TL RS re SR Le RES >. ES: TER 2 SSI RE RES PRE RÉEL DT TES Re qu ÿ RENE } ' ï ; vi CE ON . L , 1 Le À | y ’ CT LE U à ’ 1" of) ] , l ; œ | L , " | } d %, Cr. n° nan . | ' u 4 TA Tu Ÿ { | ni AL" AN Li que da ) ALL # We 4 “ k pe), . { h à . LL Ù m'a | ’ à | hi ou? LL A Ù fi À u L CP! e é 4 FALL : Jr L] à D : f e ie Cu OBSERVATIONS LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR BES ARTS, AVEC DES: PLANCHES" EN TAILLE-DOUCE: DÉDIÉES A M°. LE COMTE D'ARTOIS; Par M. l'Abbé RozI1ER , de plufeurs Académies ; par M. J. À Moncrz le jeune, Chanoine Repulier de Sainte Geneviève , des Académies Royales des Sciences de Rouen, de Dijon , de Lyon , &c. &c. & par M. DE LA MÉTHERIE, Doëéteur en Médecine , de l’Académie de Dijon & de celle de Mayence. JUILLET 1787. TOME XXXI M PA RE SE AU BUREAU du Journal de Phyfique , rue & hôtel Serpente, MARDIC CAL XX XV L'E APRES PRIVILÈGE DU ROd, SAS Aa 2 « L pt TA AU ILIU EN NURUTPNEN< à LOIR SEL) , J » Abe SAT NUE x a £ ei A CNE US L'Uat d j'hrl re Lors L + L æ + È i : ; g ss rues ie ou = No s - RAT ET : 5 V2 % 4 re \ PORT CRE RS Ÿ ci À : RU 0 Me / - Le: | % A ‘ + ‘ [ = L 4 ge Es dt « 5 * F || } ; KE s LE d'A NS | 2 ; AT FF ae * à 4 F: 4 …— k t ; £ ST L re ] F S vel = A 224 . Z L ke 2 ; S 'CRERT ; ! * ; 5 HS 1 \ 4 $ 3 de À : ÿ 1 NE (BB: Re OBSERVATIONS MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. À MÉMOIRE SUR LES LUNETIES NOMMÉES BINCCLES ; Et fur un voyage aux côtes maritimes occidentales de France : Lu à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences, le 18 d'Avril 1787; Par M. LE GENTIL. L'invenrion des lunettes qui ne fut d'abord qu'un efai fore groffier, ne tarda pas à fe perfectionner. La curiofté, inrée à tous les hommes, aux affronomes fur-tout, avides de découvertes dans le cie! , Tome XXX1, Part. II, 1787. JUILLET. A 2 4. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fic bientôt naître des artiftes célèbres en ce genre; & la Dioptriqte oculaire ft des progrès rapiges en peu de rems. Nous r'entendons point parler des accroiffemens qu’a reçus cet art dans ces derniers tems par , l'invention des lunettes achromatiques; mais des efforts que l’on a faits dans le dernier. fiècle, & dans les commencemens de celui-ci pour per- fectionner la vifon; ce qu'on peut y ajouter encore; & ce quil peut en réfulrer d'utile pour les obfervations aftronomiques. Plufeurs perfonnes fe font rendues célèbres dans l’art de travailler les grands verres, principalement. le célèbre Mathématicien Huyghens , Archoëker ; Borelly, de la Hyre, & plufeurs autres : mais perfonne n'a approché de la perfection comme Campani, il les a furpaflés de beaucoup, & l'on regretrera toujours que cet habile ouvrier n'ait point donné fon fecrer, s’il en avoit cependant un; & f-ce fecret ne con- fiftoit pas feulement dans le choix de la matière, & dans la grande dexrérité de l'Artifle, comme nous le foupçonnons; car malgré tout l'avantage que nous ont procuré les lunettes achromatiques depuis leur invention , j’ofe aflurer que toutes celles que nous avons ne tranchent pas Pobjet aufli nettement que le fait un excellent objectif fimpie ; & fi elles ont la préférence aujourd'hui, elles la doivent très-certainement en grande partie à leur peu de longueur qui les rend infiniment commodes pour les obfervations aftronomiques. Pour perfetionner Ja vifioh, on imagina dans le dernier fiècle de fe fervir de deux objectifs pour regarder avec les deux yeux. Ou nomma cette double lunette binocle. Il eft bien certain qu'en regardant un objet avec les deux yeux , il exifte réellement deux images de cet onjet, peintes féparément dans chaque œil ; fans doute qu’elles fe réuniflenc. dans le cerveau , en s’appliquant l’une fur l'autre pour produire une fenfation unique. En fuppofant égales en intenfité les deux images qui contribuene ‘à produite cette fenfation, on doit voir beaucoup mieux avec iss deux yeux qu'avec un feul, ï Il Jemble en effet que la nature ne nous aït donné deux yeux que pour mieux voir, comme dit M. Bailly, pour avoir une fenfation plus forte par deux ‘impreffions reçues : ce n’eff pas qu'on vote l'objer fous un plus grand angie avec deux lunettes ; mais il en réfulre beaucoup plus de clarté, & nous jugeons toujours les objes éclairés plus proches de nous. (Hit. de l'Aftron. modern, tom. Il, pag. 139.) Le P. de Rheïta eft le premier , que je fache, à qui cerre ‘idée foic venue. Il eft réellement l'inventeur de cette double lunette ; & Le premier il en a fait leffai : il nous affure qu'il a, vu les objets beaucoup plus grands, & plus éclairés, c’eft-i-dire, comme nous venons de l'expliquer ; qu’il les a jugés beaucoup plus près.de-lui, parce qu'il les avoit yus beau- coup plus éclairés. en les regardant avec les deux yeux. Le P, Cherubin, Capucin d'Orléans , dans'fa Dioptrique oculaire, a SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ beaucoup écrit fur les binocles, & en leur faveur; mais il m'a paru qu'il a plus parlé de leurs effets d'après le P. de Rheyta que d'après fes propres obiervations , & qu'il s’eft plus occupé de Part de les conftruire, & de faire aifément mouvoir les oculaires, que d'expériences. La manière dont il s'y prend nous a paru fort ingénieufe. Mais malgré ce qu'ont pu dire en faveur des binocles ces deux Religieux, les lunettes fimples ont prévalu’,{oit à caufe de la difficulté de faire les binocles , foie à caufe de lembarras pour s’en fervir; car il faut con- venir qu'il n’eft pas bien facile du premier abord d'appliquer les deux yeux à un long binocle, & de fuivre en même-temsle mouvement d’un æftre. Cet inconvénient eft caufe , fans doute, que Hartfoeker ne paroît pas approuver les binocles, XL »? Je ne parle pas, dit-il, des lunettes binocles , puifqu’il efl certain que Pembarras quelles caufent furpafe de beaucoup L'uvilité que l'onten pourroit efpérer par-deffus les aurres , & qui dans le fond feroit encore très-peu de choje. 1 Mais ce jugement d'Hartfoeker nous a paru très-précipité, en même- tems qu'injufte, d'autant plus-qu'il he paroît pas qu'Hartfoeker parle d’après fës obfervations : il ne dit point enfavoir fair l'effai, Nous allons voir qu'un bon|binocle peut donner de l'avantage : d'ailleurs, on s’y fait très-aifément ; & au moyen de fupporrs commodes , qu'on peut imaginer & fe procurer, il eft très-facile de fuivre un aftre ; même affez lonp-tems : fofe même aflurer que j'ai remarqué que le binocle ne fatigue nullement les yeux. [1 femble bien plurôt qu'il foit fair pour les repofer ; au lieu qu’une lunetre feule les fatigue confidérablement , étant lun & l’autre dans une efpèce d'état de contrainte ;‘legauche ; parce qu’on eft forcé de le tenir continuellement fermé ; le droit, parce qu’on eft contraint de le téfiir ouvert, & dans une tenfion la plus forte:qu'il eft poffible ; ce que doivent éprouver tous les obfervareurs. J'ajourerai enfin que les Aftronomes ne doivent point confidérer leurs peines ni leurs aifes ; que c’eft la chofe dont ils doivent !e moins s’embar- rafler vis-à-vis l'objet qu'ils ont en vue. Ayant réfléchi fur certe idée, j'ai cru appercevoir que es expériences qu'on avoit faires dans le dernier fiècle fur les binocles n’avoient pas été pouffées jufqu'au tèrme où elles pouvoient l'être ; que par conféquent cette idée avoir été abandonnée un peu trop légèrement ; je réfolus donc de les répéter il ya quatre à cinq ans: j’ai cru d’ailleurs que c’étoit une expérience philofophique à tenter, de favoir fi on voyoit des deux yeux, c’eft-à-dire, beaucoup, mieux! qu'avec un feul, & avec une lumière double, comme femblent nous le dire fa: forme du nerf optique ;:& la conftruétionde nos deux yeux , telles qu’on les trouve dans le Traité de Defcarres & celui d'Hartfoeker far la Dioprrique & la vifon. C’eft de ces expériences dont je prie cette illuftre affemblée de me 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, permettre de lui rendre un compte précis & fuccinét en faveur de ceux qui voudroient les répéter, & juger le faic par eux-mêmes, L'héliomètre de M. Bouguer , tel qu’il limagina & le compofa de deux objectifs entiers de douze pieds de foyer chacun, me parut très-propre à remplir mon idée, J’avois entre les mains cet héliomètre depuis la mort de cet illuftre confrère, L'ouverture de ces objectifs étoit de treize lignes, cette proportion ne pouvoit pas excéder celle qui devoir fe trouver entre les deux axes de mon binocle ; car il faut que les deux lunettes qui compofent un binocle foient parallèles entr'elles, 8& que leur diftance refpective foit égale à celle qui fe trouve entre les. deux yeux de J'obfervareur. Je fis donc conftruire deux tuyaux quarrés de douze pieds de longueur, chacun d’un bois fort léger , & je les acçouplai au moyen de crois colets également de bois , un à chacun des deux bouts, & le troilième vers le milieu. Je pouvois écarter & rapprocher ces deux tuyaux l'un de l'autre par le moyen d'une vis en fer que contenoit chaque coller, & en appliquant des cartes à jouer entre deux , à l'endroit des collers. Je me propofois bien au refte de perfectionner tout cet aflemblage li cette première expérience réufliffoir à mon gré : j'appliquai enfuite mes obejdifs à ces tuyaux , & me fervis d'oculaires de trois pouces de foyer. Je ne groffiflois avec ces oculaires qu'environ quarante-huit fois , ce qui n’eit qu'un très-foible groffiffement ; mais M. Bouguer n’avoir employé que le même groffliffement pour fon héliométre. Pour trouver fans un trop long tâonnement la diftance qu'il devoir y avoir entre les centres de mes objectifs & de mes oculaires, c’eft-à-dire, la diftance entre les deux axes optiques de mon binocle ; plufieurs fois-je is prendre par une perfonne fort adroite, avec un compas dont les pointes étoient très-fines , la longueur exacte d’un de mes yeux , en les tenant bien ouverts ; & fachant que la diftance du centre d'un œil au centre de l’autre efk égale à deux fois la longueur d’un des deux, j'arrangeai mes deux tuyaux en con- féquence, & je me trouvai tout de fuite au point néceflaire, lorfque je regardai la première fois avec mon binocle. Cette diftance fe trouva d'un peu moins de vingt-huic lignes ; mais elle doit varier felon les fujers. Je fus, on ne peut pas plus furpris ,en voyant pour la première fois l'effet de cetre lunette, même fur les objets terreftres. Le premier que je regardai fut le dôme du Val-de-Grace qui eft à ma portée, de PObfervatoire royal, où j'ai faic les premiers effais de ce binocle : je regardai d'abord cet objet avec chaque lunette féparément pour les mettre à leur point ; puis avec Les deux yeux , & ce fut ici où je fus fingulièrement affedé de ia forte impreflion que je reçus en regardant la boule & la croix qui terminent ce dôme : le beau champ de la lunette , la groffeur apparente de l’objet, fa necteté par comparaifon avec ce que Je voyois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 7 ef ne regardant qu'avec u:e feule lurerre, ne me donnèrent aucun lieu de douter qu’on ne voie des deux yeux, & beaucoup mieux qu'en n’obfervant - qu'avec un feul. J'obfervai enfuite le foleil & fes raches, en choififfant pour cet effet un beau jour. C'étoit dans le mois d'août, On doit s'attendre que le foleil me fit la plus vive imprefon. c Jufques-là je n’avois fait ufage que d’un foible proffiffement, de celui qu'avoit employé M. Bouguer pour fon héliomètre ; mais jugeant que la grande quantité de Jumière que je recevois pouvoir me permettre d'em- ployer des oculaires de deux pouces au lieu de trois, j'en fis faire quatre de quatre pouces de foyer chacun, & les ayant ajuftés à la place des autres, ils augmentèrent mon grofliffement, & de quarante-huit , le rtérent à foixante-douze, Mon binocle me parut faire encore plus d’effec fur le foleil ; mais il eft aflez fingulier que ce fût en regardant la lune dans fon plein que je m'apperçus du défaut qu'avoir ce binocle: en effet, je trouvai les bords de la lune un peu mal terminés ! or, en faifant déborder les deux images, je m'apperçus qu'il y en avoit une beaucoup sea nette que l’autre; d’où il arrivoit qu'en les faifant concourir enfemble, ilen réfultoit une feule image , un peu embrouillée, & mal rerminée; ce que je vérifiai encore mieux avec des oculaires d'environ vingt lignes de foyer. Je vis donc évidemment qu'un de mes deux objectifs ne valoit rien avec un fort grofliffement, & que c’étoit fans doute la raifon pour laquelle M. Bouguer n’avoit employé qu'un oculaire de trois pouces de foyer ; il grofifloit beaucoup moins ; mais il avoit l'avantage de bien terminer les diamètres des aftres, fur-tout ceux du foleil, la feule chofe que M. Bouguer ait eu en vue en conftruifant fon héliomètre, Je conçus donc par cer eflai combien il étoit difficile de réuffir à faire deux objectifs d'un long foyer parfaitement femblables, & également bons; car les miens avoient été travaillés avec le plus grand foin par feu Georges qui avoit dans fon tems la réputation de réuffir dans le travail des verres de ce genre ; & que cetre difficulté étoit, fans doute, une des principales raifons qui avoient fait abandonner ces fortes de lunettes. Je crus donc inutile de prendre la peine de faire aucun eflai de mon binocle fur la planète de jupiter, puifqu'il étoit évident que je la verrois mal terminée. Je communiquai alors mon idée, que j'avois tenue fecrette jufqu’à ce moment , au P. Gaudibert, Jacobin de la rue Saint- Dominique, avec lequel j'étoir fort lié, & qui cultivoit la Dioptrique avec beaucoup de füccès. Il me promit de travailler, & me fit même concevoir des efpérances, . Je ne détaillerai point les difficultés qu'il efluya du côté du choix de la matière, & ne dirai point combien de verres il rebuta ; mais je dirai qu'il parvint à me donner deux objedtifs fuperbes & excellens, travaillés 7 £ 4 tr 2 8 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; à Ja main, ayant vingt-deux lignes chacun d’onvérture, pendant qué ceux de M. Bouguer, avec treize lignes feulement d'ouverture, n’étoitnt que médiocres; enfin, je ne penfe pas exagérer en publiañr que je ne crois pas que depuis Campani, perfonne ait faic dés verres de cêrte efpèce avec tant d'ouverture , fi parfaitement bons ; car les Tablés des grofiffemens des lunettes ne portent qu'à vingt ou vingt-üuné lignes les ouvertures des meilleurs objectifs de douze pieds de foyer, & les miens'en portoienc facilement vingt-deux ; mais comme je ne pouvois leur en donner qu'environ dix-neuf, nous fûmes obligés d'en couper environ trois lignes, s Le P. Gaudibert enchafla énfüuite ces obje@ifs dans des bouts de tuyaux de cuivre, les tourna & les fertit lui-même : or, le tout eft auñfi bien exécuté qu'il auroit pu l'être en Angleterre. Mon nouveau binoc!e fupporte aifément des’ oculaires de dix-fept à dix- huic lignes de foyer ; il groffit quatre-vingt-dix-huir à quarre-vinor-dix-neuf fois avec la plus grande nerteté & la plus grande clarté; je vois jupirer parfaitement terminé, fes bandes & pareillement fes farellires très-brillans. ” Je ne parlerai point ici des obfervations que j'ai faices en grand nombre fur les caches ; celles que j'ai également faites fur quelques-unes de ces étoiles nommées aflez, imparfairement étoiles doubles, & fur quelques: nébuleufes, parce que je me propofe de les vérifier encore; je me contenterai d'ajouter à ce que j'ai déjà dit de l’effer de mon binocle une expérience que j'ai faite qui m'a paru curieufe, & que j'ai pris plailir à répéter plufeurs fois fur le foleil ; c'eft qu’en féparant où détachagt les deux images, ce que je faifois en écarrant un peu’ les tüyaux les hs dé autres du côté des oculaires, je voyois en effet ces deux images don l'une débordoit l’aurre : elles me paroiflüient égales en inrénfité, & dans l'état à-peu-près que je les voycis lorfque je les regardois féparément avec: une feule funette; mais lorfqu'au moyen de ma vis, fans quitter les yeux du binocle, je parvencis à réunir les deux images en une feule, : j'éprouvois dans cet inftant de réunion une imprelion , ou fenfation fubite & finoulière d'augmentation de lumière, de clarté, de nerteré &e même de srofliffement apparent tout-à-la-fois, qui produifüient dans mes yeux leffet d’une efpèce d’éclair fubir auquel on ne s'attend pas. Ce qui acheva de me convaincre que ma vifion étroit beaucoup plus parfaite en me fervant de mes deux yeux, qu’en ne regardant qu'avec un feul, Nous nous étions propofé de reconftruire encore une fois ce binocle, en le faifant achromatique ; je me flatrois d’un effer encore plus con- fidérable , & que j'en tirerois un plus grand parti pour les obfervationss car le P, Gaudibert réuffifloit évalement bien dans les lunerres achroma= tiques ; mais malheureufement la mort l'a enlevé aux arts, il y a environ dix-huit mois, dans le tems qu’il s’occupoit déjà du choix du fints 'elafs pour la conftruction du nouveau binocle; & je regarde cette mor comme une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 une vraie perte que la Dioptrique a faite: s’il ne furpafloit pas, il égaloic au moins à l’âge de quarante-trois ans, où il efl mort, nos meilleurs Opticiens. Pleinement fatisfait de mon fecond eflai, j'ai fait garnir mon binocle en cuivre par les deux bouts, & fait faire également en cuivre ies porte-oculaires , je leur ai donné huit pouces & plus de longueur, pour n'avoir aucun jeu à craindre dans l'emboîtage ; à la place de collets de bois, j'en ai fair faire en cuivre avec des vis, & de petits reflorts à ceux des deux bouts , au moyen defquels & des vis, je peux rapprocher ou écarter à volonté les bouts des tuyaux les uns des autres de la plus petite quantité poflible, Mes objectifs ayant donc près de dix-huit lignes & demie d'ouverture chacun, j'ai par ce moyen une double ouverture qui équivaut à une feule d'environ vingt-fix Lignes ; mais l'ouverture des lunettes achromatiques ordinaires dont nous nous fervons aujourd'hui eft beaucoup plus grande, puifqu'elle va à trente-huit ou trenre-neuf lignes. Cependant ces lunertes ne groffiffent que quatre-vingr-feize & cent fois, comme fait mon binocle; mais, autant que jen ai pu juger jufqu’à ce moment, mon binocle dans fon érat actuel fait aufli bien fur jupiter que fonc la plupart de ces lunettes, & je pourrais encore augmenter fon ouvoir amplifiant, Un bon binocle peut donc donner de l'avantage, C'eft avec le fecours de ce binocle que j'ai vu avec la plus grande fatis- fation, la fortie de mercure de deflus le foleil le 4 de mai dernier 1736. - J’aj faic cette obfervation en baffe-Normandie, à un petit quart de lieue@e la ville de Coutances, & à deux lieues & demie au plus du bordde la mer. J'avois emporté avec moi, outre ce binocle, deux excelléntes pendules à fecondes, & mon quart de cercle de trois pieds de rayon, qui après avoir fervi à M. l'Abbé de la Caille dans tous fes voyages pour fes obfervations, eft paflé dans mes mains, a voyagé avec moi dans les mers de l'Inde, & en eft également revenu, Cet inftrument, fait par Langlois en 1742, eft excellent. Plus de deux cens obfervations faites à des points tout-àä-fait différens , qui m'ont fervi à déterminer les réfra@tions & la diftance des tropiques entreux par des hauteurs prifes du côté du nord & du côté du fud ; toutes ces différentes obfer- vations, dis-je, s'accordent à un tel degré de précifion , que la latitude de Pondicheri déduite des obfervations de l'étoile polaire, s’accorde à trois à quatre fecondes près avec la latitude de la même ville, déduite de l'obfervation de la diflance des tropiques entr'eux. Depuis plus de douze ans que je fuis de retour, j'avois toujours defiré de répéter en France , avec ce même quart de cercle ; les obférvarions que j'avois faires en très. grand nombre à Pondicheri fur les réfraétions aftronomiques à l'horifon de la mer, parce que je penfois qu'il feroic très curieux & très-intéreflanr de vérifier fi les phénomènes que j'avois obfervés dans la zone torride au lever du foleil à l'horifon de la mer, 8 dont j'ai rendu compte dans Tome XXX1, Part, IL, 1787. JUILLET, B 10. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le premier tome de mes Voyages, avoient également lieu dans les zones tempérées , ou (1 les différences étoient bien fenfbies; mais jufquà ce moment, les circonftances ne m'ayant pas paru favorables, j'avois été contraint d'y renoncer. Un Miniftre qui femble avoir été réfervé à nos jours pour en faire tne époque de l'encouragement des fciences & des arts, a bien voulu accueillir mon, projet. M. le Baron de Breteuil m'obtint dans le mois d’avril 1786 , l'appro- bation de Sa Majefté pour répéter fur nos côtes maritimes occidentales les obférvations aflronomiques que j'ai faites dans l'Inde. Mes préparatifs étant déjà tour faits, je partis en conféquence , pour me trouver fur les lieux à tems pour l’obfervation de mercure. Le rems fut très-inconftant ; la veille de l'obfervation fut un jour trés-pluvieux, accompagné d'un très-grand vent de fud-oueft, : Le 4 de mai, jour de l’obfervation, on ne voyoirencore nulle apparence de beau tems à fepe heures du matin ; il pleuvoit, & on ne voyoit que quelques éclaircis de place en place. Cependant un quart-d'heure avant l’obfervation Le ciel fe trouva balayé aux environs du foleil, & j'apperçus mercure fort diftinétement par le plus beau ciel du monde, un gros paquet de taches, & une groffe rache ifolée auf groffe que mercure. Je jugeai donc le premier contact de mercure au bord du foleil à 8h. 19° 17 de tems vrai, à ma pendule qui a marché fort uniformément, Je jugeai mercure à moitié forti à 8 h. 25/7" à ma montre, qui retardoit de 4’ 8” fur ma pendule, Enfin , je jugeai la fortie totale de mercure à 8 h. 22/45" de tems vrai à ma pendule. Après cette obfervation, dont je fupprime ici Les réfultats, j'allai fur ies bords de la mer chercher un lieu commode pour m'y établir. Je m'arrêtai quatre lieues environ au nord de Grandville, & à deux & demie au plus à l’oueft précifément de l’endroit où j’avois obfervé le paffage - de mercure. Ce fut-1à où je m'établis dans un lieu nommé le havre de Reneville, d'où je découvrois de deflus une très-perite hauteur un vafte horifon du côté de la mer depuis environ le fud-oueft jufqu'au nord-ef ; : jy ai paflé une grande partie de l'été dernier : j’y ai completé mon travail pour cette faifon ; & comme il entre dans mon projet , de répéter ces obfervations pendant un de nos hivers, je me propofe d'y retourner à la fin de l'automne prochain pour y pafler une partie de l'hiver fuivant, c’eft-à-dire , tout le tems qu'exigera cette feconde partie de mon travail, À mon fecond rerour j’aurai l'honneur de faire part à cetteilluftre affemblée des réfultats de mes obfervations , & de leur comparaifon avec celles du climat de l'Inde, A T'Of/ervatoire Royal, le 31 de Mars 1787. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, IL DE, S'C=R PPT ON DB L'O-CRVÉREND'E MORAGNES, Extraite dun Voyage minéralogique fair en 1786, par M. GouRJON DE LAvERNE , Élève du Corps Royal des Mines. L'ocrirrr de Moragnes à 6 lieues nord-eft de Bourges, eft fituée aux bois aux états près la motte d'Humbrigny dans un canton maré- cageux; elle a environ une demi-lieue d’erendue. Les puits que l'on a ouverts pour en tirer l'ocre, n'ont guère que 20 à 2$ pieds de profondeur, fur 6 à 7 de largeur. Avanc que d'arriver à l'ocre, on rencontre 4 bancs de terres différentes qui la précèdent. Ces bancs {ont fenfiblement parallèles , leur direction et de eft-nord-eft à l'oueft fud-oueft, Le premier qui a à peu-près-s pieds d’épaiffeur eft compofé de plu- fieurs couches d’un pouce ou deux d’une terre noirâtre entre-mêlée de fable quartzeux ; au-deffous de ce banc, on trouve une couche de fable homogène jaunâtre qui a trois pouces & demi d’épaifleur ; le troifième banc qui en a 6 eft d'une argile bleuâtre tirant fur le noir; il eft fuivi immédiatement d'un autre banc de terre argilleufe grife mêlée de quartz dont on voit des portions qui paroiflent entrer en décompofition. Ce banc a environ 4 pouces d’épaifleur, c’eft fous lui u’on rencontre l’ocre dont l'épaiffeur eft de deux pouces & demi, elle repofe fur un fable fin qui en fait le fond. J'ignore fi l'on trouve après ce fable des couches d'ocre, plufeurs obfervations que j'ai eu occafion de faire, me font croire que l’on pour- roit en rencontrer des bancs, même plus épais que les premiers; mais les ouvriers ne percent point ce fable, ils fe contentent d'y creufer deux ou trois chambres pour détacher l’ocre qui en forme le plafond, Ils continuent d'y travailler , tant qu'un danger preflant ne les oblige point de cefler de miner ainfi fous terre. On a vu quelquefois des ouvriers ÿ érir victimes de leur imprudence, L’ocre ne fe trouve point par morceaux féparés, comme on rencontre fouvent la fanguine dans les glaifières, mais elle forme un lit continu dans toute fa longueur, & conferve prefque par-tout fon épaiffeur. L'ocre eft tendre dans la mine, & fe laifle facilement couper; elle n'eft jamais mélangée de glaife ni de fable, ces fubftances ne font qu'y adhérer du côté qu'elles la touchent, ce qui forme ure efpèce de croute. Tome XXXI, Part. Il, 1787. JUILLET. B 2 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; L'ocre eft jaine lorfqu'on la tire de laterre, elle prend à fa fuper“ ficie en fe defléchanr, une couleur légèrement brunâtre. Lorfqu’on a foi- gneufement féparé la glaife & le fable qui peuvent être reftés adhérens, & quelle a commencé à fe fécher, on la tranfporte dans des efpèces de hangars ou greniers, & on l'y arrange fur des foliveaux placés à de très-petites diftances. Lorfqu'elle eft parfaitement. sèche, on la met dans de vieux furs pour l'envoyer à fa deftination. Voilà tout l’art qu’on emploie ordinairement dans l’exploitation de l'ocre jaune, fur-tout lorfqu'om fe propofe de la vendre en gros. Les ouvriers donnent quelquefois une petite préparation à celle qui eft pour vendre en détail. Ils en forment après l’avoir pétrie dans leurs mains des parallélipipèdes qui ont 7 à 8 pouces fur routes les faces. Ils font fécher ces pains, & les metrent enfuite dans des futs femblables à ceux dort on fe fert pour l'ocre en quartiers. Cette ocre eft vendue dans le commerce à raifon de 40 à $o fols le quintal, On en tranfporte en Angleterre, en Hollande, en Italie; il n'y a qu'en Hollande où les procédés pour la porter à l'état de rouge de prufle, foient en ufage. Mais un favant chimifte qui dans un de {es ouvrages qui a paru l'année dernière a donné l’analyfe de certe ocre jaune, penfe que l’on pourroit aufli la préparer en grand en France, & l’amerer à l’état de rouge de prufle, Il feroit bien à defirer-qu’on fit ufage du procédé qu’il indique, cette préparation deviendroit une fource de richefles pour le Berri qui abonde en ocrières, & bientôt il enleveroit aux Hollandois le tribut que leur induftrie nous a impofé jufqu'alors. OBSERVATIONS Sur les Ecailles de plufieurs efpèces de Poiffons qu'on croit communement dépourvues de ces parties ; Par M. BROUSSONET , de l’Académie des Sciences. Nous ne connoiflons qu’un très-petit nombre de poiflons privés entièrement d’écailles , peut-être même ces parties fubfiftent-elles dans tous, & n'ont-elles échappé jufqu'à préfent aux recherches des [éthyolo- gilles, que faute d’obfervations plus exactes. Le but de ce Mémoire eft de donner la defcriprion de quelques-unes de ces parties fur des efpèces où l’on avoit afluré qu'elles ne fe trouvoient point. La poñition des écailles varie fuivanc les différentes manières de vivre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 & la forme de chaque efpèce de poiffons ; dans quelques-unes , elles font entièrement à découvert, dans d’autres elles font en partie recouvertes par la peau, quelquefois elles font cachées au-deflous de l’épiderme, Leur infertion prefente aufli des différences relatives à la diverfité des efpèces ; 1l en eft où les écailles font très-unies à la peau & paroiflent n’en être qu'u1 prolongement ; quelquefois elles font légèrement attachées au corps par des vaifleaux très-déliés qui partent du milieu , ou des bords de chaque écaille dont la forme varie aufli faivanc les efpèces ; on en voit de cylindriques , de rondes, de quarrées, d’unies , de crenellées, &c. comme auf d'ofleufes & de flexibles. Les poiflons donc les écailles font à découvert & feulement retenues par des vaiffeaux , appartiennent à la clafle de ceux qui nagent dans de grands fonds , qui ne s'approchent jamais du rivage , & qui par conféquent font moins expofés à perdre ces parties, que lé moindre choc contre les rochers ou Les plantes marines pourroient détacher. Plufieurs efpèces de clupea , d'argentines , &c. peuvent être rangées dans cetre clafle. L'ufage des écailles paroît fe borner dans ceux-ci à rendre la furface de leurs corps unie & lifle pour fendre l’eau avec plus de facilité : ce qui eft d’auranc plus probable que ces poiflons font des voyages de long cours, & que la conformation des autres organes concourt aufli à augmenter la promptitude de leurs mouvemens. A mefure que les poiffons font deftinés à s'approcher un peu plus du rivage, leurs écaiiles font recouvertes en partie par la peau ; leur épaiffeur devient aufli plus confidérable, & leur adhérence eft plus forre que dans les efpèces dont nous venons de parler. Cette conformation leur eft d'autant plus néceflaire qu’elle préferve ces animaux des impreffions ErOp brufques qu'ils recevroient écant expofes à fe heurter contre les madrepores , les coraux ou les crabes qui font fur les rochers au milieu defquels ils nagent continuellement. La forme de leurs écaiiles varie fuivant leur genre de vie; quelquefois elles font très-orandes, comme on peur les voir dans plufieurs efpèces de perches, de /abrus & für-tour de Jcarus, qui ont les ecailles plus groffes proportionnellement à leur corps. Jen ai vu qui avoient appartenu à un poiflon de ce genre pris dans les mers des Indes: elles avoient près de trois pouces de diamètre. Plus les poiflons donc les écailles font en partie recouvertes par Ja peau font deffinés à vivre dans la vale & près du rivage, plus ces parties font petites, & la membrane qui les fixe plus épatfle. Ce qu’on peut obferver en comparant un brochet avec une ranche; je me bornerai pour cet cbjer à renvoyer à l'Ouvrage de Bafler , qui a donné la figure d’un très-grand nombre de ces écailles. Je vais décrire ces organes {ur quelques «fpèces où on ne Les a pas obfervés. La flamme fe trouve dans ia Méditerranée ; c’eft un poiffon fort effilé ; fa queue fe termine en pointe, Les premiers [cthyologiftes la connoïfloient 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, « fous le nom de ænia, comme s'ils euflent voulu la comparer à un ruban: Linné l’a délignée fous la dénomination générique de cepola, en ÿ ajoutant le nom fpécifique de tæœnia ; fa couleur de feu & la manière dont elle nage en ferpentant, lui ont fait donner dans notre langue le nom de flamme : prefqu'aucun Auteur n’a donné une bonne defcription de ce poiflon. Je n'en connois point qui ait parlé de fes écailles ; M. Gonau dans Le caractère qu'il afligne au genre du cepola d'après l’efpèce dont nous parlons, dit qu’il n'y a point d’écailles ; il eft cependant facile de voir ces parties qui font recenues fur le corps de l'animal par une enveloppe très-fine & très-déliée. Elles font rangées de manière qu'elles forment des lignes obliques qui fe croifent en façon d'échiquier, La trace qu'elles laiflenc fur la peau en tombant eit prefque quarrée ; quoiqu'elles foient aflez petites, on les voit cependant à l'œil nud très- diftinétement ; au microfcope elles DR ovales, plus obcufes à l’une des extrémités qu'à l'autre: vers le bout Le plus large on voir partir du centre des rayons divergens aflez diftans les uns des autres, ils fonc formés par une férie de petites écailles fe recouvrant les unes les autres en manière de tuiles. De l’autre côté de l’écaille, on voit des arcs de différentes grandeurs, également éloignés les uns des autres, & décrivant une courbe femblable à celle du bord de ce même côté, Ces arcs font auffi formés par de petites écailles ; les écailles principales forment un renflement dans leur milieu ; elles tiennent au corps au moyen-de plufieurs vaiffeaux très-déliés qui s’insèrent au-deflous dans leur partie concave. On n’en trouve point fur la tête. Loin de gêner les mouvemens de ce poiffon elles fervent au contraire à les faciliter ; auffi eft il très-agile, & nage-t-il forc vire au milieu des plantes marines où il vic ordinairement. J'ai reconnu des écailles petites rangées comme dans cette efpèce , en’ uinconce , fur deux poiflons appartenans à un genre que Gronovius a décrit fous le nom de Maflacembelus : j'en ai décrit un dans le Mufœum Britannicum , où il a été apporté par Ruflel qui la fait connoître le premier dans fon voyage d'Alep; l'autre qui n'a été décrit par aucun - Auteur , & dont les écailles font un peu plus petires que celles de l’efpèce précédente, n'a été communiqué par M. le Chevalier Banks qui l’a apporté de la mer dufüd, 0 Plufeurs Auteurs ont prétendu que le remora n'avoit point d’écailles ; Linné & M. Gonau ont donné ce caractère à ce poiflon. Je ne releverai poine ici cette omiflion qui eft démontrée d’une manière d'autant plus frappante que ces parties font très- apparentes dans l'efpèce dont il s’agit. ; L'ammodyre fe trouve aflez communément fur les côtes de l'Océan, en Hollande, en Angleterre ; on le trouve aufli en Amérique à Terre- Neuve, &c. Nous remarquerons en paflant que prefque tous les Auteurs qui ont donné une figure de ce poiflon ont copié celle qu'en avoit SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 1$ publiée Le prernier Salviani , ils l'ont repréfenté avec deux nâgecires fur le dos, quoiqu'il n’en ait réellement qu'une. Son mufeau eft très efflé, fa chair eft ferme; il s'enfouit prefque toujours dans le fable : on le déterre en Hollande avec une herfe faite exprès traînée par des bœufs ; comme il eft deftiné à vivre fous le fable, & prefque roujours hors de fon élément, fes écailles ont dû avoir une conformation particulière, Auf font-elles très-petires , & ont-elles échappé à l'examen de tous les Iéthiologiftes, de Willugbbi lui-même, fi recommandable par fon exactitude , & qui cependant dit expreffément que ce poiffon eft privé d’écailles ; elles font prefque femblables à celles que je viens de décrire fur la flamme, feulement les lignes obliques qu’elles forment font diftinétes entr’elles. Fabricius , dans fa Fauna Groenlandica , pag. 141, parle de ces lignes , maisils ne dit pas qu'elles foiene formées par des écailles, il obferve feulement que la peau eft unie & marquée de ftries obliques qui entourent le corps; je crois qu'Artédi eft le feul Auteur qui en aie fait mention fans cependant en donner la defcription: je ne fais pourquoi long-tems après Artédi M. Gonau indique la privation des écailles comme un Caractère diftinétif du genre de l'ammodyte qui ne confilte que dans certe feule efpèce. Nous venons de parler des écailles de quelques efpèces de poiflons deftinés à vivre fouvent dans la vale: elles font très-perites, & fe recouvrent en partie les unes les autres ; nous allons pafler à d’autres efpèces deftinées au même genre de vie, mais obligées d'exécuter beau- coup plus de mouvemens d’ondulation , dont le corps , ef long & dans lefquelles les écailles ont dù être féparées par de petits intervalles pour que les mouvemens du corps ne fuflent point pênés ; on les trouve fur les anguilliformes : je vais les décrire d'abord fur l’anguille, parce que c’eft le poiflon de cette clafle le plus commun , & que ces écailles one d’ailleurs été déjà connues de plufieurs Auteurs. Le corps , la tête & même les yeux de l’anguille font recouverts d'une peau d'un tiflu ferré, blanchätre & parfemé d’une infinité de petits points noirâtres, qui vus à la loupe préfentent un grand nombre de mouche tures ; elle eft recouverte d’un épiderme très-fin, noirâtre; on trouve entre ces deux enveloppes de petites poches oblongues, quelquefois . rondes , ordinairement d'une ou même deux lignes de long & formées par une adhérence de l’épiderme à la peau tout autour de fes véficules, qui font en partie remplies d’une humeur qui lubréfie toure la furtace du corps au moyen d'une grande quantité de petits tuyaux ; les écailles font logées dans les petites poches dont je viens de parler, une- dans chaque poche qu'elle remplit exaétement; la convexité en eft rournée en-debors; elles font fixées au corps par plufieurs vaifleaux qui s'insèrene à la partie concave. Leewenhoek en a donné une bonne defcriprion & une bonne figure, KRoberg dans la defcriprion qu'il a publié: de * 16 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'anguille en à fait mention, & a copié la figure de Leewenhoek. On peut en voir auili une très-bonne figure dans les Opufeula Subuffiva de Barlter. Au microfcope ces parties paroiflenc formées de plufieurs rayons divergens compofes eux-mêmes d'une rangée de petires écailles pofées les unes fur les autres en manière de tuiles. Les écailles principales d'ailleurs font répandues fur tout le corps , fans fe coucher. On les voit très- bien à l'œil nad , & mieux encore fur unz peau sèche ; c’eft ce moyen qu'Artedi a indiqué pour les diftinguer facilemenr. Un des avantages les plus précieux fans doute de l'étude de l’Hiftoire- Naturelle eft de nous éclairer fur les erreurs les plus généralement accré- ditées, & qu'il eft roujours fi important de détruire , fur-tout lorfqu’elles intéreflent la diététique. Ainfi les Juifs d'aujourd'hui qui habitent fouvent des pays où l’anouille eft rrès-commune, mais qu'ils croient comprife dans la défenfe faire par la loi, de manger des poiflons fans écailles, ne s’abftiendroient point d'un aliment fi fain , s'ils culrivoient l'Hiftoire- Naturelle avec, autant d’ardeur qu’ils mettent d'aveuglement dans un précepre qui n'éroit réellement pas compris dans le fens de la loi. On peut dire la même chofe des Romains à qui, fuivant Pline, une loi de Numa défendoit de facrifier des poiflons fans écailles. Un bafard heureux procure fouvent au peuple des découvertes dont les obfervareurs ne fe déutent pas, même plufieurs fiècles après qu’elles font regardées ailleurs comme des chofes triviales ; c'eft ce qui eft arrivé aux paylans de plufieurs pays du nord, qui long-tems avant Leewenhoek, connoifloient les écailles de l'anguille , qu'ils ramafloient avec foin pour les mêler avec le blanc deftiné à blanchir les murs de leurs maifons, qui acquéroient par-là un brillant très-agréable, particulièrement lorfqu'elles éroient éclairées par le foleil ; ne pourroit-on pas appeler ceci blanc à Pécaille, comme on dit blanc en bourre ? Plufeurs Auteurs ont cependant écrit qu’on ne trouvoit point d'écailles fur l’anguille, Rondeler & quelques autres Ithyologiftes l'ont afluré , & parmi les modernes M. Gouan a indiqué la privation des écailles comme un caraétère propre aux genres de murène auquel ce poifion appartient : cet Auteur dit cependant dans un autre endroit du même Ouvrage, que les écailles des poiffons font quelquefois feparèées les unes des autres , & il cite pour exemple l’anguille. Hañlelquift a déerit ces écailles£dans fon Voyage ; mais il les prenoit pour des parties bien différentes. Lesécailles ne font pasles feules partiesque Les Auteurs aient naéconnues dans ce poiffon. Les organes de la génération leur ont été inconnus, & fa reproduction a éré regardée comme myftérieufe. Parmi fe grand nombre d'Auteurs qui ont donné la defcription anatomique de l’anguille!, Valifnieri eft le feul qui aic donné une bonne figure avec une defcriprion des oryanes des deux fexes qui font fitués hors du peritoine & difpofés en grappe comme dans les lamproies. Il eft rare qu'on prenne une anpuilie SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 anguille œuvées il paroït que les œufs prennent un accroiflement très- prompt dans ces animaux, & qu'ils fe cachent dans la vafe au moment où ils doivent les jeter. Plufieurs efpèces de murènes des mers des Indes ont des écailles de Ja même forme de celle de l'anguille: ces poiflons appartiennent au même genre: le loup marin a des écailles rondes plus grandes que celles de l’anguille , & pareillement recouvertes par l’épiderme. Tous les Auteurs qui ont parlé de certe efpèce, Willughbi même & Gronovius qui en ont donné les meilleures defcriptions, ont afluré qu’elle n’avoic point d'écailles. Un poiffon du genre de blemins qui a beaucoup de rapports avec le loup-marin , & qui eft connu fous le nom de viviparus à caufe de la manière dont fes petits fortent cout formés de fon corps, eft couvert d'écailles de la même forme: elles font feulement un peu plus petices que dans les efpèces précédentes relativement à fa groffeur. Ce poiffon remonte les rivières. Je l’ai vu aflez fouvent dans les marchés de Paris & de Londres; fon fquelette eft verd : cet exemple n’eft point uñique; on retrouve la même fingularité dans deux autres efpèces de poiflons ; favoir, l'aiguille ( E/ox Belone ) & une autre variété du brochet, qu’on êche quelquefois aux environs de Malesherbes. La donzelle dont j'ai publié l’hiftoire dans les Tranfactions Philofo- phiques , année 1781, a des écailles du même genre, mais comme la peau qui les retient fur le corps eft très-mince , elles tombent aifément, & pour lors le poiffon paroît fi différent de ce qu'il étoit auparavant , que quelques Auteurs qui l'ont vu figuré dans les deux états, en ont fait deux efpèces diftinétes; je n’entrerai point dans un plus long détail fur ces parties, en ayant déjà donné la delcription & la figure dans Les l'ranfaétions Pbilofophiques, * Les écailles que nous venons d'examiner font cachées fous l'épiderme; elles font éloignées les unes des autres, & les poiffons qui en font pourvus font privés de nâgeoires ventrales, ou du moins ces parties font très-pertires dans quelques-uns & incapables de les foutenir; toutes les efpèces de cet ordre ont le corps allongé pour être en érat d’exécuter des mouvemens d’ondulation & de fe foutenir ainfi à une certaine haureur. Elles ne s'éloignent jamais des bords ; elles y vivent prefque toujours dans la vafe. Les ouvertures de leurs ouies font petites, & la peau qui fert d'enveloppe à toute la tête devient tranfparente fur les yeux. Siles ouvertures de leurs ouies avoient été grandes, fi leurs écailles étoient contigues & à découvert, le limon feroit entré avec l’eau dans les organes de la sefpiration , & fe feroit infinué fur les écailles. Parmi les poiflons qui ont des écailles prefque tout-à-fait cachées, if nous refte à examiner deux efpèces particulières ; l’une eft un fcomber décrit par Bronne dans l'Hiftoire-Naturelie de la Jamaïque; fon corps eft liffe , argenté & effilé; la peau eft d'un üffu ferré & ferme: elle a Tome XXXI, Part, Il, 1787. JUILLET, C 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, prefque la confiftance du cuir ; toute la furface du corps eft marquée de lignes faillantes interrompues, dirigées de la rêre à la queue , & qui fe touchent par les côtés. Ces lignes font formées par des écailles allongées très-étroites, pointues, fixées {ur la peau & recouvertes d'un épiderme argenté; leur longueur eft ordinairement de trois ou quatre lignes : elles font retenues fur le corps par un petit vaifleau qui s’insère à l'extrémité la plus voifine de la tête & en même-tems la plus efilée ; il eftdiffcile de les détacher ; elles procurent à la peau ce degré de fermeté qu’on y trouve ; on pèche ce poiffon dans les mers d'Amérique. L'autre efpèce eft figurée par Margrave fous le nom de Guebum. Elle conftitue un nouveau genre très-voifin de celui de fcomber. Jai cru devoir lui laiffer en françois le nom de voilier ; fous lequel on le trouve afflez mal figuré dans l'Ouvrage de Renard. Sur un individu de plus de fept pieds de long dont M. le Chevalier Banks a bien voulu me laifler prendre la defcription dans fa colle@tion, les écailles étoient de huit ou neuf lignes de long, lancéolées , applatties , fixées dans la peau, & prefque tout-à-fait recou- vertes par l’épiderme ; elles étoient moins rapprochées que celles de lefpèce de /comber , que je viens de décrire : un vaifleau qui s’inféroic à leur bafe les retenoit fur le corps. Margrave avoit vu ces parties, mais il les avoit prifes pour des arêtes, & avoit dit que ce poiflon n'avoit point d’écailles. Il paroît que ces fortes d'écailles procurent à la peau un très-grand degré de fermeté, en même-tems qu'elles facilitent les mouvemens des poiflons qui en font couverts, en rendant plus lifle la furface de leur corps. Les deux efpèces fur lefquelles je les ai obfervées, nagent très-vîte ; le voilier fur-tout , qui eft armé comme l’efpadon d'un long bec dur , nage avec une telle rapidité qu’il perce fouvent plufeurs pouces du bois des vaifleaux contre lefquels il fe porte; c’eft ce qu’on peut voir dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, dans les Tranfactions Philofophiques & dans les Mémoires de l'Académie de Stockolm, On le trouve au Bréfil & dans les mers des grandes Indes. Les écailles offeufes, allongées que nous venons de décrire , ont une certaine analogie avec celles qui recouvrent le corps des chiens de mer; mais celles-ci font entièrement à découvert, Elles font rangéesréoulièremenc en quinconces , & fixées très-fortement à la peau. Celles de l'aiguille dont Bafter a donné la figure, font très-petites ; mais vues au microfcope elles paroiffent applatties , étranglées à leur bafe, & prefqu'en forme de fer de lance : on voit fur leur furface deux ou trois lignes longitudinales & faillantes ; on peut obferver fans le fecours d’aucuns inftrumens qui grofliffent les objets, des écailles de la même ftruéture fur une nouvelle efpèce de chien de mer que j'ai décrite dans les Mémoires de l’Académie, année 1780, fous le nom d’écailleux. Quelques poiflons de ce genre ont les écailles applatties , liffes, prefque rondes, & très-rapprochées ; la ê NS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 peau de ceux-ci fert à couvrir les ouvrages qu'on nomme engalluchats ; celle des autres fournit le chagrin pour le commerce. Toutes ces écailles font fixées folidement fur la peau : cette adhérence étroit néceffaire pour qu'elles ne puffent peint fe détacher dans les mouve- mens compliqués que ces poiflons font obligés d'exécuter : elles leur fourniflent d’ailleurs une forte de défenfe contre les plus perits poiffons en rendant leur peau ferme & rude au toucher. Les poiflons bourfes ( etraodon ) ont des écailles très fines & fem- blables à des épingles, leur pointe s'éloigne du corps : cette direction devenoir indifpenfable dans ces poiffons qui enflent à volonté leur corps & le réduifent tour de fuite à un très-petit volume :_plufieurs efpèces one des écailles offeufes, très-dures & liées entr’elles, les loricaria & les poiflons coffres font dans ce cas; d’autres enfin , tels que les fingnarhus & les baptifters ont des écailles cartilagineufes un peu flexibles , larges & fixées d’une manière invariable fur une peau épaifle, Les écailles paroiflent être communes à toutes les efbèces de poifons, & leur ufage principal femble être de fournir à ces animaux une arme défenfive en procurant à leur peau continuellement ramollie par l'élément qui l’environne ,un plus grand degré de fermeté; les poiflons font encore pourvus de tubercules offeux , d'épines , d'appendices charnues, & même d'efpèces de poils : ce dernier cas eft à la vérité très-rare ; on ne l'obferve que fur un très-petit nombre d’efpèces, & notamment fur un poiflon du genre des faumons , figuré par M. Duhamel, fous le nom de capelan d'Amérique. La manière dont les écailles fe forment , celle dont elles prennent leur accroiffement, l'ufage dont elles peuvent être pour découvrir l’âge des poiflons, font autant d'objets que je me propofe d'examiner dans un autre * * Mémoire : il me fuffit dans celui-ci d’avoir fair voir ces parties fur plufeurs efpèces où elles n’avoient point été obfervées auparavant, LE TRE D ELaMLAS AGE ; AU CNE UD ETC ANOMAÉ CT A E RTE Mowsreur, Parmi les. chofes nouvelles & très intéreffantes dont M. Prouft fait part aux favans par la voie de votre Journal, ce Chimie cire entr'autres une mine de plomb verte arfenicale & un vitriol de plomb, J'ai trouvé i!.ÿ a Tome XXXI, Parr, II, 1787. JUILLET. (Gus 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quatre ans ces deux efpèces de mires de plomb à l’érat falin ; j'en ai fait part à l'Académie en 1784, qui a imprimé ce que j'en ai dit parmi fes Mémoires de la même année, page 291 , fous le titre d’Analyfe d'une mine de plomb terreufe, jaunâtre, antimoniale & martiale, en mafes formées de différens lits qui fe trouvent par filons à Bonvillars en Savoie, à fix lieues de Chambéri , fur la route de Piémont. J'ai auf fait mention de certe même mine, page 526 du fecond volume de mon Analyfe chimique & Concordance des trois rèznes, où jela définis une mine de plomb terreufe combinée avec les acides vitriolique & arfenical. J'en ai encore parlé page 181 du troifième volume de ce même Ouvrage, ainfi qu’à la page 87 du fupplément à la Defcription nrérhodique du Cabinet de l'Ecole Royale des Mines, fupplément que j'ai l’honneur de vous envoyer , & dans lequel j'ai auff fait la defcription d'une galène en décompofition , entremêlée de fpath nitreux violer, recouverte de mire de plomb terreufe jaune, combinée avec l'acide arfenical, de Bourgogne, page 114, N°. 281. Je ne crois pas , Monfieur, qu'on ait fait mention jufqu'à préfent de Ja mine de cebalr grife arfenicale , combinée avec la galène ; certe efpèce de mine a été trouvée en 1783, à Chatelaudren par M. Brolman , Pro- fefleur de Mérallurgie-pratique de FÉcole Royale des Mines : les échan= tillons de cette mine, apportés par M. Cavelier ,; & dont les eflais viennent d’être faits en ma préfence, par cet Elève, dans le Jaboratoie de l'Ecole Royale des Mines, confirment cette découverte. J'ai Fhonneur d'être, &c. LETTRE DE M MULLER, Confeiller de la Tréforerie : A OMEMDPE IE IOMREN Sur le prétendu Réoule d’'Antimoine nanf x Traduite par M. DE FONTALLARD. Movsreux, Votre Mémoire fur le réoule d'antimoine natif de Fazebay , inféré ‘a a G LM 5 » dl . PJas | dans les differtarions de la Société privée de Bohème , m'a dérerminé à examiner plus particulièrement ce métal , dont la nature me paroifloie ' SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 toujours doureule, Je me fuis convaincu que notre prétendu régule d’an- timoine n’étoit pas de l’antimoine, mais du véritable bifmuth fulfuré. Lorfque j'aurai fini mes expériences, je vous en ferai une defcription détaillée, En atrendant je vais vous indiquer quelques propriétés déci- fives. L'acide nitreux attaque avec une violence fingulière notre mine, & diffout jufqu'au foufre & un autre minéral en combinaifon avec elle, L'eau diftillée précipite la diflolution, & le précipité eft un magiftère de bifmurh. Traité convenablement avec le tartre & le nitre, je n’ai obtenu aucun veftige de régule d’antimoine; notre mine s’amalgame facilemenr avec du mercure froid. Au feu, elle brüle d'une fimme bleue; ces propriétés qui ne conviennent aucunement à un régule d'an- timoine, ni même à un antimoine fulfuré , peuvent fufire pour la faire regarder conime du bifmuth, en attendant que j'aie rendu compte de pluieurs expériences qui ont été faites pour l'analyfer. M, de Ruprechr, en la traitant avec le fublimé corrofit , pouvoir bien obtenir du beurre, mais du beurre d’antimoine & nullement du cinabre que le bifmuth retient, quand il n’elt pas entièrement faturé de foufre, D'ailleurs ;. les D A qui ont porté Schwab à donner pour du réaule d'antimoine a mine qu'il avoit analyfée en 1748, ( Traité des Sciences en Suéde, part. X, pag. 100) font abfolument étrangères au régule d'antimoine & à fes mines, & fonc conclure en toute fureté que c'étoit du bifmuth € mais du bifmuth natif): car le régule d'antimoine s’amalgame très- difficilement avec le mercure , encore faur il qu'il foit en fufion & que le mercure foic chaud. Le bifmuth fe diffout très-facilement dans l’eau régale, mais l’eau diftillée ne précipite pas le réoule d’antimoine. Le bifmuch puriñe l’or dans le feu comme le plomb, mais ne le fépare pas de l'argent; & ces propriétés ont encore porté Sckwab à donner le nom de régule d’antimoine à cette fubftance. Je fuis feulement furpris que des minéralogiltes & des chimiltes du premier rano, s’en foient tou- jours rapportés au régule de Schwab, quand il a été queftion de régule d’antimoine, & n’ayent pas confidéré plus attentivement les expériences . de cet Auteur, Ain, je fuis très-convaincu qu'il faut s’en tenir à ce qu'a dit M, Scopoli dans fes principes de minéralogie fyftématique , aw fujet de lantimoine natif : je Le croirai, quand je l'aurai vu. J'ai l'honneur d’être, &c. A Hermanfladt , le 21 Septembre 1782, MN 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; a me CCE T TIRE D'EUMSTDSE SR OUVP IRL EL CNT AM D, Et BIO1RUN: Sur la Pierre de Gangue rougeûtre tenant or, de Kapnik; Jur l'Antimoine natif de Tranfivalnie ; & [ur une nouvelle Mine d'Or de Nagyag. ‘ Traduire par M. DE FONTALLARD. Monsreves k Je n’ai pas encore vu le feld-fpath folié de Kapnik, à moins que ce n'ait été dans quelques cabinets, fans y avoir fait attention, Celui que j'ai examiné fait plus aifémenc feu avec l'acier, & eft infiniment plus denfe, d'un grain plus fin & plus pefant que le feld-fpath ordinaire: il ne fait pas effervefcence avec les acides, mais avec le verre de borax. Fondu au chalumeau , il bouillonne en écumant, fe diflout prompte- ment, & ne contient. aucun veftige d’un mêlange de la terre calcaire, qui fe trouve communément dans les feld-fpaths en les décompofanr, Suivant le relevé qui en a été fait, & après en avoir réitéré la décom- poñition, un quintal de mine a donné 25 lots d'eau (x), une livre 18 lots de terre alumineufe, 7 livres 13 lots ? de terre martiale, 35 livres $ lots de terre de manganèfe, & $5 livres 2 lots = d’une terre filiceufe non- colorée. La portion de terre alumineufe eft ordinairement plus con- fidérable lorfque le feld-fpath commence à fe décompofèr. J'ai coutume de me fervir du poids de marc de Vienne pour mes expériences, afin Y de pouvoir porter en compte, avec la plus grande précifion, les moin- dres éduirs & les produits que la balance d’eflai ne détermineroit pas avec la même exaétitude. Le poids de mare en queition eft divifé jufqu’a un huitième de grain, Nous avons, près du puits d’Airage, un fpath couleur de chair, qu'il ne faut fouvent qu'égratigner, pour qu'il fafle effervefcence avec les acides, quoiqu'en plufieurs eudroits il fafle feu avec l’acier : cependant ce n’eft autre chofe qu'un véritable fpath cal- caire plus ou moins mêlé de quartz quelquefois vilible, dont la texture intérieure eft fouvent en rayons concentriques, très-denfe ; & aflez femblable à ce qu'on appelle de l'asbefte non-mür. Au refte, je n'ai pas AT NNRi, Vr rene en nr ne ee (x) Le lot équivaut à quatre gros ou une demi-once, SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 23 encote examiné fi la couleur rougeâtre eft due au mêlange de la man- ganèle, qui communique la même couleur à la pierre de gangue de Negyag- | Je vous envoie un échantillon d’une terre de manganèfe d’un blanc - rougeàrtre phlogiftiquée, & d’une autre de la même efpèce d'un brun noir déphlogiftiquée. Je l'ai féparée , par la voie humide & par la voie sèche, de la pierre de gangue de Kapnik : je ferois d’avis de la mettre dans la clafle des jafpes ; la première terre et privée, à l’air libre, mais plus promptement au foleil & au feu, du phlogiftique qui rend fa couleur blanche, & fe colore en noir-brun. Quelque confidération que j'aie pour M. de Muller, je crains que, trompé par la reflemblance de quelques propriétés phyfques & chimiques du bifmuth & de l'anti- moine , il nen ait conclu que le régule d'antimoine natif de Fazebay étoit néceflairement un bifmuth naut, Je me rappelle l’expérience qu'il fit avec de la pyrite martiale, pour découvrir par l’aralyfe fi cette mine contenait de l'or. Il vouloit, par cette minéralifation & par une calci- nation fubféquente, difpofer le régule d’antimoine à fe vitrifier pius pat- faitement, & empêcher que l’or ne fe volatilisät avec lui; précaution qu’il auroit pu omettre, & qui auroit mème été inutile, fi la mine en queftion eut été du bifmurh qui fe vitrifie aifémenc à la coupellation , & qui s'impregne dans la coupelle aufli facilement que le verre de plomb. Le bifmuth préfente à la fracture une couleur blanche tirant -plus ou moins fur le jaunâtre : notre régule d’antimoine, au contraire, a prefque la couleur blanche d’argenr & eft plus éclatante, ne fe chan- geant ni à l'air, ni dans l'eau, tandis que celle du bifmurh eft fujette à varier, fur-rout à l'air. Le bifmurh a plus de pefanteur fpecifique que ie régule d’antimoine; il eft aifément difloluble dans l'acide nitreux & dans Peau régale, &, outre la propriété qu'il a d’être précipité de fon diflolvant avec l’eau diftillée fous le nom de blanc d'Éfpagne , il donne encoreuneencre fympathique. Notre régule d’antimoine n’eft qu’en partie difloluble dans Îles deux diflolvans que je: viens de nommer, pas même en l'y faifant bouillir; & en le travaillant avec tous les autres diffolvans, ilne donne point d'encre de fympathie, & ne fauroit être précipité pat l'eau pure. Le premier fe fond au chalumeau- aufli promp= tement que le dernier. Mais fa furface fe noircit en fe refroidiflant:: au lieu que le régule d'antimoine conferve mieux l'éclat de la fienne dans la même circonftance; un bouton d’antimoine fe volatilife infiniment plus vîte au chalumeau, qu’un bouton de bifinuth: de même: volume ne le fait fur. le charbon. Celui-ci, fe laifle amalgamer avec le mercure par la fimple trituration , ce que ne fair pas:le premier, quoique tous deux foient fufceptibles d’être fublimés fous forme métallique; dans des vaifleaux fermés expolés à un feu convenable, comme le zinc, Quand mème tous ces caraétères , & beaucoup d’autres encore qu'il:feroit trop i4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, long de rapporter ici, feroient infuffans pour diftinguer l'un de l’autre ces demi-métaux , une: feule preuve {uffroit pour mie convaincre du contraire de ce que préfume M. de Muller, qui s’eft peut-être trop bâré de révoquer en doute les expériences même du célèbre Sckwab, relativement au régule d'antimoine, natif de Sahlberg , que j’ai vu chez Pimmortel Bergman, &.à Stockholm chez M. d'Enpeftroem, & qui reflemble parfaitement au nôtre, Cette preuve eft, que j'ai obtenu de notre régule d’antimoine fublimé avec le mercure blanc, auquel j'avois: ajouté une légère portion d'acide marin, un vrai beurre d’antimoine, dont on pouvoit revivifier le régule, & que j'ai obtenu de même une mine d’antimoine artificielle, en mêlant du foufre à la chaux d'anti- moine reltante après la fépararion de l'acide marin, qui abforba l'alkali que jy avois introduit; mais je n’ai jamais remarqué l’un ou l’autre de ces phénomènes dans le bifmuth, même dans celui du Bannat que j'a- nalyfai, il y a deux ans. En un mot, je {uis intimement convaincu de la\ nécefité d’analyfer les foffiles par la voie humide. ou par la voie sèche; d'examiner comment ils fe comportent dans Le feu, à l’air, dans l'eau, dans les acides, & leurs rapports avec d’autres corps;. & d'êre aufli attentif à tous les phénomènes, qu’afluré de la proprété des ma tériaux , des vaifleaux & des inftrumens qu’on emploie aux expériences» fur-tout quand il importe de les déterminer avec exactirude, afin de ne poinc fe laïffer induire en erreur par des expériences ifolées, qui n’au-) zoient pas éré répétées, ou de n'être point trompé par les propriétés de deux corps différens, qui n'ont que de la reffemblance entr'eux. On n’a envoyé, il y a quelque tems, une efpèce particulière de mine d’or de Nagyag. Cette mine eft toute blanche, très-brillante & feuil- letée, en partie gorge de pigeon à la caflure : il paroît néanmoins que fa couleur tire fur le bleuâtre, & fi j'en juge par les expériences que j'ai faites jufqu’à préfent, mais que la modicité de l'échantillon ne m'a pas permis de répéter, d'étendre , ni de multiplier comme je l'aurois defiré, ce n’eft qu'une combinaifon métallique naturelle de régule d'an- timoine natif, d'or, d'argent & d’un peu i: fer, dans laquelle je n'ai pu découvrir ni foufre, ni arfenic. J'ai analyfé la partie maflive de cette mine, qui fe trouve dans un quartz blanchâtre enduit d'uné argile blanche, qui pourroit bien avoir produit les deux lifières de part & d'autre, & j'ai trouvé par la voie humide 741 ots d’or tenant argent au quintal : après la féparation , l’or montoit feul à 629 lots, & l'argent à 112 ; tandis qu’en employant la méthode ordinaire par l'imprégnation & par la coupellation, j'obtenois à peine 400 lots d’or mêlé avec de Pargent, Je vous envoie encore un échantillon grillé de estre mine fingulière &! remarquable ; qui préfente des grains vifbles d’or , après qu'une partie du régule d’antimoine s'eft volatilifé : 1e fecond échan- ullon et tel qu’il a été extrait dans la minière, Je debrerois obrenir plus de SUR L'HIST..NATUREILE ET LES ARTS. 2ç de mine mallive, ne fut-ce qu'un lot, afin de pouvoir fixer avec plus de précifion le rapport du, régüle d’antimoine natif & du fer, par des ‘expériences réitérées, & variées: La raifon pour laquelle, l'or & l'argent pe s'obtiennent pas fans une perte confidérable, par la méthode ordi- aire de l'affinace, quelques précautions que l'on prenne, rélide, à mon avis, dans Ja volatilité du régule d'antimoine natif, qui fe volatilife plus ou moins avec les méraux précieux, enraifon du degré du feu. La feule différence que j'ai trouvée jufqu’à préfent entre le régule d’anti- moine natif de Nagyag & celui de Fazebay ; c’eft que le dernier, dans l'étar de folidité, ne contient ni or, ni argent, ny ayant que le quartz gris qui l'accompagne, qui en contienne quelquefois du natif fouvenc vilible; tandis que le premier renferme la quantité d'or queje viens d'indiquer ; que fa, caflure effre de plus grands feuillers | & quelle eft conféquemment plus brillante, Lorfque J'aurai le rems de mettre en ordre les expériences complettes que j'ai faites avec les mines d'or noi’ râtres feuilletées de Nagyag , connues depuis long -rems, & de les! mettre au net, je me ferai un plaifir de vous rendre compte de la ma- nière dont cette mine contient de l'or, de l'argent, du fer, du plomb, de l’antimoine, de l'arferic & du foufre, & donr j'ai tâché de déter- miser les proportions, afin de foumettre aux lumières & au jugement des favans un travail qui puifle contribuer aux progrès de la chimie, J'ai l'honneur d’être, &c. A Schemnitz , le 20 Oétobre 1782, INTRODUCTION A'L'ÉTÜUDE DE L’ASTRONOMIE PHYSIQUE; Par M. Cousin, Leëleur & Profeffeur Royal, de l Académie Royale des Sciences : 1 vol. in-4°. de 324 pages, avec figures. À Paris, chez la veuve Defainr, Libraire, rue du Foin-Saint-Jacques, DIX RAT Te La plupart des Géomètres célèbres qui ont paru depuis Newton ; ont aflocié leur gloire à celle de ce grand homme , en coftribuant! à développer, & à, établir de plus en plus fon fyflême de la gravitation univerfelle, À laide des nouvelles méthodes analytiques qui ont été imaginées , & fur-cout des progrès qu'a faits le calcul intégral , on eft Tome XXXI, Part, 11, 1787. JUILLET. - D 26 OBSERV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, parvenu à accorder d’une manière plus précife les réfultats du calcul avec les faits donnés par l'obférvation, à repréfenter plus exaétement la marche des phénomènes ; & les efforts des mains favanres qui ont re- manié fucceflivement les diverfes parties de cet immenfe édifice, ont fervi en même tems, & à lui donner une forme plus parfaite, & à prouver qu’il étoit établi fur des fondemens inébranlables. Mais il manquoit encore à la fcience un ouvrage où toutes ces re- cherches faires à différentes reprifes fe trouvaffent réunies, & où l’édifice préfenté dans fon enfemble, püt être envifagé fous un même point de vue. M. Coufin a entrepris cette tâche importante, & l’a remplie avec tout le füccès qu'on devoit attendre de fes profondes connoiflances en éométrie. j Il a divifé fon ouvrage en fix chapitres. Dans le premier, il donne une expofition abrégée du fyftème du monde, du mouvement des pla- nettes dans leurs orbites, & des actions qu’elles exercent les unes fur les autres. F1 démontre ce théorème, que fi toutes les parties d’une fphère homosène , ou dont la denfité varieroit du centre à la circonférence, füivant un rapport dérerminé, attirent en raifon inverfe du quarré des diflances, cerre attraction fera la même à l'égard d'un corpufcule fitué hors de la fphère, que fi toute la mafle de cetre fphère étoit réunie au centre. Îl termine ce chapitre par la démonftration de plufeurs au- tres théorêmes néceflaires pour l'intelligence de ce qui doit fuivre. Dans le fecond chapitre, M. Coufin traite du mouvement des planettes, en vertu de leurs actions réciproques, & de celle du foleil. En ne confidérant d’abord qu’une feule planette, il prouve que la courbe qu’elle décriroit autour du foleil feroit exactement une ellipfe. Il fuppofe en- fuire deux planettes, atrirées l'une par l'autre, & en mème-tems par le foleil, ce qui le conduic à la folution du fameux problème des trois corps. Il étend enfuite à un plus grand nombre de corps cette même folution, qui donne, pour la courbe décrire par les planertes, une ellipfe d'autant plus altérée, qu'il y a plus de corps qui agiflent les uns fur les autres. Après quelques détails fr les dérangemens que l'aétion de vénus occafñonne dans le mouvement de la terre, M, Coufn pafle à la chéorie de la lune. Cette planette follicitée à la fois par l'attraction de la terre, -& par celle du foleil, eft fujerte à une mulrirude d’irré- gularités, dont l'explication a donné lieu aux recherches profondes de plufieurs grands géomèrres , & a produit enfin des tables qui, conftruires d’après les réfulrats du calcul , repréfentent exactement les mouvemens obfervés. M. Coufn expofe fucceflivement les théories de MM, Clai- raut, d’Alembert, & Euler, fur cet objet important. Parmi les variations que fubiffenc les planerres dans leurs mouvemens, les unes fe rétabliflent à chaque révolution ; d’autres vont en s'accumu- lanc pendant une longue fuite de révolutions; on a nommé celles-ci SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 équations féculaires. M. Coufin expofe les méthodes qui fervent à dé- terminer ces dernières équations, & démontre entr’autres, un réfulrat remarquable que M. de la Place a trouvé le premier, d'une manière très-approchée, & que M. de la Grange a depuis démontré rigoureu- fement, favoir, que l’adtion mutuelle des planertes n’altère fenfble- ment, ni leurs diftances moyennes, ni leurs moyens mouvemens. La rotation de la terre autour de fon axe, influe néceffairement fur fon mouvement progreflif, M. Coufin, dans le troifième chapitre , détermine cette infuence , en faifant ufage des recherches de MM, d'A- lembert & de la Grange. Ces réfultats le condufent au problème de la préceflion des équinoxes. On fait que les points où l'équateur coupe l’écliptique ne font pas fixes, mais retrogradent chaque année d'en- viron $0”, en forte que l’équinoxe arrive un peu plutôt que dans le cas où le mouvement n’auroit fouffert aucune altération. Cet effet provient des attractions particulières, que le foleil & la lune exercent fur l’efpèce d'anneau de matière excédente, qui environne le globe terreftre vers l'équateur, & lui donne la figure d'un fphéroïde applati par les poles. M. Coufin parvient aux réfulrats de M. d’Alemberc {ur la préceflion ainfi que fur la nutation de l'axe rerreftre, qui a lieu en conféquence du changement d’obliquité de l'écliptique, produit par une partie de l’aétion de la lune. Il réfout aufli le problème de la nutation, ou de l'efpèce de balancement occafionné dans le mouvement de la lune , par l'attraction de la terre fur ce fatellite. On a cru obferver dans le moyen mouvement de la lune une petite accélération, dont on ne trouve aucune explication dans la théorie or- dinaire de l'attraction. M. l'Abbé Boflut, & M. de la Place ont cherché les raifons de ce phénomène, l'un dans la réfiftance de J’éther, l’autre dans la propagation de l’attra@ion, qu'il fuppofe employer un certain tems, quoique très-petit, à fe répandre dans les efpaces céleftes. M. Coufin préfente fucceflivement les réfulrats de ces deux hypothèfes. La figure applatie de la terre eft déjà indiquée par la conlidération de l'excès de force centrifuge des parties firuées à légrareur; & la quantité de cet applatiffement a été déterminée par les obfervations des Académiciens François, qui ont mefuré deux degrés de méridien, l’un à l'équateur, & l'autre vers le pole. Mais la théorie peut feule déter- miner la nature du fphéroïde, qui réfulte de l’applatiflement de la rerre, M, Coufn traite dans le quatrième chapitre cette queftion intéreflaute, IL confidère la terre comme une mafle fluide, dont toutes les parties agiroient les unes fur les autres, en raifon inverie du quarré des dif- rances, & fe déplaceroient ainfi mutuellement, jufqu’à ce que toute la mafle fût parvenue à l’état d'équilibre, Parmi toutes les figures poflibles de fphéroïde , il n’y en a qu'un certain nombre qui fatisfaflent aux conditions requifes pour l'équilibre. M. Coufin fait ici ufage d'une mé- Tome XXXI, Part. II, 1787. JUILLET. D 2 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, * thode qui lui eft particulière, & parvient aux mêmes conféquences que M. Clairaulr, dans fon Ouvrage fur la figure de ta Ferre, F1 expofe les réfultats donnés par M. de la Place, dans les Mémoires de l'Académie, & qui s'appliquent à tous les fphéroïdes honrogènes qui ne fonc pas de révolution , pourvu qu'ils different infiniment peu de la fphère, Le Chapitre cinquièrne a pour objet la théorie du flux & du reflux de Ja mer. Pour fimplifier d'abord la queftion, M. Coufin fuppofe que les deux aftres attirans foienc immobiles, & il détermine, dans cette hypo- thèfe , l'élévation des eaux de Ja mer au-deflus de leur niveau. Il fait entrer enfuire, parmi les élémens du problème , les mouvemens du foleil & de la lune, & détermine les petites ofcillations qui doivent en réfalter par rapport à la mer. La méthode qu'il emploie le conduit aux mêmes folutions que celles de M. de la Place. FH expofe enfuite les conjedtures: de ce célèbre Géomètre fur La profondeur moyenne des eaux de la mer & fur Ja hauteur des marées. Enfin, il démontre , d’après le même favant, que la terre étant fuppofée recouverte par la mer , la fluidité des eaux ne nuiten rien à l’effer des attra@ions du foleil & de la lune , pour produire la préceflion & la mutation; en forte que cet effer eft abfolument le même que fi fa mer formoir une mafle folide avec la terre. Le grand nombre des forces qui fe combinent dans la production des phénomènes céleftes, & fa complication qui én réfulte, ne permettent fouvent de réfoudre les problèmes que par des méthodes d’approximation. Hl étoit donc effentiel de chercher à perfectionner ces mérhodes , & en mérne-tems le calcul intégral, qui donne les moyens de calculer les: termes des féries employées pour parvenir aux approximations cherchées. Tel ef l'objer dont s'occupe d’abord M. Conufin, dans le fixième Chapitre de fon Ouvrage. I} fair enfuite diverfes applications des mêmes méthodes À la théorie des eomiètes & à la recherche des perturbations qu’elles éprouvent dans leur cours, de la part des planettes, dont lattrationaltère leurs orbires. Il termine cet Ouvrage par l'expofé de quelques autres méthodes d’approximation , & en particulier de celles qui ont été données par MM. d’Alembert & le Marquis de Condorcer. Cette analyfe, quoiqu'imparfaite , peut aider à concevoir la grandeur du plan que remplit le travail de M. Coufin. Mais il faut lire l'Ouvrage, pour apprécier le mérite que l'Auteur a fu lui donner , par le choix des méthodes & l’art de les rédiger. C'eft un nouveau titre qu'il acquiert à la reconnoillance que fes leçons de calcul intégral lui avoient déjà fi juftement obtenue de la part de ceux qui defirent fe perfectionner dans une branche de calcul effentielle pour approfondir l'étude de PA ftronomie phyfique, ee Eh SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 29 EXPRATTID'UN' ESS AL Sur quelques phénomènes relatifs à la criflalhifation des Sels JEUITeS à t À Lu à l'Académie des Sciences le premier Mars 1786; Par M,.zE BLANC, Chirurgien, nou Les citant fufcepribles de” deux efpèces de variations ; les unes donnent des formes réellement diftinguées les unes des autres , & dont le nombre eft limité d’après les Joix de la criftaliifation ; telles font, par exemple, les formes du rhomboïde du fpath d’Iflande , du prifme droit réeulier hexagonal , &c. dans le genre du fpath calcaire. Les autres variations ne font que les modifications accidentelles d'une même forme : ainf, par exemple, le prime hexagonal que nous venons de citer, peut être plus ou moins alongé ; ou avoir deux pans oppofés plus larges ou plus étroits que les quatre autres, &c. Ces modifications peuvent varier à l'infini dans un même criftal, & aflez fouvenr elles déguifent la forme dont elles font originaires, au point qu'il faut un œil très-exercé pour n’y être pas trompé. Ce font ces dernières modifications qui font la matière du Mémoire que je préfente aujourd’hui à l’Académie: il m'a paru que les caufes qui les déterminent, méritoient une atrention par- ticulière, d'autant plus que perfonne n'avoit encore cherché à les lier les unes avec les autres, & à en faire l'objer d’un travail fuivi; c'eft cepen- dant , une partie vraiment intéreflante. J’efpère pouvoir jeter du jour fur quelques-unes de ces caufes, particulièrement fur celle qui regarde la poftion du criftal ; enfuite je rapporterai quelques expériences fur l’ac- croiffement des criftaux. Je me propofe de faire connoître, dans un autre Mémoire , mes obfervations fur. la furcompolition de plufieurs fels ‘neutres, On ne peut douter que [e folide, formé par l’agprégation des molécules falines , ne s’accroïfle par. l’addition fuccelfive de nouvelles molécules fembiables aux premières; il en réfulréroit des formes conftantes, fi l’ordre dans lequel s’opère la diftribution de ces molécules ; n’éprouvoit aucun changement ; mais il arrive fouvent que des-caufes, qui paroiffent muiti- pliées, modifient le réfultat de cette belle opération, en forte que la différence entre les criftaux d’une même efpèce n’a laiffé voir à plufieurs favans dans la criflallifation , qu'un jeu de la nature qui n’éroit aflujerti à aucune règle, L'apparence de deux formes diftinétes dans les criftaux d'un 355 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même fel, fixa d'abord mon attention : j'employai toutes les précautions que je crus convenabies pour avoir des liqueurs falines bien homogènes & exemptes de mêlanges ; je répétai plufeurs fois l'opération, & je fs criflallifer en différens tems, plufieurs portions de la même liqueur : les rélultats furent toujours les mêmes, & enfin je découvris que la variété de pofition du prifme éroic la caufe principale de ces différences qui en avoient d'abord impolé à mes yeux. Je remarquai que ce prilme fe trouvoit pofé tantôt horifontalement , c’elt-à-dire, couché fut l'une de fes faces latérales, tantôt verticalement , c’eft-à-dire, pofé fur l’une de fes bafes. Il me parut enfuite que ces deux pofitions principales pouvoient être modifiées de plufieurs manières, & qu'il en réfultoit autant de variétés. J'ai trouvé des exemples de ces variations dans les criftaux du fel acéreux minéral ; mais Comme ‘ces exemples m'ont paru mieux caractérifés dans un cas particulier , je donnerai le procédé de la préparation , & enfuie la defcription des criftaux qu'elle four- nit, Si l’on ajoute cinq à fix gros d’alkali volatil cauftique, fur une pinte de diflolution de mercure par l'acide du vinaigre, la liqueur rougit à peine, mais Île mercure acquiert immédiatement la propriété d être précipité parfaitement blanc, par l’alkali fixe , cetre liqueur ainfi préci- pitée par l’alkali fixé aéré , évaporée très-lentement , fournit des prifmes obliques à fix pans, dont deux oppofés entr'eux font plus larges que Les quatre autres , & des dodécaëdres à quatre pans qui font des exagones alongés, terminés par des fommers à quatre faces rhomboïdales. Cerre forme a du rapport avec celle de l’hyacinthe, criftal germe. Prefque toujours les arètes da, bo, attenantes aux bafes du prifme hexaëdie (fe. 1, PLI), font remplacées par deux facettes où même par un plus grand nombre ; l’autre efpèce qui fe trouvé quelquefois abondante dans la liqueur en même-rems que le criftal précédent , en eft fur-tout diftinguée pat un caraétère très-particulier dont nous n'avons point encore parlé , il confifte en ce que la face qui repoloit fur le fond de la caplule, fe trouve creufée dans la forme d’uné nacelle, de manière que le criftal renverfé repréfente très-bien cérre efpèce de bateau. Certe face excavée, eft toujours un des hexagones bac doe, qui forment les pans du criftal (fig. 2 ). I arrive fouvent dans ce même cas , que deux des faces rhom- boïdales du fommer prennent une telle étendue que les deux autres font nulles ou prefque nulles. Alors deux des hexagones oppolés entreux , tels que co n l d,'id. fe trouvent changées en pentagônes, Suppofons que le criftal repréfenté fig. 2, foit excavé er deflous, dans ce cas la furface de la cavité elt compofée, 1°. d'un hexagone qui en occupe le fond & qui eft parallèle à 4 bc o de; 2°. de deux trapèzes inclinés & parallèles à l'hexagone cro dn1, & à celui qui lui correfpond de l’autre coté ; 3°. de quatre trapezoïdes pareillement inclinés & parallèles aux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 quatre petits rhombes bas, dlgo, &c. Il s'agit maintenant de faire voir le rapport qui exifte entre les criftaux fe 1:6:2. Nous avons dir que le criftal fe. 1 , avoit fouvent fes deux arètes da, bo, remplacées par deux facettes; fi l'on fuppoloit que les deux autres arètes £a, à f, fuffent aufli remplacées par des facettes, alors on concevra, avec un peu d'attention, que dans le cas où ces facettes auroient affez d’étendue pour anticiper fur les rhombes cdef,1kkpo, ceux-ci fe trouveroient changés en hexagones, en forte que le criftal auroic comme celui de la fig. 2 , quatre hexagones & huit rhombes ; mais il eft bien eflentiel de remarquer que c'eft l'hexagone a k hgcd, qui dans le criftal fig. 1 , répond à l'hexagone abeodc, dans celui de la fig. 2 ,en forte que dans le pailage du premier au fecond , le prifme fe raccourcit & fe comprime dans la direction d’une bafe à l’autre, & que la cavité qui forme le criftal nacelle correfpond toujours à l’une des bafes dont il s'agir. Ce qui prouve fur-tout le rapport que nous venons d’expofer entre les formes de ces deux criftaux, c’eft que les angles fitués dans les parties correfpondantes de ces mêmes criftaux , ont exaétement les mêmes valeurs ; ainfi, l'inclinaifon refpeétive des deux faces dane, Kanp (fig. 1), eft précifément la même que celle des deux faces acrs, abhs (fig. 2), c’ett-à-dire, que ces angles donnent à-peu-près 84° 30’, & que l'inclinaifon refpective des faces adne, gcbf, qui donne le fupplément (fig. 1), correfpond à celle des faces sarc, gold (fig: 2). De plus, l’'inclinaifon des bafes hexagonales du prifme fg.1 , fur lesarètes an, gb, eft de 68° d'une part, & 112° de l’autre part: ce qui s'accorde avec les inclinaifons refpectives de l'arère sa (fig.2), avec la face hexagonale excavée , & de l'arète 90 , avec la face hexago- nale bacdoe, &c. Il eft donc démontré par l'obfervation, que les différences entre ces deux criftaux , ne font que des modifications acci- dentelles d’une même forme, & l’on va voir que l'expérience jufuifie pleinement cette aflertion. Ces deux efpèces de criftaux fe diftinguent facilement l’une de l’autre dès l’inftant où le criftal commence à fe rendre fenfible à l’œil fimple. Si alors on échange la potion, c'eft-à-dire, fi l’on mer à plat le criflal qui étoit dreflé fur l'une de fes bafes, & vice verfa, & fi ces criftaux reçoivent enfuite un nouvel accroiflement , la forme fe trouve également échangée ; en forte que le criftal qui avoir commencé à prendre la forme d’une nacelle, s’accroît dans les dimenfions du criftal prifmatique , & que l'effet contraire a lieu pour l’autre criflal, & lorfque le prifme fe trouve pofé pendant fon accroiflement , fur l’une des longues arètes de fes faces hexagonales, ou de fes bafes AK, par exemple (27. I), on remarque ailément les modifications de l’une & l’autre efpèce, ou plutôr, le criftal qui en réfulte, participe de la forme des deux , &c. Ces obfer- vations ne permettent-elles pas de préfumer que cette multitude de 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . variétés qui -s’obfervent dans un très-grand nombré defels, peut.fe rapporter, au moins en grande partie, à ces phénomènes de polition © Les recherehes de M. l'Abbé Haüy , fur la ftruéture des criftaux , ont déjà rendu ä certaines claffes, des efpèces qui en avoient été dittraites fur de fimples apparenices , puifque l’analyfe chimique a depuis pleinement juftifié l'obfervation dé cet Académicien célèbre. Can La diverlité d'opinions fur le ‘méeanifme-que Îa nature emploïe dans Ja formation des criftaux ; h'4’fugoéré quelques expériences que je crois décilives'; elles me paroïflent devoir terminer abfolument les difputes que quelques Auteurs avoient encore renouvellées dans ces derniers tems, J'ai d'abord imaginé de placer un criftal dans la diffolution ide manière qu'une partie füt hors de la liqueur pendant l’évaporation. J'ai conftam- mént obfervé que la portion qui baïgnoit a toujouts été la feule- qui prit de l’accroïflement. Quelquefois il eft arrivé au criftal de fe féparer en deux par une feétion qui s’eft toujours faite à la furface de la liqueur. Après avoit tranfvafé alternativement différens groupes, compôfés de criftaux d’une ligne de diamètre à-peu-près, parvenus, par ces tran{vañons, à un beaucoup plus gros volume, chaque criftal reflant toujours bien diftin& fans que fes adhérences fe fuffént jamais détruites ; je croyais appercevoir dés raifons contre la juxta-poftion ; j'élevai enfüite des criftaux enclavés qui parurent autorifer aufli mes doutes; mais des points de démarcation , folidement placés dans un criftal , me parurent le moyen le'plus convenable pour obtenir une folution completre. J'imaginai donc d’afflembler trois colonnes, de manière que le fl qui les afujertifloie par leurs extrémités pafsât dans les angles vuides qui réfulcoient de fafemblage de ces mêmes colontes: enfuite j'ai perforé d'autres criftaux & implanté folidement des tiges d’acier dont les diflances bien coûnues, ñe poñvoient meriquer de me donner des réfulrats certains ; après avoir donné un nouvel acéroiffement à ces criftaux , il ne m'a pas paru qu'aucun des points de démarcation fe fût jamais écarté, ou que leur diftance eût augmenté fenfiblement. L'accroiffement d'un criftal s'opère donc par juxta-poñtion uniquement, ST ESSAI SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS, 33 LEE ES StA I | De la Mine de Cobalt grife arfenicale entremélée de Galéne, de Chatelaudren ; Par M. CaviLLier, Elève de l'Ecole Royale des Mines. On diftingue dans ce minéral , de la galène fpéculaire À larges facettes, parfemée de mine de cobalt arfenicale, d'un gris blanc argentin, & quelques filets de quartz renfermant de la blende rouge. Cette mine expofée à l'humidité, & enfuite à l'air fec , fe recouvre en peu de tems d’eflorefcences lilas & verte , efflorefcences qui indiquent la préfence du cobalt & du nickel. Dans les divers morceaux que j'ai eu, la mine de cobalt arfenicale &'y trouve aufli abondamment répandue que la galène. Un morceau de cette mine de cobalt féparé de la galène & effayé au chalumeau a préfenté les réfultats fuivans : il a décrépiré très-forremene & exhalé une grande quantité d’arfenic ; enfuite le cobale s’eft reduit & a produit un bouton en partie recouvert d’une fcorie brunâtre. Ce bouton mis fous le marteau s'y eft brifé facilement, & a été féparé de la fcorie qui l’entouroir. Ce régule de cobalt s’eft diffous très- promptement dans l'acide nitreux, à l’aide de la chaleur ; il s’en eft dégagé des vapeurs de gaz nitreux. La diflolution a pris une couleur rofe, Un peu de fel marin jeté dans cette diflolurion lui a fait prendre une couleur verte. Un papier trempé dans cette diffolution & expofé au feu a pris une couleur verte, propriété qui n’eft due qu'au fel marin cobalrique À autrement appelé encre fympathique d’'Hellor, Le cobalt exifte donc dans cette mine , & dans un grand degré de pureté ; l'expérience fuivante {ere encore à démontrer la préfence du cobalt dans cette mine de plomb fulfureufe. Un morceau de mine de cobalt femblable au précédent ayant été calciné au chalumeau, & fondu avec du verre de borax, lui a com- muniqué une belle couleur bleue, Une portion de la chaux de cobalr s’eft trouvée réduite dans le verre : lé bouton eflayé de la même manière que dans l’expérience ci-deflus, a produit les mêmes réfulrars. Cette mine entremêlée de galène ayant éré calcinée dans un teft a dégagé beaucoup d’arfenic & un peu de foufre : dans certe opération elle a perdu dix livres par quintal. Par la réduction , elle a produit quarante livres de plomb par quinral ; les fcories étoienr reinres en verd, couleur produire par le mélange du bleu du verre de cobalt avec le jaune du verre de plomb. Tome XXXI, Part, IT, JUILLET, 178% E 584 OBSERVATIONS SUR LA FHYFSTQ UE’; Le plomb ayant été coupellé a laifé un grain de rerour, qui fait sonnoître que cette mine contient par quintal quatre onces un gros cinquante-fix grains d'argent, & un peu de cobalt qui ayant été diflous dans l’eau régale, a produit l'encre fympathique d'Hellor. LETTRE DE, MON S.LE UR. W..r: Profeffeur, de Botanique à N. ‘A: M°DE LA MÉTHERIE Mowsreur, Il faut efpérer que les étrangers ne reprocheront plus long-tems aux François d’avoir porté l’efprit de légèreté jufques dans l'Hiftoire-Natu- relle, &: la Botanique. Une telle ‘accufation n’a d'ailleurs jamais pu regarder qu'un certain nombre de particuliers. Qui auroit ofé faire ce reproche à Tournefort, Vaillant, Juflieu ? Aujourd’hui le génie d'obfervation fe communique de proche en proche. Une foule de Botaniftes; à la fois bons obfervateurs & inltruits à fond dans la fcience ,; & cependant encore :affez jeunes, annoncent quéic'eft en Franceique la Botanique ‘va paroître avec le plus d'éclat. On commence à ‘profiter :non-feulement des: découvertes françoifes; mais aufli de celles des étrangers. Les bons Ouvrages du nord n’ont jamais été fi répandus dahs le royaume, Cependant , qu'il me foit permis de le dire, ils ne le font pas'encore aflez. I] en eft deux fur-tout, qui concernent particulièrement les plantes cryptogames, dont les Botaniftes ne peuvent trop fe pénétrer; l'un eft Le livre de Schmiedel ; intitulé: Tcones Plantarum6 analyfes partium &c.Noriberoæ, 1747 — 82, in-fol. Par-tout on-y voit l'obfervateur le plus attentif, le plus expé- rimenté, le plus oculé (oculatiffimus ), examinant roujours fans même fonger à faire de fyftéme. Il rapporte feulemenr.ce qu’il a vu; il ne femble que dire: voilà ce qui peut être, quoiqu'il démontre ce qui eft. L'autre eft la colletion de’ce que le Docteur Hedwig: a publié jufqu’ici fur les cryptogames : Fundamentum Hiflorie naturalis mufco- ruim frondoforum , &c. Lipfiæ ; 1782;, in-4°. Theorialgenerationis & fruéificationis Plantarum criptogamicarum ; &c, Lipfiæ, 1784, in-4°, Surpes cryptogamicæ novæ aut dubiæ iconibus adumbratæ , add'têque Aïflori& anelytic4 illuftratæ. Lipliæ ; 3785, in-foli:Là eft démontré Ja i SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. frudifcarion des moufles; là il eft prouvé-que ce que Linné wenoit pour partie mâle; eft juftement la partie femelle. On ne pourra plüs nier la fécondation fexuelle -des moufles, Le doéteur Hedwig nous y montre les étamines & le piftil dans tous les états. Ordinairement quand les éramines fonc en maturité & fon leur explofon , le piftilelt encore, ainf qu'elles, infiniment petit. Cependant l'obfervateur ladrois peut y reconnoître , à l'aide du microfcope, & un germe bien fenfible & un ftyle ou ftygmare. Bientôt ce ftyle perd de.fa vigueur: le germe. au contraire s'accroît, Il éroit d’abord fefile, Il s'élève peu-à-peu fur un pédonéule bientôt fenfible à La vue fimple. C'eftla Sera de Linné. Le germe porté par ce pédoncule devient une capfule encore plus vifible. C’eft ce que Linné a très-mal à propos nommé Anrhera. Cettecapfuleeft remplie de femences qui mürifflenr & deviennent fécondes, Qu'on ne prérende point que ce ne font pas des femences: le docteur Hedwig les a femées dans un éndroit convenable; il les a vuigermer, & décrit jufqu’à leurs corylédons, où feuilles féminales très-différentes de celles de la tige. Telleeft la fructification des Sphagnum , Splachnum , Polytrichum , Mnium, Phajeum, Bryum, Hypnum, Fontinalis, Buxbaumia, & Jungermannia’, de Linné en général. On penfe bien qu'il y e enfuire quelques différences génériques ou fpécifiques : que les anthères font quelquefois fefliles & cachées dans les feuilles, & quelquefois:nues & fur un pédoncule; que le pédoncule de la -capfüle eft rantôt court, tantôt long ; que la capfule a dans les uns un opercule, & qu'elle en manque dans les autres ; qu'elle eft quelquefois univalve , & quelquefois compofée de quatre battans. le Un Botanifte habile, qui découvre en Suifle de nouvelles richefles qu'on n’auroit-jamais efpéré y trouver après tous les:rravaux de Haller , M. Reynier , ( Ÿ’oy« Journal de Phyfique de mars, pag, 171) n’a cru qu'à fes yeux, & non pas au fyftême de Linné , en-difant avec raifon que les parties de la Marchantia poly morpha, qu'il a obfervées, fervoient à repro- duire la plante fans le concours des fexes. Mais M. l'abbé P ** * ( 07, Journal de Phyfique de mai, pag. 352) lui,a objeété bien juftement que pour n’avoir obfervé avec foin que cette forte de parties, il ne devoit pas nier. l'exiftence & l’ufage d’autres parties, vraiment fexuelles, très- différentes. Effectivement, ce qui paroît inconnu à MM. Reynier & l'abbé P***, Schmiedel a démontré au mieux tous les organes qui fervent à propager la Marchanria poly morpha, Les uns fonc de petits godes, obfervés par M. Reynier, dans lefquels font renfermés des corpufcules globuleux , nullement fexuels, & ‘cependant reproduifant l'efpèce, Schmiedel les appelle granula vivipara , & M. Reynier les compare ingénieufement & avec fondement aux cayeux de. certaines plantes, Mais outre ces corpufcules vivipares la Marchantia poly morpha a des organes mâles Tome XXXI, Part, II, 1787. JUILLET, E 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; & des femelles dont on ne peut révoquer en doute l'exiftence & les fonétions. Tout autre que Schmiedel les auroit peut-être confondus les uns avec les autres ; car ils ont à-peu-près la même forme extérieure ; celle d'un petit parafol cu chapiteau pédonculé. Cependant certains chapiteaux font prefqu’entiers, ayant leurs bords feulement finués, tandis que d’autres font fendus & divifés en huit à dix rayons. Les chapiteaux feulement finués font des fleurs mâles d’une ftructure fingulière. En les examinant attentivement avec une bonne loupe, on appercevra fur leur partie fupérieure des pores fort petits. Si l’on fend perpendiculairement le chapiteau , pour découvrir où conduifent ces pores, on verra manifefte- ment qu'ils font les ouvertures de petites cavirés ovales ou petites follicules polliniferes , qui font les vraies anthères de cette plante. L'organe femelle eft bien autrement conformé. Sous chaque rayon du chapiteau eft cachée une petite rangée de germes , que la marurité change en capfules de la nature de celles dont j'ai parlé plus haur, Mais le fruit de la Marchantia eft ainfi très-différent de celui des Bryum, Hypnum, Jungermannia, &c. Dans ces genres, il n’y a qu'une feule capfule portée par un feul pédoncule & libre : dans la Marchantia un même pédoncule porte plufeurs capfules, & ces capfules, au lieu d’être libres, font recou- vertes d’un abri qui les renferme diverfement , felon les diverfes efpèces. Si les Ouvrages de Schmiedel & d'Hedwig avoient donc été plus connus en France, M. Reynier n’auroit point donné comme nouvelle la reproduétion de la Marchantia par des corpufcules vivipares fans le concours des fexes , il auroit cherché à voir par lui-même l’exiftence des étamines & des capfules décrites par ces deux Boraniftes; & d’un autre côté, M. l'abbé P *** n’auroit pas avancé que les chapiteaux n’ont été confidérés jufqu'à préfent q'ie comme les organes du fexe mâle, puifque ceux qui font au courant des nouvelles découvertes favent qu'une partie de ces chapiteaux font de véritables fruits, dont je viens d'indiquer la ftrudture. : M. l'abbé P**%# dit que M. Sahlberg a obfervé Le mouvement élaffique des anthères dans l'inflant de l'éjaeulation. HN auroit fallu dire: Le mouvement des femences. Mais pourquoi n’avoir pas plutôt cité Marchant à qui eft dû l'honneur de la découverte? Ce Botanifte françois nous a le premier appris qu’on découvroit au dedans des caplules des filets foyeux crès-fns , comme chifflonnés & repliés , lefquels s'allongeant peu-à-peu , & s'épanouiffant vifiblement , laif[ent échapper une infinité de très- petites particules jaunes ; à-peu-près rondes ; q’on apperçoit aëtuelle- ment ortir par bouffées d'entre les filets foyeux de cette houpe, & fe répandre dans l'air, ainfi que feroient les étincelles d'un tifon enflammé qu'on frapperoit coup fur coup. C'eft encore à Marchant que l'on doit le premier foupçon des vraies femences de cette plante ; qui eft à fi jufte titre décorée de fon nom, I SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 dic: « Il eft aflez vraifemblable que les petites particules jaunes dont on > vient de parler , font les graines de cette plante , puifqu'on voit naître » des millions des jeunes plantes de la même efpèce aux environs des » anciennes, ce qui arrive, non-feulement fur la furface de Ja terre, mais » aufli contre des murs graveleux, dans des cours, entre les joints ou » fentes du pavé , même jufques fur des roîts voifins expofés au nord, & » principalement pendant l'automne, ou autres rems frais, ce qui nous » fait appeler ces femences , graines errantes ou vagabondes , à caufe » qu'elles fe difperfent dans l'air, où elles font invilibles ». J’oyez les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1713 , & les Collections académiques , part. franc. tome 3. Je ferois cependant très-fiché que la crainte d’avoir incomplertement obfervé, ou de ne pas dire des chofes neuves , empêchäât les obfervateurs françois de publier leurs travaux. On ne peut trop fournir d’obfervations de tout genre aux Naturaliftes. D'ailleurs , je ne crains pas de le dire, PHiftoire-Naturelle & la Botanique ne font que de naître, Combien ne faudra-t-il pas de fiècles pour que la fcience atteigne la perfection, pour que notre pierre philofophale , je veux dire la méthode naturelle, foit enfin parfaitement trouvée, pour que les efpèces des quatre parties du monde foient toutes déterminées, nettement diftinguées de leurs variétés ; pour que tout amateur ou commençant puifle fans maître, à l’aide d’un feul livre élémentaire, trouver imperturbablement le nom de l'objer qu'il cherche. Il faut donc reconnoïrre cette vérité : l'Hiftoire-Naturelle eft encore au berceau. Du tems des Bauhins feulement on a commencé à concevoir ce que c'étoit que la Botanique. Les Tournefort, Rai, Morifon, &c. lui ont donné la naïffance. Linné , l’immortel Linné lui a faic faire un grand pas ; mais je crains bien que malgré toures les décou- vertes de nos jours la fcience ne refte long-rems à languir. On peut diftinguer prefque tous les Naruraliftes en deux clafles. Les uns , pénétrés du mérite de Linné, font fes adorateurs ferviles & ne peuvent s’écarter d'un pas du chemin qu’il a tracé, quoique ce grand homme lui-même changeât ou corrigeät fouvent fa route. Par exemple, il avoit d’abord voulu que le nom de chaque plante comprit , avec la dénomination du genre, les caractères qui la diftinguoient de roures les autres efpèces. Ainf il ne vouloit d'abord admettre que fes roms Jpécifiques. Bientôt après il reconnut l'impoffbilité de l’exécution & fe fervit de roms triviaux, que leur commodité fait aujourd'hui aflez généralement adopter. Dans la conftruétion de fes genres, de fes efpèces , de fes variérés, que de changemens n'a-t-il pas opérés ! Malgré cet exemple , une mulrirude de Botaniftes voudroient qu'on s'en tint ftritement à ces dernières idées , tandis qu'il n'auroit fans doute pas manqué de les améliorer encore s’il eur pu toujours vivre. Ji eft une clafle de Naturaliftes dont la conduite eft toute oppofée. 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Voyant que dans Ja-pratique on obferve bien.des chofes qui contredifent plufieurs principes de Linné , ils concluent que tout ce qu’il a donné eft condamnable, & dans tous leurs Ouvrages ils s’acharnent contre lui. Quel dommage que de bons obfervateurs, tels que les Crantz, les Medikus, &c. cherchent par-tout à détruire entièrement la gloire du célèbre Suédois. Ce font, il eft vrai, des Botaniftes fort habiles ; mais on les appelera toujours des enfans qui déchirent le fein de leur nourrice. Entre ces deux excès la route eff difficile. 11 faudroit râcher de conferver tout ce que Linné a donné de bon, &. cependant, s'il a fait un pas, d'en faire tout de fuite deux ou trois. Cela ne fe pourroit fans de grandes innovations ; mais qui ofera propofer cés innovations ? Qui ofera dire aux vieux Botaniftes : 1l faut renoncer à votre routine ? Qui ofera dire à d’autres : vous n'êtes que des échos qui rendez Les fons on ne peut mieux , mais qui n’en fentez pas la valeur? Voltaire La dit : La foule crédule eff long-tems l'écho d'un feul homme. Ayant mis une fois fa confiace en un feul , elle ne.peut plus changer d'avis. Tout le monde vous crie : æais nous avons Linné qui Juffir. Eh non! il a fuff pendant fa vie, maintenant il ne fufhc plus s il a fait faire un pas à la fciénce ; pourquoi ne voulez-vous pas lui en faire faire un autre ? C’eft peut-être à Paris qu’il exifte un plus grand nombre de ces échos: On fait les reproches faits depuis long-tems aux Parifiens. Croiroit-on qu’au fujer de quelques idées d'innovation que je propofois modeftement, un homme verfé dans la fcience, mais habitant de Paris, & me prenant fans doute pour un provincial, dit de bonne foi que c'éroit toujours de la province qu'on propofoir de telles innovations ? Effectivement ce n’eft pas dans la capitale de Suède que Linné conçur des fiennes. Il s'agifloit d'infectes : j’aurois voulu qu'on réformâr ce qui m’en fembloit fufceptible dans le fyflême de Linné; & cependant il me renvoyoit toujours à ce même fyftême: je parlois de ne s'attacher qu’à la méthode & aux genres naturels; & cependant il me renvoyoit toujours à Fabricius , qui eft leur antipode. Quand ce font les gens inftruits dans la fcience quirrépondent ainfi à ce que vous propofez, que peut-on efpérer ? IL faur fe taire ; mais je dirai toujours : Nunne pudet Phyficum ; id efl'fpeculatorem venato- remque naturæ ; ab animis confuetudine imbutis , petere veflimonium veritatis ? ( Cicer, de Nat. Deor. L. 1, n.83.) Je fuis, &ce 1 \] aa | SUR>L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS: | 39 E : 5:84 1 Sur les avantages qu'on peut tirer du chalumeau à bouche lorfque fe fervant de fupports de verre , on veut tenter -…ayec le fécours feul de l'air commun la fufion per fe des fubflances réfractaires expofées a la flamme fous des parcelles de la plus extrême pentefe. Par M:Dopunx. Le fréquent ufage que je fais du chalumeau à bouche avec l'air commun , la difficulté que nv’avoient toujours fait éprouver certaines fubftances préfentées à la flamme fous des volumes indiqués , me faifoient defirer un ufage plus étendu de cer inftrument, vu fa grande commodité. Déjà depuis long-tems je préfumois que l'impoffibilité de la fufion per Je des fubflances réfractaires pouvoit provenir de ce que les morceaux expofés fur le fupport étoient trop volumineux pour le coup de feu qu'on pouvoit leur appliquer : je brifai donc mes fubitances ; je les eus fous la forme de petits fragmens de la groffeur de la tête d’une très-perite éguille, & fouvent plus menus. J'ai même fenti la néceflité de n'offrir à la flamme du chalumeau qu'une poudre impalpable, & j'ai retiré de cette méthode les plus grands avantages, foit que la fubitance für fimple ou qu'elle, fût compofée, J'ai toujours vu qu'une molécule très -déliée qui cède au premier coup de feu entraîne le plus fouvent avec elle la fufion d'une fubftance plus groffe qui lui eft voiline, & pour laquelle il eût fallu un tems affez confidérable pour en cpérer feule la fufion. L’agrément d'avoir fous les yeux , & pour ainfi dire dans la minute, les différens états d’une fubftance dont partie eft en pleine fufon, lorfqu’une autre ‘elt à peine calcinée, n'a le plus fouvent fait adopter de préférence ce moyen très-court, ainfñ qu'on va le voir, & tout-à-la-fois fi farisfaifant dans fes réfultats. Je me fers ordinairement des recoupes de verre de vitriers: ce font mes fupports; ils ont l'avantage de me préfenter toujours dans leur frature une pointe ou un éclat très-délié que le tube ne fauroit me donner, & que la flamme de la bougie met facilement en fufion, Je eur donne la forme d'un coin, ou d’un triangle ifofcèle de deux à trois pouces de longueur fur environ trois à quatre lignes de bafe. Le fommer en eft toujours aigu, Je mouille légèrement cetre pointe acérée:, je la préfente au fragment ou à la poudre de la fubftance que je veux éprouver. L’un ou l'autre s’y attachent aufi-tôt; & dans l'inftane avant de faire ufage de mon chalumeau , j'offre la pointe du fupport à la 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; flamme qui eft toujours aflez puiffante pour le faire entrer de fuite en contact avec le verre en incandefcence. Je prends alors le chalu neau de la main droite, poñition qui eft plus commode pour moi que celle du pied, employé par le célèbre Profeffeur de Genève, & de l’autre je tiens mon fupport. Mon premier coup de feu eft ordinairemenr mou & foible: il ne doi fervir qu'à fixer folidement le fragment, & dès l'inflant que le perit globule eft formé, je me fers d’une loupe ou d’une forre lenrille pour en examiner l'effet, & j'en tiens note aufli tôt, Je continue mon feu en le pouffant plus fort que ci-devant : certe tenue eft commuriément de deux à trois minutes lorfque la fubftance elt réputée réfractaire, & qu'il importe d'en bien failir les différens érats : mon {upport eft examiné de nouveau, & les changemens éprouvés décrits de fuite. Enfin, un rroifième coup de feu eft dirigé, puis un quatrième, &c. IL eft rrès-rare que jen emploie plus de huit. On va voir que les fubftances regardées jufqu'ici comme les plus infufbles, en ont exigé beaucoup moins: je continue jufqu'à Ja fir à tenir note de tous les phénomènes qui fe préfentenr. Je crois devoir prévenir que les parcelles infiniment tenues que j’expofe fur Le fupport, & qui fouvent font plus fines SAR d'épinole ne doivent cependant point paroître trop petites , ainfi qu'on pourroit le croire. Leur effet fous de fi foibles dimenfions eft remarquable même à la flamme & beaucoup plus à la loupe, On connoît l’effer des réfractions fur les corps cylindriques: on fair comme ils accroiflent le volume, & comme ils le développent à l'œil. C'eft à l'aide de cette magie de l’oprique qu'on obferve diftinétement les divers changemens que ces parcelles éprouvent au feu. On va juger du degré d'intenfité & de force que la flamme acquiert & pofsède fur d'auffi perites furfaces ; mais il eft néceffaire avant de faire connoître ces effers, de montrer la manière donr le fupport de verre fe comporte feul expofé à la flamme du chälumeau, Cette première expérience fervira à diftinguer les phénomènes propres au verre dans fa fuñon , de ceux qui font particuliers aux différentes fubftances éprouvées. Fufion du verre de fapport , & phénoméenes qu’il préfente à la flamme pour fervir à faire diflinguer ceux qui lui font propres , de ceux qui font particuliers aux fubflances, & auxquels fans cette indication on pourroit les rapporter. Le verre verd commun de vitrier expofé à la famme du chalumeau donne & préfente au premier coup de feu quelques bulles d'air qui énètrent l'intérieur du verre: on y diftingue aufli quelques filers com- pofés de globules infiniment petits qui fe rangent {ur la circonférence, Généralement les premières bulles d'air acquièrent du volume par une chaleur continuée ; tandis que les filets difparoiffent à ce même degré de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ax de feu. J'ai obfervé que le fupport devenu fphérique fe couvroit infenfi- blement d’une crafle terne qui lui ôtoic à la longue fa tranfparence. Je penfe qu'on peut rapporter cet effet à la fois & à l'air des poumons qi, quoique très-raréhñé, s'attache {ur la furface arrondie du fupport, & à la partie orafle & fuligineufe de la Aamme qui s'y combine. Je ne tiendrai compte de cet effet qu’autanc que je verrai que la fufion d’une fubftance rejetée du foyer fur la circonférence concourt à rendre le fupport. opaque, PREMIÈRE EXPÉRIENCE. OLfervations pendant la durée de l'expérience. Subflance éprouvée : fragment de diamant. Support en verre. Séjour dans lu flamme : 5. Réfultat : combuflion & volaili[ation. Un fragment de diamant de la groffeur d’une tête de petite épingle a perdu fon éclat au premier coup de feu : il avoit la couleur d'un quartz blanc opaque qu'il a confervée jufqu’à fon entière combuftion. Je n'ai jamais vu ni auréole ni flamme autour du diamant, & cependant cette expérience _ a été fuivie & répétée avec la plus grande attention. En général il n'eft ‘aucune épreuve dont je vais offrir le tableau, qui n'ait été faite & vérifiée en différens tems & à diverfes reprifes jufqu’à dix & douze fois. Le diamant n’a point décrépité: il a pris la plus grande adhéfion avec le verre. Expolé à un plus grand-coup de feu , trente fecondes ont fufi pour faire bouil- lonner le fragment dans le point de contaét avec le fupport. Un fecond coup de feu d’une minute m'a fait voir huit à dix petites étincelles d'un éclat électrique qui me paroifloient jaillir du foyer. J'ai prolongé ce petit phénomène, pour ainf dire à volonté, en retirant le fupport de la flamme & en l'y replongeant fucceflivemenr; mais j'ai vu que les étincelles diminuoient de force à raifon du degré de chaleur que perdoit le fragment, J'ai très-bien remarqué qu’elles émanoient de petits globules fenfibles même à l'œil, qui fe pyramidoient fur des petites dentelures que préfentoit à tout moment ia combultion. Ce fonc ces mêmes globules que le favant Naturalifte de Genève a auffi obfervés {Journal de Phyfique, tome XXVI, pag. 410). Je dois avertir qu'il ne faut pas s'arrêter long-tems à les contempler: le refroidiffement fubir lance a1 loin le fragment ; il part alors comme d'un reflorc très-bandé, jaillit a la fioure de lobfervareur, & l'expérience refte imparfaite. Ce petit fragment dont la groffeur diminuoie à mefure qu'il fe confumoit ou fe volatilifoit , préfente jufqu’à la fin les mêmes exfoliations , ou pour mieux rendre la vérité, Les mêmes ftries & les mêmes échancrures fur lefquelles Les petits globules fe pyramident; & je fuis très-porté à croire par le grand nombre d'expériences que j'ai eues fous les yeux , que ce moyen continué eft le moyen conftant que le diamant, pouffé à un très-grand feu, emploie dans le travail de fa volatilifarion & combuftion. Il feroit bien à delirer u’on pt recueillir Le gaz qui s’en émane ; c'eft peut-être le feul moyen Tome XXXI, Part, II, 1787. JUILLET, F 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de répandre quelque jour fur la nature de cette fubftance unique. J’ajou* terai que toutes les fois que le fragment du diamant fut expulfé , j'ai toujours obfervé dans fa ftrudure les bulles très-fenfibles du premier bouillonnement qui avoient foré l’intérieur du verre de fupport de plufieurs trousrondstrès-femblables à ceux dont les laves cellulaires font pénétrées, IIS, Subflance éprouvée : fragment d: rubis orangé. Support en verre. Séjour dans la flamme : 9! 10". Réfulrat : verre coulant d'un jaune paille. Un fragment de rubis orangé , trop volumineux, quoique très-petit , pour êre expofé à la flamme avec avantage, a été écrafé entre deux cartes, J'ai choifi une très-perite parcelle lamelleufe de la groffeur d'une tèce d'éguille fine, Le premier feu l’a fait bouillonner d'une manière très-diftindte vers les bords, & divifé enfuite en deux parties inégales par la grande chaleur qu'il éprouva. La plus petite fut entièrementidécolorée en trois minutes : elle avoit pris une teinte jaunâtre , tandis que la plus grofle en confervoit encore une rougeâtre : le plus petit fragment coula une minute après en bouillonnant, & en ne laiffant à fa place qu'une larme étendue d’un jaune paille ; le plus gros bouillonna en moins de trois minutes dans l’intérieur du verre, & a coulé également fans s'arrondir ni s’émailler fous la forme d’une goutte de même couleur. Un nouveau coup de feu a changé ces produit vitreux en une couleur jaune verdâtre qui a laiflé fa teinte fous la figure d’une tache, III. Subflance éprouvée : fragmens pulvérulens ou poudre du rubis orangé. Support en verre. Séjour dans la flamme : $/. Refultat : verre coulant d'un jaune paille tirant au verd. J'ai chargé un nouveau fupport de la poudre de ce même rubis orangé fous la forme de fragmens pulvérulens. J’étois curieux d’en connoître les effets expofés à la flamme fous d'aufli petites parties. Un premier feu de cinquante fecondes en a agglutiné les grains & les a entièrement décolorés. Ils étoient devenus vicreux & femblables aux éclats du criftal de roche. La lentille n’a très-bien fait diftinguer dans ce groupe des grains de fer fous la forme de petits points noirs & luifans. Jai donné enfuite un puiffant coup de feu,& mon tout ne préfentoit plus qu'une petite mafle dont quelques parties paroifloient nager dans une matière vitreufe d’un jaune rougeâtre. Les grains noirs étoient devenus d’un verd très-clair ; ils étoient entièrement fondus, & cette chaux martiale donnoiït fa couleur au tout. Un troifième coup de feu a achevé de faire bouillonner & couler en un verre tantôt rougeûtre , tantôr jaune verdâtre , toutes les parties qui avoient réfifté à la deuxième tenue; mais fa couleur verd clair très-foible, étoit la dominante ; ce n’étoit plus que le réfidu d’une chaux de fer que l'incenfité de la chaleur avoit achevé de développer. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 TV°. Subflance éprouvée : émeraude taillée, Support en verre. Séjour dans la flamme : 4' 20". Réfultat : émail verd , puis verre d'un verd gai, puis à un plus grand feu, verre blanc fendillé. Un fragment d’émeraude taillée de la groffeur d'une tête de petite épingle s’eit d'abord émaillé : fa couleur étoit moins foncée ; un coup de feu de deux minutes l’a étendu fur le füupport fous une couleur verdätre qu'un plus long feu a converti en un verre très-blanc & fendillé de routes parts. Ïl a fondu enfuite en bouillonnant avec véhémence, & n'a laiflé à fa place que des bulles d'air qui ont acquis du volume à mefure qu’elles éroient plus long-tems chauffées, V°. Subflance éprouvée : fauffe hyacinthe couleur de cornaline , dite hyacnthe de Compoflelle. Support en verre. Séjour dans la flamme : 10’ Réfulrar : verre blanc peu diaphane. Subflance éprouvée : fragmens & éclats pulvérulens. Support en verre. Séjour dans la flamme : 20' pour le fragment. Réfultat : fufion en un verre coulant fans couleur. J'ai placé fur le même fupport un petit fragment de la fauffe hyacinthe couleur de cornaline, & fa poudre cerafée , qui alors avoit pris une teinte couleur de chair. J’ai penfé qu’en faifant ainfi marcher ces deux expé- riences de front, & en les expofant aux mêmes coups de feu, j'en obfer« verois mieux les effets de la flamme fur chacun d’eux, Le fragment étoit de la groffeur d'une têre de petite épingle. Il n’a poinc décrépiré : il s’eft légèrement enfoncé dans Le fupport; je l’ai vu lumineux endant environ cinq minutes , effer qu'on ne doit attribuer , ainfi que j'aurai occafion de le faire remarquer ailleurs , qu’à l’état lamelleux & très- délié du fragmenc. Un premier coup de feu l'a. décoloré fenfiblementc : il eft devenu d'un rouge plus clair : la poudre au contraire fous la forme de petites parties un peu grenues n’éroit plus que couleur de rofe ; une deuxième tenue de trois minutes l’a entiérement décolorée, Quelques parties plus menues avoient déjà bouillonné dans l’intérieur du fupport, & le fragment étoit alors couleur de rofe vers les bords : on le voyoit cependant encore coloré dans le milieu d'un rouge foncé; mais une des extrémités qui étoit terminée en pointe un peu émouflée s’étoit déjà arrondie & paroifloit d'un blanc opaque. Chauffé de nouveau pendant cinq minutes, une loupe n'a fait voir que la majeure partie des grains de ma poudre nageoit dans un petit océan vitreux. Beaucoup de grains fondus laifloient découvrir leur place par une petite larme de la couleur du verre de fupport , mais très-facile à en être diftinguée par une légère foufflure dontils laifloient l'empreinte. L'une des extrémités du fragmenr, dont le fommet ci-devant arrondi , étoit devenu plus blanc; c’éroic un Tame XXXT, Pare, II, 1787, JUILLET. F 2 «44 OBSÉRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, véritable.verre affez tranfparent ; l’autre extrémité avoit été au premier coup de feu couchée fur le fupport ; fon épaïfleur érant plus confidérable & re préfentant point une pointe, fa vitrification conféquemment n'étoit pas aufli avancée ; il confervoic ainfi que le corps du fragment une petite teinte rofe qu’un nouveau coup de feu de trois minutes fic entièrement difparoïtre. La mafle totale étoit diminuée de plus de moitié de fon premier volume, Ce deraier fit couler en bouillonnant tous les petits grains qui avoient été convertis en un émail blanc , & que l'action du feu rendoient d'autant plus tranfparens qu'ils étoient prêts à couler fous la figure d’une goutte de füuif en fufon. IL a fallu un coup de feu continué pendant dix minutes pour opérer le même effet fur le corps du fragment qui fe divifa en plulieurs parties lefquelles s'amincirenc infenfiblement vers les bords, s’arrondirent en formant un bourrelet, & fe vitrifièrent tour-à-tour en un verre blanc peu diaphane, qui bouillonnant comme deflus dans l'intérieur du fupport, coulèrent aufli en un verre en fufion fans couleur. Un grand cercle d’un jaune verdâtre qui ne fut guère fenfble à l'œil qu’au troifième coup de flamme , & dont la couleur devint plus foncée à raifon du degré de chaleur qu'éprouvoit Le fupport & d'un feu plus long- tems continué, fut le feul monument qui reftät du fragment de la faufle hyacinthe rouge. VE, Subflance éprouvée : fauffe hyacinthe blanche, dite hyacinthe de Compoftelle. Support en verre. Abfolument les mêmes phénomènes & les mêmes réfultats pour la faufle hyacinthe blanche que pour la rouge , fi l’on en excepte les effets donnés par la couleur de celle-ci, VIF. Subflance éprouvée : criflal améthyfle taille. Support en verre, Séjour dans la flamme : 8', Réfultar : verre blanc demi-tranfparent , puis en fufion en un verre coulant fans couleur. Un très-petit fragment lamelleux extrait d’une améthyfte taillée, plus délié & plus menu qu'une tête d’éguille fine, a donné au premier coup de feu une lumière vive que j’ai conftamment obfervée dans tous les éclats vitreux. Ce fragment n’a point décrépité: il s’eft décoloré après trente fecondes d'un feu violent , & eft devenu auffi tranfparent que le criftal de roche de la plus belle eau. J'ai remarqué qu'il avoit déjà dépofé une teinte de chaux de fer de couleur violette fur la furface du globule fous la figure d'un nuage fêlé. Pouflé à un nouveau feu de cinq minutes de durée , en deux différentes tenues, j’ai.obfervé après la première beaucoup de bulles d’air dans l'intérieur ; les bords s’étoient confidérablement amincis: ils étoient enfoncés & avoient bouillonné ; le volume m'a paru fenfiblement diminué, La deuxième tenue n'a montré ce fragment fendillé & divifé SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. àÿ par plufieurs lignes. Cet effet étoit fenfible à l’œil nud ; j'ai fait ufage de ma Jentille, & examinant mon objet avec la plus grande attention & de toures les facons les plus avantageules , tantôt le plus près pofible de la flamme, tantôt hors de la flamme , tantôt même aux rayons du foleil, j'ai toujours vu que le bord , lorfque l'éclat étoit un peu faillant, fe bourreloit infenfiblement, & devenoie à un grand feu d'un blancun peu tranfparent. Plufieurs autres parties de ce fragment me préfentèrent de petites afpérités dont les extrémités étoient arrondies & luifantes, J'ai alors reconnu, à n’en pas douter, que c'étoic une vitrification partielle du criftal, & que le degré de chaleur n'étant pas aflez fort pour opérer l'entière vitrification de la petite mafle , il fuiloit cependant pour ew'curer celle des bords. La diminution du volume en étoir déjà une pire : quelques légères fufions en larmes étendues que m'avoient déjà offertes plufieurs parties très-fines que le fupport avoit attirées à lui en fe chargeant du fragment, me femblèrent donner du poids à mes obferva- tions , & beaucoup d'autres expériences fucceflivement répétées aflurèrent mia croyance. : Il faut la plus grande patience pour obferver ce phénomène que nous verrons bientôt être commun à tous les quartz vitreux. Dès l'inftant que les gemmes & tous les criftaux du genre quartzeux ont perdu leur couleur , ils confervent pendant plus ou moin$ de tems une couleur grife criftal- line très-diaphane. On les prendroit alors pour la vitrifcation qu’on defire, f un feu plus vif & long-tems continué ne montroit que les bords ; quand ils font faillie, ils fe divifent , fe fendillent, fe ftrient & perdant par degré leur tranfparence vitreufe , fe forment en bourrelets, S'arrondiflent , offrent toujours un verre blanc opaque, puis demi-tranf- parent, & enfin bouillonnent alors prefqu'aufli-tôt & coulent en ne laiflant à leur place qu'une fufion étendue & fans couleur. Mais j'ai aufñi obfervé que dès que par Sr QE Eee le fragment ou quelques-unes de fes parties divifées par le feu, s'enfonçoient dans le fupport ; les bords à la vérité s’amincifloient par l’extrème intenfité de la chaleur, que j'ai toujours reconnu être plus forte & plus active dans l'intérieur qu’à la la fuperficie; mais ils ne pouvoient pas fe bourreler ni s’arrondir}, comme lorfqu’ils font faillie fur lé verre & que rien ne les gêne: alors fous ce dernier état ils reftent conftamment toujours très-tranfparens , s’allongent & coulent en goutte étendue comme ci-deflus. Ce dernier phénomène induiroit fingulièrement à erreur tout obfervareur qui ne voyant fe pafler aucune fcène devant fes yeux , feroir tenté de croire que tous les criftaux du genre quartzeux, & généralement les quartz, fe comporteroïent au feu comme le diamant & s'y volatiliferoient : c’eft cependant ce qui arri- veroit, fi fe contentant d’obferver ces effets à l'œil nud , il précipitoie fon jugement. Diminution par degré du volume; & enfin difparution totale ; nul verre pour réfulat, car le verre coulant fans couleur que nous venons 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; de voir fe fondre dans le verre du fupport, n’eft pas d’un caractère à fe faire remarquer ; tout ici fembleroit donc concourir à lui faire croire finon à la combuftion , du moins à la volatilifatior du criftal de roche, Obfervons que les expériences fur la fufion des gemmes & des quartz, ne fe faifant jamais à la fois que fur une furface plus fouvent moins con- fidérable que celle que peut préfenter une pointe d’épingle, il faut être muni d'une très-forte lentille pour en bien voir les effets. C’eft ainfi que l'obfervateur verra fe reproduire fous fes yeux & fucceflivement tous les moyens que l’elément dévorant met en ufage pour opérer avec facilité la fuñon des fubftances les plus réfractaires de la nature, qui s'immifçant fous la Ggure d’un verre fans couleur avec le verre de fupport , ne laiflent d’autres traces de leur première exiftence qu’une chaux jaune verdâtre qui falic la furface du globule, & quelques petites bulles d'air dans l'interieur. VITTe, Subflance éprouvée : grenat taillé. Support en verre. Séjour dans la flamme : 2' 10", Réfulrat: verre noir opaque , puis à un grand feu un verre d'un verd clair. J'ai expofé fur la tête du fupport un fragment de grenat taillé de la grofleur de la tête d’une petite épingle. Ce fragment en moins de dix fecondes s’eft émaillé en un verre noir compact qui s'elt calotté fur le fupport & enfoncé dans le verre : un plus long feu après une tenue d’une minute a fait bouillonner fes bords qui ont fufé aufli-tôt fous une couleur enfumée qu'un autre léger coup de feu a étendu entièrement. Cette couleur pafle enfuite au verd clair, De plus gros fragmens expofés à la flamme ont décrépité avec force. IX°, Subflance éprouvée : grenat brut. Support en verre. Séjour dans la flamme: 3' 10". Réfulrat : idem, comme deffus. Un fragment de grenat rouge grofeille trouvé avec les faufles hya- cinthes ci-deflus dans [a rivière de Montoulieu en bas-Languedoc, a noirci au premier coup de feu. Les bords ont bouillonné , & ont. coulé aufli-tôt dans l'intérieur du fupport fous la forme de perits ruifleaux pénétrés de petites bulles. Un nouveau coup de feu d'une minute a décoloré Le premier produit émaillé: il étoit rourné au verd de bouteille. I! a fallu le feu le plus puiffant pour faire difparoître Le petit culot de chaux de fer qui s’étoit formé dans le foyer. Les bords ont été les premiers qui aient coulé en un verre de couleur jaunâtre tirant fur le verd. Le milieu eft encore refté pendant une minute fous la figure d'un petit point noir ; mais enfin il eft entiérement difparu en ne laiflant à fa place qu'une tache verd clair. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 47 Xe. Subflance éprouvée: criflal de roche extrait d’une géode du Dauphiné ; fragment. Support en verre. Sejour dans la flamme: 22/. Réfulrar : verre blanc opaque, puis un peu tranfparent , puis fufion en un verre coulant fans couleur fous la figure d'une larme étendue. J'ai tiré d'une géode calcaire du Dauphiné un criftal de roche ifolé de la plus belle eau , que j'ai écrafe entre deux cartes. L’éclat que j'ai choïfi & mis fur le fupport-étoit lamelleux & très-menu. Ce fragment léger n’a ni décrépité , ni ne s'eft enfoncé dans le verre au premier coup de feu. Je l'ai vu répandre une lumière vive pendant tour le tems qu'il a fait faillie fur le globule de fupport qui n’a ceflé de paroître que lorfque la chaleur faifant fondre & tourmenterile verre, Va entraîné , étendu & ainfi détruir fa tranfparence, J'ai prefque toujours remarqué que la lumière éclatante que donnent les éclats virreux , n’eft due qu'à leur diaphanéité naturelle 3 l'effet cefle dès que le fragment ne fait plus faillie fur le fupporr. Une preuve de la vérité de ce fair, c'eft que tour éclat quarzeux dont les parties font en contact avec le globule, ne donne jamais cette lumière ; parce que l’interpofition du corps vitreux intercepte les rayons de la flamme, les concentre , & le rend conféquemment un peu opaque. Le premier coup de feu avoit faic bouillonner mon fragment dans le point fe contact avec le fupport. Pouflé à la famme pendant trois minutés d'une puiffante tenue, cette forte chaleur l'avoir fait, fendiller tranfverfa- lement. Il s’étoit déjà émané du foyer un petit nuage noirâtre tirant fur le jaune, dont l'extrémité me parut un peu lavée ; maïs je ne vis pas fans étonnement le fragment diminué de près d'un quart de fon volume. Je remarquai fur-tout étant armé d’une forre loupe que ce fragment s’étoit tourmenté de manière à me préfenter une petite pyramide donr la pointe étoit arrondie & d'un blanc d'abord un peu laiteux , & qui devint enfuite lumineufe ; tandis que la bafe qui étoit très-terne n’avoit guère perdu que fa tranfparence naturelle. Un nouveau coup de feu de trois minates m’offrit encore une diminution plus fenfible & très-remarquable à l'œil nud, J'obfervai mon fragment avec l’atrention la plus exacte ; je vis que les bords de ma petite pyramide s’étoient fort amincis ; quelques- uns s'étoient enfoncés dans le verre, & d’autres formoient un perir bourrelet, ces bords-ci étoienc devenus blancs & un peu diaphanés; ils paroifloient nager dans une eau glacée que je reconnus être le produir de Ja fufñon de quelques petites parties qui s’étoient détachées par l’action du feu. Le fommet de la pyramide étoit très-diminué. L’extrémité toujours arrondie étoit plus grofle & fa tranfparence plus marquée. Je remarquai endant ce dernier coup de feu un cercle rougeâtré entourer le fragment, & faire l’effer d’une auréole. Ce petit phénomène, dont j'étois d’abord très-embarraflé de deviner la caufe, parut pendant tout le tems qui fut réceflaire pour la fufon , & cela devoit être ; c’eft le produit d’une chaux ra -48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, martjale qui à un certain degré de chaleur s’'émane continuellement de la fübftance criftalline quartzeule, que chafle fur la circonférence, & le fouffle de l'obfervateur & la fufñon environnante des petites parties coulantes aux- quelles la Aamme fait décrire un petit cercle autour du fragment. Je pouffai encore mon feu pendant trois autres minutes. Ma petite pyramide étoit auffi difparue: elle s’éroit affaiflée, ou pour mieux dire elle avoit coulé fur fa bafe qui avoit acquis une tranfparence vitreufe d'un blanc fale femi-diaphane; ce qui reftoit du fragment n’étoit pas la fixième partie de fon premier volume : tout l'intérieur du fupport éroit pénétré de petites bulles que laifloienc échapper continuellement les parties qui étant vitrifiées couloient à un feu plus long-tems continué. IL me paroît furprenant que M. de Jurine ( Journal de Phyfique, tome XXVIIL , page 228), n'ait pu obtenir, même à l'aide de l’air pur, la vitrification. du criftal de roche en un verre blanc , ainfi que l'ont vu MM. de la Métherie & d’Arcec (Journal de Phyfique:, tome XXVIE, page 144). Sans douce que le fragment expofé {ur le fupport par M. de Jurine étoit trop gros, ou que fon feu n’a pas été ‘aflez long-tems continué, n’ayant mis que foixante fecondes dans cette épreuve. Les expériences nombreufes que j'ai faites & répétées en divers tems, les mêmes réfulrats que j'en ai toujours obtenus me donnent lieu de le croire. Je le répète, il faut la plus grande patience & l'attention la plus fuivie pour bien faifir la marche de tous ces effets. Mais une chofe qui auroit dû frapper & captiver l'admiration tout-à-la-fois , c’eft la diminution fi fenfible à l'œil même d’un éclat quartzeux expofé à la flamme. Je ne puis m'empêcher d’avouer que ce phénomène me furprit fi fort qu'à la troi- fième expérience même que je répétai, je crus encore que le criftal deroche fe volarilifoit comme le diamant ; mais enfin,une fuite continue de plus de trente épreuves que je laiffai & que je repris alternativement dans des jours différens, m'ont convaincu , autant qu'il eft poñlible de l'être, que cette fubftance réfactaire fe fondoit-comme toutes les autres, que le premier produit éroic d'abord un émail blanc opaque, puisun peu plus tranfparent, puis enfin un verre coulant fans couleur, dont la trace figuroit ailez bien une goutte d'eau étendue. 1 . Un dernier coup de feu de fix minutes de durée a fait difparoîcre entièrement le rout. La p'ace du fragment n’éroit plus indiquée que par une tache jaunâtre : le verre du fupport étoit intérieurement pénétré d’une grande quantité de bulles d’air. Le tout étoit entouré d’un cercle jaune verdâtre; & le petit filet noirâtre obfervé dans les premiers inftans de l'expérience exiftoit encore, il étoit feulement un peu rejeté fur la circonférence , mais fon point de départ étoit toujours marqué. XI ee NATURELLE ET LES ARTS. 49 XI°. Subflance éprouvée : criffal de roche tiré d'une géode du Dauphiné en fragmens pulvérulens. Support en verre. Séjour dans la flamme : 12’. Kéfultat : verre blanc opaque, comme deffus, S J'ai pris fur la pointe d’un nouveau fupport plufeurs petits fragmens pulvérulens provenans du criftal de reche du Dauphiné du même échan- tillon que ci-deflus.. Cette poudre eft devenue très-blanche au premier coup de feu; mais deux minutes après elle a repris fa couleur vitreufe ; elle avoit déjà bouillonné dans le fupport, & c'étoit les parties les plus fines. Un nouveau coup de feu de trois minutes, dont j’obfervai attenti- vement l'effet, me montra nombre de petites pointes hériflées dont les extrémités étoient arrondies & d'un blanc opaque. Le petit nuage noirâtre fe faifoit remarquer comme ci-deflus. Toute cette petite maffe reffembloit aflez à de la glace pilée; elle en avoit l'éclat & tous les petits grains paroifloient nager dans un océan vitreux, Je ne puis mieux comparer les quartz parvenus à cet état de chaleur qu'a un amas de glaçons pulvérifés prêts à fe décompofer, mais dont un léger froid auroit fufpendu la défunion des parties & uni les différentes molécules en glaçant lévèrement la furface, Un autre coup de feu lui donna une teinte un peu terne: toutes les afpérités que les grains préfentoienc s’étoient applatties ; l'enfemble avoit pris une couleur vitreufe grife demi-tranfparente. Les plus petits fragmens avoient coulé; ce qui reftoit étoit trés-clair : aufli le volume éroit-il diminué de plus des trois quarts. J'ai vu une très-grande quantité de petites bulles d'air &ans l'intérieur du fupport qui provenoient de la fufon des parties les plus menues. Enfin, un dernier feu de deux minutes de durée a achevé de faire couler le reftant. On ne voyoit plus qu'une tache jaune entourée d'un cercle verdâtre qui s'étoit montré fur le globule de fupport dès la troifième tenue. XIF. Subflance éprouvée : quartz gris diaphane faifant partie des granits criflallijés de la montagne: noire aux environs du. village de la Pomarède. Support en verre, Séjour dans la flamme : 15/. -Réfultar : comme deflus. Un fragment de quartz diaphane gris vitreux faifant partie des granits criftallifés à grandes parties de la montagne noire, qui me préfentoit un éclat lamelleux très-mince de la groffeur d'une tête d’éguille très-fine, -chauffé infenfiblemenc à la Aamme de la bougie , expofé enfuite à l’action du chalumeau, n’a point décrépité ; étendu fur le fupport , il n'a point répandu la lumière vive que nous avons vue ailleurs ; mais il a bouillonné autfi-côt dans le point de contact. Trois minutes après il s’eft fendillé de toutes parts & s’eft partagé en deux morceaux. Le fragment commençoit déjà à diminuer de volume & à fe ternir. Un nouveau coup de feu fou- tenu puifflamment pendant fix autres minutes en a fingulièrement changé Tome XXXI, Par. 11, 1787. JUILLET. $so OBSERVATIONS SUR LA LS la forme ; le tout avoit perdu la moitié de fon volume, Les deux petits morceaux écoient divifés en tout fens & repréfentoient affez le deffin des écailles de poiflon au nombre de huit à dix fur chacun. Trois minutes de plus ont chargé ces écailles trèc-minces , dont les bords de quelques-unes étoient bourrelés & arrondis, d'une quantité de ftries très-parallèles & d’une fineffe extrême, reflemblantes aux hachures de la gravure où d'un deffin à la plume ; un nouveau coup de flamme de trois minutes d’un feu également vif a fufh pour féparer ces écailles de la mafle. Les plus petites même avoient déjà difparu : on voyoit de nouvelles ftries fur le milieu des plus grandes qui fe fubdivifant cour-à-tour facilitoient ainfi Parron= diffement des bords qui ne faifoient que fe former d’une manière pref qu'infenfible pour bouillonner aufli-tôt & couler enfuite fous Ja figure d’une larme étendue, IL n’eft refté de cette expérience que beaucoup de bulles d'air, & une chaux martiale d’un noir jaunâtre qui pendant l'opération laiffa fa teinte fous la forme d'un petit nuage filé, Un cercle verdâtre entouroit la place qu'avoit occupée le fragment. XIII, Subflance éprouvée : quartz gros blanc opaque d’Ekeby en Upland en Suède. Support en verre. Séjour dans la flamme : 12! Réfulrat : verre émaillé blanc laiteux un peu tranfparent. J'ai expofé un fragment de ce quartz opaque fous l'éclat le plus mince, Il a perdu fa blancheur au premier coup de feu : il eft d'abord devenu un peu diaphane ; il ne s’eft point enfoncé, n'a point décrépité, ni ne s’eft point fendillé comme les quartz vitreux tranfparens. Echauffé pendant fix minutes, les bords ont commencé à s’amincir fans fe divifer ni fe fendiller; & par cet effet ont formé une efpèce d’auréole plus lumineufe que Le foyer , qui étoit paflé de la tranfparence vitreufe à la couleur terne. Un nouveau coup de feu de fix minutes m'a montré mon fragment diminué de plus de moirié ; il étoit redevenu blanc laiteux , mais émaillé & luifant ; examiné à la loupe, j'ai obfervé que les bords qui s'étoient d'abord amincis éroient bourrelés, arrondis ainfi que le milieu qui s’éroie pyramidé. Tout le corps du fragment préfentoit un émail laireux peu tranfparent. Je n'ai vu qu'une très - légère teinte de chaux martiale environner Le tout ; le feu n’a point été davantage prolongé, La fuite au mois prochain, nee soRharsr. NATURELLE ET LES ARTS. - si MÉMOIRE Sur la combinaifon du priscipe oxygine avec l’Efprit-de-vin , l'Huile & les différens corps combufübles ; Par M. LAVoOrIsrER. J'ar fait voir dans un Mémoire imprimé dans le recueil de l’Académie pour l’année 1781 , page 492, que fi on brüloit de l'efpric-de-vin dans un apparëil propre à condenfer la plus grandé partie de l'eau produite par la combultion, on obtenoït environ 18 onces d’eau pour üne livre ou 16 onces d'efprit-de-vin. J'ai reconnu depuis que ce phénomène avoit conftamment lieu dans la combuftion d'un grand nombre de matières végétales & animales, & qu'on obrenoit des huiles qui brülent un poids d’eau plus confidérable que celui du combuftibie qui avoit été confommé. L'appareil dont je me fuis fervi pour ce genre d’expériences confifte dans une lampe conftruite fur les principes de celles de MM. Meufnier, Argand , Lange & Quinquet. La mêche doit en être circulaire. Elle doic avoir un canal intérieur qui donne un libre accès au courant d’air. La flamme doit être revêtue d'une cheminée de verre, dont on puifle à volonté rétrécir ou élargir l'ouverture inférieure ; enfin, la mèche doit être mouchée courte afin d'éviter la fumée. & que toute l'huile ou l'efprit-de-vin élevé par la mêche puifle brûler. A l'égard de la bougie, comme il auroit été très-difficile de lui fournir de l'air par un canal - intérieur, & d'employer une mêche circulaire & creufe, j'ai été obligé de me borner à la cheminée extérieure de verre. Mais pour que la combultion fe fic toujours à une même hauteur , & que la flamme de la bougie demeurât conftamment à l'embouchure de la cheminée de verre, je l'ai renfermée dans un tuyau de fer-blanc dont elle occupoit toujours le haut par le moyen d’un reffort à boudin qui la prefloit par deffous. Le ruyau de verre dans lequel brûle cette lampe ou bougie , s'adapte à une cheminée de fer-blanc qui conduit la vapeur dans un ferpentin, où elle fe condenfe, comme on le voit, Planche II. On.n’obrient point dans ces expériences une quantité d’eau toujours conftante, Le même combuftible en donne plus ou moins, fuivant que l'expérience a été fuivie avec plus ou moins de foin ; mais comme je l'ai déjà dit, à moins qu'on nait opéré très-négligemment , elle excède communément d’un huitième le poids de leforir-de-vin. L'augmentation Tome XXXI, Part. IT, 1787. JUILLET, G 2 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft plus confidérable avec l'huile; mais on n'obtient avec la bougie qu’um poids d’eau au plus épal à celui de la cire qui a été confommée. On verra dans la fuite de ce Mémoire que cette différence à l’égard de la bougie » tient à ce qu'on ne peut adapter à cette combuftion le tuyau intérieur : d’airage, & à ce qu'il fe forme de la fumée qui fe diflipe en pure perte, Enefec, en opérant par une autre méthode, dont je donnerai bientôt la defcription;.on retire plus de 18 onces d’eau de la cambuftion d'une livre de cire. Ces augmentations de poids s'expliquent d’une manière route naturelle en admettant, comme Je l'ai annoncé ailleurs, que l'eau n'eft point une fubftance fimple, qu'elle eft compoée d’air vital & de gaz inflammable, On ne peut douter en effet que l’efprit-de-vin, les huiles & prefque tous fes combufñibles ne contiennent de l’air inflammable, On en a la preuve en faifant pafler ces fubftances à travers un tube de verre rougi au feu. La matière charbonneufe fe dépofe dans l'intérieur du tube, & il en reflort de l’air inflammable mêlé communément d’un peu d’acide char- bonneux , & qui tient du charbon en diffelution. Mais fi l’efprit-de-vin & les huiles font compofés principalement d'air inflammable & de fubflance charbonneufe ; fi d'un autre côté il eft démontré que dans une combuftion quelconque, l'air vital ou, plutôt fa bafe , que J'ai nommé principe oxygine, fe combine avec la fubftance qui brûle; enfin, fi ce principe oxygine combiné avec l'air inflammable forme de l’eau , fi combiné avec la fubftance charbonneufe, il forme de. l'air fxe ou acide charbonneux (1), il eft évident que dans la combuftion, de l’efprit-de-vin & des huiles il doit fe former de l’eau & de l'acide (1) On ne peut douter que prefque tous Les corps combuflibles ne contiennene de l'air inflammable... Le principe oxygine combiné avec l'air inflammable forme de l'eau ; combiné avec La fubflance charbonneufe il forme de l'air fixe ; dans la sombuftion de l'efprit-de-vin il doit donc fetformer de l'eau & de l'air: fixe : telles font les exprefions du célèbre Auteur de ce Mémoire. J'ai dit aufi dans mon Ouvrage fur Pair & dans les Difcours préliminaires de ce. Journal, 1786 & 1787 : « Tous les corps combufhibles contiennent de l'air » inflammable ; or, le charbon, le foufre , le phofphore. les fubifances métalliques » font des corps combuflibles, donc ils contiennent de l’air irflammable. » L’air inflammable brülé avec l'air pur, il fe dégage de l’eau , & les airs fonten » partie abforbés. » Dans la combuftion du foufre, du phofphore , &c. leur air inflammable brûle » avec une parüe de l’air pur qui fe trouve ab{orbé par cette combufion ,,&.il y a de » Peau dégagée , tandis que l’autre portion d'air pur concourt au développement de » Pacide, Effe@tivement les acides qu’on obtient par cette combuflion font étendus: » de beaucoup d’eau qu’on peut leur enlever par la difillation ».….. Jufqu’à ce que les partifans de la doétrine des Pneumatifles aient répondu d’une manière fatisfaifante à cet argument, ils ne peuvent croire avoir porté la moindre aiteinte à la doëtrine qu'ils croient avoir détruite. More de M, de la, Métherie, ne NATURELLE ET LES ARTS. 53 charbonrieux, le poids total des matières doit fe trouver augmenté de toute la quantité d'air vital qui s’eft combiné avec la fubitance qui a été brûlée. Cette théorie de la combuftion eft démontrée des bafes que j'ai cherchéà établir dans mes précéders Mémoires; maisil me reftoit à dérerminer avec précifion les quantités d'eau & d’acide charbonneux formées pendant la combuftion des différentes fubftances, afin d’en conclure la quantité d'air inflammable & de principe charbonneux qu'elles contiennent. C’eft l'objer que je me fuis propofé à l'égard de quelques-unes dans les expériences dont je vais rendre compte. Une première condition de ce genre d'expériences étoit d'opérer la combuftion dans des vaifleaux fermés afin de ne rien perdre , & de pouvoir déterminer la quantité des fubftances employées &. obrenues avant & après l'opération ;, mais la combuftion de l’efprit-de-vin daris des vaifleaux fermés , fur-tout dans l'air vital, préfentoit de grandes difficultés. En effet, à 66 degrés du thermomètre de M. de Réaumur, il prend l’état aériforme , & alors quand il eft mêlé avec l'air vital, au lieu de brüler paiñblement , il détone avec fracas. Cette circonftance ne me permettoit pas d'opérer avec l'efprit-de-vin dans fair vital comme je Pavois fair pour le chaïbon , le phofphore & quelques autres fubftances. Mais avant de rendre compte des. précautions particulières que j'ai prifes pour cette combuftion, il eft néceflaire que je donne une jdée de l'appareil dont j’ai coutume de me fervir dans mes expériences pneumato- chimiques au mercure. Il feroit peut-être difcile de m’entendre fans cetre connoiflance préliminaire. pes Après avoir effayé différentes matières, je me fuis déterminé à faire conftruire en marbre la cuve dont je me fers pour contenir [e mercure. J'ai donc fait tailler un bloc de marbre BCD E, Planche I, de deux pieds de long fur un pied de large & neuf pouces d'épaifeur. Je l’ai fait creufer d'environ quatre pouces pour contenir du mercure , & pour w’on pür emplir commodément les jarres deftinées aux expériences , j'y ai fait creufer une rigole de quatre autres pouces. Enfin , comme cerre rigole pouvait être embarraflante dans quelques expériences , j'ai difpofé les chofes de manière qu’on püt la boucher & ia condamner au moyen de petites planches qui entrent dans une rainure, Avec cet appareil jopère aufli en grand fur le mercure qu'on a coutume de le faire fur l’eau, & les tranfvafñons fe font avec facilité, Combuftion. de LEfprit-de-vin. ’eft dans cet appareïl que nôus avons fait dans‘l'air vital ; M. dela Place & moi, toutes fes combuftions de charbon & de phofphore dont nous avons rendu compte dans le Mémoire que nous avons publié fur la chaleur en 17$0; mais à l'égard de l'efprit-de-vin , je me fuis trouvé «! / + sa OBSERVATIONS SUR LA PHM UE, forcé, conime je lai dit, de prendre quelques précautions particu- lières. Je me füuis d'abord déterminé à n’opérer que dans de l'air atmofphérique pouf éviter le danger d’ane dérotiation ; mais comme je ne pouvois pas efpérer alors de faire durer’ long-tems là combuültion à caufe de Ja grande quantité d’air vital que l’efprit-de-vin confomme en brûlant , j'ai difpofé mon appareil de manière à pouvoir rendre de l'air viral à mefure qu'il s’en confommoit : cet appareil eft repréfenté, Planche l, fe. 4. On voit en À uñé cloche de criftal de 1$ à 18 pintes de capacité, Oh conçoit qu'elle doit être forte afin dé foutenir le poids du mercure qui doit s'y élever. 34 Sous certe cloche qui eft remplie d'air commun , on place une lampe R à efprit-de-vin dont le poids eft très-exatement dérerminé, On a dû placer fur la mêche un petit atôme de phofphore dont on expliquera l'ufage datis un moment, Cette cloche fe pofe furle bain de mercure conténu dans la cuve BCDE. Enfin, on élève le mercure en fuçant avéc un fiphon, jufqu’à la hauteur HI, : - L'intérieur'de cetre cloche communique par un fiphon de verreIKLM avec la cloche S qui eft remplie d'air vital, & qui repofe fur une cuve d'eau. On peut ouvrir & fermer la communication entre les deux cloches par le moyen d’un robinet M. Avant de commencer l’expérience on marque exaétement fur les deux cloches là hauteur de l’eau & celle du mercure. On mefure la hauteur de ces deux fluides au-deflus de leur niveau afin dé connoître l’état de com- preflion où de dilatation de l’air fur lequel on épère. Après quoi on allume Ja lampe R avec un fer rouge recourbé qu’on pafle fous le mercure, Le phofphore s'allume d'abord, &'il communique Pinflammation à la mêche, J Peu de tems après que la lampe a été allumée ; on s’apperçoir que fa flamme diminüe dé vivacité. Alors pour prolonger la combuftion on ouvre Je robiner M. Aüffi-tôt une portion d’air vital-pafle de La cloche S dans la cloche A. EA même-tems Peau monte dans la cloche S , 8 le mercure defcend dans fà cloche À, jufqu'à ce que la ‘hauteur des deux fluides foit dans chaque cloche en raifon inverfe de leur pefanteur fpéci- fique. [l'y a alors équilibre: tout demenre en repos, & on referme le robinet M. L'air de la cloche A étant devenu beaucoup plus propre à la combuftion au moyen, de l'air viral qui y a été introduit , la lampe R y brûle mieux qu'elle n'avoit même brûlé dans le premier inftant. Le volumed'air-diminue de nouveau , le mercure monte, & lorfqu'on voit que la flamme eft languiffante , on redonne de l'air vital. On peut rendre ainf deux ou trois fois de l’activité à la flamme par une introduction d’air vital. Mais peu-à-peu la quantité d’air fixe qui rélulte de la combuftion s'accumule, & on arrive bientôt au terme où la combuftion ne peut plus avoir lieu, À 1 sOnsr NATURELLE ET LES ARTS. $ÿs Cetteexpérience ne réuflit pas toujours , & elle cit fouvenz contrariée par de perirs accidens. Un des plus fréquens eft la fraêture de la cloche, La chaleur de la flamme en échauffe quelquefois rellément la votre qu'elle cafe. Auffi d’un aflez grand nombre que j'ai faires, n’y en a-t-il eu qu'une feule dont je fois pleinement farisfair. La combultion faite on laïlle refroidir. On mefure exatement le volume des airs reftans, en tenant compte de leur état de dilatation ou de compreflion. On dérerminé enfuite la quantité d’air fixe ou acide charbonteux aériforme-qui a été produite en introduifant fous la cloche de l’alkäli cauftique en liqueur. Enfin , l'opération finie on repefe la lampe pour connoître la quantité d'efprit-de- vin qui a été confommée. Le poids-de l’efprit-de-vin que je fuis parvenu à brûler dans, cette expérience a été de 1 gros 21,50 grains. La quantité d'air vital confommée par la combuftion a été de 220,28 pouces , pefant ; à raifon d'un demi-gtain te pouce cube, 1 gros 38,32 grains. Total du poids des matières avant la combuftion, 2 gros s0,82 grains. La combultion finie, il s’eft trouvé dans la cloche, air fixe ou acide charbanneux ; 95,28 pouces, pefant, à raifon de 0,695 grains le pouce cube, 1 gros 23,28 grains. De plus, il s’eft trouvé une quantité d'eau aflez confidérable, partie répandue en gouttelettes fur les parois intérieures de la cloche, partie raflemblée & nageant fur la farface du mercure. On conçoit qu’il auroit été impofhble de recueillir cette eau de manière à en déterminer le poids avec exactitude, Maïs il m'a été aifé de le :conclure par le calcul. On ne peut douter en effet que le poids des matières qui ont {ervi à la combuftion ne_foit ké même avant & après l'opération. En fuppofanc qu'il y eût quelque différence, elle ne pourroit être due à la matière de la chaleur & de la lumière qui feule s'échappe à travers les pores des vaifleaux, Or , j'ai démontré ailleurs que ces deux matières n’avoienc qu'une pefanteur abfolument infenfible. Je puis donc conclure ‘pour le poids de eau, 4,4... 1 L@ros 36,54 grains. Total du poids des matières après la combuftion 2 gros 50,82 grains. Mais 1 gros 23,28 grains d'acide charbonneux contiennent , air vital ; 68,60 grains. : … 4 La quantité totale confommée dans l'expérience, étoit de 1 gros 38,32 grains. Il y a donc eu un excédent employé à faire .de l'eau, & qui eft de 41,72 grains. : QU fi i; Shi À quoi äjoutant la quantité de, gaz inflammable néceffaire pour former de l'eau à raifon de 15 parties pour 8$ d'air vital, & qui et de 7,36 grains, _ on aura pour la” quantité d’eau formée 49,08 grains, cp 7 LA à 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La quantité exiftante après l’expérience étoit de 1 gros 36,54 grains. Il en exiftoit donc toute formée dans l’efprit-de- VID = CCI ART oUs rene nee lois us (e) 59,46 —————————— D'après cela on pourra récapituler ainfi le produit des fubftances après la combultion. Air vital employé à fairedel’acide charbonneux © gros 68,60 grains. ploy gro: 8 Air vital employé à faire de l’eau ........ O 41,72 Charbon contenu dans l'acide charbonneux. . © 26,68 Gaz inflammable contenu dans l’eau qui s'eft formée . 1... hic eee tele les Note RO) 7:36 Eau qui exiftoit dans l'efprit-de-vin avant Ja combultion. «ss... esse. O 59,46 Total du poids des matières après lacombultion 2 s9,82 Si on retranche de ces quantités l’air vital qui n'a été introduit dans l'expérience que comme un moyen d’analyfe, il reftera pour la compoftion de 1 gros 21 5 grains d'efprit-de-vin les quantités qui fuivent : Charbon... 9 gros 26,08! prams Gaz inflammable ........ O 7:36 Eau toute formée........ O 59,46 Morale reed che ee Rat 21,50 D'où l’on conclura: Compofition d'une livre d'Efprit-de-vin. Charbon 471.000 .... Oliv 4onc, 4gros 37: grains Gaz inflammable ...... TUE I 2 SE Eau toute formée ,..,..., 10 I 29 OLA PT eme et ehere 1 liv. Compofition d'un quintal d'Efprit-de-vin, Charbon .............. 28lir S8onc.4 gros 6 grains Gaz inflammable .....,... 7 13 7 46 Eau toute formée. ........ 63 9 4 . 20 Total. ee ete 7 100 liv, SO LHisT. NATURELLE ET LES ARTS, f$7 Enfin, en réuniffant enfemble la quantité d’eau exiftant dans l’efprit- - de-vin avec celle qui s'eft formée pendant fa combultion par la combinaifon du gaz inflammable & de l'air vital, on aura pour la quantité réfultante de la combuftion d'une livre d’efprit-de- vin, 1 Liv. 2 onc, 4 gros 42 grains. Et pour celle réfultante de la com- buftion d'un quintal, ..... 116 1 2 24 Ces réfulats s'accordent affez bien avec les premiers apperçus que j'ai donnés fur lemême objet dans mon Mémoire fur la décompofition de l'eau , imprimé en 1781. Ce phénomène fingulier qu’une fubftance très-volatile , dont rous les principes font fufceptibles de fe diffiper pendant la combuftion,, fourniffe néanmoins un rélidu ou plutôt un‘réfultat plus pefant qu’elle-mêne; avoit _ échappé jufqu’ici à tous les Phyficiens. Il étoit abfolument inexplicable avant qu'on sût que l'air vital fe fixoit dans les corps pendant l'acte de la combuftion ; circonftance dont je crois pouvoir m'attribuer la découverte. Quoique j'aie lieu de croire ces réfulrats aflez exads, je dois avertir de deux caufes d'incertitude que comporte néceflairement ce genre d'expériences. Premièrement , je n'ai pu dérerminer la quantité d’efprit- de-vin brûlé qu’en pefant la lampe avant & après la combuftion. Mais il eft poñible qu'indépendamment de Ja portion qui s’eft brûlée une autre fe foit vaporifée par la chaleur, & que j'aie moins brûlé d'efprit-de-vin que ne lindiquoit la différence de poids, Je fais que cette quantité ainf évaporée ne peut’ pas être très-confidérable , puifqu’autrement il fe feroit faitune détonation dans l’intérieurdes vaiffeaux. Maiselle peut être fufñfante cependant pour troubler fenfiblement l'exactitude des réfultats ci-deffus. Secondement, il eft impoflible de raflembler l’eau qui fe forme pendant cette expérience. Une partie tapifle Les parois de la cloche, une autre nage fur le mercure ; & on eft obligé de conclure ce poids de celui des matériaux employés. Quoique cette méthode paroiïffe sûre, elle n’eft cependant pas aufl fatisfaifante que fi on pouvoit pefer l'eau directement & exactement, Je ne prétends pas non plus que ce foit une manière rigoureufe d’analy{er l’efprit-de-vin. Indépendamment de l’eau , du charbon & du gaz inflammable qui entrent effentiellement dans fa combinaifon , il ef probable qu'il contient encore en très-petite quantité quelques autres principes qui échappent à ce genre d’analyfe ; par exemple, l’eau qu’on obtient par cette combuftion fous une cloche eft légèrement acide ; elle rougit le papier bleu , & cette circonftance indique ou qu'il exifte une petite quantité d’acide dans l'efprit-de-vin, ou qu’il s’en forme pendant la combuftion. Tome XXXI, Part, TT; 1787. JUILLET, H —— ss OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Combuflion de l'Huile d'olive, La combuftion de l’huile d’olive ne renferme pas autant de caufes d'incertitude que celle de l’efprit-de-vin, parce que l’huile d'olive n'étant pas fufceptible de fe volatilifer aifément, on peut connoître avec une exactitude rigoureufe la quantité brülée par la différence du poids déter- miné avant & après la combuftion, J'ai donc quelque lieu de penfer que les réfulrats que je vais expofer ne laiflent rien à defirer du côté de l'exactitude. J'aurois été cependant plus fatisfait encore fi j'eufle pu répéter l'expérience plus en grand ; mais il auroit fallu employer des appareils extrêmement compliqués , & je doute que je fufle parvenu à des réfultats beaucoup plus rigoureux, L'appareil dont je me fuis fervi pour la combuftion de l'huile ef encore celui répréfenté, Planche I; mais quelque précaution que j'aie prife, la quantite d'huile que je fuis parvenu à brûler n'a pas été bien confidérable ; je n’ai pu la porter qu'à 19,2$ grains. La quantité d'air vital confommé s’eft trouvée de 124 pouces, pefant, à raifon d’un demi-grain le pouce cube , 62 grains. Ce qui donne pour-le poids total des matières employées avant Îa combuftion, 1 gros 9,25 grains. La quantité d’acide charbonneux aériforme que j'ai obtenue étoit de 79 + pouces, ce qui revient en poids à ÿ4,2$ grains. A l'égard de l’eau, elle n’a pu être ni raflemblée ni pefée , & j'en ai expofé ailleurs la raifon. Elle eft ici la même que pour l’efprit-de-vin. Je l'ai donc conclue par le calcul, & toujours en partant de la fuppoñition que le poids des matières eft lé même avant & après l'opération , ce que je regarde comme évident : j'ai eu ..... 27 grains. Total après la combuftion. ..... Fgros9,2$ grains, D'après ces données, ‘& en fuppofant qu'un quintal d'acide char- bonneux foit compofé de 72 parties d'air vital & de 28 de charbon, on pourra faire le calcul fuivant: Quantité d'air vital employé à. faire, de l'acide charbonneux . ................%% Ogros 39,96 grains Quantité employée à faite de Feau +... © * 22,04 Quantité de gaz inflammable néceffaire pour former 27 grains d'eau............ 0 4,05 Quantité de charbon contenu dans ÿ4 <'orains d'air fixe ou acide charbonneux . ., . .. ., 0 I$,20 : ER ARR pen A Totale. E SDosserepes se pe 1 9,25 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, $o Dix-neuf grains & un quart d'huile d'olive font donc compofés de Charbon. ...,....,.,.,... 15,20 grains Gaz inflammable ........:. 40$ Toual................ 19,2$ D'où l'on conclura : es Compofition d'une livre d'Huile d'olive. HDI So she lele es ete lle © Liv. 12onc. $ gros $ grains Gaz inflammable ........: © 3 2 67 Total: : . 1.00 CUT livre Compofition. d'un guintal d’Huile d'olive, Charonne hetielete enuaie.s 78 liv. 15 onc. 2gro568 grains Gaz inflammable ......... 21 O:L wñg 4 — HNotals een et cbr. see ci TOONVIES Enfin, on voit qu’en brûlant une livre d’huile d'olive avec toutes les précautions convenables; on peut en obtenir 1 liv. 6 onces 3 gros 38 grains d’eau ; & d’un quintal 140 liv,4 onces1 gros 17 grains. IL faut pour arriver. à ce réfultat,, c'eft-à-dire,. pour .obtenir certe quantité d'eau , qu'on ait fourni à la flamme toute la quantité d’air vital néceflaire pour que la combuftion fit complerte ; circonftance qui fe rencontre dans les lampes de MM. Meufnier , Argand , Lange & Quinquet : autremént, c éft-à-dire , fi la quantité d’air-efliofuffante, il y a bien décompofition de l'huile, c’eft-à-dire, féparation de la matière charbonneufe & du gaz inflammable ; mais à défaut d'une fuffifante quantité d’air vital, il n'y a pas recompofition complerte d'eau & d’acide charbonneux , & il s'échappe uneportion de charbon & de gaz inflammable libre : c’eft cet effet qu'on exprime quand cn dit qu’une lampe fume, Combuflion de La Cire, . . Cette même méthode’appliquée à’la bongie n'a donné également fa quantité d’eau qui fe forme pendant fa combution. Je me fuis fervi dans certe expérience d’une fimple cloche de criftal remplie d'air vital & a fur la cuve de mercure. Mais comme les bougies ordinaires coulent eaucoup dans l'air vital, parce qu’il y a dans cet air beaucoup moins de diftance entre la flamme & la cire, qu’il n’y en a dans l’air ordinaire, j'ai été obligé d’employer un lampion de cire. ee Tome XXXI, Part, Il, 1787. JUILLET. H 2 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, air vital... A RQ e oies clope open euare 183,51 poucess H en eft refté après la combuftion & l’abforption par l'alkali cauffique «.. esse ce. SOAT Donc, quantité d’air vital réellement employée . . + 133:10 Cette quantité d'air vital réduite en poids à raifon d’un demi-grain par pouce cube, devoit peler .. 66,55 grains La quantité de cire confommée s’eft trouvée de ... 21,90 —— mt Total des matières confommées”. +++. 88,45. La quantité d'air fixe ou acide charbonneux qui s’eft formé étoit de 90,046 pouces, & à raifon de 06,95 grains, elle devoic peer ...s.-+es+re 62,58 grains ml Donc deñcit dû à l’eau qui s'étoit formée, & qui en effet nageoit fur le mercure. ..sses+s-+- « 25387 en mm Principe oxygine «+++ asetetere rs 21,99 grains Gaz inflammable aqueux..ee-ssse-ststest 3,88 Total e sr elerstecie DEste era Le 0e ss vos 25,87 De Ainf des 66,55 grains d’air vital qui ont fervi à. cette expérience; ilena été employé à former de 1'eaus 212 se apesessl ee soie e:elj: eheie sossss.e 21,99 grains: Et à former de l'air fixe. se sesseossensee 44,56 Total égales. a ee NC TT Ce qui donne pour la compofition de la cire | Subftance charbonneufe .....:++:: HE re on Iorains Gaz inflammable eue es See 6e 0 9,6 0 ee 3,88 MER Total CO 5.5.6 es sois ae ecole, ons 21,9Q Compofition d'une livre de Cire. Subftance charbonneufe ..... D liv. 13 onc. ? gros 23 grains Gaz inflammable ....+.-++" © 2 6 49 NES nn Total ssgecsetersse 1 livre, a PP < SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6£ Compofition d'un quintal de Cire. Subftance charbonneufe. .... 82liv. 4onc. 3 gros 68 grains Gaz inflammable ......... 17 11 4 4 MO Re se eerelelece « ML EOO!IVres J'ai répété une feconde fois cette expérience avec Le même foin , & j'ai obtenu les réfultats qui fuivent : Quantité d’air vital contenu dans la cloche avant la combo et 02. ee es autasres ++ 194,80 pouces. Quantité reftante après la combuftion , mais avant l'addition de l'alkali cauftique .:..::..:... 150,30 Diminution opérée par la combultion ....,... 44,50 Quantité reftante après l’abforption par l’alkali cauftique .…...... ses. ses $3,$T Donc, quantité d’air vital confommédans l'expérience 141,29 Cetre dernière quantité d’air vital, à raifon d’un demi- grain le pouce cube, devroit pefer .....,... "70,64 grains Cire*confommée. 26... MN ee note 121,75 se 2 CS Total des fubftances confommées. ..7..7... 92,39 IL ne s’eft produit que 96,438 pouces d'air fixe ou acide charbonneux , qui à raifon de 0,695 grains le pouce cube, devoient pefer.......,...... 67,08 grains = Donc, deficit ou eau formée :,...,.75..,,.. 29,31 nm ES Mais 25,31 grains d’eau font compofés de Principe oxygine... ..s.s.ses.s.ssssstsr 21,51 grains Gaz inflammable de l'eau .,.............. 3,80 ee Total ro roro ro Torres error 25,31 D'où il réfulte que fur la quantité d’air vital employé dans l'expérience, 8 qui étoit de........... 70:64 Il en a été employé à former de l’eau. ..77.7 921,$1 a Et par conféquent à former de l'acide charbonneux. 49,13 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La cire d’après ces données eft compofée de Matière charbonneufe ......... de ss eee T7305 STATS Principe inflammable de l’eau .........:.:.. 3,80 (NE Vos és He MP SOA IEEE IAE TEE LE 21,75 D'où l'on conclura : Compofition d'une livre de Cire. Suftance charbonneufe...... : Oliv. 13 onc. 1 gtos46 grains Principe inflammable de: l'eau : : © 2 6 : 26 Morales srl ren] 1 livre Compofition d'un quintal de Cire. Subftance charbonneufe ....,. 82liv. 8 onc. 3 gros 64 grains Principe inflammable de l'eau. 17 7 4 8 | Total: lssnitasts LM rOoilivrés En prenant un milieu entre le réfultat de ces deux expériences, on -trouve qu'une livre de cire formeroit en brûlant une quantité d’eau CEE UE TOR ET 00 0 1 Liv. 2 onc. 6 gros $ grains Et qu'un q'intal de cire en formeroit 117 3 Tu Je dois avertir que dans toutes ces expériences le volume des airs doit être corrigé de la variation du baromètre & du thermomètre, & ramené à une preflion de 28 pouces & une température de 10 degrés du thermomètre de Réaumur. Je fuis entré ailleurs dans le détail des calculs qu'exige cette correction, EEE LETTRE DE D, S'AJINT-JULIEN, Bénédidin, Profeffeur Emérite de Philofophie & de Mathématiques , de l’Académie de Bordeaux 3‘ "': A-M DE LA MÉTHERIE. IE RRE Je viens de lire dans votre dernier Journal (mai 1787) ,une Lettre que M, Prouft vous adreffe de Madrid Le 4 avril précédent. Sur la fin de cette SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 63 Lettre, pag. 395, il vous donne avis d'un nouvel acide végétal qu'il a découvert, conjointement avec M, Angulo, dans les pois chiches. Après avoir donné quelques détails du petit nombre d’obfe-vations que le tems lui a permis de faire, il vous invite à vous informer, fi les pois chiches que l'on cultive dans les environs de L'ouloufe 4 préfentent ces particula- rités. J'ignore fi vous avez pris ces informations, j'ignore encore plus ce qu’on vous a répondu. Je fais feulement qu'on cultive beaucoup de pois chiches dans les environs de Touloufe , & que par conféquent il vous fera facile de prendre des renfeignemens à ce fujet ; mais quoique je ne fois pas habicant des environs de Touloufe, le hafard veut que ce légume, qui n’eft prefque pas connu dans le pays que j'habite, eft cultivé dans notre jardin, & j'ai penfé que les obiervations multipliées ne fauroient qu'être utiles & agréables au public favant: c'eft ce qui m'a engagé à vous adrefier cette Lettre, que je vous prie d’inférer dans votre Journal, fi les obfervations que j'ai faites vous paroiffent dignes d'être communiquées au public. 