêtes à cornes, @& celles qu'elles rejettent. Par M. HOLMBERGER ; traduit du Suédois par M. DE Mo RPEAU, M oN objet n’eft pas de donner aujourd'hui fous ce titre de Pan des Bœufs, un Ouvrage complet; car il faut pour cela plus d'expérience que je n'ai pu en acquérir. Ce pecit recueil d'obfervations plufieurs fois ré- pétées , pourra feulement fervir d’appendice à l’Ouvrage intitulé Pan Sue- cicus , concernant les plantes qui nont pas encore été examinées par rapport à ces animaux. Les gramens (gramina) font très avantageux pour les bœufs; mais on iroit trop loin , fi on adoptoit comme principe général qu'ils les appè- tent toujours également, en quelque temps & en quelque fituation que ce foit : nos prairies & nos pâturages nous fourniflent la preuve évidente du contraire. Antoxanthum odoratum, e Flouve odorante (1). Scirpus lacufris. ; Scirpe des étangs. Scirpus fylvaticus. Scirpe des bois. Phalaris arundinacea, Phalaris rofeau. (1) On rapporté ici, & dans toute la fuite les noms vulgaires François à la place des noms vulgaires Suédois. Phlemum © SUR L'HIST, NATURELLEVET LESTARTS» 449 Phleum pratenfe. ": Fléau des prés, Agroffis flolonifera, . .….. Agroftis traçant. \ Aira cefpitofa. Foin élevé. Aira flexuofa, :,. j Ou de quelqu'autre animal. Pline a dit que les animaux qui reflentent quelqu'indiipofition, font ufage des plantes médicinales. On n'a pas examiné, que je fache ; de nos jours fi cela étoic exact; mais il eft de ma connoilance que les chiens qui je SE de vomir, mangent les feuilles des plantes fuivantest: { \ Milium effufum. + Milletot étalé: Agroflis arundinacet. Agroftis-rofeau, $ Triticum repens. Chiendent, 1, Les moutons cherchent les Aeurs nouvelles - De l'Hyorciamis niger. Jufquiame nôir, Du Verbafeum nigram. : -"Bouiliof noir. Le bœuf mord les fommités de la linaire, Anthyrinum l'naria, que d’ailleurs il dédaigne ordinairement. Il eft poffible qu'il y trouve le re- mède de quelque légère maladie, 2 Dans les remarques fuivantes , F fignifie la feuille , F L les fleurs, Sles pan T les tiges; Se#7 marque qu'il ne mange les tiges ‘qu'en verd. ù Les bœufs mangent volontiers: listto 2) .9nurnis He »\ ET Campanula cervicaria. 2.17 Campanule à feuilles de vipérine, Allium fchænoprafum, S. ef, Ail, Ciboules, Appétit, \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4ÿr Hypochæris maculara, Carduus paluffris. S.e,V, (1) ‘Tls mangent avec moins de goût: Veronica ferpillifolia, S. e, V, Veronica agrefliss Veronica verna. Alopecurus geniculatus. Agroflis fpica venti, Agroflis rubra, Aira aquatica. Cynofurus cryflatus. S. Fefluca decumbens, Avyena elarior. Arundo calamagroflis. S, e. V, Campanula patula. Rumex acetofella. Dianthus deltoides. Agroffema githago. Lychnis flos cuculis” Prunus fpinofa. F. Cratægus aria. F. Cifthus helianchemum. S. e. V. Lamium album, S. Dentaria bulbifera. Geranium molle, Hieracium auricula. Senecio fylvatica. Lobelia dortmanna. Typha larifolia. Carex digitata. Carex limofa. Betula alba. TT. Urtica divica.S. (2). Corylus avellana.F & T. Salix fragus, Y L. & F. Salix cinerea. F L. & EF. Agaricus chantarella. Porcelle tacheté.… F Chardon des marais, Véronique à feûilles de ferpolet. Véronique des champs. Véronique printanière. 1, a! Queue de renard genouillée, Agroftis éventé. Agroftis rouge. Foin aquatique. Queue % Ati ; Fetuque penchée. Avoine élevée. Rofeau plumeux. Campanule écartée. Ofeille lancéolée. Œillet deltoïde. Nelle des bleds. ” ‘ Lychnis déchirée. Fleur:du coucou. Prunier épineux. Prunelles. Alifier commun. Fleur du foleil. Lamier blanc. Ortie blanche, Dentaire, Bec de gene mol. Epervière oreillée. Seneçon des bois. Cardinale aquatique, Maffete à feuilles larges. Caret digité. Caret fangeux. Bouleau. Grande ortie. Noiferier. Coudrier. Saule caflant. Saule cendré. Agaric chantanelle. Gerille. (r) Ces plantes leur plaifent fi fort, qu’ils fe les difputent à coups de cornes. (2) Ils ne s’en foucient pas quand elle eft jeune, &.n’en prennent alors que les (om- mités ; mais quand elle it vicille & sèche , les bœufs s'en accommodent très. bien. Tome XIX , Part: 1, 1782. JUIN. Nnn > 4s2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Agaricus quinquepartitus, Agaric découpé. Agaricus piperatus. Agaric poivré. : Agaricus campefris. Agaric des champs. Champignon. Agaricus violaceus, Agaric violet. M0 Agaricus clypeatus.” Agaric bouclier. Peziza Cyathoïdes. Pefñfe gobelet. Lycoperdon boviffa. Yelle détours commune. Ils mangent quelquefois : Syringa vulgaris. F. Lilac commun. Veronica officinalis. Véronique officinale, Veronica beccabungas Véronique beccabunga. | Veronica chamædrys. . ; Véronique germandrée, Veronica arvenfis, Véronique des champs, ris pfèudaconis. Iris. Faux Acorus. Milium effufure. Milletot étalé. Melica ciliata. Mélique ciliée. Lolium temulentum. Tvraie des bleds, Symphytum officinale (1). Grande confoude. Glaux maritima. Glaux maritime. Convallaria bifolia. F, Muguet à deux feuilles, Juncus effjufus. Jonc étalé, Juncus filiformis. Jonc filiforme. Epilobium montanum. Nériette des montagnes. Chryfofplemum alternifoliurm. Dorine à feuilles alternes. Saxifraga granulata. S. e, P. Saxifrage granulée ou commune, Sedum rupeftre. Sedon des rochers. Sedum acre. Sedon âcre. Vermiculaire brülante, Aæa fpicata. Herbe de Saint-Chriftophe. Chelidonium majus. Grande chelidoine. Ajuga pyramidalis. Bugle pyramydale. Glechoma hederacea. S. e. V, Lière terreftre. Geranium cicutarium. Bec de grue à feuilles de cigne. Geranium Robertianum. Bec de grue. Herbe à Robert. Geranium rotundifolium. Bec de grue à feuilles rondes. Orobus niger. FL. & S.S. e, F. Orobe noir. à Trifolium repens. Trèfle rampant. Orchis incarnata. Orchis incarnate. Pinus fylveffris. F. - Pin fauvage. à (x) Une partie des Payfans de la côte occidentale font dans lufage d’en broyer les feuilles, & de les appliquer furla tête, pour la céphalalgie. SUR L'HIST. Et les bourgeons, Pinus abies.F. Et les boutons. , Salix pentandra, FL. Fucus verficulofus. Fucus ceranoides. Ils ne touchent pas aux fuivantes. Callirriche verna. Callitriche autumnalis, Schenus ferrugineus. Scir pus maritimus, Nardus ffriéa. Montia fontana. Plantago maritima. Poramogeton marinum. Gentiana centaurium. Chærophyllum temulum. Juncus articulatus. Juncus bufonius. Peplis portula. Adoxa mofchatelina. Andromeda polifolia, Pyrola minor. Pyrola fecurrda. Pyrola umbellata. Arenaria peploïdes. Sedum album. Sempervivum teélorum. Ranunculus bulbofus. Eryfimum alliaria., S, e, V. Bunias cakile. Lotus maritima. Sonchus arvenfis. Carlina vulgaris. Filago [ylvatica. Orchis conopfra. Salix fufca. _Ophiogloffum fylyaticum, NATURELLE ET LES ARTS, 453 Pin épicia, Saule à feuille de laurier. Varec de diverfe couleur, Varec céranoïde, Callitric printannier, Callitric d'automne. Choin ferrugineux. Scirpe maritime. Nard ferré. Monti des fontaines: Plantain maritime. Epi d'eau maritime: Gentiane. Centaurée, Petite centau- rée. Cerfeuil penché. Jonc articulé. Jonc des crapauds. Peplide pourpine. Mofcateline. Andromède à feuilles de polium, Petite pyrole. Pyrole unilatérale. Pyrole ombelliée. Sublime pourpière, Sedon blanc. Trique-Madame. Joubarbe. Renoncule bulbeufe, Genouillete. Alliaire. Roquette maritime. Lotier maritime. Laitron des champs. Carline commune, Coronnière des bois, Orchis conopfée. Saule brun. Langue de ferpent. 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : Afplenium trichomanes." Doradille politric. Lycopodium clavatum. Lycopode à maflue. Lycopodium felago. Lycopode fourchu. Polypodium filix mas, Polypode fougère mâle, Polypodium fragile, Polypode fragile. Agaricus fimetarius. ; Agaric des fumiers. Phallus efculentus. Morille comeftible. Phallus impudicus. Morille fétide. S ECG O;, N'D:E L ET TRE De M. BARBIER DE TiNAN, a M. NERET fils, fur les Airs inflammables. _ J "AI beaucoupltardé, Monfieur , à répondre à la lettre que vous m'avez fair l'honneur de m'écrire le 16 Mars dernier, & je vous en dois bien des excufes. Beaucoup de circonftances, d'occupations & autres m'ont empêché de m'occuper de Phyfique & de Chymie autant que je l’aurois defiré. Vous me paroiffez avoir de la peine à accorder à l'air inflammable des mafais la faculté de détonner:; vous penfez que l'effet de fon inflamma- tion par l'étincelle électrique dans les vaifleaux clos, ne doit pas être regardé comme une vraie déconnation , en le regardant cependant comme Veffet néceflaire des airs mélanges qui fe dilatent en s’allumant ; & font effore contre toutes les parties de la machine qui les renferme. I me femble qu'en convenaneentre nous de ce qu’on doit enterfdre par détonnation , nous par- viendrons à rapprocher nos idées. La détonnation eft l’effec que produit fur l'air la dilatation fubite d’un corps enflammé, La plupart des corps qui brûlent n’ont qu'une inflamma- tion fucceflive , tant parce que le dégagement du fluide élaftique ou de l'air inflammable, que M. Volta regarde avec raifon comme la matière de toute efpèce d’inflammation , ne fe fait fuccefivement , que parce que ce même air inflammable n’a qu'un conta@ fuperficiel avec l'air de l'atmof- phère ,; & que.celui-ci n'eft'qu'en partie en état de favorifer l'inflamma- tion, & perd par conféquent promptement cette propriétés Voilà pour- quoi les corps qui brûlent le font la plupart fans déronnation. À mefure qu'une des caufes qui rendent l'inflammation fucceflive diminue, celle-ci devient plus fimultanée : un plus grand nombre de parties fe. dilate à-la- fois , & donne à l'air un choc, qui produit un bruit qui va depuis le fimple ni A LL nt SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 455 pétillément jufqu’au fracas épouvantable des canons & des mortiers, Ainfi, l'on voit les fubftances dont l'air inflammable fe dégage avec facilité, ou l'air inflammable lui-même , lorfqu’il eft dégagé , biüler avec plus de vivacité : on voit cette vivacité augmenter & aller jufqu'à la détonnation, - lorfque l'air inflammable, au lieu de n’avoir qu'un contact fuperficiel avec l'air atmofphérique, eft mêlé avec lui, & Le touche par tous fes points; & l’on voit enfin certe détonnation parvenir au plus haut degré, lorfqu'au lieu d'air atmofphérique , l'air ntrabe eft mêlé à un air dont la totalité eft en étac d'entretenir la flamme, à Pair déphlogif- tiqué. Le nitre a, comme on fait, la propriété de détonner avec les fubtances dont le phlogiftique fe dégage par l'ignition , & lon a cru longtemps qu'il la poffédoit exclufivement. Cette déconnation s'explique par Les prin- cipes que je viens d’expofer. L’acide nitreux, lorfqu'on lui applique une chaleur vive, & lorfqu'il eft engagé dans une bafe qui l'empêche de s'é- lever en vapeurs & de fe volatilifer en fubftance , eft décompofé & réduit en air pur ou déphlogiftiqué. Cet air, mêlé à l'air inflammable que l'igni- tion développe, ou à une autre fubftance quelconque , dont le phlogifti- que peut fe dégager avec facilité, étant de toutes parts en contact avec le phlogiftique , fait qu'il peut s'enflammer fubitement & fimul- tanément , & caufer la dilatation fubite, qui produit la détonnation. Lorf- que, par la diftillagion du charbon, j'ai obtenu de l'air inflammable, & que celle du nitre m'a donné de l'air déphlogiftiqué; & lorfqu'ayant mélé ces deuxBirs, je vois qu'en y mettant le feu , ils produifent les mêmes effets qu'auroir produits le mêlange du nitre & du chaibon, jene puis me refufer à croire que j'ai extrait de ces deux corps les fubftances auxquelles ils doivent la propriété de détonner, Pour en revenir à notre air inflammable des marais , vous avez vérifié, ainfi que moi , qu'il exigeoit pour fon inflammation une plus grande quantité d'air commun que l'air inflammable des métaux, & qu'il éroit en total plus lent & plus difficile à enflammer que celui-ci, puifqu'une foible étincelle électrique ne fufht pas pour cela, & qu'on a befoin de l'explofion d’une petite bouteille de Leyde. Vous avez de même reconnu que les li- mites de fon mêlange avec l'air atmofphérique néceflaire à fon inflam- mation, font beaucoup plus étroites, puifqu’elles ne vont que depuis 6, 7 & même 8 mefures de celui-ci, jufqu'à 13 ou 14, tandis que pour l'air des métaux, elles vont depuis une mefure jufqu'au même nombre: il m'a de plus femblé remarquer que cet air fe mêle plus difficilement avec l'air commun, [1 faut , Jorfqu'ils font enfemble, les fecouer quelque temps, fans quoi l’infammation n’a pas lieu. Enfin, la différence felon moi la plus remarquable entre ces deux airs, c'eftque celui des marais à quantité égale, vicie confidérablement davantage l'air commun, après l'inflamma- / 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : tion, que ne le fai l'air des métaux. Tout cela annonce une différence réelle entreces deux fubftances, foir dans la nature d’une partie des princi- pes qui les compofent , foitdans leurs proportions refpectives , foit dans leur mode de combinaifon. Il femble qu'il enitre plus de phlogiftique dans la com-= pofition de l'air des marais , & que ce même phlogiftique foit uni plus intimément aux autres principes qui le compofent, de manière qu'il ait befoin pour s’en dégager d'un choc plus violent, d'une chaleur plus grande, & d'un réceptacle plus abondant ; c'eft pourquoi fon inflammation eft communément lente & fucceflive dans les vaifleaux ouverts, où fon mé- lange avec l'air commun nefe fait pas uniformément & dans les propor: tions convenables; mais le mêle-t-on dans des vaifleaux fermés avec la quantité d'air commun néceflaire pour qu’il s'enflamme en entier & tout- à-la-fois , dlors fon inflammation produit une véritable explofion, une véritable détonnation , caufée par J’expanfion fimultanée de toutes fes parties. Doutez-vous encore, Monfieur, que cette inflammation , telle que vous l’avez vue dans le tube de M. Volta, ne foit une véritable dé- tonnation ? Employez , au lieu de celui-ci, le piftoler; mêlez-y ces airs dans les proportions néceflaires ; mettez y le feu par la décharge d'une petite bouteille de Leyde : la force & le bruit avec lequel Le bouchon fera chaflé, ne vous permettront plus de refufer à l'air inflammable des ma- fais la faculté de détonner avec l'air commun. Vous combattez, Monfieur, la dénomination d’air phlogiftiqué que donne le Doéteur Prieftley à tout air qui eft de même qualité que celui qui a été vicié par la combuition ou Les émanations phlogiftiqueslde toute efpèce. Vous dites que ce nom paroîtroit plutôt convenir à l'air inflam- mable , dans lequel l'inflammabilité dénote la préfence du phlogiftique, Quoique je ne regarde pas cette théorie du Docteur Prieftley comme dé- montrée, c'eft cependant jufqu'ici celle qui m'a paru la plus fatisfai- fante, & rendre le mieux raifon de la plupart des phénomènes. Suivant. cette théorie, l’air eft une des fubftances dont l’afinité avec Le phlogif- tique eft la plus forte ; il l'enlève à la plupart des corps, mais avec cette différence , que pour