TE ER Dee DT RNA PTS ES s OUR PEER RÉ RES SLT S ñ il f'à Lot RE DT QU: 4 On MA OBSERVATIONS é SUR. LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS; ANEC DES RE SUEES EN TAILLE2DOUCE; 7 * DÉDIÉES A M". LE COMTE D'ARTOIS; Par M. l'Abbé Rozi1ER , de plufieurs Académies ; par M. J. A Moncrez le jeune, Chanoine Régulier de Sainte Geneviève , des Académies Royales des Sciences de Rouen, de Dijon , de Lyon , &c. &c. & par M. DE LA MÉTHERIE, Doëteur en Médecine , de plufieurs Académies. J'U I'LL ET «788. L'OME"XXXIIT AU BUREAU du Journal de Phyfique , rue & hôtel Serpent. M HDIC CL KE VIT LT: AVEC PRIVILÈGE DU ROI, Fo ST | . -HAINAUTAM MAP Pr PRG TAA NET Chr | ‘10Y04-411 1AT Mi can > , " LA « e - | - :210T D DE = Er A 4 mins 20h Ts 5e nue el starnnh) «3 | L L' AS 4e * t Ki ‘caso sb asgniris: 297.29 OBSERVATIONS MÉMOIRES. SUR L, À PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, .. ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. © Û——— ———— —— — — ——…——— — —— —…———— —…————— —“— OBSERVATIONS SUR LES/INONDATIONS. DE LA VALLÉE DE ‘DROM; Par M. RisouD, Etape Perpétuel de ‘la Soc étété L'Enularion de Bourg , &c. Le village de Drom eft fitué à dk lieues à à left de bobré Bree dans la chaîne des montagnes, dont le revers occidènt = 4 nomme Reverrsonr. H eft placé dans une vallée où baffin d'un quart de lieue de largeur, ouvert au nord & au fud, & bordé de montagnes Calcaires peu Mes Le {ol de ce baflin eft très-inésal ; rempli de crevaflès'& daFale Tome XXXIIT, Part, II, 1788. JUILLET. A 2 + » 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pros ‘indiquent'd'atciennes & arandesmévolutions ; par-tour il eff | hérité e_ rochers, ufés & décharnés, verticalement! implantés, & Horrant du fein de la-terre comme.des dents: Leurs couches néant point horifontales comme celles; dés noëraones qui fe correfpande c de .chaque:côté', donnent à conjecturer qu'anciennement is Éiiene fpartie dés bans de ces montagnes , que leur poñtiôn verticale eft due à l’affaiflement fubit d’une voûte immenfe, & quil-n'exiftoit peut-être iqu'une feule montagne qui a été divifée par cet événement, Quoi qu'il en foir, ils font dégarnis de térre d'environ un pied ou! .deux-; &-aflez-éloignés-lessuns des autres ; leur furface polie &: ufée ; leurs angles arrondis , leur figure conique, les trous & cavités dont ils foht pleins, la terre dahs* laquelle ils\ font parfemés conrme ‘dans fune prairie, .tout*annonce l’ancien féjour & la Auétuarion des: eaux dans cé lieu ; rouc indique qu'ils ont formé le fond d’un bafin rempli d'eau ,. tout prouve que celle-ci a agi fur-eux en grande mafle, & qu'elle les a abattus & corrodés pendant long-tems. | Au miliew du bafin eft'placé le village de Drom, qui eft peu con- fidérable , & dont les habitans font Fort pauvres. On y voit une fon- taine qui baiffe & tarit fort fouvents fon ouverture fituée dans un en- droit enfoncé &: difpofé en entonnoir, ne laifle point échapper des. eaux qui coulent horifontalement, mais elles s'y élèvens comme dans un puits; en forte qu'on ne doit point la regarder-comme une fource ordinaire, mais comme un orifice qui communique à une grande mafle d’eau inférienre ;- & jen ‘laifle écouter ‘au, dehors; quand cette mafle eft top confidérable. On peut pénétrer dans cette oùverture à mefure que les eaux baiflent, & lon prétend, dans le village que ceux qui y font defcendüs le plus/avant'dans le rèms de grandes féchereffes* ont ren- contre une grille de fer à une affez grande profondeur. Mais en rap- portant ce fait, je fuis bien éloigné de le donner pour certain; car on fait combien l'imagination, l'amour du merveilleux, ou la difficulté vaincue, peuvènt/montrer dés chofes’ exttaorliriaires à des efprits foi- bles ou peu éclairés, Cette fontaine elt affez connue dans les environs, &;les gens du-pays-difenc,g4/o# y, va chercher ,,& qu'on. y.-donne de l'efprit. Cette propriété précieufe devroit affurer fa répütation, & attirer aux eaux de Drom plus.de. voyageurs-qu'à Spa , mais on y en rencontre peu : la raifon en eft fans doute que les hommes ne penfent pas avoir befoin d’ailer chercher de l’efprit, chacun s'en croit fufifamment pourvu ;: &:des-bords de ‘a fontaine font déferts. Il eft affez dificile d'expliquer l'origine de cet adage local , il. me paroît qu'il doit vraifemblablement à naiflance aux. queftions: que les phéiomènes de cette fontaine infpi- rent à,.ceux auxquels on en rend compte ;.& on a cru fans doute que fes eaux devoient donner de l'efprit, parce qu'on penfe qu'il en fau- drois-beaucoup-pour expliquer. les faits qu'elle. préfente, Sans avoir la t £ 1 EXT G > 13 ; 1 rs Er “ à L 00 e SUR L'HIST.. NATURELLE ET LES ARTS. 4 prétention d'y réuflir, je vais la décrire & propofer mes idées ; & comme en hiftoirenaturelle l'obfervateur a moins befoin d’efprit que d'atten- tion & d’exactirude, je puis répondre de. moi fur ces deux derniers points, & j'écris avec plus de confiance. ; Après des pluies abondantes la vallée fe trouve en peu de remis cou- verte d’eau qui eft très-chargée de fable & de terre. Ces inondations font fréquentes ,.elles durent peu, mais toujours trop pour les malheu- reux habitans de Drom, qui voisnt fouvent leurs récoltes détruites , , & font quelquefois forcés de femer fans fuccès trois ou quatre fois leurs terres dans la même année. On feroit d’abord tenté d'attribuer ces inondations à la réunion des: eaux qui coulent des montagnes environnantes , mais on renonce bientôt: à cette opinion ; 1°. parce que ces montagnes ayant des pentes différem- ment inclinées , des {ciflures diverfement dirigées, les eaux verfées fur: _elles par les pluies ne fe rendroient point toutes vers le village de. Drom, mais fe dirigeroient dans d’autres cantons fuivant les pentes ; 2°. que fi les pluies produifoient cet événement, elles devroient l'offrir dans toures les autres vallées. voifines,. donc quelques-unes fonc plus profondes , bordées de. montagaes plus confidérables, & de plateaux plus vaftes.. %°. Dans le tems des pluies ,. quand l'inondation commence, les eaux au lieu de_ tomber avec rapidité des montagnes, s'élèvent au con- traire du fond même du baflin, elles jailliflenc en plufeurs endroits avec violence, & forment des jets plus ou moins élevés, mais rès-mul- tipliés dont plufieurs montent mème quelquefois à cinq ow fix pieds, & font d'un diamètre de pluleurs pouces. On croiroit alors que le fond de la vallée. eft percé conne un crible, & que les eaux fouterraines preflées par un agent quelconque, font forcées de fortir de leur-réfervoir , & de s’élancer au dehors à.travers de la furface qui le couvre. Ce phénomène prouve que le fond du baïlin n'eft autre chofe que- la voûte d’une ou plufeurs cavités fouterraines, dans lefquelles féjour- nent une.grande quantité d'eaux qui s'extravafent quand les réfervoirs font trop pleins. La tradition fe réunis ici à lobfervarion, & elle aflure- qu'il exifte en.cet endroit un lac fouterrain, Elle ajoute même que ce: lac éroic autrefois extérieur, du moins en partie, puifqu'on prétend que: les Seigneurs de Drom y avoient un droit de bac ou de hareau (1}e-- Quelque fecouife de tremblement de terre, l'affaiflement de quelque rocher auront brifé & ouvert le fond du baflin, & les eaux extérieures: fe feront retirées dans le fein de la terre. Elles ne paroiflent au dehors : —— (1),Je n'ai point pu vérifier moi-même ce fait, mais il m'a été conficmé par una Commiflaire du Seigaeur ” 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que quand la capacité des cavernes inférieures n’eft pas fufffan te pour le: contenir; l'exiftence de ce lac ou amäs d'eau fouterrain par oît donc bien certaine , elle fe prouvera de plus en plus dans la fuite de ces obfeivations, & je vais d’après cette donnée expofer mes idées fur les inondations & les jets. Les montagnes fonc en général remplies de très-grandes cavités, on pourroit prefque les comparer à une éponge , ou plutôt à un morceau de tuf qui feroit couvert de terre. Celles qui environnent la vallée de Drom en contiennent beaucoup; la nature & la forme des lits de pierre qui les compofent , l’afpect des fciflures des rochers, les cavernes exté- rieures, les pentes en tout fens, atteftent leur ftruéture intérieure. Ces cavités reçoivent les eaux des parties plus élevées, & comme elles fe communiquent entr'elles par des fentes & das filtrarions, ces eaux fe rendent dans celles qui font les plus baffes ; leurs poids & les loix de l'équilibre les y portent, & les cavités qui font au centre du bañlin font ainfi toujours remplies d'eau, qui fouvent s'en échappe quand elle ne peut plus y être contenue. Les eaux qui coulent des montagnes, foit intérieurement , foit ex té- rieurement autour de Drom, fur-tout après de grandes pluies, ont bientôt rempli le réfervoir fouterrain que je fuppofe fous le fol de la vallée ; ne trouvant pas de débouchés fufifans dans le fond ou les côtés, elles doivent s'échapper par la partie fupérieure qui eft remplie de fentes & d'iflues : de-là les jets dont la hauteur ett proportionnée à la force de compreflion exercée par les eaux qui affluent dans le fac. Suppofons un vale fermé de rous côtés, mais dont le couvercle feroit percé de quelques trous ; que des tuyaux trois ou quatre fois plus longs que le vafe y foient adaptés, & aboutiffent à fes côtés dans une fituation in- clinée ; qu'on verfe de l'eau par ces tuyaux, le vafe fe remplira en peu de tems, & fi l’on continue à en introduire, on la verra bientôt s'é- chapper par les treus du couvercle, & produire extérieurement des jets dont l'élévation fera en raifon de la longueur & de l'inclinaifon des tuyaux. C'eft ainfi que peuvent s'expliquer ceux de Drom, & les loix de lhydroflarique en développent bien fimplement le mécanifme. Il eft à remarquer que ces jets ceflent quand l'inondation eft arrivée à un certain point, & que dès qu'ils ceflent, les eaux ne tardent pas à baifler. La raifon du premier effet eft qu'elles ne doivent jaillir que jufqu'à ce que celles qui occafionnent leur reflux foient en équilibre, & jufqu'a ce que toutes les eaux foient réunies dans le bafin; alors l'effet doit cefler avec la caufe. D'un autre côté, quand les jets difpa- roiflent , les eaux doivent baïfler, foit parce que leur mafle n'augmente plus, foit parce qu’il s’en fait une déperdition confidérable par l’évapo- ration, les filtrations, les déchargeoirs intérieurs. L’inondation ne di- minue point par l'écoulement extérieur des eaux hors de la vallée, & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 par la formation de quelque torrent momentané , elles rentrent toutes dans le fein: de la terre, & difparoiflent en un jour où deux. La terre qu'elles ont couverte paroît alors criblée d'une infnité de trous grands & petits qui ont la forme d'entonnoirs par lefquels l'eau fe retire. Il n’y a dans la vallée d’autre ouverture ou communication extérieure remarquable que celle dela fontaine dont j'ai parlé, & qui eft fituée dans un des endroits les plus bas. On dit qu’il eft des tems où lorfqu'on peut y defcendre à une certaine profondeur, & jetter un flambeau al- lumé,. on apperçoit une grande étendue d’eau. Peut-être le lac fouter- rain forme-t-1l une vafte plaine liquide, peut être aufli plus vraifem- blablement les cavités font-elles irrégulières, pleines de rochers qui fe croifent , & annoncent-elles le défordre qui fuic un grand'ébranlement, en forte qu'on ne peur pénétrer bien avant dans l'intérieur, quoique les vuides & les communications foient très-confidérables, Je crois avec raifon pouvoir me repréfenter la retraite de ces eaux comme un amas de rochers & de débris qui laiflent des vuides entr'eux, que le hafard ou leur pofition rendent plus ou moins grands, & non point comme une caverne immenfe & régulière ; la fituation des rochers extérieurs appuie ma conjecture. Ce lac ou plutôt ces réfervoirs ont néanmoins au-deffous d'eux des déchargeoirs , par où une certaine quantité d’eau s'évacue continuelle- ment; plufieurs font connus, & aflez rapprochés de Drom. Ce font des fources & des ruifleaux qui fortent du pied des montagnes que je regarde comme les parois du baflin. On en voit une confidérable à Jafferon qui produit le ruiffleau de Jugnon , une au hameau de France, une autre dans le vignoble de Meillonnas; les fontaines & ruifleaux qui fortent depuis Treffort jufqu'à Journans, & peut-être plus loin, me paroiflent alimentés par la même caufe. A l’eft de la vailée de Drom, le fond des baffins formés par les montagnes eft beaucoup plus: élevé qu'elle ; il y coule des ruiffeaux & des rivières, notamment celle de Suran dont le lit étant fupérieur au lac de Drom, peut contribuer à fon entretien. En effet dans le bois de Javernaz, fitué fur une mon- tagne qui fépare la vallée de Drom de celle de Simandre où coule: Suran , on entend en plaçant l'oreille fur la terre à r2-côreau , le bruit des eaux qui fuient intérieurement fur des rochers, & il femble indi- quer bien clairement une communication intérieure entre les eaux de- Suran & les fourerrains de Drom. Il peut exifter plufieurs de ces com- munications , car on remarque en quelques endroits du lit de Suran des efpèces d’entonnoirs par où il perd des eaux, notamment près de Noblens. Ce lit eft plus élevé que la vallée de Dirom, il ne paroîc point d’une largeur & d’une profondeur proportionnées à la quantité d'eau que cette rivière charrie & recoir, ce qui fuppofe une perte par le fond, Celui-ci eft compofé de rochers, & conféquemment les- eaux 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, doivent s'échapper par une multitude de fentes , de fciffures lépères. Enfin on voit quelquefois dans la fontaine de Drom divers poiflons. & ils ne peuvent venir que de Suran , parce qu'il n’y a aucun réfervoir, aucune rivière poiflonneufe plus voifine; celle-ci qui prend fa fource à plufieurs lieues au nord, & qui eft fujette à des crues rapides & con- fidérables, coule dans une fituation parallèle à la vallée de Drom, & elle n’en eft pas à 1509 toifes, fi l’on tire une ligne droite à travers la montagne qui l’en fépare; on peut donc penfer avec fondement que fes eaux forment un des principaux alimens du lac de Drom, & qu'elles occafonnent les jets en grande partie, parce qu'elles y arrivent par une pente longue & rapide. Une manière sûre de conftater que Suran perd [es eaux par le fond de fon lit, feroit de placer un morceau de bois dans cette rivière per- pendiculairement. On fait en effer que fi l’eau monte contre cet obf- tacle, on doit en conclute qu'elle coule par une pente rapide ; fi elle ne fait que Le toucher fans s'élever, alors il éft certain que fa vitefle eft uniforme, & ne provient que de la preflion de fes parties; mais fi elle baifle, on eft afluré qu’elle fe perd par deflous, Les déchargeoirs inférieurs du lac ne peuvent pas empêcher les jets & les inondations, parce que dans les crues ils ne fuffifent pas à l'é= vacuation des eaux pour les empêcher de monter; la dépenfe n'étant pas égale à la recerte, elles doivent s'échapper par le haut; cela eft trop fenfible pour qu'on s’arrète à l’expliquer plus longuement. On connoît beaucoup de lacs où amas &’eaux fouterraines comme celles de Drom, & on obferve en plufeurs endroits des phénomènes aflez femblables à ceux dont je viens de parler. Il y a des montagnes qui renferment de grandes maffes d’eau qu’un principe caché de raréfac- tion en fait fortir quelquefois pour inonder les campagnes élevées, & y former des lacs (1). C'eft ce qu’on voit fouvent dans les montagnes des volcans actuellement brülans , telles que l'Etna & le Véfuve; il fe faic dans leurs côtés des ouvertures qui vomiffent des torrens impétueux. Des révolutions locales, des fecoufles de tremblement de terre ont fouvenr produit les mêmes effets; la Calabre & la Sicile en offrent des exemples récens. Le 24 Juin 176$, un rocher ébranlé par un trem- blement de terre fe détacha près de Chierti en Abbruzze, & donna pa{fage à un torrent qui inonda plus de trois milles de pays. En 1692 une montagne près de pont Moran dans la Jamaïque fut engloutie, & - la place qu’elle occupoit n'offre plus qu’un grand lac de quatre ou cinq lieues, elle n’éroit que la vote de ce réfervoir, & couvroit vraifembla- blement de vaftes cavernes comme ce qui forme aujourd hui le fond du —— (1) Hiftoire Naturelle de l'Air, par M. l'Abbé Richard, tome V, baflia SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 9 bain de Drom. La ville de Périgueux paroît bâtie fur une voûte fem- blable à celle du bañin de Drom; il y exifte une grande quantité de puits fans fond, & les perfonnes qu'on y defcend voyent une grande étendue d'eau. Je fuis auf tenté 4 croire que Nantua en Bugey eft das une pofition à-peu-près femblable. Le lac de Sylan & celui de Nantua ont une communication fenfible par-deffous cette ville. IL exifte en Perfe une grande quantité de montagnes qui renferment des amas d’eau. Abas le grand en ayant découvert une, y fit faire une ouverture par où l’eau fort en abondance, & vient groflir le fleuve de Zenderond. Des fuintemens, des filtrations & d’autres lignes extérieurs annonçoient ce réfervoir, comme toutes les fontaines dont j'ai parlé indiquent celui qui eft au-deffous de Drom. Les grottes confidérables dans lefquelles on peut pénétrer un peu loin, les mines profondes) of- frent prelque toutes des mafles d’eau ftagnantes. Tous les habitans de nos pays connoiflent Je lac renfermé dans la grotte de la Balme en Dauphiné; celles d’Arci en Bourgogne en contiennent un de 120 pieds de diamètre donc l’eau eft claire & bonne à boire; & celles qu'on rencontre fi fréquemment dans les hautes montagnes , telles que le Jura & les Alpes, en préfentent fouvent de femblables. Les eaux qui tombent fur les montagnes trouvent des iflues, filrrent à travers les terres & les rochers, & entraînées par leur propre poids , elles pénétrent en tout fens dans les cavités intérieures d'où elles s’échappent fouvent au dehors par les mêmes moyens, & vont former dans les rerreins plus bas des fontaines & des lacs. Quand les eaux qui tombent & fe réunif- fent dans les plaines n'ont pas d'écoulement facile, elles s'infinuent dans les terres, & pénétrent à travers les fentes des glaifes & des au- tres couches compactes, ou bien elles fe difperfenc & fe divifent dans les graviers & les fables. M. de Buffon dit avec raïifon que le fond d'un puits eft un petit bañlin intérieur , dans lequel les eaux qui fuintent des terres voifines fe rafflemblent en tombant d'abord goutte à goutte, & enfuite en filets continus lorfque les routes font ouvertes aux eaux plus éloignées. C'eft ainf que font entretenus les réfervoirs intérieurs des montagnes & des plaines, & qu’ils font ordinairement ‘l'origine de quelque rivière ou de quelque fontaine. Cependant s'ils en alimentent beaucoup , fouvent aufi ils en ab{or- bent & en engloutiflent quelques-uses. On en voit en effec qui difpa- roiflent & ne fortent de la terre qu'à de grandes diftances , quelquefois fous un autre nom, quelquefois en une multitude de filets ou de ruiffeaux. Des fleuves fe perdent dans les fables, d’autres fe précipitent dans da terre. Tels font le Rhin, le Quadalquivire ; la rivière de Got- tembourg en Suède. Sur la fin du fiècle dernier ; une- fecouffe violente fit ouvrir la terre près de. Velez dans le Royaume de Grenade & la ri- vière difparut ; le Céphifus d'Athènes n’exifte plus, on n'en recounoît Tome XXXIII, Part. II,1788. JUILLET, B 1o OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, pas même le lit; l'Afrique , l'Arabie, la Perfe, l'Amérique préfentent en beaucoup d’endroits des faits de certe efpèce. On lit dans Varen- pius (1) que dans la partie occidentale de Saint-Domingue, on ‘voit au pied d'une montagne élevée plufieurs cavernes où les rivières & ruif= feaux fe précipitent avec tant de bruit qu'on les entend de 7 à 8 lieues: Plufeurs rivières de France fe perdent ainfi. M, Guettard (2) en cite un aflez grand nombre, notamment la Rille, l’fton, l’Aure , le Sap- André & la Drome en Normandie. Les quatre premières fe perdent peu-à-peu & reparoïflent enfuire, &c la dernière difparoît totalement. Le terrein eft compofé d’un gros fable peu lié, les engouflremens où ces rivières fe perdent font nommés dans le pays Beétoires , ce font des trous ou entonnoirs de différentes grandeurs qui conduifent les eaux dans des cavités fouterraines, & deviennent eux-mêmes des fontaines après les grandes pluies, parce que les eaux intérieures regorgent ; c'eft précifément ce qui arrive à Drom. La fontaine fans fond de Sablé en Anjou eft aufli une efpèce de gouffre ou entonnoir de 20 à 25 pieds de diamètre fitué dans la partie la plus baffle d'une lande de 8 à 9 lièues de circuit (3). Il y a de tems en tems des débordemens pendant lefquels il fort de la fontaine une grande quantité de poiffons parmi lefquels on diftingue des brochets truités inconnus dans le pays. Cette fontaine fuppofe donc un réfervoir & des communications avec des rivières qué fe perdent dans la terre à une grande diftance, Fréquemment on voit des fources confidérables fortir au pied des rochers; dans le grand nombre, une des plus curieufes eft celle de Vaucluze que Pétrarque a rendue fi fameule ; on peut aufi nommer celle de la Beze à quelques lieues de Dijon, elle jaillit au milieu d’un bafin avec un bouillonnement confidérable, & forme une colonne ou Jet principal de cinq à fix pieds de diamètre fur une hauteur plus grande, IL faut que les eaux qui. arrivent dans le réfervoir intérieur s’y précipi tent avec une grande violence pour opérer cet effet, on croit que cette fource efl aûe à une rivière qui fe perd dans la Champagne fort loin de Beze. Je puis encore citer la petite rivière de Verjon en Breffe ; qui fort d'un antre en mafle très-forte, & eft fur-le-champ capable de faire agir un moulin, la rivière de Meillonnas, le Jugnon & la Reif fouze , parce que celles-ci fortent des montagnes qui environnent la vallée de Drom. On voit aufli en beaucoup d’endroits des veftiges d’anciens lacs qui ont difparu comme celui qui peut avoir anciennement occupé cette (x) Géograph. Général, page 43e : (2) Mém. de PAcad. Royale des Sciences, année 1758, (3) Valmont de Bomare, Di&, d’Hift, Nat. au mot A4yme. SURL'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 1x vallée. M. Monnet (1) en a reconnu dans le ballin de Marienbourg. Les ondulations des côtes qui l'entourent annoncent qu'il eft un ancien fond de lac, & donnent lieu de croire à un écoulement fpontané des eaux. Îl exifte dans notre province près de Lyon un grand marais nommé les Echets que la tradition & les anciennes cartes nomment encore lac. Il avoit deux ou trois lieues d'étendue; un Duc de Savoie alors Souve- rain de la Brefle entreprit de le deflécher pour le mettre en culture; il fit en conféquence ouvrir du côté du Rhône & de la Saone dont les lits fonc beaucoup plus bas des faignées profondes ; le lac difparut, les eaux s’écoulèrent en partie, mais il eft refté un marais immenfe & très- nuifble. Cet événement prouve que quand le defléchement d'un lac ou d'un étang ne peut être complet, il eft dangereux de l’entreprendre. On trouve dans la province de Cachemire dans l'Inde un monument de révolution terreftre très-refflemblant à l’érat ancien & nouveau de Drom, Suivanc les Brames cette contrée étendue, environnée de hautes mon- tagnes, a été couverte autrefois par les eaux d’un grand lac qu’un Prince du pays fit écouler; d’autres difent qu'un tremblement de terre ouvrit un abîme qui engloutit ce lac (2). Celui de Zirchnitz, ville de la baffle Carniole dans l'Autriche, a fous fon baflin un autre lac qui fait jaillir l'eau pat les entonnoirs du lac fupérieur jufqu’à la hauteur dé 15 à 20 pieds; ce dernier reçoit beaucoup d'eau & ne déborde jamais ; il fe perd fous les montagnes par douze entonnoirs, Lorfque la fécherefle dure long-tems , il fe tarit en 25 jours, quoiqu'il ait fix lieues de long & trois de large, on y va prendre le poiflon à fec. Si la fécherefle eft plus longue , on y recueille du foin, on y laboure, on y fème du miller qui y croît & mürit rapidement; enfin on y chaffle les bêtes fauves qui defcendent des montagnes. Les trous ou entonnoirs qui font aux environs de Vefoul en Franche- Comté, & qu'on y nomme frais-puits lancent aufli une aflez grande quantité d’eau en forme de jet après les pluies. Toute [a furface du terrein qui les environne eft remplie de petits trous comme à Drom. Un épanchement fubit de cette efpèce força Céfar à lever le fiége de Veloul ; tous ceux qui ont décrit ces frais-puits attribuent leurs épan- chemens à la fur-abondance des eaux intérieures occafionnées par celles des pluies ou les crues des rivières, car ils font tous dans des vallées environnées de montagnes, Je ne crois pouvoir mieux terminer ces ob- fervations qu'en rapportafit ce qu'un Naturifte eftimé (3) dit du frais- puits de Vefoul; ce phénomène a trop de rapport avec ce que j'ai ob- (1) Voyage minéralogique en Thierache imprimé dans le Journal de Phyfique. (2) Defcription de l’Inde, parle P. Chiesfurthaler. (3) Le P. Chrifologue , Capucin, Mémoire lu à l’Académie de Béfancon le 24 août 1786 , imprimé dansle Journal de Phyfique en 1787., Tome XXXIII, Part. Il, 1788. JUILLET, B 2 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fervé à Drom pour que le détail ne foic pas aufli intéreffant que né- ceffaire, ; « Le frais-puits eft à une lieue fud-fud-eft de Veloul fur le territoire de Quinci. C'eft un creux d'environ 6o pieds de diamètre dans le haut qui diminue à-peu-près fous la forme d’un entonnoir, & eft ouvert dans des rochers. Il y a prefque toujours un peu d'eau dans ce puits, & elle croît ou baifle fuivant les pluies ou les fécherefles; tour ceci eft très- conforme à la forme & à l’érat de la fontaine de Drom. Quand le frais-puits efl plein , s’il arrive de orandes pluies, l’eau s'élève à gros bouillons , elle déborde, &'inonde bientôt la prairie de Vefoul où elle monte quelquefois jufqu'à trois eu quatre pieds. À quelque diflance du frais-puits on trouve quantité de monticules & de bafins où les eaux affluentes fe réunitfent, le fond de ces baflins eft beaucoup plus élevé que le frais-puits, & leurs eaux ne s’écoulent point par des ruifleaux ou des iflues extérieures. Le Père Crifologue penfe que ces eaux filtrent dans l’intérieur de la terre, & fe réuniflenr dans un lac où une rivière fouterraine qui communique avec le frais-puits, & occafionne fes épan- chemens & {es jets, & que ce lac où cette rivière font alimentés, foic par les eaux de'ces baflins , foit par celles de quelques rivières & des grandes pluies. On trouve encore le puits de la Brême près d'Ornans , le creux Genat près Porentrui, & plufieurs autres qui ont à-peu-près. les mêmes caufes & les mêmes effets », Ces diverfes exemples s'appliquent tous à l’objet de ces obfervations, ils jettent un grand jour fur les idées que je viens de préfenter, ils fe réuniflent pour fortifier mes conjectures, & appuyer l'explication que j'ai cru la plus fimple & la plus naturelle. L’hiftoire phyfique de notre province étant encore peu connue, je me fuis livré avec confiance à l'examen de ce qui fe pafle à Drom, & ce phénomène remarquable: m'a paru digne de l'attention d’une fociété qui accueille avec indulgence tour ce qui peut intérefler la Brefle.. ; EXTRAIT DUN MÉMOIRE Lu à l’Académie des Sciences en 1786, SUR LE MÉCANISME DES LUXATIONS DE L'HUMERUS & Par M. PiINEL, Doë&eur en Médecine. Jar déjà expofé dans un autre Mémoire (Journ. de Phyfig. Novembre 1787 ) le mécanifme des luxations de la clavicule & la théorie qu’on doit déduire des faits obfervés, Je pourfuis ls même objet & je pale aux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 Juxations de l’humerus. Que de queftions à réfoudre & que de points à difcuter relativement au déplacement de la têre de cer os ? Diverfes pièces anatomiques qui offrent l'état des (1) articulations dans ces forces de luxations non réduites me ferviront de guide dans mes recherches, & ce ne fera qu'après les avoir décrites avec exactitude, que je me permettrai d’en tirer des induétions fondées fur Les principes fimples de la mécanique. .: La nature ne forme-t-elle pas de nouvelles articulations dans les luxations de l'humerus non réduites & quelle eft l’efpèce des moyens qu'elle emploie ? Quelle eft l'étendue du déplacement de l'os dans divers cas? & quelles font fes:principales variétés? La tête de l'humerus aban- donne-t-elle en entier la cavité glenoïde? & comment certe tête vienc- elle fe placer dans divers cas entre le mufcle fous-capulaire & la partie fupérieure de l’omoplate? Les mufcles fur-épineux & fous-épineux font- ils fimplement diftendus dans certains cas, & dans d’autres font-ils déchirés, ou du moins leur tendon eft-il féparé du: lieu de fon in{ertion à l’humerus? Le coup peut-illêtre dirigé de. manière à produire une fradure de la ‘partie fupérieure derFacromion ,&:- à chafler la tête de lhumerus de la cavité glenoïde, &-dans ce :cas n'y a-t-il point une: luxation humérale de la 'clavicule compliquée avec celle de l’humerus à La fra@ure de l'humerus vers fa partie fupérieure n’offre-t-elle pas aufli quelquefois une complication avec la luxation de la tête de cer os, &c. On fent bien qu’on ne peut répondre à ces divérfes queftions que par des faits. J'ai raflemblé & difpofé dans un ordre convenable les exeraples qui offrent les différences les plus-caractérifées, & je foumets aux yeux de l'Académie fix diverfes pièces anatomiques qui rendent fenfble la nouvelle pofitien refpeétive qu'ont acquife les parties. Il eñt été très- dificile de rendre ces objets par des gravures, & je me borne à de fimples defcriptions qui feront facilement entendues par les Anatomiftes, PREMIÈRE VARIÉTÉ. Une nouvelle articulation qui s'eft formée à Ia partie fupérieure & interne!de l'omoplate rend cette prémière pièce anatomique très-remar- quable. La tête de l’humerus aentièrement abandonné la cavité glenoïde; & à certe cavité fetrouve répondreunepartie de la petite tubérofiré du même os du bras. La nouvelle face articulaire qui s’eft formée eft une zone fphérique qui a un pouce de largeur, une pouce & demi de fleche, & dont l'ouverture , ou pour parler iplus exaétement, la foutendante , a deux (1) Je rends ici un témoignage public de reconnoïffance à M, de Sault , Chirur ien en chef de l’Hôtel- Dieu de Paris, qui m’a généreufement ouvert fon cabinet “d'anatomie , & qui m'a permis de décrire plufeurs pièces recueillies durant le cours de f pratique, & propres à répandte de nouvelles lumières für l’objet de ce Mémoire, } x4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pouce & demi d'érendue. La partie fupérieure de cette zone eft formée par la face inférieure du bec coracoïde, qui s’eft applattie, agrandie & recouverte d’une concrétion offeufe. Le refte de la zone eft contigu à la cavité glenoïde & foutenu en dedans par une concrétion offeufe en talus qui vient fe perdre au quart fupérieur de la face interne de l’omo- plate. Ce talus ef life & poli en dehors & d’une nature parfaitement analogue à celle de cer os. C'eft dans cette zone ou furface arriculaire qu'étoit reçue & que jouoit librement une grande partie de la tête de lhumerus. L’efpèce d'hémifphère que forme cette tête a non-feulement aban- donné la cavité glenoïde, mais encore elle s’eft conrournée en dedans. Le fommet de cette tête qui correfpond à la face inférieure du bec coracoïde s’eft applattie, & il s’eft formé de nouvelles concrétions offeufes qui ont comblé le.col de lhumerus dans cette partie. Par ce déplacement & cette difpofition de la tête de l'humerus il fe trouve que fa face antérieure n’eft éloignée que de deux pouces & demi de l’extré- mité fternale de la clavicule, & qu'elle dépafle d’un pouce & demi l'apophife coracoïde pendant que dans l’état naturel, elle fe trouve bornée par cette même faillie, On voit que dans cette luxation qui n’a point été réduite, la nature a fuppléé à cette difformité en formant une nouvelle articulation dont les mouvemens étoient fans doute bornés, mais fufifans pour plufieurs ufages de la vie. On voit encore que quand la nouvelle difpoftion a eu lieu & qu'elle a éte bien confolidée , il auroit été ridicule de tenter de réduire les parties, puifque les efforts violens qu'on auroit dû faire alors n’auroient abouti tout au plus qu'à produire une nouvelle luxation. L’arrangement des parties étoit d’ailleurs tel que l’ancienne articulation dans la cavité glenoïde ne pouvoir plus-avoir lieu, Une pareille luxation ne peut avoir été produite que par un coup violent vers la partie fupérieure & externe de l'humerus, ce qui a engagé la tête de cet os au-deflous du bec coracoïde & des extrémités du mufcle coraco-brachial & de la courte tête du biceps & l'a placée entre la partie fupérieure de l'emoplate & le mufcle fous-capulaire. L'impulfion paroîe avoir été portée pendant que le bras éroic dans une fituation parallèle au tronc ; les mufcles fur-épineux 8 fous-épineux ont éprouvé une fimple diftenfion , & le rebord interne de la cavité glenoïde s'étant engagé dans une partie du col de l'hümerus, il seft trouvé que‘la petite tubérofité du même os a répondu à cette même cavité. La luxation n’ayant point été réduite & le malade ayant fait des efforts pour recouvrer le mouve- ment, les frortemens exercés fur la partie interne: & fpérieure de Pomoplate y onc déterminé un afflux. & un fdiment de matière offeufe qui s'eft durcie peu-à-peu , en contractant une forme qui l'a rendue propre à recevoir la tête de l’humerus. L SUR L'HIST. NATUREÉLLE.-ET LES ARTS, 15 SECONDE VARIETÉ. Cetteautre pièce anatomique, quoiqu'un peu analogue à la précédente, offre des traits de diffemblance très-marqués. L'impulfion qui a produit cette luxation a été portée fur la partie fupérieure K externe de l'humerus, & le rebord interne de la cavité glenoïde s’eft engagé entre la tubérofité & la tête de cet autre os, fans cependant que la tubérofité repofe comme dans le cas précédent fur la cavité glenoïde, IL paroiït que quand le coup a été porté, le bras étoit dans un état d’extenfion, puifque l'os de Thumerus eît fixé de manière à former un angle droit avec la côte anté- rieure de l'omoplate. La tête de l’humerus s'eft engagée auñi entre Ja partie fupérieure de l'omoplate & le mufcle fous-capulaire ; mais la partie inférieure de certe tête eft d’un demi-pouce inférieure au bord le plus bas de la cavité glenoïde ; ce qui montre que le coup qui a produit ce dépla- cement a été dirigé de haut en bas & de derrière en dedans. La nature a formé, pour ainfi dire, les rudimens d’une nouvelle articulation à la partie fupérieure & interne de l’omoplate : on obferve en effet un bourlet offeux & de forme circulaire, qui s'étend depuis la bafe interne de l’apophife coracoïde & la côte, antérieure de lomoplate à un pouce de diftance du rebord inférieur de la cavité glenoïde ; mais l'ofhfication des parois de cette nouvelle articulation eft encore très- imparfaite & bien loin de pouvoir être comparée avec celle du cas précédent. Ce bourler n'eft nullement foutenu par un talus offeux & folide, & les mouvemens du bras devoienr être de très-peu d’étendue, foit par la difpofition peu favcrable des parties , foic que la perfonne foit morte à une époque peu éloignée de l'accident, & que les parties deflinées à former la nouvelle articulation n'aient point été aflez développées. Certe Juxation appartient au côté gauche, tandis que c’écoit le bras droit qui l’avoit éprouvée dans le cas précédent, On remarque aufli une autre complication dans cette pièce offeufe, c’eft une carie dans l'intérieur des tubérofirés & de la tête de l'humerus. En effer, une partie de leur fubftance interne eft encore creufée, & on y enfonce en divers fens un ftilec à la profondeur d'un pouce & demi. Le progrès de la carie eft encore manifeite à l'extérieur à un pouce .& demi de diftance de la bafe externe de la tubérofiré. Cette carie a-t-elle été produite par le coup? Le défordre qu'elle a caufé dans les parties molles environnantes , a-t-il été confidérable > A-t-il accéléré la mort de la perfonne?On ne peut former fur ces trois queltiéns que des conjedures ; putfque je n'ai point fuivi le progrès du mal durant l'état ce vie & que l'individu m'étoit inconnu. F TROISIÈME VARHFÉTÉ. Cette pièce anatomique a lavantage d'offiir la fituation refpective 16 OBSERMATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'ont acquife plufieurs mufcles dans le déplacement de l'os. Une impulfon violente où bien une chüte fur le coude a fait pañlèr la tête de l’humerus fous l'apophile coracoïde , & on voit encore en place le mufcle coraco- brachial & la courte tête du biceps. On voit encore ici avec quelle vio- lence le mufcle fous-épineux été diftendu par le déplacement de la tête de l’humerus : en effet la partie fupérieure de ce mufcle recouvre & eft fortement appliquée fur la cavité glenoïde , en forte que les fibres de ce mufcle ont éprouvé un allongement de près de deux pouces, Il paroît que le mufcle fur-épineux dont on ne trouve que quelque légère trace a éprouvé une diftenfion analogue, Le déplacement de la crête de l'humerus a été beaucoup plus compler que dans les deux cas précédens, puifqu’aucune partie de la tête de cet os ni de la tubérofité n’eft logée dans la cavité glenoïde , mais que toute cette extrémité s’eft entièrement engagée entre la furface interne de la portion fupérieure de l'omoplate & le mufcle fous-capulaire. La capfule articulaire a été entièrement rompue, & la tête de l’hume- rus qui eft rournée en devant s’avance de manière que fa partie antérieure n’eft qu'à un pouce & demi de l'extrémité fternale de la clavicule. Une partie de la tubérofité correfpond à une nouvelle face articulaire qui s’eft formée au-deflous du rebord interne de la cavité glenoïde ; mais l’enceinte de cette nouvelle articulation n’eft pas formée par une fubftance offeufe, mais feulement par un tiflu cellulaire endurci qui fervoit de moyen d'union entre la tête de lhumerns & l’omoplate, & qui ne permettoit au bras que des mouvemens de peu d’étendue. L’imperfection des moyensemployés ici par [a nature pour fuppléer au jeu de l’ancienne articulation tient fans doute, foit au peu d'efforts qu'a fairs l'individu pour exercer fon bras, foic au peu de tems qui s'eft écoulé entre l’accident & la mort, La partie fupérieure du col de l'humerus répond & fe trouve immédia- tement appliquée à la partie moyenne de Ja clavicule, en forte qu’il faut fuppofer quimmédiatement & par la force du coup ou fecondairement par d'autres efforts fubfécurifs, la tête de l'humerus a été portée en dedans & en-haut; ce qui établit une nouvelle modification des deux cas pré- cédens. La grande proéminence que fait aufli la rêre de l’humerus ne laiffe point douter que le mufcle fous-capulaire n’ait été détachéen grarde partie de la face interne de l’omoplate, QUATRIÈME VARIÉTÉ. Si on veut fe former l'idée d'un délabrement complet & de la violence de l’impulfion qui peut quelquefois produire la luxation de l'humerus ,. on na qu’à examiner la pièce anatomique qui fait l’objer de ce quatrième cas. Cette impulfon, foic par un coup, foit parure chûte fur le coude, a été dirigée de bas en haut & de dehors en do L’efpèce de calore qui couvre naturellement le haut de la tête de l'humerus par la réunion des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 des tendons du fur-épineux, du fous-épineux , du petit-rond & du mufcle fous-capulaire, a été rompue, & la têre de l'humerus s'elt tellement engagée vers la face interne de l’omoplate, qu’elle dépafle de deux pouces & demi le bord interne de la clavicule en devant , en reftant cependant au nivzau de cet os en haut. On voit encore le mufcle fous-épineux en place, & la manière dont fon tendon a été rompu, L’extrémité de ce tendo s’eft ofifiée, & elle et reftée appliquée fur la cavité glenoïde. Le tendon du mufcle fur-épineux a éprouvé aufli une rupture, Malgré le délabrement des parties molles , que l'individu a éprouvé par cette luxation, on a lieu de fe convaincre que ce dernier a quelque tems furvécu à fon accident, & on en juge par une nouvelle concrétion offeufe qui s’eft déjà formée pour faciliter les mouvemens de la tubérofité de l'humerus. Cette nouvelle face articulaire forme aufli une zone fphérique d'un pouce de large & d’une ouverture de deux pouces; elle répond au-deffous du bec coracoïde de la portion correfpondante de la clavicule, & s’ayançant d'environ trois quarts de pouces au-delà de la clavicule, elle fe termine par un rebord offeux circulaire & poli, On voit donc qu'elle eft totalement diftinéte & même éloignée de la cavité glenoïde ; il n’y a que la tubérofité de l'humerus qui porte fur cette cavité articu- laire , car la têre de cet os, par La rupture de fes enveloppes paroît être reftée nue & entièrement dirigée vers le tronc du corps. CINQUIÈME VARIÉTÉ On voit une complication fingulière & très-remarquable de la luxation de l'humerus dans la pièce anatomique qui fait l’objet de ce cas ; c’eft une fracture de l’extrémité de l’acromion & une luxation humerale de la clavicule. Le coup a été vifñiblement porté au-deflus de l'épaule & dirigé de haut en bas, La partie de l’acromion qui a été fraéturée eft d’un pouce d’étendue, & elle ne tient au refte de l'épine que par la partie inférieure du périofte; elle a été abaiflée en même-tems que la têre de l’humerus, & par cet abaiflement les ligamens qui uniflent l’extrémité fternale de la clavicule à l’acromion ont été rompus. La tère de l'humerus n’a aban- donné qu'en partie la cavité glenoïde, ou plutôt elle s’eft portée fur la partie inférieure du rebord interne , & elle elt reftée fortement appliquée vers Le bord externe du bec coracoïde, La capfüle articulaire n’a été légère- ment déchirée que dans un endroit; mais dans la partie de la caviré glenoïde où la tête de l'humerus porte, certe capfüale avec le tifu cellulaire a pris une forte confiftance & a formé comme une efpèce d'ankilofe, en forte qu'il paroît que le mouvement du bras étoit nul, La perfonne a fans doute eu furvécu à cet accident, puifqu'on ne voit point de cal entre l'épine de l’omoplate & la portion fracturée de l'acromion. Il fe préfente d'abord une difcuffion chirurgicale relativement à la Tome XXXII, Part, IT, 1788. JUILLET, G 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; complication précédente, & on peut demander dans quel ordre il faue remédier à ces trois accidens fimultanés ? On voit qu'il faut commencer dans un pareil cas à réduire fimplement la luxation de l'humerus, puifque la tête de cet os en rentrant en place contribueroit en même-tems à repoufler la partie fraturée de l'acromion & à Jui fervir d'appui; après avoir ainfi replacé la tête de l'humerus & Pacromion , il faudroit réduire l’extrémiré humerale de la clavicule fuivant la théorie expofée dans un autre Mémoire. SIXIÈME VARIÉTÉ. La luxation de l’humerus peut être compliquée d’une autre manière ; c’elt-à-dire , avec la fra@ure de la partie fupérieure de cer os; ce qui eft rendu fenfible par l'exemple de la pièce d'anatomie que je vais décrire. Cette luxation peur avoir été produite par un coup ou par une chüûte ; fi c’eft par un coup, l'impullion a été dirigée de haut en bas & de dehors en dedans vers l'extrémité de l’humerus, & par un fecond coup vers le tiers fupérieur de cer os la fraiture a été produite. Si c’eft par une chûte, le bras étant dans un état d’extenfion , le coude.a porté fur un endroit élevé, la tête de l'os s’eft portée vers la partie inférieure du rebord interne de la cavité glenoïde entre Pomoplate & le mufcle fous-capulaire donc une partie eft encore en place; & par un effort fecondaire qu'a fair la perfonne pour fe relever, elle a produit la fraéture : quoi qu'il en foit de ces deux modes de luxation, voici l'état des parties dans la pièce anatomique. La tête de l’humerus eft d’un demi-pouce inférieure an fommet du bec coracoïde , & fe trouve dans le même fens à deux pouces de diflance de la clavicule ; elle a abandonné la cavité glenoïde & s’eft pratiquée vers la partie inférieure du rebord interne une petite face articulaire qui eft environ le quart de cette cavité, Les mufcles fur-épineux & fous-épineux font encore en place & ont éprouvé une diftenfion proportionnée au déplacement de los. Le mufcle grand-anconé eft encore en place & dans un érat de diftenfion très-forcé , ce qui a dû contribuer à faire chevaucher les deux parties fraéturées l'une fur lPautre. Le petit-rond eft auñi très diftendu ; il exerce fon ation vers l'extrémité fupérieure de los humerus, & dans l’état vivant il a dû augmenter la dificulté de la coaptation des deux parties fracturées. Il paroît d’ailleurs que l'individu eft mort des faites de l'accident (1), puifque ni la luxation ni la fracture n’ont été EE (1) On ne peut pas voir d'exemple plus malheureux de l'impéritie des renoueurs que celui dont on a obfervé récemment les fuites dans l’hofpice des Ecoles de Chirurgie ; un laboureur avoit éprouvé une luxation de l’humerus, qui d’après tous les indices qu'on a pu prendre étoit compliquée d’une fraéture du même os; um SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19 réduites, & que les parties fraéturées fonc libres & ne font point foudées par aucun cal, Faut-il dans un cas pareil réduire la luxation avant la fradture, ou bien faut-il commencer par la fraéture ? Ce point a été difcuté dans une thèfe foutenue aux Ecoles de Chirurgie dont on a donné l'extrait dans une feuille périodique (Gazette de Santé, N°. 9 ,ann. 1788 ). On y établit le précepre de commencer par réduire la luxation & de procéder enfuite à la réduction de la fracture. Remarques générales fur les variétés dont la Luxation de la téte de l'Humerus ef? fufceptible. Les fix variétés que j'ai déjà expofées & décrites paroïflent ètre Les plus naturelles, & il eft difficile que durant la pratique la plus longue il s’en préfente qui ne puiflent être rapportées à quelques-unes d'entrelles, en admettant tout au plus quelques légères différences. Je fuis loin cependant de prétendre avoir épuifé tous les cas poflibles; car comme l’impullion qui produit une pareille luxation peut avoir des degrés très-variés foit pour la direction , foit pour la violence , il peut arriver des accidens que toute la fagacité humaine ne fauroit prévoir. On ne fauroit donc trop inviter les Anatomiftes qui fréquentent les hôpitaux ou qui exercent la Chirurg'e, de fuivre avec foin les cas de cette efpèce qui méritent une attention par- ticulière, & de rapprocher la méthode de traitement de l'examen anato- mique des parties lorfque la terminaifon aura été funefte ,ou que le malade aura fuccombé dans la fuite à quelqu'autre affection grave & étrangère à la luxatjon. M. L. Petit, dont le nom eft devenu fi juftement célèbre, admet des Jaxations du bras en bas, en dehors, en dedans & en devant : quelque refpect que doive infpirer fa mémoire, on fe convaincra que tous ces cas ne font point déterminés avec aflez de précifion & d’exaétitude ; ce que ce grand Cbirurgien auroit facilement évité s'il avoit faic précéder une defcription rigoureufe de l’état des luxations non réduites, & s’il n’avoic admis d’autres efpèces que celles qui font directement fondées fur les faits, renoueur fut appelé pour lui donner du fecours; mais les doulzurs & l’engorgement de la partie firent naître des foupçons au malade, & il s’adrefla à un fecond renoueur. Cet intrépide ignorant prit le bras luxé, le mit fur fes propres épaules, & tirant fortement en avant il chargea l’homme fur fon dos, & prétendit avoir réduit la luxation ; on imagine fans peine les fuites d’un effort aufi violent & auf groffière- ment exécuté, Le malheureux laboureur eft enfin venu à Paris, après quelques mois ; le bras & l'épaule avoient acquis un volume monftrueux & une dureté comme fchirreu{e ; la prudence exigeoir de ne rien tenter dans un état auffi défefpéré , & le malade a füccembé vers les premiers jours du mois de juin de cette année, confumé par une efpèce de fièvre hefique. Cette obfervation fera fans doute confacrée dans les Mémoires de l’Académie de Chirurgie, & je me contente de l'indiquer. Tome XXXIII, Part, IT, 1788. JUILLET, C2 ‘ 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en reléguant dans la claffe des luxations douteufes celles qu'on peut imaginer comme poflibles, mais qui demandent encore de nouvelles. recherches. C'eft en fuivant ces principes que j'admettrai une luxation en bas & en dedans (cinquième variété) , une luxation en dedans ( quatrième variété), & une luxation en devant (zroifième variété) ; mais quant à la luxation en dehors je la reléguerai encore dans la clafle des luxations doureufes, & j'attendrai que de nouveaux faits viennent réfoudre cette queftion, Mais, à proprement parler, les (ix variétés que j'ai décrites ne {ont que des luxations en dedans , avec des différences néanmoins très- caractérifées ; dans la premiére & la feconde, la tête de l'humerus s’eft un peu portée en dedans , & la petite tubérofite repofe encore fur la cavité glenoïde. Dans la sroifième variété la tête s'eft encore plus avancée , & fa tubérofiré eft venue fe placer fous le grand pectoral dans Fefpace qui eft entre l'apophife coracoïde & la clavicule ; c'eft-là ce que M. L. Petit appelle une luxarion en devant. Une impulfon bien plus violente a produit la quatrième variété & a pouflé la tête de l'humerus en dedans deux. pouces & demi au-delà de la clavicule, La cinquième variété donne l’idée d’une luxation en bas & en dedans , puifque la tête de l'humerus s’eft un peu portée dans ces deux directions enfemble , en s’éloignant d’un demi-pouce du rebord externe de la cavité glenoïde. Enfin , la fixième variété remarquable aufli par la complication de la fradure , offre l'exemple d’une autre luxation en dedans & en bas, puifque la tère de l’humerus s'eft éloignée de plus d'un demi-pouce foit du rebord externe de la cavité glenoïde , foit de l'extrémité du bec coracoïde. ; M. L. Petit remarque que le bras ne fe luxe jamais tant qu'il eft appli- qué au côté de la poitrine & qu'il eft néceflaire , pour que la luxation fe fafle , qu'il en foit écarté ; mais cette opinion ne peut guère être conciliée avec les faits obfervés : on imagine d'abord que dans cette pofition du bras, un coup violent vers la partie fupérieure de l’humerus ou bien une ehüûte fur cette même partie peut produire un déplacement de cet os, par la diftenfion forcée qu'éprouveront alors les mufcles fur-épineux & fous-épineux : il paroît d'ailleurs que dans un des cas que j'ai rap- portés (première variété), le bras étoit dans une pareille polirion quand Ja luxation a eu lieu , comme on en peut juger par la difpofition natu- turelle qu'ont pris & confervé les os de cette articulation; mais ce qui ne laiffe aucun doure, c’eft l’exemple qu'on peut cier d’un Chirursien de la capitale qui en faifant une chüte , le bras érant dans une femblable pofition , a éprouvé récemment -ce genre de luxation qui a*été réduite avec fuccès le lendemain de l'accident & conftarée par des fignes non équivoques. La luxation de l’humerus peut-elle avoir lieu quand les mufcles du bras SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 font en contraction & qu'on cherche à lever un poids ou à vaincre une grande réfiftance ? Cette queftion peut être facilement réfolue par une évaluation prife de l'Ouvrage de Borelli, & dont on ne peut contefter l'exactitude (1). On voit en effer par cette eftimation que la traction du deltoïde à fon infertion à l'humerus, équivaut à un eflort de fept cens foixante-dix livres. Si on fair maintenant attention que la direction des fibres du mufcle deltoïde fait un angle très-aigu avec l'axe de l’humerus , on ” alieu de fe convainere que prefque toure la force de ce mufcle eft employée à retenir l'hamerus dans la cavité glenoïde & à empêcher fon déplace- ment dans les efforts du bras. Si on ajoute à la force du deltoïde la réfiftance combinée qu'oppofent à la luxation de l’humerus dans le niême cas, les mufcles fur-épineux, fous-épineux, fous-capulaire & l’adtion oblique du grand-pectoral , du grand-dorfal , du grand-rond & du perit- rond , on reconnoîtra une force accefloire qui eft au moins double de celle qu’exerce le delroïde, puifque tel eft au moins le rapport des mafles, c'eftà-dire, de la fomme des fibres mufculaires; or , toutes ces forces réunies qu’on ne peut guère évaluer À moins-de deux milliers, fervent à retenir l’humerus en place & à affermir l'articulation quand tous les mufcles fe contractent pour vaincre une réliftance. Conféquences pratiques qu'on doit déduire du mécanifine que je viens d'expofer des Luxations de l’'Humerus, La première réflexion qui fe préfente après avoir analylé les variétés de la luxation de l'humerus, eft un recour fur les moyens imparfaits , uniformes & fauflement combinés qu'on a propofés pour réduire les Juxations de ce genre. Le père de la Médecine lui-même, Galien, Oribafe, Paré, L. Perit, Aureurs d’ailleurs immortels & dont on ne doit prononcer le nom qu'avec refpect , n’ont -point évité cet inconvé- nienr. N'elt-ce pas en effec par un défaut d’examen , & par des idées vagues & incohérentes d'anatomie & de mécanique qu'on a propolé de fufpendre l'homme donr le bras a été luxé en faifant porter ce membre au-deflus d'une porte ou d'une échelle, de Jui appliquer un pied contre J'aiffelle en tirant fortement fon bras, de faire ufage du fameux banc d'Hippocrate, de la machine de M, L. Petit & d’une foule d'autres machines RE EE Nm Eee on (1) Je ne fais ufage ici que de la propoftion Lxxx1v de POuvrège dé Moru animalium , où Borelli établit que le bras étant dans une poftion horitontale , ua homme robufle ne peut foutenir tour au plus qu'un poids de cinquante-cing livres , ‘€e qui calculé d’après les principes généraux du levier &la nature des mufcles rayonnés ; donne à très-peu de chofe près, pour le deltoïde un effort de fept cens foixante-dix livres au point de fon infertion à l'humerus. Mais je rejette l’évalua- tion qui eff établie dans la‘propoftion cxx1v qui eft fondée fur des faufles apprécia- tions & {ur une fruéture purement hypothétique & même contraire À l’exa@itude mathématique , comme l’a démontré en général J, Bernouilli dans fa Diflertat on de otu Mufculorums 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus où moins compliquées dont on a fait vainement des eflais (1) dans des cas difficiles. Les Chirurgiens habiles conviennent tous que cet appareil eft inutile, & que quand on ne peut parvenir par les fimples fecours de la main à réduire l'humerus , on employeroit vainement pour tirailler le membre toutes les puiflances de la mécanique, Je viens d’ailleurs d'évaluer la force des mufcles qui fervent à recenir l’humerus en place, & certe évaluation feule doir à jamais dégoüter de l’emploi des machines propres à faire des extenfions violentes, La defcription que j'ai donnée des diverfes variétés dont la luxation de l’humerus eft fufceptible, fait aifément fentir combien doit être diver= üifée la manœuvre de la réduction, & combien on s'éloigne du but quand on applique des machines propres à produire des tiraillemens violens , uniformes, & dirigés fur des principes vagues. Il faudroit avant de rien entreprendre, fe faire bien inftruire de la manière dont la luxation a été produite, de la nature des accidens, & du caractère particulier du déplacement qui fe manifefte aux yeux & au tac. En joignant à ces indices des connoiïflances exactes d'anatomie , on pourroit à-peu-près juger du genre de la luxation & de la méthode à employer pour la réduire, fur-tout fi on s'éroit familiarifé avec certaines pièces anatomiques propres à montrer l’état des luxations non réduites. “ Mon objet, n'eft point d'expofer dans ce Mémoire la théorie des luxations de l'humerus & de leur réduétion , puifqu’il refte encore à faire un grand nombre d'obfervations où les fymptômes furvenus après l'acci- dent puiflent être rapprochés des manœuvres qui auront réufi ou d’une defcription exacte (2) de la nouvelle difpofirion qu'auront prife toutes les parties quand la terminaifon aura été funefte ou. que la mort fera fur- venue autrement, Je me propole feulement d'indiquer ici le mécanifme de ces fortes de luxations , & les principes folides qu'on pourra déformais en déduire. Quand la tête de l’os n’a fait qu'abandonner la cavité glenoïde & que la tubérofité de l'humerus porte encore fur cette cavité (premiére & (x) La route contraire qu’on a prife dans ces derniers tems, qui eft de relâcher le fyftème mufeulaire par des moyens internes , me paroït bien mieux entendue. On en voit un, exemple dans le Journal de Médecine de Londres ;, année 1787. Un homme robufte avoit éprouvé une luxation de l’humerus , & on avoit déjà fait plufieurs eflais inutiles pour fa réduire. Un Chirurgien pour s’épargner de nouveaux efforts donna une folution de tartre émétique dans l’eau de menthe : il répéta la dofe une feconde & une troifième fois, & alors le malade , à l’approche du vomiflement, éprouva des foiblelles & des défaillances qui lui permettoient à peine de fe foutenir fur fa cheile. Le Chirurgien profita habilement de cet état de relâchement des mufcles & réduifit fans peine la luxation. (2) On trouve dans une favante Differtation de Bonn , fur la luxation de l’humes rus, deux obfervations de ce genre qui font précieufes, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 Seconde variétés confidérées comme des cas récens ), on voit qu'il faut faire peu d'effort pour remettre l'os en place, & qu'on eft favorifé par Paétion combinée des mufcles fur-épineux & fous-épineux; mais lorfque l'extrémité de l’humerus à entièrement abandonné la cavité glenoïde, & que fa tubérofité s'eft engagée entre l’apophife coracoïde & la clavicule Crroïfième variété) ; la difäculté (1) elt plus grande ; il faut que l’opé- rateur poufle la tête de l’humerus en bas & en dehors pendant qu'un aide repoufle l'omoplate en haut & en dedans. Les fibres mufculaires du deltoïde les plus externes font très - tendues & offrent une grande réfiftance, ce qui demande des contre-extenfions violentes, ou bien, comme on l'a dit ci-deflus , attention de jeter dans le relâchement le fyftème mufculaire par une diète févère ou quelque remède interne. Lorfque la tête de l'humerus eft profondément engagée en arrière (quatrième variété) & que les tendons des mufcles fur-épineux & fous-épineux font rompus, on imagine Les dangers d'un pareil dëlabre- ment & ce qui en eft la fuite néceffaire, des douleurs vives , des hemor- rhagies, l'engorgement de la partie ; &c. Il paroît qu'un pareil cas ne peut guère manquer de devenir funefte, Mais la théorie de fa réduction a encore befoin d’être éclaircie par de nouveaux faits foigneufemenc difcutés , & il eft à defirer que les Anatomiftes n'omettent aucune occafon propre à y répandre de nouvelles lumières. Lorfque par un coup violent reçu au-deffus de l'épaule la fra@ure de Pextrémité de l’acromion fe trouve compliquée avec {a luxation de l'extrémité humerale de la clavicule & celle de la tête de l’humerus (cinquieme variété) , on voit qu'au lieu de tirer le membre dans un fens contraire à la direction du deltoïde , il faut le pouffer en haut & en dehors pour le replacer dans la cavité glenoïde & réduire par-là en même-tems la partie de l’acromion fracturée, On procède enfüite à la réduction de la fuxation de la clavicule. En&n , lorfque la fraéture de l’humerus offre une complication avec la luxation de la tête de cet os ( /2xiéme variété }, on doit procéder d’abord fans aucun tiraillement du membre à la réduction de la luxation, puis paffer à celle de fa frature. L’ordre de cette manœuvre a été d’ailleurs difcutée dans une thèfe latine foutenue aux Ecoles de Chirurgie, année 1786. À quelle époque de la fuxation de l’humerus doit-on la regarder comme trop invétérée pour la réduire & feulement exhorter le malade à faire ufage du membre pour rendre les mouvemens plus libres ? Cette queftion ne peut point être réfolue d’une manière générale, fi on confidère les ————————_———————"————————— (1) On peut voir fur cet objet une note de M. Laffüs inférée danela Traduion de la Méthode de traiter Le s Fraëtures & les Luxarions , par M, Pour, Paris, 1788, 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diverfes circonflances qui peuvent faciliter ou contrarier la formation d'une articulation nouvelle: c'eft encore. un objer qui a befoin d’être déterminé par des faits ultérieurs. On fenc bien, par exemple, qu'il auroit été peu fage de tenter la réduction du cas décrit dans la premiere variété, puilque l'articulation nouvellement formée étoit déjà bien confolidée, & qu'en fuppofanc mème que la réduétior eût été poflible, les violens efforts qu'on auroit faits , auroient produit une feconde luxation & des maux difficiles à réparer. Le mécanifme que je viens d’expofer des luxations de la tête de l'humerus, confirme de plus en plus les réflexions préliminaires que j'ai faites fur la théorie générale des luxations: on voit combien il refte de recherches à faire & d'obfervarions à raflembler pour avoir un corps complet de doétrine : mais comment peut-on y parvenir fi on ne cultive avec foin le genre d'anatomie que j'indique, c'eft-à-dire, la connoiffance exacte du déplacement & de la pofition refpeëtive que prennent les os, par des coups violens, des efforts ou des chütes ? VOLCAN DE LA TREVARESSE, PLUS CONNU SOUS LE NOM DE VOLCAN DE BEAULIEU ; Par M. DE JoIrNViLLe. PREMIÈRE PARTIE, DESCRIPTION, EL À Trevarefl: eft une colline qui commence à Saint-Caunat, fur la soute d'Aix à Lambefc, & s'étend vers left jufqu'à la diftance de deux lieues. { PL. 1.) Elle eft compofée en général d'une pierre calcaire &argileufe, qui, dans plufieurs endroits, fe délire. On y trouve du gypfe , des couches de filex, des coquilles fofiles & quelques morceaux de bois pétrifiés. C'eft fur cette colline au nord-nord-oueft & à deux lieues & demie d'Aix qu'on voit des traces d'un volcan éteint. En janvier 1788 je partis de cette ville pour aller le vifirer. Le thermomètre étoit à zéro à la porte Notre-Dame fur les $ heures : du matin, & le baromètre à 27 pouces 11 lignes 2. Arrivé à Cabanne à 11 heures +, le thermomètre éroit +2, & le baromètre à 27 pouces 2 lignes +. Ce qui donne pour la hauteur de Cabanne au-deflus d'Aix 110 toifes. Cabanne eft un domaine qui embrafle une grande partie de la colline volcanique , & done la maifon eft placée à l'extrémité fud-fud-eft de cette colline, Le château de Beau- lieu eft fitué à l’autre bout nord-nord-oueft. Placé SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2ÿ Placé fur La partie la plus élevée du volcan , on embrafe prefque toure fa furface , qui forme un ovale de 1209 toifes de longueur fur 6 ou 700 de largeur. On en voit les environs embellis du côté du nord-eft par la Durance, qui coule au pied de l’Ebron dont on eft éloigné de deux lieues & demie. A l'eft eft la colline du Puy, qui porte à fon fommet une tour d’où l’on faifoit autrefois des fignaux. Celle-ci eft élevée de 100 toifes environ au-deflus de la campagne de la côte qu'on voit dans le vallon qui fépare cette colline de celle du volcan. Ce vallon eft borné au fud-eft, au fud & au fud-oueft par une chaîne qui n’eft un peu interrompue que vers le fud-fud-eft , & qui eft par-tout plus baffle que le Puy. L'enfemble de cette partie de la Trevarefle, formeun fer à cheval dont l'ouverture eft au nord & fait face à la Durance. La tour du Puy en eft le point Le plus élevé, La colline volcanique eft plus baffle de 14 toifes, & la maifon de Cabanne de 20 toifes. Par-tout ailleurs que fur la furface volcanique on ne trouve pas la moindre trace de laves. Tout eft calcaire & argileux. Le gypfe y eft en petite quantité: on l'exploite fans fuite, parce que fes couches n’en obfervent poinr. On en exploite une dans ce moment au-deflous de Cabanne, & à so toifes d'élévation au-deflus de la côte. Cabanne eft bâti fur un banc de marne, qui contient des peignes, des cames fofliles & quelques petits morceaux de bois pétrifié, En quittant la maifon pour aller à la colline volcanique , on fuit encore la marne l'efpace de quelques toifes; mais on fe trouve aufli-tôr, fans avoir changé de niveau , fur un banc compofé d'argile & de petits galets calcaires, qui forment un pouding qu'on a pris pour de la pozzolane, parce qu'il s'y rencontre des fragmens de laves. Je regarde l'argile qui empâte les galers, comme le produit de la décompoftion des cendres volcaniques. On diftingue ce banc en defcendant la colline vers le fud-eft, jufqu’à 60 pieds environ en hauteur perpendiculaire, M, d’Etienne, Con- feiller au Parlement & propriétaire de Cabanne, y a fait percer des galleries latérales à la profondeur de 48 pizds, pour fe po de l’eau d’arrofage. Les ouvriers y ont trouvé des morceaux de bois changés en charbons fofliles. Au-deflous eft un autre banc d'argile coloré tantôt en rouge, tantôt en jaune , rantôt en terre d'ombre, & mêlé de quelques fchorls noirs fi fort décompofés qu'ils fe frillent fous les doigts à mefure qu’on veut les enlever. Après cela on ne rencontre plus que des matières calcaires ou marneufes qui recouvrent ces argiles volcaniques, Si l’on remonte fur la furface du banc argileux & calcaire, & qu'on s’avance vers le nord, on trouve trois ou quatre rochers calcaires dont on diftingue les couches qui font de deux & trois pieds d’épaiffeur. Il fafit d'y jeter un coup-d'œil pour s’appercevoir qu’ils ont fait partie d’an grand banc emporté par un violent courant d'eau. ls font appuyés immé- Tome XXXIIT, Part, Il, 1788. JUILLET, 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diatement fur le terrein volcanique. En avançant davantage vers le nord on marche fur une terre cultivée qui eft parfemée de matières volcaniques parmi lefquelles font des micas noirs hexagones , & des fchorls dont le plus grand nombre font vitrifiés à la furface, On anive enfin fur les couches de laves, C’eft à la partie eft de la colline qu'on commence à les voir, Elles font compofées de lave com- pacte, & ont depuis fix pouces jufqu'à deux pieds d'épailfeur. Leur direction eft du fud-eft au nord-oueft, fur une inclinaifon de 6 degrés. En contournant la colline on s’appercoit que cette direction change pour prendre infenfiblement celle de l’eft à l'oueft, Parvenu au nord on ne peut plus diftinguer de couches. Tout eli là dans l’état de bouleverfe- ment ; & les laves n’y fontplus compaétes, ni d’un grain uniforme comme les précédentes. Elles font compofées, comme les granits, de différentes fubitances agglutinées les unes aux autres, celles que les feld-fpaths, les fchorls , les micas, & peut-être le quartz, La plupart font fi fort décom- pofées qu’elles tombent en grains, Leur décompofition forme fouvent des boules volcaniques à couches concentriques qu'on enlève facilement avee les doigts. Leurs débris ferviroient peut-être aux mêmes ufsges que la pozzolane d'Italie ; car elles ne font point changées en argile. La tranche que nous venons de parcourir forme un arc de cercle de même niveau par-tout. À l'endroit où nous nous fomines arrêtés , on commence à perdre les rochers de laves qui font couverts par deux ou trois pieds de terre cultivée; & le terrein préfente un plateau qui s'incline de cinq ou fix degrés vers le château de Beaulieu. Les matières volcaniques entourent ce château de tout côté; mais elles fe cachent vers le nord, & à deux cens toifes de diftance environ , fous un monticulé formé par une pierre, calcaire & argileufe. On voit la même chofe à l’oueft de ce château. Nous avons déjà eu des preuves que les eaux de la mer ont recouvert notre volcan, celles-ci, n’y laiflent plus de doure. On a exploité devant le château un banc de lave pour y faire un jardin, C'eft-là feulement-que j'ai vu des laves poreufes. Les cellules en font tapiflées de fpath calcaire , qui forme des géodes, On m'a afluré y avoir trouvé auñli des petits criftaux de roche. Le terrein qui eft au fud-oueft & au fud du château a pour bafe, par-tout , des couches de lave, qui font couvertes par une terre compofée du débris des végétaux & de l'argile provenant de la décompofition des matières volcaniques, En contournant ce terrein plat & uniforme on arrive à Cabanne où l’on cefle de trouver des traces de volcan, Portons-nous maintenant au fommet le plus élevé de la colline volcanique. C’eft-là que nous verrons les indices d’un ancien cratère, Au nord de Cabanne &e au fud de Beaulieu, eft un plateau de deux ou trois cens toifes de diamètre , qui domine la colline, & qui eft entouré vers left de cinq ou fix petites éminences formées par des laves brifées , ‘ SUR L’HIST. NATURBLLE ET LES ARTS. 27 dont l’enfemble annonce un bouleverfement: il fuit de la parcourir pour fe convaincre que ces rochers bouleverfés font les reftes des terres d’un ancien cratère. Le plateau qu'ils entourent eft aujourd'hui couvert d’une couche de terre argileufe & volcanique au-deflous de laquelle on trouveroit sûrement d’autres laves brifées. On fait à côté vers le fud- oueft une plantation pour laquelle on a arraché des rochers de laves qui y étoient (à en juger par ceux qu'on n’a point attaqués encore) dans le même état de bouleverfement que les petites éminences dont nous avons parlé. Ces laves font granitiques & préfentent par leur dégradation , qu'occafionne l’action de l'air & de la pluie des criftaux découverts de {chorls, de micas & de feld-fpath, Voilà donc un volcan éteint bien caratérifé. Il me refte à décrire fes produics plus en détail que je ne l'ai fait, & à promener limagination fur les circonftances qui l'ont précédé & fuivi, c'eft-à-dire, à en donner la théorie telle qu’elle fe préfente à mon entendement. Catalogue des matieres volcaniques de la Trevaref]e. N°. 1. Lave compaéte, grife, fonore , attirable à l'aimant: fon rain eft très-fin ; elle eft très-homogène. Elle a l'odeur aroileufe & l’afpect des roches de corne. Il s’y trouve quelquefois des particules vitri- fiées de couleur jaunâtre , dont on ne peut déterminer la nature. Cerre lave eft placée immédiatement fur les argiles du N°. $. Elles prennent dans leur décompofition la forme prifmatique & la fphérique. Les prifmes qui en réfulcent font toujours fort irréguliers & repréfentent dans leurs configurations les fragmens d’une argile sèche qu'on briferoir. On n'y voit point de forme bafalrique. C’eft par l'altération plus avancée de ces prifmes que s’arrondiffent des boules compactes ; leurs angles & leurs arètes s'émouffent, tombent en pouflière argileufe, & les noyaux qui reftent font ou ovoïdes ou fphériques. L’infpeétion de ces laves ne laifle aucun doute que les boules volcaniques dont MM. Defmarets, Faujas , Ferber, Dietrick, &c. ont recherché l'origine , ne foient dues à la décom- poñition des laves. N°. 2. Lave porphiritique. La pâte en eft la même que celle de la précédente; mais elle eft parfemée de quelques taches blanches dont plufeurs font rhomboïdales , & ne different des feld-fpaths qui font dans les porphires , que par leur tiffu ferré, uni & terne, tandis que dans ces roches primitives le feld-fpath y eft lamelleux & luifant, Il paroît donc qu'il a été fort altéré dans cette lave. Il a confervé pourtant aflez de dureté pour donner des étincelles fous le brique. Elle eft attirable à l’aimant , fe décompofe de la même manière que la précédente , & fe trouve placée pêle-méle avec la fuivante. N°. 3. Lave granitique. Les matières qui la compofent font le feld- fpath , Le fchorl & le mica, peut-être aulli le quartz, mais il n’y paroît Tome XXXIII, Pare. Il, 1788. JUILLET. D 2 5 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; point diftinétement, Toutes ces matières ont été prodigieufement altérées , uoiqu'elles ne préfentent aucun figne de vitrification. La roche entière a lafpect d’un granit à petits urains, lépèrement percillé de petites cavités tortueufes, qui différent par-là des cellules rondes & unies des laves poreufes. Cette lave fe décompofe de deux manières différentes. Dans la première elle forme des boules à couches concentriques, qu'on effeuille facilement avec les doigts. À la fuite de cette décompolition elles tombent en grains & forment un fable , qui fourniroit une bonne pozzolane, vu qu'il n'a pas encore pañfé à l’état argileux. Dans la feconde c’eft moins une décompofition qu'une altération. Les parties de cette lave qui font expolées à l'air préfentent à nud des criftaux de feld-fpath , des micas & des fchorls, qui fe coupent dans tous les fens, fe foutienrent les uns les autres, & le plus fouvent s'appuyent par leurs deux bafes fur le maflif de la pierre. La fubftance dans laquelle ils font formés eft apparemment fufceptible d'être alrérée par les acides aériens , & délayée enfüuite par les eaux de pluies, qui en l’emportant laiflent les criftaux à nud. Les feld-fpaths y font criftallifés le plus fouvent en aiguilles qui forment des prifmes qua- drangulaires. Lorfqu'une des bafes eft dégagée, elle préfente une tronca- ture oblique, & donne le criftal décrit dans la Criftallographie, pag. 450, rom. 2; & repréfenté par la fig. 83, À, pl. 3. Ces feld-fpaths font aufii criftallifés en lames rhomboïdales très-minces. [ls font tous blancs : les fchorls font prefque tous gris ; très-peu font noïrs. Ils fonc tous criftallifés en aiguilles prifmatiques à fix pans, & lorfqu'on en peut diftinguer le” fommet , on voit qu’il eft terminé par une pyramide dièdre, Ils appar- tiennent à la var. 6, pag. 389 , tom. 2 de la Criftallographie, Peut-être yena-t-il auffi de Îa var. 9, pag. 309 ; mais ils ne font pas aflez déter- minés pour pouvoir les y placer. Les micas font noirs & luifans. Ils laiffent appercevoir [eur figure hexagone, Ce pourroit être des lamelles de fchorl. Cette lave eft léoèrement attirable à l’aimant, & a une odeur argi- leufe, N°. 4. Lave poreufe. On ne la trouve que du côté du château de Beaulieu, c'eft-à-dire , dans l'endroit le plus bas de la colline volcanique. Il y en a de très-légères : ce font celles dont les cellules font vuides, D'autres plus pefantes préfentent des cellules remplies d'une ochre jaune. Le plus grand nombre font tapiflées de fpath calcaire formant des géodes. Ce phénomène foutenu par plufeurs autres aufi concluans, prouve que les crifallifations des pierres s’opèrent quelquefois par la voie sèche comme par Ja voie humide. Ces géodes calcaires n’ont aucune commu- hication entr'elles ni avec l'extérieur de la lave. N’eft-on pas en droit d'en conclure qu'elles n’ont point été formées par l'eau ? - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 On trouve aufli dans ces laves de grands noyaux rouges parfemés de petits criftaux informes d’un verd jaunâtre, qui font vraifemblable- ment des chryfolires. La pâte de ces noyaux eft une terre argilofo- calcaire. N°. s. Aroiles volcaniques de plufieurs couleurs, Elles forment des bancs du côté de Cabanne à foixante pieds au-deflous de la furface du rerrein. Elles paroiflent avoir été rejetées dans ie même état où l’on les voit aujourd’hui ; ce qui doit faire préfumer qu'elles formoient la croûte du terrein dans lequel s’eft formée la première ouverture du volcan. (Voyez la Théorie. ) Elles font parfemées de micas jaunes & blancs qui n'ont fubi aucune altération, J'y ai trouvé auf, mais en petit nombre , quelques fragmens de fchorls noirs friables. N°. 6. Argile parfemée de petits galets calcaires (1). Elle forme un banc de foixante pieds d’épaifleur qui furmonte les aroiles du N°. pré- cédent ; mais elle eft bien différente, C’eft une argile imparfaite , ou, pour mieux dire, c’eft une matière volcanique qui n’a pas encore atteint le dernier degré de décompoftion. Elle eft divifñble par l’eau, fans s'en imbiber, {ens s’y délayer, En la concaffant légèrement , & en la lavant après, on en enlève tous les petits galets calcaires qu’elle contient. Il paroïc que c'eft une déjection de cendres volcaniques, qui fe font décompolfées en partie, & qui ont été enfuite remuées par les eaux de la mer, lefquelles y ont porté des galets calcaires, On y trouve des morceaux de bois changés en charbon minéral. N°.7. Micas noirs hexagories, Ils font répandus en grande quantité fur la furface du terrein auprès de Cabanne. N°. 8. Schoris noirs volcaniques. Ils font, ainfi .que les micas, répandus fur la furface du terrein auprès de Cabanne. Quelques-uns laiffent appercevoir la forme d’un prifme à fix pans terminé par une pyramide dièdre, (Voyez Criftallogr, tom. 2, pag. 389, var. 6.) Ce qu'il y a fur-tout de remarquable , c’eft qw’ils font tous recouverts d’une croûte virreufe. Les angles des prifmes en font arrondis, & quelquefois le fchorl eft entièrement changé en verre noir volcanique, en confervanc pourtant intérieurement un tiflu lamelleux, Dans cet état on n’y reconnoît pas de criftallifation déterminée. J'avois prouvé déjà par les grenats de Civita-Caftellane (2), que ces pierres fondoient dans les volcans. Voici maintenant des fchorls, qui prouvent qu'ils y fondent auffi, Les feux volcaniques ne font donc pas aufli foibles qu'on le penfoir. 1) Elle n’eft point de la nature des brèches décrites par M. Faujas, 2) Woyez d’ailleurs l'opinion de Ferber , pag. 286, Lettre (ur la Minéralogie, { ( 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Indépendamment de la force du feu prouvée par les grenats & fes fchorls fondus, les premières font au moins aufli démonftratives en faveur de l'opinion, qui permet aux pierres de criftallifer par la voie sèche comme par la voie humide. Quant aux fchorls, leur tiflu Jlamelleux confervé malgré leur fufñon me paroît être prefqu'aufi probant. Tous ces fchorls donnent en les frottant l’odeur de corne brülée, & fcintillent fous le briquet. \ N°. 9. Verre volcanique verdâtre. J'ai trouvé ce morceau auprès du château de Beaulieu, parmi les laves. Sa furface eft un verre tranfparent verdâtre, & l'intérieur en eft opaque & rougeûtre. Il étincelle fous le briquet & donne l’odeur de corne brülée. Je dois avertir que fi j’avois trouvé ce morceau dans un pays quartzeux , je l’aurois claflé parmi les quartz, car il en a l’apparence. N°. 10. Peichitein recouvert d’une croûte argileufe, produite par fa décompofition. Il eft parfemé de petits noyaux gros comme des lentilles, qui fcintillenc fous le briquet. Les uns font couleur de rouille, & pour- roient bien être du jafpe. Les autres font gris, & ce font des filex. Je ne puis pas aflurer que ce peichftein foit une production du volcan de Beau- lieu, car je ne l'ai trouvé qu’en fragmens épars fur la colline calcaire qui eft à l’oueft du château. Les renfeignemens que j'en ai eus m'ont appris feulement que ces fragmens font les reftes d’une pierre travaillée en auge , qu'un payfan cafla par curiofité. SIEMCYONED EP MAMERMERNNIES THÉORIE. « Tant que l’on n’a aucun fyflême, on eff bien froid à la recherche, & bien peu » clairvoyant». De Luc, Théorie de La Terre, tom.4 , pag. 405. La furface la plus élevée de la colline où s’eft formé Le volcan de Beaulieu étoit hors de l’eau (1). L'intérieur étoit compofé de manière qu’en y creufant on auroit d’abord trouvé des matières argileufes , produites peut-être par des détrimens de plantes , enfuite une roche de corne ou peut-être un fchifte primitif, puis une roche granitique. Ces fubftances contenoient fans doute des matières fufceptibles de s’enflammer & de faire un volcan. J'ai dit que la colline étoit hors de l’eau, Ce qui doit le faire préfu- mer, c'eft qu'on ne trouve parmi les laves ni bafaltes ni zéolites. M. le (2) Ileft vraifemblable qu’elle étoit baignée à fon pied. Elle avoit , au moins, des communications avec une eau quelconque, qui a facilité la fermentation des matières inflammables, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 31 Commandeur de Dolomieu a démontré que l’un & l’autre ne fe forment que lorfque les laves ont coulé dans la mer. M. de Buffon eft du même avis. M. de Dolomieu penfe auñli qu’on peut reconnoître par les déjections volcaniques les pierres auxquelles elles doivent leur origine, & par leur fituation leur ancienneté relative. C’eft d'après fes principes à cet égard , qu'en examinant les matières décrites dans le catalogue, & leur fituation {ur la colline attuelle, je me füuis fait l'idée de la conftruétion de l’ancienne colline , quant à l’ordre & à la qualité des matières. s L’aroiie, N°. $, eft placée au-deffous de routes les autres matières. Elle doit donc avoir été rejetée la première. Elle doit aufli avoir été la plus voifine de la furface de l’ancienne colline. La lave , N°, 7 , qui eft grife, homogène , compacte, & reflemble à certaines roches de corne, a dû fe former dans une pierre de cette nature. Et comme elle glt placée ici au-deflus des argiles’, elle a dû l’être au-deflous dans l’ancienne calline. Nous en dirons autant de la lave, N°. 3 , qui montre la compofition des granits. Elle ef ici la plus élevée, elle devroit être la plus bafle , ayant été maniée & rejetée par le feu. Quant à l'argile , N°. 6 , j'ai dir que c'étoit un compofé de cendres volcaniques altérées , & de petits galets calcaires. Il feroit très-difficile d’afligner l'époque à laquelle le volcan l'a rejetée, & de déterminer la pierre qui les a fournies. Les cendres volcaniques font le produit d’une circonftance qui nous eft inconnue, & qui tient à des modifications des feux fouterrains. Tout ce que nous apprend certe argile-pouding , c’eft que la mer a repofé fur les cendres & les a mélées de galets calcaires, & de fragmens de bois, qui prouvent que l’ancienne colline étoit couverte de végétaux. Les matières inflammables qui travailloïent fourdement dans l’intérieur de la colline ont dilaté l'air jufqu’au point où il a été obligé de fe faire jour à travers les couches de pierres , qui étoient au-deflous du foyer du volcan, L’effet de cet air dilaté a foulevé une couche de terrein qui a pris la forme d'une calotte, en laiflant fur fes bords & même fur toute fa furface , des crevafles ou fciffures qui ont donné paflage à l'air. Ce fluide élaftique étoit vraifemblablement inflammable & devoit paroître enflammé ; tel que les vapeurs de Pietra-Mala & de Maccaluba. X a dû s’en dégager une fi grande quantité lorfque les feux fouterrains ont augmenté d'étendue & d’intenfité (1), que les fciflures n'ont pas été fuffifantes pour le laifler s’échapper. De nouveaux efforts ont alors renverfé la calotte ; mais l’air n’étoit pas la feule fubftance que les feux poufloient irréfiftiblement au-dehors. Les fragmens de la calotte ébou- lée, & quelques couches de pierres , qui lui étoient inférieures, ont dû CR EEE (x) Voyez ce que dit M. de Luc des premiers efforts des volcans , tom, 4 , p.505 Sa théorie me paroït ne point contrarier la mienne, 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, être chaflées avec force ; les premières ayant fubi une très-légère alcération en raifon de leur éloignement du lieu enflammié , & les fuivantes ayant été prefque fondues. Voilà Porigine d’un cratère, À cette époque les matière mifes en fafñon ont commencé à paroître fur cette furface raboteufe. Elles fe font élancées au-deflus comme certaines compofñtions chimiques, qui dé- paffent les bords du creufet dans le moment de leur ébullition ; frappées par l'air extérieur, quelques-unes fe font aflez figées pour ne plus retont- ber dans le vuide d'où elles fortoient ; d’autres étoient entraïnées par leur propre poids avant cle s'être fait un appui folide, & retomboient dans le gouffre, d’où elles étoient rejetées enfuite. C'étoient alors des matières recuites. Ce travail continué pendant long-tems a répandu des laves fur les bords de la cavité occafionnée par l'émiflion des premières matières ; laves qui en s’accumulanc ont hauflé le terrein pour former une efpèce de bourlet circulaire, IL eft venu un tems où les matières qui étoient vomies, foit en roche, foit en poudre, foit coulantes , où ces matières , dis-je, furmontant le bourlet n'ont plus trouvé fur fa bafe un appui fuffifanc pour les foutenir, & fe font précipitées au-dehors jufqu'a la furface demeurée intacte de l’ancienne colline, Ges premières déjections font vraifemblablement les aroiles, N°. s ; d’autres les ont fuivies & font venues les recouvrir (1). Alors a commencé à fe former un pain de fucre ou cône, dont l’intérieur montroit en creux un autre cône à fommec renverfé. Ce cône intérieur a dû préfenter tous les phénomènes connus du Véfuve & de l'Etna, avec les feules différences qui dépendent de la quantité des matières enflammées, & des fubftances maniées & rejetées par le feu. Le pain de fucre s’eft élevé toujours davantage; il eft parvenu un jour au point que fa hauteur n’étant plus en proportion avec la force expanlive du feu & la quantité des matières fluides, celles-ci ont pelé plus forte- ment ur les parois du cône intérieur, & fe font ouvert des pañlages, foit par des fimples fciflures , foit par des renverfemens confidérables du mur épais qui les contenoit: il s’eft formé des courans de laves qui ne defcendoient plus en commençant du fommer, mais des parties latérales. C’eft ce qui me paroît démontré par la forme actuelle des reftes de l’ancien bourlet; ils préfenrent une ouverture du côté de l'oueft, comme je l'ai obfervé dans Ja defcription. Ces courans latéraux ont formé la plus grande paitie de la colline volcanique de Beaulieu. On voit que route l'étendue qui eft entre le fud-oueft & le nord-oueft leur eft due. Il y a plus de RE {1) Je (üppofe que la partie de- cette furface où les layes font parvenues , n’étoit point baignée par la mer, car rien ne me lannonce, huit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 buit cens toifes de l'endroit où on les perd du côté gauche du château, à celui d’où ils font partis ,.c'elt-à-dire, à l'ouverture du bourler. Plufieurs des volcans éteints dont nous avons des defcriprions, nous préfenrent des lacs, & l’on en a conclu avec raifon, que ces lacs occupent la place d'anciens cratères. Très-peu offrent un cratère encore exiftanc tel qu'il éroit lors du volcan enflammé. Le plus grand nombre montrent des cratères comblés par les éboulemens des murs du cône: tel eft celui de Beaulieu, Lorique les feux fouterrains ont eu confumé une prande quantité des matières inflammables, qu'ils ont arrachées du fein de l’ancienne colline, & lancées au-deflus des mafles prodigieufes de fubftances minérales , ils ont néceflairement creufé un abyme profond. Les voûtes de cet abyme ont pu réfifter quelque tems; mais enfin forcées de fuccomber fous le poids d’une partie des matières , qui auparavant leur fervoient d'appui, elles fe font affaiflées. Le cône s’eft alors abymé en grande partie, & n’a plus laïflé que les débris bouleverfés de fon exiftence. Les petites émi- nences qu'on voit au haut de la colline, fonc les rettes brifés & renverfés des lèvres du cratère. La bouche en a été entièrement remplie par les laves, qui en fe précipitant fe font jetées les unes fur les autres. Il ue me paroît pas que depuis cette époque, cette partie de notre colline ait fubi de changemens, Nous allons voir pourtant qu’elle a dû être preflée & un peu tourmentée par une grande mafle de Ruide, Nous approchons d'une époque, qu'il eft voffible de fixer quant aux chofes, mais non pas quant au tems, Rappelons-nous avant de nous en occuper, que rien ne prouve fur la colline volcanique de Beaulieu qu'elle fe foit formée dans la mer, que tout fait préfumer au contraire que celle fur laquelle elle s'eft formée écoic à fec , au moins dans fa région élevée, Nous allons la voir fubmergée par une mer qui devoit être très-haute, & qui a dû féjourner long-tems au-deflus , fi l’on en juge par fes dépôts. Quelle antiquité cela ne donne-t-il pas au volcan de Beaulieu! L’homme ne peut pas encore la calculer. IL feroit fou d'en avoir l’ambition ; mais qu'au moins les circonttances de ce volcan fervent à nous faire obferver un fait intéreffant en géologie, c’eft que la mer a eu différentes périodes d’élévation pendant lefquelles certaines parties de la terre ont été tantôt à fec & tantôt baignées (1). Elle s’eft élevée pendant un tems, & a inondé les campagnes couvertes de végétaux & peut-être d’animaux. Elle s’eft retirée enfuite en Jlaiffant par-tout des traces de fon féjour. Mais nous ne pouvons pas favoir fi ces deux mouvemens oppofés fe (x) C’eft dans ces révolutions que ce font expatr'és les animaux dont on trouve Les dépouilles dans des lieux où on ne les rencontre plus vivans. Il n’eft plus néceffaire pour expliquer cela d’avoir recours à un refroidiflement fuccefhf de la terre. Tome XXXIII, Part. IT, 1788, JUILLET, 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; font fait rapidement, ou s'il a fallu pour les opérer des myriades d'années: Les calculs, les obfervations que nous avons fur les retraits actuels de la mer pe font ni aflez nombreux ni aflez sûrs pour nous permettre d'établir une analovie tant foit peu fatisfaifante, Nos idées de rapidité ou de lenteur doivent être faufles quant aux tems de ces mouvemens. Peut-être qu’en ayant celle’ de rapidité, nous ferions fort étonnés, en découvrant la vérité, de nous appercevoir que cette rapidité a occupé un efpace de trois ou quatre mille ans, Nous le ferions au moins autant fi en concevant l'idée de lenteur & en l'accompagnant d'un fyftéme qui changeroit par degrés l'axe de notre planette, nous découvrions quil n'a fallu que quelques années pour opérer l'élévation ou l’abaiflement des mers. Les mots n’ont plus de fens afluré lorfqu'on calcule les époques des grandes opérations de la nature. Tenons-nous-en aux époques relatives, Revenons à celle qui nous occupe maintenant, 3 Lorfque le cratère de notre volcan s’eft affaiflé, fes feux qui l’alimen- toient ont difcontinué de montrer au-dehors leurs effets. Peut-être ont- ils ceffe d'agir; mais feroit-ce parce que Les rochers qui fe font éboulés ont rempli le vuide, & ont érouffé ces feux fouterrains ? ou feroit-ce parce que ces feux avoient confumé tout ce qui étoit fufceptible de s’enflammer? Si nous comparons leur activité avec celle de nos fourneaux & de nos cheminées, nous ferons portés à croire que l'air ayant été intercepté dans le foyer du volcan, le feu a dû s’y éteindre. Mais en comparant ainfi, nous pourrions bien nous tromper. Au refte, n'importe la caufe qui a éteint notre volcan. Depuis fon extinétion au tems où il a été inondé par les eaux de la mer , il a dû s’écouler une longue fuite de fiècles. Rappelons-nous le banc de cendres volcaniques changées en argile impartaite, N°, 6. Ce bancs a foixante pieds d’épaifleur à-peu-près ; & toute cette épaifleur s’eft décompofée avant que la mer le recouvrit. Si nous appliquions ici les calculs qui ont été faits fur les couches de laves décompolfées de Pompeïa, nous aurions un efpace de deux cens mille ans environ, defquels il y auroit peu à retrancher pour les fiècles où nos cendres auroient travaillé à leur décompofition, randis que le volcan jetoit encore. Un tel calcul effrayeroit ma raifon, & je le rejeterois avec effort, s’il avoir quelque chofe de féduifant pour moi. J'examinerai un fait plus à ma portée, Ces cendres fe font-elles décompofées avant d’avoir été recouvertes par les eaux dela mer, comme je viens de l’avancer , ou dans le tems qu’elles en étoient baignées ? à Les argiles des pays calcaires , de ceux qui doivent leur formation aux dépôts de la mer, participent toutes plus ou moins de ces dépôts. Ce font des marnes ou des argiles auxquelles la terre calcaire eft fi intimement unie que pour l'en féparer il faut employer l'acide nitreux. Dans nos cendres décompofées , l'argile eft abfolument féparée de la matière SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 calcaire (1). El fuffit de la laver pour en dégager les perits noyaux de cette pierre qui y font implantés. Voilà une différence bien remarquable, qui me femble prouver que nos cendres volcaniques ne fe font pas formées , en fe décompofant, dans le même élément que les argiles des pays calcaires. Si mon obfervation eft jufte, cette décompofirion s’eft opérée fans doute avant que la mer fe foit aflez élevée pour recouvrir ce banc. L'action des eaux de pluie qui le pénétroient , combinée avec celle des birumes & des fels qu'il contenoit, a fait feule tout l'ouvrage. Mais je le répète , combien n’a-t-il pas fallu de fiècles pour l'achever ! Une mer orageufe eft enfin venue couvrir toute la contrée. Avant d’être parvenue à une grande hauteur elle a porté des vagues écumantes {ur notre banc argileux, & en le bouleverfant , elle y a jeté des galets calcaires qu'il tenoit fufpendus par fes grands mouvemens. Je fuppofe qu'elle n’étoit pas encore parvenue à une élévation fort fupérieure au niveau de notre banc : car on faic que la force mouvante des vagues eft prefque nulle dans les grandes profondeurs, Mäis elle s’eft élevée peu-à-peu fort au-deflus de la colline volcanique, par la même caufe qui l’avoit portée jufques-là ; caufe fur laquelle il feroit trop hardi de décider. Sa hauteur à fon dernier période d’élévation eft incalculable. On peut feulement affurer que cette mer a été au moins aufli haute que le Ventoux (2) la plus haute montagne coquillière de nos environs. Elle eft dûe à fes dépôts ainfi que la Sainre-Baume , Sainte- Viéboire , Notre-Dame-des-Anges , &c. ainfi que les collines coquillières qui entourent notre volcan & recouvrent les laves qui font fur fes bords. « Cerre mer plus haute que les monts a-t-elle gardé long-tems fon niveau ? Il nous eft inutile d'examiner ici cette queftion. Nous favons qu’elle s’eft retirée : c’elt tout ce qu'il nous en faut. Nous le favons par fus dépôts coquilliers. Mais pourquoi ceux-ci ne couvrent-ils pas entière- ment le volcan? Ils le couvroient autrefois, avant le retrait des eaux. À mefure qu’elles s'abaiffoient , elles laifloient à fec les hauts pics de Sainre- Baume, de Sainte-Viétoire, & romboïent dans les lieux plus bas avec un fracas proportionné à leur chûte. Il fe formoit ainfi des torrens qui renverfoient & emportoient au loin les matières qui n’étoient pas fufceptibles de leur oppofer une grande réfiftance. Celles qui couvroient oo 1) Ceci mène à réfléchir fur la variété qui exifle parmi les argiles. Les unes proviennent des matières calcaires, d’autres de l’altération des matières filicées ; celles-ci de la décompoñtion des laves ; celles-là des débris des végétaux : d’autres enfin font le produit d’une combinaifon particulière , les argiles alumineufes. Une analy£e bien faite ne nous mettroit-elle pas à même de juger par l’infpeétion de telle ou telle autre , de la matière à laquelle elle doir fon origine ? (2) Elle a onze cens toiles d’élévation au-deffus du niveau afuel de la mer. Tome XXXIIT, Part. II, 1788. JUILLET. E 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les laves de Beaulieu étoient en grande partie de ce genre. C’éroient fa plupart des marnes, dans lefquelles l'argile dominoic & fe laifloie facilement délayer ; marnes dont les reftes recouvrent encote les endroits les plus bas de la colline volcanique. On conçoit en efler que ce font ceux qui ont dû céder le moins à l’impéruofité du torrent, & les lieux les plus hauts être balayés avec le plus de facilité, parce que la pente favorife l'entraînement des corps qui y font mis en mouvement. Le fommet de la colline a donc été dépouillé de la chemife marneufe qui le recouvroit. Si l'on demande pourquoi il a été mis ainf à nud , lui qui eft plus bas que les collines calcaires qui l'entourent, je ne pourrai ÿ répondre qu'en montrant les inégalités qui fe trouvent fur toutes les montagnes, Le Puy eft plus haut que la colline volcanique 3 mais il l'eft aufli davantage que la colline calcäire qui eft à côté de Cabanne. On ourroit faire la même queftion par rapport à celle-ci; & il feroit rout auf embarraffant d’en expliquer la caufe. Il faudroit la chercher dans les mouvemens turbulens des eaux , & l'on ne pourroit conclure qu’en s'étayant de mauvaifes hypothèfes, Néanmoins ces mouvemens laiffene quelquefois des traces qui nous permettent d’en deviner des caufes moins problématiques. La fituation des dépôts marins , qui entourent la colline volcanique, ne nous laifle aucun doute que le torrent des eaux qui s’écouloient, ne vint à-peu-près du fud-eft. On voit que ces efforts ont creufé le vallon en fer à cheval de la côte, & entraîné toutes les matières un peu élevées qui étoient fur cette direction , jufqu'à la Durance ; car le pays eft plat dans toute cette étendue de terrein. On voit qu’au contraire les parties qui font au nord - oueft de la colline volcanique ont refté, parce qu’elles étoient, pour ainf dire , à l'abri des efforts du torrent deftructeur. ! Les mers fe font enfin retirées tout-à-fait, & ont laiffé à fec le volcan & les collines calcaires des environs. Les laves n’ont plus efluyé que l’action douce des pluies , des rofées & des acides aériens. Des vents bienfaifans ont porté fur leur furface des graines, qui y ont trouvé un terrein vierge: elles y ont germé , & les plantes qui en font forties ont augmenté par leurs débris la couche de terre cultivable, au point qu'au- jourd’hui elle a deux ou trois pieds d'épaiffeur, & préfente un champ fertile à l'agriculteur intelligent. | ES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 EE MÉMOIRE Sur les Clavicules & fur Les Os claviculaires ; Par M. Vice-D'Azyr. Fo Re l'homme, dans le finge, & dans plufieurs quadrupèdes l'efiace compris entre l'extrémité dé l'acromion & le fternum eft mefuré par un os d'uné feule pièce, appelé clavicule , & les Naturaliftes ont donné le nom de claviculés aux quadrupèdes qui en font pourvus, Mais ils 6nt exclus de cette ciafle plufieurs genres qui doivent y être compris. C'eft en difflequant avec foin les mufcles des quadrupèdes que j'ai trouvé des clavicules dans plufieurs où nul Anatomifte ne les avoit encore appércues. Elles different de celles que l'on a décrites jufqu'à rélenr, en ce qu'elles font plus courtes & irrépulières , en ce qu’elles fontcachées dans l'épaifleur des mufcles, & en grande partie ligamen- teufes, ce qui faie que dans quelques efpèces je ne les ai défignées que ‘que fous le nom d'os claviculaires. É Il eft évident que ces pièces offeufes n’ont pas les mêmes-ufages que les clavicules proprement dites, dont elles n’offrent qu'une forte de dégradation ; mais leur exiftence fufit pour influer fur la manière donc on range méthodiquement les quadrupèdes. Il me femble qu'il fera néceflaire de les divifer fous ce rapport en trois ordres , dont le premier comprendra ceux qui ont une clavicule complete, le fecond ceux qui ont une clavicule incomplette ou un os claviculaire feulement, & dans le troifième feront placés ceux qui n’ont ni clavicule ni os claviculaires, Je n'ai parlé ici de la clavicule du rat que parce qu'il m’a femblé qu'elle n'a pas été bien décrite, Je fais que cet os a été vu par les Naruraliftes. = Lorfque j'ai préfenté ce Mémoire à l’Académie, j'ignorois que M. Pallas connoifloit la clavicule du lièvre. I] l’a vue dans le /epus talai (1),pag. 27, dans le Zepus alpinus , pag. $o , & dans le lepus ogotona, pag: 703 mais il n’en a abfolument indiqué que la longueur , fans en rien dire de lus. Nul Auteur n’a fait mention de l'os claviculaire du chat & du cochon- d'inde, Je l'ai aufli découvert dans la fouine & la belette que l’on a rangés : (x) Novæ fpecies Quadrupedum é glirium ordine , au&fore Pallas, Erlangs An-4°+ 17780 ‘ 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jufqu’ici parmi les quadrupèdes non claviculés, & je préfume qu'on le trouvera dans la plupart des autres fifipèdes. J'ai aufli donné plufeurs détails fur des mufcles qui n'ont point été décrits. Dans le rat l'extrémité antérieure de l’épine de l'omoplate qui répond à l’acromion eft contigue avec une des extrémités de la clavicule. Ce dernier os eft recourbé de manière à former une convexiré en devant. Dans fa concavité s’insère le. mufcle cleido-maftoïdien. Son extrémité fternale eft remarquable, parce qu’elle ne s’étend point jufqu’au fternum, Elle fe joint à une petite pièce très-courte dont la confiftance eft cartila- gineufe, & qui eft unie au fternum par le moyen d'an ligamenr. La clavicule du rat eft donc formée de deux pièces. Près de l'omoplate , outre les, ligamens qui la joignent à l’acromion ,on trouve une petite corde ligamenteufe qui l’aflujettit avec une apophife analogue au bec coracoïde, Dans le lapin la clavicule eft beaucoup plus irrégulière ; 1°. elle ne fe joint point à l'acromion qui en eft très-éloigné; car on doit appeler de ce nom une apophife bifurquée qui termine lépine de l’omoplate en faifanc une faillie fur Le bord poltérieur de cet os ; 2°. elle répond à.une petite apophife de l'omoplate, qui placée au côté interne de l'épaule , tient lieu de bec coracoïde, Elle eft formée d'un petit os mince, & comme fufpendue entre plufieurs mufcles. Elle eft recourbée , de forte que fa convexité elt en devant, & fa concavité en arrière. Dans cette dernière région s'insère le mufcle cleido-maftoïdien & fe trouve le bord antérieur du trapèze, Son extrémité fcapulaire eft formée! par une petite tête, tandis. que fon extrémité fternale eft aigue. Un ligament arrondi, tuès-fort, & dont la longueur égale à-peu-près le tiers de la clavicule, F'affujertit avec le fternum. On pourroit regarder la clavicule du lapin comme étant en. partie offeufe & en partie ligamenteufe, Dans le rat & dans le lapin les infertions du fterno & du cleïdo- mafloïdien font très-éloignées l’une de l’autre. La ftruure de la clavicule du lièvre eft ä-peu-près la même.que celle du: lapin. ! j Dans le chat la clavicule eft encore plus imparfaite 3 1°. elle eft plus éloignée que dans les autres quadrupèdes. de l'extrémité antérieure de l'omoplate; 2°. fon extrémité fcapulaire eft attachée à une apophife de l'omoplate qui tient lieu de bec coracoïde par le moyen d’un ligament long & crès-délié, & fon extrémité fternale eft unie par un tiflu mem- braneux au fternum, Ce petit..os occupe à-peu-près les deux tiers de l'efpace compris entre la pointe de l'épaule & l'extrémité anrérieure de la région fternale. Il'eft fitué dans l'épaifleur du mufcle commun à la tête, à l'encolure & au bras & du mufcle cleido-maftoïdien, # 0 MATUS LAde? | ? RE L' L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 . On trouve dans le cochon-d’inde un petit'os qui a la même forme & la même ftrudture. Le mufcle fterno-maftoïdien , le bord antérieur du trapèze , le deltoïde &.le mufcle commun du bras forment dans les quadrupèdes un triangle le long du bord inférieur duquel la clavicule eft toujours placée, C’eft d’après cette obfervation qu’en cherchant dans un chien de taille moyenne les traces de la clavicule, j'ai obfervé dans le triangle que je viens de décrire une offfcation irrégulière ayant plufñeurs angles au milieu du tiffu cellulaire& qui s’étendoit de la pofition du bord antérieur du mufcle com- mun à la tête & au bras, qui eftcontiou au grand pe&oral & aumufcle commun du bras vers le fternum. À , Sue ou liqueur gaflrique. Dans le chien l’œfophage eft la fource d’une partie de la liqueur gaftrique. On en voir fortir d’un grand nombre de glandes placées fur-tout vers le bas de ce conduit. O_B S ER V:A TI O'N:S Sur les rapports qui paroiffent exifler entre la Mine dite Criftaux d'Etain & Les Criftaux de Fer oGaëdres; Par M. bE ROMÉ DE LISLE; Lues à l'Acad. Ele&. de May. à Erford Le 3 Avril 1786. Rose criffaux d’étain (er//lalli minerales flanni, zinngraupen des Allemands ) qu'on a crus d’abord minéralifés par l’arfenic, ont été mis par Cronftedt, Scopoli, Bergman & la plupart des Minéralogiftes modernes au nombre des snines calciformes. J'ai dit moi-même ( Crift. tom. III, pag. 411 ) que dans ce minéral l'étain écoit à l’état de chaux plus où moins pure, minéralifée par de l'acide méphitique, & que je ne pouvois croire avec Bergman, qu'il n’y eût aucune fubftance minéralifante dans les criftaux d’étain, puifqu’au défaut de foufre ou d’arfenic on devoit y trouver au moins le principe acide à l'aide duquel la terre métallique de l'étain prend une forme criflalline déterminée. M. Pelletier, l’un.de nos meilleurs Chimiftes , m'ayant fair obferver depuis que les criflaux d'étain, dans leur état naturel , tranfmettoient la commotion électrique de même que les criflaux de fer oélaëdres attirables à l'aimant, & l'expérience que j'en ai faite fur un grand nombre de criftaux de l’un & de l’autre minéral , m'ayant conftamment donné le 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même réfulrat, j'ai cru pouvoir en conclure que les er//faux d'étain n'étoient pas plus à l'état de chaux que le fer ocZuëdre dont il s'agit, En effer, on fait que les chaux métalliques & les mines véritablement calciformes, velles que les mines de plomb blanches ou vertes, les malachites\, les mines de fer fpathiques , certaines hémarites, &c. font des fubftances idio-éleétriques, c’elt-à-dire , qui ne tranfmettent point ou du moins que très-imparfairement le fluide électrique, tandis que les métaux eux-mêmes fonc les conducteurs les plus parfaits de ce même fluide. Or, puifque les criffaux d'étain de même que les cr/faux de fer oétaëdres tranfmettent la commotion éleétrique, on ne peut plus confi= dérer ces fubftances comme des mines à l’état de chaux pure ou véri- tablement calciformes (1). D'un autre côté l’analyfe n’ayant pu extraire jufqu'à préfent ni foufre ni arfenic de ces mêmes criftaux, on ne peut pas non plus les confidérer comme étant unis foic à l’un, foit à l’autre de ces minéralifateurs ; lefquels, er raifon du phlooiftique qu'ils contiennent, rendent aufli conducteurs du uide électrique les métaux & demi - métaux minéralifés par le foufre ou par l’arfenic à l’état de régule. Enfin , il n’eft pas pofñible de confidérer les criftaux d’étain ni les criftaux de fer octaëdres comme étant à l’état métallique, puifqu'ils ne font ni dudiles ni malléables, mais de confiftance pierreufe & confé- quemment dépourvus de toutes les propriétés qui diftiiguent & caraété- rifent l’état de métalléité parfaite. Cependant les criftaux de fer oétaëdres font fortement attirables à V'aimant, & lon fait que le fer ne manifefte fes propriétés magnétiques que dans l’état, 1°. d'acier, de régule ou de fer forgé; 2°, de fer de fonte ou mélangé; 3°. d’une poutlière très-atténuée, fur laquelle les acides n’ont point de prife, & que fa couleur noire a fait défigner fous le nom d'étkiops, Or, de ces trois états Le dernier feul eft analogue à ce que la nature nous préfente dans les criftaux de fer octaëdres, lefquels n'ont ni la dudtilité, foit de l'acier , foit du fer forgé, ni l'impureté de fer de fonte , mais qui, de même que l'érhiops martial, font inattaquables aux acides & dépourvus du principe de la métalléité qu'on rencontre dans les deux écats précedens, & qui n’eft autre chofe que le p#logiflique autrement dit air inflammable que les acides dégagent de toutes efpèces de £er à l'état vraiment métallique. CES (1) Cependant la mine d’étain de Cornouaille que fa reffemblance avec l’hématite par fon tiffu fibreux & fa furface mammelonnée , a fait nommer Aématire d’érain { Crifl. tom. IE, pag. 428, efp. 3 ) , paroît être à l’état de chaux parfaite, puifque ve minéral, connu depuis peu, ne tranfmet point la commotion éledrique , ain/fi que la font tous jes criftaux d’étaina Les SUR L'HIST.. NATURELLE ET LES ARTS. 41 Les criflaux d'étain n'éprouvent de même aucune altération de la part es acides minéraux, & fi l’on pulvérife ces criftaux, 1ls n’ont befoin pour pañler à l'état métallique parfait que du concours du phlogiftique fourni par les charbons qu'on emploie à leur réduction, foit dans les fourneaux où l’on fond ces mines en grand , foir dans un fimple creuiet bra‘qué. Les criftaux d’étain, de même que les criftaux de fer oétaëdres , après avoir été concaflés , pulvérifés & féparés, par le lavage , de la pierre qui leur ferc de gangue , n’exigent donc que le concours de Pair inflammable ou phlooiftique (qui leur manque dans leur état naturel) pour donner de l'étain ou du fer à l’état parfait de méralleité. Mais quel eft ce principe fubul que Bergman n’a point admis dans ces criltaux (1), & à l’aide duquel la terre mérallique du fer ou de l'érain prend une forme criftalline dérerminée dans les deux mines dont il s’agit? Cette queftion n’eft pas facile à réfoudre d’une manière directe, quant aux criflaux d'étain, mais un grand nombre d'expériences nous démontre que la terre métallique du fer criftäilife fous la forme d’octaëdies à plans triangulaires équilatéraux (voyez Crift. vol, Ill, fig.1,2,9,10,17, 12, &c.), couleur d'acier, lifles, brillans , fragiles, & attirables à l'aimant, toures les fois qu’elle fe combine avec le principe de la cha- leur (2) ; qui eft le cauflicum ou acidum pingue de Meyer & l'acide igné Phlopifliqué de M. Sage. Je puis citer en preuves de cette affertion, 1°. de petits criftaux de fer oétaèdres très-réguliers , folitaires, ou grouppés , que j'ai reçus de M. de la Tourerte, Secrétaire perpétuel de l'Académie de Lyon , lefquels fe font formés par fublimation dans le grillage d’une grande maffe de pyrites aux fonderies de Sainbel près de Lyon. Ces criftaux , dont les plus gros n'excèdent pas une ligne de diamètre, font noirâtres , fragiles, luifans &c fort attirables à l’aimant. J 2°. De petits criftaux femblables, obtenus par M. Pelletier en traitant de la limaille de fer avec du fel ammoniac, & en chaflant ce dernier {el à l’aide d’un feu très-violenr, | 3°. De petits criftaux de fer attirables obtenus par M. le Duc d’Ayen en traitant le fer avec l'acide marin, « Ce fublimé , die Macquer ( dans fon Dictionnaire de Chimie) » éroit fous la forme d’une matière mé- (r) Ce célèbre Chimifle s'exprime ainfi für les criflaux d'étain : « In fingulis » (flanni mineris) adef? flannum fimplicirer calciforme filiceis inrricatum » molpculis, & quantum haëlenus innotuit , nunquam mineralifarum nec acido » muriarico , nec aereo, nec fulphure ». Opul. Phyf. & Chem. vol. IT , pag. 436. (2) M. de la Mértherie, dans (on excellent Effai [ur l’Air pur, obferve que Péchiops peut en certaines circonitinces crifallifer en oétaëdres ; il regarde , ainñ que moi, les criflaux de fer oét2êdres des roches feuilletées primitives comme un séritable thiops martial natif. Voyez pag. 252 & 344 de l'ouvrage cité. Tome XXXIIT, Part, II, 1788. JUILLET, E 4x OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » tallique en molécules extrêmement petites & très- brillantes qui, » examinées au microfcope , fe montroient comme autant de petits corps » réguliers, fort opaques , figurés la plupart très-exaétement comme des > tranches plates de prifmes hexagonaux (1). Ceselpèces de criflaux » de fer, ajoute le même Chimifle, donc les faces ont la couleur &-le >» brillant de l'acier le mieux poli, ne paroiflent point être dans l'état » falin, c'eft le fer même qui apparemment eft fublimé de ja forte par » l’action du feu & des dernieres portions de l'acide marin ; ce qu'ily a > de certain c’eft que le barreau aimant les attire aflez fortement ». ©, J’ai du fer fublimé en criftaux notrâtres, oétaëdres , bien diftin@s, dans des fcories qui proviennent des rafineries d’acier de Rivesen Dauphiné, M. Faujas de Saint-Fond, de qui j'ai reçu ces fcories, en parle, pag, 232 de fon intéreflanre Minéralogie des Volcans. ” 5°. Le même Naruralifte cite, bd. (pag. 230 ) de perits criftaux de fer micacés, femblables à ceux de la lave de Volvic & comme eux atti- rables à l’aimant ; il les a remarqués dans les gerçures d’un grand creufer de verrerie, qui avoit éprouvé l’a&ion d'un feu long & foutenu, & dont les débris failoient alors partiegdu cabinet de M. Paflinge, bon obfervateur qui réfide à Roanne en Forez. | M. l'Abbé Fontana, Phyficien du Grand-Duc de Tofcane , décrie ainfi ceux qu'il a obtenus en dégageant l'air inflammable du fer par le moyen de l’eau qu'il faifoit pafler dans un tube de cuivre expofé à un grand coup de feu fuivant le procédé de M. Lavoilier : « Un fl de fer, roulé fur lui-même, & qui avoit éré ainfi expofé à la vapeur de l'eau & à l’action du feu, étoit auffi fragile que du verre & fe brifoit en » le touchant , fa furface étoir luifante & grenue comme du chagrin, > & montroit un grain très-fin. Ces grains, bien examinés, étoient » compolés d'une grande quantité de criflaux de.fer & qui fe rappro- » choient aflez des criflaux de fer de la mine de l’île d'Elbe (2), & » d’autres endroits. Ces criftzux paroifloient fous forme de pyramides » quadranpulaires , quelquefois les deux pyramides s’uniffoent bafe » à bafe (ce font alors des oétaëdres aluminiformes. ) Sous cette première » couche on en apperçoir une feconde compofée des même criftaux ; > mais beaucoup plus petits, Enfin, fi ce fer a été Jong-tems expofé à >» cette vapeur, il fe trouve tour changé en pareils criftaux », Journal de Phyfig. Septembre 1785 , pag. 228. ÿ 8 (x) C’eftainfi que fe préfentent les lames ou criftaux de fer fublimé des anciens volcans éteints de l'Auvergne & entr’autres du Mont-d'Or, de Volvic, du Puy-de- Dôme, &c, lames que j'ai démontré être des fegmens de l’oftacdre aluminiforme, Voyez ma Criflall. tom. INT, pag. 188 , variété 7. (2) Sans doute quant à l'éclat, à la couleur, à la fragilité & à lation fur le . barreau aimanté, car la mine de fer de l’île d’Elbe ne criftallife point en oétaëdres, comme on pourroit le préfumer d’après ce paflage de M, l'Abbé Fontana. ne ones de de _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 Les criflaux de fer obtenus dans les fix expériences précédentes font , inf que l'éthiops martial & le fguama ferri (1), un produit manifefte de la combinaifon de la rérre maruiale avec le principe de la chaleur; & comme ce principe , d'après les expériences de Meyer d'Osnabruck @), réfide dans la chaux vive & dans les alkalis cauftiques , on doit s'attendre à voir le fer donner à-peu-près les mêmes réfultats lorfqu’on le traitera, Loir avec la chaux, foit avec les alkalis cauftiques. En effer, M. de la Follie, Chimifte dont nous regrettons la mort prématurée, ayant expolé pendant deux heures à un feu de fufion très- violent un mêlange de deux gros de colcothar & d’un gros de chaux vive éteinte à l’air, il obtint une mafle très-noire, aflez dure , fur laquelle les acides vitrioliqués & nitreux n’agifloient pas; cette male étoit non- feulement attirable à l'aimant, mais préfentée à une aiguille aimantée qui nâgeoit fur l’eau, elle manifeftoit les deux pôles (voyez Journal de Pbyfq. février 1774, tom. Ill, pag. 9.) C’éroit donc un aimant artificiel & conféquemment un produit analogue à nos criftaux de fer oaëdres ou à l’éthiops martial natif dont l’aimant ne differe que par fes propriétés magnétiques, Enfin , le fer diffous par l'acide nitreux & précipité par un alkali non cauftique ou aéré, donne un précipité verdâtre qui n’eft point attirable à Faimant, tandis que le même fer précipité par les alkalis cauftiques offre des phénomènes différens. M. Marer, de l’Académie de Dijon, ayant précipité la diffolution de fer dans l'acide nitreux par l’alkali volatil fluor ou cauflique , a eu un précipité noirâtré actirable à l’aimanc, c’eft-à- dire, un éthiops martial proprement dits il eft vrai que les alkalis fixes cauftiques en liqueur donnent un précipité d’un verd-noirâtre qui, n’eft point attirable, mais en fe fervanr de la prerre à caurère , comme a fait M. d’Arcer, on obrient alors un précipité noirâtre , très attirable à l'aimant. ’oyez l'Effai analytique fur l’Air pur, paue 344. D'après certe fuire nombreufe d'expériences il n’eft pas poffible de révoquer en doute l'identité parfaite de notre érhiops martial artificiel & des crift aux de fer octaëdres que la narure a répandus avec une forte de (1) On appelle ainfi les écailles qui fe détachent du fer lorfqu’on le forge. Ce fer, attirable par Paimant , fragile & infoluble dans les acides , eit regardé par M. Sage comme un /é/ igne martial, produit, par la fufion , une maffe gr (e approchante du f£dérite par le tiffu, la couleur, &c, Voyez {on Analyfe chimique & Concor- dance des trois Règnes, tom. IT, p. 41. (2) Voyez les Effais de Chimie fur la Chaux vive ; un autre Chimifte du même nom ( M. Meyer de Stetin ) nous a fait connoître que le f£dérire ou fiderorhère dont Bergman avoit fait une fubftance métallique particulière , n’eft autre chofe qu’une combinaifon du fer avec l’acide phofphorique ; combinaifon qui eft de couleur erile , fragile fous le marteau, & légèrement attirable à l’aimant. Ce fidérite ne feroit-il qu'une modification moins parfaite de l’éthiops martial criftallife ? Tome XXXIII, Part. II, 1788. JUILLET. F2 #4 OBSERVATIONS SÛR LA PHYSIQUE; profufon dans les ollaires , fléatites & ferpentines ; dans certains marbres primitifs & généralement dans toutes les roches feuilletées primitives du {econd ordre, Dans ces criftaux Ja terre mattiale étant, comme on vient de le voir, combinée avec le principe de la chaleur, & n'ayant befoin que de s'unir à l'air inflammable ou phlogiflique pour acquérir l'état de mécalléité parfaite ; n'eft-il pas très-vraifemblable que la terre métallique de l’étain, dens les criflaux d’étain , eft pareillement combinée avec le principe fubtil dont nous venons de reconnoître la préfence dans les criffaux de fer oclaëdres , foit natifs, foit artificiels £ Ce qu'il ya de certain, c'eft que , 1°. les criftaux d’étain tranfmettent comme les criftaux de fer oétaëdres, la commotion électrique ; 2°. qu'ils fent de mème infolubles dans les acides; 3°. qu'ils font immédiatement réductibles en étain parfait par le concours du phlogiftique; 4°. qu’enfin leur formation remonte à la même époque que celle des criftaux de _fer octaëdres , puifque les uns & les autres fe trouvent dans les Æneis ou roches feuilletées primitives, dans la fubflance defquelles ils font fouvene difperfés comme les grenats, les fchorls & les micas qui les accompagnent. Mais une fubftance encore peu connue &-que fa gravité fpécifique , prefqu'égale à celle des criftaux d’étain , a fouvent fair confondre avec ces derniers , eft celle qu’on a défignée fous Les noms de swolfram & de zunoflein ou pierre pefante (1). Cesvolfram, noir ou blanc, differe d’abord des criftaux d’érain, en ce qu'il ne tranfmet point la commotion éleétrique. Il en diffère encore en ce qu'au lieu d’érain le fer eft jufqn’à préfent la feule fubftance métal- lique bien caradérifée qu'on en puifle extraire, ce qui la fait ranger parmi les mines de ce dernier métal (2). Enfin, les criflaux d’étain blanes que j'ai depuis peu reçus des mines de Cornouailles, m'ayant pré- fenté des formes abfolument femblables à celles des criflaux d'étain bruns, noirs où rougeätres , c’elt-à-dire , de fimples modifications de Poctaëdre à plans triangulaires ifocèles ( Crift. vol. IT, fig. 25 & fuiv. }, je dois dire ici que l’oétaëdre à plans triangulaires équilatéraux n'appar= tient point à la mine d’étain blanche, & qu'il faut rapporter au sungflein ou #0lfram blanc les deux premières variétés relatives aux modifications de l’octaëdre aluminiforme, pages 414 & 415 du tome IIT de ma Criftellographie. LES rs es at QG) La pefanteur fpécifique du yo/fram eft de 71,19 ; celle du sungflein ou wolfram blanc de 60,07 , & enfin celle des criflaux d’étain de 59,52. (2) Fuyez : nftell, tom. NT, pag. 262, efp. V,, des mines defer, Le z-olfram noër rendant, fuivant M. Sage, jufqu'à 40 livres de fer par quintal, tandis que Je rneten où wolfram blanc wen donne guère au-delà de 30 livres; on conçoit Fexcès de pefanteur fpécifique du premier fur le dernier, St Ré ns SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 4$ DESCRIPTION DUNE PANTHÉÈÉRE NOIRE: Par M.