1°. Lorfque j'ai reçu votre Journal, c’eft-à-dire , les premiers jours de juin, nos pois chiches étoient encore bien loin de l’état dans lequel M, Prouft les a obfervés. Il y en avoit de femés dans deux tems différens, les plus avancés montroient à peine quelques fleurs , les autres avoient quatre ou cinq pouces hors de terre. Je m'empreflai néanmoins d'examiner s'ils avoient les caractères attribués par M. Prouft , & je trouvai aux uns & aux autres un goût d’acidité, plus marqué encore que celui indiqué par M. Prouft ; ainfi ce caraétère ne convient pas privativement au degré de maturité où lon peut les manger verds , comme a paru Pindiquer M. Prouft, mais il me paroit appartenir à tous les âges de la plante, 2°. J'ai examiné ce phénomène, le matin avant & après le lever du foleil , à midi , à quatre heures & au coucher du foleil , il ne m'a pas été offible de trouver de différence fenfble, 3°. Des obfervations faites à midi dans des jours très-chauds, m'ont donné lieu d’éprouver que cette efpèce de rofée, véritablement véficu- laire, eft extrêmement froide. D’après cette obfervation, je foupconne que cet acide eft dans Le genre de l’acide nitreux. Ce foupçon fe trouve confirmé par l'amertume très -marquée qui accompagne fa faveur. M. Baumé a obfervé que certaines plantes , entr’autres le grand foleil , corona folis,, porte le nitre tout formé dans fa moëlle, & que la fenfbilité de ce phénomène dépend du plus ou moins d’ardeur du foleil. Ce nitre ne peut être ainfi porté dans la moëlle que par la tranfpiration intérieure ; pe peut-il pas fe faire de même que l'acide tout formé, qui eft la matière perfpicatoire du pois chiche , vient du corps fur l'écorce , & ne devient fenfible qu'en paffant par cette efpèce de filière? Mais lé même M. Baumé obferve que le nitre & autres fels minéraux que l'on trouve dans les plantes ne font dus qu'à la qualité des terres dans lefquelles les plantes 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; croiflent: cela étant, il fera bon, pour confirmer ou infirmer cette obfervation , de noter la nature des terres dans lefquelles ont été enfe- mencés les pois chiches que nous obferverons, Les miens ont été feimés dans des terres tranfportées du déblai d’un tertre d'environ dix à douze pieds de profondeur , dans lequel tout femble indiquer la trace des eaux qui l'ont formé, fans néanmoins qu’on y trouve des traces bien marquées de corps marins. L'on y trouve feulement quelques véhicules de marne, dans laquelle le fable paroît dominer. 4°. J'ai eflayé l’acide du pois chiche par le firop de violette, en lavant des branches bien chargées d'acide dans du pareil firop, La couleur n’en a point été altérée : l'expérience n'a pas mieux réufli avec du papier bleu frotté légèrement avec la même rofée, Une diflolucion d'alkali fixe végétal dans laquelle j'ai lavé des branches toutes chargées de véficules, n’a donné aucun figne d'effsrvefcence. Il refteroir à éprouver ces branches avec du lait & avec de l’eau de chaux ;il eit probable que ces deux épreuves ne réufliroient pas mieux : je n’ai pas pu les faire, parce que, s°. La pluie étant furvenue, j'ai été fort empreffé d'aller voir mes pois chiches : j'ai trouvé fur leurs feuilles une abondante rofée, ou plutôt des gouttes de pluie ramaflées; j'ai goûté cette eau , & n’y ai trouvé aucun caractère d’acidité, Depuis cette époque le tems ayant été conftamment dérangé , j'ai fouvent vifité mes pois chiches , à peine j’ai pu retrouver quelque trace de cette acidité, 6°. Avant la pluie j’avois cueilli quelques branches de cette plante que je mis dans un vafe plein d’eau , comme l’on met les fleurs au frais, dans mon appartement , & parfaitement à l'ombre ; j'en avois enlevé, au moins dans une grande partie, les véficules acides : le lendemain jy en ai trouvé tout autant ; ce qui prouve bien que cette fubftance eft une vraie matière perfpicatoire de la plante & indépendante de la terre. Ces branches étant dans l'eau, l'on voyoit daris la partie plongée, des véficules femblables à celles qui fe formoient fucceflivement à la partie hors de l’eau , mais un peu plus grofles. Cette obfervation me fic penfer que l'eau fe charge- voit de l’acide. Pour m'en aflurer j'ai laïffé ainfi les branches dans le vafe jufqu’à ce qu'elles ont été entièrement flécries. Enfuite j’ai éprouvé l’eau reflante en y jetant , dans différentes portions, de l'alkali fixe de tartre, une diflolution de fel d'abfnthe, de l'huile de tartre par défaillance, de l’alkali fixe de foude, & enfin de lalkali volatil. L’eau a réfifté à toutes ces différentes épreuves & n’a donné aucun figne d'acidité. J'ai cru feulement obferver que quelques gouttes d’alkali volatil jerées dans une petite quantité de cette eau , l'alkali eft devenu beaucoup plus vif, pénétrant & même fuffocant , ayant été très-fortement faifi par l'odeur qui en exbaloir: les autres mêlanges n'ont donné aucune odeur , & il n’a pas paru qu'il s'en foic élevé aucun gaz. Quant à ce que remarque M, Prouft, d’après Le dire des habitans de Linarès ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6$ Linarès, que l'acidité de cette rofée ef? affez a&ive pour corroder rapidement le cuir des fouliers. Ce caractère ne me paroît pas bien propre à prouver l'acidité de cette rofée; 1°. parce qu'il eft commun à toute rolée du matin, comme peuvent l’obferver tous les agriculteurs, économes ; chafleurs, &c. qui font dans le cas d'aller fe promener le matin à la rofée ; & néanmoins aucune analyfe chimique , que je fache, ne nous fait confidérer la rofée comme acide ; 2°. parce que cer effer fur le cuir des fouliers indiqueroit plutôt un principe alkalin qu'un principe acide. En effet, perfonne n'ignore que les pelleriers emploient, dans leur teinture en noir, de la coupe-rofe ou même de l'huile de virriol, Cet acide combiné avec un autre acide ne faic point effervefcence, au lieu qu’il en fait une très-marquée étant combiné avec un alkali quel- conque, & il n’y a que cette effervefcence qui foit capable de corroder ainf: le cuir des fouliers, : Je fuis, &c. 4 T'Abbaye de la Sauve près Bordeaux , ce 24 juin 1787. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Sur le rapport des. boules de lave avec les prifines de Bafalte articulés ; Par M. DESMAREST, P: UsIEURS de mes amis ayant deffré de faire avec moi des tournées en Auvergne dans le deflein d'y fuivre fur-tout les faîts curieux qui concernent la formation des bafaltes prifmätiquesarticulés, m’engagèrent à rédiger fur cette matière un Mémoire inftructif qui contint le précis des faits que j’avois recueillis à ce fujet & confignés en partie dans mes Mémoires für le bafalte. Ils me prièrent d'y joindre les réflexions que ces obfervations m’avoient donné lieu de faire fur cés’formes fingulières qui piquoient leur curiofté, C’eft pour farisfaire leurs defirs , que je compofai le petit écrit qu’on va lire, J'y rapproche les obfervations analogues & leurs réfultats fous certains chefs qui comprennent autant de confidérations ; j'ai d’ailleurs difpofé ces confidérations le plus métho- diquement qu'il: m’a été pofible pour établir les affertions que je leur propofois de venir difcuter avec moi fur les lieux. J’ai tâché de fuivre par ordre les opérations de la nature en m'attachant d’abord aux formes fimples pour arriver aux combinaifons plus compofées, Tome XXXT, Part. II, 1787. JUILLET. 1 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Jai joint à ce travail l’hifloire de nos obfervations que je publierai , fuivant le vœu de ces mêmes amateurs de l'Hiftoire-Narurelle. Première Confidération, J'ai dit dans mes Mémoires fur le bafalte-lave que cette matière avoir pris auffi communément la forme de boule que la forme prifmatique , & j'ai remarqué que ces deux formes méritoient également l’attention des Naturaliftes : j'ajoute ici que la forme de boule eft plus fimple & convient plus à la lave courante que la forme prifmatique articulée qui a befoin de certaines circonftances pour fe completter (1). Seconde Confidération. J'ai diftingué deux fortes de boules, les unes compofées de couches difinctes & concentriques au noyau, les autres d'une feule mafle folide ; & comme ces boules fe trouvent difperfées au milieu des courans ou vers leurs extrémités & qu’elles en font partie, j'en ai couclu qu'elles avoient pris leur forme dans le rems mème de l’épanchement de la lave (2). Troifième Confidération. On a pu voir dans mes Mémoires cette obfervation générale que dans tous les courans où fe trouvoient les différentes maffes de bafaltes arti- culés on rencontroit auffi conftamment des amas de boules difperfées (3) lesunes parfaicement rondes ou en ellipfoïdes, les autres déformées de mille manières différentes : que quelquefois même ces boules étoient mêlées aux prifmes articulés ou diftribuées à leur furface. D’après cette correfpondance des boules & des prifmes articulés, j'ai confidéré les boules comme les matériaux que la nature avoit mis en œuvre pour conftruiré les prifmes articulés, dès que certaines circonftances avoient concouru à cer afflem= blage étonnant, Voyons maintenant une partie de ces circonftances. Quatrième Confidération. Quand deux boules fe font rencontrées dans les courans, elles fe font applatties fouvent l’une & l’autre au point de conta& : fouvent auf la fur- face d’une des deux boules a éprouvé une concavité qui admet la convexité (1) Foyez Mémoire fur l’origine & la nature du bafalte , parmi ceux de l’Académa des Scienc. pour l’année 1771, page 720. (2) Ibid. pag. 720 & 727. G) Jbid, pag. 720 & 768. Dans l’expofition fuccinéte des ebjets que préfente Île carte jointe à ce Mémoire, lon. indique, paffim, comme réunis enfemble dans plufieurs endroits de PAuvergne Jes boules, les prifimes articulés & Les articulations à peine bauchées, SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 61 de [a boule contigue (1). Avec ces formes élémentaires fimples qui font la fuite néceflaire du différent état des boules dans leur rencontre , il m’a femblé qu'on pouvoit rendre raifon de tous les phénomènes des prifmes articulés ; car toutes les formes de leurs articulations fe réduifent à des portions fphériques concaves ou convexes & à des furfaces planes, I] fuit de toutes ces données que par-tout où des amas de boules entraînées dans un courant ont été arrêtés & comprimés par un obftacle oppofé à la direction du courant, ilen eft réfulté cet aflemblage de formes régulières & irrégulières que préfentent les maflifs de prifmes articulés, Cinquiëmnme Confidération. J'ai diftingué deux fortes de prifmes articulés, les uns dont les articu= lations font concaves ou convexes fur leurs faces fupérieures & inférieures, les autres dont les articulations n’ont point de concavités ni de convexités, mais fe joignent par des furfaces planes (2). Voici maintenant quels font les phénomènes qui réfultent de [a correfpondance des deux fortes de boules que j'ai diftinguées ( feconde confidération ) avec les prifmes de la première clafle. Lorfque les boules à couches concentriques fe trouvent ou à côté ou parmi les prifmes articulés de la première clafle , quelques-unes de leurs articulations laiffent voir la diftinétion de ces couches dans les parties qui font en deflruétion , & qu’on enlève aifément ; mais lorfque les boules font d’une feule maffe folide , les différentes articulations des prifmes font entières, les débris qu'on peut s'en procurer n'offrent intérieurement aucuns veftiges de couches, & lorfqu’elles font difperfées, c’eft plutôt Veffec d’une démolition, que celui d’une décempolition. Sixième Confidération. Si les boules à couches concentriques fe trouvent à côté ou parmi les gq prifmes de la feconde clafle, c’eft-à-dire, de ceux dont les articulations font plattes, pour-lors ces articulations font fubdivifées par lames, qui quoiqu’affez adhérentes enfemble , fe détachent avec un certain effort, & la matière qui fe trouve entre ces lames & qui en forme la féparation, 4 SR A q L . €P eft à-peu-près de la même nature que celle qu'on voit entre les couches concentriques des boules quand on les brife. Lorfque les boules au contraire font d’une feule maffe de lave folide ; les articulations des prifmes qu’on trouve dans leur voifinage font plattes, , q ñ 5 8 tp & n'offrent aucune apparence de lames dans leur épaifleur. D'ailleurs , elles font fort diflinétes & fe défuniflent fans annoncer aucune forte de CE SR ed n Pa 2 ne à fe Dinar Va gard dev tr ge ie à bah D mg can (2) Ibid. page 711, & à l’article Bafulte de l'Encyclopédie , première édition de Paris , fixième volume des Planches. (2) Ibid. pag. 729 & 730.2 Tome XXXI, Part. II, 1787. JUILLET, T2 63 OBSERVATIONS 'SUR LA PHYSIQUE; décompofition ni aucune forme de boules ; à moins que les articulations ne foïent reftées imparfaites. Des deux confidérations précédertes , je conclus que lés différens états des prifmes articulés dépendent d'une manière très-marquée de la confti- _tütion & de l’organifation des boules qui ont contribué à leur formation. Septième Confidération, En fuivant la décompofition des articulations qui a lieu lorfque les boules à couches concentriques font placées à côté ou parmi les prifmes, j'ai remarqué trois phénomènes qui me paroiflent établir par des traits clairs & précis que les prifmes articulés ont été formés primitivement par des boules réunies & comprimées, & par conféquent appuyèr toutes les grandes préfomptions qui réfultent des faits appréciés dans les conf- dérations précédentes. 1°. Les anciennes couches concentriques étant à découvert par la deftruétion d’une partie des articulations , on y voit les courbures qu'elles ont prifes, lorfque les concavités fe font formées par une fuire de la compreflion des boules contigues qui ont confervé leur convexité, On y diftingue même la fuite de trois à quatre couches pliées en creux fuivant la profondeur de la concavité, 2°. Les mêmes couches fe montrent aufli diftinétes & aufli fuivies intérieurement le long des faces des côtés prifmatiques, & font fimplement applatties. 3°. Enfin , on retrouve au centre de ces articulations à moitié détruites des noyaux qui ont à-peu-près confervé la forme qu'ils avoient dans les boules primitives, Il eft aifé de voit par tous ces détails que les couches concentriques qui enveloppoient ces noyaux ont fourni la matière qui s’eft prêtée aux différens dérangemens que fuppofent les diverfes formes actuelles des articulations. Cetre efpèce d’organifation intérieure par couches, con- fervée malgré ces dérangemens, en conftatant leur marche & leur étendue, nous autorife, ce femble , à remonter jufqu’à la forme primitive que ces couches, ont eue dans les boules. Ÿ’oyez fig. 4, PL I, Huitième Confidérations Ce n’eft qu'après un très-grand nombre d’obfervations que je fuis parvenu à reconnoître les circonftances les plus favorables pour récueillir les faits décififs que je viens d'indiquer dans la confidération précé- dente, & par lefquels on peut conftater que les boules ont été les matériaux primitifs des articulations, La première de ces circonftances eft ; comme je l'ai déjà dit, la deftruétion des articulations: deftruétion qui met à découvert les couches concentriques ; mais je ne dois pas omettre une autre circonftance que peut-être on feroit renté de négliger, c'eft la forme irrégulière des prifmes en conféquence de l’aflemblage imparfait des boules ; car dans ce cas les boules n'ayant éprouvé de changement que dans une partie de leur forme extérieure, elles font encore faciles à reconnoître par l’autre partie qui n'a point été altérée, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 6) _ Neuvième Confidération. Voici encore un nouveau caractère de correfpondance entre [es boules & les prifimes articulés, J'ai remarqué par-tout que le diamètre des articulations dépendoit du diamètre des boules , & qu'ainfi les dintenfons des matériaux avoient déterminé aflez conftamment celles de leurs affemblages. JL n'a toujours été facile de reconnoître fans erreur le volume des boules qui étoient entrées dans la compofirion des prifmes que je leur comparois ; il me fuffifoit de m'attacher aux amas de boules que je trouvois difperfées au milieu des courans dont les mafifs de prifimes articulés faifoient vifiblement partie. J'avois encore moins de méprife à craindre lorfque les boules étoient diftribuées , comime cela arrive forc fouvent à la fuperficie, & fur les bords de ces mañifs, ou bien même entaflées alternativement avec des articulations plus où moins régulières. Dans le pañlage d’un courant à un autre, j'ai été également frappé des. changemens du module des prifmes qui fuivoient exactement celui du volume des boules, & ces caractères éroient fi vifibles qu’ils n'ont fervi très-fouvent à diftinguer des courans que j'aurois peut-être confondus. Lorfque des boules de dimenfions différentes fe font trouvées réunies enfemble, les plus groffes m'ont toujours paru influer fur le module des: articulations : dans ce cas, ou les petites boules étoient plus applaties & formoient des articulations moins épaifles, ou bien deux ou trois de ces boules fe trouvoient réunies dans une articulation contigue à une aurre articulation formée par une feule boule. plus groffe. Lorfque les boules, different ainfi confidérablement dans leurs dimenfions, il eft rare que leur aflemblage fe foit exécuté avec une certaine régularité, Je rerminerai toutes ces réflexions par une conféquence qui en découle bien naturellement, c’eft que les bafaltes articulés ne peuvent être confi- dérés comme l’effec de la retraite de la matière de la lave, mais comme celui de la compreffion des boules: je ne prétends pas appliquer cette théorie aux autres prifmes ; mais elle a peut-être encore plus d'étendue que je ne lui en donne ici. Explication de la Figure 4, Planche I. On voit fur le devant deux quilles prifmatiques articulées & en deftruc- tion. Dans cet état on peut y diftinguer les diverfes courbures des couches concentriques des. boules élémentaires : ces couches font reftées arrondies du côté des convexités; font pliées en creux du côté des concavités, & enfin font applaties fur les faces latérales prifmatiques. On voit aufi au centre d'une articulation un noyau de boule en relief, & vis-à-vis le vuide d’un noyau enlevé : derrière ces deux prifmes, il en paroît d’autres bien con- fervés avec des concavités & des convexités à la bafe fupérieure, \ / 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, =" (92 De peer cree mme mas a — a NOUVELLES LITTÉRAIRES. M usEuM Carlfonianum in quo novas & feleétas Aves coloribus ad vivum brevique defcriptione illuftratas fuafu & fumptibus generofifimi Profefloris exhibet ANDREAS SPARRMAN , M. D. & Profeflor Reg. Acad. Scienr. Stockhol. Mufei Prefecti ejufd. Acad. ut & Socier. Phyfograph. Lemd, Scient. ac Lit. Gorhoburg. Hefl. Homberg Memb, Fafciculus I & II. Homiæ ,ex Typographia Repia, 1786 , fol. M. Sparrman à qui nous devons la relation intéreflante de fon voyage au Cap de Bonne-Efpérance & de celui qu'il a fait avec le Capitaine Cook, publie dans ces Fafcicules la defcriprion des oifeaux rares qu'il a apportés de fes voyages , & celle de ceux qui fe trouvenc dans la belle collection de M. le Chevalier Carlfcron. Les deflins font très-exacts & l’enluminure bien exécutée. Chaque Fafcicule contient vingt-cinq efpèces. L’Auteur fe propofe d'en donner la fuite; & ce célèbre Naturalifte a dans fa collection encore beaucoup de plantes & d’autres objets d'Hiftoire- Naturelle, qu'il fera connoître fucceflivement, Obfervations de M. De TRÉBRA fur lintérieur des Montagnes, précédées d'un Plan d'une Hifloire générale de la Minéralogie ; par M. VELTHEIM, avec un Difcours préliminaire & des Noces de M. le Baron DE DIETRICH, Secrétaire Général des Suifles & Grifons, Membre de l'Académie Royale des Sciences , de la Société de Gothingue & de celle des Curieux de la Nature de Berlin, Commiffaire du Roi à la vifite des Mines, des Bouches à feu & des Forêts du Royaume. A Paris, de l'Imprimerie de MOonNstEUR : fe trouve chez Didor le jeune, Libraire , quai des Auguftins, Didor, filsaîné, Libraire, rue Dauphine; à Strafbourg, chez Treuttel, Libraire, & chez tous les Libraires de France & des pays étrangers: 1787, 3 vol. z7-fol. Le travail fur l'intérieur des montagnes par M. de Trébra un des meilleurs Minéralogiftes de l'Allemagne, fi riche en ce genre, eft très- eftimé de tous les favans. C’eft donc une obligation de plus que les François ont à M. le Baron de Dietrich de l'avoir fait traduire dans notre Jangue. Les notes dont il aenrichi Le cexte, fon Difcours préliminaire placé à la cête de l'Ouvrage & le morceau de M, de Veltheim, rendent SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. "sr l'Ouvrage encore plus précieux. Il eft d’une belle exécution, & enrichi d’un grand nombre de planches enluminées. Supplément à la Deftription méthodique du Cabinet de l'Ecole Royale des Mines ; par M. SAGE, À Paris, de l'Imprimerie Royale, 1787, 1 vol. ir-8°. Ce Supplément contient la defcriprion des nouveaux morceaux dont le Cabinet des Mines a été enrichi, Examen du fentiment de M. ROLAND DE LA PLATRIERE fur les Troupeaux , fur-les Laines & fur les Manufaëures. À Paris, chez Buiflon , Libraire, hôtel de Mefgrigny , rue des Poitevins , N°, 13, Dans cet Ouvrage M. l'Abbé Carlier tâche de répondre aux objedions que lui avoit faites M. de la Platriere. Differtarion élémentaire fur La nature de la Lumière , de la Chaleur , du Feu & de l'Ele&ricité, dans laquelle on réfout d'une manière décifive la queflion propofée en 178$ par l'Académie de Dijon : Déterminer par leurs propriétés refpectives la différence effentielle du phlogiltique & de la matière de la chaleur; par M, CarRA, # vol. n-8°. Chez Eugène Onfroy, quai des Auguftins. Mémoires d'Agriculture , d'Économie rurale & domeflique, publiés par la Société Royale d Agriculture de Parts , trimeflre de printems & d'été, 1789, 2 vol. in-8°, À Paris, chez Cuchet, Libraire , rue & hôtel Serpente. Cette Compagnie favante a foin de ne publier que des Mémoires intéreffans pour l'Agriculture. Les inftructions qu’elle donne , & l’ému- lation qu'elle excite parmi les Cultivateurs, ne peuvent que beaucoup contribuer à la perfeétion de l'Agriculture en France, dont enfin il paroît qu'on veut s'occuper férieufement, peut-être moins pour le bonheur de l'humanité, que pour nourrir ce luxe effrayant qui écrafe toutes les clafles de la fociété. . . . Au refte, quand l’on voudra il fera facile à le France d’avoir des foies, des laines , des chanvres, des huiles, & rout ce qui lui eft néceffaire pour fa confommation, fans être obligée de rien tirer de l'étranger. Qu'on voie l'Agriculture en grand, & qu'on ne s’amufe pas à de petites pratiques minutieufes, à des effais faits dans des jardins. . . . Et fur-rout que le Cultivateur jouiffe de certe noble aifance à laquelle a droit tout homme qui confacre à la fociété fes travaux , fes fueurs. . .. Mémoire fur les Hayes deflinées à la clôture des Prés, des Champs, des Vignes & des jeunes Bois , où l'on traite des différentes efpèces de Hayes , de leur conffruétion , de leurs avantages: couronné par ne. 73 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; l'Académie des Sciences, Belles-Lertres & Arts de Lyon, à La Jéance publique du 3x Août 1784 ; par M. AMoREUXx , Doëteur en Médecine ; de l'Univerfiré de Montpellier, Bibliothécaire , Membre de plufieurs Académies. À Paris, chez Cuchet, Libraire , rue & hôtel Serpente: 1787, 1 vol. ir-8°. Cet objet eft d’un grand intérêt pour l'Agriculture: Differtation fur une nouvelle efpèce de Sainfoin dont Les folioles font merveilleufement toujours ex mouvement ; par M. Bucx'oz , in-fol avec gravuress x Differtation fur la Betterave & la Poirée, leurs différentes variétés, leur culture , leurs propriétés comme alimens pour l’homme & les befliaux , & la méthode pour en retirer un fucre propre à remplacer le vrai Jucre 3 par le même, » L'Art de préparer les alimens fuivant les différens Peuples de la terre; auquelon a joint une note fuccinéte fur leur falubrité & infalubrité, par M. Buc'oz, Auteur de différens Ouvrages économiques. Seconde édition, tome L, x vol. in-8°. Mémoire fur les Maladies les plus familières à Rochefort , avec des objervations fur les Maladies qui ont régné dans l'Armée navale combinée pendant la Campagne de 1779 ; par M. Lucapou, Médecin dela Marine dans ce Département, & chargé des fonétions de premier Médecin dans cette Armée. À Paris, chez Guillot, Libraire de Monsreur , frère du Roi , rue Saint-Jacques, vis-à-vis celle des Mathu- rins, 1787, 1 vol. in-8°. Cet Ouvrage intéreffera les gens de l'Art. Traité de la Fièvre maligne fimple & des Fièvres compliquées de malignité ; par M, CHAMBON DE MoNTAUX, de la Faculté de Médecine de Paris, de la Société Royale de Médecine, & Médecin de l'Hôpital de la Salpétriére , &e. À Paris, rue & hôtel Serpente, 1787, 4 vol. 2r-12, Prix, 10 liv. brochés, Cet Ouvrage et imprimé avec l'approbation de la Société Royale de Médecine. « Les jeunes Médecins, difent MM. les Commiflaires, y » trouveront un Traité élémentaire de la fièvre maligne, & les Médecins » confommés un obfervateur éclairé ». - Recherches fur l'origine & Le fiège du Scorbut & des Fièvre putrides : Ouvrage traduit de l'Anglois, de M. MizMAN , par M. ViGAROUS DE MonTAGUuT, Dodeur en Médecine & Membre de la Société Royale SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 75 Royale des Sciences de Montpellier. À Peris, chez P. F. Didot le jeune, quai des Auguftins ; & à Montpelli:r, chez Rigaud, Libraire, rue de l'Aiguillerie, 1786, 1 vol. 4-82, L'Ouvrage de M. Milinan eft eftimé en Anglererre. C'elt ce qui a engagé M. Vigarous à le faire pafler dans notre langue; mais äl a cru néceflaire d'en retrancher des longueurs qui lui ont paru inutiles, Mécanifme de la Nature, ou Syfléme du Monde fondé fur les forces du Feu, précédé d'un examen du f[yflêéme de NEW TON ; par M. l'Abbé JADELOT , avec cette épigruphe tirée de Voltaire : Tgnis ubique laret : naturam amplectitur omnem : Attrahit & pulfat, dividic atque parit. A Londres; & fe trouve à Nanci, chez l’Auteur: 1787, in-8°. de 259 pag. Prix, 3 liv. Cet Ouvrage de M. l'Abbé Jadelot offre un enfemble de fyftèmes, une uniformité de conféquences ,un nombre & un accord d’analogies qui fourniront aux Phyficiens des fujers de méditations dignes de cefiecle éclairé. A VENDRE. La Colléttion minérale du célèbre M, Wallerius, ci-devant Profeffeur en Chimie & Minéralogie à Upfal, & Chevalier de l'Ordre de Wafa. Cette Collection contient deux mille pièces, dont quinze cens font des mines de la Suède, & les autres des pays étrangers , routes régulièrement rangées dans des armoires. Comme M. Waïlerius, dont le mérite, particulièrement en Minéra- logie & Chimie, eft généralement connu, a lui-même ramaflé cette Collection , elle ne peutêtre qu'intéreffante & curieufe, d'autant plus -qu'il l’a rédigée en ordre d’après la nouvelle édition de fon Syftème de Minéralooie, & que le Catalogue en eft écrit de fa propre main en latin. Le prix eft s00 rikfdalers, monnoie de Suède , ou 3000 liv. de France; & les amateurs peuvent S’adreffer à M. de G. A. Leyonmarck , Confeiller au Collège Royal des Mines en Suède, à Stockholm. Société Royale d'Agriculture de Paris. La féance publique de la Société Royale d'Agriculture de Paris, a eu feu mardi 19 de juin à l'hôtel de l’Inrendance ; l’afflemblée éroit nom-= breufe: le fage Malsherbes , qui à tant de qualités fi chères à la nation joint celle de Cultivateur éclairé, M. l’Archevèque de Touloufe, M. le Con- trôleur Général des Finances, un grand nombre de favans ou amateurs &c de perfonnes titrées éroient à la féance; mais ce qui intérefla le plus fut la prélence de beaucoup de Fermiers & de Laboureurs , qu’on auroit deliré voir aux premiers rangs. Tome XXXI, Part. I, 1787. JUILLET. K ‘dt, 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Plufieurs Difcours & Mémoires intéreffans ont été lus dans l’ordre füivans : 1°. Un Difcours de M. le Duc de Charoft où il a fair voir toute l'influence que l'Agriculture a néceffairement fur la profpérité de l'Etat: vérité qui n’a jamais été mieux fentie que dans le moment actuel , comme le prouvent les encouragemens & les fecours accordés & promis par le Roi à la claffe la plus indigente de fes concitoyens. 2°. Un Mémoire de Dom le Franc, Religieux de la Congrégation de Saint-Maur, fur la chafle des bizets ou pigeons ramiers qui {e fait dans la Bigorre. Cette chaffe qui devient une efpèce de fête publique, & qui fe faic dans le lieu de la naiffance de Henri IV , a rourni à Dom le Franc, fous ce double rapport , l’occafion de dépeindre agréablement l'enthoufiafme que le fouvenir des bontés , de la popularité , & fur-tout de la grande économie de ce Prince excite tous les jours parmi fes compatriotes > comme ils affectent de le dire. À 3°. Un Mémoire de M, Turgot fur les dégâts que font dans les jeunes plantations les habitans de la campagne, & fur la néceflité de réformer cet abus. 4°. Des Obfervations de M. Defmarefts fur la manière d'élever les bêtes à corne dans l'Auvergne, la Marche & le Limofin, & fur les différens voyages qu’on leur fait faire. $”. Un Mémoire de M. Parmentier fur la culture des pommes de terre qu'il a faire fur près de foixante arpens pris dans les plaines des Sablons & de Grenelle. 6°. Un Mémoire de M. Thouin fur la plantation à faire de diverfes efpèces d'arbres fur les bords du nouveau canal de Bouroogne. 7°. Un Mémoire de M. Cadet de Vaux fur la manière de préferver les bleds de la carie, 8°, Un Mémoire de M, de Guerchy fur les meilleurs moyens d’amé- liorer les races des beftiaux dans la Généralité. Enfin ,un expofé des travaux de la Société, pendant l'année 1786, par M. Brouflonet qui a rendu le compte le plus intéreflant de ce qui s’eft pallé aux comices, affemblées de Laboureurs, qui fe tiennent dans les différens cantons des environs de Paris. Ces établiflemens font les premiers de ce genre, & les feuls dont on puiffe attendre une révolution avantageufe à l'Agriculture, ! Les le@ures finies on donna aux Cultivateurs les prix fuivans, qui furent diftribués la plupart par des Dames, Elles furent Hattées d’avoir l'honneur de couronner les talens utiles , elles qui ne couronnent fi fouvent que les talens frivoles. Prix diffribués. : IL La Société avoit propofé dans fa féance publique du 30 mars 1786; 7 SUR; L'HIST. NATURELLE ‘ET LES ARTS: 7ÿ pour fujet d’un Prix de 1000 liv. & d’un jeton d'or ce la vil: ur de 1001iv. la queftion füuivante : Quelles font les efpèces de Prairies artificielles q ‘on peut culriver avec Le plus d'avantage: dans la Généraliré de Paris, € quelle en cft la meilleure culture ? ; La Société a adjugé le Prix à la pièce N°.32, ayant pour épigraphe: Qui arvis fimos , fémis pecora, pecoribus pafcue adamufsim novit accomodari, is Agriculturæ fafligium attigit , dont l’Auteur eft M. Gilbert , Profefleur à l'Ecole Royale Vétérinaire. La Société a arrêté qu’il feroit fait une mention honorable des pièces fuivantes, N°. 13, ayant pour épigraphe: Quz cultus habendo fit pecori ; N°, 11, avec cette épigraphe: Nunc veneranda Pales, magno nunc ore Jonandum ; N°. 29, ayant pour épigraphe : Fortunatus & ülle Deos qui novit agrefles ; N°. 14, défigné par certe épigraphe : Beatus lle, qui procul ànegouiis, it prifca gens mortalium , paterna rura bobus exercet Suis, folutus abomni fænore ; & N°. 15, avec l'épigraphe fuivante : Servie agri pecus & pecori dat molle vicifsim gramen ager. La Société a trouvé dans ces différens Mémoires des pratiques utiles, des procédés peu connus, & elle defire que ies Auteurs veuillent bien fe faire connoître, pour qu'elle foit à portée de rendre public leur travail. LU - La Société avoït annoncé qu'elle diftribueroit dans cette féance des Prix aux A griculreurs qui fe feroient diftingués dans le courant de l’année par l'emploi de quelque procédé nouveau, où du moins peu connu , ou qui lui auroïenc adreflé des Mémoires qu’elle auroit approuvés : elle en a diftingué fix auxquels elle a décerné des Prix de la valeur d'un jeton d’or dans l’ordre fuivant : ; | À M. Colleau, Fermier à l'Epine, Paroifle de Mormans , Membre des Comices Agricoles de Rozoy, pour avoir fait plufieurs Mémoires qui tendent à l'amélioration de différens procédés de culture. A Madame Cretté de Palluel , réfidant à Dugny , pour avoir préfenté un Mémoire contenant des détails très-intéreflans fur la manière de gouverner les vaches, & d’en tirer le produic le plus avantageux. A M. Leduc , Meûnier à Creteil ; Membre des Comices Agricoles de Choify-le-Roi, pour avoir lavé & defléché des 7rains au moyen de V'éruve, & avoir ainfi augmenté la valeur d’une grande quantité de bled fali par la pouflière de carie. A M. Bidault, Curé de Bazoches , Election de Montfort-l'Amaury , pour avoir fait part de plufieurs travaux utiles en économie rurale. "A M. Pierre Defouche, habitant de Villeranéufe, pour avoir cultivé fur une grande étendue de terrein , des pommes de terre deftinées à la nourriture des vaches laitières des enviroris dè Paris, Tome XXXT, Part, Il, 1787. JUILLET, K 2 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Un pareil Prix avoit été adjugé à M. Heurtault, Fermier à Péreufe ; Paroifle de Jouarre, pour avoir chaulé fes grains pendant plufieurs années avec beaucoup d'intelligence & de fuccès; mais ce Culrivateur érant mort depuis peu de tems, la Société , pour ne point priver fa famille de cette marque d'encouragement, a voulu que le Prix füt remis entre les mains de fa veuve. Prix propofes. I. $ La Sociéré avoit propofé pour füujet d'un Prix, d'indiquer parmi les arbres, les arbufles & les plantes qui croiffene [ans culture dans la Généralité de Paris, ceux dont on peut retirer du fil pour faire de la roile ,ou qui fourniffent des parties propres à faire des cordes. Elle a recu fur ce fujet, fepc Mémoires dont quelques-uns font de fimples notes, & aucun ne lui a paru mériter le Prix. C’eft dans ces vues que la Société propofe pour fajet d’un nouveau prix, de déterminer par des expériences fuivies & comparées , quelles font les meilleures méthodes qu'on doit faivre pour obrenir Les parties: fibreufès des végétaux , & pour en reconnoitre les qualités. Le Prix fera de 600 liv. auxquelles on ajoutera un jeton d’or; les Mémoires feront reçus jufqu'au premier mars 1790 Ir La Société avoit propolé pour fujet d'un Prix extraordinaire, de rrouver are étoffe de plus de durée, plus chaude, moins chère & moins perméable à la pluie que les étoffes employées ordinairement aux véremens des gens de la campagne ; non-feulement elle ‘n'a reçu aucune étoffe propre à remplir les conditions demandées dans fon Programe; mais , par l’examen du travail des concurrens, elle a reconnw qu'il éroit très-difficile de réunir dans une écofle toutes les qualités qu'elle avoit paru exiger. Elle a donc cru devoir fe borrer à une des conditions les plus importantes, celle de préferver de la pluie. En conféquence elle propofe pour fujer d'un nouveau Prix, de faire connoitre quelles font Les étoffes qui peuvent étre en ufuge dans les différentes Provinces de France ou des pays étrangers & fur-1out dans les pays de montagnes , & dont les bergers & les voyageurs fe fervent pour fe garanir des pluies longues & abondantes. Le Prix fera de 600 liv. les Mémoires feront reçus jufqu'au premier mars 1789+ È ITL La Société propofe, pour fujet d’un Prix de 300iv. la queftion fuivante : Quelles fons Les plantes qu'on peut culriver avec le plus d'avantage SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 dans les terres qu'on ne laifle jamais en jachcres, & quel eff l'ordre Jfüuivant lequel elles doivent étre cultivées ? Ce Prix fera diftribué dans Ja féance publique de 1783 : les Mémoires feront remis avant le premier mars de la même année. I V. La Société propofe un Prix de la valeur de 600 liv. en faveur du meilleur Mémoire qui lui aura été adreflé fur le fujet fuivanc : Perfe&ionner les différens procédés employés pour faire éclorre artife- ciellement & elever des poulets , & urdiquer les meilleures pratiques à Juivre dans ur établiffement de ce genre fait en grand? Ce Prix fera diftribué dans la féance publique de 17838, & les Ouvrages ne feront reçus que jufqu'au premier mars de la même année, V. Les Comices Agricoles de Monfort-l'Amaury, témoins du tort confi- dérable que fait aux luzernes la plante parafite connue fous le nom de Cufeute, ayant prié la Compagnie de vouloir bien propofer un.Prix relatif à cet objet, la Société annonce qu’elle décernera-un Prix. de 300 liv. à l'Auteur du meilleur Mémoire ‘fur la queftion fuivance:. Quels font-les moyens les plus efficaces de détruire La cuftute ou teigne qui fe trouve communément dans les luxernières ? Les Mémoires ne feront reçus que jufqu'au premier mars 1788 , & la! Société proclamera la pièce couronnée dans fa féance publique de la même année. ; ! NT. M { 1e Le lois LE - . É n . - ’ A La Société propofe un Prix de 600 liv. qui fera adjugé dans la féance publique -de 1790, à l'Auteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante : Quels. font les moyens les plus sûrs pour obtenir de nouvelles variétés des végésaux utiles dans, l’économie rurale & domeflique , & quels font les procédés à fuivre pour aclimater dans un pays les différentes variétés de végétaux ? PUS ss " 2 \ .ù Les Ouvrages deftinés au concours ne feront reçus que jufqu'au premier mars 17ÇO. NTTET- La queftion fuivante forme le fujet d’un autre Prix de 600 Liv. quine fera diftribué que dans la féance: publique de 1750 :: ; Quels font les végétaux croiffans naturellement dans le Royaurre, où dont la culture y feroit facile; qui peuvent fournir une masicre colorane t 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; envbleu\ &squels fans les moyens: de ‘déterminer avec précifion la quantité de cette [ubftance dans les diverfes plantes, qui la contiennent? Les Mémoires ne feront reçus que jufqu'au premier mars 1790. VOTENT. Il fera accordé dans la féance publique de 1788 , un prix de la valeur d'un jeron d'or à la perlonne qui aura prélenté dans l'année un 2n/frumenr, Soit nouveau, foit perfeionné, dont la Société aura reconnu l'utilité en économie rurale .ou domeftique, I X. Un Prix de même valeur que le précédent fera adjugé dans la même féance , à l'Auteur de l'Ouvrage que la Société aura juge être le plus à la portée des babitans de la campagne, & Le plus propre à-leut donner des connoiflances utiles en morale & en économie rurale & domeftique. Les Ouvrages deftinés à concourir pour ce Prix, ne feront reçus que jufqu’au premier mars 1788. La Société n'exige point des perfonnes qui s'occupéront de cét objet , des connoïflances nouvelles, mais feulement un expofé clair, méthodique & très-abrégé des meilleurs principes ; un livre en un mot, qui puifle être mis entre les mains des habitans des campägnes ; des deux fexes & de”tout âge. ; La Société diftribuera dans la même affemblée de 1788, plufeurs jetons d'or aux Agriculteurs qui fe feront diftingués dans le courant de l'année par l'emploi de quelque procédé nouveau, ou du moins peu connu. s F Les Mémoires feront adreflés fous le couvert de M. l’Intendant de Paris, à M. BRoUSsONET , Secrétaire de la Société , rue des Blancs- Manteaux, N°, 57; & s'ils-lui.font remis entre les mains, ilen- donnera un récépifié où feront marqués la fenrence de l'Ouvrage & le numéro indiquant l'ordre de la réception, Sujets des Prix propofes par l'Académie des Sciences À Arts € Belles- * Lettres de Dijon, pour l'annee 1788. + 1 2) è \ 1 . À 2 \ Les fièvres catharreufes deviennent aujourd’hui plus communes qu'elles ne. l'ont jamais -eté ; les fièvres inflammatoires deviennent extrêmement rares ; les fièvres bilieufes font moins communes : déter- miner les raifons qui ont pu donner lieu à ces révolutions dans nos climats & dans nos tempéramens. L'Acadéniie a déjà eu plufeurs fois la fatisfation de couronner des Mémoires intéreflans fur les fièvres ; elle eéfpère que le''problême pro- pofé aujourd’hui, réveillera l'atrention des Médecins , qui doivent Ctre convaincus dela néceflité de déterminer avec exactitude’ le caractère le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 9 plus général des maladies régnantes ; d'autant plus que les apparences ont pu fouvent en impofer , & faire adapter aux fièvres catharreufes , au grand danger des malades, le traitement réfervé à l'inflammation. \ L'Académie a demandé, pour fujet du Prix de 1787: Quelle eff l'influence de la morale des Gouvernemens fur celle des Peuples? | | Tia Elle avoit propofé pour fujet du Prix qu'elle devoit diftribuer dans la féance publique du mois d'août 1786 : De déterminer , par leurs propriétés refpeëives, la différence effenticlle du phlogiflique & dela maiëre de la chaleur. L'Académie n'ayant pas été dans le cas d’adjuger le Prix, a déjà annoncé qu’elle propofe le même problême, pour le fujet du Prix double qu’elle aura à décerner dans fa féance du mois d’août 1789. Tous les favans , à l'exception des Académiciens réfidens, feront admis au concours. Ils ne fe feront connoître ni directement, ni indirectement; ils infcriront feulement leurs noms dahs un billet cacheté, & ils adrefleront leurs Ouvrages francs de port , à M. CaïLLeT, Profeffeur de Poéfie, Secrétaire perpétuel , qui les recevra jufqu'au prémier avril inclufivement. G L'Académie annonce que dans la fuite elle n’ouvrira aucun paquet confidérable non affranchi, de quelque pays qu'il foit envoyé. Le Prix, fondé par M.le Marquis du Terrail & par Madame, de Cruffol d'Uzés de Montau fier fon époufe ; à préfent Ducheffe de Caylus, confifle er une Médaille d’or de la valeur de 300 liv. portant; d'un ceôté, l'empreinte des armes & dunom de M. Pouffer, Fondateur de ? Académie, & de l’autre, la devife de cette Société liréraire. EL TABLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M ÉMOIRE fur las Lunertes nommées Binocles, € fur un Voyage : aux côtes maritimes occidentales de France : lu à la rentrée publique de l'Académie Royale des Sciences , le 18 avril 1786 x par M. Le GENTIL, page 3 Defcription de l'Ocriére de Moragnes , extraite d'un Voyage minéra- logique fait en 1786 , par M. GouRJION DE LAVERNE, Élève du Corps Royal des Mines, 11 Objervations fur-les Ecailles de plufieurs efpèces de Poiffons qu'on + 80 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &e: croit communément dépourvus de ces parties ; par M. BROUSSONET, de l'Académie des Sciences, 12 Lettre de M. SAGE, à M. ne La MÉTHERIE, 19 Lettre de M. De MuLLer , Confeiller de la Tréforerie,à M. DE BORN , Jur le prétendu Régule d'Antimoine natif ; traduite par M. DE FONTALLARD , 20 Lertre de M. RUPRECHT, à M. pE Born , Jur la Pierre de Gangue rougeütre tenant or, de Kapnik , fur l Antimoine natif de Tranfil- vanie , fur une nouvelle Mine d'or de Nagyag, traduite par M, DE FOoNTALLARD, 22 Tatroduë&tion à l'étude. de LP Afironomie phyfique ; par M. Cousin, Leieur & Profeffeur Royal, de L Académie Royale des Sciences , extrait, A DS Extrait d’un effai fur quelques phénomènes relacifs à la criflallifation des Sels neutres : lu à l'Académie des Sciences. le premier mars 1786; par M. Le BLraNcC , Chirurgien, 29 Effai de la, Mine de Cobalt grife arfenicale entremélée de Galène , de Chatelaudren ; par M. CAVILLIER , Elève de l'Ecole Royale des Mines , 33 Lettre de M. W..r, Profeffleur de Botanique à N. à M. DE LA MÉTHERIE, 3% Effai fur les avantages qu’on peut tirer du Chalumeau à bouche lorfque Je fervant de fupports de verre, on veut tenter avec le fecours feul de * Pair commun la fufion per fe des fubflances réfrataires expofées à la 1 flamme fous des parcelles de là plus extréme pecitefle sNpar M, Dopux, 39 . Mémoire fur la combinaifon du principe oxygine avec l'Efprit-de-vin , l'Huile & les diffèrens corps combuflibles ; par M. LAVOISIER, SI Lettre de D. SAINT-JuLIEN, Bénédiétin, Profeffeur Emériie de Phi- “lofophie & de Maïhémariques, de l'Académie ‘de Bordeaux , à M. ve LA MÉTHERIE, fur l'acide des Pois chiches, 62 Confidérarions générales Jur Le rapport des boules de lave avec les prifmes de PBafalte articulés ; par M. DESMAREST , 6$ Nouvelles Lirtéraires ; 70 AP: PR O0!B AIT ON. Ja lui, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre: Obfervarions fur la Phyjique, fur l’Hifloire Naturelle & fur les Anis, Ëe. par MM. Rozier, MoNcez le jeune & De 14 MerxERIE ; be La Colledtion de faits importans qu'i! offre périodiquement à fes LeGteurs » mérite Pattention des Sa- vans ; en conféquence , j'eftime qu’on peut en permettre lPimprefion, A Paris, ce 27 ill 87. Juillet 1787 VALMONT DE BOMARE. sf : "a «0 a ds. Eu Du tasdérmns . + + S- H "1 re # F = £ = * -3 , ' + ; ni ferré ; = & ) ; ï i = Fa n ( » , - 3 > F MS Del | F ee 2 Li LE. >" . ou re ; » re Er _ L RTE È PR ” , = à = ". 4 = As ‘ x s - 14 ‘ n 9 p — _—. : “= \ - si Es AT — M, 2. on PS - #0 PR Dee : pt PAR, “2 SC PAL. bAr Lonennnniill fl connu Il ul | oO enn Te Meiriririés jrété VestiF+ Sp. hat: CNET. 7" OREE ht, à ——— RE 7 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. | 3|| AOUT 1787. | Rp Re mat y ce EL} URERU TEE RENE AS RS 7 MÉMOIRE Où l'on examine quelles font les caufes qui ont meriré au Sucre raffiné à Orleans la préférence fur celui des autres Raffineries du Royaume ; Par M. PROZET, Maître en Pharmacie, Intendant du Jardin des (Plantes de la Société Royale de Phyfique, d’Hiftoire-Naturelle & des Arts d'Orléans : Lu à la Société de Phyfique d'Orléans dans la Jéance du 30 Avril 1784: Les erreurs qui naiffent des préjugés font celles dont or fe dépouille difficilement, & qui nuifent le plus aux progrès des arts. Détruire les idées fur lefquelles on les fonde en en démontrant la faufleté , c'eft rendre fervice à l’artifte, c’eft l'éclairer fur la théorie, dont l'influence s'étend toujours fur la pratique. L'art de raffiner le fucre apporté des Antilles, peut fans contredit être regardé comme celui qui fournit à notre ville la branche la plus utile de fon commerce, Ce n’eit pas que les procédés propres à ce travail foient inconnus dans les autres villes du royaume ; mais foit défaut de moyens, ou erreur dans [a pratique, il eft certain qu'aucune des raffineries de nos villes maritimes n’a pu donner au fucre qu'elles purifient la fécherefle & la-compacité qui diftingue celui que fourniflent ies raMineries d'Orléans, 3 Cerce fupériorité dans la qualité du fucre a été, & eft même encore attribuée par plufeurs, à la nature des eaux de cette ville, Ce fentiment me paroît infoutenable : car ces eaux ne pofléderoient cette qualité que relativement à un ou plufeurs principes qui leur feroienc unis, & dont la préfence dans le raffinage, priveroic le fucre de quelques parties bérérogènes & nuifñbles , ou lui en fourniroit quelques autres qui lui manquent & qui font eflentielles à fa perfection. Or, comme la raflinerie de Saint-Mefmin & celle du Portereau fabriquent du fucre qui a la qualité requife, quoique cependant la première employe de l'eau du L _ Tome XXXT, Part. II, 1787. AOUT: 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Loiret , ou qui provient de cette rivière, & l’autre de l’eau de la Loire, & que le fucre que fourniflent les raffineries de l'intérieur de la ville, où l’eau de puits eft en ufage, ne l'emporte ni ne le cède en fupériorité à celui des deux premières : il me paroîc naturel d'en conclure que la fécherefle & la dureté du fucre font indépendantes de la nature des eaux. En effer, celles que je viens de citer différent trop en pureté pour pouvoir en affimiler les effets, à moins de prétendre que le principe propre à rafliner ne foit caché & commun à toutes, & alors il faudra fpécifier quel il eft, & définir fa nature, , Loin d'admettre un être que l’analyfe ne peut démontrer, je penfe au contraire que les matières hétérogènes que la plupart de ces eaux récèlent, font plutôt nuifibles qu'utiles au raffinage du fucre, & que l’action de l’eau dans cette opération fe borne feulement à l’effer de fa propriété diffolvante, qui eft toujours relative à fon degré de pureté ; ainfi on peut dire qu’à cet égard , les raffineries d'Orléans n'ont nul avantage fur celle des autres villes dont les eaux font potables. Des affertions ne fuffifant pas pour prouver des faits , je vais préfenter le tableau analytique & comparatif des eaux de notre ville. Je prouverai enfuite que les fubftances qu'elles tiennent en diflolution , loin de con- tribuer à la perfection du fucre, y feroient plutôt nuifibles. Enfin , comme pour apprécier juftement l’action de l’eau dans les différentes opérations que l’on fait fubir au fucre , il faut que j'expofe quelles font les matières dont il eft important de le priver pour parvenir à le purifier ; ceci me conduit néceflairement à développer la chéorie de l’art du Raffineur , & à chercher la caufe déterminante de cette qualité, qui fait préférer à toute autre Le fucre qui fort de nos raffineries, L'eau, dans fon état de pureté, eft la même par-tout. C’eft un être fimple homogène, que nos efforts ne peuvent altérer ni décompofer ; mais Ja nature en établiffant certe force admirable, par laquelle tous les corps fe recherchent & font effort pour s'approcher, force d’où dépend l'har- monie de l'univers, a doué avec tant de profufion cet élément de cette tendance à l'union, que nulle part on ne le trouve pur ou dans fon état de fimplicité radicale. L'eau que nous regardons comme la meilleure pour nos’ufages économiques , récèle toujours quelques molécules falines , & une aflez grande quantité d'air. Il paroît même que la falubriré de l’eau dépend effentiellement de fon union avec les particules aériennes, puifque nous voyons que celle qui en eft privée, quoique d’ailleurs abfolument pure, comme l’eau diftllée , eft lourde & fatigue tellement les organes digeftifs qu’elle excite des naufées, C’eft en raifon de cette force attraétive de l’eau , que celle qui tombe fur la furface de la terre diflout en s’infiltrant à travers fes couches tous les fels qu’elles contiennent , elle fe charge en mème-tems des matières gazeufes qui fe produifent ou fe dégagent , tant par la décompolfition des SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 fabftances minérales, que par celle des corps organifés, que les révolutions arrivées au globe ont enfouis dans fon fein. L'union que l’eau contracte avec ces fluides aériformes , & fur-tout avec celui connu fous le nom de gaz acide crayeux ou air fixe, lui donne la faculté de diffoudre diverfes fubftances terreufes & métalliques. Toutes ces matières difloutes font entraînées par elle dans fon cours fouterrain ; là elles {ubiflent des alté- rations & des décompofitions qui tiennent à la nature des lieux qu'elles traverfent. La plupart cependant parviennent avec l’eau à la furface de la terre, & elles y demeureroient unies fi ce fluide étoit ftagnant & privé du contaë de l'air ; mais l'abforption que fait la mafle atmofphérique des différens gaz & l'action attractive que l'air exerce fur elle produilene la précipitation de la plus grande partie des fubftances terreufes ôu minérales, & un relâchement dans la force d’adhéfion des molécules principes des fels diflous qui procure leur défunion & entraîne néceffai- rement la décompolition des corps qu'elles formoient. Cet effec a lieu fur-tout dans les eaux dont le cours eft iong & rapide, tel que celui des grandes rivières , aufli voyons-nous que celles qui, comme notre Loire, coulent dans ua lit dont le fond eft de fable, & exempt de plantes, fournifent l'eau la plus pure & la plus falubre, Une pinte d'eau de Loire, abftraction faire de la quantité d’air qu'elle contient,ne m'a donné par l’analyfe qu'environ un grain de fubftance faline qui étoit du fel marin à bafe rerreufe, J'ai trouvé une grande différence dans les produits de l'eau du Loiret, puifque j'ai obtenu de vingt-cinq pintes d'eau de certe rivière cinquante-fix grains-de terre calcaire , dix-huit grains de félénire, douze de fel marin & quarante-huit grains d’une matière faline , mucilagineufe, extracive, Cependant fi l'on réfléchit que cette perite rivière récèle dans fon fein des fources qui y fourdiflent de rous côtés, que fon cours eft ralenti par plufeurs digues, qui le traverfent & le rendent, pour ainfi dire, ftagnant, que fon lit bourbeux donne naïflance à une infinité de plantes qui y croiffent, y périflent & s’y décompofent , on fera peu furpris de l'infalubrité de fes eaux. Les eaux des puits d'Orléans font à-peu-près dans le même état que celle du Loirer. Toures tiennent en diffolution de la terre calcaire, ou chaux aérée & de la félénire, dans des proportions d'autant plus grandes que l'on s'éloigne davantage de la rivière, en fe portant vers les hauts quartiers de la ville, Ce feul fait feroir fans doute fuffanc pour établir que les eaux des puits de la ville tirent leur origine de la Loire, fi la moindre profondeur de ces puits , roujours relative à la proximité de ce fleuve , n’en fournifloit encore une au’re preuve convaincante. D'après cer expofé fuccinét des produits chimiques des eaux d'Orléans, il eft aifé de conclure que l’eau de la Loire étant la plus pure, & par conféquent celle dans laquelle la mifcibiliré. ou tendance à l'union , et Tom, XXXI, Part, ZE, 1787: AQUT, L 2 \ 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moins fatisfaite, doit êrre aufli celle qui eft la plus propre au raffinage ; puifque fous un volume égal elle eft en état de difloudre une plus grande quantité de fucre. à Les eaux du Loiret & celles des puits d'Orléans peuvent être employées indifféremment à cet ufage : cependant je prétérerois l'eau des puits les plus voifins de la rivière ; peur-être m’objeét:ra-t-on que la préfence de la félénite & de la terre calcaire fournit des circonftances dans l'opéra- tion qui la facilitent & l’accélèrent, mais il eft aife de prouver que la première y eft abfolument inutile: je ferai plus, lorfque j'examinerai quelle eft la fubftance dont il eft eflentiel de priver le fucre dans le raffinage, je prouverai que fi la félénite étoit abondante dans l'eau, & qu'elle pût fe fourenir en diflolution conjointement avec le fucre, elle feroit abfolument contraire aux vues que lon fe propofe. L'inutiliré de la félénite dans le raffinage du fucre, fe déduit du peu de folubilité de ce fel vitriolique à bafe de chaux; en effet, de même que la nature a établi une loi par laquelle tous les corps rendent à s'unir, de même aulli érablit-eile différens degrés de cette force, de manière que les uns rendent avec une énergie inexprimable à s'unir avec certains , tandis qu'on en voit d’autres qui ont, pour ainfi dire, une antipathie conftante entr'eux ; cette affinité d’életion eft précifément ce qui conftitue les différenis degrés de folubilité dans l’eau, dediverfes fubftances connues. Ainfi d’après la connoiffance de l'inégalité de cette force, il eft aifé de conclure que la félénire étant prefque infoluble dans l’eau, puifqu'il faut cinq cens parties de ce Auide pour en difloudre une de ce fel, doit être féparée routes les fois que l’on préfentera à l’eau un corps dont le rapport fera plus grand avec elle. Or, comme le fucre eft de toutes les matières connues celle dont la folubilité dans l’eau ef la plus grande, il eft clair que dans le raffinage du fucre où l’on fair plus que fatisfaire certe force, puifqu'on va même jufqu'à. l’épuifer, il eft clair, dis-je, que la félénire ne peut refter unie à l’eau, qu'il faut néceflairement qu’elle fe précipite & qu’elle pafle dans les écumes , par conféquent elle eft abfolument inutile & étrangère à la purification du fel eflentiel fucré. La nécefité de l'emploi de la chaux pour raffiner le fucre pourroic faire préfumer que la terre calcaire, tenue en diflolution dansles eaux des puits d'Orléans feroit peut-être avantaveufe pour cette opération: il y a apparence même que c'eft d’après cette confidération , que quelques célèbres Raffineurs ont prétendu que plus une eau étoit dure, plus elle étoit propre à purifier le fucre; mais avec une légère attention on verra que cette terre calcaire n'étant tenue en diflolution dans l’eau, que par un léger excès du gaz acide crayeux , & que ce gaz étant très-vaporef= cible s’exhale dès les premiers mouvemens de chaleur que l’eau reçoie, on verra, dis-je, que l’intermède fe difipant, les corps qu'il unifloie doivent fe féparer avec d'autant plus de facilité, que l’on préfente à l’un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 8$ des deux une fubflance avec laquelle il à un rapport infini. La terre calcaire que les eaux contiennent eft donc inutile dans la purification du fucre, puifqu'elle fe précipite dans Îe commencement de l'opération, Suppofons même qu'elle foit avantageufe; comme ellen agit que comme chaux , il eft toujours ailé de fuppléer à fon défaut par l’eau de chaux, que le hafard plutôt que le raifoñnement a mis en ufase dans l’art du Raoeur. à Après avoir prouVé que les matières hérérôgènes, difloutes dans les eaux d'Orléans, font inuriles dans le rafñnage du füucre, je vais examiner quelles font les fabftances nuifibles à fa pureté, & dont l'art du Rafineur end à le débarrafler. Si dans tous lés arts, celur qui les exerce connoïfloit parfaitement la nature des fubftances fur lefquelles il travaille, s'il favoit comment & pourquoi il agit, on verroit. moins de méprifes fondées le plus fouvent fur des préjugés ou fur des routiñes anciennes, qui quoique ridicules , n’en paroiffent pas moins facrées à celui qui les fuit; on employeroit alors les moyens les plus propres, les plus, fimples, les plus expédirifs , & ‘en même-tems les plus sûrs pout parvenir au but que l’on fe propofe, Pour déterminer d’une manièré précife quelles font les fubflances héré- rogènes qu'il faut féparer dans le rafinage , il eft donc néceflaire d'être bien inftruic de la nature des printipés conftituans du fucre. Cette fubftance eft un fel effenciél doux, formé dans le végétal par Pintime union d’un acide particulier , avec un peu de terre légère & beau coup de parties phlogiftiques ou inflammables ; il eft toujours mélangé d’une grande quantité de matières mucides, graffes, qui quoiqu étrangères à fa conflitution,, contribuent cependant beaucoup à augmenter fa faveur douce. 1 H SAÉ RE : Plufeurs plantes contiennent le fel efféntiel fucré , mais il n’en eft point qui le fourniflent avec autant d’abondance que la canne à fucre, arurdo Jaccharifera. Les expériences du célèbre Marotaff ont prouvé que le corps fucré fe trouve différemment modifé dans les plantes qui le contiennent ; difpofé dans les unes Ÿ pafler fur le champ à l’état concret , & dans les autres à refter toujours liquide & fous la forme de miel, Le fuc de la canne à fucre, appelé ve/ou dans les Iles, demeureroit, par exemple, toujours dans l’état firüpeux , fi l'art ne venoit au fecours de la nature, pour débarraffer le fel fucré des matières hétérogènes quis'oppofent à fa criftallifation. La connoiflance de la naturé & des qualités de ces matières éft donc le feul objet vers lequel le Sucrier & le Raffineur doivent diriger leur étude. darts Le | Quoiqu'il y ait très-grande apparence que le hafard feul ait déterminé Jes premiers artiftes für les moyens proprés à purifier le fucre, & que ceux qui depuis ont opéré fur cette matière, aient toujours. {uivi une routine aveugle; on eft cependant forcé de convenir qu’ils ne pou- 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voient choilir des agens plus sûrs que ceux qu'ils ont mis en ufage. Nous favons maintenant , d’après les expériences du célèbre Bergman, que l’état de déliquefcence dans lequel fe trouve Le vefou eft dû à une certaine quantité de l'acide propre du fucre qui y eft furabondant & libre, Ce Chimilte a mêlé de l'acide pur avec du fucre raffiné, & il a été impoflible de ramener ce fucre à l’érat concret, jufqu’à ce que l'acide furabondant ait été faturé. Les mêmes expériences nous ont appris que cer acide fe combine avec toutes les fubftances alkalines & terreufes avec une tendance plus ou moins forte ; mais que l'afnité de l’acice faccharin avec la chaux étoic fi grande qu'il décompofe tous les els, dont elle conftitue la bafe, s’unit avec elle & forme un nouveau fel qui érant infoluble fe précipite dans l'inftanr. D’après les lumières que nous rirons de ces expériences, il eft aifé de voir que le Sücrier en mêlant au ve/ou de l'alkali cauftique & de l'eau de chaux, doit farurer une partie de l'acide furabondant & coaguler en même-tems la plus grande partie des fubftances mucides , que par l’éva- poration fubféquente du liquide diffolvanr, les parties du fel eflentiel fucré doivent fe rapprocher de l'état cuncrer. Mais avec quelque foin que les écumes aient été enlevées par le Sucrier & quelqu’attention qu'il ait apportée à laiffer égoutter le fucre , il ef encore bien éloigné de fon étar de pureté. Le fucre brut eft gras & très-roux; ce qui indique la préfence de l'acide faccharin non combiné & des matières coloranres hétérouènes. L’art du Raffineur commence ici, il tend à débarraffer le fucre de tous les corps étrangers qui nuifent à fa confiftance & à fa pureré. Pour y parvenir 11 diffout le fucre dans l'eau, en y ajoutant en même-tems une certaine quantité d’eau de chaux qui farure l'acide excédent, & coagule ou décompofe une partie des matières mucides, & par le moyen de la matière lymphatique , ou plutôr gélari- neufe concrefcible du fang de bœuf, il rend dans la liqueur une efpèce de rézeau qui faifit le fel faccharin calcaire & les matières mucides coagu- lées, & les ramène à la furface, où elles forment les écumes. La connoiffance précife de la quantité de l'acide furabondant & celle des matières mucides extractives {eroit bien eflentielle pour le Raffineur, afin qu’i: n'employät q'ie la dofe néceffaire d’eau de chaux; mais il verra qu'un léger excédent de certe dernière ne Jui eft pas nuifible, & qu’il Jui eft même néceffaire, parce que la combinaifon du fucre etant très- délicate, l’adtion du feu en décompofe toujours une partie pendant la Jongué ébullition qu'on eft forcé de lui faire fubir afin d'évaporer l’eau de diffolution & de le ramener à l’état concret. La preuve de ce que je dis ici, de la décompofirion du fucre, & par conféquent du développement de fon acide par l’effer de la chaleur , fe tire d'une pratique très en ufage parmi les Confifeurs, lorfqu’ils veulent empêcher un fyrop de fe candir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8 ou pour mieux dire, de fe criftallifer ; ils en portent à plufieurs reprifes quelques parties fur les hautes parois de la bafline. La chaieur très-grande des parties métalliques agit fur les petites portions du fucre au point de Jes décompofer , & de les faire pafler à l’érat approchant de celui connu . fous le nom de Karamel , c’elt ce que dans cet art on appelle graiffer un Jyrop. ' J'obferverai cependant , fur l'emploi de l'eau de chaux, que plufeurs Raffineurs ont remarqué que la trop grande quantité de cette liqueur communiquoit au fucre une couleur grife dont il étoit enfuite impollible de le priver. Cette couleur me paroît devoir être imputée entièrement à l’action que cet excès de chaux exerce fur la partie rouge du fang & à la décompofition qui en eft la fuite. Alors le fer, qui eft une des parties conftituantes de cette fubftance globuleufe ; précipite fous la couleur noire qui lui eft propre, fa diflolubilicé très-grande , facilitée encore par fon extrême divifñon, l’unic aux molécules faccharines dont il altère enfuite la couleur. Je fuis fi intimement perfuadé qu’on ne peut attribuer à une autre caufe cette couleur accidentelle, que j'oferai aflurer , que quel que fut l'excès de l’eau de chaux, jamais elle n’auroit lieu f on fe fervoit d’une autre matière que le fang de bœuf pour la clarification du fucre. 11 feroit en effet bien à fouhaiter qu’on y püt fubftituerune autre fubftance, puifqu'il eft de fait que ce fang influe beaucoup fur la couleur du fyrop , & par contre-coup fur celle du fucre. Ce que j'ai expolé jufqu’à préfent prouve inconteftablement que l’eau n’agit dans le raffinage du fucre que comme diflolvant, qu’elle n’eft w’auxiliaire , qu'elle ne fert qu'à étendre les furfaces , afin que l'acide du fucre libre & les molécules de la chaux puiffent mieux fe rencontrer & fe combiner. La chaux eft donc l'agent unique de la purification du fucre ; par conféquent les fubitances hétérogènes que les eaux d'Orléans con- tiennent font abfolument inutiles à cette opération : il y a plus, j'oferai dire qu’elles y fonc nuifibles; car fi a félénite de ces eaux n’eft pas précipitée par la plus grande folubilité du fucre, & qu’au contraire, par le moyen des matières mucides , elle fe foutienne dans la liqueur , il eft certain’ que l’acide du fucre, qui de tous les acides connus, eft celui dont la tendance à l’union avec la chaux eft la plus grande , il eft certain, dis-je, que cet acide fe portera fur la chaux qui fait la bafe de la félénite , s'unira avec elle & dégagera l'acide vitriolique , principe conftituant de ce fl. Cet acide alors libre réagira à fon tour fur la bafe du fel fucré concret, s’y combinera & produira un nouvel excès d’acide faccharin nuifible à la criftallifation du fucre, Les eaux féléniteufes ou dures, loin donc d'étreutiles dans le raffinage , y font au contraire très-défavantageufes, Mais fi les eaux d'Orléans n'ont point une qualité particulière qui les rende plus propres à la purification du fucre, quelle eft donc la caufe de la qualité qui diftingue celui des raffineries de cette ville ? 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Un très-habile Rafinéur ‘avec lequel je m'’entrerenois fur cet objet prétendoit que nos éaux'étoïenc plus propres au raffnage, en ce qu'elles n'étoient pas /uumatres comme cëlles des villes maritimes, & que c'éroic cette {alure qui ôtoit la compacité au fucre qu'on y travaille. Il fondoit fon opinion fur ce que du fucre avarié par l'eau de la mer ne pouvoit jemais devenir dur & compacte, quelque précaution que l’on prit d’ailleurs dans le raffinage: Ï1 eft bién certain que la préfence des fels marins, calcaire, &'à bafe alkaline:, dans le fücre!y apporte des circonftances nuifibles à fa folidité. En effec le fel'marin à bafe calcaire doit être décompolé par l'acide faccharin qui s’uniflant à fa bafe dégagera l’acide marin. Ce dernier devenu libre réagira’ de même fur le fuere & en décompofera une partie. D’un'autre côté le fel marin à bafe alkaline, attirant l'humidité de l’air, doit néceflairement nuire à la fécherefle du fucre. Maïs cette caufe accidentelle & particulière à l’eau de la mer, ne peut êtré généralifée & rendue commune à celle des puits & fontaines de toutes les villes maritimes. Cependant je fuis perfuadé que la pofition des rafineries dans le voifinage de la mer eft très-nuilible- à la folidité du facre; non par la qualité des eaux qu'on y emploie, mais plutôt par l'humidité vaporeufe qui furcharge l'atmofphère. Il eft aifé de concevoir: que quelque fec que foit le fucre au fortir de l’étuve ; certe vapeur humide doit le pénétrer & le ramollir, pour peu qu'il y refte expofé; & il n'eft guère pofible de l'en garantir. Peut-être même que les différens gaz que l'eau de la mér exhale, par la décompoftion continuelle d'une infinité de corps organilés qui fe détruifent dans fon fein , facilitent beaucoup la pénétrabilité de l'humidité vaporeufe de l'air ; peut-être au fi altèrent-ils eux-mêmes le fucre. IL eft une caule plus mahifefte de la qualité fupérieure du fucre d'Orléans; elle n’exifté point dans les objets extérieurs, elle eft intrinsèque & appartient entièrèment à l’artilte lui-même, C'eft dans le rapprochement ples grand de la liqueur qui tient le fucre en diflolutien, & fur-tout dans l'attention que l'on apporte dans nos raffineries à troubler la criftallifation du fucre, qu'il faut la éhercher. ob l Il exifte des fucres qui contiennent plus d’acideilibre & de matières muqueufes extractives que d'autres: on les diftingue facilement en ce qu'ils font plus gras au roucher & plus colorés. Le Raffineur qui reconnoîc: ces fucres inférieurs à la petitefle de leur grain, fait les mélanger avec d'autre dont le grain eft plus gros & plus fec. Le choix & la proportion de matières mélangées, l'évaporation relativequ'il leur fait fubir, ou pour mieux dire, le desré de’cuire qu'il leur donne , & qui doit roujours êcre en rapport avec leur qualité, font précifément ce qui conititue Parc & l'habileté du Rafineur. On donne en effet aux 'fucres gras une cuite plus forte qu'à ceux qui font plus fecs, parce que la préfence des matières mucides trompe toujours à la preuve; & qu'alors au lieu d'obreuir une malle a: : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. %o male concrète, on s'expoleroit fans cetre précaution , à n'avoir qu'une criftallifätion partielle. Si le Raffineur ne cuifoit fon fucre de manière à faire évaporer entièrement l'eau de diflolution, au lieu de la mafle confufe qu'il delire, il n'autoir que des criftaux parfairs & d’une forme déterminée, tels qu'on les voit dans le fucre qu'on appellé candy, Si même après avoir rapproché la liqueur au degré néceflaire, il ne l’agitoit pas pendant fon refroidiflement , il n'ubtiendroit encore que des groupes confus de criftaux mal conformés ; mais en braffant la liqueur au moment où les molécules faccharines fe rapprochent, il empêche la formation de ces groupes. Les criftaux ne font plus alors que des infiniment petits; ce n’eft plus qu’une pouflière très-fine, dont chaque partie préfenre au contact relativement à fon volume, une fu:face très- éréndue; par conféquent le contact doit être plus grand & plus immédiat, & la mafle qui en réfulre plus dure & plus compacte. La cuite forte qui en rapprochant extrêmement les parties du fucre , les force à rendre toutes à la fois à fe réunir, l’exactirude à troubler cette opération en agitant & détachant continuellement avec une fpatule de bois les molécules du fucre des parois de la forme , manipulation que l’on nomme opaler & mouver lorfqu'on le répète, font donc les deux caufes uniques de certe dureté qui diftingue le fucre d'Orléans, Si lon obferve le fucre préparé dans les aurres villes, on verra que le grain en eft plus gros ; on y trouve fouvent quelques perirs criftaux aflez conformés pour dépofer de la négligence qu’on a apportée dans l'opalement ou brafJage du fucre; mais fi norre fucre l'emporte en dureté fur celui de la plupart des raffineries du royaume , il faut convenir aufli qu’il leur eft inferieur en blancheur. Cerre différence dans la couleur eft une fuire néceflaire de la manie pulation qui lui procure la dureté. Le fucre par fa narure eft parfairement blanc, & fa couleur dépend , ainfi que j2 l’ai déjà dit, des marières mucides hétérogènes qui Le faliffenc. Des diflolurions & des crittallifations répétées feroient fuffilantes pour le débarraffer entièrement de routes les fubftances étrangères ; mais elles enrraîneroïent après elles trop d’embarras & de dépenfes ; d’ailleurs, le facre cardy eft embarrafflant pour le com- merce ; il ne fond point aufli promprement que le fucre ordinaire, il n'eft pas aufli doux, parce qu'il eft entièrement privé de ces marières muciles grafles qui contribuent à certe faveur fi agréable qui fair objet principal de l'emploi de certe fubftance. La criftallifation confufe a paré à rous ces inconvéniens, en formanr des mafles, qui fousun volume égal renferment une plus grande quantité de matières fucrées, elle en a facilité le tranfport. Le trouble apporté dans la criftallifation par le braf]age , n’a pas permis aux molécules faccharines de fe toucher précifément par le côré où «Iles rendent naturellement ; par conféquent le conraét moins immédiat que dans un criftal parfait, a rendu lintromiffion des molécules DS plus Tome XXXTI, Part, II, 1787. AOÛT, AR RSR 6 0 RE OR ie 3: - # +. ; : Ÿ 90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;: aifée , & la diflolution du fucre plus prompte; mais aufli les matière$ mucides étrangères renfermées dans les interftices des petits criftaux rendroient le fucre défagréable à la vue, fi l'on n'avoit trouvé dans l'eau | même l’agent néceflaire pour fournir à ces matières étrangères & incon- crefcibles, la fluidité indifpenfable pour leur écoulement. Jamais l’induftrie de l’homme ne s’eft manifeltée avec plus d'énergie que dans le moyen qu'il a employé pour faire écouler les matières hétérogènes & fyrupeufes qui nuifent à la blancheur du fucre. Il falloit en effet faire pafler l’eau à travers les petits criftaux de cette fubftance , fous une modification propre à ne donner qu'une déliquefcence fucceflive aux matières grafles inconcrefcibles , & éviter par-là qu’elle n’exerçât fon action diflolvante fur le fucre lui-même; inconvénient qu’on n'auroit pu éviter fi elle eûc été employée en mafle ou fous une forme aggrégée. Il y a très-grande apparence qu'un morceau de drap humecté a été le premier moyen FPRISTÉ pour contre-balancer cette tendance à l’union, cette attraction forte que les parties du fucre exercent fur celles de l’eau ; mais l'embarras de l’humeéter fouvent & le défaut d’une application immédiate à la bafe du pain de fucre , auront fait abandonner cet intermède , pour recourir à l'argile pure qui adhère à l’eau, & la retient avec une force inexprimable. L'argile en effet divifée & unie à l’eau par une longue macération , contient une aflez grande quantité de ce fluide , pour qu'on ne foit pas obligé d'en rajouter pendant plufeurs jours; mife en confiftance d’une bouillie claire fur le pain de fucre, elleen touche la bafe par tous les points poflibles, L'adhérence de fes parties avec celles de l’eau ne laifle échapper cette dernière que lentement & dans un état de divifion extrême. C’eft un brouillard léger qui pénètre & parcourt fucceflivement toute la mafle du pain de fucre. D’abord il ramollit les molécules fyrupeufes & déli- quefcentes interpofées entre les petits criffaux confus; fon affluence plus grande & toujours fuccefive, les délaye davantage ; enfin, elles fe pré- cipirent vers la pointe du cone à mefure que leur liquidité augmente. Plus donc les criftaux du fucre feront gros, moins ils préfenteront de furfaces au contact, plus les interftices feront grands, & plus auffi l’écou- lement de la matière fyrupeufe fera facilitée, & vice verfa. C'eft donc à la difficulté que trouve cette matière à s'échapper des interftices infiniment petits du fucre de nos raffineries & à la deflication par l’étuve de celles qui y font rerenues, qu'il faut attribuer la légère couleur jaune, ou roufle qui le caradtérife, ainfi que fa compacité & fa fécherefle. La théorie que je donne. ici de la blancheur du fucre raffiné toujours relative à fon degré de cuite, & à la promptitude & l'exactitude avec laquelle on en a troublé la criftallifation eft démontrée par le fucre que fourniffent les raflineries de Rouen, il eft plus dur & plus compacte que celui d'Orléans, niais auffi eft-il plus coloré, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS.) or La fupériorité du fucre raffiné à Orléans fur celui qui eft purifié ailleurs , n’eft dorc pas dépendante de la nature des eaux que fournit fon fol; l'air fec quon y relpire n’a pas à la vérité l'inconvénient de fournir comme celui des villes maritimes, une humidité vaporeufe abon- dante , qui pénètre le fucre au fôrtir de l’éruve ; mais cer avantage feroic lui-même bien peu digne de confidération , s’il n’étoir fourenu par les lumières, la fagacité, & l’activité de ceux qui à la tête de cette branche utile de commerce favent par une manipulation habile donner au fucre qui fort de leurs raffineries certe compacité & cetre fécherefle, qui lui a obrenu la préférence fur celui qui eft purifié dans les autres villes du royaume, (D DE L’ACIDE QUI SE TROUVE DANS LE LIÈGE; Par M. D.L. BRUGNATELLI: Extrait des Annales chimiques de M. CRELL , année 1787, Cah.11, page 145. JE choififfois pour mon eflai l'efpèce de liège blanc , qui vient de France, & qui eft l'écorce de l'arbre portant le mème nom, Où l'a 101 fous la forme de planches bien unies & d’une léoèreté extraordinaire. Sa furtcce eft d’un brun foncé: écant taillé il eft blanc, mais il devient bientôc noirâtre, quand il eft long-tems expofé à l'air. Dans le foyer d’an miroir ou d’une glace il s'allume vite, & fe confume avec une flamme blanchätre & très-vive. [l fe change en un charbon extrémement léger & fpongieux, qui fe confume facilement dans un creufet, & laifle une quantité de cendres à peine vilibles. J'employois différens moyens pour analyfer le liège : par la voie sèche il fe charge enrièrement, en air inflammable , fans laiffer de réfidu fenfible, ce qui prouve la grande quantité de phlogiftique qu'il contient : l’eau bouillante ne fait que l'amollir, L’acide vitrioliqué & marin ne l'attaquent qu'infenfiblement , même à l'aide de la chaleur. Au contraire les vapeurs même de l’acide de nitre fumant agiflent fur lui, & en réduifent une partie entièrement en une poudre groflière, jaunârre & évidemment faline. Ces phénomènes m'engagèrent d'entre= prendre de les difiller enfemble, Je mis dans une rerorre rubulée une demi-once de liège groffièrement puivérifé, & verfai là-deflus quatre fois autant de l'acide de nirre fumant. Bientôr il prit une couleur jaune, & la communiqua auffi au liège. La recorte fut par degrés remplie de vapeurs rougeâtres phlogiftiques, & il fe développa beaucoup d'ait Tome XXXI, Part, II, 17987. AOUT. M 2 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nitreux. La diftillation finie, il refta une mafle jaune, vilqueufe & forc acide, Le réfidu obtenu par’ la diftillation fut pour La plus grande partie diffous dans de l’eau bouillante; il n’y avoit qu'une pattie qui ne fût pasentièremenc diffoute par l'acide nitreux , & que je devois ainfi difliller encore une fois. La diflolution avoit tout-à-fair l'air d’une diffolution d'or dans de l'eau régale. Elle rougifloit fortement les teintures bleues végétales, & avoit un goût acide qui n’étoit pas défagréable, mais avoit pourtant quelque chofe d'amer. Si l'on fait évaporer l'eau , & qu'on mette l’acide dans un endroit froid , il fe change de nouveau en une mafle épaifle, vifqueufe , qui reflemble à la cire blanche, & comme celle-ci fe moule entre les doigts comme l’on veut. Je me propofe de diftiller de nouveau avec de l’acide nitreux cet acide fixe, pour eflayer s’il eft capable d’une déphlogiftication ultérieure , & acquiert par-là de nouvelles qualités. Cet acide de liège fe diffout dans le meilleur efprit-de-vin & lui donne une couleur jaune tirant fur le verd. A l’aide de la chaleur il eft en grande partie diffous ; fur des charbons il ne s’allume pas, il répand une odeur défagréable comme du bois brülé ; il fe convertit en charbon ; qui fe change puis en une cendre obfcure, L’acide de liège s'allie avec tous les alkalis & terres, & par-là forme des fels neutres , dont quelques- uns fe criftallifent, mais font un peu fujets à la déliquefcence. Avec l'alkali végétal aéré il fair effervefcence, & forme une mafle épaifle, jaune foncé , qui fe criftallife par le refroidiflement. La mafle fe diffour dans de l’eau , dans les acides vitriolique, marin & nitreux , mais eft indifloluble dans le vinaigre & dans l'efprit-de-vin. . Notre acide de liège montre comme l'acide du fucre, une grande affinité avec la terre calcaire; fi on y mêle de l’eau de la chaux , il forme auffi-tôt un fel gris, pulvérulent, qui dans de l’eau , même dans de l’acide de liège, eft indiffoluble , mais pourtant fe diffout dans l’acide marin. Enfin, l'acide de lièce agit fur différens métaux, & produit avec eux des phénomènes finguliers, qui méritent une defcriprion particulière, Le liège n’eft par conféquent qu'un acide végétal particulier uni intimément avec le phlogiftique, & très-peu de terre, Se SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS, 93 CC E, S.S;:A:t Sur quelques phénomènes relatifs à la criflallifarion des [els neutres à Lu à l'Académie des Sciences le premier Mars 1786; Par M. LE BLANC, Chirurgien, EXXOT RAT IT, Lorsou'ux fel neutre pur, après avoir criftallifé, ceffle d'agir fur les ceintures bleues des végétaux , on ne doit plus foupçonner qu'aucun de fes principes foit en excès , & fi dans cer étar , il fe combine avec d’autres corps de manière à produire des criftaux folides, tranfparens & bien déter- minés , il faut admettre une affinité entre le fel neutre & le corps ajouté. Dans le grand nombre d'expériences que j'ai faites fur ces fortes de recherches , plufieurs ont encore befoin d’être examinées ; mais la fur- compolition ne me paroît pas moins prouvée dans les efpèces dont je vais donner les exemples, confidérant cependant mes opérations , comme une ébauche fur ces forces de combinaifons, J'ai tenté l'union du mercure & du fer avec le fel acéteux minéral, la terre foliée du tartre, le tartre minéral , le fel d’epfom , le fel marin, &c. Le fel acéteux minéral reçoit une très-petite quantité de ces métaux ; mais ils s’y rendent, fenfibles par leurs infuences fur la forme des criftaux, par les réactifs & par HE On a vu quels étoient les criftaux que j'ai donnés pour exemple de l'influence des pofitions, dans mon Effai fur quelques phénomènes de la criftallifarion ;. & il fufñt de jeter un coup-d'œil fur les criflaux réguliers du fel acéteux minéral fimple, pour appercevoir qu'ils ont quelques différences avec les pré- cédens;ce font des rhomboïdes comprimés, prefque toujours tronqués fur les quatre angles , lorfque le prifme a pris fon accroiflement érant pofé fur l'une de fes bafes: au contraire, celui qui croît étant pofé fur l'une de fes faces latérales eft un rhomboïde dont les angles reftent entiers, & l'inclinaifon des faces extrémes de ce prifme avec fes longues arètes , eft de 74° à 76° , tandis que l'inclinaifon refpective des mêmes faces avec les mêmes arètes, dans le criftal prifmatique de la furcompofition mer- curielle, eft conftamment de 60°. [Left aifé de s’en convaincre fur les criftaux que j'ai l’honneur de préfenter à l'Académie. J'ai remarqué que la terre calcaire & le fer qui fe trouvent ordinairement dans la liqueur des favoniers , apportoient aufli des variations dans la forme des criftaux 94 OBSERVATIONS SUR LA. PHYSIQUE, du fel acéreux minéral. Le fer employé feul dans certe furcompolition ; m'a paru déterminer conflamment une criftallifation en parallélipipèdes obiiquangles. La terre foliée du tartre fe furcompofe afez facilement par le fer & par le mercure crayeux, enfemble ou féparémenr, & fi en même-tems on yajoute le fel végétal, avec lequel elle m'a paru fe combiner ent toutes proportions, on obtiendra des compofés de quatre où cinq corps qui peuvent fournir des criftaux d'une folidité permanente & qui pourroieht avoir de l'utilité pour la Médecine. Je crois qu'il fuffir de voir la rerre foliée du tartre furcompofée , que je préfente ici fous deux érats différens , pour fe convaincre de ce que je viens d'avancer; d'ailleurs, M. Darcer s’eit afluré de fa fürcompolition. Je me propofe de déterminer dans la fuire, les quantités refpedtives de ces furcompofans par des procédés plus exacts. | Une livre de tartre bien purifié peut diffoudre trois gros & au-delà, de précipité per fe bien fair. Le précipité rouge , le fer, le mercure crayeux & le turbith minéral, font de même attaqués par la crème de tartre; avec le fer, elle prend des couleurs fafranées , dont l’intenfité varie en raifon des quantités du métal; mais ces différens tarrres fur- compofés , combinés avec l'alkali minéral, y tranfportent une partie de ‘leurs furcompofans. J'ai obrenu de cette manière , de très-beaux criftaux chareés de neuf à dix grains de mercure par once de fel:ils fonc rrès- tranfparens , mais pourtant avec une teinte brune qui ne fe remarque point dans les criftaux du tartre minéral ordinaire. Le tartre minéral martial m'a aufli fourni des criftaux bien tranfparens & d’une couleur de topaze. Cette dernière circonftance me paroît prouver d'une maniére bien poftive, que les teinturés maärtiates ufitées dans nos pharmacies , ne font pas de fimples mélanges comme on l’avoit penfé. Pai mêlé, par la trituration , huit parties de rerre maznélienne & une partie de précipité per Je, j'ai projeté ce mêlange dans l’acide vitriolique à froid , jufqu'à ce qu'il n’y eüc plus d’effervefcence : enfüire, j'ai ajouré une nouvelle portion de ce mème mélange pour farurer Ja liqueur autant qu'il éroit poffible fans le fecours du feu : cette combinaifon m'a fourni des criftaux peu différens, par leur forme , des criftaux du fel d’epfom ; le mercure ne s’eft pas diflous dans les proportions du mêlange, fa quantité excède rarement vingt-cinq grains par once de fel, & les cüiftaux ne font pas dans un état parfairement neutre; ils rousiffent Ja teinture de tournefol, & ils impriment un fentiment de ftipticité fur la langue. Pendant l’évaporation, foit qu’elle fe faffe d’une manière fpon- ranée ou autrement, il fe fépare fouvent des portions de mercure fous la forme de turbith minéral, Il me refte beaucoup de chofes à faire fur Ja plupart des furcompofitions dont je viens de parler; mais je dois obferver que plufeurs des criflaux, que j'ai l'honneur de préfenter à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, °$ FAcadémie, réfiftent à l'air libre, les uns depuis plufieurs anriées , les autres depuis plufieurs mois; & qu'il ne paroïît pas que leur combinaifon ait été altérée par ce laps de tems. M. Darcet , à qui je dois infiniment, a eu la bonté de faire quelques-unes des expériences qui fervenr à prouver Ja préfence des furcompofans dans plulieurs de ces différens fels bien criftallifés. » + : On faic que le mercure combiné avec Pair pur fe diffour aifément & en abondance dans l'acide marin; fi on l'en précipite par l'alkali minéral ; le fel neutre refte chargé d'une portion du métal; on peut même ne pas précipiter jufqu’à faturation & obtenir les mêmes criftaux jufqu’à la fin de l’évaporation ; mais , dans ce dernier cas, on obferve à la loupe, fur les criftaux , une efpèce de duvet formé par autant de petites aiguilles placées dans Je criftal comme par interpolition. Pour procurer un {el marin mercuriel exempt de fublimé corrofif, voici le procédé que j’ai employé. J'ai fait diffoudre, dans une quantité d'eau couvenable , huit onces de fel marin des gabelles après lavoir fait criftallifer d’une diffolution filtrée; j'ai ajouté deux gros de précipité per fe & foumis à une digeftion, au bain de fable, pendant environ deux heures; enfuite j'ai fait bouillir légèrement la liqueur pendant quelques momens (il faut obferver que la chaleur que ces liqueurs peuvent prendre au-deflus du dégré de l'eau bouillante , fournit à l’éau la propriété d’ernporter le mercure dans fa vaporifation. Cetteicirconftance mérite une attention particulière dans les opérations dont nous parlons ). La quantité de mercure reftée fur le filtre m'a indiqué qu'il étoit entré en combinaifen , un peu plus de douze grains de métal par once de fel, J'ai enfuite fait difloudre & criftallifer alrerna2 tivement | jufqu'à trois reprifes , ce même fel marin mercüriel : paflant avec foin la liqueur chaque fois fur un même filtre qui S’eft'tronvé chargé d'un peu de térre calcaire & d'environ cinq gains’ de mercure. Des diflolutions & criftallifations ‘ultérieures n’ont manifefté aucun divorce fenfble, J'ai traité de la même manière le fel marin décrépiré, il s’eft chargé de la même quantité de mercure avec lequel il a très-bien criftallifé, M. Berthollet me confeilla d'opérer fur du fel marin précipité; je Gs'criflallifer ce fel après l'avoir purifié par l'alkali minéral avec foin, il e furcompofa de la même manière que dans les opérations précédentes, On doit en conclure, ce me femble , que le mercure sunit au fel marin par une force d’affinité entre le fel neutre & le métal ; 11 faut remarquer que l’alkali fixe ne décompofe point ce fel triple. D’après ces obfervations, il eft aifé de rendre raifon de la prélence ‘du mercure dans le fel marin ordinaire , fur-cour depuis que M. Sage a découvert le précipité per fe natif. Peut-être pourroit-on rapporter à ‘certe circonftänce , la plupart de ces prérendues guérifons fponranées des maladies vénériennes, & mieux encore l'affoibliffemenr de leurs fymptômes, Quoi qu'il'en foir, le fel marin mercuriel , compolé de la manière que je viens de l'indiquer , peut 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bien être confidéré comme un {el neutre parfait, à trois parties il n’alrère en aucune manière les teintures bleues des végéraux; criftallifé pat l’évaporarion moyenne, il fournit des cubes & des trémies à la manière du fel marin ordinaire. Par une évaporation {ponranée, il ne fournit point de trémies, & quelquefois les cubes font obliques : cette variéré a déjà été obfervée par M. Gmelin. Si l'on prend des criftaux de fel marin mercuriel, les plus tranfparens , & qu'on les expofe au foleil, fur-touc après les avoir broyés, ils prennent un gris bleuârre ; plufeurs expériences m'ont appris que, le mercure dans quelques circonftances, peut être revivifié par la feule action des rayotis du foleil. Le fer crayeux s’unit aufli au fel marin, je n’ai point encore examiné dans quelle /proportion ; mais j'ai remarqué que dans cette furcompofition, le plus grand nombre des criftaux fufpendus aux trémies , porrent à la furtace qui .éft tournée vers le fond de la capfule une cavité quadrangu- laire, ou une trémie en fens renverfé de celle qui a {à bafe contigue à la furface de la-liqueur: pour le dire en. palfant, ceci fembleroit prouver que les trémies peuvent fe former au milieu des liqueurs aufli bien qu’à leurs furfaces; j'ai remarqué qu'un aflez grand nombre de fels pouvoient dans diverfes circonftances , offrir de pareils phénomènes. Le fel marin martial , récemment, criftallifé , n'a, point. la: couleur fafranée 3 mais peu à peu, il devient ,ocreux, à l'extérieur feulement ; car après un tems très-long il ne paroît pas que l'intérieur du criftal foit atteint en aucune manière par cetre altération. J’ai confervé pendant plus d’un an, une diffolution de ce fel expolé à l'air libre, elle étoit , après ce rems, fans aucun dépôt, & n'avoic rien perdu d'une limpidité auf parfaire que celle de l'eau la plus pure. Je ne parlerai pas des inductions, que l'on peut tirer de cette obfervation relativement à certaines eaux minérales, M. Monnet a fait connoître la combinaifon de plufieurs vitriols entr'euxs d’abord, du vitriol martial avec le fel d’epfom, puis avec le vitriol de cuivre ; enfuite des trois virriols, martial, cuivreux & du zinc, Dans rous les cas ces fubltances falines fe font combinées en toures proportions. Il a remarqué le même phénomène dans la combinaifon du vitriol martial avec le tartre vitriolé. Il:a de même prouvé que la crème de tartre fe combine très-bien avec le vitriol martial. J'ai répété une partie des expériences de ce favant, & j'ai toujours obtenu des criftaux très- réguliers, Une diflolution à parties égales de vitriol martial & de vitriol de cuivre, donne des prifmes récraëdres rhomboïdaux, d’un bleu verdirre. La forme de ces criftaux eft parfaitement bien dérerminée , & il eft aifé de reconnoître à l'œil fimple, l’homogénéité de leurs fubftances. On peut les faire diffoudre & criftallifer à plufeurs reprifes fans que cette fubftance , ni la configurarion de ces criftaux!, f6ient changées en aucune manière. On voit aifément qu'il y a une très-grande différence entre leur forme SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 forme & celle des deux vitriols qui les compofent, confidrés chacun dans l'état fimple. Je crois devoir obferver ici, que la forme conflante des criftaux du vitriol de cuivre eft un prifme oblique à huit pans: ce prifme dans certains cas de pofition , devient un criftal à feize faces, ce que je ferai connoître plus particulièrement dans une autre occafon. Foutes les fois que l'on opère avec foin, la même liqueur fournit toujours des criftaux parfaitement femblables entr'eux , aux modifications de pofition près , & je fuis porté à croire que cela peut fe dire de tous les fels criftallifables ; mais je parlerai plus particulièrement de toutes ces diffé- rentes formes dans le Mémoire que j'ai propofé comme fuite.de mon Efai {ur les phénomènes de la criftallifation , & il me fuira d'expofer ici les différentes efpèces de criftaux dont j'ai à parler. Un mélange ds trois parties de vitriol martial & une partie de vitriol de cuivre donne des criftaux d’un verd d'émeraude & de même forme que les précédens ; feulement, quelques différences dans la couleur , diftinguent ces deux efpèces d: furcompofés. Il faut remarquer que dans ces furcompofitions , & dans la plupart de celles dont je vais parier, les liqueurs donnent des criftaux fur lefquels je n'ai jamais rencontré aucunes faces furnuméraires: ces fels compofés de vitriol martial & cuivreux , & quelques autres, ont éré reconaus, depuis long-tems. MM. de Romé de Lifle & l'Abbé Mongez rapportenc que l'on trouve à Saltzberg , à Fallum & dans plufeurs endroits de la Hongrie, des combinaifons de cetteefpèce quiont été décrites par plulieurs Naturaliftes , tels que Linné, Vallérius, Cronftedt, &c. M. Monnet a regardé [a combinaifon de certains fels vitrioliques entreux , comme impofhble ; par exemple, fes expériences l'ont porté à confidérer l’alun comme une fubftance faline, qui n’admettoit rien de vitriolique dans la formation de fes criftaux, ni par combinaifon, ni par interpolition ; & il fait remarquer à cette occafion, que l’alun & le vitriol martial, criftailifent féparément, dans les ballins des atréliers où l'on prépare ces fubftances en grand. L'autorité d’un obfervateur auñi éclairé eft d’un trop grand poids pour ne pas chercher à démontrer rigoureufe- ment les furcompofitions de l’alun, dans les expériences que je vais avoir Fhonneur de foumettre au jugement de l'Académie, Il paroît que la forme des criftaux a induit en erreur l’homme célèbre dont j'ai l'honneur de combattre l'opinion. Un examen plus particulier m'a fait connoître que certains felsavoient la propriété d'imprimer leur forme à d’autres fubftances falines, lorfque ces dernières re font employées que comme furcompo- fantes , c’elt-à-dire, en quantité moindre que les premières. Je dois cet hommase à M. Monnet, que mes obfervations font en partie fon Ouvrage : j'ai puifé dans fes Mémoires des connoïfflances qui ont guidé mes Opéra- tions. M. Fougerou de Bondaroy a donné à l'Académie, année 1766, un Mémoire fur les alunières de la Tolfa , dans lequel cet Auteur parle Tome XXXI, Part, 11, 1787. AOUT. 93 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de criftaux d’alun dont la forme fe trouvé modifiée par la préfence d’un troifième corps. M. Fougerou, conduit par cette oblervation , a obtenu plufieurs modifications, en ajoutant d'autres fels dans la diflolution d'alun. Le mélange de Palun & du vitriol martial , à parties égales , fournie des octaëdres réguliers, qui quelquefois font fafranés, & d’autres fois d'une belle limpidité; mais pourtant toujours avec un reflet un peu jaune , ce qui devient très-fenfible lorfqu’on les compare avec les criftaux d'alun pur : d’ailleurs, le fer eft manifelté par la noix de galle dans la diffolution de ces criftaux futcompofés , & également dans routes les fractions que l’on peut faire pendant cette même diflolurion. La liqueur , en évaporant , fournit une petite quantité de dépôt ; mais le vitriol martial, foit qu'on le traite feul, ou avec d'aurres fubftances, dépofe prefque toujours une portion plus où moins grande de fa terre ; & dans la furcompolition dont il s’agit ici, le dépôt eft compofé de l'une & l’autre bafe des deux virriols. Je n'ai pas cherché à unir ces deux fels dans d’autres proportions, il eft vraifem- blable que celles dans lefquelles le vitriol martial ne feroit pas employé en plus grande quantité, donneroient routes l'oŒtaëdre, puifque cette forme, qui eft celle de l’alun , paroît ici dominer dans la criftallifation. Cette furcompofition ne s'accorde point avec ce qui femble fe pafler conftamment dans les alunières ; mais voici ce qu'il faut obferver à cer égard : les fels criftallifènc dans des proportions d’eau différeptes, par exemple, une pinte de ce fluide, chargé d’alun autant qu'il peur en diffoudre à froid, fournit en peu de tems des criftaux , fi après avoir évaporé un quart environ de la liqueur, on l’agite: tandis que la diflo- lution du vitriol martial ne fournit ces criftaux ; dans le cas d’une pareille proportion, qu'après une évaporation de plus de trois parties, Jl fuit delà, que files deux vitriols n’avoient aucun rapport d'union, leur féparation exacte, par une première criftallifation, feroit très-facile, & c’eft ce qui n'arrive point, fur-tout dans l’évaporation lente : les premiers criftaux font toujours furcompofés , lorfqu’ils ont été formés dans le plus grand repos poflible. Voici comment les chofes fe font paflées conftamment dans mes expériences, J'ai partagé l’évaporation en fx tems différers , à commencer au point où la liqueur fournit les premiers criftaux : ce premier produit contient la moindre portion de vitriol martial; le fecond en contient beaucoup plus, & fucceflivenent les proportions du vitriol augmentent , de manière que les criflaux des dernières évaporations prennent une teinte verte ; alors, ils paroïiflent 2vec des formes moins régulières ; perdant ces derniers rems , il fe forme, à côté des criftaux colorés, d’autres criflaux qui, au coup-d'œil,annonceroient la fépararion exaëte des deux fels ; mais les plus tranfparens & les plus limpides contiennent alors une très-prande quantité de fer. De plus, le poids des criftaux colorés n’équivaut pas à la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 99 dixième partie du vitriol martial employé dans la combinaifon, & leur couleur eft un verd clair qui ne prend jamais l'intenfité de la couleur des criftaux du vitriol martial fimple. Je pourrois ajouter, que dans plufeurs alunières, on rejette une quantité aflez confidérable d'eaux-rnères. Je croirois volontiers, que la force qui détermine les molécules falines à fe rapprocher & à fe joindre, varie dans les différens fels, & que c'eft-là une des caufes qui les féparent dans l'évaporation. Les diflolutions & criftallifations fucceflives de l’alun martial préfentent roujours le même phénomène; en forte que l'on peut, par ce moyen, & fur-tout en faifant éprouver des chocs à la liqueur; on peut, dis-je, féparer ces deux fels en plus grande partie, quoiqu'il y ait entr'eux un rapport d'union. L’alun s'unit au fel de Glauber avec plus de facilité encore ; mais il n’en eft pas de même du vitriol de cuivre ; je ne détaillerai point les opérations que j'ai faites fur ces deux derniers fels ; j'obferverai feulemenc que dans le mêlange du vitriol cuivreux avec l'alun , La forme des criftaux eft réciproquement modifiée, comme on peut s'en convaincre en exa- minant ceux que je préfente ici. Par rapport au fel de Glauber, fa combinaifon à parties égales avec l'alun , donne des criftaux qui different peu du fel de Glauber fimple ; ils effleuriifent aufi aifément & ne peuvent être conférvés. En augmentant les proportions de l’alun, on obtient des octaëdres aluniformes qui deviennent d'autant plus folides que l’alun y eft en plus grande quantité, Ces criftaux dans la plus grande tranfparence, n'ont jamais la diaphanéité des criftaux d'alun pur : leur diffolurion eft d’un louche laiteux , & elle pafle dans cet état à travers le filtre. Une efflorefcence comparative ajoute de nouvelles preuves de la furcompoftion de l’alun par le fel de Glauber; mais il fuffc des phéno- mènes que préfentent les criftaux du fel de Glauber furcompofé par Palun, ainf que j'ai eu l'honneur de les faire connoître à MM. Darcer & l'Abbé Haüy , pour démontrer le rapport d'union qui exifte entre ces deux fels. Préfumant qu'une fubftance introduite dans l’alun , à la faveur de l'excès d’acide qui fe trouve ordinairement dans ce fel, pourroir offrir quelques phénomènes particuliers , je fs l'opération fuivante : je pris trois onces d’alun de roche trituré, j'ajoutai une pinre d’eau & je laiflai difloudre à froid, en agitant la liqueur de tems à autre : elle fe chargea de deux onces trois gros & douze grains d'alun, J'ajoutai à certe diffolu- tion une demi-oncg de fer en limaille; la diflolurion agit à froid fur le métal; mais la chaleur me parut accélérer fon action :.& après quelques heures, l’effervefcence fut très-peu fenfble, Je laiflai refroidir & je flrrai : Falun avoit diffous un demi-gros de fer, & la liqueur avoit pris la couleur de fafran ; traitée par trous les genres d’évaporarion ordinaire, cetre liqueur ne donna qu'une très-perite quantité de criftaux fenfibles ; elle a fourni, jufqu'à la fin , & fous la forme d’un précipité RES ; plus 2 Tome XXXI, Part. II, 1787. AOÛT. 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des neuf dixièmes du poids des matières employées dans la combinaifon: J'ai trouvé cerre fubftance parfaitement foluble dans l’eau. Ne pourroit- on pas la regarder comme analogue à l’alun micacé de M. B-aumé ? Dans toutes les furcompofñtions alumineufes dont nous venons de parler, on a vu , en général, la forme octaëdre prévaloir ; mais la force d'aggrégarion entre les molécules falines, ne pourroir-elle pas recevoir des modifications de différentes manières relativement aux corps qui teur fonc unis où interpofés ? En effer, le mélange des vitriols cuivreux s martial, du zinc & l’alun,, ce dernier en quantité moindre que chacun des trois premiers, ne donne point d'octaëdres. Ce font des prifmes, qui ne different fenfiblerient des criftaux du vitriol martial cuivreux, que dans l’inrenfité de la couleur : on pourroir peut-être préfumer que, dans cette expérience, la criftallifation du vitriol martial, qui offre dans fes molécules primitives, des rhomboïdes peu différens du cube, ainf que M. PAbbé Hiüy me la fair voir d'après le travail qu'il a commencé fur cetre efpèce de fel , que cetre criffalhifarion, dis-je, l'emporte fur celle de l’alun , & même des deux autres fels. [1 fe prélente ici une objection , favoir , fi dans cerraines proportions, le vitriol martial, ajouté feu , ir Aueroit fur la forme des criftaux de Palun , &, quelle forme réfulteroit du mélange des virriols cuivreux, du zinc & d’alun, &ec. Mais ces expériences font dans le nombre de celles qui me reftent à faire, & dont je me propofe de donner les réfulrars dans la fuire: d’ailleurs, je crois devoir obferver encore que ces expériences ont befoin d’être très-mulri= l'éés pour pouvoir déterminer , d'une manière bien pofirive, quelles fine les fubffances falines qui mérirent bien réellement le nom de fur= compofés, EXTRAIT. D'UN E LETTRE DEC ME HO NP EA TEE A M LE BARON DE DIÉTRICEH Paris le 18 Juin 1787 NE onerro J'ai éré reconnoîrre fur le Heu même, la manganèfe que je vous avois annoncée dans mes Lertres précédentes ; elle eft à environ cenr cinquante toifes de Saint-Jean de Gardanenque dans les Cévennes; elle s'annonce par des veines aflez irrégulicres , que les éboulemens d’un granit pulvé- TE “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 101 rulent découvrent de toutes parts. Les filons les plus riches font dans-le quartier qu'on appelle Laflrau. On y apperçoit des petites veines d’un ou deux pouces &e diamètre, formées par des prifmes de manganèfe prefque toujours hexaëdres ; leur arrangement eft exactement le même que celui des colonnes balaftiques ; & fi l’arrangement lymmétrique de ces dernières a obtenu de la part des Natural ftes le nom de Chuufie des géants, la difpofition de ces prifmes de manganèle | mérite tout au plus celui de Chauffee des pigmées. On y apperçoit encore des veines plus larges d'une efpèce de manganèfe pulvérulente très-noire & d’une fincfle extrême ; on trouve dans celle-ci des beules de ce minéral très-dures , formées par la réunion de plulieurs rayons qui , comme dans la pyrire globuleule , vont de la circonférence au centre. On y diflingue encore des noyaux d'ochre jaune très-pure , ce qui confirme que le fer et prefque inféparable de ces efpèces de mine. L'exploiration de cette mine n’eft point difficile ; elle fe préfente au bas d’une montagne planrée en châtaigner, où le rerrein n'eft point précieux; Ja nature du granit, pulvérulenr même dans la profondeur, exclut l'ufage de la poudre; la difpoñirion des lieux ne néceflite ni excavarion ni travail perdu ; la direction des filons eft horifontale, & on ne doit craindre aucun-inconvénient de la part des eaux; en outre la charrette viene charger fur la mine elle même; il ef difficile par conféquenc de trouver une potion plus heureufe. On apperçoir dans ces montagnes de granit, fur-tout près du Ruiffeau de l'Hermite , d'autres veines de marganèfe qui coupent Île granit en divers fens, & accompagnent prefque par-tour des couches minces d’un kaolin orisätre , dont j'ai fair faire les effais les plus heureux pour la com- pofition de la por.elaine ; mais ce kaolin ne m'a pas paru aflez abondant pour engager à une exploiration avanrageule, Tel eft Pexpofé fidèle que je puis vous donner fur cette mine de manganèfe: tout m'annorce que cette découverte re peut qu'être avantageufe ; la nature d’un rerrein généralement imprégné de ce minéral me fait croise que certe mine {era abondante ; la qualiré n'en paroîe d’ailleurs excellente d'après des expériences que j'ai faites à ce fujer : je vous en envoie une quantité fuffifante pour pouvoir en juger par vous= même. J'ai l'honneur d’être, &c, a 4 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉMOIRE Relatif à la formation des corps , par la Jimple aggrégation de la matière organifee ; Par M. REYNIER, J'AI déjà, dans des Mémoires antérieurs à celui-ci, cherché à établir deux propoltions , qui me paroiflenc vraies, & dont la démonftration doit avoir la plus grande influence fur nos connoiflances de la nature des êtres organifés : l'une eft que les êtres organifés peuvent fe repro- duire par des graines fécondes , fans le concours des fexes ; la feconde , que ces êtres peuvent fe former par la fimple aggrégation de la matière organifée, Quoique j'aie donné plufieurs preuves en faveur de ces deux principes, celle qui eft le fujec de ce Mémoire ne me paroît pas inutile : on ne peut trop multiplier les faits qui les prouvent, puifque leur vérité entraine néceflairement la chüte du fyftème de MM. Bonnet , Spallar- zani, &c. Car, dès que l'aggrégation fortuite des molécules fimilaires produit des formes & des corps déterminés , leurs germes ne préexiftoienc pas , il peut s'en former journellement des nouveaux ; & tout le fyftème de ces favans fe détruit. D'autres faits m'avoient déjà paru contraires à l'emboîrement des germes , & le détruire d’une manière très-completre : la formation des mulets , & celle des nouvelles efpèces , ainfi que la dépendance où les êtres organifés font du climat , étoit difficile à concevoir en admertant des germes exiftans depuis la naiffance de l’univers. Dans l’a@e de Ja fécondation , le râle, ou l’organe des végéraux qui en fait les fonétions, modifie feulement le germe qu'il développe & ne peur agir ‘ur rous les autres germes fuccefifs : dès-lors ce mulet, étant fécond , n2 devroit produire que des individus femblables à la femelle qui lui a donné l'être, au lieu quil èn produit de femblables à lui. Gerte difcuilion éranc accefloire au fujet du Mémoire, il eft, je crois, inutile de la pouffer plus loin. Comme les exemples que j'ai donnés, pour prouver la formation des êtres organifés par la juxta-pofition de la matière organifée, peuvent en toute rigueur être fujers à quelques objections, j'ai cru néceflaire d'en offrir un plus convaincant , que m'a fourni depuis peu la clavaire des infectes. Je ferai fuivre quelques difcuflions relatives à ce fair & les déduétions que je crois pouvoir en tirer , après avoir donné la defcription de cetre plante. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 103 La Clavaire des infe&es (a), Planche T, fig. 3 , de grandeur naturelle avec la crifalide dont elle fort (Fig. 5) vu à la loupe. Cette clavaire eft haute d’un pouce au plus: elle eft mince vers le bas ; mais elle s’épailit infenfiblement, jufqu'à fon extrémité fupérieure qui a un diamètre double ou environ : fa chair eft molle & caflante , mais plus ou moins élaftique; elle ne préfente aucune fibre bien marquée lorfqu’on la.rompt. Cette plante eft d’une couleur de fafran, plus foncée à la partie fupérieure, mais avec des reflets oranigés vers fa baie : toute fa partie fupérieure eft couverte de petites afpérités , qui lui donnent l'appa- rence d’une lime; Linné, qui voyoit en grand toutes les petites chofes, la compare à une maflue garnie de nœuds; de-là le nom de militaire qu'il lui donne. Ces afpérités, vues avec une forte loupe, paroiffent de petits cones , fort pointus, durs & luifans comme de la corne à leur fommet , & relevés de quelques côtes peu marquées, J'en ai déra- ché quelques-uns, pour un ufage dont je parlerai plus bas: ils étcient applatis , & fimplement adhérens à la furface de la clavaire ; mais ce qui eft fingulier, c’elt qu’ils avoient un rétréciflement confidérable en-deflous, de forte qu'ils ne touchoient le corps de la clavaire que par une très-petite partie de leur bafe. Cette clavaire croît, fuivant les Auteurs qui l’ont décrite, dans les bois & les tourbières : je l'ai trouvée fur une crifalide, & rout me porte à croire, qu'elle y naît toujours, & que ces Botaniftes, s'étant bornés à l'arracher , l'ont féparée de l’infeéte dont elle fortoit. Plufieurs obfer- vations , que j'ai faites depuis quelques années, non-feulement fur les clavaires connues, mais aufli fur des efpèces nouvelles donr je donnerai la defcription, me prouvent qu'elles ne fe développent que fur les réfidus des êtres organifés, & même que leur forme eft une fuite des matières qui les ont produites : j'érendrai cette idée dans un autre Mémoire. Ayant trouvé, l'automne paflée, deux individus de la clavaire des infeétes, au pied d'une haye qui bordoir une tourbière , près du village de Scherpenzeel en Gueldre; je crus l’occafon favorable pour examiner, avec foin , la manière dont elle fe forme. La clavaire perce la coque de pcils & la crifalide, & fort immédiatement du corps de la chenille : on voit diftintement que les deux enveloppes ont été ‘ouvertes par ce corps, & que la déchirure s'eft faite au moment, & à melure,que la plante s’eft — (1) Clavaria militaris Linn. Ed. Reinh. P. 4, pag. 610. Clavaria miliraris crocea Vaill, Bot. Par. T. 7, f. 4. C tte plante paroit aufli avoir beauccup. d’analogie avec la clavaire , nommée iciimproprement mouche végétale d’ Amerique; & avec celle nommée mouche vegérale d'Europe , décrite dans le Journ. de Phyfs ue 1771 , PL, 2, fig, 5, 6, qui eft le même que la CZavuri 1104, Hull}, .S, Hele, 04 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; développée: cette circonftance étoit trop effentielle, pour que j’aie négligé de m'en aflurer. Car fi la clavaire avoir été fimplement adhérente aux coques , on auroit pu foupçonner, que fa graine avoit été portée par les __vents, ou par quelqu'animal, & dépotée fur cette crifalide; mais puifqu’elle les perçoit, & fortoit du corps même de la chenille, cette fuppolition ne peut avoir lieu. Dès qu'on admet, que tout corps organifé naît d’un germe , il faut, dans ce cas-ci, ou que le germe ait pénétré la coque & la crifalide , ou qu'il exiftät dans le corps de la chenille avant fa métemorphole. La première de ces deux fuppofñtions tombe d'elle-même, puifque les enveloppes n'ont aucune ouverture, & qu'on ne peut raifonnablement accorder à ce germe la force de les ouvrir. La feconde n'eft pas mieux fondée ; car comment un germe abforbé par la chenille auroit-il pu fe conferver fain dans fon eftomac, & remonter enfuite dans la tête pour s'y développer : fi on obferve quelquefois des graines, qui paflent dans l'eftomac des animaux fans fe détériorer, c’eft qu’une enveloppe coriace ou ligneufe les garantit de l’a ion diffolvante des fucs gaftriques ; mais eft-il vraifemblable que la graine d’une clavaire foit couverte d'une telle enveloppe. D'ailleurs, certe prétendue graine a jufqu’à préfent échappé aux recherches des Botaniftes les plus exaëts, On ne peut fuppofer que la clavaire des infeétes, qué j'ai obfervée , doit fon origine à des graines, que de ces deux manières, qui toutes deux font également deftituées de vraifemblance, & qui ne peuvent être admifes qu'au moyen d’une multitude de fuppoftions gratuites. Mais des fuppofitions trop multipliées, ou qui exigent le concours de circonftances difficiles à réunir & même du hafard , au lieu d’éclaircir l'étude de la nature, la couvrent de nuages & d'incertitudes. La clavaire des infeétes tire donc fon origine du corps mème de la chenille, & certe vérité, que la juxta-pofition de la matière organifée produit des êtres, déjà prouvée par mille fairs, l'eft ici avec la dernière évidence. Un coup-d'œil, fur la nature de la matière organifée & de ce qui la conflitue, doit précéder tout autre détail, Le défaut de mot propre m'a engagé à me fervir du terme de matière organifée, pour exprimer la matière qui conftitue les êtres organifés. Elle fe nuance de pluñeurs manières, fuivant les proportions de fes conftituans, & fuivant qu'elle a plus ou moins été élaborée par le travail de la vie; car, Je mucilage, la gelée, la limphe, la partie fibreufe du fang , & la matière glutineufe, ne font que différentes gradations de certe même fubftance. Lorfque les organes abforbans des êtres ont faifi quelque molécule analogue à leur nature , où qu’ils ont réuni & combiné les divers élémens : certe matière s'élabore , leur devient fimilaire, & prend une forme, ou une tendance à la recevoir , qui lui eft imprimée par le moule intérieur; ou elle fe loge dans les mailles vuides , & ferr À la réparation de cet être; ou elle lui eft furabondante, & devient la fourçe de fa réproduétion ; ou enfin, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS, 10$ enfin, elle forme des parties accefloires , comme les épines, les poils, &c. toujours plus ahondantes vers les organes de la génération, parce que les molécules fuperfues s’y précipitent. Ainfi la matière organifée ne fe pré- pare qu'avec lenteur, & n’acquiert qu'après plufieurs nuances fon degré de perfection: le mucilage paroît en être le premier état ; il eft le plus abondant dans les produétions les plus fimples, Comme les végétaux : la matière glutineufe paroît être l’extrème oppofé, & fe trouve plus abon- damment dans le régne animal , quoiqu'on l'ait aufli reconnue dans lés plantes: il ne paroît cependant pas probable qu’elle s’y forme unique- ment, comme M. Van-Bochaute le fuppofe (1), & que les animaux la féparent des alimens qu'ils prennent: jadmettrois plus volontiers , que les animaux ; outre le gluten des végétaux qu'ils s’aflimilent, donnent au mucilage le caraétère de gluten par le travail de leur organifation. Il eft vraifemblable que la différence entre les modifications de la matière organifée, n’exifte que dans la quantité de feu qu'elles contiennent, & que Le cravail de l’organifation ne la modifie que de cette manière, puifque le gluten abonde dans le règne animal, & ne fe trouve qu'en petite quantité dans le végétal. Tout nous démontre la furabondance , l'excès même de feu dans les animaux ; l’alkali volatil & l’acide phofpho- rique comparés à la foude & aux acides végétaux , l'acte de la vie animale comparé à celui de la vie végétale , donnent un degré de vraifemblance à cete idée. En effet, la vie animale fe décharge , par l'acte de la refpi- ration, d'une partie de feu qui lui feroit nuifible ; au lieu que la feconde abforbe Les airs impurs , & les purifie; or, les airs impurs ne doivent leur viciation’, qu’à la préfence de cet élément (2). Ainfi toutes les induétions & les probabilités démontrent que le mucilage ne pafle à l'état de gluten, que pat fa combinaifon avec une nouvelle portion de feu. L Tous ces détails, qui paroiffent, au premier coup-d'œil, étrangers au fujerdu Mémoire, étoient indifpenfables pour expliquer comment laclavaire des infectes peut en tirer fon origine. Mais dès qu'il eft démontré que la matière animale & la végétale font.de même nature, cette plante n'ayant putirer fon origine d'aucun germe extérieur, il peut être facile de concevoir fa formation. La clavaire des infectes ne naît que fur le corps des animaux privés de la vie, & par conféquent , dans le tems où ils commencent à fubir la fer- mentation putride. Or, comme toute fermentation ne s'opère que par le dégagement d'une partie du feu eflentiel de la fubftance (3) ; & comme a —_—_—pZZ © (r) Journal de Phyfique , février 1786. L .@) Voy. le troifième Livre de mon Traité du Feu, où je donne une théorie dee airs. G) « Jai mis un morceau de chair de bœuf, qui ayoit déjà un commencement » de putréfa@tion , fous une cloche pleine d’air pur. L'air a bientôt été diminué. L'eau Tome XX XI, Part. II, 1787. AOUT. 106 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la mat'ère animale ne differe de la végétale, que par l’excès de feu qu'elle contient, plufieurs molécules peuvent pafler à ce dernier état, dans les nuances qui déterminent la fermentation: & ces molécules ayant une tendance à s’unir, effet de la forme que l’organifme leur a imprimée, elles fe réuniffent , s’agglutinent entrelles, & forment un corps qui a tous les caractères d’un végétal, Mais toutes les molécules de l'animal ne peuvent prendre ce caractère ; car la fermentation diflout les agorégats & fépare les principes , anéantit par conféquent la nature chimique, -effentielle à la confervation des formes. Ce font uniquement les molé- cules qui, par des circorftances difficiles à connoître , ont fubi une perte de feu, fans que leur nature ait été fenfiblement altérée, Or, il ef facile de concevoir cette irrégularité, dans la décompofition des différentes molécules, puifqu'il eft connu , en fuire d'expériences très-exactes, que la putréfaction n'a pas une marche uniforme (1). Il eft conftant que la matière organique a une tendance à s’unir , qui eft un effet de l’impreflion des moules où elle s’eft préparée. Non-feulement la formation des germes & des embrions , qui fe produifent par la réunion des molécules , établir cette vérité, mais aufli la formation des poils, à qui on ne peut raifonnablement fuppofer un germé; car cette prodüétion acceffoire des végétaux eft entièrement dépendante du climat, comme j'efpère de le démontrer dans mon traité fur fon influence : au point qu'un même individu , tran{porté dans des pofitions différentes , en prend, ou lés perd , fuivant la nature des lieux (2). IL falloit un exemple auñi frappant, que celui de Ia clavaire des infeétes, pour mettre en évidence la vérite de cette hypothèfe ; mais la poñlbilité d’une telle formation des êtres organifés une fois admife, Les reves fe multiplient à l'infini. Les moififlures, les biflus , les conferves, a famille nombreufe des champignons, les tremelles, les noftocs } les lichens, les lenticules, les ms ete les riccies, &c. plantes dont la reproduction & les organes fexuels ont échappé aux recherches des plus infatigables Botaniftes, ou du moins fur lefquels on n’eft pas d'accord , ont une femblable orisine. Quelques=unes peuvent peut-être fe repro- EE À » de chaux introduite dans la cloche, a été précipitée , & le reflant étoit moins » pur que l’air commun, L'air pur a donc été changé , partie en air fixe , partie en » air phlogiftiqué ». Fflai analytique fur l'air pur, par M. de la Metherie,, age 260, (1) Voy. l'Effai pour fervir à l'Hifloire de la Purréfaéfion, Cet Ouvrage contient une multitude de preuves en faveur de cette opinion.” (2) M. Defay, qui a fait des expériences relatives à cet objet, &. l’a traité complettement dans fon Mémoire fur lufage & les fon@tions des épines ,/que PAcadémie d'Orléans pofsède , regarde aufli les poils comme un effet de la furabondance des fucs nourriciers ; mais il eroit en méme-tems qu'ils ont des organss EXCHCH OÏTESa ! SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 107 duire par des efpèces de graines non fécondées , comme les marchants(r); mais, comme tout eft nuancé dans la nature, & que des gradations réuniflenc les extrêmes, ou plutôt forment une férie immenfe dont les paflages fe diftinguent à peine; il eft poflible, que plufieurs de ces plantes ne peuvent pas fe reproduire , que d’autres le peuvent dans quelques circonftances , d’autres plus fréquemment encore , & que les gradations fe terminent enfin à celles qui ne {e reproduifent que par le concours des fexes, Cette hyporhèfe étant admife, éclaircira mille. faits inconnus , ou dont on ignoroit les caufes ; le premier pas dans les fciences eft ordinairement fuivi d'une courfe rapide. Comme on ignore complettement la nature & Les fonctions des bulbes, qui couvrent la fommité de la clavaire des infectes , & que leur manière d'y adhérer pouvoir faire foupconner qu’elles font des- graines ou des cayeux, deftinés à perpétuer l’efpèce , j'ai facrifié l’un des deux individus, pour des expériences fur ce fujet. J’ai enlevé les bulbes avec la pointe d’un canif, fans les endommager , & les ai femées immédiatement après : une partie le fut, dans une crifalide, que j'avois ouverte au fommet & placée fous de la mouffe humide : une autre partie le fuc fur des végétaux décompofés, dans un morceau de tourbe, également humide & couvert de mouffe, que j'avois pris fur le lieu même où j'avois trouvé certe clavaire : une troifième partie enfin fut femée fur du terreau humedté, J'eus foin que le foleil ne donnât pas avec trop de force fur les vaes, & que l’humidité, fans être trop forte, füt à-peu-près toujours égale. Aucune des bulbes n’a germé , malgré les précautions que j'ai prifes; ainfi elles ne font pas des grainesi: cependant la démonftration n'eft pas .complette, à caufe de la difficulté de réunir toutes les circonftances , qui font peut-être néceflaires pour leur développement. Il ef impoñible de concevoir quelle peu être leur utilité, & les caufes de leur naïflance ê font-elles des produétions analogues aux épines des végétaux ? font-elles des organes fécrétoires ou abforbans ? Le tems ou d'heureux hafards nous en inftruiront. J'ai partagé une ou deux de ces bulbes, pour obferver leur intérieur ; il eft plein, & ne préfente qu'une mafle charnue fans tuniques ni fibres; mais ne Les ayant obfervés qu'avec une foupe, je puis les avoir mal vus. Le Licoperdon des tourbières, fig. @, de grandeur naturelle ; fig. 7 ; vu au microfcope, Je joins ici la defcription d’une plante, que j'ai découverte dans ce pays > & qui ne pourroit feule être le fujet d’un Mémoire particulier, —————————— ( Journal de Phyfique, mars 1787. Tome XXXI, Part. II, 17987: AOUTA O 2 108 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . Cette plante ef de la famille des licoperdons-& reflemble beaucoup, par fa forme , au pourpre (1}: elle eft plus petite, de la grofleur de la tête d’une petite épingle , fefile , fphérique ou quelquefois un peu comprimée; fon contour eft fréquemment irrégulier. Ce licoperdon eft compolé d’une peau blanche, life & comme vernie dans fa jeunefle ; en vieilliflanc, elle devient rabotteufe , inégale, & couverte d’une efpèce de poudre de même couleur. L'intérieur eft une chair fpongieufe;, blanche ,. moins tenace que celle du licoperdon pourpre; elle fe defièche infenfiblement , & devient pulvérulente. Je n'ai pu voir dans aucune-circonftance , que ce champignon s'ouvre , malgré le foin que j'ai eu d'en cultiver, que j'avois tranfporté chez moi , avec la motte fur laquelle il croifloir. On trouve cette plante dans les endroits les plus ftériles des rourbières sèches (2) de la Gueldre; c’eft au mois d'octobre , qu'elle eft la plus commune, Je n’ai trouvé {a defcription , dans aucun Ouvrage de Bota- nique; on doit la confidérer comme un licoperdon, puifqu'elle a dans fa jeuneffe une véritable chair, qui fe réduit en pouflière à mefure qu'elle vieillir, Elle differe par conféquent des trichia de Haller, qui ont l'inté- rieur rempli de poils entrelacés; mais ce caractère eft peu naturel, de l’aveu même de ce favant, vu la difficulté de le dérerminer dans les efpèces microfcopiques. (1) Lycoperdron Epidendron, Linn. Ed. Reich. P: 4, p. 616. (2) J’ai donné quelques notions {ur cette efpèce de tourbière , & fur le-premiet appercu de leurs produétions,, dans un Mémoire que l’Académie d'Orléans pofsèdes Ces tourbières ont depuis un demi pied , ju qu'à quatre d’épaifleur ;.&, foit à caufe de leur élévation, où du fable qui eft deffous, elles fe defèchent pendant l'été & font d’une aridité frappante. Leurs produ&tions font peu nombreufes, rabougries', prefque déformées , & d’une teinte gric-bleuâtre qui annonce leur état de lanpueur. Une partie de la haute Gueldre & de la Province d’Utrecht eft couverte de ces tourbières. ] Faute d'impreffion à corriger dans mon Mémoire infèré dans le Cahier de Murs 1787. - Page 172, ligne première , étoient aflez membreufes, Zifez: étoient aflez nombreufes, Ligne 10, font fécondés par eux-mêmes, i/éz : font féconds par eux= mêmes, : RS —_— SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ro9 L'E'T TRE DE MC,B RUE REF ; Doëteur en Médecine de la Faculté de Montpellier , NE NS EN OU FN De l'Académie des Sciences. Mérsrevx: Le ver fingulier, ( f£g: 8 ) dont vous avez entendu parler , & fur lequel vous me demandez quelques renfeignemens, mérite effectivement votre curiofiré & celle des Naturaliftes, quoiqu'il n'ait ni griffes ni cornes , ainf qu'on fe plaît à fedébirer dans le public, Il faut que sé Vale d’abord que ce ver fut rendu il ÿ a environ quatre mois par M. le Chevalier de... .que j'eus occafñion de voir quelques jours après chez M, le Comte de la Cepède , & qui me permit alors d'en publier la defcription ; fi j'ai différé de la donner jufqu'à ce moment, c'étoit dans l'intention de la réferver pour la partie de l'Ency- clopédie dont je fuis chargé ; mais cette raifon cefle, puifque vous defiréz de ne pas attendre jufques-là. La perfonne qui a rendu ce ver en étoit tourmentée depuis environ uatré mois, & c’eft à l'effet d’un purgatif qu'on a attribué fon expulfion par les felles ; il donna encore quelques fignes de vie peu de tems après fa fortie, & des perfonnes très-dignes de foi nous certifièrent à moi & à M. le Comte de.la Cepède, qu'il avoit contracté plufeurs fois {ès mächoires, & qu'ayant été mis à plufieurs reprifes dans, de l’eau riède, il fe plaçoit ordinairement fur le ventre , quelle que füt la fituation dans ‘laquelle on l'y plongeoir. Cependant ce ver nétoit pas entier, & nous ne connoiflons que "Pextrémiré antérieure de fon corps. * La longueur totale de ce tronçon eft de trois pouces, & fa groffeur ef celle d'une plame à écrire; fa forme n’eft pas exactement cylindrique, mais légèrement comprimée fur les côtés ; la tête qui eft placée au bout . antérieur eft encore plus comprimée que le refte du corps , & paroït 'én même-tems avoir une confiflance plus ferme : elle eft terminée par deux - mâchoires fendues tranfverfalement , dont la fupérieure eft légèrement 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; crochue ; leur ouverture eft d'environ une ligne un tiers. Un peu au: deflus de l'angle de la mâchoire il y a de chaque côté deux enfon- cemens très-marqués, qui correfpondent à la place naturelle des yeux dans les animaux plus parfaits: il paroîe mème dans celui du côté zauche un point fphérique, qu'on n'apperçoit pas fur l’autre , qui favorife fingu- lièrement l’hypothèfe des yeux. En préfentant la têre de cet animal à la lumière d’une bougie on diftingue la clarté à travers ces deux points’: ce qui vient de ce que la rête étant très-comprimée , elle a encore moins d’épaiffeur dans le fond de ces cavités. A trois lignes de l'angle de la mâchoire , il y a de chaque côté & près du fommet de la tête une ftigmate longitudinale très-marquée qui repréfente en quelque manière les ouïes de quelques poiffons , autant par la place que ces {ligmates occupent que par leur forme. Sur le haut de la tête & un peu en avant des ftigmates ce ver a un petit filet cutacé fendu au bout, que j’ai reconnu en l’examinant avec dtrention avoir été produit par une écorchurë qui a déchiré & foulevé la peau dans cet endroit. à Le bout inférieur de cet animal fingulier paroît fendu en deux parties; mais il s’en faut de beaucoup que ce foit-là fa véritable queue , ainfi qu'on l'avoit cru; il eft plus vraifemblable que ce font les boyaux & autres vifcères intérieurs qui s'étant échappés par ouverture du tronçgn forment cette tingulière bifurcation. Ce qui me porte à le croire, c’eft que le corps a une confiftance plus ferme &'une couleur différente de celle des vifcères qui pendent deflous; la couleur du corps eft rougeâtre , tandis que celle des vifcères eft d’un blanc tirant fur le oris: la fubftance du corps étant compacte &'homogène , celle des vifcères étant au contraire véficuleufe & tendineufe ; je puis donc conclure avec quelque certitude que nous ne connoiflons de ce ver fingulier que Le bout antérieur de fon corps , lequel, à en juger par la groffeur du tronçon, paroît devoir atteindre la longueur du lombric terreftre. Vous jugerez d’après ce que je viens d’avoir l'honneur de vous dire que cet animal s'éloigne par la forme & l’organifation de fa rère de toutes les efpèces de versinteftins connus, & qu'il paroît même s'éloigner auffi de cette claffe d'animaux par la ftruéture de fon corps qui eft fimple & homopène , tandis que celui des vers inteftins eft ordinairement formé de fegmens annulaires. J'ai trouvé cependant dans le fecond tome des Amaænitat. Acad. Linn. pag. 88, la figure du tænia des anciens Auteurs, dont Linneus nie, avec raifon, l'exiftence telle qu’elle eft repréfentée, dont la tère a beaucoup d’analogie avec celle de notre animal ; fa forme eft à-peu-près la même : on y voit une bouche placée dans la même fitua- tion , quoique moins fendue , les points des yeux, & les ftigmates des côtés : il eft vrai que le refte du corps elt très-différent, puifqu'il eft organilé comme celui du tænia & formé de fezmens applatis ; mais il eft très-vraifemblable que dans un tems où Part de l’obfervation n'étoit pas SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS.) axx fi avancé que de nos jours , où l'Hiftoire-Naturelle contenoit fi peu de vérités mélées à tant de fables, il eft , dis-je, vraifemblable que ces anciens Auteurs auront formé un feul animal de la têce de-celui-ci, & du corps d’un tænia qu'ils feront parvenus à challer du corps de quelque malade chez qui ils vivoient en fociété ; ce qui ne donne pas une petite probabi- lité à cette aflertion ;c'elt, 1°. que dans la figure du tænia des anciens Auteurs cités par Linné le corps du tænia eft enté. à la têre d’une manière contre nature , puifque les fegmens dont il eft formé font tuilés dans un fens contraire à ce qu'ils devroient être, la direction des anneaux étant de fa queue à la tête, tandis qu'on n’ignore plus maintenant que la rête des tænia dont tant d’Auteurs refpectables ont nié l’exiftence, elt d'une forme toute différente , & qu'elle eft dans une firuation inverfe relativement à la direction des anneaux. 2°. Ce fentiment acquerra une nouvelle force, fi vous voulez faire attention que les trois parties éflentielles de la rêre de notre animal font exprimées dans la figure citée par Linné; la bouche, les yeux, ou au moins les organes qui y reflemblent, & ce que nous nommons les figmates, vous conviendrez que le concours de ces trois organes, & la fituation de chacun d’eux relativement aux autres , étant la nième dans la figure de Linné, que celle que je trouve fur La tête de notre ver, j'ai une forte préfomption. pour conclure qu'il n’a pas été abfolument inconnu aux anciens , que la notion qu'ils en ont eue étoit incomplette, qu'ils ayoient même altére ces notions, mais qu'il vaut encore mieux les taxer de peu d’exaétitude , que de les accufer de mauvaife foi. Voilà, Monfieur, tout ce que je puis vous dire fur ce nouvel ennemi de l'efpèce humaine ; jy joins un deflin qui fuppléera à ce que je pourrois avoir négligé. J'ai l'honneur d'être, &c, . : SUITE DU MÉMOIRE SUR QUELQUES INSECTES DE BARBARIE; Par M. l'Abbé PoiRET (1). SCARABÉS. Scarabæus marpinatus , fcutellatus , muticus , clypeo rhombeo, elytris connatis, punctatis, olabris, lateribus marginatis, Fo. 1, Planche I, “vu par deflus, & fig. 2 , vu de côté. P ET infeéte eft parfaitement noir. Sa tête eft recouverte par un bouclier arrondi, fans rugolités. Ses étuis dépaflent le corps par une bordure très- (1) Foy. le Journal du mois d'avril, n12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faillante qui me paroïît être le caractère eflentiel de cer infeëte. Ils fonc fans aîles en deffous , relevés en bofle, marqués de plufieurs lignes longi- tudinales formées par une fuite de petits points qu’il eft difficile d'apper- cevoir fans le fecours de la loupe. Ce fcarabé a beaucoup de rapports avec le /carahœus hemifphericus, dont Pallas nous a donné la figure dans fon livre intitulé: Icones Infeéorum ; PL, VI, fe. 23 ; mais celui dont il eft ici queftion eft de moitié plus petit : fon bouclier eft prefque glabre. la, outre cela ; un écuflèn entre les deux étuis, attribut que ne pofsède point celui de Pallas. Cet infecte habite les lieux fabloneux. IL forme fous les bouzes de vache dont il fe nourrit, un trou fouvent d’un pied de profondeur. C’eft au fond de cette retraite qu'il fe tient ordinairement. Dès qu’il eft fur le point de pondre fes œufs, il dépofe au fond de fon trou d’amples provi- fions de bouche pour les jeunes larves, IL y place fes œufs, & bouche avec du fable l'entrée de fa demeure, C’eft dans ce féjour ténébreux , & pendant l'hiver que les larves fubiffent leurs différentes métamorphofes. Ces infectes , parvenus à leur érat de perfection, attendent la belle faifon pour abandonner leur retraite, à moins que les provifions ne viennent à manquer; mais dans ce cas , ils n’ont pas befoin d'aller loin , leur trow étant, comme:je l'ai dit plus haut, placé fousune bouze de vache, Comme il leur feroit difficile de remonter par une ouverture perpendiculaire , lorfqu'ils veulent fortir, ils forment une nouvelle iflue , en traçant, à travers le fable, un chemin oblique. La forme de leurs premières pattes, la mobilité de leur tête, l'efpèce de bouclier dont elle eft recouverte, leur facilitent les moyens de fortir de leur tombeau, Scarabæus facer. Quoique déjà décrit, je ne puis m'empêcher de parler ici de ce célèbre fcarabé que les Égyptiens avoient en fi grande vénération, & dont ils avoient fait l'emblème de MNeitha, ou de leur Minerve, comme Horapollon nous l'apprend dans fes Hyérogliphes , div. 1, chap. 12. Cet infecte, que l’on croyoit être des deux fexes , & produite fans accouplement., éroit un hyérogliphe inventé pour défigner la Minerve créatrice , que les Egyptiens regardoient comme mâle & femelle. Ælien de ‘Animal. lv. 10, chap. 15 , nous apprend que ce même fcarabé étoit encore l'emblème d’un foldati, parce que ceux qui alloient à la guerre avoient coutume de Je faire graver fur leurs anneaux. Mais écartons de cet infeîe tout ce merveilleux que lui a prêté Pobfcure antiquité; laiffons les Egyptiens en faire un emblème facré, & les empyriques lui attribuer une foule de vertus chimériques , il ne fera pas moins intéreffant pour le Naturalifte qui aura le courage de,le fuivre parmi les bouzes de vache où il fait fa principale demeure. Cet infecte eft très-commun fur les côtes de Barbarie. Je me ferois difpenfé d’en parler, fi je n'eufle fuivi fes. opérations plus en détail qu'on ne l'a fait jufqu'à préfent, Errang SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS:\ 1% Errant d'abord fur le fable, dans les lieux expolés au foleil , ce n’eft qu'après la fécondation que ce fcarabée fe fixe parmi les bouzes de vaches Dès ce moment il n’eft plus occupé que du foin de mettre en füreté le précieux dépôt de fa poltérité. Pour cec effet il creufe un crottin, & dépofé fes œufs dans l'intérieur , qu'il recouvre de fente, nourriture propre pour les larves. Il ne fe contente pas dé leur avoir choifi use retraite sûre & abondante en nourriture , mais pendant long-tems il roule ce paquet fur une terre légère & fabloneufe. Il en forme, par ce moyen; une efpèce de boulette de la grofleur d’une petite orange, qui fe recouvre infenfiblement d'une couche terreufe de près de deux lignes d'épaiffeur. Cet infecte eft infatigable au travail, Îl n’y a, pour lui, de tranquillité & de repos que lorfqu'ila trouvé dans le fable un lieu propre à y dépofer fon fardeau. Il le traîne par-tout avec lui à l’aide de fes deux pattes de derrière, Quand celles-ci font fatiguées, il fait ufage de fa tête & de fes pattes de devant , mais il ne tarde pas à revenir à fon premier moyen. Si, tandis qu'il quitte un inftant fa boulette, on la lui enlève, aufi-tôt l’in- quiétude s'empare de lui. Il s’agite vivement, rode de tous côtés, & ne cefle fes recherches que lorfqu'il a recouvré fon précieux fardeau, J'ai fouvent pris plaifir à lui donner de femblables inquiétudes, & j'ai vu avec furprife qu'il fe dirigeoit prefque toujours du côté où j’avois jeté fa boulette, Si je La portois à la main, l'hfeéte me fuivoit comme un animal privé, & je fuis parvenu plufieurs fois à avoir à ma fuite plufieurs de ces fcarabées dont je tenois en mains les boulettes. Lorfque cette boulette ef fuRifamment durcie, fécliée extérieurement ; & encroûtée , alors l’infecte creufe dans Le fable un trou de huit à dix pouces de profondeur. Il y dépofe fa future famille, & devient lui-même habitant de ce ténébreux féjour où il termine fon exiftence. IL eft à temarquer que ces opérations ne regardent que les femelles , auxquelles la nature a accordé pour cet objet une plus longue vie qu'aux mâles qui meurent peu après l’accouplement. Les larves naiflent vers la fin de l’automne , paffent l’hiver fous cette première forme, & ne deviennent infectes parfaits qu'au printems. J'ai cependant rencontré plufieurs fois, pendant l'hiver, des infectes parfaits avec les larves, fans avoir pu décider s'ils appartenoient à la dernière génération , ou s'ils étoient les auteurs de la nouvelle famille. I! fuffit de voir travailler ce fcarabée pour comprendre l’ufage des divers inftrumens dont l’a fourni la nature. Ses deux premières pattes font larges , applatties, armées, le long de l'avant-bras , de quatre dents fortes &-obtufes. C’eft avec ces inftrumens qu’il fend les crottins, les éparpille, ou fe cramponne, lorfque fes deux dernières pattes font employées à craîner » un fardeau beaucoupsplus gros & pefant que lui. S'il veut pénétrer dans le fable ou dans un erottin , il emploie l’efpèce de bouclier à cinq pointes qui recouvre fa tête ; il s’en fert comme d’üne palette pour foulever les Tome XXXI, Part, II, 1787. AOUT. 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fardeaux, & écarter les obftacles. Pendant ces’pénibles opérations fa sère & fes antennes fe trouvent à l’abri fous la largeur de ce bouclier qui déborde de toutes parts, Les deux dernières pattes de cet infecte fonc beaucoup plus longues &. plus grêles que celles de devant. Auffi l’ufage en elt-il bien différent , étant particulièrement deftinées à faifir & traîner fon fardeau, | ARAIGNÉEIS. De plufieurs belles efpèces d'araignées que j’ai rencontrées en Barbarie, je ne citerai que quelques-unes de celles qui ont plus particulièrement fixé mon attention par leurs couleurs, leur groffeur, & par plufieurs faits curieux. TL Aranea fafciata abdomine fafciis Aavefcentibus, pedibus fufco. annülatis. Mu. D. Banks. Fabri, Syflem. Entomol , pag. 433, 11. * Cette araignée, f£g. 3, Planche 1, me paroît être celle que Fabricius cite du cabinet de M. Banks ; mais, fi elle eft la même, fes yeux fonc mal décrits. Cette araïgnée au lieu d’être placée dans la cinquième divifion , parmi celles qui ont les yeux difpofés ainfi (a be doit être renvoyée dans la neuvième avec celle dont les yeux font rangés de la manière fuivante (: 2). : Cette araignée a le corps orné de bandes tranfverfales noires & jaunes ; femblables à celles des guêpes. Le :horax eft une écaille dure , couverte de poils blanchâtres. Les pattes font brunes à leur première divifion, & fe terminent par des bandes alternativement noires & grisâtres: Sous Le ventre les bandes, au lieu d’être transverfes, font longitudinales, &c piquerées de plufieurs petits points noirs. iden Quand cette araignée eft parvenue à fon entier accroiffement, elle eft prefque de la grofleur du pouce, ce qui arrive vers la fin de juillet Elle babite les buiffons & les haies où elle formeune roile ei rézeau, à très-larges mailles, dont elle occupe le centre, Ce n’eft point pour Les petitsinfectes que fes filets font tendus, d'où illeur feroit facile d'échapper à raifon de la largeur des mailles: elle n’en veut qu'aux grofles mouches, aux guêpes, aux bourdons, & même aux faurerelles. | Dès qu'un de ces infectes.a eu l'imprudence de fe jeter dans fes filets, elle ke faic fon efclave, & l'enchaîne par plufeurs fils très-forts. Elle ne Jui fuce point le fang , mais elle commence par lui donner la mort avec fes redoutables mâchoires , en mange une partie fi elle eft affamée, & met le refte en réferve pour un autre repas; mais elle a foin de cacher fes provifions parmi des feuilles sèches, ou en. quelqu’endroit hors de la portée de la vue. Je lui ai fouvent trouvé des vivres très-abondans, Chaque proie étoit renfermée dans un fac à part compofé de fils tiflus fans ordre & enduits d'une glu noirâtre très - abondante, C'eft parmi ces cadavres 4 SUR\CHIST. NATURELLE ET LES ARTS. ès d’infe&tes que j'ai trouvé le joli /phex maxzllofa dont j'ai donné.la defcription dans la première partie de ce Mémoire. | Le’ fac dans léquel cette araignée dépofe fes œufs, eft d’unie forme très- fingulière. C’eft.un ovale coupé horifontalement par fon milieu, de la groffeur d’un œuf de pigeon. Le tiflu , prefque parcheminé , eft fi ferré qu'il eft très-difcile de pouvoir le déchirer. La partie tronquée eft garnie à fes bords de fept à huit pointes en forme d’anfes, d'où partent des fils très-foms qui tiennent ce fac fufpendu à-peu-près comme les lampes de nos églifes. Dès que les jeunes araignées font éclofes, elles rompent l’efpèce d'ôpercule qui ferme la grande ouverture de l’ovals, & rodent en troupes dans les environs. Elles fe retirent de tem:s en tems dans leur première habitation où elles vivent en fociété, jufqu’à ce que, devenues plus fortes, elles fe féparent, & deviennenc ennemies mortelles, après avoir vécu en famille & d'un bon accord. Les fils de cette araignée font les plus forts que je connoifle. Je les ai fouvent eflayés avec des fils de-foie. Ces derniers, tirés à forces égales, éroient les premiers à fe rompre. Ces fils font d'un luifant argenté, très- longs, faciles à travailler, Ils pourroient fuppléer à la foie avec un avan- tage d'autant plus grand, que cet infecte, ardent au travail, & pourvu de très-gros mammelons, ne tarde pas à former une nouvelle toile, dès qu’on l'a privé de celle qu'il avoit d'abord fabriquée ; mais fes mœurs infociales s’oppoferont toujours à une femblable manufacture, La vue de leurs femblables met ces infe@tes en fureur. D'aufli loin qu’ils s’apperçoivent , ils fondent les uns fur les autres avec un acharne- ment qui ne fe termine que par la mort d'un des deux combattans. Les vaincus font mis en réferve avec les autres provifions de bouche, IL eft impoñlible d’en conferver plufieurs en liberté dans un même apparte- mient , quoique placés à des diftänces très-éloignées. J'avois renfermé une ouzaine de ces araignées dans mon cabinet. La plus forte eft reftée feule maîtrefle du champ de bataille , après huit jours de combat. J'ai fouvent rencontré parmi les mêmes buiflons une autre araignée ‘de Ja même groffeur & de la même famille que la précédente, Elle en a les mœurs & la férocité. Elle m'a paru n’en différer que par fa couleur, qui eft d’un très-beau velouté mêlé de noir & de brun , avec plufñeurs nuances très-agréables, Cette araignée ayant été détruire pendant le tems de ma quarantaine à Marfeille, je ne peux en donner une defcriprion bien exacte. Elle ne pond point fes œufs comme la précédente , mais elle les dépofe en forme de gâteau fur un corps folide , arrangés ymmétri- quement , collés enfemble par une glu blanchâtre , & recouverts de plufeurs fils roux tiffus fans ordre, & fi peu ferrés qu’il eft facile d'ap- - percevoir à travers ces fils la difpoftion des œufs. J'ai élevé plufeurs de ces araïgnées : elles m'ont paru s'inquiérer peu du fort de leur Tome X XXI, Part. IT, 1787. AOUT.. Pre 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, famille, qu’elles abandonnent peu après leur ponte pour aller cherche svttune ailleurs. Les doubles de ces infectes ont été dépofés dans la belle colle&tion de M. Gigot d'Orcy, intéreffante par le nombre, le choix-des objets, & plus encore par l'affabilité & la complaifance avec laquelle M. d'Orcy accueille les amateurs d'Hiftoire-Naturelle. ; SUITE DE L'ESSAI Sur les avantages qu’on peut tirer du chalumeau à bouche lorfque fe fervant de fupports de verre , on veut tenter avec le fecours feul de Pair commun la fufion per fe des fubflances refraétaires expoées a la flamme fous des parcelles de la plus extréme petireffe ; Par M. Doux. QUATORZIÈME ExPÉRIENCE. Obférvations pendant la durée des Expériences, Subflances éprouvées : quartz gras bleuâtre de La Finlande ; gangue de cuivre. Support en verre. Séjour dans la flamme : 3". Réfultat : verre blanc un peu tranfparent. Le quartz gras bleuâtre de la Finlande réduit en fragment un peu plus gros que de coutume, expofé für la pointe du fupport, n’a point décré- pité, a perdu aufli-tôt fa couleur, a blanchi. Un fecond coup de feu l’a fait bouillonner à mon grand étonnement en moins de deux minutes , tant intérieurement que fur la furface du globule, & vitrifié de fuite en un verre blanc un peu diaphane. Ce quartz gras eft une gangue de cuivre; mais je n’ai apperçu fur le globule ni bouton ni culot métallique pendant ni après la fufion ; l’échan- tillon que je pofsède n’eft chargé de minérais que dans un des angles , il y eft en mafle & nullement combiné avec le quartz , ainfi que l’expérience vient de le prouver. Un plus long feu a fait couler cet échantillon à la manière des quartz ; & il n’eft refté dans le fupport que des bulles d’airs | | 4 | SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 117 «XV°. Subflance éprouvée: Criflal de roche poli de couleur grife, d'une criflallifation informe dont la tranfparence efl un peu falie par la chaux de fer ; fur un gneifs micacé des Pyrénées. Support en verre. Séjour dans la flamme: 6/.- Réfultat: fufion en verre coulant fans couleur en larmes étendues. Un fragment très-délié extrait d'un criftal informe des Pyrénées, expofé à la flamme du chalumeau fous la groffeur d'une têre de petite épingle, n’a point décrépité, Le premier coup de feu a dégagé la chaux de fer qui entroit comme principe dans fa criftallifation, Cette émanation s’eft rangée fur la furface du globule fous la figure d’un petit nuage noir un peu jaunâtre. Il s’eft fendillé enfuite en rout fens. Les bords les plus minces fe font enfoncés dans le fupport, ne fe font point arrondis, ni changés en un émail blanc, comme il arrive lorfque le fragment fait faillie fur le verre. Cette expérience a duré fix minutes. Le gneifs très-difféminé qui lui a donné naiflance na montré au premier coup de feu un verre gris; & la pouflière ou terre d’un jaune brun que l’on trouve dans les cavités de cette criftallifation informe , une chaux de fer en petits grains noirs luifans qui à un plus grand feu fe font étendus fur le fupport , ont bouillonné & n’ont plus laiflé qu’une teinte jaune noirâtre femblable à celle que nous avons trouvée au premier coup de feu dans l'expérience du criftal, . XVI. Subflance éprouvée : quartz pyramidal blanc opaque, Drufen, Montagne-noire. Support en verre. Séjour dans la flamme: $', Réfulrat : verre blanc un peu opaque, puis plus tranfparent, puis fufion coulante en verre [ans couleur, Un très-petit fragment, dont une des extrémités étoit ronde , & l’autre pointue, extrait d’un groupe de quartz blanc opaque pyramidal de la Montagne-noire , expolé à la flamme du chalumeau fous la groffeur d’une têre de petite épingle , eft devenu après un premier coup de feu de trois minutes un peu diaphane : il s’eft enfoncé légèrement dans le verre, J'ai vu très-diftinétement fes bords fe charger de petites dentelures ; deux minutes après j'ai obfervé un nuage noir filé qui me paroît affez commun aux quartz. Le fragment étoit déjà prodigieufement diminué de volume ; il me parut avoir blanchi & avoir acquis de l'opacité. Sa pointe s’écoir arrondie , elle avoit une tranfparence vitreufe. Le corps de ce fragment ne s’eft point fendillé comme dans les criftaux de roche & les quartz vitreux diaphanes & irifés. Les petites. dentelures fe firent auffi remarquer fur le milieu : & je vis très-bien quelques autres parties arrondies. Je dois dire encore que dans quelques quartz, fur-tout dans les quartz gras & opaques, j'ai prefque toujours obfervé après un certain degré de chaleur une ‘efpèce d'auréole rougeâtre. Le fragment paroifloit alors avoir la u18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, couleur d’une chaux de fer d’un rouge très-brun. Ce petit phénomêne qui ne commençoit qu’au troifième coup de feu duroit jufqu’à la fin de l'expérience. Ce fragment refla très-long-tems d’un blanc laiteux. La fufon . fe ft par les bords qui s’amincifloient gradativement , bouillonnoient enfuite dans l’intérieur du fupport , & couloient à la manière des autres quartz; le fragment entier difparut ainfi imperceptiblement , & fa place ne fut plus diftinguée que par un cercle verd jaunâtre qui l'entouroit, & par quelques bulles d'air que la fufion fuccellive des petites parties lifloit dans l'intérieur du fupport. XVIT. Subflance éprouvée : jafpe rouge veiné de verd & de jaune roulé , de la Montagne-noire ; en poudre ; en fragment. Support en verre. Séjour dans la flamme : 7, 43". Réfultat: verre d'un Blanc fale, puis à un plus long feu fufion fans couleur ; idem. Le jafpe rouge veiné de jaune & de verd de [a Montagne-noire, fur lequel le barreau aimanté n’a de laction qu'après avoir été calciné , réduit en poudre & expofé fur la pointe du fupport, fe décolore £r blanchit au premier feu; les grains s’agelutinent très-peu : quelques-uns cependant avoient déjà bouillonné dans l'intérieur du fupport & s'étoient fondus. Les plus groffes molécules pouffées à un plus grand feu forment un verre blanc un peu fale : l'enfemble préfente une fuperficie vitreufe grisâtre, & coule enfuite en bouillonnant en donnant un verre fans couleur. > Un fragment du même jafpe rouge de la grofleur de la tête d’une épuille très-fine, a confervé fa couleur au feu pendant très-long-tems, na point décrépité , s'eft enfoncé dans le fupport: Les bords qui ont été décolorés les premiers ont bouillonné bientôtaprès, Le milieu qui con- fervoit toujours fa couleur étoit devenu d’un rouge de cire-à cacheter..Ce fragment ne fembloir céder fa couleur que pied-à-pied : une grande partie des bords éroit vitrifiée & couloit en fufon depuis long-tems en bouillonnant , lorfque même on obfervoit encore un point rouge dans le foyer: enfin, un dernier coup de feu a rendu cette fubftance totale- ment blanche, un peu opaque, puis plus tranfparente , & enfin a coulé en bouillonnant en un verre fans couleur femblable à une goutte d’eau érendue à la manière des quartz. É X VIII‘, Subflance éprouvée : jade verd bouteille d'un poli gras , roulé: de la plus grande dureté. Support en verre, Séjour dans la flamme: s’. Réfulrat : verre grisärre, Au premier coup de feu un fragment d’un jade couleur verd de bouteille de la plus grande dureté, expofé à la flamme à la groffeur d'une tête de petite épingle , fe décolore aufli-tôt & blanchir. Deux minutes après on le trouve changé en un verre grisatre femé de petits points noirs | ! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 119 qu'un autre coup de feu a fait tourner au verdâtre & enfuite bouillonner & couler dans Le fupport. : XIX°, Subflance éprouvée : jade verd clair d'un beau poli, qui com: munément recouvre les [erpentines des Pyrénées. Support en verre. : 4 À : Sejour dans la flamme: 3. Réfulrat : idem. ‘7 3 Un fragment de jade verd qui recouvre ordinairement les ferpentines des Pyrénées & leur fert d’écorce, blanchit comine ci-deffus au premier coup de feu, devient terne & fale, & bientôt après s’émaille & fe convertic en un verre grisatre. XX°. Subflance éprouvée : autre jade ; hache de pierre triangulaire de couleur verd foncé, Support er verre, Séjour dans la flamme : 3'. Réfultar : idem, J’ai defiré connoître la manière dont fe comportoit cette pierré antique taillée , connue fous Le nom de hache de pierre, que les Auteurs difenr être un jade, qui en a toute la teinte & le poli gras. Un fragment expolé à la flamme fous la groffeur d’une tête d'épingle , a blanchi au premier coup de feu , & fondu enfuite en un verre gris comme ci-deflus. XXI°. Subflance éprouvée : agathe taillee , veinée de noir & de jaune : fragmens pulvérulens. Support en verre. Séjour dans la flamme : 9", Réfultat: verre blanc un peu opaque. _ Un fragment d’agathe veinée mis en pondre fous la forme de petits fragmens très-déliés, & dont J'ai chargé le fupport , adllanchi au premier coup de feu , mais les grains ne fe font point agglutinés. La loupe ma - fait obferver parmi eux cinq à fix petits points noirs luifans que jai cru être le produit des parties ferrugineufes qui en déterminent la nuance. Un fecond coup de feu continué pendant deux minurès a donné aux petits fragmens pulvérulens une couleur plus blanche , elle étoit même un peu émaillée; quelques petires parties avoient déjà bouillonné dans le fupport, & cette petire mafle éroir confidérablement diminuée de volume, Les petits grains qui fe touchoient auparavant , étaient clair-femés ; les plus gros paroifloient hériflés de petites afpérités qui diminuoient de volume à l'œil même, ils s’arrondirent diftinétement, prirent enfuite - plus de tranfpareñce, coulèrent à la manière des quartz, en ne laiflant que beaucoup de bulles d'air dans l'intérieur du fuppor. XXIT°, Subflance éprouvée : filex rouge de la Carniole; fragment. Support emwerre. Séjour dans la flamme : 12°, Réfultat: verre blanc un peu tranfparent. t Le filex rouge de la Carniole expofé à la flamme à la groffeur d'une tête de petite épingle fous un éclat lamelleux, n’a point décrépité au ’ 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, premier coup de feu, s'enfonce très-peu dans le fupport, fe décolore d'abord & fe fendille enfuite, Ce n’elt qu'après dix minutes d'un feu toujours actif qu'on parvient à l'émailler ; il devient enfuite d'un gris vitreux tranfparent , & bientôt après coule en fufon à la manière des quartz & bouillonne dans l'intérieur fous la figure de petits ruiffeaux pénétrés d’une quantité de très-petites bulles d’air. XXIII. Subflance éprouvée : filex de la Carniole ; en poudre. Support en verre. Séjour dans la flamme : $'. Réfüulrat : idem, comme dejJus. La poudre du filex rouge de la Carniole fe décolore au premier feu x les grains prennent de l’adhéfion & forment une petite male. Les parties faillantes deviennent à la famme plus lumineufes: un fecond coup de feu émaille bientôt le tout en un blanc opaque, puis d'une tranfparence | gris vicreux qu'un plus long feu fait enfuite couler & bouillonner comme deflus. XXIV°. Subflance éprouvée : flex rouge des environs de Caflelnaudary ; en poudre, Support en verre. Séjour dans la flamme : 13". Réfulrar : idem, comme deffus, Le filex rouge à bords diaphanes des environs de Caftelnaudary a décrépité au premier coup de feu expofé en fragmens ; je l’ai réduit en poudre & j'en ai chargé la tête du fupport : elle eft devenue d’abord de la plus haute blancheur, il y avoit alors très-peu d'adhérence entre les grains; mais un fecond coup de feu les a bientôt agglutinés & couverts d'un émail blanc ; ils n’avoient plus l’apparence terreufe qu'ils avoient auparavant. Une partie de cette petite mafle a même formé une pyra- mide que j’ai obfervée la loupe à la main à chaque fufpenfion. Cette poudre ainf d’abord agolutinée s’eft divifée enfuire en cinq à fix parties, J'ai remarqué des petits points noirs luifans mêlés parmi : les uns once difparu après un long feu , mais d’autres fe font fait obferver pendant très-long-tems & n’ont laiffé d'autre marque de leur exiftence qu'une teinte verdâtre. Un nouveau coup de feu continué pendant cinq minutes a fait bouillonner & couler toute cette petite maffe vitreufe à la manière des quartz. XXV°. Subflance éprouvée: filex noir & filex commun, pierre à fufel, < Réfultar: idem. Le filex noir & la pierre à fufil fe comportent abfolument comme les filex ci-deflus , à la couleur près & aux effets qui en réfulrent exceptés, mais le produit eft le même, XXVF, M. - 1° Lt ty) 4 j F TE 12 _ es + Er OUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS #21 XXVI°. Subflance éprouvée : petro-jtlex jaune couleur de cire, de la Montagne noire ; en poudre. Support en verre. Séjour dans la flamme: * 6! Réfultat : verre blanc un peu tranfparent, Le petro-filex jaune brun couleur de cire , de forme conchoïde dans fa fracture, d’un œil luifanc & gras, répandant une forte odeur argileufe au foufile de la bouche, & faifanc un feu vif avec le briquet, qui fe rencontre parmi les roches feuilletées de la Montagne-noire, réduit en poudre, acquiert une couleur d’un blanc fale. Un premier coup de feu fait voir parmi ces petits grains pulvérulens nombre de petits points rouge- bruns, & d’autres prêts à entrer déjà en fufon fous une couleur rofe. Ces grains fe font agolutinés , quelques-uns commencoient à s’émailler, Un nouveau feu les a convertis en un verre un peu moins opaque; les points rouges ont difparu fans tourner en verd. XXVIF, Subflance éprouvée : petro-filex jaune couleur de cire, de la Montagne-noire ; en fragmens, Support en verre. Séjour dans la flamme: 10". Réfilrar : idem. Un fragment du même petro - filex jaune a perdu fa couleur au premier feu : il eft devenu d’un blanc mat. Il n'a paru femé de petits grains & de filets d’un rouge brun qu'un fecond coup de feu a éclaircis, puis montrés fucceflivement fous une couleur rouge, puis rofe, puis fait difparoître. Le fragment fous cet état étoic d’un blanc luifant ; les bords qui s’amincifloient à proportion du degré de feu qu’ils éprouvoient, deve- noient ainfi très-tranfparens & couloient dans le fupport en bouillonnant dans l'intérieur & fafant fous la figure de petits ruifleaux pénétrés de bulles Les plus fines, La vitrification fous un verre blanc ne m'a jamais montré les petites bulles qui caractérifent l'émail du feld-fpath. XXVIII, Subffance éprouvée : petro-filex jaune en moyen état de décompofition ; en poudre. Support en verre. Séjour dans la flamme : s'. Réfuleat : verre blanc laitenx opaque. IL eft affez commun de rencontrer dans le même filon du petro-filex de la Montagne-noire toutes les gradations poffibles de fon état. On le trouve depuis la fubftance la plus dure, jufqu’à la plus folide & la plus friable. Nous allons le confidérer fous l’état moyen de décompolition, Sa pefanteur a difparu ici avec fon ciment filiceux ; réduit aux deux tiers de fon poids, il ne préfente plus qu'une mafle légère d’un jaune verdätre répandant au foufile de la bouche une forte odeur argileufe ; fon tiffu légèrement onctueux reffemble à une matière graffe qui en uniroit foible- ment les païties: au chalumeau, expofée fur le fupport, cette aroile devient grife , & enfuite blanchitun peu, mais elle eft d’une aridité & d’une Tome XXXI, Part, II, 1787. AOÛT. Q 7 Æ _ 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; . fécherefle extrême ; elle m’a paru femée d’une fi grande quantité de points noirs, dont quelques-uns cependant tirent fur le rouge, qu'ils femblent “être en partie égale ; les petits grains n’ont jamais pris une adhérence bien fenfible. Ils fe font émaillés bientôt en un verre blanc laiteux : arrondis & vicrifiés ils coulèrent enfuite en bouillonnant & s’immifcèrenc dans le fupport. Les petits points ferrugineux devenus du plus beau noir fe font auffi fondus & changés en une teinte martiale verdâtre qui a coloré le tout, XXIX®. Subflance éprouvée : petro-filex noir, dont les bords ont la sranfparence de la corne ; en fragmens & en poudre. Support er verre. Séjour dans la flamme : $'. Réfulrat : verre blanc laiteux. Le petro-filex noir fe rencontre aufñli dans la Montagne-noire par couches prefque verticales ; fa frature eft évalement conchoïde; le poli moins gras que le petro-filex jaune, l'odeur un peu moins argileufe ; le briquet en tire le même feu; on le trouve également fous tous les états différens depuis le plus dur jufqu'au friable, Un fragment de ce petro-filex & fa poudre expofés fur le même fupport ont blanchi plus ou moins au premier coup de feu, Les petits grains pulvérulens fe font bientôt émaillés en un verre blanc opaque qui reftent toujours fous cet état. Le fragment s’eft infenfiblement aminci fur fes bords, & me préfentoit fucceflivement de petites dentelures, qui s’arrondifloient enfuite & couloient en bouillonnant dans l’intérieur du fupport. Je m'attendois à {reconnoître dans cette fubftance quelques indices de fer que fa couleur paroifloit m'indiquer ; mais ie n’en ai vu aucune, fi jen excepte un petit nuage lavé noirâtre qui s’eft fait appercevoir für la circonférence du globule, XX X°, Subflance éprouvée : le même petro-filex en décompofition er argile sèche & friable fous les doigts. Support en verre. Séjour dans la flamme : 4. Réfultat : idem, Ce petro-filex en état moyen de décompoftion préfente une mafle aride , friable, dont les grains quartzeux réfiftent à l’ongle qui veut les écrafer ; fon poids eft diminué des trois quarts. Le fuc filiceux a difparu; c'eft l'image de la première réunion de ces petits fables quartzeux que Vattraction naturelle des parties a agglutiné dans les premiers tems de fa formation, & qu'un ciment filiceux excédé des parties intégrantes avoit rendu folide : rien en lithologie ne m'a jamais paru donner plus d'indices de la formation d’une fubftance que fa décompofition, Au premier coup de feu cette argile m'a préfenté une pouflière aride ; moitié jaune & moitié blanche, nuilementagglutinée; j'ai obfervé trois ou quatre grains de fer noirs qu'un feu plus continué a fondus fous une teinte SUR; L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 32; verdâtre. Les grains pulvérulens filiceux fe font vitrifiés en un verre blanc comme ci-deflus. ; . XXXIe Subfiance éprouvée : petro-filex rouge-brun. Support en verre: Séjour dans la flamme: 4!. Réfultat : idem, Je dois faire obferver que ces petro-filex de la Montagne-noire fe rencontrent ici parmi les roches feuilletées granitoïdes, & non dans les montagnes calcaires. Ce font des couches pre/que verticales interpofées régulièrement entre d’autres couches femblables & routes parallèles de granits en décompofition , de roches, de feld-fpath d’un fuperbe blanc criftallifé, de roches micacées argileufes prefque toutes en décompofition plus ou moins avancée. J'ai trouvé auñli du petro-filex rouge-brun qui m’a paru avoir les mêmes propriétés que le noir & le jaune, & dont le réfultat eft un verre blanc laieux. J’y ai aufli obfervé des grains de fer qui, comme dans le petro- filex jaune, m'ont été offerts fous la figure de petits points rouges. XXXII°. Subflance éprouvée : mica argentin trés-pur à grands feuillets > verre de Mofcovie. Support en verre. Séjour dans lu: flamme : 2% Réfultar : verre très-blanc opaque. Un fragment d’une lame de mica argentin très-pur expofé à la flamme du chalumeau , foit fur le fupport, foit feul en feuillets crès-déliés, blanchit d'abord, jette enfuite une lumière très-vive & très-blanche qué dans bien des fubftances j'ai toujours vu précéder la fufion, & donne dans le moment un verre opaque de la plus haute blancheur. XXXIIT. Subflance éprouvée : mica noir du pic Sainr-Barthelemi : en maffe feuillerée. Support en verre. Séjour dans la flamme: 2/. Réfulrat : verre noïr opaque. Un morceau de mica noir changeant détaché d'un fragment de granit à grandes parties que j’avois pris au mois de feptembre 1785 fur la dent la plus élevée du pic Saint-Barthelemi, & dont je divifai les feuillets en lames très-déliées & très-minces, s’eft, avec la même facilité que le mica blanc, changé en un verre noir. Il me paroît que la difficulté qu’on a trouvée à le vitrifier, vient de ce qu'on a préfenté fa fuperficie & non le tranchant de fes lames à la flamme; cet effet lui eft commun avec la félénite, XXXIV®. Subflance éprouvée : porphire rouge ; en poudre. Support en verre. Séjour dans la flamme : 2' 30". Réfultat : verre grisätre. Le porphire rouge réduit en poudre fe vitrifie bientôt en un verre grisâtre mêlé de taches vertes. Un pluslong feu le fait couler & bouillonner dans Le fupport fous la forme de petits ruifleaux pleins de bulles. Tome XXXI, Part, Il, 1787 AOÛT. Q 2 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, XXXV®. Subflance éprouvée: argile blanche trés-pure prife entre Vaudreuil & Saint-Feriol en Languedoc. Support en verre. Séjour dans la flamme : 7. Réfuliat : verre blanc un peu cranfparent. L'argile blanche en poudre expofée à la flamme du chalumeau s'agglu- tine au premier coup de feu : elle paroît alors terreufe ; mais les grains prennent bientôt une adhérence plus remarqueble; les petites parties fe couvrent d’un émail blanc qui les rend d'abord opaques, & enfuite diaphanes, vitreux , femblables aux filex & quartz lorfque dans cet état ils coulent dans le fupport, Un plus grand feu m'a toujours paru dans les argiles convertir en crafle tous les petits lets globuleux qu'ils laiffent dans le verre ; tandis que nous avons vu dans les quartz ces petits filets, & généralement toutes Tes bulles d’air provenant du bouillonnement d’une fubftance en fufior , fe diffiper entièrement ou acquérir plus de volume, XXXVI. Subflance éprouvée : argile rouge-brun du méme lieu; "er poudre. Support en verre. Séjour dans la flamme : 8°. Réfultar : Verre griSGLTCe | Cette argiie rouge s’eft agolutinée d'abord ; maïs elle n’a jamais perdu fa couleur. Elle a été convertie en moins de trois minutes en un verre grisâtre femé de petits grains de fer: un fecond coup de feu a fait couler cette chaux de fer fous une couleur eïfumée qui a coloré le verre, & enfuite fous une teinte verd clair. La vitrification argileufe donnée par le premier coup de feu a diminué ainfi de volume en fe dégageant de la chaux martiale qu'elle pouvoit contenir. XXXVIIe Subflance éprouvée : argile notre & verte de la Montagnes noire ; on Les trouve parmi les roches feuilletées en décompofrtion. Support en verre. Séjour dans la Jlamme: de 4 à 8!. Réfulrat : verre gris noirâtre 3 verre noir opaque, Les argiles noire & verte ont donné; l’une, comme l’aroile rouge un verre grisâtre, & l’autre un verre noir, celui-ci eft le produit de l'argile verte; l'argile noire conferve jufqu'au dernier moment fa couleur, & le verre qu’elle donne en tient même un peu; il a fallu auf un feu plus long-tems continué pour en opérer la vitrifcation. . XV LHC. Subflance éprouvée : kaolin ; décompolirion du feld- Jpath, detritus des quartz 6: de mica.argentin; trouvé entre Vaudreuil & Saint-Feriol. Support en verre. Séjour dans la flamme : 6 à 7 Réfulrar: verre blanchätre. Le kaolin divifé en poudre impalpable s'eft entièrement conduit au chalumeau comme l'argile blanche réfraétaire ; il a fallu à-peu-près le La rmvi “# Ad ss SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 125 même tems & la même aétivité du feu. La feule différence que j'y trouve, c'eft que le kaolin coule plus facilement que l'argile blanche; cell& ci s'érant malgré la violence du feu confervée à l’état de porcelaine , au lieu que le kaolin s’eft vifiblement émaillé fous la forme de petites bulles blanches comme les feld-fpaths , & enfuite coulé diftinètement dans l'intérieur du fupport en un-verre blanchâtre qui n'a laiflé que très-peu de bulles d'air dans l’intérieur : d'où je conclus que cette argile blanche eft un produit de la décompofirion des feld-fpaths, comme j'ai lieu de croire, par-des faits que j'ai devant les yeux, que le kaolin en général eft une - décompofition des gneifs feld-fparhiques. XXXIX°, Subflance éprouvée : argile bolaire. Support en verre: Séjour dans la flamme : 9, Réfultar : verre pris, Un fragment d'argile rouge bolaire a noïci d’abord, s’eft enfüite fritté, puis s'eft converti en un verre gris comme l'argile rouce ci-deflus, Cerre argile-ci m'a cependant paru beaucoup plus obftinée à fe vitrifier. L'expérience a été complette en neuf minutes, XL°. Snbflance éprouvées terre verte , sèche & aride qui fe trouve dans les fours à criflaux des Pyrénées, & qui communément falit & corrode les criflaux de roche. Support en verre, Séjour dans la flamme: $" 10". Réfultat: verre noir opaque, : J'ai pris avec la pointe du fupport une très-petite partie de cette ftéatire verte. Un feu très-foible de dix fecondes au plus l’a décolorée & noircie. Les grains pulvérulens n’avoient point d’adhérence : quelques-uns étoient entièrement noircis, d’autres un peu verdâtres; maïs un nouveau coup de feu de deux minutes les a agglutinés & fondus enfemble ; tous étoient ronds , noirs & luifans ; leur furface étoit très- polie, & je m’apperçus qu'ils devenoient d'autant plus luftrés qu'ils étoient plus long-tems échauffés. Un troilième coup de feu de trois minutes les a fondus en bouillonnant dans le verre de fuppore, ils ne préfentèrent plus que des petites taches verdätres très-Javées. XLI. Subflance éprouvée: terre verte parmi les ferpentines des Pyrénées. Support en verre, Séjour dans la flamme: s!. Réfulear : vérre noir opaque, La terre verte ou ftéatite matrice des afbeftes, qu’on rencontre fréi quemrment dans les Pyrénées, fe comporte au chalumeau comme celle ci-deflus , quoïque fa couleur extérieure ne paroïfle pas aufli foncée, & que fon tiflu foit aufli moins fec & plus compacte, LA 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . XLIT, Subflance éprouvée : pierre ollaire , fléatite d'un noir bleudtre des environs de Mont-Ferrier aux Pyrénées. Support en verre. Séjour dans la flamme : 6’. Réfulrat : verre blanc opaque. La fléatite de Mont-Ferrier d’une couleur noire bleuâtre , onctueufe au toucher , très-peu dure, écrafée entre les doigts, & dont j'ai chargé le fupport , a blanchi d'abord, & bientôt après en moins d’une minute a bouillonné de toutes parts. IL'a fallu fix minutes d’un feu très-vif pour convertir en un verre blanc opaque un fragment de la groffeur d'une tête d'épingle qui enfuite a fondu en bouillonnant, XLIII, Subflance éprouvée: fléatite grife qui Je trouve parmi les feld-fpaths de Baveno. Support en verre. Séjour dans la flamme : 2. Réfulrat : verre noir vpaque. J'ai pris avec le fupport un morceau de cette fléatite légère dont le tiflu eft comme fpongieux. Un léger coup de feu l'a fritté , & la couleur grife eft devenue noire : c’étoit une fcorie qu'un plus grand feu a convertie en un verre noir qui s'eft étendu fur le fupport. XLIV®. Subflance éprouvée : tripoli des boutiques, Support en verre, Séjour dans la flamme : x' 40". Réfultat : verre jaune verdätre. Au premier coup de feu Le tripoli fe change en un verre jaune verdâtre qui s'écend fur le fupport. XLV°. Subflance éprouvée : fpath ‘calcaire criflallifé des environs de Caflelnaudary ; en poudre. Support en verre, Séjour dans la flamme: 7. Réfulrat: verre grisärre. Le fpath calcaire criftallifé des environs de Caftelnaudary , dont les montagnes calcaires de première formation contiennent prefque toutes les variétés dans une argile rouge jaunâtre marneufe , réduit en poudre , préfenté à la pointe du fupport qui un peu humecté s'en eft chargé, a brillé d’un éclat phofphorique au premier coup de feu. Cette poudre qui étoit très-blanche s’eft ternie, & s’eft enfuite changée fans s’émailler en un verre grisâtre qui à un plus grand feu s’eft étendu dans le fupport, a bouillonné & coulé fous la figure de petits ruiffeaux’ pénétrés d’une infinité de petites bulles imperceptibles à l'œil. La gangue de ce fpath calcaire criflallifé , réduite aufli en poudre, en moins de trois minutes eft devenue d’un jaune fombre , elle s'eft bientôt frictée, a donné un verre jaune foncé très-fale tirant au verdätre, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 XLVIC. Subflance éprouvée: le même fpath en fragment. Support en verre. Séjour dans la flamme: 25", Réfulrat ; verre grisätre, Un fragment du même fpath calcaire n’a pu donner les mêmes réfultats qu’en vingt-cinq minutes, XLVII. Subflance éprouvée: pierre-porc de Saint-Beat,aux Pyrénées: 29 ñ u De e w » Support en verre. Séjour dans la flamme: 6", Réfultat : idem, gri- sâtre tirant un peu au verd jaunätre. La pierre-porc de Saint-Beat dont le fupport a été couvert de Îa poudre impalpable m'a offert à la manière des ca/ce une lumière phof- phorique au premier feu qui bientôt après s’elt ternie; ce qui arrive toujours lorfque la chaleur les enfonce ou les étend dans le fupport ; caractère particulier au genre calcaire. Un nouveau coup de feu a fondu cette poudre en un verre grisâtre qui du refte s’eft comporté comme ci-deflus. XLVIII®. Subflance éprouvée: [path calcaire qui fert de matrice à l'amianthe de Dreclis, aux Pyrénées ; fragment pulvérulent. Support en verre. Séjour dans La flamme 8 à 9!, Réfultur: verre jaunârre tirant au verd, & un peu tranfparent, , Ce fpath calcaire rhomboïdal dont un fragment écrafé a été mis fur la pointe du fupport, a donné comme à l'ordinaire une lumière phof- phorique tant qu'il n’a point été enfoncé dans le verre; le premier coup de feu a d’abord terni l'éclat de ce fpath en lui enlevant fon eau de criftallifation , il eft devenu d’un blanc mat; j'ai vu au fecond coup de flamme un petit nuage noir en forme de filet étendu fur le globule; cette chaux martiale ainfi désagée ne m'a point paru en altérer davan- tage l’état du fpath que j'ai dit avoir été légèrement écrafé. Les plus petites parties fe fonc bientôt fondues en un verre jaunâtre fale tirant für le verre un peu tranfparent , ainfi que l’a trouvé M. d’Arcet, Second Mémoire fur l'aë&ion d'un feu égal, &c. page 24. N a fallu un nouveau coup de flamme de fx minutes de durée pour completter la fufon du refte de cette petite mafle. XLIX®, Subflance éprouvée : [path calcaire tenant méphite de manga- nèle, des Pyrénées ; fragmens. Support en verre. Séjour dans la flamme : 16. Réfultat: verre d’un gris fale. Un fragment de la groffeur de la tête d’une petite épingle de ce fpath calcairé a d'abord noirci au premier coup de feu. Il eft refté fous cet état pendant fix minutes : il s’eft émané de fon foyer quelques filets d'une chaux noire de fumée. Ce n’eft qu'après un feu des plus violens de dix minutes de durée qu'il a bouillonné, & s'eft dégagé de fa chaux roufsâtre ë ) 4: y 128 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de manganèfe; il n’eft plus refté à la place du fragment qu'une tache grife, dernier produit d'un verre grisätre , que la chaleur a bientôt diffipée. \ L°. Subflance éprouvée: le méme fpath en poudre ; chaux norres Support en verre, Séjour dans la flamme: 5", Réfultat: verre idem. La poudre de ce même fpath calcaire expofée fur la pointe du fupport a d'abord noirci , comme ci-deflus, puis s’elt dégagée de fon acide fous la forme d'une fumée noire roufsâtre qui a filé fous le globule, & au bout de cinq minutes il n’eft refté à la place des petites parties pulyéru- lentes que des taches grifes qu'un.plus long feu a fait difparoître. LI. Subflance éprouvée: agaric minéral ; fragment. Support en verre: Séjour dans la flamme : 15'. Réfultat: verre d'un pris fale ver= dätre, tirant fur la couleur jaune, Un fragment de la groffeur d’une tête de petite épingle expofé à la flamme du chalumeau a paru environ pendant douze fecondes très- lumineux , il commença alors à être tourmenté par le fupport & à s'y enfoncer ; la partie faillante avoit acquis plus de blancheur qu’elle n'en avoit ; fes bords qui s'étoient amincis & enfoncés un peu dans le verre paroifloient d’un gris fale, Le feu pouilé davantage , il s’eft échappé des bords beaucoup de petites bulles ; ils étoient vitrifiés totalement en une fufñon verdâtre claire, Il a fallu un feu continué pendant un quart-d’heure pour completter la vitrification du tout. J'ai toujours remarqué qu'un plus long feu qui dans les autres fubftances immifçoit dans le fupport la partie vitrifée fous la forme de petites bulles d’air qu'opéroit le bouil- lonnement, ns produifoit dans la vitrification des calces , pour dernier réfidu de cette fubftance, qu'une fufion grenue verdâtre ayant toute l'apparence d'une terre infiniment difléminée. : LIF, Subflance éprouvée: pierre à chaux blanche, fonore & d’une pére _erès-fine, des environs de Cafleïnaudary. Support en verre. Séjour dans la flamme : 15°. Refultat: verre gris d’une tranfparence un peu verdätre. Un fragment de cette pierre dont la qualité eft reconnue pour une des meilleures de celles qu’on met en ufage dans la Province de Langue- doc , mis fur le fupport, a donné d’abord une lumière phofphorique, & s'eft peu de tems après enfoncée dans le verre. Un coup de feu plus aétif a fait fortir de tous les bords nombre de petits filets qui ont ceint intérieurement le olobule. La furface du fragment étoit émaillée er une couleur grife fale , qu’un nouveau coup de feu a changée en une couleur plus diaphane. L'intérieur du globule eft refté coupé par plufieurs petits lets qui bien loin de difparoïtre par la chaleur qu'ils éprouvoient ont acquis = dl or dieu uns ES ee à ‘ SUR L'HIST. NATURELLE -ET LES ARTS, 129 acquis au contraire de l'opacité, & ont concouru à ternir la tranfparence du fupport. LIII-. Subflance éprouvée: chaux noircie par un peu de bitume, Support en verre. Séjour dans la flamme : 3". Réfulrat : verre gris Jale. La pierre à chaux noircie par un peu de bitume, écrafée & réduite en poudre, blanchit d’abord; puis elle fe change en bouiilonnant en un verre gris fale. Il a fallu fix minutes pour faire bouillonner & vitrifier un très-petit fragment de la même pierre. LIVES, Subflance éprouvée : félénite flriée des environs de Caflelnaudary. Support en verre. Séjour dans la flamme : 3. Réfulrat : verre blane. Un fragment de gyps ou félénite de la longueur de trois lignes, lamelleux & aflez mince , au premier coup de feu a fondu fans bouillonner en un émail blanc comme neige, qui pouflé de nouveau à la amme a bouillonné dans le verre, s’eft immifcé dans l’intérieur du fupport en fe dégageant des parties hétérogènes, & qui paroïfloient fous une teinte jaunâtre , enfuite noire, & qui cherchoient en fe réuniflant à fe réduire, Cette expérience a exigé quinze minutes de tems. : LV°. Subflarce éprouvée : os de mouton calcinés & enfuite lavés à l'eau bouillante, Support en verre. Séjour dans la flamme: 4. Réfultat : verre blanc tranfparent au grand jour. J'ai pris à l'extrémité de mon fupport un petit fragment des os de mouton calcinés & lavés à l'eau bouillante. Le premier coup de feu m'a montré pendant très-long-tems une lumière phofphorique ; le fragment eft devenu d’abord d’un blanc mat, & bientôt après j'ai vu diftinctement le tiflu offeux s’arrondir & s’émaiïller en un verre très- blanc, luifant & tranfparent au grand jour; il y avoit beaucoup de bulles dans le point de contact avec le fupport. Un plus grand feu continué pendant fx minutes n’a prefque rien changé à l’érat des chofes. L'émail blanc qui m’a paru dans quelques parties femé de petite points blancs plus tranfparens que le corps de la mafle, s’eft étendu & immifcé dans le - fupport en bouillonnant, & en rempliffant l’intérieur de quantité de * bulles d'air conglomérées. LVIe. Subflance éprouvée: coquilles d'œuf calcinées & lavées à l'eau bouillünte, Support en verre. Séjour dans la flamme: 8. Réfulear: verre jaunûtre & verdâtre. Les coquilles d'œuf calcinées & lavées à l’eau bouillante , réduites en poudre & expofées fur le fupport, m'ont donné le même réfulrat que la Tome XXXI, Part, 11, 1787. AOÛT. 139 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; chaux native, l’agaric minéral, N°. LI ci-deflus; le produit eft un verre jaunâtre : la vitrification a été complette en huit minutes. LVII, Subflance éprouvée : afbefle pur des Pyrénées. Support en verre, Séjour dans la flamme: $', Réfultat: verre compaëte verdâtre. L'afbefte pur des Pyrénées mis en poudre de manière cependant à faire diftinguer fes fibres expofées fur la tête du fupport qui en éroit couvert, après un léger coup de feu d'une minute avoit déjà quitté fa couleur verdatre qui lui eft propre, pour prendre une couleur terreufe très-jaunâtre. Ce premier feu avoit déjà opéré la fufion de Pextrémité de quelques filets très-déliés qui paroïffoient à la loupe fous un petit globule verdatre. Un fecond coup de feu de trois minutes a vitrifié le tout en un verre verdatre qui s’eft étendu fur le fupport, Ce verre compade a bientôt après coulé de toutes parts dans l'intérieur fous la forme de petits fils pleins de bulles qui éroient rangés à la fuite les uns des autres comme des grains de chapeler. Cette expérience préfente un joli petit phénomène. L VIII, Subflance éprouvée: amianthe en filets parmi Le fpath calcaire, i-deffus, N°. 48. Support en verre. Séjour dans la flamme: 1. Réfultat : verre opaque noir. Le premier coup de feu & le plus léger fufit pour arrondir, émailler ; & vitrifier en un verre noir luifant très-compacte l'arnianthe en filets. LIX°. Subflance éprouvée : fer forgé ; clou. Support en verre. Séjour dans la flamme : 48", Réfuleat : verre opaque de couleur verd bouteille, Un aflez petit fragment tiré d’un clou ordinaire, & expofé fur la tête du fupport a bouillonné au premier coup de feu dans le point de conta@; il a fallu un coup de feu de fix minutes de durée pour le fcorifier : trois minutes après il s'eft fondu en bouillonnant, & s’eft calocté fur le fupport en un émail noïr donc les bords étoient d’un verd foncé; un nouveau coup de feu de trois minutes a étendu davantage ce verre; les bords fe font fondus gradativement en paflant du verd bouteille au verd très-clair. IL a fallu un efpace de tems de dix-huit minutes pour achever la fufñon du tout. LX°. Subflance éprouvée : limaille du fer forgé. Support en verre. Séjour dans la flamme : 8', Réfulrat : verre opaque couleur noire verd bouteille, ’ Éd La limaille du fer forgé tirée du clou qui a fervi à l'expérience précé- dente, & dont j'ai chargé entièrement la cête du fupport, a noirci au premier coup de feu, a bouillonné & s’eft changée en fcorie. Bientôt après cette limaille s’eft calottée fur Le verre en s’émaillant ; j'ai apperçu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES! ARTS. 13 plufieurs petits grains de fer três-caraétérifés ; mais un nouveau coup de feu , en faifant bouillonner le tout, l’a fait couler en un verre verd bou- teille, qu'un autre coup de flamme immifcée a fait pénétrer dans l'intérieur du verre, quil crible de petits trous par où cette fufon s’introduit en coulant. LXI. Subflance éprouvée : plombagine, fubflance des crayons ; en fragmens pulvérulens. Support en verre. Séjour dans la flamme : 15". Réfultat : émail noir peu luifanr. Des fragméens pulvérulens de la plombagine en crayons expofés à la flamme noirciflent au premier coup de feu; chacun des petits grains paroît arrondi & peu luifant: on les prendroit pour autant de petits boutons métalliques. Ils reftent fous cet état pendant fix minutes fans paroître éprouver beaucoup d’altérations. Un plus grand feu a fait fuc- ceflivement entrer en fufon tous ces petits grains ; le volume diminue ainf très-fenfiblement. Le tout a difparu en quinze minutes en ne laiflant dans le fupport que quelques petites bulles , & fur la furface plufeurs petits filets & nuages noirs qui étoient continuellement le produit de chacun des petits grains lors de leur fufon. LXIT. Subflance éprouvée: charbon de bois de chêne ; fragment. Support en verre. Séjour dans la flamme : 20 à 22°, Réfulrar: verre blanc demi-diaphane. IL eft très-dificile de fixer fur le fupport un fragment de charbon de bois : il pétille, décrépite , ou fe convertit en cendres que le fouffle emporte. Je ne fuis parvenu à lafleoir fur le verre qu'en l'enfermant auparavant entre deux recoupes qu'un coup de feu a d'abord réunis ; enfuite lorfque le verre eft en pleine fufion & que mon fragment a perdu fon phlogiftique , j'en détache un des deux , & je le trouve ainfi fixe [ur le fupport que je lui deflinois. Pendant tout le tems que mon petit charbon a fait faillie fur le verre, je lui ai vu répandre & jeter une très- vive lumière qui paroifloit d’une blancheur éclatante. Examiné fous cet état , il étoit d'un gris fale, & paroifloit avoir déjà fubi un commence- ment de vitrification : fon tiflu étoit folide; ce n'étoit plus un corps frêle & prêt à tomber en pouflière ; c'étoit une petite malle compacte qui confervoit encore fes fibres ligneufes fur un fond blanc fale. Un feu plus long-tems continué pendant trois minutes m’a toujours montré la même lumière éclatante , le fragment me parut d’un gris moins fale ; je vis les bords fenfiblement arrondis & émaillés d’un blanc opaque. Un nouveau coup de feu en faifant couler mon fupport entraîna mon petit fragment dans fa fufon , le renverfa, l’enfonça enfuite, & en retardaainfi la vitrification. Une des extrémités cependant faifoit encore une très- légère faillie. Ce qui fe paffa fous mes yeux me dédommagea en quelque Tome XXXI, Part. 11, 1787. AOUT. R 2 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; forte de ce que j'aurois pu voir en grand, fi mon fragment ne fe fût pas couché fur le füupport. J'ai vu ces parties fe divifer, fe pyramider , s’arrondir : le verre étoit comme ci-deflus d’un blanc un peu opaque qui devint enfuîte plus clair, qui bientôt après bouillonnèrent légèrement en fufant dans le verre fous la forme de petites taches infiniment difléminées qu'un plus grand feu convertit en une crafle terreufe. Cette expériencea duré de vingt à vidgt-deux minutes, LXIIT. Subflance éprouvée : platine en grenailles, que je tiens de Dom Lamé, favanr Naturalifle du Couvent de Sorèze , qui lui avoir été donnée par M. de Mufquis , Miniflre d'Efpagne. Support en verre, Séjour dans la flamme: 26. Réfuleat : boutons argentins. J'ai choifi & féparé à l'aide du barreau aimanté les grenailles de platine fur lefquelles il n’avoit aucune action, Convaincu par le grand nombre d'expériences que j'ai fous les yeux , que généralement parlant, c'eft moins la furface & le volume des fubftances réfractaires que leur épaifleur qui s'oppofe à leur fufion dans les épreuves qu’on veut en faire au chalumeau à bouche, j'ai pris plufieurs de ces petits grains, je les ai amincis fous le tas d’acier, & j'ai expofe fur le fupport à la grofleur au plus d'une pointe d’épingle celles qui fur-tout me parurent à la loupe avoir les bords découpés : leur couleur étoit celle de l'or terne. Un premier coup de feu fes a légèrement enfoncées dans le fupport. Elles fonc reftées fous cet état pendant fix minutes. Examinées alors j'ai vu qu'elles étoient devenues d’un noir très-foncé. Une chaux martiale fous la figure de petits nuages noirâtres en forme de toile d'araignée s’étoit émanée de cette fubftance, & avoit été rejetée par la flamme fur la circonférences Un nouveau coup de feu de dix minutes de durée, a éclairci infenfible- ment la couleur noire que ces grenailles avoient prife, Les bords furent Les premiers : ils blanchirent & acquirent une couleur argentine; ils éroient à leur extrémité bourrelés & arrondis, mais le milieu de chacune étoit toujours noir. Un autre coup de feu de dix autres minutes & de la plus grande violence poffible a enfin fait céder à la flamme cette fubftance, Le foyer qui n’étoit point enfoncé dans le verre étoit encore un peu piqué de quelques petirs points noirs , mais on appercevoit d’une manière pullement équivoque d’autres points ronds comme groupés, & d’autres étoient oblongs. Les bords de toutes ces grenailles étoient déchirés ; leur couleur, comme celle des boutons, étoit celle de l'argent. J'ai diftinctes ment apperçu que tout ce qui faifoit faillie fur le fupport étoit bour- foufflé & toujours de la même couleur. Enfin , un dernier coup de feu de fix minutes parvint à effacer entièrement la teinte noirâtre qui falifloit encore le milieu de quelques-unes de ces grenailles que le volume xendoit d’une bien plus difficile fufion que les plus petites. Toutes portoient dans leur {ein plulieurs petits boutons ronds, & La couleur PR ES SO SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 133 générale éroit celle d’un mica argentin. J'ai obfervé cependant fur plufieurs petites parties qui depuis long-tems étoient fondues, que cette couleur diminuoit d'éclat à mefure que le feu écoic plus long-tems continué, au point que quelques-unes ne reflembloient plus qu’à quelques petits fragmens de quartz d’un blanc très-mat ; d'autres écoient difparues , il n’y avoit à leur place qu’une chaux jaunâtre que Le feu faifoit tourner de nouveau au verd clair de veflie qui décrivoit un cercle autour. Ainfi cette chaux mattiale dépagée fous la forme d'une toile noire pañloit fucceflivement au roux, au jaune, & au verd clair de veflie, Il n'eft guère poffible de faire cette expérience fur de plus petits volumes que je viens de le faire ; le tems que cette fubftance réfractaire exige pour fa fufon vient de ce que les grenailles ont trop d’épaifleur & qu'on ne eut les avoir en éclat comme les quartz, & de ce qu’elles s’enfoncens dans le fupport , même fous les parties les plus minces, MÉMOIRE Lu à l’Académie des Sciences, Sur la formation & la diflin&ion des Bafaltes en boules de différens endroits de l'Auvergne ; Par M. DELARBRE , Médecin. Ux grand nombre de bafaltes en boules font le réfulcat de la forme qu'’affectent lors de leur décompolition diverfes fortes de bafalte, foit prifmatique , foit en mafle irrégulière. Cerre découverte une fois prouvée, j’annonce des caradtères diftin@ifs entre ces mêmes bafaltes en boules & ceux de forme approchante, qu'on fait devoir leur-origine aux explofions des volcaus qui les rejettent dans cet étac des cratères. Ces deux différentes fortes de bafaltes en boules font fujettes, comme toures les roches volcaniques & autres, à fe réduire en galets lorfqu’elles font charriées par les eaux. Je fuis leur diflinétion même dans cer état d’altération, & je rapporte à deux fortes toutes les variétés que j'ai vu jufqu’à ce moment des bafaltes en boules, J'ai défigné à la fin de ce Mémoire dans un petit précis qui peut fervir de Table indicative au moyen de Pordre des numéros , la fuite des minéraux que j'ai préfentés à l'Académie. 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Des Bafaltes en boules par décompofition des prifines , & des maffes irrégulières de Bafalte. Au Mont-d'Or dans le vallon où couleleruiffeau venant du Puy-Barbier & du lac Guery, près du pont de bois en allant des bains à Clermont par le chemin ancien qui pañle à la Croix-Morand , fur le côté droit du vallon , fe trouve une malle confidérable de bafaltes prifmatiques, à cinq, fix, fept, & huit pans, d’environ dix pouces , un pied & plus de diamètre. Ces prifmes fonc empilés horifontalement ; & fe préfentent par leurs bouts; vus de face parallélement au vallon , ils repréfentent une muraille d'environ vingt pieds de large fur trente à quarante d'élévation, Ce groupe pofe fur des couches de tripoli blanchâtre & bleuätre (voyez le morceau N°, 1). Le ruifleau dont j'ai parlé coule à environ quinze à dix-huit pieds plus bas, il creufe journellement fon lit dans les mêmes couches de tripoli qui fe continuent de l’autre côté du vallon ; on les voit à quelques pas de diftance, en defcendant le ruiffeau vis-à-vis le pont de bois, elles font coupées en talus rapide de la hauteur d’environ quarante pieds, elles fupportent aufli des bafaltes, mais avec cette différence que ceux-ci pofent dans leur fituation naturelle & verticale. Des deux côtés du vallon cette difpofition correfpondante des couches de tripoli & d'une coulée de bafaltes fuperpofés , indique donc leur ancienne communication , à cela près de l’explication qu'il me refte à donner de la pofition des prifmes qu'on fe rappelle que j’ai dit être hori- fontalement empilés en manière de muraille. Leur fituation ne laifle pas d’être énigmatique. Cette maffe au lieu d'être fuperpofée fur les couches de tripoli, femble fortir de leur épaifleur à-peu-près vers la moitié de la coupe en talus du terrein. Il eft vraifemblable que le torrent dont j'ai parlé a anciennement rompu l'épaiffeur de la coulée de bafalte , puis aifément entamé la couche de tripoli qui lui fervoit de bafe , de manière qu'il en fera réfulté le porte-à-faux des maffes bafaltiques perpendiculaires qui fe font verfées fur le côté (1). Elles auront accidentellement gliflées ne à ae (x) L’éboulement de Pardine arrivé depuis peu d’années , ef un exemple récent en Auvergne du renverfement de mafles confidérables de bafaltes. C’eit après de grandes pluies que les habitans de Pardine remarquèrent des fentes qui s’ouvrirent d’abord lentement, fur le bord de la coulée de bafalte qui couvre un fol élevé de ce canton. Qu’on fe repréfente une portion de ces maffes de laves de trente pieds d’élévation , de quinze pieds d’épaiffeur , qui a perdu fon à-plomb de cinq à fix pieds, Le point d’appui de ces bafaltes n’ayant manqué qu’en partie, le terrein qui les contre-butte en quelques endroits, a réfiflé au verfement total des laves fendues dans une grande longueur. On voit qu’elles vaincront un jour cet obftacle; alors comme les mafles qui fe font verfées complettement , elles détermineront par leur impulfon le reculement du terrein qui a peu de cohérence ; il eft compolé de déblais pe - tit di NE fo bent — 2 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 135 dans cette pofition & fe feront encaiflées en raifon de leur preffion confidérable fur le terrein où elles fe font arrêtées à une époque où le xavin étoit moins creufé. Voici des preuves de ce déplacement : on fait que les bafalces prifmatiques font juxta-pofés les uns près des autres , de manière à ne pouvoir admettre entre leurs retraits aucuns matériaux. Les bafaltes horifontaux du vallon Barbier , fônt prefque tous cimentés les uns aux autres par une efpèce de brêche volcanique ferrugineufe , (voyez le morceau N°.2 ) que des éboulemens & lation de l’eau ont vifiblement amenée dans tous Les endroits où les prifmes s’étoient écartés par leur renverfement ; cette obfervation prouve que leur pofition n’eft pas naturelle. Après avoir donné une idée du Jocal , je pafle à l'objet principal de ce Mémoire, à mes confidérations fur la décompolition de ces mêmes prifmes bafaltiques , elle s'opère par le concours de humidité, & de manière à ce qu'il en réfulte des boules. MM, le Marquis de Laizer , Beffon & moï , nous fommes trouvés au Mont-d'Or, prefqu’au moment où cette muraille de bafaltes que je con- noiflois depuis quelques années dans l'état que j'ai décrit ci-deflis,s'efe féparée dans la plus grande partie de fa hauteur & de fa largeur, comme pour nous procurer le plaifir de faire une obfervation neuve. La plupart de ces bafaltes dont le paflage à l’état argileux étoit très-avancé, fe fonc défunis & fracaflés dans leur feconde châûte. La décompoftion de ces prifmes a commencé principalement par les angles, qui fe font altérés dans leur épaifleur ; ils ont éclaté prefque / toujours en morceaux concaves du côté de leur furface interne ; de manière que tous les angles des bafaltes venant à fe ruiner ainfi comme par couches ; on voit qu'il a dû en réfulter des ovoïdes ou des fphéroïdes plus ou moins réguliers. Sur quelques-uns de ces bafaltes ainfi fracturés & exfoliés , il eft refté des éminences qui laiflent des traces de l’ancienne difpofition des furfaces du prifme, Ces éminences ont trois, quatre pouces d’élévation fur un diamètre indéterminé, elles figurent la plupart de petits prifmes partiels irréguliers (voyez le morceau N°. 3). Au premier cous-d’æil on les jugeroit décompolfés en totalité, mais en les caflant on retrouve dans leur inrérieur & fur quelques-unes de eurs faces le bafalte volcaniques qui ont été dépofés par l’eau fur des couches marneufes dont on voit !es tranches dans le bas du côteau. Les infiltrations des eaux pluviales qui s'arrêtent fur de pareilles ba(es argileufes qu’elles délayenten partie, occafonnent fonvent en Auvergne le gliffement des terreins. Quelques-uns des déchiremens du côteau de Pardine , fe fonc confervés debout en gHffant avec d’autres débris ; de-là les inégales hauteurs de ces ruines qui d’un point de vue convenable, préfentent Ja perfpe&tive en relief des deffins fortuits que les amateurs recherchent dans certaines coupes du marbre de Florence, 136. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, encore.intact. C’eft de cette difpolition que réfulre la fabrication de plufeurs petites boules autour d’une ou plufieurs grofles qui occupent ordinairement le centre des prifmes. La réunion de plufeurs petits prifmes en un, étant un accident affez rare ,je ne faurois en déduire l'explication de la multiplicité des boules que je fuppoferois être le réfultat de la décompolition d’un pareil nombre de prifmes. Les bafaltes , foit prifmatiques, foit en mafles irrégulières , me paroiflent pour la plupart fondus d’une feule pièce; le retrait en a déjà déterminé la forme ; très-fouvent on ne peut y reconnoître aucune félure, à coup de mafle on ne peut obtenir que des éclats irréguliers. Sans doute les bafaltes reftent des fiècles fans altération en raifon de leur folidité, mais il arrive une époque où ils éclatent, fe gercent à la manière des pyrices lorfqu'elles viennent à attirer l'humidité. IL devient facile d'expliquer d’après ces raifonnemens la formation des boules, leur diftribution , leur nombre, leur figure accidentelle, comme les fractures régulières où irrégulières des prifmes de bafaltes en -décom- poñtion (voyez le morceau N°.4). Toures les pièces reftenc enclavées les unes avec les autres, quoiqu'elles foient devenues les matrices d'un nombre pareil ou multiplié de boules; elles repréfentent encore long-rems le prifme folide, jufqu’à ce qu'on les eflaie à coup de mafle, ou que leur éboulement ait lieu comme au Mont-d'Or. J'ai inutilement tenté de faire enlever du ravin quelques-unes de ces belles mafles de bafaltes en boules, ornées à leur circonférence de ces élévations qui ont appartenu à la furface des prifmes ; à raifon de leur poids, il n’y a pas eu moyen de les faire tranfporter à dos de mulet , feule commodité qu'il y eût alors. Depuis ce tems la grande route a été continuée , elle pafle à quelques pas de ce même vallon; je regrette de n'être pas à portée dans ce moment de choifir parmi ces intéreffans morceaux d’hiftoire-naturelle , ceux qui méritent d'être enlevés à la deftru@tion fpontanée , & confervés au Cabinet du Roi. La décompofition des bafaltes paroiffant avoir lieu de préférence dans les endroits où ils font expofés aux impreflions humides de l'air & des terreins humectés , je penfe qu'on doit en grande partie attribuer cette même. décompofition de certaines qualités de laves à la quantité & principalement à l’état du fer qu’elles contiennent uni aux matières terreufes. Je ne füuis point furpris que l'humidité puifle occafionner la décompofition des bafaltes en opérant à la longue la calcination du fer qui fert de liant aux laves. En paflant en revue les différentes efpèces de laves depuis celles qui font les plus pefantes, les plus colorées par le fer, jufqu'aux laves ponceufes qui font l'extrême oppofé par rapport à leur légèreté, à leur couleur grisâtre, je crois voir toujours en raifon de la proportion du fer , la décompofition de ces produits volcaniques , par SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 137 par l’humidité (tr). Ces produits s'exfolient & fe réduifent en terreau ou en une efpèce de marne plus ou moins ferrugineufe ; ce qui explique la fertilité des côteaux où fe décompofent les laves pefantes noires. L’on voit au contraire les terreins compofés des feuls débris des laves ponceufes qui ne s’alrèrent & ne fe réduifencen terre que bien plus lentement, refter très-long-tems, pour ne pas dire à jamais ftériles, Si les bafaltes articulés fonc les plus fujets à fe décompofer , on com« prend que ce doit être une fuite néceflaire de l’aétion de l'humidité qui s’infinue & féjourne entré les retraits horifontaux de ces mêmes bafaltes. On connoît leur difpolition par aflifes dont les furfaces concaves & con- vexes fe reçoivent ou s’emboîtent réciproquement. Toutes les fois que l'eau peut avoir accès le long de ces bafaltes , il doit arriver que ce fluide pénètre, remplifle Les furfaces creufes des prifmes inférieurs dans la cavité defquels baignent alors les furfaces convexes des prifmes fuperpofés, Les inBltrations d'eau continuant, le trop plein des baflins fupérieurs s’égoutte dans les baflins inférieurs: de cette manière, un grand nombre de bafaltes articulés deviennent non-feulement mouillés fur toute leur face, mais ils font encore comme en macération les uns fur les autres, Ainfi attaqués en détail par l'eau qui agit, foit en mafle, foit dans l'état de vapeur fur Le fer contenu dans les laves, à mefure que la décom- poñtion de ces dernieres s'accroît de proche en proche, il y a lieu de préfumer qu'il s'excite une réaction moindre peut-être par rapport à la AE à ,à la violence des effets ; mais très-comparable à l'effloref- cence des pyrites humectées. Viétorieufe après des fiècles de réfftance de la part des bafaltes, l'eau qui fourde des terreins au-deflous, bouillonne , fume, je crois, de nos jours, des efforts qu'elle vient d'employer à la diffolution du fer. Peut-être la plupart des eaux minérales de l’Auvergne & d’autres pays anciennement volcanifés , doivent-elles leur formation , leur compofition , à la combinaifon qui s'opère lors de l’adtion de l’eau EE] (1) Le fer féparé des laves & plus ou moins calciné phr l’aétion de l’eau, pale le plus fouvent aux différens états des mines de fer hépatiques ochracées; il eft enfuite dépolé fous les formes connues des dendrites , des hématites. On fait que ces derniers accidens fe trouvent à la furface ou dans les porofités ou les fentes de quelques laves qui fe décompofent, Les terreins adjacens deviennent matrices desætites, des brêches, des poudingues que j’ai dit, par exemple, avoir cimenté les bafaltes verfés du vallon Barbier. Les premières couches de tripoli qui les fupportent ont été plus ou moins avant & régulièrement pénétrées de gurh ferrugineux. En divifant ces tripolis par feuillets, on voit qu’ils ont abforbé l’eau qui charrioit de l’ochre martiale , que celle-ci s’eft arrêtée, dépofée par zones concentriques ou irrégulières plus où moins diftantes les unes des autres, Cette difpofition explique les deflins des caillous d'Egypte, de certaines variétés des agathes , des jafpes , des pechfteins , des marbres argilleux, des pierres calcaires , des marnes. &c. &c. Tome XXXI, Part. II, 1787. AOÛT. S 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur les laves très-ferrugineufes (1). Je ne préfente que comme apperçu ces vues nouvelles , je reprends mes obfervations fur la formation des boules par décompofition des bafaltes. (x) Ce travail doit fe faire en grand fans doute pour qu’il puifle en réfulter de tems immémorial , le produit & l’entretien des fources abondantes des eaux minérales du Mont-d’Or; je vais fortifier par le raifonnement ces affertions, Tous les matériaux ; favoir, l’eau & le bafalte que je {oupçonne employés par la nature & le tems à la confection des eaux minérales , abondent vifiblement au-deflus des fameux bains de Céfar, des eaux de la Magdelaine au Mont-d’'Or, & je répugne à croire, vu l’énormité ou le volume de l'incendie qui paroït avoir conftruit en totalité les pics les plus élevés de ce canton de produits volcaniques accumulés jufqu’aux nues, qu’il ait pu échapper à l’embrafement qui a été prefque général, aflez de pyrites de minérai de matériaux inflammables quelconques, pour qu’on puille leur attribuer d’après Ja théorie peut-être trop généralifée la préfence des eaux minérales immédia- tement ou à peu de chofes près fous Les laves dans différens endroits. Enfin, quelques efpèces d’eaux minérales tiennent en diflolution ou charrient des matériaux que je füis conduit À regarder comme empruntés des layes, puifque dans l’analyfe de ces dernières les Chimifles indiquent en grande partie ces mêmes principes, favoir, la terre argileufe , la terre calcaire du fer , de la magnéfie, &c. M. le Commandeur de Dolomieu à qui j’ai eu lhonneur de communiquer cé Mémoire , a bien voulu prêter une attention particulière à ce rapprochement à mes foupçons fur l’origine decertaines eaux minérales : il m’a fait part des obfervations qu’il a faites lui-même : elles ont un rapport aufli dire& qu’effentiel à mor objet, Il ma fait le plaïfr de les extraire d’un Ouvrage qu’il fe propofe de donner incefflam- ment fur les iles ponces. C’eft cet Auteur qui parle maintenant. Il eft à remarquer que Ta lave d'Jfchia de l’irruption de 1301 , renferme encore des matières qui agiflent les unes fur les autres & qui y produifent de la chaleur & un dégagement de vapeurs ; on voit s'élever une fumée blanche & humide de plufeurs endroits d’une furface abfo- lument flérile & aufli âpre & inégale & bourfoufflée, que fi la lave eût coulé depuis deux mois. C’eft principalement le matin lorfue la rofée eft abondante & après les pluies , que cette fumée acide & aqueufe devient plus apparente. Ce phénomène n’eft pas unique: il n’eft pas particulier aux laves d’Ifchia, il exifte dans plufieurs laves de PEthna, dans celles entr’autres des irruprions de r761 & 1762, qui s’entafsèrent fur la prééminence dite l'Efchina d’Ayino. Ce maflif énorme de lave fume prefque toujours. Après les pluies, cette fumée beaucoup plus abondante eft blanchâtre , & elle paroït prête às’enflammer ; on doit l’attribuer à une fermentationintefline , produite peut-être par la réa@ion d’une portion de foufre encore renfermée dans Ja lave für le fer qui y eft abondant & qui la colore. L'eau eft un des agens de la nouvelle combi- naifon, qui fe forme ; elle en augmente l’a@tivité , & par conféquent la chaleur & la fumée qui l’accompagnent. C’eft à ce genre de fermentation qui peut fe produire éga- lement dans Les roches qui n’ont point été mifes en état de layes, maïs qui contiennent les mêmes élémens, que l’on peut attribuer la chaleurintérieure de certaines montagnes qui cependant ne renferment point de feu développé, & qui ne deviendront des volcans que lorfque l'incendie s’éteindra & receyra une nouvelle aëtivité par le concours de quelques nouvelles circonflances ,,& d’une plus grande quantité de foufre. C’eft ainfi. qu'il pourroit encore de nos/jours fe former des volcans dans des montagnes où jamais le feu ne s’efl montré qu’obfeurément, C’eft peut être ce phénomène qui produit Ia. j è . SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS, 139 Dans tous les endroits où j'ai occafon de voir à découvert des laves pefantes noires, &c. fur le chemin neuf de Riom à Volvic, à Marfac & dans une infinité d’autres lieux en Auvergne, j'ai toujours reconnu l'exfoliation commencée dans les laves à de petites taches donc leur fur- face eft recouverte ; ces taches fe multiplient bientôt à l'air, & des mafles mêmes volumineufes de bafalte ainfi tacheté s’exfolienr, fe délittent par couches concentriques, & aflez rapidement pour qu'on puifle s’apper- cevoir des progrès de décompofition d'années à autres, & voir fe former les boules prefque fous fes yeux (1). Il arrive aufli à des mafle de laves prifmatiques ou informes de fe décompofer tellement en détail qu’elles chaleur & les exhalaï(ons des Lagoni dans les marêmes de Sienne, & qui y forme les pyrites qui s’y trouvent. L’Auteur £e propofe de faire connoître plus particulièrement ce phénomène lorfqu’il décrira la Tofcane. (1) M. le Marquis de Laïzer a fait au Puy-de-Ja-Velle, près de Champé , une colletion de bafaltes en boules de cetteefpèce ,très-curieufe relativementaux accidens, à la forme ; à l’altération , au volume des différens échantillons; il vient d’en envoyer une belle fuite à M. Beffon , qui l’a incorporée avec laquantité de matériaux volcaniques qu'il achoifis lui-même en Auvergne. Je me fais bon gré d’avoir contribué pour quelque chofe à cette colle&tion , qui mile à côté d’une plus nombreufe encore faite fur le * Véfüve par le même Naturalifle , préfente ayec l’intéreffante comparailon à faire des produits des anciens volcans éteints , & de ceux qui fonten activité, bien des fujets de difcuffion für une partie de ce qui a été dit jufqu’à préfent au fujet des volcans. Depuis que j'ai communiqué ce Mémoire à M. Beflon, ce Naturalifte voulant bien y ajouter de l'intérêt, m'a fait le plaifir de faire un defin colorié , d’après un croquis qu’il avoit joint à fes obfervations particulières fur le paffage des colonnes ou prifmes de bafaltes du Puy-de-la-Velle'à l'état de boules; obfervations faites en 1785, & remifes à PAdminiftration des mines. Il fe propofe de les donner dans le Journal de Phyfique; il a bien voulu me les confier, avec fon deffin, pour que je puifle en faire part à l'Académie. L Ce phénomène de la décompofition des laves dont il réfulte des boules , n’eft pas | particulier aux laves d'Auvergne. M. Faujas de Saint-Fond vient d’obferver dans les collines volcaniques de GZaftow en Ecoffe , ainfi que dans celles de Da/malli en fice de Pileide Kereire une des Hébrides, des amas immenfes de laves porphitiques en boules ayant; depuis deux pouces jufqu’à un pied de diamètre; ces boules compofées de plufeurs couches concentriques & fans noyau, s'exfolient jufqu'au centre, elles font | comme implantées au milieu d’un vafte courant de lave dela même nature, & elles font fi rapprochées qu’elles font prefqu'adhérentes les unes aux autres. En'allant de Glafcow vers le moulin qui eft à la tête de la petite rivière qui baigne cette ville , on trouve plufeurs colonnades de bafaltes, qui entrent en décompofition, | les angles des prifmes s’y détachent de toute part, & mettent à découvert des boules - dans les prifmes mêmes: quelques-unes de ces boules font folides & d’autres s’exfolient. L'on voit au pied des colonnades des amas de ces boules qui doivent leur origine à une décompoftion particulière de tous ces prifmes. D’après les notes intéreflantes qu’a bien voulu me donner M, Faujas de Saint-Fond, à ef vifble qu’il s’eft propofé du moment qu'il les a prifes en Ecofic de faire quelques changemens à {a théorie des bafaltes en boules. Auffi heureux qu'il eft pofible de l'étre au moment d’entreprendre une difeuflion, je me vois adopté par le favant obfervateur avec lequel il m’eft agréable de me rencontrer. Tome XXXT, Part, 11, 1757. AOUT. S2 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, repréfentent dans l’état de dégradation du morceau N°. $ , une mine de fer oolite dont les grains en partie irréguliers & en partie arrondis feroient mélangés dans les différentes gradations de groffeur des graines de millet. à des noifettes, du fable fin à du gravier. On pourroit fcupçonner cette lave d’avoir été grenue dès l’origine ; mais l’explication que j'ai donnée des décompoftions des laves qui deviennent matrices des grofles, des moyennes & des petites boules, me paroit juftifier la même opération dans fes plus minutieux détails, D’autres laves de la nature la plus compadte , fe trouvent encore fuperficiellement décompofées, Leur furface eft fendillée par des gerçures multipliées qui fe croifent en différens fens, & dont le deflin repréfente pe ou moins exactement & en petit les compartimens ou les retraits des afaltes. Cette difpofition rappelle la fuppofition de la ftructure des gros prifmes de bafalre confidérée comme pouvant être dépendante de la réunion & de l’aggrégation de pluñeurs ou d’un grand nombre de petits prifmes ; mais il n’en eft pas ainfi dans le cas que je préfente : on voit par la caflure du morceau N°. 6, que les retraits fuperficiels dont j’ai parlé ne font que des gerçures d’une ligne de profondeur au plus dans la couche très-mince de terre argileufe réfultée de la décompofition du bafalte. Ces mêmes gercures étant une fois pratiquées fur les différentes faces du morceau de lave, il eft arrivé que l’eau, foit feule, foit con- duétrice des autres agens deftruéteurs du bafalte , a dû s’infiltrer toujours de préférence dans les fentes fuperfcielles. De cette manière le bafalte eft: à la longue devenu comme-gravé par le tems. Si la terre que j'ai dit provenir de la décompofition de la lave , fe trouve enlevée , le bafalte refte alors fillonné, mamellonné, ou repréfente des efpèces d'empreintes. IL eft à remarquer que la nature ne s’aflujettit cependant point invaria- blement aux règles ou aux loix auxquelles nous chercherions en vain à la reftreindre. Elle préfente d'autre part des mafles de laves qui paroiffenc être de même origine, & femblent cependant n'être point fujettes à la même décompofition. J'en ai remarqué beaucoup qui pour être égale- ment expofées à toutes les airernatives de l'humidité , de la fécherefle , parmi d'autres blocs attaqués & rendans à la deftruction, femblent être capables de réfifter à jamais à une femblabie altération. La délitefcence plus prompte de quelques laves dépendroit-elle de leur compofition qui tiendroit de l’état de certains verres à vitres, de ces bouteilles , qu'une mauvaïfe proportion de fondans rend moins capables de réffter aux différentes impreffions de l'air , à l’épreuve des acides, ê&cc, M. de Sauflure dit, volume premier, page 131 de fes Voyages dans les Alpes , que les argiles calcaires peuvent avoir fourni la matière des différentes laves folides ; les différentes proportions des marnes , leurs degrés de fufion, peuvent donc être foupconnés d’avoir plus ou moins confervé la propriété qu’elles avoient la plupart de s’exfolier , de fe déliter- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 141 à l'air : propriété qui doit fe manifefter progreflivement à mefure que le fer calciné & enlevé par l’eau laifle à nud les matières terreufes. La décompofition des laves me paroît encore figurée par la deftruction à l'air de certaines roches de corne, On voir que je me range de l'avis de M. de Sauflure fur la matière première des différentes laves. Ce favant étant venu vificer l'Auvergne avant d’ofer prononcer fur l’abfence des produits volcaniques dans les Alpes, a dû, comme Naturalifte & comme Chimifte, reconnoître dans les cratères comme dans le creufet, le mêlange des roches (1). Hé! comment ne pas fe prévenir en faveur de ce Pro- feffeur dont l'habitude de décrire les pierres, eft comme la facilité qu'avoit acquife Tournefort, & de nos jours Bernardde Juflieu de reconnoître au tac Les plantes, fuffent-elles même dépuifées. Des Bafaltes en Poules rejetés par les volcans. Les bafaltes en boules produits projeétiles des volcans, font des fragmens de différentes roches qui après avoir été arrachés des parois mêmes des creufers volcaniques , retombent, en partie au fond des cratères oùils s’incruftent de plufeurs couches de lave fondue & ordinairement: fcorifiée, dans laquelle ils fe roulent, ou bien ils fondent eux-mêmes en partie en raifon du degré de chaleur qu’ils éprouvent & de leur nature lus ou moins fufible ou réfractaire. Ces fragmens fe trouvent ainfi remaniés à plufieurs reprifes, & de nouvelles explofons les rejettent jufqu'à ce {1) Les obfervations des Naturalifles fe rangent pour ainf, dire d’elles-mêmes d’après les données de M. de Sauflure. M. le Lièvre avec qui j’ai eu lerplaifir de faite des recherches minéralogiques dans plufeurs cantons volcanifés de l'Auvergne, ( à l’époque où cet Elève des mines , auffi modefte qu’inftruit , étoit adjoint à M..Beflon, chargé par l’Adminiftration de vifter la province que je viens de citer) vient de faire aux Pyrénées plufeursapplicationsintéreflantes de cette même théorie furlacompoñition de la plupart des laves. Il a rapporté nombre d'échantillons de roches ou pierres, de corne fchifteufe dans l’intérieur defquelles fe trouvent criftallifés des feld-fpaths , des. fchorls, de manière à repréfenter certaines laves quant à l’afpe&. Ces obfervations de détail l’ont conduit à une découverte, du moins je l’ai jugé telle du moment que ce Naturalifte en me montrant divers fragmens de roches a bien voulu me propofer leur analyfe à faire au coup-d'œil & au ta& ; la comparaïfon étoit faillante à faire, notamment par rapport à une efpèce de pierre ollaire, dont les accidens repréfentent Ja chryfolite engagée dans les laves. M. le Lièvre m’a en même-tems montré des fer- pentines décompofées qui ont pris la forme de boules ; il eft donc vraifemblable.que les ferpentines infuent à la fois fur la compoñition des laves, leurs accidens & leur- décompofition. ; J'avois tranfcrit le manufcrit qu’avoit bien voulu me confier l’Auteur, pour que je- uifle annoncer fes découvertes à l’Académie en attendant qu’elles paruffent dans le: Journal de Phyfique ; mais des circonflances m'ont fait différer la publication de mor Mémoire, & les obfervations de M. le Lièvre ontété inférées du mois de mai pal dans le Journal déjà cité, x42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu’en raifon de la hauteur à laquelle ils font lancés & de la courbe’para- bolique qu'ils décrivent, ils font portés au loin , ou s’entaflent confufé- ment avec les débris qui grofliffent & compofent en partie le revers des cratères d'où ils font fortis (1). C'eft fur la montagne de Gravo-néro, près Clermont ; que j'ai fait une collection de ces matériaux rejetés. Ils ont toutes fortes de formes , le plus fouvent irrégulières, & quelquefois ana- lopues à celles de différens corps. [ls figurent, par exemple, des branches d'arbre noueufes, revètues de leur écorce, des cordes, des cornes d’ani- maux, des larmes bataviques, &c. J’abrège l'énoncé de ces formes accidertellés : ion voir qu’elles fe rapprochent des formes olobuleufes où fphéroïdes plus où moins régulières. Il s’en trouve de routes fortes de groffeur depuis un pouce jufqu'à un pied & plus de diamètre. Tous ces corps font reconnoiffables comme produits rejetés par les volcans : ils ont à leur furface des protubérances , des foufilures , des déchirures , reftes de la lave ordinairement fcorifiée dans laquelle ils ont été roulés & empatés ( voyez les morceaux. Nos, 7 & 8 ), Si le caraétère de fufon plus ou moins effacé pouvoit faire douter de leur origine , il faut alors recourir à l'examen intérieur de ces: boules, Enldes caflant on trouve fouvent au.centre un noyau de pierre reconnoiffablé qui fe trouve un! peualtéré, ou. fondu: en raifon de fa nature plus où moins apyre: ce qui peut fournir des induétions fur la nature des matériaux qui compofent les patois des:volcans & alimentent leurs feux (2). Il eft rare que la juxta- :(#) Féïn’ai pu eflfmer le travail des ähciens volcans éteints de l'Atvergne que par approximation de ce que difent plufieurs obfervateuts qui ont été témoins oculaires des éruptions du Véfuve , de LEthna: Tous s'accordent à dire que le Véluve rejette par intervalles affez rapprochés ; des pierres de différens volumes ; les mêmes obfervateurs expliquent enfuite chacun de différente manière , où fe taifent fur la caufe de ces” explofons intermittentes. I] me fémble naturel de préfumer que les laves fcorifiées { vayez le morceau N°. 8 ) forment -uné efpèce de couvercle de chapiteau au-deflus des laves fluides, que ce même couvercle doit être de tems à autre chaffé avec une violence proportiohnée à fa réfiffanée & à l'effort des émanations élaffiques qu’on fait s'élever dés cratères. Si l’effér des\vapeurs dans/la pompe à feu a déjà de quoi nous furprendre ; que ne doit-on pas’ attendre de l’eMort d'un volume de vapeurs ‘auf confidérable }; par exemple, que celui que M. de Sauflure a vu s'élever au-deflus de l’Ethna fous la forme d’une colonne de fumée blanche dont il a eflimé le diamètre à plus de huit cens toiles. Poyez tome premier, page 14, Voyages dans les Alpes: it 2(2) Le moyen dé faire un grand pas en Hifoïre-Naturelle par rapport à la connoïffance des phénomènes volcaniques , feroit de creufer profondément pour qu’on pût defcendre aü fond du cratère d’un des anciens volcans éteints de l'Auvergne, par exemple ton dévine qu’on’ auroit à vuider au moyen de galeries d'écoulement , d’immenfes réfervoirs d'eau ayant de pouvoir pénétrer fous les voûtes où grondèrent les foudres dont nous favons ou nous voyons de nos'jours dans diverfes contrées de la terre les efforts renverfer, engloutir ou élever des montagnes : ayant , dis-je encore, -_ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 143 pofition tumultueufe de différentes couches de laves autour de ces noyaux (voyez le morceau N°.0) , ait fubi une fufon hbomosène, un refroidiflement lent ; enfin, le caractère le plus décidé de ces boules , produits projectiles des volcans , eft facile à faifir; on reconnoîtra toujours dans leur fraéture des fouflures & des porofités ; quand même on n'y trouveroit pas le noyau dont nous venons de parler. Paflons à la comparaifon de ces produits arrondis des volcans avec les bafaltes en boules formés par la décompofñrion. Ceux - ci lorfqu’ils s'exfolient par couches, portent aufl leur cachet ;les éminences diftribuéés autour des boules indiquent les anciennes furfaces des prifmes auxquels elles ont appartenu, comme dans le vallon du ruiffeau Barbier. On recon- noîtra donc fouvent les bafaltes en boules par décompoñition à leur difpo- fition , depuis le cas où elles ont à leur furface une épaifleur plus ou moins confidérable de couches en grande partie décompofées , & qui s’exfolient, jufqu’à celui où elles font abfolument nues & fans indices d’écailles; ce qui eft affez rare, à moins qu’elles n'aient été roulées dans des ravins ou fur des chemins, &c. Cependant des laves formées en boules par la décompoftion lente dont nous avons parlé, peuvent enfuite être roulées & ufées par les eaux ; il leur refte alors un caractère qui fe foutient long-tems , ce font les petites taches effleuries que j'ai dit être la marque certaine de la décompoftion des bafaltes , foit prifmatiques , foit en mafles informes {voyez le mor- ceau N°, 10). Le moyen décifif, pour peu-que ices indications viennent à manquer, c’eft de caffer ces boules; le grain uniforme des bafaltes roulés , ufés même en galet , (voyez le morceau N°, 11 ) les diftinguera toujours des boules produits projectiles, J’ai fait remarquer que la pâte de ces dernières eft poreufe , qu'elles ont fouvent au centre un noyau. qu'on püt reconnoître & la bäfe for laquelle les feux volcaniques s’appuyent, & la * mature des matériaux qui ont pu les alimenter fi long-tems, J'appelleroïis méprifable objeétion,, le froid calcul de l’homme qui fe récrieroit für l’emploi d’une partie des fonds du Gouvernement pour cette recherche , quelque douteufe qu’elle puifle paroître : des villes encombrées , des milliers d'hommes écrafés fous des ruines ou fuffoqués par des émanations fulfureules ; telle eft l’importance des malheurs à prévenir. Le défaftre d’Herculanum, de Ia Calabre , plus nouvelle- ment encore, avertit les Capitales qu’elles ne font point exceptées. L’immortel Franklin comme génie tutelaire, a pu garantir des feux du ciel les palais des Rois ; que les Souverains convaincuside l’importance du fervice fe mettent donc à. contribution , qu'ils profitent du moment de lui voir furpafler les travaux dHercule , qu’ils le defcendent dans-plufieurs fouilles faites à l’écorce du globe ; que-ce foit, de l'incendie d’une partie de la terre, que ce foit de l’éle&ricité qui la parcourt dans fon diamètre , dont il faille prévenir ou arrêter les progrès , c’eff à Franklin à nous apprendre à maïtrifer, à enchaîner le feu fous nos pas comme fur ños têtes 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Des Bafaltes roulés , ufës en galets. IL devient plus difficile , mais en même-tems prefqu’inutile de recon+ noître & de clafler les galets de laves quelconques, qui comme toutes les roches volcaniques & autres peuvent accidentellement prendre une forme ronde (1) étant remués par les eaux , ce qui fait pourtant exception à la règle qu'elles ont femblé fe prefcrire de tourner les pierres en ovale applati (voyez le morceau N°. 12 & la note ci-deflous ). M. de Sauflure, vol. premier de fes Voyages dans les Alpes, pag. 148, dit que des malles de laves que le Prince de Bifaris a fait jeter dans la mer qui baigne le pied de fes jardins, étoient depuis deux ans expofées à l’aétion des vagues lorfqu'il vit en 1772 qu’elles étoient déjà routes arrondies comme fi on les eût taillées au cifeau, Le même Auteur dit encore, page 147 du même volume , que le Naturalifte qui voyage fur les hautes montagnes où les rivières prennent leur fource, voit les pierres naturelle- ment anguleufes , perdre leurs angles prefque fous fes yeux , s’arrondir & fe changer en caillous roulés. J'ai obfervé le même travail en Auvergne , au Mont-d'Or dans les endroits nommés la Cour, les Enfers, les Angravet, la Cafcade & beaucoup d’autres ravins ou déchiremens , des filets d’eau provenans de la fonte des neiges , du trop plein de quelques petits lacs , ruinent la bafe des maffes bafaltiques le long defquelles elles s’écoulent , fe verfent à pic de cent pieds & plus de hauteur. ! A la Cafcade notamment il fe détache fréquemment des pièces confi- dérables de ces épaifles coulées de laves. Partie de ces mafes à l’inftant de leur choc fur des ruines plus anciennes , les écrafent; elles fe fubdi- ES (x) Je tiens de M. Faujas de Saint-F'ond l’explication fatisfaifante de la différence de forme des raches ufées par l’eau, tantôt en boules, tantôt en galets. Dans les endroits où les vagues de la mer, les ondes des fleuves, des rivières, des torrens , éprouvent contre des rives efcarpées une réfiflance qui les fait jaillir & fe refouler fur elles-mêmes , vi@imes, pour ainf dire, de la fureur des flots , les roches de nature quelconque expof£es à leur choc , font foulevées , retournées , froiflées les unes contre les autres en tous fens. C’eft à ces conditions qu’elles deviennent des boules, tandis que d’autres pierres entraînées plus ou moins rapidement par des courans, qui les font fe rouler ou plifler les unes fur les autres, & long-tems dans un même fens, doivent prendre en raifon de cette autre loi du mouvement qui leur eff Imprimé par le fluide, prefque toujours les formes ovoides méplates des galets. Le même fayant que je viens dé citer a fait avec cette diflintion, page 40 & füiv. de fa Minéralogie des volcans , une defcription & plufieurs applications intéreffantes relati- vement à la manière d'opérer en grand , du balancement des eaux de la mer, farprifes, pour ainf dire, par cetobfervateur, à façonner en Boules quantité de blocs énormes & anguleux de roches dont on a fait un revériffement en pierre sèche à la grande & forte digue de Cette, conftruite fus la direétion de M, de Vauban , dans la partie maritime du Languedoc. vifent ] s SÛR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. “145 “vifent elles-mêmes en gros blocs, les uns reftent en place engagés dans le rerrein qu’ils ont déprimé,, d’autres roulent , fe précipirént; les fapins font courbés, brifés, entraînés, le ravin prend dans fa longueur une nouvelle difpofition de ruines. Le Deflinateur, le curieux qui-gravit jufqu’à leur origine, friflonne à la vue du porte à faux des mafles qui femblent prêtes à s’écrouler fur fa rêre ; mais bientôt le bel effet de la cafcade & de l'arc en-ciel qui la pare ordinairement de fes reflets vivement colorés, font diverfion à l'inquiétude de l'homme; il tient de fes ayeux que ce figne qu'il aime à contempler-là ; précifément placé au-deflus du fpeétacle qui vient de le glacer d’effroi , eft pour lui le fujet de réfléchir que le Créateur ordonne de grands moyens qui doivent faire durer le globe & entretenir fon harmonie, , Le Naturalifte comme le Deflinateur ne regrette donc plus pour fes roches écroulées, leur anciennetpofition , il fe plaît au contraire à voir leur mafle & leurs débris entaflés contraindre les eaux du torrent de fe refouler fur elles-mèmes, de rejaillir en napes , en cafcades , qui dans leurs fuites particulières femblent ne fe multiplier , que pour choifir les moindres roches , les déblayer, & attaquer par plus d’endroits à la fois l'édifice qu’elles fe propofent d’écrouler de nouveau. C’eftde cette ation mécanique des eaux dont les courans font tantôt divifés tantôt réunis, qu'il réfulre de proche en proche, à l’aide de la rapidité de la pente, l'affouillement total des ravins qui deviennent à la longue des côtes efcarpées. Les mêmes accidens amènent de plufieurs ravins du Mont-d’Or une prodigieufe quantité & variété de débris dans la grande vallée des Bains comme au rendez-vous commun d’où ils doivent déferter le pays natal. . Là ces matériaux font repris par le torrent fource de la Dore (plus bas elle prend le nom de Dordogne ). Le travail devenu moins tumultueux eft alors plus détaillé, plus journalier, plus méthodique. Les roches voyagent déformais par ordre de pefanteur fpécifique, les plus pefantes échouent bien des fois encore; mais une crue d’eau les remettant, pour ainf dire, à lot, elles perdront peu-à-peu avec leurs angles leur première forme ; elles arriveront enfin arrondies dans le lit des rivières où les ondes & les galets ne fe précipitant plus , rouleront enfemble déformais & fouvent jufqu'à la mer (1). Je remarque au fujet de [a prompte réduction en galets des roches (x) Les amateurs de Lythologie qui parcourront l'Auvergne doivent examiner de près quantité de matériaux qui fous l’afpeët des quartz , des porphyres, des roches ou pierres de corne, des traps , des jafpes, des petro-filex, peuvent être des débris de produétions volcaniques que les eaux charrient fouvent loin des endroits où il feroit plus aifé de les reconnoître en grandes mafles appartenantes, par exemple, à des coulées de laves. Tome XXXI, Part, II, 1787. AOUT, fr 146 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - charriées par l’eau, que le frottement qui s'exerce entre les pierres pendant leur déplacement dans ce liquide, eft plus .confidérable que celui qui auroic lieu entr'elles , on leur imprimoit à fec dans l'air autant & mênte plus de mouvement. Quoique les pierres perdent dans l’eau une partie de leur pefanteur, ce Flnide ne larfle pas de pefer fur elles en les faifant rouler les unes fur les autres; ce milieu femble annuller le refforc des pierres en même-tems qu'il accroît au moyen de l'intimité du contaë leur frottement qui me paroît tenir plus ou moins de celui qu'on fait avoir lieu entre deux furfaces planes qu'on feroit glifler lune contre l’autre après les avoir mouillées, De petits graviers entraînés par l'eau confufément avec des fragmens de pierres quelconques deviennent fans doute fréquemment interpofés entr’elles, & fuccelivement remplacés ; ils doivent occafionner dans ce cas l'effet du fablé quartzeux humeété , jeté à propos entre le fer & le porphyre : la dureté de ce dernier fe trouve ainfi vaincu par l'induftrie de l’homme qui fait fe tourner, le fcier. 4 N'elt-ce pas citer une preuve encore de la différence des frottemens des corps oblervés féparément dans l'eau & dans l'air , que de remettre fous les yeux des Phyficiens lation vraiment furprenante des cizeaux de bon acier fur un verre à vitre & même une glace, qu'on peut aifément éclater, tailler en rond en opérant dans l’eau , tandis qu'en agiflant dans l'air on brife un verre femblable plutôt que de parvenir à l'éclater à volonté, & Jon ébrèche en outre bien plus vite l'inftrument. Qu’on me pardonne quelques digreflions & des détails peut-être minutieux, en faveur du zèle que j'ai mis à raffembler tout ce que j'ai jugé en rapport avec mes obfervations fur la formation & la diftinétion des bafalres en boules. J'ai cru devoir joindre à ce Mémoire une defcription concife des échantillons dont j'ai déjà parlé , mais que je juge devoir rappeler felon l'ordre de leur numéro, pour les deux commodités de prélenter à peu de chofe près avec la Table indicative des principaux articles traités dans ce Mémoire le tableau raccourci des preuves que je réunirai fous forme de réfumé. N°. x & 1 bis, font deux échantillons des tripolis fur lefquels font les bafalres qui fe décompofent & fe réduifent en boules dans le vallon où coule le ruiffeau Barbier. Le premier de ces tripolis elt blanchätre, & indique bien par la: fhudture de fes couches qu'il a été dépofé par l’eau. Le fecond , N°, x bis, eft bleuâtre; fa couleur eft rehauffée lorfqu’il eft mouillé: il eft taché vers fes bords & un pen vers le centre par l’ocre ferrupineufe que j'ai dir s'être produite lors* de la décompofition des bafalres. N°. 2. Elpèce de brèche volcanique ferrugineufe, qui fe trouve entre #0 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 147 les écarremens des mêmes bafaltes ; cette difpofition eft la preuve de leur déplacement. “ N°.3. Petit prifme partiel, ou plutôt élévation qui raccordoit av 3 it prifme p ; P q cordoit avec plufieurs autres les furfaces des bafaltes prifmatiques qui fe fonc décompofées, ont éclaté par les angles, en forte qu'il'eft refté une ou __ plufieurs boules de figure fphéroïde plus où moins répulière. N°, 4. (du Puy-de-la-Veille). Lave en décompolition: ce morceau eft en petit le modèle des altérations des bafalres devenus matrices de groffes boules dans le vallon Barbier; on voit dans ce mème échantillon comment une boule devient matrice de plufiears. N°, 5. (du Mont-d’Or). Lave en grande partie décompofée ; elle fe divife par petits grains irrégulièrement arrondis. Cette difpofition me paroît confirmer, juftifier, pour ainfi dire, jufques dans les plus petits détails mes obfervations fur la formation des plus groffes, des moyennes & des petites boules. N°. 6. (du Mont-d'Or). Lave compade décompofée fuperficiellement ; la couche mince de terre argilleufe , produit de cette même décompo- fition, a pris de petits retraits dans lefquels on voit que l'humidité a dû s’infiltrer & féjourner davantage, en forte que le bafalte , quoique très-dur , eft devenu comme gravé. Cet échantillon «ft, je crois, le dernier terme de la progreflion poflible à établir entre le plus grand degré de tendance à la décom- pofition de la part des laves, lorfqu’elles fe décompofent, par exemple, comme le N°. 4, d'années à autres, & leur extrême réfiftance d’autre part, lorfque, comme le N°. 6, les laves ne paroiffent s’altérer de fiècle en fiècle que de furface en furface extérieure. N°. 7. (de Gravo-néro près Clermonr). Lave rougeâtre de forme ovoïde; elle eft ornée fur toute fa circonférence des déchirures de la lave fcorifiée dans laquelle on reconnoît qu'elle a été incruftée. En raïifon de la porofité & des accidens interieurs de ces boules, ou plutôt boulets volcaniques, qu'on fait avoir été rejetés des cratères, il devient aifé de les diftinguer d’avec les boules qui peuvent être de même forme, mais que j'ai dit réfulcer de la décompofition de certaines efpèces de laves par l’humidité : altération remarquable notamment fur les bafaltes prifmatiques articulés. J'en ai pris occafion de donner quelques apperçus fur l’origine de cettaines eaux minérales. ( Voyez la note , page 138 ). N°. 8. (de Grayo-néro). Lave fcorifiée qui fe trouve amoncelée par tas ou en couches confidérables compofées de fragmens de différentes groffeurs ; ils font mêlés avec d’autres débris volcaniques dont j'ai cité quelques-unes des variétés de formes, tels font les morceaux fphér iques À ifolés, N°. 7. N°. 9. (du Véfuve). Lave rejetée fous forme fphéroïde ; ce morceau Tome XXXI, Part, II, 1787. AOUT. T2 "SR ‘ 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ‘4 café par la moitié préfenre tous les caraëtères que j'affigne aux laves en boules, produits projectiles des volcans : pour ne pas me répéter , je : renvoie ci-après à ma première clafle ou diftinétion des bafalres en | boules, H LP J'ai caffé un grand nombre de ces projediles des volcans; en Auvergne, il eft très-commun qu’ils aient des accidens dans léur épaifleur. M. Moufier ( Apothicaire à Clermont) a rencontré dans ” quelques-uns , des noyaux dans l’état d’émail laiteux ou de pâte de porcelaine. fi N°. 10. (d’Ardes). Fragment de bafaltes dont la furface à-peu-près arrondie eft parfemée de taches effleuries ; elles font la preuve de la: ” décompoñition plus ou moins füperfcielle des laves pefantes noires, 0 compactes , informes , en tables, en prifmes & en boules. N°. 11. (du Puy-de-la-Veille). Autre boule de bafalte dont les taches font moins vifibles que celles du précédent N°, J'ai éclaté ce morceau fur Pun de ces points pour qu'on puifle voir le gxain ferré du bafalte | réfté intact. Il n’y a point de doute que ce morceau ait appartenu à une plus groffe mafle de bafalte qui s'eft décompofée, & dans l’intérieur de laquelle le fragment a pu repréfenter un noyau : je ferai voir que cette expreflion feroit impropre, & N°. 12. (de la rivière d’Allier ). Galet de lave pefante d’un noïr nuancé de bleu foncé ; je l'ai éclaté pour faire remarquer qu’en raifon de la différence du grain , il refte toujours au défaut des autres indications un caraétère infaillible à l’exception du cas où il s’agiroit de diftinguer fi un galet a été ou non ébauché d’abord par la voie de décompolition , mais cette queftion me femble peu importante à réfoudre; elle ne peut être mife au rang des objections qu'on pourra peut-être me faire per rapport au réfumé que je vais préfenter en renfermant dans deux claffes toutes les fortes & variétés que je connoifle des bafaltes en boules. RÉSUMÉ Je range dans une première clafle les laves en boules ou boulets. roduits projectiles des volcans: ces corps ont été rejetés par les explofions fréquentes qu'on fait avoir lieu dans les cratères ; on les trouve quelque- fois épars ; le plus communément ils font amoncelés par tas confidérables pêle-mêle avec d’autres débris. Là ils font prefque tous incruftés de lave {corifiée dans laquelle il femble qu'ils viennent d’être roulés ; leur diffé- rente forme irrégulière & originelle, eft abfolument confervée. En fradturant ces boules on diftingue toujours dans leur épaifleur ou leur tranche plus ou moins de fouflures ou de pores. On rencontre aflez SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 149 fréquemment dans leur centre un noyau de pierre qui s’eft comporté en raifon de {a nature plus ou moins fufble ou apyre. = Dans la feconde clafle , j'appelle produits fecondaires , d’autres bou!es qui, quoiqu'elles fiourent des noyaux dans l'épaiffeur des bafalres en partie décompofés , ne font cependant que les reftes ou les portions de laves qui ont échappé jufqu’à ce moment à la deftruction fous les prérendues couches concentriques qui les enveloppent en tout ou en partie Celles-ci ne fauroient en impofer à l’obfervateur fcrupuleux : elles ne font autour du faux noyau que les traces des décompofitions , que des efpèces d’efcarres qui fe font faites à différentes époques dans une mafle de lave, de furface en furface, de la circonférence au centre d’une feule, de plufieurs, ou d’une infnité de grofles, de moyennes & de petites boules. Il eft rare que ces boules n'aient à leur furface quelques traces de décompofition, telles que les taches effleuries dont j'ai parlé; ces boules font pefantes, folides , en raifon fur-tout de la forme qu’elles ont acquife. Quand on parvient à les éclater oh reconnoît dans leur caflure le grain du bafalte confervé intaët ; enfin , l’on voit que ces prétendus noyaux ont appartenu à des mafles de laves avec lefquelles ils ont compofé un enfemble homogène, lors de la fufion, puis du refroidiflement de ces mêmes laves, & jufqu'à ce qu'elles aient enfin cédé partie par partie aux imprefions de Pair & des terreins humides. Jai dit que quelques laves fe gercent ou s’exfolient par couches épaifles ou fucceflives d'années en afnées , que d’autres s’ufent à peine de fiècle en fiècle par furfaces fuperfcielles. : Ma collection des matériaux volcanifés de l'Auvergne n’étant pas à beaucoup près aufli complette qu’il eft poflible qu’elle le devienne, je n'ai pu faire pour le moment l'énumération que d’uge partie des fortes ou des variétés de chacune des’deux claffes de bafaltesen boules que j'ai déterminées dans ce réfumé, & auxquelles je crois que tous les bafaltes de ; ] cette nature pourront être rapportés, PASSAGE DE COLONNES OU PRISMES DE BASALTE VOLCANIQUE A L'ÉTAT DE BOULES (1); Par M. Besson. Le Puy-de-la-Veille eft une montagne volcanifée oblongue , courant du nord au midi, entre Clémenfat & Chidrac, à mille roifes environ de (:) Ce Mémoire a été remis à l’Adminifiration des mines en 1785, x jo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; ce dernier endroit, & à plus de deux lieues nord-oueft d’Ifloire , ville en Auvergne, La bafe ou le pied de cette montagne eft un granit par couches, ou fecondaire & fort micacé : une pierre calcaire coquillière pofe fur les granits ; des bancs calcaires mêlés d’argile rougeâtre & verdâtre fur- montent celle-ci ; il règne en général autour de la montagne des tufs argileux mêlés en différentes proportions de matières calcaires qui com- pofent des marnes variées , difpofées par bancs & par couches , depuis un pied jufqu’à dix d’épaiffeur. On trouve dans ces marnes des portions de laves, de fcories , de pierres-ponces & d'argile cuite : des amas de pouzzo- lane & autres matières volcaniques font tantôt infiltrés d'argile, & tantôt par des matières calcaires, qui leur fervent de ciment. Le mélange de toutes ces matières hétérogènes, que je nomme tuf volcanique , forme des efpèces de brèche , de poudingue, & de grès grofliers; dans ce dernier cas l'infil- tration calcaire remplace & reffemble aux grains du quartz par la blancheur & la difpofition des grains de fpath : Les fpaths y fonc criftalifés, quand les interftices ou les cavités ont été affez grandes. Les différens côtés de la montagne ont des mêlanges divers, Au nord de la montagne font des pouzzolanes rouges infiltrées par la matière calcaire ; on voit dans la fracture de leurs mafles chaque grain ou morceau de pouzzolane enveloppé par du fpath calcaire criftallin : cet efpèce de tufeft plus folide & plus compacte au nord-oueft. Au couchant de la montagne le tuf eft gris ou noirâtre ; il y en a de jaunâtres & de verdâtres qui font plus aroileux : on y trouve auffi du bois dans différens états de dureté, quelquefois fe brifant facilement entre les doigts comme certains bois foffiles , mais qui fe durciffent enfuite après l’évaporation de leur humidité ; un efpèce de tuf plus noir eft aflez dur & aflez lié pour être débité & employé comme moëllon & pierre de taille. Au levant de la montagne les tufs contiennent plus de matière calcaire, & on y voit des petites géodes ou des cavités remplies d’un fpath criftallifé en aiguilles & en faifceaux. Ces mêlanges de différentes terres , de matières volcaniques , de bois ; ces couches horizontales & parallèles entr’elles, annoncent le concours & l'effet des eaux dela mer; ils prouvent que cette montagne brüloit au fein des eaux ; qu’elle s’y eft élevée par accumulation , que l’agitation & le mouvement de la mer, qui battoit le pied de la montagne, y mêlangeoit & confondoit les fubftances qu’elle entraînoit après les ageir détachées des côtes & des pentes environnantes, & les dépofoit au nn cette mon- tagne. Ces confidérations peuvent aufli expliquer naturellement les différens mélanges qui fe trouvent dépofés aux différens afpeéts & autour de la montagne ou Puy-de-la-Veille, Dans un tems plus rapproché, la montagne s'étant trouvée plus élevée au-deflus des eaux, n'offre plus dans fa partie fupérieure de ces couches +» SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. gr & de ces dépôts de matières calcaire & argileufe, on n'y voit que des matières volcaniques. On r’infifte pas fur lexiftence de la mer dans ce canton, parce que je l'ai faffifamment établie dans d’autres Mémoires, & que ce n'eft point l’objet principal de celui-ci. Différens courans de laves font defcendus du haut de la montagne de la Veille, elle en offre plufieurs au couchant & ils fuivenc l’inclinaifon de fa pente. Vers le haut on y voit dans différens endroits des groffes colonnes ou prifmes perpendiculaires irréguliers pour le nombre des côtés, d'une hauteur de quinze à vingt pieds, ayant leurs pans fortement pro- noncés ; le diamètre de ces prifmes eft de deux jufqu’à trois pieds. Leur décompofition fe fait d’abord remarquer dans des fentes ou retraits horifontaux, comme on en voit dans certains prifmes naturellement articulés , quoique d’une pâte fort dure : il faut fuivre cette décompofition à mefure qu’on defcend la montagne , elle y eft de plus en plus apparente & marquée; c’eft aufli la marche que je tiendrai dans cetre defcription. On obferve que les angles de ces prifmes s’émouffent , fe détruifent & fe perdent : que les fentes horifontales , qui d'abord n’étoient qu'appa- rentes à la fuperficie fe creufent de plus en plus ; au moyen de ces pertes ou de ces dégradations les prifmes commencent à prendre des formes plus fphéroïdes, plus ovales, ou plus rondes : la même maffe qui avoit deux à trois pieds de large fe fépare en deux, en fubiffant Ja même décom- pofition , & forme deux groffes boules , parce que ce font toujours les parties les plus anguleufes , plus expofées à l’armofphière , qui s’exfolient & fe dérachent de préférence aux autres. Ces deux boules fe partagent enfuite encore par le même mécanifme; l’exfoliation extérieure laiffe quelquefois appercevoir que l’intérieur d'une boule en contient trois & quatre autres , & cela fucceflivement , plus ou moins ; il n’y a rien de conftant ni pour le nombre, ni la groffeur de ces boules; les dernières ne font quelquefois pas plus groffes que des œufs & des noîx. Cette exfoliation , ou cette deftruction s’apperçoit de plus en plus en defcendant la montagne, comme on l’a dit; davantage dans les ravins & les endroits où le bafalte eft plus expofé à l’humidité. Il refte enfin de la plupart de ces boules un noyau de lave dur, très-compaéte , qu’on ne peut rompre qu’à grands coups de marteaux, fi on y parvient : ce noyau eft plus noir que fes enveloppes, qui font grifes , il eft marqué quelquefois de taches blanchätres ou grifes, Sion fait attention à ce qu’on adit fur la compofition de cettemontagne, on ne pourra guère attribuer la décompofition de ces bafaltes qu’à la guantité de parties calcaires & argileufes qui ont dû entrer, pour la plus grande partie, dans la formation de ces laves ; ces deux terres, jointes enfemble , font les ingrédiens qui compofent la marne, qui a la propriété de fe fondre & de fe décompofer à l'air, Quand on manie fur les lieux les débris de ces boules, on les trouve au tac friables, d’une certaine 152 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; douceur ou on&uoñté, ce qu'on ne peut attribuer qu'à l'argile. Le peu d’activité du feu , occafionné peut-être par l'eau, n'aura pu donner une ureté, une cuiflon fufhfante à cette efpèce de pâte mélangée ; peut-être aufli qu'une moindre quantité de fer dans cetçe pâte aura empêché la fufon & la liaifon ordinaire aux laves ; on fait que plus elles font noires, par conféquent chargées de fer, plus elles font dures; c’eft par toutes ces raifons que celles-ci feront attaquables aux impreffions de l’atmofphère, & auxintempéries des faifons qui occafionnent leur décompofition. De plus il ef effentisl d’obferver que la pâte de cette lave eft uniforme, paroît moins compofée que les laves ordinaires du pays; avec une moindre quantité de fer, on n’y voit pas desfchorls, des micas, ni des feld-fpaths : quelques grains, de ce quon nomme cryfolite, fubftance peu connue, s’y voyent très-rarement; ce bafalte eft donc d’une compofition différente des autres, compofition qui a dû influer fur fa décompofition, & modifier fa manièré d’être. Au pied de la montagne, & dans les murailles qui entourent les poflefions, on voit peu ou point de ces boules, mais beaucoup de leurs noyaux ; il y en a de fort gros : ils font bleu-foncé ou noirs, durs & com- padtes, pour ainfi dire inalcérables : les torrens & les eaux qui ont entraîné au loin de ces noyaux ne les ont pas déformés fenfiblement, ils n'en ont reçu qu'uneefpèce de poli provenant du mécanifme du roulis:ce qui indique encore leur dureté & leur confiftance. Les terres des enWirons de la montagne font noires , légères & d'un excellent produit ; C'eft un mêlange de matières volcaniques & de terre végétale qui font les ingrédiens qui doivent former, & forment par-tout les terres du meilleur rapport ; qui de tout rems ont fait célébrer les envi- rons de Naples, la Sicile, & la Limagne d'Auvergne, comme des pays des plus fertiles. Ce dernier pays arrofé par des ruifleaux & des rivières, & particulièrement par l'Allier, qui defcendent de pays volcanifés, ont très-anciennement charrié les détrimens des volcans dans fes plaines, dont le fond & le fol atteftent l'origine, qui font en grande partie compofés de portions de laves roulées qui avec les granits & les quartz provenans de ces derniers , forment la majeure partie des galets dont les champs & les rivières font jonchés. Je n’entreprendrai pas de donner la théorie de la formation de la lave qui a la propriété de pañler à l'état de boules; je me fuis contenté de rapporter ce que j'ai obfervé fur'les lieux. Pour pouvoir dire quelque chofe de raifonnable à ce fujet, je ne dis pas de fatisfaifant ou de vrai, il faudroit avoir le tems de bien méditer les circonftances & les pofitions du local, & avoir des mefures exactes des hauteurs environnantes pour connoître le dépôt des eaux. Comment enfuite pouvoir évaluer les chan- gemens & les dégradations occafionnés par la durée des fiècles qui fe font écoulés depuis que l'Auvergne, ce pays fi élevé , étoit inondé par la mer? Plus SUR L'HIST. NATURELLE ŒT LES ARTS. 153 Plus on a vu, & plus on a examiné la nature même , plus on reconnoît la difficulté de pénétrer fes fecrets, de calculer fes combinaifons, & particulièrement d'évaluer le tems qu'elle a employé à former fes pro- ductions, moins on eft difpofé à expliquer fes opérations ; à plus forte raifon quand il eft queltion ; comme dans le cas préfent , de donner le réfultat de fes grandes révolutions, où l’eau & le feu fe font entre-choqués pour créer & détruire alternativement, & enfuite conjointement. Je ne doute cependant pas, & cela n’elt pas rare, qu'il ne fe trouve des perfonnes qui croiront expliquer tant bien que mal ces phénomènes , fans avoir vu le local & fes circonftances , fans même avoir jamais vu de volcans. ” Je me permettrai de leur faire les queftions fuivantes. On voit & on fuit à l'œil au Puy-de-Veille la décompofition de ces prifmes ; mais d'où proviennent & comment fe font d’abord formés les nyaux intérieurs qui font dans les iboules ? Comment fe font enfuite arrangées tout autour les différentes enveloppes, qui font ordinairement forr minces ? Commenc de plufieurs noyaux déjà enveloppés ; s'en forme:t-il après une boule plus groffe, qui prend & fon tour des enveloppes nouvelles ? De toutes ces boules comment peut-il s’en former un courant,'qui enfuite fe fépare, fe fend } prend la forme de colonnes ou de prifmes anguleux pour nous laifler voir , à la fuite des téms, la décompofition dont on vient de rendre compte. Si on n'adimer pas dés boules, une première formation quelconque de noyaux , & qu'on veuille fuppofer une pâte, un mélange affez fluide pour couler du haut de la montagne vers le bas, d'où lui provient la pro- priété de fe divifer par enveloppes & par couches comme un oignon ? propriété qui n’exifte pas dans les laves & tufs volcaniques ordinaires ; qu'on ne reconnoît que dans les corps qui fe font vifiblement formés par couches & par dépôts, comme dans certains caïllous , dans les agathes mêmes , qui malgré leur dureté fe rompent & s'enlèvent par couches fuivane leur formation ? &c. &c. Il faut fe borner , on ne peut tout dire: on demande, on exige des folutions, des explications, & non des objections. J'ai vu & obfervé des bafaltes en boules & leurs décompofitions dans béaucoup d’endroits de l’Auvergné; c’eft pour y avoir reconnu des diffé- rences & des modifications efentiellés 8° marquées, que je ne hafärde pas üne explication générale, mais fimplémient quelques éonjectures que m'ont fourni le local & iles environs du Püy-de-la-Veille que j'ai eu occafion de ouvoir examiner- davantage; de même la vue & l'examen des:tufs & des boule , dont il eft queftion , ou un deflin!, difent & expliquent plus que es'defcriptions qu'on én peut donner. Les difcuffionsén Hiftoire-Naturelle ne devroient jamais avoir liew que les pièces & les échantillons à la main, ‘on éviteroit béaucoüp de conjéctures &'bién'des paroles'inutiles, ! 1 », 4n j } ii 99 so: fiuor ' 9 Tome XXX1, Pare. II, 1787 AOUT. v 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS Sur un nouveau Feld-fpath , trouvé au Port des François fur la, côte du nord:oueft de l'Amérique , & fon analyfe ; Par M. l'Abbé MONGEz , Chanoine Régulier de Sainte-Genevièves 1 ) "n Pivs on étudie la,nature dans les montagnes & Les roches anciennes, ces riches dépôts de fes, merveilles, & plus elle offre au curieux des variétés dans les différentes fubftances dont elle les a compofés, Il'en eft peu dont la forme change autant que celle du feld-fpath , l'on peut même dire que dans tous les pays où cette pierre,eft abondanre& en criftaux ifolés , on la rencontre fous une forme particulière qui femble la diftinguer de celle d'un autre pays. TS) ue C'eft ainfi qu'en Auvergne M. de Sauflure a trouvé Je feld-fpath en prifme quadrangulaire reétangulaire , coupé obliquement par fes extré- mirés 5 le P. Pini, fur la montagne de Baveno , en prifme exaëdre régu- lier, mais ün peu comprimé, terminé, par deux plans exagones , & les nombreufes variétés de cette forme produites par .fes différentes tronca- tures; M. Beflon fur le. Saint-Gothard, en prifme hexaëdre tellement applati & court qu'il femble avoir entièrement difparu & ;ne préfenter que des fommers dièdres. Je ne ferai que citer la forme du prifme rétraëdre rectangulaire terminé par des fommers térraëdres qui’eft la plus générale dans les feld-fpaths de Bretagne, & celle du prifme dévaëdre, inéquila- téral , terminé par deux fommers hexaëdres à faces très - inégales que M, Pafinge a trouvés fur. la montagne de Tarare & dans les environs de Roanne. : >]. 245 j :C'eft: d’après un: très;grand nombre d'échantillons de ces différens pays. que M. Romé de Lifle a fuivi avec autant d'exaétitude. que. de fagacité les, nombreufes variétés, qui: dérivent.de ces formes: principales. Ce favant Naturalifte eft même remonté jufqu’à celle qu’il regarde commie primitive, un prifme rhomboïdal de 65° & de 115°, terminé par deux plans perpendiculaires à fon axes ! c Parmi les échantillonsrde tous.les débris & de toutes, les roches dont le rivage.du.Port des Françoiseft environné de toutes parts , & dont j'ai fait une colledion auffi complete que l'a permis le peu de tems que nous fommes reftés au mouillage de l’île du Cénotaphe & dont le malheur le plus affreux nous a arrachés ;j'ai rénicontré des criftaux de feld-fpath d'autant plus intéreffans qu’ils font abfolument nouveaux pour la forme, L rt Ra ne “0 SUR L'HIST, NATURELEE ET EES ARTS. 1% la couleur & la hature. Leur forme d'un oétaëdre ré@angulaire à pyra- mides applaties , les variétés qui en dépendent , leur fragilité extrême , en un mot, le peu de rapport que je léür trouvois avec les criftaux pierreux connus m’empêchèrent de foupçonner d’abord qu’ils fuifent des criffaux de feld-fpath, & m’engagèrent à en faire l’analyfe, Cette analy'e, auf complette qu'il eft poflible de la faire fur un vaifleau au milieu des roulis & des tangages perpétuels, a fuffi cependant pour me faire reconnoître un véritable feld-fpath. Deféription. Ces criftaux , qui ont quelquefois jufqu’à cinq lignes de long fur trois de large, mais plus ordinairement équilatéraux , fonc d’une belle couleur jaune citrine, Je ne les ai rencontrés que dans un feul bloc de quartz très- blanc; parfemé de lames de feld-fpath blanc brillant & de quelques aiguilles informes de fchorl d’un verd noïrâtre, Ils font tellement engagés qu'il eft très-difcile de les obtenir ifolés fans les endommager & le plus fouvent les cafler , d'autant plus que le quartz eft très-dur & ces criftaux très-caffans. I paroïc qu'ils étoient tout formés avant d’avoir étéenchatonnés dans la mafle de quartz ; puifque lorfqu'on les détache on voit des deux côtés leur forme exattement imprimée dans le quartz ; ou du moins, que s'ils ne fonc pas de beaucoup antérieurs , ils ont criftallifé dans le tems même que la matière quartzeufe en diflolution pañloit à l’état de prompt defléche- ment. Il en eft fans doute de même de tous les criftaux réguliers que l’on trouve dans les roches mélangées, Une obfervation fingulière, c'eft que ces criftaux jaunes ne font mouiés que dans la matière quartzeufe & jamais dans celle du feld-fpath blanc , guelqu'abondante qu’elle foir. Ce derniér n'y eft qu’en lames ou feuillers’ & non en criftaux réguliers comme dans les granits ordinaires & certains porphyres. Les petits criftaux jaunes de feld-fpath jouiffent d’une demi-tranfpa- rence {ur-tout vers les bords. Leur intérieur paroît feuilleré, ou plutôt éronné dans tous les fens ; de manière que les différens brifemens que la lumière éprouve en les traverfant, donnent à là couleur jaune des tons très- variés d'intenfité, & la font paroïtre plus foncée dans certains endroits que dans d’autres. Ces différentes réflexions & réfractions lui prêtent encore un coup-d'œil micacé & augmentent fon chatoiement. En général ; la furface de tous les plans eft parfaitement life & polie. _Analyfe._. J'ai effayé de frotter plufieurs morceaux les uns contre les autres pour effayers’ils développeroient cette odeur propré au feld-fpath qüe tour Natu- ralifte exercé reconnoît facilenrént ; mais certe fubltance étoit trop fragile, Tome XX XI, Part. II, 1787. AOUT. NW 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & l'expérience ne m’a pas réufli : les morceaux fe froifloient , fe brifoient avant que de s’ufer affez pour donner de l'odeur. On penfe bien qu’il m'a été abfolument impoñfible d’effayer s'ils étoient fcintillans fous le briquer. Ecrafés fur le tas d’acier, ces criftaux jaunes n'ont donné qu’une pouflière d’un gris fale ; à peine diftinguoit-on une léoère nuance jaune. Non-feulement les trois acides minéraux & l'eau régale n’attaquent point cette fubftance à froid , mais bouillans ils ont rrès-peu d’aétion {ur elle. L'acide marin m'a paru avoir agi le plus efficacement; au moins ai-je remarqué que les morceaux, que j'y avois tenus en digeflion pendant près d'une demi-heure, avoient perdu leur poli ; ce qui n'écoit pas arrivé dans les autres acides. Dans tous la couleur étoit reftée la même, & les menftrues. ne s’étoient nullement colorés. La diffolution par l'acide vitriolique a laiffé précipiter par l'alkali fixe des indices d'alun , ce qui annonceroit que ce menftrue auroit auffi un peu agi fur la terre argileufe qui fe trouve toujours dans le feld-fpath (x). L’analyfe par voie sèche ou au feu du chalumeau a été beaucoup plus fatisfaifante & inftruétive. Au premier coup de feu la couleur jaune a été altérée & elle a pañlé au rouge , à-peu-près comme lochre jaune devient rouge au feu ; ce quime feroit croire que c’elt à une chaux de fer que ces criftaux de fteld-fpath doivent leur couleur jaune ; & comme la couleur rouge eft égale par-tout, cela confirme l'explication que j'ai donnée plus haut des différens rons de la couleur jaune, : Ce feld-fparh se décrépite pas au feu: Le P. Pini avoir fait de la décrépirarion an -carsétère;diftin@tif du feld-{path criftallifé , dans fa Dif- fertation fur les feld-fpachs de Baveno , & Vallerius au contraire dit dans fa Minéralogie qu'il ne décrépite point. Je crois ces deux affertions trop générales, & mème aufi je fenrimenc de M. Romé de Lufle dans fa Criflallographie qui penfe que la propriété de décrépiter au feu appartient au feld fparh'criflatife. feulement, & non au feld-fpath en mafle non cr'flallifé. Dans les eflais que j'ai fairs d’un très-grand nombre de criftaux: de f.1d-fpath de différens pays, J'en ai trouvé beaucoup de criftallifés qui ne décrépitdienr point, & je lés cirerois ici, fi j'avois les notes que 1 ai Jaifles à Paris. Quelle que foit lalcaufe de certe décrépiration, que ce foit Peau de criftallifarion , ou l'air interpofé entre les lames ,:ou la préfence d’an acide comme le penfoit le P. Pini, il eft conftanr que ce n’eft pas un caractère abfolu & diflinéif, &.que celui du Port des François , comme beaucoup d’autres, en eft abfolument privé. (x) Cent varties-de.feld-fpath-blanc: contiennent environ foixante fept de terre filiceufe , quatcr e de terre argileufe, onze de terre pefante , & huit de magnéfie: Voy, Minéx, de Kirwan, pag. 127 de la traduction françoile, CT, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 157 Le feld-fparh attaqué par la flamme du chalumeau devient plus léger & volage fur le charbon. Je foudois donc un morceau de ces criftaux fur un petit tube de verre; & dirigeant fur lui le cone bleu de la flamme , je le vis fondre au bout de quelques fecondes, en fe hourfoufflant & formant des bulles qui s’entr’ouvroient & éclacoient à la furface comme des bulles d’eau. J'ai obtenu un verre jaunâtre d’une tranfparence à peu-près fem- blable à celle du criftal. Ce verre étoit piqueté d'une infinité de foufflures & de bulles qui en altéroient encore la tranfparence. On fait que cette fufon par elle-même & fans flux eft un des caraétères diftin@if du feld-fpath ; le verre plus ou moins tranfparent qu'il forme, le diftingue fuffifamment des fchorls, des roches de corne & des pro- duétions volcaniques qui fe fondent d’elles-mêmes an chalumeau , mais donnent un verre opaque. Traités avec l’alkali fxe minéral , ils { diflolvent difficilement, quoi- qu'ils s’y divifenc d’abord avec beaucoup d’effervefcence. Si on les tiene long-tems dans ce Aux & qu’on jette dans l’eau je globule d’alkali fixe, il fe diflout , & l’on voit fe précipiter au fond une portion de ces petits criflaux , mais dont la couleur a totalement difparu, parce que la portion ferrugineufe a été altérée par ce flux. Le borax s'empare de certe fubftance avec vivacité, & la fond entiè- rement affez vite. Le verre produit eft de couleur un peu terne , mais brillant & très-rranfparent. Le fel microcofmique fe comporte de même, à la vérité moins promp- tement, & fon verre tranfparent a une couleur jaune-rougeâtre. Certe analyfe , quoiqu'en petit , a trop de conformité avec l’analyfe en grand que différens Chimiftes ont faite du feld-fpath, & que j'ai répétée vingt fois au chalumeau , pour que l’on méconnoifle cette fubitance dans les criftaux jaunes dont'il eft ici queftion. Sa forme criftalline femble cependanr les en éloigner, ou du moins les différencier de tousles criftaux de feld-fpath connus ou décrits jufqu’à préfent; tant il eft vrai que pour déterminer des fubftances nouvelles, lorfque l’on cherche une certirude & une évidence complerte , il faut avoir recours abfolument aux expériences & à l'analyfe. "Peut-être un Criftallographe ingénieux reconnoîtra-t-il dans la forme des criftaux jaunes de feld fparh du Port des François la forme primitive , le prifme quadrangulaire reétanpulaire coupé obliquement par les côtés. J'ajourerai même ici que très-fouvent en voulant détacher quelques-uns de ces criftaux de leur gangue, les fragmens qui fe brifoient prenoient certe forme, comme les fragmens du fpath calcaire prennent celle d’un thombe plus ou moins bien prononcé, Au relte, voici les différentes variétés que j'ai obfervées dans ces criftaux, N°. 1, Oétatdre rectangulaire à pyramides applaties, compofé de huic 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faces triangulaires. La /£g. 9 montre un dè ces criftaux ifolé & de groffeut naturelle vu en face. La fg. 10 montre ce même criftal vu en deflus pour mieux juger les formes des faces des pyramides. N°. 2. Le même à pyramides applaries, qui , ayant chacune deux faces oppofées plus larges que les deux autres, par cet alongement offrent quatre trapèzes & quatre triangles ifocèles, f4g. 11. À N°, 3. J'ai trouvé ces deux variétés réunies dans une feule, c’eft-à+ de, qu'une des pyramides éroit compofée de quatre faces triangulaires, & l'autre de deux trapèzes & de deux triangles. N°. 4. Le même que le N°. 2, excepté qu’un des fommets d’un triangle eft tronqué, ce qui donne une pyramide pentaëdre compofée de deux faces pentagones oppofées , de deux faces triangulaires , l’une grande & l’autre petite pareillement oppofées , & d’un trapèze au-deffous de la perice face triangulaire , f£g. 12. N°. 5. Le même dont une des pyramides eft rendue hexaëdre par la troncature des fommets des deux triangles ifocèles ; ce qui lui donne alors deux faces hexagones oppofées, deux petites faces triangulaires & deux trapèzes. Dans le N°.r, que je resarde comme la bafe dont tous les autres découlent, j'ai cherché à meurer la valeur des angles que les plans fonc entr'eux, & j'ai trouvé que les triangles étant inclinés de 15° formoient à la bafe des pyramides un angle de 30°, & par conféquent à leur fommet un de 150°. Lorfque le criftal s’allonge dans le fens de la bafe des pyra- mides, deux faces triangulaires oppolées prennent la forme de trapèzes, (fig. 11,12, 13). Mais alors je ne me fuis pas apperçu que l’inclinaifon.. desangles variât. Je laiffe aux favans Criftallographes à décider fi la forme du N°7; l'octeëdre rectangulaire à pyramides applatties , n'eft pas la véritable forme primitive de la criftallifation du feld:fparh, & fi toutes les formes variées des criftaux de cette fubftance décrits jufqu'à préfent n’en dérivent pas néceffairement. A bord de la Bouffole, le 28 Décembre 1787, devant les êles Bashi en Afie. : HER GPA es pe ee ms mme ee _—-— et —— — NOUVELLES LITTÉRAIRES. À N Effay on Phlogifton, &c. C'eff-a-dire, Effai fur le Phlogiflique &. la conflitution des Acides ; par. M. KrtrwAN. À Londres, chez Elmfly, au Strand; & à Paris, chez Barrois, quai des Auouflins, Ce Journal eft plein d'excellens Mémoires de M, Kirwan. Nos Lecteurs | | | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 trouveront le-même plaifir à la lecture de ce nouvel Ouvrage de ce célèbre Chimiite. Nouveaux Mémoires de l Académie de Dijon pour la pariie des Sciences & Arts , Jecond trimefire , 1785. À Dijon, chez Caulle ; à Paris, chez rrois Le jeune, quai des Auguftins, & Croullebois, rue des Mathurins. On fait combien cetre Académie travaille utilement pour les fciences. Ce nouveau volume en eft une preuve. Les Mémoires qu’il renferme font très-intéreflans, | Nouveau régime pour les Haras , ou Expofe des moyens propres à propager 6 améliorer la race des Chevaux , avec la notice de tous Les Ouvrages écrits ou traduits en françois -relatifs à cet objet ; par EsPriT-PAUL DE LA FONT-PouLori : Non quæram quod mihi utile, Jed quod muliis , à Cor. 10. L'objet que je me propofe n’efl pas mon avantage particulier, mais le bien géneral. À Turin, & fe trouve à Paris, chez la veuve Valat-la-Chapelle, Libraire, grand'falle du Palais. L’Auteur de cet Ouvrage eftimable indique des moyens de propager & d'améliorer la race des chevaux dans le Royaume. On lira fois ce rapport avec intérêt fon Ouvrage, & on y verra avec plaifir l'hon- nête-homme qui veut le bien & qui indique le moyen de le faire. Del Eleäricitédes météores , Ouvrage dans lequel on traite de l'Eleétriciré naturelle en général & des météores en particulier , contenant l’expo- fition & l'explication des principaux phénomènes qui ont rapport à& La Méréorologie éleëtrigue , d'après l'obfervation & l'expérience , avec figures ; par M. l'Abbé BERTHOLON, Profeffeur de Phyfique expérimentale des Etats-Généraux de Languedoc, des Académies Royales des Sciences de Montpellier , de Lyon, Bordeaux, Dijon, Béziers, Marfeille, Nifines , Rouen, Touloufe, Valence, Madrid, Rome, Hef[e-Hombourg , Laufanne, Florence , Milan , &c. 2 vol. in-8°. À Paris, chez Croullebois, Libraire, rue des Mathurins , près celle de la Harpe. Le titre de l'Ouvrage indique quel a été le but de fon célèbre Auteur, Le Public connoît la manière de M. l'Abbé Bertholon, & le lit toujours avec intérér. Cette nouvelle production mérite le même accueil qu'ont déjà reçu le sautres, NZ AIN 160 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. —— 1.A LBYÈRE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. _ M; MOIRE o4 l'on examine quelles font les caufes qui ont mérité au Sucre raffiné à Orléans la préférence fur celui des autres Raffineries du Royaume ; par M. PRoZET , Maître en Pharmacie, Intendant du Jardin des Plantes de la Société Royale de Phyfique , d Hifloire- Naturelle & des Arts d'Orléans : lu à la Société de Phyfique d'Orléans dans la féance du 30 Avril 1784, page 81 De l’Acide qui fe trouve dans le Liège ; par M. D.L.BRUGNATELLT, extrait des Annales chimiques de M. CRELL , année 1787, 91 Efai jur quelques phénomenes relatifs à La criflallifation des Jels neutres, lu à l'Académie des Sciences le premier Mars 1786 ; par M. LE BLANC, Chirurgien, Extrait d'une Lettre de M. CHAPTAL, à M. le Baron DE DIÉTRICH, 100 Mémoire relatif à la formation des corps par la fimple aggrégation de la matière organifée ; par M. REYNIER, error Lettre de M. BRUYÈRE, Doëeur en Médecine de la Faculté de Mont- pellier, à M. THOUIN , de l'Académie des Sciences , 109 Suite du Memoire fur quelques Infeëtes de Barbarie ; par M. T Abbé PoirET , 111 Suite de l'Effai fur les avantages qu'on peut tirer du Chalumeau à louche ; par M. Doux, 1:16 Mémoire lu à l'Académie des Sciences , fur La formation & la diflinéion des Bafaltes en boules de différens endroits de l'Auvergne ; par M. DELARBRE , Medecin, 55 Paffage de colonnes ou prifmes de Bafalte volcanique à l'état de boules ; par M. Besson, 149 Objfervations fur un nouveau Feld-fpath trouvé au Port des François, Jur la côte du nord ouefl de l'Amérique, & fon analyfe ; par M. P Abbé MowGrz , Chanoine Régulier de Sainte-Geneviève , 154 Nouvelles Lirréraires , 158 APPROBATION. Ja lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre : Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire-Narurelle & fur les Arts, Ec. par MM. Rozier, MonNGez le jeune & DE 14 MéTerie , &c. La Colle@ion de faits importans qu’il. offre périodiquement à fes Le@teurs, mérite l'attention des Sa- vans ; en conféquence, j’efime qu’on peut en permettre l’impreffion. À Paris, ce 18 Août 1787. VALMONT DE BOMARE. Coust 2787 3 no G us share nee seit qu care ve œute - “- ar ds # ter. Fée th on ae neutre) ut bed sed crie he der mice nee Ar lon ie 4 128 ù SE ärres Re — < ; < ES: eu + à 154 L : = ep EE eme T S- mcgps * : Case : + ; L dd et — Te = : ce ES Er Œoust 1787 ; Î té” ç 0 de À os , ER pisse a cd Re terme ptits EL JE . Le, JOURNAL DE PHYSIQUE. | | | | | SE PTIUKNRER EL 1707 EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LA CONVERSION DES ACIDES SACCHARIN ET TARTAREUX EN ACIDE ACÉTEUX; Par M. HERMSTADT: Traduites de l'Allemand, & tirées des Annales chimiques de M, CRELEL (1). I. En expofant ici mes recherches fur une matière qui a été traitée if y a peu de tems par M. Weftrumb (2), mon intention n’eft point de lui difputer la gloire d'une des plus importantes découvertes de la Chimie, Je pourrois aflurer avec fondement qu’il y a déjà au-delà de dix-huit mois ue je fis les mêmes obfervations fans avoir eu aucune connoiffance de celles de ce Chimifte. Quoi qu’il en foic, l'honneur d’avoir découvert la converfion des acides faccharin & tartareux en vinaigre appartient aétuel- lement tout entier à M. Weftrumb, Qu'il me foit permis au moins de pablier à mon tour mes obfervations, dans l’unique vue de confirmer encore celles de M. Weftrumb. Elles auroient été publiées plurôr, fi elles n’avoient été deftinées à faire partie d'un Mémoire fur la formation de l’éther qui paroîtra dans peu, IT: De même que la plupart des découvertes font dûes au hafard , c’eft auffi au hafard que je fuis redevable de la manière de convertir en vinaigre les acides faccharin & tartareux. Dans d’autres travaux fur les acides végécaux je fus aufli occupé à examiner fi l'acide faccharin, qu’on obtient au moyen de l’acide nitreux par le procédé ordinaire , ne devoit dans aucun cas fon exiftence à ce dernier. Je recherchois encore pourquoi Von obtient tant d'acide faccharin lorfqu'on prépare de l’érher nitreux , tandis qu’il ne s’en manifefte rien dans la préparation de l'éther vitric- (x) Annales chimiques , année 1786, cahiers premier & fecond. (2) Opufcules phyfiques & chimiques , premier cahier. Tome. XXX1, Pare, II, 1787. SEPTEMBRE. X xé2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lique. La décifion exacte de ces queftions devoit me conduire à plufeurs principes importans dans la théorie des éthers. III. Pour décider par l'expérience la première de ces queftions, il falloit m'interdire l'ufage de l'acide nitreux , je choifis l'acide muriatique déphlogiftiqué. Cet acide aériforme ne pafle à l’état de fluide qu’autant qu'il fe combine avec des fubftances phlogiftiquées. Je voulus me fervir de cette propriété, & unir cet acide avec des fubftances phlogiftiquées chargées d'acide faccharin , & cela à deux fins, d'abord pour obtenir de nouveau, fous forme d’acide marin ordinaire , l'acide aériforme qui fe feroit combiné avec le phlogiftique ; en fecond lieu parce que j'efpérois enlever le phlogiftique à la fubflance contenue dans l'acide faccharin, & obtenir cet acide dans toute fa pureté. LV. Je fis à cer effet plufeurs-expériences tant fur le fucre cru que diffous; comme elles furent infruétueufes, je me difpenferai de les décrire. L’efprit-de-vin me parut plus propre à mon but, & l'événement juftifia mon attente. Ayant fait pafler l'acide marin déphlooiftiqué à travers un tube recourbé convenablement , dont le bout plongeoït dans de l’efpric-de-vin , j'ai obligé l'acide à fe combiner avec cette liqueur, à mefure qu'il fe formoit. Les bulles difparurent en même-tems que Pacide, en s’uniffant au phlogiftique de l’efprit-de-vin , redevint en partie de l'acide muriatique ordinaire , & le mélange acquit l'odeur de l'éther nitreux. V. Par ce procédé, j'ai cembiné , à l’aide de la chaleur, tout l'acide muriatique déphlopiftiqué, qui pouvoit fe dégager d’une livre de manga- nèfe & d’une livre & demie d'acide muriatique ordinaire , avec une livre d’efprit-de-vin très-pur & très-déphlegmé : le volume de ce dernier fut augmenté par ce moyen de deux tiers. VI. Cette combinaifon achevée , j'examinai la liqueur & la trouvai furfaturée d'acide, Je verfai le tout dans une cornue & le mis diftiller dans un bain de fable à une chaleur douce. J'obtins d’abord dans le récipient un peu d'éther muriatique qui avoir l'odeur & le goût de gérofle ; il vint enfuite de l’acide muriarique dulcifé ; j’entretins le feu jufqu'à ce qu’il pafsit du phleome acide. VII. Je nv'attendois à trouver pour réfidu dans la cornue de l’acide faccharin ou tartareux, mais ce ne fur ni l’un ni l’autre, ainfi que je m'en affurai par quelques expériences ; ce ne fut pas non plus de l'acide muriatique pur, parce qu’il avoit une odeur & ur goût particulier ; fa couleur étoit d’un brun foncé. Pour bien connoître la nature de ce réfidu, j'en faturai une partie avec de l’alkali végétal : la folution, de couleur brune , avoit un goût femblable à celui d’un mêlange de muriate de potafle & d’acète de porafle. Je fis évaporer le tout à ficcité, le fel que j'obtins attira puifflamment l'humidité de l’atrmofphère. L’ayanc féché derechef, je verfai deflus de l’efprit-de-vin déphlegmé, qui en diflout une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 163 partie. Ayant mêlé un peu d'eau.à la diffolurion , j'en féparai l'efprit- de-vin par la diftillation ; le réfidu me fournit trois gios d'acète de potaffe, VIIL. Pour m'affurer davantage de l'exactitude de mes obfervations, je voulus mettre à nu acide acéteux en le féparant du fel neutre que j'avois obtenu, Pour cer effet, je purifiai encore ce fel au moyen de l'efprit-desvin de la manière que je viens de décrire; j'y ajourai une demi-partie d'acide vitriolique & autant d'eau diftillée; & ayant faic ditiller le mélange dans une cornue, il vint dans le récipient du vinaigre qui foutint routes les épreuves (I). IX. Eclairé par ces obfervations, je vis ouvrir devant moi un nouveau champ qu’il me reftoit à parcourir, Mes expériences me faifoient voir clairement que l'acide acéteux avoit été féparé de l’efprit-de-vin ; mais cet acide exifle-t-il tout formé dans l'efprit-de-vin , ou éprouve-t-il des altérations en s'en dégageant ? Ce font-là des queftions dont la décifion devenoit pour moi de la plus grande importance. X: Pour décider donc fi l'acide obtenu ne devenoir acide acéreux que lors de fon déyagement , j’eus recours aux expériences fuivantes: je pris le réfidu de la préparation de l’acide nitreux dulcifié, réfidu qui évaporé, fournit une mafle très-reffemblante à de la gomme arabique fuivant lPobfervation de M. Wiegleb (2), & qui traité de nouveau avec une partie d'acide nitreux , fournit de l'acide faccharin (3). Sur ce réfidu je verfai goutte à goutte de l’acère calcaire en liqueur aoffi long-tems que je vis fe former un précipité blanc, qui examiné, fe trouva être un véritable tartre calcaire. Ayant lavé ce réfidu à plufieurs reprifes , je le fis fécher & le traitai avec de l'acide vitriolique à la manière ordinaire, J'obtins par ce moyen de très-beaux criftaux d'acide tartareux qui pesèrent fept gros. | ] (1) Lorfque je fuis dans le cas d'employer de l'acide vitriolique à des expériences délicates, je me fers de l’acide vitriolique de Nordhaufen , que je re&tifie moi-même ; cet acide employé à la féparation d’autres acides, me donne toujours des produits fort purs. Tout autre acide vitriolique , obtenu du foufre, contient toujours de l’acide muriatique en abondance , qu’on ne fauroit d'aucune manière en féparer complette- ment, Il eft facile de s’affurer de la préfence de cet acide étranger ; il n’y a pour cela qu’à faire digérer fur de la manganèle un peu d’acide vitriolique fouillé d'acide muria- tique ; ce dernier fe dégagera fous forme d’acide muriatique déphlogiftqué. M. Wefrumb répète fouvent (Mém., cité) que tous les [els alkalins font fouillés d un peu d’acide imuriatique : j’ai lieu de croire que cet acide provenoit chaque fois de PE fulfureux dont M. Wefrumb fe fervoit pour fes expériences. ( More de ? Auteur.) (2) Obfervations für la nature de l'acide faccharin. Annales chimiques de Crell ; 1784, tom. 2 , pag. 12 & 100. Hi L (3) Foyez les nouveiles découvertes en Chimie, de Crell, feprième partie s 1782, page 76. Zome XXXI, Part, II, 1787. SEPTEMBRE, X 2 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, XI. Ayant mis tous ces criftaux dans une cornue, je verfai deffus une once & demie d'acide nitreux fumanc très-pur. Au moyen d’une difillation lente, l'acide pafla dans le récipient tant fous forme d'air nitreux que par gouttes : il éroit phlogiftiqué. Le réfidu ne me fournir que quatre gros d'acide faccharin, criftallifé en colonnes. J'eus befoin de plufieurs criftallifations pour féparer tout cet acide. Je vis donc, que je ne m'étois pas trompé en conjeéturant que l'acide dans Pefprit-de-vin , y exifloit comme acide tartareux & n’en étoic retiré comme acide faccharin qu'après avoir cédé une partie de fon phlogiftique à Pair nitreux. J'ai déjà rouvé ailleurs cette converfion de l’acide tartareux enacide faccharin (1). XII. Dans l'expérience précédente, de fepr gros d'acide tartareux je n'obtins que quatre gros d'acide faccharin ; j'avois déjà fouvenr remarqué ce deficit (2): il me reftoit à en découvrir la caufe, Pour cer effec fur les quatre gros d’acidée faccharin que j'avois obtenus, je verfai une once & demie d’ucide nitreux fumant ; ayant fair paffer cet acide à la diflillation il ne me refta qu'un gros deux fcrupules d’acide faccharin, Je verfai encore fur ce dernier gros une once & demie d'acide nitreux , que je fis paflèr de même dans le récipient ; le rélidu. me fournit à peine encore un demi- gros d'acide faccharin. XIIF. On voit donc qu'en traitant ainf à plufieurs reprifes de l’acide faccharin avec de l'acide nitreux , le premier fe volatilife entièrement. J'avois à examiner adtuellement ce qui avoit paflé dans le récipient; l’acère de plomb & l’acère calcaire y décelèrent de l’acide faccharin, C'eft pourquoi je remis le tout daus une cornue, & à une chaleur très-douce je fis paffer toute la liqueur dans le récipient jufqu'à ce que la cornue demeurât sèche. Je ne retrouvai finalement des fept gros d'acide tarta- reux employés que quarante grains, tout le refte avoit difparu ; car actuellement on ne pouvoit plus même découvrir au moyen des réaétifs aucun veftige d'acide faccharin dans ce qui avoit paflé dans le récipient. XIV. Ces phénomènes m’auroient paru inconcevables , fi les cbfer- vations que j'avois eu occafñon de faire lors de Ja première expérience, ‘où d’un mêlange d'efprit-de-vin & d'acide muriatique déphlogiftiqué , j'obtins de l’acide acéteux, fi ces obfervations, dis-je, ne m’avoient, pour ainfi dire, préparé à de nouvelles découvertes. Dans mon Mémoire fur la nature de l'acide faccharin ( endroit cité, $, 31). j'attribuai le defreie qu'on remarque en traitant de l'acide tartareux avec de l'acide nitreux, à une partie de l'acide tartareux que je foupçonnois avoir paflé dans le: récipient : je promis alors de faire des recherches plus exactes fur la caufe (1) Mémoire fur la nature de l’acide faccharin. Nouvelles découvertes en Chimie, de Creil, 1783 , neuvième partie, page 6, &c.. (2) Thid $. 37% = ‘ ES ES DU Ress SUR L'HIST. NATURELLE ÉT LES ARTS 65 de ce phénomène; & je crois pouvoir l'indiquer aujourd’hui. Ayant faturé tout le produit de la dernière diftillation âvec de l'alkali végétal , je fis évaporer jafqu'à ficcité., Dans la mafle faline que j'obtins de cette manière, je découvris de même que ($. 7 ) des traces d’acète de porafle: j'en pris deux gros & demi, qui, traités avec de l'acide vitriolique, me fournirent de acide acéteux très-pur. XV. IL réfuire clairement de ces expériences qu’en diftillant plufieurs fois de fuite de l'acide nitreux fur de l'acide faccharin & rartareux, on peut les convertir entièrement en vinaigre. La caufe du defrcit que j'ai eu lieu d'obferver dans ces fortes d'expériences n’eft donc plus un pro- blème (1). Je .croyois il y a quelques années, que l’acide acéteux pouvoit fe convertir en acide faccharin, & je fis fur cer objet un grand nombre d'expériences infructueufes : Les obfervations précédentes me fort connoître Ja caufe de mon peu de fuccès; & fi autrefois j'ai foutenu que l'acide acéteux n’étoit diftingué du faccharin que par une plus grande dofe de phlogiftique, je prie de prendre la chofe dans le fens inverfe. J’avois avancé aufli, quoique d’une manière douteufe , que l'acide acéreux contenoit une plus grande quantité de chaleur fpécifique que l'acide faccharin ; je puis établir aujourd'hui cette aflertion fur des fondemens plus folides, ainfi que je le ferai voir par la fuite. XVL Voilà donc aufl l'acide tartareux converti en vinaigre par l'acide nitreux : je m'étois convaincu ($. 10) que l'acide exiftoit dans l’efprit- de-vin fous la forme d’acide tartareux , & qu'il ne dépendoit que d’un plus ou moins grand degré de déphlogiftication pour obténir cet acide ou fous forme d'acide tartareux, d'acide faccharin ou d’acide acéteux. Il me reftoit à examiner l’effet que produiroit dans les mêmes circonftances Facide vitriolique, afin de réfoudre la feconde queftion que je m'étais propolée (S. 2). | XVIL Je favois par des expériences que j'avois faites autrefois ; qu'en diftillant fur de la manganèfe de l'efprit-dé-vin & de l’acide vitriolique, on obtenoit non-feulement du fort bon éther vitriolique , mais encore de l'acide acéteux. Pour décider la queftion actuelle, au dieu d’efprit-de-vin, je pris de l'acide tartareux effentiel : ayant mêlé deux parties de cet acide avec quatre parties. de manganèfe & trois d'acide vitriolique , j'augmentai par degrés la chaleur du bain de fable, il pafla (x) Comparez avec cela mes recherches fur le fucre de lait, Nouvelles Désou: = vertes, cinquième partie, 1782, page 31, $ 353 celles fur le jus de cerile, Annales chimiques , 1785 ,1om. 1, cahier $ , pag. 426. De-là provient aufli la différence dans la proportion des poids de l’acide faccharin,- que nous 2vons obtenu MM. Bergman, Wiegleb & moi. M. Wiegleb en obtint le roivs ( Aririales: chi- miques, 1784, tome fecond, . 22), parce qu'il avoit employé le plus d’acide sitreux qui a- détruit une plus grande partie d'acide faccharin.. 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans le récipient un acide qui avoit tous les cara@ères de l’acide acéteux ; fans être néanmoins bien pur, parce qu'il précipita en partie l’acère de plomb. Pour le purifier, je recohobat le tout, & après une diftillation lente j'obtins mon acide acéreux fort pur. Si je me bornois à mêler fimplement de la manganèle avec Pacide rartareux , je retrouvai l'acide tartareux fous forme liquide ; il falloit ajouter de l'acide vitriolique pour opérer la converfion en acide acéteux. XVIII Ayant préfenrement mêlé enfemble deux parties d'acide faccharin , trois d'acide vitriolique & quatre de manganèfe ; le mêlange, auquel j'avois encore ajouté une partie & demie d’eau, me donna à la difillation , de l'acide acéreux; mais cet acide avoir aufli befoin d’être purifé de Ja manière décrire ci-deflus (XVIT). XIX. Inflruic par des obfervations que j'avois faites autrefois (x), qu’en faifant bouillir de l'acide vitriolique fur de l’acide faccharin & tartareux , ces deux derniers étoient, non pas détruits, comme le croyoit le célèbre Bergman , mais transformés en vinaigre ; je me mis à examiner l'acide fulfureux qu’on trouve dans le récipient après la préparation de l'écher vitriolique. Beaumé (2), qui a examiné cer acide avec beaucoup d'attention, n’a pu fe perfuader qu'il étoir en partie compolé d'acide -acéteux, il a mieux aimé le prendre pour un acide virriolique phlogiftiqué & l'appeler du vinaigre faux. Je faturai une partie de cer acide avec de V'alkali végéral aëré (non cauftique) & obtins par l'évaporation un fel neutre particulier qui s'humeéta à l'air. Une partie de ce fel mêlé avec demi-partie d'acide vitriolique me donna toujours de l'acide fulfureux dans le récipient; mais fi au même mèlange j'ajoutois demi-partie de manganèle, il vint de l'acide acéreux. Ce vinaigre avoit befoin d’être purifé fur un peu d’acète de potafle, parce qu'il précipitoit , quoique peu abondamment l'acète barotique. XX. En raflemblant ces obfervations , il eft aifé d'indiquer la caufe pour laquelle dans la préparation de l’éther vitriolique, on n'obtient poine d'acide faccharin, c'eft parce que cet acide eff changé en acide acéreux. On rend encore facilement raifon de l’exiftence de l'acide fulfureux dans le réfidu terreux noir que fournit cette opération, car l'acide vitrio- lique , en s'uniflant à l'efprit-de-vin , s'empare de fon phlogiftique & forme avec cette fubftance de lacide fulfureux volatil; & tandis que V'acide vitriolique agit fur l'acide tartareux, celui-ci rompt les liens de fon union avec les autres principes de l’efprit-de-vin , une partie en eft détruire , & il fe précipite une partie de la terre calcaire qui fe trouve D (1) Nouvelles découvertes en Chimie, partie y, pag.-76, & part. 9 , page 6. (2) Differtation fur l’éther dans laquelle on examine les différens produits du mélange de l’efprit-de-vin/avec les acides minéraux, Paris, 1757. SUR L’'HIST. NATURELLE ET-LES ARTS. 65 toujours unie à l'acide tartareux (1): cette terre fe combine avec l'acide vitriolique ; de-là la grande quantité de félénite, qu'on trouve toujours dans le réfidu , ainn que je Le ferai voir d’une manière plus détaillée dans mon Mémoire fur l’éther ; duquel j'ai détaché les expériences dont je viens de rendre compte. XXI. Je ne faurois me difpenfer de rapporter une expérience qui vient encore à l’appui de ces obfervations.Si l’on mettrois parties d'acide nitreux fumant dans l'appareil pneumarique, & qu'on emploie pour recevoir le gaz un grand récipient rempli d’eau ; fi alors l'on verfe peu-à peu fur de l'acide nitreux une partie de bon efprit-de-vin bien déphlegmé , à chaque goutte qui tombera fur l'acide le mélange s’échauffera , &°îl s’élevera dans le récipient une grande quantité de bulles. L'opération finie, fi l’on a eu foin de raffembler exactement tout le Auide élaftique , on aura environ cent cinquante parties d'une efpèce de gaz, compolé principalement d’air nitreux, d’un peu d’air fixe ( ou d’acide aérien }, & d’environ un douzième du tout d’air acide acéreux de Prieftley. Ce dernier peut en être féparé fous forme de vinaigre par les procédés convenables. XXII. En examinant le réfidudu mélange , on verra qu'il ne contient plus d’éther nicreux , qu'il eft compofé en partie d'acide faccharin & en partie d'acide acéteux, & que par les moyens convenables on peut le décompofer en-ces deux fubftances, XXIIL. Je propoferai actuellement les queftions fuivantes, qui me paroiflent une fuite naturelle de ces obfervations. 1°. Quelle efl La raifon pour laquelle les acides minéraux peuvent transformer en acide acéteux les acides végétaux dont il ef? ici queflion? 2°. Pourquoi: r'efl-ce qu'en employant de l'acide nitreux que de l'efprit-de-vir, or | - obtient tantôt de l'acide tartareux, tantôt de l'acide faccharin & rant6e de l'acide acéteux? Pour réfoudre ces queftions, je hafarderai une explication qui me paroît très-conforme à la nature des chofes. Je confidère tout acide végétal enveloppé de fon phloziftique, ainf que le produit la nature, comme un vérirable acide tartareux: en diflillant à plufieurs reprifes de l’acide nitreux fur l'acide tartareux, celui-ci eft privé d’une partie de fon phlogiftique, ce qui le change en acide faccharin, Pour expliquer actuellement la transformation de l'acide végéral en acide acéreux , voici l'idée que je m'en forme. En mêlant l'acide vésétal avec les acides minéraux qui ont une grande affinité avec le phlogiftique, ceux-ci lui en enleveront une grande partie , alors il arrive ce qui a lieu a — — (1) Foyez mes expériences & obfervations für l'acide tartareux & fa combinaifon avec l’efprit-de-vin , où l’on examine fi cer acide eff fufteptible de former de léther per cette combinaïifon, Nouvelles découveriesten Chirnie, feptième partie, 1782, pège 52. : | 7 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; füivant la ‘belle tliéorie du feu de M. Crawford (1): car ici les acides minéraux font ce qu’eft dans cette théorie l'air déphlogifliqué, qui ne fe charge.de phlosiftique qu’en cédant de fa matière de feu, Ici les acides minéraux en agiflanc {ur le phlogiftique des acides vépétaux pour leur en enlever une portion, cèdent à ceux-ci une partie de leur chaleur fpécifique. De cette maière on fe rend compte non-feulement de la fuidité du vinaigre, mais de toutes les propriétés qui-le diflinguent des acides facchar rin & tartareux; route la différence qu’il y a entre les acides acéteux & tartareux , c’eft que le premier contient moins de phlosiftique & plus de chaleur fpécifique. XXIV. Venons aduellement à la folution de la feconde queftion, L’acide nitreux étant le feul qui foit fufceptible de produire des altérations fi différentes entr'elles, l'explication de ce phénomène femble d’abord foufirir plus de difficultés. Mais toute la différence dans les réfulrats provient de a différente quantité d'acide nicreux que l'or ajoute à l'acide végécal : quelle que foit cependant cette quantité , il y a toujours à chaque addition une partie d'acide végétal convertie en acide acéteux , qui pafle dans le récipient avec l'acide nitreux phlogiftiqué ; de-là le deficir qu'on remarque à chaque opération! Si on n'emploie pas de l'acide nitreux en quantité {ufhfante pour convertir à la fois en vinaigre tout l'acide tartareux , c’eft-à-dire, pour lui enlever à la fois tout fon phlogiftique , la‘ mäjeure partie reftera dans la cornue dans un état de déphlogiftication imparfaite, & fe préfenrera fous forme d'acide faccharin. XXV. Avant de finir, j'avertirai encore que j'ai réufli de transformer À volonté en acidestartareux, faccharin ou acéteux, l'acide de samarinds, l'acide citronien ( celui-ci par une voie différente de celle de Schéele}, le moûr de raifin, de jus de prunes, celui de pommes, de poires, de grofeilles ; d'épine-vineste (berberis ), d'ofeille (rumex acerojel. 2) ainfi que les fucs d'autres plantes , & que je me propofe à la première accalion ‘de rendre un compte plus détaillé des obfervations que j'ai faices fur certe matière. (A) (x) Poyez Magellan , Théorie du feu élémentaire, SUPPLÉMENT FT ETS ve SCT Ë 4 à, . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: “%8g : : - - ; 1 : a F _ SUPPLÉMENT AU MÉMOIRE DE M DE MORVEAU:;, Sur la nature de Acier & fes principes conflitians y inféré dans les Ades de l’Académie Royale des Sciences de Srockolm en 1787 , premier Jemeftre ; Par M. PrERRE-JACQUES HIELm: Traduit des Memoires de l'Académie de Stockolm: L'Acanémis a jugé que la tradu@tion ‘du Mémoire da M, de Morveau méritoit d'être inférée dans fes actes, non comme contenant quelque chofe de nouveau qui ne füt pas connu en Suède, mais parce qu'on y trouve réuni & expofé d'une manière agréable & complette prefque tout ce qui.a paru fur ce fujer en diverfes langues; &: fur-tout des morceaux qui be nous font pas aflez connus. Cerre traduétion fera d’aurant plus de plaifir , que les idées de l'Auteur s'accordent avec ce qu'on avoit publiéen 1779 , fur la caufe de la nature différente du fer forgé) de l'acier & du fer fondu, dans un Mémoire inticulé : Méthode de connoitre des parties conflituantes du Fer, Ces vues avoient été préfentées la même année au. Collège Royal des Mines, au Comptoir établi en faveur du commerce du fer , ainfi qu'à la Société des Profeffeurs des forges &! des mines. H févee' à [) Isism nu 50! Depuis que M, Schéele -eut publié fes effais fur 1a plombagine dans 1e troifièmetrimeftre des Actesde l’Académie en 1770 , qu'enttravaillantavec M. Rinman qui s’occupoit beaucoup de l'hiftoire du fer, j'eus obfervé qu'il fe crouvoit toujours de la plombagine fur la furface du. fer, dans les opérations qu'on lui faifoic fubir pour le convertir en acier par la cémen- tation, & que j'eus retrouvé la même plombabine en quantité plus ou moins confidérable dans le réfidu de la diflolution de certaines efpèces de fer par les acides , je nr’étois cru fondé à regarder la plombagine comme un charbon minéral, & nos charbons de bois pour une plombagine végétale (troifième trimeftre des Aétes de Srockolm , 1781), & de prendre ces deux fubflances pour même chofe. Il éroit bien naturel de foupconner , & certainement ce foupçon n'avoit échappé à perfonne , que la plombagine étoit non-feulement capable de réduire les:chaux de’fer , mais encore qu'elle pouvoit s'y unir en fubftance en quantité plus ou moins confidérable, & produire par cette, combinaifon toutes les Tome XXXI, Part. Il, 1787. SEPTEMBRE, 270 .OBSERFVA TIONS SUR LA PHYSIQUE; différences qui fe trouvent entre le fer forgé, l'acier & le fer fondu. Les expériences rapportées par M. Rinman, $. 296, 160 , confirmoient ces foupcons. C’eft aufli dans les mêmes vues que j'entrepris le travail rap- porté dans Je Mémoire cité ci-deffus. I] fut communiqué en 1780; il s'en trouve un extrait dans l’hifloire du fer, $. 266, 275. Les expériences:du Chevalier Bergman publiées en 1781, dans fon analyfe du fer pour déterminer la quantité d’air inflammable que donne le fer, lorfqu'il eff diffous dans l'acide vitriolique, fe trouvèrent parfai- tement d’accord avec les miennes. Il ne refta donc plus de doure que le fer forgé ne donnât plus d’air inflammable que l’acier , & celui-ci plus que le fer fondu ; mais les conféquences que j'en avois tirées n’étoient pas uniquement fondées fur les effais par la voie humide , mais plurôt fur le réfidu phlogiftiqué qui exifte après ces diflolutions, & fur les divers pro- cédés qu'on emploie pour obtenir ces .diverfes efpèces de fer: d'où il fuivoit que le fer fondu étoit plus riche en phlogiftique, enfuite l'acier, enfin!le fer forgé en contenoit le moins, Ces différences furent établies , hiftoire du fer ($. 220,227,231), & il y fut prouvé que le fer forgé contient probablement une plus grande quantité d’un phlogittique plus fin & plus fimple, & qui eft propre à la produdion de l'air inflammable 3 mais que l’acier & le fer fondu peuvent néanmoins être regardés comme plus riches en un phlopiftique d’une efpèce plus groflière , telle que la plombagine qui y.entre en même-tems. Lorfque le phlogiftique le plus fin eft augmenté ou domine feul , le métal fond plus difficilement, comme on le voit dans le fer fondu & l'acier ; au lieu qu'il fond plus facilement lorfque le phlogiftique groffier domine. Cependant ceci a certaines limites ; car fi on ajoute trop de plombagine, non-feulement la facilité de fondre diminue; mais le fer reflemble plutôt à une mine de fer réfractaire qu’à un métal (hiftoire du fer,$. 264). J'en ai donné quelques preuves dans le Mémoire cité ci-deflus ; & j'aurai peut-être occafñon d'en donner d’autres dans un travail dont je m'occupe, & qui a pour objet principal les mines de fer. Lorfque M, de Morveau dont le mérite eft univerfellement reconnu & refpecté par le monde favant , a adopté les mêmes idées, j’ai cru devoir, à la vérité, en revendiquer la découverte à MM. Rinman & Bergman qui ont.fait faire de fi grands progrès chez nous à ces fciences, & par-là ont été également uriles à la patrie & l'ont honorée. Aurefle ; il y a encore beaucoup à faire fur cette matière, comme le prouve le travail de M. Lavoifier qui s’imagine quil fe trouve de l'éthiops martial dans l’acier, ce qui néanmoins fe réduit en fuppoñtions fur Panalyfe de l’eau qui n’eft pas encore décidée, & par conféquent ne prouve rien ici; mais j'obferverai qu'il me paroît bien étonnant que perfonne n’ait encore entrepris de pefer les céments dont on fe fert pour convertir le fer en acier. Je fuis bien convaincu qu'on verroit que le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. v7r cément perd autant de fon poids que le fer en acquiert & plus encore. La plombagine ne contribue certainement pas à l'augmentation de: l'air inflammable; car en verfant de l'acide vitriolique bouillant, ou fimplement chauffé fur de la plombagine, il ne s’en dégage point d'air inflammable. Ain il n’y a pas de raifon pourquoi la plombaginé donneroit de ce même air lorfqu’elle eft unie au fér. On peut donc dire que‘lé fer'èn éerrain état contient plus de plombagine ou de ce phlogiftique, fans qu’on en puifle retirer une plus grande quantité d’air inflammable. ADDITION au Mémoire de M be MorvEAU'fur la nature & les parties conftituantes de l'Acier , ävféré dans les Mémoires del Académie: Royale ‘des Sciences de> Stockolmi, année 1787, premier trémefire (1). * Par M. P. J. Hisim. (1) Nous ne donnons ici que la tradu@ion de l'addition de M. Hielm, parce que fous avons déjà fait connoitre l'opinion de M. de Moryeau fur la nature de l'acier, en publiant dans le Journal d’oétobre dernier, une Lettre qu’il nous a adreflée für ce füujet. D'ailleurs le Mémoire envoyé par M. de Morveau à l’Académie de Stockolm n’eft lui mémetque la conclufon d’un ouvrage plus cohfidérable deftiné pour la partie chimique de l'Encyclopédie méthodique, & dans lequel il rapporte: les expériences de MM. Bergman , Rinman, Hielm, &c. &c. avec celles qui lui font propres, comme on le voit par un autre fragment du même ouvrage imprimé dans le recueil de l’Académie de Dijon, année 1786 , fecond fémeftre. ÿ EPRPEUR AT D'UN E MEET RCE Adreffée à M. FAUJAS DE SAINT-FoND , par M. De PRESLON. \ t A Gorée le 6 Mai 1787. Lrsreide Gorée eft formée par une montagne 'efcarpée & par une langue de terre tortueufe; route l’île n’eft qu'un produit de volcan , & l'on voir de toutes parts de grandes colonnes de bafalre pofées prefque verticalementiles unes à côté des autres , excepté versila partie inférieure du pic où elles font inclinées fous différens angles; laforme pentagone eft celle qui domine principalement parmi les’(prifmes ; dont le bafalre éftd'un grain très-fin, & de couleur noirâcre ; fa dureté elt relle que l'acier en tire des éincelles, La montagne eft couverte dans plufeurs parties d’une terre volcanique rougeâtre inatraquable aux acides, que je confidère d'après votre Miné; Tome XXXI, Part: 11,1787. SEPTEMBRE, Y 2 172 ‘OBSERPATIONS SUR :EA PHYSIQUE, ralogie des volcans, commeune véritable pouzzolane , & je l'ai employée avec le plus grand fuccès , pour réparer les citernes du Roi ; le ciment que j'en ai compofé a parfaitement durci, & retient très-bien l'eau, quoique fait avec de la mauvaife chaux éteinte ; j'ai même fait faire pour le Général une petice citerne, qui a éré mon coup d'eflai & qui s'eft trouvée, parfaite vous voyez combien votre Livre nous a été utile ich alt4ré ; ! > Nous avons vilité les îles de la Magdelaine à une lieue & demie de Gorée ; elles ne font compofées que d’immenfes colonnades de bafalte, femblables à celles du Vivarais & de l'Auvergne; la mer en fe brifant avec violence contre ces colonhés ;:a forméidans quelques parties de grandes échancrures ,\qui ont misxà, déconvert.ces colonnes à une grande pro- fondeur; il.eft très-dangèreux de s'approcher de trop près de ces vañes & profonds efcarpemens où la mer brife avec un fracas épouvantable; un de mes compagnons qui contemploit ce grand fpeétacle fut faifi par une lame qui pafla par-deflus lui & le renverfa , il eut le rems heureufe- menti, dans l'intervalle des deux vagues de fe rélever & de fe fauver avec un grand nombre de meurtriflures, l C'eff dans les. îles de la, Magdelaine que, j'ai.mefuré trois arbres de pain de finges:qui ont plus-de foixante pieds de circonférence & portent fur leur écorce le nom d'un grand nombre de voyageurs françois & anplois. an LE USE di If n'eft pés vrai que la machine électrique ne donne rien dans la zone torride ; la nôtre dont le plateau eft de vingt-quatre pouces, produic d'aflez .bonnes.étincelles..Le.shermomètre , le 15 janvier, au moment de notre arrivée, étoit à 16° au-deflus de o. Depuis ce tems il eft monté jufqu'à 23 .& 24°; il-eft; enfuireredefcendu 8 au moment où-je vous écris, ik ef à 18°; mais au foleil il monte jufqu'à 40°. Il eff vrai que le Soleil vient de pafler fur notre tête ; heureufement il règne ici prefque fans cefle une! brife fraîche qui tempère fon ardeur ; l'air eft fort bon à Gorée, excepté dans la mauvaife faifon , qui commence ordinairement le 3 ou le 4 juillet, & quidure:trois à.quatremois; il tombe alors environ trente-fix ou quarante pouces de pluie, & c'eft pour toute l’année cependant j'ai vu ipleuvoir deux fois depuis notfe arrivée; mais tour le monde én étdit étonné: j'ai vu ici des vieillards qui prétendent que leurs pères ont vu tomber de la neige: mais j'ai de la peine-à.le croire; le thermomètre-depiis long-tems.ne defcend guère.au-deffous de: 12°. Le jour que nous fmesiaux îles’ de la Magdelaine, les noirs-qui nous y avoientmenés:& à-qui nous demandâmes du feu pour faire frire du poiffon , en frenrfurle champ en tournantun petit bâton dans un autre bâton qui étoit troué, & en le rournant à la manière dont-on agite un: moufloir à chocolat ; le feu prit: & ils y allumèrent une-efpèce d’'amadou, tiré de la partie cotonneufe d’une efpèce de chardon, Les mers de ce pays font très- SUR L'HIST, NATURELLE: ET LES ARTS, 173 poiffonneufes ;, j'ai vu vendre trois ceus livres de poiflon, pour un petic Couteau à manche noir, qui ne coûte que cinq à fix lards en France, J'ai l'honneur d'être, &c, ESSAI DE MINÉRALOGIE De LTsLE DE SAINT-DOMINGUE DANS LA PARTIE FRANÇOISE 3 Aareffé à M, Faugas DE SarNT-FonND, par M. DE GENTON ; souve rosnancien) Officier d'Infanterie. Lss montagnes les plus élevées de Ja dépendance du Cap-François que j'ai parcourues., font celles de la, Grande-riviére de la Montagne noire, des montagnes du Dondon & de celles de la grande rivière du Bas-limbé ; routes s’élèvent brufquement & fe terminent en pics ou en crères, tranchantes. elles font terminées.par des bancs de pierres calcaires fuperpofées rantôt fur. les .granits,. quelquefois fur les grès dont font compofées les bafes de ces’ différentes montagnes, On trouve parmi ces chaînes des porphires, des jafpes , du quartz en petits fragmens , du pétro flex, du feld-fpath en grandes mafles , des {chiftes argilleux , des pierres calcaires, plufieurs fortes de mines plus ou moins riches ; quant aux corps marins, fofliles ou pétrifiés , ils y fon moins communs que dans les montagnes de France; celles de Saint= Domingue n'en font cependant pas dépourvues : j'en fournirai bientôe la preuve. :. K ! Suivant les obfervations les plus récentes faites en France & ailleurs il me femble qu’il n’y a point ie granits qui repofent directement fur des pierres calcaires , ceux qu'on trouve fur des terreins calcaires difpofés par couches, ne s'y montrent que par fragmens détachés qui vrai= femblablement y ont été tranfportés par quelque révolution violente, & Von en rencontre des mafles énormes qui ont été projetées de cette manière à des diftances prodigieufes ; les granirs à Saint-Domingue, forment ordinairement le noyau des montagnes, & fi l’on y rencontre quelquefois des matières calcaires mêlées & adhérentes avec les granits, c'eft parce qu’elles ont coulé à travers les interflices de ces granits: ik eft facile de fe convaincre par l’obfervation de certe vérité, On rencontre au pied de la montagne du Grand-Gile à cinq à fix lieues du Cap-François les matières granitoïdes qui compofent la bafe de cette grande chaîne de montagnes jufqu'à la partie efpagnole. . Ces granits offrent des variétés infinies , tant par les matières qui les compolent que par leur couleur ; les uns fonc blancs & paroiffent formés 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: par l'agorégation du quartz & du feld-fpath, réunis par un ciment, où gluten en partie calcaire, puifque ces granits éprouvent un léger mouve- ment d'effervefcence dans leur caîlure, Lorfqu’on y verfe de l’acide nitreux, D'autres granits font de couieur bleu fombre, & ceux-ci font riches en fchorl, on y remarque quelques points blanchâtres qui fe diflolvent lentement & fans effervefcence dans l'eau-forte; d'où il réfulte une efpèce de gelée. Ce granic qui eft très-dur, pefant & donnede vives étincelles lorfqu'on le frappe avec l'acier, renferme encore du mica noirâtre, difpofé en lame très-mince, fñ On voit d’autres granits formés par l’union intime du quartz, du feld« fpath & du mica qui n’a pasautant de folidité, il fait feu lorfqu'on l'attaque avec Le briquet , mais il s'égraine & fe brife fous le marteau avec affez de facilité en petites mafles irrégulières; j'en ai obfervé de grisâtres, de rougeâtres, de verdâtres dans lefquelles on diftinguoit le quartz, le feld- fpath , le mica & le fchorl qui compofent ces granits; il y en a de plus tendres encore & dans un état de décompofirion qui femblent fe changer en argile, A la grande rivière du Bas-Limbé, on rencontreun entafflement con: fidérable de granits verdâtres & filamenteux , ayant peu de dureré; parmi ces blocs, on rencontre quelques fragmens de quartz d’un blanc laiteux fervant de matrice à une mine de cuivre hépatique & à des pyrites fulfu- reufes ; je foupçonne aufli un peu d'or dans ce quartz, mais il ne m'a pas été poffible d’en faire l'eflai: on y voit aufli des mafles aflez confidérables d'une pierre.argileufe d'un verd obfcur , farcies de pyrires. Sur les granits qui forment la bafe des montagnes les plus confidérables de Saint-Domingue que J'ai été à portée de vifiter , repofent les matières calcaires en couches parallèles parmi lefquelles on trouve (fur les mon- tagnes du Dondon ) quelques débris bien caraétérifés de plufieurs corps marins, comme huîtres orbiculaires de moyenne grandeur, des noyaux de camme & de plufeurs coquilles turbinées ; j'ai vainement cherché dans ces montagnes avec le foin le plus fcrupuleux des cornes d’ammon & de nautites ; il ne m'a pas été poflible d'en découvrir les moindres veftiges ; mais au-deflus de l’habication à café de M. Girard, Officier dans les Régimens de milice de la colonie , fur la ligne de démarcation des poffeffions efpagnoles, quartier du Dondon , j'ai trouvé beaucoup de pierres lenticulaires & fromentaires & des aftroïdes agathifées. J'ai encore obfervé fur la même habitation des maffes aflez confidérables de pierres calcaires très -dures farcies d’une immenfe quantité de fragmens arondis de grains qui different de grandeur entr'eux dans les proportions d’un pois à un œuf; il y en a de verdâtres, de blancs, de bruns, de gris , de noirâtres ; on y voit même des porphires dans le même état d'un rouge foncé avec des taches blanchätres tirant un peu fur le rofe tendre; il ne m'a pas été poflible de rencontrer les grandes mafles, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 75 dont ces porphires ne font que. des détrimens , chariés anciennement par les eaux , arrondis par le frottement, & enveloppés par la matière calcaire lorfqu’elle étoit encore dans un état de mollefle ; mais j'ai eu le plaifir de comparer les granits, & je me fuisafluré qu'ils font de la même nature de ceux qui forment la bafe des montagnes dont j'ai parlé. On voit encore parmi les matières calcaires des nœuds aflez gros de filex qui s'en dérachent avec facilité, & dont la première enveloppe eft une fubftance cretacée faifant une vive effervefcence avec les acides ; les fpaths calcaires s'y montrent fous les formes les plus brillantes & les plus variées. Les montagnes principales de la Grande-rivière, ainf que celles du Dondon & de la ravine du Limbé, repofent fur des granits à-peu-près de la même efpèce : elles font encore riches en minéraux ; on y rencontre entr'autres de l’anrimoine natif & de l’antimoine en plume d’une couleur blanchâtre, d’autres tirant fur l’hyacinte ; les fragmens de beau charbon de pierre que j'ai rencontrés épars çà & là, me portent à croire qu'on ÿ trouveroit aufh des mines confidérables & très-abondantes de ce foflile précieux. C’eft fur-tout fur l'habitation de M. Louis appartenante aujourd’hui à M. Pinçon, & dans la partie du Jo/i trou , que fe trouvent différentes mines de cuivre dans un fol qui paroît aflez aride , quoiqu'il ÿ croifle du manioc, des parates & du maïs; les échantillons de ces différentes mines que j'ai pris moi-même fur les lieux font peu riches en cuivre , mais on n'a fait aucune tentative pour s'aflurer de l’exiftence de ces mines; les fragmens qu’on en rencontre fur la fuperficie de la terre font cependant des indices propres à fixer l'atrention. On y trouve, 1°. une mine de cuivre jaune tenant or, maïs en petite quantité ; 2°. une mine de cuivre vitreux rouge; 3°. enfin, une mine de cuivre grife : la mine de cuivre jaune fe trouve fur une gangue quartzeufe dans laquelle l'or eft difléminé ; cette mine me paroït entièrement pyriteufe ; puifqu'elle laiffe des traces de mine de fer hépatique , provenant de la décompofition de ces pyrites fulfureufes , cuivreufes & ferrugineufes, La mine de cuivre vitrreux rouge & gris fe trouve au contraire dans uve pierre argileufe & ferrugineufe, qui la rend un peu fenfble au barreau aimanté; les dépôts de bleu d'azur & de verd de montagne que Ja décompofition du cuivre laifle dans les cavités & fur la gangue, annoncent que la partie cuivreufe eft la plus abondante dans ces mines, mais il faudroit qu'elles fuflenc en filons çonfidérables pour indemnifer des frais d'exploitation. Les dépôts de bleu d’azur & de verd de montagne font en plus petite quantité fur la mine de cuivre vitreux gris que fux la mine virreufe rouge, ou, pour mieux dire, le cuivre y paroît fuperficiel , & fa décompoñtion qui s'opère à la manière du cuivre hépatique ne laifle pas autant de verd de x76 OBSERV'ATIONS SUR LA PHYSIQUE ;' montagne & de bleu d'azur que fur la précédente. Le feul éffai que j'aie fait elt celui de la mine de Cuivre jaune pyriteufe pour conflater fi°en effec , comme je le foupçonnois, elle ‘conrenoit de l'or ; huit onces de cette mine bien choilies & pulvérifées m'ont produit au fourneau de fufon un bouton pefant un grain & demi, il auroit fallu en faire Le départs mais l'eau régale me manqua, je n'ai pas pu réitérer l’eflai de cette mine par un enchaînement de circonftances étrangères au fujet que je traite. Vers l'extrémité de la Montagne-noire on trouve dans une terre alu- mineufe du bois fofile réduit en charbon peut-être par les vapeurs d’acide vicriolique, il prend un affez beau poli, & reffemble au jaier dont il a les propriétés. Le morceau qui m’a été envoyé avec une note & aflez de la terre qui l’entouroit pour déterminer fa nature, a été trouvé fur la fuper- ficie de la terre Comme le hafard a fait découvtir ce Bois bitumineux, il eft probable qu'il y en a un amas confidérable dans le même lieu ; ces bois fe crouvent rarement feuls & ifolés dans une montagne, & il feroic intéreflanc de connoître s’il y a réellement , comme tout femble Pannoncer , une mine abondante de ce charbon dans la montagne parce qu'il pourroit devenir un jour d'une très-grande reffource dans la colonie contre la diferte du bois dont elle eft menacée; il pourroit non-feulement fervir au travail des petites forges, mais ‘encore aux pompes à feu, fi jamais on les introduit à Saint-Domingue pour les appliquer aux moulins à fucre, comme cela eft à delirer , vu la nécellité, d'après le prix exorbirant des nègres & le deficit étonnant qu'il y a à cet égard dans la colonie, de les ménager & d'appeler à leurs fecours la force étonnante de ces machines applicables comme force motrice aux moulins & à l'élévation des eaux qu'on pourroit fé procurer par:là pour l'arrofement des terres; ce charbon ferviroit encore à la calcination des pierres à chaux, à chauffer les étuves, &c. La montagne la moins confidérable au pied de laquelle la ville du Cap ef fituée, ne laiffe point appercevoir les granits depuis le niveau de la mer qui vient fe brifer contr'elle, jufqu’à fon fommer, toutes les pierres font calcaires, & on y trouve à la hauteur moyenne beaucoup de coquilles foffiles de plufeurs genres. ) Dans une petire élévation dans la mer qui forme une petite anfe où eft fitué l’embarcadère du Bas-Limbé, on trouve des ourfins pétrifiés de la plus belle confervation , de l’efpèce que d'Argenville décrit fous le nom de briflus , des huîtres , des tuyaux , de vers de mer folitaires, des maffes d’aftroïdes très-confidérables & parfaitement bien caraétérifées. Au port Margot, à une lieue environ du Bas-Timbé , on trouve des pierres argi- leufes pleires de pyrites fulfureufes criftallifées en cubes : dans plufeurs endroits de la colonie, on trouve des bois agarhifés, Enfin, du côté de Jacquefmé, on voit une élévation entièrement compofée | Ê i ! : | 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘77 compofée d’aimant ; il paroîe qu'il ne peut fupporter un grand poids, mais qu'il'attire de plus loin: mes obfervations fur cet aimant m'ont toujours donné le même réfultar. Voilà un apperçu de mes obfervations que.j'ai écrites rapidement : je defire qu’elles vous foient agréables : je pourrai dans un autre tems vous en envoyer de mieux faites, parce que mon projet eft de revoir ces montagnes & de les étudier en détail, LETTRE D'ET MSA GE : A M DE LA MÉTHEMRAE! Mon sret x ; Vous avez eu la bonté d’inférer ; page 20 du Journal de Phyfique du mois de juillec dé cette année, une Lectre que j'ai eu l'honneur de vous adreffer , dans laquelle je dis , « que je ne crois pas qu'on ait fair mention » jufqu’à préfent de la mine de cobalt grife arfenicale combinée avec », la galène , efpèce de mine trouvée en 1783 à Chatelaudren ,. pat » M. Brolman ». 