AL PE RES LE pee Ne PLIS ee PRE FR ie OBSERVATIONS LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ES OUR. LES ARTS; ANNACUD'ESMPLANCERES EN: TAILEE-DOUCE, DÉDIÉES A M°*. LE COMTE D'ARTOIS; Par M. l'Abbé RozIER , de plufieurs Nes > par M. J. À. Moncez le jeune, Chanoine Regulier de Sainte Geneviève , des Académies Royales des Sciences de Rouen, de Dijon , de Lyon ,&c. &c. & par M. DE LA ne , Doëeur en Medecine. FUIT LE EEE TOME XXVILI À PARIS, "AU BUREAU du le de Phyfque , rue & hôtel Serpente. L M DC CU LX IX V. AVEC PRIVILÈGE DU ROL ROMA ee" “ 4] Erp “+ 14 NLVSUUE +:T'riètre A | n} Ê : À M Fe ! | MAR | ‘ ’ Fedail dura Rene 08 : STE A 0 HT HU'e PA es A avouer re UN sata "he E9q SERRES Bus Su | 3 ROTH NENOS A4 CE | A the he sale AN D mn a180R UNE A: ue Win NE A wii: SHAURIS 45: 1€ Ne NOR EE Pol ON A POELE TIR «nano here sb ro A. SALON EE Abo | fe LA TRUR ra ma au A KE 50 HÈA"e ui AU REL bi | | ù EI épais fa A h À “ $ 388 soul % te pal: LE AY ; fi HS Verre ie a VO SER EOL LUS EMEA. : a OBSERVATIONS j cop MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ; ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. MÉMOIRE Sur un procédé particulier pour convertir le Phofphor e er acid phofphorique fans. combufüon ; Par M. LAVOIsIrER. La Rénéioé de l'acide phofphorique par la rss du phofphore, eft de toutes lés manières d'obtenir cer'acide ; la plus sûre, &: celle qui doit donner le plus de confiance dans fon degré de pureté ; ; mais cètre opération en même-rems eft extrémement longue, extrêmement minu- : tieufe; & quelque précaurion que Von prenne, comme on eit obligé de renouveller à chaque combuftion l'air des vaifleaux, il eft difficile Tome XXV I, Part, II, 1785. JUILLET, A 2 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’éviter de perd e une portion aflez confidérable de l'acide. J'ai donc penté que dans un moment où plufieurs Chimiftes s'occupent à fuivre la combination de l'acide phofphorique avec les différentes fubftances connues , ce feroit faire quelque chofe d'utile que d'indiquer une méthode plus expéditive & plus hmple pour obtenir l'acide du phofphore. J'y ai été conduit par la théone dont j'ai déjà plufieurs fois entretenu l’Aca- démie fur la formation des acides, & fur-tout par les expériences de M. Bertholer, fur la combinaifon de l'acide nitreux avec le phofphore. La combuftion du phofphore n’eft, fuivant moi, ainfi que je l'ai déjà expofe dans de précédens Mémoires, qu'une décompofition de Pair par l'intermède du phofphore. La bafe de l'air que je nomme depuis principe acidifianr ou oxygine, s'unit au phofphore pour le convertir en acide, & la matière du feu ou de la chaleur contenue dans l'air, qui eft devenue libre, s'échappe avec flamme, chaleur & lumière. On voit que dans cette opinion la combuftion n'eft pas une condition effentielle de la formation de l’acide phofphorique , qu’elle n’eft qu'une circonftance accefloire, & que s'il étoir poflible de prendre le principe acidifiant où oxygine dans une autre combinaifon quelconque , où il ne fût pas comme dans l'air tenu en diffolution par la matière du feu , on formeroit de l'acide phofphorique fans combuftion. : Frappé de cette confidérarion , j'ai paflé en revue les principaux agens chimiques que nous avons communément fous la main, & l'acide nitreux m'a paru reunir toutes les conditions que je défrois, Le principe acidi- ant ou oxygine y eft contenu en grande abondance ; il eff combiné, çomme je l'ai fait voir dans un Mémoire imprimé dans le Recueil de 1776, avec l'air nitreux , mais il y tient très-peu ; d’où j'ai conclu, que le phofphote pouvoit aifément enlever le principe acidifiant ou oxygine à l'acide nitreux , & que je devois obtenir d’une part, de l'air nitreux, ou de lacide nitreux fumant très-forr , & de l’autre ; de l'acide phofphorique. Le fuccès a complettement répondu à mon attente, & après avoir fait diverfes expériences en petit, pour m'aflurer de la marche que j'avois à tenir dans des expériences plus en grand , j'ai procédé ainfi qu'il fuit : J'ai pris une cornue tubuiée, de contenance de fix à fepr pintes; j'y aï introduit deux livres d’un acide nitreux , dont le poids eft à celui de l'eau diftillée, dans le rapport de 129895 à 100000. C’efl le même dont j'ai courume de me fervir dans toutes mes expériences de recherches, & dont j'ai déterminé la nature dans de précédens Mémoires: j'ai mis la cornue fur un bain de fable; jy ai adapté un ballon, & j'ai échauffé lentement jufqu'à ce que la liqueur eûr acquis environ quarante-cipq degrés d'un thermomètre à mercure ; alors, j'ai ouvert la tubulure , & j'ai jeté dans la cornue un morceau de phofphore du poids de dix à douze grains; aufi-côt il eft combé au fond de Ja liqueur , il s’eft fondu comme de la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ cire, & il a commencé à fe difloudre avec une effervefcence aflez vive : le premier morceau diflous, j'en ai jeté un fecond , puis un troilième, & j'ai continué ainf en allant très-lentement jufqu'à ce que je tufle .rvenu à combiner ainfi avec l'acide, rout ce qu'il a voulu difloudre de phofphore ; la quantité a éré de deux onces & fix à fept gros. La diflolurion, dans le commencement , fe faifoit avec une extrême facilité, & j'érois obligé de ménager beaucoup le feu , dans la crainte que l’effervefcence ne fut trop vive, mais fur la fin , l’action de l'acide fur le phofphore fe ralentifloit de plus en plus ; je ne pouvois foutenir l'effervefcence & la difolurion , qu'en hauflanr le degré du feu , & j'ai été obligé de le porter fucceflivement, & par degrés, jufqu'au-delà de l’eau bouillante. Tanc qu'il n’y a eu qu’un gros ou un gros & demi de phofphore de diflous, la liqueur n’a fubi d'autre changement que de prendre une teinte jaune comme de l'eau régale; enfuire elle eft devenue verre, en même-tems il s'en élevoit des vapeurs rouges très-épaifles & très-turbides, qui n'etoient que de l'air nitreux & de l'acide nitreux très-fumant ; ces vapeurs qui formoient un nuage épais, paroifloient tomber & couler du bec ce la cornue , comme auroit fait un liquide ; elles ont continué à paifer pendant tout le tems de la diffolution du phofphore : on conçoit que je n ai pas dû manquer de recueillir foigneufement ces produits qui paroiioient dans la diftillation, & voici ce que j'ai obtenu pendant dix-{ept à dix-huit heures qu'a duré l'opération, J'ai recueilli d’abord deux gros vingt-quatre grains d’un acide nitreux non fumant , prefque blanc & très-foible ; les vapeurs qui s’élevoient de la liqueur de la cornue, pendant tout le téms qu’a paflé cer acide, n'éroient prefque point colorées; à mefure que les vapeurs one pris plus d'intenfité, l'acide qui pañloic éroit plus jaune , & il a commencé à devenir fumant; la feconde portion que j'ai mife à part, pefoit trois onces cinquante grains. Certe feconde portion a été fuivie d’un acide nitreux , d'un verd-foncé jaunâtre, encore plus fumant que le précédent , 1l peloit fix onces deux ros. L’acide nitreux que j'ai obrenu enfuite , éroit moins verd & moins fumant, il pefoit cinq onces cinq gros & demi ; fur la fin du pañlage de cet acide , l'intenfité des vapeurs rouges a confidérablement diminué , & je n’ai plus obtenu que de l'acide nitreux blanc à peine fumant ; cette dernière portion pefoir quatre onces deux gros & fix grains, La liqueur de la cornue étoit alors entièrement faturée de phofphore, & les portions que j'y ai ajourées , ref foient ablolument de fe difloudre, quoique j'euffe hauflé beaucoup le degré du feu , & que j'eutie eflayé de continuer long-rems. Ayant défapareillé les vaiffeaux , j'ai trouvé dans la cornue treize onces quatre gros d’une liqueur un peu jaunâtre , qui avoit une confiftance 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; huileufe, à-peu-près comme l'acide vitriolique concentré où l’huile de vitriol ; elle confervoit encore un peu d’odeur d'acide nitreux, Pour emporter les dernières portions d'acide volatil qu'elle pouvoit contenir, je l'ai introduic dans une cornue de verre enduire de verre, & j'ai pouflé à un feu gradué au fourneau de reverbère. D'abord j'ai obtenu un acide nitreux foible & léger, qui eft devenu de plus en plus phlegmatique ; puis il n'eft plus paflé qu'un phlegme de couleur roufle, un peu amer, qui n'étoic plus acide , & qui ne faifoie point d'effervefcence avec les alkalis : ayant pouffé le feu un peu davan- tage, & jufqu'au point de faire rouoir légèrement les barres fur lefquelles repoloit la cornue , il a commencé à pafler des vapeurs blanches très- pénétrantes, qui fe font raffemblées dans le récipient ; c'écoit du véritable acide phofphorique , dans un état cependant demi-volatil. J'ai jugé alors que l'opération étoit complettement achevée ; j'ai donc laiflé refroidir les vaifleaux ; mais ayant voulu retirer la liqueur reftante dans la cornue, j'ai remarqué que la plus grande partie étroit devenue épaifle comme de [a térébenthine, qu'elle tenoit à l'intérieur du vaifleau, & il ne m'a pas été poflible de l'obtenir qu'en l'étendant avec de l'eau diftillée; cette circonftance ns°a empèché d'en reconnoître le poids avec exa@itude. La théorie m'avoit annoncé que ce réfidu refté dans la cornue devoit être de l'acide phofphorique, & en effet, l'ayant mis en comparaifon avec celui que j'avois retiré du phofphore par combuftion , j'ai reconnu qu'il étoit abfolument de même nature, & qu'il donnoit très-exactement les mêmes réfultats avec la terre calcaire, l’alkali fixe, l'alkali volatil, l'alkali de la foude & le fer. k Quoique je n'aie pas pu pefer l'acide phofbhorique que j'ai obtenu ; parce que j'ai été obligé de l'érendre d'eau , je crois cependant qu'on peut évaluer, fans courir rifque de fe tromper de beaucoup, à huit à neuf onces la quantité d’acide phofphorique, qu'on peut obtenir de deux onces fix gros de phofphore , & de deux livres d’acide nitreux : je fuppofe qu'on ne porte pas l'opération au point de réduire l'acide à confiftance de térébenthine épaifie, mais feulement à celle d'un fyrop un peu épais, Le phofphore ne me paroît devoir entrer dans ces huit onces que pour déux onces quatre gros tout au plus ; j'ai lieu de croire que les deux autres gros fe volatilifent pendant la combinaifon & pañlent avec l'acide nitreux fumant, qui par cette raifon eft un peu altéré. IL paroït qu'à ces deux onces & demie de phofphore, fe joignenc environ trois onces & demie de principe acidifiant ou oxypire enlevé à l'acide nitreux, & que le furplus, c’eft à-dire, deux onces , font du phlegme. On voit que dans cette opération le phofphore fe convertit en acide phofphorique fans combuftion , c'eft-à-dire , fans dégagement apparent SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 de Aamme & de matière de feu ; jy trouve une nouvelle raifon de croire que la matière du feu n'eft pas en aufli grande abondance dan sle pholphore qu'on l’a cru jufqu'ici, & que celle qui fe dégage pendant fa combuftion , vient de la décompofition de l'air, & non pas de celle du phofphore. Je conçois que les défenfeurs de la do&rine de Sthal , donneront une autre explication très-plaufible de ce même phénomène; ils prétendront que dans cette opération le phlogiftique du phofphore eft enlevé par l'acide nitreux, & que c’eft par certe raifon qu'il pale dans l’état fumant ; ils fuppoferont qu'il s'opère une double décompofition , que d’une part l'air déphlogiftiqué ou le principe acidifiant contenu dans l'acide nitreux fe combine avec le phofphore pour le convertir en acide phofphorique , & que de l'autre le phlogiftique du phofphore fe porte fur l'acide nitreux pour le conftiruer acide nitreux fumant. Je fuis bien éloigné de prétendre que cette explication foit infoutenable dans l’état actuel de nos connoif- fances ; mais j'obferverai qu'elle fuppofe : 1°. Que l'acide nirreux fumant contient plus de phlogiftique que le nou-fumant. 2°. Que cer excès de phlopiftique vient du phofphore , dans l'expérience rapportée dans ce Mémoire ; or, c'eft ce qui n’elt pas prouvé. Au refte,rout ce que j'ai promis relativement à la nouvelle théorie que j'ai annoncée, eft de faire voir qu'on peut fe difpenfer de fuppofer, comme l’a fait Schal, l’exiftence d’un principe particulier qu’il a défigné fous le nom de phlogiftique, dans l'explication des phénomènes chi- miques , & j'efpère de plus en plus que je tiendrai Les engagemens que j'ai pris. = MÉMOIRE Sur les Marées aériennes ; c’efl-à-dire, fur l'effet produit dans l'atmofphère terrefire par l’a&ion du Soleil & de la Lune ; Par M. l'Abbé MANN. $. I, Précis de la théorie des Marées de l'Océan cer reftre, 1. Disc qu'on a connu les découvertes de l’immortel Newton, & qu'on a bien compris la force de fes démonftrations, on ne peur plus raifonnablement douter de l’exiftence réelle de l'assraélion ou gravitatior gui - dal 1 >< ins $ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, univer/elle dans toutes les parties de la matière; c'eft un attribut effentiel des corps, & une loi générale qui émane de la nature des chofes. La propofition fuivante eft capable de la plus rigoureufe démonttration. IL exifle effemiellement dans tous les êtres, fans exception, un penchant ou une tendance à l'union, qui correfpond au rang d'exiftence, & eft analogue à la nature & aux attributs de chacun d'eux ; &, par confequent, ce penchant ou cette tendance à l’union , eft dans une gradation de pature & d’efpèce qui eft parfaitement analogue à la gradation des êtres dans lefquels z/ réfide. 2. Dans les grands corps de l'univers, cette arsraëion ou gravitation univerfelie , eft une tendance permanente des uns vers les autres récé= proquement. C'eft un mouvement par lequel ils tendent fans ceffe à s'approcher les uns des autres, & à s'unir enfemble. En ve:tu de cetre attraction univerfelle & mutuelle, la lune tend fans ceffe à s approcher de la terre, & la terre à s'approcher de la lune; & fi leurs forces proje&iles ne balançoient pas cette rendance mutuelle vers un centre commun, de manière à leur donner un mouvement curviligne, dans des ellipfes , elles fe précipiteroient l’une vers l’autre, avec un mouvement accéléré, par une ligne droite, menée au centre de ces deux corps, & fe rencontreroient à leur centre commun de gravité. [l y a une femblabie artraétion entre le foleil & la lune, & entre rous les autres co:ps univerfellement qui fonc dans les fphères d'ativiré les uns des autres. Ce ne font pas feulemenc les corps entiers qui s'attirent, & qui tendent les uns vers les autres, en raifon directe de leur mafle, & en raifon inverfe des quarrés de leur diftance refpective, mais chaque partie des corps, prife féparément, a la même tendance & fuir la même loi, Tous les phénomènes du mouvement curviligne des planères & des comètes , découlent de la combinaifon de leurs forces projectiles, & de cetre loi générale d'attraction réciproque entre ces aftres & le foleil, entre les planètes & leurs farellires refpeétifs. La révolurion rétrograle des nœuds de l'équateur terreftre, la nutation de fon axe , les irrégularités des mouvemens de la lune, celles du mouvement de farurne & de jupiter, la petite révolution du foleil autour d’un centre pris, non loin de fon centre propre, paiflent & découlent de la loi générale d'une attraction réci- proque entre tous Les corps qui compofent notre monde planétaire. 3. De cette même attraction réfulte le flux & le reflux de la mer, dont tous les phénomènes & routes les variations (à l'exception des irré- gularités qui proviennent de la fituation des terres) ne font qu'une fuire de la gravitation univerfelle, & ont pour caufe l’action combinée du foleil & de la lune fur les eaux de la mer. En vertu de lation de la lune, les eaux de l’océan doivent s'élever de part & d'autre fous la lune, en forme de fphéroïde allongé , door le grand axe doit être dirigé, non direétement vers la lune, à caule de ; l'inertie t ' SUR DHIST NATURELLE ET.IES ARTS. 9 l'inertie des eaux , mais environ 315 degrés à l’orient d'elle ,& à-peu-près dans Je plan de fon cercle diurne ; en forte que la haute-marée. des mers libres n'arrive qu'environ deux heures & demie après fon paflage au méridien (1). Nonobitant la grande force, attradtive du foleil fur la verre, la lune cependant doit avoir beaucoup plus de part aux marées que le foleil ; car ce qui fait que les eaux, de;la.mer s'élèvent en forme de fphéroïde allongé ; dans'les partiesivers l'aftre qui les attire, & dans celles qui lui. font, oppofées ,.c'eit qué dans l'hémifphère tourné vers l'aftre , elles fonc plus fortement attirées que le centre de la terre, & que dans l'hémifphère oppofé ; elles font.moins fortement attirées que le même centre; ce qui, dans l'un & l'autre.cas, diminue leur. pefantéur & leur gravitation vers ce.cenrre. Or, le rayon de la terre érant comme infenfible par rapport à la diftance de la rerre au foleil, puifque ce rayon (felon leréfulrat des obfervations du paflage dé, vénus fur-le-difque, du foleil , le 3 juin 1769 ) n'eft) que J4.23984° partie .de la” diffance moyenne (2) ,1left clair que les eaux placées {ous le foleil ; ne doivent être guère plus attirées que le centre de la terre, & que celles de la partie. oppofée ne doivent être guère moins! attiréesque ce même centre; puifque ces différentes attractions du foleil font entr'elles, comme le quarré des:nombre 25983 ,23984& 239$, dont les différences fonttrès-petites; mais, le rayon.terreftre étant dansune bien plus forte raifon ;À l'égard de la diftance de la terre à. la- lune, puifque;ce rayon ,elt une 60° partie de cette diftance moyenne! il eft.clair que cette planète doir attirer les eaux de la partie de l'océan qui elt immédiatement {ous elle, beaucoup plus fortement :que le, centre de la terre; & elle doit attirer ce centre plus fortement que les eaux de, la partié de la terre, qui Jui eft oppolée, puilque ces différentes attractions de la terre font entr’elles comme les gants de158 , 69 & 61, &.que les quarrés. des nombres qui. different ‘une unité , different d'autant plus entr'eux que ces nombres font plus petits. ÎL fuit donc que la lune produira un renflement dans.les. eaux de la mer , placées fous elle. de part & d'autre, & un applatifflement dans les eaux -qui, vues du centre de la terre, font.en quadrature avec.elle, à caufe de Lobliquité des attractions ; ce renflement & cet applatiffement. produits par l'action de la lune, feront plus grands que-ceux produits par l'action moins inégale du foleil ,en raifon de Ja plus grande différence des quarrés des différentes diftances de la lune. entr'eux, & des différentes diftances du foleil entr'eux. 2 4 -4 Selon Newton, la force moyenne du foleil, pour foulever les eaux de la mer,eft à celle dela lune, comme 1 à 422; mais ontne peut douter que ce grand homme ne fe foit_pas trompé dans fes calculs , ainfi que 4 @ von Atnbrne deila Lande!, n° 3593" (z) VoyeAAftronomie de la Lande , tom. IV, page 619, r0 Tome XXVIL, Part. II, 1785. JUILLET. B &o OBSLRPATIONS SUR LA PHYSIQUE, :MM: Simpfon, Bernoulli & d’autres l’ont fait voir, & que, fuivant fes propres principes, ces deux forces ne foiént l’une à-l'autre, comme 1 à 2°. Si donc les deux forces réunies foulêvent les eaux dé 8 ‘pieds dans les fyzygies, qui eft la quanticé-que le calcul donne (1), 1l fuit que Paction {eule du foleil ne les foulèvé que de 2 pieds À, pendant que celle de la lune les foulève de $ pieds£. La quantité des marées moindre que celle-cf, qu'on obferve dans l’ôcéän., doit être attribuée à l'inertie des ‘eaux, & à leur frottement fur le fond , qui réfifkénr à leur déplacement ; à la cohéfion des parties, qui ré{iftenc à leur féparation ; & enfin, au peu de tems qu'elles ont pour cédet à l'effec de la lune & du foleil ; avant la rencontre dés continens. Au contraire, fur les côtes des continens, on obferve des marées qui furpaflent de béauéoup là quantité de 8 pieds, ce qui vient de l'obftacle ï que les rerres oppolent aû mouvement de la mer; les eaux accumulées dans un golfe, dans un détroit, réfléchies par les terres voifines , & rétenues par les côtes , où la force propreflive ne fe trouve pas vaincue, jufqu'à ce que les eaux fe foient groflies & montées à l'équilibre de certe force ; les vents enfin, & für-tout le concours de toutes ces caufes , doit produire dé très-grandes marées. Eu effer, il y a des endroits, comme à Sainc-Malo “en Bretagne, où l’on éprouve jufqu’à 45 pieds de marée, & plus encore quañdi le vent contribue à retenir & à élever Peau fur les côtes. Aïnfi da petitefle des marées, dans les mers libres, & leur hauteur extraordi- naire fur les côtes qui retiennent les eaux, font produites par des caufes étrangères , & n’empêchent pas de reconnoître l'effet des attractions du foleil & de la lune dans ces mouvemens réglés de la mer. 5. Ces attra&tiôns différemment combinées doivent produire toutes les ‘variations périédiques que nous obfervons dans le phénomène du flax & du reflux de la mer. D èn Ï 1°. Lés marées doivent être les plus grandes quand la lune eft en conjonttion & en oppofition avec le foleil, parce qu'alors leur attraction fur l'océan terreftre font en même fens ; elles doivent être les moindres dans les quadrarures de ces aftres , à caufe que les attractions fonc alors en fensoppofés; dans les autres €as elles feront en raifon correfpondante des afpects: La forcélattrative ‘du foleil étant 2 ?, celle de la lune fera de 2; dans les conjonctions &''oppoñitions de ces aftres, c'eft-à-dire, 246, & dâns les’quadratures, c'éft S—27— 3}; cette différence produit lés marées de vives eaux, & les marées des eaux mortes. her Er 2°. Les maréés def’ conjonttions ou des nouvelles lunes, déivent fur- pafler de'quelque chofe celles des oppolitions ou des pleines’ lunes ; à try Voyez Aftroromie-de fa Eamde, vol.-IH,-n°- 3597, &vol IV, pag. 37, 31 & 33. Sigorgne, dans fes Inflgutions Newiontiennes; page 227 da fuppofe d'environ dix pieds &.demi. } 5 Ë Ù \ à np - SUR) L'HIST. NATURELLE ET LES: ARTS ra caufe que , dans le premier cas, !les forcestatcractives des deux: aftres: fbne plus direétement combinées dans:le même fens, que dans le fecond cas; & pour la même raifon, les marées des nouvelles & pleines lunes des équinoxes , doivent être plus grandes que celles des folitices. 3°. Aux nouvelles & pleines lunes-des équinoxes,, les marées du matin font égales à celles du foirdans le même lieu; mais aux nouvelles& pleines lunes du folftice d'été, les marées du pays en-decà de l'équateur, font plus grandes que celles de la nuit; au contraire;:dans les marées des nouvelles & pleines lunes du folftice d'hiver ; le flux diurne-eft plus petitique le Aux nocturne , en-deçà de l'équateur. . 49. Toutes chofes étant égales d’ailleurs, les marées oppofées & éloignées des aftres attirans, font fenfiblement moindres que celles qui font vis-à-vis &: immédiatement -au-deffous de ces corps. La diftance d'une-mer À la lune, quand elle y eft:aû zénith ou quand elle y eft au mnadir, diffete d'un diamèrre entier dela terre ,ou d’une 30° partie-de la diftance moyenne de la terre à la lune; ces deux diflances font donc comme: so à 6r , & celle du centre de la terre eft: comme 60 , les attractions unaires! {ont comme l’inverfe des quarrés de ces diftances , c’eft-à-dire, comme 3721, 3600 & 3481, ou comme, &c. 31,30 &29 à-peu-près. Ainfi l'attraction de la lune {ur une:mer oùtelle.eftau zénith, eft comme31 ;Aur lé centre de la terre elle eft comme 30 ; & furune mer où elle eft au nadir, comme 29 ; cetre différence elt connue de tous les Marins ; c’eft d'-= de la marée entière. 5°. Les marées doivent être plus grandes quand la lune eft périgée, que que quand elle eft apogée; lexcentricité de l'orbite lunaire eft une 18° partie defa diftance moyenne de la terre; ces termes périgée, moyennée & apogée , font comme 56, 60 & 64(1) ; donc les artractions lupaires correfpondantes , font en raifon invetfe des quarrés de ces trois nombres; c'eft-à-dire , comme 4096, 3600 . & 3196, ou comme 9, 8 & 7; à-peu-près; ainfi la force de la lune, pour foulever l’océan terreftre, quand cet aftreteft périgée , eft plus grande de >, que quand il eft apogée. 6.1 Les plus grandes marées n'arrivent. pas le jour même de la nou- velleou pleinelune ; mais’environ letroifième jour après, &.les plus petites marées autant , après les jours de quadrature ; la raifon en eft Que l'eau , à caufe de fon inertie , de fa cohélion , &c. n’acquiert & ne perd pas fubitement fon mouvement ; forcée de s'élever de plus en plus en pañlant des quadratures aux fyzygies du foleil & de la lune, elle continuera de s'élever en vertu de routes ces impulfons , quelque tems après que les fyzygies font paflées , jufqu'à ce que la diminution des forces combinées qui l’attirent ; contrebalance & varie la force combinée des impulfñons précédentes. (1) Voyez Affron, de la Lande : tom. H , n°. 1480, & tom. IV, page 619. Tome XXVI, Part. II, 1785. JUILLET. B 2 dd Léo À 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; La même chofe a lieu, en raifon de la différences des circonftances ; dans les marées de chaque jour ; l'axe du fphéroïde alongé , n’a pas fa direction exaétement vers la lune ; mais dans un angle d'environ 3$ degrés à l'eft d'elle, & dans le plan de fon cercle diurne, C’eft la même railon dans l’un & dans l’autre’cas, À caufe de ‘la plus grande force attractive de la lune , au-deffous de celle du foleil', l'axé du fphéroïde aqueux eft toujours dirigé vers la lune; & fuir perfévéramment le mouvement diurne apparent de cet aftre, à 3 $ degrés deprès:|[l fuic de-là,, que la partie faillante du fphéroïde aqueux doit fe promener, tantôt fur les mers de l'équateur, tantôt s’écarter plus ou moins de part & d'autre vers les poles 3 ce qui caufe un déplacement alternatif & périodique dans une portion aflez confidérable des eaux, de :la mer NÉ pHeiUE qui peut & doit opérer dans la mer bien des phénomènes remarquables &:très-connus des Marins. sum. Les marées n’ont leur ‘plein & entier effec, que dans les mers Qui, ont au moins 90 degrés, ou 2250 lieues d’érendue d’orient en occident. Car, l’action de la lune étant fuccellive, ainfi que toute aétion méchanique, il faut que les eaux foient expofées, pendant un fems aflez long ; à l'attraction de la lune, pour acquérir fucceflivement & peu-à peu en vertu de toutes ces actions répétées & accumulées , le degré de mou vement accéléré, qui les abaiïfle d’une part & les élève de l'autre, ce qui ne peur avoir fufamment &: fenfiblement lieu , ni dans une petite mer, ni dans les pleines mers trop voifines des poles où les eaux doivent être conftamment & perfévéramment dans un état de compreflion uniforme, puifque la combinaifon des deux forces attraétives , n’y varie guère. . 8. Cerre partie faillante & mobile! du fphéroïde aqueux, renferme un très-grand volume d'eau ; car elle confite de part & d'autre de la terre & fous la lune , en une double calotte ou couche d'eau, dont l'épaifleur en pleine mer & éloignée de route côte , golfe, &c. qui pourroient l’affecter, eft d'environ 8 pieds (1j dans fon milieu, c’eft-a-dire , ou en fon plus grand renflement; & de-la elle va en diminuant infenfiblement jufqu'à 54 ou ÿ5 degrés en tous fens , ce qui fait environ 1350 lieues de rayon autour dé l'endroit où eft la plus grande haureur,des eaux faillantes qui’ Ja forment* avant que de devenir infenfble. Maïs il eft évident que Y'interpobtion des continens, des îles , des bas - fonds ; &c..'concourt à déranger & à varier cer eflét à l’indéfini ; lequel effer,, dans le cas que la furface de la terre feroit par-tout évalement couverte d'eau , feroic toujours uniforme & régulier. Pourtant, dans cette fuppofition , il y a lieu de croire que la forme de certe calotre d'eau feroit plutôc elliptique que circulaire, & que fon plus long diamètre feroit dans le plan ‘du méridien, plutôt que d'orient en occident. : | ENS (1) N° 4, ci-deffus. ru d Êdé Rincsié…. SUR 'LAIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 9: Les principes déjà pofés de l'attraction en général, & fur les effets qu'elle doir produire dans l'océan terreftre , étant combinés avec la forme & l'étendue des mers, avec le général des côtes, & les bancs & les bas-fonds de la mer, avec les îles qui s'y crouvent , fufifent pour rendre raifon delrous les phénomènes qu'on obferve dans les marées , lefquels font différens entreux , én différens rems & lieux. Ces variations font toujours des fuites néceflaires de’ la différente combinaifon des fufdites caufes, qui concourent à la produétion de ces phénomènes, 10. De certe théorie des marées terreftres , il {eroic facile de calculer celles de la lune, dans le cas qu'il y ait des mers (fappotition qui ef, pour bien des raifons, très-doureufe ); car, comme l'attraction eft rou- jours en raifon directe des maffes des corps lattirans (1), & comme la mafle de la terre elt à celle de la lune, comme 1 elt à ©, 01399 !2), il fuit que la force de la terre pour foulever les eaux lunaires (sil y en a) eft à la force de la lune pour foulever les eaux terreltres , comme 71 eft à 1; donc fi la force attractive de la lune foulève les eaux dans notre océan de 5 pieds ?, la terre foulèvera les eaux lunaires jufqu'à la hauteur d'environ 400 pieds. Mais comme la lune oppole roujours la même partie de fon corps vers la terre , les eaux (s’il v en à ) refteront foulevées invariable- ment dans la même fituarion!, du côré vers la terre , ou de celui qui lui eft oppofé , à l'exception toutefois des petites variations qui réfultent de Vattraction folaire, & ‘des inévalités des mouvemens de la lune, qui proviennent principalement de fes différentes diftances de la terre & du foleil, lefquels doivent faire varier la quantité des forces attractives xefpectivement, : f : à soit De l'exiflence, de la nature & de la quantité des Marées aériennes. 11. Je ne me ferois pas’ fi long-tems arrêté fur une chofe aufli bien connue! que les marées de l'océan , dans leurs caufes, leurs phénomènes très-Variés, fi je n'eufle pas cru qu'il felloit cette bafe & ce tondement, pour en déduire avec clarté ce qui regarde les marées de l'armofphère terreftre qui proviennent de ces mêmes caufes que celles de l'océan, & y-font prefque toutes analogues. La force de l'attraction ou la gravitation univerfelle, pénétrant & affectant tous les corps, fans exception, qui font dans les fphères d'activité les uns des autres, & l'armofphère terreftre étant compofée de. parties eflentiellement pefanres, mobiles, élafiques, & qui ont un mouvement diurneautour du centre de la rerre , de même que les eaux de la mer, il fuit néceflairement que l'atmofphère doit être (1) N°. 2, ci-deflus. €) Voyez Aftronomie de la Lande, vol. II, no. 1398, 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; affetée de la même caufe phyfque qui produit le Aux & le reflux des eaux de la mer. Cette conféquence eft fi directe & fi néceflaire, qu'il ne paroît pas poffible d'en douter. Tout ce qu'on peut raifonnablement mettre en doute, c’eft, non l’exiftence des marées aériennes , mais leur quantité. Plufeurs Phyficiens ont foutenu , par des raifons qui né me. paroiflenc pas concluantes, que la quantité des marées de l'armofphère ne furpaflent pas celles des marées de l'océan, c'eft-à-dire,8 pieds dans les {yzygies (1)« Îls veulent qu'une mer d’eau, d'air ou de vif-argent , s'éleveroit à-peu- près à la même hauteur , par l’action du foleil & de la lune, & auroit à-peu-près le même mouvement l'une que l'autre, en conféquence de cette action. y Raifonner ainf , c’eft oublier entièrement la nature d’un fluide élaftique ; peut-on dourer, que fous la même force d'attraction , l’élafticité du fluide aérien ne produife une différenceénorme entreles marées de l’armofphère, & celles de l’océan ? Aufli, d’autres Phyfciens, non moins habiles, & qui n’ont pas oublié, comme les premiers , cette confidération, ont cru que les mêmes caufes qui produifent les marées de l'océan , devoient en produire de très-grandes dans l’atrmofphère terreftre, & que ces marées aériennes doivent avoir une part principale dans la formation des vents réglés & dans d'autres phénomènes très-connus, dont je parlerai dans la fuire (2). À : 12. M. d’Alembert a calculé, dans l’hypothèfe de la gravitation, les mouvemens qui doivent être excités dans l’atmofphère par l’action du foleil & de la lune; il fe trouve que cette action doit produire fous l'équateur un vent d'efl perpétuel ; que ce vent doit fe changer en vent d’ouef? dans les zones rempérées, à quelque diftance des tropiques ; que ce vent doit changer de direction en raifon des caufes locales & des obftacles qu’il rencontre; enfin, que les changemens qu'il produit fur le baromètre, doivent être peu confidérables , & prefqu'infenfibles (3). Le favant Docteur Mead examine , d’après les mêmes principes, les effets que l’aétion du foleil & de la lune fur l'atmofphère terreftre, doic produire fur le corps humain, fur les maladies, leurs crifes , &c. & il montre par un très-grand nombre d'obfervations, que les faits font par= (1) De ce fentiment font Bened, Stay, Philof. verf. tradita. Bofcovick, Comments in eamd, Horvath , in fua Philofophia, Stattler, Phil. meth. fcient, tradita. De Buffon, Hit. Nat. Sigorgne , Infit. Newt. page 219. Frifi, de Gravit. lib. IT, page 252. Sigaud «de la Fond , Elémens , tom. II, page 370, (2) De ce fentiment font Bernoulli ; d’Alembert, Réflexions fur la caufe génerale des vents, Paris, 1747 ; Mead, de Imperio Solis & Lunæ ; Para, Cours de Phyfique; Toaldo, & ceux qui foutiennent avec lui l’influence-des points lunaires fur -le changement du tems. (3) Voyez fes Réflexions fur la çaufe générale des vents, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ty tout conformes à ce que demande la théorie des marées aériennes, & proive par conféquent la réalité de ces marées (1). Bacon, Gaflendi, Defchales, Goad , Dampier , Halley , & les autres Auteurs qui ont donné l’Hifloire des Vents , obfervent conftammenr, ‘que les remis les plus venreux font les deux équinoxes; que les tempêtes arrivent pour la plupart vers les nouvelles & pleines lunes, & fur-rout vers celles des équinoxes ; que dans les tems d'ailleurs calmes, il s'élève un petit vent prefque toujours à la haute marée; enfin , que l'on rémarque une agitation de l'armofphère un peu après midi & minuit: Puifque la plupart de ces efféts font analogues aux marées de l'océan & arrivent en même-rems qu'elles , & que les loix du mouvement de l’eau & de l'air, à cet égard, font les mêmes, on doic les attribuer à une même caufe, felon la règle de Newton: Effeluum naturalium ejufdem generis eædem affignandæ funt caufæ (2). Il réfulte de tout ceci, que les faits & le calcul s’uniflent pour démontrer l’exiflence des marées aériennes, & les effets réglés & très- confidérables qu'elles produifent ; examinons d’après la nature connue des fluides élaftiques, quels en doivent être les phénomènes & la quantité. 13. Pour cet effet , il eft néceffaire de pofer quelques principes connus touchant la nature de l'air, que l'on trouve démontrés dans les Auteurs qui ont donné des élémens d'Aérométrie. 1°. L'élafticité des Auides eft en raifon inverfe de leur denfité, & en raifon directe de leur rareté; ainfi, l'air eft plus élaftique que l’eau ; la lumière l'eft plus que l'air, & lécher que la lumière ; ce principe eft de Newton (3). 2°. La force ou le reflort de l’air fe bande & fe comprime en raifon directe des poids donc il eft chargé; & il fe dilate en raïfon inverfe des ‘poids comprimans (4). 3°. L'air fe raréfie & fe dilate en raifon directe de la chaleur qui agie fur lui (5). 4°. L'air, ainfi que tous les uides univerfellement , rend à l'équilibre, & n’eft en repos que quand il y eft parvenu (6). I fuir de ces principes que tout ce qui augmente le poids de Parmofphère, & qui éomprime l'air dans un endroit quelconque , plus que dans les environs, fait que l'air coule de cet endroit vers ceux où PE (1): De imperio Solis\& Lunæ in corpora humana, & morbis indé \oriendis, (z) Prinvip. page 387, édit. 1726. (3) Princip..in fine , page 530, & queff. 21 & 22 , in fine Oprices. (4) Wolf, Elem. Aerometicæ, n°, 72 — 77. (5) Wolf ibid. n°. 146. (6) Wolf, Elem.*Aerometicæ, n°5. 36 & 44. 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il eft plus léger; & au contraire tout ce qui diminue la pefanteur. de l'atmofphère, & qui dilare & raréfie l'air dans un endroit quelconque , plus que dans les environs, efl caufe que l'air fe précipite de tous côtés dans cet endroit. Et cela continue dans l’un & dans L'autre cas, jufqu'à ce que l'équilibre foit refticué, & le repos établi. C’ef? la caufe generale de La produétion des vents ; mais comme une pendule en, mouvement ne s'arrête pas d'abord au centre d'ofcillarion, & que fes vibrations vont en diminuant jufqu'à l’entier repos; de même les courans d'air fe pré- cipiteront des parties plus comprimées vers celles qui font plus raréfées & plus légères , au-delà de l'équilibre; d’où ils reflueront de nouveau,., & ainfi de fuite, jufqu'à ce que l'équilibre & le repos foient établis. C'eft la nature des Auides, en général, & à plus forte raifon, des fluides élaftiques. Conformément à cela, on obferve, après les tempêtes , que les vents refluent des points vers lefquels l'orage fouffloir. 14 La gravité fpéaifique de l'air eft 800 fois moindre que celle de l’eau , & fon élafticité eftindéhniment plus grande ; la force attractive du foleil &,de la lune , diminue la pefanteur & la compreflion de l’armof- phère vers laterre, en l’attirant vers ces aftres, ainfi qu'elle le fait à l'égard des eaux, de la mer, Mais la force d’attraction ne fait pas dilater les eaux, à caufe de leur défaut d’élaflicité, pendant qu'elle fait dilater l'air, dans toute La mafle qui eft expofée à cette ation , en raifon de Ja diminution de la pefanteur & de la compreflion de l’atmofphère vers la terre, Dans la fuppoñtion donc (que je crois fauffe) qui veut qu’une mer d'eau, d'air, ou de vif argent , s'éleveroit à-peu-près à la même hauteur , & auroir les mêmes mouvemens en vertu de l’attraction du foleil & de la lune ; il eft démontré, au moins, que la dilatation de l'air, en raifon de la diminution de la pefanteur de. l'atmofphère vers Ja terre, aura toujours lieu & produira une près-grande marée aérienne, pendant que cet effer n’a jamais lieu dans les marées de l'océan. D'ailleurs, il eft certain que les fluides fe prêtent plus ou moins à une force qui agit fur eux en raïfon de leur lus où moins de mobilité, laquelle eft en raifon directe de leur rareté & élafticité. Mais ces qualités étant au moins, 800 fois plus grandes dans l'air que dans l'eau, par cetre çaufe même les marées de l'armofphère doivenc d'autant plus furpaffer en quantité celles de l'océan. Voila une feconde caufe certaine , qui détruit l'opinion de ceux qui veulent que les marées ne foient pas plus grandes dans l'atmofphère, que dans l’océan ; non-feulement la même force d’attraction du foleil & de la lune doit produire un plus grand effet fur l'atmofphère que fur l'océan ;-en raifon de la plus grande élu/ficité & mobilité de l'air fur celle de Peau; mais l’'atmofphère approchant de la lune environ:une 90° partie d'un rayon cerreftre , plus que ne fait la mer, fes parties qui font fous la lune doivent fouffrir une plus forte attraction, & celles qui font en quadrature une plus forte compreflion vers le centre de la verre (à caufe, de la plus/grande J obliquité ET ’ SUR DHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 obliquité des attractions) en raifon de l'élévation de larmofphère fur celle de la mer. C’eft la troifième caufe phyfique qui contribue à rendre les marées aériennes plus grandes que celles de l'océan ; à celle-ci, on pourra ajouter le vafte efpace qu'occupe l’atmofphère au-deflus de celui occupé par les mers. Si notre globe étoit par -tout couvert d'eau, cet océan univerfel n'occuperoit pas une $o° partie de l'efpace qui eft aQuellement occupé par l'air. Or, je crois que, dans les fluides élaf- tiques, la quantité de dilatation produite par une même force d'attrac- tion, augmente en raifon de leurs mafles. Si cela eft vrai, comme je le penfe, la marée aérienne eft bien plus grande dans une atmofphère de 16 lieues d’élévation , qu'elle ne fera dans une autre qui n’en auroit que la 16° partie, quoique certe différence n’ait pas lieu dans les marées de l'océan, à caufe du défaur d’élafticité dans l'eau. D'ailleurs , dans celle-ci les erres, les îles, les golfes, les dérroits , le gifement des côres, les bancs de mer, les bas-fonds, &c. préfenrent une infinité d'obftacles au cours des marées de l'océan. Au contraire, l'atmofphère s'élevant 10 à 12 fois plus haut que les plus hautes montagnes de la terre, ne rencontre aucun obftacle aux mouvemens imprimés par l'attraction, fi ce n’eft, par-ci par-là, dans fa partie inférieure. I me paroît démontré que chacune des fufdires caufes doit contribuer à rendre les marées de l’atmofphère indéfiniment plus grandes que celles de l'océan. | 15. Il eft donc certain que les forces attractives & combinées du (oleil & de la lune fur l'atmofphère terreltre, la foulèvent & la dilatent, en raifon inverfe des quarrésdes diftances, & lui font prendre la forme d'un fphéroïde alongé , dont le plus grand diamètre fuivra de près la direction de l’attrac- tion lunaire , pour les mèmes raifons que cela arrive dans le fphéroïde aqueux, & avec les mêmes variations, à-peu-près dans l’un que dans l'autre (1). D'un autre côté, la chaleur du foleil, qui ne produit aucun effet fenfble, pour le foulèvement ou l’expanfion des eaux de la mer, affectera la partie de l’armofphère, qui eft directement oppofée aux rayons folaires; elle l’échauffera, & la raréfera en raifon directe de fa force, fuivant le troifième principe pofé plus haut (2). Cette partie donc de larmofphère qui eft fucceflivement tournée vers le foleil , fe dilatera & s’échauffera plus que les autres, en raifon du degré de chaleur qui agit fur elle; ce renflement aé- rien fuivra conftamment le cours apparent diurne du foleil. La lune , au contraire, n'a aucune force pour produire ou pour varier ce phénomène, puifque fa chaleur a été trouvée abfolument nulle. Par tous les moyens —— (1) Voyez ci-deflus , nos, 3,5 & 6. . (2) N°. 73. Tome XXVII, Part, II, 1785. JUILLET, C 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'on a employés jufqu’à préfent pour raflembler & concentrer fes rayons dans un foyer, jamais on n’a pu trouver dans ce point une chaleur fenfble. : 16. Comme il y a deux caufes différentes, favoir, l'attraction combinée du foleil & de la lune , & la chaleur du foleil feul , qui agiffent fur l’at- mofphère terreftre , diftinétement & féparément, hors les fyzygies quand elles agiffent en même fens fur le même point, il fuit qu’elles produifent trois marées aëriennes par jour : deux de ces marées font caufées pat les forces attractives combinées du foleil & de la lune ; elles font ana- logues dans leur formation , dans leur direétion & dans leur mouvement, à celles produites dans Pocéan terreftre par la même caufe; la troifième maiée aérienne eft caufée par la chaleur feule du foleil; & fa partie faillante fe promenera dans fe même parallèle que cet aftre dans fon mouren ent apparent diurne , & le fuivra à peu de diftance des méridiens quil pafle fucciffivement, J'appelle les deux premières marées aériennes d'attrattion , & la troifième, marée de chaleur. Les marées aériennes d'attraëétion , de même que celles de l'océan, & pour la même raifon (1), ont une partie faillante en même-tems aux deux côtés oppofés de la terre, & a-peu-près dans la ligne tirée du centre de la terre au centre de la lune. La marée de chaleur, au contraire , ne peut avoir lieu que d'un feul côté du globe; favoir , celui ‘qui eft immédiatement expofé aux rayons du foleil , fa partie faillante eft dirigée vers cer aftre, & fuit de près fes mouvemens, 17. Les points les plus faillans des deux marées oppofées de l'océan , font un angle à-peu-près de 35 degrés avec la ligne qui joint les centres de la terre & de la lune (2); mais comme la viteffe de l’expanfion & du mouvement des Auides foumis à l'attraction ou à la chaleur , eften raïfon directe de leur rareté & élafticité combinées, il fuir que les parties faillantes oppofées des deux marées aériennes d'attraction , fuivront de très-près la Ifgne qui joint les centres de la terre & de la lune , & feront un angle avec cette ligne beaucoup moindre que de 3$-degrés, qui a lieu dans les marées de l’océan, De même, la partie faillante de la marée de chaleur, fuivra de très-près le mouvement diurne du foleil, & ne fera qu'un très-petit angle avec la ligne qui joint les centres du foleil & de la terre. Ainû les hautes marées aériennes d’artraétion , arriveront dans un endroit en moins d’une heure après que la lune aura paflé les méridiens du zénith & nadir de cet endroit; & de même, la haure marée de chaleur arrivera fous chaque méridien en moins d’une heure après que le foleil l'aura aflé. 18. Les hautes marées aériennes d'attraction étant dirigées vers la (1) Ci-deflus, nos, 3, 6. (2) Ci-deflus, nos, 3, 6. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 lune, & fuivanr rous les mouvemens de cet aftre, dont la force d'attraction, à cet égard , abforbe celle du foleil, & la haute marée de chaleur , étant entièrement dirigée vers le foleil , puifque la chaleur de la lune eft nulle, il fuit, que les marées aériennes d'attraction & celles de chaleur, fonc quelquefois unies & confondues enfemble, quelquefois oppofées lune à Vautre, & le plus fouvent diflinctes & féparées dans leur effet, mais toujours en raifon des différens afpects des deux aftres qui les produifent; leurs effets font les plus unis & confondus enfemble dans les fyzygies; ils font les plus diftinéts & féparés dans les quadratures ; ils font plus unis aux équinoxes qu'aux folftices, dans les conjonétions du foleil & de la lune, que dans leurs oppofitions, & ainfi du refte, en raifon des afpects ou des diftances refpectives de ces aftres. 19. Il a été obfervé plus haut (1) que la marée de l'océan, quand la lune y eft au zenith, eft plus grande que quand elle y eft au nadir, d'un — ; qu'elle eft de même plus grande quand la lune eft périgée, que quand cet aftre eft apogée de © du vout ; cette différence doit avoir lieu dans les marées aériennes d'attraction , & fera même plus grande à caufe de l’élafticité & de la mobilité de l'air, Donc, les marées aériennes d'attraction à l'endroit où la lune eft au zenith, & fur-tout fi elle eft en même-tems périgée, fera très-grande , en comparaifon que quand elle eft nadir & apogée ; mais fi Le foleil eft en oppofition avec la lune, cette dernière petite marée d'attraction fera alors réunie avec la marée de chaleur, & peut ainfi devenir égale à Ja haute marée d'attraction oppofée, où la lune eft au zenith. La différence de diftance du foleil au zenith & au nadir, eft infenfble (2): elle n’a pas lieu par rapport à la marée de chaleur; mais celle-ci doit être plus grande où cet aftre eft au zenith quand il eft périgée, que quand il eft apogée. 20. D'après les principes déjà pofés , il eft facile de concevoir la formation , la nature & les effets des différentes marées aériennes ; je parlerai premièrement de la marée de chaleur, comme étant la plus fimple & uniforme dans fa caufe, toutes les parties de l’atmofphère terreftre étant fuccefivement tournées vers le foleil, dans l’efpace d'une révolution diurne de la terre, il eft évident que celle qui fera fous cet aftre , fera plus échauffée, plus raréfiée, & plus dilatée que le refte ; le même effet aura lieu fucceflivement dans les autres parties de l'atmof- phère, à mefure que le foleil pafle dans leur zenith. Ceci doit occafionner une agitation & un mouvement perpétuel dans l'air, qui fe trouve échauffé , raréfié, dilaté fucceflivement dans fes différentes parties, à -mefure que la cerre, tournant fur fon axe, la préfente au foleil d’orient en occident. Ne ge 2 . 3 Tome XXVII, Part. II, 1785. JUILLET, C2 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D’après le quatrième principe pofé plus haut (1), il fuie que les parties de l’atmofphère des environs, qui font moins échauflées, & par con- féquent plus denfes , fe précipiteront vers la partie la plus raréfiée; & comme cette partie ne cefle d'avancer d'orient en occident, & de fe p'omener tantôt au nord de l’équateur , & tantôt au fud , il fe formera un mouvement dans l'atmofphère, un courant d'air ,un vent réglé enfin, qui fuivra le mouvement apparent du foleil , tant annuel que diurne. 21. Les marées aériennes d’attraëlion font formées d’une manière entièrement analogue avec les marées de l'océan ; la portion de l'atmofphère terreftre qui, vue du centre de la terre ,eft en conjonction ou en oppofñition avec la lune, doit perdre une partie de fa gravitation vers la terre , ainfi qu'une portion de la mer fur laquelle elle eft appuyée. Elle tendra donc à s'élever de part & d'autre en fphéroïde alongé , au-deflus des hautes marées aqueufes, mais dont la partie faillante précédera celle-ci de 20 à 2$ degrés, & ne fera avec la ligne tirée des centres de la lune & de la terre, qu'un angle de 10 à 15 degrés. Au contraire, toutes les portions de l’armofphère qui, vues du centre de la terre, font en quadrature avec la lune, doivent acquérir un accroifle- ment d'attraction vers la terre, ainfi que les eaux qu'elles enveloppent, à caufe des attractions obliques de la lune vers elle; ces portions donc de l'atmofphère doivent s’affaifler de toute part vers le centre de la terre, ‘& former la partie applatie du fphéroïde aérien , au-deflus de la partie applatie du fphéroïde aqueux, feulement en le précédant de 20 à 25. degrés. 22. Ce fphéroïde aérien , produit par l'attraction combinée du foleil- & de la lune, aura toujours fon grand axe dirigé vers la lune, dans un angle de 10 à 15 degrés à left de cette planète, dont il fuivra les différens mouvemens zodiacaux , de même que le fphéroïde aqueux, puifqu'il dépend en tout & par-tout de la même caufe. De plus , c'eft à l'équareur qu’elt la plus grande force centrifuge de l’armofphère , c'eft-1à aufli où feront les plus grandes marées aériennes. Elles y feront augmentées vers les équinoxes, & fur-tout fi la nouvelle lune arrive en même-tems, À caufe de la réunion en même fens, des attractions lunaires & folaires. Nous l'avons dit plus haut (2), que les diftances périgées & apogées du foleil & de la lune, produifenc leur effer refpectif fur les marées aériennes, Comme la partie faillante du fphéroïde aérien, fe porte alternarive- ment de part & d'autre de l’équateur, auf bien que d’orienten occident, par les mouvemens périodiques & diurnes du foleil & de la lune , il eft évident que ces révolurions conftantes & fuivies doivent entretenir un: (D ENP- tra. (2) N°, 19, DR SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 21 mouvement perpétuel & réglé dans les molécules aériennes , lefquelles réfuant journellement d'orient en occident, & fe portant périodiquement tantôt du midi vers le nord, & tantôt du nord vers le midi, peuvent & doivent, par cela même , être une des caufes principales des vents, & influer dans leur direction , autant que dans leur production. 23. D'après les expériences , on fait que la gravité fpécifique de l'air ; à la hauteur moyenne du baromètre, eft à celle de l'eau, comme 1 elt à 800 ; dans l'été la différence eft plus grande & moindre dans l’hiver ; & comme la gravité fpécifique de l’eau eft à celle du mercure, comme 1 elt à 13:, il fuit que la gravité fpécifique de l'air efta ceic du mercure comme 1 à 10800. Donc, étant la pefanteur d’une colonne d'air haute d’un pouce, à ure pareille colonne de mercure, comme 1 à 10800, il fuit que 400 pieds de hauteur d'air , à la furface de la terre , répondent à une colon- ne de mercure d’un pouce ; en prenant la hauteur moyenne du baro- mètre, au bord de la mer, à 27 pouces À, mefure de France, on aura 4175 toifes, ou un peu moins de 2 lieues, pour la hauteur entière de l’atmofphère , en la fuppofant réduite à une denfité égale dans toute fa mafle à celle qu'il a à la furface de la terre. De forte que l'on peut regarder l'élévation de l’atmofphère dans cet état, d'égale denfité, comme étant double de celle d’un océan qui couvriroit toute la furface de la terre à une lieue de hauteur. La force d'attraction du foleil & de la lune fur l'océan dans les fyzygies , donne des marées de 8 pieds d’élévation ; fi l'océan éroit rapproché de la lune d'= de rayon terreftre (1), ces mêmes marées feroient tout au plus de 8,003 pieds. Voici la méthode générale de déterminer la quantité des marées aériennes d'attraëtion : foit la mafle qui couvre la furface de la terre — a, & le degré de fa mobilité; foit la mafle de l’atmofphère — 77; le degré de fon élafticité & mobilité = 7; foit enfin la quantité d’effet de l’attraétion fur l'océan, en le fuppofant de diftance égale de la lune avec l’atmofphère, = 9, la quantité de la min q a b Je ne prérens pas déterminer ces élémens ; peut- être ne {ont-ils pas déterminables dans le fair, Ce qui eft sûr, c'eft que beaucoup d'expériences qu’on n'a pas encore faites , doivent fervir de fondement aux calculs ; mais sil eft permis de conjeéturer dans une chofe aufli incertaine, je croirois volontiers que le renflement fphéroïdal , ou l’épaiffeur de la calotte d’air qui forme la marée aérienne , tant celle de chaleur , que celle d’atiraction, n’eft pas moins d'une lieue d’épaifleur dans les circonftances où les marées de l'océan en ont 8 pieds. marée aérienne d'attraction fera — D II ET CEA (1) Voyez ci-deflus, n°, 14, 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 24. La hauteur à-peu-près égale du mercure dans le baromètre, pendant ces mouvemens & ces variations de la hauteur de l’atmofphère, ne s'oppofe pas à cette doctrine des marées aériennes ; car les baromètres fonc affectés principalement par la pefanteur de l'air , combinée avec les divers degrés de fon élafticité (1), & très-peu par fa chaleur & fon expanfon. Or, quand la partie renflée & faillance du fphéroïde aérien gravite fur un baromètre, elle ne doit pas élever davantage la colonne de mercure , à caufe que fi cette colonne d'air a plus d'élévation que la colonne qui en eft éloignée de 90 degrés, elle a aufli proportionnellement moins de pefanteur & de compreflion ; ainfi l'équilibre fubfifte & refte toujours le même entre l’une & l’autre : ou au moïns la variation eft fi petite, que les calculside M. l'Abbé Frifi (2), ne donnent qu'-— partie d’une ligne pour l'effet produit par le foleil , & qu’ d'une ligne pour celui de la lune, ce qui eft prefqu’infenfible, M. d'Alembert l’avoit auparavant trouvé à - peu - près de même (3). Mais le faireft, qu'on trouve que le baromètre eft fujet à une petite variation périodique diurne, & que les vents y ont une influence marquée ; le favant M. Wanfwinden conclut l'un & l’autre, d'après fes nombreufes obfervations météorologiques (4). s, III. Des effets des Marées aériennes. 25. Nous avons remarqué plus d’une fois dans ce Mémoire , que l’état naturel du fluide aérien eft celui du repos, qui confifte dans l’équilibre de toutes fes parties. Si cet équilibre eft dérangé, l'atmofphère y revient aufi-rôc que la caufe du dérangement cefle; quand il eft détruir en quelque partie par des caufes quelconques, il en doit néceflairement fuivre un mouvement dans toutes les parties d’alentour, jufqu'à ce que l'équilibre y foit de nouveau rétabli. Voilà l’origine générale des vents; tout ce donc qui peut déranger l'équilibre de l’atmofphère , d’une manière quelconque, doit être compté entre les caufes produétrices du vent : telles font les marées aériennes, d'attraction & de chaleur ; toutes les autres raréfactions de l'air par la chaleur, & condenfations par le froid, &c. la fermentation d'où fe dégagent beaucoup d'exhalaifons, de vapeurs, celles qui s'élèvent du fein & de la furface de la terre, les volcans, les (1) Mémoire fur la théorie des Météores , n°, 12, dans le premier volume de PAcadémie de Bruxelles. (2) De Gravitare, Lib. IL, prop, 39, pag. 252, (3) Réflexions fur la caufe générale des vents. (4) Voyez celles pour 1778, dans le troifième volume des Mémoires da l’Académie de Bruxelles, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 tremblemens de terre, & peut-être beaucoup d’autres chofes moins apparentes & moins connues. Les directions très-variées du vent dépendent de la nature du local où il fouffle , comme des montagnes , des forêts, des fleuves , des lacs , des mers ; en un mot, tout ce qui peut réfifter au mouvement libre du fluide aérien, ou qui peut le faciliter, influe fur la direction du vent. 26. De toutes les caufes qui troublent l'équilibre de l’atmofphère, & qui contribuent à la production du vent, les plus générales & les plus conftantes, font la raréfaction & la compreflion du fluide aérien ; l’une & l’autre elt un effer immédiat des marées aériennes, tant celles d’at- traction , que celles de chaleur , comme il a été démontré dans -ce Mémoire. Le mouvement réglé de ces marées d'orient en occident, à la fuire du foleil & de la lune, doit produire lés vents nommés 4/;/és , affez foibles , mais conftans, qui fe font fentir toujours dans le vafte océan de la zone torride , & le plus régulièrement dans l'océan pacifique, à caufe de fa plus grande étendue; les parties comprimées de l’atmofphère des environs , fe précipirent vers la partie la plus raréfiée des maréesaériennes, & la fuivent ainfi dans leur cours réglé d'orient en occident ; mais celles li- tuées à l'occident de la marée aérienne, doivent avoir beaucoup moins ‘de mouvement à l'endroit où elles fe rencontrent ( peut-être n’en ont-elles aucun ) à caufe du mouvement de la marée vers elles; en tout cas, ce mouvement de l’eft à l’ouelt , furmontera le petit mouvement de l’oueft à l'eft, & produira un vent d’eft continuel dans le parallèle de la marée aérienne, & un vent incliné vers le nord & le fud , au nord & au fud de ce parallèle refpectivement, jufqu’à environ 30 degrés de chaque côté de l'équateur ; dans les deux zones rempérées, au-delà de ces limites , Les vents ordinaires doivent fouffler de l’oueft vers l’eft, en s’inclinant vers - le parallèle des marées aériennes, afin de remettre l'équilibre dans l'atmofphère raréfiée , par le mouvement conftant de l'air à la fuice de ces marées ; ces conféquences déduires de la théorie, font conformes à l'état connu des vents de l'océan ; fur la terre, & dans les mers de peu d’étendue , beaucoup d’autres caufes contribuent à varier leur dire“tion & à les rendre irréguliers. 27.Sur les côres 1 terres , dans la zone torride, le vent fouffle, le plus fouvent , de la mer vers la terre, la raifon en eft évidenre, parce que la réflexion du foleil & autres caufes échauffent & raréfient l'air beaucoup plus fur la terre que fur la mer , & la direction du vent fera toujours vers la partie la plus raréfiée de l'atmofphère. Tout ceci fe trouve vérifié par toure la zone torride , & plus fpécialement dans la mer de Smirne. Hors les limites des vents qui font la fuite des marées aériennes , une infinité de caufes locales & accidentelles doivent concourir à la produétion & à la direétion des vents, Une des moins irrégulières eft la compreflion & la pefanteur des zones glaciales , lefquelles doivent donner un 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mouvement aflez conftant de l'air vers les parties plus raréfiées , & par conféquent un vent des poles vers l'équateur ; mais en entrant dans la zone tempérée, cette direction doit être dérangée & ranimée par d'autres _ caufes locales ; d’ailleurs, la confidération des vents qui ne-font pas l'effet des marées aériennes , n'entre point dans le plan de ce Mémoire. 28. Au contraire les vents ou brtfes , qui s'élèvent ordinairement vers le lever & le coucher du foleil, font un effet marqué de la marée de chaleur, comme le petit vent qui fe fait fentir à la haute marée, dans un terms d’ailleurs calme, l’eft de la marée aérienne d'attraction. La difficulté de la refpiration que l'on trouve dans la zone torride fous la marée de chaleur, doit être autant l’effet de la raréfaction de l'air qu'elle amène, que de la chaleur ; un effet analogue , quant à la refpira- ton, fe trouve fur les haures montagnes , lequel doit cerrainement être attribué à la raréfaction de Fair dans cer endroit élevé, puifque la chaleur n'y a pas de part. Mais il arrive quelquefois dans les pays chauds, fous la marée aérienne ; que la chaleur & la raréfaction de l’atmofphère font augmentées enfemble au point de produire les vents brülans & fuffocans , appellés o/anos ; fefquels, quand ils font violens, donnent fouvent la mort à ceux qui s'y expofent en face; il y a des exemples fréquens & terribles de cette efpèce dans les déferts fablonneux de l'Afrique , dans ceux de l'Arabie, vers le golfe Perfique & ailleurs (1). A la fuite de ces folanos , on obferve quelquefois que les vents foufflent de tous les points à la fois vers l'endroit de la plus grande raréfaction de l’armofphère ; ce qui produit des tempêtes & des ouragans dans cet endroit, par la rencontre & le choc des vents & des exhalai- fons qui y viennent de rous les côtés: les vents refluent enfuite de ce point vers tous les quartiers , jufqu'à ce que l'équilibre y foit rétabli. Ces effets, fi naturels & fi communs , ont étonné aufli long-rems qu'on n’a pas réfléchi fur leur caufe. 29. Enfin, on peut croire, avec aflez dé fondement, que les mêmes caufes phyfiques, qui produifent les diverfes marées aériennes & leurs effets , dont je traite dans ce Mémoire, ne contribuent pas moins à varier le tems & la température, ainfi que la production d’un grand nombre de phénomènes météorologiques. Peut-être que ces marées aériennes, dans Ja zone torride, ordonnées par la fagefle divine, font-elles auffi néceflaires pour empêcher l'air de fe corrompre , étant dans un état de ftagnation , & devenir par-là mortel à l’homme &e aux animaux , que le font les marées de l'océan pour la même fin. 30. Si l'on veut s'inftruire en détail des effets des marées aériennes (1) Voyez Hifi. Nat. de l'Air & des Météores, par l'Abbé Richard, fur D SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 2$ fur les rèvnes animal & végétal, on peut le faire dans l'Ouvrage du célèbre Méad, un des plus favans Médecins de ce fiècie, De ämperio Solis & Lunæ in corvora humana & morbis inde oriendis, & dans celui du (avant M. Loaldo, Profeñleur dans l'Univerlité de Padoue, qui a pour titre: /x Météorologie appliquee à l'Apriculture, &c. Les anciens ne dourent pas, non plus que les favans modernes cirés dans cet écrire , des effets du foleil, & fur-tout de ceux de [a lune {ur tous les corps terreftres ; le père de la Médecine, Hippocrate, dit: Que les mouvemens des grands corps célefles ont beaucoup d'effets Jur Les maladies ; & que le foleël Jur-tout, par [a chaleur, dilate & attire vers lui, Les parties les plus fubriles des fluides (1). Ariftore , cité par Pline le Naturalilte, dit: Nullum animal, nife æflu . recedeme expirare (2). Le même Pline ajoute: Luna terras faturet, accedens corpora impleat , abfcedens inaniat, ideo cum incremento ejus augeri con- chilia ; fed & fanguine hominem etiam cum lumine ejus augeri ac minui : frondes quoque ac pabula [entire in omnia eâdem penetrante vi (3). Luna alit oftrea , & implet echinos, muribus fibras & pecui addïit (4). Sic Jubmerfa fretis , concharum & carcere claufa , Ad lunæ motum variant animalia corpus ($). (x) De aere, aquis Ce locis, () Pline, Hit Nat. liv. Il, chap. 98. (G) Ibid. cap. 59. (4) Lucilius apud Aui. Gell, Ib, 20, cap. 8. (s) Manil. Aftronomic. L. 2. Ke Tome XXVII, Part, II, 1785. JUILLET. MD T4) 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, te OBS LE RON IR RENN S Réfulrantes de l'opération du phofphore faite en grand (1) ; Par M.Pezrerier, Membre du Collège de Pharmacie , € Correfpondant \ de l’Académie Royale de Turin. ON: confeillé de choiftr les os dont la calcination préfentoit une coileur"grifé, ou noirâtre, de ‘préférence à ceux qui avoient acquis un degré de blancheur confdérable. Des expériences variées ne n’ont point encore dérerminé fur ce choix. J'ai feulement obfervé que les os les plus durs étoient ceux qui donnoïent la plus grande quantité d’acide phofphorique ; rels font les os de moutons, les extrémités des cornes de cerf, &c: Mais comme il ne feroit pas aifé de s’en procurer en aflez grande quantité, non plus que des os des volatiles, qui néanmoins fourniflent beaucoup de ter acide, j'emploie ordinairement les os de bœuf, de cheval, &c. De la: calcinarion des os. Le procédé dont je fais ufage pour calciner les os , confifte à élever à un demi-pied-de-hauteur; fur-trois ou-quatre pieds-de diamètre ;-des briques au-deflus defquelles je place des barres de fer pour former une efpèce de grille fur laquelle je mers tous les os que je veux calciner ; & lorfque j'élève mes briques, j'ai l’attention de laifler uneouverture de fix pouces en quarré , afin dé déterminer un courant d'air, & par cette ouverture j'introduis quelques morceaux de bois déjà allumés , lefquels mettent le feu aux os qui brülent enfuite par eux-mêmes , jufqua ce qu'ils fe trouvent aflez calcinés; cette opération , qui n'entraîne avec elle aucune dépenfe, doit fe faire en plein air, parce que la quantité de matière huileufe qui échappe à là combuftion ef'encore aflez confidé- rable, pour devenir dangereufe dans un endroit qui feroit petit & clos: tous ces os font enfuite mis en poudre. Séparation de l'acide phofphorique , par l'intermède de l'huile de vitriol. Les dofes qu’il faut employer d’huile de vitriol & d’os calcinés doivent varier fuivant la qualité des os. J'ai obfervé que quatre livres d’huile de et) (2) Ce Mémoire a été lu à l'Académié des Sciences. - SUR TAHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 vitriol)mêiées à fix livres d'os ,calciné, ne fournifloient dansicertainés circonftances que peu d'acide phofphorique, tandis que la méme quantité d'huile de vitrioi m’avoit fourni dans d’autres occalions & avec-des os différens , une très-grande quantité, du même acide ; il faut donc avoir l'attention de dérerminer par. des eflais quelle peut étre. la quantité d’acide que Les os peuvent demander ; voilà pourquoi j'en brüle toujours une très -grande quantité, & fuivant, leur nature > Jaugmente ou je diminue les dofes de l'huile de vitriol. Je fais ufage pour ce mélange d’ün petit vaiffeau en bois bien cerclé, qui contient environ trente pintes; jy mets fix livres d'os calcinés, Je les baigne d'une petite quantité d'eau, & alors j'y ajoute, l’huile de vitriol; la chaleur qui accompagne, ce mélange fait ainfi ,eft des plus confidérables., & il fautavoir l'atrenrion de reniuer fans cefle, parce que fans cetre précaution, la matière fe gruméleroit , &:on auroit beaucoup plus de peine à la lefliver. A mefure que le- refroidiflemenc a lieu, j'ajoute vingt pintes, d'eau, & le cour eft mis fur un linge placé fur un carrelet, & quand la liqueur he.coule plus, je foumets le réfidu à la preffe : par ce moyen , je l'épuife de l'acide, & j'ai beaucoup moins de difficulté pour l'en dépouiller tout-à-fait : je fuis cependant obligé delle lefliver de nouveau avec, quinze jou vingt pintes d'eau chaude, & la liqueur que j'en fépare, me fert dans un nouveau mélange à/;la, place d'eau; on! voit par-là que j'ai peu de fluide à évaporer, & que-je ne perds point du tout d'acide, Je fais ordinairement: crois mélanges de fuite. ; De l'évaporation des liqueurs acides, & de leur mélange avec la poudre de charbon. L’évapotation des liqueurs acides eft une, des circonftances qui m'a embarraflé pendant long-tems. On avoit propole des vaifleaux de verre, de grès , & de porcelaine ; mais on doit bien fentir combien la fracture de ces fortes de vafes devient dangereufe , fur-tout lorfqu'on, vient fur la fin de l’évaporation, qui de néceflité, demande qu’on augmente le feu, J'ai effayé les vaifleaux de plomb & d’étain; ceux-çi auroient leurs avantages , s'ils n’étoient fi fufbles : j'ai aufli eflayé les chaudières de fer, mais l'acide phofphorique les attaque , de fürte qu'après deux ou trois évaporations, la chaudière efl percée; j'ai enfin trouvé qu'une bäfline de cuivre remplifloit bien mon objer (1). J'en ai une qui depuis un an & demi, m'a fervi à évaporer une très-crande quantité d'acide , & aui ne paroît point attaquée (2). J'évapore ordinairement mes liqueurs à ficcité. (1) M. Lavoifier a obfervé dansruhMémoire nnplimé. dansrè Recueil: de PAcadémie 1783 , que l’acide phofphoriquen’attaquoir point le cuivre, : (2) Ifaut avoir l'attention de:choïfir une baffine dons fe fond foiritres-épais ; 1 & même le lutter extérieurement pour le défendre du coup de feu qui la éaleineroi,.nu Tome XXVII, Part, IT, 17985. JUILLET. D 2 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je rediffous dans de l'eau , & à la faveur d’un linge je fépare la félénite, & par une nouvelle évaporation , j'amène les liqueurs au point d’une matière épaifle: Alors jy ajoute de la poudre de charbon (que j'ai calciné auparavant (1) ) jufqu'à ce que la matière devienne friable: je continue de la deffécher en remuant continuellement , pour empêcher me la matière ne fe grumèle, & je porte cette deflication au point de aire rougir le fond de la bañine. De la diflillation du phofphore. Je remplis une cornue de grès bien luttée, du mêlange tel que je viens de lindiquer, & je me fers pour récipient d’une cornue renverfée, dans laquelle on met de l’eau, comme Hggins, Chimifte anglois, la le premier pratiqué ; c'eft de cet appareil que M. d’Arcet a fait ufage dans fes cours depuis 1779. Je me fers aufli d’un récipient en cuivre qui eft fait d’après l’idée d'une cornue renverfée, & que j'ai fait exécuter d’après le confeil de M. Woulfe ( planche 1). Je mets de l'eau dans le récipient, de manière que le phofphore , à mefure quil pafle , eft arrêté & n'a pas contact avec l'air. Par-là, il y a une grande quantité de phofphore qui échappe à la combuftion , puifqu'il fauc qu'il pañle à travers une colonne d'eau de cinq à fix pouces, avant qu'il n'ait le contact de air ; il y en a cependant une petite portion qui eft volatilifée en nature, & qui eft pouffée quelquefois à un demi-pied au-deffus de la tubulure où ce phofphore brûle en fcintillant, & la tubulure fe trouve quelquefois engorgée par du phofphore pulvérulent; c'eft à quoi il faut faire attention (2). Le feul danger qui femble fe préfenter avec cet appareil, eft la crainte de l'abforption ; auffi la première fois que j'en fis ufage, je craignois toujours cet accident ; mais lorfqu’on a l'attention de bien conduire l'opération , cet inconvénient n'a point lieu. Je fais prefque toures les femaines douze onces de phofphore avec cer appareil, & il m'a toujours réufli ; & ces douze onces de phofphore font le réfulrar de dix-huit livres d'os , traités avec quinze livres d'huile de vitriol; & en ajoutant plus de matière, j'ai eu vingt-deux onces de phofphore d'une feule difüillation, De la purification du phofphore. Le phofphore, tel qu'on l’obtient , eft ordinairement fale, tantôt noir RASE Gi > > 2 & d'autre fois rouge: le premier procédé quon a employé pour le purifier , étoit de le diftiller; mais ce moyen , quoique fimple , demande (1) Je préfère même.la braife de Boulanger. (2) On peur recueill r cette petiteportion de phofphore pulvérulent , en ajoutant à la partie fupérieure de l'appareil , un tube recourbé qui plonge dans un flacon où on met de l’eau. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 des attentions, & peut être fuivi d'accidens : il arrive quelquefois que le phofphore qu'on obrient eft prefque pur, & il fuffit alors de le tenir fondu ; par-là tous les corps étrangers viennent à fa furface ; maisilya tel phofphore que vous tiendriez plufieurs jours fondu , fans qu'il devint plus beau pour cela, parce que les impuretés qui s'y trouvent, font d'une pefanteur à peu-près égale à celle du phofphore, & le plus communément c’eft du phofphore en partie décompofé, d'une couleur rouge, & dans un état pulvérulent: aufli, fi on le traite avec l'acide nitreux , comme M. Woulfe me l’avoit indiqué il y a environ trois ans, le phofphore s'éclaircit aufli-tôt, & il paroït très-pur ; l'acide nitreux finit de décompofer la portion de phofphore en partie décompofée, & celle-ci pafle par-là à l'érat d’acide phofphorique. Ce procédé feroit très- avantageux , {1 lacide nitreux ne RATE enfuite le phofphore moins inflammable : M. Woulfe ayant eu connoiffance de cet inconvénienr, chercha un autre moyen; & celui dont il m'a fait part depuis , eft un procédé fimple, très-expéditif, & facile à exécuter. Je l'ai plufieurs fois répété, & toujours avec le plus grand fuccès. Il faut avoir un morceau de peau de chamois , que vous baignez d'eau froide , vous y metrez le phofphore avec un peu d’eau, & vous l'y enfermez en forme de nouer : alors vous mettez ce nouet dans une terrine d'eau bouillante , & lorfque le phofphore eft bien fondu , & que la chaleur de l'eau vous permet d'y apporter les mains, vous vous faififlez du nouet , & vous le compri- mez avec précaution , & par cette expreflion, le phofphore pañle à travers le chamois , comme fait le mercure ; & cette fimple purification vous fournit du phofphore de la plus grande beauté: ce qui refte dans le nouet eft une poudre rouge qu’on peut traiter avec l'acide nitreux , au moyen duquel on en fépare une petite quantité de phofphore , & la * liqueur contient de l'acide phofphorique. H y a une circonftance à obferver dans cette purification, que voici : fi vous ne mettez qu'une portion de phofphore dans votre nouer, le phofphore que vous en retirerez fera tranfparent , & quand vous venez à y remettre du phofphore pour continuer la purification , le phofphore qui pafle eft coloré; cela vient de ce que dans la première opération, une pejite quantité de phofphore décompofé pénèrre les pores du chamois, & quand vous venez à y repafler du phofphore, la portion décompofée qui avoit pénétré le chamois eft entraînée par celui qui pafle ; auf faut-il mertre dans le nouet tout le phofphore qu'on a à purifier, & par-là tout pafle beau & tranfparent jufqu'à la dernière portion : la peau de chamois ne peut fervir que pour une opération ; 1°. à caufe de l'inconvénient dont je viens de faire part; 2°. parce que cette peau eft tellement pénétrée de phofphore, qu'expofée à l'air, elle prend feu aufli-tôt que toute l'humidité eft diffipée, & on ne pourroit pas la conferver dans l’eau, parce qu'elle s'y changeroit en colle. Le phofphore ainfi puriñé eft # 3o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, très-inflammable , d’une couleur argentine & cryitiliine , préfentant quelquefois ‘une caflute vitreufe, & d'autre fois une cryftallifation rayonnée, * Cryflallifation du phofphore. Si on fait fondre une mafle de phofphore dans de l’eau chaude , & qu'à mefure qu’elle fe fige, on la perce , & qu'on fafle couler le phofphore encore liquéhié, on obtiendra une mafle en aiguille (1) comme le foufre qu'on fait crytallifer par la fufion , &c. La même manipulation s’obferve avec le phofphore, mais toujours fous l'eau : ce n’eft pas la feule fubftance qu'on fair cryltallifer fous l'eau ; l’ailiage fufble , donné par M. d’Arcet, peut être cryftallifé de la même manière. J'ai aufi obtenu du phofphore cryftallife de fa diffolution dans une huile effentielle par le feul refroidiffement ; ou bien en ajoutant de l’efprit-de-vin à,la diflolution , & à la longue il fe fait un précipité qui, vu à la loupe, m'a paru un octaëdre tronqué à fa partie fupérieure & à fa partie inférieure, qui quelquefois s’allonge par Les côtés , de manière à préfenter un prifme hexagone, &c. De l'acide phofphorique retiré du phofphore. On avoit obfervé que le phofphore après fa combuftion laifloit une liqueur acide; mais comme la déflagration eft très-vive, la plus grande partie de l'acide phofphorique eft enlevée & perdue. M. Sage a obfervé que le phofphore (tenu fur l’entonnoir placé fur un facon qui contenoit de l’eau) fe décompofoit à la longue, & que la liqueur fe faturoit d'acide phofphorique produit par la décompofition infenfible du phofphore. M. Lavoilier a propofé de décompofer le phofphore par l’acide nitreux fumant. Ce procédé eft certainement très-expéditif & nullement dange- reux:il en exifte encore un autre très-fimple ; le phofphore avec le contaét de l'air brûle avec trop de force, & il n'eft pas poflible d'arrêter ou de modérer cette combuftion : le phofphore dans l'eau ne brüle point, quoique tenu en fufon , parce qu'il n’a pas le contact de l'air. J'ai donc eflayé de déterminer un courant d'air dans du phofphore tenu en fufñon fous l’eau ; par-là je change le phofphore en acide phofpho- rique, comme M. Sage le fait par une décompofition infenfble : mon appareil eft un cylindre allongé, ( Voyez la planche 2, lettre A) dans lequel je mets le phofphore avec de l'eau. Ce cylindre eft reçu dans un bocal (lett. B ) où j’entretiens de l’eau bouillante, pour tenir le phof- phore liquéfié : j'ai en outre un tube recourbé (letr. C) dont une des ouvertures va plonger dans le phofphore, & l'autre eft adaptée fur ua (x) Et en o@aëdre, lorfque le refroidiflement a été plus lent, SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 3! grand flacon (letr. D) qui a une feconde ouverture à la faveur de laquelle j'y ajufte un entonnoir muni d’un robinet ( let. E. ) Le tout étant bien difpofé , je mets de l'eau dans l’entonnoir, & en ouvrant le robinet l'eau entre dans le flacon , & détermine l'air qui y. eft contenu à-pafler par le tube (C), & cer air paflant à travers le phofphore; fe combine aÿec & produit la combuftion du phofphore , qui par-là eft changé en acide phofphorique : la combuftion du phofphore eft bien plus frappante, fi on la fait à l'obfcurité. Quand le flacon eft plein d’eau, je le vuide à la faveur d’un robinet que j'ai pratiqué à fa partie infé- rieure ( lett. F.) La liqueur acide que j'obtiens par cette combuftion du phofphore fous l'eau , peut étre amenée fous, forme vitreufe, mais il donne toujours un verré déliquefcent; & cet acide ne paroît point différer des acides produits par la décompofition du phofphore, non plus que de celui obtenu par le procédé de M. Sage. Dans cette opé- ration il y a aufli un peu de poudre rouge qui fe fépare, & qui eft du phofpore en partie décompofé, Effets des acides fur le phofphore. J'ai-obfervé dans une Lettre imprimée dans le Journal de Phyfique juin 1782, que l'acide arfénical-décompofoit le phofphore, c’eft-à-dire , qu'il lui founifloit fon air pur, & qu'alors l’arfenic paroifloit fous fa forme réguline & le phofphore à l'étar d'acide phofphorique. M. Lavoifier a fait voir dans les Mémoires de l'Académie 1783, que l'acide nitreux fumant fournifloit fon: air pur au phofphote pour le changer en acide phofphorique. J'obferverai aufh- que: l'acide marin déphlogifiqué, à l'état de gaz qu'on fait pañler dans du phofphore tenu en fufñon fous l'eau chaude, produit fous l’eau la décompofition du phofphore qui eft apparente par un difque lumineux, d'autant. plus éclatant que le déoa- gement de l'air acide eft plus confidérable ; & alors le phofphore eft décompofé , ainf .que l'acide marin déphlogifiqué. Ce dernier fe trouve dans la liqueur à l'état d'acide marin ordinaire ,: & le phofphore à - l'état d'acide phofphorique. Il faut évaporer! la! liqueur pour chafler l'acide marin , & alors l'acide phofphorique: refte très-pur!(1). Si on fait pafler un petit cylindre de fhofphore: dans! du gaz acide marin déphlogiftiqué , fur le:champ le phofphore: eft comnie .diffous par ce gaz, & on voit une lumière trèsfenfble : le vaiffleau fe remplit auffi de vapeurs blanches, & quand on vient à l'ouvrir fur l’eau , il y a une grande abforption , & l'air qui refte ne peut plus fervir à la combuftion. bdd :l Bars) ! f ————————_——————————————————— Q).M.,Bergmann à traité l’acide.marin déphlogifiqué avec le pholphore , mais il n'a pas vu tout ce qui fe pañloit. « Acidum muriæ dephlogifticatum fulphur » mutare nonvaler, fed'arfenicum album fenfim emaciat, 6 phofphorum ïr » album fumum ex 1empore murar », 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'ai fait de même pafler dans du phofphore fondu une très-grande quantité d'acide fulfureux ; mais je n'ai point vu que cét air décomposäc le phofphore; il en volatilife un peu, & rend celui qui refte beaucoup plus tranfpareut. Le vinaigre radical traité avec le phofphore en diffout un peu; car lorfqu'on vient à verfer dans de l’eau du vinaigre radical qui a été tenu à chaud {ur du phofphore, il fe fait un précipité qui eft un vrai magiflère de phofphore, qui dans cet état peut être diflous par l'eau de chaux. Du gaz alkali volatil fur le phofphore. J'ai auñi fait pafler du gaz alkali.vola:il dans du phofphore fondu; mais il n’y a point eu de décompolition ; l’alkali volatil s’unit au phofphore & produit une combinaifon nouvelle : ici il y a diflolution du phofphore, comme le foufre eft diflous par l’aikali volatil , dans la liqueur fumante de Boile. Ce nouveau compolfé fe préfence fous la fourme d'un air particulier foluble dans l'eau, & d'une odeur pénérrante, & par tous les acides l’alkali volatil laifle précipicer le phofphure qu'il cénoit en diffolution. MÉMOIRE Sur un nouveau métal , le Fer-d’eau , Waffereifen, Hydrofiderum (1); Par M. MEYER. Traduit de l'Allemand par M. HASSENFRATZ. LA Chimie et f peu avancée, qu’il eft bien pardonnable de s’y égarer encore ? Je donnerai vraifembiablement une preuve de certe vérité, fi mon nouveau métal, le fer-d’eau, que j'ai obtenu en fonte de fer par la fufion d'une mine marécageufe , dont j'ai fait mention dans les Ecrits de la Société des Amis de la Nature de Berlin, (vo/2,p. 324, f. vol. 3, pag. 380, ff.) n’eft, comme je le préfume, que du fer avec . .. . de l'acide phofphorique. Voici la bafe de ma conjeture. Je fis diftiller un peu de ce prétendu nouveau métal avec de l'acide vitriolique ; le col de ma cornue fe tapifla de foufre, & il me refta dans le fond une poudre grife. Cette poudre difloute & évaporée a produit une lefive brune & épaifle qui , après avoir été repofée pendant quelque tems, a donné un vrai vitriol de mars. Le refte de la leflive fe comporta (x) Connu en France fous le nom de féderite. comme SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 comme je l'ai déjà dit (1). C'éroit donc une preuve qu'il exiftoit encore beaucoup de fer dans cette nouvelle fubftance métallique. Mais avec quoi doit-il être mélangé? Je ne pouvois fuppofer autre chofe que facide phofphorique. Pour m'en aflurer, je fis fondre du fer avec des matières inflammables. Je pris vingt grains de cette fonte que je fis piler , réduire en poudre 8e mêler avec un peu d'eau. Je verfai gourte à goutte fur le fer, de l'acide fair de phofphore liquefié ; le mélange s’échauffa,, l'acide s'empara du fer, & la diffoulution produifit une poudre grife. J’ai continué de verfer peu-à- peu de l'acide jufqu’à ce que:tour Le fer foit diflous , & je l'ai laiflé fécher ; de réfultat éroit uoe poudre grife pefant cinquante-cinq grains & demi. J'ai fondu un demi-quentchen de cette Nu LR dans un charbon avec vingt grains de borax. Cette mafle ne s’eft pas bien fondue. J'ai remisencore autant de verre de borax, & j'ai reporté de nouveau le mélange fous le foufflet ; la fonte n'étoit pas encore parfaite. J'ai trouvé entre le verre & le régule des grains ronds : ils paroifloient fort caflans , fe fondoient difi- cilement au chalumeau, & s'y changoient en fcorie, L'aimant agifloit peu deflus & en artiroit feulement des petits grains. J'ai mèlé enfuite le refte de la terre avec de l'acide vitriolique & un peu d'eau. Séché , le réfidu fe diflolvoit dans la plus petite quantité d'eau & fe laifloir filtrer. Comme j’étendois certe diflolution , d’eau, elle devint blanc de lait ; il fe forma une grande quantité d'écume blanche tout-à-fait femblable à la terre de fer-d’eau, Quoique je n'aie pu jufqu'à préfent poufler plus loin mes recherches, je ne doute cependant pas que mon réfultat ne foit réel. Si la fuite de mon travail me conduit à démontrer plus rigoureufement la préfence de cet acide, j'en donnerai une autre defcription. J'efpère que ces recherches ne feront point inutiles, puif- qu'elles produiront une nouvelle & riche fource d'acide phofphorique, s’il peut en être féparé facilement. Du refte M. Bergmann a pris mon fer-d’eau pour un nouveau métal, qu’il nomme Szderum ( Voy. Opufc, Phyfq. & Chim, Vol. II, pag. 115, 399,471, 599 {1) Société des Amis de la Narure de Berlin, ss Tome XXVII, Part. Il, 1785. JUILLET, E 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE Sur Le rapport qu'il y aientre Les Terres & les Pierres dxpofsés au feu de fufion , dans des creufets de matières différentes ; Par M. GERHARD. Traduit de l'Allemand. D: purs long-tems les Chimiftes travaillent à déterminer d'une manière exacte les phénomènes qui réfultent des différentes efpèces de terres & de pierres que l'on expofe pures & fans le moindre mélange à l’action d'un feu violent. Le célèbre Por fut un des premiers qui entreprit cet ouvrage ; fes fuccès répondirent à l’érendue des connoiffances qu'il poflédoir en Chimie; nous en avons des preuves bien fignalées, & MM, Cramer, Gellert & Poerner ont fuivi fes principes & fa méthode. Dès que l’on reconnut l'utilité de ces eflais, les Minéralogiftes s’en fervirent pour ranger les terres & les pierres. Les Métalluroiftes appri- rent à connoîsre les agens les plus propres à la fufion des minéraux & de celles qui donnent le plus grand produit avec le moins de frais ; & beaucoup de fabriques de porcelaine, de fayance, de creufets, de briques & de verreries, & même de fonderies , fe perfectionnèrent & en retirèrent des avantages réels. Tout fe fonde fur trois points très-fimples , & que l’on peut prouver par des eflais, 1°. Il y a des pierres qui fe vitrifient ou fe fondent d'elles-mêmes fans agens; on les nomme juf1bles. 2°. Il y en a d’autres qui réfiftent entièrement à l’action du feu; on donne à celles-ci le nom de pierres apyrées , ou apyres. 3°. Quand on mêle deux ou trois efpèces de pierres apyrées, il arrive fort fouvent que ce mélange fe vitriñie ou fe fond très-aifémenr, même à un feu foible. Malgré cela, fi l'on compare différens effais fur la même terre ou pierre que des Chimiftes onc faits, on trouvera fouvent que l’un range une efpèce parmi les pierres fufbles , qu'un autre met au rang des apyrées. On auroit tort de les accufer d'inattention dans leurs eflais; il y en a des raifons que nous expoferons dans les points fuivans. ue. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3F (1) On fait que les Minéralogiites , induits par la forme extérieure des minéraux, ont donné fouvent le même nom à des pierres très- différentes dans leurs principes & dans leur #ature. Le nom de /path en fournit un exemple. On le donne foit aux pierres calcaires , foit aux pierres gypfeufes, même aux pierres grafles, à l’efpèce du /path fluor. Or, fun Chimifte travaille fur Le fpath calcaire, & un autre fur le fpath gypfeux , on ne doit pas être étonné que les réfulrats de leurs expériences foient différens. La fameufe dif. pute entre MM. Por & de Jufli, fur le rapport du fpath dans le feu, en fournit un exemple frappant. (2) Il arrive aufli fouvent que les pierres contiennent des principes étrangers qui changent entièrement leur rapport au feu. Un feul exemple fufñra pour prouver cette aflertion. Prenons le genre de Pargile ou terre glaife ; on y trouve l'argile où terre de porcelaine , l'argile ou terre de pipes, l'argile ou terre de faïence, l'argile ou terre de pots, l'argile ou terre 15 briques ; fi on les expofe à un même degré de feu , l’on trouvera que quelques-uns réfiftent entièrement au feu , tandis que d’autres fe fondent ; & ce n’eft qu'après un examen exact de leurs principes, que les arpiles pures réfiftent au feu, lorfque les autres, mêlées avec des parties calcaires ou ferrugineufes , fondent & fe vitrifienc facilement. Ces parties étrangères proviennent du lieu natal des pierres ; il n’eft donc pas furprenant que deux Chimiftes expofent la même efpèce de pierres , mais tirée de divers endroits, au même deoré de feu , qu'ils obtiennent des réfultats très-différens de ces différentes efpèces. (3) La différence dans les effais peut aufli dépendre du degré de feu qu’on y emploie. Les Phyfciens & les Chimifles , malgré tous leurs efforts, n'ont pas encore réuffi à trouver un pyromètre à l’aide duquel on puiffe déterminer le degré de la chaleur du feu au-deflus de celui du mercure bouillant. La ftructure des fourneaux , la nature du bois ou des charbons, la fituation du laboratoire , l’adion de l'air, &c. different trop pour qu'on puifle déterminer exactement le degré de chaleur dont on s’eft fervi our tel ou tel eflai. Il eft donc naturel que fi un Chimifte donne un feu plus violent que l'autre pour le même effai, les réfultats ne foient pas les mêmes , & cela différera d’autant plus que les pierres fufibles entr'elles n'ont pas le même degré de fuñbilité, (4) J'admets même que les fourneaux , que les matériaux, que la fituation du laboratoire , que l’action de l'air, que tour enfin foit égal ; malgré tout cela, dis-je, la pofirion feule des creufets dans les fourneaux peur déjà faire varier tous les produits. Chaque fourneau a fon point de plus gr?rde chaleur. Par une infinité Tome XXV1I, Part. 11, 178$, JUILLET, E 2 36 OBSERVATIONS SUR: L'A PHYSIQUE, d'obfervations & .d'expériences je me fuis.convaincu que dans des four- neaux cylindriques ce point fe trouve à deux tiers de fa hauteur de la grille , & dans des fourneaux qui: ont la figure d’un cone tronqué & renverfé , de manière qu'il s'élargic vers la grille & fe rétrécit vers l'embouchure, ce foyer fe trouve aux trois quarts de la même dimenfion. IL eft donc évident que fi Pon néglige un de ces points, les eflais feront toujours faux. (5) La nature des creufets dans lefquels on fait Les efais, peut auñi les faire varier, Les creufets ordinaires fonc faits de terres grafles , qui étant mélées avec d'autres efpèces de pierres, les rendent ou réfraétaires , ou fufbles ; ileft donc fort naturel que cela influe fur les matières qu’on expofe au. feu. » M. Port eft Le premier qui ait fait cette obfervation | & il-eft éconnant qu'il n’en ait pas profité. Ayant trouvé qu’un mélange de craie & de fpath fufble rongeoit toujours les creufets ordinaires; il mit ce mêlange dans un creufet noir dans lequel il entre de l'infuñble molybdène , & il n'y eut point de fufon. La même chofe arrive à l'égard des pierres calcaires, Si on les met dans des creufets d'une argile pure, elles fondent aux points où elles touchent les parois des creufers , au lieu qu’elles réfiftent entièrement à la fuñon quand elles fe trouvent dans des creufers de craie, ou de charbons. Tout ce que je viens de dire prouve combien il eft difficile de faire des effais lithogéognofiques bien conformes les uns aux autres; mais en y réfléchiflant on découvriroit peut-être des moyens d'éviter ces difficultés. | IL eft inutile d'abord de remarquer qu’il faut être connoiffeur des minéraux pour fe déterminer fur le corps qu'on veut eflayer. Enfüire il faut examiner foigneufement ce corps, pour voir s'il ne contient pas des principes hétérogènes, qui puiflent être changés par Le feu ; & par cette raifon il eft même bon de fe fervir pour les eflais de morceaux de différens endroits. Quant à ce qui regarde la détermination exacte du degré de feu qu'on doit employer , il me femble qu'il n’eft pas fi difficile de fubftituer au pyromètre méchanique, qui manque encore , un pyromètre chi- mique. On fait que le fer forgé eft extrêmement difficile à fondre; qu'on mette un morceau de ce fer dans un fourneau à vent , en obfervant le tems qu'il lui faut pour entrer en fufion , & on aura par ce moyen un pyromètre chimique, qui indiquera à un autre Chimifte le vrai degré de feu qu'on doir employer pour un effai quelconque , fur-tourt quand on ne néplige pas de mettre les creufets dans le vrai point de feu du fourneau, . SUR L'HIST. NATURELLE ËT LES ARTS. 37 On pourroit admettre des degrés de feu plus forts ; mais comme il s'agit d’apoliquer les eflais à la fonte des métaux, & que parmi ceux-ci la fonte du fer battu exige le feu le plus fort, on peut s'en tenir à celui-ci. Mais il faut principalement chercher des creufets dont la compo- fition ne puifle point produire d’altération dans le corps qu'on veut effayer. Jufqu’à préfent je ne connois pas de matière qui y foit plus propre que les charbons de bois; car fi on les expofe dans un vafe fermés à l'action du feu le plus violent, ils reftent inaltérables, & leurs principes falins, terreftres & inflammables, font fi étroitement liés, qu’ils ne peuvent point produire de changement dans les corps qui s'y trouvent. Outre la jufteffe des effais qu'on obtient par ce moyen , il offre encore un autre avantage très-important. La nature réfraétaire ou fuñble eft un objet très-effentiel pour la fufion des mines; de-là dépend la pureté auñli bien que la quantité du produit qu'on en veut tirer. Or cette fulion fe fait au milieu des charbons; il eft donc fort naturel que le rapport au feu , que les pierres montrent dans les creufers de charbons , ait la plus grande analogie à la fonte en grand; par conféquent ces effais ont d'autant plus d'utilité pour les fondeurs. C'eit d'après ces principes que j'ai paflé à l’examen des différentes efpèces de pierres qu'on a découvertes jufqu'à préfent, & voici la méthode dont je me fuis fervi pour tous les eflais fuivans, Pour chaque efpèce de pierres j'ai choifi trois creufets d’argile pure; tous de la même grandeur. Je les ai remplis de charbons de bois pulvé- zifés, jufqu’à la hauteur requile, dans mes fourneaux cylindriques, de forte que les petits creufers qui fe trouvoient dans les grands , étoienc juftement placés au vrai point de feu du fourneau, Sur cette poudre de charbons j'ai placé dans chaque grand creufer de petits creufets, l’un de terre glaife , le fecond de craie , le croifième de charbons, Ayant couvert les grands creufets d'un couvercle de charbons , enveloppés d’une terre glaife apyrée & mêlée avec deux parties de poudre de charbons, je les ai placés cous trois à la fois dans le fourneau ; & j’ai obfervé le moment où la chaleur étoit aflez forte pour qu'un morceau de fer forgé parvint à la chaleur blanche, Dès*ce moment j'ai continué le feu pendant une heure , tems requis dans mes fourneaux pour fondre le fer forgé; après quoi j'ai retiré mes creufets. La Table fuivante indique le réfultat de tous ces effais, 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Noms des Pierres, 1: Quarzum informe. Quarz von unbef- timmcer Figur. Quar- zum fragile. Quar- zum pingue.Quarzum criflallinum. Z’aller : Quarz caffant. Quarz gras. Quarz tranfpa- rent de Bomare. La premiere efpece étoit de Flenshourg , la feconde de Dzrr- manfdorf, la troifiè- me de Schreiberhau en Siéfie. friables. 2. Quarzum lamello-[ Même réfultat, fum. Blærrer Quarz. Quarz feuilleté de Bomare, de Freibere en Saxe, 3. Quarzum criftal-| Méme réfüultat. lifatum hexaëdrum. Sechfeckigter Quarz- Criflall, Quarzum criftallus montana. Haller : Criftal de roche de Bomare, de Prieborn en Siléfie. 4. Quarzum criftallie Même réfultat. aggregatis. Srængli- cher Quarz. De Ra- bifchau en Silefre. s. Silex continuuspy- ler: Pierre à fufl delindice de fufon. Bomare, des envi- ons de Berlin. creufet d'argile. Aucune de ces trois efpèces ne feltranfparence& la co- fond ; maisellesper-|héfion varient com- dententièrementleurme dans l'effai pré- tranfparence , & de-[cédent; mais par- viennent opaques ,|tout où les morceaux couleur de lait, &jont touché les parois Elle devint opa- : romachus. Feuerfleën.|que & d’un blanc/mença par-tout où Silex igniarius. J/al-|couleur de lait, fansl!e creufet de craie Réfültats des expé- Réfültats des ce Réfüultats des ex+ riences dans un périences dans um creuiet de char« bons. riences dans un creufer de craie, La couleur, la] On obtint les mêmes phénomè= nes que dans le creufet de terre glaife, du creufet, ils fe font vitrifiés en un verre demi-tranfparent. Même réfultat ,| Même réfüultat, quoique Ja fufon fût moindre. Mémeréfultatque| Même réfultat, dans la première ex- périence. Même réfultat, Même réfultat: La fufon com-| Même réfulrat, avoit touché le filex. TI SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 Réfultats des expé-|Réfultats des expc- Réfultats des exp£- Noms des Pierres. riences dans un| riences dans un| riences dans un creufet d'argile, | creufétdecraie, | ©'eufet de char- ons, 6.Silex continuus chal-| Même réfultat, Comme le pré-| Même réfultat. cedonius, Chalcedon. cédent, mais un Agathes chalcedonius, moindre degré de W/aller : Chalcédoine fufñon, de Bomare, de Bunz- lau en Silefre. 7. La même pierre d'1/:| Même réfültat, | Même réfülat. | Même réfültat. Lande dans une matrice volcanique, 8. Slex continuus car-| Elle ne fe fondo’rl Comme dans le] Comme dans le neolus. Carziol. Aga-|pas, mais fa couleur|Creufet d'argile. |creufet d’arpile, thes carneolus. J74/-|rouge fe changea en Zer : Cornaline de Bo-|couleur de cendre mare , de Freylerg. |très-pâle, s'amollit & perdit de fa demi- tranfparence. 9.Silex continuus. Achz-| Réfüultat fembla-| L’2ltération dans| Comme dans le tes. Agat. ÂAchates ble au précédent ;|[a couleur fut lalcreufet d'argile. Waller : Agathe ordi-| mais fa couleur bru-|même ; quand il y naire de Bomare, delnefechangeaencou-leut adhérence au Landshur en Sile-]leur cendrée très-|creufet , elle fe Jie. pâle, fondit foiblement. 10. Silex Onyx. Onyx.| Comme le précé-| Réfultatfemblal Réfultatfembla- Achates Onyx. Z/al/-|dent. La couleur na-|Lle au précédent ,|ble à celui qu’on Zer: Onyx de Bomare lturelle de ce mor-|& quant àla fufonlavoit obtenu dans de W/aldenburg en|ceau étoit d’un rou- & au changemem|le creufet d'argile, Srléfre. ge très-pâle avec des\de Ja couleur . ils raies rouges foncées.|furent les mêmes Le corps de ja pierrelque dans le creufet devint blanc & les d'argile, raies couleur de cen- dre très-pâle, ar. Prafius contituus vi-| Elle ne fe fondit| Réfultat fmbla-| Commeleréfu!- ridis. CAryfopras. A-|nullement; mais elle|bje à celui ducreu-|tat précédent. chates prafius. b. H/al-|perdit entièrement la|fe+ d'argile, Zer : de Chofemiiz en tranfparence, & la Silefie. couleur verd de pom- me fe changea en gris, \ 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Réfültats des expé= riences dans un creulet de char- bons, Réfultats des expé-|Réfultats des expé- Noms des Pierres. riences dans un| riences dans un ? creufet d'argile. creulet de craie. ————————————— Même réfulrat. Même réfultat,| Même réfultat, excepté que la cou-{fi ce n’eft que le leur grife palit. morceau tenoit un peu au creufet. 12, Prafius continuus fla- vus. Gelber Chryfo- pras. Du même en- droit. Chryfoprafe jaune. 13. Prafius continuus Jaëteus. Milchrueiffer Chryfopras. Du mé- me endroit. IV. B. N'ayant point eu de matière, jen’ai pu faire examen du prafius à raits, dé- crit par M. Werner. Elle ne fe fondit| Il y eut une foi-| Comme le ré- pas, perdit fa demi-|ble fufion par-tout fultat précédent. tranfparence , & laloù la pierre avoit couleur devint d'unitouché au creufet, blanc plus foncé. Réfüultat fembla- ble à celui qu'on avoit obtenu dans le creufet de craie, Il n’y eut point de variation. 14, Marmor fra@ura ter-| Elle fe vitrifia en rea. Gemeinter Kalk-|couleur verte. Jlein. Calcarius æqua- bilis. aller : Pierre à chaux compaéte de Bomare, de Tarnow dansla Haure-Siléfie. 55. Marmor fraêtura Elle f vitrifia &| Même réfultat, angulari., Kalkffein devint brunâtre & mir fplittrigem Bru-|opäque. che. Marmor unicolor. W/aller: Pierre à chaux d’une feule couleur, de Rüderfdorf près de Berlin. Comme le réa fultat précédent, Voyez le réful-| Même réfultatà Les parties qui tat précédent. touchoient au creu- fet fe changerent en un verre diaphane, couleur de chryfo- lite. Le refle s’altéra en poudre fine & ferrugineufe. 16. Marmor lamellofum. Blættriger Kalkfein. Calcarius inæquabilis. W/ualler: Pierre à chaux fpathique de Bomare, de Prieborn en Siléfie. 37. Marmor Schiftofum.| Quand elle tou-| Il fautremarquer Katkfchiefer. Calca-|choit le creufet, les[qu’à l'exception de rius foMilis. H/aller :|parties adhérentes fe|cette efpèce, toutes Pierre à chaux feuil-|vitrifioient en cou-|les autres fe pulvé- letée, de Pappenheim.|leur de chryfolite. risèrent à l'air. Noms SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 41 Réfultats des expé-|Réfultats des expé- riences dans un] riences dans un creufet d’argile, creufet de craie. Réfultats des expé- riences dans un creufet de char- bons, Noms des Pierres. Comme dans le 28. Porus rhombicus.| Elle fe vitrifa en| Ellene changea creufet de craie, Rhomboidalifcher [couleur jaune fort|pas, mais elle per Wafferflein. Spathumltranfparente. dit fa tranfparence, tefculare. aller : & tomba en dé- Spath rhomboïdal de faillance à l'air. Bomare, d'Andreas- berg au Harx. Comme le réful-|Le même réfultat. tat précédent. Voyez le réful= ao. Porus prifmatis tat précédent. hexaëdris truncatus. Sechfeiriger Waffer- frein. Spathum criftal- lifatum. €. W/aller : d'Andreasbers au Harz. Même réfultat. Voyez le réful- tat précédent. Comme le réful: tat précédent. # 20. Porus hexangularis pyramidatus. Sechfec- ziger « Pyramidal- Wafferflein. Spathum criftallifatum. c. W/a1- Zer : de Derbshire. LR Voyez le réful- 21, Porus teflaceus glo- Voyez le réfultat! Comme le réful- tat précédent, bofus. Erbfenflein. Delprécédent, tat précédent. Carlsbad. 22. Difodes continuus. Comme N°, 14! Dichrer Srinkflein. Pierre puante de Bo- mare: du Comté de Mansfeld. 23. Alabaftrum conti-| Ilfe vitrifa, cou-| Elle ne fechan- nuum. Gemeiner Ala-|leur de chryfolitelgea pas. bafler. Gypfum ala-[rayé à la caflure. baftrum. aller: Al- bâtre de Bomare, de Sachfa dans le Comre de Hohenftein. Î 24. Alabaftrum Schiflo-| Comme le réful-] Comme le réfül- fam. Schiefèr - Gips.|tat précédent. tat précédent, Gypfüm lamellofum. W aller : Gipfe feuil- etc de Bomare, de la Haute Silefie. Tome XXVTII, Part, II, 1785, JUILLET, E Un verd brunâtre. | Comme N°, 14. Comme le réful: tat précédent, Même réfültat, 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Réfultats des expé- riences dans un creufet d'argile. éfüultats des expé- Réfultats des expé- riences dans un| riences dans un creufet de craie. creufet de char- bons. Noms des Pierres, — 25. Spathum ponderofum.| 11 avoit commen-| Aucun change-| Comme dans le Schwerer Spath.Gyp-|cé à fe fondre , fans|ment, pas mémel|creufet de craie, fum fpathofum. #/al-|qu'il y eût d’altéra-[dans la couleur. Ler: Gypfe phofphori-|tion dans la couleur. que de Bomare, du Prince Frédéric de Freyberg. 26. La même pierre, de Les parties qui Gablau en Siléfie. avoient touché le creufet , s’étoient vi- triées en une cou- leur verdâtre; le refle ne fut qu'à Même réfultat, Comme le réful- tat précédent, 27. Spathum prifmati-| Verre jaune & cum quadrangulare.|brunâtre , rayé à la Vierfeitiger Stangen-|caflure & à la fur- Spath, de Freyberg|face. en Saxe. Voyez le réful- Même réfultats tat précédent, 28. Stiriumgparallelum.| Verre femblable Stralgyps. Gyplumlau précédent. firiatum. H7aller : Gip- fe frié de Bomare, de Rüderfdorf près de Berlin. Même réfultat, | Voyez le réfuk- tat précédent. 29. Hepaticus folidus.| Les parties quil Commeleréfüul-| Même réfültat, Srinkgyps. Gypfamjavoient touché leltat précédent, lapis hepaticus. Æ7a1-|creufet, fe vitrifè-| OBSERVATION. Zer: de Bourgoernerlrent légèrement en|f] fant remarquer : © dans le Comié deljaune; le refle ne fe| 1, Que toutes les pieces expofées an Mansfeld. fondit qu’à demi. feu dans des creufets de craie & de charbons tomboient à l’air en défaillance , & que quelques - unes changèrent par-là de couleur , fa- voir: N°,25 & 26, devinrent rou- geâtres, comme la fleur du cobalt, & N°. 28 verd de pomme. 2. Toutes les pièces expofées à l’ac- tion du feu dans les creufets de craie , devinrent un peu compac= tes, mais fans aucun indice de fuñon, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 43 Réfultats des expé- riences dans un creufet de char bons. Réfültats des expé- riences dans un creufet de craie. Réfultats des expé- . . Noms des Pierres, riences dans un creufet d'argile, Le creufet de] La premiere fois craie fe fondit en|Je n'apperçus point de changement ;: mais la feconde, la fufion avoit com- mencé, {ur-tout à la furface des mor- ceaux. 30-Fluor amorphus. F/us-| Sa fuñon fut telle Jrath von unbeflimm-|que la matière fon- e em Gewebe.Fluorfpa-|due traver/a les pores|fcorie tenace. thofus. aller : Spath|du creufer. fufble de Bomare, de Trefebourg au Harz. Même réfultat. | Scorie grisâtre demi-tranfparente en forme de globe. 31. La même pierre de Comme le réful- Strasbourg au Harz.|tat précédent. Même réfultat. | Comme le rés fultat précédent, mais la furface étoit tant foit peu écumeufe, 32.Fluor cubicus.Zuorf| Comme le réful- licher Flufysparh.|tat précédent, Fluor criflallifatus. a. & Bb. Waller: de Goerfdorf en Saxe. 33. Fluor prifmaticus radiatus. Srrahliger Fluf;spath.Fluor crif- tallifatus. d. H/aller : de Derbshire. 34. Argilla amorpha por- Elle étoit compac-| Verre tranfpa-| Comme dans le cellana. Porzelænthon.|te, blanche & fans rent, très - dur ,|creufet de craie, Argilla porcellana. la moindre marque bleuître, W/aller : Argile ou de fufon. terre à porcelaine de Bomare, de Mifnie. 35. La même terre de Striblo en Siléfie. 36. La même terre de] Mafle très-com-| Verre opaque ,| Comme dans le Flinshourg en Siléfie |pa@e , tant foit peu|couleur deplomb,lcreufet de terre ayant tiré fon origine|fondue; ce qui pro-|avec un grain de glaile, d’un granit tombé en|bablement a été cau-|fer au milieu. défaillance, très-grafle.|[é par un teft im- perceptible du fpath phofphorique. 37. La même terre, dont| Mafle compa&te| J’obtinsun pro-| Comme dans le on fe fert dans la fabri-[fans la moindre mar-[duit moitié de ver-lcreufet d'argile. queroyale de porcelaine|que de fufon. reblanchâitretranf du Cercle de La Sale. parent , & moi- tié imparfaitement fondu, > Tome XXVII, Part. II, 1785. JUILLET, Le Comme le re- ne Même réfultat, fultat précédent, excepté que la couleur tiroit un peu für le bleu, Même réfultat, Même réfultat. | Même réfultat, | Même réfüultan 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Réfultats des expé- Réfultats des expé- Réfültats des expé- Noms des Pierres, riences dans un| riences dans un| riences dans un creufet d'argile. | creufet de craie. SHEuee de char- ons. Comme dans le creufet de terre glaife. 38. La même terre del Male compaëte| Verre parfaite- Deux- Ponts. tant foit peu fondue.|ment noir. 39. Argilla amorphafiflu-| Mafle compaéte Verre parfaite- laris. Pféiffenchon , delnon fondue, LES RG Bunxlau en Srlefre. Comme dans le creufet d’argile. Verre couleur| Comme dans le de plomb avec Un|creufet de terre grain de fers glaile. - 40. Argilla amorpha ol-| Verre brunâtre, laris. Toepferthon , de Freyenwalde, Comme dans le creufet d’argile, quoique la fufion fût moindre, Male de fcories, Verre , verd de 41. Arpgilla vulgaris mar- : Es noirâtres. pomme, tialis. Æifenthon. Ar- gilla mineralis. Hal ler: de Blankenbourg au Harz. az La mème terre de Bunzlau. Même réfultat. Même réfultat, | Même réfultat, Scorie tenace noi-| Verre couleur] Comme dans le râtre, granulée. de plomb, tiranticreufet de terre {ur le verd. glaife. 43. La même terre, vulg. Bolus d'Arménie. Scorie très-mince| Verre couleur| Même réfultat. grife. de verd de pomme avec un grain de fer. 44. Argilla fullonum. Walkererde. Marga fullonum. Z7aller : Terre à foulous de Bo- mare : d'Angleterre. Scorie grisitre ,| Verre couleur Scorie brune, même tran{parente.|de lait, opaque, avec-un grain de fer. 45. Arpilla in aqua cre- pitans. Thon, der im Waffèr mit Ruiflern zerfælle. Lemnifcher Thon. Terra marga. Lehm, De Srriegauen Silefie ; c’eft une ar- gile volcanique, 46 Sme@is rubrica. Pa-| Verre noir dontla| Verre demi-tranf- zhelflein. De Conradf=|furface étoit a Re , couleur de Scorie brune avec beaucoup de waldau en Siléfie. [d'une couche de fer|verd de pomme, |grains de fer. de fonte, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4s Réfultats des expé- riences dans un creufet d’argile. Réfultats desexpé |Réfultats des expé- riences dans un| riences dans un creufet de craie,| Creufet de char- bons, Noms des Pierres. 47. Smeütis lithomarga. . Steinnark : d’Alren- bourg en Saxe. Elle ne fe fondit pas. La fufon avoit|! Comme dans le commencé dans lesicreufet de terre parties qui tou-|glaile, choient au creufet. 48, Sme&tis tornatilis la- = mellofüs. Lazel-Srein. Steatites lapis ollaris. Waller : Pierre ollaire de Bomare , de Top- Zitz. Point de fufon. Verre couleur! Comme dans le de plomb, aveckcreufet de terie un grain de fer. |glaife. 49. Smedis levis aquæ| Scoriegrisätre ,te- _ innatans. Bergleder. A-|nace, criftallilée , mianthus Aluta monta-|avec des grains de na. Waller : Cuir {of-|fer. La criftallifation fle de Bomare, delreflembloitäunelen- Danemora, Dans le creufet| (Comme dans le on trouvoit un peu|creufet d’argile , de pouflière ‘gri-|[mais la couleur ti- sâtre , mais tout lelroit fur le bleu & la ‘criftallifetion é- pe des criffaux prif matiques entremé- lés de grains de fer. #0. Opalus'occidentalis, d’Eibenfrock en Saxe. Opal. Silex opalus. W/aller : Elle néioit pas fondué; cependant elle tenoit au creu- fet. Elle éclata en particules lirréguliè- res d’une couleur bleuâtre. | Les parties quil Réfültat fem= avoient touché lelblable à celui du creufet, étôienten-lcreufet de-terre tièrement fondues.|glaile. 51. Jafpis continuus. Dichrer Jafpis. 1 € 2. W/ aller : Jafpe de Bo- mare, de Bunzlau. Point.de fufon, mais ilawoit changé la couleurlrouge en brune. Il fe fondit com-| , Voyez le.réful- me dans l’éflaipré-|tat dans le creufet cedent, de terre glaife. 52. Jafpis trapezius| Point de fufon, Trapp. Corneus tra-la couleur refta la pezius. aller : même, Verre noirâtre.|! Même réfültat. [é 53- Mica membranacea.| Il étoit près de Kufzsifch Glas Mica couler, mais on pou vitrum) mofcoviricum, voit encore diftii- .W/aller: verre de Mof guer fa figure. covie de Bomare, | C'étoitunemaf| Le degré de fu- fe fondue grisitre, ion était plus fost quoïque la fufon|que dans je creu- ne füt pas parfaite.|(et de terre glaife, 46 Noms des Pierres, 54. La même pierre de Tarnowicz, noire, fort ferrugineule, 55. Mica criflallina ar- Réfultats des expé- riences dans un creufet d'argile, Un verre noir per- fillé de grains de fer. gentea. Criflallifher|tat précédent. JélberfarbnerGlummer. Mica drufica. #/aller : de Zennwald. s6. Schiftus tus 1. & 2. Waller: Ardoife des tables & des toits. Bomare, du Harz. 57. Schiltus polituram ad- mittens. Oel/lein. Schi- fus fpec. 2. W/aller: Pierre à aiguiler de Bo- mare, 58. Schiftus folidus. TAon- fchiefer. Schiftus durus. W/aller : Ardoife gon- fée de Bomare , du Harz. 59. Schiftus bituminofus. Brennender Schiefer. Schidus carbonarius. W/aller: de Roren- bourg. 60. Schiftus pi&orius, fcriptorius. Schreibfchiefer. Schi£ des grains de fer. Même réfultat. Scorie noirâtre, épaifle , gonflée. Il n’étoit pas en- tièrement fondu, Comme le réfül- SchwarzeKreide.Schi-|tat précédent. fus nigricus. H/aller. Comme le réful- Verre noir avec OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Réfultats des expé-|Réfultats des expé- riences dans un creufet de craie. Tout le creufet nétré par une ma- tière {corieufe, de manière qu'il ne tomboit pas à l'air en défaillance comme les autres: la même chofe ar- riva au N°, 47. Même réfultat. Comme dans le glaile, Verre couleur verditre, Scorie bleuñtre, mince, encore plus gonflée, entière- ment femblable aux fcories de fer. La fufon étoit plus complete, Comme le ré- fultat précédent. riences dans un creufet de char- bons, Verre noir avec étoit corrodé & pé-[des grains de fer. Même réfultat. Comrhe dans le creufet de terrelcreufet de terre glaile, Même réfultats Même réfultat: Même réfultat, Comme le rés fultat précédent, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47 Réfultats des expé- Réfüultats des expé-|Réfüultats des expé- riences daris un! riences dansun| riencès dans un creufet d'argile. | creufet de craie. ris. de char- ; Noms des Pierres. —————————— 61. Tripla informis. Tri Il avoitcommen| Verre gristre]| Comme dans le pel.Tripla {olida. J/aZ|cé à fe fondre &étoitavec un grain de creufet de terre- ler: Tripoli, de Drie-|devenu noir. fer. glaife, exceptéque Jen dans la Nouvelle- la fufon étoit en Marche. core plus forte, Elle n’étoit point) Verre grisâtre| Comme dans le du tout altérée, mais demi-tran{parent.|creufet de terre. s’endurcit beaucoup. 62. Stéatires rafilis. Spa- nifche K reide. Steatites creta hifpanica. Z/al- ler: Craie d’Efpagne de Bômare. Elle avoit com-| Scorie grisätre| Scorie noirâtre mencé à fe fondre, |& noirâtre, avec des grains de fer. 63: Steatites fornatilis opacus, Serpentinflein. Steatites ferpentinus. W/aller : Serpentine de Bomare, de Zoe- blitz en Saxe. Verrenoirätreavec|_ Elle n’étoit pas] Comme dans la Danemarck. I] faut re- des grains de fer fondue, ET EC À marquer que cette pier- [qui avoient rongé le|chée au creufet, re contient beaucoup|Creufet. de manganèfe du fe] commun, de manière qu'elle fait quelques effervefcences avec les acides, Delà vient fans doute la différence en- tre cette expérience & la précédente, vu que la manganèfe du fel commun fond bien l’ar- gile, au lieu qu’elle n'attaque pas Ja terre calcaire, 64. La même pierre de 65. Steatites fornatilis {-| Elle étoit devenue Point d’altéra-| Même réfultat, mi - pellucidus. Speck-Îlie, & quand ellelicn. Sein. Steatites lardites |toucha le creufet il Waller : La pierre de|y eut corrofon. lard de Bomare, de 12 Chine. 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, riences dans -un creufet d'argile: Noms des Pierres: EE 66. La même pierre de Dannemarck. dent réfultat. 67. La même pierre de] Scorie épaifle ti- Bisbery. fer. 68. Steatites nephriticus.| Verre de couleur Niereflein. Jafpis ne-|verte & jaune entre phriticus. AZ/aller :Imélé de grains de Pierre néphritique dejfer. Bom. des Carpathes. 69. Talcumi pulverulen-[: Verre noirâtre, tum. Talk - Erde von Gerd. 70. La même terre d'El- j Comme le précé- bingerode. dent réfultat, 71. Talcum venetum. IL étoit fondu par fout où il avoit tou- ché au creufet. Au refle il étoit devenu brunâtre & reflem- bloit au mica. 72. Talcum Molybdena. W/afferblen. Point de fuñon, la couleur noire de- vint plus claire, 73. Amianthus textorius.| Point de fufon, W/erber-Amianhe. Af\la couleur blanche beflus 1 & 2. W/aller :\devint noire. de Zoeblirz en Saxe. 74. La même pierre mé- Reichenftein. La différence entre les produits de N°. 73 & 74 , s'explique par l’obfervation faite au N°. 63. Refultats des’ expé-| Réfultats des expé-[Réfultats des expé- riences danssun creufet de char= bons. riences dans un creufet de craie. a ———— Comme le précé-| Réfultat fmbla-| Leprécédent ré ble au précédent. |fultat, Scorie très-min-| Scorie épaifle rant du gris au #/eu|ce, qui avoit pé-|avec une furface avec de grains defnétré à travers leslécailleufe noiri= pores du creufet. |tre. Pointde fufñon,| Scorie grife & mais adhérence aublanche avec des creufet. grains de fer. Maffe compaéte| Comme dans la! non fondue. craie. r Comme le pré-| Même réfultat. cédent réfultate Scorie grife &| Il s’endurcit fans mince avec unl/fe fondre, grain métallique, qui reflembloit au fer de fonte, mais que l’aimant n’at- tira pas, Point de fufon,| Sans aucune al: la couleur noire|tération, pasmême devint rouge, dans la couleur. Verre grisâtre. | Comme dans le creufet d'argile, Laftéatite fe fon-t Comme dansle| Point de fufon; Jangée de fleatites, deldit, & non l’aimant.|creufet d'argile. elle devint un peu compacte, à E SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 49 Réfüultats des expé-[Réfultats des expé-|Réfultats des expé- riences dans un| riences dans un| riences dans un creufet d’argile. creufet de craie. creufet de char- ons, Noms des Pierres, 75- Amianthus rigidus. Harter Amianth. À mianthus immaturus, W/aller: de Derbishire. Fondu ,oùilavoit|: Scorie verditre| : Point de fufon, touché le creufet. : |& jaunâtre. mais - devint com- paéte. Scorie un peu te-| Verre couleur] Comme dansle nace , grisâtre à Ja de cendre clairelcreufet d'argile, rigidus. aller : Faux|furface, où l’on ob-[avec les mêmes|mais la fufon étoit alun de plume , de Bo-|tientdescrillauxprif-|criflaux & avec|plus parfaite & Ja mare ; de Reichenffein|matiques , avec des|de grains de fer. |couleur de la (co- en Si/éfre, grains de fer. rie blanche. Le grain de la fcorie étoit poreux , & l’on voyoit dans ces pores les plus beaux criftaux pr'fmatiques. J’aisrépété cet effai avec une quantité plus grande, & j'ai obtenu un: grain d’une fcorie creufe au milieu. Cette cavité étoit remplie de criflaux plus beaux encore & plus grands, & à l’aide d’une loupe je pouvois diflinguer qu’ils avoient une figure hexaëdre. J’ai encore répété cet effai, & lorfque la mafle fut fondue, j'y ai verfé de l’eau froide; mais la criflallifation étoit confufe & reflembloit prefqu’à la pierre ponce. Enfin j'ai mis un autre morceau en fufon , après quoi j’ai fermé très-exac- tement la cheminée , pour éviter le tirant d’air. Tout étant refroidi, j’ai obtenu les mêmes crftaux que dans le pres mier effai. 76. Amianthus fragilis. Federweif;. Asbeftus 77. Gemma. Adamas. Diamanr. Diamant. J'en ai fait 4 expériences; à la premiére je V’ai ex- pofé au feu pendant une heure ; Le diamant pefoit| Le diamant pe-| Il pefoit 13 4 8 grains, nefe fon-|foitéÆgrains,nefe|grains ; même ré- dit pas, ne perdit rien |fondit pas& reflem-|fultat, avec la dif- de fon poids, ni delbloit entièrement|férence cependant fadureté, maisperditlà celui du creufetique le diamant de fon brillant. deterreplaife. {étoit encore un peu tran{parent, à la’ féconde expérience] Même réfultat. Même réfultat. | Même rélultat. j’aiexpofé la même pierre à un feu de 2 heures. Remarque : J'ai fait mes 2 expériences dans des creufets que j’ai fait mettre fur de la pou- dre de charbons. ( Kok- Jen-Gefluebbe. ) Tome XXVII, Part, Il, 1785. JUILLET. G so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; Réfultats des expé- riences dans un Réfultats des expé- Noms des Pierres. riences dans un creufet d'argile. Rélultats des expés riences dans un creufet de char- bon:. creulet de craie. Point d’altérar tion. Le creufet fe fondit avec le fa- ole, & le dia- mant difparut, Troifième expérience: feu Point de fufon de 6 heures; les creufets|mais r.fle de $ grains d'argile & de craie ontide pefanteur; la du- été pofés fur du fable ,reté étoit roujourste!- celui des charbons fur delle que l’on pouvoit la poudre de charbons. |fendre le verre. Point d’altéra= tion. Nouveau dia- mant pelant 2 pr. point de fufon; perte de tran{pa- rence & d’un quart de grain du poids. Quarrième expérience :| Point de réfidu ; le avec les 2 diamans qui|diamant difparut, me refloient, & un nou- veau, expofés à un feu de 6 heures, J’ai fait pofer le creufet d’argile fur du fable, celui de craie fur : de lamolybdène , & celui des charbons {ur de la poudre de charbons. 78. Gemma rubinus. Ru-| Poids de $ carats] Poids de 3 car.| Poids de 4 car. bin, Rubis, 2 grains; adhéfionau grains. Il fit un|2 4 £r.; point de creufet, point de fu-|creux de fa gran-|fuñon, point de fon, point de perteldeur au creufet ,|perte de poids, de poids. 11 devint|fans cependant fe|mais fa tranfpa- moinstranfparent, &|fondre. rence diminua un fa couleur tira fur le peu & la couleur violet, rouge fe changea en violettrès-pâle, Poids de 1 car. 11 É grains; point de fufñon, perte de tranfparence & X grain de poids. La couleur fut celle du réfultat dans le creufet d'argile, mais elle étoit un peu fale, 79. Gemma Smaragdus.| Poidsde r car. 8i| Poids de 11 gr. Smaragd, Emeraude. |gr. point de fufion , il avoit fai un il perdit 3 grain delcreux au creufet fon poids &.toute|fans indice de fu- .[fa tranfparence. Lafon. couleur fe changea en celle de Chryfo- prafe, 80. Gemma Saphirus| Poids de 4 car.| Poids de 3 car.| Voyez le réfal- Saphir. Saphir, 3 gr. il ne fe fondit|10 gr. point de fu-ltt du creufet de pas, ne perdit rien|fion, point de pertel craie. de fon poids ni de falde poids; mais la| tran{parence | mais|sran{parence & la (a couleur devint|couleur en avoient moins claire, un peu fouffert, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. SI Réfultats des expé-|Réfultats desexpé-[Réfultats desexpé4 Noms des Pierres. riences dans un riences dans un| riences dans un creufet d’argile. creufet de craie. re de char- L QE 81. Gemma Chryfolitus.| Poidsde écar. 72] Poids de 8 car.| Poids de 6 car. Chryfolir. Chryfolite. |gr. foible adhélion aul+ gr. point de fu {ro grains; même creufet fans fufon.[lon & même ré-lréfultat que celui La pierre ne perdiffultat que celui|dans la craie. rien de fon poids [dans le creufet mais elle n’étoit plus|d’argile. tranfparente & fa couleur devint d’un gris noir. 82. La même pierre du| Poids de 10 car] Poids de s car] Poidsder2 cat. Bréfl. 10% gr. point de fu- 114 gr. Je ne vis 13 gr. même réful- fon, la couleur &lpoint de yitrifica-|tat que celui dans le poids refterent lestion dans le creu |lecreufet d’argile; mêmes ; la tranf-|fet, mais la pierre|2Vec la différence parence diminua un[reflembloit à une|Cependant que la peu. coupelle (pénétrée|couleur tira un peu î de plomb, & mel{br-le noir & que fit point d’effer- la furface-étoit un vefcence. peu couverte, 83. Hyacinthus. Hiacinr.| Poids de 4 car.| Poidsde $ car. , Poids de $ car. Hyacinthe. 112 gr. elle fe fon-|54 gr fcorie grife,|54 gr. (Corie tranf- dit en un verre tranf|con tranfparente, |Pärente , entreme- parent, dont la cou- lée de petits grains leur reffembloit pre[ de fer , couleur qu’à l’émeraude, bleue refflemblant à celle de Saphir. 84. Gemma Topañus, de Poids de 3car.73| Poids de 3 car. Poids de 3 car, Bréfil. Topas. Topale.|gr- elle ne fe fonditléz gr. point de|8zgr.ellenefe fon. : pas, mais perdit falfuñon , perte deldit pas, refla tran{- tran{parence & 9+|parente; la couleur gr. de poids, cou-[ne fe changea pas, leur grisâtre. & elle ne perdit ! rien de fon poids. tranfparence, 64 gr. du poids & devint blanche. à : : Comme dans ! 8s. La mème pierre de] Elle devint blan-| Comme dans le Me dal. Saxe. che, opaque & feuil-|creufet d’argile , : : letée, fans fe fondre.|la couleur blanche is UD : [étoitentremélée de|"°! Hizs e . A Remarque : gris, Toutes ces pierres ont été expoftes à un feu violent d’une heure , & le creufet a été mis {ur de la poudre de charbons. Tome XXVII, Part. IL, 1785. JUILLET. G2 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Réfültats des expé-|Réfultats desexpé-| Réfultatsdes expé- n 1 riences dans un ñ riences dans un riences dans un Noms des Pierres. F 3 ÿ Seule de chars creufet d argile. creufet de craie. Pons me dhmmmthtntéte. | cette 86. Gemma Amathyftus.| Point de fufon,| Comme dansle Amethife, de Siléfie. |mais d'un opaque creufet de terre. Comme dans le creufet de terre, blanc. 87. Gemma granatus. Scorie noirâtre Scorie grisitre Scorie noire Granar, de Rohéme. avec des grains delqui avoit traverf|avec des grains de fer. les pores du creu-|fer, fet, Comme le pré- cédent , à l’excep- tion que les grains de fer étoient en- duits d’une croûte de fcorie bleue. 88. La:même pierre de Comme le précé-| Comme le pré- , Danemora. dent effai, excepté|cédent. Ra que la couleur de la {corie étoit brunâtre. -89. La même pierre ,jap-| Verre noirâtre| Scorie poreufe,| Scorie noire en- . pelée par Wallerius ,|avecun grain de fer.[fragile. Le creufer|tremélée de grands Granatus rudis, & par ne tomboit pas en fondus blancs & de M. de Bomare , Quarz défaillance à l’air.|[grains de fer. en granits, du même endroit. so. Bafaltes fpathous.| Verre jaunâtre &| Scorie verdâtre Verre de nee Spathhaltiger Schoerl, brunâtre avec une EE Ja même se L AE à ÆEhrenfriedorf enlcroûte de fer delCroûte. coup de grains de Saxe. fonte fur la furface. fer. Scorie très- mince , verdâtre & noirâtre. 91. La même pierre del Scorie trèstenace,| La fuñon avoit Neurode dans le Comte|dont la fufñon n’étoitlété telle, qu’elle de Glarxz. pas parfaite, avoit pénétré les EC pores du creufet, dans lequel je trou- vai une croûte de fer de fonte; aux parois fe montroit une criflallifation blanche, 92. Balfates criallifatus| Verre de verd- Albus. Saeulinfoermi-|foncé avec destaches ger Schoerl, de Jo-|blanches, hann - Georges - Sradr en Saxe, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 Réfultats des expé-[Réfültats des expé-[Réfultats des expé- riences dans un creufet de char- bons. riences dans un| riences dans un creufet d'argile. | creufet de craie. Noms des Pierres, it ———————— 93. Bafaltes albus femi- pellucidus, Æ7affer- Jchoerl, d'Ehrenfrie- derfiiorf. N'ayant pu pour le der- nier eflai employer d’au- ire morceau qu'une mi- ne d’étain mélée de cette pierre, je m'ima- gine que malgré toute Pexaditude employée pour la féparation de la mine, il y eft pourtant refté quelque chofe qui l'a empéchée de fe fon dre parfaitement. La fufon avoit commencé , mais trés-foiblement ; le morceau étoit deve- nu opaque & avoit changé de jaune en grise 94. Turmalinus criftalli- nus. Turmalin. Zeo- lithes ele@ricus. Z/a/- der : Tourmaline de Bomare, du Bréfil. Scorie , couleur de lait, bleuitre. os. Zeolithes fpathofus. Spathartiger Zeolith. Zeolithes lamellaris. Waller : d'Iflande. Scorie blanche , mais fale, 96. Spathum fcintillans Jamellofum. Fe/d/parh. Spathum pyromachum, Waller : Quarz appel- lé Feldfpath, de Bo- mare, de Freyberg. Verre demi-tranf- parent, couleur de lait. FT 97. Spathum fcintillans continuum. Ro/ffein de Szorbitz en Saxe. Scorie. opaque ; grisâtre. 98. Granites continuus. Dichrer Granit, von Alrenberg. -Il avoit beaucoup de Feldfpath, peu de Quarz & encore moins de Mica, 54 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, En réfléchiffant artentivemienc aux réfulrats des eflais précédens , on eut en déduire les conféquences fuivantes. (1) Il y a des pierres qui reftenr apyrées:, & qui ne fe fondent pas même dans des creufets de charbon, dans le degré de feu employé pour mettre en fufon le fer de forge. On doït ranger dans cette claile le quartz, le filex ou caillou , le prafe , les pierres calcaires, le plâtre, l'argile pure, le jafpe, quelques efpèces de gemmes des fmectires , des ftéatices, du talc & fur-tout ce qu'on appelle molybdène, quelques efpèces de gneufs, les grès purs fans parties calcaires, & le porphyre quartzeux. (2) I y a des terres & des pierres qui fe fondent à ce degré de feu indiqué, fans qu'on y ajoure aucun agent; par exemple, l'ordre des Auors, le genre du mica , du fchifte , du fchorl, du feld-fpath, de la zéoliche, les granits , quelques efpèces d'argile, de fmeélite, de faite, de talc, de gemmes, de porphyres, & tous les produits volcaniques-pierreux, (3) Entre les pierres fufbies il y en a qui entrent dans une fufion plus parfaite & plus complette que d’autres. On peut nommer celles-ci refraétaires, & les autres fuftbles. A cette dernière clafle appartiennent fur-tout le genre de fpath Auor, le bafait , le feld-fparh & plufieurs pro- duits volcaniques ; routes ces pierres peuvent fervir d'agent pour fondre toutes les autres ; méme les apyrées. (4) Les pierres apyrées n’ayant dans leur compofition rien que la terre vitrifiable, faline , calcaire ou alumineufe , reftenc apyrées, de même que celles qui n’ont que la terre vitrifiable & alumineufe, en proportion égale ; ou dans la mixtion defquelles la terre vitrifiable eft prépondérante, ou en proportion égale. Les effais faits avec des pierres vitreufes , alcalines & calcaires faturées avec l'acide vitriolique, que nous nommons les gipfeufss , avec de l'aroile pure, avec le jafpe, prouvent rout ceci. La matière inflammable y con- tribue de fa part; car les fchiftes bitumineux ne fe fondent pas fi bien que les autres; ce qui oblige le fondeur de calciner tous les fchiftes . cuivreux avant leur fufion. La même chofe fe manifefte pour le tale, donr les efpèces qui contiennent beaucoup de matières inHammables , réfiftent le plus au feu. (5) Les terres falines calcaires ou alumineufes que l'on comprend fous le nom général d’alcalines , principalement [a terre calcaire, font les fondans prefqu'univerfels. Dès que lefdites terres alcalines font mélées avec la terre vitrifiable en différentes proportions, leur rapport eft auñi différent dans la fufñon. L'addition de la matière phlogiftique eft caufe d'autres phénomènes femblables, Par exemple, on fair que le limon le plus facile à fondre devient parfaitement apyré par l’addirion de la poudre de charbons. ; (6) La ftruure cryftaliine ou pâteufe des pierres n’influe aucunement fur leur nature fulñble ou apyrée, Le marbre en pâte & le fpath calcaire SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $s cryfta in offrent les mêmes phénomènes; il en eft de même de la lave ® & du bafalre. (7) Les etais de plufeurs pierres fondues, fans addition d'aucun agent , prouvent qu'elles fe forment en cryftaux. Ceci nous démontre la potfbilité de la formation de plufieurs cryftaux par la fonte , & explique en même-rems l’origine des cryftaux que nous trouvons dans les laves. (8) La cohéfion plus ou moins forte des pierres-n’influe pas fur leur nature fufñble ou apyrée; par exemple, le porphyre d'Egypre | extrème- ment dur , fe fond très-aifément ; au lieu que le marbre ; infiniment plus tendre, réfifte à la fufon. (9) En faifant l'application de nos effais à la fonte des mines on ne peut ranger parmi les fufibles & fondantes que les pierres qui fe fondent dans les charbons ; car le mêlange des mines & des fondans fe trouve toujours entouré de charbon dans là fonte. Il y a cependant ici une autre confidération qui fe préfente & für laquelle il a fallu faire les’ effais expofés dans le Tableau-ci-joint. Car dans la fonte il faut avoir égard à la mixtion de plufieurs terres, foi celles defquelles fone compofés les minéraux à fondre , foit celles du fondant qu'il leur faut donner, Compofitions. Creufet de terre glaile. Creufet de charbons, æ. Arpile apyrée....1 p Verre jaune. Même réfultat, Craie......... -2P . 2. Spath fufble....1 p Verre blanchâtre, Même réfultat, Craie ere 2 3. Argile apyrée....1 p Verre jaunitre. Même réfultat. Manganèfe de fel.1 p. 4. Argileapyrce ...1'p.Commencement de fufon. Fuñon plus-forte. Terre d’alun....,2 p. ; s. Arpile. + 4... “1p Verre verditre, - Verre grisâtre, Terre de cailloux. p (ETES ASE 4 p / 6+ Argile..........1 p Verre jaunâtre. Point de fuñon. Gpe) SE en p ÉTIE HopBuoanr 4 p é nt d'Efpa.r p . Verre jaunûtre. Point de fufon. Craie ordinaire...2 p. “8. Terre de Caïlloux.2 p.{Se fondit avec le creufet, Fufon parfaite, Craie”... :54.727 +1 p| & non pas avec la terre| -! Feldfpath. ......1 p.l de cailloux. Ces effais démontrent évidemment qu'il y a des mélanges qui reflent apyrés dans Les. creufets de charbons, au lieu qu'il y en a qui fe fondent dans des creufets de rerre glaife, ILréfulte de-là,, que pour bien ordonner da fufñion des mines, pour épargner des charbons & du tems, pour #56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ebtenit le produit le plus grand & le plus pur; chaque fondeur devtoit avant tout examiner le rapport des mélanges qu’il veut faire, pour voir, : lequel eft de plus convenable. Ces eflais font d'autant plus néceflaires & plus effentiels , que le huitième effai prouve qu'il y a dans la fufñon des pierres entr'elles une affinité telle qu'elle fe trouve dans d'autres. corps. Nous voyons que:la terre calcaire atraque plus vivement la terre argileufe que la terre vitrifable. Un autre avantage que le fondeur pourroir en tirer fe trouveroit: dans le choixides matières dont il conftruic les fourneaux & leurs foyers ; relativement à la nature des matières qu'il fond. D'abord il faut choifir des matières vraiment apyrées. En fecond lieu , il faut prendre garde de choifir des matières qui fe fondent par l'addition du fondant qu'on veuc ajouter aux mines que l’on fond, On auroic tort fi en fondant une mine argileufe ou quarzeufe avec la pierre calcaire, on vouloir faire les parois & les foyers d'argile ; dans ce cas il faut fe fervir des pierres vitreufes ;; parmi lefquelles on peut ranger les différentes fortes de grès purs fans terre calcaire. | . Puifque ces données prouvent Putilite de mes effais pour Îles fondeurs des mines , je ne parlerai point de leur influence fur Jes fabriques de porcelaine, de fayence, de pots, de briques, de creufets , & je ne manquerai pas de les continuer, pour trouver les phénomènes qui réfultent du mêlange des différentes pierres expofées dans des creufets de différentes efpèces. É go EXTRAIT DES OBSERVATIONS DE MM. GIORGI. ET CIONT, MÉDECINS A FLORENCE, Sur l'Analyfe que MM. Meusnier 6 LAVoOIsIER ont faite de l'eau en 1784. ON avoit regardé jufqu'à préfent l’eau comme un être fimple. Mais M. Lavoifier la croit aujourd'hui compofée de gaz inflammable & de gaz déphlooiftiqué. Les expériences qu'il a faites avec M. de la Place pour établir cette théorie font parfaitement d'accord avec celles que M. Monge avoit faites à Mézières. Cependant la conféquence qu'en ont tirée ces célèbres Phyficiens n'a pas été généralement-admife. Certe nouvelle théorie renverfe rout le fyftême de’Sthal, & les phénomènes que les Chimiftes croyoient dépendre du phlogiftique auront une toute autre caufe, La calcination , par exemple , ne cônfiftera plus dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 57 dans la perte du phlogiftique, mais elle fera une combinaifon du gaz déphlogiftiqué avec le corps calciné; & ce même corps pour être ramené à fon premier état perdra ce gaz déphlogiltiqué fans acquérir de phlogiftique. M. Lavoifier croit que la combuftion du gaz inflammable avec le déphlogiftiqué produit de l'eau, par la loi des affinités. IL penfe également qu'on peur décompofer l’eau & en extraire les gaz inflammable & déphlogiftiqué, par la même loi des affinités, en fourniflant à l’eau un corps qui ait plus d'affinité avec le gaz déphlo- giftiqué que celui-ci n'en a avec le gaz inflammable, C’eit ce que lui ont paru opérer les corps dans leur combuftion & les métaux dans leur calcination. ? y Mais M. Watt a une autre façon de penfer , fuivant ce qu’écrit M. Magellan à M.le Comte de Morrozo. Il croit que l'eau n’eft autre chofe que le gaz déphlogiftiqué dépouillé d'une partie du feu élémen- taire qui eft uni au phlogiftique ; & que le gaz déphlopiftiqué elt l'eau privée de phlogiftique, mais unie À une très-grande quantité de feu élémentaire. D'où il s'enfuit que dans J'hypothèle de M, Lavoifer l'eau eft compofée des gaz inflammable & déphlogiftiqué ; & dans celle de M. Warc elle eft le gaz déphlogiftiqué furchargé de phlogiftique , mais dépouillé de feu élémentaire : ainfi dans la première opinion le gaz déphlogiftiqué provient de la décompofition de l'eau fuivant la loi des affinités, & dans l’autre ce gaz eft un compolé. L'eau, fuivant M. Lavoifier, donne du gaz inflammable lorfque {on gaz déphiogifti- qué trouve une autre bafe avec laquelle il a plus d’ainité ; fuivant M. Watt, l’eau fe change en gaz déphlogiftiqué, lorfqu'elle peur fe combiner avec une grande quantité de feu élémentaire, & l'eau qu'on obtient par la combuftion des deux gaz inflammable & déphlogiftiqué n'eft produite que par finthèfe par une combinaifon de Pair déphlo- giftiqué. M. Lavoilier pour prouver fa théorie, mit de la limaillé de fer avec de l’eau dans des vaiffeaux pleins de mercure. Il fe dégagea du gaz inflammable de cette limaille, &t il y en eur aflez au bout de quelques jours pour l’enflammer. En même-tems la limaille fut calcinée par l’abforption du gaz déphlogiftiqué de l’eau. Mais M. Meunier craignit qu'on ne jetâc quelques doutes fur cetre expérience , quoiqu'elle eût été faite avec de l’eau diftillée (1). Il crut que la matière du feu étoit effentielle à la formation de ces difiérens (x) C’eft que j’ai fait voir, que l’eau de chaux ne dégageoïit point d’air inflammable de la limaille de fer, ni l’eau purgée d'air par l’ébullition , quoique cette derniere altère un peu la limaïille. Nore de M. de la Metherie. Tome XXVII, Pare. IT, 1785. JUILLET. H 58 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fluides aériformes , qu'elle étoit toujours abforbée dans toutes les expé- riences où il y avoit production de quelque gaz , & que les combuftibles ne s’enflammoient, les métaux ne fe calcinoient par la chaleur, que parce qu'ils avoient une plus grande affinité avec le gaz déphlogiftiqué. Ain, fuivant lui, la chaleur de l’atmofphere n'opéroit- qu'un léger dégagement de gaz inflammable, Îl penfa en conféquence que pour décompofer plus facilement l’eau, & en obtenir en peu de tems une plus grande quantité de gaz, il falloit lui faire éprouver Le plus grand degré de chaleur, & l'amener prefqu'à l’incandefcence; c'efl ce qu'il fit avec M. Lavoifier en préfence de M. Bertholler. Ils firent tomber goutte à goutte de l'eau dans un tube de fer incan- defcenr. Il fe dégagea une très-grande quantité de gaz inflammable, tandis que le tube fut calciné intérieurement par l'abforption du gaz déphlooiftiqué. Ce gaz inflammable éroit femblable à celui que l’on retire du fer par l'acide vitriolique , & détonnoit également étant mêlé avec le gaz déphlogiftiqué lorfqu'on en approchoit une bougie. L'odeur étoit cependant différente , & reflembloit à celle que les Chimiftes appellent empyreume. Ce gaz étoit neuf fois plus léger que le gaz atmofohérique. Le tube de fer fut altéré peu-à-peu, & enfin calciné au point de ne pouvoir plus fournir d'air inflammable; ce qui parut démontrer que le gaz déphlosiftiqué de l’eau s’étoit combiné avec le fer (1). La même expérience répétée avec des tubes de cuivre, l’eau ne fut point décompofée, & il n’y eut point de dégagement d'air inflammable, Quoique ces expériences euflenc été faites par MM. Meufnier & Lavoifier, & en préfence d’un orand nombre d’Académiciens , que nous n’en révocaflions nullement l'exactitude , nous voulmes les répéter , & fuivimes les mêmes procédés que ces Meflieurs , néanmoins nos réfultats furent entièrement oppofés. Nous n'avons pu retirer de l’eau ni air inflammable, comme MM. La- voifier & Meufnier, ni air déphlogiftiqué, comme M. Watt. Sans nous arrêter au détail de nos expériences que l’on pourra voir dans notre Ouvrage, nous expoferons ici feulement en quoi elles different de celles de MM, Lavoifier & Meufnier. Le gaz que nous avons obtenu r’étoit point inflammable ; mêlé avec le gaz déphlogifliqué, il n'a jamais pu s'allumer, ni n'a préfenté aucun des phénomènes du gaz inflammable. Les animaux pouvoient le refpirer, (1) M. Sage reçut des lettres d'Allemagne au mois d'Août 1783, qui lui apprirent que MM. Haffenfraft , Stoultz & d'Hellancourt avoient obtenu beaucoup d'air inflammable , en plongeant un fer rouge dans de l’eau, La même expérience a réuffi à M, Lavoifer, 3 SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. so les corps y brûloient , il n’éroit point acide, & éprouvé à l’eudiomèrre avec le gaz nitreux, il s'eft trouvé meilleur que Le gaz atinofphérique, mais pas auf bon que le gaz déphlogiftiqué (1). ÿ Il ne fentoit point l'empyreume. Son odeur étoit particulière, & nous ne faurions à quoi la comparer. Il étoit un peu plus pefant que le gaz atmofphérique. Le tube de fer dans lequel nous avons opéré n'a point été altéré, & a continué à nous donner du gaz, quoique nous nous en foyons fervi plus de dix fois. Sa furface intérieure n’a préfenté aucune trace de rouille , de calcination & d’altération quelconque , quoique nous l’ayons employé à dix fois plus d'expériences que MM. Lavoifier & Meufnier. Les tubes de cuivre, d'argile, de verre , de porcelaine nous ont donné du gaz comme ceux de fer. Le gaz a été toujours à-peu-près le même. Cependant la nature des tubes & le degré de chaleur le fait un peu varier. Mais ce qui nous paroît le plus digne d'attention , c’eft qu'il ne nous a pas fallu un auffi grand degré de feu pour convertir l'eau en gaz qu'à M. Meufnier. Nous y fommes parvenus à un très-petit degré de chaleur (exiguo calore ). « Tels font les réfulrats de nos expériences bien différentes de celles de Mefieurs de l’Académie. Nous ignorons comment des Savans d’un fi grand poids ont fait leurs expériences. Il fe peut qu'ils aient été induits en erreur par quelque circonftance qui leur aura échappé malgré leur fagacité. IL eft furprenant que le célèbre M. de Fourcroi ait embraflé l'opinion de MM. Lavoilier & Meufnier , à laquelle il a cependant fait quelques changemens (2), fans avoir des expériences particulières. Nous fommes aflurés qu'un ami de la vérité comme lui, ne trouvera pas mauvais que nous difions que nos expériences ne font pas conformes à fon affertion. M. de la Metherie, qui a aufli combattu ces expériences, ne croit point que l'eau foit produite par la combuftion des gaz inflammable & déphlogiftiqué (3). Il penfe que le gaz inflammable elt fourni par Le fer, & il en apporte pour preuve qu’il ne fe dégage point de gaz inflam- (x) On voit que nos expériences different de celles de M. Watt & de fes obfervations. (2) Il reconnoît qu’on a retiré du gaz inflammable dans ces expériences; mais il croit que ce gaz eft dû à quelque principe inconnu appartenant à l'eau , lequel fe combine avec le phlogiftique du fer. Ainf l'eau eft compolée de ce principe inconnu & d’air déphlogiftiqué. Mémoires de Chimie , an. 1784, page 425. (3) 12. Parce que ces gaz contiennent toujours une certaine portion d’eau en diffolution. ": 2°. Le poids de l’eau qu’on obtient par cette combuftion n’eft jamais égal à celui des airs employés. Tome XXVII, Part. IL, 1785. JUILLET. Ha 6o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mable, fi on fait l'expérience dans des tubes d’or , d'argent ou de cuivres ce que confirment encore les expériences de MM. Haïlenfratz , Stoultz & d'Hellancourt, dont nous avons parlé. D'ailleurs, M. Prieftley & plufieurs autres Phyficiens n’ont point retiré des chaux de fer du gaz déphlooiftiqué , mais de l'air fixe ; ce qui cependant feroit effentiel dans la théorie de MM. Lavoifier & Meufnier; d'où M. de la Metherie a conclu que l'eau n'étoit point compofée de gaz inflam- mable & déphlogiftiqué (1), & que c’étoit le fer du tube & non l’eau qui avoit fourni le gaz inflammable dans l’expérience de MM. Lavoilier & Meufnier. Voyez le Journ. de Phyfique , 1784. Nous n'avons eu de l'air inflammable avec aucune efpèce de tube; mais avec les tubes de fer eux-mêmes nous avons obtenu le gaz particulier dont nous avons parlé, & dont nous faifons connoître plus particulière- ment les qualités dans notre Ouvrage: c'eft pourquoi nous ne faurions être de l’avis de M, de la Metherie. Nos expériences ne font point conformes aux raifonnemens de cet illuftre Phyfcien , puifque nous avons toujours obtenu le même gaz avec les rubes de fer, de cuivie & autres. M. T'houvenel ayant prouvé qu’en faifant bouillir de l’eau, ou l’expofant fous la machine pneumatique (2), on la dépouilloit de tout air, nous nous fommes fervi de cette voie pour avoir de l'eau qui ne continc point d'air ; & enfuite il nous a paru que nous l’avons toute convertie en air. Tous nos réfultats étant donc oppofés aux expériences de MM. La- voifier & Meufnier , à la théorie de M. Watt, aux obfervations de M. de Ja Metherie, & à toute autre opinion connue, nous croyons qu'ils pourront jetter un grand jour , non feulement fur. la Chimie , mais augmenter nos connoiflances fur l’atmofphère : c'eft ce que nous faifons voir plus amplement dans notre Ouvrage. . Nous allons travailler , non-feulement à confirmer ces expériences , mais encore à déterminer la nature, les propriétés & Îa quantité de ce gaz. Ceci nous paroît aflez intéreflant pour que nous nous y livrions entièrement, & nous forcera d'interrompre les expériences que nous avions déjà faites fur l’analyfe des animaux & des médicamens. (x) Des Phyfciens Anglois, (MM. Prieflley & Kirwan, Journ. de Phyfq. Juin 1783 ) avoient obtenu une grande quantité d’air en faifant pafler de l’eau dans des tuyaux de pipe incandefcens ; mais cet air n’étoit qu’extrait de l’eau. Journ. de Phyfq. 