-DE LA MÉTHERIE. Felis, fufca, maculis nigris Jparfis. C ET animal que j'ai vu à la Tour de Londres, reffemble parfaitement à la panthère ( PL. TJ.) Sa hauteur eft environ de deux pieds deux ou trois pouces. Sa longueur eft environ de cinq pieds. La queue eft longue & bien fournie. La rêce a les mêmes proportions que celle de la panthére; le mufeau eft large, les oreilles courtes , les yeux petits. La prunelle eft d'un gris clair, & le refte de l'œil d’un gris jaunâtre. La jambe eft forte & bien fournie. Ses mouvemens font légers & brufques : fon regard elt comme celui de la panthère, inquiet & féroce. La feule différence que préfente cet animal eft fa couleur, qui au premier abord paroît être noire ; mais en l’examinant de plus près dans fa cage, on voit qu'elle eft d’un brun très-foncé. On diflingue des taches d’une couleur encore plus foncée, & qui approchent de celles de la panthère. Lorfque l'animal hériffe le poil , on apperçoit une teinte fauve par-deilous. LesAureurs de zoologie ont parlé d’un tigre noir. M. Pennant en a même donné une figure. Il l'appelle Black tiger, tigre noir, Jaguar. Il cire en fynonimie le cougar noir de Buffon ; mais cette efpèce n'a aucune refflemblance avec celle dont je parle. Sa couleur eft beaucoup moins foncée, Le deffous du ventre, du col & les parties qui avoifinent la bouche font d’un blanc jaune. Enfin , il vient des Indes occidentales, au lieu que celui qui eft à Londres a été envoyé du Bengale, & n’a point de blanc. Cet animal paroît une nouvelle efpèce du genre des felis de Linné. J'invite les favans qui font dans l'Inde à faire des recherches fur les mœurs de cet animal. : as 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, RÉ :5 U-L':T-.A TE Des Expériences & Obfervations de MM. De Cu... & CL... Jur l’Acier fondu. | L'ENCRE fondu a fur l'acier de cémentation l'avantage de l’homoz généité, que ce dernier ne peut avoir. La cémentation s'y portant de la furface au centre, routes les parties ne peuvent être cémenrées au même degré, Ce n’eft qu'en fondant l'acier qu'on peut obtenir cette homogénéité arfaite, * La fufñion de Pacier pour qu'il ait les qualités qu'on recherche ne peut fe faire avec un Aux où il entre des matières charboneufes ; celles-ci dans la fufion le rendent intraitable. Il paroît que l’objet à remplir pour obtenir l'acier fondu exige un flux qui ne lui Ôte ni ne lui donne rien ; mais qui ke garantiflant du contact de l'air , permette de lui appliquer un coup de feu aflez vif pour le faire entrer en fufion. Les molécules d'acier par cette fufion prennent l’arran- gement fymétrique qui leur convient, ce qui conftitue une homogénéité qui n'exiftoit pas dans l’acier de cémentarion, D'après cet expofé, on doit fentir qu'il faut avoir recours au Aux vitreux. Le verre où il n’entre que la terre filiceufe & l’alkali, eft celui qu'il faut employer. L'acier ainfi fondu , conferve non - feulement fa ualité, mais il acquiert encore par cette fufion une homogénéité & un Aébe de finefle qu'il n’avoit pas auparavant, fans rien perdre de fa ductilité & de fa ténacité. Tout verre où il entreroit de l’arfenic ou de la chaux de plomb doit être profcrit, Le laitier des hauts fourneaux , donne aufli l’acier fondu , mais ce flux ne vaut pas le verre alkalin. À L’addition du fel marin à ce flux vicreux donne un acier fondu intraitable, Une livre de fer forgé de Berry, fondu avec la foixante-quatrième partie de fon poids de pouflière de charbon , mêlée au verre qui a fervi de flux, a donné un acier fondu , un peu difficile d’abord à traiter, mais qui en fe forgeant eft devenu très-doux & s’eft étiré à la filière en fil d'acier affez fin. / ; Ce réfultat paroîc indiquer qu'il eft poffible d'obtenir de l'acier fondu , avec du fer forgé, en mêlant au flux vitreux la dofe de charbon néceflaire à la cémentation de ce fer. Le verre feul peut auf fervir de flux au fer forgé ; mais alors le produit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘47 qui a quelque qualité acereufe eft peu dudtile à froid & intraitable à chaud. Un célèbre Académicien a déjà tenté cette expérience , & j’ai lieu de croire que la répétant & opérant avec tout le foin qu'elle exige, nos réfulrats feront à-peu-près les mêmes. La pouilière de charbon feule eft encore un flux de l'acier & du fer forgé; le réfulrar de cette füufion a quelqu'analogie avec la fonte grife & n'eft pas moins intraitable. Quant au détail du procédé pour obtenir l’acier fondu , le voici tel que nous l'avons fuivi. Nous avons fait ufage du fourneau ordinaire des fondeurs, avec cette différence que ce fourneau étoit recouvert d’un dôme en terre cuire pour concentrer la chaleur. Les creufets doivent être fufcepribles de réfifter au coup de feu le plus . Vif, qui doit être fourenu pendant une heure ou une heure & demie, plus ou moins, fuivant la capacité du creufer & l'intenfité du feu. L'acier caflé en petits morceaux doit être recouvert par le verre, On ne doit pas négliger de couvrir le creufet, fans cette précaution il s’y introduiroir du charbon qui gêneroit pour la coulée qui fe fait dans une lingorière de fer forgé. Celle que nous avons employée étroit formée de - deux prifmes triangulaires évidés qui fe réunifflant au moyen de deux brides de fer, reçoivent l'acier fondu qui fe trouve avoir une forme quarrée de quinze à dix-huit lignes de côté. La caflure de barreau, ainfi coulée reflemble beaucoup à celle de l'acier poule; il fe trouve à fa furface des petites cavirés qui paroiflent dues au retrait de la matière. Ces cavités ne font pas dangereufes , elles difparoiffent dans le travail, & le barreau d'acier s’étire fans criques ni gerçures à un martine de forge, fans exiger d’autre ménagement que de ne pas le chauffer trop fort, fur-tout dans les premières chaudes, Le degré le plus avantageux à faifir eit paflé la couleur cerife. Plus lacier s’étire fous un mince échantillon, plus il devient doux & facile à travailler. Il eft inutile, je penfe, d’ajouter qu’il faut être sûr de la qualité de l'acier qu'on emploie, comme aufli de la nature du verre employé comme flux. 3 Au Creufot, ce 20 Juin 1788, w "S 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS SUR L'IRRITABILITÉ DES VÉGÉTAUX; Par M. JAmE-EpouART SMITH, D. M. Avanr fouvent obfervé.que les étamines du berberis commun étoient douées d’un degré confidérable d'irritabilité , j'ai répété le 25 mai 1786, au jardin de Chelfea , les mêmes expériences fur un de ces arbuites en fleurs. Il étoic environ une heure après midi. Le tems étoit ferein & chaud, & il fouffloic un peric vent. Les éramines de ces fleurs étoient ouvertes, tendues derrière chaque pétale & recouvertes fous leur tige concave. La fecouffe des branches ne paroifloit avoir aucun effet fur elles; mais ayant touché légèrement avec un petit morceau de bois la partie inférieure d’une des étamines , dans le même moment les pétales s’agitèrent avec une force confidérable en pouflant l’anthère contre le ftigmate. Je répétai l'expérience un grand nombre de fois en touchant dans chaque fleur une étamine l’une après l'autre jufqu’à ce que toutes fix euflent été amenées enfemble au centre au-deflus du figmate. Je pris avec moi trois branches chargées de ces mêmes fleurs & les plaçai dans une jarre d'eau; & dans la foirée je tentai les expériences [ur quelques-unes de ces fleurs en Les gardant dans ma chambre , & toujours avec le même fuccés, | F Pour découvrir dans quelle partie de ces filamens réfide cette irrita- bilité, je coupai fur le champ un des pétales avec une paire de cifeaux, fans toucher l’étamine qui étoit auprès des pétales. Alors avec un morceau de plume extrêmement mince je touchai lextérieur du filament qui éroit proche du pétale , & le frottai de haut en bas; mais il demeura parfaite- ment immobile. Je touchai alors avec le même inftrument le dos de l'anthère, fon fommer, fon bord & fa partie inférieure , roujours fans nul efler. Mais ce même morceau de plume porté de l’anthère à la bafe de l'étamine n’eut pas plutôt touché le filament, qu'aufli-tôt l'anthère fut portée vers le ftigmate avec ure grande force. J'ai fouvent répété l'expé- rience avec une aiguille émouflée,, une foie de cochon, une plume, & plufieurs autres chofes qui ne pouvoient faire aucun tort à cette partie, x toujours avec le même: fuccès. J'appliquai les cifeaux à quelques-unes de ces anthères , de manière à plier leurs filets, avec une force fufifante pour qu'ils touchaffenc le figmate, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 fligmate. Mais cela n’a poiut produit la contraction des filamens. Cette inflexion {ubffta ranc que l'inftrument demeura appliqué; & layanc retiré, l'étamine retourna au pétale par fon élafticité naturelle; mais Les cifeaux ayant été appliqués à la partie irritable, l'anthère vola aufli-rôc vers le ftigmate & lui demeura attaché. Je voulus aufli eflayer de donner un choc fubit & un peu fort à certe partie de l'étamine ; quelquefois il à produit le même effer qu'en touchant la partie irritable, De tous ces fairs il eft évident que le mouvement dont nous venons de parler eft dû à un haut degré d'irritabilité dans la partie du flament qui eft atrachée au germe, laquelle étant touchée fe contracte. Cette partie devenant plus courte que l'autre, fe plia fur le germe. Je n'ai pu décou- vrit d’autres particularités dansila ftruéture de cette partie ou de toute autre du filament. Cette irritabilité eft fenfible dans les étamines à tout âge, & non pas feulement dans le rems où la pouffière fécondante ou le pollen eft prêt à être lancé, Dans les mêmes fleurs qui ne font ouvertes que pour admettre une foie de cochon , & dont les anthères ne font pas encore développées, les filamens paroiffent à-peu-près auf irritables que dans les fleurs partai< tement épanouies, Dans pluleurs vieilles fleurs, les unes, foit que les pétales adhèrent aux étamines, foit qu'ils foient prêts à tomber, ou qu'ils le foient déjà, ou que les étamines demeurent, elles confervent toujours la même irritabilité, J'ai éloigné avec foin le germe de quelques fleurs fans toucher aw filament, & j'appliquai alors une foie à l’un d'eux , qui s’elt contracté immédiatement, & le ftigmate ayant quitté fa place, il fe replia prel- qu’entièrement vers le côté oppofé de la fleur. Obfervant que lesétamines dans quelques fleurs qui avoient étéirritées, retournoient à leurs ficuations primitives dans la partie concave’ des pétales, j'ai trouvé que la même chofe arrivoit en général à toutes, plutôt que plus tard, J'ai touché alors quelques filamens qui avoient parfaite- ment repris leurs premières pofitians, & je trouvai qu'elles fe con- tractoient avec autant dé facilité qu'auparavant, Cela a été répété trois ou quatre fois fur le même filament. J'ai tenté de ftimuler dans le milieu de leurs courfes quelques-uns qui retournoient , mais non pas toujours avec fuccès. Il n'y en a eu qu'un petit nombre d’entr'elles feulement qui aie été affecté. + Le but que la nature fe propofe de remplir dans l’économie particulière de la plante, ne me femble pas dificile à découvrir. Quand les étamines font dans leurs poñrions primitives, leurs anthères font affurément à l'abri de la pluie par la concavité des pétales. Ainf elles y reftent pro- bablement jufqu'à ce que quelques infectes venant extraire le miel de la bafe des fleurs, s’enferment eux-mêmes entre leurs filamens & les rouchent prefqu’inévitablement dans leurs parties les plus irritables. Alors le germe Tome XX XIII, Par. II, 1788, JUILLET, so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, elt fécondé; &:comme c’eft principalement dans la faifon des chaleurs que les infectes volent le plus, la pouflièré eft auffi dans ce tems plus propre à la fécondation. Il faudroit placer une branche de la fleur de berberis, dans une telle fituation qu'aucun infeéte ni aucune autre caufe irritante n’y püût avoir accès, & veiller fi dans ce cas les anthères s’apora- choient du ftigmate, & fi les femences feroient alors fécondées. J'ai inffté plus particulièrement fur le: berberis, parce que, quoique divers Auteurs faffent mention de l'irritabilité de fes étamines, il n’y en a aucun qui ait recherché dans quelle partie des étamines cette pro- priété réfide,, ni pour quelle fin elle eft employée. Du moins ils n'ont point pouffé leurs recherches avec une certaine exactitude , &ils femblent en général s'être copiés les uns & les autres. Gmelin qui a écrit une Diflertation exprefément fur l’irritabilité des vévétaux, n'offre rien de neuf fur cet objet: La principale partie.de fon Ouvrage eft un catalogue des plantes qu'il a trouvé n'être pas irritables. Le berberis n'eft pas la feule plante qui préfente ce phénomène. Les étamines du caëus runa, efpèce de figuier indien, font auf crès-irricables, Ses étamines font longues & tendues, & font en grand nombre autour des côtés de la fleur. Si on paffe une plume au travers , elles commencent dans l’efpace de deux ou trois fecondes de s'incliner doucement vers un côté, & dans peu de tems elles font étendues au fond de la fleur. Les mouve- mens dans la dionea muféipula, la fenfitive pudica, font trop connus pour qu'il foit néceilaire d’en faire mention, On a obfervé un femblable phénomène dans la drufera , où l’analogie : botanique fembloir l'indi- quer. Voyez la Flore Britannique du Docteur Withering, Tous ces mouvemens, à mon avis, doivent certainement être attribués à l'irrita- bilité. Nous devons foigneufement éviter de les confondre avec d’autres mouvemens , qui quoique très-étonnans à la première vue, doivent être expliqués purement par des principes mécaniques. Les étamines de la pariétaire ; par exemple, font retenues avec force dans une pofition recourbée par l'effet du calice, de forte qu'aufli-tôt que ce dernier eft pleinement déployé, ou qu’elles font par quelqu’autre moyen dégagées , les étamines étant très-élaftiques , s'élèvent & lancent leur poullière avec une grande force, J'ai dernièrement obfervé une femblable circonflance dans les fleurs du medicago falcata. Dans cette plante les organes de la générarion font retenus dans une polition forcée par la carène encore tendue de la fleur, nonobftant la forte tendance du germe à reprendre fa forine de faulx. Enfin, quand ce germe devient plus fort, & que la carene s'ouvre davantage , il obtient fa liberté par un effort foudain , qui fair fecouer la pouffièré abondamment fur le fligmate. On peut à volonté mettre en liberté le germe en pinçant la fleur de manière à ouvrir doucement Ja carène, & on produira le mêmeeffer. Ainfi que les expériences précédentes apprennent que plufeuts végé- - SUR EHIST. NATURELLE ET LES ARTS. sr taux pofsèdent l'irritabilité à la manière des animaux, il y a aufi des plantes qui femblent être douées comme eux d’une efpèce de mouvement fpontané. Linné ayant obfervé que la rue pouffe une de fes étamines chaque jour vers les piftils, j'ai examiné la ura chalepenfis qui differe très-peu de la rue commune, & j'ai trouvé plufieurs étamines dans la pofñtion qu'il décrit, tenant leurs anthères au-deffus du Rigmate,, pendant que celles qui nè fe font point encore portées à ce fligmate font couchées fur Les pétales aufli bien que celles qui ayant déjà payé le tribut conjugal font déjà revenues à leur polition primitive, Täâchant de ftimuler avec une plume les étamines, j'ai trouvé qu’elles étoient toures privées de fenfibilité. Elles fonc des corps coniques forts qui ne peuvent être guère éloignés de la polition qu’elles ont une fois prife, Le même phénomène a été obfervé dans quelques autres leurs, Maïs il n’y a point d'exemple plus frappant que celui de la rue, Je delirerois trouver un exemple de ce mouvement fpontané combiné avec l'irritabilité dans la même plante; mais j'avoue que je n’en connois point. Je feroïis porté à croire par analogie que la dionée muftipula & peut-être le dro/era peuvent avoir le même mouvement dans leurs étamines auñli bien que la rue, la parnaflia & le faxifrase , pendant que leurs feuilles pofsèdent Pirritabilité, Mais fi la chofe eft telle , le fi°ge de ces deux propriétés étant fi éloigné l'un de l’autre, il fembleroit qu'ils ont aufli peu de rapport , que fi elles étoient fur deux plantes différentes. I y a encore cette différence entre les animaux & les végétaux, que quoique quelques-uns de ces derniers pofsèdent l'irritabilité & d’autres le mouvement fpontané, mais dans un degré fupérieur à plufeurs de ceux-ci, cependant ces propriétés ont été trouvées jufqu'ici combinées chez les animaux feulement dans la même partie, Mais les /2rrularia ne font pointune exception à cette loi. La plus grande partie de leurs fubftances reffemble à celles des plantes dans leur accroiflement indéfini, & dans leur défaut d'irritabilité & de mouvement fpontané. Mais leurs fleurs animées , ou les polypes dans lefquels leur effence réfide font doués de ces deux propriétés au plus haut degré. Je fais que l'opinion de quelques Philofophes eft qu’un certain degré d'irritabilité doit être diftribué dans chaque partie des végétaux, en ce qu'on ne peut point concevoir la circulation de leurs fluides fans ce moyen. Dans une converfation que j'ai eue à ce fujet avec l'illuftre M. Bonnet de Genève, il n’a déclaré qu’il tenoit fortement à cette opinion, & qu'il ne défefpéroir point en injeétant un acide ou quelque autre liqueur ftimulante dans les vaifleaux de quelques plantes, de voir avec un microfcope le cours de la sève & en même tems les contractions qui La font avancer. Il m'engagea avec cet aimable enthoufafme qui le rend digne de remarque , de pourfuivre ces recherches. Quoi qu'il en foi , j'ai cru que je devois faire connoître une idée aufli intéreflante, Tome XXXIII, Part, Il, 1788. JUILLET. G 2 s2 OBSER/ATIONS SUR LA PHYSIQUE; & je ferois bien aife qu'elle für réalifée par quelqu'un qu’ avec le tems & l'habileté néceflaire pour de femblables recherches, eûr le fers froid & l'exactitude qu’exigenr ces expériences , aufli bien que la fidélité &c l'impartialité pour les publier, Je ne puis fnir cer objet fans parler d’une autre propriéré rrès-curieufe que les végétaux lémblent pofléder en commun avec les animaux , quoi- que certainement à un degré très- inférieur. J'enrends de cette pro= priéré, pour me fervir des termes de M. Hunter ( qui a fort erendu ces principes dans l’économie animale ), par laquelle leur confhtution eft cap.b e feulement d'un certain degré d'action qui s'accorde avec leur faoté; quand ce degréeft excelif, la maladie ou la mort en font la fuite. C'ett feulemenr & à l’aide de ce principe que je puis expliquer pourquoi plufieurs plar tes réfiftent à un grand degré de froid de jlufeurs hivers ava r de fleurir, mais qu'auffi-ror que cer événement critique a eu lieu, elles périffent à l'approche du froid, & qu'on ne peut par aucun art les faire furvivre à l'hiver. Mais Linné rapporte encore un exemple plus curieux fans aucune explication , dans fa D'fércacion fur les Sexes des Plantes, de la longue duree des pifhls dans la femelle du chanvre, lorfqu'elle n’eft point expofée à la poufière du mâle, randis que celles qui ont reçu la pouffière fe fanent premptemenr, Dans ce’cas je ne peux me difpenfer de croire que chez les piftils dans lefquels la poullière a agi & qui ont par confequent achevé la fonétion pour laquelle elles font deftinées, le principe de vie eft beaucoup plutôr épuifé que dans ceux qui n'ont point éprouvé un pareil flimulus. C’eft auffi peut-être pour lamême raifon que chez les fleurs doubles dans lefquelles les organes de la génération font oblirères, l'ouvrage de la générarion ne peut avoir lieu. Elles reftenr beaucoup plus long-rems dans leur érar de perfection que celles de la même efpèce, comme on le voit dans de pavot, l’ane- mone , &c. Dans chaque pavot la corolle rombe en peu d'heures ; mais dans ceux qui for à leurs doubles, ils demeurent plufieurs jours. Cerre obfervation joinre à plulieurs autres , peut conduire à découvrir l'ufage el de la corolle des plantes, & de la part qu’elle a à la fécondation 3 objets fur lefquels on n’a encore formé que des conjectures, | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $3 CE TUBUR ME PE MAC RUE Er A M DE LA MÉTHERIE: Sur une nouvelle efpèce de Pierre, & fur Le Charbon. Lin RE / +... M. Ifleman a parlé d’un quartz cubique (dans les Annales : Chimiques, N°. 3, page 208 ), M. Weftrumb vient de m'écrire qu'en ayant fait l’aralyfe, 11 n'en a setiré que de la terre calcaire & de l'acide du borax. Vous ne vous feriez certainement pas douté que cet acide fe trouvât dans cette pierre ; mais fans doute on le trouvera dans plufeurs autres. M. Lowitz a continué fes expériences fur la qualité qu'a le charbon de s'emparer du phlogiftique d'autres corps. Entre plufieurs faits finguliers , il a découvert que la viande très-putride perd d’abord fon odeur fétide quand on la pétrit avec de la pouflière de charbon, & qu’elle acquiert Fodeur d'alkali volatil très-pur. [1 n’eft cependant point anti-fceprique 3 mais il dépouille la viande de fon air putride , & dégage l’alkali volaril. Certe expérience fingulière m'a fait naître l'idée qu’on pourroit employer ce procédé pour corriger lodeur infupportable des fofles d’aifance des maifons publiques : chofe qui a été recherchée fi long-rems en France, En partant des expériences ci-deflus il femble qu'il {ufhroit de jeter dans la foffe de la pouffière de charbon. ï Je fuis, &c. LETTRE D'ESAMEUL HA El RU T TE RE Confeiller à la Cour des Aïdes, RON DELLE AM ET HE RLE, Sur la Monetia , la Verbena globiflora & l'Urtica arborea. D ESIRANT rectifier quelques erreurs qui fe font gliflées dans mes Szir- pes novæ (1), Ouvrage dort les tables & l'errara ne paroïtront pas encore {a) Cet Ouvrage fe vend à Paris, chez Prevolt , quai des Augufins, sx OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de quelque tems, qu'il me foit permis, Monfieur , d'emprunter la voie de votre Journal, plus répandu que le Livre même, pour défabuter le Public le plutôr poflible. Les plantes qui font le fujer de cetre Lettre, font la Moneria, la P’er- bena globiflora & VUrtica arborea. L. La Monetia elt un nouveau genre que j’avois placé dans la tétrandrie monogynie. On la cultive depuis long-tems dans nos jardins ; mais elle n’y a jamais fructifié. On ne doit pas s'en étonner : ce genre eft dioïque,. ou peut-être polygame, & routes Les plantes cultivées foic à Paris , foit à Londres , font des individus mâles. Leurs Aeurs pourvues de germes affez gros & cependant imparfaits paroîtront hermaphrodites à quiconque ne connoîtra pas l'individu femelle de cette plante. Les manufcrits du docteur Koënig décédé depuis peu d'années à Tranquebar, qui n'ont été communiqués à Londres par le chevalier Banks, légataire de la collection de ce voyageur Botanifte , m'ont appris la vraie clafle & les caraëtères réels de ce genre , auquel il convient de faire les corrections & additions fuivantes, Monetia barlerioides. Stirp. pag. 1. tab. 1. Nota. Supprimez le fynonyme de Seba, propofé avec incertitude , & qui appartient réellement à la Barleria Prio- nitis. L, Subftituez le fynonime fuivanc vérifié fur l’herbier de Plukner. Arbor fpinofa rigidioribus fraxinellæ foliis in aculeum abeuntibus Maderafpatana. Plukn. phyt. t. 148. f. 1. Habitat in Zeylonà. Koënig. ad Caput bonz fpei. Mafon. Mas. Germen vel nullum , vel tantum rudimentun. Stylus conicus, fuleatus, acutus , lævis, viridis , flaminibus vix longior. FEMINA, Flores axillares , nonnulli , interdum folitarii. Cal. 1it in mare. Cor. ut in mare. Laciniæ parum latiores ; breviores. Stam. Filamentorum 4 rudimenta, germini adpref[a, plana , brevia. Antherx feriles. Germen fuperum , ovatum , glabrum , viride, Stylus vix ullus, craffus. Stigma capitatum , villofum , albicans. Bacca globofa, glabra, alba, fubdiaphana, Ribefiorum. alborum fimillima : pulpâ kumidé , fubgelatinosé , dulci, efculeutä. Semen unicum , orbiculatum , ad unum latus parum convexum ; altero planum , lave, nigrum , durum , nadulans, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ss Verbena globiflora. Stirp. pag. 23. tab. 12. Habitat ad Promontorium bonæ {pei. Banks & Solander, Ajoutant trop de confiance à un herbier aflëz connu, j'ai indiqué l'Amérique comme patrie de cette plante. Il faut en douter. Cette Verveine ayant été obfervée au cap de Bonne-Efpérance par MM: Banks & Solander, il y a tout lieu de préfumer qu'elle ne fe rencontre point en Amérique. Quelqu'atrention qu'on y apporte, l'on ne peut fe promettre d'éviter toujours les fautes de cette nature, L'origine des plantes & la tradition qui les concerne fe perdent trop aifément dans les jardins. J'ai cité pour fynonime à certe même Verveine : Nepera maxima À flore albo, fpic& habiriori. Sloan. hift, 1. 173. tab. 108, f. 1, C’eft une feconde erreur. La plante de Sloane qui exilte dans fon herbier dépofé au Mufæum de Londres, eft le Nepara peélinata: L. Quant à l’Urcica arborea. L.. je fuis convaincu aujourd’hui qu'elle eft Pariétaire. Voici de quelle manière fon caractère & fa defcription doivent être reformés. Parietaria arborea, Stirp. tab. 20. P. foliis ellipriéis acuminatis fubtriplinervüs,, caule arboreo. Urtica (arborea) folis alternis ellipricis fubrus villofis, paniculd terminali ex Jpicis ramofis, Linn, fuppl. 417. L’Her, ftirp. 39. tab, 20. PoLzyGAMI FLORES. Calyx communis #riflorus , in difco ferens florem femireum duobus mafculis adflantibus oppofitis , monophyllus , abfolute fexpartitus. (Braîei Juffultus pro féptimä laciniä.) Lapfis floribus mafculis cicatrix glandulofa fat manifefla remanets MaASsCULI FLORES. Perianthium proprium nullum. Cor. monopetala , campanulata , quadripartita, fubtus villosa : laciniis ovatis , acutis , revolutis, Stam. filamenta 4, &c. Germen minimum, abortivum ; quandoque flylo minutiffimo abfque fligmate. FEMINEUS FLOS, Perianth. proprium, Cor. ) nulla, Stam, \ Germen füperum , ovatum ; pubefcens, Stylus fliformis ; brevis. sé OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Stigma Zineare , craffiufeulum , quafi plumofum , rubicundum , calyce VIX LongIuse Cette belle Pariétaire n’a pas encore fructifié dans nos jardins. Les deux corps qui ont été figurés à côté du germe & que j'ai décrits comme nectaires font les boutons des deux fleurs males accompagnant la fleur femelle , & le germe elt cette fleur femelle. Dans certains individus & dans certaines circonftances ces fleurs males ne s’épanouiffent pas, comme il arriva la première année que cette plante Aeurit à Paris, J'ai fait en entier le facrifice de la planche Urtica arborea, L, aujourd’hui Pariétaire. Une nouvelle figure peinte & non gravée la remplacera fous le nom de Parietaria arborea , dans le fecond fafcicule colorié de mes Stirpes noyvæ auquel on travaille en ce moment. Dans le même cahier lAriflotelia Macqui fera repréfentée par un autre deflin non gravé, mais feulement peint. L'échantillon publié dans mon Ouvrage étoit un peu mefquin , tel cependant qu'on avoit pu l'obtenir d'une plante rare & qui leurifloic alors pour la premîère fois. Mes Lecteurs wwudrort bien fe reffouveni: qu'il eft quelquefois difficile de concilier la beauté de l’ouvrage avec la primeur & la rareté des objets qu'on voudroit leur offrir. Mais alors les exemplaires peints qui par cette raïfon ne fuivront que d'un peu loin lés livraifons de mon Ouvrage , me donneront la facilité de fubflituer, comme je viens de le faire en cette occafion pour VÜrtica arborea & l'Ariflotelia Macqui, de nouveaux deflins aux planches qui pourroient l’exiger. Je fuis, &c. Paris, ce 8 juin 1788. mm, OBSERVATIONS SUR LA CRISTALLISATION DE LA GLACE; Par M. D’ANTrIc. Lis anciens & les modernes, jufqu’à M. de Mairan , n’ont fait qu’une attention fuperficielle à la forme que prend la glace lorfque l’eau fe forme lentement. Cet Auteur qui s’eft occupé fi eflentiellement de la conver- fion de l’eau en glace & des phénomènes qu’elle préfente , a remarqué que, dans ce cas, les parties de l’eau tendoient toujours à s’aflembler fous un angle de 60° , à former des étoiles à fix rayons. Depuis lui plufeurs Phyfciens ont vérifié fes obfervations, mais aucun, que je fache, n’y a ajouté de faits majeurs, ni trouvé d'explications ftisfaifantes, Linné < SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, s7 Linné qui le premier a jeté le coup-d'œil du génie fur la criftallifation des corps , ayant conlidéré l’eau comme un élément, a gardé le plus profond filence fur les modifications qu'elle eit fufcepribie d'éprouver. M. de Romé del’Îfle, moniiluftre Maître, qui en marchant fur les traces de Liané l'a laiflé fi loin derrière lui, quant à la minéralogie, a trouvé par le calcul, d'après les obfervations de M. de Mairah & autres, que la forme primitive de l’eau glacée étroit un octaëdre équilaréral (1). M. Haflenfratz a faic depuis des obfervations fort intéreflantes fur la forme qu'affecte la glace lorfque l’eau fe congèle dans des circonftances favorables. [l a remarqué qu'elle adoproit toujours la figure prifmatique hexaëdre (2). Ce fair qui, au premier coup-d'œil, paroît détruire le réfulrat des calculs de M. de Romé de l’ffle, le confirme & rentre dans ceux obfervés par M. de Mairan. Perfonne n'a confirmé par des obfervations directes l’opinion de M. de Romé de l'Ifle, perfonne n’a vu la glace criftallifée en oétaëdre parfait. Le 13 juillet, je fus, étant à Saint-Maur, à trois lieues à left de Paris, fpectareur d'un orage tel que je n'en avois jamais vu. Les grains de grêle avoient depuis un jufqu’à trois pouces de diamètre, Tous étotent criftailifés plus ou moins confufément, & les plus gros avoient des pointes faillantes ; cunéifcrmes, de plus de fix lignes. Il n’étoit pas poñlible de fe retufer à voir, dans ces coins, l'extrémité de pyramides tétraëdres jointes enfemble latéralement, & d’en conclure que chaque grain éroit un compofé d'octaëdres de glace qui convergeoient au centre. J'en fus convaincu, lorfque j'eus ramaflé des grains plus comprimés que les autres & qui avoient dans leur milieu une cavité de quelques lignes de profondeur. Je vis dans beaucoup de ces derniers les extré- mités oppofées des deux pyramides qui conftituent l'oétaëdre , & dans plufeurs , l'oétaëdre entier, feulement engagé par le milieu. Le plus beau criftal que j'aie vu avoir quatorze lignes de longueur & quatre de largeur. Tous fes angles étoient déjà arrondis par la fonre lorfque je le mefurai, mais ils étoient encore parfaitement bien indiqués. Tous les grains de grêle étoient donc des groupes de criftaux abfoiu- ment femblables à ceux que l'on forme fur un fil au milieu d'un liquide chargé d’un fel, à ceux des fels-pierres que l’on trouye au milieu des arpiles & des marnes, Sur les dimenfions du criftal cité plus haut, j'ai conftruit un oétaëdre d'argile, & j'ai trouvé que celui de glace devoit avoir l'angle du fommet (1) Poyez Criffallographie, vol. 1 , pag. 4. {2) Voyez Journal de Phyfique , janvier 1786. Tome XXXIIT, Part, Il, 1788. JUILLET, [sl $s3 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LÆE de la pyramide de 35°, & celui de la jonétion des deu xpyramides. d'environ 145°. Tous les corps, pour criftallifer régulièrement, ont befoin d’être fufpendus dans un Auide d’une denfité inférieure à celle qu'ils ont eux- mémes lorfqu'ils font criftallifés. L'eau eft le véhicule général pour toutes les fubftances falines & minérales. Les métaux qui criftallifent par la fufon , ne Le font, que parce que la partie aétuellement en fufñon fere de milieu à celle qui commence à fe refroidir ; les procédés que l’on emploie pour opérer cette criftallifation, femblent du moins le prouver. L'eau fe trouve dans le même tas que les métaux, auñfi n’obrient-on par la congellation que des filamens , des dendrites où la forme odtaëdre eft feulement indiquée comme fur les regules refroidis lenrémenr. L’air étant pour le Phyficien le feul fuide moins denfe que l’eau , it n'y a que daos l'air où elle puifle criftallifer régulièrement ; aufli a t-on remarqué que le givre & la neige affectoient une forme régulière, qu’on y voyoit fouvent des élémens d’octaëdres, mais leur ténuité extrême & leur fugacité n’ont pas permis une obfervation plus précife. Qui auroit ofé fe promertre de trouver dans la grèle, cette criftalli- fation fi defirée ? La grèle fe forme en efferjdans l'air, mais fa production inftanranée , fa chûte rapide, ne laïfloient pas concevoir la pofibiliré de quelque régularité, antre que celle du fphéroïde qu’elle affecte lorfqu’elle eft en petits grains. Les defcriprions des orages mémorables par les ravages qu’ils ont opérés, ont fair, 1l eft vrai, mention de l'irrégularité des grains de grèle qui pefoienr plufieurs onces, de leurs pointes meurtrières , mais on ny avoit fair qu'une attention légère. Actuellement que le fait eft arteflé par mon obfervation , on remar- quera fans doure,avec moi. que les criftallifations falines s'opèrent fouvene aufli inffantanément. Il fufñir de verfer de l’eau froide dans la diflolurion chaude de plufieurs fels pour qu'il fe forme un précipité abondant de perirs ciiftaux, J'ai vu plufieurs fois le fimple mouvement produire le même effet dans des capfules de verre où j’avois des fels en évaporation infenfible. Je n'entreprendrai pas ici de donner l'explication du phénomène de la grèle. Je mecontenrerai de renvoyer aux Effais fur l'Hygrométrie de Sauflure, chapitre des Orages, On y trouvera une théorie qui me femble mieux ap= puyée, plus fatisfaifance, qu'aucune autre de ceiles qui me fonr connues. L'’orsge qui a donné lieu à cette obfervation , a érendu fes ravages fur un efpace de cerrein confidérable , au nord & à l’eft de Paris. En tournant autour de la ville, il a frappé l'extrémité du fauxbourz SaintaAnroine, J'ai vu.les chemps & les arbres dépouillés de l’efpoir de la récolre , les oifeaux jonchant les chemins & un grand nombre de perfonnes bleffées à fang. L’immenfe quantité de tuiles’ caflées, de vitres rompues font une perte peu fenfible.en comparaifon de celle qu'éprouve le, cultivateur, cd s SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS $9 La planche (P4. LIL.) fait voir plufieurs de ces criftaux de différentes formes & groffeurs que j'ai dellinés de grandeur naturelle pendant l'orage même. Celui marqué À étoit le plus gros, & c’eft fur lui que j'ai mefuré le criftal gravé en X. [1 faut oblerver que prefque tous les angles des criftaux des grêlons éroient émouflés , fur-rout de ceux qui font tombés avec la pluie. Les premiers que j'ai ramaflés avoient les arètes prefque vives, mais ils érotent plus petits. J'ai beaucoup regreté n'avoir pas avec moi quelqu'un en état de peindre en entier.un de ces grélons, Cela eût été pofhble , car ceux qui éroient à l'abri de la pluie fondoient très-lenrement. Au refte, le contour que j'en ai efquiffé donnera une idée aflez exacte à ceux qui connoiïflent la manière de fe grouper des criftaux. RATES PAT RE DE M JULIE SIGN UR EAP OT Libraire de Laufanne, AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PHYSIQUE, Au fujet de la Glace qui Je forme au fond de l’eau. Massrurs: L'opinion des plus grands Phyficiens a été jufqu'ici, que l’eau com- mence toujours à fe geler par fa fuperficie. En effet, routes les obferva- tions & les expériences qu'on a faires là-deffus, viennent à l’appui de cette affertion. Telle a peut-être été la caufe qui a fait douter que les glaçons charriés par les fleuves & les rivières au commencement d'une forte gelée puiflent fe former au fond de l’eau, & qui les a fait jufqu’ici regarder affez généralement comme des morceaux de glace formés dans quelqu’anfe ou au bord dés rivières, d'où la rapidité du cours de l’eau les a détachés & fait forcer fur la furface, en vertu de leur moindre pefanteur fpécifique relativement à l’eau. Tel a été le fentimenr de MM. Muffchenbroeck , de Mäïran , Noller & aurres Phyficiens. J'ai fuivi cette théorie dans ma Kleine Naturlehre-( Abrégé de Phyfique ), que je fis imprimer en 1779 à Leipück, .: ui Lu Un de mesanciens amis & compatriotes, M. Brauns, Bailli pour S. M, Britanni que ; Electeur d'Hanovre , à #Z/helmfbours , île fituée dans Tom: XXXIIT, Part II, 1788. JUILLET. H 2 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; l'Elbe entre les villes de Hambourg & de Harbourg , me témoigna alors fes douces fur cette üpinion. Il me fit part des :obfervations que fon féjour au milieu d'un grand fleuve & les récits des marins lui avoient donné occalion dé raflembler fur ce füujer. Ses raifons étoient plaufibles ; elles m’ébranlèrent dans mon opinion; mais n'étant qu'un pyomée en comparaifon de ces géants en Phyfique , je n’ofois pas réfurer la théorie des grands hommes qui s'éroient déclarés contre la formation de la glace au fond de l'eau ; jufqu'à ce que je fufle plus sûr de mon fait, Or, vivant depuis vingt ans éloigné des grandes rivières , je ne pouvois pas faire moi-même des obfervations fur ce phénomène : en conféquence je paflai ous filence, dans un Ouvrage que je publiai enfuice en françois (1), l'article de la glace qui fe forme au fond des rivières, & qu'on nomme en allemand Grund-eis. | Dans üve vifite que je fis en 1783 à M. le Bailli Brauns à Wilhelmf- bourg , il me communiqua fes nouvelles obfervations fur certe efpèce de glace. Je l'encourageai à continuer fes recherches & à raflembler des temoiçnages authentiques pour prouver les fairs qu'il attefloir, Il a bien voulu fe conformer à mes inffances, & il vient de m'envoyer un Mémoie intéreffant qu'il a fait inférer l’année paflée dans les N°5, 20,21 & 22 d’une feuille hebdomadaire, intitulée Hannoverifcher Magazin (Magañn d'Hanovre). Comme ce Journal n’eft que peu ou poinr connu hors des limites de l'Eleétorat d'Hanovre’, tous les foins & routes!les peines du digne M. Brauns feroient peut être perdus pour les Phyficiens étrangers, C'eft ce qui m'engage, Meflieurs, à vous envoyer une analyfe détaillée de ce Mémoire allemand, & de fournir ainfi mon petit contingent au progrès de Ja Phyfique, qui avance de nos jours à grands pas vers fa perfection. L'Auteur diftingue trois efpèces.de glace : 1°. celle qui fe forme à la furface de l’eau & que tout le monde connoît ; 2°. une efpèce de glace qu'on nomme dans le nord de l'Allemagne Sick ou Sichleis Elle eft formée de petits globules diaphanes, femblables à la petite grêle appelée gréfil. Ces petits globules de glace ont peu de cohérence enrr'eux. On les voir s'élever du fond des rivières; au commencement, d’une forte gelée. Ils fe rafflemblent à la fuperficie de l’eau , & y forment des mafles de glace ‘diaphanes que le courant de l’eau entraîne, avant que le Grund-eis, ou la glace du fond de l'eau paroïffe , ou que la furface de la rivière foir gelée. Il ei à préfumer que cette efpèce. de glace fe forme entre la fuperficie & le fond de l’eau. 3°. Le véritable Grund-eisou glace } {r) Des Eleémens, où Effai fur La nature, les propriérés , les efféts) & Putilivé- de LT Air; de PEans diusKew &ide la Terre; in-8%. 21 vol, 1781 : > Ouyrage qui Le vend à Paris, chezDemonville, ]mprimeur-Läbraire de l’Académie Françoife,,/rue Chrifine, «x 1. A Vé2t SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 61 venant du lit de la rivière, & que M. l'Abbé Nollet nomme Bouzin. Ceite efpèce de glace fe diftingue de la glace ordinaire par fon peu de tran{parence. Elle retlemble au profil d'un nid de guêpe; mais elle eft un peu moins régulière, & le nombre de petites cellules qu’elle forme eft plus confidérable. Ces cellules font en partie pérpendiculaires, & en partie un peu inclinées; en parties vuides, & en partie remplies de petits globules femblables aux perits grains de grêle. La plupart forment un triangle dont l’efpace ne furpafle guère un pouce cubique. Après quelques digrefhons fur ce que M. de Mairan, l'Abbé Noller, Martiner, le D. Krunitz & moi avons dit fur cette dernière efpèce de glace, l'Auteur rapporte le fentiment de M. Hales qui s'exprime ainfi dans fon F’egerable flakin : & Qu'il a vu fur la furface d'une rivière, en > même tems de la glace de l'épaifleur d’un tiers de pouce, & à travers » de celle-ci, d’autre glace qui pendoit au fond de la rivière, & qu'on æ trouvoit, après l'avoir détachée , prefque de Pépaifleur d'un demi- » pouce. Cette glace inférieure, ajoute-t-il, s’attachoir dans les bords > forcement à la glace fupérieure. Mais plus l'eau devenoit profonde, » plus l’efpace entre ces deux efpèces de glace augnentoit. >» Comme on n’a jamais vu , que des étangs , des marais , ou des eaux >> tranquilles aient commencé à fe geler parle fond, il faut neceflaire- » ment que dans les rivières le courant de l'eau en foit la caufe: car il » eft certain que dans les eaux dormantres , tout comme dans la terre, at fuperficie elt roujours plus froide que les parties intérieures ; mai; au > contraire dans les eaux coulantes, où les parties fupérieures fe mêlent » avec les inférieures, les unes fe refroidiflent à-peu-près autant que les >» autres; & comme l'eau fupérieure coule avec plus de vitefle que > l'inférieure , quoique refroidie au même degré, celle-là fe gèle la » dernière ». : I eft étonnant, dit M. Brauns, que malgré cette explication d’un célèbre Phyficien, & quoique MM, de Mairan, l'Abbé Noller & les autres Académiciens de Paris aient vu toutes les années, & fur-tout en 1743, la Seine charrier des glaçons dent les parties inférieures étoient couvertes de vafe , de moufle & d’autres corps étrangers qui s'éroient détachés avec evx du lir de la rivière, ils aient nié la poffibilité qu'une artie de ces glaçons ait pu fe former au fond de l'eau. Il ajoure , que lexpérience de M. l'Abbé Nolier, en faifanc ouvrir la glace fur la Seine pour y enfoncer un tonneau dont on avoit Ôôté les deux fonds, ne prouve rien. Que depuis le tems où la rivière éroit gelée, le degré du froid avoit u diminuer au fond de l'eau , parce que certe partie n'étoit plus refroidie par les eaux fupérieures. D'ailleurs, qu’on obferve, du moins dans l'Elbe, qu'il ne fe forme plus guère de glace au fond de l’eau , dès que le fleuve eft entièrement gelé à fa fuperficie, 1 an Notre Auteur tâche enfuite de prouver la poffibilité que la glace puifle \ 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fe former auf au fond de l'eau , foir qu'on faffé confifter cette opération de la nature dans la diminution du Auide igné, foit qu'on admette avec MM. de la Hire, Muffchenbroeck & les Gaffendifles des corpufcules frigorifiques, falins ou nitreux; car dans le premier cas, le Auide igné qui tend toujours à s'élever , doit abandonner les parties inférieures avant les fupérieures ; & dans l’autre cas, ces corpufcules falins ou nitreux doivent plutôt aller à fond que s'arrêter à la fuperficie de l’eau. Mais la partie la plus intéreflante du Mémoire de M. Brauns, ce font fes propres obfervations & les faits rapportés par des perfonnes dignes de foi , qu'il a raflemblés pour prouver fon opinion fur la formation & l'exiftence de la glace au fond de l'eau. Comme ces déclarations per+ droient trop de leur caractère d'authenticité en les donnant ici par extrait, j'en traduirai quelques-unes en entier, malgré plufieurs répétitions qui s'y trouvent, L'Auteur a interrogé fur ce fuiet nombre de perfonnes inftruites, telles que des Gurés, des Infpecteurs de disues, des Capitaines de vaiffeaux , des Maïtres d'éclufes, &c, qui ont vieilli dans leurs emplois; & leur rapport unanime confirme fon opinion. Voici la déclaranuion du Capitaine Woblers qui a fait plufieurs voyages à Surinam, & s'eft faic connoître entr'autres par quelques cartes marines qu'il a publiées. I dit, « qu'il ne doute nullement de l’exiftence du Sichbeis ; que >» cette efpèce de glace s'élève, au commencement d'une forte gelée , >» principalement des bas-fonds , & plus d'un fond de fable que d’un » fond marécageux ou de terre glaife ; qu’elle fe forme au fond de l’eau » quand elle eft par-tour refroidie, & qu'elle s'élève enfuire en grandes » mafles fur la furface du fleuve, Qu'il a obfervé cetre glace très-fouvent » dans toute l'embouchure de l'Elbe , depuis la maifon dite Bunte-Haus » à un mille & demi au-deflus de Hambourg , jufqu'à la Tonne-rouge 2 au-deflous de Rirzebürtel. >» Mon ami littéraire (continue M. Brauns) le défunt M. Beckmann, » Surintendant des digues à Harbourg, confirmoir non-feulement la » fufdite relation du Capitaine Wohlers par fes propres expériences, » mais il ajoutoit encore, qu'ayant été obligé, en vertu de fa charge, » de faire fouvent dans de petits bateaux & vers la fin de l'automne ou » en hiver des voyages fur l'Elbe, il avoit obfervé fréquemment , fur-tout » lorfque le fleuve à caufe des crues d'eau reftoic encore navigable » malgré la forte gelée, qu'il s'élevoit vifiblemenc tant de S:cAl-eis du » fond de l’eau, que les parois du bateau en éroient entièrement cou- » vertes. Qu’à cet afpect il avoit fait quelquefois tourner ces bateaux » dès qu'il avoit gagné le bord, & que leur fond s'étoit trouvé incrufté » de cette glace en forme de grêle diaphane , à-peu-près comme le fel » fe criftallife dans les maifons de graduations, ou comme les confifeurs » couvrent la cannelle ou autres épices de fucre candi, Le même :2 6 VU .4 & ë Po] £ WU V8 VB: 6-v.8 LL by : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 63 M. Beckmann me confirmoit aufli le récit que nombre d’autres habitans des bords de l'Elbe navoient fait; favoir, que dans ces commencemens de gel, tandis que le fleuve eft encore navigable, les êcheurs lui avoienr fouvent montré des amas de glace qu'ils avoient détachés avec leurs bâtons du fond de l’eau. Qu’après avoir examiné attentivement certe glace, il l'avoir trouvée très-diférente de la glace ordinaire qui fe forme fur la fuperficie, & qui d’ailleurs n'exiftoir pas encore fur le Aeuve. » Une foule de pêcheurs fur l’Elbe affurent unanimement, que dans des jours froids de l'automne , long-tems avant l'apparition de toute lace fur la furface du fleuve, des glaces inférieures, reflemblantes à de la gelée , les empêchent dans leur pêche. Certe efpèce de glace s’atrache alors à leurs filets, & fair qu'ils ne peuvent pas les virer facilement, » M. le Pafteur aduel de l’éghfe de Withelmfbours, qui avant année 1777 a demeuré pendant douze ans dans la même qualité [ur l’île de Finckenwerder, en me confirmant le fait ci-deflus, me raconra, que des pêcheurs veridiques de fa Paroïfle, qui de-là pouflent leur métier de pêcheur jufques dans la mer du nord, & conduifent fouvent leurs poiflons immédiatement au marché de Londres, lui avoient die, qu'ils avoient plufieurs fois retrouvé en hiver des ancres perdues en été, & que les glaces du fond leur avoient ramenées {ur la furface de l'eau. Ce fait m’ayant paru décifif, je fouhairois de approfondir. Pour cet effer j'ai voulu intérroger moi-même les fufdirs pêcheurs , qui demeuroient fur la partie de l’île de Finckenwerder appartenante à la ville de Hambourg , & je priai M. Wolckmann , Sénareur de Hambourg , qui éroir alors Sénéchal de cétte partie de File, de m'envoyer ces gens-là , après les avoir exhortés, en fa qualiré de keut- jufticier, de me faire un récit fidèle de leurs oblervarions. En corfé- uence de cette prière je vis peu après, favoir, au mois de février 1784 , deux des pêcheurs de Finckenwerder qui pouflent leur métier jufques dans la mer du nord. Hs confirmèrent non-feulemenc la fufdire relation de leur ancien Pafteur ou Curé, mais ils ajoutèrent encore, que l’année paflée ils avoient vu qu’une grofle pierre , à laquelle une de ces tonnes qui indiquent les endroits dangereux du fleuve avoit été atrachée par une chaîne , avoit été remontée avec le reflux jufques près de Finckenwerder ; que cette pierre avec la chaîne pefanre qui s'y trouvoit attachée , étoir entièrement entourée de Grund-eis, de façon qu'on pouvoit voir clairement & en conclure avec certitude, que ce Grund-eis , en vertu de fa plus orande léoèreré fpécifique , avoir fou- levé route certe mafle jufqu'à la furface de l'eau Qüe par cetre raifon ilne fe pafle pas de printems qu'ils nè rercontrent fur des bancs de fable, ou dans d'autres endroirs extraordinaires, de ces fragmens de rocher avec leurs chaines pefantes auxquelles ces tonnes de Sonaux ont 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n 3) B & H % & 8 EE 8 & Por ” . . . , { 14 “ été attachées , ainfi que des grofles pierres qui ont été entfoncées à. grands frais au bord du fleuve, pour garantir les digues de fa fureur de; flots. Enfin, qu'ils ont eu fouvent le chagrin de trouver au com- mencement d'une forte gelee , leurs filers de pêcheurs , avec les males de plomb y attachées , otter fur la furface de l'eau , à caufe du Sich/- eis qui les avoit enveloppés & fait remonter, pendant qu'on ne voyoit point encore d'autre glace fur le Aeuve. Qu'en même-rems il s'étoit attaché dans leur navigation du Grund-eis au bour de leurs longs bâtons à crochets. Ces mêmes gens fourinrent encore , qu'on rencontre Le Grund-eis beaucoup plus long-tems dans l'Elbe que la glace fupé- rieure ; car au printems , lorfque le fleuve eft entièrement ouvert & qu'on n'y voit plus de glace flottante, ils touchent avec leurs files ou bâtons ferrés très-fouveut fur le Grund eis qui fe trouve encore attaché au lit du fleuve, & qui alors s’en dégage par leurs coups redoublés, & monte feul ou avec leurs filers fur la furface. Qu'on rencontre de pareil Grund-eis par-tout dans le fleuve, foit fur un fond de fable, foic fur la vale. Que la furtace de cetre glace eft pure & polie, mais la partie inférieure pour l'ordinaire d'une couleur noirâtre ou autre , relative au lit du Aeuve ; qu’ils ont fouvent trouvé cette glace aufli ferme & aufli dure que celle qui s'eft formée fur la fuperfcie de l'eau; qu'enfin, quoiqu'elle fetrouvât encore fortement attachée au lit du fleuve, avant qu'on l’eût détachée, elle eft auffi légère que la glace ordinaire , & qu'aufli-tôt qu'on la dégage rout autour avec les bâtons de vaifleau , elle remonre en mafles irrézulières d’une épaifleur telle que la glace fupérieure n’acquiert jamais , & qu’en furnageant fur le fleuve , elle eft entraînée par le courant , fans jamais retourner au fond. » Cette defcriprion de la forme, groffeur, fermeté & léoèreré des glaçons qui, loin de route autre glace, s'élèvent fouvent vifiblement du lit du fleuve, me fut non-feulement confirmé: par un grand nombre d'habitans & marins de cetre île, mais aufi par le rémoignage officiel du prépofé des digues de Wilhelmsbourg , & le Maître des éclufes : ce dernier ajoutoit encore, que dans le tems où la fuperficie de l’eau étoit fans glace ,le Grund-eis qui s’étoit atraché au fond du lit de l’éclufe, lui caufoit fouvent beaucoup d'embarras, en empê- chant l'ouverture & la fermerure des portes de l'éclufe, jufqu’à ce qu'avec de longs bâtons à crochets il eût pu le dégager ; que certe glace remonroit alors devant fes yeux, & éroic entraînée par le courant du fleuve, à » Le Maître des digues de cette île aflure auffi, qu'ayant eu plufieurs fois commiflion de faire faire des ouvertures dans la glace pour conduire le courant de l’eau, &c. il a trouvé fouvent à des profondeurs de feize à vingt pieds des mafles épaifles de glace attachées æ au RÉ A Tr éfin.Æ, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 6$ » au lit du fleuve, & qu'après les avoir fait dégager au moyen des » bâtons ferrés, elles fe font élevées fubicement fur la furface de l’eau, æ où elles reftoient Mottantes ». M. Brauns ayant voulu s’aflurer ff on renconcroit aufi du Grund.eis dans les mers du nord, & n'étant pas farisfait des réponfes des marins de fon île, s’eft adreflé à M. Berend-Rofen, l’un des plus grands Négo- cians d'Hambourg , pour le prier de lui envoyer quelques-uns des pins expérimentés & des plus intelligens de fes Oficiers de vaifleaux. Ce Négocianc lui envoya le 22 janvier 1784, les deux Capitaines Gerit- Cooter & Booy-Mannes. Ces marins ayant parcouru pendant quarante ans toutes les mers connues du globe, hormis la feule mer du fud, & paroiflant d’ailleurs avoir beaucoup de connoiffance dans l'Hiftoire- Narurelle, affurèrent qu'ils avoient rencontré en plufeurs endroits les deux efpèces de glace qui fonr l'objet des recherches de M, Br, mais plus encore dans l'eau de la mèr que dans Les Heuves, jufqu’à la profondeur de dix-huit braffes ou cent huit pieds , & aufi long-tems que la fuperficie de l’eau n’éroit pas gelée. Qu’au contraire ils n’en avoient jamais ren- contré dans la mer du nord, là où la profondeur furpañloie les fufdires dix-huit braffes, mais bien quelquefois dans la mer Baltique. Qu'on trouvoit beaucoup de glace au fond des mers d'Hollande , dans le Texel, aux environs d’Amfterdam & füur-tout dans le Zuiderfée , maloré fon fond vafeux & marécageux. Qu'ils n’en avoient point vu dans leurs voyages _ a Groenland, le détroit de David , ne pouvant y arriver qu’en été, & érant obligés de quitter ces parages avant les premiers gels. Qu’enfn ils n’en avoient jamais rencontré dans la Manche, dans les mers d'Efpagne, la Méditerranée, dans l'Océan , pas même dans la mer Blanche, près d'Archangel ; qu'à la vérité ils n'avoient pas fréquenté certe dernière mer dans les faifons où cette glace fe forme ordinairement. Le Capitaine Gerit-Cooper aujoutoir encore, qu'il lui étoit arrivé au commencement d'une forte gelée en 176$; tandis que la fuperficie de l’eau étoit fans glace , qu'un cable qui avoir été jeré au fond de l’Elbe, étoit remonté de lui-même tout entouré de glace. ‘ : L’Aureur a fait lui-même les obfervations & expériences füuivantes : 1°. pendant l'hiver de 1782 & 1783 il jeroic dans us vale de bois affez profond , des clous & des épingles de fils de fer entourés de cheveux, - de laine, &c. Ce vafe étant rempli d'eau , il faifoit pafler fur la fuperficie un courant perpétuel d'eau , qui y entrerenoit ua mouvement femblable à celui d'uve rivière. La fufdite mafle fur entourée de glace au fond du vafe, pendant que la furface n'en avoit point, & que l’eau d’un vafe fem- blable, mais fans courant, fe trouvoit entièrement gelée à là furface, fans qu'il parüt de glace à la mafle de clous, de laine, &c, qu'on avoit jetée pareillement dans ce fecond vafe. 11 remarqna dans cette expé- Tome X X XIII , Part. 11, 1788, JUILLET, I € OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rience, que la glace s'étoit attachée au fond du premier vale, plus à [a laine & aux cheveux, qu'aux morceaux de fer, 4 2°. Fl a vu dans la nuit du 12 au 13 mars 178$ dans une chambre qui n'étoit pas extrêmement froide , fe former au fond d’un vafe d’étain, une croûte de glace qui s'y étoit attachée, tandis que l’eau fupérieure étoit reftée liquide; mais cette glace fe détachoit dès qu’il l'avoir couchée, & montoit promptement à la fuperficie de l'eau , comme fait le Grund- eis dans les rivières. 3°. Ayant été fouvent obligé en hiver, & même dans des tems dangereux de naviguer {ur l'Elbe, il a remarqué , comme l'avoir fait M. le Surinten- dant Beckmann, que le fond extérieur de fon bateau éroit incrufté de petits globules diaphanes de glace de la groffeur d'un pois. En même-rems les pêcheurs qu’il rencontroit fur le Aeuve, fe plaignoient de ce qu'au lieu de poiflons, leurs filets ne rapportoient que des glaçons du fond de l'eau. 4°. [La vu de mème dans fes fréquens voyages fur l’'Elbe au commen- cement du gel, s'élever du fond de l'eau une grande quantité de ces globules diaphanes de glace, qui fe joignoient fur la furface, & formoient des glaçons nouveaux, ou s’attachoient à ceux déjà fottans fur le fleuve. 5°. Le tems doux qui avoit régné à la fin de janvier & au commence- ment de février 1786, ayant fait difparoître entièrement la glace de la furface de l'Elbe, il furvine les 22 & 23 février un froid violent & fubir. L’Auteur , qui avoit fait un voyage à Hambourg , revint à Wilhelmfbourg fur un bâtiment qui tiroit beaucoup d’eau, & ayant un vent favorable, le vaifleau dans fa courfe rapide à travers un bras de l’Elbe, pafla fur un banc de glace avec un bruit extraordinaire, comme s’il avoit roulé fur une couche de grenaille de fer. Les bateliers ayant vifité à leur arrivée à Wilbelmfbourg le deflous du vaifleau, y trouvèrent en effer des petits glaçons en forme de grêle, qui s’y étoient atttachés & y avoient gelé. 6°. Déjà en 1784 un employé au Bailliage de Wilhelmfbourg avoit raconté à M. Br. qu’il lui étoit fouvent arrivé que des corbeilles qu'il avoie enfoncées profondément dans l'Elbe pour prendre des anguilles, étoiene revenues fubitement à fot au commencement d’un gel, étant entièrement iocruftées de Grund & de Sichl-eis, L’Auteur voulant lui-même faire certe expérience , l’effayÿa pendant les hivers de 1784 à 1786 plufieurs fois, mais fans effet, parce que la fuperficie de l’eau fut toujours trop vire gelée & couverte de neige, Enfin, elle lui réufit complerrement au premier gel du mois de novembre 1786. Il avoit fait enfoncer alors, à plus de vingt pieds de profondeur, douze corbeilles pour prendre les anguilles. À huit heures du matin du 6 novembre, lors d’un gel violent & fec, pendant que le fleuve étoit encore fans glace, ces corbeilles reftèrent invifbles; mais vers midi elles reparurent toutes douze fur la furface de l'eau, étant incruftées extérieurement de ces globules diaphanes de glace, L'intérieur des corbeilles étoit rempli de petits plateaux de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 glace , qui fe trouvoient en croix à côté & l’un fur l’autre , n’ayant guère plus de deux pouces carrés de furface & rout au plus + en épaifleur ; mais ils étoient aflez éloignés l'un de l’autre pour qu'il y eût dans les intervalles un grand nombre de cellules vuides de forme pyramidale & de différente grandeur, ayant tout au plus de pouces cubiques d’efpace, Comme ces fortes de corbeilles font toujours pofées de facon que la grande ouverrure eft tournée fuivant le cours de l’eau , l'Auteur remarque, que cette glace intérieure n’a pu y être introduite par le fleuve , mais que les globules de glace ayant entouré & rendu par-là la corbeille plus légère , Pont foulevée avant que la glace intérieure ait pu fe former entièrement. 7°. M. Br ayant répété dans les hivers rigoureux de 1784 , 178$ & 1786 les expériences indiquées au N°. 1, il a remarqué dans les plus grands froids, que l’eau dans les vafes dont la furface étoit tranquille, geloit en même-tems, & à la furface & au fond, tandis que celle du milieu reftoit liquide ; cependant la glace inférieure étoit toujours fort différente de la fupérieure. 8°. El a remarqué en janvier 1787 fur l’Elbe , immédiatement fous une grande étendue de glace fupérieure & tranfparénte , une autre couche de glace , épaiffe de plus de fix pieds, exaétement femblable au Sickl-eis , c’eft-à-dire , compofée de globules diaphanes. Il faut que certe feconde couche fe foi formée après que l’eau fupérieure étoit déjà gelée, fans quoi elle fe feroit élevée fur la furface, puifque fa pefanteur fpécifique eft toujours moindre que celle de l’eau. En» , les expériences mulripliées de M. Br, lui ont appris, que les corps füivans font le plus vite entourés de glace au fond de l'eau ; favoir, Ja rite crue, le chanvre, la laine , les cheveux , fur-tout le poil bouilli de cheval , la moufle & l’écorce d’arbre entourée de mouffe. Parmi les métaux , le cuivre , le laiton, acier & fur-rout l’érain en fonc plutôt artaqués que le fer, auffi long-tems que celui-ci n’eft pas rouillé. Parmi les pierres , la pierre molle appelée vulgairement s70//affe, & toutes les pierres rabotteufes en font facilement couvertes ; Les pierres taillées ou cuites le font très-peu , & une pierre ronde de nature volcanique ne le fut jamais. Du refte, la cire d’Efpagne, la poix, la colophane & en général toutes fortes de réfines, la foie , le cuir tanné , la cire, la toile cirée , &c. le bois fans écorce & rabotté, n’ont jamais donné prife à la glace au fond de l’eau, M. Brauns conclut des fufdites obfervations & expériences : I. Qu'il fe forme effectivement de la glace au fond de l’eau, fi le gel dela fuperficie eff: retardé. IT, Qu'il s'élève, au commencement d’un froid violent , beaucoup de petits globules diaphanes de glace du fein de l'eau, & qu'ils s’afflemblent & fe joignent feulement {ur la furface en gros glacons qu’on nomme Szck Tome XXXUI, Part. II, 1788. JUILLET. me 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou Sk-eis dans-le nord de l'Allemagne; mais qu'il eft encore incertain È où le mouvement n'eft pas fi-grand qu'à la furface. HI, Qu'il fe forme en outre au fond des rivières de groffes maffes de glace, qui ne s'élèvent fur la furface de l’eau qu'après qu'on les a dérachées, ou quand elles tiennent à des corps qui ne font pas aflez fortement unis au lit de la rivière pour s’en féparer, dès qu’au moyen de cette glace ils ont acquis un moindre poids fpécifique que l’eau qu'ils déplacent ; & que cette efpèce de glace mérite le nom de Grund-eis , pour la diftinguer du Schleis. IV. Que ces deux efpèces de glace exigent un haut degré de froid; & comme ce froid violent w'eft pas ordinaire, ou qu'il eft du moins de trop courte durée dans es parties méridionales de l'Europe, il n'eft pas éconnantique les Phyficiens françois & italiens aient nié jufqu'ici la pofBbilité que la glace puifle fe former au fond de l'eau. V. Enfin, qu'ileft vrai que le véritable Grud-eis, fuivanc toutes les, expériences faites jufqu'ict, fe laifle détacher plus facilement que la glace fupérieure ; mais que néanmoins en s’accumulant, elle peut être préjudi- ciable_aux digues & autres établiffemens au bord des rivières. Je n'ai, Meffieurs, rien à ajouter à cette analyfe du Mémoire de. M. Brauns, fi ce n’eft le fouhair fincère , que ceux qui jufqu'ici ont douté, comme moi , de la formation de la glace fous l'eau, veuilleat bien revenir de cette erreur, & que ce point de phyfique foit enfin inconteftablement fixé. Si cependant vous, Mefieurs ,ou quelques-uns de vos favans Lecteurs, ne trouvez pas ces obfervations aflez décifives , je vous prie de vouloir bien m'en faire part par la voie de votre Journal, afin que je puifle communiquer ces doutes à mon ami, & l'engager à les réfoudre, Je fuis, &c. Laufanne, ce 10 Janvier 1788, Note de M. DESMAREST. L'obfervation que vous avez bien voulu me communiquer fe réunit naturellement à plufeurs autres dont j’ai fait ufage dans mon Mémoire, dont l'extrait fe trouve dans ce Journal au mois de janvier 1783 , & par cette raifon je crois devoir vous en faire arte “ Dans les Mémoires de la Societé des Sciences de Haarlem, M. Illefen pour prouver que les rivières gélent par le fond , rapporte qu’un ponton qui avoit coulé bas au fond du Leck, près de Krimpen, en automne, s’éleva de lui-même à la fuperficie de l’eau l'hiver faivant porté fur un glaçon confidérable qui s'étoit formé fi certe efpèce de glace fe forme au fond des rivières ou entre deux eaux , * | : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 toutaïttour, tandis qu’on n’avoit jamais pu parvenir à le tirer du ford de la rivière, * malgré toutes les peines qu’on s’étoit données peur cela. ; M. Voigr dans @ troifième Lettre {ur les montagnes, rapporte deux feits analogues, dont les détails figureront fort bien ici. Lorfqu’on Aotte du'bois dans les rivières à bûches perdues , quelques-unes de ces büches trop pefantes gagnent le fond de Peau & y reflent; mais quand l'hiver vient & qu'il ef fort froid , la glace qui fe forme au fond de ces rivières fouiève à la fur- face de l’eaules bâches qui vont fe fixer azx bateaux où lon a coutume de les pêcher. Le même M, Voigt rapporte qu’un de fes amis qui avoit coutume de fe baigner dans un lac près d’Eckof aux environs de Kiel, remarqua le long des bords du lac un amas de morceaux de granits unis qui n’y étoient pas l’année précédente: ayanc queftionné fur ce changement un ancien pécheur devant la maïfon duquel étoient ces amas de pierres, celui-ci lui apprit que ces déplacemens avoient lieu fouvent , parce que comme le fond du lac geloir, la glace au dégel élevoit avec elle les pierres difperfées fur le fond , & pour lors ces efpèces de petits trains de pierres & de glace étant balottés par le vent, alloïent fe ranger le long des bords où la glace menquant aux pierres , celles-ci regagnoient le fond du lac après avoir ainfi voyagé. NOUVELLES LITTÉRAIRES. Hs TOIRE & Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Jafcriptions & Belles-Lertres de Touloufe , tome IET. À Fouloufe, chez Manavit, Libraire, rue Saint-Rome; & à Paris, chez Crapart , Libraire , place Saint-Michel. L'Académie de Touloufe s'occupe toujours avec le’ même zèle des moyens d'augmenter la mafle de nos connoiffances ; le volume que nous annonçons ici n'eft pas inférieur aux précédens. Il contient plufeurs Mémoires des plus intéreffans ; tels font pourda Chimie ceux de M, de Puymaurin fils, fur l’analÿfe d’une pierre calcaire, fur l'acide fuorique , fon action fur la terre filiceufe, & l'application de cette propriété à la gravure fur verre; celui de M, Scopoli, fur l’analvfe du feld foath de Baveno ; celui fur les phénomènes que préfente l'acide nitreux, par. M. Reboul; les Obfervarions fur l'influence de lair & de la lumière dans la végétation des fels par M. Chaptal, On y remarque pour la Pby- fique, les Mémoires de M. Marcoreile fur une trombe de terre; jes Obfervations fur la confervation des cadavres dépofés dans les lcaveaux des églifes des Cordeliers & des Jacobins de TFouloufe, par M. de Puye maurin ls; celles de M. Mafars , fur l'élerifation par bain, par fouffle & par aigrette; la defcription d’un eudiomètre atmofphérique, par M. Reboul ; les Mémoires de Minéralogie font ceux de M. de Joubert fur Jes portions de mâchoires fofliles d’un grand animal trouvées dans Je Comminges , & de M, de la Peiroufe fur la minéralogie des Pyrénées & PANTIN 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du Comté de Foix, La Bota nique fournit les Mémoires de M. PAbbé Pourret, fur deux genres nouveaux de la famille des liliacées qu'il a nommés Lomenia & la Peiroufra (1) , & l’extrait de la Chloris Narbo- nenfes du mème Auteur; la recherche fur le ver qui attaque l’écorce des arbres, par M.de Puymaurin fils ; celles fur la mortalité des ormes des environs de T'ouloufe, par M. de la Peiroufe ; fur la culrure & les ufages de la patate, par M. Parmentier. M. l'Abbé Rey, M. Darquier & M. Cbaveler ont fourni des Obfervations aftronomiques très-intéreflantes; M. l'Abbé Martin & M. Genty de favans calculs algébriques ; MM. de la Viguerie & Rigal des faits chirurgicaux ; le refte des Mémoires a pour objet les antiquités de la Province, &c. Nous nous propofons de faire paroître dans ce Journal quelques-uns des Mémoires annoncés plus haut. Culture de la groffe Afperge de Hollunde , la plus précoce, la plus hätive, la plus féconde & la plus durable que l’on connoiffe ; par M. FiLLASSIER, des Académies d'Arras, de Lyon, de Marfeille, & Corre/pondant de celle de Touloufe : nouvelle Edition , revue & corrigée. Prix 24 f. broché. À Amfterdam ; & fe trouve à Paris, chez Mequignon, Libraire, rue des Cordeliers, 1788. M. Fillafier penfe contre l’un de nous (M. l’Abbé Rozier), que la groffe afperge elt une efpèce originairement diftincte de la commune, & non une variété produite par la culture ; il penfe auf , que Linné n'a donné nulle -defeription précife & diflinäe des plantes, qu'il a plus confulré les Ouvrages des Botanifles que ceux de la nature, &c. 6e. Nhus laiflons d’après cela les Naturaliftes juges du mérite des affertions de M. Fillafier. Des propriétés de la Plante appelée Rhus radicans, de fon uriliré & des - fuccès qu'on en a obtenus pour la guérifon des Dartres , des Affeétions dartreufes & de la Paralyfre des parties inférieures. Des propriétés du Narciffe des prés & des fuccès qu'on « en obtenus pour la guérifon des Convulfions ; par M. Durr£sNoy , Do&eur en Médecine , &c. À Leipfck ; & fe trouve à Paris, chez Mequignon l'aîné, 1788. Prix , 20 f. broché. M. Dufrefnoy prouve par plufeurs obfervations fort bien faites ce qu'annonce le titre de cet Ouvrage. (x) Cette dernière plante eft le Gladiolus anceps de Linné, figuré planche 2 de Ja Differtation de T hunberg, intitulée de Gladiolo. La première ne paroït pas s'éloigner beaucoup du même genre, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. FIL Papillons d'Europe, &c. dix-feptième livraifon. Cette belle entreprife fe continue toujours avec le même fuccès. Cerre livrailon prouve, comme toutes les autres , qu'on ne néclige rien pour la perfection de cet Ouvrage. Elémens d’ Anatomie à l'ufage des Peintres, des Sculpteurs € des Amateurs ; ornés de quatorze Planches en taille-douce repréfèntant au naturel tous les os de l' Adulte & ceux de l'Enfant du premier âge, avec leur explication ; par M. Sue le fils, Membre du Collège Royal de Chirurgie, Subfluut du Chirurgien en chef de l'Hôpiral de la Charité, Doëeur en Medecine, Profeffeur de Chirurgie à l'Ecole-pratique & d'Anatomie au Lycée, de la Sociéié Royale d'Edimbourg & de celle de Philadelphie : première partie. Prix, 15 Liv. broche en carton, À Paris , chez l’Auteur , rue des Foffés-Saiat- Germain-l’Auxerrois , au coin de celle de l'Arbre-Sec, N°. 53,& chez Mequignon l'aîné, Libraire, rue des Cordeliers, près des Ecoles de Chirurgie; Royer, Libraire, quai des Augulftins ; Barrois le jeune, Libraire, quai des Auguftins. Le deffin ett la partie la plus effentielle du Peintre & du Sculpteur. C'eft à la vérité des formes & des fituations qu'on diftingue le grand artifte. Un coloris brillant, une pofition forcée peuvent féduire la multitude; mais le connoiffeur ne s'attache qu'à la belle nature, L'homme eft l’objet que les arts fe plaifent le plus à repréfenter, non pas peut-être qu'il foit le plus beau des animaux, mais parce qu'il nous intérefle le plus, mais par amour-propre. Or, comment repré- fenter parfaitement les différens mouvemens du corps, foic de l'homme, foit de la femme, foit de l'enfant , fi on n’en connoît pas les différentes parties , les os, les mufcles, &c. C'eft ce que M. Sue a exécuté dans cet Ouvrage, qui ne peut être que très-utile aux artiftes , s’ils veulent appro- cher des heaux fiècles des Raphael, des Michel-Ange, des Phidias, des Praxitèles, &c. dontils font encore fi éloignés. Examen Phyfico-Chimique des principes de l Air & du Feu, ou Lettres à Madame la Marquife DE P. M. fur la chaleur du Globe ; par ‘ Â. LE SEMELIER. Mundum tradidit difputationibus eorum. À k Amftemdam ; & fe trouve à Paris, chez P.F. Didor le jeune, Impri- meur , quai des Auguftins; P. Théophile Barroïs jeune, Librair: , rue du Hurepoix; Croulebois, Libraire, rue des Mathurins , 2 vol, 27-8°. Explication du Syfléme Botanique du Chevalier NoON-LiNNÉ, pour fervir d'Introduéion à l'étude de la Botanique : Ouvrage duns lequel on donne, 1°. un précis des Ouvrages élémentaires de cet Auteur 3 2°.on examine fi fon [yfléme efl le plus folidement établi, f? £ Auseur er 7 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, a été fondé à rejeter toutes les parties de la fleur, & forcé de préférer les organes fèxuels ; 3°. on défigne les Ouvrages élémentaires & nécefJaires avec la meilleure manière de s'en fervir; 4°. on donne une explication de plufieurs mots techniques; par M. Gouan, Confeiller, Médecin du Roi, Profeffeur Royal de Médecine au Ludovicée de Montpellier, €&c. A Montpellier, chez Picot, 1787; in-8°. de 72 pages , avec gravure. vas Dans cet Ouvrage M. Gouan fe montre un des plus zélés défenfeurs du fyftème du célèbre Botanifte fuédois , & il en explique avec fuccès les points qui ont paru les plus fujets à la critique. Nous dirons avec le Botanifte de Montpellier, que les antagoniltes les plus acharnés contre Linné font peut-être ceux qui ont le moins étudié & le moins compris fon excellent Ouvrage, intitulé PAilo/ophia Botanica, & que Jean- Jacques Roufleau appeloit un Livre admirable. L'explication du fyftème fexuel publié par M. Gouan fera d’un très- grand fecours aux étudians en Botanique, & très-urile même à ceux qui ont déja fair des progrès dans cette fcience. Le fyftême de Linné eft un fyftêmerailonné, & aufli naturel qu'il eft poffible d'en établir un. Rien encore n'a paru de plus univerfel & de plus compler fur la Botanique, de plus commode pour l'étudiant ni de mieux entendu pour ceux qui ne fe laiffent pas aveugier par un efprit de parti. Les Boraniftes de toutes les clafles doivent de la reconnoifflance à M, Gauan, & cet Ouvrage lui fait le plus grand honneur. [l décèle l’homme confomimé dans l'étude de la théorie de la Botanique & dans la pratique de la çconnoiflance des plantes, Des Feux d°Air inflammable. . MM. les frères Dumotier, Ingénieurs brevetés du Roï pour les inftrumens de phyfique, qu'une longue pratique dans l'art des expériences a mis à portée de fatisfaireles amateurs & les favans,s’empreflent d'annüncer au Public la découverte qu’ils viennent de faire d'un des gaz infammables avec lequel probablement M, Diller a {aie l'amafement du Public par des feux d'’ertifice de différentes couleurs & de differens deflins, fans que : ce gaz inflammable puifle déroner, ce qui éloigne tout danger & par conféquent route efpèce de crainte. ; Leur procédé confifte à remplir d'air atmofphérique une veflie garnie d'un robinet de cuivre. Au-delà de ce robinet fe trouve une petite boule d'un pouce & demi de diamètre plus ou moins également en cuivre, remplie d’une éponge arrofée de quelques gouttes d'écher. Cette boule eft terminée par un-tube de cuivre potrant robinet, & dont l'extrémité eft percée de plufieurs trous ou d’un feul à volonté : en comprimant la vellie, . l'air eft forcé de pafler à'travers l'éponge imprégnée d’écher, en emporte avec SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 avec lui, & le convertit en une efpèce de fubftance aériforme , ou gaz inflammable très-fubril. Si on approche une bougie , cet air s'allume, & fortant par des ajutoirs percés de plufieurs trous en différentes directions, il forme continuellement des jets de flammes plus ou moins agréables, L'odeur en eft douce & fuave. MM. les frères Dumotier, dans l'intention de contenter la curiofité des amateurs, fe feront un plaifir de recevoir ceux qui fe donneront la peine de venir dans leur laboratoire d'inftrumens de phylique , rue du Jardiner, au coin de la rue Mignon. Ils ont faic d'avance plufeurs petits appareils fort peu coûteux pour ceux qui voudront fe procurer le plaifir de cette expérience fans attendre, Réglement fait par Le Roi concernant la Société Royale d'Agriculture, Du 30 Mai 1788. Le Roi s'étant fait repréfenter l’Arrèc de for Confeil du premier mars 1761, portant érabliffement d’une Société d'Agriculture dans la généralité de Paris, s’eft fair rendre compte des nouvelles difpofitions qui ont per- fe&tionné depuis quelques années le régime intérieur de cette Société , des travaux utiles auxquels elle s’et livrée, de la correfpondance qu'elle a établie avec des propriétaires & cultivareurs diftingués des différentes provinces du royaume , & avec des favans étrangers ; enfin, des différens prix qu'elle a propofés & décernés pour l'encouragement de l'Agriculrure, Sa Majefté a vu avec fatisfation tout le bien que cette réunion intéreflante de culrivareurs éclairés, de favans utiles & de riches propriéraires avoit déjà opéré & devoir produire encore pour améliorer les divérs genres de culture, en perfectionner les procédés, répandre par-tout l’inflru@ion &c l'exemple, & enfin mettre de plus en plus en honneur l'Agriculture, le premier des arts & la fource de la félicité & de la profpérité publiques ; en conféquence, Sa Maïefté, pour donner à la Sociéré d'Agriculture de la généralité de Paris une nouvelle activité, a jugé à propos d'en former le centre commun & le lien de correfpondance des différentes: Sociétés d'Agriculture du royaume, & de procurer à cet établiflement le déve- loppement , la ftabiliré & enfin les moyens néceffaires pour en accroître luriliré & en affurer les fuccès. A quoi voulant pourvoir, Sa Majefté a ordonné & ordonne ce qui fuit : ARTICLE PREMIER. La Société d'Acriculture , établie par l'Arrêc du Confeil du premier mars 1761, fera déformais connue fous le titre de Sociéré Royaie d'Agriculture, & elle tiendra fes féances dans les falles de l'Hôtel-de-ville de Paris, qui feronr à ce deftinées, Tome XXXIIT, Part, IT, 1788. JUILLET. rs À 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Tale La Société fera compofée de quarante aflociés ordinaires, étant à portée par leur réfidence de fe rendre régulièrement aux affemblées, & de quarante aflociés étrangers , choifis hors du royaume. Entend néanmoins Sa Majefté que tous les affociés ordinaires auels confervent leur rang & féance dans les affemblées de ladite Société , fauf à ne faire aucun rem- placement jufqu'à ce que le nombre defdits affociés ordinaires foit réduic à quarante. La Société pourra en outre fe choilir,, indépendamment de fes relations avec les diverfes Sociétés d'Aoriculrüre des provinces, cent vinat.correfpondans regnicoles , & des correfpondans étrangers, en tel nombre qu’elle jugera convenable. LT. Le Prévôt des Marchands, le premier & le fecond Echevins & le Procureur du Roi de la ville de Paris, l’Intendant de la généralité de Paris, le Préfidenr de l'aflemblée provinciale de l'Ile-de-France , deux des Membres de la commifhon intermédiaire de ladite aflemblée, & les deux Procureurs-Syndics provinciaux feront aflociésordinaires nés de la Société, qui ne pourra au furplus être préfidée que par fon Directeur ou Vice- directeur, ] Vs La Société Royale d'Agriculture aura pour Officiers un Direéeur , un Vice-direéteur , un Agent général & un Secrétaire perpétuel, qui feront toujours choifis parmi les quarante aflociés ordinaires, défignés par l'article ÎT ; le Dire@eur fera en exercice pendant un an ; il fera remplacé l'année fuivante par le Vice-direéteur ; & pour remplacer ce dernier, il fera procédé tous les ans, par la voie du fcrutin, à une nouvelle élection d'un Vice-dire@teur dans les quinze derniers jours du mois de décembre, La place d'Agent général fera remplie par le fieur Abbé Lefebvre , Procureur général de la Congrégation de France, & celle de Secrétaire perpétuel par le fieur Brouffonet, Membre de l'Académie des Sciences. En cs de vacance, par mort, démiflion , ou autrement , la Société pourvoira aa remplacement de ces Officiers, par la voie du fcrutin , & préfentera trois fujets à Sa Majefté. NE HS Les fonétions du Directeur feront de propofer les matières à traiter dans chaque féance, de veiller au maintien du bon ordre, de nommer des Comimiflaires pour l'examen des obfervations, mémoires & ouvrages préfentés à la Société , de metrre les affaires en délibérarion, de recueillir les avis, & de prononcer à la pluralité des voix les délibérations , dans lefquelles néanmoins pourront être énoncés les avis qui n’auront point obtenu la majorité , & même les motifs de ces avis, fur la demande de SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 75 ceux dont l'opinion n'aura point prévalu. Dans le cas d'abfence du Directeur il fera remplacé par le Vice-direéteur, & fi tous les deux fe trouvoient abfens, le plus ancien de Membres prétidera à la féance & recueillera les voix. \ ARE L’Agent général de la Société fera chargé de la marutention & emplci des fonds , étant à la difpolition de la Société Royale d'Aoriculture , & de ceux provenans d'offres & contributions volontaires ; il aura aulli en fa garde les livres, les machines, & généralement tous les effers appar- tenans à la Société, lefquels feront dépofés dans une falle particulière, L’Agent général préfentera tous les trois mois le bordereau figné de lui, des fonds qui lui auront été remis , & de ceux qu'il aura employés, à un comité particulier , compofé des Officiers & de deux aflociés ordinaires qui feront élus au ferutin au commencement de chaque année. VARIE Le Secrétaire perpétuel riendra les regiftres des féances, y infcrira les délibérations de la Compagnie , confervera en dépôt les différentes pièces qui lui feront remifes , recueillera les obfervations & faits intéreffans qui feront communiqués verbalement dans les affemblées, fignera tous les actes émanés de la Société, préfentera tous les ans à la féance publique l'hiftoire des travaux de la Compagnie ; & entretiendra la correfpondance avec les aurres Sociétés d'Agriculture. Dans le cas où il feroit forcé de s’abfenter , il fera remplacé par l’Agent général de la Société, ou tel autre Membre de l'aflemblée , nommé à cet effet par le Directeur. VIII La Société tiendra fes féances les jeudis de chaque femaine, excepté perdant le rems des vacances, qui commenceront au premier feptembre, & finiront au jeudi après la Saint-Martin inclufivement, & en outre pen- dant la quinzaine de Pâques, la femaine de la Pentecôte, & depuis Noël jufqu'aux Rois I X. Les Membres de l'aflemblée fe réuniront, favoir , depuis la Saint- Martin jufqu'à Pâques, depuis cinq heures du foir jufqu’à fepc heures, & pendant le refte de l’année depuis cinq heures & demie jufqu’à fept heures & demie. Lorfque le jeudi fera un jour de fête, la féance fe tiendra Le lendemain. Tome XXXIII, Part. II, 1788, JUILLET. K 2 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, X. Chaque aflocié ordinaire, en entrant dans la faile d’sffemblée , écrira fon nom fur un regiftre compolé d'autant de feuillets qu’il y aura de jours de féances dans l’année : à cinq heures & demie précifes en hiver , & à fix heures en été, l'Agent général préfentera le regiftre au Préfidenr de l’affemblée qui tirera une barre au-deflous des fignatures ; & il ne fera diftribué de jetons, à la fin de la féance , qu'aux feuls Membres dont les noms fe trouveront infcrits au-deflus de la barre. Les aflociés étrangers, qui , pendant leur féjour à Paris, aflifteront aux féances de la Société » feront , fous tous les rapports, aflimilés aux aflociés ordinaires. XIe F” Les correfpondans pourront aflifter aux féances de la Sociéré; mais ils n’y auront point voix délibérative, & ne participeront point à la diftribution des jetons, à moins qu’ils ne foient correfpondans étrangers. XP Les Intendans des différentes provinces & les Préfidens des affemblées provinciales qui fe trouveront à Paris, feront invités à aflifter aux féances de la Société, lorfqu’il devra y être difcuté quelques objets intéreflant leur province. AUIRINT Chaque féance commencera par la lecture qui fera faite par le Secrétaire perpétuel du plumitif de l’affemblée précédente , lequel plu- mitif fera figné par lOficier préfident, & contreligné par ledit Secrétaire perpétuel. El rapportera les lettres qui auront été adreffées à la Société, & rendra compte des différens envois. Il fera enfuite fait. lecture des rapports, mémoires & obfervations dont la Société jugera à propos de s'occuper. Nul Membre ne pourra lireun mémoire, un rapport , ou des obfervations, fans en avoir prévenu , avant la féance , l'Officier préfidant Paffemblée, & lui en avoir donné communication. X I V. Les feuls écrits des aflociés ordinaires feront difcutés dans les féances : à l'égard des mémoires des aflociés étrangers , des correfpondans & des favans étrangers, il fera nommé par le Directeur deux Commiflaires au moins, pour en faire l’examen dans un des comités mentionnés en l'article XV ci-après, & enfuite le rapport , ou la lecture à l'affemblée, Les ouvrages des aflociés ordinaires feront immédiatement après la SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 leêture , & ceux des affociés étrangers, correfpondans & autres , aufli- tôt leur préfentation , remis au Sécrétaire, pour être par lui paraphés & infcrits [ur le plumitit ; les Auteurs compteront de cette époque la dare de leurs découvertes. à X V. Les objets qui exigeront une atrention particulière, feront préalables ment traités dans des comités qui fe tiendront extraordinairement aux jours & heures qui auront été convenus, Il en fera formé deux, chaque année, l’un pour examiner & arrêter tout ce qui devra être lu dans les féances publiques, & l’autre pour l'examen des pièces deftinées à con- courir pour les divers prix propofés, & dont le rapport fera enfuire fourmis à toute la Société réunie, avant que les prix foient décernés. Les Membres qui devront compofer ces deux comités , auxquels les Officiers de la Société pourront toujours aflifter , feront propolés, par le Directeur, à la Société, dans la première féance de chaque année, : XVI Il fera aufi formé dans la Société un comité compofé de huit Membres, pour l'examen des objets d'Agriculture ou économie rurale, intéreffant l'adminiftration , fur lefquels le Gouvernement jugera à propos dé confulter ce comité. Le choix des Membres dont il fera compofé fera à la nomination du Sieur Contrôleur Général des Finances. X VI. La Société tiendra chaque année, avant le premier juin , une féance ublique , où les prix feront diftribués & les programmes annoncés, & dans laquelle le Secrétaire perpétuel lira l’expofé des travaux de la Société, pendant le courant de l'année précédente. Ces objets, ainf que les mémoires que quelques Membres voudroient y porter ; feront lus auparavant, dans une féance particulière du comité défigné en l'article XV. : XVIIL Les aflociés ordinaires qui feront obligés de s’abfenter pendant plus d'un an,en préviendront Ja Société; & s’ils font deux ans fans affifter aux féances , ou entretenir quelque relation avec la Société , leurs places feront déclarées vacantes, & leurs noms infcrits fur la lifte des aflociés vétérans. 78. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, X I X. “Toutes les éleétions aux places vacantés des Officiers feront faires au fcrutin, à la pluralité des voix. L'on procédera pour remplir les places d’aflociés ordinaires & étrangers , de la manière fuivante. Pour chaque place vacante , les Officiers préfenteront à l’aflemblée une lifte des fujers éligibles ; d’après les difpoñrions de l'arricle XX ci-après ; il fera enfuire nommé deux vérificateurs du fcrutin, & il fera procédé à la nomination du Membre à élire, entre les fujets indiqués à l'affem- blée. Les concurrens ne feront pas de vifires aux Membres pour demander leurs fuffrages ; mais il fera néceflaire qu’ils aient témoigné leur defir à un des Officiers de la Société, qui le certifiera à l'affemblée, & que d'ailleurs ils aient -compofé quelques ouvrages ou mémoires d'Agriculture, ov aient, foit de grandes poffeflions, foit une exploitation confidérable, dans lefquelles ils juftifient avoir fait, avec fuccès, des effais & expériences reconnus utiles, X X. Aucune perfonne ne pourra afpirer à être correfpondant de la Société, qu’elle ne fe foit d’abord fait connoître par deux mémoires au moins , relatifs à l'Agriculture ou économie rurale. Les fujets pour les places de correfpondance feront propofés par les différens Membres de Ja Société ; mais il ne fera procédé à aucune nomination qu'un mois au moins après que les propofitions auront été admifes ; & huit jours avant la féance indiquée pour l'élection , le Secrétaie lira la lifte des perfonnes propofées , entre lefquelles le choix fe fera au fcrutin, XXI. Aucun Membre ne pourra prendre en tête des ouvrages qu'il publiera, le titre d'aflocié ou correfpondant de la Société, à moins que fes écrits n'aient été auparavant approuvés par elle, d’après le rapport des Commifflaires nommés pour en faire l'examen, XUX INT Pour encourager les Culrivateurs qui auront rempli les vues de la Société, & donner une marque de diftinction aux propriétaires qui auront favorifé d’une manière fpéciale l’Agriculture, il leur fera décerné une médaille d’or aux féances publiques. Le nom de la perfonne à qui la médaille aura été décernée , fera infcrit autour de cette médaille, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 79 CX LIN Il fera publié tous les trois mois un volume renfermant l’hiftoire de la Société, les obfervations & les faits ifolés, recueillis dans les féances, les mémoires des aflociés & correfpondans, ainfi que ceux des étran- gers , en ajoutant après le nom de l'Auteur, celui du Membre de la Société qui l’aura communiqué. L’hiftoire & Les extraits des féances feront mis en ordre par le Secrétaire perpétuel. Extrait du Procés-verbal dreffé au Collège Royal de Médecine de Nancy ; fur PElixir anti-goutéux du feur GACHET. Cejourd’hui 14 février 1788, le Collège royal de Médecine affemblé extraordinairement , à l’afliftance de M. le Lieutenant-Général de Police, affocié d'honneur, les fufdits Commiffaires ont rendu compte de l'examen ‘dudir elixir du fieur Gachet, & de fuite ont procédé à fon analyfe, par voie de fynrhèfe, & ont prouvé que ce prétendu élixir anti-gouteux n'étoit que du foie de foufre en diflolution dans deux parties d’huile effentielle de “térébenrhine , fur une d'huile de genièvre, à laquelle diflolution on ajoute “quelques gouttes d'huile empireumatique animale, D'après cette démonftration, le Collège perffte à eftimer qu’un remède de ce genre ne peut être que du plus grand danger, donné contre la goutte, qu'il doit être profcrir, TUACBRYEE | Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: Oxssrrrarions Jur Les inondations de la Vallée de Drom ; par M. RisouD , Sécretaire Perpétuel de la Socièté d'Emulation de Bourg, &c. page 3 Extrait d’un Mémoire, lu à l Académie des Sciences en 1786 , fur le Mécanifine des Luxations de l’'Humerus ; par M. Pinez, Do“teur en Médecine , 12 Volcan de la Trevareffe, plus connu fous le nom de Volcar de Beaulieu 3 par M, DE JoiINViLLE, 24 $o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &: Mémoire fur les Clavicules & fur les Os claviculaires ; par M. Vico= D'AZYR, | 37 Obfervations [ur Les rapports qui paroiffent exifler entre la Mine die Criflaux d'Erain & les Criflaux de Fer o&aëdres ; par M. DE RoMÉ DE Liser, lues à l’ Acad. Ele&. de May. à Efford le 3 avril 1786, Defcriprion d'une Panthère noire ; par M. DE LA MÉTHERIE, A Kéfultar des Expériences & Obfervattons de MM. pe C...