le dégager de certaines fubftances avec lefquelles fon union eft plus foible, il n’a befoin que du fimple contact. C’eft ainfi qu'il enlève au fang veineux dans l'acte de la refpiration; à l'acide nitreux, Lors de fon mélange avec l'air nitreux ; au foie du foufre , à toutes les fubftances enfin, dont les fimples émanations phlogiftiques vicient l'air (1), tandis que le phlogitique , plus intimément uni avec d'autres fubftances , (1) Je n’emploierai pas ici la doétrine de M. Crawford , qui prétend que dans tousces phénomènes, il y a double décompofition, la chaleur & le phlogiftique fe précipirant mutuellement, & prenant la place lun de l’autre. F né pr SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 ne peut en être dégagé par l'air , qu'avec Le fecours d’une chaleur aétive, comme dans l'inflammation de l'air inflammable & des corps combultibles, dans la calcination des métaux, &c. L'air ainfi vicié peut donc être appellé phlogiftiqué , puifqu’il n’eft vicié que par l'union qu'il a contraétée avec Le phlogiftique : il en eft faturé, & ne peut plus en recevoir de nouveau; il n’eft donc propre ni à la refpi- ration, ni à la combultion; il n’eft point inflammable. L'inflammation eft caufée par le dégagement fubit du phlogiftique, qui, à l’aide de la cha- leur, abandonne une fubftance à laquelle il eft uni, pour fe joindre à une autre avec laquelle il a plus d'afñnité, Celle qu’il a avec l'air étant fupé- rieure , ilne peut en être dégagé de cette manière, & ne peut plus en être féparé que par ces procédés fecrets que la Nature paroît s'être réfer- vés pour rendre à l'air de l'atmofphère le degré de pureté qui lui eft né- ceflaire , & dont la végétation, d’après les expériences récentes du Docteur Ingen-Houz, paroît être un, L'air inflammable contient bien à Ja vérité du phlogiftique, mais uni à une fubftance quelconque, de la- quelle il peut aifément fe dégager à l’aide d’une certaine chaleur. Quelle eft cette fubftance? eft-elle la même dans les différens airs inflamma- bles ? Ce font des queftions qui me paroiffent bien difficiles à réfoudre (1): mais je ne penfe pas que l'air inflammable foit le phlogiftique pur; & je crois, avec la plupart des Chymiftes, que jufqu'ici nous ne connoif- fons aucun moyen d'obtenir ce principe autrement que dans un état de combinaifon, & qu'il n’abandonne un corps que pour s'unir à un autre. Au furplus, comme il paroît entièrement identique , il n’eft pas éton- nant qu'il révivifie les chaux métalliques. Quel que foit le corps avec lequel il eft combiné , il paroît que les chaux métalliques ont avec lui une afh- nité fupérieure à celle de la plupart des corps , excepté l'air; c’eft pour- quoi elles peuvent l'enlever à prefque toutes les autres fubftances , & l'air feul eft en état de le leur enlever dans le procédé de la calcina- tion. M. Volta, qui a lu, dans le Journal de Phyfique, votre lettre & la mienne , me marquoit dernièrement qu'il penfoit ainfi que moi, que dans l'air des marais ce n’eft point l'air fixe qui eft mêlé à l'air inflam- mable , & que de nouvelles expériences qu’il avoit faites, & qu’il me promet de m'envoyer, le confirment dans cette opinion. J'ai la preuve cependant que cet air , lorfqu'il fe dégage du fond de l’eau, peut être mêlé d’air fixe. J'ai voulu effayer , il y a quelques jours , de cet air que j'avois recueilli dans le courant de l'été, & que j'avois confervé dans des bou- (x) Il paroît très-probable que le phlogiftique dans l’air inflammable eft uni à un acide ; cependant l’on n’a pas pu y démontrer encore l’exiftence de celui-ci, & l'on produit de l'air inflammable au moyen de fubftances qui ne paroiflent pas en con- tenir. M. de la Merherie en a extrait des métaux par d'eau, 1781, tome 18, pag. 156. Toms XIX, Part. 1,1782. JUIN. 00 4538 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tilles bien bouchées & renverfées avec un peu d’eau dans le goulot, auxquelles je n’avois pas touchées depuis. En commençant à dégager le bouchon hors de l'eau, j'ai entendu un petit fifflement, j'ai fur le champ plongé le col de la bouteille dans l'eau ; & ayant ôté le bouchon, l'eau eft montée rapidement dans la bouteille, & en a rempli un dixième ou un douzième. C’étoit bien évidemment de l'air fixe mêlé à l'airinflammable , & que l'eau reftée dans le goulot avoit abforbé. Le réfidu fecoué dans l’eau , pour lui enlever ce qu’il pouvoit encore contenir d’air fixe, éroit de l'air inflammable des marais de très-bonne qualité; il a fallu huic fois fon volume d’air commun , pour qu'il s’enflammät; fa dé- tonnation a été très-forte, & le rélidu étoit confidérablement vicié. Ce n'eft donc pas à l'air fixe que l'air des marais doit les propriétés qui Le font différer des autres airs inflammables; & fi elles font occafionnées par un mélange , il eft plus probable que c’eft par celui de l'air phlogiftiqué, puifqu'il les conferve même après qu'un long contact avec l’eau , ou l’a- gitation dans l'eau, l'ont dû dépouiller de tout air fixe. J'ai fair, dans le courant de cer été, quelques expériences amufantes fur l'air inflammable ; j'ai répété quelquefois celles de M. Chauflier fur les bulles de fivon, & me fuis amufé à comparer l’inflammation de ces bulles remplies de différens airs inflammables , foit purs, foit mêlangés ; à voir la lenteur avec laquelle brûlent celles qui font pleines d’air des marais; la vivacité de cell:s qui le font d’air des métaux ; l'explofion de celles-ci, lorfqu'il y eft mêlé d'air commun: mais je vous avoue que j'ai été étonné du bruit de celles dans lefquelles j'avois introduit deux parties d’air in- flammable contre une d'air déphlogiftiqué. C+Îles qu'on allume en l'air éclatent avec une force fingulière , qui eft encore furpaflée par celles qu'on fait naître fur le verre même, La répercuflion contre le verre caufe un bruit qui affecte le tympan , au point de rendre fourd pendant quelques inftans Cela n'a donné l’idée d’eflayer l’inflammation d’une groffe vefie de bœuf remplie du même mélange. J'ai adapté à l'extrémité de la veflie un petit appareil femblable à celui du piftoler; favoir, un petit tube de cuivre, traver{é par un tube de verre, qui l’étoit lui-même par un fil de cuivre, dont l'extrémité recourbée dans l’intérieur de la veflie, s’appro- choit à une ligne du tube de cuivre. Au moyen de deux fils de métal, attachés, l'un à l'extrémité extérieure du fil de cuivre, l’autre aun anneau que portoit extérieurement le tube de cuivre, je pouvois , d’aufli loin que je voulois, porter une étincelle électrique dans l'intérieur de la veflie. J'ai ‘répété plufeurs fois l'expérience, tantôt du premier étage dans une cour, tantôt dans un jardin , à une très-orande diftance, L’explofion de la vefis étoirt effrayante , & l’on ne pouvoit s'empêcher d’être étonné de fon inftantanéité, J'ai voulu voir l'effet d’une femblable veflie allumée au fond de l’eau ; je l'ai exécuté à la profondeur de 10 ou 12 pieds d’eau: je m'at- tendois à un effet confidérable ; je n'ai eu qu'un bruie très-fourd & très SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 foible , & un petit nombre de bulles d'air, qui fe font élevées à fa fur- face de l'eau (1). Réfléchiffant fur une diminution d'effet qui m'étonnoit, Jai examiné quel étoit l'effit de l’inflammation de ce mélange dans le tube de M. Volta; j'ai vu que la plus grande dilatation, au moment de l'inflammation , n'alloit pas au double du volume de l'air , & que l’inftanc après il ne reftoit guères qu'un dixième ou un douzième de ce fecond volume, Cela m'a fait juger que l'effet de la détonnation n’eft dû qu'à la fimultanéité du choc d’un grand nombre de parties qui s’enflamment-à-la fois , & non à la grandeur de l’expanfion de ces mêmes parties; que pour rendre raifon des effets de la ue à canon, l’on n’avoit pas bein d’a- voir recours à la production de vapeurs capables | comme celles de l'eau, d'occuper un efpace quatre mille fois plus grand qu'auparavant ; qu'il fufhfoit d'avoir égard à la quantité d'air qui peut fe produire & dé- tonner à-la-fois. RÉPONSE De M, NeRET f/s a La feconde Lettre de M. BARBIER DE TINANW, Sur l'Air des Marais € les différentes efpèces de Gaz inflammable. JE vois bien, Monfieur , que la manière de m'expliquer fur La déronna- tion de nos différens airs inflammables , a laifié du louche fur le véritable fens que je voulois donner à ma phrafe. Il eft hors de doute que dans le petit appareil de M. Volta, le mélange de l'air des marais & de celui de latmofphèré ne produife une déronnation ; tandis qu'il eft évalement cer- tain qu'un mêlange femblable n’en donne aucun figne , lo:fqu'il eft placé dans un vaifleau ouvert, dont le diamètre intérieur eft égal à fon orifice : mais il féra bien facile de trouver la véritable raifon Fe ces différences apparentes. Dans l'appareil du célèbre Profeffeur d'Italie, dès que l’infammation a lieu , la détonnation devient néceflaire, parce que l'air de l’atmofphère, dilaté par la déflagration de fon aflocié, à faquelle il a concouru par fon © (x) J'ai écé aidé, foit dans l’idée, foit dans l’exécution de plufeurs de ces expériences, par le fieur de Gabriel, Mécanicien très habile & très-inez ligent, qui s’eft fixé pour quelque temps ici. Il a conftruit unCabinet de Fayfques compofe des initrumens les plus beaux & les mcilleurs , & a donné beaucoup de Cours, où il a fatisfait tous les Auditeurs, tant pat la dextérité avec laquelle il fait les expériences , que par la manière dont il les explique. Tome XIX, Part. 1,1782, JUIN. O00 2 460 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mêlange , fe trouvant emprifonné, fera certainement effort contre les pa- rois du vafe & contre la furface de l’eau, Il y aura donc une détonnation rendue fenfible par la grande réfiftance que l'air commun aura éprouvée, & le piftolet de verre eft pofitivement dans le même cas; mais dans les vaiffeaux ouverts, dont l'orifice eft égal au diamètre intérieur, il n’y aura jamais de détonnation marquée, parce que l'air de la chambre qui repofe {ur l'ouverture du vaifleau , cédera fans peine & fans bruit au léger effort de la petite dilatation de l'air foumis à l'expérience; c’eft comme l’eau qui s’'exhale tranquillementen vapeurs dans un vaiffeau ouvert, & qui le brife- roit avec fracas , fi elle y étoit emprifonnée. Dans le mélange de l'air des métaux, Monfieur, avec l'air armofphérique , c’eft toute autre chofe ; l'inflammation plus vive, bien fimultanée, répercute violemment contre l'air extérieur , qui n'a pas le temps de céder affez vîte à l'effort fubit de cette dilatation , &la détonnation ne peut être révoquée en doute, Ainfi, pour rendre ma penfée le plus intelligiblement pofhble, ce fera donc toujours dans des vaifleaux ouverts, CHtidiques , & dont le calibre eft conftam: ment égal à leur orifice , que je propofe d’éprouver toute efpèce de gaz in- flammable , reconnoiffant que celui-là eft certainement tiré des métaux , ui , mêlé dans une proportion quelconque avec Pair commun, pro- duic de la détonnation , & que celui qui ne détonne point, quelles que foient les proportions de fon mélange avec l’air atmofphérique, eft certai- nement obtenu des fubftances qui peuvent fe convertir en charbon. Sile gaz inflammable huileux ne détonne point avec l'air que nous ref- pirons (toujours dans les vaifleaux ouverts & cylindriques), à plus forte raifon l’air des marais ne jouira-t-il pas de cette propriété, puifqu’il n’eft autre chofe que le gaz huileux lui-même, altéré par deux efpèces de gaz éminemment oppofés à l'inflammation ; le gaz méphitique ou phlogifti- qué, & l'air fixe que je vous y avois déjà annoncé , & que je fuis bien aife que vous y ayiez reconnu vous-même, Monfieur , par l’abforption de Veau de votre cuve, lorfque vous y avez débouché un flacon à moitié plein de l'air des marais. Ce mélange, opéré naturellement de l'air fixe, puis du gaz méphitique, enfin de l'inflammable , ne doit avoir rien qui furprenne ; ils fe fuccèdent tour-à-tour fuivant le degré de décompofition que le végé. tal éprouve , &, comme l’a très-bien obfervé M. Sennebier, dans fon Mé- moire fur l'inflammation des foins ferrés trop humides , imprimé dans le Journal de Phyfique du mois de Juin 1781, lorfque les plantes ont perdu leur couleur verte pour prendre une teinture noirâtre ; alors leur décompofition eft au plus haut point; toutes les cellules qui contenoient les parties huileufes font rompues , & elles donnent de l'air inflammable ; mais les bulles imperceptibles de ces trois différens airs fe joignent à la furface du végétal, sy mélangent ; & lorfqu’on vient les agiter au fond de l'eau, elles arrivent réunies à la fuperficie , formant le mixte gazeux, que nous appellons air inflammable des marais. Ce qu'il y a de remarquable, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 461 c’elt l'union intime que ces trois fluides aëriformes femblent avoir con- tratée, union qui eft affez forte pour que l'agitation de l’eau , au milieu de laquelle ils fe font développés, n’abforbe pas la totalité de l'air fixe, & Se La rendre falubre l'air phlogiftiqué qui s'y rencontre, Ce n’eit na onfieur, que je ne fois perfuadé que les végétaux abandonnent eaucoup plus d’air fixe dans leur décompolition qu'on n’en retrouve dans le gaz des marais, quoiqu'il n’en monte pas une feule bulle à la furface de l'eau; mais ce furplus d’air fixe , ttop confidérable pour fe combiner exactement, de manière à entrer dans la compofition de l'air des marais, s'unit à l'eau , à mefure qu'il fe forme, & principalement dans les com- mencemens de la décompofition végétale : aufli toutes les eaux que j'ai analyfées contenoient-elles de l'air A. & plus particulièrement celle des marais & des étangs. Quant à l'air méphitique , je crois qu'il faudroic une eau très-vive, coulant rapidement fur un fond non vafeux , pour qu'il püt être régénéré en air commun. Ce n’eft donc point par fes mê- langes avec le gaz aërien & méphitique que j'explique la différence de l'air des marais avec celui des métaux, puifque c’eft dans leur principe inflam- mable que je la fais particuliérement confifter, dans une modification du phlogiftique , diffemblabie dans l’une & dans l’autre : auñli l'air des marais peut-il perdre tout fon air fixe, ce que je crois très difhcile, foit par fon féjour avec l'eau, foit en l’agitant même avec la diffolution de différens alkalis cauftiques ; il ne s’éloigneroit que davantage de lefpèce d'air inflammable que les métaux fourniffent , en fe rapprochant de plusen plus du gaz huileux que nous donnent à-peu-près toutes fubftances grafles & com les. Je me fers toujours, comme vous voyez , Monfieur, de la dénoffiation de gaz inflammable huileux, parce qu'il m’a fallu en adop- ter une générale, & que d'ailleurs ce gaz ne A abondammenr & plus facilement des huiles; mais je conviens cependant qu'il exifte dans toutes les fubftances inflammables animales & végétales, qui produifentun vrai