1784 (*). ë (2) Voyez l'Hifloire de la Société Royale de Médecine, tom. pour les années 3777 & 1778, page 247. €) Ces expériences de MM. Prieflley & Kiryan font affes conformes ä celles de MM, Giorgi & Cioni, Nvte de M, de la Metherte, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 61 LETTRE DE M CHAPTAL, PROFESSEUR DE CHIMIE DES ÉTATS-GÉNÉRAUX DE LA PROVINCE DE LANGUEDOC, A M L'ABBÉ MONGEZ,; AUTEUR DU JOURNAI DE PHysrque. Montpellier, le 16 Avril 17854 e Monsieur; Je viens de recevoir une Lettre de Milan, en date du 6 avril , dans laquelle M. le Chevalier Landriani me communique des expériences très-intéreflantes qu'il me charge de faire connoître au Public par la voie de votre Journal, J’avois fait part à cet illuftre ami d’un procédé auf fimple qu'efficace pour préparer des oïfeaux, de petits quadrupèdes & autres animaux, par le moyen de l’éther. Je vais vous décrire mon procédé ; je l’ai exécuté conftammenrt avec un égal fuccès, & je le crois digne d’être connu du Public. Jé vuide d'abord les animaux de tout ce qui peut être contenu dans les inteftins, ou par une preflion graduée dirigée vers l’anus, ou par une forte injection qui chaffe au-dehors toutes les matières. Céla fait, je lie l'anus avec un fl; j'injecte de l’éther par la bouche ou le bec, à l’aide d'une petite feringue , je les farcis de cette liqueur & les fufpends par la tête, Je perce un œil, en vuide le cerveau, & y fais pénétrer de l’éther qu'on y retient en bouchant l'œil avec un tampon, Le lendemain ou le furlendemain , on renouvelle l'injetion dans Fintérieur du corps, & on la continue jufqu'à ce que l'animal foit - parfaitement defféché. A -mefure qu'il fe defsèche , on peut lui donner des attitudes conve- nables ; & lorfque la deflicarion eft complette, on peut conferver l'animal, fans foin, fans embarras, & prefque fans précaution. Une perruche, préparée de cette manière en 1782, eft reltée perdue derrière Les rayons 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'une bibliothèque pendant deux ans, fans que la forme du corps , la folidité de l'attache des plumes en aient paru altérées. Cette méthode me paroïît préfenter quelques avantages, 1°. Je la crois neuve : M. Touchy, de la Société Royale des Sciences de Montpellier, qui s'occupe avec fuccès d'Ornithologie, a propolé l'efprit-de-vin il y a quelques années; mais une fois que la partie fpiritueufe de cette liqueur s'eft difipée, l'eau qui refte facilite la corruption , tandis que l'écher entraîne en s'évaporifant, & l’eau qu'il contient & celle du corps qui en eft imbibé. 2°. Cette méthode a le double avantage de ne point oâter les formes, & de ne pas altérer éclat du plumage. 3°. Le procédé en eft peu coûteux : une once d'éther m'a toujours fui pour préparer de petits oifeaux. Trois onces & demie ont fuff pour un très-gros perroquet ; & la modicité du prix auquel j'ai réduit l’éther propre à ces opérations, permettroit même qu'on en fic ufage pour des animaux d'une certaine grofleur (1). e 4. On peut en tout tems & à chaque inftant employer cette méthode, : 5°. Elle peut être pratiquée par tout le monde. J'obferverai que la préparation eft plus longue, plus difficile & moins complette dans les animaux bleffés dont le corps préfente des ouvertures par où l'éther s'échappe : il convient donc de les étouffer pour les foumettre à cette opération lorfqu'ils ne font pas morts naturellement, J'obferverai encore que la préparation eft plus ou moins prompte, felon que le rems eft plus où moins propre à favorifer l’évaporation de l'éther & le defféchement de l'animal. Peut-être que par le moyen d’une chaleur artificielle on abrégeroit le tems de la préparation. Je crois que la théorie de cette opération confifte en ce que lécher en fe diffipant, volatilife l’eau répandue dans le corps animal , le defsèche infenfiblement, & détruit la feule caufe qui favorife la putré- fadion, L'art de deffécher les viandes , & de les garantir de la pourriture ; communiqué en divers tems par MM. Vilaris & Cazalet, paroît confirmer notre théorie, (1) Dans ma Fabrique de fels & acides minéraux établie à Montpellier, je vends 4 liv, le meilleur éther pofible. SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 BEXUUR AIT D EMLET.T-R.E DE M. LANDRIANI, Sur la décompofition de l'Efprit-de-vin & de l’Alkali volaril. De Milan, le 8 Août 178$. A L'imrTATIioN de MM. Prieftley & Lavoifer, j'ai fait pañler par un tube échauffé au rouge les vapeurs de l’efprit-de-vin contenu dans une petite cornue , une très-grande quantité d'air inflammable mêlé à beaucoup d'air fixe pafle à flots, & on trouve dans le tuyau une quantité confidérable de matière charbonneufe. IL paroît par ces expériences que l'efprit-de-vin eft compofé d’une huile éthérée qui en fe décompolant, fournit la matière charbonneufe qu'on trouve dans le tube ; la partie phlogiftique fe métamorphofe en air inflammable, & probablement l'acide fucreux qu'on dit contenu dans l'efprit-de-vin , fe change en acide méphitique. La quantité d’air inflammable qu'on obtient par ce moyen eft prodigieufe. Si au lieu d’efprit-de-vin on met dans la cornue de l’alkali volatil cauftique , & fi on fait pafler les vapeurs alkalines, ou pour mieux dire, V'air aikalin de Prieftley par un tuyau incandefcent , il perd tous les caractères d’alkalefcence , & fe change en air inflammable qui brüle avec une flamme femblable à celle de l’air inflammable métallique , & qui mêlé à parties égales avec Pair commun, détonne avec la plus grande force. L'odeur de cet air approche de celle de la fumée de la lampe. Vous voyez que les phénomènes de la détonnation du nitre ammo- niacal , de l’or fulminant , de la réduétion des folurions métalliques par Valkali volatil font expliqués heureufement , que ce que M. Cyra, le Docteur Prieftley & plufieurs autres avoient obfervé fur l'air alkalin, s'explique fort heureufement par mes expériences. L'alkali volatil parfaitement cauftique en paflant en vapeur dans le tube rouge, fournit non - feulement une quantité prodigieufe d'air inflammable très-pur , mais encore une quantité notable d’air fixe qui précipite l’eau de chaux , &c. Si un fage fcepticifme ne nous défendoit pas de tirer des conféquences trop promptes d'un petit nombre d'expériences , on feroit tenté de regarder l'alkali volatil comme une efpèce de foufre , compofé d’un acide particulier , que la chaleur réfout en air fixe & inflammable. Le Chevalier Lorgna vient de publier un Ouvrage fur la cire punique, 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par lequel il démontre que la cire punique dont les anciens fe fervoient pour les peintures à l’encauftique, n'étoit qu'une efpèce de favon fait de cire & d’alkali minéral. M. Lorgna vient de mécrire qu'il fait peindre des tableaux avec ce favon , qui ont réufli au-delà de fes efpé- rances, & que les couleurs ont le plus grand éclat & la plus grande vivacité. NE EE, LS DURE DE M DE MORVEAU, AUx AUTEURS DE ce RECUEïrL, Sur la diffolubilité des Sels dans l’efprit-de-vin. A Dijon, ce 21 Avril 1785, Mzssrurs, L'efprit-de-vin étant un inftrument d’analyfe , il feroit très-intéreflant de favoir quels font les fels qu'il diffout, en quelles proportions, & dans quelles circonftances ? M. Macquer avoit commencé à raflembler des. obfervarions très-précieufes fur ce fujet ; mais M. Wenzel , dans fon Traité des Affinités , me paroît avoir porté le travail beaucoup plus loin ; fes belles expériences m'ont mis à portée de drefler pour l'ufage des Cours de Chimie de l’Académie de cette Ville, la Table, dont je joins ici une copie, & qui comprend cinquante-deux fubftances falines , je pente qu'elle pourra faire plaifir à quelques-uns de vos Lecteurs. Je fuis, &ce TABLE 6$ SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS. “Nitre de cobalf.....10........240 gr. Dans24o grains d’e prit-de-vin. | TABLE de la SELS FACILEMENT ‘SOLUBLES. = Degrés © OMS duTherm. Quanrites des Sels. de diffoures. Rétumur. EE D. ee CD DS 'n 2 Nitre de cuiyres...,10. 4.0... 240 Muriate de zint....10..,,....240 Muriate alumineux..10,.,.,.,.240 Nitre alumineux...,10,,,...,.240 Acète de plomb....36........240 7 Acide benzonique..,46........240 Nitre magnéfen....66........694 Muriate magnéfien..66.,.....1313 Muriate de fer......66......,.240 Muriate de cuivre...66.:......140 Nitre de zinc décompoyé. Nitre martial décompofé en partie. | , Nitre de bifmuth décompofËen partie. LE — difolubilité des Sels dans L'Efprit- dé - Vin. SELS PEU SOLUBLES. Free || SELS INSOLUBLES. || Noms Quarité Borax. œ des Sel En Acidule tartareux, (Créme sers difoure| "ge Tartre.) Te > VS |Sel commun, Muriate calcaire. ..........e.......240 Bel Alun Nitreammoniacal.....:.:. 4.4... ...214 Müriate mercuriel corrofif.....:......212 Acide karabique...........s..s.e..e.177 Acéte de (oude (serre foliee criftall. )....112 Nitre d’argent....,.....,...........100 SuCre rafié ne eat Sere cire eislaruierais eee 0 90) Dans40o JAcide boracin, ( fel fèdarif. )..........48 grains def Nitre de foude..........,......se..e23 prit-de-vin AGE AE CHIVIE. . . see se coop oise ne cs sen au depré de Sc 4 " Pébulliton, [°° ARMONACEE » sh esse erasepe sens es 07 © Arfeniate de potafle....................9 Acidule oxalin (ou fel d'ofeille.)....:....7 Nitre ae sel see darelrialéte io ste 2 ve es fn d Muriate de potafle....................05 Arfeniate de foude....................:4 Chaux-blanche d’arfenic................3 Tartre de potafle, ( [eZ végétal. )........1 EE = ——————— —| Acide phofphorique.— ; Vitriol ammoniacal, Vitriol de fer. Vitriol de cuivre, Vitriol de zinc. Vitriol de potafle. Vitr'ol de foude, ( SeZ de Glauber.) Tartre de-foude, (SeZ de Seignerte.) X 0 | rS + Vitriol calcaire, (Se/eénire.) Nitre de plomb. Nitre mercuriel. Muriate de plomb. Vitriol d’argent. Vitriol de mercure. Méphite de porafle, ( a/kaii | véréral aéré, crayeux.) Mépbhite de foude (ou foule en criflaux.) al e XXVII, Part. AT, 1785. JUILLET. om s + 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L EIT'ERSE DE M. LE CHEVALIER DE LAMANON, DE L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE TURIN, CORRESPONDANT DE CELEE DE PARIS, A M. DE LA :METHERTE, ‘ :DocTEUR- MÉDECIN, RÉDACTEUR DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Sur la combuftion du quartz , du cryflal de roche & des pierres qui leur font analogues. T ous les Savans connoiflent les belles expériences de M. d’Arcet fur la combuftion du diamant ;;& celles qui en ont été la fuite. La propriété u'on lui a reconnue de s’enflammer , a déterminé MM. d’Aubenton &= er de l’ôter, pour ainfi dire, de la. claffle des pierres , pour le ranger dans celle des charbons & des. corps combuftibles. Mais le diamant a-t-il exclufivement cette propriété, & comment ne convien- droit-elle pas au cryftal de roche & au quartz, avec lefquels il a tanr d’analogie? Ces pierres ont beaucoup de rapports communs, tels que l'apparence vitreufe, la grande dureté, la propriété de devenir phofpho- riques par la lumière du foleil, celle de s’électrifer par le frottement , d'être inattaquables aux acides, de fe fendiller & de perdre en partie la tranfparence par l'action du feu, &c. &c. Comment avec tant de caraétères communs le cryftal de roche & le diamant pourroient-ils avoir une origine fi différente, que l’un dût être rangé parmi les pierres brutes, & l'autre parmi les corps combuftibles ? L'étude fuivie des montagnés qu'on avoit cru devoir appeller primi- tives, leur pofition relative, leurs diflérens accidens , & mille circonf- tances, qu'il m'efl impoflible de détailler dans ce Mémoire , & qui fe trouvent dans ceux que j'allois publier fur l'hifloire naturelle de la Terre, me prouvent que les quartz & les granits ne font qu'un réfidu de la matière organifée, c'eft-à-dire, des planres & des animaux autrefois vivans ; j'ai fait mention de mon opinion (qui eft le fondement de ma théorie de la Terre) dans un Mémoire imprimé dans le Journal de Phyfque du mois de mai 1782. D'après ces idées j'ai cru qu'on devoit ranger tous les corps du règne minéral en deux clafles, dont la pre- mière comprend les /ubflances organifées foffiles , & la feconde, les £UR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 décompofitions & furcompofiions des fubflances organifées. C'eft d'après ce plan que j'ai rangé depuis lông-tems mon cabiner d’Eliftoire Naturelle, Le diamant, le quartz, le cryital de roche, &c. m'ont paru ne faire qu'un mème genre de pierre différemment modifiée. Le quartz , le cryftal de roche & toutes les pierres vicrifiables donnent, en les frappant avec le briquet, ou en les frappant l'une contre l'autre, de très-vives étincelles : ayant fait beaucoup d'atrencion à ce phénomène, je me fuis afluré que la fcintillation des. pierres ne pouvoic être regardée comme une fimple lueur phofphorique ; mais qu’elle produiloic: an véritable feu femblable à nos feux factices , & qui ne pouvoir avoir lieu fans combultion. La théorie, f on y fait quelqu’attention , nous conduit donc à regarder toute fcintiilation opérée par le choc comme une véritable combuftion ; & cette efpèce d'analyfe par fcintillarion doit ètre ajoutée aux autres moyens d'employer le feu. Elle eft même d'autanc plus in’éreflante, qu'on-ne fe fert d'aucun intermède. Un quartz frappé contre un autre quartz tre le feu qui le confume de lüi-même, & on pe peut fuppofer que les érincelle qu'il nous donne, & le grand feu qu'il produit, foi alimenté par des fubftances étrangères à fa com- polition. + Quand je ne confidérerois les pierres vitrifiables que relativément à leur fcintillation par le choc, je ne craindrois pas de conclureiqu'elles doivent être rangées comme le diamant parmi les corps combuftibles ; mais ici l’obfervation vient au fecours de la théorie & en prouve la vérité. > En frappant deux quartz l’un contre l’autre de manière que rout ce qui tombe foit reçu par un papier blanc qu'on place deflous, & exa- minant attentivement le detritus, on diftingue , même fans loupe, une grande quantité de petits corps noirs femblables à des œufs de mouche ; on peut les ramafler avec un pinceau de plume légèrement mouilié, & en faifant un petit amas, on a la faciliré de reconnoître que tous ces petits corps font durs, mais friables, & en les frotrant avec force contre le papier, ils y laiffent fouvent une trace noire affez femblable à celle des petites parcelles du charbon. Si on les obferve avec un excellent microfcope , tel que celui de M. Dellebarre , ils paroiffent avoir fubi une vitrification plus ou moins complette , & être enduits d’une pouflière noire qui n’elt jamais attirable à l’aimant, Ayant foumis à l’obfervation microfcopique les produirs de la fcintillation du quartz, du cryftal de roche, de la calcédoine, du filex, & d'un grand nombre d’autres pierres, jai toujours obtenu cetre matière noire , préfentant quelquefois des globules & des pores. Deux favans Phyficiens, à qui j'ai fait part de ces expériences ; Ont imagiré de foumettre ces petits corps noirs qu'ils ont très-bien reconnus, à l’action de l'acide marin; ils ont obfervé qu'ils Tome XXVII, Part. Il, 1785. JUILLET, 2 63 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, perdoient leur couleur noire pour en prendre une verte, il en arrive autant à plufeurs laves, & à toutes les ferpentines noires. Plus le corps dont on tire des étincelles par la fcintillation eft caffant, plus les étincelles fonc fortes, plus auñli les points noirs fonc gros & abondans. Le feu produit par la fcintillation a donc un degré d'intenfité bien grand, puifqu'il opère dans un clin-d'œil des combuftions & peut- être des vitrifications , qu'avec tout l'appareil de nos fourneaux & de nos verres nous ne fommes pas venus à bout de produire, Pendant la combuftion & avant mème qu’elle ait lieu , il s’exhale une vapeur que je confidère comme une véritable fumée, & que nous ne pouvons reconnoître qu'avec le fens de l'odorat ; mais il en eft vivement frappé, IL n'y a perfonne qui n'ait remarqué cette odeur fingulière qui s’échappe des pierres qu'on frotte l'une contre l’autre. Ce fonc donc les parties de quartz enflammées & dans un véritable état de combuftion qui forment les étincelles qu'on obtient par la collifion de deux quartz , la vapeur qui s'échappe en eft la fumée, & les parties noires qui reftenc fur le papier font le réfidu de la combuftion , une efpèce de cendre. Nos feux factices ordinaires n’attaquent guère que la furface des corps: il n'eft pas étonnant qu'ils ne puiflent produire des eflets femblables à celui de la fcintillation qui entoure de toutes parts les parties très-déliées que le choc détache, & qui ne font pas de nature, vu leur petitefle, à pouvoir être expofées aux feux produits d'une autre manière. Les conféquences à tirer de ces expériences fonc grandes, non-feule- ment pour la connoiffance des fubflances, mais encore pour la théorie de la Terre. Le quartz, le cryftal de roche, & toutes les pierres ana- logues , ne doivent plus être regardées comme des corps fimples & homogènes ; mais comme de stables mixtes ; le diamant, rangé avec raifon parmi les corps combufibles , aura cela de commun avec toutes les pierres vitrifables, qui ne font (ainfi que toutes les fubftances connues du règne minéral) qu’un réfidu furcompofé de la matière organifée végétale ou animale. On objecte qu'on ne trouve dans le granit aucun veftige de coquille, mais c’eft, felon moi , par la même raifon qu'il n’y en a point dans le gyps de Montmartre (1), dans un grand nombre de pierres calcaires, de ferpentines, de fchiftes, &c. elles ont été confumées par le déve- lopperment & le travail des acides, ou détruites par une efpèce de flalaéifarion. Je regarde tous les acides comme dérivans de la matière . (1) Voyez Journ. de Phyfq. mai 1783, defcription des foffiles trouvés à Mon:martre, f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 organifée, & c’eft en fe combinant avec les dépouilles des plantes &c des animaux, & en formant des furcompofés , qu'ils deviennent acides minéraux. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE LONDRES. Premier Juin 1785. M. CAVENDISH, dans la fuite de fes expériences fur l'air, a fait voir que l'air phlogiftiqué de l'atmofphère n'eft que l'acide nitreux faturé de phlosiftique, en fuppofant qu'il exifte du phlogiftique ; ou, felon lhypothèfe de M. Lavoifer , que l'air phlogiftiqué eft cette fubftance fimple, de laquelle on fait le gaz nitreux en y ajoutant une certaine quantité d'air déphlogiftiqué : & fi on ajoute une plus grande quantité de ce dernier air, on aura l'acide nitreux. Voici l'expérience de M. Cavendish: il prend fept parties d’air déphlosgiftiqué préparé fans acide nitreux, & crois parties d'air phlogiftiqué. [l fait pañler l'érincelle électrique à travers ce mélange, & il obtient de l’acide nitreux. OBSERVATION Sur une forte d' Agathe ou Silex qui fe trouve dans les bancs de Gyps des environs de Paris ; Par M Monnert. LE y a long-tems qu'ayant été obligé d’examiner en détail tout ce qui forme les carrières de gyps des environs de Paris pour en faire une partie de la Minéralogie de la France, je remarquai qu'il fe trouvoit aflez communément dans les bancs de la pierre à plâtre , une forte de pierre agathifée ou filexiée très-digne d'attention , en ce qu’elle eft aflez fouvent rubanée ou ondulée comme la véritable agathe, & pourtant qu'elle fait-partie du gyps , & femble avoir été formée de fa fubftance même. Alors je métonnai que cette pierre n'eüt pas été remarquée encore, & qu'elle n’eût pas donné lieu à quelque fpéculation nouvelle 79 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fur fa formation des minéraux ; car on peut fuppofer facilement que cette pierre tire fon origine des mêmes fubftances que le gyps, con- féquemment qu'elle a les mêmes principes qu’elle, mais dans un état différent : manière de raifonner de ceux qui trouvent plus commode de parler d'après leur imagination , que d’après l’expérience. Mais il faut ici, comme dans tous les cas où les analogies peuvent nous tromper, appliquer ce grand principe de la Minéralogie, que l'élément primitif de tous les corps folides du règne minéral, l’eau , peut bien être la caufe primordiale de toutes les manières d'être des minéraux , mais ne pas les compofer de la même manière, qu'ainfi on ne doit pas fuppofer , comme des élémens de la pierre qui nous occupe, l'acide vitriolique & la terre calcaire, parce que l’un & l’autre conftituenc la pierre à plâtre. Le filex ou l’agathe eft ici ce qu'il eft par-tout ailleurs , une pierre homogène fufceprible de fe convertir en verre avec l’alkali fixe, & fufceprible de faire feu avec le briquet. Elle ne reffémble pas entièrement, à la verité, ni aux autres agathes, ni aux autres filex, mais elle a cela de commun avec tous les minéraux qui, comme je n'ai ceflé de le dire, confervene toujours quelque caractère particulier , & relatif au pays & à la manière dont ils fe trouvent. Notre agathe eft beaucoup plus friable , par exemple , que celle qui fe trouve dans la pierre calcaire , ou celle qui fe trouve en géodes dans le fable. Elle fe brife, ou fe divife plus facilement en écaille, Certe pierre ne fe trouve jamais, du mois je ne lai jamais vue, ifolée ou entièrement détachée du gyps : elle fait toujours partie du gyps, & l’on feroit porté à croire, en voyant leur union intime, que l'un & l’autre ont été autrefois la même chofe, on y voit comme le paflage de l’un à l’autre. C'eft dans les carrières d’au-deffous Me/ni!montant que j'ai trouvé cette pierre plus abondamment qu'ailleurs. C'eft fur-rout dans les bancs de la carrière qu'on exploite aétuellement , à côté de celle qui s'éboula il y a quelques années, & dont on confervera toujours un fouvenir ficheux, à caufe de la perte de plafeurs perfonnes, qui furent de cruelles victimes de certe chüte terrible. J'y en ai pris des morceaux, en différens tems, de plufeurs livres, auxquels étoit fortement adhérent le SYPS 3 mais il y a quelque tems que M. Wendermarck , Infpecteur des Carrières, m'en Bt apporter une tablette qui pefoit plus de foixante livres. Elle avoit En quelques endroits cinq à fix pouces d’épaifleur. La zone du milieu étoit d’un jaune fombre, pareil au filex de la pierre calcaire des bancs qui bordent la Seine au-deflus de Corbeil, ou de celle qui fe trouve pareillement dans les bancs fupérieurs de la plaine de Mont-Rouge. Les autres zones qui accompagnoient celle-ci, qui étoient coupées fréquemment , étoient blanchres, & ayoient plus de rapport avec la véritable agathe. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES, ARTS. UT: On doit regarder comme une fingularité qu'aucune des parties offeufes, qui fe.trouvent fréquemment dans les bancs de ce gyps, ne font jamais pétrifiées en agathe ou en filex, & qu’elles y font la plupart encore calcaires, tandis que les coquilles le font prefque toujours dans le fable. mm ErALCHOLNI DER AGBER. L QUE TR LES AGE PIE AUXANDE LOUTRE\; Par M. TROUSIER. Pose préparer les peaux , on commence par faire arracher le jard de deflus la peau , c’eft un poil commun qui n’eft bon à rien, enfuite on frotte la peau avec de l’eau forte apprètée avec du mercure ; on la prépare en mêlant pour une douzaine de peaux trois onces de mercure par livre d'eau forte: on le fait divérer au bain-marie pen- danc fix heures, Enfuite on met trois livres d’eau de rivière par chaque livre d’eau forte apprêtée, & on en frotte ladite peau. On la laifle pendant quarante-huit heures avant de la mettre fécher aux étuves, on a foin de la couvrir avec une toile fur laquelle on met quelque chofe de pefant pour qu'elle foit bien imbibée, & que le fécret ne s'évapore point. , On met la peau dans une cave pour qu'elle fe ramollifle, & qu'on puifle en couper le poil. Le poil étant coupé, on met trois onces de ce poil de loutre fecreté , & deux onces de poil veule naturel, une demi-once de caftor fecreté , & une demi-once de vigogne fine rouge, on carde le tout enfemble, ce qui fait fix onces d'étofle pour faire un chapeau. On partage les fix onces d’étoffe en quatre parties égales que l’on arçone l'une après l'autre ; les quatre capades étant faites , il refte en- viron une demi-once d'étoffe qui fert à ce que l'on appelle £ravers qui fe met en deux parties pour former le lien du chapeau ; il faut que l'arronage donne une étoffe très-unie pour en former les quatre capades ; & qu'il ny ait pas quatre poils enfemble, atrendu que cela feroit un défaut dans le chapeau. On commence à prendre deux capades entre lefquelles on met du papier pour qu'il n'y ait que la tête & les côtés qui tiennent enfemble. Cet affemblage fe fait dans une toile qu'on appelle feutrière, dans laquelle on commence à faire feutrer, enfuite on développe la feu- trière, ce qui fait le commencement du chapeau, 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; On y ajoute le travers pour donner de la force , après cela on ar- rofe avec un goupillon fur le travers, on pofe ces deux dernières capades, & on enveloppe le tout dans la feutrière pour, que le tout fe crouve feutré enfemble, 3 On prend ledic chapeau, on le trempe dans un feau d'eau froide, attendu que l’eau chaude le feroit feutrer trop vivement, & on le mec à la foule; on met dans une chaudière trois feaux d’eau, dans ÎJa- quelle on met un demi-feau de lie de vin preflée, on fait bouillir cette eau dans laquelle on foule le chapeau environ quatre heures. Par intervalle il faut avoir le foin de retourner le chapeau pour l'épinfeter & le frotter avec une broffe, & lorfque le chapeau a aflez de travail, on le dreffe fur une forme. à l'ordinaire , fur laquelle on le fait fécher, Compofition d'une feconde qualité de chapeaux. Deux onces & demie de caftor fecreté, une demi-once de loutre fecretée, deux onces & demie de loutre veule, une demi -once de vigogne fine. Les chapeaux de trois quarts caftor font compolés de trois onces de lièvre fecreté , une demi - once caftor fecreté, une demi-once de vigogne fine. Pour la dorure une once & demie de caftor veule, Mélange des demi-caftors. Deux onces & demie de lièvre fecreté, une once & demie de lapin veule, une once de lapin fecreté, deux gros de vigogne fine, Pour la dorure une once de caftor veule. Pour fecreter le caftor, le lièvre & le lapin , je mets deux livres d’eau de rivière, & une livre d’eau forte apprêtée avec la même quan- tité de mercure, comme j'ai marqué ci-deflus. Ma nouvelle façon de fabriquer mes chapeaux, caflor, trois quarts caftor , demi-caftor & autres, donne beaucoup plus de folidité & de finefle aux chapeaux, parce que je mets ma dorure entre mes capa- des en bâtiffant mon chapeau, & par ce moyen le caftor fe trouve bien incorporé & bien pénétré, & que la ponce ni la robe ne peu- vent point l'endommager, cela fait que le caftor paroît deflus & def- fous également, & que les chapeaux feront aufli beaux après les avoir repallés & retournés comme étant neufs, ne feront point fujers à pren- dre l'eau, qui eft une chofe effentielle pour le Public, La différence eft que tous les Fabricans de Chapeaux ne mettent leurs dorures que quand le chapeau eft avancé de travail à la foule, par ce moyen la dorure ne refte que d’un côté, & ne peut pas pénétrer dans le chapeau, ce qui fait que la dorure fe trouve à moitié coupée par la ponce & emportée par la robe, & quand on retourne le chapeau, il fe trouve beaucoup plus commum & fait bien moins d'ufage. NOUVELLES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 RRQ NOUVELLES LITTÉRAIRES. | ur er différentes efpèces d'Air fixe ou de Gaz, pour fervir de fuite & de Supplément aux Elémens de Phyfique du méme Auteur ; par M. SiGAuUD DE LA FOND, ancien Démonfirateur de Phyfique expérimentale de l’'Univerfité, de La Svciété Royale des Sciences de Montpellier , des Académies de Saint-PéterfPourg , d'Angers , de Bavière, de Valladolid, de Florence, &c. &c. Nouvelle édition, revue & augmentée, par M. RouLAND, Profeffeur de Phyfique expérimentale. & Démonflrateur en lUniverfité de Paris : vol. 27-8°, À Paris, chez P. Fr. Guefñer, Libraire-Imprimeur, au bas de la rue de la Harpe , à la Liberté, Cet Ouvrage parut pour la première fois en 1779. Les nombreufes découvertes qui ont été faites depuis ce tems dans cette matière, le rendoient fufceptible d'un grand nombre d’additions. M. Sigaud qui a quitté la Capitale & s'occupe d’autres travaux , a laiflé ce foin à M. Rouland. Cet Auteur a enrichi cette nouvelle Edition de toutes les découvertes modernes. Il y a joint différentes expériences qui lui appartiennent , telles que l'appareil ingénieux avec lequebil fait brüler l'air inflammable & l'air déphlogiftiqué, pour en retirer l’eau qu'il croit fe produire dans cette opération , une autre pour opérer la combuftion dans l'air déphlogiftiqué, &c. > Supplément au Traité chimique de l'Air & du Feu de M. SCHELE, contenant un Tableau abréoé. des nouvelles découvertes [ur les différentes ejpèces d'air, par JEAN GoDEFROY LEONHARDI; des notes de M. RicHARD KIRwAN, & une Lertre du Doéeur PRIESTLEY à ce Chimifle Anglois, fur l'Ouvrage de M. SCHÉELE ; traduit & augmenté des notes & du complément du Tableau abrégé de ce qui aëte publié jufqu'aujourd'hui fur les différentes efpèces d'air, par M le Baron De DieTriCH, Secrétaire Général des Suifles & Grifons, Commiffaire du Rot pour la vifire & recherche des Mines, Membre du Corps de la Nobleffe immédiate de la Baf]e- Alface, Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences : avec la Traduë&tion, par MM. de V Académie de Dijon, des expériences ‘de M. SCHÉELE fur la quantité d'air pur qui fe trouve dans l'atmofphére. À Paris, rue & hôtel Serpente , un vol. 7-12. Le mérite des produétions de M. Schéele , un des plus grands Teme XXVII, Part, IL, 1735. JUILLET. 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Chimiftes qui ait exifté , elt trop connue, pour qu'il ne foit pas au-deflus de tout ce que nous en pourrions dire, C'eft ce qui a engagé M. Leonhardi à préfenter un précis de fa doétrine fur l'air, dans un Tableau abrégé. M. Leonhsrdy diftingue les airs en deux grandes claiies , les airs méphitiques nuifibles à la refpiration, qu'il appelle moufferes , & les airs véritables; tels l'air pur ou déphloyiftiqué, & l'air commun ou atmofphérique. Il expofe en peu de mots leurs principales qualirés, Celles qui lui ont échappé fe retrouvent dans les notes de M. le Baron de Dietrich. Les notes de M. Kirwan, & la Lerrre de M. Prieftley, font dignes de leurs célèbres Auteurs. L'Ouvrage eft terminé par des expé- riences de M. Schéele fur la quantité d’air pur exiftant dans l’atmofphère, & qu'il eftime en être les 7, ” Nova genera Plantarum , &c. c'eft-à- dire: Nouveau genre de Plantes. Première Partie, 1781, Partie fèconde, 1782, Partie troifième, 1723 ; par M. CHARLES - PIERRE THUNBEKG , Profefleur de Botanique à Upfal ; in-4°. avec figures. * Cette Colledtion offte quarante -fept genres nouveaux , que M. Thunberg a découverts: dans fes voyages. Ce favant Botanifte Suédois les décrir felon la méthode obfervée par fon Maître , le célèbre Chevalier de Linné, dans fon Genera Plantarum. I a foin d'ajouter le cara@tère eflentiel de chacun , fa place dans le fyflême fexuel & fouvent l'étymologie du nom, la dénomination de chaque efpèce , fouvent fa defcription , & quelquefois la figure. Parmi les obfervations précieufes que la Préface de la feconde partie préfente, nous diftinguerons les fuivantes, 1°. le bois de merde, eft ainfi, appellé par fon odeur très-fétide ; il croît fpontanément dans les îles de Java & de Ceylan: M. Thunberg n'a pu s'en procurer que des branches & des feuilles , il a vu fa décoction guérir complerte- ment plufieurs vices cutanés chroniques; 2°. dans le Malabar & à Ceylan, on fe fert toujours avec le plus grand fuccès , contre les morfures des ferpens & les fièvres ardentes, de bois amers encore inconnus des Botaniftes, qui, dans très-peu de tems, communiquent la plus grande amertume au vin dans lequel on les fait macérer. M. Thunberg regretre extrêmement de n'avoir pu découvrir la racine très-amère, que les Chinois appellent Sckyntyn, qu'ils vantent beaucoup pour arrêter le dévoiement & pour rétablir le ton de l’eflomac. 3°. Il rapporte aufli qu'outre le camphre ordinaire qui vient du Japon, & qu'on extrait par la cottion & la fublimation des racines & du bois de laurier-camphrier, il exifte une autre efpèce de camphreappellé Baros, de la ville de Sumatra, tranfparent comme le verre, furpaflant de beaucoup le premier en vertu & en valeur, de manière qu'au poids il elt eftimé valoir le centuple, SUR:L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS... 7$ C'eftun arbre trè5-différenc du laurier-camphre , qui Le fournit, mais il eft abfolument ignoré des Boraniftes, Oxalis, &c. c'eft-à-dire : Differtation botanique fur l’'Oxalide ; par M. CHaRLes P. ThuNBErG , Profeffeur de Botanique à Upfal ; 1781, in-4°. avec deux planches. Dans cette Differtation , M. Thunberg indique la place du genre de l’oxalide dans les différens {yftèmes des Botaniltes : il expofe fa fynonimie & donne fon caraétère générique : il donne la nomenclature des efpèces , ajoutant leurs différences fpécifiques , leurs defcriptions & leurs dénomi- nations: il y joint auffi le lieu où elles croiflent , leur ufage & le tems de la floraifon : les deux Planches offrent la figure de quelques unes des plus rares. | Les efpèces d'oxalides, mentionnées dans cette Monographie , font au nombre de vingt-fix. On connoît les vertus & les ufages de l'oxalis acetofella , que l'on nomme trivialement lÆlleluia , ou pain de coucou. Indéperdamment des propriétés médicinales de cetre plante, l'on en retire un fel effentiel d’un grand ufage économique, connu dans le commerce fous le nom de fel d’ofeille. L'Oxalis cernua fournit égale- ment un pareil fel, qui n'eft pas moins bon, & qui elt plus abondant, L'Oxalide fenfirive eft très-remarquable par fa faculté motrice ; elle eft aufli recommandable par fes vertus médicinales. La décoétion de toute la plante eft bonne contre la phtbile & l’afthme; avec du miel, elle atténue la pituite dans les maladies de poitrine; & le fuc de la racine eft employé avec fuccès contre les morfures du fcorpion, M. Thunberg a lui-même enrichi ce genre de plufieurs efpèces abfolu- ment nouvelles qu'il a trouvées au Cap de Bonne-Efpérance, Differtatio botanica de Protea ; où Differtation botanique fur La Prorée : 2. = q £ 2 par M. CHarLes P. THUN8erG , Profeffeur de Botanique a Upfal; 1781, èn-4°, avec cinq Planches. La protée eft un béau genre de plante, auquel le Chevalier de Linné a donné ce nom, à caufe de la forme variée de fes fleurs, qui change felon l’efpèce. IL étoic bien jufte que M. Thunberg public une Differtation particulière à fon fujer, lui qui a enrichi ce genre d'un grand nombre de nouvelles efpèces. Voici l’ordre qu'il fuit dans cette Monographie : il offre d’abord l'hifloire litréraire du genre & de la découverre des efpèces , la fynonimie relative à l’un & à l’autre, le caradère naturel & eflentiel avec les variations qu’on remarque dans les efpèces, les différences fpécifiques de celles-ci, & leurs defcriptions, indique le téms de leur Aoraifon , & leur lieu natal, qui eft le Cap de Tome XXVII, Part. IT, 1785. JUILLET, K2 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Bonne-Efpérance, excepté cependant la Protea ferraria, qui a été trouvée au fud de la Nouvelle-Hollande par M. Banks. Il ajoute leur ufage & les figures des nouvelles efpèces. Le caractère eflentiel du genre de la Prorée , confifte dans la corolle tétrapétale, au limbe de laquelle font inférées les éramines ; le germe eft fupérieur , & les femerces nues. M. Thunberg fait l'énumération de foivante efpèces : indiquons-en plufieurs. 1. M. Lhuuberg donne le nom de mellifere à la Protée rampante du Chevalier de Linné, Ses capfules fe rempliflent fouvent jufqu'à moitié, dans le tems de la Aoraifon, d’un fac mielleux, qui, purifié par la filtration, & épaifli par un feu léger, donne un firop bon contre la toux , l’enrouement , & les autres maladies de poitrine. 2. La Prorée argentée elt un joli arbre, dont les feuilles font couvertes d'un duvet argenté. Au Cap de Bonne-lfpérance, on en forme de très-belles forêts, pour donner de l'ombre, 3. La Protée grandiflore eft douée d’une écorce aftringente , qui eft en ufage contre la diarrhée. Differtatio Botanica de Gardenia: Differtation Botanique fur la Garden ; par M.CHARLES-PIERRE T'HUNBERG, ProfefJeur à UpJal : 1780, zn-4°. avec deux Planches. De retour d’un voyage long & pénible, M. Thunberg fut appellé à Upfal pour être Démonftrareur de Botanique, & depuis, au décès de Linné fils, il y a été nommé Profeffeur. Poffefleur d'immenfes richefles botaniques ,avec l2 remsil en fait part au Public. La Düiflertation qui fair le fujer de cet article, eft abfolument confacrée à décrire un genre de plante , auquel M. Ellis a le premier donné le nom de Garden, en l'honneur d'un Médecin de ce nom, favant Naturalifte de la Caroline, M. Thunberg donne l’hiftoire de ce genre ; il en établit le caraétère, dont l’eflence eft d’avoir les anthères fefliles par le milieu à l'ouverture du tube de la corolle, leftigmate, en maflue, elt une baie dont les femences font imbriquées. Il fait l'énumération des différentes efpèces , qui font au nombre de neuf, donne leur defcription , leurs fynonimes , indique les endroits où elles croiflent, & enfeigne leurs divers ufages. Ce docte Profeffeur range la Garden dans l’ordre naturel des plantes, auxquelles les Botaniftes ont donné le nom de contourné. Il afligne le caractère naturel de cet ordre, & ajoute les vertus de la Periploca indice , qui croît fpontanément dans les lieux fablonneux & maritimes de Ceylan. M. Thunberg a fouvent employé avec fuccès, comme émé- “He la racine de cette plante au lieu d'ypecacuanha, & à [a même ofe, ; SUR! L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 Mémoires fur L Agriculeure du Boulonnois, & des cantons maritimes voifens ; par M. D. C: **. vol. ë7-8°: À Boulogne, chez Francois Dolec, Imprimeur-Libraire , 1784. L’Auteur confidère le fol de fa Province , les climats, les rivières , & recherche l'influence qu'y peuvent avoir les météores & la rempéra- ture, tels que les vents, les pluies, &c. Il examine enfuite la manière dont les champs y font cultivés, les prairies entrerenues, & la coupe des forêts adminiftrée ; & il fait voir par-tour les chargemens utiles qu'il y auroit à faire dans les anciennes méthodes, « La France, dit-il , >» toujours eut fur l'Agriculture plus de théorie que de prerique* Elle a » fait en cela le contraire de fes voifins. Ceux-ci n’ont écrit que d'après- > des expériences fuivies & raifonnées, & nous nous écrivons beau- » coup fur cette partie, mais nous ne mettons guère nos précépres en >» ufage ». Il feroit à fouhairer que des Ouvrages aufli bien fairs que celui-ci fe multipliaffenc dans chaque Province, & engageaflent enfin les Cultivateurs à s'écarter de leur ancienne routine pour améliorer leur culture. La France eft obligée de tirer de l'étranger des foies, des chanvres, &c. que fon fol pourroit lui fournir abondamment. Manuel des Goutteux & des Rhumatifles, où l'art de Je traiter Joi-mêéme de la goutte, des rhumatifmes , & de leur complication , avec la manière de s’en préferver , de s'en guérir, & d’en éviter La récidive 3 par M. GACHET, Maître en Chirurgie, Auteur de l’Elixir anti-poutteux. À Paris, chez M. Gacher fils, Editeur , rue Beauregard, n°, fo, au premier; le Boucher, Libraire, quai de Gefvres , à la Prudence. Memoire fur l'Etabliffement des Ecoles de Médecine pratique à former dans les principaux Hôpitaux Civils de la France, à l’inflar de celle de Vienne, pour perfe“tionner l'art de la Médecine pratique , € la faciliter aux jeunes Médecins ; par M. WurTz , Dofeur en Médecine de la Faculté de Strafbourg , Mernbre du Collèce des Médecins de la méme Ville, & de la Sociéré des Curieux de la Nature à Berlin, Correfpondant de la Société Royale de Médecine, Membre & ancien Secrétaire du Mufèe de Paris, &c. À Paris 3 chez Didot le jeune & Barrois le jeune, quai des Augufins, & à Strafboure , chez Truttel, Libraire, ù On ne peut qu'applaudir aux vues d'humanité qui ont engagé l’Auteur à publier cetre Differtation. La Médecine, quoiqu’en difent fes détracteurs, eft une fcience qui a fes principes certains ; mais l'application en eft de la plus grande difficulté, par la foule de circonftances particulières qui modifient fans cefle les loix générales, Ce n’eft qu'en voyant & revoyant 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; les maladies fous toutes les formes , que les gens ds l'art peuven* acquérir ce tact, qui eft plus utile au Médecin praticien que les théories les plus fublimes, Sauroit-on aflez s'étonner que dans cette Europe où on multi- plie à Fexcès les établiflemens les moins utiles, on n’ait établi aucune Ecole de Médecine pratique, excepté à Vienne, où le génie bienfaifanc de Wan-Swieten fut en faire fentir l'utilité à Marie-T herèfe, Princeffe fi recommandable par fes vertas. (S, A. S. Monfeigneur le Duc de Saxe Weimar en a aufli établi à [ena, ) Cependant la fanté des Chefs des Nations & de leurs Concitoyens y feroit également intéreflée. è Sociéte Royale de Médecine d'Edimbourp. La Société propofe pour prix la queftion fuivante : Combien y a-s-il d'ejpèces de fermentation ? quelle ef? la nature de chacune ? & affigner par l'analyfe chimique pourquoi diffèrens corps fone. fufcepribles de différentes fermentations ? Le prix, qui fera une médaille d’or de la valeur de 21 livres, fera diftribué à la manière accoutuinée, Les conditions du concours font , 1°. que les Mémoires écrits en latin feronc remis à la Société au premier Janvier 1787; 2°, ils feront accompagnés d'une Lettre cachetée , contenant le nom & la demeure de l’Aureur, portant au-deflus une devife. La Lettre & le Mémoire porteront le même fceau , avec la même devile; les Mémoires qui ne feront pas couronnés, feront remis à la perfonne qui repréfentera le même cachet que celui de la Lettre, laquelle ne fera pas ouverte; ou ils feront brûlés avec la Lettre , fi l’Auteur ne les fait pas retirer. 3°. Le prix fera adjugé à la meilleure Differtation , au premier avril de la même année ; & la Société fe réferve le droit de la faire paroître. N. B. La Société ne recevra plus de Mémoires paflé ie premier Janvier 1786, fur la queftion quelle propofa l’année dernière ; favoir, combien y a-t-il d’efpéces d'air ? quelle eff la nature de chacun, & quelles font fes propriétés relativement à lu Médecine ? Le prix fera adjugé au premier avril prochain. Mémoires fur les Fours de Boulanger chauffés avec du charbon de zerre, & plans des mêmes Fours, couronnes par La Société Royale d'Agriculture de Lyon. À Genève, & fe trouve à Lyon , chez Bruyfec, rue Mercière. La rareté du bois rend précieufes toutes les méthodes de l’économifer. Obfervations faites par M. DE ROSNYNIVEN DE Prré Le fils, Membre de l'Ordre de la Noblefle, à la Séance des Etats de Bretagne, le 22 Décembre 1784, fur de nouveaux Canaux à faire dans la Province. . Le commerce intérieur des différentes Provinces d’un vafte Empire, eft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS. 79 encore plus utile que celui qu'il peut faire avec l'étranger. C'eft une vérité reconnue depuis long-rems dans les Empires les plus anciennement civi- lifés, rels que | Egypte, & fur-rout la Chine. On commence à la fentir en Europe. 5 Difertatio Botanica de Sida, & de quibufdam Plantis quæ cum illa affinitatem habent. Auétore ANTONIO JOosEPHO CAVANILLES , Hifpano Valentino. Parfris , apud Francilcum Ant. Didot, 1785, cum Approbatione & Priviligio Regiæ Scientiarum Academiæ. Le fida de Linné eft | “abufilon de Tournefort. Linné n’en connoïifloit que vingt-une efpèces, qu'on a portées à ving-fepe dans la dernière Edition de fes Ouvrages. M. Commerlon , M. Dombey, & d'autres Botaniftes, en ont trouvé un grand nombre d autres efpèces. Aufli M. Cavanilles, qui a eu la communication de leurs herbiers, porte les fidas au nombre de quatre-vingt-deux. Ii feroir bien à fouhaiter pour la fcience & pour la gloire de nos Botaniftes François qu’on fit ainfi connoître les richefles contenues dans leurs herbiers. Merhodus formulas medicas confcribendi , in ufum. prele@ionum Academicarum , edidir Jo. Frip. CHrisr. Picuzer , M. D. & Collegii Medicorum Argentorati Socius. Argentoratt, in Bibliopolio Amandi Koenig. 178$. Differtation anatomico-acouflique , contenant , 1°. des expériences qui tendent à prouver que les rayons Jonores rentrent pas par la trompe d’euflache , & qui font connoître une propriété qu'ont prefque toutes les parties externes de la téte,& quelques-unes du col, de fentir ou de propager le fon par.le toucher ; 2°. un effai d'expériences fait à Paris en 1777, fur des fourds & muets de M. l'Abbé DE L'ÉPée ; par M. PeroLLe , Doéteur en Médecine de l'Univerfiré de Montpellier, Correfpondant de l'Académie des Sciences de la même Ville, de la Societé Royale de Médecine de Paris. À Paris, chez Mequignon Faîné , Libraire, rue des Cordeliers, & à Touloufe, chez Brouillet, Libraire , rue Saint-Rome. DA UB\ERE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M: MOIRE furun dan ioer pour convertir le Phofphore en acide pho/phorique fans combuftion ; par M. LAVOISIER , page 3 s 80° OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c« Mémoire fur les Marées’ aériennes , c’efl-à-dire, fur l'effet produie daus latmofphére terreflre par l'aëtion du Soleil & de la Lune ; per M.l/Abbé MANN, page 7 Objervations réfuleantes de l'opération du phofphore faite en grand ; par M. PELLETIER , Membre du Collège de Pharmacie , & Cor- rejpondant de l’Académie Royale de Turin, 26 Mémoire fur un nouveau métal, le Fer d'eau, Waffereifen, Hydto- fiderum ; par M, MEYER, 32 Mémoire Jur Le rapport qu'il y a entre les Terres & les Pierres expoèes au feu de fufion dans des creufets de matières différentes ; par M. GERHARD , traduit de l'Allemand, 34% Extrait des Obfervations de MM. Gior@r & Cionr, Médecins à Florence, fur l’Analyfe que MM. MEUSNIER & LAVOISIER oz faite de l'eau en 1784, : 56 Lettre de M. CHAPTAL, Profefleur de Chimie des Erats-Généraux de la Province de Languedoc, à M, l'Abbé MoNGEz , Auteur du Journal de Phyfique , 61 Extrait de Lettre de M. LANDRtANT, fur la décompofition de lEfprit- de-vin & de L'Alkali volatil, 63 Lettre de M. De MORVEAU aux Auteurs de ce Recueil , fur la diffolubilité des Sels dans l'efprit-de-vin, 64 Lettre de M. le Chevalier DE LAMANON , de l’Académie Royale des Sciences de Turin, à M. DE LA METHERIE , Doéteur-Médecin , Rédaëeur du Journal de Phyfique , fur la combuflion du quartz , du cryflal de roche, & des pierres qui leur font analogues , 66 Extrait d'une Lettre de Londres, du premier Juin 178$, 69 Obférvations fur une forte d' Agathe ou Silex qui fe trouve dans les bancs de Gyps des environs de Paris ; par M. MoNNET, ibid, Façon de Fabriquer les Chapeaux de Loutre ; par M. TROUSIER , 71 Nouvelles Littéraires , L 73 * 24 PP) OPA AMIENE EN Ja lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre: Obfervacions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &e. par MM. Rozrer & Moncrz le jeune, &c. La Colleëtion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Leéteurs , mérite l'attention des Savans ; en confé- quence , j'eflime qu’on peut en permettre l’impteflion. A Paris, cezs Juillet 1785. VALMONT DE BOMARE, PAL Jullet 1786. Ji Juge "1 K { 1e : Le L 1 « , x gl as “# | JOURNAL DE PHYSIQUE. ll | AOUST 1783. Ë SUR LES VOLCANS ET LES TREMBLEMENS DE TERRE : Par M. C,D.L. Lieutenant-Colonel au Corps Royal du Génie. Les volcans & leurs effets ont des rapports fi évidens avec la machine à feu, qu'on ne peut que s'étonner qu'ils n'aient pas été faifis jufqu'ici, & que ces grands phénomènes n'aient pas été expliqués d’une manière plus nette. Jetons les yeux fur une machine à feu: c’eft une chaudière couverte d’un chapiteau percé dans fon milieu d’une ouverture à laquelle s’adapte un cylindre creux dans lequel joue un pifton attaché à une chaîne fufpendue à l’une des extrémités d'un balancier, retenu dans le milieu de fa longueur par des colliers boulonnés, dans lefquels jouent des tourillons qui lui permettent de fe mouvoir dans un plan vertical , & d'entretenir à fon autre extrémité le jeu d’une pompe: la chaudière eft difpofée au-deffus d'une grille, à une diftance telle que le combuftible y puiffe être placécommodément, & que la flamme embraffant fur le plus de points poflibles fa furface, il en réfulre pour l’eau qu’elle contient un maximum de chaleur & d’ébullition. De cette eau s'élève une vapeur dont la force expanfive pouffant de bas en haut le pifton du cylindre, fait defcendre celui du corps de pompe; l'action de certe vapeur venant à être anéantie momentanément par la cendenfation qu'opère une injection d’eau: froide dans un tuyau qui communique au cylindre , fait place à l’action de la force de l'’armofphère qui, pefant fans obftacle fur la furface fupérieure du pifton , l’oblige à defcendre pour être élevé de nouveau par la force de la vapeur. L’injection de l'eau froide s'opère également par l’action de l’atmofphère fur la furface de cette eau, contenue dans une bâche, & par le moyen d’un robinet & d'une foupape qui s’ouvrant & fe fermant alternativement par le mou- vement du balancier & le jeu d’un cliquetage, entretiennent & empêchent alternativement fa communication avec la vapeur, par le conduit injecteur. On fait que cette vapeur occupe un efpace quinze à feize mille fois plus grand que le volume d’eau qui l’a produite ; d’où il fuit que fi celui Tome XXVII, Part, Il, 1785. AOUST. 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: dans lequel elle fe forme n’eft point fufifant pour fon expanfion , fon effort eft d’autant plus grand que cet efpace eft moindre. IL eft arrivé plus d’une fois que l'eau contenue dans la chaudière d’une machine à feu, laiffant trop peu de place pour la vapeur , ou que l'ouverture du cylindre n'étant point aflez grande pour fon paflage, fon effort a rompu la chaudière, renverfé & détruit fa cage , & couvert les afliftans de fes débris & de fon eau bouillante. Ces accidens ont donné lieu d'adapter à la chaudière, des tuyaux d’épreuve pour pouvoir s’aflurer quand on veut de la quantité d’eau actuelle, pendant qüe la machine eft en jeu, & un tuyau d'évacuation dont l'orifice extérieur eft couvert d'une fou- pape à reflort qui ne s'ouvre qu'en cédant à la force de la vapeur fürabon- dante, ou bien lorfqu'on veut faire ceiler le jeu de la machine. La vapeur à la fortie de ce tuyau choque l’air avec une celle force, qu’il en réfulte un mupgifflement effrayant, Quant à la force de la vapeur fufñfante pour pouffer de bas en haut un pifton d'un diamètre donné, elle eft égale à la efanteur d’une colonne d'eau de vingt-deux pieds de hauteur & d’une bte égale à celle\du pifton , en forte que le pied cube d’eau commune pefant foixante-dix livres, & la bafe du pifton étant fuppofée d’un pied quarré , la force de la vapeur fufifante pour le poufler fera de quinze cens quarante livres, agent fi puiflant qu'aucun autre dans la nature ne lui peut être compare. Qu'on fe rappelle maintenant les defcriprions des volcans , de leurs irruptions, des tremblemens de terre , des fifflemens & mupifflemens qui quelquefois les précèdent ou les accompagnent, les jets d’eau bouillante, de pierres de différentes efpèces, de foufre & de bitume liquides , les quartiers de rocher lancés à fept ou huit milles loin de la bouche des volcans, ces nuages de cendre dérobant la vue du foleil à la terre & couvrant fa furface d’une couche de plufieurs pieds d’épaifleur, les torrens de lave portant la défolation & la mort fur l'étendue qu’ils parcourent , les mers foulevées & fortant de leurs lits, les rivièrés mifes à fec, les montagnes entrouvertes ou affaifées, des îles nouvelles s'élevant au-deflus de la furface des mers, tandis que d'anciennes îles font abîmées dans leur profondeur, les villes renverfées & englourties avec leurs habitans, ces tranfludations du globe couvrant en même tems de leurs vapeurs une grande partie de fa furface, on ne verra dans ces phénomènes , tout impofans qu'ils font, que les effets de machines à feux naturelles, c’eft-à-dire, des mafles de combuftibles allumés par la fermentation , placés à côté ou à portée de chaudières remplies & s’entrerenant de l’eau des mers, des lacs, des fleuves & rivières, ou même des pluies & des fontes de neige. Au printems de 1783 , il y eut des tremblemens de verre confidérables en Hongrie. Les obfervateurs du pays remarquèrent qu'ils avoient leur foyer dans l’île de Raab , formée par la rivière de ce nom & par le Danube, c'eft-à-dire, que la rivière SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 & le fleuve alimentoient en commun ou féparément , par quelque rameau fouterrain ou par voie d'infiltration, la chaudière ou le réfervoir d’où , à l’aide de quelque mafle combuftible allumée par la fermentation, s'élevoient les vapeurs qui fecouoient la terre; car on ne fauroit douter qu'elle ne foit intérieurement percée d’une infinité de cavernes & de galleries qui s’étendent & fe ramifient dans tous les fens & à différentes profondeurs, en forte que fa furface avec fes montagnes, fes inégalités, & les mafles d'édifices que la main de l’homme y a élevés, n'elt que l'enveloppe plus où moins épaifle qui couvre ces cavernes & ces galleries, dont les voûtes varient d’une infinité de manières dans leurs figures , dans l’arrangement des matières dont elles font compofées, ainfi que dans leurs épaifleurs; on comprendra aifément en conlidérant la nature de ces voûtes qui ne font que des bourfufflures formées dans le refroi- diffement fuccelif du globe, qui font pleines de crevafles & de léfardes dans leurs veines & leurs pieds droits, & dont les pouflées & les réfiftances font fans proportion entr'elles, on comprendra aifément, dis-je, pourquoi les villes de Lima , de Tauris , de Lifbonne, de Smyrne , de Meffine, & tant d’autres lieux habités, ont été fi fouvent renverfés ou engloutis par les tremblemens de terre ; on expliquera fans peine , comment la portion de la furface de la terre, non chargée d'édifices élevés par la main des hommes, étant peut-être vingt millions de fois plus grande que la portion qui en elt chargée , celle-ci eft néanmoins plus fujette au boule- verfement & à la fubverfion; comment encore, dans la portion non chargée d'édifices, les tremblemens de terre agiflent plutôt fur les montagnes que fur les plaines, en obfervant que l’intérieur des terres que couvrent ces différentes portions détendue étant ou pouvant être, avec raifon , fuppofé percé de voûtes telles qu'on vient de dire, celles qui font chargées de maffes d’édifices ou de montagnes , doivent d'autant moins réfifter aux fecoufles, que ces charges font plus pefantes ,que leurs fommets font plus éloignés des centres d’ofcillation, & que Pintérieur du fol qui les porte aura éprouvé des bouleverfemens plus fréquens & plus violens, ainfi qu'il eft arrivé aux villes qu'on vient de nommer, & aux îles de l’Archipel qui font toutes montagneufes, & dont la plupart ne font que des débris volcaniques ; on comprendra également que plus les lieux font éloignés des volcans, moins ils ont à redouter les trem- blemens de terre, parce que la gallerie ou les galleries fouterraines qui de l’efpace caverneux dans lequel fe forme la vapeur de l'eau bouillante , communiquent aux fouterrains correfpondans à ces mêmes lieux , devant fe remplir de cette vapeur avant le tems des fecoufles, & celles-ci ne pouvant être caufées que par le défaut d’efpace fuffifant pour la contenir, elles feront d'autant moins violentes & fréquentes que les galleries de communication auront plus de longueur ou de développement dans Tome XXVII, Part, II, 1785. AOUST. L 2 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, leurs finuofités & leurs ramifications; c'eft vraifemblablement, ce’ qui fait jufqu’à préfent le falut de la ville de Naples, Il eft évident d’après cette obfervation , que fi l’on pouvoit parvenir à percer plufieurs puits à travers l'épaifleur des terres comprifes entre leur furface & l’'intrados des voûtes des chaudières ou des galleries de communication , ces puits feroient des tuyaux d'évacuation par où Ja vapeur S'échapperoit fans effort & fans dommage: ils feroient difpofes tran{verfalement fur les terres qui communiquent de Naples au Véfuve, & on pourroit les faire communiquer entreux par des galleries. Si ces puits & ces galere; coupoient les rameaux de communication des efpaces caverneux où fe forme la vapeur aux cavités au-deflus defquelles ou près defquelles Naples eft bâtie, cette ville feroit infailliblement garantie des tremblemens de terre, puifque la vapeur de l’eau bouillante que l'on peut regarder comme leur première & principale caufe, s'échapperoit par ces foupiraux , & auroit fa communication libre avec l'atmofphère. Naper, dans fa Defcription des îles de l'Archipel, rapporte, d’après Strabon, que l’île d'Eubée (aujourd'hui Neorepont) ne cefla d'être affligée des tremblemens de terre, que lorfqu'on eut fait des ouvertures dans la campagne de Lalente au-deflus de ja ville de Chalcis ( aujourd’hui Negrepont ainfi que l’île). Si les puits & les galleries ne pouvoient arriver à une aflez grande profondeur pour couper les rameaux de communication de la vapeur, on pourroit efpérer du moins qu'ils les avoifineroient par le fond ou par les côtés, de manière à préfenter à l'effort de la vapeur, des lignes de réfiftance plus courtes que celies que lui oppofent les épaifleurs des voûtes des efpaces caverneux au-deflus defquels ou près defauels Naples eft bâtie. De tels moyens feroient fans doute coûreux & diffciles à pratiquer , mais moins encore que leur objet ne feroit important, puifqu'il s’agiroit du falut de la ville d'Italie la plus belle & la plus peuplée, puifqu'on a fous les yeux des puits creufés à plus de mille pieds de profondeur & des galleries fouterraines conduires de niveau à cette même diftance verticale de la furface de la terre, dans des mines de charbon, dont, à l’aide de la machine à feu , on épuife les eaux qui fans fon fecours rendroient un pareil travail impoflible, puifque les habitans de Naples & de fes environs fe foumertroient fans doute avec joie à une impofirion dont le produit ne feroit applicable & appliqué en effet qu'à ce feul objet, & dont on pourroit même diminuer le fardeau , en employant les eaux que pomperoient les machines à feu , à faire tourner différentes efpècès de moulins & à l’arrofage des campagnes. On auroit donc un moyen de garantir les villes des tremblemens de terre & de leurs fuires funeites, lorfque leurs foyers feroient connus, & que les terres qui les féparent des villes ne feroient point couvertes par les eaux, Le projet des para-tonnerres, lorfqu'il a été mis au jour ,a dû SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS. 85 paroître au moins aufli extraordinaire que le pourra paroître celui des para-tremblemens de terre , quoiqu'anciennement les habitans de l'Eubée en aient faic ufage , & prefque de nos jours les Perfes, pour garantir la ville de Tauris. On n’objeétera pas fans doute que la dépenfe d'un para- tonnerre n’elt rien en comparaifon de ce que coûteroit un para-trembles ment de terre, parce qu’on ne manqueroit pas de répondre qu’un feul bâtiment qui fait l’objet du premier , n’eft rien en comparaifon d'une grande ville qui fait celui du fecond. On objectera plus vraifemblable- ment qu'avant que de chercher à combattre une caufe , on doit chercher à s’aflurer qu’elle exifte. Mais fi d’un côté on confidère avec atrention la machine à feu avec fes effets, & de l'autre les volcans toujours placés à côté ou à portée de mafles d’eau, on fe convaincra qu'ils ne different de cette machine , qu'en ce que dans celle-ci l’art aflujettit , tempère , modifie & dirige les loix de la nature pour les faire fervir à nos goûts & à nos befoins , tandis que dans les volcans , ces loix déploient coute leur énergie, en formant ou engloutiffant des îles & des montagnes, en rompant & déchirant les terres qui féparoient les mers, en menaçant ou détruifant les villes par d’effroyables fecouffes , en ouvrant le fein de la terre pour eugloutir les tyrans, ainfi qu’il eft arrivé au mois de mai 1784, au nouveau Pacha d’Erzerum en Arménie & à cinq cens hommes qui compofoient fa fuite, & enfin en confolant l'humanité par ces bains falutaires qui procurent la guérifon ou du foulagement aux bommes afligés de bleflures ou de maladies. Pour s'affurer que les tremblemens de terre ne fonr que l'effet de machines à feu naturelles, il n’eft pas néceflaire ni que la mafle du combuftible allumé, ni que la chaudière ou les chaudières dont s'élèvent les vapeurs, ni que les eaux qui les alimentent, paroiflent à découvert à nos yeux. Il exifte beaucoup de ces volcans cachés dans l'inté- rieur du globe ; tels font ceux qui chauïfent les eaux thermales dont on ne voit ni le feu ni les chaudières, ni les mafles d'eau qui les alimentent, Il eft même à remarquer que cetre efpèce de volcans ne caufe point de tremblemens de terre, parce que les ouverturés par lefquelles fortent les eaux chaudes fervent en même tems de tuyaux d'évacuation à la vapeur qu'on en voit fortir abondamment. Quant aux chaudières en particulier , elles ne fauroient être à découvert , & leur vapeur produire des tremblemens de terre, ni aucun des phénomènes qui les accom- pagnent, parce que cette vapeur s’exhale dans l'air libre, ainfi qu'on lobferve à Sainte-Lucie, l’une des îles du vent, où les chaudières rangées autour du volcan , font à ciel ouvert, en forte qu'il n’en réfulre ni n’en peut réfulrer aucun tremblement de terre. Il n’eft pas néceflaire non plus que le volcan foit à ciel ouvert, pourvu qu'il brûle dans un efpace aflez étendu pour la raréfaction de l'air qu'il échauffe, La maffe d'eau qui alimente les chaudières peut également être cachée à nos yeux , fur-tout fi elle eft entretenue par l'infiltrarion des eäux pluviales ou de fontes de \ 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, neige. Aufli les parties du globe très-éloignées des volcans vifibles &c connus, éprouvent-elles quelquefois des tremblemens de terre. S'il y a des volcans vifibles qui n'en produifent point, ou qui en produifene rarement , c'eft parce qu'il ny a point de chaudières remplies ou entre- tenues à leur portée, ou que la mafle d’eau qui les fournit eft rarement fufifante pour produire le volume de vapeurs capable de les caufer. Tel volcan en produifoit autrefois qui n’en produit plus aujourd’hui, ou parce que la mafle d’eau qui alimentoit fes chaudières eft tarie, ou s'eft éloignée , ou parce que le rameau fouterrain de leur communication s’eft obftrué. Une infinité de volcans font éteints , ou parce que la mafle du combuftible eft confumée , ou parce que dans les bouleverfemens, elle a été couverte & enveloppée de matières incombuftibles. Quant à l'eau, au foufre & au bitume liquides, qux pierres de différentes efpèces, lancés hors de la bouche du volcan ou de fes fentes latérales , la force de la vapeur fufht pour les expliquer. Les jers d’eau ne font que la vapeur même lancée dans l'air libre s'y condenfant &c retombant en malle, le foufre & le bitume qui fe rencontrent dans le chemin de la vapeur, font mis en fufion par fa chaleur brûlante, & pouflés en raifon de fon volume & des ouvertures par où elle s’échappe avec ces matières. Les pierres font lancées, comme le feroit le pifton d’une machine à feu artificielle , s’il n'étoit retenu par la chaîne & par le balancier , retenu lui-même par les colliers de fes tourillons : les torrens de laves ou d’autres matières en fufion proviennent des chaudières rompues qui les contenoient. Si la vapeur de l’eau bouillante rencontre dans l’activité de fa force expanlive, quelque fente par laquelle elle puiffe s'échapper dans l'air libre, la force avec laquelle elle le choque & le met en vibration , produit ce fifflement qui quelquefois précède & accompagne les tremblemens de terre. On objectera peut-être que la vapeur ayant une fois trouvé une iflue , il ne devroit plus y avoir de tremblement de terre. Il en feroit ainfi en effec, fi elle pouvoit s’échapper route par cette iflue à mefure qu'il s'en forme de nouvelle ; mais fi elle devient tellement abondante qu’il ne s’en puifle échapper qu’une très- petite quantité , le tremblement de terre aura lieu , ainfi que le fifflement qui ceflera , fi la fente qui l'occafionne vient à s’obftruer dans les commotions. Quant à l’anéantiffement & à la formation d’iles & de montagnes, ils s'expliquent également par la machine à feu. L'intérieur du globe eft un grand laboratoire de chimie où la fermentation entretenant le mouvement des corps & le jeu de leurs combinaifons, il en réfulte des altérations dans leurs mafles , leurs volumes , leurs qualités & leurs ficuations, & par conféquent dans les efpaces qu'ils rempliffent. Qu'un de ces efpaces caverneux vienne à fe remplir par l’écroulement de fa voûte, cette voûte chargée d'une montagne fituée dans les terres ou , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 8? dans les mers, ( l’écroulement caufé par l'effort de la vapeur de l'eau bouillante éherchant à s'étendre ) la montagne s'enfoncera dans l’efpace caverneux & lui fervira de remblai. Qu'un autre efpace foit infufhfant pour une grande quantité de vapeurs qui s’y porteront avec violence, elles fouleveront fa voñte avec la charge des terres qu'elle porte, & les mettront au-deflus du niveau des campagnes ou des mers, C'elt ainf qu’au rapport de Senèque, cité par Draper , naquit de fon tems, à la vue de nombre de Matelots, l’île de Thérafe , aujourd'hui Santorin, dans l’Archipel. On comprend que la mafle foulevée laiflant vuide la place qu'elle occupoit , il doit néceflairement fe former pour la fourenir, une nouvelle voûte par la jonétion des fommités des parties environnantes mifes en furplomb par le foulevement, On a déjà fait remarquer combien peu de folidité doivent avoir des voûtes ainfi formées au hafard. Auñli la moitié de cetre île de Santorin , née du tems de Sénèque, fut-elle abîmée par un tremblement de terre en 1507. Un canal très- profond prit la place de la partie enfevelie fous’les eaux , & divifa le refte en plufieurs morceaux qui ne font pour la plupart que des débris volcaniques. La partie la plus confidérable de ces morceaux épars , effuya encore au commencement du dix-feptième fiècle , un tremblement de terre qui en fit difparoître la moitié avec fept ou huit cens habitans. Senèque qui, de même que fon fiècle, avoit plus d’efprit que de connoiffances phyfiques , attribue la naiflasce de cette île à la force des . efprits fouterrains qui la foulevèrent du fond d'un abime (1). Enfin, les vapeurs qui en 1783 couvrirent dans le même tems & pendant près de quatre mois, une partie de l’Europe, de l’Afie'& de l'Afrique, n’éroient très-probablement qu'une tranfludation , c'eft-à-dire , que les chaudières répandues fans doute dans l'intérieur de ces parties du globe, ayant fourni abondamment de vapeurs, les galleries & les rameaux qui communiquoient avec elles ; à l'aide d’une quantité fufhfante de com- buftibles allumés par la fermentation , elles pénérrèrent à travers les épaifleurs de leurs voûtes, & fe répandirent dans l'atmofphère. Cela fuppoferoit à la vérité ou que ces voûres étoient crevaflées ou qu’elles avoient peu d'épaifleur. L’une ou l’autre de ces conjectures, & fur-rout la dernière, ne feroient pas fans fondement ,puifque dans certains cantons de la Bourgogne , les vapeurs furent chaudes , defféchèrent & firent périr le raifin à peine formé. x) Si, à la place des efprits fouterrains, Senèque eût mis les vapeurs de l’eau < LITE ke = P » q p bouillante , il eût eu raifon. Ses 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, R:E, G, H:E)RICHH'E)S Sur la nature des fubflances animales , & fur leur rapport avec les fubflances végétales ; ou Recherches fur l'acide du fucre ; Par M. BE2RTHOLLET. Com, lon ne peut féparer, par les moyens employés jufqu'à réfent dans l’analyfe chimique, les principes qui entrent dans la com- pofition des fubftances animales, fans les altérer ou fans former de nouvelles combinaifons qu'il ne faut fuppofer préexiftantes, on ne peut avoir que des idées très-imparfaires fur leur nature & fur les différences qui les diftinguent des fubftances végétales qui prennent fi facilement leur caractère par l’action vitale. Ne parviendra-t-on pas à acquérir des notions plus exactes, en obfervant les rapports que les fubftances de l'un & de l’autre règne ont avec les différens agens , dont la chimie moderne a appris à faireufage, ou du moins à rendre raifon de plufieurs phénomènes dont la caufe eft reftée inconnue? J'ai fair quelques expériences fous ce point de vue : je vais préfenter aujourd'hui celles que j'ai rentées avec l'acide nitreux , à limitation de celles que M. Bergman a faices fur le fucre & fur quelques autres {ubftances végétales ; je les ai annoncées dans le Journal de Médecine de 1778. J'ai choifi la foie pour commencer mes expériences, parce qu’étant d’une nature homogène, elle m'a paru plus propre à cette analyfe que plu- fieurs autres fubftances animales ; j'ai donc difillé de la foie avec fept à huit parties d'efprit de nitre ordinaire, elle a été attaquée promptement, il s'eft dégagé beaucoup de vapeurs rouges, & bientôt elle s’elt trouvée entièrement difloute , de façon qu’on n’appercevoit dans la cornue qu’une liqueur très-claire & bleuâtre, comme il arrive toutes les fois que l'acide nitreux eft phlogiftiqué à un certain degré. Lorfque j'ai vu qu'il reftoit peu de liqueur , j'ai laiflé refroidir l'appareil; j'ai trouvé le lendemain dans la cornue une quantité aflez confidérable d'un fel qui , après une feconde cryftallifation , éroit bien tranfparent & bien cryftallifé en aiguilles prifmatiques, & qui m'a préfenté, foit dans fa forme, foic dans fes com- binaifons, foit dans la diftillation pneumato-chimique , tous les caractères du fel quon connoît à préfent fous le nom d’acide du /ucre ou Jaccarin. Lorfque l'acide nitreux qui a diflous la foie fe refroidit, il fe fige à fa furface une fubftance graiffeufe qui, par le moyen de la chaleur, fe diffouc SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 89 diffout entièrement dans la liqueur , quoiqu'on l’affoibliffe de beaucoup d’eau , & qui pañle avec ellé par le filtre. Pour obferver cette graiffe, il ne faut pas diftiller fur la foie une quantité d'acide nitreux qui foit fufhfante pour obtenir l'acide faccarin dans un état de pureté , car l’acide nitreux l'entraîne avec lui dans la diftillation , il en furnage alors une partie, mais la plus grande partie fe combine avec lui, comme on le verra dans la fuite de ce Mémoire. J'ai foumis à la même expérience , de la laine, une peau préparée & des tendons; la laine eft de toutes les fubftances animales que j'ai éprouvées celle qui m’a donné la plus grande quantité d'acide faccarin ; de fix gros, j'en ai retiré trois gros & quatre grains, pendant que M. Bergman n’en a retiré qu'une partie fur trois parties de fucre , qui eft la fubftance végétale qui lui en a le plus donné; la peau en a aufli beaucoup donné; les rendons un peu moins; la quantité de la graifle a éré à-peu-près égale dans ces différentes épreuves : les cheveux m'ont donné beaucoup de oraifle & d'acide faccarin. Jai traité de la même manière une partie mufculeufe, autant privée de graifle qu'il m'éroit poflible , & que javois tenue long-tems en digeflion avec une grande quantité d'eau pour en féparer la partie gélatineufe ; mais il s'en eft féparé beaucoup de graifle, & je n'ai pu faire cryflallifer régulièrement la petite portion d’acide, parce que je n'ai pu la féparer affez de la matière grafle; la gelée m’a donné très-peu de graïfle & extrêmement peu d’acide, J'ai retiré du coagulum du fang beaucoup d’acide & une quantité affez confidérable de graifle ; mais la partie albumineufe de la férofité du fang, coagulée par l'ébulliion , m'a préfenté les mêmes caractères que la elée. Le blanc d'œuf, durci par l'ébullition , & traité avec l'acide nitreux , s'eft promptement diflous , il a donné beaucoup de vapeurs rouges , une quantité médiocre de graifle, & une quantité aflez confidérable d'acide faccarin. Le jaune d'œuf contient une huile qui a toutes les propriétés des huiles végétales par expreflion ; après l'avoir privé , autant que j'ai pu , de cette huile , je l'ai diftillé avec l'acide nitreux , il a donné promptement une uantité aflez confidérable d'huile qui nageoir fur l'acide nitreux, pendant qu'il éroit chaud , & qui s'eft figée en refroidiflant ; elle étoit jaune, & paroifloit être encore une portion de l'huile végétale de l’œuf, je l'ai féparée, après quoi j’ai continué la diftillation jufqu'au point convenable; il s'eft figé beaucoup de graïfle, & je n’ai retiré que peu de fel acide, de forte, qu'excepté l’huile végétale, le jaune d'œuf donne dans cette analyfe, les mêmes produits que les fibres mufculeufes. Quoiqu’on ne puiffe douter que les fubftances végétales ne contiennent de l'huile dans leur mixtion , elle eft abfolument détruite par l’action de Tome XXVII, Part. II, 1785. AOUST, M 50 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pacide nitreux, & l’on n’en'trouve plus aucun indice, nidans la matière qui refte dans la cornue, ni dans l'acide qui pafle dans le récipient: les fubftances animales, au contraire, donnent toujours la matière grafle dont j'ai parlé, & dont on a quelquefois de la peine à débarraffer l'acide faccarin : ün trouve cette matière grafle combinée en partie avec l'acide Ditreux qui pafle dans le récipient, car cer acide a tune couleur jaunâtre qui ne lui eft pas naturelle ; il a une odeur défagréable, propre à l'huile animale ; fi on le farure avec un a!kali, il fe forme à la’ furface une pellicule grafle, & il fe dépofe peu-à-peu au fond du vafe une plus grande quantité de graifle; malgré cela, la liqueur faline fait voir par fa couleur, & par l’odeur qu’elle-conferve, qu’ellé continue de tenir une portion de cette huile en diffolucion. | L'huile eft non-feulemenc plus abondante dans les fubftances animales que dans les végétales, mais elle paroîc avoir un caraétère très-différent ; on fait qu'en la décompofant par la diftillation , elle donne une liqueur alkaline , au lieu que les huiles végétales donnent une liqueur acide, Je ne parle que.de l'huile qui entre dans la combinaifon des fubftances, foit animales, foit végétales, & non point de celle qui eft épanchée fur le tiflu des plantes émullives, ainf que dans letiflu graifleux : on fait que celle qui eft dans le tiffu graifleux, n’a pas encore pris le caractère de l'huile véritablement animale, puifqu’elle donne une liqueur acide comme les huiles végérales , lorfqu'on les décompofe par la diftillation. La partie amilacée & la partie glutineufe de la farine , m'ont donné Pune & l’autre beaucoup d'acide faccarin , mais avec la différence qui diftingue les fubffances animales des fubftances végétales, Il paroît donc réfulter de mes expériénces, que ce principe huileux conftitue une des principales différences qui fe trouve entre les fubftances végétales, & les fubftances animales : l’autre principe qui eft combiné avec l’huile, & que j'en retire fous la forme d'acide faccarin , eft le même dans l’une & l'autre efpèce de fubitances, puifqu'il donne le même réfultar. On ne peut pas regarder l’acide faccarin, comme une fimple modifica- tion de l'acide nitreux ; 1°. l'acide faccarin a des propriétés chimiques tout-à-fait diflérentes de celles de l'acide nitreux. 2°. Il donne d’autres principes dans fa décompoftion. 3°. On le retiré en proportions très- différentes, des différentes fubftances ; il paroîc qu'il faut regarder cet acide dans les fubitances, foit végérales , foit animales, comme l'acide arfénical , l'acide vitriolique , & l’acide phofphorique dans l’arfenic, le foufre & le phofphore; & que l'acide nitreux influe fur la nouvelle forme qu’il prend, de la même manière que fur ces dernières fubftances, lorfqu'il les convertit en acides : nous aurons occalon de nous expliquer fur cet objet dans d’autres Mémoires. La bafe de l'acide faccarin eft donc commune aux fubftances végétales SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 91 & aux fubftances animales ; dans ces dernières, fa quantité paroîc répondre à la folidité des parties ; cependant les fibres mulculeufes en donnent beaucoup moins que le coagulum du fang & que le blanc d'œuf; elles paroiflent avoir dans cette efpèce d'analyfe, beaucoup d'analogie avec la gelée & avec la partie coagulable de la férofité. Dans les fubftances végérales, la quantité de La bafe de l'acide faccarin, paroït répondre aflez exactement , non à leur folidité, comme le prouve l'expérience fuivante, mais à leur propriété nutritive. J'ai traité avec l'acide nitreux le coton, comme une fubftance homogène dans fes principes , & d’un caraétère tout végétal ; je devois en retenir beaucoup d'acide faccarin , fi cet acide entre, comme partie effentielle, dans la compofition des fubftances végétales. Il faut choifir pour cette expérience , un acide concentré, parce que le coton réfifte beaucoup plus à fa décompolition que les corps fucrés & les fubftances animales ; mais on vient à bout de le difloudre complettement ; il donne beaucoup de vapeurs rouges, & la diflolution fufffamment évaporée, ne laifle qu'une quantité infiniment petite d’acide faccarin : j’ai examiné l'acide nitreux qui a paflé dans le récipient, je l'ai faturé avec l’alkali fixe, il m'a paru ne rien contenir d'écranger; de forte que cette fubftance compacte & qui laiffe un charbon abondant lorfqu’on la décompofe par le feu, ne laiffe rien de fenfible dans cette expérience, fi ce n'eft une quantité extrêmement petite d'un fel qui lui-même eft entièrement réductible en gaz par l’action de la chaleur & par celle de l’acide nitreux concentré : ce phénomène peut furprendre au premier coup-d’œil , mais il eft conforme à un grand nombre d'autres phénomènes connus; l'on ne doit as être plus étonné de voir une fubftance végétale réduite en principes élaftiques par l'acide nitreux, qu'on ne left de voir des plantes croître dans l'air ou dans le fable pur & dans le verre. Je n’ai point parlé du réfidu que l’on a, en traitant les fubftances animales avec l’acide nitreux, après en avoir retiré , autant qu’on le peut, toute la graifle & tout l'acide faccarin ; ce réfidu , fur lequel je ne puis m'expliquer à préfent , forme une autre différence entre les fubftances végétales & les fubftances animales. Pour l’alkali volatil qu’on retire des fubftances animales, il eft certai- nement dû à une combinaifon qui fe forme pendant la diftillation ou pendant la putréfaétion , puifque s’il exiftoit dans les fubftances, on en retireroit un fel ammoniac par le moyen de l'acide nitreux avec lequel on le décompofe, Tome XXVII, Part, Il, 1785. AOUST, M 2 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DI1S.S ER; TA TE ON Sur. l'inflammarion fpontanee des matières tirées du règne végétal & animal ; Par P.L.G. CareTrTe, Maire Apothicaire à Lille. L'avnée dernière, des fleurs de millepertuis , que je venois de faire deflécher à un certain degré de ficcité, dans l'huile d'olive épurée, s'étant embrafées, la curiofité me fit répéter cette opération , que Je vérifiai en fubftituant d’autres corps graifleux à de nouveaux végétaux, & cela jufqu'à ce que je fufle bien certain qu’un grand nombre d'entr'eux, pour ne pas dire tous, étoienc fufcepribles des mêmes inflammations fpontanées. Je communiquai mes expériences à M. N.J. Saladin, qui réunit à la profeffion de Médecin , qu'il exerce avec honneur dans cette ville, un goût décidé pour les Mathématiques & la Phyfique. M. Fauvel père , ancien Médecin aufli de notre ville, fut préfent à une expérience, où il s’agifloit d'une feconde épreuve fur les herbes qui m'avoient fervi à faire l’onguent nervin ; elles ne manquèrent point de s’enflammer ; cette expérience acheva de convaincre M. Saladin, & ce ne fut que d’après cette opération , & fur le récit que je lui avois fair du produit de mes recherches, qu'il en fit pafler la Differtation à M. l'Abbé Mongez , Auteur du Journal de Phyfique. - Des raifons (1) particulières engagèrent M. Sa/adin à ne point me nommer auteur de cette découverte, dans la fufdite Differtation , qui fe trouve confignée dans le Journal de Phyfique du mois de Novembre dernier, auquel je renvoie le Lecteur & ceux qui nous ont écrir à ce fujer : ils y trouveront un détail exact de mes recherches qui fatisfera aux demandes qu'ils nous ont faites. Je dois les prévenir encore que ces fortes d’inflammations n'ont lieu que lorfque les végétaux ont rerenu une certaine humidité; car lorfqu'ils font tout-à-fait defléchés, ils fe réduifent feulement en charbon fans flamme apparente, circonftance qui fut omife dans le Mémoire ci-énoncé. Des toiles fe font aufli quelquefois brûlées fpontanément. Le fieur Delangre , Voiturier d'Armentières , conduifant pour le compte des Négocians de notre ville, une voiture de toiles orifes, en fit la trifte (+) La crainte de laïffer à douter de la bonne préparation du remède qui avoit LA . , Là donné lieu à cette découverte. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 93 expérience, Une partie fut confumée pendant la route, & le feu attaqua l'intérieur des pièces les plus ferrées. Ce fair eft conuu par le différend qui s’eft élevé à ce fujer, entre lui & les Négocians intéreflés. La Chimie ne nous laiffe pas ignorer qu'un compofé de foufre, de limaille de fer & d’eau, s'enflamme fpontanément (1). Ces fortes d’inflammations n'appartiennent pas aux feuls végétaux & minéraux , elles fonc encore communes au règne animal. La plus légère négligence, qui accompagne fouvent les préparations indifpenfables à leur fabrique , en peur être la caufe : ce que je vais démontrer par les faits fuivans (2). ) Mes enfans avoient fait une bale de vieille laine filée qu'ils avoient imbue d'huile, dans le deffein de la rendre plus élaftique ; lorfqu'elle fut à la grofleur défirée , ils la férrèrent fortement d’une ficelle , puis finirent par la recouvrir d’une peau jaune. Cette bale qui étoit très-ferme dans le principe , perdit en peu de tems certe dureté, de forte qu'on l’auroit foupçonnée pleine de cendre ou de fon. Ils la jetèrent dans cet état fur le pavé: à mon grand étonnement elle fe brifa, & ne préfenta qu'une pouffière noire, qui reflembloit parfaitement à une matière charboneufe, ® fans aucuns veftiges de laine ni de ficelle, Quoique cela me :parüc extraordinaire ; je ne fis aucunes recherches fur les caufes qui l'avoient produit (3). L'inflammation des végétaux m'ayant rappelé ce fait, je me mis en devoir d'en découvrir les caufes, Un Manufaturier de draps de cette ville m'a rapporté des faits, que je regarde analogues à cet objet : les voici tels que je les ai appris (4). On avoit renfermé dans le magalin de cette fabrique une pièce de drap qui n’étoit pas encore dégraiflée ; elle y fut mife négligemmenc fur Je plancher, pliée fur elle-même ; dans l’intervalle de quelques jours elle s'y enflamma fpontanément ; on s’en apperçut aflez tôt pour préferver le bâtiment de l'incendie , mais trop tard pour la pièce, dont il ne reftoic plus que les lifières & quelques lambeaux. La même chofe lui eft arrivée à un monceau de laine filée pour trame, qu'on avoit mis fur le plancher d’un des greniers du même bâtiment ; un enfant de l'Hôpital général ; qui travailloit chez lui y étant monté pour quelque befoin , découvrit cec incendie qui avoit déjà embrafé le plancher. Des pièces de drap furent foupçonnées d’avoir été endommagées dans (1) Voyez la Chimie de Lemery , commentée par Baron , édition de 1756, fol. 140. {2) La négligence de les avoir fait parfaitement fécher ayant de les renfermer, (3) Ce fait nous eft arrivé au mois dé Juillet 1775. (4) Madame veuve Frifon & Fils, 94 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la route par la même caufe en allant au foulon ; notamment une pièce de drap de capucin qui fut totalement gâtée. : Le feu prit il y a quelque tems chez un Fabricant de draps, dont la caufe qui,ne fut que foupçonnée, fur peut-être de ce genre (tr). Voilà des faits qui annoncent la poflibilité des inflammations inopi- nées dans le règne animal ; mais les rendre publics fans entrer dans le dérail des caufes qui ont pules produire , c'eft atrendre des autres la folution d’un problème que lon propofe, c'eft annoncer les ‘dangers qui nous environnent fans-donner les moyens de les prévenir. Quoique je n’aie pu tirer de mes recherches que des idées confufes fur les caufes de ces incendies , elles me portent à croire qu'elles n’ont eu lieu que pour avoir amaflé en cas les laines &les draps, dans une bumidité aflez grande pour les exciter à la fernrentation, La chaleur qui accompagne toujours cer état ; defsèche les’ huiles dont ces matières fonr imbues, & les amène infenfiblement à l'ignitionscomme dans les expériences que j'ai faires fur les végétaux. Je fuis encore affez tenté de- croire, que la nature des huiles qui entrent dans l'opération du drouflage des laines , peut y contribuer. Dans les pays où les huiles d'olive font communes, elles ont la pré- férence pour le travail des draps. Ici on la donne aux huiles de colfar , qui ne fe sèchent que très-difñcilement , & dans les années où ces dernièresmanquent on ne fe fait point de fcrupule d’y ajouter d'autres huiles , telles que celle de lin, &c. Ces mixtions frauduleufes , qui au contraire fe defsèchent aifément, peuvent, felon moi, donner lieu à ces incendies. Si je me fuis égaré dans mes raifonnemens, je compte fur l'indulgence des Phyficiens éclairés, avec d'autant plus de confiance, qu'il n'étoit point à mon pouvoir de répéter ces expériences, Je ferois néanmoins fatté, que quelque favant critique prenne la peine de m'éclairer dans lesrecherches que je continue fur cette matière : elles commencèrent par être l'objet de ma curiofité, je les publie aujourd'hui, non pour m'attirer la gloire d’une découverte que le hafard m'a procurée , mais parce qu’elles intéreflent la clafle des citoyens la plus nombreufe , rels que les Apothicaires, Epiciers, Droguiftes, Filriers, Négocians , les perfonnes chargées par état de veiller à la conférvation des magafins de marchandifes , ou des entrepôts de munitions de guerre, & autres effets au compte de Sa Majefté , les Chefs des hôpitaux , ainfi que les Capitaines de navires : duflent-elles n’en préferver qu'un , je me féliciterai toujours d'y avoir donné lieu. j (1) Chez M. Duhamel, de Lille. NX 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 . OBS E KR V:ATI O NS SUR LA, DISSOLUTION DU VERNIS DE LA SOLE ; Prefenrées à l'Académie de Lyon, par M l'Abbé CoLLous, le 23 Novembre 1784. L'anr de rendré la foie aufli! propre ‘à l'agrément qu'à l'urilité des hommes, élt uh de ceux pout'lequel on a fait le plus de recherches, Ceux qui fe font occupés les premiers à débarrafler ‘cette? fubftance précieule des enveloppes groflières qu’ellé:rientide la nature , ont tenté fans doute üne foule de moyens avant de découvrir Pagent qui eût la ropriété , fans,altérer certe fubftance, de lui donner la beauté & l'éclat dont elle eft: fufceptible. L'efpèce de vernis ; -qui forme fon enduit paturel , eft même encore pour la Chimie un objet d'examen aufli neuf qu'intéreffant :en vain plufieurs Chimiftes ont-ils renté d'en découvrir Ja nature ; leurs recherches n’ont point eñcore percé le nuage épais où il femble qu'elle foit cachée. Jé ne ferai point de vaines conjectures fur un objet au-deflus de’mes-lumières: je me bornerai à préfenter à l’attention des Chimifles une propriété du vernis de la foie inconnue jufqu’à ce jour, c'eft fa diflolubilité dans l’eau bouillante. Perfonne , que je fache , n'a encore employé l’eau comme unldiffelvant propré à donner au fl du ver-i-foie , fortant de deflus le cocon , la foupleffe convenable à fes divers ufages. Les Artiftes, en reconnoïflant qu'il téfifte à tous les diflolvans, à l'exception des alkalis , ont généralement adopté le favor, dont l'alkali adouci par de Phuile dépouille parfaitement la foie de fon vernis, opération qu'on nomme le décreufage ou la cuite de la foie. Dans tous les rems on a confidéré cette opération comme fi fort importante aux fuccès des manufactures en foie de certe ville, que pour y contribuer, l’Académie de Lyon , toujours occupée de la perfection des arts & des objers les plus avantageux au commerce , propofa pour le fujet de fon prix de l'anné 1761 , le décreufage des foies à l’inftar de celles de la Chine , qui ont plus de luftre que les foies de ces pays-ci, & qu'on dit être décreufées fans favon. M. Rigaud de Saint-Quentin, Auteur du Mémoire couronné en 1762, dans la vue de conferver à la foie, fon luftre & fon éclat , d'obvier aux mauvaifes qualités que l'huile du favon peur lui donner, préfenta l'alkali comme l'agent le plus propre à remplir cer objet. Il propofa de fubftituer au favon une diffolution de fel de foude érendu dans une fuffifante quantité d’eau pour ne point altérer & énerver la foie. 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Malgré tous les avantages qu'offre ce procédé pour le décreufage des foies , auxquels dans le principe parurent applaudir les gens de l'art, la méthode de M. Rigaud n'eft point adoptée dans les atteliers de teinture de certe ville. Des eflais mal combinés de quelques particuliers qui ont échoué faute d'intelligence , ne devoient pas dégoûter tous les Artiftes en général. Mais les arts ne s'avancent que d'un pas tardif vers la perfection ; au lieu d'étendre les effais pour obtenir du fel alkali les avantages que l’art de la teinture & les manufaétures avoient lieu d'en attendre , les Artiftes ont préféré d'en abandonner l'ufage. On lit à la page première de l'Art de la Teinture en foie, par M. Macquer : « La première, des opérations de l’art de la teinture en » foie, a donc pour objet de lui.enlever en même-tems fon enduit & fa » couleur naturelle; mais. il:eft aifé de fentir que cela ne fe peut faire » que par le moyen d'un diffolvant qui ait une action fufffante fur le » vernis naturel de la foie. Les Artiftes qui fe font occupés les premiers >» de cet objet, n’ont certainement pas eu beaucoup à choifir parmi les » agens- qui pouvoient remplir ces vues, car l’enduit de la foie eft une > fubftance d'une nature fingulière qui ne fe laiffe attaquer, à proprement =-parler, que par une feule efpèce de diflolvans. » Cette matière réfifle-abfolument à l'aétion de l'eau 3 les diffolvans » fpiritueux , & particulièrement l’efprit-de-vin, loin de l'enlever, ne font » au contraire que la racornir, » Les acides fufffamment affoiblis ou adoucis pour ne point détruire » la foie même, n’attaquent fon enduit que fort imparfaitement. Enfin , » il paroît qu'il n’y a que les fels alkalis qui aient fur lui aflez d'action » pour le difloudre efficacement, quoique fufifamment aftoiblis ou » adoucis pour ne point altérer fenfiblement la foie, » Toutes les propriétés de cette fubftance démontrent qu’elle n'eft ni » une gomme, ni une vraie réfine, ni même une gomme réfine, & qu'elle » differe effentiellement de routes ces matières ; car toutes les gommes » fe diflolvent dans l’eau, toutes les vraies rélines fe diflolvent dans » l'efprit-de-vin , & toutes les gommes-réfines peuvent être difloutes en >» partie dans l’eau, en partie dans l’efprit-de-vin : c'eft donc probable- 2 ment une de ces matières huileufes concrètes, qui different des réfines » proprement dites, en ce que leur partie huileufe n’eft pas de l'efpèce > des huiles eflentielles, mais des huiles douces qui n'ont rien de » volatil, & qui ne fe laiflent point attaquer par l’efprit-de-vin. Peut- >» être auffi l’enduit de la foie elt-il compofé de fubftances gommeufes & > huileufes, mais proportionnées & combinées de manière qu’elles fe > fervent mutuellement de défenfifs contre l’action de leurs fubftances » propres DA Dans cet expofé des diverfes propriétés du vernis de la foie & des diflolvans propres à l'en dépouiller, on ne peut voir M. Macquer prétendre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 prétendre que cette matière rélifte abfolument à l'aétion de l’eau, fans regarder fon opinion comme un fruit du préjugé, ou comme conclue d’après des expériences auxquelles ce Savant n’a point prefidé. Il feroic difficile autrement de fe perfuader qu'un Chimifte aufli célèbre que M. Macquer eût donné une erreur pour une vérité, fi lui-même avoit éclairé du flambeau de l'expérience l'aétion de Peau fur Le vernis de la foie. Ce n’eft en effet qu'avec ce fecours & à l’aide du travail & de Pobfervation qu’on s'éloigne des préjugés nuifibles aux progrès des arts, & qu'on arrive à de nouvelles connoiffances fur les objets dont on s'occupe. Celui de més recherches , il y a plufeurs années, étoit relatif à [a perfection de quelques couleurs fur la foie crue: j'en tenois quelques écheveaux dans l’eau bouillante avant de les foumettre à divers eflais. Un de ces écheveaux de foie jaune organcin du poids de quatorze deniers huit grains, N°. 1, enveloppé d'un fachet ou d'une toile mife en double, avoir bouilli environ trois heures dans de l’eau ordinaire, lorfqu’en le retirant du bain, je remarquai qu'il lui avoit donné une odeur de foie crue: que l’eau dans laquelle je venois de le laver étoit un peu louche; qu'il avoit , étant humide , de la vifcofité. Lorfqu’il fur fec, j'apperçus fes fils, comme coilés ou adhérens les uns aux autres ; il avoit perdu près d’un huitième de fon poids; je conjeéturai que le vernis de cette foie devoit avoir éprouvé un commencement de diflolution. Ce nouveau phénomène me fit naître le defir de tenter la diflolution de ce vernis avec l’eau feule , fans le fecours d’aucun autre agent. Je remis cet écheveau enveloppé de fon fachet dans un fecond bain où l’ébullition fut entretenue pendant près de trois heures; retiré de fon facher & lavé, il me parut retenir encore quelques portions légères d'un fel glutineux ou de vernis dans une diffolution incomplette ; mais je trouvai fes fils plus fouples, lorfqu’il fut fec , qu'après l'opération précédente ; il avoit perdu un cinquième de fon poids. Encouragé par ce fuccés, j'ofai croire pour lors à la pofbilité de l'entière & parfaite diflolution de cette matière avec de la chaleur & de l’eau. En effet, après avoir foumis cet écheveau à l’ébullition dans un troifième bain pendant deux heures & demie ou trois heures & l'avoir lavé parfaitement, j’eus la fatisfaction de le trouver, étant fec , entière- ment dépouillé de fon vernis, fort fouple, doux au toucher, ayant de l'éclat , mais d’une efpèce de couleur jaune ou de chamois : il avoit enfin perdu avec fon vernis près du quart de fon poids , étant réduit à celui de onze deniers quatre grains, qui foutraits de quatorze deniers huit grains , donnent trois deniers quatre grains de perte ; laquelle pour une livre de foie de quinze onces donne un quart moins un trente-quatrième de perte. 3 Tome XXVII, Pare. II, 1785. AOUST, N c8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le fuccès de cette nouvelle découverte , en dévoilant le vrai réfultat de l’action réunie de la chaleur & de l'eau fur le vernis de la foie, prouve évidemment que certe fubftance fingulière ne réfifte pas abfolu- ment à l’action de l’eau , comme le foutient M. Macquer ; il eft vrai que ce diflolvant laifle à la foie une efpèce de couleur jaune qui la mer hors d'état de fervir aux éroffes deftinées à refter, blanches , ou à recevoir quelques couleurs dont la beauté dépend de la blancheur des fonds auxquels on les applique ; mais elle ne empêche point de recevoir les couleurs ordinaires. Les foies qu'on deftine à refter blanches ou à recevoir certaines cou- leurs, quoique décreufées avec trente ou cinquante livres de favon pour cent de leur poids, & qu'elles aient bouilli pendant trois heures & demie ou quatre heures, ne laiflent pas de conferver auf un petit œil de roufleur , prefqu'infenfible à la vérité, mais qui l'eft aflez pour exiger qu'on les mette au foufre. Celles qu’on ne décreufe qu’avec vingt livres de favon pour chaque cent pefant de foie , & qu'on fait bouillir également pendant trois heures & demie ou quatre heures, confervent un œil de roufleur bien plus fenfible, mais qui ne s'oppofe cependant point à ce que la plupart des couleurs qu’on leur donne, ne foient belles. La foie décreufée fans favon prend comme ces dernières de belles couleurs , & elle les prend très-vivement. Un Teincurier en noir de cette ville, défirant faire un eflai, joignit un écheveau de foie décreufée au moyen du favon , avec un dé’la même foie décreufée fans favon; à la remière immerfion de ces deux écheveaux dans le bain de noir, celui décreufé fans favon prit une ou deux nuances de plus que l'autre, & tous deux ayant acquis le noir qu'on vouloit leur donner, celui décreufé fans favon parut mériter la préférence. Après quelques effais de différentes couleurs fur des parties de foie décreufées fans favon , on a reconnu qu'elles les avoient prifes fuivant l'intenfité de la nuance qu'on vouloit leur donner. I eft naturel de croire que les fécules colorées de l'ingrédient teignant , précipitées, fur des foies dont les pores ou les interftices ne font faturées d’aucuns corps étrangers, doivent y adhérer plus exaétement, y être plus durables & lus folides que fur celles imprégnées de la partie octueufe d’un mêlange d'huile, d'alkali marin rendu plus cauftique par la chaux vive. Ces foies ont encore le mérite d’être très-forres & rrès-nerveufes! Pour en avoir la preuve, on a pris deux écheveaux de foie de même qualité, dont l’un décreufé avec le favon & lPautre fans favon; ayant extrait du premier un fil d’une longueur déterminée, on y a attaché une petite mefure qu'on a chargée avec du menu plomb jufqu'au moment que le fil set rompu; un fecond & un troifième fl fubftitués au premier, onc fubi le même fort; mais cette même mefure ainfi chargée = ” D oo PC SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ç9 & fucceflivement fufpendue à plufieurs fils du fecond écheveau, auf longs que ceux du premier, ne les a point caflés, Mon premier procédé fur la foie, préfente un moyen sûr de la dépouiller de fon vernis fans l’expofer à aucun inconvénient , à aucune des altérations que peuvent produire les alkalis; mais pour qu'un procédé foit utile & avantageux à la fociété, il faut encore que lPufage en foie commode & qu'il offre aux Artiftes de la célérité dans la pratique. Ayant obfervé que la manière dont il eft décrit ci-delus , exige qu'on réitère trois fois la même manœuvre pour ne produire qu'un même effet, ce qui augmente la dépenfe pour le feu , ainfi que pour la main-d'œuvre, & ne laifle aux Artiftes , même avec l'économie du favon , qu’un bénéfice médiocre : de noavelles expériences me l'ont fait fimplifier. Ayant donc pris un écheveau de foie crue de couleur jaune du poids de vingt deniers vingt-deux grains; après l'avoir enfermé dans un fachet de toile, & l'avoir fait bouillir à gros bouillons dans un bain d’eau claire pendant huit heures de fuite, en l'y comprimant quelquefois avec une efpèce de palerte retourbée à angle droit, cet écheveau s'eft trouvé parfaitement décreufé ; ayant été lavé au fortir du bain dans de l’eau ordinaire , il a paru , étant fec, avec une couleur de chamois comme le précédent , réduit au poids de quinze deniers ; fa perte de cinq deniers vingt-deux grains donne pour une livre de foie de quinze onces, un quart & un trente-deuxième de perte. Ë Ce fecond procédé , plus fimple que le précédent ,.me paroît d’une pratique aifée, à la portée de tout le monde, d'autant moins difpen- dieux, qu'il n'exige que huit heures de feu, le baromètre marquant vingt-buit pouces. Û Il eft important d'obferver la hauteur actuelle du baromètre pour déterminer avec plus de précifion le tems que la foie doit relter dans le bain : le réfulrat plus ou moiñs prompt de chaque opération dépend particulièrement du degré de chaleur qu'éprouve l’eau pendant le rems de fon ébullition à l'air libre. L'expérience démontre que la preflion de l'air y influe beaucoup, que l’eau boût à différentes températures ; il ne faut donc pas regarder comme la plus grande chaleur celle qu’elle a lorfqu'elle boût à gros bouillons. Si la preflion de l’air étoit toujours égale , la chaleur de l'eau bouillante fersit un point fixe qui ne varieroit jamais ; mais elle n’eft pas conftamment la même. Lorfque la preflion de l'air fuc la furface de la terre elt la plus forte ou le baromètre le plus élevé, l’eau en ébullition eft pour lors au plus haut degré de chaleur qu'elle puiffe éprouver ; fa preflion étant au contraire la moins forte , ou Le baromètre le plus bas, elle n'éprouve qu'une chaleur inférieure. Dans le premier cas, l’eau en ébullition opérera en huit heures la diffolution complette du vernis de la foie; dans le fecond, elle exigera Tome X XVII, Part, Il, 1785. AOUST. N2 ’ 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus de huit heures pour-opérer le même efler. C’eft à des expériences réitérées & bien fuivies qu'on devra fans doute la connoiflance exacte de la force diffolvante de l’eau fur le vernis de la foie, proportionnelle à autant de degrés différens de chaleur que le baromètre peut indiquer des hauteurs différentes pendant la durée de chaque opération. Mais puifque l’eau en ébullition s'échauffe d’autant plus que fa furface eft chargée d'un plus grand poids; que d'un plus grand degré de chaleur réfulre plus de force diffolvante , il eft donc poffible que l’eau , foumife à un plus grand degré de chaleur, produife des effets encore plus prompts, une diflolution complette du vernis de la foie en moins de buit heures. Sachant que l’eau expofée à l'action du feu dans un vaifleau fermé , acquiert une chaleur de beaucoup fupérieure à celle de fon ébullition à l'air libre; que cette eau dans l’état de vapeur opère des diflolutions d'autant plus promptes & plus sûres, qu'elle-ne peur éluder l’action du feu qui la pénètre de toutes parts ; j'ai dû préfumer que dans une chaudière * fermée comme une machine telle que celle de Papin, le vernis de la foie éprouveroit la plus prompte diflolurion. Pour m’aflurer de cet effer, j'ai foumis à l’expérience plufieurs éche- veaux de foie crue dans mon diyefteur qui eft un vaifleau cylindrique de fonte de huit lignes d'épaifleur , & qui contient près de dix livres d’eau , poids de marc. Les premiers y ont été mis avec beaucoup d'eau & peu de feu, & fuccelivementen diminuant l’eau & augmentanc le feu, je fuis parvenu à me fervir de cette machine pour opérer la diffolurion du vernis de la foie fans altérer fa fubftance, J'ai employé dans les premières expériences des filets ou réfeaux de cordes à mailles de cinq à fix lignes en quarré pour empêcher à mes foies de toucher aux parois du vafe pendant le tems de l’ébullition, Je ne ferai point mention ici de divers eflais dont le détail feroit trop long ; je dirai feulement qu'ayant enfermé dans un facher de forte toile (1) un écheveau de foie crue, dé couleur jaune, du poids d'une once cinq deniers, N°.2,je le fixai, au moyen d'un chaflis de bois de fapin, à un ou deux pouces du fond de mon digefleur avec quatre livres d’eau : ayant pofé un timbe de carron mouillé fur le plan de fon orifice, par-deflus un couvércle garni d’une foupape — {1) Pour plus de sûreté & dans la crainte de quelqu’accident pour les foies qui, en raifon de plus de mafle & plus de volume que celles de mes expériences , toucheroient plus fortement aux parois intérieures des chaud ères, on pourroit y obvier par une feconde enveloppe ou un fecond fac fait de filets ou refeaux de cordes à mailles de cinq à fix lignes en quarré. J'ai négligé cette précaution dans mes dernières expériences , ne m’étapr apperçu d'aucune altération dans celles de mes fies auxquelles j’ai fait éprouver le plus de chaleur, en me fervant de fimples facs de forte toile, > Fr SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, ot d'affurance & fortement aflujetti par une vis de preffion , je verfai dans la parrie évafée qui furpafle le couvercle, huit onces d'eau pour tenir humedtés les cartons placés tant fur la foupape, qu'entre les’ plans refpectifs du couvercle & du digefteur : le feu mis au fourneau chargé de deux livres fix onces de charbon ; l'ébullition fur le couvercle parut trois quarts d'heure après : pendant une héure & quart que dura l'opé- ration, jentretins l'eau fur le couvercle proportionnéllement à fon évaporation qui fut de trois livres douze onces. Lorfque je m'apperçus qu’elle éroit prefqu’infenfble , fans attendre le refroidiflement de mon digefteur , je donnai une libre iflue à l’eau au moyen d'un robinet adapté pour cet objet au-deflus de fon couvercle. Sa fortie fut encore prompre & proportionnée à fon état de vapeur: je levai le couvercle pour en retirer l'écheveau de foie que je trouvai aufli parfaitement décreufé que fi la cuire en eût été faite dans un bain ordinaire d’eau chaude farurée d'une fufifanre quantité de favon. Cer écheveau lavé dans de l’eau claire refta d’une efpèce de couleur jaune ou de chamois comme les précédens ; étant fec, rous fes fils furent trouvés forts & nerveux, fon poids réduit à vingt-un deniers douze grains; ce qui donne fept deniers douze grains de perte, & pour une livre de foie de quinze onces, un quart & un cent feizième de perte, Le fuccès de cette feconde opération démontre évidemment combien ar une furabondance de chaleur l’action de l’eau ou de fa vapeur fur le vernis de la foie peut ètre prompte. On a vu par le fecond procédé de ma première opération , que l'eau en ébullition pendant huit heures dans une chaudière ouverte, y opère la ‘diflolution du vernis de la foie ; par celle-ci, l’eau dans l’état de vapeur fufifamment rerenue dans un digefteur, ou une chaudière exactement fermée , produit le même effet en une heure & quart; cette feconde opération eft donc fix fois plus prompte & fix fois moins difpendieufe, Elle paroît par {a fimplicité & fa célériré dans l’exécution réunir tous les avantages qu’on avoit lieu d’en atrendre. è La vapeur de l’eau, dit M. l'Abbé Noller , eft un fluide qui a quelques propriérés particulières & tiès-remarquables ; quand elle eft retenue dans un vaiffeau fermé de routes parts, elle reçoit comme l’eau , des degrés de chaleur dont on n’a point encore ofé eflayer de trouver les bornes, à caufe du danger auquel on s'expofe en faifant ces fortes d'expériences, On fait dejà cependant que l’eau ou fa vapeur mife à lépreuve du feu dans la machine de Papin, devient affez chaude pour fondre l'étain & le plomb, ce qui a fait dire à d'habiles Phyficiens: que l'eau feroic peut-être capable de devenir aufli'ardente que le cuivre ou le fer fondu. Lorfque l'eau eft retenue , dit M. Baumé , & qu'elle n’a pas la liberté de s'évaporer, comme dans le digelteur de Papin, elle acquiert alors 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, affez de chaleur pour fondre un morceau de plomb ou d'étain fufpendu dans fon centre, & pour décompofer les végétaux ou animaux, à-peu-près comme lorfqu’on en fait l’analyle à la cornue ; renfermée dans des vafes de métal aflez forts, elle y rougit: je l'ai vu, dit-il, rougir, elle eft même capable de rougir à blanc , lorfqu'elle eft fufffamment fixée. Tous Les Phyficiens , qui ont obfervé l'eau foumife à l’action du feu dans des vaifleaux fermés, de manière qu'elle ne puifle s'évaporer , con- viennent généralement de tous ces phénomènes. Mais leurs obfervations relatives à des expériences phyfiques avec des machines fort épaifles , de métal coulé & d'une grandeur médiocre, font moins propres à nous diriger dans nos opérations actuelles, qu'à montrer l'action d'un fluide embrafé , & les effets qu'il peut produire fur Les corps métalliques. Des expériences particulières n'ont convaincu qu'il n’eft pas néceffaire pour opérer la diflolution du vernis de la foie, de donner une excellive chaleur à l’eau où à fa vapeur dans un vaiffeau fermé de toutes parrs : on l’obrient aifément avec un degré de chaleur bien inférieur même à celui qu'emploient les Phyliciens dans leurs expériences pour la diflolurion . des os de bœuf, L'Abbé Nollet dit qu'après avoir enfermé des os les plus épais & Les plus durs dans fon digelteur , après lui avoir donné un degré de chaleur capable feulenient d'évaporer une goutte d'eau, qu'on jette deffus , dans Pefpace de quelques fecondés, on trouve les os blanchis , amollis , de manière qu'on les écrafe facilement fous les doigts, comme s'ils avoient éré calcinés, & l’eau étant refroidie, a la même confiftance & le même goût qu'une gelée de viande, J'ai enfermé plufieurs fois dans mon digefteur avec une fufñfante quantité d’eau des écheveaux de foie & des morceaux d'os de bœuf; après lui avoir donné un degré de chaleur capable d’évaporer en trois, quatre ou cinq minutes quatre onces d’eau verfée fur fon couvercle , les écheveaux de foie après une heure & quart d’ébullition ont été trouvés exactement décreufés, & les os de bœuf parfaitement durs , fans altération apparente; ayant réiréré plufieurs fois la même opération fur ces morceaux d'os du poids enfemble d'une once feize deniers quinze grains, je n'ai pu parvenir à les amollir ; je leur ai crouvé à-peu-près autant de dureté après quatre ou cinq opérations fucceflives qu'avant la première ; ils n’avoient perdu de leur poids que deux deniers vingt-trois grains, Je me fers d’un chaflis de bois de fapin pour empêcher aux fubftances végétales & animales de furnager l'eau de mon digelteur ; au moyen d’un degré de chaleur capable d'évaporer une once d’eau par minute, j'obtiens la diffolution de ces fubftances fans que mon chaflis fouffre aucune altération, C’eft ce que l'expérience me fait voir depuis plufieurs années, & ce qui me prouve que la chaleur que je donne à l’eau de mon digefteur pour ces fortes de diflolutions eft très-inférieure à celle que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 103 M. l'Abbé Nollet donnoït au fien pour en retirer des os difflous & des morceaux de bois femblables à du bois mort, Le degré de chaleur qui convient à la diflolution du vernis de la foie dans une chaudière fermée de routes parts , ne doit donc pas être bien confidérable ; mais une fois connu & dérerminé par des obfervations exaûes , il eit eflentiel de donner conftamment ke même, une chaleur propre à faire évaporer en un rems déterminé, une quantité d’eau égale ment déterminée qu'on verfe fur fon couvercle immédiatement après l'évaporation de celle qu'on y avoit verfée au commencement de l'opération. On m'objeétera peut-être que pour obtenir ces diflolutions fur des parties de foie du poids de foixante à quatre-vingts livres & plus, il y aura des difficultés à furmonter par rapport aux accidens que peut occafionner l'ufage des grandes chaudières fermées aufli exactement qu'un digefteur. Je répondrai qu'il eft peu d’entreprifes nouvelles qui noffrent des difficultés ; que celle-ci n’en préfente pointd'infurmontables; qu'à l'évard des dangers dont on la croiroit fufcepuible , on peut les prévoir, les appré- cier & s'en garantir. | Le premier qui fut adapter un corps de pompe au digefteur de Papin , fut aufli triompher des obitacles qui s’oppofoient à la conftruction d’une très-admirable machine, la pompe à feu, Elle montre aujourd'hui l’ufage qu’on peut faire de l’eau réduite en vapeur, non-feulement pour mouvoir des maffes confidérables, mais pour opérer en grand la diflolution du vernis de la foie & d’une quantité de fubitances qu'on a regardées jufqu’à ce jour comme indiflolubles par l’action feule de l'eau chaude , faute de les foumettre à un degré fuffant de chaleur. La cheudière propre à la diflolution du vernis de la foie ne pouvant être faire que d’un métal moins épais que les machines deftinées aux expériences de phyfique, elle exigera néceffairemenc des précautions , tant contre l'effort qu'elle aura à foutenir de la part de l'eau mife en expanfion, que contre la diffipation des vapeurs à travers les joints feuillés des pièces d’affemblase, La forme Ja plus avantageufe qui paroît lui convenit feroit celle d’un cône tronqué. On tiendroit par ce moyen fon ouverture fort étroite, afin qu'il ne füt pas befoin d'une fi grande force pour la tenir fermée, Le corps de cette chaudière, comme celui des pompes à feu, compofé de plaques de cuivre parfaitement liées enfemble par dés rivettes, feroit entouré de cercles de fer aflemblés par des montans qui fe croiferoienc deffous le fond ; on revêtiroit encore de maçonnerie le corps de cerre chaudière fur route fa hauteur pour le fortiñier contre la force de Ja vapeur ; on renforceroit par double épaifleur la partie inférieure ou le fond , qui, étant convexe en dedans, ferviroit de ciel au fourneau qui doit l'échauffer, 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Son couvercle feroit fait de cuivre jaune coulé ; il s'appliqueroit comme ceux des digefteurs , à la chaudière par le moyen d'une vis de preflion & d’une bride ou étrier très-folide, de fer forgé. On adapreroit fur le couvercle une foupape chargée d'un poids que la vapeur pourroie foulever avant qu'elle eût acquis trop de force pour mettre la chaudière en danger: on y fouderoit verticalement un robinet, qui, avant de defferrer la vis, ferviroit à la fin de chaque opération ; à évaluer l’eau de la chaudière encore dans l’état de vapeur. Sans cette précaution on s’expoferoit à quelque fâcheux accident. La vapeur dilatée dans le vaifleau ne manqueroit pas de faire fauter le couvercle avec une grande violence ; j'ai vu er pareil cas, dit M. l'Abbé Nollet, route l’eau d’un digefteur fe réduire fubirement en une vapeur épaifle, partir tout à la fois & par une feule erplofon. à Il eft à préfumer que, dans le digefteur dont parle M, FAbbé Noller , qui étoit une boîte cylindrique de métel for épais, dans laquelle la chaleur de l’eau avoit été portée plulieurs fois jufqu’au point de laifler fondre J’éramure intérieure , la mafle de l’eau animée d’un few actif & violent , lorfqu'eile partit tout à la fois & par une feule explofon , y étoit déjà réduite dans le plus grand état de vapeur, exceflivement comprimée , fufceptible d'occuper bien au-delà de quatorze mille fois plus d’efpace que lorfqu’elle eft en liqueur. Ce phénomène prouve que l’eau , qui eft peu comprefible dans fon état ordinaire , l’eft prodigieufement dans celui de vapeur ; elle jouit alors d'une force élaftique proportionnelle au degré de compreflion & de chaleur qu’elle éprouve. Cette force qui lui fait brifer avec explofon les vaiffeaux qui la contiennent lorfqu'elle eft expofée à un feu trop adif, eft fupérieure à celle de la poudre à canon : c’efl ce que M. Mufchenbroek prouve par une expérience , rapportée $. 873 de fon Eflai de Phyfique ; cent quarante livres de poudre ne font fauter que trente mille livres pefant; au lieu qu'avec cent quarante livres d'eau changée*en vapeur on peut élever foixante-dix-fept n:ille livres. Haukfbée ayant voulu comparer la dilatation de l'eau avec celle de Ja poudre , mit le feu, par le moyen d’un verre ardent, à de la poudre qu'il avoit enfermée dans la partie fupérieure d’un baromètre rempli de mercure ; il trouva que la dilatation de la poudre occafionna un vuide deux cens vingt-deux fois plus grand que le volume de la poudre qu'il avoic employée ; par conféquent l’eau fe raréfie environ foixante-trois fois plus que la poudre ; d'où il réfulte, comme l’obferve très-bien M. Baumé dans fa Chimie expérimentale & raifonnée, que, fi lon trouvoit le moyen de réduire fubitement en vapeurs une mafle d’eau , on produiroit des effets qui feroient foixante-trois fois plus grands que ceux d'un pareil volume de poudre, C'eft ce qui arrive fort fouvent dans les SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. :rof les volcans, où l'eau eft quelquefois retenue & réduite fi fubirement en vapeurs par la chaleur excellive du feu que renferment ces volcans, qu'elle jette au loin des mafles énormes dont le recul , femblable à celui des armes à feu , occafionne ces fecouffes de tremblemens de terre , qui furprennent toujours avec frayeur ; & il ajoute , la même chofe arrive en petit dans nos laboratoires , lorfque , par imprudence , on jette quelques gouttes d'eau dans de l'huile très-chaude , ou fur du cuivre ou du plomb, &c. en fufion, & encore mieux, lorauion coule dans un mortier humide du fel alkali ou tout autre fel en fufion ; l’eau fe réduit fubite- ment en vapeurs , & jette au loin les matières fondues avec un bruit effrayant & avec danger pour ceux qui font préfens. [1 eft de la plus grande importance de bien connoître ces terribles effets, afin de fe garantir des accidens qui peuvent en réfulrer. Plus la vapeur de l’eau eft chaude, plus elle a de force; plus aifément elle s'infinue dans les pores des corps ; il ne faut donc pas s'étonner de la promptitude de fon action diflolvante. La chaleur convenable à La diffolution du vernis de la foie, fans en altérer la fubftance , peut être réglée par la quantité d’eau & par celle de charbon qu’on emploie dans l'opération. La plus forte chaleur que j'aie donnée à l’eau dans mes divers effais, eft celle qui en une minute a évaporé une once & huit deniers d'eau verfée fur le couvercle de mon digefteur , l’ébullition y étant la plus forte ; alors il renfermoic deux livres d'eau & fon fourneau deux livres douze onces de charbon. . La chaleur, que j'emploie communément , évapore une once d’eau par minute , le digefteur chargé de quatre livres d'eau & le fourneau de deux livres fix onces de ee La chaleur, qui n'évapore que dix-huit ou vingt deniers d’eau par minute , opère la diflolution du vernis de la foie en une heure & demie, le digefteur chargé de fix livres d'eau & le fourneau de deux livres de charbon. On voit, comme je l’ai déjà dit , que le vernis de la foie ne paroît pas exiger pour fa diffolution une chaleur bien confidérable : un grand nombre d'expériences me portent à le croire. Dans plufieurs j'ai varié les degrés de chaleur & les quantités d'eau avec toute l'attention dont j'ai été capable, & les réfultats les plus exacts me font conjecturer que l’eau dans une chaudière exactement fermée peut bien ne devoir fon action diffolvante qu'à une chaleur de quelques degrés au-deflus de celle de l’eau bouillante, qui eft de quatre-vingts à quatre-vingt-quatre degrés au thermomètre de Réaumur , le baromètre étant à la plus haute élévation, Cette conjecture, qu’il feroit important de pouvoir vérifier par l'expérience , me flatte d’un moindre obftacle aux progrès de certe découverte. En attendant, je vois Tome XXVII, Part, II, 1785. AOUST. “706 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec plaifir que quelques Artiftes ont déjà eflayé d’obrenir la diffolution du vernis de la foie fans le fecours du favon (1). Ces diflolutions fans favon, devenant dans la fuite communes dans les atteliers de teinture, offriront aux Chimiftes des réfidus qui leur donneront plus de facilité pour en faire l’analyfe. Les différens principes , qui confli- tuent l’effence de ce vernis, extraits purs & fans aucun mélange de matières hétérogènes, fourniront des moyens de mieux approfondir les recherches fur la nature & les propriétés de cetre fubftance fingulière. J'ajouterai en finiffant que j'ofe efpérer , d'après les expériences ulté- rieures dont je me fuis occupé depuis cette découverte, qu'outre les moyens déjà indiqués pour le décreufage de la foie dont je me fuis empreflé de faire jouir le public, je pourrai lui préfenter une autre méthode propre à produire le même eflet d’une manière d'autant plus avantageufe qu'elle fera plus à la portée des Artiftes, qu'elle n’offrira tien qui puifle les expofer à aucun danger. (1) Si ces obfervations parviennent à quelqu'un dans le cas de pouvoir difpofèr à fon gré d'une pompe à feu, je le prie inflamment , pour le progrès de cette découverte, de vouloir, autant que la chofe fera poffible , faire l'expérience fuivante, Après avoir pee un écheveau de foie crue ( une once, plus ou moins, fufliroit ) onle mouillera exaftement, on l’enfermera encore humide dans un petit fac de toile, & après y avoir attaché un poids fufffamment pefant pour l’empécher de furnager l’eau de la chaudère, on ly defcendra, au moyen d’un gros fil, ou autrement, par le tuyau de la ventoufe foudée fur le chapiteau de l’alambic. Après le fignal donné par la machine, ou qu’elle aura été mife en exercice, on laïflera encore pendant une heure & quart la foie dans l’eau bouillante de la chaudière, & on l’en retirera de la manière la plus sûre pour ne point être incommodé par la vapeur. Au {ortir de la chaudière on la lavera jufqu’à ce qu’elle ne trouble ni ne blanchifle plus l’eau. Lorlque Ja foie fera sèche, on la pefera, & fi elle a perdu un quart ou à-peu-près de fon poids, on fera afluré. qu’elle eft exatement décreufte. ] Si le motif d’être utile à la fociété peut déterminer un amateur des arts à faire cette expérience de la manière que je l’indique, je le prie eñcore , l’eau de ladite chaudière étant refroidie, d’en tenter une feconde avec un écheveau de foie préparée de la même manière , mais qu’on ne defcendra dans cette chaudière qu'à quelques pouces au-deflus de l’e:u; on ly laïffera fufpendu & expofé à la feule vapeur de l’eau bouillante pendant une heure & quinze ou vingt minutes, plus ou moins que la machine à feu aura joué. Ayant fait éteindre le feu du fourneau , on retirera cet éche- veau de foie de la chaudière , comme le précédent ; l'ayant fait laver, fécher & pefer, on le trouvera , je le préfüme d’après des expériences que j’ai faites en petit, auf bien décreufé par l’aétion feule de la vapeur , que par celle de Peau bouillante. Mais comme le peu de tems que doivent refler ces écheveaux de foie dans la chaudière pourroit peut-être s’oppofer au parfait fuccès de ces expériences , fans avoir l’indif crétion d’en demander de nouvelles, je bornerai aux expériences qui me rellent à faire , le defir de connoître plus parfaitement le degré de chaleur convenable à ces fortes d'opération , & je füpplierai la perfonne qui aura fait les deux ci deflus, de viee bien en décrire les réfultats & de les rendre publiques par la voie de ce ournal. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 107 Mais comme il ne m’eft pas polfible de faire pour le préfent le facrifice du tems qu'exigent la conftruétion des machines & les expériences relatives à leur emploi, je me fuis déterminé à les différer & à en réferver le détail pour un fecond Mémoire où je donnerai aufli quelques procédés pour enlever la couleur de chamois qui refte aux foies qui naturellemenc jaunes font foumifes au décreufage avec l’eau feule. L'obfervation éclairée par des faits peut feule éloigner les obftacles nuifibles aux progrès de cette découverte & l’afimiler À celles qui prefque toujours produites par le hafard & de très-peu d'importance dans leur origine , deviennent par une amélioration fucceflive, d'une utilité réelle. C’eft aux hommes inftruits à conftater l'utilité des méthodes propres à la perfetion d’un art, à déduire de l'examen de fes procédés la raifon de fes effers, & les moyens d'en étendre ou d’en augmenter l'énergie. Ce font-là les principales vues qui m'ont déterminé à offrir ces expériences à l'Académie de Lyon & à les foumettre à fes lumières. EXPÉRIENCES SUR" L'ATR\: Par HENRI CAVENDISH, Écuyer, Membre de la Société Royale de Londres : Mémoire lu à la Société Royale, le 2 Juir 1785. Dis un Mémoire (1) imprimé dans le dernier. volume des Tranfations Philofophiques , où j'ai donné les raifons qui me faifoient croire que la diminution produite par phlogiflication , dans l'air atmof- phérique, n'étoit point due à la production d'air fixe, jai dit qu’il paroifloit. plus probable que la phlogiftication de l'air par l'érincelle électrique , provenoit de la combuftion de quelque matière inflammable dans l'appareil, & que l'air fixe qu'on fuppoloit produit dans ce procédé, (1) M. Pelletier nous avoit aufli fait l’amitié de traduire ce Mémoire inféré dans ce Journal, décembre 1784 & janvier 1785. M. Cavendish en a fait faire à Londres une feconde tradu@ion en françois. Celle-ci peut être plus littérale , mis eft moins dans!le génie de notre langue que la première , qui rend d’ailleurs parfaitement le fens de PAuteur. Nous fommes trop heuteux quand des perfonnes auff inftruites que M. Pelletier: veulent bien fe charger de mettre dans notre langue les Mémoires des Savans écrits en langues étrangères. Nore des Rédaëteurs. Tome XXV1L, Part. II, 1785. AOUST, O2 108 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n'étoir que féparé de cette matière inflammable par la combuftion, N'ayant point fait alors des expériences par moi-même fur ce fujer, j'étois obligé de fonder mon opinion fur ce qui pouvoit être publié. Mais je trouve maintenant que, quoique j'eufle raifon de fuppofer que la phlogiftication de l'air ne pouvoit point provenir du phlogiftique que lui communiquoit l’étincelle éleétrique , & qu'il n'y eût point du tout d'air changé en air fixe ; je trouve, dis-je, que la caufe réelle de la diminution eft très-différente de ce que j'avois foupçonné , & qu'elle dépend de la converfion de l'air phlogifliqué en acide nitreux. L'appareil fuivant eft celui qui a été employé à faire les expériences : l'air à travers lequel je defirois faire paffer l'étincelle , étoit retenu dans un tube de verre M, recourbé en un angle, comme dans la figure pre- mière , planche première, qui étant rempli de mercure, éroit renverfé fur deux verres qui contenoient aufli du merçure, comme dans la figure. J'introduifois enfuite l'air que je voulois effayer , à l’aide d’un petit tube, tels que ceux qui font employés pour les thermomètres, recourbé de la manière reprélentée par ABC , (figure feconde) & après l'avoir rempli de mercure, fon extrémité recourbée étoit introduite, (comme dans la figure) fous le vafe DEF , renverfé fur l’eau , rempli avec l'efpèce d'air particulier, & ayant l'attention de fermer avec le doigt l'extrémité C du tube. Alors en retirant le doigt de C , le mercure du tube defcendoit dans la branche BC , & il écoit remplacé par l'air du vafe DEF. Ayant de cette manière fait pafler dans le tube A BC la quantité d’air nécef- fire, je l’y rerenois en fermant avec le doigt l’extrémité C, que je tenois la plus élevée. Et l'extrémité À , faite plus petite à deffein , étant intro- duite fous un bout du tube recourbé M (figure première) l'air, en retirant le doigt de C, étoit pouffé dans ce tube, par la preffion du mercure, dans la branche BC. Avec ces moyens j'ai pu introduire la quantité exacte que j'ai défirée , de chaque efpèce d’air dans le tube M. Ét par les mêmes moyens je pouvois y porter dans la partie fupérieure la quantité d’alkali fixe cauftique (1), ou de toute autre liqueur que je défirois mettre en contact avec l'air. Cependant , dans les circonftances où j'ai defiré introduire de air dans le tube , à différens tems dans la même expérience, j'ai fait ufage de l'appareil repréfenté dans la figure troifième, qui eft compofé d'un tube AB d’un petit calibre , d’une boule €, & d’un autretube DE, dont le diamètre étoir plus grand. Je commencois par remplir cet appareil (1) M. Cavendish a employé le mot anglois foap-lees , dont la fignification eft lefive pour le favon. Mais comme on prépare du favon avec les deux alkalis rendus caufliques , jai préféré rendre ce mot par alkali fixe cauflique , parce qu'alors on entend bien qu'il eft queflion de l’alkali &xe végétal cauftique , & c’eft de celui-là que M. Cavendish a entendu parler, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 10$ de mercure , & alors je rempliflois d’air la boule C , & le tube AB, en introduifant l'extrémité À fous un vafe placé fur l’eau , lequel contenoit l'efpèce d'air approprié, & je faifois fortir le mercure de la branche E par le moyen d'un fyphon, L'appareil ainfi muni d'air étoit enfuite pefé , & l'extrémité A étoit introduite fous une des ouvertures du tube re- courbé M, où elle reftoit durant l'expérience. Le moyen de for@er l'air hors de cet appareil dans le tube, confiftoit à pouffer dans le tube ED un cylindre de bois, dont la groffeur remplifloit exactement tout fon diamètre, & à verfer de tems en tems du mercure dans le même tube, pour fuppléer à celui qui étoit pouffé dans la boule C. L'expérience finie, l’appareil étoit pefé de nouveau ; ce qui fait voir exactement combien il y a eu d'air de forcé dans le tube M pendant l'expérience entière, lequel étoit égal en volume à la quantité de mercure, dont le poids ne différoit point de l'augmentation de celui de l'appareil. Le diamètre intérieur du tube M que j'ai employé dans la plus grande partie des expériences fuivantes, étoit d'environ un dixième de pouce, & la longueur de la colonne d’air qui occupoit la partie fupérieure du tube , étoit en général d'un demi à trois quarts de pouce. Je.ne crois point qu'il foit néceflaire d'informer ceux qui ont l'ufage des expériences électriques , que pour faire pafler une érincelle électrique à travers le tube , il n'eft pas néceflaire que le tube & le conducteur fe communiquent. Mais il fuffit de placer une boule ifolée, à une telle diftance du conducteur , qu'elle puifle en recevoir l’étincelle, & d’établir une communication entre cette boule & le mercure dans un des vafes, tandis que le mercure de l’autre vafe communique avec le plancher. Je vais pafler maintenant aux expériences, Quand j'ai fait pafler l’érincelle électrique à travers l'air commun qui étoit entre deux colonnes d'une diflolution de tournefol (1), celle-ci eft devenue rouge , & l’air fe trouvoit diminué dans les proportions qui ont été obfervées par le Docteur Prieftley. Quand j'ai fait ufage d'eau de chaux, à la place de la diffolution de tournefol, & que j'ai continué à tirer l'étincelle , jufqu'à ce qu'il n'y eût plus de diminution apparente dans l'air, il ne s'eft point fait de précipité dans l’eau de chaux , mais l'air fe trouvoit réduit aux deux tiers de fa quantité première, ce qui eft la plus grande diminution qu’on puifle lui faire fouffrir par vraie phlooiltication , puifqu'elle ne furpafle le cinquième de la totalité, que d'une très-petite quantité. J'ai enfuite répété l'expérience avec de l'air déphlopiftiqué impur; Vair a fouffert une grande diminution , fans qu'il y ait eu la moindre EEE (x) Il faut le préparer avec le tournefol en pain, pour remplir les vues de M. Cavendish, qui s’eft fervi du mot //rmus , lequel défigne le tournefol en peuits pains, qui pous vient d'Hollande, ro OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, apparence de précipité dans l’eau de chaux , & l'air fixe que j'y ai fait alier na pu y produire aucun trouble, mais la plus petite addition d'alkali volatil cauftique y a caufé un précipité brun. De-là nous devons conclure que l'eau de chaux étoit faturée par de Pacide formé pendant l'opération, puifque la terre ne pouvoit être pré- cipirée par l'air fixe feul; mais l’alkali volatil qu’on lui ajoutoit, devoit abforber cet air fixe, & alors rendu aéré , il devoit immédiatement pré- cipiter la terre. D'ailleurs, fi la cerre dans l'eau de chaux n’eût pas été faturée avec un acide, elle auroit été précipitée par l'air fixe; quant à la couleur brune du précipité, elle provient très-probablement de la difflolution d'un peu de mercure, À : On doit obferver, que s'il y eûc eu de l'air fixe produit comme il y a eu de l’acide, dans ces deux expériences avec l’eau de chaux , on y auroit apperçu dans le commencement un nuage, qui auroit enfuite difparu , à mefure que la terre auroit été redifloute par l'acide ; & jufqu'à ce que l'acide produit eût été fufhfanc pour diffoudre la totalité de la terre , une partie de la chaux reftante en diflolution auroit été précipirée par l'air fixe: ainfi nous pouvons conclure en toute sûreté, qu'il n'y a point eu d'air fixe produit dans l'opération. ” Quand Pair eft rereou par l’alkali cauftique, la diminution a lieu affez volontiers plus promptement , que quand il eft retenu par l'eau de chaux. L’alkali cauftique m'a paru aufli cohvenir mieux que l’eau de chaux, dans les expériences deftinées à connoître la nature de cét acide, à caufe qu'il contient une plus grande quantité de matière alkaline, proportionnellement à leur volume, J'ai, en conféquence , fair des expériences pour déterminer quel devoir être le degré de pureté de l'air pour que la diminution eût dieu plus promptement & en plus grande quantité; & je trouve que, quand j'ai employé de bon air déphlooiftiqué , la diminution qui a lieu eft petite ; & quand j'ai fait ufage d'air parfai- tement phlogiftiqué, il n'y a point de diminution fenfible; mais quand cinq parties d'air déphlogiftiqué pur, font mêlées avec trois parties d'air commun , leur diminution a été prefque totale, Il faut confidérer, que l'air commun eft compofé d’une partie d'air déphlogiftiqué , mêlé à quatre d'air phlogiftiqué ; de manière qu'un mélange de cinq parties d'air déphlogiftiqué pur , & de trois d’air commun , ne differe point d’un mêlange de fept parties d'air déphlogifti- qué & de trois d'air phlogiftiqué. Ayant fait ces premiers effais, j'ai introduir dans le tube un peu d’alkali cauftique , & alors j'y ai fait pañler de l'air déphlooiftiqué. & dé l'air commun mêlés dans les proportions dont j'ai fait mention; ces airs, en gagnant la partie fupérieure du tube M , ont féparé l’alkali cauftique , dans fes deux tiges. À mefure que l’étincelle électrique faifoit diminuer l'air, j'ai continué à en ajouter toujours du même, jufqu'à ce qu'il n'y SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 11 eût plus de diminution apparenté; après quoi j'y ai ajouté un peu d’air déphlogiftiqué , enfüite un peu d’air commun, dans les vues de m'aflurer , fi la diminution ne ceffoit point par quelqu'imperfe“on dans les proportions refpeétives des deux airs; mais ces additions n’ont point produit d'effet (1). L'alkali volatil cauftique , que j'ai alors tranfvafé du tube, & féparé du mercure, paroïfloit être parfaitement neutralifé, & il n'a die aucune action {ur la couieur du papier teint avec le fuc de fleurs bleues ; & érant évaporé à ficcité, il a laiflé une petite quantité de fel, qui éroit du vrai nitre, comme l'a prouvé la manière dont a brülé un papfer que j'avois imprégné de fa diffolution. Pour plus grande fatisfaction, j'ai répété certe expérience dans des proportions plus grandes, & j'ai introduit dans un tube d’un diamètre plus confidérable, environ cinq fois la quantité précédente d'alkali cauftique, & y ayant auffi fait pafler, à la taveur de l'appareil repréfenté dans la figure troifième , un mélange d'air déphlogiftiqué & d’air commun dans les proportions que j'ai déjà indiquées, j'ai continué à y faire pafler des érincelles, jufqu'a ce que la diminution ne füt plus fenfble. La liqueur alors retirée du tube, rendoit fenfiblement l’odeur d'acide nitreux phlogiftiqué , & étant évaporée à ficcité, elle a donné 1 < grain de fel, lequel eft aflez exaétement égal en poids au nitre, que cerre quantité d’alkali cauftique auroit fourni, en le faturant avec Facide nitreux. J'ai reconnu que ce fel étoir du vrai nitre par la manière dont le papier imbibé de fa diffolution a brûlé ; l'ayant éprouvé par la diflolution de terre pefante, je n'ai point reconnu qu'il contint plus d'acide vitriolique que n’en contient l’alkali cauftique lui-même , ce qui eft exceflivement peu de chofe ; & rien ne prouve qu'il y eût d’autres acides que le nitreux. Une circonftance néanmoins fembloit d’abord annoncer que ce fel contenoit un peu d’acide marin ; lorfqu’on ajoute une diffolition d’argenc & un peu de ce fel diflous dans l'eau, il fe fait un précipité quoique Paikali cauttique dont je m'érois fervi für parfaitement dépouillé d'acide marin, & quoique je lui eufle ajouté de l’atide nitreux purifié , avant de le mêler avec la diflolution d'argent pour éviter le danger d’un précipité qui auroït pu naître d’un excès d’alkali qu'il auroit contenu. En réflé- (x) If paroît de ce qu’il fui , que l’air n’a ceffé de diminuer, que parce que lalkali cauflique {e trouvant alors entièrement neutralifé, il ne reftoit plus d’eikali pour abforber l’acide formé par l'opération , & en conféquence., il y avoit à peine de l'air changé en acide. L’érincelle cependant ne fut pas continuée le tems quhil auroit été néceflaire, après la ceffation apparente de diminution, pour dérerminer avec aflirance fi là diminution étoit feulement beaucoup plus lente qu'auparavant ou fi elle étoit venue à un-point prefque flationnaire , (ans qu’il fut poffible de la porter plus loin, en y faifant pañler des étincelles, 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chiflant cependant, j'ai foupçonné que cette précipitation pouvoit venir de l'acide nitreux phlogiftiqué qui entroit dans fa compoñition; & en conféquence, j'ai éprouvé fi le nitre très-phlogiftiqué pouvoit précipiter l’argent de fa diffolution : pour cet effet, j'ai expofé du nitre au feu, dans une cornue de terre , jufqu'à ce qu'il eût donné une bonne quantité d’air déphlogittiqué ; & alors l'ayant diflous dans l’eau, & lui ayant ajouté de l'acide nicreux bien purifié, jufqu’à ce que l'acide füt fenfible , afin d’être afluré que l'alkali ne reftoit point en excès, j'y ai verfé quelques gouttes de diflolution d'argent, qui a donné dans l’inftant un précipité très- abondant. Cette diflolution cependant, étant dépouillée de fon phlo- giftique, en l’évaporant à ficcité, & en l’expofant pendant quelques femaines à l'air, perd la propriété de précipiter l'argent de fa diflolution : ce qui eft une preuve que cette propriété dépend feulement de fa phlo- giflication, & non du fel marin que la retorte auroit pu lui communi« quer, ou qui auroit été produit par tout autre moyen. De-là il eft certain, que le nitre bien phlogiftiqué peut caufer un précipité dans une diffolurion d'argent, & en conféquence , il ne faut point croire que le précipité que donne notre fel avec une diffolution d'argent , provienne d'autre caufe que de fa phlogiftication ; l’odorat annonçoit particulièrement cette phlogiftication , non-feulement en retirant ce {el du tube, mais auffi lorfqu’on y ajoutoit de l'efprit de pitre , avant de l’unir à la diffolution d'argent. Cetre propriété du nitre blogiftiqué , mérite l'attention des Chimifles, car autrement ils peuvent être quelquefois induits en erreur , en employant une diffolution d'argent pour reconnoître la préfence de l'acide marin. Dans le Mémoire dont j'ai déjà fait mention , j'ai dit , que quand on fait déronner le nitre avec le charbon , l’acide fe trouve conversi en air phlogiftique , c'eft-à-dire, en une fubftance , laquelle , autant que j'ai pu le voir, pofsède toures les propriétés de l'air phlogiftique de notre etmofphère ; de-là j'ai conclu, je lair phlogiftiqué n'étoit que l'acide nitreux uni au phlogiftique : ainfi d’après cette conclufion , il ne faut que dépouiller l'air phlogiftiqué de fon phlogiftique pour le changer en acide nitreux ; mais comme l'air déphlogiftiqué n’eft que l'air dépouillé de fon phlogiftique, il elt évident qu'ajouter de l'air déphlogiftiqué à un corps phlogiftique , c'eft comme fi on le dépouilloit de phlogiftique, & qu'on Jui ajourât de l'eau : & en effer, pour que l'air phlogiftique foit réduie en acide nitreux , il faut l’unir ou le combiner chimiquement avec l'air déphlogifliqué ; il arrivera feulement que l'acide , formé par cette voie, fera plus érendu d’eau , que fi l'air phlogiftique étoit fimplement dépouillé de phlogifique. D'après ces données, nous pouvons conclure en sûreté que dans les expériences préfentes , l'air phlogiftiqué étoit difpofé par l'étincelle électrique, à s'unir ou à former une combinaifon chimique avec l'air déphlogiftiqué ; SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 13 déphlogiftiqué , & il étoit par-là changé en acide nitreux, qui seit uni à l’alkali cauftique , & a formé un vrai nirre ; car dans ces expériences , tous les deux airs ont effectivement difparu , & ont produit de l'acide nitreux 3 & comme d’ailleurs il a été bien démontré, d'après d’autres expériences, que l'air phlogiftiqué doit former l'acide nicreux, quand il eft combiné avec l'air déphlogiftiqué , opinion dont j'ai fait mention ci-deflus, paroît être fufhfamment établie ; & ce qui confirme encore ce fentiment, c’eft qu'il n’y a point de diminution d'air, quand l’étincelle électrique eft tirée à travers l'air déphlogiftiqué pur , ou à travers l'air parfaitement phlogiftiqué ; il faut donc la combinaifon de ces deux airs pour produire l'acide : d'ailleurs , j'ai obfervé dans la dernière expérience, que la quantité de nitre qui avoit été produite, étoit la même que celle que pouvoit donner l’alkali cauitique, s’il eût été faruré avec l'acide nitreux ; ce qui fait voir que la production du nitre ne provient point de la décompofition de l’alkali cauftique. Il me paroît digne de remarque, que comme dans la détonnation du nitre avec les fubitances inflammables, l'acide s’unit au phlogiftique & forme l'air phlosiftiqué. Dans ces expériences , l’inverfe du procédé a eu lieu; favoir, l’air phlogiftiqué s’eft uni à l'air déphlogiftiqué, ce qui eft de même que d’être dépouillé de fon phlogiftique , & être réduit en acide nitreux. Dans le Mémoire dont j'ai parlé ci-deflus, j'ai aufi donné les raifons qui me faifoient croire que la petite quantité d'acide nitreux produite. par la déronnation des airs inflammable & déphlogiftiqué , provenoit d’une portion d’air phlogiftiqué mêlé avec l'air déphlogiftiqué, qui, d’après ma fuppofition, étoit dépouillé de fon phlogiftique , & changé en acide nitreux, par l’aétion qu’opéroit l'air déphlogiftiqué fur lui, aidé de la chaleur de l’explofion. Certe opinion , comme on le voir, eft confirmée par les expériences précédentes , elles prouvent aufli évi- demment, que l’air déphlogiftiqué eft capable de dépouiller l'air phlo- giftiqué de fon phlogiftique, & de le changer en acide nitreux , quand il eft aidé de l’étincelle électrique (1); & en effet , il n’eft point extraor- dinaire qu’il y ait de l'acide produit , quand il eft aidé de la chaleur de sl'explofion. L'alkali cauftique que j'ai employé dans les expériences précédentes avoir été fair avec le fe! de tartre préparé fans nitre; & il étoir d’une telle force, qu'il donnoit un dixième de fon poids de pitre, quand il étoit faturé d'acide nitreux. L'air déphlogiftiqué avoit été aufi préparé fans nitre ; celui de la première expérience avec l'alkali cauftique avoit (1) M. Cavendish néglige ici ce que peut fournir l’étiacelle éleârique : & cependant ne doit-elle pas fournir quelque principe à cette nouvelle combinailon, par exemple, du principe inflammable? Nore de M. de la Metherie. i Tome XXVIT, Part. II, 1785. AOUST., l x 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; été retiré de la poudre noire formée par l’agitation du mercure avec le plomb (1), & celui de la dernière avoit été retiré du turbith minéral : dans la première expérience , la quantité d’alkali cauftique employé étoit de 35 mefures, dont chacune étoit égale en volume à un grain de mercure ; & la quantité de l'air abforbé étoit 416 mefures pareilles d'air phlogiltiqué , & 914 d’air déphlogiltiqué ; dans la feconde expérience , j'ai employé 178 mefures d'alkali cauftique qui ont abforbé 1920 d'air phlogiftiqué , & 4860 d'air déphlogiftiqué ; on doit encore obferver , que dans les deux expériences , il reftoit un peu d'air qui n'a pu être ablorbé, & dont je n'ai pu éprouver le degré de pureté. Ainfi la proportion de chaque efpèce d'air abforbé , n’eft point connue avec beaucoup d’exactitude. Toutes les connoiffances que nous donnent les expériences publiées jufqu’ici fur la nature de la partie phlogiftiquée de notre atmofphère , fe réduifent à favoir, qu'elle n’eft point diminuée par l’eau de chaux, par les alkalis cauftiques , ou par l'air nitreux ; qu'elle ne peut point fervir à l'entretien du feu, ni à maintenir la vie dans les animaux , & que fa pefanteur fpécifique n’eft guère inférieure à celle de l’air commun ; ainfi, quoique l'acide nitreux par fon union avec le phlogiftique , foit converti en cet air phlogiftiqué, & conféquemment , quoiqu'il füe rai- fonnable de fuppofer que partie au moins de l'air phlogiftiqué de l'armofphère eft compofée de cer acide uni au phlogiftique , cependanc . on pouvoit de bonne foi douter, fi la totalité eft de même nature, ou s'il n'y a point en effet plufieurs fubftances différentes que nous con- fondons fous la dénomination d'air phlogiftiqué. J'ai en conféquence fait une expérience pour déterminer fi la totalité d'une quantité donnée d’air phlogiftiqué de l’armofphère pouvoit être réduite en acide nitreux , ou s'il n’y en avoit point une partie d'une nature différente du refle, laquelle fe refusât à fupporter ce changement : les expériences précé- dentes décident en effet, à peu de chofe près, ce point, d'aurant que la plus grande partie de l'air que j'avois fait pafler dans le tube, perd fon élafticité; cependant, comme il y en reftoit un peu qui n'éroir point abforbé ; il ne paroiffoit point certain , fi celui-là écoit de même narure que le refte, ou non : pour cer effer, j'ai fait pafler l’étincelle à travers, un mélange femblable d'air déphlogiftiqué & d'air commun, en pro-, cédant toujours de la même manière, jufqu’à ce qu'il füt réduit à une petite portion de fon premier volume ; & afin de décompofer autant que je pourrois l'air phlogiftiqué qui reftoit dans le tube, jy ai ajouté un peu d’air déphlogiftiqué, & j'ai continué d'y faire pafler (2) Cet air étoit aufi pur qu’on puÿfle le préparer par le plus grand nombre des procédés : je me propofe de donner dans un prochain Mémoire , un détail de l’expérience dans laquelle il a été préparé. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. xxÿ l'étincelle éledrique , jufqu'à ce qu'il n’y eût plus de diminution ; ayant par ces moyens condenfé autant d'air phlogiftiqué qu'il m'a été poffible , j'y ai faic pafler un peu de diffolution de foie de foufre pour ablorber Pair déphlogiftiqué , & il né reftoit enfuite qu'une petite bulle d'air qui n’avoit point été abforbé, laquelle certainement , n'excède pas == de la quantité de l'air phlogiftiqué qui avoit été introduit dans le tube. Ainfi, s'il y a quelque partie de l’atr phlogiftiqué de notre armofphère, qui diffère du refte, & qui ne puifle étre réduite en acide nitreux, nous pouvons conclure avec aflurance, qu’elle n’eft pas plus de la partie du tout. Les expériences précédentes démontrent que la caufe principale de la diminution que l'air commun, ou un mélange d'air commun & d'air déphlogiftiqué , fouffre par l’étincelle életrique ; eft la converfion de Vair en acide nitreux ; mais cependant , il paroît aflez probable, que quand quelque liqueur, qui contient de la matière inflammable , fe trouve en contact avec l'air dans le tube , une portion de cette matière peut être brûlée par l’étincelle, & par-là diminuer Pair, comme j'ai foupçonné que c'en étoit la caufe, dans le Mémoire dont j'ai parlé. Le meilleur moyen que j’avois pour m'aflurer fi cela arrive, ou non, étoit de faire pañler l’étincelle électrique à travers l'air déphlogiftiqué, retenu entre différentes liqueurs; car alors, fi la diminution provenoit feulement de la converfion de l'air en acide nitreux, il eft évident que quand l'air déphlogiftiqué étoit parfaitement pur, il ne devoit point y avoir de diminution; mais quand il contenoit un peu d'air phlogiftiqué , tout cet air phlooiftiqué, joint à autant d'air déphlogiftiqué qu'il faut lui en unir pour le changer en acide nitreux, c'eft-à-dire, deux ou trois fois fa quantité , doivent difparoître, & non davantage; ainfi la diminution totale ne peut point excéder trois ou quatre fois la quantité de l'air phlogiftiqué, au lieu que la diminution doit étre plus grande & plus prompte , en employant l'air déphlouiftiqué le plus pur , fi la diminution provient de la combuftion de la matière inflammable. Le réfultat des expériences étoit, que quand l'air déphlogiftiqué conte- nant feulement + de fa quantité d'air phlogiftiqué ( lequel étoir le plus pur que j'avois alors) étoit retenu entre des petites colonnes d’alkali cauftique , & que j'y faifois pafler l’étincelle, jufqu'’à ce que la diminu- tion ne püt être portée plus loin, lair a perdu “© de fa quantité , ce qui n’eft pas une diminution plus grande que celle qui vraifemblable- ment peut provenir de la première caufe dont j'ai parlé, d'autant que l'air déphlogiftiqué peut avec facilité étre mêlé avec un peu d'air commun, en l'introduifant dans le tube. Quand le même air déphlogiftiqué étoit retenu par des colonnes d’eau diftillée , la diminution étoit encore plus grande que la précédente , & il s’étoit formé une poudre blanche fur la furface du mercure qui étoit Tome XXVII, Part. II, 1785. AOUST, Ie 116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, au-deffous de l'eau ; la raifon de cela étoit très-probablement que l'acide produit dans l'opération , a atraqué le mercure & a produit la poudre blanche , & que l'air nitreux produit par cette corrofion s'unic à l'air déphlosiftiqué, & a caufé une diminution plus grande qu’elle n’auroic eu lieu autrement. Quand j'ai fait ufage d'une diffolution de tournefol, à la place d’eau diftillée , la diflolution bleue a acquis une couleur rouge , qui eft devenue de plus pâle en plus pâle, tant que l’étincelle étoit continuée , jufqu’à ce qu'elle a acquis une couleur blanche & tranfparente ; l'air a fouffert une diminution à-peu-près de moitié, & je crois, qu'en continuant à tirer des étincelles , elle peut ètre portée plus loin, & quand j'ait fait pafler de l’eau de chaux dans le tube , il s'y eft formé un nuage, & l'air a fouffert une nouvelle diminution d’un cinquième, environ ; l'air reftant fe trouvoit de bon air déphlogiftiqué ; ainfi dans certe expérience, le tournefol a été, finon brülé,au moins décompofé , de manière à - :\ : \ Ce. perdre entièrement fa couleur violette, & à donner de l'air fixe , de forte que , quoique l'alkali cauftique ne püt point être décompofé par ce rocédé , la diflolution cependant de tournefol , & vraifemblablemenc celle de plufieurs autres fubftances combuftibles , fouffrent la décompofi- tion ; mais il n'y a rien dans aucune de ces expériences qui favorife l'opinion de la diminution totale de l'air, par les moyens du phlogiftique qu'on lui communique par lérincelle électrique, EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Lu à l’Académie des Sciences , par M. CouLroms , Chevalier de l'Ordre de Saint- Louis , &c. Membre de l’Académie des Sciences ; pour prouver que l’adion du fluide élerique eff en raifon inverfe des quarres des diflances. On cherchoit depuis long-tems a déterminer la loi que fuivoit le fluide éledrique dans les attractions ou répulfions qu'il exerce fur les corps expofés dans la fphère de fon a@ivité. M. Coulomb vient enfin de la fixer. Il a fait voir par des expériences très-ingénieufes que cette loi eft la grande loi de la nature, & qu'elle eft en raifon de l'inverfe des quarrés des diftances. Voici fon appareil : Soit A,pl. 1, fig. 4,un grand tube de verre de 18 lignes de diamètre & 27 pouces de longueur; E, un bocal de verre d'un pied de largeur & autant de hauteur, au haut duquel foit maftiqué avec de la cire à cacheter Le tube A. Ce tube eft garni à fon extrémité fupérieure SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 117 d’une boîte de cuivre C, portant un micromètre divifé en 360°, & ercée à fon centre pour recevoir le bouton 7 , auquel eft fixée une aiguille f. Le bouton eft mobile, & fait tourner l'aiguille qui marque les degrés fur le micromètre. Ce bouton porte une petite pince à laquelle eft attaché le fil de métal m d'+ de ligne de diamètre, A l'extrémité inférieure de ce fil eft fufpendu Paiguille a par une petite pince 2 qui porte un prolongement. L'une & l'autre doivent être en cuivre, & avoir un très-petit diamètre pour qu'elles n’influent pas fur les ofcillations de l'aiguille. Certe aiguille eft compofée de quelques fils de foie revêtus d'une légère couche de cire à cacheter. Son diamètre doit être auffi petit qu’il eft poflible , en lui confervant la roideur néceflaire pour fe foutenir. Sa longueur eft de 9 pouces. À une de fes extrémités elle porte une petite balle de fureau s, & elle eft leftée à l’autre par un petit morceau d'étoffe de foie 0. Le grand bocal porte une divifion D de 360° vis-à-vis l'aiguille. Il eft percé en F d'un trou d’un pouce de diamètre pour y pouvoir intro- duire le fil g, compofé comme l'aiguille a , & également terminé par une balle de fureau z. Ce fil £ eft foutenu par un bâton de cire à cache- ter À, auquel il eft attaché. M. Coulomb commence par électrifer les deux balles, & fe fert à cet effer d’une épingle de fer attachée à un bâton de cire, laquelle il frotte légèrement fur une étoffe de laine, L’épingle légèrement éledrifée , on en touche les deux balles, qui s’éloignent aufli-tôt l’une de l’autre. On mefure la quantité dont elles fe font éloignées, fur le cercle D; enfüice on les rapproche en faifant tourner le bouton 7 d’une quantité qu'on mefure également fur le micromètreC. Cette quantité dont on fait tourner l'axe z, exprime la torfion du fil de fufpenfion. Or, M. Coulomb a prouvé, dans un Mémoire lu à l’Académie en 1784, que la force de torfion d'un fil de métal eft proportionnelle à l’angle de torfion. Ainfi cet angle de torfion mefure la force avec laquelle les deux balles fe repouflent, En comparant cette force avec les diftances des deux balles, on trouve exactement la loi de l'inverfe des quarrés des diftances, 11 fur choifir un jour très-fec pour faire cette expérience. Et alors fi on fait différentes expériences comparatives dans l'intervalle de deux ou trois minutes , on les trouvera parfaitement d'accord avec la théorie, La fenfbilité dans le mouvement de l'aiguille 4 eft telle qu’une variation de $° qui répond à une mefure de plus de fix lignes, eft produite par = grain. Nous ne pouvons donner qu'une légère idée du procédé ingénieux de M. Coulomb , n'ayant pas eu communication de fon Mémoire , dont nous avons feulement entendu la lecture. TA 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, oo MÉMOIRE ET RECTIFICATION DE L'EMPLOI ET DE LA PRÉPARATION DE L'ALKALI PHLOGISTIQUÉ ; Par M. Srourz, Svus-Infpe“teur des Mines de France. AVANT-PROPOS. Pivsirurs Phyfciens , à qui j’ai fait part de mon Mémoire , m'ont obfervé que je répétois des chofes connues; qu'on favoit que l'alkali phlogiftiqué tenoit du fer en diflolution ; mais que Bergmann avoic donné,le moyen de,le purifier. Peut-être ne m'érois-je pas aflez bien expliqué. Une preuve rrès-forte que ce que j'avance dans mon Mémoire eft cout autre chofe que ce que Bergmann & d’autres Chimiftes ont enfeigné, c'eft que je démontre au contraire qu'on s'eft trompé, en croyant avoir purifié l'alkali phlogiftiqué , connu jufqu'à préfent ; qu'on ne fauroit le purifier, & que l’aikali phlogiftiqué eft entièrement décom- pofé , quand on lui a tout-à-fait enlevé fon, fer, D'autres Savans m'ont dir: on s'eft déjà apperçu du vice de l’alkali phlogiftiqué ; mais M. Struve a donné un moyen de faire un autre alkali phlogiftiqué qui n’a pas cet inconvénient ; c'elt l'alkali phlogiftiqué fait avec le bleu de Berlin & l’eau de chaux. J'ofe aflurer que cet alkali phlogiftiqué donne un précipité abondant de bleu de Prufle, en y joignant un acide quelconque, quand ce dérnier prédoinine, & en le mettant en digeftion. D'ailleurs , il a cet inconvénient qu'on retrouve la chaux ou la terre calcaire avec les précipirés, & quon ne peut pas exactement évaluer combien l'eau tient de la chaux en diffolution , parce que l’accès de l'air feul change d'inflant en inftant les proportions de cette chaux difloute. L'art d'efflayer par la voie humide eft une découverte chimique des plus utiles, particulièremenc dans les travaux de métallurgie, car les caractères extérieurs des corps du règne minéral, tels qu'on les juge à la feule infpetion de la vue, ne peuvent donner aux mineurs & aux métallurgiftes que des indices pour des découvertes plus fpécihiques ; mais elles ne mènent nullement à des conclufions sûres. Je le répète, ces caractères extérieurs fervent à rendre le mineur attentif, parce qu'ils lui indiquent ordinairement les principales parties dont un alliage eft com- pofé; mais ils ne fervent pas à déterminer exactement les corps qui fe trouvent en petites portions , moins encore à déligner la quantité de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 leurs proportions, ce qui cependant devient eflentiel dans l’emploi des matières minérales, particulièrement dans les travaux de fonderie où il s’agit de donner, par un mélange proportionné de terres, la fluidité requife aux fcories pour que, d’une part, elles n’empêchent pas les parties métalliques de fe précipiter, & que, de l’autre, on n'occafionne pas inutilement, par une trop grande quantité de matière, une confommation coûteufe de charbon & d’eau (1), Nous devons des remercîimens à M. Bergmann. Il nous a fourni d'excellentes méthodes dans l’art d'eflayer par la voie humide; mais, dans le grand nombre d'ouvrages que ce célèbre Chimilte nous a laiflés, il fe crouve quelques irrégularités dans les opérations chimiques qui, fans ternir le mérite de ce grand homme, ne laïflent pas de tromper fes difciples & fes admirateurs, Ce n’eft point comme détraéteur des talens de M. Bergmann que je prétens relever fes fautes , je ne les fais connoître que par pur amour pour les fciences, & je crois que ce n'elt point honorer un homme célèbre que de défendre fes erreurs avec opiniatreté, T1 feroit même danoereux pour les arts de l'entreprendre, car le plus grand nombre de ceux qui cultivent les fciences n’eft que trop difpofé à croire fur parole les Savans qu'ils ont pris pour guides dans la carrière qu'ils veulent parcourir ; & cette trop grande confance les expofe à entafler erreurs fur erreurs. Ces principes pofés, il ne me refte plus qu'à réclamer l'induloence du Public quant à l'idiome qui eft celui d'un Allemand , & aux conféquences que j'ai tirées des faits. Je n’en exige pas pour les faits mêmes; fi cependant j'ai erré fur les qualités que je nie ou que j'accorde à lalkali phlogiltiqué , je déclare que je faurai gré à celui qui voudra bien rectifier mes idées à cet égard. L’alkali phlogiftiqué jouoit , chez la plupart des Chimiftes, depuis quelque tems, un grand rôle dans les analÿfes par la voie humide, On cherchoit d'abord ; par fon moyen , à féparer le fer, comme celui des métaux avec lequel il a le plus d'affinité, d'avec les autres métaux & terres mêlés dans les diffolutions. La couleur bleue devoit être la ligne de démarcation pour déterminer le point où la préfence du fer cefle dans le mélange diflous. Mais , que certe méthode eft infidelle! Chaque Chimifte faifant à fa manière un alkali phlogiftiqué , fans adopter un procédé uniforme , il réfulroit que les uns éroient farurés avec le principe bleu de Prufle, & que les autres ne l’étoient pas. Les uns étoient purifiés avec de Pacide marin, d’après M. Bergmann ; les autres, ayant eu de l'acide — (1) Dans la fuite de mes expériences, je parlerai quelquefois de chnfes connues ; mais je ne les ai pas fupprimées , parce que ie veux rapporter avec fidélité le procéd< que j'ai fuivi, & j’agis ainfi pour que les Chimiftes , qui n’ont pas encore dans leur 275 une marche aflurée, puiflent me füuivre plus facilement. 120 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, prédominant , ont été neutralifés par une füuraddition d'alkali. Ces différens procédés ont prefque donné autant de différens rélultats , quoiqu'on füt sûr qu’on avoit employé les mêmes ingrédiens. Ma douzième & ma treizième expérience le prouvent fans contradiction. Les deux efpèces d’alkali phlogiftiqué dont il eft fait mention dans ces deux expériences, font parlairement faturées , avec cette différence feulement que dans la première, l’alkali prédominant a été amené au point neutre, fans autre addition que de l'acide; au lieu que la feconde eut d’abord furabondance d'acide qui prédominoit & réagifloic fur le papier teint en rournefol, & fut alors ramenée au point neutre par du fel alkali de tartre. La différence de ces deux efpèces d’alkali phlogiftiqué eft cependant fi frappante , fi effentielle , que l’une précipite les deux terres, pefante & d'alun , tandis que l’autre n’en précipite point. M. Bergmann même, ce grand Chimifte, a obfervé feulement très-tard , probablement, par fa marche variée qui n’avoit pas de règles déterminées, que la cerre pefante fe précipitoit par Palkali phlogifliqué. Il préfume, à caufe de ce phénomène, ue la terre pefante eft une terre métallique. Outre cela, la méthode de fe ervir de l’alkali phlosiftiqué devient infidelle ; 1°. parce que plulieurs autres corps métalliques , principalement l'or , fe précipitent en une terre bleue; 2°, que d'autres métaux, qui n'empruntent pas le principe bleu de l’alkali phlogiftiqué , fe précipitent en même tems, & à proportion que les particules ferrugineufes diminuent ; 3°. qu'il et inévitable , en voulant entièrement féparer le fer d'avec d’autres corps métalliques, qu’on n'entraîne pas ces derniers, ou qu'on ne laifle pas des parties ferrugineules dans le mélange; 4°. que prefque tous les corps métalliques, précipités par l'alkali phlogiftiqué , deviennent indiflolubles par les acides , &t qu'avant de pouvoir procéder à de nouvelles expériences , il faudroit calciner ce qui eft précipité ; d’où il réfulreroit affurément un travail infruétueux qui obligeroit de recommencer l'opération. Enfin , cette méthode, comme MM. Bergmann & Girtaner l'enfeignent, eft, avec raifon , taxée d'erreur, parce que les terres fimples ne fe comportent point avec l'alkali phlogiftiqué comme l'ont dir ces Auteurs, T. Bergmann , dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Suède, 1780, 8, pag. 282,293, dit: « Comme il n'y a pas d'exemple que l'alkali phlooiitiqué bien faturé > puiffe précipiter autre chofe que des matières métalliques, les corps » colorés doivent être de cetre nature», &c. &c, Dans fes Opufcules phyfiques & chimiques , feconde partie de la traduction allemande , page 233 , il dit encore: « J'ai déjà obfervé, depuis plufieurs années, qu'il doit y avoir dans » Ja manganèfe un métal différent de ceux connus jufqu'à préfent , tane » par fa pefanteur fpécifique & par fa propriété de colorer les verres, » que parce que l'alkali phlogiftiqué le précipite de même que les » métaux 4 - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 121 > métaux diflous dans les acides, tandis qu'il ne précipite point Zes » terres ». È M, C. Girtaner, dans les nouvelles découvertes de la Chimie du Doéteur Lorenz Crell , attribue des caractères oppofés à l'alkali phlo- giftiqué, à la fuite de fes expériences fur le bleu de Pruffe. Voici comment il s'exprime , tome 10, page 110, exp. 7- « Avec toutes Les diflolurions de terres & de métaux dans les acides, » il fe manifefte un précipité ». . Les expériences fuivantes m'ont démontré que ces deux Chimiftes ont également attribué des effets faux à l’alkali phlogiftiqué. PREMIÈRE PARTIE. Je compofai plufeurs efpèces d’alkali phlooiftiqué. N°..1. Je fis un mélange de huit parties de bleu de Pruffe & d’une partie de fel alkali de tartre. Après les avoir fait bouillir plufeurs heures, je les clarifiai à travers le papier brouillard ordinaire, & je parvins, par ces proportions , au but que je m'étois propofé, de faturer entièrement l’alkali du principe de la couleur bleue, de forte qu'il ne réagifloit ni fur le papier jaune de curcuma, ni fur le papier rouge du bois de Fernambouc. N°. 2. Je préparai un mêlange avec un peu moins de quatre parties de bleu de Prufle & une partie d’alkali végétal. Après avoir procédé comme au N°. 1,trouvant qu'il réagifloit encore fur le papier jaune de curcuma , jy ajoutai de l'acide marin jufqu’à ce qu'il n'y eût ni excès d’alkali phlogiftiqué, ni excès d'acide. Prémière Expérience. Je fis difloudre de l’alan purifié dans de l’eau diftillée que je diftribuai dans deux vafes. Je mis dans lun , de Falkali phlogiftiqué N°. 1, & dans l'autre , du N°. 2. Dans le moment du mêlange , on n’appercevoit aucun changement, mais peu-à-peu la diflolution devint trouble, de manière que d'un mêlange bleuâtre & tranfparent qu'elle paroifloit d'abord , elle paffa dans l'efpace d’une heure de tems en un fluide trouble & opaque. Après vingt-quatre heures il s'y trouva un dépôt blanc, teint lépèrement en bleu. Pour m'’aflurer s'il étoit refté de l'alun dans la diflolution , jy mis quelques gouttes d'alkali volatil cauftique qui n’annonçoit pas la moindre précipitation, Les phénomènes furent les mêmes dans les deux vafes (1) , excepté que le mélange filtré de l'alkali phlogiftiqué N°, 2 fe troubloit encore, après avoir reçu de l’alkali cauftique. (x) Le réfultat ne feroit pas le même , fi Palkali phlogiftiqué étoit trop étendu d'eau. j Tome XXVII, Part, Il, 3785. AOUST, Q "| 13 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Seconde Expérience. Après avoir fait diffoudre de la terre d’alun pure dans de l'acide nitreux ( lequel en diflout très-peu, fi on n'aide fon action par une douce chaleur) & procédé comme dans l'expérience précédente, la diflolution commença à fe troubler dès que le mélange fe fr. Au bout de vingt-quatre heures, il fe trouva un dépôt de terre d'alun d’une teinte bleuâtre. La diffolution , dans la quelle je mis de l'alkali plogiftiqué N°. 2, fe troubla beaucoup plutôt. Cela venoit de ce que je l’avois concentré pour les expériences fuivantes & que j'en fis évaporer prefque la moitié. Le fluide des deux vales confervoit entièrement fa tranfparence, après y avoir verfé gouttes par gouttes de l’alkali volaril. Troifième Expérience. Une diffolution de terre d’alun dans l'acide marin produit le même effet en tour que l'expérience ci-deflus. Quatrième Expérience. L’alkali phlogiftiqué Nos, 1 & 2, verfé dans une diffolution de fel d'épfom, ne produifit aucun précipité ni au commencement ni par la fuite. Un alkali fixe végéral précipita, dans un vafe féparé du même fel diflous , prefque toute la terre immédiatement après le mélange. Les diflolutions ne changèrent pas leurs couleurs , & les précipités éroient blancs. Cinquième Expérience. Ayant fair diffeudre & faturer la terre magnélienne dans de l'acide nitreux , & y ayant verfé les alkalis phlogiftiqués, il y eut en tout le même rélultat que dans l’expérience 4, ans trouver d'autre différence , entre les deux alkalis employés, que celle, que la diflolution N°, 2 prit une teinte bleuâtre à peine fenfible. Sixième Expérience. La diflolution de la tetre magnélenne , dans l'acide marin , fe com- porta comme celle des expériences 4 & $ ; mais, dans le changement de fa couleur , elle avoit particulièrement du rapport à la cinquième expérience. Septième Expérience. La terre calcaire, diffoute dans l'acide nitreux , ne fut précipitée par aucun des deux alkalis phlosiftiqués. La diffolution ne prenoit qu’une légère teinte bleuâtre. Le réfultat, quoique je confervafle le mélange SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 123 pendant vingt-quatre heures, ne changea pas. Avec de l'alkali fixe cauftique , je précipitai la terre calcaire fur le champ. Celle-ci n'étoit point colorée, Huitième Expérience. Une diflolution de /e/ ammoniac fixe (1) ne fe troubla pas du tout , par les deux alkalis phlogiftiqués, & ne devint pas bleue non plus. Je l’abandonnai pendant deux fois vingt-quatre heures, & je ne remarquai pas d’autres phénomènes que ceux de la feptième expérience , avec la même terre. Neuvième Expérience. Dans la diflolution de la rerre pefante avec de l'acide nicreux, la précipitation fut à peine fenfible, y ayant verfé de l'alkali phlogifti- qué N°. 1 ; mais ayant concentré ce dernier comme celui N°: 2, par évaporation , il s’en fit une tres-forte fur le champ. Le mélange, avec l'alkali phlogiftiqué N°, 2, précipira de même la terre pefante de fà diflolution , mais pas en fi grande quantité. Pour m'affürer fi, dans la diffolution , il étoit refté quelque chofe, j'y ajourai un peu d'acide vitriolique qui opéra tout de fuite un autre précipité, mais moindre, Il arriva ici un phénomène curieux & important. Dans le mélange, j'avois de la terre pefante, d'abord difloute dans l’acide nitreux, de l’alkali phlogiftiqué & de Pacide vitriolique. J’apperçus qu'immédiatement après avoir joint ce dernier acide , ces trois matières Auides fe rangeoient en trois couches différentes les unes fur Les autres ; l'acide vitriolique fournit à la terre pefante, par une affinité plus grande que l'acide nitreux , aflez de fa fubftance pour qu'elle fe féparât & devint comme un fpath pefant vifible, Ce fpath reftoit fufpendu dans la feconde couche , qui étoit celle de l'acide nitreux , nefe précipita pas & ne troubla pas la couche d'acide vitriolique bien tranfparent (2) qui alla au fond, par fa gravité fpécifique ; {1) De la terre calcaire diffoute dans l’acide marin. On fe fert en Allemagne du terme de fel ammoniac fixe , parce que lorfqu’on veut féparer la terre calcaire d’autres füubftances , on y verfe de l’acide marin : on difille le tout. L’acide marin abandonne les autres fubftances , mais demeure confflamment uni à la terre calcaire, On fait pour lors la lefive de toute la matière, Les autres terres {e précipitent , & notre fel ammoniac fixe efl le feul qui fe diflolve. (2) Je fus quelque tems embarraflé pour trouver la raifon pourquoi les particules du fpath régénéré d’un poids fpécifique qui furpafle tant celui des autres fubitances mêlées , ne fe précipitoient pas au travers du fluide, pas même au travers de l’acide nitreux dont elles furent dégagées ; mais confidérant que la caufe, qui avoit fait redifloudre & difparoître enfuite le fpath pefant, étoit dans le mélange, & avoit déjà commencé à attaquer & à dilater (je dis dilater, parce que chaque difloiution & même chaque fufion doivent être précédées d’une dilatation ) les particules de fpath pefant, par conféquent augmenté fon volume & diminué fon poids fpécifique : Tome XXII, Part, II, 1785. AOUST, Q 2 124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & malgré fa grande concentration & fon avidité pour l'eau , n’en priva ni l'acide nitreux ni l’alkali phloyifiqué. La troifième couche, celle qui formoit la fuperficie, étoit l’alkali phlogiftiqué, comme le liquide le plus léger des trois. Pour bien mêler enfemble tous ces corps & faciliter la précipitation de la terre pefante, je remuai le vafe; mais quel fut mon étonnement, lorfque , malgré tous les principes adoptés jufqu'à préfent, relativement à la terre pelante , le mélange fe clarifia; tout le fpath pelant difparut, pendant qu'il fe dégageoit de l'air nitreux en quantité. Je répétai cette expérience à plufieurs reprifes pour bien obferver ce phénomène. Ces expériences répétées m'apprirent qu'en ajoutant une plus grande quantité d'acide vitriolique, on empéchoir la rediflolution du fpath pefant ; qu’un mêlange ultérieur d'acide nitreux ne peut effedtuer de nouveau cette diflolution ; qu'après avoir augmenté la quantité d'acide nitreux , l’aikali phlogiftiqué n’opéreroit plus le phénomene ; mais qu'il eft cout différent, lorfqu'on a mis de l’alkali phlogiftiqué feul dans le mélange troublé , fans y ajouter de l'acide nitreux , car alors il s’'éclaircit y Là de nouveau; & le fpath pefant régénéré difparoîc derechef, Dixième Expérience, La diffolution de la terre pefante, avec l’acide marin , fe comportoit de même qu'à l'expérience précédente, avec certe diflérence que le phénomène, après y avoir ajouté de l'acide vitriolique, n'eut pas lieu. IL réfultoit auffi un précipité d'un fel moyen de terre pefante , mais celui-ci ne fe diflolvoic plus fous la proportion du mêlange dont je m'étois fervi dans l'expérience précédente, Onxzième Expérience. Comme il réfultoit des expériences précédentes que plus il y avoit d'acide dans le mélange, moins les terres fe précipiroient, je verfai encore de l'acide vitriolique dans une diffolurion d’alun. Il ne fe manifefta point ici de précipité terreux , mais une couleur bleu foncé , quoique tranfpa- rente. Douzième Expérience. Comme il eft difficile de bien faturer les diflolutions terreufes fans difliller plufeurs fois les acides fur les terres ; pour arriver au même but fans ce travail, je me fervis de la terre pefante, la feule convenable à a —— —————— ——— ———— "2 —_——_—_——_— ——_—_—_—_———————"——— donc la pefanteur fpécifique de ce fpath a dû être encore aflez grande pour ne pas monter au-deflus de la tranche d’acide pitreux, mais pas aflez confidérable pour furpañler celle de l’acide vitrioique. tn «out « - SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 125$ l'expérience ci-après, en y ajoutant par gouttes, autant d’alkali volatil caultique qu'il en falloit pour neutralifer parfaitement la diffolution. L'alkali phlogiftiqué N°. 1 précipita entièrement, par ce procédé , la terre pefante ; je dis entièrement, parce que l’acide vitriolique, joint ultérieure- ment, occalionne à peine un trouble fenfible. Il eft à préfumer que le petit trouble qui parut , étoit de la rerre pefante, retenue mécaniquement dans la diflolution, de forte que, fi on lui avoit donné plus de tems, elle fe féroit dépofée vraifemblablement elle-même. Treizième Expérience. Enfin , je verfai, dans toutes les diffolutions terreufes par les acides de Paikali phlogiftiqué N°. 2, lequel j'avais auparavant furchargé d'acide , lui ayant laïflé affez de tems pour fe purifier à la manière de Bergmann (1), & que j'avois ramené au point de faturation, avec de l'aikali volatil cauftique; mais aucune terre ne fe précipita. Il réfulte de ces treize expériences que la terre d’alun eït précipitée des trois acides minéraux, tant par de l'alkali phlogiftiqué qui eft {ui- famment faturé, & ‘neutre , par le principe colorant du bleu de Berlin , que par un alkali phlogiftiqué qui, pour n'avoir pas été aflez faturé , faute d'une quantité fuffifante de bleu de Prufle, auroit été amené au point neutre par un acide ; (exp. 1, 2 & 3) que la terre pefante eft füujette aux mêmes loix que la terre d'alun ; (cela eft démontré par les exp. 9 & 10 ) mais qu’on ne peut pas précipiter des diffolutions par les acides , ni la terre calcaire , ni la terre magnéfienne; (exp. 4,5 ,6,7 & 8) qu'on ne peut précipiter aucune terre des diflolutions, où il y a un excédant d'acide (2) ; (exp. 11) que cette do@rine , en Chimie, ne peut plus avoir lieu ; que la diflolurion de la terre pefante dans de l'acide marin ou'nitreux , décèle par-tout la préfence de acide vitriolique ; & vice verfà , que l'acide vitriolique décèle la terre pefante contenue dans (x) Il faut bien fe garder de mettre cer alkali, furchargé d’acide , à une chaleur digeftive, car alors il ne fe clarifie plus du bleu de Berlin que lorfqu’il eit décompofé , & on ne peut plus imiter Bergmann. (2) L'on voit aifément que les différens alkalis phlogifliqués ont donné lieu à autant de théories contradictoires. D'un autre côté, la terre d’alun ne fe précipite pas fur le champ , mais peu-à peu & d’une manière plus ou moins fenfble, {elon que la diffolution & l’2lkali phiogifiiqué font étendus de beaucoup d’eau ou concentrés; de manière que, fi l’on n’a pas la patience d’attendre la précipitation lente, on tombe dans l'erreur que la terre d’alun ne peut être préciptée par l’alkali phlogiftiqué. Il eft vraiemblable que Bergmann, par cette raifon & par celles indiqu£es dans les exp. 11 & 13, a tiré cette conclufon , infaillible, d’après lui, que les alkalis phlogiftiqués ne précipitent point de terre des diflolutions acides. Cette hypothèfe, quoiqu’erronée , devint une vérité fous d’autres conditions prouyées par les expériences J1 & 13. 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une diflolution , parce que celle-ci, avec l'acide vitriolique , régénére le fpath pefant , un fel moyen très-pefant & prefqu'indifloluble, On pourra, comme un moyen plus sûr, fe fervir du fucre de faturne pour découvrir la préfence de l’acide vitriolique, d'où il réfulte, chofe connue, un vitriol de plomb indifloluble , fur-tout, lorfqu'il y a, dans une diflo- lution , de l'acide nitreux & de l'alkali phlogiftiqué , ou des parties qui conftituent ce dernier. Voyez exp. 9. Je ne hafarde pas de rendre raifon des phénomènes , tant de l'alkali phlogiftiqué avec les terres en diflolution par les acides, qu'en particulier de la rediflolution du fpath pefant régénéré. Exp. 9. Quoiqu'en com- parant tous les phénomènes, j'aie pu adopter une opinion , il s’y trouve cependant entremêlées des conjeétures qui fuppofent des expériences ultérieures & des faits. Je remarquerai feulement ici, relativement au phénomène de la neuvième expérience, que la rediflolution du {el moyen , ou fpath pefant régénéré , ne provient pas de la furabondance du même acide, dont le fel terreux emprunta fa portion, parce qu'une nouvelle dofe d'acide vitriolique empêchoit la même rediflolution , comme il eft fait mention dans la neuvième expérience. SE C'OYN :DiEN PART LE. Ces expériences pourront fervir de réponfe à la queftion que M. Girtaner propofe à la fuite de celles qu'il a faites fur la même matière. ( Nouvelles découvertes en Chimie, Journal de M. D, L. Crell, page 115.) Je n'ai point une confiance aflez préfomptueufe en mes lumières pour prétendre me ranger dans la clafle des Chimiftes que M. Girtaner invite à répondre à fa queftion ; mais la modeftie de fon invitation, & plus encore fon mérite perfonnel femblent me garantir d'avance qu'il ne con- fidérera mes travaux & mes obfervations que fous un point de vue avantageux pour une fcience qu'il enrichit chaque jour de fes lumières, Voici fa queftion : « Pourquoi fe fait-il une précipitation d’un verd clair, fans qu'on puiffe » préfumer qu'il y ait du cuivre ? Pourquoi la précipitation n eft-elle pas » blanche ou bleue » ? &c. &c. Cette queftion a rapport à fon expérience 26, page 114, où il dit : « Lorfqu'on verfe une diffolution d’alun dans de l’alkali phlopiftiqué ; > il commence par fe troubler ; quand on y en ajoute davantage, & > qu’on le laifle dépofer tranquillement , il en réfulte un précipité d’un ? beau verd clair ». 1 L’alkali phlogiftiqué en lui-même , tel qu'il vient d’être bouilli, étant {aturé par le principe colorant du bleu de Prufle, & purifié d'après SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 M. Bergmann , avec des acides, quoique filtré par un quadruple papier , a une couleur jaune tranfparente qui provient’, ou de la chaux de fer, tenue en une diflolutlon mécanique , ou d'une diflolution chimique par Valkali (1). Cette chaux de fer l’abandonnant quelque tems , fe précipite d'elle-même, fans qu'il y ait d'évaporation , en un jaune tirant fur le blanc, quelquefois fur la couleur de chair: or, quand on mêle très-peu de matière bleue dans une matière abondante jaune , il en réfulce une couléur verd clair, ce qui eft arrivé à la 26° expérience de M. Girtaner. Mais fi l’on mêle une plus grande quantité de bleu en raifon de la couleur jaune , la couleur verte , qui doit réfulrer du mélange de ces deux couleurs , difparoït néceffairement, & l'autre devient rout au plus un peu plus claire , laquelle petite nuance peut échapper aux yeux les plus attentifs , ce qui arriva dans la 27° expérience de M, C. G. où il continue de dire : « Si l’on verfe dans le mélange ( 26° exp.) une diflolution de fer dans » de l'acide nitreux , tout devient d’un beau bleu foncé’, & il dure long- >» tems, avant que le bleu de Pruffe fe dépofe au fond ». . Il arrive aufli la même chofe toutes les fois qu’on ajoute au juite autant d’aikali phlogiftiqué , dans une diflolution d’alun, qu'il en faut pour précipiter la verre. Par-là, fa diffolution devient bleue & point verte. La précipitation lente qui fuit eft toujours blanche, couverte d'un bleu clair (2) , comme mes exp. 1,2 & 3 le démontrent. Dans ce dernier mêlange, la proportion de la terre jaune , que nous avons vu être le dépôt de l'alkali phlogiftiqué , n’exifte pas, puifqu'il y a aflez d’acide pour diffcudre cette chaux jaunâtre de fer qui eft alors aufli-tôt précipitée par l'aikali phlogiftiqué (3). En fuppofant même que lon y versäc un petit excédent d'alkali phlogiftiqué au-delà de la jufte pro- portion qu'exige la diffolution d'alun , il fe trouveroic à la vérité peu de terre jaune , mais fa proportion fera tout au plus à la terre d'alun & au bleu de Prufle, comme 1 eft à 20 (4), tandis qu’au contraire , dans la diflolution de M. C, G. (exp. 26. ) le rapport de la terre jaune étoit au bleu de Prufle & à la terre d’alun , comme 20 font à 1. (1) Cette dernière fappoñtion a une vraifemblance qui touche à la réalité ; car j'ai obfervé que plufeurs de mes alkalis phlogiftiqués ne réagiffoient pas für le papier jaune, venant d’être fabriqué & filtré; mais, quelques jours après , ayant dépolé beaucoup de terre , tirant fur une couleur de jaune blanchätre , l’aikali phlogiftiqué réagifloit fur les papiers jaunes, ; (2) Le bleu de Pruffle ne fe dépofe qu’à la fin; le fer diflous dans lalkali phlogifiqué, ou aæfkali, paroit être celui qui prélente à l’un ou à l’autre des molécules infiniment petites & du moindre volume; car elles ent de Ja peine à vaincre la preffion du corps liquide qui les tient fufpendues, (3) Voyez mes réflexions qui fuivent la 19° expérience , page 132, (4) Je mets à-peu-près, 128 ORSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Par ce que je viens de difcuter, cette queftion me paroît réfoute , ainfi que celle, que as M. Girtaner ajoute : « Pourquoi la précipitation eft-elle verte, & non bleue ou blan- che? &c, &c. à J'effayerai d'y répondre encore en communiquant les expériences que j'entrepris pour découvrir d’où provenoit ce bleu de Prufle qui fe développoit, fuivant la plupart des expériences de la première partie, rapportées par la fimple addition d'un acide , particulierement dans les expériences 1,2 & 3. Quatorzième Expérience. Je pris environ une once du même alun déjà purifié , dont je me fervis dans mes expériences précédentes ; je le fis difloudre dans de l'eau diftillée, & le mis dans un bain de fable, à un feu de digeftion , pendanc plufeurs jours, pour déphlogiftiquer (t) les parties ferrugineufes qui ouvoient y être reftées, & , par ce moyen , les féparer de la terre d'alur, La diffolution demeura toujours claire, & je ne remarquai ni dépôt jaune nt autre. Cela fair, je précipitai la terre avec de l’alkali volatil cauftique (2); Ja fublimai dans des cornues de verre, à plufieurs reprifes , l'ayant aupa- ravant bien féchée & broyée dans un mortier de cryftal , avec des fleurs de fel ammoniac. Ces fleurs, qui s’attachèrent aux parois, n’indiquoient en effet aucune trace de fer, & j’aurois pu foutenir alors, avec une forte de confiance , que l’alun ne contenoit point de parties ferrugineufes. Je ne laiffai pas de diftiller , une feconde fois, avec un feu très-vif, de l'acide vitriolique , déjà éprouvé & reconnu pur par l'alkali volatil, fur cette terre d'alun également prouvée pure. Ce procédé me donna de l’alun inconteftablement pur, auquel , après Pavoir diflous dans de l'eau diftillée, j'ajoutai de l’alkali phlogiftiqué dont je m'étois fervi dans mes premières expériences , & j'obtins, à tous (1) Malgré la déférence que j’ai pour les hommes célèbres qui ont changé la théorie du phlogiftique, je ne puis adhérer à leur do@rine , quoique , dans un grand nombre de phénomènes , il ne coûtât que l’échange d’un ou de quelques mots , pour dire la même chofe, Tant que je n'aurai pu m’aflurer que le fer blanchi à un feu aflez 2&if & plongé dans un bain de mercure, ne rend pas de l'air inflammable, On pourra, pour être plus sûr d’avoir débarraflé ce mercure de toute fon eau , le faire bouillir. Ma fortune, trop modique ici comme ailleurs , me retient fur la dépenfe qu'exigeroient cette expérience , & celles qui pourroïent me refter à faire. 1 | - ! . . (2) Pour tenir une marche certaine & exempte du moindre doute, je me füis afluré de la pureté de l’alkali volatil , diffolvant aifément le ‘fer. Jai neutralifé ure petite portion féparée avec de l’acide vitriolique bien pur , fans obferver le moindre précipité, égards » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 129 égards les mêmes réfultats. Je me procurai une affez bonne quantité de précipité bleu : donc on fera, je penfe , maintenant convaincu qu'il ne doit pas fon exiftence à l’alun diffous que j'avois employé, mais à l’alkali phlogiftiqué feul. Je fis rougir enfuire les précipités, & je retirai une partie d'ocre ferrugineufe avec un barreau aimanté, Ces faits conflatés , j'entrepris de nouvelles expériences pour féparer les particules ferrugineufes de l’alkali phlogiftiqué, Quinzième Expérience. Je verfai de l'acide vitriolique affez copieufement dans l’afkali phlogiftiqué N°. 1. Je l’abandonnai plufieurs jours , au bout defquels il fe colora peu-à-peu , & dépofa, en huit jours , un bleu de Berlin d'une tæinte cependant un peu moins foncée que celle qu'avoit prife la diffolution. Ce mêlange pafla au travers du papier brouillard quadruple, toujours bleu , quoique tranfparent , même après l'évaporation , à laquelle j'avois recours. Lorfque le mélange fut diminué de moitié, il fe dépofa une quantité confidérable de précipité bleu de Pruffe très-foncé. Filtré derechef, ce mélange refta toujours bleu foncé, mais tranfparent comme auparavant. Je réitérai ces procédés jufqu'à ce qu'il ne reflâc plus de fluide. Après chaque évaporation, j’obtins un nouveau précipité de bleu de Prufle ; ce qui refta alors fur le filtre , étant féché & rougi au feu, donna une ocre de fer qui s'attacha entièrement à l'aimant. Seizième Expérience. Un alkali phlogiftiqué, préparé avec quatre onces de bleu de Pruffe d’une affez bonne qualité & une once de fel alkali de tartre, réagifloit encore fur le papier jaune , teint de curcuma , après que le mêlange eut bouilli & digéré pendant vingt-quatre heures. J'y ajoutai de l’acide marin par gouttes, jufqu'au point de lavoir parfaitement neutralifé. Après l'avoir abandonné vingt-quatre heures , le fond du vafe fe trouva couvert d’un dépôt de rouge pale. Après lavoir tiré au clair & y avoir verfé de nouveau de l'acide marin jufqu'à ce que le mêlange , avec les moyens de réaction, annonçât un excédant d'acide, il fe forma, dans l'intervalle de vingt-quatre heures, un fecond dépôt (1) reffemblant au remier; mais paflée par un nouveau filtre , la liqueur fe colora peu-à-peu de bleu (2) & devint par la fuite toujours plus foncée. Pour accélérer (1) Ces précipités, rougis au feu, prirent une couleur rouge foncé, & étoient une chaux de fer. Dans cet état , ils s’attachèrent tout entier à l’aimant, comme le bleu précédent précipité. Su (2) Le procédé , depuis le commencement jufqu’à la fin, fe fit fans la coopération du foleil ou de lalumière, mais purement par une chaleur , entretenue avec beaucoup de patience qui ne pouvoit agir qu’en pénétrant au trayers du bain de fable. Mes Tome XXVII, Part. IT, 1785. AOUST. R 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mes expériences , & pour que mon alkali phlogiftiqué ne fe perdit pas tout-à-fait, par une évaporation trop forte, comme cela étoit arrivé dans la quinzième expérience , (car mon but étoit d'obtenir un alkali phlogiftiqué entièrement purgé de bleu de Pruffe) je me fervis de vafes de verre très-hauts & étroits. Je les mis dans un bain de fable qui avoit une chaleur alternative de 40 à 60 degrés, d'après le thermomètre de Réaumur. Pendant dix jours que j'entretins cette chaleur, la liqueur ne cefla de devenir, tous les matins, au renouvellement de la chaleur, plus bleue; & le précipité de la même couleur augmenta journelle- ment (1). Mais enfin, après avoir été filtrée de nouveau , elle fe montra claire, légèrement teinte de jaune, fans qu'elle reprit, quoiqu'expofée à une chaleur de digeftion pendant deux jours, la couleur bleue. L'excédant de: la liqueur ayant été ramené au point neutre, avec du fel alkali de tartre , & verfé dans les diflolutions fuivantes, il fe dépofa , De la diflolntion d'or, un précipité gris blanc; De la diffolution d'argent par l'acide nitreux , un précipité blanc; De la diflolution de vitriol de cuivre , point de précipité ; De la diflolution de vitriol de mars, un précipité grisatre ; De Ja diffolurion de fer par l’acide nitreux, point de précipité; mais le mêlange prit la couleur d’un beau rouge de fang à peine tranfparent. Il eft bon d'obferver que j'avois préparé moi-même la limaille que j'employai pour cetre diflolution , & que je l’avois tirée d'un barreau de fer bien net & de bonne qualité; qu'ayant voulu enfuite obtenir un précipité de cette belle couleur par les mêmes procédés , renouvellés plufieurs fois , même avec des qualités de fer différentes , je me procurai conftamment le même réfultat; mais je n’ai pu réuflir à obtenir le précipité. | De la difflolution du virriol de zinc, point de précipité ; De la diflolution de plomb , par l’acide nitreux, un précipité blanc; De la diflolution d’alun, point de précipité ; De la diffolurion de terre pefante, point de précipité. Dix-feptième Expérience. L’alkali phlogiftiqué , préparé avec de l’alkali volatil cauftique & du bleu de Prufle, eft très-cher, parce qu'une petite portion de ce fel expériences ne s’accordent donc nullement avec celles de M. Scopoli, ( Nouvelles Découvertes, Journal de M. D. L. Crell, tom. 8, page 3 , quelques expériences avec lalkali déphlogifliqué ) où il annonce d’avoir obfervé que le principe de Ja lumière caufa un précipité de bleu de Pruffe, parce qu’il lobtint , ayant expofé Palkali phlogiftiqué au foleil. Sûrement qu’il étoit purifié , à la manière de Bergmann, moyennant l’acide marin , ou un autre acide, (1) La grande quantité du éépêt de bleu de Pruffe étant calcinée, fe comporte de même que les précipités rouges & bleus précédens. L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 131 volatil décolore une quantité exorbirante de bleu de Pruffe (1); avec cela, cet alkali phlogiftiqué ne peut être autant épuré que l’autre. Sans l'incermède de la chaleur , par l'addition de l'acide marin feul , il refte toujours verd , & dépole très-lentement une partie du fer qu'il tient en diflolution ; conduit par la chaleur jufqu'a l'enrière purification , il a perdu les propriétés d'aikali phlopiltiqué , ainfi que le précédent. Dix-huitieme Expérience, Je pris trois cornues de verre : je mis dans lune, un alkali phlo- giftiqué, préparé avec de l’alkali fixe, fans acide; dans l’autre, du même alkali phlogiftiqué mêlé d'acide marin ; dans la croifième, un alkali phlogiftiqué , préparé avec de l'alkali volatil cauftique, mêlé d’un peu d'acide marin. J'ai lutté exactement les cornues avec des récipiens aflez grands , fans appareils pneumatiques : ( n'ayant pas cout ce qu'il falloit pour obtenir les réfultats que je défirois, & aflurer mon examen, j'ai remis cette expérience à un moment plus favorable ; ) je verfai une petite portion d’eau dans les derniers, pour condenfer les vapeurs qui pafle- roient ; je procédai à la diftillation , & continuai le feu jufquà ce que les cornues aient été toutes trois à {ec ; je les fis même rougir à la fin. L'eau claire , qui paffla de la première cornue dans le récipient , n’indiqua ni alkali ni acide (2) , comme M. Schéele femble l'avoir remarqué, tome 11, dans le Journal de M. D. L. Crell, page 94. Si j'ai obrenu en cela les mêmes réfultats que M. Schéele , ils different cependant dans le refte. Quoiqu'il foit conftant que le principe colorant du bleu de Pruffe pafle dans le récipient, je n'ai jamais pu fixer cette matière fubrile , & compofer , fous une proportion quelconque d’aikali & de liqueur limpide : A (1) Il refte encore à m’aflurer, par l'expérience , combien de bleu de Pruffe , précipité par une certaine quantité d’alkali phlogiftiqué , diffère par fon poids, du poids de bleu de Berlin pur qui auroit fervi à la préparation de cer alkali phlogiftiqué, & à quel point les différens alkalis & acides, qu’on peut employer pour cette expérience , en la varient , peuvent encore faire varier ce poids. Au fürplus , il eft indubitable que par l’alkeli phlog'ftiqué, préparé avec l’zlkali volati! , ceite différence de poids feroit furprenante pour ces expériences, On purifieroir le bleu de Berlin en verlant de l’acide marin ou de l’acide vitriolique deffus, parce que l’acide nitreux n’agit que très-lentement fur la terre d’alun qui s’y trouve toujours abondamment mélée, Si le bleu de Berlin étoit impur & verditre, alors l’acide marin feroit préférable ; car il eft le feul qui diffolve la chaux de fer. Ê (2) Il faut cependant dire qu'avec l’odeur très foible d'huile empyreumatique , elle avoit un goût d’alkali volatil très-piquant ; mais probablement la quantité de ce [el étoit fi peu confidérable , qu’il ne put réagir fur le papier jaune. Depuis je me füis affuré par une expérience répétée , que cette eau réagit bien fur le papier jaune, car elle le rougit dans l'inflant qu’on l’y plonge ; mais ce papier reprend {à couleur jaune en fe féchant, c’eft à quoi je n’avois pas porté toute l'attention, Tome XXV1I, Part, 11, 178$ AOUST, Ra 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; obtenus dans les récipiens , l’alkali phlogiftiqué avec fes propriétés connues. Ce qui pafla des trois alkalis phlogiftiqués dans les différens récipiens , verfé féparément dans des diffolutions de fer, ne précipita point de bleu de Prufle. La chaux de fer fe dépofa telle qu'on l'obrient ordinairement par les alkalis, avec cette différence que le dépôt fut fenfiblement pus bleu, & que, par ces trois différens liquides , les quatre terres furent précipitées fans exception (1). Les réfidus , avant que je les fiffe rougir , avoient en partie les caractères d’alkali phlogiftiqué en partie ne les avoient pas. Par exemple, le réfidu de l’alkali phlo- giftiqué , qui n’étoit point mêlé d'acide, diflous dans de l'eau diftillée, confervoit toutes les propriétés de l’alkali phlogiftiqué; au lieu que les autres ne fe comportèrent que comme des fels neutres. De l’un, j'obtins un fel ammoniac pur après l'avoir expofé à une chaleur plus vive que celle dont je m'étois fervi pour la diftillation. Le réfidu de la première cornue, avec l’alkali phlogiftiqué fans acide , étoit d’un jaune rouge ; les autres, ayant d’avoir été calcinés, étoient bleus. Dix-neuvième Expérience. Je répétai encore une fois la dix-huitième expérience avec toute l'exactitude imaginable, & avec une attention particulière de lutter hermétiquement les appareils, car je m'accufai moi-même d’un procédé inexact , parce que M. Schéele (2) aflure pofitivement que l'eau difillée donne un bel aikali phlogiftiqué quand on la mêle avec de l'alkali fixe. Je fis depuis un quatrième mêlange d’eau diflillée & de bleu de Prufle, & le diftillai avec les mêmes foins que les autres. Je m'atrendois, d’après cette aflertion de M. Schéele, à obtenir un alkali tel qu'il l'annonce, & condenfé dans les récipiens fous quelque forme que ce füt; mais les réfulrats furent les mêmes que dans la dix-huitième expérience. L’alkali phlogiftiqué fe détruifit par l'aétion du feu, & ne reparut plus dans les appareils les mieux fermés fous fes premiers caractères. L'eau paflée du quatrième mélange ne fe montra dans les diffolutions mé- talliques que comme de l’alkali volatil non cauftique. Pour me fatis- faire entièrement , je diftillai de nouveau un peu d’alkali volatil cauftique fur une once de bleu de Pruffe bien pilé. Je m’applaudiflois d'avoir eu l'idée de ce mélange, car je ne doutois pas que ces deux matières, (le principe bleu colorant & l’alkali volatil ) étant l'une & l’autre très- volatiles, & ayant une grande action l’une fur l'autre, je n'obtinfle a (x) Ce qui venoit d’un peu d’alkali volatil non cauftique, qui s’y trouvoit en fi petite dofe, qu’il ne fut pas fenfible aux papiers de réa&tion. {2) Journal fufdit de M. L. Crell , tom. 11, page 93, M, Schéele ne dit pas quel procédé il a employé pour obtenir cette eau difillée. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 133 l'alkali phlogiftiqué toujours pur & égal ; mais je fus trompé dans mon atcente, ici, comme dans les expériences précédentes. J'eus, dans le récipient , une liqueur limpide qui avoit l'odeur & le goût très-piquant , comme l’alkali volatil, elle réagifloit de même fur le papier teint, & précipitoit les diflolutions de fer , comme ce fel volatil. Je neutralifai l’excédant d’alkali volatil avec l'acide marin que je fuppofois mêlé avec une certaine portion d'alkali phlogiftiqué qui peut - étre feroit pañlé ; mais cela fait, cette liqueur ne précipita plus la chaux de fer de fes diflolurions , & on n'y apperçut pas même cette teinte bleue. Je fus cout furpris que ces deux matières en queftion fe féparèrent par la diftillation, & que l'on ne pur pas plus obtenir la matière bleue colorante par la voie que je viens de décrire que par les autres, tandis que les mêlant l’un {ur l’autre dans leur état naturel, ils ont une action fi grande que l’odeur pénétrante de l’alkali volatil eft fur le champ détruite, fi on offre au dernier du bleu de Prufle fufifant. Quoique, dans la première partie, je me fufle propolé de ne rien bafarder fur les caufes de tous les phénomènes des expériences contenues dans mon Mémoire, je ne rélifte cependant pas à la tentation d'en toucher quelque chofe , fur-tout quand je penfe que d'autres pourroient entreprendre les mêmes opérations que j'ai déjà faites infruétueufement , avec perte de tems & d'argent. Je ne veux & ne peux m'arrêter ici à examiner ce que c’eft que la matière colorante du bleu de Prufle ; mes expériences ne font pas encore aflez multipliées pour cela. Il eft vrai que j'ai confervé du fluide élaftique qui eft paflé au travers de l'eau non imprégnée d’alkali fixe, ce feroir fürement un des moyens le plus propre de s'approcher de la marche de la nature, fi je pouvois faire la _dépenfe de me procurer les inftrumens de phyfique néceflaires pour foumettre ce fluide à toutes les expériences, Je dirai feulement que je fuis plutôt del’avis de MM. Monge & de la Metherie (1) que de M. Schéele, (quoiqu'il refte encore, pour démontrer leur opinion, à faire pafler de l’air inflammable, extrait d’autres corps au travers de l’eau alkalifée, ) Les premiers confidèrent ce fluide comme de l'air inflam- mable , le fecond , commeile phlogiftique lié à l'alkali volatil. M. Schéele a été probablement entraîné dans cette opinion , parce qu'on obtient, en diftillant le bleu de Pruffe ou l’alkali phlogiftiqué, conflamment de V’alkali volatil. Mais maintenant que nous connoiffons les bafes qui compofent cet alkali, nous pouvons nous pañler de l'hypothèfe de M. Schéele pour déterminer d'où vienr cette quantité de {el volatil. Ne peut-on pas fuppofer qu'en décompofant fur le feu le bleu de Prufke, (1) M. de la Metherie dit, page 400 de fon Effai analytique für l’Air pur , &c. Ce fera donc lair inflammable , qui fe combine avec L'alkali, € le fait paffer à létar d'alkali phlogifliqué, &c. 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il fe produife des mouffettes par une caufe quelconque, qui, fe liant avec autant d'air inflammable qu'il leur en faut, nous donnent cette abondance d’alkali volatil, mais qu'il y a un excédant d'air inflam- mable , qui s'échappe ? De, cette manière donc, l'on s'explique facilement la quantité d'alkali volatil obrenue par la difüllation du bieu de Pruiie. Si , d’après l'énoncé de M. Schéele, on réuffiffoie à faire mieux que moi l’alkali-phlogiftiqué avec Le fel ammoniac , du charbon en poulfrère & de l’alkali fixe , on pourroit s’en fervir comme argument pour l'opinion de M. Monge. Ici, la double affinité, d'une part, du phlo- giflique dégagé des charbons avec l'alkali fixe, & de l’autre, de l'acide marin avec l’alkali volatil, eft la caufe fufffante pour que le fel ammoniac ne fe fépare point, & fe fublime fans fe décompofer (1). Si je iw’ai pas facisfair à Ja queftion que je me fis à moi-même, (qu'eft-ce que le principe colorant du bleu de Prufle? ) je ferai, en attendant, bien farté, fi j'ai réufli de mieux établir les caractères des différens alkalis phlogiftiqués ; d'où il réfultera l'avantage infaillible de ne plus fe laiffer entraîner par routes ces applications faufles dans les opérations chimiques. Avant que d'expoler mes conféquences, je vais encore rapporter ici plufeurs tentatives que je fs pour m’approcher de la caufe de la quantité de terre ferrugineufe dépofée qui, comme j'obfervai depuis long-tems , furpafle de beaucoup les fix pour cent de fer diflous dans l'alkali phlo- giftiqué que M. Bergmann a adopté (2). Ces tentatives précédèrent prefque toutes les expériences, Je ne les ai pas mifes dans cet ordre, ———————— —_———— — (1) Le mérite de M. Schéele & la véracité de fes énoncés/ne nous laïffent pas de doute fur les réfultats de fes expériences; mais M. Schéele peut pourtant {e tromper ; ou , pour ne plus le foupçonner d'erreur, & pour les progrès de cette fcience , il feroit à fouhaiter qu’il nous donnât un détail plus circonfancié de fes procédés, afin de pouvoir le fuivre dans fes trayaux. (2) Pour s’en convaincre fans réplique, on pourra diffoudre la terre d’alun, mélée au bleu de Pruffe , dans de l’acide vitriolique!, {éparer ce fel moyen & bien adoucir, avec de l’eau difillée , le bleu de Pruffe, Eïant féché , on pefera la quantité qu’on veut employer pour l’alkali phlogifliqué, On partagera exaétement cet alkafi phiogifiiqué, & on verfera l’une des moitiés dans une diflolution de fer abondante ; dans l’autre moitié, on verfera aflez d’acide pour qu’il prédomine , & on l’expofera à une chaleur continue jufqu’à ce qu'il s’éclairciffe. On pefera féparément les précinités du bleu de Pruffe obtenus par ces opérations ; & les ayant bien lavés, on aura les quantités comparatives les plus exaëtes. J'avois commencé cette expérience ; mais un événement fut caufe que je ne pus annoncer avec certitude ê. quantités refpectives de bleu. de: Prufle ; les raifons, ci-devant dites, n’empéchant de füivre mes opérations, ne me permirent pas de la répéter. Elle m’a néanmoins conduir, en attendant, à la certitude que lalkali phlogifiqué tient plus de fix pour cent de fer en diffolution, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13$ parce que, n'ayant jeté aucun jour {ur la matière qui faifoic le but de mes recherches, elles deviennent étrangères à mon plan; mais je crois pourtant devoir les rapporter, parce qu’elles engageront peut-être ceux qui nous tranfcrivent des opérations difficiles , à n’omettre pas la plus petite circonftance. Les eflais fuivans & mon raifonnement alloient très- bien avec la doétrine de M. Girraner qui avançoit que toutes les terres fe précipitoient par l’alkali phlogiftiqué. Je m'’arrêtai quelque tems à l'idée que l'alkali, joint au bleu de Prufle, employoit une partie à diffoudre la chaux de fer tel que le bleu de Prufle décoloré l'offre, tandis ue l’autre partie fe Jioit avec la matière bleue colotante ; de forte que l'alkali phlogiftiqué qu'on obtient , feroit compofé de l'aikali phlogifti- qué pur (1) & de la teinture de Stahl. J'entrepris , fans différer , l'opé- ration, tant d'après le procédé de Stahl que celui de MM. Macquer & Baumé pour préparer cette teinture , & la mêler à l’alkali phlogiftiqué pur, afin de voir fi ce mêlange fe comportoit comme un alkali phlo giftiqué nouvellement préparé fans addition d’acide ; mais certe teinture “de Stahl ne me réuflit pas: je me conformai pourtant avec ponctualité aux moyens prefcrits par ces Meflieurs ; & j'employai , pour la diflolution de fer, de l’acide nitreux, concentré, étendu d’eau, & très-phlogiftiqué; je fis difloudre le fer avec violence fur le feu, & très-doucement fans feu ; j'employai de l'alkali fixe cauftique, non cauftique, & d’après M. Margraf, l’alkali volatil. Dans l'intervalle mème que les effais de la teinture de Stahl me manquèrent , je commençai mes autres expériences qui m'apprirent bientôt que l’alkali phlogiftiqué ne précipite que deux terres. Je fus donc obligé de renoncer à l'idée qui me conduifoit aux tentatives citées, quoique je m'expliquafle très-bien différens phénomènes pâr ce raifonne- ment. D'autres réflexions m’en ont fait trouver l'explication dans des caufes plus vraifemblables. Par exemple , l'alkali phlogiftiqué contient beaucoup de fer diflous ; les acides le lui ôtenr, quoique difficilement, peu-à-peu , & ils le diflolvent à leur tour; mais alors, il y a d'un côté, du fer combiné avec l'acide; de l’autre, du phlosiftique avec l'alkali : or, par une double affinité croiflante, l’acide fe porte fur l'alkali, & le phlogiftique fur le fer. Cette dernière combipaifon fait le bleu de Pruffe, Cependant il paroît que les acides & le fer ne dépouillent pas une portion nette d’alkali de fon phlogiftique , mais qu'ils Le prennent fur toute la quantité, de manière que chaque molécule d’alkali conferve, en égale proportion, des molécules de phlogiftique. Par-là n’étanr plus mafqué entièrement , il acquiert le pouvoir de précipiter des terres des, diffolutions: où il s’en trouve, ce qui répond aflez bien aux réfulrats de ntsaan 284850 al Jef 59: Ditgen ous 210 SWAOE THON a (1) Alors, je croydis encore , avec M. Bergmann, qu’on pouvoit l'avoir bien pur, 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toutes les expériences. Seulement il eft difficile de fe rendre raifon pourquoi la terre calcaire & magnéfienne, dans les mélanges fimples, ne font pas féparées de même que les deux autres, à moins qu'on n'adopte ma fuppofñtion que l’aikali, dépouillé d’une partie du principe colorant de bleu de Pruffe , refte roujours mafqué , quoiqu'imparfaitement, & que ces deux terres exigent une force complete de l’alkali , pour être féparées des acides. Je finis la feconde partie de mon Mémoire par les conféquences fuivantes : Que les fix pour cent de fer, que l’alkali phlogiftiqué diffout d’après M. Bergmann , ne font rien moins que bien dérerminés. Que le bleu de Pruife qui fe précipite des diflolutions des fels terreux purs , par le mêlange d’alkali phlogiftiqué, Re provient que du fer que cet alkali phlopiftiqué avoit diflous. Exp. 14, 1$ & 16. Qu'on n'obtient jamais le précipité de bleu de Berlin fans la coopération d'un acide quelconque. L'expérience 16 prouve que le fer fe précipite comme une ocre jaunâtre fans acide. L’alkali, devenu libre, peut bien en- être la caufe. Voyez la première note de la feconde partie. Que l’alkali phlogittiqué, entièrement dégagé des parties ferrupi- neufes , fe comporte en général tout autrement avec les diffolutions des terres & métaux , que celui connu jufqu'à préfent. Exp. 16. Que l’alkali phlogiftiqué ufité ne peut jamais être épuré au point d'être employé à un ufage conftant & uniforme dans l’art d'eflayer par la voie humide ; qu'il a rendu de tout rems & rendra toujours des réfulrats infidèles dans les analyfes. Mais que fur-tout, quand on voudra découvrir la préfence de très-peu de parties ferrugineufes dans une diflolution quelconque où il y a feulemeñc quelques traces d’acide prédominant, l'ufage de lalkali, ufité jufqu'à préfent , fera inapplicable, SUPPLÉMENT, De retour à Paris, je fus voir M. Monge, Académicien fi eftimable par toutes fes qualités, à qui je parlai de mon Mémoire fur l’alkali phlogiftiqué. Voici à-peu-près ce qu'il me die à ce füujet: « Quoique » Vous n'ayez pas retrouvé dans vos opérations le principe colorant du 2 bleu de Prufle, il n'eft pas moins conftant qu'il pafle comme fluide » élaftique qui ne fe condenfe pas dans l'eau. » Je pris du bleu de Berlin fur lequel je verfai de Pacide nitreux , » pour en féparer la terre d’alun, Ayant bien lavé dans de l’eau le bleu » de Prufle, je continuai jufqu’à ce que l'eau qui me fervic n’eut aucun æ goût acidule. Après avoir féché ce bleu , je le difillai & fis pañler le » fluide aérien au travers d’une diflolution de vitriol martial qui fournit » copieufement du bleu de Prufle ». Je = | 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 Je voulus, le mème jour , répéter encore cette expérience & en obferver moi-même toutes les circonftances. Je me fervis d’une cornue de verre; jy mis une once de bleu de Prufle fans en féparer la terre d'alun; le bec de la cornue étant très-long , je me païlai d'alonge, & ce bec plongea dans un vafe d'eau. Mon opération à moitié faite, j'effayai cette eau en la verfant dans une diffolution de fer ; mais ce fer fe précipicoir comme par les alkalis volatils. Son odeur étoic celle de ce fel volatil mêlé avec une odeur d'huile empyreumatique; fon goût étoit très- brülant: Je variai la même expérience : en place d’eau fimple, je fs plonger le bec de la cornue dans une diflolution de vitriol martial , & il fe précipita, comme auparavant , une chaux jaune bleuûtre. Je retournai chez M. Monge, & le priai de me faire un détail circonftancié de fon procédé & de fon appareil. Il le fir ; & je ne trouvai d’autre différence que celle qu'il s’étoit fervi d'un ballon à deux becs pour alonge, de manière que rien que le fluide aérien ne pouvoir arriver à la diflolution de vitriol. Je me difpofai aufli-tôt à fuivre exactement toutes les circonftances , & ma diffolution de vitriol me fournit beaucoup de bleu de Prufle , & très-beau. J'ôtai la diflolurion de vitriol , & mis à fa place de l’eau diftillée ; mais cette eau ne fe chargea point du principe colorant de bleu , & ne donna aucune marque d'alkali _ phlopiftiqué. Alors je changeai une troifième fois : en place d’eau pure diftillée , je fs pafler le fluide au travers de l’eau diflillée , dans laquelle javois mis un peu de fel d’alkali de tartre; je fixai, par ce moyen, le principe colorant du bleu de Prufle, & j'obtins l'alkali phlogiftiqué le plus pur qu'on puifle, vraifemblablement , fe procurer. Il eft à préfumer que c’éroit-là l’expérience de M. Schéele, Mais pourquoi ne pas nous indiquer qu'il faut intercepter l’alkali voiatil qui, felon toute apparence , fe forme feulement pendant la.diftillation , puifqu'il y a un fi grand excédant de principe colorant? Cette expérience ne favorife pas l'opinion de M, Schéele : que l’alkali phlogiftiqué eft un compofé d'alkali volatil , de phlogiftique & d’alkali fixe; elle démontre de plus que l’alkali fixe n’eft pas une partie conftituante du principe qui nous fournit le bleu de Pruffe ; que c’eft feulement un moyen de fixer ce fluide fubtil. Je reviens à mon alkali phlosiftiqué , obtenu par l’eau alkalifée. J'ai bien dit que c’étoit vraifemblablement le plus pur qu'on püt fe procurer; mais il ne faut pas croire qu'il le foit entièrement , car y ayant verfé de l'acide nitreux , & l'ayant expofé à une chaleur digeftive continuée , il fe dépofa encore ici un peu de bleu de Pruffe. Cependant ce dépôt n’éroit rien en comparaifon du précipité copieux de l’alkali phlogiftiqué ordi- naïre ; aufli ne me parut-il pas précipiter la terre d'alun. Peut - être Tome XXVII, Part. II, 1785, AQUSTA ÿ 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSYQUE, étoit-il trop foible. Ces expériences mérireroient d’être multipliées & variées, Pour moi, je fuis obligé, par les raifons ci-devant citées , d'y renoncer. LETTRE ATEMIONN ISEIVENULR ZE RÉDACTEUR pu JOURNAL DE PHYSIQUE, De Cayenne, ce 7 Janvier 1785. Monsreur. Je viens enfin de voir les fleurs du Caoutchouc, Quoique je travaille à une Hifloire particulière des Plantes de Cayenne, je crois devoir communiquer aux Botaniftes, par votre Journal, au moins le caractère générique de cet arbre fameux, qu'ils défirent connoître depuis ff long- tems. Vous favez mieux que perfonne que cela n’eft pas de nature à devoir être traduit. Je vous en envoie un deffin légèrement efquiflé, (Planche IF, Üg. I.) J'ai l'honneur d’être très-parfaitement , MONSIEUR, Votre très-humble & obéiffane ferviteur, RICHARD, Botanifte du Roi, à Cayenne, CAOUT CH OU C. Er AR ATCUT ER: GOEIN FIRUNCQURS. FLores. Mares numerofi & unicus femina terminalis in eodem receptaculo, MARIUM. CALyx, Globofo-campanulatus , femi-quinque fidus ; dentibus ereétis ; acutis, marginibus introflexis. STAMINA. In fundo calycis furgit columnula ipfo tertia parte brevior ; cylindracea, gerens artheras quinque, infra ipfus apicem immediate de. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 & longitudinaliter dorfo fuo adnexas. Hæ funt fubovatæ, apice fubemarginatæ , bafi acuminulatæ , biloculares ; loculis bivalvibus : Pollinis particulæ ovatæ. FEMINARUM. CaLvyx. Subpyriformi-campanulatus; dentibus quinque acutis, recurvo- patentibus. Circumfcifle à bal difcedie & cadit. PisTizLum. Calyce duplo brevius: Germer fubconoideo-globofum : Srigmata tria , apici iftius immediate adnata, crafliufcula , depreflo- biloba. FRuCTUS. Capfula magna, tricocca : Pericarpium tenue, fibrofum ; adhæfe veftiens Nucem magnam tricoccam , duriflimam , offeam , craflam , apice depreflam, bali excavatam & perforatam , tribus rimis inter loculamenta pertufam. Difcedit in tres loculos fubovatos, elaftice bivalvos ; valvis fub auriculæ formibus. In fingulo /emer unicum (aut duo, Aublet.) fubovatum , hinc lineolà depreffa longitudinali leniter exaratum, grifeo-flavefcens, fufco-maculofum. Obfervation. Ce genre eft de la famille naturelle des Euphorbes, & doit être placé dans la Monæcia Monadelphia du fyftème de Linnée. Nota. Les fleurs détaillées À, B, font de grandeur naturelle, em MÉMOIRE SURILE TREMBLEUR, EsPÈCE PEU CONNUE DE POISSON ÉLECTRIQUE; Par M. BRousTOnET, de l’Académie des Sciences. L'ex GOURDISSEMENT occalionné par la torpille, étoit connu des anciens ; mais quoiqu'ils fuflent très à portée de faire des obfervations fur ce phénomène intéreffant , nous ne trouvons guère dans leurs écrits que des récits de Pêcheurs, qu'ils ont même fouvent exagérés. N'ayant aucune idée de l'électricité, ils ne pouvoient pas , comme les modernes , rapporter ces effets à une caufe qui leur étoit inconnue. Lorfque l’art de l'obfervation eut fait enfuire quelques progrès , on crut pouvoir attribuer certe action à une caufe mécanique. Lorenzini & M, de Résumurécrivirent fur cette matière, & les ouvrages de ces deux Savans ont feulement prouvé que les explications les plus ingénieufes ne font pas toujours les plus vraies. Tome XXVIT, Part, Il, 1785, AOUST: CE \ 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Une découverte en amène ordinairement plufieurs autres : celle de l'électricité donna la folution de différens problèmes qu’on avoit tenté inutilement d’expliquer par des agens alors connus ; on ne découvrit la préfence du fluide électrique dans la torpille, qu'après avoir travaillé aflez long-tems fur électricité. M. Walsh eft le premier qui ait démontré clairement cette propriété dans ce poifflon ; M. Jean Hunter a aufli le premier décrit avec le plus de foin les organes qui forment , pour ainfi dire, fes batteries; la phyfique & l'anatomie ont fourni à ces deux Savans les mêmes réfultats dans l'examen d’un poiffon d’une forine très-différente de celle de la torpille, & qui étoic inconnue aux anciens : on le trouve dans les grandes rivières de l'Amérique méridionale; fa reflemblance avec J'anguille , lui a faic donner le nom d’anguille éleétrique ; fes effets font plus fenfibles que ceux de la torpille , mais celle-ci vit dans l’eau falée, & l’autre dans l’eau douce, deux fortes de conducteurs de nature bien diférente. è M, de la Condamine, dans la relation qu'il a donnée de fon voyage dans l'Amérique méridionale, parle d’un poiflon qui avoit la même propriété que la torpille, & qu'il regarde comme une lamproie, parce que fon corps étoit percé d’un grand nombre d'ouvertures; il l'avoir obfervé aux environs de la ville de Para, dans la rivière des Amazones. Cerre efpèce éroit probablement l’anguilie életrique ; dont la tête étoit percée de quelques petits trous qui ont un peu de reflemblance avec les évents de la laproie, mais qui ne font que les orifices de plufieurs tuyaux excréteurs qui fourniffent une humeur particulière deftinée à lubrefer ta tête. L'anguille électrique eft d’ailleurs aflez commune dans la rivière des Amazones, - ; Outre les deux efpèces de poiffons électriques dont nous venons de parler, il en exifte une troilième dans certaines rivières d’Afrique ; MM. Adanfon & Forskal en ont fait mention, mais leurs defcriptions font peu étendues ; d’ailleurs ils ne nous en ont pas donné la figure, M. Adanion, dans fon voyage au Sénégal , dit , qu'il vit pêcher dans les eaux douces du fleuve Niger , un poiflon qui avoit du rapport avec ceux qu’on avoit connus jufqu’alors ; fon corps étoit rond , fans écailles , & gliflant comme celui de l'anguiile, mais beaucoup plus épais par rapport à fa longueur; il avoit encore quelques barbillons à la bouche, Les Nègres le nommoient Onanicar, & les François le Trembleur-, à caufe de la propriété qu'il avoir de caufer non un engourdifflement , comme la torpille, mais un tremblement très - douloureux dans les membres de ceux qui le rouchoient; fon effet, qui ne parut point à M. Adanfon différer fenfiblement de la commotion électrique - de l'expérience de Leyde, fe communiquoit de même par le fimple attouchement avec un bâton où une verge de fer de cinq ou fix pieds de long, de manière qu'on laifloit tomber dans le moment ce qu'on SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 143 tenoit à la main; fa chair, quoique d'un aflez bon goût, r’étoit pas d'un ufage également fain pour tout le monce, Forskal avoit vu la même efpèce de poiflon dans le Nil, on la trouve écrite fous le nom de Raja torpedo ( torpille ) dans l'hifloire des animaux qu’il avoit obfervés dans fon voyage, & qui a été publiée après fa mort ; la qualité électrique de ce poiflon & quelques taches qu'il a fur le corps avoient fait croire à cet Auteur qu'on devoit le rapporter à une des variétés de la torpille décrite par Rondeler ; il n’a cependant aucune refflemblance avec la torpille, il appartient même à une clafle très-différente ; il ne doit pas non plus, comme l’avoit penfé Forskal, conftituer un genre nouveau, & encore moins être rangé fous celui de Mormyrus, dont il differe eflentiellement par la forme de fes dents, Après lavoir examiné attentivement , nous croyons devoir le rapporter au genre que les Ichtyologiftes ont nommé Silurus, avec les efpèces duquel il a la plus grande analogie ; c'eft fur - tout dans les rivières d'Afrique que les poiflons de cette famille font le plus multipliés : nous n'en connoiflons qu'un feul en Europe, le Silurus glanis, Linn. ou le mal des Suédois, Les habitans des bords du Nil lui donnent le nom de Raafch, qui, en Arabe, fert à exprimer l’idée d’engourdiflement. Les anciens Médecins Arabes ont parlé, fous la même dénomination , d'un poiffon éle&rique que les traducteurs ont pris pour la torpille ; mais comme ces Auteurs n’en ont donné aucune defcription détaillée , il eft impoñlüble d’aflurer s'ils ont eu en vue la torpille, ou bien cette efpèce de filurus que nous appellerons le trembleur, d'après M. Adanfon. La defcription que Forskal a donnée du trembleur , quoiqu'aflez éten- due, eft cependant incomplette à bien des égards ; il n’a pas parlé:des rayons qui foutiennent la membrane des ouïes , nous attribuons à cette omiflion le deflein où il étoit de le ranger parmi Îes branchiofteves. Une feule nâgeoire fur le dos, fans rayons, & de même nature que cette petite nâgeoire qu'on voit à l'extrémité du dos des faumons & des truites , diftingue effentiellement ce poiflon, non-feulement de routes les efpèces du genre de filurus, mais encore de tous les poiflons connus. Son corps étoir alongé , lifle, fans écailles, & devenoit rrès-large & applati vers la partie antérieure ; il avoir la rète applatie; les yeux de grandeur médiocre , étoient recouverts par la peau qui enveloppoit route la tête; chaque mâchoire éroit armée d’un grand nombre de dents petires, pointues, & placées fans ordre; les ouvertures des narines , au nombre de deux de chaque côté, étoient fituées à l’exrrémiré du mufeau , elles étoient petites & rapprochées; on, voyait autour de l'ouverture de la gueule aux fix appendices ou barbillons, dont deux fur.la lèvre fupérieure & quatre fur l'inférieure ; de ces derniers , les deux extérieurs étoient les plus longs; la membrane branchioftège étoit foutenue de chaque côté K #42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par fix rayons offeux , flexibles & arqués. Il avoit les nâgeoires compofées de plufieurs offelers Aexibles, dont le nombre étoit le même que celui indiqué par Forskal ; fon corps étoit grisâtre, & les côtés de la queue marqués de quelques taches noirâtres ; nous avons vu des individus de plus de vingt pouces de long. Nous n'entrerons point dans un grand détail fur la defcription du trembleur , nous nous bornons à indiquer les principaux caractères qui avoient échappé à Forskal ; la figure que nous joignons ici, donnera bien mieux qu'une defcription très - détaillée, une idée exacte de ce poiflon. Planche If, fig, Il. Les Égyptiens , au rapport de Forskal , mangent fa chair & falent fa peau , à laquelle ils attribuent une vertu aphrodifiaque lorfqu'on la tient dans la main ; la caufe nous paroît trop peu analogue avec l'effet, pour ne pas regarder plutôt cette prétendue qualité comme une nouvelle preuve du goût qu'ont les Orientaux pour tous les remèdes qu'ils croient pouvoir entrer dans cette clafle, Le même Auteur dit que fes effets éle&riques n’étoient fenfbles que vers la queue; la peau qui recouvre cette partie nous a paru beaucoup plus épäifle que celle du refte du corps, & nous y avons bien diftingué un tiflu particulier blanchitre & fibreux , que nous avons pris pour les batteries du poiflon ; Forskal ne doutoit point que cette propriéré ne füc analogue à l'électricité, puifqu'il témoigne fon reoret de n'avoir pas été à portée de tenter des expériences au moyen des vérges de fer ifolées par des cordons de foie, Il paroîc que cet animal pofsède la vertu éleétrique dans un degré plus foible que la torpille & l’anguille életrique. Il feroic pourtant à fouhaiter qu'on fit des expériences particulières à ce fujec , il n'eft pas douteux que les phénomènes qu'on obfervera fur ces divers poiffons ne préfentent des réfultats différens les uns des autres : l’anguille électrique, par exemple, a donné des étincelles, très-petites à la vérité, mais qu'on n'a pas encore pu obtenir de la torpille ; il'ne feroit pas dificile de fe procurer des poiflons trembleurs vivans d'Egypte, ils fe tiennent dans l’eau douce, & font d’ailleurs conformés de manière à pouvoir vivre aflez long-tems hors de l’eau. Les poiflons électriques que nous connoiflons , quoiqu'appartenans chacun à des claffes différentes, ont cependant certains caractères communs ; ils ont tous la peau lifle, fans écailles, épaifle & parfemée de petits trous qui font en plus grand nombre vers la tête, & d'où fuinte une humeur particulière ; leurs nageoires font compofées de rayons moins flexibles, & joints entr'eux par une membrane épaifle ; l’anguille électrique n’a point de nâgeoires fur le dos, & entièrement dépourvue de rayons ; on ne trouve point de nâgeoires dorfales dans la torpille, mais feulement deux petites fur la queue : ces trois efpèces ont les yeux petits , l'ouverture des ouïes, ou les évents fermés en partie par des replis SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 143 de la peau; cette conformation indique aflez que ces animaux vivent le plus fouvent dans des fonds vafeux. Le corps de la torpille eft arrondi ; fa queue elt pourvue de nigeoires de peu d’étendue & incapables de communiquer au corps du poilon un grand degré d'impulfion ; aufli cette efpèce ne fait-elle pas de longs voyages ; l’anguille électrique eft privée des nâgeoires ventrales qui fervent de point d'appui aux poiflons pour fe foutenir dans l’eau ; & comme toutes les efpèces dans lefquelles on n'obferve point ces parties , elle a le corps alongé, & ne peut avancer dans l’eau qu'en exécutant une efpèce de mouvement d’ondulation; on la trouve vers l'embouchure des grandes rivières, & nous ne croyons pas qu'elle ait jamais été péchée en pleine mer. Le trembleur paroît encore moins s’approcher de la mer que l’anguille électrique ; ceux qu'on a obfervés , avoient été pris dans les rivières , à une certaine diftance de leur embouchure; les nâgeoires ventrales font dans celui-ci plus près de la queue que de la rète , elles indiquent aufh par leur polition un poiflon deftiné à vivre dans des eaux plus profondes , même rapides. Il n’eft pas inutile d'obferver que prefque tous Les poiffons de rivière fe trouvent dans la clafle de ceux dont les nâgeoires ventrales font fituées dans la région abdominale, & que Linné a compris fous la dénomination d’abdominales. Les efpèces de carpes, de faumons, de filures, de clupea , &c. qui appartiennent à cette clafle fe pêchent prefque toutes dans les eaux douces; il eft encore remarquable qu'on ne trouve que deux ou trois efpèces de poiflon de mer qui n'entrent jamais dans les rivières, dont une des nâgeoires dorfales foit molle & fans rayons, tandis que toutes les efpèces de faumons, de truites, & le plus grand nombre de filures, qui font pourvues d'une nâgeoire de cette forte, vivent dans les rivières. En comparant les caraétères des différens poiflons avec ceux des trois éleétriques que nous connoiflons déjà , il feroit peut-être poñlible de découvrir ces mêmes caraétères dans d’autres efpèces qui offriroient les mêmes phénomènes ; la comparaifon feroit d'autant plus aïfée, que les efpèces que nous avons fonc toutes trois d'un ordre différer: ; & il ef très-probable que nous trouverons dans la fuite un plus grand nombre de ces animaux vraiment finguliers ; nous ne dourons pas même qu'il n'en exifte plufieurs qui, poffédant cette propriété à un degré trés-foible, n'ont befoin ,pour la manifefter , que d'être foumis à des expériences parti- culières. fi paroîtra fans doute extraordinaire que les feuls animaux qui ont donné les fignes les plus fenfibles de l'électricité , fe trouvent trous dans la clafle des poiflons, LT 4 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SE ) OBSERVATION SUR L'ACTION D'UN FEU VIOLENT SUR LE CRYSTAL DE ROCHE ; Par M, DE LA METHERIE, D, M. Rédaëteur de ce Journal, M. LE CHEVALIER DE LAMANON ayant annoncé, dans la Lertre qu'il m'a fait l'honneur de m'adreffer , que la lueur qu’on obferve Jorfqu’on frotte avec force deux morceaux de cryftal de roche , étoit une vraie combuftion , & que le cryftal devoit être rangé parmi les corps combuftibles ainfi que le diamant ; il me parut intéreflant de foumettre ces deux corps comparativement, à un des plus grands degrés de chaleur que nous connoiflions, celui que produit un jet d'air pur ou déphlogifti- qué fur un charbon embrafé, d’après les procédés de MM. Achard & Lavoilier. Un amateur diftingué voulut bien concourir à ces expériences. Nous retirames de l'air pur, foit du nitre, foit du précipiié rouge , & en remplîimes des veflies garnies de robinets , auxquels nous ajuftämes des chalumeaux recourbés. Ayant creufé un charbon & l'ayant léoèremenc embrafé, nous plâçames dans le creux une aiguille de cryftal terminée par fa pyramide, en dirigeant deflus le jet de l'air pur, La chaleur devint vive & fit bientôt éclater le cryftal de roche avec un bruit prefque femblable à la décrépitation du fel marin. Nous mimes de ces fragmens de nouveau au foyer. Au bout d’une minute je Les vis bouillonner diftinc- tement : les fragmens s’arrondirent fenfiblement & contractèrent de ladhéfion. Mais nous ne pûmes point nous aflurer, s'il y avoit combuftion, On ne peut non plus compter fur le poids , parce que le cryftal fe brife fans cefle, & lance au loin fes fragmens. Nous répétâmes plufieurs fois la même expériences , & eûmes conftamment le même fuccès. Nous prièmes M. d’Arcet, dont le beau travail fur la combuition du diamant & la fufbiliré des différentes terres & pierres eft fi connu , de vouloir bien aflifter à nos expériences. Nous primes des cryftaux de roche ayant leurs deux pyramides & parfaitement diaphanes, & les concafsämes. M. d'Arcet ayant fait de la partie la plus tenue une petite boule avec une goutte d’eau, la plaça dans le foyer; mais la force du jet de l'air diffipa bientôt cette pouflière, Des fragmens plus gros furent mis de nouveau au foyer. M. d’Arcer les vic bouillonner, contracter adñnérence & s’arron- dir. L'expérience nous réuflit évalément plufeurs fois. Ces morceaux de quartz fondu font un peu laiteux. J'en conferve quelques-uns. Nous mimes pour lors yn petit diamant au mème foyer. Malgré le sue éclat " SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x14ÿ éclat de lumière nous diftinguimes l’auréole autour du diamant, que nous ne voulümes pas laifler entièrement confumer, & nous n'avons jamais rien pu difinguer autour du quartz. Le diamant d'ailleurs n’a point éclaté au feu. | Voici donc trois mamièrés très-différentes dont le diamant & le quartz fe font comportés dans nos expériences; 1°. le quartz fe brife avec décrépitation, ce que ne fait pas le diamant ; 2°. le quartz a fondu, & non pas le diamant; 3°. enfin, celui-ci brûle, donne de la flamme , fe confume, & nous n’avons rien pu appercevoir de femblable dans le quartz. Nous nous fimes d’abord une objection fur cette fufion du quartz. Ce corps fi réfractaire lorfqu’il eft feul , fond avec facilité par le mêlange des alkalis, ou même de la terre calcaire. L’alkali qu'on pourroit foupçonner dans la très-petite portion dé charbon confumé , & la terre qui provient de la mème combuftion, ne pourroient-ils pas influer fur cette fufon du cryftal? Mais il ne nous a pas paru que cela puiffe être. Le charbon de bois bien fait ne contient que très-peu d’alkali. Or, vu la petite quantité de charbon confumé, qui n’égale pas quelques lignes cubiques , cette portion d’alkali eft comme infiniment petite, & peut être négligée. La rerre du charbon eft plus abondante; mais le jer de l'air la diffipe fans cefle, ainfi que l'alkali, comme il a diflipé la pouflière de quartz. Ainfi on ne peut raifonnablement foupçonner que cette terre ni l’alkali aient influé fur la fufñion du quartz, Cette propriété qu'a le cryftal de roche de fe divifer en un grand nombre de fragmens avec une vraie décrépitation eft encore un phé- nomène à remarquer, Î[ paroït d'abord que la caufe en eft due à l’eau de cryftallifation. Mais le diamant a de l’eau de cryftallifation ainfi qu'un grand nombre de pierres qui ne décrépitent point. Les fubftances falines offrent auffi les mêmes différences. Le fel m-rin qui ne contient que d’eau de cryftallifation décrépite avec violence , tandis que le nitre qui en contient + & beaucoup d’autres fels ,rels que le borax, l'alkali 100 minéral , qui en contiennent encore plus, fondent tranquillement & ne décrépitent pas. LT Tome XXVII. Part. II, 1785. AOUST. TF 146 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LETTRE DE M KIRVWAN, s AMD EMI ANIME ENT EURAMIE. De Londres, ce 25 Juillet 17854 Moxsreur, En parcourant votre Journal de Phyfique pour le mois de juin paffé, je trouve que vous m'avez fait l'honneur d'y inférer mes remarques fur la Diflertation de M. Cavendish, touchant les caufes de la diminution de l'air refpirable dans les procédés que nous nommons p#logifliqués, Dans le tems que je faifois ces remarques, j’érois occupé à l’impreifion de ma Minéralogie & d'expériences qui y avoient rapport, de forte que je n’ai employé pour répondre à M. Cavendish que des expériences faites pour la plupart ,non par moi-même, mais par les Philofophes & Chimiftes les plus refpeétables. Cependant depuis que j'ai eu le loifir d'y travailler moi-même , j'ai trouvé la réuflite de quelques-unes de ces expériences, tout autre que je ne l'avois crue; par exemple, j’ai trouvé qu’en diftillant la limaille de fer bien fraîche & nette avec le précipité rouge ou le précipité per fe dans les proportions indiquées, on ne retire point d’air fixe, ni même aucune efpèce d'air, mais le tout s’unit au fer qui par-là fe trouve calciné , & le mercure paffe par la diftillation (1). J'ai beaucoup (1) OBSERVATION DE M. DE LA METHERIE,. L'expérience de M. Kirwan ef vraie dans certaines circonftances. Cependant les Phyfciens qui ont dit qu’on en retiroit de l’air acide ou de l’air fixe, ne fe font pas trompes. Ceci dépend de la quantité de précipité & de limaille de fer qu’on emploie. J’ai pris partie égale de ces deux fubftances que j’ai mife dans une cornue, & j'ai diftillé à l'appareil au mercure. Il a paffé un peu d’air qui pourroit bien être celui des vaifleaux. Cependant il a paru plus impur que l’air atmofphérique. Le mercure s’eft revivifié & s’eft fublimé dans le col de la cornue. Il ny a eu ni dégagement d'air ni abforption ; & le col de la cornue a été rempli d’une humidité confidérable ; la limaille a été calcinée, & de l’eau de chaux introduite dans la cornue , a été précipitée. J'ai répété l’expérience en mettant deux onces de précipité & un gros de limaille , on a pour Jors dégagement d’air qui contient un peu d’air acide , mais dont la majeure partie eft de l’air pur. Voici ce que je crois qui fe pafle dans'ces opérations, Une partie de l’air pur du précipité s’unit à la limaille & r SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 147 varié ces expériences avec les autres métaux & femi-méraux, & les réfultats m'ont bien furpris. J'ai auf diftillé le précipité rouge avec le foufre, & n’ai ebtenu pour la plus grande partie que de l'air acide vitriolique. Je continue ces expériences avec d’autres qui ont rapport avec l'exiftence du phlogiftique , dans la vue d’en faire part à notre Société à fa première féance ; mais comme votre Journal a un débic fi étendu , j'ai cru qu'il étoit à propos d’y inférer au plutôt une rétraétation de ce que j’avois avancé de mal fondé. Comme je cherchois quelqu’expérience qui fervic à écablir l’exiftence du phlogiftique dans les métaux d’une manière inconteftable, il me femble enfin en avoir trouvé une telle que je la defirois. Faites un amalgame de 360 grains de zinc fraîchement limé avec 13 gros de mercure très-fec. Mettez-la tout de füite dans une cornue de verre enduite de terre ; ajoutez un gros de mercure, & environ 40 grains de limaille de zinc, & diftillez à un feu modéré : il paffera d'abord de l'air commun, & enfüite de. l'air inflammable, avant que la cornue rougifle. Enfuite vous aurez de l'air déphlogiftiqué mêlé d'environ la moitié d'air fixe. Il faut prendre garde que la cornue ne foit trop grande, autrement le zinc fe calcinera. La mienne ne contenoit que 20 pouces cubiques. J'ai fair cette expérience deux fois avec le même fuccès. L'air eft détonnant. J'ai l'honneur d’être, &c, Votre très-humble & obéiflanc ferviteur, R, KIRkwAN. é Éséa _ Ps + de 22 rent la réduit en chaux. L’eau que contenoit cet air pur fe volatilife , tandis que l’autre portion d’air pur fe combinant avec l’air inflammable, fournit encore de l’eau. Il y a en méme-tems toujours une portion d’air acide ou air fixe , qui réfulte de la deftruction de l'air inflammable & de l’air pur : à moins qu’on ne veuille dire que cet air acide ou fixe vienne ou du précipité ou de la limaille. Page 106 de mon Effai für l'air pur, ligne 23, deux gros de précipité rouge, lifez deux onces. 3 Tome XXVIL, Part, II, 1785. AOUST. Te “ 448. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DESGRIPTION D'une très-grande machine éleétrique placée dans le Mufeum de Teyler, à Haerlem, & des experiences faites par le moyen de cette machine ; Par MARTIN VAN-Marum, Doëteur en Philofophie & en Médecine ; Direiteur du Cabinet d’'Hifloire Naturelle de la Société Hollandoïife des Sciences , des Cabinets de Phyfique & d'Hifleire Naturelle , & Bibliothécaire du Mufeum de Teyler , Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, Membre de la Société Hollandoife , de celle de Rotterdam , de Fleffingue , d'Utrechr. À Haerlem, chez Jean Enfehé & fils, & Jean Van-Walré, 1785. . EXT R A\I\T: Er: TE machine confiite en deux plateaux de glace (1) , dont chacun a de diamètre 6$ pouces , mefure angloife (2) (environ 60 pouces de France ); ces plateaux font placés fur le même axe , & font éloignés l'un de l’autre de 7 pouces & demi. Ils font frottés par des couflins de taffetas cirés placés au haut & au bas des deux côtés; chacun de la longueur de 15 pouces & demi. Le milieu des plateaux eft couvert d’une compofition réfineufe qui s'étend jufqu'à 16 pouces & demi de diftance du centre des plateaux. Cette couverture fert à empêcher les vibrations des plateaux, & que la matière électrique ne fe diflipe. Le conduéteur eft formé de cinq pièces coudées en équerre. L'électricité de certe machine eft fi forte, qu’elle fe diflipe même par l'axe des plateaux, C’eft pourquoi on a été obligé de faire les fupports de l'axe en verre & en laiton; & pour lors on place un fil d’archal qui communique d'un côté au plancher & de l’autre aux couffins inférieurs, Un autre fil femblable communique aux couflins fupérieurs, & au haut de la baluftrade du Mufeum : quand on veut électrifer négativement, on ôte ces deux fils, & on fait fupporter la machine par des pieds de verre. (x) Ces plateaux ont été faits en Picardie , auprès de Paris , & je les préfere à ceux faits en Angleterre, J’en excepte le flintglaf, mais on ne peut jamais le couler en auffi grand volume, (2) Je me füis toujours fervi de mefure angloife dans tout ce Mémoire, 12 pouces anglois en font à-peu-près 11 de France. s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 La force de l'électricité avec cette machine eft fi grande, qu’à la diflance de 24 pouces on tire des étincelles de la‘groffeur d’un tuyau de plume, qui paroiflent ferpenter , & dont il fe dégage des petits rameaux, lefquels s'étendent quelquefois à 8 pouces. On peut allumer avec cette: machine du linge brülé , de la réfine , de l'amadou , de l’huile de térébenthine & de l'huile d'olives. Une bande d'or battu d’une ligne & demie de largeur & de 20 pouces de longueur, placée entre deux bandes de giace, y eft fondue par l’étincelle. Ayant fufpendu les conducteurs avec des cordons de foie de 12 pieds de longueur , ou les ayant foutenus avec des colonnes de verre de 57 pouces, je me fuis apperçu que les conducteurs n’éroient pas parfaitemens ifolés, & qu'ils perdoïent (1); car je n’obrenois l’étin- celle qu'à 19 pouces. Auffi 1l ne paroît pas qu'on ait encore des corps qui puiflent parfaitement ifoler. 2. La diftance à laquelle on obferve l'attraction des conducteurs de cette machine eft prodigieufe; car un fil de fix pisds de longueur eft éloigné d'un demi-pied de la perpendiculaire à 38 pieds de diftance du con- duéteur : une pointe préfentée à 28 pieds de diftance du conduéteur , eft encore lumineufe. Toute la maïle d'air de l'appartement où fe trouve la machine , quoique très-grand , eft électrifée. J'ai obfervé un jour, après avoir fait tourner la machine feulement cinq minutes, qu'à la plus grande diftance du conducteur , c'eft-à-dire, à 40 pieds, les petites boules de l’éleétromètre de M, Cavallo , s'écartoient au moins d’un demi- pouce. : L’éle&ricité négative de cette machine eft aufli très-forte; car une bande d'or de la largeur d’un huitième de pouce & de la longueur de 12 pouces , a été fondue par une feule étincelle. De l'influence de léleétricité pofitive ou négative de cette machine Jur le pouls. Plufieurs Phyfciens penfent que l'électricité, foit pofitive, foit négative, accélère le mouvement du pouls; d’autres difent que léleétricité négative le retarde: c’eft pourquoi j'ai cru néceflaire de répéter ces expériences avec ma grande machine. Des Phyficiens & Médecins de mes amis m'ont aidé dans ce travail. Nous ne nous fommes jamais apperçus d'aucune accéléra- tion dans le pouls , quoique nous ayons électrifé différentes perfonnes de tout âge & de tout fexe. Ainfi je penfe que les variations dans le pouls qu'auront obfervées les autres Phyficiens , venoient de la frayeur qu'éprouvoient les perfonnes électrifées, (1) Je me fuis apperçu depuis long-tems qu’un füppert en verre n’ifoloit point affez le conduéteur, Il faut maftiquer ce fupport avec de la réfine, Nore de M. de la Merherie. 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Des changemens que produifent les rayons éleétriques fur differentes efpèces d'air ; lorfqu'ils y paflent pendant quelque tems, Comme plufeurs expériences, particulièrement celles du zélé fcrutateur de la nature, le Docteur Prieftley , avoient appris que la matière électrique en paflant par différentes efpèces d'air y produifoit des changemens remarquables, & comme il paroifloit vraifemblable qu'une plus grande force cauferoit de plus grands changemens, & que cela pourroit donner occalion de mieux connoître la nature de différentes efpèces de ces fluides élaftiques ; il me parut donc que je pourrois rendre quelque fervice à cette branche de la Phyfique, en eflayant par le moyen de cette machine l'influence de la matière électrique fur les différens airs. Mon ami Paets Van-Trooftwyk , dont l'habileté dans cette partie de la Phyfque eft connue par fes écrits, me fit le plailir d’afifter à ces expériences. Notre appareil confiftoit en un cylindre de verre de $ pouces de hauteur & un pouce un quart de largeur, renverfé dans un petit baquét plein d’eau ou de mercure, fuivant la nature de expérience. Le cylindre eft traverfé par une tige de fer portant une petite boule métallique, & placée fous le conducteur, & dans le baquet fe trouve l'extrémité d’une chaine qui de l’autre côté traîne fur le plancher. Le tout eft porté fur un petit gueridon. On remplit de Pair qu'on veut éprouver le petit cylindre, & on y fait pafler cinq à fix rayons électriques pendant chaque feconde. Air déphlogifliqueé. Nous fîmes pafler le rayon électrique pendant 1$ minutes par cet air retiré du précipité rouge. À peine fut-il diminué d'un vingtième ; éprouvé enfuire avec l'eudiomètre de M, Fontana, il ne douffrit pas plus de diminution que pareil air qui n’avoic pas été électrifé. Ces expériences répétées fur l’eau de chaux & la teinture de tournefol , ne causèrent aucun précipité dans l’une, nine rougirent l’autre. Cependant en tranfvafant ces airs, nous nous apperçûmes qu'ils avoient contracté une forte odeur de la matière électrique , même plus forte que celle que nous avions fentie auparavant. Air nitreux. Nous mîmes dans le verre trois pouces de hauteur d'air pitreux retiré de la diflolution de cuivre par l’efprit de falpêtre. Après que le rayon y eut paflé 15 minutes, l’air fut réduit à un pouce & demi, & à 1 en éle@rifant encore $ minutes. Le rayon pafla encore 10 minutes fans que l'air diminuât davantage. Cette expérience répétée une feconde fois nous donna les mêmes réfultats. Ayant mêlé ces deux rélidus, & continuant d'électrifer , il n'y eut plus de diminution. Cer air nitreux éleétrifé mêlé avec l'air atmofphérique dans l’eudiomètre n'y produific aucune diminution. Il n'y eut point de vapeurs rouges, Cet air éteint la bougie ; d'où nous pouvons conclure que cet air nitreux avoit entière- ment pañlé à l'étac d'air phlogiftiqué. Il fe dépofa pendant qu'on électrifoit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. si cet air nitreux, une poudre d'un jaune blanchâtre qui , mife fur les charbons, donna un vrai précipité rouge. Air inflammable de la diffolution du fer par l'acide vitriolique. Cet air électrifé pendant 1$ minutes fur un bain de mercure & agité enfuite avec une infufion de tournelol , la rougir. Le rayon éle&trique qui paffe ar cet air étoit beaucoup plus rouge, s'étendoir de tout côté par une foible lumière bleue , & étoit au moins quatre fois aulli large que dans l'air de l'armofphère. Air inflammable de l'efprit-de-vin mélé avec l'huile de virriol, Cet air placé fur du mercure, lorfque ls rayon électrique y eut pañlé pendant 15 minutes,remplit à-peu-près trois fois autant d'érendue qu'auparavant, Pendant les 15 minutes fuivantes {on érendue ne foufftit par le paflage du rayon aucun changement, Une partie de cet air électrifé étant allumée & comparée avec de l'autre air non éiedrifé de la même préparation, parut beaucoup moins inflammable que celui-ci ; brülant comme ii nous parut à-peu-près de la même manière que l’air inflammable d’une folution de fer. Nous râchimes alors d’effayer l’'infammabilité de cet air par l’eudiomètre de M. Volta. Pour cela nous effayimes premièrement cet air non éleétrifé. Il ne s’alluma qu'après qu'on y eut joint huit mefures d'air commun, & la détonnation fit cafler l’inftrument. Air fixe. Nous remplimes de cet air produit de la craie par le moyen de l'acide vitriolique , le verre cylindrique à la hauteur de 2 pouces À, & le posimes fur du mercure. Après que le rayon y eut paflé pendant 1$ minutes, il s’étoit accru jufqu’à 2 pouces =. Pendant les 1$ minutes fuivantes fa quantité ne fouffrit aucun changement, Nous posâmes fur l’eau cer air électrifé , & en même-tems le même volume d’air de la même préparation non électrifé. Deux heures après, il s’étoit à peine abforbé + de Fair électrifé. Deux jours après il fe tronvoit à peine de l'air non éleétrifé =; mais il reftoit encore de Pair électrifé. Air acide virriolique. Le rayon ayant paflé par 2 pouces 7 de cer air : que nous avions obtenu de l’huile de vitriol avec du charbon de bois, l'air éroit diminué jufqu'à 2 pouces £. : Il fe forma, dès le commencement de cet effai, des taches noires à la furface intérieure du verre, mais feulement à l’endroit où le rayon pafloit fur le mercure & le rouchoït. Cet air électrifé étant placé fur l’eau, 1l s'en abforba à peine un huitième ; y ayant plongé une bougie allumée, elle sy éteigrit. Îl avoit très-peu confervé de fon odeur vitriolique. Air acide marin. Cet air, que nous avions retiré du fel marin mêlé avec l'huile de vitriol , nous parut au commencement de l'expérience réfifter au rayon électrique; car le rayon ne pafla qu'après que nous eûmes diminué fa quantité jufqu’à 2 pouces un quart. Après que le rayon y eut pañlé pendant $ minutes , cet air étoit diminué d’un huitième de pouce, & cependant le rayon ne voulut pas y pafler davantage. Cet air iut aufli \ 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; promptement ablorbé par l’eau que celui de la même préparation qui n'étoit pas électrife. Air du fpath de Derbyshire ou phofphorique. Le rayon élettriquene fit éprouver aucune diminution à cet air, qui fut également abforbé par l’eau. Air alkalin. Nous avions reçu cet air de l’efprit de fel ammoniac par Je moyen de la chaleur. 2 pouses 7 de cet air éle@rifé s'accrurent jufqu’à 4 pouces un quart. Pendant les 4 minutes fuivantes cet air diminua d'un quart de pouce ; enfuite il ne fouffrit aucun changement. Cer air électrifé ne fut plus abforbé par l’eau, & il s’enflamma avec explofion comme l'air inflammable du fer mêlé avec beaucoup d'air de l’atmofphère. Aïr de l'atmofphère. De l'air atmofphérique-placé dans le petit cylindre à la hauteur de 2 pouces fur une infüfon de tournefol & y ayant fait pafler le rayon électrique pendant 30 minutes, fut diminué dÆ. La couleur bleue devint légèrement rougeitre, Cet air éle@rifé , à l'eudiomètre de M. Fontana, éprouva une diminution de plus de 22, ce qui annonce que l'étincelle lui avoit communiqué du phlooiftique (x). Des pointes. J'ai enfüite faic des expériences pour conftater fi le rayon électrique s’élance plus volontiers fur les pointes ou fu les boules & dans beaucoup de circonftances j'ai trouvé qu'il n’y avoit point de: différence. Différens phénomènes lorfque le rayon éle&rique pale fur de certaines Jurfaces ou par de certains corps. On fair que lorfque la décharge d’une bouteille de Leyde, ou d’une batterie , paile fur de la craie , elle laiffe fur cette furface une trace phofphorique où lumineufe , dont la lumière qui eft un peu rougeûtre fe fait voir très-clairement pendant quelques fecondes, La même décharge paffant fur du fucre y produit une trace phofphorique de couleur verdâtre. J'ai répété ces expériences avec ma machine, & en voici les réfultats. L'érincelle a été de 10 à 11 pouces fur la craie, la lumière étoit rougeñtre, & fe voit fouvent plus d'une minute. Sur le fucre l’étincelle éroit verdâtre ; mais fouvent elle abattoit des morceaux de fucre, & il fe formoit à leur furface une flamme rougeâtre qui s'élevoit fouvent de deux pouces, Le fpath calcaire hexaëdre du hartz devienc phofphorique par l'étincelle életrique , & donne une lumière verdâtre. L’étincelle ne laifle point de trace lumineufe fur le grand nombre d’efpèces de quartz que j'ai éprouvées , excepté fur le quartz grenu - cryftallifé de Fontainebleau (2). IL y a quelques corps , tels qu'une mine (1) Suivant M. Cavendish , ce fera de l’acide nitreux qui aura été produit , puifque Vair atmofphérique contient de l'air déphlogiftiqué & de Pair phlogiftiqué. Nore de IV. de la Metherie. . () C'eft fans doute par la partie calcaire que contieñnent ces quartz de Fontaine- bleau, Note de M, de la Merherie, de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, x$3 de fer blanche, des ftalaétites d’Antiparos , que le rayon éle&trique éclaire tout-à-fait à fon paflage. Defcription de la conflruétion d'une batterie , de [a charge & décharge, & de la grande force de celle-ci. Cette grande batterie elt compofée de 9 batteries dont chacune contient 15 bouteilles. La partie armée de chaque bouteille fait environ un pied quarré, Ainfi toute la batterie a à-peu-près 130 pieds quarrés, Les bouteilles font placées dans des caifles doublées de plomb, & communiquent enfemble. Lerfqu'on veüt réunir toutes les batteries , on rapproche toutes les caifles, & on les fait communiquer enfemble. On jugera de la force de cette grande batterie par les expériences fuivantes. Quand elle fe décharge le long du bord d'une des bouteilles, elle fond la furface du verre, & y. produit des traces raboteufes d’un quart, quelquefois demi-pouce de laroeur. La décharge perça 192 feuilles de papier, & y fit un trou d’un dixieme de pouce de largeur. Nous avons fait pafler la décharge à travers un cylindre de buis de trois pouces de diamètre & autant de hauteur, On avoit fait des trous d'un pouce de profondeur dans les centres des bafes de ce cylindre pour y placer deux fils de laiton pour conduéteur. Le cylindre fut fendu en deux pièces égales. Nous avons calculé fur d’autres cylindres femblables qu'il avoit fallu une force de f$35$ livres pour fendre celui-ci. M. Nairne avoit fondu par la décharge électrique 3 pieds 9 pouces de fil de fer. Nous avons fondu 15 pieds d’un fil de fer qui a — de pouce de diamètre, & 25 pieds de celui qui a = de pouce de diamètre, Expériences fur la communication & la deflruëtion de la force magnétique par le moyen de la décharge de cette, batterie. Le grand Franklin ayant fait voir qu'on pouvoit charger les poles d’aiguilles aimantéés , par des décharges électriques de la même manière que l’opère la foudre, quelques Phyficiens, & particulièrement M. Wilke, en ont conclu qu'il devoit y avoir une grande analogie entre le fluide électrique , & le fuide magnétique. D'aurres ont nié cette analogie. Les expériences qui ont été faites à cet égard n'ayant pas toujours donné les mêmes réfultats , je les ai répétées avec mon ami le célèbre M. Van- Swinden. Nous avons obfervé que quand une aiguille de lame de reffort, ou un barreau d’acier font placés horifontalement dans le méridien magnétique, il eft indifférent pour la communication du magnétifme par la décharge électrique , que la matière électrique entre par l'extrémité boréale ou par l'auftrale; car dans les deux cas l’extrémité boréale devient le pole boréal, & l’auftrale devient l’auftral. Tome XXVII, Part. II, 1785, AOUST. V. 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Si on fait pafler da décharge par une aiguille placée dans le méridien magnétique , de façon que le pole boréal {oit tourné vers le fud , le plus fouvent les poles fe renverfent : le boréal devient l’auftral, & récipro- quement. - À Quand on communique par la décharge électrique la force magnérique à une aiguille ou barreau placé perpendiculairement, extrémité inférieure devient toujours le pole boréal, & la fupérieure l’auftral , foit que la matière entre par la fupérieure ou l'inférieure. Si l’aiguille étoit déjà aimantée, & qu'on eût placé en haut Le pole boréal , il feroic changé par la décharge. L'aiguille placée dans le méridien magnétique n’acquiert pas une plus grande force magnétique que lorfqu’elle eft perpendiculairement. Lorfque la décharge eft affez forte pour communiquer de la chaleur à l'aiguille, elle n’acquiert que peu, ou point de force magnétique. Ces expériences nous paroiffent prouver qu'il n’y a nulle analogie entre l'électricité & le magnétifme ; & que la décharge électrique exerce pour communiquer ou détruire la force magnétique la même influence que toutes les autres caufes, qui donnent à l'acier , ou à l'amant un certain frémiffement. On fait que de pareilles caufes peuvent donner la force magnétique à l'acier, qui en eft dépourvu, & la faire perdre à celui qui la polsède. Expériences fur la révivification des chaux métalliques. M. Beccaria, M. le Comte de Milly ont dit avoir réviviñé des chaux métalliques par la décharge éle&rique. MM. Briflon.& Cadec ont contredic cette découverte, prétendant que les parties métalliques avoient éré fournies par les conducteurs. J'ai répété certe expérience avec M. Paers Van- ZLrooft-wyk. Entre deux bandes de verre entre lefquelles il y en avoit une troifième qui formoit une cannelure, nous plaçimes des chaux métalliques, dont nous rous étions aflurés de la pureté. Des linges mouillés nous fervirent de conducteurs pour éviter tout repreche. La décharge éledtrique révivifia une telle quantité de swirium , de cérufe, de chaux d’étair , de zinc, d’antimoine , qu'on pouvoit non-feulement diflinpuer fur quelques morceaux de verre les grenailles métalliques , même fans le fecours de la loupe, mais que nous pümes nous affurer par leur diflolution que ce que nous prenions pour du métal révivifié en éroit en effer. La révivification du /affran de mars n’a pas été fi abondante. Ces révivifi- cations des chaux métalliques prouvent, que la matière éleétrique ef? ow Le phlogiflique même, ou qu’elle contient au moins beaucoup de ce principe (1). (1) J'ai, je crois, aflez bien prouvé dans mon Effai analytique fur air pur, &c. que la matière éleûtrique étoit une efpèce d’air inflammable, Noze du Rédaëteur. a! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15$ Expériences fur la calcination de différens fils de métal. J'ai déjà dit avoir fondu du fil de fer d'Æ de pouce de diamètre, J'en ai fondu depuis d'= de pouce. Cette fufñon préfente des phénomènes affez finguliers, Les globules fondus s'élèvent quelquefois jufqu’à 10 pieds, & fe répandent par toute la largeur du Mufée, qui a 29 pieds & demi. D'autres fois ils fe calcinent & donnent une fumée épaifle. Un fil de lomb d’# de pouce de diamètre fe difipa en une fumée épaifle. L'étain préfenta le même phénomène. Des fils d'argent très-fins fe diffipent également partie en fumée , partie en filamens de chaux. Des fils de laiton d’— de pouce fe fonc également diflipés en fumée épaifle. Toutes ces belles expériences que M. Van-Marum a faites avec la fuperbe machine du Mufeum de T eyler, exécutée par M. Cuthbertfon, font voir les belles découvertes que pourroient faire ou faire faire les gens riches, en opérant en grand. M. Van-Marum qui ne cherche que le: progrès des Sciences , invite rous les Phyfiçiens à lui communiquer des projets de nouvelles expériences. ESC RAM FEUDAU NE" LETTRE. De Strafbourg, ce 10 Août 1785. NS m'avez demandé, Monfieur, de m'informer fi la perfonne qui prépare le phofphore dans les montagnes noires, fe fervoit des os; & à quelle époque il a commencé à en faire ufage. Je tiens de M. Bonz, qui demeure dans les montagnes noires, & qui en prépare 24 onces par femaine, que depuis trente ans on a connoïflance de préparer ie phofphore avec les os calcinés. M. Gahn de Stockolm en a publié le premier le procédé; cependant on en attribue la découverte à M. Guillaume Schéele, demeurant à Kæping en Suède, M. Bonz a fait imprimer fon procédé dans le huitième tome des Actes des Curieux de la Nature. Nore pe M, De La Mernerie, RÉDACTEUR pu JouRNaL. J'ai donné dans le dernier Cahier, le travail de M. Pelletier fur le phofphore : ce Pharmacien ne cefle de s'occuper à fimplifier encore le procédé ; & j'ai été témoin d’une opération qu’il a faite, dans laquelle il a obtenu 40 onces de phofphore d’une feule diftillation ; & ces 40 onces étoient le produit de 30 livres d’os de cheval calcinés au blanc ,& de 25 livres d'huile de vitriol. M. Pelletier difpofa fon mélange dans un feul jour ; & le lendemain il procéda à la diftillation du phofphore. On voit par-là que M. Pelletier eft l’Artifté qui jufqu’à ce jour la préparé la plus grande quantité de phofphore , en peu de tems & à peu de frais; car il fait ufage du charbon de terre ordinaire. Tome XXVII, Pare IT, 17858 AOUST. VE 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mm memes d ES 2 2 or er NOUVELLES LITTÉRAIRES. M. PHILIBERT, Doëleur en Médecine, ancien Profeffeur de Botanique à Varfovie , Membre de {Académie des Sciences, Arts & Belles-Lettres de Lyon, va publier, 1°. une édition des Œuvres Botaniques de LiINNÉ , reftreintes aux Plantes d'Europe ; 2°. l'énumération méthodique & raifonnée des Plantes de Pologne ; 3°, la lifle de celles du Dauphiné, par M. ViLLar, célèbre Botanifle de Grenoble ; 4°. le Catalogue de celles du Lyonnois, par M. DE LA TouRRETTE, Secrétatre perpétuel de l'Académie des Sciences , Arts & Belles - Lettres de Lyon, très - favant Naturalifle. Cette collection botanique formera trois volumes 21-8°. Le premier vient de paroître, ainfi que le dénombrement des Plantes Lyonnoifes , qui eft intitulé: Chloris Lugdunenfis. Comme nous poflédons ce dernier recueil, nous allons en dire un mot. La Chlore Lyonnoife offre non-feulement avec une exactitude rare, les végétaux qui fe trouvent aux environs de Lyon , & dans le Lyonnois, mais bien encore ceux qui croiflent fpontanément dans le Beaujolois , le Forez, le Dauphiné , le Bugei , la Breffe , la Dombe, le Mont- Pilat, &c. Ileft facile de juger par cette curieufe lifte , combien il eft peu de contrées où l’œil du Botanifte fe promène avec plus de plaifir, où la terre foit plus variée dans fa fertilité, que dans les provinces montagneufes des environs de Lyon. L'on voit que M. de la Tourrette les a parcourues ayec une curiofité philofophique; qu'il n’y a pas d'humides vallons , de bois touffus, de montagnes inacceflibles, de rochers efcarpés , de coteaux rians , d’anties obfcurs , de marais bourbeux, qu'il n'ait fcrupuleufement vifités. De ces incurfions botaniques multipliées , il en réfulte que cet habile Botanifte a trouvé 252 Plantes alpines ou fubalpines rares; 2573 efpèces indigènes à ces endroits; qu'il a en outre obfervé 617 diverfes variétés. Indépendamment de cette totalité, M. de la Tourrete préfente encore 294 Plantes exotiques, que lui-même a fu naturalifer & acclimatifer dans fon jardin botanique. Nouveau Recueil de Voyages au nord de l'Europe & de l’Afe, contenant les extraits des Relations de voyages les plus eflimés , & qui n'ont jamais été publiés en François. Ouvrage traduit de différentes langues , par une fociété de Gens de Lettres, avec des notes , des éclaircifflemens , & enrichi de cartes & de beaucoup de . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 57 vues G& deffns , gravés par les mezlleurs Artifles , in-80, tom, I & II. À Paris, chez Buulon, Libraire, hôtel de Meforigny, rue des Poitevins , N°. 13. Prix 8 Liv. $ fols broché, & 10 liv. relié. Franc de port par la pofte 9 Liv. 10 fols broché. On affranchit l'argent & la Lettre d'avis. Ce Recueil eft deftiné à faire fuite à l'Hiftoire Générale des Voyages, On s'étendra particulièrement fur ce qu'il y a de plus remarquable, de plus utile & de plus avéré fur les Mœurs, la Religion , les Arts, les Sciences, l'Hiftoire Naturelle, la Géographie, &c. de ces pays qui font peu connus en France. Les deux volumes que nous annonçons donnent une defcription de routes lesîles qui bordent les côtes d'Angleterre & d'Ecofle, On y trouve beaucoup de détails intéreffans d’hiftoire naturelle , dont les principaux, tels que la fameufe grotte de Fingal dans l'île de Srafa, compofée de milliers de colonnes bafaltiques , font deflinés. Le goùt de Y'Hiftoire Naturelle & de la bonne Phyfique qui fe répand de plus en plus , engagera les nouveaux Voyageurs à nous faire connoître la nature des pays qu'ils parcourront , ce qui rendra leurs relations beaucoup plus intéreflantes. C’eft ce qu'ont fait les Editeurs des Voyages que nous annonçons. Îls ont emprunté des Naturaliftes ce qu'ils n’ont pas trouvé dans les autres Voyageurs. Ainfi ils ont donné la defcription de la grotte de Fingal d’après le célèbre M. Banks, Nouvelle Defcription des Glacières & Glaciers de Savoye, particu- lièrement de la vallée de Chamouni & du Mont-Blanc, & de La dernière découverte d’une route pour parvenir à cette haute montagne ; dédiée à M. le Comte DE BUFFON , par M. BouRRIT, Chantre de lEglife Cathédrale de Genève, & Penfionnaire du Roi de France : in-8°. À Paris, chez Buiflon, Libraire , hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins, N°. 13 ; prix 4 liv. 10 fols broché & 5 liv. 10 fols franc de port par la pofte. On affranchit l'argent & la lettre d’avis. M. Bourrit avoit déjà fait connoître une partie des Alpes. L'Ouvrage que nous annonçons en eft une fuite. Il faut avoir vu ces étonnantes montagnes, fur-tout le fameux Mont-Blanc , pour mieux fentir encore toute la beauté des defcriptions qu’en fait M. Bourrit. Je n'ai rien vu d’auffi impofant que ce Mont-Blanc. On n'avoit jamais pu approcher de fon fommet. Mais M. Bourrit , le 11 feptembre 1784, a été à une aflez grande hauteur fur cette montagne, & deux de fes guides, Marie Couret & François Cuidet , y font parvenus jufqu’à la hauteur de 2346 toiles, c'eft-à-dire au fommet. Ils n’ont pas eu le tems cependant de gravir fur un pic de glace qui les furpafloit encore de 80 toifes. Une obfervation bien effentielle eft, qu’au lieu de reffentir du froid , ils fe font trouvés comme dans un four, du moment où ils ont atteint La région des neiges. Je me rappelle qu'on me dit à Chamouni que des Chafleurs qui avoienc 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voulu aufli monter fur le Mont-Blanc , y avoient reflenti également une grande chaleur, Ce phénomène mériteroit d'être conftaté par Le cher- momètre, Des Maladies de la Peau, de leur caufe, de leurs fymptômes , des traitemens qu'elles exigent, & de ceux qui leur font contraires 3 par M.RetTz, Doëleur en Médecine , Médecin ordinaire du Roi, Jférvant par quartier ; ancien Médecin d’'Hôpitaux Royaux, Affocié de l’Académie de Dijon. À Amiterdam , & fe trouve à Paris, chez Mequignon l'aîné, rue des Cordeliers , près des Ecoles de Chirurgie 178$, un vol. i7-12, de 72 pages. Cet Ouvrage eft uniquement fondé fur l’obfervation de toutes fortes de maladies de la peau , & für l'ouverture des cadavres. D'après ce grand nombre de faits, l'Auteur s’eft cru autorifé à croire que le foyer de la plupart des maladies de la peau fe trouve dans le foie, C’eft une pléthore du foie ou plethore bilieufe que M. Retz regarde comme la caufe des maladies cutanées. Par conféquent on ne fauroit guérir ces maladies qu'en remontant à la caufe , en attaquant le vice du foie. Aufñli M. Retz blâme-t-il la plupart des méthodes qu'on a employées jufqu'ici. Il faut voir fes raifons dans l'Ouvrage même, Iris, quam Diflertatione Botanica, &c. cefl-à-dire : Differtation Botanique fur l'Iris ; par M. THUN8ERG , Profeffeur de Médecine en l'Univerfité d'Up/ul, 1782, in-4°. avec deux Planches. L'iris eft un genre de plante qui a toujours mérité la curiofité des Médecins , des Fleuriftes & des Botaniftes; la variété & la. beauté de leurs couleurs , la forme élégante & fingulière de leurs eurs les ont fait cultiver avec grand foin dans les jardins. Les Médecins ont trouvé dans quelques efpèces des vertus & des équivoques. Le grand nombre des efpèces de ce genre, la reffemblance intime de plufieurs , la ftructure des organes de la fructification , doivent attirer aux iris Les regards particuliers des Botaniftes, Ils liront avec le plus grand plaifir cette Differtation digne de la haute réputation de M. Thunberg. L'on fait déjà que ce célèbre Profefleur a découvert lui-même neuf efpèces nouvelles de ce genre. L'on trouve ici la figure de cinq, & la defcription foignée de chacune. Le caractère générique de l'iris eft , felon M. T'hunberg , une corolle hexapétale, dont la moitié eft réfléchie & l’autre élevée, avec trois figmates en forme de capuchon, & à deux lèvres. Ainfi ce genre differe par fa corolle hexapétale de l'ixia, du faffran, du glayeul , & de l’antrolyfe qui en approche beaucoup; & on lediftingue dela moræa qui lui refflemble encore plus par les trois pétales élevés & par la forme des fligmates. M. Xhunberg indique la place qu'occupe l'iris dans les différens fyftêvaies de Botanique ; trace les caractères fpécifiques individuels ; donne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. F9 leur defcription , leurs fynonimes ; remarque le lieu de leur naiffance , le tems de leur floraifon. On connoît les propriétés médicales de l'iris de Florence, de la Germanique , dite vulgairement {ris zoflras , & de celle de marais, ou faux Acorus. M, Thunberg les rapporte avec foin, & nous apprend de plus la qualité que quelques autres efpèces originaires d'Afrique ont d'être bonnes à manger. Celle qui eft furnommée edulis ou l’efculenfe, fert au Cap de Bonne-Efpérance d’alimens aux hommes & aux finges. On raflemble leurs bulbes & leurs tiges par petits paquets, on les fait cuire légèrement. M. Thunberg aflure qu’ainfi préparée, cette iris a fort bon goût , elle eft très-nourriffante. L’analogie devroit engager les Botaniftes à renrer quelques expériences fur nos efpèces indigènes, Quelques-unes ont beaucoup d'âcreté , mais il pourroit y avoir faus contredit des moyens de la leur enlever. Ixia quam Differtatione Botanica , delineatam , &c. c’eff-à-dire, Difer- tation Botanique fur l’Ixia ; par M. THUNS8ERG, Profeffeur de Botanique à Upfal, in-4°. À Upfal, 1783. M. Thumberg donne dans cette Differtation l’hiftoire de genre de l'ixia avec la fagacité & la précifion qu'on lui connoît. Il place le caractère eflentiel de ce genre dans la corolle tubuleufe : Je tube eft filiforme , droit ; le limbe campanulé, égal, divifé en fix parties; il y a crois ftigmares fimples : notre favant Botanifte remarque que la corolle n'eft jamais hexapétale ; en conféquence il exclud du nombre des ixia, les efpèces auxquelles Linné avoit donné le furnom de Chinenfis, de Gladiata & d’Africana. Ce w’eft pas qu’on puifle l’accufer de vouloir appauvrir ce genre; au contraire, il l’a enrichi de quinze nouvelles efpèces, qu'il a découvertes dans fes voyages. Il les décrit toutes, ainfi que celles que les Botaniftes connoifloient déjà, ajoutant çà & là d'excellentes obfervations. L'ixia eft un genre de plante dont les efpèces font plus curieufes & plus agréables par la forme de leurs fleurs , qu'elles ne font utiles par leurs propriétés. Quelqites-unes cependant peuvent fervir d'aliment, mais elles font plus Sue. animaux que des hommes ; en revanche on les eftime toutes pour la beauté de leurs leurs, qui les faic cultiver avec foin dans les jardins d’ornemens. Les efpèces furnommées cirmamomea, pilofa & falcata , répandent la plus douce odeur le foir & la nuit : elles ouvrent leurs fleurs vers les quatre heures du foir avec tant d'exaditude, qu'on pourroit les regarder comme une efpèce d’horlove. Cependane elles reftent fermées fi le tems eft tourné à la pluie qu'elles préfagenc alors. Les Planches ajoutées à cette Differtation offrent les figures de fenc efpèces repréfentées avec beaucoup d'art & de vérité. 160 OBSERVATIONS SUR L A4 PHYSIQUE, & mt ) T'A BTE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M ÉMOIRE fur les Volcans & les Tremblemens de terre ; par M. C. D. L. Lieutenanr- Colonel au Corps Royal du Génie, page 8r Recherches fur la nature des fubflances animales, & fur leur rapport avec les fubflances végétales : ou Recherches fur l'acide du fucre * par M. BERTHOLLET , Differtation fur l'inflammation fpontanée des matières tirées du règne végétal & animal ; par P. L. G. CARETTE , Apothicaire à Lille ,92 Objervations fur la diffolurion du vernis de la foie ; préfentées à l'Académie de Lyon, par M. L Abbé CorLom8, 9$ Expériences für l Air ; par HeNRt CAVENDISH , Ecuyer, Membre & de la Société Royale de Londres : Mémoire Lu à la Société Royale F Le 2 Juin 1785; traduit de L Anglois par M, PELLETIER, 107 Extrait d'un Mémoire lu à l'Académie des Sciences, par M. CouLoMms; Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis , &c. Membre de L Académie des Sciences ; pour prouver que laëtion du fluide éleérique efl en raifon inverfe des quarrés des diflances , 116 Mémoire & Re&ification de l'emploi & de la préparation de l'alkali phlo- x gifliqué ; par M.STOUTz, Sous-Infpeéteur des Mines de France , 118 Lerrre à M. le Rédaëeur du Journal de Phyfique, 138 Mémoire fur le Trembleur, efpèce peu connue de Poiffon éle&rique 3 & par M. BROUSSONET , 139 Objervation fur l’aëtion d'un feu violent fur le Cryflal de roche ; par M. DE LA METHERIE, Rédaëteur de ce Journal, 144 Lettre de M. KiRwAN à M. DE LA METHERIE, 146 Defcription d'une très-grande machine éleétrique placée dans le Mufeurr de Teyler, à Haerlem , & des expériences faites par le moyen de cette machine ; par MARTIN VAN-MARUM, NE Philofophie & er Médecine, Membre de plufieurs Académies , 148 Erxtrait d'une Lettre de Strafbourg à 15 Nouvelles Litteraires, 156 APPROBATION. Jar lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & [ur les Arts, Ëc. par MM. Rozier & Moncez le jeune, 6e. La Colle&tion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leëteurs , mérite l’attention des Savans; en confé- * quence , j’eftime qu’on peut en permettre l’impreflion: À Paris, cezs Août 1785. VALMONT DE BOMARE. PURE Aout 1785 | ‘LA Bus Fo PES h Pi Ps A Cu hi F4 4! té © 418 ge Von me Vs 4ûl te sde ta MNT LS ee lorurt 1785 Sellor S hr pan mit pe mn re ge nl PE ES 2 % + | JOURNAL DE PHYSIQUE. 1] ä|| SEPTEMBRE 1785. I SUPPLÉMENT A MON MÉMOIRE Sur Les Vorcans #T LES TREMBIEMENS D£ TERRE >» Porn MCD) LIC"AC.R:D;G. (1) à D remis depuis quelques jours mon Ménoire entre es mains de l'Aureur du Journal de Phylique , lorfqu'une perfonne autant refpectable par fon rang , fa naiflance & {es dignités, qu’elle eft eftimable par fes qualités perfonnelles , la variéré de fes connoëlances & for goût pour les arts, à laquelle je communiquois mes idées fur la caufe des tremblemens de rerre, me fit l'honneur de m'inviter à lire le Voyage aux îles de Lipari de M. le Commandeur de Dolomieu, À cetre lecture très intéreflante , jajourai celle du Mémoire fur les tremblemens de rerre de la Calabre de 1783, pub ié par le même Auteur en 1784; & j'ai eu rout lieu de m'en applaudir, par les nouvelles lumières que ces deux pièces m'ont procurées, & parce que les faits qui y lonr expofés viennenr prefque tous à l'appui de l'opinion que je propofe fur la caufe des tremblemens de terre, opinion dont M. le Cornmand:ur de Dolomieu me paroît affez rapproché dans fon Mémoire , qui ett poftérieur à fon voyage aux îles de Lipari, & dans lequel il s'exprime ainli, après avoir fair le tableau des défaftres de la Calabre qu'il a parcourue & obfervée en Chimilte habile & Hiftorien exa& & fidèle de la Nature ce Qu'il me foit mainrenant permis de chercher dans les feuls faits [a » caule des rremblemens de terre de la Calabre, & mettant de côté roue » fyftême , de voir ce qui a pu donner lieu à la deftrudtion prefque générale » de cerre Province. » La force motrice paroît avoir réfidé fous la Calabre elle-même, puifque 5» la mer qui l’environne n’a point eu part à l’ofcillarion ou baiancemnenc = du continent. Cette force paroît encore s'être avancée progreflivement >» lelong de la chaîne de: Apennins, en la remontanr du fud au nord Mais æ quelle eft la nature de la puiffance capab!e de produire de pareils effers® (1) Le Mémoire eft dans le Cahier d'août, Tome XXVI, Part, 11, 1785. SEPTEMBRE. x 162. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » J'exclus l'électricité qui ne peut pas s’accumuler pendant un an de > fuite dans un pays environné d'eau, où tout concourt à mettre ce > fluide en équilibre. [1 me refte le feu : cet élément , en agiffant directe- » ment fur les folides , ne fai que les dilater, & alors leur expanfion eft 2 progreflive , & ne peut pas produire des mouvemens violens & »inftantanés. Lorfque le feu aoit fur les Auides, comme l'air & l’eau, »il leur donne une expanfion étonnante, & nous favons que pour lors » Jeur force d'élafticité eft capable de furmonter les plus grandes réf »tances. HIS paroiflenr! les feuls moyens que la nature ait pu employer >» pour produire de pareils effets. Mais dans toute la Calabre il n’y a pas » veflige de volcans ; rien n’annonce ni inflammation intérieure ni feu > recelé dans le centre des montagnes où font leur bafe, feu qui ne » pouvoir fubffter fans quelques fignes exrérieurs, Les vapeurs dilatées , » l'air raréfié par une chaleur toujours aûtive, fe feroient échappés à » travers quelques-unes des crevafles & des fentes qui fe fone formées >» dans le fol; elles y auroïent produit des courans: La flamme & la fumée » feéroient également forties par quelques-uns de ces efpèces d’évents, » Une fois les paflages ouverts, la compreflion auroit ceflé; la force, >» n'éprouvant plus de réfittance, feroit devenue fans effet, & les trem- » blemens de terre n'auroient pas continué aufli long-tems. Aucun de > ces phénoniènes n'a eu lieu : il faut donc renoncer à la fuppoñition d’une æ infammation qui agiroit direétement fous la Calabre. Voyons fi en » ayant recours à un feu étranger à cette province, & n'agiflant fur elle » que comme caufe occafionelle, nous pourrions expliquer trous les » phénomènes qui ont accompagné les fecouffes. Prenons , par exemple, » l'Ethna en Sicile, & fuppofons de grandes cavités fous les montagnes de >» la Calabre, fuppofition qui ne peur m'être refufée. Il n'eft pas douteux # qu'il n'y ait d'imménfes cavité: fouterraines, puifque le mont Ethna »a dû ,en s'élevant par l'accumulation de fes explofions , laifler dans > l'intérieur de la terre des vuides relatifs à fa grande mafle. » L'automne de 1782 & l'hiver de 1783, ont été fort pluvieux. Les » eaux intérieures augmentées de celles de la furface onr pu couler dans » les foyers de l’Ethna. Elles ont dû alors être réduites en vapeurs très- » expanlives, & frapper contre tout ce qui faifoic obftacle à leur dilararion, > Si elles ont trouvé des canaux qui les aient conduit dans les cavirés de >» la Calabre, elles ont pu occafonner tous les défordres donit je viens de & tracer le tableau, » Suppofons maintenant, pour me faire entendre plus aifément, que » ces cavités avec leurs rameaux de communication répréfentent impar= » fairen:ent une cornue mife fur le côré dont le cél foit le long de la >» côte de Sicile, la courbure fous Mefline, & le venrre fous la Calabre, >» Les vapeurs arrivant avec impétuoliré ,&.chaflant devant elles l’air qui » occupe déjà ces cavités, doivent d’abord frapper contre l'épaule de la SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 163 # cornue, & enfuite tourner pour s’engouffrer dans fa capacité. La force #» d'impulfon agira d'abord diretement contre le fond de la voûte, & » enfuire par réflexion contre la partie fupérieure d'où elle fera renvoyée » réfléchie de tous côtés, de manière à produire les mouvemens Les plus » compliqués & les plus finguliers. Les parties les plus minces de ia cornue > feront celles qui frémiront le plus aifément fous le choc des vapeurs &c » qui céderont le plus facilement à leurs efforts. Mais cette eau raréfiée » par le feu doit fe condenfer par le froid qui règne dans ces fouterrains , » & l’action de fon élafticité accidentelle cefle aulfi promptement que le >» premier effort a été inftantané & violent, L’ébraniement des furfaces » extérieures finit fubitement fans qu’on fache ce qu'eft devenue la force # qui a fait tant de fracas. Elle ne fe ranime que lorfque le feu a pris de ? nouveau aflez d'activité pour produire fubitement d'autres vapeurs, &C » le même effet fe renouvelle aufli long-tems & aufli fouvent que l’eau # tombe fur le foyer embrafé ». ._ Voilà une doétrine qui approche fort de celle que j'expofe dans mon Mémoire , à celà près que je ne crois pas néceffaire pour le renouvellemenc de la vapeur , que l’eau tombe fur la mafle du combuftible, & qu'il me femble fuffant qu’elle foit placée au-deflus dans quelque chaudière naturelle ou même à côté. æ Mais fi la première cavité, continue l’Auteur , n’eft divifée d'une » cavité de même efpèce que par un mur ou un retranchement affez >» mince, & que cette féparation fe rompe par l’effort des vapeurs élaftiques » qui frappent contr'elle , alors l'ancienne cavité ne fervira plus que de » canal de communication , & toutes les forces agiront contre le fond & » les parois de la feconde. Le foyer des fecoufles paroîtra avoir changé » de place, & l'ébranlement fera foible dans l’efpace qui aura été agité » le plus violemment par les premiers tremblemens de terre. » Rapprochons ces phénomènes néceflaires dans la fuppofñtion d’une » ou plufieurs cavités placées fous la Calabre , ces phénomènes arrivés >» pendant les tremblemens de terre. La plaine qui étoit fürement la > partie la plus mince de la voûte eft celle qui a cédé le plus aifément, » La ville de Mefline , bâtie fur une plage bafle, a reçu un ébranlement # que n'ont point reflenti les édifices bâtis fur les hauteurs. La force + mouvante cefloit aufli fubitement qu’elle agifloit violemment & » tout-a-coup. Lorfqu’aux époques du 7 février & du 28 mars, le foyer » parut changé, la plaine ne fouffrit prefque point, le bruit fouterrain » qui précéda & accompagna les fecoufles parut toujours venir du » fud-oueft dans La diréétion de Mefline. Il étoit femblable à un tonnerre >» fouterrain qui auroit retenti fous des voñtes ; ain, fans avoir des » preuves directes à donner de ma théorie, elle me paroît convenir à » toutes les circonftances , & elle explique fimplement & naturellement » tous les phénomènes », Tome XXVIT, Part, IT, 1785. SEPTEMBRE, X2 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Elle eft-en effec folidement établie par les faits. Il n’eft pas même néceflaire de recourir au feu de l'Ethna ni à aucun autre feu vifble pour rendre raifon des vapeurs qui feules ont pu, comme l'agent le plus puiflant de la nature, bouleverfer la Calabre. L'île de la Penthelerie abonde en eaux chaudes, fuivant la defcription qu’en fait l'Auteur, & cependant le feu qui les chauffe n'eft point vifible, non plus que ceux qui chauffent la plupart des eaux thermales connues, Si cette île n’a jamais été fujerte aux tremblemens de terre , fuivant la tradition du pays , confirmée par le filence des Auteurs connus, c'eft que fon lac d'eau chaude eft une chaudière fans couvercle, communiquant immédia- tement avec l'atmofphère, & que les vapeurs qui s'élévent des autres chaudières couvertes , ont des tuyaux vihbles d’évaporation. Les efpaces caverneux fans communication avec l'air atmofphérique & trop reflerrés pour contenir la vapeur qui fe porte dans leur capacité & y exerce fa force expanfive, font donc une condition néceflaire pour les fecouemens & les bouleverfemens foit intérieurs foit extérieurs de la terre, tandis que les combuftibles enflammés & des mafles d’eau raflemblées au-deflus ou auprès en font les moyens. « Si donc l'Ethna, continue l’Auteur , a été la caufe occafionnelle des >» tremblemens de terre, je puis dire aufli qu'il préparoit depuis quelque >» tems les malheurs de la Calabre, en ouvrant peu-à-peu un paflage le >» long de la côte de Sicile aux pieds des monts Neptuniens; car, pendant » les tremblemens de terre de 1780, qui inquiétèrent Mefline pendant x tout l’été, on éprouva tout le long de cette côte depuis Faormina > jufqu’à Phaer, des fecoufles aflez fortes. Mais auprès du village d’Alli » & auprès du Fiume di Nifi qui fe trouvent à-peu-près au milieu de >» cette ligne, on reflentir des foubrefauts aflez violents pour faire ® craindre qu'il ne s'y ouvrit une bouche de volcan. Chaque fecoufle > reflembloit à l'effort d’une mine qui n’auroit pas eu la force de faire > explofon. Il femble que pour lors le volcan s’ouvrit un libre paffage pour > l'expanfion de fes vapeurs , & qu’elles y aient depuis circulé librement, > puifque pendant 1783 ; l’ébranlement a été prefque nul fur cette partie » de la côte de Sicile, dans le même tems que Mefine enfevelifloit fous > fes ruines une partie de fes habirans ». La fimple idée de la machine à feu explique nettement la caufe des fecoufles qu’éprouva la côte de Sicile en 1780, ainfi que tous les phénomènes de cette efpèce. La vapeur en exerçant fa force expanfive dans les galeries fouterraines qui communiquent aux chaudières, s’ouvre des paflages fur les directions de lignes de moindres réfiftances qui font tantôt fur les pieds droits, rantôt fur le fond, tantôt fur le cul-de-fac & tantôt fur l'intrados des reins de la voûte de la galerie. Dans les trois premiers cas elle rompt & déchire des cloifons qui la ge ou qui offrent dés rameaux à fon expanfon , & ce font les explolions SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16; qui fuivent ces ruptures , qui produifent ces bruits fourds & intérieurs que l'air propage dans leurs développemens | & qui refflemblenc à celui du tonnerre; dans le quatrième cas, la terre s'ouvre à fa fuperficie, ou bien elle eft foulevée & changée de place avec la charge qu'elle porte. En un mot, c'eft la variété des longueurs & des directions des lignes de moindre réfiftance combinée avec la diverlité des matières que renferment les efpaces caverneux dans lefquels la vapeur fe porte & exerce fa force expanfive; c'eft cetre variété, dis-je, qui produit & explique les fecoufles, les bouleverfemens, les tranfports & les divers mouvemens qui les accompagnent. Mais prenons la defcription que M. le Commandeur fait du volcan de l'île de Stromboli. ce Le crater de ce volcan, le feul qui ferve maintenantaux éruptions... o eft très-petit, il n’a pas cinquante pas de diamètre, [1 a la forme d’un » entonnoir terminé en bas par une pointe. . ... Les éruptions fe > fuccèdent avec régularité... Chaque incermittence eft à-peu-près » de fept minutes...... Les pierres lancées par le volcan paroifloient » noires, elles s'élevoient en gerbes, & elles formoienr des rayons > divergens ; la majeure partie retomboit dans la coupe. Elles rouloient » au fond du crater, fembloient obftruer l'iflue que s’étoient faite les > vapeurs à l'inftant de l’explofon , & elles éroient rejerées de nouveau > par l'éruption fubféquente.. ... Le volcan en fournit toujours de nou- > velles..….. Le volcan étoit alors (le 20 juillet 1781 ) dans fon étar le >» plus calme; car il y a des tems où il paroît plus courroucé , où la >» fermentation eft plus active, où les éruptions font plus violentes & >» plus précipitées ; les pierres font lancées beaucoup plus haut; elles » décrivent des rayons plus divergens ; elles font jerées à une plus grande » diftance dans la mer. En géneral , l’inflammation eft plus confidérable >» & plus aive, l'hiver que l'été, plus à l'approche du mauvais rems & æ des tempêtes & pendant leur durée, que dans les tems calmes. Jai » paflé deux fois il y a quinze ans à la vue de Stromboli pendant un tems > de bourrafque violente & pendant la nuit ; je vis alors le volcan faire des > explofons plus rapprochées, & dont l'intermittence n’étoit pas de deux >» owtrois minutes. Les pierres arrivoient à plus de deux cens pasen mer, » une flamme rouge & brillante fortoit fans difcontinuer du crarer, & elle éclairoit à une grande diftance. ..... Je rencontrai à moitié hauteur æ (de la montagne du volcan ) une fource d’eau froide douce, légère & » très-bonne à boire, qui ne tarit jamais...... Je crois que l’eau qui > fournit cette fource eft le produit d'ure évaporarion qui {e fair dans >» un chapireau, Mon opinion eft d'autant plus vraifemblable, que la fource >» qui eft au pied de la montagne eft chaude, & que les habirans en laiflene > refroidir l'eau avant de la boire. Le même feu qui échauffe le réfervoir > de celle du bas, peut produire celle du haut par une efpèce de diftilla- 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, > tion. Le Stromboli eft le feul volcan connu qui ait d’aufli fréquentes » éruptions & qui n'ait aucun tems de tranquillité. D'ailleurs la manière > dont fe font les explofions ne reffemble point à celles des autres volcans. » La fermentation des autres augmente progreilivement , & elle eft » annoncée par un murmure fouterrain , preuve d'une grande effervef- » cence & avant-coureur de l’éruption qui eft ordinairement précédée » par une gerbe épaifle de fumée mèlée de flammes. Ici l'éruption fe faic » fans pouvoir être prévue que par le calcul du tems écoulé depuis la » dernière ; il femble que ce foit un air ou des vapeurs inflammables » qui s'allument fubitement, & qui font explofon en chaffant les pierres » qui fe trouvent fur leur iffue. Peut-être même la théorie de l'air » inflammable fournit-elle la feule explication qu'on puifle donner du » concours de toutes les circonftances de ce volcan. Le feu intérieur peut » dégager les vapeurs inflammables des matières qui font près de fon » foyer, mais fans contaét immédiat , à-peu-près comme il fait bouillir » l'eau des fources qu'il échauffe. Ces vapeurs peuvent arriver par des » canaux dans la cavité principale où eft l'embrafement actuel, & s'y >» enflammer tout-d’un-coup. Le feu produit de l'air à proportion de fon » activité qui doit être plus grande pendant les orages que pendant les » calmes. Je hafarde cette hypothèfe à laquelle je ne tiendrai pas fi on me » préfente une meilleure explication ». Voilà fans doute une fuite d’obfervations très-précieufe , puifqu'elle nous préfente dans le volcan de Stromboli une machine à feu naturelle très-approchante de l’artificielle; une ouverture fervant en même-tems de cylindre pour le paffage de la vapeur, & de cheminée pour celui de la flamme du combuftible, des pierres qui en s’élevant & retombant alternativement bouchent & ferment l'ouverture du cylindre à la manière d’un véritable pifton ; la chaudière évidemment fituée au bas de la montagne à quelques pieds au-deflus du niveau de la mer qui lui fert de cuvette pour l’alimenter , lorfque foulevée par les vents, fon eau el introduite dans des rameaux fouterrains, qui comme un tuyau conducteur la portent dans la chaudière , laquelle s’alimente encore par l'infiltration des eaux pluviales à travers le corps de la voüre qui forme fon couvercle, Dans la machine à feu artificielle l’eau de la chaudière étant entretenue à la même hauteur, & la quantité de feu étant la mème, celle de la vapeur l'eft auf, & Les intervalles d'un coup de pifton à l’autre font égaux. Dans la machine feu de Stromboli les hauteurs de l’eau de la chaudière varient très-fenfiblement du tems calme aux groffes mers, de l'été à l'hiver , d'où naiflent les différences dans les quantités de la vapeur, & par conféquent dans les intervalles des coups de pifton ou des éjections. Voilà trop de reffemblance & trop de rapport entre les deux machines pour ne pas reconnoître qu'elles font foumifes aux même loix, & ne pas adopter la doctrine fimple & naturelle qui les explique. SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 167 immenses ne Li LS SES | EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS RELATIVES A L’AIR ET A L'EAU; Par le Doëeur PRIESTLEY: Lues le 24 Février 178$, à La Société Royale de Londres. Traduites de l'Anglois par M. BERTIN. Dior la découverte de la diminution de l'air refpirable dans ces procédés que l'on nomme ordinairement phlogiftiques, les Phyficiens ont toujours regarde comme un objet très-intéreflant de trouver ce que devenoit l'air qui difparoiiloit dans ces expériences. J'ai moi-même, ainfi que bien d’autres, fait pour y parvenir différentes expériences que j'ai publiées ; mais quoique ce travail ait pu opérer quelques progrès dans la phyfique de l'air, & étendre par conféquent notre connoiflance des principes ou des parties conftituantes des fubftances naturelles, je n'ai point réufli comme je le défirois dans le principal objet de mes recherches. D’autres ont cependant été plus heureux, & les fuccès qu'ils ont obtenus m'ont mis à même de reprendre & répéter mes opérations avec plus d'avantages. Ce travail m’a conduit à confirmer les induétions qu'ils avoient rirées, & à jeter par des expériences très-diverffiées un jour confidérable fur différens autres procédés chimiques. Je vais mettre fous les yeux de la Société le réfulrat de ces obfervations avec autant de concifion & de clarté que je le pourrai. En faifanc les expériences dont je vais donner le détail , j'avois prin- cipalement en vue de vérifier les opinions qui ont été dernièrement avancées par MM. Cavendish, War & lLavoilier. M. Cavendish éroit : d'avis que l’air en fe décompofant re produiloit que de l'eau, & M. Wa concluoit de quelques expériences dont rai rendu compte à la Sociéré, & de certaines o!fervations qu'il avoit faires lui-même, que l’eau eft compofée d'air inflammable & déphlogiftiqué , fentiment-qu'ont adopté MM. l'avoilier & Cavendih. Mais on fait que M, Lavoilier foutienc qu'il n'exifte dans la compofñrion de l'eau rien de ce que l'on appelle phlooiftique, & qu'il affirme que l’air n’eft aurre chofe qu’un des élémens ou des parties corfhruanres de Peau. Mon projet en faifant les expé- riences fuivantes éroit aufi de forrifier la conclufion que j'avois déduire des expériences dont j'ai fait auli part à la S:ciéré; favoir , que l'air inflammable eft un pur phlooiflique fous la forme d'air, ou du moins 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, accompagné de l'élément de la chaleur , & que l'air fixe ef un compofé d’air inflammable & d'air déphlogiftiqué ; doétrines qui avoient d'abord été avancées par M. Kirwan avant que j'eufle fait les expériences par lefquelles je croyois alors les avoir confirmées. Telles éroient les hypochèfes qui nr'avoient dérerminé à faire ces expériences, & elles m'ont appris à adhérer aufli rigourenfemenr quil eft poflisle aux obiervations actuelles & d’être extremêment attentif à ne laiffer échapper aucune circonftance qui puitie contribuer à quelque réfulrat particulier. J'aurai occafin de faire connoître mes erreurs quant aux conclufons, quoique les fairs aient été aufi ftriétement exaéts que je les ai préfenrés. Tanc qu'un Phyficien rend fidèlement comp'e de ce qu'il a obfervé, perlonne ne peur fe plaindre juftement d'avoir été induir en erreur ; cat celui qui découvre un fait n'a pas plus le droit d'en tire: des conféquences que celui à qui il en fair part. De tous les procédés phlogifliques, le plus fimple eft celui par lequel les métaux font mis ea igrition dans l'air déphlogiftiqué. C’eft aufli pat celui-là que j'ai commencé dans le deflein de nraflurer fi, lorfque l'ai difparoîr dans cette opération , 1l s'y produit de l'eau J'ai en conféquence introduit danse un vaiifeau de verre , contenant 7 onces (1) d'air déphlo- giftiqué paflablement pur ,ure certaine quantité de tournure de fer (2) (ce fer étant en feuilles crès-minces davient très-propre à cetre expérience & à beaucoup d'autres.) Après les avoir fair fécher autant qu'il éroit poffible, ainfi que le vaifleau, l'air & le mercure qui tormoient l'appareil; & pour obvier à ce que l'air ne pût contraéter quelqu'humidité, je le reçus dans le vaifleau deftiné à mon expérience, lmédiatement en fortant du procédé par lequel Je l’avois obrenu du précipité rouge ; de forte qu'il n’avoit jamais éré en contact avec l’eau. J'erflammai enfuite le fer avec un miroir ardent & réduifis à l'inftant les 7 onces d'air à .6$ ; mais je ne trouvai pa: plus d’eau après ce procédé, que j'imaginois qu'il en avoir pu demeurer malgré routes mes précautions, puifqu’elle ne fe trouvoir dans aucune proportion avec l'air qui avoit difparu. En examinant le relidu de Pair j’ai reconnu qu'il y en avoit un cinquième d'air fixe, & lorlque j'e‘ayai la pureté du furplus par le moyen de Pair nicreux , il me paruc quil n'avoir point été produit d'air phlogiftiqué dans cetre opération ; car quoiqu'il fût plus impur que ne devoit l'être , à ce que je fuppole, l'air avec lequel je commençai mon expérience , il ne l’éroit pas plus que l'air déphlogiftiqué des 7 onces qui n'avoit point été affecté par le procédé & qui, s'il avoit été contenu ——— (x) Once eft pris ici pour le volume d’une once d’eau diftillée. (2) Ce font les parties qui f détachent lorfqu’on travaille le fer fur le four, dans RCE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 169 dans le réfidu, l’auroit aufi rendu impur. Dans ce cas une mefure de ce réfidu & deux d’air nitreux occupoient l'efpace de ,32, Dans une autre expérience de cette efpèce, 10 onces d’air déphlo- giftiqué furent réduites à 8 , & en les [avant dans l’eau de chaux, à ,38. Dans une autre expérience encore dans laquelle 7 onces & demie d'air déphlogiftiqué furent réduites à une demi-once dont un cinquième éroie air fixe, le réfidu étoic aufli pur que l'air avec lequel je commencai l'expérience, l'effai fait avec l'air nitreux , dans les proportions ci-deflus mentionnées, donnant 4 dans les deux cas. Je ne puis dire quelle circonftance avoit donné lieu à cette différence, s Je préfume que dans ces expériences l'air fixe a été formé par l'union. du phlosiftique , du fer & de l'air déphlogiftiqué dans lequel il avoit été. enignition; mais la quantité en étoit, très-petite à proportion de l’air qui avoit difparu, & je ne foupçonnois pas alors que le fer qui avoit fondu,& s’étoit réuni en balles rondes, püt l'avoir abforbé ; unechaleur capable d’opérer la fufion d’un métal, me paroiflant fuMifante pour chafler de toutes Les fubftances quelconques tout ce qui étoit. fufceptible de prendre la forme d'air. Je ne pouvois cependant pas faveir ce qu'étoit devenu cet air. i Perfuadé néanmoins qu'une telle quantité d'air avoir été, abforbée par quelque chofe dont elle devoit-néceflairement avoir augmenté fenfible- ment le poids, & voyant: que rien ne pouvoit l'avoir abforbé que la chaux dans laquelle ce fer avoit été réduit, je m'avifai de la pefer , je sm'apperçus aufli-tôt que l'air déphlosiftiqué avoit été actuellement abforbé par le fer,calciné, de la même manière que dans une pre- mière expérience, l'air inflammable l'avoit été par les chaux des métaux, quelqu'impoflible que m’eût paru cette abforption à priori, Dans le premier cas 12 onces d'air déphlogiftiqué avoient difparu , & le fer avoit gagné fix grains en pefanteur, J'ai toujours trouvé , en répérant cette expérience à différentes fois, que d’autres quantités de fer traitées de la même manière , acquéroient la même augmentation de poids ; & que ce poids étoit à-peu près celui de l'air qui avoit difparu. Je conclus alors que cette chaux de fer n'étoit aucurement ce que je Favois trouvée d'abord, c'eft-à-dire , une chaux pure ou fcorie, mais que la chaux ou le fer lui-même avoient été faturés d’air pur. J'ai reconnu d’après beaucoup d'expériences que cette fubftance calciforme étoir la même chofe que les écailles qui fe dérachent du fer lorfqu’il eft chauffé jufqu'au rouge , ou que cette efpèce de croûte qui enveloppe le fer en fufñon lorfqu'il fubit une chaleur très-violente à un feu découvert. Concluantde l'expérience précédente que le fer fuifamment chauffé étoie capable de fe faturer lui-même d'air pur extrait de la maffe del’atmofphère, j'effayai de le faire fondre par le moyen du miroir ardent à l'air libre, & je m'apperçus aufli-rôr , que le fer parfait entroit facilement en fufon Tome XXV'IL, Part. IT, 1785. SEPTEMBRE. Y 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par ce procédé ; & qu'il Sy maintenoit pendant un certain tems en paroiflant dégager ou exhaler de l'air , tandis qu'efkectivement il en abforboir!, & lorfqu'il s'en étoit faturé, la fufon cefloir & le foyer de mon miroir ardent ne faifoit plus aucune itupreflion fur Le métal. Dans ce cas j'aitoujours trouvé qu'il acquéroir du poids dans la proportion de (& demi à 24, ce qui fait près d'un tiers de fa pefanteur primitive. L'acier fondu dans les mêmes circonftances donnoit les mêmes réfulrarss, ainfi que routes les efpèces de fer fur lefquelles je fs cette expérience. Mais j'ai quelque raifon de croire, qu’à un plus grand degré de chaleur que celui que J'ai pu appliquer à ce métal, il feroit refté en fufion plus long-tems , & qu’il auroit abforbé plus d'air, plus d’un tiers même de fon poids. pi ‘Une circonftance bier fingulière accompagnoit la fufon de la fonte par le moyen du miroir ardent , & en même-tems qu'elle empêchoit qu'on ne püt! apprécier l'augmentation de poids que le métal avoit acquife , elle préfentoir un fpectacle bien étonnant ; car dès l’inftant qu'il y eneut unelquantité de fondue, & qu’elle fe fur réunie en balles rondes, elle commença à fe difperfer en mille directions, & en prenant l’apparence d’un fuperbe feu d'artifice, dont il s’envoloit des particules à un pied & demi de’diftance de l’éndroit de la fufon; & le tour étoit accompagné d'un fiflement confidérable. Je pus ramaffer quelques-unes des plus larges parties qui‘ s’éroient difperfées de cette manière, & les ayant foumifes au foyer du miroir ardent , elles manifeftèrent les mêmes apparences que la plus confidérable mafle dont elles avoient été divifées. sl 55, Er Lorfque je fondis cette fonte dans'le fond d’un récipient de verre très-creux pour pouvoir raflembler les parties qui fe difperferoient , elles s’attachèrent fermement iau verre ; en le’ fondant à fa fuperficie, fans cependant l'étoiler, de forte qu'il me fut impoflible de les recueillir & d'en connoître la pefanteur. Je trouvai cependant en général que maloré cette abondante difperfion , ce qui reftoit après l’expérience excédoit encore ie poids primitif du fer. Un petit morceau !de fer ou d’acier , particulièrement de ce dernier , que je Aetois quelquefois dans certe fufion , y occalonnoit un petit fiflement, & il's’en envoloit une ou deux particules, mais celà n’étoir jamais confidérablé (1). Croyant alors avoir obtenufune nouvelle chaux de fer , ou une chaux facturée d'air pur, je tâchai de la revivifier en faifant en forte qu'elle fe combinac avec l'air inflammable, à l’inftat du fer & des autres métaux (1) M. Wat que j'informai du phénomène ci-deflus en conclut que la bafe de Pair déphlogiftiqué sunifloit au phlogiftique du fer, & formoit de l’eau, laquelle eau étoit attirée par la chaux de fer & y demeuroit fi intimement unie qu’elle réfiftoit aux efforts de la chaleur tendante à les féparer. nu: es SUR LHISTANATURELLE ET LES. ARTS 17% que j'avois fondus exprès dans un vailfeau rempli de ce flude élaftique. Mon entreprife meireullit,, mais dans le cours de l’expérience j'obfervai un phénomène tout-à far nouveau & abfolument inattendu. Je pris un morceau de fer que j’avois faturé d’air pur, & après l'avoir placé dans un yaiffeau de verre contenant. de L'air infaprmable.conteny..par d'eau, je dirigeai deilus le foyer dun miroir ardent; je m'apperçus aufli-tôt que l'air inflammable difparoïfloit, & fans m'inraginer que rien püût s'échapper de la chaux de fer ( qui avoit été foumife à un bien plus fort degsé de chaleur ) je crus que je trouverois dans Le fer l'addirion du poids de l'air, & que le réfultac pourroit bien être un fer différent de l’efpèce ordinaire, Mais je vis, à mon grand étonnement , que le fer qui n'avoit paru fubir aucun changement dans certe expérience , avoir perdu de fon poids ,.au lieu d'en acquérir. Le morceau de fer fur lequel je fis cette expérience pefoit 11 grains & demi, & 7 onces & demie d'air inflammable avoient difparu pendant, que le fer avoit perdu 2 grains & demi. En confidérant la .quantité d'air inflammable qui avoit difparu , favoir, 7 onces & demie, & celle de Pair déphlogiftiqué qui s’étoit dégagé du fer, favoir , 2 grains & demi , ce qui eft à-peu-près égal à 4 onces un quart ; j'ai reconnu qu'elles écoient dans la proportion convenable pour fe faturer l'une & l’autre en fe décompofant par l'étincelle électrique ; c'eft-à-dire, qu'il.y avoit deux mefures d’air inflammable contre une d’air déphlogiftiqué, Je ne doutai plus alors que ces deux efpèces d'air ne fe fuffent unies, & n’euffenr formé ou de l'air fixe ou de l’eau ; mais c’eft ce que je ne pouvois décider, parce qu'il y avoit de l'eau fur le récipient dans lequel l'expérience avoit été faite , & que j'avois négligé d’obferver l'érat de l'air qui cependant fur l'examen léger que j'en avois fait m'avoit paru auffi inflammable que jamais. Pour m'aflurer fi certe méthode de combiner l'air inflammable & l'air déphlogiftiqué produiroit de l'air fixe ou de l'eau , je répétai mon expé- rience dans un vai[leau où l'air inflammable étoit renfermé par Le mercure, après avoir préalabiement fait fécher ce métal & le vaiffeau autant qu'il étoir poffible. Je n'eus pas plurôt commencé à chauffer le fer ou plutôt Ja fcorie de fer dans ces circonftances, que je m'apperçus que l’air diminuoit, en même-tems que l'intérieur du vaifleau étoit obfcurci par des particules d’humidité qui le couvroient prefqu'entièrement. Ces particules fe réunifloient par degrés en gouttes, & defcendoient le long des parois du vaifleau, excepté cependant du côté qui étoit échauffé par les rayons du foleil. Il me parut alors évident, que l’air inflammable produifoit de l’eau avec ou fans air fixe, & qu'il fe dégageoit de l'air pur du fer dans cette opération. M. Wat m’apprit cependant par la fuite à renoncer à cette hypothèle & à expliquer ce réfultat d’une manière différente, Quand j'examinai le furplus de Pair , il éroic au inflammable que jamais, & ne contenoit aucun mêlanse d'air fixe. Tome XXVII, Port. II, 178$. SEPTEMBRE. Y2 a72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Lorfque je raniaflai l'eau qui avoit été produite dans certe expérience, avec un morceau de papier à filtrer que j'introduifis avec foin dans le vaiffeau pour l’abforber , je erouvai que fon poids fe rapprochoit autant qu’il étoir pofBble de celui que le fer avoit perdu. Dans toutes Les expé- riences de cette efpèce que j'ai faires , & dans lefquelles j'ai fait attention à certe circonftance, j'ai toujours reconnu que la quantité d'air inflam- mable qui difparoifloit éroit à-peu-près le double de celle de l'air déphlo- giftiqué qui fe dégageoit du fer , en fuppofant que ce poids air été réduit en air. Ainfi dans une expérience un morceau de cette {corie s’imprégnoit de cinq onces & demie d'air inflammable, tandis qu'il perdoit environ 3 onces d'air déphogiftiqué, & que l'eau que je recueillis pefoit 2 grains. Une autre fois un morceau de fcorie perdit 1,5 grains, & il y ent 2,7 grains d’eau de produit ; mais il ne faut pas s'attendre à beaucoup de précifion dans ces réfulrats. Je ne citerai plus qu’une expérience de certe efpèce, dans laquelle 6 onces & demie d’air inflammable ont été réduites à .92 onces, & où le fer perdit 2 grains, ce qui équivaut au poids de 3,3 onces d'air déphlouiftiqué, Dans toutes ces expériences l'air inflammable éroit le mème que celui qui eft produit par La diffolution du fer dans les acides. Comme avant de finir cette fuite d'expériences je m'étois pleinement affuré que l'air inflammable contient toujours une portion d’eau , & que plus il refte renfermé par ce liquide, plus il s’en imbibe , de maniere même à augmenter fenfiblement en pefanteur , je répétai mon procédé avec de l'air inflammable qui n'avoit pas été contenu par l'eau , mais que j'avois fait pafler du vaifleau dans lequel il avoir été formé, dans un vaiffeau plein de mercure feché; mais je m'apperçus que par cetre méthode il y avoit en apparence autant d’eau de produite que dans la première expérience. Aflurément cette quantité d'eau qui excédoit fi confidérable- ment le poids de tout l'air inflammable, fuit pour prouver qu’elle devoit avoir d'autres fources que les parties conftituantes de cet air , ou fa mafle entière y compris l'eau qu’il contenoit , fans calculer même la perte du poids qu'éprouvoit le fer ni le rapport qu'elle avoit avec cette quantité d'eau. Je dois obferver ici que la fcorie de fer que j'avois traitée de cette manière, & qui par ce procédé avoit perdu le poids qu'elle avoit acquis en fondant dans l'air déphlogiftiqué, devint un fer auffi parfait qu'auparavant, & qu’elle étoit alors fufceprible d'être encore fondue par le miroir ardent; de forte que le même morceau de fer pourroit fervir pour ces expériences auñi long-tems que l'opérateur le défireroit. Il étoit évident par con- féquent, que fi le fer avoit perdu fon phlogiftique dans la précédente fufion, ce phlogiftique lui avoit été reftitué par l'air inflammable qu'il avoit abforbé ; je crois que l'on ne peut point interpréter autrement les réfulcats de cette expérience, & qu'ils néceflirent de reconnoître l’exiftence SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 du phlogiftique dans ces corps comme dans ceux de leurs principes confti- tuans. C'eftau moins la manière la plus naturelle de juger de ces apparences, Ayant réufli de cette manière avec de la chaux ou des écailles de fer, je is le même eflai avec de la chaux de cuivre ou des écailles qui fe dérachent du cuivre lorfqu'il eft chauff: jufqu'au rouge , & je trouvai de l'eau produite dans l'air inflammable, de la même manière que lorfque j'avois employé des écailles de fer dans les mêmes circonftances. J’eus aufñi le mème réfultat lorfque je révivifiai le précipité per /e dans l'air inflam- mable , mais comme je n'avois alors qu'un foleil d'hiver très-foible, je n'ai pu tirer de mon expérience tout l’avantage que je défirois. J'ai reconnu que le fer acquéroit cet excès de poids en fondant dans une retorte de terre aufli bien que par le miroir ardent à l'air libre, s'il étoic poflible qu'il atrirâr cer air, ou ce je ne fais quoi qui eft la caufe immédiate de l'augmentation de fon poids. Trois onces de limaille de fer ordinaire expofées à une chaleur très-violente dans une retorte de terre ont gagné 11 fcrupules ou 264 grains, & cependant leur fufion étoit bien loin d'être complette. Ayant adapté à la retorte un tube de verre pour recueillir l'air que cette |limaille auroit pu produire, j’ai trouvé que lorfqu’elle étoit très chauffée, l’eau montoit dans le tube , ce qui démontre bien que le fer ne dégageoit point d’air , mais su contraire , il en abforboit. En voyant tant d’eau produite dans ces expériences avec l'air inflam- mable , je vins à réfléchir fur les rapports que ces Auides ont entr'eux, & particulièrement fur les idées de M. Cavendish à ce fujer, Il m’avoit dit que malgré les expériences dont j'avois rendu compte à la Société Royale , & defquelles j'avois conclu que l'air inflammable étoit un pur phlogiftique , il étoit perfuadé que l'eau étoit effentielle à fa produétion, & qu’il entroit même dans fa compofition comme principe conftituant, Je fentis d'autant moins alors la force de ces raifonnemens, que dans mes expériences fur le charbon avec mon miroir ardent dirigé ë7 vacuo, le charbon avoit été entièrement difperfé, le récipient n’avoit été rempli que d’air inflammable, Je ne foupçonnoïs pas alors que le cuir mouillé fur lequel pofoit mon récipient püc être de quelqu’influence dans ce cas où le morceau de charbon fubifloit toute l’intenfité de la chaleur du miroic ardent, & étoit placé à plufieurs pouces au-deffus du cuir. Je m'étois anfli procuré de l'air inflammable du charbon de bois chauffé dans une retorte de terre recouverte pendant deux jours confécutifs, qui m'en avoit donné fans intermiflion ; de la limaille de fer dans un canon de fufil & le canon de fuñl lui-même m'avoient aufli toujours produit de Pair inflammable , toutes les fois que j'en avois fait l'expérience. Ces circonftances néanmoins m'avoient trompé, & peut-être auroient- elles déçu toute autre perfonne que moi ; car je ne connoiflois pas & je n'aurois jamais pu foupçonner la puiflante attraction que le charbon & le fer paroiflent avoir fur l’eau lorfqu'ils fubiffent un degré de chaleur x74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, confidérable. Ils la trouveront & Pattireront au milieu du feu le plis violent & à travers les pores qui peuvent refter ouverts dans la retortes & la limaille de fer eft rarement aflez fèche pour n'avoir point quelque humidité qui la rende fufceptible de produire une quantité confidérable d'air inflammable. Mais en fixant toute mon attention fur le fujer don je m'occupois, je reconnus bientot que les circonftances ci-deflus men= tionnées m'avoient induit en erreur quant à la conclufion que j’avois tirée de ces expériences , & non point par rapport aux expériences elles-mêmes, Je fuis perfuadé qu'il n'y a aucune d'elles qui ne donne les mêmes réfultats aux perfonnes qui les feront après moi, pourvu qu'elles aient afez de connoiffances , & qu'elles faffent bien attention à toutes les circonftances. Bién convaincu de l'influence de cette humidité imperceptible fur la produ“tion de l'air inflammable, & voulant me le démontrer de la manière la plus fatisfaifante , je commençai à remplir un canon de fufil de limaille de fer dans fon état ordinaire, c'eft-à-dire, fans avoir pris la précaution de la faire fécher, & je trouvai qu'elle donnoit de Pair comme à fon ordinaire & même pendant plufeurs heures de fuite. J'obtins même dix onces d’air inflammable de deux onces de limaille de fer dans une retorte de verre bien enduite de terre. Enfin, cependant le canon de fufil ceffa de donner de l'air inflammable , mais en y verfant de l'eau , il s’en produilit de nouveau , & ayant répété plufieurs fais certe expérience, je me vis forcé de reconnoître que j’avois été trop prompt à conclure que l’air inflammable eft un pur phlogiftique. Je répétai alors l'expérience avec du charbon, après avoir fait fécher autant qu’il étoit poffible, le récipient , le fupport fur lequel je plaçai le charbon & le charbon lui-même, & je me fervis, pour exclure l’air, de ciment au lieu de cuir humecté, Je ne pus parvenir , dans ces circonitances, avec l’avantage d'un bon foleil & un excellent miroir ardent, à décom- pofer plus de deux grains de charbon qui me donnèrent dix onces d’aie inflammable. J'attribue cet effec à la grande humidité que l'air dépofa dans fon état de raréfation avant qu'il fût poffible de le retirer du récipient. Je fus alors dans la perfualñon que l'eau étoit aufli néceffaire à la production de cette efpèce d’air inflammable , qu'à celle de celui qui fe dégage du fer. Tel étoit l’étar de mes expériences lorfque l'on me rendit un compte très-authentique de celles de M. Lavoilier, par lefquelles en faifant paffer de l’eau au travers d’un tube de fer rouge, ainfi qu’au travers d'un tube de cuivre chaud contenant du charbon, il s’étoit procuré des quantités confidérables d'air inflammable. M. Eavoifier fut lui-même affez obligeant pour m'envoyer une copieide fon Mémoire fur ce fujet. Le détail que j'avois reçu de fes expériences quelques mois auparavant écoit fi peu exact, que je ne leur donnai pas, je l'avoue, une grande RTE SEA . D RS PS SEE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 175 attention, J’écois cependant déjà difpofé alors à y attacher beaucoup de mérite. Ë On peut voir par mon dernier rapport à la Société Royale, que j'avois fait palier la vapeur de differentes fubftances fluides à travers des tubes de terre chauffés jufqu'au rouge, & que j'avois obtenu par ce moyen plufieurs efpèces d'air. M. Lavoifier adopta le même procédé , mais il fe fervit d'un tube de fer, & fit en raifon de cette circonftance une découverte très-précieufe qui m'étoit échappée. Je m'étois bien fervi moi-même dans une occalion d’un tube de fer dans lequel j'avois fair pafler la vapeur d'un fluide ; mais comme alors mon deflein n’étoit pas de produire de l'air, je ne le recueillis point du tout & me contentai d'obferver que l’eau après avoir refté dans ce tube chauffé jufqu’au rouge, avoit perfifté conftamment dans fa même nature fans éprouver aucun changement fenfble dans fes propriétés. Devenu plus inftruit par l'expérience de M. Lavoifer , je me déterminai à répéter ce procédé avec toute l'attention poflible ; mais je l’aurois fair avec moins d'avantage, fi je n'avois pas eu l'afliftance de M. War, qui penfoit toujours que les “expériences de M. Lavoiler ne favorifoient aucunement les conféquences qu'il en tiroit. Quant à moi, j'ai cru pendant long-tems que fa conclufion étoit jufte , & que l'air inflammable étoit réellement fourni par l’eau qui fe décompoloit dans le procédé. Mais quoique j'aie tenu encore quelque tems à cette opinion , la fréquente répétition de ces expériences, & la lumière que répandirent fur elles les obfervations de M. Wat, parvinrent enfin à me convaincre que l’air inflammable provenoit principalement du charbon ou du fer. Je vais commencer par rapporter le réfultat de l'expérience qui fut faite avec le chatbon; je pañlerai enfuite à celles où l'on a employé du fer & d’autres fubftances danslefquelles je fs pafler la vapeur d’une autre fubftance liquide lorfqu'ils furent en fufion ou au moins chauffés jufqu'au rouge. J'obferverai feulement avant de préfenter ces détails, que je commencai par faire ces expériences avec des tubes de verre enduits de terre, & que j'ai trouvé qu'ils répondoient très-bien à mes vues pendant l'opération , mais qu'ils ne manquoient jamais de fe brifer en refroidiflanr. Je me procurai enfuite un tube de cuivre, fur lequel, ainfi que M. Lavoifier l'a découvert, la vapeurs des liquides ne faifoic aucun effer ; mais je finis par employer des tubes de terre que M. Wedgewood , à qui les fciences ont tant d’obli- gations , eut la générofité de me prèter. Ces tubes, dont les parois feulement ont une couverte de verre, pofsèdent tous les avantages que je pouvois defirer pour ces fortes d’expériences, On en verra la raifon dans le compte d'une autre fuite d'expériences que je rendrai à la Sociéré Royale en tems convenable. Voici la difpofition de l'appareil avec lequel ces expériences ont été faites. Je fis bouillir l’eau dans une retorte de verre qui communiquoir Le \ x76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec le tube de cuivre ou de terre dans lequel étoient contenus le charbon ou le fer , &c. & que j'environnai de charbons allumés après lavoir placé dans une poltion horifontale. L'extrémité de ce tube oppofée à la retorte communiquoit avec le tuyau d'un ferpentin ordinaire, & tel qu'on en emploie dans toutes les difillarions ; route la vapeur fuperflue fut par le moyen de ce ferpentin condenfée & recueillie dans un vaifleau conves nable, tandis que l'air qui avoit été produit & avoit accompagné l'eau dans le ferpentin fut tranfmis dans une efpèce d’auge remplie d’eau, & dans laquelle on avoit difpofé des vafes propres à le recevoir & à en déterminer la quantité. Je pouvois donc après cela en examiner la qualité à loifir. Je rencontrai dans cette expérience avec le charbon de bois des : difficultés auxquelles je ne m’étois pas attendu , & j’eus des variations confidérables dans le réfulrat; la proportion entre le charbon & l'eau confommés, & celle entre chacune de ces deux fubftances & l'air produit, n’étant pas auf femblables que je les aurois imaginées, La quantité d’air fixe qui éroit mêlée avec l'air inflammable varia beaucoup aufli. Cette dernière circonftance peut s'expliquer néanmoins par quelques-unes de mes expériences. Quand je n’avois pas plus d'eau qu'il n'en falloir pour opérer la production de l'air, aucune quantité d’air Bxe non combinée ne fe trouvoit mêlée avec l'air inflammable dégagé du charbon de bois , ce qui arrivoit ordinairement lorfque je produifois de l'air dans un appareil pneumato-chimique avec un miroir ardent ou dans une retorte de terre expofée à une chaleur très-violente. Je préfume par conféquent que lorfque la vapeur tranfmife au travers du tube échauffé qui contenoit le charbon étoit très-abondante , le produit de l’air fixe étoit plus con- fidérable qu’il ne l'eûc été dans une autre circonftance, Les extrêmes que j'ai obfervés dans la proportion de l’air fixe à l'air inflammable ont été depuis un douzième jufqu'à un cinquième de la mafle totale de ces deux fluides. Comme je produifois ordinairement cet air, la dernière proportion étoit celle que j'obtenois le plus fréquemment; & dans ce réfultat je ne comprends point l'air fixe qui écoit intimement combiné avec l'air inflammable, & qui ne pouvoit s’en féparer qu’en le décom- pofant par le moyen de l'air déphlogiftiqué. J'ai trouvé quelquefois que cet air fixe combiné formoit un tiers de la fomme du produit, mais quelquefois aufli la quantité n’en éroit pas tout-à-fait fi confidérable. Pour avoir des certitudes fur cette quantité, je mêlai une mefure de cet air inflammable dégagé du charbon, { après en avoir féparé l'air fixe non combiné par l’eau de chaux ) avec une mefure d’air déphlogiftiqué, & je les enflammai par l'érincelle électrique. J’ai toujours remarqué après cette opération que l'air qui reftoit rendoit l’eau de chaux très-trouble, & la proportion dans laquelle il fe trouvoit réduit après avoir été lavé dans l’eau de chaux m’indiquoit la quantité d'air fixe qui avoit été combinée | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 177 combinée avec l'air inflammable. Il eft évident qu'il ne fe produit point d'air fixe dans ce procédé, puifqu'il ne s’y en trouve point après l'explofion de l'air déphlogiftiqué & de l'air inflammable dégagé du fer, Malgré les variations ci-deflus mentionnées, la perte que le charbon éprouvoit étoit toujours excédée de beaucoup par le poids de l’eau confommée, qui étoic ordinairement plus que le double de celui du charbon ; & cette eau éroit intimement combinée avec l'air, car toutes les fois que je reçus ce fluide fur du mercure, il ne dépofa jamais d'eau. L'expérience qui me donna le plus de fatisfaétion , & dont je vais rendre un compte particulier, eft la fuivante. En employant 04 grains de charbon parfait ( c’eft-à- dire, un charbon qui a été fait à un feu aflez violent pour en expulfer l'air fixe ) & 240 grains d’eau, je me fuis procuré 840 onces d'air, dont un cinquième étoit air fixe, & dans ce qui étoit air inflammable, près d’un tiers en fus me parut être de l'air fixe en le décompofant. En recevant cet air dans différentes expériences fur l’air fixe & l’air inflammable, fans parler de celles qui précèdent, ( car alors je ne pouvois pas bien en déterminer la quantité ) j’ai trouvé quelques variations dans fa gravité fpécifique ; ces variations procèdent , à ce que je m'imagine ; des différentes propotions d'air fixe qu'il'contient ; mais au refte, je penfe que la proportion de 14 grains fur 40 onces eft à-peu-près celle fur laquelle on peut fe régler, lorfque celle de l’air fixe fait environ un cinquième de la mafle. Quant au poids de l'air inflammable après que Pair fixe en fut féparé, je n’y ai pas trouvé beaucoup de différence , & je crois. qu'on peut l'eftimer à 8 grains fur 30 onces. D’après ces te le poids total des 840 onces d'air fera . . . . 294 grains. Celui du charbon. . .... 04 Celui de l'eau . , . ., . . 240 334, qui, fi on confidère la nature de l'expérience , paroîtront peut-être affez fe rapprocher du poids de l'air. Si on analyfe l'air, on trouvera que 840 onces en con- tiennent ..,.....168 d’air fixe non combiné pefant . . 1$I grains. Er.........,..672 d'air inflammable impur. ....179 ——— ——" de forte que le tout 840 montera à ....,........330 Enfin, on trouvera, en décompofant 672 onces d'air inflammable impur , quelles contiennent 164 oncesd'airfixepefant147 6 grains Ébele silo css sie e » -1: (508 d'air inflammable. . 30,7 — De forte que le tout pefera. ...,..,......... 178 3 Tome XXVIT, Part. Il, 1785. SEPTEMBRE, Z 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce qui approche beaucoup de 179, poids de ces 672 onces avant let décompofition. On peut néanmoins conclure avec sûreté de cette expérience , ainfi que de toutes celles que j'ai faites avec le charbon, qu'il n’y a pas eu lus d’air inflammable pur de produit qu'on n'en peut fuppofer avoir été dégagé du charbon lui-même, Ces expériences n'autorifent donc aucunement à abandonner l’ancienne hypothèfe établie du phlogiftique , puifqu'elle n'eft point démentie par le fait. L'air pur inflammable ne pefoit avec l’eau qui y éroit néceflai- rement contenue qu'environ 30 grains, tandis que le déchet dans le poids du charbon étoit de 94 grains. Mais à ceci doit être ajouté le phlogiftique contenu dans 392 onces d'air fixe qui, fuivant la proportion de M. Kirwan , fera prefque de 65 grains, & ceci ajouté à 30 grains formera 9$ grains. L'eau doit avoir fourni cette bafe à l'air fixe ainfi qu'à l'air inflammable, & on peut conclure de-là que l’eau doit avoir changé de nature au point de s'être convertie en air fixe, ce qui ne fera poinr regardé comme un grand paradoxe fi l’on confidère que fuivant les dernières découvertes , l'air fixe & l'eau femblent être compofés des mêmes ingrédiens; favoir , d'air inflammable & d’air déphlogiftiqué. Nous ne fommes cependant pas bien sûrs fi les mêmes fubftañces fe retrouvent dans le changement qu'éprouve l’eau , & l’on ne peut par conféquent décider abfolument fi Y'air inflammable qu’elle contient entre entièrement dans l'air fixe ou non. Des expériences plus érendues ou une comparaifon exacte de ces expé- riences avec celles de M. Kirwan & autres Savans, jetera peut-être quelque lumière fur ce fujer. IL feroit bien intéreffant de connoître fi J'air xe combiné vienc entièrement du charbon, ou fi le charbon ne fournit que le phlogiftique, & l'eau fa bafe, c’eft-à-dire, l'air déphlo- gifliqué. Avant de terminer le récit des expériences que j'ai faites avec le charbon , je dois obferver qu'il y en a une qui m’a paru mériter quelque confiance : c'eft celle qui m'a procuré par la perte de 178 grains de charbon & 528 grains d'eau, 1410 onces d'air, dont la dernière portion (car je n'ai pas examiné le relte) contenoit un fixième d’air fixe non combiné. Cette expérience fut faite dans un tube de terre revêtu en-dehors d’une couverte vitrifiée. Les expériences faires avec le fer ont été plus fatisfaifantes que celles faites avec le charbon , parce que ce métal éprouve moins de variations ; elles prouvent encore plus évidemment , que l'air inflammable ne procède point de l'eau, mais feulement du fer, attendu que la quantité d'eau confommée , ajoutée au poids de l'air produit, a été trouvée, d’aufli près qu'on peut le défirer dans ces fortes d'expériences , dans l'augmentation de poids qu'a acquis le fer. Et quoique l'air inflammable produit par INT SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 179 ce procédé foir d'un tiers ou moitié plus abondant que ne l’eft celui obtenu du fer par fa diflolution dans les acides, on peut en inférer quil refte beaucoup de phlogiftique dans ces diflolutions, & qu'on peut conféquemment en dégager une beaucoup plus grande quantité du fer lorfque de l’eau pure fans aucun acide quelconque prend fa place. Je dois obferver encore que le produit de l'air & l'augmentation de poids qu’acquiert Le fer fonc beaucoup plus aifés à apprécier dans ces expériences que la quantité d'eau qu'on y a perdue. Cette circonftance a pour caufe la longueur des inftrumens employés dans le procédé & les différentes quantités qui peut-être font retenues dans le ferpentin : j'ai pris cepen- dant toutes les précautions néceflaires pour ‘éviter que ces caufes n'occafionnaflent aucune erreur. Je me bornerai à ne donner des nombreufes expériences que j'ai faites avec le fer que le détail des réfulcats fuivans. Le fer ayant acquis 267 grains, & l’eau perdu 336 grains, j'ai obtenu 840 onces d'air inflam- mable ; & dans une autre expérience le fer ayant gagné 140 grains & l’eau perdu 253 grains, j’ai eu 420 onces d’air (1). L’air inflammable obtenu de cette manière eft Le plus léger & exempt de cette odeur défagréable qu'occafionne ordinairement la diffolurion rapide des méraux dans l'huile de vitriol. 11 fe dégage aufi promptement par cette méthode que dans quelque diflolution que ce foit. Cette con- fidération m’a faic préfumer que ce procédé feroit beaucoup moins difpendieux que ceux qu'on avoit employés jufqu'à ce jour pour remplir les ballons du plus léger air inflammable, Il faudra pour cet effet fe pourvoir de cylindres de fonte d’une longueur confidérable , de trois à quatre pouces de diamètre ë & peut-être plus. Le tube contribuera lui- même à la produétion de l'air, & ceflera par conféquent par la fuite du tems de fervir à cette opération ; mais je ne vois rien malgré cela qui s'oppofe à ce que le même tube ne puifle fervir à un grand nombre de procédés, & peut-être même que le changement qui fe fera dans la furface de fes parois le prorégera contre l’action ultérieure de l’eau fi le tube eft d’une épaiffeur fufhiante. Mais ceci ne peut être indiqué que par l'expérience. On peut d’après les obfervations fuivantes eftimer jufqu’à un certain point les réfultats que l'on doic attendre de cette méthode de fe procurer de l'air inflammable, Un tube de cuivre d’un pied environ de longueur (x) Si lon peut s’en rapporter à l’exa@te précifion avec laquelle j’ai fait la première de ces expériences , ( & il faut toujours préfumer que celles dans lefquelles on con- fomme peu d’eau font préférables' à celles où on en confomme davantage , ) l’eau qui entre dans cette efpèce d’air inflammable eft d’un poids à-peu-près égal au phlo- giftique qu'il contient. Mais je me propofe de donner une attention plus particulière à ce fujet. Tome XXVIL, Part. II,1785, SEPTEMBRE. Z2 180 OBSERVATIONS SÛR LA PHYSIQUE; fur neuf lignes de diamètre , rempli de tournures de fer , (dans ce cas il vaut beaucoup mieux fe fervir de tournure que de limaille de fer, parce qu'elle ne fe trouve point aufli preflée , & qu'elle permet à la vapeur de pafler à travers fes interftices } donna , lorfqu’il eut été bien échauffé & qu'on y eut fait pafler une quantité de vapeur fufhfante , rente onces d'air en cinquante fecondes ; & un autre tube de cuivre de dix-buit pouces de long fur feize lignes de diamètre rempli & traité de la même manière, en donna deux cens onces en une minute & vingt-cinq fecondes , de forte que le tube le plus large donna de l'air en proportion des parties folides qu’il contenoit de plus que le petit; mais je ne puis dire jufqu'à quel point les réfultats fuivroient cette proportion. Néan- moins comme Ja chaleur parcourt les diftances en très-peu de tems, la mefure de l'air produit fera toujours dans une plus grande proportion que celle du fimple diamètre du tube. L'expérience fuivante a été faite dans le deffein de fixer la quantité d'air inflammable que l'on peut dégager de cette manière d’une quantité donnée de fer. Deux onces de ce métal ou 960 grains diflous dans les acides donneront environ 800 onces d'air; mais traitées par cette méthode, elles ont produit 10ÿ4 onces, & le fer a augmenté en poids de 329 grains, ce qui eft à peu de chofe près un tiers de fa pefanteur. Si l'on confidère combien cet air inflammable eft léger , puifque les 1054 méfures d'une once ne pèfent que 63 grains, & combien il eft difficile d'établir la perte de l'eau dans une fi petite quantité que celle-ci, on doit regarder comme impoflible de déterminer d’après un procédé de cetre efpéee combien il entre d'eau dans la compofition de l'air inflam- mable des métaux. Cette circonftance feroit plus facile à reconnoître par rapport à l'air inflammable du charbon, fur-tout par le moyen de l'expérience faire avec le miroir ardent dans le vuide, Par cette méthode 2 grains de charbon ont communément donné 13 onces d'air inflam- mable, ce qui dans la proportion de 30 onces pour 8 grains, pèfe 3,3 grains ; de forte que l'eau dans la compofition de cette efpèce d'air inflammable eft dans la proportion de 1,3 à 2. L’air fxe intimément combiné avec cette efpèce d'air inflammable jette cependant quelques doutes fur cette proportion, Puifque le fer gagne Ja même augmentation de poids en fondant dans l'air déphlosiftiqué, que celle qu'il acquiert par l'eau lorfqu'elle le traverfe étant chauffé jufqu’au rouge , & redevient , comme je l'ai déjà obfervé, la même fubftance fous tous fes rapports, il eft évident que cet air, ou cette eau qui exiftent dans le fer font la même chofe, & cette identité ne peut s'expliquer que par la fuppofition que l’eau eft compofée de deux efpèces d'air ; favoir , l'air inflammable & l'air déphlogiftiqué, Je râcherai de démontrer ces procédés de la manière fuivante. Lorfque l’on fait fondre du fer dans de l'air déphlosiftiqué, on doit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, x81 fuppofer que quoiqu'une partie de fon phlogiftique s'échappe pour entrer dans la compofition de la petite quantité d'air fixe qui eft alors produit , il en refte cependant encore aflez pour former l’eau avec l'addition de L'air déphlogiftiqué qu'il a abiorbé ; de forte que certe chaux de fer eft formée de l'union intime de la terre pure de fer & d’eau, & c’eft pour cette raifon que lorfque cette même chaux ainfi faturée d’eau, eft expofée au feu dans l'air inflammable , cet air la pénètre, détruit l'attraction qui exifte entre l’eau & la terre, & révivifie le fer en même- tems qu'il en expulfe l'eau fous fa forme naturelle. IL n’eft donc pas befoin de fuppofer autre chofe dans le procédé avec la vapeur, que l'introduction de l'eau & l'expulfion du phlogiftique appartenant au fer, puifqu'il ne refte plus d'autre phlogiftique dans ce métal que celui que l'eau a apporté avec elle, & qui eft retenu comme partie conflituante de ce liquide ou du nouveau compofé. Comme j'avois obtenu de l'eau des écailles ou fcories de fer ( ce qui, comme je l'obferve encore, eft à tous égards la même fubftance que le . fer fondu dans Pair déphlogiftiqué ou faturé de vapeurs par l’interméde du feu) & que par ce moyen je l’avois converti en air parfait, je ne doutai aucunement que je ne pufle produire le même effer en le chauffant dans une retorte avec du charbon, & je me perfuadai en même-tems que je pourrois extraire la fubftance qui avoit donné le poids que le fer avoit gagné dans l’eau, (c’eft-à-dire, un tiers de fa mafle. ) J'avois raifonné juile dans la première de ces conjectures. Mais je m'étois totalement trompé quant à la dernière. Après avoir expofé au feu le plus vif des écailles de fer & de la pouflière de charbon , de manigre à être pleinement convaincu qu’on ne pourroit en extraire de l'air par quelque degré de chaleur que ce fût , je Les mêlai enfemble pendant qu'ils étoient chauds , & les mis enfuite dans une retorte de terre verniflée en-dedans & en-dehors, par conféquent imperméable à l'air. Je plaçai cette retorte fur un fourneau qui püt fupporter le feu très-violent auquel je voulois la foumettre; & je lui adaptai tous les vaiffeaux propres à condenfer & recueillir l’eau que je m'attendois à recevoir dans le cours du procédé. Mais à mon grand étonnement il ne fe dégagea du compofé aucuñe particule d'humidité, mais feulement une quantité prodigieufe d'air, & je fus étonné de La rapidité avec laquelle il fe produifoit ; de forte que je ne doutai point que le poids de cet air ne füt égal à celui que devoient perdre les écailles de fer & le charbon. Lorfque j'examinai l'air, ce que je fis à plufieurs fois différentes, je trouvai qu'il contenoit un dixième d'air fixe, & que l'air inflammable qui refta lorfque j'en eus féparé l'air fixe étoit d’une nature particulière, & étoit aufli pefant que l'air commun: j’en appercus facilement la raifon lorfque je l’eus décompofé par le moyen de l'air déphlogiftiqué, car la majeure partie de cet aig étoit de l'air fixe, leu 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Voici, je m'imagine, la théorie de ce procédé. Le phlogiftique qui, s'échappe du charbon révivifant le fer, l'eau dont il étoit faturé en étant alors dégagée a réagi fur le charbon dans la cornue, ainf qu'elle l'auroit fait fi elle lui avoit été appliqäée fous forme de vapeur comme dans les expériences précédentes ; l’air produit par ces deux différens procédés elt par conféquent à-peu-près le même; tous deux contiennent de l'air fixe, combiné & non combiné quoiqu’en différentes proportions, & j'ai trouvé ces proportions fujettes à varier dans ces deux cas. Dans une expérience avec le charbon & des écailles de fer, Le premier produit contenoit un cinquième d'air fixe non combiné, le fecond un dixième, & le dernier n’en contenoit pas du tout, Mais dans routes ces circonitances la proportion de l'air fixe combiné a très-peu varié. Je ne prétends pas entendre parfaitement pourquoi dans ce cas il y a de l'air de produit & non pas de l’eau comme dans le précédent, puifque dans tous les deux le fer eft également révivifié. I y a à la vérité une différence fenfble dans les circonftances des deux expériences, attendu que dans celle qui fe fair avec le charbon, le phlogiftique fe trouve dans un état combiné, au lieu que dans celle de l'air inflammable il eft ifolé ou uni feulement à l'air. Peut-être qu’à l’avenir de nouvelles expériences découvriront la caufe de cette différence & comment elle ; \ s'opère. Îly a quelqu’analogie entre l'expérience de la chaux de fer qui abforbe l'air inflammable, & celle du fer lui-même qui s'imprègne d'air déphlo- giftiqué. Dans le premier cas on obtient dé l'eau , & dans le dernier de l'air fixe. Le cas cependant où le fer abforbe l'air déphlogiftiqué reffemble beaucoup plus à celui où le fang dans les poumons abforbe la même efpèce d'air ; & dans ces deux circonftances , il fe forme de l'air fixe à melure que l'air déphlogiftiqué eft abforbé. Ceci femble néanmoins confirmer la conféquence que j’avois tirée de mes premières expériences fur le fang ; favoir , qu’il fe fépare du phlogiftique dans la refpiration. Je voudrois feulement y ajouter actuellement qu'en même tems qu'il fe fépare du phlogiftique, il s'empare d'une quantité d'air déphlogiftiqué , ce qui rend ce cas parfaitement femblable à celui de l’expérience faite avec le fer qui abandonne également le phlogiftique pour former l'air fixe, & abforbe en même-tems l'air déphlogiftiqué avec lequel il eft en contact lorfqu'il eft en fufion. Je me propofe dans le premier compte que je rendrai à la Société Royale de la continuation de ces expériences , de lui foumettre l’appli- cation que j'ai faire du même procédé à d’autres fubftances. Mais il eft à propos, je crois , de rapporter ici quelques réfultats généraux , & fur- tout ceux qui ont le plus de connexion avec les expériences ci-deffus. Après avoir fait pafler dans un tube de cuivre la vapeur en contact avec le charbon de bois & le fer, je voulus appliquer le même procédé à LA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 183 d'autres fubftances contenant du phlogiflique , & je commencai mes expériences avec des os qui avoient été brülés jufqu'au noir, après avoir été couverts de fable dans une retorre expofée à un très-grand feu. De trois onces d'os ainfi préparées & traitées comme j'avois fait le charbon , j'obrins 840 onces d'air avec une perte de 288 grains d'eau. Les os étoient devenus par ce moyen très-blancs, & avoient perdu 110 grains de leur poids : comme la production de Pair cefla d’avoir lieu long-tems avanc que j'en eufle fait pafler toure l’eau au travers du tube dans lequel éroient les os, je conclus que c'étoic le phlogiftique qu'ils contenoient qui avoit formé cet air & la quantité d’eau qu'il étoit néceflaire pour lui donner la forme d’air. Cet air differe confidérablement de toutes les autres efpèces d’air inflammable, & il tient fous différens rapports un milieu entre celui obtenu du charbon & celui qui eft émané du fer. Il contient environ un quart de fon volume d'air fixe non combiné & un dixième , à-peu de chofe près, du même air intimément combiné avec le furplus. L'eau qui en diftilla étoit bleue, & avoit une faveur aikaline affez pénétrante ; ce qui provenoit néceflairement de ce que l’alkali volatil n’avoit pas été entièrement dégagé des os dans le premier procédé, & qu'il avoit diffous en partie le cuivre du tube dans lequel l'expérience avoit été faite. Je foumis au même procédé différentes fubflances que l’on dit ne poinc contenir de phlogiftique , mais je ne pus parvenir à m’en procurer de l'air infammable; cette circonftance fortifie l'hypothèfe que le prin- . cipal élément qui entre dans la conflitution de cet air dérive des corps fuppofés contenir du phlogiftique, & que par conféquent ce phlogiftique el une fubitance réelle capable de prendre la forme de l'air par l’intermède de l’eau ou de la chaleur. Les expériences ci-deflus mentionnées relatives au fer, ont été faites avec cette efpèce qui eft malléable , mais j'eus les mêmes réfultats lorfque je fis ufage de petits clous de fonte, à la différence près que ceux-ci étoient fermement attachés les uns aux autres après l’expérience , que leurs furfaces étoient cryftallifées, que ces cryftaux étoient fi entremélés les uns avec les autres, que j’eus beaucoup de peine à les retirer du tube, & qu’en général les parties folides de ces clous fe brifoient avant que je pufle les féparer les uns des autres, Les morceaux de*fer malléable adhéroient à a’ vérité les uns aux autres après l'expérience, mais ils n'étoient pas, à beaucoup près, aufli fortement unis. + La fonte à qui on a donné le recuit (en la tenant rouge dans du charbon ) a une différence remarquable avec la fonte qui n'a point fubi certe opération, principalement en ce qu'elle eft à un degré extraordinaire plus foluble dans les acides. J'ai fait l’expérience fuivante avec de la tournure de fonte recuite : j'ai obtenu de 960 grains de cette fonte, avec LA 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une perte de 480 grains d’eau , 870 onces d'air inflammable, & en y faifant pafler une feconde fois la vapeur, ils m'ont encore rendu 1 fO onces de plus. La fonte avoit gagné une augmentation de poids de 246 grains, & avoit formé mafle , mais comme cette tournure étoit très-mince, je la broyai facilement & la retirai fans peine du tube, au lieu qu'il n''avoit fallu employer beaucoup de tems & un inftrument d'acier très-aigu pour en enlever les clous de fonte. Après avoir obtenu de l’eau des écailles de fer & de cuivre faturés d'air déphlogiftiqué en les chauffant dans l'air inflammable , il me vint dans l'idée de faire la même expérience avec le précipité per Je, & je m'ap- perçus qu'au moment où le foyer du miroir ardent fur dirigé fur cette fubltance , le mercure commença à fe révivifier , que l’air inflammable difparut rapidement, & qu'il fe forma de l’eau fur les parois du vaiffeau dans lequel l'expérience avoit été faite. Faute d'un foleil plus favorable je ne pus m'aflurer de toutes les circonftances relatives à ce procédé, mais celles que j'obfervai femblent prouver fufifamment que le mercure contient du phlosiftique, & qu'il n’eft point révivifié par la fimple expulfion de l'air déphlogiftiqué, comme le fuppofe M. Lavoilier; d'autant plus qu'il ne s'eft point trouvé d'air fixe dans le reftane de l'air inflam— mable. Dans une de ces expériences il a difparu 4,$ ances d’air inflam- mable, & il en eft refté 1,6 once, & ce reftant paroifloit contenir de l'air déphlogiftiqué mêlé d'air inflammable, Je fs chauffer du fer & d’autres fubftances pour en obferver l’effee fans m’attendre à aucun réfultat particulier, & je trouvai que le fer fondoit plus facilement dans l'air acide vitriolique que dans l'air déphlo- giftiqué , que l'air diminuoit auf rapidement, & que l'intérieur du vaifleau fe couvroit d'une matière fuligineufe noire qui, lorfque je l'expofai au feu , fe fublima très-promprement fous la forme d'une vapeur blanche & laifla le verre du vaifleau net, Le fer après certe expérience étoit très- fragile & de la même nature, à ce que je préfume, que le fer foufré 3 mais Je ne l'ai point particulièrement examiné. Dans une de ces expériences il ne refta de 7 onces d'air acide vitriolique que trois dixièmes d’une once dont les deux tiers étoient de l’air fixe, & le réfidu inflammable. J’avois mis trois de ces réfidus enfemble dans la vue de faire cette expérience avec la plus grande certitude. \ Lorfque j'efs fait pafler la vapeur de l'eau au travers d'un tube de cuivre, je voulus éprouver l'effec de l'efprit-de-vin au travers du même tube chauffé jufqu’au rouge: j'avois obtenu avant de l'air inflammable en faifant pafler la même vapeur dans un tuyau de pipe chauffé jufqu'au rouge, La vapeur de l’efprit-de-vin n’eut pas plutôt pénétré dans le tube de cuivre chauffé jufqu'au rouge, qu'il fe fit une produétion d'air avec une rapidité dont je fus étonné. [1 me fembloit entendre le bruit d’un foufflet. Mais DSL ; RE > SA: à peine j’eus employé quatre onçes d’efprit-de-vin ; que je m aperçus, ( “4 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 à quoi je ne m’étois pas attendu ) que le tube étoit perforé en différens endroits ; & lorfque je voulus le retirer du feu, il évoic fi endommagé qu'il tomba en pièces. L'intérieur de ce tube étroit rempli d’une matière fuligineufe femblable à du noir de lampe. Cette circonftance fit que j'eus recours à des tubes de terre, & je reconnus qu'en faifant fondre dans ces tubes du cuivre & d’autres métaux, & en les mettant en contaét avec la vapeur de lefprit-de-vin, il fe formoit différentes fubftances fuivant les métaux que J'employois, Ces différentes fubftances ainfi formées peuvent pafler pour différens métaux fuperfaturés de phlogiftique, & peut-être qu'il ne feroic pas mal-à-propos de les nommer charbon de métaux, Cette dénomination ne paroîtra point très-impropre fi l'on confidère ue ces fubftances rendent de l’air inflammable en grande abondance lorfqu'elles font chauffées jufqu'au rouge, & qu'on y fait pailer de l'eau en vapeur, de la même manière qu'on le fait avec le charbon de bois. Je me réferve de donner une autre fois le détail de ces expériences, ainfi que de celles de la converfion de l’efprit-de-vin , de lécher & de l'huile en différentes efpèces d'air inflammable, en les faifant pafler fous forme de vapeurs à travers des tubes de terre; je me trouverai en même-tems très-heureux , fi le compte que j'ai rendu des expériences précédentes peut donner quelque fatisfaction aux Membres de la Société. POST-SCRIPTU M. Je veux , avant de terminer ce Mémoire, tirer quelques induétions générales des principales expériences dont je viens de parler , & parti- culièrement de celles qui font relatives à la quantité proportionnelle de phlogiftique contenue dans le fer & dans l’eau, Lorfque l’on fait calciner une quantité quelconque de fer dans l'air déphlogiftiqué, il en abforbe une partie, & acquiert une augmentation de poids à peu de chofe près égale à celle de l'air abforbé. Ainf l'ab- forption de 12 onces d'air déphlogiftiqué a augmenté le poids du fer de 6 grains qui avoit été calciné dans cet air; mais il y a toujours eu une certaine quantité d'air fixe de produite dans ce procédé, & en fuppofant que cet air foit compofé d'air déphlogiftiqué & d'air inflammable unis enfemble , il prouve que l'air déphlogiftiqué qui entre dans le fer chaflé une quantité de phlogiitique plus confidérable que celle qui eft néceflaire pour conftituer un égal poids d'eau , de forte que l’eau ne contient pas autant de phlogiftique que le fer; mais la différence n’eft pas très- confidérable, 2 En admetrant l'opinion de M. Kirwan ; favoir, que 100 pouces d'air fixe contiennent 8,357 grains de phlogiftiqué, le .13 once d'air fixe, qui (dans une expérience dont nous avons parlé dans ce Mémoire ) fe . Tome X XVII, Part. I, 1785. SEPTEMBRE. Aa 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouva dans le réfidu de 7 onces d'air déphlogiftiqué abforbé par le fer ; »'auroit pas contenu plus de .01 grain de phlogiftique ou environ .16 once d'air 1 Or, comme l'abforption de 12 onces d'air déphlo- giftiqué occafonne une augmentation de 6 grains au poids du fer qui l’a abforbé, l’abforption de 7 onces doit avoir occafionné l'augmentation de 3,5 grains au fer qui l’a abforbée; mais la même augmentation de poids qu'a acquis le fer par la vapeur ( qui charrie avec elle fon air inflammable ) auroit expulfé près de 12 onces d’air inflammable ; conféquemment environ 12 onces d'air inflammable (ou Le phlogiftique requis pour le former) doivent dans la première expérience avoir été retenues dans le fer pour compofer l’eau qui fut alors formée par l'union de l'air déphlogiftiqué abforbé par le fer & le phlogiftique qui y éroic contenu. Conféquemment la proportion exiftante entre la quantité de phlogiftique contenue dans le fer , & celle qui fe trouve dans un égal poids d'eau, peut être environ comme 12 à 10 ou à 10,4, pour calculer avec plus de précifion. Si on n’avoit point trouvé du tout d’air fixe dans le réfidu ci-deflus mentionné, on pourroit en avoir tiré la conféquence que l’eau contenoit la même proportion de phlogiftique que le fer; puifque lorfque le fer qui a été faturé d’air déphlogiftiqué eft chauffé dans l'air inflammable , ( procédé dans lequel il fe produit une égale quantité d’eau , & la perte du poids dans le fer eft la même que celle d'une quantité d’air déphlo- giftiqué qui formeroit la moitie du volume de l'air inflammable , lequel difparoïit pendant l’expérience ) on peut conclure qu'un cinquième de l'eau produite par cette opération eft de l'air inflammable, Car, en négligeant la différence qui exifte entre le poids de l'air déphlogiftiqué & celui de l'air commun , différence qui n’eft pas confidérable, & en eftimant que le dernier fait la huit-centième partie de l’eau, & l’air inflammable un dixième du poids de l'air commun , une once d'air déphlogiftiqué pefera .6 grains, & 2 onces d'air inflammable .12 grains, lefquels nombres font l'un à l'autre comme $ eft à 1 (x). (1) I paroît, d’après ces expériences , que l’eau que produifent des écailles de fer chauffées dans Pair inflammable, n’eft pas formée par l'air déphlogiftiqué qui en eft chaffé , & qui s’unit à l’air inflammable contenu dans le vaifleau , mais que l’eau étoit antérieurement contenue dans ces écailles, & qu’elle a été forcée d’en fortir par Vintrodu&tion du phlogiftique de l’air inflammable ; il ef probable cependant que Veau n’entraîne pas avec elle beaucoup moins de phlogiftique que le fer n’en a pris, & il faut encore en allouer un peu plus pour l’eau qui a fervi à former l’air inflam- mable, & qui n’a pu entrer dans le fer lors de fa révivification. La quantité du phlogiftique qui fe trouve dans l’eau après le procédé doit donc être ä-peu-près la même que celle qui eft ab{orbée par le fer, & il y a prefque autant d’eau qu'il y en auroit eu en fuppofant qu’elle eût été formée de l’air déphlogäftiqué chaflé des écailles pour s’unir à lait inflaramable dans les vaifleaux. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x:87 Quoïque cette conféquence ne foit point jufte , à raifon de la petite quantité d'air fixe qui fe trouve produite lorfque l'on fait calciner du fer dans l'air déphlogiftiqué , elle eft cependant à-peu-près exacte ; & d’après cette fuppolition il eft remarquable qu'il y a à-peu-près autant d'air inflammable expulfé du fer lorfque l’eau eft combinée avec ce métal que l’eau en porte avec elle comme partie eflentielle à fa compofñirion. Car dans une expérience que je fis , 296 grains ajoutés au poids d'une quantité de fer par la vapeur, ont rendu environ 1000 onces d’air inflammable. Ces 1000 onces peferoient 60 grains, & le cinquième des 296 grains d'eau eft de 59,2 grains. Une autre fois 267 grains ajoutés au fer par la vapeur lui ont fait rendre 840 onces d'air inflammable qui peferoient 50,4 grains , & le cinquième de 267 feroit de 53,4 grains. Lorfque les expériences de faire calciner du fer dans l'air déphlo- giftiqué feront répétées fur des écailles plus larges, ce que je pourrai faire aifément en me pourvoyant d'un miroir ardent plus grand que celui que j'ai actuellement en ma poflefion , il fera facile de donner à ces calculs plus de précifion. Tout ce que je puis faire pour le moment, c'eft de tirer des conféquences générales telles que celles que je viens de citer, Mais elles font d’une fi grande importance pour la Phyfque, qu'il feroit bien intéreffant de les porter au plus haut degré de certitude poflible, Ce feroit en vain qu'on tenteroit d'avoir des calculs exaéts fur des données aufi imparfaites que»celles que je puis fournir à préfent (1), EE —————— (1) Nors DE M. pe 14 METRERIE. C’ef précifément l'inexa@titude qui règne dans toutes ces fortes d’expériences ; parce que nous manquons d’inftrumens , qui me fait croire que les conféquences qu’en tire ici M. Prieftley ne font pas encore aflez fondées. IL croit que l’eau eft compofée d’air inflammable & d’air déphlogifiqué , parce qu’en faifant pafler de l’eau en vapeurs à travers du fer & du charbon en état d’incandefcence , il en obtient de l’a inflammable de l'air fixe , & que le fer {e trouve calciné comme dans l’air déphlo- gifiqué , & qu’en révivifiant ce fer par l'air inflammable, il obtient de l’eau. Mais il convient (ainfi que je ai prouvé, Journal de Phyfique, janvier & 1784) que l’air inflammable retiré du fer vient du phlogiftique, ainfi que Vair fixe que contient cet airinflammable, & non pas de l’eau (page 178 , ligne 40 ); 2°, qu'il n'y a pas eu plus d’air inflammable de produit, qu'on n’en peut fuppofer avoir été dégagé du'charbon lui-même (page 178, ligne 4); 3°. que cet air inflam- flammible du charbon contient plus de la moitié de fon poids d’eau (page 180, ligne 32 ); 4°. qu’il y a de Peau contenue dans la chaux de fer; $°. enfin , onjne peut nier que l’air déphlogiftiqué ne contienne aufli de l’eau. Ainf en reconnoiïflant avec M. Prieflley qu'on ne peut parvenir à une certaine exaétitude dans ces fortes d’expé- riences, on ne peut donc pas encore aflurer que l’eau qu’on obtient foit produite plutôt que dégagée de ces airs. Mais, dit M. Prieflley , le fer eft calciné par la vapeur de l’eau comme par l'air déphlogifiqué. On peut lui répondre par une expérience femblable aux miennes, & qu’il rapporte ( page 173, ligne 16 ); il a mistrois onces de limaille de fer dans uns Tome XXVIT, Part, II, 17985. SEPTEMBRE, Aa2 1 328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 11 faut auffi faire attention à la quantité d'eau contenue dans l'air inflam- mable dégagé du fer; cette quantité n'étant pas déterminée, je n'en ai point parlé dans les conféquences dont je viens de rendre compte. Je veux feulement par ce po/l-fcriptum , faire preflentir que nous fommes fur le point de toucher à quelque conclufion très-impoïtante. retorte qu'il a expofée au feu. Les vaifleaux étoient fermés, l’eau y a remonté, & la limaille a acquis 264 grains. Ce qui ne peut être l’effet de Fair contenu dans la retorte. [1 faut donc reconnoitre , ainfi que je lai dit, que dans les grands coups de feu l'air déphlogiftiqué traverfe les vaifleaux , & va calciner la limaille. Il ef vrai que M. Prieflley ajoute plus bas (page 174, ligne 27), que cette expérience répétée dans un canon de fufl n’a pas eu le même fuccès. La limaillé n’a donné de l’air inflam- mable qu’autant qu’elle a été humeëtée. Cette expérience étant contraire à la précédente , doit tre répétée, & ne peut autorifer à tirer une conféquence aufli intéreffante que la décompofñtion de l’eau. , PRO CE S-V'ERIB'A TE Contenant le procédé de M. FAUJIAS DE SAINT-FONDSs pour extraire du charbon de terre le goudron & l’alkali volatil (1). PF. les ordres de Monfeioneur DE CALONNE, Miniftre d'Etat, Contrôleur Général des Finances, aujourd'hui 15 avril 178$ , au Jardin du Roi, à Paris, M. Faujas de Saint-Fonds a procédé à une expérience pour extraire du goudron du charbon de terre de Decife en Nivernois. Après avoir montré le méchanifme d'un grand fourneau, ainfi que la conftruction de diverfes chambres voütées & autres accefloires qui en compofent l’appareil , le tout ayant été fait & conduit par fa direction & fous les yeux de M. le Comte de Buffon , il a commencé par démontrer l'opération de ce fourneau contenant treize mille livres pefant de charbon, auxquelles 11 avoir mis le feu précédemment. Il a ouvert enfuite des réci- piens qui ont fourni du goudron d'un noir très-luifant , d’un odeur forre , & très-vifqueux quoique fluide: le produit en a été de quatre pour cent fur le poids 6 charbon. Il nous a obfervé que ce produit pourroit être porté à cinq fur cent, en faifant un choix parmi les charbons done certains font très - chargés de bitume , tandis que d’autres en font prefqu'entièrement privés, & qu'en perfectionnant aufli les opérations dans un établiffement en grand, on avoit tout lieu d’efpérer ce même (1) Nous nous fommes empreflés de nous procurer ce Verbal, qui donnera à nos Eecteurs une connoiffance exaéte du procédé de M, Faujas de Saint-Fonds. * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 produir. Il nous a encore obfervé qu'en faifant évaporer ce goudron pour le réduire en brai , l’on en retire une huile légère très-inflammable, qui eft une véritable huile de pétrole, utile dans la médecine vétérinaire & dans les arts, & enfin, que ce goudron tiré du charbon de terre acquiert Ja dureté & les qualités de l’afphalte, Indépendamment de ces réfultats, M. Faujas de Saint-Fonds a extrait en même-tems & par les mêmes procédés une aflez grande quantité d’eau chargée d'alkali volatil que l’on peur eftimer étre d'une valeur au moins égale à celle du goudron, Il nous a enfuite préfenté un bateau & des cordages enduits de ce goudron par Claude-François Paroflel, Maître Marinier des ponts de la ville de Paris, lequel a déclaré avoir reconnu dans l'emploi qu'il en a fait lui-même, qu'il.en falloit un tiers moins que du goudron végétal pour couvrir la même étendue, & qu'en l'appliquant il s’étoit apperçu qu'il pénétroit dans le bois & en rempliffoit Les interftices , & qu'il le croyoit meilleur que le végétal pour enduire la furface des vailleaux, mais qu'il ne pouvoit prononcer fur l'effet de ce aoudron pour les cordages, que lorfque Les expériences qu'on en fait actuellement feront achevées. Après ces différens expofés, dont nous avons vu les réfultats, M. Faujas de Saint-Fonds a fait tirer du fourneau le charbon ou coak dont le goudron a été extrait, & nous en a fait remarquer la légèreté, l'épurement parfait, & l’utiliré pour les hauts fourneaux , & même pour les foyers domeftiques, ce dont il nous a adminiftré la preuve dans le fallon de M. lé Comte de Buffon, M. Faujas a eu l'attention de nous prévenir que c’eft dans la lecture de l'ouvrage de ce favant Naturalifte, & dans fa théorie fur la formation & les ufages des charbons de terre qu'il a puifé l’idée de tirer un parti aufi avantageux de ce combuitible ; qu'il s’étoit confirmé dans cette opinion en vifirant en Ecofle un établiflement confidérable formé principalement pour l’extraction du goudron du charbon minéral , & qu'enfin par divers effais fuivis & réitérés, il avoit été conduit à tenter le procédé en grand dont il s'agit, & dont le fuccès a entièrement répondu à fes efpérances. Fait au Jardin du Roi, à fix heures du foir, en préfence de M. le Controleur Général , de M. le Baron de Breteuil , Miniftre d'Etat, de M. de la Boullaye, Intendant des Mines, de M. le Comte de Buffon, Intendant du Jardin du Roi, de M. le Prévôt des Marchands de la ville de Paris, & de M. Lenoir, Confeiller d'Etat, Lieutenant Général de Police. Signé, DE CALONNE, le Baron DE BRETEUIL , DE LA BourLayeE , le Comte DE BUFFON, LE PELLETIER, LENOIR , & PAROSSEL, Pour ampliation. Li 1950 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, — LETTRE DUE ML MUR R ACIER CoNSs&iLLER DE GUERRE DU LANDGRAVE DE HESSE-DARMSTADT ; A M FAUJAS DE SAINT-FONDS, SUR DIFFÉRENS OBJETS D'HISTOIRE NATURELLE. Mowsieur, Vous connoîtrez par les Lettres de M. de Luc une bonne partie de nos volcans, mais il refte encore beaucoup à faire à un Naturalifte qui rélide dans le pays, qui eft à portée de réitérer fes obfervations, de les conftater mieux, & qui eft muni contre le merveilleux par une vraie étude de Chimie, Sans manquer au refpeét que je dois au zèle de cet homme éminent , il m’eft permis de remarquer cependant, qu'il a voyagé en chariot de polte, qu'il a été quelquefois mal informé par des obfer- vateurs ineptes , & que faute de favoir la langue du pays, fes recherches quoique très-pénibles, n’ont pas eu le fuccès qu'auroient eu celles d'un obfervateur médiocre , qui n'auroit eu que l'avantage d’être allemand. Je commence, Monfieur, par vous dire, que tout le pays de Hefle, celui de Fuldu, quelques environs du pays de Hanovre, une grande artie des rives du Rhin, depuis Coblenz jufqu'à Bonn, le Comté de Kunsred , le Weftervaid , le pays de Dillenbourg , de Naffau-Dierz , & de Weilbourg, une partie du pays de Hildbourghaufen en Franconie, & les environs de la ville de Francfort , font d'origine volcanique. Le Felfberg eft une montagne exactement de la beauté de celle de Roche- mann, une autre eft compofée de bafaltes en tables, fur les marches defquels on monte jufqu'à fa cime, & qui ne cède en rien à la magni- ficence d’un amphithéâtre antique. Nos cryftallifations font en partie en prifmes de quatre jufqu’à fept pans. La plus fingulière de toutes eft celle de Tranfberg , près de Transfeld , à trois lieues de Gottingue. Toute la montagne eft compofée de prifmes, enchaffés les uns dans les autres, des arètes les plus vives, d'un bafalte très-compact , & très fonore. Ces figures fonc de toutes dimenfions , & vous trouvez de ces prifmes de la hauteur de cinq à fix pieds jufqu’à celle de quatre pouces. Ces belles maffes font fi légèrement agglutinées par un limon ferrugineux , qu'à peine les Se ES mms - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 191 ouvriers y ont infinué leurs outils, qu'elles fe brifent comme du - vèrre, Dans les cavirés de la lave poreufe des environs de Francfort, on trouve une mafle, qui paroît comme du beau verre blanc fondu en globules, à laquelle j'ai donné le nom de fcories de perles. Je n'ai pu encore faire des expériences aflez réirérées pour lui afigner fa place dans le rang des êcres , mais jufqu'à préfent je la regarde encore comme une zéolirhe. À côté du même volcan on trouve une autre mafle extrèmement blanche, léoère , & compacte, de la matière la plus fine fans aucun méêlange de quartz ou de fchorl, qui a quelquefois un noyau vitreux comme de chalcédoine. Dans les mêmes endroits on trouve le Perhflein, pierre de poix, qui eft une chalcédoine imparfaite, J'y ai même déterré une tourmaline d'un effet merveilleux. Elle a {es poles attractifs & répulffs, & ce qui ett le plus remarquable , fa matrice eft ä-peu-près de la même mafle , mais informe & moins dure, F Près de Sieflen nous avons une lave exaétement comme l'agathe d’'Iflande, compaëte comme du verre de bouteilles, & aufli tranchante dans fes caflures, à côté d’une autre aufli poreufe & légère que poffble, toute compofée de petits globules du diamètre de trois lignes , percés für toute la fuperficie comme fi c'étoit fait par des coups d’aiguilles. Nos produétions volcaniques font en partie différentes de celles que vous avez décrites. Cependant comme vos échantillons font déjà diftribués dans une partie des cabinets de l'Europe, que votre nomenclature y eft connue, je m'y conformerai autant qu'il me fera poflible, Pour fournir des faits à des hypothèfes de cofmogonie, que j'abandonne à d’autres, je joins l’étude de l’anaromie comparée dans les recherches que j'ai faites fur les offemens fofliles de rhinocéros & d’éléphans , qui fe trouvent en grand nombre dans notre pays. Il y a fept rhinoceros enterrés en Allemagne, d'un defquels je pofsède la tête entière; & j'ai fait la pre- mière découverte de trois. Dans le pays de Heffe-Darmftadt & fes environs, il y a plus de fix éléphans enterrés dans différens endroits, & je pofsède des dents molaires, des défenfes, des cubitus, des fcapula, des osifchion, des tibia , des fémur de tous ces animaux, [1 y a même des jeunes bêtes de cette efpèce , dont les reftes ont été découverts en Allemagne, ce qui réfute entièrement les objections du demi-naturalifte , qui effrayé par ces monumehs de l’ancien monde, veut que les Romains aient conduit ces animaux dans nos contrées. Je pofsède une tête entière d’un croco- dyle, pétrifiée totalement , & trouvée dans les carrières de marbre à Alrdorf, près Nuremberg. C’eft le crocodylus maxillis elongatis teretibus, Jubcylindricis, Gronov. Zoophyl, Fufi 4,n. 11 , pl. 40. Vous trouverez aufli fa figure dans les Tranfactions , vol, 40. Je pafle fur les têtes de Vincognitum dans la grotte de Gailenreuth, dans le pays d’Anfpach, dont je pofsède deux têtes entières, ce qui va être bientôt éclairci par 592 OBSERVATIONS SUR LA PHPSIQUE; fes foins de M. Camper, à Francker , le premier Anatomifte de l'Europe après M. Hunkr. Je l’ai comparé avec le fquelecte de l'urfus arélicus , Lin. & il lui eft extrêmement reflembiant, excepté le volume, donc la tête fofile furpafle de beaucoup la moderne, Mais M. Camper ne veut pas éncore y-confentir, & préfume que c’eft une efpèce perdues J'ai l'honneur d'être, &c. DESCRIPTION ET, USAGES D'une nouvelle Machine (1) Géocyclique , de l'invention dé M. CANNEBIER, ancien Profefjeur de Mathématique a l'Ecole Royale Militaire , approuvée par l’Académie des Sciences. ON à toujours regardé comme très-difcile de rendre fenfible aux jeunes gens le parallélifme conftant de l’axe de la terre incliné fur le plan de l'écliptique de 23° 30/. Les moyens qu'on y employoit appor- toient un nouvel obftacle, en fuppofant à la terre un troifième mouve- ment d'orient en occident, mouvement qui n'exifte pas. La machine fuivante rendra ce parallélifme très-fenfible. La roue dentée fixée au pied de la machine ( plenche première) eft un plan parallèle à l'équateur. La grande ellipfe, fur le timbre de laquelle font gravés les noms des mois avec les caractères des fignes du zodiaque qui leur correfpondent, eft un plan parallèle à l'éclipique , incliné de vingt-trois deprés & demi fur le parallèle à l'équateur. La petie ellipfe pofée au-deflus de la grande repréfente lécliprique, dont le prolongement doit paffer par le centre de la terre. Le demi-elobe placé au foyer de la petite ellipfe repréfente le foleil fixe & immobile comme font les trois plans dont on vient de parler. Le pignon qui engraine fur la roue dentée parallèle à l'équateur , a la facilité de gliffer avec fa cage le long de l'axe de la terre à laquelle il communique un mouvement de rotation, A (1) On trouve ces Machines , pour le prix de deux louis , au Collège d’Harcourt, rue de la Harpe. Le modèle qui a été préfenté à l’Academie, exécute 365 révolutions diurnes tandis que la terre parcourt fon orbite ; fi quelques perfonnes défiroient en avoir de ce genre , foit pour l’ornement des bibliothèques, foit pour leur propre fatiC fa&ion , lAuteur fe feroit un plaïfir de les faire exécuter, & d’y adapter un mouvement de pendule, felon le got & le choix des perfonnes. L' axe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ÆRTS. :193 L’axe de la terre étant dans la direction verticale, le plan de l’équareur doit être horifontal; ainfi la ofition , que préfente naturellement la machine, eft celle de la fphère parallèle, | Pour faire ufage de cette machine, on commencera par ôter du pole boréal la petite lune & l'aiguille qui la porte. Alors appuyant la main gauche fur le pied, on prendra, de la droite, un des piliers de la cage, | n'importe lequel, que l'on pouflera dans l’ordre des mois & des fignes , ou, ce qui revient au même, d'occident en orient , & jamais autrement. E: On conçoit, 1°. que la terre en avançant dans fon orbite annuelle tourne en même-tems fur fon axe, & que conformément à ce qui fe pañle dans la nature ,la même impulfion donne à la terre les mouvemens annuel & diurne d’occident en orient. En vertu du premier de ces mouvemens qui, dans fon orbite, embrefle le foleil, un obfervateur placé fur la terre & qui s’y croit immobile, attribuera au foleil , dans l'efpace & d’occident en orient , le mouvement -réel qu’il a lui-même autour de cet aftre. En vertu du fecond mouvement qui, fe fifant fur l'axe de la terre; n'embrafle aucun des objets qui l'environnent, l'obfervareur fe croyant toujours en repos , jugera que tous les objets qui l'environnent, tels E- que le foleil , la lune , les étoiles , les planètes, &c, tournent autour de Jui dans l'efpace de vingt-quatre heures. | 2°. Les deux mouvemens de la terre &les apparences qui en réfultent . étant une fois bien conçus, on reconnoîtra facilement pourquoi la terre parcourant fucceflivement les fignes de la balance , du fcorpion, du fagirtaire, &c. nous rapportons le foleil aux fignes oppofés , le bélier , le taureau, les gémeaux , &c. 3°. L'axe de la terre fe conferve naturellement parallèle à lui-même dans tous les points de la révolution fans recourir à un troifième mouve- ment de la terre fur elle-même d’orient en occident; mouvement contraire aux idées reçues & qui n’eft employé dans les machines qui ont précédé celle-ci, que comme correctif d’une imperfection, qui détruit réellement le parallélifme de l'axe. L'infpection de la nouvelle machine mife en mouvement donne une idée parfairement claire de ce phénomène, puifque l'axe conferve la direction verticale dans tous les points de la révolution , & qu'il décrit dans l’efpace la furface d'un cylindre. 4°. Le plan de l’écliptique étant une fe&ion oblique du cylindre décrit par l'axe, il doit être une courbe elliptique. Le foleil étant à l’un des foyers de cette ellipfe , il ef fenfible que la diftance de la cerre au foleil doit varier à chaque inftant de la révolution. $ Lorfque la terre eft dans fon plus grand éloignement du foleil, on dit qu’elle eft aphélie; on-dit par oppoftion qu'elle eft périhélie lorfquw'elle eft à la plus petite diffance de cet aître. Tome XXVII, Part, 11, 1785. SEPTEMBRE, Bb dune jure cime nd. .: AS TE E pe 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les deux points de Paphélie & du périhélie font deux points de l'orbite diamétralement oppofés ; la ligme qui les joint s'appelle la ligne des abfides. Cerre ligne peut être repréfentée , dans la machine , par le grand axe de l'orbite de la terre, fe confondant avec la ligne des {olftices ; quoique , à parler exa@tement, la terre n'eft aphélie qu’au commencement de juillet, & périhélie au commencement de janvier ;ainfi la ligne des folftices ne concourt pas rigoureufement avec celle des abfides ; mais l'angle que les deux lignes forment entrelles n'étant, dans le fiècle, que de quelques degrés, on peut les confidérer comme réunies. = Puifque la terre eft aphélie au commencement du mois de juillet, il s'enfuit que la ligne des équinoxes , qui eft perpendiculaire à celle des folftices , partage l'orbite de la verre en deux parties inégales , & qu'ainfi la terre doit être plus long-tems pour arriver de l’équinoxe du printems à l’équinoxe d'automne, que pour. arriver de ce dernier à celui du printems, Or, comme nous attribuons au foleil le mouvement réel de la terre, nous difons que le foleil eft plus long-tems à parcourir les fignes feptentrionaux , que les méridionaux ; tandis qu'au vrai c'eft la terre qui elt plus long-tems dans les fignes méridionaux que dans les feprentrionaux, comme on le voit à l'infpetion de la machine, puifque les fignes méridionaux ou inférieurs y occupent la plus grande partie de l'orbite de la terre, » ÿ”: On obfervera encore que , durant les trois premiers mois de la révolution annuelle de la terre autour du foleil, l'équateur s’abaifle fucceflivement au-deflous du plan de l’écliptique, ou du rayon folaire jufqu'à 23° 28/; qu'il s’en rapproche graduellement durant les trois mois fuivans , à la fin defquels le rayon folaire répond à l'équateur; que durant trois autres mois il s’en éloigne encore en paflant au-deflus à la hauteur de 23° 28’ ; & qu'enfin durant les trois derniers mois de la révolution , l'équateur fe rapproche encore du rayon folaire , pour recommencer , après l'avoir atteint, une révolution femblable à la première. De-là il eft aifé de conclure que pour un obfervateur placé au pole fupérieur ou boréal du globe, & dont l’horifon fe confond avec le plen de l'équateur, le foleil doit être vifible depuis le 21 de mars, jufqu'au 22 de feptembre; que dans cet intervalle de tems il doit le voir s'élever de plus en plus au-deflus de fon horifon , jufqu'à ce qu'étant arrivé à la hauteur de 23° 28, il s'abaiflera fuccefivement jufqu'à fe plonger dans ce même horifon au-deflous duquel il fera depuis le 22 de feprembre jufqu'au 21 de mars ifuivant; en forte que pour cet obfervateur , l’année fera compofée d'un jour & d'une nuit de fix mois chacun. C£ qu'on vient de dire des apparences du foleil pour un obfervateur ns ct ne d ds * SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1x9 placé au pole boréal du globe, peut être facilement appliqué aux apparences de la lune, des planètes & des étoiles, avec les modifications qui conviennent à ces aftres. La lune, par exemple, qui fait fa révolution autour de la terre dans l'efpace de vingt-fept à vingt-huit jours , dans une orbite inclinée à léquateur , fera alternativement , au-deflus & au-deflous de lhorifon, à-peu-près quatorze jours. ù Quant aux planètes qui fe meuvent autour du folei!, dans le plan de Pécliptique , ou très-près de ce plan , il eft encore bien clair, qu’elles feront au-deflus de l'équateur pendant la moitié du tems de leur révolution périodique autour du foleil. Ainfi Mercure fera au-deflus de l'horifon de l'obfervateur environ quarante-quatre jours, Véous , cent douze , Mars, trois cens quarante-quatre , Jupiter , près de fix ans, & ainfi des autres, avec des hauteurs variables, & qui peuvent aller jufqu'à trente degrés pour Mercure, Pour ce qui eft des étoiles fixes, dont les mouvemens en déclinaifon , Ou par rapport au plan de l'équateur , ne font fenfibles qu'après plufieurs fiècles , on peut dire, en parlant du même obfervateur, qu'il aura toujours les mêmes au-deflus de fon horifon & à des hauteurs conftantes. Il leur attribuera, en fens contraire, le mouvement de rotation qu’il a lui-même fur l'axe de la terre; c’eft-à-dire, qu'il les verra tourner continuellement autour de lui d’orienten occident, ou, pour mieux dire, contre l’ordre des fignes , n'ayant , à proprement parler, ni orient ni occident, Ce qu'on vient de dire des apparences pour un obfervateur placé au pole boréal, mer fufifamment fur la voie pour expliquer celles qui doivent avoir lieu pour la fphère oblique & la fphère droite. Le petit cercle de cuivre qui entoure la terre étant mobile fur deux points de l'équateur diamétralement oppofés , &: à 90 desrés de longitude orientale & occidentale du premier méridien que je fuppofe être celui de Paris ; ce cercle, dis-je, peut fervir à repréfenter l'horifon de tour lieu intermédiaire entre le pole & l'équateur; c'eft-à-dire, depuis la fphère parallèle jufqu'à la fphère droite inclufivement. Pour repréfenter lhorifon d'un lieu quelconque dont la latitude eft connue, par exemple , de 49° qui eft à-peu-près celle de Paris, il faut, fur le méridien gradué oppofé à celui de Paris, élever l'horifon au-deflus de l'équateur de la valeur du complément de la latitude, c’eft-à-dire de 41°, & œinfi des autres. Pour fuppléer aux apparences qui doivent réfulter du mouvement diurne de la terre , que la machine n’exécute qu’en raccourci, puifqu'elle ne fait que douze révolutions fur fon axe par rapport au foleil , dans le terms d'une révolution périodique, l'Aureur a ajouté une aiguille à rainure ou coulifle , en forte que les extrémités de cette aiguille pouvant être appro-- chées ou éloignées à volonté, du pole du monde, on peut s’en fervir pour Tome XXVIT, Part. Il, 1785. SEPTEMBRE. Bb2 4 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tracer fur le globe la marche apparente du foleil pour tous les jours de 8 PI P } l'année. Cetre même aiguille porté vers fon milieu Le pole de la lune à - 23° 30 de celui de la terre, &le tout tient à une tige qui peut ètre confidérée comme l'axe du monde. Avant de faire ufage de cette aiguille ,on fera répondre la térre à la fin de décembre, on foulevera lPaxe par le bouton qui fe trouve à fon extrémité inférieure ; on appercevra alors , un peu au-deflus du pignon, & dans l’épaiffeur de l'axe , un trou dans lequel on pañlera une épingle. Cela fair, on pofera la tige de l'aiguille dans le poie boréal, & , l’une des extrémités répondant au tropique du capricorne , on la fera mouvoir d'orient en occident pour reprélenter la marche apparente du foleil. L’horifon étant difpofé pour repréfentér celui de Paris ,on verra que le jour du folftice d'hiver que la déclinaifon du foleil eft auftrale & de 23° 30, cet aftre nous paroît décrire dans Le ciel un cercle dort la plus petite partie eft au-deflus de l'horifon ; & qu'ainfi dans cette faifon l'arc diurne eft beaucoup plus court que l'arc noëturne. L'un eft de huit beures & l’autre de feize. Il n’eft pas difficile de juger que tant que la déclinaifon du foleil fera auftrale, & que les parallèles décrits par cet aftre feront au-deflous de l'équateur , les arcs diurnes feront plus courts que les nocturnes , & que le contraire arrivera lorfque la déclinaifon du {oleil étant boréale, es parallèles décrits feront au-deffus de l'équateur. Nous obferverons ici, qu’en pañfant des jours de l'hiver les plus courts à ceux de l'été qui font les plus longs, il faut néceffairement qu'il y en ait un intermédiaire & d'une longueur moyenne, entre huit & feize heures. Ce jour fera celui de l'équinoxe du printems', auquel le foleil n'ayant point de déclinaifon , le parallèle décrit par cer aftre fe confondra avec l’équareur; les deux arcs diurne & noëturne feront égaux, & chacun de douze heures; de-là vient que ce jour a été nommé jour de Péquinoxe. La même chofe aura lieu en paffant de l'été à l'hiver, On aura donc un fecond jour d’équinoxe qui fera celui de l’automne. Enfin , plaçant la petite lune fur fon pole, & lui donnant même déclinaifon qu'au foleil, que je fuppofe toujours auftrale & de 23° 30’, fi l’on fait faire à l'aiguille une révolution d’orient en occident, on verra que le jour de la conjonétion , ou nouvelle lune , ces deux aftres fe lèvent & fe couchent en même tems , & que le foleil n'éclairant alors que la moitié de la lune que nous ne voyons jamais, ce dernier aftre ne peut pas être vifble pour nous, Mais comme la lune fe dégage peu-à-peu des rayons du foleil, en continuant fa révolution autour de la terre dans l’ordre des fignes, on conçoit qu'entre le feprième & le huitième jour après la conjonétion , la lune ayant fait le quart de fa révolution autour de la terre, tandis que le foleil s'eft très-peu éloigné du tropique, elle doit ce jour-là décrire à-peu-près l'équateur , arriver au méridien fix heures plus tard que le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 197 foleil, & nous montrer la moitié de fon difque éclairé , fous la forme SLA à ? SRE 25 d’un demi-cercle : c’eft la phafe du premier quartier. Lorfque la lune aura P J q parcouru un fecond quart de fa révolution, elle répondra a-peu-près au tropique du cancer, elle fe levera au coucher du feleil & réciproquement, Alors le difque de la lune éclairé par le foleil fe montrera en totalité aux yeux de l’obfervateur ; c’eft le moment de la pleine lune. Aux trois quarts de la révolution la lune repañlera à l’équateur, & ne nous montrera que a moitié du difque éclairé, ce fera la phafe du dernier quartier. Elle rejoindra enfin le foleil , pour nous donner de nouveau des apparences femblables, La lune n’étant pas lumineufe d’elle-même , il eft naturel de penfer , qu'en faifant fa révolution autour de la terre, comme on vient de Vexpliquer, elle doit incercepter les rayons du foleil par rapport à nous, lorfqu'elle eft en conjonétion , tout comme nous devons les intercepter par rapport à elle, & l'en priver , lorfqu'elle eft en oppoñition. Rien ne feroit mieux fondé que ce raifonnement, fi la lune & la terre faifoient chacune leur révolution exactement dans le même plan. Il n’eft pas douteux que dans cette hypothèfe, ces deux corps opaques fe priveroient, mutuellement, & alternativement, des rayons du foleil ; c'eft-à-dire, qu’à chaque lunaifon il y auroit pour nous deux éclipfes, l’une de lune, & l’autre de foleil ; & deux éclipfes aufñi pour la lune, dont une de terre, & Pautre de foleil. Mais comme la lune ne fait pas fa révolution autour de la terre dans le plan de l’écliprique, les éclipfes n’ont lieu que rarement, & avec des modifications qui dépendent de la réunion de plufeurs caufes , & ce n’elt pas ici le lieu de les indiquer. Nous joignons ici le jugement que-l'Académie a porté de cette machine. « Le moyen employé par l’Auteur nous a paru fimple , ingénieux , & > propre à remplir le but qu'il s’eft propofé, qui eft de faciliter aux >» jeunes-gens l'intelligence des phénomènes qui réfultent des mouvemens » annuel & diurne de la terre dans fon orbite , en confervant le paral- > lélifme de fon axe; nous penfons que cette machine mérite l’approbation » de l'Académie , & que le deflin doit en être inféré dans le recueil des » machinées approuvées ». A 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DESCRIPTION De la Pompe à Sein qui fe trouve chez M. BraAnNcuHt;, Phyficien , rue Saint- Honoré, vis-a-vis celle de Richelieu , ÎVe. 55 ; contenant fon urilué, & une Méthode pour la manière de s'en fervir. Discours PRÉLIMINAIRE. L Es inconvéniens qu’éprouvent les femmes à la fuite des couches , par les engorgemens du lait, ou par la difhculté de pouvoir remplir elles- mêmes le vœu de la nature, en nourriflant leur enfant, ont engagé ‘plufieurs Médecins, Accoucheurs, &c. à s'occuper des moyens de les éviter. M, Stein , Médecin du Landgrave de Hefle-Caflel , eft celui à qui on eft redevable du meilleur moyen employé jufqu'ici. La Pompe à fein fut d’abord imaginée & employée par lui avec fuccès , quoiqu'elle ne füt point revêrue de la perfection que je lui ai donnée, Le long féjour que j'ai fait en Allemagne nr'ayant mis à portée de connoître cette Pompe ; & d’en faire ufage pendant plufieurs années, les fuccès que j'en obtins la firent confidérer comme un inftrument très-précieux à l'humanité, Arrivé en France, mon intention étoit d’y faire connoître un moyen d'une auf grande utilité, & je n’attendois qu'une occafion favorable : elle fe préfenta enfin, à ma grande fatisfaction. M. le Marquis de Bon, très-inftruit dans la Phyfique, fe trouvant un jour chez moi , me dit que fa femme venoit d’accoucher; & qu'elle étoit menacée d'engorgement au fein auquel elle éprouvoit déjà des douleurs très-vives ; je lui propofai alors l’ufage de ma Pompe, & le fuccès fur compler. M. de Vermont, Accoucheur de la Reine, ayant vu cette Pompe chez M. le Marquis de Bon, enchanté de trouver un moyen de foulager l'humanité , fe donna la peine de venir chez moi pour m'engager à la faire connoître & à la préfenter à l'Académie Royale de Chirurgie. So opinion étoit plus que fufifante pour m'y déterminer, L'Académie nophma, à ma requifition , des Commiffaires (MM. de Leurye & Baudélocque) pour examiner la Pompe, & en conftater l'utilité. Le rapport qu'ils en firent, après avoir fair eux-mêmes plufeurs expériences au Bureau des Recommanderefles ou Nourrices , ne laïfla rien à défirer à ce fujer. Le fréquent ufage qu'en ont fait depuis MM. les Accoucheurs, & fur-tout M. Deftrémaux, a prouvé de plus en plus combien cette invention eft utile. Ce dernier SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 en étoit d'autant plus perfuadé, qu’il l'a annoncé lui-même au Public, par la voie du Journal de Paris. Cette vérité m'a encore été atteflée par un grand nombre de Médecins, Chirurgiens & Accoucheurs célèbres qui en ont fait l'acquifition, tant à Paris & en Province, que chez l'Etranger. Alors fatistait moi-même d’avoir fait connoître un nouveau moyen d'utilité pour l’humanité fouffrante , j'employai toutes mes facultés pour lui donner toute la perfection dont il étoit fufceprible. Avantages & utilité de la Pompe à Sein. Depuis que les Philofophes A derhes , d'accord avec les Médecins de tous les rems , ont expofé, d'une manière forte & perfualive, l'obligation que la nature impofe aux mères de nourrir leurs enfans , & les avantages qui en réfultent pour elles-mêmes & pour leurs nourriflons, on en voit un grand nombre fe dévouer avec courage à cette fonction refpeétable & pénible. Malheureufement elles éprouvent fouvent des difficultés capables de les décourager , & qui paroiffent quelquefois infurmontables. Tels font l'engorgement du fein par un lait trop abondant, & la mauvaile conformation des mamelons qui ne fe trouvent point aflez développés au dehors, Jufqu'à préfent, on s’elt fervi de différens moyens pour remédier à ces deux inconvéniens. Tantôt on a employé les fucoirs de verre, qui fatiguent beaucoup la poitrine, & qui ne produifent qu’un effet médiocre; tantôt on a eu recours à des petits chiens, qui ne tirent que foiblement, & d’une manière infufñfante; quelquefois aufli on applique au fein des bouches mercenaires, qui, en tirant le lait fuperfu, peuvent l’infecter dans fa fource , & communiquer différentes maladies, comme on ne l’a que trop fouvent obfervé. Le nouvel inftrument ou la Pompe à fein , fupplée à tous ces différens moyens , fans aucun inconvénient, & remédie à ceux qui feroient déjà furvenus. Il eft compofé d’un petit corps de pompe ; & de deux bocaux de verre qu'on y adapte, & dont la forme eft différente, fuivant le buc qu'on fe propofe , foit de former le bout , foit de dégorger le fein, en tirant la furäbondance du lait. Cette petite Pompe , très-ingénieufement faite, s’applique au fein, & fe met en jeu avec la plus grande facilité. Dès le premier coup de pifton , on voit les bouts fe développer , & le lait fortir des petits vaifleaux, fans douleur , fans violence , & fans la plus légère contufion. Lorfqu'une femme nourrit pour la première fois, le bout du fein a toujours quelque peine à fe former. L'enfant, pour obtenir du lait , eft néceflité à une fuccion très-forte, qui le fatigue & lui donne beaucoup de vents; & s'il eft foible, il fouffre encore davantage. La Pompe forme en un inftant le bout du fein, de manière que l'enfant le plus foible peut aifément, & fans le moindre effort, en urer.le lait. Elle ouvre avec es 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, facilité les vaifleaux, & fait en même-tems jaillir ce Auide par tous fes orifices naturels. Elle évite par-là à la mère les douleurs aflez vives que Jui caufe l’enfant chaque fois qu'on l’applique au têton , & à celui-ci les eflorts qu'il eft obligé de faire, foit pour former le mamelon , foic pour faire monter le lair. Lorfque l'enfant ne prend pas affez de lait, ce fluide s’engorge dans le fein, qui devient très-dur ; l'enfant fuce alors inutilement , il s'impatiente, & fouvent mord; & ce n’eft que lorfqu'il eft parvenu , par des efforts réitérés, à dégorger un peu le fein , qu'il laïffe fä mère tranquille, Mais comme il y a plus de lait qu'il ne lui en faut, le refte produit un nouvel engorgement, & bientôt il en réfulce de nouveaux rourmens. Dans ce cas on ufoit de terières de verre ; mais elles fatiguoient la poitrine ; elles ne dégorgeoient pas le fein, ou le faifoient très-incomplettement. La Pompe le vuide pour le moins auffi bien que l'enfant le plus robufte. Cette Pompe remédie encore parfaitement à l'engorgement vulgai- rement appelé le Poil ; & par fon application l'on obtient la réfolution du lait en ftagnation. Plufieurs Accoucheurs de Paris, appelés chez des femmes qui, depuis quelques jours, avoienc les feins engorgés, ont d'abord mis en ufage, pendant quelques heures , le cataplafme de mie de pain & de lait, & ont enfuite completement dégorgé Les feins par le moyen de la Pompe dont il eft ici queftion. L'ufage de cette Pompe a encore démontré que, lorfque les femmes fe propofent de nourrir, fon application au fein , avant le troifième jour après l'accouchement , prévient totalement route fièvre de lait. Cette épreuve a déjà été faite fur un grand nombre de femmes, & le fuccès en a été complet. Cet inftrument peut être encore très-précieux , lorfqu'à la fuite des couches le lait fe porte à la rêce, & caufe quelquefois des apoplexies. laiteufes ou autres accidens; & je ne doute point que l'expérience ne nous développe de plus en plus fes moyens d'utilité. C'eft au Médecin & à l’Accoucheur éclairés, que nous en devrons fans doute la connoiffance. Je dois encore obferver qu’outre l'avantage que cette pompe préfente, en évitant le nombre infini de maux qu'éprouvent trop fouvent les femmes, foit en nourriflant, foit dans le cas contraire , elle en offre encore un non moins important : fouvent les pères & mères confent leurs enfans à des nourrices mercenaires, qui, avec l'apparence trompeufe d’un fein fufffamment pourvu pour allaiter le nourriflon , l'aliment néceffaire pour cela fe trouve chez elles fouvent nul, ou en très-petite quantité. On fent qu'il doit réfulter de ce défaut de fubftance, la perte de l'enfant. MM. les Commiffaires nommés pour l'examen de ma Pompe, furent frappés de certe trilte vérité, Lors de leurs expériences au Bureau des Nourrices. Des femmes ; avec l'apparence d'un fein le mieux fourni, n’avoient point ou prefque point de lait. Soumifes à l'opération de la pompe, fon effet “4 à nul, nl. : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 207 nul , tandis que , fur d'autres femmes dont le fein étoit réellement pourvu de lait, deux ou trois coups de pifton fufñfoient pour le faire couler en abondance. Ce nouvel avantage m'a été précieux à moi-même, & je lui dois la confervation d'un fils, Ce fils étoit en nourrice depuis fept ou huit mois; la Nourrice, lorfque j'en fis choix, étoit affez pourvue de lait ; mais au bout de ce tems, mon enfant dépérifloit à vue d'œil, & étoie prefqu'en étifie , lorfque je me dérerminai à le faire venir chez moi avec la Nourrice, Celle-ci, interrogée pour favoir fi elle avoit toujours une affez grande quantité de lait, me foutenoit affirmativement qu’elle en étoit fufifamment pourvue; mais fachant que je poffédois un moyen sûr pour découvrir la vérité, je la déterminai avec peine à fe foumettre à l'épreuve de la Pompe, dont le réfultat me fit voir que fon lait étoit prefque entièrement tari; & je ne cherchaïi plus alors d'autre caufe du dépériffe- ment de mon enfant, dont la poitrine s'épuifoic en vains efforts pour chercher une nourriture qui n’exiftoit point. Cerre épreuve fut faire chez moi à la fin du mois d'août dernier, en préfence ke M. Gaultier de Chaubri , Chirurgien-Accoucheur, Auteur d'un Ouvrage intéreflant {ur les avantages des mères en nourriflant leurs énfans, intitulé : Nouvel Avis aux Mères qui veulent nourrir. Il femble que l’on peut conclure de ces faits, qu'il feroit à défirer que MM. les Chirurgiens, & même les Curés des endroits où il y a des Nourrices, ainfi que les perfonnes chargées de leur infpection , fuffent munis d’une Pompe à fein , & chargés d’examiner ou faire examiner de tems én tems le fein de ces femmes. Il en réfulteroit infailliblement pour l'Etat la confervation d'un grand nombre d'individus. Ufage & manière de fe fervir de la Pompe à Sein. Lorfqu'il s'agira de former le bout du fein,on viffera le petit bocal de verre, fg. 1, au corps de la Pompe À ; on l’appliquera au fein, en tenant ferme la Pompe de la main gauche: on tirera alors très-douce- merit deux ou trois coups de pifton , ou plus s’il eft nécefaire; enfuite on fermera le robinet B , en le tournant verticalement; & on déviffera La Pompe du bocal de verre, pour laïffer celui-ci attaché au fein pendant quelques minutes: on ouvrira enfuite le robinet , & le bocal fe détachera. En répétant trois ou quatre fois la même opération , les bouts du fein fe trouveront formés d'une grofleur convenable , fans caufer la moindre douleur, Pour dégorger le fein d’une furabondance de‘lait, manipulation qu’on peut faire foi-même , ou par quelqu’autre perfonne, on viffera pour cét effet le grand bocal , fg. 2 , au corps de la Pompe, après avoir viflé Le robinet B, qui doit être placé horizontalement pour être ouvert. On appliquera l'ouverture du bocal au fein, & on tiendra la Pompe d’une main, & de l'autre on donnera quelques coups de pifton , & le lait Tome XXV'IT, Part, I1, 1785. SEPTEMBRE. Cc 202 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fortira en abondance. Les perfonnes délicates pourront faire faire cette manipulation par d'autres. Lorfqu’on aura tiré une fuffifante quantité de lait, on Ôrera la petite tige C du robinet, & le bocal fe détachera alors du fein ; on en vuidera le lair, & l’on recommencera l'opération jufqu’au parfait dégorgement. Cette petite tige C fert aufli, lorfqu'il arrive de pomper avec trop de force , & qu'il en réfulte une preffion au fein, à introduire l'air dans le bocal ; il ne s'agira pour cet effet que d'ôter la tige, & la preflion ceflera dans l’inftant même de l'introduction de Fair. Lorfqu'il y aura long-tems qu'on fe fera fervi de la Pompe, il faudra avoir foin, avant de s'en fervir , de l’humeéter avec un peu d'huile fine. Le petit cuir qui eft aux vis du robinet, doit être aufli graiflé avec de l'huile ou du fuif ; & il faudra avoir attention que ce cuirine s'égare point; fans lui, la Pompe r’auroit point fon effet ordinaire. La petite clé, fe. 3, fert pour dévifler la Pompe à l'endroit où fe trouve la première foupape, qui eft entre le robinet & le corps de la Pompe; la feconde foupape eft à l’extrémité du pifton. H peut arriver que les bocaux fe détachent de leur pièce de cuivre: pour remédier à cet inconvénient , on trouvera, dans la boîte qui contiendra la Pompe, un morceau de mafic. Il arrive aufli que les foupapes fe sèchent trop, & qu'alors elles ne font plus leur effet : on y remédiera en les trempant un inftant dans de l'huile. Elles font faites avec un morceau de veflie ; l’on en trouvera aufli dans la boîte pour les remplacer, fi cela devient néceffaire. IL eft bon d'indiquer la manière dont ce changement fe fair. On trempe dans de l’eau une petite bande de veflie, que l'on met enfuite fur l'ouverture de la pièce qui porte la foupape; on aflujettic cette bande autour du col de cette pièce aveé un fil de foie ciré, qu'on lie fortement pour que la bande de veñlie foit bien tendue. On coupe Fexcédent de cette bande, pour qu'il ne puifle nuire à vifler Pappareil: fur la Pompe. Mais avant de le viffer, on met tremper la foupape dans de l'huile fine pendant quelque rems; enfuire lon fait deux incifions dans la bande de veflie avec un canif, & rout-à-faic fur le bord, comme on les verra dans la vieille foupape, de laquelle on aura foin d’obferver la pofition avant de la remplacer , afin de s’en faire une idée parfaite. Il faudra auffi divifer le couvercle du pifton, pour y introduire un peu d’huile en cas de befoin. Dans un cas preflant où l’on n’auroit pas le rems fuffifant pour rem- placer les foupapes qui ne féroient plus leur effet, l'on pourra ÿ remédier: de la manière fuivante: on fopprimera fi l'on veut les vieilles foupapes , mais cela n’eft pas abfolument néceffaire ; on appliquera le bocal au fein, comme il eft expliqué , l'on ouvrira enfuite le robinet pour donner le premier coup de piton, en le tirant à l'extérieur, & on le refermera ue, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 20; enfuite pour donner le fecond , en pouflant le pifton dans l'intérieur de La Pompe; & en continuant de même à ouvrir & refermer le robinet à chaque coup de pifton, on verra que la Pompe fera fon effet. La defcription de deux petits appareils, dont l’un imaginé par moi, & l’autre par une perfonne de diftinétion , ne fera point ici déplacée. L'un eft un fuçoir avec lequel on peut nourrir les enfans à la mamelle, lorfque les mères ou nourrices font dans l'impoflibilité de le faire. Cet inftrument eft une efpèce de flacon de verre, percé d’un trou aux deux extrémités, lun fervant à introduire du lait, & l'autre portant un petit appareil très-exible, que l'enfant prend pour le bout du fein de fa mère ou de fa nourrice. L'autre appareil eft une efpèce de fuçoir , qui, par fon application fur le fein, guérit les crevafles qui s'y forment aflez ordinairement , lorfqu’une mère nourrit fon enfant, {ur-tout fur le fein de celles dont la peau eft très-délicate. Ce petit appareil, en évitant l’écoulement involontaire du lait, prévient route efpèce d'humidité qu'il pourroit occafionner fur les habillemens. Explication des Figures de la Pompe à Sein, & des deux auvres Appareils. Fig. 1. Planche 2. Bocal de verre pour former le bout ; A, corps de la Pompe ; B, robinet; C, petite tige fervant à irtroduire l’air dans la Pompe quand on a trop pompé, & qu’il y a preflion au fein; D, pifton. Fig. 2. Grand bocal de verre , fervant à dégorger le fein. Fig. 3. Petite clé fervant à dévifler la Pompe, au-deffus du robinet , à l'effer de vifiter les foupapes. Fig. 4. Suçoir pour nourrir les enfans à la mamelle. Fie. 5. Appareil pour la guérifon des crevafles. IL-eft important de prévenir le Public, qu'il pourroit arriver qu’on cherchât à imiter la Pompe dont il eft ici queftion , & que, pour peu qu'il y eût de différence entre celles ii feroient contrefaires & les miennes, il pourroit en réfulter de grands inconvéniens: différence qui exifteroit sûrement, par la difficulté de connoître toutes les proportions requifes des ouvertures , &c. Je déclare en conféquence que je ne répondrai que de celles qu'on prendra chez moi, qui feront accompagnées de la préfente Defcription , & qui feront fignées de moi, Le prix de la Pompe à fein eft de 48 liv. avec une boîte qui la contient: cette boîte eft crès-peu volumineufe, & facile à tranfporter. Le fuçoir, fig. 4, coûte 6 liv. & l'appareil pour la guérifon des crevailes, 3 Liv. AL 2 Tome XXVIT, Part. IE, 1785. SEPTEMBRE. Cc2 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LA THÉORIE DES MACHINES SIMPLES, EN AYANT ÉGARD AU FROTTEMENT DE LEURS PARTIES ET A LA ROIDEUR DES COBDAGES; Pièce qui a remporté le Prix double de l Académie des Sciences, pour l'annee 1781. La raïfon a tant de formes que nous ne favons à laquelle nous prendre, L'expérience n’en a pas moins. Effai de Montaigne, liv. III. chap. 13. Par M. Courom8, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis , pour lors Correfpondant & depuis Membre de l’Académie des Sciences. N ULLE queftion n'intérefle plus la Mécanique que celle-ci, puifque les frottemens & la roideur des cordages font des obftacles qui fe préfentent dans routes les machines. M. Amontons paroïît être le premier Auteur qui s’en foic occupé. Il crut trouver par fes expériences que l'étendue des furfaces n'entroit pour rien dans les frottemens, & conclut que dans tous les cas le frottement étoit proportionel aux prefions. M. Mufchembroeck reprit ce travail, & trouva que l'étendue des furfaces influoit aufli beaucoup dans les frottemens. Les Phyfciens étoient partagés entre ces deux opinions, quoiqu'ils penchaflent plus volontiers pour celle de M. Amontons. La même incertitude régnoit fur la théorie de la roideur des cordes. C’eft pourquoi l'Académie crut devoir en faire l’objet d'un de fes prix, Le travail de M. Coulomb eft divifé en deux parties. La première traite des frotremens de furfaces qui gliffent l’une fur l’autre, & la feconde de la roideur des cordages. PREMIÈRE PARTIE. Du frottement des furfaces planes qui gliffent l'une [ur l'autre. Le frottement dans ce genre de mouvement peut être envifagé fous deux points de. vue, ou lorfque les plans font pofés l'un fur l’autre depuis un certain tems, & que par une traction dans la direction du plan de contaét l’on veut les détacher , ou lorfque ces plans ont déjà un certain degré de vitefle uniforme , & que l’on cherche le frottement fous ce degré de vireffe, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. or Dans le premier cas où l’on veut faire glifler une furface fur une autre en la fortant de l'état de repos , le frottement peut dépendre de quatre caufes , 1°. de la nature dec matières en contact & de leurs enduits; 2°. de Pétendue des furfaces ; 3°. de la preffion que ces furfaces éprouvent ; 4”. de la longueur du tems écoulé depuis que les furfaces font en conta&. On en pourroit ajouter une cinquième , la fituation sèche ou humide de l'atmofphère. MES La caufe phyfique de la réfiftance oppofée par le frottement aù moi- vement des furfaces qui gliflenr l’une fur l’autre, ne peut être expliqué: ou que par l'engrainage des afpérirés des furfaces qui ne peuvent fe dégacer qu'en pliant , qu'en fe rompant , qu'en s'élevanc à Ja fommité les unés des autres : ou bien il faut fuppofer que les molécules des furfaces des deux plans en contaët contraétent par leur proximité une cohérence qu’il faut vaincre pour produire le mouvement, Etabliffement pour exécuter les expériences. Nous avons fait conftruire une table très-folide, dont chaque pilier Montant étoit accoré par des jambes de force. Le madrier qui forme la table a 3 pouces d'épaifleur , 8 pieds de longueur & 2 pieds de largeur, Sur cette table l’on a pofé deux pièces de bois de chêne de 12 pieds de longueur & de 8 pouces de fes Ces deux, pièces de bois font pofées fuivant la longueur de la tabie & à 3 pouces de diftance l’une de l’autre. A l’une des extrémités de ces pièces de bois l’on a placé dans le vide qui les fépare une poulie de bois de gaiac d’un pied de diamètre , tournant fr un axe de chêne-verd de 10 lignes de diamètre, Sous cette poulie Ton a creufé un puits de 4 pieds de profondeur. A l’autre extrémité des pièces de bois l’on a placé à angle droit un petit treuil horifontal. L'on a fortement attaché fur les deux pièces de bois un madrier de chène de 8 pieds de longueur, 16 pouces de largeur & 3 pouces d’épaifleur. Son plan fupérieur pofé de niveau avoit été dreflé à la varlope avec beaucoup de foin, & poli enfuite avec une peau de chien de ‘mer. 4 L'on a conftruit des traîneaux de 18 pouces de largeur & de différentes longueurs. Aux deux côtés l'on a cloué deux petits liteaux , en forte que le traîneau pofé fur le madrier dormant y foit retenu. Lorfqu'on veut diminuer les furfaces du contact, l’on cloue fous le traîneau des règles de différentes largeurs. Aux deux extrémités du traîneau font fixés des crochets. À l’un eft attachée Ja corde qui paie fur la poulie, & à l’autre celle qui enveloppe Le treuil, ï 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, CHAPITRE PREMIER. Du premier effort néceflaire pour vaincre Le frottement , ou pour farre Pavel, HT , P. glifler une furface après un tems de repos donne. : ») 1° ! 29 1 3 ‘ Nous avons dit que dans le frottement il faut diftinguer avec foim la force néceflaire pour le vaincre lorfque les furfaces fonc pofées l’une fur l’autre depuis un certain tems , de la force néceflaire pour entretenir une vitefle uniforme lorfque les furfaces ont un mouvement refpetif, Dans ce Chapitre nous traiterons de la première efpèce de frottement; & comme il eft eflentiel de charger & décharger très-promptement, nous avons. fixé à l'extrémité ,des deux pièces de bois de 12 pieds de longueur &,.8 pouces de groffeur, une efpêce de romaine qui, par le moyen d’un poids attaché à fon levier , détermine la tenfion de la corde qui pafle fur la poulie. SECTION PREMIÈRE. Dés frotemens des furfaces qui gliffent à [ec l’une fur l'autre Juivang le fl di bois fans aucune efpèce d'enduit , mais feulement avec le degré de poli que l'art peut leur donner. Bois de chéne fur boïs de: chêne. Le traîneau a 2 pieds 3 pouces de longueur : le madrier dormant fur lequel porte Le traîneau a un pied 4 pouces de large, ce qui donne une furface de contact de 3 pieds quarrés On veut déterminer le frottement après un certain tems de repos fous différentes preflions. Première expérience. Le traïnèau fans être chargé d’aucun poids; pefant. 74 liv. le frottement a augmenté d’une manière irrégulière endant les 30. premières fecondes ; mais il a fallu indiftinétement au ee d’une minute & de dix minutes de repos une traction de 30 live pour vaincre le frottement. Seconde expérience. Le traîneau chargé, fon propre poids compriss de 87415 , le-mouvement a été incertain, mais augmenté pendant les dix premières fecondes, après une minute & une heure de repos, l'on a eu indiftinétement 406.15. Troifième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 2474 D , après :" de repos le frottement a été trouvé de 586 Ïb. Il a augmenté pendant deux fecondes, où on l’a trouvé de 1106. Après une minute & deux heures de repos l’on a eu également, 1116. Obfervation fur ces trois expériences, Le frottement (1) a été conf- (1) Le frottement de Ja poulie n’étant qu’.# du frottement du traîneau , peut être négligé. \ SUR L'HIST.' NATURELLE ET LES, ARTS, 507 tamment moindre après une feconde de repos qu'après une ou deux minutes ; & après ce tems il avoit acquis toute l'augmentation dont il paroît fufceptible. Le rapport de la prellion au frottement eft à-peu-près le même dans les trois expériences ; Car dans la première la preflion eft 74; & le frottement #=2,46, Dans la feconde += 2,16, Dans la troifième À — 2,21. J'ai voulu voir fi en diminuant les furfaces de conta& , ce rapport feroit encore le même. En conféquence fous un traîneau de 15 pouces de longueur j'ai fait clouer deux petits prifmes triangulaires de bois de chêne de 15 pouces de longueur, dont l’angle qui portoit fur le madrier étoit arrondi. Quatrième expérience. Le traîneau chargé de 250 Ïb après ?/, une minute & une heure, Fon trouve indiftinétement la traction néceflaire pour vaincre le frottement dé 106 Ïb. Cinquième expérience. Le traîneau chargé de 450 TB après :"& une heure la traction eft de 186 Ï6. Sixième expérience. Le traîneau chargé de 856 tb après :’ & une heure le frotrement eft de 356 ÏF, Les rapports de ces trois expériences font fenfiblemient égaux ; car l’on a dans la quatrième 2 = 2,36. Dans la cinquième #2 — 2,42. Dans 106 la fixième “= 2,40 ; ce qui s'écarte encore très-peu des réfulrats des trois premières expériences. Ainfi dans ces efpèces de frottement ; la grandeur des furfaces n’y influe que d'une manière infenfble, & tout paroît dépendre de la preflion. Ées mêmes expériences répétées en faifant frotter du chêne contre du fapin , du fapin contre du fapin, de l’orme contre de l’orme ont donné à-peu-près les mêmes réfultats. La réfiftance croît pendant quelques fecondes ; mais elle atteint fa limite après une ou deux minutes de repos, Voici les rapports de p-eflion après quelques minutes de repos. Chêne contre chêne, 2,34 Chêne contre fapin , 1,50 Sapin contre, fapin , 1,78 Orme centre orme, 2,18 Dans ces expériences le frortement fe faifoic fuivant le fl du bois ; mais lorfqu’il fe fait dans un autre fens , & que le fil du bois fe recroife, le frottement parvient à fa limite dans un tems plus long , & il eft moindre que dans le premier cas, mais toujours proportionnel à la preflion. Ce rapport eft comme 2,34 elt à 3,76. Du frottement entre les bois & les métaux, après un certain tems de repos. L’accroiflement des frottemens relativement aux tems de repos marche ici très-lentement ; car ce froctement n’a acquis fon raximum fouvenc 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; qu'au bout de cinq à fix jours; & il eft beaucoup plus confidérable qu'entré bois contre bois; car le cuivre frottant fur le chêne donne le rapport de $ à; celui du fer contre le chêne eft un peu moins confidérable. - Du frottement entre les métaux après un certain tems de repos. L'on a fixé fur le madrier dormant & fous le traîneau des règles de métal bien polies, & l'on a fait mouvoir le traîneau, Les réfultats ont été que le repos n'influe point fur ces frottemens ; 2°, ces frottemens fonc proportionnels aux preffions. Le rapport de la preflion au frottement du fer contre le fer eft de 3,40 ; celui du fer contre le cuivre jaune, lorfque les furfaces ont une certaine étendue , eft à la preflion comme y elt à 4; mais lorfque Le traîneau n’eft porté que fur quatre clous de cuivre, c’eit-à-dire, que le frotrement eft réduit à une petite furface , le traineau étant chargé de 47 liv. il a fallu 8 Ïb pour l'emporter, c'eft-à-dire , que la preffion eft au frottement comme 6 à 1. SEcTIonN Il. Du frottement des furfaces garnies d'un enduit, & du premier degré de force nécefaire pour Les faire gliffer l'une fur l'autre après un certain tems de repos, Lorfque les furfaces font garnies d'un enduit, le tems de repos néceffaire pour que la force qui doit vaincre la réfiftance de la ténacité due au frottement parvienne à fa limite eft un tems long , mais variable. Il dépend de la dureté de l'enduit. L’étendue des furtaces de conta@ y contribue aufli. Si ces furfaces font réduites à de très-petites dimenfions, le frottement atrive à fa limite en très-peu dé fecondes, Les expériences fuivantes ont été faites avec des enduits de fuif très-pur , & renouvellés à chaque expérience, les furfaces de contact étant de 180 pouces , & de bois de chêne. Première expérience. Le traîneau chargé de 47 Ï5 en lui donnant un mouvement infenfible, fe meut fous une traction de 6 Ï5 Après un repos de 4' le frottement a été 8 Ïb Après un repos de 2 heures il a été de 9 ib Seconde expérience. Le traîneau chargé de 1650 Ï5 dans le premier moment , le frottement a été de 64 Ïb “Après un repos de 3” il a été de 160 Après un repos de 15",de Le 209 Après un repos de, 60", de 280 Après un repos de 240", de 318 Après un repos de 2 heures, de 452 Après un repos de 6 jours , de 622 L'on . SUR L'HIST! NATURELLE ET LES ARTS. ) 209: * L'on voit.par.ces expériences que lorfque ces furfaces ont été enduites de fuit, le frottement parvient à fa limite très-lentement ; mais fi or s’eft fervi de vieux-oing , il parvienc à fa limite prefqu'en aufli peu de teras que s'il n’y avoit point d'enduir. Cependant quelquefois le frottement eft -plus confidérable avec l'enduit de vieux-oing que s’il n’yen avoit point. Les frortemens des furfaces métalliques lorfqu'elles font enduites fuivent les mêmes loix. Si l'on a employé de l'huile d'olives, le frottement: atteint {a limite comme s'il n'y avoit point d'enduir; il égale le X‘de la preflion ; le vieux-oing y apporte un petit retard, & il éft comme le feprième de la prefion. Mais fi l’enduit aft de fuif, le frotrement n’atteinc fa limice qu’au bout de plufieurs jours, & le rapport de la preffion au frottement .eft comme 11 elt à 1, & l'étendue des furfaces n’y influe, nullement. | CHAPITRE PART Du frottement des furfaces en mouvement. Dans le Chapitre qui précède nous avons cherché à déterminer [a réfiftance due aux fiottemens lorfque les furfaces ont été en conta® pendant quelque tems, & que l’on faigefforc pour les tirer de l’érar de repos. Nous ‘allons actuellement chercher à déterminer le frottement lorfque les - furfaces fe meuvent avec une virefle quelconque, . s Nous nous fommes fervis ici du même érablifflement que nous avons décrit dans le Chapitre précédent. L'on doit fe rappeler que le madrier dormant fur lequel vlifle le traîneau eft de 8 pieds de longueur : que fous la poulie où eft fufpendu le plateau de la balance il y a an puits pour que ce plateau puiile defcendre de 7 à 8 pieds. Le traîneau étant chargé, on le merroit en mouvement à petits coups de marteau ou en le pouffant, & .on obfervoit la durée des mouvemens au moyen d'une pendule qui battoit les demi-fecondes, — SECTION PREMIÈRE, Du frottement des furfaces er mouvement gliflant l'une [ur l'autre Jars aucun enduir. Frottement du bois de chéne, Le traîneau de bois de chère avoit trois pieds de longeur fur un de largeur : la furface de contact étoit dé 432 pouces quarrés. Première expérience, Le traîneau chargé, fon poids compris, de 74 liv. ji eft mené d’un mouvement lent, mais incertain , s’accélérant & s'arrèrant quelquefois fous une tra@ion de 12 16. Avec une:traction de 14 Ïb il a parcouru les deux premiers pieds en 2/,les deux derniers en :". Tome XXVIL, Part, LI, 1785, SEPTEMBRE, Dd 2t0- OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; . Seconde expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 874 15. : Sous une traction de 94 liv. le traîneau ébranlé prend un mouvement lent. & incertain : l’on a eu une fois les deux premiers pieds en #", les deux autres en 2", Dans un fecond effai, fous une tradion dé 105 Ïb les deux, premiers pieds. en 2, les deux fuivans en 1". : Troifième expérience: Le traîneau chargé, fon poids compris, de 2474: Îb: Le mouvement commence en: ébranlant le traîneau avec une tradion de 250 liv. mais. il eft lent & incertain. Avec une traétion de 27oliv. les deux premiers pieds en ?/”, les deux autres en À". ë. Continuation des mêmes expériences pour une furface de conta& de 36 pouces quarrés, . Quatrième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 47 15: Le traîneau a été mené par une traction de ÿ liv. Sa marche a été perdant 2' à raifon de 6 pouces en 25". ; Il y a eu des variétés dans le mouvement fous tous les degrés de traétion au-deffous de 9liv, Mais avec une traction de, 9 liv. le traîneau a parcouru les deux premiers pieds en ?//, les deux fuivans en 7//. Cinquième expérience, Le traîneauschargé, fon poids compris, de 447 1. Avec une tration de 45 liv. fi on imprime une vitefle d'un pied par feconde au traîneau , il. continue à fe mouvoir, & même s'accélère; mais fous une moindre viteile il s'arrête. Il commence à ne fe mouvoir qu'avec une traction de 5o liv, Seulement ébranlé avec 54 livres de traction, il parcourt les deux premiers pieds en ?", les deux autres en ?//. Sixième expérience. Le traîneau chargé , fon poids compris, de 1647 16. Ebranlé fous une traction de 166 liv. les deux premiers pieds en les deux autres en 5”. Avec une trafion de 172 liv. deux pieds en ?// , deux pieds en {". 2 tutr tre Continuation des mêmes expériences, les furfaces de contaë& réduites aux plus petites dimenfions poffibles. On a taillé en angle un peu arrondi le deflous des règles qui portoienc 3 le traîneau. à) Septième expérience. Le traineau charoé, fon poids compris, de 4716. . à Avec une traction de 4 liv. & demie, les deux premiers pieds ont été parcourus en =", les deux autres en ©". Avec une traction de 6 liv. & demie, les deux premiers pieds ont été | parcourus en 3”, Les deux autres en ://, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 517 uitième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris , de 447 6. Avec une traction de 36 Liv. fi l’on donne‘au traîneau un mouvement primitif de 5 à 6 pouces par feconde, il continue à fe mouvoir , & même paroît s’accélérer. Si on lui donne une vivefle moindre ;'il's’arrête. Avec une traction de 41 liv. &-un fimple ‘ébranlentent, le traîneau parcourt les deux ‘premiers piedsten ?”, les deux fuivans en #. euvième ‘expérience. Le traineau chargé, fon poids compris, de 847 b. Avec une traction de 60 Liv. le traineau continue à fe mouvoir, fi on lui donne une vitefle primitive de 7 à‘8 pouces par feconde, Il s'arrête fous de moindres vitefles, Si on ne fait qu'ébranler ou que donner une vitefle infenfble au traîneau , il parcourt avec une traétion de 68 liv. les deux premiers pieds en */’, les deux autres en 2”. Obfervations fur ces expériences. Dans ces neuf expériences, ‘après avoir ébranlé le traîneau l’on a toujours eu foin d'oblerver le mouvement pendant une courfe de 4 pieds de longueur divifée en deux parties égales de deux pieds chacune. En général les deux premiers ont été parcourus dans un remis uiñ peu plus que double des deux derniers, Or , lorfquun corps eft mis en mouvement par une püiflance conftante, & que le mouvement eft uniforniément accéléré, deux efpaces égaux font confécutivement parcourus dans des tems qui fonc entreux à-peu-près comme 100 eft à 42. Ainfi notre traîneau a parcouru fa courfe de 4 pieds d'un mouvement à-peu-près uniformément accéléré. Ainfi, comme il étoit mené par un poids conftant, il falloir que la force rerardatrice du frottement füt une quantité aufli conftante. Conféquemment elle eft à-peu-près la même fous tous les degrés de viteffe. Il y a cependant deux remarques à faire : lorfque les furfaces font très-érendues relativement aux prellions, pour lors Le frottement paroît augmenter avec les vitefles. Mais lorfque les furfaces font très-petites- relativement aux preflions , le frottement diminue, à mefure que les “vireffes augmentent. C'eft ce que l'on verra en comparant les différentes expériences que nous avons rapportées, Du frottement du bois de chêne gliffant à fec, & le fil de bois Je recoupant à angle droit, On attache deux règles de chêne de 18 lignes de largeur en travers aux extrémités du traineau. Le recoupement de chaque règle avec le madrier dofmant étoit d'un pied de longueur , & la furface de contact fe trouvoit de 36 pouces quarrés. — Tome XXVII, Pare II, 1785. SEPTEMBRE. Dd2 212 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE ; Dixième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 47 5: Le traîneau tiré par un poids de $ lin a patcapru les deux premiers pieds en, 2”, les deux autres en {". Ongième. expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 147 ff. Tiré par un poids de 1ÿ liv. le craïneau a parcouru les deux premiers pieds en aie les deux autres en :”, Douzi émeexpérience Le Higc etes: fon poidscompris, de447 lb Le traîneau tiré par un poids de ÿ1 liv. a parcouru les deux premiers pieds en LE les autres en ass Treizième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de8471b. Tiré par un poids de 97 liv. les deux premiers pieds ont été parcourus en =", les deux derniers en ?” PL] cas des mêmes expériences pour une furface de contaët nulle. L'on a taillé en coin en arrondiflant un peu l'angle le deffous des deux règles fixées au traîneau , en forte que la furface du contact fe trouvoit réduite à des angles arrondis. = Quatorzième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 47 i5: Le traîneau tiré par un poids de ÿ liv. les deux premiers pieds en ?", les deux autres en :”. 2 Oninzième, expérience, Le traîneau chargé, fon poids compris, de 447 fb. zin Le traîneau mené par une traction de 48 liv. deux pieds en =", les deux derniers pieds en ©". 