& CL... Jur P'Acier fondu, - 46 Obfervaiions fur l'irritabilité des Végétaux ; par M. JAmE-Epouarr Sxira , D, M.. 43 Leure de M. Crecr, à M. DE LA MÉTHERIE, fur une nouvelle efpèce de Pierre, & fur le Charbon, 53 Lertre de M. L'HÉRITIER , Confeiller à la Cour des Aides, à M. pr LA MÉTHERIE , fur La Monetia, Za Verbena 9!biflora & l'Urrica arborea, ibid. Objervations fur la criffallifation de la Glace ; par M. D'ANTic, $6 Lettre de M. Juzes-HeNrr PotTr, Libraire de Laufanne, aux Auteurs du Journal de Phyfique, au fujet de la Glace qui Je forme au fond de l’eau, s9 Nouvelles Littéraires , 69 - -. "APPROBATION. J'ai lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage quia pour titre: Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire Narurelle € fur les Arts, Ëc. - pa: MM. Rozier, MonGEz le jeune & De La MeTxERtE, &e. La Colleétion de £sits importans qu'il offre péziodiquement à {es Leéteurs, mérite l'attention des Sa- vans j'en conféquence , j’eflime qu’on peut en permeutre l’impreffion. À Paris, ce 26 Juillet 1788. VALMONT DE BOMARE, Te x PTT, RUSSE Vudlet 17 4, PAT ce PONT Vullel 1788, = ir | JOURNAL DE PHYSIQUE. | | A'OUT 011708; Il De > ou ll ===; ANPHDIE RC UU DES MINES DE SIBÉRIE;: Par M. PATRIN, Correfpondant de l'Académie des Sciences de Péterfbourg. Pivsre URS perfonnes m'ayant demandé des renfeignemens fur les mines de Sibérie que j'ai vificées les années dernières, j’ai cru que le meilleur moyen de les farisfaire, étoit de publier mes obfervations par la voie du Journal de Phyfique aui eft entre les mains de-rous ceux qui s'inréreffent à l’hifloire de la nature. Ce léger eflai pourra donner une idée de la minéralogie de ces vaftes contrées à ceux que d'autres occupations empê- cheroïent de lire des ouvrages plus volumineux. Les mines de Sibérie font divifées, par la nature même, en trois déparremens, placés à de grandes-diftances les uns des autres. Le premier , c’elt-a-dire , le plus voifin de l'Europe , eft celui d'Ekarherin- bourg , à l'entrée de la Sibérie, fur la lifière orientale de la grande chaîne des monts Oural, où il occupe en longueur , une étendue d’environ cent cinquante lieues, parallèlement à cette grande chaîne, qui s'étend du nord au fud , entre le 75° & le 80° degré de longitude, depuis la mer glaciale jufqu'en deçà du 50° degré de latitude. Ce diftrit produit un peu d'or, beaucoup de cuivre, & une immenfe quantité de fer (1). É Le fecond département eft celui de Kolyvan à cinq cens lieues à l’eft d'Ekatherinbourg, entre l'Ob & l'Irtiche, vers le 100° degré de longi- tude, au centre de la Sibérie, dans les collines qui forment les premiers (x) Les plaines qui accompagnent la chaîne ouralique du côté de l’oueft , & qui font par conféquent dans la Ruffie européenne , contiennent beaucoup de mnes de cuivre de tranfport , où le minérai eft difpofé en couches horifontales , & compolé de fable & de gravier mêlé de parties cuivreules, dans lequel il n’eft pas rare de trouver des végétaux exotiques, & notamment des troncs de palmier entièrement pénétrés de ce grès cuivreux. : Tome XX XIII, Part, II, 1788, AOÛT, .L 82 OBSERVATIONS SUR, LA PHYSIQUE; gradins de la chaîne des monts Altaï, qui eft féparée des monts Oural par des plaines immenfes d'environ quatre cens lieues d’érendue. Cette chaîne: alraïque s’écend' de l’ouelt à left, & divife la Sibérie d’avec la Tartarie chinoife. [ Le produit principal des mines de Kolyvan eft en argent, & va annuellement à foixante mille marcs : cet argent contient de l'or à raifon de trois pour cent de fon poids. Le produit en cuivre n’eft pas fort confidérable, & il n’y a pas de fer. Le troifième déparrement eft celui de Nertchinsk à fept cens lieues à Pet de celui de Kolyvan , entre les 135° & 140° degrés de longitude , & les fo® & 53° degrés de larirude, dans la Daourtie, qui eft la partie la plus orientale de la Sibérie, au-delà du grand lac Baïkal, entre les rivières Chëilka & Argoun, qui fe réuniflent bientôt après, & forment le grand fleive Amour qui fe jette dans l'océan oriental, Les mines de ce diftrict font en général des mines de plomb tenant argent, qu'on exploite uniquement pour le métal précieux , qui va annuellement à cinq cens poudes , poids de Ruflie, ou environ trente mille marcs ; & cet argent tient une petite quantité d'or qui va à-peu-près à un centième de fon poids. Département d'Ekatherinbourg. Dans certe contrée la nature offre en plufeurs endroits, à la furface même du fol , des argiles ferrugineufes auriferes , mais pauvres ; & 11 n'y a a ell-nient en exploitation qu’une feule mine nommée Berefof , à trois és au nord-efl de la ville d’Ekarherinbourg. Elle eft ce èbre füur-rout par le plomb rouge criflallifé qu’eile a fourni , & par une belle mine de fer hépatique en cubes ftriés. Elle cfl fiiuée dans la plaine qui accompagne, du côté de l'Afie, la bafe de la grande chaîne des monts Oural. Tout le canton eff, comme dans la plupart ‘des autres pays de mines, compofé de roches primicives du fecond ordre; gneis, fchiftes-cornés , ferpentines, &c. Le filon ‘étend en ferpentant du nord au fud, parallèlement à la grande chaîne, & il fe divife à droite, & à gauche en divers rameaux. Dans plufieurs endroits le mivérai fe préfente à la furface du fol, € il ne plongé pas au-delà d’une douzaine de toifes de profondeur, Les travaux ont été enramés il y a environ foixante ans, & ils fe prolongent-dans une-érendue de trois quarts de lieue: Quand j'ai vifiré cerre mine-en juin 1786, on travailloit à tranchée ouverte & l'on riroit un minérai ferrugineux noir & caverneux, offrant çà & là quelques petirs cubes flriés , de la mème narure & de la même couleur que le minérai ihforme dans lequel ils’ éroient confondus. Ce filon fuperfciel court dans une aroile ferrugineufe qui compofe tout le, fol des environs de Ja mine, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 On ne traite point ce minérai aurifere par la fonte ni par l'amalgame : ce feroient des procédés trop difpendieux ; on n'emploie que le bocard & le lavage; & par ce moyen fimple & économique, qu'on a reconnu être le meilleur, on retire fur vingt milliers de minérai environ une livre de poudre d’or. Le produit total de cette mine a été en 1786, d'environ cinq cens marcs d'or. La mine hépatique criftallifée qu’on tiroit les années précé- dentes étoit plus pauvre en or que le minérai actuel, & le produit total alloit tout au plus à deux cens marcs par an. Pendant l'hiver on pourfuit les travaux fouterrains, où le filon a pour gangue un fchifte argileux , quartzeux & micacé qui eft une efpèce de gneis mêlé de parties ferrugineufes, C’eft-là qu’on trouvoit des veines de quartz dont les fciflures offroient du plomb rouge criftallifé en prifines tétraëdres , du plomb verd en aiguilles & en forme de mouile, & des cubes ftriés de fer hépatique qui avoient jufqu’à deux pouces de diamètre; mais depuis quinze à dix-huit ans, on ne trouve plus ni plomb rouge criftallilé, ni grands cubes de mine de fer hépatique (x). Les mines de cuivre du département d’Ekatherinbourg font très- importantes par la quantité de métal qu'elles fourniflent, & très- intéreflantes par la beauté des morceaux de cabinet qu’on y rencontre, Les principales font celles de Tourinski à cent vingt lieues au nord d'Ekatherinbourg , & celle de Gouméchefski à quinze lieues au fud-oueft de la même ville. Les trois mines de Tourinski appartiennent à MM. Pokhodiachin , & tous ceux qui connoiflent les propriétaires font ravis de voir ce tréfor entre leurs mains. Elles font fituées à une petite demi-lieue les unes des autres, & cependant on n'a pas trouvé qu’elles aient communication enfemble : elles font dans un pays montueux qui fe rapproche du centre de la chaîne qui, dans cette partie fait un coude du côté de l'eft, & les trois mines fe trouvent à-peu-près placées dans la même direction que ce coude, - Les montagnes des environs , qui de près ne paroiflent que des collines , parce qu'on marche toujours en s’élevant pour y arriver, font compofées d'un fchorl argilleux de couleur obfcure olivätre, qui contient EEE (x) Dans les pays où les échantillons de ce fer cubique étoient trop rares pour en faire l’analyfe , on avoit préfumé avec beaucoup de vraifemblance qu’ils étoient le produit d’une pyrite ferrugineufe altérée & décompofée ; mais les mineurs allemands attachés au férvice de la mine de Béréfof penfent que ce minérai a été formé dés Vorigine, tel qu’il eft, attendu qu'ayant examiné chimiquement les cubes de fer hépatique & les pyrites jaunes qui s’y trouvent jointes quelquefois, ils ont reconnu que la mine hépatique , à volume égal, eft fpécifiquement plus pefante; & qu’à poids égal, elle contient plus de trois fois autant de fer que la pyrite, Tome XXXIIT, Part, Il, 1788. AOÛT. L 2 84 OBSERY'ATIONS SUR LA PHYSIQUE, prefque toujours de petits criftaux rhomboïdaux de feld-fpath & des points quartzeux. Le fond de cette roche a quelquefois aflez de dureté pour faire feu au briquet, & forme alors un vrai porphyre. Cette roche dure eft pour l'ordinaire en grandes mafles dans lefquelles on n'apperçoit pas de divifions, & elle eft recouverte par la roche plus tendre, qui lui paroît contemporaine, car elles font quelquefois confondues. La dernière offre pour l'ordinaire des couches, finon fort régulières, du moins bien marquées, & qui font communément avec l’horifon un angle de 29 à 30 degrés. Souvent aufli ces couches décrivent des courbes, & j'en ai vu qui préfentent des arcs de cercle ou de paraboles, dont le diamètre auroit plufeurs milliers de toifes. Les vallons qui font au pied de ces collines, ou pour mieux dire de 2s fommets de montagne, font couverts d’un dépôt marin compolé d'argile rougeâtre durcie, mêlée de parties. calcaires qui forment une infinité de veines fpathiques blanchitres. ; Ce dépôt pierreux eft rempli de coquillages pérrifiés & de diverfes autres produétions marines ; mais il n'offre nulle part des couches régulières; ce font au contraire des mafles infornies & qui femblent pêtries au hafard. On emploie cette pierre dans les fonderies de cuivre; à caufe des parties calcaires qu'elle contient, qui abfoibent le foufre du mivérai. Mais ce qui nv'a paru très-remarquable , c’eft qu'il n'y a, dans cette matière pierreufe, que la croûte extérieure qui a été long-rems expofée à l’action de l’atmofphère, qui ait les propriétés calcaires affez développées pour être propre à cet ufage, Jufqu’à la profondeur de trois à quatre pouces cette pierre eft prefque totalement blanche & de nature fpathique ; peu à-peu elle paroît plus aroileufe, & fi l’on en prend un fragment qui n’ait pas été expofé à l'adion de l'air, & qu’on le mette dans un acide, à peine donne-t-il quelques fignes d’effervefcence. Je ne penfe pas néanmoins qu'il y ait ici tranfmutation réelle d’une terre argileufe en une terre calcaire (quoique je me garde bien d’afligner des bornes aux forces de la nature); mais dans ce cas particulier, il me paroît que les eaux météoriques ne font que laver , difloudre & entraîner 125 parties bolaires qui enveloppent, qui empâtent les parties calcaires & les empêchent de manifefter leurs propriétés. Outre cette pierre calcaire de formation récente & remplie de pro- duétions marines qui couvre la roche primitive de ces cantons , il y a dans la profondeur un marbre primitif abfolument dépourvu de corps étrangers au rèone minéral: il eft blanc, grenu comme toutes les roches qui font le produit d’une ctiftallifation confufe ; & il contient des parties quartzeufes , argileufes & micacées. C'eft dans cette roche calcaire, qui paroît aufli ancienne que la roche primitive où elle eft encaiflée , que fe trouvent les trois filons des mines de Tourinskr, . La fituation de ces filons eft à-peu-près perpendiculaire, néanmoins SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8$ inclinée de quelques degrés contre la chaîne centrale ; & ils plongent jufqu’à vingt-quatre à vingt-cinq toifes, toujours dans cette pierre calcaire primitive qui s'étend à une profondeur qui n’eft pas connue, Leur direction particulière n’a rien de régulier, ils vont en ferpentant ; mais tous Les crois enfemble décrivent une ligne parallèle au coude que forme en cet endroit la chaîne principale ; & quoiqu’ils ne communiquent pas enfemble, il paroît évident qu'ils doivent leur exiftence à la même caufe. Le minérai de ces flons eft trés-riche , & confile pour la plus:grande partie en mine de cuivre vitreufe plus où moins mêlée d'ochre ferrugi- neufe & de pyrire. On en extrait annuellement environ cent vingt mille quintaux qui rendent à la fonce plus de vingt mille quiriraux de cuivre de rofette. 11 v a affurément peu de mines de cuivre dans le monde qui foient d’un aaffi riche produit (1). Une firgularité bien remarquable qu'offre le plus confidérable de ces trois f'ons, c’eft qu'il éft conftamment divifé felon fa longueur par une efpèce de mur perpendiculaire, compofé tantôt de divers blocs & fragmens de roches primitives, tantôt de quelque matière molle, ochreufe ou argileufe, Ce noyau quelquefois fe renfle au point de réduire prefqu’à rien , & même de faire difparoître totalement les deux branches collaté- rales du filon métallique. Cet accident n’effraie point les mineurs: ils continuent à travailler dans cette matière morte; & au bout de quelques toiles ils retrouvent le minérai. £ Ce que l’on rencontre de plus curieux dans ces mines, c’eft ; 1°. Du cuivre natif criftallifé tantôt en cubes de plufeurs lignes de diamètre , tantôt eH'Oftaëdres implantés les uns fur les autres & formant de fuperbes vépérations très-folides , & remarquables par leur brillant & leur belle couleur d’or, & quelquefois gorge de pigeon. Ces criftalli- fations ont pour gangue ou le marbre lui-même , ou une léoère couche d'argile qui lui eft adhérente & qui accompagne le filon. 2°. Du cuivre natif en feuillets très-brillans , dans les fciflures d’un born-ftein olivâtre; & du cuivre natif en grandes mañles qui pèfent jufqu'à cinquante ou foixante livres. i 3°. Du cuivre vitreux couleur de pourpre, tantôt criftallifé en ottaëdres qui ont la tranfparence du rubis , tantôt en filets capillaires de la couleur du cinabre. 1) La mine de'cuivre vitreufe contient une quantité d'argent affez confdérable s q 8 ; ‘äl s'offre même fous forme métallique en feuillets, & il mériteroit fans doute qu’on le féparât du cuivre par la voe de Ja Jiquation ; mais, diverfes circonftances font négliger ce bénéfice. Les mines de Tourinski produifent auffi de Por. natif; & j’ai vu des échantillons où il étoit diffléminé en petits grains de forme ovoide fur un horn-flein olivâtre revêtu de ffalagmites calcedonieufes. 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 4°, De très-beau cuivre foyeux en grands rayons, fur une ochre ferrugineufe durcie, ou fur la mine de cuivre vitreufe grife , où 1l fait un effec admirable, 5°. De beaux criftaux d’azur fur la même mine vitreufe, 6°, Une fléarire cuivreufe jafpée de bleu d'azur & de verd de mon- tagne, qui donne trente pour cent en cuivre pur, 7°. Une malachite ondée & panachée de verd & de blanc. 8°. De la manganèfe en belles dendrites fur une matrice quartzeu- fe, &c. &c. Après les mines de Tourinski, la plus confidérable eft celle de Gouméchefski, appartenante aux héritiers Tourtchaninof, fituée à quinze lieues au fud-ouelt d’Ekatherinbourg. Cette mine eft célèbre par fes belles malachices folides, fufceptibles du plus beau poli, & qui font l’un des premiers ornemens des cabinets de minéralogie. Toute la malachite qu'on emploie dans la bijouterie vient de cetre mine : c’eft la feule qui en fournit de cette efpèce. On y trouve aufli de fuperbe cuivre vitreux couleur de pourpre criftallifé en octaëdres, mais ils font opaques & non tranfparens comme ceux de Tourinski. On tire annuellement de la mine de Gouméchefski cent foixante à cent quatre-vingt mille quintaux de minérai, qui eft bien moins riche que celui de Tourinski : le produit ne va qu’à quatre mille quintaux de cuivre de rofette. Cette mine eft fituée vers la partie centrale de la chaîne des monts Oural , de même que celles de Tourinski , dont elle eft éloignée d’en- viron cent trente lieues plus au midi; & une remarque qui me paroît intéreflante, c’eft que dans ces deux endroits, quoiqu’aflez éloignés l’un de l’autre , les filons plongent à la même profondeur qui eft d’environ vingt-cinq toifes, ce qui porte à croire qu’ils ont été formés par la même caufe : ils ont d’ailleurs d’autres points de reffemblance ; la roche qui fert de gangue au filon de Gouméchefski elt, comme celle de Tourinski, un marbre blanc primitif confufément criltallifé , & encaiflé lui-même dans des roches primitives du fecond ordre; le filon s'étend parallèlement à la grande chaîne , & il eft incliné contre cette même chaîne précifément comme les filons de Tourinski. Le minérai qu'on tiroit en 1786 étoit un fable graveleux mêlé de verd de montagne, d'argile & de minérai ferrugineux en géodes qu'on avoit foin de trier. Le gravier qui compofe ce minérai paroît avoir été roulé ; ce font de petits fragmens de roches primitives arrondis, & qui formens une efpèce de pouding grofier, qui ne contient abfolument aucuns corps étrangers. Ainfi, quoiqu'il paroifle que ce filon doive fon origine à l'action des eaux, fa fituation prefque verticale, & l’abfence de tout corps étranger démontrent que l’époque de fa formation eft bien antérieure SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 87 aux dépôts cuivreux horifontaux & remplis de végétaux exotiques , qui E A A 7 2 fe trouvent au pied de la même chaîne du côté oppofé .qui regarde l'Europe. Entre ces deux cantons fi riches en minérai cuivreux , &: même dans leurs environs , mais plus loin du centre de la grande chaîne ; font de vafles filors ou plutôt des amas immenfes de mine de fer qui font d'une abondance étonnante fur toute la lifière orientale des monts Oural: On trouve-là des montagnes entières de fer & d’aimant. Le minérai eft pour l’ordinaire la mine noire & compacte qui eft fouvent à l’étatd'hématice, & qui produit cinquante à foixante pour cent d’excellent fer. Le produir total des mines de ces cantons va , année commune, à plus d'un million de quinraux de métal fondu ou forgé. Ces mines appar- tiennent à divers particuliers, noramment à la famille des Demidoff fi connus par leurs immenfes richefles , & aux héritiers Sabakinn & Tourrchaninof, ‘ Les deux principales montagnes d'aimant font, celle qui porte le nom de Kaskanar, &:celle qui eft près de la fonderie de T'aghël. C'eft la montagne de Kaskanar qui fournit le meilleur aimant :: elle eft à foixante lieues au nord d'Ekatherinbourg. Celle de Taghil fe trouve: à la moitié de certe diftance. ï Les mines de fer dont je parle, paroiffent avoir été formées par une caufe poftérieure à celle à qui l'on doit les &lons de cuivre: le minérai ferrugineux fe trouve à la fuperfcie même da fol, &; ne s'étènd qu'à fept 2 huit troifes tout au plus de profundeur 3 & il n’eftrjamais encaiflé dans la roche primitive ({ excepté le perit filon aurifere de: Béréfof) ; mais uniquement enveloppé dans an dépôr ‘argileux mêlé de'gälers, qui font tous des fragmens arrondis de roches primitives, j Après avoir donné cette légère notion de quelques-unes des mines métalliques du déparrémert d'Ekatherinbourg , j'ajourerai , qu'à vingt- cinq lieues au nord de cette ville, près du bourg de Mourzinsk, Yon trouve dans le granit de nombreux filons qui contiennenr des! criftaux colorés, tels que les amethyftes & les ronazes de_ Bohême, & même quelques germes, comme chryfolires ,: aïguec marines , & topazes de Saxe, mais en petite quantité. J'en parlerai ailleurs plus amplement, ainfi que des gemmes du même genre qui fe trouvent dans le dépar- tement de Nerrfchink. Je me conrenrerai pour le préfenr de faire une obfervation fur les filons où fe trouvent ces divers crifeaux , c’eft qu'ils fone tous parallèles à la chaîne principale, & rellemenr parallèles entr'eux, que, même à la plus perite diflapce,, ils ne fe contordenr jamais, 11 y a tel canron où dans l'efpace d'un quart dé lieue de l'oreft à l'eft on trouve plufieurs centaines de cet f'ons qui fe‘prolongent direéement dû nord au fud. Ils font perpendiculaires, remplis d'argile blanchâtre , & leurs parois 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, {ont tapiflées de criftaux quartzeux parmi lefquels on en trouve de tems à autre qui ont quelque valeur, À cent lieues d'Ekatherinbourg du côté du fud, vers l'extrémité méridionale de la grande chaîne, font des collines & quelquefois même des montagnes aflez confidérables compofées de horn-ftein ou pétro-filex qui contient des veines de divers jafpes & agathes jafpées, & entr'autres ce magnifique jafpe rubané , rayé de rouge & de verd en lignes parallèles ;_ qui eft un des plus beaux que l’on connoiffe; & un feld-fpath verdâtre parfemé de points argentés & chatoyans qui en font une efpèce d’aventurine. Comme les bornes de ce Mémoire ne me permettent pas de m’étendre davantage fur le département d'Ekaherinbourg, je paîle à celui de Kolyvan. Département de Kolyvan: Idée du local, J'ai dit, en parlant du département d'Ekatherinbourg ; que la chaine des monts Oural s'étend du nord au fud depuis la mer Glaciale , jufqu'en deçà du $o° degré de latitude, où elle s’évanouit infenfiblement dans les déferts des Kzrghizes, & elle forme ainfi la limite naturelle de l'Europe & de PAfie. De-là , en allant à l’eft , on ne trouve plus qu’une plaine immenfe d'environ quatre cens lieues d'étendue, qui porte le nom de déférts de Baraba , dont le fol eft un terrein marneux, compofé de parties argileufes , calcaires, quartzeufes & micacées. La furface de cette plaine eft prefque par-tout imprégnée de natron, & entre- coupée d’une multitude de lacs & de marais faumatres. Là où le fol a quelqu'élévation , il eft couvert de forêts de bouleaux & fufceptible de culture: Le fol de ce grand défert eft vraifemblablement le produit de la deftruction des collines primitives & des dépôts marins qui leur étoient fuperpofés , & dont il refte encore des veltiges enclavés entre les premières collines qui environnent les hautes montagnes. : C'eft à l'extrémité orientale de cette vafte plaine, vers le 98° degré de longitude, & le $o° de latitude, que commence une autre grande chaîne de montagnes qui a une direction perpendiculaire à celle des monts Oural : elle s'étend de l’oueft à l’eft, & fépare la Sibérie d'avec la Tartarie chinoife. La croupe occidentale de cette grande chaîne eft connue fous le nom de monts Alraï, & c'eft dans les collines qui forment les premiers gradins autour de cette croupe, du côté du nord , de l’oueft & du fud- ouefl , que fe trouvent les mines du département de Kolyvax , fitué entre les deux grandes rivières O3 & riche, qui, dans cette contrée, ne font éloignées l’une de l’autre que d'environ foixante lieues. C'ett ici la partie de la Sibérie la plus riche en métaux précieux , qu’on tire principalement de la célèbre mine de Zméof ou Z'iméinogorsk ue es SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 89 les allemands ont nommée Schlungenbers , ce qui revient au même & figuifie la montagne des Serpens : dénomination qui lui a été donnée à l'occafion des cornes d'Ammon qu'on treuve dans le voilinage, & que les bonnes gens prenoient pour des ferpens pétrifiés. Situation de la mine de Zméof. Du côté du rord, elle eft environnés de collines primitives qui fe prolongent à une diftance de plus de vinge lieues. Entre ces collines primitives font des fchiltes argileux en malle; & dans le voilinage même de la mine, font des dépôts calcaires conte- nant des pétrifications. — Au nord-eft & à l’eft font des collines de fchifte “argileux en maffe, contre lequel le filon eft immédiatemenc appuyé , & derrière ce fchifte argileux, plus à left, & en approchant des hautes montagnes , font des collines de fchifte corné. — Au fud-eft idem — Au fud , en allant vers l'Irtiche, eft un pays prefqu'entièrement découvert. — Au fud-oueit eft un groupe ifolé de collines primitives. — À l'ouelt , eft une ouverture qui débouche dans une plaine fans borne. Cette ouverture eft bordée du côté feprentrional par une traînée de collines primitives qui fe prolonge vers l'oueft-nord-oueft jufqu'à une mine de cuivre confidérable appellée ÆA/eïski- Lokrefski , à quinze lieues de Zméof, Dans certe traînée de collines on trouve des fchiltes argileux en mafle , & des dépôts calcaires; mais le fchifte corné, le porphire , le granit, percent à travers, & les dominent de toutes parts. A l'égard de l'élévation du lieu où fe trouve la mine , comparée avec la hauteur des plus hautes montagnes du voilinage, je dirai que fuivanc les ob£fervarions faites en juillec 1780, le thermomètre de Réaumur étant à 15° à Zméof, le baromètre s’y foutenoit à 27 p. 3 2 1. mefure d’An- glererre; & fuivant les obfervations correfpondantes faites dans le même tems fur les Belk: ou montagnes Blanches qui fonc à vingt-cinq lieues de-là , droit à left, & qui tirent leur nom de la neige qui les couvre une bonne partie de l’année , le thermomètre y étant à $° au-deflus de zéro, le baromètre y marquoit 23 pouces. Chacun pourra tirer de-là fes conclufons fuivanr fa méthode. Le filon de Zméof eft à la bafe occidentale d'une montagne de fchifte arpileux du côté qui. regarde le vallon qui communique au grand déferc , & dans l'endroit où fe joint à la montagne fchifteufe une roche calcaire qui fert de voit au filon. Cette roche ne contient pas le moindre veftige de pétrifications, & elle eft mélée & comme pêtrie avec un horn-ftein grisâcre , qui n'eft point le filex des montagnes craieufes, mais qui approche de la nature du jafpe, À un quart de lieue de-là, du côté du nord, on trouve une autre pierre calcaire beaucoup plus récente , qui eft pleine de pétrifications marines, mais qui n'offre point non plus de difpofition régulière : cet ordre de chofes eft affez analogue à ce qu’on voit aux mines de cuivre des monts Oural. Ce puiflanc lon de Zméof qui eft mêlé avec Ja roche, As ut  Tome XX XIII, Part. 11, 1788. AOÛT, co OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; efpace de plifieurs toifes en épaifleur, quatre-vinot-feize toifes en pro- fondeur, & plufieurs centaines de toifes en longueur. Sa fituation eft un peu inclinée contre la montagne fchifteufe qui lui ferc de lir; & fa direction , quoique fort irrégulière , eft en général du nord-eft au fud- oueft , parallèlement au grand axe de la même montagne. Le minérai qu'on tiroit en 1782 à la profondeur de quatre-vingt-dix toifes étoir un fchifte ralqueux femblable à la ferpentine, dans lequel fe trouve diffeminée une pytire cuivreule tenant argent, — Un horn-ftein gris dont les fciflures font rapiffées de lames d'argent natif & d’une légère couche d'argent vitreux de l'efpèce fragile, qui paroîc être une décom- potion de ces mêmes lames d'argent natif qui ont été minéralifées par le foufre & l’arfenic. — Un fpath pefant blanc ou gris en mafle , contenant un peu d’or & d'argent natifs, de la galène , & de la mine d’argent grife de figure indéterminée, On a commencé à exploiter la mine de Zméof en 174$ , & dans les premières années elle fourniffoit un minérai bien plus riche: l'argent vitreux s'y trouvoir en couches d’un demi-pouce, & l'argent corné y étoie abondant ; mais depuis long-tems il a difparu, car c’eft une obfervation conftante en Sibérie, que dans tous les filons où ce minérai s'eft préfenté, il n'a jamais pénétré au-delà de deux toifes tout au plus de profondeur. Le minérai de Zméof & des filons voifins va annuellement à plus de cinq cens mille quintaux , & il donne, l’un portant l’autre, environ une once d'argent au quintal , ce qui fait un produit de foixante mille marcs d'argent qui tient de l'or à raïon de trois pour cent de fon poids, On obtient outre cela environ trente livres de poudre d’or, par le lavage du minérai le plus pauvre & qui ne payeroit pas les frais de la fonte. T1 y a dans ce département diverfes fonderies, dont la principale eft celle de Barnaoul fur l'Ob ,à cinquante lieues au nord de Zméof , attendu que le bois manque à préfent dans les environs des mines. Les autres mines actuellement en exploitation dans le département de Kolyvan , font, Tchérépanofski , à trois lieues de Zméof, en approchant des hautes montagnes. Elle fut découverte en 1781 dans une colline compofée de roche quartzeufe, noirâtre, caverneufe , mêlée d’ochre ferrugineufe, & entaflée en mafles irrégulières comme un amas de déblai, Quand je vis cette mine en 1782, on y avoit fait quelques galleries, mais on les regardoir comme. épuifées, & l’on pourfuivoit à découvert un filon qui étoit riche en argent corné & en argent vitrenx, toujours dans la même gargue quartzeufe , où l’on trouvoit aufli de l'or natif pur & exempt d'argent, ce qui ne fe voit point dans l'or natif de Zméof, Dès les premiers fix mois d'exploitation, cette mine avoit fourni trente-fept mille quintaux de minérai qui étoit fort bon , car il contenoit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. S1 quatre onces & demie d'argent au quintal: depuis ce tems-là le produit a diminué, Séménofski , à dix lieues au fud-eft de Zméof toujours en approchant de la grande chaîne. Cette mine, qu'on exploite depuis 1764 eft environnée de collines de {chifte corné, & fe trouve dans Le flanc d’une de ces collines. Le filon eft régulier , incliné de quelques degrés contre l’eft ou la grande chaîne, & s'étend précifémentc du nord au fud , parallèlement au vallon qui efk au pied de la colline, & parallèlement aufli à différentes autres rangées de collines primitives, à l’eft & à l’oueft de la mine. L’extrémité fepten- trionale du vallon où elle fe trouve eft mafquée par des montagnes affez élevées; mais fon extrémité méridionale fe détourne peu-à-peu vers l'ouelt, & de-là il s'étend jufqu’au grard défert de la Tartarie. J'ai pu faifir cet enfemble du haut de la Reynovaya, montagne fous-alpine du voilinage, Le filon de Séménofski n’a pas plus de quarante toifes en longueur, fur trente plus ou moins de profondeur ; il fournit annuellement trente à trente-cinq mille quintaux de minérai qui contient tout au plus trois gros d'argent au quintal , & fept à huit livres de plomb : c’eft un fchifte pyriteux où le plomb fe trouve fous forme de chaux & de galène. Le minérai que fournifloit la partie fupérieure du filon étoit une ochre ferrugineufe durcie, qui contenoit une aflez bonne quantité d’argent natif en neige légère & brillante qui tapifloit les fciflures de fa gangue. On y trouvoit aufli, dans un fchifte marneux à fueillets minces, du cuivre natif en longs rameaux tétraëdres articulés, de la plus grande beauté, Aux deux bouts du filon fe trouve une calamine blanche, caverneufe, feuillerée, très-dure, dont toute la furface eft revêrue de criftallifations femblables, pour la forme, à celles du fpath calcaire, Aujourd’hui le filon de Sémeénofski paroît tirer à fa fin. Philipofski eft la dernière mine d’argent importante qu'on ait découverte dans ce diftriét: on a commencé à y travailler en 1786 : elle eft fur la partie méridionale & occidentale de la vafte croupe de la chaîne altaïque, fur la frontière même de la Tartarie chinoife , à quatre-vingt-dix lieues au fud-eft de Zméof, dans le voifinage de la rivière Boughtarma qui, près de-là ,fe jette dans l’Irtiche. Les collines & les montagnes des environs font toutes primitives , quoique plufieurs foient compofées de marbre ou en contiennent d’immenfes filons enclavés dans le fchifte corné avec lequel on reconnoît évidemment qu'ils ont été formés dès le principe. Quand je vifirai ces cantons en 1782, on n'y avoit point encore Tome XXXIIT, Part. II, 1788. AOÛT. M 2 02 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; découvert de mines : ils étoient fort peu connus ; & le principal objet de mon voyage étoit la Botanique ; mais je m’apperçus bientôt qu'il y avoic des indices de mines, & j'annouçai au chef du département qu'il con- venoit d'y faîre des recherches : & il y a apparence que ce se fera pas la feule découverte utile qu'on y fera. Les échantillons que j'ai vus de la mine de Philipofski font un horn- fein_orisätre femblable à celui de Zméof, dont les gerçures font tayillées d'argent corné, d'argent vitreux & d’or natif en feuillets; & Jon m'a afluré que le filon donnoit les plus belles efpérances. La poftion feule de l'endroit où fe trouve la nue de Philipofski devoir taire foupçonner qu'il y avoit-là des filons métalliques. Ceux qui ont obfervé un peu en grand les mines de Sibérie, ont pu remarquer qu’elles fe trouvent roujours dans des cul-de-facs, dans des endroits où lee chaînes de montagnes font des coudes, & où des épines s’avançant à droite & à gauche, forment des efpèces de golfes dont l'ouverture regarde de vaftes efpaces découverts. C'eft la partie intérieure de ces golfes qu'occupent conftlamment les flons les plus confidérables, Je n'entreprendrai point ici d'expliquer ce fait: mais l'obfervation m'a frappé, & m'a peru importante. | Or, la mine de PAlipofski offre ces circosftances : elle eft dans les gorges où coule aujou:d'hui la Bouphtarma qui defcend des hautes raontagnes du côré du nord: une branche de ces montagnes fe prolonge au fud-eft, & côtoie, en remontant , la rive droite de [Irtiche: une autre branche de ces mêmes montagnes s'étend au fud-ouett; de façon que le côté du fud eft découvert, & préfente une ouvertute qui s'étend dans lès immentles déferts de la Tartarie chinoïfe (1). (x) Cette branche de montagnes qui fe prolonge vers le fud-oveft eff b'en intéreffante pour l’obfervateur : l’Irriche la coupée ,& s’y ef frayé ure route où il coule au nord-oueft, l’efpace d'environ trente lieues , toujours encaïflé entre deux parois de rochers prefque toujours coupés à pic, quelquefois à plufieurs centaines de pieds de hauteur; on y voit la flruêture intérieure des montagnes , & c’eft aflurément-là une des plus belles écoles de géo opie qu’il y aît. Ce font roujours des montagnes primitives, & le plus fouvent des montagnes à filons, ces montagnes fi inftruétives , fi éloquentes, dans le fein defquelles la nature a gravé des hitroglyphes qui expliquent le myftère de leur formation , & lhifloire des premiers âges du monde. J’ai eu foin de prendre des échantillons de toutes ces roches, & d’en noter les circonftances locales, c’eft à mon gré, l’ure de mes plus intéreffantes colle&ions. Voici ce que m'ont fait entendre ces hieroglyphes , non-feulement (ur les-rives de Pr: ch2>, mais en cent autres endroits , & pendant huit ans d’obfervations : Dans le principe des chofes , toutes les matières qui forinent auiourd’hui Pécorce du globe terreftre étoient tenues en diflolution dans un fluide, Ces matières étoient falines, car les {els ne font que des combinaifons de terre & d’eau diverfement no bfiées. Les parties les plus homogènes de ces matières diffoutes fe font réunies enfemble , fe font criftallifées confufément , fe font précipitées, & ont formé la bafe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 93 Aleiski-Lokrefski eft une mire de cuivre qui appartient à la Couronne: elle eft importante par la quantité de métal qu'elle fournit, & qui eft converti en monnoie dans le pays même, ” ) de tout le refle : c’eft le granit. Là‘où ces fubftances étoient moins homogènes , le granit s’eft trouvé mêlé avec les diverfes efpèces de trapp, de horn-blende & de porphire, Les matières qui étoient plutôt fufpendues que d'ffoutes dans le fluide, & qui avoient moins de difpoñit:on à fe criflalliter , fe {ont dépofées fucceflivement , & ont formé les diverfes couches de fchifle corné qui nous étonnent quelquefois par leur ténuité &'en même tems leur parallélifme, qui prouve le parfait repos du milieu dans lequel elles ont été formées, & détruit toute idée de vagues & de courans. 4 La füurface du globe terreftre s’eft donc trouvée alors revêtue d’un lit épais de limon en couches parfaitement planes & unies ; mais cet état d'inertie n’a pas duré Jong-tems; & c'eft du fein de cette couche de matière. encore molles, que fe font élevées les montagnes qui hériffent la furfeceide Ja terre. Des matières terreufes, falines, & métaliiques pénétrées d’eau , ne font pas faîtes pour demeurer dans un repos éternel. ]1 y a néceflairement aétion, réaétion , fer- mentation. Or, point de fermentation fans augmentation de volume, fans bour- foufflement ; & ces mouvemens font d'autant plus puiflans , que la matière qui les éprouve eft en mafles plus confidérables. Or , quelle plus grande mafle que la terre entière! La fermentation a commencé néceflairemert dans la partie inférieure du dépéx : la pâte granitique & faline s’eft foulevée, s’eft bourfouffiée , & a formé des protubérances, qui nous paroiftent confidérables , mais qui ne fent que de légères rugofités relativement au globe terreftre. Ces protubérances granitiques ont foulevé avec elles les couches limoneufes qui l:s couvroient, & qui forment le fchäle corn£. Elles les ont déchirées, elles { font fait jour au travers ; & lorfque le mouvement inteftin a élevé dans les nues les mafles granitiques , les couches de fchifte corné qui avoient déjà quelque confftance , ont continué à revêtir leurs Bancs devenus prefque perpendiculaires , comme elles couvroient il n’y a qu’un moment leur {urface hori- fontale. Celles de ces couches fchifeufes qui fe trouvoien: encore trop molles, fe font affaiflées, contournées, renverfées ; de-là tous ces 2ccidens qu’on remarque fi fré- quemment dans les montagnes de ce genre, & qui étonrent l’obfervateur , jufqu’à ce qu’il ait pénétré Ja caufe de ce défordre. Eh! comment pourroit-on exsliquer autrement les difpofrions des couches de fchifle corné ; de ces affemblages de couches qui n’ont pas quelquefois l’épaifleur d’une carte? les unes font argileufes , d’autres font micacées, d’autres font compoftes d'une efnèce de grès quertzeux, d’autres (ont de fChorl, d’autres de ferpentines , d’autres font un mélenge de ces diverfes matières : tontes font très-diffinétes, même par leur couleur , quoique fortement adhérentes les unes aux autres, & on les trouve repliées en zig-zag & contournées comme la feuille de l'arbre renfermée dans le bourgeon coupé tranfverfalement. Quelle pourroit être a caufe de ce fait, & de plufeurs autres que j’omets, finon Ja fitvation d’abord horifontale de ces couches, & leur redreffement occafonné par une force intérieure , dars un tems où elles étoient encore dans un état de moll#fie ? Jene fais ici qu'énoncer briévemen: ce qui me paroît être Ja découverte d’une vérité que les Phyfciens cherchent depuis fi long-tems,, & à laquelle je me réferve de donner du développement & de l'appui en rapportant les obfervations qui m'y ont conduit. Au celte, l’Irtiche coule à travers ces montagnes d’une manière qui m’a un peu 94 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette mine qui eft, de routes celles du département de Kolyvan, [a plus éloignée des hautes montagnes , fe trouve à quinze lieues à l'oueft- nord-oueft de celle de Zméof, avec laquelle elle fe trouve en quelque forte liée, comme je l'ai remarqué en parlant de Zméof, par une épine de collines primitives entremêlées de collines,fecondaires, & même de dépôts marins coquilliers. Le filon d’ÆAleïski-Loktefski fe trouve dans le flanc d’un côteau qui forme la partie la plus enfoncée d'un fer à cheval dont l'ouverture regarde au fud-oueft le grand défert. La partie orientale de ce fer à cheval, c'eft-à-dire, celle qui eft du côté de Zméof, elt toute primitive, & elle eft cerminée par une colline de porphire appuyée contre une colline de granit. La branche occidentale eft de fchifte argileux ; & c’eft dans l'endroit où ce fchifte argileux fe joint à la roche primitive, qu’eft placé le filon. Le minérai eft en général une argile ferrugineufe durcie contenant de la pyrite cuivreufe en mafle & du cuivre vitreux hépatique. On y trouve aufli afflez abondamment une marne blanche feuilletée & friable, dans laquelle fe trouve difféminé du cuivre natif en grains & en lames. On fait un triage du minérai dont un tiers donne vingt pour cent en cuivre de roferte, & les deux autres tiers, dix pour cent, Je n’ai pas fu au jufte le produit total : j'ai ouï dire qu’il alloit annuellement de trois à quatre mille quintaux de cuivre. Il y a ordinairement trois cens ouvriers occupés aux travaux de cette mine. Ce qu'elle produit de plus intéreffant pour un amateur, outre de beau cuivre foyeux étoilé qu'on trouve aufli dans d’autres mines, c’eft fur-tout une /élérire cuivreufe de couleur d’aigue-marine , que je n’ai vue nulle autre part : elle eften criftaux f fins, fl courrs & fi ferrés , qu’elle imite le velours. Elle tapiffe pour l'ordinaire les cavités d’une gangue argileufe qui eft aufli revêtue de très- petices criftallifations calcaires blanches & brillantes , ce qui préfente de jolis accidens; mais la fragilité de ces morceaux en rend le tranfport difficile. Kleopinski eft une mine de cuivre qui contient du plomb. Elle a fourni de très-beaux morceaux de cabinet ; mais quoiqu’on ait tiré une furpris : je m’attendois à trouver fon cours inégal, dérangé par des courans, des cafcades, des rochers : rien de tout cela. Cette belle rivière a là un cours qui eff rapide à la vérité, mais égal & majeftueux , & elle conferve par-tout une largeur de cent à cent cinquante toifes, quoiqu'il y ait plus de quatre cens lieues de-là jufqu’à Tobo/sk où elle pafle avant de fe jeter dans l’Ob. On y trouve quelques iles , mais elles font plattes, & paroiïffent formées par des attériflemens ; elles font couvertes de framboifiers & d’un beau peuplier qui eft le même quele Baumier du Canada. C’eft ici la partie la plus méridionale de la Sibérie, on eft à-peu-près fous la même latitxde que la Normandie, RE — SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 9$ immenfé quantité de minérai, il n'a jamais été fondu en grand , il eft en général trop pauvre, & la mine a été abandonnée, Elle fe trouve près de l'ancienne fonderie de Kolyvan qui a donné le nom au départe- ment : elle eft la plus voiline des hautes montagnes à douze lieues au nord-eft de Zméof. Il y a dans les environs plufieurs autres filons qui n'ont pas eu plus de fuccès; & l’on ne devoit pas en attendre, car ils font de toutes parts entourés par le granit, & la gangue elle-même eftune efpèce de granit. Les cavités de cette gangue font rapiflées de criftaux de bleu & de verd de montagne & de criftaux de Hemb fpathique quelque- fois revêcus d’une écorce de malachite. M. le Duc de la Rochefoucaulc pofsède un bel échantillon de la mine de K/éopinski où le verd de mon- tagne fe préfente fous la forme de prifimes tétraëdres tronqués net à leurs extrémités. Tchaghirsk: eft une mine de plomb & de cuivre, mais fur-tout très- abondante en zinc : elle fe trouve à l’extrémité feptentrionale de la portion de cercle que décrit l’enfemble des filons métalliques qui embraïfent la croupe de l’Altaï. (La mine d’argent de Philipofski elt à l'extrémité méridionale de la même portion de cercle; & la corde de cet arc pañle ar le fommet des montagnes blanches, ) Le minérai le plus remarquable de Tchaghirskz elt une calamine en belles ftalactites blanches -& demi- tranfparentes comme de l’albâtre. Quelquefois elles font verdâtres & contiennent une bonne quantité de cuivre. C’eft alors une mine de laiton proprement dite, puifque le mélange du zinc & du cuivre eft fait par la nature même, ce qui eft une chofe très-rare, Parmi les autres filons peu importans par leur produit , & qui font en grand nombre , je ne cirerai que celui de Ncolaëfski à vinot lieues au fud-fud-oueft de Zméof , remarquable par les criftaux ifolés de cuivre vitreux octaëdre revêtus de verd de montagne , qu'on y a trouvés épars dans un minérai ferrugineux, mais fur-tout par la roche qui fert de gangue au filon: c’eft un pech-ftein opaque à fond rouge ou olivatre, avec des taches rondes jaunes & blanches qui lui donnent l'apparence d’un poudding. Dans quelques parties il donne feu au briquet & reffemble tout-à-fait au jafpe; ailleurs ongle fufñc pour en détacher des éclats. Cette roche forme une petite colline qui eft fendillée en tout fens, & les erçures font remplies d’une argile blanchâtre qui contient du plomb à l’état de chaux, quelquefois fous la forme de plomb blanc en criflaux ifolés. Cette argile rend à la fonte dix livres de plomb par quintal, & un eu moins d’une once d’argent ; mais le filon donne peu d'efpérance. La colline de pech-ftein qui le contient eft à l'extrémité d’une file de collines primitives qui font les derniers rameaux de la grande chaîne , qui fe perdent dans la plaine, 95 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mines de Jenifer. Après avoir paflé en revue Les mines qui environnent la croupe de la chaîne alraïque du côté de l’ouelt, je voudrois pouvoir P 1 à a dire quelque chofe de celles qui vrailemblablement bordenc fon flanc du côté du nord, (le Aanc méridional da cette chaîne eît fous la domi- nation chinoife, & c'elt celui qui donneroit le plus d’efpérance ). Müis dans la partie feprentrionale même, qui appartient à la Ruflie ,; on n’a P È L jamais fait de grandes recherches ; & l'on n'y a découvert que quelques filons de cüivre, dans les environs du fleuve Jenifez , vers l'endroic où il fort d’entre les montagnes Suianes, qui fonc à deux cens lieues à l’eft de le] Kolyvan, & qui font une prolongation de la chaîne altaïque. Ces filons ne prometrent pas beaucoup, du moins jufquà prélenc, & ils fonc exploités foiblement par quelques particuliers. Le département de Nertchinsk dont je vais m'occuper, & qui eft à fepe cens lieues à left de celui de Kolyvan , mérite plus d’atrention , & donne des efpérances pour une longue fuite d'années, par la multitude de filons de plomb tenant argent, qui sy trouvent de toutes parts, to] » La fuite au mois prochain. L'EVF TNR E DE: M. LE BARON DE KIENMAYER, Confeiller aux Appels à Vienne en Aurriche, À M. lIN G'EN-H-OÙ S:7, Sur une nouvelle manière de préparer l Amalgame éleétrique ; & fur les effets de cer Amalgame. M ON CHER AM1, Vous demandez de moi une defcription exacte de la manière de préparer l’amalgame électrique, dont les amateurs d’éleétricité fe fervent actuelle- ment ici, & des expériences comparatives , que je fis l’année pañlée avec cet amalgame , en grande partie en votre préfence, Je tâcherai de l’accom- lir de mon mieux. C'eft une chofe connue en électricité, que l’amalgame contribue infiniment à augmenter la force des machines éle&riques. Dans chaque Auteur , qui traite de l'électricité, on en trouve prefqu’une recette. Entre toutes les fortes d'amalgames, la plus grande partie des éle&riciens, & SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 97 Be fur-tout les anglois, depuis M. Huygens, donnent la préférence à l'amalgame fair avec le zinc & le mercure. La manière la plus ufitée étoit jufqu'à préfent de mêler cérg parties de mercure avec une partie de ænc, qu'on réduifoit ou par la fufñon, ou par voie de tricuration à la confiftance de beurre, & on en faifoit une poudre en y faifanc entrer une quantité fufhifante de craie ; ou de blanc d'Éfpagne prlé & bien fec, qu'on étendoic fur des couflins un peu graiflés. On traitoit de même manière l’amalgame fait d'étain & de mercure. Mais toutes les efpèces d'amalgame , que j'ai connues jufqu’à préfent, 8 dont je me fervis, avoient ces trois inconvéniens fuivans : 1°. le mercure fe féparoit du métal, avec lequel il étoir amalgamé, & tomboir en petites boules fur la machine, ou s’attachoit fous cette forme au verre mème de la machine; 2°. en continuant d’életrifer pendant un tems plus long la machine devenoit plus foible, & il éroit néceflaire , ou d’amalgamer les coullins dé nouveau, ou bien de repafler les coufins avec un couteau, . ou du papier brouillard ; 3°. la frition devenoit trop grande, fi on ferroit un peu plus les couflins, pour rendre à la machine la force qu’elle avoic au commencement, Je me fers actuellement d’un amalgame fait de zinc, d’étain & de mercure, que je réduis en poudre très-fine, fans aucun autre mêlange de craie ou de blanc d'Efpagne. Cet amalgame furpaile tout ce que jai éprouvé jufqu’à préfent, & n'a pas les défauts que j'ai trouvés dans les autres efpèces d’amalgame ; car , 1°. le mercure refte intimément uni au zinc & à l’étain fans jamais s'en féparer , ni dans la bouteille où on le conferve, ni fur le couflin ; 2°, en continuant d'électrifer même pendant quelques heures, & en faifant plufieurs milliers de tours, je n'ai jamais eu befoin de regarder aux couflins , & la force de la machine étoit tou- jours égale; 3°. la friction diminuoit confidérablement, & ronobftant 4". l'effet de la machine augmentoit du moins de deux cinquièmes, Compofttion de l'Amalgame. Mercure... est ser 2 parties Zinc purifié ........,........ 1 partie Étain 4 scies see sfe | Ji Paitié, Manière de le préparer en grand. On purifie le zinc felon la méthode de M. Cramer indiquée par Macquer dans fon Dictionnaire de Chimie fous Particle de Zinc. On prend partie égale d'écain pur, on les fond enfemble fur le feu jufqu’à ce qu'ils foient bien unis, on les Ôte du feu, & avant qu'ils ne foient refroidis ,on les mêle avec du mercure du poids égal au poids réuni de Tome XXXII , Part, II, 1788, AOUT.. 98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ces deux métaux qu'on a déjà préparé dans une boîte #9 de bois à couvérclebouchée en outre au milieu d’un bouchon & enduire intérieurement de craie, On apite certe maffe en roulant la boîte à terre pour la faire bien mêler, & avant qu’elle ne foit en- tirement réfroidié on Ôte le couvercle, & on verfe cet amalgame qui eft dur & de couleur d'argent, fur une rable de marbre, & dans des mortiers de verre ou de pierre, on le réduit en poudre très-fine, & l'amalgame ef fait, Si on différoit trop long-rems à le triturer , la maffe deviendroit trop dure, & demandéroit trop de peine ; en le triturant long-tems & à plu- fieurs reprifes, l’'amalgame qui étoit blanc devient au commencement gris, & enfin tout-à-fait noir, Il n’y a pas d'autre règle que de triturer aflez long-tems jufqu’à ce qu'il foit très-fin, & qu'on n'y trouve point de duretés en les manianc entre les doigts, Il devient toujours plus fin, & tombe, pour ainf dire, en pouflière à mefure qu'il vieilli. Même en l'agitant fouvenc & en le confervanc des années dans une bouteille sèche & bien fermée, le mercure ne fe fépare janais : c’eft une preuve certaine que le mercure eft intimément lié de cette manière avec le zinc & létain. Si on Le veut faire en grand , comme je l’ai toujours fait , au moins cinq à fix livres à la fois, on ne peut point fe pafler des précautions indi- quées ci-deflus ; car il feroit trop dangereux de mêler ces métaux en fufion avec une fi grande quantité de mercure dans un vafe ouvert, & en outre on perdroit trop de mercure par l’évaporation, ce qui rendroit la dofe incertaine. Mais fi on fe contente de faire quelques onces à la fois , on peut, après avoir purifé le zinc , prendre deux onces de zinc, deux onces d'étain , les faire fondre dans une cuiller de fer, y ajouter après quatre onces de mercure, mêler cette fubftance avec une fpatule de fer, & puis le triturer, comme il eft décrit ci-deflus; ce qui fe peut faire fans frais, fans appareil, & en très-peu de tems. Manière de s’en fervir. Il y a deux mamiéres de s’en fervir,.ou en poudre , ou.on peut le mêler avec de la graïfle de cochon, avant que de le mettre fur les couflins. De la première manière. On nettoie bien Le couflin de toute impureté, & fi l'on s’eft déjà fervi d'u autre amalgamie , on l'ôte exactement avec un couteau , puis on graifle un peu les couflins en y pañlant légèrement une chandelle de fuif; après on y met un peu de cet amalgame, qu’on étend en y paflant une lame de couteau aufli également que poffible fur le couflin , jufqu'à ce qu'il paroïfle dans toute fa furface d'une couleur de plomb. En fe fervant de l'amalgame déjà mêlé de graiffe de cochon, on l'étend fimplement fur le couffin , en obfervant de le nettoyer exacte- ment, Comme ci-devant; mais il faut fe garder dans toutes les deux SUR L'HIST. NATUREELE ET LES ARTS. 99 manières de ne point faire l& couche de l’amalgame trop paille. La feconde manière me paroîe mériter la préférence, parce que la graifle de cochon rend le mouvement plus aifé, Expériences faites avec cet Amalgame. Ma machine électrique, qui eft un plateau de vingt-quatre pouces de diamètre, & dont vous avez décrie les effers'dans votre Livre, Rermifehte feriften phyfch medicinifchen lthalls, tom: 1, pag, 174, dans une æote , a des couflins de {ept pouces de longueur fur deux pouces un quart de largeur , qui font faits de bois fec & uni: au lieu dé-erins de cheval , ils font doublés de deux couches de drap Le plus fin, &. au-deflus il y a une peau de chien, dont on fait les gants fuédois , & au bord il fe trouve une pièce de taffetas ciré, qui en rournant s'applique au verre, Au moyen de cette conftruétion route la furface du couffin touche immédiatement le verre, il fe frotte également: ce-qui augmente le feu. électrique , au lieu que s’il étoit de forme circulaire ou, doublé de crins de cheval, le couffin ne frotteroit qu’au milieu , ce qui diminue Ja furface frottée, & par-là leffer de la machine. - _ Avec cette machine & l’amalgame ordinaire je pouvois charger com- plerrement une bouteille cylindriqué de’ r7 pouces dé hauteur fur 4 pouces de diamètre , qui étoit garnie d'une feuille d'érain jufqw'à 3 pouces de fon bord, & qui. par conféquent avoic un pied quarré & un tiers de furface garnie, idans fe et. ee sole à 2e ce os one 210 210 10 tours. Avec le nouvel amalgame , dans... ,............ ° 6 tours. Une: bartétie qui confñfte en2$ pareils cylindres., & qui font enfemble 33 pieds quarrés de furface, dans. ........,.24.+. 250 tours. Chaque tour demandoit à-peu-près une feconde de tems , & toute la batterie fe chargeoit completement dans 4 minutes 10 fecondes, ou tout au plus $ minutes. j : CT Avec le nouvel amalgame je la charge complettement tout au plus dans Re ele rie relie ee) TSOBIOUrS;, jufqu'à ce qu’elle fe foir déchargée d’elle-mème , quelquefois encore dans moins de tours, & le frottement eft diminué de tellé forte, que je puis faire prefque 2 rours dans une feconde ,ce qui demande pour charger toute la batterie 75 fecondes ou tout: au plus. 2 minutes, Si. la batterie fe décharge d’elle-même , il faut que le feu électrique pafle fur 3) pouces de verre enduit de cire d'Efpagne de la furface intérieure, & fur 3 pouces de la furface extérieure du cylindre, ce qui fait un chemin de 6 pouces, & demande par conféquent une grande force dans le feu électrique. MAS REE AE NES Voyant que par le feul amalgame, toute la machine étant reftée fans changement, la force életrique augmentoit de deux cinquièmes, je com- mençai par votre confeil à faire les expériences avec mes deux batteries Tome XXXIIT, Part. 11, 1788. AOUT. N 2 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, égales , dont chacune contenoit 2$ bouteilles cylindriques, ainf toutes les deux so, ce qui fait 66 pieds quarrés de furface garnie, & je fis les expériences fuivantes fur la groffeur & longueur des fils d'acier, que j'étois en état de fondre par ces deux batteries, Voici le réfultat de ces deux expériences : Le 3 de Mai 1787, à 4 heures après midi ; Le Baromètre étoit Le Thermomètre 228 pouces o x: - felon Réaumur à -: mefure de Vienne, ‘ 3 + degrés au- Fils-d’Acier. deflus de o. Nombre. : Longueur. L'Hygromètre felon Sauflure à 96 Effet. Le plus gros Loos sors. voi pouce ss rougi. ‘Elifondaue C1 . re L z ... if eiers8 51e OCR RM AAC E E . rougie OO OA ME HAINE EL Ne fondu. 3 OO OMIS | ... ‘ D Fais MONO Ai deit eee des les AAC cs [e ....... .... 4 ... Le ÿ de Mai à 6 heures du foir. Barométre.. Thermomètre, 28: Os 4” * : Code Nombre. Longueur. Seossreosem se CR ONOUT ROC. less esse ee Free. 6. ..... .. 8. ele sesressesees cese7essecs VAE PANNE PANIERS EURE 6 PMP le ps iaiointie 5 75 61010 als TO le stetéie Bête 0. 00% PTperc ler LERLEE] ...... 14 . . ÉPRCE LEP ME There « rougi & déchiré. ‘rougi & déchirés ... fondu. Hygromètres "22 lEffer. Tes TOUQÎ .... fondu. os + TOUPie .... fondu roupi & déchiré. .….. fondu, ++. TOUgie . fondu. 5.0. + TOUDIe Lse.sse a CRE O Q :.14> FAR SD . fondu, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 101 Le 9 de Mai à 4 heures du foir. Baromètre. Thermomètre. Hygromètre, 28. O. 4 19. 6$« Nombre, Longueur, Efer, 10. 5e de cee30e0 070.0. TOUgie fee Mes 2 4 efleleelele ONU, ILoorooseure vo38soos see eee TOUOÏ jeidiel sil steldte em lla oO ete s + © »re)6t2s fONQUs T2 See to nlaleioye STD este 2e v'atole te LOUP latente pote a se ss © RO ON A SRE ON SIMON Obfervations. J'ai noté la température de Pair & fon degré de féchereffe ou d'humi- dité, pour faire voir que l'air, quoique très-humide, n'empêchoit point les 3 &j5 de mai de charger completrement les deux batteries, quoiqu'il falloic plus de tours de plateau que le 9 , où l’air étoit beaucoup moins humide, ce qui ne me réullifloit pas fi bien avec l’ancien amalgame. Jufqu’à préfent je n’ai fait ces expériences qu'avec les fils d'acier, ce fonc ceux qui fe trouvent dans le commerce fur des rouleaux de bois, qui nous viennent de Nuremberg, & dont on fe ferc pour les cordes de clavecin. “êtes Ces expériences ne font que le réfultat de plufieurs autres ; car il me falloit chercher par nombre d’expériences la longueur du fil que je pouvois fondre en entier, & de celui que je ne pouvois que rougir. Je continuai quelquefois d’électrifer enfuite jufqu’à faire $o00 tours de plateau, fans qu'il me fût néceffaire de regarder aux couflins, & fi quelquefois le plateau fe ternifloit par des raies noires, il fuffifoit de le nettoyer avec un linge fec, parce qu’elles ne s’attachoient pas fort au verre. [Il ne m'étoit jamais poñlible avec un autre amalgame de foutenir fi long-tems l’électrifarion , & d’obtenir une quantiré de feu fi confi- dérable, Il me paroît donc sûr que cet amalgame mérite la préférence. Pour m’en convaincre davantage, j’allai chercher des machines élec. triques mauvaifes & mal bâties, qui en conféquence donnoient peu de feu, & en appliquant feulement cet amalgame , fans rien changer à la machine, je parvins toujours à les améliorer confidérablement ; effet qui ne pouvoit être attribué qu’au feul amalgame, Je n’ofe point affirmer que cette efpèce d’amalgame foit le meilleur pofhible , ou qu'il faille en le faifant ufer de toures les précautions que 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, j'ai décrites ci-deflus, mais je puis! affurer fur mes propres expériences , qu'en y mettant ou plus ou moins de mercure, ou en négligeant de purifier le zinc, ou en faifant le mélange fur d'autres proportions , cet amalgame perdoit toujours l’une ou l’autre de ces qualités , & devenoit par-là toujours moins bon, ce que chacun peut éprouver en mélant ces fubftances de différentes manières. On ne connoît pas aflez la nature du feu éleétrique , ni la manière donc il s’excite, pour que je puifle dire quelque chofe un peu certain pourquoi cet amalgame fait de fi bons effets: je hafarderai là-deflus du moins quelques conjectures. Je crois, 1°, que le zinc y contribue, parce que tous les électriciens , & principalement les anglois, depuis M, Huygens, ont éprouvé que * lamalgame faic du zinc & du mercure, faifoit des meilleurs effets, 2°. Par la manière dont il eft préparé, le mercure s’unit plus intimé- ment avec le zinc & l’étain, au lieu que de la manière ordinaire, le mercure fe fépare aifément en boules, & fait des raies fur le verre , ce qui ferr de conducteur à l'éledtricité pour la faire retourner dans les couflins. 3°. Cet amalgame eft une poudre purement métallique , & par-là un conducteur fans aucun mêlange de craie ou de blanc d'Éfpagne, ce qui doit sûrement contribuer à fa bonté , car pour gâter cet amalgäme , & pour le rendre fenfiblement moins bon, il fufic d'y mêler de la craie ou du blanc d'Efpagne , quelque fec qu’il foit. J’ai trouvé par nombre d’expériences,, que ces fubftances nuifenc toujours, mais infiniment moins quand on les mêle en petite quantité avec l'amalgame , avant que de Le mettre fur les couflins, que quand on l’applique fur les couilins déjà amaloamés. 4°. Il me paroît que cet amalgame étant une poudre un peu dure, fait une autre forte de frottement plus propre à exciter l'électricité qu'un amalgame qui feroit plus doux , comme l’amalgame ordinaire en cons fiftance de beurre , ou bien l'aurum mufivum. 5°. Quelques électriciens mêlent avec cet amalgame de la chaux d'étain ; mais je n’ai point trouvé que cela augmentât l'effet. Je ferois plutôt tenté de croire que cette fubftance nuit à l'amalgame, parce qu'ayant perdu fa force condutrice, elle eft anéle“trique, comme la craie & le blanc d'Efpagne. C'eft pour cela que je me fers de cet amalgame tout pur. 6°. J'ai trouvé que l’effec étoit toujours plus grand en graiflant les couffins avec de la graifle de porc , qu'il faut fondre au feu avant que d'en ufer, parce que dans le commerce on la blanchit quelquefois avec de l’eau, dont une partie y adhère toujours, Cela s'étend jufqu'à ce point que lorfque la machine étoir quelquefois deux mois fans que j'y touchafle, & qu'elle ne donnoit plus des effets aflez grands, il fuffifoit , SUR L'HIST. NATURELLE ET PES ARTS. 103 fans les amalgamer de nouveau, de pafler un peu de graifle fur les couffins amalgamés pour Jui rendre fa première force, 7°. Il faut pourtant avouer qu'en rendant les couflins trop gras on s’expole à ternir le plateau par des raies noires qui s'y attachent ; mais comme on les peut aifément êter en pañlant deflus du linge fec, cec inconvénient eft petit eu égard à la grandeur de l’effer qu'on obtient en rendant les couffins un peu plus gras. Si on veut pourtant éviter cela, & fe contenter d'un moindre effer , il fuffit de prendre moins de graifle , ou de mettre de l'amalgame en poudre {ur les couflins qui feroient trop gras. Enfin, il paroïît par ces expériences que Jes machines à plateau méritent la préférence fur route autre machine , parce qu'on peut pro- duire de fi grands effets avec une machine de fi médiocre grandeur, tel qu'un plateau de 24 pouces. Car comme je charge en 300 tours & dans 4 minutes tout au plus une batterie de 66 pieds, je pourrois aifément charger une batterie de 99 pieds en 6 minutes, & même une de 132 pieds en 8 minutes de tems, car il ne me faudroit que 600 tours de plateau, qui ne demandent que 8 minutes, & tout cela fans augmenter le volume de la machine. Je fuis fort charmé, mon cher ami, d'avoir pu contribuer par mes expériences À Rire voir le grand effet qu’on peut produire avec une efpèce de machine qui eft de votre invention , & pour laquelle tous les éle&tri- ciens vous doivent de très-grandes obligations , parce que vous les avez mis en état de faire de grands effets avec peu de frais & des machines peu embarraffantes , & moi je vous en dois en particulier , comme votre ami & votre difciple, Vienne, le x$ Juiller 1788. EXPÉRIENCES ET OBSER V ATIONS KRelatives aux principes d'Acidité, la compofirion de l'Eau & le Phlogifuque ; Par JosePH PRIESTLEY: Tirées des Tranfaëions Philofophiques, & lues à la Société Royale le Février 1788 , traduites de l'Anglois, par M.L'AUTHENAS. I L' paroît qu’on admet aujourd’hui généralement comme une chofe des plus importantes & des plus affurées en chimie, que l’eau eft compofée de deux efpèces d'air, le déphlogiftiqué & l’inflammable, Mes propres 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; expériences ayant paru favorifer cette doctrine , je ne fis aucune difficulté de la recevoir moi-même: mais, vers le tems de la publication du dernier volume de mes Expériences , ayant trouvé qu’en décomipofant les deux efpèces d’air ci deflus par létincelle électrique, j'avois beaucoup moins d'eau que je n'en attendois, & qu'il reftoit, en place, une vapeur noire qui ne fe condenfoit pas aifément, je n'ai pu m'empêcher de conclure, qu'il reftoit encore quelque chofe à rechercher fur ce fujer; & j'écois déterminé de reprendre mes recherches dans un tems favorable, Je n’avois cependant, alors, aucun foupçon qu'il fe produisit aucun acide dans certe expérience, n'ayant jamais pu en découvrir dans l'eau que je nr'étois, jufqu’alors, procurée en grande quantité par la décompo- fition de ces deux efpèces d'air , quoique la doctrine qu'on admettoit fur l'air déphlogiftiqué & à laquelle je cédois moi-même , d'après M, La- voifier , renfermit le principe d’acidité univerfelle, Dans le doute que l'eau provenant de la fufdire expérience n’étoic proprement pas une partie conftituante de l'air, mais qu’elle y étoit feulement répandue, & en quelque manière fufpendue ; & qu'on pouvoit par conféquent l'en féparer fans décompofer l'air, en reprenant ces expériences , j'ufai de toutes les précautions imaginables pour détacher toute l’eau de l'air fur lequel j'opérois. À cet effec, je le gardai, confiné par le mercure, avec une quantité de fel ammoniac qui abforbe l’eau plus promptement , finon en plus grande abondance, que la chaux, ou toute autre fubftance connue, Dans cette méthode plus exacte, je fus graduellement conduit à découvrir l'acide qui avoit échappé à mon obfervation. Mais je ne fuis pas certain que je l’euffe encore trouvé, fi je n’avois été aidé de la fagacité de M.Keir , qui avoit toujours été d’opinion , que quelqu'acide devoit être le produic de cette expérience , ou plutôt que ce produit feroic quelque chofe qui deviendroit acide, en l'expofant à l'air libre. Je commençois à faire les explofions, dans le même vafe de verre d'où le mélange d’air avoir déplacé le mercure qui l’avoit rempli, quand je trouvai, comme je l'ai obfervé dans ma dernière publication , que tout le vaifleau étroit rempli d’une fumée épaifle, qui fe dépofoit , à l’intérieur du vaiffeau, en une couche noire, qui me parut, comme auparavant , être du mercure, parce qu'elle devenoit blanche en l'expo- fanc à l'air. Pendant quelque tems je n’apperçus aucune apparence d’eau; mais en plaçant le vaiffeau à une diftance convenable du feu, j'en apperçus environ un quart de grain réuni au côté oppofé , tandis que le vaiffeau contenant quatre mefures d'air, l’eau qui en étroit produite, devoit être au moins d'un grain. Le mercure érant un obftacle à l’exaétirude de cette expérience, je mis bien , après le mêlange d’air dans un vaiffeau au mercure, le fel ammoniac comme auparavant, mais je fis les explofions dans un autre que Y, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. os que j'avois auparavant purgé d’air.-Ce vaifleau étoit plus grand que celui dont je m'étois fervi. Il contenoir un peu plus de huit onces mefures : de telle manière que l'air qu'il contenoit, étant un tiers déphlogiftiqué & deux tiers inflammable, auroit pefé environ deux grains. Après une explofon, la quañrtité d’eau raflemblée paroiflant peu de chofe, je répétai je procédé dans le même vaifleau: & alors réuniflant l’eau , je trouvai qu’elle n’excédoit pas un grain & demi. Je répétai cette expérience très-fouvent, & je trouvai conftamment un peu d'eau ; mais je la trouvai toujours bien au-deflous du poids de l'air décompofé.al faut donc qu'il y eût quelque chofe qui n'étant pas bien fluide , adhérât aux parois du vaifleau & ne pouvoit être détaché par une Chaleur modérée ; & en effet, le verre ne recouvrait point la parfaite tranfparence qu’il avoit auparavant. J'obfervois conftamment , qu’aufli-tôt après chaque explofñon , le vaifeau éroic rempli d'une vapeur denfe, fi bien qu'il étoit impoflible de voir à travers; & avant que j admifle l'air extérieur, je pouvois la verfer d'un bout du vaiffeau à l’autre; elle paroifloit tomber prefqu’aufi vite qu'une plume dans le vuide ordinaire; & en général, elle ne difparoifloit pas en moins de dix minutes. J'ai toujours trouvé cette vapeur denfe quand bien même le mêlange de l'air avoic été mis au moyen, ds l’eau ; l'odeur du vaiffeau, après l'expérience , éroic de l'efpèce la plus défagréable que donne l'air inflammable tiré du fer, Par ces expériences il étoig fufilamment démontré que quelque chofe de plus que de l’eau en étoit produit : & verfant dans le vaifeau une quantité de fuc de tournefol, il fuc auffi-tôt changé en un rouge foncé : de telle manière qu'il eft tout auñli clair , qu'un acide avoit été fornté. Dans toutes les expériences précédentes j’avois pris de l'air déphlogiftiqué tiré de la manganèfe, &-dans routes celles donril eft ici plus particulièrement queftion l'air inflammable avoit été tiré du fer par l’eau feulement.. Un grand nombre de vaifleaux d’un verre fort ayant été caflés dans ces expériences, & quelquefois avec du danger pour moi-même, la quantité que je ne pouvois ÿ décompofer étant petite, je me procurai bientôt un vaifleau de cuivre qui contenoit environ trente-fix onces mefures d’air ; & n'ayant maintenant d’autre objet que de découvrir l'efpèce d'acide que j'obtenois, j'y fis plulieurs expériences ; & après chaque dix ou douze explofons , je raflemblois toute la matière liquide que je pouvois trouver E qui éroit affzz confidérable & à-peu-près égale au poids de l'air, parce que celui-ci avoit été renfermé au moyen de l'eau, La liqueur que je me procurois de cette manière étoit toujours d’un bleu ou vert foncé, étant évidemment une diffolution du cuivre. Mais elle conrenoir encore une exubérance d'acide, puifqu’elle tournoi en rouge la reinture de tourrefol. Outre cette liqueur bleue il y avoir souiours une. quantité de cuivre qui paroifloit rongé, puifqu'il écoic Tome XXXIII, Part, Il, 17884 AOÛT. 106. OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, diffous promptement & en entier par l'alkali volaril, de même qu'il arrive au cuivre très-divifé, Dans ces expériences-ci je me fervois rantôt de l'air déphlogiftiqué de Ja manganèle, rantôt de celui du précipité rouge, rantôt de celui du minium , comme les plus purs de tous. M'ayant été très-obligeamment fournis par M, K:ir, on peut bien compter fur leur prépatarion. Il ne me parut pas néanmoins y avoir d'autre différence dans les liqueurs produites au moyen de ces différens airs dèphlogiftiqués que celle de la nuance de leurs couleurs : celle qui provenoit de l'air déphlogiftiqué de la‘ manganèle éroit du bleu le plus foncé & celle de Fair déphlogifiqué du minium étoit de la nuance la plus légère ; différences qui pouvoient ctre accidentelles, M. Keir m'aida à examiner ces diflolurions de cuivre: 8e je trouvai aufi-rôt, au moyen d'une diffoluion de rerre pefanre dans l'efpric de fel, ue dans aucun de ces cas ce n'éroit point l'acide virriolique. Comme le réfidu fec de l’évaporation n'altéroit pas l'humidité de Fair, j'avois déjà contlu que cet acide nétoit ni nitreux ni marin: mais M. Keir n'apprend que cela arrive parfaitement aux folutions de cuivre , faturées d’efprit de ritre. Le doéteur ihering qui eut la bonté de faire l'examen de quelques- unes de ces liqueurs , car n'érant point accourumé à ces fortes d’analyfes , je l'en avois prié, retira de celle qui avoir été le produit de l’aie déphloniftiqué du minium , des criflaux de nitre; & ïl eut encore d’autres indicaticns de la préfence de l'air nitreux : de mauière que je fas convaincu que c'étoit cet acide qui {e formoit dans toutes ces expériences. ï J'eus une nouvelle preuve que c'éroit l'acide nitreux, quand, pour avoir de cette liquétir qui fur, aufi peu que pofhble, faturée de miéral, ayant employé un vaifleau de fer-blanc , je m'apperçus qu'après quelque tems, quand l’étain fut très-corrodé, car à chaque procédé il s'en dif- folvoit beaucoup, la liqueur qui d'abord éroit fans couleur, fe trouvoie teinte en rouge. Dans toutes ces expériences , je fs ufage de lair déphlogiftique du minium. Comme les deux efpèces d'air qu'on emloyoit dans ces expériences étoient extrêmement pures, il paroît évident que l’air déphlogifliqué ne- contient pas tous kes élémens de l'acide nirreux , mais qu'il lui fournie feulement une bafe. L'air déphlooiftiqué , qui , dans l’importante expé— rience de M. Cuvendish, fut employé en proportions plus grandes, fourniffoir le principe d’acidité, comme je l'ai conje@uré dans le dernier volume de mes Expériences , page 404 En outre > quoiqu’on ne pût exclure tout air phlogittiqué dans ces expériences où l'on seit fervi de la pompe pneumatique , on ne peut faire , avec fondement, certe obje@ion: f ur : ; AN à à celle où cetinflrument n'a pas été employé : & dans celles-ci, la vapeur SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 107 qui fe condenfe doucement & dont il a été fair mention plus haur, paroît être une marque certaine que le produit n'eft pas feulement de Peau pure; mais c’elt une réponfe fatisfaifante à l’obiection qu'on tire de la prétence de l'air phlogittiqué dans le tube, que certe efpèce d’air n'eft pas décompolée ni même du tout affectée par ce procédé, comme on peut s’en convaincre en en mêlant avec les deux autres fortes d'air. Il paroîtra probable qu'il entre une partie confidérable d'eau dans Pair déphlogiftiqué , fi l’on confidère que dans mes expériences précédentes; il paroifloit qu'il en éroir de même de l'air inflammable, L'on ne peut fe procurer cet air fans eau ; & je puis maintenant dire qu'il en eft de même de l'air fixe. Il eft donc probable que cela eft également vrai de toure autre efpèce d'air, puifqte l’eau eft empioyée, pour tous, à les produire. La rerre pefante aérée , fubftance que le doéteur Wiuthering a parfai- tement analylée, ne donne point d'air par la feule chaleur; mais je trouve, que quand on y envoie deflus de la vapeur d’eau, la tenant échavfiée au rouge K dans ua tube de terre, il fe forme avec rapidité une grande quantité d'air fixe, K autant que quand elle eft iffoute dans l'etprie de fel. Faifanc l'expérience avec leplus grand foin, je trouve que l'air fixe contient la moitié de fon poids d’eau, Au moyen de la vapeur d'eau, j'obtins de 2 onces de terre pefante 199 onces mefures d'air fixe, fi pur que J'en réduits 150 onces melures, par l'agiration dans l’eau , à 3 +, & les 30 dernières onces mefures furent réduites à une. Examinant le réfilu de la première portion par le moyen de l'air nitreux , je crouvai qu'il marquoit à l'éj reuve 1.5. Après cela, donnant attention à l'eau employée dans l’expérience, je trouvai que je me procurois 3 30 onces mefures d'air fixe avec la perte de 169 grains d'eau. En conféquence, comme l'air pefoit 294 grains, l’eau contenue dans l'air fixe doit avoir été de 6O parties {ur 137 du tour, Dans une autre expérience ayant trouvé que 3 onces de terre péfante fournifloienc environ 150 onces mefures d'air Axe, je tins feulemenc compre de la perte de l'eau , & je rrouvai qu’elle étoit environ du cin- quième d'une once, dans deux épreuves fuccellives. La quantité d’air fixe auroit pelé 225 grains, & l’eau employée environ 100 wrains ; fi bien que dans cette expérience encore, l'air fixe devoit contenir environ une moitié de fon poids d'eau. Que l’eau entre dans la compofition de l'air fixe, & ajoute confidéra- blement à fon poids , c’eltencore rendu probable par la diflolution de la terre pelante dans l'efprit de fel;-parce que, quand la diffolution eft évaporée jufqu'’à ficciré, & ile réfidu expofé à une chaleur rouve , le poids de l'air & celui de ce réfidu excède celui de la fubftarce qui les a fournis. Or, il eft probable qu'une chaleur rouge doit en faire fortir cout l'acide marin qsi pourroit y adhérer. Tome XXXIIT, Part. Il, 1788. AOUT. O 2 0 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Quarante-huit grains de terre pefante difloute dans l’efprit de fel , évarorée enfuire jufqu’à ficciré & expofée à une chaleur rouge, perdirene 4 grains & cédèrent 8 onces mefures d'air fixe, qui auroient pefé 7,2 . grains: conféquemment les crois feptièmes du poids de l'air étoient quelque: chofe qui avoit été gagné dans le procédé, & c’éroit probablement de l’eau. L'accord des réfultars de ces expériences eft remarquable & rend À-peu- près certain qu'aucun acide marin n'eft retenu dans la terre pefante quiy a été diffoute, après qu'elle a été expofée à une chaleur rouge; que la formation de l'air fixe emporte une partie defl’eau du menftrue; & que cette partie du poids eft environ une moitié du tout. Je dois obferver que dans la fuppoftion que l’eau entre dans toutes les efpèces d'air & eft, pour ainfi dire, leur propre bafe , fans laquelle ils ne peuvent exifter, ce que les expériences précédentes rendent extrême- ment probable , il eft inutile de fuppofer , comme j'ai moi-même fait avec d’autres , que l’eau eft compofée d'air déphlogiftiqué & d'air inflam- mable, ou qu’elle ait jamais été compofée ou décompofée par aucun de nos procédés, I n'eft pas probable que l’eau foit décompofée, quand on fe procure l'air inflammable du fer au moyen de la vapeur ; puifqu’on peut très-bien fupsofer que le principe inflammable vient du fer; & que le furplus de poids, acquis par le fer , peut être attribué à l'eau qui a déplacé ce prin- cipe. Ainñ quand on échauffe, dans de l'air inflammable, l’écaille du fer ou le frailil, il abandonne ce qu’il avoit gagné, c'eft-à-dire , l’eau. L'objection la plus plaufible à cette hypothèfe, c’eft que le fer gagne la même addition de poids & devient la même chofe, foit qu’il foic échauffé en contaét avec de la vapeur , ou entouré d’air déphlopittiqué. Mais il paroît par les expériences précédentes , que la plus grande partis du poids de l'air déphlogiftiqué eft de l’eau ; & la petite quantité d'acide quil renferme , peur bien entrer dans la formation de l'air fixe qu’on trouve toujours dans ce procédé. Car, il n’eft pas invraifemblable de fuppofer que tous les acides peuvent fe convertir les uns dans les autres, au moins l'acide nitreux eh air fixe, quoique nous n’ayons encore aucun procédé pour le faire. I eft bien évident que la nature fair, à cet égard, ce dont nous fommes incapables. Dans mon dernier volume d'Expériences, je rapportaï les particularités d’une dont le réfultat paroifloit contredire celle-ci faite avec les écailles de fer & l'air inflammable ; car échauffant le précipité rouge dans de l'air inflammable, je ne trouvai alors que peu ou point d'eau; mais avec plus de précautions, j'ai enfuite trouvé qu'elle fe trouvoit dans ce procédé en affez grande quantité; quoique même l'air inflammable eût été préala- blement féché au moyen du fel ammoniac. Dans cette expérience, je difcontinuai le procédé après l'abforption de 3 onces mefures d'air, SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. tog Haïffant dans le vaifleau place pour que l'humidité püût aifément être recueillie. Avec cette précaution & celle de chaufler le vaifleau , je recueillis entre un demir & trois quarts de grains d'eau. Cette expérience peut paroître défavorable à mon hypothèfe préfente, puifqu'ayant avec foi exclus toute l’eau , on en a trouvé , néanmoins, une fuffifante quantité. Mais fans tenir compte de l’eau qui eft nécelfairement partie conftituante de l’air inflammable , pourquoi ne pas fuppofer que le précipité rouge, dans fon état de ficcité le plus grand, contient de Feau , aufi bien que les écailles de fer qui fupportent le plus grand deoré dé chaleur, fans s’en féparer. Le précipité rouge eft fait par une voie humide , & l’eau qui peut entrer dans fa compoftion , comme chaux, peut donc le quitter, quand il repañle à l’état métallique. ii Je prendrai la liberté d’obferver encore que laiffanc de côté la do&rine de la décompoñtion de l'eau , celle du phlogiftique , prefqu’univerfelle- ment abandonnée depuis les dernières expériences fur ledu, pourra, d'autant plus aifément, fe défendre, que tous les faits nouvellemene découverts font expliqués plus aifément par fon moven. Si l’eau n'eft point décompofée, les méraux & le foufre doivent certai- nement donner de l’air inflammable, quand, dans un état de chaleur rouge, on fait pafler fur eux de la vapeur d'eau. Hs ne peuvent donc point être des fubftances fimples, comme le prétend la théorie anri- phlogiftique. La nième chofe en outre , dont ils fe féparent , favoir, l'air inflammable, ou plutôt ce qui refte de l'air inflammable quand on en foutire l'eau , & qui peut tout aufli bien être appelé phlogiftique qu'autre- ment; cette même chofe peut pañfer à d’autres fubftances & concourir à la formation des métaux, du foufre & du phofphore ou tout autre chofe qu'on a dit contenir du phlogiftique. Ce phlogiftique encore qui a de la pefanteur correfpond parfaitement à la définition d’une fubftance qui a certaines affinités au moyen defquelles on la fait pafler d'un corps dans un autre , de même que les différens acides. S'il n’exifte pas un principe tel que le phlogiftique , qu’on puiffe faire pafler d’une fubftance à une autre ,il faut néceffairemenr admettre que l'air inflammable du foufre eft du foufre& de l’eau, celui du fer, du ter & de l’eau, aufi bien que cette fubftance très-différente , l'écaille de fer. Et puifque le cuivre, ainfi que tout autre métal, peut être formé de l'air inflammable du fer, &c. tous les métaux pourront être convertis les uns dans les autres. Au moins pourra-t-on dire , que toutes les parties confti- tuañtes d’un métal pourront f bien s’incorporer avec celles d'un autre ., qu'aucun eflai ne pourra les découvrir. De même, du fer fait avec Pair inflammable du foufre, devroit , dans certe hyporhefe , avoir les propriétés du fer mêlé avec du foufre; ce qui certainement n’eft pas. Une bypothèle embarraflée de ces difhicultés ne doit point être admife ; puifque celle so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du phlogittique elt extrèmement fimple, & qu'elle elt, autant qu'il paroîc, d'une application univerfelle, La découverte que la plus grande partie du poids de l'air inAammable, aufli bien que des autres fortes d'air ;'eft due à l'eau , ne rend pas moins propre Fufage du mot phingilique ; car il peut toujours être donné à ce principe, ou cette chofe, qui s’'uniflant à l'eau, forme l'air inflammable; de mème que le terme de principe oxigéne peut s'appliquer à cetre chofe qui en s'incorporant avec l'eau , en fait l'air déphlogiftiqué, De même que dans l'air déphlogiftiqué, il y a quelque chofe qui femble être le principe de l’acidiré univerfelle, je fuis toujours porté à croire, camme je lai obfervé dans mon dernier volume d'expériences , que le phlogiftique eft le principe de l'a/kalinité , l’on peut employer: certe expreflion ; & cela fpécialement pour la raifon que l'air alkalin peut être changé en air inflammable, à En faifanc les expériences dont je rends compte ici, je me fuis plus complertement rendu éompte de ma première méprife , en fuppofant que Pair xe évoit un des produits néceflaires du minium & de la nanganèfe. Je trouve que ces deux fübftances ne donnent d’elles-mêmes que de l'air déphlooiftiqué & même du plus pur; tout l'air fixe que j’eus dans mes premières expériences ; dut venir du canon qui me fèrvit, & qui ayant donné de l'air inflammable, a pu ainfi donner lieu à l'air fxe qui s'eft formé de l'union de cet air avec le déphlogiftiqué ; car quoique l'aic déphlogiftiqué da minium für G pur , que, mêlé avec deux mefures d'air nicreux , les deux mefures étoient réduites à parties d'une mefure, & que cette fubftance, échauffée dans un rube ou retorre de terre, ne donnoit pas du rour d'air fixe; cependant, en mêlant avec elle de Ja limaille de fer ou-de la manganèfe, comme j'avois fait avant avec du précipité rouge , jeu$ plus ou moins d'air fixe à volonté, & quelquefois, pas du tout d'air déphlopiitiqué. RTE SUR L'HIST\ NATURELLE ET LES ARTS. 1m. 4 MÉMOIRE ‘SUR DES FLEURS DONNANT DES ÉCLAIRS; Traduion di Suédois de NI HAGGRENS Leëeur d'Hif Naturelle, par M. GEVALIN. TC = 5 A NIer par hafard en 1733, en foible éclair fur le fouci (caleadula officirralis ), je réfolus de faire des obfervarions exadtes fur ce phénomène. Pour être sûr que ce n'étoit pas une illuñon , je placai un homme près de moi, lui recommandant de faire un fignal au moment qu'ilobferveroit la lumière, J'ai voujours trouvé quil voyoic l'éclair au mème inflant que moi. j Cerre lumière elt plus vifible dans les foucis d’un jaune couleur de feu, mais prefqu'imperceprible dons les pales. On peut fouvent voir l'éclair fur la même fleur deux ou trois fois de fuite, mais fouvent on ne l’apperçoit qu'après plufieurs minutes; & si] arrive que plufieurs fleurs placées dans le même endroit, faflent voir l'éclair en même-rems, on peut le remarquer de loin. On cbferve ce phénomène dans les mois de juillec & d'août au coucher du foleil & une demi-heure après! fi Parmofphère elt claire ; mais quand elle eft pleine de vapeurs humides & qu'il a faic de la pluie pendanr le jour, on ne peut rien obferver. - Les fleurs fuivanres font voir l'éclair plus ou moins fort dans cet ordre: 1°. le fouci, 2°. la capucine (sropæolum majus ), 3°. le lys rouge (lilium'bulbiferum), 4°. les œillets d'Inde ( ragetes patula & erela) ; je l'ai auf remarqué quelquefois fur le rournefol ( kelianthus annuus ) ; mais le jaune couleur de feu eft en général néceffaire pour faire voir cette lumière, parce que je ne l'ai jamais obfervée fur Les fleurs d’une autre gouleur. | î .… Poux découvrir fi quelques petits infeétes ou vers phofphoriques er étoient la caufe, jen at faic.la plas exacte recherche avec de bons microfcopes, fans jamais pouvoir les trouver, Or. peut d’après la célériré de Papparition de cerre lumière, conclure qu'il y a quelque chofe d’électrique dans ce phénomène ; on fait que dans Je moment où le pillil d'une fleur eft fécondé,, le pollen crève par fom élaficité, cela m'a fait croire que l'électricité même éroir liée avec certe &fticité, mais-après avoir obfervé l'éclair fur le lys rouge où Les anthères font aflez éloïerées des pétales, j'ai rrouvé que la lumière étoir {ur les pétales nênes & non fur les anchères. Cela m'a donc fair croire que cette lumière électrique étoit caufée par le pollen qui en crevant fe jette par-tout fur les pétales. 152 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, re TROISIÈME VOYAGE MINÉRALOGIQUE FAIT EN AUVERGNE; PAR M MONNET. No Us commençâmes ce troifième voyage en repaflant par Montaigu, & prenant à gauche en pañlant le pont, nous fuivimes la grande route qui conduit à Befle. Dans les premières montées, nous apperçûmes bientôt que le granit difparoifloit pour’ faire place au fabie & à la pierre tufacée, qui sy montroient en quelques endroits par couches irrégu- lières. Mais ce qui nous frappa fingulièrement enfuire, ce fur de voir paroître le granit comme par bancs alternativement avec cette pierre. Cependant ayant trouvé un peu plus haut une excavation d’où l’on avoit tiré la pierre, & affez grande pour me permettre de confidérer à mon aife cette forte d’arrangement extraordinaire, je vis que cette pierre fableufe calcaire, étoit comme nichée dans les enfoncemens du rocher de oranir, & que les parties fupérieures de ce rocher s’avançoient comme un toit par-deflus cette pierre. Ce qui me fic voir, me femble, que ce n'eft qu'après que ce granit a été excavé ainfi , que les eaux rempliffant tout ce terrein, c'eft-à-dire, cout lé fond qui eft entre cette grande élévation de terrein & Montaigu, que la matière pour former cette pierre eft venue y loger. Il me refta néanmoins une grande difficulté encore à expliquer, c'eft de favoir comment dans un plan très-oblique, pour ne pas dire droit, cette terre a pu venir fe loger dans ces ouvertures, & fe main- tenir dans l’eau à cette hauteur plutôt que de fe précipiter dans le fond de la vallée. Je ne pus trouver la folurion de cette difficulté qu’en fuppofant que la terre n’étoit pas alors dans la poftion où elle eft aujourd'hui, mais qu'elle étoic inclinée de manière que ce qui fe trouve droit maintenant étoit alors couché. Je ne fuis pas le feul, à la vérité, parmi les Minéralogiftes qui ait été arrêté par cette fingularité, On voit, entr'autres, le célèbre M. de Sauflure dans fon voyage des : Alpes, embarraffé de même pour expliquer la formation des couches obliques de pierre calcaire qui font adoflées contre les premières montagnes de la Suifle & des Alpes. La différence cependant qu'il y a entre le cas rapporté par M. de Sauflure (1) & le mien, eft que les couches dont je (1) On peut encore voir dans l’'hiftoire de mon voÿage fait dans la Thiérache,, inféré dans ce Journal, tome XXV , la forme & la difpolñrion des couches de marbres parle |: 14) US HIEN REE ER + + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS) ‘113 parle fonc horifontales dans leur trou, tandis que celles donc, parle le Mavant Génevois font wbliques & vont de bas ea haut, tout au long des montagnes. Quelques-unes des excavations dont je parle, garnies de couches calcaires, me parurent n'avoir pas plus de fix à fept pieds de lonpueur &c trois de hauteur, & d'autres moins. Quant à la profon- ‘deur , j'en pus encore moins juger , comme il eft aifé de de fentir, étant remplies de ces pierres. Celle que j'avois trouvé ouverte & qui m'avoit “fait juger de l’arrangement de toutes, ne l’éroit pas aflezencore, pour que je puile voir jufqu'au fond. En continuant de monter, nous ne tar- dâmes pas à perdre cet ordre de vue, & à ne voir que le rocher de granic feul &'pelé. Nous parvinmes fur une belle plature, couverte de terre labourable , où fe trouve un village qu'on nomme Ringa. Là la vue eft frappée agréablement par une fort vafte montagne très-platte à fon fommet;, qui fe trouve à gauche du chemin. On la nomme la Chaux de nee Certe montagne elt fingulièrement remarquable, en ce-qu’elle éft bordée tout autour de fon fommet , à qui on donne plus d'une demi-lieue de longueur, de colonnes bafalriques , dont l'arrangemenr eft très-beau , & aufli réguliecqu'on en puifle voir en Auvergne. C’elt une colonrade circulaire, formée! par de fort hautes colonnes emboîcées les unes dans les autres, & qui forment un des plus grands enrablemens bafalriques qu'il y ait peut-être au monde; car il a à-peu-près une lieue & demie de circonférence, On y peut diflinguer routes les variétés des formes & dés figures qu'on eft accoutumé de voir dans ces fortes de colonnades. On y peur oblerver des accouplemens particuliers repréfentant des jeux d’orgues ou/comme des faifceaux d'armes demi:penchés. On voit bientôt enfuice æn‘fuivant la grande route une autre montagne, mais fort. petite en comparaifon de celle dont elle:femble étre dérachée ; elle eft en pain de fucre, &'femble être un peu peñchéeipar côté. On la nomme la mon- tagne du Creft , du nom d'un petit village qui en occupe la croupe. On ne peut que s’étonner qu'on ait bâtiun village dans une poñtion fi peu commode, & qui femble devoir être écrafé à tout moment par:ies pierres bafaltiques en coionnes qui font à la pointe de la montagne, qui s’en détachent facilement; mais c’elt queile terreau y eft excellent , étanc le réfulrac de la deftruction des laves qui rendent les terres fi fertiles dans toute l'Auvergne, Gependant on a devant foi à l’oueft, & non loin de-là june montagne d’une forme & d'un afped bien différent: c'eft [a montagne de Sant- Pierre: Colamine , connue pour la plus crifte & la plus hideufe: de l’Au- 4 = qui forment les hauteurs qui font derrière Givet & le petit Givet. On y verra que ces, couches font prefqie droites , auf bien que les bancsdes carrières d’auprès de Clermont, pays de Liège. Tome XXXIIT, Pare, IT, 1788. AOUT. P 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vergne. Cette montagne , remarquable de fort loin, frappe la vue défagréablement de tous ceux qui montent ou qui defcendenr à Befle, On n'y voit que laves fcoriées, bourfoufflées, rougeâtres & cendrées , enrafiées ou roulées les unes fur les autrés, en‘un mot, une montagne horrible- ment déchirée, & l’on reconnoît tout de fuite que c’eft un des volcans les moins anciens de l'Auvergne, On y reconnoît encore les bafes de laves , defcendues dans la vallée au fond de Coutenge qui eft au-deffous à left. C’eft lt que nous fuivimes , après avoir examiné certe hideufe nontagne. melure que nous defcendions dans cette vallée, nous voyions les courans de laves s’épaiffir à proportion fans doute de ce qu'ils fe refroidifloient dans l’eau. Ces coulées en hauflent tellement le fond, & les laves bourfoufflées & hériffées, qui femblent avoir roulé ainfi de la montagne, le garniflent tellement, qu'on n'y marche pas comme on veur. Le fentier fe détourne fouvent, & fuit les tortuofirés que tracent ces laves entaflées, Heureufement qu'on voit ces courans diminuer à proportion qu’on s'éloigne de Coutenge & qu’on s'avance vers un très-grand village, qu'on romme Sauriers, éloigné du premier d’une bonne lieue. C'eft un exemple du contraire de ce que nous avons obfervé dans la vallée de Chambon , où nous avons vu la lave s'épaifir à mefure qu'on s’éloigne des montagnes du Mont-d'Or, Le fond n’eft pourtant pas fi fférile qu'on pourroit le croire d’abord. On eft tout étonné de voir entre les roches, près de Coutenge, de fort bons petits jardins , des vergers, & auprès de Sauriers des vignes & de beaux noyers, ce qui fait appeler cette vallée, la petite Limagne, Elle reçoit un peu au-deflus de Sauriers , par un canal très-étroit, taillé à travers le granit, la rivière qui vient de Befle, & donc Vorigine, comme nous l’avons vu, elt au lac de Paven. Au-deflous de Sauriers la vallée fe refferre extrêmement, & on ne voit plus à droite & à gauche, que le rocher de granit, qui s'élève perpendiculairement {ur la rivière, ce que l’on voit jufqu'auprès de Saint-Floret,. autre très- grand village & fort peuplé a l'entrée dela vraie Limagne , & de cette autre vallée bien plus large, plus grande , où fe trouve Saint- Cirgue, Saint-Vincent, Meilhaud & Chidrac. Mais avant de fuivre cette nouvelle vallée , qui fe détourne à droite, & fe dirige de l’oueft à l’eft, nous faifons remarquer deux fources d’eaux minérales, qui fe trouvent l’une à droite & l’autre à gauche de ces rives. La pluie qui tomboit alors ne m'auroit pas permis de m’arrêter , fi le bouillonnement d’une de ces eaux, qui fourcilloie fous mes pas, fur le fentier très-étroit pratiqué für le rocher que je fuivois ; n’avoit flxé mes regards. Ayant pris de cette ‘eau, dans fon trou enduit d’ocre jaune, pour la goûter, je la trouvai très- minérale & très-piquante. La noix de galle l'ayant colorée en un vin foncé, je m'applaudis de ma rencontre & oubliai que je me mouillois. Je. me propofai au(i-tôt d'en envoyer prendre pour l’analyfer, comme j’avois fait des autres. Un peu plus bas nous apperçûmes l'autre fource dans le us SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 115 côté oppofé, par d’immenfes dépôts ou ftalagmices calcaires, qui accom- pagnoient l'eau qui tomboit dans la rivière. Nous apprimes que cette eau eft celle qui eft connue fous le nom d’eau minérale de Saint-Florer ou de Rimbolt , du nom d’une mafure de château qui eft par deus, & qu'elle a quelque réputation dans le pays parmi les perfonnes qui prétendenc guérir les autres. Ayant aufli analylé cette eau, je vais, felon mon ufage, en rendre compte ici. La première que je nommerai du fentier, pour la diftinguer de la feconde , n1'a donné fur 12 livres, verre calcaire, 3 gros; fer, 4 grains; fel alkali minéral & fort lixiviel, 1 gros & demi. La feconde m'a fourni fur la même quantité, terre calcaire, 2 gros & demi; {el alkali fort jaune & fencant fort la leflive, 2 gros; & fer, 4 grains. On voit par-là que ces eaux font fi peu différentes l'une de l’autre, qu’elles peuvent pafler pour la même, quoiqu'elles ne fortent pas du même côté, Dès qu'on eft forti de la gorge très-étroite & très-profonde & taillée de même dans le granit, qui eft au-deflous de Saint-Florec , on voit devant foi à gauche du cours de la rivière, la très-grande & très-vafte montagne qu'on nomme le Puy de la Velle, du nom d’un village qui eft placé fous l'entablement de {a colonnade bafalrique, laquelle efteerès- remarquable & très-belle du côté de.cette vallée. Cetre montagne a tant de reflemblance de ce côté à celle de Coran & par la forme de fon Bamboits Mowsieur A Les Mémoires que j'ai lus fur la phyfique des airs, ou fluides aériformes ; inférés dans vôtre Journal, m'ont donné l’idée de mettre à quelques épreuves l'air que contient l'arbre du bambou, qui eft creux, & dont les tiges , qui ont environ quarante & cinquante pieds de hauteur, fur trois, quatre & cinq pouces de diamètre , renferment peut-être trente pintes d'air, non combiné, & jouiflant de fon élafticité. Ma première expérience a été de fcier un bambou, le tenant dans une pofition verticale, & d’y introduire une bougie : elle’ s’eft éteinte en y entrant, Dans une pareille expérience, elle s'eft éteinte. foisante-deux fois ; le vuide du bambou contenoit deux pintes, J'aiauñi introduit de la même manière & à différentes fois des fouris dans des bambous, elles ont paru peu fouffrir ; une feule a été quelques fecondes fans mouvement : elle n’a pas tardé à reprendre fon agilité, IL ma paruque cet air des bambous méritoit l'attention des Phyficiens, parce que, fuivanr les Ouvrages que j'ai eu occalion de lire fur les différens gaz , il paroït certain, qu'ils font toujours produits, où par fermentation , putréfa@tion , diflolution , décompofition , ou com- buftion, &c. qu'ils font toujours combinés & dans un état non élaftique, avant d'être extraits des corps. : Dans le bambou il exifte un gaz qui n’eft produit par aucun de ces moyens, qui n'eft pas combiné , & qui jouit de fon elafticité : je le crois un air fixe, foibiement méphitifé, ou air phlogiftiqué. J'ai prefque cru que l'air des bambous pourroit fervir à éclaircir l’incer- titude qui partage le fentiment des Phyficiens fur l’air des végétaux : j'ai lu un Mémoire de M. Inzen-Houfz dans le Journal de Phyfique, 1784, premier volume, page 443 ( le dernier que j'ai lu }, que l'Auteur de ce Mémoire admer que les végétaux afpirent & exbalent ua fluide Jimbandmessn. SUR: L'HIST. NATURELLE) ET, LES: ARTS. -13r aérien, & que MM. Prieñley & Cavalo niene toute:émanacion d'air des Végétaux. | Va Je ne crois pas inutile, Monfieur, de . vous dire quelque chofe fur l'hiftoire-naturelle du bambou , pour ce qui a rappozr à fon air. Le bambou pouffe comme une afperge , & parvient à une hauteur de vingt-cinq à trente pieds dans environ lix femaines où deux mois; fes branches latérales ne font point encore dévelnppées à cer âge; mais 11 «ft alors de la groffeur qu'il doit être, & aufi creux, K contenant le gaz dont j'ai parlé ; l’afperge du bambou n'a point de vuide.lorfqu'elle n'a qu'un pied environ hors de terre, je le regarde en cet état comme un œil ; un bouton qui doit fe développer. Le creux des bambous eft moins grand depuis la terre jufqu'à cinq à fix pieds, que dans une plus grande hauteur ; les nœuds font aufli plus rapprochés près de terre, quoique fa groffeur foit la même jufques vers le milieu de toute fa haureur ; elle diminue enfuite. f La cloifon folide qüi fépare à chaque nœud le creux, du bambou .eft concave dans la partie fupérieure, & convexe dans la partie qui regarde la terre. Cette obfervation m'a paru intéreflante : fi l'air étoic plus pefant, il feroit facile d'imaginer que fon poids a pu rendre concave cette cloifon dans le rems que le bambou éroit encore tendre. Les parois de l'intérieur du bambou font tapiffées d'une:éfpèce de duvet qui n'eft point adhérent: & qui fe détache facilenæntis ci 165 3 Le bambou mis fur le feu fe fend' avec: bruit, par: lexpanfon de fon air. Il me paroît néceflaire que je fafle une obfervation furl’article Bambou dans le Dictionnaire favant & urile-de M. de Bomare;- parce qu'il peut faire naître des objections mal fondées {ur l'air du bambou, : ‘M: de Bomare, dans: fes’ deux ‘éditions de:1768-& 177$, dit en parlant du bambou : « Son bois-eft .creux:1& moëlleux en dedans», Un peu plus loin cer Auteur ajoute : « Lorfque fes jets fout tendres & » nouveaux , ils font d'un verd-brun ;prefque folides, contenant une » moëlle fpong'eufe que les Indiens fucent avec avidité à caufe de fa » faveur agréable ». ARTS Il femble (d’après ce dernier paflage fur-tout) que le bambou eft plein d'une moëlle fpongieufe ( & fuçculente fans doure, puifque les Indiens la fucent}, en pourroit alors expliquer la formation de l'air que contient Le bambov, en difant, qu'il fe dégage de la moëlle, lorfqu'elle fe defsèche, en vieillifflant, comme cela arrive aux calebaffes , dont la pulpe en fe pourriflane & fe féchant , remplir les calebaffes sèches d'un gaz très- meurtrier; mais nos deux .ou,trois efpèces de bambou nent point de mMoëlle, ils fonr! creux , tendres comme vieux. Va rs Ikeftitrès-poffible qu'il y,air des efpèces de bambou, tel. que M. de Tome XX XIII, Part. II, 1788, AOUT, R 2 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Bomare le décrit. Les nôtres ne me'paroiflent pas être non plus celui qui produit le tabaxir des anciens : j'ai fouvent goûté un-mucilage qui fort des jeunes bambous , tendre & coupé, il m'a toujours paru nullement fucré, & même fans faveur quelconque. Sur ce que M. de Bomare dit dans le même article que je viens de citer en partie, que les Auteurs de la matière médicale penfenc Que la rareté & fa pere même du fucre du bambou vient, de ce que Fon ne laïfle plus vieillir le bambous; j'at examiné avec attention no$ bambous depuis leur naiffance jufqu'à leur mort naturelle, je n'ai jamais vu aucune apparence de tranfudation de Fiqueur fucrée ; ni fucre en larmes: il:y a tour lieu de croire , comme je Vai déjà dit, que nous n'avons pas le bambou dont parle M. de Bomare; & il m'a paru néceflaire d'en faire l’obfervarion à caufe de l'objedtion qu'on pouvoit faire fur la production de l'air que le nôtre contient. Voilà, Monfieur, une bien longue Lettre, pour laquelle j'ai grand befoin de l'indulgence que les favans accordent prefque toujours à ceux “@ui ont point de prétentions au favoir, J'ai l'honneur d'être, &c. A L'Ile de Bourbon, le 8 Décembre 1786. > Noth.J'ailfait quelques expériences pour favoir fi l'air dans le bambou étoir dans un état de compreffion ou de dilatation : il m’a paru qu’il étoit dilaté ; mais on ne peut rien affirmer de mes expériences, qui ont été faites dans l’eau. Si cet air eft de l'air fixe , une partie a dû être abforbée par l’eau. Si j’avois un appareil au mercure, je voudrois faire cette expérience à différens âges du. bambou ,: & dans des températures diffé- rentes. ubtnil : AU Je me propofe d'examiner auffi les cloifons des bambous , Jorfqu’ils: font encore tendres, pour voir fi elles font dès-lors convexes & concaves.: L 1 L : T EXAMEN DR UE D'une difcuffion relative à léquilibre des Woûtes ; Par M. FREMBLEY, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris. M. L'ABgsé Frrsr, dansle /écord volume de fes Œuvres imprimées à Milan, en 1983, traite de l'équilibre des Voûtes, Il relève une prét tendue erreur de M. PAbbé Boffut qui a traité ce fujec dans les Mémoires SUR L'HIST, N'ATURELIE ET LES ARTS. - 133 de l’Académie Royale des Sciences de Paris , pour les années 1774 & 1776. Sa critique elt relative à un problème que M. de la Hire avoit déjà confidéré, & dont M, l'Abbé BGflut a aufi donné, en paflant, une folution fort fimple (arr. XX de fon premier Mémoire) , quoique cetre queltion ne foit d'ailleurs qu'une très-perite branche de la nouvelle théorie qu'il propole fur certe partie importante de la mécanique. Il s'agit de calcujer l'épaifleur que doivent avoir les pieds droits pour fourenir la pouflée d’une voûte en berceau , dans l'hypothèle confirmée par l'obfer- vation, que Jorfque les pieds droits font_ trop foibles, la voûte fe fend à-peu-près au milieu de Pelpace compris entre l'impofte & le fommer. Pour réfoudre ce problème en géréral, M. PAbbé Boflur fuppole que XZ, X'Z' fonc les joints de rupture, faifant des angles égaux avec l’hori- fon ; il mène par leurs milieux les perpendiculaires G Q , G’Q, qui fe rencontrent en Q fur l'axe Q O; il prend la ligne Q N pour exprimer la pefanteur de l'aire X Z CZ'X" cX qui agit fur les deux joints XZ, X/7'; il décompofe cette foice en deux autres QI, QS ; prifes dans les directions QG, Q G’. Cela pofé , il détermine les forces égales QI, QS, d'après le principe que lorfque trois forces QN, QI,QS font en équilib-e , elles font entr’elles comme les côtés du triangle que forment leurs directions, ou comme les finus des angles oppolés. Par-là, en nommant "2 l'angle GQ N , pour le rayon 1, il trouve QUES La même chofe a lieu pour l’autre côté de la voñte. C'eft cette dérermi- nation ou décompofition de forces qu'attaque M. l'Abbé Fifi. Cemme elle dérive immédiatement du principe fondamental de la décompoñtion des. forces concourantes en ur point, on peut déjà conclure à priori que l'objéction de l'Abbé Frifi doit être faufle. Mais, il eft aifé de prouver 4 poflertors qu'elle eft fauffe en effet, en examinant le procédé & le rai- Æonnement de l’Auteur. I] dit que QIn'eft pas l'expreffion entière de la force qui agit fuivant Q G ; que pour avoir cette exprefhon il fauc abaiffer ‘une perpendiculaire Nu, & que Qu=QN.cof."” eft l'expreflion cherchée , qui doit être fubilituée à celle de M, l'Abbé Boffuc, Il décom- pofe ainfñi QN en deux forces,, Qu, uN,. perpeodiculaires l’une à l'autre ; & il fait la même chofe de l’autre coté , en abaïflanc la perpen- diculaire N #”. Il ne fait pas attention-que tout l'effort repréfenté par QN portant néceflairement fur X Z, X'Z',la force Q N doit fe décom- pofer en deux forces agpiffant uniquement dans les directions Q G , QG. Or, par fa décompolñion , il refte deux forces Nu, Nu", qui ne font pas parallèles à QS &' QT:done le procédé de M. PAbbé Frifi eft imparaic, & fa méthode eit vicieufe, Il faur, pour complerter le pro- cédé, décompoler Nx en NI & ul: alors 2Q —QN, cof m, 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, uN=QN. fin. m; &(à caufe de IN parallèle à QG'),u1 = u N. cof.zm __ QN fin. m.cof. 2 m eee LOS BE EUON. fnim fin,2m È N fin. m. cof. cof. m. fin. 2 m — fin. m. co. CO RSR NET R RNN de BRU LM e tee fin. 2 m fin. 2m CRE RARE SO RERRES ce qui ef l'expreflion de M, l'Abbé x fin. 2 m fin. z m Boffut. La critique de M.l'Abbé Frifi eftdonc évidemment faufle ; &ctout ce 3 à d | QN.finam . :chapitre où il ne fait que fubftituer Q N. cof. A eue tombe de fin.zm lui-même. : L'objeétion qu'il ajoute pour prouver l’abfurdité de l'expreffion qu'il attaque ne prouve rien. 2 m—90°, dit-il, oz a fin. 2m—0, & l'expreffion devient infinie , ce qui efl abfurde. Mais fi l'on fait r— 00°, on doit faire Q N —u,parce qu’alors letriangle fondamental s’évanouit; & l'expreflion de M. l'Abbé Boflur devient ©, c'eft-à-dire | indéter- Le) minée , parce que la fuppoñtion , que les directions &es forces concourent, na plus lieu. Au contraire , la formule de M, l'Abbé Frifi eft remplie d'abfurdités : car d'abord, après avoir donné (pag. 60), l'exprelhon ; À N. cof. QN. cof. m, il donne ( pag. 64), lexprefion Q is 2Z effet dans le cas de m — 0, la première expreflion eft deux fois trop grande; mais il fait cette fubftitution, fans y être autorifé par quoi que ‘ce foit. Si l’on continue à rectifier fa folurion, comme nous avons fait, & comme il convient de le faire ; qu’on appelle G z la force que nous QN finm QN fn.zm 2cof.m autres, l'une verticale Gg, l’autre horifontale gh: on aura Gg — ; parce qu'en ayons trouvée — , & qu’on la décompofe en deux ;les deux GA cof. m —=——, & de même de l'autre côté, G'7 = z 2z forces horifontales égales 9, g' h’ rendent à renverfer Les pieds droits, non à les charger ; de forte que la prefhon verticale qu’ils fupportent eft N N fimplement G9+G'3 = = Fe dans tous les cas ils doivent porter la force entière Q N. La formule de M. l'Abbé Boflut, qui donne immédiatement ce réfüulrar , eft donc exacte: N.(cof-m)? N.icof. m)? celle de M. l'Abbé Frifi donne Gg SN Elo HQE 2 ainf les pieds droits porreroïenr, felon fon calcul, une charge exprimée ar QN.