8 E: 3,9 M. Schreiber , célèbre Métalluroifte, auquel la Minéralogie doit des découvertes très-intéreffantes , réclame avec raifon fur ce que j'ai écrit, puifqu’en effer ce favant a dit dans Le Journal de Phyfique du mois de mai 1784, page 389: « J'ai découvert fur la montagne du village d’Atène , des indices de » cobalt en fleurs, & minéralifé par l'arfenic , fans argent entremêlé de » galène », Je fuis, &c Tome XXXI, Part. Il, 1787. SEPTEMBRE, 2 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE :. LETTRE A M DE ELA METHERIE; Sur la reéification de l’Ether viriolique, particulièrémens de celui que l'on emploie pour les Arts ; Par M PELLETIER ; Membre du Collège de Pharmacie de Paris. Monsrsur. L'éther que l’on obtient de la diftillation de parties égales d’huile de: vitriol & d’efprit-de-vin (en faifant ufage de l'appareil ingénieux de- M. Woulfe) eft toujours accompagné d'acide fulfureux , quelques précautions que l’artifte apporte à certe opération ; les moyens indiqués. pour l'en dépouiller , confiftent à le neutralifer par les alkalis ou par les rerres calcaires; l’on procède enfüite à une nouvelle diftillation , qui vous fournit l'éther: reétifié : dans routes ces manipulations il s’évapore une- certaine quantité d’éther, mais par Je procédé: que je propofe, l'on: évitera cette perte, & l’on obtiendra de bon éther. Ce procédé eft fondé fur la propriété qu'a la mangavèfe d'abforber l'acide fulfureux ; je réunis dans un facon , l’éther que je veux purifier ::j'ÿ ajoute de la man- ganèfe en poudre très-fine, & j'ai l'attention d'agiter le mêlange plufieurs fois dans la jourhée , il faur mettre aflez- de manganèfe pour-.abforber tout l'acide fulfureux, & au bour d’une huitaine de jours:, l'on trouve au fond du flacon un fel qui ne differe point du vitriol de manganèfe s- V'éther qui le furnage elt dépouillé de tout acide ; & comme- cette puri- ficarion fe fait dans les vaifleaux fermés: fans dégagement d’aucun fluide élaftique, l'on ne perd point du: tour d'éther:, ce qui eft bien avantageux dans les opérations dirigées pour les arts. [l fuffiroit même de conferver l’éther non reétifié fur la manganèfe. Cette redification , comme l’on voit, n'entraîne point dans de grands frais, la:manoanèfe étant d’ailleurs à affez bas prix. A l'égard de l’éther que l'on prépare pour lufage de la médecine, je confeille de le rectifier fur de l’alkali fixe, parce que ce dernier prive l'éther non-feulement dé l'acide fulfureux, mais encore de l'huile douce qui accompagne l’érher, & que je regarde comme produire, dans le même moment. J’ai même obfervé qu’en diftillant plufeurs fois de lécher [ur de l’alkali fixe , on le dépouilloit 1 sé \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 279 à chaque rectification d’un peu d'huile douce, & l’éther acquiert par ces gs une faveur des plus agréables. J'ai en outre effayé à priver ther d'huile douce, par le moyen des terres, mais d'après plulieurs eflais je préfere l’alkali fixe non cauftique. Je regarde toujours l’éther & l'huile douce , comme des êtres produits , qui n’exiftoient point tels dans l'efprit-de-vin. L’un & l’autre doivent leur formation à la combinaifon qui s'opère , lorfque l'on traite l’efprit-de-vin avec l'acide vitriolique , & de nouvelles expériences m'affermiflent dans l’opinion que j'ai, que c’eft l'air déphlogiftiqué de l'acide vitriolique qui contribue à la produétion de l'éther & de l'huile douce, & qu’une nouvelle quantité d’air déphlo- giftiqué peut encore les décompofer , & en produire de nouveaux compofés, EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Sur les moyens de convertir le fuc exprimé de la Canne à Sucre en une liqueur analogue ou au Cidre ou au Vin ; Par M DuTRrôNE-LA-CouTURE, Doëdeur en Médecine; & Affocié du Cercle des Philadelphes : Lu à l’Académie des Sciences. Die l'inftruétion anatomique de la canne, d'après un très- grand nombre de faits & d’obfervations, il nous et impoñlible de la confidérer fous un feul point de vue, comme on l’a fait jufqu'à ce jour. On n’a vu dans la canne que les attributs d’une plante, & on ne l'a cultivée que fous ce rapport; cependant elle préfence aufli des conditions qui la rapprochent des fruits muqueux , & c'eft particulièrement fous ce dernier rapport qu’elle doit être confidérée, tanc pour la culture, que pour l'extraction du fel effentiel qu'eile porte. On remarque dans les entre-nœuds de la canne un fyflème particulier prefqu’indépendant du fyftême général de la plante; ce fyftême eft deftiné à une fonction particulière & propre à chaque entre-nœud, Le fuc que porte le fyflème général de la canne eft aqueux, infpide & incolore ; celui que porte l'éntre-nœud eft muqueux , fapide & incolore ; ce fuc a une faveur relative au degré d'accroifflement de l'entre-nœud qui le porte. Dans les entre-nœuds de la canne fucrée il eft d'autant plus fucré que l’éntre-nœud qui le contient eft depuis plus long-cems en maturation. Le fac exprimé de la canne fucrée ét donc un mélange de deux fortes de fücs, dont l’un provenant des nœuds qui concourent à former , avec Tome XXXI, Part, 11, 1787. SEPTEMBRE, Z 2 - 180 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'écorce, le fyftème général de! la plante, eit le fuc aqueux-chargé d'une fécule groflière & d'une matière extractive qu'à la faveur de l'expreflionce fuc enlève à la partie folide de la canne, particulièrement à l’écofce. L'autre provenant des entre-nœuds qui ont beaucoup d’analogie avec les fruits muqueux, eft un fuc muqueux chargé d'une portion de matière favonneufe extraétive & d’une fécule extrêmement tenue que donne, par l’expreffion , la fubftance folide huileufe de l’entre-nœud, Du mélange de ces deux fucs dans l’expreffion de la canne fucrée réfulre un fluide homogène , connu vulgairement fous le nom de vin de canne. J'ai déjà expofé dans un autre Mémoire combien cette dénomination eft impropre , & j'ai nommé ce fuc, confidéré dans la canne, fimplement fuc de canne, & fuc exprimé, lorfqu'il eft féparé de la partie folide de la canne, Le fuc des entre-nœuds , qu'ôfñ doit toujours confidérer par rapport à leur analogie avec les fruits muqueux , étant , comme je l'ai dir plus haut, de nature muqueufe, il étoit poffible de faire avec le fuc exprimé de la canne fucrée une liqueur vineufe & agréable. L’expériencele démontre - de la manière la plus fatisfaifante. Dès le premier inftant de la formation de l'entrenœud le fuc qu’il reçoit du fyftême plante étant converti en fuc muqueux, ce fuc fubic, dans le développement & accroïffement de l’entre-nœud , diverfes modi- fications. Il eft d'abord herbacé , comme dans tous les fruits verds, & il devient doux à mefure que l'entre-nœud s'accroît. Si à cette époque on. goûte ce fuc, on lui trouve la faveur & l'odeur de pommes douces parve- nues à leur maturité. Le fuc que donne l'entre-nœud lors de fon accroiflement parfait eft doux & fucré ; fon odeur & fa faveur participent également de celles de la pomme & de la canne: enfin , après fon entier accroïffement alors que fa feuille eft defléchée & qu'il eft entré en maturation fon fuc uniquement fucré ne porte plus que l'odeur & la faveur propres à la canne. On fait que le corps muqueux eft le feul être fufceptible d'éprouver la fermentation fpiritueufe ; on fait aufli que ce corps, pour donner une liqueur vineufe, doit être pris dans l'état doux, tel que la nature nous le préfente dans les fucs de raifins , de poires , de pommes, &c. C'eft en amenant le corps muqueux des fubftances farineufes à cet étar, que l’art eft parvenu à tirer une liqueur vineufe connue fous le nom de bicra L'art a également appris que c'étoit plus à la différente proportion du corps muqueux doux, dans le fuc de raifins , qu'étoit due la différence que préfentent rous lés vins entr’eux , qu'à une qualité particulière à ce corps { abftraétion faite du goût de terroir qui tient à la matière extractive de plante). Auñfi eft-il arrivé qu’en diminuant ou augmentant cettegpro- portion , foit en prématurant les fruits ou étendant leurs fucs avec de SUR LPHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 181 Peau, foit en les gardant au-delà du terme de leur maturité, où en rapprochant leur fuc par évaporation, par addition de fucre ou de miel, on eft parvenu à faire , avec la même forte de raifins, dans le même lieu, des vins de différentes fortes. Dans les nœuds-cannes dont l’enfemble forme la canne fucrée, le corps muqueux, lorfque la canne eft bonne , fe trouve en entier dans Pérat de fel eflentiel. Si alors on veut Jui faire éprouver la fermentation vineufe , il convient de changer fa condition & de l’amener à l’état doux, Pour cer effet il faut garder la canne fucrée pendant plufieurs jours avant que de l'exprimer. Après huit à dix jours, le fel effentiel eften partie décompofé & converti en fuc muqueux doux, dont l'odeur & la faveur font analogues à celles des fucs de pommes. Si on exprime la canne à cette époqte, fon fuc fermenté donne une liqueur parfaitement analogue au cidre. Sion laïffe fermenter la canne quatre ou cinq jours de plus, lodeur & la faveur de pommes difparoïlent où au moins diminuent confidérablement , le fuc qu’elle donne alors eft légèrement piquant. Ce fuc pafle promprement à la fermentation vineufe, & la liqueur qui en réfulte ef un vin qui ne differe point de celui qu'on obtient des raifins. Les nœuds dela canne fucrée n'arrivent que fucceflivement à maturation. Ceux qui y font depuis plus long-tems font les plus fufceptibles de fermenter, & paflent au point où il conviendroit de les exprimer Iong- tems avant ceux de la partie fupérieure de la canne : il eft donc à propos de partager la canne fucrée en plufeurs tronçons, & de mettre à fermenter féparément l’enfemble de ces tronçons. Lorfqu'on veut obtenir une liqueur vineufe de la canne, il faut néceflairement la laifler fermenter : le fuc qu'on obtient de cannes fucrées fraîches abandonné à lui-même pafleroit à la fermentation acéteufe. On peut amener le fuc exprimé de la canne fermentée à l’état de gelée, fi après avoir féparé les matières féculentes par l’aétion du feu & pat la clarification , on le traite comme le fuc de pommes, de grofeilles, &c. Le fuc exprimé de cannes fermentées mis dans des vafes, tels que ceux dans lefquels on mer les fucs de pommes, de raifins, &c. entre bientôt en fermentation : les matières féculentes en font féparées par l’action même de la fermentation & en partie rejetées fous la forme d'une écume mouffeufe très-abondante; une petire portion de fuc eff rejetrée avec elles, & il fe fait un vuide qu'il faut avoir foin de remplir une ou deux fois par jour; pour cet effet on peut prendre une diflolution de fucre par l’eau portant à l’aréomètre huit à dix degrés, ou du fable bien: lavé. Après plufeurs jours la fermentation eft très-affoiblie : alors on perce le vafe à trois ou quatre pouces au-deflus du fond, & fi la liqueur eft claire, il convient de la foutirer dans un vafe propre qu'il faut remplir en entier; f elle eft trouble , ce qui arrive quand la matière fucculente eft abondante, 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il faut la coller & la foutirer après vingt-quatre heures de repos. Dans cer état la liqueur eft trop douce pour qu'on en puiffe faire ufage comme boiflon ordinaire : il convient de lui laifler éprouver pendant quelque tems la fermentation infenfible , ainfi qu’on le pratique pour le vin & le cidre. $i on met cette liqueur en bouteille avant la fermentation äinfenfible, après quelque tems de féjour elle mouffe & pétille à l'inftar du vin de Champagne, La couleur de ce vin eft plus ou moins ambrée comme celle du cidre (1). Je dois faire obferver que pour obtenir de bon vin , le choix des cannes n’eft pas indifférent : celles qui font dans les conditions les plus propres pour donner du füucre font, à n'en pas douter, les meilleures pour donner un vin de bonne qualité. J'ai mis à fermenter le fuc de cannes récoltées dans un maraïs fangeux: ces cannes étoient trop mauvailes pour qu'on püt les exploiter, même pour faire du fyrop. Ce fuc a très-bien fubi la fermentation vineufe, mais lorfqu’elle a été tombée, la liqueur avoit un goût de fange déteftable, ‘Ce fait démontre que le vin de canne, comme le vin de raifins & Le cidre, anon-feulement la faveur propre à la canne, mais encore celle relative aux circonftances où elle fe trouve, par rapport à la nature , à la pofition & à la fituation du fol où elle croît ( faveur connue fous Le nom de goût de terroir ). Le corps muqueux dans fe fuc exprimé de la canne fermentée fe trouve dans une condition telle qu'il peut éprouver la fermentation vineufe avec le plus grand fuccès, même dans les plus petits vafes. J'en ai fait dans des dames-jeannes & même dans une carafe qui contenoit au plus deux pintes. ! Comme il n’eft pas poflible de foutirer la liqueur contenue dans use dame-jeanne , que le mouvement occafionné par l'introduétion de l'air lorfqu'on veut la décanter, élève dans route la maffe du fluide Ja lie qui s'étoit dépofée au fond , il faut, lorfque la fermentation eft tombée au point convenable , coller Ja liqueur avec un œuf, & après vingt-quatre heures de repos , la filtrer & la mettre en bouteilles. C'eft ainfi que j'ai procédé dans mes premiers effais. En joignant au fuc exprimé de la canne fermentée le fuc d'un fruit tel que l'ananas, le citron, la gouyave , Labricot, &c. on obtient un vin qui a la faveur & le parfum du fruit que l'on a employé. On peut donner au vin de canpe avec le fuc du fruit de la raquette fauvage une couleur rouge plus ou moins forte , très-agréable, Soumis à la difillation , le vin de canne donne une aflez grande quantité d'eau-de-vie. oo 0 (x) Ce vin, comme nos vins léters & comme les cidres, ne pourroiert foutenie la traverfée fans s’altérer; mais il feroit peut-être poñible de remédier à cet inconvénient. PRES 4 r ( SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 183 La narure bien loin d’avoir privé, comme on l’avoit cru jufqu’à ce jour , les zones torrides de fruits propres à faire une boiffon vineufe & abondante , capable de tempérer l’ardeur qu'éprouvenr les habitans de ces contrées brülantes, les a enrichis de la canne à fucre qui leur préfente, dans fon fel effentiel , aliment le plus pur, &, dans fon fuc fermenté,, la fource d’une boiffon aufli falutaire qu'agréable, SUITE DES. NOUVELLES RECHERCHES SUR LA NATURE DU SPATH-FLUOR:; Par M. MoNNET.. M. Ds SA MÉTHERIE m'ayant invité fort obligeamment par [a note qu’il a mife à la fin de mon dernier Mémoire {ur je fpath-fluor (cahier du mois de mai, page 348) , à examiner encore ce qui réfulteroir de la combinaifon des acides marin, phofphorique & arfenical , avec cette fubftance, attendu que Schéele avance que ces fels acides en: dégageant un acide tout pareil à celui qui réfulte de la combinaifon de- l'acide vitriolique fur ce même fpath, par où il prétend faire voir l'identité de fon Hréas acide fpathique , quelque répugnance que j'aie de revenir encore fur cette matière ,. que je crois fufffamment connue par tous ceux des Chimiftes qui ont de la: logique & du fens commun, & quelque peine que j'aie encore dé faire voir le peu de fondement des afflertions de Schéele, je vais le fatisfaire, du moins en grande partie. Je n’avois pas atrendu, à la vérité, cette invitation pour examiner ce dontil s’agit, J'avois même marqué à M. de la Métherie que j’avois porté mon examen fur le: fpath-Auor bien au-delà de ce que je dis dans mon dernier Mémoire, & que j'avois le moyen d’en faire un troifième fi je voulois. Mais comme j'avois eu occafion aufli de voir que beaucoup d'autres objets que ce Chimifte fuédois a-traités fe font trouvés tout différens de ce qu'il en dir ;. j'avoue que je craignois de compromettre fa gloire, & que j'ai déchiré le: journal de mes expériences à cet égard, & dans la crainte aufñli, que des perfonnes mal intentionnées ne me taxaffent de témérité ou de quelque chofe de pire, d'ofer contredire un fi grand Chimifte fur des points qui ont fondé juftement fa réputation. Il me fuffit de dire que is une année à-peu-près ayant établi mon laboratoire à la campagne , que là, tantôt feul & tantôt en compagnie, ayant les Mémoires de Schéele fous les yeux & plufieurs autres livres de Chimie nouveaux, j'ai répété & fuivi avec beaucoup de foins les expériences & les raifonnemens qui y fone préfentés , & que j'ai eu le malheur d’y voir plus de faux que dé vrai. Ce 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui m'a fait reflouvenir de ce qu’a dit lilluftre de Voltaire, qu'on feroit un gros livre des menfonges & des chofes hafardées en littérature ; j’ai dit en moi-même qu'on en féroit un tout aufli gros des menfonges & des chofes hafardées en chimie. Gn a peine pourtant à croire que fur des chofes de faits , il puifle y avoir quelque comparaifon à faire avec ce qui réfulte de l’efprit feul : rien enfin n’eft plus vrai, & c’eft ce qui ma attrifté; car où prendre donc la vérité fi ce n’eft dans Les faits ? C'elt appa- remment-là Ja caufe de la mauvaife humeur que M. de Morveau me re- proche (Opufcules de Bergman, tome premier, page 358); car je ne m'en connois pas d’autres. Si j’étois aufli fujer à la mauvaife humeur que cetilluftre Ecrivain le dit, je n’aurois pas laiffé pafler une fi belle occafion que celle qu'il fournit lui-mème, dans l'adoption qu'il fait de toutes les idées nouvelles en chimie & de tous les noms & furnoms anti-techniques, je n’aurois pas laiflé pañler,, dis-je , une fi belle occafon fans montrer certe humeur. Il doit voir au contraire en moi une humeur pacifique , dé laier envahir le domaine de la chimie par de nouveux venus, qui auroient eut-être befoin encore d'étudier les Stahl & les Margraf, fans rien dire. Malheureufement encore la mort vient toujours trop tôt terminer les difputes; elle a trop tôt moiflonné Bergman & Schéele, & c'eft une raifon de plus pour me taire fur ce qui concerne ces célèbres Suédois, que je regretterai toujours malgré leurs erreurs, Mais un de ceux qui s'intéreffene à cette queftion, de favoir s'il y a ou non un acide dans le fpath-fluor, me demande pourquoi je n’ai pas fait voir ce qui réfulte de la combinaifon du prétendu acide fpathique avec les métaux: Comme c’eff, dit-il, /à-deffus en partie que Schéele & prétendu établir les caraëteres de fon prétendu acide de Jpath , vous avez eu Lort de négliger de parler de ce dernier objet dans vos dernières recherches, Je vais lui répondre par la même occalion, ce qui s'accorde avec la demande de M. de la Mérherie , & ce fera la dernière fois que je parlerai fur cette matière. 16°. Après n'être procuré de nouveau une bonne quantité du prétendu acide du fpath au moyen de l'acide vitriolique , j'en ai mis deux oncesfur deux gros de limaille de fer, à-peu-près, bien nette. J'ai vu aufli-tôt cet acide attaquer fenfiblement ce métal. La diffolution s’en étant faite radi- calement au moyen d’un peu de chaleur, j'ai noyé le tout dans quatre ences d’eau diftillée à-peu-près, & j'ai filtré. IL eft refté fur le papier un réfidu beaucoup plus volumineux que je ne lai eu en me fervant de l'acide vitriolique pur pour faire cette diflolution ; ce que j'ai attribué à Ja terre fpathique qui s’eft précipitée : cela étoit d'ailleurs vifible par 14 couleur blanchätre de ce réfidu, La liqueur évaporée fpontanément , m'a laiffé de très-beaux criftaux de vitriol en tout femblables à ceux que m'a fournis la même quantité d'acide vitriolique pur, qui a diflous la même quantité de limaille de fer, BP 17°4 . SUR 'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 27°. J'ai répété la même expérience fur le cuivre avec la même quantité de notre acide prérendupathique: excepté que comme l'acide vitriolique affoibli-par de l’eau ,ne peut difloudre aifément le cuivre en métal , je me fuis fervi d'un précipité de cuivre obtenu par l'alkali fixe ou \vitriol bleu ducommerce, & j'ai obtenu pareillement de vrais criftaux de cuivre d’un ‘beau bleu. ; Me ht 18°. Je répétai la même chofe avec de Ia limaïlle de zinc, & j’én obtins pareillement fans peine le même fel que fournit ce demi-mérel diflôus par l’acide vitriolique pur. _ 19°. Commeiül me reftoit encore beaucoup de cet acide fpathique , je m'avifai de le combiner entièrement avec de la terre calcaire. On fait que Schéele prérend que de cette manière on régénère le fpath-fluor ; pour moi je ne vis en certe occafion , qu’un vrai gyps; & quoique mêlé avec une partie de la terre du'fpath qui s’étoit précipirée pendant la diffolution de la terre calcaire , il forma un bon plâtre, lorfqu'il eut été légèrement caiciné, 20°. Après cela j'ai pris de nouveau quatre onces de fpath-Auor bien pur; ayant pulvérifé, jé lai introduit dans une nouvelle cornue de verre, & J'ai verfé deflus fix onces de bon efprit de nitre, non fumant. Ayant placé ce vaifleau au bain‘ de fable, & y ayant adapté un ballon proportionné , & lutté les jointures, j'ai chauffé le bain de fable, Je vis tout de fuite, qu'il n'y a pas la plus petite reflemblance entre la manière d'agir de cer acide fur ce fpath & celle de l'acide vitriolique fur ce même fpach. If-ne s’en éleva aucune vapeur blanche, & il ne fe forma dans le ballon ni dans la voûte de la cornue aucune pellicule , aucune pouflière blanche ; lorfque la cornue fut bién chaude, l’efprit de nitre pafla dans le ballon avec l'odeur qui lui eft propre. Sur la fin de la ditillation , qui fat pouflée jufqu'à l'entière deffication de la matière, le réfidu ne parut nullement gonflé, comme il l'eft toujours lorfqu'on a employé de l'acide vitriolique. Ayant déluté les vaifleaux, je trouvai dans le ballon mon efprit de nitre, avec tous les caractères qui lui font propres, & ne paroiffant n’avoir changé en quoi que ce foir. L'ayant pefé, il fe crouva du poids jufte que j'en avois employé. Je croyois en conféquence que cet acide n'avoit rien enlevé du fpath; mais en ayant féparé une partie, & verfé deflus de l'alkali fxe en liqueur jufqu’au point de faturation, j'en ai obtenu un précipité blanc. Ce qui m'a fait juger que cet acide avoit aufli emporté une portion de la terre du fpath, mais en bien * moindre quantité que l'acide vicriolique, puifqu'il confervoit toutes fes propriétés , tandis que l'acide vitriolique s’y trouve en quelque forte ne ou plutôedéguifé-Je jugeai enfin que la terre du fpath compenfe dans le poids de cet acide la perte qui s’en éroit faite dans la diftillation, La liqueur faturée de cet acide par l’alkali fixe, me laiffa un vrai nitre, qui dérona fur les charbons ardens comme à l'ordinaire. Mais pour Tome XXXI, Part, II, 1787. SEPTEMBRE, Aa « 186 OBSERF ATIONS SUR LA PHYSIQUE, m’aflurer encore mieux, que la terre qu'avoit enlevée. l'acide nitreux dis fpath, étoit véritablement la même que celle qu’en enlève l’acide:vitrio— lique , ce qui dans l'hypothèfe de Schéele & de rous fes copiftes, ne doit pas être , je précipitai toute la terre de cet efprit de nitre, de la: même: manière que je viens de dire , & l'ayant lavée & faic fécher fur le filtre, je la traitai avec l'acide vitriolique, & j'en eus le même réfultat que j'ai dic dans mon dernier Mémoire /12°.), 21°, La même opération fur faite avec l'acide marin, & dans les mêmes proportions. L'efprit de fel monta fort clair & blanc commie de l'eau , fentant & ayant d'ailleurs tous les caractères d'un bon efprit de fel ordinaire, c'eft-à-dire , non fumant, & qui combiné pareilléement-avec de l’alkali fixe, laifla précipiter une rerre blanche, & donna un fel tel qu'il a coutume de donnèr avec cet, alkali. Comme je n’employai pas tout cec acide comme j'avois fait de l’açide nitreux fpathique , je le mis dans un flacon, & je vis au bout d’un mois qu'il s’écoit dépofé de la terre fur les parois de ce vafe, ce qui eft peut-être la feule reffemblance qu'il y ait entre cet acide &' celui du virriol qui.a été diftillé fur du fpath. Cela: me fit reoretter de n'avoir pas confervé une portion de l'acide nitreux fpathique, pour voir s’il produiroit le même effet ; en forte que j'en refs. de nouveau, & qui confervé .de même dans un flacon, y donna une: incruftation pareille, J'inffte fur cette bagarelle , parce que J'ai lieu de- croire ,.que c’eft d'après cela que Schéele Fe n'y regardoit pas de près ,. conclut pour l'identité de fon prétendu acide du fpath. Je fuis feulement toujours éconné que ce Chimifte n’ait pas été arrêté par les autres caractères fi différens de ces acides, & fi peu. propres à être comparés avec l'acide vitriolique fpathique (1). La grande différence qu'il y a entre l’un & l’autre , eft que ce dernier fe fature en quelque forte de la terre du fpath, ce qui l'empêche de paroïtre avec tous fes caraéières propres d’acide vitrio- dique, tandis que les acides nitreux & marin ne s'en faturant pas, je veux dire par la diftillation , paroiffent d'abord ce qu'ils font réellement, Au furplus une partie de ces utiles obférvations avoient déjà été faires par l'auteur de: la brochure qui a paru fous le; nom de Boullanger, & je m'étonne que M. de la Mérherie n'en ait pas eu connoiflance, car il n'eauroit pas, dit dans fa note que l'acide fpathique eft Je: même enife fervant de rous les acides, & que c'efl Pobjéétion qu'ont toujours fuite Les Chimifles 3 car il eft sûr qu'il n'y a que Schéele feul qui l'ait dit ou fes. adhérens , qui , grands admirateurs de tout ce qui venoit de ce Chimiite, l'ont cru far fa parole & ne fe font pas donné la peine d'examiner la chofe eux-mêmes. (x) Jene trouve pas de Miculté à eruployer cette expreflion qui convient, ce ms femble, à tous les acides qui ont emporté de la terre du {path par-la difillation., De D À ar P j HEC on, Des: qu'on connok ce qu’ils font, il ne-peut plus y avoir de J’équivoque, | | PTT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES. ARTS. 3187 22°. Quoi qu'il en foir, j'écois fur le point de continuer ces expériences de comparaifon , avec le prétendu acide arfenical & l’acide phofphorique ; & le tour pour fatisfaire M. de la Métherie, quoique jetme rappelafle fort-bien-que ces acides ne produifent fur le fpath aucun effet à-peu-près, lorfqu'ayanc voulu nettoyer mes cornues & en enlever Les réfidus avec de l’eau chaude, & que les ayant voulu vérfer féparément dans des capfutes de verre , je m'apperçus avec grand plailir, qu’il s’y crouvoit deux matières fort diftinétes, une légère qui furnageoit facilement dans l'eau , & l'aurre pefance qui fe précipitoit conftamment au fond. Ce premier appercu m'ayant fixé, je décantai avec les précautions convenables , & j'obtins une poudre légère, que je regarda comme une portion de la terre fubrile du fpath, qui n'avoit pu être enlevée par l'acide, faute fans doute d'en avoir employé une aifez grande quantité. Après quoi , il me refta une poudre pefante ; que je connus tout de fuite pour être quartzeufe ou ün fable fn quartzeux. Ne pouvant attribuer ce fable ni aw verre de mes cornues, qui, dans ces opérations, ne font jamais rongées, comme il arrive dans la difüllation de l'acide vitriolique fur ce même fpath , ni au quartz, que par négligence j’aurois pu laiffer dans Le fpath, parce que d'une part j'étois crès-sûr d’avoir nettoyé fort exatement mon fpath, & que d'une autre la quantité en étroit trop confidérable pour pouvoir l'attribuer avec raifon à certe caufe feule, je le regardai fe difficulté comme une des parties conftituantes du fpath-fluor, d’autant plus que je l’avois preflenri dans mon premier Mémoire, & que je fais entendre auffi dans le dernier que la terre fubrile du fpach , celle qui eft fufceprible de s'élever avec les acides, n’en eft qu'une des parties conftituantes , done il ef? peut-être. poffible de L'épuifer. Je veux dire à: force de faire diftiller des acides fur cette matière. 23°. Cette nouvelle voie pour connnître enfin la compofition entière de aotre fparh étant ouverte, je ne penfai plus à autre chofe: & je me mis auffi-tô à répéter mes expériences; mais confidérant que des deux diftillations , celle qui avoit été faite avec l'acide du nitre , mavoit pré- fenté les deux matières dont je parle plus diftinétes & plus nettes , en un mot, mieux féparées l’une de l’autre, & confidérant d’ailleurs l'acide nitreux comme l'agent qui pénètre mieux Le tiflu des fubftances minérales que tout autre, je crus devoir m’en tenir à celui-ci pour avoir la démonftra- tion claire & nette de ce que je cherchai. Je pris en conféquence deux onces de notre fpath le plus pur que je pus me procurer, & l'ayant réduit en poudre la plus fine que je pus, je l'introduifis dans une cornue très- propre ; je verfai deflus une demi-livre de bon efprit de nitre, & ayant fait bouillir promptement ce mélange , je le Laiffai fe réfroidir peu-à peu fur le bain de fable, jufqu'au lendemain , que je recommençai ma diftillation vivement. C'éit afin de bien rompre & pénétrer Les parties du fpath. J'eus en effet un réfidu qui me donna beaucoup plus de fable fin bien Tome XXXI, Part. II, 1787. SEPTEMBRE, Aa 2 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, net & bien moins de-certe terre fubtile. La quantité de ce fable répondie à la moitié à peu de chofe près de là totalité-du fpath employé, 24°. Cependant craignantsoujours de me faire illufion , je crus devoir effayer ma terre fubrile, pour voir f véritablemenc elle étoit ce que je: penlois,, c’eft-à-dire, la même terre qui et fufceptible de s'élever avec les acides. À cer effer je la divifai en deux parts, Jen effayai une avec de l'acide du nitre, & l’autre avec de l'acide vitriolique. L'un & l'autre acides en enlevèrent une portion de terre ; & ce qui refta au fond des cornues, étoit brunâtre, & précipitoit fortement la leflive du bleu de Prufle, noircifloir même avec la noix de galle, lorfque l’excès d'acide qui y étoir, étoit faturé par de l'alkali fixe. Peut#être y avoit-il encore dans ces petits réfidus quelques petites parties du fparh non décompofé ; cette penfée me: portoit à recommencer mes opérations, pour voir fi. en effet je ne par- viendrois:pas à en enlever encore de la terre du fpath, mais j'étois déjà laffé de ces opérations répétées tant de fois, & je n'en, conclus pas moins. que le fpath-fluor étoit un compofé de certe terre fubrile qui eft toute: articulière (x}, dequartz & d’une portion très-petire de chaux de mars. Voilä-ma tâche rémplie, ceux qui n'en feront pas contens, peuvent-con- fidérer. le fpath-fuor, comme bon Jeur femblera, & y admettre même un. acide s'ils veulent! je ne ferai plus tenté de les contredire. . ‘ft +7 nd 8 EXÆF'RAITUDES REGISTRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, Du 4 juillet 1787. L'aca DÉMIE ayant chargé MM. le Roy, Briflon, Lavoifer ; Monge, Bertholler &c de Fourcroy., d'examiner un nouveau genre de: feux produits par la combuftion des gaz inflammables , & exécutés par: M. Diller, Phyficien hollandois, & dont il defire d'offrir le fpe@acle au Public, nous avons .d'abord.aflifté à ce fpe&acle, & nous avons fait: enfuire l'examen des procédés imapinés & exécutés par ce Phylicien. Le réfultar de nos obfervations nous ayant bientôt convaincus que la. pratique de ces procédés & les. différens moyens qui les. conflituenc annonçoient dans leur auteur une fuite de recherches très-érendues fur les (x) Jai raffemblé toutes les connoïffances que jai pu. acquérir fur cette terre, & celles que le célèbre M. Achard nous a-procurées de fon côté, & j’en ai formé un: Mémoire particulier que j’ai envoyé-à l’Académie de Turin pourymon contingent , qui le fera imprimer yraifemblablement pour l’un de fes premiers volumes. av ’ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 propriétés & fur la manipulation de diverfes efpèces d’airs ou fluides élaftiques inflammables : nous avons cru ne pas devoir nous borner à préfenter dans ce rapport de fimples conclufions for l'agrément & le peu de danger de ce fpectacle , auxquels notre miflion paroïfloit particulière- ment deltinée. Nous devons dire que l'enfemble du fpectacle propofé par M. Diller conftitue un art nouveau, même affez compliqué , où des expériences phyfqgnes très-agréables four dirigées par des moyens de mécanique ingénieux , où fetrouvent réunis & comme oppofés les uns aux autres , l'appareil le plus compliqué en apparence , & l'exécution la plus fimple, les matériaux Les plus inflammables & la combuftion la plus tranquille. Pour préfenter à l’Académie une efquifle de cet art créé en quelque forte par M. Diller, nous croyons devoir le partager en différens autres arts plus fimples dont l'exécution fucceflive conftitue les feux qu'il defire de faire connoître au Public. Les différens airs ou gaz inflammables employés par ce Phyficien ; l'art de les contenir dans Les réfervoirs parti- culiers, celui de les faire paffer enfemble, féparément & à différentes dofes dans des tubes à l’aide de diverfes communications établies entr'eux ; la mécanique employée pour donner les formes & les mouvemens les pius compliqués aux canaux dans lefquels ces gaz circulent & d’où ils s'échap= pent par une quantité plus ou moins confidérable d'ouvertures; les modifications que M. Diller a fu produire dans la couleur , l'intenfité , Pétendue des flammes à l’aide du mêlange ou de l’ifolement des gaz, & du plus où moins de rapidité de leur mouvement ; enfin, la variété du fpectacle qui réfulte de tous ces arts réunis: tels font les objets dont nous croyons devoir expofer les détails à l'Académie afin qu’elle puifle jugez quelle étendue & quelle exaitude ce Phyfcien a mife dans fon travail. 1°. Trois efpèces de Gaz inflammables non détonnans employés par M. Düller, M. Diller emploie trois différens airs où gaz inflammables qu'it défigne par la couleur de leurs Aammes ; l'air blanc, l'air bleu & l’air verd. Il ne fait point ufage du gaz inflammable préparé avec le fer, parce que la combuftion de celui-ci donne, comme nous en avons jugé nous- mêmes par comparaifon , une flamme beaucoup moins belle que ceux dont il {e fert. Sans nous faire un myftère de fes recherches, M. Diller ne nous a point dit par quels procédés il retire les trois Auides élaftiques done nous venons de parler, mais il ne nous a point laiffé ignorer que ce n’étoit poiat avec le fer qu'il les préparoit, & que la diverfité de la couleur des flammes dépendoit du mêlange de différens gaz les uns avec les autres. Nous avons reconnu dans chacun de ces gaz brûlés à l’extrémité du mème tuyau, la couleur qui les diftingue , la beauté & l’uniformité de leurs flammes, la modification qu'elles reçoivent par la rapidité que L'on 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, imprime à ces gaz en comprimant plus ou moins fortement les velfes ui les contiennent, Nous avons fur-tout été frappés de l'éclat & de l'inrenfité de la flamme produite par l'efpèce de gaz qu'il appelle air blanc , & qu'il propofe pour l’ufage des phares ; mais la propriété la plus fingulière, & en même-tems la plus précieufe que M, DjHer vous a fait connoître dans ces trois gaz, c'eft desne point détonrer avec l'air atmofphérique ; nous avons multiplié les expériences fur ce fait qu'il étoit important de vérifier, & nous avons reconnu, comme M. Diller nous l’avoit annoncé, 1°. que ces trois gaz ne détonent point avec différentes proportions d'air atmof- phérique : 2°. que le mêlange de cer air avec ces gaz ne fait que diminuer Ja beauté & l'intenfité de leurs fammes ; 3°. qu'on peut d’après cela les étendre, pour ainfi dire, d’une affez grande quantité d’air atmofphérique, fans leur ôter leur combuffibilité, & que cette addition modifie leurs flammes en afoibliflant la nuance, de forte que M. Diller en a fait un de fes procédés les plus utiles ; 4°. que le gaz inflammable préparé avec le fer perd même par une petite addition de ces gaz fa propriété de détoner avec l'air atmofphérique. Cette propriété des trois efpèces de gaz inflammables employés par M. Diller dans fes feux eft donc crès-propre à écarter routes les craintes qu'on pourrojr avoir fur le mélange d'air armofphérique, & d’ailleurs nous verrons plus bas que la difpofition des machines faites par ce Phyfi- cien, rempliroit feule ce but, quand même les gaz feroient fufcepribles de déconer; il feroit fuperflu d'infifter plus long-rems fur Aa nature des g2z employés par M. Diller, & donr il defire d’ailleurs fe réferver quelque rems la préparation. L'Académie fair que les recherches des Phyfciens modernes & en particulier celles de MM. Prieftley, Wolta, de Laflonne, & de plufeurs de nous, ont appris à varier par des mélanges de divers fluides aériformes, & par la difloiution de différens corps eombuftibles dans le gaz inflammable la couleur de ces flammes, & que ce qui appartient à M, Diller dans cette partie de fon travail, confifte principa- lement dans le choix qu'il a fu en faire, dans les proportions des mélanges, dans l’art de les extraire , 6e fur-tout dans celui de les obtenir toujours uniformes & de la même nature, 2°. Extraëion de ces Gaz, & réfervoir où ils font renfermés. Quoique M. Diller ait befoin d'une grande quantité de ces gaz inflammables , l'arc qu'il emploie pour les extraire eft crès-fimple, Des bouteilles ordinaires, un grand nombre de veffies garnies de tubes & de robinets Jui fufifenr. La manière de contenir degrandes quanticés de ces gaz fans rifque de les perdre ; & les moyens de fe préturer des référvoirs légers & commodes au-deffous des machines deftinées à offrir le fpeétacle de leur inflammation , elt auili un des procédés les plus fimples & les plus ingénieux, imaginés par ce Phyfcien, Trois caifles de bois d’envirôn SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 19% quatre pieds & demi de long fur trois de large, de dix-huit pouces de hauteur, bien unies en dedans, forment ces réfervoirs: chacune de ces caifles contient douze veflies très-grandes & préparées par un procédé particulier à M. Diller, de forte qu’elles font imperméables à ce gaz; elles font placées fur deux rangs de fix chacun , & dans une ficuation telle que leurs fonds fe regardent fans fe toucher & laifflent an efpace libre entr'elles au milieu de la longueur des caïffes, randis que leurs parois latérales fe touchenc & fe preffent par leur diftenfion comme fr elles étoient collées. L’orifice de chacune de ces veflies eft terminée par un tuyau de cuivre muni d’un robinet ; ce tuyau fort par un trou pratiqué aux parois de la caifle & s’abouche avec un canal métallique qui fait le tour de Ja boîte: le même canal circule fans interruption autour des trois caiffes , & recoit ainfi trente-fix tuyaux qui écabliffent une com- mupication immédiate entre iestrenre-fix veflies & le canal environnant. On peut donc confidérer cé canal comme le rendez-vous commun de toures ces vellies. L’ufage bien enrendu de chacun de ces grands réfervoirs particuliers formés par chacune des vellies , elt de permettre à M. Diller d'en fubfituer une avec beaucoup de facilité, & de ne jamais s'expofer qu'à des pertes de gaz très-peu confidérables ; d’ailleurs , les veflies pré- parées & enduires à la manière de M. Diller fout d'une rénacité très- forte, & ce Phylcien nous a afluré qu'aucune ne s’eft encore trouée, & qu'il ne lui eft jamais arrivé de perdre du gaz. Chaque caifle renfermant douze vellies peut contenir, en calculant la capacité de ces réfervoirs: membraneux , treize pieds cubes de gaz infammables. Pour remplir les vellies fuppofées fafques & vuides, M. Diller a pratiqué fur les perics côtés du canal de cuivre recevant les douze tuyaux de chaque caifle, un robinet particulier , ou une efpèce de tuyère dans laguelle il fait paîler par la preffion le gaz inflammable qu’il a deftiné pour chaque caifle; car ce nombre des trois caifles répond à celui des trois gaz inflammables vil emploie. A mefure que les veflies s'empliffent & fe dittendenr, eiles s'élèvent jufqu’à la hauteur des parois latérales des caifles, & elles viennent toucher une planche qui forme la couverture de chaque caille & qui eft mobile. Cete efpèce de couvercle eft garnie fur fa largeur d’une traverfe portant un écrou qui reçoit une vis de preffion. La vis eft rerminée par une-manivelle, & chacun des pas de certe vis feifant defcendre la planche produit une preflion douce & égale fur les veflies dont le gaz eft peu-à-peu évacué par cetre prellion. Cet à l’aide de ce mécanilme fimple que chaque gaz infammable eft pouffé dans les appareils donr nous allons parler. 3°. Paffage des Gaz un à un, deux à deux , trois à trois duns les appareils. Les appareils imaginés & exécutés par M. Diller pour faire pafler le: cez 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, inflammables un à un, ou diverfement mélangés & à différentes dofes dans les machines, à l'extrémité defquelles ils doivent brûler , font béau- coup plus compliqués que les précédens auf ne nous propofons-nous pas de les décrire ici : notre intention eft d’expofer en général le méca- nilme par lequel ce Phyficien a rempli cer objet. On fe rappelle d'après la defcription précédente que les trois caifles font environnées d’un cana de cuivre qui communique avec les douze tuyaux répondans aux douze velBes ou réfervoirs. Le canal commun aux trois caifles & qui circule horifontalement autour d'elles, s’embranche avec trois autres canaux plus cu moins verticaux dont chacun correfpond à une des caifles & eft deftiné à fournir lefpèce de gaz qu'elle contient. Des robinets établiffent ou interrompent la communication , foit entre les trois portions du canal borifontal qui répondent à chaque caifle, foit entre ce canal & les tubes verticaux particuliers à chacun de ces grands réferveirs, Ces deux ordres de canaux conftiruent le principal appareil des. machines exécutées par M. Diller. En les ouvrant les uns après les autres ou deux ou trois enfemble, ils donnent par la nature des trois gaz inflammables , des flammes plus ou moins bleues, blanches, Tougeûtres ; verdâtres. La prefion plus ou moins force qu’elle exerce fur les caifles à l'aide du mouvement plus ou moins rapide de la vis, ouverture plus ou moins grande des robinets qui portent chaque gaz de chacun des réfervoirs, conftituent un des moyens de varier la couleur & l'étendue de leurs flammes, ? 4°. Ces premiers canaux ne font encore que des conduéteurs, & fi les courans, leur vitefle, la quantiré de gaz qu'ils verfent, dépendent des . moyens fimples appliqués à ces premiers canaux , il eft une foule d’autres effets variés qui fonc dus aux derniers appareils dans lefquels les gaz fonc portés & à la furface defquels ils brûleur dans l'air, Il feroit impofble fans des détails longs & peut-être difficiles à entendre , de décrire l'étendue, la forme, les contours , la diverfité des diamètres, des machines verticales dans lefquelles la combuftion des gaz a lieu. Ces machines compliquées & qui font au nombre de trois, toutesdifpofées, font formées par une grande quantité de tuyaux de différens calibres placés verticale- ment, courbés en différens fens & terminés dans un grand nombre de points par des tubes rrès-petits percés de trous par lefquels le gaz inflam- mable s'échappe & vient brûler dans J'atmofphère. Pour en concevoir le, mécanifme général, qu'on fe figure un premier canal horifontal ou petit réfervoir dans, lequel viennent s'ouvrir les” trois canaux verticaux qui portent le gaz de chaque caifle , qu'on élève fur ce premier rélervoir un nombre plus ou moins confidérable de tuyaux garnis d’une grande quan- tité de robinets & qui fe divifent en montant pour fe terminer par des cubes de toures fortes de formés : qu’on ajoute qu'à l’aide des robirets & des tubes communiquans très-multipliés certe fuite de canaux fe remplie féparément SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 193 féparément par parties ifolées ou diverfement combinées de trois divers Auides élaftiques inflammables : enfin, qu'on termine Les extrémités de ces canaux par une infinité de tubes ouverts, & qu'on fe peigne les ouvertures de ces cubes tournées en haut, en bas, de côté & en devant, ayane les formes de trous ronds, de quarrés, de fentes, d'étoiles, &c. & l'on concevra quelle variété d'effets l'on peut attendre de ces machines trop compliquées dans leur forme pour qu'il foit poflible d'en offrir une defcription claire & précife. 5°. Mouvemens communiqués aux tubes, foit par les Gaz, foit par le mécanifme. Outre la diverfité des effets produits par la forme, la direction , le nombre, le calibre des tuyaux & des tubes qui confituent les appareils à feu de M. Diller , il a trouvé un autre moyen d'y répandre une nouvelle variété, & de former un nouveau fpeétacle par les mouvemens qu'il a fa imprimer , foit aux tubes très-déliés à l'extrémité defquels brûlent les gaz inflammables, foir à des fyftèmes de canaux beaucoup plus gros que les premiers & qui portent des tubes à flamme dont l'enfemble repréfente différens fujets, Ces effets fimples en eux-mêmes donnent plus de mérite au fpedacle de la combuftion des gaz, & animent, pour ainfi dire, les fcènes que ce fpectacle repréfente. Les mouvemens font en général de deux clafles; ou ils font produits par le jet &:le courant des gaz qui les communiquent aux tubes minces & allongés dont ils s’élancent à la manière des foleils d’artifice donc ils imitent parfaitement les effets, ou ils font dus à un mécanifme plus ou moins compofé, dont la diverfité eft relative aux effets que M. Diller fe propoloit de produire, Ce font dans plufieurs de ces machines des tubes qui tournent en différens fens , les uns au-deflus ou au-devant des autres, Une mécanique plus recherchée a fourni à ce Phyfcien des moyens d'offrir des effets plus finguliers. Tel eft, par exemple, le mouvement communiqué à deux animaux, l’un repréfentant un ferpent & l'autre un dragon qui parcourent une courbe très-irrégulière, en prenant eux-mêmes diverfes figures par des mouve- mens particuliers communiqués aux différentes parties de leur corps. On comprendra facilement que cer effer éroit d'autant plus difficile produire, que ce n'eft point ici un fufée d'artifice qui exécute ces mouvemens bizarres & irréguliers, mais un tuyau qui doit toujours être alimenté de gaz inflammable, malgré les différentes diftances où il fe trouve du canal qui le lui fournir. 6°. Idée du fpeëtacle. produit par tous ces effets: Quoique les détails dans lefquels nous fommes entrés faflent affez connoître que l'examen des procédés & du mécanifme imaginés par Tome XX XT, Part. IT, 1787. SEPTEMBRE, Bb. z94 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à M. Diiler ; nou; a donné une idée encore plus avantageufe de fes talens que ce fpectacle même auquel nous avons aflifté ; nous devons cependant dire que ce fpeétacle eft très-agréable, qu’il eft infiniment au-deffus des: divers effets qu'on avoit tentés en ce genre avant M. Diller. L’adrefle & l’aflurance avec laquelle il exécute rout ce que:la pratique la plus éclairée Jui dite, nous ont autant frappés que les effers de flamme & de lumière qui conftituent la bafe de fon fpectacle ; ces, effets font en générai de deux fortes : ils font dus à la manipulation même opérée par M. Diller, ou ils font produits par les grandes machines dont nous avons parlé. Les: premiers qui ne fonc deftinés qu’a donner une idée préliminaire des autres , s’exécutent d'une manière très-fimple, Une, deux ou trois veflies ;. terminées par des tubes de diverfes formes & des robinets plusou moins multipliés, fufflent à M. Diller pour les produire. Ces veflies pleines chacune en particulier de l’un des trois gaz que nous avons défignés, placées: fous fes bras qui les compriment plus ou moins fortement , donnent par Vinflammation de ces gaz & par le moyen des tubes diverfement percés: par lefquels elles font terminées, des flammes variées par la couleur ;. l’érendue, l'éclat & la forme. Ce font fucceflivement des foleils, des étoiles, des triangles ,.des croix de Malte d’un bleu tendre, d’un blanc brillant, d'un bleu foncé , d'un verd pâle & fouvent mêlés & nuancés régulièrement & fymmétriquement de ces couleurs dont le champ fe rétrécir, s'accroît , dont les formes varient fans ceffe au gré de M. Diller. La preffion exercée par fes bras fur une ou deux veflies & avec des forces diverfes , les tubes communiquans ouverts à l’aide de fes mains très. exercées & laiffant paffer plus ou moins un de deux ou de trois gaz, font les procédés fimples qui font naître tous ces effets. Le gaz inflammable: ou l'air blanc, comme il le nomme lui-même, pouflé avec rapidité par- un feul tuyau allongé & vertical, produit une Jumière fi vive qu'on a peine à en foutenir l'éclat & qu’elle repréfente la combuftion de l'huile la plus volatile & la plus éthérée; en un mot, cette première partie de fon: fpeñacle offre-une fuite d’effets aufli agréables que variés. L'autre partie du fpe“tacle confifte dans le jeu des grandes pièces pofées verticalement où une quantité confidérable de tubes offrent des: flammes légères, diverfemenc colorées, & dont les variétés font produites par les divers mécanifmes indiqués, que M. Diller dirige & modifie de beaucoup de manières différentes : ces machines offrent en général des figures d'animaux , de plantes ou d’objets quelconques dont la déco- ration nous a paru intéreflante; à l’aide des tubes communiquans M. Diller les offre par parties; des.troncs d’arbres fe chargent de feuilles , de fleurs & de fruits: des animaux fe pourfuivent & s'évitent ; en un mor, l'œil eft toujours agréablement frappé. Obfervons encore que les trois machines dont nous avons parlé font fufcepribles de former cinq à fix fpectacles différens ; par la diverfité des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119$ formes que M. Diller peut leur donner : enfin, la éombuftion des ga inflammables n'eft accompagnée d'aucune mauvaife odeur , avantage que ces feux ont fur l’artifice ordinaire. . CONCLUSION. Nous conclurons de tout ce que nous venons d’expofer que Îes effets produits par les machines de M. Diller ne peuvent être accompaunés d'aucun danger , que les feux qui les compofent font très-agréables ; que M. Diller a déjà même pouflé cet art très-loin, que fon travail annonce des connoiffances exactes de Phyfique & de Mécanique, & qu'il feroit très-capable de s'exercer fur des objets plus importans: qu’il réunit au mérite de l'invention celui de pouvoir fabriquer lui-même fes machines avec un foin qui ne laifle rien à defirer ; enfin, que l'enfemble de fes procédés mérite des éloges de l’Académie, comme il a mérité le fuffrage de feu M. Allamanc dont M. Diller eft l'élève, & aux démonftrations duquel il a coopéré avec fuccès. ÉTABLISSÉMENT D'UNE SOCIÉTÉ DE L'EXPLOITATION DES MINES, Envoyé par M. DE TRÉBRA. CEsr une chofe univerfellement reconnue aujourd'hui que l'utilité de l'exploitation des mines. .L’expérience a aflez démontré combien étoit féconde cette fource immédiate des richeffes dans [es mains d’une admi- niftration vigilante & éclairée. Cependant cet art eft encore loin de la perfection où il doit atteindre, & quoique les fciences en aient banni une partie des préjugés qui fe font oppofés fi long-tems à fes progrès & lui aient enfin donné une bafe & des principes folides , il n’eft que trop vrai que la fomme des connoïffances abfolument certaines y eft très-bornée , & qu'il refte encore beaucoup de chofes abandonnées à l'incertitude & à de vagues conjeétures, Une des principales caufes de ce vice a été le fecret dans lequel fe font prefque toujours enveloppés ceux qui ont dirigé leurs travaux fur cette partie eflentielle. Chacun travaillant folitairement & fans autre objet que celui d'un intérêc perfonnel & immédiat, s’eft peu embar- raflé des fuccès d'autrui ou des progrès de la fcience : content de fes propres découvertes, il auroit cru s’en dépouiller en les communiquant. De-l il eft arrivé que d’utiles procédés font morts avec leurs inventeurs, & plus fouvent encore que ces fecrets fi myftérieufement voilés n’ont couvert que l'ignorance & le charlaranifme Tome XXXI, Part. II, 1787. SEPTEMBRE. Bb2 156 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE; Plufieurs amateurs de la Minéralogie raflemblés à Szkleno, près de Schmmitz en Hongrie , à l'occafion du nouveau procédé de l'amalga- mation , dont les avantages dans le traitement des mines font inappré- ciables, ayant été vivement frappés des entraves que cer égoïfme donnoit à un art fi utile, ont cru ne pouvoir mieux le détruire qu'en formant une Société, dont les travaux communs euflent pour but de fixer les principes les plus sûrs de la fcience de l'exploitation , & dont les Mémoires répan- dus dans toute l’Europe puflent offrir à tous ceux qui entreprennent cette efpèce de travaux le réfultat des recherches & des découvertes dont ils feroient l’objer. Par ce moyen il fe formeroit une mafle commune de lumières ; l'intérêt particulier fe trouveroit confondu dans l'intérêt géné- ral : il le ferviroir & en feroit fervi à fon tour. L'impofture & le: char- Jatanifme feroient bannis d'un champ que la fcience & l'expérience doivent feules cultiver, & la Société trouveroit dans la confiance qu'elle infpireroit le prix & l’encouragement de fes travaux. Le fecours de l’impreffion étant néceffaire pour conferver & répandre fes obfervations, la Société fera attentive à en prévenir l'abus. Un defes plus friéks ftatuts fera la briéteté & la clarté des Mémoires qu’elle recevra, - La vérité doit en être la bafe. Elle veut que toute difcuffion oifeufe, toute digreflion étrangère & non fftimément liée au fujet en foient bannies ;. que tout y foit fondé fur des chofes ; l’efprit de fyflëme étant directement contraire au but qu’elle fe propofe, elle évirera avec foin de fe mêler des affaires de la politique & de la finance, quelque trait que puffent avoir fes travaux à leurs opérations. Elle s’efforcera fur-tout de combattre ce travers de l’efprit qui le porte aux chofes brillantes, & à l'oftentation d'une vaine fcience, au mépris des chofes fimples & communes, mais utiles, & par cela même les feules vraiment grandes. Les difpofitions que la Société connoît dans les Membres qu'elle s’eft choifis l'aflurent que fes intentions à cet égard feront remplies, Elle propofe ici l’appercu de fes principaux réglemens, où fe trouve développé le plan de fon iaftitution. Er comme fon feul defir eft l’utilité publique, elle invite les favans qui doivent la compofer à lui communiquer leurs vues, afin de redifier ce plan en ce qu'il pourroit avoir de défeétueux & qui n’auroit pas été prévu par elle, pour travailler de concert à le porter à fon plus haut point de perfection. Cette Société prendra le titre de Socicré de l'exploiratton des Mines. EF. Objer. x°. La Géographie phyfique; 2°. la Minéralogie fondée fur Ja Chimie; 3°. l'exploitation par le moyen des machines, des boccards & des avoirs; 4°. la Géométrie fouterraine ; $°. l’hiftoire de l'exploitation des mines ; | | SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. . 59 &°. les fonderies & procédés pour l'extraction des métaux de leurs minerais, P, par la fufñon , 2°. par l'amalgamation ; le tout d'après la pratique. HT Membres ordinaires. 4 f _ ” Les Savans & ceux qui pofsèdent des connoiffances pratiques de Pexploitation des mines & des travaux métallurgiques, Membres extraordinaires. Les shéoriciens qui réduifent ces fciences en principes pour les appliquer à la pratique. Membres honoraires. Les amateurs & protecteurs de l'exploitation des mines , jugés, par {es Membres ordinaires, utiles à l'avancement de cer objer, & qui le font eu effet. L'IVL Bur. Recueillir tout ce qui peut fervir, dans le fens le plus érendu , au progrès de l’art de l'exploitation, & le communiquer à tous les Membres , afin qu’ils en faflent l'application pour le bien public dans les endroits où ils fe trouvent : il en naïîcra des avantages frappans ; quantité de procédés étant enveloppés de voiles myftérieux par les ouvriers qui les rendent plus importans en les qualifiant de fecrets, TONX Devoirs & obligations des Membres: 2%, Envoyer chacun de la contrée qu’il habite tout ce qui pent concourir au but de la Société ; 2°. indiquer exactement les faits & Les obfervations; 3°. faire part de toutes les expériences , même de celles qui n’auroient pas réuffi, fi elles peuvent tourner à l'avantage du Public ; 4°. adrefler à a Société les examens pue & les jugemens des queftions propofées par elle; 5°. chaque Membre payera deux ducats par an à la direction aux environs de Pâques. V. Devoir de la Societé. 1°. Elle fera connoître publiquement les nouveautés qui lui ont été envoyées; 2°. elle communiquera à chaque Membre aux frais de ce dernier lorfqu'il le demandera, les Mémoires , deflins , modèles , productions, en 3:98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; un mot, tout ce qui a rapport au but de fon inftitution ; 3°, elle répondra aux demandes convenables des Provinces, Compagnies , Officiers des mines, particuliers, fur les objets qui concernent les travaux des mines 8 elle portera fon jugement fur les différens projets foumis à fon examen, moyennant un honoraire qui fe verfera dans la caifle de la Société, NAT. Direlion de La Société. Elle n'eft fixée dans aucun lieu particulier ;-c'eft à Zelterfeld au Hartz qu'il faut tout envoyer , en affranchiffant les paquets. C'eft-là que font les archives & le protocole, où s’enregiftrera tout ce qui y eft envoyé , & tout ce qui en fort; c’eft-là que doivent s’adrefler les Membres , lorfqu'ils veulent avoir des efquifles , des modèles, &c. en les payant ; c'eft auffi-[à qu'eft la caifle de la Société, où lon verfe la rétribution annuelle des Membres, les honoraires du Libraire, & ceux qui fe perçoivent pour les demandes, &c. C'eft à Zelterfeld que s’impriment les Mémoires , que fe faic la comptabilité & que fe tient la correfpondance avec Les Directeurs .qui habitent dans différens pays. VIT Directeurs. Ils doivent être des Membres de la première claffe , dans Îe cas qu'il ne manque pas abfolument de Mineurs praticiens inftruits dans un payse Les Directeurs actuels font: 1°. Pour la Pruffe, M. de Haynitz , Miniftre d'Etar. 2°. En Autriche, M. de Born, Confeiller Aulique. 3°. En Saxe, M. de Charpentier , Confeiller des Mines. 4°. Au Hartz, M. de Trebra, Vice-Intendant des Mines, Il eft chargé ‘dans ce momert des archives & de la caille, 5°. En Suède, M, de Gyllenhahl. 6°. En Dannemarck, M. Brunnich. 7°. En Italie, M. Harduini, 8°. En France, M. le Baron de Diétrich, à Paris, Commiflaire du Rof à la vifite des mines. 9°. En Angleterre, M. Hawkins. 10°. En Norvège, M. Henkel l'aîné. 11°. En Efpagne, M. Anoulo , Directeur des mines d'Efpagne, 12°. À Santa-Fé, M. d'Flhuyar l'aîné. 13°. Au Mexique, M. d'Elhuyar le jeune. 34°. En Rufñie, M, Pallas. _—— LA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 99 VIOTETTS L Occupation des Direéteurs, 1°. Ils propoferont les Membres ; 2°. ils feront chargés de veiller à ce: que le but que la Société fe propofe foic rempli, chacun dans les contrées départies à leurs foins; 3°. ils feront répondre aux demandes gui leur font faites par les Membres de leur “ose en état de le faire; 4°. en cas de mort d’un Directeur , ils en éliront un autre; $°, ils dérermineronc à la pluralité des voix l'endroit où les archives & la caifle doivent être placées ; il fera ftatué fur routes les affaires importantes à La pluralité des voix des Membres de la première clafle. EX, Statuts de la Société, r°. Les Membres qui auront négligé de remplir pendant ane 4hnés Tes devoirs prefcrits par l’art. IV, feront rayés du Tableau ; 2°, routes les réponfes aux demandes, &c.feront fignées, au nom de la Société, par celui qui fera chargé des archives & de la caifle; 3°. les Aureuts de Mémoires particuliers imprimés dans les écrits de la Société feront maîtres de les figner ou de garder l’anonyme; 4°, les Mémoires de la Société feront imprimés en langue allemande ; mais on pourra les envoyer écrits en latin, en françois, en anglois , en italien & en allemand; ÿ. les décifions fur les demandes qui auront été faites , feront toujours expédiées. én allemand. "a 6e. Ce plan fubfftera pendant une année pour en faire l’effai : durant. ce tems on prie les Membres particuliers d'envoyer leurs idées fur cer objer aux Directeurs, qui y feront enfuite les changemens qu’ils jugeron® néceflaires. À Glafshiette , feptembre 1786. Signé par Meflieurs. Ignace de Born. F. W. H. de Trebra- Jean-Jac. de Ferber, Nicolas Poda. Antoine de Ruprecht. Don Fauflo d'Elhuyar: J. F. W. de, Charpentier: Johnn Hawkins. Olaus Henkel.. Ea Société au moment de fa formation a prié M. le Baron de Diétrich:3: Direéteur pour la France & la Suiffe, d'offrir aux favans ci-après dénom= més d'entrer dans fon aflociation , en le chargeant de lui propofer celles z09 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des perfonnes qu’elle auroit pu omettre & qui auroient le defr d'unit Leurs travaux aux fiens. Les perfonnes que la Société a défignées font: Membres ordinaires, M. Schreiber, Direéteur des mines de Monsieur, à Allemont en Dauphiné. M. le Profefleur Struve, à Laufanne. Membres extraordinaires. M. de Morveau, à Dijon. M. le Préfident de Vierly , à Dijon. M. le Profefleur Ehermann, à Strafbourg. M. de la Peyroufe, à Toulouf, M. de Sauflure , à Genève, M. Hoepfner , à Berne. Wittenback , à Berne, Membre honoraire: M. le Duc de la Rochefoucauld, NorTe pes RÉDACTEURS. Le projet de cette Société qui peut devenir très-utile, a été envoyé à M. le Baron de Diétrich tel qu'il eft ici, & il a été traduit fidèlement. Le défaut d’efpace nous a empêché d’inférer les noms de tous les Membres étrangers. Nous nous fommes bornés à faire connoître les favans françois que la Société elle-même a choifis. SUITE DES EXPÉRIENCES SUR LA PRÉTENDUE DÉCOMPOSITION DE L'EAU; Par M. pe LA MÉTHERIE, J'AI cherché à établir dans mes précédens Mémoires que les expériences apportées en faveur de la décompofition de l'eau n’étoient point con- cluantes ; qu'il eft plus vraifemblable que l’eau qu’on obtient par la coms buftion de l'air pur & de l'air inflammable n’eft point produite , mais feulement dégagée de ces airs, & qu’enfin ces airs ceffanc d'être à l’état aériforme devenoient aflez fubtils pour traverfer les vaifleaux & s'échapper. J'ai cherché à confirmer cetre dernière propoñtion par des expériences plus direétes, M + TA - 1 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, * 001 M. Senebier dans fes belles reeherches fur 1’air inflammable a fait voir que les airs tenus {ur l’eau éroient abforbés. Cet iliuftre Phyficien a tenu de l'air inflammable plufieurs mois fur l'eau, & il a obfervé que cet air avoit été diminué des deux tiers environ : il a aüffi vu que l'air pur féjournant fur l’eau fouffroit une grande diminution. J'ai répété Les mêmes expériences , & voici les réfulrats que j’ai obtenus. Expérience première. J'ai fait pafler fo pouces cubiques d’air inflam- mable retiré du fer & d'un acide vitriolique affoibli, fous une cloche contenant 100 pouces cubiques & pleine d’eau de Seine clarifiée. L'air s’eft abforbé peu-à-peu; & au bout de 48 jours il étoit réduit à 25 pouces un quart, Ils'agifloit de favoir ce qu'étoit devenu cet air. On pouvoit faire quatre fuppoñitions : 1°. qu'il étoir contenu dans l’eau de la cloche; 2°. qu’ayant été diffous fucceflivement par cette eau, il's'en étoit enfuite dégagé & avoit paflé dans l’eau du vafe où étoit piongée la cloche, & de-là dans l'atmofphère; 3°. ou qu'il s’écoit changé en eau en fe combinant avec la portion d'air pur que l’eau contient ; 4°. enfin , ou qu’étant décompolé il s’éroit échappé à travers les vaifleaux, Pour favoir laquellede ces fuppofñtions approchoit le plus de la vérité, je rentai les expériences fuivantes : Exper. IT. J'ai pris deux flacons chacun de la capacité de 75 pouces pleins d’eau de Seine, & ai fait pafler dans chacun 12 pouces cubiques du même air inflammable que ci-deflus, Les flacons bien bouchés avec leurs bouchons ufés à l'émeril , ont été laiflés renverfés dans l’eau, Je les agitai de tems à autre, & tous des huit jours je les ouvrois. L'eauy montoit à chaque fois : au bout de-deux mois l’air a été réduit dans chaque flacon à 1,86 de pouces. Ainfi il y avoitseu 10,14 de poaces abforbés. J'ai fait paffer l’air d’un des flacons {ous une-cloche, & en ayant pris deux mefures & une d'air pur, j'ai effayé de les faire détoner dans l’eudiomètre ; mais la détonation n'a pu avoir lieu, Une petite bougie allumée que j'y ai plangée se s'y eft pas éteinte. J'ai pour lors eflayé cet aïr avec l'air nitreux. Une mefure de chacun mélangé à la manière ordinaire, le réfidu a-été 1,15. Cet air rapprochoit donc de la bonté de l'air atmofshérique. J'ai verfé eau de l’autre facon dans une cornuequi contenoit 70 onces; & en ayant plongé le col fous une cloche pleine d'eau pour en recevoir l'air, je l'ai fait bouillir une demi-heure, il s'en eft dégagé 0,99 d'un ouce d'air; mais toute l’eau n'entre pas en ébullition. Celle du col s’échauffe peu, & eft chaflée par celle du corps de la cornue lorfqu’elle arrive à l’ébullition. Je fuppofe qu'il y a environ fo à $ÿ pouces d’eau qui ont donné leur air. C'eft à-peu-près la quantité qu'en contient l'eau ordinaire, c’eft-à-dire, d’un cinquantième à un foixantième de fon volume. Une mefure de cet air & une d’air atmofphérique n’ont pu détoner. J'ai pour lors mêlé à ces deux mefures , deux mefures, d'air nitreux. Les quatre Tome XXXI, Part, 11, 1787. SEPTEMBRE, Ce 02 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mefures ont donné pour réfidu 2,6o4Cet air étoit donc un peu moins: pur que l'air commun. Cette expérience répétée plulieurs fois m'a donné: des réfultats analogues. Il faut cependant obferver que lorfqu'on n’agite pas le flacon, la diminution: de l'air net pas aufli confidérable, & que celui qui refte eft plus impur. Cette expérience prouve bien que l'air inflammable qui a difparu: n'étoit point contenu ni diflous dans l’eau des flacons, Ils avoient été- d’ailleurs parfaitement bouchés , toujours renverfés dans l’eau, ainfi l’air- n'a pu s'en échapper. Cet air fe feroit-il changé en eau par fa combinaifon avec l'air pur: contenu dans l’eau ? Ayons recours à l’expérience, Expér. III. J'ai rempli d'eau de Seine une cornue de 100 pouces . & l'ai fait bouillir avec l'appareil pneumato-chimique. Il y a eu plus de 75 pouces d’eau qui font entrés en ébullition. Il ne s’eft dégagé que 1,49. de pouce d’air , dont une mefüre & une d’air nitreux ont donné 0,97. Cet air eft donc un peu plus pur que l'air commun. Suppofons donc: qu'il contient un demi-pouce d’air pur. Dans l'hypothèfe même de la compofition de l'eau , ce demi-pouce d’air pur n’auroit pu changer en eau qu’un pouced’air inflammable, & cependant il y a eu plus dé 10-pouces: d’abforbés. En voilà donc 9 qui n'auroient pu être changés en eau. D'ailleurs, j'ai fait voir que l’air pur & l'air inflammable tenus enfemblée für le mercure ne fe changeoïent jamais en eau. J'ai laiffé ainûi 2 pouces: d’air pur & 4 d'air infzmmable plus de deux mois dans un flacon plein: de mercure ,fans qu’au bout de ce tems il y eût la moindre humidité; &. le flacon ouvert, l'abforption n'a pas été fenfible.. L'air pur en féjournant fur l'eau éprouve aufli une diminution confi- dérable,, quoique pas aufli grande que l'air inflammable; & il eft égale- mentaltéré. J’ai faie pafler 30pouces. d'air pur fous une cloche de r00 pouges pleine d’eau dé Seine, & avec les mêmes précautions que pour d'air inflammable. Au bout de $8 jours cet air a été réduit à 21 pouces. Une mefure & trois d'air nitreux ont donné 0,99, & avant d’avoir éré fur l’eau , une mefure & trois d’air nitreux avoient laiflé un réfidu de O,1Se Ces expériences nie paroiflent bien comeluantes, & prouvent, ce me femble , 1% que l'air inflammable qui a difparu n’eft pointcontenu dans: l'eau des vaiffeaux; 20. qu'il ne s’eft point répandu dans l’atmofphère ;. 3°. qu'il n'a pas été changé en eau en fe combinant avec une portion d'air pur. Il me paroît donc*qu’on eft forcé de dire que cet air inflammable ayant été décompofé ( puifqu'il n’a pu s’enflammer, qu'il a entretenu la. combuftion des corps. & a été abforbé par l'air nitreux ) & l'air pur l'ayant aufi été, ces airs ont pu traverer les tai@aux. Voici comme js concois ce phénomène.. SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 20; L'air inflammable & l'air pur, comme toutes les fubftances aériformes , one compofés de petires véficules remplies de la matière de la chaleur. Dans cet état leurs molécules ont plus de volume, & ne peuvent pafler où elles pafloient auparavant. L'air pur & l’air nitreux, par exemple, font contenus dans des ballons de papier ; mais lorfqu'ils ont perdu leur état aériforme, & fe font.combinés fous fornie d’acide nitreux , ils filerene à travers ce papier. Les molécules de l'air inflammable feront dans ce même cas; & puilqu'il éprouve une plus grande diminution par fon féjour fur l'eau, ces véficules font encore plus capables d’être brifées. Sa grande légèreté fait encore voir qu'il contient plus de matière de La chaleur. Lorfque les véficules de ces airs féjournant ainf fur l’eau, fe brifent ; la matière de la chaleur s'échappe, la portion d’eau qu’ils contenoient fe mêle avec celle des vaifleaux, & enfin La partie aérienne n'étant plus à l’état aériforme deviendra affez {ubtile pour traverfer les vaiffeaux, Je ne vois pas d'autre manière d’expliquer ce qui fe pale dans ces expériences. La même chofe me paroît avoir lieu dans la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable. La partie aérienne & la matière de la chaleur s'échappent à travers les vaifleaux , & l’eau qu'ils contenoient fe préci- pite. Le deficit qu'il y a du poids de l'eau obtenue à celui des airs employés repréfence le vrai poids de l'air, en fuppofant , comme tous les Phyfciens en conviennent , que la matière de la chaleur ne pèfe pass mais fi on fuppofe qu'elle donne de la Jéoèreté aux corps, comme le penfent quelques favans , le poids de ces airs ferait encore plus confidé- table. Or, M. Monge, qui a apporté la plus grande exactitude dans cette expérience, a brûlé 14$ pintes <= d'air inflammable, & 74-2 d'air pur, qui pefoient 3 onces 6 gros 27,56 grains. Il a obtenu 3 onces 2 gros 45,1. grains d’une eau acidule. Il y a eu 7 pintes d'air reftant , pefant 2 gros 27:91 grains, dont une partie étoit de l'air fixe. Ainf le defécit eft de z gros 26,55 grains, qui repréfentera la partie aérienne qui s'eft diipée; mais quand même on obtiendroit en eau le poids des airs brûlés , on ne pourroit encore rien en conclure en faveur de la compofition de Peau. On diroit feulement que ces airs ainfi dépouillés de toutes parties mouse ne pèfenc pas plus que la matière de la chaleur. Le Tome XXXI, Part, II, 1797. SEPTEMBRE, Cc3 204 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, © © — LETTRE DE M €CARANGEOT, A4 M KAESTNER;, Profeffeur de Mathématiques & de. Phyfique, à Gottingues Sur de prétendues erreurs dans la defcription du Goniométre.. Mixsreur, Je viens de me procurer, quoiqu'un peu tard, & d’après l’anñortce du Journal des Savans , du mois de mai dernier, la differtation que vous avez fait imprimer , à Leipfig, en 1785°, ayant pour citre : 1x Oprica: quædam Boerhat. & Haller. Comment. &c. Vous y dites, page 33, que pour connoître un corps il ne fuffic pas d'en mefurer les plans, & que dans les criftaux , par exemple, il faut y ajouter l’inclinaifon refpective des faces entr’elles. Vous difcutez enfuite les mefures que j'ai données di criftal de roche , à l'occafion de la defcription de mon goniomètre, dans: le Journal de Phyfique du mois de mars 1783. Vous ne les comprenez point, dires-vous, & vous cirez Euclide pour prouver que je dois m'être trompé. Je crois, Monfieur, qu'avant de me réfuter, vous auriez dû prendre la peine de me lire : fi vous l’euffiez fait avec un peu d'attention, vous auriez compris facilement, non-feulement que je donnois. les mefures d’un folide, & non celles de fes furfaces, mais même, que nous fommes parfaitement d'accord fur les angles de ce folide, & fa forme ne vous auroit point échappé. Vous y auriez encore vu que je n’y parlé point d’un morceau de criftal, fruffrum criflalli montani, comme vous: le dites, mais d'un criftal compler, foit régulier, foit de la plus grande difformité, pourvu qu’il foir tel qu'il fort des mains de la natüre. J'obfervois.alors:que quelques Auteurs s'étoient bornés à nous donner M la mefure d'un petit nombre d’angles plans qu’ils avoient remarqués dans Les criftaux ,& quoique lamefure des polyèdres foit une conféquence néceffaire de celle des angles plans de leurs faces , foit que ces Auteurs n'aient pas pouflé affez loin leurs obfervations, foit que trompés par les: troncatures plus ou moins multipliées dans les criftaux, ou par le plus: ou le moins d’accroiflement d’une ou de plufieurs facetres refpectivement à celles qui leur font contigues , ils aient méconnu l'identité de ces faces 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 20ç dans les différens criftaux d’une même efpèce , il eft certain, comme je le difois alors, que perfoñne avant moi n'avoir tiré parti de ces premières données pour mefurer les folides eux-mêmes. Ce font donc bien certai- nement ces derniers angles que j'ai eu en vue , & non ceux des furfaces., & je ne fais comment vous avez pu vous y méprendre. . J'ai donné pour exemple le criftal de roche, qui m’avoit occalonné {a découverte de cette propriété fi intéreffante , & particulière aux criftaux ; de Ja conftance de leurs angles folides dans ceux d’une même efpèce, J'ai dit que dans ce criftal , dont la forme la plus fimple eft un dodé- eaëdre compolé de deux* pyramides hexaëdres à plans criañgulaires ifocèles, jointes bafe à bafe, l’angle formé par la réunion de ces bafes, &c mefuré fur deux faces contigues eft de 104°, ce qui donne pour celui du fonmer 76°; car 104 + 76 — 180. J'ajoutai que dans une aiguille de ce criftal , le. prifmehexagone, qui n'eft que la fomme des couches dépofées fur les plans pyramidaux, donne pour chacun de fes angles 120°, & que l’inclinaifon des faces de la pyramide fur celles du prifme eft. de 242°. HAE (SU) 3: Vous paroiflez comprendre affez bien cette dernière partie de ma phrafe , cependant après avoir ajouté tout de fuite: Qzod ji jumam, & Jubducam angulum ré&um quem planuwm laterale prifmatis continet eur Pafi , erit ad eandem bafim inclinatio trianguli = $ 2°. Vous concluez, non que mes calculs font faux, mais qu’il eft difficile de fävoir comment ils peuvent appartenir à Ja figure qu'ils doivent repréfenter. Si vous n'eufliez pas été préoccupé de l’idée ; que j’avois opéré fur des angles plans , il vous éoit aifé d’après votre propre calcul , de faifir la mienne. En effec , fi comme vous en convenez , l’inclinaifon du triangle ifocèle de la pyramide elt de ÿ2° , en, y ajoutant l'angle droit du prifme:, vous aurez un angle de 142°, comme je l’ai aligné pour l'angle formé par Ja rencontre des faces de la pyramide, avec celles du prifme ; puifque $2+90— 142, IL s’enfuit encore ñéceflairement que l'angle réfulranic de la réunion des bafes des deux pyramides de la forme primitive priles. fur deux faces oppofées eft de 104=— 52 + 52; & enfin que le fommer de chaque pyramide mefuré auf fur deux faces oppofées eft de 76°, qui avec 104 des bafes — 180 Vous voyez que j'avois raifon d'attribuer à la préoccupation votre efpèce de critique , puifque vous donnez vous-même une des inclinaifons dé ce folide d’après laquelle toutes les autres doivent néceflairement s'enfuivre, & s’enfuivent en effer, conformément à mes mefures. Je ne vous dis rien de mon inftrument,.que je n'ai fait exécuter ,comme vous le dites fort bien , que pour faciliter les opérations dans la mefure des crillaux , & éviter les calculs géométriques. Si cependant vous vouliez vérifier les mefures de quelques-uns des polyëdres décrits dans la Ciflallographie ; je dois vous prévenir que par la même raifon , on y 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE," a négligé les fractions moindres ou plus fortes que celles d’un demi-degré. Cette omiflion pourra paroître grave aux yeux du Géomètre fcrupuleux, mais elle fera nulle pour l'obfervateur des formes extérieures de la nature jufqu'à ce que nos yeux ou nos inftrumens aient été perfectionnés. J'ai l'honneur d'être, &cs SE à SUITE DES EXTRAITS DU PORTE - FEUILLE DE L'ABBÉ DICQUEMARE (1) ANÉMONES DE MER. Exrre les anémones de mer que l’on trouve à la grande rade du Havre, en voici une jolie qui n’a pas encore paru. Planche I, fig. 8. L'un de fes caractères diftinétits eft un gros bouton qui s’alonge en dehors lorfqu’elle eft entièrement ouverte, & qu'elle cache quand elle eft totalement fermée. Souvent la forme qu'il prend eft gracieufe , il a pour bafe le deflus de l’anémone , ou plutôt il en fait partie , & fon extré- mité fupérieure eft quelquefois ornée de côtes. Cette anémone à trois rangs de membres : les plus grands font vers le centre , & les plus petits aux bords fupérieurs de la robe. Cette robe ’eft ordinairement brun‘rougé, rélèvé par des rayures blanches-qui paroiflent être formées par des tuyaux remplis de quelque matière de cette couleur. Le bouton auñi brun-rouge , femble , à caufe de fes'rayures blanches, être canélé agréablement & diverfement felon la formé momentanée qu'il prend. Son extrémité fupérieure eft d'un orangé foncé , à l'exception de deux côtés où la peau rentre, paroît demi- tranfparente, d'une couleur obfcuré & fur laquelle on remarque deux rayures. Les membes font aufli de mème couleur que la robe ; mais plus foible , relevée par plufieurs cercles blancs & un trait noir ou blanc qui s'étend dans le centre depuis la bafe jufqu'au fommer de chacun de ces membres. Les inteftins de cette anémone m’ont paru plus grands que ceux des autres; ils ne font pas ronds, niais applatis, de manière que leur coupé tranfver(ale formeroit un: ovale fort alongé. TRE] NI9 (1) Dans toute Pétendue de la Table générale des vingt volumes inférée à la fin d4 gomeXXIX, 1786 , Dicouemare .eft avec deux 2 ; c’eftunefaute. Ÿ F-. VS  SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 907 Un individu qui n’avoit que dix-huit lignes de circonférence étoic environné de fort près par un grand nombre de petits qui n’y étoient point adhérens , ce qui ne m'a pas permis d'affirmer ou qu’elle les pro- duife , comme quelques-unes , tout formés , & par la bouche, je ne fais que Le foupconner, où comme d’autres par des déchiremens volontaires des bords de la bafe & de la robe. Peut-être ces animaux finguliers ont-ils dans un même individu plufieurs manières de propager. Cette anémone offre des variétés comme de plus grands membres fur un plus petit corps, &c.. , : ; | MÉMOIRE SUR QUELQUES INSECTES; Par M, De LA MARTINIÈRE , Naturalifle, qui voyage avec M. DE LA PEYROUSE. L'issrcrz dont'et voit la forme à travers fa demeure , Planche IT, fig. 1, fe trouve logé dans une petite maifon prifmatique triangulaire , aigue vers Les deux extrémités , de la confiftance & de la couleur d'une’ légère glace très-fragile. Le corps de l'infecte de couleur verte mêlée de petits points bleuâtres & quelques-uns de couleur d'or, fe trouve fixé par un ligament à la partie inférieure dè fa petite maifon. Son col eft fur- monté d’une petité tête noirâtre compofée par trois feuillets rapprochés’ en forme de chapeau & renfermée entre trois nâgeoires, deux grandes &' échancrées à la partie fupérieure, lettre A, & une petite en forme de’ demi-cercle, letr. B; Lorfqu’on l’irrite il rentre aufli-tôc toutes fes nageoires & fa tête dans fa demeure & fe laiffe couler à fond'par fon propre poids. La fig. 2 repréfente le prifme vu par-deffous , où l’on apperçoit de quelle manière il eft échancré afin de pouvoir donner paflage à l’animal lorf- qu'il veut s’y renfermer. La f22. 3 Le repréfente vu'de profil. Le mouvement qu'exécutent les deux grandes nâgeoires d'une confiftance cartilagineufe un peu molle, peut être comparé à celui qu'exécuteroient les deux mains d'un homme jointes enfemble &en pronation en formant alternativement: deux plans inclinés & un plan horifontal. C’eftà la faveur de ce mouvement qu'il fe foutient fur l'eau , où il fe nourrit vraifemblablement des corps gras & buileux qui fe trouvent fur la furface de la-mer. Je l'ai pris près de Notka à la côte du nord-oueft,. dans un tems calmes L'infee füivant, fg. 4 6 5, a à-peu-près la forme. d’un verre de montre qui feroit échancré dans un point de {a circonférence ; fon corps \ ’ 508 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft d’une confftance cartilagineufe , d'une couleur blanche un peu terne. Sa partie fupérieure, fg, 4, eft couverte par de petites taches ovales de- couleur de lie de vin; la 29. $ le reprélente vu par-deflous, où l'on apperçoit trois élévations en forme de godets, deux vers la trompe de l'animal & un troifième beaucoup plus grand vers la partie échancrée de fon corps. Ce.dernier eft divifé par fept petites côtes blanchâtres, le centre fait un peu de faillie, C'eft à la faveur de ces différens godets qu’il fe fixe d'une manière très-forte fur le corps des différens poiflons ou animaux marins. Vraifemblablement c’eft en faifant le vuide & non avec une humeur glutineufe, tenace, qu'on peut lui fuppofer. Peut-être.eft-ce par cette même caufe que les lepas & les moules fe fixent fi fortement aux rochers. Sa trompe qui eft fituée entre fes deux petits godets fupé- sieurs, a fon extrémité {upérieure hériffée de pointes qui doivent être autant de bouches par où cet animal fuce le fang des poiflons fur defquels il eft fixé. On voit au-deflous à travers fa fubftance plufieurs circonvolutions d'inteftins qui aboutiffent à un petit réfervoir de forme prefque quarrée: quoique cet animal {oit fans jambes , il jouit d’un mouvement progrefif à la faveur de ces trois efpèces de godets qu'il fixe alrernativement. Il peut aufli aller au fond de l'eau , quoique fa forme paroifle devoir s’y oppofer ; mais voici de quelle manière il l'exécute: il fe roule en papillotre, & fe maintient dans certe fituation en fixant fes deux godets fupérieurs fur la partie poftérieure & fupérieure de fon corps; alors préfentant moins de furface il defcend au fond par fon propre poids. Je l'ai trouvé fixé fur le corps d'un poiffon du genre des diodons de Linné, que nous avons rencontré aflez fouvent depuis Notka jufqu'à Monteray en Californie, M. ; Ê Cette efpèce de pennatula(1) fig. 6, m'a paru avoir des caractères dont on n’a point fait mention, c'eft pourquoi j'en ai fait un deflin. Son corps eft d’une fubitance cartilagineufe & d'une forme cylindrique. Sa têre armée de deux petites cornes de la même fubftance, offre unejfigure fphérique applattie à fon extrémité antérieure: cette partie eft couverte de petits mammelons dont on voit une partie , lettre D, & qui font autant de petites bouches par où cet animal fuce le fang des poiflons dans la chair defquels il s'enfonce le plus qu'il peur. L'extrémité de fon corps, qui eft toujours hors du poiflon, préfente la forme des barbes d'une plume : ces barbes, de la même fubftance que le corps, lui fervent de vaiffeaux excréteurs ,ce dont je me fuis convaincu; car en preflant légè- remgnt l'animal , La plupart de ces barbes cartilagineufes lançoient par petits filets une liqueur très-limpide, À la bafe de ces barbes , & fous Le (x) C’eft plutôt un lernea. ( Noce des Rédaëteurs. ) corps 4 | osé uit Etre SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2e9 corps, font placés deux grands filets cartilagineux dont il m'a été impof- fible d: deviner l’ufage : ils n’exiftent pas toujours dans tous ces animaux ; car j'en ai rencontré qui n'en avoit point, . La circulation du fang s’y obferve facilement ; une minute fuit pour la révolution entière. J'ai tâché d'imiter ces ondulations par quelques coups de crayon qu'on apperçoic dans la longueur du cylindre animal. 11 eft vraifemblable que cet animal ne peut s’introduire dans les différens poiflons que lorfqu'il eft fort jeune, & que lorfqu'une fois il s’y trouve enfermé, trouvant alors abondamment de quoi vivre, fa têta groflic confidérablement , & Les deux cornes dont elle eft douée forment a1éceffai- rement un obftacle à fa fortie. Prévoyance de la nature, puifqu'eile veut qu'il fe‘nourrifle aux dépens d'un autre. Je l'ai trouvé implanté à plus d’un pouce & demi dans le corps d’un diodon pris aux environs de Notka à la côte du nord-eft, La fg. 7 repréfente un infecte d’un genre très-rapproché des oni/tus de Linné. La lettre E l'indique vu par deflus, & la letr. F vu par deflous. Son corps eft cruftacé & de La couleur d’un blanc fale, ayant deux taches rondes & roufsâtres fur la partie antérieure de fon corcelet, deux autres beaucoup plus grandes, en forme de croiflant fur fes élitres : fon Jeutellum eft auf de la même couleur, Le deflous de la poitrine elt armé de quatre paires de jambes: les deux premières & les deux troifièmes fe terminent en crochet fort aigu. La feconde paire , vu fa forme, doit lui fervir à nager. La quatrième paire, fort petite, confifte en deux filets membraneux. Les autres qui peuvent faire fonétion de jambes font des feuillets membraneux plufieurs fois échancrés ; les deux inférieurs font les plus grands. Son ventre étoit rempli par un paquet d'inteftins de forme vermiculaire, de la groffeur d’un cheveu. Sa bouche ef fituée entre la première & (econde paire de jambes : elle repréfente une petite trompe fituée entre deux lèvres jointes par la partie fupérieure feulement. J'ai trouvé cet infecte fixé aux ouïes du dodon, victime des deux infectes dont j'ai parlé plus haut. Tome XXXI, Part. II, 1787. SEPTEMBRE, Da 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, TR CPC ET SEE ERP LD D EC CET TOR KO TIR KES ETERRENCENE EME T5 FOSSES MÉTHODE DE NOMENCLATURE CHIMIQUE, Propofée par MM.nE MORVEAU, LAVOISIER, BERTHOLLET & DE Fourcroy. On y a joint un nouveau fyfléme de caraëtères chimiques adaptés à cette Nomenclature ,par MM. HASSENFRATZ & ADET. À Paris, chez Cuchet, Libraire, rue & hôtel Serpente, x vol. z1-8°. EXTRAIT, par M. DE LA MÉTHERTIE. M. De MorvVEAU avoit propofé en 1782 dans ce Journal, cahier de mai, le plan d’une nouvelle nomenclature chimique; celle qu'il propofe aujourd'hui avec MM. Lavoiler, Berthollet & de Fourcroy en differe. Nous allons dans cet extrait fuivre le Tableau où rouf les objets fe préfentent d'un feul coup-d'œil. Nous nous fervirons prefque toujours des expreflions des Auteurs pour ne pas afloiblir leurs idées. Le Tableau ef divifé en fix colonnes dont voici les titres : 1, SUESTANCES NON DÉCOMPOSÉES. Ce font des corps fimples , c'efi-à - dire, qui n'ont pu étre jufquw'à préfent décompofes. On en compte S$ : IIS. SUBSTANCES MISES A L'ÉTAT DE GAZ PAR LE CALORIQUE, ou la matière de la chaleur ; tels font les airs proprement dits , auxquels on donne le nom de gaz. : III, SUBSTANCES COMBINÉES AVEC L'OXYGÈNE , ou bafes de l'air pur, de l'air vital. Ce font les bafes de tous les acides qui ne deviennent acides que par leur combinaifon avec l'oxygène. I] peut arrivertrois chofes; ou la bafe eft complettement faturée par l'oxygène, c'eft-à-dire, que la bafe ni l’oxygène ne font point en excès, & ce font les acides ordinaires aux- quels on donne la -même terminaifon en que, ainfi on dit acide nivriqué , acide fulphurique , acide acétique. Ou l'oxygène n’efl pas en aflez grande quantité, & ce font les acides appelés communément phlo- giftiqués, on les termine en eux, tels que l'acide nitreux , l'acide Julfie reux. Ou Poxygëne eft en excès, & ce font les acides oxygénés, tel l'acide marin déphlopiftiqué. IV©, SUBSTANCES OXVGÉNÉES GAZEUSES. Ce font les aci À. réduits >»! état aériforme on gazeux , tel que le gaz acide fulfureux. 11 a» SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. a11 V°.SUBSTANCES OXYGÉNÉES AVEC BASES, Ce font les acides combinés avecune bafe, ou ce qu'on appelle ordinairement fels neutres, Ici on a aufli cherché des terminaifons analogues. Ainfi tous les {els faits avec l'acide parfait, c’eft-à-dire, l’acide en que, font terminés en ate ; ainfi on dit zitrate de potaffe, au lieu de nitre, zitrate de Joude, au lieu de nitre cubique ou nitre de natron. Les fels faits avec les acides dits communément phlogiftiqués , tels que l'acide fulfureux , l’acide nitreux fumant, &c. font terminés en res ; ainfi on dit, /ulfire de potaf]e , au lieu de [el fulfureux de potaffe. Enfin, les fels faits avec les acides oxygénés s'appellent /e/s oxygenés ; ainfi on dit, muriate oxy géné de foude, pour exprimer la combinaifon de la foude avec l’acide marin déphlosiftiqué. . VIS. SUBSTANCES COMBINÉES SANS ÊTRE PORTÉES A L'ÉTAT D’ACIDE. On a aufli donné des noms nouveaux à ces compofés. Les $$ fubftances fimples qui forment la première colonne font divifées en cinq clafles; la 1° comprend quatre corps fimples, la lumiére , le calorique, l'oxygène, l'hydrogène, de Aydro , eau , genefis , principe. Ba 2° claffe comprend 26 corps qui ontla propriété de devenir acides, C’eft pourquoi on les défigne par les mots ba/es acidifrables. La 3° clafle comprend les fubftances métalliques au nombre de 17. On appelle oxide ce qui étoit appelé chaux ; ainfi oxide d'arfenic , au lieu de chaux d'arfenic. L’oxide devient acide par une plus grande quantité d’oxygène , & on dit acide arfenique. La 4° claffe contient les terres au nombre de cinq. La 5° claffe contient les trois alkalis. Nous allons maintenant expofer les différens états où peuvent fe trouver les ÿÿ fubftances fimples. Les chiffres romains marqueront les fubftances fimples, & les chiffres arabes correfpondront aux fix colonnes, c’eft-à-dire, indiqueront leurs cembinaifons ; les caractères italiques font les anciens noms. PREMIÈRE CLASSE Le IL Lumière. IL. Calorique, ou chaleur latente, matière de la chaleur. III. Oxygène, bafe de l'air viral, 2. Gaz oxygène. Noa, Il paroît que la lumière concourt à le mettre en état de gaz. Air déphlogiflique ou air vital, IV. Hydrogène , bafe du gaz inflammable, 2. Gaz hydrogène , au lieu de gaz inflammable, 3. Eau. Hydrogène combiné avec l'oxygène. Tome XXXI, Part, 11, 17987. SEPTEMBRE. Dd2 Ce RAS TIR: 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; SECONDE CLasse. Bafes acidifiables. V. Azote (1) ou radical nitrique, bafe de l'air phlogifiiqué. 2. Gaz azotique, au lieu d'asr phlogiftiqué. 3. Azote combiné avec l’oxyzène donne, Bafe du gaz nicreux, au lieu de bafe du gaz nitreux. Acide nitrique, au lieu de acide nitreux blanc, Acide nitreux, au lieu de acide nitreux fimanr. L'azote y elt en excès. 4. Gaz nitreux. Gaz acide nitreux. s- Nitrate de potafle , au lieu de nitre commun. Nitrate de foude, au lieu de zitre cubique. Nitrite de potafle, pour exprimer la combinaifon de l’acide nitreux fumant avec la potafle. (VI. Carbone ou radical carbonique, au lieu de charbon pur, 3+ Acide carbonique , au lieu de air fixe. 4. Gaz acide carbonique, au lieu de air fixe. $+ Carbonate de chaux, au lieu de craze. Carbonate de potafle, au lieu de a/kalt effervefcent. Carbonate de fer, au lieu de rouille de fer. 6. Carbure de fer, au lieu de plombagine , qu’on regarde comme une combinaifon de fer & de charbon. Toutes les combinaifons de charbon font des carbures. VIT. Soufre ou radical fulfurique. 3. Acide fulfurique , au lieu de acide virriolique, Acide fulfureux, qui eft l'acide fulfurique avec moins d'oxygène. 4. Gaz acide fulfureux. s-Sulfate de potafle, au lieu de sartre virriolé, de foude, Jcl de Glauber, de chaux, Jélénire, d’alumine, è alur. de baryte, Jpath pefant. de fer, vitriol de fer. Sulfite de potafle, au lieu de Je fulfureux de Sthal. 6. Sulfure de fer, au lieu de pyrite de fer artificielle, Toutes les combinaifons du foufre font appelées /ulfure. Sulfure d’antimoine , au lieu de antimoine, Sulfure de plomb , au lieu de galène. Gaz hydrogène fulfuré , au lieu de gaz hépatique. (1) Azote, dérivé de &; fans, 3os , vie; air quine peut conferver la vies SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 213 Sulfure de potafle, de foude, &c. au lieu de foies de foufre alkalins. : Sulfure alkalin tenant des métaux, au lieu de foies de foufre métalliques," . Sulfure alkalin tenant du charbon, au lieu de foie de foufre'enant du charbon , ou fulfure alkalin carburique. VIII. Phofphore , ou radical phofphorique, 3. Acide phofphorique. | Acide phofphoreux, c'eft-à-dire, qui a moins-d’oxygène , au lieu de acide phofphorique fumant ou volatil. $- Phofphate de foude , au lieu de /e/ phofphorique à bafe de natron. Phofphate calcaire ;, au) lieu de zerre des os. - Phofphate furfaturé de foude, au lieu de /e/ perlé de Haupt. Phofphite de potaile, feroit la combinaifon de la potafle avec l'acide phofphoreux. 6. Gaz hydrogène phofphorifé , au lieu de gaz phofphorique. Phofphure de fer , au lieu de /ydérire. Toutes les combinaifons du phofphore feront des: phofphures ; ainfi on pourroit dire gaz hydrogène phofphurique. IX. Radical muriatique. 3. Acide muriatique , au lieu de acide marin. 4. Gaz acide muriatique , au lieu de gaz acide marin. | Gaz acide muriatique oxygéné , au lieu de gaz acide marin | N Zéphlogiflique. 5. Muriate de potafle, au lieu de /e/ fébrifuge de Sylrius. de foude, au lieu de /e/ marin. { calcaire, au lieu de /e/ marin calcaire, ammoniacal , au lieu de /2/ ammoniacal, | X. Radical boracique. | 3. Acide boracique, au lieu de /e/ fédauf. | 4 Borate furfaturé de foude, ou borax, au lieu de Zorax du commerce, | Borate de foude, &c, la fonde fauirée d'acide boracique. XI. Radical fluorique, S 3. Acide fluorique , au lieu de acide fpathique. | 4. Gaz acide fluorique , au lieu de gaz fpathique. 5. Fluate de chaux, au lieu de /path fluor. XII. Radical fuccinique. 3. Acide fuccinique , au lieu de /ez volatil du fuccin, $. Succinate de foude, F XIIT. Radical acérique. 3. Acide acéteux, au lieu de viraigre diflillé. 4. Acétite de potafle , au lieu de rerre foliée de tartre. de foude , au lieu de zerre foliée minérale, … Û 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Acétite de chaux, au lieu de /el acéreux calcaire, d’ammoniac, efprit de Mandererus. de plomb, Jucre de Saturne, de cuivre, verd-de-gris , verdet, Acétate de foude, pour exprimer la combinaifon de la foude avec le vinaigre radical , qu'on regarde comme acide complettemenc faturé par l'oxygène, tandis que le vinaigre diftillé a un deficis d'oxygène. C'elt pourquoi on termine fes combinaifons en #e, ainfi que quelques autres que nous allons voir. XIV, Radical tartarique. 3: Acide tartareux, $: Tartrite acidule de potafle , au lieu de crême de tartre: Tartrite de potafle , au lieu de /e/ végétal. Tartrite de foude, au lieu de /e/ de feignette. XV. Radical pyro-tartarique, 3. Acide pyro-tartareux , au lieu de acide tartareux empireumatique ou efprit de tartre. On donne le nom pyro qui en grec figniñe feu à tous les acides empyreumatiques. 5: Pyro-tartrite de chaux, Pyro-tartrite de fer, XVI. Radical oxalique. 3. Acide oxalique, au lieu de acide faccharin. 5. Oxalate acidule de potaffe, au lieu de /é/ d'ofeille. On ajeute le mot acidule pour faire voir que acide eft en excès. nm Oxalate de chaux. Oxalate de foude. XVII. Radical gallique, 3. Acide gallique , au lieu de principe aflringent. 5. Gallate de foude. Gallate de magnélie, XVIITI. Radical citrique. 3. Acide cicrique, au lieu de fuc de citron. : 5. Citrate de porafle, au lieu de verre foliée avec le fuc de citron. XIX, Radical malique, 3. Acide malique , au lieu de acide des pommes. 5: Malate de chaux ; combinaifon de cet acide avec la chaux, &c. XX. Radical benzoïque. 3. Acide benzoïque, au lieu-de fleurs de benzoin, $. Benzoate alumineux. pe XXI. Radical pyro-lignique. 3. Acide pyro-ligneux , au lieu de efprit de bois. : 5. Pyro-lignite de chaux , pour exprimer la combinaifon de ces acide avec la chaux, &ce _ . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15 XXII. Radical pyro-mucique. 3. Acide pyro-muqueux, au lieu de efprit de miel, de fucre. s. Pyro-mucite de magnéfie, pour exprimer la combinaifon de cet acide avec la magnéfie, &c. XXIIT. Radical camphorique. 3. Acide camphorique. $. Camphorate de foude, &c. combinaifon de cet acide avec la foude, &c. XXIV. Radical latique. 3. Acide lactique , au lieu de acide du lait. 5. Lactate de chaux; combinaifon de cet acide avec la chaux , &c, XXV. Radical faccho-lactique, 3. Acide faccho-lactique,, au lieu de l’acide du fucre de lair. $+ Saccho-laéte de fer ; combinaifon de cet acide avec le fer, &c. XX VI. Radical formique. 3. Acide formique , au lieu de acide des fourmis. $. Formiate ammoniacal ; combinaifon de cet acide avec l’alkali volatil. XX VII. Radical pruflique. 3. Acide prufique, au lieu de matière colorante du bleu de Pruffe. $. Prufiate de potafle, au lieu de a/kali phlogifliqué ou alkali pruffien, Prufiate de fer au lieu de Zeu de Pruffe. XX VIlE. Radical febacique. 3. Acide febacique , au lieu d’acide de la graiffe. 5. Sebate de chaux ; combinaifon de cet acide avec la chaux , &c, XXIX. Radical lithique, 3. Acide lithique, au lieu de acide tiré du calcul de la veffie. 5. Lithiate de foude ; combinaifon de cet acide avec la foude, &c. È XXX. Radical bombique. 4 : 3. Acide bombique , au lieu de acide du ver-à-foie. 5. Bombiate de fer ; combinaifon de cet acide avec le fer. TRorsIÈME CLAsse, Subftances métalliques. XXXI, L’arfenic, au lieu de révule d’arfenic. . Oxide d’arfenic, au lieu d'arfenic blanc ou chaux d'arfenic. 4 Acide arfenique , au lieu.d'acide arfentcal, 4. Nota. Cette colonne exprimera les oxides , ou chaux métalliques, combinés avec diverfes bafes, Oxids d’arfenic fulfuré jaune, où rouge, au lieu de orpiment , réalgar. Oxide arfenical de potaîle, au lieu dé foie d'arfenic. s. Arfeniate de potaffe , au lieu de /e/ neutre arfenical de Macquer. 6. On conferve le nom d'alliage à tous lés mélanges des métaux, 216. OBSERV'A TIONS SUR LA PHYSIQ UE, XX XII. Le molibdèn.. gi | RES 3. Oxide de molibd ne, au lieu de chaux degmolibdenes Acide: molibdique , au lieu de acide de La molibdene. 4. Sulfare de molibdére, au lieu de /a molibdene. $: Molibdate; combinaifons de l'acide molibdique. XXXIII Le tungftène, : 3. Oxide de tungfiène,, au lieu de chaux jaune de tungflène. Acide tungftique. $. Tungftate calcaire, au lieu de sungfléne des fuédois. XXXIV. Le manganèle, au lieu de régule de manganefe . Oxide de manganèle blanc, noir, vitreux , au lieu de Za manganéfes XXXV. Le Nickel. | 3. Oxide de Nickel, au lieu de chaux de Nickel. XXXVI. Le cobalt, au lieu de régule de cobalt. 3. Oxide de cobalt gris, nitreux , au lieu de chaux de cobalr. 4. Oxides cobalriques alkalins, pour exprimer les précipités de obalts rediflous par les allalis, XXXVII. Le bifmuth. 3. Oxide de bifmuth blanc, jaune vitreux , au lieu, de magiflère de bifimuth, chaux jaune de bifmuth, verre de bifmuth. 4. Oxide de bifmuth fulfuré, pour exprimer le bifmuth: précipité par le foie de foufre. XXXVIITI. L'antimoine, au lieu de réoule d'antimoine. 3. Oxide d’antimoine blanc par l'acide nitreux, au lieu d’anrimoine diaphorétique. ”” Oxide d’antimoine blanc d'Algaroth. Oxide d’antimoine fublimé , au. lieu de fleurs d'antimoine. 4. Oxide d'antimoine fulfuré gris, rouge, orangé, vitreux , au lieu de chaux prife d'antimoine, de kermès mineral , de foufre doré, de verre & foie d'antimoine. Oxide d’antimoine alkalin, au lieu de fondant de Rotrou, XXXIX, Le zinc. 3. Oxjde de zinc, au lieu de chaux de zinc. Oxide de zinc fablimé , au lieu de fZeurs de zinc, pompholix. 4. Oxide de zinc fulfuré , pour exprimer le précipité de zinc par le foie de foufre ou blende artificielle. XL. Le fer. 3. Oxide de fer noir, rouge, au lieu d’éAiops-martial € fafran de mars affringent, 4. Oxide de fer fulfuré , au lieu de pyrite martiale, ù. XLI, L'étain, 3, Oxide d’étain blanc, au lieu de chaux ou potée d’étain. par l'acide muriatique , au lieu de poudre ___— Lui SUR L'HIST. NATURETLE ETLES ARTS. o17 4. Oxide d'érain ulfaré jaune , au lieu d'or mufff. XLIL. Le plomb. \ 3. Oxide de plomb blanc, jaune, rouge, vicreux , au lieu de cérufe ot blanc de plomb, mafficot , mu , litharge. 4. Oxide de plomb fulfuré ou galéne, XLIIL Le cuivre. 3. Oxide de cuivre rouge, verd , bleu , au lieu de chaux brune, chaux verte, où vert de gris, Plèe de montagne. 4. Oxide de cuivre ammoniacal. - XLIV,. Le mercure. 3. Oxide mercuriel noirâtre , jaune , rouge , au lieu d'éthiops per fe; curbith minéral, précipité per fe. 4. Oxide de mercure ”fulfuré noir , ouge, au lieu Fans minéral , cinabre, XLV. L'argent, 3. Oxide "d'argent, au lieu de chaux x d'agent 4. Oxide d'argent fulfuré. XLVI. Le platine, au lieu de /d platine. 3. Oxide de platine, au lieu de skaux de platine, XLVII. L'or. 3e Oxide d'or, au lieu de okaux d’or. QUATRIÈME CLASssE Les Terres XLVIITI. La filice, au lieu de serre vitrifiable ou quarteufe. XLIX. L'alumine, au lieu d’aroile ou terre d'alun. L. La baryre, au lieu de serre pefante. LI. La chaux, au lieu de terre calcaire. LIL La magnéfie. Cinquième CLAssEe. Les Alkalis LITI. La potafle, au lieu d'a/kali fixe végétal du tartre. LIV. La foude, au lieu d'a/kali minéral, marin, natrum. LV. L'ammoniaque , au lieu d'a/kali volatil fluor ou cuuflique. Dénominations appropriées de diverfes fubflances plus compoftes € qui Je combinent fans décompofiion. YÉ Le muqueux, au lieu de mucilage. 2. Le glutineux ou le gluten , au lieu de matière glutineufe, 3- Le fucre , au lieu de la maire Jucrée. Cane au lieu de /a matière amilacée, . L'huile fre au lieu de Z’Auile graf]e. £: L'huile ue au lieu de / huile effenrielle, , L'arome, au Hi de l’efprit recteur. Tome XXXI, Part. 11, 1787. SEPTEMBRE. Ee 218 OBSERVATIONS SUR. LA PHYSIQUE, 8. La réfine, : 9. L'extractif, au lieu de Z4 matière extraëtive. 10. L'extraéto-réfineux quand l’extradif domine, 11. Le réfino-extractif quand la réfine domine, 12. La fécule, 13. L’alcohol ou efprit-de-vin, 14. Alcohol de potafle, de gayac, de fcammonée, de myrrhe, &c. au Û lieu deeinture alkaline, de gayac, de feammonée, de myrrhe, &c. 15. Alcohol nitreux, gallique, muriatique, &c. au lieu d'e/prit de nitre dulcifié, teinture de noix de galle , acide marin dulcifie. 16. Éthers muriatique, fulfurique, acétique , au lieu d'éche- marin , vitrioæ lique , acéteux , &c. 17, Savons alkalins, terreux , acides, métalliques , &c. favonule d’huile de térébenthine, &c. au lieu de /avon d'huile de térébenthine, & ainfi des favons avec toutes les huiles eflentielles, Telle eft la Nomenclature nouvelle : « On conçoit, dit M. Lavoifier ; » que nous n'avons pu remplir notre objet fans bleffer fouvent les ufages >» reçus, & fans adopter des dénominations qui paroîtront dures & » barbares dans le premier moment ; mais nous avons obfervé que » l'oreille s’accoutumoit. promptement aux mots nouveaux », Cette Nomenclature a été préfentée à l’Académie des Sciences de Paris, & voici le jugement qu'en. ont porté fes Commiffaires : « Nous >» penfons donc qu'il faut foumettre cette théorie nouvelle ainfi que fa > Nomenclature à l'épreuve du rems, au choc des expériences , au # balancement des opinions qui en eft la fuite, enfin , au jugement du # public, comme au feul tribunal d’où elles doivent & puiflent > refortir ». 9 MM. Haffenfratz & Adet fubflituent de nouveaux cara@ères à ceux qui éroient employés. Ne pouvant fuppléer à des gravures par des def- criptions , nous renvoyons à l'Ouvrage, Nous devons feulement donner un précis de leur méthode, Nous avons employé, difent-ils, fix cara@tères généraux pour les fix clafles des, corps fimples ou non décompofés. La ligne droite fert à défigner la première clafle ; Le triangle, les rerres & les alkalis; le demi= cercle , les fubflances inflammables ; le cercle, les fubftances métalliques ; le quarré enfin, les radicaux acides, & le quarré la pointe en haut les fubflances compofées non acidifiables , & dont on ne cennoît point encore les compofans , tels que lés huiles, l'efprit-de-vin, l’éthet, &c. Pour diflinguer enfuite les différenres fubftarces, ils placent la lettre initiale du nom latin de da fabffance; ainfi le figne qui exprime l'argent eft un cercleau milieu duquel eftl’A: Lorfque des fubflänces commencent par la même lettre onmêt deux Lettres; pour repréfenter l’arfenic , c’eftun SUR L'HIST. NATURELLE ET LÉS ARTS. 219 cercle avec un À & une S. En uniffant enfuire ces différens fignes, ils expriment les combinailons des différentes fubitances, Leur travail a mérité l'approbation de l’Académie & d’être imprimé fous (on Privilège, MÉMOIRE SUR LE PECHSTEIN DE MESNIL-MONTANT, Lu à L'Académie des Sciences à Par MM. DELARBRE & QUINQUET. La pierre que nous allons décrire & qui eft un vrai pechftein, des environs de Paris, exifte dans plufieurs cabinets; mais elle y eft confondue avec le filex dont elle differe beaucoup , comme nous allons l'expofer. M. Faujas de Saint-Fond, l'avoit reconnue pour pechftein, mais il ignoroit qu’elle appartenoit à la lithologie des environs de la Capitale. C'eftà Mefnil-montant près Paris, dans la carrière à plâtre de M. Coin, à environ foixante à quatre-vingts pieds de profondeur , que nous avons reconnu dans un banc d’argile des concrétions de pechftein difpofées à- peu-près comme le font les filex dans les marnes & les pierres calcaires. Auf les Carriers ont-ils fait eux-mêmes cetre comparailon en nommant les rognons de pechftein qu'ils rencontrent depuis long-tems, de la pierre à fufil qui ne fait pas feu. Elle s’écrafe fous le coup de pioche, mais ; au moyen du briquet on obtient facilement des étincelles comme des | autres fortes de pechfteins. : d A environ onze à douze pieds au-deffous de la première maîle de pierre ! à plâtre & au-deflus du banc de grignard appartenant à la feconde mafle , de certe pierre, il règne entre ce même banc de fix à huit pouces d’épaif- feur & un autre fupérieur, auli de pierre à plâtre d'environ dix-huit pouces d’épaiffeur, (les Carriers par rapport à fon mêlange ne lexploitent que comme moëllon ) une couche de marne blanchâtre & qui devient 4 puante quand on la frotte, Cette couche épailfe d'environ quatre pieds & demi, eft tellement mêlangée dans fon milieu, d'argile brune ver- dâtre , que celle-ci compofe comme un banc diftinét d’environ fx à huit pouces d'épaifleur. Nous ne regardons ces trois couches cohérentes en- femble , que comme un feul lit: c’eft dans fa partie argilleufe , que fe trouve le pechftein en rognons ou en concrétions ifolées les unes des autres ; quelques-unes font rondes ou ovales , & d’une groffeur très-variée depuis celle d'un ttès-petit pois jufqu'à celle des noix, D'autres font Tome XXXT, Pare. II, 1787. SEPTEMBRE. Ee 2 … 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cylindriques , coniques , &c. Il y en a qui repréfentent des ftalagmites mamellonées branchues. Elles font toutes difpofées horifontalement à une même hauteur de l’épaifleur du banc qui les contient exclufivement aux autres couches marneufes fupérieures : elles ont reçu des empreintes dans le méme fens horifontal des couches argileufes qui compolent leur gangue. Ces empreintes font garnies d’argille qui s'eft comme moulée dans les ftries ondulées dont chaque mamellon eft fillonné depuis fon fommet jufqu'à fa bafe. Souvent plufeurs de ces mamelons fonr comme groupés & portent fur une mafle folide & plus ou moins épaifle de la même pierre, dont le deffous eft également hériflé des mêmes protubérances. Ce pechftein peut être brifé en tous fens; maïs il éclate plus aifément dans le fens des ftries déjà décrites, & qui indiquent fa ftructure par couches, Sa couleur eft femblable à celle de la terre d'ombre foncée, il eft par fois mêlé de jaune rougeître & râcheté de points noirs : il a quelque peu de tranfparence; il reflemble aflez au pechftein que j'ai aufli découvert en Auvergne (1). Nous croyons devoir avertir qu’il faut fe hâter d’aller étudier à Mefnil- montant la formation ou la compolition du pechftein, parce que c'eft le feul endroit de ce côteau où l'on fouille la feconde mafle de pierre à plâtre, & que des éboulemens menacent de l’encombrer fous peu avec les ouvriers. L’argile dans laquelle font les concrétions dont il eft queftion, fe sèche & s’exfolie aflez promptement à l'air, elle devient blanche, légère, opaque , très-avide d'humidité , elle happe fortement à la langue. La carrière l'offre fous un afpect bien différent. Lorfqu’elle eft péné- trée de l'humidité de la terre, elle a une forte d'apparence gélatineufe, elle éclate avec bruit fous le coup de pioche comme le feroit une roche vive; fa fracture détermine celle du pechftein qui s’y trouve-enfermé , elle a une forte de tranfparence vers fes bords, tranfparence qui mérite d'être comparée à celle que des hydrophanes prennent par l’eau. Nous avons fait enlever plufeurs tranches de ces dépôts terreux qui paroiflent avoir été formés par la mer. Nous avons diftingué dans [a plupart des fractures de l'argile de petits points ferrugineux , qui font (1) Je communiquerai à l’Académie la defcription du pechflein d'Auvergne que j'ai envoyé à M. de Sauflure le 10 oëtobre 1784, & dont j'ai fait part depuis à M. Daubenton. J'ai fait une colle@ion des variétés des pechfleins étrangers : j'indiquerai für-tout deux morceaux dont l’un n'a été donné par M. Beflon, l’autre per M. Lavoïfier. Ils ont décidément les caraëtères qu’afligne M. Daubenton aux vraies pétrifications ligneufes, on y reconnoit les prolongemens médullaires , les gouches annuelles, les pores, &c, on? 1 :É É SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 221 vraifemblablement le produit de la décompofition de quelques pyrites, C'eft à certe efpèce de gurh ferrugineux qui fe trouve fouvent ifolé & fous forme de (talagmites, quelquefois adhérent au pechftein, qui d’autres fois s'eft difpofé en manière d'herborifation , de taches où d’enduit dans l'intérieur del'argile & fur les paroisde ces fentes, qu’il eft permis d’attribuer la coloration du pechftein dont nous nous occupons. On obferve la plus grande analogie entre la difpofition des concré- tions de ce pechftein dans les argiles & celle du filex dans les marnes & les pierres calcaires. Il nous paroît probable que le pechftein de Mefnil-montant aflez bien nommé par les ouvriers filex tendre , eft aufli l'ouvrage ancien de la mer, dont les eaux tenant eu diffolution des principes filiceux , fpa- thiques, gypfeux , &c. ont pu brafler les terres-calcaires & aroileufes , dans lefquelles le pechftein fe trouve. Ces marnes ont dû conferver la plupart , & plus ou moins long-tems un certain degré de mollefle, de mauière qu'en vertu de leurs aftinités, différens principes , tenus en dif folution , fe feront réunis , fe feront coagulés ou criftallifés, & auront donné naiflance au quartz , au filex, au pechftein, &c. fuivant la nature & la proportion de ces principes. Ces réflexions nous conduifent à une queftion aufi difficile qu'impor- tante. Dans des dépôts femblables à ceux de Mefnil-montant, le filex, le pechftein , le gyple, le fpath pefant, ont-ils éré formés entièrement fous les eaux de la mer, ou bien le travail ne s’eft-il achevé que pendant ou après la retraire des eaux? Sans prétendre la réfoudre , nous obfer- verons que le pechftein de Mefnil-montant eft au milieu de l'argile humide dans un tel état de confervation & de molleffe apparente, qu'il | femble qu’en l’extrayant de fon enveloppe on arrête la formation fucceflive de fes couches. Nous avons pris des renfeignemens fur cette pierre dans les autres endroits où l’on exploite des mafles de plâtre; nous avons jufqu'ici inutilement parcouru le plus grand nombre des carrières ouvertes à Mefnil-montant, à Belleville, à Montfaucon ,à Montmartre, à Pantin, à Bagnolet. Nous avons bien reconnu à Pantin & à Montmartre dans les endroits où l’on exploite la feconde maffe de plâtre , la continuité de la couche marneufe, argileufe dans la partie moyenne de fon épaifleur & appuyée fur le grignard ; mais elle ne contient point de pechftein. Les ouvriers à qui nous ayons montré cette pierre fous Le nom de flex qui fair difficilement feu, ne la connoifloient point, & nous ont afluré n'en avoir point encore trouvé, Nous n'avons pas non plus retrouvé à Pantin & à Monrmartre dans les dernières couches de la première mafle de plâne les infiltrations vraiment filiceufes par couches & par rognons, qu’on fait être communes 022 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à Mefhil-montant (1). Nous nous propofons d'infifter fur les recherches que nous n'avons encore pu faire qu'à la hâte ; nous examinerons fur-tout fi la préfence de ces matieres filiceufes ne feroit pas l'indice du pechftein dans.les argiles placées au-deffous des feconds bancs gypleux. Après avoir décrit le fite & la difpoñrion du pechitein des carrières de Mefhil-montant, nous terminerons ce Mémoire par quelques obfer- vations fur les caractères extérieurs de cette pierre. Cette fubftance appelée pechftein a été bien connue de Bergman. Il dit, vol. 2, page 76, K, la croûte pierreufe que le célèbre de Born appelle fpath de poix, devient quelquefois tranfparente dans l’eau, fuivant fon obfervation, & eile s'approche de la nature des opales par un tiflu lâche ; je l’ai trouvée compofée pour la plus grande partie de quartz pur, d'un peu d’alumine, & d’une très-petite portion de chaux. En attendant que nous ayons pu rapprocher par l'analyfe les différentes fortes de pechftein, nous indiquerons ici quelques-uns des caractères qui peuvent fervir à les faire difhnguer du filex. Outre la furface luifante un peu grafle & femblable à celle des réfines , qui appartient à toutes les efpèces de pechftein , & qui leur a fait donner le nom générique de pierre de poix, la pefanteur & la dureté de ces deux pierres rempliflent très-bien l’objet propofé. M. Briffon a bien voulu nous faire le plaifir de nous donner le rapport de la pefanteur du pechftein de Mefnil-montant à celle du flex : Le pechftein pèfe ................... 21685 Denfilex CHERE CALME TER let DROIT La différence eft , à peu de chofe près , comme cinq à fix. Cette forte de pechftein devient la troifième dans l'ordre des pefanteurs fpécifiques des fx variétés des pechfteins étrangers foumis jufqu’à préfent à fes expériences. L'épreuve de la dureté, peut-être moins sûre, ne laifle pas d’être faillante , elle devient auffi plus commode aux Naturaliftes qui voyagent. Le pechitein éclate fous la preffion de l’ongle dans les endroits où il eft mince : il fe réduit en fragmens multipliés fous le coup de marteau ; s'il donne moins d’étincelles fous le choc du briquer que la pierre à fufil , c’eft EE TT Te STE TT TETE LU ET ETC TR TRES (x) Depuis la le&ure de ce Mémoire, M. Quinquet a rapporté de Montmartre des femblables concrétions filiceufes dans despierres à plâtre. C’eft une forte de pétrification de Ja matière gypfeufe; on diffingue par place dans la tranche du filex une texture grenue modelée d’après la criftallifatien confufe du gypfe qui dans des endroitsa difparu & dans d’autres a été fimplement agglutiné par la matière filiceufe. Dans plufieurs échantillons lon remarque que l'infiltration filiceufe a pris la même couleur que celle de la pierre à plâtre, fi bien qu’il eft par fois difficile de diflinguer à la vue Gmple , l'endroit où s’eft arrêtée l’infiltration filiceufe. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 223 en partie en raifon de ce qu’il éclate fi facilement ; mais ces confidérations fe réduifent encore toutes à des approximations (1). IL s'agic encore de trouver, s’il eft poflible, un cara@ère faillant. Nous propofons celui-ci: à l’aide du burin nous pouvons entamer, graver toutes Les fortes & variétés des pechfteins que nous avons pu nous procurer. Ceux de Hongrie, de Saxe, d'Auvergne, des environs de Paris ,&cz1 L’acier s'ufe au contraire fur Le filex , l’agathe , le petro-filex, le jafpe, le MO TEC... 2 | É Nous concluons donc jufques-là , que les pierres qui réfiftent au burin ne font pas des pechfleins , & par rapport à d'autres fubftances qui peuvent en avoir l'apparence extérieure, & que le burin pourroit également enta- mer, favoir, les fmectites ou pierresde lard, (/peckflein gérmanorum, Cart. Voy. nouvelle expoftion du Règne minéral ,par M. Valmont de Bomare, tome 1 ,-page 198). Nous faifons remarquer que ces dernières ne donnent point d’éincelles fous lé choc du briquet , de forte que le pechflein peut toujours être facilement diftingué en raifon de fa dureté à-peu-près moyenne entre celle du filex & des fmedtites , des ftéatites ou pierres ollaires, ou ferpentines, &c. Cependant comme la préfenced'uneinfiltration quartzeufe peutinfluer fur la compolition des pierres dontil eft queftion, nous avouüns aufli que ce n’eft qu'a leur analyfe que l’on peut s’en rapporter pour les clafler. a ——_— ———————"————— —_—— (1) M: Goùffé, Lapidaire, que j’ai prié de faire ufer & polir deyant moi l’un des échantillons des pechfteins que j’ai portés à l’Académie , m’a donné l’appréciation fuivante de la dureté de cette fubfance ; il a remarqué que le pechftein de Mefnil- montant fe raye & s’ufe très-vite à la roue de plomb garnie de tripoli de Venife, & il efime , d'après l’ufage ou l'habitude qu’il a acquife , la dureté de cette pierre de : moindre que celle du filex, AY ET J'EN, ME 5 y RS Le da E. 2 PV > HNa.eJ x US + 224 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RE, LETTRE DE M BENJAMIN FRANKLIN, AiaMar DO ABNE D ALLER OS Membre de plufieurs Académies : CONTENANT DIFFÉRENTES OBSERVATIONS SUR LA MARINE ; En mer , à bord du paquebot le London , commandé par le Capitaine Trenton ,au mois d'août 178$ (1ÿ. M oncaus: L] Vos favans écrits fur la navigation des anciens, qui contiennent un grand nombre de connoiflances intéreffantes, & les moyens ingénieux que vous avez imaginés pour perfectionner la voilure des vaifleaux , dont j'ai vu les heureux effais fur la rivière de Seine , avec grand plaifir, m'engagent à foumettre à vos lumières quelques penfées que j'ai eues fur ce dernier fujer. Des voiles, des vaifleaux & de leurs ancres (2). Les Mathématiciens qui ont cherché à augmenter la vîreffe des vaiffeaux ; en tâchant de trouver par le calcul la forme de la moindre réfiftance , paroiffent avoir regardé un navire, comme un corps qui ne fe mouvoit que dans l’eau , ou à travers un feul Auide; ils ont fair en conféqnence peu d'attention aux effets réfulrans de fon mauvemant à travers l'air, l'autre Auide dans lequel il fe meut auffi. Il eft vrai que lorfqu’un vaiffeau (r) Cette lettre a ér“ lue à la Société Philo{ophique Américaine de Philadelphie, le 2 décembre 1785. Elle eft imprimée dans les Mémoires de cette Societé. On lit dans le titre, à M. Alphonfe le Roy: comme cer Académicien ne fe nomme pas Alphon , nous y avons fubfitué l’un de fes noms de baptême ; il eff de l’Académie des Belles-Lettres, de celle de Marine , de la Société des Antiquaires de Londres, de la Société Philofophique Américaine, &c. @) Le plan de ce Journal ne nous permettant pas, comme nous l’aurions defiré, de publier la lettre entière dans un feul numéro, pour plus de clarté, nous nous permettrons d'indiquer, par des titres fort courts , les parties contenues dans chaque numéro. marche LD. mé | : à 24 R'ui ,» : * 2 ER Pr ACTE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 22s marche vent arrière, cette circonftance i.’eft d'aucune importance, parce que le vent va avec lui; mais dès qu'il s'écarre de certe direétion , la _ réliffance de l'air devient fenfible & augmente de plus en plus à mefure quil s'en éloigne. Mais laiffanc à part, pour le moment, route confi- dération fur la réliftance que l'air oppofe au mouvement déMla partie du vaïfleau qui eft au-deflus de l'eau , je m’occuperai uniquement de celle qui vienc des voiles ; car elles SPagrene de la part de l’air une réliftance en fe mouvänt à travers ce Auide , comime la coque du vaiileau en éprouve une en fe mouvant au travers de l’eau, quoique la première foit bien moins confidérable que la feconde , À caufe du peu de denfité de ETS Pour fimplifer cer examen autant qu’il féra poflible , je me bornerai à une feule firuation du bâtiment, favoir, celle où il marche par un vent de quart (ou perpendiculaire à la quille) , & je fuppoferai les voiles formanc un angle de quarante-cinq degrés avec cette quille, comme on le voir, Planche I, fg. 1. Dans cette figure, AB repréfente le corps du vaiffeau, CD la poñtion des voiles, EEE la direction du vent, M M celle du vaiffeau. Or, pour peu qu'on y réféchifle , on verra, en confi- dérant cerre figure, que la partie du bâtiment fubmergée doit, pour fe mouvoir en avant, déplacer toute l’eau qu’elle rencontre, & qui fe troave entre les lignes ponétuées F F ; & que les voiles , pour fe mouvor de même en avant, font obligées de déplacer également rout l'ai: qu’elles frappent par leur furface, & qui fe trouve contenu entre les lignes ponctuées CG & DG; de cetre manière, l’eau & l'air oppofent une réliftance au mouvement du vaifleau, qui eft en proportion de la quanr té de matière contenue danses dimenfions des volumes de ces fluides qui font déplacés. Er quoique l'air, de beaucoup plus léger que l’eau, foit en : conféquence mu beaucoup plus facilement, cependant fon volume étant ici bien plus confidérable , il produit une réfftance qui mérite toute notre atrention. [1 eft vrai que, dans Ja fuppoñtion que nous avons faite, la réfiftance qu'oppofe l’air contenu entre les lignes pon@tuées , au mou- vement des voiles , n'eft pas fenfible aux yeux, parce que le vent , qui frappe dans la direction £EE, Pemportaut par fa force fupérieure fur cette réfiflance, donne une pleine courbure aux voiles , comme cela eft défigné par les lettres aaaa a ; mais fi l'on fuppofe pour un moinent que le vent ceffant , le vaifleau fe rrouve en calme , & foic mu dans Ja même direction & avec la même viîrefle, uniquement par des rimes; alors les voiles paroîtront renflées dans le fens conrraire, & felon la courbe hbbBb. Or, comme on s'appercevroit à Pinftant de la réfittance qu'elles oppofent , un bon Officier ne manqueroit pas d'ordonner de les amener. Mais y a-t-il quelque moyen de diminuer cette réfiftance, en expofant touiours la même quantité de voiles à l’aétion du vesr, de manière À en Tome XXXTI, Part, 11, 1787. SEPTEMBRE, FE 226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, obrenir toujours le même effet ? Je fuis on ne peut pas plus porté à le croire; & je penfe qu'on peut y parvenir en divifant les voiles dans un certain nombre de parties , & en plaçant ces parties Les unes derrière les. autres ; sigf , au lieu d’une feule voile s'étendant de € en D , comme dans la ffg. 2, fion en metroit quatre, contenant la même quantité de toile, difpofées comme dans la /29, 3, chacune de ces voiles ayant le quart de la largeur de la grand8 voile, & GPO un quart de fa furface au vent, on auroit encore le quart de la force; de manière que la force obtenue par l’action du vent feroit la même, quoique la réfiflance de l'air fût diminuée, & réduite à l’efpace cd, ab, devant la voile de: l'avant. On pourroit peut-être douter que la réfiftance de l'air fe trouvât diminuée dans cette proportion, puifqu'il fe pourroit que les petites voiles: ayant chacune de l’air devane elles, qui doit être déplacé, la réfiftance du: tout fût encore la même. - Or, comme ceci devient un objet qui doit être déterminé par l’expé- rience, j'en rappelerai une que j'ai faite il y a long-tems avec fuccès ,. mais dans d'autres vues; & j’en propoferai une autre à faire en petit. & facile à tenrer. Si cette dernière réufic , il fera utile de la faire alors plus en grand, fur un bateau , quand mêmeil pourroit en coûter quelques frais ; le tems & le perfetionnement que lexpérience amène avec elle pouvant enfuite la rendre applicable avec fuccès à de grands vaifleaux. H y avoit à la cheminée de ma cuifine un grand trou rond qui avoit huit pouces de diamètre, au travers duquel il y avoitun courant d’air continuel: qui augmentoit ou diminuoit dans la même proportion que le feu de cette cheminée ; j'imaginai de placer mon tourne-brothe de manière à recevoir ce courant d'air, & en Otant le volant, je mis à fa place, & fur le même pivot, une grande plaque de fer-blanc à-peu-près du diamètre du trou : je la coupai enfuite par des lignes tirées du centre à la circonférence , de forte qu’elle formoit fix aîles égales que j’inclinai à l'axe de quarante-cinq deorés. Elles prirent un mouvement très-fenfible , par la feule ation de ce courant, mais cependant qui n'étoit pas affez fort pour faire tourner la broche. J'imaginai que l'air, frappé par le derrière des aîles, pouvoit, par fa rélftance, retarder leur mouvement ; pour m'en aflurer , je divifai chacune deces aîles en deux, & jeplaçaices douze aîles les unes derrière les autres en leur confervant la mêmeobliquité, & j’appercus bientôt que leur vitefle étoit augmentée confidérablement ; cela n'encouragea à les divifer encore en deux, en leur confervant coujours la même inclinaifon. Je plaçai donc ces vingt-quatre aîles l’une derrière l’autre dans une ligne. Alors , la force du vent étant la même, & la furface des aïles la même auîMi, elles fe murent avec une très - grande rapidité, & remplirent parfaitement mon objet. La feconde expérience que je propofe , eft de prendre deux cartes à 7 | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 jouer de la même grandeur , & d’en courer une horifontalementen huic parties épales ; on enfilera enfuite fucceflivement chacune de ces parties par deux fils, en forte que l’un paflant par une de leurs extrémités, l’autre pafle par l’autre, & que le tour étant fufpendu , les huit parties fe trouvenc refpectivement les unes au-deffus des autres, à une diftance égale à leur largeur, & toutes dans une même poftion horifontale. On atrachera après un petit poids, comme un grain de plomb , au-deflous de ce petit affemblage des parties de la carte coupée, afin qu'il puifle defcendre bien perpendiculairement lorfqu’on le laiflera romher, On fufpendra de même la carte entière par fes quatre coins au moyen de quatre fils, & on y attachera pareillement , au-deflous , un petit poids égal à celui du pete aflemblage dont nous venons de parler , & propre à l'entraîner en bas quand on la laiflera tomber, malgré la réliftance de toute fa fuperficie. On attachera le petit aflemblage ainfi que la carte entière, chacun à une des extrémités d’un fil d’une aune de long; on tendra enlüuite, au deflous du plafond de Pappartement, une corde de fouer, & on y fera entrer & tenir à une diftance de trente pouces l’une de l'autre, deux épingles pliées en crochet, ou comme un hamecon. Sur ces deux crochets on étendra parallèlement à la corde le fil qui porte & le petit aflemblage & la carte entière, Le fl étant coupé, ellés commenceront à tomber au même inftant, fi elles arrivent en même-tems fur le plancher, ce fera une preuve que la réfiftance de l'air eft la même des deux côtés ; fi au contraire la carte entière eft plus de tems à tomber, cela montrera que la fomme des réfiftances des parties de la carte coupée n’eft pas égale à celle qu'eppofe la carte entière (1). Ce principe confirmé par cette expérience, je procéderois enfuite à [a faire plus en grand avec une chaloupe que je voilerois de cette manière : Soit AB, (fig. 4) une longue vergue fur laquelle on a hiffé fept focs a,b,c,d,e,f,g. On leur donnera à chacun la feptième partie de la longueur totale & autant en fus que cela eft néceflaire pour que, lorfque ces focs font inclinés à quarante-cinq degrés, l’efpace en entier foit rempli. Par-là ils fe recouvriront un peu l'un & l’autre quand on ira vent arrière, & ils prendront plus de vent lorfqu'on ira vent largue. Cette chaloupe ainfi voilée, quand on marchera vent arrière, on rangera la vergue perpendiculairement à la quille par le moyen des ar- mures C D, & on tendra tous ces focs fur la vergue. On fent bien qu’on variera cette pofition de la vergue & des voiles, felon la direction du vent ; mais lorfqu’il fouffle par le travers, ou que TE Do GE (1) Le mouvement du vaifleau formant un obflacle à ce qu’on fit à bord cette expérience lorfqu’on en eut l’idée, on remit à la faire quand on feroit à terre, & ayant été tentée , elle a réuffi pleinement comme la première du tourne broche, Tome XXXI, Part. IT, 1787. SEPTEMBRE, PE 2 228 OBSERVATIONS SÛR LA PHYSIQUE, l'on voudia virer au veut, on placera la vergue dans la direction de l'avant à l'arrière, & on orientera les voiles felon ce qu'indiquera la direction du vent, par rapport à la route du vaileau. Il me femble qu'une chaloupe voilée de cette manière pourroit être d’un fervice facile, & aifée à manœuvrer. Car les voiles pouvant fe bifler & s’amener féparément, on pourra en porter plus ou moins à volonté, Or, cette chaloupe ayant par-là tout autant de voiles expofées au vent, qui pouffe le bâtiment dans fa route, que fi elles n’en formoient qu'une feule, & la réfiflance de l'air tranquille contre l'avant de ces voiles étant ainfi diminuée, je penfe que les avantages de cette chaloupe , par rapport à la marche, feront confidérables, fans parler de l'avantage particulier qu'elle aura de pouvoir mieux pincer le vent. Puifque nous en fommes fur ce qui regarde les perfedionnemens de la navigation , permettez-moi de vous arrêter un peu plus long-tems par une petite obfetvation relative à cette partie. Dans un de mes voyages je me trouvai à l’arcre dans la baie de Tor, en Angleterre , avec des vaiffeaux marchands , au nombre de dix, qui étojent convoyés par une frégate du Roi; nous atrendions un vent favo- rable pour nous faire faire route à l'oueft ; le tems fe mit au beau ; mais. nous amena une mer extrèmement hôtleule. La frégate ordonna par un fignal de lever Pancre, & nous appareillämes tous en même-tems ; mais trois des vaifleaux marchands laifsèrent leurs ancres , leurs cables ayant * caflé à l'inflant où on viroit à pique. La nôtre heureufement tint bon & nous la levâmes; mais les chocs terribles que le vaiffeau éprouva avant qu'elle eût été dérachée du fond, me firent faire des réflexions fur la çaufe qui vraifemblablement avoit fait cafler les cables des vaifleaux marchands. J'imaginai que ce pouvoit bien être par la manière dont ils fe trouvoienc pliés, à l'endroit où ils portoient fur le bord des écubiers, en paflant de la polition horifontale à la pofition prefque verticale, & même par l'effet de la fecouffe violente & foudaine qu'ils recevoient dans cette pofition , par l'élévation de l’avant, en confé- quence de l’aétion de La lame. Qu'on fuppofe, par exemple, un vaif- feau tellement fur fon ancre que l'avant foit à pique, & que cependant cette ancre tienne encore dans un fond peut-être très-inégal ; la mer étant calme, le cable encore dehors formeroit une ligne perpendicu- Jaire, où à-peu-près, en la tirant du bord des écubiers jufqu’à l'ancre ; mais fi l'on fuppofe une groffe mer, l'avant s’enfoncera dans le lit de la lame, au-deflous du niveau, & enfuice remontera autant au-deflus. Dans le premier cas, le cable fe trouvera relâché & plié, ä-peu-près “ comme dans la f9. 5; dans le fecond, il fe trouvera , au contraire, tendu & plié fort près par la fecoufle, comme dans la f£g. 6. Or, fourenant alors route la force avec laquelle le vaifleau s'élève , il : doit où emporter l'ancre, ou réfifter à lation du vaiffeau , ou fe si > Ce CE É è SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 229 rompre. Mais on demandera pourquoi il fe rompt dans les écu- biets. Suppofons qu’un cable de cette efpèce , de trois pouces de diamètre, foit repréfenté dans la fo. 7; fi ce cable deit être plié le long du bord de l'écubier A, il eft évident , ou que les parties du triangle contenues entre les lettres 4, b, c, s’étendront confidérablement, & celles-là davantage qui fe trouveront dans l'intérieur de la courbe, ou que les parties entre d, e, f, feront comprimées, ou enfin, que l’un & l’autre effort aura lieu, ce qui-arrivera vraifemblablement. Dans ce cas, la partie de la moirié du cordage qui fe trouve, en deffons n'étant pas tendue, elle n’exercera aucune force pour réfifter à la fe- coule ; d’où il réfultera que ce fera la partie de la moitié fupérieure qui foutiendfa tout l'effort ; le couron de cette partie fupérieure étanc plus diftendu, fe rompra le premier, & les autres enfuite; car dans cet état de courbure du cable, ils ne peuvent foutenir tous enfemble l'effort, & ainfi contribuer chacun en particulier à la force du tout, comme ils Le font lorfque le cable eft tiré en ligne droite. Il paroît en conféquence, que pour remédier à cet inconvénient, l’on feroit crès-bien de placer au-devant des écubiers, une efpèce de grande poulie de deux pieds de diamètre, fur laquells on feroie pañler le cable; car étant courbé graduellement autour de cette poulie, & tendu par-là plus également, il feroit beaucoup plus en état de fou- tenir les fecoufles & les faccades, ce qui pourroit conferver Pancre, & par ce moyen, dans le cours d'un voyage, fauver même le vaif- ÉHRR Nous devons au frère de M. le Roy , qui ef de l'Académie des Sciences , la traduütion de cette Lertre ; & comme il à fait auf des obfervations fur Purilité des poulies ou plutôt des rouleaux dont parle M. Franklin, qu’il a bien voulu nous communiquer , nous allons Les mettre ici Tout ce que vient de dire M. Francklin fur les avantages qu’on pourroit retirer des rouleaux placés aux bords des écubiers pour em- pêcher le cable de cafler quand on lève l'ancre, eft parfaitement juite ; mais ces rouleaux n’auroient feulement pas cet avantage, ils faciliteroienc encore beaucoup cette manœuvre , diminueroient les frottemens , & par ; une fuite néceflaire, l’ufure des cables. Auffi il ÿ a déjà long-temps qu'on atenté de les employer , comme je l’appris lorfque j'allai à Breft en 1784, pour y faire placer des paratonnerres d’après les ordres de M. le Maréchal de Caftries, Frappé du grand & magnifique fpectacle que préfentent le port & Ja rade de cette ville, je profirois de rous les momens que j’avois de libres pour examiner les différentes manœuvres qui s’y font journel- à, * » L L \ ; 230 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lement. Une des plus ordinaires, celle de lever l'ancre, attira le plus mon attention. Je fus étonné de voir avec quel défavantage elle fe faifoit, {ur-rout lorfqu'on viroit à pique ou que l'avant du vaiffeau arrivoit prefque perpendiculairement au-deflus de l'ancre, Je conçus dans le, moment l'utilité dont pouvoient être des roulegux placés aux écubiers pour rendre cette manœuvre plus facile, & que par leur moyen, non-feulemenc on préviendroit le pli que faifoit le cable lorfque le vaiffeau approchoit de la polition dont je viens de parler, mais encore le frottement excefMf fur le bord des écubiers , & la grande ufure des cables dont jai fait mention, Plein de ces idées, je ne manquai pas d'en faire part à plufieurs Officiers de la Marine fort infkruits ; mais ils me dirent quil y avoit long-tems qu'on m'avoit prévenu, & qu'ils me feroienc voir des vaifleaux où ces . rouleaux étoient établis. [ls m'en montrèrent en effet, en me difant qu’on .n’en avoir pas tiré grand parti ; mais après les avoir examinés, je ne pus m'empêcher de dire que je n’en étois pas furpris, & que par la manière dont ils étoient adaptés , ils ne pouvoient guère remplir leur objer. En effer, ils étoienc d’un f petit diamètre relativement à celui qu’ils auroient dû avoir, & éroient attachés f peu folidement, zyant été appliqués après coup, que je demeurai convaincu où qu'ils ne fervoienc pas, vu que, fi cela arrivoit, il étoit difficile qu'ils puflent réffter à la grande preilion & au frottement qu'ils devoient éprouver quand on lève l'ancre, & en conféquence, qu'ils devoient fouvent être emportés ; j'appris dans la fuite que ma conjecture étoit très-fondée, & que cer accident étoit arrivé plus d’une fois. Mais le peu de fuccès de ces rouleaux ne tenant, comme je l'ai dir, qu’à la manière dont ils écoient adaptés, je demeurai perfuadé que cela ne devoit pas empêcher de tenter d'en faire une meilleure application, J'avoue qu’elle n’eft pas auf facile qu'on pourroit le croire d'abord ; car pour donner à ces rouleaux toute la folidité néceflaire, il faudroit qu'ils fuffent établis en confruifant la partie de l'avant à laquelle ils doivent appartenir; & les efforts confidérables que cette partie a à foutenir, demandent qu’elle ait une grande force de bois, & que rien ne diminue nant déni ttinite la folidité de fon affemblage; d’ailleurs, il faut que ces rouleaux puiflenr fe prêter à tous les mouvemens du vaifleau lorfquäl eft à l'ancre, & il ; faut encore qu'ils n’empêchent pas de fermer les écubiers dans un gros É temps, lorfqu’on eft à la cape. Mais quoiqu'il ne paroifle pas aifé de À parer à routes ces difficultés, entrevoyant plufieurs moyens de les vaincre, * & convaincu des avantages qu’on retireroit d’une application bien faite "7 de ces rouleaux, j'en parlai à M, le Comte d'Hector, Commandant de Brett, & qui, par fon activité & fes grandes connoiflances dans tour ce qui regarde la Marine, anime ce vafte dépattement ; 1l trouva mes raifons biemtondées , & voulut bien engager plufeurs habiles confiructeurs à ter SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 examiner ce qu'on pourroit faire à ce fujer, J'ignore ce qui en eft réfüulté ; mais je ne puis que répéter que cet objet eft de la plus grande importance, puifqu’il intérefle une manœuvre d'où dépend fouvent la sûreté du vaifleau. CR EME 7 STEEL IT 7 CODEN TER CI IE APTE ES LETTRE DE M DE RUPRECHT, Confeiller des Mines ; A M DE BORN, Sur le prétendu Régule d’ Antimoine natif de Tranfilsante ; Traduire par M. D6 FONTALLARDe- Moxsrsur; C'eft Le propre de l'humanité de fe tromper: j'avouerai de bonne-foi [4 faute que jai commife,en cherchant, dans ma dernière Lettre, à combattre les expériences d’un tiers, & je defire pouvoir lui procurer fatisfaction & fuitice. Je fuis trop partifan de la vérité, fur-cout quand il s’agit de la détermination des corps phyfiques qui font encore inconnus , j'ai trop peu: d’amour-propre, pour vouloir me refufer à des preuves fondées & rejeter les leçons d'un autre , {ur un point où mes fens ont pu me tromper & me faire illufion par un accident que je n’avois pas remarqué, Charmé de la découverte de M. de Muller que vous voulûtes bien me communiquer par votre dernière Lettre, je me décidai à foumettre encore une fois à un examen plus exact le refte de mon régule d’ancimoine natif, & , pour comparer & obferver avec précifon , de traiter à chaque expé- rience le régule d’antimoine que j'avois préparé , avec des flux alkalins, & le bifmuth marchand avec les mêmes corps & fous les mêmescirconftances. Pour cereffec , je choilis la voie humide & la voiesèche , parce que jen’avois: comparé , il y a deux ans , que la mine de Fazebay & le régule d’anti- moine artificiel. Je trouva par la voie humide , que le régule fondu avec le flux de tartre dans la mine de Fazebay (n'ayant pu féparer entièrement ce demi-métal de fa gangue où il n’étoit que difféminé) fe laifloit difloudre auffi parfaitement que le régule d'antimoine artificiel & le bifmuth dans Veau régale compofée de trois parties de nitre & d’une partie d’acide marin ; & que toute Îa différence confiftoit en ce que les deux premiers donnoïent une diffolution plus couleur d’hyacinthe que le bifmuch. 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ UE ; Dans lacide marin, mème à l'aide d’une longue chaleur d’ébullition, il ne put des trois régules fe diffoudre qu'une très-perite partie, qu'on appercevoit à peine à un trouble fort féger , produit par l’alkali végéral que j'y avois ver{é : au refte, les morceaux reflans ayant été pulvénfes , ne changèrent pas leur couleur, ni leur brillant. fsagitloir nraintenant d'employer l'acide"nitreux ; & €e fut lui princi= palement qui me convainquit, à mon grand étonnement, que M. de Muller avoit eu railon de foutenir (quoique je ne connoifle que les réfulrats des expériences qu'il a faires avec ce minéral) la prélence du bifmuth , au lieu de celle de l’antimoine qui devoir s'être introduit & mêlé accidentellement dans mes expériences, Le régule de Fazebay, ainti que Le bifmurh , furent diffous dans l'acide nitreux avec la même force & {a même effervelcence ; au lieu que le régule d'antimoine ne fur changé qu’en un {el neutre blanc, méralliqué & dificile à difloudre, fans que l’alkali, lé foie de: foufre & d’autres précipitans aient pu précipiter la moindre chofe de fa diffolucion limpide, Les deux premièrés”-diflolations au contraire; qui n'affeétoient aucune couleur particulière, donnèrent, au moyen de l’eau diftillée que jy verfai, un précipité blanc , ou ce qu’on nomme blanc d'Efpagne, qui fe fit. encore plus promptement quand jeus verfé quelques gouttes d'acide maria dans la diffolution étendue dans uhe quantité fufffante d'eau, propriété qui n'appartient qu'au bifmurh, & qui n'en fic découvrir une autre très - particulière; favoir, que les deux diffelutions donnoienc une encre de fympathie , qui rendoit viñbles les’ caraétères qu'on écrivoit avec elle, en les expofanr à la vapeur chaude d'une diffolurion de foie de foufre, & j’obtins un précipité brun-rouse par l'addirion d’un fois dé foufre: le blanc d'Efpagne du bifmuth étoi feulemenc d'un blanc plys pur que celui de la mine de Fazebay. Ce précipité mêlé avec parties égales de foufre, & mis dans un feu capable de le rougir, il parut des fleurs de foufre dans les trois cornues : le bifmuth minéralifé artificiellement & le régule- de’ Fazebay devinrent plus friables qu'auparavant , & reflembloient affez dans la frature à;une mine de plomb füulfureufe & arfenicale. Le régule d’antimoine factice au contraire, reffembloit parfairement dans fa furface à unermine d’anti- moine naturelle en cheveux & arborifée ; au bord & à la frature on appercevoit des aiguilles briliantes, + Les trois régules minéralifés ayant été mêlés avec parties égales de fubli« mé mercuriel blanc & quelques gouttes d’acide marin , poules enfuité au feu jufqu’a rouvir, donnèrent, avec un fublimé mércuriel non-décompofé & un peu de cinabre , des rélidus blancs, dont celui de mine &'antimoine fadice fit paroître un beurre antimonialtlés deux autres, qui fe com= portèrene en tout de la même manière; n'éroient - que des chaux de” bifmuth, qui contenoient encore un peu d'acide marinMeoncentré. ÿ es - à + \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9233 Les régules mêmes, mis pareillement avec parties écales de fublimé mercuriel & une légère portion d'acide marin, n'eurent qu'une partie de leur furface de changée , fans que le fublimé fût décompofe : cependant le régule d’antimoine artificiel, ainfi qu'une très-petite portion de beurre d'antimoine, paroïfloient être beaucoup plus blancs, & avoir éré plus attaqués que le fublimé. Le bifmuth & la mine de Fazebay fe laifsèrenc amaloamer avec le mercure, après l’expulfion duquel ils laifsèrenr des chaux grifes jaunâtres dans la cornue, ce que ne fait pas le réule d’antimoine , qui , fuivant quelques Chimiftes, s’amalgame avec le mer- cure , lorfqu’il a été fondu avec de la craie ou de la chaux. Le régule d’antimoine mis dans des coupelles bien échauffées, à un feu foutenu au même degré, fe fondit infiniment plus vite que les deux autres : fa couleur de feu étroit plus claire, & donnoit une fumée blanche qui s’attacha en forme de pouflière blanche à un fer qu'on lui préfenta, & laiffa à la fin une tache brune noirâtre fur la coupelle ; au lieu que les bifmuths brülèrent d’un rouge plus foncé, coulèrent plus épais, firent une fumée plus fombre, & laifsèrent des taches jaunes rougeâtres. Au refte, jai trouvé à un examen plus rigoureux que le régule de Fazebay montroit , ainfi que le bifmuth , dans fes parties ifolées aflez de duétilité au marteau fur une enclume polie, parce que quelques-uns de fes feuillets fe laifloient applattir, tandis que le régule d’antimcine factice fe pulvérifoir beaucoup plus facilement ; & quoiqu'il fût difficile à un œil peu exercé de diftinguer dans la fracture le régule de Fazebay , de celui qui eft artificiel, j'ai cependant remarqué que le premier étant fondu , fe ternifloit à l’air comme le bifmuth, La trop petite quantité que j'avois de ce métal & le mélange accidentel de l’antimoine peuvent avoir occafionné mon erreur: j'avois donc été forcé de faire mes expériences avec de très-petits échantillons, encore n’avois-je pas pu porter toute mon attention fur les phénomènes les plus effentiels, parce que fouvent au milieu de mon travail, les devoirs de ma charge m’appeloient ailleurs , & que j'érois obligé alors de confier la fuite de mes expériences à d'autres; mais pour celles-ci , c'eft moi qui les ai fuivies dans tous les points. Vous voyez par cet aveu, combien j'aime à publier tout ce qui peut contribuer à dévoiler la nature & la vérité. J'ai l'honneur d’être, &c. A Schemnitz , le 29 Décembre 1783. A Tome XXXT, Part, II, 1787. SEPTEMBRE. Ge 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, a —— REA RE —— ——— NOUVELLES LITTÉRAIRES. Px YSIQUE du Monde, dédiée au Roi ; par M. le Baron DE MARIVETZ 6 par M. GOUSSIER; tome cinquième , troifième parte. À Paris, au bureau de la Phyfique du monde, rue Saint-Jean- de-Beauvais , la première porte cochère à gauche en entrant par la rue des Noyers: de l'Imprimerie de Quillau , Imprimeur de S. À, S. Mon- feigneur le Prince de Conti, rue du Fouarre. Les célèbres Auteurs de cet Ouvrage expofent dans ce volume leur théorie du feu. Ils penfent que l'éther ou la matière éthérée eft la feule qui puifle produire du feu; mais que cette matière ne produit de la chaleur que lorfqu'elle eft mife en mouvement par les parties des corps. « Nous >» avons reconnu, difent-ils , que l’état des corps que l'on appelle chauds » ne conffte que dans le mouvement inreftin de leurs parties. Ce mou- vement ne peut être attribué qu'à l’action d'un fluide qui pénètre ces >» corps, &qui agite leurs particules les plus infenfibles , les plus élémen- » taires.... Le feu qui n’eft ni ne peuc être le principe & la caufe du » mouvement, en eft donc la fuite & l'effer néceflaire. Nous ne pourrions: æ donc jufqu'à préfent concevoir le feu, fi nous en voulions faire une > fubftance particulière , que comme un être qui ne laifle connoître de >» lui d'autre propriété que celle d’être mis en action par le frottement » & dont l'intenfité du mouvement augmente en raifon des folidités des > corps frottans, de la puiffance & des vitefles des frottemens. . . .» Par une fuite de ces principes nos Auteurs regardent la chaleur comme un effet du feu ow du mouvement de l’éther excité par le frottement des corps. Ils combattent avec autant de force que d'honnéteté l'opinion que j'ai, avec beaucoup d’autres Phyficiens, que la chaleur eft une fubftance particulière. 8 Expofition raifonnée de læthéorie de l'Eledricité & du Magnétifme, d’après les principes de M. Æpinus, des Académies de Péterfboure, de Turin, &c. par M. l'Abbé Haüy, de P Académie Royale des Sciences, Profeljeur Emerite de l'Univerfité. À Paris, chez la veuve Defaint, Libraire, rue Saint-Jacques. L’Electricité & le Magnétifime font deux des plus grands phénomènes de la nature, & donr les loix font encore très- peu connues, maloré les travaux de tant de célèbres Phyficiens qui s’en fonc occupés. M. Æpinus eft un de ceux qui y a jeté le plus de jour. I y avoit même porté la précifion du calcul. Néanmoins fon Ouvrage étoit peu connu; d’ailleurs , | | | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 2;$ on avoit fait depuis lui quelques nouvelles expériences. M, l'Abbé Hüy a refondu tout l’Ouvrage, & y a ajouté l'explication de plufeurs phé- nomènes dont n’avoit pas parlé Æpinus. On connoît la clarté & la ‘précifion de M. l'Abbé Haüy. Auñli ce nouvel Ouvrage eft digne de la réputation de ce favant fi diftingué. Il feroit inutile de dire qu'il a l'approbation de l’Académie, parce qu'on fait qu’elle eft accordée à toutes les productions des Membres de cette illuftre Compagnie. Effai fur la Maladie de la Face, nommée le Tic douloureux, avec quelques réflexions fur Le raptus caninus de C@L1US AURELTANUS; par M. Pusoz ; Médecin du Roi à l'Hôpital de Cafîres, Médecin extraordinaire de l'Ecole Royale & Militaire de Soreze, Membre de l’Académie des Sciences & Belles-Lettres de Béziers, CorreJpon- dant de la Société Royale de Médecine de Paris , des Academies des Sciences de Montpellier & de Touloufe, &c. &c. AParis, chez Thec- phile Barrois le jeune, quai des Augufins. La Société Royale de Médecine a penfé que ce travail étoit digne de fon approbation & d'être imprimé fous fon privilège. Quarta Differ:atio Botanica 128 fpecies compleétens, So tabulis incifas, Au@ore ANTONIO-JOSEPHO CAF ANILILES, Hifpano-Valen- tino , Collegiatæ Ecclefix de Ampudia Abbate, in Academia Valentina Doctore Theologo, à Socierare Regia vulgo Bafcongada, atque Socieraris Reoiæ Parifienfis Agriculturæ Correfpondente, Parifuis , apud Francifcum- Amb. Didot, 1787. Certe Differtation , qui fait fuite à celle que nous avons déjà annoncée du même Auteur, traite feulement des geranium. Ce genre efl dans l'ordre naturel, très-voilin des malvacées, dont l’Auteur s’eft occupé jufqu'ici, On connoît fa manière : aufli cette Differrarion a-t-elle été approuvée, comme les précédentes, par l’Académie des Scierces de Paris. Nous allons donner un extrait du rapport de Meñieurs fes Commiflaires. Tournefort , difent-ils, connoifloit environ 60 efpèces de gerarium : M. Burman le fils en décrit 74 efpèces , & M. Murray 82, dans l'édiion de Linné publiée en 1784. M. Cavanilles porte le nombre des efpèces à 128 , dont il a cultivé lui-même un grand nombre. Il les a prefque toutes deffinées, & les planches fonc fupérieures encore à celles de fes autres Differtations, M. Cavanilles divife les geranium en deux grandes clafles, à corolles réguliers, & à corolles irréguliers, La première contient en général les efpèces européennes, & a communément les feuilles oppofées. La feconde réunit la plupart des efpèces africaines dont les feuilles ton le plus fouvent alrernes , & contient 71 efpèces. Ce travail eft Le plus compler qui ait éré fair fur les geranium , & en Tome XXXI, Part, Il, 1787. SEPTEMBRE, Gg2 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le parcourant on fouhaitera que d’autres familles ou d’autres genres foient traités avec la même étendue. Du Feu & de quelques-uns de fes principaux effets ; par M. REYNIER, Membre de plufieurs Sociétés + Du choc des opinions jaillit la vérité. or, À Laufanne, chez Mourer cadet, Libraire; & à Paris chez Lagrange, Libraire, rue Saint-Honoré , vis-à-vis le Palais-Royal & le Lycée, 1 vol. z7-8°. « Tous les corps, dit notre favant Auteur, contiennent du feu comme partie conftituante , & point dans un fimple état de pénétration. . . . » Le feu ne peur par conféquent s’accumuler dans un corps fans le modifier... .Il eft dilatable & peut changer de volume ; mais dans ces divers mouvemens, il ne prefle pas de même ce qui l’environne , & > chacune de fes molécules tend toujours à fe trouver au même degré de » preflion avec celles qui l’entourent ». C’eft dans cette propriété que V’Auteur fuppofe au feu de fe dilater & defe comprimer, qu'il fait confifter l'action de la chaleur qui n’eft autre chofe que le feu dilaté par une caufe quelconque. Il faut voir dans l'Ouvrage même coryment de ces principes il déduit tous Les phénomènes, & l'application qu'il en fait aux diverfes efpèces d'air. Ê C) 8 y Errata. Page 121, Ligne derniére de La nore, confondroit avec la fécante , Zifez : confondroit avec la tangente. Moyens de rendre les Hôpitaux plus utiles à la Nation ; par M. CHAMEoN pu MOoNTAUX , dela Faculté de Médecine de Paris, de la Société Royale de Médecine de Paris, Médecin de l'Hôpital de la Salpétrière, &e. À Paris, rue & hôtel Serpente, x La nation françoife n’a vu qu'avec effroi, d'après le rapport des Com- miffaires de l’Académie ce qu’elle foupçonnoit depuis long-tems, que l'Hôtel: Dieu de Paris coûroir la vie à deux mille citoyens rous les ans, c'eft-à-dire, que comparaifon faite avec Les autres hôpitaux, il meurt proportion gardée, deux mille perfonnes de plus à l'Hôtel-Dieu. Ce cri a fait naître plufieurs écrits où on réclame les droits de l’humaniré. Celui que nous annonçons eft de ce genre, L’Auteur pafle enfuite aux moyens de former des Médecins inftruirs. Il fait voir les abus qui naiflent de la facilité de prendre des grades , puifque lui-même a été reçu Médecin fans avoir pris une feule infcriprion. IL infifte fur la néceflité d’avoir une Ecole clinique à Paris ; projet propofé depuis long-tems par un homme aufli célèbre par fes vaftes connoiffances en Médecine que recommandable par fon humanité & toutes Les vertus fociales , le célèbre Antoine Petit mon illuftre maître, = SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 Voyez aufli dans ce Journal, année 1778 , tome 3, page 477 , un très- bon Mémoire fur cet objet, de MM. du Chanoy & Jumelin. Je vais faifir cette occafion pour communiquer quelques idées que j'ai depuis long-tems fur cet objer. Je crois qu'il faudroit diminuer le nombre des endroits dans le Royaume où on peut prendre des grades en Médecine. Qu'on ne laiffe fubfifter que quelques Ecoles comme Montpellier, Paris & quelques autres ; quon y attache les plus célèbres Profefleurs 3 qu'ils ne faflent pas des cours de parade, mais des cours d’inftruétion pour former le praticien, comme on faifoit jadis à Montpellier, où on venoit de toute l'Europe, comme on fait aujourd’hui à Edimbourg ; qu’on oblige les jeunes-gens à fuivre affidument les leçons, que les examens foient févères, ne confiftent pas en vaines fubrilités fcolaftiques , où celui qui a l'élocution facile eft toujours sûr de briller, quoiqu'il n’ait pas de connoif- fances ; qu’on établiffe auprès de chacune de ces Ecoles un hôpital , tels que les hôpitaux doivent être, où les jeunes-gens fous les yeux de leurs Maîtres apprendront la partie vraiment difficile & la feule utile de leur art, celle qu’on néglige entièrement dans leurs études aujourd’hui ; ils verront les malades , & prendront ce coup-d’œil du praticien qui fair prefque deviner Ja firuation de fes malades par le concours d’une multi- tude de petites obfervations qu’on ne peut acquérir que par le grand ufage. . . . Aujourd’hui les jeunes Etudians à Paris, par exemple, n'ont aucun moyen d’inftruétion pour apprendre la Médecine. Aufli la Médecine francoife n’eft pas celle de l’Europe qui eft la plus confidérée. . .. Puifqu'on fait un établiffement magnifique à Charenton pour l'Ecole Vétérinaire , il faut efpérer qu'on fera quelque chofe pour l'humanité, Differtation [ir l'arbre du Pain de première néceffité pour la nourriture d'un grand nombre d'habitans , & qui mérite d'être cultivé dans nos Colonies ; par M. Bucn'oz, in-fol. avec fig. Prix, 4 liv. Chez l'Auteur. Tranfadions of the Society, &c. ’eff-à-dire, Tranfaëtions de la Société inflituée à Londres pour lencouragement des Arts, Manufaëtures & Commerce, avec les Prix propofes en l'année 178$, troifiéème vol. in-8°. À Londres. On fent toute l'utilité d'une pareille Société ; ce volume ne traite que des objets relatifs à fon infticution. Hyppocrate, des Airs, des Eaux, des Lieux, verfion littéraire du Grec, rédigée d'aprés le texte vulgaire ; par M. MAGNAN , Médecin ordinaire du Rot, fervant par quartier . Doëdeur en l'Univerfité & Correfpondant de la Société Rryule des Sciences de Montpellier | du Collège & de l’Académie dès Sciènces , Belles-Letres & Arts de LL dl (l SOYAE > 238 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Marfèille, Correfpondant de la Société Royale de Médecine, Nouos (ur ŒaiTa MPETUIEe £ L { Lex quidem omnia vinci. Æyp. de Gen. % | À Paris, de l'Imprimerie de la veuve Hériffant ,rue Neuve-Notre-Dame, & fe trouve rue Saint-André-des-Arcs , N°. 88 , & chez Croullebois , Libraire, rue des Marhurins, ; Le traité des airs, des eaux & des lieux d'Hyppocrate eft un des plus moraux de l’antiquité, Non-feulement chaque phrafe, mais chaque mot eft plein de chofes. M. Magnan déjà connu avantageufement dans ‘la répu- blique des Lettres, a cru que pour le rendre parfaitement en françois, il falloit conferver , pour ainfi dire, les expreffions de l Auteur. A l'a donc. traduit littéralement. S'il s’eft éloigné du génie de notre langue, au moins retrouvera-t-on Hyppocrate tout entier. M. Diller cherchant toujours à perfectionner fes belle expériences, | vient de découvrir (depuis l’impreflion de fon Mémoire, page 188 de | ce cahier ) une nouvelle efpèce d’air inflammable qui dans fa combuition donne le rouge le plus vit, lorfqu'il eit pur, & toutes les nuances depuis ce rouge jufqu’au rofe le plus tendre lorfqu’il eft mélangé. Ce Phyfcien 1 réunit donc aujourd’hui dans fes expériences qui font aufli intéreflantes pour l’homme inftruit qu’amufantes pour l’homme du monde, toutes les | couleurs , 1°. un très-beau blanc ; 2°, un beau bleu ; 3°. le rouge le plus vif; 4°. un jaune d'or très-brillant ; ÿ°. un joli verd. Le mêlange de ces : couleurs principales produit enfuite toutes Les autres teintes de couleurss ce qui ne laifle rien à defirer à la perfection des découvertes de l'Aureur , d'autant plus précieufes pour lui, qu’elles prouvent qu’il n’a rien négligé pour mériter l’accueil atteur que le public & les favans lui accordent. IL fe propofe d'aller bientôt en Angleterre. Profpeïus d'un Ouvrage intitulé : Mémoires pour fervir à l’Hiftoire Phyfque & Naturelle de la Suilfe rédigés par M. Reynier, Membre de plufieurs Sociétés, L'ouvrage dônt on propofe ici la foufcription , contiendra une fuite 4 de mémoires, dans lefquels le rédacteur fera paroître fucceflivemenc | les découvertes qui auront été faices en Suifle, Plufeurs naturaliftes lui ont déjà fait efpérer de le feconder; & il invice ceux à qui il n’a pas encore communiqué fon projet à concourir avec lui pour faire réuflir fon entreprife, Le nombre des livraifons qui paroîtront chaque année, dépendra néceflairement de celui des mémoires qui feront fournis au rédacteur : on ne peut rien déterminer d'avance, ni fur leur quantité, ni fur leurs d époques. Chaque livraifon formera un volume in-4”. de 200 pages PER AN À 4 » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 939 ou environ, avec les planches néceflaires à l'intelligence du texte. Le rédacteur croit pouvoir annoncer, que, fi la foufcription a lieu , la premiere livraifon contiendra; 1°. l’Hiftoire naturelle du Bouquetin par M. Van-Berchem fils; 2°. l'Hiftoire naturelle du Jorat par M. le Comte de Razoumowsky; 3°. l'Hiftoire naturelle des Joncs par le rédacteur : le refte du volume ne peut être déterminé actuellement , les auteurs ne pouvant être nommés dans le profpectus. On devra foufcrire d'avance pour le premier volume, & cette fouf- cription engagera pour les fuivans; mais on ne payera la valeur de chaque volume quà la réception, Le prix fera de 6 Liv. de France par volume, pour ceux qui auront foufcrit avant l'impreflion du premier volume; & de 7 liv. 10 f. pour ceux qui voudront fe procurer l'ouvrage dans la fuite, Les lettres de foufcription, & les paquets qu'on défirera confier au rédacteur, devront être adreflés francs de port , à M. Mourer, Libraire à Laufanne, en Suifle. On peut foufcrire chez tous les Libraires de l'Europe, & principa- lement chez M. la Grange, Libraire, rue Saint-Honoré, vis-à-vis le Palais-Royal & le Lycée, à Paris. Errata. Cahier d'août , page 93e Le titre du Mémoire de M. le Blanc doic étre : Obfervations fur la furcompoftion de plufeurs Sels , lues à l’Académie Royale des Sciences de Paris, le 9 août 1786% Méme page , ligne 27 ; conflamiment de 60°, Lifez : conftamment de 68°, TA B dd: E Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: E xrérr ENCES & Obfervations fur la converfien des Acides Jaccharin & tartareux en Acide acéteux ; par M. HERMSTADT : Traduites de l'Allemand, & tirées des Annales chimiques de M. CRELL, page II Supplément au Mémoire de M. DE MORVEAU , fur la nature de l'Acier & [es principes conflituans , inféré dans les Aëtes de l'Aca- démie Royale des Sciences de Stockolm en 1787 , premier fémeftre 3 par M. PreRRE-JACQUES HueLm : craduit des Mémoires de l’Académie de Stockolm , 169 Extrait d'une Lertre adreffée à M.FAUJAs DE SAINT-FOND, par M. DE PRESLON , 171 Effai de Minéralogie de l'Ifle Saint-Domingie dans la partie Françoife, adreffé à M. Fauras DE SAINT-FOND, par M. DE GENTON, ancien Officier d'Infanterie, 173 Æettre de M, SAGE, à M, De LA MÉTKERIE, 177 QU "@ PART 240 OBSERVA Eu LA PHYSIQUE, &c. Lettre.à M. DE LA MÉTHERIE , fur la reëlification de l'Evher vitriolique , particuliérerment de celur que l'on emploie pour les Arts ; par M. PELLErER , Membre du: Collège de Pharmacie de Paris ; 178 Extrait d'un Mémoire fur des moyens de convertir Le fuc exprimé de da Canne à Sucre en une liqueur analooue ou au Cidre où au Vin ; par M. DurrôNe-LA-CouTURE , Docteur en Médecine , & Affocié du. Cercle des Philadelphes : lu à l'Académie des » Sciences , 179 Suite des nouvelles recherches [ur la nature du. Spath-fluor ; par M. MonNET, dl 183 Extrait des Repiflres de l'Académie Royale des Sciences , du 4 Juillet 1787, Jur les feux d'air inflammable de M. Dit Lex, 188 Etabliffement d'une Société de l'exploitation des Mines, envoyé par M. DE TRÉBRA, 19$ Suite des Expériences fur la prétendue décompofition de l'Eau ; par M. De LA MÉTRERIE, 209 Lettre de M. GaRANGEOT, à M. KAESTNER, Profeffeur de Mathé- matiques &. de Phyfique, à Gouingue , [ur de pretendues erreurs dans la defeription du Goniometre, 204% Suite des Extraits du Porte-feuille de l'Abbé DicQUEMARE, 206 Mémoire fur quelques Infeëtes ; par M. DE La MARTINIÈRE, Watru- ralifle, qui voyage avec M. DE LA PEYROUSE, 6 207 Méthode de Nomenclature chimique propofée par MM. De MORVEAU, Lavoisier , BERTHOLLET 6 DE FourcRoY. On y a joint un Jyfléme de caraëères chimiques adaptés à certe Nmenclature , par MM.HASSENFRATZ & ADE®, exrrait par M.DE LA MÉTHERIE , 210 Mémoire fur le Pechflein de Mefnil-montant, lu à l’Académie des Sciences, par MM. DELARBRE & QUINQUET, 219 Lettre de M. BENJAMIN FRA: KLIN , à M. Davip LE Roy, Membre de plufieurs Académies, conrenant différentes Obférvations fur la Marine , 224 Lettre de M. RuPrECHT, à M. DE BORN, fur le prétendu Régule d’Antimoine natif de Tranfilvanie, 235 Nouvelles Litiéraires , ke 234 F APPROBATION. Ja lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour litre: Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur Les Arts, c. par MM.Rozier, Moncez le jeune & ne 14 Meruerte, 6c. La Colle@tion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Ieéteurs , mérite l’attention des Sas vans ; en conféquence , j’eftime qu’on peut en permettre l’impreflion. A Paris, ce, 27, Septembre 1787 VALMONT DE BOMARE Jeplembre 1 7ë) 7- ET Er piges amsn RE. Dan A 94 % ! Le Joptembre Z 78 72 us ] Lu T … 0] 4 : pe " ; \ ; » : ' ‘ Suns 6 RE de ne ’ POUR SSSR ei PRIT FN LC GANT : 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. à] Ÿ [Ë OCTOBRE 178% ONBYSSE'K V ATTONS * Sur l'Alun cubique, & fur le Viriol de Cobalt: … Lues à l'Académie des Sciences le 23 Décembre 1786; Par M. Lx BLANC, Chirurgien. IL paroït que l’alun, tel que nous l'offre la nature, a des propriétés conftantes, c'elt-a-dire, qu'il fé trouve avec excès d’acidé & qu'il critallife en octaëdre, On peut charger l'acide avec là même bafe jufqu'au point de faturarion ; M. Baumé, qui a fair cetre expérience, a reconnu que la liqueur ne fournifloit plus alors de criflaux proprement dits, mais des petites lames douces au toucher & femblables au mica. M. de Romé de Lifle parle de criftaux en cubes parfaits, obrenus à l’aide d’une diffolut on d'alan faruré de fa bafe: c’eft M, le Duc de Chaulres qui les lui a procurés. Les expériences dont je vais rendre compte, me paroiflent devoir concilier ces différens réfulrats. J'ai fair bouillir, pendant plufieurs heures , dans une diffolution d’alun de roche, la terre précipitée d’une autre portion du même alun par l'alkali fixe aéré. Pour m'aflurer de la faturation , j’avois employé une aflez grande quantité de cette terre, qu’il faut appeler argile aérée; la liqueur n'en avoit diflous qu’une portion , & après avoir filtré, Je fis évaporer au baïn de fable à différentes reprifes, J’obrins conftamment par ce moyen, une forte de magma, donr la plus grande partie pouvoit fe difloudre dans l’eau : certe fubftance defléchée avoit les apparences de Y'alun effleuri. Je foumis à l’évaporation fpontanée ces dernières portions de la liqueur ; elle a fourni la même fubftance & quelques criftaux cubiques : la diflolution du magma donna les mêmes réfulrars, mais avec une plus grande quantité de criftaux d’uné forme dérerminée , - c'eft-ä-dire, des cubes. Je chargeai enfuice une nouvelle diflolution fans le fecours du feu; de cette manière l’aroile aérée fe diffout avec une effervefcence très-fenfiblé &en aflez peu de tems, mais en moindre proportion que dans le cas précédent. Cerre dernière diffolution ne donne Tome XXXI, Part, II, 1787. OCTOBRE. Hh , 242 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; É point de magma ou d’alun micacé, elle fournit des criftaux cubiques qui font toujours d'unesaflez belle tranfparence lorfque l'opération a été faite avec foin. J'ai remarqué qu'une petite quantité de terre ajoutée fuffit pour déterminer la criftallifation en cubes ; & en ajoutant fur la diflolution qui fournit l’alun micacé , une diflolution d’alun ordinaire, on rétablit à fon gré les proportions convenables pour obtenir des criftaux cubiques. Il me paroït réfulter de ces expériences, 1°. qu'une diffolution d’alun furchargé de fa bafe autant qu'il peut l'être, ne fournit point de criftaux proprement dits, mais une fubftance qui peut, fuivant les cas , paroître micacée ,ou.bien fous la forme d’un magma falin, toujours foluble en plus ‘grande ‘partie, fi l'on opère de la manière que je viens d'indiquer. -J'ai fait voir dans mes obfervations fur la furcompofition des fels, que l'alun furchargé par le fer immédiatement préfentoit les mêmes phéno- mènes. 2°. Que dans toutes des proportions du diffolvant & de fa bafe, intermédiaires entre celle qui fournit l’alun ordinaire & celle qui produit le magma ou alun mieacé, ce fel criftallife en cubes réguliers. Il faut. obferver que dans.les proportions qui fe rapprochent le plus de l'alun ordinaire, les criftaux que l’on obtient par RP ne paroïflent avec des modifications capables d'en, impofer au premier coup-d’œil ; mais ce font toujours..des variations du cube, & par une évaporation fpontanée, ces difloiutions- donnent conftamment des cubes entiers. 3°. Enfin, que l'opacité n'eft point un caractère de l’alun cubique, & mes expériences me portent à croire qu'il en eft.ainfi pour tous les fels proprement dits, Je pafle maintenant à ce qui regarde le vitriol de cobalt. HAE? Les expériences de Er favans ne nous permettent plus de douter que le cobalt ne-foit un métal particulier ; je n’ai pu me procurer fon régule ;. mais j'ai opété fur la mine de cobalt arfenico-fulfureufe & fur le fafre, L’acide vitriolique n’agit fur ces fubftances qu’autant qu'il eft concentré & qu'il a reçu un certain degré de chaleur ; mais il n'eft pas néceflaire qu'il foicbouillant, comme on l'a toujours penfé: il feroic même impoflible que l'opération réufsit à ce degré de chaleur, au moins pour la mine grife dans laquelle le cobalt fe trouve minéralifé par l'arfenic & par le foufre; l’effervefcence eft fi confidérable qu'elle tranfporte toute la matière hors du vafe, quel qu’il foit. Je crois que l’on a pris pour une ébullition réelle, cette effervefcence qui a lieu dans le cas déplufeurs diffolurions métalliques par lacide vitriolique concentré ; quoi qu’il en foit, la mine dont nous parlons, difloute dans cer acide, fournit un magma rougeirre qui,fe diflout.