3 Mené par une traction de $ÿ8 liv. deux pieds en”, les deux fuivans 2 en {//. Î Seizième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 2647 15. | Le traîneau mené par 160 liv. les deux premiers pieds en 2", les | 144 hd dans D > deux fuivans en =”. Mené par 172 liv. deux pieds en ?"”, les deux fuivans en =", P P ù > 2 2 Obfervations fur ces expériences. Les réfulrats de ces fix expériences font analogues à ceux que nous 3 avons trouvés en déterminant le frotrement du chêne gliffant fuivanc j fon fil de bois. Les deux premiers pieds de la courfe de traîneau fonc encore parcourus ici dans un tems à-peu près double des deux derniers. Conféquemment , puifque la force qui accélère le traîneau eft une quantité conftante , la force retardatrice du frottement fera auüfi ne quantité conftanre, & le plus ou moins de vîteffe n'influera pas fur certe force, IL y a ici deux remarques bien intéreflanres à taire qui diftingnenr par- faitement Le frottement des bois gliflant dans le fens de leur fil, d'avec LE ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 ce frottement, lorfque dans le mouvement du traîneau le fil debois eft pèfé à angle droit. Nous avons vu que le rapport de la prefion au frotrement étoit une quantité conftante , lerfque le bois ghfloit fuivant fon fil, tant que les preflions n'écoient point enormes relativement à Vétendue des furfaces-de contact ; mais nous avons trouve en même-tems que lorfque la furface de contact étroit réduite à un angle arrondi, non- feulement le frottement diminuoit fenfiblemenc relativement aux preffons, mais qu'il diminuoit auf très-fenfiblement en augmentant les vicefles. Ces deux effets n’ont pas lieu lorfque les-bois gliffeac l’un fur l’autre, de fi! de bois fe recroifant à angle droit , quoique la furface de contadt foit réduite à des dimenfions angulaires. Les fepr expériences qui précèdent nous montrent clairement que quelque différence qu'il ÿ eût entre les preflions & entre l’écendue des furfaces, le nombre qui m:fure le rapport de la preflion au frottement a toujours refté une quantité conftante, égale moyennement à 10, parce que le bois ne fléchit prefque pas dans ce fens. Du frottement de différentes efpèces de bois glifflant fuivanr Le fil de bois. Les expériences ont été faites comme les précédentes. Nous avons trouvé le rapport de la preflion au frottement, Pour le fapin contre le fapin, 6 Pour l’orme contre l’orme, 10 D DA L. Du frottement des bois 6 des métaux. Dans les expériences qui précèdent nous venons de voir que le rapport le la prefion au frottement étoit toujours à-peu-près une quantité conftante , & que Le plus ou le moins de vitefle ne l’augmentoit ni ne le diminuoit. La nature paroît ici fuivre une autre marche, & le frottemenr augmente avec la vitefle de manière la plus fenfible. Frortement -du fer & du chéne, Sous le traîneau de 15 pouces de longueur l’on a placé deux règles de fer de 18 lignes de largeur & de 1$ pouces de lonoueur , faïfflant le traîneau à leurs extrémités par des retours d'équerre. Tous les angles & arrètes ont été arrondis pour qu'ils n'écorchaflent point les bois; lon a fait enfuite glifler le traîneau armé des deux règles de fer le long du madrier dormant , & l’on a remarqué les tems fucceflifs de fa marche ; mais comme l’on s’eft appercu que foir que le traîneau glifsäc naturellement , foit qu'on lui imprimäâr une grande vitefle, après on ou deux pieds de marche il prenoïc une vitefle uniforme, l’on s’eft conrenté d'obferver le mouvement lorfqu’il a été réduit à luniformité, La furface de contact eft de 45 pouces, 914 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Première expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de 53 ff. Sous une traction de 4 liv. & demie, il prend une viîtefle uniforme d’un pied en 264". Avec une traction de 6 liv. & demie, il parcourt uniformément un pied en /. R Âvec une traction de 9 liv. il parcourt uniformément un pied en À", Seconde expérience, Le traïneau chargé, fon poids compris de 1653 tb: Un pied parcouru uniformément Premier effai, force detraétion, 125 fb dans un tems lent & incertain, Second eflai, JM y 1320”! Troilième effai , 160 2e A) : æalh Quatrième effai, 185 Ne Cinquième effai , 210 » 2" Sixième eflai, 235$ 2" Septième effai , 260 JUNE Continuation des mêmes expériences. L'on a voulu voir fi en mettant le fil de bois en travers, &'réduifané aux plus petites dimenfions poflibles les furfaces de contact, l'on trou- veroit les mêmes réfultats. L'on a attaché fous le traineau deux règles de chêne taillées en coin, le fil de bois fe recoupant à angle droit, & fur le madrier dormant deux règles de fer polies avec le plus grand foin , fur lefquelles on a fait glifler le traîneau. Le traîneau chargé, tout compris, de 1653 i5. , : OR EL Un pied parcouru uniformément Premier effai, force de traétion, 115 Ïb dans 476"! Second eflai , 135 b ss Troifñème efai, * 160 Le Quatrième effai , 185 2° Cinquième effai, 210 e Sixième effai , 235 = Septième eflai ; 260 À Obfervations. Il paroît que le rapport de la preflion au frottement dans les EXPÉ+ riences eft une quantité qui augmenre très-peu malgré les diffé‘ences CC nfidérables de prellions. Pour le premier degré de vitefle le frottement du bois de chêne & des lames de fer et à-peu-près le treizième de la prellion ; & la vitefle, quelle que foit la prellion , eft toujours dans un rapport conftant avec le frottement, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1e SezcTion II Des fürfaces qui gliffent l’une fur l'autre garnies d'un enduie, Les feuls enduits qui puiflent convenir pour diminuer le frottement du bois, font le fuit & le vieux-oing. L'huile ne peut être employée que dans les métaux. Comme les enduits font des corps mols , ils n’adouciflent pas le frotement des furfaces , ils les foutiennent à une certaine diftance l'une de l'autre. De-là il arrive que fous les grandes preffions les enduits les plus mols font toujours les plus mauvais : que fous les grandes preflions lorfque les furfaces de contact font réduires à des angles arrondis , les enduits diminuent très-peu le frottement du traîneau. L'on remarque encore que lorfque le traîneau ayant une grande furface de contact a paflé deux ou trois fois fur le même fuif, le fuif s'applique fur le madrier, pénètre dans fes pores & ne s'oppole plus qu'imparfairement à l'engrainage des parties ; en forte que dans différens effais répétés fans renouveller les enduits , on trouve une augmentation de frottement très-confidérable. Lorfquewle madrier & le traineau fortent des mains de l’ouvrier, quelque foin qu’on ait pris pour unir les furfaces, elles donnent d’abord de grandes inégalités ; mais lorfqu'en enduifant de fuif ou de vieux-oing, Jon fait gliffer le traîneau pendant plufeurs jours confécutifs fous de fortes charges, l’on trouve enfuite que Le frottement eft prefque toujours proportionnel à la preflion. Frortement du bois de chêne enduit de Juif renouvelé à chaque effai. Le traîneau avoit 1$ pouces de longueur, & portoit fur le madrier dormant par une furface de 180 pouces quarrés. Première expérience. Le traîneau chargé, tout compris, de 3250 15. Etant ébranlé il a commencé à fe mouvoir d'un mouvement continu, mais lent & incertain avec une traction de 118 Ïb. \ Le traïneau tiré par un poids de 124 liv. a parcouru fucceflivement deux pieds en 7, & les deux fuivans en 2". Seconde expérience. Le traîneau chargé tout compris, de 1650 1h. Ébranlé, le traîneau marche d’un mouvement continu , mais lent & incertain avec une tra@tion de 64 liv. Tiré par 79 liv. il a parcouru fuccelfivement les deux pieds en =?//, les deux autres en —//. : Troifième experience. Le traînean chargé, tout compris, de 85o Ïb. Avec une traétion de 36 liv. le traineau marche d’un mouvement continu , mais lent & incertain, Quatrième expérience. Le traîneau chargé, tout compris, de 450 1b. 126: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le mouvement fous une tradtion de 21 Liv. a été lent, mais à-peu-prés uniforme à raifon d’un pied en =//, : Cinquième expérience. Le traîneau chargé, tout compris, de 250 f5. Avec une traction de 13 liv. & demie, il prend une vitefle uniforme d'un pied «en .60//. Avec une traction de 20 liv. il.s’accélère d’abord, puis prend une viîtelTe uniforme d’un pied en +". à Sixième expérience. Le traineau chargé, fon poids compris ,de so 15: Avec une traction de 6 Liv. & demie, il prend une vitefle uniforme d’un pied en =’. kb. Avec une traction de 13 liv. il s'accélère rapidement, & après une marche de trois pieds, pañoît parcourir les deux derniers pieds avec une vitefle uniforme d'un pied par feconde. Dans les trois dernières expériences où les prelions font peu confidé- rables, l’on apperçoit une augmentation de frottement à mefure que les virefles augmentent ; Car en augmentant les forces de traction au-delà de celles qui font néceffaires pour vainere le frottement dans les virefles infenfibles, l’on produit bien-ôt une vitefff uniforme, & non pas une viteffle uniformément accélérée. L'on retrouve ici la même marche que lorfque nous avons fair gliffer des furfaces d'une grande éréhdue l’une fur l'autre. La cohéfion des furfaces nous avoit paru produire uneréfiftance due à la viteffe, & abfolument indépendante des preffions. La cohéfion . . . 1 EE . “ . du fuif produit ici le même phénomène d'une manière plus. marquée. Pour qu'il nereftât aucun doute, comme j'avois remarqué que le vieux-oing avoit une cohéfion beaucoup plus confidérable que le fuit, je répétai Les expériences avec le même treîneau. 1 L'on a enduit avec une couche abondante de vieux-oing le madrier dormant , aiafi que le traîneau des expériences récédentes. En pouflant le traîneau on lui donno:t une viîteile primitive à-peu-près d’un pied par feconde, Lorfque le traîneau avoit parcouru deux ou trois pieds, cetre vireffe fe rallentifloir, & devenoir à-peu-près uniforme, mais plus ou moins grande fuivant le degré de traction. Les expériénces faites avec le plus grand foin ont prouvé que le vieux-oing adoucifloir le frottement moins ue le fuif; mais elles ont prouvé d'une manière encore plus sûre que la réfiflance produite par l'augmentation des vitefles étoit. abfolument indépendanre des preflions, puifque fous trois degrés de preflion très- différens, favoir, $o 5,250 & 450, lorfque les rraétions étoient telles - que le traîneau prenoit une virefle uniforme d’un pied en ©”, une augmen- tation de traction conftante & égale à 6 Liv. donnoit, quelle que fût © Ja preffion , la même vitefle uniforme d'un pied en ?"; ainf la réliftance due aux augmentations de virefle dépend uniquement de la nature des furfaces & de la cohérence des enduits, & elle eft abfolument indépendante de la peflion, L'on peut dans la pratique Ja négliger lorfque Les vitefles ne : paflent À, Fr arabes ee a cote D - EURE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 917 paflent pas 4 ou $ pouces par feconde, & que chaque pied quarré de furface de contact eft chargé de trois ou quatre milliers. Elle peut à-peu-près être eftimée de 6 à 7 liv. par pied quarré , pour les furfaces enduires de fuif mues avec des vitefles d’un pied par feconde, Frottement du bois de chêne enduit de Juif lorfque Les furfaces de conta& Jont nulles. L'on a placé, à l'ordinaire , fous le traîneau deux règles raillées en coin, & qui ne ronchoient le madrier dormant que par leurs angles arrondis. Soir qu'on enduisit de fuif le madrier dormant à chaque ellai, foit qu'on l'efluyât & qu'il reffàt feulement luifant & ontueux, à cauie du fuif qui dans toutes les opérations précédentes avoit pénetré dans les pores du bois, les réfulrars fe {ont toujours trouvés les mêmes ; en forte que Île plus ou le moins de fuif ne diminue point le frottement, & le mauvement a été accéleré uniformément. Cette accélération étoit toujours due à l'excédent des tractions qui la produrtoir fur les rractions néceflures pour donnér un mouvement très-lent. L'on doit cependanr remarquer que dans ces expériences le traîneau ne part pas fous un fimple ébranle- ment lorfque les preffions font très-confidérables. Mais il faut lui imprimer une vitefle primitive d'un ou deux pouces par feconde , & pour lors il continue à fe mouvoir d’une vitefle uniformément accélérée. L'on trouve toujours le mème rapport entre la prefion & Le fro:tement. Et ce rapport moyen fe melure par celui des nombres 16 & demi à r. Ce rapport na pas été différent fous les grandes & les petites preflions, Des métaux gliffant fur les bois enduits de fuif. Lorfque les métaux gliffent fur des bois enduits de matières graifleufes ; le frottement en paroît très-adouci, & l’on produit des vitelles infenfibles avec des degrés de traction moins confidérables que dans toutes les autres efpèces de frottement. Mais pour peu que l'on veuille augmenter les vireffes, l’on retrouve comme dans la première Section , lorfqu'on a fait glifler fans enduit les métaux fur le bois, que le frottement augmente beaucoup avec la vitefle ; & lon a pour le rapport de l'augmentation des vitefles & du degré de traction qui produit cette augmentation à-peu-près les mêmes loix que nous avons cherché à dérerminer dans le frottement des métaux gliflant à fec fur les bois. Mais fi l’on ne renouvelle pas les enduits à chaque expérience , ils fe coagulent, changent de nature , & le frottement augmente fucceflivement: c eft ce que prouve bien l'expérience fuivante, Cuivre & chêne. Surface de 4$ pouces. Le traineau chargé, tout compris, de 1650 liv. l'on a enduit de fuif au premier effai, Mais cer enduit n'a pas éré renouvellé dans les eflais qui Tome XXV1II, Part. LI, 1785. SEPTEMBRE. Ee »18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ont fuccédé, Le traineau pouvoit parcourir $ pieds de longueur. On lui imprimoit une virefle primitive qu'il perdoit en partie dans le commer- cement de fa courfe, & il marchoit Les trois derniers pieds d'un mouvement uniforme. La force dé traction a été conftamment dans rous les effais, de 100 liv. s a . . ENT : 2 0 Premier effäi, trois pieds ont été parcourus uniformément en ? Le © Second eflai, Troifième effai, Quatrième eflai, " Ho vis Cinquième eflai, Sixième effai, + Septième effai , Huitième effai , Neuvième eflai Dixième eflai, Onzième effai, [à “13 »|® [> u|S “| #[£ “| v] Douzième efai, Treizième eflai, 559 Quatorzième eflai, 900 Quinzigme effai , 1140 Seizième eflai, le traîneau s’eft arrêté à tous les inftans, quelque vitefle primitive qu'on lui imprimär, IL paroït réfulter de cette expérience , que lorfque les furfaces de contad font enduites de fuif à chaque opération, elles adouciffent beau- coup le mouvement, fur-tout dans les petits degrés de virefle, Mais lorfqu'elles doivent fe mouvoir long-tems fur le même enduit, cet enduit eft plus nuifible qu'utile. Mais lorfque les furfaces font feulement onctueufes, mais non enduites, le rapport de la prefion au frottement fe trouve une quantité conftante. Ce genre de frottement qui eft analogue à celui de routes les machines où des axes de fer tournent dans des boîtes de bois , rentre dans la clafle de tous les frottemens que nous avons déjà examinés , où nous avons trouvé que le rapport de la preflion au frottement étoit toujours conftant , & où Le plus ou moins de vitefle n'influoit que d’une manière infenfible, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 SÉEICHE NT CN OT Du frottement des métaux. Comme les métaux font d’un grand ufage dans toutes les machines deftinées à foulever de grands poids, comme d'ailleurs ils forment une clafle particulière , j'ai cru qu'il étoit néceilaire de rafflembler dans une même Section toutes les expériences reiatives à 4eurs frottemens, L'on a employé des règles de fer & des règles de cuivre polies avec le plus grand foin, & fixées fous le madrier & fous le traïneau, Du frottement du fer contre Le fer faus enduë. , Surface de contaë& de 4$ pouces. Première expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de ÿ3 15, IL faur toujours une force de traction de 15 Liv. pour donner un mouve- ment continu au traîneau. Mais foit qu'on l'ébranle , foit qu'on lui imprime une vitefle quelconque, le frottement paroït conftlamment le r'n même, Seconde expérience. Le traîneau chargé, tout compris, de453 #5. * Le craîueau s'eft arrêté fous toutes les fortes de traétions au-deflous de 125 liv. Avec une traction plus confidérable , il s’accélère uniformément avec une virefle due à cette augmentation de force. Nota. Les règles de fer fe font rayées, & il n'a pas été poflible de continuer les expériences fous de plus grandes prellions. Du frottement du fer & du cuivre [ans enduit. Surface de conta& de 4$ pouces. Troifième expérience. Le traîneau chargé, fon poids cempris, de s2 15. Une traction de 12 liv. & demie met le traîneau en mouvement. li n’eft pas néceflaire de l'ébranler : il part feul avec ce degré de traction , qui ne peut pas être moindre pour que le mouvement foit continu , quelque vitefle primitive que l'on donne au traineau. Quatrième expérienee. Le traineau chargé , fon poids compris, de 452 fb. JR Unetraction de 110liv. met le traîneau en mouvement avec les mêmes circonftances que dans la dernière expérience. Nota. Les règles commencent à fe rayer , & l'on ne peut pas continuer les obfervations en employant de plus grandes preflions. On peut conclure de ces expériences que dans les métaux gliffant fans enduit l'un fur l’autre, le frottement elt indépendant de-l'érendue des furfases :& des vivefles. Il eft encore indépendant du tems de repos, Tome XXVII, Part. IT, 1785. SEPTEMBRE, Ee2 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Frottement du fer contre Le fer avec enduit de Juif renouvellé à chaque effai. Surface de contaët de 4$ pouces. Cinquième expérience. Le traîneau chargé {on poids compris, de 53 15: Une traction de 8 Liv. & demie fufht pour donner un mouvement continu au traineau. Sixième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de4s3 16. Avec une traction de 40 liv. fi on donne au traineau une vitefle de 7 à 8 pouces par feconde, il continue à fe mouvoir, & même paroît s'accélérer. I] s'arrête fous un moindre deoré de vitefle. Mais fi on ne fait qu'ébranler le traîneau ou même lui imprimer une vireffe d’un pouce par feconde, il ne continuera à fe mouvoir qu'avec une traction de 45 liv. Frottement du fer & du cuivre enduits de nouveau fuif à chaque effai. Surface de contaë&t de 4$ pouces. Septième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de ÿ2 16. Avec une force de traction de 6 liv. & demie, le traîneau fe meut d’un mouvement incertain ; mais en l'ébranlant, il s'accélère toujours très- rapidement s’il eft tiré par un poids de 7 liv. & demie. Huitième expérience. Le traîneau chargé, fon poids compris, de452 1b. Avec une traction de 42 liv. en imprimant au traîneau une vitefle infenfible, il continue à fe mouvoir, & s'accélère rapidement ; mais fi on lui imprime une vitefle de 7 à 8 pouces par feconde, il ne faut qu'une traction de 30 liv. pour qu'il continue à fe mouvoir fans être retardé. L’huile adoucit beaucoup plus le frottement que le fuif, parce qu’elle a moins de confiftance. C'EALAFPAPIRIENLRE Effai fur la théorie du frottement. Avant de chercher les caufes phyfiques du frottement, nous allons taffembler les principaux réfulrats de nos expériences. 1°. Le frotrèment des bois gliffant à fec fur les bois, oppofe après un tems fuffifant de repos une réfiftance proportionnelle aux preflions. Cette réfiftance augmente fenfiblement dans les premiers inftans de repos ; mais après quelques minutes elle parvient ordinairement à fon maximum ou à fa limite, 2°. Lorfque les bois gliffent à fec fur les bois avee une viîteffe quelconque, le frottement eft encore proportionnel aux preflions; mais fon intenfité eit beaucoup moindre que celle que l'on éprouve en détachant les furfaces SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 22r après quelques minutes de repos. L'on trouve, par exemple, que la force néceflaire pour détacher & faire glifler deux furfaces de chêne après quelques minutes de repos , eft à celle néceflaire pour vaincre le frotte- ment lorfque les furfaces ont déjà un degré de vitefle quelconque, comme 9,5 eft à 2,2. 3°. Le frottement des métaux gliflant fur les méraux fans enduit, eft également proportionnel aux prellions , mais {on intenfité eft la même, foit qu'on veuille détacher les furfaces après un tems quelconque de repos , foit qu'on veuille entretenir une vitefle uniforme quelconque, 4°. Les furfaces hérérogènes , telles que les bois & les métaux gliffant lune fur l'autre fans enduit, donnent pour leurs frottemens des réfultats très-différens de ceux qui précèdent ; car l'intenfité de leur frottement relativement au tems de repos, croît lentement , & ne parvient à fa limite qu'après quatre ou cinq jours, & quelquefois davantage ; au lieu que dans les métaux elle y parvient dans un inftant, & dans Les bois dans quelques minutes. Cet accroiflement eft même fi lent que la réfiftance du frotte ment dans les vitefles infenfibles eft prefque la même que celle que l’on furmonte en ébranlant ou détachant les furfaces après trois ou quatre fecondes de repos. Ce n’eft pas encore tout : dans le bois gliffant fans enduit fur les bois, & dans les méraux gliffant fur les métaux, la virefle n’influe que très-peu fur les frottemens. Mais ici le frottement croît très- fenfiblement à mefure que l’on augmente les vitefles ; en forte que le frottement croît à-peu-près fuivant une progreflion arithmétique, lorfque les vitefles croiffent fuivant une progreflion géométtique. Ces quatre principaux faits vonc former la bafe de notre théorie du frottement, Le frottement ne peut venir que de l’engrainage des afpérités des furfaces , & la cohérence n’y doit influer que très-peu ; car nous trouvons que le frottement eft dans tous les cas ä-peu-près proportionnel aux prefions & indépendant de l'étendue des furfaces. Or, la cohérence agiroit néceflairement fuivant le nombre des points de contact, ou füuivant l’étendue des furfaces. Cette cohérence n’eft cependant pas nulle. Nous l'avons trouvée d'une livre deux tiers pour les furfaces de chêne non enduites. Mais elle peut être négligée lorfque le pied quarré eft chargé de pluñeurs quintaux. Les différences que préfentent les différentes matières dans les frotte- mens viennent de la nature de leurs parties confticutives. Les furfaces des bois peuvent être comparées à des brofles hériflées de petits poils qui s’engrainent. Îl faut par conféquent que ces afpérités cèdent à l'effort qui les plie ou les arrache. L'engrainage fera d'autant plus confidérable que la preflion fera plus grande. Les furfaces métalliques ne font pas hériffées d’aufli grandes inégalités. D'ailleurs, leurs parties dures ne cèdene pas ou très-peu à la preflion, Ainf le même engrainage ne fauroit avoir h > dis OBSERV'ATIONS SUR LA PHYSIQUE, lieu. Lorfque ces corps auront gliffé quelque tems les uns fur les autres} ces afpérités auront difpara en partie, & le frottement fera moins con: fidérable. Dans le frotrement des bois & des métaux enduirs de füif, Les fibres du bois font collées les unes contre les autres, & perdent une partie de leur élalticité ; ce qui diminue auffi le frottement, La fuite au mois prochain. DU SASA(), OISEAU DE LA GUIANNE;:; Par M. Sonnisr De Manoncour. C'Esr ainfi qu'il faut écrire & prononcer le nom de cet oifeau , 8 non zaza, comme je l'ai vu étiqueté dans quelques cabinets à Paris ; parce que cette dernière manière s'éloigne un peu de la prononciation des gens du pays, & du cri même de l’oifeau. Il habite l'Amérique méridionale ; cependant je ne l'ai retrouvé dans aucun des écrits de ceux qui ont traité l'Ornithologie de certe partie du monde. A la vérité, il eft repréfenré dans la fuperbe collection des planches enluminées du Cabinet du Roi (2), fous la dénomination de fai/an huppe de Cayenne, Mais dans l'ouvrage plus fuperbe encore que ces planches accompagnent; il eft rapporté à l'hoatzin décrit par Hernandez (3). Cet hoatzin du Mexique a, fans contredit, des reflemblances non équivoques avec le fafa que j'ai obfervé dans la Guianne, Néanmoins en comparant trèss fcrupuleulement la defcription de Hernandez avec l'examen que j'ai fait du fafa, jai cru m'aflurer que l’hoatzin de cet Auteur ou l’hoazin de lHiftoire naturelle, générale & particulière (4) , eft d'une efpèce bien diftinéte. En effec , il differe du fafa par fa grandeur , qui égale prefque celle d'une poule-d’inde, par, fon bec recourbé, par des taches d'un blanc pâle femées par intervalles d'un pouce, fur fes ailes & fur fa queue, par la couleur de fa huppe d'un blanc pâle en deflous , & noire en deflus, & enfin par fes pieds bruns (5). Il en differe encore par fes (1) Safa, nom de cet oïfeau à la Guianne. (2) Planch. 337. (3) De Hoatzin , feu ave fimilem nomini edente vocem. Hift. Avi, Nov. Hifp, cap. 10, page 320. 4 (4) Hit. Nat, des Oïfeaux, n-12. tom.4, page 146. (s) « Avis et galling indicæ penè magnitudine, incurvo roftro,. . ..lalis caudâque SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 habitudes , puifque, toujours au rapport de Hernandez, il ne paroït qu'en automne dans les contrées les plus chaudes du Mexique , & qu'il fait fa parure ordinaire de ferpens (1), au lieu que le fafa de la Guianne eft fédentaire & trugivore. Celui-ci peut donc être regardé, avec toute probabilité, comme une efpèce nouvelle , c'efl-à-dire, comme n’ayant pas encore été décrite. J'ai imaginé, d’après cela, qu'on liroit avec quelqu'intérér les remarques que j'ai été à portée de faire à fon fujer. Si c'eft un pas de plus dans la fcience ; c'en eft un bien petit fans doute ; mais ce n’eit qu'en difanr ce qu'il fait, & même le peu qu'il fait, que chacun pourra contribuer à la perfection de l'Hifloire Naturelle, qui devient tous les jours moins incomplerte ; depuis: que les Ouvrages de M, de Buffon ont univerfellement répandu le goût & la manière d'obferver, & que les Auteurs de ce Recueil en facilitant la communication des oblervations ,, ont ‘établi un dépôt infiniment précieux à la fcience de la nature. : ‘ De: tous les oifzaux de l'Europe, il n'en eft point avec lequel le fafa ait plus de conformité qu'avec le faifar : il en a lataille, le port , la forme du corps, celle du bec & des pieds. Quoique les teintes de fon plumage foient, en général , un peu fombres, leur enfemble ne laiffe pas que d'être agréable. Les plumes du deflus & des côrés du‘ col , de même que celles du dos, font brunes & marquées de blanc dans leur milieu, Les ailes ont leurs couvertures fupérieures brunes & bordées de blanc ; & leurs pennes d'un brun qui fe charge de roux à-mefure qu’elles s’éloignent du corps. Des reflets verds & cuivrés égaient Le fond obfcur du dos & des ailes. Les pennes de la queue font longues, d’un brun verdâtre, & terminées de blanc fale. Le blanc nuancé de roux eft la couleur de tout de deflous du corps, à l'exception que le roux elt fans mêlange fur les couvertures inférieures des ailes, fur le ventre & fur les jambes. Les pieds & les doigts fonr rouges, & les ongles noirs: Mais ce qui le diftingue plus particulièrement, c’eft une longue huppe formée de plumes étroites , roufles depuis leur naïffance jufqu’a la moitié de leur longueur, noirés dans Le relte, & dont les plus grandes defcenden: jufqu'au milieu du col. Il n'a pas la faculté de relever cette belle buppe en forme de panache, comme certains oifeaux , lorfqu’il eft affeété,, il peut feulement en foulever les plumes, ou plutôt les roidir, de forte qu'elles fe fou- tiennent horifontalement. Dans les mêmes circonftances fa queue s’élargit & s’arrondit en éventail. Cette efpèce d'oifeaux ne m'a pas paru fort nombreufe, du moins a —————_—_————_— » maculatis per intervalla pollicis colore candenti pallidoque...., fufcis cruribus » Criflam geftat conffantem plumis & candido in pallidum colorem vergentibus,, » fed dorfo earum nigro ». Hernandez , loco cirato. (1) « Veftitur anguibus, ,..,. apparet autumno ». Idem , ibidem. 224 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans les cantons de la Guianne que j'ai parcourus, Je les ai rencontrés quelquetois par paires , & quelquetois par troupes de fix ou de huit au plus, On ne les trouve jamais dans le. grands bois, ni dans les lieux elévési Îls fréquentent de prétérence les favannes noyées, & cetre préférence elt fondee far leur beloin ; car ils fe nourriffent des feuilles & des baies d'un très-grand arum que les Guiannois appellent Moucou-moucou (1). & qui ne croît que dans les endroits inondes, Par tout où il y a beaucoup de ces plantes, il y a auf, pour ordinaire, des fafas dont le nombre elt même en railon de l’efpace qu'elles occupent. Ce genre de nourriture qu'ils ne peuvent prendre qu'étant perchés, puifque les pieds des Moucou- moucous font dans l'eau même, leur fait contracter l'habirude de cette fituation ; aulli ne vont-ils jamais à terre. Pendant une bonne partie de la journée , ils demeurent tranquilles fur quelque branche baffle & ombragée, aux bords des eaux. Leur vol eft court & peu élevé. Du refle ils ne fonc poinc farouches; leur caractère paroïr être doux, paiñible & focial ; lorfqu'ils font en troupe, ils fe tiennent fur la mêine branche, rangés en file, & ferrés l’un contre l’autre fans querelle ni débar. Ils prononcent leur nom d’une voix forte, rauque & défagréable : ce n'eft pas le feul trait déplaifant qu'ils aient; ils exhalent encore une fi forte odeur de cafloreum que leur chair ne peut {e manger ; elle n'eft cependant pas tout-à- fair inutile; les Pêcheurs de ces contrées la coupent par mor- ceaux, & s'en fervent comme d'un excellent appât pour prendre un gs poiflon que l’on y nomme Torche, & qui elt une efpèce de Mules (2). (1) Arum arborefcens fagittariæ foliis. Plum, Barere, &c. Arum caulefcens reétum . foliis fagittatis. . .., Arum arborefcens Linnei. Aublet. Hit. des Plantes de la Guianne , page 835. Aninga-iba au Brefil fuivant Pifon, A5, du Brefil, Liv. 4, chap. 70. (2: Mugil maximus, Torfè. Barrere, H:ff. Nat. de la France équinox. page 174. Journal de Phyfique, Mai 1795. Fautes à corriger dans les remarques [ur l@ Mangoufle d'Egypte, par M. Sonninr DE ManONCOUR , page 326. Page 326, ligne 3 , d’en tuer, objet de la fuperflition, Zifez: d'en tuer, Objet da la füperfkrion. Ibid lign 14. obferver pleinement, /i/èx : obferver fainement. Pag..327, lign. 15, une pareille attention , /ifez : une pareille intention. Ibid. nors 3, ce VEgypte & l'endroit cité, lifex : de l'Egypte à l'endroit cité, Pag. 328, lign. 12 , d'une guerre rigoureufe , /i/ex : d'une guerre vigoureule, Pag. 329, lign. 3, c’eft que l’on a été une fois, effucez, c'elt que, Jhid, lin. :3, Corneille le Bruyet , Zifez : Corneille le Bruyn. J15id, lign. 14 6 38, & page 330, lign. 1, Neiïns, life: Nems, jus, LETTRE . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2 L'EXT-T-RSE A MONSIEUR DUCHÉ, De la Ville d'Auxerre : Par M. FROMAGEOT DE VERRAX. De Turin, ce 18 Juillet 1785. M owsreur; J'avois reçu le Journal de Phyfque du mois d’avril lorfque votre Lettre m'eft parvenue , mais je n'avois pas encore eu le tems de le lire, les devoirs de mon état me laiflant à peine aflez de loilir dans certe faifon pour foigner la grande quantité de chenilles que je nourris , en préparer par deflication , numéroter les nymphes, & augmenter de quelques nouveaux fujers la collection que j'expédie tous les ans à M. Bant de Rafmont de la ville de Gand, ; : Je ne dois pas vous laiffer plus long-tems dans l'erreur où vous êtes au fujet de M. Dantic ; le moyen de deflécher les larves qu'il a publié dans le Journal intéreffant de MM. Rozier & Mongez, eft à lui comme le mien eft à moi, je ne lui ai pas communiqué mon fecret comme vous l'avez cru, & je n’en fuis moi-même redevable qu'à mon goût pour l'Infectologie ; il faut avouer cependant que je n’aurois peut-être jamais eflayé de préparer les chenilles & larves, fi je n’avois vu à Paris au mois de janvier 1782 les eflais de M. Laurent à l'aflemblée de M. de la Blancherie. Vous le favez aflez , Monfieur , dans les grandes comme dans les petites chofes je ne fuis qu’imitateur , mais je fais toujours en forte d'aller plus loin que ceux qui m'ont précédé ; quand je dis les eflais, j'efpère que M. Laurent voudra bien me pardonner l’expreflion , fon ami M. Dantic convenant lui-même qu'ils n'ont pas atteint le degré de perfection; j’ofe me flatter que j’ai donné plus d’érendue à leur ingénieufe découverte, que je l'ai perfectionnée , autant qu’elle eft fufceprible de J'être, fimplifiée , & généralifée. Auffi-tôt arrivé à Lutin (il y a eu trois ans le printems dernier ) j'eflayai d’imiter les préparations de M. Laurent; fur plus de cent fujets que je préparai & fs deffécher dans un four à différens degrés de chaleur, il ne m'en réuffit que quelques-uns à la manière de M. Laurent, Tome XXVIL Part, IT, 1785. SEPTEMBRE. FF ‘226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; c'eft-à-dire, avec l'extrémité du corps noué d’un fl au-deflus de la dernière paire de pattes ; comme les difficultés ne m'ont jamais rebuté , je fis différentes autres expériences qui ne me réuflirent pas mieux , & ilme fut impoñlible de bien préparer la chenille du Gafé & quelques autres ; jy parvins enfin d'une autre manière que j'aurois rendue publique fi je n'avois craint de faire peine à M. Laurent, aûquel j'aurois écrit il y a deux ans fi j'avois pu favoir fon adrefle, pour lui communiquer le procédé dont je fais ufage, n’y eüt-il gagné que la dernière paire de pattes qu'il eft obligé de facrifier, l'avantage de réuñir fur tous les fujets, plus d’aifance dans l'opération , il m'en auroit fu gré. Vous connoiflez le moyen dont fe fervent MM. Dantic & Laurent, voici le mien : Eflayez l’un & l’autre. Pour vous faciliter la comparaifon du travail & des réfultats, je vais fuivre l’ordre de la defcription de M. Dantic, page 242 du Journal de Phyfque d'avril 1785. Tous mes inftrumens confiftent en un canif dont la pointe eft très- fine, un cylindre de verre ou une portion de tuyau de baromètre de quatre à cinq pouces de long, deux lignes de diamètre , des pinces ,' cinq ou fix chalumeaux de verre dont les pointes font plus ou moins fines, du fil, un morceau de linge blanc, du feu dans un réchaud , ou dans un fourneau de potager. Je ne diftingue point de tems plus avantageux l’un que l’autre pour Ja préparation des chenilles, je puis les prendre dans tous les âges, avant où après les mues, elles réufliffent également , ce qui eft d'un grand avantage pour les chenilles rares dont on ne connoît pas les plantes qui les nourriffent, ou qu'on a trop de difficultés à fe procurer. Je ne fais ‘pas mourir les larves que je veux préparer , parce que de telle manière qu’on le fafle, foit avec le camphre, le vinaigre, l'efprit- de-vin , l’alkali, le bain-marie, ou foit enfin avec le foufre , Les couleurs y perdent plus ou moins. Lorfque je veux préparer une chenille , je commence par mettre du feu dans un fourneau qui ne foit ni trop ardent, ni trop lent ; j’enveloppe la chenille dans un linge blanc, en ménageant la fortie de l'anus dont je reconnois le fiège par La preflion de la chenille entre le pouce & l'index ; cette preflion fait fortir l'extrémité du canal inteftinal que je perce ou élargis avec la pointe du canif ; preffant enfuite la chenille de la tête vers l'anus , il en réfulte l'évacuation totale des excrémens ; je pofe aufi-tôt le fujet qui eft encore vivant fur une feuille de papier , & pafle le cylindre deflus en l’appuyant légèrement de la rête à l'extrémité du corps pour faire fortir la liqueur qui y refte, après quoi j'introduis dans l'anus un chalumeau proportionné au fujet ; j'écarte la dernière paire de pattes avec les pinces , je pafle le fil que je noue entre le dernier anneau & la dernière paire de pattes, & le fixe par plufieurs tours au-deflus dela bole du chalumeau, je m’approche du fourneau fur lequel je À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 927 tiens la chenille à trois, quatre, fix pouces, même un pied de diftance du feu, en proportion de fa chaleur & du fujet à deflécher , je fouffle aufli-tôt dans Le chalumeau , & lorfque la peau eft enflée , je bouche avec la langue l'orifice du chalumeau pour empêcher l'air de s'échapper , c'eft alors que la chenille fe débat , fe plie en tous fens & finit , en expirant, par prendre l'attitude qui lui étoit naturelle de fon vivant, & qui eft fi particulière dans les {phinx & les arpenteufes ; c’eft en quoi j'admirois le plus l’art de M. Laurent, ne pouvant me perfuader que ce fût un fimple effet de la nature ; je tiens la chenille fur le feu jufqu'à ce qu'elle {oic parfaitement defléchée; il eft des fujers, rels que les chenilles des papillons, les larves des mouches à fcie , celles des ichneumons, des mouches, des teignes , qui font deflechées en vingr ou trente fecondes, d’autres, comme la chenille du grand paon , la larve du moine, celle du grand capricorne, qui exigent plus de vingt minutes, il faut gonfler à plulieurs reprifes ces dernières , c'eft ce que la pratique vous apprendra mieux en fuivant ma maniere. De cette façon tous les fujets réufliffent, & loin qu'une portion des inteftins reflée dans la peau nuife à la perfection du fujec ou .fafle manquer l'opération , elle ne contribue fouvent qu’à mieux imiter la _ nature vivante & conferver les couleurs naturelles; fi, par exemple, # M. Laurent enlève du corps de la chenille, comme le recommande M;Dantic, tous les vaifleaux aériens, les deux trachées, le boyau ombi- lical , il en arrive que dans tous les fujers dont la couleur eft indépendante de la peau & ne réfide que dans le liquide, comme à la chenille du grand & du petit paon de nuit, du lambda, &c. la peau refte fans couleur avant même la deflication , & qu: plus eft, doit ètre marquée de taches couleur de rouille après la deilication. M. Dantic convient que telles précautions qu'on prenne d’après fa manière, on manque toujours quelques fujets ; la mienne eft exempte de cet inconvénient, que les vers ou larves des mouches ou des ichneumons les rempliflent, comme il arrive très-fouvent, elles ne réuffifent pas moins bien , mais alors il faut que je fouffle continuelle- ment jufqu'à entière deflication ; dans ce cas la boule du chalumeau fert de dépôt à l'humidité de l'haleine, à fon défaut elle couleroit dans la peau & augmenteroir la fatigue. Toutes larves, mème les écailleufes , réufMfiflent écalement ; j’ai-porté plus loin ma manière, je lui ai affervi les araignées, la courtillière ou taupe-orillon , les fauterelles , le fourmillon, les larves aquatiques des demoifelles , & en général , non-feulement les infectes à étuis mois, mais même les fcarabées que j'ai voulu préparer avec les aîles ouvertes & les étuis fur les côtés. Je termine, Monfieur, par vous témoigner le regret que j'ai de n'être as connu de M, Dantic , auquel je pourrois être ici de quelqu'utilité , Toge XXVIT, Part. 11,1785. SEPTEMBRE. Ff2 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nos belles collines des environs de Turin produifant plufeurs papillons qui ne fe trouvent pas en France. M. de Lamanon a vu ici mon travail qui ne le cède en rien à celui de M. Laurent, & je ne doute pas que le témoignage qu'il en a rendu à fon retour à Paris n'ait fait l'effer que je défrois , celui de faire rendre publique la manière de préparer les larves - de M. Laurent, qui m'en a fait le plus grand myftère lorfque jai eu l'honneur de faire fa connoiflance à Paris au commencement de 1782. J'ai l'honneur, d'être, &c. SEEN TEE EEE PE TES DRE EE SENTE TOPRNEN EXTRAIT D'EXPÉRIENCES FAITES SUR LA DÉCOMPOSITION DE L'EAU: Par M FELix FONTANA, Direëleur du Mufeum de Phyfique & d'Hifloire-Naturelle de Florence. Éacrunr commence par prouver que les belles expériences de MM. Meunier & Lavoifier, inférées dans le Journal de M. PAbbé Rozier, ne font point propres à décider l’importante queftion, fi l’eau. eft une fubftance fimple, ou fi elle eft compofée d'air déphlogïftiqué & d'air inflammable. Il s'eft donc cru obligé d'entreprendre une nouvelle fuite d'expériences avec toute l'exactirude & la précifion dont il eft capable. Ayane mis dans un tube de cuivre rouge plufieurs fils de fer roulés en fpirale , il a expofé ce tube à un grand coup de feu, ayant foin d’y faire pafler dans le même moment une certaine quantité d'eau. À l’extré- mité du tube étoit adapté un appareil pour recevoir l'air & l’eau qui pourroient fe dégager. Il a obtenu beaucoup d’air inflammable. L'eau a paru détruite, excepté quelques gouttes qui étoient adhérentes aux tuyaux. + Le fil de fer qui avoir été ainfi expofé à la vapeur de l'eau & à l’action du feu, éroit aulfi fragile que du verre , & fe brifoit en le touchant. Sa furface étoit luifante & grainue comme du chagrin, & montroit un grain wès-fin. Ces grains bien examinés étoient compofés d’une grande quantité de cryftaux de fer & qui fe rapprochoient aflez des cryftaux de fer de la mine de l’île d'Elbe & d’autres endroits. Ces cryftaux paroiflent fous forme de pyramides quadrangulaires, quelquefois les deux pyramides s'uniflent bafe à bafe. Sous cetre première couche on en apperçoit une feconde compofée des mêmes cryftaux, mais beaucoup plus petits, Enfin, fi ce fer a été long-tems expofé à cette vapeur, il fe trouve tout changé en pareils cryftaux, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 229 Mais fi l’on expofe à la même vapeur des lames de fer plus larges, la cryftallifation eft-en général plus diftinéte , les cryftaux font plus yros & mieux prononcés. Si on fait pafler l'eau en vapeurs dans un tube de fer rouge, les cryftaux font moins marqués , plus irréguliers, & fouvent les parties de deilous paroiffent comme de petites veflies, Toute la fubftance du fer fe trouve changée en une pâte homogène. Sa furface interne ne paroît plus fibreufe , mais on la diroit compolée d’écailles luifantes ; & ces écailles ne font autre chofe qu'un amas de cryftaux qui réfléchiffenc la lumière en divers fens. Ces cryftaux font attirables à l'aimant. Les conféquences que l'Auteur a cru pouvoir tirer de ces expériences , font : 1°. Qu'il n'eft pas démontré que l'air inflammable {oit un des principes compofans de l'eau. 2°. Qu'il n’eft pas prouvé que Pair inflammable ne puifle pas être un produit du fér uni à la vapeur de l’eau. 3°. Qu'il n'eft pas prouvé que l'augmentation de poids du fer foit due à l'air déphlogiftiqué. 4°. Qu'il n'eft pas prouvé que l’eau ne puifle être unie au fer, ou à fa chaux, dans un état de grande divifion. 5”. Qu'il n'eft pas prouvé que l'air déphlogiftiqué foit un des principes compofans de l'eau , quand même il feroit prouvé que l'air déphlogiftiqué entre dans la compolition de ces cryftaux de fer. . 6°. Que l’analyfe de l’eau faite avec la plus grande précifion, ne démontre pas direétement ni que l’eau foit une fubftance compofée , ni quand même elle le feroit, qu'elle le foit d'air déphlogiftiqué & d'air inflammable, On ne prouve pas d'où vient cet air inflammable du fer expofé à la vapeur de l’eau, ni dans quel état l’eau fe trouve dans ce fer qui a fi fort augmenté de poids. 70. Que le fer en état d’incandefcence fe change tout en cryftaux par le moyen de l'eau ; ou pour mieux dire, que la vapeur de l’eau en enlevant au fer une grande partie de fon phlopgiftique s’unit à fa chaux , & forme ces cryftaux, en forte que ces cryftaux ne paroiffent autre chofe que l'eau unie à la chaux du fer; & fi on vouloit raifonner par analogie, on diroit que la nature pour former ces cryflallifations de fer dans les mines, s'eft fervie du même procédé, c'eft-à-dire , a employé l'eau & le feu, quoiqu'il fe pût que cette même combinaifon de l'eau & de Ja chaux de fer püc fe faire à froid. Peut-être eft-ce la même caufe qui a formé toutes Les autres cryftallifations métalliques. Et ceci paroît confirmé par Veau qu’on obtient en révivifiant ces métaux, Ainfi toutes ces cryftallifa- tions métalliques ne différeroient point des cryftallifations falines , & les unes & les autres auroient l’eau pour un de leurs principes, 230 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eos prennent | 2bos D ———— se RE NOUVELLES LITTÉRAIRES. Lx Société Royale de Médecine a tenu le 30 août 1785 fon aflemblée publique au Louvre, dans l'ordre fuivant. L. A l'ouverture de la Séance le Secrétaire perpétuel a dit: La Sociéré avoit propofé dans fa Séance publique du 26 août 1783, pour fujet-d’un Prix de la valeur de 600 liv. fondé par Le Roi, la queftion fuivante : Déterminer quels font les avantages & les dangers du Quinquira AT 7 f : È ? ‘ ‘ adminifiré dans le traitement des différéntes efpèces des fèvres rémittentes. Quatre Mémoires ont fur-tout fixé l'attention de la Compagnie, qui leur a diftribué des Prix dans l’ordre fuivart: Elle a adjugé le premier Prix confftant en une médaille d'or de la valeur de 250 liv. à M. Baumes , Docteur en Médecine à Lunel en Languedoc. Le fecond Prix confftant également en une médaille d’or de la valeur de 250 liv. a été décerné à M. Barailon, Docteur en Médecine à Chambon en Combrailles. La Société ayant été très fatisfaire des Mémoires cotés F & À avoit arrêté qu’elle décerneroit à leurs Auteurs une médaille d’or , de la même forme que les jettons d'argent qui font diftribués dans les Séances parti- culières de la Compagnie ; mais à l'ouverture du cachet du premier de ces Mémoires écrit en latin, & ayant pour épigraphe ce paflage d'Hippocrate : quæ profuerunt ob relum ufum profuerunt , &c. elle a trouvé que deux Médecins s'étoient réunis pour la rédaction de ces recherches ; cette circonftance imprévue a donné lieu à une nouvelle délibération d'après laquelle nous. offrons aujourd'hui à chacun d’eux une médaille d’or femblable à celle que nous n'avions d’abord deftinée qu'à un feul. Les deux Auteurs de ce Mémoire font MM. Rudolph Deiman & Pererfen Michell, Doéteurs en Médecine, Membres de la Socieré des Sciences d'Utrecht , réfidans à Amfterdam, = Le fecond Mémoire à l'Auteur duquel la Compagnie a adjugé une médaille d’or de la mème valeur que les précédentes , eft auffi écrit en latin; il a été envoyé par M. Pierre-Matthieu Nielen, Docteur en . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23» Médecine à Utrecht, qui a déjà remporté un des Prix de la Société Royale de Médecine, M. Ackermann , Docteur en Médecine à Zeulenrode en Saxe, a mérité l'Acceffrr. Depuis la dernière affemblée publique qui a eu lieu le 1f février de cette année, la Société a recu dix-huit Mémoires fur la topographie médicale, parmi lefquels quatre lui ont paru devoir mériter à leurs Auteurs les Prix qu'elle avoit à diftribuer. Le premier eft un traité très-étendu de la topographie des Vofges & de la Lorraine, & des maladies qui y font le plus répandues. L'Auteur de ce Mémoire eft M. Poma, Médecin à Saint-Diez. La Societé lui a adjugé une médaille d'or de la valeur de 100 liv, Elle a décerné à chacun des Auteurs des Mémoires fuivans, une médaille d'or, ayant la même forme que le jetton ordinaire de la Compagnie. 1°. À M. Jeunet, Docteur en Médecine, de Befançon , dont le Mémoire contient des détails très-bien préfentés fur la topographie médicale des montagnes de la Franche-Comté, 2°. À M. Bertin, Docteur en Médecine, réfidant a@uellement à Rofoi en Brie, Auteur d'une topographie médicale de la Guadeloupe , dans laquelle les maladies & les productions particulières à ce pays, font décrités avec foin & clarté. ; 3°. À M. Moublet-Gras, Docteur en Médecine à Tarafcon en Provence ; Auteur d’un Mémoire, dont la Société a été fatisfaite, fur la topographie médicale de cette ville. M. Houffer , Docteur en Médecine à Auxérre nous a fait parvenir un Mémoire fur la topographie hiftorique , phyfique & médicale de la ville qu’il habite. La Société croit devoir le citer le premier parmi ceux dont elle fait une mention honorable, Trois Mémoires ont paru dignes d’éloges par la précifion & la netteté avec lefquelles ils font écrits. L'un , fur la topographie [médicale de la Lorraine Allemande, a été rédigé par M. de la Flize, Docteur en Médecine à Sarguemines. L'autre, fur la topographie médicale de la ville d'Etampe , a été remis -par M. Boncerf, Docteur en Médecine, qui y réfide. Le troifième a été envoyé par M. Drouel , Docteur en Médecine à Luneville, Il eft relatif à la topographie médicale de cette ville & de fes environs. La Compagnie a arrêté qu’elle feroit une mention honorable d'un Mémoire intitulé : EfJai topographique & d'Hifloire naturelle du Mont- d'Or & des environs , par M. de l’Arbre , Doéteur en Médecine , Curé de la Cathédrale à Clermont-Ferrand. Comme il n’y eft fait aucune mention des maladies ,on ne peut le comparer à ceux dont nous avons 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parlé ci-deflus. La Société a cité avec éloge dans fa dernière Séance publique un Mémoire du même Auteur, fait dans le même genre fur la topovraphie de la Paroifle de Royac. POSTap. Tous les Mémoires & Obfervations feront adreflés , ainf qu'il eft d'ufage, à M. Vicq-d'Azyr, Secrétaire perpétuel de la Société, fous le couvert de Monfeigneut le Contrôleur-Général des Finances , dans le département & fous les aufpices duquel fe fait cette correfpondance. La Société propofe, pour fujet d'un Prix de la valeur de 600 liv. fondé par le Roi, la queftion fuivante : Déterminer dans quelles efpèces & dans quel tems des maladies chroniques la fièvre peut étre utile ou dangereufe, & avec quelles précautions on doit l'exciter, où la modérer dans leur traitement. Ce Prix de la valeur de 600 liv. fera diftribué dans la Séance publique du Carème 1787. Les Mémoires feront remis avant le premier janvier de la même année. Ce terme eft de rigueur. ME La Société propofe une feconde fois, pour fujet d’un Prix qu'elle a porté à la valeur de 600 Liv. la queftion fuivante : Déterminer quels avantages la Médecine peut retirer des découvertes modernes fur l’art de reconnoître la pureté de l'air par les differens eudiometres. Elle défire que l'on recherche par l'expérience , quelles font les inductions que l’on peut tirer des eflais de ce genre, lorfque l'air eft altéré par les vapeurs qui s'élèvent des malades dans les lieux où ils fonc raffemblés en grand nombre. Il feroit curieux de voir quel feroit le réfultat d’une fuite d’obfervations eudiométriques fuivies avec le même foin que celles des Phyficiens qui obfervent avec le baromètre & avec le thermomètre, Ce Prix de la valeur de 600 liv. dont 360 liv. ont été remifes par un particulier qui ne s’eft point fait connoître, fera diftribué dans la Séance publique de la Fête de Saint Louis 1787. - La Société a cru ce délai néceffaire pour donner aux Auteurs le tems que ce travail exige. Les Mémoires feront remis avant le premier mai 1787. Ce terme eft de rigueur, Les Mémoires qui concourront à ces Prix, feront adreflés franc de port à M. Vicq-d’Azyr, Secrétaire perpétuel de la Société, & feul chargé de fa correfpondance , rue des Petirs-Auguftins , N°. 2 , avec des billets cacherés, contenant le nom de l’Auteur , & la même Epigraphe que le Mémoire. Ordre Me : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 233 Ü Ordre des lettures. Après l'annonce & la diftribution des Prix, M. Dehorne a lu le plan de la topographie phylique & médicale de Paris. M. Vicq-d'Azyr, Secrétaire perpétuel, a fait la le@ure de l'Eloge de feu M. Cuffon | Docteur en Médecine , Aflocié regnicole à Montpellier. M. PAbbé Teflier a lu un Mémoire fur les avantages des migrations de troupeaux pour les préferver de maladies, M. de Fourcroy a fait la lecture d'un Mémoire fur la nature des” altérations qu'éprouvent les humeurs animales par l'effet des maladies ou par l'ation des remèdes, Le Secrétaire perpétuel a terminé la Séance par la leéture de l’Eloge de feu M. Bergman , Profeffeur de Chimie dans l'Univerfité d'Upfal , Aflocié étranger. Si Le tems l'eût permis, on auroit entendu la lecture, 1°. d'un Mémoire intitulé : Réflexions fur les Muladies épidémiques & fur le plan que la Société Royale doit fuivre dans la rédaétion de leur hifloire ; par MM. Delaporte & Vicq-d'Azyr; 2°. d'un Mémoire de M. Chambon, fur l'abus des faignées dans le traitement de la fièvre maligne. Société Royale des Sciences de Copenhague , du 3 Juin 1785. La Société Royale des Sciences établie en cette Ville, propofe pour Prix de cette année les fujets fuivans : I. Quæritur, unde prodierint Saxones tormentorum artifices , quorum Saxo libro XIII memirit , & quænam tunc temporis , quibufque Germaniæ locis celebriores fuerint ejufmodi officinæ ? IL. Genefin eleétricicatis aëriæ experimentis idoneis demonfrare. UT, Dato tormenti bellici ejufque globi diamerro, & affumpta pulveris pyrit quantitate globo ejaculando proportionali ex ‘principiis mechanicis & pyrotechnicis, omnes tormenti bellict ejufque fulcri dimenfiones diverfis ejufdem ufibus terr& marive convenienter deter- 7ninare, & inventi tormenti effetlum im jaëu horizontali & arcuato juxtà principia ab auvore flabilita definire , & experientiä confermare. Tous les Savans , excepté les Membres de la Société ici préfens, font invités à concourir pour le Prix, qui confifte en une médaille d'or de la valeur de cent écus argent de Dannemarck, & qui fera adjugée à celui qui aura le mieux traité chaque fujet. Les concurrens voudront bien écrire leurs Mémoires en Latin, François, Danois ou Allemand , & les adrefler avant la fin du mois de feptembre 1786 , à Son Excellence Monfeigneur Tome XXVII, Part, Il, 1785. SEPTEMBRE, Gg 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de Luxdorph, Confeiller Privé du Roi, Chevalier de Danebrog , Préfident de la Société; ils font priés de ne fe point faire connoître, mais de mettre une devife à la tête du Mémoire, & d'y joindre un billet cacheté avec la même devife, qui contiendra leur nom & le lieu de leur réfidence. Opufèules chimiques & phyfiques de M. T. BERGMAN , Chevalier de l'Ordre Royal de Wafa, Profeffeur de Chimie à Upfal, de l'Académie Impériale des Curieux de la Nature, des Académies & Sociétés Royales des Sciences & de Médecine de Paris , de celles de Montpellier, Dijon, Upfal, Stockolm , Londres, Gottingue , Berlin, Turin, Gottenbourg & Luden , recueillis , revus & augmentés par lui-méme , traduits par M. DE MOoRVEAU, avec des notes, tome fecond. À Dijon, chez L. N. Frantin, Imprimeur du Roi, 1785. Le célèbre Bergman a porté dans la Chimie une précifion , une clarté qui n'ont pas peu contribué à l’étonnante révolution que cette Science a éprouvée depuis quelques années. Que n'avoit-on pas à attendre de fi grands talens & d’un travail afidu , fi la mort ne l’avoit enlevé trop tôt (il n'avoit que quarante-neuf ans) à la fcience & à fes amis (1)! Nous ne pouvions que défirer de voir enrichir notre langue des produdtions de ce grand Chimifte. C’eft un foin dont M. de Morveau a bien voulu fe charger. Nous annonçons le fecond volume, & il nous promet bientôt le troifième. On doit fentir tout le mérite d’une traduétion faite par un aufli habile Chimifte que M. de Morveau. Il l'a rendue encore plus précieufe par les favantes notes dont il a accompagné le texte, Defcription & ufage d'un Cabinet de Phyfique expérimentale ; par M. SiGauD DE LA Fonp, Profeffeur de Phyfique expérimentale , Membre de la Societé Royale des Sciences de Montpellier | des Académies d'Angers, de Bavière, de Valladolid, de Florence, de Saint-Péterfbourg, &c. Seconde édition , revue & augmentée par. M. RouLanD, Profeffeur & Demonflrateur de Phyfique expéri- mentale en l'Univerfite de Paris : 2 vol. in-8°, avec fig. 12 Liv. Brochés. À Paris, chez Guefñer, Imprimeur , rue de la Harpe, 1784. Cette: nouvelle Edition d'un bon Ouvrage comprend beaucoup (1) Les Etudians d'Upfal viennent de faire graver une médaille à fon honneur, ayant d'un côté fon portrait avec cette infcription: Tobern. Beremann patriæ decus , ac decus ævi; & de l’autre ; Ephoro egregio natio fénnica, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 553$ d'additions intéreffantes que M, Rouland , neveu de l’Auteur & {on fuccefleur dans la même carrière, a cru devoir y faire, fur-touc en faveur des perfonnes qui fuivent fes Cours de Phyfique. Non-feulement il a donné plus de développement à la majeure partie des explications répandues dans le corps de l'Ouvrage, mais il a décrit & fait connoître plufeurs appareils ou inftrumens imaginés depuis le moment où cet Ouvrage élémentaire parut pour la première fois ; dans le nombre, nous dittinguerons ceux qui repréfentent la pompe de Hefle & la machine hydraulique de M. Vera , dans lefquelles l'eau eft élevée par un mouve- ment centrifuge; un appareil de dynamique inventé par M. Arwood , favant Phyficien de Londres, au moyen duquel on peut démontrer, par expé- rience & plus rigoureufement qu'on ne l’a fait jufqu'à préfent , les loix de l'accélération & de”la rerardation produites par la pefanteur dans le mouvement des corps auprès de la furface de la terre; enfin, un pyro- mètre d’une conftruction nouvelle. Cec inftrumenc eft deftiné à mefurer les degrés de dilatation qu'éprouvent les méraux durs, lorfqu'ils font expofés à la chaleur. M. Rouland, qui l’a fait exécuter, a évité les défauts qu'on reproche aux inftrumens du même genre dont le cadran eft horifontal. Dans celui-ci le cadran eft établi verticalement, en forte quon eut obferver de loin le mouvement de l'aiguille qui marque les degrés fucceffifs de la dilatation , ainfi que ceux du refroidiffement ; ce qui eft fort avantageux pour le grand nombre de fpectateurs que le delir de s'inftruire a raffemblés dans le même lieu (x). Mémoire fur l'Eleétricité médicale ; par M. MARAT, Doëeur en Médecine ; Ouvrage couronné par | Académie de Rouen : brochure in-8°. de 111 pag. prix, 2 liv. Chez Méquignon l'aîné, rue des Cordeliers , à Paris, Ce Mémoire , qui a obtenu à fi jufte titre les fuffrages d’une Com- pagnie favante, peut être regardé comme un Traité Elémentaire fur l'Elecricité médicale, fcience qui intérefle fi fort l'humanité. L'influence du fluide électrique fur Les fonctions de l’économie animale eft ramenée au vrai. En développant fes différentes manières d'aoir, lAuteur établit des principes lumineux, & des règles sûres d’admi- niftrer avec fruit l’électrifation dans les maladies où elle eft indiquée. N. B. On trouve chez le même Libraire une brochure de 33 pages, faifant fuite à ce Mémoire, Notions élémentaires d'Optique ; par M. MARAT , Doëeur en Méde- (1) On peut voir toutes ces machines dans le Cabinet de Phyfique de M. Rouland, hôtel de Mouy., rue Dauphine, à Paris, Tome XXVIT, Part. II, 1785. SEPTEMBRE. Gg2 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cine , brochure de 44 pages ; avec figures ; prix , 24 fols. Chèz Mequignon l'aîné, rue des Cordeliers , à Paris. On ne celle de demander aux Libraires de M. Marat fes Découvertes Jur la Lumiére, dont deux éditions confécutives ont éré fi promptement enlevées. Nous croyons devoir prévenir nos Lecteurs qu'on retrouve dans l’Opufcule que nous annoncons les belles expériences de l'Auteur fur les couleurs; expériences dont plufeurs font décifives contre la différente réfrangibilité des rayons hétérogènes. Cet Opufcule offre d'ailleurs le précis du grand Ouvrage que M. Marat prépare fur l'Optique ; fcience quil a enrichie, Analogie de l'Ele&ricité & du Magnétifme , ou Recueil de Mémoires couronnés par l'Académie de Bavière , avec des notes & des differ- 1ations nouvelles ; par J. H. VAN-SWINDEN , ci-devant Profeffeur à T'Univerfiré de Francquer , auellement Profeffeur de Phyfique € de Mathématiques à Amflerdam , Membre de plufieurs Académies, &c, 3 vol. in-8°. À la Haye, aux dépens de la Compagnie , fe trouve à Paris, chez la veuve Duchefne, 1785. M, Van-Swinden dont les travaux fur le Magnétifme & l’Electricité font fi connus, concourut pour le Prix propofé par l’Académie de Bavière fur la queftion fuivante: Ÿ a-r-1l une analopie vraie & phy- Jfigue entre la force électrique & la force magnétique, & s'il y en a une , quelle cf la manière dont ces forces agifJent fur le corps animal. El foutint qu'iln'y avoit point d'analogie entre ces deux forces, & fon Mémoire fut couronné. Le fecond Mémoire couronné: fut celui de M. Sreiglehner, qui fe décide pour l'analogie entre ces deux forces. Enfin, M. Hubner avoit aufli concouru , & reconnoifloit la même analogie, L'Académie publia aufli fon Mémoire, M. Van-Swinden dans des notes favantes difcute les raïfons de ces deux Phyficiens, & perfifte dans fa première opinion. I faut voir fes raifons dans l'Ouvrage même. Defcriprion & ufage des Baromèetres, Thermomètres € autres inftrumens météorologiques ; par M. GOUBERT, Ingénieur & Confiruéteur d'inffrumens de Phyfique, &c. Seconde édition, revue & confidéra- blerment aupmentée , avec un tableau de comparaïfon des Thermo- mètres. À Dijon, chez J. B. Capel, Imprimeur-Libraire, & fe vend à Paris, chez Alexandre Jombert jeune, Libraire du Roi pour l’Artille- rie & le Génie, rue Dauphine, 178$ , un vol. 1-8’, Lettre à M. le Baron w6 MARIVETZ, contenant différentes recherches Jür la nature, les propriétés & la propagation de la lumière, Jur la caufe de la rotation des Planetes , fur la durée du jour, de l’an- - SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 née, Ge. par M. LE Roy l'aîné, Horloger du Roi, Penfionnaire de Sa Majeflé. À Londres, & fe trouve à Paris , chez Lamy, Libraire, quai des Auguftins, & chez les Marchands de nouveautés ; 1785. M. le Roy ‘annonçoit une fuite à cette Lettre; mais les Sciences viennent d’avoir le malheur de le perdre. Entomologia Parifienfis , five Catalogus Infetorum quæ in agro Parifienfi reperiuntur, fecundüm methodum Geoffrænam , in fectiones, genera & fpecies diftributus : cui addita funt nomina trivialia & fere trecentæ novæ fpecies ; edente A. F. DE Fourcroy , Dod. Med. Parif. è Reg. Scientiar. Academ. è Reg. Socier. Med. 2 vol. in-12. Parifiis, via & ædibus Serpentineis, 178$, fub privilepio Academiæ. Tous les Savans connoiflent la méthode dont M. Geoffroi s’eft fervi pour clafler les infectes. M. de Fourcroy l'a fuivie dans cet Ouvrage, qui facilitera beaucoup aux amateurs l'étude des infectes des environs de Paris. Des Maladies de la Groffeffe ; par M. CnameoN DE MonTaux, Médecin de la Faculté de Paris , de la Société Royale de Médecine, pour completter l'Hifloire des Maladies des Femmes & des Filles, par le méme Auteur. Mulra alia commemorari poflent vocabula ftirpium à facultatibus eorum deducta, fed, & hæc ipfa fufficiunt. …, Plutarch. Symphoftacon. Lib. IT, pag. 641. A Paris, rue & hôtel Serpente, 1785, 2 vol. 1-12, M. Chambon a traité avec beaucoup d'étendue & d'intérêt cette matière difficile. , Prix propofés par l’Académie Royale des Sciences & Belles-Lertres de Pruffe, pour l'année 1787. La claffe de Philofophie expérimentale avoit propofé pour le fujet du Prix de l’année 1785 , La théorie de la fermentation. Comme on v'arien reçu de fatisfaifant fur cette queftion, elle eft renvoyée à l’année 1786. Il s'agit d'érablir par des expériences exaëtes , décrites avec clarté & précifion , la théorie de la fermentation , de la décompofition qu’elle fair éprouver aux corps qui la Jubiffent, & de la nouvelle compofition des principes qui en rèfultent dans Jes différens périodes. Le terme pour recevoir les Pièces eft fixé jufqu’au premier janvier 1786. La même clafle ayant examiné les Pièces envoyées au concours pour le Prix de la fondation de feu M. le Confeiller privé E/Ler, fur la queftion de l'Yvraie, a decerné le Prix au Mémoire Latin ayant pour devil: * Omnium rerum , ex quibus aliquid acquiritur , nihil efl agricultura melius. Cicero. «238 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L’Auteur eft M. Sebald Juflinus Brugmanns , Doët. en Med. &c. à Groningue. L'Acceffit a été accordé au Mémoire Latin , dont la devife ef : — lnterque nitentia culta Tnfelix lolium 6 fleriles dominantur avenæ. Virg. Le Prix de la clafle de Philofophie fpéculative fur la queftion : Quelle ef? la meilleure manière de rappeler à la raifon les Nations tant fauvages que policées , qui font livrées à l'erreur & aux fuperflitions de tout genre ® avoit été renvoyé à l’année 1785. Le Prix a été adjugé au Mémoire François ayant pour devife : ’AAX FO pe Tadra Ocov év yovrase xeîra. L’Auteur eft M. Ancillon , Pafteur de l'Eglife Françoife de Berlin. La même clafle propofe pour le Prix de 1787 la queftion fuivante: Quels font dans l'état de nature les fondemens & Les bornes de l'autorité des parens fur Les enfans ? Ÿ a-t-il de la différence entre les droits du pére & ceux de la mère ? Jufqu à quel point Les loix peuvent-elles étendre ou limiter cette autorité ? On invite les Savans de tout pays, excepté les Membres ordinaires de l'Académie, à travailler fur cette queftion. Le Prix, qui confifte en une médaille d’or du poids de fo ducats, fera donné à celui qui , au jugement de l’Académie, aura le mieux réuffi. Les Pièces, écrites d'un caractère lifible, feront adreflées franches de port à M. le Confeiller privé Formey, Secrétaire perpétuel de l'Académie, Je terme pour les recevoir eft fixé jufqu'au premier janvier 1787; après quoi on n'en recevra abfolument aucune, quelque raifon de retardement qui puille être alléguée en fa faveur. On prie les Auteurs de ne point fe nommer, mais de mettre fimplement une devife, à laquelle ils joindront un billec cacheté, qui contiendra, avec la devife, leur nom & leur demeure. La clafle de Mathématiques a propofé la queftion pour le Prix qui fera décerné en 1786. L’utilité qu'on retire des Mathématiques, l’eftime qu’on a pour elles, & l'honorable dénomination de Sciences exaétes par excellence qu’on leur donne à jufte titre, font dues à la clarté de leurs principes, à la rigueur de leurs démonftrations, & à la précifion de leurs théorèmes. Pour aflurer à cette belle partie de nos connoiffances la continuation de ces précieux avantages, on demande : j Une théorie claire & précife de ce qu’on appelleinfinien Mathématiques. On fait que la haute Géométrie fait un ufage continuel des irfriment grands & des infiniment petits, Cependant les Géomètres, & mème les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 Analyftes anciens, ont évité foigneufement tout ce qui approche de l'infini; & de grands Analyftes modernes avouent que les termes grandeur Znfente font contradictoires. L'Académie donc fouhaite qu’on explique comment on a déduit tant de théorêmes vrais d'une fuppolition contradiétoire , & qu’on indique un principe sûr, clair, en un mot vraiment mathématique, propre à être fubftitué à l'xferi , fans rendre trop difficiles , ou trop Po , les recherches qu’on expédie par ce moyen. On exige que cette matière foit traitée avec toute la généralité , & avec toute la rigueur , la clarté & la fimplicité poffibles. Le terme pour recevoir les Pièces eft fixé jufqu’au premier janvier 1786. La clafle de Philofophie expérimentale propofe une nouvelle queftion relative au Prix fondé par feu M. E//er. En voici l'énoncé : Comme dans la nourriture du bétail & lagriculture , les différentes circonftances locales empèchent qu'on puifle retirer par-tout des mêmes arrangemens des avantages réels & durables ; On demande, 1°. S l'on peut introduire par-tout la nourriture des bétes à corne, des brebis & des chevaux, dans les étables, en aboliffant les prés naturels 6 Les pâturages ? Ou ft cela ne fe peut point ? 2°. Par quelles obfervations & principes on pourroit prouver que, dans le cas affirmatif, le rapport des biens de campagne Jeroit le plus confidérable, fans que cela nuife à quelqu'autre befoin de l'Etat ? 3°. Quelles obfervations pourroit-on oppofer aux avantages de la nourriture du bétail dans les étables ? Et quelles fuites défavantageufes auroit-oh à en craindre ? Le fujet de ces queftions étant très-intéreflant , & les fentimens des Economes & des Agriculreurs érant partagés , l'Académie les invite à travailler à la folution de ce problème. Les Pièces feront reçues jufqu’au premier janvier 1787 ; & le Prix de 50 ducats fera adjugé dans l'affemblée publique du 31 mai fuivant. Faute à corriger dans le Cahier d’Aoûr. Paper, ligne 33, l'air déphlogiftiqué n’eft que l’air dépouillé de fon phlogiftique, Zifez : n’eft que l’eau. me TEANBAIRE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Sv PPLÉMENT à mon Mémoire fur les Volcans & Les Tremblemens de serre; par M. C, D, L, L. C. A. C. R. D*G. page 161 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: Expériences & Obfervations relatives à Air & à l'Eau ; par le Doëteur PRIESTLEY : lues Le 24 Février 1785, à la Société Royale de Londres, traduites de l'Anglois par M. BERTIN, 167 Procès-verbal contenant le procédé de M. FAUJAS DE SAINT-FONDS pour extraire du charbon de terre le poudron & l'alkali volatil, 188 Lettre de M. DE MERCK , Confeiller de Guerre du Landgrave de Heffe-Darmfladt, à M. FAuJAs De SAINT-FONDS, fur différens objets d'Hifloire Naturelle, . 190 Defcription & ufages d'une nouvelle Machine Géocyclique, de linventior de M. CANNEBIER, ancien Profeffeur de Mathématique à l'Ecole Royale Militaire , approuvée par l'Académie des Sciences , 192 Dejéription de la Pompe à Sein qui fe trouve chez M. Biancur, Phyficien, rue Saint-Honoré, vis-à-vis celle de Richelieu, N°.5$$, contemant fon utilité, & une méthode pour la manière de s’en fervir , 198 Extrait d’un Mémoire fur la théorie des Machines fmples, en ayant égard au frottement de leurs parties & La roideur des cordages ; Pièce qui à remporté Le Prix double de lAcadèmie des Sciences, pour l'année 1781 ; par M. Courom8, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis ,pour lors Correfpondant & depuis Membre de l’Académie des Sciences , 20% Du Safa , oifeau de la Guianne ; par M. SoNNint DE MANONCOUR , 222 Lettre à M. DUCHÉ, de La ville d'Auxerre ; par M. FROMAGEOT DE VERRAX, 225$ Extrait d'Expériences faites fur la décompofition de l'Edu ; par M. Ferix FoNTANA, Direëleur du Mufjeum de Phyfique & d'Hifloire Naturelle de Florence, ; 228 Nouvelles Lirttéraires , 230 PAP PFRNOEB AT-ON. Jar lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour * titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur l’Hifloire Naturelle & fur Les Arts, Ge. par MM. Rozier € Moncez le jeune, &c. La Colle&tion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leéteurs , mérite l’attention des Savans ; en éonfé- quence , j'eflime qu’on peut en permettre l’impreflion. À Paris, ce 27 Septembre 3785 VALMONT DE BOMARE. Jorkmbre 1785. dellier Le. am RS ER qe set 00 El ” EE DE ES \ 22 de 6 NP nm, a QT OCTOBRE 1785. | JOURNAL DE PHYSIQUE. | | EXPÉRIENCES Sur le Pourpre minéral'obtenu par le moyen du gaz tire « de l’Etain & de fa chaux ; Par M. le Comte DE Morozzo; - Traduites de llralien, par M, BsT, de Dijon. 1. Dass le tems où nos Chimiftes & nos Phyficiens font particuliè- rement occupés de l'examen des différens fluides aériformes , je ne crois pas me livrer à un travail infructueux en faifant part au Public de quelques nouvelles expériences que j'ai faites fur le gaz tiré tant de l'érain que de fa chaux; & en prenant de-là occafon d'en décrire uelques autres qui tirent leur origine des chaux métalliques. Il n'eft pas douteux que pour aflurer le progrès des Sciences , il ne faille recueillir & réunir une grande quantité de faits bien examinés, & multiplier les obfervations avant que de pañler à établir des théories brillantes qu'un feul fait peut détruire quelquefois, tandis que l’auteur qu'elles féduifent & qui sy complait, fait tous fes efforts pour les produire & les mettre dans le jour le plus favorable, au rifque même de bouleverfer les premiers élémens de la nature. De pareils fuccès, loin d'augmenter nos connoiflances, tendent à les diminuer & à les envelopper de nuages qui s'épaifliroient de jour en jour. J'efpère que les expériences que je vais décrire n’auront point ce défaut, puifque les conféquences que j'en déduis & que je ne préfente que comme de fimples conjectures, peuvent, toutefois, par l'examen & le rapproche- ment de beaucoup d’autres faits, acquérir le degré de certitude qu'on peut exiger, & qui fait le caractère de la vérité dans de telles matières. 2. Avant d’en venir au détail des expériences, je crois qu'il eft néceffaire de jetter un coup-d’œil fur l'appareil dont je me fuis fervi, (voy. la fig. 1, planche 1°.) À , eftun matras, B, une caraffe avec un tube recourbé pour pouvoir être introduit dans le matras. On peut aifément difpofer plufieurs de ces caraffes l’une fur l’autre , de manière que le tube de l’une s'intro- duife dans le col de l'autre, en paflant par le trou fait au liège dont on le Tome XXVII, Part, Il, 1785. OCTOBRE. Hh P 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; bouchera , & en fcellant exactement les jointures. C , eft une veflie armée d’une clef, ou robinet appliqué à la dernière caraffe de l'appareil pour recueillir le gaz. D, ef Le tube qui s’introduit dans le matras, & par lequel on y verfe la liqueur avec l’entonnoir E, & qu'il faut avoir foin de boucher au moment qu’on Ôôte l’entonnoir, Expérience I. 3. Je mis dans le matras une demi-once d’étain d'Angleterre en feuilles, avec environ une once d’acide muriatique , ayant enfuite ajufté au matras une caraffe qui contenoit une diffolution.d’or étendue d’eau diftillée & de couleur citron, j'y verfai environ deux onces d'efprit de nitre, & ayant retiré l’entonnoir , je bouchai exaétement l'appareil. Auffi-tôt l’effervefcence commença avec grande chaleur ; & le gaz dégagé traverfa avec rapidité la diflolution d'or, & pafla dans la veflie. La diflolution d’or fut précipitée quelque tems après en couleur pourpre; mais ce qui me furprit un peu, fut que ce précipité fe raflemblant au fond du vafe, laifla la diflolution limpide & tranfparente, comme l'eau diftillée dont je m’étois fervi pour l'érendre , ce qui n'arrive pas dans le procédé de la ceinture pourpre de Cafus, où toute la diflolution prend une couleur de violet foncé , qui peu-à-peu dépofe au fond en forme de mucilage, & dont l’eau retient fouvent une couleur rougeätre (1). Ayant examiné le gaz de la veflie, je l’ai trouvé quelquefois inflam- mable (2), donnant une flamme légère & bleue ; d’autres fois il paroif- foit propre à la refpiration , & à nourrir la flamme ; accidens déjà obfervés par MM. Prieftley, de Laflonne & Macquer (3); mais j'ai lieu de croire que ces variations tiennent à la manière d'en faire l'examen , puifque toutes les fois qu'il eft recueilli dans une cloche ou autre vafe rempli d’eau auparavant , il n'eft, à la vérité, pas toujours inflammable , mais il eft toujours plus ou moins méphitique, Ayant mis de ce gaz dans une diffolurion d’or & bien agité le mélange, je n'ai obtenu qu'un médiocre changement dans la couleur, & il ne s’eft fait aucune précipitation. LC (1) M. de Morveau a fait obferver le même phénomène au dernier cours de TAcadémie de Dion , en précipitant par une feuille d’étain une diflolution d’or faite dans l’eau régale par imprégnation à la manière de. M. Prieftley. L’or fur précipité partie en pourpre foncé qui fe dépofa au fond , partie en pellicule métal- lique qui furnageoit, & la liqueur fe trouva limpide comme de l’eau. Nore du Traducteur. . (2) Bien entendu que je le verfois dans le vafe avec un mélange d’air atmofphé- rique. (3) Foyez le Di&. de Chimie de Macquer , page 597 , tom. I, édit. 27-4°. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 243 Expérience IL Tout étant difpofé comme dans la précédente, fi ce n’eft que j'avois ajouté à l’appareil une feconde caraffe , de manière que la première où pañloit le gaz étoit pleine d’eau diftillée , & la feconde contenoit la diffolution d’or, je mis dans le mätras de l’étain & de l’acide muriatique, & j'excitai l’effervefcence par le moyen de l’acide nitreux. De cette manière je n'obtins aucun précipité dans la diflolution d’or. Mais après, ayant verfé la diflolution d'or dans la caraffe qui contenoit l’eau diftillée, quoique cette eau ne parûüt point de couleur laiteufe, j'obtins au bout de quelques heures le précipité pourpre. Ayant éprouvé le gaz, il donna les mêmes réfultats que dans l'expérience précédente. Expérience III. $- Quelques Chimiftes ont cru que le précipité rouge qu'on obrient de l'or par le moyen de la diflolution d’étain n'étoit dû qu’à un acide très-fort qui fe charge du phlogiftique de l’étain , & que fi l’on trouvoit le moyen d’avoir un acide phlogiftiqué très-concentré , on obtiendroit ce même précipité, même fans étain. Ceft ce qui m'a engagé à faire l'expérience qui fuic : Je remis de l’étain dans le matras , & je difpofai tout , comme dans la première expérience, fi ce n’eft que Rp diere caraffes, La première contenoit de l’eau diftillée ; la feconde la diflolution d’or; la troifième éroit remplie d'infufion de tournefol, & la quatrième enfin, contenoit des fleurs de bluets & des pétales de rofes bien ferrées; la veffie étoit adaptée à la dernière caraffe. IL n’y eut point de précipité dans la diffolution d’or. Ayant verfé cette diflolution dans l’eau diftillée, elle me donna, quelques heures après, le précipité pourpre, comme dans lexpérience précédente. L’infufon de tournefol devint rouge; les fleurs de bluets prirent une forte couleur d'écarlate, & les rofes une couleur de pourpre foncé (1). Le gaz donna toujours les mêmes phénomènes. L'on voit donc que l'acide quoiqu'aflez fort pour colorer vivement, foit les Heurs, foit la teinture de tournefol , ne fut pas néanmoins capable de précipiter en pourpre la diflolution d'or, . — ———— (1) Une circonftance qui mérite d’être remarquée , c’eft que les Aeurs qui étoient hors du courant du gaz ne changeoïient pas fenfiblement de couleur; on verra [a même chofe arriver dans l’infufon de tourne{ol , fi on y regarde au moment que le gaz Ja traverfe, maïs plus ou moins, fuivant la forme des vaïfleaux. Tome XXVII, Part. II, 1785. OCTOBRE. Hha2 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6. Je dois avertir que dans ces fortes d'expériences , aufli-tôt que le gaz a ceflé de fe dévager, l'abforption commence, tellement qu'il faut défaire l'appareil à tems, fi l’on ne veut rifquer de voir les liqueurs mêlées dans les différentes caraffes , & celle de la première dans le matras , ce qui m'eft arrivé quelquefois. Je dois dire encore que les précipités pourpres que j'obtenois fe for- moient dans un tems plus ou moins long; les circonflances étant tout-à-fait les mêmes , fans que j'aie pu em reconnoître la caufe. 7. Ces expériences montrent clairement que la couleur pourpre qu'on obtient eft due à ces particules fubtiles d’érain que le gaz élève & qui, dépofées fur l'or, forment l’or de Caflius ou le précipité pourpre (1). Un accident qui furvint dans ces expériences me confirma la vérité de ceci; comme je les jugeois très-propres à avancer les connoiffances phyfco- chimiques dans la théorie des airs faétices , je m'occupai à les répéter pluñeurs fois. Je pris donc un autre matras, & je tentai à différentes reprifes ces mêmes expériences , fans cependant qu’elles me donnaflent les mêmes réfultats. Je commencois à me défier de moi-même dans cette diverfité d'effets, quand je vins à remarquer que le matras dont je m'étois fervi la première fois , avoit le col de fept à huit pouces plus court que l’autre. Et en effet, ayant rogné le col de ce dernier, & l’ayant remis de nouveau en expérience, J'obrins tout de nouveau mon précipité pourpre. La longueur du matras ainfi rogné n'excédoit pas deux pieds de Paris. 8. Les réfulrats de mes précédentes expériences s'étant confirmés de cette manière, je pus en conclure avec jufte raifon que les fubftances aériformes tiennent en diflolution quelques petites parties des corps dont elles émanent (2), & que ces petices parties font élevées à des hauteurs dérerminées par le mouvement rapide de l'effervefcence; mais que cette impulfon ayant ceffé , la gravité fpécifique reprend fon empire fur elles , & les entraîne de nouveau. Ce qui fait connoître quelle doit être la circonfpection du Phyficien obfervateur , puifque dans ces fortes d'expé- riences , les réfultats varient felon les différentes hauteurs auxquelles le gaz doit s'élever , ou fuivant les fubftances qu'il a à traverfer. 9. Après avoir obtenu, comme on vient de le voir, le précipité pourpre, au moyen des émanations gazeufes de l’étain par la voie humide, je cherchai à l’obtenir par la voie sèche, foit du métal même ou de {a chaux , & je fis dans cette vue les expériences qui fuivent, (r) M. de Morveau établit dans fes notes fur les Opufcules de M. Bergman,, tom. Il , page 387, que le pourpre minéral eft une combinaifon faline dans faquelle la chaux d’étain fait fon@tion d’acide. More du Traduéteur. (2) I paroït que c’eft le fentiment de MM. Baumé, de Morveau & Wallerius, & d’autres Auteurs plus anciens. SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 245 Expérience IF. 10. Dans un canon de fufl dont la vis étoit bien foudée , & la lumière bien bouchée, je mis trois onces d’écain d’Angleterre granulé. J'y adaprai un tube de verre qui defcendoit dans un vafe plein d’une diflolution d’or, étendue dans de l’eau diftillée: à ce vale s’ajuftoit une veflie à flacon , armée de fa clef. (Voyez La fig. IL.) Je donnai à ce canon un feu très-violent pendant l’efpace de fepe heures & plus; mais il n’en fortit jamais aucune fubftance gazeufe. Au commencement la diflolution parut abaiflée dans le tube, mais il ne pañla pas la plus petite bulle d'air; au contraire après deux heures de feu, l'abforprion eut lieu. Je tentai plufeurs fois la même expérience, & ce fut toujours en vain, quoique le Doéteur Prieftley affure avoir extrait du gaz inflammable de différens métaux , fans l’inrermède d'aucune fubftance, foit en les mettant, comme j'ai fait dans un canon de fufl, foit dans des vafes de verre par le moyen du miroir ardent. Les métaux fur lefquels il fit cette expérience, font , le fer , le zinc & l'étain (1); & je n’en dois pas accufer le trop peu d'activité du feu , car je trouvai que dans le même tems différentes fubitances s’éroient vitrifiées dans le même fourneau (2). La diflolution d’or n'ayant pas éprouvé le moindre changement, j'examinai l'étain , je le trouvai calciné dans la fuperficie (3), & même vitrifié en quelques points. Son poids ne fut pas changé fenfiblement ; mais c'eft un fait dont il eft difficile de s’aflurer dans ces expériences, parce que la violence du feu détache du fer des fcories, dont il eft difficile de purger le métal mis en expérience. 11. Quoiqu'inutile pour mes recherches , cetre expérience me préfenra d’ailleurs un phénomène qui peut intérefler les Phyficiens, Une heure & demie environ après que le canon eut été mis au feu, la chaleur écoit fi grande dans toute fa longueur, qu'on ne pouvoit le toucher libremenc avec la main, pas même à l'extrémité, Mais enfuite quand l’abforprion commenca à fe faire, c'eft-à-dire, une heure après que le feu du fourneau eut été porté au plus haut point, le canon devint prefque froid, de (1) M. Lavoifer n’en à point retiré du plomb, & il y a lieu de croire que dans l'expérience de Hales, Pair qu’obtint ce Phyfcien fut fourni par l'appareil, (2) Le cé èbre Kirwan vient de mander tout récemment à M. de Morvean qu’ étoit parvenu à retirer du gaz-inflammable en diftillant un amalgame de zinc nou- vellement préparé, mais qu'il falloit pour cela des vaïfleaux proportionnés à la quantité de matière, & un feu gradué , parce que s’il y avoit trop d’air commun, le zinc fe calcinoit, & que fi la cornue étoit trop petite , le zinc montoit avec le merture, Note communiquée au Traduéleur. (3) Il faut voir les expériences de M. Lavyoifer qui font conformes fur ce faits (Opufeul, Phyf, & Chim. page 182. ) \ 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, manière qu’on pouvoit le toucher avec la main fans danger & dans toute fa longueur, & même à l'endroit où il étoit luté au fourneau. Ne pourroit-on pas conjecturer que l'air eft le conducteur de la chaleur ? que quand il a été abforbé par le métal dans le tems que fa furface eft réduite en chaux, la chaleur a ceflé ? Peut-être aufli les vapeurs abforbées par l’eau, quand il s’eft faic du vuide, font-elles caufe de ce phénomène. Expérience F. 12. Je mis dans un canon de fufil bien fermé trois onces de chaux d’étain , appelée potée d’étain, l'appareil étant le mème que dans l’expé- rience précédente , je donnai Le feu le plus violent , mais je n’eus point de réduction. Seulement la liqueur fut un peu abaiflée, mais il ne pafla aucune bulle ; & je n’attribue la caufe de cette preflion qu'à la dilatation de l'air que contenoit le vale. J'entrepris cependant de faire un nouvel efai avec l'addition de fubitances phlogiftiques, ce qui donna lieu aux expériences fuivantes. Expérience VI. 13. Je mis toujours dans le canon de fufil , & avec l'appareil ordinaire À une once & demie de chaux d’étain , & poids égal de réfine ; aufli-tôt que la chaleur commença à pénétrer le canon, il fe dégagea une prodigieufe quantité de gaz qui, traverfant la diflolution d'or, fe jeta dans la veflie, L'impétuofité avec laquelle il fortoit m'engagea à défaire l'appareil, & malgré cela j'obfervai que la diffolution d’or fut légèrement précipitée en couleur pourpre , quoique l’eau eût pris une couleur verd-clair , ce qu'on doit attribuer à la réfine. : La chaux d'étain dans le canon étoit prefque toute réduite en métal. Le gaz étoit inflammable, rendoit une flamme azurée & faifoit une forte détonnation (1); il étoit fi nuifible à la refpiration animale , qu'un moineau que j'y expofai mourut en peu de fecondes, fans que j'aie pu le rappeller à la vie par le fecours de l’alkali fluor. Une chandelle approchée de cer air, après en avoir enflammé la furface , s'éteignoit aufli-tôt qu'on l'y plongeoit davantage. 2 0 D 2 (n) Dans cette expérience de même que dans les fuivantes, quand il étoit queftion d’enflammer le gaz , je le verfois dans un vafe de verre à bouche étroite ; de cette manière il s’y méloit de Pair atmofphérique fans lequel on n'obtient ni inflammation ni détonnation, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 247 Expérience VII. 14. Dans un appareil femblable à celui des expériences précédentes, je mis une once de chaux d’étain , & autant de charbon pulvérifé, la diflolution d’or traverfée par le gaz fut précipitée en violet dans une heure de tems. La chaux fut entièrement réduite, le gaz s’enflamma avec forte détonnation , la flamme en étoit plutôt obfcure que brillante. IL étoit encore plus nuifible, c'eft-à-dire , plus mortel à la refpiration que l’autre, car un moineau que j'y introduifis périt encore en moins de tems. Expérience WIIL. 15. Je remis de nouveau une once de chaux d’étain & un poids égal de nitre dans le canon avec le même appareil. Il fe développa une grande quantité de gaz, & quand il traverfa la diflolution d’or , elle devint d’abord d'une couleur laireufe & opaque, mais après, elle prit une teinte de pourpre-clair , & il fe-précipita au fond du vafe une poudre de couleur lilas : la chaux fut réduite. gaz étoit d’une efpèce qui me furprit : il n’étoit que médiocrement . Le gaz étoit d’ fpèce q P q inflammable, ce n’étoit point du gaz nitreux , ce n’étoit point de l'air vital, comme on pourroit le conjecturer , c'étoit un gaz méphitique. Une chandelle s'y éteignit plufieurs fois , un moineau que j’y introduifis tomba en afphyxie, mais il ne mourut pas. 16. Je dois encore avertir que dans ces expériences, fi-tôt que cefle éveloppement du gaz, l’ablorption commence : que par cette rai le développ t du gaz, l’ablorp par cette raifon ès qu'on voit monter la liqueur du tube , il convient de défaire l’ap- d q $ pareil, fi l'on ne veut que la liqueur mife en expérience foit abforbée dans le canon, ce que j'ai vu arriver quelquefois, 17. Ces expériences prouvent que la chaux d’étain, en même-rems qu’elle fe réduit par Le moyen des fubftances phlooiftiques, laiffe échapper des parties fubtiles que la fubftance gazeufe entraîne avec elle: c'elt ce ue démontre la diflolution d'or précipité en pourpre. 18. Les Chimiftes modernes penfent généralement qu’on doit à l'air l'augmentation de poids qu’acquièrent les métaux dans la calcination ; mais celui que les chaux métalliques perdent dans leur réduction, n’elt pas feulement cet excès qu'elles avoient acquis, mais une partie de leur poids propre (1) & primitif. De-là vient que pour expliquer ce (1) La chaux de plomb perd dans la rédu@ion environ ? de fon poids, celle d'étain n’en perd qu’un dixième : de forte que fi l’on répétoit (ouvent la converfion de la chaux , * à # 57 SE 2e en métal & du métal en chaux, la (ubftance mile à une telle épreuve s'évanouirox 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; phénomène, on prétend que ce font les matières phlogiftiques qui l'enlèvent. Mais mes expériences prouvent clairement que cet excès eft la fubftance métallique la plus volatile qui s'échappe avec l'émanation gazeufe. 19. En réfléchiffant fur les réfultats de ces expériences , il n''eft venu dans l’efprit que ladiverfité des fentimens des Chimifes fur ces airs faétices, c’eft-à-dire, ces fubftances aériformes, pouvoit provenir de l'appareil qu'on a employé jufqu'à préfent, je veux dire celui qu'on appelle l’ap- pareil preumato - chimique , imaginé d’abord par le Docteur Prieftley, & pertectionné enfüite par M. Sigaud de la Fond : attendu qu'avec cet appareil quantité de fubftances gazeufes , en traverfant l’eau , y dépofent quelques particules légères prefqu'invifibles , & peut-être même quelques autres fe chargent d’un principe humide; ce qui fait qu'elles ne font plus dans l’état de pureté & d'agorégation où elles étoient au moment qu’elles émanoient des corps avec lefquels elles faifoient mafle, Et pour donner une preuve convaincante de mes conjectures, aux expériences rapportées ci-devant , j'en ajouterai deux nouvelles qui paroiflent décilives à ce fujet. Expérience IX, 20. L'appareil fut le même que celui de la première expérience ; (voyez La fig. 1.) Je mis dans un matras de la potafle que je faturai d’acide vitriolique. Le gaz, en fe développant pafloit par quatre caraffes avant d'arriver à la veflie qui étoit adaptée à la derfière, La première contenoit de l'eau diftillée ; la feconde de l’eau de chaux ; la troifième étoit remplie de fleurs de bluets, de rofes & de giroflée jaune des murailles ( ces fleurs en nature }, la dernière d’une infufion de tournefol, J'obfervai que l'infufion de tournefol devint rougeätre ; que l'eau de chaux donna un précipité : que les fleurs changèrent de couleur (1), & entièrement ; c'eft, du moins , ce que je foupçonne , mais les expériences que je vais commencer fur ces calcinations & ces rédu&tions , manifefteront indubitablement la vérité. (x) L’altération des couleurs dans les fleurs & fpécialement dans les rofes, obfervée par M. Prieftley , quand elles font expofées à la vapeur du gaz tiré de la bière en fermentation , eft également fenfble, fi on les expofe au courant de celui qu’on a obtenu , foit de la potafle, foit des pierres calcaires , par le moyen de l’acide vitrios lique : & jai remarqué que la couleur des rofes devenoit plus foncée fingulièrement à l'extrémité des pétales ; que les fleurs violettes deviennent rougeñtres , & que les jaunes n’éprouvent aucun changement ; enfin, j’ai obfervé que ces mêmes altérations y étoient produites par la vapeur du foufre ; j'en ai rendu compte dans les Mémoires de 12 Société Royale de Turin (tom. V, page 31 ); & j'en tirai en même-tems la conféquence , qu’on devoit les attribuer à l’acide fulfureux mis en liberté, &il n’y a pas d’autre caufe de altération des couleurs dans les fleurs qu’on expofe à l’aétion des différens gaz. J’ai toujours préféré dans mes expériences fur l’acidité des gaz, de enfin , | re = , SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 249 enfin , que le gaz méphitique offrit tous les phénomènes qu'on trouve décrits chez les Chimiftes modernes. La caraffe de l’eau diftillée ne fic voir d’abord aucun changement; mais je voulus qu’elle occupät toujours la première place de l’appareil dans les nombreules expériences que je fs; de forte qu'elle s’empara immédiate ment du gaz méphitique , & cela , peut-être, à plus de huit reprifes. Cependant, ayant décanté cette eau, après l'avoir fait un peu évaporer, & l'ayant laiflée enfuite repofer , je vis à ma grande farisfaction qu'it fe formoit au fond du vafe, un précipité que je reconnus pour étre un vicriol de potaile. Expérience X. Avec le même appareil que dans la précédente, je mis dans un matras deux onces de limaïlle de fer que je faturai d'acide vitriolique; la première Caraffe que traverfoit le gaz en fe dégageant étoit remplie d’eau diftillée ; la feconde, la croifième & la quatrième contenoient 1ss mêmes fubitances que dans l'expérience précédenre. J'ai trouvé & reconnu fur toutes les mêmes effets de l’ation du gaz que les Aureurs nous décrivent. La caraffe des fleurs qui ne contenoit que des rofes, préfenta un fait très-curieux (1). Je confervai, comme dans l'expérience précédente , la caraffe d’eau diftillée qui me fervoir conftamment dans un grand nombre d'expériences, même avec le gaz inflammable tiré du fer. Ayant enfuite examiné cette eau , je reconnus diftinétement qu'il s’y étoit formé dans le fond un précipité qui étoit du vrai vitriol martial, & je remarquai un léger enduit d’ocre fur les parois du vafe à la hauteur de la furtace de l'eau, J'effayai enfin de fubftituer à l’eau diftillée une infufñon de noix de galle, & j'obfervai qu’elle devenoit violette, & même noirâtre quand je l'avois fait traverfer plufieurs fois par le gaz inflammable, mettre des fleurs de bluets, ou d’autres fleurs violettes , au lieu de l’infufion de tournefol , ayant reconnu qu’elles étoient plus fenfibles que celles-ci, & que les couleurs s’en altéroient plus promptement. Dans toures les expériences faites fur les fleurs traverfées par le gaz ; j'ai obfervé le phénomène décrit dans la note 3 , exp. 3, favoir , que le gaz forme un courant dans le vafe, & que les fleurs que ce courant ne rencontre pas n'éprouvent point d’altération fenfible dans leurs couleurs. (x) Ces rofes prirent un violet plus foncé que dans la précédente expérience, principalément à l’extrémité des pétales, ce qui fait conjeéturer que ce gaz contient une plus grande quantité d’acide ; mais le phénomène qui me furprit fut que les rofes perdant leur odeur naturelle, en acquirent une très-fuave , comme celle de Véther vitriolique , à laquelle fe méloit encore un peu de l'odeur évaporée de la rofe, & qui rendoit la nouvelle plus agréable encore, 3 Ge Tome XXVIT, Part. II, 1785. OCTOBRE. li 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LES FORCES ATTRACTIVES DES ACIDES MINÉRAUX à Par M. KIRWAN. DERNIÈRE PARTIE («) Arès avoir déterminé ( avec toute l'exactitude dont je fuis capable } la quantité de chacun des acides minéraux que les alkalis & les terres exigent, pour leur faturation , ainfi que la quantité des mêmes acides que le phlogiftique prend lorfque par fon union avec eux , il les convertit en fluides aériformes ; j'ai voulu continuer le même travail fur les fubftances métalliques ; & pour cela j'ai tâché de me procurer des diffolutions de chacun des métaux dans les trois acides minéraux aufli faturées que pofible. Mais ces diflolutions métalliques retenant conftamment un excès d'acide , elles n'ont pas répondu immédiatement à mon objer, Cependant comme ces expériences fervent de bafe aux obfervations dont je vais parler, & que d’ailleurs elles méritent par elles-mêmes d’être connues à plufieurs égards , je vais rendre compte briévement de leurs réfulrats én me bornant fimplement aux circonftances qui ont du rapport à mon objet principal, ou qui n'ont pas été jufqu'à préfent expliquées d'une manière fatisfaifante. Les acides dont j'ai fair ufage dans ces expériences étoient déphlogiltiqués , au point d’être fans couleur. Les niéraux que j'ai employés étoient tirés en fils très-fins , ou réduits en poudre dans un mortier : je les ai mis peu-à-peu dans les acides, parce que de certe manière il s'en diflout une plus grande quantité que lorfqu'on mer tout à la fois, Les vaifleaux dans lefquels jai opéré étoient des ballons de verre furmontés d’un tube recourbé, Diffolution du fer par l'acide vitriolique. Cent grains de fer pur demandent pour leur diffolution à la tempé- rature de 6 degrés ( de Farenheit) 190 grains d'acide vitriolique réel, (1) La première partie de ce Mémoire a été traduite par M. Marchais, Voyez Journ. Ph;/f.tom. XXI, page x 34. La feconde partie a été traduite par M. de B, de Académie de Dijon, & fe trouve dans le méme volume, pages 188 & 356. & dans le come XXV, page 13. Cette füite nous a été fournie par M. Angulo pour moitié, & pour le furplus par Madame P***, de Dijon, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS; - 2çr dont la proportion de l'acide À l'eau dans laquelle il eft délayé foit:: 1: 8...10 ou 12. Cet acide agiroit également fur le fer, maïs pas avec autant d'activité, s'il écoit plus ou moins concentré. Si l’on applique vers la fin de l'opération une chaleur de 200° , 123 grains d'acide réel fuffifent pour la faturation dés 100 grains de fer, Le gaz produit dans cette opération eft entièrement inflammable ; {a quantité obtenue monte communément à 1$$ pouces cubes. Le fer fe diffout auf dans l'acide vitriolique concentré, mais en moindre quantité & à l’aide de la chaleur ; & dans ce cas il fe produit à peine du gaz inflammable , mais plutôt une grande quantité d’air acide vitriolique , comme le Docteur Prieftley l’a obfervé; il fe fublime fur la fin de l'opération une petire quantité de foufre. Ce fait eft une réfutation manifefte de l'hypothèfe de M. Lavoifier , car n’eft-il pas évident que la même fubftance qui s’en va fous la forme de gaz inflammable lorfqu’on emploie un acide délayé, doit, lorfqu’on en emploie un plus concentré, fe combiner avec lui & former de l'air vicriolique & du foutre ‘ Dans ke premier cas, elle ne peut pas s'unir avec l'acide à caufe de la grande quantité d’eau avec laquelle il eft combiné; &, comme certe liqueur contient beaucoup de feu fpécifique (1) à raifon de fa grande quantité d’eau , cette fubftance fe combine avec le feu devenu libre & s’élève en forme de gaz lorfque l'acide vient à s'unir avec la terre métallique, Dans le fecond cas, au contraire l’acide concentré contenant beaucoup moins de feu fpécifique ne peut pas s'élever fous la forme de gaz inflam- mable, parce qu’il lui faudroit pour cela une grande quantité de feu ; il s'unit donc avec l'acide ( lorfque celui-ci a été dépouillé de l'eau par la chaleur) & forme alors de l'air acide vitriolique & du foufre. Cent grains . de fer diffous fans chaleur donnent au-delà de 400 grains de vitriol de fer. Cent grains de vitriol de fer cryftallifé contiennent 2$ grains de fer, 20 grains d'acide réel & ÿ$ grains d’eau. Ces cryftaux calcinés jufqu'à devenir prefque rouges , perdent environ 40 grains, d'eau. Les chaux de fer font plus ou moins folubles dans cet acide fuivant qu'elles font moins ou plus déphlogiftiquées. Celles qui font phlogifti- quées , (comme , par exemple , celles qui viennent d’être précipitées par les alkalis fixes d’une diffolution de vitriol de fer) font plus folubles & donnent par l'évaporation des cryftaux, quoique plus pales que ceux formés directement par le fer; celles qui font moins phlogiftiquées font auffi moins folubles; c'eft-à-dire, qu'elles demandent plus d’acide réel pour être tenues en diflolution, & ne donnent pas des cryftaux, mais feulement un magma ou eau-mère. Les diffolutions de fer nou- DRE ms ee DRE ne CNE EE AUS 2e D de dé eee RE (x) IL paroït que l’Auteur entend par-là la matière de la chaleur. Tome XXWII, Part. 11, 1785. OCTOBRE. lisa 2$3 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vellement faites diminuent de volume, parce que leur phlogiftiqué s’évapore infenfiblement ; l’air qui eft en contaét avec elles devient par conféquent phlogiftique : lorfque la chaux fe trouve déphlogiftiquée à un certain point, elle fe précipite par degrés, à moins que l’on n'y ajoute plus d'acide qui la tienne en diffolution. Diffolution du fer par l'acide nitreux. Cent grains de fer demandent pour être diffous (& non pas fimple- ment calcinés) 142 grains d’acide nitreux réel dont la proportion de l'acide à l’eau foit:: 1: 13 ou 14. Lorfque l'acide eft dans ce rapport,on peut expofer la difflolution au feu de lampe pendant quelques fecondes , & empêcher le contaét avec l'air; il ne fe produit alors qu'environ 18 pouces cubes de gaz nitreux ; le refte eft abforbé par la diflolution , & il n'y a pas de vapeurs rouges. Mais fi la proportion de l'acide à l'eau eft::1:8ou 10, & que l'on y applique de la chaleur, il y a alors une plus grande quantité de fer qui eft déphlogiftiqué & une petite portion feulement eft tenue en diflolution ; c’eft par ce moyen que j'ai obtenu de 100 grains de fer 83,87 pouces cubes de gaz nitreux ; l'on pourroit même, en diftilant la diflolution , en obtenir une plus grande quantité qui a été abforbée par la diflolution elle-même. Il ne fe produit pas de gaz inflammable dans les diflolutions de fer ou d'un autre métal quelconque par lacide nitreux , parce que cet acide ayant moins d’affinité avec l’eau & plus avec le phlogiftique que Pacide vitriolique, & con- tenant d'ailleurs beaucoup moins de feu que les acides vitriolique & muriatique, comme on verra par la fuite, il s’unit avec le phlogiftique , au lieu de le dégager fimplement. De-là vient que l'acide vitriolique , quoiqu'uni avec 30 fois fon poids d’eau , agit encore fur le fer d'une manière non équivoque & en dégage du gaz inflammable à la tempé- sature de 55°, pendant que l'acide nitreux délayé feulement dans 1$ fois fon poids d'eau n’a plus d'aétion fenfible fur lui à la mème température, Les chaux de fers lorfqu’elles ne font pas trop déphlooiftiquées , font folubles aufli dans l'acide nitreux, quoiqu’avec difficulté, Diffolution du fer par l'acide muriatique. Cent grains de fer demandent 215 grains d'acide muriatique réel pour leur diffolution; la proportion d'acide à l’eau étoit : : 1 : 4 dans celui dont je me fuis fervi. Si le rapport étoit :: 1: 3 (1), l'effervefcence feroit trop violente, La chaleur eft plutôt nuifible qu’utile dans cette opération , parce qu’elle volatilife’acide. Il ne fe produit pas de gaz muriatique ; & (1) Il y a’encore ici dans loriginal 1: 4, mais il eft aile de voir que c’eft une faute d’unprefñon, Re de Ce D à. ere SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 253 la quantité de gaz inflammable obtenue eft juftement la même que lorfque l'on emploie de l'acide vitriolique foible. ñ Les chaux de fer font folubles ‘aufli dans l'acide muriatique; on peut diftinguer leurs diffolutions d’avec celles de-fer en régule en ce que les premières donnent avec les alkalis fixes un précipité rougeâtre & les fecondes verdatre, Ù Diffolurion du cuivre par l'acide vitriolique. Cent grains de cuivre exigent pour leur faturation prefque 183 grains d’acide vitriolique réel ; la proportion de l'acide à l’eau étant :: 1: : ou au moins :: 1: 3; & l'on doit y appliquer un degré de chaleur très-fore, Je n'ai jamais pu parvenir à difloudre entièrement le cuivre employé; pour en difloudre une quantité donnée, il faut en employer par excès dans le rapport d'environ 28 à 100; cependant le réfidu peut être diffous en y ajoutant plus d'acide. Lorfque le cuivre a été bien déphlogiftiqué de cette manière, l’on peut le difloudre facilement -en ajoutant de l’eau chaude à la maffe déphlopiftiquée. En déphlogiftiquant ainfi 128 grains de cuivre, l’on obtient 1 1 pouces cubes de gaz inflammable & environ 6$ de gaz acide vitriolique. Lorfque le gaz inflammable pale, l'acide eft un peu plus aqueux. La raifon pourquoi l'acide vitriolique foible ni même concentré ne peut déphlo- - giftiquer le cuivre, comme il fait avec le fer, fans le fecours de la chaleur, paroît venir de ce que le cuivre a beaucoup plus d’afinité avec le bhlopifique & en contient une bien plus grande quantité que le fer, comme on verra par la fuite. Cent grains de vitriol de cuivre contiennent 27 grains de cuivre , 30 d'acide &.43 d'eau. +:NS8t à La diffolution de 100 grains de cuivre donne 373 grains de vitriol leu, Diffolution du cuivre par l'acide nitreux. Cent grains de cuivre demandent 130 grains d'acide nitreux réel pour être diffous. Si l'acide fe trouve délayé au point d’être en proportion à leau:: 1: 14,il faut avoir recours à la chaleur ; mais elle eft inutile lorfque l’acide pafle ce degré, Cette diflolution donne 67 : pouces cubes de gaz nitreux. Les chaux de cuivre font aufli folubles dans cet acide, Diffolutivn du cuivre par l'acide muriatique. Cent grains de cuivre ont befoin de 119 grains d'acide muriatique réel pour être diflous ; à l’aide d'une chaleur modérée, lorfque l'acide eft en proportion à l’eau: : 1: 4, c’elt-à-dire , lorfque fa pefanteur fpécifique eft 1,186 ; fi on y appliquoic une chaleur plus confidérable, il faudroir 254 OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, lus d'acide, parce qu'il y enauroi- une plus grande quancité qui feroit volatilifée. Si l'on fe fert d'un acide plus concentré, il agit avéc plus d'activité. J'ai dit dans mon dertiier Mémoire que 8 grains & demi de cuivre donnoient 86 de gaz muriatique ; cependant je dois faire mention ici d’une circonftance à laquelle je ne fis pas attention dans ce moment-là; c’eft que le mercure fur lequel je.reçus le gaz, fut attaqué , & par con- féquent une partie du gaz obrenu dur être le rélulrat de cerre action. La conclufon que je tirai alors fur la quantité de phlogiftique contenu dans le gaz muriatique n’eft donc plus exacte. Il paroït que ce gaz contient plus de phlogiftique que je ne lui en ai afligné. Les chaux de cuivre font folubles aufli dans cet acide , quoique moins facilement que dans l'acide nitreux. Diffolution d'etain dans l'acide vitriolique. Cent grains d'étain demandent pour être parfaitement diflous, 872 grains d'acide vitriolique réel dont:la proportion de l'acide à l’eau foit au moins :: 1 : 0,9, & le fecours d’une forte chaleur. Lorfque l'acide n'agit plus , il faut ajouter de l’eau chaude à la diflolution qui eft trouble , & l'expofer de nouveau au feu. Certe diflolurion produit 70 pouces cubes ‘de gaz inflmmable. L'acide vitriolique plus délayé diflout auffi l'érain , mais pas en auffi grande quanrité, “ Les chaux d’étain font infolubles dans cet acide, excepréggelles que l'on obtient en précipitant le muriate d’étain par les alkalis fixes. Diffolution d’étain par l'acide nitreux. Cent grains d'étain demandent , pour être parfaitement diffous, 200 grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de l'acide à l’eau foi au moins ::1:2$, à l’aide d’une chaleur qui ne pafle pas 60°, l'on n'obtient de cette diffolution que 10 pouces cubes de gaz nitreux ; elle ne fe con- ferve pas, & dépofe au bout de quelques jours une chaux blanchâtre, Les chaux d’étain font infolubles dans cer acide. - Diffolution d'étain par l'acide muriatique, Cent grains d’érain exigent pour leur diflolurion 413 grains d'acide réel, dont la proportion de l'acide à l’eau foic comme 1 : 4,5, & le fecours d’une chaleur modérée. Cette diffolution produit environ 90 pouces cubes de gaz inflammable & 10 de gaz muriatique. Les chaux d’étain font prefqu'infolubles dans cet acide. Diffolution du plomb par l'acide vitriolique. Cent grains de plomb demandent pour leur diflolution 600 grains d'acide vitriolique réel, donc la proportion foit au moins::1: 07 de SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 2ÿs l'acide à l’eau ; la diffolution ne fe feroit que mieux fi la proportion de l'eau étoit encore moindre ; dans cette opération il faur employer (comme pour la diflolution du cuivre) une plus grande quantité de métal que celle que l’on peut diffloudre. Il faut y appliquer aufli un degré de chaleur confidérable ; & lorfque la mafle eft calcinée, l’on doit y ajouter de l'eau chaude, mais en petite quantité, parce qu'elle occafionne un peu de précipité. E L’acide vitriolique foible diffout aufli ce métal, mais en petite quantité ; il fuffit que fa pefanteur fpécifique foit 1,275 , pour qu'il l'attaque avec effervelcence. Les chaux de plomb font un peu plus folubles dans cet acide que le régule. Cent grains de vitriol de plomb obtenu pag précipitation con= tiennent 73 grains de plomb ; 17 d’acide réel & 10 d’eau. Le vitriol de plomb obtenu direétement par diflolution contient une grande quantité d'acide. à Diffolution du plomb par l'acide nitreux, Soixante-dix-huit grains d'acide, dont la proportion de l'acide à l’eau eft à-peu-près :: 1 : 11 ou 12, diffolvent 100 grains de plomb à l’aide de la chaleur appliquée vers la fin de l'opération; cette diflolution ne pro- duit que 8 pouces cubes de gaz nitreux. Les chaux de plomb font aufli folubles dans cet acide, mais elles le font moins lorfqu'elles font très- déphlogiftiquées. Cent grains de minium demandent 81 grains d’acide réel. Cent grains de nitre de plomb contiennent environ 60 grains de ce métal, Diffolution du plomb par l'acide muriatique. Cent grains de plomb exigent pour leur diflolution 600 grains d’acide muriatique réel lorfque la pefanteur fpécifique eft 1,141; on eft obligé d'employer la chaleur qui volatilife beaucoup d'acide, Il en diflout encore davantage lorfqu'il eft plus concentré. Les chaux de plomb font plus folubles dans cet acide que le régule même, Cent grains de minium demandent 327 grains d'acide réel ; mais la chaux blanche de plomb eft beaucoup moins foluble. Cent grains de muriate de plomb obtenu par précipitation contiennent 72 grains de plomb , 18 d'acide & 10 d'eau. Diffolution d'argent par l'acide vitriolique, Cinq cens trente grains d’acide vitriolique réel, dont la proportion de l'acide à l'eau foi 4u moins :: 1 :0,8, peuvent difloudre 100 grains d'argent pur; à ce degré de concentration cet acide agit foiblement far l'argent, mème à la température de 60 degrés : pour augmenter fon 256 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, activité & obtenir une diffolution plus abondante , il faut lui appliquer une chaleur un peu forte. Cerre folution donne 30 pouces cubes de gaz vitriolique. L'argent monnoyé demande plus d'acide pour fa diflolution , & donne plus de gaz vitriolique. Les chaux d’argent ,( c'eft-à dire, celles qui ont été précipitées de l'acide nitreux par les alkalis fixes) font folubles, même fans le fecours de la chaleur, daus l'acide vitriolique délayé, Cent grains de vitriol d'argent obtenus par précipitation contiennent 74 grains d'argent, environ 17 d'acide réel & 3 d'eau. ; Diffolution d'argent dans l'acide nitreux. Cent grains d'argent Le plus pur en demandent 36 d'acide nitreux réel, dont la proportion de l'acide à l’eau foit:: 1 : 6. [1 ne faut employer la chaleur que lorfque la diflolution eft prefque faturée; mais elle eft néceflaire depuis le commencement fi l’on fait ufage d’un efprit de nitre dont les proportions foient différentes. Les dernières portions d'argent difloutes de certe manière ne donnent point de gaz, L'argent monnoyé demande environ 38 grains d'acide réel, & fa diffolution donne 20 pouces cubes de gaz nitreux , au lieu que celle d'argent révivifié du muriate d'argent, n’en donne que 14. Diffolution d'argent dans l'acide muriatique. Je n'ai pas pu difloudre l'argent en état de réoule dans l'acide muria- tique ; je crois cependant que cela eft pollible à l'aide de beaucoup de tems. M. Bayen dans fon Traité de 1 Étain , page 207 , dit avoir diffous 3 grains & demi d'argent dans 2 onces d'acide muriatique concentré à l'aide d'une digeftion de quelques jours. Newman dir auffi que l'argent en feuilles eft corrodé par un efprit de fel forr. Suivant les obfervations de MM. Schéele & Bergman, l’acide muriatique déphlosiftiqué diffout aufli l'argent. Cet acide en état de vapeur produit le même effer. Cent grains de muriate d’argent contiennent 75 d'argent , environ 18 d’acide & 7 d'eau. Diffolution d'or dans l'eau régale. J'aistrouvé d’après plufeurs expériences que la meilleure eau régale pour la diflolution de l'or , eft celle qui eft faire avec trois parties d'acide muriatique réel & une partie d’acide nitreux réel , les deux acides étant dans le plus grand degré de concentration poflible ; il eft vrai que lorfqu'’ils font dans cet érar, il eft difficile d'empêcher qu'il n’y en air une grande quantité de volatilifée au moment de leur réunion, à caufe de la grande effervéfcence qui a lieu quelque tems après leur mélange. L'eau régale étant ainfi préparée, 246 grains d’acide réel diflolvent 100 grains d'or. x ; La SEXE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 La pefanteur fpécifique de l'acide nitreux que j'ai em>loyé étoit 1,465, & celle de l’acide muriarique 1,178. La diflolution fe fair mieux à l’aide du rems qu'avec le fecours de la chaleur; celle que j'ai employée n’a pas paflé de 90 ou 100 degrés. Il s’y produit peu de gaz, & Ja diflolution {e fait très-lentement. L'eau régale faite avec le fel commun ou le fel ammoniac & l'efprit de nitre , eft moins aqueufe que celle qui réfulte de l’union immédiate des deux acides, & par conféquent elle eft la plus propre pour la formation des cryftaux d'or. L'or fe diflout aufi dans l'acide muriatique déphlogiftiqué, mais en très-petite quantité , à moins que cet acide ne foit en état de vapeur ;/Car dans l’étac liquide il contient trop d'eau. I n'eft point foluble dans les acides vitriolique & nitreux ; mais Les chaux de ce métal font très-folubles dans l'acide muriatique ; elles le font peu dans lacide nitreux, & prefque pas du tour dans l'acide vitriolique. L'or dans fon état métallique peut être tenu en fufpenfion dans l'acide nitreux concentré, mais non pas diflous, Diffolution du mercure par l'acide virriolique. Deux cens trente grains d’acide vitriolique réel, dont la proportion de Pacide à l’eau foit au moins:: 1: 0,8, peuvent difloudre à l’aide d'une forte chaleur 100 grains de mercure. Il fe produit dans cette opé- ration du gaz vitriolique. Le précipité per je eft encore moins foluble que fon régule. Cent grains de vitriol de mercure obtenus par précipitation, contiennens 77 grains de mercure , 19 d’acide & 4 d’eau. Diffolution du mercure par l'acide nitreux. Cent grains de mercure peuvent être diflous, fans le fecours de la Chaleur , par 28 grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de l’acide à l'eau eft ::1: 1,52, l'acide nitreux beaucoup plus délayé peut encore diffoudre le mercure, mais en beaucoup moindre quantité, & avec le fecours de la chaleur, La quantité de gaz obrenu eft d'environ 12 pouces cubes, lorfque la diffolution a été faire à l’aide de la chaleur, & moindre lorfqu'elle a éré faire fans chaleur. M. Lavoilier dit en avoir obtenu une plus grande quantité de gaz; mais cela vient évidemment de l'acide nitreux qu'il aemployé, & qui , étant d'une couleur jaure ou rouge, contenoit par conféquent déjà beaucoup de phlogiftique. Toutes les fois que j'ai voulu diffoudre 100 grains de mercure dans trois fois plus d’acide qu'il ne falloit pour leur diflolution, & fans le fecours de la chaleur , je n'ai obtenu que 7 pouces cubes de gaz nitreux, & la diflolution eft devenue d’une couleur verte ; mais ayant appliqué la chaleur lorfque la diflolution étoic finie, j'ai obtenu deux pouces cubes de plus de gaz nitreux , & alors la diflolution a pris la couleur de l'huile d’olives, Tome XX VII, Parc. II, 1785. QCTOBRE. Kk . v Gÿ LE - 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ UE, Le précipité per Je fe diflour beaucoup plus dificilement dans l'acide nitreux que le mercure en régule, ce que j’attribue à l'attraction de é 1 ri he PERRET l'acide méphitique contenu dans le précipité. Diffoltion du mercure par l'acide muriatique. L'acide muriatique non-déphlogiftiqué & dans fon état de concentration ordinaire , n'attaque point le mercure; cependant M. Homberg aflure , (Mém. de P Acad. des Sciences de Paris, ann. 1700 )) avoir diffous le mercure dans de l’acide muriatique , dont la pefanteur fpécifique étoit 1,300, au moyen d'une digeftion foutenue pendant quelques mois. Les Auteurs du Cours de Chimie de Dijon aflurent aufli la diflolubilité du mercure dans cet acide quoiqu'en petite quantité. L’acide muriatique déphlogiftiqué , lorfqu'il eft en liqueur , n'attaque pas le mercure, à caufe de la grande quantité d’eau dans laquelle il eft noyé, mais il agit certainement fur lui lorfqu'il eft en étar de vapeurs. Le précipité per Je eft difloluble aufli dans cet acide à l'aide de la chaleur. Cent grains de muriate mercuriel corrofif contiennent 77 grains de mercure, 16 d’acide réel & 6 d’eau. Cent grains de mercure doux, contiennent 86 grains de mercuré & 14 d'acide & d'eau, Diffolution du zinc par l'acide vitriolique. Cent grains de zinc demandent pour leur faturation 100 grains d'acide réel , dont la proportion de l'acide à l'eau foic à-peu-près : : 1 : SION ou 12, & le fecours de la chaleur appliquée vers la fin de Popération. Lorfque l'acide eft prefqué faturé , il relte toujours une petite quantité d’une poudre noire infoluble. La quantité de gaz inflammable obtenue eft de 100 pouces cubes. L’acide vitriolique concentré diflout également le zinc à l’aide de la chaleur. 9 Cent grains de vitriol de zinc contiennent 20 grains de zinc, 22 d'acide & 53 d'eau. S Les chaux de zinc font folubles dans cet acide lorfqu'elles ne font pas extrèmement déphlogiftiquées. 4 Diffolution du ‘zinc par l'acide nitreux. Cent vingt-cinq grains d'acide nitreux réel , dont la proportion de l'acide à l’eau eft :: 1: 12, peuvent difloudre à l'aide d’une légère chaleur appliquée de tems en tems, 100 grains de zinc. Si l’on emploie la même quantité d’acide plus concentré, il y a moins de métal diflous, parce qu'une grande partie de l'acide eft volatilifée pendant l’effervefcence. Je n'ai pas pu obtenir de cette diffolution du gaz nitreux , quelques pré- cautions que j'aie prifes , c’eft que l'acide nitreux eft en partie décompolé pendant l'opération, ” E. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 259 Les chaux de zinc font folubles aufli dans cet acide lorfqu'elles n’ont pas été trop déphlogiftiquées. Diffolution du zinc dans l'acide muriatique. Deux cens dix grains d'acide réel dont-la propoition: de, l'acide À J'eau eft:: 1 : 9, peuvent difloudre à l’aide d'une lésère chaleur appliquée de rems en tems, 109 grains de zinc. Si l’on emploie un acide moins délayé , il faut une plus grande quantité d'acide, parce qu'il y ena une grande partie qui eft volatilifée pendant l’effervelcence, Les chaux de ce demi-imétal font aufi folubles dans cet acide, Diffolution, du bifinuth par l'acide Yieriolique. Deux cens grains d'acide vitriolique concentré, dont la pefanteur fpécifique eft 1,863 , ne peuvent difloudre} même à l’aide d’une forte chaleur, que 3 grains de bifmurh ; cet acide en diflout davantage lorfque le métal eft un tant foit peu déphloyiftiqué. Quatre cens grains d'elprit de vitriol, dont la pefanteur fpéciñque étoit 1,200, n’ont diflous qu'un grain de bifmuth. Les chaux de ce métal font beaucoup plus folubles dans cet acide; la diffolution de 3 grains a donné 4 pouces cubes de gaz vitriolique, Diffolution du bifmuth par l'acide nitreux. IL faut 100 grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de l’acide à l'eau foic:: 1: 8 vu 0, & le fecours d'une chaleur modérée pour diffoudre 100 grains de bifmuth. Cette diffolution produit 44 pouces cubes de gaz nitreux. Les chaux de bifmuth font auf folubles dans cet acide. es Diffolution du bifmuth par l'acide muriatique. Quatre cens grains d'acide muriatique ordinaire, dont la pefanteur fpécifique eft 1,220 , ne peuvent difloudre que 3 ou 4 grains de bifmuth. Diffolution du rickel par Lacie vitriolique, Cent grains d'acide vitriolique concentré diffolvent environ 4 grains de nickel à l’aide d’une forte chaleur, Les chaux de ce métal font beaucoup plus folubles dans cer acide. Diffolution du nickel par l'acide nitreux. Cent grains de nickel exigent y pour leur diflolurion,:112 grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de l'acide à l'eau efl:: 5:14ou 12, & lelfécours d'une chaleur modérée.’ E.orfque l'acide efticoncentré;.il agit avec tant de rapidité qu'une grande partie en eft volarilifée. La Tome XXVIT, Parc. II, 1785. OCTOBRE, Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; quantité de gaz nitreux produite eft de 75 pouces cubes. Les chaux de nickel font aufli folubles dans cet acide. Diffolution du nickel par l'acide muriatique. Deux cens grains d'acide muriatique , dont la gravité fpécifique eft 2,220 , peuvent difloudre 4 ou $ grains de nickel fans le fecours de la chaleur ; fi l’on fait ufage d'un acide plus foible, il en diffout moins, & il faut y appliquer la chaleur, Dans tous les cas où la diflolution fe fait avec difiiculté l’on peut augmenter la quantiré de méral diffous par le moyen de la diftillation & de la cohobation ; mais il n’eft pas ailé d'en afligner la proportion. …, Les.chaux de nickel font difficilement folubles dans cet acide, Diffolution du cobalt par l'acide virriolique. Quatre cens cinquante grains d'acide vitriolique réel , dont la propor: tion de l’acide à l’eau eft au moins :: 1: 0,7, peuvent difloudre 100 grains de cobalt à l’aide d’une chaleur de 270° au moins; en verfant de Veau chaude dans la diflolution , lorfque ce métal eft déphlogiftiqué , on parvient à le difloudre, Les chaux de cobalt font plus folubles que le régule; elles le font même dans un acide vitriolique foible, Diffolution du cobalt par l'acide nitreux. Denx cens vingt grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de Facide à l’eau eft :: 1 : 4, peuvent difloudre 100 grains de cobalt en appliquant la chaleur vers la fin de l'opération. Les chaux de cobalt font folubles dans cet acide, Diffolution du cobalt par l'acide muriatique. Cent grains d'acide muriatique , dont la pefanteur fpécifique eft 1,178, diflolvent à l’aide de la chaleur deux grains & demi de cobalt ; fi l’acide eft plus concentré, il en diflout davantage. - Les chaux de cobalt font plus folubles dans cet acide que le régule. Diffcluiion de l'antimoine par l'acide viriolique. Cent grains d'antimoine ( ez régule ) demandent pour leur diffolution 725$ grains d'acide réel , dont la proportion de l'acide à l’eau foit :: 1 : 0,7 & le fecours d'une chaleur de 400°. Il faut employer une plus grande quantité de régule que celle que l'on veut difloudre, & le fel réfulcanc demande une grande quantité d’eau pour être tenu en diffolution, car lorfque l'acide et concentré , l'eau qu'on y ajoute produit un précipité SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 261 confidérable. L'acide muriatique moins concentré diflout encore ce demi- métal , mais en plus petite quantité. " Les chaux d’antimoine , & même l’antimoine diaphorétique , font un peu plus {olubles que le réoule. Diffolution de l'antimoine par l'acide nitreux. Neuf cens grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de l'acide à l'eau eft :: 1: 12, diflolvent, à une chaleur de 110°, 109 grains de ce demi-métal. Cependant certe diffolution devient trouble dans peu de joure. Les chaux de ce régule font beaucoup moins folubles, Diffolution de l’antimoine par l'acide muriatique. Cent grains d'acide muriatique, dont la pefanteur fpécifique eft 1,220, diffolvent , à l'aide d'une légère chaleur, environ un grain de ce répule; lefpric de fel dont la pefanteur fpécifique eft 1,178, attaque encore ce régule , mais il en diflout encore moins. Je crois que cet acide concen- tré, & aidé d’une chaleur modérée, difloudroit à la longue une plus grande quantité de ce métal. Les chaux d’antimoine font beaucoup plus folubles dins cet acide, Diffolution de l'arferic par l'acide vitriolique, Deux cens grains d'acide vitrioique , dont la pefanteur fpécifique eft 1,871, diflolvenc à une chaleur de 250°, 18 grains d'arfenic ( en régule ) dont environ 7 cryftallifent par retroidiflement, & {ont folubles dans une grande quantité d'eau, Les chaux d’arfenic font plus folubles dans cet acide que le régule, Diffolution de l'arfenic par l'acide nitreux, Cent grains de ce demi-métal demandent 140 grains d'acide nitreux réel, dont la proportion de l'acide à l’eau foit :: 1: 11, &êle fecours de la chaleur. Ce demi-méral feroit également foluble, mais en plus petite quantité dans un acide nitreux plus ou moins concentré, Cette diflolurion donne 102 pouces cubes de gaz nitreux , le baromètre étant à 30 & le thermomètre à 60 degrés. Les chaux d’arfenic font auf folubles dans cet acide. Diffolution de l'arfenic par l'acide muriatique. Cent grains d’acide muriatique , dont la pefanteur fpécifique eft 1,220, diflolvent un grain & demi de régule d’arfenic. L’acide muriatique ordi- maire, c’eft-à-dire, celui dont la pefanteur fpécifique eft au-deflous de 3,17, n'a point d'action fur lui. Les chaux d'arfenic font moins folubles dans cet acide que dans Igs acides vitriolique & nitreux. La fuite dans le prochain Cahier, 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SUITE DES EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE È 1 DE M L'ABBÉ DICQUEMARE. -LIMACES DE MER. LA PALMIFÈRE. sp ‘ LE l'urine, auquel on avoit donné le nom d'acide perlé, n’eft pas un » acide particulier ; mais que ce n’eft que l'acide phofphorique mafqué » par une petite quantité d'alkali minéral qui lui eft uni. La finthèfe » confirme l’analyfe ; car l’Auteur en combinant l'acide phofphorique » avec l'alkali grinéral, a obtenu un véritable acide perlé », SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 Nouvelles Expériences & Ob/érvations fur divers objets de Phyfique ; par JEAN INGEn-Housz , Confeiller Aulique & Médecin de Corps de Leurs Majeflés Impériales & Royales, Membre de la Société Royale de Londres, &c. &c. À Paris , chez Théophile Barrois le jeune , Libraire, quai des Auguftins, N°, 18; 1785. . { Ce nouvel Ouvrage de M. Ingen-Houfz, dont différentes circonftances ont retardé l’impreflion en François, maloré le vœu de l’Auteur, et en partie une traduction de Diflertations publiées dans les Tranfactions Philofophiques, mais auxquelles l’Auteur a fait des changemens, additions & annotations. Les dix-neuf Mémoires qui y font contenus traitent de l'Eledricité, de l'Eleétrophore, du Magnétifme , des aimants artificiels , del air déphlogiftiqué , de l'air inflammable, &c, &c, & répondent à la réputation de leur célèbre Auteur, Mémoire fur l'Horlogerie , contenant une nouvelle conflru&ion de Monires fimples & à répétition , à roues de rencontre , approuvée par l’Académie Royale des! Sciences le 22 Décembre 1784, dédié à Monsieur frère du Roi ; par le Sieur HESSEN | Horloger, brevété de Monsieur. À Londres, & fe trouve à Paris, chez la veuve Efpric, au Palais Royal ; 1785. Colleétion Académique compofée des Mémoires ; Aëes ou Journaux des plus célèbres Académies & Sociétés Lirtéraires de l'Europe , concer- nant l'Hifloire Naturelle , la Botanique , la Phyfique, la Chimie, la Médecine , l'Anatomie , la Méchanique , &c, Ità res accedunt lumina rebus. Tomes huitième & neuvième, partie Françoife , contenant la fuite de l'Hifloire & des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris. À Paris, chez G. J. Cuchet, Libraire , rue & hotel Serpente; à Lièce, chez C. Plomteux , Imprimeur de Meffeigneurs les Etats ; 178$. Avec Approbation & Privilège du Roi. Préfens de Flore à la Nation Françoife , pour les alimens , les médica- mens , l'ornement, l'art vétérinaire , & Les arts & métiers ,ou Traité hiflorique des Plantes qui fe trouvent naturellement dans les diffe- rentes Provinces du Royaume , rangées fuivant le [yfléme de M. le Chevalier de Linné, avec tous les details qui les concernent ; par M.Bucx'oz, Médecin Botanifle & de quartier honoraire de Monsieur, ancien Médecin du feu Roi de Pologne & de Mor- Jeigueur le Comte d'Artois , Membre du Collège Royal des Médecins de Nancy, & de plufieurs Académies, tant étrangères que natio- nales , tome fecond en deux parties. Chez l'Auteur, rue de la Harpe, 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - au-deflus du Collège d'Harcourt; 178$, avec Approbation &c Privilège du Roi. Prix 18 Liv. les deux volumes 27-4°. compofés de quatre livraifons, On diftribue actuellement la quatrième. Meflieurs les Soufcripteurs font priés de retirer cette livraifon, en rapportant la quittance fignée de l'Auteur ; la cinquième livraifon paroîtra: fans foufcription , ainfi que les fuivantes. On en payera le prix à l’inftanc de l’acquifition ; elles feront annoncées par les Papiers publics. Differtation fur le Tabac, & fur fes bons & mauvais effets , in-fol, avec figures colorées. À Paris, chez M. Buch’oz. Prix , 4 Liv. 10 fols. Cette Differtation réunie avec celles qu’on diftribuera fucceflivement; formera une nouvelle Edition de l'Hifloire générale & économique des trois Règnes, qu’on publiera par partie, pour en faciliter l'acquificion aux Amateurs , & pour les mettre à même de choifir ce qui fera le plus à leur goût. “Mémoire fur la flruëture & les ufages des Epiploons ; par M. CHAUSSIER, A Dijon, chez Caufle, Imprimeur de l'Académie des Sciences ; 1785. Ce Mémoire eft plein de vues neuves & intéreflantes. Economie rurale & civile, où Moyens les plus économiques d'adminiftrer & faire valoir fes Biens de campagne & de Ville ; de régler fa Maïfon, Ja Dépenfe, fes Achats & Ventes ; d'exécuter ou faire exécuter Les Ouvrages des Arts & Métiers de l'ufage le plus ordinaire ; de conferver & rétablir Ja Santé & celle des Animaux domefliques ; d'occuper fes loiftrs avec utilité & agrément. Le tout rangé par ordre de Matières : Avec des Avis fur les Préjugés , Erreurs , les Fraudes, Artifices , Falfifications des Ouvriers où Marchands ; les Moyens de les connoître & de prévenir les torts & rifques. Ouvrage qui renferme les Connoiffances néceffaires , ou utiles, ou curieufes , préfentées de manière à étre entendues & mifes en pratique au moment du befoin, dans La plupart des pays , états & circonflances. Sept volumes in-8°. avec des Planches en taille-douce, propofés par Soufcription. On ne paye rien d'avance. À Paris, chez Buiflon , Libraire , hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins , N°. 13. 1785. Avec Approbation & Privilège du Roi. Commentatio Botanica de Renunculis Prufficis fcripta à C4ROLO- Goporrepo HAGEen, Medicinæ Doctore, & Profeffore , Facul- tatis Medicxæ Adjunéto, Pharmacopæo Regio Aulico, Academix Cxfareæ Nat. Curiof, Collego & Societatis Berolin. Nat. Scrutar, Membro honorario. À Konigfhers, chex Hartung ; à Strafbourg , chez Konig; 1784 , in-4°. de 41 pages. Ce Mémoire débute par préfenter diverfes généralités fur les renoncules, 7-1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 par décrire leurs caractères naturels & effenriels, & par!indiquer la place de ce genre végéral dans les différenres méthodes de Botanique. M. Hagen palle enfuire à chaque efpèce indigène à la Prufle. Loefel & Helwing, qui ont herborifé avec foin dans cette contrée, n’y avoient découvert que treize efpèces de renoncules. M. Hagen en a trouvé deux de plus; favoir , celles auxquelles le Chevalier de Linné a donné le füurnom de reptans & de polyanthemos. Suivons la marche de notre favant Botanifte Pruflien. Voici fa manière de décrire chaque efpèce. Il donne fon nom trivial avec la phrafe fpéci- fique , cite un grand nombre de fes fynonimes, indique l’er droit où elle naît, le tems de fa floraifon, la Se très en détail, vient enfuite Le dénombrement de fes propriétés ou de fes vertus médicinales. De tems en tems il y ajoute des remarques. La partie botanique eft très-foignée. Des obfervations réitérées, 8e une foule d'individus intermédiaires entre la Ranunculus auricomus & la caffubicus de Linné, ont engagé M. Hagen à ne les regarder que comme des variétés d’une même efpèce , auxquelles il a confervé le {urnom d'auricomus. Nous avons aufli remarqué dans nos herborifations des intermédiaires femblables , c’eft pourquoi nous foufcrivons au fentiment de M. Hagen. Nous croyons aufli qu'il a raifon de féparer, avec M. Cranrz, la Ranunculus fardous de la fceleratus ; mais il nous permettra de ne pas penfer comme lui, que la Ranunculus aquatilis de Linné, ne doive pas être diftinguée en plufieurs ou au moins en deux efpèces. Nous avouons que la forme des feuilles eft quelquefois changée par la diverfité des couleurs d’eau ; mais quand deux plantes croiflent près l’une de l’autre dans la même eau, confervent conftamment des feuilles différentes, il nous femble qu'on doit les regarder comme deux efpèces diftinctes , fur-tout, lorfqu'on ne trouve aucune variété intermédiaire. D’après ces obferva- tions, nous fommes bien trompés , sil ne faut pas abfolument féparer des autres la Ranunculus aquatilis peucedanifolius de M. Hagen, à l'exemple du Baron de Haller , & de quelques Auteurs Botaniftes eftimables. Au moins M. Hagen traitant ce fujet ex profeffo , auroit-il dû faire des obfervations réitérées, & même quelques expériences pour éclaircir ce point de Botanique. M. Hagen a recueilli tout ce que les Auteurs polyphormaques ont rapporté fur les diverfes efpèces de renoncules. Il n'a pas oublié de mettre à contribution la Monographie de M, Krapf, qui contient ta d'excellentes expériences fur le feul genre des renoncules. En un mor, il n’a rien omis pour rendre fa Differtation digne d’être lue de tous les Botaniftes & de tous les Médecins. Ce article efl de M, Willemet, Démonftrateur de Botanique à Nanci. LL À4 … - + = ” | 320 OBSERVATIONS SUR L A PHYSIQUE, 6c T'AS Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Expsr IENCES fur le Pourpre minéral obtenu par le moyen du gaz tire de l'Etaiën € de Ja chaux ; par M. le Comte DE Morozzo; traduites de l'Italien, par M. BsT. de Dijon, page 247 Expériences € Objervations fur les forces attraëives des acides minéraux ; par M. KiRWAN$ 250 Suite des Extraits du Porte-feuille de M, l'Abbé DiIcQUEMARE, Limaces de mer, 262 Lettre de M. ForDycE , à M. BAnKxs, lue à la Société Royale de Londres , le 28 Avril 178$, fur La perte de poids qu'éprouvent les corps fondus ou échauffés ; traduite del Anglois par Madame P ***, de Dijon, 26$ Mémoire fur les moyens de mettre le feu à des corps combuflibles au foyer d’un miroir concave , en plaçant un charbon ardent , ë animé par un foufflet au foyer d'un autre pareil miroir ; par M. Socin, Doëteur en Medecine à Bâle, ci-devant premier Medecin de S. A.S. le Prince Héréditaire de Heffe-Caj]el, 2638 Mémoire fur un nouveau Gaz obtenu par laëtion des alkalis fur le phofphore de Kunckel; par M. GENGEMBRE, Lu à l’Académie Royale des Sciences de Paris, le 3 Mai 1783, 276 Suite de l'Extrait du Mémoire de M. CouLoms, fur la thévrie des Machines fimples , 282 Extrait d'une Lettre dé M. CRELL , à M. D'ARCET, de l'Académie des Sciences , 257 Mémoire fur les moyens qu’on pourroit employer pour perfetionner la "Météorologie ; par M. SENEBIER , Minifire du Sairt Evangile, & Bibliothécaire de la République de Genève, 300 Nouvelles Littéraires, 315 ” ZAMPIPUR"O PB ANTI ON. e) Al lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour litre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l’'Hifloire Naturelle & fur Les Ares, ce. par MM. Rozrer & Moncez le jeune, &c. La Colle&ion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leéteurs, mérite l’attention des Savans ; en confe- quence , j’eflime qu’on peut en permeitre l’impreflion. À Paris, ce 29 O&@obre 278$ VALMONT DE BOMARE, COQ y AN GAS (ei 14 JS | JOURNAL DE PHYSIQUE. | Il NOVEMBRE 1785. le SUITE DE LA DERNIÈRE PARTIE DES EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS DE M KIRWAN, | Sur les forces attraëives des Acides minéraux (x). J'ai enfin parcouru toutes les bafes capables de s'unir avec les acides, à l'exception de fa manganèfe & de la platine, que j'ai négligées à deflein, ne pofiédant pas une aflez grande quantité de ces fubftances dans l’état de pureté néceflaire, pour des expériences exactes. J'ai également déterminé la quantité de chacun des acides minéraux néceflaires pour faturer chacune des terres, à l'exception des bafes métalliques, lefquelles demandent toutes un excès d’acide , non-feulement pour parvenir à les difloudre (à caufe qu'il y a toujours une partie de l’acide qui eft convertie en gaz par fon union avec le phlogiftique du métal) mais aufi pour que leurs diflolutions fe confervent tranfparentes & fans précipité, Il eft aifé maintenant de trouver la quantité d’une bafe quelconque, qu'une quantité donnée de chacun des acides minéraux peut prendre; car fi 100 grains d'une bafe quelconque demandent pour leur diflolution au point de faturation une quantité a d’acide , 10000 grains de ce même acide diffoudront ——— grains, La proportion des ingrédiens que j'ai affignés aux différens fels neutres paroît au premier abord très-différente de celle indiquée par M. Bergman ; j'avouerai même que cette différence dans les réfultats m'a tenu pendant quelque tems fort inquiet, ayant la plus haute confiance dans l’adreffe & dans le jugement de cer excellent Chimifte; mais après un examen réfléchi , j'ai enfin trouvé qu’elle étoic plutôt apparente que réelle, En effer, M. Bergman ne s'eft jamais propofé de dérerminer la quantité d’acide réel contenu dans chaque fubftance. Il a donné le titre (x) Voyez le Cahier précédent. Tome XXVIT, Part. Il, 1785. NOVEMBRE. Si 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’acide ( fuivant l’ufage des Chimiftes qui l'ont précédé ) aux liqueurs qui contiennent cette fubitance dans le plus grand état de concentration poffible, ou du moins dans un très-grand état de concentration ; mais qui outre l'acide contiennentencore, fans le moindre doute, une portion indéterminée d’eau. Quant à la quantité d’eau , M. Bergman a entendu communément par-là, l'eau que ces fubftances retiennent dans leur cryftallifation ; c’eft ainf que dans le premier volume de fes opufcules (page 152, édit. fr.) il dit que 100 grains de vitriol de fer contiennent 23 grains de ce métal, 39 d'acide vitriolique, & 38 d’eau ; & dans fa Differtation fur les produits volcaniques, $. XII, il dit que 100 grains de vitriol de fer contiennent 24 grains de ce métal , 24 d'acide vitriolique déphlegmé & 52 d’eau. Ce dernier calcul differe à peine du mien, par lequel je trouve dans 100 grains de vitriol de fer 2$ grains de ce métal , 20 d’acide vitriolique réel & 55 d'eau; & la petite différence qui fe trouve entre nos réfultats vient manifeftement d'une portion d’eau contenue dans fon acide vitriolique déphlegmé. La différence la plus remarquable entre nos réfulcats eft fur la quantité des acides minéraux que les alkalis demandent pour leur fatu- ration ; car fuivant les expériences de MM. Bergman & Scheffer, ils prennent plus d'acide vitriolique que d’acide nitreux , & plus de celui-ci que d'acide muriatique , tandis que fuivant MM. Homberg, Plummeo , Wenzel & moi, cela n'arrive pas ; ceci vient probablement des différens degrés d’évaporation auxquels on a obtenu les cryftaux de ces fels. Voilà pourquoi je n'ai pas voulu me fervir des cryftaux pour ces recherches, mais des fels entièrement defléchés au moyen d'une parfaite évaporation. Pour ce qui regarde la quantité de bafe foit terreufe , foit métallique des autres fels, mes expériences fe font trouvées prefqu'entièrement d’accord avec celles de M. Bergman, Les avantages qui réfulrent de ces recherches font très-confidérables elles tendent ouvertement, non-feulement à l'avancement dela Chimie, dont l’objet eft de fixer d’une manière exacte la quantité & la qualité des parties conflituantes des corps, mais auf à la perfection de la pratique de cette fcience. 1°. Perfonne n'ignore que les Chimiftes anciens, & même he uns des modernes , ont décrit d’une manière fort inexacte plufieurs procédés importans : ils caractérifent fouvent , par exemple , l'énergie de l'acide dont ils ont fait ufage dans leurs opérations par la quantité d’alkali fixe, de terre ou de métal qu’une quantité donnée du même acide peut neutralifer ou difloudre ; or, les obfervations précédentes nous indiquant immédiatement la quantité d'acide réel néceffaire pour produire des effets femblables , le furplus de ce qu’on a employé n’étoit donc que de l’eau ; connoiffant de plus aujourd'hui les quantités refpectives d’acide & d’eau , il eft aifé de trouver d’après les Tables précédentes la pefanteur fpécifique de l'acide & d’en préparer un de la même force. Sclurer ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 323 dans fon Traité fur l’art des eflais (1) (le meilleur qui aïe paru fur cette matière ) dit que la meilleure eau-forte pour féparer l'argent de l'or eft celle dont une livre diffout une demi-livre d'argent; par conféquent 1000 grains de la même eau-forte diffoudront ÿo9 grains d'argent, Or, nous avons yu par les expériences précédentes que 109 grains d'argent d’aloi demandent pour leur diflolution 38 grains d'acide nitreux réel; $00 grains d’argent demanderont donc 190 grains d'acide , &:. par conféquent 1090 grains de l’eau-forte employée par Schlurter devoit contenir 190 grains d'acide réel & 810 grains d'eau ; ayant enfuite recours à la Table de l'acide nitreux , nous trouvons par la règle des proportions que la pefanteur fpécifique de cet acide doit être à-peu-près 1,267 ; car 190: 810:: 393 d’acide : 107$ d'eau. Cette proportion eft à la vérité un peu plus forte que celle que j'ai employée , mais Sclusrer a fait ufage de la chaleur du bain de fable. fout eh 2°. L'importance de ces recherches pour l’art de la Pharmacie n’eft pas moins évidente , fur-rout relativement aux médicamens compofés avec des fubftances métalliques dont le degré d'énergie dépend de la proportion des ingrédiens , & de leur action réciproque, 3°. Ce degré de précifion doit aufñli contribuer beaucoup à la perfection des arts de la teinture & de l'émail , les procédés dont on fe fert pour préparer les ingrédiens étant très-incertains, C'eft ainfi que l'opération du pourpre minéral ou précipité de Caflius par la méthode ordinaire, manque fouvent , parce que la force des acides employés n’eft pas bien déter- minée. 