( cof. m ji ce qui n'eft pas vrai. Cependant M. l'Abbé Fri propofe cette formule comme bonne —Q N; ce qui eft évident ; car % SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 135 (page 64 ). Il eft également étrange qu'il foir tombé dans une telle erreur, & que le réfulrat ne l'ait pas détrompé. Comme cette erreur influe eflen- tiellement fur-la pratique , & qu’elle fe trouve répétée dans une note de l'éloge que M. le Comte Verri, de Milan, vient de faire de M, l'Abbé Frifi, l'on a cru devoir détruire une critique fi ma! fondée, On fe croit difpenfé de répondre à quelques raifonnemens vagues que faif M. Frifi fur ce qu'une force augmenteroit par la décompofition , &c. Les Géomètres favent qu'il faut toujours prendre la fomime des forces dans une même direction, & qu’il n’eft pas permis d’en négliger une partie. M, Frifi critique à-peu-près de même Jacques Bernoulli, la Hire, Couplet, &c. Mais il n’y a rien d’intéreflant à ajouter là-deflus, parce qu'il fe fonde toujours fur la mème théorie dont xous vénons de démontrer La fauffeté. € » 136 OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, SEE RES EE PE ATOME "PT COR SANS TROISIÈME LETTRE D'E M D'AW ID' LE R'O A M FRANKLIN, Sur la Marine & particulièrement fur les moyensde perfe&ionner la Navigation des Fleuves. Nonsrevue S'il y a quelque moyen de perfectionner une machine aufli compliquée que l'eft le vaiffeau, ou feulément la partie de cette machine qui appartient à fa voilure, c’eft, je penfe, en faifant fuccéder un affez grand nombre de fois, les expériences aux réflexions, & les réflexions aux expé- riences. En fuivant cette méthode pendant un aflez grand nombre d'an- nées j'ai rendu par degré ma nouvelle voilure en état de foutenir en mer les épreuves décifives qui en ont été faites fur le Naupotame, en 17873 & d’après Les réflexions que j'ai été à portée de faire pendant ces épreu- ves, je me dérerminerois à faire divers changemens aux deflins de voi- lure que j'ai donnés dans ma première Lettre. F Les remarques que ma navigation du Havre à Paris m'a fait faire, m'ont aufli fait naître les idées que je vais développer au commencement de celle-ci, & je la terminerai par un petit nombre d’obfervations fur celle que vous in’avez adreffée, qui contiennent fur la Marine des vues auf nouvelles qu'elles feront utiles. \ APRUTI COL ÆEUNPIRUEUN IVELRS, De l'ufage que les Habitans de la Capitale pourroïent faire des Naupotames, des Yachts, des Gondoles & des Canots. Les perfonnes qui jouiflant d'une affez grande fortune, ont une raifon à Paris, & une habitation fur les bords de la Seine, de la Marne, de l'Oife , font obligées de faire tranfporter un grand nombre de chofes au printems, de leur maifon de ville à leur terre; & à l'approche de l'hiver, elles font au contraire apporter des denrées, des meubles, & divers effets, de leur terre à leur maifon de ville. Au-deffus de Paris, fur la Seine, les coches d’eau offrent à cet égard quelques facilités; mais on ne les a ces facilités que dans un certain tems de l’année ; on ne les a pas fur la Marne, on ne Les a pas fur la Seine au-deffous de Paris, on ne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 ne les a pas fur l'Oife; & les diligences de Rougn, qui ne partent de Paris que toutes les fémaines, qui ne s'arrêtent pas à tous les lieux indiftinéte- ment, & qui ne font pas pontées comme les naupotames, laiflent , quand on en ufe pour ces tranfports, plufieurs chofes à defirer. Des naupotames depuis vingt-cinq jufqu’à trente pieds de longueur à la flottaifon , qui coûteroient, les plus petits 15 à 1800 liv., les plus grands environ mille écus , pourroient, felon moi, être infiniment utiles pour faire ces tranfports , promptement, à point nommé, & sürement pour les effets qu'on voudroir conferver en fe difpenfant du foin de les emballer. Ils pourroient encore fervir à tranfporter un grand nombre de domeftiques. En defcendant un marinier fufroit pour diriger leur route , en remontant un feul cheval les haleroit lorfqu'ils auroient le vent con- traire. [l y a donc tout lieu de croire que ces naupotames feroient pour un grand nombre de perfonnes un objet d’économie: rate le fous un autre rapport & comme des yachts. « Les yachts, dit M. l'Efcalier (1), font prefque tous légers, faits pour > la marche. Ils ont ordinairement deux mâts & la même voilure que lé » kerch, bâtiment anglois; lés plusconfidérables en onctrois & les mêmes » voiles qu'un vaifleau; mais leur mâture & leurs vergues font très-déliées, > onn'y voit que peu de poulies ; & Jeur gréement eft en général très- » lefte. Toutes les parties en font richement décorées de peinture, de » fculpture & de dorure. Leurs emménagemens font très-commodes, & » tout enfin dans ces petits navires eft foumis à l'agrément. » Le Roi & la Reine d'Angleterre ont chacun un yacht magnifique, » commandés, quand ils s'en fervent, par les premiers officiers généraux: » c'éroit le célèbre Lord Anfon qui commandoit celui de George IT, » lorfqu'il pafloit la mer dans fon yacht pour aller à Hanovre; les » marins les plus diftingués & les perfonnes qualifiées ou riches , font » conftruire de ces yachts , & s'en fervent dans la belle faifon pour >» faire de petits voyages en France, en Hollande , à Lifbonne », On vit même il y a quelques années , des anglois aller fur un navire de cent ronneaux de Calais à Rome, Ce fait que nous devons à ces habiles marins, contribue à prouver ce que j'ai avancé fur la poñibilité de prolonger affez haut fur les fleuves , la navigation des petits vaifleaux : j'en citerai ici un autre qui montre combien chaque jour ils s’affranchiffent des entraves qu'oppofe la routine aux progrès des arts. Ils font adtuel- lement des navires dont l'intérieur eft difpofé de la manière la plus favorable pour tranfporter des plantes (2). Pourquoi , à leur exemple, RTE EE NES PE (5) Zoyez fon Diétionnaire, (2) Je tiens ce dernier fait de M. Quenaï qui arrive de Londres, Il fe propofe de faîre ufage de mon naupotame , & d’en faire conftruire un de foixante-dix à quatre- vinpts tonneaux qui fera continvellement le trajet des Etats-Unis de l’Amérique à Paris, pour le fervice de l’Académie qu’il vient de fonder, Tome XXXIIT, Par. Il, 1788, AOUT, S -238 OBSERFATIONS SUR LEA PHFSIQUE, n'en-ferions-nous pas de fmblables ? Pourquoi les premiers, ne ferfons. nous pas des naupotames qui iroient chercher les plantes rares à l'Amé rique & dans d’autres lieux où elles croilfent, & viendroienr enfuite dans vie navigation dirette les dépofer au Jardin du Roi, Si les promenades für l’eau fonr les délices des anglois dont nous adoptons les goûts, comme ils faivent les nôtres , pourquoi encore , à leur exemple , n'aurions-nous. pas des yachts? Les perirs bârimens de cetre efièce, rendroient nos promenades à la campagne moins bornées: celles qu'on fair par terre, on le faît, ne s’entreprennenr pas fans inconvénient lorfque le foleil brûle l'horifon ; elles font fourmniles au nombre de chevaux & de voirures dont on peur difpofer , au chemin qu’on peue faire à pied fans fe fatiguer; & l’âge, ou les infrmités privent fouvene Sgalement quelques perlonnes, & de la force qu'il faut’ pour marcher long-rems, & des divers fecours qu’offrenr les chevaux, Lorfque vous ne pouviez , Monfieur, foutenir fans douleur , il y atrois ans, le mouve- ment d’une voiture de terre, vous fites à Pafly, dans le perit yacht (1) qui a fervi de modèle pour la ftruGure & la voilure de mon nauporame, une promenade aflez longue, qui parut vous être agréable, & qui nous donna , à vos amis & à moi, bien de la faristaétion. Combien de gens, foibles , infirmes , paralytiques , & forcés de garder continuellement leurs. foyers , ou de voyager, à caufe de leurs infirmités, triftement en litière. pourroient, s'ils avoient des naupotames, faire en quelques jours , fans. fatigue, des promenades de cent lieues fur nos rivières ® !_ Si on n’a fait que peu d'ufage jufqu'à préfent des petites voitures d'eau, € elt parce qu'on ne s'étoit pas aflez appliqué à rechercher quelle devoitêrre Îeur forme, leur voilure , la grandeur, la fituation qu'il falloit donner à la petite habitation qu'on y pratique, pour ceux qui s'y embarquent, afin qu'ils ne génent point la manœuvre des voiles, & n'en foient pas incommodés = c'elt parce qu’on n’a vu fur la Seine que des bateaux mael-propres, mal formés, ou des éanors faits comme ils doivenr l'être pour naviguer en mer,mais trop mobiles pour que les femmes s'y embarquent fans crainte. ’ Les Vénitiens nous offrent fur ces voitures , des exemples que nous devons fuivre: ils font les canots de leurs navires comme nous; mais leurs: gondoles, dont la marche eft fi rapide, leurs charmantes péotes font plates par deflous, comme mon naupotame , corame mon yacht, & om y navigue de même fans crainte. ÿ Si les gens riches qui habitent Paris, prenoient du goût pour les petites: (1) Ce yacht ef à préfent à Son-Altefle Sénénifime Monfeigneur Îe Duc- d'Orléans : on peut le voir au Raïnf, & mon naupotame appartient à Madame la. Duchefle de Kingfon : on le voit , dans ce moment , près du pont de Louis XL. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 voitures d'eau, comme ils ont celui des voitures de terre , la Saine lufieurs lieues au-deflus & au-deflous de cèrte capitale , {e couvriroit 4 gondoles , de péores, de yachts, de canots, de joles magnifiques. Elle ofriroir le fpectacle enchanteur de la Brinthe , & des canaux de Venife & de Hollande. Ceux de ces yachts qui feroient de trente à quarante tonneaux, pourroient donner de nouvelles jouiffances aux perfonnes qui ont de très-grandes fortunes, fur-tout fi elles avoient le goût de la peinture : la Seine depuis Paris jufqu'au Havre, offre une fucceflion prefque con- tinuelle de vues très pitorefques dont elles pourroient jouir & qu'elles pourroient faire deffiner ; & celles de ces perfonnes qui ne craindroient pas la mer, pourroient prolonger leurs promenades jufqu’à Cherbourg , aux îles qui font dans la Manche, & aux côtes de l'Angleterre. Les plus petits bârimens de certe efpèce , variés dans leurs’formes , & diftribués fur les pièces d’eau des jardins, en rendroient encore Îles vues plus piquantes & plus animées. Ils pourroient aufli rappeler à l'efprit des idées inréreffantes. Quelques mouffes dittribués avec art fur Tun de ces yachts, fuffiroient pour nous montrer l’arrangement des rameurs & des rames, dans la birème ou dans la crirême des anciens, On pourroit exécurer en petit fur ces pièces d'eau, le pros des îles des Larons dans la mer du Sud, f'admirable pour fa voilure, au rapport de lAmiral Anfon , les pyrogues qu'on trouve dans différentes mers, & le canot très-fingulier des groendandois, Les manœuvres que l’on feroit fur les plus petits de ces canots, qui pourroient n’avoir que douze à quinze pieds de longueur , & deux voiles feulement , feroient d'autant plus curieufes, d'autaut plas inftructives, que les pièces d'eau de nos jardins n'ayant pas de courant , on verroit ces canors, comme Les plus grands vaifleaux , aller au plus près, virer de bord vent arrière, vent devant , mettre à la cap, mettre en travers, & répérer fouvent ces manœuvres favanres, dont dépend quelquefois la vie des navigareurs , & que beaucoup de perfonnes qui ne les connoiflent pas lifent cependant fans intérêt, dans les voyages de Magellan, d'Anfon, de Cook, de Bougainville , & d'un grand nombre d'autres Marins qui ont rendu leurs noms célèbres. D: ces obfervations qui ont pour but en général, d’érendre Îe commerce de notre capitale, de répandre par tout le royaume , sil elt poffible, le goût de la marine, & de faire entrer au fervice de nos Vaiffeaux les hommes défœuvrés qui furchargent les grandes villes , je paile à quelques remarques fur la Lettre que vous n'avez adreflée. Tome XXXIIT, Part 11, 1788. AOÛT. $ 2 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; ANRITRIC IL ENMSVENG LOLN- D: Obfervations Jur la Lettre de M. FRANKLIN, @ particulièrement fur les moyens qu'il propofe pour préferver les Navires des accidens ou des caufes qui Les font périr au milieu des Mers ou fur des côtes. Il y a peu d'années, dites-vous, Monfieur, où on ne life dans les papiers publics, la relation de quelque vaiffeau rencontré à la mer, ayant plus ou moins d’eau dans fa cale, & fans qu'on y trouve ame qui vive. Cependant ces navires trouvés par d’autres, ont été fauvés ; d’où vous concluez, avec beaucoup de juitefle, & que les équipages de ces vaifleaux , découragés trop promptement , ont eu tort de les abandonner, & qu'ils n’ont pas employé tous les moyens dont ils pouvoient faire uface pour conferver leurs navires : celui que vous indiquez devroit, ce me femble, être adopté généralement. Si on s'éroit fait une règle , ajoutez-vous , de bien bondonner la très< grande quantité de bariques d'eau , contenue dans un vaifleau de guerre, après les avoir vidées, & fixées au bâtiment dans une fituation conve- nable, ce nombre immenfe d’efpaces vuides, impénétrables à l’eau, rempliffant une partie confidérable de la cale, & fourenant les navires, quand l’eau y pénètre , je fuis perfuadé que bezucoup de vaifleaux qui ont coulé bas dans des combats ou quelque tems après , auroient pu être confervés avec les malheureux équipages qui les montoient, & qu'on auroit pu fauver de même un grand nombre de ceux qui dans la dernière guerre ont péri, ou dont on n'a jamais entendu parler depuis. En citant le moyen plus général que j'ai montré le premier , que les anciens pratiquoient, dont on faifoit encore ufage dans l'Inde dans le quinzième fiècle, & que les chinois fuivent de nos jours, qui eft de divifer la cale d’un navire en cafes féparées par des cloifons calfarées exactement; vous ajourez, Monfieur: Nos gens de mer font braves, ils méprifent le danger, & rejettent de parerlles précautions pour leur confervation , étant poltrons dans ce feus fèul, qu'ils ont peur de pafler pour avoir eu peurs k Je Pavouerai, Monfieur, je ne puis croire que ce foit une femblable crainte qui empêche les marins de difpofer la cale de leurs vaifleaux d’une manière fi avantageufe ; car on fait aflez que ceux qui font les plus ardens à rechercher les dangers qu’il eft glorieux & utile de braver, fe difpenfent de hafarder leur vie fans motif. On ne les verra pas fans néceflité , aborder une côte pendant une nuit très-obfcure, pafler fur des bas-fonds remplis de rochers, s’embarquer fur une jole par une tempête, Plus avares encore de la vie de ceux qu'ils commandent , à l'approche d’un combar, ils feront baftinguer avec foin leurs navires pour préferver leurs foldats , leurs matelots , autant que cela eft néceflaire, de la mouf- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 141 queterie de l’ennemi. Eh ! pourquoi ne feroient-ils pas divifer leur navire en cafes, pour préferver eux & leur équipage de la mort fi peu glorieufe que peuvent Jeur occalionner les trous faits à leurs bâtimens par les vers, par les rats, & par tant de caufes fi diverfes & fi connues ? La crainte que vous leur attribuez, Monfieur, me paroîc fi peu la caufe qui empêche les marins de ca/ér leurs navires, qu’on me permette ce mot, qu'ils ont à Gibraltar, café en 1782 les batteries flottantes, comme l'éroit le vaifleau long dont j’avois donné la defcription & le deffin cinq années auparavant (1). Marine des anciens Peuples, p. 168 PL I, : Ce moyen réuflir fi bien, il fit furnager ces batteries fi long-tems, malgré le nombre prodigieux de boulets qui pénètrent dans l’intérieur, que fur celle que commandoit M. le Prince de Naffau, prefque trous les hommes furent tués, avant qu'elle fût fubmergée, Si on a café les batteries Aottantes à Gibraltar , & d’une manière qui a fi bien répondu à l'effet avantageux qu'on en attendoit , pourquoi ne caferoit-on pas, plus ou moins, les vaifleaux de guerre qui ne font en quelque forte que des batteries flottantes? Pourquoi n'imiteroit-on pas des anciens cette ftruéture, la plus propre à laiffer peu d'influence au bafard dans les combats, & à donner la victoire au plus brave? « Un navire de > cetre efpèce (ai-je dit dans celui ds mes Ouvrages que je viens de citer , page 171), » monté par des hommes déterminés , ferojt peut- » être le plus redoutable de tous les corfaires : & rifquant de recevoir >» dans fes flancs des coups de canon qui ne l'ouvriroient pas en aflez æ d’endroits pour le faire périr, il s’avanceroit avec hardiefle, en bravant » le plus grand danger, pour aborder le vaifleau ennemi & s’en 32 emparer D, Si les Capitaines des vaifleaux marchands en étoient toujours les armareurs, peut-être pourroit-on leur fuppofer l’efpèce de crainte dont vous parlez ; mais comme ordinairement ceux qui les arment, font des négocians qui ne s'v embarquent pas, on ne peut les taxer de cette faufe honte. È : On ne divife pas la cale des vaifleaux en cafes, parce qu’on n’en a pas contracté l’habitude , parce qu'on croit que cette ftrudure auroit plus d'inconvéniens qu'elle n’en auroit, parce qu'on penfe qu'elle feroit -plus difpendieufe qu'elle ne le feroic en effer. Les chinois qui ont des -pompes plus imparfaites que les nôtres, doivent partager leurs jonkes en un nombre de cafes tel , que fi nous les multiplions à ce point dans nos vaifleaux , elles en géneroient le chargement; mais qu'on les réduife à crois, comme je l'ai fait dans mon naupotame , je fuis perfuadé qu’on (x) M. Midoucet , qui a fait avec tant d’intelligence les épreuves de ma voilure, en 1782, m'a dit, en voyant le deflin que j’avois donné du vaifleau long, qu’on L'avoit imité dans les batteries flottantes qu'il avoit vu confiruire, 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, verra ces inconvéniens qu'on grollifloit trop, difparoître , que la navi- gauon de ces bâtimens en deviendra plus sûre, plus hardie , & conferveræ un grand nombre de ces marins & difficiles à former & f précieux à l'érar, Dans les vaifleaux cafés, comme vous l’obfervez, Monfieur , Le prix des aflurances feroit diininué, & celui des paflagers augmenteroit : les dangers que l’on courroir en navigant fur ces bârimens érant bien moins grands Ils payeroient aufli moins de frais dans les ports, que les autres 3 ces frais étant réglés fur la contenance de la cale, qui feroic coujours bien plus petite dans ces navires , quoiqu'ils portaffent Le même nombre de tonneaux: c'elt un avantage dont j'ai joui en navigant fur mon nauporame. Les deux cloifons tranfverfales & perpendiculaires que je fuppofe dans ces vaifleaux , leur donnant beaucoup de folidiré, on pourroit peut-être fupprimer le premier pont dans les plus petits de ceux qui en ont deux; parce que fi ce pont, cette efpèce de cloifon horifontale qui partage la capacité du navire, contribue à lui donner aufi de Ja folidité, elle n'a pas comme les cloifons tranfverfales qui partageroient les cafes, l'avantage de rendre partielles les inondations de la cale. Si les vaifleaux cafés, comme je les fuppofe, courroient, ainfi que je crois l'avoir prouvé, bien moins le rifque de couler bas à la mer que les autres navires, cette difpofition rendroit auf ordinairement leurs naufrages * à terre bien moins funeltes, On vient de voir qu’en imitant en général la ffruture du vaiffeau long des anciens dans nos navires, on diminueroit confidérablement le danyer qu'ils courent de couler bas: en faifant ufage de leurs voiles latines avec les corredions qu'on remarque dans ma nouvelle voilure , on les pré- ferveroit infailliblement du danger de chavirer; & ils réfiftsroient avec bien plus de force aux vents violens qui les poufferoient far une côte : les divers détails dans lefquels je fuis entré dans mes autres Ouvrages fur les propriétés de cette voilure , prouvent de relle ces deux affertions. La voilure que vous propofez, Monfieur , auroit auffi ces deux propriétés très - précieufes; elle me donnera lieu de faire quelques obfervations. Dans les expériences très-ingénieufes que vous rapportez pour prouver qu'il y a un grand nombre de cas, où il feroit avantageux de multiplier les voiles des vaifleaux , & de Les placer les unes derrière les autres, pour diminuer la réfifance qu’elles éprouvent en fe mouvant à travers l'air, les furfaces que vous avez divifées, en un plus ou moins grand nombre de parties, étoient comme inflexibles : dans celles que vous propofez de faire avec des voiles fur une chaloupe, ces furfaces céderoienr d’une manière très-fenfible à l'effort du vent, & perdroient par-là une partie de l'effet qu'on en doit attendre. et RER ma aummesesore SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTSA #13 Les marins penfent en général, & me paroiffeet bien fordés à per fer, que deux voiles égales en fuperficie à uré feule, perdroisur plus en fe courbanc par le même vent, que cette voile feule. M, Foifaic affez connu par les favantes rechefches qu'il a faires fur la voilure des vaileaux , & dont ke public commence à jouir, dans ce moment (1), me citoit à cet égard ün fait qui le prouve. Pour éviter, me dit-il , divers inconvéniens de la très-vrande voile/des bateaux bermudiens, dans quelques-uns de nos bâtimens d'Europe, on l’a divifée en deux voiles; on en a fair une grande voile & une efpèce de tep-cul; mais on a reconnu qu'elles ce produifoient pas à beaucoup près le même effèr. Cette oblervation fembleroir prouver que s'il n’y avoit pas de termes pour la divifion des voiles, en fuppofant leurs furfaces inflexibles , il y en auroit un en les fuppofant flexibles comme elles le fonc , & plus Sexibles à melure qu’elles font plus petites. Vous parlez encore dans votre Lettre , Morfieur , de l’ufage que le’ nageur pourroit faire du cerf-volant confidéré comme voile , pour empê- cher fes forces de s’épuifer. Non-feulement je penfe comme vous que les navigateurs pourroient s’en fervir avec avantage dans le cas que vous indiquez ; mais je crois encore que l'ufage en pourroir être plus étendu ,. parce qu'il n’y en a aucune dont le poine velique puifle être defcendu. aufli bas, comme je l'ai prouvé ailleurs (2), en parlant de l’aéroftar,. confidéré auf comme voile, qui dans ce cas, ne differe pas du cerf-volant. La jole fur laquelle M. le Vicomte de Roquefeille & le fils de M. de Guichin s’embarquèrent dans la rade de Dunkerque , le 22 août 1785, pour aller de leur vaiffeau à terre, chavira, parce que le poïnt velique de la voile, dans cette jole , très-petite, très-volage , n'étoit pas defcendw affez bas ; fi cette voile avoit été celle du cerf-volant, elle m'auroit pas: eu ce défaut, & la France n’auroit pas perdu deux Officiers qui marchoient fur les traces de leurs ancètres.. On ne peut, je penfe, Monfieur, rien ajouter aux moyens que vous indiquez pour préferver les navires des incendies occefionnés par le- tonnerre ou par d’autres caufes, & des dangers qu'ils courent en heurtant contre des îles de glaces, ou contre des vaifleaux. J'ai été d’autant plus. frappé de la néceflité d’avoir fur chaque navire un guêteur à l'avant , pour le préferver de ce dernier péril , que j'ai penfé moi-même être la vidtime de la négligence qu’on a à cet égard. : Le 13 janvier 12755, métant embarqué à Smyrne, fur un très-petir vaifleau de la Ciota , pour traverfer l’Archipel; en fortant du golfe qui ns (r) Traité élémentaire de Ia Miture des Vaifeaux, chez. Cloufier tue de Sox bonne. 4 (>). Navires dés Anciens, pag. 235, 144 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, porte le nom de cette ville, j’entendis à minuit l'équipage de notre navire faire de grands cris, & des cris femblables s’élevèrent d’un vaifleat qui dans l’inftant rafla Le nôtre, Heureufement ces deux bâtimens s’apper- çurent à tems, & s'évitèrent , fans quoi le nôtre , qui étoit fans compa- raifon le plus petit, auroit coulé bas du choc : c'eft le plus grand danger que j'aie couru dans mon voyage de Grèce, J'ai vu avec plaifir dans votre Lettre, Monfieur, qu'on avoit concu l'idée très-hardie , d’ancrer en quelque forte les vaiffeaux au milieu même des mers dont on ne peut trouver le fond , ainfi que les moyens que vous propofez pour perfectionner certe idée ; mais j'avouerai qu’en confidérant la male immenfe d’eau que déplace un très-grand vaifleau , je craindrois qu'une ancre femblable n’eût pas un grand effet pour diminuer les mouvemens défavorables que les vents & les flots lui imprimeroient, quoique cet effet püt être aflez fenfible fur les petits navires , & parti- culièrement fur ceux qui auroient & la mâture, & la forme très-alongée des naupotames, On a employé à Philadelphie depuis peu avec fucces ; la force immenfe que produit la pompe à feu , & qu'on obtient avec fi peu de matière combultible, pour faire remonter un bateau contre le vent & contre la marée; fi on fe rendoit affez maître de cette machine merveilleufe pour l'employer fur les vaifleaux , je regarderois ce moyen de s'oppofer aux mouvemens défavorables qu'ils reçoivent à la mer, comme bien plus efficace. Je fuis avec refpet, &c. De Paris, ce premier Août 1788. D E:S CRI P TAION D'UNE NOUVELLE BALANCE, Conflruice par M. RAMSDEN , de la Société Royale de Londres, La partie effentielle d'une balance eft le fléau & la manière dont il eft fufpendu. M. Ramfden dont la fagacité dans l’invention de nouveaux inftrumens égale la grande perfectior qu'il fait donner à tout ce qu'il fait, en a imaginé un d'une nouvelle forme, Il eft compofé de deux cônes tronqués , unis bafe à bafe, ( Voyez la Planche.) La bafe de chaque cône eft de trois pouces. La longueur de chacun dans l'axe eft d’un pied, L'extrémité tronquée a = d'un pouce, 100 Chaque s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 145 Chaque cône a deux diaphragmes, dont l'un eft placé à demi-pouce de la bafe , & l’autre au tiers du cône. Les cônes font traverfés à leur bafe par une barre d’acier rhomboïdale, donc un des angles a/80°, & par conféquent l’autre 109. Cetre verge a environ quatre pouces de longueur. Une portion eft terminée en pointe arrondie, & repofe {ur les deux montans ; l’autre eft quarrée, & l’angle qui a 80° forme le couteau , qui porte, comme nous le dirons, fur des plaques de pierre dure très-polies. Perpendiculairement à cet axe eft une autre petite verge d'acier qui traverfe également la bafe des cônes & porte un poids qui fe trouve au-deflous de l’axe & dont la pefanteur détermine la fenfibilité de la balance. Cette verge eft rerminée à la partie fupérieure parfüne vis qui peut faire monter ou defcendre le poids, fuivant quon veut avoir l'inftrument plus ou moint fenfble. Les'extrémités des cônes font tronquées, comme nous l’avons vu, & terminées pâr des plaques d'acier traverfées par des axes auxquels font attachés les anneaux qui foutiennent les plareaux.: M. Ramfden qui connoît toute la difficulté de faire les deux bras du levier parfaitement égaux, y a fuppléé par un mécanifme très-bien vu. Une des extrémités d’acier R du cône eft terminée par une vis de rappel qui en s'enfonçant dans le cône peut en alonter cette partie ou la raccourcir, en forte qu’il ramène les deux côtés à une parfaite égalité. Il eft auffi prefqu'impoflble d'avoir des baflins d’une égale pefanteur, Notre célèbre artifte y a fuppléé en plaçant à l’autre extrémité T du cône une petite plaque de cuivre au-delà de la plaque d'acier. Cette pièce de cuivreeft traverfée par la pointe d'acier, qui elt une vis, en forte qu'on peut en éloignant ou rapprochant la plaque de cuivre mettre les baflins parfaitement en équilibre. Il y a encore à cette extrémité dans la plaque d’acier une petite vis f . qui peut élever ou abaïffer l'axe qui traverfe les deux cônes, & par conféquenc rétablir cet axe dans fa vraie place, s'il n’y étoit pas, Les deux anneaux qui fufpendent les bafins font des demi-cerceaux elliptiques d’acier. Les plateaux font fufpendus par des fils d'acier | parce que les cordons de foie peuvent contracter de l'humidité. ® Les deux arcs de cercle PP, auxquels correfpondent les deux extré- mités de l’axe , indiquent lorfque la balance eft parfaitement ftationaire, Cette balance eft renfermée dans un chañlis A qui eft un parallélo- grame de trenre-un pouces de longueur à l'intérieur & trente-trois pouces à l'extérieur. Sa largeur eft de neuf pouces, fa hauteur de dix-fept pouces. Les deux grands côtés du parallélograme font renfermés par des vitres, & les deux autres latéraux CC font en bois d’acajou. Ils ont chacun une petite porte. La tablette fupérieure & l’inférieure font également Tome XXXIIL, Part, II, 1788, AOUT. . 146 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'acajau, La partie DD a environ huit pouces d'épaiffeur , & porte deux petits rangs de tiroirs, pour mettre les poids, &c. &c. Au-deflous font quêtre colonnes F rerminées à leurs parties fupérieures par des vis qui entrent dans le fond du chaflis, & peuvent le foulever où l'abaifler. La partie inférieure de la colonne a aufli des pointes pour les frèr fur la rable qui porte la machine, Du milieu de la tablette B s'élèvent quatre colonnes E fohidesen laiton de dix pouces de hauteur, diflantes de trois pouces & demi , aflemblées par en-haur 8: par en-bas par des chaflis quarrés de quatre pouces de diamètre, Ces chaîlis font traverfés par deux règles de cuivre en diago- nale. Augmilieu de ces quatre colonnes il y en a une cinquième qu'on peut élever ou abaifler par un mécani(me fimple caché dans [a table. Certe cinquième colonne porte quatre bras dont nous allons parler = le chaflis N qui furmonte les quatre colonies a environ trois pouces ‘d’élévarion. Deux des bras de la cinquième colonne portent deux montans qui s'élèvent un peu au-deflus du chaffis, & ont une entaille 4 dans laquelle entrent deux tourillons qui font des prolongemens du couteau. Lorfqu’on élève cette colonne, les deux montans foulèvent rout le fléau qui ne porte plus par conféquent fur le couteau. A côté de ces deux montans fur la lame fupérieure du chaflis font deux énrailles d’un demi-pouce de longueur, où font nichées deux plaques d'une pierre fine, très - dure, parfaitement polies & dreffées fur un même plan. C’eft fur ces plagues où porre le couteau. M. Ramfden pré- fere ces plaques, parce qu'il a très-bien obfervé que fouvent le couteau he tombe pas toujours dans la partie la plus baffe de l’anneau , où on le place ordinairement, ce qui caufe une erreur confidérable. Au-deflus du chaflis font deux niveaux qui fe croifent à angles droits, Hs fonc faits d’efprir-de-vin, avec une bulle d’air: ils fervent à mettre la machine parfaitement à-plumb par le moyen des vis qui la fupportenr. Daus la table B fe trouvent deux cylindres O percés à jour qui pat une werge X peuvent s'élever ou s’abaïfler. Ils font furmontés d’une plaque de cuivre dans laquelle font fixées fix pointes d'ivoire , trois grandes & trois perites: Ces cylindres fervent à fupporter les bains qui repofent fur les pointes d'ivoire , les grands fur les grandes , les petits fur les perites , - crainte qu'il n'y ait aucune adhérence, Cette balance trébuche au 2 du poids total. Elle peut fupporter un poids de dix livres, On peut la rendre hydroftatique. Pour cela on atrache à l'anneau qui fupporte les bafins deux perires verges d'acier rerminées en crochets. Ces verges traverfent les cylindres O, & vont plonger au-deflous de la table SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 14, dans des vailleaux pleins d’eau ou de tout autre liquide. Par ce moyen les vapeurs de l’eau ne peuvent arriver jufqu'à la balance, Les portes latérales empêchent auffi que l'haleine n'arrive dans l’intérieur de la machine, MÉMOIRE Sur le Phofphate de Soude criftallifé en rhombe, & fon ufage ‘comme purgatif ; Par M. GEORGE PEARSON, D.M. Membre du Collège de Médecine de Londres, Médecin . de l'Hôpital Royal de Saint- George , proche Hide Park Corner | & Profeffeur de Médecine & de Chimie. M. LAVOISIER a combiné la foude avec de l'acide phofphorique qu'il avoit obtenu de la combuftion du phofphore. Mais ce célèbre Académicien n’a jamais pu obtenir des criftaux de ces combinaifons, foic qu'il y eût excès d'acide ou excès d’alkali. Le réfidu reftoit toujours gommeux, gluant, comme de la térébenchine. Il attiroic l'humidité, & tomboic en déliquefcence. Cette folution n'étoit point piquante; Le goût en étoit plutôt agréable, & approchoit de la faveur du fel marin. M, de Fourcroy (Elémens d'Hifloire-Naturelle & de Chimie ) ayant répété cette expérience , confirme le réfultat de M. Lavoifier. M. Sage differe de ces.deux Chimiftes: il die que l'acide phofphorique qu’il a obrenu par la combuftion du phofphore donne des criftaux non-déliquefcens. Ê : M. Kiaproth rapporte qu’ayant faturé de la foude avec l'acide phofpho- rique produit par la combuflion du phofphore , il a obtenu un fel fem- .blable au fel admirable perlé de Haupt , ou le fel fuñble à bafe de patron de Rouelle. 3 Ce fel fufñble de Rouelle à bafe de narron criftallife en prifmes tétraëdres aplatis, irréguliers dont une des*extrémités eft dièdre & compofée de deux rhomboïdes taillésen fens contraires , & l’autre eft adhérente à la bafe (fuivant M. de Fourcroy ), les deux cotés du folide font deux pentagones irréguliers alrernes , & deux rhomboïdes alongés & raillés en “bizeau. , M. Prouft, élève de M. Rouelle , ayant faic la leMfive du réfidu du phofphore pour avoir le fel fufble , a obtenu « des criftaux parallélo- Ton: X XX IIT, Part. 11, 1788. AOUT. Av2 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, # gramatiques d’un pouce de longueur , dont la quantité s'étend , fuivane » lui, de cinq à fix gros par once de fel fufible employé pour le phof- >» phore ». Il a conclu de ces expériences que ce fel écoit compolé d'une fubftance acide particulière analogue au fel fédatif , laquelle étant unie au fel de foude, forme le fel fufible à bafe de natron. Suivant lui, l’alkali du fel fuñble eft féparé de fon acide par l'eau de chaux, Le profefleur Bergman avoit adopté cette opinion, & regardoit cet acide comme un acide particulier qu'il appeloir acide perlé, I lui a donné précipitamment une place dans fes tables des attractions électives , en fuppofant qu'il avoit des affinités particulières. M. de Morveau a aufi embraflé cette opinion, & il a appelé dans fon Didionnaire cet acide, acide ourerique. Ce fel admirable perlé ou le fel fufible à bafe de natron eît reconnu aujourd'hui être compofé d’acide phofphorique & de natron. Ainfi if vaudra mieux le nommer foude phofphorée où alkali foffile phofphoré, en fuivant la méthode adoptée par MM, Bergman & de Morveau, J'ai obtenu de certe foude phofphorée qui differe beaucoup de celle décrite par MM. Lavoifer & de Fourcroy, ainfi que du fel perlé de Haupt, & du fel fufible à bafe de natron de MM. Rouelle, Prouft , &c. Il me paroit néceflaire de rapporter la manière dont je le prépare pour trouver la raifon de la différence de mes rélulrats d'avec ceux de ces Chimiftes. J'ai préparé mon acide phofphorique en verfant fur du phofphore de l'acide nitreux & le faifant chauffer fuivant la méthode ingénieufe de M. Lavoifier dont je ne me fuis pas écarté. _ Procédé pour obtenir l'Acide phofphorique du Phojphore. J'ai mis 1500 grains d'acide nitreux très - pur & dont la gravité fpécifique étoit 1.5 avec trois fois autant d’eau difüllée , dans un matras à long col qui contenoit deux pintes, Je l’expofai à la flamme d'ure lampe d'Argand, J'y jertai fucceflivement 500 grains de phofphore coupé en morceaux de la groffeur d'environ deux pois. Le phofphore fe fondit avec un grand dégagement d'air nitreux , exactement de la même manière que dans la formation de l’acide faccharin ; mais bientôr les fumées jaunes ayant ceflé, j'apperçus en même-rems que le phofphore avoit toac difparu : j'ajoutai de nouveaux morceaux de pliofphore qui fondirent également avec dégagement d'air nirreux. En répétant le même-procédé les 500 grains de phofphore difparurent entièrement , & tout l'acide nitreux fut décompofé, Alors ayant mis certe liqueur dans un autre vaifleau , je la plaçai fur la lampe comme auparavant, & la fs évaporer jufqu'à ce qu'il ne demeurât environ qu’une once & un gros, melure, qui pefoit environ 1300 grains; la gravité fpécifique de cet acide dans fon état ordinaire eft de 1.80 à 1.87. Il avoit la confiflance & SUR L'HIST. N'ATUREILE ET LES ARTS, 149 Ponduofiré de l'acide vitriolique qui eft au même degré de concentration, étoit tran!parent , & fa couleur en général eft d’un clair brun, Procédé pour faire la Soude phofphorée. Diflolvez dans un matras à long col 1400 grains de foude criftallifée duns 2100 grains d'eau diitillée, dont la température foit environ de 150 degrés de Farenheit. Ajoutez par degrés 500 grains de l'acide phofphorique ci-deflus dont la gravité foir 1.85. Lorfque l’effervefcence fera ceflée, on trouvera que le potds et diminué de 180 à 200 grains. Faires bouillir la liqueur quelques minutes, & tandis qu'elle eft bouillante, verfez-la fur un papier à filtrer, & recevez-la dans un vaifleau peu profond. Laiflez-la repofer douze heures dans un lieu frais & tranquille, vous Ja tr rez couverre de criftaux rhomboïdaux, qui s'auumenteront ju{qu'au M de Ja liqueur ; & en Jaiffant repofer la liqueur plufeurs jours les criftaux groffiront beaucoup. J'ai obtenu jufqu'à 1400 grains de ces criftaux , d’autres fois cependant que 9co. Mais ayant laiflé évaporer de nouveau la liqueur environ de moitié, & l'ayant mife dans un lieu frais, il s’eft encore formé des criflaux de la même forme que les premiers. Ayant répété ces évapo- rations jufqu'à trois & quatre fois, j'ai toujours eu des criflaux femblables : à la fin il demeure une liqueur brune qui a la faveur d'un mêlange de foude, & de foude phofphorée, mais qui re donne plus de criftaux. Ce réfidu fair effervefcence avec les acides, & verdict Le fuc des petites raves & le firop de violertes. La quantité qu'on obtient de ces criftaux rhomboïdaux eft de 1450 à 1550 grains. Îl refte un fédiment qu'on ne peut faire criftallifer, mais qui defféché va de 1 50 à 200 grains, Ce réfidu qui ef l'acide du phofphore, mêlé avec une nouvelle quantité de foude, forme encore des criflaux du même genre. La feule différence que préfente cette liqueur , c’eft qu'étant évaporée & repofée dans un lieu froid elle ne criftallife pas, mais forme un fluide mucilagineux & gluant, qui raugit le fuc de rournefol, fait effervefcence avec les alkalis , & uni avec une nouvelle quantité de foude forme un fel criftallifable. Si on met au contraire 100 ou 200 grains de foude de plus dans la quantité d’acide mentionné, la feule différence qu'il y aura, c’eft qu'on retrouvera plus d’alkali dans le réfidu. Diffolvez 1-0 zrains de cette foude phofphorée dans une égale quan- tité l’eau diffiliée bouillante, &ajoutez-y $ , 10 ou 20 grains de l’acide da phofphore préparé comme rous l'avons dit, on aura dans tous ces cas une foude phofphorée avec extSd’acide, laquelle rougira le firop de vioiertes, de rournefo!, fera effervefcence avec les alkalis aérés , & ne préfente aucun figne d’une union chimique quelconque : ce qui s'accorde avec les expé- riences de M, Klaproch, citées par M. de Fourcroy (tom. 4 , pag. 403). fso OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, « Il eft remarquable que l'acide phofphorique ajouté en excès au » phofphare de foude laiffle à ce compofé qui conftitue, fuivant » M. Klaprorh, la fubflance particulière de M. Prouft , la propriété de » verdir le frop de violettes; & pas. 402, M. Klaproth ajoute qu'en » farurant l'acide phofphorique obtenu par la combuftion lente du ». phofphore avec la feude, même avec un peu d'excès de cerre dernière, » on forme un fel fulible à bafe de natron de Rouelle, & pour obtenir >» la fubftance décrite par M. Prouft, il fuit de reprendre à ce fel neutre » l'excès de foude par le vinaigre ou d’y ajouter un peu d’acide phofpho- » rique. On ne fera pas étonné d'après cela de trouver dans Bergman >» abfolument les mêmes attractions éiectives pour l’acide perlé & l'acide phofphorique ». — Je n'ai pu former un fel femblable à celui de M.Klaproth en ajoutant de la foude en différentes PrOPOr SU criftaux riemboïdaux dont je viens de parler ; & dans ces opératiohs je n’ai pas apperçu une véritable union chimique, mais un fimple mêlange méca- nique de la foude avec le fel neutre : & effectivement c’eft le goût réuni de ces deux fels. [1 fait effervefcence avec les acides, verdit le firop de violettes, le fuc de petites raves, &c. Il ne peut affecter une figure régu- lière. Sa forme eftévidemment compofée de celle des criftaux rhomboïdaux & de la foude, La groffeur de ces rhombes varie beaucoup , & fur-tout relativement à la quantité de liqueur dans laquelle ils fe forment. Quelques-uns font tronqués à leurs anglés; d'autres font arrondis. M. de la Métherie qui en a mefuré les angles avec le goniomètre, a 8 trouvé que lorfque ces criftaux font réguliers, ce font des rhombes com- pofés à-peu-près comme le fpath calcaire, dit muriatique , de fix plans rerraëares rhomboïdaux; mais les angles de ceux-ci mefurés aufli exaéte- ment qu'il l'a pu, font de 60 & de 120 degrés; les angles folides font également de 60 & de 120 degrés ; en forte que l'extrémité du criftal préleate une pyramide triëdre dont les angles font de 60 deorés. Quoique ce double fel'n’ait aucun goût alkalin , il verdit cependane toujours le firop de violettes. En l’expofant à l'air il perd une partie de fon eau de criftallifation , & s’effleurit. IL n'a pas la moindre amertume; mais leulement un goût falé affez agréable qui approche de celui du fel marin, Pris à la dofe de fix ou huit gros il purge comme le fel de la Rochelle ou le fel de Glauber; mais il n’a point le goût défagréable de tous les fels purgatifs, ni il ne produit aucune naufée. Je le donne à la place de ceux-ci depuis plus d’un an. Je l'ai annoncé dans les Commen- taires le Médecine d'Edimbourg de 1787; Sale" ai parlé fréquemment dans mes lecons de Médecine cet hiver: Depuis ce tems M. Thomas Willis (qui à un profond favoir réunie les qualités de faire les opérations de chimie d'une manière aufli exade qu'ingénieufe, & a une manufacture en grand de phofphore à Londres), © SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 151 prépare ce fel pour le Public; en fuivanr le procédé décrit ci-deffus. 11 en a déjà fait plus de deux cens livres ; & 11 les donne à huie {chellings la livre , malgré la cherté du phofphore. MÉMOIRE wi ABUR LES AURORES BORÉALES; Par M. le Comte JULES DE ViANo. U LE meilleur moyen de découvrir les opérations de la nature eft de faire des expériences & d’en obferver les réfultats fans prévention. On pourra par cette voie appercevoir les agens qu'elle emploie dans fes opérarions, » L'éré de 1787 a été chaud & fi fec que depuis long-tems les thermomètres n’avoient pas marqué une plus grande chaleur, ni les hygromètres une plus grande fécherefle. Il y a eu de rems en rems des pluies d'orage accompagnées de ronnerre & de grêle. Vers la fin de feptembre furvint une pluie prefque pérérale dans ce pays, & très- abondante, La chaleur n’en fut point diminuée, & dans le mois d'octobre on apperçut plufieurs aurores boréales. . La première fur vue le fuir du 6 octobre. Vers midi le ciel avoir éré couvert de nuages épais élevés de 45 degrés du côté du fud, 11 fouffloic un léger vent grec (ou d'eft). Le nord étoit ferein , & le foir éroit d'un beau bleu, & on y voyoit briller les éroiles fans aucune apparence d’autré lumière, On apperçur bienrôt différens nuages qui s'élevant du nord gsonèrent le midi; & de ces nuages parut une belle lumière couleur de feu & fillonée de rayons blancs, Le grand nombre de ces nuages colorés pré- fenra une aurore boréale très-briilante, qui s'étendit prefque jufquà la moitié du ciel. Ces nuages paroïiloient à une grande élévarion. J’obfervai l'életromètre, & il ne donna aucun fiyne d'électricité ; tandis qu'il en avoit rouieurs donné dans tous les rems orageux que nous avions eu pendanr été, Il parut le 13 une feconde. aurore boréale vers le pôle arérique ; mais ce fut dans la nuit, & non pas le foir. Sa couleur était blanchärre : elle paroiffoit partir du centre de nuages épais dont ia couleur éroit plus vive. La rroifième aurore boréale far vue le 17 au foir, & eut quelque chofe d'aflez furprenant. Eile paroifloir avoir un noyau d'un pâle clair partant du centre de la grande ourfe. Le rayon étoit tiès-blanc fem- 152 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, blable à des pics élevés des Alpes couverts de neise, & en quelques fecondes fa couleur devint d'un rouge clair, & il fe diffipa affez prompte- ment. Îlen parut un fecond, puis un troifième., un quatrième , &c. Ce phénomène dura jufqu’à une heure environ avant l'aurore folaire. Ces obfervations me paroïflent prouver que les aurores boréales font un effet de l'électricité , renfermée dans une portion d'air atmofphérique raréfñié. Cependant l'éléétromètre ne donnoit aucun figne d'électricité , ce qui provenoiQnRe que le phénomène fe pafloic dans une partie très- élevée de l’atmo phère , Où Le fluide électrique éroit ifolé, fans quoi il n'auroit pas pu produire une lumière aufli vive ni pendant fi long-tems. C'eft une vérité inconteftable que le Auide électrique ne produit de la lumière que lorfqu’il trouve de la réliftance dans fon paflage. C’eft pourquoi les aurores boréales paroiflent plutôt vers le feptentrion, parce que le froid conftant qui y règne empêche les vapeurs terreftres de pouvoir s'arrêter dans cette région de l’atmofphère qui dès-lors préfente plus de réfiftance au paflage du fluide éleürique, & pour lors il fe manifefte fous forme de lumière, Les grandes chaleurs qui avoient précédé pendant l'été avoienc échauffé l'atmofphère à une grande hauteur; mais le foleil étant en oétobre quatre heures de moins fur l’horifon , elle avoit dû fe refroidir, ce qui avoit donné lieu à tous ces phénomènes électriques. L'été chaud qui avoit précédé & les pluies abondantes du mois de feptembre me paroiflent pouvoir nous fournir des notions fur Ja «vraie nature du fluide électrique, fur-tout depuis les découvertes de M. Kirwan. Ce grand Chimifte a obtenu la commotion, l’odeur & la détonation bruyante de l’érincelle électrique , en introduifant peu-à peu avec de l'air confmun un mêlange de parties égales d'air hépatique phofphorique & d'eau ; d'où il femble qu'on peut conclure que le fluide électrique eft une matière très-fubtile fublimée des matières terreftres qui ont fubi un mouvement de fermentation ou de putréfaction, ou qui ont été décom- pofées par la combuftion. Cette matière fe fera combinée fous forme d'air inflammable. Ce fentiment fe trouve appuyé par celui du célèbre M. de la Métherie , qui a démontré clairement que les phénomènes électriques étoient une véritable combuition. Etant donc appuyé d'une autorité aufli refpectable & des obfervations rapportées ci-deflus, j’ofe couclure que les aurores boréales font des phénomènes purement électriques, & que le fluide électrique eft une émanation particulière £rès-atténuée de différentes füubftances terreftres, Puis NOUVELLES É SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. , 153 © © — — a —— ——— NOUVELLES LITTÉRAIRES. Hs TOIRE des Découvertes & des Voyages faits dans le Nord, par M.J.R.FoRrsTER, mife en François, par M, BROUSSONET , avec trois cartes géographiques , 2 vol. in-8°. Prix, 10 liv. broché, 12 Liv. relié. À Paris, chez Cuchet, Libraire, rue & hôtel Serpente. M. Forfter a paflé une grande partie de fa vie dans les régions polaires antarctiques; ce qui lui a donné un grand avantage pour entendre ce qu'en ont dit les anciens géographes & les voyageurs : aufli cet Ouvrage a-t-il été généralement eftimé. M. Brouflonet dans les momens confacrés À , : j FÉ à à fe délaïfer d’occupations plus férieufes, a traduit cet Ouvrage dans notre langue. C’eft un nouveau droit qu'il acquiert à la reconnoiflance de fes concitoyens, Obfervations médicales & politiques fur la petite Vérole & fur les avantages & les inconveniens d'une Inoculation générale adoptée Jpécialement dans les Villes, où après un tableau hiflorique de l'Ino- culation, on effaye de prouver que par fon moyen dans une feule année la Wille de Londres pourroit fauver deux mille de [es habitans , l'Angleterre & T'Irlsnde entre vingt & trente mille & L'Europe entière trois cens quatre-vingt-douze mille : Ouvrage traduit de T'Anglois de VW. Brack, D. M. fur la dernière édition; par M. Manon, D.M. P. 6 Membre de la Société Royale de Médecine. À Paris, chez Cuchet, Libraire , rue & hôtel Serpente, 1 vol. 43-12. La petite vérole eft une maladie fi terrible pour l'efpèce humaine , qu’on ne fauroit trop multiplier les connoiflances à cet égard. Cet Ouvrage a l'approbation de la Sociéré Royale de Médecine. . Recherches fur les Maladies vénériennes chroniques fans fignes évidens, C'efl-à-dire., mafquées , dégénérées ou compliquées ; par M. CARERE, Confeiller, Médecin ordinaire du Roi, Profeffeur Royal Emérite en Médecine, Cenfeur Royal, ancien Infpeëteur général des Eaux minérales de la Province du Rouffillon & du Comté de Foix, de la Société Royale de Médecine , de celle des Sciences de Montpellier, des Académies de Touloufe , des Curieux de lasNature, &c. 1 vol. in-12. À Paris, chez Cuchet, Libraire, rue & hôtel Serpente, ‘ Cet Ouvrage a mérité l'approbation de la Société Royale de Médecine, Tome XXXIIT, Part IT, 1788. AOUT. | Y + j \1g4a OBSERMATIONSSUR EA PRFSIQUE, An Effay , &c. Effai d'un Syfiéme de. Minéralogie de AxeL FRÉDERIC CRONSTEDT , Surintendant des Mines de Suede , traduit de lorigi- nal füédois avec des-Notes & des Additions fur le-Ch re par Gusrave Von EnGesrrom , Confeiller des Mines de Suède : frconit lexcdicion revire ; 6 confidérable 2ent augmentée des découvertes modernes & d'un nouvel arrangement des articles, par M. JEAN- HiAGINTHE DE MAGELLAN , Portugais ; Membre de la Societé Royale, des Acadèmies des res de Péterfhourg, de Bruxelle, de Lifbonne, de Madrid ,de Bertin, de Philadelphie , de Harlert 2 tre Correfbndlire) de L » Acad mie des Cru de Paris, 2 vol, in-8°. A Londres, chez Charles Dilly , rue Poultry. La Minéralogie de Cronftédr eft trop connue pour qu'il foit ie de la tomb lee Nous dirons feulement que M. Magellan a enrichi cette édition de notes très-étendues , qui contiennent toutes les nouvelles découvertes, Cet Ouvrage ne peut donc qu'infiniment intérefler les. Minéralooiftes. Hifloire raifonnée du Commerce de la Ruffe ; ;: par M. JEÂAN-BENOIT SCHERER, Penfionnaire du Roi, Employé au Bureau des Affaires étrangeres, Membre" de plufieurs Académies, &c. A Paris, chez _ Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpenre, 2 A 2n-8°, On trouve dans cet Ouvrage quelques objets qui concernent l'Hiftoire- Naturelle. Traité de l'Infertior Le la petite Vérole, où l'Tnoculation réduite d'apres ur grand zombre d' obférvarions à à l’état de fimplicicé qu’elle exige pour étre infailliblement Jalutäire par M. Tupeso fils, Doëteur . en Médecine de l'Univerfiuté de Montpellier , Médecin en chef de . l'Hôpital militaire de Certe, Médecin Correjpondant de la Société Royale de Médecine de Paris, &c.x vel.in-8°.Prix, 36 fois broché. ‘Qui metuens vivie, liber mei non erit unquam. oi A Paris, chez FfGphle Barrois, Libre quai des Aupgullins, N°. 18. Cet Ouvrage a mérité l probaren de la Société de Médecine, Traité des Herniesde M. AUGUSTE GoTTLir8 RICHTER , Médecin & Confeiller de la Cour de Sa. Majeflé Britannique , Profallèur de Médecine & de Chirurgie en l'Univerfité, Préfident du Collège des Chirurgiens, Direëteur de l'Hôpital académique de Gottingue , Membre de l'Académie Royale des Sciences de certe Ville, de celle de Stockolm & de la Société de Médecine de Coppenhague, &c. traduit de l Allemand fur la feconde édition, par JEAN-CLAUDE RoUGEMONT ; Doéleur en Médecine , Profefeur d' Anatomie 6 de . SUR L'HIST. NATURELLE ET'LES ARTS. ‘155 Chirurgie en l'Univerfiré Eleétorale de Bonn fur le Rhin & ancien Démonflrateur d’Anatomie & de Chirurgie à L'H6pital militaire de Brefl, x.vol. in-4°. Prix 4 liv, 10 Jols broché. À Bonn , de l'Impri- merie de Jean-Fréderic Abshoven, & des héritiers Rommerskirchen, Imprimeur de la Cour & de l'Univerfité Eleétorale ; & fe trouve à Paris, chez Théophile Barrois le jeune, Libraire., quai des Auguñtins, DPAUES , RM | + M. Richter eft très-conouw par plufieurs bons Ouvrages: Celui-ci ne peut qw'ajouter à fa réputation. C'eft un fewvice que nous a rendu M. Rougemont de le faire pafler dans notre langue{ j Mémoires de | Académie Royale des Sciences de Turin, années 1786, 1737. À Turin, chez Briolo, Imprimeur-Libraire dé l’Académie, 1788. ds L Ce nouveau volume prouve combien l'Académie de Turin contribue au progrès de la Philofophie naturelle, Toutes lesiparties des fciences y font cultivées avec le plus grand fuccès par cette célèbre Compagnie. Mémoires pour fervir à l'Hifloire phyfique & raturelle de la Suiffe, * rédigés par M. REYNIER, Membre de plufieurs Sociétés, & par M, STRUVE, Profefleur honoraire de Chimie à l'Académie de Laufanne, & Membre de plufieurs Sociétés , tome prémier , x vol. in-6°. A Laufanne en Suifle, chez Mourér, Libraire; & à Paris, chez Guillaume Debure l'aîné, Libraire, hôtel Ferrand , rue Sérpente, N°. 6: ; Le but que & font propofé MM. Reynier & Struve eft de faire connoître tout ce qui concerne la Phyfque & l’Hiftoire-naturelle de la Suifle & qui n'a pas encore été décrit. On connoît les talens & le zèle de ces deux favans. Aufli ce premier volume eft-il très-intéréffant. Ragioramento, &c. c'eff-à-dire, Difeours fur, la Propagation con- zemporaine des différens Sons ; par M. l'Abbé TEsTA , I vol. ën-4°, M. l'Abbé Tefta comparant nos différentes fenfations fait voir qu'il faut expliquer la propagation des fons comme lawilion des différentes couleurs. Toutes les plus fublimesthéories qu'ont faites les plus célèbres Géomètres fur la propagation fimultanée des fons ne nous donnentpas plus de lumière; dir:ce favant Phyficien ; fur la manière dont nous appercevons ces fons, que Les théories fur les couleurs ne nous en donnent fur la manière dont nous voyons les différentes couleurs. Quæftio Medica an in cellulofo textu frequentius Morbi & Morborum mütationes , &c c'e/-à-dire , Thèfe de. Médecine fur les Maladies du Tome XXXIII, Part, II, 1788. AOUT. Via 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Tiffu cellulaire & leurs changemens ; par M. THIERRY , Doëeur en Médecine & Membre de plufieurs. Académies. C'eft une troifième édition de cette thèfe qui contient des vues très- intéreffantes de ce favant Médecin fur la ftruture du tiflu cellulaire & fes maladies, Phyfcæ conjedturalis elementa juxta recentiores Chimiftarum & Phyf- corum inventiones elaborata & in ufus Academicos: confcripta ab ANTonio Lrg8rs,in Collegio Tolofano Philofophiæ Proteflores Tolofæ,apud Joannem-Jacobum Robert, Lutetiæ Parifiorum Lib. Aies Mag. Collegii Regii Typographum & Bibliopolam , 1 vol. in-12. Ces élémens faits principalement à l'ufage des jeunes-gens qui font dans les collèges , contiennent un précis des découvertes modernes {ur les différentes efpèces d’air, fur le feu, fur l'électricité, fur l'eau , fur le fon , & fur les météores. H y a un fi grand nombre de favans profefleurs aujourd’hui au nombre su eft M. Libes, qu’enfin il fera facile quand on le voudra, de rendre l’éducation publique vraiment urile. Le premier but de toute bonne éducation eft le bonheur. [1 faut donc apprendre à l'enfant ce qui peut le rendre heureux dans ce moment & le refte de fa vie. Or, l'homme dépend pendant tout le cours de fox exiftence de deux principaux moteurs : les premiers purement phyliques font les corps qui fourniflent fans ceile à fes beloins , & ont une action continuelle fur lui. Les feconds qui font phyliques & moraux font fes femblables avéc qui il aura des relations continuelles. L'éducation doic donc lui donner les connoiflances les plus étendues fur ces objets, On commencera ces inftruétions par celles qui font à la portée des enfans. Ils ont des fens excellens, la mémoire la plus heureufe ; mais le jugement n'eft point encore formé. Qu'on ne leur apprenne doñc point . ce qui exige trop de raifonnement ; tel que l'étude de la grammaire & celle des langues, qui, d’ailleurs font des connoiflances d’une utilité fecondaire, & qui Mi coûteront peu dans un âge plus avancé. Il faut feur faire voir beaucoup: & qu'eft-ce qui elt plus à leur portée & leur elt plus néceflaire, que les produétions de la nature? Leur première étude fera donc l’hiftoire-naturelle: elle ne fera point un travail pour eux. Ce fera un plaifir de voir des objets toujours nouveaux : ce plaifir s'augmen- tera facilement , fi les inftituteurs ont l’art de {avoir piquer leur curiofité par la manière dont ils leur. préfenteront les objets. Un infe“e, une plante ,une pierre ;un morceau de mine l’amuferont comme il s’amufoic autrefois à fa poupée. Il en faifira toutes les formes, en faura tous les cara@ères. On lui en dira quelques propriétés, & fa mémoire facile ne laiflerà rien échapper. De la forme extérieure il paflera à la ftrudture interne, Ce feront les premières notions d'anatomie, Que tous ces objets SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 157 foient fans ceflé fous fes yeux. Il fe familiarifera tellement à les voir, qu'il ne s’y trompera plus. Res On lui apprendra enfuire l'emploi qu’en font les artiftes, L’hiftoire des arts nexige aufli le plus fouvent que des yeux. Hs font donc encore du zeflort de l'enfant, & fans doute c'eft l'étude la plus utilé,après celle de Ja nature. Il verra l’ufage que l'homme fait des différens obiers qu'il connoît, Cela les gravera de plus en plus dans fa mémoire & lui en fera appercevoir de nouvelles qualités, La phyfique expérimentale & la chimie, excepté les hautes théories ; fuccéderont à ces études, & ne feront pas hors de fa portée, Des expé2 riences l’'amuferont & l'inftruiront fans le fatiouer. L'étude fera un délafle- ment pour lui, & il contractera ainfi l'heureufe habitude de s'occuper. Le foir fes regards fe porteront naturellement vers les cieux. Il n’eft pes d'enfant qui ne veille compter les étoiles, On proftéra de cetre curiofité pour lui donner des notions d’aftronomie, & au moyen de petits globes de carton il connoîtra bientôt les planètes , leurs mouve- mens , les conftellations, & les principales étoiles. i Une autre partie effentielle à l'inftrutfon de l'enfant, & qui l’amufera beaucoup eff l’hifoire. J'avoisencore plus de plaïfir à cet âge de lire l’hiftoire ancienrie & l’hiftoire romaine de Rollin, que je n'en avois à aller jouer ; & certainement c’eft le goût de tous les enfans. On leur fera donc auf lire Phiftoire; mais ils voudront connoître les pays où fe paflent les événemenc : & ils apprendront tous feuls la géographie. Une obfervation eflentielle fera de ne point les furcharger par un trop grand nombre d’occupations. Lorfque le jugement commencera à acquérir de la folidité, comme à douze à treize ans, on leur donnera les premières leçons de mathéma- tiques. Les objets dans ces fciences fpéculatives font fans cefle fous les yeux. La certitude, l'évidence, la conviction les accompagnent toujours. _Hs accourumeront ces jeunes efprits au vrai, & leur donneront un ta affuré pour le reconnoïtre. L’optique, les mécaniques , &c. préfenterone des applications faciles de ces principes. On ne les laiffera point aller trop Join dans les fciences abftraites ÿ ce feront leurs forces qui marqueront le point où on doir s’arrérer. À Le jeune-homme arrivera aïnfi à l’âge de quinze à feize ans avec ur fonds inépuifable de connoiflances. Il ne les poflédera pas toutes dans leur perfection; mais il faura ce qui lui fera utile pour le refte de fa vie: & fi le goût fe décide pour quelque fcience, il y fera des progrès rapides. À cet âge on le livréra à la morale, & il en étudiera tous les grands principes. Son cœur a route la fenfibilité d’une belle ame, qui n’a pas encore été altérée par les leçons perverfes de la fociété, On aura le foin de cultiver cette précieufe qualité, la fource de toutes les vertus lorfqu’elle: eft bien dirigée, comme celle de tous les vices lorfqu’elle l'eft mal. H apprendra ce qu'il doic aux autres & ce qu'on lui doit, quels font les ‘158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rapports avoués par la raifon , des grandes fociétés. Que dis-je? il le fair déjà. Il n'a qu’à confulter fon cœur honnête qui ne fauroit encore le tromper, L'hiftoire d’ailleurs les lui a appris. à Pour lors il pénétrera dans le fan@tuaire de la nature. La connoiffance qu'il a de fes productions & de tous les êtres, l’élevera à la hauteur de la philofophie des chofes qui ne peut ètre acquife que par celui qui a toutes ces notions préliminaires, Ce jeune-homme parvenu à l'âge de vingt ans fera honnête, fera inftruit , fera heureux. Ses plus belles années n'auront pas été pañlées dans la triftefe à l’étude de chofes qui ne lui font d'aucune ou prefqu’aucune utilité, & qu’il oublie aufli-tôr. Il pourra travailler eficacement au bonheur de fes femblables dans le pofte que lui confiera la fociété, L'habitude de occupation au’il s'eft rendue néceffaire le préfervera de ces paflions orageufes bien plus l’effec du défœuvrement - que du tempérament & des mouvemens du cœur, comme on voudroit : “le faire croire, es 3 Qu'on compare ce plan d'éducation fi fimple, f facile, fi agréable pour l'enfant & le jeune-homme, avec celui que l’on pratique. Ne diroit-on pas qu'on s'eft fait une loi de renoncer à route norion dans la marche qu’on fuit? On emploie toute la jeuneffe à l'étude d’une lanoue morte & à celle de mots vides de fens. C’étoit‘bon pour les rems où l'homme d'Europe encore prefque barbare croyoit que toutes les con- noiflances étoient dans les anciens Auteurs. Aujourd'hui on ne doute plus que nous ne foyons beaucoup plus inftruits qu'eux. D'ailleurs on a des traductions de leurs meilleurs Ouvrages. . . . Auffi arrive-t-on à l’âge de vingt ans, non-feulement fans rien favoir le plus fouvent, ce qui feroit un moindre mal, mais avec un dégoût indicible pour l’étude , le travail & toute occupation. Le jugement n'étant nullement formé laifle ce malheureux jeune-homme en proie aux paflions. C’eit le moment ‘où elles fe font fentir avec le plus d’empire. Cer efprit qui a befoin d’occu- pation & n'en a aucunes d’utiles, fuit les premières impulfions d'un monde corrompu. Le jeune cœur qui étoit fait pour être généreux perd” fouvent honneur , probité , & s'éloigne pour toujours du bonheur. Il eft rare qu'il revienne-fincèrement à la vertu. Elle exige des privations , des combats qui font au-deffus des forces de cette ame puñllanime qui n’a rien qui puifle la ramener à la voie dont elle s'eft écartée. Tous les principes qu'on lui a inculqués font fi faux & fi contraires à Ja nature, qu'il en a bientôt fenti le foible; mais in a pas aflez de connoiffances pour leur en fubftituer d’autres. N'étant point accoutumé à la méditation, il ne peut prendre fur lui de s’en former de nouveaux. L'argent & les femmes font les deux grands mobiles auxquels la plupart des hommes facrifient tout à la faveur de quelques formalités que dans le monde on appelle probité , mais qui dans la réalité ne fônt que des voies détournées pour n'être pas livré au glaive de la Juftice, Je dis la plupart des \ » SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 159 hommes ; car je ne veux pas faire l'injuftiqe à mon fiècle de penfer que la vertu y foit méconnue: jamais elle ne fur plus éclairée, ni elle n’a fait autant de bien. . Que les pères, que les fociétés qui voudront travailler eficacenrent au bouheur de leurs defcendans, fe hâtent donc de réformer cette éducation admife dans toute l'Europe. Elle eft le fruit de l'ignorance. Montagne, Charron, Rouffleau , ont fair voir tous fes défauts. Ce dernier même a propolé un nouveau plan, qui, quoique bon à beaucoup d’égards, feroit impraticable en grand , puifque l’éducation d’un feul enfant exigeroit la: vie de plufieurs perfonnes. On n'ofe toucher à l'ancienne méthode, quoique tout le monde convienne qu'elle eft défeueufe , comme le prouvent toutes les éducations particulières qu'on cherche à élever de toutes parts. Ë Cependant il eft bien facile de mettre tous les lieux d'éducation publique à même de fuivre la route que nous venons de tracer, Un grand nombre de Profeffeurs pofsèdent les connoïflances qu'ils auroient à épprendre à leurs élèves. Les autres s’inftruiroient , & dans peu de tems: ce cours d'étude auroit la même folidité que l'ancien. On ne fauroit faire trop d'attention à ceci. De toutes les réformes qu'il ÿ a à faire dans nos fociétés où tout eft à réformer , de l’aveu de tour le monde, aucune n'elk plus urgente que celle de l'éducation, parce que celle-ci amenera bientôt les autres. Les lieux d'éducation doivent être à la campagne, dans des efpaces valtes où les exercices violens de la gymnaftique fortifieront ces jeunes corps. Le jeune-homme apprendra par ce moyen à tirer tout le fervice poffible de chacun de fes fens, Sa fanté s'affermira , & les maladies ne viendront pas l'aflaillir un jour. Pour cela il faut l’élever au grand air, qu'il reçoive fans cefle les impreflions bienfaifantes de la lumière du {oleil qui vivifie coït. Les animaux comme les planres s'étiolent à l'ombre, s’il eft permis de fe fervir de cette exprefon. C’eft une des caufes les plus puiflantes de la foibleile des babitans des villes, principalement des enfans & des fenimes qui fortent moins. Les lieux où la jeunefle fera élevée ne fauroient donc être trop fpacieux & trop aérés. Que fa nourriture foir bonne , fans apprèts , fans - épices & ne confifle qu’en vévétaux & en lairage. Elle ef infiniment plus faine, & la fenfibilité de fon ame ne fera pas émouflée en voyant ézorger pour mettre fur fa table des êtres vivans & fenfibles comme lui. Acta Academiæ Jofephinæ Medico-Chirurgicæ, 22 4°, avec des planches très-bien gravées, Imprimé à Vienne en Autriche | 1788. - Cer Ouvrage publié fous les ordres de l'Empereur & qui fera continué, ne peur qu'être très-intéreflant pour l’art de guérir. C’eft ce qu'on peur conclure de l’importance des matières qui font contenues dans ce: premier volume, 160 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6e. ES TABLE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. A PPERÇU des Mines de Sibérie ; par M. PATRIN, Corre/pondant de l'Académie des Sciences de Péterfbourg , page 81 Lertre de M.le Baron DE KIENMAYER, Conjeiller aux Appels à F’ienne en Autriche, à M. INGEN-HouSz , fur une nouvelle manière de préparer l'Amalgame éleëtrique, & fur les effets de cet Amalgame , 96 Expériences & Obfervarions relatives aux principes d'acidité, la compoftrion de l'Eau & le Phlopiflique ; par Josepn PRIESTLEY : Tirées des Tranfa&ions Philofophiques , & lues à la Société Royale le 7 Février 1788, traduites de l’Anglois , par M. LAUTHENAS, 103 Mémoire fur des Fleurs donnant des Eclairs ; traduë&t'on du Suédois de M.HAGGREN, Leëteur d'Hifloire-Naturelle, par M. GEVALIN, 117 Troifième Voyage minéralogique fait en Auvergne, par M. MoNNET , 112 Lettre de M. HugerT , Major d'Infanterie, &e. à M. T Abbé ROZIER, Jur l'Air contenu dans les cavités du Bambou, 130 Examen d'une difeuffion relative à l'équilibre des Voñtes ; par M. TREMBLEY , Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, 132 Troifieme Lettre de M. Davin Leroy, à M. FRANKLIN, fur La Marine, & particulierement fur les moyens de perfeétionner La Navigation des Fleuves, 136 Defcription d'une nouvelle Balance, confiruite par M. RAMSDEN, de la Société Royale de Londres , 144 Mémoire fur le Phofphate de Soude criflallifé en rhombe, & Jon ufage* comme purgatif; par M. GEORGE Prarson, D. M. Membre du Collèoe de Médecine de Londres, Médecin de l'Hôpital Royal de Saint-Gcorge , & Profeffeur de Médecine & de Chimie, s ' 5e) Mémoire fur les Aurores boréales ; par M. le Comte JULES DE. ViaNoO, 351 Nouvelles Lirtéraires , 153 AP FER OR AT TI ON Jar lu , par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre: Obfervarions fur La Phyfique, fur L'Hifloire Narurelle & fur les Ares, Ée. per MM. Rozier, MONGEz le jeure & DE LA METHRERIE , &c. La Colledion de faits importans qu’il offre périodiquement à fes Leéteurs , mérite Pattention des Sa. vans ; en conféquence , j’eflime qu’on peut en permettre l’impreffion. À Paris, ce 23 Août 1788. VALMONT DE BOMARE, Dre)? Ë 2 Fe Ex EE : T 3 PT es r 3 1) mm a É as SR AESRg T7 1e: ÉD ENT ne 1x SARA : e NS l } Ha : hs SEPTEMBRE 1768. à DER PRET RL SEE RÉ RO M.ÉMO TRE Sur une Machine qui auroit la propriété d'infpirer , par le moyen du Vent, & de produire cer effet , fans exiger d'être mife en mouvement ; Par M. DE LyLE pE SAINT-MaARTIN, Lieutenant des. Waiffeaux de Guerre de la Nation Françoife. IL y a quelque tems, que m'’amufant à fouffler fur une glace, auprès de laquelle étoit une bougie allumée , je m’apperçus qu’à mefure que je foufflois fur cette glace, la flamme de cette bougie Aéchifloit prefque perpendiculairement fur elle & même avec cette particularité, que felon que j'augmentois ou que je diminuois la vitefle du courant d'air, la direction felon laquelle cette Aamme fléchifloit, ne varioit point, mais qu'il n'y avoit feulement que la vitefle, avec laquelle elle étoit portée vers cette glace, qui varioit. Le réfultat de cette expérience me fic fentir que cette flamme ne fléchifloit vers le courant d'air établi, que parce que ce courant infpiroit les couches d'air voifines & les entrainoit avec lui, que celles- ci devoient alors être remplacées par celles qui les avoifinoient , & que ce mouvement, fe continuant fucceflivement , un tuyau ne pourroit qu'infpirer par l’un de fes orifices, s'il étoit conftruit de manière , que fous quelque direction que foufflâr le vent , il ne püût jamais qu’effleurer le deflus de l’autre. Cet apperçu me fit naître l’idée de conftruire une machine propre à renouveler l'air, en l'infpirant par le moyen du vent. Cette machine, qui placée fur des mines, des magnoneries , des hôpi- taux , &cc. &c. pourroit fervir de ventilateur, auroit le triple avantage de n'exiger qu'une conftruétion fort fimple & peu coûteufe, de produire fon effet fans fortir du repos, & de n’avoir befoin , pour agir, d'aucun autre moteur que du vent, n'importe fa direétion , quoiqu’établie d’une manière fixe , ou du moins à ne pouvoir être enlevée qu’à volonté; elle pourroie être encore avantageufement employée pour empêcher les cheminées de umer, enl’établiflant au-deflus de leurs tuyaux. Tome XXXIIT, Part. II, 1788, SEPTEMBRE, x 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mais, pour être en état de juger de l’avantage qu'on pouvoit retirer d'une femblable machine, il falloic être inftruic de l'eflec qu'étoit capable de jui faire prodüire un courant d'air d’une vîtelfe déterminée ; c’eft-à-dire, qu'il falloit connoïtre quel étoit le rapport qui régnoit dans cette machine, entre la vitefle du courant infpiré, & celle du courant qui produifoit cette infpiration. Je vais commencer par préfenter en quoi confifte cette machine ; ce que je ferai, en fuppofant qu’à mefure que j'en indique la conftruction, | en la fuive des yeux fur la figure que j'en aitracée, Planche T, & j'expoferai enfuite par quels moyens j'ai tâché de parvenir à connoître quel étoit Je rapport dont je viens de parier. Pour conftruire cette machine dont les proportions dépendent du diamètre de fon orifice expirant, formez un tuyau vertical VT, d'un égal diamètre dans toute fa hauteur , lorifice le plus élevé ACBD, fera celui qui expirera ; mais pour que cet orifice produile cer effet par tous les vents , même par ceux qui, dans certains inftans, pourroient agir verti- calément ou afcenfionellement, établiflez au-deflus de lui un double chapeau , tel qu’on le voit dans la Figure, & dont je vais indiquer la conftruétion , puifque c'eft de fa forme qu’il m'a paru que dépendoit , en grande partie, le plus ou moins d'effet que produifoit cette machine, Sur Le plan A CBD de fon orifice expirant, tracez un diamètre A B prolongé indéfinitivement hors de lui; de l'un des points, tel que B, par exemple, où ce diamètre coupe la circonférence de cet orifice comme centre , & d’un rayon égal à une fois & demie ce diamètre A B , décrivez: un arc de cercle FG indéfini, qui coupera l’arète BE, paflant par le centre en queftion Ben un certain point F : de ce point F comme centre & d'un rayon égal au diamètre À B de ce mêmeorifice AC B D, décri- vez un petit arc HI qui coupera le premier F G en un point quelconque L: de ce point & de celui B formé par linterfetion du diamètre en queftion AB avec la circonférence de l’orifice AC BD dontil eft parlé, tirez une droite L B, La longueur de cette droire & l'angle LBF fous lequel elle rencontrera l’arète B E paflant par le dernier B des points dont je viens de faire mention, défignera l'étendue & la forme du chapeau inférieur. De l’un des côtés de l'orifice expirant, du côté B , par exemple, & fur une partie hors de lui de l’un de fes diemètres prolongés, prenez un point M à une diftance BM de cec orifice épale à la longueur d'un diamètre & quart de ce même orifice, du point B où ce diamètre À B coupe la cir- conférence À C B D de cerorifice ; élevez une perpeñdiculaire BN égale au diamètre A B de ce même orifice À CB D, & de fon fommet N, conduifez un plan égal & parallèle à la furface de cer orifice : joignez le point N formé par l'interfection de cette perpendiculaire & de ce plan avec celui M déjà marqué hors du diamètre À B prolongé, dont je viens de parler, ï SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 163 la diredtion & la longueur de cette ligne NM défiguera celle du fecond chapeau qui fera lié au premier par quatre montans , tels que MO, pré- fentant leur tranchant au vent. Le chapeau fupérieur eft conftruir & établi comme je viens de le décrire, pour remplir deux objets, 1°. celui d'empêcher que les eaux pluviales ne pénètrent dans l’intérieur de la machine, ce qui ne pourroic que lexpofer à être bientôt avariée, & 2°. celui de garantir fon effer de n'être troublé par les ondulations qu'il y a prefque toujours dans l'air, ce qui ne pourroit que nuire à fon produit. - Quant au fecond chapeau , ou le plus inférieur , il a auf pour objet de guider le courant d'air, ou le vent produifant l’infpiration, de manière quil ne puifle jamais refouler celui contenu dans le tuyau vertical de la machine, Il et aifé de fentir que cette machine n’infpire que parce que le courant établi au-deffus de fon orifice expirant , détruit dans l’air qu’elle contient l'équilibre de la preffion de l'atmofphère , d’où l’on voit que fi l'on connoifloit exactement quel eft le rapport que Ja viteffe du courant infpirant a avec celle de l’infpiration qu'elle occafonne , il feroit facile de calculer tout ce qu'on pourroit produire avec une femblable machine: c’eft pour tâcher de déterminer ce rapport, que j'ai faic des expériences fimples, & qui , fi elles ne donnent pas un moyen rigoureux de faire ce calcul, peuvent fournir un à-peu-près qui, je penfe , donnera celui de le faire avec aflez d'approximation, pour le rendre d’une exactitude fufifante pour la pratique. Voici comment j'ai fait ces expériences : j'ai faie faire un tuyau d’une certaine longueur & par-tout d’un diamètre égal à celui du tuyau vertical de la machine, par ce moyen les orifices expirans & infpirans étoient égaux entr'eux ; alors le courant infpiré , une fois uniformément établi dans les tuyaux de cette machine, ne pouvoit y avoir d'autre vitefle, que celle qui devoit fixer le rapport de cette virefle avec celle du vent qui la produifoit. Ce tuyau fait & adapté à celui vertical de la machine, j'ai fucceffivement fait pañler , au-deflus de fon orifice expirant , des courans d'air de difiérentes vitefles par le moyen d’une machine propre à établir , à volonté , une viteffe déterminée dans * ces courans; & à chacune de ces vitefles , j'ai obfervé quelle étoit celle qu'elle produifoit dans le courant infpiré , afin de tâcher de connoître le rapport qui régnoit entr'elles, en les comparant enfemble. Quant à la manière de mefurer & d’obferver la vicefle de ce courant infpiré , elle étoir fimple : quand le mouvement uniforme étoit établi dans le tuyau infpirant , dont la longueur, jufqu'à l'orifice expirant , étoit mefurée, je faifois préfenter de la fumée épaiffe devant l’orifice infpirant, & j’obfervois letems qu’elle employoit pour parcourir cettélongueur , ce qui me donnant le nombre de pieds parcourus par feconde par l'air infpiré, je n'avois plus u’à le comparer au nombre de pieds parcourus dans le même’tems par le Tome XXXIIT, Part. Il, 1788. SEPTEMBRE. X2 e] + 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, courant produifant cette infpiration , pour connoître le rapport qui régnoit entre ces deux vîtefles, Si des circonftances particulières ne m'ont pas permis de faire ces expériences comme je l’aurois défiré, je crois en avoir lpourtant obtenu des réfultats fufffans pour n'avoir fait connoître que le rapport qui régnoit entre les vîrefles des courans infpirans & infpirés , n’étoit point un rapport fixe, mais qu'il varioit de manière à devenir plus grand à mefure que le courant infpirant acquéroit une plus grande vitefle, & fi, d'après ces expériences, je n’ai pu reconnoître ni quelle étoit la loi fuivanc laquelle ces rapports augmentoient , ni fixer d’une manière rigoureufe quel étoit celui qui régnoit entreles différens courans infpirans & infpirés que j'ai comparés enfemble , j'ai pu obferver pourtant que quand les courans infpirans n’avoient que des vitefles peu confidérables , comme de neuf, douze & quinze pieds par feconde, celle que prenoit le courant infpiré éroit alors au moins le tiers de la vitefle de ce courant ; mais que ce rapport devenoir plus grand , à mefure que la vicefle de l'air infpirant augmentoit d’une manière très-fenfible : car dans l’une de mes expé- riences , ayant porté la vitefle de ce courant jufqu'à lui faire parcourir quarante-huit pieds par feconde , celle que prit celui infpiré me parut alors bien approcher de la moitié de cette viteffe. Ainfi d'après ces différens réfulrats , en ne prenant pour vitefle du courant infpiré , que le tiers de celle du courant infpirant, l’on fera afluré que le réfultat du calcul fera au moins vrai, & que l'erreur qui pourra y régner, fera à Pavanrage de l'effet produit par la machine; c'eft-à-dire, que cet effet fera toujours plus grand , que ne le fera celui que le calcul indiquera. D'après ces expofés, fi: l’on fuppofe de quinze pieds par feconde Ia vitefle moyenne du vent , celle du courant infpiré , produite par ce vent, ne fera donc que de cinq pieds par feconde ; d’où l'on voit que, d’après cette fuppolition , fi l'on pratiquoit au-deflus d’un hôpital une cheminée de trente pouces en quarré, confidérée comme tuyau vertical de la machine en queftion , que ce tuyau vint aboutir à un encaiflement fur lequel viendroient fe réunir tous ceux infpirans diftribués dans les différentes falles de cet hopital ; qu'alors ce tuyau vertical, en infpirant l'air de cet encaiflement, infpireroit aufi celui de ces différentes falles , & que comme d'après les proportions & l'effet que nous lui fuppofons il auroit cinq pieds quarrés de furface & expireroit l’air avec cinq pieds de vitefle par feconde, qu'il expireroit donc vingt-cinq pieds cubes d'air par feconde ; & par conféquent quinze cens pieds cubes par minute, produit, dont l'eflec ne pourroit être que fort avantageux. Sur chacun des tuyaux conduéteurs infpirans établis dans chaque falle ,. feroit placé un panneau à coulifle, qui pouvant être ouvert ou fermé à volonté , donneroit la facilité d'annuler ou de rétablir, par ce moyen, l'infpiration de ceux de ces tuyaux auxquels on jugeroit à propos de dE mn L à -4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 165$ laifler produire ou d'annuler fon effet, foit pour augmenter l'infpiration des autres, foic que les circonftances rendiflent l'infpiration de quelqu'un d’eux, d'aucune néceflité, Exrrait des Regiftres de l'Académie Royale des Sciences, du 16 Juiller 1788. Nous Commiflaires nommés par l'Académie, avons examiné le ventilateur préfenté par M. de Lyle Saint-Martin, Lieutenant des Vaifleaux du Roi. Le ventilateur préfenté par M. de Lyle Saint-Martin , a pour objet d'employer l'action du vent pour extraire l'air des efpaces où l’on a deffein de renouveler ce fluide; il eft deftiné aux hôpitaux, aux mines, & aux magnoneries , c’eft-à-dire , aux bâtimens où l’on élève des vers-à-foie, & même aux cheminées des appartemens fujets à la fumée, La machine de M, de Lyle Saint-Martin étant parfaitement fymé- trique , on conçoit que de quelque point de l’horifon que vienne le vent, l'effet doit être abfolument le même ; ainf elle offre un moyen fimple de renouveler l'air dans les efpaces où fa pureté peut être altérée par la refpiration , par les émanations, &c, & ce moyen qui n’eft pas difpen- dieux dans fon établiffement , agit continuellement la nuit comme le jour , & n’exige ni foins , ni frais d'entretien , ni dépenfe par rapport au moteur. Nous concluons que ce ventilateur de fon invention nous paroît nouveau , fimple & ingénieux; quil peut être utile dans un grand nombre de circonftances, & qu'il convient d'en publier la defcription dans le recueil des machines approuvées par l’Académie, Au Louvre le 16 juillet 1788. Szoné, le Chevalier DE Borp4, Moxcer, Je certifie Le préfent extrait conforme à l'original & au jugement de l'Académie. À Paris, le 17 juillet 1788. Signé, le Marquis DE CONDORCET , Secrétaire perpétuel, Explication de la Figure. V T. Tuyau vertical & expirant de la machine. ACBD,Orifice expirant de la machine, ABLP. Chapeau inférieur. N M Q. Chapeau fupérieur. R. Caïfle où viennent fe réunir tous les différens tuyaux conducteurs infpirans dont les ouvertures SSSS fonc les orifices. FA Eft un tuyau conduéteur pour fervir à une expérience dans laquelle en foufflantiau-deflus des chapeaux comme le défione l'éole e , & préfentant une bougie allumée 3 devant l'orifice infpirant # de ce tuyau, on voit la famme avalée par cet orifice. Si au lieu d'y préfenter la flamme d'une bougie l’on y préfentoit de la fumée, on la verroit fortir par l'orifice expirant ACB D de la machire, or 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Come seen Se OBSERVATIONS Sur les mauvais effets qui réfultent dans le Laonnois & Le Soiffonnois de la décompofition de la Tourbe pyriteufe dans le voifinage des habirations ; Par M. LE MAisTRE, Elève de l'Ecole publique des Mines. O N peut, je crois, diftinguer deux efpèces de tourbe dans le Laonnois, la courbe fibreufe appelée Boufin & la tourbe pyriteufe. Je vais d'abord tâcher de faire connoître, en parlant de leur nature, les différentes raifons qui n’engagent à établir cette divifion. La première efpèce de tourbe, c’eft-à-dire, le boufin, ne fe trouve ue dans les endroits marécageux. Elle eft formée par lalrération quoti- ienne des rofeaux & autrès plantes aquatiques, La feconde efpèce me paroît effentiellement différente de la première. Elle a, je crois, une origine fous-marine. Les corps marins & la craie qui lui fervent par-tout de toît & de mur rendent ce fait inconteftable, La pofirion de toutes les tourbières du Laonnois, l'élévation des veines de tourbe pyriteufe au- deffus des marais & des plaines, prouvent d'ailleurs qu'elle n'a point la même origine que le boufin. Je crois que la tourbe pyriteufe doit fa formation , comme le charbon de terre, au féjour des végétaux dans des eaux vitrioliques & martiales; je la regarde comme un charbon de terre ébauché. Tous les végétaux y font noirs, déformés & à l’état charboneux ; il eft même certaines tourbières où ils paroiflent avoir été réduits en une pâte molle qui a acquis par la fuite beaucoup de folidiré. Telle eft la tourbe de Maureouy près Laon. J'ai trouvé dans cette tourbe & dans plufeurs autres une grande quantité de bois foffile qu’on fait être un bois altéré par l'acide vitriolique. Les fubftances végétales ainfi altérées ont pu fe combiner avec les matières huileufes fournies par Les débris des animaux & la matière graffe des eaux-mères, pour produire la fubftance bitumineufe noire & fétide que l’on retrouve dans la tourbe. Les parties conflituantes de la tourbe pyriteufe du Laonnois, avant d’avoir fubi aucune altération, font donc, 1°. des végétaux plus ou moins altérés par des eaux vitrioliques & martiales ; 2°.une matière hui- leufe analogue à celle du charbon de terre; 3°. un excès de pyrite martiale; 4°. une grande quantité d’eau; elle contient aufli quelquefois une portion de félénite qu’on retrouve dans les cendres de la tourbe, D - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 167 Si la tourbe eft expofée dans cet état à l'air libre, la pyrite ne tarde point à y effleurir. Une portion d’acide vitriolique, partie conftituante du foufre de la pyrite , devenue libre , réagit fur le fer , le diffout & forme du vitriol martial, tandis qu'une autre portion de ce même acide s’unit avec l’eau & produit une chaleur confidérable qui hâte la décompofition de la pyrite. L'inflammation fuit de près cette décompolfition; elle eft alimentée par la matière bitumineufe, L'intérieur des tas de tourbe eft alors rouge de feu. Une partie des pyrices eft torréfiée & calcinée par l’activité de ce feu : leur foufre brûle alors, & exhale des vapeurs d’acide fulfureux fuffocant accompagnées d'une odeur empyreumatique qui fe répand quelquefois à une demi-lieue & plus de diftance , comme je l'ai très-fouvent obfervé ; Le fer de ces pyrires auxquelles le feu n’a point donné le tems d’effleurir, eft mis en fuñon, reprend , à l’aide du phlosiftique fourni par la combuftion de la matière bitamineufe, le facies metallica (1). La tourbe pyriteufe après s'être ainfi décompofée contient par quintal ; 1°. environ vingt-cinq livres de vitriol martial calciné, c’eft-à-dire, privé de fon eau de criftallifation ; 2°, une portion de fer attirable à laimant; 3°. enfin, les différentes terres foit calcaires, foit argileufes qui accompagnent toujours la tourbe , comme le charbon de terre. | L’acide vitriolique, l'acide fulfureux , l'air inflammable , étant les produits de la décompofition de la pyrite & de l'huile bitumineufe contenue dans la tourbe, il n’eft pas difficile de fentir, ce me femble, que le voifinage des tourbières eft dangereux pour les hommes , les animaux & les végétaux. L'acide fulfureux infecte l'air, attaque & corrode le tiffu animal. Les mauvais effets de l’air inflammable fur les ouvriers fans cefle expofés aux vapeurs qui s'exhalent des tas de tourbe, font refqu'aufli énergiques que ceux des acides. L'expérience fuivante faite par M. Charles & répétée par M. Sage prouve lPaétion du gaz infam- mable fur les corps organifés , & femble confirmer ce que j'avance ici. Si on introduit une grenouille dans un bocal rempli d'air irfammable ; elle ne tarde pas à périr ; peu de tems après elle fe trouve réfoute en un fluide fanguinolent. D'après ce fait & beaucoup d’autres de ce genre, ne ‘pourroir-on pas regarder le gaz inflammable comme une des caufes des maladies putrides & épidémiques qui défolent les villages fitués auprès des marais & des tourbières du Laonnoïs, On dit que les chevaux qui travaillent aux terres où l’on répand des cendres de tourbe pyriteufe deviennent aveugles. On dit aufli que les hommes chargés de femer fur (r) J'ai dépofé dans le Cabinet de l’Ecole Royale des Mines un morceau de fer révivifié des pyrites de Ja tourbe du Laonnois ; il a tout l'éclat métallique ; mais il e friable, mais etls sos) lies 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les terres ces mêmes cendres de tourbe , perdent leurs fourcils, & fone fujets à des érofions cutanées. L'air eft un des plus grands mobiles de la végétation ; s'il eft impur & chargé de molécules acides , pernicieufes pour les hommes , je crois que les végétaux doivent aufli fouftrir plus ou moins fuivant la plus ou moins grande abondance de ces parties hétérogènes dans l'air, & la proximité des tourbières. Les végétaux expofés à la vapeur de l'acide fulfureux fe flétriffenc ; ils prennent enfüuite une couleur jaunâtre qui pafle au brun, & la putréfaction fuccède. Tels fonc les réfulrats que j'ai toujours obtenus dans les expériences que j'ai faites. C'eft aufi ce qui a lieu dans les environs des tourbières , comme j'ai eu occafion de le remarquer à Maureguy , à Urfel & ailleurs. Les feuilles des arbrifleaux, & les plantes qui croiffent dans le voifinage des tas de tourbe n’ont point la verdure & la vigueur qui font propres aux végéraux des autres cantons; j'ai même fouvent vu la terre dépouillée d'herbe jufqu'à une diftance aflez confidérable des tas de tourbe; elle n’en reproduit jamais dans les endroits où l’on a dépofé des cendres de tourbe. Tous ces inconvéniens fuifent pour engager à chercher les moyens de mettre les habitations à l’abri des effets dangereux de la tourbe pyriteufe pendant fa décompolition, La diftance à laquelle les mauvais effets de la tourbe pyriteufe peuvent fe propager varie fuivant l'intenfité de la force des vents & leurs diffé- rentes directions par rapport au local. J’ai obfervé que la vapeur de la tourbe s’érendoit fouvent à trois quarts de lieue de diftance, tandis que dans d’autres circonftances, elle n'étoit fenfible qu'à quatre cens toifes de la mine. Cependant la plupart des tourbières du Laonnoïs fe trouvent ou dans l’intérieur des villages ou à très-peu de diftance ; celles font les tourbières d'Urfel, celles de Maïlly , de Chaillever, de Maureguy , &c,. L'air que l’on refpire eft dans prefque tous ces endroits chargé de vapeurs bitumineufes & fulfureufes, Les montagnes finueufes & élevées au pied defquelles font bâtis la plupart des villages qui avoifinent les rourbières, retardent ou arrêtent la circulation de l'air qui rabat fur les habitations les vapeurs qu'il tranfporteroit plus loin sil n'étoit point empêché. Le peu d’étendue des veines de tourbe qui n'excède point un quart de lieue en tout fens, ne permet point d'ouvrir les mines à des diftances plus confidérables des villages qui font conftruits , la plupart, fur le terrein qui renferme ces veines. Le feul remède que l'on pourroit, je crois, apporter à ces inconvéniens ; mais qui n'eft cependant point toujours praticable, feroit de placer déformais les habitations entre le point de l'horifon.d'où part le vent dominant du pays & la mine de tourbe. Par exemple, les deux vents dominans du Laonnois étant Les /4d & fud-ouefl , on pourroit placer les PE Ce SR SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 169 fes habitations au /14 ou au fud-oue/? des mines de tourbe , ou, lorfque cela eft pollible , d'ouvrir les mines & ne placer les ateliers qu’au #0ord ou au nord-e/f? d'un village. Le vent foufflant alors prefque toujours des deux points de l'horifon oppotés à ces derniers, tranfporteroit les miafimes dont il s'eft chargé, dans un fens oppofé au village, abftraction faite des différentes réflexions qu'il peut éprouver dans fa direction. La chaleur & l'humidité étant favorables & fouvent néceflaires à [a décompofition des pyrites , il en réfulte qu'une température ou des vents chauds & humides font les plus propres à développer les mauvais effets de la tourbe pyriteufe; & comme cette température eft la température dominante de l’été dans le Laonnoïis & le Soiffonnois , on fent que cette faifon eft la plus à craindre pour le pays. J'ai toujours obfervé que la décompofition & l’inflammation de la tourbe étoient plus promptes & plus générales dans l'été, que les. pluies de cette faifon ne faifoient qu’augmenter l’aétiviré du feu, & que les vapeurs âcres qu'elle exhale alors étoient toujours plus abondantes & plus énergiques que par une température froide & sèche. MÉMOIRE LC En réponfe à celui que M. PROZET , de l'Académie des Sciences d'Orléans , a fait inférer dans le Journal de Phy/ique du mois de Décembre dernier , fur le Raffinage des Sucres ; Par M. BOUCHERIE. ; J'ai toujours penfé qu'un homme qui écrit doit s’occuper uniquement de fon fujet & nullement de fi; qu'il eft contre la bienféance de vouloir en occuper les autres, & que per conféquent les critiques perfonnelles doivent demeurer fans réponfes Buffon , Epoque de la Narure, Ex fuivant cette maxime de l'illuftre Philofophe que la France & les fciences viennent de perdre, je me renfermerai dans le fujer que la réplique de M. Prozet nr'oblige encore de traiter. Je iaiflerai conféquem- ment de côté tout ce qu'elle contient de perfonnel. Je me bornerai à examiner ce qu'il oppofe au Mémoire que jé fs inférer dans ce Journal au mois d'octobre dernier, & à mettre le Lecteur à même de pefer la force des preuves réciproques, Un voyage affez long que j'ai été obligé de Tome XXXIIL, Parr, IL, 1788. SEPTEMBRE. x ï 1750 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faire a retardé ma réponfe. Elle n’auroit pas même lieu fans un déff formel que me donne M, Prozer, Mais comme ces forres de difcufions ne font point de mon goût, je déclare que j'abandonne déformais le champ à M. Prozer, & que je ne répondrai plus. Ramenons avant tout l'état de la queftion dont M: Prozet s’eft écarté dès les premières lignes de fa réplique. IL ft inférer dans le Journal du mois d’août 1787 un Mémoire dans lequel il examine , « quelles font » les caufes qui ont mérité au fucre rafiné à Orléans la préférence fur » celui des autres raffineries du royaume >. Pour traiter cette queftion , (fuppofé que cela en foit une ) il emploie (1) la première partie de {on’ Mémoire à prouver que cétte fupériorité ne pouvoit provenir des eaux de la Loire. Certe vérité une fois démontrée, il pafle à l'examen chi- . mique des procédés dont on fe fert pour travailler le fucre; & pour remonter jufqu'à la fource, il commence par le fnc de la canne, « qui » demeureroit toujours, fuivant lui, dans l'état frupeux, fi l’art ne » venoit au fecours de la nature pour débarrafler le fel fucré, des » matières hétérogènes qui s'oppofent à fa criftallifation (2)». Ain fans art, point de fucre dans l'état concrer, De ce principe M. Prozer tire la conféquence, « que la connoiflance de » la nature & des qualités de ces matières eft le feul objet vers lequel le >» fucrier & le raffineur doivent diriger leur étude »; Et pour nous éclairer fur la nature & les qualités de ces matières hétérogènes fi effentielles à connoître, « Nous favons , ajoute-t-il , d'après les expériences du célèbre: » Bergman, que l’état de déliquefcence dans lequel fe trouve le véfou, eft dû à une certaine quantité de l'acide propre du fucre, qui y eft furabondant & libre». Et de-là il conclut: « que le fucrier en » . : , : ù employant l’alkali cauftique & l'eau de chaux , doit faturer une partie de l'acide furabondant (3) & coaguler en même-tems la plus grande partie des fubftances mucides », g 5 8 8 8 Que réfulte-t-il de tous les foins du fucrier? « Du fucre brut,.qui;. fuivanc M. Prozet , » elt gras & très-roux : ce qui indique la préfence de » l'acide faccharin non-combiné, & des matières colorantes étrangères. > C’eft (dit-il) ici que commence l’art du rafineur. Il tend à débarrafler le fucre de tous les corps étrangers qui nuifent à fa confiftance & à fa » pureté. Pour y parvenir, il diflout le fucre dans l’eau , en y ajoutant » en même-tems une certaine quantité d'eau de chaux, qui fature » l’acide excédent. ES 1) Woyez Journal de Phyfique, août dernier, Mémoire de M. Prozet. (2 Ibid. (3) M. Prozet ne fait faturer au fucrier qu’une partie de l’acide en excès ; fa raifon en eft fimple. Il avoit befoin qu'il lui en reftät pour expliquer l'emploi de l'eau de chaux dans les rafineries, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17% » La connoiflance précife de la quantité de l'acide furabondant & celle des parties mucides extractives feroit bien effentielle pour le raffineur, ( fuivant M. Prozet ) afin qu'il n'employit que la dofe néceflaire d'eau de chaux; mais un léger excédent ne peut être nuifible, parce que l'action du feu décompofe toujours une partie du fücre & développe une nouvelle portion de fon acide (1) ». IL obferve cependant : « que pluleurs rafineurs ont reconnu qu'une -» trop grande quantité d’eau de chaux communique au fucre une » couleur grife; maïs il l’attribue au fer contenu dans le fang & à fa » grande diflolubilité, facilité par fon extrême divifion qui l'unic aux » molécules facchatines dont il alcère la couleur ». - Mais l’ufage de l'eau de chaux étant commun à tous les rafineurs, & cet ufage ne pouvant donc pas ètre la caufe de la préférence & de la fupériorité des fucres d'Orléans, M. Prozet fe fait à lui-même cette queltion: « Quelle eft donc la caufe de la qualité qui diftingue le fucre » des raffineries de certe ville » ? C'eft-là en effec la queftion importante, puifqu'elle eft le fujet du Mémoire. Voici la folution qu'il en donne: « Elle n'exifle point dans = les objers extérieurs. Elle eff intrinsèque & appartient entièrement à » l'artifle lui-même (2). C’efl dans le rapprochement plus grand de la » liqueur qué tient le fucre en diffolution & [ur-tout dans l'attention » que l’on apporte dans nos raffineries à troubler la criflallifarion du a fücre , qu'il faut la chercher », Ainf ce n’eft point-là précifément un procédé particulier que Fon puifle décrire, & dont on puifle donner les saifons chimiques ; c’eft plutôt le tour de main d’un ouvrier. Tels fonc Les principes que M. Prozet a établis dans fon Mémoire & la manière dont il démontre la fupériorité de fon fucre qui en fait le fujer. 8 5 b y (1) Maïs pour connoîitre le plus, il faut connoitre le moins. Comment done M. Prozet n’a-til pas éclairé fes Leéteurs fur un peint aufli capital d’après la doftrine qu'il érablit, afin de les fixer fur la quantité de chaux néceffaire à Ja faturation de l'acide contenu dans le fucre brut, pour qu’ils puflent enfuite connoître celle néceffaire pour neutralifer l'acide que l’aétion du feu peut développer ? (2) Mais fi cette caufe n’exifte point dans les objets extérieurs, eHe ne dépend donc pas de l’artifle; car lartifte n’eft pas le fucre : & d’un autre côté, fi cette caufe eft intrinsèque , eile appartient inconteftablement à la chofe méme, c’efl-i-dire, au facre ; elle n’appartient donc pas au raffineur ; car le fucre & le fucrier ne font pas num & idem. J'ai fait voir à M. Prozet dans ma premiere réponfe que la couleur dx fucre brut eft occafionnée par le rapprochement de 1a matière éxtra@ivé du fuc de la canne, par l’aétion des leflives alkalines & par üre portion de fucre brûlée en Amérique. Le fucre brülé eft amer, La matière extraétive du véfou contient, 1°, une fubffance colorante qui eft réfineufe ; 2°, une matière animale , un véritable gluten, Il n’y afrien dans ces diverles fubftances qui puiflent augmenter la douceur du-fucre, Elles fünt toutes propres au contraire à la diminuer. Auffi le fucre le plus pur eft-ä le plus, doux, Tome XXXIIT, Part, Il,1788 SEPTEMBRE, Y2 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je doute que les raffineurs d'Orléans lui fachent gré d’avoir ainfi Joué les produits de leurs manufactures. Quoi qu'il en foit , j'avoue que je me füuis cru obligé de détruire des erreurs infiniment nuifibles aux progrès d’un art trop long-tems dans l’enfance, dont la perfection eft néanmoins très-importante à la profpérité des colonies & au commerce de l'état dont le fucre eft la bafe, J'ai en conféquence oppofé à M, Prozet le fruit des longues recherches que nous avons faires mon frère & moi, & j'ai établi en principe: 1°. Que le fuc de la canne ne contient point d’acide en excès. 2°. Que loin d'être toujours dans l'état de déliquefcence, il pafle naturellement à l'état concret routes les fois qu'il fe trouve dans un état d’appropriation convenable à l’évaporation: que dans l’état contraire, c’eft-à-dire, lorfqu’il eft en grande mafle fluide , il prend un mouvement de fermentation, qui en fait du vinen peu de tems, 3°. Que le fucre brut ne contient point d'acide à nud. 4°. Que les leflives alka!ines dont on fe fert en Amérique, & l’eau de chaux qu'on emploie dans les raffinéries , n'ont pour! but que la défécarion du fuc de la canne; que la chaux s’unit à la partie colorante qui eft réfineufe, met à nud une portion de la matière plutineufe, & rend ainfi plus facile le rapprochement des molécules faccharires; mais que c’eft-là un de ces moyens dont on fe fert, parce qu'on n'en connoît pas de meilleurs, 5°. Que M. Prozer confond l'acide principe conftitutif du fucre avec l'acide faccharin , que le célèbre Bergman a fait connoître; qu'ils different cependant abfolument entr'eux. J’ai donné en preuve de cette affertion ; la diflolution de la chaux par lintermède du fucre , & j'ai rapporté à ce fujer une expérience abfolument neuve de laquelle il réfulte : que la -chaux unie au fucre refte dans fon état de cauflicité, & que conféquem- ment elle ne trouve dans ce fel effentiel aucun principe qui puiffe la faturer, : 6°. Enfin, que les fucres raffinés avec de l’eau de chaux contiennent de la chaux dans l’état de caufticité, & que la couleur du firop de violerre fait avec cette forte de fucre eft fenfiblemenc altérée en verd. Voyons maintenant ce que M. Prozet oppofe à mes principes. æ En cherchant, dit-il, à détruire un préjugé nuifible au progrès de » Part, j'ai donné, & feulement pour le beloin que j'en avois, un > apperçu de Ja théorie du rafinage (1) ». De quel préjugé M. Prozet veut-il parler ? Ceci ne peut fe rapporter qu'à l'opinion qu'on avoit, felon lui, à Orléans, que les eaux du pays (x) Foyez le nouveau Mémoire fur le rafinage du Sucre, par M. Prozet, Journal de Phyfique, page 124. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 173 donnoient quelque fupériorité au facre qu'on y raffine, Mais étoit-ce-là Ja queftion qu'il traitoit ? Je fuis obligé de lui rappeler le fujet de fon Mémoire qui avoit pour but, « d'examiner quelles font les caufes qui ».ont mérité au fucre d'Orléans la préférence fur Les autres raffinertes » du royaume ». Ces caufes ne pouvant provenir que d'un rafinage plus parfait, M. Prozet n'a pu les démontrer qu'en traitant la théorie du rafiuage , dont il veut aujourd’hui nous perfuader qu'il n'a parlé qu'en paflant, & comme il le dit, « feulement pour le befoin qu'il en avoit ». Il veut fans doute faire entendre par-là qu'il l'a peu approfondie, æ Les principes.que jy ai établis, ajoute-t-il, ne me font point » particuliers, Cefont ceux que Bergman avoit développés, & que Macquer » & plufieurs autres Chimiftes avoient adoptés ». Ce n’eft donc pes ici le fruit de fon travail ni de fes recherches que M. Prozet nous oppofe , c’eft l'opinion de ces hommes célèbres qu'il défend. Pour prouver que le fuc de la canne demeureroit toujours dans l’érar firupeux, comme il l'avoir avancé , il cite M. D. C*, Je ne voisrien dans le paffage de cer Auteur rapporté par M, Prozet, d'où l’on puifle inférer ue Le véfou ne criftallife pas fans leflive ; & ce n'eft pas à coup sûr ce que M. D. C*, a voulu dire, Iin'a eu en vue que la dificulté de féparer le firop de la maffe concrète obtenue par l’évaporation , féparation que l'enivrage facilite & qui eft le feul bur pour lequel on l’emploie, Au furplus, quelle que foit Popinion de M. D. C *, à cet égard , j'en appelle au témoignage de rous ceux qui ont cultivé la canne, Il n’en elt aucun qui ne convienne que fon fuc criftallife par la feule évaporation ; & Îi M. Prozet trouvoit ceci trop vague, j'en appelerois an témoignage de M. d’Arcer de l’Académie des Sciences qui a vu criftallifer le vefou chez moi fans lefive , comme avec la lefive , dans une fuite d'expériences que nous fîmes il y a trois ans fur des cannes que j'avois fait venir exprès (1). Cette criftallifation du fuc de la canne fans leflive eft trop oppofée au principe fondamental de la doctrine de M. Prozet, pour qu'il l’aban- donne facilement, Il fait de grands efforts pour la détruire , & fur ce que j'ai dit, « que le véfou expolé à l'air perd par l’évaporation l’eau qui tient le fucre en diflolution , & que ce fei criftallifésen totalité & fans laiffer de réfidu ou eau-mère, il dit, dans fa réponfe, au travail en grand que j’avois en vue, M. Boucherie oppofe une expérience faire fur une añiette, Il prétend qu'une deffication fuivant la méthode de M. de Lagaraie eft une criftallifation », M. Prozet m'attribue gratuirement ici une erreur que je n’ai point faite, Je n'ai point parlé d'une deflication fuivant la méthode de ÿ & 8 6 U (1) Elles étoient fi faines & f parfaites , qu’elles furent jugées par M. de Caradeux, propriétaire d’une grande habitation au Port-au-Prince , & très-habile fucrier , ab{o= Q lument fmblables à celles qu'il récohtoit chez Jui, #74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M, de Lagaraie, mais bien d'une cridallifation, Sur quoi a-c-il donc pu juger que je confandois ces deux chofes2 Seroit-ce parce que l’évapo- ration à l'air eft lence ? Mais on he peur préfumer que M. Prozet ignore qu'on obtient par les évaporations lentes dés criffaux bien prononcés ; que c'eft même le moyen de les avoir plus parfaits. ‘Ici M. Prozet m'oppofe à moi même. « M. Boucherie (dit-il) ne >» craint pas d'avancer qu'il a fait entièrement criftallifer le véfou fans >» rélidu nieau-mère (t); qu'il nous initruife donc de la forme qu’affectent >» les criftaux de la matière extraétive, de la réfine & de la matière gluti- » neufe, afin que nous puiflionis difcerner les vrais criftaux de fucre, » d'avec ceux des matières qui dans le raffinage gênent la criftallifation », Que répondre à cela? Elt-ce véritablement une queftion que M. Prozet a cru me faire, ou une froide plaifanterie ? Je ne puis le croire capable d'une queftion aufli ingénue. Je dirai donc fimplement 89 fans aucune réflexion , que dans la criftallifation totale & fans leflive du fucre contenu dans Le véfou , la matière extractive falit Les criftaux, les colore en gris & non en roux comme dans le fucre brut. Certe différence vient dans ce dernier fucre de la chaux employée à la défécation, & de lation du feu cant fur le fucre que fur la matière extrative. Et c'eft ce que j'ai fait entendre clairement lorfque j'ai dit : « que la chaux agit dans la » clarification fur la matière extradive , s’unit à la partie rélineufe , met » hors de diffolution une portion de la matière glutineufe qui remonte » avec les écumes, & laïfle le fel fucré plus libre (2) ». Sur ce que j'ai dit en niant l’exiftence de l'acide faccharin en excès dans le vélou , que j'avois démontré à M. Macquer & à M. d’Arcer que ce fuc ne manifefte ni au goût, ni par l’action des réa@ifs la préfence d'aucun acide, M. Prozet me répond : « Mais Bergman n’a jamais prétendu que » dans le véfou, l'acide fût affez abondant pour fe manifefter au goût; » & files réactifs ne peuvent le démontrer dans l'inftant, c’eft qu'il y >> elt dans un état de combinaifon avec les parties huileufes qu'il unit au » fucre, dont il empêche La criftallifation », Voici donc aujourd’hui cet acide combiné avec les parties huileufes , & qui n'elt plus fürabondant & libre, comme M. Prozer l'avoit avancé dans fon premier Mémoire. La différence elt déjà très-grande. Mais quel elt cer acide ainfi combiné avec Les parties huileufes ? M. Prozet n'afirme plus que ce foit l'acide faccharin ; mais il nous dit: « que quoique le > goût ni les réa@ifs ne puiflent démontrer dans nos mélafles un acide » furabondant, M. de Morveau penfe cependant qu'on ne doit point —, A © ——— — — — ——————_———— — —————— (x) Je n’ai point dit fans réfidu ni eau-mère ; mais bien fans laifer de réfidu ou d'eau-mère, (2) Voyez Journal de Phyfique d’o&tobge dernier ‘page 307. SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 175 3 héfiter à croire qu’elles font un fucre altéré, devenu incriftallifable par » le développement d’un acide analogue à celui que le fucre fournir par » la difillation ». Je fuis forcé malgré moi d'arrêter M. Prozet fur cette tranfition adroite avec laquelle il veut s'échapper , & de lui obferver qu'il n'éroit point queftion de mélafles , mais bien de véfou , dans lequel j'ai nié l’exiftence d’un acide furabondant. & libre. J'ai nié égalemenc que cet acide fût l'acide faccharin, M. Prozet n'oppofe rien à mes preuves, Elles reftent donc dans toute leur force, Mais à quoi peut tenure le fentiment de M. de Morveau fur les mélafles rapporté par M. Prozet à l’occafon du véfou, Seroit-ce pour faire fuppofer que l'acide en combinaifon avec le véfou , pourroic être aufli de la nature de celui que le fuere fournit dans la diftillation? Voyons fi dans ce cas la préfence de cet acide empêcheroit le fucre de criftallifer. J'ai verfé une demi-once d'acide firupeux (1) dans une difflolution: dune livre de fucre d'Orléans, & j'ai mis le tout en ébullition. L’acide- firupeux s’eft volatilifé pendant l’évaporation, il portoit vivement au: nez, & j'ai obtenu par le refroidiffement une criftallifation auf abon- dante & aufli parfaite que pourroit la donner le mème fucre fans addition d'acide, Les criftaux étoient feulemert falis par une portion d'huile empireumatique qui fe trouvoit jointe à l'acide. Cette expérience démontre que les mélaffesne font point un fucre devenu incriftallifable par le développement d'un acide analogue à celui que le fucre fournit par la diftillation (2). Elle prouve que quand même lé véfou contiendroit cet acide , il ne s’oppoferoit point à la criftallifarion du fucre , attendu fon extrême volatilité. D'ailleurs, il forme avec La chaux un fel très- déliquefcent, qui fe décompofe au moindre degré de chaleur fupérieur à celui de l’eau bouillante; & comme le fucre en prend un plus fort dans-fa cuite’, l’acide feroit dégagé de la chaux. De tout cela il faut conclure que fi M, Prozet n’a pu démontrer dans fon dernier Mémoire l’exiftence de l'acide faccharin furabondant & libre dans le véfou , il n’eft pas plus heureux lorfqu'il veut infinuer qu’à défauc * de celui-ci, le fuc de Ja canne pourroit contenir l'acide firupeux. Me voici à la criftallifation des mélafles contre ja pofñbilité de laquelle- (r) La proportion d’acide que j’ai employé ne fe peut fuppofer ni dans le véfou, ni dans le fucre brut , puifqu’elle nécefiteroit une quantité de chaux fort au-deffs de celle que le fucrier & le raffimeur emploient, attendu qu'il faut vingt-quatre grains de chaux pour faturer trois cens.grains d’acide firupeux. (2) Si les mélaffes ne font incriftallifables que par le développement d'un acide, pourquoi ne les fait-on pas criftallifer en faturant l’acide avec la chaux : ce moyen * devoit { préfenter naturellement à M. Prozet qui révoque cependant en doute Ja poffñbilité de cette criftallifation, que j’avois annoncée, & que j’exécute très facilement fur des mafles de cens & cent cinquante milliers, 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Prozet forme des objections d'un genre particulier; ma réponfe eft facile, M, Prozet la trouvera dans la note qui répond à cet article (1). & J'attribue, dit M. Prozer, la couleur grife ineffaçable que le fucre » contracte par l'excès de l’eau de chaux, fuivant quelques raffineurs, » à la décompofirion de la partie du fang, dont le fer s’unit aux molé- » cules faccharines & alrère leur couleur. J'ajoute encore que quel que » für l'excès de l’eau de chaux, jamais cette couleur n’auroit lieu , fi on _» fe fervoir pour la clarification d’une autre matière que le fang de » bœuf. M. Boucherie me répond très-judicieufement , qu'on n'eft » perfuadé en phyfique que par des faits », & Qui ne croiroit, d'après ce paflage , que M, Prozet va nous démon trer par des faits qu'en effet cette couleur grife vient du fer contenu (x) Diverfes expériences que j’avois faites, pour trouver le moyen de dégager [a matière extra@tive , qui s’oppofe à la criflallifation du fucre dans les mélafles, me firent foupconner que le fucre proprement dit n’étoit point le principe de Îa fermentation fpiritueufe. Je fis un travail particulier fur cette matière, qui porta cet apperçu jufqu’à la démonfiration. Affuré de ce fair, j'appliquai cette vérité au travail des mélaffes, & le fuccès répondit parfaitement à mon attente. M. d'Arcet, auquel j'avois communiqué le réfultat de mes recherches, annonça au mois de mars 1786, dans fon Cours du Collège Royal, que le-fucre n’étoit point le principe de la fermentation fpiritueufe ; & je lus le $ de feptembre de la même année À l’Académie des Sciences un Mémoire fur cet objet & fur l'application que j'en avois faite à la criftallifation du fucre contenu dans les mélafles. Cette illufire Compagnie nomma trois Commiflaires pour examiner mon travail. Voici La conclufon de leur rapport. e Après avoir parlé des avantages qui réfultoient de la criffallifation des mélafles provenantes des reffineries , ils ajoutent: « Que fera-ce donc fi cette méthode peut » s'appliquer en tout ou eh partie au travail pour la première fabrication du » fucre en Amérique, où il eft de fait que de cent cinquante livre» de matière » füucrée ou firop prêt à criftallifer , trente livres reflent en mélafle dans les mains » du colon, & qu'ils’en perd de quinze à vingt livres par le coulage dans le tranfport » en Europe. MM. Boucherie eftiment & nous penfons que c’eft avec raifon, qu'il » cf poffible de convertir les deux tiers à-peu-près de cette mélafle en {ücre raffiné, » avantege déjà confidérable fans doute pour le propriétaire & la confommation ; » mais qui deviendra d’une toute autre importance encore pour l’état par la faveur » que cette mérhode ne peur manquer de procurer à la culture de nos vignes & au » cornmerce de nos eaux de-vie en tariflant ainfi la fource du tafa. Ce (ont tous » ces grands objets d’utilité publique , comme nous le voyons dans leur Mémoire, » qui ont aufli vivement frappé MM. Boucherie, & excité leur émulation. » Nous croyons donc que la méthode & le procédé de MM. Boucherie, ainf » que le Mémoire dont nous venons de rendre compte , méritent l’approbation de » l’Académie, & que ce Mémoire eft très-digne d’être imprimé en entier dans le » recueil de ceux des Savans étrangers. Fait au Louvre le 12 mai 1787. » Signé, FouGeroux, BerTHoLer & D'ARCET. Je certifie le préfent extrait » conforme à fon original & au jugement de l’Académie, A Paris, le 13 juin 1787 » Signe, le Marquis pe CONDORCET » dans | IS Vert nb SUR L'HIST. NATURELLE ET LES À RTS. 177 dans la partie rouge du fang , & qu'il va en manifefter la préfence par des expériences lumineufes ? Voyons toutefois ce qu'il ajoute : « Et il m'obje@te ( M. Boucherie ) » que la difflolution d’un fucre très-pur dans l’eau de chaux, aura plus » de couleur que celle qui fera faite dans l’eau diftillée, » Je lui obferverai que je n’ai point dit que l’eau de chaux ne colorâe » pas le fucre (1), j'ai feulement foutenu que la couleur grife ineffaçable » qu'on a obfervée dans le fucre, provenoit du fer contenu dans le fang. » C'eft ici un cas pariculier que j'explique (2) , mais pour que les faits > perluadenr, il faut qu'ils foient vrais; & malheureufement ayant répété » l'expérience des deux diffolutions, j'ai vu que la couleur étoit la » même. À la vérité j'ai employé du fucre royal d'Orléans ». Je demande à tout Le@eur impartial s'il trouve dans ce paflage, [a moindre preuve en faveur de l’opinion de M. Prozer {ur la préfence du fer dans le fucre raffiné? Je demande même ce qu'il veut dire? Car, qu'eft-ce que l'expérience de deux diflolurions que malheureufement il a répétées, & dont la couleur étoit la même? Eft-ce une diflolution, ou stplutôt une clarification avec du fang & une fans fang , ou bien une diflolution avec l’eau diflillée & l'autre avec Peau de chaux ? Quoi qu’il en foir, je demande s’ileft vrai ,comme M. Prozer le foutient, que la couleur grife vienne du fang * Comment plufieurs raffineurs ont-ils pu remarquer une différence dans la couleur , lorfqu'ils mettoient un excès d’eau de chaux ? Car dans tous les cas, ils clarifoient avec du fang, & la couleur p'ovenant du fer contenu dans le fang , devoir être la même. Cependane plulieurs raffineurs ont fait cette remarque, fuivant M. Prozer; & j'ajoute qu'il n’y en a pas un qui ne l'ait faite, [Il n'ya pas mème un ouvrier qui ne s’en foit apperçu. « M. Boucherie n'eft pas conféquent dans fes raifonnemens, die M. Prozet ,» car les chofes devroient , d'après fes principes, fe pafler » ainfi que je l'ai obfervé ». Voici un avis & un moyen d’accommode- ment dont je remercie M, Prozet, «en effet, la couleur du fucre ne » dépend , fuivant lui, que du rapprochement de la marière extraétive », Pardonnez-moi, M. Prozet, elle dépend encore des leflives alkalines . qui lui donnent de l'intenfité, comme je l'ai dit (Journal d'octobre dernier, page 307) & même d’une portion de fucre qui a été brülé dans les chaudières de fer dont on fe fert mal à propos en Amérique. Ain la couleur du fucre brut vient, felon moi, de trois chofes: de la (2) M: Prozet paroït par-là ne pas nier que l’eau de chaux colore. N’auroit-il pas mieux valu commencer par s’aflurer fi elle n’eft pas réellement la caufe de -la couleur en queftion , avant que de attribuer au fer? (2) Je ne vois pas comment. Tome XXXIIT, Part, Il, 1788. SEPTEMBRE. Z 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, matière extractive du véfou, de l'aftion de la chaux fur le fucre & d'une portion de fucre brälé (1). ÿ Sur ce que j'ai dit qu'une des principales erreurs de M. Prozet venoit de ce qu'il confondoit l'acide, qui eft principe conftiturif du fucre , avec- l'acide faccharin , il me répond: « qu'en propofant des idées nouvelles, » j'auroïs dû faire connoître les expériences fur lefquelles je les fonde (2). n Sûrement, ajoute-t-il, la combinaifon de l’acide du fucre avec l'acide » nitreux, pour former Pacide faccharir , doic préfenter des phéno- æ mènes, qu'il feroit intéreffant de publier ». l J'ai déjà eu occafion de montrer plufieurs fois que M. Prozet me citoit mal, En voici une nouvelle preuve que perfonne ne prendra ÿrement pour une méprife. Elle mérite d'autant plus d'être relevée, qu'à l’aide de cette falffication , M. Prozer a râché de jeter fur moi un zidicule, qui doit bien juftement reromber fur lui. Il n’y a pas un mot dans mon Mémoire qui puifle faire croire que j'ai eu en vue la combinaifon de l'acide du facre avec l'acide nitreux pour former l'acide faccharin. Voici mon pañlage tel qu'il eft, & qu'il eft bon de rétablir dans toute fa pureté. « Jai dir que M. Prozer confondoit l’acide qui elt principe » conftitutif du fucre, avec l'acide faccharin qui provienc de la com- >» binaifon de ce fel (le fucre) avec l’acide nitreux (3) ». Quant aux opinions des neuf favans que M. Prozet cite & qui tous confidèrent diffé- remment l'acide faccharin, cette érudition ne prouve autre chofe, finom que cer acide n'eft point encore connu; & dès-lors il m'eft permis d’avoir mon fentiment particulier, jufqu'à ce que la vérité en foit démontrée. Mais écoutons M. Prozet fur l'acide faccharin: « M. Boucherie voular € » me prouver que l'acide propre du fucre eft bien différent de celui que » Bereman a fait connoître , a ajouté à une diflolution de quatre livres » de fucre pur dans trois livres d’eau, deux onces de chaux vive en » pierre, & lorfque le liqueur a été clarifiée, il a reconnu qu'en dédui- >» fant du poids primitif de la chaux, celle retirée pendant la clarification, » il en étoit refté environ fix cens grains en diflolution, M. Boucherie nauroit pas dû , comme il le fair, fortir de la queftion. Jamais » Bergman ni ceux qui ont adopté fon fentiment, n’ont penfé que le » fucre pur contint un excès d'acide ». Je le faisbien , maïs ilsont dit, que l'acide faccharin étoit acide propre 8 (1) Je remarque que M: Prozet n’objedte rien dans fa réplique contre l’obfervation que j'ai faite fur la préfence de la matière colorante dans le fucre raffiné qui lerend plus fueptiole d’attirer l’humidité de Pair. Ainf lorfqu’il avance dans fon premier Mémoire que les fücres d'Orléans font plus colorés que ceux des autres raffineries , & qu'ils ont plus de (chereffe , il avance une chofe contradiétoire. . (2) J'en pourroïs autant dire à M. Prozet für la préfence du fer dans le fucre raffinéx (3) Voyez Journal de Phyfique d’oétobre dernier, page 308e —————— SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. r79 du fucre; & M. Prozet l’a répété après eux. Ain ce n’eft pas fortir de la “queltion , lorlqu'on veut prouver que le vélou ne contient pas d'acide faccharin en excès , que de prouver que le fucre lui-même n’en contient pas, & c'eft, je penle, ce que J'ai démonntré à rour homme de bonne- foi, par l'expérience que je donnois en preuve & qui méritoit d’être examinée par M. Prozer (x). Il prétend cependant qu'elle ne prouve rien, attendu, ditil, « que je n'ai point examiné f dans mon réfidu , il n'y » avoir pas du facchate calcaire ou oxalate de chaux ». Xi nveft facile de juger par-là que M. Prozet ne l'a pas répétée, car il n’auroit pas manqué de chercher dans le rélidu le facchate calcaire ou oxalate de chaux , fi réceflaire pour démontrer fa doétrine, Mais au lieu de l'y trouver il auroit reconnu que ce rélidu n'étoit que la chaux furabondante à la faturacion du fucre, & dans fon érat de caufticiré. «& Certe expérience, dit 1l, ne prouve point que le facre contienne un » acide particulier ». Non, mis elle prouve qu'il ne contient point d'acide faccharin, & exo ce que je veulois prouver. æ Me voici, dir M. Prozer, au morceau le plus intéreffant de la » critique de M. Boucherie, c'eft l'expérience par laquelle il préténd » avoir prouvé à trois favans Chumifles, pour lefquels mes fentimens » vont jufqu'à la vénéracion , que le fucre raffiné à Orléans contient de > la chaux. Mais ces favans ne feroient pas les premiers dont on auroic » furpris la bonne-foi , parce qu'incapables dé tromper eux-mêmes ils # éroient fans défiance ». Surprendre la oonne-foi de trois favans Chimiftes dans une expérience de chimie des plus fimples, me paroît un argument nouveau, Îl eft à croire qu'on n’attrappe pas M. Prozer fi aifement, Voyons cependant s'il examine bien quand il examine, Il a, dit-il, « répété l'expérience » avec du fucre de routes les qualités, & il n’a apperçu aucuné altération 5 de la* couleur du firop de violetre qu'ily a verfé ». Cette couleur a feulement'éré modiñée « lorfqu'il a diflous un fucre très-coloré ». M. Prozet n'a pas porté ici route l'attention dont il eft capable. Les fivans que leur bonne-foi rend fi faciles à tromper, y ont regardé de plus près. Îls ont pris pour point de comparaifon ( ce que M. Prozet n'a pas fait) du fucre rafhiné fans eau de chaux, dont ils avoienr eu foin d'aflortir la couleur avec celui d'Orléans employé dans l'expérience. ils : ee ed ae ont tout calculé, quantité d'eau , de fucre, de firop de violette; & ils (x, M. Deveux , ancien Pharmacien à Paris, & très-hebile Chimifle, a eu la bonté de fe charger d’examiner cettz combinaifon du fucre avec la chzux dans fon éret de canicité. Son travail à cet épard fera certainement intée{fant par les lumières qu'il eft f bien en état de nous donner. Tome XXXIIT, Part. II, 1788. SEPTEMBRE, Z2 10 CESÉRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ont trouvé que ce que M. Prozet appelle une modification de couleur éroie un changement de couleur fenfiblement convertie en verd , lotfqu'ils ont employé la diflolution du fucre d'Orléans. Si M, Prozet eût été animé du delir de connoître la vérité dans cette queftion, il eût porté autant d'attention à la découvrir qu'il mer de lécèreré dans la manière dont il la traite. Il fait trop bien toures les reflouxces qu’a la Chimie pour connoîrre la préfence d’un corps étranger dans un mixte quelconque , pour ne nous avoir pas démontré par des expériences concluantes, que la chaux n'exiftoit point dans fon érat de caulticité dans les fucres rainés avec de l’eau de chaux , & ilne fe feroit pas contenté de nous dire qu'il n’a apperçu aucune altération de la couleur du firop de violette. Il a cependant fenti combien cette manière de prouver contre une affirmation, étroit infufffante. « Mon témoignage, dit-il, » peut être fufpeét; mais l'expérience de tous les jours vienc à fon 5 appui ». Et là-deffus ce il me défie de citer un Pharmacien qui fe foit >» plaint qu’en employant du fucre d'Orléans , même celui de feconde & >» troifième qualité, il ait vu changer en verd fa teinture de violette ». IL eft jufte de répondre à ce défi. J’efpère que M. Prozet fera fatisfait dela manière dont je vais le faire. Il trouvera, je penfe, que le témoignage de Mefieurs du Collège de Pharmacie de Paris que j'ai confultés, eft d'un poids fuffanr. Ë M. Baumé, de l’Académie des Sciences, m'a déclaré qu’il avoit tou jours obfervé que le firop de violette qu’il avoit fait avec Les fucres raffinés que l'on vend à Paris, étoit d'une couleur verdätre plus ou moins forte, & qu'il avoit été obligé pour l'obtenir d'un beau bleu de faire filtrer fon firop goutte à goutre au travers d’une chauffe, parce qu'il avoit remarqué que le contact de l'air en rétablifloic la couleur. Cet effet de l'air n'a pas befoin de commentaire. M. Deyeux, déjà cité, m'a déclaré qu'il avoit été obligé de renoncer au fucre d'Orléans pour fon firop de violette, parce qu’il n'obrenoit jamais avec ce fucre du firop qui fût bleu. IL _m’a obfervé que la teinte verdâtre varioit fuivant les années , & qu'elle éroit plus fenfible lorfque les violettes donnoient une teinture qui avoit moins d'intenfté. M. Pelletier , fucceffeur de la maifon Rouelle, m'a ré qu'il avoit éprouvé plufieurs fois que les fucres d'Orléans teignoient en verd la teinture de violette. Enfin, M, Joffe, qui a fait un fi beau travail fur le lait & le fucre de Jait, m'a afluré qu’il avoit eu des quantités confidérables de firop de violette perdues par la couleur verdätre que leur donnoit le fucre raffiné avec l’eau de chaux. Plufieurs de ces Pharmaciens m'ont afluré qu’ils avoient reconnu que les acides diffipoient cette couleur & rétablifloient le bleu naturel des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTE 181 violettes. Preuve fans réplique dé la véritable caufe de la teinté ver- dâtre (1). A des témoignages fi décififs je vais joindre quelques expériences. J'ai fait de la teinture de petites raves que j'ai verfée dans trois verres, J'ai mis dans l’un de ces verres douze gouttes d’une diflolution de fucre caflon d'Orléans faite dans de l’eau diftillée. Le bleu de la teinture eft devenu verdâtre, J'ai mis dans le fecond verre même quantité d’une diflolution de fucre caflon faire fans eau de chaux, La couleur de la ‘teinture n’a pas varié. J'ai mis dans le troifième verre une égale quantité de la diffolution du fucre raffiné fans eau de chaux. Il a fallu y ajouter quatre gouttes d’eau de chaux, pour lui donner ä-peu-près la même teinte que celie du premier verre où j'avois mis douze gouttes de la diflolution du fucre d'Orléans (2), Ces trois verres ont été dépofés au laboratoire du Collège Royal où j'ai fair cette expérience. Je fuis allé les examiner lé lendemain, & j'ai reconnu que celui dans lequel étoit la teinture de raves avec la diflolution du fucre fans eau de chaux avoit confidérablement rougi. Deux jours après, J'ai trouvé que celui dans lequel j'avois ajouté les quatre gouttes d'eau de chaux , commencçoit fortement à rouoir , pendant que celui dans lequel étroit le fucre d'Orléans n’a commencé à rougir que le cinquième jour. M. Dizé, élève de M. d'Arcet, & celui auquel il a confié la manipu- lation des expériences qui fe font pendant les cours de Chimie du Collège-Royal , a fait les expériences fuivantes : Il a fait deux diffolutions de {ucre dans de l’eau diftillée , l’une de fucre d'Orléans & l’autre de fucre raffiné fans eau de chaux : il les a filtrées. H a mis une livre de chaque diffolution dans des bouteilles qui contenoienc quatre pintes d'air fixe. Après les avoir bouchées, il les a fortement agitées. La diffolurion du fucre d'Orléans s’eft confidérablement troublée, & celle du fucre raffiné fans eau de chaux a confervé fa tranfparence. l'a fait deux diflolutions de fucre femblables aux deux premières. L'acide faccharin à précipité la chaux de celle du fucre d'Orléans , É ce réaëtif puiffant n'a point eu d'aétion fur celle du fucre fans chaux. H a paffé à froid du vinaigre diftillé fur du fucre d'Orléans en poudre, (1) Le voyage que j'ai été obligé de faire ne m’a pas permis de voir un plus grand nombre de ces Meffeurs ; mais un ami de Paris m’a écrit que MM. Moringlane & de Lunel avoient reconnu les mêmes effets du fucre d'Orléans fur la teinture de violette. (2) Il eft à remarquer qu’une {eule goutte d’eau de chaux rend Ja teinture de. petites raves d’un verd parfait. I] en a cependant fallu quatre pour rendre verditre celle qui contenoit les douze gouttes de diffolution de fucre fans chaux. Cetie obfervetion eft importante & prouve combien Je firop de violette eft un agent infidèle pour manifefler la préfence de la chaux & des alkalis , qui ont plus d'ation fur le fücre que fur la couleur des violetres, 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & il a promptement dépofé ce mêlange fur un flrre de papier qui ne contient pas un veftige de terre calcaire, afin que le vinaigre prit le moins de fucre poflible. Le vinaigre a diflous la chaux , & elle en a éré précipitée par l'acide faccharin, « [Le fucre traité de même (dit-il) avec l’acide nitreux & l'acide marin » abandonne la chaux, &elle eft précipitée de ces deux acides par » l'acide faccharin, Mais comme l’on met roujours un excès d'acide, il » faur avoir foin de verfer de l’eau diftillée fur le filtre afin qu'il ne foit » pas attaqué , & facurer enfuite l'excès d'acide, fans quoi il rediiloudroit » Le fel qui fe forme de l’urion de l'acide faccharin avec la chaux ». M. Dizé obferve, « qu'il s’eft fervi de l’alkali minéral parfaicement » purifié pour faturer l'excès d'acide, » Si l’on traite une forte diflolurion de fucre d'Orléans avec la fleur de » foufre , on obtient un hépar calcaire qui devient très - fenhble par » l’addition de quelques gouttes de diflolution de plomb par le vinaigre » avec excès d'acide, . ». Une diflolurion de fucre d'Orléans traitée avec une diffolution du » fublimé corroff, louchit, & le précipité prend une couleur de brique. >» Il faut avoir foin de chauffer légèrement le mélange, fans quoi » l'expérience ne réufliroit pas (t). » Enfin, dit-il, f l'on ajoute à une diffolution de fucre , foir d'Orléans, » foit raffiné fans eau de.chaux , une quantité proportionnée de chaux » vive, la diflolution eft compleite. Elle prend une couleur foncée, le fel » ammoniac trituré avec cette diflolution eft décompolé fur le champ. » M. Dizé ajoute qu'il a reconnu parles mêmes expériences la préfence » de,la chaux dans le fucre brut de l'Amérique », , Les expériences ci-deflus, celles qui me {ont particulières, & le témo pnage des habiles Pharmaciens que j'ai cités, prouvent d'une maxière fans réplique, la préfence de la chaux cauftiqué dans le fucre raffiné avec de l’eau de chaux. Ainf ce fait que j'avois avancé dans mon premier Mémoire elt parfaitement démontré: . Refe lobjetion que me fair M. Prozer, fur l'odeur des fucres de Bercy. « Siie fer, dit-il, & le peu de marière putréfiée que l'éau de fon »_puits contient communiquoit fon odeur defagréable au fucre, combien » re devroit pas être féride celui d'Orléans & de toutes les aurres » rafineries du royaume, puifqu'on y verfe à plein feau le fang putréfié ». Je pourrois faire à M. Prozer quelques chfervations li-deflus. Je pourrois , par exemple, lui dire, que ce n'eft qu'après que j'ai eu raffiné pendant trois ans à Bercy , que l’odeur s'elt manifeltée ; que la rafñrerie (x) D'où M. Dizé conclut qu'il feroit dangereux de méler de ce fucre dans les prérara: ons de fublimé corroff qu'on donne fuivant la méthode de Wanswieren, puifque le fuoiimé fe irouveroit décompcié, > SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 183 de Bordeaux qui travaille depuis huit ans d’après mon procédé a toujours eu les fucres les plus parfairs & les plus recherchés par les confommateurs. Je pourrois lui ajouter que-c'eft bien moins l’eau employée dans la clari- fication qui donne l'odeur, que celle néceilaire au terrage. Je pourrois fuppofer que Palkali volatil contenu dans le fang de bœuf putréfié , employé dans la clarification , peut être dégagé en partie par l’aétion du feu. Mais il eft jufte de le laifler jouir de route la gloire qu'il mérite, pour avoir découvert « que l'odeur dés fucres de Bercy doit tenir à mon » procédé & aux agens que j’emploie ». [l eft à croire qu'il démontrera ce fait ; il y parviendra fans doute forfque Leves pafcentur im œthere cervi, Et freta deflituent nudos in liutore pifces. HARMONICA PERFECTIONNÉ, Examiné & approuve par l Académie des Sciences de Paris ; le 5 Mars 1788 ; Par M DEuDoN. Gus la propriété qu'ont les gobelers de verre de rendre des fons doux & purs, lorfqw'on frotte leurs bords avec les doigts mouillés, fût connue depuis long-tems, ce n'eft que vers le milieu de ce fiècle, qu’elle fit naître à M. Puckeridge, Irlandois, l’idée de s’en fervir, pour compofer un nouvel inftrument de mufique ; à cer effet , il fit choix d’un certain nombre de bocaux de verre de grandeurs différentes ; les arréta, les uns près des autres, {ur une table; les accorda, en verfant de l’eau, plusow moins, felon le befoin, dans ceux qui rendoient des fons trop aigus, & il joua des airs fur ces bocaux ainfi préparés, en faifant glifler fes doigts . mouillés autour de leurs bords. Cet inftrument étoit encore informe alers & imparfait ; car il occupoit un grand efpace; fon uface écoit incommode & dificile ; les verres devoient être accordés fouvent,on ne pouvoit faire fonner enfemble que deux tons, rarement trois, plus rarement quatre. IL fur réfervé au Docteur Franklin de corriger une partie de ces défauts. Ayant eu occafon d'entendre, à Londres, un de ces inftrumens , enchanté du la beauré:, de l’éclar, de la douceur des fons & des accords qu’on en tiroit, ce favant célèbre en fit l’objer de fes recherches, &c parvint; après grand nombre d'eflais & de combinaifons, à conftruire um 124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, inftrument, d'une forme toute nouvelle, & qui réunifloit bien def avantages, dont éroit privé celui qu’avoit fait M. Puckeridge. Comme plufieurs de nos Lecteurs n'ont peut-être pas été dans le cas de voir cette ingénieufe machine de M. Franklin, nous allons en donner une idée fuccinéte. Qu'on fe figure une fuite de cloches de verre, contenant trois octaves de tons, de forme hémifphérique, décroiffans proportionnellement de diamètre, accordés par des procédés imaginés par l'Auteur., enfilés fur un axe commun felon leur ordre femi-tonique, à-peu-près de la manière que le font les timbres de métal des carillons des pendule. Cet axe eft couché horifontalement, dans une boîte proportionnée au befoin : une roue garnie de plomb vers fa circonférence , fixée à l’une des extrémités du même axe, fair vourner les verres, à laide d'une pédale, adaptée au fupport de la boîte. Pour jouer de cet inffrument , on s'aflied devant la rangée de verres, comme devant les touches d’un clavecin 3 après avoir mouillé ces verres avec une éponge , on fait agir la pédale pour les faire tourner, & on en exprime le fon en appuyant plus ou moins fortement les doigts fur leurs bords. Au moyen de ce mécanifme, non-feulement ces tons fe trouvant renfermés dans un efpace infiniment plus refferré, font auli plus à la portée des doigts du Muficien , pour pouvoir en toucher quatre ou cinq enfemble; mais aufli les verres une fois bien accordés, ne doivent jamais être raccordés. Ë M. Franklin a donné le nom d’Harmonica , à ce nouvel inftrument de mufique (1), le plus attrayant, le plus mélodieux , on ofe dire le plus dramatique qui fût encore connu, & dont les fons magiques, pénétrans & purs, dont les accords harmonieux & doux, qu'on peut foutenir , enfer, filer, faire naître & mourir infenfiblement, touchent, enchantent, féduifent l'ame & la plongent dans le plus délicieux recueillemenr. Mais malgré les avantages de cette nouvelle forme & mécanifme, inventés par le docteur Franklin & la fupériorité de fon harmonica fur les autres inftrumens de mufique, pour l'expreffion & fon atrendriflante harmonie , il taifloic cependant appercevoir encore quelques défauts & imperfections , qui en rendoient l’ufage ou trop difficile, ou borné à trop eu de genres d'exécution. En effet, les timbres de verre, touchés avec les doigts mouillés, à la manière du Philofophe américain , ont en général l'intonnation paref- (1) Foyez la Lettre du 13 juillet 1762 , au P. Beccaria , Profeffeur de Phyfique à Turin, imprimée dans la tradu&jon du tome fecond des Œuvres de M. Franklin, page 209. feufe ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 feufe ; car ils ne commencent pas toujours à fonner à l’inftanc de l'appui des doigts: on n'eft pas même bien afluré de les taire fonner, Un peu trop de vireile dans leur mouvement de rotation, la plus petite quantité de matière graîle, gluante ou vifqueule , dont leurs bords, ou les doigts qui les touchent, font craflés, les rend muets: la même chôfe arrive lorfque voulant preffer la modulation ,on les parcoure trop preflement : par conféquenr , on ne peut exécuter que des adugio, ou tels airs, dont a marche ou la fucceflior des tons fe fair lentement. 2°, Les fons excités par la peau humaine, font fentir aflez fouvent des petirs grincemens défagréables à l'oreille : grincemens qui précèdent ordinairement les intounations, & que route la dextériré du Muficien ne peur pas toujours ni prévenir, ni faire difparoître en entier. 3°. Les verres graves font quelquefois entendre des fons zultiformes & difcordans qui alrèrenc la pureté de l’aarmonie. Nous appelons /ons mulriformes, ceux qui accompagnent le ton principal , & qui font tantôe un des tons harmoniques, tantôt une des difflonances du même ton principal. $ 4°. Quoique les doigrs humeétés obtiennent ordinairement (quoiqu’avec un peu de peine) des fons pleins, intenfes & harmonieux des deux oétaves graves des verres de l’inflrument , ils n'ont pas la même aptitude à faire parler la troifième oétave qui renferme les tons aigus : car ils n’en expriment , le plus fouvent , que des fons foibles , aigres , interrompus: fouvent même, les huir à dix plus petits timbres refufent de chanter. Ce qui reftreint beaucoup l’ufage de linftrument, & ne permet que l'exécution de telles pièces de mufique, dont la modulation & l’harmo- nie font renfermées dans deux otaves feulement. 5°. L’eau dont les timbres font humectés & qui eft l'agent propre & néceffaire pour les faire fonner , s’évapore bienrôt : de forte qu'on eft obligé de les mouiller fouvent, & qu'on ne peut jouer que des pièces d'une cerraine durée, Enfin, les vibrations & frémifflémens des verres fonnans caufent quelquefois des crifpations incommodes aux doigts des perfonnes qui “ont le genre nerveux trop irritable. M. Deudon ayant réflechi long-téms far les moyens de faire évanouir ces imperfections, vient d'y parvenir, du moins en grande partie , par quelques changemens fais au mécanifme de l’harmonica de M, Franklin. Voici les plus eflentiels. Guidé par la théorie & l'expérience, if a cru devoir changer les formes & proportions des timbres de l'inftrument. Cette correction lui a procuré un toucher plus facile, en rendant toute la fuite de cons plus uniformémenc docile à l'impreflion des doiors, qu'on ne pouvoir l'obtenir avec les figures hémifphériques, que M. Franklin leur avoit données. En fecond lieu , ii a réformé le mécanifme qui fair rourner les timbres, Tome XXXIIT, Part. II, 1788. SEPTEMBRE. Aa 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & à l’aide de celui qu'il lui a fubftitué, il peut beaucoup plus commodé- ment & füuivant que les circonftances l’exigent, accélérer , ou retarder la rotation de ces timbres. En troifième lieu, M. Deudon ayant effayé attentivement toutes les fubftances, qu'il foupçonnoit pouvoir être propres à remplacer avanta- geufement la peau humaine; pour faire fonner le verre, & s’érant con- vaincu que le drap, un peu fin, humecté d'eau & de très-peu de vinaigre, ÿ étoit le plus propre (1), a conçu l'idée de fe fervir d’une bande de drap, inrerpofée entre les verres & les doigrs du Muficien.; aflujertie d’une part, à la paroi antérieure de l’inflrument & couchée de l’autre fur toute la fuite des tons. En conféquence de ces corretions , les grincemens défagréables ; qu’excitent les doigts nus, ainfi que les fons mulriformes & difcordans, dont nous venons de parler, difparoiflent prefqu'entièrement ; les trois octaves de timbres réfonnent preftement, nettement & avec facilité, avantages, qui avec un peu de dextérité & d'habirude, permettent l'exécution de route forte de mufique, foit vive, foit lente , & dans toute l'étendue de l’inftrument (2), tandis qu'avec le mécanifme primitif, on ne pouvoit jouer que des airs, dont la modulation étoit tardive & ren- fermée feulement dans les deux oétaves graves de linflrument (3). D'ailleurs le drap interpofé amortit les vibrations crifpantes des verres fonnans, & comme il eft fufceptible de refter très-long-rems mouillé, on peut exécuter des pièces de mufique, detelles étendues qu’on le veut, À la vérité, les fons qu’on obtient de cette manière, n’ont pas le même timbre précifément que celui que fait naître la peau humaine. Les fons que celle-ci exprime font plus tendres peut-être , plus pénétrans’, plus magiques. Ceux que donne le drap font plus moëlleux , plus nets, plus aifément modifiables & plus doux. Auf rien n’eft plus attrayant (1) L’éponge mouillée exprime auffi un beau fon des verres graves de l’harmonica; mais il eft prelque fans effet {ur’les tons aigus. (2) I faut cependant excepter l’exécution des preflo , fur-tont fi les baffes ont beaucoup à travailler; car celles-ci ont toujours l’intonation un peu plus pareffeufe, que les tons fuivans. (3) Ileft à remarquer cependant . que quoique la plupart des verres d’harmonica qu’on fuppofe de figures & proportions convenables) foient prefqu'également dociles & uniformément {onores fous l’impreflion du coigt nud, il s’en faut de beaucoup qu’ils aient le même avantage, touchés avecle drap. Car de cette manière, plufeurs otavient opi iâtrément ; ceux-ci font criards & étouffent le fon des autres, par leur excès d’intenfité ; ceux-là ont un fon rauque , aigré, où alternant ; d’autres ne parlent que par une imprefion trop forte du doigt; de forte que ce n’eft que dans une très- grande quantité de verres, qu’on peut réuflir à trouver, pour le toucher du drap , un aflortiment de tons , exempts de tous ces défauts , & ce n’eft que lorfqu’on l’a trouvé, av’on peut jouir de tous les avantages , dont nous venons de parler dans le texte. y { l 4 f RE SR RE Sn ee RS ns ut CDS D cri À LA ÉE. & + pois ne rl SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 187 que le mêlange du jeu des doigts & de celui du drap, exécuté par des Muficiens exercés, fur deux inftrumens. différens; car comme les fons font diverfement nuancés par les deux manières de les faire naître, leur concours fait entendre le plus délicieux contrafte , & réunit tout ce que la mélodie peut faire fentir de plus délicat, tout ce que l'harmonie peut avoir de plus féduifant. Au refte, les changemens que M, Deudon a imaginés, lui ont encore valu les avantages fuivans : 1°. Comme il a arrangé fon harmonica de manière qu'il peut, à volonté , le faire fonner , ou avec le drap interpofé ,ou avec les doigts aus , la correction qu'il a faite à la mécanique qui fait tourner les criftaux, favorife fenfiblement cette dernière manière de les coucher & fait parler les tons plus nettement & plus sûrement. 2°. Lorfqu'on veut jouer l’harmonica avec le drap interpofé, plufieurs tons ( des deux octaves aigus fur-tout) font entendre un chant ondoyant au cadencé (1) qui en rend la mélodie d’autant plus féduifante, & l’on peut en accélérant plus ou moins leur mouvement de rotation, preffer ou retarder les rentrées de ces ondulations & en faire des aliquotes de la mefure muficale : ce qui fournit un jeu plus varié, qu’avec le toucher de la peau humaine, qui n'excite le plus fouvent que des fons uniformes, ou des cadences peu gracieufes. Enfin, M. Deudon ne s’eft pas contenté de faire à l’harmonica les changemens qu'on vient de lire & que l’Académie des Sciences a approu- vés (2); mais il a de plus ajouté à fon inftrument une mécanique d'un ufage très-facile, & par laquelle il a fimplifié infiniment ( fur-tour pour les élèves ) la pratique de l'inftrument, ainfi que létude de la mufique. Car, par le moyen de cette mécanique, à laquelle il a donné le nom de tranfporteur , au lieu de devoir apprendre (ainfi qu’on eft dans l’ufage) à moduler dans les vingt-quatre modes ou tons différens qui compofent le fyflème mufcal ordinaire , il fuffit à l’aide du tranfporteur de favoir exécuter ou doigter dans le feul ton d'u majeur pour tous les sons Ï (1) On entend l’analogue de ce chant ondoyant, dans les orgues , lorfque le jeu d’une foupape , s’ouvrant & fe fermant alternativement par ofcillations régulières , laifle échapper ou retient l'air du réfervoir qui fournit aux tuyaux ; ce qui affoiblit & renforce aufli alternativement leur fon. Il y a cette différence cependant, que les ondulations de l’harmonica font plus délicates , que celles données par les tuyaux d'orgue , qui font fouvent brufques & dures. (2) Voici la phrafe par laquelle les Commiffaires de l’Académie ont terminé leur rapport : « L’Agadémie a été à portée d’apprécier par elle même, ce que gagne du » côté de l’exécution, l’harmonica conftruit par M. Deudon. Nous croyons, d’après » l’examen particulier que nous en avons fait, que ces changemens font d’autant » mieux vus, qu’ils réuniflent le mérite de la fimplicité à celui d’une plus grande » perfeétion ». Tome XX XIII, Part, II, 1788. SEPTEMBRE, Aa 2 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, smajeurs & dans celui de /a mineur pour tous les sons mineurs qui peuvent fe préfenter. 2°. L'on eft par conféquent toujours débarraflé des diéxes & bémols , qui dans les différens modes accompagnent plus ou moins ce qu'on appelle la clef de mufique , & l’on ne doit obferver que les feuls /emi- rons accidentels , qui font indiqués à côté des notes, fur le papier de mufique, En un mot, on exécute toujours en sons naturels pour tous les tons poflibles. 3°. On ne doit jamais fe fervir que d’une feule clef, (de celle de Gré fol par exemple ) ainli que d’une feule porzée pour noter enfemble les deflus & les baffes. 4°. Par le moyen du tranfporteur , on peut facilement pafler du mode majeur au mode mineur & réciproquement , Kc. A 5°. On peut très-aifément & fans saduétion ( c'elt-à-dire, en lifant toujours les notes telles qu'elles font écrites ) tranfporter toute pièce de mufique dans un ton où plus grave ou plus aigu, que celui qui eft déterminé par le papier noté, & prendre indifféremment pour sonique un des douze femi-tons de la gamme muficale. à Pour pouvoir remplir complettement{on objer & rendre le tranfporteur d’un ufage aufli général, l'inventeur a eu une difficulté à vaincre. La voici : On fait que pour accorder les inftrumens de mufique , compofés de plufieurs gammes , tels que les inftrumens à touches, ou l’harmonica, dans lefquels ne fe trouvent pas d’intervalles plus petits que de demi- tons, il faut de toute néceflité altérer la juftefle de quelques-uns de leurs fons confonans, & que felon le fyRème ordinaire du ‘empérament pra- tiqué par les accordeurs d’inffrumens à claviers , on elt forcé de facrifier cinq à fix modes ou tons différens, & dans lefquels on ne peut rien exécuter, pour pouvoir rendre les autres fupportables à l'oreille, C’eft ce qui a fait réfléchir Auteur , que s'il tempéroit l'accord de fon harmonica felon ce fyftême, fon tranfporteur ne pourroir lui être d'aucun ufage pour les cinq à fix modes facrifiés & qu'il reftreindroit d'autant fon utilité. Cette réflexion a fair voir à M. Deudor la néceflité de préférer Je nouveau tempérament imaginé par M. Rameau & publié dans fa Génération harmonique , par lequel il propofe d’altérer tellement tous les femi-rons des inftrumens à touches, qu’ils forment des intervalles égaux entr'eux , à l'effet de rendre femblables & également parfaits rous: les modes de la mufique (1). Or, comme le calcul fait voir , que fuivant ce tempérament ‘de (1) On peut lire & fe convaincre des avantages de ce tempérament , dans les Elémens de Mufique de M, d'Alembert, édition de 1762, chap, 7. “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 - M. Rameau, les accords appelés quintes doivent être, généralement trous, diminués d'environ + de +, c'eft-à-dire de 2 feulemene, & les tierces majeures doivent être rendues trop fortes d'environ — ; l'Auteur a trop fenti que ces quantités extrèmement petites, ne pouvant pas être aflez exactement apperçues où déterminées par l'oreille, il Ini eût été prefqu’impoñfible , guidé uniquement par cet organe , de pouvoir accorder fon inftrument de la manière qu'il le defroir, C'eft ce qui l’a fait penfer à d'autres reflources moins équivoques pou parvenir à fon but, & lui a fait imaginer un monocorde, d'un mécanifme & d'un genre nouveau, dont il a cherché les divifions par une méthode géométrique en prenant onze moyennes proportionnelles entre les deux tons extrêmes de l’oétave, & par lequel il peut remplir le projet de M. Rameau avec la plus rigoureufe précifion: car l'accord de fon harmonica, tempéré d'après les divifions de ce monocorde, eft rel, qu'il peur exécuter indifféremment dans les vingt-quatre tons de la mulique; & jouir ainfi de toute la généralité de l'ufage de fon tranfporteur (r). Pour rerminer cet écrit, nous ajouterons encore un mot au fujet de deux propriétés malfaifantes , dont des perfonnes peu inftruices accufent Fharmonica , très-gratuirement & mal à propos. L'une de ces propriétés (croit-on) eft d'affecter dangereufement les nerfs de ceux qui l’entendernt; l'autre, d'éleGrifer ceux qui le touchent. Ala vérité, la magie, la pureté, la teinte mélancolique des fons de cet inftrument, & qui n’ont point d'analogues dans la nature, étonnene toujours par leur nouveauté & leur énergique exprefion ceux qui les entendent pour la première fois. Cette première imprefion eft même fouvenc aflez profonde, fur certains individus doués d’une exceflive irritabilité, pour leur arracher des larmes d’attendriflement , pour leur caufer des longues extafes, quelquefois même, pour les faire évanouir ; & l’on a vu aflez fouvenr, à Paris, ces différens effets, produits par des harmonica conftruits fur les principes de M. Deudon; mais ces effets s’obfervent rarement deux fois dans la même perfonne. Ils ne font caufés que par le faififfement, par le choc vif de la fenfation inconnue, qui vient les frapper. Or, comme le merveilleux ; vel puiflant qu'il puifle (x) On trouve chez MM. Coufneau, Luthiers de la Reine , rue des Poulies , à Paris, des harmonica conftruits d’après les principes de M. Deudon. Ils font les feuls à qui l’Auteur a communiqué les proportions , inftruétions & pratiques fecrettes ; pour donner à ces inflrumens toute la perfe@tion dont ils peuvent être fufceptibles. Au refte, ils font du volume le plus réduit qu'il eft poffible , folidement faits, pouvant fe démonter très-facilement pour le voyage, qu'ils fupportent fans danger ; enfin, leur mécanifme eft rel, qu’on peut fur le champ, en ferrant ou defferrant plus ou moins trois à quatre vis, réparer tous les petits dérangemens que l’ufage journalier peut leur occafonner, 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, étre, perd toujours de fon preflige, à mefure que fes effets font prévus ou preflentis, les imprefhons fubféquentes que donne Fharmonica , perdent de leur intenfité, parce qu'elles font prévues, & comme cet inftrument eft principalement propre au genre tendre, plaincif & pathé- tique, elles £e réduifent à pénétrer d'une douce mélancolie les perfonnes bien organifées qui l’entendent, Au refte, cette puiflance de l’harmonica prouve bien fa fupériorité fur les autres inftrumens , puifqu'elle réalife, de nos jours , les miracles, vrais ou faux , que l’hiftoire attribue au pouvoir de la mufque des anciens Grecs. ï Enfin, il ne fera pas difficile de prouver , que l’harmonica r'électrife pas les perfonnes qui le touchent. Un mot fuñiroit pour en convaincre les Phyficiens. Ils favent que le verre ne peut s’électrifer fenfiblement qu’autant qu'il eft bien fec, & on leur feroit obferver que les rimbres de l’inftrument , devant neceflairement être mouillés & très-mouillés , pour qu'on puifle les faire chanter , il ne peut conféquemment y avoir électrifation. Mais comme n’eft pas Phyficien qui veut, nous allons raflurer ceux qui ne le font pas, par une expérience bien décifive & facile à répéter. Qu'on prenne un tube de verre bien fec ; qu'après l'avoir frotté avec la main (ou telle autre fubftance aufli sèche, fouple & qui peut s'appliquer à fa furface) on l'approche de quelques corpufcules légers , aufli-tôc il les attirera & repouflera fucceflivement , & ces phénomènes dénoteront L'état d’éledrifation de ce tube; qu'on le frotte de nouveau, avec la même fubftance , mais mouillée , on aura beau frotter , il n'y aura plus d'attraction ; le tube perfévérera conftamment dans l'inaction & la plus parfaite nullité électrique. En voici plus qu’il n’en faut, pour combattre des chimères & calmer les craintes des perfonnes, même les plus délicates, les plus fenfbles , fur les prétendus dangers de l'ufage du plus féduifant des inftrumens de mufque, DESCRIPTION DES VOLCANS ÉTEINTS D'OLLIOULES EN PROVENCE; Par M. BARBAROUX, de Murfeille, Avocat. PREMIER MÉMOIRE, Contenant la defeription du Volcan de la Courtine. Durs dix ans que les anciens volcans d'Oflioules ont été décou- verts , quelques obfervateurs les ont parcourus : aucun n’en a donné une defcription détaillée. Je ne crois pas cependant qu'il exifte en Provence des reftes mieux caractérifés des grandes révolutions opérées par le feu, &-fi l’on a cru que ces monragnes ne renfermoient pas des objers bien inréreffans, c’elt qu'on ne les a pas obfervées fous tous les points de vue. Les volcans d'O/Zioules font fort anciens , Le tems en a altéré la furface pour la couvrir d’uriles végétaux , & ce n'eft qu’en déblayant les terres, qu’on peut y rencontrer des courans de laves , des bafalres prifma- tiques & une foule d’accidens qui jettent au moins quelque jour fur les divers phénomènes de leur embrafement, On lit avec peine dans ces antiques médailles de la nature , & l'examen le plus attentif ne conduit jamais qu’à des conjectures plus ou moins probables , qu'un feul fait peut détruire , & dans lefquelles on ne fauroit apporter trop de circonfpection. C’eft en entrant dans les vaulx d'Ollioules qu'on apperçoit fur la gauche les premières buttes volcaniques & le village d'Erenos bâti fur des ébauches de prifmes à une hauteur d’environ deux censroifes au-deflus du niveau dela mer. La grande route conduit dans une chaîne de mon- tagnes calcaires qui, du côté de l'oueft, femblent fe joindre avec les volcans ; celles qui s’érendent au nord font d’une pierre blanche, friable, compofée de grains de quartz & de petites parties de feld-fparh paffant à l’état de kaolin. Toutes les montagnes font fort élevées, leur afpect intimide, & elles fe fuccèdent dans des pofitions qui femblent vous fermer tout paflage. On les quitte, en arrivant au village d'Ollioules , & c’eft-là que commence la chaîne des volcans , qui fe prolonge à plus d’une lieue vers le nord. Ollioules feroit un joli village , fi Les rues en étoient moins fales. IL eft bâti au pied de deux volcans éteints , dont la forme & l'élévation fonc ä-peu-près égales, Lorfqu’on les confidère du chemin de Toulon, ils 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, préfentent un point de vue d'autanr plus impofant , qu’on apperçoit dans - le lointain, au milieu d'un groupe de montagnes, le village d'Erenos perché fur un énorme maflit de laves. Plus loin , & tour au fond de l'horifon, on découvre Le fommet d'un autre volcan. Sa couleur noire forme avec celle des montagnes calcaires, un contrafte, que la verdure des jardins d'Ollioules rend encore plus piquant, Le village occupe le devant du tableau, & les ruines de fes forrifications y ajoutent quelque chofe de plus pirorefque. En fortant d'Ollioules la première montagne volcanifée qu'on rencontre eft à la droite du chemin qui conduit à Marfeille ; on la nomme la Cour- tine. L'autre volcan , qui s’érend à l'oueft , n’éroit pas connu, les habirans l'ont appelé Sainte-Barbe , du nom d’une chapelle donc il n’exifte plus que des ruines. Tous les deux ont à leur bafe des pierre à chaux, ils font féparés par un vallon qui n'a pas deux cens pas, & ce peu de diftance Dous porte à croire que ces deux montagnes fe joïgnoient autrefois (1). Si Von traverfe à drotre la petite rivière de la Répe , le chemin conduit à la mailon des Pères de i'Oratoire: le volcan de la Courcine eft au- deflus. Volcan de la Courtine. Le côté de la montagne qui fait face au couchant eft efcarpé, & dans prefque toute fa hauteur, on ne voit que des couches calcaires, dont la difpofition générale eft de l’eft à l’oueft. Je n’y ai trouvé de curieux qu'une cavité profonde , à laquelle les payfans ont donné le nom de Raggapi, Cette cavité eft au-deflus de la maifon des Pères de l'Oratoire, & je dois prévenir qu’elle eft beaucoup moins voifine du fommer, que ne l’a cru M. Bernard, le premier qui a découvert & décrit ce volcan. Les maffes de bafalte, qui couronnent la montagne , font éloignées de ce gouffre d'environ cinquante-cinq toifes , & les rochers qui l’avoifinent, fonc tous de nature calcaire. Il feroit difficile d'expliquer comment cette cavité s’eft formée. Je ne peafe pas qu’elle doive fon origine au volcan , à moins qu'on ne fuppofe qu'elle a été produite dans les agitations de la montagne, par la féparation des rochers. Peut-être eft-elle l’effec d’un affaiflement occafñonné par les vuides intérieurs ? Elle paroïc fe diriger vers le centre de la montagne, àaune profondeur qui ne peut être calculée ; fon diamètre eft d'environ (1) Je n’avois pas lu l'excellent Mémoire de M. de Dolomieu fur les iles Ponces, lorfque j’écrivois ces obfervations. Ce Naturalifle n’a fair que jeter un coup-d’œil fur les volcans d'Ollioules, mais c’eft le coup-d’œil d’un grand obfervateur. On peut lire dans la préface de fon Mémoire, ce qu'il penfe de la féparation des deux montagnes au pied defquelles le village eft bâti. J'ajoute cette note, parc: que je fens de quel poids doit être pour mon opinion celle d’un favant auf diftingué, dix SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 393 dix pieds. Je me fuis affuré qu'aucun courant de laves n'étoit venu fe jeter dans cet abîme ; on ne commence à appercevoir des rochers de bafalte, qu'à la diftance de près de trois cens pas dans une direction crès-oppolée au plan de fon ouverture. Avant de parvenir au fommet de la montagne , on gravit contre des amas de laves compactes entaflés par la main des hommes. On tailloit ici des pierre de meulière, & ces amas font les débris inutiles de ces pierres. Bientôt on arrive à des buttes que Le travail des hommes n'a point dégra- dées, & qu’on peut regarder comme les premiers rudimens des prifmes volcaniques. Elles font taillées à pic, & peu élevées au-deffus des matières calcaires , à travers lefquelles on diroit qu'elles fe font fait jour par l'effort d'une explofion violente. La lave en eft graveleufe , elle fe divife en éclats, & fe décompofe dans la bafe de ces prifmes , par l’action des gèlées & le féjour des eaux. Il eft de ces blocs qui ne font foutenus que par un peu d'argile, dernier réfultat de leur décompofition , & qui menacent d'écrafer , dans leur chüte, les campagnes voifines, Au-deffus eft un fuperbe plateau dont la longueur eft au moins d'un quart de lieue. C’eft un véritable pavé des géans auquel il ne manque qu'une forme prifmatique mieux prononcée. Ce plateau porte dans toute fon étendue des traces certaines de l’action du feu ; mais elle paroît avoir été moins vive dans les parties les plus élevées , qui font face à l’oueft & qui s'étendent au nord. La lave y eft beaucoup moins poreufe, on y trouve des morceaux de quartz plus on moins altérés, que‘la matière fondue a pénétrés, jufqu'à une certaine profondeur, & fur lefquels elle a formé de jolies ramifca- tions. Sans doute ce quartz compofoit la mafle entière de la montagne avant qu’elle eût été recouverte par Les eaux & ravagée par le feu. On le retrouve en roche folide, dans la partie du fud-eft, à une profondeur de quarante pieds, ; En avançant au midi, on ne tarde pas à appercevoir des coulées de aves. Elles ont circulé dans des mafles d’un poudingue fabloneux, qui ne paroît pas contenir des pierres volcanifées. C’eft à ces courans que font dus les prifmes mal ébauchés qui foutiennent les terres de ma cam- pagne. J'ai fait creufer à trente pieds, la lave fe trouve encore à cette rofondeur fous le même poudingue arénareo-calcaire , mais je crois avoir bien obfervé qu’elle ne s'y et portée, qu'en fe précipitant dans les fciffures occafñonnées par les ébranleinens de la montagne. Les laves ne fe font dirigées en grand courant que dans la partie du fud où la montagne préfente encore une pente rapide, Ici les laves poreufes, les fcories fe trouvent plus abondamment, & il eft très-vrai- femblable que la matière en fufion , roulant dans une plaine, deverue depuis le fommer de la montagne , fe précipite dans un vallon , que les eaux avoienc déjà creufé. C'eft dans ce vallon qu'il eft intéreflanr de defcendre pour étudier la marche de ce courant & reconnoître les traces Tome XXXIIT, Part. IL, 1788. SEPTEMBRE. Bb 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de fon paflage , prefqu'effacées par les travaux de l’agriculture, Tout ce côté de la rtontagne eft couvert de laves cellulaires , quelques-unes ont à-peu-près la légèreté des pierres-ponces ; mais le tiflu n'en eft pas fibréux ; elles {e décompofent par l'action del'eau chargée fans doute de quelque gaz. Plufieurs renferment des grains de quartz, que le feu n’a pu mettre en fufon, & qui réfftent encore au cifeau du tems. J'ai ramailé dans le même endroit des ochres ferrugineufes , plufieurs variérés de bafalte & un morceau de {path à prifmes courts, à qui le feu femble avoir enlevé fon eau de criflallifation. Je donnerai la defcription particulière de rous ces objets dans mon dernier Mémoire. Je reviens à l’examen du courant dont la dire&ion eft au midi. IL paroît que la matière en fufon s’eft précipitée dans une plaine élevée d'environ trente toifes au-déflus de la véritable bafe de lamon tagne. Le bafalte affecte ici la forme d’un folide dont les côtés font ou convexes où concayes, &. ne préfentent dans leurs dimenfions aucune régularité, J'ai compté fur un de ces folides jufqu'à dix feions ; un autre avoit cinq de fes plans en creux & trois en relief; mais ce que ce pavé, dont on avoit découvert quelques efpaces , préfentoit de plus fin- gulier, c'étoit la manière dont les morceaux s’enchäfloient les uns dans les autres. Les plus petits pefoient au moins vingt livres. Je nai pu trouver parmi ces laves qu’un feul prifme tétraëdre applatti de quatorze pouces de hauteur ; il étroit recouvert d’üne croûte d'argile, ce qui annonçoit un état voifin de décompofition. Le prifme s'eft brifé dans une caifle mal conditionnée , avec d’autres objets intéreflans , dont je n'ai pu avoir que des débris. IL faut avancer jufqu'au bord de la plaine, pour voir où le courant s'eft encore porté. C’elt à la campagne de M. Martelli que fon pañlage eft moins difficile à reconnoître : on eft-là à trente toiles d’élévation , & fe côteau qu'il faut defcendre pour arriver dans la plaine inférieure, n'eft qu'un amas confus de laves graveleufes. On eft Éndé à croire que Ja matière enflammée après avoir recouvert la plaine qui domine , s'eft portée dans le vallon en fuivant le chemin. Une obfervation que je, vais rapporter rend cette conjecture infiniment probable. A deux cens pas de la campagne de M. Martelli du côté de loueft , font des mafles volcanifées groflièrement équarries. Leurs couches fonc inclinées dans une direction oppofée à celle du courant auquel elles doivenc leur origine. Celui-ci s'eft précipité du nord au midi, & c’eft : du midi au nord que ces couches ont leur inclinaifon, Le terrein rehaufle un peu dans cet endroit, & le monticule a dû arrêter le cours de La lave. Preflée par Pabord d’un nouveau courant , cette matière s'eft élevée our franchir cet obftacle , & dans certe pofition, elle s'eft arrêtée par l'effet du refroidiflement. Je ne vois pas qu'on puifle autrement expli- quer la formation de ces laves à couches inclinées, & elles femblent La à 4 D I SET ir SE LE PE Pt DER. cd of SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 195 démontrer aux yeux le paflage d'un torrent de feu. J'ajoute que ce n’eft pas fur un bloc feul que l'obfervation a été faite, mais fur toutes les laves prifmatiques des environs. : On trouve encore bien avant dans la plaine, au-deffous d’une terre noire , les mêmes produits volcaniques dont les fancs de la montagne font couverts. Je pourrois les citer comme une nouvelle preuve de l'exiftence réelle d’un courant, mais peut-être que toutes ces laves ont été entraînées ici par les eaux. Je dois même avouer que ces amas de matières, volcanifées , {ur lefquelles j’ai fondé ma fuppolition, ont pu être détachés du fommet de la montagne & amoncelés par les lots de la mer. Cette conjeéture eft au moins aulli probable que la première. fl eft difficile de dire quelque chofe de certain en décrivant des révolutions qui remontent aux premiers âges du monde, & dont les monumens ont été détruits par tant de caufés réunies, La pointe de la montagne qui s’avance au fud-eft préfente dans toutes fes parties un état prochain de décompofition, On ÿ monte en traver- fant un terrein couvert d’un fable rougeûtre. Ce fable évidemment volca- nique, eft un mêlange de grains de quartz , de pouzzolane terreufe & de quelques parcélles de mica ; il fépare les matières volcaniques : mais comme celles-ci font un peu plus élevées , on peut croire que les eaux ont renver{é l’efpèce de digue que ces laves formoient, & qu'eiles ont mis à découvert le fable fur lequel elles avoient coulé, : L'extrémité de cette pointe fe réduit infenfiblement en terre. D'un côté les prifmes ont confervé leur forme en {2 décompofant , de l’autre la lave fe divife en petits fragmens ovoïdes , dont les intervalles font remplis par une argile rouge, ce qui donne à certe face latérale l'appa- rence d’une maffe de poudingue. Les boules que j’en ai détachées font formées de couches concentriques qui fe féparent facilement ; le bafalte n’en eft pas poreux, & fa couleur eft celle de la rouille. Des matières calcaires ne {ont pas éloignées, & dans toute la partie de l'eft, elles s'élèvent jufques près du fommer. Il convient de parcourir les campagnes du fud-eft : on y trouve des laves élevées en pyramide au milieu des pierres coquillières ; mais c’eft principalement au fommet de la mon- tagne, qu'un obfervateur peut fatisfaire fa curiofité. T1 n'eft pas rare d’y trouver des objets intéreflans, & l’on y jouit du point de vue le plus admirable, C'eft aux endroits: où l’on travaille aux pierres de meulière, que l'on voit plus à découvert la forme prifmatique des laves & la difpolition de leurs couches. En général elles fe féparent en lits d’un pied d’épaifleur, ce qui facilite pour l'ufage qu'on veut en faire. Quelques-uns de ces bafaltes ont leurs couches plus minces, & le plan de leur fection elt rempli de petites cavités imitant forc bien le vermoulu des Architectes. Prefque toutes contiennent du fpath calcaire & des criftallifations de Tome XXXII, Part IT, 1788. SEPTEMBRE, Bb2 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cette matière vitreufe à laquelle M. Faujas de Saint-Fond a donné le nom de verre blanc. On a prétendu depuis que toures ces matières vitreufes éroient des calcédoines, il ne m'elt pas permis de me décider encore, & quoique celle-ci paroïifle une véritable fritte, je ne la clafferai qu'après en avoir fait un examen plus approfondi. On ne peut porter fes regards fur le beau mafif de bafalte qui couronne le volcan de la Courtine fans defirer de réfoudre le problème de fa for- mation. Îl n’exifte dans le voifinage aucun cratère d’où l’on puiffe croire qu'ont été vomies , dans une grande explofion , les laves qui le com- pofent. S'eft-il élevé tout formé du fein de la terre par la force prodi- gieufe du feu ? Les couches calcaires qui repofent fur fa bafe ont-elles été dépofées après l'époque de fon incendie ? Efl-ce dans le même tems qu'ont été formées les montagnes calcaires qui l’avoifinent ? telles font les premières queftions qu'on fe fait: tâchons de les réfoudre rapidement. D'abord il me paroît impoflible que le rocher de la- Courtine fe foit élevé du fein de la terre; il embrafle à fon fommet une circonférence de trois quarts de lieue, la montagne n’en a guère plus dans fa bafe où {ont les matières crétacées. Si cette grande mafle s'étoit élevée par J'attion du feu, elle auroit renverfé les matières qui s’oppofoient à fon paflage. Ici cependant les couches calcaires ne paroiffent avoir fouffert: aucun bouleverfement , les rochers qui font face à l’oueft ne préfentent aucun défordre remarquable, aucune fciflure, fi ce n’eft peut-être la cavité qui exifte au-deflus de la maifon de lOratoire ; mais cette cavité eft l'effet d’un accident particulier, & elle ne fauroit être rapportée comme une preuve d’un foulèvement qui auroit bouleverfé la montagne entière, Il eft donc certain que les buttes de la Courtine n'ont pas été formées de cette manière. Si ces mafles volcaniques n’ont pas percé à travers les pierres à chaux de leur bafe, on doit en conclure ou que celles-ci ont été dépofées après les éruptions du volcan, ou qu'elles exifloient déjà, lorfque la Jave lancée d’un cratère plus élevé vint les couvrir d’une rivière de feu. Or, quoiqu'il foic très-vrai que les bafaltes, dont le fommet de la Courtine eft couronné, ont été vomis par un cratère qui le dominoir; quoiqu'il foit très-vrai que la lave a coulé fur cette montagne, on ne peut pas dire cependant qu’elle fe foit répandue fur la matière calcaire, C'eft fur le poudingue fabloneux, dont nous avons déjà fair mention, que les courans fe font portés. Ce poudingue forme la mafle de la montagne ; On le retrouve toujours en creufant dans fes flancs, & les couches coquillières, qui fe montrent du côté de l’oueft, ont été dépofées fur cette roche plus ancienne. L'origine de ces couches appartient inconteftablement à des révolutions poftérieures ; il n’en eft pas ainf des grandes montagnes voifines , & celles-ci, quoique de nature fem- blable , ont été formées dans des tems plus reculés, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 197 Les montagnes des Vaulx font plus élevées que les volcans d'Ollioules, & elles en font féparées par de fi petites diflances, qu'elles ne femblene former avec eux qu'un même groupe. Si ces derniers euflent exifté lors dela formation de ces grandes montagnes, certainement ils euflenc été recouverts par le produit des eaux. On ne trouve cependant pas à leur fommet une feule pierre qui faile effervefcence à l’eau forte. Tout y eft abfolument volcanique. Cette obfervation fuffit pour prouver que la chaîne des Vaulx eft antérieure à l'embrafement des volcans, & que par conféquent fon origine eft plus ancienne que celle des couches calcaires , fur lefquelles ces volcans femblént repofer. Voilà donc trois révolutions bien diftintes, celle de la formation des grandes montagnes calcaires , celle de l’incendie du velcan, celle: enfin qui a donné naiflance aux roches coquillières de fa bafe. A cette dernière appartient la féparation des montagnes de la Courtine & de Sainte-Barbe & la deftruction de leur eratère, Les eaux de la mer opérèrent la première révolution, elles couvrirene fous des dépôts créracés des montagnes plus anciennes , d’une organifa- tion différenre , formée par un amas immenfe de petits grains de quartz & de feld-fpath. On voit encore vis-à-vis d'Erenos far le chemin dé Beauffet une grande couche de matière calcaire dépofée fur cette efpèce de grès. Elle prouve clairement que les eaux ont eu part à cette première révoluticn. : J'ai déjà décrit les ravages du feu, d’aprèsles traces qui nous en reftent,- Je dois a’outer que la montagne de la Courtine étoit encore battue par les flots de la mer lorfque le volcan fit fon explofion, & que Les laves coulèrent fur ce poudingue arénareo-calcaire dont on voit quelques rochers dans la partie du midi. Ce poudingue eft plus ancien que le volcan , je n’ai pu y découvrir aucune pierre volcanifée , & fi les laves avoient exifté dans les environs , lorfque les eaux réunirent les galets qui le compofent , celles - ci auroient entraîné quelques productions volca- niques avec les pétro-filex , les marbres qu'elles’rouloient , & l’on retrou-- veroit parmi ces pierres quelques fragmens de bafalte, j Quant à la dernière révolution, il eft indubitable qu'il exiffoit des courans d’eau dans les détroits reflerrés de ces montagnes. Leur direion les portoit contre la chaîne volcanique, dont Sainte - Barbe & la Courtine ne font que des portions, Infenfiblement ils’ fapèrent cetré digue ; ils divisèrent la montagne ; le cratère qui devoit exifter dans cerræ partie fut emporté , les eaux laifsèrent à fa place des dépôts calcaires, & fans doute elles ne furent pas long-tems à fe retirer, puifqu’on ne trouvé lus après le village d'Ollioules aucunes roches crétacées en grande niaffe, C’eft-là le dernier endroit où les eaux ont laiflé des traces de leur palace, & leur retraite fut peut-être un effet de la dernière explofion de ces volcans, - 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je devrois ajouter à ces vues générales fur la montagne de la Courtine ; une notice de fes divers produits; mais comme les mêmes bafaltes , les mêmes laves exiftenc encore fur les volcans voilins, j'ai craint une répétition faftidieufe , & j'ai mieux aimé renvoyer à un Mémoire parti- culier la defcription de tous ces objets. Il me fera plus aifé de fuivre alors une claflification méthodique , & je pourrai me permettre quelques conjedures fur la formation des fubftances que je décrirai. Ce tableau fera connoître les efpèces de bafalte qui fe trouvent fur les volcans, leurs divers états, Leurs accidens ; Les laves qui ont éré lancées de ces fourneaux, leurs variétés, les corps qu'elles contiennent , les matières fur lefquelles elles, paroiffent lavoir coulé , & celles qui les recouvrent eh certains endroits. Les Naturaliftes pourront indiquer d'après ce tableau , en quoi les volcans d'Ollioules reflemblent à ceux qu'on a décrits, en quoi ils en different. [l me fuffit d'annoncer aujourd’hui que je n'ai jamais trouvé parmi leurs laves ni chryfolites , ni grenats ; à peine le fchorl & le mica s'y rencontrent-ils en petites paillettes : le feld-fpath & la zéolite y fonc rares : le quartz feul y eft* abondant, ainfi que le verre blanc ou la calcédoine, & le fpath calcaire, qui s’y préfente fous des formes diverfes, Nous entrerons dans de plus grands détails , quand nous aurons donné nos obfervations générales fur les autres volcans d'Ollioules, SCENE RON SE Des effets de l’Attraëlion dans l’aëlion des Menftrues » aribués à cette caufe , Par M. le Chevalier D'AUDEBAT DE FERRUSAC, Capitaine au Corps Royal d’Artillerie. LEvoncs de l'opinion des Chimiftes qui admetrent l'attraction célefte pour caufe des diflolutions me paroît celui-ci : « Que le menfîrue ne diffout ur corps , que parce que fes molécules “ exercent une attraétion plus forte que celle des molécules de l'aggrégé » folide ». , Cet effet étant attribué à l'attraction ou gravité univerfelle , il doit s’accorder avec fes loix : voyons fi cet accord exifte. Je n’ai aucun befoin de décider , ni quelle elt la figure des molécules compofantes des fubftances , ni de favoir files particules du menftrue & celles du corps diffous, font ou ne font pas les molécules élémentaires de ces fubftances, Cependant pour fixer les idées , je fuppoferai la parti- | SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 199 cule Suide ronde & la particule folide quarrée : quant à leurs dimenfions je les fuppoferai égales, quoique le phénomène de la précipitation femble prouver le contraire, nous montrant le corps diflous {ous une forme pulvérulente , randis qu'à l’aide des plus puiflans microfcopes on ne peut pas même foupçonner les particules des Auides. En tous cas on ne fauroit difconvenir que les particules d’une infnité de corps folides ont une pefanreur fpécifique plus grande que celle des fluides. Je nomme F la particule du menftrue; S, la particule du folide, tel que le métal. Confidérons-les d'abord agiflant l'une fur l’autre, ifolées de leur agorégé , abandonnées à leurs propres forces. Puifque /4 gravivé eft en raifon diredte des mailes, Les particules étant miles en contact, celle de S fera la plus grande , & dés à préfent, on ne peut foupçonner aucune caufe en vertu de laquelle Pattraction de F pourroit égaler celle de S, encore moins la furpaller ; car, que la raifon ae l’attraétion ou de telles petites mafles, & lors d’un contact intime, foit dans le rapport du quarré ou du cube de la diflance, cette loi agiflant pour S comme pour F , ne change rien à l'attraction directe des mafles dans ce cas-ci. Néanmoins je veux bien accorder que l'attraction de F, par je nefais quelle raifon , eft double de celle S ; cela polé, foit la pefanteur de S=— 1, celle de F—#, l’attradtion de Sr, celle de I EN Ces molécules font animées pat deux forces: l'une , leur attraction intrinsèque ; l'autre, celle de leur pefanteur, & la pofñition refpedtive peut varier de trois façons: l’une peut être deflus,, à côté ou deflous l’autre ; ce qui varie néceflairement l'effet de leur force abfolue. © Premièrement, fi F eft polé fur S, les pefanteurs fe trouvent dans la même direction , & la force totale de S—1+ 7 +i .: [s] —2+ +;celle de F=—2, fe trouve moindre de +; d’où il —— fuir, qu'au lieu d'enlever S , elle lui refteratadhérente, & que les données exiftans ainfi dans l'aggréoé, il arriveroit que le corps intact feroit feulement mouillé du menftrue à fa furface fupérieure ; non pas à la manière des corps mouillés par l’eau, huile & l’acide qu’on efluie avec Ja plus grande facilité, mais feroit enduit d’une couche (fi mince qu'on voudra) du menftrue, qu’on ne pouroit lui arracher qu'avec un effore égal à celui qu’on feroit forcé d'employer pour lui arracher fes propres particules , c’eft-à-dire , égal à la ténacité de fa fubftance. Les phénomènes ne s'accordent pas du tout avec ces réfultats. Mais quand bien même la force abfolue de F furpañleroir celle de S de 10, de 100, de 1000, à moins qu'on envoie à fon fecours une caufe occulte différente de l'attraction , il n’eft pas poffible que F enlève S, fans point d'appui , & c’elt ce qui lui manque; 1°. dans la direction de la pefanteur, puifque cette direction pafle par le point d'appui de F fur S; 2°. dans fon centre d’attraction , puifqu'étant comprife dans la #00 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fphère d’adtivité de la terre, elle doit être abfolument détruite par fa force, r’adhérant,.ou n'étant pas attirée par aucune fubftance envi- ronnante qui puifle détruire l'effet de cette gravité. L'aimant le plus fort ne foulèveroit pas le plus petit atôme tant qu’il agiroit dans la fphère d'activité de la terre ou de tout autre corps célefte qui y repofe, & la füufpenfion ne fait qu’augmenter la puiflance du corps qu'il attire, puifqu'il faut que l'aimant furmonte la gravité du corps qu'il foulève. Secondement, fi F fupporte S , alors la force abfolue de Ls | F—1+2+i=3:,& celle de S=— 1 fera moindre de © 23; d'où il fuit que l'attraction du menftrue à la furface inférieure fera à celle qu'il exerce à la furface fupérieure comme 2* eftà +, c’eft-à-dire , à-peu-près quintuple. Ainfi, toutes chofes étant d’ailleurs égales, il paroîc bien prouvé que dans le cas préfent fi la diffolution ft un effec de la graviration univerfelle, cet effet doit être bien plus confidérable à la fuperficie inférieure qu'à la füpérieure , & fi le phénomène ne s'opère pas felon ce rapport, il nous femble que par toutes les règles de la logique , & d’après tous les principes mathéma- tiques , on elt en droit de conclure que le phénomène de la diffolurion doit être produit par une autre puiflance que celle de la gravitation univerfelle, telle, par exemple, que celle qu'on défigne fous le nom d'attraction chimique ou d’afñinité. Or, je demande fi perfonne s’eft encore apperçu que la diflolution fût plus prompte en deflous qu'en deflus ou à côté. 4 F. S. Troifièmement, f l’on fuppofe F, fur un même plan (er) | horifontal que S, les directions des gravités font paral= K_/L 7 Flèles, & le point d'appui de chaque particule s’y trouve ; l'effort mutuel porte fur ce point & fur celui du contaét réciproque par le moyen d'un levier coudé au centre d’attraction, où fe croifent la direction de la gravité & les rayons d'attraction. En ce cas nous avons F—2+4+iRS— 2; d'où il fuit que la particule F fera bouger celleS; ou que la diffolution peut s'opérer fur les faces latérales ; mais qu'elle feroit cependant de moitié moins forte qu'à la furface inférieure : ce qui n'a jamais été obfervé. Nous venons de confidérer les molécules F & S comme abfolument éfolées & repofant fur un plan qui ne fair que réfifter à la gravité; mais comme elles n’exiftent pas ainfi, il faut ajouter ce qu’elles peuvent rece- voir de la contiguité & de l’adhérence des fubftances donc elles font parties intégrantes. ; À La particule S faifanc partie d’un corps folide oppofe À ’a&tion de F ; 1°. l'atraétion de tout ce corps; 2°. l'adhérence ou la ténacité propre à fon genre de matière, randis que F appartenant à un fluide, n’a, 1°. qu'une adhérence exceflivement inférieure avec la mafle fluide , 2°. & n'en recoit par conféquent qu'une attraction très-médiocre eu égard à celle du corps folide; SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 2or1: folide : car, c’'eft au peu d'energie de cette force qu'on attribue l'état fluide de ces fubitances. Ma ntenant, fuppofons qu'on ait deux volumes égaux , l’un A fluide, Pautre B folide, & pour fimplifier, fuppofons que l'effet ou l’action de chaque volume fe réunifle fur leur particule F & S ; foic la pefanteur de B— 10, celle de A dans le rapport fuppofé fera égale à 8 : foit la force attractive de À fur F— 1, celle de B fur S peut bien s’eftimer tout au moins égale 2. La ténacité de F— 1, celle de S pourroit s’eftimer relativement à celle du fuide à plus de 1000 , pour les corps folides les moins tenaces, mais bornons-la à 3, & voyons ce qui doit réfulter (1). Premièrement, lorfque le menftrue fera pofé fur le corps , la force abfolue de S — 25+, celle de F —4, par où l’on voir que malgré la fuppolition la plus favorable à | la puiffance des molécules Auides, & elle fera néanmoins près de fix fois trop petite pour détacher les molécules folides. Cependant quelque petite quantité de menftrue que vous poñez fur la furface d’un corps folide fufceptible d'en être atraqué , il agit avec autant de puiffance fur la portion qu’il recouvre, que s'il y en avoit mille fois plus. Secondement , lorfque Le corps B eft deflus & qu’il eft abandonné à toute fa pefanteur, la force ab{olue de F — 23 À & celle de S— 6 ; dans ce cas-ci, la force de F dans la première fuppolition où cette particule F fuppofée-ifolée comme + :12, ce qui prouve encore mieux que quand bien même la puiflance de F feroit aflez grande pour atraquer le corps dans la pofition précédente, que l’action du menftrue feroit toujours beaucoup plus forte à la furface inférieure qu’à la fupérieure ; en outre, il s'enfuit, que le mercure étant le menftrue doué de la pefanteur fpéci fique la plus grande & de la plus forte ténacité , & à qui à raifon de cette première propriété fupporte prefque tous les corps ; devroit être le - menftrue le plus actif, pourquoi les phénomènes au lieu de confirmer ces conféquences , les décruifent-ils ? Mais fi B ne fait que toucher la fuperficie de A, & qu'il foit foutenu alors, tel que l’aimant, il agira d’une façon bien différente. Sa force attradive ayant le point de fufpenfion pour appui, S jouira de fa force particulière, de la ténacité & de l'attra@tion du folide, & la formule devient S=— 6 & F = 2 £: ce qui prouve que B, attirant les molécules de À , fe les approprieroit comme les fiennes. Troifièmement, À & B étant fur le même plan horifontal, on aura, F=— 125 & S—17,ceft-à-dire, qu’il n’y auroit pas de diffolution fur les furfaces latérales, ce que les faits contredifenr. De tour cela, il réfulte que même dans des fappolñtions excefivement défavorables aux corps folides , les menftrues re les diffoudroient cepen- dant jamais que dans le feul cas, où le folide abandonné à toute fa efanreur repoferoit fur le fuide : donc à plus forte raifon, fi l'on reltituoit Tome XXXIIT, Part. IT, 1788. SEPTEMBRE. Ce 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aux corps folides une force abfolue tant foit peu relative à leur ténacité & à l'attraction que leur mafle totale exerce fur les particules des furfaces, il eft impolMible que la force abfolue du fluide puifle être prépondérante, N'avons-nous pas vu qu’en la fuppofant fix fois plus grande, elle ne faifoit qu’équilibre à celle du folide dans la fuppofition précédente“ ce qui loin d’être prouvé n'eft certainement pas probable. Eh puis quand vous auriez prouvé que l'attraction du Auide eft 12, 24,100, 1000 fois plus grande, fon effét ne s’accorderoir pas plus avec les phénomènes, puifque nous avons démontré qu'il devoit être plus grand dans les faces latérales qu’à la fupérieure , & plus grand encore à la furface inférieure; en forte que fi le corps folide étoit fphérique, l'action du menftrue {ur les différens points de la fuperficie pourroit être repréfentée par des cordes, menées du point d'interfeétion de la gravité avec la fuperficie fupérieure à tous les points de cette fuperficie. De l’admifion de ce principe, il réfulteroit une foule de conféquences toutes contradictoires avec les faits, que les Chimiftes ou les Phyliciens ne manqueront pas de trouver. Par exemple, M, Monnet rapporte une quantité de faits contradictoires avec le fyflème des affinités adopté par ceux qui l’attribuent à la gravication. Je me contenterai donc d'en offrir quelcuss-uns qui tout forts qu'ils me paroiflent, pourroient bien cependant n'être pas les plus décilifs, Dire que l’adtion du menftrue n'eft due qu'à cette loi univerfelle nommée attraction, c’eft dire précifément comme en mécanique , que de deux forces oppofées & libres de mouvement, la plus grande doit mouvoir la plusfoible; d'où il s’enfuivroit que toute matière quelconque fluide ou fo!ide , pourroit être menftrue, pourvu que le contact réciproque. de quelques parties füt égel celui des fluides, encore fi je voulois m’autorifer de la liberté que donne l'extenfion des phénomènes attribués à l’artradion,, tels que l’afcenfion curviligne des bords de la fuperficie des liquides (2) contenus dans les vafes de verre, & celle des liqueurs dans les tubes ou intervalles capillaires ; ce contact intime ne feroit pas à beaucoup près néceffaire; mais quoi qu'il en foit , puifque nous parvenons à donner à quantité de corps un contact aflez intime pour qu'il égale fouvent au moyen du feul poli , la ténacité des parties de certains corps, & qu’en outre lorfque cet effer a lieu il eft attribué à l'attraction par ceux qui fouriennent l'opinion difcutée , il s'enfuit que fa caufe aoiflant, l'effet devroit fe produire. D'où vient donc qu'on ne s’eft pas encore epperçu que les furfaces en contact fuffent altérées ? Un méral poli, lorfqu’il eft froid & propre , n’adhère pas du tout, ni à l'eau, ni à l'aile, ni à la cire, &c. mais fi vous le faites chauffer, ces fubftances incontinent s'y attachent , à quelle température qu’elles foient. Le feu ou la chaleur eft donc évidemment un intermède néceflaire, dont l'attraction n’en elt pas l'unique caufe, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 203 Le fer peut être mis dans le contact le plus intime avec le cuivrerouge Ou jaune & avec le bronze par la feule a@ion de ces méteux lorfqu’ils font coulés autour de lui. Cependant on fait qu'il ne peut s’amalpamer avec aucun d'eux , lorfque par la fuñon il fe trouve dans l’état réputé le plus favorable à cette combinaifon. Pourquoi a-t-il donc fubi la loi d'attradtion à un degré fi puiflant dans Île premier cas ? & pourquoi Payant fubie, le fer ou le cuivre n’ont-ils pas au moins détaché du reite de Ja mafle une couche attirée ou diffoute d’après opinion ? Pourquoi fous l'effort énorme d’un coin de monnoyeur , où le contact a dû être de la plus grande intimité, ne fe trouve-t-il pas aucune matière corrodée ? on doit cependant convenir qu'il n’y a nulle vraifemblance, que la force attractive des molécules de tous les métaux foumis au coin foit égale à celle des molécules de l'acier ; & quand bien même cela feroit, je ne vois d'autre moyen d'empêcher que le coin, la matrice & le corps comprimé ne s’uniflent, que cette réaction du reffort des molécules qui peut être en partie caufe du retour des bras du balancier , ce qui fait remonter le coin tout feul. Mais lorfque les diverfes fubftances feroient en fufon , ou dans un état liquide, on ne conçoit pas pourquoi la contiguité des particules pouvant être intime , l’une n’attaqueroit pas l’autre... .Nous voyons bien le mercure difloudre l'or qui eft plus pefant que lui, le cuivre & l'argent qui ont infiniment plus de ténacité. Puifqu'une fupérioriré de forces fuffit pour attirer & s'approprier des molécules moins fortes, pourquoi nevoit-on pas des combinaifons auñli bifarres & aufli variées , que celles qui devroient réfulter du calcul des combinaifons d'un aufi grand nombre de termes que celui que fourniffenc les diverfes fubftances des trois règnes; on fe récriera peut-être, mais dans le vrai, puifqu’on admet un principe auf abfolu & qu’on réduit tout à des diflolutions ou à des combinaifons( ce qui ne fait au fond qu'un mênt! phénomène), pourquoi les plantes, par exemple, ne feroient- elles pas métalliques ou minérales? la bafe de leur fubftance n'eft-elie pas un menftrue? Ne fe trouvent-elles-pas par-tour à portée de quelques fubftances métalliques on minérales? l'air & les vapeurs n’en font-ils pas {ouvent imprégnés? Je ne vois pas pourquoi les os, les ongles, les cheveux ou les poils ou les dents ne feroient pas au moins accidentelle- ment métalliques ou minéralifés ? Et puifque ces monflruofités n'arrivent as, convenons de bonne-foi que fi la nature nous laifloit travailler ou travailloit d'après notre favoir-faire, que nous verrions des êtres bien grotefques ! Notes fur lExamen précédent. (x) L’attra@ion neutonniene ou la gravitation eftune Ici uriverfelle qui agit par tout l'univers, & fur tous les corps uniformément : elle cft en raïfon direfte des mafles Tome XXXIIT, Part. 11, 1733. SEPTEMBRE. Cc2 PPS PEN COR 204 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, & en raïon inver{e du quarré des diffances , au lieu que la ténacité ou cette force avec laquelle les particules des corps adhèrent entr’elles, ne fuit point ces loix. Vous avez autant de peine à féparer une particule d’une petite malle comme d’une tresz grande : & cès que la contiguité des particules cefle, elles n’agilfent plus une fur Pautre : ainfi il n’exifte nulle proportion entre la force avec laquelle elles adhèrent &, celle avec laquelle elles peuvent tendre à fe rapprocher , à la plus petite diftance. (2) Je crois qu'on n’a pas affez réfléchi à l’altération que certains phénomènes caufent aux loix de l’attraétion , fi on les lui attribue , dans les exemples cités, il fe trouve que le verre qui ne contradte que très-peu d’adhérence avec l’eau, l’ature ici fort au-deffus de fon niveau ; & lorfque le vafe ef comble, les bords du liquide fe plient en fens contraire en forte que le liquide dans fon milieu eft fenfiblement au- deffus du niveau des bords, ces deux phénomènes femblent fe contredire : pourquoi Pattration qui 1e furmonte/la pefanteur que dans les petites mafles & à une diflance fi voifine du conta& , qu’elle eft imperceptible à nos fensattire-t-elle le Auide contenu dans le vafe fi fort au-deflus du niveau tout autour des parois? L'expérience des tubes de verres qui brifent obliquement la dire&'on des petits jets d’eau, n’eft-elle pas , encore-plus étonnante , puifqu’ici il faut que l’attra@ion du verre reconnue une des plus foibles , furmonte cependant l'effort tres-confidérable avec lequel le jet d'eau-.eft lancé: N'’eft-ce pas le cas de dire qu’il fe pourroit bien dans ces circonftances que qui prouve trop ne prouve rien? Je fuis très-porté à croire que maint phénomène qui maintenant eft attribué à l'attraction comme jadis maint autre l’étoit au poids de l’atmofphère , fera revendiqué un jour par une autre caufe, NO DT TCTE D'UN VOYAGE AUX ALPES; Par M. DE SAUSSURE. JLes Phyfciens & les Naturaliftes qui fe propofent de vifiter la cime de quelque haute montagne , prennent ordinairement leurs mefures de manière à y parvenir vers le milieu du jour ; & quand ils y font arrivés, ils fe bâtent de faire leurs obfervations pour en redefcendre avant la nuit. Ainf,ils fe trouvent fur les grandes hauteurs toujours à-peu-près aux mêmes heures, pendant peu de momens; & par conféquent ils ne peuvent point fe former une idée jufte de l’état de l'air dans les autres parties du jour, ni à plus forte raifon pendant la nuit. Il m'a paru intéreffant de travailler à remplir cette efpèce de lacune dans l’ordre de nos connoiffances atmofphériques , en faifant fur une cime élevée un féjour affez long pour dérerminer la marche journalière des différens inftrumens de la météorologie, du baromètre , du thermo- mètre , de l'hygromètre, de l’éleromèrre, &c, & d’épier les occafons d’obferver-là l’origine de différens météores , tels que les pluies, les vents, les orages, PPT T ENTRE PIN » »'AËT Fi d SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 305 : Ce defir éroic augmenté par celui de tenter diverfes expériences que Javois réfolu de faire fur le Mont-Blanc , mais que la briéveré du tems, le mal-aife produit par L rareté de l'air, m’empéchèrent d'exécurer. La difficulté étoit de trouver un emplacement convenable, Je voulois qu'il eût environ dix-huit cens-toifes d’élévation; je defirois que ce fire un endroit découvert , où les vents & vous les méréores puflenc jouer avec liberté. Il n’auroir pas été difficile de trouver quelque cime couverte de neige qui réunir ces propriétés ; mais il n’étoit pas praticable de faire fur la neige un établiflement un peu durable, foit à caufe de l’inflabilité des inftrumens qu'on y auroit placés, foic à caufe du froid & de Phumi- dité. Or, il étoit difficile de trouver dans nos Alpes, à une fi grande hauteur un rocher dépouillé de neige & tout à la fois accelkble & affez fpacieux pour qu’on y püt établir une efpèce de domicile, M. Exchaquer , que je confulrai far ce projet, me dit que fur la route nouvellement découverte, qui conduit de Chamouni à Courmayeur, en paflant par le Tacul, je crouverois des rochers tels que je Les fouhaitois. Me repofant fur fa parole, j'ai fait dès le printems dernier mes pré- paratifs pour cette expédition, & je fuis allé dès les premiers jours de juin m'établir avec mon fils à Chamouni, pour attendre le beau tems & le faïfir au moment où il paroîtroit. Je portai avec moi deux petites tentes de toile; mais je defirai outre cela d'avoir une cabane en pierre, Il me falloit plufieurs abris ou domiciles féparés, non-feulement pour nous & nos guides, mais parce que le magnétomètre & la bouflole de variation devoient être éloignés l'un de l’autre pour ne pas influer fur leurs variations réciproques : j'envoyai donc à l'avance confitruire cette cabane, Lorfqu'elle fur achevée, & que le beau tems parut folidement établi, nous partimes de Chamouni. Le premier jour, 2 de juillet , nous allâmes coucher fous nos tentes au Tacul ; on appelle ainf un fond couvert de gazon , au bord d’un petic lac renfermé «entre l’extrémité du Glacier des Bois & le pied d’un rocher qui porte le nom de Monragne du Tacul, Lie lendemain nous partîmes de-là à cinq heures & demie du matin, & nous arrivâmes à midi & demi à notre cabane. J’ai donné à cet endroit le nom de Col du Géant ; parce qu’il eft effectivement à l'entrée du col par lequel on defcend à Courmayeur, & parce que la montagne la plus apparente du voilinage & qui domine ce col eft le Géanr, haute cime efcarpée , que l’on reconnoît très-bien des bords de notre lac: Le nom du Tacul, qui eft à fix ou fept heures de marche de ces rochers, ne pouvoic point leur convenir. En allant du Tacul au Col du Géant, nous ne pûmes point pafler par le glacier de Trélaporte que nos dévanciers avoient traverfé l’année dernière ; les crevafles de ce glacier fe trouvoient ouvertes & désarnies 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; de neige au point de le rendre abfolument inacceflible : nous fûmes forcés de fuivre le pied d’une haute cime nommée la Noire , en côtoyant des pentes de neige extrêmement rapides & bordées de profondes crevailes, Nos guides afluroient que ce paflage et beaucoup plus dangereux que celui qu'on avoit fuivi l’année dernière ; mais je ne fais pas beaucoup de fond fur ces affertions , foit parce que le danger préfent paroît roujours plus grand que celui qui eft paflé , foit parce qu'ils croient flatter les voyageurs en leur difant qu'ils ont échappé à de grands périls. Mais toujours eft-il vrai que ce paflage de la Noire eft réellement dangereux, & que comme il avoit gelé dans la nuic, il eût été impoflible de pafler fur ces neiges dures & rapides, fi la veille, pendant que la neige étoit attendrié par l'ardeur du foleil , nos gens n'étoient pas allés y marquer des pas, #10 Nous eûmes enfuite à courir, comme au Mont-Blanc, le danger des crevafles cachées fous de minces plateaux de neige. Ces crevafles deviennent moins larges & moins fréquentes vers le haut de la mon- tagne , & nous nous flattions d'en être à-peu-près quittes , lorfque tout- ä-coup nous entendîmes crier : des cordes, des cordes. On demandoit -ces cordes pour retirer du fond du glacier Alexis Balmat, l'un des porteurs de notre bagage, qui novs précédoit d’environ cent pas , & qui avoit difparu tout-à-coup du milieu de fes camarades, englouti par une large crevafle de foixante pieds de profondeur. Heureufement qu'à moitié chemin, c'eft-à-dire, à la profondeur de trente pieds, il fut foutenu par un bloc de neige engagé dans la fente. [1 tomba fur cette neige fans s’ètre faic d'autre mal que quelques écorchures au vifage, Son milleur ami, P. J. Favret, fe fic fur le champ lier avec des cordes & dévaler en bas pour aller l’attacher bien folidement : on remonta d’abord Ja charge, puis les deux hommes l’un après autre, Alexis Balmat , en fortant de-là , étoic un peu pâle ; mais il ne témoigna aucune émotion : il reprit fur fon col nos matelas qui compofoient fa charge, & fe remit en marche avec une tranquillité inaltérable. Le moment de notre arrivée au terme de notre voyage ne fut pas; comme à l’ordinaire , un moment de fatisfaction. Je vis d’abord & avec chagrin , en comparant le fite de notre cabane avec des hauteurs que je connoiflois d’ailleurs, qu’il n’avoit pas les dix-huic cens toifes qu'on nous avoit fait efpérer : enfuite je trouvai notre cabane très-petite ; elle n'avoit que fix pieds en quarré; fi baffle, qu'on ne pouvoit pas s’y tenir debout, & les pierres dont elle éroit conftruite fi mal jointes , que la neige y étoit en:ré, & l’avoit même à moitié remplie. L’arète de rochers fur laquelle on devoit tendre nos tentes, & à l'extrémité faillante de laquelle étoit notre cabane, étoit ferrée entre deux glaciers extrémement étroits , inégaux, & bordés de toutes parts de pentes de neige & de rochers fi roides qu'on pourroit prelque les qualifier de précipices. Pour une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 habitation de plufieurs jours cer emplacement ne préfentoit pas une perfpective agréable, mais pour un belvédère la fituation toit vraiment magnifique. Nous avions du côté de Plralie un horifon d’une étendue immenfe, compofé de chaînes redoublées de montagnes en partie couvertes de neige, entre lefquelles on découvroic pourtant quelques forêts & quelques vallons rians & cultivés. Du côté de la Savoie, le Mont-Blanc, le Géant & les cîmes intermédiaires préfentoienc un tableau très-grand , très-varié & crès-intéreflanc. Les porteurs du bagage & des inftrumens repartirent fur Je champ pour Chamouni; mais je gardai, outre mon domeftique, quatre des meilleurs guides , pour nous aider dans nos opérations , & pour aller alternativement chercher du charbon & des provifions à Courmayeur. Dès qu'ils fe furent repofés & rafraîchis, je defirai qu'ils commençaffent les arrangemens néceffaires à mon établiffement ; mais un refte de fatigue & la perfpective des incommodités qu'ils auroient à fouffrir dans ce féjour , abatroient leurs forces & leur courage. Cependant lorfque la fraîcheur de la foirée commença à fe faire fentir , ils comprirent qu'il falloit pourtant fonger à un abri pour la nuit; ils commencèrent alors à arranger un peu les gros blocs de granit détachés , qui formoient le fol de notre arète, & à y tendre les tentés pour y pafler la nuit; car la cabane étoit inhabitable jufqu'à ce que l’on eût piqué & enlevé un lit de glace vive que l'on trouva au-deffous de la neige dont elle étoic remplie. Pour ‘moi, j'avois d’abord commencé à vifiter mes inftrumens & à mettreen expérience ceux qui n’avoient befoin d'aucun préparatif, & j’avois eu le chagrin de trouver mes deux baromètres dérangés ; la grande féche- refle qui avoit régné depuis notre départ de Chamouni, avoit diminué le diamètre du liège de l'ame des robinets qui doivent contenir le mercure: ils perdoient tous deux à fils ; cependant l'air n’y étoit point rentré, & je parvins à guérir l’un des deux en employant un remède indiqué par la . caufe du mal; je le tins continuellement enveloppé dans des linges mouillés , l'humidité renfla le liège, & il retint alors le mercure. Quoiqu’aflez mal couchés, nous dormimes d’ün très-Lon fommeil , qui nous rendit à ous nos forces & notre activité, Dès le matin nous nous mîmes avec ardeur à purger de glace notre cabane, & à l’exhaufler affez pour que l’on püt s’y tenir debout; nous conftruisimes des piedeftaux pour le magnétomètre , pour la bouffole de variation, pour le plateau qui fert à tracer la méridienne , & nous commencâmes même quelques obfervations. Nos guides, qui prévoyoïent un changément de tems, s'appliquèrent fur-tout à aflujettir folidement nos tentes; opération difficile fur cette arète, plus étroite que les rentes mêmes, inégale & compofée de grandes mafles incohérentes. Nous nous trouvâmes bien heureux d’avoir pris toutes ces précautions; 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Car, dans la nuit fuivante , celle du 4 au $ juillet, nous fûmes accueillis par le plus terrible orage dont j'aie jamais éré témoin. Il s’éleva à une heure après minuit un vent de fud-oueft d’une telle violence, que je croyois à chaque inftant qu'il alloit emporter la cabane de pierres dans laquelle mon fils & moi nous étions couchés, Ce vent avoit ceci de fingulier , c'eft qu'il étoit périodiquement interrompu par des intervalles du calme le plus parfait: dans ces intervalles nous entendions le venc fouffler au-deflous de nous dans le fond de la vallée de l’Allée-Blarche, tandis que la tranquillité la plus abfolue régnoit autour de notre cabane. Mais ces calmes étoient fuivis de rafales d’une violence inexprimable ; c'éroient des coups redoublés qui reflembloient à des décharges d’artil- lerie : nous fentions la montagne. même s’ébranler fous nos matelas ; le vent {e faifoit jour par les joints des pierres de la cabane; il fouleva même une fois mes draps & mes couvercures , & me glaça de la cêre aux pieds. Il fe calma un peu à l'aube du jour ; mais il fe releva bientôt, & revint accompagné de neige, qui entroit de toutes, parts dans notre cabane. Nous nous réfugièmes alors dans une des tentes, où l’on étoit mieux à Pabri. Nous y trouvâmes les guides obligés de foutenir continuellement les mâts, de peur que la violence du vent ne les renversât & neles balayât avec la tente. Vers les fept heures du matin , il fe joignit à l’orage de la grêle & des tonnerres , qui fe fuccédoienc fans interruption , l’un d’eux tomba- fi près de-nous, que nous entendîmes diftinétement une étincelle, qui en faifoit partie, glifler en pétillant fur Ja toile mouillée de la tente, précilément derrière la-place qu'occupoit mon fils. L'air étoit tellement rempli d'électricité, que dès que je laiflois fortir. hors de la tente feule- ment la pointe du conduéteur de mon éleétromètre, les boules diver- geoient autant que les fils pouvoient le permettre ; & prefqu’a chaque explofon du tonnerre, l'électricité devenoit de pofitive négative, ou réci- proquement, Pour qu'on fe fafle une idée de Pintenfité du vent, je dirai que deux fois.nos guides , voulant aller chercher des vivres qui étoient dans l’autre tente, choilirent pour cela un des intervalles où le vent paroïfloit fe ralentir un peu, & qu'à moitie chemin > quoiqu'il n'y eût, que feize à dix-fepr pas de diftance d’une tente à l’autre, ils furent affaillis pat un coup de vent tel, que pour n'être pas emportés dans le préci- pice, ils furent obligés de fe cramponer à un rocher qui { trouvoit heu- reufement à moitié chemin , & qu'ils reftèrent-là deux ou trois minutes avec leurs habits quele vent retroufloit par-deflus leurs têtes & le corps criblé.des coups de la grêle, avant que d'ofer fe remertte en marche. Vers le midi le rems s’éclaircit, 8 M. Exchaquet, qui étoit venu la veille avec quatre guides nous faire une vifite, & qui avoir eu le malheur” de partager avec nous cette mauvaife nuic & cette orageufe matinée, rofita de la ceffation du mauvais tems pour s’en retourner, en defcendant ar Courmayeur, P Pour He tr, Hal euh la ml ré dhel Led A hé: ) 14. bé Die: 548 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 209 Pour nous , nous fümes très-fatisfaits de voir qu'avec nos abris, tout chétifs qu'ils étoient , nous pouvions réfifter aux élémens conjurés ; & bien perfuadés qu'il étoit à-peu-près impoflible d’effuyer un plus mauvais tems, nous nous trouvâmes raflurés contre la crainte des orages qu'on nous avoir peints comme très-dangereux fur ces hauteurs, Nous conti- nuâmes donc avec ardeur les difpofitions néceffaires pour nos obfer- vations, Elles commencèrent dès le lendemain à former une fuite régulière & non-interrompue. Lorfque le tems n’étoic pas trop mauvais, mon fils fe levoit à quatre heures du matin pour commencer Les obfer- vations météorologiques : je ne me levois que vers les fept heures; mais en revanche je veillois jufqu'à minuit, tandis que mon fils {e couchoit vers les dix heures. Dans le jour nous avions chacun nos occupations marquées. Cette vie active faifoit pafler notre tems avec une extrême rapidité ; mais nous fouffrions beaucoup du froid dans les mauvais tems & dans la plupart des foirées, même des beaux jours. Prefque tous les foirs vers les cinq beures il commencoit à fouffler un vent qui venoit des pentes couvertes de neige qui nous dominoient au nord & à l’ouelt: ce vent, fouvent accompagné de neige ou de grêle, étoit d’un froid & d’une incommodité extrêmes, Les habits les plus chauds, les fourrures même ne pouvoient nous garantir du froid : nous ne pouvions point allumer de feu dans nos petires tentes de toile, & notre miférable cabane , criblée à jour, ne fe réchauffoit point par le feu de nos petits réchauds; le charbon ne brüloit même dans cet air rare que d’une manière languiflante & à force d'être animé par le foufflet, & fi nous parvenions enfin à réchauffer nos pieds & le bas de nos jambes , nos corps demeuroient toujours glacés par Le vent qui traverfoit la cabane. Dans ces momens-là nous avions un peu moins de regret de n'être élevés que de dix-fept cens foixante-trois toifes au-deffus de la mer ; car plus haut le froid eût été encore plus incommode : nous nous confolions d’ailleurs en penfant que nous étions-là d'environ cent quatre-vingts toifes plus haut que la cime du Buet, qui pañloit il y a quelques années pour la fommité acceflible la plus élevée des Alpes. Vers les dix heures du foir le vent fe calmoïit; c’étoit l'heure où je laiflois mon fils fe coucher dans la cabane: j'allois alors dans la rente de la bouflole me blottir dans ma fourrure avec une pierre chaude fous mes pieds, mettre au net es notes de ce que j'avois fait dans la journée. Je fortois par intervalles pour obferver mes inftrumens & le ciel, qui prefque toujours étoit alors de la plus grande pureté. Ces deux heures de retraite & de contemplation me paroifloient extrèmement douces : j'allois enfuite me coucher dans la cabane fur mon petit matelas étendu à terre à côté de celui de mon fils, & j'y trouvois un meilleur fommeil que dans mon lit de la plaine, Tome XXXIIT, Part, II, 1788, SEPTEMBRE, Dd 19 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, La feizième & dernière foirée que nous pafsämes au Col du Géant fut d'une beauté raviflançre. If fembloit que ces “heutes fommités vouloienc ue nous-ne les quittailions pas fans regret. Le vent froid qui ävoit rendu la plupart des foirées ff incommodes , ne fouffla point ce foir-là.. Les cîmes qui nous dominoient & les neiges qui les féparent fe colorèrent: des plus belles nuances de rofé & de carmin ; tout l'horilon de l'Italie aroifloit bordé d’une large ceinture pourpre, & la pleine [une vint. s'élever au-deflus de cette ceinture avec la majefté d’une Reine , & teinte. du plus beau vermillon. L'air autour de nous avoit cette pureté & cette . limpidité parfaite qu'Homère attribue à celui de l'Olympe , tandis que les vallées , remplies des vapeurs qui s'y écoient condenfées, fembloient un féjour d’obfcuriré & de ténèbres. à Mais comment peindrai-je la nuir qui fuccéda à cette belle foirée larfqu'après le crépufcule , la lune brillant feule dans le ciel, verloit les. Aots de fa lumière argentée fur la vafte enceinte des neiges & des rochers. qui entouroient notre cabane ? Combien ces neiges & ces glaces dont lPéclar eft infoutenable à la lumière du foleil , formoient un étonnant & délicieux fpeétacle à la douce clarté du flambeau'de la nuit! Quel magni- fique contrafte, ces rocs de granit rembrunis & découpés avec tant de nettèté & de hardiefle formoient au milieu de ces neiges brillantes ! Quel moment pour la méditation ! De combien de peines & de privations de femblables momens ne dédommagent- ils pas! L’ame s'élève, les vues. de l'efprit femblent s’agrandir, & au milieu de ce majeftueux filence, on croit entendre la voix de la nature & devenir le confident de fes opérations les plus fecrettes. ! Le lendemain 19 juillet , comme nous avions achevé les obfervations & les expériences que nous nous étions propofées , nous quittämes notre ftation & nous defcendimes à Courmayeur. La première partie de la defcente que l'on fait fur des rocs incohérens eft rapide & pénible, mais fans aucune efpèce de danger, & à cet égard elle ne reflemble nullement à l’Aiguille du Goûré à laquelle on l’avoit comparée. Du pied de. ces rocs, on entre dans des prairies au-defous defquelles on trouve dés bois, ê enfn-des champs cultivés par lefquels on arrive à Courmayeur. Toute cette route ne préfente aucune difficulté. Nous y fouffrimes cependanc beaucoup; d’abord de la chaleur , qui, en fortant du climat froid auquel nous nous étions habitués, nous parut infupportable ; mais nous fouffiimes fur-tout de la faim. Nous avions réfervé quelques provifions pour ce petit voyage, mais elles difparurent dans la nuit qui le précéda. Nous avons violemment foupçonné quelqu'un de nos guides de les avoir fouftaites,, moins pour en profiter, que pour nous mettre dans l’abfolue néceffité de : partir, Îls”s’ennuyoient mortellement fur le Col du Géant, & notre admiration pour la dernière foirée, quelques regrets qu’avoit témoignés mon fils, leur avoit fait craindre que nous ne vouluflions prolonger 5 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21ù notre féjour, La chaleur & l’inanition m’ôtoient les forces ; me donnoient même des commencemens de défaillance & me portoient à la cète , au point que je ne pouvois pas trouver les mots nécellaires pour exprimer més penfées. Mon fils & mon domeftique en foufirirenr aufli ; maïs beaucoup moins que moi. Ma foiblefle rétardoit notre marche, & éloignoit par cela même le remède. Nous n’arrivames qu'à fept heures du foir au village d'Entrève, où éroient les premières mailons où l’on .