à fon. tour dans l’eau, & lui communique une couleur rofe. Une portion non difloute refte fur le filtre : nous verrons bientôt quelle en eft la nature. Si enfuite, on fait évaporer avec précau= tion, on obtient une matière criftalline dans laquelle on diftingue aifé- ment deux fubftances ; l’une conferve la couleur rofe & fe diflout aflez SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 243 facilement dans l’eau ; l’autre eft blanche & beaucoup moins foluble que la première, ce qui en facilite la féparation. Cette fubftance blache eft eft de l’arfenic uniquement; d’où il fuit que la fubftance rofe eft le vitriol de cobalt. Si l'on fait difloudre & criftallifer ce fel à plufeurs reprifes, il fe deffaifit d’une nouvelle portion d’arfenic, & les criftauix que l’on obtient en plus grand nombre & le plus conftamment pendant ces criftallifations font des tétraëdres rhomboïdaux dont les fommets font terminés chacun par une face aufli rhomboïdale : on obtient encore des variations de l’oc2 taëdre. Les modifications de cettz dernière forme font mulipliées dans plufeurs fels, tels que le vitrio] martial , l’alun , &c. Le vitriol de cobalt préfence de même ces variations, & ce fonc elles qui donnent quelquefois des prifmes à fommets di£dres. Il y a plufeurs de ces variations dans les criftaux que je préfente ici ; les uns font des pyramides quadrangulaites , les autres des octaëdres irréguliers paflant à la forme de prifnses! rhom= boïdaux: Dans le cas de ces oétaëdres, on remarquêune face additionnelle de part & d'autre; elles remplacent deux des angles folides du rhom- boïde, d'où réfultent les fommets diëdres dont nous venons de parler. Le prifme ayant fes faces d’une égale étendue fur les côtés, files faces des Tommets fe rencontrent précifément fur la diagonale de:la face primitive, alors elles fonc l’une & l’autre triangulaires ; mais lorfque l'une des deux prend plus d’étendue, celle-ci devient un pentagone. Lorfque le prifme, au contraire, fe trouve comprimé, c'eft-à-dire, qu'il préfente fur les côtés deux faces oppofées plus grandes , celles des fommers font alors des trapèzes: d’ailleurs, en comparant ces criftaux avec des oétaëdres d'alun dans lefquels les bafes fe rrouvent allongées entre deux côtés oppofés. du criftal,on y remarque abfolument les mêmes: difpofitions , comme on peut s'en convaincre dans les criftaux qui font fous les yeux de l’Académie, Il faut obferver encore, que dans certaines circonflances,, qui dépendent abfolument de la manière d'opérer & non pas des propriétés particulières à telle ou telle fubftance faline , comme on l’a cru, il faue obferver, dis-je, que la matière criftalline fe trouve difpofée par lames appliquées les unes fur les autres , à la manière des tuiles fur un toi. Ces lames dans le vitriol de coablt ; m'ont paru dans quelques circonf- tances préfenter les mêmes difpoftions qui s’obfervent fur un criftal d’alun obtenu par le même procédé. Je viens de faire remarquer que quelquefois dans les criftallifations répétées , le vitriol de cobalr four- nifloit en même-temps des modifications d'oétaëdres, & des rhomboïdes complets, Cette expérience me paroît intéreffer la théorie fur la fruc- ture des criflaux ; elle a un rapport inconteftable avec les réfultars qui fe font préfentés à l’auteur de cette même théorie, J’ai eu l’hon- neur de faire voir à l’Académie des criftaux de vitriol martial, dont plufeurs avoient plus de fix lignes de diamètre, fous la forme d’oc- taëdres irréguliers. La forme-primitive du vitriol martial , celle que Tome XXX1, Part, II, 1787. OUTOBRE, Hh 2 x 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on obtient par les fections faires dans le criftal, eft le rhomboïde, ainfi que M. l'Abbé Haüy me Fa fait voir; il réfulte encore de fes obfervations, que Ja forme de l’octaëdre eft produite par des fouftrac- tions d'une rangée de molécules fur les angles aux fommers du rhom- boïde. Dans le rerour.de cette forme à la rhomboïdale, toutes les lames , jufques-là décroiffantes, reprennent les rangées de molécules qui en avoient éré fouftraires 3; &: la nature pafle par une fuite d’a- croiffements, parfaitement analogue à celle des décroiflements , jufqu’à ce que le criftal, devenu complet, nous offre la forme primitive dans toute fon intégrité. Cetre circonftance fur le vicriol martial, femblable à celle que je viens de citer fur le vitriol de cobalt, et fufceprible de la même application à la théorie de la ftrudure des criftaux, L'ordre dans, lequel fe fait la diftriburion des molécules dans ces corps réguliers ; tient à une multitude de phénomènes intéreffans. Ca- chée pour ainfi diré$ travaillant en fecret, la nature fembloit nous refufer pour toujours la connoiflance du méchanifme qu'elle met en ufage dans cette opération ; il éroic réfervé à M. l'Abbé ‘Haüy d’in- terrompre fon filence. Heureux fi mon travail ‘peut contribuer pour quelque chofe :aux progrès d’une doétrine que mes expériences juf- tifient chaque jour, & qui prouve l'étendue des connoïflances de fon Auteur. Je dois prévenir que les différentes manières dont s’opèrent les dif- folutions, relativement aux différens états dans lefquels on emploie les fubftances, rendent néceflaire, au moins pour quelques-unes d'elles, une diftinction qui me paroît n'avoir pas encore été indiquée; par exemple, dans l'opération ordinaire , l’afinité du cobalr avec l'air pur, aidée de la chaleur; fert à la décompofrion de l'acide; une partie de ce dernier, non-décompofée , étendue par Paddition de l’eau, diffout le cobalt gazeux , teile eft la matière des criflaux connus fous le nom de vitriol de cobalr; mais fi lon précipite ce métal de Îa difflolurion dont nous parlons, par le moyen de l'alkali fixe aéré, qu’en- fuite on l'édulcore, ce précipité fe diflout entièrement à froid, & fans effervefcence dans l'acide vitriolique affoibli ; prefque toujours, cette diflolwion fournit, jufqu’à la fin de l’évaporation, une croute faline qui fe forme à la furface de la liqueur. L’évaporation fpontanée peut donner des criflaux diftinds, très - tranfparens , à peine colorés, & qui n'ont paru avoir la forme oétaëdre ; mais dans le cas done nous -parlons , une portion d’arfenic aflez confidérable a refté en combinaifon avec le vitriol de cobalt, & il me paroît que c'eft à cetre fur-compoftion qu'il faut rapporter les criftaux' décolorés, Je me propofe d’examiner plus particulièrement ce phénomène, & ceux qui regardent les opérations précédentes; lorfque les circonftances me le permettront, Je n'ai pu me procurer du cobalt en quantité fuffifante SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 245 pour toutes les opérations que je m'étois propofé de faire fur certe fubftance; je dois à M. d'Arcer la portion fur laquelle j'ai opéré, & le fafre du commerce convient peu pour ces fortes d'opérations, Les circonftances variées que j'ai rescontrées dans plufieurs de mes opérations, mobligent de parler encore du projet de détailler Les phé- nomènes de la criftallifation ; ce travail eft crès-érendu , il exige des expériences très-multipliées 3 chaque pas dans mes recherches fur cette partie de la phyfique, développe de nouveaux objets ÿ mais j'ai cru né- ceflaire de faire connoîrre le plan que l'obfervation m'a fuggéré; le nombre des formes primitives me paroît rrès-limité; mais les varia- tions ces mêmes formes font mulripliées à l'infini : ce font les cir- conftances de l'opération qui déterminent le plus fouvent ces varia- tions : j'ai cru que ces circonftances pouvoienr être claflées ou rangées fous ‘un ordre méthodique; par exemple, la poftion du criftal, la denfité de la liqueur, la compofñrion , la température de l’armofphère, l'interpofition, le mouvement, ja fur-compofition, le genre d’évaporation, l:s circonftances particulières qui déterminent le paflage d’une forme à une autre, &c: apportent des changemens très- fenfibles dans les réfultats, & donnent lieu à des modifications particulières à chacune d'elles. Cette claflificarion me paroït eflentielle : la connoiflance des phénomènes que peut préfenter chacune de ces circonftances, appuyée des preuves chimiques fur la nature de chaque fubftance, eft le feul moyen capable de faire difparoître le nuage qui femble avoir obfcurci jufqu’à no$ jours cette partie de la phylique, peut-être l'une des plus intéreffantes. K Encouragé par l'approbation que l'Académie a bien voulu donner à mes premiers eflais, je la fupplie de confidérer que les phénomènes de la criftallifation préfentent un champ vafte, dans lequel plufeurs favans fe font exercés avec des fuccès relatifs aux points de vue fous lefquels ils ont fucceflivement envifagé cette opération, & je crois pou- voir dire que l'obfervation pratique, la bafe, fans contredit, de cetre fcience, nous manque à bien des égards, ou au moins, qu'elle peut être confidérée comme une pertie très-imparfaite. Tous les criftaux foffiles fonc aujourd'hui rangés parmi les produits de la criftallifation proprement dite , l’hiftoire naturelle n’en exclut aucuns. M. de Romé de Lifle a porté cette vérité au plus haut degré d’évidence par des obfervations très-nombreules, qui décélent.en même-temps le Naru- ralifte profond & laborieux. Les recherches de M. Delarbre viernent d’ajouter à nos connoiflances à cer égaad , par des obfervations in- téreffantes fur les fublimations criftallines des volcans. On peut attendre de la criflallographie fans doute, les fecours les plus efficaces pour l’é- tude des minéraux ; mais la criftallographie elle-même peut - elle acquérir une perfection rapide fans le fecours d’une étude très-appre- fondie des phénomènes de la criftallifation ? L 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'EMETEUR E DE M WESTRU MB, Apothicaire à Hameln, AIN AE CAR SEMBIEXS Traduite de l'Allemand , des Annales chimiques, ® par M. HASSENFRATZ (1). Monsieur, M. Haffenfratz fe trompe, s’il croit que l’acide phofphorique que je tire du bleu fait avec l’alkali phlogiftiqué eft feulement contenu dans le fang. Il peut croire fur ma parole que j'obtiens de même de l'acide phof- phorique en précipitant du fer avec de l’alkali phlogiftiqué fait de charbon de bois brülé avec de l’alkali & du fel ammoniac. Il eft clair, d'après cela, que cet acide fe forme en brülant le charbon avec l’alkali. Les proportions d’alkali & de charbon que l'on emploie dans cette expérience doivent être dans le rapport de 1: 2. Il faut lefliver Le fel qui réfulte de cette efpèce de combuftion , faturer cette leflive d'acide vitriolique , & verfer la leflive faturée fur une diffolution de fer par l'acide muriatique ; on peut s’aflurer fi le charbon tient ou ne tient point de l'acide phofphorique. La diflolution de mercure ne réuflir pas bien fi te charbon retient de l'acide vitriolique ou marin. Il me femble encore qu’il fe trompe lorfqu'il avance que les airs fixe & inflammable que ces corps donnent par le fecours du feu, proviennent de la décompofition de l’eau. L'air acide ainfi que l'air inflammable étoient -déjà reconnus depuis long-tems pour être compofés de phlogiftique. (x) Premier cahier , année 1787, page $5. Voyez en même-tems la Lettre de M. Haffenfratz, à M, de la Métherie, année 1786, premier volume, page 453. Dr ae SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS. 47 EXTRAIT D'UN PREMIER MÉMOIRE Sur les combinaifons de la bafe de l Acide phofphorique avec le Pruffiate de potaffe , le charbon de bois , quelques plantes des marais , la mine de fer marecageufe & plufseurs efpèces de fer ; Par M. HASSENFRATZ : Lu à l’Académie Royale des Sciences, en février 1787. L'os5er que je me fuis propofé en commençant la fuite d’expé- riences dont je vais rendre compte, étoit de déterminer la queftien , « pourquoi toutes les mines de fer marécageufes que l’on trouve dans s l'efpèce de terrein que j'ai appelé moderne primitif & moderne » fecondaire (1), que MM. Meyer , de Stetin | Bergman & moi avons » foumis à l’analyfe, ont -elles toujours indiqué la préfence de l’acide » phofphorique, tandis que toutes les autres efpèces de mines qui 5 s’exploitent dans les serreins anciens & dans Les terreins volcaniques ; + n’en ont point indiqué, au moins aflez fenfiblement pour croire à la » préfence de cer acide » ? Comme toutes les efpèces de mine de fer diffoute dans un acide & précipitée par un alkali combiné avec la matière colorante du bleu de Pruffe produifent ordinairement du phofphate de fer (/ydérire }, & qu'il feroit poflible que quelques Chimiftes cruflent que l'acide phofphorique contenu dans ce nouveau mélange ait été dégagé de la mine, & que la préfence du prufliate auroit abfolument été néceflaire pour rendre cet acide fenfible; j'ai cru devoir d’abord diriger mes recherches fur la matière colorante du bleu de Prufle ; non pas pour déterminer la nature de fes compofans fur lefquels un Chimifte célèbre dirige fes recherches , mais pour m'aflurer fi l'acide phofphorique en étoit partie conftituante : ce qui m'a conduit naturellement à divifer ce Mémoire en deux parties ; dans la première j'examinerai 1°. fi tous les bleus de Prufle contiennent de l'acide phofphorique ; 2°. quelles font les matières qui les lui ont fournis 3 3°. enfin, fi l'acide phofphorique eft partie conftiruante de la matière colorante du bleu de Prufle, comme l'avance M. Weftrumb, ou s'il sy rencontre feulement par accident. Dans la feconde partie , je détaillerai (1) Cette divifion des terreins fe trouve dans un Mémoire que j’ai lu à l’Academie Royale des Sciences, & qui doit étre imprimé parmi ceux des Savans Etrangers, à + + : x 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; quelques obfervations fur la manière dont les mines de fer marécageufes fe font formées & fe forment journellement, jé rechercherai comment l'acide phofphorique que l’on y rencontre a pu s’y combiner, & je déve- lopperai les raifons pour lefquelles on trouve quelquefois du phofphare de fer dans des fers obtenus de mines en roches qui ne contenoïent aucune apparence de phofphore ni d'acide phofphorique. J'ai obtenu des pruffiares en faifanc fondre de la potaffe avec différentes fubftances végétales calcinées jufqu’à confiftance de charbon , telle que la pomme de terre , d’après les expériences de M. Geoffroy ; les agarics ou champignons de bois, d’après M. Goëtiling ; de la fuie de cheminée, d’après M. Model ; du charbon de bois, d'après M, Schéele ; & enfin, comme M. Spielmann dit avoir obtenu la matière colorante du bleu de Prufle en fondant l’alkali fixe avec du bitume ; j'ai eflayé fi le charbon de terre en produiroit aufli, & j'ai éré aflez heureux pour trouver qu'une efpèce de charbon que j’avois rapporté des mines de Fiefne, près Valenciennes , en produifoit plus abondamment que le fang de bœuf Calciné. J'ai obtenu du phofphate de fer des bleus de Pruffe formés avec les matières colorantes de toutes ces fubftances. Je dois obferver ici qu'en projetant du muriate ammoniacal ( /el ammoniacal ) fur le mêlange de charbon de bois & de potafle en demi- fufon , que le muriate fe décompofe inftantanément , que l'on fent une odeur vive de gaz acide muriatique; que le gaz hydrogène ( air inflam- mable), partie conftituante de l’'ammoniaque (a/kalz volatil), s'enflamme. La décompofition de l'ammoniaque dans le muriate ammoniacal & l'inflammation du gaz hydrogène font des fignes prefque cerrains pour déterminer fi la potafle en fufon avec le charbon de buis produira du pruffiate; car j’ai conftamment ohfervé que, lorfque l’inflammation n'avoit pas lieu après la projection , & que conféquemmenr on fentoir une vive odeur d'ammoniaque, la diflolurion alkaline n'avoir prefque point la propriété de précipiter le fer en bleu de Prufle. L'infammation plus ou moins grande étoit toujours en rapport avec le bleu de Prufle précipité. 3 Tous les bleus de Prufle que j'ai obtenus foit avec les matières ani- males, les matières végétales ou les matières minérales, m’ayant produit du phofphate de fer , j'étois naturellement porté à conclure que rous les bleus de Pruffe que j’avois formés contenoient de l'acide phofphorique ; & que cer acide en petite quantité ne nuifoir point à leur formation. Mais à quoi cet acide étoit-il dû ? c’étoit la feconde queftion que je me propofois de déterminer. ré PREMIÈRE PARTIE. Il paroifloit naturel de croire que le phofphate de fer obtenu du bleu de Prufle du commerce düt fa formation à l'acide phofphorique contenu dans ÈS si v SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 249 dans les fubftances animales que l'on emploie ordinairement pour faire la matière colorante, depuis qu’une foule d'expériences nous avoit fait connoître la préfence de cet acide dans l'urine, les os, les cornes, le fang, &c. que M. Muret l'a trouvé dans la viande de bœuf, que M. Crel! 3 l'a reriré du fuif, M. Hahkwirz des excrémens des animaux, &c. &c. Mais n'ayant encore fur les fubftances végétales que quelques expérier ces de M. Bertholer fur l'acide phofphorique contenu dans les graminés & dans quelques autres plantes qu'il regarde comme compofées de fubftances animales, je ne me fuis pas encore cru fuBifamment inftruit pour pouvoir conclure la combinaifon de l'acide phofphorique dans le charbon de bois, dont cependant le bleu de Pruffe formé de la matière colorante qui en avoit été obtenue m'ayoit produit ainf qu'à M. #/ef/rumb du phofphate de fer. C’eft pourquoi j’ai cru devoir chercher l'acide phofphorique dans cette fubftance. Pour cela j'ai fait fondre du charbon de bois avec de ja potafle, & j'ai fait fupporter à ce mélange un degré de chaleur fuffitant pour faire dégager coute la matière colorante ; j'ai diflous & filtré ce mélange, j'ai * faturé d'acide nitrique la liqueur qui étoit paflée par le filtre , j'ai fait bouillir certe liqueur faturée afin d’en dégager le peu de gaz acide carbo- “nique (air fixe ) qui auroit pu y refter uni; j’ai verfé cette liqueur fur de Veau de chaux; & j'ai eu un léger précipité de phofphate calcaire, J'ai fait la même expérience fur le charbon de terre, & j'ai eu le même réfultat. Comme les précipités de phofphate calcaire que j'ai obtenu par ce rocédé étoient peu abondans, j'ai préfumé qu’il étoit déjà refté fur le filtre , du phofphate calcaire, formé par la terre calcaire du charbon, & je me fuis dérerminé à chercher par un autre procédé à dégager la bafe de l'acide phofphorique des bois avec lefquels on fait ordinairement du charbon. | J'ai mis dans quatre cornues différentes du bois de chêne, du bois de hêtre , du bois de bouleau & du tilleul fraîchement coupé ; j'ai verfé fur chacun de ces bois de l'acide nitrique étendu d'eau; j'ai diftillé ce mêlange jufqu'à ce qu’il ne reftt plus dans la cornue qu'un peu d’acile, & le bois réduit à l'érar de bouillie. J’ai exprimé avec un linge tout l'acide qui étoit uni au bois que j'ai filtré enfüuite. J'ai fait évaporer cette filrration jufqu'à ce qu'elle parüt fe troubler, je l'ai laiflé refroidir. [l s’eft F criftallifé au fond du vafe un fe! acide qui doit faire l’objet d’un autre | Mémoire. Après avoir décanté l'acide de deflus ce fel, j'ai faturé le liquide avec du cabonare de potafle ( a/kali fixe), j'ai fair bouillir la liqueur faturée afin d'en dégager l'acide carbonique ( acide méphiique), qui pouvoir y être refté, & je l’ai verfé dans de l’eau de chaux ; il sy eft formé aufli-tôt un précipité abondant de phofphare calcaire. Encouragé par ce réfulrar j'ai réfolu de chercher fi je ne pourrois pas obtenir l’acide phofphorique du charbon de bois par le nême procédé, Tome XXXI, Part, Il, 1787. SEPTEMBRE, Ii 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'ai mis du charbon de bois dans une cornue avec de l'acide nitrique très-affoibli , j'ai diftillé ce mêlange à un feu lent ; il s’eft dégagé une quantité confidérable de gaz nitreux & de gaz acide carbonique. J'ai verfé à plufieurs fois dans la cornue laliqueur qui étoir paflée dans le récipient, & je l'ai rediftillée de nouveau, jufqu’à ce que la liqueur ait pris dans la cornue une couleur brune foncée. J'avois l'attention de ne jamais pouffer la diftillation jufqu’à ficcité, & de l'arrêter lorfque le charbon étoit encore uni à une aflez grande quantité de liqueur. À la dixième diftillation, après avoir verfé dans la cornue le liquide qui étoit paflé dans le récipient , je l’ai fait un peu bouillonner avec le charbon & je l'ai filtré. J'ai fait évaporer certe liqueur dans une capfule jufqu'à ce que , à une température de foixante degrés on appercoive un précipité. J'ai laiffé refroidir la capfule, & le précipité eft devenu plus abondant. J'ai décanté après le refroidiffement, & j'ai examiné par le moyen ordinaire le précipité qui s'étoit formé. Il étoit criftallifé en aiguille, fixe au feu, ne fe diflolvant que foiblement dans l’eau diftillée, même à la température de l’eau bouillante, fe diflolvant peu dans les acides nitrique & muriatique ; fe décompofant dans lacide fulfurique (virriolique), chauffé à la température de l’eau bouillante & formant avec du fulfate calcaire (élénite ). Ce fel renu en diflolution dans une grande quantité d’eau diftillée en étoic précipité par l'acide oxalique (du fucre). Après avoir faturé de potafle les acides nitrique & muriatique qui avoient diffous une petite portion de ce fel, ces acides faturés avoient la pro- priété de précipiter de l’eau de chaux un fel tour -à-fait femblable au premier ; enfin, ce fel fe comporta comme le phofphate calcaire. J’ai faturé avec de la potafle la liqueur que j’avois décantée de deffus le phofphate calcaire criftallifé, & je lai verfée enfuite fur de l’eau de chaux; elle m'a produit de nouveau une quantité confidérable de phofphate calcaire, M'écant affuré par ces expériences que non-feulement les différens bois que l'on emploie ordinairement pour faire le charbon ; mais encore les charbons de bois eux-mêmes contenoient la bafe de l’acide phofphorique , & l'ayant encore trouvé dans le charbon de terre, il étoit tout naturel d'en conclure que le phofphate de fer que j'avois dégagé des différens bleus de Pruffe provenoit de l'union du fer avec la bafe de l'acide phof- phorique contenue dans les charbons que j’avois combinés avec l’alkali pour former mes matières colorantes. Il ne me reftoit donc plus pour finir la première partie de ce Mémoire que de déterminer fi cer acide phofphorique étoit abfolument néceffaire à la formation des prudiates. Un argument qui me paroifloit très-fort pour m'aflurer fi l'acide phofphorique n’étoit pas partie conftituante du bleu de Prufle, écoic d’obrenir une matière colorante tellement purifiée de fon acide phofpho- rique, que l’on püt avec, précipiter le fer en bleu de Pruffe , fans qu'il | SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 251 üt poñible de découvrir, par quelque réaétif que ce foir , la préfence de cer acide ni dans la matière colorante, ni dans le précipité , ni dans la liqueur furnageante. Pour obtenir une matière colorante ainfi purifiée de fon acide phof- phorique, j'ai fuivi le procédé indiqué par M. Schéele, J'ai fait bouillir du bleu de Prufle du commerce avec de l'eau & de l’oxide rouge de mercure (précipité rouge). Cette eau à diflous la matière colorante abandonnée à l’oxide de mercure par le fer. J'ai laiflé refroidir & j'ai filtré. J'ai verfé fur du fil de fer contourné dans une bouteille, ce qui étoit pañlé par le filtre, & j'ai verfé fur ce mélange un peu d'acide fulfurique. Après quelques jours de féjour , j'ai diftillé ce mêlange ; la matière colorante, un peu d'acide fulfurique & une portioncule d'acide phofphorique font paflés dans le récipient. Pour purifier cette matière colorante de ces deux acides, je l'ai diftiilée de nouveau fur de la craie; & la matière colorante que j’ai obtenue après ce long procédé, précipitoit le fer en bleu de Prufle , & ne donnoit plus d'indice d’acide phofphorique, fi toutefois le fer employé n’en contenoit point. CONCLUSION. J'ai fait voir dans ce Mémoire , 1°. que les bleus de Pruffe obtenus par tous les procédés connus, & dont la matière colorante n’avoit point été rectifée, produifoient du phefphate de fer ; 2°, que l’on peut employer avantageufement le charbon de terre dans la fabrication du bleu de Prufle, puifque celui des mines de Frefne , près Valenciennes, dont j'ai fait ufage, m'a proportionnellement donné plus de bleu de Prufle que le fang de bœuf calciné; 3°. que toutes les matières connues que l'on fond avec l'alkali pour faire la matière colorante du bleu de Prufle, & en particulier les bois, les charbons de bois & les charbons de rerre, contiennent ou de l’acide phofphorique , ou la bafe de cer acide ; 4°. que l'on peut obtenir du bleu de Pruffe fans indice d'acide phofphorique , & que la matière colorante ainf purifiée pourroit fervir de réactif pour reconnoître {1 les différens fers contiennent ou ne contiennent point d'acide phofphorique. ! Je parlerai dans la feconde partie de ce Mémoire de ce qui a rapport à l'acide phofphorique dans les mines de fer marécageufes & dans les différens fers. Tome XXXT, Part. II, 1787. OCTOBRE, li 2 52 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SR EE SENTE EP RE ISERE CO NNTPECEE CEE NEENTECT EN ET LETTRE DE M. MILLIN DE GRANDMAISON, de l'Académie d'Orléans , AUENT MDI MI VAMAMIEE MP ELENROISES Sur un Mémoire de M. REYNIER, relatif à la formation des corps par la Jimple aggrégation de la matière organifee , inféré dans le Journal de PhyJique du mois d'Aoûr "4 1787: é Monsieur, M. Reynier, dans fon dernier mémoire, établit ces deux principes ; 1°. que les corps organifés peuvent fe reproduire par des graines fé- condées , fans le fecours des fexes ; 2°. que l’aggrégation fortuite des molécules organifées fimilaires, produit des êtres & des formes dé- terminées. Je n’entreprendrai point le détail de routes les raifons qui combattent contre ces deux opinions ; je m’attacherai feulement à prou- ver que les obfervations de M. Reynier fur la clavaire des infectes , ne font nullement propres à foutenir le fyftème qu'il embraffe. Les petites racines de cette clavaire avoient percé les deux enve- loppes de la chryfalide, ce qui empêche de foupçonner, dit M. Rey= nier ( 1 ), que fa graine ait été dépofée deflus, par quelque circonftance particulière. La conclufon ne me paroîc pas juite ; l'infecte étoit mort, il commençoit à fe déforganifer, le tiflu de fes enveloppes devoit donc avoir moins de ténacité, & n’oppofer qu’une très-foible réfiftance. Il n'eft pas étonnant que les racines de cetre clavaire , douées d’une végétation très-aétive fe foient fait jour au travers , fans que nous foyons obligés de penfer que certe plante ait vraiment pris naiflance dans la fubftance interne de l’infecte; mais en admettant même cette fuppo- fition, le fyftème de M. Reynier n’en deviendroit pas plus probable. « Il eft impoffible , dit ce favant, que ce germe exifta dans le » corps de la chenille avant fa métamorphofe (2), puifque fes en- 00 (x) Page 104, L. 4. (2) Page 104, 1 8. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. . 253 » véloppes n’ont aucune ouverture ». Ne fe pourroit-il donc pas que la graine de certe clavaire eût pénétré par les fligmates , organes de la refpiration des infectes? Cet accident pourroit même avoir caufé la fuffocarion & la mort de la chryfalide; c'eft fouvenc ainfi, par la ref- piration que les germes du tænia, des vers cucurbitins, &c, s’introduifent dans le corps de l'homme, & des autres animaux ; quelques-uns de ces vers fe rencontrent fouvent dans le corps des chenilles elles-mêmes. La chenille pourroit encore avoir abforbé ce germe avec les ali- ments, comme on prend fouvent le tænia en buvant des eaux bour- beufes ; « mais, dit M. Reynier, il n'y a que les grainés couvertes d’en- » veloppes dures & coriaces, qui entrent dans l'eftomac des animaux, » fans fe détériorer » ( 1). Aflurément les germes des vers qui vivenc dans le corps de l’homme, & qui font d'une ñ grande légèreté, qu'ils nagent dans l'air & dans les eaux, où ils échappent à la vue, ne font pas d'une confiftance plus dure que ceux de la clavaire. On fait d’ailleurs que cette poufñlière fi fine, qu'on regarde comme la femence des vé- gétaux, n'eft elle-même qu'un amas de petites capfules , qui doivent avoir unê certaine confiftance, & qui renferment l’efprit feminal, aura Jeminalis , dont la divilbilité eft incommenfurable, « Mais, ajoute » M. Reynier, cette prérendue graine des clavaires a jufqu’ici échappé »> aux recherches des botaniftes Les plus exacts (2). L'exiftence de ces graines a pourtant été démontrée jufqu’à l'évidence , dans un mémoire lu par M. de Beauvois, à l'Académie Royale des Sciences; on peut s'en convaincre en lifant les articles Champignon & Clavaire, du nou- -veau Dictionnaire Encyclopédique. Lts feétions tran{verfales des difé- rentes clavaires, publiées par M. Bulliard , dans fon Herbier de la France, repréfentent très-bien ces graines. M. Reynier avance, « que les organes fexuels de la nombreufe fa- » mille des champignons, des tremelles, des lychens, des byflus, des » marchants, &c., ont encore échappé aux recherches des plus in- » farigables botaniftes ( 3 ) ». M. W. a très-bien expliqué, dans votre dernier journal, d’après les écrivains du Nord, malheureufement trop peu confulrés , la frudification des marchants. Je ne veux pas répéter avec lui que MM, Hedwig , Schnnédel , de Beauvois, ont fait con- noître celle de la plüpart des autres cryptogames. I faut donc que M. Reynier cherche des preuves plus convaincantes, s'il veut détruire le fyftème de la fécondation par les germes, & fonder le fien fur fes ruines. (1) Page 104, 1. 16. (2) Page 104,1. 19, {3) Page 105,1. 27. 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Je le prie de croire que je n'ai en vue que l'amour de la vérité, & ue plein d’eftime pour fa perfonne & pour fes ouvrages, je fuis un des adinirareurs de fes talens , vraiment diflingués pour l'obfervation, Je fuis, &c. RE RIRE à POTENTIEL LL ENVIE EE DC AE CS VERRE PEER LIRE RE TUE SUITE DB SLA AB ES LCD'RE DE M BENJAMIN FRANKLIN, A M DAVID LE ROY; Membre de plufieurs Académies : CONTENANT DIFFÉRENTES OBSERVATIONS SUR LA MARINE, Des moyens de préferver les vaifleaux des divers accidens qui en - entraînent la perte. De La forme de ces vaiffeaux. Des differentes manières d'employer les rames , & de faire mouvoir les navires, JE terminerai cette lettre par une autre obfervation de Marine, Il y a à préfenc foixante-dix ans que je lis conftamment les papiers publics, & je penfe qu'il y a peu d’anrées où on ne trouve la relation de quelque vaifleau rencontré à la mer, ayant plus ou moins d'eau dans la cale, & fans qu'on y trouve ame qui vive. Cependant ces relations nous ap- prennent en mème-temps que ces vaifleaux n’en ont pas moins été fauvés & conduits dans quelques ports , ou lorfqu'ils n'ont pas été rencontrés par d’autres bâtimens, ont été poulilés dans plufieurs occa- fions à la côre. 3 Les équipages qui ont abandonné ces vaifleaux pour fe jerter dans leurs canots, font quelquefois rencontrés & fecourus par d’autres vaif- feaux; quelquefois aufi ils trouvent le moyen de regagner la côte; enfin quelquefois on n’en entend pas parler. Ceux qui nous donnent les raifons qui les ont forcés d'abandonner leurs vaifleaux , difent en général, qu'ils avoient des voies d'eau con- fidérables , qu'ils avoient pompé pendant bien du tems, mais que l'eau continuant de monter dans le bâtimenr , & défefpérant de fe fauver , ils l’avoient abandonné. Cepéndant l'évènement montre däns nombre d'occafions, que cette crainte n’eft pas toujours bien fondée, J'ai cherché les caufes qui produifoient un fi prompt découragement, & voici ce qui m'a paru de plus conftant, ; mn ects à ef SUR L'HIST. NATURELLE : ET LES ARTS, aÿ5 Lorfqu'un vaifleau a une voie d’eau auprès de fon fond , l’eau y entre avec toute la force réfultante du poids de la colonne extérieure, & cette force eft en proportion de la différence entre le niveau de l’eau à l'extérieur du vaifleau, & celui de l’eau dans fa cale. De-là elle entre avec plus de force d'abord, & en plus grande quan- tité qu'elle ne le fait enfuite, quand l’eau dans l'intérieur du vaifleau eft devenue plus haute. D'ailleurs le fond de la cale eft plus étroit, de façon que la mème quantité d'eau arrivant dans cette partie plus reflerrée, s'élève plus vice que lorfque l’efpace qui la reçoit eft devenu plus grand , ce qui fert à augmenter la terreur. Mais comme la quan- tité d'eau qui entre, diminue de plus en plus à mefure que les fur- faces extérieure & intérieure approchent plus du niveau , les pompes qui ne pouvoient pas empêcher d’abord l’eau de s'élever de plus en plus , auroient très-bien pu enfuite l'empêcher de monter plus haut, auquel cas les gens du vaifleau auroient pu très-bien refter à bord & en sûreté, fans hafarder leur vie dans un canot fur le yafte Océan. { Voyez la fe. 8, PLI ) IL peut y avoir encore d’autres caufes indépendamment de celle dont nous venons de parler, qui empêchent qu'un vaifleau qui fait eau, ne s'enfonce davantage. L'eau en montant dans l'intérieur du vaifleau peut arriver à une hauteur , telle qu’elle y rencontre un grand nombre de chofes légères, faites en bois, comme des armoires, & fur-tour des tonneaux vuides, qui peuvent aider à foutenir le vaifleau, fi elles y f6nt bien amarrées & re peuvent flotter dans l’eau qui y arrive. De plus, fa cargaifon peut être compofée de différentes fubftances , qui foient fpécifiquemenc plus léoères que l’eau , & qui hors de ce fluide forment un poids additionnel, mais qui s'y trouvant plonvées , fervent encore fi elles font fixes | à empêcher le vaifleau de s’enfoncer en proportion de ce qu'elles font fpécifiquement moins pefantes que l'eau; & on ne doit pas oublier que la coque d'un vaifleau la plus grande, peut être tel- lement en équilibre dans l’eau, comme dans la fg. 9, qu'une once de poids de plus ou de moins peut fervir ou à la faire couler à fond ou à la faire furnager : ajoutons encore qu'il y a certaines parties d’une cargaifon qui , lorfqu'elles parviennent à ètre mouillées ; fe diffolvent continuellement , comme font le fucre & le fel. Et quant aux barriques d'eau dont nous venons de parler , le nombre devant en être fort grand dans les vaifleaux de guerre, où un nombreux équipage en confomme journellement une grande quantité, fi on s’étoit fait une règle de les bien bondonner après les avoir vuidées, & de ranger ces barriques vuides dans ure fituarion convenable ; je fuis intimément perfuadé que beaucoup de vaifleaux de guerre qui ont coulé bas dans des combats , ou quelque témps après , auroient pu être confervés avec les malheu- 256 OBSERAVTIONS SUR LA PHYSIQUE, reux équipages qui les montoient, & qu'on auroit pu fauver de même un grand nombre de ceux qui dans la dernière guerre ont péri, où dont vn n’a jamais entendu parler depuis, £ Mais pendant que nous fommes fur le chapitre des vaifleaux qui coulent à fond , je ne puis m'empêcher de parler de l'ufage bien connu des Chinois pour prévenir ce malbeur. On fait qu'ils divitent la cale d'un grand vaifleau en un certain nombre de compartimens féparés par des cloifons bien calfatées, conftruction dont vous nous avez donné un modèle bien enrendu dans votre bateau dont j'ai déjà parlé; par à, s'il arrive une voie d'eau dans quelques-uns de ces com- partimens, les autres en font toralement exempts , de forte que l’eau pourroit y monter prefque à la hauteur du niveau de la mer, fans que pour cela le vaiffeau püt en aucune façon couler bas. An Nous n'avons point imité cet ufage; peut-être eft-ce par la dimi- nution de la cargaifon qui en réfulreroit ; cependant je penfe que ce petit délavañtaue pourroit être compenfé par la diminution dés aflu- rances qui S’enfuivroit de droic, & par le plus grand prix que don- neroient les paflagers qui s’embarqueroient certainement de préférence fur un vaiffeau ain conftruit; mais nos gens de mer font braves, ils méprifent le danger, & reertent de pareilles précautions pour leur con- fervation , etant poltrons dans ce feul fens qu'ils ont peur de palJer pour avoir peur. , Sur les accidens qui font périr les vaifleaux à La mer. Je vous avois promis de finir ma lettre par cette dernière obfer vation ; mais le bavardaze de la vieillefle s’eft emparé de moi ; & comme je n'aurai peut-ê-re jamais d'autre occafion d’écrire fur ce fujec , je penfe que je dois une fois pour toutes vuider mon fac, & vous faire part de toutes les penfées que j'ai eues, relarivement à la navigation, dans les voyages multipliés que j'ai faits à travers l'Océan ; je fuis bien sûr au moins quelles trouveront en vous un juge équitable, qui excufera mes mébprifes en faveur de mes bonnes intenrions. Il y a fix accidens qui peuvent occafonner la perte d’un vaiffeau à la mer, nous en avons confidéré un, celui de couler bas par une voie d’eau ; les cinq autres font, 1°. de chavirer par des raffales ou des coups de vent violens, ou en ayant plus de voiles que le vaifleau n’en peut porter; 2°. par le feu, foit par accident ou par négligence; 3°. par un violent coup de foudre ; 4°. en rencontrant où en accof- fant un autre vaiffeau pendant Ja nuit; $°, enfin en rencontrant de même dans la nuit des ifles de glace, Quant au fecond ou à celui de chavirer, il me paroît, autant que j'aye pu m'en informer, que les corfaires, dans leurs premières courles, fonc ceux qui y font le plus fujets. Le double defir d'arriver fur un ennemi JT . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 257 ennemi plus foible qui lés fuir, & d'éviter un ennemi plus fort qui les pourfuit, les engage à multiplier les mâts de leurs vaifleaux, & à les couvrir de trop de voiles; de plus, montés par un grand nombre d'hommes, dont la plupart n’ont jamais été à la mer ; il arrive que fe tenant fur le pont lorfque le vaiffeau eft jetté brufquement à la bande , ils font précipités fous le vent , & augmentant par [À confi- dérablement le poids de ce côté-là, occafionnert ce funefte accident. On devroit donc faire beaucoup d'attention à ces caules d’un accident auffi affreux, & d’autant plus, que l'avantage des mâts fort élevés elt encore une chofe très-problématique. On fait que les voiles hautes ont la plus grande ation pour incliner le vaifleau à la bande, & cepen- dant que ce n'eft pas la fituation la plus avantageufe pour la rapidité de fa marche. Il arrive de-là que des vaiffeaux ayant perdu leur mât de perroquet, & ne pouvant enfuite porter de voiles que celles qui les faifoient tenir, fans aucune différence de tirant d’eau à l'avant ou à l’arrière , ont cependant marché avec tant de fuccès , quoiqu’avec des mâts de rechange, que les marins même en ont été éronnés. Mais il faut l’avouer : il y a quelque chofe, en outre, dans la forme de nos vaifleaux modernes qui femble fait exprès pour les faire chavirer avec plus de facilité. En effer, les côtés, au lieu de s'ouvrir en de- hors, comme ils le faifoient autrefois dans les parties hautes, font actuellement rentrés de manière à leur donner, en quelque façon, une forme cylindrique, ou approchant de celle d’un tonneau. Je ne fais trop quel peut être l'avantage de cette forme qu'on donne aujourd'hui aux vaifleaux, fi ce n’eft d’en rendre l’abordage plus difficile ; quant à moi, il me paroît que c’eft un moyen de diminuer la place dans un vaiffeau, en faifant toujours la même dépenfe; car il eft évidence que les mièmes bordages qui auroient été employés pour élever les côres de a en à & de d en e, auroïent pu les élever de même de a en e & de d en f ( fig. 9 ). Dans cette coupe on auroit gagné les différens efpaces entre c, a, b, & c, d, f, le pont auroït eu plus d’étendue , les hommes plus de place pour agir, & ils ne fe feroïent .pas trouvés fi près les uns des autres, pour être plus expofés au feu de l'ennemi. Or alors, plus le vaiffeau feroic fur le côté, plus il trou- veroit d'appui, & d'autant plus avantageufement, que cet appui fe trou- veroit plus loin du centre; tandis que dans la forme aëtuelle, c’eft dans fon left que confifte la plus grande partie de fa force pour re- venir : fans lui il tourneroit dans la mer prefque comme un tonnéau ; de-à on eft obligé d'augmenter ce left, qui faifant enfoncer le vaif- feau davantage , augmente la réfiftance qu'il éprouve dans fon fillage, Les Bermudiens, dans leurs floops, tiennent à l’ancienne forme. Les habitans des ifles de la mer Pacifique n’ont pas de grands bä- timens; cependant ce font les peuples les plus experts du globe dans Tome XXXI, Part, II, 1787. OCTOBRE, KE 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la confhudtion des canots, naviguant fur leurs mers en toute sûreté avec leurs pros qu'ils empêchent de chavirer ou de faire capot par différens moyens. Leurs pros qui vont à la voile ont, pour cet effet, une efpèce de boute-hors au-deffus de l’eau, du côté du vent, fur lequel fe mettent un ou plufieurs hommes, pour s'éloigner ou s’appro- cher du bâtiment , felon que le vent foufflé plus ou moins fort, D'autres ont cette efpèce de boure-hors fous le vent, lequel s'appuyant fur l'eau, foutient le canot de manière à le tenir toujours à-peu-près de piveau , quelle que foit la force du vent. Lorfqu'ils fe propofent quelque trajet confidérable avec leurs pros, qui fe meuvent avec des rames, ils en réuniflent deux enfemble au moyen de barres de bois qui les tiennent éloignés à une certaine diftance l’un de Pautre, ce qui rerd leur chavirèment prefque impoffible. L'expérience nous manque pour favoir jufqu'à quel point cette méthode pourroit être praticable ; je ne connois qu'un eflai en ce genre, qui a été fait en Europe ,ilya aux environs de cent ans, par le Chevalier Guillaume Perty. Il conf- truifit un vaifleau double de cette efpèce pour fervir de paquebot , our pafler d'Irlande en Anglererre & d'Anolererre en frlande. Le mo- dèle de ces deux bâtimens ainfi réunis, exifte encore , & on le voit dans le Mufeum de la Société Royale de Londres, Par les relations que nous en avons, il paroïît que ce double vaiffeau répondit parfai- tement à, ce qu'on attendoit de fa conftruction, en fafant plufieurs traverfées très-heureufes ; & s’il périt enfin, il y a toute apparence que ce malheur ne fut point l'effet du vice de fa conftruétion, mais de la tempête qu'il efluya, & qui fut fi terrible, qu'elle fit périr en même tems nombre de vaifleaux de la conftruction ordinaire. Les avantages de ce double vaifleau font, qu'il n'a point'befoin de left; d’où il doit en conféquence mieux marcher , ou porter une cargaifon plus con- fidérable, & que les paffagers ne doivent pas y être fi incommodés par le roulis ; à quoi on peut ajouter que fi un pareil bâtiment étoit armé de canons, fon feu feroit beaucoup plus dangereux, attendu qu'il fe tiendroit bien plus conftamment dans une pofition horifontale que les vaifleaux ordinaires. Au refte, je penfe qu’on perfectionneroit le modèle dont je viens de parler, en rendant parallèles les deux côtés intérieurs des deux vaifleaux, & en ne donnant la forme de carène qu'à leurs côtés extérieurs, comme on lé voit dans la f£g. 10. Quoi qu'il en foi, comme la conftruétion de ce double vaifleau entraîneroit des frais plus confidérables, relativement à la cargaifon qu’il pourroit porter, que ceux de la forme ordinaire, cet excès de dépenfe a pu fuffre pour empêcher qu’on n’en ait fait ufage. On prévient en général les accidens du feu par les ordres févères du Capitaine contre les fumeurs dans les entreponts, & l'ufage des chandelles hors des lanternes; mais il y a un ufage très-dangereux; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 259 &. que les fuites, quelque terribles qu'elles foienc, n'ont cependant pas encore pu faire abolir : c'eft celui d'embarquer des efprits ardens dans des barils. Deux gros vaifleaux , l'un la frégate le Duc d'Athol, l’autre le Sérapis, vaifleau de la Compagnie des Indes d'Angleterre, ont été brûlés dans ces deux dernières années , & nombre d’infortunés ont perdu la vie par la malheureufe imprudence qu'on commit de tirer la liqueur de ces barrils, ayant une chandelle auprès, Il eft remps enfin, d'établir une loi dans les vaifleaux, de ne jamais embarquer des efprits ardens, à moins que ce ne foit dans des bouteilles. J'ai tâché, dans mes écrits précédens, de donner les moyens de pré- venir les funeftes effets du tonnerre , en indiquant l’ufage d'une pointe, & d’une chaîne defcendante du haur du mat jufques dans la mer, On trouve ces paratonnerres à un prix très-raifonnable chez M. Nairne & compagnie, à Londres : il y a plufieurs exemples des bons effets qu’on en a obtenus à la mer (1). On met tout cet appareil dans une boîte, & en moins de cinq minutes, à l’approche d'un orage, on peut le mettre en places Quant à la rencontre & au choc des vaifleaux à la mer, jen connois deux exemples dans des voyages de Londres en Amérique ; dans l’un, les deux vaifleaux arrivèrent à leur deftination ; mais fort endommagés, chacun étant pleinement convaincu que celui qui lavoir acofté avoit coulé bas ; dans l’autre, un feul des vaiffeaux gaonä un port : on n’en- tendit jamais parler de l'autre. Ces exemples font déjà anciens, & le choc de ces vaifleaux elt arrivé lorfque le commerce entre l’Europe & PAmérique n'étant pas la dixième partie de ce qu'il eft aujourd’hui, les vaiffeaux étoienc en bien plus petit nombre fur Océan, & par con. féquent bien moins expofés à fe rencontrer, Il ya long-tems qu'on a établi dans la Manche l'ufage d’un guetteur à l'avant ; mais il paroît qu'on le néglige dans la haute mer, On peut ne pas regarder certe pré- caution comme fort importante dans le moment actuel ; mais le nombre des vaifleaux qui courent les mers augmentant continuellement , elle deviendra abfolument. néceflaire dans la faite. On peut prévenir ces accidens en partie, en battant fouvent du tambour ou fonnant une grofle cloche dans les nuirs fort obfcures. On voit fouvent des ifles de glace fur le banc de Terre-Neuve, & (1) Nore du Rédacteur. Il n’eft peut-être pas inutile de dire ici que M. le Roy, de l’Académie des Sciences, ayant réufli dans-les tentatives qu’il a faites pendant fon féjour à Breit, pour établir les paratonnerres fur les vaïfleaux d’une manière folide & permanente , M. le Maréchal de Caftries a donné des ordres pour qu’on en mit für tous ceux qui font des voyages de long cours & qu’on en a placé fur Za Bouffole & L' Afirolabe , commandés par M. de la Peyroufe , & qui font aQuellement le tour du monde d’après les ordres du Roi. Tome XXXT, Part. II, 1787, OCTOBRE, Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les vaifleaux qui vont de l'Amérique feptentrionale en Europe ; en rencontrent fréquemment : on les évite facilement dans le jour , ex- cepté dans des temps de brouillards fort épais. Je me rappelle deux exemples de ce genre, où deux vaifleaux ont donné dans ces ifles ; le premier y perdit fon beaupré , mais n'efluya point d'autre dommage confidérable; l’autre donna dans un endroit du glaçon où la chaleur de la mer lavoir fait fondre en deflous, tandis qu'il en étroit refté une partie qui dominoit au-deflus, ce qui vraifemblablement fauva le bâtiment qui fe trouva fort avancé en deflous; car cette partie qui dominoit, & dans laquelle le perroquet du mât de mifaine vint donner rompit le choc, bien que de ce choc ce mât fût emporté; ce ne fut pas fans dificulté qu'il s'en debarraffa, & qu’il arriva fans avaries à fa deftination. Cet accident montre combien il eft poflible que d’autres périflenc & coulent bas en donndhr contre ces mafles immenfes de glace. J'ai vu une de ces ifles de glace que nous jugeîmes s'élever de foixante-dix pieds au deflus de l’eau, & par conféquent , s’enfoncer de huit fois autant au-deffous. C’eft donc une grande raifon pour fe tenir fur fes gardes, & regarder en avant, quoique loin de toute côte qui puifle faire craindre un pareil danger. Des Bateaux à rames. C'eft une chofe digne de remarque que les peuples, que nous re- gardons comme des fauvages , ayenc perfectionné l'art de la voilure & des bateaux à rames , à plufieurs égards, beaucoup plus que nous ne l'avons fait. Nous n'avons point de bateaux à voiles qui puiflent joûter contre les pros volants de la mer du Sud ; & nous n’avons point de bateaux allant à rames qui puiflent égaler la sûreré & la vitefle: de ceux du Groenland. Les canots de fapin des Indiens de l'Amérique feprentrionale ont. auf quelques propriétés avantageufes ; ils font fi légers, que deux hommes peuvent porter un de ces bateaux à travers les terres, capables cependant d'en porter douze fur l’eau; & dans le roulis , ils ne font pas fi fujers à prendreide l’eau que nos bateaux dont les côtés fe trouvent plus bas, précifément au milieu, où l’eau doit na- turellement entrer plus facilement ; car leurs bateaux font plus hauts dans cette partie , comme on le voit dans la #2. 11. Les Chinois, ce peuple fi éclairé, & le plus anciennement civilifé de tous ceux qui exiftent, dont les arts fi anciens, devroient nous prévenir en leur faveur , placent les rames dans les bateaux & les font mouvoir d’une manière rout-à-fair différente de la nôtre; nos rames {ont perpendiculaires aux côtés du bateau ou à la quille, & les leurs font parallèles à ces côtés; & au lieu d’être horifontales dans le repos , elles font perpendiculaires ou pendantes : ils les plaçent tantôr, au nombre de deux, à l'arrière, tantôt en plus grand nombre fx SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 les côtés où elles fonc alors foutenués für une efpèce de orillage. Par" là, lorfqu'ils veulenc les faire agir, ils ne font que les incliner d'un côté & de laure, comme cela fe pratique fur les rivières & dans les ports, quand on veut faire avancer un bateau ou un canot par une feule rame placée à la queue ou à l'arrière ; ainfi leurs rames trempant conftamment dans l'eau , n'en font pas tirées, comme les nôtres, à chaque coup, ce qui ne leur fait ‘pas perdre ün temps utile & pen-| dant lequel le bateau n'avance pas. Nous voyons leur manière de faire, ils voyent la nôtre ; cependant nous n’en fommes pas plüs! difpotés à nous copier réciproquement, ou à- apprendre les uns des autres: Aux différences manières de faire mouvoir les bateaux dont je viens de parler, on peut en ajouter uhe nouvelle que j'ai vu pratiquer der- nièrement à Javelle, au bord de la Seine, au-deflous de Paris: Là, Pair étant tort tranquille, je vis un bareau fort groffier traverfer la ri- vière en trois minutes en ramant, non pas dans l’eau, mais dans l'air, c’eft-à-dire, en faifant tourner des efpèces d'ailes de moulin placées à l'avant du bateau, & fixées à ufli arbre horifontal, qui étoit fitué parallèlement à la quille : cer arbre formoit un coude à fon extrémité, au moyen duquel un homme feul pouvoit le faire tourner. Je ne vis cette machine que d’ane certaine diftance , ce qui fair que je ne puis en fixer les dimenfions bien exaétement ; mais les aîles me parurent avoir à-peu-près cinq piéds de long , & aux environs de deux pieds & demi de large. Les deux hommes qui travailloient alternativement à faire mouvoir ces aîles s'étant relayés fouvent, je penfai en con- féquence que le travail en devoit être rude pour un feul homme; ce- pendant, l’aétion de l'air fur la furface oblique des aîles devoit être confidérable , car le mouvement du bateau me parut affez prompt dans l'allée & dans le retour : il faut même remarquer que malgré le cou- rant, il revint au même endroit d'où il étoit parti. On a employé depuis la même méchanique pour faire mouvoir des ballons, On pourroit s’en fervir également pour faire aller un bateau en agiflant ou en ra- mant fous l’eau. Plufieurs faifeurs de projets de méchanique ont propofé, dans différens tems, de faire mouvoir des bateaux, & même des vaifleaux , en employant des rames tournantes, ou plutôt des pales placées fur la circonférence d'une roue qu'on fait tourner continuellement, ces roues étant ref- pe“vement établies fur chacun des côtés du vaïfleau 3 mais cette ma- nière de les faire mouvoir, quoique fouvent tentée, n’a jamais eu aflez de fuccès pour la faire adopter. Cependant je ne me rappelle pas que Jon en ait donné la raifon. Je ne fais fi je me trompe, mais il me femble qu’elle confifte en ce qu’une grande partie de la force employée contribue très-peu au mouvement du vaifleau. Ainf, par exemple, dans la figure 12 des quatre pales ou aubes A, B, C; D, qui font 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toutes plongées fous l'eau, & qui rournent de manière à faire avancer le bateau de X en Y , C a la plus grande action; B en a, à-peu-près autant, quoique pas cout-à-fait , leur mouvement, à l’une & à l'autre, étant prefqu horifontal ; mais la force employée pour mouvoir A eft confommée en grande partie, en preflant perpendiculairemenc fur l’eau juiqu'à ce qu'elle arrive au point B ; & la force employée pour mouvoir D, eft pareillement confommée à lever l’eau jufqu'à ce que D {oit arrivé à fa furface , au moyen de quoi une, grande partie de Paction eft perdue : il eft vrai qu'en plongeant les roues moins avant dans l'eau , on diminueroit, dans une mer calme , cette perte de force; mais lorfqu'elle eft agitée , les roues doivent inévitablemient.être fouvent fort plongées dans les vagues, & leur mouvement devenant par-là très-pénible , doit ne produire que peu d'éffer, | Parmi les différéns moyens de donner du mouvement à un bateau, celui qui a été propolé par M. Daniel, Bernoulli paroît un des plus finguliers : il confifte à fixer dans ce batéau un ruyau formé en L, auquel on donne, à la partie fupérieure ,'une forme dlent@nnoir, & propre à remplir le tuyau d’eau; or ,; cette eau defcendant & jpaflant à travers la partie horifontale de ce tuyau, devoit. poufler le bareaü en avant, en fortant dans le milieu de l'arrière fur la furface. de l’eau. On ne peut‘pas douter , en efier, que l’eau, par la force qu’elle acquiert en defcendant , n'exerce uñe action cotfidérable , & d'autant plus grande, qu'elle tombera de plus haut; mais il faut confidérer-en même-tems qu'il faut vaincre la force d'inertie de chaque feau d'eau pompée ou tirée dans le bateau par fes côtés, ou au travers de fon fond, en forte qu'il prenne le mouvement du bateau, avant qu'il puiffe en communiquer par fa defceñre , ce qui naturellement doit être retranché dé la puiflance motrice. Pour remédier à cer inconvénient, je propoferois l'addition d’un autre tuyau formé de même en L, mais qu'on placeroit comme le preniier ; dans le bateau , mais dans une direction oppofée, comme on le voit dans la ff 13 En effec, le tuyau tourné du côté de l'avant étant mis en action , & afpirant l’eau comme une pompe dans cette partie du bateau , le ferait: mouvoir du même, côté; tandis que ce bateau feroit pouflé dans la même direction par la force qui s'exerce à l'arrière. Au refte, il faudroit examiner & calculer fi le'travail de pomper feroit moindre que celui de ramer. On pourroit auf, dans quelques occafions , employer avec avantage la machine à feu, Mais n’y auroit-il pas moyen d’épargner tout ce travail d'élever l’eau , & de lui, fubitituer l'air ,en.émployant route-la force de l’homme à mouvoir un bateau au moyen de ce fluide, Suppofons-en un, par exemple; auquel on. a donné la forme repréfentée dans la fe. 14; A eft un tuyau long où quarré de deux pieds de diamètre, dans lequel joue un piton, Ce piflon a.une foupape dans fon intérieur qui s'ouvre SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 263 en dedans lorfqu'on l'élève , &qui fe ferme lorfqu’on le defcend. Ces deux mouvemens étant communiqués à ce pifton par le levier B, tournant fur le centre C , le tuyau à pareillement une foupape D, qui s'ouvre lorfqu’on force le pifton én en-bas, & laifle forcir l'air en E : or; cer air; frappant-avec force contre l’eau à l'arrière, doit poufler le bateau en avant; que fi l’on ajoute à cet appareil un récipient ou vaifléau à air F , convénablement placé & garni de foupapes, ce’ récipient faifant fonction de réfervoir à air, produira une force continue qui agira conf- tamment pendant qu'on mertra le levier en mouvement pour donner un nouveau coup de pifton. Le barelier pourroit fe tenir le dos-tourné vers l'arrière , & en mettant {es mains derrière lui, faire mouvoir le pifton par le moyen de la barre de traverfe B, tandis qu'un autre gouvérneroit, Ou s'il y avoit deux pompes chacune du côté de l'arrière avec un levier pour.chaque mäin, il pourroit, felon Foccafion ; gouverner lui-même en travaillant plus fort avec l’une ou l’autre de fes mains , comme le font les bareliers avec leurs rames. Au réfte, il n’y a point de polition dans laquelle un homme _puifle exercer plus de force que lorfqu'il agit de bas en haut. . je ; On graifle fouvent le fond des bâtimens par-deflous, & avec fuccès, pour leur procurer plus de virefle ; mais quoique cet ufage foit général, je ne fache pas que perfonne ait tenté d'en expliquer la caufe. On imagi- neroit de première vue que bien qu'on diminue le frottement d'un corps dur qui gliffe fur un autre corps de la même efpèce, en graifant Jun ou l’autre , il n'en féroit pas de même lorfqu'il eft queftion d'un corps qui fe meut fur un fluide, comme l’eau ; cependant rien n’eft plus certain pour les vaifleaux , & c'eft une vérité de fait que perfonne ne contefte. En voici peut-être la raifon: les parties de l'eau s'attirent “mutuellement $ce qu'on appelle attraction de cohéfion ; cette attraction s'exerce de même entre l’eau & le bois, & plufieurs autres fubftances, mais elle n’a pas dieu avec la graifle ; il paroît même, au contraire, qu'elles fe repouflent mutuellement ; de forte qu'on peut mettre en queftion fi, lorfqu'on verfe de l'huile fur de l’eau, elles fe touchent réellement l'une l’autre; car loin qu'une goutte d’huile qui tombe fur de l’eau refte dans la même place, comme elle le feroit fi elle tomboit fur une glace , il eft certain qu’elle fe divife à l’inftanc, & fe répand à une diftance immenfe fous une forme de vapeur extrêmement déliée ; ce qu'il feroit difficile qui arrivât fi cette huile touchoit la furface de l’eau & yadhéroit le moins du monde. Or, on peut eftimer la force avec laquelle les particules d’eau adhèrent entr'elles & aux autres fubftances, par le poids de certe eau néceffaire pour en féparer une goutte , qui adhère à un corps, & qui profit jufqu’à ce qu’enfin. elle acquierre une pefanteur fufifante pour forcer fa féparation & la faire tomber. Suppofons que cette goutte foit de la groffeur d’un pois ; alors il y aura autant de ces r 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, adhéfons qu'il y a de gouttes qui touchent la partie fubmergée du vaiffeau , & il faudra qu’elles foient vaincues par la force motrice pour chaque mouvement égal à la groffeur de ces gouttes; mais n’y ayant aucune adhéfion de ce genre à furmonter entre l'eau & la coque du vaifleau qui eft graiflée , il doit, en réfulter une différence confidérable dans la réfftance qu'il éprouve pour fe mouvoir. Mais en voilà aflez fur le mouvement des vaifleaux : il faut pafler à un autre objet, aux moyens de les fixer ou de les arrêter, ce qui eft fouvent néceflaire, * # SUITE DU MÉMOIRE DËÉ.M+ DE LA MARTINIÈRE, Doëteur en Médecine , SUR DIFFÉRENS INSECTES (1). à à A fioure 8, Planche IT, repréfente un infecte du genre des onzfeus ; Linner. Son corps a à-peu-près la forme, la confiftance & la coùleur d’un cloporte, excepté qu’il n'eft point divifé par fegmens comme ce dernier. [1 pofsèdé deux queues qui font trois fois fa longueur. De l'infertion de cette même queue à la partie poftérieure du corps naïflent deux jambes qui fervent principalement à nager, lorfque l’animal fe trouve fur le dos. L'infecte va par deflous, lettre H, préfenre fix paires de jambes, les deux premières paires finiffent en pointe très-aigue & folide ; la troi- fième lui fert à nager, & à équilibrer Le corps de concert avec celle qui s'insère à la bafe de la queue. La quatrième paire eft la plus grofle & armée de deux pointes très-aigues que l'animal implante avec le plus de force dans le côrps de celui fur lequel il fe fxe. Les deux dernières font des efpèces de membranes à plufeurs divifions. Entre les deux premières paires eft fa trompe, d'une confiftance molle, d'une demi-ligne de ru A la bafe de la troifième paire fe trouvent deux pointes de confiftance de corne fort dures très- fortement fixées; les deux cornes plus bas, au-deflous de la groffe paire de jambes font de même très-fortemenr fixées à fon corps. Je penfe que c’eft à la faveur de ces efpèces de poinçons qu'il perce lè corps dés poiffons fur lefquels on le trouve, &,que changeant alors de place, il tronvele moyen d'introduire fa pompe dans les trous qu'ont formés ces poinçons. Mis dans un vale, il va au fond & révient fur la fur- face avec la plus grande facilité, ce qu'il éxécute en préfenrant'le tranchant de fon corps & décrivant des courbes. Ses deux grandes queues (1) Foyez le Journal de Septembre ;:page 207: fe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 26; fe détachent fort aifément fans que l'animal paroifle en fouffrir. J’ai trouvé cet infecte en grande quantité fixé fur le corps de notre miférable diodon (1). … La fg. 9 repréfente une efpèce de fangfue de grandeur naturelle & d’une couleur blanchâtre formée par plufñeurs anneaux femblables à ceux du ténia. Sa têe, fur fa partie fupérieure , eft armée de quatre perits mamelons hériflés de pointes qui font autant d’inftrumens qui lui fervent à fe procurer fa nourriture, Sous chaque mamelon de chaque côté fe trouve une petite poche alongée en forme de goder. La fig. 10 la repré- fente vue de face, afin de pouvoir diftinguer fes quatre mamelons. J'ai trouvé cette fanglue implantée dans la fubitance extérieure d’un foie de requin à plus d’un demi-pouce. D'où étoit-elle venue? c’eft abfolument ce que j'ignore (2). La fig. 11 repréfente l’onifcus phyfodes de Linné, très-bien décrit , & que j ai defliné, parce que jai cru m'appercevoir qu'il ne l'étoit point, Linné necitant aucun auteur où il fe trouve figuré : il pofsède neuf véfi- cules de chaque côté polées en tuiles fur la face intérieure de fa queue arondie, lettre P. e J'ai trouvé cetre efpèce d’onifcus dans les ouïes d’une nouvelle efpèce de pleuronectes de Linné, très-abondante dans la rade de Monteray en Californie. La lerr. M l'indique vu'par-deflus, & la Lett. N par deffous, où l'on apperçoit fes quatorze pattes. De tous les infectes que j'ai deffinés, voici le plus fimple , & celui dont létude m'a fait Le plus grand plaifr. Ce ne font que des corps ovales pär=- fairement reflemblans à une vefie de favon, ainf que vous le voyez dans mon deffin , difpofés en légion de trois, de cing , de fix & de neuf: ôn en voit auf qui font feuls & errans. Ces globules ainfi réunis & mis dans un verre plein d’eau de mer, décrivoient un cercle avec rapidité aurour de ce même verre par un mouvement commun auquel chaque petite veflie participoit par une fimple compreflion des parties larérales de fon corps, effet vraifemblablement dû à la réaction de l'air dont elles éroient remplies, €ommenr concevoir maintenant que ces animaux très-diftin@s les uns des autres , puifqu'on peut les féparer, airfi que je lai fait, fans qu'il parorffe que leur économie en foit dérangée, puiffent s'entendre d'une manière fi (x) Cet infe@&e paroît être plutôt un monoculus qu’un onifeus , le teft étant d’une fule pièce. Note des Rédaeurs. {2) Cet animal fe rapporte par les in//rumenta cibaria à celui décrit par Gog , à Halle en 1784, comme étant la caufe de la lad-erie des cochons. Ces deux efpèces fe rapprochent du genre de l’hirudo , dont le caraétère donné par Linné a befoin d’être reformé. Nore des Rédaëeurs. Tome XXXI, Part. 11, 1787. OCTOBRE. LI 266 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE; récife, & concourir tous, enfemble à un mouvement commun? C'eft d'après ces confidérations jointes à la forme de ces animaux , que je me fuis rappelé avec fatisfaction l’ingénieux fyflème de M. de Buffon , & que jai aimé à me perfuader que j'allois être témoin du plus merveilleux des phénomènes de la nature, en fuppofant que ces molécules, alors occupées à accroître leur nombre ou le diminuer , ou enfin à faire encore quelques révolutions dans mon verre , ne tarderoient pas à prendre la forme d'un nouvel animal dont elles étoient l'image vivante. Mon impatience na porté à en détacher deux de la légion la plus nombreufe, m'imaginant que le nombre y feroit peur-être plus avantageux à la métamorphole , mais je n'ai pas été plus heureux. Voici de quelle manière fe font comportées les deux molécules que j'avois féparées pour ma feconde expérience raifonnée; je ne parle que deces deux, parce que je les ai obfervéesavec plus d’attention que les autres. Imaginez maintenant deux forts athlères également vigou- reux & rufés, & rous les deux jaloux de gloire: telles étoient les deux molécules que je venois de féparer : leur première rencontre eft un combat; c’eft à qui fera la plus heureufe pour faifir fa compagne & revoler aux intentions de la nature. Elles s’attaquent de tous les côtés ; l’une plonge, l’autre revient fur l’eau : celle-ci décrit un cercle, celle-là refte au centre; épiant le moment favorable, leurs différentes rufes font prévues & parées; néanmoins leur courage augmente, & leurs mouvemens deviennent f rapides que je fuis forcé de les confondre l’une avec l’autre. Mon intention cependanr étoic de bien diftinguer le vainqueur : fatigué de les obferver, je les ai laiffées l’une & l’autre dans la fureur du combat : lorfque je füis revenu pour lesexaminer de nouveau, je Les ai trouvées unies l'une à l'autre à leur manière ordinaire, & occupées à voyager dans mon verre par un mouvement commun &'de la manière la plus amicale. Je penferai fouvent à més perires molécules, parce qu'elles m'ont fait un plaifir infini. L'Hiftoire- Naturelle qui quelquefois eft bien sèche, n’auroir pas, ce me femble, aurant d’attraits pour tous ceux qui s'y adonnent, s’ils n'étoient pas quelquefois aflez heureux pour rencontrer des objets qui travaillent agréablement leur imagination (1). (1) C’eft une efpèce du genre des volvox de Linné. Nore des Redaëteurss Ÿ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 267 4 OBSERVATIONS Sur lé Lertre de M. É Abbé P... Grar= Aréhidiacre € Membre de plufieurs Académies , à M. DE La MÉTHERIE (1); Par M. REYNIER. Le: s difcuffions littéraires ont une influence réelle fur l'avancement de nos connoiffances , & les objections que M. P. fait aux conclufon$ Que je tire de mes expériences fur la marchant, peuvent être le fujet des recherches les plus intéreffanres. IL en doit réfulter néceflairement quelques lumières {ur la reproduction des plantes cryptogames; & les Connoïflances que M. P; développe dans fa lettre , donnent lieu d'efpérer des découvertes uriles. L'objeétion principale que M. P. propofe , eft, que nous ne con- noiffors dans les êtres organifés qu'une Jeule & méme manière de re- produëion , qui s'opère par le mélange dés en D'où'ce phyficien conclut qu'en admettant les corps contenus dns fes godets, comme des efpèces de cayeux, on doit aufli reconnoître des parties fexuelles, une fécondation , & des feménces fur l’exiftence & la nature defquelles tous les botaniftes s'accordent. On me permettta dobférver au fujet de cette identité d’avis, qu'un grand nombre dé botaniftes fe fonc copiés, fans étudier la phyfologie des plantés, & qué certe idenrité n'eft pas complerte, puifque quelques obfervareurs modérnes, commé M. Schmiedél, én ptopofenie un différent, De plus 1l eft permis d'avoit des doutes fur ces parties fexuelles , jufqu’au moment, où des expé= riences concluantes auront démontré leur exiftence, & jufqu'à préfenc on n’allègue que des obfervations microfcopiques. Ainf, la feule raifon qu'on puifle donner , en faveur du fexualifme des marchants, elt l’a- nalogie, qui feroit décifive , if eft vrai, fi des eXpériences ne démon- troient pas , que les graines, même, celle des plantes parfaites, peuvent être fécondes fans le concours des fexes. Les Naturaliftes connoiffent certainement les expériences de M, Spällanzani fur les plantes, & favent qu'il a obtenu des femences fécondes, en ifclant des fleurs à piftils de plantes uni-fexuelles , avec l’exactirude que -cé pbyfcien “célèbre met dans fes recherches. Les foins qril y a donnés rendent fes ex- périences décilives, & prouvent que le concours des fexes n'elt pas (1) Journal de Phyique. Mai 1787, Tome XXXI, Part. Il, 17937. OCTOBRE, Ll2 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même une loi effentielle pour les plantes parfaites. Je renvoie à {on ouvrage (1) pour les détails de fes expériences , qui font vraifem= blablement connus de M. P. L'analogie ne peut donc nous faire con- clure en faveur du fexualifme des marchants, puifque des plantes com- pofées de parties diffimilaires peuvent fe reproduire fans le mélange des fexes,.& la. feule preuve qui feroit admiffible, eft la découverre des organes fexuels, qui n’eft point sûre , puifque les avis des Natu- raliftes ne font pas uniformes. La diftinétion que M. P. fait avec beaucoup de jufteffe, me paroît conforme au fentiment de tous les Naturalifles. Il eft certain qu'il n’exifte aucun rapport entre leur développement, ni même entre leur manière de propager la plante qui les produit; mais lorfque M. P. diftingue les cayeux & les bourgeons des graines, il_nous paroît un peu moins fondé,, Les cayeux & les bourgeons ne different que par poñtion, ils font également des individus en raccourci des efpèces de charpente, contenant l’efquifle des formes, qui deviennent des in- dividus parfaits, lorfque des molécules fimilaires fe logent dans leurs mailles par le travail de la vie, Les graines ont une reffemblance par- faite avec les cayeux, par leur nature, leur but, leur manière de fe développer, & par leur produétion, qui eft une fuite immédiate de la furabondance des fiblécules organiques. Et cette reflemblance eft d'autant plus intime , que les expériences de MM. Spallanzani, de Necker, &c., démontrent qu’il exifte des femences fécondes , fans le concours des fexes. Je ferois enchanté que cette petite difcufion pic engager M. P. à faire part des lumières qu’il paroït avoir fur les plantes cryprogames ; il rendroit un fervice effentiel de les communiquer, & certainement perfonne ne les recevroit avec plus de fatisfaction que moi. LETTRE DE MG NU, IPLPELOMTE AM CAVELLIER, Elève de l'Ecole Royale des Mines, Monsieur; Je viens de lire avec plaifir la defcription & l’analyfe d’une nou velle mine de cübalt grife arfenicalé, entre-mêlée de galène, que vous (x) Expériences pour fervir à l’hiffoire de la génération des anitnaux & des plantes, par M. l'Abbé Spallanzani, traduétion de M, Senebier, page 353 & Suiv. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 269 venez de faire imprimer dans le Journal de Phyfque du mois de Juillet dernier, page 33. Il eft três-probable, Monfieur , que cette “efpèce de mine ne vous a paru nouvelle que pat fa couleur grile, & la combinaifon de nickel, que vous préfumez qu’elle contient ; car vous favez que Bergmann parle dans {a fciagraphie , d’une mine de cobalt narif uni à 'arfenie , & que M. l'Abbé Mongez dit poltivement qu'elle eft de couleur grife ( 1): je ne préfume pas que ce foit le mé- lange de galène qui vous ait déterminé à la regarder comme une fubftance nouvelle; car , étant élève des mines, vous ne devez pas ignorer que fi l'on vouloit former de nouvelles variétés d’après les mélanges, que le nombre n’en finiroit plus. C’eft donc la combinaifon du nickel & la couleur grife qui vous ont déterminé à donner une analyfe de cette mine; mais jai bien peur, Monfieur, que votre combi- naifon de nickel, dans votre nouvelle mine, ne foit un peu hafardée ; car vous ne l’établiffez que fur la couleur verte de la chaux de cobalt, & M. Sage, votre maître, pofféde depuis long-rems dans fon cabinet, des mines de cobalt vertes; il y a fous le N°. 33 des cobalts, une mine verte de cobalt, compaële, entre-mélée de mine noire de cobalr, recouverte d’une efflorefcence lilas. Certainement fi la couleur verte des cobalts indiquoit la préfence du nickel, M. Sage n’auroit pas manqué de l’annoncer. D'après cela; Monfieur, je crois qu'il feroit néceflaire de revoir encore votre nouvelle mine, pour déterminer d'une manière plus certaine la combinaifon du nickel, en prenant garde tourefois que cette efflorefcence verte ne foit due à quelques mélanges de Æupferni- ckel grifätre , recouvert defflorefcence verdätre d’ Allemont en Dau- Phiné : DESCRIPTION MÉTHODIQUE du cabinet de l'Ecole Royale des mines , par M. SAGE , page 237, N°. 42, parce que fi certe fubf- tance n’étoit que mélangée, on ne pourroit faire de cette mine une va- riéré nouvelle , fans romber dans le défaut de mulriplier ces ê-res fans néceflité. Vous avez trop d’efprit & trop de connoïflance, Monfieur, pour tomber dans ce vice, fi commun à quelques minéralogiftes. J'ai l'honneur d’être, &c. A Paris, ce 2 Août 1787. oo (1) Poyez encore la Defcription méthodique du cabinet de l'Ecole Royale des Mines, depuis la page 232 jufqu’à la page 235. AU?) AL L EPS 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ESSAI SUR LA NOMENCLATURE CHIMIQUE; Par M. De LA MÉTHERIE. L Es mots étant objer de convention ; peuvent repréfenter tout ce u’on defire ; mais un mot adopté par toute une nation, devient propre à l’objet; 1 n'eft plus permis de le changer, fans détruire tout l’a vänrage du langage qui eft de pouvoir faire conncîrre rous les objers par des fons convenus. Il n'y a donc que ce confentemment général , qu'on appelle Pufage, qui a droit de changer quelques térmes pour ÿ en fubftiruer d’autres. Les peuples dans leur première origine, ont des langues pauvres, parce qu'ils n'ont que les mots qui font néceflaires pour exprimer les objets de première nécellité, ceux qui fe préfentent le plus fouvent ; pat exemple , les Yameos n’avoient pas de termes pour exprinrer des nombres au-delà de-trois. Les Habitans de la mer du fud, exprimoient la plûpart des animaux par le mot oifeau ÿmais à mefure qu'on acquiert des connoiflances, il faut de nouveaux termes pour ex- primer de nouveaux objets. Les premiers mots ont été déterminés fans nulle notion du mécha- nifme du langage, & vraifemblablement la fociété a adopté ceux de fes chefs ou dés peres de famille ( 1 ). On aura donré par conféquent des noms abfolument différens à des objers qui fe reflembloient beau coup , & des noms analogues à des objets très-différens, Cependant une langue ne pourra jamais arriver à fa perfection, que lorfqu’on aura acquis des connoiffances fuifantes pour en réduire rous. les termes à l’analogie, c’eft-à dire qu'il faudroit fe fervir des mêmes fons pour exprimer les mêmes objers , de fons analogues pour des objets analogues , Kc. par exemple , rout meuble qui eft fait pour s’affeoir, devroit avoir une racine commune ; ainfi une chaïfe, un tabouret, un faueuik, une bergère, une ottomane, un fopha , une chaire, un banc, une banquette, un trône, &c. devroient dériver de la même fouche. Les langues arriveront difficilement à ce point de perfection , elles empruntent continuellement des mots les unes des autres , & fe les rendent propres. Ainfi les langues françoife, icalienne, efpagnole, &c, a —— ——— ——————— — —"— "rs {r) Ce n’eft pas ici le lieu d'entrer dans de plus grandes difcuflions, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 271 ont beaucoup emprunté de la latine; mais elles ont aufi des mots qui viennent du grec, de l'arabe, de l’hébreu, &c.; d'autres viennent des jangues du nord, du celte, &c.; ainfi les fouches ne peuvent plus être communes, L’harmonie des mots eft encore une confidération effentielle à faire dans une langue, Une oreille délicate trouvera des fons durs , barbares , d'autres agréables, ceux-ci rudes, ceux-là doux, &c. Quelques mots deviennent grands, maïeflueux , rifibles, badins, &c. par l'emploi qu’on en fait ordinairement. Ainfi une autre perfection de la langue confftera dans le choix de mots appropriés à la chofe. Toutes les langues exiftantes font bien éloignées de ces différens degrés de perfection. Peut-on ramener dans un inftant la langue d'un peuple policé aux règles que nous venons d'établir ? L'exemple de routes les nations prouve abfolüment le contraire. Voici Ja marche qu’ont fuivie toutes les langues: elles confiftoient d’abord en mots plus ou moins durs ; mais à melure que l'oreille devient délicate, on adoucit ces mots; on perfectionne la conftruëion des phrafes. Les langues deviennent plus exactes : on crée de nouveaux termes. On avoit dans le principe donné des noms génériques à un grand nombre d'objets différenss, auxquels on en afligne puis de parti- culiers. . . . mais tous ces changemens fe font peu-à-peu par lufage, par Le tems , c’eft-à-dire, que la nation qui étoit convenue d’appeller tel objet par tel mot, s’appercevant enfuite que certe dénomination eft trop générale, qu'ellen'’eft point dans le génie de fa langue, qu’elle eft dure, &c. convient tacirement d'en adopter tel autre : c'elt ce qu'on appelle l’ufage, qui eft le feul maître abfolu dans cette partie, puifque ce langage étant un objet de convention, doit être admis par conféquent par tous les membres de la fociéré. Il feroit facile de prouver par l’hiftoire, fi c’en éoit ici le lieu, que tous les changemens arrivés aux différentes langues ne fe font jamais faits que de cette manière ; par exemple, la langue françoife encore rrès-dure fous Louis XII, fe perfectionna un peu fous Charles VIIT, par la fuite de fon féjour en Italie, acquit encore davantage fous François premier & fes fucceffeurs jufqu'à Malherbe, Corneille, &c, eafn s'épura entièrement fous les plumes de Pafcal , de Bofluer , de Fénelon, de Racine, &c. La Jangue chinoife, qui ef la nation qui s’eft confervée leplus long-tems dans un état Aoriffant a aufli la langue la plus étendue & la plus riche, Mais il feroic impoñlible de fubftituer tout de fuite un grand nombre de nouveaux mots, quoique ceux-ci fuflent plus conformes à l’analogie que les anciens. Certainement Voltaire, Rouffeau, &c. euflent voulu adopter une fonche commune à tous les meubles pour s'afleoir, qu'on ne les eût pas füivis. Nous avons vu Voltaire vouloir en vain changer feulement lortographe , & en fubftiruer ure beaucoup plus raifonnable » & fa méthode n'a été adoptée qu'en très-peu de mots, M, Adanfon, qui avoit La va s 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; voulu porter la réforme encore plus loin, n’a pas eu un feul partifan. Si on n'a pu réuflir dans des changemens aufli légers ; que fera-ce fi on va réformer entièrement la langue. La fagefle exige donc qu’on refpeéte jufqu'à un certain point les mots reçus par l’ufage ; & on ne peut les changer qu'autant qu’on y eft autorifé par cer ufage même ; mais la chofe ett différente pour les objets nouveaux. Comme on eft maître du choix, il faut le faire d’après les principes que nous venons d’établir. C’eft cependant ce qu'on a négligé jufqu’ici, On donne affez volontiers à un objet qui n’étoit pas connu, le nom qu’il avoit dans le pays d'où il vient. Si c’eft un objet d'art, de commerce , on lui conferve les noms des artiftes qui l'ont donné ou celui de l'inventeur, ou celui du pays , ou celui de quelqu’autre objer avec lequel ils onc'cru que celui-ci avoit quelqu'analogie. Linné, & depuis lui les autres Naru- raliftes ont donné le nom des favans aux plantes, aux infeétes, &c. & c'eft affez fage ; mais on fent que les objets analogues ne peuvent plus avoir de noms analogues. La nomenclature eft aufli défectueufe dans les fciences que dans les autres objets de la langue; & cela ne doit pas furprendre. Les différens objets des fciences n'ont été découverts que fucceflivement. L’au:eur de la découverte lui a donné le nom qui lui eft venu le premier à l’idée , ou fouvent on lui a donné le nom de l'inventeur. D’autres foison a pris cenom de différentes langues, du grec , du latin, de l'arabe , &tc. On a encore tiré ces noms de certains objets auxquels on a cru ÿ voir de l’analogie, &c. Ainff on a donc dû avoir dans les fciences comme dans l’ufage civil des noms abfolument différens pour: des objets analogues , & des noms analogues pour des objets différens. Peut-on changer dans un inftant le langage d’une fcience ? L'expérience rouve que ces changemens ne peuvent fe faire, comme dans le langage de l’ordre civil , que peu-à-peu & autanr qu'on fera autorilé par l'ufage, d'autant plus que dans une fcience quelconque une partie de fa nomen- clature eft toujours paflée dans la fociéré, Que l'anaromifte voulut fubftituer d’autres noms à ceux de rêre, de bras , de cœur, &c. que le phyficien, le mathématicien, laftronome , le mécanicien, le médecin ; le chirurgien , le poëre , le peintre, le fculpreur , le boulanger , le menui- fier, &c. &c. vouluffent chacun dans leurs parties changer les noms; ce feroit une route nouvelle langue, Cer inconvénient feroit encore plus confidérab'e dans les fciences, parce que les mots fcientifiques font à-peu- près les mêmes chez les différentes nations aux terminaifons près, La chimie a fuivi la même marche que les autres fciences. Flle ne s’eft perfectionnée que peu à-peu. Ainfi fa nomenclature a donc les mêmes défaurs. Elle a même eu un défavantage particulier, Ayant été cultivée long-tems par les alchimiftes qui vouloient fe cacher, ils y ont introduit un langage fimbolique ; fouvent abfurde & barbare, Mais octo. Le +, M Een SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 273 Mais l'ufage a déjà banni une partie de ces mots, & y en a fubftitué d’autres plus analogues , plus doux, & qui fatrenc davantage l'oreille ; & il n'eft pas douteux qu'on portera plus loin cette réforme, mais doit-on changer toute la nomenclature de la chimie, & fubftituer aux anciens mots des mots plus analogues ? Je crois qu'ici comme dans toutes les autres parties de la langue , on doit fuivre la même méthode, celle qui eft autorifée par l'ufage; & il ne faut pas s’écarter des règles reçues ; qui font : 1°. Ces changemens ne doivent fe faire que peu-à-peu & avec fagefle. On doit y porter d'autant plus de circonfpeétion, que la plus grande partie .… de ces mots font d’un ufage commun dans la fociété pour le commerce, les arts, la pharmacie , &c, 2°, Dans ces changemens on doit par conféquent s'éloigner le moins pofñible des anciens mots. 3°. On confultera autant qu'on pourra l’analogie. 4. On ne doit point négliger l'harmonie des mots, & on ne peut abfolument s’écarter du génie de la langue. Un mot nouveau ne doit être ni dur, ni barbare , fur-tout dans un moment, où on adoucit tous les mots, & fans doute trop. Les oreilles font fi délicates qu'on ne dit plus paille, cheval, &c. On prononce pâie , zeval, zeveux , &c. 5°. Une nomenclature nouvelle ne doit point repofer fur des idées fylématiques ; car autrement chaque école ayant un fyftême différent, aura une nomenclature différente ; & ce {yftème renverfé par des expé- riences poftérieures , la nomenclature deviendra vicieufe. Or , une expé- rience conftante prouve que tous Les fyftèmes font détruits les uns par les autres. Cependant la langue doit toujours demeurer la même pour expri- mer les faits : que la lumière , que les couleurs fe comportent ou non, comme l'a dit Newton, le blanc n’en fera pas moins blanc, le noir n’en fera pas moins noir, que celui-ci foit ou ne foit pas l’abfence de toute couleur , & celui-là la réunion de toute couleur; & jamais la langue de Voptique ne s’eft reflentie des différentes opinions des phyficiens, C’eft d'après ces principes que je vais examiner la nomenclature reçue en chimie , les changemens qu'on pourroit y faire, & ceux qu’on a pro- pofés. Je ne donne ces réflexions que pour fatisfaire un grand nombre de nos Lecteurs. La nomenclature propofée par de célèbres. chimiites dans le cahier précédent, me paroït s'écarter en tout des points effentiels dont nous venons de parler. 1°, Elle propofe de changer tout de fuite la plus grande partie des mots, Or, nous avons fait voir que cela ne s’eft jamais fait, ni ne peut fe faire dans aucune partie de la langue. 2°. Elle s'éloigne entièrement des anciens mots confacrés par l’ufage ; comme le prouve fon expoñition. Tome XXXI, Part, Il, 1787. OCTOBRE, M m R : : + " LR ECC E ét :74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 3°. Elle n’a nullement confulté l'analogie dans un grand nombre * de cas. 4°. Elle emploie des mots durs , barbares , qui choquent l'oreille , & ne font nuliement dans le génie de la langue françoife , tels que carbo= nate, nitrate, fulfate, &c. ) $°. Une partie de cette nomenclature repofe fur des idées fyftéma- tiques , regardées comme faufles par le plus grand nombre des favans, qui par conféquent ne peuvent fe fervir de ces mots; d’ailleurs ce fyflème füt-il admis, il fera détruic, on feroit obligé de refaire une nouvelle nomenclature. Nous allons prouver tous ces objets en détail. L'air fixé, fixed air du célèbre Black, que nous avons mal rendu-dans notre Jangue par air fixe, eft appelé acide carbonique. Les combinaifons de l'acide carbonique fercnc les carbonates, La fubftance charbonneufe fera le carbone. Et fes combinaifons feront des carbures. On a dans ces noms manqué à toutes les règles ci-deflus, 1%. Ces mots font nouveaux. 2°. S'éloignent entièrement des: anciens. 3°. Ils bleflent l’analogie en beaucoup de circonftances ; car de carbo- nique qui rappelle l’idée de charbon, il n’y a nulle analogie avec l'air fixe ou air acide, qui fe préfente comme de l'air. Carbonate de potafle paroîtroit devoir dire ou dela viande cuite fur les charbons (c’eft un terme familier au peuple dans quelques provinces), ou du charbon & dela potafle; randis que-ce n’eft que de la potafleunie à l'air acide, 4°. Ces mots déchirent Poreille, font durs & barbares ; auf la plus grande partie des favans françois, & nos plus grands écrivains , tels que M. de Buffon , les ont blâmés dès l'inftant qu'on les a propofés. J'ajoute ceci, parce que les étrangers font un reproche grave à la nation de ces nouveautés. 5°. Enfin, ces mots font fondés fur unehypothèfe , favoir, que cet acide eft compofé de charbon & d'air pur; hypothèfe que j'ai démontrée faufle (1). Ce que nous venons de dire fur cet objet peut s'appliquer à tous les autres. Notre langue perd déjà affez , fans l’expofer à perdre davantage par des innovations dangereufes. Mais, dit-on, il y a un grand nombre de nomsimpropres dans la chimie. a ————————————_—————————p2Z (1) J'ai fait voir (dans ce Journal, Mars 1787) que le charbon éteint dans:le mercure & plongé encore tout chaud dans une cloche pleine d'air pur: Pabforbe en quantité. Puis introduit dans une; cloche pleine d’eau. de chaux , il fe dégage une partie de cet air quine précipite pas la chaux ; d'où j’ai| conclu que le charbon ne change l'air pur.en air acide.que quand il eft incandefcent. Or, quand. on admettroït du charbon dans le fang & la poitrine , il n’ef pas inçandefcent, Le célèbre M. Crell me marquoit, ceste expérience. ef démonfirative. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 275 Je réponds que ces mots font confacrés par l’u/üge , qu’une partie de ces mots a paflé dans la fociété , & qu'on s'en fert ordinairement, foie pour les objets de pharmacie, foit pour les objets utiles aux arts, foit pour ceux du commerce, &c., & qu’ainfi on ne peut faire que les chan- gemens autorifés par l'ufage ; au refle le même inconvénient fe trouve dans coutes les parties de la langue, & dans routes les fciences ; ces noms font d’ailleurs reçus dans toutes les langues étrangeres. De ces généralités , nous allons pafler à un examen détaillé, Je ne répéterai point ce que j'ai die ( 1 ) aïlleurs fur l’idée peu fondée d'admetre un aufli grand nombre de fubflances fimples où non décompofées. Ce nombre qu'on fixe aujourd'hui à ÿ$ , peut être porté beaucoup plus loin; ‘car fi on regarde les bafes de 1ous les acides végétaux 6 animaux, comme des êtres fimples, on fent où on fe jette, puifque la plüpart des plantes ont des acides particuliers, aïnfi qu'un grand nombre d’animaux , fut-tout parmi les infeces. 4 Mais n’eft-il pas prouvé que tous les acides véoéraux & animaux fe décompofent au feu ; c’eft ce qu'a fait voir M. l'Abbé Fontana dans deux excellens mémoires , inférés dans ce Journal en 1778. D'aile Teurs M. de Morveau regarde la bafe des acides végéraux, par exemplé, de l’acide faccharin ( 2 ) comme une huile; or, cn regarde les huiles comme compolées d’air inflammable & de charbon (3 ). Ainf la hafe des acides végétaux ne fauroit donc point être regardée comme un être fimple. Nous en pouvons dire autant des acides animaux. Neuwton regarde la lumière comme compofée de fept couleurs, & elt fuivi pat un grand nombre de phyficiens ; quoique je regardé l’o- pitiion contraire, comme plus vrailemblable, on ne peut pas l'avancer Comme ün fair. Tous les phyliciens regardent la matière de la chaleur comme un compofé, J'ai auffi fait voir ( Difcours préliminaire de ce Journal, janvier 1287, ) que l'ait inflammable & l'air impur peuvetit pailer à l'écac d'air pur ; ainfi ils peuvent fe décompofër. SAN Al (r) Difcours préliminaire de ce Journal , Janvier 17237, & dans ma Lettre dû même Journal , Mars 1787. {2) Dans cé Journal, 1786. (3) M. Lavoifer, dans ce Journal, Août 1787. 1 APE Ce fentiment ne me _paroit pas fondé.-Il-eft.-d’abord-bien sûr-que Fhuile d olives dont parle M. Lavoifer contient un corps muqüeux dont on peut retirer l'acide faccharin.'{ILeelt encore bien srl que le’ benzoïr qui ft une réfinéiouchuile eflentielle épaiflie, difillée dans les vaifleaux fermés fans accès -de fair pur, donne un acide très-piquant , en même-tems qu'il {e dégage de l'ait inflammable, :. D'où; ai conclu que les huiles font des foufres végétaux lou dés acides végétaux faturés d’ait inflammable. Tome XXXI, Part, Il, 1787, OCTOBRE. Mm 2 i 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Schéele & Bergmann ont prouvé que l’alkali volatil contient de l'air inflammable & de l’air phlogiftiqué. Enfin il a été démontré par M. Deyeux , que le foufre eft tout formé dans les plantes ; il n'exiftoit pas dans la terre. Le phofphore a été - démontré par MM. Margraf & Van-Bochaute dans les plantes; il n'exif- toit ni dans la terre, ni dans les eaux , ni dans l'air; j'ai fait voir que le fer fe trouve dans les plantes nourries avec l'eau diftillée. Si toutes ces fubftances font produites, elles ne font donc pas fimples , elles peuvent donc être décompofées ? Les terres elles-mêmes fe décoms pofent peut-être ( 1 ). Au refte, la décompofition de toutes ces fubftanees. eft admife par le plus grand nombre des chimifles; on ne (auroit donc faire de l’o- pinion contraire, le fondement d'une nomenclature, fans avouer en mèmetems qu'elle ne faurêit être admife par le plus grand nombre des favans, qui croyent ces idées faufles, On croit éluder la ‘force de ces raifons, en difant : « Nous n’a- » vançons que des faits, & nous repouflons toute hypothèfe ». 11 me paroît que c'eft manquer à cette logique févère , qu'on invoque fans cefe, Elt-ce quesoutes les opinions en phyfique & en chimie ne font pas fondées’ fur des faits bien ou mal vus? L’Abbé Nollet ne croyoit- 1l pas avoir des faits viélorieux à oppofer à ceux du célèbre Franklin? Boile, Neuvton, & tant d’autres ne croyoient- ils pas avoir des fases qui prouvoient que l’eau fe changeoit en terre? N’ayons-nous pas fait voir par d’autres faits que ceux-là n’étoient pas concluants ? C N'eft-ce pas un fait que les métaux, le foufre, le phofphore, le charbon , &c. donnent de l'air inflammable lorfqu'on les traite par les acides, les alkalis, ou qu’on les expofe au feu? N’eft-ce pas un fait que les acides végétaux & animaux font par la violence du feu décompofés en différens airs? Que le fuccin, le benzoin , la réfine copal, diftillés dans des vaifleaux fermés fans accès de l’air pur, donnent un acide & de l'air inflammable? N’eft-ce pas un fait..., & cependant on nie, ou on explique ces faits par d’autres faits , d’où on conclut que toutes ces fubitances font des êtres fimples ou non-décompofés,.. Je m’arrête, c’eft trop infifter fur une hypothèfe aufi peu fondée que celle d'admettre cette grande quantité de fubflances fimples non -dé- compofées , qu'on eft forcé dans les principes adoptés, d’étendre encore beaucoup plus loin; mais cela fait voir que nous ne combattons cette EC D (x) Plufeurs.chimifles, au nombre defquels eft M. de Morveau , ont dit que dans la diffolution de la terre filicée par l’alkali, cette terre étoit décompofée , & qu’en y‘ yerfant de l’acide vitriolique on formeroit de l’alun: quoique je ne croie pas cette expérience exafte, le contraire n’eft pas démontré. SUR L'HIST. NATURELLE. ET LES ARTS. 277 théorie que par des faits très-vrais & très-bien vus; nous difons auf : nous n’avançons que des faits, & nous repouffons toute hypothèfe. Enfin cette idée de donner des noms qui expriment que la fubltance dénommée eft principe de telle @tre, eft plus fpécieufe que fondée; prenons l'air inflammable, on veut l'appeler hydrogène, parce qu'on le regarde comme un des principes de l'eau ; mais l'air pur ne mérite- t-il pas plutôt ce nom, puifque dans certe opinion il fair les 0,87 de l'eau, tandis que air inflammable n’en eft que les 0,13 ? D'ailleurs l’air inflammable eft aufli regardé comme un des principes de Phuile, dont il eft les 0,21 ; on devroit donc plutôt lappeler e/cogéne. Enfin l'air inflammable entre aufli dans l'alkali volatil.. On lappel- lera donc encore ammoniacogéne. . En appelaut l'air inflammable hydrogène , cela jetteroit dans l’er- reur , & feroit croire qu'il n'entre que dans l’eau. On fent la foule d’objections qu'on peut faire à cette méthode... ; mais nous allons paller à l'examen des nouveaux noms propofés, 1°. Lumiére, 2°. Calorique. IL n’y a point de raifon pour fubltituer ce mot, qui cependarit eft dans le génie de la langue, à celui de la matière de la chaleur. 3°. Oxigène. Ce terme qui fignifie, principe des acides , tient à un fyflême, favoir que l'air pur fous forme concrète , elt Le générateur des acides. Or, les chaux métalliques contiennent cet air, fuivant le même fyftême , & ne font point acides ; l’eau dans ce fyftème contient encore beaucoup plus d'oxigène, puifqu’il en fait les ?, & n’eft point acide. Ce mot eft donc impropre, & on feroit plus fondé à l'appeller Aydrogéne. Gax oxigène, fera rejetté par la même raifon ; je ne vois pas pour- quoi on donne d'après Macquer, & quelques autres à toutes les elpèces d’airs, le nom de gaz emploié par Vanhelmont ( du mot gre/?, qui en allemand fignifie efprit ), tandis qu'on conferve le nom d'air à celui de l'armofphère. L’atmofphère eft compofée dans ce fyftême de gaz oxigène, de gaz azotique, de gaz carbonique ; il faudroit donc aufli dire gaz atmofphérique. Je conferverai le nom d'air à tous ces Auidès, nom qui eft adopté par la majeure partie des phyficiens , & je continuerai d'appeler celui- ci air pur. . 4°. Hydrogëne ; ce nom tient à un fyftême comme nous l’avons dit. Ainf il doit être rejetté par toutes les raifons que nous avons apportées. Gaz hydrogène le fera par la même raifon, & je conferverai avec tous les phyficiens le nom d’air inflammable, 5°. Azote ou radical nitrique. Azot, dit le Dictionnaire de Trévoux ; fignifie la matière première des métaux. : On a dérivé des mots grecs 4, fans, zos , animé, vie, air qui ne peut entretenir la vie, mais il n’eft pas le feul ; ce mot n'étant pas françois 233 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & étant déjà employé dans ‘ne autre fignification , doit donc être rejeté, Gaz azotique le fera par la même raïon. On ne veut point du mot air phlopifliqué, parce qu'on veut l' de la fcience ce malheureux terme, c'elt pourquoi je lui ai donné le nom d'air impur que je lui conferve; il définit la chofe & eft indépendant de tout fyftème, Quant au terme udical nitrique , il tient à un fyftème, favoir que l'air impur eft la bafe de l'acide nitreux; ainfi il doic être rejeté. Les ivrates, les nitrites font des mots nouveaux dufs; ainfi je con- ferverai le mot zirre. J'obferverai relativement à ces mots oxgène, hydrogène, azote, pour exprimer les airs pur , inflammable, impur, lorfqu'ils ne font pas à V'érat aériforme, qu'ils ne paroiflentinutiles. L'eau & tous les autres fluides qui entrent dans la compolfition des corps , perdent leur liquidité dans çet état de combinaifon, & on ne leur donne pas des noms nou- veaux, Ces mêmes fluides par un excès de chaleur , pañlent à Pétac de vapeurs où aériforme , & confervént le même nom. Tous les corps de la nature peuvent, devenir liquides , ou pafler à l'état de vapeurs paë un plus où moins grand degré de chaleur, & on ne leur donne pas d’autres noms. Ce doir être la même chofe pour les airs, 6°. Carbone où fadical carbonique ; il n'ÿ a pas de raifon pour changer le mot charbon. 4 Acide carbonique eft fondé far une hypothèfe que j'ai démontrée faufle , il doit être rejetté ainfi que les carbonates & les carbures. Carbure de fer, au lieu de plombagine, doit être rejetté, comme dur'& fyftémariques ; Je conferverai à cet air le nom d’äir acide que je lui aî donné, parce qu'il eft le feul des airs qui foit acide: Les combinaifons de cét acide férone les els aero-acides où fimplement aérés. Je dirai natron aéré ou fel aéro-acide de natron. #°. Soufre ou radical fulfurique. Les mots acide ‘vitriolique & vi- triols font trop'anciens ,; & trop généralement répandus dans toutes les langues pour les pouvgir changer, quoique je ne craindrois point le mot acide fülfurique. a Sulfares ; Juifirès doivent être réjettés par la même faifon; je pré: férerois fels fulfuriques. So | Je conferverai donc Jes noms d’acide vitriolique , d'acide fulfureux ou acide vitriolique fulfuteux , de vicriols, & de fels fulfureux, ou vi- triols fülfureax. “| A : : ‘ : Quant aux combinailotis de foufré qu'on appele füulfures , j'obfer- veräi que dans la plûpart des compofés où entre le foutre il n'y eft pas feul ; par exemple, les pyrites 3 ainfi fulfure de fer n’expriméroic pas la pytire martiale, qui le plus fouvent contient beaucoup d’autres chofes que le fer & le foufre, D'ailleurs le mot pyrite s'étend éncore aux / » SUR L’'HIST. NATUREILLE'ET LES ARTS. 279 combinaifons des métaux avec l'arfenic. Les minéralogiftéfn’abañdon- neront pas certainement ce terme, Le mot de foie de! foufre eft aflez impropre , il eft vrai, Qu'on y fubfitue feulement celui de foufre. On dit foufre, doré d’antimoine ; ainfi on. pourroit diré foufre de poraîle , foufre de natron , &c. fi le public veur adopter certe expreflion. Gaz hydrogène fulfuré ne me paroît pas propre pour exprimer l'air bépatique ; je dirai air inflammable fulfureux. 8°. Phofphore ou radical phofphorique. On peut appliquer au phof- phore tout ce que nous vénons de dire fur le foufre, Ainf nous con- frverons, les’ noms d'acides phofphoriques ; & fels: phofphoriques. Quant aux: combinaifons du, phofphore ; nous. rejettons également phofphure: Si le public adopte l'expreflion de foufre de natron, pour le foie de foufre alkalin:, on: dira également , phofp#@fe de natron pour, la combinaifon du natron & du phofphore, &c, Je conferverai le mor de fidérire: Gaz hydrogène; je conferverai le nom d’air inflam- mabile phoiphorique.. \ 9° Radical muriarique-; pourquoi ôter Le nom; d'acide marin , pour ÿ'fubfthruer celui d'acide muriatique?/ Aria, en latin fienifié faumure; & non point fel marin, £a sfr? 5 ; Muriate tft dur: &: barbare. Je conferverai le nom de fel marin, & je continuerai de dire fel marin calcaire , fel marin de magnélie , &c. fuivant lufage reçu. Nous: ne: pouvons: pasadmettre Le mot acide muriatique ou marin oxigéné, par les raifons.que nous avons apportées au mor oxigene. Le mot, acide marin déphlogifhiqué exprime très-bien ; mais puifqu'il faut qu'une nomenclature puifle être adoptée dans tous les. fyftèmes, & que dans celui-ci on ne veut pas même fouffrir le mot pAlogiflique | nous dirons acide marin avec excès d'air pur , & fel marin avec excès d'air pur; pour exprimer, par exemple, le fublimé corrofif, nous dirons fel:.marin-de: mercure, avec: excès d'air: pur. On dit, Les fels avec excès d'acide, les fels avec le moins d'acide ; nous diftingueronsaufli en: général trois états dans les acides ; 1°. celui où l'air pur n’eft ni en excès, ni en moins; 2°. celui où l'air pur eft en excès , qui eft ce qu’on appeloit déphlogifliqué; 3°. celui où l’air pur eft en moins, qui eft ce qu'omappeloit acide phlogiftiqué. Ainfi en ajoutant de l'air pur à l'acide fulfureux, il pafle à l'état d'acide vi- triolique ; nous dirons donc /els avec excés d'acide , [els avec moins d'acide, fels avec excès d'air pur, fels avec moins d'air pur. Ainl Facide fulfureux pourra être appelé acide: vitriolique avec moins d’ait pur, l'acide nitreux phlopiftiqué, acide nitreux avec moins d’air pur, Pacide phofphorique-phlogiftiqué , sil exifte , acide phofphorique avec moins d'air pur, &c. “ _28o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; 10°. Radital boracique , acide boracique ou boracin , eft bon ; mais borare elt dur; nous dirons donc borax ou fel boracique ou boracin. 110. Radical fluorique ; acide fluorique eft bon ; mais fluate elt dur & barbare ; nous dirons fels'fluoriques. 12°. Rudical fuccinique ; acide fuccinique eft bon ; mais fuccinate eft dur & barbare; nous dirons /eés fucciniques. ‘ 13°. Radical acétique ; acide acéreux eft bon; mais acétique, acérate & acétite doivent étre rejettés; nous dirons fels acéteux, & fels acéteux avec excès d'air pur, 14°. Radical tartarique ; acide tartareux eft bon; mais sartrite , tar: trate font durs & barbares; tartrite acidule de potaile n’eft pas bon; nous dirons /els acéreux de potaffe avec excès d'acide, pour exprimer la crème N , & {él rarrareux de porafle pour le fel végétal. 15°. Radl@al pyro-rartarique. Par pyro oniveut exprimer les acides végétaux empyreumatiques. La mème chofe devra aufli avoir lieu pour des acides animaux, Ainfi il faudroit aufi appeler l'acide des fourmis empyreumatiques, acide pyro-formicique ; mais où cela ne portera-t-il pas? Quand on parle en’ chimie des fubftances ; on les füppofe toujours réduites ‘à leur état-lde pureté Au reltei;: fi. l'on veut admettre cette diftinétion , je ne me fervirois pas du mot pyro , qui veut dire feu, mais je laiflerai le mot empyreumo ; ainfi je‘ dirai acide empyreumo- tartareux. ? 16°. Radical oxalique. Je préfere acide oxalin. & acide faccharin. Oxalate eftidur & barbare: Ai je dirai fel oxalin , fel faccharin. 17°. Radical gallique. En fuppofant que lacidité du principe aftrins REA eft dur. & barbare. : 18°. Radical citrique. Je-préfere acide citronien, & fel citronien, au lieu de citrate, ; . 19°. Radical malique. S'il faut faire des noms, je. préférerois acide malummique où malummien | comme rapprochant plus de alum, pomme, & Jel maluümmique ; au lieu de rralate. 20°. Radical benzoïque. Je préfere acide benzoni niques au benzoaré qui eft dur & barbare. 21°. Radical pyro-lignique. Acide lignique. Cet acide doit varier dans les différens bois, puifqu’il eft compofé des acides du corps muqueux, des gommes, des réfines , des huiles} &c. que contiennent Les différens bois : ainfiildoit. rentrer, danstles autres. | ‘22°, Radical pyro-mucique:, C'eft: l'acide :du corps, muqueux. Je lappelerai donc plutôt acide muquéux ;& fels muqueux fes combi- naifons. Il faut obferver que dans ces mots, pyro-lignique , pyro-muci- que, &c. une des racines eft grecque.& d'autre latine. Acide-pyrotlignique paroîtroit devoir dire , acide du bois de poirier, s 4 gent foit bien démontréeñje dirai fel gallique , & non pas gallate , qui que, & Jets benzo- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 281 Au refte, il eft vraifemblable, d’après les expériences de M. \Weftrumb *& de M. Hermitadt, que rous ces acides végétaux ne font que des modifications ; ils font altérés par des portions huileufes ou autres. Mais lorfqu'on les en a dépouillés , ils reviennent tous à l’acide faccharin qui pañle enfuire à l'état d'acide tartareux , & puis d'acide acéteux. 23°. Radical camphorique, acide camphorique. Soit: je préfere fel camphorique , au lieu de camphorate. On borne ici la Hfte des acides végétaux ; mais , comme nous avons dit, elle peut devenir immenfe, puifque chaque plante æun o plufieurs acides particuliers , ainfi que chaque gomme, chaque gomme-réfine, chaque réfine, &c. &c. Ainfi dans ce fyflême on peut avoir certainement plufeurs centaines, peut-être plufieurs milliers de radicaux acides vègé- £aux , qu'on regardera comme des êtres fimples ou non-décompofés. On appelera ces acides du nom de la fubftance dont on les retire; ainfi Pacide du baume de tolu fera l'acide tolufien, l'acide de l’encens, l'acide thurique, &c. & les combinaifons de ces acides feront les fels colufiens , les fels thuriques, &c. 24°. Radical laéique , acide laëlique, Soit : je préfere fel laëlique, au laëate qui eft dur & barbare. 25°. Radical facho-luétique. Si cet acide eft réellement différent de Pacfde faccharin , je préfere de l'appeler faccharo-ladtique , & fes com- binaifons fels faccharo-laétiques , au lieu de /accholate. 26°. Radical formique, Je préfere acide formicin , & fel formicin , au formiate, qui eft dur & barbare. 27°. Radical pruffique. L’acidité de ce principe ne me paroît pas prouvée; l'acide phofphorique qu'y a démontré M. Weftrumb eft étranger au principe colorant , puifque la feule chaleur des charbons & le contact de l’air inflammable colorent le fer & beaucoup d’autres métaux en bleu. Les pruffiates me paroiflent donc être mis au nombre des alkalis, des chaux calcaires & des chaux métalliques. 25°. Radical febacique. Je préfere acide febacé, fel Jébacé, au febate. 29°. Radical lithique. Lithos en grec fignifie pierre. Acide lithique fignifie donc acide de pierre, ce qui eft trop général ; ainfi puifqu'on veut faireun nouveaunom , je préférerai acide calculeux, dont les combinaifons feront le calcul ou les /els calculeux ; mais eft-il prouvé que cet acide foir différent de l'acide faccharin que Bergman & M. d’Arcet ont tiré du calcul? Je ne le crois pas. Ainfi avant que d'admettre cet acide, il faut de nouvelles expériences. | 30°. Radical bombique. Acide de ver-à-foie. Je préfere acide bombicin, comme nous difons acide formicin , & fel bombicin , à bombiate, qui eft dur & barbare. « Je répète ici ce que j'ai dit au fujet des acides végétaux. Si le ver-à-foie a un acide, il eft vraifemblable que toutes les chenilles en ont aufli un, Tome XXXI, Part, II, 17987. OCTOBRE. Nan < 282 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, ainfi que les guêpes, les abeilles, & peut-être tous les infectés & grand nombre d'autres animaux. M. Rouelle le jeune a fait voir , Journal de Médecine 1773 , qu'il y avoit dans l'urine de vache un acide analogue à celui du benzoin, Schéele l’a aufi reconnu. Nous aurions, donc auili plufieurs centaines, peut - être plufeurs milliers de radicaux acides animaux fimples où non-décompofés, 31°. L’arfenie , pour régule d’arfenic. Ce changement eft très-bon, ainfi que pour tous les autrés demi-métaux, Mais pourquoi changer le genre de la molybdène , de la tunoftène, de la manganèfe, de là platine : la manganèfe du commerce doit être appelée la chaux de man- anèfe., ainfi des autres. é Oxide d'arfenic. Ce mot oxide qu’on veut fubftitüer > celui de chaux ne îme paroît point propre. Le mot oxis eft confacré à une plante acide (en françois a/leluya ) ; ainfi oxide fignifieroit quelque chofe qui rappro- cheroît de cette plante, ou tout au moins indiqueroit une fubitance acide, Or, les chaux métalliques n'ont aucune des qualités des acides ; les leurs s’approchent plutôt de celles de la chaux & des alkalis; car les chaux métalliques s’uniflent aux acides comme les alkalis. Les fels qui en réfulrent font décompofés par les alkalis , ou quelquefois les fels alkalins font décompofés par les chaux métalliques. Celles-ci s’uniffent au foufre & au phofphore comme les alkalis & les chaux, elles altèrent l'air pur & le changent eh air acide ; elles font cauftiques , font des favons avec les huïles, &c. Le mot oxide doit donc être entièrement rejeté : je conferverai celui de chaux métalliques. Mais les chaux fe trouvent en différens états. Elles font plus où moins dépouillées du principe inflammable & chargées d'air dansl’ancien fyftèmes & dans le nouveau, plus ou moins chargées d’air pur; mais il feroit difficile d'exprimer toutes ces nuances. Il eft donc bon de les défigner par les couleurs. Ainfi on dira chaux grife de mercure, chaux jaune , chaux rouge, &c. Cependant cela ne fuffira pas toujours. Ainfi le mercure par la fimple agitation eft changé en une chaux grife; mais ce même mercure diffous par l'acide nitreux eft précipité par l’eau de chaux en chaux grife plus ou moins foncée. Le mercure calciné à un feu lent eft changé en chaux rouge, nommée précipité per Je ; diffous dans l'acide nitreux , puis la diflolution évaporée, donne aufli une chaux rouge , nommée précipité rouge, &c. C’eft ainfi de toutes les autres chaux métalliques. faudra donc abfolument ajouter encore quelque chofe à la couleur. Ainfi le précipité per fe fera la chaux rouge de mercure par le feu. Le précipité rouge , fera ta chaux rouge de mercure par l'acide nitreux. Le précipité gris du mercure par la chaux, fera la chaux grife de mercure par la chaux. Il en fera de même pour,toutes les autres chaux. Quant aux verres métalliques , on peut les appeler verres où chaux vitreufes. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 28; Acide arfenique. Je préfere acide arfenical, comme ancien & étant très-bon , très-fonore, & fel arfenical à ar/eniate, qui elt dur. Acide tungftique, acide molybdique , font recus, ainfi il ne faut pas les changer. Mais je dirai fel tungftique , {el molybdique, au lieu de tungftate & de molybdate, qui font durs. On va peut-être dire que les chaux métalliques ne différant des acides. métalliques que par une moindre quantité d’air pur , doivent conferver le nom d’oxides, Cette conféquence ne me paroît pas jufte par les raifons que je viens de rapporter, J'en conclurai plutôt, comme je l'ai faie dans mon Ouvrage fur l'air, que les chaux, & les alkalis ne differenc peut-être pas autant des acides qu'on le penfe communément, & qu'ils tirent leurs principales qualités d’un principe commun, la matière de lai chaleur. Cette conjecture eft fortifiée par la terre pefante, qui calcinéea toutes les propriétés des chaux calcaires, quoiqu'elle paroiffe tenir aux, terres métalliques. 48°”. La filice, Nom impropre : pourquoi ôter. le mot de terre à toutes ces fubftances ? Ne laifle-t-on pas le nom de gaz: à-tous les airs, celui d'acide à tous les acides. . . . Pourquoi ne pas laiffer-celui de terre à toutes les terres? Je dirai donc la terre quartzeule ou la terre filiceufe, 49°. L’alumine, Je dirai la terre argileufe ou la terre alumineufe. 50°. La baryte, du mot barus, qui en grec fignifie pefan. C’eft donc toufoirs donner le nom de pefant à cette terre; mais c’eft le donner en grec, &.non pas en latin ou .en françois : qu’y_gagne-t-on? je conviens que.le mot pe/ant eft ici impropre ; mais l’ufage a! prévalu. Tous les Naruraliftes difent_/path pefant , il faut donc.que le Chimifte dife serre. pefante jufqu'àce que l’ufage y. ait fubftitué un mot plus convenable. 51° La,chaux pour, la. terre calcaire dépouillée d'air. acide, Deux feotimens partagent aujourd’hui les Chimiftes fur la nature.de la, chaux, Les uns ; tels quelles anciens, Lemeri, Meyer, &.un très-grand nombre de Chimiftes d'aujourd'hui pehfent qu'il y a dans la chaux vive, une, grande quantité de. feu combiné fous une: forme, quelconque , & que c'eft ce feu qui lui donne fa caufticité. Baron dans fes notes fur Lemeri, a_ foutenu le contraire ( pour:n'être pas.de l’avis de l’aateur.), il croit que la,chaleur qui fe dévage de la chaux lorfqu'on la met dans l'eau, vient de l’eau. Le célèbre Black & beaucoup d’autres Chimiftes-fuivenc cette opinion. Le mot chaux, dans le premier fyftème:, n'eft pas feule- ment la terre, calcaire dépovillée d'air acide, mais: c’eft la ,rerre calcaire qui en perdant fon air acide,s’eft combinée avec la, matière du feu, lé cauflicon, &e. Nous conferverons donc le mot serre calcaire, qui eftadmis dans les deux fyftêmes. 52°. La magnéfie. 53°. La potalfe. Quoique ce mot qui vient de l’allemand ne flatte guère l'oreille, cependant comme il eftadmis dans lecommerce,ilfaut le laiffer. Tome XXXT, Part. LE, 1787. OCTOBRE,; N n 2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSTQUE,:. 54”. La foude. Quoique je ne défapprouve pas ce mot qui eft aufli dans le commerce , je prefere zasron comme plus ancien, plus fonore, & comme évitant équivoque qu'on peut faire de ce fel avec les plantes dont on le tire le plus communément. 55°. L'ammoniaque, Toutes les combinaifons de l’alkali volatil font “appelées fels ammoniacaux. Ainfi c'eft une raifon pour lui donner ce nom. Je préfere cependant ammoniac, parce que ammoniaque eft féminin. Nous difons la gomme ammoniaque. N faudra pour lors toujours donner au fel ammoniac le nom de fel marin ammoniac. Gaz ammoniacal , je dirai air ammoniacal, Les obfervations que j’ai faites pour la chaux ont également lieu ici, La potafle, le natron , l’ammoniac, ne veulent pas dire que ces fels font à l’état de caufticité, mais feulement dépouillés de leur air acide. Lorfqu’on voudra exprimer leur état cauftique, il faudra dire la potaffe cauftique , le natron cauflique, l'ammoniac cauftique. Quant aux autres noms adoptés, une partie eft déjà reçue ; muqueux , glutineux font dans la langue ; mais ce font des adjedifs. Il faudra donc dire, le corps muqueux, le corps glutineux. Le Jucre , l’amidon font françois. Je L'huilefixe & l'huile volatilene me paroiffent pas exprimer la différence de l'huile graffe à l’huile effentielle. La principale différence d ce dernière eft fa partiearomatique ou eflentielle. L'huile animale de Dippel s par exemple, eft très-volatile , & ne peut pas être de l'huile effentielle. Je laifferai à celle-ci lé nom d’huile effentielle, & pour lors j'appelerai Pefprit recteur, efJence. Ou fi on veut donner à l'efprit recteur le nom de corps où fubftance aromatique ( car arome choque l'oreille ), j'appelerat l'huile effentielle , huile aromatique; mais je préfere de lui laiffer le nom d’huile effentielle, & j'appelerai pour lors l’efprit recteur du nom d'effence, qui eft déjà reçu en partie chez les parfumeurs , & qui différera de l'huile effentielle. Quant aux huiles grafles , je Les appelerai huiles ineffentielles ou huiles inaromatiques, Le mot réfine eft reçu; l’extradif, l’extraéto - réfineux, le réfino- extractif font des adjectifs auxquels il faut ajouter le mot corps, où fubftances. La fécule, Valcohol font françois. Alcohol de potaffe , au lieu de teinture de potaffe. Je préfere diflo- lution fpiritueufe ou alcoholifée de potaffe. Alcohol de feammonée , pour ceinture de fcammonée. Je préférerai diflolution fpiritueufe ou alcoholifée de fcammonée. On dit diffolution de fucre, diffolution de gomme, &c. On fous-entend diflolution aqueufe. Ici on ajoutera diflolution fpiritueufe ou alcoholifée. Teinture de noix de galles, La noix de galles peut être difloute dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 285$ l'eau, & on dit diffolution aqueufe de noix de galles, Je dirai auûli diffolu” tion fpiritüeufe de noix de galles. Alcohol nitreux muriatique , pour efprit de nitre dulcifié, acide marin dulcifié. Je préfererai acide nitreux alcoholifé, acide marin alcoholife. Ceci exprime mieux, la chofe, Ether fulfurique , muriatique, acétique | &c. Je conferverai les anciens noms ét#er vitriolique, nitreux , marin , acéteux , &c. Savons alkalins , gerreux , métalliques, &c. On n'a rien changé ici. Savonule de ire Pourquoi ne pas continuer de dire favon de térébenthine ? Le nom de l'huile exprime aflez que c’eft une huile effentielle, Telles font les réflexions que je foumets au jugement du Public, qui eft le feu! juge dans cette matière. Ce Journal étant le dépôt de toutes les découvertes & de toutes les idées nouvelles, je continuerai d’y inférer avec la plus grande impartialité les différentes opinions en laiflant à chacun fon fentiment & fa nomenclature. ; Quelques Auteurs ont été fâchés de quelques notes que jai mifes à leurs Mémoires. Cependant je fuis bien éloigné de vouloir faire de la peine à qui que ce foit; mais il me paroît que c’eft une chofe permife à tout le monde, dès qu'on n’altère pas le texte & que la note eft honnète, Tous les traducteurs ne mettent-ils pas des notes ? M. de Morveau a enrichi fa traduction de Bergman de notes , ainfi que la traduétion des Œuvres de Schéele faite par Madame Picardet. M. de Diétrich en a mis également au Traité du Feu de Schéele. M. KirWan en a mis également à la traduction angloife des Ouvrages de Schéele, & ni Bergman ni Schéele ne l'ont trouvé mauvais. Si ces notes font permifes dans une traduction , elles font peut-être néceflaises dans un Journal. Les favans qui veulent bien nous envoyer des Mémoires traduits des langues étrangères ; y mettent aufh fouvent des notes intéreffantes, tel que l'a fait M, Champy dans l’excellent Mémoire de M, Lorgna fur le natron. { 286 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, EXTRAIT DUNESL'EDTR E D'Æ& M GRANT. E,; Avocat au Confeil-Supérieur &. Membre du Cercle des, Philadelphes du Cap-François., A M ROULA ND, Profeffeur & Démonftrateur de Phyfique expérimentale en l’Univerfité à de Paris, Contenant l’expolé d'un moyen. facile & peu difpendieux, de confiruire & établir des Paratonnerres , en outre des obfervations relatives à. la. produdion. de. l'éledricité dans les pays chauds. Mo NSIEUR > Il y a long-tems que jai eu. idée d’inftaller des paratonnerres qui réuniflent les avantages de porter fürement la, charge d'électricité à fa deftination , & d'être le moins difpendieux & le plus, facile à établir : voici. ma méthode. Je mefure à-peu-près l’efpace que doit parcourir mon conduéteur pour fe rendre à la rerre humide : je prends un peu plus que cette étendue, en fl de-fer d'environ une ligne & demie de groffleur, & comme un pareil fl pourroit bien ne,pas füpporter üne forte charge, j'en emploie deux enfemble. Je les plie féparément en paquet circulaire, je tords enfemble le bout de chacun, & je les fais fouder pour n’en faire qu'une pointe acérée ; je ferai volontiers, argenter ou dorer cetre pointe. Il faut avoir le foin de faire recuire le fil pour qu'il puifle facilement fe déplier ou fe développer en tournant le paquet. Voilà le paratonnerre ou le conduéteur qui très-certainement recevant la matière électrique , la tranfmettra immédiatement à. fa deftination. Le fil le plus gros ne fera que le meilleur ; il fuffic qu’il puifle fe dévider pour remplir l’efpace qu'il a à parcourir. Pour l'inftaller, ayant choifi le centre du bâtiment à préferver , & obfervé la hauteur ou l'éloignement des objets environnans qui peuvent foutirer aufl Le feu des nuages, j’avife au moyen toujours facile d’implan« SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 287 ter fur fe comble une perche, de force & de hauteur à ne pouvoir être ébranlée par les vents. Je la termine en pointe moule, & j’y pratique une raïnure qui puifle recevoir mon conducteur. Je fais en forte que ce fil-de-fer ou la pointe argentée excède la perche fans être ébranlée par les vents, & en déroulant ou dévidant autant de fil qu'il en faut pour la longueur de la perche, je le loge dans fa rainure; je l’y fxe avec de petits taquets ou autrement, & je place la perche. Enfuite , dévidant toujours mes deux fils, & de tems en rems les rordant lun fur l’autre, je les conduits le long des toits & des murs, en les arrêtant de diftance en diftance avec des chevilles où fiches , jufqu’à quatre ou cinq pieds des fondations, où creufant un trou de quelques pieds, enfuite une rigole horifontale à la même profondeur du trou , & chaffant loin des fondations jufqu’à dix ou douze pieds, où je fais creufer un autre trou plus profond , j’y loge l’autre bout des deux fils. Il feroit à propos de les enduire en entier En bon vernis gras, & de mettre quatre à cinq couches à la partie enfoncée en terre. Je ne penfe pas qu’on puifle placer de meilleurs paratonnerres & à meilleur marché & avec plus de facilité (1). Je fais qu'on place en France & par=tout des conducteurs le plus efficacement poflible, mais je fais aufli qu’on en place de fort mauvais ; que le défaut de connoiflances, tant dans les ouvriers que dans ceux qui les emploient , donne lieu à des défectuofires dont les moindres peuvent être très-dangereufes. Beaucoup de gens ont des connoiflances vagues en électricité; ils ont - chargé leur mémoire des mots conduéteurs , ifoloirs , ifolement , &c. ls ont vu des defcriprions de pararonnérres ifolés, ils ne penfent pas qu'on en puifle élever fans qu'il y ait de l’ifolement. Je me rappelle à cet égard qu'un raifonneur de cette clafle difoït en fomme à quelqu'un qui l’écoutoit avec extafe, que la vertu préfervative des conducteurs gifloit abfolument dans l’électricité du verre ou du corps réfineux qui ifoloit le conducteur à raifon de l’analogie de l'électricité avec la matière du tonnerre, Comme (1) Un fil de fer s’il n’eft pas un peu gros fera fondu par l’explofon de la foudre qui partiroit d’un nuage très-chargé. D'ailleurs , ce fil de fer fe rouillera prompte- ment, fur-tout [a portion qui fera en terre. 11 eft vrai que l’Auteur propofe de le vernir; mais ne feroit-il pas à craindre que ce vernis ne prive ce conduéteur de toute fa force > car il eft connu en Phyfique que les métaux ne conduifent que par leurs furfaces. Si celle du fil de fer eft enduite d’un vernis capable de Ja défendre de la rouille, il eft vraifemblable qu’il perdra toute ou prefque toute fa force cohdu&trice. On peut même craindre que les paratonnerres ordinaires, quoique beaucoup plus gros, deviennent avec le tems incapables de foutirer l’éle&tricité des nuages, favoir, lorfqu’ils feront trop rouillés. 11 feroïit peut-être nécellaire de dorer non-feulement l'extrémité füpérièure , mais encor toute leur furface. Il eft vrai que ceci féroit trop difpendieux. On pourroït donc le recouvrir d’un autre métal moïns précieux, où fubftituer des verges de cuivre à celles de fer. C’eft une obfervation quË je propofe à M. Geanty & à tous les Phyfciens. More de M, de La Mérherie, d 288 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; il y a par-tout de ces favans que le public prend l'habitude d’encenfer fans prendre la peine de les examiner, il n’eft pas étonnant qu'à propos d'électricité comme d’autres chofes utiles, l’on voie conftruire à grands frais de grands & mauvais appareils : & aflurément le public , roujours in- conféquent, ne manquera pas de profcrire une méthode merveilleufe pour fes effets, d’après une expérience dont le malheureux événement , dû à l'ignorance indocile d’uñ faux favant, eft aux yeux de l’homme un peu inftruic une preuve de plus de-l’efficacité de la méthode & de la folidité des principes fur lefquels elle eit fondée. J'ai entendu dire & répéter fouvent qu'en France on avoit été long- tems perfuadé qu'il n’y avoit pas d'électricité entre les tropiques ; il n'y a pas même plus d’un an ou dix-huit mois qu’on n'’affuroit ici qu'une Société favante à Paris avoit chargé quelqu'un qui venoit à Saint- Domingue d'y faire des expériences d'électricité pour qu'on füt à quoi s'en tenir, Quoi qu'il en foit, je fuis très-étonné qu’on n'ait pas eu quelque connoiflance en France que depuis fort long-tems il y a eu des machines électriques aux îles du vent & fous le vent, & qu'on y a toujours vu de l'électricité. Dès avant la doétrine de Franklin on a obfervé qu'eu Europe dans les grandes chaleurs de l'été il y a peu d'électricité ;xc'eft de ces obfervations fans doute que quelques Phyfciens ont pu conclure que fous la zone torride il n'y en avoit pas, ou ne devoit pas y en avoir ; cependant , comment peut-on imaginer qu'il eft un lieu, un point fur Le globe où il n'y a pas d'électricité ? Quoiquela chaleur foit ici (au Cap-François ) affez en proportion de . notre rapprochement de l'équateur , cependant nous n'avons jamais de ces jours où l'on n’apperçoive pas d'électricité fur les appareils. A Saint-Domingue, & il doir en être de même dans toures les îles un peu éloignées du continent , ou dans lefquelles les vents Les plus conftans viennent d'une certaine étendue de mer, l'air eft toujours humide jufqu’au point d’être un peu conducteur de l’éle&tricité , auffi nos appareils en produifent beaucoup moins qu'en Europe par les vents fud. Nous avons quelquefois au Cap abondance d'électricité, c’eft lorfque les vents règnent de la partie du fud-ouelt, parce qu’ils traverfent une aflez grande érendue de terres arides qui pompent l'humidité, & il femble qu'ils portent léleétricité par courans. Avec de bons appareils, on a ici de l'électricité toute l'année ; M. Verret, Ingénieur Hidraulicien , a une machine à plateau tout au plus de dix-huit pouces de diamètre qui donne des étincelles à trois pouces de diftance, quelquefois plus. Les plateaux que j'ai reçus de vous m'en donnent conftamment à quinze & dix - huit lignes ; je n'ai pas trop eu le tems de les monter de manière à en tirer tout le parti poffible , & je fuis sûr que ces plateaux en Europe donneroient prodigieufement par les vents de nord-eft, MÉMOIRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 289 MÉMOIRE BROSULR ASE RO VE IPRAANTP PART SAT OT R'E DE LA RESPIRATION DES POrssons : Par M. BROUSSONET. LA refpiration eft une de ces fonctions effentielles, un moyen d’exif tence dont la Nature a doué tous les êtres vivans ; on en retrouve des traces jufque dans les plantes; mais quoique fon but dans cette fonction importante foit par-tout le même, les moyens qu'elle a mis en œuvre pour le remplir font variés à l'infini. Parmi les différens ordres d’animeux, il en eft qui ne reçoivent que de l'air dans les organes de la refpiration, d’autres qui n’y font paller que de l’eau; & cette confidération offre les caractères d’une divifion très-fenfible dans le règne animal. La différence des organes de la circulation eft toujours en raifon de celle qu’on obferve dans ceux de la refpiration; l’une & l’autre de ces fonétions fubiflent en quelque forte , dans les différentes clafles d’ani- maux , une dégénération graduelle : ainfi dans les oifeaux les poumons font très-étendus , ils communiquent à plufieurs cavités particulières, & l'air pénètre dans l’intérieur des os. Le cœur eft divifé en deux ventricules, munis chacun d'une oreillette, & leur fang eft plus chaud que celui des quadrupèdes & des cétacées. Ceux-ci ont les poumons moins étendus, ces parties ne fe portent pas au-delà du thorax ; leur cœur, comme dans les premiers, eft divifé en deux ventricules & deux oreillettes, mais leur fang eft moins chaud; il left cependant beaucoup plus que celui des reptiles & des quadrupèdes ovipares , dont les poumons font membraneux, formés par des efpèces de veflies & garnis de fibres muf- culaires ; il n’y circule qu’une petite portion du fang , le refte pafle immé- diatement d’un ventricule à l’autre. Les infeétes préfentent enfuite des différences plus fenfbles ; leur cœur eft membraneux, à peine fufcep- tible de mouvement ; ils ont, au lieu de poumons, des vaifleaux par- ticuliers répandus dans différentes parties du corps; leur fang, fi on peut donner ce nom à la liqueur qui paroît en tenir lieu , n’a point acquis ce degré de couleur & de chaleur qui caractérife ce fluide dans les autres animaux. Ici le rapprochement devient fenfible avec Les mo. laffes, les coquillages aquatiques & les crabes, qui refpirent de l'eau comme les poiflons. Tome XXXI, Part, II, 1787, OCTOBRE, Oo 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les phyficiens modernes ont donné l'explication des phénomènes de la refpiration ; ils ont fait voir d'une manière très-lumineufe, comment l'air vital répandu dans l’atmofphère fe change en air fixe, en fe com- binant avec le principe phlogiftique , ou la bafe de l'air fourni par le fang. IL paroït que la refpiration s'exécute d’une manière analogue dans tous les animaux qui refpirent de l'eau, & particulièrement dans les poiflons ; mais avant d'entrer dans aucun détail, j'établirai les degrés de reflemblance qu'ont entr'eux les organes qui , dans les animaux de ces deux ordres, concourent également au même but, | Les organes de la refpiration dans tous les animaux qui ne refpirent que de l'air , font placés à l'intérieur : on ne fauroit les appercevoir fans déchirer les parties qui les environnent : les organes analogues à ceux ci dans les animaux qui ne refpirent que de l'eau, font au contraire prefque à découvert ; on peut les voir fans détruire aucune partie. Cette différence elt fur-tout remarquable dans quelques quadrupèdes ovipares, dont les organes de la refpiration font placés extérieurement dans le premier période de leur vie, où ils demeurent fous l’eau , & qui deftinés enfuite à vivre dans l'air , acquièrent des poumons fitués à l’intérieur, Une autre différence qui dépend de la précédente, eft que plus la refpiration eft parfaite dans les différentes claffes d'animaux , plus les organes en font cachés. Dans les oifeaux, en qui la refpiration s'exécute de la manière la plus parfaite, l’air eft porté dans les cavités de la plupart des os, & bien plus à l’intérieur par conféquent que dans les quadrupèdes dont les poumons font plus cachés que ceux des reptiles & des quadrupèdes ovipares qui n’ont point de diaphragme , ou qui n'en ont qu'un trèsmince. Les infeétes enfin , dans lefquels cette fonction dégénère encore, refpirent par un grand nombre d’ouvertures. Plufieurs caractères nous montrent que, parmi les animaux qui vi- vent dans l’eau , les poiffons refpirent d’une manière plus parfaire que les molafles & les coquillages aquatiques ; auffi les organes des premiers font-ils plus cachés que ceux de ces derniers qui les ont le plus fouvent à l'extérieur & entièrement à découvert : c’eft dans ces animaux que paroît s’évanouir totalement cette fonction, & pour ly reconnoitre il faut être guidé par l’analogie. Les poiflons préfentent , relativement à la conformation des organes de la refpiration , deux grandes divifons, dont l’une comprend les cartilagineux , &, l’autre les épineux. Les ouïes des premiers fonc foutenues {ur un arc cartilägineux, elles font plus mulripliées que dans les épineux , où ces parties font fupportées par des offelets recourbés, dont le nombre eft rarement‘au-deflous de quatre , & n'excède jamais ce nombre. Le cœur, dans les poiflons épineux, eft renfermé dans un péricarde : LE 4 2 # SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 291 qui forme une poche membraneule attachée poftérieurement au dia- phragme. Dans quelques efpèces , & particulièrement dans le loup marin , j'ai obfervé de petites fibres très-déliées, qui unifloient le cœur au péricarde, Lés poiffons cartilagineux n'ont point , à proprement parler, de péricarde ; du moins la membrane qui paroïîten tenir lieu n’eft point li- bre, elle revêt l’intérieur de la poitrine , & elle eft adhérente aux mufcles qui l'entourent. L'ufage du péricarde dans l’homme & dans les qua- drupèdes eft, fuivant les anatomifles , d'empêcher que le cœur ne s'attache aux poumons, & qu'il ne foit comprimé quand ceux-ci font remplis d’air, où qu'il ne fouffre lorfque les poumons font affectés ; il étoit néceflaire que -cet organe fût membraneux , d'un tiflu ferré &e capable de foutenir le vifcère qu'il renferme, Dans les poiflons au contraire , qui n'ont point ces accidens à craindre, le cœur , dans ceux dont la poitrine eft étroite & formée de parties aflez dures , eft renfermé dans un péricarde fimple, mince & prefque tranfparent : dans ceux au contraire dont la cavité thorachique eft plus confidérable, où ce vifcère ne fauroit être géné par aucune partie, la nature qui a toujours tra- vaillé fur le plan le plus économique , n'a point diftingué le péricarde de la plèvre ; une feule membrane qui tapifle l'intérieur de la poitrine, remplit les fonétions de lun & de l’autre. La forme du cœur offre de plus grandes variétés dans les différentes efpèces de poiffons, que dans celles des animaux à fang chaud. M. Vicg- d’Azyr a fait voir les plus remarquables de ces variétés, dans les mé moires où il a tracé le plan d’une anatomie complète des poiffons. En général, le cœur , dans les efpèces de certe clafle, ett proporrionnel- lemenr à leur corps, plus perit que celui des autres animaux. Dans les oifeaux , par exemple, cet organe eft huit ou neuf fois plus gros u'il ne l’eft dans les poiffons d'un égal volume. On fait que le cœur d'un homme pèle ordinairement dix onces, fi le poids total de fon corps eft de cent cinquante livres. Haller a trouvé que dans une carpe du poids de 4920 grains, le cœur ne peloit que 9 grains. Le poids du cœur de l'homme eft donc deux cents quarante-fept fois plus petit que le poids du corps, tandis que celui de la carpe left cinq cents quarante fix fois. Ce calcul qui vient à l'appui de notre aflertion , lui auroit été encore plus favorable fi l'expérience avoit eu lieu fur une carpe moins,petire; le cœur, dans tous les animaux , étant toujours plus gros proportionnellement au corps , lorfqu'ls font jeunes. Dans une carpe du poids de 10$72 grains, j'ai trouvé que le cœur pefoit 13 grains; elle éroit, comme on le-voit, deux fois aufli grofle que celle que Haller avoit pefée; auf le poids du cœur éroit-il contenu huit cents foixante-douze fois dans celui de fon corps. Dans plufieurs petits poiffons de la Seine, dont l’un pefoir 66 grains , laure 154, & le troilième 203, j'ai vu que le poids du cœur étoit renfermé cent Tome XXXI, Part, IL, 1787. OCTOBRE, Oo 2 É 592 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trente-deux fois dans le premier, cent cinquante-quatre dans le fecond ; & cent quatre-vingt-quatre dans le troifième : le cœur, dans le premier, pefoic un grain, dans le fecond un demi-grain , & un grain dans le rroifième ; ce qui prouve évidemment que plus I& poiflons font petits, plus leur cœur eft gros proportionnellement à leur volume. La férocité des animaux terreftres fuit la même gradation que le volume de leur cœur. Cette loi fe retrouve dans les poiffons, Les car- tilagineux , parmi lefquels on compte les chiens de mer, les requins, les raies, &c. qui furpaffent , par leur voracité, les autres poiffons, ont aufli lé cœur bien plus volumineux ; ce qui eft très-remarquable dans la baudroye, où cette voracité eft fi manifeftée par la grandeur de fa gueule & le nombre de fes dents, & dont le cœur eft très-gros en proportion du corps. Plufeurs obfervations m'ont confirmé dans cette opinion. J’ai pris un brochet que tout le monde fait être le mieux armé & le plus vorace des poiflens de rivière, comme aufñli un des plus agiles ; je me fuis procuré une tanche dont la gueule eft toujours très-petite, privée de dents, & qui fe tient prefque toujours dans la vafe. Le poids de ces deux individus s’eft trouvé par hafard le même ; il fe portoit pour chacun à 5232 grains; mais le cœur du brochet pefoit 6 grains, tardis que celui de la anche n’en pefoit que 4: ainfi dans le plus vorace de ces deux poiflons, Le poids du cœur étoit con- tenu 872 fois dans le poids total de fon corps, & il s’y trouvoit 1308 fois dans celui de la tanche. i J'ai obfervé que dans les poiffons dont les ouies étoient les plus grandes, le cœur étoit aufli le plus gros , toujours proportionnellemenc à la groffeur du corps: je m’en fuis afluré plus particulièrement fur Je hareng ; jen ai pefé un qui m'a donné 1992 grains pour poids total : fon cœur étoit de 3 grains qui équivaloient à la 664€ partie de fon corps. Un merlan, dont les ouïes font beaucoup moins étendues, & préfentent une ouverture aflez petite, m’a fourni un réfultat bien dif- férent ; fon corps pefoit 2004 grains, & fon cœur feulement 1 grain À ; ce vifcère n’étoit donc que la 1202." partie de fon corps, & étoit con- féquemment prefque moitié plus petit que celui du hareng, Les poiflons qui fe tiennent dans la vafe , qui font peu de mouve- mens, dont la chair eft plus molle, plus remplie de gluten , ont le cœur très-petit. Celui d’une limande , dont le corps entier pefoit 2844 grains, n'en pefoit que deux; ce qui fait voir que le poids de ce vifcère étoit contenu quatorze cents vingt-deux fois dans celui de fon corps. Non- feulement cet organe eft plus petit dans les poiflons de cette claffe que dans les autres, mais il eft encore moins irritable ; la quantité du fang eft aufli moindre dans ceux-ci. J’ai féparé en même-tems , du corps d'une anguille & de celui d'un brochet, le cœur qui ; dans le premier, a donné peu de fignes d'itritabilité lorfque je l’ai piqué; celui du bro- 1 SUR L'HIST. NATURELLE" ET LES ARTS... 293 chet au contraire en a donné beaucoup & long-tems après que fon corps ne manifeltoit plus aucun figne de vie : ce qui a eu lieu en fens con- traire dans l'anguille qui remuoit encore avec aflez de force , quoique fon cœur , que j'icritois avec la pointe du fcalpel, ne donnât plus la moindre marque d'irritabilité, La fituation du cœur dans les poiflons n’eft pas la même que dans l'homme , ce vifcère occupe dans lesspremiers le milieu de leur poi- trine. Comme fon ufage fe borne ici à tranfmertre le fang aux ouïes, & que ce fluide y eft porté par une feule artère, une pofñtion au moyen de laquelle il eft également éloigné des ouïes de chaque côté, eft fans doute la plus avanrageufe, Les oreillettes dans l'homme font fituées à la partie fupérieure du cœur ; dans les poiflons l'oreillette eft placée en fens contraire, la bafe du cœur touche le diaphragme & la pointe eft tournée vers la tête. Cette différence dépend fans doute de celle qu'on obferve dans le trajet que fuit le fang, dont la plus grande partie, dans les poiflons , eft rapportée au cœur des parties poflérieures du corps, tandis que dans l’homme une portion, confidérable eft renvoyée au cœur des parties fupérieures. L’oreilletre eff, fituée un peu fur la gauche; le fang lui eft fourni par un finus particulier ; formé.par la réunion de plufieurs veines. Ce finus eft beaucoup plus volumineux que l'oreillette : la communi- cation entre ces deux cavités eft fermée en partie par des valules. Quelques auteurs ont regardé ce finus comme une feconde oreillette ( a )3 il en a du moins l'apparence, .Duverney qui.le premier a .difféqué “ces parties avec foin, a détaillé Lalege de ce finus veineux qu'on re- trouve dans les reptiles & les quadrupèdés ovipares. Lefang elt pouflé de cette cavité dans l'oreillette, par la contraction, du diaphragme que j'ai toujours vu garni de fibres mufculaires dans un très-grand nombre d’efpèces. Il adhère comme dans l’homme au péricerde; fon ufage eft cependant ici bien différent, Les anatomiftes ont cru dans le premier cas, devoir attribuer cette adhéfion à la preflion continuelle du cœur fur le diaphragme , & que la fituation droite de l’homme rend nécef- faire. Leur fentiment étoit confirmé par l'obfervation" gontraire qui avoit été faite fur les quadrupèdes, où cette adhérence FA pas lieu, parce que, difent ces auteurs , le corps des quadrupèdes eft dans une fituation horizontale ; mais l’adhérence du péricarde au dia- phragme a lieu fur les poiflons , ce qui démontre l’infufifance de cette explication. 3 ay ? Les anatomiftes ont comparé avec raifon la feule oreillette & le feul ventricule qui conftituent le cœur des poiflons , à l'oreillette droite & au ventricule droit dans l’homme ; comme ceux-ci ils font deftinés à recevoir le fang des veines-caves : ils ont cependant rous donné le nom d'aorte ou d'aorte afcendante , à la fçale artère deftinée à porter LA. 2904 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le fang du cœur aux ouïes, qui fonc l'office de poumons dans ces animaux. Le nom d’artére pulmonaire étoit le feul qui dût être donné à ce vaifleau. La ftructure de ces organes eft entièrement analogue à celle des mêmes parties confidérées dans l'homme. Le ventricule du cœur des poiflons eft comme le ventricule droit dans l’homme, formé par des parois épaifles relativement à fon volume; & fa cavité ne s'étend pas tout-à-fait jufqu'#la pointe du cœur. L'oreillette droire dans l’homme eft, comme celle du cœur des poiflons , volumineufe relativement à la groffeur de ce vifcère, & le fang qu'elle contient eft également noirâtre. L’artère au fortir du ventricule ne fe recourbe pas comme l'aorte dans l’homme; fa direction eft droite & c’eft une ref- femblance qu'elle a avec l'artère pulmonaire de plus qu'avec l'aorte. Je crois donc, d'après fa ftruéture & fon ufage , pouvoir donner à ce vaifleau le nom d’artére branchiale , du mot latin Pranchiæ ( ouïes), bien perfuadé que celui d’aorte ne fauroit lui convenir. ; On voit à la bafe de l'artère branchiale, un renflement conique avec un étranglement à la partie inférieure. Ce renflement eft fortifié in- térieurement par des fibres longitudinales qui , en rapprochant par leur contraction l'artère de la bafe du''cœur , doïvent accélérer le mou- vement du fang. Quelques auteurs ont comparé cette cavité à l'o= reillete gauche dans l'homme (2); d'autres fe fonc contentés de lui donnér le nom d’orerllette artérielle (cc). Cæfalpin l'a même prife pour un troifième ventricule. Je me difpenferai de décrire le trajet de l'artère branchiale fur les ouïes # Meedham & Duverney n’ont rien laiflé à défirer fur cet objet. Je me bornerai à rappeller que cette arrère eft la feule, dans les poiffons, dont le battement foit fenfible; ce qui prouve bien que fe cœur eft la principale caufe de la pulfation des artères ; & qu’elle ne fauroit avoir lieu que dans les vaifleaux où le cours du fang eft dirigé d’un petit, vers un plus grand diamètre. La ftruéture des ouïes eft telle que les vaifleaux fanouins qui les parcourent, font, comme dans les poumons des quadrupèdes, un très- long trajet qe un très-petit efpace; mais elles offrent des différences très-remarquables dans diverfes efpèces de poiflons. Le genre de vie auquel la nature a deftiné ces animaux, eft la principale caufe de ces variétés qui ont plus rarement lieu dans les organes des divers quadru- èdes ou des oifeaux. Ne feroit-on pas en droit d'en conclure que plus une fonction eft parfaite dans une clafle quelconque, moins les organes qui l’exécutent préfentent de différences dans les diverfes efpèces qui la confituent. Les poiffons qui fe tiennent ordinairement dans la vafe & dans les endroits où l’eau eft rarement renouvelée, rels que les anouilles, ont les ouïes foutenues fur des arcs offeux courts; la cavité de leurs ouïes Ë SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 209$ eft fort grande, & elles peuvent conferver plus long-tems que les autres efpèces , l'eau dans leurs organes, On pourroit en quelque forte les com- parer aux geépgiles & aux quadrupèdes ovipares qui ont des poumons LAESE Denis de fibres, & rels que ces animaux paroiffent y tenir en réferve une certaine quantité d'air pour s'en fervir au befoin, Dans les efpèces au contraire qui fréquentent la haute mer, qui nagent tou- jours dans de grands fonds , & qui font deftinées à exécuter pendant de longues émigrations des mouvemens très-rapides , les ouïes font pofées fur des oflelets très grands, & leurs feuillets font très-alongés. Plufeurs font pourvus d'un organe particulier , deftiné |, comme les ouïes, à la refpiration, Cette partie, qui n’a été décrite par aucun auteur , peut être regardée comme une petite ouïe, & elle a rapport en quelque forte à un lobule des poumons ; elle eft diftincte des ouïes & firuée dans leur cavité de chaque côté, vers la bafe des opercules , & immédiatement après l'élévation que forment les orbites. Le plus fouvent elle décrit un arc ; fa longueur varie fuivant les différentes ef- èces : j'en ai vu de plus d'un pouce de long dans plufieurs efpèces de fparus & de perches de grandeur médiocre ; elle elt, ainfi que les ouïes, compofée de lames rangées en file , mais qui vont en décrciflant vers les deux extrémités. Ces lames ne font point ; comme dans les ouïes, placées deux à deux, mais fimples ; leur nombre varie fuivant les différentes elpèces de poiflons. Dans la limande , par exemple, j'en ai compté jufqu'à vingt & une; elles ne fonc jamais fixées fur un arc offeux; elles forment à leur bafe une efpèce de bourlet , & la mem- brane qui tapifle l'intérieur de la cavité les recouvre en partie. Les trois branches internes de chaque côté de l'artère branchiale, fe difri- buent aux trois ouïes internes fans fournir aucun rameau confidérable; la quatrième , qui eft la plus externe , donne maiflance vers fon ex- trémité à un rameau qui, -rétrogradant d'abord un peu , va f6indre fur le côté oppofé aux ouïes , la petite ouïe que je viens de déerire ; elle eft fur-tout très-apparente dans les poiflons dont Ærtedi a formé une clafle particulière fous la dénomination d’acanthoprerygiens | & qu'il a caractérifée par la préfence de quelques rayons épineux aux na- geoires. J'en ai fait mention fous le nom de p/eudobranchia , dans les defcriprions d’une efpèce de fole, de chæœtodon & de clupea que j'ai données dans la première décade de mon hiftoire générale des poiffons. Le canal par lequel les quadrupèdes & tous les animaux à fang chaud tranfmettent l'air dans les poumons , eft le même dans tous ; ce qui ne s'obferve pas dans les poiflons qui reçoivent l'eau dans les organes analogues par différentes ouvertures, Quelques-uns , tels que les lamproies, ont fur le haut de la tête une feule ouverture par la- quelle l’eau eft conduite aux-ouïes, Cette fructure étroit néceflaire à * $ J 4 “396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ces poiflons qui, fe fixant au moyen de la fuccion , aux pierres ou contre les gros poiflons , ne pourroient point en même-remps recevoir l'eau par la gueule, D'autres, comme les raies, ont à chaque côté de la tête une ouverture qui fert de pañlage à l'eau. Le plus grand nombre des poiflons reçoit cependant l’eau par la gueule, & elle fort par les ouïes. Pour s'en convaincre il fuffit d'examiner avec quelqu'attention Veau qu'ils refpirent; elle entraîne avec elle dans la gueule, les petits “corps qui furnagent dans ce fluide , tandis qu'ils font repouflés aux ouvertures des ouïes. Dans les cartilagineux , les organes de la refpiration, comme nous l'avons déjà dit, font beaucoup plus érendus que dans les autres poif- fons ; la plupart rejettent aufli l'eau par plufeurs ouvertures ; qui font au nombre de fept dans routes les efpèces de lamproies, & dans un .chien-de-mer que j'ai décrit fous le nom de P/uez dans les Mémoires de l’Académie 1780. Une autre poiflon de même genre, dont j'ai parlé fous la dénomination de gr2fer, dans le même mémoire, en a fix. Toutes les raies, & la plupart des chiens-de-mer en ont cinq; quelques-uns n'en ont que quatre, le quatrième eft alors divifé inté- rieurement en deux parties. Les chimeræ, les eflurgeons & la feuille n'en ont qu'une feule formant quelquefois plulieurs divifions. Fous les ? autres poiflons ne font pourvus que d'une feule ouverture ; mais fa forme varie fuivant l’économie animale de chaque efpèce. Ceux qui font deftinés à vivre dans des eaux peu profondes, qui ne s’éloignent jamais du rivage & qui font quelquefois enfevelis dans le fable , tels que l'ammodytes , *plufieurs efpèces de Sz/urus , & la plupart des 4x- guilliformes , ont cette ouverture petite, formant une efpèce de canal environné de membranes épaifles. Les poiffons-coffres vivent rrès-près du bord de la mer qui, en fe retirant, les laïfle fouvent dans des lieux où ilÿ a une très-petice quantité d’eau que le foleil fait bientôt éva- porer; ils ont aufli les ouvertures de la gueule & des ouïes très-petites, leur corps eft de plus recouvert d’une écaille dure & d’une feule pièce. Les poifJons bourfes , les vieilles de mer qui en s'enflant reftent prefque toujours à la furface de l’eau, ont ces mêmes ouverture$ très-étroires, Les poiflons qui font forcés d’exécuter de grands mouvemens, ont Îes ouïes les plus étendues, Leur gueule & l'ouverture des ouïes font très- larges ; ils reçoivent une grande quantité d’eau & la renouvellent pius fouvent que les autress ils meurent prefqu'auflitôt qu'ils font hors de l’eau , tandis que-les carpes, les anguilles, &c. qui ont ces ouvertures plus petites, vivent affez long-tems dans l'air. Oh pourroit en quelque forte comparer les premiers aux oifeaux de haut vol, dont la plupart des os font pénétrés par l'air : le Aareng, les'alofes, le brochet, &c. doivent être compris dans la première divifion. Dans les animaux qui refpirent de l'air, il n’y a qu'une feule ouver: ture ee © t) SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 297 tare par où cet élément et reçu & eft rejeté. Dans les poiflons, comme nous venons de lobferver , l'eau. entre par une ouverture & fort par une iflue différente. Le mécanifme au moyen duquel cette opération s'exécute, eft auf bien différent de celui qui fert à la fonction ana- logue à celle-ci dans les quadrupèdes ; les opercules fervent de parois à la cavité qui renferme les ouïes , & font l’office des côtes ; leur mou- vement eft femblable à celui de ces parties dans l’homme & les qua drupèdes. Quand le poiflon veut prendre de l’eau, la mâchoire infé- rieure S'abaifle, & les deux os qui la compofent étant joints anté- rieurement par des ligamens, elle eft en même-tems dilatée, Les os de la mâchoire fupérieure font portés. par leur extrémité poftérieure en eu-bas; & comme ils fe trouvent articulés avec les os latéraux de la tête qui forment la bafe des opercules, ils font exécuter à ceux - ci un mouvement de bafcule qui porte leur angle antérieur un peu en-dedans & en en-bas , tandis que la mâchoire inférieure les porte en-dehors & en en-haut. Par ces mouvemens combinés, chaque fois que le poiflon ouvre la gueule, les opercules s’écartent par leur bord, du corps de l'animal, & laiflent échapper l'eau qui étoit contenue dans la cavité des ouïes; leur mouvement eft exactement le même que celui des côres dans la. refpiration. Dans le même inftant où l'animal ferme la gueule, le bord des opercules eft ramené fur le corps; la membrane des ouïes qui le borde en ferme exactement les ouvertures, & l’eau qui éroit entrée dans les cavités lors de la dilatation de toutes les parties, eft pour ainf dire, preflée contre les feuillets des ouïes qui fe fonc rap- prochées au même moment; & c’eft alors que la fonction de la ref- piration eft entièrement remplie. Les poiflons ne la parachèvent donc que dans l'expiration. N'eft-on pas en droit de conclure avec Duverney, guidé par l’analogie , que les animaux qui refpirent de l’air ne donnent point Le principe phlogiftique de leur fang à cer élément dans le mo- ment de linfpiration, mais feulement lorfque le thorax s’affaifle, que les poumons tendent à chafler l'élément qu'ils contiennent, & que toutes les parties , en fe rapprochant, forcent l'air à s'unir plus inti- mément avec les fluides qu'elles charient. Les poiffons ont des infpirations plus fréquentes que les animaux ui vivent dans l'air, parce que le principe qui doit être extrait de l'eau par leurs organes, eft répandu bien moins abondamment dans ce dernier fluide que dans l'air, & qu'il eft plus difficile de le féparer de l’un que de l'autre. L’ufage de la #embrane des ouïes paroït fe borner à fermer exac- tement l'ouverture des ouïes, & à augmenter dans certaineslefpèces leur cavité ; cette membrane manque dans un grand nombre de poiflons” comme je l'ai déjà obfervé : les ouvertures des ouïes font alors très- étroites. Tome XXXT, Part, II, 1787. OCTOBRE, Pp 298 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dans quelques-uns où cette ouverture fe trouve très-petite, la mem- brane des ouïes n’ett foutenue que par un feul rayon , qu'on pourroic mème regarder comme une iame des opercules. Les efpèces du genre des Mormyrus en fourniffent un exemple; quelques autres ont l’ou- vérture des ouïes très-étroites , mais formant une efpèce de canal, comme on le voir dans les poiffons du genre des murænes & de callyonimus ; dans ces efpèces la membrane ne paroît pas diftinéte des opercules, & les oflelecs qui la foutiennent peuvent être aifément comparés aux côtes dans l'homme & les quadrupèdes. Dans les poiflons enfin dont l’ou- verture des ouïes eft très-confidérable , il étoit néceflaire que la mem- brane füt raffermie par un grand nombre d'offelets ; & C’eft aufli ce qu'on obferve dans toutes les efpèces de hrochets, de faumons, & fur l’élops qui a trente-quatre offelets de chaque côté. Lorfque le fang a paflé au travers des ouïes,, il entre dans des vaifleaux dont le diamètre va en augmentant, dont les parois font moins épaifles que celles de l’artère branchiale , qui ont, en un mot, tous les caractères des veines, & qui doivent en tout être comparés aux veines pulmonaires dans l’homme & les quadrupèdes; elles ne portent cependant pas le fang à un ventricule, mais elles forment par leur réunion un gros vaifleau qui a routes les qualités des artères. Ce vaifleau a été connu des anatomiftes , fous le nom d'aorre defcendante ; je crois devoir feulement lui donner çelui d’avrte , ayant déjà fait voir que les poiffons n’avoient point d’aorte afcendante, Le fang eft diftribué dans tout le corps par l'aorte ; le cours de ce fluide n’eft point retardé comme dans l’homme , par un grand nombre de plis ou d’angles formés par les vaiffeaux fanguins , & qui font déterminés par la conformation des vifcères & des extrémités : il n’a donc pas beloin d’être pouffé dans les artères des poiflons avec autant de force que dans celles de l’homme. Il eft aifé , d’après cette confidération , de rendre raifon de la direction que fuivent les veines pulmonaires ; quant aux artères , elles décrivent une ligne droite, & le fang y circule avec moins de rapidité que dans les vaifleaux des animaux à fang chaud, Leuwenhoeck a obfervé que le fang d’une anguille ne parcouroit à-peu- près que l’efpace de cinq pouces dans une minute; & je me fuis afluré par un grand nombre d'expériences faites fur des poiflons du genre des carpes , que leur cœur battoit dans le même efpace de tems, trente-cinq fois, quelquefois trente-fix, & même trente-huir, rarement quarante. Left très-orobable que le fans , en paffant à travers les ouïes, s'y dépouille, comme dans les quadrupèdes à travers les poumons, du principé phlo- giftique, dont il eft furchargé; mais je laifle aux chimiftes à nous éclairer fur la Manière dont l’air déphlogiftiqué ani à l’eau, & qui en eft peut- être une partie Conftituante, abforbe ce principe: je me bornerai à rapprocher quelques obfervations qui peuvent éclaircir la théorie des phénomènes de la refpiration, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2ç9 Les poiffons ont , proporrionnellement à leur volume, moins de fang que les quadrupèdes ; ce qui s'accorde parfaitement avec la manière imparfaite dont le mécanifme de la refpiration s'exécute dans les premiers; plufieurs anguilles ont à peine fourni quelques onces de fang , fuivanc Menghinus ; & l'on trouve dansles Commentarii Bonontenfes, qu'on n’en a retiré qu'une feule once de cent de ces poiflons. La quantité du fang dans les animaux, eft toujours en raifon de la perfection de leur refpiration; cette obfervation peut être faite non- feulement fur les grandes clafles, mais encore fur les efpèces des poiffons qui offrent , relativement aux organes de la refpiration, bien plus de variétés que les animaux qui vivent dans l'air. Ainfi les cartilagineux qui ont ces organes les plus étendus, ont aufli plus de fang qu'aucun autre poiffon ; de même le brochet, dont les organes de la refpiration font plus complets, pour ainfi dire , que ceux de la carpe, a plus de fang que celle-ci qui, refpirant d’une manière plus parfaite que l'anguille , a aufK plus de fang que certe dernière. Les poiffons ne peuvent fupporter dans l'eau un degré de chaleur égal à celui que les quadrupèdes fupportent dans l'air ; la différence eft même à cet égard très-confidérable , puifque ceux-ci ne paroiïffent fouffrir en aucune manière dans une atmofphère dont lagchaleur tranfmife à l'eau, feroit infailliblement périr les poiflons qu'on y plongeroit. L'homme eft fufceptible aufli de fupporter fans inconvénient une chaleur très-confidérable. Plufeurs favans anglois, placés pendant quelque tems dans une atmofphère où le thermomètre fe foutenoit au 109me degré, ne pou- voient pas dans le même moment tenir leurs mains dans de l’eau donc la chaleur n'étoit que de $7 degrés, & qui auroit fufñ fans doute pour détruire Porganifation des poiflons, IL exifte cependant quelques obfer- vations fur des poiffons trouvés vivans dans des eaux affez chaudes, Les anciens avoient remarqué cette fingularité; Ælien parle d'un lac de Lybie , dont l'eau eft très-chaude, & où l'on trouve des poiflons qui meurent fi on les tranfporte dans une eau moins chaude. On trouve des obfervations femblables dans Saint Auguflin & Cardanus. Shaw , dans fon voyage en Barbarie, parle de quelques fources thermales dans lefquelles "il avoit trouvé plufieurs poiflons du genre des perches. Tout récemment, M. des Fontaines, de l’Académie des Sciences, a fait la même obferva- tion aux environs de Cafza. Le thermomètte de Réaumur, qu'il y a plongé, eft monté au 30m€ degré: je ne doute point que l’obfervation d’Ælien n'ait eu lieu dans ces mêmes fources. On trouve dans l’hiftoire des eaux minérales de Lucas, des obfervations fur des carpes vivantes trouvées dans une eau thermale dont la chaleur égaloir celle du fang de l’homme. V’alifnieri dit aufli avoir vu des poiffons vivans dans des eaux thermales; Conringius fait mention du même phénomène. Ander/on Tome XXXI, Part. IT, 1787, OCTOBRE, Ppra 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rapporte,un fait femblable dont il a été témoin en Iflande, Je ne citérai pas fur cer objet un plus grand nombre d'autorités, parce que prefqu’aucun de ces auteurs n'a déterminé exactement le degré de chaleur des eaux donc ils font mention. Parmi toutes les obfervations rapportées fur ce phéno- mène , celle qu'a faire M. Sonnerat eft aflurément Ja plus furprenante , puifqu'il dit avoir trouvé à Manille des poiffons dans une eau qui faifoit monter le thermomètre de Réaumur jufqu'au 69®€ deoré, Mes expériences m'ont fourni de bien moindres réfultats. MufJembroeck avoit déjà écrit que les poiflons périfloient au 111®€ degré du thermomètre de‘Farenheit; il a vu même une perche très-visoureufe mourir en trois minutes, dans une eau au 96€ degré; il ajoute que ces animaux vivoient très-bien au 72%. Il eft très-difcile de déterminer poftivement les divers degrés de chaleur que chaque efpèce peut fupporter ; ils different non-feulement fuivant la faifon, mais encore fuivant la forme des organes de la refpiration. Le 20 juin 1784, j'ai mis deux épinoches dans un grand vafe plein d’eau dont la température étoit de 14 degrés; je l'ai fait chauffer-gra- duellement, & au bout de deux heures & demie, le thermomètre eft monté au 48€ degré: ces poiflons fe font alors beaucoup agités ; ils étoient fur le point de mowrir , lorfque je les ai retirés pour les jeter dans de l’eau fraîche, où ils ER revenus à la vie au bout de quelques minutes, Le 10 novembre 1784, j'ai mis dans un vaiffeau contenant une voie d’eau, une carpe , des ablettes, des goujons , & quelques poiflons de la famille des perches : l’eau avoit été prife dans la Seine; le thermomètre y marquoit cinq degrés ; le fond du vaifleau étoir recouvert de fable. A midi 25 minutes , le thermomètre étoir à 6 degrés 1; à 30 minutes, à 8 degrés, &c. Je joins ici la table de mon expérience qui a duré jufqu'à 4 heures 4$ minutes ; j'ai eu foin de marquer le degré de chaleur de ÿ en $ minutes; j'ai verfé de tems en tems de l’eau fraîche en petite quantité, Au 12e deoré, les plus ipetits poiflons ont commencé à monter à la furface de l’eau, ils s’agitoient déjà beaucoup & donnoient des fignes de mal-aife : l'eau de la Seine eft cependant bien plus chaude dans l'été. Au 21e degré, les plus petits (les ablettes) ont perdu leur équilibre & éroient déjà prefque morts ; au 22€ les perches furnageoienc fans mouvement & le corps renverfé , les goujons qui éroient un peu plus gros, n'ont paru manifeflement foufrir qu’au 23° degré ; cepen- dant la carpe ne sagitoit encore prefque point, fa refpiration étoic feulement plus fréquente. Au 28m degré où j'ai tenu l’eau pendant 1$ minutes , la carpe a commencé à donner des fignes de mal-aife & a perdu l'équilibre ;elle a enfuite paru morte ou du moins afphixiée ; l'ayant retirée pour la mettre dans de l’eau fraîche, elle n’eft revenue qu'au bout d’un aflez long efpace de rems : j'ai employé quatre heures M: SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 301 & demie à amener l’eau au 28€ degré, Je fuis bien perfuadé qu'avec certaines précautions on parviendroit à faire vivre des poiffons dans une eau échauffée au-delà de 28 degrés; mais je doute qu'ils vécuffenc fi elle l'éoit feulement jufqu'au 40". Je me propofe de fuivre ces expériences & de les varier de différentes manières, * En fuppofant que les poiflons , ainfi que j'ai lieu de le préfumer d’après les expériences dont je viens de rendre compte , ne puiflent pas fupporter wne eau échauffée au-delà de 30 degrés; en fe rappel@nt en même-tems qu'il leur eft impofñfible de vivre dans une eau dont la température feroit quelques degrés au-deflous de zéro, il s’enfuivroit que ces animaux ne ourroient fe foutenir que dans une échelle tout au plus de 30 deorés, échelle qui, comparée avec celles que peuvent parcourir les animaux à fang chaud , paroîtra fans doute très-courte ; elle fera cependant toujours en raifon de la chaleur vitale, qui dans les poiflons eft même au-deffous de celle des reptiles & des quadrupèdes ovipares. Martine a obfervé fur plufieurs poiflons d’eau falée, que la chaleur du fang n’excédoit pas de plus d’un degré celle de l’eau où ils éroient plongés. La même expérience répétée fur une truite & fur d’autres poiflons de rivière, lui a donné le même rélultat. M. Jean Hunter a vu le thermomètre de Fahz , introduit dans l’eftomac d’une carpe, monter du 6$° degré +, terme de .rempé- rature de l’eau, au 69° degré, c’eft-à-dire, 3 degrés + de plus ; mais il faut obferver que le poiflon étoit alors hors de l’eau , circonftance bien effentielle , & qui doit influer beaucoup fur le réfulrat de l'expérience. J'ai plongé dans le corps de plufeurs petits poiflons de la Seine , que je tenois dans l'eau pendant l'expérience, un thermomètre qui n’eft jamais monté plus de + de degré au-deffus de la température de l’eau ; l’augmen- tation n’étoit même quelquefois que d’un + René ; particulièrement dans ceux qui éroient malades, Une anguille aflez grofle, mais foible, n’a fait monter la liqueur que de + de degré. Les carpes ont donné conftam- ment un degré d'excédent de chaleur ; quelques-unes un degré :: en général la chaleur des poiffons ef très-peu confidérable, & je crois qu'on peut révoquer! en doute l’obfervation d'Olafsen, qui préreñd avoir remarqué une chaleur fenfible dans le fang d’une efpèce de chien-de-mer (le glauque ). Les poiffons font une grande déperdition de chaleur animale , l'eau leur en foutire continuellement une grande quantité , la portion de ce fluide qui les environne immédiatement, eft aufi plus chaude :que par- tout ailleurs, On a obfervé-qu'une carpe plongée dans un mêlange qui fe geloit très-promptement ;-confervoit aurour delle une certaine quantité d’eau fluide, quoique le refte du liquide fit totalement gelé. On ne fauroit rapporter qu’à la refpiration le développement de la chaleur des poiflons. Les phénomènes d’après lefquels MM. Lavoifier & de la Place ont expliquéWla production de la chaleur dans les animaux 30> OBSER/ATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui vivent dans l'air, s'obfervent aufli dans les poiflons , mais ils font bien. moins: fenfbles : les différences de la chaleur entre les animaux qui refpirent de l'air & ceux qui refpirent de l’eau, font fur-tout remarquables, en comparant les poiflons avec les céracées , qui ont d'ailleurs tant de rapport avec ces animaux, que tous les Naruraliftes avant M. Briflon , les avoient rangés dans la même-clafle. Les uns & les autres habicent le même élément ; cependant ceux;quisont des ouïes & refpirent de l’eau, n'ont qu'un degré ou-un degré &:demi de chaleur de plus que l’eau ; les cétacées au contraire qui refpirent de l'air , ont le fang aulli chaud que celui de l’homme, J'ai plongé le thermomètre dans le corps d’ün marfouin,, à travers une bleflure qu'il venoit de recevoir à côté du cou, & qui rendoit beaucoup de fang; 1l étoic déjà mort, cependant le ther- momètre-münta jufqu'au 28° degré +, & fe foutint au 28° desré, lorfque je le plaçai: dans les parties de là génération. La rempérature de l’atmof- hére étoir ce jour-là de 14 degrés , % celle de l'eau de la mer près du Éord ; de 13 À, Les poiflons n’éprouvent point dans l’eau d’aufi grandes variations de froid! ou de chaleur que les quadrupèdes dans l'air. La température de l’eau, à une certaine profondeur ;: paroît être prefque toujours la même, -ce qui eft prouvé, quant:à celle de la mer, par les expériences du Comte de Marfili, & plus récemment de M. de Sauflure. Celle des rivières , quand la furface eft gelée, eft dans le milieu , quelques degrés au-deflus de zéro. Dans les grandes chaleurs, la température de l'eau eft toujours au-deflous. de celle: de l'air. Cependant il: paroît que ces animaux font plus affectés par un grand degré de chaleur que de: froid, Les poiffons font cependant affectés par les variations de l'armofphère + on fait que dès que le temps efb à la pluie, ils remontent à la fur- face. Ce fait n’avoit point échappé à Bacon, il le citoit comme une preuve de la grande influence de l'air fur les animaux qui vivent dans l'eau, Ne feroitil pas plus fimple d'attribuer ce phénomène au tems qui détérmine alors la chûte des infectes que les poiffons viennent prendre à.la furface de: l'eau? ce qui elt d’autant plus vraifemblable, que c'eft prefque la nourriture de tous les poiflons de rivière. : C'eft aux grandes variations de l’atmofphère qu’on doit attribuer l'é- migration de cette quantité prodigieufe de harengs que le froid force chaque année à chercher des mers plus tempérées que celles du pôle; mais nous n'avons -malheureufement encore prefque aucune obfervation fur ces voyages périodiques, Ees poiflons deftinés à ne jamais s'éloigner des bords, fentent aufli le refroïdiflement de l'air, & pour s’en ga- rantir ils s'enfouiffent dans la vafe, où la plupart d’entr'eux refte dans un état d'engourdiflement, femblable à celui qu'éprouvent pendant l'hiver les ours, les loirs , les marmottes, &@ Les anciens ont parlé . SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS. 303 de ce fommeil périodique ; les: modernes n’ont point : fait d'obferva- tions relatives à ce phénomène, qui mérite cependant une attention particulière. Il eft aifé de reconnoître'les poiflons de cet ordre ,.