4°. L’ufage que l’on peut faire de ces connoiffances dans l’analyfe des eaux minérales & dans l’eflai des minéraux , a été bien développé par l'illuftre Bergman dans les excellentes Differtations qu'il a données fur cette matière (2). J'ajouterai encore que la connoïflance de la quantité d'acide néceflaire pour la diflolution des fubftances métalliques peut nous fournir un nouveau moyen, non-feulement pour les diftinguer les unes des autres, mais aufli pour diftinguer celles qui font pures de celles qui font alliées, & même pour connoitre la quantité & la nature de l'alliage. C’eft ainfi que 100 parties d'argent pur demandent moins d'acide nitreux pour être difloutes que 100 grains d'argent au titre. En diflolvant dans l'acide muriatique , une fubftance métallique quelconque fufifamment diffoluble dans cet'acide , l’on peut connoître fi elle contient la moindre parcelle d’argent , de mercure ou d'arfenic , qui y font prefque infolubles , ou d'antimoine , de cobalt , de nickel ou de bifmuth, qui n'y font folubles qu'en petite quantité. (x) Volume premier , page 332 dela Traduét. Francoife. (2) Opufcul. tom. IT, pag. 351 & 404 de l'édition Franc, Tome XXVII, Part. LI, 1785. NOVEMBRE. Sfa 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mais l'objet principal que je me fuis propofé depuis peu dans ces recherches, a été de dérerminer le degré d'affinité ou d’attration qui exifte entre les acides minéraux & les différentes bafes avec lefquelles ils peuvent fe combiner ; objet de la plus grande importance, puifqu’il doit {ervir de fondement à la Chimie confidérée comme fcience, Je n’ignore pasique l’on a beaucoup travaillé fur cette matière , & que l'on a fait plufieurs obfervations générales; mais celles mêmes qui paroiffene le plus folidemerit établies fe font trouvées fujetres à plufieurs exceptions, ce qui a donné inaiffance à la diverfité des Tables d’afinité qui exiftenr, & qui a fait même douter à des Chimiftes du premier ordre que l’on pût jamais parvenir à découvrir une loi générale, Ces Savans auroient cepen- dant mieux fait (comme le dit très-bien le judicieux Bergman) d’obferver attentivement toutes les circonftances des anomalies qui proviennent fans doute de l'aétion de quelques forces nouvelles, & d'établir des règles adaptées aux phénoméenes obfervés dans l'action de ces puiflances antagoniftes. Ceit-là le plan que j'ai fuivi ; mais avant de Le développer, je dois confidérer mon fujet plus en grand. L'afinité chimique ou l'attraction eft cette puiffance qui unit les parties invifibles des corps entr’elles d’une manière fi intime: qu'il n’eft plus poñible de les féparer par des moyens purement méchaniques, & elle differe par-là des attractions magnétique & électrique, Elle differe éga- lement de l'attraction de cohéfion, en ce que celle-ci a lieu entre les particules de prefque toutes fortes de corps, dès que l’on met en contact immédiat leurs furfaces réciproques , au lieu que l'attraction chimique n’agit pas avec ce degré d'indifférence, mais qu'elle force plutôt deux corps déjà unis à fe féparer pour s'unir à un troifième , d’où lui eft venu le nom d'attraëion éleëtive. L’attraétion de cohéfion a fouvent lieu entre des corps qui n’ont pas d'attraction chimique entr'eux; les régules de cobalt & de bifmuth, par exemple, font dans ce cas, Ils ne s’uniflent pas par la fufion ; cependant ils contractent une adhéfion fi forte qu'il faut un coup de marteau pour les féparer. Lors donc que deux corps fe trouvant dans un état de divifion confi- dérable, comme par exemple, lorfqu'ils font tous les deux dans l'état de vapeurs où dans celui de fluidité, refufent de s'unir chimiquement , l’on peur conclure que dans le.premier cas ils ont peu d'affinité entr'eux, & que dans le fecond , ils n’en ont qu’une très-foible; lors au contraire que pour s'unir entr'eux il fufit que l’un foic dans l’état liquide, l'on peut dire qu'ils ont une grande affinité, & c’eft ce qui arrive pour la plupart entre les acides & les alkalis, les terres & les métaux. M. Geoffroy a donné comme une règle générale pour le calcul du degré d'affinité des corps , que lorfque deux fubftances font unies entrelles & que l’une des deux quitte l’autre pour s'unir à une troifième , SUR L'HIST-NATÜRELLE ET LES ARTS. 32$ celle qui s’unit à la troifième a plus d’affinité avec elle qu’elle n’en avoit avec celle qu’elle a quittée. Cela n'eft pas douteux lorfqu'il n’y a que deux puiffances en ation : ainfi lorfque la félénite eft décompofée par un alkali fixe cauftique , il eft évident que l'alkali a plus d’effinité avec l'acide qu'avec la terre. Mais il y a des cas où la décompofition paroiffant fimple eft en effect double ; c'eft-à-dire, qu'il y a plus de deux puiflances agiflantes ; & alors il n’eft pas aifé de connoitre laquelle eft la plus forte , ni par conféquent quel eft leur degré d’attraétion. L’acide vitrio- lique, par exemple, s'unit avec l'alkali fixe non cauftique Æ en chafle l'acide méphitique ; cependant il ne s'enfuit pas néceffairement que l'acide vitriolique attire ou foit attiré par l’alkali avec plus de force que l’acide méphitique ; parce que quoique cette décompofition foit en apparence fimple, elle eft réellement double, car en même-tems que l'acide méphitique abandonne fon alkali à l'acide vitriolique , celui-ci à fon tour abandonne fon feu à l'acide aériforme, & la décompoñtion peut avoir lieu même dans la fuppofition que les deux acides aient un degré égal d’affinité avec l'alkali. Pour parvenir à avoir quelque certitude dans cette matière, il faut donc déterminer le degré de force de chaque puiflance attractive , & le défigner par des nombres. M. de Morveau elt le premier qui fe foit apperçu de la nécellité de ce calcul, & il a donné en nombres une Table du degré de puiflance attractive du mercure avec tous les autres métaux, mais cette méthode n'eft pas fufceptible d'être généralifée, M. F/enzel s'eft occupé du même objet , mais fa méthode eft beaucoup plus détedueufe. Voici en quoi elle confifte. « Pour conncître, dit-il, le degré d’affiniré de l'acide nitreux » avec les différentes fubftances qui peuvent fe combiner avec lui, que > l'on prenne des cylindres égaux de chacun des différens métaux , que » l’on couvre leur furface , à l'exception de l’un des bouts, avec de » l’ambre jaune fondu , qu'on les expofe enfuite à l’aétion d’ane quantité » égale du même acide nitreux, & que l’on tienne note du tems de la > diflolution de chacun de ces métaux ; l’on trouvera par-là que l’affnicé n de l'acide nitreux avec chacun de ces métaux , eff en raifon inverfe &u »ems néceffatre pour la diffolution d'une quantité égale des mêmes » métaux ». Et comme ce Chimifte favoit fort bien que l'acide nitreux , äun degré de concentration déterminé, n'agifloit pas également fur chacune des fubftances métalliques ; il a prefcrit d'employer l'acide délayé dans de certains cas, & non délayé dans d'autres, fauf à renir compte de ces différences dans le calcul ; mais indépendamment de ce qu'il n’a fait état ni des alkalis ni des terres, il eft impoñible de tirer des réfulrats obtenus par fa méthode, aucune conclufion même pour les métaux ; car l'acide nitreux attaque avec beaucoup plus de rapidité l’étain & le régule d’antimoine que le plomb & le cuivre ; il eft cependant connu que l'affinité de cet acide avec le plomb eft bien plus forte que celle qu'il 326 OBSERVATIONS SUR LA PHPSIQUE, exerce fur l’étain ; & celle avec le cuivre , plus forte encore que celle avec le régule d’antimoine. L'argent & le mercure font diflous par ce même acide avec bien plus de lenteur encore; cependant fon affinité avec ces deux métaux eft la plus forte de toutes les fubftances métalliques , comme nous Le verrons par la fuite. Cette méthode ne peut pas non plus s’appliquet au calcul du degré des affinités des autres acides minéraux ; parce que quoiqu'il foit vrai que les acides vitriolique & muriatique diffolvent très-lentement avec difficulté & en petite quantité plufeurs des fubitances méralliques qui fe diflolvent avec bien plus de facilité & en bien plus grande quantité dans l'acide nitreux , ils ont cependant plus d'affinité avec elles que l'acide nitreux ; ceci eft manifefte par rapport à l'argent , le mercure & le plomb , dont les diffolutions dans l'acide nitreux font précipitées par les acides vitrio- lique & muriatique ; quoique les deux premiers métaux foient indiflolubles dans l'acide muriatique , & que tous les trois ne le foient que difhcilement dans l'acide vitriolique. Aufli M. Wenzel ne paroît pas avoir fait les expériences qu'il propofe , ou du moins il n'a pas fait mention de leurs rélulrars, La découverte de la quantité d'acide réel exiftante dans chacun des acides minéraux en liqueur , de la proportion d’acide réel qu'une quantité donnée d’une bafe quelconque demande pour fa trituration m'a conduit, fans y penfer , à une méthode qui me paroic être la véritable pour dérer- miner le degré d'attraction de chacun des acides avec les différentes bafes qui peuvent s'unir avec eux, car il m'étoit impoflible de ne pas remarquer : 1°. Que /a quantité d'acide réel néceffaire pour Jaturer un poids donné de chacune des bafes eff en raifon inverfe de Paffinité des bafes avec lacide. 2°. Que la quantité de chacune des bafes néceffaire pour faturer une quantité donnée de chaque acide efl en raïfon direële de l'affinité du méme acide avec la bafe. C'eft ainfi que 100 grains de chacun des acides demandent une plus grande quantité d’alkali fixe pour leur faturation que de terre calcaire; plus de celle-ci que d'alkali volatil , que de magnéfie; enfin , plus de magnéfie que d'alumine , comme on peut le voir par la Table fuivante. Quantité de bafes que 100 grains de chacun des acides minéraux demandent pour leur faturation. Potafe. Soude. Calce. AIR. vol, Magnéfie. Alumines Acide vitriolique. 21$..16$..110...90....80.....7$ Acide nitreux. TS TO are OU ele O7 ele te a07S ele al =Ue OS Acide muriatique. 21$..158.:.89...79e+. 71e. $S Comme les rapports de ces nombres fe trouvent d'accord avec tout ce SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 327 que les expériences ordinaires nous apprennent touchant l'affinité des acides avec leurs bafes, on pourra les regarder comme l’expreflion con- venable du degré de cette affinité ; & je les employerai dans ce fens à Vavenir ; ainfi l'affinité de l’acide vitriolique avec la potafle ou alkali végétal , c’eft-à-dire, la force avec laquelle ils s’uniffent ou tendent à s'unir entr'eux eft à l’ainité du même acide avec la terre calcaire :: 215$ grains: 110; & à celle avec laquelle l'acide nitreux attire la terre calcaire :: 215 grains : 96, &c. Mais avant d’aller plus loin dans la comparaifon de ces forces, il faut que je dife un mot {ur la nature de la Jaturauon, L'on dit qu'un corps eft faturé par un autre lorfqu'il fe trouve fi inti- mement uni avec lui qu'il perd quelques propriétés particulières & cara“tériftiques, qu'il poflédoit avant fon union. Les acides, par exemple, ont la propriété de changer en rouge la teinture de tournefol, Suivant M. Bergman , un grain d'acide vitriolique le plus concentré poffible , donne une couleur rouge fenfible à 172,3000 grains de cette teinture ; & un pouce cube d'eau faturée d'acide méphitique (qui eft regardé aujourd'hui généralement comme le plus foible de tous les acides ) donc l'eau peut prendre une quantité à-peu-près égale à fon volume, ce qui ne fait pour 2$3 grains d'eau qu'environ demi-grain d'acide méphitique, un pouce de cette eau rougit fo pouces cubes de l'infufion de tournefol , c'eft-à-dire, environ 12650 grains. Lors donc que les acides perdent cette propriété, l’on dit qu'ils font faturés ; & lorfque les deux corps fe trouvent faturés mutuellement , l’on dit du compofé qui en réfulte, qu’il eft zeutralife. Lorfqu'un acide fe trouve combiné avec une quantité d’une bafe quelconque moindre que celle qu'il demande pour fa parfaite faturation, le degré d'affinité que cet acide a avec la quantité de bafe qui lui manque eft dans le rapport de cette même quantité avec la quantité totale de bafe qu'il peut prendre. S'il unit, par exemple, 100 grains d'acide vitriolique avec 55 de terre calcaire (au lieu de 110 grains que les 100 grains d’acide peuvent difloudre ) je dis que le degré d'afAnité de l'acide avec les ç$ grains de bafe reftans fera la moitié du degré d’aflinité totale, parce que ÿ$ eft la moitié de 110 que les 100 grains d’acide demandent pour leur fatura- tion ; mais le degré d’affinité que l'acide a avec la partie de bafe qui lui eft combinée, eft égal au degré d’affinité totale. Je vais indiquer préfentement un moyen aifé pour rendre raifon de toutes les décompofitions qui ont lieu entre Les trois acides minéraux & les bafes dont j'ai parlé plus haut. Il faut confidérer d’abord dans toute décompofition quelconque, 1°. les forces qui s’oppofent à la décompofition ou qui tendent à conferver les corps dans leur éçat actuel ; 2°, les forces qui rendent à effectuer la 328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, décompoñtion & à former une nouvelle union, J'appelerai les prem ières affinités quiefcentes & les fecondes affinités divellenres. Toutes les fois que la fomme des affinités divellentes furpaflera celle des afñnités quiefcertes , il y aura décompofition , & il n'y en aura pas au contraire lorfque la fomme des fecondes furpañlera ou égalera celle des premières. Il n'y a donc plus qu’à comparer entr’elles la fomme de ces deux puiffances. Si l'on mêle, par exemple, les diffolutions de vitriol de potaffe & de nitre calcaire, il y aura une double décompofition ; & le réfultat fera du vrai nitre & de la félénite, Voici le parallèle des forces qui agiflenc dans ce cas. Affinités quiefcentes. Affinités divellentes. Acide vitriolique avec l’alkali Acide vitriolique avec la terre fixe végéral. .....,... 215 f : calcäire ........... 110 Acide nitreux avec la terre Acide nitreux avec l’alkali Calcate ee PE Er TMO0 fixe végéral | . ... .. .. 219 Somme des affinités quiefcentes 311 \Sommedesaffinités divellentes 329 Il doit, par conféquent, y avoir néceffairement une double décom- ofition. Il arrivera la même chofe fi,au lieu de vitriol de potale, lon employoit du vitriol de foude, ( Margraff. 1, p. 392) car la fomme des affinités quiefcentes feroit 261 , & celle des divellentes 275. Le vitriol ammoniacal produiroit encore une décompofition , car la fomme des premières feroit 186, & celle des fecondes 196. Le vitriol de magnéfie, (Margr. 1, p. 390. Mém. de l Acad. des Scienc. de Paris, ann. 1778, p.339) & l'alun (Marpr. 1, p. 387) feroient dans le même cas. Cependant le calcul du degré d'afinité du fel alumineux n’eft pas fufceptible de la même précifion que celui des autres fels , parce que perfonne n'ignore ( & je l'ai déjà fait remarquer plus haut ) que les fels alumineux , foit vitrioliques, foit nitreux, foit muriatiques , retiennent conftamment un excès d'acide, & l’on ne peut pas trouver exactement Jeur point de faruration ; néanmoins la fupérioriré du côté des affinités divellentes eft manifefle, (i au lieu d’une diflolution de nitre calcaire, l’on mêle celle de muriare calcaire avec une diflolution de chacun des fels neutres vitrioliques cités plus haut, il y aura une double décompofition , & il fe formera une vraie felénite, { Marer. 1 , page 382.) L'on trouvera par le calcul que la fomme des affinirés divellentes excède conftamment dans tous ces cas la fomme des aflinités quiefcenres. Si l’on mêle une diffolution de vitriol de potafle avec une diflolution de nitre, de magnélie ou de muriate de magnélie, il y aura également yne double décompofition, quoique la liqueur paroifle n'avoir fubi aucun changement; SUR l'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 329 changement; c’eft que le vitriol de magnéfie nouvellement formé étant très-foluble dans l’eau, ne fe précipite pas, comme le fait la félénite dans l'exemple précédent, en raifon de fon infolubilité. ( Mém. de l’'Acad. des Sc. an. 1778, p. 338.) Dans le premier cas, la fomme des forces quiefcentes eft 290, & celle des forces divellentes 295; 8 dans le fecond, la fomme des premières eft 286, & celle des fecondes 295. Une diffolution de vitriol de foude étant mêlée avec une diflolution de nitre ou de muriate de magnéfe, il y a aufi double décompof#ion , mais invifible. ( Mém. de P Acad. des Sc. an. 1778 , p. 338.) C’elt ce qui a trompé M. Quatremere d’Ifonval qui a nié dernièrement cette dé- compofition. ( Rozier, mai, 17982, p. 392.) Dans le premier cas, la fomme des affinités quiefcentes eft 240, & celle des diveflenres 245; & dans le fecond cas, la fomme des premières eft 236, & celle des fecondes 238. Si l’on mêle une diflolution de nitre avec une diflolution de muriate calcaire, il y aura néceflairement une double décompofition qui fera aufli invifble.( Mém. de l Acad. des Sc. an. 1778, p. 341.) La fomme des puiffances quiefcentes étant 304, & celle des divellentes 331. Il y aura également double décompofition, en mélant une diflolu- tion de nitre de magnéfie avec une diflolution de muriate calcaire, ( Roz. 17, p. 393.) La fomme des affinités quiefcentes étant 164, & celle des divellentes 167. Je conclus de tous ces faits, 1°. que la quantité d’affinité que j’ai aflignée d'après ma méthode à chacun des fels, s’accordant parfaitement avec tous les phénomènes connus jufqu’à préfent, ( qui font déjà aflez nombreux ), peut être regardée comme exacte ou du moins comme très- approchée. 2°. Que ces décompofitions, loin d'infirmer les loix reçues des affinités, ( comme l'ont prétendu MM. Marher, Monnet, & dernièrement M.Cornette, (Mém. de l Acad. des Sc. an, 1778, p.339.) s'accordent parfaitement avec ce fait fi généralement reconnu jufqu'à ce jour , favoir, que les acides vitriolique & nitreux ont plus d’afhinité avec les alkalis fixes qu'avec les terres. Il y a cependant un fait dans le recueil intéreflant de Chimie de M. Crell, (1) qui femble au premier afpe& contredire un des réfultats précédens. Si l'on fait diffoudre dans l'eau une partie d’alun & deux parties de fel commun, que l’on évapore jufqu'à un certain point, & que l'on faffe enfüite cryftallifer , on obtiendra du vitriol de potafle : or la fomme des affinités quiefcentes étant dans ce cas 233 , & celle des divellentes 223 feulement, il ne devroit pas y avoir de décompolfition : (x) Chemifeche Journal 6, Theil, page 78. Tome X XVII, Pan, II, 1785. NOVEMBRE. ay 330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, j'ai répété cetre expérience fans fuccès , à la vérité, l’Auteur annonce qu'elle ne réufñlit jamais qu'à un degré de froid exceflif, Si cependant il étoit vrai que ce phénomène eût lieu, cela ne pourroit venir que d’une grande quantité d’excès d’acide exiftant dans l’alun , lequel agit fur le fel commun & le décompofe : cette explication fe trouve coùfirmée par la quantité de vitriol de foude que l’on retire par ce procédé, Trente livres de fel commun & 16 livres d’alun n'ont produit que 15 livres de vitriol de foude; au lieu que fi tout l’alun avoit été dé- compofé, l’on auroit dû obtenir 29 livres & demie de vitriol de foude, d'après mon calcul fur la proportion d’acide exiftant dans les différens fels, & 22 livres d’après le calcul de Bergman. Outre ces forces ou puiffances dont j'ai parlé jufqu'ici, il en exifte encore une que les fels neutres poflédent ; celle de s'unir à un certain nombre de fubftances fans fouffrir aucune décompofition, ou du moins fans en fouffrir qu'une très-petite ; & ils forment par-là des fels triples & même quadruples. Cela caufe fouvent des anomalies qui n'ont pas encore été bien développées (1 ). Les alkalis volatils ont particulièrement ce pouvoir, & c’eft peut- être de là que vient la différence qui fe trouve entre la table de M. Bergman & la mienne relativement à la magnéfie ; car fi l'alkali volatil parfaitement cauftique ne précipite pas entièrement la magnélie de fel d'eplom, cela vient de ce qu'il fe combine avec ce fel neutre, & forme un fel criple. Suivant ma table des affinités, les trois acides minéraux ont une affinité égale avec les alkalis fixes : cela doit paroître fort extraordi- naire à beaucoup de perfonnes qui favent que l’acide vitriolique décompofe le nitre & le muriate de potafle : mais il faut remarquer que le vitriol de potaile eft également décompofé par les acides nitreux & muriatique fuivant MM. Baumé , Margraff & Bergman. Le nitre de potafle eft également décompofé par l'acide muriatique, comme M. Cornette l’a fait voir dans les mémoires de l'Académie de Paris ( ar. 1778 ) : le vitriol de foude & le vitriol ammoniacal le font aufli par l'acide nitreux; & tous ces fels, ainfi que le nitre de foude & le nitre ammoniacal font décompofés par l'acide muriatique, comme l'ont remarqué MM. Bergman & Cornetre; ce qui fait que toutes ces décompofitions s’opèrent ar double affinité, ou du moins par l’aétion de plufieurs forces com- es La différence de capacité qu'ont les acides minéraux pour con- tenir le Feu élémentaire, m'a paru toujours la vraie caufe de ces phénomènes : mais comme cet objet eft de la plus grande importance pour en acquérir une certitude, j'ai fait une fuite d'expériences qui 3 (1) J'examinerai dans mon premier Mémoire quelques exceptions qui viennent e-là, SUR L'HIST. N'ATUREILE ET LES ARTS. 31 diffèrent à pluñeurs égards de celles que l'on a faites jufqu'a préfenc, particulièrement en ce que je n’ai pas employé de chaleur, & qu'au lieu de me fervir de la cryftallifation pour m'aflurer des décompofitions, j'ai eu recours aux réactifs. Je me fuis d’abord procuré des poids égaux de chacun des acides minéraux contenant exactement la même quantité d'acide réel, & leur température étant à 68 degrés de Fahrenheit, je les ai verfés enfuire tout d'un coup chacun fur une once de la même poraffe en liqueur : voici le réfulcat de ces expériences. Cent grains d’acide vittiolique contenant 26,6 grains d’acide réel verfés. fur 480 de potafle en liqueur, élevèrent le thermomètre à 138 degrés. Cent grains d’acide nitreux contenant la même quantité d'acide réel verfés de la même manière far 480 grains de potafle en liqueur, pro- duifirent une chaleur de 120 degrés. Cent grains d'acide muriatique traités exactement de la mème ma- nière, ont élevé le thermomètre de 69 degrés où il étoit à 129 desrés, Il fuit de là que l'acide virriolique contient plus de feu fpécifique, ou du moins qu'il en abandonne une plus grande quantité lorfqwil s’unit aux alkalis fixes, que les acides nitreux & muriatique; & que par conféquent, lorfque l’on met l'acide vitriolique en contat foit avec le nitre foit avec le muriate de potafle , fon feu pafle dans ces deux acides , lefquels acquérant par là un degré de rar» peinture », Nous connoïflons la peinture des anciens, par ce que les Auteurs célèbres ont écrit de leurs chef-d’œuvres, & par les fragmens de leurs tableaux qui fe font confervés jufqu'à nous. Leurs grands maîtres avoient préféré la cire à notre manière de peindre, & ce n’eft pas fans raifon. Elle a fur la nôtre l’avantage d'une durée plus longue ; elle eft moins fujette à fe décolorer & à s'eflacer. Plufeurs de nos Artiftes ont eu le défir de faire revivre la méthode des anciens, & fe font livrés à des recherches, pour tirer de l'oubli un genre de peinture perdu depuis fi long-tems en Europe. Mais aucun des anciens Auteurs ne nous a tranfmis avec précifion & détail les préparations & les procédés dont ils fe fervoient. Certe ancienne manière de peindre a été toujours pour nous incertaine & difficile à deviner. On n'a pas plus connu la nature de la cire punique fabriquée de toute ancienneté, & qui très-certainement eft la bafe de l’ancienne peinture à l'encauflo.W n’elt pas feulement queftion de trouver les moyens de délayer la cire, de la rendre foluble dans l’eau, & facile à fe mêler avec les couleurs : on peut y parvenir de plufieurs manières. L'important eft de retrouver le procédé ancien de peindre avec la cire & à l'ercauflo, Il eft d’ailleurs très-certain que la cire employée par les anciens étoit la cire punique , dont la fabrication fe trouve déraillée dans Plire, On ne peut {e flatrer d’avoir retrouvé la peinture des anciens, fi on n’y emploie cette cire punique ; & c’eft-là la difficulté, Ceux qui, dans toutes les nations, en ont fait la recherche dans différens tems, ont mérité l’eftime & des louanges, & notamment Vincent Requeno , Auteur des Effais fur le rétabliffement de l'ancienne Peinture des Grecs & des Romains, Ses efforts dans la théorie & dans la pratique, ont été dirigés par une faine critique & une patience extraor- dinaire. Quoiqu’ils ne foient pas parvenus à préparer la cire punique fuivant le procédé indiqué par Pline , ils ont l’avantage d'être les inventeurs d'une méthode inconnue avant eux, & qui eft eftimable. M. Requeno convient ingénuement, en parlant, à la page 182, de fes (1) Hift. Nat. lib. xxv, c. x1. Encauflo pingendi duo fuiffe genera conftar , cer& & ebore cæftro , id eff, veruculo , donec claffës pingi cœperunt; hoc certuunr acceffit, refolutis igni ceris, penicillo ri... Ceris pingere, ac piéluram inwrere , quis prids excogitaverit ; non conflar, : pañtels SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 337 pañtels compofés de maftic & de cire, qu'il n’eft nullement prouvé que les anciens aient fait des paftels de cire pour y mêlet des couleurs. On peut ajouter qu'il ne paroît pas qu'ils aient délayé la cire avec les réfines, ni qu'ils jetaflenc les couleurs dans les réfines fondues, pour former des päftels colorés. M. Requeno a trouvé une manière de peindre nouvelle, dont on doit lui avoir obligation , quoiqu'elle ne foit pas celle pratiquée par les anciens, On doit favoir gré de même à ceux qui ,fcomme lui, nous ont commu- niqué des méthodes"nouvelles, & en particulier à M. Bachelier , qui a indiqué en France la manière de difloudre la cire par l’alkali du'tartre. Nous en parlerons dans la fuite, Je fuis par caractère toute efpèce de difpute , & je fuis bien éloigné d'en fufciter aucune. Je ne cherche point à m’appropriér les découvertes des autres. Je me ferois borné,dans cette matière, comune jé l'ai fait fouvent , à ma propre inftruétion , & je ferois demeuré dans le filence. Mais les travaux que j'ai faits pour connoître & comparer le nitre des anciens &. celui des modernes, m'ont obligé de feuilleter Pline; & en examinant ce qu’il dit de la cire punique, j'ai imaginé qu'elle devoit être une cire compofée. J'ai été ravi de ce qu'il m'étoit réfervé de donner la compofition de Ja cire punique , & de fournir par elle à la Peinture & à la Médecine des moyens ‘dont elles font privées. Je juftifie Pline d’avoir dit punica medicinis utiliffima ; il n'auroit pas pu parler ainfi de la cire naturelle. Entrons en matière. Voici le Me à Pline, au chap. 14 du liv, 21° de fon Hiftoire naturelle (1). : : «& La cire punique fe fait de cette manière: on yanne à l'air la cire > jaune à plufeurs reprifes ; on la fair bouillir dans l'eau de mer prife au » large, & à laquelle on a ajouté du nitre. On fe fert de fpatules ou >» cuillers pour retirer la fleur, c’eft-à-dire, la plus blanche: on verfe » dans un vafe où il y ait un peu d’eau froide; on fait chauffer de » nouvêau dans l’eau de mer féparément, & on fait refroidir le vafe” >» lui-même; après avoir répété l'opération jufqu'à trois fois, on fait » fécher la cire für un tiflu de joncs, au grand air & jour & nuit. La > lune lui donne la blancheur. On empêche qu'elle ne fonde à la grande (x) Punica fit hoc modo. Venrilatur fub dio fæpits cera fulva. Fr Gi in aqué mariné ex alto petité, addito nitro; indé ligulis hauriunr florêmr, id ef candidiffima quæque, transfunduntque in vas , quod exiguum frigidæ habear, rursüs marin& decoquunt feparatim. Deinde vas ipfum refrigerant; € cm hæc zer fecére , junét@ crate fub dio ficcant fole lunäque : hæc enim candorem faucir. Siccantes ne liquefaciant, protegunt tenui linteo : candidiffima verd fir poft infolationem , eriamnum recoéta. Punica medicinis driliffima. Tome XXVIL, Part. IT, 1785. NOVEMBRE. Vv F; 338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, >» ardeur du foleil , en l'ombrageant d’un linge fin pendant qu’elle sèche, >» Elle devient très-blanche après qu'elle a été ainfi expofée à l'air, » quoiqu’elle air été chauffée plufieurs fois. Cette cire punique ef très-utile » dans la Médecine ». En nous arrétant fcrupuleufement à la lettre du texte, commençons par examiner quelle eft Paltération que ces opérations peuvent faire éprouver à la cire vierge. IL n’en peut certainement rélulter qu'une purification de la cire, l'extraétion du principe de la couleur jaune, & finalement la blancheur. 3 La cire n’éprouve que ce qui arrive aux autres. corps colorés, Jorfqu'ils font expofés long-tems à l’action combinée du foleil ;.de l'air & de l’eau, Elle y eft purifiée & blanchie. Le fel marin & félénireux, contenu dans Peau de la mer, & le nitre proprement dit, qui eft un fel neutre,nont d'effet, dans l’agitation occafionnée par le bouillonnement, que de laver & de nettoyer la cire qu'on y a fondue; leur aétion eft dans le fond la même que celle du cylindre, dont on fe fert dans les pays éloignés de la mer. Ce cylindre tourne continuellement fur fon axe dans un cuvier d’eau froide où il eft plongé; il divife & agite dans l’eau la cire qui y tombe prefque goutte à goutte. L’adtion de nos fels a cependant fur celle du cylindre l'avantage d’être répandue dans tout le vale, & de porter fur toutes les molécules de la cire. Dans chacun de ces deux procédés, la cire refte intacte. La blancheut & la pureté qu'elle a acquifes , ne lui ont fait contracter aucune qualité étrangère à fa nature. L'art de blanchir la cire n'a rien de merveilleux ; on le pratique avec l’eau de la mer dans les pa aritimes, comme on le faifoit à Carthage , fuivant le paflage de Pline. Mais tout homme qui réfléchit , a droit d’être étonné que tandis que la cire vierge a pu être blanchie dans cent endroits de l'Italie & de la Grèce, comme à Carthage, on lui ait donné le nom de cire punique, uniquement parce qu'on en blanchifloit à Carthage & dans les environs, comme fi elle eût eu des propriétés qui duffent la faire diftinguer. IL eft auffi étonné qu'une fimple cire blanchie ait pu être employée dans la peinture, quoique chauflée jufqu'à la fufon , fi elle ne confervoit pas fous le pinceau la liquidité , & ne fe prêtoit à ce maniement de la couleur fi néceflaire pour bien peindre. [l ne conçoit pas comment on peut dire qu'elle ef fi utile dans la Médecine , tandis que notre cire, qui ne cède pas en blancheur à celle des anciens, n’y eft tout au plus QUE qu'extérieurement. ; CeS réflexions portent à croire que la cire punique n’étoit pas une fimple cire blanchie, puifqu’après avoir été fondue, & avoir repris confiftance, elle doit s'incorporer facilement avec les couleurs, & fe conferver long- tems fous le pinceau , maniable & fans fe durcir; que d’ailleurs elle doit être fufceptible- d'une aflez grande diflolution, pour qu'étant parvenue Le à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 dans les premières voies du corps de l'homme, elle puifle fe porter dans les vaiffeaux les plus petits, & y faire éprouver fes qualités adouciffances , émollientes & laxatives, pour être, comme dit Pline, rés-urile à La médecine, # A Voici la folution de la difficulté. L'intention de Pline n’a pas été d'apprendre à blanchir la cire, mais à préparer un vrai favon avec la cire. Un feul mot du texte de Pline bien entendu nous dévoile la chofe. Ce que Pline appelle aire n'eft pas le zisre des modernes propre- . ment dir, C’eft le zarron des anciens, l’alkali bafe du fel marin, le fel fixe qu'on extrait des plañtes qui croiflent fur les bords de la mer; c’eft.le fel de la foude, Qu'on life attentivement dans Pline, entr’autres , le ch. x du xxx liv. de fon hiftoire naturelle, on verra que le nitre dont il parle, eft toujours l’alkali fixe qu’on appelle encore zatron dans la bafle Égypte. Si on fait attention aux propriétés qu'il attribue à ce qu'il dénomme ivre dans les différens endroits du même ouvrage, on fe convaincra qu'elles ne peuvent convenir qu’à un fel alkali, & nulle- ment au zitre proprement dir. Dans le livre xxxr, &au même ch. x déjà cité, il veut qu'on rende le nitre cauftique avec la chaux, ce qui n'eft poffible que pour un fel alkali, & non pour le nitre, lequel comme fel neutre, eft incapable de caufticité. Voici les termes dont il £e fert: (1) « On le dénature en Égypte par la chaux ; on le diftingue >» au goût; quand il eft pur, il fe diffout aifément ; “quand il eft dé- » naturé, il pique ». Et plus bas « On le chauffe dans un pot de terre, >» pour éviter que l'ébullition ne verfe : le nitre ne pétille pas au feu... .. » Le fel de nitre combiné avec le foufre, forme une pierre ». Le nitre de Pline eft un alkali fixe qui fert de fondant au fable dans {a compofition du verre. Il lui attribue cette propriété dans le ch 26 du livre xxxvi (2) : « En Italie, le fable blanc de la mer de Naples, 5 fe broie aifément avec des pilons ou avec une meule, On le mêle >» à crois parties de zitre, prifes foit en poids foit en mefure, Lorfqu'il > eft en fufion, on le jette dans un autre fourneau où il fe mét en » une mafle appelée ammonitrum. Cette mafle doit être recuite, pour » que le verre devienne pur, & que la mafle foit entièrement un verre » blanc ». Confultons les Auteurs anciens, autres que Pline, tels qu’ Apricola, Ferrante Imperato ; nous verrons que ce qu'ils ont appelé ritre et (1) Aduleratur in Ægyptocalce, deprehenditur guflu ; fincerum enim facilé refolvitur , adulteratum pungiti... urieur in tefla, ne exulrer: aliqs igni non exilit nierum...… Sal nitrum fulphuri concretum in lapidem vertirur. (=) Jam vero & in Vulturno mari Italiæ arena alba nafcens... que molliffima ef?,pilä moläque ceritur. Dtin mifcetur tribus partièus nitri pondere velmenfura, ac liquata in alias fornaces transfunditur. 1b1 fit maffa quæ vocatur ammoni= trum , atque hæc recoquitur , & fit vitrum purum , ac maffa vitri candidis Tome XXV II, Part. II, 1785. NOVEMBRE, Vv 2 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; le natron, & ce que nous nommons communément a/kali marin, On peut fur cette matière lire Baccio de Thermis, Guillaume Clarke & Schelamer. Cela pofé, le pafñfage de Pline fur la cire punique, peut être lu ainfi. Punicafit hoc modo : ventilatur f&b dio cera fulva, deinde fervee in aquâ marinä ex alto petité , addito natro, &c. Le procédé que Pline nous donne, fait en même tems deux chofes, il blanchit la cire & la réduit en favon. Le natron agit fur la cire; comme l’alkali fur l'huile d'olive & toute autre huile liquide ou concrète. Sur les bords des lacs falés des plaines de la bafle Egypte, à Tripoli, à Tunis, près de l’ancienne Carthage , on recueille encore aujourd'hui le natron, comme le faifoient les Carthaginois, & c’eft le même natron dont ils fe fervoient pour préparer leurs cires, qu’on a depuis appelées cires puniques. Voilà tout le myftère de cette cire, Elle prend un ca- racère favonneux , qui la rend néceflairement foluble dans l’eau commune, par fa liquidité à être maniable au pinceau, pour peindre à l’ercauflo, & à devenir d'un ufage très-utile dans la médecine, qualités qui lui ont mérité d’être célébrées par Pline. Je n'ai pu me retenir de vérifier l'explication que je donne au paflage de Pline, en compofant le favon de cire avec le natron; j'ai même fait peindre un tableau par une main habile avec ce.favon , & jy ai fait appliquer l’encauflo, de la manière que Pline l'indique pour les peintures fur les murailles, chap, 7,liv. xxx (1): « La cire punique, dit-il, » devenue liquide par un mélange d'huile, s’applique chaude avec le æ pinceau fur la muraille bien sèche. On la chauffe de nouveau avec » des charbons de galla, jufqu'à ce qu’elle foit prête à dégoutter ; > enfuite on la foumet au frottement d’un rouleau, & après, à celui æ d'un linge blanc, comme quand il s’agit de donner le poli au marbre», Comme le procédé du blanchiffage de notre cire eft par l'eau de la mers il refte peu à faire pour obtenir la cire punique, Il fufät de la jeter dans une leflive préparée, pour qu’elle fe combine avec le natron. J'ai gradué fucceflivement l'expérience, D’abord j'ai mis une partie de natron fur trois de cire blanche fondue, puis quatre, & de fuite jufqu’à vingt parties de cire contre une de natron , le tout dans la quantité d’eau néceflaire pour diffoudre le natron. Ce mélange contenu dans un vafe de fer, a été mis fur un feu doux, & a été agité doucement'avec une fpatule de bois aflez long-tems, pour que l’évaporation l'ait épailli, & que les deux fubftances aient été intimement unies, en formant une mafle (x) Ur parieri ficvato cera punica cumoleo liquefaëfa candens fettis inducarur, iterumque admotis gallæ carbonibus , aduratur ad fudorem ufque ; pofiea candelis fubigarur ; ac deinde lineis puris, ficut & marmora , nitefcunr. "SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34r qui a pris la confiftance du beurre, & la couleur du lair, Je l'ai alors tiré du feu, & expofé à l’ombre pour y durcir & fe confolider à l'air libre. : . Le natron avoit étéiré de la leffive de la foude de Malte ; on peut l'extraire de même de la foude d’Efpagne, de Sicile, de Sardaigne , & même de celle de Tunis & de Tripoli, dont on fe procure aifément. Lorfque la cire eft refroidie, elle fe délaye facilement avec l’eau, & on en fait une émulfon laiteufe comme avec le favon de Venife. Elle fe réduit en farine dans les doigts. On n’y voit plus les cata@tères de la cire, quoique ce mélange en contienne vingt parties contre une feule de natron. C'eft par-là qu'on peut en faire ufage avec füreté pour la mé- decine. Le natron n'altère nullement la cire en s’uniflant avec elle, je m'en fuis affuré par la diflolution à l’aide du vinaigre. La cire a été rétablie dans fon premier état; le natron s’en eft féparé, & eft demeuré dans l’éau, mêlé avec l’acide. On n’a d’ailleurs rien à craindre de la cauflicité de l’alkali, il eft adouci par la cire, & il fe trouve en trop petite dofe. On ne redoute rien des favons ordinaires dans lefquels il n'entre pas feulement la vingtième partie d'alkali, mais la onzième. On doit conclure que le favon punique doir être regardé comme plus apéritif, plus déterfif & plus défobftruant que tout autre, & qu'il n'y a aucun danger de s'en fervir pour détruire les effets des acides, Quant à l'emploi de la cire à l'encauflo pour la peinture, les expé- riences ont été répétées chez M le comte Jean-Baptifte Gazola, célèbre amateur, pat M. Antoine Paechera, peintre très-eltimé, Il délaya avez de Peau & un peu de gomme arabique, la cire punique qui n’étoit pas tout-à-fait durcies mais qui étoit affez ferme pour devoir étre amollie par le feu , ainfi que le dit Pline, Il méloit fes couleurs avec cette cire; il peignoit fans que les couleurs s'altéraffent d'aucune manière, La pâte étoit fi maniable, que le pinceau couloit avec plus de facilité que lorfqu'on peint à l'huile. La peinture ayant Téché, il lui donna Pencauflo, comme on l’a indiqué ci-deflus, & la frofta avec un linge. Elle acquit par ce moyen ,une netteté D vivacité qui fembloient rendre les couleurs fupérieures à ce qu'elles étoient avant ercauflo & le frottement. . Quoi qu’on penfe de mon travail, & quel qu’en foit le fruit, je fuis content d’avoir retrouvé la cire punique d'une manière qui ne peut être contredire. Quand même on n'en feroit aucun ufage jour exécuter des peintures fur les murailles, fur le bois & fur la roile, & quoique l'opinion des favans s’oppofät à l'ufage de ce procédé des anciens, il fera certain que la cire punique décrite par Pline, eft un favon formé par l'union de la cire & du natron; comme les favons communs fe fonc par le mélange du natron & de l'huile; qu'il fuit d'une 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; vingtième partie de natron , pour rendre la cire coulante foûs le pin- ceau, & foluble dans l’eau; que la peinture faire avec cette cire, eff fufceptible de l’ancien encauflo qui eft prefcrit par Pline pour la pein- ture des anciens; & qu’enfin on rend à la médecihe, par la cire punique, un remède précieux. : Je empêche pas qu'on n’obtienne avec l'alkali du tartre & la cire , un favon mou, propre à la peinture , ainfi que l’a propofé M. Bachelier, célèbre Peintre François. J'en ai moi-même préparé fuivant fa méthode, en préfence de M. Léonard de Salombeny, Profeffeur au collège militaire, J'ai éprouvé qu'il étoit foluble dans l’eau, & maniable fous le pinceau; mais je lui reproche d'être déliquefcent, parce que fon peu d'union avec la cire, ne lui donne pas la confiftance néceflaire. Elle a d’ailleurs l'inconvénient d’alrérer certaines couleurs, notamment-les bleus ou azurs. Enfin, on ne pouvoit imiter la peinture des anciens par l’encauflo, fans trouver la cire punique dont ils faifoient ufage; elle étoit le feul moyen de remplir le procédé qui nous eft décrit par Pline. Telle étoit au vrai la cire punique des anciens, quand mème elle n’en eût pas eu le nom. Ji eft faux qu'ils n’euflent pas la connoiffance des favons; la preuve en eft ce pañlage de Pline au chap. 12 du livre xxvirr de fon hiftoire naturelle (1). « Le favon eft utile : il a été inventé par les Gaulois » pour leurs cheveux. Il fe fait avec la graifle & la cendre. Le meilleur » eft compofé de cendres de hêtre & de graifle de bouc. IL y en a >» de deux efpèces, lune et folide & l’autre liquide ». La cire punique n’eft-elle pas de nom & de fait un véritable favon animal? La com- pofition en fur plus facile aux Carthaginois qu'aux Grecs & aux Romains Ils avoientc chez eux Le natron natif, & aufñi commun que l'ont au- jourd’hui Les habitans de Tripoli & de Tunis, La découverte de l’exiftence de ce fel dans les gendres des plantes marines, n’eft venue que bien tard, & ce n’eft que depuis très-peu de tems que nous avons fu que le natron eft la bafe du fel marin, & que nous le trouvons prefque -par-tout. Îl eft à efpérer quéMl'ardeur de l’homme pour les découvertes, arrivera à dévoiler la nature du natron & fon principe. Mais c’eft aflez differter fur cet ébjet, quelque curieux & important qu’il foit. Du Collège militaire de Wéronne, le 2$ février 1785.. N. B. Ii à obferver que la pureté de la cire & la qualité du natron font d’une abfolue néceffité, On n’a pu réufir avec la belle cire du commerce : il faut blanchir la cire par l’un des procédés indiqués dans Pline, & râcher de fe procurer du natron d'Egypte. (1) Prodefi & fapo ; Gallorum hoc inventum ef? rutilandis capillis. Fin es Jebo Ë cinere: oprimus fagino (cinere) & caprino (Jebo), duobus modis , fpifus & liquidus. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR L'ANALIYSE DE LA PLOMBAGINE ET DE LA MOLYBDÈNE; Lu à l’Académie Royale des Sciences , en Janvier 1785, Par M. PesreTier, Membre du Collège de Pharma de Paris, & Correfpondans de l'Académie Rovle des Sciences de Turin. 6, I. HISTOIRE "DE LA PLOMBAGINE, Lss Naturaliftes ont été de tous les rems tiès-embarraflés pour clafler les fubftances qui font l'objec de ce Mémoire. Les uns les mettoient parmi les mines de fer , d’autres les ont rangées parmi les mines d'érain; d’autres encore les ont placées parmi les mica ; & tous enfin , avant l’analyfe qu'en a donné Schéele , les avoient confondues, quoiqu'il y ait une très-grande différence entr’elles, comme j'aurai occalion de le faire remarquer. Lorfqu’on lit dans les anciens Auteurs les articles qui traitent de la molybdène, #0/ybdæna (1}, on voit clairement qu'ils parlent du plomb, des préparations de plomb, & même des mines de plomb. Pline & Dio/coride fe rapportent à dire que la molybdène eft une fubftance de couleur d’or, médiocrement refplendiflante & fauve, foluble dans les huiles, & employée avec fuccès dans la confection de certains emplâtres; tous ces caractères conviennent abfolument à la chaux de plomb , connue fous le nom de Zrharge. Diofcoride ajoute qu'il y a de certe efpèce de molybdère foflile qu'on trouve à Sébaflian & à Coricus, & que cette dernière eft préférée dans la confection de certains emplâtres , comme dans ceux qu'on veut rendre agglutinatifs & déterfifs : il paroit donc que la molybdène foflile de Diofcoride eft une chaux de plomb native. Pline a aufli donné le nom de molybdène à de la galène ordinaire. Ce n’eft que dans Cæ/alpin qu'on trouve la defcription de la plombagine qui eft connue maintenant fous ce nom : cer Auteur (2), après avoir parlé (x) Molybdæna vient de wr6fane , dérivé de peu6dos, qui fignifie plomb : & les Latiñs ont enfuite exprimé peaiédes par plumbum , & moA@denz par plumbago ; de manière que plumbago & molybdæna font devenus fynonimes en latin ; de même que plombagine & mojybdène en françois. (2) De Metallicis libri tres Andreâ Cæfalpino, p. 186, cap. vint. Po/2 plumbum meminit Diofcorides lapidis plumbarii, quem molybdoïdem vocat, diélum à plumbi fimilitudine ,cujus virefpondet recremento plurmbi 6 eodem modo lavarur, Hic profeéto alius eff à ven&@ plumbi quam arenam plumbariam vocat, græcé molybditim , ex quä fit quædam fpecies lichargyri. Puro aurem molybdoidem effe Japidem quemdam in nigro fplendentem colore plumbeo , raëlu aded luprico, 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du plomb, fait mention d’une pierre plombée que Diofcoride appelle molybdoide, à caufe de fa reffemblance au plomb, &c. Cæfalpin.cioit cependant que cette efpèce de molybdoide eft bien différente de la mine de plomb, dont on prépare une efpèce de licharge. « Je crois , dit-il, que la » molybdène eft une certaine pierre d’un noir brillant & d’une couleur » plombée, fi douce au tait , qu'on la prendroit pour une fubftance oinre >» d'huile; elle laifle aux doigts une couleur cendrée avec un afpeét » plombé, Les Peintres s'en fervent pour defliner , après l'avoir coupée » par morceääx dont l'extrémité eft mife en pointe: ils la nomment » pierre de la Flandre, parce* qu'ils la retirent de la Hollande. On dit >» qu'on la trouve aufli en Allemagne, où on la norme Pifinuth , & dont >» on fait eñ la fondant avec l’antimoine, les caractères'de l’Imprimerie. » Ce mêlange eft très-caffant ». Ce dernier article nous donne à connoître que la fubftance défignée n’eft pas celle que nous connoiflons fous le nom de plombagine ; car cette dernière traitée avec l’antimoine, ne change en rien fa nature, & lui laifle fes propriétés particulières. Le mème Auteur dit que Ja fubftance qu'il a décrite, peut aufli, comme les autres mines de plomb , fe convertir au feu en litharge; ce qui fait voir que Cæfalpin parle du bifmuth; mais d’ailleurs tous les autres caractères qu'il a donnés à la molybdène font-bien ceux que nous reconnoiflons aujourd'hui dans la plombagine. Cæfalpin eft donc le premier qui nous ait donné une defcription où on reconnoifle la plombagine ; maisil paroïc, & Cæ/alpin lui-même nous Je fait entrevoir, quon la connoifloit long-tems avant lui: je crois que c’eft d’elle que Diofcoride parle, lorfqu’il dit (1), la molybdene qui a une couleur bleue ou plombée ef de mauvaife qualité. Ce pañlage de Diofcoride convient très-bien à notre fubftance , puifqu’elle ne contient point de plomb , & le nom de molybdène ou de plombagine lui fera refté pour la diftinguer des vraies mines de plomb. | * Pott a aufi donné un Mémoire fur la plombagine; mais cet Au ne s’eft occupé que de l’hiftorique de cette fubftance, & de a TE meñt quê la plombagine ne contenoit point du tour de plomb, comme ut perunétus videatur , manufque tangentium inficit colore cinereo , non fine aliquo fplendore plumbeo : utuntur eo piéores corticulis, in cufpidem excifis ,; ad figuras defgnandas ; appellant autem lapidem Flandriæ quia ex Belgia affertur ; eundem reperiri tradunt in Germania ubi bifémutum vocant, quem affumunr cum flibio miflura liquefaéla ad formandos chareéteres , quibus impreffores librorum uruntur, mareri& admodém dur& & frangibili. Teflantur ex eo quandoque exvoqui axgent: aliquid & ubi reperitur , fubeffe argentum fperant. Aliud genus affertur nigrum ur carbo & cruflofum , quem pictores matiram nigram vocant. Hi lapides fi urantur, in lichafgyrum vertuntur we vena plumbi. s (1) Dioftoride, liv. 5 , chap, 100, ün : M «SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 34ç on le croyoit avant lui; il a aufli dirigé fes expériences à prouver qu’elle contenoit un peu de fer. Enfin, on trouve à l’article Mo/iybdène du Didtionnaire de M. Macquer , des expérienées extraires du Mémoire de M. L***, lefquelles femblent prouver que la plombagine contient beaucoup de phlogiftique , & une très-grande quantité d'air fixe, L’analyfe de la plombasine a été depuis publiée par M. Schéele dans les actes de Stockolm, troifième trimeftre de 1779. Il réfulte de fon travail, que la plombagine eft compofée d'air fixe & de phlogiftique; nous devons cependant à ce dernier d’avoir bien diftingué la molybdène de la plombagine ; car avant lui l’on confondoie ces fubftances; & de-là vient qu’on les employoit indifféremment ; de-là auffi les différences qu’on trouve dans ce que les uns & les autres en ont dir, C'eft ainfi que Por travailloit fur la plombagine & n'y trouvoit pas ce que Quifl avoit annoncé. Il paroït que Quiff avoit employé la molybdène. Les expériences de Schéele fur la molybdène font confignées dans la collection ci-deflus citée, année 1778. J'aurai foin de rappeller les expériences de cet Auteur dans le cours de celles que je donnerai fur ces deux fubftances , qui fonc très-différentes entr'elles , & je commen- cerai par l’analyfe de la plombagine ; mais avant d'en faire l'hiftoire, je dois obferver qu’elles font aufi connues indiftinétement fous les noms de mine de plomb noire , crayon d'Anpleterre , potelot , mine de plomb Javonneufe, plomb de mer, plomb de mine, cerufe noire, mica des Peintres, crayon de plomb, faufle galène, talc-blende ; il paroît que ce dernier nom lui a été donné d’après l'idée qu'ont eu certains Auteurs qu'elle contenoit du zinc, & qui d'après cela les ont aflimilées à la blende : je féparerai, d’après Schéele ; ces fubftances en deux clafles, confervant à l’une le nom de plombagine, & à l’autre celui de molybdène; nous verrons que quoiqu elles foient l’une & l’autre fufceptibles de varier dans leurs principes , elles font cependant très-différentes entr'elles, & il fera très-ailé de les reconnoître: les différences qui fe trouveront dans chacune de ces efpèces, produiront des variétés ou des fubdivifions dans chacune des claffes. $. II, UsAGEs DE LA PLOMBAGINE, L'emploi qu'on fait de la plomba- gine ne laiffe pas d’être confidérable, on s'en eft fervi de tout tems, pour faire des crayons, dont les pluseftimés font ceux qui viennent d'Anoleterre; on les prépare d’une manière très-fimple avec la plombagine qu'ils tirent de Refwick dans le Duché de Cumberland , où elle eft nommée Ke//ou : on commence par fcier les rognons de plombagine par petites tablertes très-minces , & d’un autre côté on a eu foin de difpofer des cylindres de bois avec des rainures de l’épaiffeur des tablettes de plombagine: alors on les joint ( comme font les Menuiliers qui veulent joindre deux planches } & avec un inftrument, ils coupent la tablette de plombagine, de manière que la cavité ou rainure du petit cylindre fe trouve bien remplies Tome XXVIT, Par, II, 1785. NOVEMBRE, xx 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Si la plaque de plombagine n’elt pas de la grandeur du crayon ,on continue à l'ajufter bout à bout jufqu'à ce que le cylindre foit rempli dans fa longueur. Aufli_voit-on des crayons qui font de différens morceaux: quant à la fciure qui fe fépare en fciant la plombagine, on s’en fert à8la place d’un corps gras pour graifler les rouages de certains inftrumens ; on l'emploie aufli pour faire des crayons d'une qualité inférieure, & on emploie de même les morceaux de plombagine , dont on ne peut pas retirer des tablettes ; ce font ordinairement les Juifs qui font ces derniers crayons, foit en fondant cette fciure ou poudre de plombagine avec du foutre, ou bien en l'empätant avec un mucilage; c’eft-là cette efpèce de crayons fi commune à Paris , où on la vend fous le nom de vrais crayons d’Angle- terre, Les Peintres qui ont fait ufage des premiers, Les diftinguent facile- ment de ces derniers, qui ont une rudeffe que n'ont pas les premiers. Mais il ya des moyens sûrs pour reconnoître s'ils font faits avec du foufre; alors, en les approchant d'une chandelle allumée , le foufre brûle ; fi c’eft avec un mucilage , il n’y a qu’à les faire tremper quelque tems dans l'eau, & le crayon perd fa continuité. Ces deux derniers phénomènes font pas lieu avec les vrais & bons crayons d'Angleterre, qui ne contiennent ni foufre ni mucilage. J'ai infifté un peu fur cer objec, parce que je me füis trouvé quelque tems induit en erreur d’après l'analyfe que je faifois de la plombagine d’Aneleterre, en me fervant des crayons, que j'achetois très-cher, comme venans de ce pays , & je concluois que la plombagine d'Angleterre contenoit du foufre ; mais celle que je me fuis procurée dans la fuite du pays même , & par des perfonnes de confiance, n'en contient pas du tour, On fait aufli des crayons avec la plombagine d'Allemagne, qui eft affez commune à Paris, & cependant on eft tellement porté à la {opbhiftication , que ceux qui les y préparent, y ajoutent encore du charbon, du foutre , &c. On en prépare aufli avec la réfine ; & ces derniers appro- chés d’une bougie allumée , brülent comme de la cire d'Efpagne. , La plombagine fert encore pour garantir le fer de la rouille , & l'emploi qu'on en fait eft très-confidérable : tous les uftenfiles , comme poiles, plaques de cheminée , cheminées pruffiennes , &c. qui paroiflent très- brillans , doivent cette couleur à la plombagine dont ils font cou- verts (1). Ceux qui préparent le plomb de chafle, s’en fervent pour (1) Homberg a donné dans les Mémoires de l’Académie, année 1699 , un procédé pour garantir le fer de la rouille, & il fait ufage de la plombagine. Voici le procédé tel qu'il l’a décrit : Prenez huit livres de panne de porc bien féparée des parties étrangères. Après lavoir fondue ayec un peu d’eau, on y ajoute quatre onces de camphre coupé par morceaux , & quand la diffolution de ce dernier eft faite, on retire le vafe du feu, & tant que la compofition refle encore chaude, on y ajoute la quantité de plombagine néceffaire pour lui donner une couleur plombée. On frotte le fer & l’acier de cette compofition , & il faut auparavant faire chauffer les uftenfiles qu’on veut plomber , au point qu’on ait de la peine à les tenir ayec les mains, & TN PR “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 adoucir & brunir leur grain : on l’emploie avec avantage pour couvrir les cuirs à repaffer les rafoirs ; elle entre auffi dans la compofition de certaines poteries plombées qui viennent d'Angleterre , & elle ferc encore pour préparer les creufets qui font connus fous le nom de creufets d'Ypfex ou d'Allemagne, C'eft à PaffJaw en Saxe que fe fair cette préparation : & comme on eft obligé de pulvérifer la plombagine pour l'employer, & Lt ne reprendroic point corps feule, on y ajoute une certaine quantité ‘argile, qui donne non-feulement de la confiftance au creufet, mais ‘encore garantit la plombagine de la vive action du feu qui la détruiroit bientôt. Pott a aufi fait entrer la plombagine dans la compofition de fon lut pour lutter & brafquer fes creufets ; mais il y joignoit un peu de pierre- ponce & de l’argile, avec une fufhfante quantité de bière. J’ai eflayé ce dut, qui réuffit très-bien. J'emploie une partie de plombagine , trois de terre argileufe ordinaire, & un peu de bourre de vache coupée très-fine- ment: les cornues de verre enduites de ce ut peuvent recevoir un feu beaucoup plus vif fans fondre, & lorfque cet accident leur arrive, on trouve la cornue fondue, fans que le lut ait changé de forme. La plombapine étant bien pulvérifée, eft fi douce qu’on ne la fent point entre les doigts: j'en ai bien enduit les couffinets d’une machine électrique pour voir fi comme l'aurum mufivum , elle ne pourroit point fervir à produire une quantité plus confidérable de matière électrique ; j’ai obfervé qu'on n’en retiroit point un pareil effet; cependant dans le cas où l'on n'auroit ni aurum mufivum, ni chHetRe , on pourroit l'employer avec quelqu’avantage ; la plombavine laïfle paffer la commotion électriques comme les fubftances métalliques, d D'après l’hiftorique fucciné que je viens de donner de la plombagine, il eft aifé de voir combien es fentimens varient fur la nature de certe fubftance : la plupart des Auteurs de chimie n’en ont point fait mention, & il eft rare d'en entendre parler dans les cours de Chimie. M. d’Arcet en a cependant parlé dans fon Cours de 1783. I y fit voir les réfultats lorfqu'ls font froids , on les effuye bien avec un linge. Ceux qui donnent la couleur plombée au fer, font myflère de leur compofition , mais il n’y a point de doute, que ce ne foit d’un procédé analogue à celui que je viens de décrire, qu’ils font ufage; peut-être fuppriment-ils le camphre , mais il FR que c’eft toujours un corps gras qui empâte la plombagine, avant qu’ils l’étendent fur le fer. En général , on ne fait ufage de ce procédé qu’à l'égard des fontes groflières & à gros grains, & particulière- ment pour les pièces qui ont quelque défeäuofité. Les poiles & les plaques de cheminées, &c. qui font recouverts de plombagine ont le défagrément de fournir une odeur infupportable & même dangereufe , quand on commence à les chäuffer; & ceux qui en approchent, reffentent de très-grands maëx . de tête ; maïs à la longue cet inconvénient cefle, & cela par la deftruétion totale du corps gras qui avoit fervi à appliquer 11 plombagine : l’huile effentielle de térében- thine peut auf fervir à appliquer la plombagine fur les uftenfiles de fer. Tome XXVIT, Pare. IT, 1785. NOVEMBRE, Xx2 L] “ 348 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'il eut d'après l’analyfe de Schcele : j'ai eu occafion de faire depuis eine expériences nouvelles, que j'ai cru devoir joindre aux premières, afin de former du tout une analyfe complette, Mon travail fera partagé, comme celui de Schéele , en deux parties, parce que la plombagine donne des réfultats abfolument différens de la molybdène , quoique ces deux fubftances paroiflent aux yeux du Naturalifte être de même nature. Dans la première partie je donnerai l’analyfe de la plombagine, j'y joindraf auf l'examen de diverfes plombagines , ainfi que d’une fubftance qu'on zetire des fontes de mine de fer & de la diflolution de certains fers par l'acide vitriolique ou acide marin, Dans la feconde partie je préfenterai l'analyfe de la molybdène. Analyfe de la Plombagine d'Allemagne. PREMIÈRE PARTIE. $. I. On trouve la plombagine dans beaucoup d’endroits ; celle qui fe trouve dans le commerce nous vient d'Allemagne. Il nous en vient aufli des échantillons d'Efpagne , d'Amérique , d’An- gleterre, &c. En général, tous les morceaux que j’ai vus font par rognons, dont les plus gros peuvent pefer dix à douze livres. Il ne faut point croire que ces morceaux aient été roulés ; en les examinant avec attention , on voit bien que c’eft leur érat naturel ; d’ailleurs, j'en pofsède un morceau qui eft dans fa gangue très-dure , & la plombagine y eft de même par rognons; c’eft fans doure ce caractère qui par les anciens l'aura fait défigner par glebæ plumbariæ : fa couleur eft d'un gris bleu affez fem- blable à la couleur du fer ; fa pefanteur fpécifique , d’après M. Briflon , eft 22,456. $. II. PLOMBAGINE ET ACIDE MARIN. La plombagine , comme l’a obfervé Schéele, contient des fubftances qui lui font étrangères , & dont il faut la féparer , quand on veut procéder à des expériences exactes ; la pirite Paccompagne quelquefois de même que le fer & la rerre argi- leufe. Cerre première eft aifée à reconnoître à la vue, & on peut l’éviter ; mais quelque beaux que foient les morceaux qu'on emploie , il convient toujours de la purifier, Le procédé le plus fimple eft de la traiter avec acide marin qui diflout très-bien le fer & l'argile, & qui décompofe également la pirite; on décante enfuite la liqueur , on lave bien le réfidu , & on le foumet à la diftillation pour en féparer le foufre; c’eft ainf que deux onces de plombagine d'Allemagne ont été traitées avec fix onces d'acide marin. Pendant lébullition il fe formoit de grofles bulles qui. venoient fe crever à l’orifice du matras ; j'ai érendu le rour de douze onces d’eau bouillante; j'ai filtré, & j'ai verfé de nouvelle eau bouillante fur le séfidu , qui étant féché, s’eft trouvé du poids d’une once‘fix gros trente- # SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 deux grains. Il a été mis alors dans une cornue de terre, où je lui ai fait fubir quatre heures de feu ; il en eft forti quelques gouttes d’une liqueur légèrement acide qui précipitoit la diflolution nitreufe d’argent ; la plombagine étant alors retirée de la cornue, ne pefoit qu'une once fix gros & fix grains, Cette feconde perte réunie à la première produit prefque un huitième du total; c’eft dans cet état qu'on peut regarder la plom- bagine, comme amenée à fon point de pureté, & je l'ai employée telle dans toutes mes expériences (1). ; Les fubftances qu'on fépare de la plombagine font le fer en plus grande partie, & un peu de terre argilleufe ; mais leurs proportions varient, Lorfque la plombagine eft ainfi purifée, l'acide marin n’a aucune action fur elle ; car en ayant traité plulieurs fois avec ce menftrue,-en recohobant la liqueur à mefure qu'elle diftilloit , je n'ai pu parvenir ni à la dénaturer ; ni à lui enlever la moindre chofe de fon poids. $. III. PLOMBAGINE ET ACIDE NITREUX. L’acide nitreux n’a d'action que fur la plombagine non purifiée; car lorfqu’elle eft bien pure , elle n’eft nullement altérée , quelque longues que foient les digeftions qu'on lui fait fübir ayec cet acide, J’ai pris demi-gros de plombagine purifiée que j'ai introduit dans une cornue tubulée, & j'ai diftillé deflus une once d’acide nitreux très-fumant; la diftillation finie, j'ai verfé encore une once d'acide nitreux, J'ai diftillé de nouveau , & j'ai continué ainfi jufqu’à ce que j'aie eu employé huit onces d’acide nitreux très-fumant : après toutes ces opé- rations, j'ai retiré la plombagine de la cornue avec tout fon brillant , fon onétuofité , &c. & n'ayant rien perdu de fon poids. $. IV. PLOMBAGINE ET ACIDE MARIN DÉPHLOGISTIQUÉ, J'ai déjà ‘obfervé ($. II) que l'acide marin n’avoit point d’action fur la plomba- gine; il me reftoit à la traiter avec l’acide marin déphlogiftiqué ;, & pour y procéder, j'ai mis dans une cornue demi-once de manganèfe fur laquelle j’ai verfé quatre onces d’acide marin fumant. J’y ai ajufté un récipient, dans lequel j’avois mis un gros de plombagine purifiée ; & lorfque la diftillation a été finie , j'ai repris tout ce qui étoit dans le récipient (l'acide marin & la plombagine ). J'ai introduit le tout dans une cornue, & j'ai diftillé à ficcité ; j'ai. bien lefivé le réfidu qui ayant enfuite été feché, s'eft trouvé pefer un gros moins deux grains (2). 1) M. Bertholet m'a dit s’être fervi de ce mêmesmoyen, & il a lu auf à FAcadémie quelques expériences fur la plombagine. (2) Si on traite de même le charbon avec Pacide marin déphlogifliqué , on n’appérçoit point que cet acide ait ation für lui; mais fi l’on fait un mélange de manganèle & de poudre de charbon, & qu’on diflille deffus de Pacide marin concentré, le charbon diminue fenfiblement , & on obtient beaucoup moins de gaz acide marin déphlogiftiqué , que lorfqu’on diffille la même quantité d'acide marin fur la minganèfe pure. Le même phénomène s’obferve ayec la plombagine, Je crois donc que dans ces gso OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, $:: V. PLOMBAGINE FT ACIDE VITRIOLIQUE. J'ai mis dans un matras cent grains de plombagine purifiée, & j'ai verfé deflus quatre onces d’huile de vitriol, j’ai laiffé le tout à froid pendant plufieurs mois, Je nai rien obfervé de particulier, finôn que la liqueur avoit verdi ‘légèrement 3 &c qu’à un très-léger degré de froid , l'acide prenoit unesforme cryftalline & fe congelloit en totalité; j'ai aufi mis à viriolifer deux onces de plombagine ; ayant l'attention de l’arrofer de temis en téms avec de l’huile de vitriol étendue d’eau. Voilà déjà deux ans que je fuis après cette vitrio- lifation , & je ne m'apperçois pas que la plombagine ait fouffert quelque altération. Cependant f on diftille de l'huile de vitriol bien pare fur la plombagine, il y a de l'acide fulfureux qui pafle dans la diflillation; mais cela n’alrère point la plombagine qui refle dans la cornue, & fa dimi- nution eft en raifon de l'acide fulfureux produit. $. VI. PLOMBAGINE ET EAU RÉGALE. D'après Schéele, il paroîtroit que l'eau régale a une très-grande action fur la plombagine , puifqu'it rapporte qu'une once ayant été foumife à ce menftrue, y a perdu cinq L deux cas, il fe pafle une décompofition du charbon & de la plombagine, & que la deftrudtion de ces deux corps ( qui eft due à l’aétion qu’exerce {ur eux l'air déphlogifti- qué ftparé de la manganèfe par l’acide marin ) peut être comparée aux phénomènes de la combuftion ; d’autant encore que dans ces deux opérations, on obtient , avec le gaz acide marin déphlogiftiqué, de l'air fixe, qu'il eff aifé de reconnoitre avec l’eau de chaux, Ces deux dernières expériences font poftérieures à la leéture de ce Mémoire, &elles faifoient partie d’un travail que j’avois entrepris fur la manpanèfe , lorfque j'ignorois celui que Séhéele avoit fait fur cette fubftance , & dont M. de Morveau vient de nous donner connoiffance. Je vois avec plaifir que toutes les expériences qu’on pouvoir tenter für cette matière, fe trouvent dans l’ouvrage de Schéele, Cependant, ne m’étant pas toujours rencontré dans les:vues de ce célèbre Chimifte , j’ai eu occafon de voir des réfultats qui lui ont échappé. Tels font ceux que je vais rapporter. Si fur un mélange de parties égales de limaille de fer & de manganèle , on met de acide marin, il y a produétion de chaleur & dégagement d’un air qui précipite l’eau de chaux. Un autre mélange de demi-once de limaille de/zinc & de demi-once de manganèle traité avec l’acide marin m’a donné un air inflammable qui détonnoit , fans addition, après que j'en ai eu féparé l'air fixe qu'il contenoit. Un mélange de parties égales de fleurs de foufre & de manganèfe donne auffi avec Pacide marin, de l'air fixe ; & le foufra eft changé en acide vitriolique qui refte uni à la manganèfe. Ces expériences favorifent beaucoup l'opinion de ceux qui admettent le phlogiftique dans le fer & le zinc, (ur-tout fi l’on confidère l'air fixe comme le produit de la phlogification de l’air pur ou déphlogifliqué. On peut auffi obtenir d’un mélange de manganèfe & de régule d’antimoine. fur lequel on met de l’acide marin, une diffolution qui contient deux fels, /a combinaifon de l'acide marin avec La manganèfe, & celle du méme acide: avec La partie réguline de l'anrimoine , & en y ajoutant de l'eau bouillante , il fe fait un précipité blanc, qui eff abfolument fembiable à la poudre d’Æ/garorh , ce qui feroit un procédé expédiuif & peu difpendieux pour lobtenir, | 1 | | ; pe 1 = SUR L'HIST: MATURELLE ET LES ARTS, 3çx gros. Schéele ne dicpas:comment il a préparé. fon eau régale , ni la quantité qu'il en a employée ; il n’a point aon plus examiné la diflolution, il fe contente de dire que les trois gros de plombagine qui n'avgient point été diflous, étoient décompofés beaucoup plus difficilement, & il en a conclu que le phlogiftique y éroir combiné plusintimiément avec l'air fixe. J'ai cru que cette expérience demandoit plus de précilon; &:voici comment j'ai préparé l’eau régale: j'ai faie diffoudre. demi-once .de {el ammoniac purifié dans une once d'eau diflillée, & j'y ai-ajouté deux onces d'acide nitreux à vingt-fix degrés; j'ai mis le tout avec demi-gros de* plombagine purifiée, & j'ai fait bouillir pendant deux heures, La plome bagine ne parut pas s'y difloudre, & l'en ayant féparé après cette ébul tion, elle pefoit trente-trois grains. Certe expérience nous prouve donc que la plombagine de Schéele, étoit moins pure que celle que j'ai em- ployée , & que la perte qu'il a eue ; doit être attribuée aux fubftances étrangères qu’elle contenoit , & non à la diflolubilité de la plombagine dans ce menftrue. $. VIL PLOMBAGINE ET ACIDE ARSENICAL, J'ai bien mêlé deux gros d'acide arfenical coneket avec un gros de plombagine ; j'ai diftillé ce mélange à l'appareil pneumato-chimique, & j ai eu pour produit, arfenic à l’état de chaux & de régule fublimé au col de la cornue, un gros cin- quante-quatre grains. Le réfidu pefoit foixante-huit grains; maisil contenoit encore de l’arfenic, car après avoir été tenu à un feu plus continué & plus fort (tel que celui d’une bonne forge )il n'a plus pefé que cinquante grains; jai aufli obtenu dans le courant de cette opération de l’air fixe, & quelques gouttes d’eau ; quoique ces deux fubftances expofées féparément au feu, né m'en ont point donné : ce qui prouve que l'eau obtenue dans cette expé- rience eft due néceflairement à la décompolition qui a eu lieu. $. VII, PLOMBAGINE ET ACIDES VÉGÉTAUX. Les acides végéraix ; tels que le vinaigre, la crème de tartre , &c, n'ont aucune adtion fur la plombagine purifiée. $. IX. PLOMBAGINE ET ACIDE PHOSPHORIQUE. Maloré le peu d'action des acidés tant minéraux que végétaux fur la plombagine, j'ai cru devoir Ja foumertre à l’action de l'acide animal ou phofphorique, J'ai pris en conféquence trois onces de plombagine que j'ai jointes à une certaine quantité d'acide phofphorique retiré des os. J'ai fait du tout une pâte, qui étant bien defféchée, fut introduite dans une cornue avec un appareil ordinaire. J'ai donné progreflivement du feu ; jufqu'à tenir la cornue rouge pendant fix heures, Les vaiffeaux étant refroidis, j'ai trouvé une pellicule fur l'eau du récipient; le col de la cornue éroit recouvert de deux fubftances , l’une un peu jeune, & l’autre d’un jaune paflant au rouce foncé ; & toutes deux ont brûlé comme du vrai phofphore: je dois obferver aufli que pendant l'opération, on fentic l'odeur de fleur de pêcher, & celle d'ail qu'on remarque toujours dans l'opération du phofphore, Il 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, télulte donc que l'acide phofphorique peut s'unir au phlogiftique de la plombagine , & former du phofphore, tel qu'on l'obrient avec le phlo- giftique du charbon. $. X. PLOMBAGINE ET PIERRE A CAUTÈRE. ‘Après avoir foumis la plombagine à l’aétion des acides, il me reftoit à la traiter avec les alkalis, comme Sehéele l'a fait ; mais comme cette expérience étoit ctrès-confé- quence pour la conclufion que j'avois à en retirer, j'ai cru qu'il écoir très-eflentiel de s’affurer de la caufticité abfolue de l'alkali; & pour ‘n'avoir aucune objection à craindre ; j’ai faic ufage de l’afkali cauftique préparé à la manière de M. Bertholec; j'ai donc bien mêlé de la plomba- gine avec le double de fon poids d'alkali obtenu par le procédé de M. Bertholet, & ayant foumis ce mêlange à l'appareil pneumato-chi- mique , j'ai obtenu de l'air inflammable crès-pur , & le réfidu alors faifoit une vive effervefcence avec les acides; mais comme je craignois que Valkali n’eûc retenu une portion d'efprit-de-vin , qui auroit pu fe décompofer dans la vive action du feu , j'ai cru devoir foumertre feul à la diftillation l’alkali dont j’avois fait ufage: & en eflec, il m'a fourni de Vair inflammable, & il s’eft trouvé enfuite effervefcent. J'ai donc jugé alors qu’il étoic plus sûr de faire ufage pour cette expérience de l’alkali cauftique ordinaire préparé avec foin. J'en ai mêlé avec de la plombagine, & je les ai foumis à la diftillation pneumato-chimique: j'ai de même obtenu de l'air inflammable pur, & le réfidu faifoic une vive effervefcence avec les acides, & j'en ai aufli retiré l'air fixe. $. XI. PLOMBAGINE A L'APPAREIL PNEUMATO-CHIMIQUE. Comme fa dernière expérience me fit appercevoir qu’on pouvoit changer la plombagine en fluides aériformes, je voulus m'affurer , fi én la traitant immédiatement & fans mêlange à l'appareil pneumato-chimique , je n'obtiendrois point des réfultats de même nature. En conféquence, j'ai pris deux cens grains de plombagine purifiée, que j’avois eu foin de bien fécher avant l'opération. Je l'introduifis dans une cornue luttée avec l'appareil pneumato-chimique ordinaire ; & j'ai foutenu le feu à tenir la cornue rouge pendant fix heures; je n'ai pas eu la plus petite portion d'air, & j'ai retiré la plombagine nullement altérée & ayant confervé fon poids. $. XII. CALCINATION DE LA PLOMBAGINE. Ayant tenu la plom- bagine à un feu ordinaire pendant quatre heures , il s’en confuma trente grains fur un gros : jugeant cependant que la perte feroit plus confidérable, d'après ce qu'annençoit Quiff, j'ai cru devoir la foumettre à un plus grand feu , & je choilis celui de la manufacture royale de porcelaine de Sève , que M. d’Arcet eut la complaifance de me procurer. J'y foumis cent grains de plombagine purifiée, qui fortir du feu ne pefant que fepe grains , & ayant une couleur grife ; je fis une feconde expérience, & jy mis 600 grains de plombagine non purifiée; après avoir pañlé Fu pis SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 353 fois au feu, le creufet ne contenoic plus que! quatorze grains d’une matière brillante noirâtre, nullement attirable à l’aimant, & que je regarde comme du fer à l'état de chaux. Ici la perte a été très-confidérable , puifqu'elle a été près de +, & je fuis prelqu'afluré qu'elle auroit été cotale , fi je me fufle fervi de plombagine puriñée. Mais la plombagine ne fe comporte pas de même dans des vaifleaux fermés ; elle peut, comme le charbon , recevoir un très-grand coup de feu , fans pour cela fe décompoler en entier. J'en ai expofé au même feu de porcelaine deux cens grains que j'avois mis dans un creufet pareil à ceux que M. d’Arcet a employés pour faire fes eflais fur le diamant dans les vaiffeaux fermés ; & après être revenue du feu, elle ne paroifloit point altérée. Elle peloit encore cent quatre-vinot-dix grains ; ainfi elle n'y avoit perdu que le vingtième de fon poids. $. XIII. PLOMBAGINE Er NITRE. J'ai fait fondre dans un creufet huit onces de nitre, & alors j’y ai projetté par partie de la plombagine jufqu'a ce que le nitre ne fusar plus. J'ai auf pris garde de ne pas mettre un excès de plombagine; cinq gros moins fix grains m'ont fufñ. La détonnation a été crès-vive dans le commencement, & elle s’elt ralentie fur la fin des dernières projections. Il fe fit alors un gonflement , qui annonçoit une combinaifon : j'ai bien leflivé la matière, & à la faveur d'un filtre j'en ai féparé une terre d’un gris jaune qui étant féchée peloic vingt-huit grains. Les liqueurs qui étoient d’une belle couleur citrine verdifloienc le fyrop de violettes, & étant faturées avec l’acide nitreux, elles ont donné de l'air fixe, & par l’évaporation j'en ai retiré du vrai nitre. J'obferverai aufli que lorfqu'on fature ces liqueurs alkalines , il fe fait un précipité que l'examen m'a fait conncître pour un mélange d’ar- gile & de terre quartzeufe ; mais de même que ce précipité terreux peut être fourni par la plombagine, je crois aufli que la plus grande partie vient du creufet , lequel aura été attaqué par l’alkali de la décompofition du nitre. Le poids du précipité que j'ai eu dans cette expérience éroit de 20 grains; mais il varie beaucoup fi l’on n’a pas l'attention de mettre Pacide par portions, & éviter fur-tout d'en mettre un excès, parce qu'alors l'acide en excès diflolveroit la terre argileufe. " Si on fait détonner la plombagine avec le nitre quadrangulaire, les mêmes phénomènes ont lieu; & le réfidu eft de l’alkali minéral qu'on obtient en beaux cryftaux par la diflolution & cryflallifation. $. XIV. PLOMBAGINE ET NITRE AMMONIACAL. J'ai fait un mélange de demi-gros de plombagine & de-“huit gros de nitre ammoniacal, que j'ai projetté par parties dans un creufet de porcelaine très-rouge , après la détonnation j'ai trouvé dix huit grains de plombagine non-décompofée : ce n’eft pas qu'il n’y eût affez de nitre ammoniacal pour décompofer üne plus grande quantité de plombagine; mais comme on fair rouoir le creufets la plus grande portion du nitre ammoniacal brûle par lui-même. J'ai Tome X XVII, Part, IL, 1785. NOVEMBRE, Yy 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; joint aux dix-huit grains de plombagine une nouvelle dofe de nitrë ammoniacal , & j'ai procédé à la détonnation de la même manière, Le réfidu que j'ai eu ne pefoit que quatre grains & avoit encore toute l'appa- rence de la plombagine: fi on fait cette opération dans des vaifleaux diftillatoires , il pafle dans le récipient de l'alkali volatil faifant effervef- cence; ceft qu'ici la plombagine en fe décompofant, a fourni aux principes de l'acide nitreux , le phlogiftique néceflaire pour produire la déronnation ; & en même-tems à l'alkali volatil qui échappe à la com- buftion , l'air néceflaire pour le rendre effervefcent. $. XV. PLOMBAGINE ET SELS VITRIOLIQUES. J'ai fait un mélange de deux gros de plombagine & d’une once de tartre vitriolé bien pulvérilé, Le tout a été mis au feu pendant deux heures dans un creufet bien couvert. Au bout de ce tems la matière étoit agglutinée; mais elle fe brifoit facilement : fon poids n’étoit plus que d'une once foixante grains. Cette matière s’eft difloute avec effervefcence dans l’eau-forte 3 & j'en ai retiré du nitre; il s’eft aufli dégagé pendant la diflolution une odeur hépatique , & la matière infoluble étant diflillée, m'a donné du foufre. Ayant de même traité le fel de Glauber avec la plombagine, j'ai auffi obrenu une matière qui, traitée avec l’acide marin, m'a Burns du fel marin ; & par la diflolution j'ai eu avec l'air fixe une ét quantité de gaz hépatique: le réfidu fublimé m’a donné du foufre. Cëqui prouve que la plombagine a décompofé ces deux fels, comme le fait le charbon ordinaire. j $. XVI..PLOMBAGINE ET SELS ARSENICAUX. J'ai traité par la diftillation la plombagine mêlée, foit au fel arfenical à bafe d’alkali végétal, foic à celui à bafe d’alkali minéral, & dans les deux cas j'ai obtenu dans le col de la cornue de l’arfenic à l’état de chaux & de réoule, & les réfidus de la diftillation fe font trouvés des alkalis aérés, $. XVIL PLOMBAGINE ET SELS MARINS. La plombagine traitée avec le fel marin, ne fouffre aucune altération ; mais fi on la traite avec le {el ammoniac, ce dernier fe fublime à l’état de Aeurs martiales, ou de fel ammoniac chargé du peu de fer que contient la plombagine. 6. XVIII. PLOMBAGINE, SEL AMMONIAC ET CHAUX. J'ai introduit dans une cornue de verre un mêlange de fix onces de chaux vive , deux onces de fel ammoniac & autant de plombagine. Le récipient dont je me fuis fervi étoit une alonge avec un petit ballon , auquel étoit adapté un petit rube plongeant dans deux onces d’eau: le feu a été pouflé & con- tinué par degrés jufqu’à ce que la diftillation fût finie ; il a pañlé dans le récipient fix gros de liqueur, & l’eau de la bouteille qui condenfoit les, vapeurs gazeufes’avoit augmenté de demi-once. Ces deux liqueurs étoienc de l’alkali volatil, dont une partie étoit aérée; car elles faifoient effer- vefcence avec les acides, & en même-tems elles donnoient un précipité. \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3sr que je foupçonne être de la chaux de fer contenue dans la plombagine & volatilifée par l’alkali volatil, \ $. XIX. PLOMBAGINE ET CHAUX MÉTALLIQUES. Si on tfaite la litharge avec la plombagine feule , on obtient un culot de plomb ; mais fi au lieu de litharge vous employez du minium , vous n'obtenez point la réduction du plomb; de même fi vous traitez la plombagine feule avec la plupart des chaux métalliques parfaites , vous n'opérez point leur réduction ; phénomène qui a également lieu avec le charbon ordinaire. Pour employer la plombagine comme principe réduétif, il faut y joindre lalkali, alors vous obtenez facilement la réduction des chaux métalliques, de même que vous l'obtiendriez avec la poudre de charbon ordinaire & l'alkali fixe ; & dans ces deux cas il y concourt de deux manières; 1°, par l'état de fufion que ce fel procure & qui eftindifpenfable ; 2°. parce qu'il favorife le dégagement du principe de la plombagine ou du charbon. Les chaux de mercure , comme l’a obfervé Schéele, fe réduifent avec la plombagine; mais comme elles peuvent être réduites feules, ce phénomène n'a rien d'extraordinaire. $. XX. PLOMBAGINE ET CINNABRE. La plombagine ne décompofe pas le cinnabre , comme le fait le fer ; pour m'en aflurer , j'ai pris trois cens grains de plombagine que j’ai bien mêlé avec trois cens grains de cinnabre; le tout mis dans une cornue avec un récipient plein d'eau, j'ai donné quatre heures de feu; le cinnabre s’eft fublimé fous forme cryftalline , & il y a eu pendant l'opération un peu de foie de fouffe volatil, La liqueur du récipient eft devenue laiteufe , & la plombagine a refté dans la cornue en confervant fon poids & fa couleur. $. XXI. PLOMBAGINE ET SUBSTANCES MÉTALLIQUES. J'ai traité la plombagine avec différentes fubftances mêtalliques , & j'ai toujours obfervé que lorfque ces dernières éroient en aflez grande quantité pour n'être pas empatées par la plombagine , & que le feu étoit donné affez fort, alors le métal gagnoit la partie inférieure, & fe réunifloic en culot, & la plombagine venoit à la furface ; mais il n’en eft pas de même avec le fer ; comme celui-ci demande un très-orand feu pour entrer en fuñon , & encore bien plus grand , lorfqu'il fe trouve mêlé avec des fubftances hétérogènes, il arrive qu'il s'agglutine, & que les corps étran- gers fe trouvent , non unis, mais interpolés où mêlés avec lui; c’eft ce qui arrive à la plombagine, qui d'un côté ayant une pefanteur aflez con- fidérable , & d'un autre le fer ne recevant une belle fufion qu’à l’aide d’un très-grand feu; ce font ces circonftances qui rendent d’une très-grande difficulté , le moyen de féparer la plombagine du fer, quoique ces deux fubftances ne foient point combinées énfemble , comme quelques-uns l'ont cru, & je crois qu’on doit bien diftinguer une juxta-pofrrion de molécules, de ce que nous nommons combinaïfon. On ne manquera point de m’oppofer les expériences de Beroman, & particulièrement celle Tomas X XVII, Part. II, 1785. NOVEMBRE. Yy2 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, citée à fa 106° expérience : « 201 : livres de fer de la 90° expérience ; » forgé mince, avec $o de plombagine, expofées enfemble au feu de fufion » pendant vingt minutes dans un creufet brafqué, ont produit 190 livres >» de régule d’une couleur cendreufe , ayant des cavités rembrunies. L’on > obfervoit à fa furface des petites ftries verticilées. Ce régule étoit dur, > brifant fous le marteau, d'un blanc cendré, à la fraéture comme à la » furface, & l'on obfervoit une cryftallifation ; il cédoit à la lime, une > goutte d'acide nitreux y imprimoit une tache brune, & le faifant > diffoudre dans l'acide vitriolique bouillante, il laifloit une poudre noire, » & la trempe lui donnoit un grain d'acier ». (1) I dit aufli ailleurs que ce régule de fer eft très-proche de l'état d'acier; mon deflein n’eft pas de combattre l’opinion de Bergman. Cependant je fuis bien perfuadé que le fer uni à la plombagine ne pourra devenir acier fin , qu’autant que le fer fera dépouillé de cette fubftance, laquelle lorfqu’elle fe trouve unie au fer, rompt l'union des vraies molé- cules du fer, & rend par-là celui-ci aigre ; aufli M. Bergman dit dans un autre article, que le fer ductile ne contient aucune portion de plomba- give, & ailleurs , que pour amener la fonte de fer à l'érat de fer ductile, il eft néceflaire de lui enlever , ou de décompofer la plombagine qu'elle con- tient. D'après toures ces confidérations j'avois à m'aflurer fi la plombagine pourroit s'unir avec les fubftances métalliques, & je l'ai traitée avec toutes , parce que j'efpérois toujours en trouver quelqu'une avec laquelle elle s’uniroit , d'après l'opinion où j'étois qu'elle entroit en combinaifon avec le fer; mais chaque fois que j'ai eu fufñon parfaite, j'ai féparé le métal dans fa pureté ; c’eft ce qui fait que je n’entrerai point dans les détails de routes ces expériences. Cependant comme la plombagine mêlée à grande dofe à une petite portion de métal, rendroit celui-ci difficile à fe réunir , jé crois devoir citer une expérience , où j'en ai eu un exemple frappant: j'avois bien trituré quatre paities de bifmuth avec une de plombagine. Ayant expofé ce mêlange à un feu beaucoup plus grand que pour fondre le bifmuth , celui-ci trouvant un corps intermédiaire, s’eft granulé , & n'a pu fe réunir. Alors j'ai ajouté au tout douze autres parties de bifmuth, & ayant donné un coup de feu, tour le bifmuth s’eft réuni au fond du creufet, & a formé un culot de couleur plombée à l'extérieur , mais très-brillante dans fon intérieur; j'ai examiné ce culot, ayant eu foin de choifir les parties intérieures, & j'ai trouvé que ce bifimuth ne contenoit point du tout de plombagine, & comme j'ai eu les mêmes fuccès avec tous les autres métaux, je crois pouvoir foupçonner que lorfqu’elle fe trouve avec le fer, elle n'y eft pas combinée , mais feulement interpofée, a ——————— (1) Voyez l’analyfe du fer de M, Bergman, traduite en François par M. Grignon, page 40; Sedion V, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3e} - Le mercure, le zinc, l'arfenic, le foufre, & le phofphore traités par la diftillation avec la plombagine, fe fubliment dans leur état naturel, & la plombagine refte fixée avec tout fon brillant, &c. $. XXIT. PLOMBAGINE ET VERRE, Défirant favoir ce que produiroit la plombagine dans la vitrification, j'ai à cette occafon fait différens mélanges de quartz, &’alkali & de plombagine , & j'ai obfervé que chaque fois que j’avois une belle fonte , là plombagine ne faifoit point union avec le verre; elle le coloroit légèrement, ce que j'attribue au fer qu’elle contient ; quand au contraire læ fufion n’étoir pas parfaite, on obtenoir alors un émail plombé : j'obferverai cependant qu'il faut un très-grand feu pour produire la fufion, & on a toujours une diminution de la plom- bagine ; mais l'un & l’autre phénomène font dûs à la même caufe, &il eft aifé de s’en rendre raifon, Comme l'alkali qu’on emploie décompofe une partie de la plombagine, il y a conféquemment deftruction de cette dernière, & en même-tems l’alkali fe trouve uni à un nouveau principe qui eft l'air fixe, & alors fe trouvant plus réfractaire , il faut un plus grand feu pour produire une belle fufion. Ces inconvéniens n’ont point lieu, fi à la place de quartz & d'alkali, on prend du verre rendre en poudre. On peut aufli pour cette expérience prendre du borax calciné & le fondre avec un peu de plombagine. $. XXII. Conczusion. Il réfulte de toutes nos expériences , que la plombagine doit être regardée comme une fubftance inflammable parti- culière qui doit tenir un nouvel ordre dans le régne minéral, puifqu’elle ne peut être affimilée ni aux terres ou pierres , ni aux fubitances métalli= ques , ni même aux fubftances falines. L’analyfe nous ayant fait connoître dans cette fubftance la matière inflammable en très-grande quantité, nous croyons que ce caractère doit nous fuffire pour la regarder comme étant un être inrermédiaire entre les pierres & les fubftance métalliques, de même que le foufre fe trouve faire un être entre ces mêmes fubftances métalliques & les fels. Conclure avec Schéele que c’elt un foufre méphi- tique, j’aurois à détruire toutes les objections qu’on a déjà faites, qui fonc que les fubftances dans lefquelles l'air fixe ne paroît pas entrer , donnent après leur décompofirion des indices de cet étre ; c'eft ce qu'a très-bien fait obferver M. Bertholet, qui après la détonnation de plufieurs fubftances métalliques , a reconnu que l’alkali faifoit effervefcence. Il paroîtroir donc qu'ici ce font les principes de l'acide nitreux qui en fe combinant avec le principe inflammable des métaux produifent l'air fixe. Dans la déton- nation de la plombagine avec le nitre, de pareils phénomènes doivent avoir lieu. Pour appuyer l’affertion de Schéele, nous n'avons que l’expé- rience où la plombagine a été décompofée par la pierre à caurère , laquelle s'eft trouvée enfuire faire effervefcence. Certe expérience feroit fans con- tredit démonftrative, fi M. de Laflonne n'eût prouvé que l’alkali cauftique difüllé avec le zinc donne de l'air inflammable, & fe trouve enfuire faire à “ # 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, effervefcence (1). Nous ne pouvons donc attribuer ici la production de l'air fixe qu'à la décompofition du principe inflammable du zinc. Ainfi , regarder la plombagine comme compofée d'air fixe & d’air inflammable, il faudroit confidérer un métal comme un compofé du principe cerreux métallique uni à l’air fixe, plus à l’air inflammable. Je regarde cette queftion trop compliquée, pour la difcuter dans ce moment, & jufqu'à ce qu'elle foit éclaircie , je regarderai la plombagine comme une {ubftance inflammable particulière, Un reproche qu’on peut fans doute faire à cette analyfe, c'eft de ne préfenter que des expériences faites par la voie sèche. J'avoue que fi j’euffe pu défunir les principes de la plombagine par queique menftrue fluide , je ferois vraifemblablement parvenu à démontrer quel eft l'être qui y fixe la matière inflammable ; mais toures les tentatives que j'ai faites, ne m'ayant donné aucun réfultat fatisfaifant, j'ai cru en devoir fupprimer les détails, Il me fuffira de dire que les huiles effentielles, les huiles grafles, les éthers, &c. n'ont produit aucune action fur elle ; & que la plombagine s’eft comportée , à plulieurs égards, comme les charbons de bois bien purs. Plombagine d'Angleterre. La plombagine d’Angleterre diffère des autres plombagines, en ce que celle-ci eft d’une texture bien plus fine & d’an brillant plus éclatant. On la trouve de même par rognons; & la difficulté qu’on a à s'en procurer , eft due à ce qu’on n’en retire qu'une certaine quantité, & puis on fufpend l'exploitation : précaution bien sûre pour ne pas la rendre commune, & pour la maintenir à un’ très-grand prix. Pour procéder à l'analyfe de cette plombagine, je m'en füis procuré telle qu’on la retire de la fouille; & c’eft M. Woulfe, Chimifte Anglois, qui n’en a envoyé. La vraie plombagine d'Angleterre n'eft attaquée fenfiblement que par (x) J'ai pris deux gros de zinc que j'ai bien mêlé avec une once de pierre à cautère bien pure : ce mélange ayant été diftillé à l'appareil pneumato-chimique, j'ai obtenu trois pintes & quelque chofe d’air inflammable très-détonnant ; ce qui reftoit dans la cornue étoit de l’alkali faifant une vive effervefcence avec les acides, & donnant de Pair fixe mêlé d’un peu de gaz hépatique. J’ignore comment ce gaz hépatique a pu avoir lieu , la pierre à cautère avoit été préparée avec de l’alkali du tartre bien pur, & le zinc me paroïfloit auffi ne pas contenir de foufre. Je préfume cependant que ce fera quelques portions de tartre vitriolé contenues dans la crême de tartre’, lefquelles ont pañlé dans la pierre à cautère , & enfuite auront , par leur décompofition par le phlogifique du zinc, fourni un peu d’hépar. La matière reftante dans la cornue étoi# bourfoufflée | & on voyoit dans les cavités le zinc à l’état de chaux , cryffallifé en o@aedres très -tranfparens. L'air inflammable produit dans ces circonftances me fait croire que la matière du feu entre pour quelque chofe dans fa compofition ; ce qui n’eft point de l'opinion de ceux qui regardent l'air inflammable comme un être fimple. SUR L’HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 359 les acides arfenical & phofphorique : elle détonne avec le nitre, & avec la pierre à caurère elle donne de l’air inflammable. J'en ai aufli expofé au feu de porcelaine dans des petits creufets. La plus grande partie a brülé, &ily avoit au fond du creufet , des petites gouttes noires & des traces rougeâtres; ce qui prouve que cette plombagine, quoique très-pure en apparence, contient encore un peu de fer. Je ne rapporterai pointéroutes les autres expériences que j'ai faites fur la plombagine d'Angleterre; j'ai regardé celles-ci fufhfanres pour faire regarder cette fubftance comme une vraie plombagine, fupérieure aux autres quant à fa fineffe, mais qui contient encore une portion de fer très-fenfible. . J'ai fait aufli l’analyfe de diverfes plombagines dont je préfente les échantillons à l'Académie. Celle d'Efpagne m'a paru la plus mauvaife ; elle contient de la pirite en quantité. Plombagine du fer, LA Lorfqu'on fond les mines de fer, il y a une matière lamelleufe brillante qui fe fépare dans certaines circonftances, & qui vient nager “eat e ik NÉE SRE fur la fonte conjointement avec le laitier, & au-deflus du laitier, J’ai eu occafion d'en avoir une certaine quantité qui venoit des forges de Al SEA LS Vallancay dans le Berry, ce qui ma permis de l’examiner avec facilité. Cette fubftance que je préfente à l’Académie eft en lames brillantes qui, frottées fur le papier, laiflenc le plombé de la plombagine: elles font PERS PAT 28 : douces au toucher, J'en préfente aufli qui eft dans le laitier (1). L'une & l’autre traitées avec les acides nitreux, marin & vitriolique, ne fouffrenc point de décompolirion ; elles ne perdent que le fer qui s'y trouve en plus grande quantité que dans la plombagine naturelle. L’acide arfenical les décompofe, & on obtient de l’arfenic récénéré. L’alkali cauftique en nee : TERRES RU dégage aufli une très-grande quantité d'air inflammable, & il fe trouve £28 RE RENTE à À enfuite effervefcent : j'ai aufli traité cette fubftance avec le nitre; mais pour que la détonnation ait lieu , il faut que le nitre foit en belle fonte, & même très-rouge. Si alors on fait la projection , il s'opère une détonnation des plus vives, & il y a des étincelles qui font pouffées à un pied au-deflus du creufer. Cette fubftance traitée comparativement avec la plombavgine à un feu Re RARE long-tems continué, brûle & ne laifle que le fer à l’étar de chaux; ainfi A et ES 4 il paroît bien démontré que c'eft une vraie plombagine , & on peut la regarder comme une plombagine de nouvelle formation. En effet, dans 5 APP CAE ee PER les fontes de mines de fer , qu'arrive-t-il ? Les principes rédu@ifs + (1) Ces lames n’ont point de figure déterminée; & c’eft la feule efpèce de plombagine que je connoïfle en James. ns 360 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ VE, qui fe trouvent en excès pour la réduétion du minéral doivent vraifembla: blement fe réunir & fe fixer, de manière à produire la plombagine qui fe trouve garantie du feu qui la détruiroit par le laitier qui la couvre & l'empate. ÿ . Jai aufli retiré une fubftance analogue, telle que Bergman l’a annoncé; de la diflolution de certains fers par l’acide vitriolique. Elle n'avoit point le brillant de celle qui fe fépare dans les fontés de fer ; mais quant aux réfultats chimiques, elle ne n'a point paru en différer, De la plombagine d’Efpagne. Cette plombagine fe trouve préfentement dans le commerce, & il eft aifé de [a reconnoître : elle eft toujours accompagnée d’une très-grande quantité de pirite, laquelle en fe décompofanc vient effleurir à la furface des morceaux, foit en petits cryftaux femblables au vieriol martial , foit encore en une efpèce de végétation foyeufe analogue à l’alun de plume , & qui eft de même du vitriol de mars1), 5 Si on a eu le foin de purifier cette plombagine comme je l’ai indiqué, & qu’on l'analyfe enfuite, on obtiendra avec elle tous les réfulrats que j'ai eus avec la plombagine d'Allemagne, Cette plombagine ne peut guère fervir que pour les uftenfiles de fer qu'on veut plomber ; car pour les autres ufages, la pirite dont il faudroit la dépouiller, y eft en fi grande quantité, que ce ne feroit qu’à grands frais qu'on pourroit l’en débarrafler, De la plombagine d'Amérique. Cette efpèce de plombagine, que M. Woulfe m'a procurée, fe brife afez facilement, & on voit à fon intérieur des petits grains quartzeux , ainfi que des légères traces d’une argile blanchâtre, D'ailleurs, elle eft formée par rognons, avec cette différence que la mafle paroît aflez être la réunion d'une infinité de petits rognons , qui fembleroient préfenter des lames qui au premier coup-d'æil la feroient prendre pour une molybdène ; mais fi on {a criture, cous ces petits rognons fe divifent avec facilité. J'en ai foumis à l'analyfe, & j'ai eu tous les réfultats de la plombagine. Plombagine du Cap de Bonne-Efpérance. La plombagine dans cet échantillon fe trouve mêlée à une très-grande quantité d'une argile jaune; & par la vitriolifation on fépare facilement (1) D’après Bowles on peut juger que c’eft celle qu’on exploite aux environs de la ville de Ronda , du côté du fud-eft, à quatre lieues ou environ de la Méditerranée; & c’eft un Confül étranger qui a obtenu du Roi d’Efpagne d’en extraire deux cent £inquante quintaux par année, F sette ne ee de dé Co de. dé pet SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 361 cette dernière terre. La plombagine alors paroît dans fon état brillant, & fournit à l'ana!yle des réfultats qui ne different point de ceux que J'ai déjà indiqués, ADDITION. + Plombagine de France. Depuis la leéture de ce Mémoire, j'ai pris les renfeisnemens que j'ai pu me procurer, pour connoître les lieux où il exiftoit de la plombagine en France; & je riens de M. le Chevalier de Lamanon, qu'il en a vu dans Ja haute-Provence ; la mine eft fituée près du col de Bieoux , non loin de Curban , à plus de 580 toites fur le niveau de la mer ,& à 309 roifes environ fur le niveau de la Durance. Ce crayon noir fe trouve entie deux couches d’argile qui n'ont que quelques lignes d’épaifleur , & :qui font furmontées d'une petite couche calcaire & d'un grand banc de pierre calcaire, dans laquelle on ne trouve aucune coquille , & dont la chaux eft un peu gypfeufe. En deflous fe trouve un fchifte calcaire & argileux d’une couleur noire. Le crayon forme une couche de quatre pouces d'épaïñleur , ou plutôt ce font des fognons qui ont quelquetois pluleurs pieds de longueur. Ce crayon varie par la fineile du grain, & il a quelque- fois des couleurs plus ou moins foncées. On le trouve aulli accompagné d'un petit filon de pirite. Les habitans du hameau de Bleoux exploitent cette mine depuis quelques années , & ils la vendent à Mafcille , moyennant 1$ live le 100: Souvent il fe vend moins: fon prix étane proportionné aux befoins qu'on en a. D'ailleurs, la difficulté des chemins, la pofirion de la mine, & le peu d'intelligence des payfans qui l’exploitenr, en rendent le débit moins confidérable, M. de la Peiroufe nous a donné une notice des minéraux des Pyrénées (1), dans laquelle il eft fair mention de la plombagine qu'il a rencontrée avec les rourmalines du Comté de Foix. M. de la Peiroufe nous dit que M. de Dolornieu l’a effayée avec M. de Morveau. Quoique la plombagine foit aïlée à reconnoître , cependant elle exifte dans des morceaux où l'œil feul ne lapperçoit point , & ce n’eft que par des analyfes ulrérieures qu’on peut conftater fa préfence. M, d'Arcet a rapporté des Pyrénées un morceau aflez fingulier : il a au premier coup-a'æil lapparence d'une efpèce de fcorie martiale plus noire en certains endroits que dans d’autres. On y diftingue auffi des cavités, ce qui rend certains échantillons abfolument femblables à des produits volca- niques. On rrouve cette roche par rognons d'une grandeur confidérable, On y a coupé un chemin étroit pour monter du grand lac au pic du midi, (x) Journal de Phyfique de Juin 178$. Tome XXVIT, Part. II, 1785. NOVEMBRE. Z 2 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On reconnoît d'ailleurs cette roche par fa couleur noire différente de toutes les autres. Cette pierre frottée entre les doigts leur laiffe une couleur noïre : elle laiffe pafler la commotion électrique. Elle eft grisâtre ét nt pulvérifée ; & fi alors on la mêle avec du nitre fondu, on n’apperçoit point de détonnation ; mais fi on fait vitriolifer la pierre, ou qu’onMla traite avec de l’acide marin , il refte une matière noire, qui déronne avec le nitre, qui n’eft attaquée que par les acides arfenical, phofphorique & vitrio- dique , & qui , avec la pierre à cautère , donne de l’air inflammable , &c, C’eft donc une vraie plombagine mêlée à une aflez grande quantité de terre argileufe : & en cela elle a un grand rapport avec la plombagine du cap de Bonne-Efpérance. Je n’ai pas encore crouvé de plombagine pure, & lorfque je l'ai eu purifiée, je l'ai toujours reconnue pour un corps identique , dont on ne pouvoit dégager fans addition ni air fixe ni air inflammable ; mais qui fe changeoit en l'une ou en l'autre de ces efpèces d’airs , fuivant la fubftance avec laquelle on l’avoit traitée. La fuite dans le prochain Cahier, #. os MÉMOIRE SUR LA PE AMMANNIE CO" UNO RCE ANICE Lu à l'Académie Royale des Sciences en Juin 1785; Par M. L. j LE point d’où fe développe l'Amérique méridionale, la Cordillère , eft le théâtre à la fois grand & terrible, où l'œil furpris voit avec admiration ces abimes profonds que creufent Les torrens qui fe préci- pitent des montagnes; ces énormes rochers qui menacent ruine, fe dérachent & entraînent dans leur chûre épouvantable, les arbres, les plantes, les terres & les minéraux; enfin, ces monts fuperbes dont la blancheur éblouit & la hauteur étonne, la plupart couronnés d'affreux volcans, dont l’explofion fubire & terrible bouleverfe & menace le monde d’une deftruction prochaine; la terre tremble ; des cendres, des rochers calcinés font lancés dans les airs; d'immenfes amas de neige font fondus, un déluge.en eft formé : les hommes & les animaux que furprend ce défaftre, fuyent faifis d'horreur, leurs habitations font dé- truites & les campagnes dévaftées par ces impétueux courans-d’eau , dont la violence entraîne tout ; ces débris emportés par les torrens, forment ea nee Ét. L ot n. - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 363 d'autres plaines & d'autres montagnes d'un ordre inférieur’, qui con- fervent l'empreinte ineffaçable de la caufe qui les forma : ne peut-on pas préfumer que cer éboulement fuccellif de la terre, que l’homme ne foupconne pas du point limité de {on exiftence, a fair difparoître depuis long-tems dans bien des parties de l'Amérique méridionale cette mème Cordillère, & a détruit où minéralifé [es métaux qu'elle renfermoit dans fon fein, dont quelques-uns fe confervent fous Le brillant mé: tallique où nous les trouvons encore dans les mines de tranfport? Entre toutes ces fubftances métalliques, il n’en eft point qui ait davantage exercé les favans, depuis un certain nombre d’années, qué la platine ou or blanc : mon but n'eft point de rechercher ici quelle eft la nature de ce métal fingulier , ni d’examiner laquelle des différentes opinions qui ont été adoptées par les divers favans fur cet objet, eft fondée fur les raifons les plus plaufibles ; je me propofe feulement de communiquer à l'Académie les différentes obfervations que j'ai été à portée de faire ur la platine, ainfi que fur les lieux-où elle fe trouve, pendant un féjour de trois années que j'ai fait au Pérou. Pour plus d'intelligence de ce qui fera dit dans/la fuite, on peut divifer en quatre clafles les différentes contrées ou pays de l'Amérique méridionale, relatives à leurs diverfes hauteurs, auxquelles o1 doit attribuer la différence de leur température refpective, qui influe fi vi- fiblemenc fur les produ“tions de leurs fols. Premièrement celle qui comprend les montagnes couvertes de neige, & les vaftes pâturages ( Paramos ) que l'on rencontre dans les provinces de Quiro , Paftos & généralement par-tout où s'étend la Cordillère, où il gêle toujours très-fort, & où il ne croît que des joncs très-menus, une efpèce de diétame(frailyon) & quelques arbrifleaux fauvages dans les lieux à l'abri du vent; ce font les montagnes primitives ou la Cordillère proprement dite, inhabitée & peut-être i itable, Secondement les pays froids comme Santa-Fé Bogota, Quito, Pamplune, &c. où il ne gèle qu’accidentellement, &#qui produifene la pomme de terre, l'orge, le froment, la pêche, la pomme & la plupart de nos fruits d'Europe. Trofièmement les climats tempérés comme Popayan , Mérida, &c. qui réuniflent les avantages de prefque toute les produétions des pays chauds & des pays froids. Et quatrièmement les pays chauds, comme le Choco, Neyva, Carthagène, & enfin , toutes les plaines & les lieux bas qui fe terminent au bord de la mer, où l’on ne trouve prefqu'aucuns des végétaux qui croiflent dans les pays des deux premières clafles, Ce font ces diverfes hauteurs qui montrent vifiblement, ainfi qu'on vient de l'infinuer , les traces de cet éboulement fuccelif des terres, occafñonné en partie par l'action des feux volcaniques, & en partie pas Tome XXVII, Part. Il, 1785. NOVEMBRE. Zi2 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; celle des eaux, qui ont entraîné & dépofé par couches très diftinétes, toujours inclinées vers la pente des rivières, les différentes matières & les pierres arrondies qu'il eft facile d’obferver dans prefque toutes les plaines & les montagnes des trois dernières clafles, Les montagnes primitives de la première clafle qui conftituent la Cor- dillère font fans contredit le laboratoire univerfel des métaux de l'Amé- rique méridionale; c'eit dans la partie la plus haute & la plus froide u'on trouve ordinairement les mines d'argent, comme celles de Locoft & autres du Pérou; mais il paroît que c'eft dans leur centre ou du moins bien profondément que font les mines d'or, & ileft probable que c’eft des débris de ces montagnes que fe fonc formées les mines d'or de tranfport qu'on exploite aujourd'hui. C’eft au Choco que fe manifeftent d'une manière peut-être encore plus fenfible , les differens lits de pierres arrondies & de terres enraflées où fe trouvent les mines de tranfport; ce pays environné de montagnes primitives en partie détruites, eft comme le réceptacle où viennent aboutir prefque toutes les eaux qui defcendent de la province de Paftos, Patya, Cali, &c, & conféquemment le lieu le plus bas, le plus chaud & qui doit être le plus abondamment pourvu des métaux qui auront été dé- tachés & entraînés des lieux les plus élevés. IL eft rare au Choco de ne pas trouver de l'or dans prefque toures lés terres tranfportées que l'on fouille ; mais c’eft uniquement à - peu- près au nord de ce pays, dans deux diftrits feulement appelés Citara & Novita, qu'on le trouve toujours plus ou moins mêlé avec la platine, & jamais ailleurs : il peut bien y avoir de ce dernier métal autre part, mais il n’a sûrement pas encore été découvert dans aucun autre endroit de l'Amérique méridionale. Ô Les deux paroifles ou lieutenances de Novita & Citara font donc les feuls endroits où l’on trouve les mines d'or & de platine; on les exploite par ” qui eit la manière ufirée pour toutes les mines de tranfport de l'Amérique méridionale efpagnole que, pour plus de _clarté & d’intelligence, nous diftinguerons , 1°. En mines des collines & des montagnes. 2°. En mines des vallées & des plaines. 3°. En mines des ruifleaux ou torrens & des rivières, 1°. Les mines de tranfport des collines & des montagnes font formées prefque toutes de pierres arrondies par le frottement, telles qu'on les trouve dans les rivières, & mêlées de terres glaifes, rouges, blanches, noires, jaunes, avec des fables, du charbon, des corps pétrifiés, &c, le tout ordinairement difpofé par couches, où l'or & la platine fe trou- vent confondus ou mélés fans nulle marque qui puifle faire diftinguer une mine formée fur les lieux. Ê Pour reconnoître ces mines, on fe fert d’un plat de bois en forme | | "7 CORRE CS UT ie CR RS D z À Ê SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 365 d’entonnoir, très-évafé, d’un bon pied de diamèrre, & au milieu duquel eft un enfoncement de la largeur du pouce pour retenir la matière pefante : après avoir enlevé coute la terre végétale ou autre (1), qui ne contient aucun métal, on remplit le plat avec la terre qu’on veut éprouver, on la délaye dans l’eau par un mouvement circulaire qui l'entraîne à la circonférence & la fait échapper par les bords du vafe avec le fable, les pierres & route autre matière moins pefante que l'or & la platine. Ces fubftances tombent néceflairement au fond, & on voit par la quantité qu'il s’y en trouve fi on peut travailler cette terre avec profit. Il faur pouvoir diriger à l'endroit qu'on fe propofe d'exploiter, un courant d’eau fufhfant, qu'on tire de quelque rivière à portée de là; ou fi ce moyen n'eit pas praticable, on fait un réfervoir dans quelque lieu de la montagne, propre à cet effet, qui , à l'aide des pluies ou autrement, puifle fournir toute l'eau dont on a befoin. Quand on a aflez d'eau, & lorfqu'on veut travailler la mine, on fait une rigole fufifante, par où on dirige l’eau dans quelqu'endroit de la montagne, de manière à entraîner fuccelivement dans fon cours toutes les cerres, les fables, les corps légers & les pierres les moins grofles, que des travailleurs ( qui font ordinairement des efclaves negres ou negrefles }, difperfés çà & là dans le ruifleau, délayent avec les pieds & les mains , tandis que d’autres poftés fur les bords de diftance en diftance, ne ceflent d'y en faire tomber de nouvelles avec des barres de fer & autres outils qu'ils ont à cet effer. On a foin de mettre en travers du courant d’eau, des morceaux de bois pour retenir les parties les plus légères du métal; & quand on eft embarraflé des pierres qui s'y accumulent fans cefle, on s’en délivre, en Les jetcanc en quelqu’endroit écarté de la mine, par où la rigole ne doit pas pafler. Toutes les fois que le travail cefle , on arrête l’eau, & le maître ou l’économe a grand foin de laiffer la rigole égale, nette, uniforme, & ne manque jamais de la vifiter avant de recommencer l'ouvrage, A ——————_— ——————— ———— "2 (1) On entend ici par terre végétale ou autre, non-feulement celle qui rélulte du produit de la végétation , mais encore les terres & les fables où on ne trouve rien L & qui forment des couches plus ou moins épaïfles entre lefquelles fe trouvent les minières que l’on cherche; ce qui ne peut venir que d’un tranfport ou refoulement fait par les eaux des terres , fables, pierres , &c. de diférens endroits, ainfi qu'il eft facile de l’obferver par-tout où la terre éboulée laiffe appercevoir ces lits ; car on conçoit bien que, fiune montagne ou plaine qui ne contient aucun méta!, eft déleyée & entrzinée par l’ation des eaux , elle formera une couche plus ou moins épaifle fur totite la fuperficie de la terre qu’elle couvrira; une autre montagne de la clafie primitive contenant des métaux, aura été de la même manière délayée, tranfportée & dépofée enfuite, & ainfi fuccefivement. AE , 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour voir fion n’y a pas touché, ce qu'il feroir aifé de reconnoître aux pas & autres marques qui s'imprimeroient [ur le fable; c'eft là où le mineur eft facilement volé pour peu qu'il manque de vigilance, On continue ce travail fans interruption, des:femaines, des mois & même une année entière, jufqu à ce qu’on veuille en retirer le produit. C'eft alors qu'en préfence du maître ou de l'économe, les travailleurs ou efclaves, chacun avec un plat de bois, tel que celui décrit ci- devant & par le même procédé employé pour découvrir une mine, relavent le fable & rout ce qui refte dans la rigole, & achèvent par ce fimple moyen d'en féparer l'or & la platine. Il y a tel lavage qui donne quinze, vingt, cinquante livres de métal & davantage, felon l'abondance de la mine & le tems qu'elle eft reftée fans être relavée. Il eft étonnant de voir comme ce genre de travail détruit promptement- les collines & les montagnes ; c'eft une nouvelle caufe qui contribue à applanir le Choco : la plupart des tas de pierres qui en réfultent, bientôt dillous en grande partie par l'action de l'air & des pluies, forment en peu de tems une terre où la végétation fe déploie avec la plus grande énergie. 2°. Les mines des vallées ou plaines : il yen a prefque par-tour, mais la pofition défavanrageufe de la plupart à des diftances plus ou moins grandes des rivières qui ont changé leur cours, fait qu’on ne Les tra- vaille que très-dificilenent, quoiqu'elles foient prefque toujours plus riches que celle des montagnes, par la raifon qu'elles fe font formées à leurs dépens ; elles font plus où moins profondes , felon l'épaiffeur de terre végétale ou autres matières qui les couvrent ; on les éprouve felon le procédé décrit, & fielles en méritent la peine, on les exploite. Comme les particuliers n'ont pas les moyens de travailler ces mines en grand, en découvrant une certaine étendue de terrein qui leur per- mettroit de fuivre uniformément toute la couche qui contient la minière, ils fe contentent d'y faire des trous ou foflés dans les lieux qui n'ont pas encore été fouillés, & quand ils font parvenus au minéral, ils en enlèvent autant qu'ils peuvent & le tranfportent près de quelque marre diftinée à cela, où on lave à l'ordinaire : cetre opération eft, comme on voit, beaucoup plus pénible & plus difpendieufe, mais aufli le profit qu'on en retire eft bien plus confidérable. Il ya même de ces plaines fans pente fenfible, où on eft obligé de travailler ainfi, à caufe des rivières qui les traverfent, & qui inondent & finiffenc par combler ces trous dans les faifons des pluies &e des débordemens, ce qui feroit un inconvénient difficile à éviter pour les travaux en grand, 3°. Enfin les mines des torrens, ruifleaux & rivières s'exploitent fimplement par le lavage; on attend ordinairement après la faifon des pluies & les inondations, on tâche, autant que cela eft praticable, 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES AR TS, 367 d'arrêter Les paillettes d’or à leur paflage avec des planches, branchages & autres moyens, & quand les eaux font bafles, on lave comme il eft dir. C’eft ordinairement dans les torrens, les ruifleaux & les rivières, dont la courfe eft très-rapide, qu'on ramafle l'or en paillettes les plus fines, fa léoèreté entraîne fouvent à de grandes diftances; que fi on en trouvoir quelques grains aflez gros pour pouvoir réfifter à l'impulfion d’un débordemnt, il eft très-probable que fa minière ne feroit pas éloignée de là, à moins que cet or n'y fût tombé par hafard, Pour certaines rivières dont le lit eft étroit & les bords efcarpés, comme celle qui pafle à Sarragofle, ce n'eft plus fimplement par le . lavage du fable pris indifféremment par-tout, qu'on parviendreit à en obtenir de l'or, il n’en contient point : on attend la faifon & même l'inftant où les eaux font les plus baffes, & on fait, pour s’en procurer, des trous dans le fable de la manière fuivanre, On a deux grandes terrines de bois ou fébiles, & pendant qu'un homme les remplit alternativement de fable, un fecond va les jeter à quelques pas de là en marchant avec précaution fur une planche mile en travers du trou pour ne pas caufer d’éboulement. Quand le trou eft à la profondeur de cinq à fix pieds plus ou moins ; un fable différent du premier, que l'habitude fait diftinguer au tra- vailleur, découvre enfin la minière ou couche du métal que l’on cherche. Ce fable fe met à part, & on continue ainfi d'en tranfporter le plus que l'on peut, jufqu'à ce que l’eau de la rivière qui filtre continuelle- ment à travers le fable dans le fond de cette efpèce de puits, finie par en ébouler le haut qui tombe & achève de le combler. Ce fable qu'on a mis à part fe lave enfuite à loilir felon Ja mé- thode prefcrite ; on en tire plus ou moins d'or fuivant qu'on a creufé fur un fable encore intact ou déja fouillé auparavant , ce qu'il n’eft as poflible de reconnnoître à caufe des crues d'eau qui remettent Rat au niveau ces fables mouvans. Il eft hors de doute que certe couche de fable à cette profondeur, doit y avoir été tranfportée dans des tems bien antérieurs; les tra- vaïlleurs prétendent même la diftinguer à une certaine chaleur qui fe rend fenfible à leurs pieds, que n’a pas le refte du fable, Voilà les moyens employés par-tout dans les mines de tranfport & fpécialement au Choco, pour retirer l'or & la platine de la terre ; on les fépare enfüite grains par grains avec la lame d’un couteau ou autre- ment fur une planche bien lifle; il faut pour avancer l'ouvrage , avoir la vue bonne & l'habitude de le faire. S'il refte dans la platine, après l'avoir ainfi féparée, quelques légères paillettes d'or, dont le triage emporteroit trop de tems ; on les amalgame avec du vif-argent à l'aide des mains & enfuice d’une mafñle ou pilon 363 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de bois dans une efpèce d'auge de bois ordinairement de gaïac, & on parvient de cette manière, quoiqu'aflez imparfaitement, à les unir au mercurè dont on dégage l'or après par le moyen du feu. On ne nie pas qu'il n'y ait quelques mineurs qui faffent cet amalyame avec leurs pilons de fer ou de cuivre; mais il ne feroit pas vrailem- blable d'attribuer à cette manipulation l’applatiffement de quelques grains de platine, puifqu'un grain de ce métal très-dificile à applatir par lui-même, ne pourroit jamais l'être, étant joint à dix- mille autres qui -ne le font pas, & que d ailleurs on trouve dans cette matière, relle qu'on la retire de la terre, des grains applatis mélés avec des paillettes d'or très-faciles à diftinguer à la fimple vue, qui n’y feroient sûrement pas fi cette platine avoit éte foumife à l’'amalgame. C’eft ce même amalgame mal raflemblé qui laifle quelquefois après lui des gouttes de vif-argent qu'on a cru trop légèrement devoir exifter dans la platine; c’eft une erreur dont on doit d'autant mieux fe défa- bufer qu'excepté les mines de Guancavelica au Pérou dont la diftance eft de plus de trois cents lieues du Choco, on n'a pu jufqu'à préfent découvrir aucune mine de mercure où de cinabre dans toute l'Amérique efpagnole, nonobftant les grandes récompenfes promifes par le Gouvernement, C'eft aux deux cours des .monnoyes de Santa-Fé de Bogota & de Popayan que fe porte tout l'or du Choco pour y être monnoyé; là on fair un fecond triage de la platine qui pourroit être reftée avec ler ; les Officiers royaux la gardent, & quand il y en a une certaine quantité, ils vont avec des témoins la jeter dans la rivière de Bogota qui pafle à deux lieues de Santa-Fé, & dans celle de Cauca, qui paîle à une lieue de Popayan; moyen prudent imaginé par le Gouvernement , qui en défend d’ailleurs l’exportarion, pour empêcher la fraude qu'on auroit pu aifément commettre en la fondant avec l'or; il paroît qu'aujourd'hui on l'envoie en Efpagne. On en fafoit autrefois un alliage avec différens métaux, comme le cuivre, l’antimoine, &c. mais on a ceffé de la travailler à caufe de la main d'œuvre, roujours très-chère en Amérique, qui en augmentoit confidérablement la valeur fans la rendre d’une utilité bien réelle, On trouve toujours la platine mêlée avec l'or dans la proportion d’une, deux, trois, quatre onces & même davantage par livre d’or les grains de ces deux matières, telles qu'on les retire de la terre, confervent exaétement la même forme & la même grofleur quant à la totalité, ce qui eft très-digne de remarque. Si la proportion de la platine avec l'or eft plus confidérable, alors on travaille peu la mine, ou même on l’abandonne, parce que la quantité de ces deux métaux réunis, étant à-peu-près la même que celle d’une autre mine où on ne tireroit que de l’or ; il s’enfuic que quand la proportion de la platine eft trop conlidérable, cel'e de l'or ÿ décroiflant SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 369 décroiflant en mème raifon, n'effre plus les mêmes avantages pour pouvoir la travailler avec profit, & c’elt pour cela qu'on la laifle; il {eroit très-intéreffant de s’aflurer fi cette fubftance ne fe rencontreroit pas feule & fans mélange d'or dans des mines qui lui feroient propres. La platine ainfi que l'or qui l'accompagne fe trouvent de toute groffeur depuis celle d’une fine pouflière, jufqu'a celle d’un pois & davantage. Ce font toujours les parties les plus légères de La platine qui fonc attirables à l'aimant; elles ne le font plus quand elles ont une certaine groffeur. : La platine qui n'obéit pas au magnétifme, pèfe fpécifiquement da- vantage que celle qui obéit à cette loi; ce qui la rapproche d'autant plus de la gravité de l'or. La platine m'avoit toujours paru malléable; pour m'en aflurer davantage, j'en ai foumis des morceaux natifs du poids de quinze à vingt grains fous le tas d'acier, ils ‘ont été applatis; j'ai enfüuite paflé au Jlaminoir , en préfence de MM. Tillec & d’Arcet , d’autres morceaux qui ont été réduits en lames minces & ductiles; ce qui ne permet plus de douter que la platine dans fon état naturel, n'ait la malléabilicé & la ductilité comme tous les autres métaux. Un des Membres de l’Académie royale des Sciences a bien voulu me communiquer les réfultats fuivans de la pefanteur comparée de fepe gros de platine ea gros grains , fur laquelle l’aimant n’avoit pas de prife. La pefanteur fpécifique de la platine en grenaille eft ci. . 156017. Cette même, décapée par l’efprit de fel............16752r. Celle point attirable à l'aimant..........4,......162519. Celle de l'eau’ étant: . 4.34 49000041, 4.110000. Plus la platine & l’or ont de groffeur, plus ils femblent être prêts du lieu de leur origine; plus ils font atténués au contraire, plus ils en paroiffent éloignés ; c’eft ce que l’afpect du pays confirme , car on trouve rarement dé gros grains de platine où d'or dans les plaines à quelque diftance des montagnes, ce font toujours les parties les plus tenues de ces métaux qui fe trouvent entraînées à des diftances plus ou moins confidérables. C'eft principalement dans les torrens, & prefque toujours fous de groffes roches détachées, qu'on rencontre les morceaux d’or les plus gros, & cela parce que ceux qui pouvoient y être anciennement à dé- couvert, auront été trouvés par les Indiens qui auront laiflé le refte, parce qu'ils n’avoient alors ni le même intérêt ni les mêmes moyens pour retourner ces mafles pefantes. Cependant on ne rencontre pas de gros morceaux de platine; le plus confidérable & peut-être le feul qu'on ait encore vu, eft de la grofleur d'un œuf de pigeon ou environ, de figure prefque quarrée, avec des Tome X XVII, Pare, II, 17985. NOVEMBRE. Aaa 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fiflures d'un côté à-peu-près comme celles qu'on remarque à l’ardoife : la Société royale de Bifcaye doit aétuellement le pofléder. IL eft vraifemblable que comme l'or a fes mines propres, la platine peut avoir aufli les fiennes, d’où elle a été dérachée par une force quelconque & entraînée par les eaux dans les mines de tranfport où on la trouve; mais ces mines propres où font-elles? c’eft ce qu'on ne fait pas encore. JS Il feroit donc effentiel de faire les recherches les plus exaétes dans les montagnes des diftriéts de Novita & de Cytara, toujours le plus près qu'il feroit poffible des lieux d'où l’on tire la plus grofle platine; on y trouveroit probablement ces mines, & elles donneroient vrai- femblablement les moyens d’obferver les différentes matières ou gangues auxquelles ce métal pourroit s'être fixé ou attaché particulièrement , ce qui jetteroir quelque lumière fur fa nature jufqu'ici très-incertaine; ou f au contraire l'or l'accompagne toujours , ainfi qu'on les retire de la terre; on connoîtroit peut-être alors quels feroïent les agens que la nature emploie à cette opération. Si donc de telles mines de platine n’exiftoient pas dans les terres tranfportées ou dans les reftes des montagnes primitives détruites , il faudroit fouiller avec foin cette efpèce de montagnes, ou plutôt ces amas de rochers, la plupart calcinés & entaflés irrégulièrement les uns fur les autres, où on n’obferve communément ni fragmens de pierres arrondies, ni couches de terres dépofées par les eaux; mais bien ce bouleverfement, cette efpèce de canfufon qui caractérifent les refles d'anciens volcans éteints, comme il s’en trouve par-tout dans la Cordillère actuelle ou détruite; & peut-être y découvriroit-on des fignes propres à nous donner des idées , ou du moins à nous fournir quelques conjectures fur la manière dont s'eft formé ce fingulier métal. On devroit aufli faire la plus férieufe attention à cet or & à cette platine confervés depuis tant de fiècles dansiles mines de tranfport où on les trouve ; tandis qu'on n'y obferve aucun veftige d’autres métaux excepté du fer; quoiqu'il foic certain qu'ils abondent dans prefque toutes les montagnes de la Cordillère, où l'argent fe trouve fouvent fous fa forme métallique; oferoit-on préfumer que ces derniers auroient été minéra- lifés, tandis que l'or & la platme inacceflible à l’aîtion des divers diflolvans naturels , auront été confervés dans la forme où on les trouve, au frottement près qui les ufe; il s'agiroit feulement pour donner à cette opinion toute la force dont elle eft fufceprible, de vérifier fi ces métaux ne s'y rencontrent pas véritablement difflous ou minéralifés par d’autres fubftances qui les auroient fait méconnoître jufqu'ici aux habitans du pays. ü Ce n'eft que près des Cordillères , des montagnes, des collines ou des plaines immédiatement formées de leurs débris, qu'on trouve de l'or; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7x il n’en faut plus chercher à des diftances un peu confidérables de ces montagnes où les rivières roulent uniformément leurs eaux qui, en refoulant & tranfportant les terres, forment ces vaftes plaines qui s'é- tendent jufqu'à la mer; l'Oronoque n’en a point, l’'Amazone, la Plata n'en ont probablement pas non plus; la rivière de la Magdeleine com- mence à n’en plus porter dans Îles plaines au bas de la ville d’'Honda, quoique le courant en foit toujours très-rapide; dans toutes les rivières qui baignent les plaines de Guayaquil, & même la province du Choco du côté de la mer, il n'en faut plus chercher. Puifque l'or & la platine fe trouvent dans leurs mines de trarfport à-peu-près de même grofleur & même forme eu égard à la totaliré ; il fembleroit qu'ils doivent avoir à-peu-près une même fource & peut- être les mêmes moyens de métallifation ; ils diffèrent cependant effen- tiellement par la couleur, le degré de malléabilité & fur-cout par la manière dout ils fe comportent au feu, Ne pourroit-on pas préfumer, d'après le fable ferrugineux prefqu’en entier attirable à l’aimant, qui accompagne toujours plus ou moins ces métaux, mais principalement la platine, qu’elle n’eft elle-même qu'une modification de Por par le fer, d’une façon jufqu’ici inconnue, qui la prive de la couleur & du degré de malléabilité qui font propres à ce métal? La Chimie paroît nous promettre la folution de ce grand problème. Le célèbre M. Bergman avance que « la force magnétique du fer æ dans la platine, vient vraifemblablement de la trituration qu’on lui > fait éprouver dans la meule de fer, pour féparer l'or par l’amalgame; > c'eft au moins de là que vient le mercure qui s’y trouve : il arrive peu » de platine en Europe, qui n'ait paflé par cette meule ». Supplément au journal de Phyfique, 1778, page 327. Cette meule dont il parle n’exifte pas : quant au mercure, cette fubftance fe trouve fouvent mêlée à la platine de la façon dont il le dit. De tous ces faits rapportés d’après des obfervations faites fur les lieux, il paroît réfulter, 1°. Que la même caufe qui a dépofé l'or dans les mines de tranfport, y a aufi dépofé la platine, 2°. Que la forme & la groffeur des paillettes de ces deux métaux, tels qu’on les retire des différentes mines, font toujours les mêmes. 3°. Que l’un & l’autre métal étant impénétrables à l'action des diflol- vans qui attaquent ou minéralifent les autres métaux, ils doivent avoir été confervés dans la terre fous la forme à-peu-près où nous les trouvons. 4°. Que la manière d’exploiter la platine eft la même que celle de l'or. 5°. Que plus la platine a de volume, plus elle doit être près du lieu de fon origine ou mine propre; & plus au contraire les particules en font renues ou léoères, plus elle en doit être éloignée, & ainfi de l'or. 6°. Que la platine peut avoir fes mines propres qu'il feroit très= Tome XXVIL, Part. II, 1785. NOFY EMBRE. Aaa2 372 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, important de découvrir pour acquérir fur fa nature les lumières qui nous manquent, 7. Que les globules de mercure qu'on rencontre quelquefois dans la platine, y ont été mis accidentellement, & ne lui font pas naturels. 8°. Que la platine n’eft attirable à l’aimanc qu’à caufe d'une certaine légéreté qui la fait obéir à la force magnétique, dont l'aétion eft fans effec contrée la platine d’une certaine grofleur. 9°. Que la platine a un certain degré de malléabiliré comme tous les autres métaux. Ceux qui crôyent que le miniftère efpagnol a fait fermer les mines propres de platine, ont sûrement été mal informés, puifqu'on n’en connoît pas de telles, I! a feulement prohibé fon introduétion en Europe, à caufe de l'inconvénient qui auroit pu réfulter de fon alliage avec l'or, qu'il n’étoit pas facile alors de reconnoître; précaution fage qui a sûrement prévenu un grand nombre d’infidélités dans le commerce de l'or. _ À préfent même que les procédés pour découvrir cet alliage font connus, en fuppofant même que l'Efpagne fe prêrât à l'exportation de la platine, on ne laura certainement jamais au prix où quelques-uns prétendent que le commerce de concurrence pourroit l'amener, puifque les moyens ou procédés qu'on emploie pour la retirer de la terre, font les mêmes ue pour l'or, dont on n'abandonnera sûrement pas l'exploitation pour celle de la platine, Il ne refte donc que la platine mêlée avec l’or qu’on retire des mines; c’eft un objet mince qui n’en fournira jamais à l'Europe que la quan- tité à-peu-près qu’on y a vue jufqu'à préfent : il y a plus, l'Efpagne connoît trop bien fes vrais intérêts pour ne pas s'approprier exclufi- vement cette branche de commerce qui lui appartient de droit & fi légitimement, puifque certe fubftance ne fe trouve que fur une très- petire partie de la vafte étendue de fes Royaumes d'Amérique, & qu'il lui fera toujours très-facile de préferver de la fraude, pour peu qu'elle veuille y porter attention. Il ne fera pas hors de propos en finiflant, de défabufer bien des gens entraînés par une éloquence proftituée au menfonge, qui croyent bonnement que les mines de l'Amérique ntéridionale s'exploirent pour le compte de fa Majefté Catholique; il n'en eft rien; c’eft à celui qui fait la découverte d'une mine qu'en appartient le titre & le droit de l’exploiter; le gouvernement fous caution fait mème ordinairement toutes les avances en vif-argent qu’on peut défirer; les droits royaux fur le produit de ces mines, font on ne peut pas plus modérés : il n’eft pas vrai qu'on oblige les Indiens à travailler aux mines, fi ce n’eft de leur propre mouvement & en les payant; c'eft calomnier gratuitement que de dire qu'on les opprime, qu'on les tue dans les travaux; rien v’eft plus faux; puifque Le Roi paye un Confeiller à titre de juge pro- ds oise ou duc. “SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS 373 tecteur des Indiens auquel ils fe plaignent, & le délinquant, quel qu'il foit, eft févèrement puni : un Indien qui paye une capitation modique, (fi l'on confidère la facilité qu'il a à en ramafler le montant), eft un bomme libre & privilégié dans bien des cas plus qu'un Efpagnol; s’il eft quelquefois molefté , c'eft ce qui arrive aux petits à l’égard des grands dans les pays les mieux civilifés de la terre : enfin les efclaves horri- blement vexés & rourmentés par-tout ailleurs dans nos colonies euro- péennes, font heureufement exempts de ces atrocités chez les Efpagnols, où les loix aurorifent un efclave à chercher un nouveau maître quand bon lui femble, & à fe racheter même, fi fon induftrie particulière le mer en état de donner le prix de fa valeur; les exemples en font communs au Choco où on leur donne le famedi franc avec les dimanches & fêres qu'ils emploient communément à chercher de l’or; c’eft fans doute un inconvénient, un grand mal pour les maîtres barbares, mais il fait honneur à l'humanité. Par M. L. N'ONT':TI C'E'S SUR L'ANÉMONE DE MER À PLUMES, OU ANIMAL-FLEUR (1); Par M. Le Chevalier Leregure DES HAYEs , Correfpondant du Cabinet du Roi, du Cercle des Philadelphes , &c. Anemone mariima plumigera, form& exteriori roface&, brachits plumes , flori tubiciformi plané confimilis , difcolor aut variegata, pedibus rap adhærens , &c. five Animal floriforme. : L'ocax fournit fans contredit dans les feules produétions animales qu'il nourrit, un champ bien vafte, pour ne pas dire fans bornes, aux obfervations de l'efprit humain : auffi quelque peu verfe que l'on foit dans cette partie importante de l’hiftoire naturelle, on trouve toujours de quoi glaner, même après Les abondantes récoltes des maîtres de l’art : la nature (x) Comme je ne connois aucunement l’infe&te marin défigné par l’illufire Natu- ralife du Havre, fous le nom de floriforme, ie me donnerai bien de garde d’affirmer que ce ne foit pas le même animal que l’anémone de mer à plumes, dont je donne ici une légère efquifle. Tout cé que je puis dire, c’eft que cette dénomination conviendroit au polipe dont il eft ici queflion ; auffi lui en at-je donné une équivalente, en le nommant ar/mal-fleur, e 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n'a point en effec accordé à l'homme le mieux organifé, la faculté de tout connoître & de tout approfondir ; c’eft donc un vrai motif d'en- couragement pour ceux qui s'engagent dans cette carrière immenfe : mais pour ne pas s'expofer à faire des pas inutiles, ou du moins à donner comme nouvelles, des connoiflances déjà anciennes, il ne faut pas négliger de fe procurer tout ce qui a été écrit fur les objets que lon embraffe : fans cette précaution , comment peut-on s'aflurer que l'on ne répète pas ce qui a été dit avant foi? comment peut-on favoir fi on ajoute quelques notions à celles que nos prédécefleurs ont établies? Il y a cependant des cas où il n'eft pas poflible de fuivre cette règle que la raifon prefcrit : tel eft, par exemple, celui d'un habitant des contrées éloignées, fur-tout quand il fe trouve dénué de tout fecours littéraire, Cet homme doit-il refufer de fe livrer au penchant qui le porte aux obfervations, & de coucher par écrit tout ce qu'elles lui fourniffent de curieux, parce qu'il peut fe faire qu’il ait été dévancé dans le même genre d'étude, concernant les mêmes objets, par des gens plus inftruits que lui? non certainement, dira toute perfonne fenfée. Le doute où il eft, fuffit pour le décider à tenir exaétement note des remarques qu'il fait chaque jour, fauf avant de les produire en public, à les fou- mettre à l'examen & au jugement d'un ami intelligent dont les lumières ainfi que le favoir ne foienc pas équivoques. D'après cet expofé, on n'aura pas, je penfe, beaucoup de peine à reconnoître, ( pour peu fur-tout que l’on jette les yeux fur les notices qui fuivent ), l'habitant dépourvu de livres & des inftructions qui font abfolument néceflaires pour donner quelque chofe d’utile & de neuf touchant les productions marines, & pour diftinguer celles qui appartiennent en propre à l'hémif= phère américain, d'avec celles qui font communes aux diverfes parties du monde, & qui ne varient probablement comme l’efpèce humaine, que par des modifications relatives aux différens climats (1). On ne reprochera point du moins à cet habitant du nouveau monde, de ne s’être pas adreffé , en La perfonne de M. l'abbé Dicquemare, à un natura- lifte profond & vraiment éclairé, à un fayant bien recommandable à tous égards, célèbre dans toute l’Europe par l'étendue de [es connoiffances. Pouvoit-il mieux choifir & trouver quelqu'un qui füt plus en état (toutefois que ce digne Abbé veuille bien en prendre la peine), d’extraire de ces notices le peu de bon qu’il y a, & de corriger les défectuoftés qui y abondent? (x) Je ne füuis pas cependant du fentiment des Naturalifles qui attribuent uniquement au climat la couleurdes Négres, desÆottentors , des Caraïbes, des Aabitans du golfe du Darien, &c. le teint européen a confervé toute fa blancheur dans ces différentes contrées pendant une füite indéfinie de générations ; quand i n’y a eu aucun mélange avec les naturels du pays. SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 375 “Avant de rendre compte des particularités que j'ai obfervées en exami- nant- diverfes Anémones de mer à plumes , je crois qu'il convient de donner une légère defcription de ces animaux finguliers, afin de fixer l'idée qu’on doit en avoir. Les détails dans lefquels il faudra néceiiai- rement entrer par la fuite, en deviendront d’autant plus faciles à failie & à concevoir, Si quelque infete marin peut par fa configuration fervir de nuance entre l'animal & le végétal (1), c'eR fans contredit l'anémone de mer dont il eft ici queftion. Dans le vrai, elle reflemble aflez parfaitement d’un peu loin fur-tout, à une fleur à entonnoir épanouie, dont le pédicule ou latige eft enfoncée dans le rocher. La couleur quelquefois éclatante de certains individus, & très-fouvent variée, contribue aufli à faire illufon : en les regardant même d’un peu plus près, on n’eft point encore détrompé. En effer, qui eft-ce qui pourroit fe perfuader au premier coup- d'œil ( planche T) que l’aflemblage régulier de trente-fix pétales formant la rofe, & réunies par une efpèce d'onglet à un pédicule cylindrique efilé, du milieu defquelles fortent deux corps oblongs fous la figure d’un double pyftil, n'offre rien de végétal, & qu'il annonce au contraire des attributs appartenans en entier au genre animal ? tout cela ne quadre aucunement avec les notions reçues touchant ce dernier genre : cependant fi on examine /'anémone de mer avec une certaine attention, & principale mentavec une loupe ou un microfcope, le preftige fe diflipe; les préten- dues pétales fe transforment en plumes ou du moins en bras qui ont toute l'apparence de plumes, puifque la côte qui les traverfe eft garnie de barbes aflez rapprochées : le double pyftil fe convertit en organes propres (je crois) à recevoir & trirurer les alimens que la mer lui fournit; Le pédicule devient le cronc ou le corps de l'animal : enfin la partie qui tient au rocher, eft reconnue pour la bafe ou les pieds de l’infeéte. Mais avouons-le , il ne faut pas moins qu'un examen rigoureux pour faire avoir à quoi s'en tenir fur ce jeu de la nature, & il n'eft pas moins vrai de dire que jamais animal n'a mieux reflemblé à une fleur. Aufi ai-je pris le parti de lui donner le nom d’animal-fleur (2) & pour -mieux défigner encore fon caractère & fon efpèce, je l'appelle anèmone de mer à plumes (3). Autant que j'en puis juger d'après les . (1) À Dieu ne plaife que l’on croye qu’en me fervant de cette expreffion , j’aie voulu détruire la ligne de démarcation entre les règnes animal & végétal. Je (ais trop qu’elle exifle réellement , & qu'il y a un intervalle très-grand & une différence très-marquée entre ce qu'on appelle /enrir & vegéter. (2) Je ne connois pas jufqu’à préfent d'animal d'aucun genre qui mérite mieux cette dénomination diflinétive dans Ja rigueur ; cependant ces deux mots réunis impliquent contradiction. (3) Le nom d’anémone convient d’autant mieux à l'animal dont on trace ici l'elquifle , qu’outre la reffemblance qu’il a avec l’anémone fimple des jardins par la 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, connoiflances très-foibles & très-fuperficielles que j'ai de l’hiftoire des Mollufques, cer infecte doit être rangé dans la clafle des polypes & dans la famille des arémones de mer (1). I fe trouve fur les rochers que l'on nomme côte de fer , mais feulement dans les endroits que la mer baigne continuellement de fes eaux, & qui ne font pas trop expofés à la forte impulfion des vagues : il paroît attaché par fa bafe dans les petites cavités & dans les fentes dont les roches à ravets (2) font particulièrement criblées. Ces enfoncemens Jui fervent fans doute à fe retirer & à fe cacher lorfque fa confervation l'exige. Il y a des rochers qui en font pour ainfi dire, tapiflés & émaillés, Suivant toute apparence, l’arémone à plumes ne change pas plüs de place que certains gallinfectes, & entr'autres , la coque (3 ); lorfqu'ils font une fois fixés fur les plantes qui leur conviennent, la nature, en mère prévoyante, :a pris foin, comme nous l'avons fait obferver, de procurer à cevinfecte la nourriture dont il a befoin, & elle fe fert à cet effec d’un moyen bien fimple, des vagues qui fe brifent fur la côte ; chaque lame en fe déployanr, lui porte les alimens qui font néceffaires à fa fubfiftance , fans qu'il ait fa peine, comme les autres animaux, de les aller-chercher : ce qui donne dieu à cette conjecture, c’elt que, quand on y fait attention ; on remarque qu’à l'arrivée de chaque lame, V'anémone de mer s'ouvre & s'épanouit, quoiqu'elle foit toujours couverre d’eau. Il femble qu'elle tende les bras pour recevoir le tribut que la mer lui paye. Il eft donc vraifemblable que cet épanouiflement des pétales & de leurs appendices, n'a d'autre but que d'arrêter au paflage, des infectes ou quelques autres fubftances que la mer roule dans fes eaux, & qui: échappent fi facilement à la vue : au contraire quand le flot fe retire, on apperçoit une petite contraction dans les bras, & les barbes des plumes deviennent pendantes (2) jufqu'à ce qu’en revenant, il occalonne une nouvelle extenfon. Nous avons parlé plus haut des organes que nous croyons deftinés à recevoir & à préparer Les alimens : ils confiftent en deux barbillons difpofirion de fes pitales, fon efpèce eff variée pour la couleur comme celle de l'aneémone rerreftre : ce qu’on a ajouté à ce nom la caraétérife encore mieux. (x) C’eft aux Naturalilles à décider fi je ne me füis point abufé en claffant ainfi un animal que je vois pour la première fois , & s’il eff particulier à l'Amérique. (2) On fe fert de cette expreflion à Saint-Domingue pour défigner des pierres calcaires dont la fuperficie ef couverte de cavités & d’afpérités. Il y en a qui dans leur intérieur portent l’empreinte de coquillages surbinés. (3) Gallinfeéle de la forme du cloporreterrefre, qui décompofe la sève des cannes à fücre , au point de priver ce rofeau de toutes les parties falines, & de le rendre infipide, fans nuire d’ailleurs, du moins en apparence dans certains endroits, à la végétation de la plante. Nous avons fourni à M. Gueneau de Montbeillard des notes détaillées fur ce gallinfecte. (a) Peut-être pour laïfler pafler le fuperflu de ce que l'animal a arrété, que SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS. 377 que lon prend au premier afpect, pour un double pyftil, ou pour le réceptacle de la graine: ils fe crouvent placés, comme l’araignée, au milieu de fa toile (1), ou encore mieux comme le fourmillon, au centre du cône régulier qu'il a lui-même creufé dans le fable pour fervir de piége aux infectes imprudens qui s’avifent de pafler fur fon domaine, Dans le vrai, quand les bras ou plumes de l’anémone de mer font étendus, ils forment par leur réunion , un cône fort évafé qui fert peut-être de filer pour arrêter des infectes qui en approchent incon- fidérément, & pour les porter enfuite à la bouche ou à l'organe qui en fait l'office. Tout invite à croire que le mouvement de contraction des bras contribue à faciliter cette opération. Faute d'inftrumens de dioptrique, lorfque j'ai fait mes obfervations, je n'ai pu m'aflurer fi l’un des barbillons ou tous les deux (2), avoient une fente ou ouverture par où les alimens peuvent s'introduire dans le corps de Panimal; ou bien encore, fi ces barbillons ne font pas de véritables ferres par le moyen defquelles l’arémone de mer faifit & broïe peut-être les fubftances que la mer lui fournit pour fa nourriture, & c’eft ce qu'il importe d'examiner. Si l'arémone dont on fait mention ici, eft connue en France, certainement il ne refte rien à défirer fur ces objets; mais comme nous l’avons déjà dit, le malheur veut que nous n'ayons entre nos mains aucun livre qui puifle nous inftruire de cetre partie très-intéreffante de l'hiftoire naturelle, & que nous ne fachions pas même fi quelqu'un a parlé de l'animal fingulier qui fait le fujec de cette notice (3 ). Lorfqu'en examinant l'anémone de mer à plumes, on la compare aux animaux aquatiques & terreftes , on eft tout étonné de voir qu'elle eft privée des parties extérieures qui femblent indiquer l'être vivane & animé: il n’eft pas poflible en effet de reconnoître dans fon organi- fation ce qui peut pafler pour la tête, les yeux , les pattes ou pieds, &c, (x) Cette comparaïfon paroïtra moins étrange fi on veut faire attention que Panémone de mer, en étendant fes bras & leurs appendices, forme une efpèce de réfeau qui comme la toile de l’araignée peut fervir à prendre des infe&tes. En effet, ces barbes font fi bien arrangées que quand l’anémone eft épanouie , elles fe touchent les unes les autres, & conféquemment elles forment enfemble un corps continu 2e travers duquel il n’eft guère poflible qu’un infeéte pafle fans être arrêté. (2) La poñition de ces excroïflances charnues , de ces barbillons , de ces ferres, ou de ce bec, fi on veut nommer ainfi les organes dont nous parlons, donne quelque rapport à notre anémone de mer à plumes avec la séche (fèpia), puilque le bec eft placé à-peu-près de mème dans ces infeêtes marins, c’eft-à-dire , au centre des bras, (3) Nous avouons à notre honte que nous ne connoïffons la Conchiologie de M. d’Argenville que de nom, & il n’y a point malheureufement de bibliothèque dans nos environs & même bien loin à la ronde. Quelle multitude d’entraves & d'obffacles l’on trouve ici à chaque pas dans la carrière des fciences! Tome XXV/IL, Part. II, 1785, NOVEMBRE. Bbb 373 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Il fut donc de néceffité , que l’imagination jointe au raifonnement, aide un peu à la lettre, & y faffe trouver les parties les plus effentielles à l’animalité ; qu'elle métamorphofe en bras, des plumes qui reffemblent à des pétales tant par leur forme que par leur couleur; en bouche ou ferres, deux excroiffances charnues qui imitent le pyftil ou le réceptacle; en tronc ou corps, la partie effilée qui repréfente la tige ou le pédicule d’une fleur en cloche, &c. Que fera-ce donc fi on fe contente de faire un examen fuperficiel, & fi on ne pouffe pas la curiofité jufqu’à chercher dans l’intérieur du fujer, Les vifcères & les organes néceffaires à la vitalité 2 on a refufé de croire pendant bien long-tems, que les boudins de mer, que les galères, enfin les holochuries de toure efpèce appartinflent au genre animal, parce qu'on n'y diftinguoit pas bien clairement des mou- vemens libres & volontaires; avec bien plus de vraifemblance auroit- on rejetté de ce genre, l'arémone de mer à plumes (fi on l’avoit connue ), pour en enrichir le regne végétal, qui, fi on en juge feulement à l'extérieur, paroît fi bien lui convenir ? Nous avons remarqué que les appendices des bras portent chacun à leur extrémité ( fur-tout ceux de couleur noire ), un petit tubercule ou bouton que l’on eft tenté de prendre, à la vue fimple, pour les fruits de certains Lichens, & qui examinés au microfcope, pourroient bien être reconnus pour quelques organes de l’animal (1 ). Les barbes de couleur jaune n’avoient dans le fujet qui a fervi particulièrement à nos obfervations , aucun de ces boutons. La couleur noire feroit-elle plus propre à cette forte de frudtification. Les anémones de mer à plumes font très-communes dans certains endroits des rochers dont nous avons parlé, & on y en voit de toures les couleurs. 