… pôût trouver quelque chofe à manger. Mais un jour ‘de repos à Cour- . mayeur me rétablit parfaitement. De-là nous vînmes par le Col Ferrec à Martigny, & de Martigny à Chamouni où nous pafsämes encore trois jours pour faire quelques expériences comparatives à celles que nous avions faites fur le Col du Géant. De-la, nous fommes revenus à Genève à la fin de juillet. Je donnerai dans un des prochains Journaux: une notice des réfultats de quelques-unes de nos obiervations. ‘ Rd DÉS CR EP T'ON » De différentes Criflallifarions du Werre à fondant falino- terreux ; Par M. PAIOT DE CHARMES, Infpeéteur des Manufu&tures, «& Correfpondant de la Société Royale de Médecine, D): PUIS long-tems les Naturaliftes, en confidérant le feu comme menftrue ou diflolvant , avoient regardé le verre comme un fel fufceptible de criftallifer, mais jufqu’à préfent , leur théorie n’avoit été confirmée que | par la découverte de quelques criftaux ifolés où groupés de verres mé- talliques trouvés dans des fcories ou laitiers de fourneaux de forges, & il pourroit encore refter des doutes tant fur la criftallifation des verres calcaires & pypfeux , ou falino-terreux, que fur celle des verres alkalins proprement dits (1). Les différentes criftallifations vitreufes que j’annonce ici, produites ar le feu & provenantes de verres calcaires , vont donc venir à l'appui du fyftème dela criftallifation générale & artificielle. C’eft fous ce double | point de vue qu'elles m’ont paru mériter l'attention des Naturaliltes & . des Phyficiens, | La fig. 1, PL II, offre une criftallifation radieufe , ou compofée de 3 dix aiguilles ou lames rangées en forme de rayons autour d'un centre commun. Les cercles ou plutôt les boules qui en réfultent ont plus ou moins de diamètre , c’eft-a-dire, depuis demi-ligne jufqu'à fept , huit & (D M. Keïr avoit déjà vu des criftallifetions du verre. Voyez un Mémoire de ce célèbre Chimifle dans ce Journal , année 1779 , mois de Septembre, Nore de ME. de La. Metlerie. 1 | Tome XXXIII, Part. 11,1788, SEPTEMBRE. Dd2 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, neuf environ. La couleur de cette criftallifation eft quelquefois blanche & laiteufe , mais ordinairement _grisâtre, nuancée de pourpre, rofe, ou lie de vin, foit fur la circonférence, foit fur la longueur des lames ou aiguilles , la fracture en eft brillance & vitreufe. Cette efpèce de criftalli- fation que je regarde comme compofée de principes moins homogènes, ou moins épurés, que celle donr je ferai mention plus bas, ne fe rencontre que fur ces deux maffes de verre. Je n’en ai point vu dans fes cavités ou bourfoufilures. Quelquefois la fubflance de cette criftallifation, fe. 2, fe trouve éparle, foit en mafle, foiten veines diverfement colorées, de gris, de blanc, de rofe, dans le verre qui lui eft propre; mais on y apperçoit rarement des figures régulières & déterminées , feulement des facettes ou lames brillantes & fpathiques ; j'ai vu des blocs de ces efpèces de crif- tallifations confufes qui peloient plus de cent cinquante livres. On les auroit pris au premier coup-d'œil pour des mafles de fpath calcaire ou de feld-fparh. Elles paroïffent au furplus être opaques, & elles renvoient des étincelles par le choc de l'acier. IL eft à remarquer que ces criftallifations ne fe lient point fortement avec la mafle vitreufe qui les entoure ; elles ne s’y montrent que comme incruftées. On diftingue facilement à la fimple vue, la ligne de démar- cation qui les fépare en plufieurs endroits, & qui fans doute n’eft qu'une fuite de la différence de retraite qu'ont fubie ces diverfes fubftances par le refroidiffement. : La fig. 3 nous préfente une criflallifation des plus régulières, com- pofée de prifmes exaëdres tronqués , bien déterminés tant fur les faces que fur la troncature, ( Voyez fg. 4 & %, où le plan & l'élévation de ces criftaux font reprélentés plus grands que nature). Les fix faces paroiflent égales & prefque toutes concaves; quelques-unes femblent ftriées ou cannelées fur leur longueur, La troncature du prifme eft aufli quelquefois concave, & le centre s'annonce par un petit point creux que je confidère, ainfi que la courbure des faces & de la troncature , comme un effet de la-retraite que ces criftaux ont dû fubir en fe refroidiffant ou fe réuniffant. Il eft quelques - uns de ces prifmes dans lefquels on remarque du côté de la troncature , les différentes couches additionnelles qui les ont formées. Ces criftaux font difféminés , foit en groupes , foit ifolément dans la mafle de verre bleuâtre, jaune, verdatre ou feuille-morte qui leur eft propre, & avec lequel ils font corps. Ils y tapiflent pareillement des cavités en forme de géodes , telles que les repréfente la fg. 3: Les prifmes que l’on y trouve font les feuls réguliers. Leur diamètre n'excède pas une ligne , une ligne & demie d'angle à angle, la hauteur des faces paroît fuivre la même dimenfion fur une demi ou trois quarts de ligne de largeur d'une arète à l’autre, La fra@ure de ces criflaux eft brillante sil En e “ dre | Dhai Les jé à " drhié à 4 A COS : : | Ddle Ligier: … 44 L 4 SUR L'HIST, NATURELLE. ET LES ARTS. 213 . & vitreufe. La couleur eft d’un gris légèrement verdâtre , ou merde-d’oie, & plus foncé au centre qu'à la circonférence. Lorfqu'ils font fondus , ou commencent à fe Eirhe , ils font plus ou moins laiteux. Ces prifiwts ont la demi-tranfparence de l’agathe , & font feu avec le briquet. Ces différentes.efpèces de criftallifations qui me femblent dues à la chaux faturée d'argile & de fable , font attaquables par les acidés miné- raux, mais principalement par l’acide vitriolique avec lequel elles forment une forte de magma blanc & pulvérulent. J'ai trouvé ces différens criftaux dans un creufet de la Verrerie Royale des bouteilles du bas-Meudon , anciennement établie à Sèves près Paris. L'on fait qu'en général le verre à bouteilles eft plus ou moins compofé de fondans , gypfeux ou calcaires, ou falino-terreux. C’eft fur-tout de ce dernier: dont on fait ufage dans la verrerie que je viens de citer. Je râcherai d'indiquer dans un Mémoire particulier la maniere dont peuvent s'obtenir ces fortes de criftaux vitreux réguliers, & qui font sûre- ment plus communs qu'on ne penfe dans les verreries à bouteilles ou en verre commun; ce qui me portera en même-tems a m'étendre fur les efpèces de criftallifations particulières qu'affecte le verre dans fon change- ment en porcelaine dite de Réaumur. EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LA MANIÈRE DE FONDRE L'OR AVEC L'ETAIN. ÎL eft reçu depuis long-tems comme un fait par les Métallurgiftes, que l'étain mélé avec l'or , en la plus petite quantité, foi en fubftance, foit en vapeurs, détruit totalement la ductilité de ce précieux métal. Mais M. Woulfe, Ecuyer & Membre de la Société Royale de Londres, communiqua à cette Société en 1764 un Mémoire de M, Alchorne , Effayeur de la monnoie d'Angleterre dans la Tour de Londres , & depuis imprimé dans les Tranfactions Philofophiques , dans lequel il prouve que l'érain peut être mêlé avec l’or en une quantité modérée fans produire tous ces mauvais effets. À Ces expériences n’ont pas été contredites. Cependant plufieurs Auteurs des plus célèbres ont continué de fuivre l’ancienne opinion relativement à l'étain , quoiqu’elle ne foit nullement fondée ; on peut donc fuppofer que le Mémoire ci-deflus n’a pas été affez connu , & qu'on n'y a pas aflez fait attention. C’eft pourquoi jé crois néceflaire d’en donner un extrait, & de le faire connoître d’une manière plus générale, M. Alchorne rapporte qu'il avoit long-tems douté de cette propriété is 1e r ‘ 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, extraordinaire attribuée à l’étain, & que l’ocçafon s'en étant préfentée, il avoit fait plufieurs expériences fur cette matière. Il mêla douze onces d'or fin avec différentes quantités d’étain , depuis foixante grains jufqu'à demi-once. Ces alliages bateus au marteau , paflés au laminoir, & portés fous le balancier, ne parurent point avoir foufferc ; mais ayant mêlé une once d’étain avec douze onces d’or fin, ce mêlange ne put être travaillé. I voulut enfuire expofer l'or à la fumée ou vapeur de l'étain. Il mit douze onces d'or à vingt-deux karats .dans un petit creufet qu’il plaça dans un creufet plus grand, & l’environna d’étain. Il foumit le tout à un affez grand degré de feu pendant demi-heure | mais l'or ne perdit rien de fa ductilité, Il a pourfuivi cesrecherches encore plus loin: [La allié les mélanges ci-deflus avec du cuivre & a enfuite ajouté de l’étain à cet or , ainli allié avec différentes portions de cuivre & d'argent; mais dans tous es cas douze onces d’or alliées avec de l’érain dans la quantité d'une demi-once , de cuivre deux onces & demie fouffroient d'être battues & laminées jufqu’à l’épaifleur d’un fort papier , & pouvoient étre travaillées en petits ouvrages de bijouterie & tirées en fil fin avec la même facilité ue l'or du commerce, | ai M. Alchorne obferve que l’ancienne opinion adoptée par tant d’Auteurs doit vraifemblablement fon origine à l’arfenic que l’étain contient ordi- hairement, ayant trouvé que douze grains de ce demi-métal en régule rendoient autant d’onces d'or aigre & caflant; & de-là il conclut que l’étain comme d’autres métaux inférieurs , n’endommageoit l'or qu’en proportion de la quantité d’arfenic qu'ils contenoient , & qu'il n’y a rien dans l’étain qui puifle ôter à ce métal précieux fes qualités, comme on l'a cru jufquà préfent. * B LE TER RUE DE M BRUCNATELLI; A M DE LA MÉTHERIE, Sur la Fruëification de la Rofe tremière & l'analyfe de la Salive. Mossrete: M, le Chanoïne Volta a fait plufeurs obfervations fur la fru@ification de la rofe tremière, Æ/cea rofea, Lin. depuis l'inftanc que les boutons à fleurs paroiffenc jufqu'au moment que la corolle eft ouverte. Les * Fa L D urine if da oi hé Mani TANT. LAS 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21s _réfulrats de ces obfervations ont été, 1°. que la nature dans l’intérieur .. du bouton travaille d'abord les parties effentielles , favoir, les étamines +. &'le germe ; 2°. que la pouflière fécondante fe montre dans les anthères fous forme de petits globules lorfque le bouton n'a pas encore pris le tiers de fon accroifflement, & avant que les feuilles de la corolle foienc formées ; 3°. que les anthères s'ouvrent trois ou quatre jours avant la fleur & avant que la corolle pénètre le calice; 4°. qu’aufli-tôr que les anthères paroiflent, les ftigmates fe trouvent parfemés de la petite poufñlière fémi- nale, & on.en voit plufieurs grains qui pénétrent jufqu’à l’ovaire pour y féconder les femences ; d’où il paroïr bien clairement que la fécondation de cette plante commence quelques: jours avant que la fleur s’ouvre & -avant que la corolle pénètre le calice. C'eft ce qui rend infufifante lobfervation de M. Réynier contre le fexualifme des plantes. M: Volta a d’ailleurs-obfervé que pour enlever entièrement de la fleur de cette rofe tonte les parties fexuelles avant que-cette-fleur ne s'ouvrir, comme: M. Reynier dit l'avoir fait, il ne pouvoit couper la corolle qui étoit trop adhérente aux étamines , lefquelles ne repréfenrentpoint un faifceau , mais un globule qui s'étend jufqu'au germe. Il a fait cette opération plufeurs fois avec route la dextérité poflible ; mais elle.a toujours été fi fatale à la plante qu’elle:a langui, & eft morte peu de rems après, J'ai analyfé la falive d'un homme rourmerté depuis plufieurs ‘années du mal vénérien. Aucun remède n’avoit pu Le guérir ni diminuer lacri- monie de ce virus qui corrodoit toutes les parties qui fe rencontroienr, J'y ai trouvé l’acide faccharin libre , & en grande quantité. Comme cet homme étoit 'extrèmement maigre , quoiqu'il füc à un régime très- nourriflant; il paroît vraifemblable que certe maigreur étoit due‘à la perte de la partie fucrée & nutritive des alimens. 7 Jefuis, &c. ® LETTRE DE M DE RÉYNIER, y Mémbre de plufièurs Académies &r Sociétés; : A M. DE LA MÉTHERIE, » SUR LA CRISTALLISATION DES ÊTRES ORCANISÉS. :Moxsreur, RAR à EVE Mean EXC Vous vous êtes déclaré en faveur de la criftallifation des érresorganifés dans votre excellent Ouvrage des Principes de la Phyfologie naturelle: :- , LS ban Re US, de Dh de de 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce fyltème fi vraifemblable rencontre plufeurs obftacles qu'il eft effentiel de détruire. Quelques obfervations que j'ai faites dans les mines de Sainte- Marie-aux-Mines pendant le cours de cet été, viennent à l'appui de notre opinion_fur la formation des êtres, principalement fur celle de ces aggrégations fugitives où les Botaniftes voyent des organes fexuels, parce qu'il eft décent, fuivant eux , que tous les êtres en pofsèdent. Le lichen radiciformis (1) croît très-abondamment dans la mine de plomb de Sainte-Marie ; tous les vieux bois d’étançonnement en étoient couverts lorfque j'y ai été, & on pouvoit obferver toutes les nuances depuis d'état parfait de cette plante jufqu’aux premiers rudimens de fon organifation, j'ai fuivi les paflages avec exactirude, Une goutte d'eau un peu mucilagineufe paroît à la furface du bois ; cette goutte devient moins limpide en recevant une nouvelle quantité de matière organique: fa bafe durcit , s'allonge , fon extrémité refte toujours liquide, mais d’autanc plus opaque qu'elle appproche du corps de la plante. Lorfque le lichen a quelques pouces de longueur , cette goutte d'eau difparoîc & la plante paroït fe développer & fe nourrir par fes organes extérieurs: alors elle change de couleur, de blanche elle devient noire par les nuances du fauve & du brun. Il-eft confiant que cette plante ne fe nourrit pas par intus-fufception dans les premiers inftans de fon exiftence : elle a en fe formant le même diamètre qu’elle doit conferver, & fon extrémité où les molécules qui coulent avec l’eau fur fa fuperficie fe réuniffent, indique fa formation, Cet exemple d'une formation par l’aggrégation de la matière orga- nifée, me paroïit moins fufceptible d’objections que les autres que j'ai donnés (2), on m’objectoit que les graines des plantes étoient répandues dans les airs, mais ici c’eft une efpèce qui ne croît que dans les mines, qui même n'a pas été obfervée dans toutes. Or, comment fuppofer que fes graines ont été tranfportées d’une mine dans une autre. Pour ne pas avouer que Linné a fait une loi générale fur des faits fréquens , mais point fans exceptions, on a recours à des pofibilités où la probabilité même n’eft pas confultée. Si la graine n’a pas été apportée au travers des airs, elle a dû fe trouver dans le bois & en faire partie : alors quel fyftème eft plus probable qu'une des molécules intégranres du bois en fe développant a formé un être, ou que plufieurs molécules fe font réunies our le former. Outre ce lichen, on trouve plufeurs autres plantes dans les mines, telles que des polipores, moififlures, agaric, tremelles, qui ont une forme & une manière d'être qui leur eft propre. Toutes ces plantes (x) Weber fpicil. florz Gothing. p. 132. Ufnea radiciformis fcop. diff. pl. 1 , p. 95, n°. 16, tab, 8, (2) Dans ce Journal, mois d'août 17874 n’exiftent SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 217 bexiftenc que dans les mines; & par conféquent en füuivant la doétrine des graines, on doit avouer nécellairement que lorfqu'on creufe une nouvelle mine dans un pays, là nature a foin d’envoyer des graînes d'ailleurs. Vous fentez, Monlieur , combien cette fuppofition eit gra- tuire; mais les Linnéiftes la trouvent plus probable que la formation fpontanée. J'ai vifité dans ce même voyag? les mines de plomb de Kleebleat , près de Sallingue ; cette mine neft ouverte que depuis trois ou quatre ans & très-éloignée de-toute autre mine: cependant j'y ai trouvé en grande abondance plufeurs des plantes cryptogamiques particulières à cette pofition. J'aimerois que les Linnéiftes vouluflent expliquer comment elles ont pu y venir, Je fuis, &c. Paris, le 29 Aoûr 1788. P.S.. L'agave Americana fleurit beaucoup plus fréquemment dans fes jardins de la Hollande que dans ceux des autres pays de l'Europe : eft-ce la meilleure conftruction des ferres ou quelqu’autre caufe qui produit cette différence? Pendant le voyage que j'ai fait cette année dans ce pays-là, j'en ai vu plufieurs : l’un d’eux préfentoit un phénomène fingulier, peut-être unique. Le cœur de la plante avoit extrêmement fouffert pendant hiver précédenc , & même avoit été détruic en partie, & le plante a pouflé latéralement cinq tiges qui ont fleuri enfemble, Ce agave exifte dans la terre de M, le Marquis de Saint-Simon, fituée à une dieue d'Utrecht. | EE OBSERVATIONS Sur quelques combinaifons de l’ Acide marin déphlogifiiqué , ou de l'Acide muriatique oxigené ; L « Par M BERTHOLLET. Lacie marin déphlogiftiqué , ou acide muriatique oxigéné s'éloigne des autres acides par une propriété qui mérite d'être examinée plus particulièrement que je ne l'ai fair dans le Mémoire où je m'en fuis occupé. Il ne fait point effervefcence avec les aikalis fixes effervefcens, Cependant j'ai obfervé qu'il contracte une union avec eux, puifqu'il perd fa couleur, & que fon odeur elt fort affoiblie & même changée. L'oxygène qui dans plufieurs occafions donne les propriétés acides à Ja bafe avec laquelle il fe combine, & qui plus généralement paroit Tome XXXIII, Part, Il, 1788. SEPTEMBRE. Ee LU Le. Li nie ts) 2 2 218 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, difpofer les fubfances avec Jefquelles il s’unit à entrer en combinaifon avec les alkalis, fait-il donc une exception pour l'acide muriatique, & séloigne-r-il dans cette occañon d’une loi qui paroît fi générale , ow : bien n'ai-je apperçu qu'une partie du phénomène £ Voilà la queftion que je me fuis propofée, & que j'ai tâché de réfoudre par Les experiences fuivantes. J'ai mis dans un flacon une diffolution aflez rapprochée de potaffe cauftique, & j'y ai fait pafler beaucoup de gaz acide muriatique oxigéné, en.me fervant des proportions d'acide muriatique & de chaux de manga- nèfe que j'ai indiquées dans mon Mémoire , & en laiffant un flacon vuide intermédiaire pour recevoir l'acide qui n’auroit pas été oxigéné. Il s’eft combiné avec beaucoup de facilité une grande quantité de gaz. La liqueur S’eft troublée , & il s’eft formé un dépôt abondant. Cedépôr étoit dû en partie à la terre qui eft tenue en diflolution par l’alkali cauftique ; mais il contenoit outre cela de petits criftaux d’une forme nouvelle. Je fis évaporer la liqueur. J’en retirai beaucoup de muriate de potafle ou /e£ Jébrifuge de Sylvius & une petite portion du nouveau fel, dont je vais décrire les propriérés. Une de celles qui cara@érifent ce fel, c’eft qu'il détone avec le charbon. Après la déronation on ne retrouve que du muriate de potafle- ordinaire. On voit donc par cette feule expérience qu'il eft compofé d'acide muriatique combiné avec l’oxigyne & de potafle : & je l’appelerai, fuivant les principes de la Nomenclature méthodique, muriate oxygénÉ de potafle, Ce fel fe diffout beaucoup plus abondamme nt dans l’eau chaude que dans l’eau froide , ce qui donne le moyen de le féparer du muriate de potafle avec lequel il fe trouve mêlé. Il criflallife quelquefois en lames exaëdres & plus fouvent en lames rhomboïdales; mais rous les criftaux qu'on obtient ont dans la même criflallifation la même figure. Dans les James exaëdres il y a ordinairement deux grands côtés & quatre petits. Les deux grands côtés font quelquefois fort longs , & donnent au criflal l'apparence d’une aiguille. La forme rhomboïdale dérive de lexaëdre, dont deux des petits côtés oppofés font fupprimés, Ces criftaux font d’un brillant argentin comme le mica. [ls n’ont plus la faveur de muriate de potaffe ; mais ils en ont une qui eft fade, & ils produifent en fe fondanc dans la bouche un fentiment de fraîcheur qui reflemble beaucoup à celle du nitre, : Je viens de prouver que l’acide muriatique combiné avec l'oxygène peut s'unir avec la potafle, & former un fel qui a de grandes analogies avec le nitre par fa diflolubilité dans l’eau chaude, par la propriété de déroner & par la faveur; mais lorfque ce fel fe produir, il fe forme tou- jours une beaucowp plus grande quantité de muriate de potafle. Il falloit chercher fi l'acide muriatique oxygéné prend dans cette combinaifon " SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 219 wne nature différente, & pourquoi il n’y a qu’une petite partie de fel qui fe trouve oxygéné. Pour fixer l’idée que je devois me former , jai comparé lës quantités d'oxygène qu'on pouvoit féparer par la chaleur de Pacide qui entre dans la compofition du muriate oxygéné de potaffe, & celle qui eft en combinaifon dans l'acide muriatique oxygéné, & que j'en ai féparés par l’action de la lumière. J'ai enfuite comparé la quantité d'acide muriatique qui fe trouve, foit dans le muriate oxygéné de potafle, foit dans un poids connu d’acide muriatique oxygéné, & j'ai trouvé que la proportion d'oxygène relativement à l'acide éroit beaucoup plus grande dans ce {el neutre que dans l'acide. Je n'indiquerai pas ici le nombre qui exprime cette différence, parce que je me propofe de mettre dans certe décermination encore plus de précifion que je n’ai pu le faire jufqu’à préfent. Lors donc qu'on fait pafler l'acide muriatique oxygéné dans une folurion de potalle, l'oxyvène fe concentre dans une partie de la combi- nailon pour former le fel oxygéné, & la plus grande partie de l'acide muriatique qui a été dépouillé de fon oxygène forme avec une autre portion de l’alkalt un fimple muriate de potafle. Pour diftinguer l'acide” muriarique oxyéné de celui qui eften combinaifon dans le fel déronant, je défignerai ce dernier par le nom d'acide muriatique /#r-oxygéné. Müis lorfqu'on a faturé une diffolurion alkaline avec l’acide muria- tique oxygéné, ou bien lorfqu'on a laiflé un excès d’alkali, cecre liqueur détruit prompremeut les couleurs végétales & fair effervefcence avec l'alkali volatil (ammoniaqgue) qu'elle décompofe de la manière que j'ai décrite dans mon Analyfe de l’aikali volaril (Mém. de l’Acad, de Paris, # 1785), & cependant le fel oxygéné n’exerce aucune adion ni fur les % couleurs ni fur cet alkali. 11 faut donc qu'il y air une portion de l’acide | -oxygéné dans laquelle Ia tranfpoñrion de l'oxygène n'ait pas eu lieu, Cerre portion eft maintente dans fon état naturel probablement par l’affaité que l'eau a d’un côté avec elle, & d'un autre avec l’alkali, de forte qu'elle ne contracte qu'une union foible avec ce dernier. Ce qui fe pafle ici dans la tranfpolition de l'oxygène a beaucoup de rapport avec Ce qui arrive lerfqu’on combine l'acide nitreux avec l'aikali. Quoique l'air phlogiftiqué (azote) s’y trouve combiné avec rout l’oxy- gène, cependant lorfque la combinaifon avec l’alkali fe forme, il fe fait à l’inftanc une féparation. D'un côté beaucoup d'oxygène & peu d’air phlogiftiqué forment Pacide nitreux (nitrique) qui ayant plus d'affinité avec l'alkali fe combine avec lui, D'un autre côté, beaucoup d’air phlo- giftiqué, & une portion plus petite d'oxygène forment du gaz nitreux qui eft repouflé de la combinaifon , & qui s'échappe pour la plus grande partie de Ja liqueur. 1 Si l'on fait évaporer la difflolution de potafle faturée avez l’acide muria- tique déphlogiftiqué, & fi l’on n'expofe pas le vaiffeau de verre fur des Tome XXKXIIT, Part. II, 1788. SEPTEMBRE. Ee2 , 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; charbons ardens, toute la partie qui confervoit les propriétés de cet acide » fubit le changement que je viens de décrire, & forme du muriate de potafle & du fel détonant, de manière qu'on ne retire par la difillation pi air vital pi acide marin déphlouifiqué ; & lorfque la liqueur ef rapprochée à un certain point, elle n’alrère plus les couleurs ni ne décompofe l'alkali volatil. Apres avoir éprouvé la potafle cauflique, j'ai éprouvé celle qui eft effervefcente. J'ai obfervé que la combinaifon avoit lieu également, & que l'acide muriatique oxygéné éprouvoit la mème transformation pen- dant que la combinaifon fe formoit. L'air fixe (acide carbonique ) eff chaflé de fa bafe , & il entraîne avec lui une petite portion d’acide muria- tique oxygéné,.comime on peut s’en ailurer en faifant paller ce gaz dans un flacon rempli d’eau. J'ai retiré de cette combinaifon à-peu-près quatre parties de muriate de potafle contre une de muriate oxygéné ; de forte: que comme l'oxygène fait un peu plus du tiers du poids de ce dernier fel, ainf qu'on le verra plus bas , il faut que plus de fix parties d'acide oxygéré cèdent leur oxygène à une feule partie, Je donnerai ces proportions d’une manière plus exacte. k , Ce que jai dic fur la portion d'acide muriatique oxygéné qui refte- foiblement unie à l’alkali & qui conferve fes propriétés , a également’ “ieu avec la diffolurion de potafle effervefcente ( carbonate de potalle ), elle détruit les couleurs végétales, elle décompofe l’alkali volatil , & elle donne de l'air viral, lorfqu'on l’expofe à la lumière : enfin , lorfqu’on fait évaporer la liqueur fans qu'elle éprouve l’action vive de la lumière, cette portion fe combine avec l’alkali & forme encore du muriate oxygéné & du muriate fimple. Mais je fuppofe ici, de même que pour l'expérience de la potafle , que la liqueur alkaline n'eft pas furchargée d'acide muriatique oxygéné. Car s’il y en avoit une partie furabondante à l’alkali qui pût fe combiner, cette partie pañleroit dans la difiilation.. fous la forme d’acide muriatique oxygéné, pourvu qu’elle n'éprouvât que l'adtion d'une chaleur obicure, Lorfque la liqueur alkaline a ainf une furabordance d'acide muriatique oxygéné, l’on peut en détruire une partie par l'alkaii volatil, & cependant retirer la même proportion du fe] oxygéné que fi on n’y avoit point mêlé de cet alkali, ainfi que je: m'en fuis afluré par l'expérience. A préfent l'on entend ce qui doit fe pafler lorfqu'on verfe une diflolution d’alkali fixe dans l’acide muriatique oxygéné. La proportion d’eau qui fe trouve néceflairement dans certe liqueur, eft telle que Vacide y eft dans le cas de la partie que j'ai dir n’être point décompoñée | dans l'opération précédente. Il fe combine trop foiblement avec l’alkali, il n’en chafle point l'acide des carbonates, & il conferve toutes les propriétés dont j'ai parlé. Pour le prouver j'ai verfé de la diflolution d’alkali effexvefcent dans une certaine quantité d'acide muriatique M = ere sn 7 LR pe. à ‘ 2 LE OS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 221 oxygéné affez forte, J'ai enfuite verfé de l'ammoniaque qui a produir une effervefcence qui eft due, ainfi que je l'ai expliqué ailleurs, au dégage- ment de l'air phlogiftiqué. Après cela j'ai fait évaporer la liqueur , & je n'ai point trouvé de fel oxygéné. Il ne s’en étoit donc point formé , lorfque j'avois mêlé la liqueur alkaline avec l'acide muriatique oxygéné, Mais lorfqu'on fait évaporer cette liqueur , ou bien on expofe le vaiffeau tranfparent fur une lumière vive, ou bien on fait évaporer ou difiller à une chaleur obfcure. Dans ce premier cas une partie d'acide F muriatique oxygéné eft décompofée par la lumière, & on retire un peu = d’air vital qui eft mêlé avec l'air fixe, li l'on s’eft fervi d’alkali effervefcenr. C'eft.ce qui m'eft arrivé dans les expériences que j'ai décrites (Mém. dé l'Acad, & Journ. de Phyfique ). Dans le fecond cas la transformation fe fait en entier, & l'on retire les proportions indiquées de fe! oxygéné & de muriate fimple, & la proportion du premier eft plus grande que fi l'on a dégagé de Pair vital, Le fel oxygéné que je viens de décrire avoit échappé à Schéele & à Bergman, lorfqu'ils regardèrent comme un muriate ordinaire le fel réfultant de la combinaifon de l’alkali fixe avec l'acide muriatique oxygéné, lequel d’ailleurs par leur procédé devoit fe rrouver mélé à beaucoup d’acide muriatique fimple, Ii n’eft donc plus befoin de difcures Pexplication que ces deux grands Chimiftes ont donnée fur l’identité de ces fels, qu'ils attribuoient à une portion de phlogiftique que l’alkali devoir rendre à l'acide muriatique déphlosiftiqué. Et moi lorfque j'ai combattu cette explication vague, & que j’ai prouvé que l'on reuroit de l'air vital de l'acide muriatique oxygéné, je n'ai point également apperçu le fel oxygéné qui devoir être mélé avec le muriate ordinaire, à la vérité en petite proportion , parce que dans mon procédé j’avois décompofé une partie de l'acide muriatique oxygéné en expofant la cornue dont je me fervois fur des charbons ardens, 1e En décrivant la combinaifon de l'acide muriatique oxigéné avec Ja diflolution de potafle , j'ai paffé fous filence deux circonftances dont je: vais faire mention. La première ef que l’aikali cauftique qu'on prépare dans l’eau n'eft jamais entièrement dépouillé d'air fxe. Il s’en dégage toujours un peu fur la fn de la faturation. La feconde qui eft beaucoup plus importante , c’eft que lorfque l'alkali cauflique eit rapproché à un certain point , il fe fait une effervefcence continuelle pendant l'opération ;. & cetre effervefcence fe prolonge même quelques jours après, Si lon recueille le gaz qui fe dégage en bulles qui dans le commencement fe fuccèdent aflez rapidement, on trouve que c’eft de l'air vital. Si l’on fait évaporer la liqueur , il fe dégage encore de l'air vital dans le commen- cement; & enfin l’on retire une beaucoup plus petire portion de fel oxygéné. II paroît donc que l’alkali cauftique dont l’afñnité n'eft pas tempérée par l'eau, exerce une action trop vive fur la bafe muriatique | 222 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l'acide oxygéné, que l'on peut regarder comme étant dans un état gazeux & à demi-élaftique, & il en chafle l’oxygène, Cer effet feroit fans doute plus rapide fi on expofoic la liqueur à une lumière vive, La foude cauftique & efferveftente forme aufli une combinaifon avec l’acide muriatique oxygéné & pré‘ente des phénomènes analo- gues à ceux que j'ai décrits; mais la différence qui mérite d’être re marquée, c'eft que le {el oxygéné de foude, au lieu d’être moins fo- luble dans l’eau froide que le muriare ordinaire eft au contraire déli- quefcenr; lors mème qu'il eft réduit en liqueur ; fi on en verfe un peu fur un charbon ardent, il forme une perite détonation. 11 fe diflouc dans lefprit-de vin comme tous les fels déliquefcens, La chaux qu'on a préalablement fait éceindre dans l’eau pour en chaffer Pair qui elt contenu dans fes pores comme dans ceux d’une éponge, & celui qu'elle chaffe de l’eau en fe combinant avec elle, contracte bien quelque union avec l'acide muriatique oxygéné, ainfi que je l'ai re- marqué dans mon Mémoire. Mais il paroît que fon action eft trop foible pour décider aucune tranfmutation, & fi on fait évaporer la liqueur à une chaleur obfcure, il m'a paru que lacide muriatique oxygéné s’en dégageoit fans avoir éprouvé aucune modification. Ce- pendant je me propofe d'examiner encore cet objer. S Après avoir décrit les principaux phénomènes que m'ont préfentés les combinaifons de l'acide muriatique oxygéné avec la potafle, la foude & la chaux, j'en viens à quelques propriétés remarquables du muriate de potaffe oxygéné. Lorfqu'on expofe ce fel à la chaleur, l'oxygène s’en dégage fous forme d’air vital, plus facilernent qu'il ne: fe dégage du nitre. Cependant il y a apparence que le gaz ne fe forme que lorfque le vaiffeau devient rouge, pour que la lumière rende l'érat élaftique à loxigène, Cent grains de. fel m'ont donné foixante & quinze pouces cubiques d'air vital ramené à la température de douze degrés de Réaumur. J'avois pris les précautions néceflaires pour que cet air ne fe trouvât mêlé qu’à la plus petite quantité poflible d'air atmofphérique, & quoique la théorie indiquât clairement que cet air devoit avoir la plus grande pureré, je l'ai éprouvé à l’eudio- ètre de M. de Volta, & avec la diflolution de foie de foufre fait avec l’alkali minéral (fulfure de foude). Dans la première épreuve, vingt parties qui avoient été mêlées avec quarante de gaz inflamma- ble aqueux ( gaz hydrogène), ont laïflé deux parties de réfidu. Dans la feconde, vingt-quatre parties en ont laiflé un peu moins qu'une, & j'avoue que je n’ai pas pris les précautions les plus rigoureufes. Par exemple, je ne me fuis pas fervi d’eau qui eût été privée de l'air qu'elle tiene en diffolution. J’ai fait pafler dans la feconde expérience, le foie de foufre alkalin dans le vafe fans l'avoir fait difloudre auparavant pour en chafler l'air phlogiftiqué qui fe wouve entre fes molécules, Mais je # PRINT de 44 28 er rc de" SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 223 nai pas cru devoir poufler plus loin ces expériences, parce que fou- tenues par la théorie, elles m'ont paru fuffire pour en conclure que Pair qui fe dégage de ce fel eft parfaitement pur, On pourra donc fe fervir du muriate oxygéné de potafle pour en fetirer d'une Manière facile une grande quantité d’air vital. Comme l'air qui s'en dégage eit très-pur, la détonation de ce fl avec le charbon eft beaucoup plus vive, & la lumière qu'elle donne, plus brillante que celle du nitre dans lequel l'oxygène fe trouve mêli, a près d'un quart d'air phlogiftiqué qui modère fon action. Il eft pro- bable que la poudre que je me propofe de faire avec ce fel, aura des propriétés remarquables, La détoniation avec le fer eft aufli plus vive que celle du nitre, Puifque cent grains de fel muriate oxygéné de potafle donnent foixanre-quinze pouces d'air vital, ils contiennent à-peu-près trente- fept grains d'oxygène. IL faudroit donc d'après les proportions d’oxy- gène que M. Lavoifier a étaslies par des expériences incontefta- bles dans la compofñrion de l’air fixe (acide carbonique), à-peu-près quatorze grains de charbon pour décompofer entièrement les cent grains, & l’on en retireroit cinquante-un grains d'air fixe; & comme ce fef pe contient point d'air phlogiftiqué, le gaz qui fe dégageroit feroic de l'air fixe pur, pourvu qu’on fe fervic d'un charbon qui feroit dé- pouillé de Pair phlogiftiqué qu'il auroit abiorbé de l’armofphère en fe réfroidiflant, comme le prouvent les expériences de M. l'Abbé Fontana & de M. le Comte de Morrozzo. Le muriate oxigéné de potafle ne trouble point la diflolution dx niître mercuriel; & fi après le mélange on ajouroir de l’alkali volatil, il fe fait un précipité noirâtre; ce qui prouve que le fel oxygéné n’a point produit de décompolition. 11 ne trouble également point la dif- folution nitreufe de plomb ni celle d'argent; mais fur-tout pour faire cette derniere épreuve, il faut qu'il foit criftallifé avec beaucoup de foin, parce que la plus petite quantité de fel muriatique qu'il retien- droit, fufhroit pour troubler la liqueur, C’eft même un bon indice pour s’aflurer de fa pureté. Toutes les expériences précédentes prouvent que lacide qui forme des fels oxygénés eft différent de l’acide muriatique oxygéné, & par fa compofition, & par des propriétés très-éloignées, Je n'ai pu jufqu'à préfent le dégager de fa bafe fans le décompofer en partie, de forre que je ne lai pas encore obfervé dans fon état de puiflance; mais je rélerve pour un autre Mémoire les détails qui auront pour objer l'ac- tion des autres acides fur les muriates oxygénés, & des confidérations particulières fur l'acide muriatique, que je regarderai comme un radi- cal (bafe acidifiable) qui prend par le moyen d'uns certaine quan- #24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tité d'oxygène, des propriétés analogues au gaz nitreux & à l'acide fulfureux , & qui enfin étant fur-oxygéné, eft en rapport avec l'acide vitriolique (fulfurique) & avec l'acide nitreux (nitrique). LETTRE DE M DE PRÉLONG, Direéteur de l'Hôpital de Gorée , AMD) EUR OMÉ, DENENTSEE, Sur des Obfervations météorologiques faites a Gorées NEorereves Li Mes obfervations météorologiques de l’année dernière font décidé ment perdues ; mais comme les années fe reflemblent fort dans ce pays, ainfi que dans la prepare des régions fituées entre les tropiques, la perte n'eft pas bien grande. D'ailleurs, je travaille tous les jours à la réparer, & vous devez avoir reçu depuis peu les quatre premiers mois de certe année. Je me bornerai donc à tranfcrire ici un petit nombre d’obfervations que je retrouve {ur un almanach, où je marquois, durant l’année 1787, les chofes qui me frappoient le plus. + 1°. Depuis le 15 janvier1787, jour de notre arrivée, jufqu'aux premiers jours du mois de mai , le thermomètre, le baromètre & le vent ont été, à très-peu de chofe près, les mêmes que cette année. 2°, Depuis le 15 mai jufqu’au commencement de décembre, le ther- momètre s’eft conftamment tenu au-deflus de 24 deyrés , il faut en excepter les jours de pluie , ou pour parler plus exactement, les jours de grains. Le thermomètre defcendoit alors de 3 & 4 degrés. Vous penfez bien que je ne parle que des heures du jour les plus chaudes , c'eft-à-dire, de 11 heures & midi. à 3°. Le premier grain ef tombé le 15 juin, & le dernier le 14 o“tobre: il y en a eu feize où dix-huit en tout ; & quoique je n’aie point d'appareil commode pour mefurer avec précifion la quantité d'eau, je puis vous aflurer avec certitude qu'il en eft tombé plus de cinquante pouces, c'eft- à-dire , deux fois & demie autant qu'à Paris; & s’il en faut croire les habitans de Gorée, l'année 1787 a été l'une des moins pluvieufes, _#* SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. o2$ &°. La plupart des grains ont fait monter le baromètre d’une ligne, & quelquefois de deux ( phénomène aflez fingulier ) ; quelques-uns l'ont fait caen d'une & rout au plus d’une & demie, & pluleurs n’ont point changé le niveau de cet inftrument, 5°: Pendant les quatre mois de la faifon pluvieufe, il n’y a que très- peu , ou point du tout de ferein ou de rofée. 6°, Le 27 feptembre a été le jour le plus chaud de toute l’année. Le thermomètre eft monté à 29 degrés, & s’y eft tenu plus d’une heure. D'après des obfervations qui m'ont été communiquées , il peut monter jufqu'à 32 & 33; mais il paroît que 30 eft Le terme moyen des chaleurs extrêmes de cinq ou fix années, tant poyr Gorée que pour le Sénégal. Gorée eft plus fud ; mais fon niveau eft plus élevé, & le fol moins fäbloneux; d'ailleurs cette île eft plus éloignée du continent que l'ile Saint-Louis. Vous voyez, Monfieur , que ce pays n'eft pas auffi chaud qu’on le croit communément , & qu'on le marque fer les thermomètres. M. Moneron, qui doit être à préfent à Paris, m'a afluré qu’il avoit vu à Mafuliparnam le thermomètre de Farenheit monter jufqu'à 118 deorés , c’eft-à-dire, 38 degrés © de Réaumur. Maïs tout ce que j'ai ouï dire dés différens climats n'approche point de ce que j'ai appris ici de la température de Podor , à cinquante ou foixante lieues de l'île Saint-Louis , fur le fleuve du Séné- gal. Un Officier du bataillon d'Afrique qui a paflé près d’un an dans ce pofte, aflure ÿ avoir vu monter le thermomètre de Réaumur à 44 devrés au nord & à l'ombre. D’autres perfonnes qui ont paflé plus ou moins de rems dans ce lieu, difent que lon ne peut en comparer la chaleur qu’à celle qu'on éprouve à la bouche d’un four allumé ; & tous conviennent que Podor eft au Sénégal , comme le Sénégal eft par rapport à la France. Il me femble que tour cela quadre affez bien avec ce que j'ai lu dans M. Adanfon. Ce n’eft donc point fans des motifs très-forts , que notre Gouverneur , après avoir vifité ce pofte , a demandé qu'on l'abandonnât ; où fair que Podor coùtoit tous Les ans plufieurs fujets au Roi, & que l’on . n’en revenoit ordinairement qu'avec des fievres prefqu'interminables, & un épuifement de forces bien difficile à réparer. : Pourquoi donc le Sénégal eft-il fi fort décrié? Rien ne me paroïc fi facile à expliquer, foic au phyfique, foit au moral. 1°. On met aflez ordinairement fur le compte de ce pays la grande mortalité qui a lieu prefque tous les ans, tant à l’île Saint-Louis qu'à Gorée, Mais c'eft une erreur groflière. Gorée doit être regardée comme Phôpitai des établiflemens françois le long de cette côte. Les bâtimens qui vonttraiter à Sa'um,en Gambie, à Serre-Lione, à Amancore, &c.relächent ordinairement deux fois ici. À la première relâche ils commencent leur traite, & à la feconde ils viennent, avec le refte de leur cargaifon, reprendre ce qu'ils ont laïffé de noir ; & c’eft alors qu'ils nous amènent Tome XXXIII, Pare, II, 1788, SEPTEMBRE, FE 226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE des fcorburiques , des fiévreux, &c, du bas de la côte. Or, la plupart de’ ces malades arrivent ici fatigués par la longueur de la traverfée. Quant au Sénégal, je fuis forcé de convenir que l'air y eft aflez mal fain, à caufe des marais de fon voifinage, & du vent d'eft qui doit être regardé: comme le féroco de ce pays, & qui promène fur l'île les exhalaifons: marécageules. Telle eft l'origine de ces affections fcorbutiques , fi com munes & fi dificiles à guérir au Sénégal ; & telle eft la principale diffé rence entre ce pofte & celui de Gorée ; c'eft ordinairement ici que les fcorbutiques du Sénégal viennent reprendre leur fanté. Mais il faut convenir que l’on attribue à l'île Saint-Louis un grand nombre de morts, . occafionnées par le voyage de Galam, ( Foyez ce que dir à ce fujec M. Lind, Médecin anglois. ) 2°. Les François & les Anglois qui depuis long tems occupent alter- nativement ce pays, ne font pas accoutumés à éprouver pendant feps mois de fuite une température moyenne de 27 degrés, & il faut biem obferver que ce n’eft qu'à l'ombre & au nord que nous en femmes quittes à fi bon marché; quelques pas au foleil fuient pour augmenter la chaleur de cinq à fix degrés. Je me fuis quelquefois amufé à comparer enfemble trois thermomètres dont la marche eft parfairement uniforme, & do: t je plaçois l’un à l'ombre & au nord , l’autre aux rayons immédiats: du foicil, & de troifième dans le fable jufqu’au-deflus de la boule , & j'ai conflamment trouvé que le premier érant à 24, le fecond montoit bientôt à 30, & le troifième à 36, ce qui vous paroîtra bien peu de chofe x mais: le fable de Gorée n'eft qu'un amas de coquilles brifées, moins propre à prendre & à conferver ia chaleur que le fable proprement dit. Air fi dans: les premiers jours d’août 1787, tandis que M. de Sauflure grelottoir courageufement fur le fommet de la plus haute montagne d'Europe, & voyoit les thermomètres à — r &—2, le foleil alors à-peu-près à notre zénith nous faifoir éprouver dans les rues de Gorée une chaleur de + 32: ou + 23, c'eft-à-dire, 35 degrés de différence & plus. 3°. Enfin, il paroîr que le Sénégal eft un peu plus chaud que Cayenne. L’Ingénieur qui eft à la rêre des travaux de cette colonie , m'a afluré que le thermomètre s'y tenoit conflamment entre 17 deurés & 27. ; On peut conclure de tout ce qui précède, que cette partie de la côte d'Afrique, même en lui ôrant ce qui ne lui appartient pas, ne peut prétendre à une bonne renommée. À ces caufes phyfiques de diffamation fe joignent plufeurs caufes morales particulières à cette colonie. L'on y eft privé prefqu'entièrement des douceurs de la fociété ; il n’y a que peu de blancs , & la plupart ne viennent point ici pour faire la converfation ; ils-acherent des hommes pour les revendre : efpèce de commerce dont lis vention fait peu d’hon- neur à l'humanité, & dont le fpectacle journalier fait éprouver un fenti- sent pénible & douloureux, Les reflources analogues aux arts & aux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9227 fciences font plus rares ici que par-tout ailleurs ; non que le continent de l'Afrique n'offre à un obfervateur des prodiges de plus d’un genre, & qui ne fe retrouvent point dans les autres parties du monde ; mais il elt fi cificile d'y pénétrer ; où rencontre tant d’obftacles & fi peu de reflources; d'ailleurs ces voyages demandent une conftiturion fi forte, qu'il faut une curiofré plus qu humaire pour s'enfoncer dans ces plages brûlantes , au nulieu d'hommes fauvages , plus incommodes (1) & quelquefois plus dangereux pour le philofophe que les tigres, les ferpens & les lions de leurs forêrs. M. de Villeneuve aura pu vous donner fur tout cela des dérails très-intéreflans; perfonne n'éroit plus propre que lui à réalifer un femblable projet ; il eft bien fâcheux que les inconvéniens nombreux qu'il a rencontrés ; la mort de fes chameaux , & le peu de fidélité de fes conduéteurs l’aient forcé à borner fes courfes. J'ai l'honneur d’être, &c. Supplément. J'ai oublié , en parlant des grairs , de vous dire qu'ils viennent réou- lièrement de la partie de l'horilon qui ef entre le nord-eft & le fud-eft, Les premiers & le plus grand nombre vigpnent du fud-eft & finiffent ordinairement par tourner au fud & même par le dépalier. Vers la fn dé feprembre & au commencement d'oétobre on éprouve aufli quelque- fois deux ou trois grains qui viennent directement du nord-eft, & qui font très-violens. À l'exception de ces 90 degrés, on ne voit jamais de nuages ni de pluie dans ce pays, ee © ————— — — NOUVELLES LITTÉRAIRES. M USEUM CARISONIANUM in quo novas & felcétas Aves coloribus ad vivum brevique defcriptione jiluftratas, fuafu & fumptibus generofflimi poflefforis exhibet ANDREAS SPARRMAN, M. D. & Profeffor Reg. Acad. Scient. Stockolm. Muixi Prætect. ejufd. Acad. ur & Societaris Phyfographixz Londin. Scient, & Lier. Gorhoburs, . Hip. Homburg. Memb. fafciculus tertius. Holmiæ ,ex Typographia Repia, in-tol. Nous avons déjà fait connoître les deux premiers fafcicules de ce faperbe Ouvrage. Celui-ci contient , comme chacun des deux autres, vingt-cinq gravures. Les deflins font faits avec tour Le foin poflible, & | : | | L. ï | j \ (x) M, Adanfon a dit que les nègres du Sénégal étoient les plus grands mendians de l'univers ; on peut dire la même chofe des nègres de toute l'Afrique & même d2s pmaures. Tome XX XIII, Part, II, 1788. SEPTEMBRE. Ff2 228 (OBSERVATIONS SUR.LA PHYSIQUE, l'enluminure parfaitement exécutée. La defcription de chaque oifeau fe trouve fur une feuille à côté, M. Sparrman ne donne que les oifeaux qui ne iont pas encore connus, ceux qu'il a apportés de fes voyages ou qui fe trouvent dans le cabinet de M. Carlfon. On connoît l’exa@itude de ce célèbre Naturalifte; il eft aidé dans fon travail par M. de Carlfon, Miaiftre de la Guerre & amateur éclairé des fciences: Si les gens riches vouloient ainfi coopérer aux travaux des favans , au lieu de dépenfer, comme ils font le plus fouvent, leur argent à mille fortes de folies, ou tout au moins à un luxe infenfé, on pourroit avoir en peu d'années tous les objets d'Hiftoire-Naturelle ainfi gravés & enluminésy; Mais. « » » Ceux qui voudront foufcrire pour cet Ouvrage en France pourront s’adrefler à M. d'Orcy, place Vendôme, ami de MM. de Carlfon & Spatrman, & qui ne cherche qu'à répandre le goût de l'Hiftoire-Naturelle. On peut auf s'adreffer à moi, Efai fur, l'Hifloire-naturelle des Roches de Trapp, contenant leur Analyfè & des recherches fur leurs caraëtères diflinélifs , fuivi du Tableau fyflématique de toutes les efpèces & variétés de Trapp & des Roches qui ont pour bafe certe Pierre ; par M. FAUJAS DE- q Pol 2 SAINT-FonD. À Päris, rue & hôtel Serpente; in-12. Ce genre de pierres qui fe trouve dans les compofées eft affez difficile à diftinguer pour que M. Faujas ait cru devoir en faire l'objet d’un travail particulier. Ce mot, qui eft fuédois , fignifie efcalier, parce que cette pierre dans fa fraëture repréfente aflez bien les marches d’un efcalier, défigne une pierre appelée par Cronfted Saxum compofitum jafpide martiali moli feu aroilla martiali indurata, Wallerius l’a défini cornus trapezius niger folidus lapis lydis fubriliffimis & vix confpicuis conflat particulis eleganti atro colore polituram fufcipit pulchram. La pierre de touche des orfevres elt un trapp. Ces caraétères du trapp ne font point affez marqués pour qu'on ne foit pas expofé à le confondre fouvent avec d'autres pierres, fur-tout avec les bafaltes. L'un & l’autre contiennent différentes quantités de terre argileufe, de terre filiceufe, de rérre calcaire , de magnéfie & de fer. L'un & l’autre contiennent fouvent des grains de fpath calcaire qui en fe décompofant laiffent des vides qui feroienc prendre ces pierres pour des laves poreufes. Leur pefanteur fpécifique eft auf à-peu-près la même, & varie depuis 2,800 jufqu’à 3000. Leur dureté n'eft pas toujours égale ; car quelquefois ils font feu avec l'acier, d’autres fois ils ne le fonc pas. Enfin, le trapp & le bafalte font aflez fufbles; cependant le bafalte l’eft plus que le trapp. I n’eft donc pas furprenant que les plus favans Naturaliftes aient fouvent con- fondu ces deux pierres, Il faut voir dans l'Ouvrage même de M. Faujas comment on peut éviter certe erreur. Ce célèbre Naturalifte prouve que la plupart des porphires ne font point à bafe de jafpe ou de matière SUR L'HIST,. NATURELLE ET LES ARTS. 229 Gliceufe, comme on l'avoit cru , mais à bafe de trapp, comme le prouve leur grande fufñbilité. Obfervarions critiques fur la PA yfique Neutonnienne, avec La folutiort de la Difpute des Forces vives & des Forces mortes de LEIBNITZ, au jugement de l'Académie de Dijon : la réforme des loix du Mouvement uniformément accéléré ou retardé en conféquence, & Remarque fur La théorie des chocs des Corps élafliques. À Armiter- dam ; & à Paris, chez Cuchet, Nyon l'aîné, Moutard & Cellor, ‘zx vol. 78°. Nouvelle Méthode de pratiquer l'Opération Céfarienne, & Parallèle de cette Opération & de la Settion de la Symphife des os pubis ; par M. LAUVERSAT , Membre du Collège & Académie de Chirurgie, Affocié à celle de Wilna en Lithuanie. À Paris, chez Méquigaon Vaîné , Libraire , rue des Cordeliers, r vol. z7-8°, An Eflay, &c. c'efl-à-dire : Effai fur l'Epidémie des Femmes er couches ,en 1787 & 1788; par M, Jon CLARKE , Médecin & Accoucheur à Londres. Cet Eflai eft très-eftimé par les gens de Part, Quinta Differtatio Botanica , &c. C'efl-à-dire : Cinquieme D'ffertatior Botanique : de Sterculia , Kleinhovia, Ayenia, Buteneria , Bombace, Adanfonia, Crinodendro, Aytonia, Malachodendro , Stewartia & Napza ; par M. l'Abbé ANT, Josepx CavanizLes, Efpagnol , de Valence. # C’eft la cinquième Differtation que M.L’AbBbé Cavanilles a publiée fur la Monadelphie : le Public eft déjà en état de prononcer fur le mérite de cette collection intéreffante, à laquelle l’Académie des Sciences donne fon approbation & des éloges. - Les genres décrits dans cette Differtation font au nombre de dix, & outre leurs efpèces, l’Auteur ajoute dans un fupplément aux Différtations précédentes quinze autres nouvelles, On voit à la fin une lifte des genres qui feront la matière de la fixième Differtation, & trente-fxt planches d'une grande beauté & d’une grande vérité. Tout l'Ouvrage eft rempli de recherches intéreflantes pour le -progrès de la Botanique, & d'une Critique qui fait beaucoup d'honneur à Auteur. Celui-ci découvre différentes erreurs dans lefquelles eit tombé Linné lui-même qui a confondu deux genres différens en une feule efpèce, qu'il a nommée dans fon Species Plantarum , Stewartia. , L’Auteur a réduit à la Monadelphie lAyena , Sterculia, Kleinhovia & Buttneria , parce que les étamines dans ces genres font réunies en un feul corps, La fructification eft détaillée avec toute l'étendue poffble ; 530 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & les Botaniftes trouveront beaucoup de chofes nouvelles dans cet Ouvrage. On le rrouve avec les autres du même Auteur, chez Didot fils aîné, tue Dauphine, Traité des Haras, auguel on a ajouté la maniere de ferrer, marquer, hongrer & angloyer les Pouliinss des remarques Jur quelques-unes de leurs maladies, des Objervarions fur le pouls , fur la faignee & fur la purgation, avec un Traité des Mulers ; par JEAN-GEORGE Hirrmay, Confeiller de La Chambre des Rentes de S. A. S. Monfeigneur Le Duc règrant DE WiRTEM8EerG , Membre de L'Académie des Arts de Wirtemberg, & des Sociétés de Phyfique & d'Economie de Zurich & de Berne , traduit de l'Allemand fur la feconde édition & fous les yeux de l Aureur, avec figures , revu € publié par M. Huzarb, Vétérinaire à Paris, & de plufieurs Académies, 1,vol. in-8°.. Prix, broché, $ Liv, À Paris, chez Théophile Barrois le jeune , Libraire , quai dessAuguftins, N°. 18. - Quand on voit combien les anglois ont perfectionné leurs races de chevaux en croifanc & recroifant les races, on ne fauroit trop s'étonner de l'engourdiflement où font à cet égard les autres nations, Mais tel eft j l'avantage ineftimable de la liberté, qu'elle atratbe à la parie , & porte tous les efprits vers ce qui peut contribuer au bien général , au lieu que dans les États où le defpote eft tout, & où fa cour diflolue corrompt toute la nation par fes mauvais exemples, chacun ne penfe qu’à foi. C'eft ce qui donne dans ce moment un avantage fi fupérieur à l'Angieterres La liberté y eft aufli entière qu’elle peut l'être dans l’étar focial , une cour fige & honnête ne donne que de bons exemples ; des miniftres eclairés ne veulent que le bien : comment les citoyens ne fuivroient-ils pas de telles impulfons ? vs | Traité de la culture des Arbres & Arbufles qu’on peut élever dans le Royaume & qui peuvent pafer l'hiver en plein air, avec une notice de leurs propriétés économiques & des avantages qui en peuvent réfulrer pour la France en les y multipliant ; par M. Bucx’ez, Auteur de diffèrens Ouvrages économiques , tome fecond. À Paus, chez l'Auteu: , rue de la Harpe, au-deflus du Collège d’Harcourt, N°. 109, Traité de la Chaffe des principaux apimaux qui habitent les forées & les campagnes, tels que le Cerf, le Daim , le Chevreuil, le Bouquetin, le Blaireau, le Lievre , la Marmore , la Marmote de Strafbourg, pour fervir de’ fuite à la Méthode pour détruire les animaux nuifibles ; aux agrémens des Campagnes dans la Chafle des Oifeaux 6 au Traite de la Péçhe ; par M, BucH'0Z, 1 ok in-12. A Paris, chez l’Auteur, l'H0 SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 237 * Profpetus operis Botanici cui titulus: Josepmr Jacot PLENCK , Confiliarii Cæfareo -Regii Chirurgiæ Doétoris , Chimiæ atque Boranices Profefloris publici, Ordinarii in Academia Medico-Chis rurgica Jofephina, necnon Directoris Pharmacopearium Militarium atque Chirurgi Status Militaris fupremi: Icones Planrarum medi- cinalium fecundum fyftema Linnæi digeftarum cum enumeratione virium & ufus Medici, Chirurgici arque Diœretici. M. Plenck donnera tous les trois mois un fafcicule de vingt-cinq} lantes gravées avec leurs couleurs naturelles, fur du beau papier d'Hollande, grand /7-fo/. Chaque fafcicule coûtera 13 orins, 30 cr -On fouftcric à Vienne en Autriche, chez Græffer ; à Paris, chez la veuve Tilliard & chez les principaux Libraires de l'Europe. La figure du Men- ganthes trifoliata elt jointe à ce Profpeétus, Elle nous a paru d’une belle: exécution; mais dans les détails des parties de la frutification on y defreroic les étamines. Effai fur le Phlogiflique & fur la conflitution des Acides , traduir del Anplois de M. KaRwAN , avec des Notes de MM. DE MoRvEAU , LAVoistER, DE LA PLACE, MoNGE , BERTHOLLET 6 DE Fourcroy. À Paris, rue & hôtel Serpente, r vol. ë7-8°. M. Kirwan avoit cherché à établir la do&trine du phlogiftique en répondant à quelques-unes des objections qu'on a propofées contre. MM. les Académiciens françois tâchent de répondre à M. Kirwan. Cer Ouvrage a été jugé par l'Académie-des Sciences de Paris, digne d'être imprimé fous fon privilège. Pharmacopæia,Collepii Regalis Medicorum Londinenfis : Pharmacopee du Collège Royal des Médecins de Londres, Paris , chez Théophile Barrois. Le plan que les Médecins du Collège Royal de Londres ont füuivi dans la nouvelle édition de leur Pharmacopée differe peu de celui des récédentes, Plufieurs préparations y ont éré fupprimées & remplacées . par d'autres , & le nombre en eft porté à deux cens quatre-vingt-quatorze, Nous ne fuivrons pas chaque opération en particulier , nous obferverons en général que les détails en font précis , & décrits le plus fouvent pour les gens de l’art, à qui il fuit d'indiquer les ingrédiens d’un médica= ment, & qui connoïflent la manipulation qu'il faut fuivre, L'on n'a pas confervé dans cette nouvelle édition les noms ci-devant adoptés, prefque tous ont été changés, & en cela on a eu pour but de faire mieux connoître le médicament /ui-méme par un nouveau nom, Par exemple, la dénomi- nation fuivante: Æzhiops mineralis a été remplacée par celle-ci Hydrar- girus cum fulfure. Nous ne pourrions que louer de pareils changemens ;: #22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mais nous en trouvons d’autres qui ne nous paroiffent pas aufli heuteux Citons-en des exemples: Rob baccarum fambuci, y eft défigné par Succus baccæ Jambuci fpiffatus : Spiricus falis ammoniaci pat Aqua ammoniæ = Spiritus falis ammoniaci dulcis par Spirius ammoniæ ; enfin, on a fubfticué le mor Xali à ceux de Sa! abfinthit, comme fi en médecine l'on ne devoir point établir de différence dans ces deux fels. Peut-être y a-t-on auffi omis plufieurs préparations eflentiellés , telles que celle du favon , &c. Mais toutes ces augmentations ne pouvoient fe faire, qu'en rendant la Pharmacopée plus volumineufe , ce qui auroit été contraire au plan adopté par les nouveaux Editeurs, qui ont voulu conferver dans cette nouvelle édition le mérite juffement accordé aux précédentes, ; Lertres à un Neutonien für le mécanifme de la Nature ; par M. l'Abbé JADELOT , de l'Ordre de Malte. À Londres, 1788 ; & fe trouve à Nancy, chez H. Henner, Imprimeur, rue Saint-Dizier, 1 vol. 21-12. contenant 98 pages. Ce fupplément à l'Ouvrage que M, l'Abbé Jadelot a donné l'année — dernière , offre des détails intéreflans. ass sé Séance publique de la Societé Royale de Médecine ; renue au Louvre le 26 Août 1788, | À l'ouverture de cette féanice , le Secrétaire a dit: © La Société avoit propofé dans fa féance publique du 28 février 1758, pour füjet d’un Prix de la valeur de 609 liv. fondé par le Roi, la. queñion fuivante: Déterminer s’il exifle des maladies vraiment hérédi- - taires, & quelles elles font, & s'il efl au pouvoir de la Médeciner d'en empécher le développement, ou de les guerir après qu’elles fe fone déclarées. ; Les conditions du concours n’ont point été remplies; un feul Mémoire a fixé l'attention de la Société, quoique fous plufeurs rapports, les réponfes aux queftions propofées y foient incomplettes ; la Compagnie a décerné à M, Michel de Gelléi, Docteur en Médecine, réfdent à Vienne en Autriche, Auteur de ce Mémoire , une médaille d'or de la valeur de 100 liv. comme Prix d'encouragement. La Société Royale invite les Auteurs à rendre leurs recherches plus complettes. Elle propofe de nouveau Je même Programme pour fujer d'un Prix de la valeur de 890 liv. qui fera diftribué dans la féance publique de la fête de Saine Louis 1790. Les Mémoires feront remis avant le premier mai de la meine annee. ï La Société Royale avoit demandé dans fa féance publique du 28 seûc 1787 des renfeignemens exaûts ur la maniére de faire rouir le chanvre & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 233 & le Lin, s'il en réfultoit des inconvéniens pour La fanté des hommes & des animaux , quels étoient ces inconvéniens , & ft l'eau dans laquelle on a fait rouir du lin ou du chanvre , contraë&oit des qualités plus mal- faifantes par leur macération, que par celle des autres fubflances végétales. Parmi les Mémoires envoyés à ce concours, la Société en a remarqué deux. Le premier Prix confiftant en une médaille d’or de la valeur de 150 liv. a été décerné à M. Salva Campillo, de Barcelone en Efpagne. Le fecond Prix confiftant en un jeton d'or l’a été à M. Willermoz fils, demeurant à Lyon. La Société a fait une mention honorable de plufeurs autres Mémoires , & comme elle defire de recevoir fur cette queftion un plus grand nombre de renfeignemens des diverfes parties du royaume , elle propofe de nouveau le même Programme. Les Mémoires feront remis avant 1789 , & des médailles d'or de différente valeur ferons diftribuées dans Ja féance publique de Carême 1790, aux Auteurs des meilleurs Mémoires qui auront été remis pour ce concours. Les deux Prix de Médecine-pratique, confiftant chacun en une médaille d’or de la valeur de 100 liv. ont été décernés , lun à M, Strack, Docteur en Médecine à Mayence , l’autre à M. Durande, Docteur en Médecine à Dijon. : Le Prix de Matière médicale, confiftant en un jeton d’or, a été adjugé à M. Marchant, Doûeur en Médecine à Saint-Jean-d’Angely. Parmi les Mémoires envoyés fur quelques points d'Hiftoire-Naturelle confidérés dans leurs rapports avec les maladies, celui de M. Villars, Doéteur en Médecine à Grenoble , fur les caufes locales du goëtre, a paru devoir être préféré ; la Société lui a adjugé un Prix de la valeur d'un jeton d’or. Le premier Prix de Topographie médicale, confiftant en une médaille d'or de Ja valeur de 100 liv. a été adjugé à M. Bonhomme, Doéteur en Médecine à Avignon. Le fecond Prix de la même valeur, a été partagé entre MM: Beringo & Anglada, Profeffeurs en Médecine à Perpignan. Le troifième Prix de la valeur d'un jeton d'or, a été remporté par M. Ramel le fils, Médecin à Aubagne, La Société voulant témoigner fa fatisfaction & fa reconnoiflance aux Chirurgiens habiles qui correfpondent avec elle , leur a décerné quatre Prix chacun®de la valeur d’un jeton d'or. Le premier a été adjugé à M. Marchal, Chirurgien de l’Hôpital des Bourgeois à Strafbourg. Le fecond à M. Desgranges, Membre du Collège de Chirurgie de Lyon. . Le troifième à M. Didelot, Chirurgien à Remiremont. Le quatrième à M, Chabrol , Chirurgien à Mézières. La Société a propofé pour fujec du Prix de la valeur de 600 liv. fondé par le Roi, la queftion fuivante: Déterminer quels font les inconvéniens & quels peuvent étre les avantages de l'ufage des purgatifs & de L'expofition à l'air frais dans les différens tems de la petite vérole inoculee , & jufqu’à quel point les réfultats des recherches faites à ce Tome XXXIII, Part. 11, 1788. SEPTEMBRE. Gg 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Jujet peuvent étre appliqués au traitement de la petite vérole naturelle, Ce Prix fera diftribué dans la féance publique de Carême 1790, & les Mémoires feront remis avant le premier décembre 1789. Ce terme eft de rigueur. La Société a propofé pour fujer d'un fecond Prix dela valeur de 300 liv. la queftion fuivante : Déterminer par une Juite d'obfervations quels Jont les bons & lès mauvais effets qui réfultent de l'ufage des différentes ejpèces de for , comme aliment ou comme médicament dans la médecine des animaux. Les Auteurs indiqueront la nature & le nom trivial du fon qu'ils auront employé. Ils trouveront des renfeignemens fur cette fubftance dans les Ouvrages économiques de M,Parmentier , dans ceux fur les Epizooties de M. Vicq-d'Azyr & de M. Paulet, & dans le Journal de Médecine, tome 59 , page 246. MM. les Arriltes vétérinaires font invités. à communiquer leurs obfervations fur ce fujer. Ce Prix fera diftribué dans la féance publique de Carême 1790, & les Mémoires feront remis avant le premier décembre 1789. Ce terme efkside rigueur. Les Mémoires qui concourront à ces Prix feront adrefiés francs de port à M. Vi:q-d’Azyr, Secrétaire perpétuel de la Sociéré Royale de Médecine, rue des Perirs-Auguftins, N°. 2, avec des billers cacherés contenant le nom de l’Auteur & la même épigraphe que le Mémoire, Après {a diftribation & l'annonce des Prix, M. Hallé a fait la lecture d'un Mémoire fur le traitement de la manie, & fur l'ufage des purgaufs. confidérés en général dans le traitement des maladies ; M. Vicq-d'Azyr a lu une notice fur la vie & les Ouvrages de MM. le Houx, Duvernin, Dupuy, Deftrapières, Doazan & Mannetti, Affociés & Correfpondans de la Sociéré ; M. Macquart a fait la lecture d’un Mémoire fur l’analyfe & la nature du fuc gaftrique des animaux. M, Saillant a lu un Mémoire fur linflammation de l’eflomac des enfans. La féance a éré rerminée par la lecture que M. Vicq-d’Azyr a faite- de l'Eloge de M, Poulletier de la Salle, Maître des Requêtes Honoraire , : Aflocié libre de la Société. L. Prix propofis en 1788, par La Société Royale des Sciences & des Arts de Meëz, pour les Concours de 1789 & 1790. En 1785 la Société Royale avoit propofé pour fujet du Prix à décerner en 1787, la queltion fuivante : Ffl-il des moyens de rendre les Juifs plus utiles & plus heureux en France ? Parmi les Mémoires reçus en 1787, la Société Royale en diftirgua deux , mais aucun ne lai paroiflant digne du Prix, elle remit la queftion SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 235 au concours , en indiquant dans fon Programme, les objets auxquels les Auteurs devoient s'attacher pour remplir entièrement fes vues. Aucun des Mémoires n'a paru mériter le Prix. La Société Royale a donc réfolu de convertir le Prix deftiné au meilleur Oùvrage {ur la queftion concernant les Juifs, en trois autres Prix, qu'elle décerne à trois bons Ouvrages fur-cecte même queltion, L'un portant pour épigraphe : Dedifli nos tanquam oves eféarum 6 in gentibus difperfifli nos , elt de M, Grégoire, Curé d'Embermenil , près de Luséville, F L'autre eft de M. Thiery, Avocat à Nancy : au premier concours il avoit choifi pour épigraphe ce vers d’Athalie : 12 faur fenir des Juifs le honteux efclavage. Sa devile étoit cette fois: Quod genus hoc hominum. L'Aureur du troifième Mémoire ayant pour épigraphe : Weniam pro laude pero, et M. Zalkind Hourvitz, Polonois , actuellement à Paris. Ce n’a pas été fans éprouver une grande fatisfaction que la Sociéré Royale a remarqué que les trois Ouvrages qu'elle couronne , fondés fur les mêmes principes, appuyés fur Les mêmes faits, rendant au même but, & à-peu-près par les mêmes moyens, ont pour Auteurs des perfonnes fur lefquelles la différence d'état, de patrie, & vraifemblablement de religion, n’a point arrêté l’action des vérités éternelles de la nature & de la raifon. En général tous les Mémoires que nous avons reçus, à un où deux près , accufent nos préjugés contre les Juifs d’être la caufe première désteurs vices, & notamment de celui de tous qui nous révolte le plus. * Nous les réduifons à l'impoflibilité d'être honnêtes, comment voudrions- nous qu'ils le fuffent? Soyons juftes envers eux pour qu'ils le deviennent envers nous , c’eft le vœu de l'humanité & de tous les gens raifonnables ; tout porte à croire que le Gouvernement l'a recueilli & ne tardera pas à le réalifer. La Société Royale a propofé en 1786, pour le concours de 1788 , la queftion fuivante : Quels ferotent les moyens de multiplier les plantations de bois fans trop nuire à lu produ&tion des fubfiflances ? Ce Prix a été accordé à M. de Boufmard, Capitaine au Corps-Royal du Génie, qui, déjà l’année dernière , a obtenu la couronne académique en traitant la queftion relative aux bâtards, La Société Royale rappelle qu'en 1787 elle propofa, pour le concours de l’année 1789, le fujet fuivant: L'affemblée provinciale des Evéchés, comprenant divers cantons réunis à différentes époques ,on demande s'ils ont des intérêts différens relativement aux manufaélures € au commerce , & s’il efl des moyens de concilier ces intérêts ? Tome XXXIII, Part, Il, 1788. SEPTEMBRE. Gg2 / 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Enfin, elle propofe aujourd'hui , pour fujet du concou:s de 1790, la “queftion fuivanre : Quels font les moyens conciliables avec la Lépiflation françoife, d'animer & d'étendre le patriotifme dans le Tiers- État ? Point de patriotifme fans liberté. D'où vient eft-ce que dans les pays defpotiques il n’y a point de patriotifme ? C’eft que le citoyen fair que plus il traväillera , plus on Jui prendra ‘ .. c'eft qu'il fait que le fruit de fes fueurs fera employé à entretenir le luxe des courtifans, à nourrir des chevaux , des chiens , à bâtir des châteaux , &c. &c. &c. Dans les répu- bliques au contraire, le patriotifme y eft aufli exalté qu’il puifle l'être, parce que chaque citoyen fait qu'en travaillant pour la caufe commune il travaille pour la fienne propre. Aufli un fpartiate , un athénien étoit-il moins attaché à fa chofe propre qu’à la patrie, c’eft-à-dire à la chofe publique. - Car la célèbre Académie de Metz qui eft accoutumée à propofer des fujers intéreffans , entend fans doute avec tout le monde par patriotifme ou l'amour de la patrie, Pamour de la chofe publique , l'amour de la nation entière & de ce qui peut contribuer a fon bonheur. Au lieu que l’Europe , l'univers entier n’a pu voir qu'avec la plus grande furprife qu'on ait voulu borner la patrie au chef de la nation; ainfi les amis, des Tibères, des Nérons, des Domitiens étoient, dans ces nouveaux principes, d’excellens patriotes. Le Prix pour chacun des fujets propofés , fera une médaille d'or de [a valeur de 400 liv. qui fera diftribuée le jour de Saint Louis 25 aoûr. Toutes perfonnes , excepté les Membres réfidens de la Société Royale, feront reçues à concourir pour ces Prix. Les Auteurs mettront leur nom dans un billet cacheté, attaché au Mémoire qu’ils enverront , & fur ce billet fera écrite la fentence ou devife qu'ils auront mife à la tête de leur Ouvrage. Ils auront attention de ne fe faire connoître en aucune manière , fans quoi leurs Mémoires ne feront pas admis au concours. Les Mémoires pourront être écrits en françois ou en latin; & ils feront adreffés, francs de port , à M. Le Payen , Secréraire perpétuel , avant le premier juillet de chacune des années pour lefquelles les queftions fonc propofées, Sujets des Prix propofès par l'Académie Royale des Sciences ; Infcriptions & Belles-Lertres de Touloufe, pour les Prix des années 1789; 1790 & 1791. L'Académie ayant propofé en 1782 pour fujer du prix, d’expofèr ‘les principales révolutions que le Commerce de Touloufe a effuyées, € les moyens de l'animer , de l'étendre & de détruire les obflacles, . SUR L'HISF. NATURELLE ET LES ‘ARTS. 237 Joit moraux, foit phyfiques , s'il en ef? qui s'oppofent à fon aëivité & à fès progrès ; & n'ayant rien trouvé qui. méritât fon atrention dans es Mémoires qui lui furent préfentés en 178$, elle fe dérermina à le propofer encore pour 1788. Elle propofe encore le même fujet pour le Prix triple de 1797, qui fera de 1500 liv. pr Le fujet propofé pour la feconde fois en 1784, pour le Prix double de 1787, étoit d'affigner les effeis de l'air & des fluides aériformes introduits où produits dans le corps humain, relativement à l'économie animale ; mais ni les Mémoires qui furent préfentés en 1784, ni ceux qui le furent en 1787, n'ayant rempli qu'une partie des vues de l’Aca- démie, elle crut devoir reñoncer à ce fujer,. & propofer le fuivant pour le Prix de 1790, qui fera de cinq cents livres : Déterminer Les effets de l'acide phofphorique dans l’économie animale. Elle avoit propofé la même année 1784, pour le Prix de 1787 » 1°. d'indiquer dans les environs de Touloufe, & dans l'étendue de deux ou trois lieues à la ronde, une terre propre à fabriquer une po- terie légère & peu coüteufe, qui réfifle au feu, qui puifle fervir aux divers befoins de la cuifine & du ménage, 6 aux opérations. de l’'Or- févrerie & de la Chimie. 2°. De propoféer un vernis fimple pour recouvrir la poterie deflinée aux ufages domefliques , Jans nul danger pour la fanté. Les Mémoires qu'elle reçut en 1787 n'ayant préfenté rien de fatisfaifanc fur ces deux queftions, l’Académie fe dérermina à les propofer de nou- veau pour le Prix de 1790, qui fera de cent piftoles, avec cette dif= férence, qu'elle crut devoir étendre à dix lieues aux environs de Touloufe, l'efpace circonfcrit par l'ancien programme, à deux ou 17025 lieues feulemenr. L'Académie propofe pour fujer du Prix ordinaire de $oo liv. qui fera diftribué en 1780, de déterminer la caufe & la nature du vent produit par les chütes d’eau, principalement dans les trompes des forges à la Caralune, & d'affigner Les rapports & les différences de ce vent, avec celui qui ef produit par l'eolipyle. Les Aureurs écriront au bas de leurs Ouvrages une Sentence ou Devile; ils pourront aufi joindre un billet féparé & cacheré qui con- tienne la même Sentence ou Devife, avec leur nom, leurs qualités & leur adreffe. Ils adrefferont le rout à M. Cañtilhon, Avocat , Secrétaire perpétuel de l’Académie. L'Académie proclamera, dans fon Affemblée publique du 25 du mois d'août de chaque année, la pièce qu'elle aura couronnée. °58 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Des Etats Généraux & autres Affemblées Nationales. À Paris, chez Buiflon, Libraire, rue Hautefeuille , hôtel de Coërlofquer, 2 vol: 1n-8°, Rien n'intérefle plus la nation dans ce moment que la manière dont feront convoqués les Etats: Généraux, En fuivanc les principes du droit naturel , chaque citoyen a droit de voter pour nommer un repréfentant, Suppofons que la nation nomme fix cens repréfentans & qu’elle foit compofée de vingt-quatre millions, ce fera quarante mille citoyens pour nommer un repréfentanr. Mais ces quarante mille feront réduits à ur affez petit nombre de votans. 1°. Il y a prefque moitié femmes, ainf reftent vingt mille hommes; 2°. en n’accordant le droit de voter qu’à ceux qui ont l’âge de vingt-cinq à trente ans, cela réduira ce nombre à fix à fepe mille; 3°. les foldats, les matelots, les ouvriers qui n'ont pas maîtrife, les domeftiques, &c. n'auront pas le droit de voter, comme érant trop fubordonnés à la volonté d'autrui ; 4°. ajoutons les malades, les voyageurs , les vieillards tombés dans l'enfance , &c. &c. &c. le nombre de, votans fera réduit à trois ou quatre mille, On évitera ainfi un des grands défauts de la cogvocation des membres du Parlement d’Angle- terre, dont quelques-uns font nommés par de fimples bourgades; & on fait quels abus cette méthode produir, Quant aux ordres de la noblefle & du clergé, le bel exemple qu'ont donné ceux du Dauphiné en reñonçant à leurs priviléges fera imman- quablement füivi. Ainfi n’y ayant plus de privilégiés, il ny aura qu'un intérêe commun. Dès-lors ces deux ordres s'aflembleront par diftricts & rommeront auffi leurs repréfentans. IA feroit mieux d’en former une chambre particulière, comme la chambre-haute du Parlement d'Angles terre; & ce qui feroic décidé dans Ja chambre des communes feroit enfuits porté à la chambre-haute. * Dans cette hypothèfe de l'abolition de tous les priviléges, les communes pourroient, comme en Angleterre , nommer des nobles pour repréfentans. Mais fi les priviléges font confervés , les communes ne doivent plus choilir que parmi leurs membres leurs. repréfentans. Si enfin on ne formoit pas deux chambres , les députés des communes devroient au moins être auf nombreux que ceux du clergé & de la nobleffe réunis, puifqu'ils forment bien plus de la moitié des citoyens, ’ 2 IN SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 259 ADR E Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. M ÉMOIRE fur ure Machine qui auroit La propriété d'infpirer, par le moyen du Vent, & de produire cet effet, fans exiger d'évre mie en mouvement ; par M. DE LyLE DE SAINT- MARTIN , Lieutenant des Vaifleaux de Guerre de la Nation Françoife, c age 16F Obfervations fur les mauvais effets qui réfulrent dans le He & le Soiffonnois dela décompofition de la Tourbe pyriteufe dans Le voifinage des habitations ; par M. LE MAisTRE , Elève de l'Ecole Royale des Mines, : 166 “Memoire en réponfe à celui que M. PROZET, de l'Académie des P q ; Sciences d'Orléans , a fait inférer dans le Journal de Phyfique 4e mois de décembre dernier, fur le raffinage des Sucres ; par M. BoUCHERIE, 169 Harmonica perfe&ionné, examiné & approuvé par l'Académie des Sciences de Paris ; par M. DEUDON, 152 Defcription des Volcans éteints d'Ollioules en Provence ; par M. BARBAROUX, de Marfeillé, Avocat, I9I Examen de leffer de l’Artraëfion dans l'a&ion des Menfirues , attribués à cetre caufe ; par M. le Chevalier D'AUDEBAT DE FERRUSAC, Capitarne au Corps Royal d’'Artillerie, 198 Notice d'un Voyage aux Alpes; par M. DE SAUSSURE, 204 Defcription de différentes Criflallifations du Verre à fondant falino- terreux ; par M. PAJOT DE CHARMES, În/peéleur des Manu- faëtures , & Correfpondant de la Societé Royale de Médecine , 211 Expériences & Obférvarions , fur la maniere de fondre l'Or avec > . , l'Etain , 273 Lerre de M. BRUGNATEELI, à M. DE LA MÉTHERIE, für la Fruëification de la Rofe tremière, & Panalyfe de la Salive, 214 Lere de M. De REYNIEeR, Membre de pl fieurs Académies & Sociétés, à M. De LA MÉtuerie, fur la Criflallifarion des ÆEtres organifes , 21$ 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, €: Obfervations fur quelques combinaïfons de l Acide marin déphlo- gifliqué , ou de Acide muriatique oxygéné; par M. BERTHOLLET; 21 Lettre de M. DE PRÉLONG , Direéteurde l'Hôpital de Gorée, à M. su Romé DE LisLe, fur des Objervations météorologiques fuites à Gorée , 224 Nouvelles Lirtéraires , 227 À 2 D PCR SET 2 DA ISERE SE AP PR O"B-A'ITL ON. J ’AI lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage qui a pour titre : Obfervarions fur la Phyfique, fur l'Hifloire-Naturelle & fur les Arts, &c« par MM. Rozrer, Moncez Le jeune & DE La Méruerre , &c. La Colleëtion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Leëteurs, mérite l'attention des Sa vans ; en conféquence , j’eftime qu’on peut en permettre l’impreflion. À Paris, ce 27 feptembre 1788. VALMONT DE BOMARE, 2T.7 dll | Ep cptembre 1788 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. | 3 OCcTOBRE 1788. "LUE ES co PRET Rond Papa 2 Lin AT ES SR DS MÉMOIRE SUR LES ARÉOMÉTRES; Par M. VALLET, Diredeur de la Manufaë&ure des Acides de Javel. L: RÉOMÈTRE ou pèfe-liqueur eft un inftrument qui a été imaginé pour connoîrre la denlicé des liqueurs, ou-déterminer combien il y avoit d'acide ou de fel dans un volume de liqueur connu, & combienl y avoit d’efprit ardent dans une pinite ou dans un muid a'eau-de-vie: aucun de ceux qui ont éré conftruirs jufqu'a préfent n'ont pu remplir cet objer. ils ne nous défignoient feulement qu'une liqueur étoit plus chargée de fel ou d’atide qu'une autre. : J'ai reconnu que les défauts des pèfe-liqueurs pour les acides , ainfi que pour Pelprit-de-vin ne venoient que du principe qui fervoir de bafe à la conftruétion de leurs échelies, On prenoit l'eau pour prémier terme de o, & le fecond terme éroir pris avec de l’eau faline compofée de dix'onces de fel marin bien fec diffous dans quarre-vingt-dix onces d’eau. On ouvroit le compas fur ces deux termes que l’on reportoit fur la rige qui étroit ailez longue pour les contenir quatre ou cinq fois; on divifoir enfuire cet efpaceen dix parties égales qui montoient ordinairement à 40 où 4ÿ degrés. Chaque degré défignoit +. On n’avoit point fait attention qua mefüre que les acides devenoient plus concentrés, ils devoient produire des degrés inégaux-ou plus petits. L Cet aréomèrre ainfi conftruit marque 22 degrés dans l'acide marin, &e 47 dans l'acide nitreux lorfque ces acides font au plus haut point dé leur concentration ; mais comme l'acide vitriolique eft environ d’un tiers plus denfe que l'acide nireux, & que la différencé eit à-peu-près dans les rapports de 2 à 3, ce premier pèle-liqueur ne pouvoit nous faire connoître les-differens points de denfité de Pacide vicriolique lorf&u'il ét it au-deflus de 40 à 45 dexrés; pour y fuppléér on fe un‘fécond pefetliqueur qui au lieu d’avoir (o) pour premier rerme, commençoit'où l'aûtre firifloir, & qui étoir cosrinué frivant le même principe jufqu'à 40 dégrés. Cét'aréomètre longé dans l'acide vitriolique le plus concéneré®y marquoir 66 degrés. «Tome XXXIUII , Part. IL, 1788: OCTOBRE;: ‘:""'Hh 2:2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Si ces pèfe liqueurs étoient plongés dans quelqu’acide affoibli avec de l'eau dans un volume connu, ils nous indiquoient que ces acides étoient moins concentrés de quelques centièmes de degrés, & il éroit fort difficile de faire cadrer ces centièmes avec Les feize,onces qui compofent la livre, Comme les prinicipes établis pour la conftruétion de l'échelle de ces pèfe-liqueurs éroient faux, les centièmes ou degrés indiqués par laréo- mètre n’étoient pas le vrai nombre, par conféquent l’ufage du pèfe-liqueur dans cer érar étoit d’une médiocre utilité, Pour démontrer le peu de confiance que l'on doit avoir dans l’ufage des anciens pèfe-liqueurs, voici quelques réfultats des mêlanges d'acide & d’eau à des dofes relatives qui fonr roujours un niême tout des feize onces qui compofent la livre; & d'autres mélanges d’efirir-desvin & d'eau à des dofes faifant feize demi-poiffons qui compofent l4 pinte de Paris, J'ai pris de l'acide virriolique concentré a 66 degrés , J'en ai mêlé 4 onces avec 12 Onces d’eau, Terry SAS MTS MONET 2AdIGAEN Tdenp\t2; érnerr Sa nemd ail d'eau _ J'ai laiflé prendre à ces mélanges la température de 10 degrés au-deffus: du terme de La glace. Jai plongé l'aréou ètre de M. Baumé dans le mélange de 4 onces d'acide & 12 onces d’eau ; il y marquoir 21 degrés & n’en devoit marquer que 16:, puifque 16 ; : 66:: 4: 16. Je l'ai enfuire plongé dans le mélange de 8 ences d'acide & 8 onces d’eau : il marquoit 38 degrés & n’en devoit marquer a 33, puifque 33 : 66:: 8:16. Enfin, dans le mêlange de 12 onces ‘acide & de 4 onces d'eau l'aréomèrre marquoit $2<, & n'en devoit marquer que 49 :, puifque 49 = 66:: 12: 16. J'ai fair de femblables mêlanges d'acide nitreux & d’eau. Au pèfe- liqueur de M. Baumé l'acide nirreux le plus concentré marque 47 degrés à la température dire ci-deffns. Si l’on mèle quatre onces de cet acide avec 12 onces d'eau, il marque audit pèfe-liqueur 16 ? degrés , & n’en devroit marquer que 11 À, puifque 212: 47::4:16. Dans un mêlange de 8 parties d'acide & 8 d’eau , il marque audit pèle-liqueur 31 2 degrés, & n’en devroit marquer que 23 ?, pufque 23 1:47:: 8: 16. Enfin, dans un mêlange de 12 onces d’acide & 4onces d'eau, il marque 42 degrés, & n'en dévroit marquer que35:, puifque351:47::12: 16. La caufe de ces défauts de proportion eft évidente, Elle dérive du faux principe d’après lequel on a conftruit l'aréomètre, On l’a divifé en parties égales, & il falloit au contraire le divifer en parties proportionnelles décroiffanres eu égard aux diverfes pefanreurs fpécifiques qu'ont les acides mêlés à telle ou telle quantité d’eau, Je ne fais pas ici mention de l'acide marin , lerreur n’eft pas auf fenfible que dans les deux précédens. J'ai également examiné l’aréomètre pour les eaux-de-vie. J'ai pris de . se SUR L'HIST, NATURELLE ET ILES ARTS. 24% l'efprit-de vin du commerce qui marqüoir 35 degrés au pèfe-liqueur de M. Cartier , après lui avoir fair fubir une reétification au bain-marie ; il marquoit 37 degrés au même pèle-liqueur à la température de 10 degrés au-deflus du terme de la glace. Avec de cet efprir de-vin & de l'eau difillée, j'ai fait trois mêlanges à des dofes en rapport avec les 16 demi-poiflons qui compofent la pinte de Paris. J'ai piongé le pèfe-liqueur de M. Cartier dans un mêlange de 12 demi-poilions d'efprir-de-vin & 4 demi-poiffors d’eau ; il marquoit 26 = & en devoir marquer 27+: car 27 +: 37:: 12: 16. Je l'ai enfuite plongé dans un mélange de parties égales d’efprit-de-vin & d’eau ; il marquoit 192 degrés, & n’en devoir marquer que 18, puifque 18 =: 37:: 8: 16. Dans le troifième mêiange de 4 demi-poiflons d’etprir-de-vin & 12 d'eau, l'aréomètre marquoit 13 À degrés, & n'en devoit marquer que 9 +, puifque 9 2: 37::4: 16. Dans certe efpèce d’eau de- vie l'acheteur feroit trompé avec un inftrument fait pour le préferver de l'erreur ; donc les principes de M. Cartier pour la conftruction de fon échelle font évalement faux. Les aréomèrres que j'annonce font conftruits fur de nouveaux prin- cipes, & n’ont pas les défauts des précédens. J'ai réuni deux objets bien effentiels daos cer inftrument ; l’un indique au jufte la quantité d'acide & d’eau dans un poids connu de liqueur, telle qu’une livre, & accorde les degrés avec les feize parties de la livre. L'autre indique au jufte la quantité d’efprit ardent & d’eau dans une mefure connue d'eau-de-vie , & accorde les feize degrés avec les feize parties ou demi-poiflons qui compofent la pinte de Paris. 1 Pour conftruire mon échelle, 1°. je plonge un aréomètre convena= blement lefté, dans de l’eau, & fur le point précis de l’immerfon , je marque (O) (fig. 2, ) pour mon premier terme; 2°. je le plonge dans un mêlange de 4 onces d'acide & 12 onces d’eau, & à l'endroit de limmerfion je marque également le terme 4; 3°. je le plonge dans un mélange de 8 onces d’acide & 8 onces d’eau , je marque le rerme 8; 4°. dans un mélange de 12 onces d'acide & 4 onces d’eau , & je marque - Je terme 123 $°. enfin, je plonge l’aréomèrre dans de l’acide concentré, & au point d'immerfion je marque 16 , ainfi © & 16 font les deux rermes extrêmes de mon échelle, Je tire cinq lignes parallèles a, B. c. d. e. perpendiculaires à ma verti- cale f, paffant chacune fur les rermes ©. 4. 8. 12. 16. Ces parallèles ne font pas & ne doivent pas êrre à égale diftance , par la raifon qu'en mélant des acides avec de l'eau qu'on y ajoute en progreflion arithmétique , {a denfité de ces acides diminue en progreflion véométrique, & faute de certe obfervarion l’on s'eft toujours trompé dans la conftruétion des anciens areometres. Tome XXXIII, Part. IT, 1788. OCTOBRE. Hh 2 244 OBSERVATIONS SUR ZA PHPFSIQUE ; Il ne S'apit plus que de trouver ns autres degrés , & voici comme je m'y prends: j'ouvre un compas fur les deux rermés 12 & 4. Je porte une des pointes far le poinr du terme 76, l'autre fur la parallèle 12. 4. à droite & à gauche, & de ce dernier point je porte le compas fur les pe èles 8.c. 4.b.0. 4. De chacun de ces points, je décris les cercles, 1. 2. 3: 4 5 6.7.8 &9,& des points d’inerfeétion g. . des deux premicrs cercles décrits, je tireavec une règle, des lignes qui fe rendent à un centre commun 1, d’où je tire la première partie "AE mes courbes d'un côré d'a en e. J'en fais autant de l'autre ; des points d’interle&tions Îm , je tire écalement des lignes qui fe rencontrent à un point plus éloigné Oo, ducu comme centre je décris l’autre portion de la courbe de c er, 16, & ain de l’autre côté ; enfin, Je divile en féizé parties: égales la parrie lé certe courbe comprife de part & d'autre entre les deux dernières parallèle: 16: Sur ceux des points de divifions, je tire des paralièles dort les unes tombent fur celles déjà tracées, J'opère de la même mañière pour mon aréomètrè à efprit-de-vin,, avec cetre différencé que les 16 termes où deorés Qui pour les acides marquent des onces, indi iquent des mefures de’detni oiflons, dont les 16 finr la pinte Ex Pris. Ces premiers pèfe-liqueurs. m'ont fi d'ératôns, J'en ai vérifié la grande exactirude"en faifant rous les mélanges proportionnels d'acide & d sé & d'efprit-dé-vin & d’eau corréfrondans parfairement aux degrés ind liqués. A Entre chaque degré il y a un point qui ferr de démi-degré, & peut faire copnoir re jufqu'à À un trenré-deuxième la richefle de la qua “Je donne ici une autre manière méca! au pOur tracer mes échelles, & ui fera beaucoup. plus facile que la précési lente. J'ai conftruit , (aivant la figure prem ère, deux aréomèrres pour chaque ‘acide , un grand & un perir J'ai porte les degrés du grand fur une per- “pendiciilire À (fig. 2) repréfentant un pife- liqueur, Jai également orrté les deorés du petit fur une autre livne perpendiculaire , à une grande difance de la première reprélenrant aufli un pèfe- liqueur B. J'ai tiré des lignes fur chacun dus degrés correfpor dans de lun à lavrre , ce qui forme un plan incliné: avec ce plan je trace vous les pèfe=liqueurs. qui n'ont pas une marche plis grande que celui marqué.A', & j'en peux tracer avec le même plan qui ont la marche bien plus petie que le pèfe- liqueur marqué B ; rour cela Le Fait très- promptement fahs compäffer. Je prends un aréomètre fans echelle, je j plonge dans l’eau, & je marqué Je terme O. ie le plonge enfüire dans l'acide le plus concentré (qui marque 16 degrés à mon étalon ); à Pendroi: de l'immienfion je fais une marque à la tige pour le terme 16. J'ouvre un compas fur ces deux termes, je le préfente fur mon plan, & je ma ique la perpendiculaire qui eft évale de: Jongueur à l'ouverture du compas ,'que je fuppofe être celle marquée Je mers une rècle Z en longueur fur cerre perpendiculaire , ajcute cortre cette règle une équerte F,que je pofe jufte fur la premuère ligne E du plan, A SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 345 J'ai une bande de papier g'tracée de la largeur qui convient à la groffeur du tube de l’aréomèrre, Je la place fous Péquerre, je trace Île premier deoré o , je defcends l’équerre lur la fecon ie ligne, & je trace le iecond, ainhi de faire jufqu'a la dernière ligne, & l'échelle eft finie. On conçoit atfément que par ce moyen l'on peut tracer des échelles d’aréornèrre bien plus juite & avec plus devîteile qu’en les divilant avec le SQMpAS J'ai éralement fait des plans pour tracer Les échelles des pèfe- dun à efprir- 48 vin, L'on voit que j'ai rendu cette opération très- facile de difficile qu elle étoir fuivant la première figure, mais il m'a fallu celle-ci pour former la feconde. J'ai mis les échelles des trois acides dans un. feul aréomètre : elles fone divifées en 16 degrés chacune; les 16 degrés correfpondent avec les 16: onces de la livre ; les lonoueurs que prennent ces crois échelles diftinouent bien#les"denfités différentes" de ces troisracides. Le dernier degré de l'échelle de l’actle marin qui eft 16 fe trouve vis-à-vis de ç ? degrés de celle de l'acide nitreux, & le féizième degré de celle-ci eft vis-à vis de, 10 < depr's de l'acide virriolique. Par cette raïfon le pè'e- liqueur ancien, tel qu AL eft divifé en degrés égaux, ne faifant que des centièmes, ne pouvoit fervir à connoître l'état des liqueurs acidules ou falines que très- imparfairement ; mais dans ce même pefe-liqueur la troifième échelle pour lacide vitriolique ne marquant que 10 degrés comparativement au dernier rérme 16 de l'acide nitreux, jen ai ajouté un fecond qui ferc de füire à certe échelle qui commence au huitième degré & eft prolongée: jufqu'au terme 16 qui correfpond aux 66 degrés du pèfe-liqueur de M. B'umé, L'aréomèrre pour l’efprit-de-vin eft conftruit, comme on l’a dir , fur les mêm:s bafes, J'ai pris de l'efprit-de- vin du commerce qui après Favoir rectifié marquoit 49 degrés à l’aréomètre de M. Baumé & 37 à celui de M. Cartier qui eft le plus haut point de rectification connu. Dans cet éfat je le regarde comme pur & fans eau, quoiqu'il en contienne encore plas des ? qui lui fervent de principe Bon fraanes & ff l'on par- venoir à lui en Voéet une partie on le décompoferoit ; mais il falloic partir d'un point, Cer efprit-de-vin donne le premier terme de mon échelle qui marque feize dérées & l'eau diftillée pour fecond tèrme qui eft (o). Chaque degré de cer aréomètré correfpond à chacun des 16. demi- “poiffons qui compofenr La pinte de Paris, de forte qu’en le plongeant dans quelqu'eau-de-vie que ce foit dans une mefure quelconque , le decré indiquera la quantité d’efpric ardenr qu’elle contient, & le refte fera de Feau ; par conféquent toute l'eau qu'il conriendra au-detfous de 16 degrés: Jui fera farabondante. Pour qu'on voie d’un coup-d’œil ce qu'une Mellues d’efprit ardent contient de cet efprit & d’eau , les chiffres de la colonne: 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à gauche de l'échelle de mon pèfe-liqueur défignent le nombre des demi poiffons d’efprir ardent contenus dans une pinte d’eau-de-vie; & ceux de la colonne à droite défignent la quantité d eau. Le nombre à gauche uri à celui de la droite donne toujours 16. Les points marqués entre les degres délignent des + de poiflons ou des — de la pinte, avantage qui ne fe trouve pas dans celui de M. Cartier , qui n’a d’autres parties aliquotes fans traction, que l'unité. Avec le mien il fera facile d’afigner le prix au jufte de toute efpèce d'eau de-vie par le nombre des degrés qu'elles marqueront, connotffant une fois le prix de l'efprit-de-vin Le plus rectifié qui marquera 16 degrés à mon aréomitre. Avec cet inftrument les négocians ne fe tromperont point dans le commerce des eaux de-vie, & la Ferme pourra facilement percevoir fes droits fans léfer fes intérêts. OBSERVATIONS SUR LA CONSTRUCTION DES CÔNES DE CHERBOURG, Tour François & particulièrement tout artifte, prend part aux travaux publics, C’eft à ce double titre que mon cœur s'eft ému lorfque j'ai appris qu’un ouragan avoit renverfé un cône de la rade de Cherbourg. Réfléchiffant fur ce délaître , je me fuis dit: ces cônes fi bien imaginé & qui, par leur forie décompofent la vague en tout fens, n'ont cepen- dant pas aflez d’appui faute de pefanteur, 1°. parce qu'ils font en bois , 29. parce que les pierres donc ils font remplis ne pouvant fe foutenir fur un angle de foixante degrés, tel qu'eft le cône, rendent à defcendre & forcent le cône à monter. C'eft dans cet état que les vagues ont décoëflé le cône de pierre en foulevant l'enveloppe de bois. Si donc on peut donner une plus grande pefanteur à l'enveloppe ou cône en bois, on a lieu d’efpérer qu'il refftera à la violence des Aots. J'apperçois deux moyens pour y parvenir, celui de former un fond en grillage au cône fortement attaché à fes parois, alors les pierres dont on le remplie appuyant fur ce fond , le rendroient inébranlable par fa pefanteur : fi l’on craignoit que ce fond touchât trop tôt la vafe ou les inégalités du fond de la mer, on le placeroir à quelque diflance du bord inférieur du cône, ainf que lon place le fond des cuves; de cette manière le bord du cône entreroit dans la vafe plus profondément que le fond , ce qui contribueroit à fa folidité, Le fecond moyen elt de remplir le cône en maçonnerie ; mais comme SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 ce moyen eff très-difpendieux , je ne propofe que d'en former le pourtour. Pour cer effet je formerois deux cones concentriques ayant un fond en forme de couronne qui les lieroit par léurbafe; le vuide que laiflent entr’eux ces deux cônes feroit rempli en maçonnerie de beton. Le cône intérieur feroit moins élevé que l'extérieur , & il feroit terminé en calorte pour recevoir de la maçonnerie ou beton qui formeroit une voûre eu-déflous & une plattetorme en-deflus , de manière que le beton rentermé entre ces deux cônes ou enveloppes, auroit la forme d'un creulet renverfé. Je penfe que ce cône auroit toures les qualités requiles; 1°. il feroit plus terme fur fa bafe que les cônes en pierres sèches, & par conféquent ne pourroit être emporté par les vagues ; 2°, il feroit plus durable que ceux qu'on a faits ; car on ne peut {e diflimuler que les cônes de bois, & principalement la partie hors de l'eau fe pourriffant à la longue, les pierres qui ne peuvent fe fourenir que fous un angle moindre de quarante- cinq degrés, s'écrouleront dans la mer. La hauteur & la furface du cône en feront diminuées & continuellement dégradées par les vagues, au liew que le cône de beron que je propofe, ayant eu le rems de fe durcir avance que les bois foient pourris, téfifiera toujours aux flors de la mer; je dis toujours , ceux qui connoiflent les qualités du beton diront comme moi; car les Romains ont fait du beton qui fubfifie fans dégradation depuis plus de feize fiècles aux intempéries des faifons & aux vagues des rivières. J'ajouterai à tous ces avantages celui d’une économie véritable ; c'eft par l'ignorance des propriétés du beton qu'on a jugé moins coûteux les rempliffages en pierres sèches. On pourra faire les cônes que je propofe en toutes fortes de bois, principalement l’intérieur qui peut être formé des débris de vaifleaux ; de fimplés planches de bois blanc y peuvent être employées avec fuccès. IE fuir qu’elles foient étayées & maintenues par des courbes intérieures ; ainfi les deux cônes de bois que je propofe ne coûteront pas plus que celui qu'on a employé. Secondement le maflif de beton que j'indique eft beaucoup moindre que celui des pierres dont on remplit le cône: il n’en compofe pas même Ja troifième partie. Car le beton fe fair avec les pierres les plus informes, les plus petires , le rebur des carrières ; les galets , les cailloux & le fable entrert dans fa compofition , de manière que prefque par-tout il revient moins cher que la maçonnerie à pierres sèches. Ainfi je puis conclure que les cônes que je propofe feront moins chers que ceux qu'on a exécutés. Ourre qu'ils feront moins difpendieux que les premiers , c’eft qu'il fera plus facile de les conduire à leur deftination. Tout le monde a admiré fans doute l'induftrie employée à conduire ces cônes; mais aux tranfports d’admiration qu'elle caufoic fuccédoient bientôt les réflexions fur Les frais immenfes qu'ils exigeoient , au lieu 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que ceux-ci, mblabies à ies la eaut ou à des caiflons dont on fe fere maintenant por fonder les pit s de pont , feronr portés par la mer au lieu de leur deft narton cout auliftafément qu'on y conduiroir un bateau , & là ile leronr retenus par des aricres pendant qu'on les remplira de beron pour les faire evfoncer, Tout parvir done concourir au fuccès de ces cônes de beron ; un feu obftacle pourroit s’y oppofer , la qualité de la chaux qui n'y feroir pas propre. Or, fur ce point je n'olerat rien avancer, parce que j'ignore entièremenr la pierre qui la produir : j+ dirai feulement qu'il doit être facile de ‘s’en procurer par mer où par terre. Je remarquerai encore queile beron eftune excellente maçonnerie, & que fi l’ufage n’en eft pas généralement adopté, c’eft fans doute faure d'une chaux qui ait la propriété de durcir dans l’eau; en ce cas on peut fe fervir des coquilles qu'on trouvera fur les lieux, qui réduites en chaux & mêiées avec de la chaux quelconque, la feronr durcir promptemenr , & par-là le beron deviendra un corps aflez folide pour rélifter aux lots qui- l'environnent. ! EXPÉRIENCES. Sur la caufe de l'Eledricité des Subflances fondues $ & refroidies ; Par M, Van-Marum: & à Paers Van-Trooflwryk. GE M M. Wircxe eft le premier qui a découvert que les fubftances élec- triques fondues & verfées fur d’autres corps, foit électriques où con- ducteurs, quand elles font refroidies, font voir une électricité remar- quable, au moment qu'on les fépare des corps fur lefquels elles font fondues. IL cbferva premièrement ce phénomène dans le foufre fondu & verfé fur de la terre cuite ou fur du verre; en continuant ces expé- riences , il le vit aufli dans la cire à cacherer, fondue & verfée fur du verre, du bois feché au four, ou fur du foutre, Il obferva auffi , que la cire à cacheter refroidie\fur du verre où fur du bois feché, avoit acquis -une électricité négative, mais qu'elle étoit politive, quand-elle fut refroidie fur du foufre. Il vit de même, que le foufre verfé ou refroidi fur du bois feché , avoit une électricité négative apres fa fépa- - : ration, e SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 ration, Il communiqua ces expériences dans l’année 1757, dans un petit Ouvrage publié à Roftock, qui a pour titre : Difputurio Phyfca experimentalis de Eleétricitatibus contraris, I] a donné dans ce Mémoire à l'éledricité obfervée dans les corps électriques fondus , après le refroi- diffement & la féparation, le nom d'éleétricité fponranée (eleétricitas Jpontanea) ,voulant fignifer par-là une électricité produite fans frottement. M. Æpinus verfa enluite du foufre dans des coupes d’étain & de cuivre ifolées, & obferva que le foufre & la coupe étoient rous deux fortement électrifés au moment qu'is étoïent féparés ; que l’éléétricité de l’un & de Paurre fembloir être anéantie, quand on remit le foufre dans la coupe, & qu'elle reparoît quand on l'ôta de nouveau. Il obferva de plus, que la coupe & le foufre avoient toujours des électricités contraires (1), Il ne nous eft pas connu qu'on ait publié depuis Æpinus d’autres expériences où obfervations fur ce fuj2t, excepté feulement les obfer- vations de M. Henley fur l'électricité du chocolar verfé dans des coupes d’érain, mais il nous a patu qu'elles n’avotenr pas donné de la lumière à ce füujer. PSE Nous avons jugé que ce fujet méritoit bien la peine de répérer les expériences de MM. J/ke K Æpinus avec d'autres füb'tances éleétriques, dont on ne s'elt pas encore fervi à cette fin, & d'examiner prémièrement, fi routes Les fubltances électriques , qui fe fondent facilement, font voir de l'électricité après qu'on les fépare des corps fur lefquels elles ont été Fondues ; enfuire nous nous fommes appliqués à-eflayer fi nous pourrions découvrir la caufe de l'électricité produite de la manière décrite, Ab Outre le foufre & la cire à cacheter , dont M. Wilke & M. Æpinus fe fonc fervis , nous avons faic ufage de la gomme lacque (mêlée avec une petite portion de réfine pour la faire fondre ), de la réfine, de la poix &z de la cire, Nous avons verfé toutes ces fubftances fur du mercure ; ce que nous avons préféré à d’autres métaux, parce que plufieurs de ces fubftances, que-nous avons employées, s’attachent feuvent fi fortement aux corps fur lefquels elles fonr verfées, qu’elles n’en peuvent pas être féparées après leur refroidiflement. Toures ces fubftances électriques , excepté le foufre, ont donné des fignes. d'une électricité. remarquable , après qu’elles étoient Gtées des corps'fur, lefquels elles étoient verfées, La raifon pourquoi le foufre n'a pas acquis d'électricité dans ce cas, aufli bien que quand il eft verfé fuivant les expériences d’Æpinus fur de l'érain ou du cuivre, doit être TRS RER EL F-(r) Æopini tentamen theoriz Ele@ricitatis & Magnetifmi, Petropoli , 1738 pag: 66, 67: L 53 it ; j i 2H fi Tome XXXIII, Part. 11, 1788. OCTOBRE, CR à aso OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, attribuée fans doute à ce .que la furface du foufre,, qui a touché le mer- cure, en étoit attaquée & devenue conducteur. K x: En faifant les expériences précédentes nous efluyämes en même-rems l’efpèce d’éleétricité des plaques électriques , quand elles étoient féparées de leur conducteur , & nous trouvimes qu'elles étoient électrifées négativement. $. 