réfidu charbonneux. Les efpritsardents feront donc les feuls êtres doués de l’infammabilité, dont il ne fera pas poflible de retirer de gaz inflam- mable permanent, tant ils font volatils en totalité; fans cela ils four- niroient peut-être une troifième forte de gaz également doué de l'inflam- mabilité qui tiendroit probablement le milieu entre celui des métaux & celui des huiles. Les différences étant bien conftatéss entre les deux gaz inflammables connus, fi on veut fe livrer à des conjectures aifées cependant à appuyer par le raifonnement , & même par quelques expériences , on pourra pré- tendre que la combinaifon phlogiftiquée eft plus fimple dans le gaz des métaux que dans celui des huiles : dibord en ce que celui-là eft beau- coup plus léger que celui-ci; & en fecond lieu, en réféchiffant fur ce qui arrive dans la dilution des métaux & dans la révivification des chaux 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, métalliques. Dans cette opération , le gaz inflammable huileux peut être aifément converti en gaz de métaux; car fi on reflufcite unechaux de fer, par exemple , avec Les corps huileux & charbonneux qui lui rendront le phlosiftique, ce même phlogiftique paroîtra changé en gaz de métaux, lorfque le fer régénéré fera de nouveau diffous par un acide; & fi ce tra- vail s'exécute SE les appareils pneumato chymiques , pendant la révivi- fication de la chaux métallique , il fe dégagera une grande abondance d'air fixe de ce fluide intimément joint fans doute au phlogiftique dans l'air inflammable-huileux , mais qui ne peut entrer dans le métal régénéré, comme partie conftituante, D’après cette remarque & fon excès de pefan- teur , qu'il partage avec l'acide aërien ,le gaz inflammable-huileux doit être , felon moi, compofé du principe inflammable exactement combiné avec beaucoup d'air fixe, dont le métal deviert le précipitant dans fa ré- génération, Le gaz huileux peut donc être , ainfi que nous venons de le faire voir , métamorphofé en gaz de métaux; mais ce n'eft encore que par le medium des métaux eux-mêmes, Pour terminer , Monfieur, ce qui regarde les gaz inflammables & leurs différences, j'aurai l'honneur de vous aflurer que je ne fuis pas plus porté que vous à penfer qu'il foit le phlogiftique pur; mais je crois que ces fubf tances aëriformes font les êtres les plus abondans en phlogiftique que nous connoiffions , les plus éloignés, après les gaz acides & alkalins de Pair principe vital, de l'air déphlogiftiqué, & qu'en cette qualité ils font les plus Étui révivificateurs des métaux , comme l'air déphlogiftiqué eft Le plus favorable à leur calcination. Je fuis encore aflez perfuadé que l'air inflammable des fubftances végétales, répandu & filtré par le écom- pofition dans l'intérieur du globe, y devient le générateur des uxX, dont les terres particulières s’approprient la portion de phlogiftique lé- gère , atténuée , qui leur eft néceffaire pour devenir métal partait. T'elles font par exemple quelques mines de fer (fans parler des métaux vierges ), tellement phlogiftiquées , qu’elles font déjà attirables à laîman, & que Vair fixe abandonné s’unit alors à la terre calcaire , forme des eaux acidules & minérales, ou contribue aux progrès de la végétation. Dans tout ceci fans doute , Monfieur, il y a peut-être quelques fuppoñitions; mais ilme femble que les découvertes modernes les ont déjà placées au rang des probabilités les plus intéreffantes. Je fus, &c. #3 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 463 EEE | BYEMEYTER’E AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Sur des Phénomènes obferves dans l'extindion de la Chaux vive, dans la préparation de l'Acide phofphorique , & fur la deécompofition du Phof- phore par l'acide arfenical; par M. PELLETIER. Messreurs, Dans l'excellent Ouvrage que nous a laïflé Meyer fur la chaux, on trouve des expériences fi ingénieufes, que ce n’eft pas fans fondement que fa doctrine a eu des Sectateurs. Lorfque M. Darcet a traité de la pierre calcaire dans fes leçons, & qu'il a parlé des phénomènes de fa calcination, il a fait obferver la pegte confidérable qu’elle fouffre au feu , & la quantité d'air qui s’en dégage: mais quoiqu'il attribuât, d’après Black & Jacquin , à Vabfence de cet air le phénomène de fa caufticité, néanmoins il avoit foin d’avertir que la grande chaleur qui s'excite lors de l’extinétion de la chaux vive, n'’eft pas due au fimple frottement, Il eft perfuadé qu'il fe fait alors un déga- ement d'une matière réelle, qui , chaflée par l’eau , & devenue libre, FA manifefte par des effets fenfibles, tels qu'une odeur forte & défagréa- ble ,un goût qui n’eft ni celui de l’eau, ni celui de la pierre, une couleur qui pafle dans d’autres corps, & furtout une chaleur fi grande, qu’elle cft capable de mettre le feu à des Matières combuftibles. Le dégagement, ajoutoit M. Darcet, eft encore bien plus fenfible, lorfqu’on compare les phénomènes de la diffolution de Ja chaux vive dans les acides avec ceux qu’elle manifefte avant fa calcination, Avec la chaux vive, il n'y a ni frottement, ni effervefcence, & cependant il s’en dé- gage une chaleur confidérable : avec la pierre calcaire au contraire , cette chaleur eft prefque nulle , tandis qu’alors l'effervefcence & Le frottement font portés au plus haut point. C'eft ainfi que , fans adopter l’exiftence de l'acidu m pingue , tel que le donne le favant Meyer, M. Darcer eft toujours convaincu que la chaux vive eft dans un état bien différent d’une fimple Hi d'air; en un mot que la matière du feu , celle de la chaleur , fi l'on veut, pour par- a Là 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ler le langage de Schecle , s'y trouve réellement dans un état de combi- naifon : & l'expérience que je vais rapporter fervira beaucoup à appuyer ces affertions. J’aichoifi un morceau de chauxnouvellement calcinée & crès-fonore , du poids de quatre livres. Je l’ai mis dans une terrine de grès, & j'ai verfé deflus une petite quantité d’eau ; la chaux aufli-tôt a fait des éclats, s’eft gonflée prodigieufement. La chaleur qui s’eft excitée étoit très-vive ; mais le phéno- mène le plus intéreffant eft qu’à mefure que je remuois la chaux avec un tube de verre, je la voyois couverte de feu, à la faveur de l’obfcurité que javois eu foin de rechercher. Il eft furprenant que Meyer ; après avoir fait des expé- riencesfi multipliées fur la chaux , n’ait jamais tenté celle-ci, ou plutôt n'ait jamais eu occafion d’appercevoir ce phénomène, qui auroit bien favorifé fa doctrine (1). Cependant , il parle d'une expérience où il rapporte que, par La chaleur excitée dans deux livres de chaux, il étoic parvenu à noircir & à faire brûler fans Aamme quelques brins de paille qu'il avoit jetrés deflus, Si-donc , d'après Meyer, deux livres de chaux peuvent, par leur extinction , produire aflez de chaleur pour faire brüler de la paille, il n'eft pas furprenant que des quintaux de chaux fur lefquels la pluie étoit tombée, aient mis le feu à des charriots, moinsencore que des milliers l’aient mis à des bateaux , fur-tout lorfqu’on confidère que la chaleur qui s'excite eft non-feulement très-grande, mais encore que la chaux paroît étincelante dans l’obfcurité. Je ne tairai point l'expérience qui m'a conduit à cette obfervation. Je préparois de l'acide phofphorique en très-grande quantité pour la leçon de M. Darcet, & je me fervois d’os calcinés , que je combinois avec l'a - cide vitriolique. Comme j'étois fous la cheminée du Laboratoire du Collége Royal , qui eft un peu obfcur, & que j'étois encore entouré de plufieurs perfonnes, je fus à même d'obferver & de faire remarquer à ceux qui m’entouroient, qu'à la furface de la liqueur venoient fe crever des bulles, d’où fortoient des jets phofphoriques, Ce phénomène m'a paru nouveau. Je crois qu'à mefure que les os font décompolés , l'acide phof- phorique fans bafe s’unit à une portion de principe inflammable quirefte en- core dis les os , & produit un phofphore volatil, que la chaleur excirée dans le mêlange met en expanfon, & que l'obfcurité rend vifible. Ce qui confirme cette idée, c’eft que j'ai obfervé de lorfque, pour faire le phof- phore, j'ai mis dans la cornue le mêlange de la poudre de charbon avec Vacide des osencore un peu humide , j'ai apperçu des vapeurs phofphori- EEE (1) Voyez dans les Effais de Chymie fur la Chaux vive, &c. de Frédéric Meyer, traduits de l'Allemand par M. Dreux, le chapitre cinquième de l’extinétion de la chaux, ques , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 46$ pie mefure que Le phlegme fe dégage dès les premiers inftans de la iftillation. Je finirai, Mefieurs, par vous faire part d'une expérience que j'ai faite pour décompofer le phofphore. Vous avez déjà vu, dans les obfervations que je vous ai communiquées fur l'acide arfenical , que je regardois cet acide comme celui qui avoit l’affinité La plus grande avec le phlogiftique ; plufeurs expériences me le prouvoient alors : il me reftoit à examiner font action fur le phofphore dont je vais vous rendre compte. J'avois mis quel- ques grains de phofphore dans un flacon avec de l'acide arfenical en li- queur , & je le fis chauffer. Quand le phofphore fut fondu , je ne ceffai point d'agiter le facon, qu ce qu'il füt bien froid ; par ce moyen, je parvins à réduire le phofphore en une poudre d’une fineffe extrême. Le phofphore n’avoit changé que de forme , de forte que je crus qu'il n'y auroit point de décompofition. Au bout de quelque temps , ayant examiné ce mélange , je vis que la poudre étoit devenue très-noire , & elle me préfenta tous les phénomènes du régule d’arfenic, comme de brüler avec odeur d'ail, & de fe fublimer fans décompofition dans les vaifleaux fer- més (1). Je crus devoir répéter la même expérience} & je mis alors dans un flacon qui contenoit de l'acide arfenical en liqueur , un petit cylindre de phofphore. Je n’eus point recours à l’agitation , ni à la chaleur ; je Les laiffai feulement enfemble. Au bout de quelques heures , j'ai vu que le phofphore noircifloit , & ila fini par fe couvrir d’un enduit d'un noir très-brillant , femblable au régule d’arfenic ; ce qui prouve bien évidem- ment qu’il s’eft fait une réduction de l'acide arfenical par fon union avec le phlogiftique qu'il a enlevé au phofphore. L’acide du phofphore alors fe trouve à nud, & eft tenu en dilution par le phlegme de l’acide arfeni- cal; & fi on le traite avec de la poudre de charbon, on peut refaire du phofphore. Je fuis, &c. (1) Voyez les réduttions des fubftances métalliques par le moyen du phofphore ; par M. Sage. Ft de Phy£., tom. XVII, 1781, pag. 263. ve Tome XIX, Part, I, 1782: JUIN, Ppp 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE Sur la manière de calmer Pagitation d'une partie de La furface d'un fluide, foit Peffufion dun fluide fpécifiquement plus léger, & qui foit dé nature à ne point s'unir avec le fluide agité, foit en pofant fur la furface de ce dernier fluide un corps folide d'une moindre pefanteur fpécifique ; par M, ACHARD. P LINE remarque que l'huile calme l'agitation de la mer, Cette obfer- vation eft connue des Matelots Hollandois , fur-tout de ceux qui font des voyages en Groënland ; maisils n’en font que rarement ufage, parce qu’ils font dans l'idée que la mer ; après avoir été appaifée de cette manière, eft agitée avec plus de Be qu'auparavant , & aus vaiffleau qui en fuit un autre, lequel a tranquillifé la mer par l’effufion de l'huile, eft expofé à de très-grands dangers. Trezier du Revel rejette cette obfervation , & pré- tend que l'huile jettée dans la mer n'en diminue point l'agitation. Franc- klin , Auteur très-digne de foi, en fit mention, l'année 1773 , dans une lertre, & en fut témoin en 1762. Un Capitaine de vaiffeau Hollandois, nommé Tys-Fireman , fit cette expérience dans une tempête en 1769.11 avoit perdu fes voiles , & appaifa les vagues avec fix demi acres d'huile. Le Lieutenant du mème vaifleau , nommé May, avoit déjà obfervé en 1735 qu'il ne s'élevoit pas de eee autour de deux vaifleaux charoés d'huile, & qui étoient un peu endommagés, en forte qu'il en découloit une petite portion d'huile, Un homme fort entendu , qui demeuroit à Bewerwick , confcilla , pour préferver une chaloupe qui fe hätoit de venir au fecours d’un navire qui périfloit, de jetter de l'huile, des matières rafles, & même de la bière dans la mer. Dans la defcription du nau- ur du navire nommé Anna Cornelia , il eft aufli fait mention de cette propriété de l'huile. Le Capitaine de vaiffeau , nommé Pra/ ,remarqua que da mer étoit fort tranquille autour d’un vaiffeau duquel il découloit de Thuile, & netrouva pas que d’autres vaiffeaux qui accompagnoient celui- cien fuffent plus en danger. Plufeurs autres Capitaines de vaiffeaux nient ab- folument que l'huile ait la propriété dont il s'agit, & d'autres ne La lui attribuent que pour très-peu de temps , ce qui rendroit ce moyen de di- minuer te danger prefque impraticable. A Nortwick, les meilleurs Marins conviennent unanimement que les matières grafles jettées dans la mer, ont la propriété d'en diminuer l'agitation. A Portfmouth, l'on en a fait SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 l'expérience dans une tempête, & elle eut le fuccès qu'on en attendoir. M. Detouche de la Frenaye fut témoin qu'en 1736 mn vieux Matelot préferva du naufrage un vaifleau près de périr. M. Day fauva un navire, en jettant dans l'eau un demi-tonneau d'huile. Le Capitaine de vaifleau, nommé lim, eut le même bonheur, L'on aflure qu'une très-petite quan- tité d'huile fuffit pour tranquillifer une partie aflez confidérable de la fur- face de la mer. Il paroït, pat cet abrégé hiftorique , que Le fait, quoique reconnu comme vrai par plufieurs perfonnes , eft nié par d'autres; en forte qu'avant de l'adopter comme certain, il eft néceffaire de le confirmer, C'elt ce que je m'’efforcerai de faire dans le commencement de ce Mémoire ; enfuiteje tâcherai de l'expliquer; enfin je tirerai de cette explication quelques con- clufions, qui me conduiront à propofer un moyen plus für de diminuer le danger qui provient de l'agitation de la mer , & j'en prouverai, par des expériences , coute l'efficacité. Afin de faire les expériences néceffaires pour décider fi l'huile peut dimi- nuer l'agitation de l'eau , il étoit effentiel de trouver un moyen de mettre eñ mouvement une certaine quantité d’eau, & de lui communiquer , finon un degré d’agitation connu , du moins un mouvement déterminé , qu pût être augmenté ou diminué à volonté, fans cependant qu'il fût nécef- faise de connoître de combien on l’augmentoit ou on le diminuoit: j'y par- vins de la manière fuivante, Je fis faire une caiffe enduite intérieurement de poix , afin qu’elle ne laifsät point paffer l’eau: elle avoit 1 4 pieds delongueur, 4 de largeur & 4 de profon - deur;à une des extrémités de cette caille ,je fis percer à deux pieds au deflus de fa bafe deux trous, par lefquels