-à leur corps qui eft alongé, à l’abfence des nageoires ventrales , & aux mouvemens d'ondulation qu'ils font obligés d'exécuter pour fe foutenir dans l’eau. l jui Je ne regarde pas comme un engourdiffement , proprement dit, celui’ que plufieurs auteurs ont prétendu avoir obfervé fur des poiffons entièrement gelés & rappelés enfuite à la vie. Peut-être fe font-ils fondés fur ce qui arrive quelquefois à plufieurs parties des animaux à fang chaud , lefquellés reprennent vié après avoir été gelées ; mais il faur obferver que leur fang eft bien plus chaud, & qu'il eft pouffé avec plus de force dans ceux-ci que dans les poiflons. Quoi qu'il en foic,.M.J, Huñter qui a tenté la même expérience für ces derniers ; ne l’a jamais vu réuffir ; les poiflons ; dont il a’ faic geler la queue, n’ont jamais pu recouvrer l'ufage de cette partie. L'eau affecte d'un plus grand nombre de manières les organes de la tefpiration des poiflons, que l'air n'agit fur ceux des animaux à fang chaud. Plüfeurs individus, après avoir refpiré pendant quelque :tems dans une certaine quantité d'eau ; la dénaturent au point qu’elle n’eft plus propre à la refpiration , comme les'animaux à fang chaud. déna- turent l'air, lorfqu’ils font raflemblés dans le même endroit. L'eau tient en diflolution un plus grand nombre de fubftances que l'air, & parmi ces fubftances , il s’en trouve beaucoup qui deviennent nuifibles aux poiflons; leur vertu délétère agit le plüs fouvent dans ces animaux, fur les organes de la refpiration; ce‘qui a plus rarement lieu dans les animaux qui vivent dans l'air. La nature a Cependant doué des poiflons d'une force affez grande pour réfifter à quelques-uns des charigemens que l'eau peur éprouver ; ils paflent, par exemple, libremént des eaux falées dans les eaux douces, ou de celles-ci dans les eaux falées. On fait com- bien eft grand le nombre des faumons, dés alofes ; dès lamproies , &c. qui abandonnent chaque ‘année la mer pour remonter les rivières; les carpés au contraire quittent fouvent les rivières pour gagner les eaux de la mer. Si l’on fait attention à la différence qu'il doit y avoir pour un poiflon, de refpirer de l’eau douce ou de l’eau falée , on aura une idée de la force dont nous avons dit qu'ils étoient doués pour réfifter aux chan- gemens que l’eau-peut éprouver% force qui , dans cette circonftance, eft au-deffus de celle qu’on obferve dans les autres animaux qui ne fuppor- teroient pas un changement auffi grand & aufli fubit dans l'air. Ceci peut fervir à rendre raifon de l’organifation moins parfaite que préfentent les parties deftinées à la refpiration des poiffons ; ftructure qui les met à l’abri de la rrop grande influence que les dégénérations multipliées de ce fluide auroient fur leurs organes. 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Les poiffons que j'ai mis dans de l'eau diftillée y ont vécu; ils.ont à la vérité donné d’abord des fignes de mal-aife, mais après avoir nagé quelque terms, ils n’ont plus paru fouffrir. Ils avoienc probablement déterminé ÿ par leur mouvement , l'eau à s'unir à la ‘portion d’air néceflaire, à la refpiration, Cependant un. petit poiflon enfermé dans un flacon bouché, qui contenoit une pinte d'eau diftillée , y a vécu plus de trente heures. Le firop de violette, verfé én petite quantité fur de l’éau diftillée où étoienc des poiflons vivans, n’a donné, d'abord aucun figne de change- ment de couleur ; il a feulement un peu verdi dans la fuite, ce qui peut être attribué à la partie alkalefcente de la mucofté dont le corps des oiflons eft enduit, & qui fe mêle toujours à l’eau : ils y ont très-bien vécu. Une goutte d'acide arfenical jetée dans une affez grande quantité d’eau , où j'avois mis un poiflon vigoureux , a fufñ pour le faire mourir dans le moment. Sa gueule étoit fermée , & les, opercules des ouïes ramenées {ur le corps. Un autre poiflon a vécu fix minutes dans du fuc de citron ; les ouvertures des ouïes étoient fermées quand. il eft mort. L'eau légèrement acidulée au moyen de l'air fixe, a fait mourir dans quelques minutes un poiflon vigoureux; fa gueule & l'ouverture de fes ouïes étoient très-béantes, Ceux que j'ai plongés dans de l'eau de chaux, ont, au bout de quelques minutes, rejeté par les ouvertures des ouïes, une fanie affez abondante ; ils ont donné quelques fignes de vie après cette évacuation , & font morts bientôt après. On fair, que la chaux eft employée à prendre les poiflons dans les érangs, & les anguilles dans les ruiffeaux où il y a peu d’eau, & où il fufñc de jerer quelques pierres de chaux pour les faire mourir. Les pêcheurs emploient plufeurs autres moyens analogues pour prendre , s’il eft permis de s'exprimer ainf, les poiflons par la refpiration. Dans les Indes, on emploie à cet ufage le fuc de plufieurs plantes. Dans nos provinces méridionales on fe fert, pour le même objet, du fuc d’une efpèce de thytimale (euphorbia characias L.) qui croît abondamment dans les lieux incultes ; on en coupe les tiges en pluleurs morceaux, qu’il fuit de jeter {ur l’eau pour faire mourir un grand nombre de poiflons, On faic que ce fuc laireux peut être répandu fur une grande furface, 4 à MÉMOIRE 2 SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 3o$ MÉMOIRE En reponfe a celui que M. PROZET , Maître en Pharmacie , Intendant du Jardin des Plantes de la Societé Royale s de Phylique , d'Hiftoire-Naturelle & des Arts d'Orléans , a fait infèrer dans le Journal de PhyJique du mois d’ Août 1787, où 1l examine quelles font les caufès qui ont mérité au Sucre raffiné à Orleans la préférence fur celui des autres Raffineries du Royaume ; Par M. BoucHERIE, Raffineur à Bercy , prés Paris, SE: comme le dit M. Prozet , les erreurs qui naiflent déjugés ; font celles dont on fe dépouile difficilement , & qui nuifenc le plus au progrès des arts, il en eft d’autres qui ne font guère moins dangereufes; ce font celles qui réfultent des affertions d’un homme de mérite en état d'approfondir Le fujet qu’il traite, mais qui par une de cesmépligences qui n'ont lieu que trop fouvent, ne commence point par N faits qu'il établit comme principes. M. Prozet revêtu de titres qui annoncent de grandes lumières, réunit tout ce qu'il faut pour nuire lorfqu’il fe trompe ; mais fi fes connoiffances peuvent être dangereufes à cer égard, elles fervent à me raflurer lorfque j’ehtreprends de le réfuter. Le titre du Mémoire auquel je réponds fait le procès à toutes les raMineries du Royaume, en faveur de celles d'Orléans; j'ignore quel a été le but de fon auteur en le publiant. Mais on conviendra fans peine qu'un jugement auffi tranchant que le fien, devoic être précédé de l'examen des raffineries contre lefquelles il prononce , de la comparaifon des divers procédés qui y font employés, de la connoïiflance exacte des raifons locales qui peuvent déterminer des manipulations particulières ; enfin , de l'étude de l’art en lui-même pour ne point s'égarer en décidant la queftion. M, Prozet ne me paroîg pas avoir pris toutes ces précautions ; mais comme ce n’eft point fon jugement que je veux difcuter', mais feulement les principes qu'il avance, j'abandonne volontiers une queftion qui n’eft d'aucun intérêt dans un Journal de Phyfique. æ Le fuc de la canne appelée vefou , demeureroit toujours dans l’étac » firupeux (fuivant M. Prozet) fi l’art ne venoit au fecours de la nature, » pour débarraffer le fel fucré des matières hétérogènes qui s’oppofent 2 à la criftallifarion du fucre ». Avart de parler du fuc de la canne, M. Prozet auroit dû, finon Tome XXXT, Part, II, 1787. OCTOBRE, Qq 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; l'examiner, au moins prendre des informations de ceux qui le con= noiflent ; il auroit appris que loin de « refter toujours dans l’érat firupeux » le vefou expofé à l'air perd par l’évaporation l'eau qui tient le fucre en diflolution , & que ce {el criftallife en totalité fans laifler de réfidu ou d'eau-mère ; cela a lieu toutes les fois que le vefou eft étendu en fur- face (1) , de manière à ce que l’évaporation puifle fe faire facilement ; le vefou abandonné à la nature donne donc du fucre fans le fecours de l’art, & l'état de déliquefcence ne lui eft point naturel. l « M. Prozet s’appuie du fentiment du célèbre Bergman pour attribuer > Pétat de déliquefcence « dans lequel le vefou eft toujours (fuivant lui } > à la préfence d’une certaine quantité d'acide propre du fucre qui eft > furabondant & libre ». 1 Je l'ai déjà remarqué, les erreurs des grands hommes font infiniment nuifibles ; ici M. Prozet a été féduit par le témoignage d’un des plus fameux Chimiftes modernes , l'illuftre Bergman a trop contribué à l'avancement de la fcience, pour qu’on puifle lui reprocher une méprife dans laquelle il n’eft tombé que parce qu’il étoit peu à portée de prendre des renfeignemens für la nature du velou; il eft à croire que l'emploi qu'on fait des alkalis dans les fucreries en Amérique l’a porté à fuppofer l'exiftence d’un acide en excès dans le fac de la canne: quoi qu'il en oir, il eft de fait Eu contient point. J'ai démontré cette vériré en 1782 à feu M. Macquer & à M. d'Arcer ; ces'deux célèbres Chimiftes devant: lefquels je fis exprimer des cannes parfaitement fraîches , reconnurent que le vefou ne manifefte ni au goût ni par l’aétion des réactifs la préfence d'aucun acide (2). IL eft donc certain que l’ufage qu'on faïe des leffives alkalines dans les fucreries n’a point pour but de faturer un acide en liberté ; l’objet pour lequel on les emploie eft la défécation du fuc de la canne; leur utilité eft généralement reconnue jufqu'ici ; mais on re peut fe diffimuler qu’elles font en même-tems très-nuifibles, & que c’eft-là un de ces moyens dont on fe fert, parce qu’on n’en connoîr point de meilleur, J'en ai propofé un autre dans un Mémoire que je lus à l’Académie Royale des Sciences le $ feptembre de l’année dernière; c’elt celui au moyen duquel je fuis parvenu à rendre toutes les melafles criftallifables : il-a produit le même effec en Amérique fur cette forte de firop; mais fi les expériences qui me font connues relativement au vefou me donnent un efpoir de fuccès, je dois convenir qu’il n’eft point encore démontré : les travaux de mon (1) Dans le cas contraire, c’eft-à- dire, s’il y a de la malle & peu de füurface,, il prend un mouvement de fermentation qui en fait du vin en peu de tems. (2) Les obfervations faites par mon frère à la Martinique , & celles de M. Dutrône- la-Coûture , aflocié à nos travaux für le fuc de Ja canne, & qui eft allé établir gotre procédé à Saint-Domingue, confirment abfolument cette vérité, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 frère qui s'en occupe avec zèle, avanceront peut-être l’art à cet égard ; quel que foit le fruic de fes foins ;-il eft certain que celui qui procurera aux habirans fucriers le moyen de fe pafler de chaux & d’alkalis leur rendra un fervice important. Mais fi M, Prozer s'eft trompé relativement au fuc de la canne, comment a-t-il pu donner Mans la mème erreur pour le fucre brut qui étoit fous fa main & qu'il ne tenoit qu'à lui d'examiner ? Commence a-t-il pu avancer « qu'il contient de l'acide faccharin non combiné » ? Le fucre brut ne contient point d'acide à nud ; je ne puis qu'engager M. Prozet à s’en aflurer par lui-même, & il fera bientôt convaincu dé cerre vérité: je l’engage aufli à fuivre dans les raffineries Popération de la clarification ; il verra que la chaux dont on fe fert n’efl point deftinée à faturer cet acide : fon ufage elt cependant général, & fi le Rafineur ignore pourquoi il emploie , il ne fe trompe point fur les bons effets qu’elle lui procure. Le fucre brut eft roux , comme M. Prozet l’obferve très-bien ; cette couleur qui eft étrangère au fucre , eft occafionnée dans le brut par le rapprochement de la matière extraive qui exifte dans le vefou : elle acquiert encore de l'intenfité par l'effet des leflives alkalines & par une portion de fucre qui a été brûlé dans les chaudières de fer dont on fe fert très-mal-à-propos en Amérique; c’eft la préfence de cette matière colorante, qui néceflite l'emploi de l’eau de chaux : ee gêne la criftallifation, & nuit par fa vifcolité à l'écoulement du firop. La chaux agit dans la clarification fur la matière extractive, s’unie à la partie réfineufe ; met hors de diflolution une portion de la matière glutineufe , qui remonte avec les écumes , & laifle le fel fucré plus libre. Sila chaux opéroit exactement la féparation de la matière colorante, fon emploi feroit infiniment précieux : il ne refteroit alors dans la liqueur clarifiée, que du fucre blanc & de l’eau; maisil s’en faut de beaucoup qu’elle produife cet heureux effet : elle n’attaque que très imparfairement la matière extractive, & ce qui eft encore plus fâcheux , elle donne de lintenfité à la couleur; elle a précifément dans les raffineries les mêmes inconvéniens & les mêmes avantages que dans les fucreries de l'Amé- rique (1). M. Prozet a été averti de l’action de la chaux fur Le fucre : « plufieurs » Raffineurs lui ont dit que la trop grande quantité de cette liqueur lui » donnoit une couleur grife dont il étoit impoflible de le priver ». (1) On voit d'après ce que je viens de dire que tant dans le travail primitif du velou que dans celui des raffineries , tous les inconvéniens naiflent de la matière extraétive ; c’eft par cette raifon que dans mon procédé pour le raffinage du fucre je commence par me délivrer d’un ennemi auffi dangereux en purgeant le fucre brut de fa partie colorante avant de le diffoudre ; auffi n’ai-je pas befoin d’employer de l’eau de chaux dans la clarification. Tome XX XI, Part. II, 1787. OCTOBRE. Qq 2 # 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, * Certe obférvation eft très-jufte : « mais M. Prozet attribue la couleur » remarquée par ces Raflineurs au fang dont ils fe fervent pour clarifier ; » Ja chaux ,fuivant lui, en décompofe la partie colorante , met à nud le > fer qui eft une de fes parties conftituantés; & ce fer très-foluble s'unit » aux molécules faccharines dont il altère la couleur ; il en eft fi inti- » mement perfuadé, qu’il oferoit aflurer que quel que fût l’excès de » chaux, jamais la couleur n’auroit lieu fi on fe fervoit d’une autre » matière que le fang pour la clarification du fucre; il feroit en effet » bien à fouhaiter (dit-il) qu'on püt y fubilituer une autre fubftan- » ce, &C. (1) >». On n'eft perfuadé en phyfique que par des faits; fi M. Prozet eût cherché à éclairer fon opinion à cer égard, il auroit reconnu que la couleur dont on lui avoit parlé n'étoit pas produite par l’aétion de la chaux fur le fang, il n’avoit qu'à difloudre du fucre très-pur, partie dans de l’eau de chaux, partie dans de l’eau diftillée , il auroit trouvé à un rapprochement égal la diflolution dans l'eau de chaux beaucoup plus colorée que l’autre. Cette expérience l’auroit vraifemblablement conduit à des obferva- tions qui lui auroient éviré une‘partie des erreurs dans lefquelles il eft tombé dans fon Mémoire. Une des principales eft qu’il confond toujours l'acide qui eft principe conftitutif du fucre avec l’acide faccharin qui pro- vient de la combinaifon de ce fel avec l'acide nitreux. Parmi tous les moyens dont M. Prozet peut fe fervir pour les diftinguer , je vais lui indiquer quelques expériences qui en démontrent la différence, Si l'acide propre du fucre eft celui que lilluftre Bergman nous à fait connoître, il doir former comme ce dernier, un el infoluble avec la terre calcaire. Cependant j'ai fait difloudre quatre livres de fucre pur dans une pinte & demie d’eau diftillée ; j'ai ajouté deux onces de chaux vive en pierre, j'ai mis le touc fur le feu à une légère ébullition , & la chaux a été difloute, Pour m’aflurer de la quantité de chaux qui étoit en parfaite diflolution, j'ai clarifié la liqueur qui étoit trouble. Lorfqu’elle a été limpide, j'ai reconnu qu’en déduifant du poids primitif de la chaux celle rerirée (x) Je füis fi bien de Pavis de M. Prozer {ur la fuppreflion du fang de bœuf, que j'en ai abfolument banni l’ufage dans inon procédé ; mais ce n’eft pas par les raifons qu'il en donne, ; Toutes les fois qu’on fe fert de fang pour clarifier , il ne fe {pare que la lymphe coagulable ; quant à la partie féreufe qui fait la gelée ou le bouillon, elle refte toute entière dans la diffolution avec le phlegme du fang, les alkalis , le fel marin & le {el fébrifuge, qui y font en aflez grande abondance, (Analyfe du fang, par M. Rouelle, Journal de Médecine, ) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. . 309 pendant la clarification , il en étoit refté environ fix cens grains en diflolution, Le fucre rend donc la chaux infiniment plus foluble à l’eau qu'elle ne l'eft naturellement , & conféquemment fon acide ne forme point avec elle un fel infoluble comme l’acide faccharin. Mais ce qui eft à remarquer dans cette opération , c’eft que la chaux ainf unie au fucre refte dans fon état de caufticité ; en effer, une goutté de cette liqueur teint en verd le firop de violecte, & fon goût eft brülanc comme celui d'une forte eau de chaux. Cet état de la chaux prouve qu'elle ne trouve dans le fucre aucun principe dont elle puiffe fe faturer, L’acide propre du fucre n’eft donc point l'acide faccharin. La chaux dans cette combinaifon > eft précipitée par l'acide faccharin lui-mème, nouvelle preuve que cet acide n'eft point celui qui eft principe conflitutif du fucre ; elle eft aufli précipitée par l'air fixe, J'ai cherché à retrouver la chaux dans les différentes fortes de fucre qui font dans le commerce , & j'ai reconnu fa préfence : 1°, Dans le fucre brut ; 2°, dans la matière colorante que je dégage de ce fucre avant de le raffiner; 3°. dans le fucre brut terré (1); 4°. dans la mélaffe réfulrante du raffinage de ce dernier fucre , quoiqu'en moins grande quantité que dans celle qui provient de la purgation du {ucre brut ; $°. dans tous les fucres raffinés avec de l’eau de chaux. J'ai fait à Paris dans le laboratoire de M. Pelletier, Pharmacien très- diftingué , en préfence de M. d’Arcer, de l'Académie des Sciences & de M. de la Métherie , Docteur en Médecine & Rédacteur de ce Journal, la diffolution de deux onces de fucre raffiné à Orléans avec trois onces d’eau diftillée , & une femblable diflolution de deux onces de fucre raffiné fans eau de chaux. Elles ont été dépofées chacune dans un verre; nous avons mis dans un troifième verre trois onces d’eau diftillée, & nous avons enfuite verfé fur chacun des trois une égale quantité de firop de violette, Nous avons reconnu que la diffolution du fucré raffiné à Orléans verdiffoit fenfblement le firop, pendant que celle du fucre raffiné fans chaux étoic abfolument femblable au verre dans lequel il n’y avoit que de l’eau diftillée & du firop de violette. Partant de ce premier fait , nous avons répété les deux diffolutions ci-deflus, & nous y avons verfé quelques gouttes d'acide faccharin. Celle du fucre raffiné à Orléans a donné un précipité confidérable, pendant que l’autre eft demeurée dans le même étar. (1) Je dis fucre brut terré , parce qu’on pourroit ne pas la retrouver dans beaucoup de fucres-terrés en Amérique; plufeurs habitans fe fervant d’alkali végétal au lieu de chaux. La leffive alkaline leur fait obtenir leurs fucres terrés plus blancs ; mais elle nuit beaucoup à la clarification, qu’elle rend très-difficile. j10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Enfin, nous avons diflous dix livres de fucre d'Orléans dans deux pintes d'eau diftillée ; nous avons jeté dedans un gros de criftaux d’acide faccharin , & nous avons obtenu un dépôt confidérable de fel faccharin calcaire (1). I! réfulte de ces expériences ,que le fucre raffiné par le procédé ordinaire eft bien loin de la pureté qu’on devroit attendre d’un aufli grand travail, & qu’on ne peur s'empêcher de défirer dans la plus agréable & la plus précieufe production du règne végétal ; c'eft cette confidération qui nous a engagés , mon frère & moi, à changer en entier une mani- pulation qui remplit auffi peu fon but, & à trouver les moyens de fournir du fucre parfaitement pur, æ On donne, fuivant M. Prozet, une cuite plus forte au fucre gras, » (c’eft-à-dire, au plus commun) (2) qu'à ceux qui font plus fecs : parce » que la préfence des matières mucides trompe toujours à l'épreuve, & » qu'alors au lieu d'obrenir une mafle concrète , on s’expoferoit à » n'avoir qu'une criftallifation partielle. Si le Raffineur ( ajoute-t-il ) ne » cuifoit fon fucre de manière à faire évaporer toute l’eau de la diffolution, » aulieu de la mafle confufe qu’il defire, il n’auroit que des criftaux » parfaits , & d’une forme déterminée , cels qu'on les voit dans le fucre » appelé candy ». On eft certainement forcé de conclure d’après ce paflage que le Raffneur évapore ordinairement toute l'eau de la diflolurion, pour obtenir les mafles de criftallifation confufes connues fous le nom de pains de fucre. Mais fi telle eft fon évaporation ordinaire ; pourquoi la cuite des fucres gras doit-elle être plus forte? L'eau de la diffolution une fois évaporée, l'action du feu ne peut porter que fur le fucre à nud, & doit néceffairement développer l'acide auquel M. Prozet attribue tant de mauvais effets. Mais il eft encore ici tombé en erreur. Le Rafineur n’évapore point en entier l’eau de la diflolution, il me fait que des évaporations par- tielles , & jamais d'évaporations à ficcité. Lorfque ce Chimifte examinera les rafineries, il verra que l’évaporation totale de l'eau de la diffolution eft impraticable : que fon premier effet feroit de mettre le Raffineur hors d'état de faire des pains de fucre; que la matière évaporée à ficcité reprend trop rapidement l'état concret par la diminution de la chaleur pour pouvoir être moulée dans les formes ; qu’elle acquiert une dureté telle qu'elle eft impénétrable à l’eau, & ne peut ètre blanchie par le 0 (x) Le fucre fur lequel nous avons opéré m’a été fourni par une des premières maifons de commerce de Paris qui m’a certifié l’avoir fait venir d'Orléans. (2) J'interprète ainfi le mot gras dont fe fert M. Prozet ; cette expreflion employée par un Chimifte défigneroït un fucre combiné avec quelques matières huileufes ; mais je n’en çonnois point de tel dans les raffineries, SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 3sr terrage : que ce qu'il dit du braflage & du mouvage, pour troubler la criftallifation , ne peut avoir lieu que dans un fluide ; que c’eft en effet dans un fluide que les criftaux des pains de fucre fe forment & s’arrangent. Il s'appercevra par l’écoulement fpontané du firop qui fort des pains de fucre, que loin d’évaporer en entier l'eau de la diflolution , le Raffineur en laiffe en aflez grande quantité, & fouvent trop peu; que plus le fucre eft chargé de matières hétérogènes, comme celui qu'il appelle gras, moins l’évaporation doit en être forte: qu’il n'y a point de raffineries où l’on ne trouble la criftallifarion du fucre, que c’eft une manipulation connue du dernier des ouvriers : il fe convaincra que le fucre n’eft coloré que par la préfence de la matière extractive , & d’une portion de fucre caramélifé : que c’ett cette partie colorante qui entretient dans le fucre brut l’état de déliquefcence qui lui eft naturel ; que plus le fucre eft blanc, moins il eft fufceptible d’attirer l'humidité de l'air : & que confé- quémment avancer que des fucres raffinés plus colorés que d’autres, font moins déliquefcens, c'eft avancer une abfurdité. Au refte, M. Prozet a parfaitement bien démontré que l'eau dont on fe fert à Orléans ne donne aucun mérite au fucre qu'on y rafñine; il a bien foit de détruire une erreur qu'il aflure y étre.accréditée, Le choix de l’eau n’eft cependant point indifférent au Raffireur , il ÿ a des puits qui en fourniflent de très-mauvaife. Tel eft celui de la raffinerie de Bercy qui m'oblige de cefler d'y raffiner (1). MÉMOIRE Sur un Bitume élaflique foffile trouvé dans le Derbyshire ; Par M. DE LA MÉTHERIE, Cr bitume m'a été remis par M, Woulfe pour en faire l’analyfe. Il eûr été bien à fouhaiter que les occupations de cet excellent Chimifte lui euffent permis de faire ce travail. SU Cette fubftance eft de deux fortes; l’une dure, friable, fe brife comme les réfines, Sa caflure eft life & vitreufe. L'autre eft molle, élaftique , (:) Il réfulte de l’examen qui a été fait de l’eau de ce puits par M. d’Arcet, nommé expert dans le procès furvenu à ce fujet, qu'elle donne par le feul conta& de Pair libre un dépôt.ocreux , que ce dépôt traité dans les vaiffeaux clos fournit de l’eau & tous les produits d’une fubftance animale , ou d’une matière en putréf:&ion : qu'il perd jufqu’à vingt-quatre pour cent de fon. poids par la diffillation ; que le réfidu reflemble parfaitement à l’éthiops martial, qu'il eft noir, & attirable à l’aimant comme lui; que le fucre raffiné avec cette eau a une odeur dé(egréable, que lorfqu’on en met dans le thé Ja liqueur devient trouble & d’un rouge brunâtre. 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, précifément comme le cahout-chou ou gomme élaftique. Leur couleur eft d’un brun foncé ; mais la molle lorfqu'on la coupe eft d’un jaune verdâtre intérieurement, Ces deux efpèces ne paroiflent pas différer , & dans le même morceau on trouve de l'une & de l’autre. Cette variété . dans la confiftance ne me femble pas un caraétère affez décidé pour en faire deux efpèces. D'ailleurs, nous allons voir qu'à l'analyfe elles fe comportent de même. On trouve cette fubftance dans la province de Derbyshire. Les morceaux font mélangés avec de la galène & du fpath calcaire. Ainfi il faut en con- clure qu'ils ont été trouvés dans une mine de plomb. J’ai fuivi les rocédés de M, Berniard dans l’analyfe du cahout-chou ( Journal de Phyfique 1781 , avril ) afin d’avoir des expériences comparatives. J'ai pris douze grains de celle qui eft folide, & que j'ai groflièrement concaffée. J'ai verfé deflus une once d’efprit-de-vin : il ne l’a nullement attaquée. Au bout de huit jours en ayant verfé dans l'eau , il n’y a point eu de précipité. Celle qui eft molle n’a pas été plus attaquée par l'efprit-de-vin. L'éther vitriolique n’a également exercé aucune action fur les deux efpèces. J'en ai mis douze grains de chacune dans de lacide nitreux blanc. Il ne les a point attaquées ni n’en a été coloré. Je l'ai fait chauffer jufqu'à lébul- lition. Il a paru quelques bulles à la furface de cette fubftance; mais elle n’a pas été difloute , & l'acide a confervé fa blancheur , ou au moins n'a été que très-peu coloré. ; J'en ai mis douze grains de Ja sèche dans deux onces d'huile de térébenthine. Au bout de vingt-quatre heures l'huile n’avoit exercé aucure ation fur elle. J'ai pour lors verfé le tout dans une petite cornue, & ai fait bouillir l'huile. Elle s’eft colorée : une partie de la fubftance a été difloure. Le tout a pris beaucoup de confiftance. J’en ai verfé une partie dans une fou- coupe de porcelaine , & l’ayanc laiflé refroidir, j'en ai enduit un taffetas ; mais elle étoit encore trop liquide. En conféquence j'ai encore fait bouillir celle qui étoit dans la cornue. Pour-lors la matière a pris une confiftance poifleufe très-forte. Sa couleur eft celle du fuccin ou ambre foncé tirant fur le rougeâtre. J'ai caflé le col de la cornue pour prendre de cette diflolution & en enduire un taffetas ; mais elle étoit trop graffe & trop poiffeufe. La feconde efpèce de bitume , favoir , la molle & élaftique, préfente abfolument les mêmes phénomènes, traitée de la même manière avec l'huile de térébenthine. J'en ai mis dans trois onces d'huile d'olives vingt-quatre grains de celle qui eft molle & élaftique , & je l'ai fait bouillir. Elle a été parfaire ment difloute, J'ai L SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 313 J'ai pour lors diftillé à feu nud ces deux fubftances, J'en ai pris vingt- quatre grains de chacune que j’ai mis dans deux petites cornues. Dès les premiers coups de feu il s’eft élevé une fumée affez épaiffe. Cette fümée a augmenté: il a paflé des vapeurs blanches qui fe font condenfées en huile. La matière dans la cornue eft devenue abfolument liquide comme de l'huile fondue, & ne fe bourfouffloit point. L'huile a continué de pafler : les vapeurs blanches ont diminué. En&n, la matière a été réduite en charbon : le dernier coup de feu a été affez vif pour ramollir la cornue ; le feu ceflé elle paroifloit enduite intérieurement d'un vernis noir ayant une zone de bleu. Il n’a point paflé d’alkali volatil. L'huile qui étoit dans les vaifleaux avoit une forte odeur bitumineufe & éroit très- fluide. Ce font les mêmes phénomènes que préfente la gomme élaftique. Elle n’eft attaquée ni par l’efprit-de-vin, ni par l’éther vitriolique, ni par l'acide nitreux à froid ; mais les huiles la diffolvent. Enfin , à la diftillation elle donne les mêmes produits. D'ailleurs, notre bitume a l’élafticité du cahout-chou. Il paroît donc que c’eft la même fubftance ou au moins une füubftance très-analogue. Mais la gomme élaftique ne fe trouve aujourd'hui que dans l'Amérique méridionale. Ceci confirme donc les anciennes révolutions qu’a efluyées le globe, PORT RUE DE Me a+ A M DE LA MÉTHERIE, Sur l'analyfe du Pechftein de Mefnil - Montant. NE En donnant au Public par la voie du Journal de Phyfique , année 1779 , l'examen de la pierre ollaire , vulgairement appelée ferpentine , jai, à limitation de M. Margraff, fait connoître différentes terres ou pierres de notre pays, à la formation defquelles la nature a employé la terre qui combinée avec l'acide vitriolique conftitue le fel de Sediitz ou d'Epfom. J'ai depuis cette époque travaillé fur différentes pierres ou terres des environs de Paris, à deflein d’y trouver la bafe du même fel; mais Tome XXXI, Part. II, 1787. OCTOBRE. Rr 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à cet égard mes recherches ont été infructueufes : les argiles qui nous avoilinent m'ont conftamment donné de l’alun mêlé de vitriol martial, fans qu'il m’ait été poffible d'en tirer du fel de Sedlitz, quoique ces fortes de terres-n'en foient pas roufeurs dépourvues, ainfi que je l'ai démontré dans le Mémoire cité. Les carrières de Mefnil-Montant recéloient cependant la pierre que je defirdis , mais c’éroit à MM. Quinquet & Delarbre qu'il éroit réfervé de la trouver. Vers la fin du mois d’aoët, le premier m'en montra un morceau, & la curiofité me fit defirer d'en pofféder un échantillon. Celui qui me fuc apporté, éroit long & mince, il étoit mammeloné, terminé par deux branches dont l'intervalle étoit rempli d’une terre grife fortement adhé- rente à la langue, & qui vue à la loupe , ne me-paroifloit pas avoir tous les caradères que cet inflrument fait reconnoître dans les argiles ordinaires. J'en dérachai fur le champ trois ou quatre fragmens chacun de la grofleur d’une lentille , fur lefquels il fut verfé quelques gouttes d’eau, dont ils furent bientôt imbibés, fans’cependant fe bourfouffler , ni perdre leur forme; ils ont confervé la dureté qu'a naturellement la terre dont ils avoient été détachés , & couverts d’eau plufieurs jours de fuite, ils ont conftamment oppofé à la pointe d’un canit la réfftance qu'y oppofe la terre elle-même dans fon état de ficcité, Cette fimple expérience jointe à l'afpect de cette terre ou pierre tendre, me fit juger que, graces aux recherches de MM. Delarbre & Quinquet , je tenois enfin un foffile qui donneroit par la vitriolifation , du fel de Sedlitz, Je ne perdis pas un inftant, j'avois reçu mon échantillon de pechftein: de Mefnil-Montant le premier feprembre fur les dix heures du matin , & avant midi un morceau de la terre du poids de deux cens foixante grains étoit déjà imbibé d'acide vitriolique foible, & tout de fuite il fut mis dans une autre petite capfule de verre, un fragment du pechftein Jui- même détaché de l’intérieur de mon échantillon : celui-ci pefoit cin- quante-cinq grains ; il ne fut pas pénétré par l'acide, mais fimplement mouillé. Tout refta tranquille jufqu'au quatrième jour que j'apperçus les rudimens de quelques criffaux fur les-bords anguleux du morceau de terre qui dès ce moment parut difpofée à fe gerfer. Le 6 du même mois, l’exfoliation étoit décidée : le 10 les lames fe féparèrent facilement les unes des autres; le fel étoit devenu plus abondant, & à la fimple vue on pouvoit dérà caraétérifer les criflaux : l'acide employé étant faturé, le goût me fit connoître que c’étoit vraiment du fel de Sedlitz. Je pris alors le parti de verfer de l’eau diftillée pour emporter tout le fel qui s’étoit formé : la terre édulcorée & bien égouttée fut de nouveau arrofée d’acide vitriolique. Le 18 il fe forma d’autres criftaux , mais en dien moins grande quantité que la première fois, L'acide étoit dominant, | | | Lit SUR L'HIST. NATURELLE ET: LES ARTS. 315 & je crus m'appercevoir les‘jours fuivans que les criftaux n’ausmentoient ni en nombre ni en volume, Tandis que la vitriolifation de la terre qui accompagnoit mon échan- tillon de pechftein fe faifoie, celle du pechftein lui-même s’opéroit avec un pêu plus de lenteur; mais enfin dès Le dixième jour, c'eft-à-dire , le 11 feprembre, on pouvoit déjà voir fa partie fupérieure couverte de fepe ou huit petits criftaux qui vers le 20 avoienc tous les caraétères du {el de Sedlitz. Ce fragment que je garde eft, aujourd’hui 9 octobre , enciè- rement couvert du même fel: les criftaux grofliront fans doute ; mais le tems eft depuis plus de quinze jours fi humide, & par conféquent fi peu propre à mon opération , que je fuis obligé de le laiffer en expérience tout le tems néceflaire pour découvrir fi dans la fuite le petit morceau de pechftein fe délitera, s’exfoliera , ce qui eft affez ordinaire aux fofliles fufceptibles de la vitriolifation. En attendant , il eft bien démontré que la terre qui accompagne le pechftein de Mefnil-Montant & ce pechftein lui-même contiennent la terre alkaline, qui unie à l'acide vitriolique confitue le {el de Sedliez ou d'Epfom, ce qui rapproche un peu cette pierre des fmeétiques, des ferpentines ollaires & des ftéatites (1). Le fel connu fous les noms de Sedlitz & d’Epfom eft d'un grand ufage parmi nous, le malheur eft que nous fommes contraints de le tirer de l'étranger. Et pourquoi, me direz-vous, Monfieur, #’en pas fabriquer en France? Je faifois des vœux en 1779 pour qu'on s’en occupat, je les fais encore aujourd'hui; s'ils étoient exaucés ñous employerions pour l'ufage de la Médecine un fel auquel nous pourrions donner à notre tour le nom d’une fource minérale qui le contiendroit , aufli bién que celles de Sedlitz & d’Epfom ; mais non ; il nous faut des éroffes étrangères, des eaux minérales étrangères , &c. &c. nous tirons à grands frais des eaux de Sedliez & de Spa, & nous oublions que la fource de Spa eft à Pougues, rès Nevers, & fur les rives de la riche Loire, & que celles de Sedliez font à Cranfac, fur les bords de la Dordogne. Mais. pourquoi, dira-t-on , nous forcer à ufer d'un fel fadtice , tandis ue nous pouvons nous en procurer de naturel? Allons, puifqu'il le faut, révélons donc le fecret à ceux qui l'ignorent; la vérité elt que les fels d'Epfom, de Sedlitz (2) qu’on vend par tout le royaume font des fels faétices , qui fe font en traitant avec l'acide vitriolique les eaux-mères du (1) Outre la terre alkaline notre pechflein contient aufli du fer , en forte que le fel de Sedlitz qu’il fournit eft ferrugineux ; mais il eft facile de lui enlever tout le fer qu’il peut contenir, Joyez le Mémoire cité. : SAS (2) J'en excepterai le fel qui fe fait dans une faline de Franche-Comté, qui eftun * yrai fl de Glauber, & qui fe vend fous le nom de fel d'Epfom. Voyez le Mémoire € Tome XXXI, Part. II, 1787. OCTOBRE. RrQ 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fel marin, Or, ayant chez nous depuis plufieurs années des manufactures d'acide vitriolique , dans chacune defquelles on en fait bien au-delà de ce que les arts cultivés parmi nous en peuvent confumer, ne feroit-il pas utile de diriger l’emploi de cet excédent vers l’objer que je propofe depuis dix ans. Déjà l’on fabrique de lalun en traitant une terre argileufe avec cet acide; eh bien, la ferpentine ollaire, fi on l’avoit fous la main, pourroit avec avantage être travaillée comme les argiles : celle du Limoufin m'a donné , ainfi que celle d'Allemagne , livre pour livre de fel de Sedlitz débarraflé de tout fon fer. Au défaut de la ferpentine ou des autres pierres de ce genre, ayons , ainfi que les Anglois, recours aux eaux-mères du fet marin. Je préfume que la Bafle Normandie où on prépare un fel qu’en langage de la ferme on appelle, quart de bouillon , fourniroit abon- damment le fel de Sedlirz & d'Epfom. N'êtes-vous pas bien éronné, Monfieur, de ce qu’en parlant de la bafe du fel de Sedlitz, je paroiséviter avec affectation d'employer le mot magnëfie fous lequel on prérend depuis quelques années la défigner , & que tout récemment des Chimiftes d’un ordre fupérieur ont en quelque forte confacré en l’adoptant dans la nouvelle Nomenclature qu'ils viennent de publier ? Je le fuis bien davantage , en voyant que ces Mefieurs, qui ont fait main-bafle fur l'ancienne Nomenclature chimique, ont fait grace au mot magnéfie. Eh ! qu'a donc de commun la terre qui fait la bafe du fel de Sedlirz avec la pierre magnétique ? Car on ne peur pas fuppofer que cette même terre prenne fon nom d’un canton de la Macédoine appelé Magnéfie, dont au rapport de Pline, on tiroit de lexcellente pierre magnétique ou aimant. D'un autre côté, pourquoi donc conferver dans une nouvelle Nomen- clature des mots équivoques ? Entrez, Monfieur , dans une pharmacie de la capitale , vous y trouverez de la magnéfie angloife & de la magnéfie nitreufe : la première aura été extraite par précipitation du fel de Sedlitz, l'autre par précipitation ou calcination des eaux-mères de nitre. Il eft encore une aütre fubftance qui porte le même nom , à la vérité; un peu corrompu par les verriers & potiers qui l’appellent dans leur jargon la manganèfe , mais dont le nom latin a toujours été magnefia ; & a conftamment défigné une fubftance minérale qui n’a nul rapport avec les magnéfies angloife & nitreufe dont l'emploi n’eft connu qu'en Médecine Les Auteurs de la nouvelle Nomenclature fe font bien apperçus qu’il étoit néceflaire d'éviter l’équivoque, & pour y parvenir ces Meffieurs difent dans leur Dictionnaire françois & latin que magnefta fionifiera dorénavant la magnéfie, ou , ce qui eft la même chofe , la terre bafe du fel de Sedlitz, & que magnefium fignifiera la manganèfe, c’eft-à-dire , la magnéfe ou la manganèfe des verriers ; en forte que fuivant le nouveau * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 Didionnaire fulfas magnefiæ fignife le fel de Sedlitz, & fulfas magnefii, le vitriol de manganèle, Je ne déciderai pas, Monfieur , fi les définences mafculine & neutre pour le latin, fi les mots mafculin & feminin pour le françois, fufffent pour repoufler l’équivoque , mais on peut au moins en douter. Au refte, Monfieur , la difpute fut ce mot ne peut durer long-tems, & elle feroit finie, ou plutôt n’auroit point eu lieu, fi un Chimifte très- verfé dans l’art des expériences, m’avoit permis d’en citer une qui lui éroit propre : & par laquelle il réduifoit le natrum en terre alkaline ; fa modeftie m’empècha d'en faire ufage, & il fallut me contenter de terminer mon Mémoire fur la ferpentine par ces quatre lignes : « D’après >» les propriétés de la rerre qui fert de bafe au fel de Sedlitz, ne pourroit-on > pas préfumer que cette même terre concourt à former les fels alkalis >» fixes, fur-tout le natrum? Si jamais on parvient à s’en aflurer, fa » dénomination fera alors à jufte titre, celle que Margraff lui a déjà » aflignée, en l'appelant terre alkaline ». ; Aujourd’hui, Monfieur, que je n’ai prefque plus de doute à cet égard, j'ofe efpérer que vous ferez aflez indulgenr pour me pardonner l’averfion que j'ai contre le mot magnéfte , averhion qui, dans l’exacte vérité , n'eft fondée que fur l’équivoque qui, en fait de médicamens , ne fauroit être repouflée avec trop de chaleur. . Je fuis, &c. A Paris, ce 9 O&obre 1727. EXTRAIT DE LA RELATION DU VOYAGE De M. DE SAUSSURE au Mont-Blanc. M. DE SAUSSURE eft parvenu au fommet du Mont-Blanc le 3 août dernier accompagné de dix-neuf perfonnes. Comme la relation de fon voyage a déjà été imprimée dans plulieurs papiers publics , nous en donnerons feulement un extrait. Ils partirent le premier de Chamouni & furent coucher à 779 toifes de hauteur. Le fecond jour ils couchèrent à 1455 toifes, & le troifième ils parvinrent à la cîme à 11 heures du matin , où ils reftèrent jufqu'à trois heures & demie, Ils refpiroient avec peine, écoient fans force, fans appétit, éprouvoient un mal-aife continuel, Deux des guides ne purent y tenir, & furent obligés de redefcendre. La forme de la cime de la montagne eft eh dos d'âne tout couvert d’une neige dont la furface eft écailleufe. On n’en voir fortir aucun rocher, fi ce net à 60 ou 70 toifes au-deflous de la cîme, Les plus élevés de ces rochers font de granir. Ceux du côté de l’eft font mêlés d’un peu de ftéarire. Ceux du midi & du côté de l’oueft contiennent beaucoup de fchorl & un . + 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, peu de pierre de corne. Un des plus élevés à left préfente évidemment des couches à-peu-près verticales. Ce qui avoit déjà été vu par M, Paccard. Les plus hauts font deux petits rocs de granit très-rapprochés l'un de l’autre, dont le plus élevé avoit été fracaflé depuis peu par la foudre ; car notre célèbre Phyficien trouva fes fragmens épars tout autour de lui fur la neige nouvelle à plufieurs pieds de diftance. M. de Sauflure n’y a vu d’autres animaux qu'une phalène & un papillon de jour. Il a trouvé des lichens fur les rocs les plus élevés. Le baromètre s'arrêta à 16 pouces À de ligne, D'où ce favant Phyficien conclut, d’après les obfervations correfpondantes faires à Geneve par M, Senebier, que la hauteur du Mont-Blanc eft d'environ 2450 toiles, comme l’avoit eftimé M. le Chevalier Schukbrugh. Le thermomètre de mercure à boule ifolée fufpendu à 4 pieds au- deflus de la cime à midi au foleil étoit à— 1,3, & à lombreà—2,3; un autre thermomètre dont la boule étoit teinte en noit + 1,9. Les. mêmes à 2 heures au foleil — 1,3, à l'ombre — 2,5 & le noir au foleil + 1,6. L’hygromètre à midi au foleil 44, à l'ombre $1. Les boules de l’éleétromètre divergeoient de 3 lignes. L'éleétricité étoit pofitive. L'eau entra en ébullition à 68 degrés 0,993 de ligne.+ Elle étoit chauffée par une lampe à l'efprit-de-vin conftruite fur Les principes de M. Argant. Il fallut demi-heure pour faire bouillir l'eau , tandis qu'il ne faut à Geneve que 15 à 16 minutes, & fur les bords de la mer 12 ou 13. © La couleur du ciel éroit couleur de bleu de roi le plus foncé. Le vept étoit nord & froid. La déclinaifon de l'aiguille éroit comme au Prieuré de Chamouni où le fils de M. de Sauflure faifoit des obfervations correfpondantes à celles de fon illuftre père, il fe forma une croûte fur l’eau de chaux verfée dans de petits verres, & les alkalis cauftiques devinrent effervefcens. Les ombres étoient fans couleurs. L’odorat & le goût avoient toute leur perfection. Un coup de piftolet riré fur la cîme ne fic pas plus de bruit qu'un pétard de la Chine-n’en fait dans une chambre. Après quatre heures de féjour & de repos fur la cime, le pouls de M. de Sauflure battoic 100 pulfations par minute, celui du P. Balmat 08, & celui de Teru 1123 à Chamouni les mêmes dansle mêmeordre, 72, 49,60. Tel eft le précis des principales obfervations que le rems a permis à ce célèbre Naturalifte de faire fur la cime de la montagne qui pañle pour la plus élevée de l’ancien continent. DE SR, PS LEE PPT 2 WI EN us SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 319 —— NOUVELLES LITTÉRAIRES. Nor 1CH A de las aguas minerale de la Fuente, &c. c’ef? à-dire : Notice des Eaux minérales de la Fontainé de Solan de Cabras en La Sera de Cuenca ; par Dom JEAN PuBLO FoRNER , avec l'analyfe € la Jinthèfe qu'en a donnee l’année paf]ée, ainfi que de celle de la Ville de Betita, Dom DomiNGo GARCIA FERNANDEZ, Penfionnaire de S. M. C pour la Chimie appliquee aux Arts & Fabriques du Royaume , Correfpondant du Jardin Royal de Botanique de Madrid, & Membre de lx Société Royale Economique à Madrid , "a vol, in-4°. s5SS 2254 m. er ememaneenees SR ee — a — Ces analyfes & finchèfes font faites fuivant les règles de la bonne Chimie , & font voir combien M. Fernandez eft capable d'appliquer uti- lemenccette fcience à la perfection des manufaétures & fabriques d’Éfpagne. Les fciences font cultivées aujourd’hui avec beaucoup de fuccès dans ce pays, qui compte un grand nombre de favans diftingués, au nombre defquels font MM. Fernandez. Ces fuccès font dûs ahx foins qu'ont pris de fages Miniftres de reftreindre la puiffance de l’Inquifition. Et fi jamais ce Tribunal ( que les fiècles futurs ne pourront fe perfuader avoir jamais exifté ) eft banni de l'Efpagne, comme il faut l’efpérer, l'Efpagnol grave, fier & fpirituel , atteindra bientôt, s’il ne furpafle, les autres favans de l'Europe, FABLE DEs ARTIELES CONTENUS DANS CE CAHIER. nes TIONS. fur l'Alun cubique, & fur le Vitriol du Cobak, lues à l'Académie des Sciences , le 23 décembre 17986 ; par M. Le BLANC, Chirurgien, page 241 Lettre de M. WEsTRUMB , Apothicaire à Hameln, à M. CRrELLz, traduite de l'Allemand, des Annales chimiques, par M. HAssen- FRATZ, 246 Extrait d'un premier Mémoire fur les combinaifons de la bafe de l'Acide phofphorique avec le Pruffiate de potafle ;, le charbon de bois, quelques plantes des marais , la mine de fer marécageufe, & plufieurs efpèces de fer ; par M. HASsENFRATZ, lu à l’Académie Royale des Sciences, en février 1787, doi 320 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &« Lettre de M. MiLLIN DE GRANDMAISON , de l’Académie d'Orléans » à M. ve La MÉTHERIE, für un Mémoire de M, REYNIER , relatif à la formation des corps par lafimple agprégation de la matière orga- nifée , inféré dans le Journal de Phyfique du mois d'août 1787 , 252 Suite de la Lettre de M. BENJAMIN FRANKLIN , à M. Davip LE Roy, Membre de, plufieurs , Académies + contenant différentes obfcrvations fur la Marine, 254 Suite du Mémoire de M.DELAMARTINIÈRE, fur différens Infeétes , 264 Obfervations fur la Lettre de M. Abbé P ... Grand-Archidiacre & Membre de plufieurs Académies | à M. DE LA MÉTHERIE ; par M, REVYNIER, 267 Lettre de M. GuiLLoT , à M, CAVELLIER , Elève de l'Ecole Royale des Mines, 263 Effai fur la Nomenclature chimique ; par M. DE LA MÉTHERIE, 270 Extrait d'une Lettre de M. GEANTY, Avocat au Confeil Supérieur, & Membre du Cercle des Philadelphes du Cap - François, à M. Rou- LAND , Profeffeur & Démonftrateur de Phyfique expérimentale en L'Univerfité de Paris , contenant l'expofë d'un moyen facile & peu difpendieux de confiruire & établir des Paratonnerres , en outre des obJervations relatives à la produétion de l'életricité dans les pays chauds, . 286 Mémoire pour fervir à l'hifloire de la refpiration des Poiffons ; par M. BROUSSONET , 289 Mémoire en réponfe à celui que M. PROZET , Maître en Pharmacie à Intendant du Jardin des Plantes de La Société Royale de Phyfique, d'Hifloire-Naturelle & des Arts d'Orléans , a fait infërer duns le Journal de Phyfique du mois d'août 1787, où il examine quelles [one les caufes qui ont mérité au Sucre raffiné à Orléans la préférence fur celui des autres Raffineries du Royaume ; par M. BOUCHERIE, Raffineur à Bercy, près Paris, 30$ Mémoire fur un Bitume élaflique foffile trouvé dans le Derby shire ; par . M. DE LA MÉTHERIE, 311 Lettre de M. ***, à M DE LA MÉTHERIE , fur l'analyfe du Pechflein de Mefnil-Montant, 313 Extrait de la relation du voyage de M. DE SAUSSURE au Mont-Blanc, 317 Nouvelles Littéraires , 319 ARE ESRAODE EAN TETSONNE Ja lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceeux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur L Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c. par MM. Rozier, Moncez Lejeune & pe za Merurrre, Gc. La Colledion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Leëteurs, mérite l’attention des Sa- vans ; en con{équence , j'ellime qu’on peut en permettre l'impreffion. A Paris, ce 23 O&obre 1787. VALMONT DE BOMARE. | » és dot te TA ibn. À PRE AT ne Octobre 1767. AN QUE UT ES TT at TOR EL #4} AIN FES on pere nes re ’ ÿ X mn Lesage mis éétimeimnmmnenme menus vtt bis mines thentutht-eh pie mes tige ie una dé dt daté à fe # ÿ \ 1F \® | sééte + … Le ne ste er irrenrmtares mé eme a pense rire pansetd bind r—.nbt y - LR 2 { 3 L +7 st 7 Ÿ | JOURNAL DE PHYSIQUE. | 3 NovrEmMBRE 1787. | ÈS === —— Ÿ RÉSULTAT DE QUELQUES EXPÉRIENCES RELATIVES À LA GÉNÉRATION DES PLANTES; Par M. REYNIER. PIRE MIE RE "PARTIE: Des fuites de l'amputation des parties fexuelles. Le fuites de la caftration des animaux font connues; depuis nombre de fiècles,ce moyen de les dompter eft adopté par les hommes. La vigueur de l'individu difparoît; une organifation plus lâche , une diminution dans Pénergie des facultés morales, un changement phyfique dans quelques- uns , annoncent combien l’amputation des parties fexuelles a d'influence fur la nature de l’être qui la fubit. De telles expériences n’avoient jamais été faites fur les végétaux ; l’aiguillon du befoin n’avoit jamais obligé les hommes à s’en occuper, & les Naturaliftes n'ont pas, que je fache, entre- pris ce travail. Quoique je prévis que les fuites de la caftration feroiene moins fortes fur les plantes, que fur les animaux, je defirois les con- noître : & vers la fin de l'été 1785, je commencai des expériences, dont les réfultats, quoique moins fuivis, furent les mêmes que ceux de l’année fuivante, auxquels je donnai plus d'attention. Jai pris en général toutes les précautions néceflaires pour la réuflite de mes expériences; j'ai eu foin d’infcrire feulement, dans mon jourral, les fleurs qui n'avoient été ni ébranlées ni bleflées pendant l'opération; & fur-tout j'ai choifi celles qui me paroiflojent les plus faines & les plus vigoureufes. J'ai fait l’amputation des parties fexuelles en entier, & d’autres fois celle des étamines ou celle des piftils ; & j'ai eu foin de prendre des fleurs à différens degrés, avant la fécondation , après, ou pendant qu’elle s’exécutoir. Comme mes expériences fur le plus grand nombre des efpèces, ne m'ont rien offert de remarquable, il feroit faftidieux & peu inftrudif de rapporter les détails de mes opérations fur Tome XXXT, Part. II, 17987. NOVEMBRE. St 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chacune d'elles : je me bornerai à donner une lifte de leurs noms, avane de m'occuper de celles fur qui j'ai fair quelques remarques. È Crocus luteus Blackier. Tulipa gefheriana, L. Stellaria holoflea, L. Chelidonium majus,L.Cratægus azarolus, L. Prunus mahaleb, L. Berberis vuloaris JL. Æfculus Pavia, L. Srellaria graminea , L. Cra- 1ægus oxiacamho,L. Lycium afrum, L. Rubus idœus, L. Pyrus malus; L. Veronica chamædris, L. Lonicera’cory mbofa , L. Spartium Jéoparium, L. Cracægus viridis , L. Viburnum Llantana, L. Fragaria vefca , L: Syringa perfica, L. Caronilla emerus , L. Staphyllæa tri- folia, L. Cratægus orus palli, L. Cetyfus feffélifolius, L. Cornus alba, I. Lamium album, L.. Geranium robertianum , L. Rofa dunenfis, Dod. Evonimns vnlpàris , Bauh. Cratægus aria, L. Le bec-de-prue fluer, Regr. Geranium molle , L., Mefpilus pyracantha , L. Mejpilus ger- manica, L. Rhamnus frangula , L. Hemerocalis flava , L. Fradefcäntia virginica, L. Alyflum faxarile; L: Potentilla fruticofa , L. Lonicera caprifolium . L. Cornus fanguinea, L, Papaver rhæas, L. Potentilla reptans , L. Spergula arvenfes, L. Potentilla anferina , L. Schrofularia aquatica , L, Phlox paniculata, L. Lychnis caliculis flriatis , C. Bauh. Robinia hifpida, L, Veronsza ferpillifolia, L. Ceraflium vulgatum , L. Æ popodium podagraria, L. Sambucus nigra , L. Plantago media, L. Spirea! falicifolia, L4 Colutea arborefcens, 1. Lonicera fymphoricar: pos, L. Pifum farivum , L, Vicia fativa, L. Rhus counus, L. Tha- liétrum luteum, L. Geranium cicutarium , L. Veronica officinalis., L. Rofa canina, L, Rubus cæftus, L. Anagallis mas , L. Solanum dulcamara, L. Epilobium paluflre, L. Rofa gallica , L. Campanula perficifolia, L. Oxalis corniculata, L, Chærophyllum fylveflre, L. Braffica napus;L. Rofa rubiginofa, L.. Alifma plantago., L.. Lyfr- machia rumularia, L. Antirrhinum linaria, L. Clemauis inteprifolia, L. Polygonum fagopyrum, L. Jafione montana, L. Lotus corniculatus, L, Rubus odoratus , L. Antirrhinum orontium , L. Rofa alba, L. Œno- thera hirta, L. Waleriana officinalis , L. Rumex crifpus, L. Hype- ricum perforatum , L. Gladiolus communis , L. Cirus.aurantium, L. Œnothera biennis, L. Orobus niger, L. Sagina procumbens , L. Epi- lobium quadrigonum , L. Sifymbrium [ylveftre, L. Cicura virofa, L. Prunella vulgaris, L. Rubus fruricofus, L. Lythrum falicaria, L. Schrofularia nodofa, L. Galeopfis 268, Hall. Galeopfis 269, Hall. Cheiranthus annuus , L. Vicia cracea, L. Polygonum convolvulus, L, Geum urbanum, L. Convohulus fepum , L. Solanum nigrum.; L, Capficum annuum , L. Arenaria ferpulifolia, L. Origanum vulgare, Le Ro/a carolina ,jL. Mentha fylveftre , L. Hypericum androfæmum ,,L. Lonicera periclymenum ; L, Spiræa ulmaria ; L. Lifymachia vulgaz ris, L. Papaver fomniferum, L. Fagus caflanea, L. Datura flramo- num, L Rhus t1yphinum, L. Curduus acanthoides, L, Hypochæris SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 323 radicata, L. Afler novi belgii, L. Latyrus perennis , L. Solanum tube- rofum, L. Delphinium confolida , L. Centaurea cyanus, L. Gentiana centaurium , L. Nicotiana ruflica, L. Gentiana pneumonenthe , L. Caffia occidentalis, L. Colchicum autumnale, L. IL eft peu de ces efpèces fur lefquelles je n’aie répété fept ou huit fois mes expériences , variées de différentes manières ; les plaies jaunifloient , & féchoient au bout d’un certain tems, excepté fur Le thalitron à feuilles d’ancolie , où elles font reftées faines jufqu'à la chûte de la fleur: une exception aufli fingulière devroit-être examinée dans le pays natal de cette plante (1). [1 m'a paru incéreflant de déterminer, fi la caftration des fleurs accélère la chûte des pérales ; jai eu foin, dans beaucoup d'expé- riences , de marquer deux ou plufieurs Aeurs, épanouies le même jour, & j'ai obfervé que la fleur, que j'avois privée dé fes parties fexuelles , les confervoit autant que les autres. Les efpèces, qui m'ont offert quelques particularités , lorfque je coupois leurs parties fexuelles, font peu nombreufés en comparaifon des autres. 1°. La benoite des ruiffeaux ( Geum rivale, L. ) eft la première plante, qui m'a offert quelques réfultats. Après avoir coupé les étamines , aufli ras que poflible , les plaies produifoient de nouveaux filamens , d'autant plus longs, qu'ils étoient plus éloignés des ovaires. Lorfque j'ai coupé les piftils, ils ont recru de même que les éramines , maïs plus également: & après l’amputarion des ovaires, il fe formoic une petitetumeur, fur laquelle naïfloient des fils femblables en groffeur aux piftils; mais blancs & très-courts. Aucune des fleurs , où les piftils ont recru , n’a été féconde ; j'ai cependant eu foin d’y porter des pouflières de fleurs faines. 2°. La renoncule bulbeufe( ranuneulus bulbofus , L.) Les fils des étamines fe font un peu’ allongés , foit lorfque je les coupois ras, ou lorfque je leur laiffois une longueur connue. Après Pamputation des ovaires , il a crû fur leur plaie des fils blancs d’une ligne de longueur & très-déliés, 3°. La renoncule âcre (ranuneulus acris, L.) La première expérience que j'ai faite fur cette plante , m'a offert une légère reproduction. J'avois coupé les parties fexuelles & les ovaires d’une fleur; & quelques fils blancs, femblables à ceux de lefpèce précédente , ont crû fur la plaie. Les expé- riences fuivantes n'ont point eu de fuccès, 4°. La renoncule rampante (ranunculus repens , L.) m'a donné des réfultats femblables à ceux de la renoncule bulbeufe. 5°.6°.7°. L'iris d'Allemagne (iris Gérmanica, L.) celui à odeur de fureau ( iris fambucina, L. ) & le variable (iris verficolor, L.) ne m'ont offert aucune reproduction ; mais, lorfque j’ai enlevé leurs ftigmates, j'ai (x) Ces expériences ont été faites dans une campagne de Gueldre. Tome XXXI Par. 11, 1737. NOVEMBRE. Sf 2 x 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, obfervé que les éramines, dont la polition naturelle eft de former un angle fe rapprochoient infenfiblement & fe caloient les unes contre les autres. La plus ou moins grande activité de la lumière me paroît influer fur la rapidité de certe réunion. 8°. L'iris des marais (iris pfeudocarus , L. ) fes étamines ne fe font pas réunies ; je crois devoir l'attribuer à la potion ombragée où il croifloit. 0°. Le feringat odorant (philadelphus coronarius , L.) Une feule des expériences que jai faites fur cet arbrifleau,im’a offert un petit allongement des fils des étamines, 10°. La rue féride (ruta graveolens, L.) Dans l’état naturel de cette plante, cinq étamines font ordinairement redreffées autour des piftils , & les cinq autres reftent couchées fur les pétales jufqu’à leur chûte. Lorfque je me fuis borné à couper les cinq étamines redreflées , les cinq autres venoient les remplacer en peu d'heures. Ce mouvement a toujours eu lieu dans mes expériences. À 11°. La clématite à tiges droites (clematis ereéla, L.) J'ai obfervé, dans quelques-unes de mes expériences, un allongement peu fenfible des fils des étamines , fur-tout de ceux de la circonférence. 12°. L’alifier cotonneux ( crarægus tomentofus , L. ) J'ai obfervé une feule fois un allongement des fils des étamines, dans une expérience commencée le 17 juin & finie le 20. La chaleur étoit très-forte dans ce tems-là, puifque je vois, dans mon recueil d'obfervations thermométri- ques, correfpondantes à celles fur les vegéraux , que le 19 à $ heures, le thermomètre monta au 91° Fabr, dans un endroit où il étoit garanti du foleil par une planche épaifle, & au 82° Fahr, dans un veftibule où le foleil ne donnoit pas. 13°.14°.15°. 16°. 17°.16°, La mauve fauvase ( malva Peruviana,L.) la frifée (walva crifpa, L, ) celle du Pérou ( malva Peruviana , L, ) la lavatère à grandes fleurs ( lavatera trimeflris , L.) la lavatère à trois lobes (lavatera triloba, L, )-& la tremière ( a/cea rofea , L.) m'ont toutes offert une reproduction , ou plutôt un développement femblable, après la caftration. Les piftils fe dégageoient de la plaie & croifloient d'une, deux, trois & même quatre lignes; mais la plaie des étamines ne changeoit pas. Il faut obferver que, dans leur écat naturel les piftils de ces nalvacées s’allongent depuis l’épanouiffement de la fleur, & que les étamines forment une gaine autour des piftils , fans leur adhérer. Ainf cette reprodudion eft un fimple développement, que l'amputation des parties fupérieures n'artêre pas. La longueur des pifuls reproduits varie , 1°, fuivanc l’état de vigueur de l'individu, puifque les leurs les plus tardives ne repouflent que peu ou point ; 2°, elle eft moins grande lorfque la fleur eft épanouie depuis quelque. rems, & prefque nulle après la fécondarion ; 3°, la longueur du tronc, qu'on laifle en coupant le faifceau fexuel , varie Les ne CS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 32$ réfultats ; & la reproduétion eft prefque nulle , lorfqu’on les coupe au niveau de la corolle, 19°. L’échinope odorant (eckinopus ritro, L.) Lorfqu’on coupe les parties fexuelles au niveau de la corolle, les piftils recroiffent de trois lignes & plus ; ils éroient flétris au fommet & m'ont paru ftériles; mais je n’ai pas obfervé l'état des ovaires. 20°. La viricelle ( clematis viticella, L.) La première expérience que j'ai faire fur cette plante, m'a donné un léger allongement des fils des étamines: 21°. L'hibifcus de Syrie ( Aibifeus Syriacus, L.) quoiqu'une véritable malvacée, ne na offert aucune reproduction , cette différence provient d'une forme particulière de fes parties fexuelles, Dans les malvacées, où j'ai obfervé un développement poftérieur à l’amputation , les étamines forment une gaine libre autour des piftils, & ces derniers croiflent encore depuis l'épanouiffement de la: fleur : mais dans l’hibifcus de Syrie, les étamines font réellement implantées fur les piftils, & ces derniers ne changent pas de forme. Ces expériences , que je ne me propoois pas de publier , à caufe de leur féthereffe & du peu d'importance de leurs réfultats, par leur con- nexion avec celles dont je parlerai dans la feconde partie de ce Mémoire, deviennent utiles, & peuvent être confidérées comme les premiers fon- demens de quelques vérités eflentielles pour la phyfologie des plantes. Souvent les faits, les plus ifolés en apparence, offrent , dans leurs rapports, de nouveaux apperçus, qui ouvrent la voie à des découvertes intéreflantes, ou du moins à des rapprochemens lumineux. SREUG ONF DEL PARA TUIRE De la fécondité des Fleurs privées de Leurs parties fexuelles. Dans le cours des recherches précédentes, je me fuis plufieurs fois appercu, que les ovaires des fleurs, dont j’avoiscoupé les parties fexuelles, rofiiloient également, j'y fis peu d'attention , & crus ÿ reconnoître l'effer d’une fécondation antérieure. Mais la lecture des Expériences fur La génération des animaux & des plantes du célèbre Abbé Spallanzani, en réveillant mon attention, me donna la première idée , que ces ovaires n’avoient pas été fécondés. Il eft inutile de rappeler ici les procédés dont il Seftfervi, pour démontrer que les individus femelles des plantes dioiques peuvent être fécondés , fans le concours du mâle: tous les Phyficiens les connoilfent , ainfi que la fcrupuleufe exactitude que cer obfervateur met dans fes recherches. Il nous fuffira de dire, qu'après avoir obtenu des graines fécondes d’un individu renfermé hermétiquement , il ne crut pas la preuve fafifante, & accéléra, dans des ferres, le développement de quelques plantes, pour que leur floraifon , dans ce vafe fermé, précédät 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, celle. des plantes crues naturellement. Le chanvre, qui avoit refufé de fe foumettre aux expériences d’un autre Naturalifte qui vouloit démontrer le fexe des végéraux (1) , & quelques autres plantes donnèrent des femences fécondes, malgré l’ifolement compler que M. Spallanzani eut foin de leur donner. ; Il étoit effentiel de choifir , pour mes expériences fur la caftration des végétaux, des plantes où les parties fexuelles fuflent, très-apparentes & faciles à couper: la tremière me parut réunir les avantages que je defirois. Je commençai par ifoler, autant que poflible, la fleur que je voulois foumertre à l'expérience, en détruifant avec foin toutes celles des environs; & lorfque la corolle étoit encore en bouton , je l'ouvris artificiellement & coupai le faifceau fexuel aufli ras que poflible. Voyant que les ovaires de deux fleurs, préparées de cette manière , grofliffoient, je craignis que la fécondation eût précédé de quelques heures l’épanouiffement des fleurs , & defrai une démonftration plus complette, Pour l’obtenir , je choifis fuc- ceflivement quelques fleurs où la corolle commencçoit à percer le calice ; je coupai l'extrémité de la corolle, d’autres fois j’y fis une incifion: je mis, par ce moyen, le faifceau fexuel à découvert ; il étoit encore enveloppé de cette humeur.vifqueufe , qui doit difparoître avant que la fécoñdation puifle s'opérer. De cinq fleurs que j'avois choifies dans cet état, deux me donnèrent des ovaires fains, qui parvinrent à leur maturité: les trois autres groffirent un peu , mais leurs péduncules s'étant fétris, ils tombèrent. La manière dont les pédurcules ont féché, me feroit croire que c’eft à une légère torlion qu'ils ont fouffert pendant l’amputation du faifceau fexuel, qu’on doit l'attribuer. , La maturité de ces graines m'’étoit une forte préfomption , qu’elles feroient fécondes : & l'examen de leur intérieur nrayant fait voir leûr plantule , je le regardai comme démontré. Cependant, pour donner à mes expériences toute la certitude poñlible , je femai de ces graines , fous une cloche , avec des graines fécondées pour comparaifon : elles ont germé les unes & les autres , une dixaine de jours après, & même les graines obtenues des fleurs privées des parties fexuelles , ont précédé d’un jour les autres : ce que Je crois devoir attribuer à une pofition plus avantageufe. Les expériences de M. Spallanzani & celles-ci démontrent, que la fécondation n’efl pas abfolument néceffaire pour la reproduction , mais qu'elle y eft utile, puifque le nombre des fleurs qui avortent eft plus confidérable , lorfque le concours des fexes n’a pas lieu. Les expériences de M. Spalianzani me paroiflent démonftratives , malgré les objections (r) Camerarius a obfervé , que les graines du mûrier , de la mercuriale & du maïs, ne mûrifloient pas, lorfqu’on coupoit les étamines ; mais que cette expérience ne lui avoit pas réufli fur le chanvre. Epiffola de fexu plantarum , auélore Camerario ; in-8°, Tubingæ, 1694. À L SUR*L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. que plufieurs Naturaliftes m'ont propofées de bouche & par écrit: mais celles que j'ai faires ne peuvenr êtfe févoguées en doute, puifqu'uné Caftration aufli précoce be permet pas de fuppofer une fécondation ; produite par des pouflières répandues dans l'air, 1! faudroit des organes pourdesrecevoir , & les plaies que j'ai fairés, ne peuvent pasraïfonnablement en faire les fonctions. Deux fyftèmes fur la génération divifent les Phyfciens, l'épigénéfie & l'emboïrement : rous deux ont des favans illüftrés pour défenfeurs : tous deux offrent dés faits en preuves, où du moins les faits font expliqués de cette manière par leurs partifans. L’emboitement préfente des difficultés, qui nous pgroiflent inviñcibles , telles que la naiflance des mulets, leur fécondité, la prodution des nouvelles efpèces, les variations auxquelles les êtres organifés font fujets, & fur-tout la prodigieufe divifibilité que néceflite l’emboitement , puifque le germe le plus développé et à peine vifible, L'épigénefe offre moins de difficulté :'car , dès que le erme eft une réunion des molécules furabondantes à la réparation de l'être, & qui ont recu des diverfes parties la forme qu’elles doivent reproduire, toutes ces.objections n’auroient aucun fondement. Lanaiffance des mulers eft une fuite naturelle du mélange des molécules , qui devoient reproduire deux êtres diftin®s ; leur fécondité peut avoir lieu ; dès que leur forme eft aflez fixe, & leur organifation affez adtive , pour envoyer aux organes fexuels les molécules fuperflues. Les variations dés êtres organifés n’offre rien d'étonnant: car dès qu’un feul individu a reçu quelque modification de la nature des lieux qu'il habite, les molécules, qui reçoivent l’im- preflion de fa nouvelle forme, fe réuniffent pour la perpétuer. Toutes les parties de l'individu contribuent à former les germes qui doivent le reproduire: le travail de la vie porte toutes ces molécules dans un feul endroit, où elles fe réuniffent par une efpèce de criftallifation (1), & forment la charpente de l'être, qui devra naître enfuite & fe développer. L'amputation des parties fexuelles n'ayant pas arrêté ce travail de la vie dans les tremières, les molécules ont continué de s'y porter, fe font réunies dans les ovaires, & ont formé un individu en raccourci par leur agprégation. Ainfi toutes les fois que l’amputation des organes fexuels rendra les végétaux flériles, c’eft qu'elle arrêre ce travail de Ja vie, ou l’affoiblic confidérablement ; & routes les fois que des marques vifibles nous annon- ceront que letravail de la vie continue après la caftration , on peut efpérer des femences fécondes par elles-mêmes. Les tremières , ainfi que les autres malvacées, m'ont offert un développement poftérieur à l’ampu- tation des fexes, & mes efpérances fur leur fertilité fans fécondation, n’ont pas été déçues. (1) C’eft le fentiment que M. de la Métherie adopte dans fes principes de Philofophie, F 323 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Lorfque l'amputation des; fexes & des ovaires n'arrête pas le cours des molécules, il fe forme des dépôts où elles fe réuniffent & donnent naiflance à des poils ou fils non colorés (1), qui varient de grandeur & de rénuité, füivant les forces reproductrices de l'efpèce , ou peut-être de l'individu. La benoîte des ruifleaux, qui, dans mes expériences, a montré le plus de tendance à fe reproduire, eft celle où ces fils étoient les plus longs & les plus gros Dans quelques efpèces, la production de ces fils, & mème le . développement poltérieur des fils des étamines , n'a eu-lieu que dans le moment où la plante avoit le plus de vigueur, & n'a pas eu lieu dans * d’autres tems (2). La chaleur & l'activité de Ia lumière , qui, dans toute occafion, paroïc accélérer la vie, m’a paru de même, avoir quelque, influence (3). | Cette naiflance de poils ou fils, dans un lieu où la réunion des molé- cules efttrop fenfible pour être révoquée en doute, eft une preuve frappante de la formation des poils que j'ai attribués, dans plus d'un Mémoire, à l’aggrégation de la matière organifée , fans néanmoins avoir encore publié le travail que j'ai fait fur leur nature. Les poils font plus nombreux fur les individus nés dans des pofitions très-chaudes, que fur les autres : leur organi{ation eft plus active; les molécules fuperflues y font plus abondantes & forment des dépôts, qui donnent naïiffance aux poils, aux épines & aux autres parties accelloires. Ainfi, par-tout où la matière organifée fe réunit, elle formé un corps, qui fe développe, s'érend, & donne enfuite l'exiftence à d’autres individus, lorfque fon organifation: intérieure facilite la réunion de fes molécules, Une objetion qu'on me.fera certainement, & à laquelle je crois néceffaire de répondre tout de fuite , eft, pourquoi les fleurs doubles font fériles, fi les fexesne font pas néceflaires à la reproduction. Il paroîten effet fingulier , au premier coup d'œil, que les tremières à fleurs doubles foient ftériles, tandis qu'après une opération, dont le but eft de retrancher les organes fexuels, elles font évalement fécondes, Mais les molécules em- ployées à développer cette quantité de pétales fuperflues, font enlevées aux ovaires, & la plante s’épuife , pour produire ce que nous nommons très-improprement fa beauté. Il feroit très-polible, qu'en faifant fur les tremières à fleurs doubles , une opération femblable à celle que j'ai faite fur les fleurs fimples, on pourroit obtenir des femences fertiles ; je n'ai pas pu le vérifier par des expériences, lorfque l'idée m'en eft venue , la faifon étoit trop avancée pour l'eflayer. ; À Laufane, le 27 Septembre 1787. (1) Payez les numéros 1, 2, 3, 4 de mes expériences dans la première partie de ce Mémoire, (2) Voyez les numéros 3,9, 11, 12, 19, de mes expériences dans la première partie de ce Mémoire. (3) Voyez le numéro r2 de ces mêmes expériences. OBSERVATIONS : À 1 + SUR L'HIST, NATURELLE-ET LES ARTS. 329 OBSERVATIONS SUR LES GERBOISES ; Par M. SoNNINI DE MANONCOURT. P ARMI les obfervations nombreufes d’Hiftoire-Naturelle que j'ai recueillies dans le cours de mes voyages, celles fur les gerboifes d'Afrique m'ont paru fufceptibles d’être publiées , avec d’autart plus de raifon , que M. de Buffon r’ayant pu fe procurer aucun individu de ce genre de quadrupèdes, en a parlé feulement d’après des indications incomplettes. Le premier réfultat que j'aie retiré d'un examen attentif, & des def- criptions foignées de plufieurs de ces animaux , a été de m'aflurer qu’il n’exiftoit point de variétés dans la race des gerboifes de l'Egypte , pays où elles font plus mulripliées que dans tout autre: en effet, j'y ai été à portée d'en obferverun grand nombre en différens lieux & en différens tems, & je n’ai remarqué aucune diflemblance dans les formes ni dans les couleurs, Pour la facilité dé la prononciation , je conferverai à cette gerboife d'Egypte le nom de jerbo , fous lequel M. de Buffon l’a faic connoître ; quoique fon véritable nom , fon nom arabe, foit jerboa. C'eft le jerbo de Corneille le Brugn ( p. 406 & fig. p. 410.) la gerboife de Paul Lucas (tom. 2, p.73 € fig. p.74.) le jerboa du Docteur Shaw (p. 248 & fig. p.240.) lemus jaculus pedibus pofficis longiffimis, candé extremi villos& d'Haflelquitz , le gerbua des Glanures d'Edwards ; la /ouris montagnarde à deux pieds nommée par les arabes jarbo , de M. Michaëlis, queft. 92, & , comme je le prouverai tout à l'heure, c’eft encore l’a/agtaga des Tartares Mangous , décrit par M. Gmélin dans le cinquième tome des nouveaux Commentaires de l’Académie de Pérerfbourg, fous ce’te phrafe, Cuniculus pumilio, faliens, caudä longifflèmé ; & conféquemment, c’efl enfin le cuniculus, feu lepus indicus, utias dius d'Aldrovande , hit. des Quadr. page 395. Que des voyageurs fans notions d'Hiftoire Naturelle, & par conféquent, fans goût pour les obfervations de ce genre, aient, au premier afpect & fans examen ultérieur, impofé des dénominations faufles à des animaux étrangers, d’après quelques rapports, foit dans les forines , foit dans.les habirudes avec des animaux connus, l'on n’en eft pas étonné. Leur manière de voir étoit fuperficielle & vulaaire; les réfulrats avoienc les roèmes défauts, Maïs on a toute raifon d être furpris que des Naturaliftes de profeffion , qu'Haffelquitz, par exemple, élève d'un homme célèbre , Tome XXXI, Part, 11, 1787. NOVEMBRE, Tt ee 330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; ait commis les mêmes erreurs. [1 eft d'autant moins excufable , qu'il ne- fe dérerminoit à dénommer qu'après un examen long & même minutieux ;: mais il avoir, comme le Chevalier Linné fon maître, la manie de rapporter au même genre des êtres que la nature avoir féparés par de grandes diftances. Cette réunion d'objets très-éloisnés les uns des autres, n’étoit fondée que fur quelques rapprochemens dans les formes extérieures ; rapprochemens ifolés , vagues, pris au hafard , & fi peu ftables, qu’on pouvoit les quitter, & qu'on les quittoit en effec, pour en reprendre d’autres ézalement précaires,au moyen defquels le même animal changeoit de place ou de genre à la volonté du nomenclateur. Après avoir reconnu chaque forme en particulier , en faifir & en: comparer l’enfemble, étudier fur-tour les mœurs, les habitudes, ne porter dans les obfervations ni prévention ni efpric de fyftème, voir les chofes comme elles font , & non comme on voudroit qu’elles fuffent ; tel elt le caradère du vrai Naturalifte: randis que celui des nomenclateurs a été de tout embrouiller, Le jerbo nous fournit un exemple de cette confufion: répandue dans la fciéence de Ja nature : quelques reflemblances prifes chacune féparément Font fait comparer au lièvre, au lapin , au rat, au mulot, &c. quoiqu'il différe fi évidemment des uns & des autres , que tout homme privé dela plus légère connoiffance en Hiftoire-Naturelle ,, mais en même-tems doué d’un bon efprit, ne les confondroit jamais. Cependant ces dénominations impropres de liévre , de lapin, de rat , de: mulor , &c. ont été attribuées également au jerbo ,.par des Naturaliftes & par des voyageurs moins inftruits; & il eft digne de remarque que Férudition fans génie produife quelquefois les mêmes effets que Fignorance. Cet principalement dans les climats brülans de l’Afrique que la nature’ femble avoir pris plaifir à varier d’une manière toute fingulière les formes: des êtres qu’elle y a placés &.à s'écarter des règles & des proportions qu'elle paroifloit avoir adoptées; fi routefois l’on peut appeler écarts, les preuves de fon immenfe & riche fécondité. C’eft fur ce {ol de feu que fe: trouve la girafe ou caméléopard, remarquable par la hauteur démélurée de fes jambes de devant. La même difproportion dans les jambes fe trouve: dans le jerbo; mais au contraire de la girafle, ce font celles de derrière qui font longues par excès, tandis que celles de devant paroiffent à peine: ces longues jambes, ou pour parler plus exaétement, ces longs pieds, car c'eft le tarfe qui eft fi confidérablement prolongé , fervent feules au jerbo pour fe mouvoir, celles de devant, que l'on pourroit regarder comme des petites mains, lui font inutiles pour aller d’un liew à un autre, [l faute à la manière des oifeaux, & cette démarche qui feroic extrèmement vênante pour tout autre quadrupède, eft tellement propre à celui-ci que fa courfe, ou plutôt fon fautillement ef très-lefte & très-vite. Voilà donc un animal qui avec quatre pieds s'éloigne un peu de la claffe: SUR'L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 33r des quadrupèdes, pour prendre quelqu'empreinte de celle des oifeaux. Piacé für le premier échelon du paflage de lune à l'autre, il conftitue la première dévradation des quadrupèdes & commence la nuance de ceux-ci aux oifeaux. L'homme célèbre dont le génie a porté le flambeau de la philofophie dans le fanctuaire de la nature, a le premier érabli cette fublime & importante vérité, que le travail de cette même nature n’avoit point été coupé par des diftances marquées, ni par des interruptions brufques , que tout y étroit lié; que le pailage de clafle à claffe, de genre à genre , d'efpèce à efpèce , fe faifoit, par des nuances praduées, & que ces clailes, ces genres & ces efpèces n’étoient aux yeux du Philofophe que des fignes propres à foulager l'efpric, des divifions pour aider la mémoire & nullement des repréfentations du faire de la nature, Quoique la tranfition des quadrupèdes aux oifeaux n'ait pas encore été fuivie, quoique rous les points n’en foient pas encore reconnus, nous n’en fomimes pas moins fondés à regarder cette liaifon comme exiftante ; nous en avons le principe dans le jerbo & la dernière gradation dans les chauve-fouris. [l y a tout lieu de croire que la férie des nuances fe déve- loppera à melure que de bons obfervateurs fe dévoueront à des voyages dans des contrées neuves pour l'Hiftoire-Naturelie. Je fuis convaincu que l’intérieur de l'Afrique, pays encore vierge pour les découvertes , renferme une foule d'objets nouveaux & précieux , dont la connoiffance répandroit Le plus grand jour fur toutes les parties de la phyfique générale. Qu'il me foir permis de configner ici le deflein que j'avois formé , il y a quelques années, de pénérrer dans ces régions regardées jufqu’a préfenc comme inacceflibles, Mon intention éroit de parcourir toute la longueur de l'Afrique dans fon milieu , depuis le golfe rrès-peu connu de la Silre jufqu'au cap de Bonne-Efpérance. ‘J’ofe regarder comme une gloire d'avoir conçu ce projet qui effraye l'imagination , & de m’être fenti aflez de courage pour l'exécurer, fi les circonftances euflent été favorables, Mais il eft rems de pafler à la defcription du jerbo. Sa taille elt à-peu-près celle d’un gros rat; il a la tête large , groffe à proportion du corps, le deflus applatti & d’un fauve clair nué de noirâtre; le mufeau court, large & obtus; la maächoire fupérieure plus avancée que l'inférieure ; lune & l’autre garnies de deux dents incifives feulement, celles d'en-haut larges, coupées quarrémenr, plates & divifées dans leur longueur par une rainure qui les partage au milieu ; enfin , celles de la mâchoire inférieure plus longues, convexées extérieurement , pointues à leur extrémité, & recourbées en dedans. On voit que ces dents font à-peu-près difpofées & formées comme celles du lièvre , du lapin, du rat & du mulot, & c’eft certe refflemblance qui 2 valu tous ces noms au jerbo. Il eût été tout auñli raifonnable de le prendre pour un cattor ou pour un porc-épic, lefquels font également dénués de dents canines, & n'en ont que quatre incifives. Le nez eft nud ,blane & car- Tome XXXI, Part, II,1787. NOVEMBRE. Tt2 / 33> OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: tilagineux. Les yeux grands & faillans ont l'iris brune, les oreilles fone longues , amples & couvertes d’un poil fi court, qu'à moins d'y regarder de près , elles paroiflene nues. Exrérieurement elles fonc blanches dans leur partie inférieure, & grifes dans le rette de leur longueur ; leur intérieur, de même que les côtés de la tête, eft d’un fauve très-clair, mêlé de gris & de noirâtre ; elles entourent circulairement, fur le tiers environ de leur longueur , le meat auditif, en forte qu'elles forment exactement la partie fupérieure d’un cornet. Cette conformation doit augmenter dans les animaux la faculté d’ouïr, & fur-tout défendre l'intérieur de l'organe contre Les corps étrangers qui pourroient sy introduire, Le corps eft peu allongé, plus large en arrière qu’en devant , & bien fourni de poils très-longs, doux & foyeux. Ceux qui couvrent le deflus &c les côtés du corps font cendrés dans prefque roure leur longueur, & d'un fauve clair vers leur pointe qui eft noiratre ; mais comme la partie cendrée n’efl pas apparente, l’on peut dire que le pélage eft d’un fauve clair & varié de lignes noirâtres en zig-zag. Ces teintes un peu obfcures. tranchent agréablement avec le beau blanc luifant qui couvre tout le deflous du corps. Les pieds de devant font fi courts qu'à peine ils débordent le poit ; ils font blancs, & ont cinq doigts, defquels le pouce; ou doigt intérieur, eft fort court, arrondi à fon bout, & fans ongles. Les quatre autres doigts, dont le fecond extérieur eft le plus grand , font longs & armés de grands ongles crochus. Le talon eft fort relevé, & le dedans ou’ la plante des pieds eft nud , & de couleur de chair. J'ai déjà remarqué qu'on pouvoit les regarder comme des mains: en effet, ils ne fervent point au jerbo pour marcher , mais feulement pour faifir fa nourriture & la porter à la gueule , & encore pour creufer fon terrier. Les jambes de derrière font couvertes de longs poils fauves & blancs : les longs pieds fonr prefqu'entièrement nuds, fur-tout extérieurement ; ce qui doit être ainf, puifque l'animal , en mouvement, ou en repos, eft continuellement appuyé fur cette partie. Ils ont trois doigts defquels celui du milieu eft un peu plus grand; tous trois font munis d'ongles courts, mais larges & obrus..Ils ont encore au talon une efpèce d’éperon , ou plurôr, un très-petit rudiment d’un quatrième doigr, qui rapproche le jerbo d'Egypte de l’alagtaga de Tartarie décrit par M. Gmélin, & qui vraifemblablemene a échappé à Edwards & à Haflelquitz. Au refte, les doigts & le talon font garnis en deflous de longs poils d'un gris teint de jaune, à l'excep- tion de ceux qui font à la naiflance des doigts, dont la couleur ef noirâtre. Fous les ongles, ceux de devant , comme ceux de derrière, font d’un blanc fale. La queue , que je n’ai pas trouvée comme Edwards & Haffelquitz , trois fois plus longue que le corps, mais feulement un peu plus d'une demi- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 333 fois, n'a guère plus de circonférence qu'une grofle plume d’oie; mais elle eft quarrée : elle eft d’un gris plus foncé en deflus qu’en deffous, & garnie d'un poil ras jufqu’à fon extrémité que termine une touffe de longs poils foyeux & mi-partie de noir & de gris. En comparant cette defcription avec celle que M. Gmélin a donnée dé l’alagraga, dans le cinquième tome des nouveaux Commentaires de l’Académie de Péterfbourg , l’on verra que le jerbo reffemble fort à l'alagtaga. [ls ont tous deux le même nombre de doigts aux pieds de devant, les éperons à ceux de derrière, la même longueur de la queue, &c. ce qui prouve deux chofes: la première, que le jerbo & l'alagtaga ne fort que le même animal, ainfi que M. de Buffon l'avoir foupçonné, & la feconde que les defcriptions que l'on a données du jerbo n'étoient pas très-exactes, Ce qui laïfloit des doutes à M. de Buffon fur la réunion du jerbo & l'alagraga, c'étoit la difparité des climats habités par l’un & par l'autre, Mais cer exemple ne feroit point unique. Plufieurs efpèces d’ani- maux font répandues dans les contrées glacées du nord & dans les régions torrides du midi. Les rats fe plaifene dans les pays très-chauds & fe trouvent encore au nord de la Suède: les lièvres habirenc également les fables brülans de l'Afrique & les neiges de la Laponie , de la Sibérie, du Groënland, &c. Voici la table des principales dimenfions du jerbo. Elle eft le ternre moyen des mefures prifes fur plufeurs individus, & elle ne convient qu'aux femelles, parce que ce font des femelles qui me font tombées les premières entre les mains. La variation dans les grandeurs eft au refte peu fenfible, Longueur du corps depuis le bout du mufeau jufqu’à [a naiffance de Ja queue, $ pouces =. De la tête, prife en ligne droite, depuis le bout du mufeau jufqu'à la nuque, 1 pouce 8 lignes. De la queue, 8 pouces !; en forte que la longueur totale, la queue comprife , eft de 1$ pouces 8 lignes. Largeur du mufeau à fon extrémité , 4 lignes, De l’ouverture de la gueule prife d'un angle de lamichoire à l’autre, 3 lignes ?. La mâchoire fupérieure dépafe l'inférieure de 3 lignes +. Longueur des dents {upérieures, 2 lignes; des dents inférieures, 3 lignes; desoreilles, 1 pouce +. Diflanceentre le boue du mufeau & l’angle antérieur de l'œil, 10 lignes. Entre l'angle poftérieur de l'œil & l'oreille, 2 lignes =. Entre les deux angles de l'œil, $ lignes, Entre les angles antérieurs des yeux, prife en ligne droite , pouce ‘1 ligne. Entre fes oreilles, 9 lignes. Diamètre de la queue à fon origine, 2 lignes. Lonoueur totale des jambes de devanr, 1 pouce 7 lignes : du pouce, I ligne. Du fecond doigt mefuré avec l’ongle, 3 lignes. Longueur totale des jambes de derrière, 6 pouces 2 lignes: du doigt du milieu mefuré avec l’ongle , 10 lignes : de l’éperon, 1 ligne. Les femelles ont huit mammelons dont la poftion mérite d’être remarquée, Hs font fitués plus en dehors que ceux des autres quadrupèdes, 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La première paire efl au-delà du pli des épaules, & la dernière eft plus fous la cuifle que fur le ventre, Les deux autres paires étant fur la même ligne, fe trouvent ainû pts plucôt fur les flancs que fous Le corps, Elles ont la vulve très-relevée & louverture du vagin aflez grande. Les mâles font modulés fur une échelle plus petite, mais certe diffé- rence eft légère. Les teintes de leur pélage font aufli en général moins foncées. Les telticules ne font pas apparens au-dehors, La verge dans fon état ordinaire eft elle-même cachée dans un fourreau fort épais, mais lorfqu’elle ‘étend, elle a 15 lignes de long & 2? de tour à fa racine, L'ouverture du gland eft formée par deux anneaux cartilagineux. Le prépuce a dans fa partie fupérieure deux peries crochets cartilagineux, blancs & longs de trois ligues, lefqueis, fe recourbanten avant, viennent aboutir prefqu'au bord même du prépuce; ces crochets allez gros à leur infertion fe termibent en une pointe furmontée d’un petit bouton jaune & femblable aux éramines de certaines fleurs. Tout le prépuce eft garni en outre de très-petites pointes blanches cartilagineufes & recourbées vers la racine de la verge. D'après cette conformation fingulière, il y a lieu de croire que l’accouplement de; ces animaux a , comme celui des chats, des inftans douloureux , où même que le gland une fois gonflé dans la vulve, ne peut en être retiré qu'au bout d’un certain tems,ainfi quil arrive aux chiens, y: Avec un appareil prodigieux relativement à fa petite taille des jerbos, dans les parties de la génération, l'on peut préfumer qu'ils font très- ardens en amour. Il paroîr qu’ils fonc également féconds, car ils font très-multipliés en Arabie, en Syrie, en Egypte & en Barbazrie. Il eft probable que dans le nord ces facultés font fort afloiblies. Je conjecture même qu'ils sy engourdiflent pendant la faifon la plus rigoureule, & qu'ainli ils doivent beaucoup moins fe propager que dans les pays méridionaux. L'examen des parties intérieures me m'a rien fourni d’extraordinaire : il a feulément fervi à me confirmer un fait dont je m'étois prefque déjà affuré par l’obfervation : c’eft que les jerbos ne ruminent point, ainfi que des favans étoient portés à le croire, (voyez les tablettes inftructives des voyageurs que le Roi de Dannemarck a envoyés en Orient , par M. Michaelis, quelt, 92) & la preuve fans réplique, c'eft qu'ils n'ont u'un feul eftomac. Ils fe trouvent communément dans la balle Egypte, fur-tout dans [e Balfiré ou partie occidentale. La dénomination de rats ou de fouris de montagne leur a donc été fauflemsent attribuée, puifque toute la partie inférieure de l'Egypte eft une plaine exacte. Haflelquitz dans fon voyage prétend que certe dénomination a été imaginée par Les François, Mais ce Suédois s’eft trompé routes les fois qu'il a voulu mal parler de notre nation: (voyez mes Remarques fur la niangouite , publiées l'année D SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS, 335 dernière dans le cahier du mois de mai.) Le petit nombre de François qui commercent en Egypte ne favent ce que C’elt que le rat de montagne, Ce font des favans étrangers qui ont ainfi appelé le jerbo ; &, ce qui a particulièrement induic en erreur à ce fujec l'illuftre Profefleur de Gottingue , M. Michaelis , c’eft une équivoque d’Hiftoire-Naturefle, L'on a pris le jerbo pour le /chafau de l'Ecriture, & l’on à attribué au ptemier , tout ce que les aureurs Arabes ont dit du fecond, J'ai fous les yeux des differtations philologiques qui ont embarraffé tous ceux qui connoiffent le jerbo , dont on ne retrouve en effet ni les habitudes , ni les mœurs, pi cette fagacité d’inltinét, cette haute fagefle vanrée par les écrivains orientaux, & que Salomon même exalte dans fes Proverbes (chap. 30, v. 24 & 26): Quatuor funr, dit-il, minima terræ, & ipfa Junt fapiéntiora faptentibus . . . .. Lepufculus ; car c’elt ainfi que traduit la Vulgate: Plebs invalida qui collocat in petra cubile fuum. Mais par une difcufion approfondie, je me fuis afluré que tout ce qui avoit éré écrit anciennement au fuiet des animaux à longues jambes . devoit s'entendre uniquement du /chafau que l'on a aufli appelé Daran Tfraël où agneau d'Hraël, en avouant néanmoins qu'un Naturalifte pourroit railonnablement fe plaindre de quelques exagérations inféparables du ftyle oriental, Ce fchafau, outre la longueur des jambes de derrière, a quelques autres traits de conformité avec le jerbo; mais il en differe aufi par plufeurs caractères bien diftin@s. D'ailleurs, il habite les rochers du Mont-Liban & des autres montagnes de l'Orient fur lefquelles on ne voit jamais le jerbo. Je ne l’ai pas rencontré non plus dans la haute Esypte, ce qui ne veut pas dire qu'il n’y exifte pas, Je fuis cependant très-porté à le croire, parce qu’il n’eft pas repréfenté dans le nombre infini de caraétères hyéroglyphiques qui y font confervés. H eft en effet très-probable que les Prêrres de l’ancienne Esypte dans laquelle, comme on le fait, n'étoit pas compris alors ce qui eft au-deflous de Memphis, n’euffent pas négligé dans leurs hyérogliphes ou dans leurs leçons myfté- rieufes un animal auli fingulier, s’il eûc exifté parmi eux, avec d’autant plus de raifon, qu'ils n'auroient pu mieux choifir le type des vertus fociales. Les fables & les décombres qui environnent l’Alexandrie moderne font très-fréquentés par les jerbos, Ils y vivent en troupes & ils y pratiquent en commun des terriers qu’ils creufent avec leurs ongles & leurs dents; ils percent même par ce moyen le taf qui fe trouve fous la couche de fable. Sans être précifément farouches, ils font très-inquiets, Le moindre bruit; oa quelquobjet nouveau les fait retirer dans leurs trous avec précipi- tation. On ne peut en tuer qu'en les furprenant. Les Arabes favent les prendre vivans en bouchant les ifues des différentes galeries de leurs retraites , à l'exception d’une feule, par laquelle ils les forcent de fortir. Le peuple en Egypte en mange la chair qui ne pafle pas pour un fort 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bon mets , & leurs peaux fervent à faire des fourrures très- communes, ‘ J'ai nourri pendant quelque tems en Esypte fix de ces animaux dans une grande cage de fil de fer. Dès la première nuit, ils-en avoient entiè- rement déchiqueté les montans de bois, & je fus obligé de la faire garnir intérieurement avec du fer-blanc. Ils mangeoient du bled, du riz, des noix , & routes fortes de fruits, [ls fe plaifoient beaucoup au foleil dès qu’on les en retiroit ils fe ferroient les uns contre les autres, & paroifloiene fouffrir de la privation de la chaleur. Des voyageurs ont écrit que les jerbos dormoient de jour, & jamais la nuit; pour moi, j'ai vu tout le contraire. Dans l'état de liberté on les rencontre fouvent en plein jour autour de leurs habitations fouterraines , & ceux que j’ai nourris n’étoient jamais plus vifs, ni plus éveillés, que lorfqu'ils étoient au grand foleil, Quoiqu'ils aient beaucoup d’agilité dans leurs mouvemens, la douceur & Ja tranquillité femblent former leur caractère. Ils vivent paifiblement en troupes nombreufés dans des retraites communes, Les miens fe laifloiene aifément coucher. [l n’y avoit entr'eux ni bruit ni querelles, quand même il s’agifloit de manger. Ils ne téoignoïient du refte ni joie, ni crainte; ni reconnoiflance, Leur douceur -n'étoit point aimable, n’étoit point intéreflante ; elle paroïffoit être l’effer d'une froide & complette indiffé- rence qui approchoit de la ftupidité. Trois de ces jerbos périrent fuc- ceflivement avant mon départ d'Alexandrie: j'en perdis deux autres dans une traverfée un peu rude jufqu'à Pile de Rhodes , où le dernier , par la négligence de celui qui en étoir chargé, fortic de fa cage & difparur, Au défarmemient du vaifleau je Le fis chercher exaftement, mais fans fuccès ; il avoic été, fans doute, dévoré par es chats. Ces petits qua- drupèdes paroiflent difficiles à conferver en captivité, & encore plus à tranfporter dans nos climats. Il eft bon au refte d’avertir ceux qui tenteroient d'en amener en Europe des précautions qu'il eft indifpenfable d'employer pour les conduire fur les vaifleaux. Elles fonc les mêmes que celles que l’on prend pour apporter les agoutis, les acouchis, & les autres animaux à dents rranchantes de l'Amérique : en doit les enfermer dans des tonneaux, d’où ils ne puiffent fortir; leur naturel les portant à rout ronger , ils occalionneroient dans le cours d’une traverfée , des avaries confidérables; & pouvant même percer les bois les plus durs, ils mettroieng les vaifleaux en danger, | - MÉMOIRE LS mm) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 MÉMOIRE HISTORIQUE Sur la manière dont on extrait les différentes fubflances connues fous les noms de Térébenthine , Galipot ou Barras, Bray fec, ou Celophonne , Poix jaune , Réfine jaune , la Pegle, qui veut dire Poix noire, ou Bray gras, & le Goudron : : « Lu à la Séance publique du Collège de Pharmacie ; Par M. MORINGLANE , Membre du Collège de ‘Pharmacie de Paris, S ANS entrer dans les détails da l’hiftoire entière de l'arbre qui produit ces différentes fubitances , & qui eft connu fous le nom de pin, je ne puis m'empêcher de rapporter quelques particularités fur fa culture ; mais je n'en prendrai que ce qui me fera néceflaire pour me conduire au but que je me fuis propofé, Il me fufit de dire que cet arbre fe plaît plus dans le fable, qu'il y croît plus vite, qu'il y produit davantage , que dans les terres fabloneufrs & noires , où il fe durcit trop, rend beaucoup moins , & eft beaucoup plus tardif à être mis en valeur. On ne commence jamais à le mettre en valeur ,ou en travail , pour nous fervir du terme du pays , qu'à l'âge de trente ans, & le plus fouvent à quarante, Cela dépend du foin que l'on apporte à fon enfance ; car j= crois que l’on peut employer cette exprellion , quand il s’agit d’un terme aulli long pour être mis en rapport : le tems que l’on limite pour ces foins le permet encore , ainfi qu’on va le voir, Si à l’âge de douze à quinze ans on a eu le foin de l'éclaircir, c’eft-à- dire, de le débarrafler des autres pins qui lentourent à la diftance de quatorze à quinze pieds plus ou moins, attendu que l’on conferve toujours les plus apparens en force , & enfuire de l'élaguer , c'eft-à-Jire, de lui couper les branches depuis le rez-de-chauflée jufqu'à la hauteur de fept à huit pieds , on doit être afluré qu’à l’âge de trente ans l'arbre fera fufifaniment fort pour être mis en valeur. à En négligeant au contrairetcette première précaution, l'arbre groflit moins, fe durcit davantage, & il arrive fouvent qu'on ne peut l’exploi-er avant quarante-cinq à cinquante ans, quelquefois jamais , fi les premiers foins ne lui font donnés à propos, parce que s'érouffant lun & l'autre, - Tome XXXI, Part, II, 17987. NOFEMBRKE. y 333 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ‘ ils finiflent par périr ; & fuppofé qu'il parvienne à être mis en valeur, il eft teilement dur, qu'il ne rend pas la moitié de matière que l'arbre qui a été foigné à propos. Quand cet arbre eft parvenu à l'âge de rapport, on commence à le travailler dès le mois de février 3 on continue pendant tout l’été jufqu'à 12 fin de feptembre, fouvent jufqu’à la mi-octobre : cela dépend du plus: ou moins de chaud qu'il fait en ce mois. L'on vient lui faire une entaille en incifion avec une hache dont le coin: du tranchant eft courbé en dehors pour qu'il n’entre pas trop avant dans 1e bois. On commence au pied de l'arbre, & ont monte fucceffivement en a renouvellant, & coupant du bois une fois par femaine, quelquefois: deux: chaque coupe enleve environ un travers de doigtde bois, & l’entaille: doit avoir trois pouces de large. On la continue pendant quatre ans feu- lement, & au bout de ce tems elle fe trouve à la hauteur de huit à neuf pieds. L’échelle dont l'ouvrier fe fert fe nomme pitec ; ce n’eft autre chofe: qu'une pièce de bois en bâton pointu par le haut, fur la mafle de laquelle: fonc prifes des marches où l’on ne peut mettre que la pointe du pied ou le: talon, & elle n’eft foutenue à l'atbre que dans le vuide qui fe trouve dans: le raboteux de l'écorce. Quand cette première entaille eft finie, on en recommence une autre: du côté oppofé de l'arbre, & fucceflivement tout autant qui refte d'écorce.… L'entaille déjà abandonnée fe ferme dan$ l'intervalle, & lorfque l'arbre: a eu des entailles tout autour,on en recommence de nouvelles {ur le bord de ceiles qui fe font fermées, en forte qu'un arbre qui fe trouve fur un bon fol, & qui eft bien ménagé dans l'exploitation, dure & produit des matières pendant cent ans, ainfi que l'on peut s’en convaincre par les incifons, qui en termes du pays fe nomment cures, qui veut dire vifage: œu face: ° On pratique au bas de lincifion un petit creux dans la terre , bien folide, on le nomme rof?. Ce creux fert de récipient pour la réfine qui découle de l’incifion à mefure qu'on la fair; il fe remplit ordinairement tous les mois depuis que les chaleurs commencent à régner, & alorson: l'enlève avec un petit inftrument de fer en forme de bêche , & on fe fert de feaux de liège pour la tranfporter dans des réfervoirs faits exprès, C'eft certe réfine qu'on nomme térébenthine brute : elle eft d’une couleur laiteufe , on la nomme dans le pays geme molle, qui veut dire réfine molle, elle forme la récolte de l'été; elle a befoin d’être purifiée. J'en parlerai quand j'aurai fait connoître la production de la récolte d'hiver, La matière que l’on récolre l'hiver eft ce qu’on appelle barras, galipo® ou réfine blanche ; cette réfine fe fige pendant l'été fur la füurface de l'incifion, & y forme une croûte de près de deux travers de doigt 3 lorfque la chaleur n’eft pas aflez forte pour la maintenir aflez liquide: pour couler dans le récipient ; je croirois même que cette chaleur auroit: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 pu y contribuer en facilitant l’évaporation de l'huile effentieile néceffaire à la liquéfa@ion, fi les habitans n’avoient obfervé que l'incruftation eft plus où moins confidérable fuivant le fol où l'arbre fe trouve; fur le fable, par exemple, il la conferve moins, & fur la terre noire il la conferve davantage, fur-tout li l’arbre eft jeune. Pour enlever cette incruftation, l’ouvrier fe fert d’un fer tranchant, courbé , large de deux pouces & demi , attaché à um manche de bois fuffifamment long pour atteindre au haut de l'incifion. Cer outil fe nomme en terme vulgaire barre/quie, l'opération barrefea , d'où peut avoir dérivé le nofn de barras que l’on a donné à certe matière. Pour procéder à cette opération, on étend une toile mouillée au pied de Farbre pour recevoir la matière que l'on détache en grattanc fortement du haur en-bas la furface de l’incifion; on la met en mafle fous des engards, pour l'exploiter lorfque les propriétaires croyent en tirer meilleur parti. La térébenchine & le galipot onc befoin d'être féparés des corps étrangers ; l’on purifie la térébenthine , l’on purifie & on cuit le galipor. Je vais indiquer la manière dont on sy prend. Purification de la Térébenthine. Il y a deux manières d’y procéder : la première , qui eft celle qu’on pratique dans le Maranfin, près de Bayonne , confifte à avoir un fourneau fur lequel eft placé une chaudière de cuivre qui contient ordinairement trois cens livres de matière ; on enduic le tour, de forte que la fammene puifle circuler au dehors: on remplic prefque la chaudière de térében- thine ; on la chauffe à petit feu ; & lorfqu’elle eft abfolument liquide, on la pafle fur un filtre de paille fait exprès; placé fur une auge ou cuve, on la laïfle refroidir pour la mettre dans des vafes ou futailles, foit pour Penvoyer ainfi, ou pour en extraire l’huile effentielle. Cette purification lui donne une couleur dorée, & peut fe faire en tout tems. La feconde manière , & qui ne fe pratique que dans la montagne & à la Terre de Buch, à dix lieues de Bordeaux, confifte à avoir un grand couloir en planche d’un quarré de fept à huit pieds, dont le fond et percé de petits trous ; on le place à une certaine hauteur fur un réfervoir éga- lement conftruit, mais fans trous, parce qu'il fert de récipient. On expofe le couloir Le plus qu’il eft poflible , de manière qu'il puiffe avoir l’ardeur du foleil toute la journée. On le remplit aux deux tiers de térébenthine, & à mefure que le foleil l’échauffe, elle fe liquéfie, & tombe par les perits trous dans le récipient qui eft au-deflous , & les corps étrangers qu'elle contenoit reftent dans le couloir; la térébenthire purifiée de certe manière eft beaucoup plus dorée que la précédente , plus liquide & beaucoup plus eftimée, À Ceux qui puriñent la première ne connoiffent pas cette manière. Les propriétaires ne l'ignorent cependant pas ; maisils ne la font pas pratiquer, Tome XXXI, Part, IL, 1787. NOVEMBRE, Vv2 540 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; arce qu'elle ne peut fe faire qu’en été, & qu'ils peuvent faire leur purifi- Pare P q qu'ils p cation en tout tems. Huile effentielle de Térébenthine. Pour extraire l'huile effentielle, on a un alambic à ferpentin, comme ceux dont on fe fert pour la diflillation de l’eau-de-vie, Il eft ordinaise- ment d'une capacité à contenir deux cens cinquante livres de matière ; on le place fur un fourneau , & on le charge à cette quantité de térében- thine purifiée ; après avoir pris la précaution d’ufage , ils mettene le feu au fourneau , & donnent doucement d’abord un degré de chaleur fufffane pour faire promptrement bouillir la matière, & l’entretiennent à ce degré jufqu'à ce qu'ils s'appercoivent qu'il ne paffe plus d’huile effentielle, alors ils arrêcent le feu, fans l’éteindre : ils retirent l'huile du récipient qui n’eft autre chofe qu’un baquet placé à côté du tonneau qui fert de réfrigérenc & fous le conduit du ferpentin ; cette quantité de térébenthine produit ordinairement foixante livres d'huile , & l'opération finit dans le jour. . - Rifidu de cette Diflillatior. J'ai fait obferver plus haut que les ouvriers n’avoïent fait qu’arrêter le feu, parce qu'ils ont befoin de la chaleur pour retirer le réfidu de l'alambic. Pour cet effet, ils ouvrent un tuyau en cuivre qui eft pratiqué pour cet ufage à l’alambic, & le réfidu coule dans une auge placée exprés,. & fufilimment grande pour le contenir, afin de l'y laiffer un peu refroidir, Cette auge eft évalement percée d'un trou à fon extrémité ; on forme une rigole au-deflous fur le fable pour la faire couler dans des moules plus loin & dans du fable bien frais, & on la laiffe refroidir pendant deux jours au moins afin de pouvoir l'enlever. C'eft ce rélidu qui eft connu fous le nom de bray fec, & nous Femployons dans nos pharmacies fous celui de colophonne : elle elt d'une couleur brunâtré, três-cèche, On peut lui enlever cetre couleur & [a rapprocher de celle de la réfine jaune, fon a foin de jeter de l'eau bien chaude dans l'alambic lorfque la matière eft encore bouillante, & qu’on l’agire long-tems: c’eft ce que l’on fait avec une rorche de paille mouillée & bien charde. Alors on la vend pour de la réfine, mais elle n’eft pas auñfi eftimée , parce qu'elle eft abfolument dépourvue de fon huile effentielle. Purification du Galipot. Pour purifier le galipot on fe fert de [a même chaudière que pour Ja térébenrhine : on la remplit aux deux tiers de galipot, on le fait fondre à un feu très-doux , & on le pafle fur un filtre de paille ; n'étant pas dé- pourvu de fon huile effentielle, il conferve toujours une confftance grafle EE he or den Ce a» ed de SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 34x & prend alors le nom de poix jaune, & nous l'employons fous celui de poix de Bourgogne, Réfine jaune, La réfine jaune fe fait évalement avec le galipot & dans le même “vaiffeau , alors on la faic cuire à petit feu, ayant le foin de remuer fouvenc Ja matière, afin qu'elle ne fe brûle pas; quand elle a la confiflance que l’on .defire , on la pafle {ur un filere de paille pofé fur une auge de même que pour la colophonne; ce qui fe fait avec une forte cuiller à pot en cuivre à manche de bois aflez long pour ne pas être expofé, Quand cette matière eft pallée , elle elt noire; mais on. lui fait perdre * cette couleur en y mettant par gradation huit à dix pintes d’eau bouillante &: on l’agite fans ceffle jufqu'à ce que la matière foit prefque froide. Elle acquiert par certe opération la belle couleur jaune fi defirée , & qui la fait tant eftimer. On ouvre enfuite letrou qui eff prefque à l'extrémité inclinée de l’auge, & on la fait couler dans des moules de même que le bray fec. Comme ces moules donnent à la matière la forme d'un pain bis, on les nomme pain de réfine ou de colophonne, Les uns & les autres ne doivenc pes pefer plus de deux cens cinquante livres, Il feroit trop long de détailler ici les railons qui ont engagé la police de Dax à les fixer à ce poids. La pègle qui veut dire poix ou bray gras , eft fynonime pour les acheteurs étrangers, mais non pas pour les ouvriers qui en font, avec taifon , une grande différence, ainfi que nous allons le voir. 5210 Poix noire. La BOHx noire fe fait avec les crafles de réfine, telles que celles qui fe trouvent fur la paille qui a fervi de filtre pour la purification de la térében- thine & de Ja réfine , ainfi que des copeaux que l'on a retirés en faifant l'incifien à l'arbre. On a un four de fix à fept pieds de circonférence fur uicà dix de haut: on garnir ce four des fubftances ci-deflus, & lorfqu'il eft entièrement plein: on mer le feu au fommet , de manière que la flamme conformmant le bois & la-paille , force la matière réfineufe à defcendre à mefure que la chaleur la liquéfie , à tomber fucceflivement dans un canal qui eft pratiqué au fol du four , & qui la conduit dans une cuve à demi- pléine d’eau, qui eft placée à l'extérieur : elle eft d'une couleur très-roufle, préfque liquide. Les ouvriers s’en fervent avec grand fuccès pour les plaies, & ne connoïflent pas de meilleurs fuppuratifs. Quand on ajoute à ces fubftances du bois de goudron, la matière aune couleur abfolument brute, eft plus épaitle, & perd des propriétés que les ouvriers lui connoiflent, Pour exploiter cette matière on eft dans l’ufage de lui donner une confiftance néceffaire pour être moulée : pour cela on la tranfporte dans \.d nt 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une chaudière de fonte placée fur sun fourneau femblable à celui de {a réfine ; on l'y fait cuire de même, mais avec beaucoup moins de pré- caution , & il faut le double de tems; an.la coule enfuite dans des moules formés dans de la terre noire; on l'y laifle refroidir: c'eft ce que l’on nomme poix noire, & elleeft beaucoup plus eftimée que la fuivante, Bray gras & Poix bâtarde, Le bray gras eft un mélange de partie égale de bray fec , de poix noire & de goudron. On met le tout enfemble dans lamême chaudière de fonte; on fait cuire ce mêlange, & on le met enfuite dans des futailles de bois de pin , contenant deux cens cinquante livres, ou bien on fait des moules fuivant que le propriétaire trouve à l'exploiter avec plus d'avantage; quand on la met dans des furailles, elle eft très-liquide & porte le nom de bray gras, . ê Quand au contraire elle eft moulée, & qu’on y a ajouté plus de bray ec, elle prend alors le nom de poix bâtarde, à caufe de fa compofition : d’où : lon doit conclure qu’il y a trois efpèces de poix dans le commerce , & . que l'on doit roujours préférer la première pour l’ufage pharmaceutique ; elle eft plus noire & plus caffante, ‘ a Du Goudron. Pour faire le goudron , on ne prend dans les arbres déjà épnifés par les incifions que les parties incifées ; on fend le bois par éclats & en petits morceaux , le plus petit poñible: ce qu’on appellee/cailla.Cette préparation fe fait ordinairement l'hiver , le mettant en talus fans aucune précaution, & le laiffant ainfi sécher jufqu'eu tems des fortes chaleurs, comine étant le plus propre à faire le goudron. Le bois ainfi préparé & féché , on le met à plat & rang par rang dans un four, qui a la forme d’un cone ou pain de fucre renverfé & évalé, dont le fol eft carrelé ; on le remplit, & quand le bois eft au niveau du four ,on continue à mettre du bois en forme d’un fecond cone renverlé fur le premier ; quand le bois eft ainfi arrangé, on le couvre de gafon ,on met le feu de tous les côrés. A mefure que le bois fe confomme, il laifle échapper la fubflance rélineufe qu’il contenoic, & filtre perpendiculairement jufqu'au fol du four, & {uic alors la pente , & fe réunit dans un trou qui eft au centre, Ce trou eft le commencement d’un canal fouterrain qui conduit le goudron dans un réfervoir extérieur. On nomme ie goudron fait à ce four goudron de Chaloffe, parce qu’on le loge dans des futailles qui viennent de cette province; elles font en bois de châtaigner. Ï faut fept à huit jours de travail pour chaque fournée, qui produifent Le) #: “# SUR L'HIST. NATÜRELLE ET LES ARTS. 343 plus ou. moins fuivant la grandeur du four & la quantité de bois. Les fournées ordinaires produifent douze futailles de quarante veltes chaque, On en retire avec plus d'avantage encore des fouches & racines des mêmes pins, Îl eft plus eftimé que le précédent ; mais il faut que ces racines foient purgées par la terre, pour fe fervir de leur expreflion pendant dix à douze ans après La coupe de l'arbre : il fe faic de. même qu'avec le bois, Ily a une autre manière de faire Le goudron , qui confifte À laifler le bois beaucoup plus gros & de cinq à fix pieds de long ; le bois ainfi pré- paré porte le nom de thède & en latin, 4eda. On en remplit le four à poix noire en Le laiflant debout, & on ÿ allume le feu de même. Mais le goudron fait ainfi ne vaut pas à beaucoup près celui de Chaloffe; il eft plus dur , par conféquent moins recherché. Auli ne le fair-on de certe manière que quand on n’a pas fuffifamment de bois pour remplir Le four à goudron. Tout le monde connoît lufage que l’on fait de la poix noire, du bray gras & du goudron pour les vaiffeaux & les cordages ; mais il faut obferver que l'on fait toujours pour les conftruétions un mêlange de tour , quelquefois de deux, füivant Le cas , mais il eft très-rare que l'on emploie l’une fans l’autre. CONTINUATION DES EXPÉRIENCES ÉLEC FRIQUÉS" Faites par le moyen de la Machine Teylerienne ; Par M, VAN=MarRuM;, Doëeur en Philofophie & en Médecine, _ Diredeur du Cabinet d'Hifloire- Naturelle de La Société Hollandoife des Sciences, des Cabinets de Phyfique & d'Hifloire-Naturelle, & Bibliothécaire du Mufeum de Teyler , Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris , Membre de la Sociéré Hollandoife, de celles de Rotterdam , de Fleffing & d'Utrecht. À Harlem, chez Jean Enfchedé & fils, & Jean Van-Wabre, 1787, x vol. ir-4°. RE Dre te EXTRAIT. N OUS avons donné dans le cahier du mois d’août 178$, la defcriprior de la grande machine éledrique du Mufeum de Teyler à Harlem; nous avons fait connoître les expériences intéreffantes que M. Van-Marumavoie sommencé de faire avec cette machine , la plus puiflante qui ait encore 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, été conffruite; nous avons rapporté que ce favant fe propoloit de les éontinuer, & d'enrichir les fciénces de fes obfervations. C’eft cette conti- nuation que nous annoncons aujourd'hui. Quoique la puiflance électrique de la machine du Mufeum de Teyler fût déjà très-confidérable, M. Van-Marum a defiré l’angmenter encore, I a en conféquence ajouté à l’ancienne batterie qui étoit de 135 bouteilles, formant 135 pieds quarrés de verre garni, 90 bouteilles femblibles , formant avec les premières une furface de 225$ pieds quarrés. Il a remar- qué que lorfque cer appareil avoit été expolé pendant quelque tems au foleil , il ne falloit pas pour le charger, un plus grand nombre de tours qu'à l'ancien, & que fa puiflance étoit augmentée relativement à fa farface, 3 ‘ Expériences fur la fufion des métaux, Quelques Phyfciens lont penfé que le fluide éledrique avoir une grande affinité avec le fluide igné, parce qu’ils fondoient tous deux les métaux. Cette opinion étoit importante à examiner. M. Van-Marum fit tirer des fils métalliques d’un trente-deuxième de pouce de diamètre , & il a trouvé que le fil de plomb fut fondu de la longueur de 120 pouces, (CARRE En AN PR AR AE e) a 6 nn ee 0 aN:0 5.00 6 0 00 6e $ La) oo S EN ere a on 3 = d'entre Pier + cuivre rouge & jaune. .......,4. 3 5 En effayant de plus longs fils de plomb, d’étain & d’or, notre Phyficien Q remarqua qu'ils fe fondoienc'en divers endroits , & tomboient en pièces plus ou moins grofles, Si l’on compare ces expériences avec la fufbilité des métaux par le feu füivant le calcul de Meffieurs les Académiciens de Dijon , on trouve une différence bien remarquable, Ces derniers ont éprouvé, qu’à l'échelle de Réaumur, étain eft fondu par CAT ANT CES AE Te I GTS 1 PIDMD re eee Robe cree et 200 NON ES POP AT PA AIDNLE TO) LOT tee een A ee VS Se tale tee 563 LIGMIVreN fe eiicieentecie eiciel- PRO SRE SO PENC RE E T CNGfES Des fils d'argent , de cuivre jaune & de cuivre rouge réduits à = de ouce , ont été comparés avéc des fils de fer de même diamètre, Douze ; P < pouces de fil de fer ont été fondus , la même étendue de cuivre jaune fe fondoit en partie ; le cuivre rouge ne fubitaucun changement, quoiqu'il AO 2: , n'eût qu’; de pouce de longueur; 8 ? pouces d'argent furent fondus en partie. On SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 345 On voit par-là que quoique le fer foir moins fufñible que l'argent au feu ordinaire , il l'eft plus par le feu électrique : que quoique le cuivre loir plus fufble que le fer, on n’en a pas fondu un de pouce avec toute Ia décharge de la machine, Les expériences fur les métaux compofés ont donné des irrégularités analogues. ” M. Van-Marum déduit des expériences précédentes & de quelques autres , que le plomb eft d’un plus mauvais emploi que le fer pour les paratonnerres, puifqu'il faut qu'il ait au moins une mafle quatre fois plus confidérable qu'un fil de fer d'? de pouce de diamètre, & que le cuivre eft le méral le plus avantageux dans ce cas, parce que, non-feulement il ne fond pas, mais même ne rougit jamais. On ne peut pas s’aflurer qu'il exifte aucune proportion entre les longueurs & les dimenfions des fils de métaux qui peuvent être fondus par la machine de T'eyler. On obferve que le fer, l’érain , & le cuivre rouge, forment des glo- bules lorfqu’ils font fondus par le feu éleétrique, mais qu’il n’en eft pas de même des autres métaux. Les globules d'érain ainfi formés reftent 8 à 10 fecondes à l’état d’incandefcence , tandis que ceux formés parle feu ordinaire perdent leur rougeur en 2 ou 3 fecondes, quoique plus gro. Les globules de rous les métaux qui en produifent, font quelquefois lancés à une diftance de plus de 30 pieds. La décharge la plus forte ne fond qu’en partie les fils qui ont beau- coup de longueur, & lorfqu'on a joint deux morceeux par un nœud, la fuñon s'arrête toujours à ce nœud, Lorfqu'un fil de fer eft rougi par le feu électrique, il fe racourcir confidérablement , tel que d'+ de pouce fur 18 pouces. Cette obfervation avoit déjà été faire par M. Nairne, Expériences fur la calcination des Métaux. M. Van-Marum avoit déjà fair quelques expériences fur la calcination des métaux par l'étincelle électrique, dans la troifième fection de fon premier Ouvrage, mais il a cru devoir reprendre ce travail. La calcination des méraux varie beaucoup , felon que l’on emploie des fils de diverfes longueur & largeur. La difficulté de décrire les phéno- mènes qu'elle préfente fans le fecours des planches a engagé ce favant Phyfcien d’Harlem à faire graver en couleur l’effer qu'elle produit fur le papier placé fous ces fils, & fon but a éré parfairement rempi dans les neuf planches jointes à fon Ouvrage. Le plomb eft de tous les métaux le plus facile à calciner. Un fil de 24 pouces de longueur & d'< de diamèrre fut entièrement converti en chaux. La plus grande partie de cetre chaux s'élève en fumée épaifle, Tome XXXT, Part, II, 17987. NOVEMBRE, Xx 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; Fautres’abat fur le papier, & forme des deflins à flammes nuancées de: diverfes couleurs. Ces couleurs doivent être attribuées aux différens degrés. de calcination des métaux. C’eft le fujet de la première planche, En conduifant la matière électrique par un fil d’étain de 8 pouces de longueur & du diamètre de celui du plomb, on obferve une fumée remplie de filamens, & des globules rouges qui s'élèvent dans une direction oblique, retombent & s'élèvent de nouveau plufieurs fois en laiflanc fur le papier des tracé de couleur jaune. La planche feconde- eft deftinée à faire voir les phénomènes de cette calcination. IL paroîe que les globules rougis ont une fi grande intenfité de chaleur, qu'ils fe calcinent à la furface après être tombés, & dépofent leur chaux fur la ligne qu'ils parcourent. On peut regarder les flamens comme de la chaux d'étain fubulement divifée & qui fe foutient en l'air pendant quelque tems. Ces filamens rempliffent quelquefois roure la chambre. Le fer eft aflez difficile à calciner. Il eft plus difpofé à fe fondre. IL forme comme l’étain des flamens & des globules. Il laifle des traces: fur le papier d’une couleur fombre rougeître. Le cuivre rouge eft encore plus difhcile à reduire en chaux. Il faut employer des fils entièrement fins pour réuflir. IL donne une couleur verte, jaune, & brune nuancée, Le cuivre jaune fe comporte d’une manière un peu différente, à raifon: du zinc qu'il contient, Il eft en général plus facile à calciner. L'argent ne préfente aucune circonftance particulière ; fa chaux eft grife ou brunâtre, ul L'or fournit une*haux pourpre. [1 fe réduit en globules ; mais ce qui eft digne de remarque , c'elt que ces globules fe calcinent à la furface ‘tant qu'ils reftenr rouges ; tandis que ce métal eft inaltérable au feu ordinaire. ! La calcination des métaux mélangés préfente des phénomènes peur différens de celle des métaux fimples. M. Van-Marum cherche enfuite à expliquer la calcination des métaux.. Il rejette la doctrine de Stahl pour embraffer celle qui lui eft oppofée. . Expériences fur la calcination des métaux dans différentes efpèces d'air & dans l'eau. Le fer, le plomb & l’étain ont très-bien fondu dans l'air phlogiftiqué ; mais il n’a pas été pofible de les y calciner. Le plomb fe calcine plus facilement & plus complettement dans l'air pur que dans l'air atmofphérique , mais les autres métaux ne s’y calcinent pes mieux. On obferve feulement que les globules de fer y acquièrent une’ chaleur telle, qu'ils pouvoient percer le plat d’étain fur lequel étoit placé: l'appareil, quoiqu'il fût couvert d'un pouce d'eau, US, PE T7 TI PP ENS SE TN TT RP ES $ \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 Le plomb & l’étain fe calcinent aufi bien dans l’air nitreux que dans Tair commun. Ï{ étoit très-important de s’affurer fi les métaux pouvoient fe calciner dans l'eau. M. Van-Marunr n’a pas oublié cetre expérience. Eile a réuñi toures les fois qu'il n'employoit-que la huitième partie de ce qu'il en calcinoit dans l’air. Il y avoit dégagement d’un fluide élaftique dont il étoit intéreflant de connoître la nature ; après plufieurs eflais infructueux , il parvint à établir un appareil pour le raflembler; la calcination de l'écain fournir de l’aîr inflammable, mais il n'en put obtenir de celle du plomb. Comme il remarqua que la décharge éle@trique chafloit l'air contenu dans l'eau en même-rems que celui du métal & qu'ils fe méloienr, notre Phyficien fe propofe de répéter ces expériences avec de l’eau entiè- rement privée d'air par l'ébullition. Obfervations Jar les Paratonnerres, M. Van-Marum a fait des expériences qui prouvent que lorfque le fluide éle@rique eft forcé de pafler par un conduéteur trop mince, il faute à travers l'air fur un autre conduéteur qui eft à fa portée. Et il pofe en axiomes : Qu'un éd'fice où un vaifJeau neff pas fuffifamment garanti des effers de la foudre [£ lé conduéteur dont 1l eff pourvu, n'a pas une épaifJeur telle qu'il ne phiffe étre fondu ou rougt par elle. Que le cuivre rouge eft Ze rmerlleur de tous les conducteurs. Qu'une chaîne r’efl pas un conduéteur auffe sûr qu’une verge continue. Le Docteur Prieftley avoit obfervé qu'en déchargeant une batterie de 32 pieds quarrés de verre garni par des fils minces ou des chaînes, il s’exerçoi preffion latérale bien confidérable, M. Van-Marum voulut répéter l'expérience, « J’y employai, dit-il , premièrement une chaîne de » 32 pouces de longueur faite de fil de laiton d'de pouce de diamètre » & compofée d’environ 200 chaïnons. Je plaçai cette chaîne en ligne » droite fur une planche, & je pofai fur cette chaîne plufieurs poids de » cuivre de différente pefanteur, Les plus pefans étoient de 2 onces. » Lorfque je faifois pafler la décharge de la batterie par cette chaîne, tous >» les poids en furent rejetés, les plus pefans même, à la diftance de 4 » pouces ». Un fl de fer d’= de pouce fubftitué à la chaîne , produific à-peu-près le mêrhe effer, M, Van-Marum conclut de ces expériences : Qu'il ne feroit pas sûr de placer un condutteur dans la muraille ou dans la charpente, puifque cela pourroit donner occafion aux gercures , en cas que la foudre le frappät. Expériences qui font voir les rapports des phénomènes éledriques avec ; les tremblemens de cerre. Le Docteur Stukeley & le P. Beccaria ont conclu de quelques obfer- vations, que les tremblemens de terre peuvent être quelquefois produits Tome XX XI, Part. II, 1787. NOVEMBRE, Xx 2 348 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par L: rérablitiement de l'équilibre électrique interrompu; en conféquence on a cherché à produire par l'électricité les effets des tremblemens de terre. Le fluide électrique étant plus abondant dans un lieu que dans un aitre, paflera du pemier dans le fecond; mais d’après l'expérience de M, Prieftley, que nous venons de rapporter, fi ce fluide trouve de la réiftance , il exercera une grande preflion latérale, & renverfera tout, M. Van-Maruin répéta l’expérience comme M. Prieftley , & fit pafler la décharge de fa batterie fur une planche flottante fur l'eau , fur laquelle planche il avoie pofé plufeurs colonnes verticales qui furent renverfées ; mais cette expérience ne lui ayant réufi qu'une fois, il chercha à remplir le mème but d’une autre manière. Il fut conduit à employer l'eau placée entre de mauvais conduéteurs par les expériences précédentes, & en con- féquence il mouilla les furfaces, qui fe touchoient, de deux planches épailles & chargées d'objets reprélentant des édifices, Lorfqu'l fit paffer la décharge électrique à travers la couche d’eau , la planche fupérieure fut élevée & les édifices renverfés. On doit conclure de là que lorfqu'une décharge éle@rique naturelle pafle par un terrein qui eft un mauvais conduéteur, il peut élever , par la force latérale qu'il exerce , fa partie fupérieure, & faire trembler tout ce qui eft bâti deffus. Expériences fur la compofition de T'Acide nitreux par l'union de l'air c PATES : o À pur & de la moffète , fuivant la découverte de M. Cavendish. La célèbre expérience dans laquelle M. Cavendish dit avoir produie de l’acide nitreux en faifant pañler l’étincelle électrique à travers un mélange d'air pur & d'air phlogiftiqué ou impur, eft trop intéreffante pour que M. Van-Marum nait pas cherché à la répéter, d'altant plus qu'elle ne l’a été par aucun Phyficien. I] l'a faire avec M. ts Van- Trooftwyk. Ils prirent cinq parties d'air pur avec trois d'air armofphé- rique qu'ils introduifirent dans un tube de verre d de pouce de diamètre : les airs occupoient trois pouces du tube; le tube étoit rempli de mercure: mais ils y firent pafler une certaine quantité d’aikali cauflique qui étoit en contad avec l'air contenu dans le tube. Après que le rayon électrique eut parcouru cet air mêlé pendant quinze minutes , il y en eut les deux ders d'abforbés. Ils firent pafler de nouvel air dans le tube, & répétèrent la même opération jufqu’à ce que l’alkali eût abforbé 8 À pouces d'air. Ils examinèrent alors jufquà quel degré cet alkali étoit imprégné d'acide nitreux. Ils mouillèrent pour cer effet un petit morceau de papier, & l'ayant féché ils le préfentèrent au feu pour qu’il s’allumât fans s’en- flammer. Par-là ils découvrirenc que l’alkali avoit abforbé de l’acide nitreux , parce que ce papier brüloit en quelque manière comme du pepier qui étroit imprégné avec très-peu de nitre; mais il paroifloie cependant qu'il s’en falloit beaucoup que la leffive ne füt faturée, & effectivement ils lui firent abforber beaucoup plus d'air que ne l’a dit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 M. Cavendish. C’eft en quoi ils different de Jui; mais ils font d'accord fur le point effentiel, favoir , la produétion de l'acide nitreux. Continuation des expériences [ur les changemens que les différentes efpèces d'air Jubif[ent quand les rayons életriques les parcourent pendant quelque tems. LZ On mit dans un tube de verre d’? de pouce de diamètre placé fur .le mercure 2 pouces + d’air pur. Au bout de huit jours il étoit diminué d’: pouces, On fic alors pafler le rayon électrique par cet air pendant 30 minutes , il fut réduit à £ de fa quantité, & le mercure fut fortement calciné à fa furface. : Trois pouces d’air phlogiftiqué mis dans le même tube fur augmenté d'après que le rayon électrique eut traverfé cet air pendant $ minutes; dans les 10 minutes fuivantes il augmenta de ?, On introduifit dans le tube un peu de liqueur cauftique, pour voir fi elle n’abforberoit pas quelques parties de cet air, mais il fut au contraire encore augmenté d’= de pouce, Le lendemain cet air fut trouvé auffi diminué qu'il avoir été augmenté, M. Van-Marum conclut que le rayon électrique peut dilater l'air, foit par la chaleur qu'il y porte, foit par la répulfon qu'il y occafionne, L’air nitreux éprouvé de la même manière dans un tube où on avoit mis de la lefive cauftique, fut entièrement réduit en air phlogiftiqué, & Ja lefive contenoit du nitre. Le même air nitreux mis fur de la lefive cauftique fut de même trouvé diminué & changé en air phlogiftiqué après trois femaines, quoiqu'on ne l’eût pas électrifé. La matière électrique fait donc en un moment ce que la leffive cauftique fait feule par le laps du tems. L'air inflammable n'a donné aucune marque d'acide dans de fem- blables expériences; il a feulernent été dilaré. L'air alkalin fut augmenté de 3 à 6 pouces en 4 minutes. L'air électrifé ainfi ne fut plus abforbé par, l'eau , il étoit en partie inflammable. L’alkali volatil fe conduifit abfolument de la même manière. Expériences concernant quelques météores éleétriques. M. Van-Marum pour imiter des nuages a fait avec de la peau de lamnios du veau, deux balons contenant chacun deux pieds cubiques d'air inflammable, & les ayant leftés de manière qu'ils fe foutinffent dans la partie inférieure de l'atmofphère, il les électrifa l’un poftivement & l'autre négativement. [ls s'élevèrent aufli-tôt, puis fe rapprochèrent pour fe combiner & enfuire defcendre lentement. Cerre expérience explique pourquoi les nuages en s’électrifant s'élèvent, mais en même-tems ils font dilatés. Ils deviennent plus rares, & ne 359 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ” peuvent plus fourenir la même quantité de vapeurs. Ils laiflent donc échapper quelques gouttes d’eau, qui venant à rencontrer d'autres vapeurs, sy uniflenr, & finiffent par produire une grande pluie. Si le nuage a été élevé à une aflez grande hauteur & dans une région très- froide de l’atmofphère , ces gouttes d'eau fe congéleront, ce qui formera la grêle. Il chercha enfuite à imiter la foudre en petit, en plaçant à différentes diflances les unes des autres des furfaces bronzées & des cuirs dorés, difpofés de la manière qu'on peut le voir dans l'Ouvrage, & les électrifanr, Il part de ces furfaces des étincelles qui repréfentent aflez bien les éclairs, quand on voit un fort orage à une certaine diftance. Cer intéreflant volume eft terminé par une expoñrion du fyftême de M. Lavoifier. M. Van-Marum ayant adopté ce fyflème pour expliquer les phénomènes que lui ont préfenté.fes expériences , s’eft cru obligé de l'expofer aux lecteurs Bataves qui ne le connoiflent pas encore. EXTRAIT DUN MÉMOIRE Lu à l'Académie des Sciences en 17853 - Par M:Pinez, D. M. SUR L’APPLICATION DEs MATHÉMATIQUES AU CORPS HUMAIN, ET SUR LE MÉCANISME DES LUXATiONS EN GÉNÉRAL, Ox doit avoir regret que l'application de la mécanique au corps humain n’ait point participé dans ce fiècle au mouvement général qui a porté f loin les autres fciences phyfico-mathématiques; elle n’a (1) fait (1) On ne doit pas craindre que je veuille renouveller les abus de ce qu’on appelle mécanifme en Médecine. Je fuis très-convaincu que c’eft un objet qu'il faut entière- ment abandonner depuis les connoillances qu'on a acquifes fur ce qu’on appelle folidum vivum, & fur les propriftés de la fenfibilité & de Pirratibilité. Aïnfi on doit regarder comme dénu£es de fondement application que fait Borelli de la méca- nique à la circulation du fang, à la fièvre, &c. fes opinions hypothétiques für la firudture de la fibre mufCulaire , les théories géométrico-mécasiques de Bellini für ce qu’on appelle la dérivation & Ja révulfon, &c. J’en dis de même de tous les efforts qu'ont fait à cet égard Boerhaave, Sauvages & d’autres Médecins mécaniciens. Quel que refpeét qu'on doive d’ailleurs à leur mémoire, je puis aflurer que la partie médico-mécanique de leursécritsin{hire un mortel dégoût, quand on eit peu familiari(é avec les fublimes découvertes des*G ‘omètres modernes. La feule produétion de génie qu’on puifle citer en ce genre, eft la dillertation de Jean Be-nouilli fur la contraction mufculaire, On ne peut lui reprocher que d’avoir fondé #fon calcui für une fruéture hypothétique & gratuite des mufcles, : SUR L'HIST NATURELLE ÊT LES ARTS. ‘fa prefque aucun pas depuis Borelii jufqu'à nous, pendant que l'anatomie & Ja mécanique prifes féparément ont été entièrement renouvellées. Son Ouvrage de motu animalium offre donc beaucoup de théories fuperflues ou fnrannées & il feroir à defirer que le pecit nombre de vérités démontrées qu'il contient fuffent préfentées avec plus de précifion & aflujetties à une marche plus rapide. Cer Auteur fi digne d’éloge ne fait d'ailleurs qu'évaluer la force des mufcles, objet de pure notée Il s'agit maintenant d'aller plus loin, & des ever à quelqu'application utile. ‘Je commence par le Héilue des luxarions. La marche naturelle quisparoît indiquée pour ut à tout genre de dérangemenr, ne doit-elle pas être de fe faire des idées jufles & exactes des parties dérangées ? Cette marche a été renverfée à l'égard des luxa= tions. On a ARE: des préceptes pour les réduire lorfque l'anatomie étoit encore dans l'enfance, & on a cemmencé mêine dès l'antiquité à intro- duire pour cet ufage Pappareil effrayant des machines les plus compli- quées. Les moyens que propofe Oribafe d’ après d’autres Médecins anciens ne font que des eflais informes qui n'ont qu’un but vague, & qui fonc dirigés fans méthode, Le moindre Anatomifte, par exemple , qui auroit quelques connoïiflances de mécanique pourrait-il ne point fentir le ridicule de la machine qu'il propofe pour réduire la machoire inférieure? Un Chirurgien célèbre dans un difcours fur le Trairé des maladies des os de M. Petit, femble regretter de voir comber en défuétude les machines des anciens employées à à la réduétion des luxations. Il ajoute que « faute æ d'étudier les Ouvrages de ces grands hommes l’on n'en’a pas l’idée jufte » qu ils méritent, L'ambi ,le banc d'Hi ppocrare , fon gloflocome ont » été décrits & loués par Ambroife Paré , par Dalechamps, par Fabrice » de Hilden, par Sculrer , » &c. Je partage avec les autres perfonnes éclairées le relpect qu'on doit à ces grands noms; mais je. diftingue les découvertes qui ont rendu ces Auteurs immortels , de celles où ils n’ont pu s'élever par les feules lumières de leur fiècle. 1e queftion eft d’ailleurs maintenant réfolue par le fair, & la pratique des Chirurgiens qui font habiles en anatomie prouve que toutes (1). les machines jadis employées pour réduire les luxarions fonr foperflues. On en peut voir chaque jour des exemples à l'Hôtel-Dieu de Paris, où le Chirurgien en chef n’emploie jamais que les fecours de la main. (x) L'obiet des machines appliquées à la rédu&tion des luxations étoit de contre- balancer l'effort des mufcles; mais les moderres propofent où mettent en œuvre des moyens plus dire@s & bien plus commodes pour le Chirurpien & pour le mâlade; c’eft de faire tomber dans le relâchement le flême mufculaire, foitpar des extenfors forcées & réitérées , foit en faifant garder le lit au malade, & en laffoibliffant par la diète & des purgatifs répétés. On peut voir dans le Journal de Médecine de Londres de cette année la rédu@ion.d’une luxation de l’humérus facilitée par Pétas de foiblefle & de défaillance qu’avoit produite une prile de tartre émétiques 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je ne foumertrai point ici à un examen critique les divers traités qui ont été compofés fur les luxations. Je remarquerai feulement que leurs Auteurs fe fonc bornés en général à donner des préceptes pour les réduire & pour remédier aux accidens qu'elles peuvent faire naîrre, mais que l'objet primordial, qui eftle développement de leur mécanifme, a été négligé, & que la Chirurgie a befoin à cet égard d'une théorie nouvelle, On en verra des preuves en parcourant les Mémoires divers que je donnerai fur chaque luxation en particulier. Je n’avancerai rien qui ne foit fondé fur des obfervations conftatées , fur la poñrion & la ftruéture des parties, fur des vérités démontrées de mécanique, ou fur des pièces anatomiques préparées & propres à faire cônnoître l'état des luxations non réduites. Je me bornerai d’ailleurs à confidérer les déplacémens des os, produits par des coups, des chûtes ou toute autre violence externe, & je n'examinerai point ceux qui proviennent d’une caufe interne & d’un vice organique, I eft bien malheureux que des gens de l’art croient pouvoir réuflir dans la rédudtion des luxarions fans avoir fait une étude particulière des articulations & du jeu refpe@if des os, des ligamens & des mufcles qui les forment. C’eft-là fans doute la fource des fautes fréquentes qu’on commet , & dont je donnerai dans la fuite des exemples : ce qu'il y a encore de pire, c’eft que la confiance générale fe porte fr la ciafle des renoueurs qui, entièrement dépourvus de connoiffances d'anatomie, tiraillent au hafard les membres qu'ils veulent réduire, font quelquefois heureux par leur témérité, mais expofent toujours à des rourmens vains & fuperflus ; & comment pourroit-il en être autrement , quand on ne met point un jufte rapport entre les moyens qu'on prend & l’effec qu'il s'agit de produire ? La mécanique appliquée à l’union des os & aux efforts des ligamens cu des mufcles doit répandre le dernier degré de lumière dans l'aitiologie des luxations , puifque les os agiflent comme des leviers, les ligamens comme des puiffances qui contrebalancent les effurts nuifibles, & les mufcles comme d’autres puiflances qui tantôt empêchent le déplacement & rantôt le-favc r lent. Cette réunion de la mécanique & des connoiflances anatomiques, n’eft pas feulement néceflaire pour rendre la théorie com- plette & fatisfaifante, elle fert encore à éclaircir des cas douteux , à érablir des préceptes folides pour la réduction , & à diriger les efforts du Chirurgien avec précifion & avec juftefle, C'eft fouvent le peu de con- noiffances en ce genre qui éternifent les difputes. On en voit un exemple dans celle qui s’éleva autrefois au fujet de Ja rupture du tendon d’Achille, dont la poffibilité auroit été facilement démontrée, en partant de la cinquante-troifième propoftion de Ouvrage de Borelli, Dans la fuite des Mémoires que je me propofe de publier , j'éviterai route application de ce qu'on appelle mathématiques tranfcendentes , pour SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 353 pour pouvoir être plus généralement entendu, & fi j'ai befcin d'en faire ufage, comme cela eft néceflaire dans les recherches fur le centre de gravité du corps humain confidéré dans le repos & dans le mouvement, je publiera ce Mémoire féparémént , quoqu'il ait quelque rapport avec les luxations du fémur. Toute fcience de faits eft immenfe ; auñli quoique je me borne à l'examen du mécanifme des luxations & aux préceptes qu'on en peut déduire pour la réduction , il reftera encore plufieurs points qui ne feront bien éclaircis que par la fuite des tems, & quelquefois par des hafards heureux : relles font certaines caufes compliquées qui peuvent produire les déplacemens des os, la détermination précife des fignes diagnoftics dans chaque cas particulier , le rerme au-delà duquel on doit s’abitenir de procéder à la réduction , la manière d'être des nouvelles _ articulations qui fe forment dans les luxations non réduites, la con- noiflance des cas où il y a fimple diftenfion des ligamens , ou bien rup- ture, &c. Quoique je paille répondre à plufieurs de ces queftions , je fens combien il refte encore de recherches à faire, & il feroit à delirer que les cas journaliers que fournit fur-tout la pratique des hôpitaux fuflenc examinés avec des yeux affez clair-voyars pour en tirer toutes les lumières qu'on auroit lieu d'en attendre. Le mécanifme des luxations de la clavicule eft le premier objet dont je vais m'occuper. ExTRAIT dun Mémoire lu à l'Académie des Sciences, fur le mécanifme des luxations de la Clavicule, M h 1. Des faits conftarés prouvent que la clavicule peut éprouver deux efpèces de luxations; l'une à fon extrémité antérieure ou fternale "& l’autre à fon extrémité poftérieure ou humérale. Je fuppofe connues la ftruture & la forme de la clavicule & de l’omoplate ; mais je dois faire quelques confidérations particulières fur leur pofition refpeétive & leurs connexions. 2. Sion imagine une ligne, Planche 1,B C tirée depuis le centre des attaches delaclaviculeau fternum jufqu'au centre del’articulation acromiz'e de la clavicule, & qu’en imagine de même une ligne tirée depuis l'angle inférieur D de l'omoplare & fuivant la côte inférieure DC jufqu'à l'acre- mion, on aura deux lignes, qui dans l’âge adulte ont à-peu-près chacune fix pouces d’étendue , & qui par leur concours forment fenfiblement un angle droit BC D. Si on imagine d'un autre côté une ligne tirée dans le fens de l'épine de l'omoplate, elle n'a que quatre pouces & demi de longueur, & forme avec la ligne BC un angle de 45°. On verra dans la fuite l'utilité de ces confidérations, - 3. Dans la clafle des finges on trouve à cer égard des différences marquées : la ligie BC dans le macaque, par exemple, a été trouvée d’un pouce & demi, pendant que la ligne BC eft de deux pouces & demi, Tome XXXI, Part. II, 1787. NOVEMBRE. Yy \ x 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & ces deux lignes ne forment guère par leur rencontre qu’un angle de 45% Au contraire la ligne qui exprimeroit l'étendue & la direction de l’épine: de l'omoplate eft de La même étendue que la ligne BC, & forme fenfible- ment avec elle un angle droît à caufe de la diretion prefque verticale de cette épine. On voit qu'à cet égard la fituation refpeétive de l’omo- plate & de la clavicule offre une oppofition marquée entre l'homme & le finge, quoiqu'il y ait d’ailleurs une pæfaire analogie de forme & de ftruture de ces parties dans l’une & l'autre efpèce. Les-finges feulement : paroiflent avoir un avantage, foit pour la manière folide avec laquelle l'omoplate eft fixée au tronc par l’action des mufcles, foit à caufe d’une: plus grande étendue de mouvemens que peut leur permettre la clavicule. 4. La clavicule CB dans l'homme comme dans le finge, eft appliquée en forme de levier fur la bafe F de l'apophife coracoïde qui lui fert comme d'appui, & avec laquelle elle eft d’ailleurs unie par un ligament très-forc appelé coraco-claviculaire. Le bras antérieur A B de ce levier , c'eft à-dire,. la partie de la clavicule comprife entre l'apophife coracoïde & le fternum. offre en ligne directe quatre pouces d'érendue , tandis que l’autre bras du. même levier. c’eft-à-dire, AC, n'eft que d'un pouce & demi. On voit d'avance que toutes les caufes qui tendront à diminuer l’angle BAD, pourront produire une diftenfion & même une rupture des ligamens & de: la capfule qui uniffent la clavicule à l'acromion. L'action de ces caufes’ fera d’autant plus puiffante que les deux bras du levier font plus inégaux : en effer AC: AB::3:8,. 5: L'avantage eft encore à cet égard pour le finge, non-feulement à caufe des mouvemens plus hibres & plus étendus que conferve la clavicule: fur Pomoplate, mais encore à câufe d’une moindre difproportion des bras du levier AC, A B. En effer, dans le macaque J'ai obfervé que la clavicule: ne fe portéit pas feulement comme dans l’homme fur la bafe du bec coracoïde, mais qu’elle s’appliquoit encore fur une grande partie de cet: os, en forte que j'ai trouvé dix lignes pour la ligne AB & huit lignes pour la ligne A €, c’eft-à-dire, la proportion AC : A B :: 8: 10. Ce qui rend les luxations plus difficiles pour le finge que pour l'homme, toutes chofes d’ailleurs égales, * 6. Je dois encore ajouter quelques remarques fur l'angle formé par le concours des deux lignes qui repréfenteroient les deux clavicules, & qui fe réuniroient au milieu de la partie fupérieure du fternum. Ces deux liones forment un angle trè-obtus dans l'homme, & cet angle n'eft fafceprible que de varier très-peu. Il diminue lorfqu'une puiffance quel- conque fait retirer les épaules en arrière, & on éprouve alors une diftenfion plus ou moins grande dans les ligamens fterno-claviculaires.. Cette diftenfion peut être portée jufqu'à une léfion marquée, & même jufqu’à la rupture. Cet objet va être éclairci en traitant de la. luxation. fternale de la clavicule.. 2 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 355 18 Sur le mécanifme de la Luxation flernale de la clavicule. 7: Il eft bon de rappeler ici quelques notions anatomiques fur les Aigamens de la clavicule. On fait que cer os eft fixé au fternum par une capfule articulaire, & que cette articulation eft fortifiée par les ligamens rayonnés antérieurs qui recouvrent la capfule , & donc les fibres vont en divergeant. En enlevant ainfi avec foin le tiflu cellulaire de la partie poftérieure de cette articulation , on obferve des trouffeaux ligamenteux qui vont en s'étendant en rayons fe perdre à la partie poftérieure & fupérieure du fternum en paflant fur les rebords de la facette articulaire. Le ligament inter-claviculaire réfifte en outre à l’écartement des extré- mités fternales des deux clavicules ; mais toutes les fibres de ce ligament ne vont pas fe rendre d'une due à l'autre; un grand nombre fe borne de part & d'autre aux "deux parties fupérieures de la facette articulaire du fternum, & quelques - unes feulement s'érendent d’une clavicule à l’autre. 8. Mais de rou$ ces ligamens Le plus fort eft le cofto-claviculaire qui s'attache à la diftance de près d'un pouce de la partie antérieure H de la clavicule & au cartilage ainfi qu'à la partie ofleufe correfpondante de la première côre. La direction de fes fibres eft de haut en bas & de derrière en devant: elles font-feulement dans un état de cenfion quand la clavi- . cule dans fes divers mouvemens naturels s'éloigne de la première côte ou qu'elle fe porte en arrière : ce qu'il faut remarquer avec foin relativement au mécanifme de la luxation fternale de la clavicule. 9. Les ligamens dont je viens de parler fixent cet os fans cependant l'empêther d’avoir une efpèce de mouvement en cône : la pointe de ce cône répond au centre de l'articulation fternale de la clavicule, & fa bafe circulaire eft décrire par l'extrémité humérale , & fe trouve environ d'un ouce & demi de diamètre. Ce mouvement s'exécute de concert avec l’omoplate à l’aide des mufcles moteurs de ce dernier os. Ce font-là les bornes auxquelles la renfion des ligamens de la partie fternale de la clavicule paroît pouvoir s'étendre; en forte que lorfque les épaules font portées en arrière & en bas autant que l'état naturel peut le permettre, les ligamens rayonnés antérieurs & le cofto-claviculaire éprouvent une forre tenfion, & l'extrémité antérieure de {a clavicule devient plus faillante & fait effort pour fe porter en avant. 10. Quoique la luxation fternale de la clavicule foit très-rare, cependant la rétration des omoplates en arrière peut être aflez violente pour la produire. Dans les clafles laborieufes de la fociéré , les grands poids qu'on porte dans des hottes peuvent expofer à cer accident , avec le concours de quelqu'aurre circonftance fingulière. Il eft vrai qu'un inftinét naturel porte Tome XXXI, Pare. 11, 1737. NOVEMBRE. Yy 2 , 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'homme à la prévenir en s’inclinant & en ramenant d'ailleurs le centre de gravité en avant; car alors le dos porte une partie du poids facile à évaluer , fi on fixoit l'inclinaifon du plan; & les épaules n’éprouvent qu'une bien moindre rétraélion ; en forte qu’on voit des hommes robultes & même des femmes porter impunément des fardeaux énormes dans leurs hottes. Une obfervation particulière fera connoiître le concours des cir- conftances qui peuvent dans cè cas produire la luxation fternale de la clavicule. 11. L'été dernier (c’étoit en 1784) un boulanger chargé d’une hotte pleine de pain voulut fe repofer en pañlant fur le pont-neuf, Il choifie une borne pour fervir d'appui au poids dont il étoit chargé ; mais à caufe de la forme fphérique au fommet de la pierre, la bafe de fa botte glifla, & dans le moment où elle alloit Fentraîner à la renverfe, il fit brufque- ment une flexion du corps en avant pour éviter d'être entraîné, L’effort violent qu'il ft pour CONS CN des attaches de la hotte fut immédiatement fuivie d’une vive douleur à la partie fupérieure & latérale du fernum avec unie faillie en avant formée fous la peau pat la tête de la clavicule du côté gauche. L'épaule de ce côré éroit retirée en arrière & ne pouvoit être mue fans augmenter la ut Le lieu où les ligamens Rlernaux & Ja capfule de la clavicule avoient été rompus , s'en- gorgea bientôt, & il s'y forma une efpèce de tumeur qui s’étendoit aux environs, C’eft dans cet état qu'il fe préfenta dans un des hôpitaux de la capitale pour confulter le Chirurgien-Major qui éroit alors en exercice. €e dernier négligeant de prendre des informations exactes fur les cir- conftances qui avoient précédé, & ignorant d’ailleurs le mécanifme de la luxation fternale de la clavicule,ne vit dans ces fymptômes qu'une tumeur qui s’écoit formée dans cette partie, & qu'il falloit tâcher de réfoudre par l'application d’un emplâtre. Le malade s’en tint long-tems à ce frivole fecours, toujours prefque privé de l'ufage de fon bras & dans un état de’ fouffrance. Le gonflement fe diflipa peu-à-peu en grande partie ; mais l'extrémité antérieure de la clavicule étoit toujours fort faillante , & le bras privé de fon point d’appui étoit prefque fans force. Il refta près de trois mois dans cet état, & confulra diverfes perfonnes fans en tirer æicune lumière nf aucun foulagement. , 12. C'eft à cette époque que j'eus occafon de le voir à la Charité où il éoit venu confulter le Chirurgien en chef. Ce dernier d’ailleurs très- habile en: anatomie, fie les queftions convenables, & portant la main fur Ja partie faillante de la clavicule, il reconnut fans peine lexiftence de: Ja luxation. Le tems propre à la réduction était fans doute expiré, & il y avoit à préfumer que le tiflu cellulaire voifin de la partie affedtée avoit pris une confiftance ligamenteufe, & fuppléoit en partie à la fonction des ligamens qui avoient été rompus; aufli le malade commencoit-il à. seprendre un peu plus de liberté dans le mouvement du bras, Le Chirur=- SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 357 gien éclairé auquel le malade s'étoit adreffé en dernier lieu lui propofa de tenter encore l'application d'un bandage pour réduire & maintenir en policion la clavicule; maïs cet autre craignit la perte du tems ou de nouvelles fouffrances. IL préféra garder fon incommodite. Je laïfle au Lecteur le foin de fe livrer aux réflexions qu'un femblable événement fait naître, 13. L'aitiologie de la luxation fternale de la clavicule eft facile à entendre, d’après ce que j'ai dit (6, 9); mais il refte à rendre fenfible par des vérités prifes de la mécanique, la violence de la diftenfion qu'ont dû éprouver les ligamens fterno - claviculaires dont la rupture n'a eu lieu que d'un côté fans doute par une poftion particulière de la perfonne. Elle étoit debout lorfque tout le poids du fardeau a porté fes épaules en arrière & en bas; mais dans le mème tems les mufcles abdominaux font entrés dans une forte contraction, & ont retiré brufquement le fternum & la partie inférieure de la poitrine en-devanrt. Les ligamens fterno-claviculaires ont été donc dans le cas d’une corde tirée en mème-tems en fens oppofé par deux caufes puiffantes. Or, Borelli faic voir, & c’eft d’ailleurs une vérité facile à démontrer , que fi les deux extrémités d’une corde roide & propre à être contradée font directement tirées par deux puiflances dont les momens foient égaux au moment de la réfiftance de la corde, la force par laquelle cette corde réfifte à la traëtion , égale les deux puiffances enfemble qui font d’ailleurs égales éntr'elles. Les ligamens fterno-claviculaires ; pour ne pas être donc rompus, auroient dû avoir une force égale à la traction qu’exerçoit Îe poids du fardeau & à celle que pouvoit produire la contraction des mufcles de l’abdomen : or, cette dernière feule eft énorme fi on en juge par comparaifon avec celle de plufieurs autres mufcles dont Borelli a évalué les puiffances. 14. On a encore une autre manière de juger de la force de ces mufcles en partant d’un fait connu. On fait que lorfqu’un homme eft étendu à la renverfe fur un plan horifontal, la feule contraétion des mufcles abdo- minaux fuit pour élever Le tronc & pour vaincre la réfiftance qu'oppole le poids de ce même tronc , de la tête & des extrémités inférieures. En fuppofant ce poids total de cent livres, tel qu'il et ä-peu-près dans un homme d’une ftature ordinaire, & en tranfportant le centre de gravité de cette mafle irrégulière dans la partie moyenne & interne de la poi- trine, il faudroit une puiffance de cent livres pour élever un pareil poids, en rendant la direction de cette puiflance perpendiculaire à l'axe du corps. Il faut maintenant faire attention que la traction des mufcles abdominaux qui l’emporte fur la réfiftance de ce poids, s'exerce prefque parallèlement à l'axe du corps, & que par conféquent elle doit être immenfe. La difficulté de fixer avec précilion la poñtion du centre de gravité, & le degré d'inclinaifon de La direction des mufcles abdominaux 355 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, empêche d'évaluer avec exactitude la forte traétion de ces mufcles, Il fufhfoit de faire voir qu'elle ne peut être que d'une très-grande érendue. Cette confidération fur la force des mufcles qui quelquefois concourent par leurs efforts à produire une luxation , ne doit jamais être omife: elle fert à corriger les fauffes idées qu'an fe formeroit de la non-poffibilité de certaines luxations d'après des expériences faites dans des amphi- théâtres. J’ai vu en effec des hommes-très-forts pouffer avec violence l'épaule d’un cadavre en arrière & en bas fans jamais pouvoir produire la Juxation fternale de la clavicule. 15. On fent bien que pour réduire une pareille luxation il ne faut ni leviers, ni poulies, ni cabeftan , ni enfin tout cet appareil impofant de - machines compliquées qu'on a employées dans l’antiquité , même dans les cas les plus fimples. La: réduétion confilte à faire poufler par un aide l'épaule enavant & dans un fens contraire à lation des mufcles trapèze & rhomboïde pendant que le Chirurgien lui-même comprime la partie antérieure de la clavicule & la remet en place. Le bandage qu'on applique pour maintenir la partie réduite doit remplir trois objets: fixer le bras contre le tronc en forme de maillot pendant que lavant-bras eft fléchi à angles droits, empêcher l'épaule de fe porter en arrière & conrenie l'extrémité luxée avec une pelote ou des comprefles graduées. Je fup- prime les détails de ce bandage & les autres moyens connus qui font relatifs à la conduite du malade & aux accidens particuliers qui peuvent furvenir. : II . Sur le mécanifne de la Luxation humérale ou fcapulaire de La clavicule: 16. L’articulation de l'extrémité poftérieure de la clavicule eft non: feulement contenue par fa capfule articulaire & les ligamens qui la fortifient , mais encore cet os eft attaché d’une manière plus fixe à Pomoplaté au moyen du ligament qui part de la bafe du bec coracoïde & qui va s'attacher vers le point d'inflexion de la courbure de la clavi- cule, Ce dernier ligament permet cependant des mouvemens de quelques lignes d’étendue en avant , en haut & en arrière. Sa partie poftérieure par fa forme triangulaire & fes attaches, limite le mouvement de rotation que la clavicule pourroit exécuter, ce qui produiroit une efpèce de torfion dans la capfule acromiale & pourroit la faire rompre. L'autre partie du même ligament , qui a une forme quarrée, oppofe un obftacle au trop grand éloignement de la clavicule d'avec le corps de l'omoplate, 17. Lorfque la clavicule porte fur fon point d'appui, le ligament coraco - claviculaire eft dans un état de relächement, & cet os peut alors exécuter plus librement un commencement de rotation, ce qui augmente la facilité des mouvemens du bras, Il faut fur-tout remarquer SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 359 que c’eft dans cette pofition que la capfule articulaire de la clavicule avec l'acromion eft dans un certain degré de diftenfion.forcée. Au contraire Jorfque la clavicule eft auffi éloignée de la bafe coracoïde que peut le permettre le ligamenc coraco-claviculaire , la caplule acromiale eft dans un état de relîchentent, Ces deux états oppofés doivent être remarqués avec foin pour hien concevoir comment s'opère la luxation de l’extrémité poftérieure de la clavicule. 38. Puifque la capfule & les ligamens qui fixent la clavicule avec Facromion s’oppofent à la luxation, on peut les regarder comme une puiflance placée à l’extrémité © de la clavicule confidérée comme un levier dont le point d'appui eft en À , & dont le plus grand bras AB qui eft vers le flernum ef à l'autre A C dans Le rapport de 8 à 3.( Voyez ce qui a été dit au commencement de ce Mémoire. ) L'autre: puiflance appliquée au grand bras du levier fera le mufcle grand pectoral qui, lorfqu'il fe contracte, prefle fortement la clavicule contre le bec coracoïde & mer dans une diftenfion forcée la capfule acromiale. Voilà donc d'abord la pofition de la clavicule qui peut favorifer la luxation. H s'agit de rechercher quel eft le genre de mouvement de lomoplate qui peut concourir au même effet, : 19. Je dois d’abord rappeller ce qu'on entend par axe de rotation : c'eft une ligne droite prife dans le corps, autour de laquelle il peut fe mouvoir. Or , on démontre en mécanique qu'un corps, de figure quel-. conque , a toujours trois axes principaux qui font entr'eux des angles droits & aurour defquels il peut exécuter des mouvemens de rotation (r). Cela pofé, l'omoplate confidérée comme un corps ifolé & d’une figure déterminée peut exécuter un mouvement de rotation autour de CB , un fecond autour de CD, & enfin un autre autour d’un troifième axe qui feroit repréfenté par une ligne perpendiculaire à la planche que j'indique ici. Il s’agit maintenant d'examiner quels font parmi ces mouvemens ceux qui peuvent lui être imprimés dans l’état naturel & produire la rupture de la capfule acromiale, Il eft évident d'abord que l’omoplate eft trop immédiarement appliquée au tronc du corps pour qu’elle puiffe exécuter un commencement de rotation autour de CD , & d’ailleurs le ligament coraco-claviculaire oppoferoit une forte réfiftance à la luxation, Il ne EEE (x) Quoique pour entendre Ja démonfiration de cette propoñition il faille être très-verfé dans les hautes mathématiques , cependant on peut facilement fans ces éonnoiflences, bien entendre la propofition en s’exercant à faire tourner des corps de figure quelconque fucceflivement autour de trois axes, & par conféquent ce que j'en dis par rapport à la luxation de la clavicule eff à la portée de tout le monde. * Ceux qui voudronten connoître la démonftration la trouveront dans le troifème: chapitre de Pintrodu&tion à l'Aflronomie-phyfique , par M. Coufin.. 