3+ IL nous parut douteux , fi les corps électriques perdoient par la fuñon même une partie de leur quantité naturelle du fluide electrique. Nous jugeèmes que cela méritoit d’être premièrement examiné, parce ue, fi cela éroit ainfi , on en pourroit immédiatement dériver l’origine de l'électricité dans les corps électriques fondus & verfés fur d’autres cosps. — Pour découvrir ce qui en éroir, nous avons fondu de la gomme lacque, de ia réfine & de la poix dans des vafes de terre cuite, & Îles ayant Holés, nous avons fait une communication entre ces corps fondus pendant leur refroidiffement , & la plaque de métal qui couvre le condenfateur de M. folie, afin que nous puffions découvrir, après le refroidiflement, & par le muyen de cet inftrument , fuivant fa nature connue, fi les fubftances électriques avoïent attiré du fluide éleétrique pendant leur refroidiflement, pour rétablir ce qu’elles avoient perdu par la fufion. Afin que le condenfareur communiquat bien avec la furface de la fubftance électrique refroidiflante, nous la couvrimes d’une feutlle d'érain ; mais uoique nous euflions fait cette expérience avec un condenfareur fort fenfible, & que nous euflions répété ces expériences trois fois avec les: fubftances mentionnées, nous n'avons pu découvrir qu'il indiquit le- moindre degré d'éle@ricité, foit que nous leufhons examiné avant que le refroidiflement fût complet, ou après qu'il für finis On pourra peut être nous faire l’objeétion que les vafes de rérre cuire dans lefquels nous avons fondu & ifolé les fubftances électriques, peuvent avoir acquis: l'éledricité contraire au moment que les inbftanices éleétriques refroi- diffantes commencèrent à attirer le fluide éle@rique, & que ces deux éle@ricités contraires faifant ‘enfemble un parfait équilibre . la fubftance électrique refroidiflanc n’a pu donc attirer du fluide éleérique du gondenfateur. Pour éviter cette obje@ion , que nous ne regardons cependant pas rout-à-fait fondée ,nousavons fair l'expérience de la manière fiivante, Nous avons verfé les fubflances éleétriques’ fur du linge #& même fôr de la gae: fufpendue par des cordons dé foie, après avoir laiflé duparavant les fübftances éledriques fondues perdre leur uidité par refroidiffement, au point qu'elles: reffoient {ur le linge & la gaze fans les pénétrer. Ayant fair une commu nication , comme dans l'expérience précédente. entre les fubflances électriques refroidiflantes fur Le linge ou fur la gaze & le conducteur, ! eme SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 251 nous n'avons pu découvrir quil en acquéroit le moindie degré d élericité. Nous avons enfin fait fondre pour le même but une plaque de gomme lacque à une de fes furfaces, en [a tenant fur des charbons * ardens, Cetre plaque s'étant refroidie pendant qu’elle avoit communi= cation de la manière décrite avec le condenfateur, il n'indiqua pas la moindre électricité. Ge 4 Les recherches précédentes nous ayant fait voir que l'électricité obfervée dans les corps éleétriques après leur refroidiffement, ne peut être attribuée à leur fufon ou à leur refroidifflement , nous crûmes que certe éleétriciré pourroit être caufée par le frottement que ces fubftances électriques fubiflent quand elles font verfées fur quelques corps, & fe difperfent fur fa furface. Pour eflayer fi cètte opinion étoit fondée , nous avons examiné fi les différentes. fubftances éleétriques , verfées fur des corps différens , font voir après leur refroidiflemene la même efpèce d'électricité qu'elles auroient acquife fi elles étoient frotrées avec des corps de la même efpèce que ceux fur lefquels eiles font verfées. Pour ce but nous avons verfé les fubftances électriques fufdites fur du cuivre, de l'érain , du plomb , du verre & de la fayence d'Angleterre, & nous avons vu qu’en tous les cas où nous avons pu découvrir quelque électricité après le. refroidifement, certe électricité éroit de la mêne efpèce que le corps électrique auroit acquife , s’il eût-été frotté avec le corps fur lequel il étoit verfé, \ 6, Se Les expériences précédentes ayant donné beaucoup de probabilité 3 otre opinion, que l'électricité des corps électriques refroidis doit être attribuée au frottement qu'ils fubiflent quand ils fe difperfent fur les furfaces des corps fur lefquels ils font fondus, nous jugeimes que fi notre opinion étoit bien fondée, il s'enfuivroit qu’en fondant des plaques de fubftances électriques, la furface inférieure de chaque plaque feroit plus fortement électrifée que la fupérieure, puifque c’eft la furface inférieure qui fubit le frottement , & que la nature d'un corps électrique ne permet point que l’éledricité qu'il a acquife à une de fes furfaces, fe difperfe uniformément par toute fa mafle.. Nous examirâmes ce point avec des plaques de gomme laque & de réfine, qui avoient l'épaiffeur d'environ un pouce, & nous oblervâmes la conféquence précédente parfaitement confirmée, puifque les furfacés fupérieures de ces plaques, en les approchant de l'éleétromètre de Cavallo , ne causèrent pas la moitié de l’éloignement de fes boules! que la furface inférieure, Tome. XXXIIT, Part, IT, 17838. OCTOBRE, li 2 252 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ÿ B $. 6. Nous jugeâmes enfin, que fi notre opinion étoit vraie, il s’enfuivroie aufli que la différente épaifleur qu’on donnoit aux plaques en les verfant, ne pourroit caufer aucune différence dans le degré d'éleétricité qui eft excité à la furface inférieure des plaques ; puifque La furface d’un corps électrique eft également excitée par frorremenr’, foit que ce corps foit plus ou moins épais. Defirant d'examiner ce point, nous versimes de la gomme laque , de la réline , & de la poix fur du mercure, & nous fîmes de chaque fubftance des plaques d’un pouce & d'un quart de pouce d’épailleur, En examinant ces plaques après: leur refroidiflement , nous vimes qu'il n’y avoit pas la moindre différence à appercevoir entre les degrés d'électricité, que les furfaces inférieures de ces plaques de différentes épaifleurs avoient acquife. $ 7. : Les expériences que nous avons décrites dans les trois derniers paragraphes nous paroifloient donner beaucoup de probabilité à notre opinion , que le frottement que les corps fondus fubiflent quand ils fone verlés fur d’aurres corps , eft la caufe de l'éledricité qu'ils font voir après leur refroidiffement : nous jugeimes cependant que la queition n'étoit pas encore entièrement décidée, Voici comme nous raifonnâmes : fi l'électricité des corps refroidis doi être artribuée au frottement qu'ils fübiflent quand ils le difperfent fur les furfaces des corps. fur lefquels ils font vertés, il s'enfuit donc que quand on fait l'expérience de manière que les fubftances éle&triques fondues foient appliquées aux corps non- électriques, fans que certe application caufe aucun frottement , alors il ne paroîtra aucune électricité après leur féparation. Pour examiner ce qui em eft, nous avons fait fondre de la gomme laque & de la réfine, & nous avons appliqué une: plaque de cuivre à la furface de chacune de ces fubftances lortqu'elles étoient liquides. Afin que certe application ne causât aucun frottement , nous avions auparavant fufpendu les plaques de cuivre horifonralement var le moyen de cordons de foie, & nous avions fait pafler ces cordons par des poulies pour les pouvoir abarffer exactement autant: qu'il convenoir, Ayant alors placé les fubftances. éle@triques fondues deflons ces plaques, nous relàchâmes les cordons jufqu'à ce que les plaques de cuivre rouchaflent leurs furfaces. Elevant enfuite les plaques après le refroidiflement , nous n'avons pu découvrir que ces plaques, ni les carps él-étriques dont elles étoient féparées, euffent le moindre degré d’éledriciré, Nous avons ellayé après d'une autre manière, fi la fépararion de deux. corps. bien appliqués Fun contre l'autre, & dont l'un ettéleétri rue, l'avrre sonducteur ; peut caufer quelqu’éledtricité , fi: l'application de ces corps SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2f3 n’a pas caufé aucun frottement. Nous avons fait pour cette fin deux plaques, l’une de cuivre & l’autre de verre, qui fe touchoient fi bien, aus exigeoient quelque force pour être féparées. Afin que le cuivre üt appliqué au verre de la manière la plus parfaite, & que certe application ne causât aucun frottement, nous plaçâmes le verre, bien féché & échauffé auparavant dans un récipient für ia platine d'une pompe pneumatique, & nous fufpendimes la plaque de cuivre dans le récipient deflus le verre par le moyen d’une tige gliflante, dont on fe fert ordinai- rement pour les expériences dans l'air raréfié. Ayant beaucoup rarefié Pair dans le récipient , nous fines defcendre la plaque de cuivre jufqu’à ce qu'elle touchât le verre, & nous introduisimes enfuite l’air dans le récipient de la manière la plus vite , afin que la preflion d'air fubirement introduit appliquât au mieux le cuivre au verre. Otant enfin le récipient, & féparant la plaque métallique du verre par le moyen d’un cordon de foie qui y étoir appliqué, nous ne pümes pas découvrir le moindre degré d'électricité ni à la plaque de cuivre ifolée, ni au verre. (CE Il eff donc, comme il nous femble, inconteftablement prouvé par les expériences que nous venons d'écrire, que l'électricité qui fe fai voir quand on fépare un corps électrique fondu & refroidi , du corps fur lequel il a été verfé, n’eft pas produite par la féparation même, auili moins que par la fufion, ou par le refroïdiflement , mais qu’ele ef? caufee par Le frottement que les corps éleétriques fubiflent , quand ils fe difperfent fur des furfaces d'autres corps fur lejquels ils Jont verfes. La raifon pourquoi cette électricité ne fe fait voir qu'après que le corps refroidi eft féparé du corps fur lequel il eft verfé, conffte fans doute en ce que l'électricité qu'acquiert le corps fur lequel le corps fondu eft verfé, eft oppofée à l’éle@ricité du corps fondu même, & que ces deux élec tricités contraires balancent fi exatement lune contre l’autre, qu'en ne les peut pas appercevoir. en E X A M EN De la prétendue abforption du Charbon dans Les vafes clos ; Par M. le Comte DE SAEUCES. EL À matière qui va nous occuper eft fi hériffée de difficultés, qu'il nette: pas trop poñlible de dérerminer avec précifion toutes les circonftances dans lefquelles on peut fe atter d’avoir atteint le degré d’exactitude qui es4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft indifpenfable pour être afluré de la rigueur des conféquences qui peuvent {e tirer des tentatives qu'on a faites. Car il paroît que non-feule- ment tous les débris des fubftances , toures les émanations & toutes les vapeurs concourent à la formation des fluides aériformes, qui font des productions très-déliées & capables de {e fouftra re fouvent à l'exactitude de nos recherches ; mais que limpærfeétion des moyens que nous fommes obligés d'employer pour les retenir eft trop manifefte pour ne pas exizer la plus grande réferve dans les conclufions qui pourroient même dériver de quelques phénomènes d'ailleurs bien conitatés. C'eft ce qui va être rendu fenfble par quelques réflexions. 1°. La neutralifation lâche & imparfaire des parties conftituantes de ces fluides élaftiques, les différentes circonftances & propriétés de la matière des corps qui concourent dans les expériences , la modification des loix générales de cette même matière folide & fluide, tout enfin femble confpirer à entretenir les ténèbres dans lefqueiles le fujer fe trouve enveloppé au point de nous faire naître des doutes fur les quantités abfolues ou relatives des produits, fans parler des incertitudes prefque inévitables par rapport à leurs qualités pérmarentes ou accidentelles, où nous replongent les anomalies toujours renaiflanres de ces êtres devenus aujourd hui fi féconds en prodiges, Qu'on me permette donc un pyrrho- nifine qui paroîe conféquent & néceflaire, puifque ce n’eft qu'à la fuite des réflexions les plus précifes que j'ai faites fur un grand nombte d'expériences & de réfultats, que je redoute la facilité qu'il y a à fe tromper. 2°. Le phénomène de la prétendue abforption de toute la mafle d'air atmofphérique dans les vafes clos, par le charbon éteint fous le vif: argent qui intercepte la communication avec l'air libre, a fait grand bruit dans ces derniers rems. Mais plus cette curiofité paroît lécitime, plus elle doit être foumife aux principes rigoureux de l'art d'obferver & de fonder les myftères de la nature, précifément à caufe du merveilleux qui pourroit capter nos jugemens au préjudice de la vérité. 3°. L'expérience qui a fait connoître cette propriété du charbon eft attribuée à l’illuftre Phyficien de Florence, M. l'Abbé Fontana. Elle n’étoit point à ma connoiflance. Je la dois au favant M. le Chevalier Landriani qui m'en a faic part à fon paflage en cette ville, de même qu'à MM. Cigna , Bonvoifin , le Comte de Morozzo (1) & le Marquis de Brezé, chez lequel nous l'avons répétée avec des fuccès différens, fuivane (x) Cet illufire ami & confrère en a déjà rendu compte dans la première partie d'un excellent Mémoire qui a paru dans le Journal de fique des mois d'avril & de novembre de l’angée 1783 , dont je rapporterai les réfultats, | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2$$ fes circonflances que nous avons cru devoir ménager pour nous procurer les éclairciffemens néceflaires {ur un phénomène ff important. 4”. Perfonne n’ignore aujourd'hui la manière dont fe fait cetre expé- sience. Mais comme il s’agit de difcuter les condicions qui peuvent être néceflaires pour s’aflurer des effets qu'on doit réellement afligner au Charbon , afin de fe mettre à l'abri des équivoques auxquelles on feroic expolé en lui atrribuant ceux qui dépendent du route autre caufe, je füis forcé de rapporter le procédé que nous avons fuivi d’après les indications de M. Landriani, 5°: Nous avons donc toujours fait choix d'un charbon parfaitement embrafé, & nous l'avons pouflé avec des pincettes fous un volume confidérable de mercure, dans lequel nous avons plongé un récipient de criftal à différentes profondeurs. Après avoir retenu plus ou moins long-tems le charbon fous le vif-argent , & l'avoir enfuire lâché , nous avons reconnu dés différences très-importantes dans les réfultats, fuivanc que nous avions ménagé différemment les circonftances. Il nous eft arrivé entr'autres d'entendre une crépitation aflez forte lorfque le récipient ne trempoit qu'environ une ligne dans le mercure, & nous avonsreconnu qu’elle étoit due à l'expulfion de l'air. D'ailleurs, ayanr eu foin de laifles refroidir le mercure , & ayant enfoncé le récipient aufi profondément qu'il nous a été poffible, avec la précaution de le faifir par le bouton pour ne produire aucune raréfaction , nous n’avons point vu d'abforprion qui füt remarquable (1) après avoir lâché le charbon qui iseft rendu à la furface intérieure du mercure. 6°. Le récipient a été enfuite aflujetti à la jatte par le moyen d’un difque de plomb d’un aflez grand poids qui étoit appliqué au bouton afin de balancer l'effort que pouvoit faire le vif-argent pour le foulever ; & il ne s’eft alors plus manifefté aucune abforption bien fenfible. après avoir été gardé quinze à feize heures. 7°. Il eft aifé de reconnoître qu'en employant ces appareils fans y apporter les plus grandes circonfpettions; on ne doit pas manquer de voir monter le mercure au-deflus du niveau , fans qu'on foit autorifé pour cela ä fuppofer qu’il y ait eu de véritable abforprion. Mais pour mieux développer Le fujer en queftion , & n’y laifler aucune obfcurité je crois à propos d'expofer les conditions qu'exige l'efprit de cette: expériences 8°. Il ne s’agit donc pas feulement de s’aflurer fi un charbon entic- rement embrafé abforbe de l'air en fe refroidiflant dans une capacité \ (x) La petite élévation du mercure étoit vifiblement due à lexpulfon d’une partie de l’air contenu dans le vif argent, & peut-être de celui de la capacité, expulfon qu'on ne peut éviter par cette efpèce d'appareils e56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ifolée ; car Le charbon érant un corps poreux & privé d'air par le feu, à {on entrée dans le mercure, c’eft un phénomène néceflaire que celüt d'une telle abforption. Mais il eft queition de décider fi le charbon dont on a expulfé l'air qu'il contient , comme cela arrive dans pareilles cir- conftances à rous les corps en raifon de leur plus ou moins grande porofité, n'abforbe que la quantité d'air qui a été expul{ée, ou s'il s'en fait une abforption plus confidérable : car il n’eft pas douteux que dans l'incandefcence du charbon, il ne s’enfuive l’expulfon d’un fluide aufi délié que celui de l'air, que fi le charbon contient de lhumidité ou quelqu’autre principe volatil, il ne s’en fafle une difliparion plus ou moins complette proportionnellement au degré d'ignition & du tems (1) qu'il y aura été foumis , & que ce charbon étant enfoui dans le mercure, il demeure dans l'état d’appauvriflement de ces principes volatils & déliés. 9°. Il réfulte de-là qu’il n’y a rien d’étonnant dans l'abforption qu’il fait de l'air en paflant dans ce milieu , puifqu'il ne fait que reprendre le principe dont on l’a vifiblement dépouillé, & s’en reflaifir. Mais cetre abforption n’eft à la rigueur qu'une nouvelle admiffion des parties de Pair qui par fa propriété élaitique s’introduit dans touc les efpaces vuides qu'il rencontre, & n’eft par confequent pas ure véritable ab{orprion, Certe intromiflion cependant de l'air du récipient, je le répère, excé- deroit-elle la quantité contenue précédemment dans le charbon L'élévation de la furface du -vif-argent qui exprime l'excès du vuide, elt-elle l'effet d'une abforption réelle ? ou ne feroir-elle que celui de læ& nouvelle intromiflion & reftitution de l'air expulfé, de l'altération du volume & de quelques autres caufes particulières ? 10°. Les variétés qui peuvent dépendre des différences qu'éprouve alternativement le volume que prennent les mêmes fubftances dans des circonftances particulières, la propriété qu'ont les fluides de fe répandre avec uniformité, & de tendre fans cefle de fe mettre en équilibre par des compenfations continuelles & exactes entre les denfités & l'élafticiré, l'aptitude des différentes textures des corps à une plus ou moins grande intromiffion d'air atmofphérique , la volatilifation des parties des milieux coercitifs, l’expulfion plus où moins grande des principes déliés & fugaces du charbon, l'humidité plus ou moins confdérable qui fe trouve difloute dans les parties de l’atmofphère, font autant de cir- (x) Cette diffipation vient d’être démontrée par le favant M, de la Métherie , Journal de Phyfique 1787, avril, pag. 312. Voici la conclufion de cetillufire Phyficien par rapport à l'air: « I] paroiït, dit-1l, que dans l’incandefcence du charbon, une » partie de ces principes eft volatilifée, ce qui forme un vuide dans fon tiflu. Par » conféquent lorfqu'on plonge ce charbon dans un fluide, le fluide s’infinue auffi-tôt » dans ces vuides , & les remplit, commis l’eau remplit les vuides d’une éponge »- conftances SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 conftances qu'on ne peut négliger , & qu'on pourroit cependant foupçon- ner , avec aflez de fondement, n’avoir jamais été , fi je ne me trompe, miles en ligne de compte. 11°. Perfonne ne fauroit cependant contefter combien chacune d'elles eft capable de produire des différences tour-3-fait importantes dans l'appréciation des réfultats de beaucoup d'expériences qui font d'une aufi grande ‘délicatefle que celles des gaz. 12°. Que l’on réfléchifle en effec que le charbon en paflant à l'état d'incandefcence éprouve la plus grande dilatation poffible dans toutes fes parties , & que c'eft dans cet état appauvri de principes aériformes & volatils , qu'il eft plongé dans le vit-argent , qui efluye lui-même aufi des degrés plus ou moins confidérables de raréfaétion dans fes parties, au point. de fouffrir quelque volatilifation, d'où s'enfuit néceflairemenc l'expulfion d’une partie de l'air qu'il contient. 13°. Qu'on remarque enfuite ce qui doit arriver au charbon & au vif-argent par le refroidiffement dans un air ifolé, & l’on reconnoîtra aifément la complication des caüfes qui peuvent concourir aux effets de ces fortes d'expériences ; effets qu'il fera toujours difficile, & peut-être impofäble d'apprécier au jufte par les moyens qui font en ufage. 14°. Ces effets néceflaires me paroïflenr néanmoins aflez fenfibles, Car on ne fauroic fe diffimuler que le charbon qui pafle dans l'air du récipient, ainfi que je l'ai remarqué fous le plus grand volume dont il eft fufceptible, & qu'il perd en ferefroidiflant , laifle par degrés un empla- cement qui doit être rempli en partie par des molécules de vif-argenc dans les pores qui font en contact avec lui (1), & en partie par le fluide élaftique dont il eft environné. 15°. 11 n’eft pas moins aifé de reconnoître que ce charbon en traverfant une forte couche de mercure produit un écartement dans les parties de ce fluide métallique qui favorife l'abforption foudaine d’une quantité d'air du récipient pour remplacer celui qui a été expullé du mercure dans l’introduction du charbon embrafé, au moyen des inftrumens dont on-fe fert , & qui font la fon@tion d'eduéeurs de l'air ainfi renfermé. 16°. Que fi l'on n’a pas donné le tems au vif-argent de reprendre la température de l’airambiant, les couches de la colonned'air qui repofoienc à La furface auront été d'une beaucoup moins grande denfré que celle de + Fair environnant, & par conféquent la quantité d’air intercepté aura été moins grande aufli qu'elle n’auroit été après avoir repris fa température, De-là il a du s'enfuivre une plus grande élévation du mercure pour la remplacer. Le changement enfin du volume de la matière n’eft pas moins un objet qui doive fixer l'attention du Phyficien. (a)be Tous fes vaiffeaux font 6 pleins desmercure 1( dit M, de la Métherie, Zoce » cirato, pag. 312), qu'on le diroit inje@é », Tome XX XIII, Pare. II, 1788. OCTOBER, € k 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 17°, Sur ces confidérations j'ai cru devoir me départir des appareils qui font en ufage, en préférant la forme & la combinaifon fuivantes dans l'efpérance de décider d’une manière plus précife les réfultats de l'expérience en queltion. : 18°. Le nouvel appareil confiftoit en un tuyau de verre du diamètre de neuf à dix lignes, hermétiquement fcellé par un bout qui éroit replié fous une courbure affez commode pour permettre l'introduction d'un charbon embrafé dans le récipient (1). La colonne du vif-argent que javois mife dans ce tuyau laïffoit un efpace d'environ quatre pouces de libre du côté qui étoit ouvert & qui communiquoit avec l’atmofphère. 19°. Pour n'avoir aucun doute fur la quantité d'air contenu dans la capacité fermée , j'ai introduit un fl de fer double qui s’'étendoir jufques contre Le bout, afin que le mercure ne produisit un refoulement capable de rendre l'air de cette capacité plus denfe que celui de l'armofphère. Ce qui auroit fufñ à m'induire en erreur dans les eflimes que j'aurois faites, rout comme j’aurois eu raifon de m'attendre à des erreurs con- traires fi j'avois rempli le tube de mercure, car en le relevant, l’efpace qui feroit refté au-deflus du niveau auroit été vuide d’air. 20e. Cetuyau étoit arrêté à un chaflis de bois folidement établi fus un trépied par trois pièces de laiton avec leur charnière. Elles étoient aflujetties d’un côté par deux vis, & de l’autre par un crochet, & après avoir remué le fil de fer deftiné à l'expulfon de l'air furabondant, je notois de chaque côté le point de niveau du mercure. 21°. Après avoir ainfi préparé la machine , je me failiflois du fl de fer qui embrafloit le charbon , & dont la tige étoir formée du même fer mis à double, & tordu en finiffant par une petite boucle, afin de pouvoir poufler le charbon aufli avant que je le voulois par le moyen d’un femblable fl de fer tordu, dont une extrémité fe terminoit en fourche, & afin de le retirer à mon gré avec un pareil à fil de fer terminé en bec. Les réfultats que j'ai eu ont été les fuivans : 22°. 1°. Lorfque j'introduifois lentement le charbon à travers la colonne de mercure pour Le faire pafler dans l’efpace vuide du tuyau, l'air contenu dans le vif-argent, ainfi que celui de la capaciré s’échappant d'autant plus aifément par la voie du fil de fer qu’il étoit plus raréfié par fa chaleur que prenoit le vifargent traverfé ainfi lentement , le mercure, lorfque le charbon en avoit été retiré , s’élevoir plus ou moins confidéra- (x) Jai pris les plus grandes précautions pour que le charbon toujours du même bois , für du même diamètre & du même poids en le pouffant au plus grand degré d’incande[cence poffible & en L’introduifant avec la plus grande célérié dans la colonne du vif-argent, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 259 blement au-defliis du niveau en fe refroidiflant , & cette élévation éroic plus confdérable encore, fi après avoir plongé lentement toute la tige {ous le mercure je retirois de même le charbon avant d’être refroidi. 23°. 2°. Lorfque je faifois pafler rapidement le charbon à travers le mercure, en le pouffant jufqu'à ce que la boucle de la tige füt auffi-côr couverte par le mercure en le laiflant bien refrojdir , il n'y avoit prefque pas de variation dans l'élévation du vif-argenr. 24°, 3°. En doublant la tige pour la raccourcir, & en faifant pañler avec la plus grande promptitude le charbon vers le milieu de la colonne mercurielle , & en pouflant enfuite avec célérité dans la capacité vuide au moyen de la petite fourche, il arrivoit après que le tout étoit parfai- tement refroidi, un abaiflement dans le mercure qui étoic l’effet du volume du charbon introduit, & c’eft ce qui répond très-bien à l'effec de l'éponge dont j'ai à rendre compte. 25°. J'ai déjà faic remarquer l'importance de démèêler les effets qui dépendent de la multiplicité des circonftances qui entrent dans la réfolu- tion du problème, d'avec ceux qui doivent être aflignés à cette force qu'on nomme abforption, pour qu’on ne foit pas expofé à des erreurs de la plus grande conféquence. C'elt ce que je m’efforcerai de rendre fenfble par l'examen des variétés qui peuvent arriver dans le niveau du milieu coercitif qu'on emploie dans ces expériences. 26°. Si l'élévation du mercure au-deflus du niveau dépend de laugmen- tation & du rétabliffement du volume , de l’expulfon de l'air & du vuide produit dans les pores du corps charbonneux , ainfi que du mercure & de La Capacité, ne doit-on pas s'attendre à un effet oppolé en introduifant un corps fous un petit volume pour qu'il fe remette {ous un plus grand après avoir traverfé ce milieu coercitif ? C’eft ce que l'expérience m'a -confrmé en me donnant le même réfultat du charbon employé dans les circonftances que nous venons de voir. 27°. L'appareil pour cette expérience eft très-fimple. J'ai fait pañler dans un récipient de petit diamètre, mais aflez haut , une petite éponge : fine en la preflant avec de petires pincettes recourbées qui étoient aflujetties par un curfeur ou petit anneau ; leurs branches étoient cepen- dant aflez larges pour l'embrafler en très-grande partie & aflez longues pour la porter au-deflus de la furface intérieure du vif-argenr. U n fiphon ouvert communiquoit avec la capacité du récipient, & lorfque le mercure avoit repris fon niveau , & que j'y avois plongé le récipient , je fermois l'ouverture du fiphon avec de la cire molle. Tour érant à ce point, je faifois paffer les branches de l'éponge dans Le vif-argent , de manière à ne produire aucune fecoufle, & Îes ayant portées dans la capacité, je retirois le curfeur, & l’éponge devenue libre faifoit baïfler auffi-tôc Le vif-argenr au-deffous du niveau. 28°. Or, je ne crois pas que cet effet, non plus que celui du charbon Tome XX XIII, Part, 11, 1738. OCTOBRE. . Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dont j'ai parlé ci-devant (24), doive être regardé comme une fuite d’une production d'air, ce qui cependant ne feroit pas plus erroné que la prétendue abforption , une pareille inconféquence n'érant qu'on peu plus groffière. Mais il eft reins de pafler à l’exemen de la queftion , favair fi le charbon embrafé, apres avoir été refroidi fans être expofé au contact de l'air ne faic qu'en reprendre la quantité qu'il en contenoit aupa- xavant. 29°. Dans le deffein d'employer Pappareil le plus fimple, j'ai choif un tuyau de verre hermétiquement fermé d’un côté, & dans lequel j'ai fait paller un petit cylindre de charbon. J'ai garni l’autre extrémité du tube d’un robinet portant un tuyau de verre recourbé que je lui ai foigneufement lutté, & dans lequel j'ai mis du vif-argent. J'ai enfuice abrité le tube contenant le charbon avec une efpèce de grille, afin d'empêcher la déformation du verre par le poids du charbon à l'occafon de fon ramolliffement , & je lai expofé prefqu'en entier à Faction du feu pour folliciter la plus grande expulfon d'air qu'il mr'étoie poffible , non-feulement du charbon dont je procurois l'embrafement , mais encore de celui qui éroit conrenu dans le tube. Ce tube étoic foutenu par intervalles, & il étoir mafqué par un petit mur du côté de l’orifice pour empêcher l’impreffion qu'auroir pu y faire la chaleur. J'ai eu foin de ne faire adminiftrer le feu qu'avec beaucoup de précau tion. Mais lorfque le charbon commence à rougir avec la partie du tube où il repofoit , Jai vu cetre partie fe renfler & augmenter à un cel point que l'air contenu s’eft enfin fait jour en perçant le verre. Une feconde tentative n’a pas eu un meilleur fuccès, ce qui m’a déterminé à prendre des tuyaux de fer, 30°. L'appareil étoit le même en tour, avec la feule différence que jai fubftitué des canons de piftolers aflez longs aux cylindres de verre. Je ne me fuis pas contenté de la vis, j'ai encore fait affurer la culafle par une pièce de fer qui y étoit foigneufement bouillie pour empêcher toute iflue à l'air. L’orifice étoit armé comme dans l’autre appareil , & l'expérience avançoit très-heureufement lorfque tout-à-coup le fer étant embrafé à blancheur, le mercure qui étoir déjà monté de neuf pouces (ce qui faifoit la différence d’un pied & demi environ de hauteur dans les deux colonnes), a commencé à defcendre en continuant toujours avec plus de précipitation , à mefure que le fex continuoit lui-même à s’'embrafer, & il jetroit enfin de vives étincelles. Lorfque le tour a été entièrement refroidi, le mercure s’eft élevé de fepr à huic pouces au-deffus du niveau, d'où réfultoit une différence d’un pied & de trois à quatre pouces environ de hauteur dans les deux colonnes. Ce qui auroit pu faire foupçonner qu’il y avoit eu de l’ablorprion fans la remarque décifive dont j'ai rendu compte dans un Mémoire précédent, par laquelle il efk te tn à oi SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 261 démontré que l’air peut s'échapper à travers les pores d’un canon de fer “puiflamment échauffé & rouer à blancheur, te] 31°. Quoique l'immobilité du vif-argent à une hauteur fi confidé- table m’ait donné de fortes prélomprions fur l’expulfion de l'air con- tenu dans ces capacités, ainfi que je l’avois remarqué dans la réduétion du précipité rouge dans de femblables canons de fu}, j'ai cru néanmoins devoir répérer différentes fois la même expérience, parce que le charbon m’érant pas dans les circonftances des chaux faites par les acides , les réfultats pouvoient n'être pas abfolument identiques ni comparables ; mais le fuccès a toujours été lé même, d’où je conclus la néceflisé d’éclaircir ces doutes par un autre appareil. 32°. C'eft donc d’après la confidération de l'impoflibilité de réuflir même avec des inftrumens très-lolides, à obrenir l’imperméabilité des récipiens routes les fois que l'air confidérablement raréñé réagit avec plus de violence fur les parties de l'appareil qui font affectées par une vive ation du feu, que j'ai penfé de préférer l'ufage des veflies, comme je l'ai fait dans l'opération du précipité rouge, à celui des tuyaux baro- métriques en y apportant les mêmes précautions. Ce qui m'a permis de reprendre fans le moindre inconvénient l’ufage des tubes de verre fcellés par un bout. 33°. Je n'ai donc fait que remplacer le tuyau barométrique par un robinet à deux cous armés chacun d'une vellie. Le bout du robinet entroit à vis dans une virole épaifle dont l’orifice du tube éroit garni, & auquel il étroit collé avec du maftic très-dur , couvert enfuice avec des bandes de vefie trempées dans de la colle de farine & bien ficelées. Après avoir laiflé reprendre au tube la température de Vair ambiant, les veflies étant bien exprimées & torfes, j'ai aflujetti à chacun des robinets, la clef que j’en avois ôtée pour n'avoir pas à craindre le plus petit refoulement d’air dans le tems que j'ajoutois le robinet au tube. Tout éraut prêt, J'ai fait mettre peu-à-peu du feu autour du tube, & à mefure que le verre s’échauloir, Pair pafloit librement dans les veffies fans le moindre inconvénient jufqu'à la fin de l'opération. Lorfque le charbon a été parfaitement rouge & que le verre a paru tout-à-fait blanc, & prêr à fe fondre, on a ceflé de fouffler le feu, & on a laiffé refroidir l'appareil auffi lentement qu'il a été poffible, Il n’y a eu qu'une demi- vefie de gonflée, qui a été néanmoins réduire à fon premier état lorfque je lai examinée cinq heures après que l'appareil à été entièrement refroidi. Le fuccès a été toujours le même , les fix fois que jai répété cette expérience. 34. L'appareil érant défait, j'ai conftamment trouvé un décher de quelques grains dans le charbon employé, ce qui a fervi à me confirmer dans l'idée qu'il devoit néceffairement y avoir une complication de caufes [hu 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans le phénomène de la prétendue abforption , dont une feroit {a ; diminution de volume du charbon par l'expulfion indifpenfable de toutes les parties volatiles qu'il contiendroit (1); fuice néceflaire des effets de fon embrafement plus ou moins complet & vif, & plus ou moins long-tems foutenu ; d’où je conclus avec affurance que l'air ,; du moins celui qui eft vraiment cel, ne fouffre aucune abforption de la part du charbon. . (x) Je viens de lire avec la plus grande fatisfa@ion la conclufñon de M. de [a Métherie fur ce point, favoir, que le charbon par une incandefcence long-tems foutenue perd une grande partie d’un principe quelconque qui vicie l'air pur. La fuite au mois prochain. « Ce ne RÉFLEXIONS SUR LA NOUVELLE NOMENCLATURE CHIMIQUE, Pour fervir d'introdu&ion à la Traduétion efpagnole de cette Nomenclature (1) ; Par M. D'AREIULA, Chirurgien - Major des Armées Navales de S. M. C. Foto je fus inftruit avec le Public que MM. de Morveau ; Lavoifier, Bertholler & de Foureroy travailloienc à former une nouvelle Nomenclature chimique , perfonne rattendit avec plus d'impatience que moi le réfulrat de ce grand travail. Elève de ce dernier Chimilte, pénétré de fes principes , & ayant appris de lui à connoître toute l'étendue des talens de fes illuftres collaborateurs, que ne devois-je pas attendre, en ———————_—_—_—_————Z— (x) Une traduétion efpagnole de la nouvelle Nomenclature, par M. Buero, Profefleur de Chimie à Madrid, ayant paru au moment où M. d’Arejula allox publier la fienne , il la retira comme inutile aux Chimiftes de fa nation auxquels il la deffinoït. En füppofant, ce qui ne (erdit pas un petit éloge pour la traduétion de M. Bueno ,. g''elle foit auf exacte & faite avec autant de connoïffance de la nou- velle Chimie que celle de M. d’Arejula ,f'introdu@ion de celle-ci n’en méritoit pas moins de voir le jour; & nous la treduifons avec d’autant plus de plaifir , qu’elle Contient une infinité d'excellentes ob{eryations également intéreflantes pour les Chimifles de toutes les nations, ( Nore du Traduéleur ), SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 effet, du concours des lumières de quatre favans dont chacun écoit déjà connu en Europe par des découvertes. Mon attente ne fut pas trompée; & du moment où je pus lire la nouvelle Nomenclature , je réfolus de la faïre pafler dans notre langue. Mais ce n'étoit pes tour de traduire ; j'avois à prouver fur-tout que j'étois digne de cet honneur & aux Chi- riiftes efpagnols à qui je voulois être utile, & aux Chimiftes françois à qui je cherchoïs à rendre hontmage. Or, le principal & peut - être le feul moyen pour cela, éroit d'appliquer à ma traduction les excellens principes dont ces derniers fe font fervis pour la réforme de la Nomen- clature chimique ; c'étoit par conféquent de me permettre des change- mens tels qu'eux-mêmes ne puflent les défavouer quand je Les foumettrois à leur jugement. Parmi ces changemens, beaucoup font relatifs à notre langue, & à proprement parler ils ne font que pour les Chimiftes efpagnols par lefquels je ne crois pas qu'ils puiffent être défapprouvés. En confervane tous les noms de la nouvelle Nomenclature françoife , je m’expofois à des diflonnances défagréables à l'oreille, que l'harmonie & le caractère de l'efpagnol auroient fait trouver ridicules, & ce qui eft encore pis , à des équivoques qui pouvoient expofer à des erreurs. Les autres changemens ont pour objet la nouvelle Nomenclature en elle-même. Il n'a femblé que quelques - unes de ces dénominations n'indiquoient pas avec aflez de rigueur , & ne convenoient pas aflez exclufivement aux fubftances qu’elles défignent , & entr'autres mots j'ai infifté particulièrement fur oxyene, qui pour les raifons que l’on verra détaillées ci-après, n’exprime ni une propriété générale, ni une propriété exclufive de la bafe de l’air vital. À ces dénominations j'effaye donc d’en fubftituer d’autres ,ou plutôt je Les propofe , mais avec toute la méfiance que jai de moi-même & rour le refpect que je dois à mes maîtres. Je m’eftimerai heureux fi ces obfer- vations, quand elles ne contribueroient pas au progrès de la Chimie, prouvoient feulement mon amour pour une fciénce dont je m'occupe avec d'autant plus de zèle qu'elle doit être, d’après les ordres de mon Souverain , le principal objet de mes études pendant mon féjour à Paris. Pour procéder avec le plus de méthode poñlible, il me paroît effentiel d'examiner une à une, toutes les dénominations comprifes dans {a nou- velle Nomenclature, & de les parcourir dans l’ordre où elles fe trouvene dans le tableau que l’on en a formé. Ce tableau eft compofé de fix colonnes perpendiculaires , & la première qui eft pour les corps que lanalyfe chimique n'a pu encore décompofer , contient: 1°. Les fubftances qui paroiflent le plus fe rapprocher de l'état de fimplicite. 2°. Les bafes acidifiables non métalliques. 3°. Les métaux, Fu # 8é4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; 4°. Les terres. $”. Les alkalis, La première divifion comprend quatre corps que l’on peut regarder comme les plus fimples de la nature: la /umière , la matière de la chaleur, l'oxygène & l'hydrogène. ds Remarquons d’abord à l'égard de cetre première divifion que les Chimifles croient que la lumière, ainfi que la matière de la chaleur, entrent dans les corps comme parties confHtuantes: comme telle , c’eft- à-dire, dans fon état de combinaifon, cette dernière a un nom dans le tableau, & elle n’en a point dans fon état de liberté, tandis qu’au con- traire Ja lumière libre a une dénomination dans le tableau , & que rien ne la défigne en tant que partie conftituante des corps. De-là une objection que j'ai entendu faire par quelques Chimiftes à la nouvelle Nomenclature; & il me paroît d'autant plus néceflaire de m'y arrêter qu'il eft dificile de la réfoudre à moins de pofféder à fond la théorie de la Chimie, Les Phyfciens & les Chimiftes s'accordent aujourd’hui à regarder la lumière comme un vérirable corps qui, obéit à l'attraction & peur fe foumertre à l'analyfe; de plus ces derniers penfent rous qu'elie fe com- bine, & fait partie conftituante de plufieurs corps. M us fi ces combi- nailons font peu connues, s'il eft rare qu'on ait à en parler, pourquoi chercher à défigner particulièrement la lumière dans cet état de com- binaifon : voilà ce que diront les Auteurs de la nouvelle Nomenclarure ; à quoi on peut leur répondre que fi'on s’étoit contenté feulement de nommer des corps bien connus, plufieurs ont reçu des noms qui n’auroient pas du en recevoir , & que la lumière combinée ne méricoit pas plus d'être oubliée que ces autres corps. .. Quantà ce qui regarde la chaleur, M. de Morveau a dit dans fon Mémoire fur le développement des principes de la nouvelle Nomen- clature: æ Nous avons penfé qu'il falloit difinguer la chaleur qui # s'entend ordinairement d'une fen{ation du principe matériel qui en eft » Ja caufe, & nousavons défigné ce dernier par le mot calorique », Or, ce calorique fe fixe dans les corps ou s’en fépare, Dans le premier cas nous éprouvons du froid, & dans le fecond dé la chaleur. Les opérations chimiques tous donnent. conflamment l'exemple de certe vérité, & il peut fe faire qu’il n’y en ait pas une feule où il n’y'ait ou fixation ou fépa- ration de cette matière de la chaleur. Prenons, & ceci doit jeter le plus grand jour là:deflus, prenons l'air atmofphérique , & confidérons - le comme un feul uide élaftique compolé d'un corps quelconque que nous appelerons 4, & de deux portions de matière de la chaleur. De ces deux portions de la matière de la chaleur l'une fe trouvant combinée avec le corps À en fufilante quantité pour le tenir dans létat de fluide élaftique Me peut aucunement nous affe@er; au contraire l’aucre libre & fimplemene , diffeminée SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 265 diffeminée dans l'air, agit fur nous d’une manière agréable ou défagréable, fuivant le degré de la température qu’elle produir. D'après cela , & tout ce qui a été dit précédemment , on ne fauroit nier que [a matière de la chaleur étant admife comme principe eflentiel , #l ne füt néceflaire de fui donner un nom; & celui de calorique lui convient d'autant mieux qu'il eft court, & explique parfairement la fubftance qu’il défigne. La chaleur au contraire en tant qu’effet du calo- tique n’avoit pas befoin d'être nommée. Que peut importer en chimie, ou même comment défioner par des dénominations particulières des fenfarions aufli variées que celles produites par la préfence d'une plus ou moins grande quantité de la matière de chaleur? I eft entendu quil ae s’agit ici que de la chaleur dans fes rapports avec nous; fes effets fur les autres corps de la nature font abfolament diftiné@ts & doivent être confidérés fous un autre point de vue. Mais il n’eft point de mon objet d'expliquer comment la chaleur agit fur les différens corps. J'avois feulement à dire pourquoi la chaleur fenfarion ne devoit pas être nommée dans la Nomenclature chimique, & je crois l'avoir prouvé. 41 feroit vrai de dire cependant que le principe apelé calorique dans la nouvelle Nomenclature eft confidéré comme libre dans une infnité d'opérations de chimie ; & comme tel nous Le voyons De à diminuer la force d’aggrégation dans certains corps, propre à facilirer certaines combinaifons, &c. &c. Nous n'avons pas befoin alors pour nous faire une idée de fa liberté, de le confidérer comme caufe de fenfations (1), mais bien comme caufe agiflante fur les corps foumis à fon action. Sous ce dernier point de vue il femble donc que pour fe conformer aux principes de la nouveile Nomenclature , on auroit dû trouver à fon nom une modification qui exprimat fon état de liberté fous ce rapport. ; Le troifième mot dans la colonne des fubftances fimples elt oxygène. Cet oxygène joue le plus grand rôle dans la nouvelle Chimie, dont la théorie fe fonde prefque toute entière fur la fixation , la féparation de cetre fubftance, fes proportions & fes afinirés avec les corps avec lefquels elle fe combine. Il n’en eft donc pas qui mérite d'être examinée ‘plus foiyneufement. £ Le nom d'oxvoène lui eft venu ou bien de la propriété qu'on lui oo tx) Nos organes trop peu fenfibles ne fent pas propres à jugér ff la matière de Ja chaleur fe fépare ou fe combine dans les opérations chimiques, & font abfolument infufñfans pour déterminer\avec exaétirude le degré de chaleur qui fe produit alors, 11 a fallu avoir recours à la dilatation ou à la condenfation des fluides , ou plutôt à celle des métaux parmi lefquels il faut choïfir le mercure. Tout le monde connoit Jes thermomètres au mercure f propres à déterminer-avec précifion toûs les degrés de chaleur ou de froid, Tome XXXIII, Pari. Il; 1788. OCTOBRE. Lil 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, attribue de former toujours des acides (1), ou bien de ce qu'il ne peut y avoir d'acides fans elle, Voyons fi cette propriété d’engendrer des acides eft auf conftante que le fuppofent les Auteurs de la nouvelle Nomen- clature,, fi l’acidité peut nous fervir à diftinguer fi un corps eft combiné avec la bafe de l’air vital ou l'oxygène, enfin , fi à l’égard de certe déno- mination les Chimiftes que je viens de citer ne fe font pas éloignés des principes expofés dans leurs Mémoires. Ecoutons M. Lavoifer : « Il n'eft pas étonnant , nous dit-il, que dans » des tems très-voifins du berceau de la Chimie on ait fuppofé au lieu » de conclure; que les fuppofñtions tranfmifes d'âge en âge fe foient » transformées en préjugés , & que ces préjugés aient été adoptés & » regardés comme des vérités fondamentales, même par de très-bons » efprits' Le feul moyen de prévenir ces écarts , confifte à fupprimer , ou »* au moins à fimplifier , autant qu'il eft poffible, le raifonnement qui eft » de nous, & qui peut feul nous égarer , à le mettre continuellement à » Fépreuve de l'expérience ; à ne conferver que les fairs qui font des vérités » données par la nature, & qui ne peuvent nous tromper ; à ne chercher » la vérité que dans l’enchaînement des expériences & des obferva- » tions », &c. Si donc nous ne devons pas fuppofer, fi ce font des faits que notlS devons examiner , fi c’eft par eux que nous devons nous conduire; fi d’un petit nombre d’expériences il ne nous eft pas permis de tirer des conféquences générales ; fi nous favons, d’après les Aureurs mêmes de la Nomenclature, que de vingt-fix acides dont les bafes forment la feconde clafle des fubitances fimples , il n'y en a que quatre que nous puiflions décompofer , & dont nous démontrions la bafe & l'oxygène ; fi d’ailleurs on eft d'accord fur ce fait que tous les méraux étant fufceptibles de s'unir à l'oxygène, il ny en a cependant que trois qui deviennent acides ; fi d’après les propres expériences des Auteurs de la Nomenclature , l'acide muriatique oxygéné à proportion qu'il acquiert plus d'oxygène, perd de fa force & de toutes fes propriétés qui fervenr à nous faire reconnoître l'acidité; fi l’eau, c'eft-à-dire, le corps qui contient le plus d'oxygène dans la nature n’eft rien moins qu'acide ; enfin , sil eft reconnu qu'il y a des acides qui ne contiennent point d'oxygène (2), re (1) D’après plufieurs favans dans la langue grecque, oxygène fignifie rigoureufe- ment engendré des acides. D'autres an moyen des accens, veulent lui faire fign fier , comme les Auteurs de la nouvelle Nomenclature , engendrant Les avides. Mais en füppofant que ce foit ces derniers qui aient raifon , ne fufhroit-il pas que la fignification de ce mot paroiïfle équivoque à quelques-uns & faufle à d’autres, pour la rejeter, quand même l’oxygénéité feroit une propriété conflante exclufive , &e pourroit car2étérifer dans tous les cas la bafe de l’air vital? () M: Berthollet, lun des Auteurs de la nouvelle Nomenclature, a lu à l'Académie des Sciences un Mémoire où il prouve que l'acide pruffique ne contient : L 4 1 | : + 1 + , à SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 267 ferat-il pas vrai de dire que ce mot fert plutôt à fonder une fimple hypothèle qu'à démontrer un fait, & qu'il peut fouvent nous induire en erreur? Suppofons en effer un homme commençant l'étude de la fcience; dès- lors qu'il fait qu'oxvgêne fignifie engendrant , formanr des acides, n’efl-i! pas vrai que de la feule fignification de ce mort il doit tirer comme autant de conféquences infaillibles, 1°. que tous les acides contiennent de l'oxygène ; 2°. que tout corps combiné avec la portion d’oxygène à Aaquelle il eft fufceptible de s'unir, devient acide; 3°, que l'acidité & toutes fes propriétés feront d’autant plus fenfibles , toutes chofes d’ailleurs égales, que l'oxygène fera en plus grande quantité dans un corps; 4”. que le corps qui fera fufceptible d’abforber le plus d'oxygène, fera l'acide le plus puifflant de la nature. Or, examinons l’une après l’autre ces quatre propoftions. Premièrement , tous les acides contiennent-ils de l'oxygène ? I] feroit fort avantazeux fans doute pour la fcience que certe propofition fût généralement vraie; mais malbeureufement elle n’eft prouvée que pour un certain nombre de cas. Au moyen de l’analoyie on pourroit étenilre cette vérité à rous les autres ; mais qu’eft-ce que l’analopie quand elle n’eit pas appuyée d’ailleurs fur les fondemens les plus folides? Ce fur VPanalogie qui conduifit autrefois à croire que tous les fels avoient de la faveur & étoient folubles dans l’eau; rien n’étoit plùs généralement admis ni même plus probable en chimie; cependant nous favons actuellement que ces deux propriétés manquent à la fois à quelques fels, De même on a cru long-tems par analogie que les terres & les pierres étoient toutes infolubles dans l’eau; eh bien, nous connoiflons des terres folubles comme des terres infolubles. En général les conféquences ar analogie n'ont qu'une valeur bornée. Le tems & l’expérience en ont se prouvé la faufleté, & cela arrivera encore toutes les fois que les données qui leur fervent de bafe feront en petit nombre, & que d’un autre côté il y aura affez de faits pour les démentir & autorifer les doutes les plus raifonnables. d A certe conféquence , par exemple, que l’oxygène entre en général dans la compofrion de tous les acides, s’oppofent déjà plufieurs expé- riences que les Auteurs de la nouvelle Nomenclature ne faur.jenrrévoquer én doute, M. Berthollet , fi conou par la conftance & l'extrême lagaciré qu'il a mifes dans routes fes analyfes, & peut-être celui de trous les Chimiftes qui ait travaillé avec le-plus de fruit à découvrir la nature de lacide muriatique, croit que cet acide ne contient point d'oxygène. point d'oxygène, & qu’il eff compof£ de la bafe du gaz inflammable , de celle de Ja mofette atmofphérique & du carbone. Tome XXXIII, Part, II, 1788. OCTOBRE. LI 2 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D'après cela, avec quelle efpèce de fondement oferons-nous conclure ici par analogie? Nous favons en outre que de dix- fept fubftances- métalliques il y en a trois qui peuvent former des acides par le moyen de l'acide nitrique. En nous fervant de l’analogie nous pourrions donc tirer de ce fait la conféquence que tous les métaux forment des acides : ce qui eft impoflible à démontrer, ou plutôt ce qui eft démontié faux par lexpérience. La grande utilité de l'analogie, dir le fage Masquer, con- file à nous fuggérer des expériences à faire ; mais attendons le réfulrat, fi nous ne voulons tomber dans l'inconvénient de tirer des conféquences précipitées & erronées. C’éroit auf le fentiment de Bergman qui dans fes Opufcules Phyfiques & Chimiques (vol. 2, Diflert. de Platina, $. 6 ); dit en propres rermes : analogie m'a fi fouvent trompé , que j'ai pris le parti d’avoir recours dorénavant à l'expérience, Bien loin donc que l’on puiffe affurer que tout acide contient de foxygène, cette propofition jufqu'à préfent n'eft appuyée que fur ua petit nombre de faits, & elle a contr'elle les expériences de M. Berchollet, d’après lefquelles nous pouvons très raifonnablement foupçonner que l'acide muriatique ne contient point d'oxygène, & aflurer pofitivement qu'il n’en entre pas dans la compofñition de l'acide pruffique. Mais fuppofons pour un inftant que tous les acides, contiennent de l’oxygène , ce mot ne * nous en expoferoit pas moins à des erreurs, puifque la fubftance qu'il défigne , combinée avec l'hydrogène & avec quatorze métaux , ne forme point d’acide (1). Dans ces quinze cas au moins l'impropriété de certe dénomination feroit donc bien prouvée ; à cela peut-être l'on voudroit objecter que ces quatorze combinaifons métalliques avec l'oxygène contiennent trop peu de ce dernier. Mais qu'auroit-on à dire de celle- avec l’hydrogène où il entre en fi grande quantité? Secondement, tout corps s’uniffant à cette partie d'oxygène avec laquelle il eft fufceptible de fe combiner , devient-il acide? Vingr-deux corps contenus dans la colonne des fubftances fimples, c'eft-à-dire , le gaz inflammable, les quatre bafes connues des acides & les dix-fept métaux s’uniflent tous à l'oxygène, & il n’y en a cependant que quatre qui par Jeur combinaifon direëte avec cette bafe de l'air vital foiene propres à former des acides; ce font l'azote , le carbone , le Joufre & le phofphore. Quant aux trois acides métalliques’, pour devenir tels , ils one befoin de l'oxygène dans un état de liquidité, C’eft ainfi qu’en employant l'acide du ‘ritre nous formons les acides ar/enique , molibdique & wolfraïque (2). (1) Nous ignorons fi le diamant brûlé , ou ce qui eft la même chofe, uni à la bafe de l'air vital, forme un acide. (2) J'appellerai acide wolfraïque ce que les Auteurs de la Nomenclature françoife ant appelé acide sung/lique. Je donnerai ci-après les raifons de ce changement .. en parlant de la fubftance qui forme cet acide. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 26 Troifièmement, l'acidité & routes fes propriétés devroient être d'autant plus fenfbles dans des corps donnés, qu'ils feroient unis à une plas gtande quantité d'oxygène. Cette propofrion eft vraie dans certains cas jufqu'au point de faturation , ou ce qui eft la même chofe, elle convient aux acides dont la terminaifon elt en eux jufqu'a ce que leurs bafes fe faturant , ils paflent à cet état où. leur terminaifon doit être en que. Or, nous ne connoiflons que quatre de ces acides , le /u{fureux , le nitreux , le phofphoreux & l'aceteux ; car je veux bien fuppofer que ce dernier contient de l’oxygène ; mais lorfque celui-ci fe trouve en excès, l'acidité S’affoiblic au point que fans les fels neutres qui en réfultent , rien indie. queroit des propriétés acides. L’acide muriatique oxygéné nous fournit un exemple bien fenfble de cette vérité (1); car les caraétères de Pacidité y font déguifés à un point tel que MM. Bertholler & de Fourcroy afluroient que ce n'étoit point un acide; & à ce fujet ce dernier Chimifte ajoutoit que le nom d'oxygène n'étoit pas toujours convenable, puifque {a combinaifon dans certains cas , non-feulement ne forme pas des acides, mais même paroît détruire l’acidité, comme cela arrive à l’acide muriatique. D'après cela M. de Fourcroy dans la feconde édition de fes Elémens , avoic mis le gaz muriatique oxygéné, ou ce qui eft la même chofe, l'acide marin déphlogiftiqué, dans la claffe des gaz qui ne fervent ni à la combuftion ni à la refpiration , & qui ne font point falins ; & certe opinion s'eft maintenue jufqu’à ce moment où M. Ber- tholler forma avec cet acide un {el neutre qui a la propriété de détonerz fur les charbons ardens. À Quarrièmement, le plus puiffant de tous les acides feroit celui dont la bafe abforberoit le plus d'oxygène , ce qui eft abfolument contraire & aux expériences & au refte de la doëtrine des Auteurs de la nouvelle Nomenclature (2). Nous ne connoïflons pas en effet de fubftance à laquelle Foxygène s’unifle en plus grande quantité que l'hydrogène ou la bafe du gaz inflammable; & cependant de leur combinaifon réfulce: un fluide le plus abondant de tous dans la nature, celui dont nous faifons le plus d’ufage, en un mor, l'ex qui n’a rien d’acide, Îl n’y a point de Chimifte qui voulüt fe charger de démontrer par Facidité qu'un corps contiént de l'oxygène, & sil vouloit fe fervir de (1) Cet acide eff le feul que nous fachions bien (e-furcharget d’oxygèrie, & c’ef à caufe de cette propriété qu’il paroifloit métre-point acide. Qure l’on fuive donc les Auteurs de la nouvelle Nomenclature ou feulement M. Berthoilet, l'oxygène dois toujours être regardé dans ce cas comme anti-acide ou comme anti-oxygène, {elon M. Bertholler, parce qu'il fait partie conflituante de l'acide , & felon les autres, parce qu'en outre , il y ef en excès. (21 Poyez les Mémoires de l'Académie Royzle des Sciences de Paris, pag: z69 8 (uiv. — page 468 & [uiv, année 1785, s70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce caradtère il feroit bien loin de lui fuffiré'; car, comme nous l'avons dit, il nous eft prouvé que beaucoup de corps font combinés avec l'oxygène fans être pour cela ni pouvoir devenir acides, D’un autre côté il n’eft point prouvé que tous Les acides contiennent de l'oxygène. Donc après avoir démontré d’abord que tels ou tels corps font acides, ii faudroit enfuite nous faire voir leur nature: procédé extrêmement long , com- pliqué , peu chimique, & ce qui eft bien pis, convenant feulement à un. lu nombre borné de fubftances acides connues. Cette méthode d'ailleurs feroit abfolument infufhfante par rapport aux chaux métalliques , à l'eau & même par rapport aux acides donc nous ignorons la nature. L'acidité n’eft donc pas un moyen propre pour démontrer la préfence de l'oxygène dans les corps. L'imprepriété du mot oxygène étant bien prouvée, il me refte à préfent à parler de celle de fes dérivés, comme oxygëné, oxide, &c, &c. En examinant ici ces mots, je m'éloigne de l'ordre obfervé dans le tableau de la nouvelle Nomenclature; mais cela me paroït néceffaire pour n’avoir plus à revenir à ce qui regarde l'oxygène. Le mot oxygéné à été créé pour défiener les acides avee plus d'oxygène qu’il n’en faut à leur bafe pour s'en faturer ; mais on ne connoît qu'un acide, & c'eft le muriarique, qui fe charge d'oxygène avec excès ; donc ce n'eft qu'a lui feul & à fes combinaifons que peut convenir le mot oxygéné : & s’en fervir ailleurs , c’eft rendre cette épithète vague & équivoque. Si elle eft confervée par mes compatriotes, j'efpère qu'ils ne s’en ferviront que pour exprimer une fur-faturation de l’oxygène avec un radical acidifiable combiné ou non. Le mot oxygéné réduit à ne repréfenter , pour parler avec précifion , que l'excès de l'oxygène pour un acide, nous ne nous fervirons jamais de ces expreffions oxide d'arfenic oxygéné , oxide de molibdëne oxygen , au lieu d'acide arfenique & d'acide molibdique. En abufant ainfi du mot oxygéné, nous pourrions dire également acide fulfureux oxygene pour acide fulfurique , oxide uitreux oxygéné pour lacide du nitre: ce qui. enviendroit & au nitrique & au nitreux. 5 De même l’oxide de fer noir, ou l'éthiops martialoxygéné, nous repré- fenteroit à la fois l'ocre, le fafran de mars aftringent & le colcotar. L'oxide de plomb blanc repréfenreroit en même-tems la litharge, le mallicot, Je minium ; parce qu'en effer ces dernières chaux tenant plus d'oxygène que les premières , font oxygénées par rapport à celles-ci ; & il en feroit de même des autres chaux ou oxides métalliques, ce qui jetteroie de la confufon dans la fcience, & empêcheroit les Chimittes eux-mêmes de s'entendre. S'il eft donc clair au premier coup-d’æil que ces expreffions ne font rien moins que claires & exactes, l’on doi dire la même chofe de celle d'oxide d'arfénic oxygéné, d'oxide de molibdèng oxygéné, au lieu d'acide arfenique & d’acide molibdique, SUR L'HIST., NATURELLE ET LES ARTS. 271 Pour peu que l’on veuille réfléchir fur le mot oxide, on verra qu'il exprime tout le contraire de ce qu’on veut lui faire figniñer, En effet, ce mot générique créé pour les combinaifons de l'oxygène avec ces corps même qui dépofent contre la faufleté de cette dénomination , ou ce qui eft la même chofe, avec ces fubltances qui ne peuvent devenir acides par leur combinaifon avec l’oxygène , eft pris du grec ŒÆuc; & c’eft avec . ce mot fignifiant bien pofitivement acide, qu'on veut nous défigner des compofés non acides. 2 Comment donc, fans faire en quelque forte violence à notre efprit ; l’accoutumer à prendre le mot oxis comme repréfentant tantôt l'acidité, comme dans oxyoène , tantôt la non-acidité , comme dans oxide, & figoifiant déterminément un métal calciné jufqu'à un certain point ? Sera-t-il aifé de faire admettre certe efpèce de contradiétion à ceux qui commencent l'étude de la Chimie ? Ne feroit-ce pas prefque les dégoûter d'avance de cette fcience, & fur-tout fournir à ceux qui fans la connoître , & pour cela même qu'ils ne la connoiffent pas du tout, cherchent à la tourner en ridicule, des objections raifonnables dont ils ne manqueroient pas de profiter s'ils pouvoient parvenir à en fentir la valeur (1). IL faut convenir que rien n’eft plus impropre que cette expreflion de chaux métallique | & i n’eft guère de Chimilte qui n’ait eu occafion de faire certe remarque, Cependant il a bien fallu conferver cette dénomi- nation fi aucune autre ne peut la remplacer avec avantage, Les Auteurs de la nouvelle Nomenclature ont cru dévoir lui fubftituer oxide. Mais nous venons de voir combien ce mot auquel ils veulent faire fignifer les combinaifons dans lefquelles entre la bale de l'air vital & qui toutefois ne font pas acides, eft lui-même impropre , & au-deflous même de la dénomination que l’on vouloit lui faire remplacer. Si d’après ce que je viens de dire au fujer des mots oxygène, oxygéné, oxide, il peut être prouvé qu'ils ne rempliflent pas les vues des Auteurs de la nouvelle Nomenclature , il le fera auli qu'oxidarion eft impropre & ne peut remplacer calcination ; il en fera de même d’oxigéna- tion , &c. &c. en un mot, de tous les dérivés des mots précédens. æ Lorfque, die M. de Morveau (2), on a changé le nom d'air > déphlogiftiqué en celui d'air vital , on a fait fans doute un choix bien > plus conforme aux règles , en fubitituant à une expreflion fondée fur (x) Je parle des gens d: j’efpèce de celui qui trouva fort plaifant il y a quelques mois de parler de l’oxygène à propos des volcans de la lune. Cet homme en cher- chant à s’égayer ainf lui & le public , ne fit rire sûrement que les gens inftruits ; &il ne vit pas qu’en voulant faire-preuve de fagacité & de finefle, :l ne prouvoit rien qu’une ignorance qu’on ne pardonne pas même à ceux qui font profeflion de ñe point s’occuper des chofes d’ici bas. (2) Méthode de la Nomenclature chimique , page 35. ce :72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » une fimple hypothèfe , une expreflion tirée de l’une des propriétés fes >» plus frappantes de certe fubitance & qui la cara@érife eflentiellement ». À mon avis le nom d'air du feu, fous lequel le fameux Schéele nous défignoit cette fubftance , n'étoit pas moins propre à la caractérifer que celui d'air vital; il y a plus , cette dénomination a par-deflus l’autre un avantage; & c’eft qu'elle femble indiquer le moyen de diftinguer la nature de cet air en opérant fur des petites quantités, parce que ce n'eft pas communément par le moyen de la refpiration que nous l'examinons & parvenons alors à le connoître, mais bien par le moyen d’un corps en combuftion où combuftible. La combuftion eft-elle entretenue par le fluide élaftique que nous éprouvons ? cela fuffit d’abord pour nous faire reconnoître la préfence de l’air du feu , de l’air vical dont nous pouvons d’ailleurs eftimer le degré de pureté & le mêlange avec d’autres fluides élaftiques par la manière dont cette combinaifon a lieu, & donc il feroit dangereux de vouloir juger par la refpiration en opérant fur des grandes quantités, & impollible-en opérant fur des petites. Quelque propres que foient les noms d’air du feu, d'air vital, à défigner dans fon état de fluide élaftique le gaz qui entretient la refpi- ration & la vie, cependant comme {a bafe neft point toujours fondue par la chaleur, & qu'elle ne jouit pas toujours par conféquent d'une parfaite élaticité; comme nous la retirons en état d’air de plufeurs corps folides & liquides, en un mot, comme nous la connoiflons dans deux états , il éroit néceffaire de la confidérer & de la défigner dans celui de plus grande fimplicité. « La logique de la Nomenclature , dir M. de Morveau , » exigeoit qu'elle füt la première nommée , pour que le mor # qui en rappeleroit l’idée devint Le type des dénominations de fes » compofés ». Nous avons déjà prouvé que Îe nom d'oxygène donné à cette fubftance fimple par les Auteurs de la nouvelle Nomenclature ne lui convenoic point & n'étoit propre à remplir ni les intentions ni les principes de ges favans eux-mêmes. Quant aux noms d'air du feu & d'air vital, ils ne nous repréfentent ce principe que dans un état parfait d'élafticité. Pour l'indiquer donc ifolé & hors de toute combinaifon, il nous manque encere un nom ; il nous en manque un qui nous le repréfente fidélemene dans fes différens états , qui défigne une propriété conftante, infaillible, & nous empêche ainfi de tomber dans l'erreur. À préfent que l’on faffe attention que l'air viral eft le feul qui puiffe fervir à la combuftion, que dans fes trois états de folide, de liquide , de fluide élaftique, cette propriété relte toujours attachée à fa bafe, & que les Phyficiens & les Chimiftes d'accord là-deffus regardent fa préfence comme indifpenfablement néceflaire pour entretenir la combuftion ÿ ue l’on fe fouvienne que les Chimiftes qui fuivent la doctrine du phlogiftique , le célèbre Stahl à leur tête, conviennent qu'un corps, pour 1 f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 pour perdre fon principe inflammable , a befoin d'être brûlé, ou ce qui eft la même chofe , qu’il a befoin pour être déphloziftiqué d'une action réciproque entre l'air & lui ; ou pour m'exprimer avec plus de précifion, que l'on fe fouvienne que ces Chimiftes difenc que tout corps après avoir perdu fon phlogiflique, refte comme s'il avoit éprouvé une parfaite com= buftion , c’eft-à-dire, qu'il ne peut fe déphlogiftiquer fans s'unir à la bafe de Pair vital; que l’on fe rappelle encore que parmi ceux qui ont modifié cette doëtrine du phlosiltique , le laborieux Macquer & fes partifans confidèrent l'air vital comme néceflaire pour pouvoir dépouilier un corps de fon phlogiftique (r) , ou plutôt de {a luinière fixée, tandis que Kirwan & beaucoup d'anglois penfent que fans air de feu, on ne peut obtenir ni cendres métalliques , ni la combuftion d’aucun corps. Si l'on ajoute à ces différentes confidérations que les Chimiftes modernes qui rejettent le phlogiflique, comme M. Lavoifier & tant d'autres admettent encore plus que d’autres, s'il eft poflible, le principe dont il s'agit pour toutes les combultions , acidifications, &c. qu'ils avouent que tout acide eft un corps brülé, fans que pour cela tout corps brülé foic acide, que la combuftion eft la combinaifon de l’oxygène avec un corps quelconque; enfin, qu'une fubftance , fi elle n’eft inflammable , ou plus rigoureufement fi elle n'eft combuftible, ne peut s'unir direétemear avec l'oxygène , mais qu'au moyen de cette-union fa combuftion doit avoir néceflairement lieu, ce fera plus qu’il n’en faut pour être convaincu que tour le monde, jufqu'’aux perfonnes les moins inftruites, jufqu’au peuple lui-même qui fait qu'il n'y a point de feu fans air, admet la nécelliré de ce principe pour fa combuftion, Ain cette vérité fera commune à tous; mais chacun l’admettra par des raifons & des principes différens. Les Sthaliens diront que les corps en perdant leur phlogiftique, tout ce qui n'eft‘point feu refte fixé, comme, par exemple , la terre métallique dans les métaux , &c. Macquer & les iens aflureront que c’eft la lumière qui fe fépare des corps, & que l'air alors , ou plutôt fa bafe, vient s'unir à eux; Kirwan, que l'air vient fe combiner avec les corns combuftibles fixes fans qu'ils perdent rien de leur phlogiftique qui s’unit à l’air pur quand ces corps font volatils (2), = me (x) Je faïfirai cette occafon pour rendre à M. de la Métherie une juftice qu’on a quelquefois affe@é peut-être de ne pas lui rendre : c'eft que de tous les parti{ans de la doëtrise du phlogiftique , il eft Le premier qui ait avancé décidément que la bafe du gaz inflammable eft le vrai phlogiftique de Stahl (Journal de Phyfique, 178r,178:, & feconde édition de Pexcellent Traité des Airs). Cette idée vraiment belle fut aufi-tôt accueillie par Kirwan, Prieflley & la plus grande partie des autres favans défenfeurs du phlogiftique, parmi lefquels M, de la Métherie eft fans contredit un des plus diftingués. 2) Pour parler avec une exa@itude rigoureufe, Kirwan prétend que le phlo- giffique (e (épare des corps combufibles fixes pour venir s’unir'en général à l'air Tome XXXIIT, Part. U, 1788. OCTOBRE, Mn »74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pour M. Lavoiñer & ceux qui fuivent fa doctrine, il n’y a point de phlogiftique , mais feulement une combinaifon directe de l'air avec les corps combuftibles (1) ; & en dernier lieu le peuple, en admettant la combinaifon de l'air avec le corps en combuftion, ne fuppofe rien, n’explique rien ; mais il affirme ce qu’il voit, ce que l'expérience de tous les jours lui enfeigne ; enfin, ce qui eft bien certain, Mais il ne fufñt pas de prouver que l'air vital eft le feul qui puiffe entre- tenir la combuftion , il faut encore faire voir que fa bafe , au moyen de laquelle il jouir de cette propriété, la pofsède dans tous fes états, plus particulièrement dans celui de liquidité. Plufieurs corps fur lefquels elle n'a point de prife à la température ordinaire & quand elle jouit de toute fon élafticité , font vivement attaqués par elle, & brülés rapidement alors qu’ils font expofés à fon contact & qu'elle manque abfolunient de reflort comme quand elle eft en état liquide; rels font rous les métaux & les autres corps combuftibles, à l'exception du gaz nitreux & du phofphore (2). : Non-feulement la bafe de l'air fe trouve plus propre à la combuftion de tous les corps quand elle eft liquide; mais il eft encore quelques fubitances vital, & forme l'air fixe qui fe combine avec ces fubfiances déphlogifliquées. Selon Jui les matières combufibles volatiles perdent aufli leur phlogiftique par la com- buflion , & fe réfolvent prefqu’entièrement en eau , en air fixe & en air déphlogifti- qué ; fubftances qui contiennent toutes le phlogiftique , mais dans diverfes propor- tions. Comme Kirwan modifie & particularife fon fyflèême dans certains cas pour expliquer la combuftion, il eft impoflible de le prélentér d’une manière générale ; mais il convient que fans la bafe de l'air, il n’y a point de combuftion, & que toutes les fois que celle-ci a lieu , le phlopiftique des corps brülés fe fépare. Nous favons d’ailleurs que tous les corps combuftibles font ou fixes ou-volatils. Les premiers en perdant leur phlogiflique acquièrent ou de l'eau, ou plus communément de air fixe : de manière que tout métal brülé eft fa terre métallique , plus le phlogiftique , plus la bafe de Pair ; & dans tous les cas où ces fubftances auront été brülées à l’aie & à une certaine température, on pourra les confidérer comme un fel neutre com- pofé d’un acide, l'air fixe ou gaz carbonique: & de la terre particulière au métal qui formera fa bafe. Quand les corps que l’on brûle font volatils , leur phlogiftique s’unit en différentes proportions à l'air pur, pour former les compofés que nous avons dits, Jefquels fe volatilifent à l'air libre. (1) Si je dis que l’air fe fixe dans les corps, ce n’eft que pour une plus grañde clarté que je me fers de cette expreflion. Je fais bien que l’air comme tel, ne peut devenir ni liquide ni folide , & que pour qu’il fe trouve dans ces deux états, il faut qu'il ait perdu fa fluidité élaflique, f (2) I paroîtra fort extraordinaire que je mette le gaz nitreux au nombre des corps combuflibles , quand jufqu’à préfent aucun Chimifle que je fache ne Pa conf- déré comme tel ; mais non-feulement je le crois combuftible, j’oferai encore affurer gne je ne connoïs qu'un corps, un feul corps dans la nature, qu’on puiffe lui com- parer pour la difpofition à la combufhibilité avec le conta@ de Pair. Ce corps, c’eft le gaz phofphorique. Je prouverai quelque jour cette vérité, qui peut-être furprendra à préfent quelques Chimies. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 275 combuftibles qui ne fauroient être attaquées par elle que quand elle eft dans cet état, & telle eft la platine. Par le moyen de la bale de l'air ainfi modifiée, les Chimiftes calcinent des métaux , & brûlent des corps au milieu de l'eau avec l'eau même, & peut-être avec plus de facilité au milieu de ce fluide qu’à l'air libre, ce qui paroîtra étonnant à ceux qui ne pourront pas bien faifir toute la théorie de la combuftion. Si dans ces deux états de folide & de liquide , Pair eft propre à Ia combuftion , il participe aufli de cette propriété dans fon état de folidité, Les chaux que nous appelons métalliques ne font autre chofe que des métaux brülés, ou la combinaifon d’un métal avec la bafe de l'air vital. Les acides nitrique, fulfurique & phofphorique font également la mofette atmofpherique , le foufre & le phofphore brulés, La réduétion des métaux calcinés, ou lopération par laquelle nous faifons reparoître ces fubftances dans leur état de plus urande fimplicité, ne peut avoir lieu fans Ôrer à ces corps la bafe de l'air, c’eft-à-dire, fans les rendre combuftibles, de brülés qu'ils étoienr. Mais comme ce principe qui brûle, nous ne pouvons le féparer & l'obtenir fans combinaifon, il faut lui préfenter un autre corps auquel il aille s'unir en vertu d'une attraction éleétive plus forte que celle qui l'attachoit à la première combinaifon. C'eft ainfi, comme je l'ai déjà dit, que nous réduifons les métaux ; que nous mettons la mofette à découvert dans l’acide nitreux, le foufre dans les fels vitrioliques, que nous formons le phofphore, &c. La fubftance que nous employons pour ces différentes opérations, elt celle que l'expérience nous a démontré avoir le plus d’afinité avec l'oxygène , c'eit le charbon, Le charbon par conféquent défräle, fi l’on peut parler ainfi, tous les corps de la nature en même-tems qu'il eft brûlé lui-même. Il arrive quelquefois que l’on peut féparer cette bafe de l'air des corps auxquels elle eft unie par le moyen de la feule chaleur. Mais dans ce cas, cet air refte toujours vital & peut fervir encore à la combuftion , au lieu que dégagé par le charbon , il fe modifie en un gaz qui n’a aucune de ces deux propriétés. | D'après tout ce qui précède , il eft évident que le feul moyen de cônnoïtre {i un corps, quelles que foient fes propriétés, contient de l’oxy- gène dans quelqu’érat qu'il fe trouve , c’eft la combuftion du charbon. En effer, cette propriété de brüler appartenant conftlamment & exclufi- vement à la fubitance fimple dont nous parlons, laquelle à une certaine température abandonne tous les corps auxquels elle eft unie pour venir fe combiner avec le charbon & Le brüler , il eft clair qu'à l'exception de ce cas où le principe brülant fe trouve uni au charbon lui-même, c’eft-à- dire au corps qu'il préfere dans fes combinaifons , & dont par conféquent aucun autre ne peut le féparer ; dans rous les autres cas nous fommes sûrs que ce corps ( le charbon } eft propre à nous le manifefter, Tome XX XI, Parr, II, 1788, OCTOBRE, Mm2 276 OBSERVA TIONS SUR LA PHYSIQUE, Mais les Chimiftes ne connoîtroient-ils point de corgs qui pût dégager # nous préfenter de nouveau ce principe de la vie dans route fa force & route fon énergie, quand une fois il fait partie conftituante du gaz carbo- nique ? Ce pouvoir elt rélervé à cout le rèone végétal, Rien ne fe perd dans la nature ; le charbon de nos foyers en apparence confumé , celui que la fermentation végétale a fair difparoître à nos yeux & que nous croyons en quelque forte anéanti, tout cela eft retrouvé, pour ainfi dire, par la nature végétale. Elle Le retravaille dans fes laboratoires , en fair en quelque forte un de fes principaux alimens; & dans fa fagefle, non -feuleme. € elle s'occupe à réunir en grandes mafles ce charbon .que nous avions confumé, ais encore elle nous préfente dans fon état de pureté, d’élafli- cité ,en un mot, tel qu'il nous eft néceflaire pour exifter , ce même air vital qui avoit déjà fervi à la refpiration , à la combuftion , dont par con- féquent nous avions épuifé toute la chaleur & qui n'exiftoic plus pour nous. Il ne tient qu’à nous de nous rendre à chaque inftant témoins de cette fublime opération végétale. Nous n'avons pour cela qu'à mettre fous une cloche de verre de l’eau chargée de gaz carbonique & quelques feuilles vertes de végétaux. En expofant le tout au foleil l'on verra à proportion que la végétation fépare le principe carbonique qui eft dans l’eau , l’air devienr pur & tel qu'il eft néceflaire pour entretenir la refpiration. En réfumant à préfent tout ce qui vient d’être dic de l'oxygène, il eft douteux d’abord que tous les acides contiennent ce principe (1); & il eft certain que quand il y eft par excès, il diminue les caractères de l'aci- dité, au point même que le corps qui en contient Le plus dans la nature , n’eft nullement acide. Si donc la propriété d’oxygéner ou d’acidifier ne convient que dans très-peu de cas à ce principe , fi dans beaucoup d'autres elle ne lui convient point, fi cette dénomination d'oxygène n’eft fondée que fur une hypothèle, qu’elle n’ait été adoptée jufqu'à préfent que par un petit nombre de Chimiftes , & que l'expérience contredife fréquem- ment fa fignification ; fi d’ailleurs tout le monde eft d’accord qu'il n’y a point de combuftion fans air, que c’eft la bafe de cet air dans quelqu’état qu’elle fe trouve , dans quelque combinaifon qu'elle entre (2), qui lopère, que tout corps qui brüle ne le fait qu'au moyen de cette bafe, qui feule dans la nature jouit de cette puiffante faculté ; enfin, fi nous ne pouvons iloler & examiner à part ce principe pour trouver un nom dans fa nature, ce nom-là il faudra donc le tirer néceffairement d'une propriété conf- (x) Et plus que douteux, puifque nous favons très-firement que l’acide pruffique ne contient pas d'oxygène, (2) 11 faut excepter, comme je l’ai dit précédemment, le cas où cette bafe fe trouve combinée avec Je charbon, Mais alors même, il ÿ a un moyen de d‘mon:rer Pair yital, & je lai indiqué. |4 | | |4 14 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 277 tante, exclufve, fondée fur des faits & indépendante de toute hypothèfe, Or, cette propriété dans la bafe de l'air vital eft celle de brûler. D’après, cela apoelons-la ,;non plus oxyyène, maïs principe brélans , principe comburant, ou pour me conformer à l’ufage qui fait tirer du grec la plupart des noms techniques dans les fciences, arke-kayon (1) , de apxn principe ; & alu brûlant. Quand nous voudrons confidérer cette fubftance dans fon état de fluide, élaftique, nous ajouterons le mot de gaz ou plutôt d'air , ce qui fera en efpagnol gaz où ayre arki-kayo, & en françois fi l'on veut gaz où air arke kaye qui feroit fynonime alors d’air vital & d’air du feu. J’aimerois mieux cependant que l’on fe fervit de ces deux dernières dénominations quand le principe dont il s'agit ici fera confidéré dans toute fon élafticité; la première lui fera réfervée pour quand il fera liquide ou folide ; ainfi, par exemple, pour exprimer que l'eau eft un compolé, nous dirons qu’elle eft formée d’arke-kaye & de la bafe du gaz inflammable; de, même cet arke-kaye & le foufre feront d'y former lacide fulfurique : & pouf qui faura ce que j'ai déjà fouvent rénété, c’eft-à-dire, que ce principe ne s’unit qu'aux corps combuftibles, & qu'il ne peut le faire fans les brûler , il fera auffi exact de dire que la bafe de la mofette atmofphérique & l’arke -kaye combinés dans la proportion de 3 à 7 forment l'acide nitrique , comme de dire que cet acide eft de la moferte bien brûlée ; & rien n’empêchera pour cela que nous ne diftinguions les acides fulfurique & fulfureux , nitrique & nitreux , &c. Admettons & fuppofons. pour un inftant que l'acide muriatique oxygéné, comme veulent l'appeler quelques Chimiftes, contient en excès la bafe de l'air vital ou l’arke-kaye , nous l’appelerons acide muriatique arke-kayé (2) ,& cette épithète fera feulement pour les acides, quand il nous fera prouvé qu'ils font dans ces états de fur-faturation que nous ne faifons que fuppofer ici. Les chaux métalliques ou ox/des de la nouvelle Nomenclature, feront pour nous des arké-kayes métalliques , où pour abréger, des Xayes métalliques. Ain il y aura des Æayes d'argent, des kayes de mer- . , (x) Ce mot ne fonne peut-être pas à l'oreille auffi bien qu’oxygène; mais d’abord Je nom oxygène ne peut convenir au principe dont il ef ici queltion ; & fonore ou non , il faut le profcrire. Je dirai enfuite que j’ai écrit pour les Chimiftes efpagnols, & affurément arke-kayon prononcé & modifié comme il doit l’être dans notre langue, (arki-kayo) eft bien loin d’être dur. Au refte,les Chimiflés françois & les autres adopteront ce mot-là ou un autre, qu'importe ? pourvu qu'il correfponde à celui de principe comburant, qui défigne fi clairement, fi exclufivement, la bafe de Pair, vital. 5 (2) L'on dira de l’adje@if arke-kayé ce qu'on aura déjà dit d’ayki-Kaye, c'elt-à- dire, qu'il ef dur & barroque ; mais encore une fois j'écris pour mes cos-patrio & en efpagnol arki-kayado ne fera pas moins bon qu'arki-kayo, 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cure , &v, & ces expreflions ne fignifieront autre chofe au fond que de l'argent brûlé, du mercure brülé, &c. Mais comme chacun de ces métaux peut être plus ou moins brûlé ou. combiné avec plus ou moins d'arké-kaye , ce qui leur donne différens afpedts , nous les diftinguerons comme ont fait les Auteurs dé la nous: velle Nomenclature , par des épithètes relatives ou à leur couleur ou aux. différentes manipulations employées dans leurs préparations (1). | Le mot hydrogène termine la quatrième clafle de la première | colonne, Certe dénomination n'eft pas moins impropre que celle d'oxygène; & les raifons qui doivent la faire rejerter fe préfentent au: premier coup - d'œil. Pour n’en donner qu'une feule, pourquoi le mot hydrogène ou engendrant l’eau d’après la fignification que l’on donne À ce compofé grec dans la nouvelle Nomenclature, convien- droit-il plus au gaz inflammable qu'à la bafe de l'air vital: L'on pourroic même dire plus : pourquoi cette dernière ne feroit-elle pas l'hydrogène par préférence, puifqu'elle entre dans une plus grande proportion que l’autre dans la compofñtion de l’eau? D'après M. Lavoifer lui-même (2) ,: il faut en effet 15 grains de gaz inflammable fur 85 d'air vital pour former 100 grains d'eau. CLASSE SECONPDE. Bafés acidifrables. Cette claffe contient vingt-fx corps fimples , quoique les acides expofés dans a table foient au nombre de vinot-neuf; mais il y a trois corps dont la bafe eft métallique, & dont il fera parlé bientôe après dans la claffe qui renferme les métaux. Ces vingt-lix fubftances {ont défignées par la dénomination de bafes acidifrables , ou plus briévement par celle de radical ‘de tel ou rel acide; & cetre manière de nommer des êtres non encore connus, mais dont l’exiftence nous eft prouvée , elt infiniment avantageufe. Ce mot de radical leur con- viendra.en effet, foie qu'on Les confidère comme fimples, comme dans beaucoup d'acides minéraux, foit comme plus où moins compolés, comme dans, tous les acides végéraur & animaux, à l’exception du phofphorique & du phofphoreux, De plus les Auteurs de la nouvelle (1) En bititiant ainfi dans la Nomenclature efpagnole le mot arki-kayo à celui d'oxygène, celui d’arki-kayado à oxigéné , kaye à oxide, &c. il ef clair, d’après tout ce qui vient d’être expolé, que je n’ai cherché qu'à expliquer un fait & ; à m'éloigner de toute hypothèle. ; (2) Mémoire de l’Académie Royale des Sciences, année 1781. L’on péut voir au vefle au fujet de ce mot hydrogène , que je pourrois aifément prouver ne devoir pas, être employé, le Mémoire de M, de la Métherie dans ce Journal, feptembre 1787, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 « Nomenclature diftinguent les radicaux acides connus de ceux dont on «ignore la nature. Les premiers, au nombre de quatre , font l'agore, le : catbone, le foufre & le phofphore. Les autres vingt-deux font les radi- caux muriatique , boracique, &c. &c. Nous les examinerons dans le même ordre qui eft obfervé dans le tableau. Azote. Dans la Nomenclature françoife , azote éft fynonime de cette expreflion , bafe de l'air phlopifliqué, & ïl eft formé du grec £u, vie, précédé de l’z privatif, Ce mot eft celui qui m'a le plus embarreflé ©'dans la traduction de la nouvelle Nomenclature, parce qu’en le tradui- fant littéralement je m'expofois à faire confondre fa fignification avec * celle d'un mot femblable déjà exiftant dans notre langue, Les Auteurs de ceme Nomenclature appellent l'azote gaz azotique quand il eft dans l’état de fluide élaftique ; mais outre que cette terimi- naïifon en zgue femble faire fuppofer un acide, & par conféquent nous induire en erreur , il me paroît équivoque & peu conforme aux principes de la nouvelle Nomenclature d'appeler la bafe de ce principe azote, & quand elle left en état de gaz azorique. Pourquoi quard, pat rapport aux autres fubftances fimples {ufceptibles de pafler à l’état de fluide élaftique , on s'étoit interdit de rien changer aux terminaifons , à l'exception feule- ment du radical nitrique; pourquoi, dis-je, s'éloigner encore fans néceflité de cette règle , & appeler azorique l'azote en état de gaz. L’on ne fera point expofé à cer inconvénient dans la Nomenclature elpagnole, au moyen de ce qu'adoptant le mot grec tout entier , j’appellerai azoé la “bafe de l'air déphlogiftiqué, & que je ne ferai qu’ajouter le nom de gaz quand je la confidérerai avec toute fon élafticité, ce qui fera gaz azoé. Les trois mots fuivans font le carbone, le foufre & le phofphore. Par le premier mot les Auteurs de la Nomenclature veulent repréfenter le charbon pur; quant aux deux autres ils n'ont aucunement modifié les noms vulgaires ; & ce n'eft point fans raifon qu'ils en ont agi ainfi; car fi nous brülons ces trois fubftances, la première laifle de la cendre pour réfidu , tandis que les deux autres brûlent en entier. Nous conferverons, de même que les noms précédens , ceux des autres radicaux, en exceprant toutefois le gallique &le faccho-la&ique. Le premier préfenteroir un fens plus qu’équivoque en efpaonol. Gallique (gallico ) fignifant chez nous le virus vénérien , la première idée que fembleroic préfenrer cette expreflion d'acide gallique , feroic celle d'un acide véné- rien particulier que perfonne certainement ne connoït. À cette-dénomi- nation de gallique, je fubftituerai donc celle d’agallique ( agallico ) ‘d’agalla, en françois noix de palle, qui eft la fubftance dont ce principe aftringent eft extrait en plus grande quantité. Je changerai de même cette dénomination de fuccho-la&ique , parce qu’elle eft équivoque dans notre langue, & peut-être aufli en françois 28o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Celle de faccharo-la&ique rappellera infiniment mieux lacide qu’elle repréfente ; &.je l'adopte d'autant'plus volontiers, qu'en cela je‘me trouve d'accord avec'M. de la Métherie qui a propofé le même changement dans Je Mémoire que j'ai eu déjà occalion de citer. CLASSE TROISIÈME. Subflances métalliques. Ces fubftances font au nombre de dix-fepr , & rangées dans l’ordre fuivanc : L’arfenic, la molibdène , le wolfram (1), la manganèfe (en “efpagnol alabandina ),.le zickel , le cobalt , le bifnuth , l'antimoines le zinc, le fer, l'étain, le plomb, le cuivre, le mercure, l'argent, la platine & l'or. Parmi ces dix-fept fubftances, il y en avoit quatre en françois dont [a terminaifon étoit feminine ; pour la rendre mafculine comme celle des autres, & établir à cec égard-là une certaine uniformité, on n'a eu qu'à changer des articles ; & au lieu de dire la molibdène, la platine, &c. on adit /e molibdène, le platine, &c. Le caractère de notre langue s’'oppofe à cette modification. En changeant l'article nous ferions obiigés aufñ de changer la cerminaifon du nom: ce qui feroit ridicule ; comme fi voulant faire mafculin La plato (l'argent) , nous difions e/ plato un plat , une afliette. Ainfi danc en ceci je fuis forcé de ne poine me conformer à la Nomenclature françoife, & de conferver le mêlange des mots mafculins & féminins : ce qui au fond ne peut pas plus nuire à {a fcience qu'à l'oreille. J'obferverai que les trois premières fubftances métalliques, l’arfenic, le molibdène & le wolfram font aufli des radicaux acides, & qu'ils deviennent tels au moyen de l'acide du nitre. Les autres ne font fufcep- tibles que de calcination , ou pour me fervir de mon mor, de kayarion. Quelques-uns de nos Chimiftes ont voulu introduire dans notre Nomenciature le nom de manganèfe , fans aucune autre raifon certai- nement que celle de voir ce mot admis par les étrangers. Je lui fubfti- tuerai celui d'alabandina, 1°. parce qu'il exifte dans notre langue & qu'il et fnore; 2°. parce qu'il n’expofe point les commençans à con- fondre deux fubftances qui n'ont rien de commun entrelles, comme la manganèle ou magnéle noire & la magnéfie blanche ou l'ordinaire; 3°, enfin , parce que ce mot alabandina en elpagnol exprime la propriété (x) J’appellerai wolfram ce que les françois appellent affez généralement runp flène. Ce premier nom elt celui qui lui convient, & que lui ont toujours donné les ae habiles Chimiftes efpagrols, MM. Deluyar , dont les excellens Mémoires für le wolfram qu’ils nous ont les premiers fait Çonnoître comme un métal particulier, font entre les mains de tout le monde, la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 281 Ja plus effentielle de cette fubftance , celle que tout le monde lui connoît, de laver en quelque forte la matière du verre , de la blanchir comme le favon blanchit le linge, & de lui donner toute la tranfparence, tout l'éclat dont elle eft fufceptible, CLASSE. QUATRIÈME, Terres. Les terres font au nombre de cinq, & leurs terminaifons font toutes féminines , la filice , l'alumine, la baryte, la chaux ; lamagnéfie. Ces fubftances auront les mêmes noms en efpagnol, & je voisd’autant plus d'avantage à les conferver, que de ces fubftances on tire aïfément les adjectifs dont on a befoin. Ainfi lés adjetif$ correfpondans à la filicè ou terre du quartz feront dans notre langue filiceo , Jilicea, qui feroient en François filiceux , ftliceufe, & dont M. Garcia Fernandez s'eft déjà fervi dars fon eftimable Aualyfe, des Eaux de Solar de Cambras ; je dirai de même baritico , baritica , caliza , caliza (x) , 6e. &c, à l'exception de l'adjectif de la magnéfie qui fera en efpagnol magnefien pour les deux genres, de manière que quoique /a/ .en efpagnol {oit féminin, l'on pourra dire également /al magnéften, vitriolo magnéfien. \ *:4 0: *3 CLASSE CINQUIËÈME Alkalis, * 2 Cette clafle ef la plus courte de toutes, & elle termine la colonne des fubffänces fimples. Elle. comprend les trois aikalis auxquels les Auteurs de la noûvelle Nomenclature ont donné , ainfi qu'aux, terres}, des terminaifons féminines. Ce changement nous eft encore interdit. D’ail- leurs, pourquoi facrifier ce nom de zarron? Pourquoi changer celui d'ammoniac , d'autant plus commode pour nous, que l'adjectif ammo- niaco nous fert pour le mafculin comme pour le féminin, & que nous difons également e/pirtu de fol ammoniaco , gomme ammoniaco. - Pour défigner ces, alkalis dans leur érat de pureté , nous employerons les noms fuivans : poraffe exprimera l’alkali fixe végétal du tartre; natron, VPalkali fixe minéral , l'alkali marin (2), &c..& l’'ammoniaque, l'alkali volaril Auor, l’efprit de fel ammoniacal , &c, Ces dénominations refteront (+) J’aurois pu au lieu de calizo dire calcareo , maïs cela expofoit à confondre Padie@if cal (chaux ) avec cette terre calcaire qu’il n’y a pas bien du tems que les Chimiltes regerdoïent comme üñe‘terrd particulière." à (2) Je prendsice mot depréférence!à celui de ford, qui eft auffi le nom de la baryte. Je fuis,encoré en cecid'exemple-de M. dell Métherie ; &nous avons tous les deux celui du célébre Bergman , qui avoit adopté le: mot natron. : Tome XXXIII, Part. II, 1788. OCTOBRE. Na 282 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'autant plus aifément dans la mémoire, qu'elles étoient déjà en ufage parmi nous, Colonne Jfeconde.* I! s’agit dans cette colonne des fubflances fimples mifes à l'état de gaz par le calorique. I n°y'en a que quatre fufceptibles de pafler à l’état de fluide élaftique : l'oxygène , l'hydrogène , l'azote & l’ammoniaque. J'ai déjà expofé ce que je penfe des noms des deux premières fubftances , & je crois avoir prouvé que l'oxygène feroit plus rigoureufement défigné par le mot arki-kayon. Dans l'état de fluide élaftique ce fera donc le gaz arki-kayon , & l'hydrogène dans le même érat je Fappellerai gaz inflammable. Quoique nous ayons déjà parlé de l’agore & expofé ce que nous penfons de ce mot , ôn nous permettra de nous arrêrer encore un peu fur ce mot. Les Auteurs de la nouvelle Nomenclature l'ont adopté à caufe de la propriété de la fubftance qu'il repréfenre de ne pouvoir fervir à la refpiration. Mais l'acide carbonique eft dans le même cas ; tous les autres gaz, à l'exception du vital, tuent comme Fazote ; ils pourroient donc être appelés comme lui. Le mot moferte du latin mephiis, exprimeroit précifément Ja même chofe qu'azote, & l'épithère atmof- phérique l’auroit parfaitement diftingué de rous les autres gaz délérères, D'après cela je préférerai cette expreflion, moferte atmo/pherique à celle. d'azote, Le quatrième & dernier gaz contenu dans cette colonne ; eft le gaz ammoniacal où l'ammoniaque, Ce nom explique fort bien fa nature ; il ef fonore , & nous nous en fervions d’ailleurs. Ces qualités font plus qu'il n’en faut pour le faire refter parmi nous, Colonne troifièmes © Cette colonne eft encore compofée des fubflances femples , mais combinées avec l'oxygène ; dans fa cinquième cafe on a mis: bafe du gaz nivreux , acide mitrique & avec excès d'azote, acide nitreux. Dans la feprième acide fulfurique , & avec moins d'oxygène, acide fulfureux 3 dans la fuivante on trouve de même acide phofphorique & acide phofphoreux , & immédiatement après ‘vient l’aczde muriatique qui avec excès d'oxygène eft appelé acide muriatique oxygéné. On remar- quera dans cette colonne que les acides à qui on ne connoît qu'un érat d'oxygénation font terminés en ique ou en eux , fuivant que cela a paru plus doux à l’oreille. ‘ Dans la cafe treize on trouve d’abord acide acéteux, & avec plus d'oxygène, acide acétique. Pourquoi ne pas dire en premier liet acide acétique, & avec excès de bafe, acide acéreux? De même on diroit acide nitrique avec moins d'oxygène, acidenitreux , & avec moins encore, bafa SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 98} di gaz nitreux. En fupprimant ces mots de plus ou moins d'oxygène, on pourroic dire , par exemple, acide muriätique, & puis acide muriatique oxypené, &c. &c. & cela s’accorderoit fans doute avec Le titre de la colonne , mais n'en feroit pas plus intelligible. Il étoit poffible de remédier à cet inconvénient, & comme je me fuis permis de le faire obferver dans le tems à mon Maître , M, de Fourcroy, il fuffifoic pour cela de donner pour titre à cette colonne : Subflances Jaturées par l'oxygéne. Alors en effet on trouveroit & on aurois mis avec raifon dans leurs çafes refpectives acides /ulfurique , nitrique , acétique , €c. 6e. Mais leurs bafes peuvent contenir l'oxygène où mon arki-kayor avec excès ou en moins, c'eft-à-dire, qu'elles peuvent être ou fur-farurées ou non encore faturées. On en avertira, & fa termiraifon fera dans le fecond cas en eux, tandis que dans le premier cas on ajoutera toujours l’adjeétif oxygène (arki-kayé ). Pour les acides précifémenc faturés, c'elt-à-dire, pour ceux qui tiennent le milieu entre les fur-faturés & les non-faturés, la terminaifon en zque fuffc: & il feroic inutile de rien obferver à leur égard , puifque le vitre de la colonne, tel que je le propofe, exprime leur état de faturation , fans plus ou moins d'oxygène , fans plus ou moins de bafe qu’il ne leur en faut pour cela. Au refte, certe règle ne feroit rigoureufement applicable qu’à ces acides qui font fufcepribles de deux états, comme le fulfurique, le nitrique , le phofphorique, le muriatique, l’acétique , en fuppofant toute- fois que les bafes de ces deux derniers puiffenc recevoir plus ou moins d'arki-kayon, Dans les autres acides, ces terminaifons ne fauroient indiquer un excès de bafe ou la faturation complette de bafe par l’arki-kayor, Un feul état en effet de combinaifon entre une bafe acidifiable & l’arki- kayon ne fuffe pas pour nous prouver s’il règne entre ces deux corps une faturation complette ou. non. Il faut connoître dans ce radical au moins deux états de faturation par l’arki-kayon pour pouvoir com- parer ou affurer ou l'état de faturation parfaire ou l'excès de bafe, & c'eft ce que nous voyons dans les acides sisrèque & nitreux. Par conféquenttant que nous ne connoîtrons dans une bafe acidifiable qu'un feul état d’acidiré, nous ferons en droit, ainf que l'ont fait les Aureurs de la nouvelle Nomenclature, d'adopter la terminailon en que ou celle en eux, fuivant que la terminaifon en te ou celle én aze pour nommer ces acides avec bafes , fera jugée plus agréable à l'oreille (1). Les métaux fufceptibles de paffer à l'acidité & actuellement dans cet ‘ (1) Voyez la Nomenclature chimique, Mém. de M. de Moryeau , pag. 49 & ço. Tome XXXIII, Part, IT, 1788. OCTOBRE,. Nn 2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, érar, feront les acides arfenique, molibdique & wolfraïque. Avec moins d'arki Kkayon, ce feront ce que j'appellerai en efpagnol les kayos (r). Colonne quatrième. \ Dans cette quatrième’ colonne les fubftances de Ia première fon confidérées combinées avec l’oxyoène & dans l'état de gaz. Elle eft intitulée, Sub/lances oxygénces gazeufes. | J'adopterai tous les noms de gaz contenus dans cette colonne, à lexceprion de celui de muriatique oxygéné, par la raifon qui m'a fait rejetter_ le mot oxygène & fes dérivés, pour lui fubfituer celui d'arki-Kayon & fes dérivés. À la place d’oxide dans cette mème colonne, je mettrai £ayo, & J'en ai déjà dit la raifon, Colonne cinquiènre.. Il eft queftion dans cette colonne de fubftances oxgénées avec Pafes. Je l'almets en entier dans ma tradu@ion fans autres change- mens que ceux relatifs au mot oxigène & aux noms de gallare, faccho- late & rungftare, donc par Îes raifons que j'ai expofées antérieure- mnt, je ferai agallate, faccharo-laëte & wolfrate. Où voit en comparant certe colonne avec la troifieme que les noms: d'acides dont la terminaifon eft en igre , fe terminent en ace, & celles en eux , en îte, lorfqu'on les confidère combinées avec des hafes, Nous leur conferverons Îles mêmes dénominations dans leur état de: fels neutres ; & pour les nommer dans leur état de liberté , nous ne ferons que changer ligue françois en zco, & l’eux en eo, afin de nous conformer aux terminaifons déjà en ufage chez nous, par rapport aux acides vitréolico ( vitriolique ), fu/fureo (fulfureux ). Mais que l'on fafle attention que les rerminaifons en aie & en ite affectées aux fels formés par un acide & une bafe ne fervent qu'à nous faire connoître fi la terminaifon de lacide efl en zque ou en eux, & qu’il n’y a que quatre acides , par rapport auxquels ces rerminaifons nous indiquent dans un cas que la faruration réciproque entre le radical & l’ark: kayonr eft comslère, dans l’autre qu'il y a excès de bafe. Ces quatre acides comme je l’ai déjà dit, font ceux dont on connoït les radicaux fuf- cepribles de deux efpèces de faruration , l'une complète & l’autre in= complète, Colonne fixième, Cette dernière colonne eft pour les combinaifons de quelques fubf- (x) Encore un motque je n’ai garde de propofer en françois:, mais qui convient: à notre langue, C4 SUR L'HIST.-NAFUREEEE ET LES ARTS. 285$ tances de la première & de la feconde colonne (1), qui ne font point acidifiées ; fi l’on en excepte les métaux, les feules fubftances des com binaifons defquelles il s'agit ,font le carbone, le foufre , le phofphore & l'hydrogène. La termiafon de ce dernier n'a point été modifiée quand on la confidère combinée avec d’autres corps. Mais il n’en eft pas de même des trois premières que dans les cas de combinailon, on a nommées, en employant une términaifon uniforme, carbure, fulfure, pPhofphure. Si lon me-demandoit pourquoi l’hpdrooène a eré excepté à cer égard, j’avouerai que je n'en vois pas la raifon, Seroit-ce parce qu'il eft dans l'érat de fluide élaftique, & les trois aurres dans celui de liquide ou de folide ? Mais l'hydrogène peut fe trouver aufi dans ces deux derniers états; & fi l’on me difoit que c'eft parce que cer hydro- gène conferve toujours fa nature malgré le mélange ou la diffolution de quelques matières étrangères, je répondrois qu'il en eft aufli de même du carbone, du foufre & du pho/phore. Parmi ces trois dernières fubRtances , le carbone feroit la feule donc la dénomination püt être modifiée, parce que, comme charbon, elle contient toujours quelques matières étrangères ; mais fi on le confidère dans fes combinaifons , dans fon état de pureté, le nom de carbone ne fauroit mieux lui convenir. Aufñi fera-ce de ce mot que je me fer- virai , ainfi que de ceux de foufre & de phofphore, dont à mon avis on auroit dû trouver tout aufli fuperflu de modifier les terminaifons que celle d'hydrogène. Je dirai donc : charbons métalliques, foufres alka- lins , foufres métalliques , phofphores métalliques | &c. &c. Cette: Nomenclature nous difpenfera de trois différens mots, foulagera par conféquent la mémoire, & je ne crains pas de le dire , nous donnera une idée plus précife & plus claire de ces trois fubfarices. Quoique je me propofe d'employer feulement les noms de carbone, foufre , phofphore, pour défigrer les combinaifons de ces corps avec d’autres , je dois dire cependant pour ceux de nos Chimifles,.qui en ceci n’adopteroient pas mes raifons & voudroient fe conformer à la nomenclature françoife , que les mots carbur, fulfur, phofphur pro- noncés à l’efpagnole font durs à l'oreille & bleflent l'harmonie propre à notre largue ; je les changerai donc en carbor , fulfor, phofphor.. évidemment plus fonores & s'adaptant parfaitement à notre pronon- ciation. Une partie de cette colonne a été deftinée à ces combinaifons des: diférens métaux entr'eux. Quand le mercure en fait partie, on leur donne le nom d’amalgame ; & les'combinaifons où ce métal n'entre (x) Les Auteurs de la nouvelle Nomenclature ont manqué de faire obferver qu'il! eft queftion dans cette colonne de quelques fubftances contenues dans la feconde:. 