11 femble que la nature fe foit plu à les varier ainfi pour orner des lieux dont le feul afpect fait frémir les marins les plus hardis(2), Ïl y en a de toutes les grandeurs, c’eft-à-dire, fuivant ce que nous con- noiïflons, depuis le diamètre d’un écu de fix francs (& ce font les plus larges que nous ayons vues), jufqu’à celui d'une obole. Peut-être en trouveroit-on de plus petites; mais il feroit difficile de les découvrir dans l’eau. Quoique dans l’anémone de mer à plumes, il ne paroïffe aucune partie (1) Peut-être font-ce les organes de la vue : on fait que dans le Zmagçon & autres coquillages terreftres formés en vis, les yeux font placés à l’extrémité des cornes, & qu'ils ont aufli Ja forme de bouton ; peut-être aufli font-ce des fuçoirs par le moyen defquels Panimal pompe la nourriture qui lui convient. L’Aufere a quelque chofe déquivalent. (2) Ces côtes de fer font communément coupées à pic, ou excavées par-deffous , & toujours hériffées de pointes & d’afpérités aïgues , &c. La mer y brife fans cefle & avec furie; il ne refle donc aucun efpoir de falut pour les bâtimens qui dans les tempêtes y font pouffés par la mer. ne 7 - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 éxtérieure( 1 ) qui puifle fuppléer à l'organe de la vue, & en faire les fondions, on remarque cependant que cet animal s’apperçoit facilement quand il eft menacé de quelque danger, ou quand quelque chofe peur lui nuire, [1 fuit de préfenter une houfline ou baguette dans la direction de l'anémone, & de l'en approcher, pour décider cet infe@te marin à fe contracter : tous fes bras fe replient à l'inftant & rentrent, pour ainfi dire, en eux-mêmes , afin , fans doute, de ne pas donner prife à l'ennemi. La contraction eftencore bien plus apparente quand on touche l'animal. Non- feulement fes bras fe retirent, mais encore Le tronc ou le corps s'enfonce dans le trou où il s’eft fixé, de façon que bientôt après l'anémone difparoit : elle fe tient même cachée pendant que le bruit ou le danger dure. Ne peut-on pas préfumer (fuppofant toujours cet infeéte fans yeux }, que l’eau ébranlée & mue d’une certaine manière , lui communique l'impreflion qu'elle a reçue, & qu'en conféquence il eft averti du péril ? La nature en bornant les organes & les facultés intellectuelles de l'animal dont nous parlons,y a fuppléé probablement en lui accordant un fens qui pût remplacer en quelque façon, ceux dont elle l'a privé; & ce fens doit être le toucher : aufli l'anémone de mer paroït-elle le pofléder dans un degré éminent, Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'on réuñlit très-difficilement à la furprendre, quelque précaution que l'on prenne. Le meilleur moyen pour fe procurer cet infecte en entier, c’eft de cafler le rocher (2), & d'emporter la pièce qui fert de bafe à l'animal. D'après les faits qui ont été rapportés dans le cours de ce mémoire, fanimalité de cet être fingulier ne peut guère être conteftée; mais il faut convenir auf que fes fonctions extérieures font reftreintes, du moins en apparence, autant qu'il eft poflible, & pour ainfi dire, aux feuls mouvemens de contraction & d'extenfion des bras , ainfi qu'au déve- loppement ou aggrandiflement fucceflif des parties qui conftituent l’in- dividu : encore faut-il un certain inftinct pour faire à propos ces mouve- mens (3): c'eft celui qui a été donné à l’hufrre pour ouvrir & fermer fon écaille. Que d'animaux font limités à cet égard! mais ils n'en rem- pliffent pas moins les vues de la nature, & ils contribuent même , tous tant qu'ils font, à l'ordre admirable & à l'harmonie univerfelle qu'elle a établie, (1) Voyez la note (1) ci-contre. - (2) Cela n’eft pas extrêmement difficile; le rocher étant, comme nous l’avons dit , de nature calcaire, & très-fouvent l’ouvrage des po/yhes de mer. (3) S'il étoit permis à d’autres qu'à Mademoifelle Z2 Maffon-l:-Golfi de fe fervir de la balance qu’elle a imaginée pour donner une idée précife , quoiqu’en grand , des produ&tions de Ja nature, j’ajouterois cette efpèce d'anémone de mer, aux quatre dont cette demoifelle fait mention , & je poferois 19 pour la forme, & 15 pour la couleur. : "19 Tome XXVII, Part, Il, 1785. NOVEMBRE. Bbb2 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Nous igno rons abfolument de quelle manière a lieu la propagation de Tanimal-fleur , ce qui la précède, & conféquemment fes amours , toute- fois qu'on pu ifle croire un tel être fufceptible d'un fentiment fi vif & fi délicar. Nous ne favons pas davantage fi, comme dans la plupart des efpèces d'animaux, l’union du mâle & de la femelle eft indifpen- {able (1) pour la fécondation des germes, ou fi chaqueindividu porte en foi- même une faculté générative indépendante, & en même rems le germe réprodutif d’autres individus femblables à lui; tels font les pucerons, &c. Un fimple apperçu ne fuffit pas pour dévoiler des myftères de cette forte ; nous laiflons donc aux maîtres de l’art , le foin de réfoudre des queftions fi épineufes (2). Lorfqu'on fubflitue à l'eau de mer, une eau plus douce & même faumâtre , l’animal témoigne le mal-aife qu’elle lui occafonne, en laiffant pendre les barbes de fes plumes, & en ne formant plus la tofe, Si on lui fupprime l'eau tout-à-fait, ces mêmes plumes fe réuniffent par divifions, & elles prennent alors la configuration des pétales d’une fleur à cloche dont la corolle ou le limbe, eft découpée par lanières: bientôt après elles fe étriflent entièrement, & l'animal périt. IL eft bon d’obferver que la vitalité de l’anémone n’eft pas détruite quoiqu'on ait tranché tranfverfalement le tronc ou la partie cylindrique de fon corps au-deffous des plumes; mais on s’apperçoit bien que l’in- fedte fouffre de cette amputation, & qu'il n’a plus la même vigueur qu'auparavant : peut-être, comme dans les polypes d’eau douce & les Jalamandres, les parties féparées ont-elles la faculté de régénérer celles qui leur manquent, & de produire ainfi des individus entiers & parfaits avec de fimples portions d'être : c’eft encore ce que Le tems & les cir- conftances ne mont pas permis de conftater. Faute d'infrumens convenables, je n’ai point eu la fatisfaction de pouvoir connoître l’organifation intérieure de cet animal fingulier, ni fon fyftême nerveux ; de diftinguer quels font les principaux vifcères que contient le tronc ou le corps de l'arémone; de voir fi la coétion des alimens & la nutrition ont lieu , comme dans les autres infectes marins de cette efpèce; enfin de pouvoir obferver les moyens, fans doute, mer- veéilleux que la nature a mis en ufage pour vivifier, entretenir & perpétuer un animal fi approchant du regne végétal par fa configuration. (1) Perfonne n’ignore que parmi les gallinfeéles , il y a des femelles dont le fort eft d’être conftamment attachées au même endroit : elles ne font pas moins fécondées par les mâles , parce que ceux-ci ont la faculté d’aller chercher les femelles. (2) Nous ne pouvons pas plus dire fi les anémones de mer à plumes font ovipares ou bien vivipares, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 382 EXPLICATION DES FIGURES. Planche première , Fig. 1. HAE 2. Cette figure repréfente une ané- Cetre figure repréfente l’ané- mone de mer épanouie, & dontles mone formant la rofe, plumes font même un peu pendantes. , a Pétales, ou plutôt bras de l'anémone. à Barbillons ou bec de l’anémone. c Tige ou pédicule de l’anémone. 4 Portion du rocher fur lequel l’anémone eft implantée, DES, CR IP EL 1,0 N DE QUELQUES INDIVIDUS MONSTRUEUX DE LA PÉDICULAIRE DES BOIS; Par M. REYNIER, La Pédiculaire des bois ( 1 ) m’a offert dernièrement une monftruofité des plus fingulières, & qui doit d'autant plus attirer l'attention des Oblfer- vateurs, que c’eft la première de ce genre qu'on ait remarquée dans cette famille. Ayant eu occafion de rapprocher des individus frais de cette plante, crus dans différens terreins, je cherchai à connoître l'influence que pouvoit avoir eue la différence du climat (2). C’eft dans le cours de ces recherches que je rencontrai les deux individus qui font le fujec de ce mémoire. Aucun d'eux n’étoit fenfiblement altéré dans les autres parties que la fleur; mais cette dernière étoit abfolument changée. Elle étoit formée d'un tube de longueur ordinaire, qui s'évafoic en cinq pièces arrondies , entière fur les bords. L'ouverture du tube ne s’élar- gifloit point, elle éroit même refferrée par un rebord qui formoit la féparation de l'évafement & du tube. On peut remarquer un pareil rebord dans les fleurs de primevères. Les étamines écoient faillantes, une fois plus longues que La corolle, au nombre de quatre, quelquefois de cinq, & furmontées par une anthère fétrie, de couleur jaunätre. Le ftile n'avoit rien de remarquable que fa courbure, qui avoit augmenté, quoique la (1) Pedicularis fylvarica, Linn. Syf. Nat. 13 , p. 407. (2) J'ai déjà averti ailleurs que-je donne à cette expreflion toute l’étendue dont elle eft fufceptible; & veux exprimer toutes les circonftances extérieures aux végétaux , qui peuvent avoir quelqu’action fur leur forme, 582 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, forme de la fleur favorist fon érection, L'ovaire paroifloit n'avoir pas éré fécondé : le petit nombre de tes individus viciés, & la diftance où j'étois de ma demeure, m'ont empêché de les fuivre pour m'en affurer. Ceux que j’ouvris après la chüte de la fleur, avoient toutes les apparences de la ftérilité. On aura déjà reconnu l'analogie qu'il y a entre cette mouftruofté & celle que Linné a fait connoïître fous le nom de pélore, donc il a depuis fait un genre féparé de la linaire, Leur origine eft la même, fi on peut le conclure &e la reffemblance de leur altération. Dans l’une & l’autre, c’eft une régularifation des fleurs en mafque , mais avec des différences produites par celle de leur forme originelle. En effer, les pédiculaires fe rapprochent davantage des borraginées que les muflandes , par la conformation de leur fleur; la bouche eft ouverte, les lèvres s’écartent, pendant que celles des dernières font fermées, La lèvre inférieure eft divifée plas ou moins profondément, celle de l’efpèce dont nous nous occupons, l'eft jufqu’à la bafe en trois pièces arrondies : ainfi la fupérieure feule a fubi des changemens; au lieu d’être arquée, allongée au-deflus des étamines, elle s'eft féparée en deux parties qui imitoient les divifions de l'inférieure. On peut remarquer, à linfpecion de la figure (planche IT ) combien ces fleurs ont de rapport avec celles de la famille des primevères. Ignorant les caufes de cetre variation, je me fuis attaché à connoître les circonftances locales de fa naiflance. C’eft dans les bruyères de la province d'Utrecht, dans un terrein extrèmement fablonneux, où cette plante eft fort commune, que je l'ai cueillie. On peut obferver qu'elle ne fubit aucun changement, qu’une diminution fenfible de grandeur, dans un terrein fi différent de celui où elle croît prefque toujours, Soit en Suifle, foit dans les Vofges ou en Hollande, par-tout je l'ai obfervée dans les tourbières : mais elle eft fi répandue dans ce pays-ci, qu'on la rencontre dans toutes les politions. Comme ces montftres étoient environnés à une grande diftance , d'individus fains, il paroîtra plus vraifemblable d'attribuer leur naiflance à une caufe individuelle, qu'à une caufe locale. Leur reffemblance avec les primevères, peut faire foupçonner qu'ils ont été produits par le mélange des pouflières d'une plante de cette famille. Je dois remarquer en faveur de ceux qui re- gardent ce mélange des pouflières, comme la principale caufe des variations des plantes , qu'aucune efpèce ne leurit dans la mème faifon, excepté la girandole de marais (1), plante fort commune dans les foflés, & qui croifloit à peu de diftance. Peut-être eft-il poflible de regarder cette monftruofiré comme na= turelle, c’eft-à-dire, comme ayant fa caufe dans la forme de la plante, RES OS EI EI LE RE (1) Hortonia paluftris, Linn, SyR, Nat, 13,p. 152. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 383 Mais cette explication étant néceffairement dépendante de celle des formes différentes des végétaux, feroit hypothétique, avanc que des expériences la confirment, ë AN. AL VS E De deux efpèces de Mines d’Antimoine terreufes , extrait des Mémoires que M. SAGE a lus à l’Académie des Sciences dans le courant de cette année. LÉ Es Chimiftes fe font plus attachés à extraire des préparations médici- nales de l'antimoine qu'à faire l’hiftoire naturelle de ce demi - métal. Jufqu'en 1748, on ne connoifloit que la mine fulfureufe d’antimoine, Ce fut alors qu'un célèbre Métallurgifte fuédois, M. Swab , découvrit du régule d’antimoine natif, qu’il dit avoir la propriété de s'amalgamer facilement avec le mercure, propriété que n’a point le régule artificiel. Le régule d'antimoine natif de $wab, n’eft pas connu des Minéralooiftes françois. J'en ai découvert une efpèce particulière dans les mines d’Alle- mont ; mais ce demi-métal y eft combiné avec le régule d’arfenic : cet alliage métallique eft blanc, brillant & à larges facettes. L’antimoine fe trouve encore dans fept autres états, comme je l’ai-fait connoître, 1°. Combiné avec le cuivre, le foufre & l'argent , il criftallife en tétraëdre. 2°. Le régule d'antimoine combiné avec l'argent, forme une mine d'argent blanche qui criftallife en prifmes hexaëdres : on en a trouvé de cette efpèce à Guadalcanal & dans le Furftemberg. 3°. L’antimoine fe trouve combiné avec le plomb & le foufre. 4°. Le foufre doré d’antimoine ou mine rouge d’antimoine , efpèce de kermès natif, avoit été regardé par Cronfted , comme minéralifé par Farfenic ; cependant cette mine n’en contient point, 5°. Le vitriol d’antimoine fe trouve en efflorefcence, d’un jaune verdâtre fur des mines fulfureufes de ce demi-méral. 6°. La terre de l’antimoine combinée avec Les acides vitriolique & arfenical, °, La chaux jaune d’antimoine. C'eft de ces deux dernières efpèces de mines d'antimoine terreufes dont je vais donner l’analyfe, ayant publié les autres dans mes mémoires de Chimie, dans mes élémens de Minéralogie, &"dans le journal de Phyfque. La mine d’antimoine & de plomb terreufe, martiale , jaunâtre, fe trouve par flons compofés de couches diftinétes, à Bonvillars en Savoie, à fix lieues de Chambéri, fur la route de Piémont. Les chaux d’antimoine & de plomb y font combinées avec les acides vitriolique 8: arfenical. 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette mine étant expofée au feu dans un teft, n’exhale aucune odeur, après avoir été tenue rouge pendant une demi-heure, elle a perdu dix livres par quintal : dans cette expérience il n’y a que l’eau qu'elle con- tient qui fe dégage; on peut l'obtenir, fi l’on diftille cette mine dans une cornue au fourneau de réverbère. Si l’on mêle de la mine de plomb terreufe antimoniale avec de [a poudre de charbon, & fi on la calçine dans un teit, il s'en dégage de l'arfenic fous forme de vapeurs blanches; il s’exhale enfuite de l'acide fulfureux & de la neige d’antimoine, Cette expérience fait connoître que dans cette mine, les terres métalliques y font combinées avec les acides arfenical & vitriolique, acides qui font fixes au feu quand ils font engagés dans des terres, & qu'ils ne font pas combinés avec du phlogiftique, Ayant diftillé de la mine de plomb terreufe antimoniale avec de la poudre de charbon , il s’eft fublimé dans le col de la cornue un peu de régule d’arfenic, mêlé d’orpin, : La mine de plomb terreufe antimoniale ayant été réduire avec du flux noir & de la poudre de charbon, a produit par quintal cinquante-quatre livres d'un régule gris, à facettes; il s'étend un peu fous le marteau, & sy pulvérife, Ce régule mixte, compofé d’environ parties égales de plomb & d’an- timoine, ayant été coupellé , l’antimoine a été rejetté, & a faic un bourlet brunâtre fur le bañlin de la coupelle où il eft refté une minicule d'argent trop petite pour être appréciée. Parties égales de régule d'antimoine & de plomb ayant été fondues ; ont produit un mélange métallique à facettes, femblables à celles du régule retiré de la mine de plomb terreufe antimoniale , il en avoit la fragilité : ayant été coupellé, il a laïflé fur le bain de la coupelle un cercle brunâtre dû à l’antimoine. La mine d’antimoine terreufe, d’un jaune clair, parfemée de bleu martial de Sibérie, remplit la cavité d’une coquille de la claffe des cœurs , dont l'extérieur eft encore en partie calcaire , avec des afpérités d'ocre brunâtre, parfemées de bleu martial & de chaux d'antimoine d'un jaune clair. Deux coquilles foffiles de la clafle des cœurs, qui m'ont été envoyées de Sibérie, & qui ont été trouvées dans la même mine de fer limoneufe, contiennent ce métal dans deux états différens, & renferment en outre dans leur intérieur, du fchorl ftrié, d'un bleu fi foncé, qu’il paroî® noir. Une de ces coquilles foMfiles eft blanche & remplie de mine de fer, terreufe, jaunâtre, parfemée de globules brunatres, L'autre eft remplie de mine de fer argileufe, grifâtre, folide, par- femée de fchorl verdâtre fibreux. On m'a aufñi envoyé de-Sibérie , des efpèces de moules fofiles blanches SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 38$ blanches calcaires, dont l'intérieur eft rempli du plus beau bleu martial , ‘parfemé de fchorl bleu. | La mine d’antimoine terreufe, jaune, eft foluble fans effervefcence, dans l'acide nitreux; expofée au feu fur des charbons ardens ‘elle ne répand point d'odeur fenfible, elle y devient d'un brun rougeûtre, & produit des globules vitreux en rapport avec le crocus metallorum. Si l'on expofe cette mine au feu du chalumeau, dans le creux d’un charbon , elle y change de couleur, fe fond, produit une petite décrépi- tation , & fe réunit en un globule d'antimoine, brillant à fa furface; pendant cette expérience, une portion de l’antimoine s’exhale en fleurs blanches qui fe fixent en partie fur Jes bords du charbon. PRRTRE ÉCRITE A M. DE L'A METHERIE, Lidl Mio À GE SUR L'INFLAMMATION DE COPEAUX DE FER. Vous avez fait connoître Le premier, Monfieur , que la limaille de fer produifoit, par la diftillation , de l'air inflammable ; vous avez auñli fair obferver que l’eau concouroit:à fa production : le docteur Demefte avoit indiqué que la limaille‘de fer plongée fous l’eau ne tardoit pas à s’aitérer , & qu’il s'en dégageoit de l'air inflammable ; l'expérience dont j'ai l'honneur de vous rendre compte fait connoïrre que le fer peut prendre feu par le concours d’une petite quantité d'eau, M. Charpentier , artifte célèbre, qui a monté la grande loupe de l'Académie des Sciences, ayant mis environ deux cens livres de copeaux de fer mouillés dans un baquet , un mois après le feu y prit: ayant faic jeter ces copeaux fur l'aire d’un plancher , ils offrirent un hémifphère lumineux & brûlant ; ayant jeté de l’eau deflus., il sen élança des flammes vives & légères d’une couleur verdâtre ; quelques parties de ces copeaux éclatèrent avec bruit ; les douves & le fond du baquet s'étoient charbonnés, Æ Tome XXVII, Part, IT, 1785. NOVEMBRE. Ccc 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE Sur du Phofphore retiré de la mine de plomb-verd d'Hoffsgrund ; Par M. DE LA METHERtE, D. M. M. GAHN avoit annoncé [a préfence de l'acide phofphorique dans certaines mines de plomb. Maloré toute la confiance que méritent les travaux de ce Savant , on défiroit encore quelqu'expérience décifive, qui démontrât dans le règne minéral un acide qui n’avoit été trouvé que dans les êtres organifés (1). M. T***, gentilhomme anglois, membre de la Société Royale, traitant au chalumeau différentes mines de plomb, avoit obfervé qu'il y en avoit dont le globule , lorfqu’il avoit été en parfaite fufon , fe cryftal- lifoit par le refroidiflement , en polièdres à plufieurs facettes (2), & que ces mines étoient irréductibles au chalumeau, Il foupçonna qu'elles pouvoient être minéralifées par l'acide phofphorique. Je lui propofai pour nous en aflurer, de tâcher d’en retirer du phofphore, Nous primes un beau morceau pefant fept onces de la mine de plomb- verd d'Hoffsgrund , près de Fribourg en Brifgaw , qui criftallife au chalumeau, Nous le pulvérisimes & le fîmes difloudre dans l'acide nitreux. Nous ajoutâmes enfuite de l'acide vitriolique qui précipita le plomb en vitriol de plomb. La liqueur repofée & décantée ; nous la fîmes évaporer au bain de fable, Il refta une matière d'un verd d’éme- raude & en confftance de firop, à laquelle nous ajourâämes du charbon ulvérifé. Nous mîmes ce mêlange dans une cornue de verre luttée , & donnâmes le feu à l'ordinaire. Nous obtinmes environ deux gros d’un très- beau phofphore. M. T. effaya pour lors de faire une pareille mine artificielle, Il prit de l’acide phofphorique pur, ou combiné avec lalkali volatil ( car le fel microfcomique qui tient du patron ne réuffit pas), Il y ajouta du minium', qui doit toujours y être en excès , & au chalumeau il en obtint un petit globule à facettes comme celui de la mine d'Hoffsgrund. Cette expé- L 5 (5) M. Meyer a retrouvé l’acide phofphorique dans la fidérite. (z) Ces facettes, qui paroïflent planes au premier coup-d’œil , font compofées de firies concentriques qui partent du centre de Ja facette & s'étendent jufqu’à la circonférence d’une manière très-régulière, À meet SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS) 287 rience lui donna lieu de s'affurer d'un phénomène que préfentent ces petits globules. Lorfqu'ils ont été fondus plufieurs fois, ils ne criftailifenc plus, & à chaque fufon le charbon eft tapiflé d’une chaux de plomb jaunâtre. M. T.. foupconnant alors que dans ces circonftances lezlobule tienc excès d'acide phofphorique , y ajouta du minium, & le petit globule criftal- lifa de nouveau; ce que l’on peut répéter autant de fois que l'on veut. Souvent aufli le plomb fe trouve en excès, foit dans la mine naturelle, foit dans le mélange d'acide phofphorique & de minium. Pour lors il faut faire fondre plufieurs fois le petit globule. Le plomb fe calcine , s’évapore, & la criftallifation a lieu. La préfence de l'acide phofphorique dans les mines nous offre un nouveau rapport de cet acide avec l'acide arfenical. L'un & l’autre font fixes au feu; lun & l’autre s’y vicrifienc ; l’un & l’autre ont l'odeur d'ail, (certe odeur eft far-tout bien fenfible dans le foie de phofphore) ; l'un & l’autre font minéralifareurs ; l’un & l’autre, combinés avec l'air inflam- mable, font combultibles, à différens degrés de chaleur, il eft vrai. Mais l'un a le facies metallica, & l'autre ne l’a pas. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Essar météorologiqte fur la véritable influence des Affres, des Saifons & changemens de tems, fondé fur de longues obfervarions , & appliqué aux ufages de l'Agriculture , de la Médecine , de la Navigation, &c. par M. Josepx Toro ViICENTIN , Prévôt de la Sainte-Trinire à Padoue, Membre des Collèges de Théologie & de Philofophie de cette Ville, Profeffeur d’Aflronomie , de Géogra- phie & de Météorologie , Membre des Académies des Sciences de Padoue , de Bologne, de Berlin , de Péterfbourg, de Londres , de la Société Meréorologique de Manheïm , des Sociétés Economiques & Agraïres d'Udine , de Spolette, de Montecchio, Correfpondant de la Société Royale de Montpellier, de Académie Royale de Naples ; de la Société patriotique de Milan, & de celle de Harlem. : Nouvelle Edition, rendue meïlleure, & beaucoup augmentée ; traduit de l'Italien , par JosepHx DAQUIN , Doëfeur en Médecine de la Royale Umiverfité de Turin, Médecin de l'Hôrel- Dieu de Chambéri, Bibliothécaire de la méme Ville’, & Membre de lAca= démie des Sciences & Belles-Lertres de Lyon. On y a joint la traduëtion Françoife des Prognoflics d'Aratus , traduits du Grec en lralien, par M. ANToINE*EOuIs Bricct , de Verone. Tome XXVIT, Part. 11,178$. NOVEMBRE. Ccca 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Qui enim-temporum mutationes , aftrorumque ortus & obitus, ut horum quæque eveniant tenuerit , is utique fururum anni ftatum rævidere poterit. Hippocrat. de aere, locis & aquis. Chambéri de Lmprimerie de M. F; Gorrin , Imprimeur du Roi, & à Paris, chez Cuchet, Libraire , rue & hôrel Serpente,, un vol. ér-4°. Prix, 9 liv. broché, x Les Ouvrages météorologiques du célèbre M. Toaldo font connus de tous ceux qui culivent les Lettres. Nous nous contenterons de rapporter ce qu'il appelle Aphorifmes météorologiques. Ce font les réfulcats de la comparaifon d'une foule d'obfervations. Aphorifme 1, Les périgées tiennent le premier rang. Il eft fix fois plus probable quand la lune paffe par le périgée, qu’il fe fera un mouve- ment dans le tems , qu'il ne l’eft.que ce mouvement ne fe fera pas. 2. Les nouvelles lunes font les plus efficaces apres les périgées pour changer le tems. 1 eft fix fois plus probable qu'une nouvelle lune amenera un changement dans l'air, qu'il ne l’eft qu'elle ne Pamenera pas. 3. Les pleines lunes ont la troifième place. La probabilité qu’elles changeront le tems eft à la non-probabilité comme cinq à un. 4. Les apogées ont le quatrième degré de force. Al eft quatre fois plus probable que la lune dans fon paflage par l'apogée amenera un change- ment de tems que le contraire. s- Les quartiers font.moins efficaces que les quatre points précédens. On peut cependant parier plus de deux contre un qu'un quartier changera le rems. 6. Les deux équinoxes lunaires , autant l’afcendant que le defcendant, ont une force plus grande que les quartiers. Il eft deux fois plus probable qu’ils apporteront du changement dans le tems que le contraire, 7. Les luniflices ont moins de force que les équinoxes & les quartiers pour altérer Le ciel. 8. Donc en général, lorfque la lune fe trouve ou en conjon&ion ou en oppofition ou en quadrature avec le foleil , ou dans une de, fes apfides , ou dans un des quatre points cardinaux de [on orbite, elle caufe probablement un changement fenfible dans le ciel. Donc il eff probable que la lune influe fur les changemens de tems. 9. Il efl moralement probable que Les nouvelles lunes périgées amènent un grand changement de tems ; favoir, ou une grande pluie ou un grand vent, parce que fur treñte-quatre de ces combinaifons à peine en paffe-t-il une fans que cela arrive. 10. Les pleines lunes périgées ont aufft une force confidérable pour troubler l'atmofphère. 11. Les quartiers & les autres points lunaïres deviennent beaucoup plus efficaces s'ils arrivent dans le périgée SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389 12. Les nouvelles lunes apogées acquièrent un peu plus de force par cette union. Car la probabilité qu’elles changeront pour lors le tems eft fept:& demi , tandis qu’elle n’eft que fix dans le cas contraire, 13. Les pleines lunes apogées acquièrent prefque le double de force ; puifque n’ayant que cinq degrés de probabilité lorfqw’elles font feules , elles parviennent à en avoir huit, lorfqu’elles fe trouvent enfemble. 14. Les quatre principaux points lunaires étant füur-tout combinés enfemble deviennent très-fort orageux aux environs des équinoxes & des Jolflices d'hiver. 15. Les nouvelles & pleines lunes qui ne caufent point de changement au tems font celles qui font éloignées des apfides. 16. Un point lunaire change le plus fouvent la difpofition du ciel qui a été induite du point précédent ; ou ce qui eft la même chofe : un tems dont l'impulfion vient d'un tel point , dure jufqu’au fuivant, fi ces points font encore éloignés. Le tems pluvieux , par exemple, qui arrive avec un apogée continue jufqu'à la nouvelle ou pleine lune fuivante, particulièrement dans les mois d'o&tobre, novembre & décembre. 17. S2 ce n’efi pas le point prochain qui apporte du changement, ce Jéra le fuivant. 18. I! paroft que les derniers quartiers & les apogées inclinent à amener ou à laiffer Le beau tems. Maïs je n'ofe en établir un aphorifme. 19. Le changement de tems arrive rarement dans le méme Jour du point lunaire. Quelquefois il vient avant , le plus fouvent après. 20. Chaque grande période de pluie ou de fécherefle commence & finit avec quelque point lunaire. 21. En général depuis l'équinoxe d'automne jufqu'à celui du printems les altérations de l'air , ainfi que celles des marées, fe dévancent pour l'ordinaire, & dans les fix autres mois elles viennent après. 22. En général les faifons fe fixent & font aflurées ou changent pour trois mois ou quelquefois aufli pour fix ; c'eft-à-dire , elles prennent un penchant, ou une difpofition à la pluie ou au beau dans les quatre points cardinaux de l’année , ou dans les deux équinoxes, ou dans les folftices : ou pour mieux s'expliquer , le rems qui devient beau ou mauvais dans Ja nouvelle lune équinoxiale, & qui revient tel dans la pleine lune prochaine, dure à-peu-près pendant trois mois ; & s’il ne change pas après les trois mois, il continuera encore pendant trois autres mois, Cet aphorifme doit être modifié par la réduétion que j'ai faite de l’année en huit faifons , de fix femaines. Chacune de ces faifons moyennes prend un certain caractère conftant de la nouvelle ou pleine lune prochaine. 23. Les faifons & Les conflitutions des années paroiïff[ent avoir un période de neuf années. Cela eft fondé fur la révolution de l'apogée. 24. Il paroît aui qu'il fe fait un autre période de dix -huit en dix- neuf ans; c'eft-à-dire, qui tient à celui des nœuds de la lue , & auquel 3909 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, concourt aufli un double tour de l'apogée, avec le nombre d'or qui ramène les lunes aux mêmes jours de l'année, On voit par ces aphorifmes que M. Toaldo, qui eft bien éloigné de vouloir adopter l'aftrologie judiciaire , reconnoît une grande influence de la lune dans les changemens de tems. Il ne néglige pas non plus l’action du foleil, &c. Nous devons au zèle de M. Daquin cette traduction dédiée au célèbre M. Antoine Petit, D. M, de l'Académie des Sciences. Elle eft enrichie des notes du Traducteur. Mémoire couronné le 2$ août 1784 par l’Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Bordeaux, fur cette queflion : Quel feroit le meilleur procédé pour conferver le plus long-tems poñlible , ou en grain ou en farine , le maïs ou blé de Turquie, plus connu dans la Guienne fous le nom de blé d'Efpagne ? & quels feroient les différens moyens d'en tirer parti dans les années abondantes indépendamment des ufages connus & ordinaires de certe Province ? Par M. PARMEN- siEr, Cenfeur Royal, augmenté par l Auteur , de tout ce qui regarde l'hifloire-naturelle & la culture de ce grain. À Bordeaux, chez Arnaud - Antoine Phalandre l'aîné, place Saint - Projet , au grand Montefquieu ; 1785, in-4°. de 164 pages. M. Parmentier, dont les travaux utiles font dirigés depuis long-tems vers l'étude des différentes plantes dont l'homme tire fa nourriture, donne dans ce Mémoire un traité fort étendu du maïs, appelé mal-à-propos blé de Turquie, puifqu'il eft originaire de l'Amérique. Il donne la defcriprion de cette belle plante, indique les moyens de la cultiver avec le plus d'avantage , & d'en tirer les plus grands produits. Mémoire fur les accidens que les blés de la récolte de cette année ont éprouvés en Poitou, & Moyens d'y remédier ; par MM.PARMEN- Trier & CADET DE VAUX: imprimé par ordre du Roi. À Paris, de l'imprimerie de Ph. D. Pierres , premier Imprimeur ordinaire du Roi, &c. 1785. Les blés de cette Province ont été attaqués par une chenille que M. Brouffonet croit être celle du papillon de nuit, décrit par Linné fous le nom de phalæna triici. MM. Parmentier & Cadet indiquent quelques moyens pour prévenir les nouveaux ravages que pourroient faire ces chenilles, j Offervazioni intorno alla cera punica , &c. ou Obfervations fur la cire purique, À Veronne, chez Denis Ramanzini; 1785. M, le Comte de Torri dans cette Lettre adreflée au célèbre M, Rormé = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 30x de l'Tfle , prouve que le nitrum avec lequel les anciens faifoient la cire punique n'eft que le natron des modernes. Lertre de l'Obfervateur de bon fens à M. DE. . . . fur La fatale cataf- trophe des infortunés Pilätre de Rozier & Romain , les Aéronautes & L’Aéroflarion : Tractent fabrilia fabri ; prix 24 fols broché, avec deux eflampes. À Londres & fe trouve à Paris, chez Mequignon l’ainé, Libraire , rue des Cordeliers, près des Ecoles de Chirurgie. Differtation fur le Quafr & fur fes propriétés médicinales , nouvellement découvertes ; par M. BucH'oz , ën-fol. prix 2 liv. avec figures colo- riées. Chez l’Aureur , au-deflus du Collège d'Harcourt. Differtation fur le Cacao , fur fa culture, & fur les différentes prépa- rations du Chocolat ; par M.Bucn'oz , zn-fol. prix , 6 Liv. avec figures coloriées. Chez l’Auteur. Tige des Plantes qui fervent à la Teïnture & à la Peinture ; par . BucH’oz, Auteur de différens Ouvrages économiques , un vol, in-12. de 168 pag. prix, 30 fols. Chez | Auteur, Traité de la culture des Arbres & Arbufles qu’on peut élever dans le Royaume ,& qui peuvent y paller l'hiver en plein air, avec une Norice de leurs propriétés économiques , & des avantages qui peuvent en refulrer pour La France en les y multipliant ; par M. Bucx'oz, Auteur de différens Ouvrages économiques , tome premier. À Paris, chez l’Auteur , rue de la Harpe, au-deflus du Collège d'Harcourt, un vol.'in-12, prix, 2 liv. 10 fols. broché. Catalogue Latin & François des Plantes vivaces qu’on peut cultiver en pleine terre pour la décoration des Jardins à l’Angloife & des Par- terres , auquel on a joint la lifle des Plantes nouvelles qui fe trouvent repréfentées dans Le grand jardin de l'univers ; par M. Bucx'oz, Médecin-Botanifle de Monsieur , Frère du Roi , & ancien Démonfira- ceur de Botanique du Jardin Royal des Plantes de Nanci. A Londres, & à Paris, chez l’Auteur, un vol. 4-16. prix, 2 liv. 8 fols. Tant de travaux annoncent le zèle de M. Buch’oz pour répandre fes connoiflances, Obfervations générales fur les Maladies des climats chauds, leurs caufes, leur traitement & les moyens de les prévenir ; par M. DaAz1LE, Médecin du Roi à Saint-Domingue, Penfionnaire de Sa Mujefté, Correfpondant de la Société Royale de Médecine , ancien Chirurgien- Major des Troupes de Cayenne, des Hôpitaux de l'Ile-de-France, ce, 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, À Paris, chez Pierre-François Didot le jeune, Libraire-[mprimeur de MOonNstEUR, quai des Auouftins, un vol, iu-8°. La Société Royale de Médecine regarde cet Ouvrage comme très-utile, & a permis à l'Auteur de l'imprimer fous fon Privilège, Programme de l Académie des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Lyon Diflribution & prorogation de Prix. L'Académie a tenu, le 30 Août, la féance publique deftinée à [a proclamation des prix propofés pour l’année 1785. Le concours, fans être nombreux, eft digne de la plus grande at- tention par le mérite de chaque Mémoire, & les profondes recherches des auteurs, qui tous s'accordent à annoncer le danger évident qui ré= fulte néceffairement des vins alunés. Le Mémoire, (N°. 2, au concours) dont la devife eft : decepti Jpecie reéli, démontre cette vérité d’une manière lumineufe ; & fi les autres parties de cet Ouvrages égaloient celle-ci, l'Académie n’etélpas héfité à lui décerner la couronne, c Le Mémoire (N°, 3) bibimus largis fata fuprema feyphis, eft très- fort en principes, très-favant en chimie, & mérite beaucoup d'éloges, Le Mémoire (N°. 4) funt certi denique fines , s’eft fait particuliè- sement diftinguer par une belle théorie, par un grand nombre d'expé- riences faites en grand, & par les vues neuves qu'il renferme. L'Académie a cru devoir accorder la couronne à ce Mémoire, & lui a décerné trois des médailles propofées. L’Auteur de ce Mémoire eft M. Roger de Grenoble, Doéteur en Médecine, le même qui a déja obtenu des lauriers dans certe Académie, L'Académie s'eft réfervé néanmoins la fomme de 309 liv. qui de- voit être prife fur fes fonds dans la vue de doubler le prix de phyf- que fondé par M. Chriftin, qu'elle aura à diftribuer en 1788, & de propofer de nouveau, dès-à-préfent, pour fujet de ce prix double, cette unique queltion, dont la folurion complette lui paroît de la plus grande importance pour le bien de l'humanité. Quelle eff la manière la plus fimple, la plus prompte & la plus exacte de reconnoître la prélence de l'alun & [a quantité lorfqu'l eft en diffolution dans le vin, fur-tout dans un vin rouge très-coloré ? Ce prix fera diftribué en 1788, aux époquee & aux conditions or# dinaires, L'Académie eût vivement défiré d’avoir à diftribuer en même- gems le prix de 1200 liv. donc M. l'Abbé Raynal a fait les fonds, & dont le fujet ci-devant continué concerne la découverte de l'Amé- rique. Qnze nouveaux Mémoires ont été admis au fecond concours ; slle en a particulièrement diftingué trois : favoir, 1°. celui qui ef défigné SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 395 -défigné par la devife du Prince Henri de Portugal, Ze défir de faire le bien; 2°. celui qui a pour devife : Ferrea primüm Definet, ac toto furget gens aurea mundo. 30. Le Mémoire dent la devife eft : Orbem conjungit utrymque } fous l'emblème d'un navire. Elle a confidéré ces Ouvrages comme vraiment, dignes d’éloges, - fans lui paroître d'un ordre aflez fupérieur , pour leur décerner lé prix propofé par un homme célèbre fur un fujet aufli important; en con- féquence, elle a cru devoir encore renvoyer le prix à deux ans, & le fondateur, dans une de fes lettres, approuvanc cetre efpèce de {é- vérité , ajouté qu'élle peut & doit produire un bon éfter. M. de Fleffelles & M, le Marquis de S. Vincent engagèrent l’Aca- démie ‘au mois de Décembre 1753, à propoler un prix de 1200 liy. qui avoit pour objet, la dire&tion des Aéroflars. Cette Compagnie propofa la queftion en ces termes : ]ndiquer la manière la plus sûre, la moins difpendieufe & la plus efficace de diriger à volonté les ma- chines aéroflatiques. Elle dernanda non-feulement une théorie, mais auf des moyens pratiques & des expériences fatisfaifances. La première époque de la pfoclamation du prix fut fixée au pre- mier Décembre 1784. Le: nombre des concurrens s'étant extraordinai- rement multiplié, fur la demande de MM. les Commiflaires nommés par l’Académie, il fut prorogé, & 99 Mémoires furent admis, fans y comprendre deux Ouvrages furvenus long-tems après les derniers de- lais affignés : enfin, après un grand travail de MM. les Commiflaires, plufeurs rapports faits par eux, & la difcuflion la plus réfléchie, l’Aca- démie a penfé qu'aucun des moyens propofés pour la direction des aéroftats , dans les 1017 Mémoires qui lui ont été adreffés, n'a été pré- fenté fous un point de vue capable d’en établir l'efficacité, ni même de la rendre fufifamment probable : en conféquence, elle a jugé qu'elle n'étoit point dans le cas de décerner le prix, & le fujet a été aban- donné. Elle doit néanmoins des éloges très- mérités à plufeurs Mémoires recommandables, les uns par de favans calculs, les autres par des idées ingénieufes ; elle a principalemerit diftingué les expériences intéreflantes que M. Mercier, Artifte de cette ville, a répétées en préfence de l'Académie, & dont il a rendu compte dans le Mémoire , coté au con- cours N°. 95. , | Elle a auffi particulièrement diftingué le Mémoire N°. 84, portant pour devife : Rien n'efl plus propre à élever l'ame que Les honneurs Tome XXVII, Part, II, 1785. NOVEMBRE. Ddd 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rendus au génie ; mais l'Académie ne s'eft pas crue autorifée à déca- cheter le billec de PAuteur anonyme. Î Sujets propofés pour l'année 1786. L'Académie ayant renoncé au fujet concernant /a plaine du Forez, a arrêté de doubler le prix des Arts, fondé par M, Chriftin, & de propofer, pour l’année 1786, le fujet fuivant : Quels font les moyens d'augmenter la valeur ‘des foies nationales , en perfeétionnant le tirage ? Conditions. Toutes perfonnes pourront concourir pour ce prix, excepté les Aca- démiciens titulaires & les vétérans; les affociés y feront admis. Les Mémoires feront écrits en françois ou en latin. Les Auteurs re fe feront connoître ni direétement ni indireétlement ; ils mettront une de- vife à la cète de l'Ouyrage, y joindront un billet cacheté, qui con- tiendra la mème devife, leur nom & le lieu de leur réfidence. Les Paquets feront adreflés, francs de port, à Lyon, à M. de la Tourrette, Secrétaire perpétuel pour la clafle des Sciences, rue Boiffac ; Ou à M. de Bory , ancien Commandant de Pierre-feize , Secrétaire- perpétuel & Bibliothécaire, pour la claffe des Belles-Letres , rue Sainte- Hélène. Ou chez Aimé de la Roche, [mprimeur-Libraire de l'Académie; maifon des Halles de la Grenette. Le Prix confifte en deux Médailles d'or, du prix chacune de 300 iv. Aucun Ouvrage ne fera reçu au concours, pafté le premier avril 1786; le terme eft de rigueur. L'Académie décernera la Couronne dans l'Affem- blée publique qu’elle tiendra après la Fête de Saint Louis. Pour les prix d'Hifloire Naturelle ou d'Agriculture , fondés par M. P. ‘Adamoli , que l’Académie doit diftibuer en 1786 , elle propofe le fujet qui fuit: Quelles font les diverfes efpèces de Lichens dont on peut faire ufage en Médecine & dans les Arts ? Les Auteurs détermineront les propriétés de ces Plantes par de now- velles recherches & des expériences. Ces prix font une Médaille d’or de la valeur de 300 iv. & une Médiille d'argent; ils feront diftribués en 1786 , après ia Fête de Saint Pierre, & les Mémoires reçus au concours, jufqu'au premier avril feulement ; les autres conditions , fuivant l'ufage. Prix extraordinaire. L'Académie avoit fait annoncer qu’elle décerneroit , à la fin de l’année 1785, le prix propofé par M. le Duc de Villeroi, fon Protecteur , fur Z& réfrangibilité des rayons hétérogènes , & quelle n'admettroit les Mé- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39$ moires au concours que jufqu'au premier août; elle a recu, dans le courant d'avril, plufieurs lettres fans fignatures , dans lefquelles on fe plaine d'un aufli court délai accordé pour la folution d’un problème diff- cile & important. L'Académie, qui, à cette époque, n'avoit admis au concours aucun Mémoire , confidérant que la aondition feroit égale pour tous les concurrens, a cru devoir fe rendre à ces repréfentations , & déli- béra le 24 mai dernier, de prolonger les délais aflignés jufqu’au premier avril de l'année 1786 , fuivant la publication qui en a été faite dans les principaux Journaux. Le problème propofé par M. le Duc de Villeroy, eft conçu en ces «termes : Les expériences fur lefquelles Newton établit la différente réfran- gibilité des rayons hétérogènes , [ont-elles décifives ou illufoires ? L'examen dans lequel les Auteurs entreront , doit étre approfondi ; & leurs affertions fondées fur des expériences fimples , dont les réfultats Joient uniformes & conflans. Le prix eft une Médaille d’or de la valeur de 300 liv. Les Mémoires feront reçus jufqu'au premier avril : la proclamation fera faite dans la féance deltinée à La diftribution des prix après la Fête de Saint Louis. Sujets propos pour l’année 1787. Le prix de Mathématiques , fondé par M, Chriftin , devoit être adjugé en 1784, à l’Auteur du meilleur Mémoire fur le fujec fuivant : 1°. Expofer les avantages & les inconvérmiens des voütes fur-baiflées , dans les différentes conflru&ions , foit publiques , Joit particulières , oët l'on efl'en ufage de les employer. 2°. Conclure de certe expofition, s’il eff des cas où elles doivent étre préférées aux voûtes à plein-ceintre, & quels font ces cas. 3°. Déterminer géométriquement quelle feroit la courbure qui leur donneroit le moins d'élévation, en leur confervant la folidité néceffaire. L'Académie reçut quatre Mémoires , qui tous méricèrent des éloges ; mais aucun ne parut remplir fufifamment les différentes vues indiquées dans le Programme. Ces confidérations & l'importance du fujet, déci- dérent l’Académie à doubler le prix propofé, & à proroger le concours jufqu’au premier avril 1787. Elle efpère que ce nouveau délai donnera le tems aux Auteurs de perfectionner leurs ouvrages. Îis pourront envoyer, fous leurs devifes refpectives , les changemens & additions qu'ils croiront convenables, mais une nouvelle copie eft préférable. L'Académie admettra pareillement, au concours, les autres Mémoires qui lui feront adreflés fur le même fujet , avant l’époque indiquée, & fous les conditions d'ufage. Elle invite les Auteurs à fe conformer exactement au Programme, à comparer les voûtes fur-baiflées , aux voûtes à plein-ceintre, du côté des frais & des difficultés de conftruction ; des dépenfes pour l'entretien ; des Tome XXVUI, Part. II, 1785. NOVEMBRE. Ddd2 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; facilités pour la navigation & pour le paflage des voitures ; des principes du grand & du beau; du côté fur-rout de la folidité , la partie la plus eflentielle & celle que les Auteurs des Mémoires reçus, paroiflent en général avoir le plus négligée, Sans exiger une théorie complette de la pouilée des voûtes, l'Académie défire au moins qu'on établiffe des principes certains, fur lefquels on puiffe juger fi les voûtes fur-baiffées peuvent avoir la folidité qui convient, fur-tout aux monumens publics, & fi elles méricent la préférence fur les voüres à plein-ceintre. Le prix fera double, confiftant en deux Médailles d’or , de la valeur chacune de 300 liv. Aucun Ouvrage ne fera reçu à concourir, paflé le premier avril 1787., La proclamation aura lieu après la Fête de Sainc Louis. Les autres conditions , comme ci-deflus. Prix extraordinaire. Un père de famille, citoyen plein de zèle & de lumières , a défiré que PAcadémie s'occupat d'un fujet relatif aux voyages & à l'éducation de la jeuneffe ; il lui a demandé de propofer un prix de 600 liv. dont il a fait les fonds , à l'Auteur qui, au jugement de l'Académie , aura le mieux rempli fes vues. Cette Compagnie s’emprefle de propofer le fujet , ainfi qu'il fuit : Les voyages peuvent-ils être confidérés comme un moyen de perfeäionner l'éducation ? Le prix de 600 liv. fe diftribuera en 1787, après la Fête de Saint Louis. Les Mémoires feront admis au concours jufqu’au premier avril de la même année , fous les conditions d'ufage. A la même époque , l'Académie proclamera le prix de 1200 liv. dont M. PAbbé Raynal a fait les fonds, & dont le fujet a été continué, & précédemment annoncé en ces termes : La découverte de l'Amérique a-t-elle été utile ou nuifible au enre-humain ? S'il en réfulte des biens , quels font les moyens de les conferver & de les accroître ? Si elle a produit des maux, quels font les moyens d'y remédier ? Les Auteurs qui ont dejà concouru , feront admis à envoyer, fous leur première devife , les changemens qu'ils croiront convenables; cepemdant une nouvelle copie paroîft préférable. On n’admettra au concours, que les Difcours où Mémoires, qui feront envoyés avant le premier Mars 1787 ; le terme eft de rigueur. Les autres conditions , fuivant l'ufage. Nota. Le prix double de Phyfque, dont le fujet eft de trouver zz moyen sûr & fumple de reconnoftre la préfence de l'alun & Ja quantité, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 lorfqu'il efl en diffolution dans le vin , a été propofé de nouveau pour l'année 1788, ainf qu'il eft dit ci-deflus. Signé, DE LA TOURRETYTE, Secrétaire perpétuel. Sujets propofés par l'Académie Royale des Sciences, Infcriptions & Belles-Letires de Touloufe, pour les Prix des années 1786, 1787; 1738. Le fujet annoncé en 1782 pour les Prix de 1785 , étoit d’expofer les principales révolutions que le commerce de Touloufe à efluyées , & Les moyens de l'animer, de l'étendre & de détruire les obflacles, foit moraux , foit phyfiques , s’il en eff, qui s'oppofent à fon aëivité & à Jes progrès, Les vues d'utilité indiquées par cet énoncé n'ayant pas été remplies , l'Académie propofe le même fujet pour 1788. Le Prix fera de cent piftoles, On fut informé par le Programme de 1783 ,que l’Académie propoloit ; pour le fujet du Prix qu'elle diftribuera en 1786, de déterminer les moyens de conflruire un pont de charpente de vingt-quatre pieds de voie, 6 d’un Jeul jet, c'eftà-dire, fans piles, fur une rivière de quatre cens cinquante pieds de largeur, dont les rives font fupérieures d'environ vingt-cinq pieds , au niveau des eaux ordinaires. Les bois de chêne ou de fapin qu’on employera pour cette conftruction , ne devront pas excéder trente pieds de longueur & quinze pouces de hauteur. La folidité de cet ouvrage devra être telle , qu'il puiffe réfifer au poids de deux voitures qui fe croiferoient , & feroient chargées chacune de fix milliers pefant. Les Auteurs donneront la démonftration des forces réfulcantes de l'arrangement des bois qu’ils auront employés, & de la forme de conf- truction qu'ils auront adoptée. Ils joindront aufi à leur Mémoire les plans, coupes & profils néceflaires pour l'intelligence de l'ouvrage, avec les détails des aflemblages fur une échelle propre à en faire difinguer nettement toutes les parties. On a été également informé, par le Programme de l'année 1784, qu'elle propofoit pour le Prix de 1787, 1°. D’indiquer dans les environs de Touloufe, € duns l'étendue de deux ou trois lieues à la ronde, une terre propre à fabrigt:er une poterie légère & peu coûteufe , qui réfifle au feu, qui puifle fervir aux divers befoins de la cuifine 6 du menage, & aux opérations de l'Orfèvrerie & de la Chimie. À 2°, De propofer un vernis femple pour recouvrir la poterie deflinée aux ufages domeftliques , Jans nul danger pour la Janté. L'infériorité des poeries qui fe tonr à Touloufe, & les atteintes lentes , 398 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fourdes, peu apparentes, mais d'autant plus dangereufes , dent le vernis de plomb qui les recouvre , affecte l'économie animale, ont déter miné l'Académie à s'occuper d'un objec aufli important. Les Auteurs qui travailleront fur ce fujet, joindront à leur Mémoire des uftenfiles , ou feulement des échantillons de poterie faite avec la terre qu'ils indiqueront. Ces échantillons feront, Les uns recouverts du vernis propolé , & les autres fans couverte, fimplement bifcuits, & propres à {ervir de creufets. L'Académie foumettra ces échantillons aux épreuves néceffaires, pour conftater qu'ils rempliffent les conditions du Programme. Quant au fujet propolé pour le Prix extraordinaire de 1783, que l'Académie propola enfuite pour l’année 1785; favoir, de déterminer des moyens les plus avantageux de conduire dans la Ville de Touloufe une quantiré d’eau fuffifante , foit des fources éparfes dans le rerritoire de cette Ville, foit du fleuve qui baïgne fes murs , pour fournir, en tout tems, dans les différens quartiers, aux befoins domefliques , aux incendies & à l’arrofement des rues , des places, des quais 6 des promenades ; VAcadémie a eu la fatisfadtion de recevoir plufieurs Mé- moires , entre lefquels le N°. 12, qui a pour devife : À tous Les cœurs bien nés que la Patrie eff chére ! Er le N°. 15, dont la devife ef : Je Juis le principal ornement des lieux qu'habite Flore , ont fixé fon attention, Mais comme les Auteurs n’ont pas entièrement atteint le but que l'Adminiftration & l'Académie fe propofent , l'Académie redonne le même fujet pour 1786 , en avertiflant que c'eft pour la dernière fois. Les Auteurs qui voudront concourir, remettront leurs ouvrages dans tout Le mois d'avril; ce terme eft de rigueur. Ils one déjà été prévenus qu’ils doivent joindre à leurs projets , le plan des ouvrages à faire, avec les élévations, les coupes & les eftimations néceffaires pour conftater la folidiré & la dépenfe de l'entreprife. Ils donneront aufli un apperçu des frais de conftruction des tuyaux de déri- vation & de conduite pour amener les eaux dans les maifons des parti- culiers 3 ils feront libres de faire ufage à leur gré des eaux de fource & des eaux de la Garonne, relativement aux quartiers de la Ville qui pourront être plus aifément & plus abondamment fournis de ces diverfes eaux , même de ne propofer que les unes ou les autres pour tous les objets de fervice. Les Auteurs trouveront, dans le premier volume des Mémoires de cette Compagnie, un nivellement des principales rues & places de la Ville. L’Adminifteation municipale de cette Ville, pénétrée de l'importance de ce dernier fujet, & du peu de proportion qui fe trouve entre les travaux qu'il exige , & une fomme de mille livres que l'Académie peut affigner pour ce Prix, a délibéré d'y ajouter cent louis ; de manière que le prix total fera de trois mille quatre cens livres. Les Savans font invités à travailler fur les fujets propofés. Les Membres SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 de l’Académie fonc exclus de prétendre au Prix , à la réferve des Affociés étrangers. ‘ Ceux qui compoferont font priés d'écrire en françois ou en latin , & de remettre une copie de leurs Ouvrages, qui foic bien lifible, fur-tout quand il y aura des calculs algébriques. Les Auteurs écriront au bas de leurs Ouvrages une fentence ou devife; fs pourront aufli joindre un billet féparé & cacheté , qui contienne la même fentence ou devife , avec leur nom , leurs qualités & leur adreffe. Is adrefferont le tout à M. Caftilhon , Avocat , Secrétaire perpétuel de l'Académie , ou le lui feront remettre par quelque perfonne domiciliée à Touloufe. Dans ce dernier cas, il en donnera fon récépiffé , fur lequel fera écrite la fentence de l'Ouvrage, avec fon numéro , felon l’ordre dans lequel il aura été’reçu. Les paquets adreflés au Secrétaire doivent être affranchis. Les Ouvrages ne feront recus que jufqu'au dernier jour de janvier des années pour les Prix defquelles ils auront été compofés. . L'Académie proclamera, dans fon Affemblée publique du 2$ du mois d'août de chaque année, la pièce qu'elle aura couronnée. Si l'Ouvrage qui aura remporté le Prix a été envoyé au Secrétaire en droiture, le Tréforier de l’Académie ne délivrera le Prix qu'à l’Auteur même , qui fe fera connoître , ou au porteur d'une procuration de @& part. S'il y a un récépiflé du Secrétaire , le Prix fera délivré à celui qui le préfentera. - L'Académie , qui ne prefcrit aucun fyflème, déclare aufli qu'elle n'entend pas adopter les principes des Ouvrages qu’elle couronnera. FA DALLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. S UIiTE de la derniére Partie des Expériences & Obfervations de M. KIRWAN , fur Les forces attraëlives des Acides minéraux , page 321 Mémoire fur la Cire punique ; par M. le Chevalier LORGNA, 335$ Extrait d’un Mémoire fur lanalyfe de la Plombagine & de la Molybdëne, lu à l’Académie Royale des Sciences , en janvier 1785 ; par M. PELLETIER, Membre du Collège de Pharmacie de Paris, & Correfpondant de l’'Acacimie Royale de Sciences de Turin , 343 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: Mémoire fur la Platine ou Or blanc, lu à l'Académie Royale des Sciences en juin 178$ ; par M. L. 362 Notices Jur l’Anémone de mer à plumes, ou Animal-fleur ; par M. le Chevalier LEFEBURE DES HAVES , Correfpondunt du Cabinet du Roï, du Cercle des Philadelphes , &c. 373 Defcription de quelques individus monflrueux de la Pédiculaire des bois ; par M. REYNIER , 381 ‘Analyfe de deux efpèces de Mines d'Antimoine terreufes , extrait des Mémoires que M. SAGE a lus à l'Académie des Sciences dans le courant de cette année, 333 Lettre écrite à M. DE La METHERIE , par M. SAGE , fur l'inflammation des copeaux de fer, 383$ Mémoire fur du Phofphore retiré de la mine de plomb verd d'Hoffsgrund ; par M. pe LA METHERIE, D. M, 386 Nouvelles Lirréraires , 387 APPROBATION. J A] lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour âitre: Obférvarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c. par MM. Rozier & Moncez le jeune, &c. La Colle&tion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Leë&teurs , mérite l’attention des Savans; en confé- quence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreflion. A Paris, ce 23 Novembre 278$ VALMONT DE BOMARE, V0 PET. Novembre 1766. Jellier Se, PTIT. 3 UE Novembre 1786. . L ’ n | POTTER nn - | | “ ne | st orders ee 0 à 7 PAPER PER PE aps ML EEN EEE ” + | 4 | JOURNAL DE PHYSIQUE. | DÉCEMBRE 1785. IE EXPÉRIENCES RELATIVES AU PHLOGISTIQUE ET A LA CONVERSION APPARENTE DE L'EAU EN AIR; à Traduites de l'Anglois de M.J. PRIESTLEY, Dodeur en Droit, Membre de la Société Royale de Londres, &c. par M. GIBELIN, Doë&eur en Médecine, de La Société Médicale de Londres , Ge. SECTION PREMIÉRE. Expériences fur le Phlogiflique. Le phlopiftique, ou comme on l'appelle quelquefois , le principe de L'inflammabilité , elt un des fujers qui ont le plus embarraflé les Chimiftes. Stahl avoit découvert que ce principe, quel qu'il foit, eft capable de pafler d’une fubftance dans une autre, quelque différentes qu'elles puiflent être par leurs autres propriétés, comme le bois, le foufre, les métaux, & qu'il eft par conféquent la même chofe dans toutes; mais ce qui a donne un air de myftère à cette matière ; c'eft qu'on a cru que ce principe où cette fubftance ne pouvoit être préfentée à nos fens, fi ce n’eft combinée avec d’autres fubftances, & quil éroit impoflible de lui faire prendre féparément aucune forme fluide ou folide. Quèlques-uns afluroient aufli que le phlogiftique , bien loin de rendre les corps plus pefans, diminuoit au contraire la pefanteur de ceux auxquels il s’'unifloit ; en {orte qu'ils fe croyoient en droit de l’appeller le principe de la légéreré. Cette opinion a eu de grands défenfeurs. Dans ces derniers tems plufeurs célèbres Chimiftes , & entr'autres M. Lavoifer, ont prétendu que toute la doétrine du phlogiftique étoit fondée fur une erreur, & que dans tous les cas où l'on croyoit que es corps étoient dépouillés du principe phlogiftique, ils ne perdoient vraiment rien du tout ; mais ils acquéroient au contraire quelque chofe, & le plus Tome XXVIT, Part. II, 1785. DECEMBRE, TE | 402 OBSERVATIONS SUR LA FHYSIQUE, fouvent une addition de quelqu’efpèce d'air ; qu'un métal , par exemple, n’eft pas une combinaifon de deux chofes ; favoir , d’une terre & du phlogiftique ; mais que dans fon état métallique c’eft une fubftance fimple, & que lorfqu'il pañle à l’état de chaux, ce n’eft pas à caufe de la perte de fon phlogiftique, ou de toute autre fubftance , mais c’eft parce qu’il acquiert de l'air. é Les argumens qu’on apporte en faveur de cette opinion , & fur-tout ceux qui font tirés des expériences que M. Lavoitier a faires fur le mercure, font fi fpécieux , que j'ai été moi-même très-porté à ladoprer. A la vérité, mon ami, M. Kirwan, fourenoir toujours que le phlogiftique étoit la même chofe que l'air inflammable, & il a fufhfamment prouvé par beaucoup d'expériences & d’obfervations, tant de moi que des autres, Je ne me fuis cependant rendu à fon opinion qu'après en avoir découverc la vérité par des expériences directes que j'ai faites dans des vues générales & indérerminées, mais avec l’inrention de dérerminer quelquechofe fur un fujet qui m'a donné, ainfi qu'à d'autres , tant de peine & d'embarras. Je commençai par répéter les expériences dans lefquelles j'avois trouvé que l'air inflammable chauffé jufqu’à rougeur dans des tubes de fintglafs, leur donnoit une teinte noire , & étoit abforbé en grande partie. J'avois découvert que cet effet provenoit de ce que la chaux de plomb du verre attiroit le phlogiftique de l’air inflammable (1). Comme la quantité d'air inflammable contenue dans ces tubes éroit rrès-petite, quoique j'aie dit que je regardois le réfidu , dans l’un de ces procédés , comme de l'air phlo- giftiqué , parce que je n'avois apperçu aucune marque d'ignition en le préfentant à la flamme d'une petite bougie; je n’érois pas faristait de cette conclufion , & j'avois d'autant plus envie de répérer cetre expé- rience avec plus de foin, que je n'avois trouvé, dans une des expériences en queltion , qu'une très-petire bulle d’air inflammable dans le tube, où je l’avois foumis à la chaleur. J'éprouvarcependant de grandes difficulrés en répérant ces expériences; & la quantité d'air inflammable fur laquelle on opère dans ces circonf- tances eft néceffairement fi petite, que le réfultat eft roujours fujet à beaucoup d'incertitude, Je penfai conféquemment que fi je faifois tomber le foyer d’une lentille fur une quantité de finrglafs entourée d’air inflammable , ou plutôt fur de la chaux de plomb feule dans les mêmes circonftances, l’expérience feroit beaucoup plus aifée, & merapproche- roit davantage de mon objet. L'exécution de ce procédé réullit fur le champ au-delà de mes efpérances. Je mis pour cet effer fur un morceau de creufet brifé , incapable de donner de l’air , une quantité de minium , que j’avois entièrement privé 2 Eh 0 TS SNS à BOLD Ua LE à à 242102 D gs png ie Rue et te (x) Voyez les Expériences & Obfervations fur différentes branches de la Phy- fique , &c, tome Il, page 147, eo 24 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 d'air, & l'ayant placé fur un fupport convenable , je l’introduifis dans ua grand récipient rempli d’air inflammable renfermé par le moyen de l’eau. Auñi-tôt que le minium fut féché par la chaleur que je lui failois fubir, je le vis noircir, & couler enfuire fous forme de plomb parfait, en même tems que l'air diminuoit conlidérablement, l’eau s'élevant danslerécipient, Je confidérois ce procédé avec le plus vif empreffement d'en connoître le réfultat; car je n'avois alors aucune opinion fixe fur ce füujet; & par conféquent je ne pouvois décider , fi ce n'eft au moyen d’une épreuve directe , fi l'air fe décompofoit dans ce procédé , en forte qu'il reftät un réfidu de quelqu'autre efpèce, ou s’il étoit abforbé tout entier, La première opinion me paroifloit la plus probable par la raifon , que fi le phlogiftique étroit un être réellement exiftant , je n'imaginois que l'air inflammable devoit être compofé de cet être & de quelqu’autre chofe. Cependant je me fattois alors qu'il feroit en mon pouvoir de déterminer d’une manière très-politive , fi le phlogiftique eft joint ou non à une bafe dans l'air inflammable , & de quelle nature eft cette bafe fi elle exifte. Car voyant le métal actuellement réduit, & en quantité confidérable , dans le même tems que l’air étoit diminué , je ne doutois pas que la chaux n'abforbâc réellement quelque chofe de l'air; & cette chofe produifant l’effer de la réduire en métal , ne pouvoit être que ce que les Chimiftes ont unanime- ment appelé pAlogiflique. Avant que cette première expérience füt terminée, je jugeai que fi le phlogiftique avoit une bafe dans l'air inflammable , elle devoit être très- peu confidérable; car le procédé continua jufqu'à ce qu'il ne reftâc pas plus de place dans le récipient qu'il n’en falloit pour opérer fans crainte de l’endommager. J'examinai enfuite avec beaucoup d’empreflement l'air qui reftoit, & je trouvai qu'il ne différoit nullement de celui que j’avois employé en commençant cette expérience, & qui avoit été retiré du fer par le moyen de l'huile de vitriol. Je fus conféquemment très-certain que cet air inflammable ne contenoit pas autre chofe que le phlogiftique ; car environ quarante-deux mefures de cet air furent réduites à cinq , dans cette occafion, Afin de conftater avec le plus grand foin un fait de fi grande impor- tance , je fis fortir après cela d’une quantité de minium tout le phlo- giftique, ou toute autre fubftance qui auroit pu prendre la forme d'air, en l’expofant à une chaleur rouge, après lavoir mêlé avec de l'efprit de nitre; & l'ayant employé aufi-tôt après, de la manière dont j'ai parlé plus haut, je réduifis cent une mefures d’air inflammable, à deux mefures. Pour juger de fon degré d’inflammabilité, je préfentai la Aamme d'une petire bougie à l’oritice d’une fiole qui en étoit remplie ; & je comptai jufqu’à treize petires explofons ( je bouchois la fiole avec mon doive après chaque explofon ) tandis que de l'air inflammable récemment fait Tome XXWII, Part. II, 1785. DECEMBRE. Ecee2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne fit dans les mêmes circonflances que quatorze explofions qui feulement écoient plus fortes. Je n’héfirai point à conclure, après cette expérience, que cet air inflammable avoit paflé out entier , & fans décompolition, dans le plomb qui s'étoit formé dans certe occafon ; & fi l’on confidère les circonftances péceflaires de ce procédé, l'on trouvera extraordinaire, que même en admettant la vérité de cetre conféquence , le réfultac foit fi décidémene & fi clairement en fa faveur; car, en prémier lieu , 11 faur mettre la plus grande attention à retirer d’abord du minium tout l’air qu'il peut donner, & employer ce minium avant qu'il ait pu abforber d'autre air de l'armof phère ; il faur en outre que l'esu , qu'on emploie en affez grande quantité, & qui s'échauffe dans ce procédé , air été pareïllement purgée d'air autant qu'il eft poffible. Quand même j'aurois trouvé, dans ces circonftances , que le peric réfidu de deux méfures , fur cent une, éroit de l'air phlogiftiqué, ou de l’air fxe, je n’aurois pas été défappointé (1) ; & cela ne m'auroit pas empêché de conclure que le pÆlopiflique eft la même chofe que l'air inflammable, contenu dans les métaux dans un état de combinaifon ; tout de même que air fixe eft contenu dans la craie & dans les autres fubitances calcaires : érant Fun & l’autre également capables d'être désosés de nouveau fous la forme d'air. Je me fervis enfuite d’une chaux de plomb qui avoit été préparée de! mère que la première, mais qui étoit reftée quelques femaines expofée à l'air ; & je trouvai que lorfque j'eus réduit par fon moyen cent cinquante mefures d'air inammable à dix mefures, ce réûdu étroit de l'air phlo- giftiqué. Mais en examinant cette chaux féparément , au moyen de la chaleur, dans un vaiffeau de verre, je trouvai qu'elle donnoir une quantité confidérable d’air phlogiftiqué. : , Je dois obferver qu’il ne faut pas que le minium ait été porté à l'état de verre de plomb parfaitement compact, parce qu'il féroir alors trop réfractaire pour être aifément réduit par ce procédé. J'ai employé une fois cetre fubitance: je ne pus que la fondre; mais il en fortit une fumée noire très-abondante qui donna une teinte de la même couleur à Yintérieur du récipient. C'eft une expérience que je répérerai avec attention. Il eft bon d'obferver auffi que le plomb que j'obtins dans l’expérience donc jai fair mention ci-deflus, ne différoic nullement de tout autre plomb, & que la quantité entière d'air inflammable avoit été retirée du fer par le moyen de l'huile de vitriol. (1) Il eft à fouhaiter que le verbe defappointer pale dans notre langue avec fes dérivés. Il me paroît rendre avec précifion une idée que nous ne pouvons exprimer jufqu'ici que par des périphrafes,, & il n’eft point dur à l'oreille. Si cependant on aime mieux lire asrappé ou déçu , au lieu de défappoinié, je ne m'y oppofe pas. oi à ta SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 405$ Lorfque j'ai employé de l'air inflammable tiré du bois, il a fallu lus de tems pour réduire le minium , & j’ai eu plus de peine à en venir a bout. Quarante mefures de cet air inflammable furent réduites à vingt- cinq. Je rrouvai alors que la chaleur de la lentille re produifoit que du verre de plomb & non du metal. l'air étoit cependant encore irflam- mable , & contenoir une petite quantité d'air fixe. J'ai quelques raifons de penfer que cette efpèce d’air inflammable qui brüle avec une flamme léchante elt compofée de l'union intime de l'air fixe avec l'air inflam- mable de narure explofive qu'on retire des métaux, Les expériences que j'ai faires avec certe forte d’air inflammable que l’on recueille dans le rocédé pour faire le phofphore, & qui brûle avec une flamme jaune échante, m'ont offert le même réfulrat que celles où j’ai employé l'air inflammable tiré du bois & brülant avec une flamme blanche & léchante. Après avoir obtenu ce réfultat remarquable avec l'air inflammable, j éprouvai tout de fuite de la mème manière toutes les autres efpèces d'air ; maïs le minium dans aucune ne me fournit que du verre de plomb, fi ce n'eft dans l'air alkalin & dans l'air acide vitriolique. Je n'obtins point de mécal dans l'air fixe , dans l'air nitreux , dans l'air phlogiftiqué , dans l'air acide marin, dans l’air fpathique, non plus que dans l'air commun & dans l'air déphlogiftiqué. {11 n’y eut dans l'air acide vitrio- lique qu'une perite quantité de plomb réduite; & j'ai obfervé que certe efpèce d'air communique à lair commun une certaine portion du prin- cipe de l'infammabilité, quoiqu'elle ne le phlosiftique pas à beaucoup près aufli fortement que le fait l'air nitreux; quoique ce dernier & l'air phlogiftiqué contiennent certainement du phlogiltique, il paroît par ces expériences qu'ils le retiennent avec trop de force pour le céder au minium : dans ce procédé, quoique l'air nitreux le communique fi promptement à l'air refpirable, Les expériences .que je fis pour réduire la chaux de plomb dans les efpèces d’airs dans lefquelles cer effet ne put avoir lieu, me préfentèrent quelques phénomènes particuliers : mais avant de les rapporter, il faut que je répète ces procédés, & que j'en nore les cir- conftances avec plus d’exactirude. ; Dans l'air alkalin, le minium paroît fe réduire en plomb auffi promp- tement que dans l'air inflammable, & je crus même voir que le plomb s’y formoit avec plus de facilité. Cet effec coffirme & éclaircir d'une manière remarquable, le fingulier phénomène que j'avois précédemment obfervé (1); favoir, que, lorfqu'on tire l'étincelle éle&trique dans une quautité donnée d’air alkalin, elle fe convertit en trois fois autant de pur air inflammable, Cette expérience eft d'une nature fi extraordinaire , BAT ns 73 NAN EN NN RENE PAR ER EE EN CREER (1) Voyez les Expériences & Obfervations fur différentes branches de la Phy« fique , &c. tom. II, page 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que je n’ai pas manqué de la répéter fouvent, depuis que j'en ai publié le dérail, & toujours avec le même réfultat. La réduction du plomb dans l'air alkalin , jette auffi quelque lumière fur les procédés dans lefquels en furphlogiftiquant du fer avec l’air nitreux , je produifois une forte odeur d'alkali volatil : c’eft une expé- rience que j'ai auf répétée fréquemment avec le même réfultat. Enñn, cette même réduction du plomb dans l'air alkalin, peut nous aider à concevoir comment tous les acides ont de l’afñinité avec le pAlopiflique & avec les alkalis; deax fortes de fubftances qui ont paru jufqu'ici différer fi fort entr'elles, puifqu’il eft probable d'après ces procédés, que l'une eft, ou une modification de l’autre , ou une combinaifon de quel- qu'autre fubftance avec l'autre. Il féroit intéreffant de rechercher en quoi confifte la liaifon entre les principes alkalin & inflammable, & d'après les données que nous avons, il ne feroit peut-être pas très- difñcile de le faire avec avantage. Quoi qu'il en foit, il eft évident , par les expériences qui fuivent, que de ces deux fubftances, la plus com- pofée eft l'air aikalin, & la plus fimple eft l'air inflammable ou le phlogiftique. J'obtins d’une quantité de litharge dans cinq mefures & demie d'air alkalin, dix-fept grains de plomb, outre ce qu'il y en eut de diflous dans le mercure par lequel l'air étoit renfermé. IL reftoit deux mefures & demie d'air qui parut être phlogiftiqué, & ne contenir point d'air fixe. Une autre fois, dans huit mefures d'air alkalin, j'obtins quinze grains de plomb, outre ce qui étoit diflous dans le mercure, & qui parut confidérable à proportion du refte. IL faut obferver qu'il refta dans ce procédé trois mefures & demie d'air phlogiftiqué fans aucun mélange d'air fixe; quoique le mafticot dont je me fervis pour lors, fût capable de donner par la chaleur feule , une quantité confidérable d'air fixe aflez pur. Ces expériences avec l'air atkalin, méritent bien d’être fuivies, & je ne manquerai pas de le faire, dès que j'en aurai l'occafon. Après avoir réduit du plomb dans l'air inflammable, j’effayai de réduire d’autres chaux métalliques par le même moyen, & je réuilis très-bien avec l'étain, le bifinuth & l'argent; paflablement avec le cuivre, le fer & le régule de cobalt; mais point du tout avec le régule d'anti- moine, le régule d'arfenic, le zinc & le métal de la manganèfe. J’aurois déliré de déterminer par cette méthode, la quantité de phlo- giftique qui entre dans la compofition des différens mécaux; mais je rencontrai plus de difficultés que je n'en atrendois, & elles provenoient fur-tout de la compenfarion qu'il y avoit à faire pour l'air inflammable qui entroit dans la portion de chaux dont la réduction n’étoit pas completre; & il n’étoit pas facile de réduire complettement la totalité d’une quantité donnée de chaux métallique. l SUR L'HIST. NATURELLE ETIES ARTS. 407 Après ün grand nombre d'épreuves, je crois pouvoir avancer qu’une once de plomb abforbe 100 mefures d’air inflammable, ou peut-être plus; car dans un des réfultats, ce métal parut en avoir abforbé dans la proportion de 108 mefures. L'écain abforbe l'air inflammable dans la proportion de 377 mefures par once. Une once de cuivre tiré du verd-de-pris, abforbe 403 mefüres de cet air; la même quantité de cuivre tiré d’une difiolution de vitriol bleu , précipitée par le fel de tartre, & enfuite chauffée jufqu’à rougeur avec de l’efprit de nitre, 640; mais le cuivre tiré du vitriol bleu même, en abforbe 909 mefures. Dans ce cas néanmoins, une grande partie de l'air inflammable concourut à former de l'air acide vitriolique , dont l'odeur fut très-fenfible dans le cours de cette expérience. Le cuivre que je fis par ce procédé, étroit caflant , & fembloit conféquemment n'être pas parfaitement métallifé ; mais étant fondu avec du borax, il devint du cuivre parfait, &, à ce que je crois, fans rien perdre de fon poids. Le bifmuth abforbe l'air inflammable dans la proportion de 185$ mefures par once. La chaux que j'employai, étoit un précipité de ce demi-métal dans l’efprit de nitre. Je tirai le fer d’un précipité de diffolution de vitriol verd par le fel de tartre, humeété d'efprit de nitre, & expolé à une chaleur rouge. Cette chaux abforba l’air inflammable dans la proportion de 890 mefures par once de fer, & celui-ci éroit fous la forme d’une poudre noire, qui cependant paroifloit tout auf attirable par l’aimant que la limaille de fer; mais je ne pouvois pas mattendre que cette opération me fournit du fer parfait, contenant fa dofe entière de phlogiftique, puifqu'en foumettanc le fer parfait au même procédé, on peut en retirer une quantité d’air inflammable. Je réduifis évidemment une ‘quantité d'argent d’une diffolution de ce métal dans l’efprit de nitre précipité par le fel de tartre, ainfi que de la lune cornée. Unie quantité de certe dernière fubftance, abforba 23 mefures d'air inflammable; mais je n'ai pu avoir de chaux d'argent exempte de petits grains d’argent parfait, qu’on découvroit facilement à la loupe; je n'ai pu par conféquent déterminer la quantité d’air in Rammable que ce métal abforbe. J'ai produit de petits grains de régule de cobalt, au moyen du fafre, & il y a eu de l'air inflammable abforbé , mais je n’en ai pas évalué la quantité. Une quantité de ranganèfe abforba 7 melures d'air inflammable ; mais je ne pus y rien appercevoir qui eût l'apparence d'un métal. Je penfai que je n'appliquois pas aflez de chaleur pour cet effer; & ayant mêlé la manganèle avec du borax calciné, je répétai cerre expérience : il y eut une nouvelle abforption d'air; & dans le cours de ce procédé, je crus appercevoir une fois un petit globule de métal, 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de Le zine & l’arfenic ne firent que fe fublimer dans ce procédé. If en fat de même du verre d’antimoine ; mais l’expérience fut accompagnée de certe circonfiance particulière, que lorfque ce verre fut fondu dans l'air inflammable, il cryttallifa en aiguilles arrangées d'une manière très- curigufe, & je ne pus produire le même phénomène dans aucune autre efpèce d'air. L'abforption évidente de l'air inflammable par les chaux métalliques, & leur réduction qui en eft l'effer, prouvent fufifamment qu'il contient ce qu'on a appellé le phlogiftique. Et puifque ces chaux l’abforbent in voto, fans décompoñition , c’elt une preuve qu'il n'eft autre chofe que le phlogiflique fous la forme d'air, à moins qu'il ne s'en dépofe quelque chofe de folide en mème-tems que la partie proprement phlogiftique eft abforbée; tout ce que je puis dire à cet égard, c’eft que je n'ai rien apperçu de pareil dans le cours de ces expériences; car fi dans quel- ques-uns de ces procédés j’avois vu paroître des vapeurs noires, je n’avois obfervé dans Les autres que la fublimation d'une portion de la chaux _ qui cernifloit Le verre. Cependant je mai pu, par cette raifon, parvenir À déterminer le poids de l'air inflammable qui étoit entré dans la chaux, de manière que je pufle prouver qu’elle avoit acquis une augméntation en fe métallifant, quoique j'aie fouvent tenté de le faire : mais s'il éroit offible de fe procurer une chaux parfaite, dont il n'y eût aucune portion de fublimée & difperfée par la chaleur qu'il faut employer dans ce procédé, je ne douterois pas que la quantité d’air inflammable qu’elie abforberoit , n’augmentât fon poids d’une manière fenfble. Indépendamment de la réduction des métaux, j'ai eu d’autres preuves affez curieufes, que l’air inflammable contient le phlogiftique ; quoique elles ne foient peut-être pas aflez concluantes pour prouver que cet air eft entiérement & fimplement le phlooiftique même. Ainfi j’ai été en état de faire par fon moyen, le pAo/phore, l'air nitreux, le foie de foufre & le foufre même : fubftances dont le phlogiftique eft reconnu pour le principal ingrédient, Je fis tomber le foyer de ma fentille dans l'air inflammable fur une quantité de la matière vitreufe qu'on tire des os calcinés par le moyen de l'huile de virriol : cet air fut abforbé en partie, & tout l'intérieur du récipient fe couvrit d'une fubftance de couleur orangée, qui avoit une forte odeur de phofphore. Le foleil me manqua pour continuer cette expérience; mais j'étois affez avancé pour avoir des preuves fufifantes de la formation actuelle du phofphore; par cette méthode je réuflis beaucoup mieux avec l'air alkalin. Dans deux mefüures & demie de cet air , je retirai de la matière vitreufe donc je viens de parler, deux grains de phofphore en une mafle, le vaiffeau n'ayant été rempli que d’une vapeur blanche pendant le procédé. Il refta un quart du volume de l'air, & ce réfidu étoit nee rülans TA LUS SUR Ve CE PR _— SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 brûlant avec une flamme jaune léchante, exactement femblable à celle qui eft produite dans le procédé pour faire le phofphore. j Il eft évident que l'air nitreux contient du phlogiftique, fi tant eft que le phlogiftique exifte; & j'ai prouvé de plus qu'il contient autant de phlogiftique, à proportion de fon volume, que l’air inflammable même, J'ai maintenant un nouvel avantage à cet égard, celui d’être en état de former l'air nitreux de fes deux principes conflitutifs; favoir, la vapeur nitreufe & l'air inflammable. Le procédé le plus facile pour y parvenir, eft de faire pafler un courant de vapeur nitreufe dans une grande fiole déjà remplie d’air inflammable. De cette manière l’air nitreux eft formé à l'inftant, & en grande quantité; mais comme cette vapeur nitreufe eft produite par la diffolution rapide du bifmuth dans l'efprit de nitre, laquelle fournit en-même tems une quantité d'air nitreux, cette expérience n'eft pas entièrement irréprochable, J'ai conféquemment effayé de faire la même chofe de la manière fuivante. J'ai pris une quantité de ce que j'ai appellé chaux nitrée de plomb, que j'avois formée d'avance en uniffant la vapeur nitreufe avec le minium qui par ce moyen, étoit devenu blanc, compact & fragile de rouge & pulvérulent qu'il étoit : j'ai placé cette matière fur un fupport dans un récipient plein d'air inflammable, & je lai chauflée au foyer de la lentille, L'air inflammable a fouffert une diminution d'environ deux tiers du total; & pendant ce tems, une partie de la chaux s’eft réduire en plomb : après cela, il n’y a plus eu de diminution de Pair, ni de réduction de la chaux. J’ai examiné pour lors ce qui reftoit de l'air, & j'ai trouvé qu'il étoit tout fortement nitreux. Les circonftances dans lefquelles cet air étoit produit, prouvent qu’il étoit formé de la vapeur hitreufe contenue dans la chaux, & de l'air inflammable du récipient. Afin de déterminer le degré de pureté de cet air nitreux, je l'ai mêlé avec une égale quantité d'air commun, & ils ont occupé l’efpace de 4,32 mefures. L'air nitreux récent, fait de la manière ordinaire, & mêlé avec l'air commun dans la même proportion , occupoit l'efpace de 1,26 : cette différence ne provenoit d’aucune impureté de l'air nitreux, mais du mélange de l'air déphlogiftiqué qui eft aufli dégagé de cette chaux par la chaleur. J'ai produit du foie de foufre en faifant tomber le foyer de la lentille fur du tartre vitriolé dans de l'air inflammable, & il a paru être par- fairement bien formé. Enfin pour produire du foufre, j'ai dirigé le foyer de la lentille fur une quantité d'huile de vitriol contenue dans un vaifleau de grès évafé, & je lai évaporée à ficcité dans un récipient rempli d’air inflammable, En conféquence l'intérieur du récipient s’eft couvert d'une incruftation blanchâtre qui, lorfqu'’elle étoit chauffée , avoit une forte odeur de foufre ; & en répétant le procédé-dans le même récipient, j'ai été en état cette Tome XXV'IT, Part, IT, 1785. DECEMBRE. FFF 410 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, feconde fois de racler aflez de cette matière pour en mettre fur un morceau de fer brûlant , &. obferver la flamme bleue aufi bien que l'odeur particulière du foufre. Je terminérai cette fe“tion fur le pblogiftique par deux obfervations » dont lune femble contredire une maxime établie parmi les Chimiftes» & l’autre une opinion que j'ai eue moi-même. On dit généralement que le charbon eft indeftruétible, fi ce n’eft lorfqu’on lui fait fubir une chaleur rouge en contadt avec l'air; mais je trouve qu'il eft parfairement deftructible dans le vide; ou capable d'être décompofé & d'être prefqu’entièremet converti en air inflammable: par la chaleur folaire; en forte qu'il ne refte rien qu'une quantité excefli- vement petite de cendres blanches, qui eft rarement vifble, excepté lorf- qu'elle fe trouve expofée aux rayons du foleil, à mefure qu’elle voltige en particules très-déliées dans l'intérieur du récipient. I feroir impoñlible: de Ja ramafler & de la pefer. Mais fuivant les apparences, la cendre que fourniroient de cette manière plufieurs livres de bois, ne peferoit pas un grain. La cendre produite par la combuftion du bois dans Pair libre, n'elt en fi grande quantité qu'à raifon de ce qu’elle attire de l’atmofphère. L'air que j'ai obtenu de cette manière, eft entièrement inflammable, & ne contient pas la moindre particule d'air fixe. Mais pour cela il faut que le charbon ait été parfaitement bien fait, c’eft-à-dire, au moyen d’une chaleur capable d'expulfer tout Pair fixe que le bois contient; & continuée jufqu'à ce qu'il ne donne plus que de l'air inflammable; ce qui eft bientôt fait dans une cornue de grès. Le bois ou le charbon eft même parfaitement deftrudible , c'eft-à-dire, réfoluble en air inflammable, dans une bonne cornue de grès, & à un feu qui feroit à-peu- près capablede fondre le fer. Dans ces circonftances, après que tout l'air fixe s’eft dégagé, j'ai plufieurs fois continué ce procédé: pendant une journée entière, & l'air inflammable a été produit tout cetems uniformément & fans aucune apparence de ceflation. Je n’en ai même pas été furpris, après avoir vu le charbon fe difliper tout entier en air in- flanimable dans le vide, Une quantité de charbon de bois de chêne, du poids d'environ une once, m'a donné communément autour de cinq mefures d’air inflammable en douze minutes. La feconde obfervation dont je vais rendre compte, fournit une preuve: inconteftable de la génération de l'air fixe par l'air déphlogiftiqué, joint au phlogiftique ou à l’air inflammable. J'ai plufieurs fois donné, comme mon opinion, que l'air fixe eft une /ubflance fa&ice & une modifica- tion des acides nitreux & vitriolique ; c’étoir une conféquence aflez naturelle de mes expériences précédentes. Mais je n’ai pu le croire com- pofé d'air déphlogiftiqué & de phlogiftique, quoique ce fût l'epinion de mon ami, M. Kirvan , jufqu'à ce que j'aie été forcé de me rendre à la preuve qu'il en a tirée de mes propres expériences , & dont je l'ai SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. arr autorifé à faire mention dans l'excellent Mémoire qu’il vient de donner fur les fels. L'expérience nv'a fourni depuis peu deux preuves directes de cette vérité. J'ai eu la première en répétant une belle expérience du docteur Inghen- Houfz, mais avec quelques variations. J'ai brûlé, par le moyen de la lentille, des copeaux de fer dans de l'air déphlogiftiqué renfermé par le mercure. Le fer s’eft allumé dans un inftant par ce moyen, & il s’eft confumé d’une manière très-curieufe à voir: mais ce qui m'a le plus frappé, c'eft qu'une grande partie de l'air qui eft refté, fut de l’air fixe, quoique je n’eufle mis dans le récipient que l'air déphlociftiqué le plus pur, avec le fer qui ne pouvoit lui-même donner que de l'air inflammable. J'obferverai que le fer fondu s'eft formé en globules aflez gros, qui n'étoient plus du fer, & qui avoient l'air d’une vraie fcorie vitreufe, Voulant foumettre à une épreuve plus directe, cette hypothèfe fur les principes conftiruans de l'air fixe, j'ai mêlé enfuite de la limaille de fer qui ne donnoit que de l'air inflammable, avec du précipité rouge qui, à l'épreuve, ne donnoit que de l’air déphlogiftiqué le plus pur ; & les ayant chauflés dans une cornue de verre luttée, j'en ai obtenu une grande quantité d'air fixe, dont quelques portions ont été abforbées à un vingtième près par l’eau de chaux ; mais le réfidu étoit inflammable. Cependant ayant mêlé avec de la limaille de fer , une quantité de charbon de bois en poudre, qui, à l'épreuve, ne donnoit que de l'air inflammable, j'en ai retiré de l'air fixe fi pur, qu’il n’en eft refté qu'un quatorzième que l’eau n’a point abforbé ; enforte que cet air fixe étoit aufi pur que celui qu'on fe procure communément au moyen de la craie & de l'huile de vitriol. IL a paru dans quelques-unes de ces expériences, qu'il entre trois mefures d’air déphlooiftiqué-dans la compolition de deux mefures d'air fixe. Car une once de ce précipité rouge donnoit 60 mefures d'air dé- phlogiftique; & lorfqu'il a été mêlé dans cette quantité avec deux onces de limaille de fer, il a donné environ 40 melures d'air fixe, qui ont été actuellement abforbées par l’eau, outre un réfidu qui étoicinfammable, J'ai obtenu l’air fixe dans la même proportion , lorfque j'ai opéré avec une demi-oncede chacun de ces matériaux ; mais en ayant employé une once, je n'obtins que vingt mefures d'air fixe, en y comprenant le réfidu. D'autres fois avec différentes quantités de limaille de fer & de charbon, j'en ai obrenu en différentes proportions, Je ne puis terminer ces obfervations fans reconnoître combien une bonne lentille ardente eft un inftrument précieux pour la Phyfique. On doit s'en être. apperçu relativement à un grand nombre de mes expériences précédentes, mais plus particulièrement au fujet de celle-ci. On ne fauroit par aucur autre moyen chauffer des fubitances dans le vide ou dans aucune autre efpèce d'air que celui de l'armofphère; & fi Tome XXV EL, Part. IT, 1785, DECEMBRE, FFF 2 412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lon n’avoit un moyen pour y parvenir , il ne feroit pas poflible de faire des expériences telles que celles qu’on vient de lire. Je félicite confé- quemment tous Les Amateurs des Sciences, du fuccès qu'a eu M. Parker dans exécution d’un inftrument aufi confidérable que celui qu'il a fait en ce genre. Des entreprifes auffi grandes & aufñi ingénieufes honorent leur Auteur & notre patrie. Il feroit feulemenc à fouhairer que nous eufions des lentilles d’un moindre diamètre : favoir , de douze à dix-huit pouces, à un prix aflez modéré pour qu’elles puffent être d’un ufage plus ordinaire, Toutes mes expériences ont été faites avec un verre de douze pouces de diamètre. SE CUT NO NAT; Expériences relatives à la converfion apparente de l'eau en air(x). Bien des perfonnes ayant témoigné Le défir d’être informées de quelques expériences que j'ai faires en dernier lieu, & qui, au premier afpect, fembloient favorifer l'idée d’une converfion de l'eau en air, mais qui fe font terminées par la découverte d’un fait encore plus extraordinaire à mon avis ; je vais foumertre à la Société royale le réfultat des obfervations que j'ai déjà faires fur ce fujer, quoique je n’aie pas étéen état de me fatisfaire aufi pleinement que je le fouhaiterois relativement à quelques partieu- larités qui y ont rapport. On peut compter fur les faiss que j'établirai ; mais il eft probable que différentes perfonnes en tirerout des conféquences différentes. Je ne me fuis jamais montré fort attaché aux fimples opinions, Ayant autrefois obfervé qu'il fe faifoit plufieurs changemens remarquables dans les fubitances fluides qui reftoient long-tems expofées à la chaleur dans des vaifleaux de verre, fcellés hermétiquement ( on peut en voir le détail dans le premier volume de mes expériences & obfervations fur différentes branches de la Phyfique ), je formai le deflein d'expofer toutes les efpèces de fubftances folides à de grandes chaleurs dans le mème état de clôture. Je me munis pour cet effet d’un vaiffeau de fer de fonte, que je pufle fermer comme un digefteur de papier, & d'une telle longueur, qu'une de fes extrémités püt être rouge brûlante, tandis que l'autre feroir aflez froide pour être maniée. À cette extrémité fe trouvoit un robinet adapté à un tube, au moyen duquel je pouvois donner paflage à la vapeur ou à l'air dans tous les périodes du procédé. Je m'imaginai que lorfque des fubftances compofées de parties fi vo- latiles qu’elles s’enfuyoient avant d’avoir éprouvé un degré confidérable de chaleur fous la preffion ordinaire de l’atmofphère, feroient forcées de fupporter de grandes chaleurs fous une plus grande preflion, elles pour- roient prendre de nouvelles formes & fubir des changemens remarquables (x) Ces expériences , quoiqu’antérieures à celles que nous avons déjà imprimées , men font pas moins précieufes, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 analogues à ceux que nous pouvons fuppofer qui fe paflent dans les entrailles dé la terre où par le moyen des feux fourerrains, différences fubftances éprouvent de violens degrés de chaleur fous de très-grandes preflions. J'ai eu cet infirument pendant plufieurs années; mais il étoit fi mal conftruit, que je n'ai pu n’en fervir pour l’ufage auquel je l'avois originai- rément deftiné. J'ai conféquemment arrangé dans ces derniers tems quelques canons de fufil de la même manière, & j'ai fait ma première expérience avec la pierre à chaux. Je m'attendois que lorfque l'air fixe & les autres matières volatiles qui pouvoient y être contenues, feroient forcées à fubir une chaleur rouge fans pouvoir s’échapper, la fubftance même pourroit éprouver quelque changement , mais je n’avois aucune attente particulière concernant la nature de ce changement. Il m’étoit cependant arrivé fi fouvent d'obtenir des réfultats précieux en mettant fimplement les fub- ftances dans de nouvelles fituations, que je n'eus pas befoin d'autre motif pour faire cette expérience. Maïs j'éprouvai plus de difficulté que je ne croyois, à me procurer un robinet qui füt impénétrable à air & à la vapeur dans une preflion aufli grande que celle que je défirois appliquer. Je communiquois ma façon de penfer fur ces matières à M. War, au voifinage duquel j'ai l'avantage d’être placé, lorfqu'il me fit pärt d'une idée qu'il avoit conçue, & qui étoit analogue aux miennes; favoir, qu'il éroit poñlible de convertir l’eau ou fa vapeur en air permanent, & qu'il avoit obfervé dans le jeu de fa machine à feu , des phénomènes qui donnoient de la probabilité à cette idée, Il croyoit que fi l’on pouvoit chauffer à rougeur la vapeur de l’eau, en forte que toute fa chaleur latente füt convertie en chaleur /enjible , elle éprouveroit probablement cette métamorphofe ou tout autre changement dans fa conflitution. L'idée étoit nouvelle pour moi ; elle m'engagea à fuivre plus particulièrement mes premiers projets d'expériences de ce genre. Je commençai avec de la chaux vive fimplement combinée avec de l'eau. Je voulois éprouver quel effet produiroit fur ce mélange une chaleur pouflée jufqu'à larougeur , m'imaginant que ce feroit peut-être comme fi je faifois rougir l’eau même. Je pris en conféquence une quantité de chaux bien calcinée, & y ayant mêlé un peu d’eau exactement privée d'air par l’ébullition , je l’'ex- pofai par degrés à une forte chaleur dans une cornue de grès, telle que celles que m'avoit ordinairement fournies M, Wedegewood , qui fe diftingue autant par fon amour généreux pour les Sciences, que par les nouveaux degrés de perfection qu’il donne à l’art curieux & utile dont il s’occupe) fans penfer qu'il pût y avoir quelque différence à ce que la chaux ainfi préparée, reçût la chaleur dans une cornue de grès ou dans un vaifleau de fer ou de verre : quoi qu'il en foit, en opérant de cette manière, je trouvai qu'il ne pañloit rien fous la forme de vapeur , mais qu'il fe dégageoit une grande quantité d’air faifant plulieurs centaines 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de fois le volume de l’eau. Cer air contenoit une portion confidérable d'air fixe, qui, à ce que je m'imaginois, pouvoit être refté dans les matériaux, ou provenir de l'union de quelque matière phlogiftique contenue dans la chaux avec l'air plus pur qui étoic fourni par l’eau ; car j'avoue que je conclus alors que l'air que j'obrenois, & qui lorfque l'air fixe-en fuc extrait, Étoit précifément en état d’entretenir la Bamme d'une bougie , provenoit de l'eau: ce qui confirmoit en moi cette croyance, c'eft que dans quelques-uns des procédés , le poids de l'air que je recueillis, éroit à peu de chofe près, finon toutà-fait, égal à celui de Peau ; & ayant placé un grand ballon de verre entre la cornue & le récipient pour l'air, j'obfervai qu’il demeuroit parfaitement froid & fec pendant tout le procédé, & qu'au bout de plufieurs heures il ne s'y étoit pas condenfé la moindre humidité. Je reçus dans le mercure un autre produit d’air obtenu de la même manière , & l'ayant examiné avec la plus grande attention , j’obfervai que plufieurs jours après il n’avoit pas dépofé la moindre humidité. . À Je calcinai enfuite dans le même appareil une quantité de pierre à chaux , & je trouvai qu'il n’en fortoit point d'eau , mais feulement de l'air, quoique cette pierre pafle pour contenir de l'eau ; mais quand j'ai ajouté beaucoup plus d’une demi-once d’eau à la quantité de chaux vive dont j'ai parlé plus haut, j’ai toujours eu un peu d’eau dans le ballon , quoique très-peu en proportion à la quantité que j'avois employée. Je ne manquai pas d'examiner fi la chaux avoit perdu de fon poids, afin de m'aflurer s’il éroic entré quelque portion de cette fubftance folide dans la compoftion de l'air ; mais je trouvai beaucoup de difficulté à la pefer avec exactitude, après lavoir fait fortir d’une cornue de grès dans laquelle je ne pouvois voir, & à laquelle adhéroient fouvent des portions de ces matières terreufes ; en forte que je ne pouvois compter fur beaucoup d’exactirude, même en caflant la cornue. D'ailleurs , il y avoit toujours quelque perte de la terre dans la nébulofité de l'air toutes les fois que fa produétion étoit rapide : j’eus dans la fuire de mes expériences une preuve décifive que Fair ne venoit pas des matières terreufes avec lefquelles Peau pouvoit être combinée. Je croyois jufques-là que pour convertir l’eau en air , car je n’avois aucun doute fur la réalité de certe méramorphofe, il ne falloir que la chauffer jufqu’à rougeur, fans quoi elle n’auroit pas abandonné la verre calcaire; & J'imaginois que par ce moyen Ja matière ou le principe de {a chaleur fe combinoit fi intimement avec l'eau , qu'il ne s’en féparoit plus dans le refroidiflement comme il s’en fépare lorfqu’elle eft fimplement réduite en vapeur; mais je fus tout-à-fair déconcerté lorfqu’ayant mis la chaux & l’eau dans ure cornue de verre luttée , je crouvai que l'eau pañloie fous forme de vapeurs, & qu’il n’y avoit que peu où point d’air produit, Mes amis, à qui je fis part de ce phénomène , furent pendant quelque F SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 415$ tems auf embargaflés que moi pour l’expliquer. J’eus le même réfultat en exécutant ce procédé dans un canon de fufil, dans une cornue de porcelaine, ou même dans une cornue de grès dont l’intérieur étoic verniflé, La terre n’avoit pas perdu la propriété de concourir à cet effer. Je m'en aflurai en mettant de nouvelle eau fur la même chaux , qui après avoir fervi jufqu'à quatre fois au même ufage, venoit d'échouer dans la cornue de verre ; car dès que je la chauffai de nouveau dans une cornue de grès, elle donna , tout comme auparavant , de l’air & point d’eau ; j'obfervai qu'une portion de l'air qui fut produit dans cette occafion pouvoit à peine fe difinguer d'avec celui de l'atmofphère. Je ne puis exprimer combien je fus furpris du manque de fuccès de ce procédé dans la cornue de verre. Je fis fur ce fujet diverfes fpéculations, dont aucune alors ne fervit de rien. Je m'imaginai , entr'autres chofes, qu’il falloir peut-être à l’eau , ou à toute autre fubftance qui prend la forme d'air, une certaine quantité de phlogiltique , qui dans ce cas, ou étoit contenue dans la cornue de grès , ou venoit du feu & pafloit à travers la cornue , quoique je ne pufle expliquer de quelle manière ou fur quel principe la chofe fe pafloit ; mais lorfque, d’après cette idée, je mis de l’efprit-de- vin , de l'huile, ou de la limaille de fer avec la chaux, dans des cornues de verre, ces mélanges ne me donnèrent que des vapeurs aqueufes & de l'air. inflammable : produit ordinaire de la décom- pofition des fubftances qui contiennent du phlogiftique. Ce qui prouva qu'il n'y avoit rien dans les matériaux dont la cornue étoit faite qui produisit néceflairement de l'air, c'eft que je n’eus aucun fuccès lorfque je chauffai dans une cornue de verre une cornue de grès réduire en poudre, & mêlée avec de l’eau, M'étant afluré que la production de l'air dépendoit beaucoup de la cornue même , je m'avifai d'employer la cornue feule avec de l’eau ; fans y ajouter de la chaux ou d’autres fubftances terreufes. Le fuccès furpafla mon attente ; car toutes les fois que je mettois une petite quantité d’eau dans une de ces cornues , & que je ménageois la difillation , je ne manquois jamais d'en tirer environ cent mefures d'air, & je pouvois réitérer cette opération aufli fouvent qu'il me plaifoit avec la même cornue, & fans qu'elle perdit rien de fon poids. L’air produit de certe manière ne contenoit jamais de l'air Âxe, & étoit toujours très-peu inférieur en pureté à celui-de l’armofphère. J'obfervai dans rous ces procédés, qu'il y avoit très-peu d'air produit jufqu’à ce que toute l’eau qui auroit pu s’écouler de la cornue fût éva- porée; car la différence dans le produit étoit très-petite, foit que j'expofaffe au feu la cornue tout-à-fait remplie d'eau, foit qu'il n’y en eût qu'environ une mefure, foit même qu'après l’avoir laiffé pleine pendant peu de tems j'en eufle verfé rout ce qui pouvoit s’écouler,en forte qu'ilny 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avoit que l'eau qui étoit , pour ainfi dire , engagée dans les pores de [a cornue & qui avoit été unie en quelque façon avec fa fubitance , qui eût contribué à cette production d'air. Ces cornues, qui font faites, à ce que j'ai appris de M. Wedgewood , avec un mélange de terre à pipes de Dévonshire & de la même terre déjà cuite, fe laiflent pénétrer par l'eau, mais non par l'air; ainfi, tandis que l'eau qui eft entrée dans les pores produit de l'air, on voit quelque- fois le refte de cette eau s’échapper au-dehors de la cornue fous la forme d'une fumée copieufe, Il étoit néanmoins évidemment impoflible, & contraire.à toutes Les loix de l'hydroftatique, que l’air entrât par les mêmes pores par lefquels l'eau ou fa vapenr S'échappoient, & qu'en même-tems fon effort pour fortir de la cornue füt rel qu'il furmonrât une réfiftance confidérable de la part de la colonne d'eau à l'entrée de mon récipient, L'air auroit pu s'échapper par quelques pores imperceptibles de la cornue; mais il ne pouvoir point s’en zntroduire par cette voie; & lorfqu'il y avoit la moindre fêlure fenfible dans quelqu'endroit de la cornue , je ne pouvois jamais obtenir de Pair. Mais les expériences qui fuivent montreront peut-être qu’il fuffic pour la production de l'air que la vapeur de l’eau foit mife en contact avec de l'argile fuffilamment chauffée. J’adaptai un tuyau de pipe entre un alem- bic de cuivre & le tube de verre qui communiquoit avec mon récipient pour l'air; & au moyen d’un petit fourneau , je fis rougir modérément environ trois pouces de fa partie moyenne; Le cuyau de pipe étant dans cet étar, je fis bouillir de l’eau dans l'alambic, & j’eus une produétion uniforme d'air pendant plus d’une heure, fur le pied de cinq mefures en douze minutes , quoiqu'il fût mêlé avec des vapeurs aqueufès ; mais dès que je laiffai refroidir la pipe, il n’en fortit plus que de la vapeur fans le moindre atôme d'air. Il n’y avoit point d'air fixe dans ce produit, & il étoic tout à ce degré de pureté, auquel l'air peut à peine entretenir la flamme d’une bougie. Je penfai qu'il auroit pu être meilleur & en plus grande quantité fi je ne m’étois fervi d’un tuyau de pipe fale; mais y ayant fubititué un tuyau de pipe neuve , je ne trouvai pas que l’air füt beaucoup meilleur, fi même il l'étoit. Soupçonnant que cette dépravation prove- noit du contact prefqu'immédiat du chauffage, j'enfermai le tuyau de pipe dans un tube de grès , & alors j'eus de l’air aufli bon que je l’avois communément obtenu dans une cornue de grès , & qui n’étoit pas de beaucoup inférieur à celui de l’atmofphère. J'obfervai une autre circonftance ; favoir , que fi l’extérieur du vaifleau qui contenoit l’eau ou fa vapeur & à travers lequel elle pafloit lorfqu’on y appliquoit la chaleur néceffaire, n’étoit pas fec, ou peut-être n’étoit pas entouré de bon air ( car l'expérience fuivante differe des précédentes dans ces particularités ) l'expérience ne réuffiffoit pas. Ayant mis le ventre d’une cornue de grès remplie d'argile me 5 ans [ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 dans un digefteur de fer, j’y appliquai de la chaleur ; il n'en fortit que très-peu d’air fixe, probablement compofé d'une petite quantité d'air qui commençoit d’être produit par les matériaux & par l'air inammable du vaifleau ; tout ce qui monta de plus, ce fur de la vapeur aqueufe, & enfia de l’air inflammable qui venoit du vaifleau même. Dès que je fus en état de faire de l'air avec de l’eau par une méthode très-fimple ; favoir, en mettant de l’eau feule dans une cornue de terre, j'eus le moyen de déterminer, avec exactitude & facilité, plufeurs cir- gonftances relatives à ce procédé, & de prévenir, à ce que je crus, quelques objections qu'on auroit pu faire contre la conclufion que j'en avois tirée, Entr’autres chofes, je m'aflurai pleinement que:la terre de la cornue ne contribuoit en rien du tour à cette production d'air ; mais que l’eau feule faifoit tout : car ayant employé la même cornue jufqu’à ce que j'en eufle obtenu près d’une once en poids d’air ou huit cens melures, je trouvai qu’elle n'avoir pas perdu mème un feul grain de fon poids. Après le premier procédé elle pefoit exactement trois grains de plus que dans le principe , & elle conferva le même poids jufqu'après le dernier procédé. Cette petite addition de poids pouvoit aifément être venue d'un peu d’eau abforbée par le col de la cornue où La chaleur du feu ne pouvoit atteindre. Lorfque tous les procédés furent ceflés, je tins la cornue entière dans une chaleur rouge pendant quelques heures, & je trouvai après cela qu’indépendamment de ces trois grains d'augmentation qu'elle avoit perdus , elle pefoit huit grains de moins qu’au commencement, J'avois trouvé avant cela, que la chaux dont je nr'étois fervi dans la première expérience n’avoit pas attiré de l'atmofphère, comme quelques- uns le fuppofoient , une portion confidérable de l'air que j'en retirois après y avoir ajouté de l'eau; car deux onces de chaux (c'étoit la quantité ue jen employois communément) n’attiroient pas plus de huit grains d matière quelconque lorfqu'elles demeuroient expofées un jour entier dans un vaiffeau ouvert, quoique la chaux eût perdu plus de la moitié de fon poids dans la calcination. Quelques perfonnes ont imaginé que l'air que j'obtenois dans ces cornues de grès étoic celui qui avoit été attiré de l’atmofphère par leur furface intérieure. Maïs outre qu'on ne pouvoit jamais obtenir de l'air fans eau, pour prévenir cette objection d'une manière plus direëte, tandis qu’une de ces cornues donnoit fa dernière portion d'air, j'en plongeai lorifice dans un bafin d’eau , & l'ayant laifé refroidir dans cette fituation, je la remplis de nouveau fans permettre aucun accès à l'air dans l'inté- rieur. Maloré cela, lorfque je répétai le procédé avec cette même cornue, l'air fut produit avec tout autant de facilité qu'auparavant. Je réitérai plufeurs fois certe opération. Si l’on dit que l'extérieur de la cornue artiroit l'air , l’intérieur écant compofé des mêmes matériaux devoit Tome XXVII, Pare, IT, 1785. DECEMBRE, Geg 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pattirer auf; & cela auroit paru par l’afcenfion de l’eau du bain , la cornue étant aflez imperméable à l'air pour cet effer, D'autres penfoient que l'air même que j'obtenois, ou du moins le pouvoir qu'avoit la cornue de contribuer à fa production, étoit dû à quelque chofe qui étoit tranfmis des charbons ardens à travers la cornue, mais qui ne pouvoit pafler à travers le verre ou les métaux. Pour favoir ce qu'il en étoir, je pris un tube de grès, de la même compofition que la cornue , & y ayant mis un peu d’eau, je Le plaçai entouré de fable dans un vaifleau de verre, & celui-ci pareillement entouré de fable dans, un vaifleau de fer : & néanmoins la chaleur tranfmile à travers toutes ces fubftances , mic le rube de terre en état de donner de l'air, dans la même proportion & de la même qualité qu'il auroit fait s'il eût été expofé au feu nud. Ayant alors obtenu de l'air, au moyen de l'eau, d’une manière très" fimple , & à ce que je croyois, irréprochable, je voulus en faire en plus grande quantité à proportion de l'eau employée, & pour cet effet, je fongeai d’abord à augmenter le volume & l'épaifleur des cornues po- reufes ; mais je crus qu'il feroit aufli avantageux de mettre dans la cornue les matériaux dont elles étoient faites, ou d’autres fubftances du même genre, en poudre. : Ayant mêlé conféquemment du caillou pilé & de l'argile en différentes proportions , j'augmentai d’abord , au-delà de mes efpérances, la quantité de l'air produit. Dans les premières épreuves où j'avois beaucoup de cailloux, & peu d'argile, je ne manquai jamais de retirer deux cens mefures d'air d’une mefure d’eau. En employant après cela plus d'argile & moins de caillou j’eus encore plus d’air; & enfin ayant laïllé le caillou de côté & employé l'argile feule, je ne manquai jamais d'obtenir beaucoup plus de quatre cens , & communément entre cinq & fix cens mefures d'air d'une feule mefure d’eau : ce qui faifoit environ les trois quarts du poids de l’eau. Dans un de ces procédés en particulier je n’obtins guère moins de neuf dixièmes du poids de l'eau en air, & cet air n’étoit jamais très-inférieur en pureté à celui de l’armofphère. Quelquefois on ne pouvoit l'en diftinguer à l'épreuve de l'air nitreux , & une ou deux fois je le jugeai même plus pur que celui de l'atmofphère, Je dois obferver ici que je trouvai plus commode de ne pas mettre aflez d’eau fur l’argile pour la faire réunir en mafle, mais de n’en employer qu’autant qu'elle en pouvoit prendre fans cefler de refter en poudre. Par ce moyen, il étoit aifé de la faire fortir de la cornue lorfque l'expérience étoit faite. Je déterminai le poids de l’eau qui fe confommoit pour la produdtion de cet air, de la manière la plus irréprochable , en pefant la cornue avec tout ce qu'elle contenoit avant & après le procédé; j'expliquerai cela par le réfültat de deux de ces procédés. Dans Fun la coïnue & l'argile SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 419 humectée perdirent enfemble 1 once 4 deniers 12 grains de leur poids, après avoir donné 741 melures d'air qui, dans la proportion de 6 grains pour 10 melures, auroient pelé 18 deniers 12 grains, & par conféquenc les trois quarts du poids de l'eau. Dans l'autre procédé la perte de poids fut de 18 deniers 12 grains, après avoir donné $$6 mefures d'air qui auroient pefé 13 deniers 21 grains, Ainfi la proportion entre le poids de l'air & celui de l’eau étoic comme III à 116, ou à-peu-près comme ÿ à 10. Je trouvai aufli à cette époque qu'il n’étoit ni néceffaire ni utile d'appliquer autant de chaleur que j'en avois employé jufques-là. Dans le dernier procédé dont j'ai parlé, la corue étoit conftamment fufpendue environ fix pouces au-deflus d’un feu de charbon aflez médiocre; une autre fois à plus de douze ou quinze pouces au-deflus, où le thermomètre de Fahrenheit ne donnoit pas plus de 210 degrés, j'obtins avec cette chaleur modérée 465 mefures d’air dans l’efpace d'environ douze heures. Lorfque la cornue étoit fufpendue à fix pouces du feu, l'air éroit communément produit fur le pied de 30 mefures en cinq minutes; mais un thermomètre dont la boule éroit plongée dans l'argile ne montoie cependant pas au-delà du degré de l’eau bouillante, Il y avoit néanmoins dans tous ces procédés une perte d’eau évidentes car à l’exception de la première expérience avec la chaux, je n’ai jamais obrenu le poids total de Peau en air , & l’on pouvoit oppofer que je ne faifois qu'expulfer lair auparavant contenu dans l’eau . quoique par ces expériences elle parût donner beaucoup plus d’air qu’on n'auroit penfé u'elle fût capable d'en contenir. Pour prévenir cette objection , je recueillis de la manière fuivante toute la vapeur qui s'échappoit par les pores de la cornue. Je mis l'argile humide dans un tube de grès, auquel j'avois adapté un robinet & un long tube, pour être en état de recueillir tout l'air qui en proviendroit. J'introduifis enfuite cet appareil dans un tuyau de fer qui étoirbouché par un bout , ouvert par l’autre, & fi long que l'extrémité ouverte pouvoit aifément demeurer froide, tandis que l’autre écoit. dans le feu. En conféquence , toute l’eau qui s’échappoit à travers les pores du tube de grès fe condenfoit dans la partie froide du tuyau de fer. Je recueillois cette eau avèc foin, & je trouvois toujours que fon poids , joint à celui de l'air produit dans l'expérience , faifoit à-peu-près le poids primitif de l’eau , évalué par la perte du poids du tube de grès & de ceæ quil contenoit. Cetté eau que j'avois ainli recueillie fervoit à pro- duire encore de l'air , tout aufli bien que toute autre eau , en forte qu’il n’y avoit point eu de décompoftion de l'eau dans ce cas. Dans le dernier procédé que j'exécutai de cette manière, la perte de poids du tube de grès, ou plutôt de l’eau qu’il contenoit, fut de donze deniers quatre grains. L’air recueilli alloit à 173 mefures qui auroient Tome XXVIT, Par. II, 1785. DECEMBRE. Gzg2 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pefé quatre deniers, trois grains; & l’eau qui s’échappa par les pores du tube de grès, & que je ramaflai, pefoic près de huit deniers , trois grains; en forte que l'air produit, & cette eau pefoient enfemble douze deniers quatorze grains, ou dix grains de Plus que l’eau employée. Mais comme je n’évaluois le poids de l'eau que par l'efpace qu'elle occupoit dans un tube de verre cylindrique, divifé en onces & parties d'onces d'eau, il n’étoit pas aifé d'éviter une erreur de quelques grains. Dans d’autres oc’afons,il y avoit eu une erreur de peu d'importance de l’autre côté. Mais on verra plus bas qu'il devoit s'être échappé invifiblement par lorifice du tube de fer plus de vapeur aqueufe que je ne croyois. Je crus déterminer d’une manière aflez fatisfaifante, qu'il ne pouvoit tien entrer par les pores de la cornue en même-tems que l'eau s’échappoit par cette voie, en plongeant la cornue dans du mercure contenu dans un vaifleau de fer. Dans ces circonftances, j'obtins de l’air comme de coutume, feulement le produit ne fut pas aufli rapide. Je retirai de cette manière plus de cent mefures d’air de l'argile humectée ; & je difcontinuai le procédé fans n’appercevoir qu’il füt fur le point d’être terminé. Mais au moment où la cornue fut retirée du mercure, elle donna de l'air trois fois aufli rapidement qu'auparavant. L'air étoit de même qualité dans les deux cas; favoir, un peu moins bon que celui de l’armofphère. Je recueillis jufqu'à trente mefures d'air, tandis que le ventre de la même cornue étoit plongé dans de l'huile de lin chaude ; mais la pro- duction d’air cefla par degré, & le lendemain je trouvai la cornue prefque remplie d'huile de lin, qui avoit filtré par fes pores. Je diflillai certe huile, & j'en retirai 300 mefures d’air entièrement inflammable, à l'ex- ception de quelques mefures d'air feulement phlogiftiqué qui pafsèrent à la fin de la diftillation. Sachant qu'on faifoit encore beaucoup d’objections contre la converfion de l’eau en air, je donnai une attention particulière à une expérience de M. Cavendish, concernant la reconverfion de l'air en eau, qu'il opéroit en le décompofant conjointement avec l'air inflammable. Eten premier lieu , afin d’être sûr que l’eau que je trouverois dans l'air en fût réellement une partie conftituanre, & qu’elle n'eût pas été ablorbée après fa formation, je fs une quantité d’air déphlogiftiqué & d’ait inflammable , de telle manière qu'aucun des deux ne fe trouva jamais en contact avec de l’eau; car je les reçus dans le mercure à mefure qu’ils étoient produits. Je tirai le premier du nitre, & au milieu du procédé, long-tems après que l’eau de criftallifation avoit pafñlé; & le dernier, du charbon parfaitement formé. Je décompofai ces deux efpèces d'air ainfi produites en les en- flammant enfemble par l'explofion électrique, & je rrouvai un précipité d’eau manifeite, aufli abondant en apparence, que fi les deux efpèces d'air avoient auparavant été renfermées par l'eau, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 421 Afin de juger plus exactement de la quantité d'eau ainf/dépofée, & de la comparer avec le poids de l’air décompolé, je pefai avec foin un morceau de papier à filtrer, & après m'en être fervi pour efluyer tout l’intérieur du vaifleau de verre dans lequel l'air avoit été décompolé, je le repefai, & je trouvai toujours , à aufli peu de chofe près que j’en pus juger, dans l'humidité que le papier avoit abforbée, tout le poids de l'air décompofé. Comme il y a une fource d'erreur dans cette expérience, de la part des globules de mercure qui font fujets à s'attacher à l’intérieur du vaifleau de verre, & à être enlevés avec le papier avec lequel on l'efluye; j'ai pefé quelquefois le papier avec le mercure & l’humidité tout enfemble; & après lavoir expofé dans un lieu chaud où l’eau s'évaporoit, & non pas le mercure, je trouvois en le repefant, une perte de poids, qui égaloit le poids de l'air aufli exactement que je pouvois en juger en opérant fur des poids fi petits, ma balance n'étant pas auffi délicate que je l’aurois défiré en cette occafion. Mais cependant le réfulrat faifoit fortement préfumer que l'air étoit reconverti en eau, & que par conféquent il tiroit de l’eau fon orizine. Une autre préfomption en faveur de la génération de notre atmofphère par l'eau, c’eft que la pureté de l'air que j'obtenois au moyen de l’eau, eft très-approchante de celle de l'atmofphère; & le degré de chaleur qu'il faut pour le produire, n'eft pas plus grand que celui que peuvent exciter les rayons du foleil dans certaines circonftances. Les feux fouterrains feroient cependant .plus que fufäfans pour cet effer, puifqu'il paroît que pour fe convertir en air refpirable , l’eauin’a befoin que d’être mife en contact fous la forme de vapeur avec de l'argile, & peut-être avec beaucoup. d'autres fubftances terreufes. Je dois cependant obferver que lorfque j'ai fait tomber le foyer de la lentille fur une quantité d’argile humide, foit dans le .vuide foit dans l'air commun, je n’en ai point obtenu d'air. J'ai exécuté cette expérience de deux manières; l'une avec de l'argile placée dans un pot ouvert ; & l'autre, avec de l’argile renfermée dans un tube de grès de peu de longueur. Si j'eufle alors répété ce dernier procédé en faifant communiquer l'intérieur de ce tube avec l'air extérieur, comme je me propofois de le faire, j’aurois découvert beaucoup plutôt ce que je découvris dans la fuite; favoir, qu'il ne fe faifoit pas une converfion réelle de l’eau en air dans ce procédé. Il peut cependant n'être pas inutile d'obferver, en, faveur de cette opinion , qu'on explique mieux la grande difficulté que M. du Luc & d’autres ont trouvée à dépouiller l'air de toute fon eau, par la fuppoñrion que l'air eft engendré par Veau, quoique ce foit dans d’autres circonflances que celles que J'ai obfervées. J'ajoute avec plailir que M. du Luc eft lui-même de certe opinion. 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La dificulté qui frappe le plus bien des perfonnes, c’eft que la conver- fion de l’eau en air n’eit analogue, à leur avis, avec aucun des autres faits connus dans la Phyfique ou dans la nature, Mais fi l'on admee que certe converfion eit opérée par l’union intime de ce qu'on appelle le-principe de la chaleur avec l'eau. il me paroïc qu'elle eft ailez analogue aux autres changemens, où plutôt combinaïfons de fubftances. L'acide du nitre n'elt-il pas, ainfi que celui du vitriol, une fubftance aufli peu femblable à l'air que péêut l'étce l'eau , & leurs propriétés refpeétives ne diffèrent-elles pas d’une manière aufli remarquable ? Cependant on peut démontrer que l'acide nitreux eft convertible en l'air refpirable le plus pur, & probablement par l'union du même principe de la chaleur. Il eft vrai que la vapeur de l'eau eft une chofe très-différente de l'air, & je rouve qu'elle n'eft pas capable de décompofer l’air nitreux; mais quoique dans cet état elle aie acquis de la chaleur fenfible, la chaleur latente ne s’eft pas combinée avec elle, ou du moins pas aufli intimémene qu’elle left avec l'air ; & c'eft peut-être par la même raifon que la vapeur de l'acide nicreux n’eft pas de l'air déphlogiftiqué. Le même procédé par lequel on fait de l'air refpirable au moyen de l'eau, peut fervir à faire de l'air inflammable, au moyen de fubftances contenant du phlogiftique. J'ai fait bouillir de l'efprit de vin dans une cornue de verre, & la vapeur pañloit par le tuyau dune pipe échauffé , elle m'a paru fe convertir toute entière en air inflammable & brûlant avec une flamme blanche léchante. Mais lorfque je laiflois refroidir la pipe, il n'y avoit point d'air produit, il n'en fortoit que de la vapeur qui étoit à l'inftant condenfée dans l'eau. Etant alors en polfefion d'un nouveau procédé très-facile à exécuter, je voulus en écendre l’application à d’autres fubftances liquides. Er je trouvai d'abord , à ce que je m’imaginai pour lors, que je pouvois donner une forme aérienne permanente à toute fubftance liquide qui pourroit s'élever fous la forme de vapeur. En faifant pafler par le tuyau de pipeéchauffé, la vapeur de l'efprie de nitre que je faifois chauffer dans ‘une cornue de verre, j’obrins de Pair déphlogiftiqué audi pur que le meilleur que‘j'aie jamais pu revirer du nitre, quoique le bouchon de ‘liège qui fervoic à joindre Ja cornue avec le ruyau de pipe eût été diflous, & dût avoir contribué à vicier l'air, & lui eût communiqué un léger mélange d'air fixe, | ; J'ai obrenu au moyen de l'huile de vitriol, de l'air confidérablement phlogiftiqué, au point qu'il n’autoit pas entretenu la flamme d'une bougie; mais j’attribue cet effet au bouchon qui fut pareillement diffous dans ce procédé. Le réfulrat a été ue le même, lorfque j'ai employé de l’eau impregnée d'air acide vitriolique, quoique le liège n'ait pas été diffous ; mais lon fait que cet acide contient beaucoup .de phlo- 2 giirique. LA i SUR L'HIST. NATURELLE: ET LES ‘ARTS. 423 L'efprit de fel.a donné de l'air qui n’éroit pas plus pur que le meilleur air atmofphérique. Mais comme jamais l’eau feule ne m'avoit fourni par ce procédé, de l'air aufli pur que celui de l'efprit de fel, j'ai conclu que cet acide même , auffi bien que l'acide nitreux & l'acide vitriolique, eft capable de fe convertir en air déphlogiftiqué, Lorfque j'ai employé de l'eau imprepnée d'air fixe, celui-ci a été chaffé par la chaleur , & a paflé fans aucune altération fenfible; fi ce n’eft que fon réfidu étoit plus abondant à raifon de la vapeur aqueufe qui avoit paflé avec lui. L'air que j'ai obtenu enfuite n'éroit plus que celui que produit ordinairement l'eau feule, & il étoit de même qualité que fi elle n’avoit pas été impregnée d'air fixe, L'eau impregnée d'air alkalin ne donne ni de l'air fixe ni de l'air inflammable, qui éroit celui que je m'attendois le plus d'en obtenir; mais feulement de l'air confidérablement phlogifliqué ; quoiqu'il y en eût quelques portions fi pures qu'elles n’auroient pas éteint une bougie, N.B. Dans toutes ces expériences avec le tuyau de pipe, tout l'air qui pafloit étoit trouble comme du lait, & même l'air commun paroifloit tel dans la cornue avant que le procédé commençât vraiment d’être en train. Je crois pouvoir avancer que les expériences en étant à ce point, perfonne n’auroic pu les voir fans conclure qu’?/ y avoit une converfion réelle d’eau en air; car il n’eft aucun principe ni aucun fait connu. dans la Phyfque, qui püt faire foupconner quelque illufion dans ce cas. Je dus conféquemment acquiefcer à cette conclufion, & roures les perfonnes de ma connoiflance , celles même qui avoient été les ‘plus incrédules fur ce fujet, en firent autant après avoir vu ces expériences de leurs propres yeux. Mais je n'étois pas entièrement fatisfair, parce que j'avois obfervé que la pureté de l'air que j’obtenois , dépendoit de l'état de celui qui étoit immédiatement contigu à la cornue, ou au tube de terre dans lequel je fuppofois que la converfion s’étoit faite, & qu'il falloir quelque communication avec l'atmofphère , pour qu'il y eût de l'air produit ; comme dans l'expérience avec le digefteur, & dans celles avec l'argile & la lentille ardente. Quelques-uns de mes amis, & fur- tout M. Watt, conclurent que, puifque l'air pur extérieur étoit néceflaire pour obtenir de bon air, l'opération de la cornue de terre devoit être de tranfmettre le phlogiftique de l'eau contenue dans l'argile, à l'air extérieur, & que fans doute l’eau ainfi déphlogiftiquée étoir capable d'être convertie en air refpirable par l'union intime du principe de la chaleur. Afin de déterminer quelle étoit réellement l'infuence de l'air extérieur dans ce cas, je renfermai une cornue de terre remplie d'argile humide dans un grand récipient de verre , ouvert par les deux bouts, Je fis fortir le col de Ja cornue par l'orifice fupérieur qui étoit étroit & dans lequel je - 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le luttai de mañière que l'air ne pût pafler entre deux. Et après avoir : placé ce récipient fur un baîin d'eau, pour ôter toute communication entre l'air qu'il contenoit & l'air extérieur, j'adaptai au bec de la cornue un tube de verre par lequel je pouvois recueillir touc ce qui feroic produit dans ce procédé. L'appareil étant ainfi prévaré, je chauffai la cornue au moyen de l'excellente lentille de M. Parker, & V'air pafla comme de coutume par le tube qui communiquoit avec l'intérieur de la cornue; mais dans le même tems l’eau monta dans le récipient. Cet. effet pouvoit être dû à la phlopiftication de l'air qu'il contenoit ; mais la diminution furpafla bientôt de beaucoup Les dernières limites de la phlogiftication , de telle forte qu'il n'en refta que très-peu; cet air à examen fe trouva très-peu inférieur en bonté à celui de l’atmofphère : & Pair qui fortit de la cornue , étoit un peu meilleur que l'air commun, Certe expérience rendic probable que l'air qui environnoit la cornue lavoit réellement traverfée & s'écoit feulément un peu purifié dans fon pallage ; & cependant c'étoit une chofe contraire à tous les principes connus de l'hydroftatique , & même à tout ce qu'on fait jufqu'à préfene en chimie , que l'air fût tranfmis à travers un vaiffeau de ce genre , & dans une direction contraire à celle que lui auroit donnée la preflion de Fatmofphère , tandis que l’eau dont l'argile éroit humectée prenoit le chemin oppofé; car fi la cornue étoit pénétrable à l'air, fon intérieur ayant une libre communication avec l'atmofphère , l’eau ne devoit pas s'élever dans le récipient : c’eft cependant ce qui paroîc être démontré par les expériences décifives qu'on va lire. Ayant rempli comme auparavant la cornue de grès avec de l'argile humide , je féchai parfaitement l’intérieur du récipient & je le plaçai dans un bafin de mercure, après quoi je chauffai la cornue comme ci-deflus, Tout l'intérieur du récipient fut couvert d'une rofée qui fe raffemblant en gouttes coula le long de fes parois jufques fur le mercure qui s’éleva dans le récipient , tandis que l'air fortoit comme de coutume par le bec de la cornue. Je n’eus conféquemment aucun doute , que toute l’eau qui étoic dans la cornue n'eûc paflé à travers fes parois dans le récipient. Je mêlai enfuire avec l'argile une quantité d'efprit-de-vin , ou d’un liquide qui en avoit l'odeur ; il fut tranfmis à travers la cornue de la. même manière. Je remplis après cela le récipient avec de l'air inflammable, & en chauffant la cornue, je le fs cout pafler au travers; il en fortit auñi fortement inflammable que jamais par le tube qui communiquoit avec l'intérieur de la cornue, pendant que l’eau s’élevoit dans le récipient, elle couvrit même la cornue, qui étoit fixée rouc au haut , en forte qu'il n’y refta prefque pas un atôme d'air inflammable: L’air nitreux pafla de ja même manière à travers la cornue fans altération. 1! eft impoflible de ne pas inférer de ces expériences , que l'argile fie a SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 42ÿ la cornue eft compofée, étant ainfi chauffée , détruit pour un tems la forme aérienne de tout air qui fe trouve contigu à fa partie extérieure, & qu'il recouvre fa forme aérienne après avoir été tran{mis d’une partie de l'argile avec laquelle il fe combine, à une autre jufqu’à ce qu'il ait atteint l'intérieur de la cornue, pendant que l'eau fe filtre à travers le même vaiffeau dans la direction oppolée. Si cette hypothèfe eût été propofée à priori, on Pauroit fans doute trouvée plus extraordinaire que la converfion de l'eau en air. Je: me propofe de faire beaucoup d'expériences ultérieures fur cette matière ; mais jufquà ce que j'en aie eu l’occafon, je n'entretiendrai pas la Société Royale de mes conjetures fur ce fujer. La grande difficulté relativement à l'expérience avec la léntille ; con- fifteen ce que l’eau pafle à travers la cornue d’un côté, tandis-qüe l'air affe dans une diredion oppofée , &' malgré cela l'air n’eft pas capable de pañler fans l'eau. Il eft aufli fort extraordinaire que le poids de lait & celui de l’eau foient fi approchans de légalité. Je dois obferver en dernier lieu qu’il n’y a rien dans cette expérience, qui contredife l'idée de la converlion de l'eau en air, quoiqu'elle ne la prouve pas. Îl n’eft même encore aucune autre hypothèfe par laquelle on puifle expliquer’aufli bien l’expérience de la pipe à tabac dans laquelle lon fait éprouver à la vapeur de l'eau une chaleur rouge (1), ainfi que l'expérience de M. Cavendish, qui a obtenu de l’eau par la décompoñtion de l'air. Je ne puis terminer ce Mémoire fans reconnoître combien je fuis obligé à: M. Parker qui n'a obligeamment prêté fon incomparable lentille, & a eu de plus la complaifance de m'aider à en faire ufage. Je ne fais, en vérité, s’il auroit été poffible de faire les dernières expériences que j'ai rapportées, fans cet inftrument , où fans une leatiile plus forte que celle que je pofsède ; certainement je n’aurois pu les faire d’une manière aufli fatisfaifante, | (1) I faut obfrver que dans l'expérience avec la lentille ardente la vapeurn’ef chauffée qu’au degré de l’eau, bouillante, Tome XXVIL, Part. II, 1785. DECEMBRE. Hhh 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, PUE'PARN D'UNE VOITURE DE TRANSPORT, Qui a remporté le Prix à l Académie de la Rochelle en Décembre 17843 Par M.BouLARrD, Architeële, Voyer-Infpeäeur de Lyon. E N 1783 l'Académie propofa pour fujet du Prix cette queftion : æ Quelle feroie la voiture destranfport la plus forre, la plus roulante, > Ja plus légère, & la moins capable de dégrader les chemins » ? IL feroit inutile d'expofer ici les grands avantages d'un plan conforme aux vues de Meffieurs les Académiciens. Les vrais politiques , ceux, qui avec-les d'Amboife & les Sully regardent le Commerce comme la feconde mamelle du Royaume, faififient du premier coup-d'œil roue l'importance du füjer propofé ; ;& des fyffémariques , qui fe perdent dans leurs faux calculs ; ne feront:pas peu éronnés de voir qu'une charrette peut décon- certer leurs projets deftruéteurs. Je porte peut-être trop loin mes vues; mais je fu's bien perfuadé que l'Académie n’a propofé la queftion dont il s'agic qu'après avoir approfondi fes rapports avec l’activité du commerce & la profpérité de l'Etat. J'ignore fi j aurai le bonheur-de feconder fes defleius patriotes ; j'ai fait mès efforts : c'eft tout ce que la patrie peut atrendre de moi. | Avant de décrire le plan de ma voiture, je dois donner une idée des principes & des obfervations qui m'ont conduit à le former. Ces notions n'euflent-elles dans le moment que l'avantage dé montrer la route que j'ai fuivie , elles feroient déjà utiles, & pourroient dans la fuite faciliter la perfection de la voiture défirée. 1°. Les frottemens font en général de deux efpèces : le frottement des corps qui gliffent les uns fur les autres, & celui des corps qui tournent en changeant de place. Les roues d’une voiture réuniflent ces deux efpèces de frottemens ; le moyeu en gliffant autour de l'eflieu faic éprouver à la roue le premier; & les jantes, en appliquant fucceffivement leur femelle fur le terrein, font plus ou moins expofées au fecond. 2°. Le frottement de la première ‘efpèce augmente, quoique dans une progreffion decroiffante, en raifon de la preflion : la furface y entre pour beaucoup dans certains cas, & la vitefle y contribue confidérablement ; mais un point des plus eflentiels , eft que la roue & fon axe forment un levier du fecond genre. Le rayon de leflieu eft le bras de la réfiflance , & le rayon de la roue eft Le bras de la puiffance ; d’où il fuit que , pour faire SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘42 une voiture bien roulante, il. faut diminuer la groffeur de l’efli:u fans nuire à la folidité de la voiture , & augmenter autant qu'il eft polible la grandeur de la roue. J 3°. En général la largeur des furfaces n’augmente pas le frottement de la feconde efpèce: pour m’en aflurer, j’ai fait les expériences fuivantes. Première Expérience. J'ai pris un cylindre de pierre d’un pied trois pouces de diamètre fur ‘trois pieds de longueur. Un boulon de fer très-délié, fervant d’axe où d’effieu , le traverfoit ; une chappe , dont les bras l’embrafloient dans fa longueur , recevoit les deux extrémités de l'efieu ; une corde “fixée au milieu de la chappe païloit dans une poulie fuffifamment élevée à une certaine diftance; & au bout étoit fufpendu un poids proportionné. Effer : le cylindre tiré par le poids a parcouru fucceflivement & avec la même vicefle des furfaces de 2, 4,8, 12 pouces, & même de 3 pieds de largeur. Je m'attendoïs à ce réfultat; la preffion d'un corps à large furface fe divife fur un plus grand efpace ; fes parties s'engave t teau- coup moins: il eft par conféquent néceflaire que la plus, jufle compen- fation ait lieu. Seconde Expérience. J'ai pris une charrette dont les roues avoient 4 pieds de diamôtre, & des jantes de rechange de 2 , 4 & 8 pouces de largeur : elle pefoit avec fa charge & l’eflieu en fer 900 livres. Voulant connoîitre la force néceflaire pour la mouvoir fur différens terreins, j'en ai fufpendu les limons, à l’aide d'une corde , derrière un chariot attelé d’un cheval. La corde ne fervoit qu'à les fupporter. Un pefon à reffort placé horifontalement & attaché à la charretté comme au chariot, faifoic Le tirage, & montroit à la fois la force requife au mouvement. Je n’examinai Le pelon que lorfque le cheval avoit pris un mouvement uniforme, RIMISTULEMENA; TS: Sur un terrein ferme & de niveau. Largeur ( 2 puiffance motrice exprimée en ( 34 des æ pouces, » livres indiquée par le pefon , les 4 32 liv. jantes, 8 ornières m’éroient pas fenfibles. { 3x Sur un terrein médiocrement compreffible. Largeur 2e el TO RE ( ï d profondeur L es 4 puiffance. 4 100 A 8 lignes. Dttes 8 F desornières. e _...... 9 5 Tome XXVII, Pârt, Il, 1785. DECEMBRE. Hhh2 4328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Sr un chemin pavé & de niveau. Largeur 2 \ 30 des’ 4 puiffance motrice, 4,.....2 31 jantes, 8 l 32 Il fuit de ces expériences que fur un chemin pavé les roues à larges jantes éprouvent un peu plus de frottement que celles à jantes étroites, que fur un terrein ferme elles en ont un peu moins, & que fur un terrein comprefhble elles en ont encore moins. Ce qui fufhit pour montrer la juftefle de mon affertion. 4°. Nos charrettes dégradent les chemins. Montées fur des roues dont les jantes font trop étroites , chargées fouvent de plus de fix milliers, elles produifent néceffairement cet effer. Comment un feul pavé, ou foibie rang de cailloux pourroit-il rélifter à cer énorme fardeau ? Comment de telles roues pourroient-elles ne pas fendre le rerrein & s'ouvrir un paffage entre les recoupes de pierres & graviers qui forment l’aflierte ou aire de nos chemins, fur-tout dans Parrière-faifon où les pluies abon- dantes les détrempent de plus en plus? C'eft pour prévenir cet incon- vénient que nos Rois ont fouvent fixé la charge de nos voitures, ainfi que le nombre des chevaux qu'on peut y atteler. Voyez les Ordonnances des 3 mai 1718 & 14 novembre 1724. 