560 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, refte donc qu’à confidérer Les efforts qui pourroient être faits autour des deux autres axes. 20. J'ai déjà dit (2) que la ligne C B forme un angle droit avec la ligne CD. La première peut donc être regardée comme un des axes principaux autour duquel Pomoplate peut recevoir par des caufes quel- conques un mouvement de rotation ; en forte que l'angle formé par la ligne BC & par l'épine (2) tende à augmenter. Plufieurs puiflances peuvent contribuer à cer effet pendant que la capfule acromiale & les ligamiens qui la fortifient tendent à l'empêcher; mais cette réfiftance feule auroit un grand défavantoe dans fa manière d'agir. En effet , fi on prend pour centre de mouvement le milieu de la facette articulaire acro- miale, la diflance de ce point à la direétion des fibres capfulaires & ligamerteufes eft environ de deux lignes , & fi on fubftitue à l’aftion du grand dentelé une puiflance unique qui poufle en avant le milieu de la bafe de l'omoplate, la diftance du centre de mouvement à la direction de cette puiflance fera environ de trois pouces. Le rapport donc des diftances de ces deux puiflances fera celui de 2: 36, ou bien 1: 18. On voit.avec quelle facilité la capfule & les ligamens de larticulation acromiale feroient rompus fi d’un autre côté le ligament qui unit fapophife coracoïde avec la clavieuie n'offroit une très-grande réfiftance au mouvement de rotation de l'omoplate autour de l'axe BC; il faut jôindre à cela l’action combinée du mufcle trapèze & du rhomboïde qui par leur contraction peuvent balancer l'effort du grand dentelé & celui des autres puiffances étrangères. I! ne paroît pas d’ailleurs qu'une luxation humérale de la clavicule de cette forte foit conftatée par aucune obfervation directe. : 21. Il ne refte donc plus qu’à confidérer un troifième cas, c'eft-à-dire, l'examen des efforts qui peuvent imprimer un mouvement de rotation à l’omoplate autour d’un troifième axe perpendiculaire aux deux autres & qui feroit repréfenté par une Îigne tirée à angles droite fur le plan de la fanche en C. Il eft évident qu’au moment que ces efforts commencent à agir, l’angle BC D eft diminué & que la capfule acromiale ainfi que fes ligamens font dans une diftenfion forcée ; mais ce qui facilite la diminu- tion de cet angle & par conféquent le danger de la luxation, ef Pa&ion fimultanée des mufcles releveurs de l'omoplate & en même-rems quelque chüûte ou quelque coup qui tende à porter l’épaule vers la tête 4 car alors la clavicule & l’omoplate feront comme deux leviers BC, CD, qui forment un angle en €, & que des puiffances fléchiflantes tâchent de rapprocher, pendant qu’un lien qui pañle à l'extérieur du fommet de cet angle & qui vient s'attacher de part & d'autre à chacun de ces leviérs empêche le rapprochement de ces derniers & la diminution de Yangle. Si on pouvoit donc déterminer avec précifion la direétion de ces puiflances fléchiffances & leurs difiances du centre du mouvement, il Hi V / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 361 il feroit facile de connoîere dans le cas d'équilibre leur rapport avec la réfiftance, c'eft-à-dire, l'aétion des fibres capfulaires & ligamenteufes en C3 mais quoi qu'il en foit de cette évaluation qu'une foule de cir- conftances peuvent faire varier, on voit que les ligamens qui réfiftent en C à la luxation , ont un très-crand défivantage, parce qu'ils agiflent à une très-petite diftance du centre du mouvement, 22. Une autre circonftance qui augmente dans ce cas la facilité de [a rupture des ligamens en C , eft la fituation de la clavicule ur Papophife coracoïde : en effer, dans les efforts de rotation de l’omoplate autour du troifième axe, la bafe de l'apophife coracoïde eft en même-tems pouflée avec violence contre la clavicule au point À, & puifque les arcs décrits fuivent la raifon des rayons, on aura l’arc en A: l'arc en C::8, 11; ce qui concourt à la rupture des ligamens en C, & d’ailleurs le ligament coraco claviculaire qui dans les autres cas précé lens oppofoic un très-grand obitacle à la luxation, devient ici indifférent & de nul effet, puifque la luxation n'arrive jamais mieux que quand la clavicule refte appliquée fur l’apophife coracoïde. L 23. La théorie reçoit un dernier complément de preuve , des faits obfervés qui conftatent la luxation de l'extrémité fcapulaire ou humé- rale de la clavicule. Je n'ai pas befoin de rappeller celle qui arriva à Galien lui-même dans le parc des exercices ; le récit en eft fi dénué de circonftances , qu'on ne peut en tier aucune lumière. On a rapporté d’autres obfervations femblables fans infifter beaucoup ni fur les détails de l'accident ni fur les fignes diagnoftics qui peuvent faire éviter route erreur. Je dois cependant excepter celle qui a été publiée dans le Journal de Médecine du mois de juin de cette année : elle a pour objet un homme qui en fortant d’un cabaret fe laiffa tomber de manière que le moignon de l'épaule droite porta fur un pavé plus haut que les autres. Son camarade fut entraîné dans fa chûre & tomba fur lui. On voit-là toutes les circonftances qui concourent à diminuer l’angle BCD, & à produire la luxation de l'extrémité fcapulaire de la clavicule, 24 Les fignes diagnoftics font dans ce cas-ci affignés avec beaucoup de netteté & tels qu’on devoit les attendre d’un Chirurgien très-habile en anatomie. M. Deffault s’informa d’abord des circonftances de la chüte, & il procéda enfuite à l'examen des parties. IL commença par promener _un doigt fur cette clavicule de dedans en dehors, & un doigt de l'autre main fur lépine de l’omoplate de derrière en devant: il reconnut que l'extrémité {capulaire de la clavicule faifoit une faillie confidérable au- deffus de l'apophife acromion , tandis que l'extrémité fcapulaire de la clavicule gauche étoit prefqu'au niveau de l'apophife acromion corref{= pondanre, Pour plus grande sûreté il apprit du malade que cette difpo- fition r’exiftoit point avant fa chûte. En retirant l'épaule en dehors & en preflant fur la faillie de l'extrémité fcapulaire de la clavicule on la Tome XXXT, Part. II, 1787. NOVEMBRE, Zz y PU * SERRES à LA) LI \ A ALT MS ct ’ 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fafoit difparoître. Ce qui ne laifloit plus de doute fur l’exiftence de la luxation. 25. La rédu&tion eft facile & s'opère fans effort : elle confifte à retirer l'épaule en dehors en la relevant, & à prefler fur la faillie de l'extrémité fcapulaire de la clavicule pour ladapter à la partie latérale interne & fupérieure de l'acromion. Pour maïnrenir les parties luxées & favorifer la génération d’une nouvelle capfule articulaire , je ne connoïis point de bandage mieux entendu que celui qu'emploie M. Deffault à l'Hôtel-Dieu, &'dont on peut voir la defcriprion dans Ouvrage périsdique que je viens de citer. Il a l'avantage de tenir l'épaule relevée, de fixer le bras d’une mäuière folide, & de prévenir coute efpèce de dérangement. Je publierai fucceflivement le mécanifme des luxations des os du bras & de l'avant-bras & ainfi des autres. Il eft bon que les perfonnes éclairées foient bien convaincues de la nécefliré d’une nouvelle théorie dans ce genre. Je conviens qu'un Chirurgien habile en anatomie évice fouvent l'erreur, quoiqu'il n'ait point approfondi le mécanifme des luxations; mais outre qu'il lui importeroit d'être conduit par des princi}es raifonnés, & qu'il peut fans cela faire lui-même des renrarives vaines & fauflement dirigées dans des cas difficiles, ne doit-il pas chercher à mettre plus de cohérence dans fes procédés & à s'éclairer des lumières de [a mécanique ? La néceflirté d’un nouveau traité des luxarions eft bien plus urgente pour les perfonnes qui fe mêlent de les réduire , en fe bornant à des idées vagues & confufes d'anatomie. On peur voir dans use feuille périodique (Gazetre de Santé de cette année, N°. 19 ) un exemple des erreurs qu'on commet dans ce genre, même dans la capitale où la Chirurgie eft fi foriffante, On doit defirer d’ailleurs que les favans qui ont une influence fi puiffante für l'opinion publique puitlent avoir déformais des idées fixes fur l'application de la mécanique au corps humain , & que cette branche importante de la Phyfique prenne enfin dans ce fiècle le rang qu'elle mérite d'occuper parmi les autres fciences humaines. si MÉMOIRE / _ SUR LA DECOMPOSITION DE L'ALKALI VOLATIL ; Par M WouLrE. En diftillant le fel ammoniac avec l’acide nirreux . l’alkali volatil-eft décompolé; & pour cela j'ai diftillé une livre d'acide nitreux obrenu par l'incermède de la glaife avec quatre onces de el ammoniac d'Esypte , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 363 purifié par la criftallifation. L'opération a été faite dans une cornue de verre au bain de fable avec allonge & ballon tubulé. Quand l'acide nicreux vient à être échaufle, il agir avec beaucoup de violence fur le fel ammoniac, car il fe fait une violente effervelcence, l'acide diftille vite & échauffe l’allonge & le ballon. Cette effervefcence continue jufqu’à la fin de la criftallifation 3 l'opération doit être faite à feu modéré. Il fe dégage des vapeurs nitreufes rutilantes depuis le commencement de l'effervefcence jufqu’à la fin ; le cout monte liquide, & il ne refte dans la cornue qu'un gros à-peu-près de matière terreufe. Pour prouver que l'alkali volatil du fel ammoniac étroit tout-à-fait décompolé , j'ai verfé de l'acide, qui a diftillé fur de l'huile de tartre par défaillance , de même que fur de la chaux vive pulvérifée, mais je n'ai pas fenti la moindre odeur alkaline; avec l'huile de tartre c’étoit de l'air fixe d’une odeur très-vineufe qui s’eft dégagé ; mais pour mienx prouver cette décompolition, j'ai faturé l'acide avec l'alkali fxe de la potaile (1), & l'ayanc évaporé au bain-marie à ficcité, je lai mêlé avec l'huile de tartre par . défaillance , fans appercevoir la moindre odeur d’alkali volaril; la chaux vive n'a pas non plus donné aucune marque d’alkali volatil. J'ai auffi verfé de la chaux vive mélée avec ladire huile de tartre fur le peu de refidu qui eft refté dans la cornue fans appercevoir aucune marque d’alkali volatil; ainfi on peut conclure que l’alkali volatil a été entièrement décompofé. L’acide nitreux dans cette opérationeft en partie décompofé lui-même, mais il l'eft encore beaucoup plus en !e xediftillant ; car en le faturant avec de l'alkali fixe du tartre, on n’obrienr que peu de nitre; s'il avoit été rediftillé encore une fois ou deux , il feroit probablement tout-à-fait décompofé, Afin d'examiner l'air qui s’eft dégagé pendant la diflillation , j'ai ramaflé dans trois différentes bouteilles, une partie de celui qui pañle au commencement, vers le milieu & vers la fin de l'opération. (x) J’ai d’abord employé du Aux blanc diffous dans l’eau pour cette faturation , & il s’eft dégagé des vapeurs nitreufes rurilantes , ce qui n'arrive pas avec l’alkali fixe de la potafle ; c’eft le nitre que le Aux blanc contient, qui en eff la caufe; car fion diffout une partie de nitre avec quatre parties d’alkali fixe dans un peu d’eau & qu’on y mêle de l’acide du fel pur , ou celui obtenu par la glaile, il fe dégage des vapeurs nitreufes, & c’eft-là la réfolution du problême que j’ai propofé, il y a bien des années , dans une des Magazines littéraires de Londres , de décompofer le nitre par Vacide du fel. C’eft en précipitant la matière perle de lantimoine avec l’acide du fel , que j'ai pour la première fois remarqué que l’acide du fel dégageoit l’acide nitreux. De V’acide du fel pur verf£ für une folution d’alkali fixe privé d’air par la chaux vive & mêlé avec la même proportion de nitre, dégage également des vapeurs nitreufes ; ainfi cette décompofition n’eft pas due au mouvement de l'effervefcence, Tome XXXI, Part, IT, 1787. NOVEMBRE, L2,2 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'acide nitreux étant en partie décompofé , comme je l’ai remarqué, ces airs doivent être compolés d'air nitreux & d’air pur , & de plus d'une portion d'air phlogiftiqué , qui provient de la décompofition de l'alkali volaril, & c’eft effectivement ce que l'expérience prouve, Le premier air introduit dans l’eau de chaux fur le bain de mercure ne J'a point précipirée, Trois mefures de cet air & une d’air pur ont donné pour réfidu 3,54. Une mefure du même air & une d'air nitreux ont laiflé un refdu de 0,98. É L'air recueilli au milieu de lopération a préfenté à-peu-près les mêmes réfulrats ; trois mefures de cet air & une d’air pur ont donn, un réfida de 2,61. eur Une mefure de cet air & une d’air nitreux ont laiffé un réfidu de Le dernier air éprouvé avec l'air pur eft encore plus diminué; mefures de cet air & une d'air pur ont été réduites à r,89. Une mefure du même air avec une d’air nitreux ont laiflé 5h séfidu de 1,27. Ces trois efpèces d'air éroient donc de l'air nitreux mêlé 4 d'air phlogiftiqué. L'air qui fe dégage en farurant l’acide avec l’alkali fixe de Ja potalfe contient beaucoup d'air fixe & précipire-abondamment l'eau de chaux. Le fel ammoniac vitriolique pur fait avec l’acide vitriclique & lalkali volatil-concrer du fel ammoniac traité dans la même proportion & de la même manière avec l'acide nirreux que le fel ammoniac ordinaire ,n’eft pas décompofé, car il refte fondu dans la cornue après la difillation de Pacide nitreux, à l’exception de.quelque peu qui fe fublime en fleurs à force de feu ; mais fi on prend du el ammoniac ou vitriolique fair en diftillant parties égales de fel ammoniac ordinaire , huile de virriol & eau s, à ficcité , c’eft-à-dire, jufqu'à ce que le fel commence à fe fublimer , & qu'on le diftille après lavoir purifié par la criftallifarion , avec de l’acide nitreux, l’alkali volatil eft décompofé , & l'acide qui pafle dans la diftif- lation diflout la platine, ce qui n'arrive pas avec l'acide qu'on obtient en diftillane l'acide nitreux avec le fel ammoniac vitriolique pur. Cela fait voir que l’acide vitriotique ne décompofe pas tour-à- fair le {el ammoniacs & qu'on doie êrre fur fes gardes de ne pas employer comme matières ures les réfidus des fubftances , comme nitré,, fel marin , terre foliée, &cs qu’on diftille avec l’acide vitriolique ; de plus une partie de cer acide monte avec les acides nitreux & marin, de même qu'avec le vinaigre radical , ce qui eff facile à prouver. L'acide du fel qu'on obtient en diffillane le fe] ammoniac ordinaire avec l'acide vitriolique atraque la platine à chaud & en diflout un peu; ain on doit préfumer qu'il eft en partie déphlopiftiqué, 1,10. Car trois air pur & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 365 On favoir depuis fort long-tems que le fel ammoniac ordinaire détonoir avec le nitre ; mais on n'avoit pas réfléchi que l’alkali volaril devoir par-là être décompofé. M. Bertholer ayant prouvé la décompoftion de Lalkali volatil, en faifant déroner le {el ammoniac nitreux tout feul, on peut préfumer qu'il fe décompofe aufli, quand on détonne le fel ammoniac ordinaire ou vitriolique avec Îe nitre. Douze parties de certe eau régale diffolvent prefqu'une partie de platine fans aucun précipiré, ce qui n’arrive pas fi le mélange de l'acide nitreux & de fel ammoniac n’a pas été difüllé, car pour lors une partie de Ja platine fe précipite, comme l'a remarqué M. de Lifle. C’eit probablemenc Palkali volatil du fel ammoniac qui caufe la précipitation ; maïs ayant été décompofé par la diflillation, 1l ne doit pas y avoir de précipité. SUITE DU MÉMOIRE D'ENM D EL A:MARTAINTÉRE;, Docteur en Médecine, SUR QUELQUES INSECTES. Crrre efpèce de Médufe, fi rourefois on ne peut en faire un genre nouveau, que j'ai deffinée fous deux atrirudes différentes, Planche IT, fg- 13 & 14, préfente à-peu-près la forme d'une cornemule ; ce n'eft autre chofe qu'une veflie entièrement blanche & tranfparente , armée de plufieurs fuccoirs de couleur bleue, jaunâtre à leur extrémité ; fa grande queue qui eft aufli de couleur bleue paroît formée par un aflemblage de peties grains glanduleux de forme applattie & unis enfemble dans route leur longueur par une membrane gélatineufe : la partie fupérieure de cette veflie préfente une efpèce de couture travaillée à grands, moyens & perits points alrernativement : la partie allongée de cetre cornemufe qui peut être regardée comme fa tête, eft furmontée d’un fuccoir ifolé ; fon bord extérieur eft garni par vingt-cinq ou vinot-fix fur coirs beaucoup plus petits que ceux qui fe voyent à l'origine de fa grande queue , & dent le nombre va quelquefois jufqu”à trente, C’eft à la faveur de ces derniers dont elle peur augmenter le diamètre à volonté en y introduifant une partie de Pair qu’elle contient, qu'elle fe fixoit aux parois du vafe où je l’avois mife, de manière que l’extrétniré de quelques uns de ces fuccoire pouvoient occuper une furface de deux à trois lignes par leur épanouiffemenr. La partie la plus mobile de certe cornemufe eft fa parrie allongée ou fa rêre; c’elt auffi par fon fecours qu’elle peut exécuter différens mouvemens , au moyen 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; defquels elle prend des poñitions différentes ; mais ce changement ne peut s'opérer qu'en oblitérant , pour ainfi dire, Les points de future qui fe trouvent fur la partie fupérieure de fon corps, & qui difparoiffent quel- quefois entièrement , de manière qu'elle ne préfente plus qu'une ligne ridée dans cette partie. Le corps de forme arrondie qu’on apperçoit lettre P ,fe trouve au milieu des grands fuccoirs, fixés aflez folidement au corps de la cornemufe , près de fa queue. Ce n'eft autre chofe qu’un petit: paquet gélatineux formé ar un aflemblage de petits globules gélatineux , du milieu defquels s'élèvent d'autres globules un peu plus confidérables, ayant un petit pédun- cule, vers le milieu duquel eft attaché un petit corps bleuâtre tourné en S de couleur bleue, J'en ai repréfenté deux vus à la loupe , let. R. J'en ignore abfolument l’ufage. J'ai trouvé cetre cornemufe le 18 novembre 1786, par 20 degrés de latitude & 179 de longitude orientale, Je l’ai encore revue très-abondam- ment au débarquement des îles Bafchi où j'ai trouvé l'animal fuivant. Cet animal qui eft vraiment de forme fingulière, fig. 25, reflemble à-peu-près à un petit lézard (1) ; fon corps qui eft d'une fubftance gélati- neufe un peu ferme, préfente deux couleurs tranchantes , le bleu foncé ; & le blanc du bel argent. Sa crête eft armée de deux petites cornes gélati- neufes de chaque côté ; les deux poftérieures pofées plus intérieurement que les deux premières. Son corps pourvu de quatre pattes ouvertes en éventails & de quelques appendices vers l'origine de la queue , fe termine comme un lézard ; la partie fupérieure de fon dos eft partagée dans route fa longueur par une bande d’un bleu foncé; tour le refte da corps eft du plus bel argent , ainfi que le centre de fes patres & fa partie intérieure. Cet animal doué de peu de vivacité dans fes mouvemens, refte tranquil- lement fur l’eau, tel que vous le voyez dans le deffin : fi on vienc à l'irriter avec un corps quelconque,.il rentre un peu fa tête dans fon corps qu'il porte en arrière, & faifant plier le centre de fes reins il fe trouve aufli-rôt fens deflus deffous. Cette potion a toujours été la défenfe qu’il a oppofée à mes agaceries. Lorfqu'il veut revenir dans fa première, attitade , il emploie à-peu-près le même mécanifme. Il porte alors fa rète en avañt, & fléchiffant le centre de fon corps, il fererrouve dans fa première pofition qui doit être celle qui lui eft la plus naturelle. La fo. 16 le repréfente vu à la renverfe. Je l'ai pris, au moment d’une petite mer ; au débarquement des îles Bafchi. EEE EE | …{ (1) Iparoït fe rapprocher du genre des cZio - ? : \ “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS.. 367 HAOGIERATT-D'UNE LETTRE D\E (MNCRIENL LE, AM LD'E LEA MÉTHERITE, à LA différens objets de Chimie. Helmftedt , 8 Septembre 1787. MIRE ....Je plains la perte d'un favant aufi refpe@able que M, de Morveau pour notre pAlogiflon ; cependant je ne trouve pas des raifons nouvelles aflez fortes pour quitter notre parti. Au contraire, ce que vous oppofez aux partifans de la doctrine oppofée me femble le mieux fondé, c'eft-à-dire , que la même chofe dent on convient pour la combuftion des huiles, de la cire, &c. ait aufli lieu dans la combuftiou du foufre & du, phofphore: ils devroient donc alléguer des raifons palpables pourquoi ils font fondés de nier la méme chofe d’un côté , quand ils la foutiennent d'un autre. . . . Les amis du fyfêéme flahlien fur le phlogifton vous doivent beaucoup d'obligation de tenir toujours fi ferme contre le nouveau fyftême anti-phlogifton. Vous avez bien raifon de confeiller aux amis du dernier d’affermir fur toutes chofes la bafe chancellante de leur{yftème, avant que den expofer les détails les plus minurieux.. . . M. Nanwerk a produit des criftaux artificiels méralliques, en fondant des mines riches d'argent : mine d'argent rouge, mine d’argent blanche, & mined’argentorife, avec du fer, du plomb & quelques flux, & les laiffant refroidir lentement; les uns éroient, comme les criftaux pyramido- . éguilatéraux de la mire d’argent gris du Hartz , l'autre un rhombuïde avec les angles tronqués, comme quelques mines de fer criftallilée. . . M. Schiller préfere le procédé de Schéele pour tirer le phofpore des os: il les diffout dans l'acide nitreux, précipite la rerre calcaire par l'acide vitriolique , & diftille l’acide nitreux.. . . Si l'acide phofphorique eft bien dépuré des corps hérérogènes, & qu'on le mêle avec de la poudre de charbon & quon diftille, on obtient du phofphore; mais M. Schiller prétend que celui-ci peut luire fans chaleur ; qu'on peut le broyer avec les mains, qu'on peut en enduire les habits, même le vifase, fans fe bleffer; qu'il fe confume fur le bois, fans donner pas même un vefige de combuflion ; mais que fi on le chauffe, alors il s'enflamine avec bruit. , . Le 368 .OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Bandius a fait des expériences fur l'effet de l'électricité fur le mercures 1°. elle le change en une efpèce de poudre, enfuite elle le volatilife. Si on fe ferc d'un autre appareil, le mercure fe fige fur le verre, de façon qu'il n’en tombe pas quand on renverfe le verre, &vque la furface inférieure des globules de mercure eft comme applattie, . . . Si on fau= poudre le cuivre d'une chaux mercurielle, l'électricité réduit le mer- cure non -feulement, mais elle amalgame aufi le mercure avec le cuivre. . . M, Wiegleb a analyfé la pierre de corne fchifteufe du Duché de Schwarbourg. Ila trouvé, dans une once, de terre get 6 drachmes, terre calcaire 48 grains, magnélie 22 grains, fer 17, pattie phlogiftique 25. L'union très-opiniâtre, & la féparation très-difficile du fer de la terre filiciée, & la portion aflez confidérable de matière phlogiftique ; enfin, Vabfence entière de la terre d’alun, caratérifent très-bien cette efpèce fingulière des pierres filicées compofées, . . . Je fuis, &c. 1 LETTRE DPEM SC PATICOTRERT", Profeffeur de Phyfique , A M) D'E LA ME THE RE; SUR UNE NOUVELLE SUBSTANCE MINÉRALE ET SUR LA MOLYBDÈNE. M owsreur, Je publiai l’année dernière dans les Nouvelles de la République des Lettres la defcription d’une fubftance que j'avois trouvée dans Les glaciers de Chammouny ; je La regardai alors comme formant une efpèce nouvelle en lithologie , & j'en fuis aétuellement d'autant mieux perfuadé, qu'en ayant montré un échantillon aux Minéralogiftes célèbres que j'ai eu occafon de voir dans un voyage que j'ai fair certe année en Angleterre & à Paris, il m'a paru qu’elle leur étoit entièrement inconnue. Mon frère reconnut au printems dernier cette même fubftance dans une variété des granits roulés qui abondent dans nos environs, & j'ai vu depuis , que cette même variété de granit renferme prefque toujours des M: 1loles EST ; ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 36) ifolés de certe efpèce, on peut s'étonner qu'ils aient jufqu’à préfent échappé à l'attention des Naturaliftes. Je rencontrai fur une des moraines du glacier qu’on appelle à Cham- mouni glacter des bois ,un bloc confidérable détaché & compofé de quartz prefque rranfparenc & de feld-fpath confufément mélangé ; ce bloc éroit recouvert dans un endrôit d'une croûte légère de certe terre verte qui accompagne fouvent les criftaux de roche & qu’on regarde comme une ftéauite pulvérulenre ; fur cette terre éroient couchés irrégulièrement de - petits criftaux, demi-tranfparens , couleur d'hyacinthe pâle & approchanc de celle des fchorls violers du Dauphiné; le plus grand d’entr'eux n’a pas 3 lignes de iong, & leurs faces polies & luifantes, paroiflent avec une loupe 6 lignes de foyer, légèrement ftriées en travers & pointillées. Îls font affez fragiles & cendres ; le même fchorl dont j'ai parlé, les raye facile- ment & le briquet les brife. Leur criftallifation eft très-régulière & femblable dans tous ; après Pavoir bien étudiée, elle m'a paru offrir les apparences fuivantes. C eit d’abord un parallélipipède rhomboïdal à faces à-peu-près égales & dont l'angle aigu eft d'environ 72 degrés; on en voit la feétion dans le rhombe bhgn, fig. 1, Planche II. Les dimenfions linéaires des figures font à peu-près octuples de leurs correfpondantes dans les criftaux. De l’arèce ab, fig. 2, du prifme qui répond à l'angle aigu du rhombe, art l’arèce ac d'une pyramide tétraëdre à faces oppofées très-inézales, l'angle cab des deux arètes eft d'environ 145 degrés. La fg. 2 repré'ente une des moitiés du prifme projetté fur le plan hace fg qui pafleroit par fon axe c, par la grande diagonale a b du rhombe; le côté oppofé lui eft parfaitement femblable ; les mêmes lettres répondent aux mêmes points dans les trois figures. On trouve de l’autre côté de l’arète ca, une face femblable à celle cida, & ce font-là les deux grandes faces de la pyramide dont j'ai parlé & dont le fommer eft en € : leurs feétions a d, avec les faces contisues du prifme font avec l'arère a b un angle d'environ 128 degrés ; les ftries qu'on voir fur la face dela pyramide fe dirigent perpendiculairement à cette fection. On prendroit au premier coup-d'œil les deux grandes faces de la pyramide pour des trianoles; elles forment cependant des trapèzes dont le côté cz elt très-petir; le trapèze cem2 , avec fon femblable de l’autre côté, & dont la commune feétion avec celui-ci eft ce, forment les deux petires faces de la pyramide dont c elt le fommer. Deux autres facettes emf & fa femblable, qui font triangulaires & dont la commune fection eft ef, forment avec les deux précédentes une feconde petite pyramide quadrilatère dont le fommet eft en e. Ces criftaux , vus comme ils font repréfentés, fig. 3,c’elt-à-dire ; projetés fur un plan perpendiculaire à celui de la f9, 2, & pañlant par l'axe du prifme & la petite diagonale du rhombe , repréfentent allez bien Tome XX XI, Parc. 11, 1787. NOVEMBRE, Aaa 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un burin rhomboïdal auquel au lieu de donner en l’aiguifant une feule face platre comme on le‘fait d'ordinaire, on en auroit donné deux adie, | dont la commune feétion ac iroit du talon à la pointe du burin : ils font couchés für la pierre qui leur fert de matrice, de façon à préfenter tous, ou l’arôte a b, ou l’une des deux faces du prifme qui lui fonc contigues , aucun d'entreux ne permet de voir bien à l'aife le côté f2, & un feul off.e la pyramide à fes deux extrémités. Le granit dans lequel on retrouve ces criftaux enfevelis, eft un compofé de quartz prefque tranfparent , de fchorl noir ftrié & lamelleux ou Aorz- blende & de pierre de corne rendre & fufble, d’un gris verdâcre & d'un tiflu légèrement feuilleté ; c’eft dans certe pierre de corne que fe montrent les criftaux en queftion; il faut quelquefois l’aide de la loupe pour les découvrir , d’autres fois ils font très-apparens , & leur furface polie , avec la couleur d’hyacinthe pâle qui les caraétérife , les fait reconnoître au premier coup-d'œil. En les traitant au chalumeau, j'ai obtenu les réfultats fuivans : Les fragmens placés à l'extrémité d’un rube de verre à la manière ce M. de Sauflure, mais non point enfoncés dans le verre ou étendus fur fa furface, comme le pratique M. Dodun (1), on voit fur le fragment une ébullition manifefle, mais qui femble n’attaquer que la furface , car après le refroidiflement le morceau n'eft que verni & aflez peu défiguré; on apperçoir dans Pémail qui le couvre , quelques traces des bulles qui ont crévé dans le refroidiflement & laiflé dés creux circulaires : ces fragmens ne décrépitent point , & fe foudent bien au veyre. Un fragnient mis dans la cuiller d’argent à côté d'un bouton de fel de foude en fufon , en eft d’abord faifi & difparoîr , mais après le refroidifle- ment, on le retrouve intact ou à-peu-près au.centre du bouton. Un fragment de ce même bouton mêlé d’alkali minéral & du criftal en queftion expofé à la flamme au bout du tube de verre, s’y réfour en une mafle fpongieufe ou fcorie verdâtre. On obtient le même réfüulrat avec le borax dans la cuiller, maïs le fragment du bouton mêlé de criflal.& de borax étant enfuire expofé à la flamme fur le tube de verre, paroïr s'y étendre mieux & fe transformer en un verre verdâtre ; le fel microcofmique ne l'attaque ni dans la cuiller, ni furde verre, où le criftal s'eft verni fimplement comme il le fait fans fondant. ER RE CNRS PP ASIE) Eu ere (1) Je ne füis point étonné qu’en procédant comme Pa fait M. Dodun (Journal de Phyfique , juillet & 4dût 1787 ) il ait obtenu aufimple chalumeau à bouche la fufon des fubflances regardées comme les plus réfra@aires; je (éroisibien plusiétonné qu'il ne les eût pas fondues, carentles pulverifant comme il l’a fait &-enfeveliflant les fragmens dans le verre jui-même, ce n’eft point’ une fufon per fe qu’on produit , c’eft une fufion favorifte par le conta@ immédiat.des fondans les plus puilfans entre lefquels on fait que le verre occupe une des premieres places, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 371 Lesacides ne produifent à froid aucune etfervefcence fur cette fubftance, & les criftaux ne fubifleut de même aucune altération par l'ébullition dans l'acide nitreux. Leur petite quantité & la rareté du morceau m'ont em- pêché de pouffer plus loin lanalyfe, mais l'enfemble de ces propriétés paroîc rapprocher cette pierre du genre argillo-muriatique , fi fertile en efpèces , mais dans lequel les criftallifations font plus rares que dans bien d’autres, ce qui joint à la parfaite régularité de celle-ci, peut la rendre plus intéreflante. Je trouvai dans les débris que charrie le alacier appelé des Boffors une très-belle criftallifation de cette fubitance couleur d'olive que notre célèbre Naturalifte, M. de Sauilure , annonce comme une variété de feld-fpath € Voyages dans les Alpes, $. 714) elle eft entre-méié: dans mon échan- tillon d’une très-belle amianche foyeufe , & la bafe de cetre amianthe & de ces mêmes- criftaux eft une fubfance d'un bianc verdärre qui offre l'apparence de la cire blanche, & fe comporte au chalumeau comme les criftaux eux-mêmes, donnant un verre plein de bulles. La criftallifation reflemble fort pour l'apparence à celle de la mine de fer fparhique. Enfin , un hafard heureux me préfenta encore dans la même courfe vers le pied du glacier appellé Le Telifre, de la très-belle molybdene formant des rœuds & des filons de deux à trois pouces de largeur dars un granit à petits grains de quartz feld-fpath rougeâtre & quelque peu de mica; elle eft recouverte en quelques endroits d'une fubftance verdâtre demi-tranfpa- rente , ftriée ,qu'on prendroit au premier coup-d'æil pour une variété de fchorl ou d'afbefte , mais qui ne tait que fe vernir très-lécèrement à la plus forte Aamme du chalumeau, | _ J'ai extrait l’acide de certe molybdène par un moyen bien fimple & qui offre en même-tems un fpectacle aflez curieux, c'eft en l'expofant en fragmens au foyer d’une lentille d’un pied de diamètre; le foufre fe diffipe fous la forme d'une épaiile fumée & l'acide fe ériitalife en Pair à quelque diftance du fragment autour duquel il forme commeune efpèce de voûte ou de cage dans laquelle le fragment eft rene une chryfalide dans fa coque ; je recueille ces aiguilles en les balayanr avec un pinceau, & le même morceau expofé de nouveau au foyer , préfenre le même phénomène jufqu'à fon entière transformation : l’acide obrenu par cette voie eft à l'abri de tout foupçon de conrenir l'acide nitreux à moins qu'il ne s'y forme dans l’aéte de la combuftion. M. de Sauflure ayoit en quelque forre prédit la découverte de cette molybdène lorfqu’il difoit ( Voyages dans les Alpes, $. 718 ): « Cerre >» réflexion me conduit à croire qu'on trouvera quelque part dans les > montagnes de Chammouny de la vraie molybdène , produétion très- >» rare, » &cC. En revenant de Paris au mois de juillet dernier par la route d'Autun, je trouvai dans le voilinage de Saulieu la grande route comme femée Tome XXXI, Part. LI, 1787. NOVEMBRE. Aaa2 372 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'affez Feaux échantillons du même feld-fpath criftallifé couleur de brique que le P. Pini découvrit il y a quelques années dans la vallée de Baveno; j'ai lieu de préfumer que l'exiftence dans cer endroit de morceaux aufli intéreilans pour les amateurs de lirhologie efl ignorée de la plupart | d'entr'eux, & que la notice que je faifis cette occafon de leur donner , ne leur fera pas indifférente, Je fuis, &c. Genève, ce 23 Oë&obre 1787. 0 oo LETTRE DE M LE COMTE DE RAZOUMOWSKF, Membre de plufieurs Académies , A M REYNIER, SUR UNE AÀARAIGNÉES: Moxsieur, Vous m'avez fait l'honneur de me dire l’autre jour que vous vouliez écrire à M. de la Métherie pour lui apprendre que l'araignée de Barbarie décrite par M. FAbbé Poirer, fe trouve ici. En comparant cette defcriprion avec l'infecte dont la découverte vous eft due, j'ai d'abord été dans la mêmeïdée que vous, mais bientôt un examen plus fcrupuleux de l'individu que vous avez eu la bonté de me donner , m'a mis à même delfeconnoître que fi MM. Fabricius & Poirer ne fe font pas trompés , fon-feulement l’araignée de M. l'Abbé Poiret, ceile de Fabricius & celle des environs de Laufanne ne font pas les mêmes , mais elles font de genres différens , & c’eft fur quoi il eft important d'éclairer le monde favant, afin d'éviter qu'une erreur de fait aufli importante ne fe propage & ne fe multiplie à l'infini comme tant d’autres fur-rout dans cette branche de l'Hiftoire-Naturelle, C’eft pour vous mettre en état de vous convaincre de ces difflemblances par vous-même , que j'ai tranfcrit, Monfieur , de mon journal les obfervations fuivantes. Sur une Araiïgnée nouvelle, On doit la découverte de cette belle araignée à M. Reynier qui me l’a faic connvître comme étant la même que l'araignée de Barbarie de SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 373 M. l'Abbé Poiret (Journ. de Phyf. août 1787, PL I, #g. 3) & que j'ai d'abord regardée comme telle. Ces deux infeétes au premier coup-d'œil ont en effet de grands rapports entr'eux 4 maisexaminés attentivement, on reconnoic bientôt qu'ils different par un caractère eflentiel, celui des yeux, qui hon-feulement diftingue notre infecte de celui de Barbarie, mais le renvoie rout-à-fait à une autre famille. Ses yeux au lieu d'être placés en lunule * °°: comme dans l'araignée de M. l'Abbé Poirer, ou fur trois lignes * + + + comme dans celle du cabinet de M. Banks décrite par Fabricius , les a fur deux lignes , fix dans la première inférieure & deux dans la feconde fupérieure qui correfpondent aux deux mitoyens de la première , , : ©? , , . On voit que cette forme d’yeux fe rapproche de celle des yeux de l’araignée de M. Banks, de forte que cette dernière, fi par hafard M. Fabricius s’étoit trompé, auroit plus de rapport avec la nôtre qu'avec celle de M. Poiret. Paflons maintenant à la defcription de celle que nous avons fous les yeux. Defcription. Nous croyons qu'on peut nommer cette araignée la plus belle en effet de nos environs, ÂARANEA pulchra media maxillofa, corpore ovato oblongo , thorace villofo pilis albis , abdomine pedibufque nigris, fafciis flavis pulcherrimis ornatis. Cette araignée (du moins les individus que j'ai vus ) eft beaucoup moins groffe que notre grande araignée des jardins ( Aranea diadema, Linn.}). Pour en donner les dimenfions avec exati- tude , il faudroit la voir vivante, parce qu'elle fe gate & s’alrère beaucoup après fa mort. Son corcelet écailleux & dur, eft couvert au-defius d'un poil lanugineux blanc, & armé en devant de deux pièces noires , longues & fortes, comme la tarentule. Rien n’eft plus digne de remarque dans cet inlede, que la conformarion de fes yeux. Ces yeux font placés beaucoup plus en devant de la tête qu'ils ne le font communément, & immédiate- ment au-deflus des mâchoires ; ils font réunis par un appendice en forme de bourelet, dur, écailleux, noir, & ces yeux aufli noirs, luifans & opaques , ne femblent eux-mêmes que des protubérances de l'appendice dont nous parlons , à l'exception des deux yeux latéraux de la première ligne, tranfparens , d'un rouge d’efcarboucle qui femblent ( comme on le voit dans la figure ci-deflus ) n’en former qu'un feul avec les deux yeux noirs qui le précèdent , & paroiflent comme des rubis enchäflés dans de l'écaille. On diroir que la nature ayant deftiné cer infeéte à vivre dans les brouflailles , ait voulu armer fa rêre pourla garantir des corps äurs qu'il peut rencontrer en marchanr, l’abdomen où le ventre rient au thorax par un péduncule court & aflez mince ; il eft ovoïde un peu oblong en-deflus ; il eft fafié de belles bandes tranfverfes dont les couleurs font très-vives dr 3714 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chez l'infecte vivant, mais perdent beaucoup de leur éclat après fa mort $ la première bande la plus courte contre Le thorax eft blanche , fuit une bande noire , enfuite une bande jaunâtre mêlée de blanc, encore une bande noire, puis enfin cinq à fix bandes jaunes plus minces, entre- coupées de bandes noires affez larges; quelques-unes de ces bandes jaunes font ondées & découpées à leurs bords. Les côtés du ventre ( qui elt comme velouté par-tout ) font d’un fauve très-brun , & Le deffous noir, coupé de deux bandes jaunes longitudinales ondées , entre lefquelles il y a aulli quelques taches jaunes irrégulièrement difpofées. Les mammelons de la filière font gros & faillans , ce qui doit faire croire que le fil tiflu par cette araignée doit être aufli fort & d'aufli bonne qualité que celui de V’araignée de Barbarie. Les anthènes font très-courtes , couvertes d'un poil gris. Les jambes font noires, couvertes d’un duvet gris à peine fenfible à l'œil & de grands poils noirs , & ornées de bandes jaunes fur ce fond noir. J'ai l'honneur d’être, &c. Au Chäteau de Vernand , ce 28 Septembre 1787. u LE TEU RTE DE M D'EUL UC: Sur les Obférvations faites par M. DE SAUSSURE /ur la cime du Mont- Blanc. , Wind{or , ce 8 O&tobre 1787. Pensonxe n’a pu prendre un intérêt plus vif que moi aux obfer- vations que M. de Sauflure a faites fur le Mont-Blanc & au fuccès de la perfévérance de ce célèbre Phyficien à efcalader la plus haute des mon- tagnes de notre hémifphère : j'étois sûr qu'il en réfulteroit de nouvelles additions aux remarques importantes que nous lui devons déjà fur les rochers des Alpes ; remarques confirmées par nombre d'obfervarions que j'ai faites dans diverfes autres chaînes de montagnes, depuis la publication de mes Lettres fur l’Hifloire de la Terre & de l'Homme. Je ne doutois point non plus , que cet intrépide voyageur ne rapportât des régions où il vouloit s'élever , des faits très importans pout la météorologie; en attendant que l'aéronautique perfectionnée y porte plus direétement de bons obfervateurs. Mon efpérance eft réalifée ; & j'ai de plus la fatisfaction de voir, que les nouvelles obfervations météorologiques de M. de, _ LARMES 3 di CHARS . be Bus” SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 375 Sauflure confirment, comme les précédentes , plufieurs propoñrions renfermées dans POuvrave que je viens de publier fous le titre d’Idées Jür la Metéorologie (1). De ce nombre font le peu d’éleéfricité, d’humi- dité & de chaleur de l'air au fommet du Mont-Blanc ; le peu de diffé- rence entre les indications du thermomètre , expofé au foleil dans cet air pur, ou placé à l’ombre d’un bâton; la plus grande chaleur produite par le foleil fur un thermomètre dont la boule étoit noircie; enfin, le bleu foncé du ciel, figne de la grande pureté de l'air à ces"hauteurs, dont j'at@éré frappé für le glacier de Buer. J'ai développé dans mon Ouvrage les Objets auxquels ces diverfes obfervations fe rapportent; ainfi je me contente de les indiquer ici : mais il en elt d’autres qui demandent des explications. L'obfervation du baromètre au fommegde cetre fameufe montagne ; me fournit d’abord'un témoignage bienfirefanc en faveur desprincipes que j'ai établis pour [a mefure barométrique des hauteurs; & elle confirme de plus , au-delà de ce que j'avois efpéré, les coefficiens de ma formule. M. le Chevalier Schuckburgh , par une mefure géométrique du Mont- Blanc, avoit trouvé fa haureur de 2257 toifes au-deflus du lac, & M. Piétet fa trouva enfuite de 19 toifes moindre, comme le rapporte M, de Sauflure. Il me paroît donc naturel de prendre pour point de comparaifon, le milieu entre ces deux hauteurs: & alors, d’après le - calcul qu'a fair M. de Sauflure de fon obfervation , par la formule de M. Trembley & par la mienne, la première donne 37 toifes de plus, & la dernière’ne donne que 16 toiles de moins. Ainfi d’après ce calcul même, où je montrerai bientôt un défaut, la formule fondamentale, conclue d'un grand nombre d’obfervations , a déjà ici l'avantage qu’elle devoit naturellement avoir , fur celle qui en change les coefñciens, d'après un nombre d'obfervations beaucoup moins confidérable. M, de Sauflure penfe, il eft vrai, qu'on peut aifément expliquer l’excés que donne ici la formule de M. Trembley. « Si certe formule, dit-il, ne, » diminue pas affez la hauteur que donnent les logarithmes , la raifon en » .eft évidente: la couche d'air fupérieure eft beaucoup plus froide autour >» du Mont-Blanc qu’autour des autres montagnes, à caufe des neiges & » des glaces qui Pentourent prefque dès fa bafe. IL faut donc pour le 5 Mont-Blanc une correction un peu plus grande que pour les eutres » montagnes », Voici d'abord ce qu'exige à cet égard la théorie de la mefure des haureurs par le baromètre ; c’eft que la température obfervée à la tation fupéreure, puille être prife, fans erreur, pour celle de l'air à * (x) Le dernier volume de cer Ouvrage dont nous avonsannoncé le premier, paroît a@tuellement, & fe trouve, avec les deux premiers, chez la veuve Duchefne , rue Saint-Jacques, Nore des Rédaéteurs. L or À re Ca PRE à “ 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même hauteur au-deflus de la ftation inférieure : or , c’eft la températuré peu chaude de l’air à ces hauteurs, qui conferve la neige fur les mon- tagnes, & non la neige qui y refroidit l'air. [l eft donc naturel de penfer, fur-tout à l'égard d'une cime auf ifolée , qu'à moins de caufe particulière, fa température doit être celle de la couche où elle s'élève: & Loin que nou voyions ici une caufe d'exception , un fait que nous apprend M. de Sauflure montre qu'il ne pouvoit y en avoir. « Le vene, dit il, venoit -» direétementidu nord, & ii étoic incommode par fon froid lorfqu'on » étoit fur le tranchant de la cîme; mais pour peu qu'on dc » côté du midi, on ne le fentoit abfolument point, & l’on jouifloit @üne » température agréable ». Ce n'étoit donc pas la neige qui produifoit le froid de la cime, c'étoit un courant d'air : or, ce courant, qui régnoit probablement au-deflus des plaines voifines , devoit y produire, à même hauteur, la même températu ue fur la montagne. C'eft fâhs doute à cette circonftance qu’eft due l'exactitude remarquable du réfultat réel de ma formule, que je vais donner maintenant. Une condition effentielle de l'emploi de cette formule quand il fair du foleil , c’eft que le thermomètre deftiné à exprimer la température de l'air, foit expofé aux rayons de cet aftre. Il ne s’agit pas du fondement phyfique de cette méthode, dont je traiterai ailleurs; mais feulement de ce que peut en dire ici l'expérience. Le calcul de M. de Sauflure par ma formule ; qui lui donne une erreur de 16 toifes en défaut, eft fait d'après des obfervations du thermomètre à l'ombre. Or, nous favons déjà, que fur la montagne, le thermomètre expofé au foleil s'y tenoit d’un degré plus haut que celui qui étoit à l'ombre d'un bâton ; de plus, le thermomètre obfervé à Genève éroit à l'ombre , fans doute d'un édifice : & d'après mes obfervarions je fuis sûr, que la différence qui rélultoit de cette circonf- tance étoit de plus de deux degrés. Suppofons cependant qu'elle ne fût pas plus grande. Deux degrés de plus dans la plaine, & un fur la montagne , aflignent à la colonne d'air une chaleur moyenne d’un degré *& demi plus grande que M. de Sauflure ne l’a fuppofée dans fon calcul ; & alors ma formule donne précifément la hauteur moyenne réfultante des deux opérations géométriques. M. de Sauflure avoit dir au $. 343 de fes Effais fur l'Hygrométrie, & il le rappelle au $. 1122 de fes Voyages dans les Alpes , que la correc- tion que j'ai introduite (après tant de labeur ) dans cette efpèce de mefure, our les différences de sempérature de l'air, « écartoit plus fouvent de la » véritable hauteur qu’elle n’en rapprochoit , comparativement» ; à ce qu'il nomme « les hauteurs telles qu’elles réfultent de la fimple com- » paraifon des logarithmes des hauteurs du baromètre » ; & M. Trem- bley a nommé méthode fimple, ce que M. de Sauflure exprimoit ainfi. Ils avoient donc oublié, que ce qu'ils défignoient par ces expreflions , conftituoit une des parties fondamentales de ma formule, puifqu’elle renferme SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 renferme la détermination d’une fous-tangente de la courbe des denfités de l'air, fixée pour une certaine rempérature , d’après l’enfemble , long- tems confidéré , d'un très-grand nombre d'obfervations. C’eft donc la détermination de certe fous-tangente , autant que celle des changemens qu’elle doit fubir par les d/fférences de température de Pair, que l’obfer- vation de M. de Sauflure a confirmée, À quoi j'ajouterai dans une autre Eee , le rémoignage des obfervations mêmes d’après lefquelles M. Trembley a cru devoir changer ma formule. Une autre obfervation , que M.-de Sauflure avoit déjà projettée dans fon premier voyage, mais dans laquelle il avoit été traverfé , eft celle de la chaleur de l'eau bouillantte. Or, non-feulementil l’a faite cette fois-ci au fommet même de la montagne, mais il venoit de la faire au bord de la mer, pour obrenir les deux points les plus éloignés poflibles fur notre hémifphère. D’après la formule que j'ai donnée ( Rech. fur les mod. de l Armof. $. 961 ) pour déterminer le point où fe tiendroit dans lea bouillante, par une hauteur donnée du baromètre, le thermomètre dont M. de Sauflure a fait ufage, le baromètre ayant été au fommet du Mont- Blanc à 16 p.21. +, ce rhermomètre mis dans l’eau bouillante , auroit dû s’y tenir à 68° 858 ; & il s’y tint à 68° 993. Certe d fférence eft bien petie, vu fur-tout qu’il s'agit ici d’une exrenfion aflez grande de la courbe que j'avois conclue entre les limites de 28 p. $ 1. 19 p. 8 1. L'obfervation de M. de Sauflure au bord de la mer fort aui un peu de ceslimires en fens coñtraire: quand il fr fon NO ne le baro netreéroit "à28p.71. = Suivant ma formule, le thermomètre mis dans l’eau bouillante par cette hauteur du baromètre devoit s’y tenir à 81° 263 ;il sy tint à 81° 299. Comparant enfuire les diftances refpectives des deux points, on voit encore que la différence des deux chaleurs elt a 2° 306 par l'obfervation , & 12° 40$ par ma formule. Or, c:t écart me paroît moindre que celui qui peut naître de l’obfervation même, à moins w’on n’emploie la méthode d'obferver , décrite par M. Cavendish dans Les Tranf. Phil, de l’année 1777. En rapportant fon obfervation hygrométrique au fommer du Mont- Blanc, M. de Sauflure fait mention d'une opération préliminaire, qui confilte à renfermer fes hygromètres dans une boîte Aumeëlée : à Poccafion de quoi il dit en note : « Je ferai voir dans peu, combien les æ objections de M. de Luc contre cette maniére d'obrenir l'humidité » extrême fonc mal fondées, & combien fon nouvel hygromèrre elt » vicieux & trompeur ». M. de Sauflure fe méprend; je n'ai rien dit contre cette manière de déterminer l'humidité extrême : je crois même qu’elle peut être bonne dans la conftruétion de l'hygromèrre de M, de Sauflure , où le cheveu, alors lâche, peut s'appliquer contre les parois humectées de la boîte: ce qui revient à ma méthode, qui eft de mouiller Ja fubftance hygrofcopique : ce n’eft donc pas fur cetre opération cg Jai Tome XXXI, Part. Il, 1787. NOVEMBRE. Bb : + r 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, élevé des doutes, c’ett fur la méthode fondamentale de M. de Sauflure, qui confifle à déterminer le point de l’Aurnidité extréme fous une cloche qui repofe fur l'eau & dont les parois font mouilléés, /ans avoir égard à la température : & mon objection contre cette méthode, eft le réfultat de plufieurs expériences dans lefquelles j'ai trouvé , que fous certe cloche, lumidité varioit avec La température. Je defire donc d’apprendre ce que M. de Sauflure a trouvé de défectueux dans ces expériences, prêt à changer d'opinion fi je me fuis mépris, A Pégard de mon hygromètre, je fuppofe que des deux mots ci-deflus par lefquels M. de Sauflure le juge , il applique celui de vicieux à la conftructon de l'infrument, comme, par exemple, à fes points fixes, & ce'ui de trompeur à {a marche, comparativement à celle de l'Aumi- dié. Or, en général, j'aurai obligation à M. de Sauflure , de m'aider de fes avis dans l'examen critique que je continue de faire de cet hygro- mètre, tant en lui-même, que par comparaifon avec le fien & nombre d’autres que j’ai conflruits & que je projette. Mais c’eft principalement fur le dernier objet que je defire fes remarques : car j'ai déjà élevé des doutes fur la marche de tout hygromètre ; ces doutes fe fortifient de plus en plus, à mefure que j'avance dans les recherches, donc j'ai expliqué le plan & le motif dans mon dernier Ouvrage. J'ai, dis-je, entrepris d'étudier les marches comparatives des mêmes fubftances que j’avois eflayées autre- fois, ainfi que de nouvelles fubftances , non par un feul point fixe à la comparaifon dans l'air (comme je le faifois alors ) mais par deux points fixes : & toutes les fubffances que j'ai déjà éprouvées, ont des marches différentes. On ne pourra donc pas fe difpenfer de faire des recherches immédiates {ur la marche de l'Aumidiré elle-même, par la même raifon qui me conduifit autrefois à un travail femblable à l’égard de celle de la chaleur, d’après un projet de M. le Sage. M. de Sauffure a déjà fait, fur la marche del’humidité, des expériences fort ingénieufes, qui pourront fervir de guide; mais il y aura beaucoup à faire encore avant qu’elle foic déter= minée avec certitude, On ne doit point cependant imaginer, que nous foyons encore dans Fancien chaos de l’hygrologie : car l'hygromètre a aujourd’hui des points fixes & une marche déterminée ; de forte que maintenant une obferva- tion hygrométrique devient un fait qui pourra, par-tout & en tout tems, être comparé à d’autres faits de même claffe. J’ajouterai même, que fi cependant il eft à defirer que l’échelle de cer inftrument foit déterminée comparativement à l’humidité elle-même, c’eft moins pour la météorolo- gie générale , que pour fes détails & pour la Chimie : car au premier égard, je n'ai rien trouvé jufqu’ici qui m'ait conduit à fufpecter les con fequences que j'ai tirées de mes obfervatious hygrologiques. I! réfulre de ces confidérations , que ce qu'il refte à faire pour l'Hygro- métrie na qu'un rapport éloigné avec Ja fixation d’un Aygrometre , dont SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 379 les conditions générales font d'être comparabie, conftant, & fufceptible de fe prêter aux divers ufages pour lefquels la Phyfique en a befoin : car l'échelle-réelle de l'Aumidité étant trouvée, comparativement à un hygro- mètre quelconque qui réunira ces conditions, elle fera applicable à tout autre hygromètre, dont la marche correlpondante avec celui-là, fera connue. C'eft-là un de mes motifs, pour travailler à déterminer foigneu- fement les rapports des marches hygrofcopiques de nombre de fubftances. Je n'ai point de prédilection pour la baleine prife en travers ; elle s’eft réfenrée à moi dans le nombre des fubftances que j'ai imaginé d’eflayer ; elle s'et diftinguée, & fe diftingue toujours de toutes les autres, d’après les conditions que je viens d'indiquer : c’eft-là , dis-je, l'unique motif de mon choix, fortifié par une nouvelle propriété que je lui trouve, favoir , que dans les variations ordinaires de l'humidité de l'air , fa marche ( diftin@e de fa dilatabilité qui au refte pofsède aufli le même avantage ) eft la plus grande de routes celles que j'ai obfervées; & fi cette marche n’eft pas proportionnelle à celle de l'Aumidiré, ce que j'ignore , el: n’eft jamais du moins en fens contraire, comme il arrive, près de l'Aumidité extrême , à plufeurs des fubftances qui n’ont qu'une petire marche par les variations ordinairés de l'humidité de l’air : d’où l’on éft conduir à con- jedurer, que ces dernières marches ne font petites , que parce qu’elles font fenfiblement affectées de la caufe qui rend enfin rétrogrades celles qui font les plus perites. C’elt ce que j'ai eu occafion de fair: remarquer en traitant de la marche de quelques fibftances shermofcopiques : & la baleine prile en travers eft à l'égard des fubftances Aygro/copiques , ce qu'elt fous ce point de vue le mercure à l'égard des premières. La baleine prife en long fe trouve avoir au contraire une des plus petites marches que j'aie encore déreriminées, par les variations ordi- paires de l’Aumidiré, plus petire entr'autres que celle du cheveu : & en même-tems elle a les deux mêmes efpèces de rétrogradations ; l'une, qui produir les reculs dans les mouvemens de l'index, & l’autre, qui influe fur les points où il fe fixe, Dans la première de ces rétrogrudations, une des propriétés de la Baleine dont je parle , nous enf-igne en même-rems , que d’autres fubftances peuvent être affectées des mêmes caufes qui produifent des reculs , fans néanmoins qu'on en apperço ve: on ne les apperçoit dans la marche de cette baleine, que par des changemens grands & fubits, comme en la mettant dans l’eau, ou l’en retirant en tems fec; en tout autre cas de variation , le gonflement du tiflu ou fon rérréciffe- ment, qui produifent du recul, quand ils font plus tardifs que l'allonge- ment ou le raccourciffement des fibres , s’exécutent en même-tems que ceux-ci: ce qui feroit juger que fa marche eft fimple ,fi l’on n'en avoit lanalyfe , dans Ies cas donr je viens de parler, où il fe fait du recu, Quant à la marche rétrograde, que quelques fubftances fe trouvent avoir aux approches de l'Aumidité extrême (comme lea aux approches Tome XXXI, Part. IT, 1787. NOVEMBRE, Bbb 2 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de fa congélarien ), toutes les faifons ne font pas propres à la confater, parce qu'elle exige de la conftance, ou du moins une marche lente, dans les degrés d’Aumidité voilins de ce poinr, qui n’a jamais lieu en certaines faifons, & qu’on n'obtient que,difficilement par artifice. Mais nous entrons dans celle des sers humides, où je me propofe de fuivre ces expériences : Jen ai même déjà fair une première ,que Je vais rapporter, pour donner une idée plus diftinéte de ce que je cherche, à mes Lecteurs, & en particulier à M. de Sauflure, qui pourroit foupçonner quelqu'illufion dans les expériences que j'ai faites à cet écard fous la cloche humide, fur-tour, parce que je n'ai rapporté de détails fur la marche rétrograde que relativement au cheveu. J'ai une fenêtre bien ifolée, tournée au nord-eft, & donnant fur le petit parc de Windfor ; & c'eft hors de cette fenêtre, à quelque diftance, qu'ont été fufpendus les inftrumens dont je vais parler: Hier , à fix heures du matin, appercevant dans le parc une lévère brume, qui couvroir comme d'une gaze les arbres éloignés, j’en conclus de même que d'autres fymp= tômes , que l’Aumidite éroit grande auprès de ma fenêtre, fans y être extréme. Je me propofai donc d’obferver conjointeme: t le même hygro- mètre de M. de Sauflure, dont j'ai parlé à la fin de mon dernier Ouvrage, un hygromètre de baleine en travers (foit celui que je nomme le mien) & un hygromètre de baleine en long. Pour cet effet je les obfervai d’abord dans la chambre, avec un thermomètre de Farenheir, puis je les plaçai hors de la fenêtre : voici les obfervations, dans les momens propres à déterminer les marches refpe“tives , fupprimant ici les obfervarions inter- médiaires dont la principale utilité a été de m'avertir des momens où les marches changeoïent. Mon hygr. Hygr. de Bal. en long. Therm. M. de Sauf. Dans la chamb, NV on em) GR 2D TN ea S 27 een 0270 ele ele rnte OS: Zets dois NO DD AIT Hors delafenêt, O 37 .- 020-1012 -6:-2 M T0O0 2e 5 RTS) St 00 7 (recul) mo :2 NRA Oo 20 ee B4u2 ee se CD o » » » » » » 103,2 (fixe). 53 Lagazefe diflipe. 9 2$ 2800 ale O8iDielelcielecla TOI ele ele NSÿ Pin ls 11 falloit expofer peu de tems après, ces hygromètres à l'Aumidité extréme réelle, pour être afluré qu'ils n’avoient poine fubi de dérangement, & déterminer ainfi avec plus de sûreré leur marche précédente : c’eft ce que je n'ai pas pu faire à l'égard de celui de M. de Sauflure , parce qu'il SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 381 ne convient pas de le mettre dans l’eau , & que la boîte Aumeétée n’eft pas un moyen aflez exact pour une telle expérience: je la ferai donc en rems de brouillard , où mes hygromètres arrivent au même point que dans Peau; mais voici au moins la marche des deux autres inftrumens qui y furent mis. Baleine en travers. Baleine en long. 11h. 18 mis dans l'eau, DD Ne Ne asile lee ee AO Oise plie el O2 4Oernrsns resserre eQ9S ess... +. 101.2 (recul. ) NRC cm 1OOL ete ae 1002 (42) 1 3O..e.sss.se.see100:....:..:.100 (id). Rien donc ,idans ces expériences n'indique que la baleine en travers (foit mon hbygromètre) marche jamais en fens contraire de es ni même quelle tende à devenir fZarionnaire tandis que l’humidi augmente; ce qui eft un premier point important. L'expérience nous apprendra , fi au contraire fa marche ne s'accélère point; à quoi l’on pourroit remédier par une J able, Mais en atrendant, la grandeur de fa marche dans cette partie de l'échelle, en même-tems ‘qu’elle eft forc urile dans l’obfervation ; feroir feule une süreré contre les irrégula- sités que l'expérience nous montre dans les perires marches correfpon- dantes , favoir , les reculs , la tendance à devenir farionnaire dans les grands degrés d'humidité, & la rérrogradation aux approches de l’Aumi- dité extréme. Ainf , ne voyant rien jufqu'à préfent, qui me donne de Ja défiance contre cet hygromètre, j'ai confeillé à M. Hurter & à MM. Nairne & Blunt , conftruéteurs d’inftrumens à Londres, de conti- nuer d'en conftruire. . Fautes à corriger dans le Mémoire fur lHygrométrie, Cahier de juin derniers Page 451, feconde colonne verticale, 96,1, corrigez : 99,1. 452 , troifiéme colonne, 4,03 054. Jfixieme colonne ; 46, 49. V2 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; LA VIE DE L'HOMME Refpeëlée & défendue dans fes derniers momens , ou Infru&tion , fur les Joins qu'on doit aux Morts & à ceux qui paroiffent l'être, fur les Funérailles & les Sépultures 3 Ouvrage dédié au Roï. À Paris, chez Debure l'aîné, Libraire, rue Serpente, hôtel Ferrand, 1 vol, z7-8°, Ex TiRVA I T. La Philofophie, quoi qu'en puiflent dire fes détracteurs, porte au jourd’hui un œil éclairé fur tout ce qui peut intéreffer le bonheur des citoyens. Elle a jetté une mafle de lumière à laquelle rien ne peut réfifter, <£ qui a fait difparoître tous les préjugés. Tour eft examiné au flambeau de raifon , pefé à la balance de la juftice. Ceux qui font le mal ne peuvent plus fuir le déshonneur. Pourfuivis par le cri public, où pourroient-ils cacher leur honte! En vain éviteront-ils la rigueur des loix. Ils fonc condamnés par l'opinion publique , cette maïtrefle du monde , qui juge les princes, les grands & les petits, & fes jugemens font irréfragables. L'Ouvrage que nous annonçons eft d'un citoyen eftimable, M, Thiery ; qui pénétré des grands abus qui fe commettent dans fa patrie, élève fa voix avec force pour tâcher de les faire cefler. IL n’elt que trop d'exemples, dit M. Thiery, des perfonnes donc la mort n'étoit qu’apparente, & qui ont été enfevelies toutes vivantes. On ne fauroit donc prendre trop de précautions pour conftater la mort véritable; car qui ne frémit d’effroi en: penfant qu'il pêut être cette victime de la négligence de ceux qui l’entoureront dans les derniers momens. Une fenfbilité déplacée éloigne du mort tous fes proches, tous fes amis, enfin tous ceux à qui il fut cher. Livré à une garde-malade ou à des domeftiques, on ledépouille, Une cupidité inexcufable le fait jerter fur la paille, crainte que des évacuations qui pourroient furvenir ne rachent les linges, les matelas, Par-là il fe trouve expofé au froid. On Jui couvre le vifage. . . . Enfin, on Ôte à la nature tous les moyens pour rappeler les forces, en fuppofant qu’elles ne foient pas tout-à-fait éreintes, Souvent il arrive que peu d'heures après la mort on le met dans la bière, &c. M. Thiery fait voir combien les fignes d’une mort certaine font équivoques : auffi roues les loix chez les différens peuples ont-elles fixé un délai plus ou moins long pour enfévelir le défunt. En France ce délai n'eft que de vingt-quatre heures; encore combien de fois abrège-t-on ce tems ! Notre favant Médecin peint avec force le vice de nos loix & de nos se lt do. ds td Des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 383 ufages à cet égard. Il s’adrefle à Louis XVI, que l’on fait defirer faire le bien. Il follicite des loix qui prefcrivent de laïfler Le mort douze heures au moins dans fon lit tenu bien chaudemment, le vifage découvert. Si on veuc le changer de lic ; qu'il foit tranfporté dans un autre avec les mêmes pré- cautions, & qu'il y demeureencore douze , vingt , trente, foixante heures, fuivant la nature de la maladie dont il fera mort. M, Thiery propofe qu'on confiruife dans chaque Paroiffe des loges où lieux dExlépôt pour y recevoir & traiter convenablement#ès morts lorfque la pauvreré ou l’indifféreñce les priveroient des foins qui leur font dûs, Enfin, on doir toujours porter le mort à la fépulture à vifage découvert, parce que les fpectateurs pourront s’aflurer par eux-mêmes de fon état. Ce que M. Thiery propofe ici pour tous les citoyens fe pratique pour les princes , les grands, les eccléfiaftiques, Efl-ce que rous les hommes ; s'écrie-t-il, ne font pas égauxdansl'ordrede nature? Lesdiftinétions fociales font purement arbitraires. Celui que le fort a placé dans les dernières clafles de la fociété eft autant aux yeux du Philofophe que celui qui fe trouve dans les premières ; & fi la fortune ne lui permet pas de donner fes foins à fes proches défunts , c’eft à la fociété d'y fuppléer. Tour ceci.eft déjà pratiqué , dit M. Thiery, par ce peuple philofophe dont les loix fages confolenc quelques inftans l'ami de l'humanité. II exifte un lieu fur la terre où les droits de l'homme font refpeétés. Dans cette île célèbre le citoyen repofe tranquillement fous l’égide des loixs L’Anglois eft sûr qu’on ne viendra pas troubler fon repos. Il n’y a que la loi qui #ègne : elle veille fur tous les inftans de fa vie, fur les jours mêmes ‘de l’accufé, à qui elle a facilité tous les moyens de fe juftifier. Elle porte fes foins jufques fur ceux qui ne font plus. Le mort eft foigné pendant plufeurs jours comme sil étoit encore plein de vie... . O Anglois, cherchez à porter vos loix dans tout l'univers, & non point votre puiflance ! Eft-il une manière plus noble de régner ! BEBE TRE DE M LE COUTEULX DE PUF, A M DE*LA MÉTHERIE NÉE. La lecture du N°. de Septembre de votre Journal de Phyfique , dans lequel vous expofez quelques expériences qui paroîrroient infirmer le fait de Ja décompofñition de l'eau , m'ayant frappé par l'accord que j'ai trouvé 7. PURE “si Le s V0 354 OBSERVATIONS'SUR LA PHYSIQUE, entre votre fyftème, que je crois le feul véritable, & les réflexions qu'a: voit déjà fait naître chez moi l’examen attentif d’un phénomène naturel que j'ai toujours regardé comme la clef de la Phyfique-chimique, j'entends l'électricité ; je vais vous en faire part. Depuis long-tems je foupçonnois que l'élafticité de l’air ne pouvoit avoir d'autre caufe que fa confiftance mufiforme. Depuis long tems aufli je regardois , ainfi que vous, le phénomène de l'électricité comme une véritable combuftion ; la diftinétion des deux électricirés, la comparaifon du feu qui en réfulte avec la détonation des gaz vital & inflammable m'avoit conduit à penfer que l’une étoit en quelque façon à l’autre ce que ces deux airs font réciproquement; c’étoit mème eux, felon moi; mais ils avoient un obftacle à léur inflammation mutuelle-qui n’exiftoit pas entre les deux électricirés , ou plurôt entre les deux fluides que les Phyficiens ont vu être Auides libres non élaftiques ; & cer obftacle, vous nous le montrez, c’eit l'obftacle général à toute combution ; c’eft l’eau : Ôtez le, foir en chaflant fubirement cette eau par une dofe de chaleur étrangère aflez forte’, foir en la fuppofant un moment abfente, que deviendront ces fluides libres ; non élaftiques, cette partie aérienne qui, avec l’eau qu’elle rendoic vifqueufe, formoit'ces bulles dont la chaleur fufpendoit intérieirement la force attractive ; il eft conftanc que par cette force même, certe poullière infiniment fubrile & par-là y étant plus foumife , fe portera où elle fera plus attirée , pénétrera certains corps , fe fixera dans d'autres. Prenons donc pour exemple ces deux fluides, je trouve qu'ils fn plus attirés l’un par l’autre que par aucun autre corps , non qu'ils ne le foient bien chacun par eux-mêmes, mais ils le font infiniment plus lun par l’autre par le pouvoir dont jouit le fluide déphlogiftiqué de décompofer le fluide inflammable non moins attractif, mais plus veutralifé par la chaleur qui le confticue inflammable, à la place de laquelle il fe fubftirue. Ce pouvoir exclufif qu'a le premier fluide , qu’on appelera fi l’on veut l'oxigène, de dégager la chaleur, lui aflurera routes les prérogatives w’on lui artribue, mais non celle de faire une des parties conftituantes “ l'eau ; mais où il ira fe fixer ,il pourra bien emporter avec lui, ou attirer par la tendance à la neutralifation une portion d’eau confidérable qui dans beaucoup de corps, dans les métaux, par exemple, s’y trouvera auffi-tôt à l’état de glace par Île partage fubit qu'ils feronr de fa chaleur inhérente dônt ils fe trouvent épuifés, & pourra en être chaflée enfuire pendant leur rédudion , unie à la partie aérienne dans l’état d'air pur, L'hydrogène de même pourra être le nom de la partie aérienne de l'air inflammable qui pafle à travers certain corps, mais non les métaux ni flint-glafs à la furface inrérieure duquel elle fe dépofe, fuivant , écant libre ainfi que l’oxigène , la marche des fluides électriques. L'expérience de M. Monge vérifie encore un de mes foupçons , que À l'union = ns à ET Te dt di mt à à él" SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385 l'union de la partie aérienne de l'air vital avec l’air inflammable produifoic l'acide aérien, foi-difant carbonique, parce qu’en effet le charbon contient le principe inflammable de l'air inflammable, Tel et, Monfieur, l'abrégé des réflexions dont je defrois vous faire part. Je fuis, &c. " NOUVELLES LITTÉRAIRES. P: PILLONS d'Europe, dix-feptième fafcicule. Cette belle entreprife., dont nous avons déjà annoncé les précédentes livraifons, fe continue toujours avec les mêmes foins. L’amateur diftingué qui prélide à cette entreprile, M. Gigot d'Orcy, & fes coopérateurs diftin- gués , MM. Carangeoc, &c. ne négligent rien pour lui donner toute la perfection dont elle eit fufceptible, s Tchtyologie,ou Hifloire Naturelle générale & particulière des Poiffons s avec des figures enluminées, deffinées d’après nature ; par Marc- ELcrezer BLocH, Doëeur en Médecine & Praticien à Berlin, Membre de la Société des Scrutateurs de la Nature de Berlin, &c. &c- À Berlin, chez l’Auteur, & chez François de la Garde , Libraire; & à Paris, chez Croulebois, Libraire, rue des Mathurins, N°. 32. L'Ouvrage contiendra trente-fix cahiers de trois à quatre feuilles d'impreffion , zz-fol. avec fix figures enluminées dans chaque cahier. Il.en paroît actuellement trente-un cahiers. Les cinq qui reftent feront achevés au mois de mars prochain. Le prix de chaque cahier imprimé fur papier d'Hollande eft de 12 liv. ‘grand papier , & de 10 liv.en papier ordinaire, Abrégé chronologique pour fervir à l'Hifloire de la Phyfique jufqu'à nos jours ; par M. De Loys, de la Société économique de Berne : Materia & motus. Omnia & nihil. Tome IT, 1662 — 1676. A Strafbouro; & fe vend à Paris, chez Lami, Libraire, quai des Auguftins, 1787, 1 vol. z7-8°. Nousavons déjà parlé de cet Ouvrageutile, Les quatre derniers yolumes font fous prefle, & paroîtront le plutôt poflible. Obférvations fur quelques avantages. qu'on peut retirer des terres . ; ocreufes , avec les moyens de les convertir en brun rouge, & d'en former des Pozzolanes propres à remplacer avec économie Les etran- Tome XXXI, Part, IF, 1787. NOVEMBRE, _ Ccc + 386 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE, gères & les nationales ; par M. CHAPTAL , Profefleur de Chimie ‘4 des Etats de Languedoc, In/peëeur Honoraire des Mines du Royaume, embre de la Société des Sciences de Montpellier, Gc.Ec, un Mémoire in-4°. À Paris, chez Didot le jeune. M. Chaptal s'occupe avec fuccès d'élever des manufaëtures en grand dans la Province de Languedoc. Expériences & Obfervations fur différentes branches de la Phyfique, avec une continuation des Obfervations fur l'Air : Ouvrage traduit de 'Anglois de M. J. PRiESTLEY , Doëleur en droit, Membre de la Sociéré Royale de Londres ; par M. Gi8ELIN , Doéteur ex Médecine, Membre de la Société Médicale de Londres , tome IF. Trahit quodcumque poreft atque addit acervo. Horace. | s Prix, 3 div. 12 fols relié. À Paris, chez Théophile Barrois le jeune, Libraire, quai des Auguftins, N°. 18, 1 vol. 27-12. Le nom du célèbre Prieftley eft trop connu pour qu'il foit befoin de dire combien ce nouveau volume intéreflera les favans , fur-tout ceux qui s'occupent des airs. [ls verront dans celui-ci, comme dans tous les autres , l'excellent obfervateur, le favant phyfcieninfatigable à confulter lanature , & dont les travaux ont fait faire de fi grands progrès à cette branche de la Phyfique. M. Gibelin rend un très-grand fervice aux favans François de traduire dans notre langue des Ouvrages aufli précieux. | Differtation fur le Pécher & L'Amandier , leurs différentes efpèces & à . variétés, & principalement fur le Pécher à fruit applati de la Chine, | für leur culture, & fur leurs propriétés alimentaires , médicinales & À économiques ; in-fol. par M. Bucw'oz, &c. Differtation fur la Mangoufle , un des arbres les plus utiles de l'Inde; tant comme aliment que comme médicament , & digne d’étre tranfporté M dans nos colonies d'Amérique , in-foi. avec frgures; par M. Bucu'’oz, Differtation [ur un nouveau genre de Plantes , qui ef à crin, & auquel M. GUETTARD a donné le nom de Villars ; par M. Bucx'oz, in-fol. avec figures. Differration fur une efpèce de Sophora qui nous vient de la Chine , qui réfifle en pleine terre pendant l'hiver, & qui a fleuri pour la premiére fois en France en 1779, pour parer les bofquets & Les jardins à langloife , in-fol. avec fig. par M. Bucx'oz. Gallerie hiflorique univerfelle ; par M. P***, Prix,3 liv. 12 fols: dixième livraifon, contenant Les portraits d'Ariftote, d'Aftruc , de Caton d'Utique, de Charlemagne, de Vandvick, de Flechier, de } D . À + EC. 3 + ë 4 SUR L'HIST.-NATURELLE ET LES ARTS. 387 Madame de Grañigni, du Maréchal de Noaïlles. A Paris, chez Mérigot , Libraire , quai des Auguftins; à Valenciennes , chez Giard , & chez les principaux Libraires du Royaume. Nous avons rendu compte de cet Ouvrage dans les premières livraifons, Y! fe continue avec le même fuccès, Joann. Ant. Scopoli, fundamenta Botanica, præle&ionibus publicis accommodata. Viennæ , 1786 , in-8o. Ces principes font rédigés avec méthode & écrits avec clarté. M. Scopoli exhorte les Natuffliftes à ne plus changer les noms établis par Linné. Certe fureur de changer les noms, trouble en effer néceffaire- ment la fcience, & la rend toujours flottante & incertaine. Carozr Luporicr Wirrpenow, &c. Floræ Berolinenfs Prodromus , c’efl-à-dire : Avant-coureur de la Flore de Berlin, rangé felon Le fyfléme de LiNNÉ, & Les réformes de M. TUNBERG, par CHARLES - Louis WicLpeNow , Membre de la Société des Curieux de la Nature de Hales. À Berlin, chez Viewes ; {e trouve à Strafbourg , chez Amand Konig , & dans la Librairie académique de la même ville, 1787, grand #n-8°. de 539 pages , avec 7 planches en taille-douce. Prix, 7 liv. Cette Flore de M. Willdenow contient des recherches intéreflantes, Plan en relief repréfentant la vallée de Chanmouni , La chaîne du Mont- Blanc qui la borne au fud, & celle du Breven qui la borne au nord; par M. EXCHAQUET. : Ces reliefs étant en bois font peu pefans , & d’un tranfport facile. Leur prix eft de 30 louis. Ceux qui defireront s'en procurer peuvent s’adreffer diretement à M. Exchaquer, Directeur générai des fonderies du Haut- Faucigny , à Servoz, près de Salenche , dans le Haut-Faucigny. Séance publique de l'Académie Royale des Sciences, Belles-Leitres & Arts de Rouen. Dans fa féance publique du premier Août 17987 , l'Académie annonça que les Mémoires préfentés au concours pour le prix des Belles-Lettrès, n'ayant pas rempli fes intentions , elle continue à propofér pour 1788, - « De déterminer l'influence des Loix fur les Sciences, les Letrres , Les » Arts & le Commerce, & celle des Sciences, des Lettres, des Arts & » du Commerce fur les Loix », Le prix fera double, ou de 600 liv. ; foit en argent, foit en deux médailles dot, au choix de l’Auteur couronné, dont le nom fera pro- Tome XXXT, Part. II, 1787. NOVEMBRE, Céecr2 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, clamé en la féance publique du mois d'Aoûc 1788. Le concours fera ouvert jufqu’au premier Juiller de la même année. Les Mémoires, lifiblement écrits en françois ou en latin, feront adref- fés à M. Haïllet de Couronne , Secrétaire perpétuel, fous le couvert de M. de Mauffion, Intendant de la Généralité, au par tout autre moyen de port franc. Un prix extraordinaire, donné en 1786 par un des Académiciens ; avoir pour objet cette queftion de phyfique : « Les expériences fur lefquelles porte la doétrine moderre de la chaleur » larente fonr-elles décifives » ? , Entre les Mémoires admis au concours, la Compagnie a diftingué celui qui porte pour épigraphe : Grat& vice ver... & elle lui a décerné le prix. L'ouverture du billet a fait connoître que l'Aureur eft M. le Chevalier de Soyecourt, d'Amiens, qui penfe que lopinion de la chaleur latente n’elt fondée que fur des expériences infufifantes & illufoires, - Prix des Arts utiles pour 1788. L’Académie avoit propofé pour fujet d’un prix ordinaire, dans [a claffe des Artsutiles, de blanchir parfaitement le coton filé pendant le trimeftre de l'hiver, c’eft-à-dire, depuis le premier Janvier jufqu'au 32 Mars 1787; maisil ne s’eft prélenré que quatre concurrens, encore l’un d'en r'eux n'a-t-1l pointrendu fon eflai à l'époque prefcrice, La Compagnie propofe le même prix pour 1788. Prix propofés en 1787, par la Société Royale des Sciences & des Arts de Metz, pour les Concours de 1788 & 1789. En 1785, la Société Royale a propofé pour fujet du prix à décerner cette année, la queftion fuivante : Eft-il des moyens de rendre les Juifs plus utiles & plus heureux en France ? ù » Elle a reçu fept Mémoires fur cette queftion : elle n’a pas cru pouvoir décerner le prix ; il eft cependant peu de ces Mémoires qu'elle air lus fans intérêt, quelques-uns ont même fixé long-temps fon attention. Le prix propofé pour 1786, & remis au concours de la préfente an- née, fur cette queftion : & Quels font les moyens compatibles avec les bonnes mœurs , d’af- >» furer la confervation des bâtards, & d'en retirer une plus grande » utilité pour l'Etat »? À été décerné au Mémoire N°. 9, portant cette devife, tirée de l'Ouvrage de M, Necker, fur l'adminiftration des Finances de la France, | | | k MT EN DEP 2 2e CDR or ref PE ET NS PR Te, saisit Cri SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389 Entre tous les établiffemens dus à l'eprit d'humanité, ceux dont l'uri- lité efl Le plus mélée d’inconvéniens , ce font à mes yeux, Les maifons deflinées à fervir d’a[yle aux enfans abandonnés. L'Auteur de ce Mé- moire eft M. de Boufmard, Capitaine au Corps Royal du Génie, en garnifon à Verdun. L’acceflit a été accordé au Mémoire N°. 8, portant pour épigraphe ce vers de Piron, La fenfibilité fait tout notre génie. Cer Ouvrage eft rempli de vues infiniment recommandables pour-la réforme de la conf. titurioh actuelle des Hôpitaux, & pour diriger l'emploi des biens & revenus qui y font deftinés, vers le plus grand avantage de l'huma- nité. ! | L'on a diftingué dans le Mémoire N°. 10, portant cette épigraphe: Non tar fpeétandum quid Romæ faétum efl, quèm quid friert debeat. Leg. 12, S. de Off Prefid., pluñeurs vues intéreffantes pour l’admi- niftration des Hôpitaux, ainfi que pour la formation d'établiffemens propres à procurer aux bâtards une éducation capable de les rendre plus utiles, . . La Sociécé Royale croit devoir rappeller qu’elle annonça en 1786, qu’elle adjuyeroit le prix de 1788, au meilleur Mémoire fur cette queftion : 5 ‘ Quels feroient les moyens de multiplier les plantations &e bois, fans trop nuire à la produétion des fubfiflances ? Enfin , elle propofe pour le concours de l'année 1789 , le fujet fuivant : * L’Affemblée Provinciale des Evéchés comprenant divers Cantons réunis à différentes époques ; on demande s'ils ont des interéts diffé- rens , relativement aux Manufaëtures & au Commerce, & s'il efl des moyens de concilier ces interets ? Le Prix, pour chacun des fujets pronafés, fera une médaille d’or, de la valeur de 499 liv. qui fera diftribiée le jour de S. Louis, 2$ Août. Toutes perfonnes, LA les Membres de la Sociéré Royale, fe- ront reçues à concourir pour ces prix. Les Auteurs mettront leur nom dans un biller cacheté, arraché aû Mémoire qu'ils enverronr, & fur ce billet fera écrire la fenrence ou devife qu'ils auront mife à la rêre de leur Ouvrage. [ls auront a-rention de ne fe faire connoître en aucune manière, fans quoi leurs Mémoires ne feront pas admis au concours. Les Mémoires pourront être en françois ou en latin, & ils feront adref- fés, francs de port, à M. le Payen , Secréraire perpéruel; avant le premier Juillet de chacune des années pour lefquelles Les queftions font propofées. 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Sujets propofes par l’Academie Royale des Sciences ; Inferiptions & Belles-Lerres de Touloufe, pour les Prix des années 1788 , 1789 6 1790. Le fujet propofé pour la feconde fois’ en 1784, pour le prix double de 1787, étoit d'affigner les effets de l'air & des fluides aériformes introduits ou produits dans le corps humain , relativement à l'économie animale ; mais niles Mémoires qui furent préfentés en 1784, ni ceux qui l'ont été cette année , n'ayant rempli qu’une partie des vues de l’Acadé- mie , elle a cru devoir renoncer à ce fujet, & propofer le fuivant pour le prix de 1790, qui fera de fo liv.: Déterminer les effers de l'acide phof- phorique dans l’économie animale. V Elle avoit propofé la même année 1784, pour le prix de 1787, 1°, d'indiquer dans les environs de'Touloufe & dans l'étendue de deux ou trois lieues à la ronde, une terre propre à fabriquer une poterie légère & peu coûteufe, qui réfifle au feu, qui puiffe fervir aux divers befoins de la cuifine 6 du ménage & aux opérations de l'Orfévrerie & de la Chimie, 2°. De propofer un vernis fimple pour recouvrir la poterie deflinée aux ufages domefliques , fans nul danger pour la fanté. Les Mémoires qu’elle a reçus cette année, n’ayant préfenté rien de fatisfaifant fur ces deux queftions, l’Académie s’eft determinée à les pro- pofer de nouveau pour le prix de 1790, qui fera de cent piftoles, avec cette différence, qu'elle a cru devoir étendre à dix lieues aux environs de Touloufe, Yefpace circenfcrit par l’ancien Programme, à deux on trois lieues feulement. Elle avoit propofé dans le Programme de 1782, pour 178$, d’expofer Les principales révolutions que le Commerce de Fouloufe a effuyées, & Les moyens de l’animer, de l'étendre & détruire les obflacles ; [ot mo- . raux , foit phyfiques, s’il en efl, qui s’oppolent à fon aéivié & à fes progrès. L'Académie n’ayant reçu que très-peu de Mémoires, elle repropofa l'année dernière le mème fujer pour 1788. Le prix double fera de 10001iv. L'Académie propofe pour fujet du prix ordinaîfe de 500 liv. qui fera diftribué en 1789, de déterminer la caufe & La nature du vent produit par les chûtes d’eau, principalement dans les trompes des forges à la Catalane, & d'affioner les rapports & les differences de ce vent, avec celui qui eff produit par Péolipy le. L'Académie prie les Auteurs qui s'occuperont de ce fujet, de détailler dahs des notes, ou à la fin de Ouvrage, les procédés des expériences que ce fujer exige & qu'ils auront tentées, afin qu’elle puifle s'aflurer des réfultats en les répétant. Les concurrens adrefleront leurs Mémoires à M, Caftilhon, Avocat, É l ; L éme hnnt AE En D *, MP UE-S UT US À IT LE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 391 Secrétaire perpétuel de l’Académie , ou les lui feront remettre par quelque perfonne domiciliée à Touloufe. Dans ce dernier cas , il en donnera {on récépiflé, fur lequel fera écrite la fentence de l'Ouvrage, avec fon nu- méro , felon l'ordre dans lequel il aura été reçu. Les paquets adreflés au Secrétaire doivent être affranchis, Les Ouvrages ne feront reçus que jufqu'au dernier jour de Janvier des années pour les prix defquelles ils auront. été compotés. Ce terme eft de rioueur. L'Académie proclamera, dans fon affemblée publique du 25 du mois d'Août de chaque année, la pièce qu'elle aura couronnée. Si l'Ouvrage qui aura remporté le prix a été envoyé au Secrétaire en droiture , le Trélorier de l’Académie ne délivrera le prix qu’à l’Auteur même, qui fe fera connoître, ou au porteur d’une procuration de fa part. S'ily a récépiflé du Secrétaire , le prix fera délivré à celui qui le préfentera. L'Académie, qui ne prefcrit aucun fyftême, déclare auffi qu’elle n'entend pas adopter les principes des Ouvrages qu’elle couronnera. » La Société Académique & Patriotique de Valence en Dauphiné, a tenu une féance publique le 27 Août 1787. Dom Pernety, Secrétaire perpétuel , après avoir ouvert cette féance par l’expofé du fujer de Paf- femblée , a dir que la Société avoir tout lieu de fe féliciter, comme les années précédentes, d'avoir reçu des Mémoires excellens pour le concours des prix qu'elle a décernés. La queftion propofée pour le fujet de celui qu'elle couronne aujourd'hui , étoit divifée en deux parties, exprimées en ces termes: 1°. Quelle efl la meilleure manière de faire & d'augmenter Les engrais pour les terreins des environs de Valence, en n'employant que les matières & les produétions du pays même ? 2°. Quelle eft la méthode la plus avantageufè de faire ufage de cès engrais pour la culture des grains & des prairies, ayart égard aux differentes qualités du fol, & défignant les tems Les plus favorables à cet ufage? La Société a diflingué trois Mémoires qui lui ont paru feconder fes vues patriotiques, un fur-tout auquel M. Duvaure, fon Auteur, Mem- * bre de la Société d’Acriculture de Lyon, demeurant à fa campagne du Courier, près de Creft en Dauphiné, avoit mis pour devife : Ex” finis ubertas. “Le fecond Mémoire, qui a mérité une attention particulière de la pe PORC PIN T2 SOIT EME RE SC ATEN , PE 16e gt 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Compagnie, & auquel elle a cru ne pouvoir refu'er le premier acceffit , a pour titre: Arida tantèm. Ne falutare fimo pingui pudeat fola, neve Effætos cinerem immundum jaëtare per agros. Le billes de l' Auteur de ce Mémoire demeurera cacheté, s'il ne jupe pas à propos de Je faire connoître; mais on efpère qu'il en décidera autrergent. Le rroilième Mémoire, auquel on a penfé devoir également décerner Pacceffit, a pour devife : In renut labor, at tenuis gloria ; & au-deflous de cette devife , répétée fur le billet cacheté : Sz quid boni, aperiatur ; fin alirer comburatur. Cette addition à la devife paroïîtroit devoir être imitée dans rous les cas pareils, où les Auteurs des Mémoires ne dé- daigneroient pas de fe faire connoître. Ayant en conféquence ouvert le biller, nous y avons trouvé le nom de M. Reynaud la Garderte. La queftion pour l’autre prix qui fera adjugé le 26 Août 1790, eft telle : Efl-il utile ou défavantageux de greffer le mürier blanc, x°. relari- vement à la végétation & à la durée de cet arbre ; 2°. eu égard à la vie, à la fanté & à La vigueur des vers à foie dans leurs différentes mues ; 3°. par rapport à la quantité, à la qualité, à la force & àa feneffe de la foie? : Prix diflribué & propofé par la Société Royale d'Agriculture de Laon, dans fa Séance publique du 3 feptembre 1787. Prix difiribué, La Société Royale d'Agriculture de Laon avoit annoncé, dans [a féance publique qu'elle a tenue le 22 Août de Pannée dernière, en préfence de M. l'Intendant, que M. Ze Duc de Charofl, l’un de fes Aflociés , avoit bien voulu faire Les fonds d’un prix de 600 li. fur les deux queftions fuivantes : 1°. Quels font les avantages qui réfulteroient du defféchement des Marais du Laonnois ? 2°, Quels font les grains, les plantes & les arbres les plus propres à étre cultivés dans les rerreins qui feront defféchés®? La Société a recu douze Mémoires, parmi lefquels elle a diftingué le N°. 7, ayant pour devife : * Labor omnia vincit umprobus.,.. Nirg, dont l'Auteur eft M. Crerté de Palluel, Maître de la pofte aux che- vaux de Saint-Denis, Seigneur en partie de Dugry, Correfpondant de la Société Royale d'Agriculture de Paris, : e SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 393 Le Mémoire qui approche le plus de celui qui eft couronné, eft Le N°. 3, quia pour devile : Claudite jam rivos, pueri, fat prata biberunt. Virg. & dont l'Auteur eft M. Levaffor, Contrôleur des Vingrièmes de la Généralité de Soiflons, au Département de Crépy en Valois. Parmi les autres Mémoires, la Société a diftingué le N°. premier ; portant la même devife que le précédenr. Elle a porté le même jugement du Mémoire coté N°, 10, ayant pour devife : Tantôt fon bras aëlif defféchant les marais, De leurs dormantes eaux délivre les guérers. Prix propojé. La Société fe trouvant placée dans un canton de la Province dont le vin fait le principal commerce, elle a cru que, parmi les fu,ers de prix qu’elle eft dans le cas de propofer chaque année, elle devoit choifir ceux qui font relatifs à la culture de la Vigne & à la façon du vin, l’une & l’autre adaptées à la nature des terres, du climat & de la température du Pays Laonnois. La Société propofe donc, pour fujet du prix de 300 liv. qu’elle . diftribuera dans fa féance publique qui fe tiendra au mois d’Août 1788, les queftions fuivantes, relatives à la première divifon : 1°. Quelle eff l'expofition la plus avantageufe des terres à vigne, pour rendre plus rare le fléau de la gelée, [oit d'hiver foit de printems ? 2°. Quelles font les efpèces de terres qui conviennent mieux , foit à la vigne de Provins, foit à la groffe vigne? 3°. Quelles font Les efpèces de vignes que l’on cultive avec le plus d'avantages dans les differens cantons de cette Province ? (On donnera la defcriprion de ces différentes efpèces de vignes, & le nom qu'elles portent dans le Pays.) 4°. Quel eff le tems le plus favorable à la plantation de la vigne, quelle préparation exige la terre avant d'étre plantée en vigne; les ter- reins nouvellement défrichés font-ils propres à cette plantation? $°. Ÿ. a-t-il des moyens de préferver la vigne des accidens qu’elle éprouve de La part des infeëtes qui l'attaquent ? Ces infeëtes font : Le man, connu dans le pays Jous le nom de mulot, & Le gribouri , efpéce de fcarabée que l’on appelle pointerelle dans le pays. Tome XXXI, Part. 11, 1737. NOVEMBRE. D dd 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, PROGRAMNE de 1789. nombre d'yeux qu'il faut Laiffer ; relativement à l'ejpèce de vigne, à la qualité du bois qui peut ‘avoir été gelé l'hiver, & à la narure du térrein ; & y a:t-ilune manière particulière #erarller les ceps mulotés À 1°. Quelle règle doit-on fuivre dans la taille de la vione, [ur le 2°. De quelle manière doit-on provigner la vigne, à quelle profon- deur doit-on enterrer le provin ; quelle regle doit-on Juivre pour reurer la vigne, lorfqu'elle a été gelée au printems ? 3°. Dans quel terrein la greffe de la vigne convient-elle , comment & dans quel tems faut-il pratiquer cette opération, ne nuit-elle pas en général à La qualité du vin? PROGRAMME de 1790. 1°. Combien de labours doit-on donner à la vigne depuis le pro- vignage jufqu’à la récolte ? 2°. Quels fent les tems les plus favorables à ces labours ? 2°, La crainte des gelées du printems ne. doit-elle pas engager à 3 £ 1 retarder le liage de La vigne? . 4°. Quel eff le tems & la meilleure manière d'ébourgeonner , de rogner & d'éfurdenter la vigne, pour éviter la coulure qui pourroit étre une fuite de ces façons faites à contre-tems? PROGRAMME de 1791. 1°. Les engrais fontils abfolument néceffaires à la vigne ; quelles Jont les efpèces d'engrais qui conwennent, foit aux différentes efpèces de vignes, Joit aux différentes natures de terres à vigne? 2°. Lequel ef? le plus avantageux, ou d’enfouir le fumier ,ou de le répandre Jeulement Jans l'enfouir ? 3°. L’ufoge de la marne, des cendres de tourbe ou de houille, eft-il avantageux aux terres à vigne! 4. Quelintervalle d'annees doit.on mettre entre Les fumages des vignes? 5°. Le verrage des vignes efl-il abfolument néceflaire , toute ejpèce de terre convient-elle à cette operation, & ‘ne faudroit:il pas.que la terre ait été, au moins pendant un an, expofée aux influences de l'air avant d'être portee dans les vignes? SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 395 PROGRAMME de 1792. 1°. La fixation du ban de vendange w’a-t-il pas des inconv'niens, Ë ne vaudroit-il pas mieux laifler à chaqué particulier la liberté de vendanper quand il le jugeroit à propos? DR Jo EPP 2°. L'ufage d'égrapper le raïfin, en tout ou en partie, efl-il avanta- geux ; ne nuit-il pas à la confervarion du vin? 3°. Quelle ef? la méthode la plus avantageufe, on de fouler dans la cuve, ou de fouler dans La foulerte ? 4° Lequel vaut mieux , tant pour la confervation du raifin, que pour lui donner de la couleur, ou de laïffer fermenter naturellement le raifen dans la cuve , ou d'empécher la fermentation en tourmentant le raifin , opération qui ne peut que lui donner de la couleur À 5°. Ÿ a+ il une règle füre pour déterminer le moment du décuvage, toujours relatif à la température de l'air extérieur? & PROGRAMME de 1793. 1°. Quelle ef? la meilleure maniére de faire le vin blanc dans le Laonnois ? e ESA Quelles font les efpèces de preffoirs en ufage dans le pays ; quelle eff la manièe de les gouverner, & ne pourroiton pas les per- Jiäionner? ( Les Concurrens font avertis que pareille queftion a été propolée par l'Académie de Metz, pour le prix de 1786. En conféquence, la Sociéré defire qu’ils ne la traitent qu’autant qu'ils croiront que le modèle de prefloir qu'ils préfenteront, fera plus avantageux pour le p2ys, que celui qui a été adopté par l’Académie de Merz, ) PROGRAMME de 1794 1°. Dans quel tems doit-on tirer le vin au clair; quelles font les années où 1l vaudroit mieux laïiffer fur la lie celui qui ne doit pas voyager À < 2°. EfHl néceffaire de foutirer le vin du Laonnois, au moment où ël doit étre voituré® 3°. Ÿ at-il des moyens de conferver les vins du Laonnoïs, foit en cercles, foit en bouteilles , dans Les caves qui ne font pas auffi bonnes que celles de Laon? Ces moyens dépendent-ils de la façon dont le vin a été fait ? Tome XXXI, Part, IL, 1787. NOVEMBRE. Ddd2 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 4. Quel eff le tems le plus favorable pour mettre le vin er bouteille ? La Société defire que la folution de toures ces queftions foit appli- cable aux vignes & au vin du Laonnois en particulier; parce que le but qu’elle a en vue, en propofant ces queftions, eft de procurer le bien & l'avantage du pays au centre duquel elle efk établie. Société d'Emulation de Bourg en Brefle. La Société d'Emularion de Bourg en Brefle a tenu le premier Otto- bre une féance publique, que M. Riboud , Secrétaire perpétuel, a ouverte par un difcours dans lequel il a rendu compte de ce qui s’étoit paflé de plus intéreflant dans les aflemblées particulières de la Société dans P ras P le courant de l’année, & donné une notice des Ouvrages qui y ont été : k ges qur y lus, & qui font au nombre de vingt-neuf, Cerre Société avoit propofé en 1784, pour fujet d’un prix de foixante louis, dont M. le Comte de Montrevel & l'Ordre de la Nobleffe avoient fait les fonds, les queftions fuivantes : 1°. Quelle feroit la manière la plus facile & la moins difpendieufe de curer la rivière de Reiffouge , (qui traverfe la Brefle) ex évicant les inconvéniens , méme momentanes , qui pourroient réfulter de l'enlèvement de Ja vaje. 2°. Quel Jeroit l'emploi le plus avantageux de cette vafe, pour l’en= grais des prés & terres riveraines? Comment feroit-1il poffible de fub- venir à la depenfe du curage, par qui, & dans quelle proportion de- vroit-elle étre fupportée ? 3°. Déterminer une ligne de profil qui fixe irrévocablement la hauteur des bancs graviers des moulins fitués fur la Reiflouxe, de manière que, Janus nuire à leur travail, on donne plus de pente à fes eaux , & que Les prés & terres voifines foient à l'abri de toute inondation ? Le Secrétaire a annoncé que le prix a été adjugé au Mémoire N°. 3, ayant pour épigraphe : Oritur fol, non diutiis paludum incolæ voci- ferabunr, L'Auteur eft M. Aubry , Infpecteur général des Ponts & Chauf- fées, Aflocié libre de la Sociéré, & de diverfes Académies, couronné l'année dernière par celle de Touloufe. La Société l’a invité à publier fon Mémoire, qui réunit les moyens les plus fimples aux recherches les plus profondes. Un sutre Mémoire, ayant pour épigraphe ces mots caflillans : Mal dentro que fueras , a obtenu l’acceflir. Il eft de M. le Chevalier de Nontrozard , Lieutenant-Colonel d'artillerie. Cet Ouvrage, qui contiere SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. dé beaucoup d’obfervations, eft écrit avec autant de précifion que de clarté. 4 Le Mémoire ayant pour épigraphe : Omnes quidem currunt, fed anus accipit bravium, a mérité une mention particulière & honorable, Société de Phyfique de Teyler à Harlem. La Société Phyfique de Teyler à Harlem connus depuis lon g-tems par l'importance des matières qu’elle choifit pour fujec des prix acadé- miques qu'elle propofe, avoit publié le Programme cofmo logique fuivant : « Jufqu'où peut-on conclure de ce qu'on connoït de la nature des » fofliles, de leurs fituations & de tout ce qu’on fait d’ailleurs relati- » vement aux formes anciennes & actuelles de la furface du globe, >» d'après des fondemens inconcevables, quels changemens ou révolutions >» générales a fubis la furface de la terre, & combien il doit s’être écoulé > de fiècles depuis lors ? » Le prix de certe importante queftion confiftoic en une médaille d'or de la valeur de 400 florins d'Hollande, Ce prix intéreflant vient d'être remporté par M. Burtin, Confeiller P nd Re F set du Gouvernement général des Pays-Bas , des Académies de Bruxelles, Paris, Nancy, Harlem, Uliflingue , Utrecht , Laufanne & Liège. » y , à 2 Fe) e 8 Ce favant eft déjà connu avantageufement par fon excellente Cryéto- graphie Belgique, & par d'autres Traités univerfellement eftimés. Li Nous invitons M. Burtin de publier le plutôt poñlible ce nouveau Mémoire couronné , qui fera à coup sûr accueilli du Public ; alors nous nous empreflerons de le faire connoître avec les détails néceflaires. Obfervations fur les effets des Vapeurs méphitiques dans l’homme , Jur les noyés, fur les enfans qui paroiffent morts en naiffant , € fur” la Rage, uvec un précis du traitement le mieux éprouvé en pareil cas : fixième édition, à laquelle on a joint des Objfervations fur les effets de plufieurs poifons dans le corps de l'homme, & fur Les moyens d'en empécher les fuites funefles ; par M. PORTAL, des Académies des Sciences de Paris , de Bologne , &c. * vol. in-8°. À Paris, de l’Imprimerie Royale. Un Ouvrage qui eft à la fixième édition eft connu du Public, & c’eft une preuve qu’il a été bien accueilli. Effai Jur l'art de la Teinture; par M. SCHEFFER, Membre & Direëteur de l'Académie Royale des Sciences de Srockolm , com- 393 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ? menté € développé par le célèbre BERGMAN. À Paris, chez Buiffon ÿ : Libraire , hôtel de Mefgriony, rue des Poicevins, 1 vol, i7-8°, Les noms des Scheffer, des Bergman, font trop connus pour qu'ils ne foient pas un sûr garant de l'utilité de ce Traité. De Boncnienft Scientiarum & Artium Inftituto atque Academia, Com- mentarii: tomus fextus. Bononiæ, ex Typographia Lælii à vulpe I vol. in-4. < Il y a douze ans que le celèbre Inftirut de Bologne publia le cinquième volume du Recueil de fes Mémoires. Certe illuftre Compagnie vient enfin de faire paroître le fixième, qui contient d’excellens Mémoires fur les différentes parties de l'Hiftoire-Naturelle , de la Phyfque & des Mathématiques. Tranfaions of the Society, &c. c'efl-à-dire, Tranfafions , ou Mémoires de La Société infliuuée à Londres pour l'encouragement des Arts, Manufuëtures & Commerce, avec les Prix propofés cerse année , 1787 : x vol. in-8°. some W. À Londres, de l’Imprimerie de T. Wilkins. Les arts, les manufaures & Le commerce étant une des principales fources de la richeile de l'Anglererre, d'excellens patriores, parmi lefquels on compte les gens les plus difti :gués par leurs talens, leurs mérires, & les férvices qu'ils ont rendus à la patrie, fé font réunis pour les encourager. [ls propofenc das prix confidérables fur différens objets qui y font relatifs, & les publient enfuite. PES CSN AE D I 2 SUR PR 0 ML VE nn SE STE Errata. Dans Le dernier Cahier, page 271, ligne 31, de mon Effai fur la Nomen- clature chimique, Louis XIT, Zifez Louis XI. | Er page 284,ligne 19, à Particle ammoniac. On m'a fair obferver que ce mor ammoniac ou fel ammoniac prefenceroic roujours un équivoque , & pourroie le faire confondre avec Le fel marin ammoniacal ; cel pourquoi je Croës quil vaut mieux dire alkali ammoniacal, d'autant mizux que j'ai conferv? & chaque fubftance fon nom générique , comme aux terres, aux acides, aux airs, GC ddr pos + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 a | INA TB--LVE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. R ÉSULTAT de quelques expériences relatives à la génération des Plantes ; par M. REYNIER , 321 Obfervations [ur les Gerboijes ; par M. SONNINt DE MANONCOURT, 29 Mémoire hiflorique fur la manière dont on extrait les différentes fub/lances connues fous les noms de Térébenthine, Galiporou Barras , Bray feé, ou Colophone, Poix jaune, Réfine jaune , la Pégle, qui veur dire Poix notre, ou Bray gras, & le Goudron : lu à la féance publique . du. Collège de Pharmacie ; par M. MoRINGLANE, Membre du » Collège dé. Pharmacie de Paris, 337 Continuation des expériences éle&riques faites par le moyen de la machine -Teylérienne ; par M. Van-Marum, Doëeur en Philofophie & en Mdecine, Dire&eur du Cabinet d'Hifloire- Naturelle de la Société Hollandoife des Sciences, des Cabinets de Phyfique & d'Hifloire- Naturelle, & Bibliothécaire du Mufeum de Teyler, Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, Membre de la Société H !lando;le , de celle de Rotterdam , de Fleffing & dUtrecht, 343 Æxtrait dun Mémoire lu à l Académie des Sciences en 1785 ; par M. Pinez, D. M. fur l'application des Mathématiques au corps humain, & [ur le mécanifine des luxations en général, 350 Mémoire fur la decompofrtion de Alkali volatil ; par M. WouLFeE, 362 Siite du Mémoire de M. DE LA MARTINIERE , Doëeur en Médecine , Jur quelques Infeées , 365 Extrait d'une Lettre de M, CRELL, à M. DE LA MÉTHERIE, fur diffirens objets de Chimie, 307 Lettre de M. Picret, Profeffeur de Phyfique,à M. 0e LA MÉrne- RIE , fur une nouvelle Jubflance minérale & Jur la Molybdene , 368 Lettre de M le Comte De Razoumowsky, Membre de plufieurs Aca- démies , à M. REYNIER , fur une Araignée, 372 Lettre de M. ne Luc, fur les obfervarions faites par M. DE SAUSSUE , Jur la cime du Mone- Blanc , 374 409 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &e. La vie de l'homme refpeëlée & défendue dans fes derniers momens , ou Inflruétions fur les foins qu'on doit aux Morts ou à ceux qui paroiffent l'être, fur les Funérailles & Les Sépultures, &e. 382 Lertre de M. Le CouTEuLx DE Puy , à M. DE LA MÉTHERIE, contre La décompofition de l'Eau, 333 Nouvelles Lirréraires , 385 APPROBATION. J'ai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c. par MM. Rozier, MoNcez le jeune & pe LA METHERIE , 6c. La Colle@ion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leéteurs, mérite l'attention des Sa- vans ; en conféquence , j'eftime qu’on peut en permettre limpreflion. A Paris, ce 26 Novembre 1787. VALMONT DE BOMARE, We KE AE NS KE À AU Novembre 1-87, MD DE RÉ NE: Fig.16, Novembre 1787 - À] pire y RS 22 stes age ae et Dent 8 RS A sue men à Se mar ma = tes - H { À 4. dal Sultan 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. EI DECEMBRE) 1787... LÉ ES. PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA THÉORIE DE L'ÉLECTRICITÉ, © Par M. ÆPiNus: Extrait de l'Ouvrage de M. l'Abbé Haü y. bn A théorie de M. Æpinus étant peu connue, nous croyons faire plaifr à nos Lecteurs que de la leur prélenter telle que M. Abbé Haïüy vient de nous La donner dans fon Expolfition raifonnée que nous avons annoncée. 1. Toute cette théorie de l'électricité eft fondée fur les deux principes fuivans, qui fervent également de bafe à celle de M. Franklin. Les molécules de la matière éleëfrique fe repouffent les unes les autres ,méme à des diflances confiderables. Ces mémes molécules font attirables par tous les corps connus (a). 2, Le Auide électrique, par une fuite de l'extrême fubrilité de fes parties, eft capable de pénétrer toutes fortes de corps; mais il y a de grandes différences entre les corps relativement à cette qualité. Ceux qui ne font point électriques par eux-mêmes , appelés corps an-éleétriques, livrent un libre paflage à la matière éle@rique ; au lieu que les corps qui s’élettrifent par frottement, ou 2dio-éle&riques , fuivant Franklin, ne laiflent point pafler la matière éle@rique, M. Æpinus penfe qu’elle y pale, par exemple, dans le verre, mais avec beaucoup de difcigté. oo (a) « Il eft très-vraifemblable, dit M. l'Abbé Haüy, que quand la nature de ces » phénomènes fera mieux connue, on découvrira qu’ils dépendent des a@tions fimul- » tanées de deux fluides , tels que les molécules de chacun auroient la propriété de fe » repoufler mutuellement, & en même-tems celle d’attirer les molécules de l’autre » fluide, en forte que l’un des deux feroit la fon@ion que M. Æpinus attribue aux » molécules propres des corps ». Plufeurs favans ont déjà cru appercevoir dans certains phénomènes de l’élettricité des circonftances qui annoncent l’exiftence de deux fluides. M. de la Métherie regarde le fluide éleétrique comme ure efpèce d’aie inflammable compofé de feu & d’air; M. de Sauflure le regarde comme compofé de feu & de quelqu’autre principe qui ne nous eft pas encore connu. Ce feroit , dit-il, un fluide analogue à l'air inflammable , mais infiniment plus {ubtil, Tome XXXI, Part, II, 1787. DECEMBRE. Eee \ 402: OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, 3. Chaque corps a une cértaine quantité d'électricité qui lui-eft propres. &, que l’on peut appeler fa quaruité naturelle d'électricité, Cette quantité eft proportionnée à la mafle. MAT, ) ‘ "24. On dir d’un corps qu'il eft éleQrifé pofsrivement ou en plus lorfqu'il a plus que fa quantité naturelle d'électricité, & qu'il eft élerifé néga= rivement ou en moins , lorfqu'il a moins que fa quantité naturelle. . 5. Les dilérens phénomènes qui dépendent de l’aétion du fluide élec- rique, peuvent fe réduire en général à deux claffes, La première com- prend ceux où le Auide pañfe d’un corps dans un autre, qui en a une moindre quantité. Les phénomènes de la feconde claile, fonr.ceux où les corps eux-mêmes ont des mouvemens progrefliés , par lefqueis ils s'ap- prochent ou!s'écartent les. uns des autres. M. Æpinus expoie d’abord les loix que fuir la matière électrique, dans les eas qui appartiennent à la première clafle, comme étant les plus fimples. 6. Suppofons un corps qui aitreçu une certaine quantité de fluide électrique: au-deffus de fa quantité naturelle@ou qui foic éleétrilé pofitivement (4). IL s'agir de déterminer ladion du Auide fur une molécule électriques, fituée auprès de la furface du corps. Tant que ce corps étoit dans fon état naturel , la force attractive de fa matière propre, à l'égard de la molécule dont il s’agit, étant égale à la force répulfive que fon fluide exerçoit für cette même molécule (3), ces deux forces fe faifoient équilibre, & la: molécule reftoit immobile auprès de la furface du corps, fans être attirée ni repouflée, Mais à caufe de l'accroiflement qu'a reçu le fluide renfermé dans le corps, la force répulfive de ce fluide fe trouve elle-même augmen- tée ; & alors fon action l’emportant fur celle de la force attractive, la molécule eft repouflée en raifon du furcroit de fluide ajouté à la quantité naturelle. Les autres molécules fituées auprès de la furface du corps, étant dans le même cas que celle donc il s’agit, la couche entière formée par ces molécules fera repouflée, & forcée de s'éloigner du corps, à moins que quelqu'obftacle ne s'y oppofe. Si l'on conçoit tout le Auide renfermié dans: le corps, comme divifé en une multitude de couches concentriques, ik fera facile de voir que celles de ces couches, qui feront firuées vers la: farface du corps, s'écartéront fucceflivement du centre; en forte qu'il fe fera un effluvirm continuel de matière éle@rique, jufqu'à ce que l'équilibre foit rérabli, ou que le corps n'ait plus que fa quantité naturelle de fluide. 7. Concevons maintenant un autre Corps, qui aît perdu une partie de fa quantité naturelle d'électricité, ou qui foit éledtrifé négativement. A lors la force répulfive du fluide fur une molécule fituée près de la furface du corps, étant inférieure à la force attractive de Ja matière propre de ce corps, par rapport à la même molécule, l’attraction exercera fur celle-ci ane partie de fon ation ; d'où l’on conclura , par un raifonnement fem- : VAT SUR L'HIST: NATURELLE ETLES ARTS, 403 blable à celui que nous avons fait pour le cas d’une électricité politive (6), qu'il yaura upe affluence continuelle de matière éleétrique dans le corps, jufoua ce qu’il ait recouvré fa quantité naturelle d'électricité, 8. 1 peut y avoir deux caufes qui s'oppofent aux effets que nous venons de décrire, l’une interne, & l’autre extérieure, La première aura lieu, f le corps eft du nombre de ceux qu'on appelle £d'0-éleétriques (2). Car le fluide ne pouvant fe mouvoir qu'avec beaucoup de difficulté àtravers ces fortes de corps , fon effluence dans le premier cas, & fon affluence dans le fecond , en feront fenfiblement retardées. L'autre caufe eft celle qui provient de la nature des corps environnans , dans le cas où ceux-ci font parcillement idio-éleériques , rels qu'un air bien fec. La réfitlance que ces corps oppofent au mouvement de la matière électrique , produira dans les effluences & affluences dont nous avons parlé, un retard femblable 3 celui que peut occafionner da nature même du corps électrifé. On voit par-là pourquoi, toutes chofes égales d’ailleurs, l'électricité d’un corps fe maintient plus long-rems, lorfque ce corps, ou ceux qui l’environnent, font du nombre des corps électriques par eux-mêmes. 9. Les conduéteurs des machines électriques nous fourniffent une application fimple de ces ptincipes , par rapport aux corps an-électriques. Dans la machine ordinaire à plateau , les couflins qui frottent ce plateau, lui tranfmertent fans cefle uneportion du Auideélectrique qu'ils renferment en eux-mêmes , & dont les pertes fe réparent aux dépens de celui des corps voifins, avec lefquels ces couflins font en communication. Le fluide eft enfuire enlevé au plateau par les pointes fituées aux deux extrémités des branches du conducteur, qui par-là fe trouveat électrifées pofirivement. Le fupport de verre , qui foutienr le conducteur, & qui eft du nombre des corps idio-éleétriques , empêche, par l'obftacle qu’il oppofe,à la propa- gation de la matière électrique (2) , que le fluide ne s'échappe de ce côté, & fi l'air environnant eft très-fec , le conducteur confervera pendant un inftant le Auide qui s y trouve répandu par excès, au moment où l’on ceïle de faire tourner le plateau entre les couffins. Alors, fi l’on préfente une pointe déliée de métal, à une petite diftance de ce conduéteur , on verra paroître une petite étoile lumineufe, & fort courte, quiindique, comme nous le verrons, une électricité poñrive. Cette étoile. eft produite par l'effluvium de la matière éleétrique du conducteur, dont les molécules font follicitées par leur force répulfive murièlle, & par l'attraction de la pointe à.fe porter vers celle-ci, & à y pénétrer, ainfi que nous l'expli- quérons dans la fuite, ; On fair auf des machines dont. les frottoirs font ifolés, de manière que, communiquant au, plateau leur propre fluide, & ne pouyant en tirer de nouveau des corps voifins , ils tendent continuellement à acquérir l'éledtricité négarive.-Alors il fe fait vers les couflins un effluve continuel de la matière électrique renfermée dans le conducteur qui ,à fon tour, Tome XXXI, Part, 11, 1787. DECEMBRE, Eee 2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; ‘s'électrife négativement. Dans ce cas, fi l’on préfente à ce conducteur une pointe métallique, on verra fortir de celle-ci un jet lumineux, ou une aigrette allongée, produite par le fluide qui va de la pointe au conducteur, pour lui reftiruer celui qu'il a perdu. On peut voir, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1786, la defcription d'une très-belle machine de ce genre, imaginée par M. le Roi , de la même Académie (a). 10. Jufqu'ici nous avons fuppofé le Auide uniformément répandu dans Îe corps életrifé : mais il arrive fouvent qu’il y a furabondance de fluide dans une partie de ce corps, tandis qu’il y a défaut du même fluide dans une autre partie. Pour fimplifier d’abord ce nouveau cas, imaginons un corps BC divilé en deux parties égales, AB, AC, & telles que le. fluide de AC excède [a quantité naturelle, & que celui de AB foit moindre que la même quantité, le rapport de la quantité acqüile: d’une: part À la quantité perdue de Pautre , étant variable à volonté ; cherchons. Paë&ion de ce corps für deux molécules E, D, placées vers fes deux extré- mités. D'après ce qui a été dit (6 & 7), la partie AC exercera une force répulfive fur les deux molécules, en même tems que la partie AB agira pour les attirer. Mais à caufe de l'mégalité des diftances où les deux molécules: fe trouvent par rapport à l’une quelconque des parties AB, AC, il ef clair que la molécule E fera plus repouflée par la partie AC, que la mo- lécule D, & que celle-ci, au contraire, fera plus aftirée par la partie: AB, que la molécule E. Cela pofé , il peut arriver différens cas. 11. Pour mieux concevoir les effets relatifs à chacun de ces cas: obfervons d’abord que la répulfion de la partie AC, fur la moléculeE,. par exemple, doit croître à mefure que la quantité de fluide additive, cquife par AC, fera elle-même plus grande, D'une autre part, l'at- traction de la partie AB, fur la même molécule, croîtra auf, à mefure que la quantité fouftradtive de fluide perdue par AB, fera plus confi- dérable. Or, comme les quantités de Auide des deux parties font cenfées variables, on conçoit qu'il peut arriver, par exemple, que la quantité perdue par AB foi telle, que l’excès d'attraction qui en réfülrera par rapport à la molécule E, compenfe exaëtement la diminution qu'éprouve à traifon d’une plus grandè diffance , cette même attration, comparée ja répulfñon de AC fur la même molécule. Dans ce cas, la. molécule E reftera immobile, 5 ; Si au contraire , la quantité de fluide, perdue par AB, n'eft pas fuf fifante pour compenfer l'effet de la diftance, la répulfion desAC pré- vaudia fur l'attraction de AB, & la molécule E s’écartera du corps A. Si enfin la quantité fouftrafive du fluide de À B compenfe au-delà l’effec de la diftance , il eft aïfé de voir que la molécule E fe portera vers Le corps À. (a) Elle eft décrite dans ce Journal , 1786 LS . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40$ 13. La molécule D, de fon côté, fubira divers états relatifs à ces différens cas ; fi la.molécule E , par exemple, refte immobile, la moe lécule D aura un mouvement progreflif vers le corps À , puifqu'elle eft plus voifine de la partie AB, dont la force attractive, dans ce cas, excède la force répulfive de AC , comme nous venons de le voir, il n’y a qu'un inftant. Si la molécule E tend vers le corps À , la molécule D fera attirée , à plus forte raifon ; par le même corps. 14. En général, fuivant les différens degrés relatifs des forces exer: cées par les deux parties du corps À , il pourra arriver que le fluide foit attiré & repoufle à la fois des deux côtés, ou qu'il foit attiré de tel côté, tandis qu’il fera repoullé de l’autre, & réciproquement; ou qu’en- fin il refte immobile d'un côté, tandis que de l’autre il fera attiré ou repouffé, 4 ; 15. Tous ceux qui connoiffent la théorie de M. Francklin , favene qu'une bouteille de Leyde, chargée à l'ordinaire, a fa garniture intérieure dans l’état politif, & l'extérieure, dans un état négatif Comme ces deux effers s'étendent jufqu’à une certaine profondeur dans la lame de verre qui forme le ventre de la bouteille, nous pouvons confidérer cette lame, avec fes deux garnitures, comme un Corps unique, qui auroit une de fes parties , c'elt-à-dire, celle qui eft en dedans, éleGrifée en-plus, & l’autre, qui regarde le dehors, électrifée en moins. On peut demander lequel des différens cas que nous venons de fuppofer , eft celui que réalife l’état aduel de la bouteille, Or nous verrons que la théorie , fur ce point , eft parfaitement conforme au réfultat d’une expérience que chacun peut faire; & qui indique l’aétion des deux -moitiés de l’épaifleur de la bouteille, Après avoir chargé cette bouteille, erlevez-la, à l'aide d’un cordon de foie attaché à fon crochet, & tenez-la ainfi fufpendue, au milieu de l'air ; qu’il faut fuppofer très-fec. Approchez alors le doigt à une petite diftance du ventre de la bouteille. Il ne fortira aucune étincelle intermédiaire; d'où il faut conclure que, comme la bouteille ne donne aucun figne d’éleétricité par fa furface extérieure, cette furface eft, à l'égard du fluide voifin, comme fi elle fe trouvoit dans l’écat naturel, c’eftà-dire, que Le fluide n'eft ni attiré, ni repoufñlé de ce côté, . Mais nous avons vu (13) que dans le cas où l’une des deux molécules E , D, étoit immobile, l’autre molécule fe trouvoit néceflairement at- tirée ou repouflée; en forte qu'il ne pouvoit y avoir équilibre à la fois des deux côtés. Il fuit delà que le fluide voifin de la garniture inté- tieure de la bouteille, qui eft électrifée en plus, doit éprouver, de la part de cetre garniture, une action répulfive, C eft ce qu'il eft aifé de vérifier. Car fi Fon préfente le doigt à une petite diftance du crochet de la bouteille, qui eft cenfé faire un même corps avec la garniture intérieure, on tirera une étincelle qui annonce l'efiluve de La matière électrique ÿ: \ 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, hors du crochet (a). Fout ceci s’éclaircira encore par ce que nous dirons dans un article particulier, où nous traiterons de l'expérience de Leyde: 16. Nous placerons ici un réfultat qui nous fera utilé par la fuite, Si l'on fuppofoit que l'excès de fluide de AC fe rrouvât précifément égal au défaut de fluide de AB, alors la molécule D tendroit néceflairement à pénétrer dans le corps À, & la molécule E en feroit repouflée. Pour le prouver , imaginons que les deux parties AC, AB, agiffent feules tour-à-tour {ur la molécule D, placée à une diftance déterminée. Concevons de plus que la force répallive de la partie AC foit concentrée dans un point déterminé, La force attractive de la partie AB pourra être conçue , comme concentrée dans le point correfpondant de cette dernière partie. Car, quelle que foit la loi que fuive la répulfion desmo- lécules électriques ,'à raifon de la diftance, l'attraction des molécules propres du corps éledifé doit fuivre la même loi, fans quoi il n'y auroit point compenfation entre cette attradion & la répullion des molécules du corps confidéré dans l’état naturel ; ce qui eft contraite à l'expérience (3). Il fuit-delà que l’attra@tion exercée par AC fur la moe lécule D, fera égale, dans l’hypothèfe préfente, à la répulfion de AC fur la même molécule, puifque d’un côté celle-ci eft repouilée par AC, en raifon de l’excès de fluidé de cette même partie, & que de l’autre, elle fera attirée par la partie AB, en raifon de la portion de là mañle de AB, laquelle faifoit équilibre à la quantité de fluide qui eft cenfée avoir paflé dans la partie AC, Donc, dans Je cas repréfenté où la molécule D eft plus près de A B que de AC, l'attraction prévaudra fur la répulfon , & la molécule D fera follicirée à entrer dans le corps BC. On conçoit qu'en même-tems l'action du corps BC fur la molécule E, doit être répulfive. 17. L'équilibre étant rompu entre les forces des parties AC, AB, ül eft clair qu'il tendra à fe rétablir; en force qu'une portion du fluide de AC pañlera dans AB, jufqu'à ce que le corps foit rentré dans fon état naturel. Ce retour fe fera lentement, fi le corps A eff idio-élec- trique ; mais sil eft an-éleétrique, le fluide parviendra en un inftant à Puniformité. On conclura auffi des différens états où fe trouvent les:molécules E, D} faivant les divers cas mentionnés ci-deflus , qu’il peut arriver que, pendant le rerour du corps vers fon état naturel, il forte du fluide de AC , ou qu'il en entre du dehors dans Pintérieur de AB, & la promptitude avec laquelle cette tranfmiflion s'opérera , dépendra auffi de (a) Cette étincelle n’elt pas occafonnée précifément par le crochet , qui forme un furcroit .de matière ajoutée à la garniture intérieure. Nous verrons dans [4 fuite que celle-ci peut, dans ce cas, fournir une étincelle , indépendamment du crochet, & soutes chofes étant fuppofées égales de part & d'autre, un ra héritier 272 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 407 la nature des corps environnahs, & du plus ou moins de facilité que la matière électrique éprouvera à les traverfer. 18. Si le fluide n'étoit pas uniformément répandu dans chaque partie du corps À, ou fi, dans le cas d'une diftribution uniforme, les deux parties n’étoient pas égales entr'elles, on obriendroit roujours des ré- fulrats analogues à ceux qui ont été expofés ci-deflus. Il y a une infinité de cas poflibles, relatifs aux différens états de AC & AB, Mais chacun de ces cas ayant un rapport déterminé avec le cas le plus fimple, qui eft celui que nous avons confidéré , fera toujours fufceptible d’y être ramené. Imaginons, par exemple, que la partie AC foit doubléou triple, ou, &c. de la partie AB, & que la portion de fluide, qui furabonde dans cette partie, foir égale à celle qui manque dans la partie AB. Si l’on conçoit la molécule D fituée entre ces deux parties féparées Pune de l’autre, le point dans lequel il faudra fuppofer que la force répulfive de AC eft concentrée, n'aura plus, à la vérité, la même poli- tion que dans Îe cas mentionné (16); mais le point où il faudroit placer la molécule D, pour qu'elle füt autant attirée par AB, que repouflée par AC , fe trouvera néceflairement entre les deux centres d'action des deux parties AB, AC, quoiqu’à des diftances inégales de ces “parties. Donc, dans le cas repréfenté la molécule D' étant plus voifine du centre d'action de AB, que de celui de AC, cette molécule tendra toujours à pénétrer dans le corps AB, tandis que la molécule E fera follicitée à s’en écarter. 19. Paflons maintenant à la recherche des loix , fuivant lefquelles deux corps éleétriques agiflent l’un fur l’autre. Soient AB, ces deux corps, que l’on fuppofe d'abord dans l'état naturel. Toute ation étant “réciproque, il fufira de confidérer celle du corps À fur le corps B. Or, il y a quatre forces qui entrent comme élémens dans cette action. 1°. La matière propre de A attire Le fluide de B. 2°. Le fluide de A repouffe celui de B. 3°. Le fluide de A attire la matière propre de B. 4°. La matière propre de À exerce aufli fur la matière propre de B une action que nous déterminerons plus bas. Il eft clair d'abord, d’après ce qui a été dit (3), que l’attraction de la matière propre de A fur le fluide de B , eft égale ä la force répulfivemu- tuelle des deux Auides star il en eft ici du corps B, vis-à-vis du corps À, comme d’une partie quelconque d’un feul corps, à l'égard d'une autre partie du même corps. Ainfi les deux forces dont il s’agit, fe faifant équilibre , leur effet eft comme nul. En fecond lieu, la première force eft égale à la troifième , c’eft-à-dire, v'autant la matière propre de À attire le Auide de B , autant le fluide Fe À attire la matière propre de B, Pour Le prouver, obfervons que « 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Feffort que font les deux corps, pour fe porter l'un vers l’autre, en vertu de l'attraction mutuelle de leurs fluides & de leurs maffes, doit être eftimé ici, comme la quantité de mouvement dans le cas de l'équi- libre, c'elt-àdire, par le produit des mafles & des vitefles. Cela pofé, lus la matière propre ou la mafle de A eft confidérable, plus chaque molécule du fluide de B a de vitefle pour fe porter vers A. Donc cetre vitefle eft proportionnelle à la maffe de A. Donc la quantité de mou- vement du fluidede B, ou le produit de la viceffe de ce fluide par fa mafle, eft comme la mafle même de A, multipliée par la mafle du fluide de B. On verra de même que l'effort avec lequel B eft attiré par le Auide de À, eft commê la mafle de ce fluide, qui détermine ici la vicefle de B, mul- tipliée par la mafñle de B, At Soit M la mafle de A, Q fa quantité de fluide; #7 la maffe de B, 4 {a quantité de fluide; les deux attractions, ou les quantités de mouvement feront comme le produit de M par g eft au produit de Q par #». Mais les quantités de fluide naturelles étant proportionnelles aux maflés, on aura M eft à», comme Q eft à g; & multipliant l'un par l'autre, les extrêmes & les moyens, on trouvera que le produit de M par q eft égal au produit de Q par m; c’eftà-dire | que les quantités de mouvement & par conféquent la première & la troifiènie des forces mentionnées ci-deflus font égales entrelles. Or, la première étant égale & contraire à la feconde, il s'enfuit que l'effet de la troifième eft néceffairement balancé parune quatrième, qui lui eft pareillement égale & contraire. Mais il ne relte, pour la quatrième force, que celle qu’exerce la matière propre de À fur celle de B; d'où M. Æpinus conclut, 1°. que les molécules de la matière propre des deux corps À & B, ont une force répulfive mutuelle; 2°. que cette force eft égale à lune quelconque des trois pre- mières forces; c'elt-à-dire, qu'il y a égalité entre les quatre forces dont il s'agir. MAPS 20. Quoique lexiftence d'une force répulfive, mutuelle entre les molécules propres des corps, paroifle fuivre immédiatement des prin- cipes de la théorie de l’Electricité (a), tels que M. Francklin, & tant d'autres Phyliciens après lui les ont admis, l'Auteur ne diflimule pas la répugnance qu'il a eue d’abord à fe perfuader que la force dont il eft queltion pût avoir lieu dans la nature. Mais il ajoute, qu'après y avoir bien réfléchi, il n’a rien crouvé dans cetre fuppolition qui füe contraire à l'analooie des opérations de la patüre ; puifqu’il y a une multitude de cicéonftances où l'on obferve des actions répullives entre les corps. La gravicarion univerfelle prouvée par Newton, ne peut (a) Cette conféquence n’eft pas néceffaire , puifqu’il eft probable que l’on trouvera une autre manière d'expliquer la chole , quand la nature du fluide électrique nous fera plus connue, * faire ! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 Faire ici une difficulté folide, Car, comme l’effer de la répulfion dont on à parlé eft détruit par l’action du fluide éle@rique, dans tous les corps qui renferment leur quantité naturelle de ce Auide, cette répul- ion eft comme nulle, par rapport à l'attraction univerfelle dont elle ne »,P PP trouble point l’action fur les différens corps , excepté dans les cas où ceux- ci donnent des fivnes extérieurs d'électricité, d’où réfultenc des effets particuliers, qu'il faut regarder comme des efpèces d’excep- tions à la loi générale. Et fi l'on objeéte à M. Æpinus, que deux forces oppofées , telles que la répulfñon & l'attraction , fonc incom- patibles dans le même füujec, il répond, que ne confidérant pas ces deux forces comme inhérentes à la matière, mais comme produites par des caufes extérieures, il ne peut être accufé de contradiction, puifque rien ne répugne à ce qu'un corps foit follicité à la fois par deux puiffances contraires, C’elt ainfi, par exemple, que les molécules d'un Auide élaf- tique fe repouflenc mutuellement en vertu de leur reflort, quoique fou- _mifes à la loi de la gravitation usiverfelle. 21. Nous venons de voir que deux corps, À & B, dans l’état naturel, n'avoient l’yn fur l’autre aucune action fenfible qui pût être attribuée à l'électricité. Concevons que le Auide de À foit augmenté d’une certaine quantité. En reprenant les quatre forces mentionnés ci-deflus , favoir : -1°. L'actraction de A fur le fluide de B. 2°. La répulfion mutuelle des deux fluides. 3°. L’attraction du fluide de A fur B. 4°. La répulfion mutuelle de À & de B. 1] fera facile de voir que l’accroiifement du fluide de A, n’alrère, en au- @cune manière, la première & la quatrième force; puifque l’action du fluide de À n'entre point comme élément dans ces forces, Il n’y aura que la fe- conde & la troifième force qui fubiront des changemens. Or, dans l’état naturel, la feconde force eft à la troilième (19), comme le produit des mafles des deux fluides eft au produit du fluide de A par la mafle de B, Mais ces deux produits étant égaux, fi l'on augmente d’une mème quan- tité leur facteur commun, qui eft la mafle du fluide de À , il ef clair que l'égalité fubfftera toujours. Donc , dans le cas où le fluide de A feroit augmenté, la feconde force fera équilibre à la troifième; & comme la remière eft égale à la quatrième, dont elle balance l'effer, il s'enfuit que le corps À, dans l'hypothèle préfente , n'aura pas plus d'action fur Le corps B, que s'il étoit dans l'état naturel. Si l'on fuppofe, au contraire, que le fluide de B foit diminué d’une certaine quantité, on trouvera que la feconde & la troifième force fonc encore égales, comme dans le cas précédent. 22. Il fuit delà, qu’un corps électrifé, foit pofitivement, foit négative- ment, n a aucune action fur un fecond corps qui eft dans fon état naturel, Cerre conféquence, quoique déduite immédiatement de la Théorie de Tome XXXI, Part Il, 1787. DECEMBRE. FFF | | 4'o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Francklin, paroît d’abord contraire à un fait admis par les parti- fans de certe Théorie, & que l'expérience femble confirmer au premier coûp-d'œil ; favoir que les corps électrifés , foir poftivement , foit néga- tivément , attiroient toujours d’autres corps qui n’avoient que leur quan- tité naturelle d'éle&ricité. Mais tout fe concilie | en admettant un autre fait, dont l’exiftence fera prouvée par la fuite, & qui confifte en ce qu'au- cun corps, dans l'état naturel, ne peut être approché d’un autre corps, que l’on fuppofe éle@rifé, fans être tiré lui-même de l’état naturel, & fans devenir életrique. Or, c’eft en vertu du nouvel état de ce corps, que T'autre a une aétion fenfible fur lui; & comme la caufe qui le rend élec- trique agit très-promptement , il n'eft pas furprenant que l’on ait regardé: ce corps, comme étant encore dans l’état naturel, au moment où l’autre agifloit fur lui, & que la vraie explication de ce phénomène ait échappé aux partifans de la Théorie de M, Francklin.. 23. Suppofons maintenant que les corps À & B foient éle@rifés tous: les deux pofitivement, Pour concevoir l’effer qui en réfultera, rappellons— nous que dans le cas où le corps À eft feul éledtrifé en plus, la feconde & la troifième des quatre forces mentionnées ci-defflus (21), fe trouvent augmentées l'une & l’autre dans un rapport'éoal, les deux autres forcés reftant les mêmes, Or, fi B eft lui-même électrifé pofitivement, il eff clair 1°. que la pre- mière force, qui eft l’attration de A fur le fluide de B, fe rrouvera augmentée. 2°. Que la feconde force, c’eft-à-dire, la répulfion mutuelle des deux fluides, qui étoit déjà plus crande que la première force, recevra un nouvel accroiflement, 3°, Que les deux autres forces ne fubiront aucun changement, puifque l’action du fluide de B n'entre point comme élément 8 DH 2 dans ces forces. Cela pofé, il eft facile de voir que l'équilibre fera rompu ; en forte que les attractions & les répulfions ne fe balanceront plus mutuel- lement, mais que les fecondes prévaudront.. Car dans le cas où le corps A étoir feul éle&rifé pofitivement , la prez mière force étoit égale & contraire à la quatrième; la feconde éroit égale & contraire à fa troïfième : en forte que chacune de celles-ci. étoit plus grande que l’une quelconque des deux autres. Or, fuppofons , pour plus de fimplicité, que l’accroiffement du fluide de B,, dans le cas où ce corps fe trouve aufi électrifé pofirivement, foit capable de doubler la feconde force , ou la répulfion muruelle des deux fluides. L'équilibre ne pourra fub- fifter qu'autant que le même accroiffement auroit doublé en même-tems une autre force égale & contraire à la feconde ; maïs il n’y a que la rroi- fième force qui foit dans ce dernier cas, Or, l’accroiffement du fluide de B: n'occafonne point de changement dans cette troifième force, mais feu- lement dans la première, qui fe trouvera auffi doublée; puifque l'action du fluide de B eft un de fes élémens. Donc, puifque cette force étoit plus petite que la feconde, la répulfon de celle-ci fe trouvera augmentée em EE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41r : plus grand rapport, que l'attraction de la première; d'où il fuit que la fomme des’répulfions l’emportera fur celles des attraétions ; en forte que 4es deux corps À, B, fe repoufferont mutuellement. £ Si l’on imagine que les deux premières forces , au lieu d’être doublée, fe foient accrues dans tour autre rapport, il en réfulcera toujours que la première fera plus petite que la feconde; en forte que, dans tous Les cas, il y aura répulfon entte les corps À &: B (a). 24. Suppofons, au contraire, que À étant roujours éle@rifé poftive- ment , B {e trouve éle@trifé négativement, On verra, par un raifonnement femblable à celui que nous avous fait pour le cas précédent, que la dimi- nution du fluide de B fera décroîïtre la feconde force, qui eft celle par la- quelle les deux fluides fe repouflent, de manière qu'elle aura perdu une plus grande partie de fon action que la première, Donc celle-ci, qui eft pofitive, l'emportera, & les deux corps s'attireront mutuellement. 25. Suppofons enfin que les corps, À, B, fe trouvent tous les deux électrifés négativement. La feconde & fa troifième force perdront égale- ment, en vertu de la feule éleétricité négative de A ; donc l'équilibre fubffteroit encore à cer évard. Mais en vercu de l'électricité négative de B, la feconde force, qui étoit devenue plus petite que la première, perdra moins de fon action : car fi elle eft diminuée de moitié, par exemple, il eff évident qu'urie femblable diminution fera décroître davantage la pre- mière, qui étoic plus confidérable (4), Donc, puifque la feconde force eft répulfve , la fomme des répulfions prévaudra fur celle des attractions, & les deux corps s’écarteront l’un de l’autre. 26. Il eft facile de conftater ces réfultats par l’expérience. Ayez deux petites balles de liége, ou de moëlle de fureau, f, 2, fufpendues par des (a) Pour faifr plus facilement ce réfultat, on peut, à l’aide des nombres , en faire l'application à un cas particulier. Repréfentons par 2 chacune des quatre forces mentionnées dans l'état naturel; & concévons que d’abord A feul foit éle@rilé poftivement, de manière que fon fluide fe trouve triplé. La feconde force , c’elt-à- dire , la répulfñon mutuelle des deux fluides , & la troifième , favoir, l’attraétion du Auide de À fur P, feront auf triplées , & l’exprelfion de chacune fera 6. La première force , c’eft à-dire, lattration de À fur le fluide de B , & la quatrième cu la repulfon de A fur B, ne rece un changement. Donc la fomme des deux attractions & celle des deux répulfi iendront chacune 6 plusz, ou 8 ; d’où il fuit qu'il y aura encore équilibres Les chofes étant dans cet état, concevons que le Auide de B foit doublé. La première force qui étoit 2 deviendra 4; la feconde, qui étoit 6, deviendra 12. La tro.fième fera toujours 6 , & la quatrième toujours 2. Or, la première & la troilfième font attrac- tives , la feconde & la quatrieme font répulfives; donc la fomme des attractions fera 4 plusé, ou 10 ; la fomme des répulfions fera 12 plus 2 , ou r453 par où l'on voit que les répulfons l’emporteront. (b) Il faut obferver, que comme les réfultats font donnés par la différence entre Ja fomme des attra&ions & celle des répulfons, les accroïllemens ou les pertes des forces doivent être eftimées par des quantités abfolues, Tome XXXI, Part. II, 1787. DECEMBRE, FFF 2 417 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, crins aux extrémités de deux tiges recourbées AB, CD, faites de quelquer matière idio-éle@rique , telle que le verre, la cire d'Efpagne, &c. & garnies aux points de fufpenfion e, », de deux boules de méral; placez ces: deux tiges de manière que les balles f, #, foient à une petite diftance l’une: de l'autre. Après avoir électrifé par frottement un tube de verre, que l’on: fair acquérir dans ce cas l'électricité pofitive, touchez en même - tes les deux points de fufpenfion e, #. À Pinftant les deux balles f, 4, étant elles-mêmes électrifées en plus, comme il fera prouvé par la fuite. fe sepoufferont mutuellement, ce qui eft le premier réfulrat, 27. On fait que la cire d'Efpagne s’'éledtrife en moins par le frottement. Si donc vous rouchez l’ar des points de fufpenfon, tel que e, avec un bâton de cire ainfi électrifé, & l’autre point 2, avec le tube de verre, don? nous avons parlé plus haut, alors chaque balle acquérant une électricité analogue à celle du corps qui touche fon point de fufpenfion, les deux balles fe trouveront dans des états différens, & on les verra fe porter l’une vers l’autre. Ce qui repréfente le fecond réfultar. 28. Pour mettre le troifième réfulrat en expérience, on conçoit, d’après ce qui a été dir, qu'il ne s’agit que de toucher à la-fois les deux points de - fufpenfon e, 2, avec un bâton de cire d Efpagne éle@rifé par frottement. L'effet de ce contact fe manifeftera par la répulñon mutuelle des deux balles. 20. Concluons delà , 1°. que s’il y a excès ou défaut de fluide en même- temps dans les deux corps, ils fe repoufleront niutuellement. 29°. Que s’il y a excès de fluide dans l’un, & défaut dans l’autre, ils. s’atureront mutuellement. 30. El peut arriver (& ce cas eft effectivement très-commun ) que le fluide ne foit pas répandu uniformément dans les deux corps À, B, riais: qu'il abonde dans certaines parties de ces corps, tandis que dans les autres: parties, il y en auroit moins que la quantité naturelle; fuppofons d'abord ,, pour plus grande fimplicité, un corps À (fg. 3, PI. L }dans l’état où nous: Favonsconfidéré (ro), c'elt-à-dire, divifé en deux parties égales AC & AB, dont la première foir éledtrifée pofitivement & la fecondenégativement. On: a vu que fuivant les proportions des quantirés addirive & fouftrative dir fluide renfermé dans AC & AB, il pouvoic arris e l’une quelconque desmoléculesE, D ,reflât immobile , ou fût cils l'extrémité corref- pondante du corps À, ou en füt repouffée. : Concevons maintenant un autre corpsG, voifin de Ja partie AC. Il eft: clair d'abord que fi ce corps eft dans fon état narurel, le corps À n'aura aucune action fur lui (22). Refte à examitier les cas où G. feroit lui-même: électrifé, foit pofitivement ,. foit négativement. Pour eftimer les effets du corps A fur le corps G, nousles comparerons avec ceux qu'il produiroit fur la molécule E. Suppofons d’abord que cette: molécule foit autant attirée que repouflée , & que le corps G foit dans: REA Ch L: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 F'étar pofrif, Hi eft clair que la partie AB étant à une plus orande diftance de la molécule E que la partie AC , ne balance la force répulfive de cette partie qu’à raifon d'un excès d'électricité négative, Or, fi l'on conçoit que fa molécule E s’écarte du corps, füivant la direction RN, il eft aifé de voir qu’elle s'éloignera plus à proportion de la partie AC que de la partie AB. Car fuppofons au’érant appliquée à la furface du corps À, elle fe trouvâc à un pouce de diffance du centre de la partie AC, que je prends ici pour terme de comparaifon , & à deux pouces de diftance du centre de la partie AB, Donc, fi elle s’eft écartée, par exemple, d’an pouce dans la dire@ion RN, elle fe trouveratalors à deux pouces de diftance du centre de AC & àrrois pouces du centre de À B. Donc la première diftance fera doublée, tandis que la feconde ne fera augmentée que dans le rapport de deux à trois. Un voit par-là que Ha molécule E ne peut s’écarter du corps À, fans que la répulfon de AC fur certe molécule ne diminue en plus grand tapport que l'attraction de AB. Donc par-tout ailleurs qu’au point E, en allant vers N, l'attraction l'emporte {ur la répulfon. Donc le corps A agit fur la molécule E , dans tous les points fitués vers N ,comme agiroit un corps dans l'état négatif, Or, le corps G, qui eft poñiuif, ne différanc d'ün corps dans l'état naturel, qu'à raifon d’un excès de fluide, touté Fadtion du corps À peut être conçue comme s’exerçant fur cet excès ; d’où il réfulte que l'on peut afimiler cette action à celle qui a lieu par rapport’ à la molécule E. Donc à quelque diftance que l’on place le corps G, il fera attiré par le corps A. E eit facile de voir que fi G étoit dans l'état négatif, il féroie repouffé , au lieu d’être attiré, à quelque diftance qu'on le plaçät du corps A. 3r. Concevons maintenant que la molécule E foit plus repouffée: qu'attirée, Si l'on fuppofe qu’elle abandonne la furface du corps A, pour , fe porter vers N , la force répulfive de la partie AC fur cetre molécule diminuant en plus grande raifon que la force attradive de AB (30), on: conçoit qu'il y aura un point où la diftance compenfera l'excès de la force attractive , en forte que les deux forces fe balanceront; & à ce point, la molécule E , abandonnée à elle-même, refteroit immobile. Au-delà de ce point, la force attractive de AB, continuant de décroître en moindre raifon , que la force répulfive-de AC , deviendra prépondérante, en forte que la molécule fera attirée dans tous les points fitués plus loin: que celui où elle étoir en équilibre. Soir maintenant R ce dernier point ; ayant mené [a verticale OP, fon conçoir que cette verticale traverfe le corps G, qui eft cenfé dans: Pérat poñtif, il eft facile de voir que la partie OM de ce corps fera plus repouflée qu'artirée ; & qu’au contraire, la partie OS fera plus attirée que repouffée, Or, on peut toujours fuppofer le corps partagé par la ligne OP’, de manière que la répulfion d’une part foit égale à l'attraction de l’autre, d'où il fuit qu'il y a une pofition où le corps G refteroit immobile, On x \ #14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voit également que ce corps ne pourra fe mouvoir de Ren E , fans être plus repouflé qu'attiré, ni de KR en N, fans être plus attiré que. repouflé, Sile corps G étroit dans l'état négatif, on auroit des réfultatsfemblables, mais en fens contraire; en forte que ce corps feroit repouflé dans les mêmes circonftances où il eût été artiré, étant pofitif, & vice vers. 32. En appliquant à la molécule D les mêmes raifonnemens que nous venons de faire pour la molécule E , on verra qu'il peut arriver de même, fuivant les divers états des parties du corps À, qu'un corps H fitué du côté de AB, & dans l'érac politif ou négauf, tanôt refte immobile , & tantôt oit attiré ou repouflé. 33- Nous avons fait voir (16), que fi l'excès de fluide contenu dans AC, étoic égal au défaut de fluide de AB, la molécule D feroit attirée , & la molécule E repouflée par le corps A, On conclura aifément de ce réfultat & de tour ce qui vienc d'être dit, que dans le même’cas , Le corps G étant fuppofé dans l'état politif, feroic. repouflé à routes les diftances ; & qu'au contraire il feroit attiré , s'il fe trouvoit dans l'état négatif, Mais cette conféquence fuppofe que les deux parties du corps À ont une épaiffeur fenfible. Car fi, par quelque moyen , on pouvoit faire en forte qu'elles fuflent cenfées n'avoir qu'une épaifeur infiniment petite, on concevra qu’alors le,corps G ; étant à des diffances fenfiblement égales , par rapport aux deux. parties du.corps À., feroic autant repoullé qu'attiré , & relteroit immobile à coutes les diftances, M.Æpinusa repréfenté ce dernier cas, à l'aide d'une expérience curieufe, Ce Phyficien a pris deux lames de verre, de plufeurs pouces de largeur, & afixé perpendiculairemgenr fur le milieu d’une des faces de chacune , un manche de.verre, en fe fervanc de cire à cacheter pour ciment. Ayant enfuite frotté ces lames plufieurs fois l'une contre l’autre par leurs faces libres, uis les tenant en-conta@ immédiat, il a préfenté la furface poftérieure de l’une d'elles, à une petite balle de liége fufpendue à un fil de foie. Si l'appareil fe fc trouvé fufceptible de donner quelques fignes d'éledricité, certe balle auroit été d'abord électrifée, en vertu de La proximité des deux lames, de verre, comme nous le verrons plus bas; puis attirée jufqu'au point de contact, & enfuite repouflée, Cependant la balle reftoit immobile à.routes les diftances’: car, pendant le frottement mutuel des deux lames, yne partie du fluide contenu dans celle qui fe trouvoit plus difpofée ien céder avoit pailé dans l’autre, en forte que la première avoit acquis l'éle&ricité négative , & la feconde , l'éle&ricité pofitive. Mais comme cer effer, aflez peu confidérable en lui-même, ne s'écendoit dans chaque lame, qu'à une profondeur infiniment, petite (2); en foire qu'il n’y avoic que les furfaces en conta&, qui. fuffenc fepfblement éle&riques, les diftances entre! ces furfaces & la balle. de liégé, étant cenfées égales, çelle-ci n’éprouvoit aucune action de la part de l’appareil, Au contraire, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 41 dès que l’on écartoit les deux lames l’une dé l’autre, la balle étoit à l’inftant attirée par la lame voifine , puis repouflée, aufli-tôt qu'elle avoit touché cette lame. Nous donnerons dans la fuite une explication détaillée de ces attractions & répullions fucceflives. 34 Examinons maintenant le cas où chacun des deux corps DB, FH, (f28. 4) feroit tel que fes deux parties fe trouvaflent dans divers états, foie poltifs, foic négatifs. Suppofons d’abord que les parties CD , FG, foient dans l'étac pofitif, & les parties BC, GH, dans l'état négatif. Concevons de plus, que , dans le cas où la partie FG exitteroic fenle, elle fût repouñlée par le corps ©, à quelque diftance qu’on la plaçât de ce corps. L'action de C; dans ce cas:, eft par-tout la même, que sil étoic dans. un. état pofitif. Si nous confidérons maintenant l’effec que doit produire Paddirion de la partie GH , qui eft dans l'état négatif, nous pouvons)imaginer que la quantité de fluide, fouftraite de cette partie , foit en telle proportion ‘avec la quantité additive du fluide de FG , qu'il y ait un point où elle compenfe exactement la différence des diftances où fe trouvent les deux parties du corps Gr, à l'égard du corps GC; en forte.que l'effer de l'attraction fur GH , (vit égal à celui de la répulfon: fur FG. Dans ce cas, le corps G reftera immobile. Maintenant, fi on le place plus près du corps C, alors la partie FG, qui eft dans l'état poftif, s’approchant en plus grand rapport vers le corps € (30), que la partie GH, qui eft dans l'état négatif, la répulfion lemportera. Le corps G fera attiré, au contraire, fi on le place plus loin que la diftance où il eût été immobile. col On aura des réfultats femblables pour le cas où la partie FG feroie dans l'état négatif, & [a partie GH dans l’état pofitif, excepté quil, y aura attraction où il y avoit répulfion, dans le cas précédent, &, vice vers. 35- Si les quantités de fluide des deux parties du corps € font telles: que la partie FG , que nous fuppofons de nouveau politive, & placée feule dans le voifinage de C , eût été attirée, puis fût reflés immobile à une plus grande diflance , & enfin , eût! commencé à être repouflée à une diftance encore plus grande, il eft clair que le corps € agira d’abord dans cette hyporhèle ,f&omme s'il étoit électrifé régativement puis dans V'écat naturel, & enfin dans l’état pofiif: ce cas eft fufceptible de plufieurs folutions. Il fuffra , pour notre objet , de confidérer ce qui fe paffe , tant que le corps G refte dans l'étendue où le corps C agit comme érant négatif. On conçoit que le rapport des quantités de fluide: contenues dans les parties FG, GK, peut être tel, qu'à une difiance. donnée , l'effer de Fattration qui auroit eu lieu fur la feulé partie FG,{oit balancé par un effect égal & contraire 3 & à ce point, le corps G& demeureraimmobile, En-deçà de ce point, vers le corps € , le corps G feraattiré ; parce que la diftance de FG, par rapport au corps C, deviendra moindre, à pro 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, portion que la diftance de GH (30) : au-delà du même point il y aura répulfon. Si, au contraire, FG eft la partie éleétrifée négativement, & GHla partie éleétrifée pofñtivement , on aura'des phénomènes analogues , avec certe différence que les forces attractives prendront la place des forces répulfives, & réciproquement. 36. Enfin, fi l'en füppofe BC poñitive, CD négative, & fi le rap- port des quantités de flüides de ces deux parties eft tel, que FG étant ‘poñitive, & placée dans Îe voifinage de C , füc repouflée , puis reffât immobile à une plus grande diftance , pour commencer à être attirée dans les points ultérieurs ; on concevra , pat un raifonnement femblable, qu'il pourra fe faire que le corps G foitrepouflé, dans une certaine proximité de C ; que placé plus loin , il demeure immobile , & que plus Join encore il foit attiré. Concluons de tout ce qui précède , que fi les deux parties d’un corps C font dans deux états différens d'électricité, & qu'il fe trouve à une certaine diftance de ce corps, un fecond corps G, électrifé, foic en plus, foic en moins , ou même qui ait aufhi fes deux parties différemment éle@rifées , quelle que foit d’ailleurs la pofition refpetive des parties de ces deux corps ; on pourra toujours concevoir un pointoùle corps Grefteroit immo bile, & d’autres points fitués en-decà & au-delà ; dans lefquels le corps G feroir, où plus attiré que repouflé, ou plus repoufilé qu'attiré, Obfervons cependant que ces fuppoñitions ne peuvent avoir lieu que dans le cas où l'on feroit le maître de faire varier à volonté les quantités de fluide des deux corps, & le rapport de celles que contiennent Jeuts. différentes parties. Nous verrons plus bas, à l'article des atrradtions & répulfions, comment il peut arriver que les fuppoñtions dont il s’agir, foienc foumifes à certaines conditions , qui reflerrent les réfulrats entre des limires déterminées. ; 37. Si les deux corps DB , FH, étoient divifés en plus de deux parties, qui fuffent dans divers états d'électricité polirive & négative, il feroit toujours poflible de ramener l'eftimation de leur aétion mutuelle à celle dedeux corps électriféstoutentiers, en plus ou en moins , tels que ceux des Numéros 23,25 & 27. Concevons, par exemples un corps A D, (f3. 5) divifé en trois parties, dont la première CD foic dans l'état politif; la feconde B € dans l'état négatif, & la troifième A B dans Pérar poltif, Si Von fupprime pour un in{tant la partie À B, & que lon confidère l’action des deux parties CD , BC, furune molécule f de fluide, on trouvera, d’après Les principes expofés Numéro 10 & füivans, un réfultat quel- conque , qui fera connoître fi lé corps DB, compolé des deux parties DC , CB, eft relativement à la molécule f, dans l’état naturel, ou dans un état, foit pofitif, foic négatif, Suppofons que le réfultat donne pour DB un état négatif, On confidérera la rotalité DA, comme SeRPPÈE € SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 de deux parties DB, BA , dont la première feroit dans l’état néoatif , & la feconde dans l'état poñtit, & l'on recherchera l’action de ce corps fur une molécule 8 voifine de l'extrémité A. Il réfulrera de cette recherche, que la molécule 2 , ou refteroit immobile , ou feroit attirée ou repouflée par le corps D A. On en conclura l’action de cecorps fur un autre corps G placé à une petire diftance, comme pour le cas du Numéro 30. Si le corps G écoit lui-même compoté de plufieurs parties qui fuffent éleétrifées politivement ou négativement, il fera facile, d’après ce que nous venons de dire, de ramener l’état de ce corps à celui d’un corps electrifé tour entier en plus ou en moins , & de déterminer ainf l’action réciproque des deux corps DA & G. EXTRAIT DU MÉMOIRE DSÉ M. O\S BU: RG; Pour fervir de Supplément à la Differtarion de M. le Chevalier LorGNaA, fur la Terre du Sel amère d’Epfom ou Magnéfie, comme partie conftituante de l'alkali minéral ; Traduit des Annales Chimiques de M. Ce ELL, pour l'année 1787; Cuhier TI, page 24. Ux Chimifte allemand , M. Osburg, dans une Differtation lue à l'Académie Eleétorale de Mayence le 3 janvier 1785, & inférée dans les actes de cette Académie pour les années 1784 & 1785, confirme les expériences de M. Lorgna, M. Osburg lefliva l’alkali minéral de la foude ; & il prit une once de criftaux purs & tombés en efllorefcence, qu'il ft diffoudre dans de l’eau diftillée, puis l'ayant filrrée, il refta un peu de terre. La diflolution fut évaporée jufqu'à ficcité dans une tafle de porce- laine, & enfuite il la fit calciner dans le même vafe, Il la fc difloudre encore une fois; & il refta encore un peu de terre. Une once ainfi difloute fix fois , évaporée & calcinée, à la fa la terre, qui étoit reftée fur le filtre, raflemblée fe monta à vingt-fix grains, qui fe comporta comme une terre de fel amère d'Epfom. M. Osb:rg foupçonna par-là que cette terre par une quantité de phlogiftique & du feu éroit devenue foluble, c’eft-à-dire, faline, Pour prouver ce foupçon , il eflaya d’analyfer par la voie humide l'alkali minéral au moyen de l'acide marin déphlooiftiqué dans lequel il fe diffolvoit. Le mêlange fut évaporé dans un vafe de porcelaine fur le bain de fable, mais il parut que l’alkali minéral n’avoir rien changé. Cette opération fut répétée encore une feconde fois avec les mêmes circonftances, & à la troifième il en réfulta un beau fel criftallifé en groupe , qui quoiqu'il eût un goût parfairement alkalin , cependant ne fe Tome XXXI, Pare, II, 1787. DÉCEMBRE, Geg 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diffolvoit point facilement dans l’eau , & laïfloie un refidu un peu jaune: * La quatrième diffolution de l'acide marin déphlogifliqué fe faifoit dans une cucurbite, & il fe précipitoit une quantité confidérable d’une matière de couleur rouge-jaunâtre. Par la diftillarion j'obrenois un acide qui ne diflolvoie pas de l'or auffi promprement qu'auparavant , mais il coloroit le fuc de rournefol & Le fyrop des violettes plus coniftamment, Il paroît fuivre de-là que lacide déphlogiftiqué avoit retiré du phlogiftique de l'alkali & l'avoir décompofe. Le réfidu de nouveau diflous, évaporé & calciné, fut encore une fois diflous, & il refta un réfidu de huit grains, qui étoit de la magnéfie ; en forte qtie par ce trävail total on fépara vingt-un grains & demi de terre magnéfienne, Deux expériences faites en même- tems, mais dans des pays éloignés l’un de l’autre , de pareils réfultats & de deux Chimiftes habiles, paroiflenc beaucoup garantir la réalité de l'analyfe énoncée. M. Dehne avoit déjà extrait la magnéfie de l’alkali minéral ou natron, Voyez les nouvelles découvertes de M. Crell , publiées en 1781, p. 53. M. Deyeux avoit fait la même expérience long-rems auparavant; car M. Bayen en parle dans fon Mémoire fur la ferpentine , imprimé dans ce Journal en 1779. Note de M. de la Métherie. 1 L'ÉAPIRE AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, SUR LA NOUVELLE NOMENCLATURE CHIMIQUE. IL n'y a pas long-tems, Mefieurs, que les bons efprits ont entrevu la grande inAuence du langage fur l’art de raifonner & fur les progrès des fciences. Locke a démontré l’importance de bien dérerminer le fens des mots, pour acquérir des idées juftes, & pour marcher avec füreré de pro- poñtion en propofition. Mais depuis que PAbbé de Condillac nous a fait voir que le feul moyen d’acquérir des notions exactes, éroit l’analyfe; que raifonner & faire une fuite d'analyfes, ne pouvoient être qu'une feule & même chofe, & que les langues n’étoient que des mérhodes analytiques, ou que l’analyfe fe réduifoit à une langue bien faire ( 1): la nécefñliré des importantes réformes à faire dans les langues barbares des fciences, a été univerfellement reconnue, & les penfeurs les plus exercés font précifé- ment ceux qui l’ont le plus vivement fentie. Il eft bien démontré, par exemple, pour tout homme qui a porté un œil attentif fur les rombreufes © (1x) Les anciens avoient deviné une foule de chofes qu'ils n’avoient point cherché à déterminer avec précifion : les Grecs employoientle même mot pour raifonnemene & difours. Montagne plein de l'antiquité , dit fouvent en françois di/cours , au lieu de raifonnemenr, tonne Eee dé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 études de la médecine, que le plan doit en être’ refondu dans toutes fes press que l’anatomie parle une langue bizarre & inintellirble ; que la oranique n’eft qu'une fcience de mots, créés au hafard & mis à la fuite les uns des autres, fans aucun lien bien naturel qui les uniile ; que dans les livres de pathologie & dethérapeurique, le fens des dénominations, indé- pendamment de la manière vicieufe dont elles font faites, étant très- fouvent vague & verfatile, la fagacité des lecteurs eft'employée toute en- tière à le dérerminer avec plus d'exatitude, ou à le fuivre dans fes varia- tions, chez les Auteurs de fectes différentes, & qui ont écrit à des époques éloignées; que la chimie, cultivée par des charlatans qui ont conftam- ment cherché à jetter un voile fur leurs opérations, ou par des vifionnaires qui ne ferendoient compte de rien, ne s’enrendoient pas eux-mêmes, & ne pouvoient par conféquent être entendus des autres, s'elt fait une nomenclature fans ordre, fans juitefle , fans choix, fans clarté, par-là très-difficile à apprendre, plus difficile à retenir, & qui fur-tout doit à chaque pas arrêter la fcience dans fa marche, La chimie eft maintenant à la mode: chaque jour, Meffieurs, vous nous enindiquez de nouvelles découvertes. Nos belles dames, long-remsavant que le Lycée leur en offrit des leçons, avoient paru fur les bancs des diver- fes écoles. Mais ce qui vaut mieux pour la fcience , c’eft qu'elle eft cultivée par des efprits d’une grande diflinétion, & qu'ils y portent ces méthodes: philofophiques, dont le propre elt d'éclairer rout, de vivifier tout & de conduire rapidement de découverte en déchuverte. Comme elle fe rrouve placée, du moins pour le moment, prefque à la tête des connoiffances humaines, les réformes qu’elles exigent toutes, font devenues plus ur- gentes pour elle. C’eft à elle que plufeurs parties de l'hiftoire naturelle commencent à devoir de n'être plus d’arides nomenclatures; c’eft par elle que la phyfique prend de jour en jour une nouvelle face, & porte un coup-d’œil plus étendu fur les objets qui font de fon reflort. Ainf donc le vice choquant des dénominations employées en chimie, limportance de fes travaux & le caractère méthodique de plufeurs génies heureux qui l'enrichiflent journellement de découvertes, tout devoit lui faire prendre les devants fur les autres fciences. Vous voyez, Meflieurs, que je veux vous parler de la nouvelle nomenclature chimique, publiée par MM. de Morveau , Lavoiïier , Berchollet & Fourcroy. Elle étoit attendue avec impatience; elle a été reçue avec beaucoup d'empreflement. Mais plus les noms placés à la tête de cet ouvrage font propres à exciter l'intérêt du leéteur, moins ils #ollicitent fon indulzence, On ne peut nier que plufieurs parties n'y foient traitées fuivant la bonne méthode grammaticale , que les analogies & les différences de quelques objets n’y foient bien indiquées par la for- mation même des mots ou par leurs terminaifons ; qu’une certaine quantité de noms ne fafle entrevoir la marche de la fcience, ne repré Tome XXXI, Part. II, 1787. DÉCEMBRE. Gog 2 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fente {es progres dans un ordre naturel, & ne rende compte de fon état prélent, du moins relativement à quelques points; qu’enfin certe nomen- clature ne foit, peur-être à beaucoup d’égards, préférable à l'ancienne. Mais je n'ai pas été peu étonné , je l'avoue, de trouver à la fuite d'une efpèce de préface où l’en célèbre l'excellence de l’analyfe, & où l'on cite l'Abbé de Condillac, avec d'autant plus de raifon que fa logique ou les leçons préliminaires de fon cours d’études en ont fourni routes. les idées ; je n'ai pas été peu étonné, dis-je, de trouver un tableau tout- à-fait anti-analyrique , &donr le premier mot eft précifément celui qui devroit être le dernier, j Il wya, il ne peut y avoir qu’une feule bonne méthode d'enfeigner ou d'étudier les fciences. C’eft celle qui va du connu à l'inconnu; c’eft Ja méchode des inventeurs. Si elle crée & perfeétionne les fciences, elle doit aufli en perfectionner la langue. Elle le doit néceflairement , puifque cette langue eft le premier infirument de leurs progrès, En chimie, les corps les plus compofés font les premiers qu’il faut étudier ; ce font ceux que la nature nous offre d’abord. En les analyfanc, & en fubdivifant nos analyfes, nous parvenons, par deprés, à des corps plus fimples; & fuppofé que nous foyons arrivés à deux, trois, quatre corps, ou plus, dont la décompoftion réfifle à toutes nos tentatives\, ces corps feront fimples par excellence, du moins ils le feront pour nous. Dans la mau- vaile langue que nous avons parlée jufqu’ici , ils font des principes, mot qui veut dire commencement. Mais il faut bien fe garder de commen- cer par-là, fi l'on veut favoir ce qu’on fair; & ces prétendus commen- cemens , qui ne font en effet que des réfultats, doivent être rejettés à la fin. Je viens de dire que les procédés & les règles qui affurent la marche de notre efprit, font précifément les mêmes d’après lefquels nous devons former les fignes qui expriment nos idées. Les idées & leurs fignes allant néceffairement enfemble & d’un pas égal, on ne peut les féparer eu les foumetrant à des méthodes différentes, Il faut acquérir les unes & former les autres fur le même plan. Les grammairiens réformareurs doivent refondre les derniers dans le moule des premières, ou plutôc doivent fuivre pour corriger les figures, la même roure que la nature nous a fait fuivre pour nous donner des idées juftes. Les inventeurs créent les fignes, à mefure que leurs idées s'étendent; &ils érendent leurs idées, en s'en rendant bien compte, & en les décompofant de manière à leur faire produire toures celles qu'elles contiennent, c’eft-à- dire, en fe les repréfentant par des fignes bien faits, Des réformareurs phi- lofophes indiqueront donc cette marche: ils feront plus; ils la fuivront pas-à-pas. Dans la formation des mots, ils feront fentir ordre de leur génération naturelle : of cet ordre eft le même que celui de la génération des idées, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 421 L'idiôme populaire fournit les noms des corps les*plus compofés ; ces corps doivent fournir les noms de ceux qu'on en retire en les dé- compofant , fuppofé qu'on les retire d’eux feuls , ou qu'ils les donnent en plus grande abondance que tout autre; & ainfi, de proche en proche, la nomenclature de la fcience s'étend & s'enrichit. Si avec les corps fimples que nous avons retirés par l’analyfe , nous formons , en les uniflant , des corps compofés ; ou ceux-ci reflembleront à d’autres que nous connoiflons déjà, & alors ils reprendront des noms qui leur ap- partiennent ; ou ce fera des êtres nouveaux, & dans ce cas, il eft évi- dent que leurs dénominations feront fourniés par celles des corps dont ils font formés. Ce travail fait, la nomenclature eft complette; & tout honime, capable de la plus légère attention, pourra, fans aucune con- noiflance préliminaire, s'entendre d’un bout à l’autre : non-feulement il pourra s'entendre; mais elle lui donnera des notions ineffaçables, parce qu’elles feront bien liées efitr'elles, & elle lui promectra des progrès rapides parce qu’elle doit le mener par un chemin toujours uni & découvert. En procédant d’après d’autres règles, on fait une nomenclature qui ne peut être entendue que par ceux auxquels toutes les parties dé la fcience font familières, & qui même exige d'eux des études confidé- rables pour être retenue. Quant aux ignorans, ils n’y comprendront rien { s'ils veulent l'étudier, ils ne fauront par quel bour s'y prendre; & s'ils parviennent à en garder quelque trace, ce ne pourra être que par quelqu'une de ces méthodes fingulières , deftructives de toute juf- tefle, dont certains hommes fe fervent pour retenir ce qu'ils n’entendenc pas: Mais ce n’elt pas tout. Lorfqu’on a abandonné la route naturelle dans la formation d’une nomenclature, on eft forcé de l’abandonner auf pour enfeigner la feience: on eft forcé prefqu'invinciblement de fuivre celle qui lui eft diamétralement oppofée; c’eft-à-dire, de commencer par les derniers réfultats. Et dès-lors, à coup für, les élèves n’appren- dront rien ; tant pis pour eux, s’ils apprennent quelque chofe, Les hommes ne peuvent ,paroitre s’inftruire, en renonçant à la marche analyrique, qu'autant qu'ils fe font habitués à accrocher dans leur mémoire des mots"vuides de fens pour eux, & de prétendues idées dont ils ne fe font point rendu compte; qu'autant, en un mot; que leur efprit dépourvu de tout ce qui peut écarter les idées faufles, fe trouve ouvert à routes les erreurs. Mais, je le répète, Meffieurs, ce dont on ne fauroit s'étonner aflez, c’eft de voir une fociété de favans, illuftrés par des rravaux utiles, nous parler de l’analyfe comme du feul guide fidèle de l’efprit humain, em- prunter, pour en faire fentir les avantages, les idées, quelquefois même les expreflions du philofophe qui en a le mieux développé le mécanifme, & exhorter à une étude approfondie de fes écrits, tout jeune homme qui fe deftine aux fciences; tandis qu'ils nous offrent, & cela dans fe 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; même livre & cela peu de pages après, le réfulrat d'un travail concu & exécuté d’après un plan tout-à-fair anti-analytique. Comment cela pourroit-il ètre expliqué? IL eft impoñible qu'ils aient voulu nous en impofer par des mots; il eft incroyable qu'ils s'en foient laiflé impofer à eux-mêmes. On ne dira pas fans douté&, pour les défendre, qu’ils ont abandonné leur plan général dans quelques parties, & qu'ils ont fait certains mots d’après l’ordre naturel de leur génération. Quoique cela foit vrai, il feroit mal-adroit de le faire appercevoir : car il en réfulte qu'ils n’ont point fuivi de principes fixes; & ce ne feroit pas un éloge à faire de leur travail, IL eft encore impoflible, Meffieurs , d’y approuver les mots qui expri- ment comme faits reconnus , des chofes qui font en queftion. L'Oxigéne & l’Ay drogéne font d'autant plus repréhenfibles, qu'ils fervent de bafe à cette nouvelle chimie. Les oxides y jouent un rôle important. L'ad- miflion inconfidérée de ces noms, ne peut qu'être funefte aux jeunes élèves. Si les réformateurs avoient employé la méthode d'invention; s'ils n'avoient pas renverfé leur édifice, en mettant le faîte à la place des fondemens, & les fondemens à la place du faîte , rous les mots litigieux fe fuffent trouvés naturellement rejettés à la fin : ils auroient eu l’air d'être mis là en attendant que l'expérience décidât de leur fort, ou plutôc de celui de la théorie qu'ils fuppofent. On ne fauroit fe diffimuler que les faits dont on l’a déduire, ne foient loin d'être concluans, & que ceux qui la combattent, ne doivent, dès aujourd'hui, la rendre au moins très-fufpecte. N'en étoit-ce pas aflez pour engager à marcher un peu moins leftement dans la création de ces mots , vu fur-tout le degré d'influence qu'un mauvais plan devoit leur donner fur prefque tous les autres; influence qui deviendroit la fource du plus grand défordre dans Venfeignement. ù En difanc plus haut que l’idiôme populaire doit fournir les mots fondamentaux de toute nomenclarure de fcience, & que de ceux-ci doivent, dans un ordre analytique , découler tous les autres, je laifle aflez entrevoir mon opinion fur les emprunts faits aux langues mortes ou étrangères. On peut voir clairement, fans de grands efforts de ré- flexion, que c'eft-là pour les commençans , qui fouvent n’ont aucune idée de ces langues, une caufe d'erreurs importantes , auxquelles mème ils ne font conduits que par une route hériilée de difficultés. Ceux d’en- tr'eux dont l'efprit ne fauroit admettre des expreflions qui n’expriment sien de diftin&, & des idées qui ne peignent rien de déterminé, font forcés de mettre fans ceffe la définition à côté du mor. Or dans une langue bien faite , le mot doit porter {a définition avec lui-même. Je n'ignore pas que ce vice eft commun à prefque tous les idiômes ; & füur-tout aux idiômes modernes : mais ce n'eft pas une raifon de l'in- troduire dans celui d'une fcience qu'on prétend réformer de fond en SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 423 comble. Il eft fans doute plus impardonnable encore d'employer des mots compofés , dont la première moitié eft prife du grec & l’autre du françois ou du latin, comme, par exemple, ceux de pyro-muqueux , de PYro-ligneux , de muriatique oxigené , &c. Lorlqu'on a quelque connoiflance du grec, lorfqu’on parcourt les beautés de certe langue, qu'on voit, malgré la fimplicité de fes élémens , avec quelle richefle, quelle vivacité , quelle grace elle peint tous les fentimens , toutes les idées, toutes leurs nuances, toutes les opérations de l'efprit les plus éloignées des premières fenfations , tous les travaux des fciences & des arts, il eft bien naturel de vouloir lui dérober quelque chofe, pour en enrichir nos jargons , déjà faits de toutes pièces. Mais on ne voit pas que par-là on achève de les priver à jamais du premier de fes avantages, celui de naître pour ainfi dire d'elle-même, de fortir toute entière de fept à huit cens mots radicaux ( 1), qui fe retrouvant dans tous les autres, & les formant par des développemens fimpies, par © des variétés de terminaifons méthodiques, rendoient à Athènes ou à Syracufe tous les écrits facilement intelligibles, même à l’homme du peuple. Ajoutez à cela, que cette langue, vraiment philofophique au- tant que poëtique & oratoire, mettoit entre les mains de ceux qui la parloient ou l'écrivoient, tous les moyens de rectifier les idées faufles, Je m'écarterois de mon objec, fi j'examinois en détail combien elle a influé dans le rôle important qu'a joué la Grèce; mais il n'eft pas hors de propos d'indiquer cette influence , comme un digne fujet de méditation pour les fages qui afpirent à perfectionner la raifon humaine, en ré- formant les fignes par lefquels elle fe développe. Ce n’eft pas non plus ici Le lieu de chercher pourquoi, malgré tant d'avantage, la philofophie grecque eft, à quelques égards , reftée dans l'enfance, ou s’eft mème écartée des routes du vrai, Je finis donc, Mefeurs, en obfervant qu'oxigène & hydrogène figni- fient précifément le contraire de ce qu'ont voulu les Auteurs de la No- menclature. La traduction du premier mot , eft engendré par l'acide , & non générateur de l'acide ; celle du fecond, engendré par l’eau, & non générateur de l’eau. Chez les Grecs , Diogéne vouloit dire f!s de Jupiter ; Archigène, fils de chef ; Protogène , engendré le premier : parmi nous, homogène & héterogène ne doivent pas s'expliquer par générateur de mêmes chofes, générateur de chofes différentes, mais par de même genre, de différens genres. (1) Les Meffieurs de Port-Royal auxquels les lettres doivent plufieurs Ouvrages importans , & entr’autres la première Logique raifonnable , & les premières bonnes Grammaires , ont fait un grand travail pour déméler au milieu de tous les mots de la langue grecque , ceux qu’on peut regarder comme les racines des autres. Ils en ont porté le nombre à deux mille cent foixante ; un examen un peu aitentif fait voir qu’on peut le réduire de beaucoup plus que de moitié. 