je fs He un cylindre de bois de 3 pouces de diamètre , qui fortoit d'un côté de la caifle de 4 pouces, & y fixai une roulette ; en forte qu’en faifant tourner la roulette , je faifois tourner tout le cylindre; enfin, je fis paflèr par fon axe deux planches, qui , en fe coupant, formoient des angles droits. Je donnai à ces planches la longueur du cylindre, & la largeur de 8 pouces, à compter du centre de l'axe. Je fis pafler une corde fur la roulette & fur une grande roue de 4 pieds de diamètre, fixée fur un axe de fer, repofant fur deux montans de bois, munie d’une manivelle. Pour faire ufage de cette machine , que j'avois faire à deffein aufli grande qu'il étoit pofible, je remplis d'eau la caifle jufqu'à l'axe du cylindre; enfuite je mis en mouvement la grande roue, qui, par la corde, commu- niquoit avec le cylindre qui traverfoit la caifle ; Les ailes qui y étoient atta- chées furent mifes par-là en mouvement , d’où il réfulta un mouvement ondulatoire de l’eau contenue dans la caifle. Ce mouvement étoit toujours le même, lorfque j'avois fait tourner la roue avec la même vitefle & pendant le même temps : il étoit moindre lorfque jé commençois feule- ment à faire tourner la roue ; je pouvois le rendre plus ou moins violent , Tome XIX , Pars, I, 1782. JUIN, Ppp2 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, N en faifant tourner la grande roue plus ou moins vite, ce qui étoit déter- miné par le nombre de révolutions que je lui faifois faire dans un temps fixe, Je pafle aux expériences que je fis à l’aide de certe machine. Expérience I. Je mis fur le milieu de la furface de l'eau un petit ba- teau , qui avoit 6 pouces de longueur fur 3 de largeur & autant de pro- fondeur ; enfuite je fis tourner la grande roue environ dix à douze fois dans une minute. Dès que l’eau qui rouchoit le bateau commença à s'agiter, il s'approcha du côté de la caifle oppofé à celui où étoit le cylindre qui mettoit l'eau en mouvement. L’agitation de l'eau augmenta conftamment; au bout de deux minutes, c'eft-a-dire, de vingt révolutions de la grande roue , il fe forma des ondes, qui s’élevèrent au-deflus du bord du petit vaifleau, & qui, en s’abaiflant, le fubmergèrent en partie. Ces ondes augmentèrent toujours en hauteur & en grandeur; & après trente révolu- tions de la grande roue , Le petit vaiffeau coula à fond. Expérience II. J'affujettis le petit bateau avec des ficelles attachées aux côtés de la caifle qui contenoit l'eau, de manière qu'il n’étoit pas ab- folument immobile, mais qu’il ne pouvoit cependant fe mouvoir que dans un efpace environ de 2 pieds quarrés; & j'empêchai par-là tout ce qui auroit pu provenir de la proximité du bateau & du bord de la caifle. Je mis alors la grande roue en mouvement, de manière que je lui fis faire en- viron huit révolutions dans l’efpace d’une minute. Les ondes s’élevèrenr toujours davantage , à mefure que je continuai à tourner la roue, Au bout de cinq minutes , elles commencèrent à retomber en partie dans le petit bateau ; & au bout de fept minutes, il fut entièrement fubmergé. Le réfulrat de ces expériences dépendant de plufeurs circonftances , qui, fi elles ne font pas entièrementinconnues, font cependant de nature à ne pou- voir être évitées dans la oh je crus qu’il étoit effentiel de les répéter plufeurs fois pour prendre un milieu , & ce font ces réfultats moyens que j'ai indiqués dans les expériences précédentes. La différence entre le temps qui s’écoula avant que le petit bateau fût fubmergé , le mouvement de la grande roue reftant, autant qu'il étoit poflible, toujours le même, n’é- toit , dans toutes les expériences, que d’une minute & demie, diffé- rence très-petite , fur-tout pour des expériences de cette nature. Dans routes les expériences fuivantes , je prouverai de même, par les quantités que j'indiquerai , les réfultats moyens déterminés par plufieurs expé- riences, Expérience III, Je verfai au milieu de la caïffe une carte d'huile d'olive; elle ne fe répandit pas uniformément fur la furface de l’eau, mais refta en gout- tes , dont la partie fupérieure étoit plane & de niveau avec la furface de l'eau , tandis que la partie inférieure étoitronde , & d’autant plus convexe, que l’a- mas des parties, de l'huile qui compofoient la goutte étoit plus grand. J'agitai l'eau bien fort; les gouttes d'huile fe divisèrent de plus en plus, loin de fe réunir. Après avoir laiflé à l’eau le temps de fe remettre en repos, je trouvai l'huile répandue fur toute la furface de l’eau, mais toujours en SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 outtes, Je mis alors le petit bateau au milieu de la caïffe , & ayant mis FA rande roue en mouvement, en lui faifant faire dix révolutions dans l'efpace d’une minute, le petit bateau fut porté du côté de la caïfle oppofé à celui où éroit le cylindre dont les aîles mettoient l'eau én mouvement. L'agitation de l’eau augmenta à mefure que je continuai à faire tourner la grande roue; & après lui avoir fait faire trente-cinq révolutions, le petit bateau fut fubmergé. vs Expérience IV. Tout reftant comme dans l’expérience précédente, j'at- tachai le petit bateau, au moyen de deux ficelles, aux côtés de la caifle, de manière qu'il pouvoit fe mouvoir librement dans un efpace de deux pieds quarrés , mais qu'il ne pouvoit pas s'approcher du côté de la caifle oppofé à celui où étoient les aîles qui communiquoient le mouvement à l’eau. Après avoir fait tourner la roue pendant 8° minutes ; & lui avoir fait faire, comme dans la feconde expérience, huit révolutions dans une minute, le petit bateau fut fubmergé. En comparant les réfultats de la première & de la troifième expérience , où toutes les circonftances font les mêmes, à l'exception que dans la première je ne fis ufage que de l’eau pure , tandis que dans la troifième jy ajoutai de l'huile, lon verra que dans le fecond cas il falloit uné agitation plus forte , & continuée pendant plus long-temps , pour produire le même effet, ce qui ne peut provenir que de l'huile. Dans les expériences II & IV, donrles circonftances font aufli les mêmes , à l'exception de l'huile employée dans l'expérience IV & omife dans l’autre , la diffé- rence entre les temps où les bateaux furent fubmergés , eft moins confi- dérable. La raifon en eft que les bateaux étant attachés , l'huile, qui , au commencement de l'expérience , les entouroit , fut portéegpar le mouve: ment ondulatoire à l'extrémité de la caifle, tandis que les Meaux ne pu- rent , parce qu'ils étoientattachés, fuivre l’huilecomme dans les éxpériences I & If. * Il fuit de ces expériences, que la force qui produit Le mouvement ondu- latoire étant la même , il fera moindre, lorfqu'il y aura de l'huile fur l'eau, que lorfqu'il n'y en a point: mais il paroït que les Marins ont beaucoup exagéré dans les récits qu'ils nous font de leurs obfervations à ce fujet; cat d’abord il eft incroyable qu'une auñi petite quantité d'huile ae celle qu'ils prétendent avoir employée , puifle produire quelqu'effet ur une furface auf confidérable que celle de la mer qui entoure un na- vire. En fuppofant même que pi foit poffible pour un moment, il eft rrès-certain que le mouvement du vaifleau n'étant pas parfaitement fem- blable à celui de l'eau, l'huile fera portée dans quelques inftans à une diftance très-confidérable, & ne pourra plus produire aucun effec fur l’eau qui touche le navire. Cette propriété de diminuer l'agitation de l'eau ne dépend pas de la fluidité de l’eau. Je m'en affurai , en employant aux expétiences précé- 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dentes de l'huile de fenouil. J'expofai l’eau au froid, après y avoir verfé l'huile. Les gouttes fe figèrent , & perdirent leur Auidité, & l'effet fut plus confidérable , c'eft à-dire que le petit bateau qui éroit fur l’eau où nagcoient les globules d'huile figée , fe foutint plus long -temps que lorfque l'huile étoir fluide, j 14 Je conclus de cette expérience que l'huile ne produit leffet dont il s'agit ici qu'en qualité de corps fpécifiquement plus léger que l'eau, & qu’une plus grande étendue de matière légère que celle que peuvent avoir les gout- tes que forme l'huile , dès qu'on la verfe dans l’eau , devoit produire le même effet, mais dans un plus haut degré. Pour m'aflurer de la vérité de cette conjeéture , je fis l'expérience fuivante. Expérience V. Toutes les autres citconftances-reftant comme dans les expériences [ & LIT, jene fs point ufage de l'huile comme dans l’expé- rience [IT : mais j’attachai au bateau, avec des fils de lin de 3 pouces de longueur, huit petites boules de verre creufes de + pouce de de & fermées hermétiquement ; au bout de vingt-neuf révolutions de la grande roue , le bateau auquel je mavois rien attaché fut fubmergé ; & feule- ment au bout de quarante-cinq révolutions de la grande roue, l’autre ba- teau auquel j'avois attaché les boules de verre , eut le même fort. En com- parant l'effet produit par l'huile & par les globes de verre, déterminé par le nombre des révolutions de la grande roue néceflaire pour fubmerger le perit bateau, l’on trouve qu'il eft comme $ à 1$, ou comme 1 à 3; ce qui provient de ce que Les boules de verre ont plus d'étendue que les gouttes d'huile, & qu'écant attachées au bateau , elles ne peuvent s'en écar- ter qu'à une petite diftance , tandis que Les gouttes d'huile font d’abord emportées par les po | Je crois pôuvoir donner l'explication fuivante au fait que je viens de prouver par les expériences précédentes. 1°. Le mouvement ondulatoire exige l'élévation d’une partie de Ja fur- face du fluide , & les corps qui nagent à fa furface , s'oppofent par leur poids à cette élévation , & par conféquent au mouvement endula- toire, 2°. Le mouvement ondulatoire étant propagé jufqu'au corps nageant fur l'eau , fera diminué au moment qu’il Le touchera , tant parla réliftance de l'inertie , que par celle qui provient de la pefanteur du corps floc- tant, En appliquant tout ce que je viens de dire à la navigation, foie en pleine mer, foit fur des fleuves où elle n’eft pas toujours fans danger, Von trouve aifément des moyens de la rendre plus füre , & de dimi- nuer le danger qui provient de l'agitation de l’eau. Je rejette d'abord entiè- rement lhuile , par les raifons que j'ai indiquées ci-deflus : mais je propo- ferois d’y fubitituer des tonneaux remplis d’air, dans lefquels l'eau ne puifle point pénétrer ; ou encore mieux des caifles de fer blanc quarrées eo SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4m de 6 ou 8 pieds d’étendue , & de 1 à 2 pieds de hauteur, qui égale- ment devroient être remplies d'air impénécrable à l’eau. Les vaifleaux pour- roient , fans augmenter par-là beaucoup leur charge , fe munir toujours de quelques douzaines de tonneaux, ou de caifles de fer-blanc attachées à des cordes , qu'il fuffiroit de jetter dans l’eau lorfqu'elle feroit agitée au point qu'on pt craindre quelqu'accident. J'ai fait en petit l'expérience avec les caifles de fer-blanc, & le fuccès a étécel, ch je crois pouvoir propofer ce moyen comme très-propre à diminuer Les dangers de la navigation. Je finis, en remarquant que j'ai répété toutes les expériences précé- dentes avec une machine beaucoup plus petite que celle dont j'ai donné la defcription au commencement de ce Mémoire. Les réfultats ont été les mêmes , à quelque petite différence près. Cette machine confifte en une caiffé rectangulaire , dont les côtés font de verre, afin qu'on puifle bien obferver le mouvement ondulatoire de l’eau qu’elle contient, & les mo- difications qu’il éprouve à l'approche des corps nageans : elle eft divifée dans fa longueur par une cloifon de verre en deux parties égales, par lefquelles pafle un axe, qui reçoit deux cylindres aïlés aufi femblables qu'il eft poflble ; en faifant tourner cet axe au moyen d'un rouage, je communique à l’eau contenue dans les deux parties de la caifle le même mouvement (1) ; enfuite je place de chaque côté un petit bateau. Ces ba- teaux font du même poids, de la même figure. & grandeur. Toutes cir- conftances étant par conféquent les mêmes , il s'enfuit que fi l’un des pe- tits bateaux fe foutient plus long--temps que Rautte, cet effet eft dû, foit à l'huile que j'ai verfée fur l’eau , foitaux corps légers que j'ai attachés au petit bateau , ou aux autres circonftances dans lefquelles je puis l'avoir placé. EX RSA IT D'une Lettre de M. MAGELLAN, de la Société Royale de Londres, à M....., de l'Académie Royale des Sciences, datée de Bruxelles Le 28 Mars 1782, fur Les Conduiteurs Eleëtriques , ou Gardes-Tonnerre , ou Paratonnerres (2). Morse Magellan commence fa Lettre par des réflexions fur les difficultés qu'il y a à faire recevoir au genre humain les vérités les plus (1) J'ai répété avec cette machine une partie des expériences en prétence de l’Aca- 1e, (2) Les Sayans & le remps décideront lequel de ces trois mots il faudra employer. 