5°. Les voitures montées fur des roues dont la largeur des jantes eft proportionnée à leur fardeau applaniflent & affermifient les chemins. Un Miniftre refpectable (M. Trudaine ) étoit convaincu de cette vérité ; aufli effaya-t-il d'introduire dans le Royaume l’ufage des roues à jantes larges : mais la mort de ce Miniftre patriote nous a privés,du bien qu'il vouloit nous procurer. : On fait d’ailleurs que les chemins en Angleterre font très-beaux, & cela ne vient uniquement que de la jufte proportion qu'on a foin de mettre entre les fardeaux dés voitures & la largeur des jantes qu’on donne | aux roues. La raifon en eft fenfble. Une jante large paflant fur l’ornière d’une jante étroite la comble néceflairement ; elle enfonce le terrein qu'avoit foulevé la jante étroite en formant l'ornière, & efface entière- ment la trace des chevaux atrelés deux à deux aux voitures. Ainfi les eaux ne peuvent Sarrêter plus dans des endroits que dans d'autres. Quant aux chemins pavés en règle, les jantes larges porten@fur plufieurs cailloux ou pierres à la fois : ce qui fuit pour empêcher leur enfonce- ment inévitable, lorfque les roues n’ont que des jantes étroites. 6°. L'on devroir profcrire l’ufage des petites roues : elles contribuent à la dégradation des chemins & nuilent au roulage. 1°. Une petite roue porte fur un moindre efpace qu'une grande ; fa preflion eft donc plus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 429 confidérable & plus nuifible. 2°, Son eflieu a d'ordinaire une groffeur égale à l'effieu d'une grande roue , le frotrement doit être par contéquent plus difficile à vaincre; puifque le bras de la puiflance ou le rayon de la roue eft plus petit. D'ailleurs, les petites roues s'engagent plus pro- fondément dans les cavités du, terrein , & la moindre inévalité leur offre plus d'obftacles à furmonter. 7°. L'on pe doit employer pour le tranfport que de grandes roues : pour parcourir un même efpace que les petites , elles font moins de révolutions; le frottement elt par conféquent diminué dans une égale proportion, On fait en effect que la vitefle l’augmente : mais il eft un danger à craindre, celui de verfer. Le centre de gravité fe trouve ordi- nairement au-deflus des brancards ou-limons ; & plus il eft élevé, plus aifément il fort de fa bafe. Pour prévenir cet inconvénient, il ne faur pas donner à la voie une largeur plus confidérable ; nos portes charre- tières , nos rues & nos chemins ne les comporteroient pas; mais il fauc abaïfler le plus poflible le centre de gravité. J'efpère en avoir trouvé le moyen, comme on le verra dans le plan qui fuit. 8°. L’obliquité des traits, la compreflibilfté du terrein , ainf que fes inégalirés , font autant d’obftacles au roulage: le dernier article n’a pas befoin de démonftration; il eft fenfible. Le fecond fe concevra facilement fi l'on fait attention que , cédant fous la roue , le terre lui offre conti- nuellement un plan incliné plus ou moins difficile à furmonter ; enfin : l'obliquité des traits nuit au roulage , parce qu’elle diminue la force de la puiffance ; au lieu de s'appliquer feulement à vaincre la réfiftance, elle s'applique encore à foulever ou à abaiffer le fardeau. D'où il fuit que la poñtion la plus avantageufe eft celle où la puiffance garde une direction parallèle au plan fur lequel elle fe meut: ce qui a lieu lorfque les traits font à la hauteur de la poitrine des chevaux. D'après ces principes & ces obfervations , voyons fi la forme de ma charrette pare aux inconvéniens quil sagic d'éviter , & réunit les avantages que l’on défre, * Elle eft compofée de deux limons A A (f2. 1), dans les dimenfions & formes ordinaires , & de deux épars B B. Deux autres limons CC plus courts & moins gros embraflent les roues & font liés avec les autres par les épars, ainfi que par quatre fortes traverfes DD DD (fig. 2). De ces quatre limons s'élèvent quatre pièces de bois E , que nous appelerons zafJeaux : ces taffeayx font percés chacun d'un trou pour le pallage d’un boulon F (fig. 3), fervant d'eflieu. Par le moyen de ces tafleaux on peut faire les roues aufli hautes qu’on voudra, & tenir très-bas les limons : ils font attachés aux limons par deux légères chevilles GG (fe. 2), & fortement arrêtés par un anneau plat ou pièce de fer H (fg. 2 & 3) qui embrafle chaque taffeau , ainfi que le limon auquel il eft fxé. Les roues à jantes plus ou moins larges (fuivant le fardeau plus ou moins pefant 439 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE; que je veux tranfporter ) & hautes chacune de fept pieds, ont un bouton ou effieu de 18 lignes de diamètre + ainfi dans ce plan, j'emploie un eflieu pour chaque roue. Cet eflieu a d’un côté une tête quarrée , & de l'autre une vis qui s'engage dans lécrou K (fg. 3), pratiqué dans l'épaifleur de l'anneau pour l'empêcher de tourner, J'ai foin de ferrer cette vis extérieurement à l’aide de la tête quarrée, & par ce moyen chaque eflieu contient invariablement les deux tafleaux dans lefquels il eft engagé. | On voit au-deffus & à peu de diftance du moyeu un petit arc de fer I (fg. 3 & 4) adapté à chaque taffeau. J'ai imaginé cet arc qui doit être forr & folide pour retenir le moyeu dans le cas où l’eflieu cafferoit. Alors le moyeu ferviroit d’ellieu & l’on pourroit, fi l’on vouloir, continuer ainfi la route, fans craindre de voir la voiture verfer ; mais ces eflieux ou boulons étant de peu de valeur & faciles à tranfporter, on pourra en avoir de rechange. 5 On voit encore deux traits L (fg. 3), aboutiffant au centre un peu évidé du moyeu, ils repréfentent un trou ou canal propre à introduire de la graifle dans l'intérieur dû moyeu; après avoir ainfi graillé l’eflieu, on aura foin de boucher ce trou. | L'incervalleS (f22: r) que l'on apperçoit entre la roue & la traverfe D, eft ménagé dans le deflein de pouvoir fortir commodément la roue, quand on le voudra , par-deflus la charrerte. Il fauc qu'il foic un peu plus grand que l'arc de fer 1 (fg. 3), afin qu'après avoir ôté le boulon on puifle , en portant a roue contre la traverfe , dégager le moyeu de cet arc. Il ef encore poflible de fortir les roues en démontant les limons extérieurs qui ne font fixés aux traverfes que par des clous À vis avec écrou. Sur la planche on trouvera l'explication des burettes & autres figures. Tel eft en abrégé le plan de ma nouvelle voiture ; il s’agit à préfent de confidérer fi elle farisfait aux conditions prefcrites. 1°. Elle eft plus forte que les autres , puifqu’elle a quatre limons dont deux font de la force ordinaire, & que les autres font prefqu'aufñi forts. Les boulons ou effieux très-courts doivent réfifter aux plus grands poids, quoiqu'ils n'aient que 18 lignes de diamètre, Les axes ou boulons des poulies des engins n’ont qu'un pouce de diamètre; & cependant ils fupportent les fardeaux les plus lourds. Les roues feront auffi plus folides que les roues que l’on emploie: celles. ci périflent communément par les tenons trop minces des rais ou rayons ; leurs jantes étroites ne permettent pas de les faire plus fortes ; les jantes au contraire des roues que je propofe , pourront, vu leur largeur, recevoir des rais & des renons de la plus grande force ; & la bande de fer qui couvrira toute la femelle des jantes achevera de rendre les roues très-folides, pourvu qu'on ne néglige pas la folidité dans la conftruction des moyeux. 2°, Elle eft plus légère; je fupprime pour cet effet un effieu de fer dont SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43x le poids moyen eft de 350 livres, & les deux effieux que je lui fubfitue avec les deux nouveaux limons, les tafleaux & les traverfes font d’un moindre poids. La forme des jantes larges n ajourera rien à fon poids , fi l'on veut ôter à la hauteur de la jante ce qu'on donne à la largeur de fa femelle. D'ailleurs , il n’eft pas néceflaire qu’elle foit plus legère confidérée en elle-même; il faut pour la mouvoir une moindre puiffance ; c’eft-là fa véritable légéreré, 3°. Elle eft plus roulante ; la grandeur de Ja roue & la petiteffe de l'eflieu lui donne néceflairement cet avantage. Voyez (2 & 7 ); mais rendons cette vérité plus fenfible à l’aide du calcul. Les efieux de fer ordinaires des grofles voitures ont trois pouces , & les roues ont fix pieds ‘de diamètre ; le bras de la réfiftance (2) eft donc un pouce & demi , & le bras de la puiffance (même 2 ) eft de trois pieds ; ainfi la puiflance eft à la réfiltance comme 24: 1. Les roues que je propofe ont fept pieds, (on peut leur en donner davantage) & l’ellieu à un pouce & demi de diamètre : le bras de la puiffance ou rayon de la roue eft donc trois pieds & demi, & le bras de la réliftance ou rayon de l'eflieu eft de neuf lignes : donc la puiffance eft à la réfftance comme $6 : 1. Donc le frottement eft diminué de plus de la moitié : par conféquent le plus grand obftacle au roulage eft vaincu. L'on ne pourroit craindre dans l’ufage des grandes roues.que le danger de verfer (7) ; mais à l'aide des tafleaux plus ou moins élevés on abaïflera autant qu'il eft poñlible le centre de gravité, & ce danger fera comme nul. 4". Elle eft la moins capable de dégrader les chemins, Les voitures dont les roues font'à jantes étroites, les dégradent néceflairement (4). Celles dont les roues ont des jantes proportionnées en largeur à leur chargement les. applaniflent & les affermiflent (5). Or, je donne aux jantes des roues dont je me fers la largeur qu'exige le chargement de la voiture; elle eft donc plus propre à la confervation des chemins qu’à leur dégradation: mais quelle eft-elle cette largeur ? La voici : j’ai remarqué que les charrettes à un cheval dont la charge eft d'environ 1200 livres, ne dégradent pas fenfblement les chemins: or, les jantes-+de ces voitures ont deux pouces de largeur : voilà ma règle. Mais pour la bien faifr, voyons ce que les Anglois ont fixé à ce fujet. En 1754 le Gouvernement fixa à neuf pouces la largeur des jantes , & en 1758, l'expérience prouvoit déjà que les roues à jantes larges contribuoient beaucoup au rétabliflement & à la confervation des chemins. Bientôt l’ufage détermina la largeur des jantes fuivant les fardeaux qu'on vouloit tranfporter. Qu'il me foit permis de donner ici l'extrait des derniers réglemens fairs à ce fujer. Les poids font réduits au poids de marc, & les mefures au pied de France. « Les jantes des roues fervant » aux voitures de tranfport ne pourront avoir moins de cinq pouces de > [argeur, 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; > Les charettes à deux roues dont les jantes ont cinq pouces ne pourront » porter que 3300 liv. en jé & 2400 en hiver, Les chariots à quatre >» roues de la même largeur portent 7800 liv. en été, & 6600 en hiver. : » Les charrettes dont les roues ont cinq pouces huit lignes portent » 5800 liv. en été & 4600 en hiver, » Les chariots à quatre roues de la même largeur portent 11290 liv. » en été & 8900 en hiver. » Les charrettes dont les jantes ont huit pouces & demi de largeur » portent 14500 liv. en été & 12300 en hiver. » Les gros chariots, dont les jantes ont quinze pouces de largeur; » portent 17900 liv. en été & 15600 en hiver ». Quoique les charges ne foient pas routes dans une exacte proportion avec la largeur des jantes , il en réfulre que le poids moyen porté par chaque pouce de largeur des janes eft de 65o liv. en été & de fooen hiver pour les charrettes, proportion que nous adoptons d'autant plus volontiers qu’elle s'accorde avec nos obfervations. Mais en attendant que ous ayons comme les Anglois des machines pour pefer les voitures chargées , nous propofons de fixer la largeur des jantes fuivanc le nombre des chevaux ; & cela revient au même, puifqu'un cheval n’a qu'une force limitée qu’on eftime 1000 ou 1200 liv. Selon ce principe les jantes des roues auront deux pouces de largeur par cheval & Les chariots un ouce. Telle eft la largeur des jantes des roues de ma voiture de tranfport, & que je fouhaire qu'on donne à toutes les voitures faites pour la même fin. Le roulage, j'en fuis afluré, fera plus facile, & nos chemins ferone auffi beaux & même plus que ceux d'Angleterre. Ù El faut remarquer que je ne propofe point mon plan pour nos villes ÿ de telles voitures feroient embarraflantes, vu que nos rues fonc trop étroites & d'ordinaire mal pavées : mais uniquement pour les grands chemins; & c'eft-là , je penfe, le but de l’Académie de la Rochelle.’ Cependant je voudrois, relativement à nos villes , que les paveurs fuflent obligés de fairerun choix des pierres ou cailloux dont ils fe fervent, & qu'il leur fûc défendu de placer les gros cailloux à côté des petits. Rien n'eft plus contraire à la bonté & la durée de nos pavés que le mélange qu'ils font. Une grofle pierre a plus de bafe qu’une petite; elle fupporte par conféquent , fans s'enfoncer fenfiblement, un gros fardeau : mais la roue vient-elle à pafler enfuire fur des pierres moins grandes , elles réliftenc moins, elles s'enfoncenr, & nos pavés deviennent en peu de tems très-! mauvais. Qui empêcheroit, fi les cailloux font rares, de réferver les gros pour certaines rues, & les petits pour d'autres ? Je voudrois encore que les voitures de tranfport deftinées uniquement à circuler dans nos villes , comme celles des meñniers, maçons, marchands de bois, &c. atrelés de deux, trois ou quatre chevaux, euffent des roues dont les jantes f auroient SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 auroient jufqu'à fix pouces de largeur. Par ces deux précautions nous ne ferions pas enfevelis fous cette quantité de boue , qu'occafionne fur-tout ‘enfoncement d’une partie du pavé; & nous ne ferions pas obligés de paver deux ou trois fois l’année les rues les plus fréquentées. Jufqu'ici je me fuis attaché à montrer les avantages du plan de ma voiture; mais je dois être juite, & en expofer les inconvéniens , ou plutôt l’efpèce d’impofñlibilité qu'offre fon exécution. Pour Pexécuter & réuflir, il faudroit d’abord que nos voituriers y trouvaflent leur intéréc préfent. Et comment pourront - ils le trouver, s'ils font obligés de brüler leurs voitures & d’en faire d’une conftru@tion nouvelle & plus difpendieufe ? Tous en ont-ils les moyens ou la volonté ! Les charrons ont-ils des jantes :& des roues toutes prêtes ? &c. &c. IL faudroir un commun accord parmi Les voituriers ; fi les uns ont des roues, à jantes étroites, & Les autres à jantes larges, ces derniers ne pourront voiturer qu'à grands frais & avec des peines extrêmes. Coupés dans leur longueur par de profondes ornières, ou remplis de trous & de pointes de rochers , comme on le voit en plufieurs endroits , les chemins offriront à nos nouvelles roues des obitacles prefqu'infurmontables, & c'eft fans doute ce qui a déterminé le Roi à modifier par un Arrêt du 28 décembre 1783, l'Arréc fi favorable aux jantes larges du 20 avril de la même année. Il faudroit qu'à reile époque , par exemple au commen- cement de l'été, & au bout de deux ou trois ans , tous les grands chemins fuffent dans le meilleur état poflible, faits par encaiflement avec des pierres concaflées , couverts de fable ou de graviers & fuffifamment battus ; que jufqu'à certe époque les voituriers fuflent excités par quelque avantage confidérable à fe fervir au plutôt de ma voiture, & {ur-tout des _roues à jantes larges, & qu’en même-tems on redoublit d’aéivité pour les réparations à faire aux grandes routes. À Ii faudroit. . . . mais il faudroit la puiffance d’un bon Roi comme le nôtre. Seul il peut trouver des moyens d'encouragement , de conciliation & de dédommagement L’Angleterre les a trouvés; la France n’auroit-elle pas autant de fagefle & de pouvoir ? RÉSUME. Je laifle au Lecteur judicieux Le foin de prononcer fur mon plan, Je crois avoir rendu ma voiture srés-forte en améliorant fa conftruction générale par l'addition de deux limons extérieurs, la folidité de fon aflemblage & la manière dont les eflieux font placés. Très-légére, confidérée moins en elle-même que relativement à l’économie des forces motrices, Trés-roulante , & c'eft-là fa grande fupériorité : ma conftruétion rend fefieu auffi petit qu'il eft pofible, & permet de faire les roues auff randes qu'on le défire, Par ce moyen le frottement le plus contraire Tome XXVII, Pare, IT, 1785. DECEMBRE. lii 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, au roulage eft réduit au terme le plus bas; 8 la voiture n’eft point fujette à verfer, quand même l’eflieu viendroit à cafler, Elle eft enfin la moins capable de dégrader les chemins ; puifqu’au contraire elle les applanira & les affermira de plus en plus à l’aide des jantes proportionnées aux différens chargemens. . . . Il ne me refte qu’à former des vœux pour fon exécution dans toutes nos provinces, & fi elle a lieu , j'efpère de voir en peu de tems 05 chemins fupérieurs à ceux mêmes des Anglois, app SUITE DU MÉMOIRE SUR LA PLOMBAGINE ET LA MOLYBDÈNE; Par M PELLETIER G). SEC ON D'EMP ARITHE. DE 14 MorYBDÈNE. 6. I. JE conferve d’après ScAéele, le nom de molybdène à cette fubflance fi reflemblante à la plombagine, mais dont elle diffère, quant à certaines propriétés extérieures, & plus encore quant aux parties conftituantes. La molybdène a un afpeët bleuâtre qui approche beaucoup de celui du plomb qu'on a coupé nouvellement : les traces qu’elle laifle fur le papier, différent de celles de la plombagine. Jai tiré différens traits avec diverfes plombagines & molybdènes, & j'ai toujours remarqué que Les traits de La molybdène avoient un brillant argentin très-diftinét de ceux de la plombagine, qui étoient toujours d’une couleur plus fombre, plus plombée & plus matte. Auñi M. d’Arcer à qui je dois cette obfervation, regarde ce phénomène comme un caractère accefloire pour la diftinétion de ces deux fubftances au fimple afpect. Sa pefanteur fpécifique d’après M. Briflon eft de 47385. Là Elle fe préfente ordinairement par lames hexagones ; quelquefois difperfées dans du quartz, d'autres fois dans Le quartz & le feld-fpath, dans ‘des roches de corne ; on la trouve aufli formant une mafle lamelleufe & dont les lames détachées font exibles, Elle accompagne très-fouvent la mine d'étain, quelquefois la mine de fer attirable & la pyrite cuivreufe; j'en ai aufli qui elt à côté de la fubftance qu’on nomme v0/fran. Un defes - (7) Voyez le cahier de movembre 1785. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43y caractères eflentils, eft d’être lamelleufe, au lieu que kes plombagines font toujours par roonons formés de molécules irrégulières & très-fort agolutinées (1). Comme je prouverai dans la fuite que dans cet état, elle eft unie à du foufre dont on peur la dépouiller, on devroit la nommer mmolybdène minéralifée, pour la dillinguer de l'état où elle eft , dépouillée de fon foufre , & alors on pourroit la nommer régule de molybdène où fimplement »0/ybdène, $. Il. MOLYBDÈNE AVEC LES ACIDES VITRIOLIQUE , MARIN ET NITREUX. L'acide marin n'a point d'action fur la molybdène ; mais il n’en eft pas de même de l'acide nitreux : celui-ci l'attaque avec force, & lors de l’action, il fe dégage une très-grande quantité de vapeurs rouges ou gaz zitreux , & la molybdène eft changée fur le champ en une poudre blanche, Dans cette expérience, l’acide nitreux agit fur le phlo- giftique de la molybdène, & en même tems fur le foufre qu'elle contient : il lui enlève le phlogiftique & lui fournit de l'air pur qui fe combine à la partie terreufe mécallique, & produit une efpèce d'acide que les Suédois ont nommé acide molybdique ; mais comme l'acide nitreux a aufli décompofé le foufre , il laifle ce dernier à l’érat d’acide vitriolique qui fe trouve mêlé avec l'acide de la molybdène; de forte qu'on ne peut point compter fur l’exactitudedes expériences ultérieures faites avec l’acide molybdique préparé de cette manière : aufli les Suédois ont-ils obfervé de très-grandes différences dans leurs réfultats; ce qu’on doit attribuer à leur manipulation diverfe ; mais fi-par ce procédé on veut fe procurer la terre de la molybdène privée de phlogiftique & dans l’état d’acide ; il faut après l'avoir traitée avec l’acide nicreux, la laver avec un peu d'eau diflillée, & même après cette première opération, la chauffer légè- rement dans un creufet; par-là, il eft vrai, on perd un peu de terre acide de la malybdène, parce que celle-ci eft un peu foluble dans l'eau , mais au moins la prive-t-on de l’acide vitriolique. Si l’on traite la molybdène dans une cornue avec de l'huile de vitriol, & qu'on procède enfuite à la diftillation , l'acide vicriplique pafle en acide fulfureux, & le réfidu refte d’une couleur d’un noir pourpre , & le col de la cornue fe trouve enduit de diverfes couches d’un bleu foncé. JL paroît donc que l'huile de vitriol agit fur le foufre que contient la molybdène , & qu'en le décompofant, il f dégage dans l'état d'acide (1) Ferrando Imperaro a eu connoiffance de la plombagine & de la molybdène, ais comme il les confondoit, fous le nom de G/cha plumbaria, feu ceruffa cum adfinibus , il s’eft (ervi des caraëtères des deux pour clafler ces fubffances dans le genre des talcs. Férrando fe trompe aufi, lorfqu’il dit que c’eft la plombagine la- melleufe ( Zapis foliofus ), qui entre dans-la compoñirion des creufers, Voyez la page 768 de de l’hiftoire-naturelle de Ferrando Imperaso, enrichie de notes par Jean-Marie Ferro, Pharmacien , année M. pc. xcv. Tome XXVII, Part. II, 3785. DECEMBRE. liia 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fulfureux , & enlève avec lui une petite portion de molybdène qu'il “Jaiffe dans le col de la cornue. $. III, MOLYBDÈNE ET ACIDE ARSENICAL. Pour que l'acide arfenical ait de l’action fur la molybdène, il faut qu’il foit dans un état de ficcité, & même aidé de la chaleur, J'ai bien mêlé cent grains de molybdène avec autant d'acide arfenical: j'ai introduit le tout dans une petite cornue, & j'ai chauffé pendant quatre heures; enfin je céflai la diftillation. J'obfer- verai que pendant le cours de cette opération, il s’eft manifefté une odeur d’acide fulfureux très-vive, & j'ai eu pour produit , de la chaux d’arfenic, un peu du même régule & une grande quantité d'orpiment. Le tout réuni pefoit un gros dix grains: ce qui refloit dans la cornue étoit d'un noir brillant, & ne peloit qu'un gros vingt-quatre grains, Ce réfidu contenoit encore quelques atômes de matière arfenicale , & pour l'en dépouiller, je l'ai traité avec un peu d'huile, & je l'ai chauffé de manière à en chafler les dernières portions d’arfenic. Je reviendrai fur l'examen de ce réfidu : il me fuffic de dire ici que l'acide arfenical n’a décompofé que le foufre de la molybdène, & que cette dernière fe trouve alors dépouillée du foufre ; mais comme elle contient encore du phlogiftique , & que ce n’eft point l'acide arfenical qui a pu lui en donner, 1l paroît démontré que dans la molybdène minéralifée, la partie réguline eft avec fon phlogiftique & non dans l'état d'acide, comme ScAcele- a cru le voir. $. IV. MoLYBDÈNE ET EAU RÉGALE. L’eau régale compofée d'une partie de fel ammoniac & de quatre parties d’efprit de nitre, n’a point eu d'action fur la molybdène, même à l'aide d’une chaleur continuée pendant plufieurs heures ; mais en y ajoutant une nouvelle dofe d'efprit de nitre, la molybdène a été attaquée & changée en une poudre blanche abfolument femblable à celle du S. II. J'ai donné la manière dont j'ai préparé l’eau régale, parce qu'il pourroit fe rencontrer des eaux régales qui agiroient fur la molybdène, tandis que d’autres ne produiroient aucun effet fur elle: je crois auffi que cette expérience nous démontre que ce n’elt point l'eau régale qui agit fur la molybdène, & que les phénomènes qui ont eu lieu, font dus à l'acide nitreux. $. V.MOLYBDÈNE ET PIERRE À CAUTÈRE. J'ai fait fondre fix cens grains de molybdène avec douze cens de pierre à cautère : lorfque la matière étoit en belle fonte, il s’en dégageoit une vapeur blanche : le creufet étant refroidi, j’en ai retiré une mafle rouge dans fa caflure, qui attiroit fortement l'humidité de l'air, & devenoit noire : l'ayant diffoute dans l’eau bouillante, j'ai eu une diffolution d’un verd foncé qui n'a rien laiflé précipiter par le refroidiffement. J’ai fait quelques eflais avec cetre liqueur, & les réfultats font aflez finguliers. 1°. Elle a une odeur très- hépatique; mais lorfqu'on la décompofe par les acides, on n’a pas du tout de gaz hépatique, Ayant examiné ce phénomène, j'ai obfervé que = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 437 le précipité abforboit le gaz hépatique, & par-là il paroifloit fous une forme noire & dans l'état de molybdène régénérée : ainfi en décom- pofant certe efpèce d’Aépar par le vinaigre, par l'acide vitriolique & par l'acide marin, j'ai toujours eu un précipité noir ou vraie molyb- déne. Par l'acide nitreux, le précipité eft gris; & fi on vient à chauffer la liqueur, il y a production de gaz nitreux , & le précipité paroït d’un beau blanc, pareil à celui obtenu dans l'expérience $. II. C’eft qu'ici la décom- poñtion de l'hépar a eu lieu; mais aufi l'acide nitreux a réagi fur le précipité, & l’a fait pafler à l’état de chaux blanche ou d'acide molybdique. Le même: hépar eft décompofé par l’acide arfenical en liqueur; le préci- piré eft noir, mais la liqueur refte d’un beau bleu, de même qu'avec l'acide marin. Îl paroïc que ces deux acides, lors de la précipitation, retiennent une petite portion du régule de molybdène, & même le peu de fer qui J'accompagne. 2°. J'ai auffi précipité plufieurs diffolutions métalliques avec cet hépar. L'or a été précipigé en beau noir, Le nitre lunaire, en noir clair. Les vitriols de cuivre & de fer, en noir. La diflolution d’étain, en noir rougeâtre, Et le nitre mercuriel, en briqueté. La liqueur ayant été précipitée par l’acide marin, le précipité que J'ai obtenu étoit noirs, & j'ai trouvé qu'il écoit abfolument femblable à la molybdène na le; & je crois que, lorfque la précipitation a été faire par des diffolätions métalliques, le précipité fe trouve furcompofé, uifqu'il doit contenir le métal précipité ainfi que la molybdène, qui elle-même eft compofée de foufre & de régule de molybdène, J'ai tenté d'attaquer la molybdène par les alkalis en liqueur; mais c'eft en vain que je l'ai traitée avec les divers alkalis; j'en ai même fair bouillir avec de l'alkali minéral très-cauftique, mais celui-ci ne nv'a point paru avoir une ation fenfible fur la molybdène. : $. VI. MoLyBDÈNE ET NiTRe, Ayant bien mêlé deux cens grains de molybdène avec fix cens grains de nitre, j'ai projerté ce mélange dans un creufet que j'avois tenu bien rouge: il y eutune très-vive déronnation, & il refta dans le creufet une matière rougeñtre qui, étant lellivée & filtrée, laiffa environ quatre grains d’une matière ochreufe: la liqueur étoit tran{parente, & lorfqu’on y ajoutoit un acide, elle donnoit un précipité blanc; j'en ai précipité une portion par l'acide nitreux , & lautre par l'acide vitriolique; & j'ai reconnu que le précipité eft en plus grande quantité lorfqu'on fe fert de l'acide nitreux. Le précipité obtenu dans l'un & l’autre cas, étoit légèrement acide, foluble dans l'eau, & comme l'obferve Scheele, il eft femblable à celui qu'on obtient en traitant la molybdène avec l'acide nitreux. S-VIL. MoLyBpENE ET NITRE AMMONIACAL, J'ai bien mêlé un gros “ 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de molybdène avec fix gros de nitre ammoniaçal ; j'ai projetté par parties ce mélange dans un creufec de porcelaine que j'avois eu foin de tenir rouge : à chaque projeétion , il fe dégageoit fur la fn, de l'acide fulfureux- qu'on diftinguoit très-bien : ce qui a reflé dans le creufec, ne pefoie plus que quarante-huit grains, & avoit une couleur d'un gris blancharre. Dans cetre opération, le nitre ammoniacal détonne, en détruifant le phlogiftique contenu dans la molybdène : alors le foufre dépouillé d’une portion de phlogiftique, pafle À l'étar d'acide fulfureux, & ce qui refte dans le creufet, eft la chaux de molybdène, que j'ai reconnue un peu plus refractaire que celle qu'on obtient par les autres procédés. s. VIII, MOLYBDENE ET SELS ARSENICAUX. Si la molybdène eft mêlée au fel arfenical, & qu’on procède à la diftillarion, on obtient, 1°. un peu d’orpiment; 2°. de la chaux d'arfenic; 3°. enfin du régule d’arfe= nic : & tous ces produits font bien diftinéts dans le col de la cornue : ce qui refte dans la cornue, fe trouve une combinaifon de l'acide vitriolique du foufre avec l’alkali bafe du fel arfenical. Ont y trouve aufli de la molybdène dépouillée de foufre, & à l'état de régule. [1 paroît donc que le {el arfenical n’a agi que fur le foufre de la molybdène, qui en fe décompofant, a donné du phlogiftique à Parfenic qui s'eft fublimé à l'état de régule & de chaux; & comme il y a une très-petite portion de foufre qui échappe à la décompofition , celui-ci s’unit alors à l’arfenic, & fe fublime en orpiment: l'alkali bafe du fel anfenical, retient l'acide vitriolique du foufre décompolé, & de leur fajon réfulte du tartre vitriolé, qui étant fixe, refte dans la cornue aveC”la molybdène privée du foutre. L é Si on a employé le fel arfenical à bafe d’alkali minéral, les mêmes réfaltats ont lieu , avec certe différence , qu’au lieu de tartre vitriolé dans le réfidu , vous trouvez du fel de Glauber. 6. IX. MoLYB8DENE ET MERCURE SUBLIMÉ CORROSIF. J'ai bien mé'é deux gros de molybdène en poudre avec une once de mercure fublimé cor- rofif. Ce mélange ayant été introduit dans une cornue, je l’ai placée dans un fourneau de réverbère avec un petit récipient ; & ayant donné le feu, il s’eft fublimé une matière criftalline blanche, & le col de la cornue étoit agréablèment recouvert d'un enduit bleu, enfuite verd & puis jaune; & le ballon fe trouvoit rempli d'une vapeur fuffocante. Après la difillation, j'ai trouvé que le rélidu étoic de la molybdène avec fon brillant, & n'ayant prefque point perdu de fon poids ; cependant mife fur la langue , elle avoic un petit goût fliptique: quant au fublimé, j'ai reconnu que la matière diverfement colorée, attiroie l'humidité de l’airs mais elle étoie en crop petite quantité, pout qu'on la pûc féparer du refte qui m'a paru être du fublimé corrolif joint à une portion de srcure doux. Je crois aufli que la légère décompofition du mercuré fublimé corrafifelt due à la portion de fer contenue dans la molybdène, { : L | M * | ÊS de ti EE co met te its SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 qui s'y trouve combiné avec la partie réguline de la molybdène ; & alors le mercure s’unifflant au fublimé corrofif non-décompofé, forme du mercure , tandis qu'une portion de l'acide marin fe combine avec le fer, & refte dans la cornue; l'autre portion s’unit au régule de molybdène, & fe fublime fous la forme d'une matière qui attire l'humidité, & prend diverfes couleurs, $. X. CALCINATION DE LA MoLy8DENE. Lorfqu'on tient la mœ Iybdène au feu fur un teft à rôtir, comme on les emploie pour calciner des fubftances métalliques, après une heure de feu, la matière fe hériffe de fleurs argentines; & fi on donne un peu trop de feu, elle entre en fufion par petits globules qui s’attachent très-fort au teft. Pour retenir les fleurs argentines que j'avois apperçues dans la calcination de cette fubftance, j'ai fair ufage du procédé fuivant : j'ai mis dans un creufet 200 grains de molybdène pulvérifée ; alors j'ai mis dans ce creufet un autre petit creufet renverfé qui venoit jufte fur la matière. J'ai eu encore l’attenrion de les recouvrir d'un couvercle ordinaire, & de le placer fur un fupport, afin d'avoir la facilité de faire tout autour un feu modéré que j'ai continué pendant trois heures. J'ai trouvé alors au haut du creufet intérieur, une fleur argentine abfolument femblable, quant à la blancheur & à la tranf- parence , à la neige d’antimoine. J'ai féparé cette chaux criftalline, ainfi que celle qui fe trouvoit au-deflus de la molybdène non calcinée; mais cette dernière chaux avoit une couleur jaune : j'ai continué le feu avec les mêmes précautions; ce qui m'a procuré une nouvelle quantité de fleurs argentines , & par-là aufli toute la molybdène s’eft trouvée changée en chaux, Le produit des fleurs & de la chaux étoit de 150 grains, de manière que la molybdène perd peu-à-peu près 25 par 100 : mais j'obfer- verai qu'il eft très-difhicile de déterminer ce réfulrat, parce que, quelqu’at- tention que l'on apporte à cette calcination, il y a toujours une portion de la matière qui s'attache au creufet vers la fin de l'opération, & elle y tient fortement. Schéele n'a point vu les Aeurs que j'indique; cela vient de ce qu'il n’a pas employé le procédé dont j'ai fait ufage, & qui néceffai- rement doit varier fuivant les fubftances qu'on calcine. C’eit ainf que pour la calcination du mercure, on fe fert d'un enfer de Boyle; pour celle de l’arfenic, on fait ufage d’aludels, &c. Celui que j'ai employé pour la calcination de la molybdène, eft affez analogue au procédé par lequel on obtient les fleurs argentines d’antimoine; & c’eft d'après la reffemblance que la chaux de molybdène a avec celle d’antimoine, que je la nommerai fleurs argentines de molybdène. La molybdène fe détruit donc facilement au feu, mais il faut qu'elle ait communication avec l'air, car fans cela, elle peut rélifter au plus grand feu, fans fondre ni même être alcérée en aucune manière. L'expé- rience fuivante en eft une preuve convaincante, J'ai introduit 100 grains de molybdène pulvérifée, dans un creufet fait en poire, & de pâte de ao OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; porcelaine compaéte : ayant bien fermé le creufet avec une cheville de {a même. pâte de porcelaine, que j'y ai {cellée à la faveur d'un peu de verre de plomb, que j'ai fondu autour avec le chalumeau , je l’ai envoyé au feu de porcelaine : le creufet en eft revenu bien confervé, & l'ayant caflé, j'y ai trouvé la molybdène avec tout fon éclar, pulvérulenre comme elle y avoit été mife, & n'ayant perdu que fix grains de fon poids, Certe expérience nous fait voir que la molybdène eit indeftruétible dans les vaifleaux clos, & qu’elle et mème réfractaire. $. XI. MoLYBDÈNE ET FLUX Norr. J'ai bien mêlé 200 grains de molybdène avec fix cens de flux noir que j'avois préparé dans le moment, & comine il étoit très-chaud, lorfque je triturois le mélange, on voyoit brüler le foufre : le tout mis dans un creufet d’effai, & chauffé à la forge, la matière seft gonflée; & lorfque la fonte a été parfaite, j'ai retiré le -creufer du feu, & je l’ai caflé quand il a été refroidi; mais je n'y ai point trouvé de culot, ce n'étoit qu'une male rougeñtre très-hépatique & attirant l'humidité de l'air. | Dans la crainte où j'étois d’avoir mis trop de Aux pour cette réduction , j'ai cru devoir procéder comme on le faie pour la préparation du régule d’antimoine. En conféqueuce j'ai pris une once deux gros de molybdène, que j'ai bien mêlés & triturés avec fept gros & demi de .tartre, & trois «gros cinquante-quatre grains de nitre. Ce mélange a été projetté par parties dans un creufet que j'avois tenu rouge : j'ai enfuite donné une heure de feu; & le tout étant en belle fufion, j'ai retiré le creufet que j'ai caflé quand il a été bien froid ; j'y ai trouvé la matière formant une malle plombée, dans laquelle on diftinguoit une très-grande quantité de lames argentines. Elle attiroie vivement l'humidité de l'air, & elle avoit un goût hépatique. J’en ai confervé une portion, & l'autre a été leflivée avec de l’eau diftillée bouillante: la première liqueur qui étoit d'un rouge foncé, a été mife de côté, pour voir fi par Le refroïidiffement, elle ne donneroit point de précipité. Mais avant d'aller plus loin, j’obfer- verai qu’il n’y en a point eu : j'ai eu fur le filtre une portion de molybdène qui n’avoit point été difloute ; & la liqueur que j'ai traitée avec différens menftrues, m'a donné les mêmes réfulrats-que j'ai eus ($. V ). J'ai auf fair des expériences fur la molybdène qui avoit refté fur le filtre, pour voir fi elle avoit perdu un peu de fon foufre, & fi elle n’approcheroit as de l’érat de régule, Tous les divers effais que j’ai faits, m'ont convaincu qu'elle avoit rout fon foufre, & qu'elle n’avoit point été diffoute , parce que je n’avois point employé aflez d’alkali, 8. XIL MoLYBDÈNE ET FER, J'ai aufl tenté d’enlever à la molybdène fon foufre par l'intermède d'un autre métal : & j'ai commencé par le fer, parce que ce métal eft employé avec fuccès pour enlever le foufre à plufieurs minéraux, comme à l’antimoine, au mercure, &c. J'ai donc pris 600 grains de molybdène que j’ai bien mêlés avec 300 de limaille d'acier, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 44T d'acier. Ce mélange a été mis dans un creufet brafqué de poudre de Charbon , & je lui ai donné une heure de feu dans une bonne forge. La matière a fondu, & préfentoit une mafle vourfoufflée intérieurement, & qui avoit d’ailleurs un grain continu imitant aflez le réouie de kobalr. Elle avoit rien perdu de fon poids; & fi on en fai difloudre dans l'acide marin , il fe dégage une odeur hépatique , & la diffolution prend une couleur bleue qui difparoït par l’évaporation. $. XII. MozyspÈèNe ET Cuivre. J'ai bien mêlé demi-gros de molybdène avec un gros de limaille de cuivre; j'ai introduit ce mélange dans un creufet brafqué avec la poudre de charbon; & le tour a été recouvert de poudre de charbon & d'un autre creufet renverfé, qui fervoit de couvercle, & j'ai eu l'attention de l'y lutter: alors je lui ai donné une beure de feu, qui a fervi à agglutiner le mêianse, de manière à en former un culot qui fe trouvoit friable : j'ai pris le parti de lui joindre demi-gros de molybdène, & je l'ai chauffé à la forge avec la même précaution , & j'ai obtenu un culot pefant deux gros, bien fondu & ayant un grain blanchâtre. s. XIV. MorygnÈNE ET PLoms. Un mélange de ÿ4 grains de molybdène & de 108 de limaille de plomb, placé dans un creufer brafqué avec la poudre de charbon, a reçu un feu d’ane heure à la même forge. L'ayant enfuite retiré du creufet , il étoit pulvérulent ; cependant on voyoit bien qu'il y avoit eu pénétration, car la matière étoit alors noire, brillante & homogène , & le tout pefoit 162 grains. $. XV. MoLyBDÈNE ET ÉTAIN, Ayant bien mêlé ÿ4 grains de molybdène avec un gros de limaille d'étain , j'ai difpofé ce mélange dans un creufer avec les précautions que j'ai apportées dans les dernières expériences, & au même degré de feu, je nai pas eu aucun figne de fufion : la matière s'eft trouvée pulvérulente & briliante , n'ayant point perdu de fon poids. On voit donc que la molybdène en s'uniffant au plomb & à l'érain , les rend réfractaires , tandis qu’elle fond crès-bien avec le fer & le cuivre. 2 Je n'ai pu fuivre fon mêlange avec les autres métaux, parce que j'ai eu befoin de la molybdène que j'avois, pour continuer la fuite de mes autres expériences. $. XVI. RÉDUCTION DES CHAUX DE MOLYBDÈNE. J'ai eflayé de réduire les chaux de molybdène, foit celle obrenue par la calcination ; foir celle obtenue par la voie humide à l'aide de l’acide nitreux : le Aux noir, le charbon & l'aikali & les autres flux falins, ont été employés fans nul fuccès (1). J'ai même dans plufieurs effais joint un peu de chaux (1) L'expérience fuivante m'a paru mériter wne attention particulière, par le phénomène fingulier qu’elle me préfenta. J’avois traité 150 grains de chaux de molybdène (produits par Ja calcination de 1200 grains de molyÿbdèue ) avec la poudre Tome XXVII, Par. If, 1785. DÉCEMBRE, Kkk si OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de plomb , ou de la chaux de cuivre, afin d'obtenir une portion de régule de molybdène combiné avec le métal de ces mêmes chaux; mais les réfultats ont toujours été bien éloignés de mon attente : cependant le culot qu'on obtient en réduifant la chaux de molybdène & la chaux de cuivre, traité enfuite avec l'acide nitreux, laifle une petite portion de poudre blanche abfolument femblable à celle du ($. 11). Dans l'effai auquel j'avois joint la chaux de plomb, j'eus un culot très-caflant ; ce qui étoir une preuve qu'il y avoit une petite portion de régule de molybdène qui étant combiné au plomb , rendoit ce dernier caffant : dans un nouvel eflai avec la chaux de plomb, j’eus du plomb pur ; alors préfumant que cela dépendoit de Palkali qui pouvoit fe trouver en plus grande quantité dans cette dernière réduétion , je fis l'expérience fuivante qui m'éclaircit fur ce point. Je pulvérilai exactement le culot de sus de ma première expérience , & jy misun peu d’alkali. Je fis fondre le tout, & j'obtins un culot de plomb très-malléable : ces premières tentatives , quoique peu fatisfaifantes , n’ont pas laiflé que de me devenir très-uriles , vu qu'elles m’annonçoient qu'il y avoit une portion de chaux de molybdène réduite , qui pafloit avec le plomb & le cuivre. | Je pris alors le parti d'empäter avec un peu d'huile mes chaux de molybdène, je les mis au feu pour chafler toute l'huile : je les introduifis enfuite dans le creux d’une brafque que j'avois fait dans un petit creufet, avec du charbon bien fec; & le tour recouvert d’un autre creulec, fur placé à la forge, où j'ai donné un feu très-fort pendant deux heures (1): le creufet étant refroidi, j'y trouvai la fubftance légèrement agglutinée : cependant on la brifoit avec les doigts. Elle étroit noire, & on y diftinguoic le brillant métallique , & vue à la loupe, on y voyoit des petits grains arrondis & d’une couleur métallique grisâtre. Alors je n’eus plus de doure de charbon & la pierre à cautère , & j'avois donné à ce mélange deux heures de feu. Le creufet étant refroidi, je renverfai la matière fur un papier, & comme elle s’enflamma fur le champ, je me fervis d’une cloche de verre que j’avois fous ma main , pour en arrêter la combuftion , & peu de tems après , ayant levé la cloche, je fentis une odeur vive d’alkali volatil. A cette occafion je rapporterai une autre expérience que j'ai répétée plufeurs fois en préparant \’alkali de tartre par fa combuftion à Pair libre, Si l’on jette les cornets alkalins encore chauds dans un vafe qui contient de l’eau , il fe dégage de l’alkali volatil, & lorfque j’ai défiré le recueillir, j’ai procédé de la manière fuivante, J'ai mis dans une grande cucurbite de cuivre étamée , le produit de 200 livres de tartre brûlé à l’air libre. Jai eu auffi l'attention d’y enfermer cette matière étant très-chaude; j'avois recouvert la cucurbite de fon chapiteau d’étain, muni d’un réfrigérent que j'avois rempli d’eau , & par une ouverture pratiquée à la cucurbite , jy ai fait entrer une certaine quantité d’eau : auffi-tôt la matière s’échauffe , & l’alkali volatil pañle dans le récipient. (1) Le feu que j’ai donné , étoitbien plus fort que celui que M. d’Arcet a fait à la même forge, pour fondre Ja platine , le régule de manganèle , &c, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44 que ce ne füt-là le vrai régule de molybdène : ilaura de particulier d’être très-réfraétaire ; & nous verrons bientôt , qu'il y a des caufes eflentielles, qui empêchent que la chaux de molybdène ne puifle être réduite par les flux alkalins, &c. 5 $. XVII. CARACTÈRES DU RÉGULE DE MOLYBDÈNF. Le régule de molybdène perd fon phlogiftique par la calcination & il pale à l'état de chaux plus ou moins blanche. 2°. Il détonne avec le nitre, &ile réfidu n'eft autre chofe que la chaux de molybdène combinée à Palkali. 3°. Traité avec l'acide nitreux , il eft changé en chaux blanche abfolument femblable à celle du ($. 11). 4°. Traité avec les alkalis par la voie sèche, ceux-ci en dégagent le phlogiftique fous forme d’air inflammable, & le réfidu n’eft plus que la molybdène à l’état de chaux combinée avec Falkali. 5°. [1 s'unic avec les fubftances métalliques , & fait avec elles des alliages particuliers, 6°. Enfin , traité avec le foufre , il régénère La molybdène minéralifée, XVII. RÉGULE DE MOLYBDÈNE ET RÉGULE DE CUIVRE. J'ai mêlé 75 grains de régule de molyÿbdèse avec 110 de cuivre bien pur, & j'ai procédé à la fufñion dans un creufet brafqué. L'alliage que j'ai obtenu étoit d’un gris bleuâtre , & fe pulvérifoit avec facilité. $. XIX. Fer ET RÉGULE DE MOLYBDÈNE. Ayant bien mêlé 100 grains de régule de fer Tr: 40 de régule de molybdène, j'ai donné à ce mélange un bon feu, & j'ai obtenu un culot, qui étoit friable, & donc la couleur étroit grisätre. $. XX. ARGENT ET RÉGULE DE MOLYBDÈNE. Cent grains d’argent bien divifé ( tel qu'on lobtienc en le précipirant du nitre lunaire par une lame de cuivre) ayant été bien mélés avec 40 grains de régule de molybdène , & fondus enfemble dans‘un creufet brafqué avec la poudre de charbon , j'ai obtenu un culot friable, & préfentant un grain cendré; on peut enfuite féparer facilement l’argent du régule de molybdène par le moyen de l'acide nitreux, qui diflout ce premier métal , & laifle le dernier à l’état de chaux blanche. 6. XXI. CHAUX ACIDE DE LA MOLYBDÈNE PHLOGISTIQUÉE PAR LES AIRS INFLAMMABLE ET HÉPATIQUE. Lorfqu'on enlève au régule de molybdéne , ou bien à la molybdène le phlogiftique qu’ils contiennent, par le moyen de l'acide nitreux , ils paffent aufi-tôc à l’état d’une poudre blanche {oluble dans l’eau. C’eft cette chaux métailique bien déphlo- giftiquée que Schéele a nommée acide molybdique. En efet, fa diflo- lution rougit les teintures du tournefol , &c. fair effervefcence avec les alkalis aérés, 8 fe combine avec eux. Cette chaux métallique décompofe le nitre, &c. & elle a des affinités que Schéele a dérerminées (1). Je (r) Voyez le Mémoire de Schéele traduit dans le Journal de Phyfjue , cahier de movembre 1782. Tome XXV'IL, Par. IT, 178$. DECEMBRE, KkKk 2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, citerai l’étain, qui calciné par l'acide nitreux, eft réduit en une terre blanche qui a beaucoup des propriétés de l’acide de la molybdène, & qui fe comporte avec certaines fubftances, comme fi elle éroit acide. Il y a aufli d'autres fubftances métalliques qui, déphlogiftiquées de même par l'acide nitreux, préfentent enfuite des caractères bien finguliers. Ce n'eft pas dans ce Mémoire que j’entrerai dans les détails qu’exige cerre obfer- vation ; je n'en fais même mention qu'afin de faire connoiître que je ne regarde cette efpèce d'acide molybdique, que comme une chaux métallique abfolument déphlogiftiquée, qui a retenu un des principes de l'acide nitreux (l'air pur) & qui comme telle peut décompofer le nitre, &c. La chaux acide de la molybdène eft très-avide de phlogiftique, car traitée par l'ébullition avec les demi-métaux , elle ne tarde pas à prendre une couleur bleue, J'ai effayé à la phlogiftiquer de même par la voie humide , mais en me fervant d'air inflammable : & pour y procéder j'ai pris douze grains de chaux de molybdène (ou acide molybdique concret), je l'ai introduite dans un cylindre de verre d’un pied de hauteur, & ayanc environ fix lignes de diamètre, & j'y ai verfé environ quatre onces . diftillée bouillante. D'une autre part, j'avois une bouteille contenant de la limaille de fer & ayant un tube qui plongeoit dans le cylindre ci-deflus, Alors verfant fur la limaille de fer, de l'acide vitriolique, je dégageois de l'air inflammable qui pafloit à travers la chaux de molybdène ; & en continuant de dégager de l'air inflammable, on s’apperçoit que la terre devient peu-à-peu d’une couleur bleue. J'ai répété la même expérience en faifant pañler du gaz hépatique , qui fur le champ , change la chaux blanche de molybdène en une poudre noire, qui étant étendue dans Ja liqueur, rend celle-ci d’un beau bleu foncé ; la terre de la molybdène eft dans cette expérience abfolument phlosiftiquée ; & elle doit être regar- dée, non comme du réoule de molybdène, mais comme unie au foufie, & telle qu'elle eft étant minéralifée, $. XXII. CHAUX ACIDE DE MOLYBDÈNE PHLOGISTIQUÉE PAR LE SOUFRE. Si on mêle la chaux acide de molybdène avec des fleurs de foufre, & qu'on diftille enfuire ce mêlange , on obtient une très-grande uantité d'acide fulfureux ; il y a auffi une portion de foufre qui fe fublime; & enfin il refle dans la cornue une poudre noire abfolument femblable à de la molybdène bien divifée , & qui à l’analyfe fe comporte de même: il paroît donc que la chaux acide enlevant au foufre une portion de phlogiftique, le laifle dans l’état d’acide fulfureux , qui paffe dans le ccurant de la diflillation ; alors la chaux de molybdène phlogiftiquée s’unit à une portion de foufrenon-décompofé , & de leur union réfulte la molybdène minéralifée | ou la combinaifon du régule de molybdène avec le foufre, $. XXII. CHAUX ACIDE DE MOLYBDÈNE PHLOGISTIQUÉE PAR LE RÉGULE D’ARSENIC. J'ai bien mêlé un gros de chaux acide de ER LS à Lou LS de D TS dore Er SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 445 molybdène avec deux gros de régule d’arfenic: ce mélange ayant été foumis au feu dans une petite cornue , j'ai eu pour réfultat de l'arfenic en partie à l’état de régule, mais dont la plus grande quantité étoir à l'état de chaux criftallifée en oétaëdres très-tranfparens ; ce qui reftoit dans la cornue étoit ure poudre noire qui adhéroit facilement au papier ; & je la regarde comme du régule de molybdène uni à du régule d'arfenic: dans cette expérience la chaux de molybdène ayant enlevé au régule d’arfenic une portion de fon phlogiftique , ce dernier s’eft fublimé dans l'état de chaux , & alors la chaux de molybdène unie au phlogiftique du régule d’arfenic , a refté dans la cornue dans l’état de régule, & unie au régule d’arfenic non-décompofé. S. XXIV. ConcLuston. La molybdène a un très-grand rapport, quant aux réfulrats chimiques , avec l'antimoine , puifque comme lut elle eft fufceptible de donner, par la calcination au feu , une chaux argentine ; laquelle chaux dans l'une & l’autre fubftance, eft fufceptible de vitrifi- cation : la molybdène eft aufli changée en chaux blanche (de même que Fantimoine) par l'acide nitreux , & cette chaux de molÿbdène donne certains réfultats analogues à ceux que nous donne la chaux d’antimoine préparée de la même manière; mais la molybdène différe de l’antimoine, en ce que comme ce dernier , elle n’eft pas attaquée par les alkalis par la voie humide. L’antimoine donne un régule qui fond avec facilité : celui de la molybdène à un très-prand feu s’agglutine légèrement. La molybdène donne des traits argentins : l’antimoine donne des traits noirs. Voilà , je crois , des caraétères qui mettent des différences entre ces deux fubftances métalliques ; & ceux qui leur font communs, nous fourniffent des fondemens folides, pour regarder la molybdène, comme une marière métallique particulière, & je ne la confidérerai point (d'après Schéele ) comme un acide minéralifé par le foufre, mais plutôt comme une fubftance métallique unie au foufre. I] peut très bien fe faire aufli que la facilité qu'a la molybdène à perdre fon phlogiftique & fon infufbilité, l'ait faic méconnoître jufqu’à préfent, & je ne doute point qu'on ne trouve, foit le régule de molybdène , foit fa chaux , unis naturellement au cuivre , au fer, &c. comme nous venons de le trouver uni au foufre ; la place de ce nouveau métal fera dans les demi-méraux & parmi eux , il fera une efpèce bien particulière, puifqu'il eft le plus réfractaire de trous. Toutes ces expériences ont été faites avec la molybdène d’Altemberg ; c'eft celle que j'ai pu me procurer en plus grande quantité; j'ai eu occafion aufli d’eflayer différentes molybdènes , dont je vais donner un court récit, De la Molybdène d'Iflande. Cette efpèce de molybdène fe trouve par lames dans du feld-fparh rouge mêlé de quartz, & leur difpofition eft telle, qu'on prendroir le 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; morceau pour un granit qui feroit compofé de quartz, feld -fparh rouge, & mica argentin ; J'ai eu l'attention d'enlever aflez de ces lames pour pouvoir les foumettre à l’analyfe , & je me fuis afluré que traitées avec Pacide nitreux, elles étoient changées en une chaux blanche acide, qui jouifloit de toutes les propriétés de la chaux acide de molybdène ; & qui étant enfuite mife à l'état de régule, pouvoit s'unir avec les autres fubftances métalliques , &c. Mo!ybdène de Château-Lambert. M. le Lièvre , Ingénieur de l'Ecole des Mines, m'a remis des échan- tillons de molybdène qu'il a ramaflés dans les Halles de la mine nommée Grande-Montagne de Château-Lambert ; près le Tillot, où on exploitoit autrefois une mine de cuivre: M, le Lièvre en a rapporté trois échan- tillons, qui font abfolument femblables à ceux d'iflande. J'ai foumis à l'analyfe la molybdène que j'ai féparée de ces échantillons. l'acide nitreux l'a changée en chaux blanche; la calcination l'a faic pañler à l'érat de chaux & de fleurs argentines. Les alkalis fixes l'one attaquée par la voie sèche, &c. Je crois donc pouvoir aflurer que nous avons en France la molybdène, & qu'elle accompagne de même la mine de cuivre, comme, elle l'accompagne en {flande. On doit aufi trouver la molybdène en Efpagne, d’après ce qu'en a dit Guillaume Bowles. Voici ce qu’il rapporte : « A une demi-lieue d’un petit hameau + nommé le Real de Monaflerio , je découvris une mine de plomb à >» defliner, qui eft une efpèce de molybdène, maïs non pas de la véritable ; » car celle-ci ne fe trouve que dans des bancs de grès mêélés quelquefois » de granit ». J'ai déjà obfervé à l'article plombagine d'Efpagne , que Bowles connoiffloit la plombagine; ce qui me fair préfumer que celle qu'il décrir eft la molybdène, d'autant qu'il la trouve différente de la vraie mine de plomb à defliner, & qu'il la rencontrée dans le quartz & le granit, comme on la trouve à Château - Lambert & en Iflande. Molybdene de Nordberg accompagnée de fer. Cette variété de molybdène m'a été fournie par M. Romé de Lille, & elle fe trouve décrite dans fa Defcription méthodique des minéraux, page 168. Le fer qui s'y trouve eft très-attirable à l'aimanr ; & on voit bien qu'il eft féparé de la molybdène , quoique l’un & l’autre foienc mélés d’une manière affez conftante, pour n'être vus féparés qu'à la faveur d'une forte loupe , qui permet de diflinguer la molybdène en perires lames, & le fer en petits grains d'une couleur noire. Après lavoir réduite en poudre fine, j'en at féparé par l'aimant toute la portion attirable, & ce qui reftoit ne différoit point, quant à la NS PE Ne US CN 1 nb ÿ. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 couleur , de la molybdène pulvérifée, & à lanalyfe elle s’eft comportée comme la molybdène d’Altemberg. Si on la traite avec l'acide marin, avant d’en avoir féparé le fer, ce dernier eft diflous en entier, & la molybdène refte alors dans fon état brillant. Molybdène de Hackefpicken, Paroiffe de. Nordberg , en Suède: Je dois aufli à M. Romé de Lille certe variété, & elle eft décrite dans l'Ouvrage que je viens de citer ( page 167) fous la dénomination de molybdène feuilletée dans une ftéatite blanche. En effet, la molybdène Sy trouve par couches très-minces , féparées par une argile blanche. | On peut féparer une portion de cette dernière par la vitriolifation , & Ja molybdène qui refte fe calcine au feu, peur être réduire en chaux blanche par lacide nitreux , & elle m'a donné tous les autres réfulrats que j'ai eus avec la molybdène d’Altemberg. SECONDE SUITE DE LA DERNIÈRE PARTIE DES EXPÉRIENCES DE M KIRWAN, SUR LES AFFINITÉS (1); Traduite de l'Anglois, par Madame PY***, de Dijon, De l'affinité des acides minéraux avec les fubflances métalliques. Ave ÈS avoir établi dans toutes les circonftances, les rapports des quantités de chacune des bafes alkalines ou rerreufes que prend, pour fa faturation, un poids donné de chacun des trois acides minéraux, & déterminé la fomme d’affinité que chaque acide a avec chaque bafe, j'ai naturellement porté mes vues fur les fubftances métalliques, pour voir s'il feroit poflible de les foumertre au même calcul. Mais il y a tant de difficultés dans ces recherches, qu'on ne doit pas s’atrendre à trouver ici la même certitude que dans les précédentes expériences, (1) Voyez le Cahier d’o&tobre dernier , page 250 , & celui de novembre, page 321. Suivant une lettre de M. Kirwan à M. de Morveau la faute d’impreflion de l'original anglois dont il eft fait mention ci-devant , page 252, dans Ja note, doit être corrigée comme il fuit: La proportion de l'acide à l’eau étoir :; 3: 5 dans celui dont je me fuis fervi. Si le rapport étoir ::1:4, 6. 448 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les fubftances métalliques dans leur étar de pureté, font, ou dans un état de régule, ou en état de chaux. Si ces chaux font faites par le feu, elles font toujours plus où moins chargées d’acide méphitique donc il eft:très-difficile de les priver, & qu'elles reprennent très-prompte- ment: {i elles font formées par précipitation, elles retiennent toujours une portion du difflolvanc ou du précipicant; de forte qu'il n’eft guère poflible de déterminer avec quelque précifion Le poids des vraies parties métalliques. Mais quand cela feroit facile, mon objet ne pourroit être rempli encore complerrement de cette manière, parce que La plupart des chaux métalliques, lorfqu'elles font erès-déphlogiftiquées, font in- folubles dans quelques acides, & même dans tour. C'eft pourquoi j'ai référé de prendre pour mes expériences ces fubftances dans l’état mé- tallique. Elles font alors compefées d'une terre fpécifiquement différente, & de phlogiftique ; donc il faut qu'elles perdent une partie avant de pouvoir être difloutes dans les acides; mais indépendamment de celui qui fe diflipe en forme de gaz, il y en a une partie bien plus confidérable, qui, quoique féparée de la terre métallique; eft cependant retenue dans la diflolution par le compofé d’acide & de chaux. C'eft cette chaux ainfi différemment déphlogiftiquée dont j'ai cherché à dérerminer les pro- portions. À L La grande difficulté qui s'eft préfentée dans ces recherches, étoit de trouver l'exaéte quantité d'acide néceflaire à la faturation des fubftances métalliques, car toutes les diffolutions métalliques alrèrene en’ rouge l'infufion de tournefol, & par conféquent tiennent de l'acide par excès. C'eft pour cela que les fels formés par une jufe proportion d'acide & de chaux, font à-peu-près infolubles dans les liqueurs qui ne tiennent pas une quantité furabondante d'acide; & dans bien des cas, cette quantité ou ce qui eft la même chofë, fa proportion à celle de l’eau doit être rrès-confidérable, comme dans les diliolutions de bifmuth. J’ai effayé an vain de reprendre cer excès d'acide par les alkalis caufliques ou par Peau de chaux, car il fuffit d'enlever à ces diffolutions une portion de V’acide furabondant, pour qu’il fe précipite déjà beaucoup de métal, & il n’en refteroit point, fi on les en privoit entièrement, J'ai donc été obligé d'employer différences méthodes , dont je vais donner des exemples, : La diffolution d'argent dans l'acide nitreux, pouvant être portée très- rès de la faturation, je la fis fervir à mes premiers effais. 657 grains de certe diffolurion contenoient fuivant mon calcul, & en tenant compte de la quantité d'acide changé en gaz nitreux, 31,38 d'acide réel, & 100 grains d'argent. J'ai trouvé que 9 grains de cette diflolution coloraient fenfiblement en rouge la même quantité d’infufion de tournefol délayée, qu'une quantité d'efprit de nitre qui contiendroit 0,8 de grain d'acide réel ; d'où j'ai conclu que ces 9 grains contenoient environ O,8 grain d'acide par excès; or, {i 9 grains contiennent cette quantité en excès SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 449 excès, toute [a diffolution doit contenir environ 5,6 d'acide furabondant , & déduifant cette fomme de 31,38, on trouve 25,78 grsiis pour la quantité d'acide néceflaire à la faturation de 100 grains d’argent. J'ai éprouvé de la même manière plufieurs autres diflolutions métalliques, Les diflolutions vitrioliques d'étain , de bifmuth, d'antimoine , de nickel! , d’arfenic contenant beaucoup d'acide furabondant, j'ai commencé par en faturer une partie avec l’alkali volatil cauftique, avant de les effayer avec l'infufñion de tournefol, & j'ai employé le mème expédient pour les diflolutions nitreufes de fer, de plomb, d’étain & d’antimoine, & toutes les diffolutions muriatiques. J'ai déterminé la proportion d'acide vitriolique & muriatique que prennent le plomb, l'argent & le mercure, en calculant la quantité d’acide réel , néceflaire pour précipiter ces métaux de leurs diffolutions dans l'acide nitreux; & cette méthode m'a paru la plus exaéte, Cependant comme tous ces vitriols métalliques font folubles, quoiqu’à un foible degré, dans l'acide nitreux, j'ai été obligé de rectifier les réfultats par é’autres opérations; & j'ai trouvé que cela étoit également néceflaire à l'égard des muriares de plomb & de mercure. IL réfulte de ces expériences que 109 grains de chacun de ces acides prennent au point de faturation, les quantités indiquées dans la table fuivante, de chaque fubftance métallique déphlogiftiquée au degré né- ceffaire pour leur diffolution dans ces acides ; ce qui exprime en mème rems le degré d'affinité de chaque métal avec ces acides, Table des affinités des trois Acides minéraux avec les fubflances métalliques. 1 1 Ar- | Mer- Bi- IVi Ani- | Ar- i + [Cuivre] Etain, | Plonb. Z F oo grains.} Fer. |Cuiyre.| Etaën,| Plomb gent. | cur OA BEN) ES Seri Acide 2% vitriolique.| 270 | 260 | 138 | 412 | 390 | 432 | 318 | 310 | 320 | 360 | 200 | 260 Acide nitreux, 255 | 255 | 120 | 365 | 375 | 416 | 304 | 290 | 300 | 350 | 194 | 220 Acide 250 | 275 muriatique.| 26< | 263 | 130 | 400 | 410 | 438 | 312 | 320 | 310 | 370 | 198 | 290 « Je ne prétends pas dire que ces nombres foient précifement tels que me les auroit donnés l’obfervation de la couleur de l'infufion de tourne- fol; car ces indices font fi incertaines, que je ne pouvois y prendre une entière confiance; j'ai donc arrangé ces nombres, ainfi que le demandoient les autres phénomènes. Néanmoins les réfultats ne s’écartent pas affez Tome X XVII, Part. IL, 1985. DECEMBRE. Lil ’ aÿo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour faire dourer que dés rerres métalliques n'aient prefque toutes une plus grande affinité avec les trois acides minéraux, que les alkalis eux- mêmes, Cependant les cables ordinaires qui placent les fubftances métal- liques après toutes les autres, font exactes ; il faut feulement changer leur titre, car elles font, dans le fait, plutôt des sables de préoipitation que des tables d'affinités , pour ce qui regarde les fubftances métalliques, indiquant l'ordre dans lequel les métaux fe précipitent les uns les autres des diférens acides. Mais ces précipitations font exactement le réfultar d’une affinité double & d’une décempolition, le métal précipitant donnant fon phlo- giftique au métal précipité; tandis que le métal précipité cède fon acide au métal précipitant, Cette obfervation n'a pas échappé à la fagacité de M. Bergman (1); ce qu’il a même confirmé par des expériences que j'ai répétées, & que j'ai trouvées exactes. Ainfi, quoique le cuivre dans fa forme métallique précipire très-facilement l'argent & le mercure de l'acide nitreux , cependant la chaux de cuivre ne précipite ni lunsni l’autre. L'affinité plus grande des acides avec les terres métalliques, qu'avec les alkalis & les terres non-métalliques, exige une explication plus étendue; je la donnerai ici par quelques exemples, & je choifirai pour cela les métaux que l'on regarde communément comme ayant le moins d’affinité avec lés acides. Il paroît d’abord par une expérience curieufe de M. Monnet (2), que fi on verfe de la diflolution nitreufe d'argent dans un mélange d’alkali fixe & de fel commun en liqueur, l'argent eft précipité par l'acide .du fel commun, & cet acide n’eft pas retenu par l'alkali hbre dans la liqueur, car on trouve du muriate d'argent ou lune cornée. Si l'acide nitreux avoit réellément une plus grande affinité avec l'alkali libre qu’avec l'argent, il eft évidenc que la décompofition fe feroit faite par l’alkali libre, & qu'alors l'argent auroit été précipité feul , au lieu de fe trouver en état de fel muriatique; mais comme il a été précipité en muriate d'argent, en peut conclure que fa précipitation n’a pas été produite par affinité fimple , mais par affinité double, De-là il fuit encore que l'acide muria- tique a plus d’afinité avec l'argent que l'acide nitreux n’en a avec les alkalis fixes. J'ai répété cette expérience avec des diffolutions nitreufes de plomb _& de mercure, le réfultat a été le mème : il s’eft formé du mutiate de plomb &-du muriate mercuriel. Pour ce qui eft du mercure, on connoît les expériences de M. Bayen; il'a fait voir que le vitriol de plomb & le muriate mercuriel corrofif ne pouvoient être privés, .même par les alkalis fxes caufliques, que de la moitié de leur acide(3). y RE IR EE @) Nov. Aë&a Up. tom. 2, page 205. (2) Diffol. des métaux, pag. 159. (3) Rozier, tom. 3, page 293. . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES: ARTS, 4$x : Par rapport au plomb, ff on jette du fel'commun:bien fec fur du. plomb chauffé jufqu'au rouge, le fel commun fera décompofé, & il fe formera du muriate de plomb (1). Cela ne peut être attribué la volatilifation de l'acide par la chaleur, puifque l’atkali eft aufi fixe que le plomb : la vraie caufe eft donc l'affinité plus grande du plomb avec lacide.auquel il peut s'unir quand, il eft déphlogittiqué. M. Schéele;a obfervé que, lorfqu'on faifoit digérer une diflolution.de:fel commun.fur la,litharge, le fel com- mun eft décompofé, & il s’en fépare de l'alkali cauftique (2); ila auñ décompofé le fel- commun, en faifant fimplement pafler fa diflolution dans un entonnoir rempli de litharge pulvérifée (3,). M. Turner le dé- compofe ainfi journellement, M. Schéele a de même réufli à. décompofer le muriate calcaire par la litharge, au moyen, d'un fimple mélange fans employer la chaleur, & la terre calcaire seft féparée en état cauftique. D'où il réfulre que ce fel eft décompofé par affinité fimple plus grande de la chaux métallique avec l'acide muriatique (4). : Il paroît dans plufeurs circonitances, que les acides ont moins d’affinité avec l’alkali volatil, qu'avec les fubftances métalliques. On fait que le muriate d'argent eft foluble dans l’atkali volatil; fi on triture cette diffclution avec quatre fois fon poids de mercure, l'acide muriarique s’unit au mercure & noñ à l’alkali volatil; car c’eft du muriate mercuriel qui fe forme, & non du fel ammoniac, ainfi que l’a obfervé M. Margraff. Que l'on triture de même deux parties de fel ammoniac , avec une partie de limaille de fer, on fent bientôt une odeur d’alkali volatil; fi au lieu de fer, on emploie du minium, de l’antimoine diaphorétique ou du zinc ; l'odeur fe fait feñtir à l’inftanc du mélange (5). Mais , dira-r-on, comment arrive-t-il que toutes les diflolutions métalliques foient pré- cipitées par les alkalis & les terres? La réponfe eft aifée : tous les fels métalliques font tenus en diflolution par un excès d'acide: que les alkalis & les rerres abforbent fimplement cet excès, ik y aura néceflairement précipitation; mais ils font encore plus, ils prennent la plus grande partie de la proportion même d'acide néceffaire à la faruration de la rerré mé- tallique, & c’eft par le moyen d'une double affinité, qu'ils font capables de produire cet effet, car il ne fe dégage, pendant la diflolution des métaux, qu'une petite partie du phlogiftique qu’ils tiennent, & le furplus eft fixé dans le compofé d'acide & de chaux : c’eft pourquoi lorfqu’on ajoute un alkali ou une terre à cette diffolution, le phlogiftique abandonne (x) : Marprafr, Opufc. tom. 1, page 35. (2) Schéele ,; Traité du feu. (3) Scheïfér , Leçons de Chimie, €. ç9. (4) Schéele, Traité du feu, ; (5) Savans étrangers, tome IX , page 575. M. Monnet, Diflol. des métaux , pag. 74 & 209. 1 1: - n Sù 10 l Ja Vel Tome XXVIT, Part, IT, 1785. DECEMBRE. Lila \ 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pacide, & fe recombine avec la chaux, tandis que la plus grande partie de l’acide s’unit au précipitant. Malgré cette grande affinité des terres métalliques avec les acides ; les fels qui ont pour bafe un alkalj fixe ou une terre, ne font dé- compofés que dans un petit nombre de circonftances, par les métaux ou par leurs chaux; par la raifon que ces acides , lorfqu'ils font combinés avec ces bafes, & en conféquence, privés de la plus grande partie de leur feu fpécifique, ne font pas en état de volatilifer le phlogiftique uni aux chaux métalliques; elles font généralement combinées avec l'acide méphitique qui doit aufli en partie en être chaflé. Les fels ammoniacaux contenant beaucoup plus de feu (car ils l'ab- forbent pendant leur formation), ils agiflenc par cette raifon bien plus puifflamment fur les métaux. Suppofant maintenant les affinités des acides minéraux avec les fubftances métalliques, comme ci-deflus, il eft facile d'expliquer toute décompofition double dans laquelle on confidère feu- lement des fels qui contiennent des acides unis aux terres alkalines ou à des bafes métalliques; non que je veuille dire qu'elles ne puiflent être expliquées différemment. Ainfi quand on mêle en proportion conve- nable ( ce qui eft toujours fuppofé), une diflolution de vitriol de porafle, avec la diffolution nitreufe d'argent, il fe forme du nitre & du vitriol d'argent, & le dernier fe précipite pour la plus grande partie, Affinités quiefcentes. Affinités divellentes. De l'acide nitreux avec lar-| De Pacide nitreux avec la po- DÉDE= ao) ate ei ae Niels 43 7.0 De l'acide vitriolique avec la potafle.......... 215 — E RC PRES pe Dh Eee) tale RO APS De l'acide vitriolique avec l'argent. .......... 360 Mots NE AE = SE NCON ILen eft de même f au lieu de vitriol de potafle, on emploie du vitriol de foude , du vitriol ammoniacal, de Ja félénite, da vitriol magnéfien ou de l’alun; car dans tous les cas, la fomme des forces divellentes eft conftamment fupérieure : cependant les diffolutions de félénite & d’alun ne doñnent que peu de précipité, J'ai encore trouvé que la diflolution d'argent étoit précipitée par les diflolutions vitrioliques de fer, de cuivre, d’étain, & probablement par bien d’autres diffolutions par le même acide; s'il n’y en a pas d’autres raifons, c’eft du moins parce qu’elles font conftamment avec excès d'acide. Mais fi on mêle une diflolution d'argent faturée avec une diflolution vitriolique de plomb ou de mercure, également faturée, l'argent n’eft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 - pas précipité, ainfi que je lai obfervé ; dans ces deux cas, la balance eft en faveur des affinités quiefcentes. La diffolution nitreufe d'argent eft aufli décompofée, & Pargent préci- pité par tous Les fels neutres muriatiques, que leurs bafes foient alkalines x terreufes ou métalliques , ainfi que je l'ai éprouvé, & ces décompofirions font conftamment annoncées par le calcul des affinités telles qu'elles fonc indiquées ci-deflus. Je me fuis afluré que la diflolution vitriolique d’argent étoit de même précipitée par tous les muriates aikalins terreux ou métalliques, comme le demande la comparaifon des affinités, Le nitre de plomb eft pareillement décompofé, & le plomb précipité par la plus grande partie en état de vitriol de plomb, par tous les fels neutres virioliques; à moins que la diflolution ne foit très-délayée; la même chofe arrive avec les fels neutres muriatiques , excepté le muriate d'argent, qui le précipite feulement à raifon de fon excès d'acide, Le muriate de plomb eft décompofé par tous les fels neutres vivrioliques ; à l’exception de la félénite & du vitriol de nickel qui ne le précipicenc que par rapport à l'excès d'acide. Le nitre mercuriel eft aufli décompofé, & le mercure précipité en État de vitriol de mercure, par tous les fels neutres isrioliques , excepté le vitriol de plomb qui le décompofe feulement par un excès d'acide, La diffolution nirreufe mercurielle eft également décompofée par tous les muriates d'argent & de plomb, qui n'agiflent que par un excès d’acide, À Le vitriol de mercure eft décompofé par les fels neutres muriariques , comme on doit s’y attendre d’après l’expofition des forces divellentes ; cependant j’ai obfervé qu'il n’y avoir pas toujours précipitation , fur-tout quand on emploie le muriate alumineux , auquel j'attribue la facilité avec laquelle une petite quantité de muriate mercuriel fe diflout dans un excès d’acide, Le muriate d'argent ne décompofe le vitriol de mercure que par l'excès d'acide, On voi: par-là pourquoi le muriate d'argent ne peut être réduit fans perte par l’alkali fixe, ainfi que M. Maroraff l’a obfervé, & il ne feroic décompofé d’aucune manière, fi lation de la chaleur n'aïdoit l’alkali, Si on verfe de acide vitriolique dans une diflolution de muriate mercuriel corroff, il y a précipitation; mais, comme M. Bergman le remarque très-bien, cela ne vient pas d’une décompofition, mais de ce que l'acide vitriolique s’approprie l'eau qui tenoit en diflolution le fel mercuriel, Un peu d’acide nitreux ajouté à une diflolution de virriol de fer, la trouble fur le champ; parce que l'acide nitreux déphlosiftique trop la chaux de fer; mais en ajoutant encore plus d'acide, on rend la tranf- parence, parce que la chaux déphlogiftiquée eft elle-même foluble dans 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une plus grande quantité d’acide. Je ne parle pas d’un grand nombre d’autres phénomènes curieux que l'on peut expliquer par ces prin- cipes. 4 J'ai indiqué dans la table précédente, deux affinités différentes de Vacide vitriolique avec le bifmuth, & aufi de l'acide muriatique par rapport au nickel & au bifmuth. Le premier nombre eft pour l'afinité de ces acides avec ces métaux, lorfqu’ils font feulement déphlogiftiqués par leur diffolution dans ces acides; le fecond exprime l'affinité de ces acides avec les mêmes métaux, lorfqu'ils font plus déphlogiftiqués ; comme lorfqu’ils ont été diffous dans l'acide nitreux. D'autre côté, tous les acides ont moins d’affinité avec les chaux de fer, de zinc, d’étain & d’antimoine, quand elles font déphlogiftiquées à un certain degré; mais comme je ne pourrois rien donner de certain fur cette déphlogiftication , je n’entreprendrai pas d'indiquer la diminution qu'elle caufe dans les affinités de ces acides. De la précipitation des métaux l'un par l’autre dans les acides minéraux. Me voici parvenu au dernier point de mes recherches, & le plus difficile à déterminer avec la précifion que j'ai cherché à mettre dans la première partie; car en premier lieu, il eft néceflaire de trouver la quantité de phlogiftique que contient chaque métal, non-feulement en général , mais éncore fuivant les différens degrés de phlogiftication par les différens acides. Sur ce dernier article, je n’ofe me fatter d'être arrivé à quelque chofe de certain; cependant j'efpère que ce que j'avance ne fera pas inutile aux Chimiftes, puifqu'il n’eft pas tout-à-fait fans fondement , qu'il s'accorde au contraire avec un grand nombre de faits-chimiques, & qu'il fe prête à l'explication de tous les phénomènes, De là quantité abfolue de phlogiflique dans les métaux. La proportion de phlogiftique dans les fubftances métalliques les unes par rapport aux autres, a été établie par M. Bergman d’une manière fi fupérieure, que je la fais fervir de bafe à mes recherches. Après fes découvertes, il ne reftoit plus qu’à trouver la quantité abfolue de phlo: giftique dans quelques-uns des métaux, car alors on la détermine facile. ent pour tous les autres par lé calcul. Jai choifi pour cela l'arfenic (en régule) comme fe laïffant plus facilement déphlogiftiquer ; quoique non-complettement. = Cent grains d'arfenic, diffous dans l'acide nitreux , délayés;comme il a été dit, ont donné 102,4 pouces cubiques da gaz nitreux, le baromètre étant à 30 degrés, & ie chermomètre à 60 degrés. Je dois ajouter que l'expérience n'a été faite que für cinq grains, & que j'ai énfuite déterminé par le calcul la quantité que donneroïent 109 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘4ÿf$ grains , mais j'ai répété trois fois l'expérience avec même réfultar. J’ai cherché à obtenir plus de gaz du réfidu à une évaporation modérée, mais quoique le nouvel acide nitreux foit devenu rouge , la quantité de gaz fut très-peu confidérable. ; Cette quantité de gaz nitreux contenant 6,86 grains de phlooiftique ; ainfi qu’on peut le voir dans mon premier Mémoire, j'en conclus que 100 grains d'arfenic ( en régule) contiennent 6,86 grains de phlo- giftique , l’arfenic avoit été préparé par M. Woulfe, & il étroit très- brillant. Ainfi la proportion refpective de phlogiftique étant comme:l’a tronvé M. Bergman , & comme l'indique la première colonne de Ja Table fuivante , la quantité abfolue fera comme on le voit dans la feconde colonne, Quantiré relative Quantité de phlogiflique. abfolue. Pour 100 grains d'or.........,...,304 :...... 24,82 de‘cuivre. 4.54%. 312 :.....1 196$ dé cobalt. 4. 24e 4% 270 sel « 17OE de fer....,....... 233 .....4.. 1407 de zinc........s.. 182 ...... 11,46 de nickel. ..... OR TESO LT IS d'antimoine......... 120 ....... 7,56 d'étains . sos ses 114 vnccess 7,18 d'affenic files Re Ncte dEO9 aranié eee (38 G d'argent. ......,...,. 100 ...:... 6,30 de mercure. . ....... 74 ..#.... 4,56 de bifmuth......... $7 +... 3,59 de plomb.....,.... 43 js... 270 Cet article mayant paru de quelqu'importance , j'ai cherché à confirmer les réfultats par d'autres expériences ,.& comme l'argent perd une certaine quantité de phlogiftique qui s’en fépare pendant fa difflo- durion dans l'acide nitreux , j'ai imaginé que fi la diffolution n'étoit pas -expofée à recevoir du phlogiftique de quelque fubitance, & qu'elle füc diftillée à ficciré, & l'argent entièrement féparé de l'acide, autant que .cela eft poflible fans le réduire, on trouveroit par la comparaifon {a quantité de phlogiftique qu'il auroit perdu, & fi cette quantité corref- pondoit à celle qui eft indiquée pour l'argent dans la Table précé- dente, on pourtoit la regarder comme exacte, 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dans cette vue j’ai fair diffoudre 120 grains de limaille pure d’argent de monnoie dans l'acide nitreux, déphlogiftiqué & affoibli , & j'en ai obtenu 24 pouces cubiques de gaz nitreux. J'ai fait évaporer doucement la diffolution à ficcité, & j'ai trouvé qu'il s’étoic volarilifé de r’argent, mais qui n’alloit pas à plus d'un quart de grain. Je diftillsi enfue ce réfidu fec, & je le tins une heure au rouge prefque blanc , dans une cornue de verre verd couverte de lut. Pendant la dittillation il s’éleva beaucoup d'acide nitreux , il fe forma au col de la cornue un fublimé verd & blanc qui pafla même dans le récipient. Quand tout fut refroidi , je caflai la cornue, l’intérieur étoit pénétré jufques dans fa fubitance d’une teinte jaune & rouge, & couvert en partie d'une poudre d'argent très-fine qu'il étoit difhcile d’en détacher. Le refte de l'argent étoit parfaitement blanc & exempt d’acide, mais non-coulé en bouton; l'ayant exactement recueilli , il fe trouva peler 94 grains, il y avoit donc une perte de 26 grains, c’elt-à-dire, qu'ils éroienc fublimés ou vitriñés. Mais de ces 26 grains , il y en avoit 9 de cuivre ( car 100 grains d'argent de monnoie contiennent 7 :-de cuivre), il n'y avoit par confquent que 17 grains d’argent pur qui n’avoient pas été réduits ayant été volatilifés ou vitrifiés, Maintenant la quantité d’argent pur dans 120 grains d'argent de monnoie étant de 111 grains, fi III grains perdent 17 en perdant leur phlogiftique, 100 grains d'argent pur perdroient 15,3 , & fuivant la Table ci deflus 15,3 grains d'argent contiendroient 0,945 de grain de phlogiftique. Voyons à préfent fi cette quantité de phlogiftique répond à celle que 100 grains d'argent pur perdent réellement pendant leur diffolution dans l'acide nitreux. Cent grains d'argent pur donnent, comme on l'a déjà vu, 14 pouces cubiques de gaz nitreux, qui, fuivant mon calcul, contiennent 0,938 de grain de phlogiltique, ce qui ne differe de 0,945 que de —7—. La partie nan réduite de l'argent étroit de 1000 15,3 grains; & en calculant ce qu’elle feroic en raifon de la perte de” phlogiftique contenu dans le gaz nitreux, elle fe trouveroir de 14,9 grains; ce qui ne donne qu'une différence qui ne mérite pas attention. Dans certe expérience , il n’y a eu d'argent fublimé que celui qui ne pouvoit reprendre du phlogiftique; le refle en a repris du gaz nitreux abforbé par la diffolurion, & aufli de celui qui eft demeuré uni à l'acide & à la chaux. Si cela n'étoit pas ainfi, je ne vois pas pourquoi tout largent ne fe feroit pas fublimé. De plus, le doéteur Prieftley ayant plufeurs fois diffous du mercure dans l'acide nitreux & l'ayant enfuite révivifié en diftillant l'acide, il en a conftamment trouvé une portion confidérable non-réduite. Pour voir fi cette proportion s'accordoit avec mon calcul , j'ai examiné l'expé- rience qu'il a faite avec le plus de foin, & qui fe trouve dans fon quatrième volume. Nous y voyons qu'ayant diflous 321 grains de mercure dens l'acide nitreux, il refta 36 grains de mercure non-réduit, Lu uivan / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 497 fuivant mon calcul , il en refteroit ÿ6 grains de non-1éduit, car,100 grains de mercure donnent 12 pouces cubiques de gaz nitreux, ainfi 321 grains en donneroient 38,52, qui contiennent 2,58 de phlogiftique, & puifque ( fuivant la Table) il faut 4,56 de phlogiftique pour réduire 100 grains de mercure, il en faut 2,58 pour révivifier 6 grains: & je fuis couvaincu , par ma propre expérience, qu'on en auroit trouvé plus de fo grains non-réduits, fi on eñr employé de l'acide nitreux déphlogifliqué, & que la difolution eûr été faire à froid & dans un acide affoibli ; mais l’acide dont {8 fervoit le docteur Prieftley étant rouge ou jaune, il contenoit déjà beaucoup de phlogiftique qui a contribué à révivifer plus de mercure qu’il n’y en auroit eu fans cela. Il eft vrai que le docteur Prieltley a enfuite révivifié une grande partie du mercure qui étoit d’abord refté non-réduit ; mais cela n’eft arrivé qu'après qu'il avoit été expofé à l'air libre, duquel les chaux des métaux parfaits attirent toujours le phlo- giftique, comme on le voit clairement par rapport au muriate d'argent qui noircit lorfqu'on le laifle à l'air, & de-là viennent encore les réductions obfervées par M. Bayen. M. Prieftley à qui la Chimie doit déjà tant d'expériences lumineufes, a bien voulu m'en fournir encore quelques-unes qui tendent plus directe- ment à éclaircir cette queftion. Dans une de ces expériences, il a trouvé que 118 grains de minium dont il avoit chaffé tout le gaz, avoient abforbé 40 mefures de gaz inflammable , ou 75,8 pouces cubiques , ce qui revient à 2,6$ grains de phlogiftique , & alors s’étoient trouvés réduits : ainfi 100 grains de -minium demanderoïent pour leur réduétion environ 2,25 de phlogiftique. Dans une autre expérience faite avec le plus de foin, il a trouvé que 480 grains de minium abforboïent 108 melures de gaz inflammable ; d’après cela 100 grains de minium exigent pour leur réduction 1,49 grain de phlogiftique; enfin , dans deux autres expériences il a trouvé une quantité encore plus foible. Sur cela j'obferve 1°. que le minium s’étoit pas déphlogiftiqué cont- plettement; car indépendamment de ce qu'il n’eft jamais également calciné , ila dû s’en réduire une partie pendant l'expulfion de fon air; 2°. que la quantité de phlogiftique dans le gaz inflammable avoit été plus confidérable, parce qu’elle varie fuivant la température & le poids de l’atmofphère. Ainfi , à tout prendre , ces expériences confirment les réfultats indiqués dans la Table, La Juite dans le prochain Cahier, n\70/24 Tome XXVIT, Part. 11, 1785. DECEMBRE. Mmm 4;8 (OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qe es à EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LA STRUCTURE DES DIVERS CRISTAUX MÉTALLIQUES, Lu à l'Académie Royale des Sciences , le $ Février 178$ ; Par M. l'Abbé HA ù y. Leon de ce Mémoire, dans les différentes recherches qu'il avoit faites jufqu'alors , pour eflayer de répandre du jour fur la criftallifation, s'éroit borné prefqu'uniquement à la confidération des criftaux que nous offrent les pierres & les fels. Il donne ici une nouvelle extenfion à fa théorie, en l'appliquant à plufeurs fortes de fubftances méralliques , telles que Les pyrites ferrugineufes , les criftaux de cobalt arfenical & ceux de la mine de ter de Pile d’Elbe. Tous ces criftaux, maloré leur dureté, fe prêtent aux fections que l’on tente d'y faire, pour découvrir les joints naturels de leurs lames, & déterminer la figure de leurs molécules inté- grantes. Cetre figure eft ici celle du cube, & il réfulre du travail de lAureur , que les lames compoñfantes des criftaux dont il s’agit fonc fujerres aux mêmes loix de décroiflemens qu'il avoit obfervées par rapport aux criftaux pierreux & falins, & dont il a prouvé lexiftence & développé la marche dans fon Effai d'une théorie fur la ftructure des criftaux. Cetre théorie fe généralife ainfi de plus en plus, & d’aprèsle grand nombre d'applications qui en ont été faites à des fubftances très-différenres les unes des autres, il ne refte aucun lieu de douter, que la totalité des formes géométriques que préfente le règne minéral, & qu’on avoit regardées pendant long-tems comme de fimples jeux de la nature , ne fe trouve foumife à des loix régulières , dont les actions ont leur mefure & leurs limites. 4 Nous nous bornerons, dans cet extrait , à citer quelques-unes des applications de l’Auteur. Pyries ferrugineufes à douze faces pentagonales (fig. s). Les dodecaëdres de cette pyrite font différens du dodecaëdre régulier de la géométrie, qui a tous fes angles ainfi que tous fes côtés égaux entr'eux. Soit À & Zm2 l’une des faces du criftal que nous confidérons ici. On aura AK/— 121° 35° 17". mih—iml— 102° 36 19". 1hk— mlk= 106° 35’ 57" 30". Par où l’on voit que l’angle au fommet du SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 pentagone differe des quatre autres, & que ceux-ci ne font égaux que deux à deux. Quant aux côtés du pentagone , celui qui fair la bafe diffère pareille- ment des quatre autres: mais ceux-ci font égaux entr'eux , en forte que Fexpreflion de la bafe £m étant 6, celle de chacun des autres côtés {era V/21. Toutes ces mefures, tant celles des angles que des côtés, fe - déduifent facilement des données que fournit la ftruêure du criftal. Pour trouver cette ftructure, il faut chercher quelle eft la Loi de décroiffement en vertu de laquelle des lames compofées de molécules cubiques , peuvent produire un dodecaëdre tel que celui qui vient d'être . décrit. Or, fi l’on fait paffer des lignes droites 2/,1k,hs,2s, &c. qui interceptent les côtés de tous les angles fupérieurs des pentagones, ces lignes formeront fix quarrés, tels que :/ As, difpofés comme les fx faces dun cube, quil faut regarder comme le noyau du criftal. Aufli les fections faites dans ce criftal font-elles toujours parallèles aux faces du noyau cubique, La matière appliquée fur ce cube forme fix efpèces de pyramides quadranoulaires, dont le fommer, au lieu d'être en pointe, fe prolonge en forme d’arrète m1. 3 En mefurant l'inclinaifon d’une des faces en trapèze 4/mi de ces pyramides , fur la face correfpondante 4 /#s du cube , on s’apperçoit que cette inclinaifon eft fenfiblement plus grande que celle de 45° qui réfulteroit d’un décroiflement par une fimple rangée de molécules; ce qui feul indique d’une manière très-probable, qu’il y a deux rangées de molécules fouftraites fur deux bords oppofés AZ, se, des lames de fuper- pofition. Or, les faces triangulaires À £ / de chaque pyramide érant fur le même plan que les trapèzes ml, adjacens dans la pyramide voiline, on trouve que cet effet ne peut avoir lieu que dans le cas où les lames de fuperpoñition décroîtroient vers leurs deux autres bords 27, }s, fuivant un ordre inverfe, c’eft-à-dire, que les décroiflemens qui donnent les trapèzes fe faifant par deux rangées de molécules , dans le fens de la largeur, les autres décroiffemens fe feront aufli par deux rangées , mais dans le fens de la hauteur , en forte que d’une part il y aura deux rangées fouftraites d'une lame à la fuivante, & de l'autre une fimple rangée fouftraire de deux lames en deux lames, ce qui n’eft proprement qu'un double effet d’une feule & unique loi qui agit continuement fur les faces adjacentes du noyau. Cela pofé , M. l'abbé Haüy recherche, par le calcul, quels angles doivent réfulrer de la loi de décroiflement dont il s’agit. IL trouve 126° 52 11// pour la mefure de l'inclinaifon refpeétive des pentagones ihklm ,isrtm; ce qui eft conforme à lobfervation, & prouve que la loi fuppofée et celle qui a réellement lieu dans la formation du criftal. Ce réfultat conduir M. l'abbé Haïüy à faire une application de fa théorie à un problème intéreffant. Il remarque que le dodecaëdre de la géométrie Tome XXVII, Pare. II, 1785. DECEMBRE. Mmm 2 460 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, étant le plus régulier de tous il fembleroit d'abord que la nature dont les opérations , dans une multitude de cas, tendent vers la plus grande régularité , dût être au moins fufceprible de produire ce dodecaëdre , fur-tout avec des molécules d’une forme auffi fimple & aufli parfaite que celle du cube. Il recherche donc fi ce dodecaëdre peut exifter en vertu de quelque loi de décroiflement , en fuppofant des molécules cubiques. Pour cela il confidère deux lignes qui, dans le cas d'une loi répulière de décroiffement , doivent toujours avoir entr'elles un rapport aflignable , parce qu’elles mefurent des nombres déterminés de rangées de molécules. Or, le calcul fait voir que, dans le dodecaëdre régulier , ces deux lignes font exprimées par 2 & Vs —1 > quantités qui n'ont aucun rapport affignable; d'où l'Auteur conclut que le dodecaëdre régulier ne peut jamais avoir lieu dans le cas préfent. Pyrites à vingt faces triangulaires ( fig. 6), Développement. Douze triangles ifofcèles Zwy, Cye, &c. adjacens deux à deux par leurs bafes, & huit triangles équilatéraux /;y, 7 lo, &c. incerpofés entre Les ifofcèles. Angles des triangles ifofcèles. w/ y =48° 11° 20". lu y oulyw—6$" ÿ4 10/7. Que l’on conçoive des lames appliquées fur un noyau cubique , & qui l'enveloppent par leurs bords, en même tems qu’elles décroiffent vers leurs angles par une fimple rangée de molécules. Les nouvelles faces qui paîtront de ces décroiflemens fe trouveront néceflairemenc fur le même plan, en forte qu’elles produiront huit triangles équilatéraux, apo, ngs, &c. (fig. 7 ) qui auront leurs centres aux fommets des angles folides du noyau cubique. Les autres faces , au nombre de fix , feront des oéto- gones fapqnmke. Suppofons le folide arrivé au point où chacun des côtés mn, pq,fa,ek, des oétogones feroit Le tiers du côté du noyau; que pafñlé ce terme, les lames octogones continuent de décroître vers les angles des faces primitives, en vertu de la même loi , & commencent en même-tems à diminuer vers leurs bords »#n,pq;,af,ek, fuivant la loi qui a lieu dans la formation du dodecaëdre à plans pentagones. On concevra que chacun des octogones fap qgnmke , diminuant par deux rangées continues de molécules vers le bord fa, en allant, par exemple, de r & 7, tandis que les côtés voifins fe, ap, ne fubiffent que des dé- croiflemens par une feule rangée, les bords parallèles à fa croîtrort en allant vers «y (f£g: 6) ; mais les décroiffemens vers a, ( f£g. 7 ) fe faifant en même-tems par une fimple rangée de molécules, & feulement de deux en deux lames, il eft clair que les bords parallèles à fa, décroîtront de ce côté, jufqu'à ce qu'ils foienc réduits à un point / (fig. 6). Les faces fal, fay w, qui réfulteront de ces décroiffemens fe crouveront fur le même plan, d’après ce qui a été dit dans l’article précédent ; d'où il fuit que leurs interfections avec les plans «po, ou les prolongemens de 14 L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 467 ces plans feront néceflairement des lignes droites ; & comme tous les changemens qui s'opèrent autour du triangle apo font parfaitement femblables, il en réfulte que quand fa (fig. 6) fe trouvera réduite à un fimple point Z, la face Zy y dont le triangle apo fait partie, fera encore un triangle équilatéral , & la face lwy, qui aura été produite par les variations de fa, fera un triangle ifofcèle, en forte que la furface du folide fera compofée, ainfi qu'on l'a dit, de huit triangles équilatéraux & de douze triangles ifofcèles , dont les angles font faciles à évaluer d'après la ftrudure qui vient d’être indiquée, L'icofaëdre dont il s’agit ici n'eft pas non plus, comme on le voit, celui de la géométrie qui a fes vingt triangles équilatéraux. M, l'abbé Haüy fait voir, par le calcul, que ce dernier icofaëdre n’eft pas plus poñlible , avec des molécules cubiques , que le dodecaëdre régulier, On trouve aflez communément des pyrites cubiques dont les différentes faces font fillonnées par des ftries perpendiculaires Pune à l’égard de l’autre , comme le repréfente la f£g. 8. Ce fait fingulier a exercé des Savans diftingués , & entr'autres Stenon ( de Solido intra folidum naturaliter contento) & M. de Mairan ( Traité de la Glace, pag. 156 & fuiv. }, M. l'abbé Haüy après avoir montré l’infufifance de leurs explieations, ÿ en fubititue une qui eft déduire immédiatement de fa théorie: Les bornes de cet extrait ne nous permettent pas d'entrer dans les détails de cette explication. Mine de fer en rhomboïdes à fommets très-obtus. L’Auteur avoit expliqué dans l'Ouvrage cité ( pag. 222 & fuiv. ) la ftructure d'un rhomboïde très - furbailé, qui, s'il exiftoit , feroit le quatrième criftal de cette modification de forme , dans le genre du fpath calcaire ; où l'on en connoït déjà trois, tous compofés de molécules femblables au fpath d’Iflande, ainfi qu’il eft prouvé dans le même Ouvrage, Ïl avoit fait voir que ce rhomboïde réfulteroit d’une loi de décroifle- ment par deux rangées de molécules, fur l'angle fupérieur des fames compofantes , c'eft-a-dire , fur celui qui eft contigu à l’axe du criftal. Or, il a reconnu depuis , que Le rhomboïde de fer, dont il s’agit ici, & qui eft une des variétés de la mine de l'île d'Elbe , avoit exactement la même ftructure que le criftal calcaire cité, excepté que fon noyau eft un cube. Cette différence entre les noyaux, en produit une d'environ un degré & demi , entre les angles plans des faces, dont le plus grand eft de 118° 29/ 4” dans le criftal fpathique , & 117° 29", dans le criftal de la mine d'Elbe. On apperçoit fur les faces de ce criftal, des ftries ou cannelures parallèles aux grandes diagonales, & qui par cette direction qui eft celle fuivant laquelle fe fait le décroïflement, concourent avec la divifion mécanique des criftaux, à indiquer la potion de leurs lames - compofantes, 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. l'abbé Haüy explique auñfi, d’après la même théorie, la ftructure ds plufiéurs autres variétés de la mine d’Elbe, telle que celle qui a vinet= P q q 8 quatre faces, dont fix pentagonales, & dix-huit triangulaires. IL termine fon Mémoire en écabliffanc quelques principes fondés fur l'examen de la ftructuré des cryftaux, & qui peuvent conduite à déterminer la nature de certains minéraux & le genre dans lequel on les doit placer. Il à déjà fait l'application de ces principes à plufieurs fubftances ,|telles que le fpath perlé, que lon avoit rangé parmi les fpaths pefans , & que l'examen de fa ftruéture lui a fait reconnoître pour un vrai fpath calcaire, & les criftaux appellés /chorls blancs, qui different fenfiblement, par le même caractère de ftru@ure , des autres criftaux auxquels on a donné le nom de © féhorls, & qui doivent être rapportés au genre du feld-fpath Ce dernier rapprochement eft l’objet d’un Mémoire lu à l'Académie, par M. l'abbé Haüy , pendant le cours du mois de juillec 1784. Dans l'étude de la Nature ,on ne fauroit trop multiplier les points de vue, & il eft inré- reffant pour les progrès de la Minéralogie, que la Géométrie aidée de Pobfervation, concoure avec l’analyfe chimique , à tracer des lignes de féparation entre les diverfes produétions du règne minéral. L'ENLMRGE DE M. J D. SCHWANKHARDT, AM EHRMANN, Profefleur de Phyfique à Strafbourg , : AU SUJET DE L’INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LA VÉGÉTATION. NMEoKsreus, Je prends la liberté de vous communiquer le réfultat de quelques expé= riences que l'amour pour la vérité, joint à un goût décidé pour les recherches dans les loix de la nature, que vos inftruétions m'ont infpiré, ne me permettent pas de vous laiffer ignorer; étant très-perfuadé que vous approuverez dans votre ancien difciple le zèle avec lequel il continue à pourfuivre le chemin que vous lui avez montré par votre exemple & par vos leçons. Ayant lu dans les écrits de l'abbé Nollet, dans Le précis hiftorique de M, Sigaud de la Fond, dans l'ouvrage de l'abbé Bertholon, & dans he SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 plufeurs autres, les expériences que tanr de Phyfciens d'une grande réputation ont faites pour dévoiler le myftère de l'influence du fluide électrique fur les végétaux ; j'ai cru d’après tant d'autorités refpectables, qu'un Huide aufli univerfellemenc répandu par tourès les œuvres de la création , que nous favons être le fluide ou feu électrique , eft probablement deftiné à un ufage aufli général, qu'il eft univerfellement difperfé dans tous les êtres, & qu'il joue un grand rôle dans la végétation. J'ai vu que M. Achard, dans le journal de Phyfique du mois de dé- cembre 1784, confirme la réalité de cette influence que l’éledtricité paroît avoir fur les végéraux, & de fon pouvoir manifefte pour accélérer la vé- gétation , fi.on expofe les plantes à l'ation d’une électricité artificielle. Comme M.lnghen-Houfz avoir rouché, au moins légèrement, certe doétrine, dans fon précis de la-théorie de M, Franklin ; qui fait partie de fes mélanges de Phyfique & de Médecine, traduits de fes manufcrits en allemand par M. Moliror (ouvrage dont une feconde édition enrichie d'un fecond volume, voit le jour depuis plus d'un an, & dont le premier volume de l'édition originaire vient de paroître à Paris, chez Barrois le jeune , après avoir été plus de quatre ans :fous la prefle ), & qu'il avoit adopté cetre doctrine aflez généralement reçue parles autres écrivains; j'obfervai, non fans étonnement, dans une converfation que j'eus avec lui fur cette matière, qu'il avoit depuis quelque tems altéré beaucoup fon opinion fur ce fujer, & qu'il croyoit d'après fes propres expériences , que fi les obfervateurs de ce phénomène ne fe font pas entièrement trompés, ils ont au moins exagéré beaucoup l'effet que l'éleétricité a fur la végétation. Comme j'avois depuis long-tems admiré fa patience & fon attention peu communes avec lefquelles il obferve les loix de la narure, je ne pus m’abftenir de lui faire connoître le défir que je me fentois d’être témoin oculaire de quelques expériences qu'il avoit faites à ce fujer, & dont il me donnoiït de vive voix un détail qui me fit d’abord balancer ‘fur l'exactitude de ceux qui avoient établi & confirmé la doûrine en queftion, Il confentit volontiers à réitérer quelques-unes des principales ‘expériences qui lui ont faitidouter fortement de la vérité du fyflême. Commeil nem'annonçoit aucune réfolution de publier lui-même ces -obfervations (fans doute pour ne pas contredire les notions des autres), & qu’il ne m'impofoit aucun flence {ur la publication des faits qu'il a mon- ærés à plufieurs curieux depuis bien du tem; j'ai cruvousobliger, Monfeur, inf que tous ceux des Phyficies qui aiment les progrès des connoiffances, en vous détaillant-fuccinrement les expériences auxquelles M, Tnohen- Houfz m'invira pour fatisfaire à mes délirs, que je fis moi-même avec lui, & que depuis je réitérai chez moi avec lermême fuccès. Exp. I. Nous mîmes foixante grains de moutarde fur un morceau de liége épais d'environ trois lignes, & enveloppé d’un morceau de papier -464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, brouillard, & nous le fimes orter dans un verre plein d’eau. Nous mîmes ce verre au fond d’une jarre cylindrique haute de 18 pouces, & d’un diamètre de:quatre pouces un quart, armée de feuilles d'érain, comme une bouteille de Leyde ordinaire : nous érablîmes une communication métallique entre l’eau contenue dans ce verre, & l'armature interne de la jarre, Une égale quantité de ces mêmes femences ayant été placée fur un autre morceau de liége, & mile de la même manière dans une autre jarre ; nous éleétrisimes ces jarres politivement, en établiffant ure com- munication métallique entre Le conducteur d’une forte machine éledrique, & l’armature interne des jarres, jufqu'à ce qu'elles furent pleinement chargées. Sitôc que la charge de ces deux jarres fut confidérablement affoiblie , on eut foin de les recharger de nouveau; de façon que les femences éroient conftamment dans une atmofphère électrique affez forte pendant our jours & plufieurs nuits. Dans le même rems que nous expolions à la force électrique ces deux morceaux de liège, parfemés de ces grains, nous avions mis deux morceaux de liége, parfaitement femblables aux deux autres, chacun dans une jarre de la même grandeur & forme que les deux précédentes, Aocrant aufli dans un verre rempli d'eau, & placé au fond de ces jarres. Ces deux dernières jarres étoient placées à la même diftance des fenêtres que les deux autres; mais nous ne leur communiquions aucune électricité. Les femences dans les quatre vafes germoient avec vigueur , & les plantes étant parvenues à trois pouces de hauteur, nous n'avions pu, en les comparant entr'elles , obferver la moindre différence. Nous ne pumes non plus obferver la moindre différence entre la vîtefle de l’accroifflement durant tout le tems de la végétation, quoique nous les euflions examinées &c comparées entrelles rous les jours, Exp. IT. Nous avons enfuite replacé dans ces mêmes jarres les mêmes quatre morceaux de liége enveloppés nouvellement de papier brouillard, & parfemés d’une femblable quantité de grains de moutarde. Mais au lieu de communiquer de l'électricité à deux vafes, fans en communiquer aux deux autres; nous éleétrisimes deux jarres pofitivement en dedans, & les deux autres négativement, en Jes rechargeant de nouveau, chacune de la même efpèce d'éleétriciré, qui leur fut communiquée au commen- cement autant de fois que la charge commencoit à diminuer notablement. Les femences végétoient très-bien dans toutes les quatre jarres, mais on ne put obferver aucune différence entr'elles depuis le commencement de cette expérience jufqu'a la fin; lorfque les plantes étant parvenues à la hauteur d'environ trois pouces, nous les times. Exp. III. Nous plaçimes fur le conduéteur de la machine électrique même, un verre rempli d'eau dans lequel nous faifions flotter un morceau de liége parfaitement femblable à ceux que nous avions employés dans les deux expériences précédentes, parfemé de. même de femences de moutarde ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 48ç moutarde; une communication métallique étoit établie entre le conduéteur & l'eau dans le verre. Nous plaçimes dans le même rems un femblable verre avec un morceau de liége, & des femences dans un endroit où les plantes ne pouvoient pas devenir électrifées. Les plantes pofées fur le conducteur étoient conftamment renues éleétrifées, en tournant La ma- chine de nouveau, dès qu’un éleétromètre placé fur Le conducteur, dénotoit que l’éleétricité commençoit à s'évanouir. On avoit foin d'entretenir conftamment, plus ou moins, l'éledricité du conduéteur , excepté depuis minuit jufqu'à fix heures du matin. Les femences vévéroient d'un pas égal fur les deux bouchons, fans que nous puflions oblerver la moindre différence entre La vîtefle de la végétation fur l’un ou fur l’autre. Exp. IV. Nous armâmes par des feuilles d'étain, en dehors feulemenr, une jarre cylindrique, haute de 16 pouces, & d'un diamètre de 7 pouces & demi. Nous plaçimes ce vafe fous le conducteur de la machine élec- trique , & la remplimes d’eau à la même hauteur de la feuille d’érain qui fervoit d'armature externe de la jarre. Nous fimes flotter fur cette eau cinq morceaux de liége de la même grandeur que ceux qui étoienc employés dans les expériences précédentes, chacun étant couvert de 60 grains de moutarde. Cinq morceaux de liége, parfaitement femblables aux autres, étoient mis à flot fur une afliette pleine d'eau, & placée à une grande diftance de la machine électrique, Le vafe placé fous le conducteur fut conftamment tenu plus ou moins chargé d'électricité, jufqu'à ce que les plantes fuffene parvenues à une hauteur d'environ trois pouces. Nulle différence fuc obfervée entre la viefle de la végétation des femences placées fur les cinq morceaux de liége Aottant dans l’eau conftam- ment électrifée,& de celles auxquelles aucune électricité fur communiquée. Exp. V. Une feuille de papier brouillard fuc étendue {ur un très-grand lat de fayence placé fur le bord d’un fupport ifotant. Sur le même Four fac placé à côté de ce plat, un vafe rempli d'eau, dans laquelle trempoit une bandelerte de drap , dont l’autre bout defcendoit le long de ce vafe jufqu à la feuille de papier brouillard, pour la tenir conftamment mouil- lée ; la bandeletre mouillée, faifant la fonction d’un fphon. Une femblable bandelette de drap fur placée fur le bord oppofé de la feuille de papier; l’autre extrémité de cette bandelette pendoit librementen l'air, pour faire la fonction d'un fyphon qui conduifoir goutte à goutte dans un vafe placé deffous pour la recevoir, toute l’eau fuperflue que la première bandelette conduifoit dans - Je plar. La feuille de papier étoit parfemée de quelques centaines de fe- mences de moutarde, & conftamment électrifée par le moyen d’une grande jarre, haute de 22 pouces & demi, & large de 14 pouces, qui fut chargée de nouveau aufli fouvent qu'un éleétromètre atraché au plat de fayence annonçoit que la charge étoit affoiblie. Un femblable plat étoit placé dans le même appartement où l’autre étoit, mais fur une autre table, & fans recevoir le moindre degré d'électricité. Cet effai me paroifloir des plus Tome XXVIT, Part, II, 1785. DECEMBRE. Non \ E 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, décifif, parce qu'il y avoit un nombre confidérable de femences expofées, à l'expérience à la fois. Le réfultat fut que les femences continuellement éle“trilées, ne végécèrent pas plus promptement que les autres. Exp. F'I. Lorfque les plantes de l'expérience précédente furent parve- nues à environ trois pouces de hauteur fur les deux plats, nous les Ôtâmes, & nous remiîmes fur chaque plat une nouvelle feuille de papier brouillard. Nous les parfemâmes de même, chacune de quelques centaines de grains de moutarde. L'un de ces plats fut placé fur une table dans une chambre ou il n'y avoit pas de machine électrique, Nous plaçâmes l'autre plat fous le conducteur de la machine éledtrique, en l'ifolant à quatre pieds du verre: un vafe rempli d'eau fut placé à côté du plac fur Le même fupport, afin de l’ifoler ainfi que le plat. Le papier brouillard écoit toujours humecté par le moyen d'une bandelette de drap, trempant comme dans l’expérience V, dans l’eau de ladite bouteille. Deux jarres armées en bouteille de Leyde, furent placées à un pied de diitance de ce plat. Elles avoient deux pieds & trois pouces de profondeur, & dix pouces de diamètre. L'armature interne de ces deux jarres avoit une communication entr’elles par le moyen d’un gros fil de métal qui traverfoit les boules dont les verges métalliques en contaét avec l'armature interne, étoient montées, Une autre verge de métal établifloit une communication entre l’armature interne des deux jarres & le papier brouillard humecté ; de façon que les femences fe trouvoient conftamment électrifées, pendant que la charge des deux jarres duroir, Ces deux jarres communiquoient au entr’elles par leurs armatures exrernes. On avoit foin de renouveler la charge de ces deux jarres en établiffant une communication métal- lique entre le conducteur & l’armature interne des jarres, pendant le tems qu’on tournoit la machine. Un électromètre à deux boules, de moëile de fureau, indiquoit le degré de la charge reftante dans les jarres. La force de cette charge étoit confidérable, tant à caufe de la grandeur énorme des deux jarres, qu’à caufe de la force confidérable de la machine même, qui étoit à deux plareaux de verre, chacun de, deux'pieds de diamètre :ils étoienc frottés par huit couflins. Il reftoit conftamment quelqu'un dans la chambre pour obferver l'électromèrre, & pour tourner la machine, & renouveller la charge au moins huit fois par heure, depuis fix heures du matin jufqu’à deux ou trois heures après minuit: Le (uccès de cette expérience fut encore conforme à celui des cinq précédentes , c’eft-à-dire, les femences mifes fur le plat conffamment électrifé, ne vépétèrent pas plus promptement que les autres, Après avoir fait avec M. Inghen-Houz ces expériences, & les avoir répétées feul chez moi, je ne pus m'abftenir de donter avec lui fi les Phyfciens, d’ailleurs bons obfervateurs, & dont on ne peut fufpecter la bonne foi, ne s'étoient pas laiflé entraîner par les idées dont ils éroient prévenus, plutôt que par le témoignage des expériences qu'ils n’avoient Des TU SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 probablement pas aflez variées, ni aflez fouvent répétées; & s'ils n’avoienc pas attribué à la force électrique ce qui ne dépendoit que dun pur hafad ou de certaines circonftances auxquelles ils n'ont pas fair attention. M, [n- gben Houz m'a montré quelques faits particuliers qui m'ont fait entrevoir comment on peut fe tromper dans ce genre d’expériences, fi on n’eft pas très- attentif à rout : mais comme les faits qui ont rapport à ces cir- conftances , riennent à une longue fuite d'autres expériences faites dans d’autres vues, je ne me crois pas en droit de les détailler, dans l’efpérance que ce Savant lui-même ne les laiffera pas ignorer au public. En attendane, on verra par les expériences dont on vient de voir un détail fuccin&, que ,. quelque refpectables que puillenc être les témoignages qu'on a produits jufqu'ici pour prouver Le grand pouvoir du fluide électrique fur la végétation, la chofe n'eft nullement décidée, & mérite qu'on l’examine de nouveau fcrupuleufement & fans prévention. Quoique M. Iughen- Houz doute beaucoup de l'exactitude des expériences qui ont fait établir affez généralement la doétrine en queftion, il continue cependant à croire qu'il eft très-probable qu'un fluide aufi univerfellement répandu dans la nature, qu’eft le fluide électrique, ait quelque part dans l'éconcimie des végétaux, ainfi. que dans celle des animaux : maïs comme on .ne pourroit pas conclure qu'un jeune animal grandiroit plus promptement, fi,on le tenoit dans un état d’éleétricité continuel, quand même il feroir conftaté entièrement que le fluide électrique, rel qu'il fe trouve conftamment par-tout, füt néceflaire à fon accroiflement & à fa vie; à moins que des expériences réitérées & faites avec grande attention, ne l'aient mis hors de doute : de même aulfi long-tems que des faits in- conteltables ne l’auront pas confirmé, l’on ne pourra conclure qu'une plante, quand même elle ne pourroic vivre fans l'influence du fluide électrique, puifle croître plus promptement, en augmentant fur elle l'action de ce fluide. M. Inghen-Houz n’ayant pas encore vu, non plus que moi, l’ouvrage de M. Zardini fur léleétricité des végétaux, nous nous propofons de répéter les expériences que ce Savant a faites, & qui ont paru aflez décifives à l'Académie de Dijon, pour adjuger à l'Auteur le prix propofé. En attendant, je ne me fais aucun fcrupule de faire un rapport fidèle de ce que j'ai vu & fairavec M, Inghen-Houz. Toutes ces expériences furent faites avec les femences de creflon de la même façon & avec le même rélultat. Les plantes bulbeufes, telles que les hyacinches & les jonquilles, ne peuvent donner que des réfulrats fore douteux., vu que la force de la végétation eft très-différente dans différens individus de ces plantes mifes dans les mêmes circonftances : cette incertitude eft caufe que M. Inghen-Houz qui en a foumis à ces épreuves tous les ans un aflez grand nombre, n'en a pu décider rien de politif. Outre les expériences que je viens de détailler, M. Inghen-Houz me dit encore‘que toutes les expériences décrites dans l’'Ouvrage de M. Ber- Tome XXVIT, Part, II, 1785. DECEMBRE. Nnn2 ‘y 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tholon , au fujet du grand pouvoir de l'électricité fur la fenficive, mimofa, lui avoient paru peu exactes ; nous les répétèmes, & je fus convaincu qu’on avoit pris pour un effer de l'éleétricité, ce qui n'étoit que l'efter du mou- vement communiqué à cette plante. Nous primes pour cette expérience, la plus fenfble de cette efpèce de plantes; favoir, la mimo/a pudica. On a débité qu'elle ne ferme pas fes feuilles, & ne laifle pas tomber fes tiges, lorfqu'on la touche avec un verre poli, la cire d'Efpagne, un morceau d’ambre ou un corps ifolant quelconque. L'expérience faite très- foigneufement me convainquit que l’attouchement d’un de ces corpt en faifoit fermer les feuilles auffi promprement que fi on l'eût touchée avec un métal poli, & qu'un léger attouchement fait avec un métal qui ne communique pas une fecoufle aux feuilles, ne produifit pas plus de mou- vement dans les feuilles, que l’attouchement fait aufli légèrement avec un corps ifolant. En approchant cette plante d’un Sa chargé d'électricité, les feuilles fe baiflent de même que fi on fouffloit fur la lante, ce qui prouve que le mouvement de la plante ef excité par l'ébranlement méchanique qu'elle éprouve dans une forte atmofphère électrique, foit d’un conduéteur, foit d’une bouteille de Leyde chargée, Lorfquon électrife cette plante, après que les feuilles font tombées par l'attouchemegt de la main, de façon que la plante placée fur un fupport ifolant, ne foic pas mife en un mouvement méchanique, les feuilles ne fe redreflenc pas plus vite, que fi on ne les eût aucunemenr electrifées. Nous fimes ces expériences avec deux de ces plantes, tenues chacune dans fon pot à fleurs féparé, afin de pouvoir comparer les expériences. M. Inghen-Houz m'a montré une lettre du chevalier Landriani, dans laquelle ce célèbre Profeffeur de Pavie lui marque qu'il a de même obfervé que ce qu'on a dit de la force électrique fur la fenfitive, eft contraire à la vérité. Mais ce Savant paroît prendre encore pour décifives, les expériences qu’on a publiées au fujet de l'influence de l'électricité pour accélérer la végétation, fans cependant marquer qu'il les a répétées lui- même, Le comte de Caleppi, auditeur de la nonciature de Vienne, ayant affifté avec plufieurs autres perfonnes de qualité, à ces dernières expériencks chez M. Inghen-Houz, l'an 1784, fut fi convaincu de l'erreur qu'on a divulguée au fujet de la fenfitève, par rapport à l'électricité, qu’il permie même qu'on le nommaât comme témoin oculaire, Je fuis, &c, DE ON CRE res SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 46ÿ Em mm EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Lu à l’Académie des Sciences , SUR L'ACIDE PRINCIPE DE LESPRIT-DE-VIN; Par M. Sacr. Tous lés corps inflammables qui ne produifent en brûlant ni acide fulfureux , ni acidé phofphorique, ont pour bafe l'acide igné combiné avec diverfes proportions de phlogiftique & d'eau. L’efprit-de-vin diffère des huiles en ce qu’il eft fufceprible de décompofition par l’intermède des acides qui en féparent l'eau, & mettent en liberté l’éther & l'huile effentielle qui conftituoient cet efprie inflammable. Mais pour extraire l'acide qui eft Le medium d'union de ces deux efpèces d’huile avec Feau, il faut décompofer l'huile effentielle du vin. La combuftion de l’efprit-de- viñ met à nu une partie de cet acide : le solegme qui refte, rougit la teinture de tournefol , fur laquelle l'efprit- e-vin n’avoit point d'action. Urbain Hierne obtint le premier, de la diftillation de lefprit-de-vin & de l'acide nitreux des criftaux blancs, tranfparens & acides, que Bergman a reconnus être congénères de l'acide du fucre. Une fuite d’expériences m'a fait connoître que cet acide concret fe trouve dans l’efprit-de-vin, dans la proportion d'un douzième ( 1). Pour retirer cet acide, il faut employer une quantité d’acide nitreux affez confidérable pour décompofer l'huile du vin; trois parties d'acide nitreux à 35 degrés, de l'aréomèrre de M. Baumé, font propres à décompofer une partie d'efprit-de-vin rectifié. Au bout d'une demi-heure, ce mélange s'échauffe jufqu'à l'ébullition, en même tems l'éther fe dégageavec fiflement & pafle de la cornue dans le récipient; il eft accompagné de vapeurs d'acide nitreux rutilant : dès que l'éther eft dégagé, l’ébullition cefle, l'éther obrenu a une couleur verte-éméraude, & nage fur de l'acide nitreux affoibli. Si l'on met du feu fous le bain de fable, il fe dégage de l'acide nitreux rutilant , produit par la décompofition de l'huile du vin, par l'intermède de l'efprit de nitre. Le réfidu de cette diftillation étant évaporé, - produit de très-beaux criftaux d’acide faccharin, connus fous le nom de criftaux d'Hierne. Si l'on diftille un mélange de parties égales d’efprit-de-vin reétifié & d’acide nitreux à 35 degrés, on obtient de l’éther nitreux citrin, & (i) Une livre d’efprit-de-yin m'a produit une once un gros vingt-quatre grains d'acide goncret du fuçre, wo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ;: moitié moins d'acide concret: pour féparer cet acide de l’efprir de nitre qu’il peut retenir, il faut l’eflorer fur du papier gris, enfuite diffoudre cet acide concret dans de l’eau diftillée, & le faire criftallifer ; Les polyèdres qu'il produit, font des primes hexaëdres. L'eau-de-vie de grain redtifiée, l’efprit ardent retiré des bayes de pommes de terre, & le taña, ayant été décompofés par trois parties d'acide nitreux, ont également produit de l'acide concret, analogue à celui du fucre. Si l'acide vitriolique n’eft point propre à cette expérience, c’eft qu'il noircit, épaiflit & charbonne l'huile du vin , qui retient l’acide concret du fucre. NOTICE" SU C'CLNULE SUR LA DERNIÈRE ERUPTION Du VÉSUrE ; Par M. l'Abbé DE BoTrrzs. LErurrroN du Véfuve, qui commença l’année dernière, dure encore aujourd'hui, Le volcan vomit par deux bouches , par la grande qui eft au milieu , & par une autre très-petite fituée fur le bord fuperieur dela vafte ouverture qui fe fit en 1707, du côté de la montagne voifine d'Otraïano. Cette petite bouche s’eft ouverte Le 29 Oftobre 1784. Il fort continuellement de la bouche au milieu du cratère , une fumée le plus fouvent blanche, quelquefois rouge , quelquefois noire & mêlée de cendres. Le volcan jetté aufli, outre la fumée, des flammes mès-vives & des pierres enflammées qui s'élèvent très-haut. L'autre bouche vomit une lave qui, fe divifant en plufieurs rameaux , ferpente fur le penchant de la montagne & dans un grand vallon formé par une colline qui entoure le Véfuve du côté de lorient, du midi & de l'occident. La nuit, la montagne paroît fillonnée de larges & longues bandes de feu, ce qui offre un très-beau fpectacle. La lave ne s'écoule pas toujours dans la même direction , ni avec la même vitefle. Elle s’éreint quelquefois. Alors on voit feulement un cercle enflammé autour de la nouvelle bouche. Ce dernier effet ayant eu lieu plufieurs fois, depuis deux mois, on crut que le volcan alloit finir fon éruption. Mais la lave a reparu dé nouveau, & aujourd'hui, premier oétobre, elle fort, ferpente ,fe ramifie, & par l’abondante fumée qui fort de la grande bouche, on conjeduré que l'éruption continuera. L'éruption a@tuelle” a produit le phénomène curieux arrivé déjà en quelques autres éruptions. Une lave abondante, en defcendant vers {a colline de Salvatore, s'étoit formé en fe refroidiffant extérieuremenr, unie D Pret NT ne CPE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47t. voûte en forme d'aqueduc & la matière liquéfiée , diminuant de volume, continuoit de couler dans ce canal couvert. En fortant elle formoit un petit lac de feu qui verfoit la matière en ruifleaux enflammés qui fe perdoient & mouïoient dans les fcories des anciennes laves. Le Véfuve a déjà jeté par la nouvelle bouche, dans cette éruption tranquille mais continue, une très-grande quantité de matières. Elle a rempli l'ouverture longue & profonde de 1767, & s’eft répandue aux environs qu'elle a confidérablement élevés. Elle eft auñi defcendue dans le vallon, s'y eft étendue, & dans quelques endroits elle s'élève jufqu'à cent trente pieds & plus. Cette lave, de couleur noire, contient beaucoup de fer calciné, Elle eft peu compacte, en partie cellulaire & en partie fpongieufe. A Naples ce premier O&obre 1785. Nota. M. l'Abbé de Bottis, quia décrit plufieurs des précédentes éruptions du‘ Véfuve avec beaucoup de foin, donnera une plus ample defcription de celle-ci, des qu'elle fera finie, & nous en rendrons compte dans letems, PE memes ASS manne mo mmmememaemt en Dr rt re, en Ve 7 mom — ne ne | NOUVELLES LITTÉRAIRES. Rssvz TAT des Expériences faites à Rambouillet fous Les yeux du Roï, relativement à la maladie du Froment appellée carie, procédés capables de l'en préferver , & plan des expériences propres à conflater la quantité de femence qu'on doit employer dans chaque pays pour . chaque terrein ; par M. l'Abbé Tessier , D. M. P. de l Académie des Sciences, de la Société de Médecine ; Cenfeur Royal, &c. Prix, 6 Jols. À Paris, chez la veuve Hériffant, Imprimeur-Libraire , rue Neuve-Notre-Dame ; Théophile Barrois Le jeune, Libraire, quai des Auguftins, n°. 18. 1785: Pour préferver le froment de la carie, on a propofé un grand nombre de méthodes, elles que l'arfenic , le cobolr, les cendres, &c. La meilleure, fuivant M. Pabbé Tefier , eft la chaux. Il emploie neuf livrés de chaux récemment cuite, & de bonne qualité, cinquante livres d’eau pour un feptier de froment, mefure de Paris, du poids de 240 à 25$o livres, La chaux eft aufi très-bonne pour chauler les autres grains , tels que le feigle, l'orge, l'avoine , &c. Elle préferve même le feigle de l'ergot , qui eft une maladie bien différente de la carie. Mémotres de Chimie de M. C. W. SCHÉELE , tirés des Mémorres de l'Académie Royale des Sciences de Stockholm , traduits du Suédois #72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: €& de l'Allemand, feconde partie. A Dijon, chez l'Editeur , place: Saint-Fiacre, N°. 989 ; & fe trouve à Paris, chez Théophile Barrois ! le jeune, Libraire, quai des Auouftins ; Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpente. Ce fecond volume des Ouvrages du célèbre Schéele n’eft pas moins intéreflant que le premier. Nouveaux Mémoires de lAcadèmie de Dijon pour la partie des Sciences & Arts, fecond femefre, 1784. Ce volume contient, 1°. ur Mémoire fur la qualité contagieufe de quelques fluxions de poitrine ; par M, Marer. 2°. Nouveaux moyens de multiplier les arbres étrangers 3 par M. Durande. 3°. Obfervation fur une Colique bilieufe compliquée de fciatique à par le même. 4°. Mémoire fur le Noflock ; par le R. P, Vernify. 5°. Mémoire fur l'épaiffeur qu’on doit donner aux murs de fou- tenement pour réfifler à la pouffée des verres , premiére partie ; par M. Gauthey, 6°. Mémoire fur le brouillard qui a régné en juin & juiller: 1783; par M. Marer. 7”. Obfervations fur les procédés employés pour faire périr la chryfalide du ver-a-foie ; par M. Chauñier. 80. Réflexions Botaniques & Médicinales fur la nature & les propriétés de l'agaric de chéne ; par M. Willemer. 9°. Effai d’ Anatomie fur la flruäure & les ufages des épiploons 3 par M. Chauñier. 10°. Effai fur cette queflion : L'or que prend l'acide nitreux bouillant, efl-il véritablement diffous ? par M. de Morveau. L’Auteur fe décide pour la négative. 11°, Analyfe de l'eau du lac de Cherchiaio près de Monte-Rotando en Tofcane ; par M. Marer. M. Hoefer avoit annoncé que l’eau de ce lac contenoit un gros d'acide boracin ou fel fédatif par livre. M. Maret ayant analy{é certe eau qui avoit été envoyée à Dijon à M. de Morveau, y a trouvé par pinte, melure de Paris, 1°, beaucoup d’air pur ; 2°. du calce ou terre calcaire un peu plus de 3 grains ; 3°. de l'acide boracin 94 grains & demi. Elle avoit dépofé foufre $1,792 grains, argile 61,208 grains. 12°. Mémoire fur La glace qui fe forme à la fuperficie de la terre en aiguilles ou filets perpendiculaires ; par M. Riboud. 13°. Mémoire fur l'origine des glaces que les fleuves & les grandes rivières charient dans le tems des fortes gelées ; par M. Godart. 34°. Obfervation fur une Cataraë&e compliquée avec La diffolurion du sorps vitré; par M, Chauñier, Ta à TR Le, ms >. “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 15°. Suite de l'Hifloire Météreo-nofo-logique de l’année 1784 ; par M. Mare. - Fragmens fur l'Eleétricité humaine ; par M. RETZ, Médecin , à Paris ; premier Mémoire, contenant les motifs & les moyens d'augmenter & de diminuer le fluide éleétrique du corps humain dans les maladies qui l’exigent. Second Mémoire, contenant des recherches fur la caufè de La mort des perfonnes foudroyées, & Jur les moyens de fe préferver de la foudre. À Amfterdam, & fe trouve à Paris, chez Méquignon l'aîné, Libraire, rue des Cordeliers, près des Ecoles de Chirurgie. Ces Mémoires ont déjà été publiés dans l'Efprit des Journaux & dans le Tableau raifonné des Sciences & des Arts. Mais des perfonnes ayant défiré de les avoir en particulier, ont engagé l’Auteur à les imprimer féparément, La matière eft intéreflante , & traitée de manière à piquer la curiofité du Lecteur, Effai fur les Muladies des Européens dans les pays chauds, & les - moyens d'en prévenir les fuites, fuivi d'un Appendice [ur les Fièvres intermittentes,& d’un Mémoire qui fait connoître une méthode . fémple pour deffaler l'eau de la mer , & prévenir La difette des comef- tibles dans les navigations de long cours; par JACQUEs LinD, Médecin de 1 Hôpital du Roi à Haflar, près de Portsmouth, & Membre du Collège Royal d'Edimbours. Traduit de P Anglois fur la dernière Edition publiée en 1777 , & augmenté de notes, par M. THioN DE LA Cnaume , D. M. ancien Médecin des Hôpitaux Militaires , employé en chef dans les dernières expéditions de Mahon & de Gibraltar, Corre/pondant de la Société Royale de Médecine , Penfionnaire du Roi, 2 vol. in-x2. broches, prix, $ liv. Ars quæ fanitati tuendæ præfider , ïis qui fbi paruerint , conftantem fanitatem promittit. Galenus. À Paris, chez Théophile Barrois le jeune, Libraire, quai des Auouftins, N°, 18. L'Ouvrage de M. Lind eft généralement eftimé, C’eft donc une obli- gation que nous avons à M. de la Chaume d'en avoir enrichi notre langue. æ La traduction, dit la Sociéré Royale de Médecine , en permettant que cet Ouvrage parüt fous fon privilège ,» nous a paru bien faite. Les notes & » les obfervations de M. Thion de la Chaume ne peuvent qu’ajouter » au mérite de l'Ouvrage ». LA Defcriprion des Machines électriques à taffetas, de leurs effets & des divers avantages que prefentent ces nouveaux appareils; par Tome XXVIT, Pare. IL, 1785. DECEMBRE. Ooo 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M.RouLanv , Profeffeur & Démonfrateur de Phyfique expérinien- tale dans L'Univerfité de Paris, de fla Société Royale de Phyfique d'Orléans, &c. prix, 1 liv. 4 fols, avec figures. À Amfterdam, & fe trouve à Paris, chez l’Auteur, hôtel de Mouy , rue Dauphine, & chez Gueffñer, Libraire-fmprimeur, rue de la Harpe. : M. Rouland a fait différens changemens utiles dans ces machines inven- tées par M. Walckiers de Saint-Amand. Journal de Médecine , traduit de L Anglois, dédié à M. AMELOT DE CHAILLOU, Intendant de Bourgogne. À Dijon, chez L. N. Frantin , Imprimeur du Roi. Ce Journal fait à Londres par M. Samuel Foart Simmons paroît tous les trois mois, & le Traduéteur fuivra le même ordre. Le prix de la fouf- cription fera de 10 liv. francs de port ; & commeil y a déjà quatre volumes, on lestraduira, & on en enverra un cahier fix femaines après que le premier cahier aura paru, & ainfi alternativement de fix en fix femaines: ce qui fera huit cahiers par an. Le prix de cette feconde foufcriprion fera de $ liv. par an. Le premier cahier a dû paroître le premier oétobre 1785. La fouf-" cription eft ouverte chez L. N. Frantin, Imprimeur du Roi, à Dijon ; à Paris, chez Théophile Barrois jeune, quai des Auguftins, & chez les principaux Libraires du Royaume. La pratique de l'art de guérir n’a pas fait, il faut en convenir, autant de progrès que les autres parties de la Philofophie naturelle dont elle eft cependant une des plus importantes relativement au genre humain. Il ne peut donc qu'être très-avantageux que les Savans qui s'occupent de cer art difficile connoiflent leurs différentes méthodes pour fe communiquer leurs lumières. Hifioire Naturelle de la France méridionale. Suite des Minéraux : Tomes VW — VII; par M. l'Abbé SOuLAVIE, Correfpondant de l'Académie des Inferiptions , de celle de Touloufe , de la Société des Antiquités de Hefje- Caffel, de la Société Royale d'Hifloire Naturelle d'Orléans , des Académies des Sciences , Belles-Letrres, Arts de Dijon, Metz, Nifmes , la Rochelle, Marfeille, Pau, Chälons-fur-Marne , Angers , &c. À Paris, chez Mérigot , quai des Auouftins; Belin, rue Saint-Jacques. Il paroît déjà de cet Ouvrage fept volumes de minéraux , & un tome premier de végétaux. On publiera bientôt le tome fecond des végétaux, & un volume fur les animaux: cette dernière livraifon complerera POuvrage, qui contient une defcription minéralogique d'une partie SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 455 des Provinces méridionales du Royaume. L’Auteur, dans ces volumes que nous annonçons , fait connoître des environs de l’Argentiens , {a patrie , & rend compte des obfervations importantes qu'il a faites fur les atterriflemens formés par le Rhône. J'A’BT'E DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER, Exp» ÉRIENCES relatives au phlogiflique & à la couverfion apparente de l'eau en air ; traduites de lAnglois de M. J. PRIESTLEY, Doëteur en Droit, Membre de la Société Royale de Londres , &c. par M. GIBELIN , Doë&eur en Médecine, de la Société Médicale de Londres , &c. lues à la Société Royale le 26 juin 1783, page 401 Plan d'une Voiture de tranfport , qui a remporte le prix à l Académie de la Rochelle , en décembre 17345 par M. BouLarD, Architeëte , _ Woyer-Infpecteur de Lyon, 426 Suite du Mémoire fur la Plombagine & la Molybdène ; par M. PELLETIER, 434 Seconde fuite de la dernière Partie des expériences de M. KiRWAN, Jur les Affinités ; traduite de l'Anglois, par Madame P***, de Dion, 447 Extrait d’un Mémoire fur la flruéture des divers Criflaux métalliques , lu à l'Académie Royale des Sciences , le $ février 1785; par . M. l'Abbé Haüy, 453 Lettre de M. J. D. SCHWANKHARDT , à M. EHRMANN, Profeffeur de Phyfique à Strafbourg , au fujet de l'influence de l'Eleëricité fur La végétation , 462 Extrait d'un Mémoire, lu à l'Académie des Sciences , fur l'acide principe de l'efprit-de-vin ; par M. SAGE, 469 Norice fuccinéte fur la dernière éruption du Véfuve ; par M. l'Abbé DE BoTTIs, 470 Nouvelles Liutéraires , 471 LT Tome XXVII, Part. IT, 178$, DECEMBRE. O 00 2 TABLE GÉNÉRALE MESSE AUR LI QCHESERS CONTENUS DANSCE VOLUME. PHYSIQUE. M OI1RE fur les Marées aériennes , c’efl-à-dire, fur l'effet produit dans l'atmofphère par l'aëtion du Soleil & de la Lune ; par M. l'Abbé MANN, page 7 Mémoire fur Le rapport qu'il y a entre les Terres & les Pierres expofées au feu de fufion dans des creufets de matières différentes ; par M. GERHARD , traduit de l'Allemand, 34 Lertre de M. le Chevalier DE LAMANON , de l’Académie Royale des Sciences de Turin, à M. DE LA METHERIE , Doëteur- Médecin , Rédaëteur du Journal de Phyfique , fur la combuflion du quartz , du cryflal de roche, & des pierres qui leur font analogues, 66 Differtation Jur linflammation fpontanée des matières tirées du règne végétal & animal ; par P. L.G, CARETTE , Apothicaire à Lille ,92 Obfervations fur la diffolution du vernis de la foie; préfentées à l'Académie de Lyon, par M. l'Abbé CorromMB, 95 Expériences fur l'Air ; par HENRI CAVENDISH , Ecuyer, Membre de la Société Royale de Londres : Mémoire lu à la Société Royale le 2 Juin 1785; traduit de l’Anglois par M. PELLETIER, 107 Extrait d'un Mémoire lu à P Académie des Sciences, par M. Couroms Chevalier de L'Ordre de Suint-Louis , &c.. Membre de l Académie des Sciences ; pour prouver que l'aétion du fluide éleëtrique ef? en raifon inverfe des quarrés des diflances , 116 Obfervation fur Laétion d’un feu violent fur le Criflal de roche ; par M. DE LA METHERIE, Auteur de ce Journal, 144 Défcription d’une très-grande machine éle&rique placée dans le Mufeum de Teyler, à Haerlem , & des expériences faites par le moyen de cette machine ; par MARTIN VAN-MARUM, Doëleur en Philofophie & er Médecine , Membre de plufieurs Académies , &a. 148 Expériences & Obfervations relatives à l'Air & à l'Eau ; par le Doëteur PRIESTLEY : lues le 24 Février 1785, à la Société Royale de Londres, traduites de l'Anglois par M. BERTIN ;, 167 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 477 Defcription &ufages d'une nouvelle Machine Géocyclique, de l'invention de M. CANNEBIER , ancien Profeffeur de Mathématique à l'Ecole Royale Miliraire , approuvée par l'Académie des Sciences, 192 Deféription de La Pompe à Sein qui Je trouve chez M. BIANCHI , Phyficièn, rue Saint-Honoré, vis-à-vis celle de Richelieu, contenant Jon utilité, & une méthode pour la manière de s’en fervir, 198 Extrait d’un Mémoire fur La théorie des Machines fimples , en ayant égard au frottement de leurs parties & la roideur des cordages ; Pièce qui a remporté le Prix double de l'Académie des Sciences , pour l'année 1781 ; par M. Couroms, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, pour lors Correfpondant& depuis Mernbre de l Académie des Sciences , 204 Suite de cet Extrait, 282 Extrait &'Expériences faites fur la décompofition de l'Eau ; par M. Fezix FONTANA, Direéteur du Mujèum de Phyfique & d'Hifloire Naturelle de Florence, 228 Lertre de M. ForbycE, à M. Banks, lue à la Société Royale de Londres , le 28 Avril 178$, fur la perte de poids qw'éprouvent les corps fondus ou échauffes 3 traduite de l'Anglois par Madame P ***, de Dijon, 26$ Mémoire fur les moyens de mettre le feu à des corps combuftibles au foyer d’un miroir concave , en plaçant un charton ardent , & animé par un foufflet au foyer d'un autre pareil miroir ; par M, Socin, Doëteur en Medecine à Bâle, ci-devant premier Médecin de S. A.S le Prince Héréditaire de Hef[e-Caffel, 268 Mémoire fur les moyens qu’on pourroit employer pour perfeionner La Météorologie ; par M. SENEBIER , Minifire du Sairt Evangile, & Bibliothécaire de la République de Genève, 300 Lettre de M. J. D. SCHWANKHARDT , à M. EHRMANN, Profeffeur de Phyfique à Strafbourg ; au fujet de l'influence de l'Eleëtricité fur la végétation , 462 p] HISTOIRE NATURELLE. Ossrrrari ONS fur une forte d'Agathe ou Silex qui fe trouve dans les bancs de gyps des environs de Paris ; par M. MoNKET , > page 69 Memoire fur les Volcans & les Tremblemens de terre ; par M. C, D. L, Lieutenant-Colonel au Corps Royal du Génie , 81 Supplément du même Mémoire , 161 Le p * , 478 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Mémoire fur le Trembleur , efpèce peu connue de Poiffon éle&trique # par M. BROUSSONET , 139 Leire de M. DE Merck, Confeiller de Guerre du Landprave de Heffe-Darmfladt, à M. FAUJAS DE SAINT-FONDs, fur differens objets d'Hifloire Naturelle , 190 Du Safa , oifeau de la Guianne ; par M. SoNNiINI DE MANONCOUR , 223 Lettre à M. DuCH* , de la ville d Auxerre ; par M.FROMAGEOT DE VERKAX, 225 Suite des Extraits du Porte-feuille de M, l Abbé DiCQUEMARE, Limaces de mer, s ) 262 Mémoire fur la Platine ou Or blanc, lu à l'Académie Royale des Sciences en juin 1785 ; par M. L. 362 Norices fur l’Anémone de mer à plumes, ou Animal-fleur ; par M. le Chevalier LEFEBURE DES HAVYES , Correfpondant du Cabinet du Roi, du Cercle des Philadelphes , &c. 373 Defcriprion de quelques individus monftrueux de La Pédiculaire des bois ; par M. REYNIER, 381 sinalyfè de deux efpèces de Mines d’Antimoine terreufès, extrait des Mémoires que M. SAGE a lus à l'Académie des Sciences dans le courant de cette année, 383 Extrait d'un Mémoire fur La ftruëture de divers criflaux métalliques ; lu à l’Académie Royale des Sciences , le $ Février 178$, par M. l'Abbé Haüy, 4538 Notice fuccinéte fur la dernière éruption du Véfuve ; par M. Abbé DE Boris, 470 a a — M CHIMIE. M ÉMOIRE fur un procédé particulier pour convertir le Phofphore en acide phofphorique fans combuftion ; par M. Lavoisier , page 3 Obérvations réfultantes de l'opération du phofphore faite en grand ; par M. PELLETIER , Membre du Collège de Pharmacie de Paris, Ë& Correfpondant de, l Académie Royale de Turin , Mémoire fur un nouveau métal, le Fer d'eau, Waffereifen, Hydro- fiderum ; par M, MEYER , traduit de l'Allemand , par M. HASSEN- FRATZ , : | 32 Extrait des Obfervations de MM. Gior@r & Cionr, Médecins à Florence, fur l'Analyfe que MM, MEUSNIER & LAVOIstER on faite de l'eau en-1784, 56 LL # « . à TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 479 Æertre de M. CHAPTAL, Profeffeur de Chimie des Rtats-Généraux _ de la Province de Languedoc , à M. l Abbé MoNGEz, Auteur du _ Journal de Phyfique , , 6x. Extrait de Lettre de M. LANDRIANI, /ur la décompofition de VE fprit- de-vin & de l’Alkali volaril, Lertre de M. DE MoRvEAU aux Auteurs de ce Recueil , fur la diffolubilité des Sels dans l'efprit-de-vin , 4 Extrait d'une Lettre de Londres, du premier juin 1785, 69 Recherches fur la nature des fubflances animales, & fur leur rapport avec les fubflances végétales : ou Recherches fur l'acide du fucre 3 par M. BERTHOLLET , . Mémoire & Redification de l'emploi & de la préparation de l'alkali phlo- gifliqué ; par M. SToUTz, Sous-Infpeëteur des Mines de France, 118 Lertre de M. KirwAN à M. DE LA METHERIE, 144 Extrait d'une Lettre de Strafbourg , 155 Procès-verbal contenant le procédé de M. FAUJAS DE SAINT-Fonps pour extraire du charbon de terre le goudron & l'alkali volatil, 188 Expériences fur le Pourpre minéral obtenu par le moyen du gaz tiré de l'Etain & de fa chaux ; par M. le Comte DE Morozzo ; traduites de l'Iralien, par M. BsT. de Dijon, 241 Expériences & Obfervations fur les forces attractives des acides minéraux ; par M. KIRWAN, 260 Mémoire fur un nouveau Gaz obtenu par laëtion des alkalis fur le phofphore de Kunckel; par M. GENGEMBRE, lu à l Académie Royale. des Sciences de Paris , le 3 Mai 1783, 276 Extrait d'une Lertre de M. CReLL , fur les Acides vépétaux, à M, D'ARCET,, de l’Académie des Sciences ; 207 Suite de la derniere Partie des Expériences @ Obfervations É M. KikwaN , fur Les forces attraëlives des Acides minéraux 5321 Mémoire fur la Cire punique ; par M. le Chevalier LorGNA, 335$ Extrait d’un Mémoire fur l'analyfè de la Plombagine & de la Molybdène, lu à l’Académie Royale ‘des Sciences , en janvier 1785 ; par M. PELLETIER, Membre du Collège de Pharmacie de Paris, & Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Turin , 343 Lettre écrite à M. DE LA METHERIE , par M. SAGE , fur linflammation des copeaux de fer, : 385$ Meéroire fur du Phofphore retiré de la mine de plomb verd d'Hoffsgrund ; par M. De LA METHERE, D. M. 386 Expériences relatives au phlogiflique & à la converfion apparente de l’eau en air, traduites de lAnglois de M. J. PRESTLEY , Doéteur en Droit, Membre de la Société Royale de Londres, &c. par : Li "+ * Û ji mm fie -y$or TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. : M. GIBELIN, Doëteur en Médecine, de la Société Médicale de Londres , &c. 4ot Suite du Memoire fur la Prbarne 6 la Molybdène ; par M. PELLE- TILER , Seconde fuite de La dernière Partie des experiences de M. KIRWAN, : fur les Affinités , traduite de lAnglois, par Madame P ***, de Dion , 4 Extrait d’un Mémoire lu à l'Académie des Seiences , fur l Acide principe de l'Efprit-de-uin ; par M. SAGE, 469 ARTS. F4 ÇON de Fabriquer les Chapeaux de Loutre ; par M. TROUSIER, PSRC TE Plan d'une Voiture de tranfport , qui a remporté le Prix à l'Académie : de la Rochelle , en Décembre 1784 ; par M. BouLARD, Archieëe, Tnfpe&teur-Voyer de la Ville de Lyon, 426 Nouvelles Liriéraires , Pages 73 — 156—230—31$ — ER ne 472: APPEPERNONBS TAN IONN. J' A Ilu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre: Obfervations fur La Phyfique, Jur l Hifloire Narurelle € fur les Arts, 6e, par MM. Rozrer & MonGEz Le jeune, &c. La Colle@tion de faits importans qu'il offre périodiquement à {es Le@teurs , mérite l'attention des Savans; en confé- quence , j'eftime qu’on peut en permettre ”Pimpreffion. A Paris, ce 14 Décembre 378$ VALMONT DE BOMARE, PPT: a à he pee" ge re El DST PS ” Er _# * ; ? L} + à } : il LL A . 4 M | | = AGO ES LL AS AN AL 2