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quant à quelques mots un peu ridicules , tels que calorique , carbone, carbonique, carbonate, &c. je n'en parlerai point ; c’eft les premiers , c'eft peut-être les feuls dont le public fera juftice. Si mon nom faifoit à la chofe, je le mettrois au basde cette lettre; mais heureufement il n’y fait rien, & je le tais, Ce n’eft pas queje craigne de blefler, par mes obfervations, des favans amis de la vérité & dela difcufion qui feule peut la faire fortir. Si j'avois pu avoir cette crainte, elle feroit plus injurieufe pour eux , que les critiques les plus amèrest Mais encore une fois, je ne lat paseue, & je n'ai pas fait de pareilles critiques. Je puis au refte les aflurer que je vis dans la retraite & dans l'obfcu- tité ; que je n'ai aucun rapport avec le parti qu'ils regardent peut-être comme un rival jaloux; que leurs noms font refpeétables pour moi; que leur gloire m’eft chère, que mon cœur paie à tous leurs travaux un jufte tribut de reconnoiffance, & que je fuis perfuadé qu'en revenant fur leurs pas, en rentrant dans une-route qui doit leur être familière , ils pourront, mieux que perfonne, peut-être, donner une nomenclature chimique , digne de fervir de modèle pour la réforme de toutes les autres, MÉMOIRE Di EAN PRO ZIELE. De P Académie des Sciences d'Orléans ; Sur LE RAFFINAGzx DU SUCRE. Ex cherchant à détruire un préjugé nuilble au progrès de l’art, j'ai donné, & feulement pour le befoin que j'en avois, un apperçu de la théorie du raffinage. Les principes que j'y ai établis ne me font pas parti- culiers ; ce font ceux que Bergman avoit développés, que Macquer & plufieurs autres Chimiftes avoient adoptés. M, de Morveau, qui avoit également adopté la théorie du favant Suédois , a à la vérité, changé de fentiment dans la nouvelle Encyclopédie; mais mon Mémoire, fait en . 1784, étoit entre Les mains de M. de la Mérherie , lorfque cet Ouvrage a paru. M, Boucherie a pris quelques idées de M, de Morveau ; mais comme il a appuyé fes raifonnemiens que fur des prétentions hypothétiques & des aflertions hafardées , il ne me fera pas dificile d'en décruire le preltige. Sur ce que j'ai di: que le fuc de canne appelé ve/ou demeureroit toujours dans l’étar fyrupeux , fi l’art ne venoit au fecours de la nature pour débarrafler le fel fucré des matières hétérogènes qui s’oppofent à la criftallifation du fucre, M. Boucherie me répond en me difant qu'avant de parler de ce fuc, j'aurois dû l'examiner. J'avoue que le‘defir de m'inftruire {ur la nature du vefou , ne n'a jamais porté hors du royaume ; je “ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 425 je ne fuis point Raffineur, mais je n'ai pas néoligé pour cela de prendre des informations de ceux qui le connoiffenr. Je ne m'appefantirai pas fur les citations de mes autorités, je n’en ferai qu’une, parce qu’elle eft d'un Cultivateur américain , Membre de la Société Royale de Londres &z A Ouvrage a reçu l'approbation de l’Académie Royale des Sciences e Paris. « Indépendamment du fucre & de la mélaffe, dit-il, le vefou eft encore » chargé de parties graffes qui enveloppent celles de la mélafle & du » fucre, qui empêcheroient leur féparation, & dont la chaux & la cendre » font r#connues les agens les plus propres à débarrafler la matière ; c’eft » ce qu'on appelle l'ezivrage. > Ne mettez point d'enivrage. Si vos cannes font bonnes, elles vous » donneront une mélafle parfairement liée, qui ne laiflera poinc échapper » de mafle; c'eft une mafle folide aflez femblable à de la cire. Si vos » cannes font mauvaifes, elles vous donneront un liquide fort approchanc » du goudron : goudron qu'il faudroit réduire en charbon pour lui =» donner une confiftance folide; & fi la matière n’a que la cuite » ordinaire , vous ne trouverez peut-être aucun grain de fucre dans la » forme; ceux qui auroient pu s'y trouver , au moyen d'un enivrage » convenable qui auroit enlevé la graifle, fe trouvant dans ce dernier cas » embarraflés avec la oraifle & la mélafle » (1). Au travail en grand, que j'avois en vue, M. Boucherie oppofe une expérience faite fur une afliette; il prétend qu'une deflication , fuivant la méthode de Lagaraie, eft une criftallifation entière ; enfin, il aflure que par une évaporation fpontanée le vefou criflallife en totalité fans laifJer de réfidu ou d'eau-mére. Y n’a fans doute pas fait attention qu'outre {a matière extractive étrangère au fucre dont le rapprochenrent occafionnedans le brut la couleur rouge, il y a encore une partie réfineufe & une portion de la matière glutineufe. Si ces fubftances hétérogènes exiftent , de fon aveu, dans le fucre brut, à plus forte raifon doivent-elles être plus abondantes dans le vefou : & M. Boucherie ne craint pas d'avancer qu'il a fait criftallifer entièrement le vefou fans réfidu ni eau-rnére ; qu'il nous inftruife donc de la forme qu'affectent les criftaux de la matière extractive, dé la réfine & de la matière glutineufe, afin que nous puiffions difcerner les vrais criftaux du fucre d'avec ceux de ces matières qui dans le raffinage pénent la criflallifarion , & nuifent par leur vifcofité à Pécou- “lement du f[yrop. M. Boucherie nie l’exiftence d’un acide en excès dans le fuc de canne, (x) Voyez page 404 de l’Effui fur l'art de cultiver la Canne & d'en exuraire le Sucre; par M. D.C...x, de La Sociére Royale de Londres. À Paris, chez Cloufier, ue Saint-Jacques , vis-a-vis les Mathurins , 178r. Tome XXXI, Part. 11, 1737. DECEMBRE. Hbh 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 11 prétend avoir démontré à M. Macquer & à M. d’Arcer que Le ve/o ne manifefle au goût ni par l'aflion des réaëlifs la préfence d'aucun acide ; mais Bergman n’a jamais prétendu que dans le vefou l'acide füt affez abondant pour fe manifefter au goût, & fi les réactifs ne peuvent le démontrer dans l'inftant, c'eft qu'il y eft dans un état de combinaifon avec les parties huileufes qu'il unit au fucre dont il empêche la criftalli-- fation, Le goût ni les réactifs ne peuvent de même démontrer dans nos. mélafles un acide furabondant, & cependant M. de Morveau penfe qu'on ne doit point béfiter à croire que la mélafle ne foit du fucre altéré & devenu incriflallifable par le développement d’un acide analogue à celui: que le fucre fournit dans la diftillation. M. Sage regarde auñli les mélafles comime une portion de fucre non décompofée , mais noircie par l'acide’ qui s'efl fèparé par le trop grand feu qu'on fait éprouver aw Jvr0p. ù Si le fuc descanne éroit criftallifable fans réfidi ni eau-mére, l'ufage: des eflives alkalines feroit auffi inutile pour la défécation de ce fuc , que pour la faturation d’un acide qui, fuivant M. Boucherie, n’exifte pas.. Quoiqu'il reconnoifle leur utilité pour le premier objet ; il prétend que leur ufage eft très-nuifible, Auñi a-t-il propofé un moyen par lequel if ef? parvenu à rendre toutes les mélaffes criflallifables. Il a produit Le même effet en Amérique fur cette forte de [yrop ; mais fe les expé=. riences qui lui font connues relativement au vefou lui donnent un efpoir- de fuccès , il doit convenir qu'il n'efl point encore démontré. Quoique je fois très-perfuadé que la mélafle ne foir en grande partie que du fucre altéré par un acide, j'ofe avancer que les fuccès de M. Bou- cherie pour rendre les mélaffes criflallifables font au moins aufli hypo— thériques que fes efpérances fur le vefou, 1°, Si M. Boucherie favoit rendre les mélaffes criftallifables, il eff certain qu’il fe feroit contenté de priver fon fucre brut de la partie extractive, eznemi trés-dangereux , & qu'il n’auroit pas vendu des mé- laffes aufli douces que celles qui fortent de nos raffineries. Or, je fais qu’il a fait ce négoce; done il n’a pas le moyen de rendre les mélafles: eriftallifahies. 2°. Si M. Boucherie pouvoit rendre les mélaffes criftallifables, il auroit: fair une fortune immenfe à n’acheter que des mélaffes pour les convertir: en füucre. Il eff fi avantageux de pouvoir changer une marchandife de trois: à quatre fols la livre au plus, en une qui fe vend dix-huit à vingt, qu'oms doit conclure de ce qu'il ne l’a pas fait, qu'il eft encore à la recherche: des moyens d’y parvenir. 3°. Enfin, M. Boucherie, qui auroit eu, en rendant les mélaffes crif- tallifables , un moyen de retirer du fucre brut vingt à ving-cingq livres de: fücre par cent de plus que nos Rafineurs, n’auroit pas manqué de profiter de cet avantage pour faire tomber la vente du fucre d'Orléans, par la | | be à ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 427 baiffe du prix. Or, il a toujours tenu le prix de fon fucre au-deffus de celui d'Orléans. ! J'attribue la couleur grife inefaçable que le fucre Contracte par l'excès de l'eau de chaux, fuivant quelques Raffineurs, à la décompotition de la . partie rouge du fang dort le fer s'unir aux molècules faccharines & alrère leur couleur, J’ajoute encore que quel que füt l'excès de l’eau de chaux, jamais cette couleur n'auroit lieu fi on fe fervoir, pour la clarification , d'une autre matière que le fang de bœuf. M. Boucherie me répond srés- Judicieufement qu'on r'efl perfuadéen Phyfique que par des faus, & 1l m'objeéte que la difiolution du fucre très-pur dans l'eau de chaux aura plus de couleur que celle qui fera faite dans l'eau diftillée. Je lui obferverai que je n'ai point dit que l'eau de chaux ne colorât pas le fucre : j'ai feule- ment foutenu que la couleur rife ineffacable qu'ôn a obfervée dans le fucre provenoit du fer contenu dans le fang. C'efl ici un cas particulier que j'explique ; mais pour que Les faits perfuadent, il faut qu’ils foient vrais, & malheureufement ayant répété l'expérience des deux diffolutions, j'ai vu que la couleur étoit la mème. A la vérité j'ai employé du fucre royal d'Orléans. - e M. Boucherie n'eft pas conféquent dans fes raïfonnemens; car les chofes devoient, d’après fes principes, fe pafer ainfi que je Les ai obfer- vées, En effet, la couleur du fucre ne dépend , fuivant lui, que du rappre- chement de la matière extra&ive. Or, le (ucre très-pur eft privé d’un ennemi auffi dangereux : la chaux ne peut donc pas augrrenter L'intenficé de la couleur d'une fubftance qui n’exifte plus. 4 Cette expérience, qui ne m'a rien prouvé, devoir cependant , felon M. Boucherie , me conduire à des obférvations qui m'auroïent évité une partie des erreurs dans lefquelles je fuis rombé. Une des principales, ef que je confonds toujours l'acide qui eft le principe confltutif du fucre avec l'acide fäccharin | qui provient de la combinaifon de ce fel avec l'acide nitreux. « Ea propofant des idées nouvelles, M. Boucherie auroit dû faire connoître les expériences fur lefquelles il les fonde. Sûrement Za combi: naifor de lacide du fucre avec l'acide nitreux, pour former l'acide faccharin, doit préfenter des phénomènes qu'il feroit intéreflant de publier. Beroman penfe que l'acide faccharin ef l'acide propre du fucre. Macquer, ainfi que MA. Cavendifch & Sage ont adopté le fenti- ment du chimifte Suédois; ils croient que l'acide nitreux ne fert qu'à mettre à nud l'acide faccharin,, en le dépouillant des parties inflam- mables auxquelles il eft uni dans le fucre. M. Viegleb veut au contraire ue Pacide faccharin ne foit que l’acide nitreux déguifé par le phlo- giftique. MM. Lavoilier, de Fourcroy & de Morveau font perfuadés que l'acide faccharin eft un produit de l'opération qui le fournir ; que les deux fubftances qui concourent à Le former font également décompofées; Tome XXXI, Part, II, 1787. DECEMBRE, Hhh 2 LE] 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que le fucre fournit le radical acidifiable, tandis que l'acide nitreux donne {on principe acidifiant (l'oxigène, bafe de l'air pur). Les expériences: de M. Schrikel ont prouvé que l'acide qui pafle dans la difillation du facre, différoit, par fes propriétés, de l'acide faccharin. M. de Morveau lui a donné le nom d'acide fyrupeux, & il le regarde comme étant l'acide propre du fucre. Ceux qui tiennent encore au fentiment de Bergman, pourroient peut-être croire que l'acide fyrupeux n’eft que l'acide faccha- zin lui-même, mais altéré , dans, la diftillation du fucre, par fa réaction fur l'huile de cette fubftance. S'il étoit bien démontré que l'acide fyru- peux où pyro-muqueux né fût pas l'acide faccharin altéré, on pourroit peut-être dire alors que l'acide fyrupeux eft à l’acide faccharin ce que d'acide muiatique ou marin ordinaire eft au même acide oxigené ou déphlogifiqué. M. Boucherie propofe une nouvelle hypothèfe ; l’acide faccharin, dit-il, eft un acide mixte, formé par la combinaifon de l'acide conflitutif du fucre avec l'acide nitreux. | M. Boucherie voulant me prouver que l’acide propre du fucre eft bien différent de celui que Bergman a fait connoître, a ajouté à une diflolution de quatre livres de fucre pur, dans trois livres d'eau , deux onces de chaux vive en pierre; & lorfque Ja liqueur a été clarifiée, #7 à reconnu qu’en déduifant du poids prumitif de la chaux, celle rerirée pendant la clarification , il en évoit reflé environ fix cens grains en diffolution. M. Boucherie n’auroit pas dû fortir de la queftion , comme if le fair. Jamais Bergman, ni ceux qui ont adopté fon fentiment, n'ont peufé que le fucre pur contint un excès d'acide faccharin, ils ont au contraire foutenu qu'il en étoit débarraflé par le travail du raflinage. D'ailleurs, l'expérience de M. Boucherie ne prouve rien; 1°. il n'æ point examiné fi dans fon réfidu il n’y avoit pas du faccharte calcaire ou oxalate de chaux. 2°. Cette expérience ne prouve point que le fucre contienne un acide particulier : car quoique l'acide fyrupeux forme avec la chaux un fel neutre foluble, on ne voit point que certe chaux ait été diffoure par cet acide; la chaux qu'il a unie à fon fucre, a reflé dans Jon état de caufliciré. La raifon en eft fimple; quelle que foic la nature de l'acide du fucre , cet acide eft combiné dans cette fub{tance, de manière que La chaux n'a aucune action fur lui. Je ferois aflez tenté, d’après l'énoncé de fon expérience, de croire que M. Boucherie ne l’a pas faite lui-même. En effet, il me femble que le poids de la chaux ,-rerirée pendant la clarification, loin d’être diminué de fix cens grains, devoit au contraire être augmenté de celui de l'eau que la chaux faifit avec avidité lorfqu'elle s’éteint. M. Bou- cherie auroit bien dû m'inftruire s'il l'a recalcinée avant de la pefer, & m'enfeigner quelles font ies précautions qu'il a prifes pour n'être pas induit en erreur, SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS, 429 M: Boucherie n’a donc prouvé que ce que perfonne n'ignoroit, que dans l'analyfe du fucre, il y a dans le charbon un peu de chaux. Mais il ne faut pas qu'il croye que cette chaux foit libre dans le fucre; elle ÿ eft dans un état de combinaifon avec l’acide de cette fubftance ; c’eft un peu de fel étranger au fucre, qui y eft reflé uni, malgré toutes les purifications qu'il a fubies, C'eft par la même raifon que, quand on diftille du fucre brut terré, le charbon fournit des indices d’alkali fixe. J Me voici arrivé au morceau le plus intéreffant de la critique de M. Boucherie; c'eft l'expérience par laquelle il prétend avoir prouvé à trois favans chimiftes, pour lefquels mes fentimens vont jufqu'à la vénération , que le fucre d'Orléans contient de la chaux; mais ces favans ne feroient pas les premiers dont on auroit furpris la bonne foi, parce qu’incapables de cromper eux-mêmes ; ils étoient fans défiance. J'ai répété l'expérience de M. Boucherie; j'ai fait difloudre du fucre de toutes les qualités dans de l'eau diftillée ; & je n’ai apperçu aucune altération de la couleur du fyrop de violettes que j'y ai verfé. Cetre cou- eur a été feulement modifiée lorfque j’avois diffous un fucre très-coloré. Mon témoignage peut être fufpect, mais l'expérience de tous les jours vient à fon appui. Si le fucre raffiné à Orléans ou dans toutes les autres rafhneries du royaume , où l'on fe fert de l’eau de chaux, con- tenoit encore de cette fubftance, au point de changer en verd la cou- leur du fyrop de violettes, il s’enfuivroit que tous ceux qui préparent ce fyrop, n’auroient jamais réufli à en faire qui eût confervé {a couleur. Or, je défie M: Boucherie de me citer un pharmacien qui fe foie plaint qu'en employant du fucre d'Orléans, même celui de feconde & troi- fième qualités ; il ait vu changer en verd fa teinture de violettes. Tous vendent du fyrop de violettes d'une belle couleur, & tous ne fe fervenc pas du fucre de Bercy. : L’envie de critiquer porte M. Boucherie à me faire une difpute de mots. J'ai dit que ft le Rafineur n’évaporoit entièrement l’eau de dif- folution , au lieu d'une mafle confule qu'il delire, il n’auroit.que des criftaux parfaits. H eft certain que fi je n’avois oublié un mot, & que jeuffe mis l'eau furabondante de diffolution , ma phrafe auroit été plus claire; mais n’eft-elle pas éclaircie par celle qui la fuir, où je parle du rapprochement de la liqueur au degré’ néceffaire? YŸ a-t-il un ar- tifte qui n’entende pas ce que j'ai voulu dire? Et en exifte-t-il un qui ignore qu'en perdant fleau-de fa conftitution, le fucre fe décompofes ais s'il a quelque apparence de raifon dans cette difpute, combien n'eft-il pas ridicule, iorfqu'il m'épilogue fur la dénomination de gras , que j'ai donnée au fucre brut qui a peu de grain? il n'eft aucun Au- teur qui ne Pait employée, Mygde Fourcroy dic que la mofcouade eft un fucre jaune & gras, 430 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Esfin , M. Boucherie devient jufte, il convient que j'ai bien démontré que l’eau dont on fe fert à Orléans ne donne aucun mérite au fucre qu'on y rafüne, Cependant ; ajoute-t-il , le choix de l'eau n'eft pas indifférent au Raffineur ; il y a des puits qui en fourniffent de très- mauvaife, tel efl celui de Bercy , qui. m'oblige de cefler d'y raffiner. Comment M: Boucherie, qui a tant de moyens de perfectionner ‘aifabrication du fucre , n’a pas celui de corriger la mauvaife qualité de l’eau de fon puits, ou d'y en fubitituer de Pautre. Le fer & les fubftances animales putréfiées, que l'eau de fon puits contient, ne peuvent don- per de mauvaifes qualités à fon fucre. Si le fer nuifoit dans le raffinage du fucre, ce ne feroit qu'à la couleur, & le fien eft d'une blancheur parfaite, Sile peu de matière animale putréfiée que l'eau de fon puits contient, communiquoit fon odeur défagréable au fucre , combien ne dévroit: pas- être fétide celui d'Orléans &'de toutes les autres rafineries “du royaume, puifqu'on:y verfe à plein feau le fang purréfé,, pour la clarification (1); & cependant perfonne ne fe plaint de l'odeur de notre fucre. Celle du fucre de Bercy doit donc tenir aux procédés de M. Bou cherie, & dépendre des agens qu'il emploie. La preuve en eft certaine; on a raffiné avant lui à Bercy, & alors perfonne ne fe plaignoic de la puanteur du fucre qu'on y raflinoir. | M. Boucherie, qui nie lexiftence de l’acide en excès dans les mé- laff:s & qui fait les rendre criftallifables, peut fe donner tous les avan- tages fur moi. Qu'il publie un moyen facile de les criftallifer, je ne dis pas /ans réfidu ni eau-mére, qu'il donne feulement un procédé pour retirer les deux tiers où même la moitié de leurs poids en bon fucre, qu'il prouve en même-rems que le dégagement des parties faccha- rines. n'eft pas l’efer de la faturation d'un acide; alors je m'avouerai vaincu, &erit mihi magnus Apollo. . ———— (à) Les Rafineurs pour clerifier une chaudière d'environ trois milliers pefant de fucre , y verlent vingt-quatre à vingt-cinq pintes de fang de bœuf. C'eft à-peu-près une pinte pour cent vingt livres de fucre. La pinte pèfe deux livres. Le fang que l’on emploie à Orléans eft prelque tout fourni par les Bouchers de Paris ; il eit aifé, de voir qu'il n'eft pas frais, (2 [EN pe) À + DESCRIPTION D'UNE MACHINE A COMPRIMER L'AIR: Par MM. DumoTiez. Extrait des Repiflres de V Académie Royale des Sciences ,du 11 Aoûb - 1787. Nous Commiffaires nommés par l'Académie, avons examiné une machine de cempreflion à double corps de pompe qui lui a été préfenrée par MM. Dumoriez, Ingénieurs eninftrumens de Phyfique.( fr. 6, PI. 1.) Certe machine eft compofée d’un fort cylindre de verre, de huit pouces de diamètre, huit pouces de haut & quatre à cinq lignes d’épaifleur , lequel cylindre eft retenu entre deux fortes platines de cuivre réunies entre quatre colonnes à vis. La platine inférieure eft percée à fon centre d'un trou d’environ trois lignes qui répond au canal qui fournit l'air. La platine fupérieure eft percée d’un grand trou ovale, dont le grand axe eft de quatre pouces & le petit de trois pouces quatre lignes , & ce qui ferc à introduire dans le récipient les fubitances qu'on veut mettre en expé- rience : ce trou‘fe ferme par une forte platine de même figure retenue au plan par deux traverfes de ford Les deux corps de pompe font placés de la même manière que ceux des machines pneumatiques à deux corps, & font mis en jeu de même. Les tiges de leurs piftons étant pareillement à crémaillère, mais ce qu'il y a de particuiier, c'eft la foupape nôyée dans chaque pifton , ainfi que les foupapes des fonds des corps de pompe. Dans les machines de compreflion qui ont précédé celle-ci 1a foupape- du fond du corps de pompe n’eft autre chofe qu’un morceau de veflia qui .ne peut réfifter à une forte preflion, qui fe rompt même quelquefois par la preflion crdinaire, & qu'il faut renouveller fouvent, & le pifton de la pompe eft plein, de forte que l'air ne peut entrer dans la pompe que par un trou qui ef fur fon côté, & qui ne fe trouve au-deflous du pifton que lorfqu'il eft tout-à-fait remonté. Il faut donc pour le monter foulever le oids de la colonne d'air qui y répond , au lieu qu’au moyen de la foupape que MM. Dumotiez ont mife dans leur pifton , l'air rentre dans là pompe aufli-tôt qu'on commence à foulever le pifton, & l'on n’a d'autre réfiflance à vaincre que celle de fon frottement ; ce qui épargne beaucoup de fatigue dans l’ufage de ieur machine , & au fond de la pompe ils-ont i ; l 432 OBSERVATIONSISUR LA PHYSIQUE, adapté Ja foupape conique du fufil à vent qui ferme fi bien, que [eux machine tient lair quoique les robinets demeurent ouverts, MM. Dumotiez ont de plus adapté à cette machine une éprouvette qui eft une efpèce de baromètre, dont le cube eft ouvert par le haut, & qui fert à connoître de combien on a augmenté la denfité & le reflort de l'air du récipiene, Nous penfons que ces améliorations, ainfi que la folidité & Ia propreté avec lefquelles certe machine efl conitruire, ainfi que l'application heureufe des différentes pièces empruntées d’autres machines, méritene les élogés de l'Académie, À l’Académie , le 1x août 1787. Signé, Le Roy, BRIssoN. Je certifie le préfent extrait conforme à l'original & au jugement de l'Académie, À Paris , le 18 août 1787. Signé, le Marquis DE CONDORCET, Secrétaire perpétuel, On peut s’adreffer à MM. Dumotier, Ingénieurs en inftrumens de Phyfique, rue du Jardinet-Saint-André-des-Arcs, à Paris. Ils fonc entièrement ce qui concerne un cabinet de Phyfique, A D LI A ANALYSE CHIMIQUE ET COMPARÉE Du Vin de Saint- Berthelemi , près d’ Angers , & fpecialements des Bouteilles de différentes qualités dans lefquelles on l’a mis au mois d'Olobre 1786 ; Par M. Tessré pu CLosEAU, de l’Univerfité de Montpellier, Doëteur-Régent de la Faculté ‘de Médecine d'Angers , Affocié Correfpondant de la Société Royale, Membre de la Société d'Agriculture, & Profeffeur de Chimie à Angers. Caro par le Tribunal de la Juftice de feconder fes Jouables inten= tions pour l’ordre & le bien public, d'éclairer & de diriger fon zèle dans la recherche difficile d’une vérité chimique , dont la découverre devoit donner la folution du problème qui fait l’objer de ce Mémoire , j'ai entrepris, le 11 mai 1787, l'analyfe dont je vais rendre compte. Ce fut à l'époque de la conteftation qui s'éleva entre un Gentilhpmme diftingué de cette province & un marchand de bouteilles, qui lui en avoit vendu une quantité confidérable, provenant de la verrerie de Souvigny à Moulins en Bourbonnois. Heureux, fi par mes foins & mes travaux, j'ai pu juflifier Le choix de cetre célèbre compagnie * plus Heureux Fe avoit tata dt int. à. ERA PT SC ee A JO MT Te DOTE CR CT UE CU NS rw / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 d’avoir pu contribuer au bonheur de mes concitoyens, en leur offrant les piécieutes reflources d’une fcience & d’un art qui leur apprennent à dévoiler une fraude préjudiciable à leurs intérêts & pernicieufe à leur fancé ! M, le Chevalier de C*** &e mertre, au mois d'otcbre 1787, plu- fieurs bariques de vin de Saint-Berthelemi, près d'Angers, dans les boureilles en queftion. Son vin y contracta fucceflivement les mauvailes qualités dont je vais faire mention, Confidérant d’abord fa pelanteur fpécifique, jy plongeai l'aréomètre, lequel indiqua deux degrés au del- fus de zéro, à la température de treize degrés au thermomètre de Réaumur. Le même vin, mis dans des boureilles d’une vérrerie de N:vers, dont da fupérioriré “ff reconnue, a donné le même rélultar. Leurs pefanteurs fpécifiques étoient les mêmes, mais les autres qualités phyliques étoienc bien différenres. La couleur du vin contenu dans les boureilles de Nevers éroir claire, limpide & tranfparenre, un peu citrine ou paillée, couleur ordinaire & naturelle aux excellens vins d Anjou, daris lefquels le muqueux eft très-abondant. Le même vin, mis dans des bouteilles de Souvigny, au contraire, étoit louche, trouble, dépofant un fédiment bruvâtre qui formoit un nuage épais lorfqu'on l'agiroir. Le vin dés bonnes boureilles n'offroit qu'un léger déj ôt adhérent à la paroi inférieure, Ce dépôt eft commun aux vins riches en muqueux, dans lefquels la fermentation fecondaire s'achève lentement, en raifon de ce principe fermentefcible & confervateur. Enfin la faveur, lodeur & la couleur du vin des mau- vaifes bouteilles étoient tellement altérées, qu'elles étoient mécon- noiflables. Après cet examen préliminaire, j'ai filtré au papier le produit d'une des bouteilles de Souvig=y de la capacité de cinq fetiers, pefant deux livres & demie, lequel a teint le filtre d'un enduit épais & noirâtre, & y a laiflé dix-neuf grains de tartre, dont la majeure partie avoit la forme criftalline du carbonate calcaire rhomboï al obtus, ou fpath calcaires le refte étoir criftallifé d’une manière confufe & indécerminable à la loupe. Une égale quantité de vin mife dans les bouteilles de Nevers, a léyèrement teint le filrre, & n'a laiflé que 6 grains de tartrite acidule de porafle criflallifée confufément , produit fpontané de la Frmentation infenfble qui donne au vin cette maruriré exquile & ce goûr agréabl &ggénéreux, qui le rend un remède falutaire à celui qui en ufe rare- mênt & avec modération. L'analyfe des vins d’Anjou fournit une grande quantité de ce fel, dont la proportion varie, en raifon des crus & des faifons, plus ou moins favorables. J'ai aufli remarqué que les perits vins rrès-acides de la mème province attaguoient plus promprement & plusscomplertemenr Les verres tendres. Quoique le vin de Saint- Berthelemi , par la jufte proportion & l'intime combinaifon de fes prin- cipes, contienne plus d'acide tartareux libre, il n’en a pas moins agi Tome XXXI, Part, II, 1787. DECEMBRE. Lii 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, {enfiblement fur les mauvaifes bouteilles, qu’il a difloutes en partie & entraînées dans fa criftallifation. On conçoit aifément que Ja féparation forcée d'un des principes conflitutifs du vin n’a pas pu afoir lieu fans opérer une entière décont- poftion. Onze onces de vin des bouteilles de Nevers, évaporées en confiftance d'extrait, dans une capfule de verre, au bain de fable, ont fourni un gros, cinquante grains d'extrait folide btun. Pareïile quantité de vin des bouteilles de la verrerie de Souvigny , traitée de la même manière, a donné un poids égal d'extrait, mais très-différente par la faveur, qui participoit du mauvais goût que le vin avoit acquis dans les bouteilles. Ce vin, quoique clarifié par la filtration, qui en avoit féparéun réfidu abondant, avoit encore confervé une faveur défagréable & femblable à ce que l’on défigne vulgairement fous le nom d’éventé ou gâté f'expreflion plus exacte). Elle indique une altération dans les principes, laquelle étoit fort fenfible dans le vin en queftion. Je n’ai pas cru devoir poufler plus loin mes recherches fur la nature’ du vin, ayant pour objet principal de faire l’analyfe des boureilles. Il eft donc inconteftable que l’altération que le vin a éprouvée dans ces bouteilles, eft due à leur mauvaife conpofirion, puifque le même vin, mis dans des boctilles de meilleure qualité, foumis aux mêmes. épreuves, s’eft confervé inta. J'ai caflé plufieurs bouteilles provenant des verreries de Nevers & de Souvieny à Moulins en Bourbonnois, afin de mieux obferver & de conflater leurs différentes qualités par l'infpection de leur caflure & de leur intérieur ; celui-ci n’étoit pas fenfiblement atraqué dans lune & dans: l'autre forte de bouteilles; mais la caflure & les angles qui en réfultoienc étoient très-différens. On fait que la caffure vitreufe eft fi conftante & uniforme, qu'elle a fervi de cara@ères au célèbre Daubenton. Voyez fon Tableau méthodique des Minéraux. La caflure du verre de bonne qualité eft donc toujours ondée, & fes angles font plus ou moins aigus; ce que j'ai obfervé & vérifié fur celui de Nevers, lorfque le verre de Souvieny m'a offert une caflure plus égale , dont les ondes étoient peu fenfibles & fort éloignées, les angles obtus & prefqu'arron- dis. Enfin la mafñfe vitreufe étoit remplie de grofles bulles d'air , lefquelles indiquent certainement une fufñion & une vitrification imparfaitec.. Ces fragmens mis dans les acides minéraux libres & dans ces mêmes acides combinés à diverfes bafes, en ont éprouvé les altérations fui vantes : l’acide fulfurique, concentré au point de pefer le double de l'eau diftillée, n’a pas plus agi fur le bon que fur le mauvais verrez mais l'ayant étendu par l’eau, fon adion s’eft alors manifeftée fur ce dernier ,. lequel a été corrodé ou diffous. Les acides nitrique & muria- tique ont décompolé très-promptement & completrement le mauvais verre, fans attaquer celui qui étoit de bonne qualité, J’ai rempli d’acide SUR L'HIST. NATURELLE FT LES ARTS. 435 nitrique foible ou d'eau-forre du commece, une des mauvaifes bou- teilles ; je l'ai plongée dans un grand vafe ‘plein du même acide, afin de l'arraquer de routes parts. J'obferverai que cer acide nitrique a pro- duit un effet inverle; c'elt-à-dire, que fon ation a été d'autant moins fenfible , qu'il éroic plus étendu d'eau , tanilis que l'acide fulfurique foible a développé une énergie plus grande jue ce même acide plus fort ou plus concentré. Ayant traité divers morceaux de verre des deux qualités, par.des diffolutions de nitrate mercuriel, de fulfate & de pruffiate de mars; ces trois fels ont été décompofés par le verre de Souvigny, fans éprouver la moindre altération de la part de celui de Nevers; ce qui décèle évidemment une compoftion & une fabrication très-dé'euüeufes. Après avoir pulvérifé les débris d’une des bouteilles de Souvigny & réduit en poudre un fragment d’un mortier de verre vérdâtre, provenant de la verrerie de la Pierre, dans le Maine, je les ai ais dans des creu- fets de Heffe. Le dernier verre s'eft parfairement fondu dans l'efpace de fix heures, tandis que le premier , ou celui de mauvaife qualité, placé dans le même fourneau & dans le même inftant , s’eft feulement agglu- tiné & réuni dans une mafle jaune, très-reflemblante par la couleur, la forme grenue & par la fragilité, à ce que les Minéralopiftes défignenc fous le nom de grés pourri ; le creufet qui le contenoit a été coloré en violet par la manganèle, qui, mife en excès ou mal combinée, donne or- dinairement cette couleur au verre ainfi qu'aux vaifleaux qui le con- tiennent, Une once d'acide nitrique, & pareille quantité d’acide mu- riatique , verfées féparément fur deux gros de cette matière jaune, fortaute du creufer, l’ont"difloute en partie. Il eft effentiel de rappeler ici les principes fondamentaux de l’art de la verrerie; tel et celui-ci qui les renferme prefque tous. La fulibilité des matières vitrifiables ek en raifon de La nature & de la quantité des fondans falins terreux du métallique & de la violence du feu, pour en opérer la vitrification. Une longue fuite de faits & d’obfervations ayant appris ces vérités inconteftables , les Phyfciens & les gens de l’art en ont fait des loix générales qui doivent fervir de règle dans les verreries. Il n’eft donc pas permis de les entreindre impunément , foit par ignorance, foit par mauvaife foi; l'une & l'autre font épalement condamnables. D'après ces principes, fondés fur les expériences ci-deflus & confr- més par celles dont je vais rendre compte, je fuis en droir de conclure que les bouteilles de Souvigny ne doivent leu:s mauvaifes qualités qu’à la narure des fondans terreux, impurs, & au défaut de proportion entre fes principes conftitutits. [l en eft donc réfulté une combinaifon imparfaite, qui ne les fortifiant pas l'un par l’aitre, les laifle, pour ainf dire, à nud & fans défenfe contre l’action des divers agens. Delirant démontrer cerre vérité, j'ai caflé une de ces mauvaifes boureilles , je Tome XXXI, Part, 11, 1787. DECEMBRE, lii 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vai mife dars une pinte d'acide nitrique, dont la pefanteur fpécifique éroit à celle de l’eau diftillé :: 1,500 : 7,000. Les angles & les bords. des fragmens ont été attaqués les premiers, les filets criflallins conver- geoient de la circonférence vers le centre. * Douze jours après cette opération , j'ai obtenu dix gros de concré- tion faline folide, & de couleur d'un blanc d’émail, formée par la combinaïilon de l'acide nitrique & de la fubflance des bouteilles, qui étoient corrodées à plus d’une ligne de profondeur, J'ai trituré & fait difloudre ces. dix gros de nitrate, à bafe des bouteilles, dans vingt- huit livres d’eau diflillée , dans une capfule de verre blanc au bain de fible. À ce degré de chaleur, la capfule a été colorée en violet, ainfi que je l'ai obfervé dans le creufet ci-deffus, vraifemblablément par la mime caufe. Il a reité fur le filtre un réfidu du poids de’trois gros trente-fix, grains, lequel a refufé de fe diffoudre. Soupçonnant que ce pouvoit être la filice ou terre quartzeufe, j'ai verfé fur une partie de ce rélidu, de l'acide fulfurique & ritrique, afin d'en extraire tout ce qui étroit foluble par les menftrues; mais ils ont paru fans action. Alors, j'ai expofé cette rerre feule au chalumeau fur un fupport de platine; n’ayant remarqué aucune altération, j'ai ajouté un peu de carbonate de foude:,. qui l’a entraînée auñli rôt en fuñon, avec effervefcence & bourfoufflement. J'ai mis un demi-gros de ce réfidu terreux ayec le quart de fon poids de carbonate de foude dans un creufet, j'ai obtenu un verre tranfparert & coloré en jaune verdâtre : cette couleur étoit fans doute produite par une petite quantité d'acide mérallique, combinée à la filice ;.'alors Les foupçons que j'avois fur la préfence de cette terre, fe changèrent en: certitude, Jai traité enfuite la diflolution‘de nitrate, à bafe des bouteilles, par l’eau de chaux, qui n'a produit aucun effet fenfible; mais les car- bonates de foude, de potafle & d’ammoniac y ont occafionné des pré- cipités abondans que j'ai recueillis fur le filtre. Divifant les vingt-huic livres de diffolution en trois parties iuégales, j'ai eu un gros trente- deux grains de précipité par le carbonate de foude; quarante grains par le catbonate de potafle, & onze grains par le carbonate ammoniacal; total deux gros onze grains de poudre blanche précipitée par les alkalis crayeux; plus trois gros trente-fix grains de terre filiceufe indifloluble à l'eau & par les acides, font cinq gros quarante - fept grains; refte donc quatre gros vingt-cinq grains d’acide nitrique, ajoutés aux cinq gros quarante-fept grains, forment les dix gros de matière faline à bafe: d:s bouteilles, Un gros de cette poudre blanche, précipitée par les alkalis, mis dans. une coupelle garnie de fa mouffle à un feu de huit heures, a bruni & s’eft agglutiné à-peu-près de la même manière qu'on l’a obfervé dans le verre pulyérifé & expofé à l'action d'un feu égal. Confidérant attenti- \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 vement la couleur verdâtre de la coupelle, réfléchifflant fur la caufe qui lui avoit donné lieu; j’ai reconnu qu'elle avoit été produite par l'oxide de plomb qui s'éroit vicrifié. En effet, l’enduit verdätre dont la coupelle étoit revêtue dans le point de contact, reflembloit parfaitement au vernis des groffes poreries de terre. * Ce précipité cerreux & métallique, expofé à l'air pendant quelque tems, a fait effervefcence avec les acides, & s’y eft diffous plus difci- lement & plus incomplettement qu'avant d'avoir éprouvé l’action du feu. Car ayant pris trente grains de ce mème précipité non calciné, j'en ai mis dix grains dans l’acide nitrique, une égale quantité dans l'acide muriatique , dans lefquels la diflolution a été complette, lorfque lacide fulfurique n'a pu diffoudreïiqu'une partie des dix grains reftans. La male faline qui en a réfulté, mife fur les charbons ardens, s'eft defléchée, a pris de la retraite & la forme de lames ralqueufes. Ayant filtré une feconde fois la pinte d'acide nitrique, dans. laquelle étoient plongés les débris de la mauvaife bouteille, dont j'avois déjà obtenu , depuis fix jours, les dix grains de concrétion feline ei-deflus, j'ai recueilli vingt-deux grains d’une nouvelle criftallifation confufe, dans laquelle on remarquoit quelques prifmes ou aiguilles foyeufes in- terpofées & réunies à plufieurs lames ralqueufes femblables aux précé- dentes. Ces prifmes, expofés au feu ; m'ont paru participer de la nature des nitrates calcaires & magnéfens , dont les bafes avoient été fournies par les charrées employées en qualité de fondans. Ces matières, mifes en excès, communiquent au verre leur qualité faline, Elles le rendent tendre & attaquable par les acides, tel eft celui des bouteilles en queftion.. Enfin, j'ai fait évaporer au bain de fable, dans uné capfule de verre, ce même acide nitrique ainfi filtré, lequel a laiflé une certaine quantité der réfidu falin & métallique. J'ai obfervé qu'une partie de cette fubftance fa- liverès-rapprochée, mife fur un charbon ardent, prenoit, dans le point de contaét , la couleur de l'oxide de plomb jaune ou maflicot; tandis que. la partie fupérieure, & conféquemment la moins expofée à l'action du feu, pailoit feulement à lérat d’oxide gris ou de cérufe, Celle-ci, ap- pliquée immédiatement fur le charbon , donnoit aufli un bel oxide de plomb jaune-clair. | Ce rélidu, convenablement évaporé, m’a fourni une grande quantité de criftaux octaèdres de nitrate alumineux, & deux petites végétations d’oxide de plomb jaune, formé fpontanément par l'oxygène de l'acide nitrique employé à difloudre les fragmens des bouteilles. Tous ces exides de plomb, échauffés plus fortement, pafloient à l’état de plomb. rouge où de minium, dont on fait un fi fréquent ufage dans les verreries. J'ai donc obtenu & féparé la filice, la manganèfe, les fondans terreux & métalliques, tels que le plomb, la chaux, la magnéfie & l’alumine.. Jai donc démontré, par l'analyfe, que les bouteilles de Souvigny à 438 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Moulins en Bourbonnois, font de mauvaife qualité & pechent, tant pat le défaut de proportion, que par la nature de leurs fondans terreux mis inutilement en excès pour fuppléer aux fondans faliis, dont j'ai à peine recrouvé quelques veftiges dans les différentes criftallifarions que j'ai obtenues. Elles onr donc gâté & décompofé le vin qu'on y avoit mis. On fent trop combien il eft importanc de faire choix de boflons ures & faines, & de n’employer que des vaifleaux propres à les confer- ver telles! Je ne m'étendrai donc pas fur les dangers & les inconvéniens qui peuvent réfulrer de l'ufage des bouteilles atraquables & folubles par le vin & les acides. Je rapporterai feulement l’obférvation ‘fuivante , laquelle en eft une preuve frappante. Un domeltique, fatigué & al- téré, prit un refte d’une des bouteilles en qheftion, l'avala précipitam- ment, & jufqu'à la lie, ou plutot jufqu'à la diffolurion de la bouteille même : il en fut très-incommodé & tourmenté par de violentes coliques. : DISSERTATION SARDLE THON! Par M, MILLIN DE GRANDMAISON; De LP Académie d'Orléans. LED AU AR RE SYNONIMIE. * ©'us , Homeri, Il. & Odiflea pañlim, & præfertim, Il. 1. XI, v. 4742 ©, Ariflotel. hiff. animal, 11, c.19,n.130, VI, C. 35, n.426—428 IX, G. 70 ,n. 473 - A7$e Thos, Plinii, hit, nat.[. VIII, c. 34. : Canis aureus, L. [yft. nat. ed, XII, 1, p. 57,1: 7. Le fchacal , M. de Buñl. hif, nat. XII, p.255. —————————— ®us, Oppiani, Arriani, Æliani, Eufathii , &c, AvworævBnp , eorumdem autorume Thos, Plinii, 1. VII, c. 19. The flripped hyæna, Penn. Synopf. p. 161,n°.118, hift. des quad, p.250 , n°, 149. Tigre-loup, Sparman ,t. 1, p. 208 & 215 de latraduét. franc. in-8°. Le Thos dont il eft fi fouvent parlé dans les vers T'Homère, de Théocrite, de Virgile & des autres, Poëres, eft un des animaux fur lefquels les anciens nous ont laiffé les notions les plus imparfaites. IL m'eff pas aifé de déterminer , d’une manière bien précife, quel eft le qua- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 drupède auquel ils ont donné ce nom. Les modernes ne font pas d'accord fur ce point. Je vais examiner leurs différentes opinions, les difcuter, & tâcher de confirmer la plus probable , par de nouvelles autorités. Homère eft le premier Auteur qui ait parlé du thos. Ariftore en à donné une defcription très-peu détaillée. Aucun d'eux ne défigne cer animal par des cara@tères parfaitement marqués. Les anciens s’attachoienr plus à faire connoître les mœurs des animaux que leur conformation. Ce n'eft donc que d’après une analogie, à-peu-près exacte pour Les mœurs, que nous pouvons rapporter ce quadrupède à quelqu'un de ceux connus par les modernes, Homère peint les thos allant en troupe. Les deux Ajax volant au fecours d'Ulyffe, dont ils ont entendu les cris, le trouvent preflé par les Froyens (1), « qui marchoient réunis comme des thos montagnards,. » avides de carnage, autour d'un cerf percé par les traits d’un chaffeur, Les chos affamés de chair crue le dévorent fur la montagne, dansun lieu ténébreux ; mais le hafard amene en cet endroit un lion vigou- reux , les thos prenrenr la fuite , & le cerf devient la proie du lion », Ariftote dit (2), « le chos reflemble au loup par les parties intérieures. Il a le corps allongé vers la queue, & plus ramnaflé vers la tête. [| aime les hommes (3), ne leur fait aucun mal & ne les craint point, IL eft l'ennemi du lion , & fe nourrit des mêmes alimens », Telle eft la defcription fimple que le Philofophe nous a laiflée de Ja conformation de cet animal, & que le Poëte nous a tracée de fes mœurs. Les Auteurs qui font venus après eux ont plutôt embrouillé qu’éclairci Fhiftoire du thos , par leurs définitions vagues & peu exactes : & il faut avouer qu'en général elles s’éloignent beaucoup de ce qu'Homère & Ariftote nous en avoient appris ; mais la plupart ont été faites par des hommes qui n’avoient aucune connoiflance de l'Hiftoire-Naturelle, Ils favoient feulement que le thos avoit à-peu-près la figure du loup, & äls attribuoient fon nom à tout ce qui avoit quelque reflemblance avec cet animal : ce fonr ces faufles définitions qui ont aufli égaré quelques modernes qui ont été chercher le thos dans des genres auxquels il n’a jamais pu appartenir. Nous devons donc examiner quel eft le degré de confiance que méritent {es écrivains qui ont parlé de cet animal avant de donner quelque crédit à kur décifon. Le chos, felon Hefychius (4), eft une bète féroce (5) de petite efpèce, me ERNE Y v y zu % (x) IL XI, v. 474, &ce €) Arifl, nift. animal. 1, VI,c. 35. G)IAC IL IX ; ce 44e (4) Voce Oo. ; {5) Onpia puxpo. Le mot &f fignifie tout animal vivant de chaffe : il revient au mot fèra des Latins, ; 40. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; femblable au loup : il eft engendré d'un loup & d’une hyène. Suidas eft du même fentiment (1), Euftarhe dic dans un endroit que le thos elt femblable at loup (2), dans un autre, qu'il approche bezu-oup de la hyène (3). Oppien, & que fouvent le loup s'accouple avec la panthère » cruelle, ce qui produir la race robufte des thos, qui ont une couleur » double & mélangée , la peaa de leur mère & la têce de leur père (4) », Euftathe prétend aufñ que felon les anciens le thos reflemble à un loup, ce qui fair que pluleurs Auteurs l'ont appelé loup panthère. Il ajoute pourtant que ceux-là fe trompent qui croient que le thos & le loup- panthère fonr un même animal. Le loup-panthére, dit-il, eft frugivore & timide, tandis que le chos eft courageux , & qu'il attaque même le lion (5) Gtarien dir la même chofe (6). On lit dans le vocabulaire manufcrit de Cyrille, cité par Bochart (7), que le thos eft un loup- panthère rrès-iéuer, quoiqu'il aic les jambes courtes. Il paroît que cette deftription .eft celle de Pline qui, felon fon ufage , a copié la fienne d'Ariltôte. « Le chos, dit-il, eft une efpèce de loup qui a le corps plus > altongé & Les jambes plus courtes ; 11 faure avec agilité, vit de chaile ; » &ne fait pas de mal à l’homme (8) ». Il di ailleurs que ce fut « pen- » dant les jeux donnés au peuple par le grand Pompée qu'on vit pour la = première fois à Rome un chos, que les Gaulois appeloient rufum, >» ayant la figure d: loup & les taches de la panthère (9) ». Le Scholiafte d'Oppien (10) appelle le chos loup-ranthère. Arrien fafoit une diftinétion entre les véritables thos & ceux qu'on appeloit loups-panthères. « Ces æ animaux, dit-il, que nous nommons tigres, font des chos tacherés 8e » plus grands que les autres 'thos (x) », Voilà à-peu près tour ,ce que les anciens nous ont appris du those On voit combien il eft difficile de débrouiller parfaitement ce chaos mais je crois qu'il eft aifé d'appercevoir qué les Auteurs qui font venus après Ariftote & Homère ont chargé & défiguré leur defcription , & qu'ainfi quelque foibles que foient les éclairciflemens que nous en pouvons tirer, ceft cependant à ces deux premiers Auteurs qu'il faut recourir pour avoir l'idée la plus exacte du thos, & n’adopter des autres que ce qui y peut convenir à leur récit, & n'eft point oppolé aux loix immuables de << (1) Voce Ours. @) In. XI, v. 474, p.856, 1 ste (3) Eufle p. 922,1. 57. \ (4) Cynegeticon, 1. IT, v. 336. (5) Eu. p. 846,151, &p.922,l. 55. (6) Grat. Cyneg. v. 256. (7) Herozoicon ,t. 1 , p. 849. {8) Hift. nat. I VIII, ce 34e (9) Id. c. 19e (ro) Halienticons, 1. IT. (11) Arriani, hiff, indiça, p« 3260 { 4 ut R SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 441 la nature. Je rechercherai enfuite quels font les animaux qui par leur sefflemblance avec le loup & la panthère ont pu donner lieu à certe confufion ; mais avant de procéder à cet examen , il faut expoler Îes divers fentimens des modernes, & dire à quel animal ils ont rapporté le .thos. Aldovrande (1) & Céfar Scaliger (2) ont cru: que c'étoit Le Iynx ou loup-cervier. Bslon (3) que c'éroit le-papion. Bochart (4) ; d'après Gefner (5), dit que c'elt le fchacal, & certe opinion a-été adoptée par M. de Buffon (6). M. Belin (7), dernier éditear d'Oppien , aflure que Le thos n’eft aucun dé ces animaux, &: qu’il ignore à quelle efpèce connue il faut le rapporter (3). L'Auteur des Commentaires de Leiphc eft du même-fentiment (0). \ L'opinion d’Aldovrande que le thos eft le loup-cervier a été adoptée par plufieurs Auteurs; elle eft pourtant la plus infoutenable, puifque de loup-cervier elt du genre des animaux armés de griffes, du chat (10), & que le fchacal eft du genre du chien, Il ne faut d'ailleurs chercher le thos que parmi les-animaux foibles timides & du-fecond ordre (11). L'opinion de Scaliger, de Belon & de. Bochaït, qui font du thos le papion , n'eft pas plus recevable, Le papion eft un finge (12), & tous les anciens s'accordent à nous montrer le loup comme le point de rallie- ment pour trouver le chos. La forme de la tête de ce finge qui approche de celle d’un chien, a trompé ces Auteurs (13). À Bochart qui croit que Le thos eft le papion, dit que c'eft auf le f c sf : EE G) Hifi, quadrup. digit, p. or. (2) Comment, Cæf. Scalig. in Arilt, hiftoriam de animalibus, p. 273. (3) Obfervat. IL. IT, c. VIII. (a) Hüerozoicon ; 1. IL, c. XII. Il affure auffi-que letes, le zxux2£ , le mobs & le Auxor#104p des anciens , Le papion , ou Le babouin des modernes, font le même animal, (s) Hit. quadrup. p! 767. (6) Hift, du fchacal, te XIII, p. 268. (7) Oppiani Cenegyticon. Nota in v. 338, 1, II. > (8) M: Pennant penfe que le thos des Grecs eft l’animal décrit par Oppien,LIII, v. 297, fous le nom de Ayx: £z% , loup jaune | Penn. Synopfs of quadruped, 1 2,p. 246. 1 (9)° Commientario de rebus in fcientia naturali gellis, 1786, (10) Felisiynx , L. Syit. nat. ed. XIL, t. L,p.6r, (1x) Cet probablement la comparailon duicerf attaqüé-par des thos dans l'Illiade, & imite par d’autres Poëtes, qui a fait rapportenletthos au-loup-cervier, qua rupède d’un autre genre’, ainfi nommé en effit, parce. qu'il attaque les. cerfs. (52) Simia fphinx, L. Sy. nat. XUL,p. 35. Papiofpinx Erxlebeni mammalia,p. 15, (13)-Les queftions propofes {ur le thos aux voyageurs Danois en, Arabie par M. Michaelis, font d’ün très-favant orientalifte, mais prouvent d:s connoiffances b'en peu approfondies en Hifloire-Naturelle; elles fe bornent à tâcher d'apprendre f les thos ne font pas les renards de Salomon, & en quoi le thos differe effentiellement de l’hyène, Tome XXXI, Pare, Il, 17987. DECEMBRE, Kkk , 4432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fchacal (1), & il a été fuivi par M, de Buffon , qui n’a rapporté que les preuves alléguées par Bochart, Les Mémoires qu'il avoit alors fur le fchacal étoient peu exacts & peu confidérables. M. Gmelin dans fes voyages a été plus à portée de bien l’obferver (2), & M. Güldenftaedt a publié dans les Mémoires de l’Académie Impériale de Péterfbourg , une diflertation très-intéreffanté fur ce quadrupède (3). Cette excellente differtation qui fait parfaitement connoître les mœurs & la conformation du fchacal , n'a fait faire de nouvelles réflexions , d'après lefquelles je penfe que c’eit véritablement le thos des anciens. I. L’Afe mineure eft la patrie du fchacal (4). Il devoit donc être très commun dans les pays dont Homère avoit connoiffance , & ce Poëre & Ariftote devoient en avoir des notions exactes. On trouve encore une grande quantité de ces animaux dans la Turquie (5). Ils font très- mulripliés aux environs de Conftantinople (6). II. Ariftote dit que le rhos aime les hommes , qu'il ne leur fait aucun mal, & ne les crainc point (7). Manuel Phile (8), Pline (9) , Solin (10). (x) Canis aureus , L, Syff. nat. t. 1, pe 604 (2) Voyages, t. III: p. 80, (3) Novi Cominentarii Acad. Scient. Imper. Petropol. t, 10, p..A40, atn. 177$+ Cette differtation a été traduite en françois dans le Journal de Phyfique , novembre: 1786 ,p- 353, par M. Van-Berchem qui y a joint d'excellentes obfervations ; c’eft de fa traduétion que j'ai fait ufage. (4) Zimermann fpecim. Zool. geogr. p. 363e (s) Nicbu n°. Voyage d’Arab. p. 166. (6)-L'Afrique nourrit auffi des fchacals. M, Desfontaines en a rapporté un d'Alger ; il eft à la Ménagerie du Roi. Hérodote compte les thos parmi les animaux: de la Lybie , 1 IV, c. 192. Theocrite, Idyll. 1, v. 70; fait pleurer aux thos la: mort de Daphnis. Il fe pourroit à la rigueur que des thos euffent paflé d'Afrique en Sicile; mais je penfe plutôt que ces Auteurs plus grands Poëtes que Naturaliftes ,. ont fait entrer ces ahimaux dans leur compoftion , parce qu’ils ayoient emprunté: eur nom d’autres Paëtes. C’eft ainfi qu'ils leur ont uni pour compagnons. de leurs Yarmes les Hions d'Afrique : Tuer par êwes, T'uvov Auxoi GPUT&ITE s To 20x dpupiolo Afuy dé Aaure Éarires. Le Scholiafte veut corriger dv exxavse, Les lionsauroient pu pleurerla mort de Daphnis,. s'ils avoient exiflé en Sicile. H. Etienne paroït avoir adopté cette leçon; mais quoi qu’en dife le Scholiafte, il faut lire diékAaure d’un feul mot, puifqu'épuresre n’eft pas fufceptible d’une pareille excufe , & que le thos ne foit pas plus commun en Sicile que les lions. C’eft pour enrichir leur defcription que Théocrite, & Virgile après lui, ont nommé ces dérniers animaux. Voici le vers de Virgile calqué fur le: fecond de Théocrite , auquel il doit tant d’autres verse Daphni suunt pænos etiam ingémuiffe leones Inrerium..…... Virg. Eglog, v, 27» (7) Hiff. animal, L IX, © 44e (8) Phil c. 44. (o) Plin, I. VIIT, c. 34 (19) Solin. Polyhift. PES PEN | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 443 2 confirment ce récit. Ælien (1) ajoute que fi le thos rencontre un homme, il le relpeéte & le défend même contre tout autre animal qui voudroit l'atraquer. M. Güldenftaedt n'a pas obfervé que le fchacal poufla fi loin l'attachement pour l’homme, Mais il dit: « Le fchacal s'approche des >» voyageurs, foit pendant le jour, foit pendant la nuit fous des tentes, >» Il les accompagne même affez long-tems; c'eft ce que je puis aflurer » par mon propre témoignage & par celui de tous les voyageurs (2) », IL ajoute ailleurs (3) : « Le fchacal s'apprivoife aifément, il devient caref- » fant, & voit les hommes avec plaifir, Il reconnoît parfaitement fon » maître, & eft attentif au nom qu'on lui a donné. Il faute fur une » table quand on l'y invite » (4). Peut-être Ælien parle-t-il du thos apprivoifé , quand il dic qu'il défend les hommes. Cette manière de s'exprimer , f£ par hafard il en rencontre un (5), pourroit faire conjecturer qu'il eft queftion d'un thos fauvage ; mais n'eft-il pas pofible qu'Ælien ait parlé d’un thos apprivoifé & perdu, qui fuir les hommes & les défend, parce que comme le chien il a contracté avec eux une forte de liaifon & d'amitié, Quoi qu'on doive penfer de ces récits, ils ne prouvent pas moins un rapport très-grand entre le thos & le fchacal. TIT. Selon Ariftote le rhos ef plus petir que le loup (6). Pline dit de même , &*d'après lui, qu'il eft plus allongé, mais moins haut que le loup (7). Hefychius nomme les thos des petites bêtes féroces (8). Pollux en parlant des bêtes féroces de la petite efpèce, compte le renard , le thos & le loup (9). M. Giüldenftaedr die que Le fchacal « eft d’ure grandeur » moyenne entreles plus grandes & les plus petites variétés du chien (10) ». (1) ÆL. de nat. animal. 1.1, c. 7. (z) Mem. cité, pe 363 (3) Mem. cité, p. 364. (a) M. le Camus dit que dans l’hifloire du fchacal de M. de Buffon il voit claire. mnt démentie cette amitié du thos pour l’homme, fi vantée par Phile, Ælien , &c. Trad. de l’hiff, des animaux d’Ariflote , t. 2 ,p. 304. Le Mémoire de M. Guldenftaedt & ce que MM. Pennant , Pallas, Gmelin ont écrit du fchacal, confirment pourtant cette particularité de l’hifloire du thos. (5) Dre pr mepruyh dirpure , Æl. de animal, I. I, c. 7. (6) Hift. animal. 1, VI, c. 35. (CAR PAL EN RETE (8) Epic wxpa, Helychius. Voce b@e. Ludolphe Kufter dans fa note fur Je mot &oes de Suidas confeille de lire 6wpii were, des bêtes féroce mélangées, à caufe de la double origine que ies anciens attribuoïent au thos. Je ne penfe pas qu'il faille rien changer à ce pañlage d'Hefchius. Les thos ne font pas aufli grands ni aufli vigoureux que les éléphans, les lions, &c. que les anciens appeloient mu; voilà pourquoi il le nomme Bypii mxpa des petites bêtes féroces, (9) Mémoire cité, p. 365. . j- (xo) Bochart prétend que Pollux nomme le thos entre ces animaux, parce qu il tient par fa taille le milieu entr'eux. Rien n'indique pourtant que cette polition du mot thos ne foit purement l'effet du hafard. Tome XXXI, Par. I1,1787. DECEMBRE, Kkk 2 * 4x4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Ec les plus grands chiens font tout au plus de la taille da loup. Il y æ donc une conformité de taille très-marquée entre Le thos & le fchacal, IV. Homère (1) & Oppien (2) nous montrent Îles thos marchant en troupe. M. Gmelin dit que les fchacals ne paroiflent janvais qu'en com- pagnie de quelqu'un de leurs camarades (3). V. Homère repréfente les thos entourant & dévorant le cadavre d’un cerf percé par les traits d’un chafleur (4). M. Güldenftaedt nous apprend que le fchacal fe repaît des cadavres des animaux , même de ceux des hommes (5). c VI. Homère appelle les thos mangeurs de chair crue (6) & avides de carnage(7); mais cette expreflion ne fignifie point qu'il attaque les bommes , avec qui Homère ne le met jamais aux prifes, comme il fait le lion, Le loup, &c. Elle indique que le thos chafle les animaux moins forts que lui. M. Güldenftaedr (8) dir que le fchacal eft un animal carz naflier, qu'il tue & mange les petits animaux frugivores. VII, Homère place le thos dans les montagnes (9), M. Güldenf- taedr dit que linftin& du fchacal le porte à fe tenir dans les endroits montagneux plutôt que dans ceux qui font bas & champêtres (10). VII: Horhère peinc les thos dévorant un cerf dans un bois om- bragé (13). M. Gmelin dit que le fchacal fe tient le jour dans les bois (12). ® IX. Homère définit par le même mor (13) le cri du thos & celui du chien, ce qui prouve qu'il a remarqué de l'analogie dans leur manière: de fe faire entendre. F1 eft vrai que M. Güldenftaedt n’a pas obfervé cette analogie, mais il penfe que l'aboiement du chien eft un effet de fa domefticité. [l prouve que les chiens de la zone torride & de la zone boréale n’aboient point, mais qu'ils hurlent feulement quand la faim les tourmente. L'aboiement qu'Homère, & Pollux d’après lui, actri- (r) IL L:XI, v. 474. (2) Halieuticon, 1. II, Oppien dit les thos raffemblés autour d’un grand cerf; c’eik ainfi que le Scholiafle explique le mot dypontvé, (3) Hit. des découvertes ,t. 2 , Pe 242e (4) IL I XI, ve 475. (s) Mém., cité, p. 365. M (6) Guopayt, Il 1. XI, v. 477% (7) Aageri, Il. XI, v. 474: ” (8) Mém. cité, p. 365. (9) —— d7ei re d'agonnt Res pes qui Ssls XI, Ve 47 {10) Mém, cité, p. 363. (r1) êy véueï THIPO — Il. 1. XI » V. 480. ér2) Hiù, des découvertes, te2, ps 242% {x 3) LA axTé Li SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44$ buent au thos, ne doit pas le faire regarder comme différent du fchacal ( 1). M. Pallas a vu à Eondres un fchacal apprivoifé, dont les cris reflembloient à l’aboiement du chien (2). M. Van-Berchem a re- marqué que le chien hurle comme le fchacal dans le tems du rut (3 } M. Gmelin dit que les cris que le fchacal pouffe pendant la nuit, font fi hornibles & fi infupportables, qu’ils reflemblent à d'affreux hurlemens, qu'ils entrecoupent par des aboiemens pareils à ceux du chien (4). Ce rapport dans la voix eft donc encore une conformité de plus entre ces animaux (5), (6). : X. Homère & Ariftote difent que le thos eft en guerre avec le lion: Mais il eft beaucoup plus foible, puifque nous avons vu une troupe de thos fuyant devant un feul lion, & lui abandonnant fa proie. L’expref- fion dont fe fert Homère prouve que le lion pourfuit le thos, mais non pas que celui-ci puifle lui réfifter (7). Quintus de Smyrne a imité plufieurs fois cette comparaifon dans fa petite [liade; mais il décrit aufli (1) Les anciens avoient ob(ervé de l’analogie entre le thos & le chien, puifqu’ils défignoient leurs cris par le même terme. MM. Pallas & Güldenttaedt regardent le fchacal comme lorigine des chiens. Ils croient que le fchacal ef fe chien" fauvage ; & Fopinion de ces grands Naturaliftes paroït bien probable. On trouve les conformités les: plus grandes entre le chien & le fchacal apprivoifC ; maïs je n’entrerai pas dans ces détails, n’ayant pour but dans cette differtation que de prouver par le plus d’autorités poffibles, que le fchacal des modernes eft véritablement le thos des anciens. (2) Iofe quoque ejulatus ejus, cum latratu canum ejulabundo magnam habeg analogiam. Spic. Zool. fafc. XI, p. 4 , note. Il dit ailleurs : Vocem defiderii caninx fimillimam habet. 2 (3) Obfrvation fur le Mém. cité de M. Güldenftaed , p. 3654 (4) Hiftôïre des découvertes, t. 2, p. 2424 (5) Le cri du thos fe rend quelquefois éñ grec par fuvrzei que Suidas explique par‘ Shaxréti , aboyer. Bochart en tire l’étymologie de thos , &wc, N’eft-il pas plus probable que le verbe fuuzew vient du fubflancif 6os , & qu’il figniñie crier comme un thos ; quelques Auteurs dérivent le motthos de &w, je cours, à caufe de lagilité de ce uadrupède; mais je crois qu’il en faut chercher l’étymologie dans les langues de V’Afe. Peut-être les anciens avoient-ils obfervé cette double manière de crier du thos rémarquée par Gmelin ; qu’ils appeloient la première éevrcai, parce qu’elle étoit particulière au thos, & la feconde fAaxrew, parce qu’elle avoit du rapport avec Tabboyement du chier. L’obfervation des modernes fur le rapport de la voix du fchacal & du chien , fe trouve toujours confirmée par l'habitude des anciens d'expri- mer les cris du thos & du chien par le même mot. fs (6) M. Jean Hunter regarde le loup, le fchacal & le chier comme de fa même efpèce. IL dit qu’ils s’accouplent & engendrent’, & que leur progéniture peut fe multi plier. Nous favons déjà que le chien & le loup s'accouplent & engendrent des métis qui multiplient leurs races. Nore de M. de la Mecherie. (7) Samuel Bochart prouve très-bien par plufieurs exemples que se\cuén s’employe pour défigner la guerre que des animaux plus vigoureux font à des animaux plus foibles, 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un fanglier écartant un thos de fes petits, ce qui indique que le thot eft inférieur en force, & cela doit être du fchacal (1 ). Tels font les rapprochemens qui m'ont engagé à regarder avec Bo- chart & M. de Buffon, le thos des anciens comme le {chacal des mo- dernes; mais il faut examiner les objections qu'on peut oppofer à cette opinion. On ne peut difconvenir, & je l'ai déjà dit , que plufeurs Auteurs ont rapporté du thos des chofes tout-à-fait différentes de ce qu'Homère & Ariftore nous en’ avoient appris. Mais la plupart de ces Auteurs ont mêlé à leurs récits des détails fi évidemment fabuleux, qu’ils ne méritent aucun crédit fur 1e refte, La plupart d'entreux difent que le thos ef tacheté; c’eft ce qui a engagé M. Belin (2 ) à avancer que ce ne peut être le fchacal, qui, comme il le dit en effet, n’eft pas racheté;,mais ces Auteurs prétendent qu'il left, parce qu'il eft né d'un loup & d’une panthère : or, on fait combien l’accouplement d'animaux de genres fi oppofés répugne à la marche de la nature ; ce qu’ils nous apprennent des taches du thos ne mérite donc pas plus de confiance que ce qu'ils racontent de fon ori- gine; n'eft-il pas très-probable qu'ils ont donné le nom de thos à des animaux qu'ils avoient mal obfervés, qui avoient en effet des taches fur le corps, & dont la reffemblance avec le loup, reflemblance qu'Ho- mère, Ariftore & tous les Auteurs s'accordent à donner comme le ca- ractère diftin@if du thos, a occafonné leur erreur. Si ces taches étoient naturelles à l'animal décrit par Homère, ce grand Poète n’auroit pas manqué de les indiquer dans la defcription qu'il fait de cet animal, & de les caractérifer par quelqu'épichète particulière. Ariftote en auroit fürement parlé. Les Auteurs qui font mention de ces taches , ont donc confondu le thos avec des efpèces congénères, & cela n’a rien d'étonnant, L’adive (3), le corfac (4), ont beaucoup d’analogie avec le fchacal. Ces animaux ne font pas encore bien connus : fi quelqu'un les a vus alors, il a pu les confondre facilement avec le thos, ainfi que routes les efpèces qui ont quelque rapport avec le chien, & par conféquent avec le loup; mais il faut trouver un animal racheté , fembiable au loup, qui ait pu être pris pour Le thos, & lui faire donner le nom de loup-panthère, Cet animal me paroît devoir être celui que M. Pennant a fait con: en 2 (1) L. IX. (3) Note in verf. 338, 1. III, Oppian, Cyneget. (3) Canis lagopus, Syff. nat. ed. XII, I,p. 59, N°,6, (4) Canis corfac , Syft, nat, ed: XII, IL, p.223e SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 noître fous le nom d'Hyène tachetée (1), ce quadrupède joint à la conformation à - peu - près femblable du chien & du loup, les taches dont parlent Oppien & les Auteurs du moyen âge M. Sparman appelle cet animal tigre-loup, & il aflure que c’eft une efpèce très-difiérente de l’hyène (2) & du fchacal (3). J'ajouterai que cette diftinétion entre les thos tachetés & ceux qui ne l'étoisnt pas a été établie par quelques Auteurs anciens, & qu’elle eft confirmée par le témoignage précis d’Arrien. « Ces animaux , dit-il, > que nous nommons tigres, font des thos tachetés & plus grands que «> les autres thos (4) ». Je penfe donc, d’après ces obfervations, qu’il faut-féparer en deux clafles les Auteurs grecs & latins qui ont parlé du thos, qu'Homére & Ariftote ne font pas entrés dans de grands détails, à la vérité fur cec animal, mais que ce qu'ils en ont dit ef clair dans l’ordre de la nature, & s'accorde très-bien avec ce que les modernes nous ont appris du fchacal; que les Auteurs poftérieurs, Arrien, Oppien & les Gram- mairiens du moyen âge, car ces Ecrivains ne méritent pas le nom de Naturaliftes , ont embrouillé les notions qu'on avoit fur le thos, onc adopté toutes les fables qu’on en débitoir, & fouillé leurs récits d’ab- furdités qui doivent les décréditer entièrement, & qu'enfin l'animal qu'ils ont pris pour ke thos eft l’hyenne tachetée de M, Pennant, le tigre-loup de M. Sparman, (1) Synopfs of quadruped,t, p. 16:, N° 118, (2) Canis hyæna, L. (3) Canis aureus, L. (4) Arriani , hift, indica, p. 329. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Sur l'irritabilité des organes fexuels d'un grand nombre de Plantes (à) ; Par M DESFONTAINES, de l'Académie des Sciences, & Profefleur de Botanique au Jardin public des Plantes de Paris, Ox appelle irritabilité la propriété que la nature a donnée à certains corps de fe mouvoir d'eux-mêmes , principalement lorfqu’on les touche. Cette force contradile qui nous offre dans les animaux des phénomènes se (1) Ce Mémoire a été préfenté à l'Académie des Sciences en 1782» = “ 448 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fi étonnans & fi variés, n’eft point, comme on le croit communément , un attribut particulier qui les diflingue. Un grand nombre de plantes donnent aufli des fignes d'irritation plus ou moins fenfbles, felon leur âge , leur vigueur, la partie qu'on touche ou qu'on irrite ; divers Auteurs en avoient déjà obfervé dans les feuilles & dans les ccorolles de plufieurs plantes. M. Duhamel a décrit avec Eeaucoup d’exaétitude les mouvemens curieux de la fenfitive connus depuis bien des fiècles. M. Bonnet dans fes recherches fur l’ufage des feuilles , a prouvé qu'elles fe mouvoient d’elles- mêmes , qu’elles préfentoient toujours leur furface à l'air libre, & qu’on ne fauroit déplacer les branches d'un arbre fans faire prendre aux feuilles de nouvelles pofitions. Livnœus a encore pouflé plus loin que M, Bonnet fes recherches fur le même fujer : ce Naturalifte célèbre a fait connoître les mouvemens journaliers des feuilles d'un nombre de plantes très= confidérable dans une differtation intitulée : Sosnnus Plantarum, & il a prouvé qu'ils étoient indépendans de l’état de l’armofphère, Le même Auteur , après avoir obfervé qu’une grande quantité de fleurs s’ouvroient aflez régulièrement à certaines heures du jour,a concu l’idée auf agréable qu'ingénieufe, d’en faire une efpèce d'horloge, qu'il a nommée horloge de Flure, Aorologium Floræ. On fait que l'extrémité des feuilles de la dionœa mufcipula, L. s'ouvrent en deux valves À-peu-près comme un piège, & qu'elles fe ferment fubitement lorfqu'on y excire une léotre irritation. Enfin, celles de Zhedifurum gyraïs, L. efpèce de fainfoin , rapportée depuis quelques annéés des bords du Gange, & dont M. Brouf- fonet a donné la defcription dans les Mémoires de l’Académie en 1784 (a), prefentent encore un phénomène plus étonnant, l'es s'élèvent & s’abaiffent alternativement dans l'efpace de quelques heures. Ces divers mouvemens des feuilles & des pétales, de même que ceux que nous allons faire connoître dans les parties fexuelles , nous paroifene tenir eflentiellement à J'organifation particulière des plantes , à leur vie propre; les loix phyfiques & mécaniques communes n’en rendront jamais mieux raifon que de l'action mufculsire des animaux, parce qu'ils dépendent ans doute de caufes inalogues, & qui nous feronic inconnues à jamais. Si les mouvemens contractiles des feuilles & des corolles ont été cbfervés & décrits avec foin , il n'en eft pas ainfi de ceux qui fe pañlent dans les organes fexuels au moment de la fécondation. On ve les avoit recennus jufqu'à ce jour que dans l'épine-vinette, herberis vulgaris, L, le caflus opuntia, L. le ciflus helianthemum (2), & quelques autres rs : (x) Il eût inféré dansice Journal , 1787 , cahier de mai. , (2) Les éramines du cif£us helianrhemum s’éloignent très fenfiblement du centre de la fleur Jorfqu’on les irrite avec la pointe d’une épingle, Souvent il füffr de les toucher légèrement pour produire cet eflet. Nous ayons obfervé des mouvemens femblables dans celles de la pluparr'des autres efpèces qui compofent ce genre moinbreuxa l à A efpèces pu à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 449 “efpèces dontil eft fait mention dansune Differtation des Amænit. Academ. intitulée: Sponfalia Plantarum. C'eft néanmoins dans les mêmes organes que lirricabilité paroît fe marifefter d’une manière plus univerfelle & même plus marquée que dans aucune autre. Nous allons établir cette vérité en expofant les cbfervations que nous avons faites fur les fexes d'un très-grand nombre de plantes. Nous traiterons d'abord des mouve- mens des éramines, puis nous ferons mention de ceux que nous avons découverts dans Les ftyles & même dans quelques ftigmates. Des mouvemens des Eramines. Les anthères de plufeurs efpèces de lys avant de s'ouvrir, font fixées le Tong des filets parallèlement au ftyle dont elles fonc éloignées d'environ cinq à fix lignes. Dès l'inftant gù les pouflières commencent à fortir des loges , ces mêmes anthères deviennent mobiles fur lextrémité des filets qui les foutiennent, elles s’approchent fenfiblement du ftigmare l’une après l’autre, & s’en éloignent prefqu'aufli sôt qu’elles ont répandu leurs pouflières fécondantes fur cet organe. Ces mouvemens s’obfervent très- bien dans le Zilum fuperbum , L, Les étamines de l'amarillis formofiffima, L. en françois lys de Saint- Jacques , celles du pancratium maricimum , L. & du pancratium ülli- ricum, L. nous préfentent un phénomène très-curieux & un peu différent de celui que nous venons de rapporter: les anthères de ces plantes avant la fécondation , font comme celles des lys fxées le long de leurs filets parallèlement au ftyle; dès que les loges commencent à s'ouvrir, elles prennent une fituation horifontale, & elles tournent quel- quefois fur l'extrémité du Alec comme fur un pivot pour préfenter au ftigmate le point par où les pouflières fécondantes commencent à s’échapper. .° < Si nous obfervons attentivement les étamines du fricillaria perfica, L. nous y découvrirons encore une irrication plus fenfible que dans celles dont nous venons de parler; les fix étamines de cette plante font écartées du flyle à la diftance de quatre à cinq lignes avant la fécon- dation , mais cetre fiuation change en peu de tems , on les voit prefqu'aufli-tôt après l'épanouiffement de la fleur , s'approcher alternati- vement du fyle, & appliquer immédiatement leurs anthères contre le figmate ; elles s’en éloignent après l’émiflion des pouflières, & vont ordinairement dans l’ordre où elles s'étoient approchées reprendre la place qu’elles occupoient auparavant. Ce phénomène fe pafle quelquefois dans l'efpace de vingr-quatre heures. On obferve encore, des mouveniens analogues dans les étamines du ruban d'eau, butomus umbellatus , L. & même dans celles de plufieursefpèces d'ails, d'ornithogales & d’afperges où ils fonc , à la vérité, très-peu apparens. Nous n'avons découvert aucune irriration dans les organes fexuels de Tome XXXI, Part, II, 1787. DECEMBRE. LU aso OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la couronne impériale frivillaria imperialis , L. & de la fritillaire’, früillaria meleagris, L. maïs ces deux plantes nous font connoître dans leur fécondation un phénomène d’un autre genre, & qui n’eft pas moins. intéreflant que ceux qui viennent d’être expofés, Leurs étamines font naturellement rapprochées du flyle, & le ftiomare les furpafle en: longveur ; il paroifloit donc inutile que la nature leur eût donné un: mouvement particulier, aufli s’eft-elle fervie d'un autre moyen pour favorifer la fécondation de ces plantes: leurs Heurs reftent pendantes. jufqu'à ce que Les pouflières foient forties des loges , afin que dans cette: ftuation, elles puiffent facilement tomber fur le fligmate & le féconder.. Ce qui ajoute un nouveau degré de force à cetre explication , €’eft qu’aufli- tôt que la fécondation eft opérée , le péduncule qui foutient la Aeur fe: redrefle , & le germe devient vertical. La même chofe a encore lieu dans. les ancolies, les campanules & plufeurs autres dont Linnæus avoit déjà. fait mention. Les plantes de la claffe des liliacées que nous venons d'indiquer ne font point les feules dont les étamines nous aient donné des fignes. d'ircitabilité: nous les avons encore obfervés dans celles de plufieurs. efpèces qui appartiennent à dés familles fort éloignées les unes des autres: par leurs rapports. Les rues vont d'abord nous en cffrir un exemple très- frappant & facile à vérifier. Toutes les plantes du genre qui porte ce: nom ont, comme l’on fait, huit à dix étamines dont les unes {ont alcernes: avec les pétales, les autres leur font oppofées, Si on les obferve avant l'émitlion des pouffières , on voit qu'elles font toutes un angle droit avec le pifil, & qu'elles fonc renfermées deux à deux dans la concavité de chaque pétale. Lérfque l'inftant favorable à la fécondation eft arrivé .. elles fe redreffent feules, deux à deux ou même trois à trois, décrivent un quart de cercle entier, approchent leurs anthères contre le figmate, & après l'avoir fécondé, elles s'en éloignent, s’abaiffent , & vont quelque- fois fe renfermer derechef dans la concavité des pétales, Nous avons pareillement remarqué dans celles du zigophillum fabago , L. des: mouvemens aflez fenfibles , elles s’allongent l’une après l’autre hors de Ja corolle pour venir préfenter leurs anthères au fommer du ftigmare, Les étamines de la fraxinelle, d'éamnus albus, L. genre qui appartient aufli À la famille des rues, nous offriront encore une obfervation curieufe & favorable à notre opinion. Avant la fécondation les filets font abaiflés vers la terre, de manière qu’ils touchent , pour ainfi dire, les pétales inférieurs. Aufi-rôt que les bourfes font prêres à s'ouvrir & que l'action iftil irrite les éramines , leurs filets fe courbent en arc vers le flyle les uns après les autres; par ce mouvement les anthères viennent fe placer immédiatement au-deffus du fligmate, & les pouflières féminales ne euvent manauer de tomber fur cet organe & de le féconder. Si Von cbferve les étamines des capucines ,sropæolum , lorfque les loges: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 4si Tont fur Le point de s'ouvrir, on appercevra facilement que l'extrémité de chaque filer. fe Aéchit auf en arc, & qu'il porte fon anthère du côté du ftyle. Ce rapprochement elt, à la vérité, beaucoup moins prompt & moins fenfible que dans la fraxinelle. Enfin, le geranium fufcum , L, le per, alpinum , L, & leger, reflexum , L. vont encore nous faire connoître un phénomène analogue à ceux que nous venons de rapporter, & qui ne doit pas être pailé fous filence : les étamines de ces plantes avant l'ouverture des anthères, fonc toutes Aéchies ; de manière que leur fommec regarde le centre de la corolle. Dès l'inftant où les loges commencent à s'ouvrir, les filets qui les foutiennent s'élèvent vers le ftyle, & éhacune d'elles vient ordinairement toucher le ftigmiate qui lui correfpond,. Celies des ancolies fe redreflent à-peu-près de la même manière peu de tems après l’épanouiflement de la fleur. A quelle ‘caufe voudroit-on attribuer.ces fortes de mouvemens, fi.ce n’eft à l’action du pifliltmême, qui excite dans chaque étamine un organe analogue en quelque forte à celui que nous connoiflons dans les parties fexuelles des animaux. En effét, fi ces mouvemens.ne dépendent pas d'une irritation, pourquoi chaque étamine ne s'approche-t-elle du fiyle qu'au moment où les anthères vone s’ouvrir? & pourquoi s'en éloigne-t-elle ordinairement aufli-tôt après qu'elle a répandu fes pouf fières fur le figmate ? Nous allons encore rapporter pluleurs faits relatifs à ceux que,nous venons, de faire connoître ; ils ferviront: à prouver de plus en plus que les mouvemens des parties fexueiles des plantes ne dépendent point d'une caufe mécanique. Prenons pour premier exemple les faxifrages : immédiatement après l'ouverture .de la corolle, les dix étamines de la plupart de cesyplantes font écartées du ftyle à la difiance de quelques ligues ; elles s’en rapprochent enfuite ordinairement deux à deux , & s'en éloignent dans le même ordre après que les pouflières font forties des loges des anthères, Les étamines de plufeurs plantes de la famille des caryophillées; & entr'autres celles des ffc/laria, de lalfine media , L. du moer“hingia mufcofa, L. nous ont auffi laïé appercevoir des rnouvemens très-diftinés vers le piftil, Celles du poly gonum tatari- cum , L. du polygonum penfilvanicum, L. & de la plupart des autres Efpèces qui compofent ce genre nombreux, ont des mouvemens prefque Meniblables à ceux des faxifrages ; ils en different feulement en ce que leurs étamines ne s’approchent ordinairement des ftyles que les unes après les autres. Nous avons parsillementiobfervé la même contraction dans celles du fivertia perennis, L. Les étamines du parnaffla peluflris, Le s'allongent très-promptement , ieurs filets fe courbent même de manière que chaque anthère vient1e placer immédiatement au-deflus des ftigmates, S& après les avoir fécondés, elles s’en éloignent & s'inclinent vers la férre. Si l'on jette les yeux fur la eur du sherardia arvenfis , L. aufli-tôt Tome XXX1, Part IT, 17987. DECEMBRE. UE as2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, après qu'elle eft épanouie , on appercevra aufli que les quatre étamines de cette plante, vont les unes après les autres verfer leurs pouflières fur le ftigmate , & que non-feulement elles s’en écarrent au bout de quelques: jours , mais qu’elles fe recourbent même & s'abaiflent en décrivant une demi-circonférence de cercle. Celles de plufieurs véroniques s’approchenc fenfiblement du centre de la corolle immédiatement au-deflus du ftyle, de manière que les pouffières tombent perpendiculairement fur le ftigmate ; ceci s’obferve très-bien dans le veronica arvenfis, L, & dans le veronica agreflis , L. Les filers des étamines des valérianes fonc droits & rappro- chés du ftyle pendant l'émifñon des pouflières , dès qu'elles font forries des: loges; ils fe recourbent en bas comme dans le sherardia arvenfis, L.. Celles du rhamnus palyurus, L, fe réféchiffent encore de la même manière après la fécondation. Obfervons maintenant les étamines des ka/mia. Chaque fleur dans ce enre en renferme dix ; elles font maintenues dan$ une fituation horizon- tale au moyen d'un nombre égal de foffecres creufées circulairement dans: Ta partie nroyenne de la corolle où le fonmer de chaque anthère eft en‘oncé, Lorfque les loges doivent s'ouvrir ; on voit les filets fe courber en arc avec effort pour que l’anthère puifle vaincre lobitacle qui la: retient & venir répandre fes pouflières fur le ftyle.. Les étamines de toutes les plantes que nous avons obfervées jufqu'ici ;. s’approchent du flyle les unes après les autres, quelquefois deux à deux o1 même trois à trois ; celles du zicotiana tabasum , L, vont fouvent toutes enfemble féconder Le piftil, de manière que fi on les: obferve: dans le rems où elles tranfmettent leurs pouflières, on les voit toucher: le ftigmare & former une couronne augour de cet organe ; elles s'en éloignent auffi-tôt après la: fécondation: celles des delphinium, des: acouflurus & du garidella nous offrent encore une particularité qui mérite: d’être remarquée. Avant la fécondation & pendant qu’elle fe fait, toutes les éramines, font fléchies & ferrées étroitement contre les flyles , elles: fe redreflent enfuite & s'éloignent du pifil à mefure qu'elles laiffenc: échapper leurs poullières. } Les deux plus courtes étamines dès ffachis ont aufi une forte de mouvement très-marqué, & qui paroît avoir du rapport avec celui que nous venons de faire connoître dans les delphinuum ; avant l'ouverture dés anthères, elles font renfermées dans la concavité d2 la lèvre fupéricure: de la corolle & pofées laréralemenr contre le flyle.. Aufli-t6r après: l'émiffion des pouflières, elles s'écartent , l’une à droite & l’autre à gauche. de manière que l'extrémité du filer déborde mène de beaucoup les: pirois latérales de la fleur. Cec écarrement dès étamines eft 6-fenfible: & fi conftanr que Linræus a établi le genre des flachis fur ce caractère qui eft abfolument nul avant la fortie des poufñlières féminales : le même: ghéncmène s’obferve auffi dans quelques efpèces de Zeonurus. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 Les mouvemens des étamines des a/urrum méritent d’être rapportés. Élles font , comme l’on fait, au nombre de douze dans chaque fleur, & le ftyle eft un cylindre couronné de fix fligmates. Lorfque la corolle efe nouvellement épanouie , les filets des étamines font pliés en deux, de manière que le fommet de chaque anthère eft pofé fur le réceptacle de Ja fleur. Dès que le tems deftiné à la fécondarion eft arrivé, ces mêmes filets fe redreffent ordinairement deux à deux, les anthères deviennent verticales & vont toucher le ftigmate qui leur correfpond. Enfin, celles des /crophularia donnent encore des fignes très-fenfibles d'irritabiliré. Foutes les Heurs de ce genre renferment quatre étamines dont les filets font roulés fur eux-mêmes dans l’intérieur de la corolle avant la fécondation : ils fe développent enfuite , fe redreflent les uns après les autres & approchent leurs anthères du ftigmate. Nous fommes d'autant plus portés à reconnoître l'irritabilité comme caufe des mouvemens qui viennent d’être indiqués , que dans quelques efpèces, telle que l'épine-vinette, l’apontia , & prefque tous les cifles , ils peuvent être accélérés à volohté en irritant les étamines avec la pointe d’une épingle. | Nous ne diffimulerons cependant pas qu’il y a des mouvemens dans les étamines de certaines plantes qui de abfolument d’une action mécanique ; tels font ceux que l’on a obfervés dans la pariéraire & dans te forskalea ; la caufe en eft parfaitement connue. Nous avons aufli découvert un mouvement très-prompt & très-fenfñble dans celles des müriers & des orties que nous ne croyons pas devoir attribuer à une irritation. Leurs filets fonc pliés en arcs & maintenus dans cette fituation au moyen des parois du calice qui les compriment latéralement. Si l'on dilate tant foit peu ces mêmes parois, ou fi l’on foulève légèrement les . étamines avec la pointe d’une épingle, elles fe reëreffent fubirement & lancent au loin un jet de poufñlière. H n’en eft pas de même des mouve- mens quenous avons Cru dépendans d'une caufe irritante; ici les étamines font dégaoées de rout obftacle , & leur contraction eft fi marquée & fi conftante qu'il eft bien difficile de ne pas y reconnoïtre un principe d'irritabilité. | | Ce principe, il eff vrai ,ne fe manifefte pas dans routes les plantes ; il en eftun grand nombre dont les étamines n'ont offert à nos recherches aucun figne d'irritation , telles font celles qui par leur pofition naturelle _avoifinent de très-près le ftyle & le fligmate, commie dansles compolées.,, dans la plupart des labiées, des perfonées , des verveines ,.des pervenches ;. des phlox , des primevères , des bortaginées, des papilionacées , &£, nous W’avons aufli obfervé que des mouvemens élaftiques dans celles des plantes diciques & monoïques, encore y font-ils aflez rares; enfin, ilexifte plufieurs plantes, même hermaphrodites , dont les éramines quoique naturellement éloignées des ftyles ne laiffent cependant appercevoir aucun mouvement ven \ , Ce : 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fenfble. Celles des cruciferes, des pivoines , des pavots,, des renoncules ; des millepertuis , &c, font de ce nombre (1). ï Des mouvemens des organes fexuels femelles. LL Après avoir expofé les phénomènes les plus intéreflans que nous ont offerts les divers mouvemens des organes fexuels mâles, nous allons faire connoître ceux que nous avons découverts dans les ftyles & même dans: quelques figmares; ils font moins univerfels & moins apparensen général ue ceux des étamines, comme fi la Hoi qui porte prefque tous les males des animaux à rechercher les femelles s’étendoit auli jufqu'aux fexes. des plantes. ï On peut cependant établir pour principe général que fi les étamines égalent le piftil en longueur, alors elles fe meuvent vers cet organe; f au contraire elles fonc fixées au-deffous des ftyles, ceux-ci s'abaiflent plus ou moins fenfiblenient du côté des étamines: nous allons en citer quelques exemples. ; *Si lon obferve les ftyles des paffiflora auffi-tôt après que la fleur ef épanouie , on voit qu'ils font droits & rapprochés les uns des autres au centre de la corolle. Au bout de quelques heures , ils s’écartent & s’abaiffent enfemble vers les éramines , de manière que chaque fligmate touche l’anthère qui lui correfpond. Es s'en éloignent fenfiblemenr après avoir été fécondés. Ceux des wigella ont éncore un mouvement à-peu- près femblable & même plus marqué. Avant la fécondation leurs ftyles font droits comme ceux des paffiflora, & réunis en un paquet au iilieu de la Aeur, Auffi-rôt que Les anthères commencent à laiffer fortir leurs poufières, les ftyles fe Aéchiffent en arc, s'abaiffent & préfentent leur ftigmare aux étamines qui fonc fituées au-deflous d'eux ; ils fe redreffent enfuite & reprennent même la fituation verticale qu'ils avoient auparavant. Ces mouvemens font très-faciles à appercevoir. Linnœus les avoit déjà reconnus dans le rigella arvenfts cornuta, C. Bauh, Le ftyle du Lilium fuperbum , L. fe Aéchir vers les étamines , puis il s’en écarte après qu'il a été féconcé. Le même phénomène a encore lieu dans les ferophu- laires , le flyle s’'abaiffe fur la lèvre inférieure de la corolle & fe recourbe en bas peu de remis après qu'il a reçu les poufñlières féminales Les trois fligmates de la tulipe des jardins , /ipa pefneriana , L. font très-dilatés avant la fécondation, & m'ont paru fe reflerrer fenGblement après l’émiflion des pouflières. Lifhœus avoit fait une obfervation fem- blable dans la gratiole. Gratiola, dit cet Auceur, æ//ro venereo agitata (x) Les anthères des plantes dioïques renferment des pouffières dont les globules obfervés à la loupe nous ont paru en général beaucoup plus fins que ceux des plantes hermaphrodites, Le vent les enlève avec facilité , & c’eft par ce moyen que la fécondation de ces plantes fe fait quelquefois à de grandes diftances. ” \ 1 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45y piflillum fligmate hiat nil nifi mafculinum pulverem affeélans , at Jatiata riéum claudit, Mort. Clif. 9. Les divers mouvemens des organes fexuels des plantes dont nous avons rapporté des exemples fi frappans & fi mulripliés nous paroiflent tenir à leur vie même, & on ne peut, felon nous , leur refufer ie nom d'irri- tabilité.. Cette force motrice a été généralement reconnue & avouée dans Les feuilles d’un grand nombre de plantes, pourquoi ne l'admettroit- on ps5 auf dans les organes fexuels dont les monvemens font au moins auff marqués & aufli conftans que ceux des feuilles. Les uns & les autres nous paroiflent dépendre d'une caufe commune qui eft la vie végétale ; comment concevoir même qu'une plante quelconque puifle être fécondée, fans reconnoître un principe d’irritabilité dans les organes deftinés à fa reproduction. On pourroit demarder maintenant pourquoi Îes organes fexuels ne donnent des fignes d’irritabilité que dans le tems de la fécondation, tandis que cette force eft toujours prête à fe manifelter dans les feuilles, par exemple , ou dans toute autre partie , lorfqu'il y réfide. [1 me femble qu'il eft facile de répondre à cette queftion: on fait que les parties fexuelles n'rrivent au terme de leur développement parfait qu'après l'épanouifle- ment de la fleur, & qu’elles fe fétriffenc dès que la fécondation a été opérée , tandis que les feuilles confervent leur état de perfection pendant long-tems , il n’eft donc pas étonnant que l'irritabilité foit toujours prête à s'y manifefter. Les organes fexuels des plantes ont même en cela quelque rapport avec ceux des animaux dont le développement ne fe fait qu'après celui des autres parties, & dont l'aétion s’anéantit aufli beaucoup plus promptement. . Voudroit-on expliquer mécaniquement {a contraction des parties fexuelles en admettant , par exemple, du côté d'un filet ou du ftyle des vaifleaux plus larges que ceux du côré oppolé, dans lefquels les fucs circuleroient plus rapidement au moment de la fécondation. Dans cette fuppofñition le filer de l'étamine pourroit facilement fe porter ou fe plier vers le piftil, & vice versä. Nous répondrons à cette objection, F°. que tous les vaifleaux externes & internes vus à la loupe ont un diamètre fenfiblement égal; 2°. que quand bien même ceux d’un côré auroient une ouverture plus large que les autres, on feroit toujours forcé d'admettre un mouvement d'irritation pour expliquer l’impulfon fubite des Auides dans les mêmes vaifleaux. Tel eft le réfultat des obfervations que nous avons faites fur les fexes d'un nombre de plantes fort confidérable. Nous avons rapporté avec exactitude les faits fimples tels qu'ils fe font préfentés à nosrecherchess #s nous ont paru d'autant plus irtéreffans, qu'ils fervent encore à con- firmer la fécondation des plantes, & qu'ils établiffent de nouveaux rapports entre elles & les animaux : nous penfons que ces obfervations méritenc 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'être füivies, & qu'elles peuvent offrir un champ vale à la fagacité des Naturaliftes. SU EDR AAC EN TURCE D ETNP CB EN 7 AMEN LELRCAUN RTL TENS ANS À V RDS LES RER ON. Membre de plufieurs Académies : CONTENANT DIFFÉRENTES OBSERVATIONS SUR LA MARINES Des moyens de fixer autant qu'il eff poffible les vaiffeaux en pleine mer, ou au moins de retarder les mouvemense défavorables que leur impriment les vents & les flors. Ds les mers qui ne font pas trop profondes, ilieft facile de fixer le vaifleau, & pour y parvenir, il fufic de jeter l’ancre; il n’en eft pas de même dans celles où on ne trouve point de fond. Cependant il feroit, utile, dans nombre d’occafions, d’avoir encore le même avantage, comme dans une tempête ou dans un gros tems; mais on n’a pas d’autre moyen , en pareilles circonftances, que de mettre à la cap, & alors on fait toujours plus ou moins de chemin , au moins deux milles par heure. Ainf, dans une tempête qui dure cinquante heures, ce qui n'eft pas rare, un vaifleau peut être pouflé à plus de cent milles de fa route; & fi par malheur il fe trouve par-là porté fur une côte plate, il peut périr. 4 Pour prévenir cette manière d'être chaflé par le vent, dans des mers profondes , on a befoin d’une ancre qui ait les propriétés fuivantes : Il faut 1°. qu'elle fafle venir le vaifleau au vent, fituation dans Îa- quelle il a le. moins de prife pour le chaffer, Or, pour cela, fa furface doit être aflez grande pour qu'’étant dans l'eau, & réfftant directement à l'extrémité d’un cordage, elle produife cer effet. 2°. Qu'elle occafionne une réfftance aflez grande pour empêcher le vaifleau de faire beaucoup de chemin. 3°. Que cette ancre puiflé, par fa pefanteur & par fa forme, s'en- foncer tellement, qu'elle fe trouve au-deffous du fond de la lame, fans cependant defcendre beaucoup plus bas. € Ye - » L æ, F ’ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 4°. Qu'on puiñfe La jetter facilement à la mer, & lui faire prendre la fituation néceffaire pour produire fon effer, 5°. Qu'on puiffe la retirer aifément, & la remettre fans peine dans le vaifleau. 6°. Enfin, qu'elle n'y prenne pas trop de place & n’y caufe pas d’embarras. Jai connu autrefois un vieux Marin, homme intelligent & entendu, qui propofoir, pour une ancre flottante de cette efpèce, la machine fuivante : : Une efpèce de petit mât carré, de vingt-cinq pieds de long & de quatre pouces d'équarriflage , devoit porter quatre planches, toutes d'un pied de large, mais ayant chacune refpectivement dix-huit, feize, quatorze & douzé pieds de long. Ces planches devoient être percées au centre, d’un trou de quatre pouces en quarré, & renfoncées autour de ce trous afin qu’elles puiflent glifler, felon l'occañon, facilement fur le mâty & cependant qu'elles y reftaflent toujours dans une firuarion perpendiculaire. Elles devoient encore être placées fur ce mâc de ma- nière qu’elles fe trouvailent à une certaine diftance les unes des autres. Or on voit, par cette defcriprion, que cette machine reffembloir à- peu-près à l’ancien inftrument de navigation appelé Le marteau (de fa forme ) ou l'arbaeftrille. EH penloit qu'êf jetant cette ancre flottante à la mer, elle fufroit pour retenir le vaiffeau, l’amener au vent & l'empêcher de dériver; enfin qu’on pourroit facilement la retirer en féparant les planches, ( Voyez la fig. 15, planche troifième. ) Je croirois volontiers, comme l'Auteur, que cette ancre pourroit remplir jufqu'à un certain point fon objet. Mais on ne peut fe diflimuler que pofant fur la furface de la mer, elle feroic immanquablement chaffée fous le vent par chaque lame, & par-là faci- lieroit d'autant la dérivée du vaiffeau. J'ai imaginé deux machines pour le même objet, moins fimples à la , vérité que la précédente; mais cependant qui me paroiflent plus propres à produire l’effer demandé, Je vais râcher de les décrire ici, afin de les foumettre à votre jugement, & que vous puiiiez décider en général fi elles peuvent être utiles, & dans ce cas, quelle eft celle des deux qui mérite la préférence. La première doit être faire exaétement comme les cerfs:volans de papier, & employée dans l'eau, d'après les mêmes-principes que ces cerfs-volans le fonc dans l'air. On lui donnera des dimenfons correl- pondantes à la grandeur des différens vaifléaux ; pour en faire une, par exemple, qui aig quinze pieds dé haur, prenez une efparre ou une perche de certe longueur, (Voyez AB, fe. 16) pour la partie du milieu, $ une autre CD, de la moitié de la longueur pour en faire la partie tranfverfale. On les réunira par un verrou en E ; tellement qu'elles Tome XXXI, Part. II, 1787. DECEMBRE, Mmm 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, puiffent cependant tourner fur ce verrou, de façon à pouvoir tantôt faire la croix, & tantôt coincider l’une avec l’autre felon l’occafon. On prendra enfüite pour la voile un fort canevas ayant la forme re- préfentée dans la fg. 173 & pour la faire fans qu'il y ait aucune faufle coupe dans la toile, on couilra enfemble des morceaux d'une longueur convenable, & qui aient la moitié de la largeur requife, comme la fr. 18, en coupera alors le tout felon les lignes diagonales a, b, e, on rerour- nera le morceau de manière que fa partie large fe trouve précifément à l'oppofite de celle du morceau G, & de même le morceau H, de façon qu'il fe trouve vis-à-vis le morceau [, &c en les coufant enfemble, ils re-- préfenteronc la f2. 17; cette voile, ainfi formée, doit être étendue fur la croix, fe 16. Le haut & la poitite d'en bas étant bien aflujettis aux extrémités de la longue perche, on arrêtera les deux pointes cranfver- fales Ze, aux deux bouts de deux cordes, qui venant de l'angle de la boucle (qui doit être femblable à celle d'un cerf-volant) pañlent au travers de deux anneäux fitués aux deux extrémités de la barre o@ perche de traverfe , de manière qu'en tirant fur la boucle, la voile fe creuvera entièrement tendue. Toute Ja machine doit être arrangée & difpofée quand elle eft à. la mer; comme dans la #9. 19 ( on y voit une corde qui part de la pointe: de la partie large de la machine & à laquelle eit attaché un fac plein de left pour la faire defcendre en bas lorfqu'elle eft darfil'eau., & à l’autre: extrémité, une autre corde avec une efpèce de petit baril vuide pour le faire Rotter fur la furface. Cette corde doit être aflez longue pour que le cerf-volant puifle defcendre dans l'eau à la profondeur néceflaire. Il faut qu'il foit recenu par un cordage ou une hauflière , pour le retirer facilement de la mer. On peut attacher une petite corde courante, fufffamment longue, au baril d’en haut : en tirant fur cette corde, on amènera le e:rf-volant avec peu de force, fa réfiflance ne pouvant être confidérable,. éxant tiré par une de fes extrémités. Il paroît probable qu'un pareil cerf-volant, placé à l'extrémité d’une longue hauflière , retiendroit un vaiffeau dans la ligne du vent, & en séfiftant à chaque effort, empêcheroit qu'il ne dérivêt aufli vite que s'il préfentoit le côté, & qu'il n’y eût rien pour arrêter fa marche. Or, fi on parvient, par ce moyen, à l'empêcher de dériver feulement de moitié, en forte qu'il ne parcoure, dans une tempête, que cinquante: milles au lieu de cent, ce fera un aflez grand avantage, 1°. en ne déri- vant que la moitié moins; 2°, en empêchanr le vaiffeau d’aller fe perdre à la côte fous Le vent. Si, par hafard une fimple toile ne paroïfloic pas ailez forte pour fourenir les efforts du vaiflsau fans, fe déchirer, on pourroit la doubler, ou la fortifier au moyen d'un filet établi par der- sière, comme on le voit dans la fg. 20. L'autre machine deftinée pour le même objet, doit être faite de ma- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 nière qu'elle approche plus de la forme d’un parafol, comme on le voic repréfenté dans la #7. 21. La tige de ce parafol doit être une efparre ou perche quarrée d'une longueur convenable, avec quatre bras mobiles, dont deux font repréfentés en cc, dans la fg. 22. Ces bras doivent être fixés dans quatre joints comme en D D : un fur chacune des faces de la tringle, mais de manière que les quatre bras puiffenc s'ouvrir en tournant fur une goupille, dans le point de leur réunion, Lorfqu'ils font ouverts , ils forment une croix fur laquelle on étend une voile quarrée dont les coins font amarrés ou attachés à chaque extrémité de ces bras, Ces extrémités doivent aulli être aférmies par des cordes attachées à la perche du milieu, en forte qu'elle les empéchera de s'ouvrir au-delà de l'angle droit; on attache en outre, à l’un de fes bras, le petic fac chargé de left, & à l'extrémité du bras oppofk, le petit baril vuide, Cet appareil étant jeté à la mé, F'ouvrira immédiatement, & il remplira fon objet, La tempête étant finie, on rirera une petite corde attaché: à fon autre extrémité, qui, par fon action, le tournera, le pliera, & fervira à l'amener aifément à bord du vaifleau: Certe machine, dont l'effet me femble aufi afluré que celui de la première (1), meMparoît plus fimple dans fon opé- ration & plus facile à manœuvrer. LA . Des moyens de reconnoître les courans en mer, & d'une caufè qui Jerrble influer. fur la marche des vaifleaux. La marche du vaifleau eft quelquefois retardée & quelquefois accélérée par des courans qui fe trouvent dans la mer, & que fouvear on n’apper- çoit pas. En 1769 & 1770, le bureau des douanes de Bofton envoya un Mémoire aux Lords de la Tréforerie, dans lequel il fe plaignoit que les paquebors qui alloient de Falmouth à New. - Yorck, écoient, en ce, quinze jours de plus dans leur traverfée que les bâtimens mar- chands qui alloient de Londres à Rhode-Ifland; ils propofoient en même- tems qu’à l'avenir ces paquebots fe rendiffent à Rhode-lfland au lieu de New-Yorck. J'avois alors la dire‘tion de la pofte en Amérique, je fus en conféquence confulré fur ce fujet; & commeil me parut extraordi- naire qu'il y eût une telle différence entre les temps employés pour fe rendre dans ces deux villes, qui font à peine à une journée de diftance l'unétde l'autre, je ne pus ri'émpècher de croire qu’il y avoit là-dedans quelque mal-entendu ou quelque faux expofé, En effet, j'avois d'autant (x) M. Truxton, Capitaine du vaifleau à bord duquel j’étois lorfque jécrivie cette lettre, a fait exécuter la machine que je propofe ici; mais il a compofé fon parafol de fix bras au lieu des quatre que j'ai indiqués ; il les fait rouler fur des gonds de fer attachés à la perche de la machine, & il a doublé la toile pour lui donner plus de force. Etant parti pour faire un voyage en Chine, il l’1 empo: é avec lui, 1786, Tome XXXT, Pare. IT, 1787. DECEMBRE, Mmm 2 46o OBSERVATIONS SÜRLA PHYSIQUE, plus de peine à admettre cette différence, que les bâtimens marchands font en général plus chargés, & ont un équipage moins nombreux que les. paquebots; j'avois encore une autre raifon de douter, c’eft que les pre- miers avoient toute la Tamife à defcendre & une partie de la Marche à traverfer avant de quitter la côte d'Angleterre, tandis que les paque- bots partoient direement de Falmouth. Par hafard un Capitaine Mar- chand, de Nantucket, que je connoiflois , étoit alors à Londres; je lui. communiquai ce que j'avois appris à ce fujet : il me répondit qu'il croyoit fort que le fait exiftoit, mais que cela renoit à ce que les Ca- pitaines de Rhode-Ifland connoïfloient le Gulrhe Strean ou Le courant du canal.de Bahama, & que ceux des paquebots ne le connoifloient pas. Nous ne le connoiffons que trop bien, continua-t-il; car dans la pourfuire des baleines , qui fe tiennent dans les environs, mais qui n’y entrent pas, nous en parcourons fouvent les bords, & quelquefois même nous les traver(ons pour charger de côte. Plus d’une fois, en le traverfant, nous avons rencontré de ces paquebots anglois au milieu, qui faifcient rous leurs efforts pour le furmonter; nous leur apprenions qu'ils alloienc “contre un courant qui les entraîggit avec une vitefle de trois milles par. » ATRe ; . = ce heure, & nous leur confeillions de le traverfer & d'en fortir ; mais ils en 3 favoient trop pour être confeillés par de fimples pêcheurs Américains : il ajouta que, lorfque les vents n'étoient que légers , le courant faifois ques q 8 plus reculer les vaiffeaux, que ces vents ne les faifoient avancer, & que dans ils étoient d’une certaine force, ils perdoient au moins foixante- ix milles par jour fur leur route, objet qui eft de quelqu'importance, Je lui obfervai qu'il étoit fâcheux qu'on n'eüt pas indiqué ce courant {ur les cartes marines, fur quoi je le priai de me le marquer fur une carte RAUIORAT P q qui étoit là, ce qu'il fit fur-le-champ, en ajoutanr des confeils fur ce qu'il y avoit à faire pour l’éviter , quand on alloit d'Europe dans = a rique feprentrionale ; je Le fis graver par ordre du Bureau général des Poftes , fur les anciernes cartes de l'Océan Atlantique, chez Mountain & Page, fur la butte de la Four (Tower-Hil), à Londres. On envoya des copies à Falmouth; mais les Capiraines des paquebots n’en tinrent aucun compte. Depuis elle à été gravée en France, & c'eft d'après cette gravure que j'en donne une copie. Ce courant eft produit vraifemblablement par l'immenfe quantité d’eau que les vents alifés portent fur la côte orientale de l’Améfique fituée entre les tropiques. On fait que dans un grand étang de dix milles de long, & où l’eau n’avoit que trois pieds de profondeur , les eaux furent tellement refoulées par un vent violent, que l’eau s'y trouva fourenue dans une partie à fix pieds de hauteur, tandis que dans l’autre, ä l’oppofite, ou qui étoit au vent, l’eau étoit tellement retirée, qu'elle étoit à fec. Or, ceci peut nous donner une idée de la grande quantité d’eau refoulée fur la côte de l'Amérique & de la caufe qui la fait fe porter # f LE de Ed : : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 46x enfuite parun courant violent au travers des iles vers le golfe du Mexique, & nous apprendre en mêmé-tems, comment par cette mêine caule, le cou- rant fortant de ce golfe enfile celuide la Floride, & continue le long des côtes jufqu'au banc de Terre-Neuve, d’où il tourne & fe dirige enfuite au travers des îles de l'oueft. Ayant depuis traverfé plufieurs fois ce courant , en allant d'Amérique en Europe, j'ai été fort attentif à toutes les diverfes circonftances qui pouvoient y avoir rapport, & au moyen defquelles je pouvois reconnoître fi nous étions dans ce courant oufi nous en étions fortis. Car, indépendamment des herbes du golfe du Mexique, qui y font répandues de toutes parts, je trouvai que l'eau en éroit tou- jours plus chaude que celle de la mer qui le borde des deux côtés, & que cette eau n'érinceloit jamais dans la nuit comme celle des autres mers. Je joins ici les obfervations qui ont été faites dans ce courant , avec le thermomètre, dans deux voyages, & j'en ajouterai peut - être d’autres faites dans un troifième. On verra par ces obfervations, qu’un thermo- mètre peut être un inftrument très-utile aux marins, puifque l’on trou vera très-probablement que l’eau des courans venant du nord & entrant dans les mers du midi, eft plus froide que celle de ces mers. Comme nous voyons. que l'eau des courans qui viennent du midi eft plus chaude que celle des mers du nord qu'ils traverfent ; on ne doit pas être étonné que venant des tropiques, & fortant du golfe pour entrer dans les mers du nord ,"une mafle d’eau chaude d’une fi grande profondeur & d’une ff grande largeur, ayant plufieurs lieues , on ne doit pas être étonné, dis-je, qu'elle conferve fa chaleur pendant plus de vingt ou trente jours qu’elle eft à fe rendre au banc de Terre Neuve. En effec , la quantité en eft trop grande & la profondeur trop confi= dérable, pour qu’elle foir promptement refroidie en paflant dans un air plus froid. Cependant, cet air même, qui eft immédiatement ac- deflus, peut en recevoir un tel degré de chaleur qu'il en foit raréfié & rende par-là à s'élever, érant devenu, par cette chaleur, plus léger que celui qui fe.treuve des deux côtés de ce courant. Or, il doit y avoir un mouvem de l’air tendant à remplacer celui qui, par fa chaleur, a dû s'élever, & ces courans rencontrant ce dernier, peuvent très-bien produire ces rourbillons & ces trombes fi fréquentes dans ces mers; car fa vapeur d’un vafe plein d'eau chaude & l'haleine d’un animal, à peine. feufbles dans une chambre chaude, le devenant lorfqu'ils fe trouvenc dans un air plus froid, la vapeur du courant du golfe à peine vifible près des tropiques , doit de même fe condenfer lorfqu'il parvient dans les latitudes feprentrionales, & former ces brouillards pour lefquels ces mers font fi remarquables. Cette force du vent pour élever l'eau de la,mer au-deflus de fon ni- veau, nous eft parfaitement connue en Amérique par la hauteur des marées qu'elle produit dans tous nos ports, lorfqu'il règne un 452 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, grand vent de nord-eft contre ce courant du golfe de Bahama. Il réfulte de ces remarques qu’un vaiffeau qui va d'Europe dans l'Amérique feptentrionale peut raccourcir le tiers de fa traverfée, en évi- tant de remonter le courant de ce golfe, & que dans cette occafon un thermomètre peut lui être très-utile, [l s’enfuit de même qu’un vaifleau paflant d'Amérique en Europe, peut également accélérer fon voyage’ en s'engageant dans ce courant. 11 eft vrai que le hafard a fouvent fort raccourci le tems de ces deux traverfées en mettant les vaifleaux dans le cas de profiter deces circonftances; mais il eft bon de les connoître pour en tirer parti fans dépendre d’un pareil hafard, On ne peut difimuler cette caufe qui fayorife-le paffage d'Amérique en Europe; mais »y en auroit-il pas une autre indépendante des ven:s & des courans, qui la rendroit plus courte ? C'eft une queltion intéreflance & que j'examinai autrefois, ce qui me fic faire un petit écrit que j'ajoute ici. A la mer, le $ avril 177$, à bord du paquebot de Penfylvanie, ” commandé par le Capitaine Ofborne,. Pour bien examiner la queftion, je fuppoferai d'abord qu'un vaiffeau fait route vers l'elt, en partant d’un lieu litué par les quarante degrés de latitude feptentrionale , pour fe rendre dans un autre à cinquante deprés auñi de latitude, & diftanr, en longitude, du premier, de foixante-quinze degrés. | Lorfqu'on va du quarantième au cinquantième degré de latitude, on va d’un endroit où le degré de longitude eft aux environs de huie milles plus grand que dans celui où on arrive: or, un degré eft égal à quatre minutes de rems ; par conféquent; le vaifleau participant au mouvement diurne du port qu'il quitte, fe meut par-là avec une vicefle de deux milles par mioute de plus qu'il nele fera quand il fera rendu dans le port de fa deftination , ce qui fait cent vingc milles par heure. Le mouvement qu'a le vaiflsau avec fa cargaifon, 4 grande force, & fi on pouvoit l'enlever brufquement , le tran er du port où il eft tranquille, & le pofer à l'inftant dans la latitude du port où il dirige fa route, quoiqu’en calme, fon mouvement lui feroit parcourir un grand efpace & avec une prodigieufe rapidité; mais dans la navigation, cette force fe perd graduellement par le choc de l'eau, & probablement par-là raccourcir le voyage; mais en retournanc, le contraire arrive-t-il, & {oh voyage n’en elt-il pas retardé & allongé? (1) (x) Depuis que cet écrit a été lu à la Société, un Membre ingénieux de cettè Société, M. Paterfon , a convaincu l’Aureur que cette caufe ne retarderoit pas le TETOUTS ê SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS, 463 Des bordages des Vuiffeaux, & de divers objets relatifs à la Marine. Le bordave des vaifleaux fe feroit, je penfe, beaucoup mieux, fr, au lieu des planches fituées horizontalement, on en employoit qui ne fuffent que de la moitié de l’épaifleur, & qui fuflent placées les unes fur les autres, comme dans la f/9, 23, pl. 43 car il me paroît que la dif: férence des frais ne feroit pas confidérable, & cependant que le vaifleau auroit plus de force & feroit mieux lié" On ne doit pas s'occuper feulement de ce qui établit la fécurité du vaifleau, il faut encgEs penfer aux matelots, efpèce d'hommes braves & intéreflans , dont la éonverfation eft de la. plus grande importance. On ve peut, en conféquence, trop étudier & foïgneufement imiter les méthodes pratiquées avec tant de fuccès par le Capitaine Cook, dans fes voyages autour du monde, On en trouve une defcription complète dans le difcours du feu Chevalier Pringle à la Société Royale de Londres, lorfqu’elle donna la médaille à cet illuftre Navigateur. J'ai vu, avec un grand plaifir , que dans fon troifième voyage il avoit éprouvé le fuccès de la méthode que j’avois propofée pour préferver la farine, le pain, &c. de l'humidité, & d’autres avaries. On les trouva fecs & en très-bon état, quoi qu'ils euflent été quatre ans à la mer. Cette méthode eft décrite dans la cin- quième édition angloife de mes Œuvres, p.452. Dans le même Ouvrage, pages469 & 470, je propofe un moyen de calmer la foif lorfqu’on man que d'eau douce, qui a ététenté depuis avec beaucoup de fuccès. Trop heu- reux fi nous pouvions de même appaifer leur faim quand les provilions manquent, Peut-être qu'avec le tems’on trouvera-que cela n’eit pas abfolu- ment impoflible. En attendant, on pourroit augmenter leur provifion de fubftancesvégérales, en faifant fécher au four différentesracines coupées par tranches, La pomme de terre fucrés d'Amérique & d'Efpagne feroit excellente pour cela. D'autres pammes de terre , des carottes, des panets & desnavets pourroient également être préparés & confervés. Quoique les Marins foient en général fort habiles à trouver des ref fources dans les malheurs qu'ils éprouvent, j'efpère qu’ils me permettront d’en rapporter deux ou trois qui pourront leur être utiles. Si, par exem- ple, après un naufrage, ou dans d’autres circonftances, s'éranr jeté dans: leur canot, ils ent befoin d'une bouflole, une fine aiguiile mife fur l’eau dans un vafe, leur donnera le nord, en général; la plupart étant un peu aimantées ou pouvant le devenir en les frotrantou.en les frappant for- tement. Dans le cas où leur aiguille feroit trop lourde, ils pourront la faire flotter fur un petit morceau de liège ou de bois. Un homme qui fait nager peur être foulagé , dans une longue traverfée, par fon mouchoir transformé en cerf-volant, au moyen de deux baguettes s’étendanr aux quatre coins. & en l’enlevant en l'air, quand le vent eft aflez fort, il peut fe touer en nageant fur le dos, Lorfqu'on a befoin de force pour mouvoir des: : L] « 3 ‘ 4 Ne re en 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, corps pefans, & qu'on n'a pas de monde & point de machines, une corde longue & forte peut en fervir, en fourniflant un moyen d’obtenir un grand effort. Suppofons , par exemple, qu’on veuille tirer un bateau à terre ou fur la grève, pour le mettre à l'abri de la lame ; on enfoncera un premier poteau dans l'endroit où on voudra lé faire monter, & un autre à une certaine diftance au-delà. On attachera à ce dernier la corde venant du bateau; on appliquera enfuite la force motrice au milieu de cette corde, de manière à la tirer ou à la poufler à angles droits, & on augmentera par-là fon action dans la proportion de toute la lorgueur de la corde tirée ou pouflée entre les poreaux , à ligtervalle qui eft entre ces mêmes poteaux. La corde écant attachée au poteau À, f9. 24, & tirée ou entraînée dans la direction CD, gliffera fur le poteau B, & quand elle fe trouvera pliée felen l'angle À DB, repréfenté par la ligne onctuée, le bateau fera arrivé en B. Quelques Marins penferont peut-être que l’Auteur a pris une peine aflez inutile, en prétendant leur donner des confeils, car ils ont quelque répugnance à en recevoir des gens qui ne font point du métier, les regardant comine ignorans, & incapables par-là de leur en donner qui mérirent quelqu'attention ; cependant il efk certain que la plupart de leurs inftrumens ont été inventés par des gens de terre : au moins on pe peut difconvenir que le premier vaifleau ou bâtiment qui a été fait pour aller fur l'eau, ne l'aic été par un habitant de la terre : quoi qu'il en foit , j'ajouterai encore quelques mots, mais ce fera uniquement pour les perfonnes qui fe propolent de faire quelques voyages un peu confi- dérables par mer. Des précautions qu'on doit prendre quand on Je difpole à voyager €IL Tr, Quand on a le projet de faire un long voyage, rien de mieux que de le tenir fecret aurant que la chofe eft polfible, jufqu’au moment de fon départ. Sans cela, on eft fans cefle interrompu & tourmenté par les vilires de fes amis & de fes connoiffances, qui non-feulement vous font perdre un tems précieux, mais encore vous fonc oublier mille chofes, De façon qu'une fois embarqué & à Ja mer, vous vous rappelez avec beaucoup de chagrin, & des affaires que vous n'avez pas terminées & des comptes que vous n'avez pas faits, enfin, nombre de chofes que vous vous propofiez d'emporter, qui vous manquent à chaque inftanr, Ne {eroit-il pas à propos de téformer une pareille coutume, & de laifler un voyageur faire tranquillement fes préparatifs, fans le déranger, en Jui lailfanc le foin, lorfqwils fonc finis, de confacrer quelques jours our aller prendre congé de fes amis : en leur laiffanc, à leur rour celui de lui faire compliment fur fon heureux retour ? On n'elt pas toujours le maître de choilir fon Capitaine, quoiqu'une grande SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. . 465 grande partie de l'agrément & du bien - être d’une traverfée tienne à ce choix, & que vous deviez être long-tems réduit à fa compagnie, & en quelque {orre dans fa dépendance. Si c’eft un homme fociable, fen- fible, d'un bon naturel & obligeant, vous en ferez d'autant plus heureux. On en rencontre par fois de certe trempe, mais ils font rares. Cepen= dant fi le vôtre n'eft pas de ce nombre, mais qu'il foit habile, attentif, foigneux & actif dans la conduite de fon vaifleau, il faut paîler fur le refte; car ce font-là les qualirés effentielles. Quelque droit que vous ayez, par vos arrangemens avec lui, aux provifions qu'il a embarquées pour les paflagers, il eft coujours bon d'en avoir quelques-unes en réferve, donc vous puifliez faire ufage dans loc- cafôn. Ainf il faut fe pourvoir : 1°. De bonne eau, célle des vaifleaux étant fouvent mauvaife; mais H faut ia mettre en bouteilles, fans quoi on ne peut guère efpérer de R conferver fraîche; 2°. de bon thé; 3°. du café moulu; 4°. du cho- colat ; 5°. de vin de l’efpèce que vous aimez le mieux, & de cidre; - 6°. de raïfins fecs; 7°. des amandes; 8°. de fucre ; 9°. de capillaire; 10°, de citrons; 11°. de liqueurs de la Jamaïque; 12°, d'œufs enduits d'huile; 13°. de pain léger; 14°. de tablettes de bouillon; enfin de pain bifguité (1). Quant aux volailles, il eft prefqu'inutile d’en avoir, à ns qu'on ne fe charge de les nourtir & de les engraifler foi-même. peu de foin qu’on en a actuellement à bord des vaifleaux , elles fonc refque toutes malades, & la chair en eft dure comme du cuir. Tous les Marins oût une opinion à laquelle le befoin d’eau a fans doute donné lieu autrefois, pour pouvoir l’épargner quand on en man- quoit, c'eft que les volailles ne favent pas quand elles ont-aflez bu, & que lorfqu'on leur donne de l’eau à difcrétion, elles ne manquent pas de fe faire mourir en en buvant outre mefure., On ne leur donne en conféquence de l’eau, & en aflez petite quantité, que de deux jours : un; mais comme on verfe cette eau dans des auges qui font en pente, & que par conféquent elle coule tout de fuite à la partie la plus baïle, il arrive de {à qu’elles font obligées de monter fur le dos les unes des autres pour pouvoir y atteindre, & qu'il y en a fouvent qui ne p-uvent pas parvenir feulement à y tremper leurs becs. Ainfi , continuellement tantalifées & tourmentées par la foif, elles ne peuvent pas digérer leur nourriture d'ailleurs très-sèche, & s'impatientant & fouffrant, tombent bientôt malades & meurent. On en trouve ainfi prefquetous les matins, qu'on jette à la mer, tandis que celles qu’on tue pour la table font à peine mangeables, Pour remédier à cet inconvénient; il faudroit fépa- = nd (x) Ce pain bifcuité eft formé des tranches de pain que l’on a coupées, & qu'on a fait cuire enfuite une feconde fois , ce qui forme une nourriture très-(aine. Tome XXXI, Part, 11, 1787. DÉCEMBRE, Nan 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rer leurs auges en petits compartimens , de manière qu'ils puiffent tenir chacun de l'eau féparément, comme on le voir dans la 7. 25. Mais, c'eft ce qu'on ne fait jamais. De-là il faut regarder les moutons & les cochons comme la meilleure nourriture fraîche qu’on puifle avoir à la mer, le mouton y étant en général très-bon , & le cochon ‘excellent. : IL peut arriver que plufieurs des provifions dont nous avons recom- mandé de fe munir , deviennent prelqu’inatiles, par le foin qu'aura eu le Capitaine de s'en pourvoir ; mais alors On pourra en difpofer en faveur des pauvres paffagers, qui, payant moins pour leur traverfée , font logés parmi les mareiots, & ont point de droit aux provifions du Capitaine, mais feulement fur celles‘ de l'efpèce dont.on nourrit les gens de l'équipäce. Ces _pañlagers quelquefois font abattus, triftes*& malades; mais il y a parmi eux des femmes, des enfans, & les uns & les autres n'ont (ou- vent aucun moyen de fe procurer Jes chofes dont nous venons de par- ler, & dont cependant ils peuvent avoir très-grand befoin. En leur diftribuant une partie de votre fuperflu., -vous pourrez leur être d'un grand fecours , leur rendre la fanté, leur fauver même la vie ; enfin , les rendre heureux, plaifir toujours très-vif pour les ames fenfibles, Ce qu'il y a de plus mauvais dans les vaiffeaux, c’eft la cuifine ; iluwpy a point, à proprement parler ; de çuifnier de profeffion ; on choïlit nairement, pour en faire les fonctions, le dernier des matelors qui ft communément un cuifinier aufhi mal-propre que déreftable ; aufli c’elt ut proverbe parmi les matelots anglôis , que Dieu donne la viande, & le Diable’ les cuifiniers ; mais les gens qui ont meilleure opinion de la Providence, & qui croyent qu’elle fair roujours tout pour le mieux, penferont autrement; ils diront que fachanr que l'air de la mer & l'exercice ou le mouvement qu'on a par celui du vaifleau doivent forte- menc exciter l’appétit; elle a donné de mauvais cuifiniers aux gens de mer pour les empè.h:r de trop manger ; ou que prévoyant qu'ils auroient de mauvais culliniers, elle leur a donné un grand appétit pour les empêcher de mourir de faim. Cependant, fi vous n'avez aucune foi à ces fe-ours de la Providence, vous pouvez avec une lampe & unréchaud à efprit-de-vin préparer vous-même quelques alimens, comme un hachis & une foupe, ,&c. Il ne fera pas mal aufli d’avoir dans vos provifions quelques pâtés en por ou autres chofes de ce genre, qui, fi elles fonc bien arrangées fe conferveront bonnes pendant fort long-tems. Un petit four de fer-blanc, dont on met l'ouverture devant le feu de la cuifine.. n’eft pas encore iautile, un domeftique peut y faire rôtir un. morceau de mouron ou de cochon. Tenté quelquefois de manger du bœuf falé, ce bœuf étant fouvent très-bon , vous trouverez que le cidre eft la meilleure liqueur pour appaifer la foif qu'occafionnent ordinairement les viandes & le poiflon falés. Le bifcuit de mer eft quelquefois trop dur pour les dents de SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 quelques perfonnes, on le ramolliten lefaifant tremper; mais le pain bifeuiré eft ce qu'il y a de meilleur ; car érant fait de bon pain fermenté, coupé par tranches & cuit une fecende fois, il s'imbibe d’eau très-prompremeur, fe ramollir de même, {e digère rrès-bien, il forme , par conféquent, une nourriture excellente & bien meilleure que -celle du bifcuit, qui n’eft pas fermenté. Je dirois en paflant que ce pain bifcuiré étroit originairement le véritable bifcuir préparé pour fe garder à la mer ; car le mot de biféuir, en françois, fignifie cuit deux fois. Souvent les pois bouill2nt mal & ne fe ramo!liflent pas; alors en mettant dans la chaudière un boulet de fer de deux livres, le roulis du vaiffeau réduira, par le moyen de ce boulet , les pois en une efpèce de purée comme de la moutarde. , Ce que j'ai vu arriver nombre de fois à la mer, où la foupe , fervie fur une table dans de grands plats, fe répand de tous côtés par les mouvemens du vaiffeau, m'a fait fouhaiter fouvenc que nos potiers d’étain fiflenc nos plats à foupe avec des divifions où des compartimens formant de petits plats propres à contenir de la foupe feulement pour une perfonne: à-peu- près comme on le voit repréfenté dans le plan, 9. 26. Far cette difpo- fition la foupe, dans un roulis extraordinaire , ne {e répandroit pas hors du plat, & w'iroit pas tomber dans l’eftomac des gens qui font à table, & les échauder , comme cela n'arrive que trop fouvent ; elle refteroit dans les compartimens que nous avons propofés, comme on'le voit repréfenté de côté dans la f2. 27. . Après vousavoir entretenu de ces chofes de peu d'importance, permettez que je finifle par quelques réflexions générales. » : Réflexions générales fur la Navivation. £ Is 1 Lorfque la navigation ne s'occupe que du tran{port des denr'es de première néceflité d’un pays où elles abondent , dans un autre pays où elles manquent; lorfqu'elle prévient par-là les famines, qui éroient fi fréquentes & fi funeltes avant qu'elle eûr été inventée & qu'elle füt devenue auffi générale; on ne peut s'empêcher de la regarder comme un des arts qui contribue le plas au bonheur du -genre-humain: Mais quand elle n’eft employée qu'à tranfporter des chofes inutiles, ou purement de luxe, il eft alors plus qu'incertain que les avantages qui en réfulrent l'emportent fur les malheurs qu’elle entraîne , en exp fant.la -vie de tant d’individas fur le vafte Océan. Et quand'on ne s’en fezr que pour piller des vailleaux 8 rranfporter des efclaves , elle n'eft plus évi- demment qu'un moyen affreux d'augmenter le nombre: des calainités de Ja nature humaine. On eft épouvanté quand on penfe à la multitude de vaiflraux & d'hommés qu'on expofe journellèment pou aller chercher du thé en Chine, du café en Arabie, du fucre & du tabac en, Amérique : toutes Tome XXXI, Part 11, 1787. DECEMBRE, Nnn2 463 OBSERVATIONS SUR«L A PHYSIQUE, chofes dont nos ancêtres fe päfloient fi bien. Le commerce du fucre emploie près de mille vaiffeaux: & celui du tabac à-peu-près autant. Quant à l'utilité du tabac, il y a peu de chofe à en dire; & quant à celle du fucre, combien ne feroit-il pas plus méritant de facrifier le plaifir momentané que nous avons àen prendre une ou deux fois par jour avec notre thé que d'encourager les cruautés fans nombre qu’on exerce tous les jours pour nous le procurer ? Un célèbre moralifte François a dit que lorfqu'il confidère les guerres que nous fomentons en Afrique pour avoir des Nègres , le grand nombre qui en périt néceflairement dans ces guerres, la multitude de ces infor- tunés qui meurent dans le tranfport par la maladie , le mauvais air & la mauvaife nourriture; enfin, combien il en périt encore par la dureté du traitement qu’ils éprouvent dans Pefclavage : il ne peut s'empêcher , en voyant un morceau de fucre , de fe le.repréfenter comme tout couvert de taches de fang humain ; mais s’il avoit ajouté à ces confidérations, celle des guerres que nous nous faifons pour prendre & reprendre les îles qui portent cette dentée, les Hottes & les armées qui périffent dans ces expéditions , fl n’auroit pas vu ce fucre fimplement raché de fang , il l'en. auroit vu comme teint en entier. Ce font ces guerres qui font que les puiffances maritimes de l'Europe , les habitans de Paris & de Londres payent le facre beaucoup plus cher que ceux de Vienne; quoique ces: derniers foient éloignés de près de trois cens lieues de la mer. En efec. une livre de fucre ne coûte pas feulement aux premiers le prix qu’ils Lachèrent, mais encore ce qu'ils payent pour les impôts néceflaires pour entretenir les fortes & les armées qui fervent à défendre & conferver Les: les qui le produifent. à J'ai l'honneur d’être, &c+ a OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION DE L'HUILE DE WiITRIOr : Par M. CHAPTAEZ. Le 3 du mois de janvier 1786 ,. les ouvriers de ma#fabrique d’acides minéraux , en retirant des-galères l'huile de vitriol redifite, en trou- vèrent une cornue qui n'avoit pas le degré de concentration fufñfant, & en remplirent une.dame-jeanne, qu'ils déposèrent, felon la coutume , dans un coin du hangar. Le furlendemain , ils voulurent prendre cette huile pour lui faire fubir une feconde rectification. Mais quel fut leur éconuement, lorfqu'ils trouvèrent dans la bouteille une maffe fo= v SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 fide qui en occupoit le milieu, & d'où partoient des criftaux qui alloïent fe terminer contre les parois du vafe! Ils fe hâtèrent de confier ce prodige à M. Berard, directeur de ma fabrique, qui m'inftruifit de ce phénomëne le furlendemain. Je crus d'abord qu’on avoir laiflé dans le hangar quelque bouteille remplie d’eau, & que les bulles d’air qu'on *obferve fouvent dans la glace, difpofée fur la même ligue du “entre à la circonférence de la bouteille, en avoient impofé à M, Berard, & que c’étoient là les criftaux de l'huile de vitriol dont il me parloit. Je lui fis part de mes doutes. Il s’obftina à me dire que c'étoit une véri- table criftallifation d’huile de vitriol. Mes doutes ne me parurent pas fufifamment éclaircis. Mais des oc- cupations réirérées ne me F "He d'aller à la fabrique que le 18; on avoit confervé cette bouféille, & l'ouverture en étoit fimplement fermée par un bouchon de terre cuite. Jere fus pas peu étonné , lorfque j'apperçus une maffe ou grouppe de criftaux, qui pefoit au moins foixante livres , puifque mes bouteilles font ordinairement de éette contenance. Il y avoit dans le fond une couche de deux pouces d’huïle de vitriol , provenant d’un commencement de fonte ou deliquium des criftaux, » Je m’empreflai de cafler la dame-jeanne, pour avoir le plaifir de manier ces criftaux & d’en déterminer la figure. Le thermomètre étoic en ce moment + 7; l’onétueux de la furface de ces criftaux étoit “celui de l'huile de vitriol. La température étoit plus chaude au taét que celle de tous Les corps voifins, cels que les pierres, les boïs, les verres, &c, La couleur étoit d’un jaune rembruni, la caflure liffe ,unie & vitreufe. Je dérachai de ce grouppe plufieurs criftaux bien formés, & dans tous Ja forme m'a paru un prifme hexaèdre, applati & terminé par une py« ramide hexaèdre. Un examen plus approfondi du criftal m'a préfenré les formes fuivantes : L’épaiffeur du prifme eft à peine le quart de Ia largeur. Éa pyramide d'un prifme de huit pouces fept lignes, avoir onze-lignes de longueur. Les deux grands côrés'u prifme applati forment deux parallélogram- mes; quatre petits s’uniflent à angles aigus, & forment un angle obus à leur réunion aux grands côtés du. prifme. Les petits côtés du prifme fe ternfnent du côté de la pyramide par une ligne inclinée aux grands côtés du prifme, & qui forme avec eux un angle obtus. Par ce moyen , la pyramide réfulte de Paffemblage de fix triangles ifofcèles. Je* n'ai pas trouvé de criflal à deux pyramides. Ils éroient tous implantés dans une mafle commune qui occupoit le milieu de la bouteille. À mefure que je maniois les criftaux à l'air libre & à une chaleur de fept degrés au-deflus de zéro , il découloit de la maffe, dé l'huile \ - 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, noirâtre qui noircifloit le bois, & artaquoir fi fortement mes mains, qu'elles devinrent luifantes , calleufes , & que Pépiderme en fuc détruit. = Je remplisun vaifleau de verre, à large ouverture, de quinze à feize livres de ces criftaux bien figurés. Je les ai montrés & laiflé manier, pendant mon cour$ à trois ou quatre cens audireurs, & je les ai confervés jufqu’au 30 janvier, alors le deliquium a été compler, L'huile de vitriol , provenue de la fonte de ces criftaux , eft d’un jaune noirâtre, marquant de foixante-trois à foixante-quatre degrés à mon pèle-liqueur, qui donne foixante-fix dans la bonne huile du commerce, J'ai reétifié avec foin une grande partie de l'huile provenue de ces criftaux rombés en deliquium. J'ai adapté pour cet effet à ma cornue un récipient bien lutté, & l'appareil F2 Mais je n'ai retiré que de la très-belle huile de vitriol, & un flegme très-acide. Deux livres neuf onces de ce deliquium m'ont fourni une livre dix onces d’huile très-concentrée, & quinze onces d’efprit de vitriol à vingt-trois degrés. L'état du thermomètre, depuis la production. du phénomène jufqu’à la fonte des criftaux , a°éré comme il fuic : À 3 Les2,3, 4, $ de janvier, il defcendit fous zéro de deux & même de trois degrés le $_au matin. Depuis ce jour, il s’eft conftamment tenu au-deflus de zéro, & a été jufqu'au 12, fon terme moyen a été entre fept & huit. Ce phénomène me parut nouveau & intéreflant, Je defirois un froid affez vif pougpouvoir répéter lexpérience, & je commençois à défefpé- rer, lorfque , le 9 mars, l'air fe refroidit au point de me faire efperer de reproduire ce phénomène. Dans la nuit du 9 au 19, le thermomètre defcendie à — 1. Le lendemain, le thermomètre marquant 3, je difpofai , à huit heures du matin, des appareils convenables furune rerrafle expofée au levant. ë 1 Je me fervis de capfules de verre pour mes expériences, & mis dans ces vafes, 1°. de l'huile de ma fabrique, concentrée, blanche comme J'eau , & donnant foixante-fix & demi au pele-liqueur. 2°. De l'huile de vitriol provenant du deliquium des premiers criftaux, & concentrée au foixante-cinquième degré. 3°. Le flegme provenu de ces concentrations, & marquant vingt-trois degrés. A 4°. De l'huile rapprochée par Ja concentration, jufqu'au foixante- quatrième degré. s°. L'huile provenue du deliquium des criflaux, qui avoit été expofée à l'air pendant trente-fept jours, & ne marquant plus que foixante degrés. Ces huiles, plus ou moins fortes , reftèrent expofées à l'air tout le jour -& toute la nuit du 10 au 117. : Le 11, à huic heures du matin, le thermomètre marquant — 2, je SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 477 trouvai que l'huile N°. 1 n'avoir éprouvé aucun changement, du moins en apparence. 2°, Que celle de l'expérience N°, 2, préfentoit au fond de la liqueur, fur les parois du vafe, une couche de petits-criftaux, de la grofleur d’une tête d'épingle, dont la forme, très-bien caradérifée, paroifloit celle d’un rhombe allongé, 3". Le flegme, marquant vingt-trois degrés, ne prélentoit aucun changement. . 4°. L'huile, marquant foixante-quatre decrés , préfentoit à fa furface trente à quarante criftaux figurés en rhombes allongés , ayant à-peu-près quatre lignes de long fur trois de large & une d’épaifleur. J'ai décanté la liqueur que furnageoient les criftaux, & en ai trouvé une couche defemblable au fond du vafe. L'huile décantée, mife dans un grand vafe de verre (le thermomètre montoir toujours, par la chaleur du foleil qui donnoit déjà {ur les murs voifins) a été convertie prefque tous en criftaux dans lefpace d'un quart-d'heure. L'huile qui furnageoic, coulée fur des plaques de verre, s’y figeoic dans la minute, & formoic une fuite de’criftaux implantés les uns dans les autres. Un carreawde vitre , enduit de cette huile, s’en eft recouvèrt au point que j'ai retiré deux onces fept gros d'huile de vitriol de la fonte de cette efpèce d’in- cruftation.. ; $’- L'huile provenant du deliquium des criflaux, & affoiblie au foixantième degré, par fon expofition à l'air, n'a donné aucun figne de criftallifarion, quoique j'en eufle rempli des tubes de verre mince, pour que le froid le frappät mieux. F Au plaifir de répéter mon expérience, j'ai joint la fatisfa@tion de rendre témoins de tous ces phénomènes , plufieurs de mes confrères de l'Académie, tels que MM. Mougues, Peyre, Joyeufe, Beriholon, Brun, &c. Deux d’entr'eux, MM. Peyre & Joyeufe, aflociés Chimiftes, ont eu le plaifir de voir fe former & croître, à vue d'œil, des criftaux de l'huile décantée de deflus la première couche criftallifée & mife dans une grande capfule, Plufieurs criftaux ont acquis fous nos yeux en quel- ques minutes une longueur d'un pouce, & nous avons vu que le rhombe qui paroît d'abord , n'eft qu'un fegment deprifme, & qu'il s’allonge pat Vaddition & l'application de nouveaux criftaux. Dans le nombre infini de criftaux qui fe font formés, il y en a avec pyramide & d’autres fans pyramide, Il me paroîr réfulter de certe expérience; 1°. que l'huile très-concen- trée ne criftallife point; 2°. que l'huile concentrée entre le foixantastroi- fième & le foixante- cinquième & demi à un aéromètre, marquant foixante-fix danscelle du commerce , criftallife facilement ; 3°, que le degré de froid convenable eft depuis — 1 jufqu'à — 3. 4172, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce faic me paroît nouveau , & je vais le rapprocher de deux connus qui paroiflenc avoir de l’analogie avec lui. 1°. Meyer rapporte ( Effais de Chimie, Chap. XVIN, ) que lorfqu'on recifie. une huile de vitriol bien fumante , telle que celle de Nordhaus, il pañle des vapeurs qui fe condenfenc dans le récipient bien lutté , em une liqueur que le froid coagule en une matière faline, Ce fei fume violemment quand on ouvre le récipient. Le Chimifte d'Ofnabruck a cru que c’éroit gne combinaifon de fon cauflicum avec l'huile de vitriol, & on m'a rapporté que M. de Fourcroy, qui a vérifié l'expé- rience , attribuoit ce phénomène à une combinaifon particulière du gaz fulfureux & d'huile Æ vitricl. Ce phénomène, très-intéreffant par lui-même, & fur-tout par la manière dont ce dernier Chimifte l'envifage, ne me paroît avoir aucun rapport avec les obfervations que j'ai rapportées ci-deflus. 1°, Les crif- taux dont j'ai parlé ne fe volatilifent points ils fondent au feu & fe réduifenc en huile. 2°. Expofés à l'air, il ne s’en dégage ni fumée ni odeur. Nous devons à M. le Duc d’Ayen de fuperbes expériences fur la congélation de l'huile de vitriol. Ce célèbre amateur des fciences profira du froid extaordinaire qu'on éprouva à Paris à la fin de Janvier 1776, pour expofer à une fenêrre , dans des foucoupes de porcelaine, de l'acide vitriolique, à divers degrés de concentration. La nuit du 27 au 28, Facide concentré fe gela après fept à huit heures d'expofition. L’acide affoibli par l’eau ne donna aucun figne de congélation, même après trente heures, M. de Morveau a répété l'expérience le 15 Février 1782; & après avoir obtenu de la glace par un froid artificiel de feize degrés au-deflous de zéro , il fe convainquit que l'huile pouvoit fe geler à un froid moindre, & les portions d’huile qui avoient réfifté à l'impreflion d’un froid aufli violent, {e figèrent à quelques degrés au-deflus de zéro. IL obferva même des ftries à la furface de la glace, ce qui me paroît annoncer un délinéament de criftallifations. Mais, d’un côté, le rapprochement ou trop forte concentration de la liqueur , & de lautre le froid violenc qu'on lui appliqua précipitèrept confufément les parties intégrantes de l'huile, & ne lui permirent plus un arrangement fypmmétrique. Le manque d'eau de criftallifation doit néceflairement s’oppofer à la formation des criftaux ; & pour que ce phénomène eûc lieu , il falloit de Phuile de vitriol, qui n’eût été portée par la rectification naturelle qu'au foixante-troifième ou foixante - cinquième degré, & jesne crois pas qu'on obtienne cet effer en affoiblifiane à ce degré l'huile déjà concentrée, car l'huile de vitriol , préalablement concentrée & enfuite affoiblie par l'eau, ne me paroït pas exactement de la même nature que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 que celle qui eft portée au même depré par une concentration naturelle, 1°. li ya un principe colorant & autres matières qu'on dégage par la rectiheation, & qu’on neredonne point par l'addition de l’eau, 2°. L'hui'e dont on a arrêté la concentration au foixante-quatrième degré, ne diflout pas l'indigo au point de porter la partie colorante fur les éoffes ; tan- dis que Phuile bien concentrée & affoiblie par l’eau au même degré, fait de erès beau bleu. Ces expériences ont été faires & répétées très en grand dans la fabrique de flanelles de MM. Ifnel & Luchaire, à Mon - pellier. 3°. Les criffaux de l'huile au foixante-cinquième degré, tombés en deliquium & expolés à la même température, n’ont plus crifallifé, quoique le deliquium ne marquât que foixante-quatre. Ce fait me pa- zoît prouver que l’eau & l'humidité de l'air qui fe combinent avec l’acide y développent & entretiennent une chaleur permanente qui ne le rend pas émpreffionable au mème degré de froid. Le 11 au foir & le 12, deux onces de ces criftaux enfermés dans une cornue que j'ai bouchée bien exactement avec un bouchon de liége, & expofée à une température de +4 deorés, ne font pas tombées en deliquium , tandis que les criflaux qui s’'étoient formés dans la grande capfule, & que j'ai laiflés dans le vale, expofés à une température de + 1, font prefque tous tombés en deliquium, au point d’être déjà to- talement déformés, ce qui me fait préfumer qu’on pourra garder les criftaux dans un laboratoire, en mettant le flacon qui les contient dans un endroit frais, On pourroit eflayer de plonger le flacon dans l'eau”, l'éther ou autre liqueur froide. Le phénomène que je viens de décrire eft fans contredit une véritab'e criftallifation. Maïs il paroît fe rapprocher des congélarions, en ce que, dans la première expérience de ma fabrique, tout le liquide setoit figé en criltaux, & qu'il n'y avoit pas une goutte de ce que nous ap- pelons eau - mère. Mais il me paroît qu'un fel quelconque, qui ne fera tenu en fufion où diflolution que par la feule eau de criftallifation, doit produire des effets femblables f on lui applique un froid fufhfant pour pénétrer toute la mafle. : Ce fait me paroît prouver encore que la loi de la criftallifation, fi bien préfentée par MM: Linné, de Lifle, Sage, Daubenton, Haüy, eft plus générale qu'on ne l’a cru, & qu'elle séteñd jufqu'à ces matières que nous étions autorifés à regarder comme des êtres fimples avant les belles expériences de M. Lavoifier. ro OBSERFATION D'HISTOIRE-NATURELLE. Gabriel Grümer de Montpie , fils d’un Capitaine au Corps Roya! du Génie , eft né à Sainr-Rambert en Bugey, avec une plame implantée {ur la tête, laquelle a pris de l’accroiflemenr pendant quatre mois, fe tenant Tome XXXI, Part, II, 1787. DECEMBRE. Ooo 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, droite comme un épi, & eft tombée au bout de ce rems. Elle a ét£ recueillie ; & on y obferve, fur-tout avec une loupe, les principaux carac- tères d’une véritable plume ; favoir , un filet longitudinal , fur lequel font attachées, de part & d'autre , fymétriquement & par étages , des petites barbes , dont les unes paroiflent avoir la nature de la plume & les autres celle de cheveux, On a cru ce petit phénomène afez curieux pour en con- ferver la mémoire, M. de Montpie, père de l'enfant, a faic placer cette plume dans une bague fousun criftal. M. de Ja Eande, de l’Académie des Sciences, l'a vue, & atrefle le fait que nous venons de rapporter. NOUVELLES LITTÉRAIRES. duree des Affinités chimiques, ou attradions éleétives ; par BERGMAN, sraduit du latin fur fa dernière édition , augmenté d'ur Jupplément & de notés, avec des Planches : x vol, in-S° Prix. $ lv. broché , 6 Liv. relié ; & franc de port par La polie, $ lv: 10 fols. broché. À Paris , chez Buiflon , Libraire, hôtel de Meforigny, rue des: Poitevins, N°, 13. s Le traité des Affinités de Bergman eft un des plus beaux de cetilluftre favant. C'eft un fervice rendu à la France que de l'avoir fait paller dans: notre langue, On a ajouté des notes confidérables pour expliquer fans phlo— giftique ce que ce Profefleur fuédois avoit expliqué par Le phlogifique. T héorie des Etres Jenfibles , ou Cours complet de Phyfique Jpéculative expérimentale, [yflématique & géométrique , mife à La portée de tous * le monde, avec une Tuble alphabétique des matières, qui en fait ur vrai Dictionnaire de Phyfique : nouvelle édiuion , reéifiée, per- Jeëlionnee , affortie aux modernes découvertes , & augmentée d'ur cinquième volume ; par M P Abbé PARA DU PHANJAS. 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ÆPINU: : extrait de L Ouvrage de M. l'Abbé Haüy, pege 40I Extrait du Mémoire de M. O BUkG, pour Jervir de [upplämenc à la D'ffertation. d: M le Chevalier LOKGN à. Jur La Terre d1 Sel amère d'Epfom ou Mignéfe ,comrne partie conflituante de l'atkali minéral : traduit des Annales vhimiques de M, CRELL,. 417 Lettre aux Auteurs d Journal de Phy fique Jur la nouvelle Nomen+ .… clatüre chimique , +” Lt 418 * Mémoire dé M. PROZET , de l'Académie d Orléans , [ur le raffiraze du Sucre , ge . 424 Dejiription d'une Machine à comprimer P Air ; par MM. DUMOT'EZz , extrait des Regiftres de l’Académie Royale des Sciences , du 11 Aoûe 1787; 431 Analyfe chimique. & comparée du Vin de-Sarnt-Berthèlent, près d'Angers, 6 fpécialement des Bouteilles de différentes qualités dans leiquelles on La mis au mois d'otobre 1786; Par M. Vessië pu CLosEau, de l'Univerfité de Montpellier, Doëteur-Répent de la Faculté de Médecine d'Angers, Affocié Correfpondant de la Société Royale, Membre de la Sociète d’ Agriculture, & ProfefJeur de Chimie à Angers, 432 Differtation fur le Thos ; par M. MiLLIN'DE GRANDMAISON, 488 Extrair d'un Mémoire fur L'irritabilité des organes fexuels d'un, grand nombre de plantes ; par M. DesFONTAINES, de l’Académie des Sciences , & Profeffeur de Botanique au Jardin public des Plantes de Paris, 447 * Suite de la Lettre de M. BEeNIAMIN FRANKLIN , à M. DaAvin LE Roy , Membre de plufieurs Académies , contenant différentes Obfervations fur la Marine, Dan 450 Objërvations fur la Criflall'fation de lhuile de Wiuriol ; par M. CHAPTAL, 4638 Obfervation d'Hifloire Naturelle, 473 Nouvelles Littéraires , à 474 Tome XXXI, Par, 11, 1787. DECEMBRE. Ooo 2 pa nn ms AS GER TABLE GÉNÉRALE DES: AÆRTICEES CONTENUS DANS CE VOLUME. HISTOTR'E-N'ATURELIL.EÉ; Ps TION dé L'Ocriêre, de Moragnes , extraite bar Voyage * sninérulogique fair en 1786 , par M. GOURJON DE LAVERNE, Elève di Corps. Royal des Mines , page 11 ©! ferva Lions Jar Les Ecailles de plufieurs efpèces de Poiffons qu'on : croit communément dépourvus de ces parties. FPT BROUSSONET, de L'Acadèmie des Sciences, 12 L ri ède M: DE Mürcer , Confeiller dé la Tree. à M. DE Born, ! {èr, le prétendu Régule d'Antimorne natif ; traduite par M. De. FONTALLARD, 20 Leitre de M,pe-RurrECHT, à M. DE BORN, fur la Pierre de Gangue roupeâtre tenant or , de Kapnik , fur l'Antimoine natif de Tranfil- van? , fur une nouvelle Mine d’or de Nagyag, tradaite par M. DE FONTALLARD, 22 Letre de M W..F, Profeffeur de Botanique à N. à M, DE LA MÉTHERIE,. fur l'étude de la Botanique, 34 Confidérations générales fur. le rapport des boules de lave avec les prifmes de Bafalte articulés ; par M. DESMAREST , 65 Éxtrair d'une Leitre de M. CHAPTAL, à M. le Baron DE Dréraicu, Jur une mine de Manpanéfe , 100 Lettre de M. Bruyère, D, M. à, M. .Tuouin , de l'Académie des: Séiences., {ur un ME Infeéte , 109! Süite di MAS Jur quelques Infèées de Barbare ; par M. l'Abbé : PoiRET, III Mémoire lu à l'Académie des Sciences, fur La formation & la diffinélion des Bafaltes,en boules de diffèrens endroits de l'Auvergne ; par: M. DELARBRE , Medecin, 133 Pafage de colonnes ou prifmes de Bafalte volcanique à l'état de ue Ê par M. Besson, 149 Oblervarions fur un nouveau Feld-fparh trouvé au Port des François , Jur la côte du nord-ouefl de L Amérique, & fon analyfe; par M. L Abbé MonçGez , Chanoine Régulier de Süinte-Genevieve ; 154 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 477 Extrait d'une Lettre adrefée à M.FAUJAS DE SAINT-FOND, par M. DE PRESLON , fur la Minéralogie de l'ile de Gorée, 171 Effai de Minéralogie de l'Ifle Saint-Domingue dans la partie Françoije, adreffé à M. FAUJAS DE SAINT-FOND, par M. DE GENTON, s 173 Etabliffement d'une Société de l'exploitation des Mines ; envoyé par M. DE TRÉBRA, Pa "119$ Suite des Extraits du Porte-feuille de l'Abbé DiCQUEMARE, 206 Mémoire fur quelques Infeétes ; par M. DE LA MaRTIMIÈRE, D. M. qui voyage avec. M, DE LA PEYROUSE, 207 Suite , 264 Suite, 365$ Mémoire fur le Pechflein de Mefnil-montant , lu à F Académie des Sciences, par MM. DELARBRE 6 QUINQUET, 219 Lerre de M.Rursecat, à M. De BORN, fur Le prétendu Régule d’'Antimoine natif de Tranfilvanie, 231. Objervations fur la Lettre de M. Abbé P ... Grand- Archidiacre & Membre de plufieurs Académies, à M. DE LA MÉCHERIE ; par M. REYNIER, 267 Mémoire pour fervir à l'hifloire de la refpiration des Poiffons ; par M. BROUSSONET , dé l’Académie des Sciences , 289 Objervations fur Les Gerboifes ; par M. Sonnint DE ManoNcourr, À 29 Mémoire hiflorique fur la manière donton extrait les différentes Fuiese connues fous les noms de Térébenthine, Galipot ou Barras , Bray ec, ou Colophone , &c. par M. MoriNGLANE, du Collèpe de Phar- macie de Paris, 337 Lerre de M, PicreT, Profeffeur de Phyfique, à M. be LA MÉrHE- RIE , fur une nouvelle [ub/lance minérale & fur la Molybdène , 368 Lertre de M. le Comte DE Razoumowsky, Membré de plufieurs Aca- démies , à M.'"REYNIER , fur une Araïgée , 372 Differtasion fur Le Thos ; par M. MiLLiN DE GRANDMAISON , 438 Extrait d'un Mémoire fur l'irrirabilité des organes fexucls d'un grand nombre de Plantes ; par M. DEsFONTAENES, de l'Académie des Setences , Ec. * 447 Obfervation d'Hifloire Naturelle, 473 ARRET SOPRANO ETS SET ESA DIV EEE LESSIVE EE SCENE EEE TEL PTE 2 VA PHYSIQUE. Ms MOTRE fur les Lunettes nommées Binocles , € furunr Voyage aux côtes maritimes occidentales de France : lu à la rentrée publique de L'Académie Royale des Sciences, le 8 avril 3786; par M. LE GENTIL , page 3 478 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES, Introduëion à l'étude de: l Affronomie phyfique ; par M. Cousix à Lecteur & Profiffeur Royal, de l'Académie Royale des Sciences extrait, 25 Effai. Jur les avantages qu'on peut tirer du Chalumeau à bouche, lorlque Je fervant de fupports de verre on veut tenter avec le fecours feu! de L'air commun , La fufion per fe des fubflances refraëaires expofces à la flamme fous dès parcelles de La plus extrême petiteffe ÿ par M. Dopun, 39 Suite, 116 Mémoire relatif à la formation des corps par La fimple aggrégation de la matière organifee ; par M. REYNIER, 103 Extra des Regiflres de l'Académie Royale des Sciences , du 4 juillee 1787, fur les feux d'air inflammable de M. DiLLes , 18 Letvre de M. GaranGeor, à M. KAESTNER , Profeffeur de Mathé- matiques, & de Phyfique: à: Gotiingue, fur le Goniométre, 204 Lerrre de M. BENJAMIN FRANKLIN , à M. Dawip L£ Roy, Membre de plufieurs Académies ; convenant differentes Obfervations fur la Marine , 224 Suite, 254 Suite, : À AS6 Lerrre de M. Mir LiN DE GRANDMAISON , de ! Académie d'Orléans, à M. ve LA MÉTH&RIE, fur ur Memoire de M. Riynier, relatif à la formation des corps par La fémple aggrégation de la matière orga- ruée, 252: Extrait d'une Lertre d? M: GEANTY, du Cercle des Philadelphes , à M.RouLaAND, fur les Paratonnerres, en outre fur des obfervations relatives à la produétion de l'éledricité dans Les pays chauds , 266 Extrait de la relation du voyage de M.be SAUSSURE au Mont-Blanc, 317 Réjulcat ds quelques expérieuces relatives à la génération des Flantes ; par M. REYNIER , 321 Continuation des expériences éleériques faites par M. VAN-MARUN , 343 Extrait d'un Mémoire lu à l Acadeniie des Sciences , fur lapplication des «Muyhématiques au corps humain, 6 fur le mécanifme des \ luxarions ; pur M. PINEL, D. M. 350 Lertre de M. ne Luc, fur Les obfervasions faites par M. bE SAUSSUkE {ur la cème du Mont-Blanc; 374 La vie de l'homrne refpeëtée & défindue dans fes derniers momens , ou Ifiruëtions fur Les foins qu'on doit aux Morts ou à ceux qui paroiffene l'évre, lur Les Funéraittes: &. les Sépultures, &c. 332 Des principes généraux de la théorie de l’Eleétricité ; par M. Æpinus: extrait .del'Ouvrape de M. l'Ablé Haüy , 401 Défcriprion d'une Machine à comprimer l'Air par MM.Dumorrez, extrait des Regijlres del Académie Royale des Sciences , du 11 août 17È7 à 433 PPS bind des. t TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 479 ce CHIMIE. E XTRAIT d'un effai fur quelques phénomènes relatifs & le criflal lifation des Sels neutres : lu à l'Académie des Sciènces Le premier mars 1786; par M. Le Branc, Chirurgien , page 29 Sucre , L ES Effai de la Mine de Cobalt prife arfenicale entremélée de Galene 3 fe Chatelaudren ; par M. CAViLLIER , Eleve de l'Ecole Royale des Mines » 68. : 33 Mémoire Jür la combinaifor du principe oxygine avec l'Efprit-de-vin, L'Huile € Les différens corps combuflibles.; par M. LAVOISIER, SI Lettre de D: SAINT-JULIEN , Bénédidin , Profeffeur Ermertite de Phr- Lofophie & de Mathématiques, de l'Académie de Bordeaux , & M. DE LA MÉTHERIE, Jur Pacide des Pois chiches, 62 ! Mémoire où loft eXamine quelles font les caufès qui ont mérité au Sucre raffiné d'Orléans la préférence Jur celui des autres Raffineries dis Royaume ; par M. PROZET, de l'Académie d'Orléans, &t. 8x De l’'Acide qui fe trouve dans le Liège ; par M. BRUGNATELLI, ‘I Expériences & Obfervations fur la converjion des Acides Jascharin & tartareux er Acide acéteux 5 par ME. HERMsTADT = 161 \ Supplément au Mémoire de M. DE MORVEAU , fur la nature de P Acier & fes principes conflituans ; par M. HiELM, de l'Académie de Srockolm , 169 Lerrre de M, SAGE , à M. DE LA MÉTHERIE, /ur La mine grife de * Cobalt, 17 Lertre à M. DE LA MÉTHERIE , fur la rectification de l'Ether vüriolique , particulièrement de telui que l'on emploie pour les Arts : par M. PELLETIER , Membre du Collège de Pharmacie de Paris , 178 Extrait d'un Mémoire fur les moyens de convertir le fuc exprimé dé la Canne à Sucre en une liqueur analogue ou au Cidre on an Vin 3 ar M. DuTRôÔNE-LA-CouTURE, D. M. & Affocié du Cercle à des Philadelphes : lu à l'Académie des Sciences , 179 Suite des nouvelles recherches fur la nature du Spatk-fluor ; par M. MonNET, 183 Suite des Expériences fur la prétendue décompofition de l'Eau ; par M. De LA MÉTREREE , 200 Méthode de Nomenclature chimique propofée par MM. DE MORvEAU, LAVoIsiER , BERTHOLLET & DE Fourcroy. Oz y a joint ur JYfléme de caraëtères chimiques adaptés à cette Nomenclature , par MM.HassENFRATZ 6 ADET, extrait par M.DE LA MÉTHERIE, 210 > 48o TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Objervations fur l'Alun cubique, & fur le Vatriol du Cobalt , lues & l’Académie des Sciences , le 23 décembre 1786 ; par M, Le BLANC, Chirurpien, 241 Lertre de M. Wesrrume, à M. CRELL, fur le bleu de Prufle, traduite par M. HASSENFRATZ, 246 Extrait d'un premier Mémoire fur les combinaifons de la bafe de l'Acide phofphorique avec le Prufliate de potafe ; le charbon de bois, quelques plantes des marais , la mine de fer marécageufe, & plufieurs efpèces de fer ; par M. HASSENFRATZ, 2$1 Lettre de M. GuiLLoT , à M. CavELILuER , leve de l'Ecole Royale des Mines , 268 Effai fur la Nomenclature chimique ; par M. ps LA MÉTHERIE, 270 Mémoire en révonfe à celui de M. PROZET , fur le raffinage du Sucre ; par M. BoucHERtE, 30$ Mémoire fr un Bitume élaflique foflile trouve dans le Derbyshire ; par M. DE LA MÉTHERIE, 311 Lettre de M. ***, à M. pe LA MÉTHERIE , für l'analyfe du Pechflein de Mefnil-Montant, j 313 Mémoire [ur la décompofition de l Alkali volatil ; par M. WouLFE, 32 Extrait d'une Lettre de M, CesLz, à M. DE LA MÉTHERIE, fur différens objets de Chimie, 367 Lertre de M, LE CouTEULx DE PUY, à M. DE LA MÉTHERIE, comre la décompofition de l'Eau, 383 Extrait du Mémoire de M.OssurG ,pour fervir de fupplément à la Differs tation de M, le Chevalier LORGNA, fur la Terre du Sel amère d'Epfom ou Magnéfie, comme partie confliruante de L'Alkali minéral, 417 Lettre aux Auteurs du Journal de Phyfique , Jur la nouvelle Nomer: clature chimique , 418 Mémoire de M. PROZET , fur Le raffinage du Sucre , s: 424 Anatyfè chimique & comparée du Win de Saint-Berthelemi, pres d'Angers, & Jpécialement des Bouteilles de différentes qualués dans lefquelles on la mis au mois d'ottobre 1786; par M, Tessit DU CLosEAU , de L'Univerfité de Montpellier , Ge. 432 Obfervations fur Le Criflallifarion de l'huile de Wüuriol ; par M. CHAPTAL, ; 468 Nouvelles Lirtéraires , pages 70 —1$8 — 234 — 319 — 385 —474 a APPÈR O0 BA LEON. RE lu , pat ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre: Obfervations fur La Phyfique, fur P'Hifloire Naturelle & fur les Arts, Ec. per MM.Rozter, MonNcrz le jeune & De L4 Merusrre , &c. La Colleétion de faits importans qu'il offre périodiquement À fes Le@eurs , merite l'attention des :Sa- vans ; en conféquence , j'eflime qu'on permettre l’impreflion. À Paris, ce 13 Décembre 1787. IONT DE BOMARE. LIT ji |} li Ile } (à 787. æ > rt mb L ec D NET Le L PE niLT] LUE S À S < D I â Sa\ VPN R N_ } Decembre 1707 LL An gere 2m can EE ca 27 cent Mn der 1 piles a 0 ol ñ + 1% 100 Ai } APE pu ne si 1 an ES Le dd AR: 1, ? > ESS ue RE GS