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, utiles, quoique reconnues pour telles, par cela feul qu’elles font nou< “ velles. « On rencontre, dit-il , une multitude d’obftacles aux établiffemens » les plus avantageux de la part de gens faits pour les lever, parce que » l'ignorance, les préjugés, quelquefoisla méchanceté, prennentl’apparence » d'un zèle mal entendu, & font oublier les plus belles découvertes. » Celle qui fait le plus grand honneur à lefprit humain, eft fans contredit celle des conducteurs électriques , appellés aufli paratonnerres , æ gardes-tonnerre , par lefquels on peut le mettre avec toute füreté à l'abri ». des effets épouvantables de la foudre, ce fléau , appellé à fi jufte titre le » fleau de la Divinite. » Cette découverte eft due au célèbre Docteur Francklin; & les efforts » qu'on a faits pour lui en enlever la gloire , n’ont fervi qu'à la lui aflu- > rer davantage, » Cependant , fi dans la pratique on s’écarte des principes qu'il a » donnés, on n'obtient pas l'effet falutaire auquel on devoit s'attendre : » c'eft pour ne les avoir pas fuivis en établiffant des paratonnerres fur la » Maifon d'Induftrie établie à Heckingham , Bourg fitué à 3+ lieues de » Norwick en Angleterre, que le coup de tonnerre qui a frappé cette » maifon au mois de Juin 1781 ,a produit des effets qui n’auroient pas ». dû arriver ». Un intime ami de M. Magellan , fort verfé dans ces matières, lui a envoyé la defcription de ce fair & de fes circonftances , dans une lettre datée du 4 Mars 1782. M. Magellan garantit la fcience & la fidélité de fon ami , dont il a gardé la lettre en original , pour fatisfaire ceux qui vou- droient y avoir recours. « Cette maifon d’induftrie , bâtie à Heckingham, pour occuper les pau- » vres du pays, a la forme d’une H capitale ; fes deux jambes perpendicu- » laires repréfentent les deux aîles des bätimens , dans la diftance au plus » de 108 pieds d'Angleterre. La longueur de chaque aïle eft de 31 à 32 » pieds. Ces deux aîles communiquent par le trait horizontal qui unit les > deux jambes de PH. Il y avoit, dit mon ami, dans ce bâtiment , huit con- » ducteurs attachés aux cheminées. Ils avoient 3: pieds de hauteur au-deffus # du toit; ils étoient formés par des barres de fer quarrées d’un demi-pouce » environ d’épaiffeur, Chaque conducteur excédoit la cheminée à laquelle » il étoit deftiné, de 4: pieds à-peu-près. Il paroït, ajoute M. Magel- » lan, que ces huit gardes-tonnerre étoient mis fur les cheminées aux huit » coins formés par les deux branches ou aîles que repréfentent Les deux # traits perpendiculaires de l'H. » Mais mon ami affure que ces huit conducteurs fe rerminoient par en- » bas en quatre bouts; & on va voir que pas une feule de ces quatre ter- » minaifons n’avoit la communication requife avec l'eau ou avec la terre, » pour pouvoir produire l'effet convenable ; car une.de ces terminaifons x donnoit LA ” ss ve E2] #» 2» SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 donnoit dans une commodité , à 6 pouces environ de diftance de l'ou- verture de cette commodité, Ainfi, l’effec du conducteur devoit être » abfolument nul. » Trois autres conducteurs fe terminoïent à un même endroit, favoir à un égoût dont ils étoient éloignés de plufieurs pouces , excepté d’une des barres de fer rouillées, enchaffées dans la muraille du même égoür. C'étoit à-peu-près comme fi ces conducteurs euflent abouti dans l'air. » Les cinquième & fixième conducteurs aboutifloient à un même bout, qui entroit dans une muraille de brique, & ne defcendoit pas plus bas dE fix pouces au-deflous de la terre sèche, & fans aucune humi- ité. » Enfin, les deux autres conducteurs fe terminoïent également en un feul , qui donnoit dans les briques d’un canal fervant de: décharge aux immondices d’une écurie. Ce canal avoit fon fond couvert d’envi- ron 2 à 3 pouces de boue. Il alloit fe décharger à la diftance de 70 pieds dans un réfervoir, à une chüte de plus de deux pieds de hau- teur. »#» Ce réfervoir, deftiné à raffembler les eaux des écuries , eft une efpèce de puits de briques. Quelque quantité d’eau qu'il y ait, fa furface eft toujours éloignée de 3+ pieds environ de l'ouverture par laquelle elles y arrivent, parce qu’à cette hauteur il y a un trou de décharge pour les eaux de ce puits. " » On voit, par cette defcription , que l'extrémité d’aucun de céscon- duéteurs n’avoit une communication fufffante & continuée pour con- duire la matière électrique, puifque fi la foudre y entroit , elle trouvoit une difcontinuation de plus ke 3: pieds ; interruption trop confidéra- ble , pour qu’elle puiffe fe décharger fans caufer aucun dommage. » La foudre frappa à 69 pieds de diftance d’un de ces derniers con- duéteurs ; & puifqu’il étoit aufli mal conftruit que je viens de le dire, il n’eft point étonnant que ce garde-tonnerre n'ait point garanti le bâti- ment de l’action de la foudre, # Mais ce qu'il y a encore de plus remarquable, c'eft qu'on à pratiqué dans ce bâtiment une couverture de plomb tout le long des gouttières du toit , fans fonger à la faire communiquer avec aucun des conduc- teurs ; de façon qu'il y a environ 42 pieds de diftance entre cette cou- verture métallique de plomb, & celle dé conducteur le plus proche. » Le tonnerre frappa le coin de cette couverture de plomb, qui, ainfi u’on vient de le dire, étoit ifolé & fans communication avec aucun dé conducteurs. C'étoit en même temps la première pointe métallique que la foudre trouvoit en fon chemin, parce que la direction de l'orage étoit dans la ligne droite oppofée à ce coin du bâtiment. » 11 faut encore obferver que les pointes des huit conducteurs de ce Tome XIX , Part. I, 1782. JUIN, Qqgq 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » bâtiment étoient couvertes de rouille; car on avoit oublié , ou peut-être » méprifé de les faire en cuivre, & même de les dorer, ce qui eft une pré- æ caution très-eflentielle pour conferver les pointes des garde-tonnerre » très-aiguës contre la rouille, dont leur expolition à l'air peut les cou- » vrir,ce qui conféquemment les rend moins propres à produire leur effet: > aufli ne put-on découvrir fur les pointes de ces conducteurs aucune # marque qui püt faire foupçonner l'entrée du tonnerre, tandis qu’on dif- »# tinguoit dans la fufion du plomb, au coin de [a gouttière , le point # par où la foudre avoit pénétré; elle y fit par dehors un trou de 16 pou- > ces de diamètre environ dans les briques , & la charpente prit feu. » Il fut éteint aifément & fans dommage. » Enfuite la foudre defcendit par le coin d’une muraille, formant une » efpèce de rigole dans les briques: elle fauta dans les murailles d’une æ étable qui touchoit au bâtiment ; elle en fit fauter les tuiles qui ÿ # éroient attachées par des clous, fur lefquels la matière électrique de- » voit agir de préférence : elle pafla à côté d’une felle de cheval, qu'elle » trouva en fon chemin lors de fa defcente, On voyoit à un des étriers la >» fufon du métal ; puis elle fe déchargea par les courroies de cette felle , » & fans laiffer aucune fuite dans l’eau , dont l’étable étoit alors inondée » par la pluie que l'orage y avoit introduite. » Je me flatte , ajoute M. Magellan, que ce petit détail de l'accident » en queftion, fait par une perfonne dont la probité, le carattère & » les lumières font au deflus de tout foupçon ou méfiance , fervira d'avis » falutaire pour ne pas oublier d'établir des paratonnerres avec les pré- » Cautions fans lefquelles ils ne peuvent pas produire leur effet ». Cet Extrait a été lu ,le 14 Mai, dans une des Séances de l’Académie Royale des Sciences. C A ——— DESCRIPTION , USAGES ET AVANTAGES De la Machine pour réduire Les fraëures de jambes , inventée par Dom ALBERT PIiEROPAN, de Vicence; par l’Auteur de ce Journal, (6) eme À foulager l'humanité fouffrante , à allézer fes douleurs, à les diminuer , quand elles font néceffaires, & à abréger leur durée, eft fans contredit une occupation bien noble pour tout cœur fenfible. X réullir, & voir fes tentatives couronnées par d’heureux fuccès , eft da ré- compenfe la plus flatteufe que l'on puifle defirer. De-là Les eflais multi SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 475$ pliés dans tous Les genres pour foulager ces malheureux auxquels des maladies cruelles ou des accidens funeftes ne laiflent de reflources que dans les opérations douloureufes de la Chirurgie. CetteScience , qui a tant fait de progrès de nos jours, & que l'on peut regarder comme celle qui s'eft le plus perfectionnée, a trouvé l'art de fimplifier un grand nombre d'opérations, de les rendre plus füres & plus exactes: elle en a même tenté de nouvelles , qui ont étonné par leur hardiefle , en même temps qu'elles ont fatisfait par leurs fuccès éclatans, Elle font trop connues pour que nous nous y arrétions. Îl eft cependant quelques parties où la Chirurgie n'a pas fait les mêmes progrès. ; Depuis Hippocrate jufqu'à nous, on a traité de la même façon les fractures de jambes , de cuifles & de bras. On veit, dans fon Traité de Fraëlis, les préceptes les plus fages fur l'extenfion , l’ufage des échffes, qu'il nomme ferulæ , parce qu'elles étoient faites avec la tige d'une plante nommée férule, & fur l'application des bandes: il indique l’extenfion graduelle pour La réduétion des fraétures , fur-tout celles du bras; & felon ce père de la Médecine , cette extenfion graduelle devoit fe pratiquer ainf : « Îl vouloir que l'on mit fous l’aiffelle du bleffé un linteau de bois, fixé » à chaque extrémité par une chaine, ou par quelqu'autre appui, qui mîc » le malade dans une fituation à ne pouvoir s'afleoir, mème à être en æ quelque forte fufpendu; qu'enfuice ayant l'avant-bras fléchi de manière » à former un angle droit avec l’humérus, on y attachit une courroie » large ouflexible, &une bande, au bout de laquelle feroit un poids, » qui étendît doucement le bras, fi l’on n'aimoit mieux fe fervir d’un » homme pour faire la même extenfion(1) ». [l paroïit même que de fon temps on employoit des machines pour la réduétion des fra@ures ; mais foit qu'elles fuffent imparfaites & compliquées, foit qu'elles ne rem- liffent pas les vues qu'elles fembloient annoncer, Hippocrate les rejette abfolument , lorfqu’on peut s'en difpenfer, & toutes les fois que l’exten- fion faite par des hommes fuffira. Cependant fi l’on eft obligé d'y avoir recours , il recommande de choifir parmi les moyens les moins violens, 1e plus commode & le plus fimple. L'ufage des gouttières, lorfqu'elles font trop petites , & qu'elles n’excèdent pas le jartet, font, fuivant lui, plus dangereufes qu'utiles , & il vouloit qu’elles s’étendiffent depuis Le gras de la cuiffe jufqu'au pied, pour empêcher tout mouvement de genou. Enfin , il avoit obfervé que la Nature employoit quarante jours pour la guérifon d’un os de la jambe ou du bras fracturé, & cinquante pour celle du genou. En un mot, extenfion, direction, coaptation, fl dage , moyens curatifs employés de nos jours, font abfolument les mêmes que ceux dont Hippocrate prefcrit l’ufage. (x) Hiftoire de la Chirurgie, tome 1, liv. 3, pag. 232. Tome XIX, Part.I, 1782. JUIN. Qggq 2 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Celfe fuivit à Rome les préceptes du Médecin Grec pour cette partie ; iln'y ajouta prefque rien, & varia feulement la manière de faire l’ex- tenfion dans les fractures de l'humérus. « Le malade étoic placé fur un » fiége élevé, & le Chirurgien vis-à-vis, fur un fiége plus bas. Une bande »> attachée au cou du bleffé venoit entourer & retenir l’avant-bras , plié » en angle: on fixoit une autre bande en forme d’anfe à la partie fupé- » rieure de l'humérus, & une troifième à la partie inférieure où les deux » chefs étoient noués aufli en anfe, qui reftoit pendante. Un Aide pafloit » derrière la tête du bleffé , dans l’anfe de la feconde bande, le bras » droit, fi la fracture étoit du côté droit, & le gauche fi elle étoit à » gauche; & de l’autre main il faififloit un bâton planté entre les cuifles “ du malade, qui, contenu de cette manière, ne pouvoit, par des » mouvemens indifcrets , troubler l’opération. Tandis que l’Aïde faifoit » la contre-extenfion , en tirant à lui la feconde bande, l’Opérateur, en » mettant le pied dans lanfe pendante de la troifième, exécutoit dou- » cement & par degrés l'extenfion (1). Les progrès que la Chirurgie a faits depuis ce temps-là dans cette partie , font très-peu de chofe. Beaucoup d'indications, de nouveaux traitemens , mais tous abandonnés par. leur défaut & leur infufñfance. La réduction des os fracturés eft toujours reftée l'ouvrage de l’adrefle & de la force des Chirurgiens & des Aides. Quand ils ont été habiles & expé- rimentés , ils ont réulfi : mais combien de fois des accidens funeftes ont-ils fuivi des traitemens mal faits! Sans parler des douleurs inouïes que l'on fait éprouver au malheureux qui tombe entre les mains d'Opérateurs ignorans ou mal habiles , il eft très-rare que le membre fracturé ne refte plus court que l’autre fain. Ce défaut, à la vérité, n’eft pas fi apparent dans les bras que dans les cuifles ou les jambes; mais il n'en eft pas moins réel, & l’on conferve toute fa vie les marques de limpéritie d’un Chirurgien , qui après vous avoir fait fouffrir des douleurs longues & cruelles , vous laifle encote Le regret perpétuel d’un défaut de conforma- tion auf fenfible que fatigant. Difons plus ; rarement un très-habile Chi- rurgien peut il répondre des fuites de fon opération, Il a fait tout ce que PArt , uni au profond favoir, lui ont indiqué: il n'eft pas le maître du malade, En vain emploiet-il tous les ménagemens indiqués ; en vain es Aides le fecondent-ils comme il le defire, la douleur aiguë que le ma- lade éprouve dans l’extenfion & la contre-extenfion , lui fait faire des foubre-fauts & des efforts involontaires, qui dérangent tout ce qui venoit d'être fait, remettent les chofes dans le même état, sil ne devient pas plus fâcheux. Une fauffe pofition d’un des Aides, la moindre vacillation, produit le même dérangement. Nouveaux efforts de la part des Chirur- (1) Zhid, page 516. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 477 giens, & par conféquent nouvelles douleurs pour le malade, Les erreurs en Médecine & en Chirurgie font terribles, par la gravité des accidens qui les accompagnent toujours , & le malheureux que l'on cherche à fou- lager en eft la trifte victime. Je ne parle pas ici feulement des accidens qui arrivent involontaire ment durant la réduétion, mais encore de ceux qui peuvent avoir lieu pendant le temps de la cure. Le Chirurgien a fait tout ce qu'il devoit; il l'a même fait aufli bien qu'il étoit poilible: mais quarante jours de fouf- frances dans la même polition font une cruelle épreuve ; très-peu de ma- Jades ont la patience d’y réfifter , & le moindre dérangement Le Pappa- reil eft toujours la caufe d’un retard plus ou moins long. En vain les gouttières , les atelles , les fanons , les bandes, les lacs, &c. font-ils difpofés avec le plus grand art; ils peuvent fe déplacer par le mouvement du ma- lade, & le Chirurgien a la douleur de voir fes foins & fes travaux in- fructueux. D'après ces différentes obfervations , il étoit naturel que l’on pensât à avoir recours à des moyens fimples & conftans dans leurs effits, que lon püt employer & pendant & après la réduction ; & ces moyens éroient lesmachines, Toutes les machines qui ont été imaginées pour les frac- tures peuvent fe réduire à deux efpèces ; celles qui fervent à la réduction proprement dite, en opérant l'extenfion & la contre-extenfion, & celles qui maintiennent dans la fituation la plus convenable à la guérifon, les parties réduites. Les mêmes machines que l’on emploie pour les luxations, fervent prefque toujours pour les fraétures. Comme dans ces deux cas les extenfons & les contre-extenfions font néceflaires, dans le premier pour remboîter les os, dans le fecond pour les rapprocher par le plus de points poffible; la perfection d’une machine confifte à pouvoir fervir pour ces deux fins ; mais chercher & prétendre aufli que la même machine puiffe fer- vir pour réduire tous les membres ou luxés ou fraéturés indiftinétement, ce feroit ne pas connoître la difficulté que préfentent les divers membres, par leurs différentes configurations. Il a donc paru plus fimple d’avoir des machines, dont l'ufage fe bornât à telle ou telle partie: de-là la porte, l’échelie, le bâton, l'ambi d'Hippocrate , la courroie & les moufles d'Hil- dan , la machine de Petit, celle de M, Bellocq, celle de M. Maupil- lier, &c. &c. Il nous feroit très - facile de démontrer ici les défauts & l’infuRifance de la plupart de ces machines. Le peu d'ufage que l’on en fait le prouve aflez , & on les abandonne prefque toujours pour avoir recours feulement à la force & à l’adreffe d’un Chirurgien & de fes Aides. Voilà où en étoit la Chirurgie dans cette partie, lorfqu’en 1780; Dom Albert Pieropan, de Vicence, a imaginé une machine infiniment fim- ple & commode pour réduire les fractures de jambes. (L'année fui- vante, il en a imaginé une femblable pour Le bras & pour la cuifle, J’at- 478 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tends de Rome la defcription & le deflin de ces deux dernières , & je les ferai paroïtre aufli-tôt que je les aurai reçues ). L'accueil favorable que toute l'Italie lui a fait, l’ufage dont elle elt maintenant dans prefque rous les Hôpitaux de ce Pays , les médailles frappées à fon occafon , prouvent fufifamment & fon utilité & fes avantages fur routes celles que l’on avoit em- ployées jufqu'à préfent. Defcriprion de la Machine pour Les Fraëlures de Jambes. On voit, pl Il , le deffin de la machine & le pied en fituation. Elle eft compofée de deux lames de cuivre, Hi (fig. 1), réunies par une de leurs extrémités par un étrier ou lame de cuivre S (fig. 3 ); elles peuvent fe rapprocher & s’écarter à volonté par le moyen des charnières T , ce qui donne la plus grande facilité pour les panfemens, comme nous le verrons plus bas. Ces deux lames portent deux cercles, ou plutôt deux ovales mobiles KR, KR (fg.1), garnis de deux charnières, l’une in- férieure & l'autre fupérieure, par (ete ucllee ils peuvent s'ouvrir & fe fer- mer à volonté , au moyen d'une longue tige ou traverfe L L. Le cercle fupérieur a 8 pouces de diamètre, & l'intérieur 6. Les deux cercles ne S'attachent pas aux lames HI, par leur plus grand diamètre , mais un peu au-deflous , afin qu’en les ouvrant par la partie fupérieure , ils puiflent offrir une ouverture plus large. Pour pouvoir agrandir & diminuer au befoin ces cercles, ils font compofés de quatre parties , qui repofent les unes fur les autres, comme on voit dans la fig. 2. Âu moyen des vis & des wous RR, on peut les rapprocher & les éloigner plus ou moins, fui- vant l'exigence des cas. Les deux lames H 1 font aflez longues pour pou- voir fervir aux jambes de toutes grandeurs. Vers l'extrémité de la machine eft un foulier mobile M, dont le deflus eft entièrement ouvert, & qui peut aller à tout pied , il s'attache par le moyen de cordons ou d’une boucle, Dans l’intérieur de la femelle ett une plaque de cuivre V (fig. 3), dans laquelle eft implantée la tête d’une longue vis O O , qui pafle à travers de l'étrier où pièce de cuivre S: un écrou N tourne autour de cette vis, & fert, comme on le voit, à ap- procher ou écarter le foulier à volonté. Pour donner plus de force à ce fond , on le garnit intérieurement de deux talons taillés d'équerre (fig. $), fcellés dans la partie qui touche & adhère à cette pièce X, & limés jufte fur la lame YŸ : on verra bientôt de quel ufage les talons font dans les pan- femens. Si on fe fert de courroies pour le foulier , il faut qu’elles foient lar- ges, douces, & qu'elles garnifient bien le pied , fur-tout vers la partie P. Si l’on emploie une boucle , elle doit être bien longue & courbée, afin que la preflion foit moins incommode. A l'endroit de la fraéture de la jambe , on place une longue courroie G pour la foutenir ; on la fixe à La lame de cuivre HI , par le moyen de deux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 479 vis Q; & comme cette lame eft percée de trous fuivant toute fa lon- gueur , on peut facilement tranfporter cette courroie dans rous les endroits néceffaires. En’re cette courroie & la jambe, on gliffe un couffinet plus ou moins gros , fuivant la partie de la jambe où on l'applique. Enfin, la dernière partie de cette machine eft compofée de deux pièces; d'une boîte ZZ (fig 4), & des bandes & courroies DCFEBA. La boîte Z Z eft formée de deux planches de cuivre 1,1, 2,2 , féparées l’une de l’autre par les traverfes 3,3,3, qui laiflent entre ces deux planches l'ef- pace néceffaire pour le paffage des bandes & des courroies. La planche 1 , x eft percée de plufeurs trous correfpondans à ceux des lames HI, vers l'extrémité H, afin de pouvoir y être viffée aux endroits néceffaires. La planche 2,2 eft garnie d’un couflin das toute fa longueur , & s'applique contre la cuifle. Les bandes font au nombre de quatre , deux fupérieures DC, & deux inférieures B A, & les deuxg@ourroies FE fe placent entre deux. Telle eft la defcription de la machine, telle que nous l'avons reçue; paflons aux moyens de s'en fervir. Moyens de fe férvir de la Machine pour les Fraüures de Jambes, 1°. Si par hafard il arrivoit que le foulier M ne püût pas aller au pied du malade, on en prendroit un des fiens , que l’on échancreroit en deflus, comme on le voit fig. r & 2. On feroit un trou dans la femelle, qui répon- dit à environ quatre travers de doigt de diftance du bout du talon du ma- lade, Cette proportion doit être obfervée fcrupuleufement , parce que ce point répond au centre de la jambe ; & c’eft par cette ligne que fe fera exactement l'extenfion, On fait paffer la vis dans le trou où elle eft retenue par la petite plaque de cuivre V. 2°. Cette préparation préliminaire faite, on s'approche du malade pofé fur un lit ou fur une table, ou à terre même, fi l’on ne trouve point Pen. droit plus commode. On lui met le foulier M à la jambe faine : on ferre modérément les cordons ou la boucle, ayant grand foin de mettre du ER deflous la boucle, de peur qu'en ferrant elle ne blefle le ied. : 3°- On arrange les deux cercles KR, KR, de façon qu'ils puiflent fe fermer exaétement , lorfque l’on pañlera la tige LL dans les charnières : on applique alors toute la machine à la même jambe ; en faifant pafler la vis OO par le trou N, & l'arrêtant avec l’écrou, 4°. On boucle enfuite les deux bandes AB au-deffous de la rotule, ainfi que les deux D C, immédiatement au- deffus. IL faut qu’elles foient affez ferrées , mais non pas cependant jufqu’au point de bleffer. 5°. Les deux grandes courroies EF doivent pafler dans les intervalles ZZ dela pièce (fg. 4), & s'attacher l'une au deflus, & l’autre au-deffous 48o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la rotule. IL faudra bien faire attention que les boucies des bandes 8e des courroies ne fe rencontrent pas ferrées entre les plaques de métal & la peau du malade, car elles l'incommoderoient beaucoup. On poutra garnir de coton les endroits fur lefquels elles porteront. 6°. Enfuite on ferme les deux portions de cercles R R avec la tige LL, & on fait mouvoir l'écrou, jufqu'à ce que le malade fente que la machine luitire un peu la jambe. Le mouvement de l’écrou fait monter la vis à travers la pièce S , & le foulier s'en approche. On cefle alors de tourner l’écrou: on fait fur la vis une marque ou avec un fil, Ou autrement ; mais de façon qu’elle foit très-reconnoiffable , puifqu'elle doit indiquer exactement à quel degré on doit étendre la jambe fra&tu- rée, pour qu'elle reprenne une longueur égale à celle de la jambe faine. On fent facilement que pour que la réduction fe puiffe bien faire, il faut que l'intervalle entre la femelle du foulier & la pièce du fond, foit au moins de quatre doigts. Là 7. On place la pièce Q , qui porte la courroie G à l'endroit de [a jambe où eft la fracture. Si l’un des cercles KR fe trouvoit à cette place, & gênoit , on le tranfporteroit facilement plus haut ou plus bas. On a re- marqué que les cercles étant compofés de plufeurs pièces fufceptibles d’être rapprochées ou écartées à volonté , il fera très-facile de leur donner l'ou- verture que l'on voudra. 8°. Toutes ces mefures bien prifes fur la jambe faine, on défait l'appa- reil, & on l’applique fur la jambe malade, dans le même ordre & de la même façon qu'on l’a fait fur la jambe faine, Si l'on s’apperçoit que le gonflement & l’infammation ne permettent pas d'étendre la jambe jufqu'à l'endroit marqué fur la vis (n°. 6) d’une feule fois & fans faire fouffrir de trop grandes douleurs au malade, on s'arrête à cer endroit, & on re- commence quand l’inflammation diminue; & ainfi à plufieurs reprifes & à différens temps, jufqu'à ce que l’extenfon foit totalement faite, & que a jambe fraéturée ait acquis précifément la grandeur de la jambe faine. X 9°. Enfin , on placera des coufinets tout le long de la jambe dans les endroits où touche la courroie G, & dans les parties inférieures & inté- rieures des cercles KR , afin que la jambe repofe commodément deflus, On ferme les parties fupérieures de ces mêmes cercles, & on ferre un peu la courroie G. Le lit fur lequel le malade eft couché doit être uni, & il faut placer dans ce même lit des cerceaux , comme on le fait erdinaire- ment, pour que les couvertures ne portent pas fur la jambe & le pied du malade; ce qui l’échaufferoit & l'incommoderoit beaucoup. Avantages SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 481 Avantages G& commodités de la Machine pour les Fraëures de Jambes. Les avantages de cette nouvelle machine, fi fimple & fi exacte , font immenfes ; le Chirurgien y trouve füreté & commodité, foit pour la ré- duction, foic pour le traitement; le malade n’éprouve prefque aucune douleur; le temps même de fes fouffrances eft abrégé , & il eft für du moins què fa jambe fraéturée ne diminuera pas de longueur ; il ne craindra point non-plus que fon malheur l’aflige d’une difformité qui durera au- tant que fa vie. Enfin, cette machine peut fervir dans quelqu'efpèce de fracture que ce foit, & laifle au fang & aux humeurs un: libre circula- tion , pour porter à l'endroit où fe trouve la folution ,une fubftance répa- fatrice & fortifiante, Quelques détails vont prouver ces trois aflertions, & l'exemple va le démontrer clairement. 1°. Le Chirurgien y trouve füreté & commodité, foit pour la réduction, foi pour le traitement : fureré , en ce qu'il ne craint pas de fe tromper, en faifant une extenfion trop longue ou trop courte, & que quoique la jambe foit fratturée en plufieurs endroits, il peut déterminer l’exrenfion la plus précife ; & comme cette machine maintient en même temps qu’elle ne il eft [ûür que fon travail ne fera pas vain, parce que la jambe ref- tera toujours 1e le même état où il l'aura laiflée: commodité, en ce que , fans Aides, & fans le fecours de perfonne, il pourra, la plupart u temps, remettre tout feul les fractures les plus compliquées. Après avoir appliqué la machine comme nous l'avons décrit plus haut, d'une main il tourne l’écrou N, pour faire l'extenfion, & de l’autre il fera la conformation avec les doiots. Si, pour cette opération , il a befoin de fes deux mains, il fera libre de les employer , & de faire tourner l'écrou par une autre perfonne, On voit facilement que fi la fraéture eft com- pliquée au point qu'il ait befoin du tirefond , de l'élévatoire, &c., rien ne l’empêchera de s'en fervir, en ouvrant la lame HI du côté de la plaie , fans toucher aux bandes D, F, B , qui retiennent le couffin (fig.4), appliqué contre la cuifle, & maintiennent en état le refte de la machine, Le traitement fera encore très-facile à fuivre, par la faculté qu'ont pref- que toutes les pièces qui compofent cette machine, de s'ouvrir & d'être cranfportées d’un endroit à un autre. 2°, Le malade n’éprouve prefqu'aucune douleur. On doit comprendre que , la réduction ne fe faifant point par fecouffes & facades comme autre= fois ,& les tiraillemens n'ayant plus lieu , les douleurs vives & aiguës ne fe font plus fentir. L’extenfion s'obtient par un mouvement infenfible, que le Chirurgien eft encore maître de graduer à volonté. La preuve de ce que nous avançons , eft ce qui eft arrivé à M. l'Abbé Pafchalis di Pietro , qui nous a promis de nous faire paffer d'Italie non-feulement les deflins de deux nouvelles machines d'Albert Pieropan , mais encore les pièces juftificatives Tome XIX, Part. 1,1782. JUIN. Rrr 482 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & les certifisats de la République de Venife , qui la première l'a adoptée. Etant arrivé à Vicence , il fut chez l'Auteur même, pour voir la machine & fon application. Don Aibert Pieropan lui ayant appris que la veille on s'en étoir fervi à l'Hôpital de Vicence pour réduire une fraéture de jambe, ils fe tranfportèrent à cet Hôpital, où ils trouvèrent le malade tranquille, & n'éprouvant aucune douleur. Pieropan voulut abfolument que M. l'Abbé di Pietro effayât lui-même fa machine ; & pour cet effet, il la démonta de deflus la jambe malade , & l’enleva entiérement. Les os de la jambe caffée fe dérangèrent & fe remirent dans le même état où ils éroient la veille après l'accident de la fra@ture. M. di Pietro, après avoir d’abord eflayé fur la jambe de fon domeftique , remit facilement la jambe fraéturée , & le malade lui certifia que durant tout le temps qu’avoit duré la réduétion, il n'avoit éprouvé qu'une légère douleur (1). D'après ce que nous a dit M. l'Abbé di Pietro, il eft très-vrai que la réduction fe fait aufli en moins de temps , parce qu'elle f& fait plus füre- ment & plus tranquillement, & que l'on ne craint point que le malade dé- range l'appareil: de plus, la circulation a lieu bien plus facilement; elle eft moins gènée, Mais ce qui fera d’un prix infini pour un malade , c'eft légalité de fes jambes qu’il confervera toujours. Quand la machine de Pie- Topan n’abrégeroit pasles douleurs, & pour le temps & pour l'intenfité, elle l'emporteroit toujours de beaucoup fur toutes les autres, par l'avantage inappréciable d’aflurer l'égalité des membres. 3”. Le traitement eft plus commode & plus für ; tout ce que nous avons dit le prouve affez. Les Chirurgiens en fentiront facilement la vérité. Il ne nous refte qu'un fouhait à faire; c’eft qu'on en faffe au plutôt l’effai en France , & qu'on la fubftitue à des méthodes difcultueufes , ou à des machines imparfaites. Le defir de foulager l'humanité fouffrante & de lui être utile, nous a guidés dans les démarches que nous avons faites pour nous procurer des renfeignemens à ce fujet : trop heureux, fi nous pouvons être la caufe de fon adoption dans notre Patrie! —_——— (1) M. P Abbé Pafchalis di Pietro nous a affuré que non-feulement cette Machine avoie été approuvée par le Sénat de Venife & le Collége de Santé de cette Ville, mais encore qu'il avoi fai frapper des médailles d’or & d’argent à l’occafon de fon invention ; que la République avoit ordonné d’en faire ufage dans tous les Hôpitaux des Villes de fa domination ; que plufieurs Princes étrangers, en Allemagne, en Italie , le Roide Prufle, celui de Naples, &c., l’avoient généralement adoptée. Il vit aufli dans cette Ville une Machine dans le même genre, & inventée par le même Pieropan, pour les fraétures de Thumérus & du cubitus. Pieropan lui apprit qu'il en avoit :maginé une pour les frac- tures de la cuifle; mais il ne voulut pas la lui donner, parce qu'il n’avoit pas encore reçu de Venife les certificats qu'ilen atrendoit. M. l'Abbé di Pietro a tiré copie des certificats & de tout ce qui avoir paru au fujet de ces Machines à Vicence, à Milan, à Venife. Il nous a promis de nous communiquer le tout; nous aurons foin d’en faice part au Public. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 483 MÉMOIRE Sur du Bois pétrifié dans différens états, par M. DE FAY, de la Société Royale des Sciences de Montpellier. A YANT appris que M. Privé-Gougis avoit trouvé à Orléans, dans la £econde cave d’une maifon très-anciennement conftruite , des fragmens de planches pétrifiées, je le priai au mois d'Avril dernier 1782, de me les faire voir. Il me conduifit dans cette cave; nouscomptämes foixante dix neuf marches pour y defcendre, & à coup de maffe nous détachimes plu- ficurs de ces morceaux. Je reconnus que les planches dont les Maçons s'é- toient fervis lors de la conftruction de cette voñte , pour La foutenir & lui donner la forme, y étoient en partie reftées adhérentes par la ténacité du mortier, Pluleurs de ces fragmens , que j'ai rapportés, font entièrement pétrifiés en fubitance calcaire; d'autres, & ce font les plus intéreffans, ne le font que par la furface extérieure, tandis que la partie qui touche im- médiatement à la voûte , eft encore à l’état de bois. Cette découverte pré- fente deux phénomènes : Le premier , que le Auide qui s'échappe des voûtes ui font l'ouvrage de l'art, a la faculté de pétrifier ( car il ne s'agit pas ici ‘incruftation ), comme le Auide que les roches naturelles diftillent; le fecond ; que dans la pags de ces morceaux, le fuc lapidifique (1) a pé- nétré une bonne partie de l'épaiffeur de la planche fans s’y fixer, pour venir pétrifier la furface extérieure. Nos connoiffances en hiftoire naturelle font encore trop bornées pour expliquer ce dernier phénomène. On pourroit dire cependant que Le côté des planches qui touche au mortier étant très- humide, comme je l'ai reconnu, le fluide pétrifiant, vu fon extrème té nuité, a été entraîné jufqu’à la furface extérieure de ces planches, dont le diamètre des pores s’eft trouvé reflerré par la fraîcheur habituelle de cette cave, & s'y eft condenfé. J J'ai des fragmens de ce bois dans des états fi différens, & je les ai ob- fervés avec tant d'attention, que j'entrevois avec plaifir la marche de 14 (x) M. Mongez le jeune, Auteur de ce Journal , de l’Académie des Sciences de Rouen, &c. a rendu le plus grand ferviee aux Naturaliltes, en fixant leurs idées (ur ce u’on appelle fxc lapidifique. C’eft, fclon lui, l'humidité de la terre imprégnée d'air de , & chargée de molécules terreufes en diffolution. ( 77 fun excellent Mémoire fur la Pétrification des Bois , Journ. de Phyf., Oëtobre 1781). Sa théorie ingénieufe eft liée aux principes , & fondée fur les meilleures obfervations. More de l'Auteur du Mémoire, Tome XIX, Part. 1, 1782. JUIN, Rrr2 484 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nature dans cette fingulière tranfmutation. Voici le réfultat de mes ob{er- vations. - Premier état. L'eau dépofe d’abord dans les utricules du bois les mo- lécules terreufes qu'elle tient en diffolution : à l'exception de ces petites outres qui contiennent le fuc pierreux , cryftallifé déjà dans quelques-unes d'elles, tout le refte du morceau eft encore à l’état de bois. Second état, Les utricules une fois remplies, le Auide pierreux s'épanche dans la partie folide des vaiffleaux propres & lymphatiques qu'il pétrifie ; ces vaiffeaux reffemblent alors à une infinité de petits cylindres creux, & font difpcfés comme des tuyaux d’orgue. Troifème état, Le fluide pétrifiant remplit alors les cavités des vaifleaux, c'eft-à-dire après en avoir pétrifié les parties folides ( comme nous venons de le voir dans le fecond état), ce qui paroît d’abord étonnant: cepen- dant cela doit arriver, parce que les vaiffeaux du bois font tapiflés inté- rieurement d’une membrane couverte de matière fpongieufe très-déliée , & par conféquent plus difpofée à fixer le fluide pierreux que les cavités des vaifleaux qui font trop fpacieufes pour cela; & fi l'on objecte que cette matière fpongieufe fi déliée ne peut fublifter long-temps après la coupe de l'arbre, on peut, en accordant qu'elle ait été détruire, répondre que les pores où étoient implantés les petits poils qui la formoient, font également propres à admettre & à retenir les atômes pierreux. Quatrième état. Les vaifleaux que nous avons vu dans le fecond état reflembler à des cylindres creux pétrifiés, & dans le troifième, à des cylin- dres pleins, laiflent des vuides entreux: mais Le fuc pierreux qui continue d'affluer remplit Les interflices ; & c'elt ce qui conftitue le quatrième état, celui où la mafle, totalement pétrifiée, repréfente exactement le morceau de bois. Cinquième & dernier état. Les molécules pierreufes les plus déliées , trou- vent encore, avec le temps, le moyen de pénétrer toute la maffe du bois pétrifié, & de fe fixer dans fes pores, même les plus ferrés; le tout eft alors tellement identique, qu'on le confondroit avec une pierre ordinaire, fi des circonftances ne défendoient quelquefois certaines parties de ce bois contre une pétrification fi abfolue: auffi je fuis perfuadé que bien des pierres ont été bois autrefois, mais que le laps du temps & l'excès de la pétri- fication Les ont rendu entièrement méconnoiffables. . GES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 4$ÿ NOUVELLES LITTÉRAIRES. CONNOISSANCE des Mouvemens Célefles , pour l'année 1784, préfentée au Roi le 15 Décembre 1781, par M. JEAURAT, de l'Académie Royale des Sciences. | le cent fixième volume que l’Académie publie fans interruption depuis 1678, & le neuvième de M. Jeaurat, qui, actuellement chargé de calculer cet Ouvrage , cherche à le rendre de plus en plus intéreflant, en y inférant, avec un zèle digne des éloges de l'Académie & du Public, tour ce qui peut contribuer aux progrès de l'Aftronomie & faciliter la na- vigation, Il accélère la publication des fes volumes autant qu'il eft pof- fible, afin que les Navigateurs qui font dans le cas de fe munir de cet Ouvrage avant leur départ, puiflent en faire l’acquifition au moins deux ans avant l'époque des phénomènes céleftes qui y font annoncés. Les Obfervateurs verront avec fatisfaétion dans ce volume, que M. Jeaurat continue à s’écarter, on ne veut pas dire de la mauvaife coutume, mais de la peine inutile que fes prédéceffeurs prenoient de marquer la dé- clinaifon de la lune pour midi de chaque jour ; cette colonne dans les tables de chaque mois devenoit prefque inutile aux Obfervateurs , puif- qu'il falloit calculer encore cette déclinaifon par le moyen des interpo- lations pour l'inftant du paflage de la lune au méridien, ce qui entrai- noit à un calcul beaucoup trop long pour des momens aulli preflans que ceux de l'obfervation. M. Jeaurat, pour éviter aux Aftronomes cet incon- vénient, & ne les pas expofer à perdre l'inftant précieux d’une obferva- tion qui fouvent fe trouvoit être celle précifément pour laquelle ils étoient obligés de calculer, a réformé cette colonne de chaque mois, en calcu- lant la déclinaifon de la lune pour l'heure de fon paflage au méridien, ge eft le moment pour lequel l'Obfervateur a befoin de connoître cette éclinaifon, On obfervera encore à l’occafion de ces tables, que lorfque M. de Ja Lande dit dans le quatrième volume de fon Aftronomie ( page 634), art. 1714, que c’eft la parallaxe équatoriale qu'on donne dans le Mau- tical Almanach & dans la Connoiflance des Temps, il eft certain que M. de la Lande ne, veut parler que des volumes feulement qu’il a publiés; car M. Jeaurat a aufli corrigé cette partie, dans fes volumes de la connoiffance des Mouvemens Céleftes, en y mettant la parallaxe horizontale de la lune, telle que la donnent toutes nos Tables Aftronomiques, & telle qu'il con- 486 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vient de la rapporter dans les éphémérides calculés pour la latitude & le mé- ridien de Paris. Outre le Catalogue & la Carte des étoiles des pléfades (pages273-275), dont M. Jeaurat a enrichi fes volumes, & auquel il fait précéder celui des nébuleufes & des amas d'étoiles obfervées par M. Meflier, on trou- vera dans ce volume la table des longitudes & latitudes des principaux lieux de la terre confidérablement augmentée, M. Jeaurat termine ce volume ( page 389) par les obfervations de l’é- clipfe du foleil du 17 Octobre 1787, faites à l'Obfervaroire Royal par MM. Jeaurat, Wallot & Tondu. Ils n'ont pas pu obferver le commen- cement de cette éclipfe à caufe des nuages nébuleux qui fe trouvoient à l'horizon, & qui cachoïient abfolument ie foleil. Le grand nombre de dif- tances des cornes obfervées par M. Tondu pourroit à la vérité fuppléer à cette obfervation, fi la différence des réfractions, qui, à la hauteur peu confidérable où fe trouvoit alors le foleil, devoit néceflairemenc inAuer beaucoup far ces diftances , n’en rendoit l'obfervation incomplette & par conféquent moins utile. C’elt cette confidération qui a déterminé M. Wallot à facriñier ces obfervations, dont il n'a fait qu'un très-petit nombre , pour fe réferver à celle de la fin de l'éclipfe, qui n’eft point affeée de cer in- convénient. M. Jeaurat n'a pu faire d’autres obfervations que celle de la fin, n'ayant point eu de micromètre à fa lunette. Il eft bon de faire re- marquer encore que MM. Jeaurat & Wailot, qui s'accordent parfaite- ment fur l'inftant de la fin de l’éclipfe , quoiqu'il n’y ait pas eu la moindre communication entreux pendant fa durée, avoient chacun une lunette achromatique de Dollond de pareille grandeur. Cette circonftance eft trop effentielle pour ne point en faire mention , lorfqu'il s’agit de rendre raifon d’un fi parfait accord dans une obfervation aufli délicate, Le produit & le droit des Communes , & Les intérêts de l'Agriculture , Popu = lation , Arts , Commerce, Marine, Finances & Miliraire, à concilier pour le falut des individus & propriétés , l'amélioration des Domaines & autres parties , la richeffe & profpérité de l'Etat & des Citoyens ; par un Hone- raire de plufieurs Académies. À Paris, in-8°. 1782, Tout ce qui peut intéreffer l'économie politique en général &c en parti- culier, fe trouve raflemblé & difcuté dans cet Ouvrage , qui renferme en- core Le tableau Le plus étendu des Loix univerfelles & locales fur les com- munes & terres vagues, les droits de parcours, vaine pâture , ufages, &c. dans tout le Royaume. Ce Traité ne peut être que d’une très-grande utilité pour tous ceux dont les biens font de cette nature, / __ SUR PHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 487| Expériences & Obférvations fur différentes branches de la Phyfique, avec une continuation des Obfervations [ur l'Air ; par M. PRIESTLEY ; tra- duit par M. GIBELIN , Doëteur en Médecine. Paris, 2 vol.in-12 , chez Nyon l'aîné, Libraire, rue du Jardinet, .… Cette nouvelle production du favant Anglois eft la fuite de fon grand travail fur les airs ; les Phyficiens-Chymiftes y verront avec plailir Les nom- breufes expériences fur l'acide nitreux , l'acide marin, l'acide vitriolique, l'acide phofphorique, l'air déphlogiftiqué, l'air commun vicié par la ref- piration & la tranfpiration animale, l'effet de la végétation fur différens airs, de nouvelles recherches fur l'air inflammable, lair fixe, &c. &c. Hippocratis Aphorifini, ad fidem veterum monimentorum cafligati, latinè verfe 2J. B.LEFEBVRE , D. M. in-12. Paris , chez MÉQUIGNON l'aîné, près les Ecoles de Chirurgie. C’eft une nouvelle édition de celle qui a paru en 1779. L'accueil que le Public lui a fait, & le peu de temps dans lequel la première a été épui- fée , annoncent bien Le mérite & l'exactitude de cette traduétion. An accourt of a Merhodot of preferving Water at [ea from putrefailion | Ec. Expofirion d’une Méthode de préferver l'Eau en mer de la putréfaëtion. In-4°., chez JOHNSON, La méthode de conferver l’'eau-douce en mer fut propofée, il y a quel- ques années , par le célèbre Docteur Alfton d'Edimbourg : elle confifte à mettre dans un tonneau une certaine quantité d’eau de chaux , qui , par fa propriété antifeptique, produit l'effet defiré. Pour ne pas méler de la chaux à l'eau au moment qu'on en doit ufer, le Docteur Alfton propofe la précipitation de la chaux , par l'addition d'une certaine quantité de magnélie blanche. Mais la dépenfe de ce procédé ayant détourné de la propolition du Docteur , M. Henri a imaginé une méthode de précipiter la chaux par le moyen d’une terre calcinée & de Pacide vitriolique , qui n'exigent Fe une grande dépenfe, Nous avons fait connoître les ex- périences de M. Henri fur cet objet , par un Mémoire que nous a remis M. Magellan. Seb. Jub. Brugmann Lithologia Groningana. La Lihologie de Groningue, par M.BRUGMANN. À Groningue , chez DokEema & MULLER, 1781. in-8°. Ce Naturalifte ne traite exaétement que des pierres de ce Pays. 488 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Defcription € ufage des Baromètres, Thermomètres € autres Inflrumens mé- séorologiques ; par M GOUBERT , Ingénieur G& Conffruëteur d’Inflrumens de Phyfique,&c. À Paris, chez l'Auteur, rue Dauphine , vis-à-vis celle Contrefcarpe, maifon d'un Fripier ; & chez JomBErT, Libraire, rue Dauphine. Ce qui fait le principal mérite de ce petit Ouvrage, eft une Table com- parative des 28 thermomètres les plus en ufage parmi®les Phyficiens, & nous convenons de bonne foi qu’elle nous paroit plus parfaite que celle que nous avons inférée dans notre Journal en 1772, pag. 485. Traité de L Apoplexie & de fes différentes efpèces , avec une nouvelle Methode curative , dont l'uvilité ef? promvée par l'expérience ; [uivi d'un Traité de la Paralyfie, ainfi que d'une nouvelle préparation mercurielle propre à l'ufage extérieur, en forme de frictions sèches , pour les Dartres G& Maladies Vé- neriennes ; par M, PONSART , Doéfeur em Médecine, &c. &c. Paris, chez GurLLoT, Libraire, rue de la Harpe, 1782. On remarquera facilement dans ces différens Traités, d'excellentes vues & des principes très-fages, La méthode curative adoptée par l’Auteur , a mérité les fuffrages de la Faculté de Médecine de Reims. De la Pulmonie, de fes fymptômes , de [es caufes, de fes différences 6 de fa curation ; par M. JEANNET DES LonGrois, Doëfeur-Révent de La Faculté de Médecine de Paris, feconde édinion, Paris, chez MÉQuI- GNON, Libraire, rue des Cordeliers, 1782. La rapidité avec laquelle la première édition de cer Ouvrage a été enlevée , annonce affez la juftice que le Public lui a rendue. Cette fe- conde édition renferme des additions très intéreflantes , & qui en complet- tent le mérite, Naturgefchichte des niederdeutfchlands, &c. Hifloire naturelle de la baffe- Alle- magne , 6 d'autres contrées , contenant un grand nombre de nouvelles de- couvertes & d'obfervations de produilions nouvelles peu connues, rares & dignes de remarque; par M. le Baron HurscH. À Nuremberg , chez RaAsPE , premier. cahier , grand in-4°. de $6 pages, avec fept planches , qui renferment 34 fig. enluminées au naturel. Prix, 3 florins d'Allemagne, Cet Ouvrage, fi intéreffant pour les Provinces de la bafle-Allemagne , pour les Pays-Bas , pour les Provinces-Unies , & généralement pour tous les SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 489 les pays où l’on cultive l'étude de l'Hiftoire Naturelle, a été propofé par foufcription, Suivant le plan imprimé à la tête de l'Ouvrage, il contien- dra, 1°. quantité de découvertes de corps naturels inconnus jufqu'ici ; 2°. de nouvelles obfervarions fur des produétions rares; 3°. des deflins coloriés de pétrifications, fofliles , minéraux , infectes, &cc. trouvés dans les Pro- vinces de Cologne , Eiffel, Juliers, Berg, Trèves, Mayence, Lorraine, Naffau, la Marck, Clèves, Gueldres, Weftphalie, Liége, Limbourg, Luxembourg, Brabant, Flandres, Hainaut, Namur, Hollande & Pays voifins ; 4°. les deflins, avec une courte defcription de quelques animaux, plantes & pétrifications exotiques & inconnus, ou peu connus; f°. tout ce qui pourra contribuer à étendre & à éclairer l’Hiftoire Naturelle en général & en particulier, aura place ici; 6°. Les figures font exactes, & repréfentent l'original de manière à ne pas s'y méprendre, [1 paroîtra une traduction françoife de l'Ouvrage. Le premier cahier en Allemand fe dé- bite à Cologne, chez Simonis; à Francfort , chez Warrentrapp & Wenner , & chez les principaux Libraires d'Allemagne. Opufculi Fifico-Chimici del Cav. LANDRIANE, &c. Opufeules Phyfico- Chymiques du Chevalier LANDRIANI. Milan, 1781 , in-8°. chez Gaëtan-Pirola. Ces Opufcules font très-intéreffans , & contiennent les cinq Mémot- res fuivans : 1°. la defcription du Chronyomètre , ou la nouvelle Machine inventée par l'Auteur pour mefurer la durée & la quantité de la pluie; 2°. une méthode pour donner un vernis aux papillons & aux autres in- fetes , afin de conferver intactes leurs couleurs ; 3°. un Mémoire fur la converfion des acides enun feul : l’Auteur regarde l'acide de l'air fixe comme l'acide univerfel ; 4°. une Differtation fur la chaleur interne; $°. enfin , la formation de l'air déphlogiftiqué avec les acides minéraux. Nous ferons connoître une partie de ces Mémoires, & le Public en aura l'obligation, pour la-traduétion, à quelques laborieux Académi- ciens de Dijon, à qui la vraie Chymie, la Médecine & la Phyfique doivent tant. Lunario per à Contadini della Tofcana , &c. Almanach a l’ufage des Payfans de la Tofcane , pour l'année 1782 , ou neuvième année ftheflique. À Florence , chez Borianti, in-12 de 144 pages. Ce petit Almanach, fi utile pour les gens de la campagne d'Italie , & ui le feroit pour la France, fur-tout pour nos Provinces méridionales , me le climat eft fort analogue avec celui de Florence, prouve d'abord combien la fituation du terrein, fa nature , la qualité des femences, la Tome XI X, Part.I, 1782. JUIN. Sss 490 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, culture de la terre, Le climat, la faifon , les météores , concourent plus ou moins aux fuites des expériences & des tentatives que l’on fait en Agri- culture, & méritent d'être obfervés fcrupuleufement. La culture des trente-deux efpèces différentes d’oliviers que l’on élève dans le territoire de Florence y eft traitée en détail. La fuite de la Bibliothèque Géorgi- que-Iralienne va , cette année, jufqu'à la lettre M, & renferme des Mé. moires & des recettes concernant les beftiaux , le fourrage, le citife, la préparation du chanvre, la manière de tenir les vaches, les chevaux & les bœufs à l’ufage des campagnes de la Tofcane, la culture des afperges , la manière de faire le vin de Chianti, &c., & la teinture de la garance, Ce petit Ouvrage eft terminé par les queftions propofées par l’Académie des Géorgiphiles, & l’analyfe des livres qui onr traité nouvellement de l'Agriculture, Offervazioni interno, &c. Obfervations fur les Maladies qui attaquent les Européens dans les climats chauds © dans les navigations lointaines; par NicoLas FONTANA, de Crémone. À Livourne, chez J. V, Falorni, in-8°. Cet excellent Ouvrage de Médecine-Pratique devroit être traduit en François, & mis entre les mains de tous les Chirurgiens de vaifleaux ; ils y trouveroient des obfervations intéreflantes fur le traitement, 1°. desfè- vres ; 2°. de la dyffenterie, 3°. de la bile ; 4°. des maladies du foie; ç°. du rhumatifme ; 6°. du fcorbut ; 7°. des maladies vénériennes ; 8°. des ma- ladies chirurgicales: ils y verroient l'ufage du bain de terre ufité en Afie pour le rhumatifme, & en Amérique pour le fcorbut, comme le fameux Solano l’a pratiqué en Efpagne ,& M. Fouquet en France , pour d’autres maladies chroniques. Opuftoli Filofofici , &c. Opufcules Philofophiques , 1°. des influences méréo= rologiques de la lune; 2°. deseffets éleütriques ; 3°. de l'aülion de l'huile dans l'eau ; 4°. de la chaleur Juperficielle & centrale de la terre; $°. des fleuves fouterrains. À Milan, chez Galeazi , in-8°. Le nom de l’Auteur de ces Traités, le Sayvant Abbé Frisr, indique aflez leur mérite, The Medical, ou le Manuel de Médecine. Yn-12, à Londres, chez John- fon, 1781. Le favant & infatigable Médecin Elliot eft l'Auteur de ce petit Manuel, qui contient une notice très-bien faite des fymptômes & des caufes des | SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 491 Maladies , avec les méthodes pour les guérir. Il y a joint des détails inté- reffans fur les propriétés & dofes des compofitions fimples & médicina- les: le tout rangé par ordre alphabétique, Theoria Magnetis , &c. La Théorie de l'aiman par M. GABLER, Profeffeur de Phyfique & d'Economie dans l'Univerfité dIngoldftad. À Ingolditadt, chez Krull, 1780, in-8°. Differtationes Phyficæ, &c. Differtations Phyfiques; par M. MAKoO, Abbé de Bela. À Bude, de l'Imprimerie de l'Univerfité , 1781, in-8°. Elles traitent de la nature du tonnerre, de l'aurore boréale, de l'at- mofphère de La lune, & de la formation de la terre, Das Ablegen der bienenfloecke. Traité de la Culture des Abeilles , fuivant les expériences les plus nouvelles ; par M. MARTINi, À Léipfick , chez Hang , 1781, in-8°. On fait combien cette partie de l'Economie rurale a été perfectionnée en Saxe & en Siléfie , & l'Ouvrage de M. Martini en eft le réful- tat. Anbeitung fur die landwirthe zur verbeflerung der vichqucht ,'&c. Intro- duëfion à l'Economie Champêrre , confidérée relativement à l'amélioration du bétail ; par M. BERGEN. À Berlin , chez Lange , 1781, in-8°. Dans cet Ouvrage , M. Bergen s'occupe principalement des prairies & des pâturages. Le fuccès des arrofemens a toujours furpaffé fon attente : il avertit de fe donner de garde de la combuftion du gazon. Entre les fourrages qui ne font point capables de diminuer la quantité du grain, il accorde la préférence au trèfle rouge. Deutliche und grand liche anbeitung zur Salmiak Fabric, &c. Projet rai- Jfonné d'une Fabrique de Sel ammoniac, femblable en bonté & en valeur à celui d'Egypte ; par M. ALBERTI. À Berlin , chez Decker, 1781, in-8°. M. Alberti obtient fon fel acide , ou par l'huile de vitriol , à la manière de Glauber , ou du fel de cuifñine, par le vitriol de Mars ; & entre les ef- its lexiviels, il préfère celui de l'urine corrompue , parce qu'il eft plus Écile de les avoir purs & en quantité, fur-tout dans les grandes Villes, Tome XIX, Part. I, 1782. JUIN, Sss2 492 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6k. au moyen d’un feu médiocre, Le fel quien provient donne aufli moins de mauvaife odeur; défaut auquel la fublimation eft capable de- remédier. Dans cette opération, il fait entrer en compte des produits Le fel admira- ble de Glauber, qu’on peut tirer des réfidus. CE TE lee pe RU EN ns EM manne Ut te? 1e ERRATA. Puce 23, Lig. à, fur la fra@ure, Z/ez für la ftruture. Pag. 31, Lig. 41, cinq onces, Zfe7 une once. Pag. 154, Lig. 14, ilen fort, efficez en. Ibid. , lig. 18, ouà-peu-près , Xfez ou peu après. 1bid., Lg. 36, le feront aufli, Lifez le font auf. Pag. 160, Lig, 19, onne doute point, fe on ne doutoit point. Pag. 210, lig. 27, que ceux qui féjournèrent, 4feg que ceux qui y féjournèrent. Pag 225 , lig. 30, de l'une à autre efpèce, /fez de l’une & l’autre efpèce. Pag. 274, lig. 37, les cinquante premiers jours, lifez les dix premiers jours. Ibid,, lig. 38 , mais le cinquante-cinquième jour, lifez mais le onzième jour. Pag: 280 ; lis. pénultième, ne parviendroit, difeg ne parviendront. Pag.281, Lis. 2, fixement, /ifez fürement. lag. 287, Lig. 4, mettez en titre article XIV. Pag.r2o1, lis. 7, au lieu de un, Li ex au. Pag. 192, lig. 42, goutte, lifez gouttes. Pag. 194 , lis. 7 & 8, de calibres des tubes, Zifez amplitudes des tubes, Pag. 31°, Lio. 24, où le, lifèg où ce. Tbid., lig. 25,L:, L?,/ifez Z', 27. Pag. 320, lig. 3, rayons du roue, /ifè7 rayons des roues. Iiid., lig 11, même correttion. Ibid. , lig. 15, 35°: roue, eflieux, réfiftance 12° : : 90::x", Zifez 35° roue :22°, effieux : : 90 réfiftance: x. Jhid., lis. 17, 53 livres + %, Zifez sé livres + 4. Jbid., lig 20, 106 livres, /ifez 112 livres. Jbid., lig. 32 & 33 , &remplaçant, ife7 & remplaceroit. | Page 322, Lig. $, roue, life zone. Jbi2., Lig. 6, de cinq bandes, /ifc7 des bandes. Ibid. , lig. 33, lebras, life le bras O". Page 323, lig. 16, au plan, /fe7 en plan. Ibid. , lig. 30, baflongue, difez barlongue. APPROBATION. Jr lu , par ordre de Monfcigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre: Obfervations fur La Phyfique, [ur PHiftoire Naturelle & fur Les Ars, &c.; par MM. Rozier & MonNcEz le jeune, &e. La Colleétion de faits importans qu’il offre périodi- quement à fes Leéteurs, mérite l'accueil des Savans; enconféquence, j’eftime qu’on peut en permettre limpreffion, A Paris, ce 22 Juin 1782. VALMONT DE BOMARE. TABLE GÉNÉRALE PRES ARE LCL. ES CONTENUS, D A NS; GB: O.L.U:ME: PHYSIQUE. Herr. de M. Robert DE PAUL DE LAMANON , fur un nouveau Baromètre. Page 3 BAROMÈTRE nouveau, inventé par M. MAGELLAN , avec la Méthode pour mefurer les hauteurs des montagnes. 108 Suite. 194 Suite, 257 Suite. 341 PROJET d'une Machine électrique, qui iroit toute feule; par M. M..., de plufieurs Académies. 149 RÉFLEXION Jur la force centripète & [ur La force centrifuge, par M. Daviv. ss 229 SUITE des Expérinces relatives à l Adhéfion | par M. DUTOUR , Corref- pondant de P Aeadémie des Sciences. 137 Suite, 287 LETTRE de M. HASSENFRUTZ fur le Feu libre de l’'atmofphère. 337 E XTRA1IT d'un Mémoire [ur la Struëlure des Cryflaux de Grenat, par M.lAbbéHauY , Profeffeur de lUniverfire. 366 LETTRS a M. DE LA TOURETTE, Secrétaire perpétuel de L Académie des Sciences de Lyon, par M. BERTHOLON , de plufieurs Académies ; fur Les Paratonnerres afcendans & defcendans de la Ville de Lyon. 382 DES Anneaux Planétaires, par M. D'UCARLA. 386 LETTRE de M. CARNUS, Profeffeur de Phyfique, fur les Eudiomèrres & l'effer du fon des Cloches dans Les orages, 398 494 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. NoTICE DES EXPÉRIENCES ELECTRIQUES faites par M. ACHARD } de Berlin. 417 DESCRIPTION d'une Machine à comprimer L' Air, par MM. GRepriN © BiLLIAUX , Mécaniciens. 438 AVIS pour neutralifer à peu de frais les Foffes d’aifance , afin d'en faire la vuidange fans inconvénient & fans danger; par M. MARCORELLE, Baron D'EsCALE , de plufieurs Académies, 449 DouTES propofes &a MM. les Savans, par M. DE LA COUDRENIERE. T 446 CH:.Y.MLE, Den d'Expériences fur l'Air inflammable des Métaux ; par M. DE LA MÉTHERIE, 16 MEMOIRE fur la Terre des Os, & fur la Terre calcaire en géneral ; par M. BERNIARD. 43 ExPERIENCES furla quantité d'Airpur qui fe trouve dans notre Atmof: phère; par M. SCHEELE. 79 OBSERFATIONS [ur l'Acide arfenical; par M. PELLETIER. 127 OBSERVATIONS fur la terre ab{orbante ou terre des os, & fur Le natron quelle contient ; par M. SAGE, de l'Académie des Sciences, 125$ EXPÉRIENCES fur la Mine de Plomb ou Plombagine (plumbago) > Pu- blices par M. SCHEELE , & traduites du Suédois, par M, MG , de Di- Jon. 162 OBSERVATIONS fur la cryffallifation artificielle du Soufre & du Cinabre; par M. PELLETIER. 11 EXPÉRIENCES [ur l'acide retiré du Suif de Bæuf, traduites de ? Allemand de M. CRELL, par M. MG. de Dijon. 324 MÉMOIRE fur les Dénominations Chymiques , la néceffité d’en perfeëtion- ner le Jÿfléme, & Les règles pour y parvenir ; par M. BE MORVEAU. 370 LETTRE de M. Thomas HENRY, à M. MAGELLAN , fur un moyen d'empêcher l'eau de la mer de fe putréfier, € fur la théorie de çe procédé, 386 DREFSAr ANRT" CrLSE!S. 49$ EXTRAIT d'une Lettre de M.F. FONTANA , 4 M. GIBELIN , fur la cor- verfion de l'eau en terre. 396 EXPÉRIENCE fur l'efpèce de terre qui refle dans la dernière leffive-mère du Sel commun, ou fur La bafe du Sel amer , en tant qu’elle peut rendre d'au- cres terres fufibles, Par M. MARGRAF ; traduites de ? Allemand. 435 HIS, T'OCIRR..E su NA DURE LE: Exrraur des Différtations de Phyfique animale & végétale de M. L Abbé SPALLANZANI, 20 Suite. 151 Suite. 213 Suite. 372 DESCRIPTION d'un Zoophyte fingulier de la Mer Baltique ; par M. le C. G. de R. 38 SuiTE du Mémoire fur les Vents pluvieux & fecs; par M. DucarLaA. 58 DESCRIPTION de divers Foffiles trouvés dans les Carrières de Montmartre, près Paris, & vues générales [ur la formation des Pierres gypfeufes , par M. Robert DE PAUL DE LAMANON. 173 LETTRE aux Auteurs du Journal de Phyfique Jur le Volcan de Marez dans Les Cevenries ; par M. CHAUVIN. 285$ MÉMOIRE fur quelques trombes terreftres obfervées en Artois € dans quel ques Provinces voifines ; par M. BUISsART , de lAcademie d'Arras. 298 SuiTE des Extraits du Porte-Feuille de M. l'Abbé DiCQUEMARE , de plufieurs Académies, 309 MÉMOIRE fur des Corps étrangers trouvés dans le foie d’une poule ; par M. GorCyY , Doëleur-Médecin à Pont-a-Mouffon. 395$ MÉMOIRE fur le Mammouth | animal du Groënland, dont on trouve des offemens & des dents énormes en Europe , en Afie & en. Amérique ; par M, P. DE LA COUDRENIERE, 363 496 TABLE GÉNÉRALE MÉDECINE. A VIS fur une nouvelle Machine fumigatoire, inventée par le fieur FREDE- RICH HILDEBRAND , Suiffe. 166 BAINS d'Arles. 4OI AGRICULTURE ET BOTANIQUE. DR d'une Lettre de M. DomBAy à M. DUCHESNE , écrite de Lima, fur l'ufage des Pommes de terre chez les Péruviens. 82 MEmorrE-PRATIQUE fur la culture de l’'Ortie ; par M. le Baron DE SER- VIÈRES. 104 INSTRUCTIONS fur les moyens de conferver les Vins, particuliérement dans les citernes , par M. FOUGEROUX. DE BONDAROY, 240 Le Pan DES B@UFS, quiindique les Plantes que mangent les Bétes à cornes & celles qu'elles rejéttent; par M. HOLMBERGER ; traduit du Sué- dois , par M. DE MORVEAU. 448 Avi Ti Éixsinrevers G Obfervarions fur le poids du Pain GIE du four, par M. TiLLeT, de l’Académie des Sciences. 89 DESCRIPTION d’une Machine propre à broyer toutes fortes de Couleurs ;- par M. P.D.C. 314 ANALYSE de la Compofition de la couleur, dite Prune de Monfieur ; par M. Pr- LATRE DE ROZIER. 356 MÉMOIRE fur les avantages des Roues à larges jantes ; par MM. Bou- LARD & MARGUERON. 424 Nouvelles Littéraires. 84—169—252—339—401. EE RER OR ee PA De l'imprimerie de DeMONvILLE, Imprimeur de l'Académie Françoife, rue Chriftine RER St S ÿ Ÿ N % Y È ES enr a 1h U ” : n ne co EÉCLÉE s < IOESS SRE nee 2 RSS RLRSLR RTE RE RES LE CCR AAC A OA