286 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, pas, font appelées fimplement alliages. On peut confuker le tableau pour les exemples de ces deux différentes dénominations, Pour terminer l'examen détaillé du tableau de la nouvelle Nomen- clature, il ne me reïte plus qu'à dire un mot dela colonne horifontale qui la termine & qui a pour titre, Dénominations appropriées de di- verfes fubftances plus compofées & qui fe combinent fans décom- pojition, Cette colonne, ainfi que les verticales qui font au-deflus, eft divifée en deux parties, dont une pour les noms anciens, & l’autre pour les noms adoptés par les Auteurs. Ces derniers feront aufi ceux dont je me fervirai dans ma Nomenclature, à l'exception de celui de muqueux qui traduit littéralement en efpagnol ( mucofo) pourroit donner lieu à un équivoque, & auquel par conféquent je crois devoir préférer Pancien nom de æucilage ( mucilago). Pour qui aura lu avec attention les obfervations précédentes , je ne crois pas qu'il puifle y avoir aucun doute ni aucune forte de méprife relativement à l'efprit dans lequel elles ont été rédigées & au but que je me fuis propofé. Je regarde comme exacts & de la plus grande vérité les principes expofés par MM. Lavoilier, de Morveau, Berthollet & de Fourcroy , pour la formation d’une nouvelle Nomenclature chimique 3 mais il m'a paru qu'ils s'étoient quelquefois éloignés de ces mêmes prin- cipes ; & j'ai tout fait alors pour m'en rapprocher, Voilà pour une pre- mière efpèce de changemens. Quant aux autres, ils éroient commandés par la nature même de ma langue ; & comme ils ne fuppofent d’autre mérite qu'une certaine connoiflance de cette langue , ce ne fera pas me vanter que de dire qu'ils étoient indifpenfables dans toute bonne tra- dudion de la nouvelle Nomenclature chimique. Au refte je fuis loin de penfer qu'il n'y ait rien à ajouter à cette Nomenclature, telle que je la préfente en efpaznol, Comment ne ferois-je pas de l'avis des favans Chimiftes que je viens de nommer, quand ils difent que dans l’état a@tuel de la fcience il eft impoîlible d’avoir une Nomenclature par- faite ? SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 287 RE EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Intiule : Recherches fur un Arbriffleau connu des anciens fous le nom de Lotus de Lybie; Par M. Des FONTAINES, de l'Académie des Sciences. à Hot Naruraliftes angiens avoient dorné , comme l’on fait, le nom de lotus ou Lotos à diverles efpèces de plantes économiques, parmi lef- quelles il en eft deux qui ont eu la plus grande célébrité, L’une parti- culière à l'Egypte, croifloit dans les canaux qui fervoient à conduire les eaux du Nil pour arrofer & fertilifer Les campagnes; c’eft le zenuphar des arabes, connu des botaniftes modernes, fous le nom de #ymphæa lotus, & dont Profper Alpin nous a laiflé une bonne defcriprion, Cette plante remarquable par la beauté de fa fleur qui refflemble beaucoup à celle de notre volet blanc, eft repréfentée fur plufieurs médailles anti- ques, fous le nom de lorus, & décrite dans l'ouvrage de Pline,.de ma- nière à ne pouvoir être méconnue : fes femences & fa racine értoient employées autrefois & le font encore aujourd’hui à la nourriture des hommes. L'autre efpèce de Zosus, qui va faire le fujet de ce mémoire , aufli cé= lèbre, mais beaucoup moins connue que la précédente, croifloit natu- rellement fur les côtes de la Lybie, & avoit donné fon nom à un peuple nombreux de ces contrées , auquel elle fervoit de principale nourriture. La plupart des naturaliftes & des hiftoriens anciens ne nous en ont laiflé que des defcriprions très - imparfaites & d’après lefquelles il eft- difficile de s'en former une idée jufte ; auflt leurs intérprères & leurs commentateurs ont-ils fait des efforts inutiles pour le reconnoître, & rarement même s'accordent - ils entr'eux. Les uns ont dit que c’étoir Palifier, d'autres l'onc pris pour le micoucoulier ; quelques-uns ont penfé que c’étoit une efpèce de plaqueminier. Mais en lifant attentivement: les defcriptions du lorus que Fhéophrafte, Polybe & Pline nous ont tranfmifes, & en les comparant avec les arbres dont il vient d’être fait mention, on voit qu'elles ne peuvent s’y. rapporter; & pour réfurer en- core plus sûrement toutes ces conjeétures , il me fufhra d’aflurer qu’au- cun de ces arbres ne fe trouve dans le pays des anciens Lotophages où j'ai féjourné pendant long-tems, & que j'ai vifité avec beaucoup de foin. El eft hors de doute que ces peuples habitoient particulièrement dans 288 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le voifinage du golphe qui porte le nom de Petite Syrthe, fur les confins de la partie méridionale du royaume de Tunis, où fe trouve l’ile Gerbi, connue des anciens, fous le nom de Lorophagite, parce qu’elle produifoit abondamment du /ouus. Strabon défigne le pays des Lotophages, de manière à ne nous laiffer aucun doute fur fa pofition. « A l'entrée de la Petite Syrche, dit ce » géographe, eft une île oblongue, nommée Cercinna, tout près fe » trouve celle de Cercinnitis ( ces deux îles ficuées exadtement comme le dit Strabon, ont encore confervé leur ancien nom, on les appelle les îles de Cercinna ou Carcana). & LA! ajoute Le‘même auteur, com- » mence la petite Syrthe ou Syrche des Lotophages, ainfi nommée, > parce que le losus, donc le fruit eft très-agréable au goût, croît abon- » damment le long de fes bords », Pline confirme exactement ce que dit Strabon fur la fituation de ce pays célèbre. æ La partie de l'Afrique qui, regarde l’'Tcalie produit un arbre remar- » quable, connu fous le nom de orus ; il naît en grande quantité aux » environs des Syrthes. Son fruir, ajoute-t-il, a une faveur li délicieufe, » qu'il a donné fon nom à un peuple nombreux & à toute l’étendue du >» pays Où il croît naturellement ». C’eft donc dans la partie méridionale du royaume de Tunis, & par- ticulièrement aux environs de la Petite Syrthe qu'il faut rechercher le lotus. Il eft prefqu'impoñlible qu'un, végétal qui y fut autrefois aflez abondant pour fervir de principale nourriture aux hommes &, pour fournir , comme le dit Pline, à la fubfftance des armées romaines Jorfqu’elles traverfoient l'Afrique, ne fe foit pas .confervé dans, ces contrées. à … Le lotus de Lybie étoit un arbre & non une herbe comme celui d'Egypte, c’eft un fait atteflé par tous les naturaliftes anciens qui en ont parlé » à que l’on ne peut révoquer en doute, comme nous le verrons ci-après. Pendant le féjour que j'ai fait fur les côtes de Barbarie 8 dans les lieux mêmes où croiffoir anciennement le Josus , je n’ai rien négligé pour découvrir un. végétal aufi intéreflant. J’avois lu avec attenrion. les defcriptions qu'en ont laiflées. les anciens, & entr'autres celles de Théophrafte, de Pline & de Polybe qui avoit lui-même abfervé le lotus. Les recherches que j'ai faites m'ont conduit à penfer.que c'étoit une efpèce particulière de jujubier fauvage qui ft encore aujourd’hui très- répandue dans route la partie méridionale du royaume, de Tunis, {ur les bords du défert & aux environs de la Perire Syrthe. Le docteur Schaw avoir le premier embraflé cette opinion, fans cependant qu'il l'ait appuyée fur des preuves aufli fortes que celles que je vais offrir ; d’ailleurs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 289 d'ailleurs il n’en a donné qu’une defcription très-imparfaite à la fin du Catalogue des plantes , imprimé à la fuite de fes Voyages, avec une figure qui n'en repréfente ni les leurs ni les fruits, & d'après faquelle il eft difficile de le reconnoître. Il le nomme Ziziphus filveftris, änfl.r. herb. dénomination qui manque d’exadtitude, puifque Tourne- fort défigne par cette phrafe une plante différente de celle qui eft en queftion, Le jajubier décrit par Linnæus, fous le nom de Rhamnus lotus, paroït bien ètre l'arbrifleau dont j'offre l’hiftoire ; mais il faut avouer en même-tems que les caractères qui le diftinguent ont échappé à ce célèbre: Naturalifte, ël paroïît même qu’il n’en a parlé que d’après le docteur Schaw. Je vais en donner une defcription abrégée, & je dif- curerai enfuite les paflages de quelques auteurs anciens où il eft fair mention du losus, & d'après lefquels il me paroïît évident qu'il n’y a que l’arbrifleau en queftion qui puifle raifonnablement s’y rapporter, © Le rhamnus lotus s'élève à la hauteur de quatre à cing pieds, fes rameaux nombreux & recourbés vers la terre font garnis d’épines qui naiflent deux à deux, &-dont l’une eft droite & l'autre courbe, comme celles du jujubier cultivé, Ses feuilles tombent pendant l'hiver, elles font alternes, ovales, ob- tufes , légèrement crenelés, larges de trois à quatre lignes, & marquées de trois nervures longitudinales, : Les fleurs naiflent en petits groupes aux aifelles des feuilles, quelque- fois elles font folitaires. Le calice eft à cinq divifions ovoïdes, ouvertes, partagées longitudi- nalement par une petite ligne faillante. La corolle eft compoñée de cinq pétales plus courts que le calice, & creufés en forme de demi-entonnoir. Les étamines au nombre de cinq font oppofées aux pétales, & les deux {tyles font courts & rapprochés. Le fruit eft un drupe pulpeux, 3-peu-près fphérique, de la groffeur d’une prunelle fauvage. Il renferme un noyau offeux dans fon intérieur, En müriflant il prend une couleur roufle, approchante de celle de la jujube. Le Lotus fleurit en mai, & fes fruits font mürs dans le courant d’aoûe & de feptembre, leur goût approche de celui de la jujube, mais il eft plus agréable. On voit d’après ce que je viens de dire, que cet arbriffeau a de grands rapports avec le jujubier cultivé dont il diffère fur-tout par la forme de fon fruit qui eft fphérique, & au moins une fois plus petit que celui du précédent. Ses feuilles font aufi moins ailongées. Le jujubier s'élève à la hauteur de vingt à vingt-cinq pieds; Le Joss forme toujours un buiffon, Tome XXXIII, Part, LT, 1738, OCTOBRE. Oo 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il & trouve abondamment dans prefque toutes les plaines fablonneufes & arides du royaume de Tunis, particulièrement fur les bords du défert & aux environs de la Petite Syrthe. Je vais maintenant rapporter les paflages des auteurs anciens, où il eft fait mention du Lotus , afin de les comparer avec mes obfervations & d'établir Les raifons qui me portent à croire que c’eft le jujubier que je viens de décrire, qui eft le véritable /otus de Lybie. Hérodote, liv. 4, pag. 123, dit que le fruit du Zosus a la forme des graines du lentifque, qu'il a une faveur aufli agréable que la datte, qu'il fert d’aliment aux Lotophages, & qu'ils en font du vin. Ce récit ne nous donne à la vérité que peu de connoiffances fur le /osus , mais du moins la comparaifon que l’auteur fait de fon fruit avec la femence du len- tifque eft exacte & conforme à ce que j'ai dit de celle du jujubier que je regarde comme le losus, Elles ont l’une & l'autre une figure à-peu-près fphérique, & elles ne diffèrent fenfiblement que par la grofleur. Selon Théophrafte, le /ous qu'il nomme ce/ts eft à-peu-près de la grandeur d’un poirier. Ses feuilles font découpées, & reflemblent à celles de Zilex. Le fruit eft de la grofleur de la feve d'Egypte (ou colocafe ). Il mûrit comme les raifins, en changeant de couleur, & naît comme ceux du mirte fur les deux côtés des tiges qui font nombreufes & rouffues. Sa faveur eft douce, il ne fait aucun mal ( celui qui eft fans noyau eft préféré à l'autre ). On en fait du vin, & l'arbre produit une très- grande quantité de fruits. - Pline parle du lotus à-peu-près dans les mêmes termes que Théo- phrafte , il le compare au celris d'Italie, mais il dit que le climat l'a fait changer, qu'il eft de la grandeur d’un poirier, quoique cependant Cornelius Nepos aflure qu'il 4 moins d’élévation. Ses rameaux font rouffus comme ceux du myrte, la couleur du fruit qui imite celle du fafran change fouvent avant la maturité commé dans les raifins. Si ces deux defcriptions ne font ni aufli précifes, ni auffi détaillées qu'on pour- roit le defirer, du moins ellés renferment plufieurs caraétères qui con- viennent mieux à notre jujubier qu'à aucun autre arbre du pays des anciens Lotophages. Ce que Théophraîte & Pline difent de la forme du fruir, de fa groffeur , de fon goût, de fa couleur, de la manière dont il naît fur des rameaux touffus comme ceux du myrte, &c, fe rapporte parfai- tement à l’arbriffeau dont je viens de parler. Théophrafte raconte que le lozus étoit fi commun dans l'île Loo- phagire & fur le continent adjacent, que l’armée d’Ophellus ayant man- qué de vivres en traverfant PAfrique pour fe rendre à Carthage; fe nourrit des fruits de cet arbre pendant plufeurs jours, Et précifémenc la plupart des plaines arides & incultes qui conduifent de la partie méridionale du royaume de Tunis vers les ruines de l'ancienne Carthage font encore au- jeurd’hui couvertes en beaucoup d’endroits de l'efpèce de jujubier que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 291 je prens pour le Losus, je n’y ai obfervé aucun autre arbre ou arbrifleau avec lequel on puifle le confondre. Si nous confultons Polybe qui avoit vu le Zorus de Lybie, cet hifto- rien nous offrira encore des rapprochemens plus frappans que ceux que je viens de rapporter. æ Le losus elt un arbriffeau rude & armé d’épines, Ses feuilles font petites, vertes, femblables à celles du rhamnus, mais plus larges & plus épaifles. Ses fruits encore cendres reflemblent aux bayes du > myrte. Lorfqu’ils font mürs, ils fe teignent d'une couleur de pourpre, Lis égalent alors.en groffeurles olives rondes, & chacun renferme un noyau ofleux dans fon intérieur ». On voit que ces obfervarions font parfaitement conformes avec la defcription que j'ai donnée du rhamnus lotus. Je fais que quelques commentateurs regardent le lotus de Polybe comme une efpèce différente de celui de Fhéophrafte & de Pline. Mais il me femble que c’eft fans fondement, car les defcriprions de ces deux paturaliftes ont plus de‘rapport avec lé jujubier que j'ai indiqué pour le lotus, & qui eft le même que celui de Polybe, qu'avec aucun autre arbre qui croifle {ur les côtes de Barbarie. FA Polybe ne s'eft pas feulement borné à le décrire, il nous apprend aufli la manière dont on le préparoit anciennement, & ce qu'il en dit fervira encore à confirmer l'opinion que j'ai embraflée, « Lorfque le Zosus eft mûr, les Lorophages le recueillent , le broyent » & le renferment dans des vafes. Ils ne font aucun choix des fruits » qu'ils deftinent à la nourriture des efclaves, mais ils choiliffent ceux > qui font de meilleure qualité pour les hommes libres. [ls les mangent » préparés de cette manière ; leur faveur approche de celle des figues ou des dates; on en fait aufli du vin en les écrafant & en les mêlanc avec de l’eau; cetre liqueur’ eft très-bonne à boire, mais elle ne fe conferve pas au-delide dix jours ». Pline dit la même chofe que Polybe fur la préparation du lotus , ce qui me porte d’autant plus à croire que c’efl le même arbrifleau dont ils ont parlé l'un & l’autre. Il ajoute feulement que le bois étroit fort re- cherché pour faire des inflramens à vent & divers autres ouvrages. Au- jour hui les habitans des bords de la Petire Syrthe & du voifinage du défert recueillent encore les fruits du jujubier que Je prens pour le losus, ils les vendent äans rous les marchés publics, les mangent comme au- trefois & en nourriffent même leurs beftiaux. [ls em fonc aufli de la li- queur en les triturant avec de l’eau. Il y a plus, c’eft que la tradition que ces fruits fervoient anciennement de nourriture aux hommes s'eft même confervée parmi eux. D’après toutes ces confidérations, il me paroît évident que c’eft le jujubier que je viens de décrire qui elt le vérirable /ozus des Lorophages, Tome XXXIII, Part, IL, 1788. OCTOBRE, Oo z db s 8 $ À] Cr ER. © 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, H eft le feul végétal des contrées qu'ils habitoient autrefois qu puifle s’ac- corder avec ce qu'en ont dit les anciens, & fur-rout Polybe, qui l'avoit obfervé lui-même. Il eff vraifemblable que c'eft ce même Joss dont Homère a parlé dans l'Odiflée, mais fon imagination féconde l'avoir entraîné un peu au delà de la vérité, en lui faifant dire que les fruits de cet arbriffeau avoient un goût fi délicieux qu’ils faifoient perdre aux étrangers le fouvenir de leur patrie. Odiffée, Liv. 9. Écran.) RECHERCHES CHIMIQUES SUR LA MOLYBDÈNE D'ALTEMBERG EN SAXE; Par M. IsLMANN: Extraîtes des Annales chimiques de M. CRELL, année 1787 5 6 traduites de l'Allemand par M. COURET, Eleve en Pharmacie à Paris. L E célèbre Schéele nous a laiflé un excellent Mémoire fur la Molybdène , dont il fe trouve un extrait inféré dans le fixième cahier es nouvelles Découvertes en Chimie , rédigées par M. Crell. Il a examiné la molybdène de plufieurs endroits, & il et parvenu bientôt à découvrir fa compofition. Il y a trouvé du foufre , & un acide Particulier , prefqu’à parties égales ; un peu de terre & de fer. M. Kirwan eftime que les proportions font de $$ livres de foufre par quintal, & de 45 livres de molydène , le fer ne s’y trouve qu’accidentellemenr. Celle qui a fait l’objet de mon analy£e fe trouve à Alremberg. Mon intention étane de m'aflurer fi elle fe comporteroit comme celle de Schéele, j'ai trouvé que la mienne avoit à la vérité certains rapports avec la fienne; mais en général j’y ai remarqué une différence très-confidérable, Le plan que j'ai fuivi dans mes expériences a été, pour ainfi dire, celui-de Schéele; mais dans certaines circonftances j’ai opéré d’une manière tout-à-fait différente de la fienne. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. De La manière dont fe comporte la Molybdène d Altemberg au feu. Schéele rapporte que lorfqu’on traite au feu les différentes mines de molybdène dans des vaifleaux ouverts , elles fe volarilifent prefqu’entiè- e ment, En conféquence j'expofai dans un creufet pendant cinq heures ; ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 29; . 104 grains de molybdène pure en poudre, dans un fourneau d'effai à un feu violent; aufli-tôt que le creufec fut rouge, la terre commença à fe volatilifer ; le creufer ayant été retiré du feu un quart-d'heure après , la mafle répandoit des vapeurs fulfureufes, la terre fe bourfouffla confidé. rablement même une heure après , elle prit une couleur grisätre extérieu. rement, il s'y forma de petites écailles brillantes en forme de houpes ; après un parfair refroidiffemeut , la couleur devint plus blanche, & la mafle reflanre pela 64 grains. Ainfi il s'en étoic volatilifé 40 grains ; les 64 grains reftans furent rougis derechef comme ci-deflus, pendant cinq heures; mais à peine fe trouva-t-il quelques grains de perte, dont une partie pouvoit être foulevée en pouflière , & le refte perdu. C'eit ici que la molybdène d’Alremberg diffère le plus de celle de Schéele, puifque la fienne s’étoit volatilifée prefqu'entièrement au feu. La terre reftante fut confervée pour des expériences ultérieures. Enfuire je fis quelques autres expériences avec la molybdène en écailles épaiffes, entremélée d'un peu de terre argileufe. Je fis rougir 2 gros de ladite molyb- dène pendant quatre heures , il fe montra encore des aiguilles brillantes, la terre devint orisatre, & perdit feulement + de fon poids pendant la fufion. L’odeur fulfureufe fe ftremarquer, mais il n’yeut point de flamme, SECONDE EXPÉRIENCE. Je mis 2 gros de molybdène en poudre , dans un creufet déjà rouge 3 le mêlange détona foiblement, & on ne remarquoit que quelques étin- celles aux côtés. Par-là je fus afluré, que le foufre n'entroit que pour très-peu , où même point du tout dans la compolfition de la molybdène, La mafle étant édulcorée, elle avoit l’afpect d'une ochre martiale. Après une édulcoration & d£ffication parfaite, le réfidu pefa 1 gros & 50 grains. Schéele n’obtint au contraire de 2 gros de fa molybdène que 2 grains & 4 Jci on voit encore une différence très-confidérable. Il paroît que la molybdène d’Alremberg contient néceffairement beaucoup moins de parties volatiles & inflammables. La leflive faline m'a produit un peu de tartre vitriolé, & un peu de nitre; vraifemblablement Je pre- mier {el a été formé par un peu d’acide vitriolique, contenu dans la terre , l'odeur du foufre pouvoit provenir aufli de-là, Si ce minéral avoit contenu feulement = de foufre, la détonation auroit dû être très 16 confidérable,. TROISIÈME EXPÉRIENCE. Ayant mis 2 gros de molybdène avec demi-once d’akali fixe végéral purifié, dans un creufec fait en forme de cône bien luté, l'ayant fair rougir pendant une demi-heure , la mafle fondue prit après le refroidiffement une couleur noire ; fa diflolurion dans l’eau étoit verte, & l'ayant délayée dans. l'eau, & enfuite faturée par l'acide marin , il fe développa d'abo:d c94 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une odeur d'œuf pourri, & enfüite il fe précipita tant foit peu de foufre. Mais comme la terre contient de l'acide vitriolique & du phlosiftique, Ja plus grande partie du {oufre a bien pu fe former par leur combinaïlon au moyen de la calcination. L’odeur d'hépar du foufre fe perdir en peu de tems, ce qui n’eft pas ordinaire. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Après avoir fait bouillir avec de l’eau un mélange d'un gros de molybdène & de 3 gros d’alkali fixe pendanc huit minutes, jufqu'à une confftance un peu épaifle, enfuite l'ayant délayé dans plus d'eau, & filrré, je fis la précipitation par l'acide marin, Il fe précipita une terre blanche aflez abondante ; mais il n’y eut point d'odeur d’hépar de foufre, & comme vers la fin, il y romba un peu trop d'acide , coute la cerre fut redifloute, & la liqueur redevint claire. CINQUIÈME EXPÉRIENCE, Je foumis à la fublimation dans un vaifleau de verre, un mêlange de 2 gros d’arfenic blanc, & d'un gros de molybdène, la matière fe fublima fous forme blanche. Cerre expérience prouve que le foufre n'entre point dans la compofition de la molybdène, parce qu'autrement le fublimé auroit dû être jaune. Un doigt au - deflus du fond du vaiffeau il s'éroit fublimé une croûte verte d'+ pouce de large, & le réfidu étroit tacheté en verte SIXIÈME EXPÉRIENCE. De l' Acide molybdique. Ayant fait rougir de la molybdène, j'en fis bouillir 2 gros pendant quatre heures, avec 4 onces d’eau dans un vaifleau de porcelaine placé fur un bain de fable, jufqu’à réduction d’un tiers. Je réitérai le mênre travail à rois différentes reprifes , de forte qu’à la fin il ne reftoit que 2 onces de liqueur. L’eau prit d’abord une couleur jaune, laquelle étant filtrée, rouoit aufli-tôt l'infufion de tournefol , & dans l'efpace d’une beure ma liqueur devint tout-à-fait rouge. Ainfi par cette expérience il fe montra un acide, qui délayé dans l'eau précipita une diffolution de fel de faturne , ainfi que la terre pefante difloute dans l'acide marin, & l'hépar de foufre dans l’eau de chaux. SEPTIÈME EXPÉRIENCE, Efjui fur une couleur retirée de la Molybdène & qui difparote aufft-6e dans l’eau, Les 62 grains de rerre de la molybdène, obrenus dans la première expérience, étant mis dans un verre, & y ayant verfé goutte à goutte 2 >: SUR L'HIST. NATURELLE ET LESARTS, 295 gros d’huile de vitriol étendus dans 6 gros d'eau, alors le mélange fur placé fur un bain de fable, jufqu'à réduction d’un quart, la liqueur devine épaille, prit une couleur verte, & étant refroidie fe changea en une couleur bleue fuperbe. Après que le mélange eut été tenu en repos pendant quelques heures, j’en verfai un peu dans quarre fois autant d’eau froide : la couleur bleue difparut dans l'inftant ; & l’eau reprit fa couleur natu- relle. Auffi-tôt que cetre eau fut évaporée jufqu'à confiftance ci-:leffus mentionnée, la couleur verte fe montra d'abord, & enfuite par le refroi- difflement la couleur bleue. J’ai opéré ce changement de couleur quatre fois de fuite. La molybdène mélée d'un peu de terre argilleufe me produifit les mêmes phénomènes ; mais le bleu de la molybdène pure ef plus beau, La terre reftante peut être digérée plufieurs fois avec de l'acide vitriolique; mais les premières digettions ont une couleur plus relevée que les dernières. El elt fuffilant aufli pour l'expérience de faire rougir la molybdène trois ou quatre heures. Lorfqu’on verfe de l’acide fur cette terre , on ne remarque aucune effervefcence , & il n’en réfulte ni alun, ni félénite, nifel cathartique amer; cependant la diflolution devient épaifle, & la terre eft d’une nature tout-à-fait particulière. La couleur bleue fe conferve au moins pendant deux mois dans la même beauté. HUITIÈME EXPÉRIENCE. Sur une couleur bleue retirée de la Molybdène, laquelle étant mélée avec l'eau ne difparoft point , mais au contraire fe conferve d'un beau bleu pendant quelques jours. Je fs bouillir durant quatre heures de la molybdène en poudre, & rougie comme il a été dit à le troifième expérience, avec 16 onces d’eau jufqu’à réduction d'un tiers , enfuite j'ai fileré Ja liqueur, & j'en ai mis demi-once dans un verre blanc, dans lequel j'avois eu foin de mettre 10 grains de limaille d'étain pure, alors j'ajoutai 4 gouttes d’acide marin, je laiffai le tout un quart-d'heure en repos ; en procédant ainfi on verra paroître une couleur de bleu des plus fuperbes, qui deviendra de plus en plus foncée. Ces couleurs , ainfi que les autres produites par le moyen de différens métaux , peuvent être mélées avec la quavtité d’eau qu'on veut ; la couleur fera à la vérité un peu affoiblie, mais le mêlange fe confervera toujours bleu , & ce n’eft qu'après cela qu’il laïffe dépoler un précipité. J’ai répété ces expériences avec tous les autres métaux ; mais je vais parler d'abord des fubftances métalliques qui m'ont donné le plus beau bleu. J'en ai employé quelques-unes fous la forme de plaques minces, comme, par exemple, l'argent , l’étain ; le plomb, d'autres fous la forme de poudre, ou de limaille. Je me fuis tonjours fervi des mêmes propor- tions , entre la diffolution aqueufe , le métal & l'acide marin ; que j'ai _»96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fait ci-deflus pour l’érain. Le régule de kobalt me donna un beau bleu foncé. L'argent en feuilles de même , les feuilles confervèrent Seur conti- puicé; mais elles perdirent leur brillant métallique; de même une pièce d'argent fin, donna du bleu , mais il étoit patfemé de taches noires. Le plomb fournit un beau bleu ; le cuivre & le mercure de même. Le fer donva un bleu foncé. Le régule de manganèfe un beau bleu , qui fut le jour fuivant extérieurement d’un bleu de mer , & intérieurement bleu. Le régule de nickel cuivreux fe comporta de même. L'arfenic maflif donna un beau bleu; le régule d’antimoine de même. Le bifmuch un bleu foible; le zinc de même. La platine purifñée & l'or ne donnèrent aucun bleu. Certains mêlanges exigent avant que la couleur ne paroifle demi-heure, quelques-uns une heure, & enfin d’autres fix heures, Lorfque les mélanges ont refté un jour en repos , ils acquièrent un bleu foncé, de forte qu'il y faut verfer quatre fois autant d’eau, pour qu'ils deviennent tranfparens ; & c’eft alors qu'on peut voir la beauté & la nuance de la couleur bleue. NEUVIÈME ExPÉRIENCE. Je fis bouillir au bain de fable à plufeurs reprifes un gros de molybdène avec une once d’acide marin ; lorfque l'acide marin fut évaporé à-peu- près à moitié , il fe forma à la fuperficie une pellicule faline , & il fe précipita quelques floccons falins & légers. Je décantai la folution &c J'ajoutai de nouvel acide marin, ce que je répétai jufqu'à ce que j'eufle employé 12 onces de ce dernier. La pellicule faline eut lieu chaque fois. Les diffolutions furent mifes toutes enfemble, la liqueur éroit un peu épaiffe , quoiqu'il ne s’en fût diffous que 30 grains d'un gros. Lorfque je fis évaporer 2 gros de cette liqueur faline, dans un petit matras, il fe forma un peu de fublimé, qui expofé à l’air frais, devint bien bleu, fur-tout lorfqu’il eut attiré l'humidité de l’air au bout de quelques jours. Après cela je fs évaporer à ficcité les diffolutions raffemblées, il monta un peu de fublimé ; & dans le récipient nageoit quelques criftaux falins , mais on n’apperçut point de fublimé bleu; peut-être bien le feu avoit été pouflé trop fort, puifqu’après avoir retiré le réfidu de la retorte, par le moyen de l'eau, enfuite évaporé , fa diffoluton devint d'un joli bleu, DiIxIÈME EXPÉRIENCE. Deux gros de fel ammoniac étant fublimés avec un gros de molybdène, Îe fublimé fut jaune , ceci eft une preuve de la préfence du fer dans la molybdène. - ONZIÈME EXPÉRIENCE. J'ai fait fondre au chalumeau pendant une heure 2 gros de molybdène en poudre, 75 grains de chaux , autant de fparh fufñble, 15 grains de char- bon en poudre, & 2 gros de {el marin, fans avoir obtenu aucun métal, DouzrèÈmMe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 297 DouzrèÈèmEe EXPÉRIENCE. Quatre grains de molybdène donnèrent avec un demi-gros de borax un verre vert. D’après les expériences ci-deflus mentionnées, je conclus que la molybdène d'Alremberg poisède une grande partie des propriétés ue Schéele a reconnues à la fienne; mais qu'elle en diffère fur-tout , en ce qu'elle n’eft point un corps fi volatil que l’avoit avancé Schéele, & qu’elle contient très-peu ou prefque point , pour ainfi dire, de foufre: bien plus, elle me paroît être compofée d'une terre particulière, combinée avec un acide particulier (lefquels attirent puiflamment le phlogiftique des métaux), un peu d'acide vitriolique; de l'air, très-peu de phlogiftique, & tant foit peu de fer. Le peu de molybdène que je pofsède m'a empêché de pourfuivre mes expériences. plus loin ; en M atcclles que j'ai pu faire m'ont procuré beaucoup de plaifr , & ce minéral mérite d’être - examiné davantage. - C2 OBSERVATIONS Sur l'influence de l'Air & de la Lumière dans la végétation des Sels ; Par M. CHAPTAL. IL n'eft point de chimifte qui n’ait été frappé de la propriété qu'ont en général les fubftances falines, tenues en diflolution , de grimper fur les parois des vafes, d'en gagner Le haut & de fe déjerer fur les côtés. Ce phénomène, nn tene dela criftallifation s'opère dans la liqueur , & de l’efflorefcence qui n’a lieu fur le fel déjà formé que par la perte de l’eau de eriftallifation , eft ce que j'appelle végétation. Cettéh propriété des fels a été de rout temps un fujet d'admiration pour le chirnifte ; mais aucun, à ce que je crois, n’en a fait jufqu’ici l'objet de fes recherches, Je ne connois pas même de nom qu’on ait affedé à ce phénomène , & je vais tâcher, dans ce Mémoire , de porter quelque jour fur une des opérations les plus merveilleufes & Les plus obfcures de la chimie. ee" Dans les travaux en grand de ma fabrique, je m’étois apperçu très- fouvent que les fels, fur-tout les métalliques, végétoient du côté le plus oppofé à la lumière. Ce phénomène très-fingulier obfervé plufeurs fois me parut mériter de l'attention, & je réfolus de tenter quelques expériences à ce fujet. Pour cet effet, je pris plufieurs capfules de verre Tome XXXIIT, Part, Il, 1788, OCTOBRE. Pp 298 OBSERWMATIONS SUR LA PHYSIQUE, dont je recouvris la moitié de chacune ,:deffus & deflous, avec du tafletas noir. Je préparai en même temps des diflolutions falines, en faifant difloudre à froid & à la température de l'atmofphère .dans de l'eau diftillée, prefque tous les fels connus, foit à bafe terreufe, métal- lique ou alkaline, Je plaçai ces diverfes capfules fur des tables dans un appartement bien fermé, de façon qu'elles n'étoient éclairées que par la lumière réfléchie, que je recevois par une petite ouverture faite au volet; & les vafes étoient difpofés de telle manière que la feule partie découverte recevoit la lumière tandis que l’autre étoit dans une obfcu- rité prefque parfaite. É .: Ces appareils ainfi difpofés, je verfai chaque diffolution par le moyen d’un entonnoir qui pofoic fur le fond du vale , afin d'éviter de mouiller les bords , & de ne laiflér aucun louche fur le réfultat des expériences. J'ai encore eu la précaution , pour rendre les réfultats plus rigoureux , de choifir des chambres fans cheminées, & de calfeutrer rigoureufe- ment les portes & fenêtres , afin que l’évaporation ne füt pas fenfble, & que la feule lumière reçue par Le trou du voler influâr fur l'expé- rience. C'eft avec ces précautions que j’ai fait plus de deux cens expériences, & que j'ai varié les principales, de façon à ne me laifler aucun doute fur les réfultats qu’elles m'ont conftamment préfentés, Pr Re Le plus étonnant de tous ces réfultats, et que la végétation né s'opère que fur fes feules parois du vafe qui font éclairées. Ce phénomène eft fi faillant dans prefque toutes les diflolutions , que , dans l'efpace de quelques jours, fouvent même dans vingt-quatre heures , le fel s’eft élevé de plufieurs lignes: au-deffus de la liqueur dans la feule partie éclairée, tandis qu'il ne paroît aucun rebord , aucune croûte, dans Ja partie obfcure. Rien de plus intéreffant que de voir cette végération faillante, fouvent de plus d’un pouce , marquer elle-même une ligne de démarcation éhtre la partie éclairée & la partie obfcure du vale. Les vitriols de fer, de zinc, &c. rendent fur-tout ce phénomène frappant, - J'ai obfervé affez généralement que la végétation étoit plus fortesers le point le plus éclairé. L " On peut rendre ce phénomène plus intéreflant encore, en détermi-- nant à volonté la végétation fur les divers points du vafe. Pour cet effet , il ne s’agit que de couvrir fucceflivement avec le tafferas les di- verfes parties.de Ja liqueur. La végétation s’opère toujours dans la partie éclairée, & ceile promptement dans celle qu'on obfcurcit. Lorfque la même diflolution a été en expérience pendant plufieurs jours, l'évaporation de la liqueur, quoiqu’opérée lentement & d’une manière infenfible, détermine une déperdition, & conféquemment un abaiffement dans la diffolution, qui forme un bourrelet ou une croûte faline dans la partie obfcure, Mais le fel ne s'élève jamais, ou du moins - SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 299 bien impatfaitement au-deflus de la liqueur , & c'eft mal à propos qu’on confondroit cet effet avec la véritable’ végétation. Lorfqu’on laifle végérer les fels de certe manière, on n'obtient que peu de criftaux dans la liqueur, Toute la fubitance faline s'étend fur Les parois du vale. Tous ces fels ne végètent pas ‘avec la même vigueur , les déli- quefcens mouillent un peu les parois au - deflus de la liqueur. Mais il ne s'y forme ni croûre, ni ramification. Les fels les moins déliquefcens font ceux qui m'ont paru végéter le plus prompteinent, & s'élever à la plus grande hauteur ; & parmi ceux-ci les métalliques n'ont paru l'em- «porter fur les autres. , } La forme même qu'affete chaque fel dans fa végétation, préfente des variétés crès-fingulières. Dans les uns, tels que les vitriols de fer, de cuivre, de zinc, de foude, &c. il fe forme une croûte qui fe bour- foufle à mefure qu'elle augmente, fe réduit en feuillets, & forme ou une fuite. de lames oppofées les unes fur les autres ; ou des bourfouflures qui n'ont aucune forme déterminée. F , Dans d'autres fels, on obferve des aiguilles qui fortent de la liqueur, gliflent fur les parois du vafe, & forment en s'entrelaçant, des mailles & réfedux tout-à-fait merveilleux. Le fel d’écain me préfente un de ces phénomènes trèstfinguliers, Par l’action trop rapide de l’eau révale fur l'érain, j'avois obtenu un magma blanchâtre, que j'étendis d’eau, & fitrai à plufeurs reprifes. La diffolution fut toujours blanchätre, & je la mis en expérience, Quelques jours après je m’apperçus qu’il y avoit une couche faline fur le bord de la partie éclairée du vafe. Cetre couche augmenta de jour en jourif& paroifloit prendte racine dans la liqueur pat une foule de criftaux en pyramides oblonguües qui plongeoient dans la diflo- lution. Les criftaux une fois échappés de l’eau , fe joignoïent entr’eux par des lignes tranfverfales, & fe coloroient du. jaune le plus magnifique, Ce phénomène a été un objet d’admiration pour toutes les perfonnes qui en ont été témoins, IL arrive ercore fouvent que les lignes oucriftaux partent en diver- geant d’un centre commun , & forment des houppes de la plus admi- rable frudure. C'eft ce que m'a préfenté le fel acéceux calcaire. …Très-fouvent la végétation forme une couche mince & unie fur les parois des vafes. L'alun, le nitre, le fel marin, m'ont préfenté ce phénomène, Il feroit peut-être trop minutieux de donner des détails fur la variéré que préfente la végétation de chaque fel, & je me bornerai à ces caradères généraux, | On peut développer où favorifer cette végétation dans quelques fels en ajoutant à leut diffolution un excès d'acide. Le tartre vitriolé eft dans ce genre. Ï] forme alors des houpes blanches fur les parois, & à la fur- Tome XXXIIT, Part. Il, 1788. OCISBRE. Pp 2 * 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; face de la liqueur, qui la recouvrent quelquefois en entier , & couron- nent les bords du vafe de la manière la plus agréable & la plus éton- nante (1): une grande houpe de cigne n’eft ni plus blanche ni plus belle que ces fortes de végétarions, J'en ai obtenu qui avoient huic à dix pouces de diamètre. Elles effleuriffent bientôt fi on n'a pas le foim d'entretenir de la diflolution dans le vale, parce que cette végération en pompe & fuce une grande quantité en peu de temps. J'ai obfervé que lorfque la diflolution étoit chargée en excès de tartre vitriolé, pour'en avoir facilité la diffolurion à l'aide du feu; f alors on y ajoure de l'acide, le fel fe précipite en beaux criftaux de vartre vitriolé , à la fimple température de l'atmofphère, & ces criftaux deflé- chés n’ont aucun excès d'acide. Mais fi on fature l’eau diftillée de tartre vitriolé à la rempérature de l’armofphère, & qu'on y verfe le même excès d'acide, il fe forme alors, par le laps de tems., un fel avec excès d'acide, dont les criftaux grouppés entr'eux, m'ont conftamment préfenté des prifmes hexaèdres applattis, terminés far un fommet aièdre, Ces phénomènes m'avoient induit à croire que la lumière éroit la feule caufe qui déterminoir la végétation. Mais des expériences ulté- rieures m'ont convaincu que l’air en était le principal agent. 1°. Une diflolution de couperofe, mife dans une capfule bieñ éclai- rée & recouverte d'un verre bien blanc ne produit aucune apparence de végétation. _ - 2°. Une femiblable diffolution , mife dans un lieu très-obfcur, végère dans la feule partie découverte, mais plus lentement que lorfqw’elle ef frappée par la lumière... 3°. La diflolution placée dans un flacon bien bouché, renverfé fur l’eau & expofé au grand jour, ne véoète point. 4°. La végétation a lieu plutôt dans un vafe bien ouvert ,tel qu'une capfule, que dans un vafe cylindrique ; plutôt dans ce dernier que dans un flacon débouché, & jamais dans des vafes fermés. Si on renverfe un entonoir dans une capfule contenant une diflolu- tion faline, la végétation fe fair fur les parois. externes; elle eft prefque infenfible fur les internes. L'accès de l’air, la liberté de la circulation, facilitent & favorifent donc fingulièrement ce phénomène de la végé- tation. (1) J'ai depuis long-tems obtenu le même fel. « Un nouveau fel neutre qui a w réfulté de union de l’acide vitriolique, & de cet alkali (réfidu de la diffolurion du » nitre), a grimpé au haut du vale &a formé fur fes bords extérieurs une très-jolie » criflallifation en mafles feuilletées qui paroifloient compofées de petites écailles à- » peu-près femblables à celles du fel fédatif, Ce fel a un goût acidule , & néanmoins » s’effleurit un peu à air». Première édition de mon Effu fur l’Air , &ç. page 159. {Note dde M. de la Mérherie. ) D. 7 in dl et SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. + 303 IL'eft à obferver que la nature des vafes n'eft pas indifférente dans la production de ce phénomène. Le verre y eft très-propre , les métaux beaucoup moins. Ce n'eft pas cependant l'afinité de ces fubftances avec les vafes qui dérermine ce phénomène , puifqu’il n’a pas lieu dans les vafes découverts. Des expériences analogues que j'ai faices fur la végétation des fels qui effleuriffent à la furface des terres, m'ont préfenté des réfultats fem- blables. C’eft toujours à l'air foiblement fecondé par le concours de la lumière, que ces phénomènes doivent être rapportés. Le contact ou la privation de ces fluides favorife ou anéantit certe produétion. Les terres falpérées, aluminifées ou vitriolifées, nous offrent des effets frap- pans dans ce genre, Leur végétation offre cependant pluleurs pouces de long. ‘ Eft-ce une forte d’afinité entre l'air, la lumière & les fubftances falines qui élève ces dernières, & leur fait furmonter leur propre gra- viration ? Eft-ce une vertu vraiment vitale, que le contact de l'air & de la lumière dérermine & fomente ? Je ne hafarde aucune conjedure, Je me contente de configner des faits & d’en faire connoître les phé- nomènes, Je Laiffe à d’autres le noble foin d’en déduire des théories. EX TRAITODUNEL LETTRE DE M WESTRUMB, N°OM/ CRE LL: Sur le Sel fédatif nouvellement découvert dans le Quarrz cubique de Lunebouro. Mowsrrvr ; La découverte dont j'aià vous faire part n'eft d’autant plus agréable, qu'elle a été faire en Allemagne & fur une fubftance particulière à mon pays. Jentrepris il y a quelque tems de décompofer le quartz cubique de Eunebourg (1), & j'y trouvai ce que j'étois bien loin d'y chercher, ce (1) Ce quartz, que M. Laffius à fait connoître , efl en petits criffaux cubiques , pee tranfparens , d'agtres fois laiteux. Frappé avec l'acier , il donne quelques. tincelles , &c. &c 302 ‘OBSERVA TIONS SUR LA'PHYSIQUE» que je n'aurois pas même ofé y foupçonner, c'elt-à-dire, du fel fédatif, Comptant que cette fubitance éroit véritablement du quartz, j'en pris d’abord cent grains, & les traitai par Les procédés ordinaires avec l'alkali. Je rrouvai de la terre fliceufe, de la calcaire, de la magnéfie, de l'argile & du fer ; je n’apperçus nullement le fel fédatif, vraifémblablement uni avec de la térreen forme de zerra filicea. Combien d’autres chofes ont pu échap- per de même aux yeux des chimiftes! Je pris enfuite cinquante grains dece même quartz cubique, & l'ayant traité premièrement avec du falpêtre, enfuire avec de l’efpric de vitriol , de l’efprit-de-vin , &c, j'obrins du fel fédarif fublimé & en criftaux. J'opérai de même fur cinquante grains avec les acides marin & vitriolique. Je répétai enfin Popération avec l'acide vitriolique feu, D'après ces expériences les principes conflituans de cette pierre font les fuivans; favoir : : Sel HÉdE se SE se sote on a a7POUrPIES Se Terre calcaire & magnéfie, de chacune .....:..... = Argile, filex ..................e..is.e Fer depuis -E jufqu'à un ............,...:.. Ce fel fédatif eft foluble dans l'efprit-de-vin ; il fe vitrifie, fe criftallife j, fe fublime. Il décompofe le fel marin & le nitre; il précipite la diflolu- tion nitreufe mercurielle en jaüne (comme. vous paurrez le vérifier par, des épreuves ). Mais je dois dire que la décompofition de la pierre quile contient eft extrêmement difficile, & qu'il n’eft pas aifé de dégager le fel fédatif des autres fubftances avec lefquelles il s'y trouve combiné. Je vous enverai fous peu du borax compofé avec cet acide & l’alkali minéral. Je n’ai pu obtenir qu’une très-perit nombre de ces criftaux , vu la petite quantité que j'avois de cette pierre, J'ai dû laïffer la léflive S'évaporer librement aux rayons du foleil. $ Certe découverte me paroît importante pour la Minéralogie en général; & particulièrement pour ce qui a rapport à la criftallifation , en ce qu'elle peut jetter quelque lumière fur ce qui n’a été qu'obfcurité jufqu'à préfent. Combien de fois ce fel n’a-t-il pas été peut-être dans, les mains de nos chimiftes? Mais il fe préfente à eux fous la reflemblance d'une terre, & ils n'ont pas fu la diftinguer. Je fuis bien fâché de n'avoir pas aflezide ce quartz pour peuvoir en traiter encore une centaine de grains & les décompofer avec route l'exactitude poflible ; car je ne puis parvenir, comme quelques chimiftes, à indiquer à la groffeur d’un cheveu près , tout ce que contient une trop petite quantité de matière (1). EEE nee me) (x) Il faut donner un nom à cette (übffance!, qui n’eflpas un quartz. On pourroïf l'appeler /parh boracique, ( Note de M, de la Métherie. ) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 303 EXTRAIT D'UN SECOND MÉMOIRE # x > Lu à l'Académie Royale des Sciences :. Sur la combinaifon de la bafe de l Acide phofphorique avec es Pruffiates (bleu de Pruffe) (1), quelques plantes des marais , différentes mines de fer & plufteurs cfpèces de Fer ; Par M. HASSENFRATZ. Jar fait voir dans_le, premier, Mémoire que l’on a imptimé dans le Journal de Phylque fur cet objet , 1°. que tous les. bleus. de. Pruffe obtenus avec des matières colorattes qui n’avoient point été purifiées , contenoient du phofphate de fer; 2°. que l'acide phofphorique contenu ‘dans Les prufiates (bleus de Pruffe ) étoit formé par_lés différens char- bons que l’on employoit, & dans lefquels la bafe de cet acide’ fe ren- .controit ; en particulier: dans, les charbons.de terre &,de bois; & 3°. que T'acide A n’étoit point partie conftituante des prufliates | & que l'on pouvoit obtenir du bieu de Pruffe fans fon mélange. Je vais dans ce deuxieme extrait examiner les combinaifons de l'acide phof- phorique avec différentes mines de fer & plufeurs efpèces de fer. … On peur, fi l’on veut, divifer les mines de fer en douze efpèces, 1°. ai- manté, 2°. attirable ; 3°. analogue à celle de l'île d’Elbe, 4°. fpéculaire, 5°. noirâtre, 6°. fpathique, 7°. pyriteufe , 8°, hépatique, 9°, hématite, 30°. ocre, 11°. bleu de Prufle natif, & 12°. limoneufe, De ces douze T (1) Les réclamations continuelles que nous receyons ‘au fujet de la nouvelle Nomenclature, m’engagent à mettre l’ancien nom à côté du nouveau, Les célèbres “Auteurs de la nouvelle Nomenclature ne feront point fürpris de ces réclamations k puifue lorfqu’ils lient eux-mêmes à l'Académie des Sciences de Paris des Mémoires dans ce nouveau langage ,ils éprouvent les mêmes réclamations. Ils fentiront d’autent plus la néceflité où je füis d'employer les noms connus, que tous les fayans étrangers rejettent conftammenr la noüvelle Nomenclature comme dure à l'oreille, étrange & peu conforme à l’état a@uel de la belle chimie. « Porerva valermi della nuova » Nomenclaiura..… ma, a dir ilvero lætrova fi difguflofa allorrechio, fi ffranna » & pauco conforme allo flato atruale della bella chimica , che non Jeppi » indurmi a furlo ». Extrait d'ime Lettre de M. Brugvatelli à M, Crel!. J'avois mis dans le Journal précédent l’ancien nomle premier, & enfüite le nouveau, On n'a fait obferver qu’il falloit mettre le nouveau nom lé premier. Je m° conforme d’autant plus volontiers, que ne cherchaht que l'avancement de la fcience, je ferois très-fâché de faire de Ja peine à qui que ce foit, Noye de M. de La Metherie, 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, efpèces, les fix premières fe trouvent dans l’efpèce de rerrein ge j'ai appelé terrein ancien (1) , la feptième & la huitième fe trouvent dans le’ terrein ancien, le terrein moderne primitif & le terrein moderne fe- condaïire ; la neuvième dans. le terrein ancien & dans le terrein mo- derne fecondaire ; la dixième & la onzième dans lestttois efpèces de terrein ; & la douzième dans le terrein moderne fecondaire ; la qua- trième efpèce fe trouve auffi très-fouvent dans le terrein volcanique. De ces douze efpèces de mines, les huit premières ne m'ont point donné d'indice d’acide phofphorique; je n’ai jamais obtenu non plus d'acide phofphorique des trois autres, lorfque je Les avois prifes moi-même dans le terrein ancien ; jen ai quelquefois trouvé dans celles que j'ai ramaflées dans le terrein moderne primitif, &:j'en ai toujours obtenu de celles qui m’étoient envoyées où que j'avois ramaflées dans le rerrein moderne fecondaire. Enfin prefque tous les échantillons de la douzième efpèce n'ont produit du phofphate de fer. D'où il fuit que les mines de fer du terrein ancien ne contiennent LE d'acide phofphorique, tandis que toutes celles du terrein modernéMfecondaire produifent du phofphare de fer, ainfi que quelques-unes de celles du terrein moderne primitif. Mais d'où provient l'acide phofphorique que lon trouve dans ces -mines ? . Les trois fortes de mines que l’on trouve dans le terrein moderne fecondaite, favoir, les ocres, lés hématites, & les limoneufes, fi l'on en excepte quelques efpèces des premières qui font trop difleminées dans la terre, les autres font par couches horifontales, pofées le plus fouvent fur la pierre qui forme la bafe du terrein, & recouvertes de différentes couches de terre , d'autres fois entre deux couches de pierre ou entre deux couches de terre. Souvent ces couches fonc fans interruption dans une grande étendue de pays, d’autres fois elles font difperfées çà & là, leur épaïfleur varie fingulièrement ; il eft des pays où elles ont plufeurs toifes, d’autres où elles ont à peine quelques pouces, mais par - tout ces mines préfentent l’afpect d’une dépolition moderne,.faite par les eaux ; nous avons encore des exemples de ces dépôts continués en grand dans les marais de la Dalécarlie & dans plufeurs étendues d’eau, à la proxi- mité de quelques mines de fer en décompoftion, Nous connoillens jufqu’à préfent deux grands moyens employés par da nature pour difloudre, charier & dépofer ces mines de fer. Le pre- raier elt la décompofition des fulfures de fer ou pyrites ; le fecond eft le gaz acide carbonique ou air fixe, tenu en diflolution dans beaucoup (x) Cette divifion desMterreins eft dans un Mémoire fur l’efpèce de terrein dans lequel fe trouve le charbon de terre que j’aï eu l'honneur de lire à l’Académie Royale des Sciences dans l'année 1786 , & qui doit être imprimé parmi ceux de fes Savans Etrangers, ; d’eau SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 305 . sé . MY 7: û Le d'eau fourerraine ,à la proximité des terreins anciens. Les autres moyens, s'il en exifte, nous font encore peu connus’, c’eft pourquoi je crois inutile d'entrer dans ces détails. j Puilque toutes les mines de fer qui contiennent de l’acide phofphe- rigée & qui font dans des terreins modernes fecondaires ont toute l'ap- parence d'avoir été dépofées par Les eaux , il eft facile d'expliquer la caule de la préfence de l’acide phofphorique dans les mines qui ont éré dé- P HAOEP | q pofées dans des efpaces allez conlidérables pour foupçonner qu'ils con. tenoient des animaux aquatiques, depuis que l'on a trouvé cet acide dans toutes les fubitances animales ; mais parmi ces dépôts, plufeurs ont pu fe former dans des eaux qui ne contenoient point aflez de fubf- tances animales pour pouvoir leur attribuer la préfence de cet acide, il falloit donc leur trouver une autre oripine. Comme il eft peu d'é- tendue d'eau aflez confidérable pour laïfler dépofer des mines de fer qui ne contiennent des plantes aquatiques, j'ai cherché fi la décompofition des plantes aquatiques ne pourroit point étre une feconde caule de la prélence de cet acide dans ces fortes de mines, Les remarques de Port fur la Chimie de Boerhaave & les expériences de Margraff avoient appris que l’on obrenoit dû phofphore de quelques graines végétales, telles que des femences de moutarde, de roquette, de creflon, de poivre & de fromenr. M, Berthoilet avoit reconnu que la partie glutineufe de prefque toutes les graines contenoit de l’acide phofphorique comme toutes les fubftances animales. La feule conclu- fion que l'on pourroit tirer de ces expériences éroit que la partie glu- tineufe des plantes contenoit de l'acide phofphorique ; il nous refloir encore à découvrir fi les autres parties des plantes en contenoient auf. Margraff n'avoic point trouvé de phofphore dans le charbon des végé- taux, mais le procédé de Margraïf ne pouvoit indiquer que des quan- tités confidérables de phofphore, & dégagé de toutes combinaifons. IL éroit néceflaire d'en fuivre un autre pour déterminer {es plus petites por- tions, c'eft ainfi que j'ai trouvé l'acide phofphorique combiné avéc la terre calcaire dans différens bois, & dans différens charbons, comme je l'ai annoncé dans nion précédent Mémoire, Il ne me reftcir plus, pour dérerminer la préfence de cer acide dans tous les végétaux, que de le trouver dans les portions ligneufes & herbacées des plantes aqua- tiques. ‘ J'ai foumis à mes recherches douze efpèces de plantes marécageufes que M. Thouin, de l’Académie Royale des Sciences, a eu la bonté de me donner du Jardin du Roi. Ces plantes font, 1°. l’hibifeus paluflris, 2°. le folidago virga aurea , 3°. l'antirrynum linaria, 4. le fèlanurz nigrum vulgatum , $°. le flachis paluflris, 6. Yartemifia zelandica, 7°. le ruta graveolens, 8°. le lycopus europeus , 9°. le carex acuta , xo°.. le vinca major, 11°. le nepeta panonica, & 12°. le pos abif- Tome XX XIII, Part. IL. 1788. OCTOBRE. Qq 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fina. Toutes m'ont donné de l’acide oxalique & de l'acide phof- phorique, : Le procédé que j’ai fuivi pour chercher l'acide phofphorique dans ces plantes eft le même que celui dont j'ai fait ufage pour découvrir cet acide dans différens bois, & dont j'ai parlé dans mon premier Mé- moire, Il fe réduit à faire bouillir une quantité de chaque plantedans de l'acide nitrique (nitreux ) étendu d’eau, de les y faire bouillir jufqu’à ce qu’elles foient prefque réduites à un état pâteux, de laiffer refroidir le mêlange , de décanter & comprimer les plantes dans un linge pour exprimer tout le liquide qui y refteroit adhérent ; filtrer ce liquide & faire évaporer à un feu gradué ce qui eft paffé par le filtre, continuer cette évaporation jufqu’à ce que l’on apperçoive ‘des dépôts fe former au fond de la capfule & la laïfer refroidir. On voit, au bout de quel- ques tems, des groupes de criftaux prifmatiques s’y dépofer ; il faut aban- donner la capfule jufqu’à ce qu'il ne fe dépofe plus de criftaux. Ces crif- taux font quelquefois de l'acide oxalique ou faccharin très-pur, d’autres fois de l'acide oxalique mêlangé d’oxalate acidule calcaire ou fel faccharin calcaire, Lorfqu’il ne fe forme plus de criftaux, il faut décanter le li- quide furnageant, le faturer de potafle, faire bouillir la liqueur faturée, afin d'en dégager par le feu l’acide carbonique ou air fixe qui auroit pu être refté avec la potafle, malgré fa pureté, verfer de l’eau de chaux fur ce liquide ; il fe fait aufli-tôt un précipité de phofphate calcaire, pur, quand tout l’acide oxalique en a été féparé, ou bien un mélange de phofphate & d’oxalate calcaire, quand tout ce dernier acide n’en a: point été Ôté. On fépare ces deux fels par le feu qui décompofe l'acide oxalique, & fur le réfidu on verfe peu-à-peu un acide foible pour dif- foudre le carbonate calcaire ou la craie, ce qui refte eft le phofphate. Les quantités d’acide oxalique, mélangées ou non d'oxalate acidule calcaire que j'ai obtenu, ont varié entre 2 onces, 2 gros, 18 grains & 2 gros, 24 grains fur une livre de chaque plante, & celles de phof-- phare calcaire entre 1 once, 6 gros, 48 grains & 1 gros 12 grains, < Comme j'avois mêlé enfemble tous les produits d'acide oxalique concret, mélangés ou non d’oxalate acidule calcaire ou fel faccharin cal- caire que j'avois obtenu de ces plantes, j’ai cherché quel pourroit être le rapport d'acide oxalique & d’oxalare acidule calcaire dans tous ces pro- duits. J’ai pris pour cela une livre de ce fel que j'ai fait bouillir dans de l'eau diftilée. J'ai fait bouillir cette eau pour accélérer la diflolution. J'ai verfé de nouvelle eau fur les matières indiffolables, jufqu’à ce que j'eus la certitude que l’eau ne diflolvoit plus de nouvelles matières, J’ai filtré & j'ai obtenu fur le filtre 6 onces 6 gros d’oxalate acidule calcaire, Après avoir fait évaporer ce qui étoit paflé par le filtre, j'ai obtenu en- viron 9 onces, 2 gros de criftaux d'acide oxalique aflez pur. Voilà donc la bafe de deux acides bien déterminée dans les douze SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 307 plantes marécageufes que j'ai analyfées, celle de l'acide oxalique & celle de l’acide phofphorique. J'ai dit, la bafe de ces acides, parce qu’en faifanc bouillir les plantes avec l'acide nitrique, une grande quantité de cet acide s'eft décompofée, a laiflé dégager fon gaz nitreux, d'où il pa- roit très-probable que les acides de ces plantes ne fonc devenus fenfib'es que parce que l’oxigène combiné avec le gaz nitreux dans la compofi- tion de l'acide nitrique s’eft porté fur les bafes des acides oxalique & phofphorique pour les rendre acides, à mefure que l'acide nitrique fe décompoñoit & laifloit dégager fon gaz nitreux. Puifque l'acide phofphorique eft partie conftituante de prefque toutes les plantes marécageufes & de prefque tous les animaux aquatiques , on voit facilement la caufe de la préfence de cet acide dans prefque toures les mines de fer contenues dans le terrein moderne fecondaire & dépolées par les eaux, puifqu'il eft difficile de croire que des efpèces d’eau aflez con fidérables pour former des dépôts fenfibles n'aient nourri des animaux ou des plantes aquatiques. Après avoir déterminé les efpèces de mines de fer dans lefquelles on trouve de l’acide phofphorique & avoir trouvé la caufe de la préfence de cet acide, il me reftoit à faire les mêmes recherches fur les différens fers. Nous connoiffons trois états diflinéts du fer, fonte, acier & fer, On fait, d'après Les expériences de MM. de Vandermonde, Monge & Ber- tholler, que ces trois érars ne diffèrent que parce que le premier contierit du fer, de l'oxigène & du carbone; le fecond, du fer & du carbone, & le troifième, lorfqu'il eft bien purifié, ne doit contenir que du fer. Chacun de ces états a différentes divifions. Le premier fe divife en fonte blanche , fonte grife & fonte noire. Les académiciens françois ont encore fait voir que ces variétés dépendoient des proportions d’oxigène & de carbone qui font combinées avec le fer. L’acier fe divife en acier de forge, c’eft-à-dire obtenu par un procédé analogue à celui du fer, acier poule, ou fer cementé, & acier fondu, Ces divifions de l’acier s'établifent comme l’on voit, d’après les procédés que l'on fuit pour les obtenir; & enfin le fer fe divife en fer doux, fer caflant à chaud, fer cafflant à froid, & fer caflant à chaud & à froid. Prefque toutes les fonres & les aciers participent des quatre qualités du fer. Nous favions, d'après les expériences de Bergman & de M. Meyer de Stetein, que les qualités caffantes à froid du fer étoienc dues à une com- binaifon d’acide phofphorique, & que la mine & la fonte qui produi- foienr ce fer, contenoient déjà cet acide roue formé, Mais nous ignorions fi les autres efoèces de fer en contenolent aufli. J'ai fonnus à mes recherches des fontes qui produifoient du fer doux & du fer caflane à chaud , des fers & des aciers provenus de ces fontes, il en eft peu defquels je n'ai gbtenu un peu , le plus fouvent des infi- Tome XXXIL, Part, I1,1788. OCTOBRE, Qgq2 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, niment petits de phofphate de fer. Je me fuis fervi pour cela des df folutions dans l’acide fulfurique ou vitriolique à 1,527 que j'érendois après leur diffolution de huit ou dix fois leur volume d’eau diftillée; d’autres. fois j'ai fair ufage du prufliate de chaux purifié à la manière de Schéele.. Lorfque les quantités de précipité formées dans ces diflolutions étendues: d'eau étoient peu abondantes, je me fervois de l'épreuve au chalumeau pour reconnoître la préfence de Pacide phofphorique. Lorfque les pré-. cipités étoient affez confidérablés, je les faifois bouillir avec du car- _bonate ammoniacal ou alkali: ammoniacal ; je filtrois, faifois évaporer: Le phofphate ammoniacal avee excès d’ammoniac ou alkali ammoniacal, mélangeois ce fel avec de la poudière de charbon , faifois: éprouver un: grand feu, & je recueillois le phofphore qui fe dégageoir. … Danslesefpècesde fonte de fer & d'acier que j'ai foumifes à ces épreuves; . il y en avoit plufieurs que j'avois obtenues. moi-même avec des mines dontr l'analyfe ne m'avoir point donné d’acide phofphorique ; d'autres que: j'avois vu fabriquer devant moi, & dent ces mines n'en contenoient: point non plus; de-ce nombre font, 1°. dela fonte. & du fer des forges. de Pochsgangs, dans le Bannat de FemesWar, qui s'obtuennent avec! de la mine de fer aimanté & de la mine de fer noire; 2°. de la fonte, . du fer & de l’acier des forges de la €arinthie, qui s’obriennent avec des: mines de fer fpathique & hémarite ; 3°. des fontes, fer & acier des forges: du Dauphiné que l'on obtient avec des mines de fer fpathique & fpé-- culaire. . Que routes les efpèces de fonte, fer & acier que jai examinées aient: produit un peu d'acide phofphorique , il n'y auroit rien d'extraordinaire,, fi je n’avois point comparé ces fers avec les mines que l'en employées: pour les obtenir, parcé que l'on pourroit fuppofer:que parmi les mines. employées , ily en avoit qui contenoient ce phofphare ; & qu'étent en) trop petite quantité, il avoit trop peu d'influence fur les fers, pour leur: procurer la mauvaife qualité caflanre à froid qu'ils auroient eu, fi le: phofphate eût été plus abondant. Mais des fers obtenus avec des mines: parmi lefquelles l'avois- la certitude qu'il n’exiftoir point d’acide phof-: phorique ,.m'avoient aufli donné du phofphare de fer; puifque. ce phof-: phare ne venoit point des mines, il falloir donc. lut chercher une autre: origine, Si l'on fe rappelle que j'ai trouvé l'acide phofphorique ou fa bafe: dans les bois & dans les: charbons de bois ordinaire, rien re: fera plus: fimple & plus naturel que d’attribuer l’origine du‘phofphare de fer trouvé dans des fers obtenus avec des.mines qui-n’en contenoïent point, rien: ne fera plus-fimple que de l’attribuer à la bafe de cer acide trouvé dans: le charbon, Toutes tes fontes, fers & aciers obtenus des-mires qui ne-contenoient pointe d'acide phofphorique nront donné des quantités de phofphate: tès-différentes ; les plantes marécageufes, les feules fur lefquelles je me: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 309 “fois permis de déterminer les proportions, m'ont auffi produit de grandes variations dans leurs réfulrats. Ne feroit-il point poffible que les char- bons. obtenus de différens bois contiennent aufli des quantités très-dif- férentes d'acide phofphorique, & que ces quantités inflüaflent fur la qua- lité des: fers obtenus ? L’indication de ces réfulrars mérireroit quelques recherchés ; ce gui paroîtroit encore. faire defirer qu'elles fe fflenr, c’eft la perfuaffon où font les fondeurs que les charbons influent fur leurs ré- fultats. Nous favons déjà par les expériences de MM. Vandermionde ,. Monge & Bertholler, que les charbons doivent influer par leur quantité, refte à déterminer leur influence par rapport à leur qualité. EONCLIVÜSTO x. I] fuir de cet extrait, 1°. que de toutes lesmines de fer, celles qui! font contenues dans le terrein ancien ne laiflentspoine appercevoir d’in- dige d’acide phofphorique, tandis que celles des terreins modernes pri-- mitifs en contiennent quelquefois, & celles des terreins-modernes fe-- condaires en contiennent prefque toujours ; 2°. que cet acide phofpho- rique paroît être produit dans ces mines par la décompoftion des fubf- tances animales & végétales (1); 3°. que prefque tous les fers donnent: des indices d’acide phofphorique, que dans quelques-uns ils- font pro=- duits par la: mine même , & dans d’autres par le charbon avec le-- quel on les fond,. LETTRE DE M FO NT A N 4';, A M DELA MÉTHERIE,. Sur du Vitriol de Magnéfie trouvé dans des carrièress de Gypfé. Si le fait dont j'ai l’honneur de vous faire part, Monfieur, peut! mériter votre attention & celle des Chimiftes, je vous prie de le pu-- a (rx) M: de Ja Métherie avoit déjà dit (dans ce Journal, année 1787, janvier, . page 27) :« Tout l’acide phofphorique qu’on retire du règne minéral , viendroit-il m primitivement des autres règmes ? Il et certain que dans cette quantité de débris w d'êtres organifés que l’on rencontre dans les terreins calcaires , il doit y-avoir une* ». grande quantité d’acidé phofphorique qui par conféquent pourra s’unir au fer , au: » plomb& aux autres-corps. D’un autre côté ,on ne peur guère douter qu'il ne fe” »- reproduife journellement chez les êtres organifés. Aïnf il £e pourroir que celui qui »- exifte dans les minéraux y eût été apporté, Il fe peut auffi qu'il yen ai eu de: » produit ». Nore des Editeurs 310 OBSÉRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, blier dans votre Journal, comme le dépôt le plus précieux qui annonc aux Phyfciens les obfervations les plus importantes. On trouve à Guarene, à Saint-Viétoire, & aux environs, villages éloignés de Turin de vingt milles, des carrières de gypfe, dont la furface expofée à l’air atmofphérique , & particulièrement au midi, eft couverte d’une efflorefcence faline, qu'on ramaffe en grande quantité dans les plus grands froids & dans les plus fortes chaleurs, pourvu que le remps foit fec; dans l'intervalle de quinze jours, on en retire de l'épaifleur de fix lignes, & dans les deux équinoxes, on n’en ramafle ordinairement que la moitié, Quelques payfans de Canal, village éloigné de trois milles de Guarène, qui retirent par la lixiviation des terres du pays, la magnélie vitriolée ( fulfate de magnéfie) qu'ils ap- pellenr /e/ de Canal, dont ils font commerce, préfèrent de fe por- ter à Guarène & aux eñvirons, pour y ramafler l’efflorefcence en quef- tion, qu'ils font difloudre dans l’eau, & criftallifer, croyant que toùte eforefcence eft de la nature de leur fel de Canal, qui, comme je l’ai die, eit de la magnéfie vicriolée { fulfare de magnéfie). Lorfque j'appris que ce fel fe retiroit aufli du gyple, je me rendis far l'endroit même, & vifitai ces carrières, & après avoir porté mon attention fur le local, & fur les différens bancs de nature calcaire, je conclus abfolument que ce fel étoit formé par le gypfe même. Je fs provifion de ce gyple, & de fon efflorefcence que je portai à Duin pour les examiner. Lorfque je me fus convaincu par mes expériences que cette efflorefcence difloute dans l’eau & criftallifée , éroit de la véritable magnélie vitriolée ( fulfate de magnéfie }, je dirigeai mes expériences fur le gypfe, pour voir f je pourrois découvrir quelque trace de magnéfie; mais tous mes effais ont été inutiles, je n’ai pu retirer un atôme de magné- fie du gypfe. Ce fait m'a occupé pendant long-tems, & j'avoue que jufqu'à préfent je ne puis concevoir le myftère de la nature fur la tranf formation de la terre calcaire combinée avec l'acide virriolique (acide fulfurique) en véritable magnéfie vitriolée. L'air, comme on voit, eft l'agent de ce phé1omène que je regarde très-important, tandis que la magnélie qu’on a regardée comme une des terres primitives , ne feroit plus qu'une modification de la terre calcaire. Je n’abandonnerai pas mes recherches fur ce fait, & lorfque je ferai en état de publier mes expé- riences, mes obfervations, & le moyen que la nature emploie à cette formation , fi je fuis affez heureux d’eñ pénétrer les opérations, j'aurai l'honneur de vous les envoyer. En attendant je m'emprefle de vous aflurer dle toute l'eftime bien due à unsvéritable favant comme vous, avec laquelle j'ai l'honneur d'être, &c. Turin, ce 17 Septembre 1788. QUELQUES OBSERVATIONS » SUR LA LETTRE DE M. BRUGNATELLTI; Par M, be REXNIERr. La lettre de M, Brugnatelli nous annonce que les Phyfolt giftes ita- liens n'ont pas mieux reçu, que les favans françois, mes expériences fur la caftration des plantes. Un aflez long voyage que j'ai fait cet été m'a empêché de répérer mes expériences en préfence des botaniftes de cette capitale : j'ai été de retour dans une faifon où je ne pouvois plus efpérer de fuccès. Je me permerttrai cependant quelques réflexions fur les objections qu'on me fait généralement. Mes expériences font faufles, cela eft hors de doute, car elles font oppofées à celles du célèbre Linné : donc j'ai fait la caftration des fleurs, après que la fécondation a eu lieu. M. Volta ajoute, à certe objection générale , que la fécondation des trémières précède de plus de quatre jours l’épanouiflement de la fleur. J'admets un moment certe décifion , & je vois avec furprife, que Linné dit formellement qu'ii a coupé les étamines après l'épanouiflement , & que les ovaires ont éré ftériles (1). Ainfi Linné, qui a coupé les étamines après J'épanouiffe- ment de la fleur , a démontré le fexualifme des plantes, parce qu'il æ fait l’amputation avant l'émiflion des pouflières #& moi , qui ai fait l'amputation deux jours avant l’épanouiflement , j'ai obtenu des femences fécondes parce que la fécondation avoit déjà eu lieu. Je laifle aux Lec- teurs le foin de tirer les conclufions qui paroiflent en découler naturel- lement. Si les expériences de Linné font vraies, elles entraînent né- ceffairement la vérité des miennes ; car fi Linné a fair fes expériences avant la fécondation, j'ai aufli faic les miennes avant cette époque, & (1) Comme il étoit effentiel de déterminer que Linné a fait fes expériences apres lépanouiflement de la fleur, je crois devoir rapporter les expreflions de fes traduéteurs, Article du Chelidonium corniculatum , M. Brouffonet dit: J’avois fair cette ope- ration lorfque les pétales venoient de s'ouvrir. M, Smith dit: Upon the firf? opening of its petals. Article du Nicotiana fruicofa , M. Brouflonet dit: J’enle- vai foigneufement routes les anthères d'une fleur qui venoit de s'ouvrir. M.Smith dit:exrraélede thejantheræ from a newly expanded flower. Articledel Æfphodelus ramofus , M. Brouflcnet dit : Je coupai les écamines d'une fleur rouvellemenr éclofe. M. Smith dit : From one of the flowers which hed lately openei. Si j'avois pu confülter la differtation originale, j’aurois aufli rapporté les expreflions de Linné lui-même, LE 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il paroîc qu'on peut admertre-la concluffon que j'en ai tirée, que dan$ certains cas , le concours des fexes n’eft pas néceffaire pour que les graine$ foient fécondes (1). : Un reproche qu’on peut faire avec quelque fondement à Linné, c'eft la facilité avec laquelle il établifloit des loix générales : quelques faits ifolés lui ont fufñ plus d’une fois pour prononcer, fans que les excep- tions, fouvent plus nombreufes que les faits favorables à fon opinion, puffent lui donner des doutes. Une perfonne non prévenue ne peut voir fans étonnement , le petit nombre de faits qui ont fufñ à Linné pour établir cette loi, que rien ne peut naître fans une fécondation anté- rieure. La differtation de cet Auteur, fur le fexe des plantes, contient toutes les preuves qu'il a données, & ces preuves confiftent en dix-huit expériences & quatre obfervations. Après avôir établi cette loi, Linné a cherché les organes {exuels dans routes les plantes, & on ne voit pas qu'il ait fait des expériences, pour prouver que ce qu'il Prenoit pour ces organes dans les plantes criprogamiques, l’éroit réellement. Ainfi des aflertions de cet auteur n'ont pas le degré &e certitude qu'on doit exiger pour les admettre comme principe fondamental. H faudroir une malle de faire plus confidérable & des expériences mieux foignées, Linné fe contentoit de tranfporter les individus unifexes, d’une croifée à une autre, & ces individus étoient flériles malgré ce peu de précaurions. M. Spallanzani renfermoit les plantes dans des vafes hermétiquemene fermés \accéléroit leur Hloraifon par des moyens artificiels , & cependant Jes linnéifles l'accufent d'avoir manqué de précautions & de n'avoir pas fait ces expériences avec foin. Linné a féparé des individus femelles du chanvre à fa manière, & ces individus ont été ftériles: M. Spallanzani a fait la même expérience , & a obrenu des femences fécondes, IL eft - certain que le chanvre eft monoïque; mais pourquoi Linné a-t-il eu un réfulcat différent ? c'eft qu'il en vouloir un conforme au fyftème qu’il avoir adopté, Ce même défir de ployer la nature à fes vues, paroît dans tous fes Ouvrages. M. Medicus a publié depuis peu en allemand, & va faire parcître en françois quelques expériences fur la formation des champignons, qui répandront un nouveau jour fur la reproduction des planres. Les vérités nouvelles percent avec peine, cependant leur réunion doit néceflaire- ment l'emporter fur l'appareit d'un fyftème faice. Paris, Le 2 Oëobre 1788. z (1) Voyez le Mémoire, Journal de Phyfique, Novembre 1787. ÆErrata pour la Lettre inferée dans le Journal de Seprembres Page 216, ligne 17, organes extérieurs, Lifez organes intérieurs, — Page 17, Ligne 7, Sallingue, Zifez Solingen, LETTRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 313 CoEvTrerÈRrE DE M SCHROETER:; A M DE LA MÉTHERIE:; SUR UNE TACHE DE LA LUNE. : NSnerevn Les 9 , 10 & 11 d'avril de cette année, j'ai découvert & mefuré au moyen de mon téle{cope de fept pieds & d’un micromètre à projection , une lumière pâle ou une petite tache de lumière qu'il y avoit sous prés d'Ariflarche dans le difque obfeur de la lune. Sa diftance du bord feptentrional d'Ariftaghe n'emporta que 26”, celle du bord boréal de la lune 3/ 45”; la diftance qu’il y avoit entre Le bord boréal d’Ariftarche & celui de la lune 3/ $8//, & le diamètre de la tache de lumière environ : de celui d’Ariftarche. Il eft bien remarquable que juftement en cet endroit, que j'ai mefuré aufli dans le difque illuminé , il y a felon mes deflins féleno-topographiques une petite montagne environ de $”, fur laquelle un cratère.eft vifible fous quelques angles d’illumination , mais néanmoins pe plufieurs raifons je fuis porté à croire que cette tache ne foit pas la lumière d’un volcan , mais plutôt , au moins pour la plupart , une lumière réfléchie de la terre, Je fuis, &c. A Lilienthal, près de Bremen , ce 3 Juillet 1788. EX TERAN TSD'UNE LETTRE DE M KLAPROTH, AM FÆRBER,. 7 Confeiller des Mines de Prufle : SUR L'ANALYSE DE L'APATIT. 11 RÉ Je viens d'analyfer l’apatit de M. Verner (1). J'en ai retiré de la terre calcaire & de l’acide phofphorique. (1) L’apatitde M. Verner eft une efpèce de béril criftallifé en prifmes hexaëdr.s, &Ce Note des Editeurs. Tome XXXIII, Part, IT, 1788. OCTOBRE. Ri 314 OBSERWATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'ai également traité le quartz cubique trouvé par M. Laflius. Cette” fubftance , m’a donné de la terre calcaire, de la magnéfie, & de l’acide fédatif, ou acide du botax , ainfi que l'avoit trouvé M, Wefrumb, J'ai l'honneur d’être, &c, è ee et NOUVELLES LITTÉRAIRES. J éséot ve GAESsTNER M.rDi&c: dé Froibus & Seminibus Plantarum, &c. des! Fruits & des Semences des Plantes ; par M JosÈPx GAESTNER, Doëteur én: Médecine ÿ Membre de FAcadémie Impériale des Sciences de tn , © de lu Société Royale de Londres, À Stutgard, chez l ur, 1788, 2n-4°. de 384 pages. Prix aduel , 24 Liv, & dans fix mois 36 liv. . Cette importante Carpologie, dédiée à l'illufre voyageut anglois, M. Bancks , démontre l’analogie des végétaux avéc les animaux , fpécia= lement dans leur reprodu&ion. Elle eft compofée de quatorze Chapitres, dans lefquels ôn traite très en détail & d’une ianière diftinguée de la différence qu’il faut faire du bourgeon à la feméence, la défcriprion de l'œuf végétal ; fon organifation eft parfaitement femblable à celle de l'œuf des oifeaux il-eft aufft fait mention de toutes lés parties qui fervent à la génération des plantes ; il eft enfuite parlé des fruits en général, de leurs enveloppes, des péricarpes, des récepracles, de la ‘nraturité des femences , des diverfes partiés organiques qui entrent dans la fabrique des Fruits , des tégumens qui revêtent les femences , des liqueurs de certains fruits analogues au blanc & au jaune de l'œuf, des cotyledons, de l'embryôn , le tout eft terininé par un fyftêéme botanique abfolument fondé fur la difpoftion des fruits. Quatre claffes ont fufñ à M, Gaeñner, * pour établir fasnouvelle méthode, La première clafle comprend les plantes acotyledones ;: dont les femënces font invifibles. La feconde renferme les monocôtyledones, telles font les graminées , les liliacées, La troifième contient les dicotyledones , il s’agit des verticillées , des ombellifères , dés cariophillées , c’eft la plus confidérable, La quatrième eft appelée policotyledones , c’eft la moinsnombreufe. Le refte du volume eft emplogé à cinq centuries qui contiennent la defcription de cinq cens genres de plantes & de leurs efpèces :-leurs fruits & femences, ainfi que leurs diverfes parties organiques , font fidèlement repréfenrés dans les planches gravées en taille-douce. Aucun Autèur avant M. Gaeftner n'avoit traité cétre matière avec autant de foin , & jufqu’à ce jour nous n'avons aucun Livre fur Les fruits & les femences, femblable à celui-ci. Il éft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 315 précieux aux naturaliftes , botaniftes, phyficiens ; culrivareurs & amateurs. L'Aureur a {ouvent changé Ja nomenclature du chevalier de Linné, & a créé de nouveaux genres, qui la-plupart lui ont été fournis par le célèbre M. Bancks. Ce riche recueil offre beaucoup de plantes exotiques nou- vellement découvertes, ; Programme. de l'Académie des. Sciences, Belles= Lettres & Arts $ . de Lyon, 1788, Diffribution & prorogation de Prix, L’Académie a tenu, le 26 août dernier, la féance publique, deftinée à la proclamation des Prix. Elle en avoit trois à diftribuer cerre année. Pour les Prix d’Hifloire-Naturelle | fondés par M. Adamoli, elle avoit propofé le füjet füivant : LAD'ES % - Quels fonc'les différèns infeéles de la France réputé venimeux? gtelle ef la nature de leur venin ? quels font les moyens d'en arrêter Les effets ? | ; Les Auteurs’, en annonçant les infe&les qu'ils voudront défipner , en détermineront le genre & l'efpèce. 5 3 On leur demande -effeñtiellement de nouvelles recherches G des expériences. \ "Hit 10 7 es aueN, ss Le Mémoire couronné a pour devife ces mots : Morfu & punétur&, contaëlu , exhalatione & hauflu. © = L’Auteur eft M. Amoreux fils, Dot. Méd.'en l'Univerfité de Mont- pellier, de plufieurs Académies & Sociérés d'Agriculture, le même favant, auquel l’Académie a, ci-devant, décerné deux autres couronnes ; l’une fur le fujet concernant /es hates, Pautre, fur les tentures, tirées dés Lichens. La médaille d'or lui a été adjugée ; le. fecond Prix, ou la médaille d'argent, a été rélervé. 15 L'Académie avoit propofé un Prix doable de 600 liv. réfervé de la fondation de M, Chriftin, fur un fujet relatif aux Arts, & avoir demandé de fixer les couleurs des Lichens , notamment de l'Orfeille, de maniere qu'on puiffe les réputer de bon teinr. La difficulté du fujer , peut-être même la:modicité de la récompenfe, femblencavoir éloigné les concurrens; cépendant l’Académie, confidérant qu'il n’eft pas à préfumer que d'habiles artiftes ne £e foient occupés d’un objet aufli-intéreffant pour nos manufatures, &'qu'il en eft peur-êtré qui defirent encore quelques délais, a cru devoir continuer &proroger le fujet jufqu’à l’année prochaine ; dans l’inrention , néanmoins, d'y re- noncer, fi, à cette époque, la. diftribution n’a pas: lieu,,& d'employer les 600 liv. à doubler:un .autre prix, concernant es arts, L'énoncé du problème & les conditions feront rappelés ci-après. À l'égard du-prix de phyfique , l'Académie. ; après avoir ‘couranñé Tome XXXIII, Part. Il, 1788. OCTOBRE, Rr 2 ! 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; un Mémoire qui démontre les dangers évidens qui réfultent de la mix: tion de l’alun dans Le vin, avoit propofé, pour cette année , deux mé- dailles d’or , de la valeur, chacune, de 300 liv., à celui qui détermine- roit la manière la plus fimple, la plus prompte & la plus exaëe de découvrir, dans le vin, la préfence de l’alun & fa quantité. Quinze Mémoires ont été admis au concours ; mais les expériences qu'ils indiquent, & qu'il importe de répéter avec exactitude, font fi nom- breufes, que les Commiffaires , chargés de ce travail, n'ont pu le ter- miner encore, &.ont demandé que l’adjudication du prix fût renvoyée à la féance publique du 2 Décembre prochain; & fans délai, le juge- ment de l’Académie fera publié dans les papiers publics. Sujets propofes pour l'année 1789. L'Académie, en 1771 , ayant à diftribuer le prix des arts , avoit par- tagé une cohronne entre deux Mémoires /ur la manière de durcir les cuirs ; elle annonça alors que fon objet étoit d'encourager les re- cherches qui tendent à perfeëlionner , en France, l’art du tanneur 3 prenant, de nouveau , cet objet en confidération, elle a propofé le fujec füuivant : Trouver le moyen de rendre le cuir imperméable à Peau , fans al- térer fa force ni Ja foupleffe, & fans en augmenter fenfiblement le prix, 4 deyrt l CONDITIONS. |, ; Les paquets feront adreflés, francs de ports, à Lyon, à M. de la Tourrette , Secrétaire perpétuel pour la’claffe des Sciences , rue ‘Boiffac ; Ou à M. de Bory, ancien Commandant de Pierre-fcize, Secrétaire perpétuel pour la claffe des Belles - Lettres, & Bibliothécaire, rue Sainte Helene ; Ou chez Aimé de la Rôche, Imprimeur-Libraire de l’Académie, muifon des Halles de la Grenette. Le prix confifte en une médaille d’or, de la valegr de 300 livres, & fera délivré en 1789, dans une féance publique de l'Académie, après Ja fère de Saint-Louis. Les Mémoires ne feront admis au concours, guetjufqu’au premier Avril de la même année, le terme étant de rigueur. La même année, l’Académie décernera, extraordinairement , le prix double qu’elle avoit réfervé, concernant Zes arts ; elle a propofé le fujet fuivant : Fixer fur les matières végétales ou. animales, ou fur leurs tiflus, en nuances également vives & varices, la couleur des Lichens, & fpe- cialement celle que produit l'orfeille, c’efl-à-dire , teindre les matières végétales ou animales ,ou bien leurs tiffus , de manière que les con- : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 leurs qui en réfulteront, notamment celles que donne l'orfeille, puiffene étre réputées de bon-teint. On demande que les procédés de teinture & ceux d'épreuves , foient » accompagnés d'échantillons , tels qu’on puiffe inférer de leur état de comparaifon, ce que telle ou telle couleur & telle ou telle nuance peuvent fupporter de l'aëion de l'air ou des lavages. Nota. Les concurrens, qui voudront répéter leurs expériences en préfence des commiffaires de l'Académie, y feront admis, après avoir . dépofé leurs Mémoires au concours. Les autres conditions, comme ci-deflus, On diftribuera après la fête de Saint - Louis, Le prix double, qui confifte en deux médailles d’or, de la valeur, chacune, de 300 liv. - A la même époque, & fous les mêmes conditions , l'Académie ad- jugera le prix de 1200 liv. dont. M. l'Abbé Raynal a fait les”fonds. Elle a propofé le fujer pour la quatrième fois, & dans les mêmes termes :, La découverte de l'Amérique a-t-elle été utile ou nuifible au genre humain S'il en réfulte des biens, quels font les moyens de les conferver & de les accroitre ? Si elle a produit des maux, quelssfont les moyens d'y remédier ? - L'Académie n’admettra au concours, que les nouveaux Mémoires qui lui feront adreflés, avant le premier avril 1789 , ou de nouvelles copies des anciens, avec les changemens que les auteurs jugeront con- venables, Nouveaux Sujets propofés pour l'année 1790. Pour le prix de mathématiques, fondé par M. Chriftin, l'Académie propofe le problème fuivant : ; Le [yfléme de l'applatiffement de la terre vers les poles ; eft-il fonde fur des idées purement hypothétiques ; ou peut-il étre démontré rigou- reufement ? L'Académie demandé une théorie qui embraffe toutes les preuves & toutes les difficultés, & qui puifle Sxer l'opinion fur cette matière. Le prix confifte en une médaille d'or, de la valeur de 3c0 livres; il fera décerné, après la fête de Saint-Louis en 1790, & les Mémoires ne feront admis à concourir, que jufqu’au premier avril de la même année. Les autres conditions, comme ci-deflus. Quant aux prix d'hifloire naturelle , fondés par M. Adamoli, l'Aca- démie n’a, jufqu’à ce jour, confidéré cette fcience, däns les fujers qu'elle a propofés, que relativement aux applications qu'on en peut faire dans les arts ; mais, fuivant l’efpric du fondateur, elle a reconnu qu'elle devoit auffi chercher à concourir, directement, aux progrès des diverfes branches 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'elle embrafle ; & dans cette vue, elle propofe, pour l'année 1790, [e fujer qui fuir : ME UE : RafJembler les notions acquifes fur La famille naturelle des plantes} diflinguées par Ray & par Linné, fous le nom de Stellatæ. -" En déterminer rigoureàfernent les genres qui fe rrouvent en Europe} en examinant fé ceux qui'ont Ëre établis par les bosanifles modernes ; font naturels ou artificiels. Décrire, avec precifion, toutes les efpèces européennes , dans les termes techniques , adoptés par les modernes, [hivant la méthode de Linne. 7 Décrire plus particulièrement les efpèces qui n’auroient pas été re: connues ou fuffifamment déterminées. Diflinguer exaëlement les variétés effentielles, notamment dans le genre du Caillelait (galium ). Enfin, joindre aux defriptions, les fynonimes des meilleurs auteurs, l'indication des figures qu'ils ont publiées ; & s’il eff poffible, communi= quer, en échantillons deffeèchés, les efpèces ou variétés, fur leJquelles porteroient des obfervations nouvelles. Le premier prix confifte en une médaille d’or de 300 livres , Le fecond. en deux médailles d'argent, frappées au même coin. Ils feront diftribués en 1790, après la fête de Saint-lierre. L’admiffion des Mémoires au concours, eft fixée au premier avril de la même année; Les autres con ditions, fuivant l'ufage, ÿ = A Lyon, le 2 feptembre 1788. Programme de la Société Liveéraire de Grenoble , publié en Murs 1788. HRÉRTORES La Société Littéraire de Grenoble, dans fa féance publique du r2 mars de cette année, avoit décerné une médaille d'or de la valeur de 300 liv.à M. Achard de Germane, Avocat au Parlement, qui, l'annee derniere, avoit obrenu un femblable prix; celui-ci a eu la même def- tination que le premier, M. Achard ayant prié la Société d'en difpofez pour en faire l'objet d'un nouveau concours, En conféquence, confidérant l'influence qu’ont eue les hommes cé: lèbres fur le fort de leur Patrie, & voulant dérerminer Je jugement de la poftérité fur ceux qui ont opéré quelque révolurion, fans que l'éclat des ralens militaires puifle faire illufon fur le défaut des qua- lités morales, la Société propofe au concours l'Eloge hiflorique du Connétable de Lefdiguieres. | Le Prix fera une médaille d’or de la valeur de 309 liv., qui fera diftribuée dans la féance publique du mois de juin 1789. La Société avoit demandé poux fujet du fecond Prix qu'elle avoit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 3 décerner dans la féance du 12 mars : Quels font les moyens de perfe“ionner la filature- des foies, afin de pouvoir obtenir dans les derniers appréts les Jotes de premiere qualité, & les avantages ou in- convéniens. qui réfulteroient de l'ufage du charbon de pierre dans les tirages de foie ? N'ayant reçu fur cette queftion qu'un feul Mémoire, qui ne peut pas même être admis au CGNÇOUrS PAuteor s'étant fait connoître , l’Académie a renvoyé l'adjudicarion du Prix propofé à fa féance publique du mois de juin 1789. Les Mémoires feront reçus jufqu’au premier mai. Cette Compagnie -décernera un Prix dans fa féance publique du Mois de février 1789, fur la queftion fuivante :- Quels Jérotent les anoyens d'extérper 6 de prévenir déformais la'mendicuié en Dauphiné ? En conféquence, de procurer dans les villes, beurgs , villages & ha- meaux de cette Province, des fecours efficaces & permanens aux Rabitans pauvres, notamment aux vieillerds, aux femmes , aux en- fans des deux fèxes, tant en Janté qu'en maladie? Les Mémoires feront recus jufqu'au premier janvier. Ces deux/Prix feront chacun une Médaille d'or de la valeur de 300 liv., & une de 150 liv. pour l'ac- .ceflit; ils font dus à la bienfaifance de M. de la Bove, Intendant de éette Province, qui a diété les Programmes, Dans la même féance du 12 mars, la Société a renouvelé l’an- nonce du Prix Qu'elle doit décerner dans la féance publique qu’elle tiendra cette année, immédiatement après la fête de S. Jean, à ?’ Eloge kiflorique du Chevalier Bayard, Les Mémoires feront reçus jufqu'au premier mai, : Les Aureuts joindront à leurs Mémoires, un billet cacheté, qui con- tiendra leurs noms & leurs épigraphes. Les paquets feront adreflés à M. l’Intendant de la Généralité de Grenoble, qui fera pafler les récé- piflés du Secrétaire perpétuel de la Société, à l'adrefle que les Auteurs indiqueront, | 3 Faures à corriger dans le Cahier du mois d’aofr. Page 147, ligne 16 , réfidu, Zifez réfultat Ligne 33, effacez fuivant M. de Fourcroy Page 148, ligne 24, fuivant la méthode ingénieufe de M. Lavoifier dont jene me fuis pas écarté, Zifez fuivant à-peu-près la méthode de M. Lavoifer. Ligne 41, 1300, lifez r100. " Page 149, ligne 12, vous la trouverez couverte de criflaux rhomboïdaux qui s'étendront jufqu’au fond, Ziféz vous trouverez des crifteux rhomboï daux au fond Ligne 19 toujours , /ifez fouvent Ligne 26, ceréfidu, effacez jufqu'ä un fluide mucilagineux ; & Lifez fi-on met 1$0 ou 200 grains d’acide phofphorique de plus dans la quantité de foude mention- née, la feule différence dans le réfultat, c’eft que la liqueur reftante après la criflallifation ft un fluide mucilagineux À La Lig ne 42 , ce qui s'accorde, Lifez ce qui ne s'accorde pas Pa ge 150, ligne 32 , toujours, Zifèz fouvent. 320 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c ÿ 2 D, . TASBORTE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: e M ÉMOIRE fur les Aréomètres ; par M. VALLET, Direéeur de læ Manufaëture des Acides de Javel, | page 241 ù Obfèrvations fur La conftruétion des Cônes de Cherbourg , 246 : Expériences [ur la caufèe de l'Eleëtricité des Subflances fondues & 4 refroidies ; par M. VAN-Marumé& M.PAETS A AU M 6E 2 # 24 : Examen de la prétendue abforption du Charbon dans les vafes clos ; e- par M. le Comte DE SALUCES, 253 F Réflexions fur la nouvelle Nomenclature chimique , pour fervir 2 d'introduétion à la traduétion efpagnole de certe Nomenclature ; - par M. D'AREJULA., Chirurgien - Major des Armées Navales de S. M. C. 262 1 Extrait d'un Mémoire intitulé : Recherches fur un Arbrifleau connu 4 des anciens fous le nom de Lotus de Lybie’; par M.'DEs FONTAINES, | de l'Académie des Sciences , 287 % Recherches chimiques fur la Molybdène d'Altemberg en Saxe ; par h M. IsLMANN : extraites des Annales chimiques de*M. CRELL , année | 1787, 6 vraduites de l'Allemand par M. CourET, Elève en Pharmacie à Paris, 292 Obfervations [ur l'influence de l'Air & de la lumière dans la végétation des Sels ; par M. CAAPTAL, 297 Extrait d'une Lettre de M. Wesrrums, à M. CRELL, fur le Sel Jédatif nouvellement découvert dans le Quartz cubique de Lune- bourp , 30I Extrait d'un fecond Mémoire lu à l Académie des Sciences ; fur la combinaifon de la bafe de l' Acide phofphorique avec les Prufliates ( bleu de Pruffe), quelques Plantes des marais , différentes mines de Jfer & plufieurs efpèces de fer ; par M. HAssENFRATZ, 303 Lettre de M.FONTANA , à M. DE LA MÉTHERIE , fur du Wirriol de magnéfte trouvé dans des carrières de Gypfe , 309 Quelques obfervations fur la Lertre de M. BRUGNATELLI; par M. DE REYNIER , 311, Lettre de M. SCHROETER , à M. DE LA MÉTHERIE, fur une tache de : la Lune, 313 Extrait d’une Lettre de M. KLAPROTH, à M. FERSER, Confeiller des Mines de Pruffe, jur l'Analyfe de l'Apatit, ibid, » Nouvelles Litréraires , 314 Eu & approuvé , &c, ce 2 oétobre 1788, VALMONT DE BOMARE, e LPS: F octbr- EE ———— ê [E Î JOURNAL DE PHYSIQUE. 3| NOrEMBRE 1788. | QUATRIÈME VOYAGE MINÉRALOGIQUE, FAIT EN AUVERGNE, Par MYyMONNET. L'Histoire de ce voyage devroit être la plus longue, puifque ce voyage comprend tout Le rour de l'Auvergne, que j'ai parcouru en 1772, avec coure l'attention dont je fuis capable ; mais par malheur ayant perdu le journal exa@ que jen ai fait, & ne m'en reftant que quelques notes, il fera le plus court, & le moins intérefflant eu égard à l’érendue du . terrein qu'il comprend (1). J'ai commencé ce voyage en venant du Limoufn, & entrant en Auvergne par Saint-Avie & Pont-Aumur qui eft placé dans un fond aflez agréable, où pafle la rivière qui s'appelle la Sioule. En y entrant de côté, on a à La gauche une petite montagne volcanique qui peut pañler pour un volcan des plus nouveaux de l'Auvergne. On y trouve encore à fon fommet toutes les marques d’un cratère bien formé, & l’on voit rout autour de cette montagne les dernières coulées de laves & les pierres mal fondues que le volcan a vomies. À l’autre côté de ce ballin, à droite, on trouve à un quart de lieue de Pont-Aumur , une autre mon- tagne volcanique fort évafée, & comme un grand glacis de lave qui s'étend vers la vallée pendant plus de cinq cens toifes. C'eit-là où l’on taille de la pierre pour bâtir. Au furplus , tout le fond de ce baïlin & même toutes les hauteurs de terre qu'il y a de-là jufqu'à Pont-Gibeau font de granit gris, qui s’effeuillette en quelques endroits, & où jai (x) J'ai fait d’ailleurs ce long voyage à cheval, forcé par des circonftances parti- culiètes ; & il faut que j’avoue que cette manière de voyager el fans contredit la plus mauvaife pour un Minéralogifte. À tous momens il faut mettre pied à terre, pour voir & examiner les nouveaux obiets qui fe préfentent, & il: ed impoffible ‘d'en füivre la (érie , & de voir tout. fl faut de toute nécefité voyager à pied, & fe faire (üivre par un homme ou deux qui portent les provifions & les chofes en énéral qui font néceffaires pour de teis voyages. Tome XXXII, Part. Il, 1788, NOVEMBRE. Sr 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, trouvé quelquefois des veines où il y avoit de la pyrite ordinaire , maïs en très-petite quantité, Toute la Combrailles & tout le terrein qui accompagne la Sioule jufqu'auprès de Saint-Pourçain, eft de mème nature à-peu-près, excepté du côté d’Evaux ; de Montluçon, de Montaigu & d’Ebreuil , où il fe montre quelques veines de charbon & d’antimoine. Pont-Gibeau eft un bourg confidérable qui eft auffi placé dans un fond taillé dans le granit. Mais ce fond eft beaucoup plus ouvert que celui de: Pont-Aumur & moins creux. Le granit n’eft pas flérile dans fes environs. Plufieurs filons pourfuivis autrefois & repris en plulieurs tems , ont rendu les environs de Pont-Gibeau célèbres pour les Minéralogiftes, On. diftinguoit fur-tout les mines de Barlecot , de Saint-Pierre-le-Charel 8 Defcombres , à deux lieues de Pont-Gibeau à-peu-près ; mais les filons , autant que j'ai pu le voir, ne font Re réguliers , ni parfai- tement fuivis, & le minéral qui s'y trouve s’en reflent : c’eft une mau- vaife galène, prefque toujours unie avec de la pyrite, qui s'étend beau- coup, & que les lavages ne peuvent pas toujours emporter entièrement ;, non plus qu'une efpèce de blende qui s’y trouve aflez communément, ce qui rend ce minéral, non-feulement très-rebelle à la fonte, mais. même très-difpendieux dans le trairement qu’exige l'extraction du plomb, Cette efpèce de pyrite y eft fi peu difpofée à s’effleurir, que j'ai vu un mon- ceau confidérable de ce minéral fur une de ces mines lavé & boccardé- abandonné à l’air depuis plus de trente ans, & qui n’éroir pas décompofé, Dans deux ou trois filons auprès de Saint-Pierre-le-Châtel j'ai vu du: très-beau minérai de plomb blanc, fur une gangue quartzeufe & ferru- gineufe. Mais au refte le minéral étoit en général fort rare dans ces filons, quoiqu'ils aient une bonne direétion, je veux dire du midi au nord par quart, ce qui fait voir, comme en effet je l'ai fair voir fi fouvert, combien il faut fe méfier des règles générales que les Mineurs faxons ont voulu établir là-deflus. I! y a cependant la mine du lieu les Combres, dont le produit & l'abondance ne démentoit pas cette règle; mais le filon principal court prefque parallèlement avec le ruiffeau qui coule tout auprès & en .elt toujours inondé. C’eft ce filon , où le minérai de plomb s’eft roujours trouvé uni à la pyrite & à cetre blende ferrugineufe dont j'ai parlé, qui a dégoûté le fieur Blumenflein & compagnie en 1744 de la pourfüite de ces mines: à quoi la difette des bois dans ces. quartiers a beaucoup contribué. Au furplus,le rocher graniceux de tous ces lieux préfente aflez fouvent à fa furface du fchorl verd & noir ; cette dernière efpèce que: Cronfledt défigne fous le nom de bafalte, eft la plus commune dans ces cantons (1), & y eft criftallifée en petites colonnes ou aiguilles. (x) Cette efpece doit être en effet difinguée ; car elle fait feu avec le briquet ,, f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 333 fort ferrées les unes contre les autres, & qui forment des petits paquets. I y a auûli auprès du Pont-Gibeau, au lieu nommé Javel , une fource d'eau minérale, qui a de la réputation. Cette eau contient, comme routes les aurres d'Auvergne, de la terre abforbante & de l'alkali minéral abondamment & du gaz ou air fixe. Après avoir vilité la vallée très-profonde & très-pitorefque où fe trouve la Chartreufe , connue fous le nom de Port-Sainte-Marie, & après avoir vu que cette vallée aflez droite eft taillée entièrement dans le granit, je revins à Pont-Gibeau, & de-là je fuivis la grande route qui mène à Clermont. Je remarquai qu’à mefure que je montois fur la chaîne qui {épare cette partie de l’Auverone d’avec la Limagne, le granit s’enfonçoie, & que les débris des volcans s’élevoienc de plus en plus, jufqu'au Puy de Dôme, qui couronne cette hauteur, & où les eaux fe partagent , les unes pour aller dans la Limagne , & les autres pour aller vers Pont-Gibeau. C'eft ici le lieu de parler de certe fameufe montagne, une des plus célebres de France, depuis que Pafcal s’affura par elle de la #érité déjà foupconnée de la pefarteur de l'air. Depuis qu'on a reconnu cette montagne pour être volcanique , fa réputation eft devenue encore plus grande parmi les Minéralogiftes. IL eft vrai que quelques-uns ont douté qu'elle eût été un volcan elle-même. Mais on ne peut avoir ce doute quand on la confidère attentivement ou fans être prévenu par quelque fyftème. On peut même croire qu’elle n’eft pas des plus anciens volcans , du moins on peut y reconnoître facilement le défordre & l'effec des dernières déjections, qui n’ont pas été emportées par- les eaux. À cet égard cette montagne peut être confidérée comme neuve; couverte d'herbes, les eaux gliflenc deflus, fans y pénétrer & la détériorer, ou la mettre à nud, comme tant d’autres dont nous avons parlé. Ce ne fera vraifemblablement qu'après un grand laps de tems que les laves bafal- tiques fort enfoncées fous les premières croûtes volcaniques , paroîtront au jour, Déjà on commence à voir qu'elle fe fillonne à l’oueit, ce qui découvre fes dernières coulées cendrées. Les petites montagnes qui lui font adjacentes à droite & à gauche, ne paroiflenc être que des amas formés des déjections de cette grande montagne; & lorfqw’elles feront affez dérériorées, elles laïfleront voir auffi & peut- être davantage de ces colonnes bafaltiques, Ce qu’il y a de remarquable ici , eft de voir que les coulées de laves ont plus porté vers la Limagne ou vers Cler- mont que vers le côté oppofé, & qu'on necommence à voir vers l'un & Y'autre côté des laves bafaltiques, c’eft-à-dire , configurées en colonne, qu'à une diftance très-crande de ces montagnes. me & femble n'être que du quartz coloré par le fer: mais je ne puis la ranger comme Cro nftedt dans le genre des bafaltes qui outre le fer & le quartz , contiennent aboiït damment de la terre argileufe, Tome XXAXIIT, Part, II, 1788, NOVEMBRE, Sf2 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je fuivis la grande route de Ja haute Auvergne , qui pafle au fud-eft du Puy de Dôme. De-là à Rochefort, je ne vis, indépendamment des produits volcaniques , que le granir, qui fe prefente quelquefois en belles couches ou bancs obliques, fur-tout fur le bord du creux de ce bourg, où l'on diflingue quelquetois des variérés dans cerre roche & des terres dcracées entre fes couches: Je ne dirai rien de l’écendue du terrein qui et comprife entre Rochefort & Saint-Sauve, où l'en pafle la Dordogne, qui coule déjà ici dans une tranchée , taillée dans le granit, des plus profondes que l'on puifle voir, & où l'on remarque plufeurs veines dans lefquelles fe trouve du minérai de plomb , très-pauvre en argent, remme le font tous ceux d'Auvergne, Je me hâte de venir à la terre de Précho- net apparténante à M. le Marquis de Langeac, où le Minéralogifte peut trouver une très-belle occafon de faire de bonnes obfervations. En entrant furce terrein, on eft frappé d’abord de la grande quantité de minérai de fer qui s’y trouve au-deflous dela croûte de terreau rougeâtre & fableux. On reconnoît-qu’auprès du château il a exifté une croûte volcanique, dent il refte des débris. Gn y voir fur-tout un maflif de lave bafaltique, en colonnes réoulières & droites , d'environ vingt-cinq pieds de hauteur & de trente-fix pieds de largeur. C’eft une efpèce de petite plate-forme, fur laquelle je fuis monté, & où j’ai vu que le bout des colonnes y forme un petir pavé fort régulier & très-ferré. Le minérai de fer qu'on découvre de tour côté fur deux lieues de cir- conférence autour de Préchonet, n’a jamais produit à la fonte qu'un fer caflant, & propre feulement à douner du potin, à caufe du zinc qu'il contient, Quelques parties de ces minérais femblent avoir été calcinées par les laves qui ont coulé deflus. Il y en a beaucoup de rouge & de poreux. Cependant ce fer battu & travaillé iong-rems à la force, devient peu à-peu malléable & acquiert du nerf. Au-deflous du terreau qui renferme le minérai de fer,on trouve le granit, qui forme toutes les élévarions qui {ont tout autour de ce rerrein enfoncé; mais quelques- unes de ces élévarions font couvertes de produits volcaniques & d’autres de terre ocracée & graveleufe. Le rocher a ici un carsétère tout parti- culier. Il offre plus de mica dans fa compofition que tout autre chole, & beaucoup de fes parties peuvent pafler pour cette efpèce que les allemands appellent greës, qui font en conféquence difpofées en feuillets éragés & retirés en arrière les unes au-deflus des autres, Mais ce qui mérite ici beaucoup plus l'attention des Minéralogifles : ce font de beaux blocs de quartz blancs & laiteux , répandus çà & là fur la furface de la rerre. Ce qui paroît d’aurant plus extraordinaire, qu'on ne conçoit pas du tout d'où ils ont pu tirer leur origine, ou s'ils ont été produits au lieu oùils fe trouvent , ce que je n'oferois décider (1). Au furplus, ce quartz eft (3) Ce n’eft pas ici feul à la vérité où de tels blocs de quartz étonnent : jen ai. c SUR L'HIST. NATUREELE ET LES ARTS, 32$ très-dur , comme tous ceux de cette efpèce. Ce qui m’a furpris finguliè- rement , ce fur de trouver de ces blocs de quartz qui prélentoient des aiguilles très-ferrées les unes contre les autres, Un aurre objet non moins digne d'attention que lon peut voir fur cette terre eft la roche calcaire primitive (1), que l’on trouve abon- damment au lieu nommé Bialon , Paroifle de Meflein , à une lieue & demie du château de Préchoner. Elle y eft comme encaltrée dans la roche; - la rexture de cette pierre eft formée de facetres fparhiques , comme il eft ordinaire de le voir dans cette efpèce de roche. Près de ce lieu il y a de petites veines de charbon, qui coupent la roche prefque comme les veines métalliques très-obliqueruent, Dès que j’eus vu la difpofñrion de ces veines, je foupçonnai qu'il devoit y avoir dans ce pays & pius bas que ces veines , d'autres veines contenant du métal. On m'en indiqua effeéti- vement plufieurs, au lieu nommé Chalmeyron, dont la gangue eft toure charbonneufe, & dans lefquelles on trouvoit de tems en rerns quelque peu de minérai de plomb. Telles font ces fortes de veines de charbon dans la roche primitive , étroites, ferrées , donnant de très-bon charbon, mais jamais , dans les pays élevés comme ici, en affez grande quantité pour faire un objet de fpéculation lucrative. De ce lieu je vins prendre la grande route pour continuer mon voyage autour de la lifière d'Au- vergne, Je ne dirai rien du terrein qu'il y a de-là à Bord, qui eft fort coupé ; mais je ferai remarquer qu'entre cette petite ville & Mauriac, le terrein qui s'élève beaucoup, offre bientôt une boffe chyreufe très-vafte , où fe trouve beaucoup de veines de charbon d’une excellente qualité. Les veines moins inclinées que celles qui fe trouvent dans le granit, font enveloppées par un chyte noir, qui fe montre au jour dans les pentes du terrein, Elles femblent courir de l’eft nord-eft au fud-oueft, en {e tor- tillant beaucoup , ou ferpentant, comme s'expriment les Mineurs. C’eft principalement fur les terreins de Vendes & de Lermai, à trois lieues & demie de Eord & deux ä-peu-près de Mauriac. Tout ce terrein, au moins déjà faïitremarquer en plufeurs autres lieux, dont l’origine paroït aufi probléma- tique, lefquels {ont pareillement répandus fur le terreau. Si on les trouvoit direëte- ment fur le rocher, on pourroit croire qu’ils en font des criflaux , comme nous en donnerons des exemples en parlant des Vôges; mais lorfqu’ils font difperfés fur le terreau , & que l’on ne voit aucune hauteur d'où ils aient pu étre détachés, on ne fait qu’en dire, à moins de fuppofer que les montagnes qui les ont produits aient été détruites , & que de leur deftruétion fontréfultées ces mafles. Mais comment pourroient- elles fe trouver fi bien difperfées ? (a) Cette diflin@ion fait aflez connoître l’efpèce de pierre calcaire dont il s’agit ici. Séduit par de faux ratfonnemens , on s’étoit perfuadé qu’il n’exifloit pas d’autres pierres calcaires que celles qui ont été produites par les coquilies. Maïs j'ai fait voir en différentes occafons combien on s’abufoit à cet égard, & Ja nécefité de diftinguer les pierres calçaires en primitives & en fecondaires, 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur plus de fix cens toifes de circonférence’, eft comme criblé par les fouilles qu’on y a faites au hafard pour retirer du charbon. Mauriac et fitué fort agréablement fur une belle éminence. Cette ville eft dominée à droite par une montagne volcanique pointue, qui a fourni routes les laves plates & autres dont cette ville eft bâtie, Elle eft elle- même afife {ur un monceau de lave, done le bas offre les premières. déjections du volcan , des terres bolaires rouves calcinées & autres. À l’oneft-fud-oueft, on trouve dans le granit des tranchées très-profondes, dans lefquelles on voit des veines qui ont donné de petites parties de minérai de plomb. C'eft principalement dans celle nommée la vallée de Corbeil , que fe trouvent ces mines. En defcendant dans cette vallée j'ai obfervé une de ces veines fort étroites dont j'ai retiré du fpath pefant. De Mauriac à Aurillac Le terrein fe haufle toujours, & à une lieue à-peu-près de certe dernière ville , on trouve qu’il eft couvert dé craie, & l'on ne voit plus le granit que dans le bas des plus grandes tranchées. Maïs peu avant d'arriver fur ce nouveau terrein , jobfervai un filon fort fingulier à la gauche de mon chemin, dans un montizule coupé fur ce chemin, prefqu'en face d’un village qu’on nomme Saint-Cernin , à deux lieues d'Aurillac. Ce filon n’eft garni que d'une efpèce de matière chyreufe noirâtre; mais il eft très-bien marqué , & a deux pieds & demi ä-peu-près de largeur : il eit incliné comme tous les bons flons. Aurillac eft fitué dans un creux fort agréable, où coule une petite rivière qui défend du Cantar, dans le lie de laquelle on trouve & même dans la ville beaucoup de belles pierres primitives , telles que du bafalce, des granits fins, ou porphires à raches verdâtres & rouges, & plufieurs fortes de quartz. Ces pierres peuvent être regardées comme très-antiques, puifqu'on peut fuppofer avec aflez de raifon , qu'elles ont été détachées des montagnes avant qu’elles aient été volcanifées, & dans les premières fecoufles peut-être qu’elles ont éprouvées. Car ces pierres , d'après notre principe, doivent y avoir été appliquées exrérieue rement & comme des criftaux. Ce n'eft que de cette manière que j'ai pu expliquer l'origine de tant de pierres primitives ufées qu'on trouve tous les jours dans le fond des rivières & dans le plus profond des vallées, & dont on ne retrouve plus les analogues dans les montagnes adjacentes. Mais ce qui peur étonner le Minéralogilte elt de voir que toutes les hauteurs qui dominent Aurillac font formées de craie, dans laquelle on voir de grandes maffes de lave poreufe, difperlées ou amoncelées çà & là. Alors on ne peut s'empêcher de croire deux chofes, l'une qu'avant que cette craie füc dépofée fur ces terreins , les pierres primitives dont nous venons de parler avoient été détachées, & enfevelies enfuite fous cette craie ; & l'autre que c’eft dans ce terreau crayeux que font nés enfuite les volcans. Ce qu'il y a encore de curieux à voir à ce fujet, eft que ces laves en roulant fur cette craie, en ont entraîné des parties avec SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 327 Jefquelles elles fe font unies ainli qu'avec les pierres à fufil qu’elles contenoient. J’ai ramaflé de cette craie qui fufoit dans l'eau à-peu-près comme une chaux éteinte ou comme une mauvaife chaux, & j'ai vu de ces filex légèrement calcinés & d’autres rouges, Plus on avance dans la belle vallée où coule la rivière d'Aurillac, & plus on voit que cette craie eft grofière, ou devient pierre calcaire ordinaire , où l’on obferve même beaucoup de parties coquillières & même des coquilles entières. Arpajon , village fitué fur la valiée, à une grande lieue d’Aurillac, eft à cet égard un lieu très-remarquable , non feulement à caufe de la grande quantité de coquilles qu'on y voir, mais encore à caufe d’une immenfe quantité de beaux blocs ou grandes roches de pierres filexiées, où l’on diftingue toures des nuances du paflage de la pierre calcaire & des coquilles à l’état de filex. On en taille des meules de moulins, c’eft-à-dire, de celles où la. matiète eft la plus unie & la plus uniforme, D'Awrillac à Vic en Corladès , on prend au nord-eft, on monte en fuivant le chemin pour defcendre dans une très-grande & très-belle vallée bordée des deux côtés par des débris volcaniques, & faifanc même des efpeces de murailles à côté du chemin. Beaucoup de ces. laves, prefque toutes poreufes & bourfouflées, font remarquables par la grande quantité de certe efpece de fchorl volcanique qu’elles renferment, qui eft ici le plus fouvent jaunâtre. Dans cette poftion, on a le groupe des montagnes de Cantat devant foi, le plus élevé & le plus grand de la Haure-Auverone. C'eft fans doute dans ce groupe où a été le foyer le plus grand & le plus élevé de cette partie de l'Auvergne , d'où s’eft écoulée cette immenfe quantité de lave qui couvre toutes les hagteurs qui l'avoifinent, & qui fe trouvent entre Aurillac & Murat. Vic eft fort agréablement fitué dans le vallon dont nous parlons, qui eft fort valte en ce lieu. À gauche on a une rangée de monta- gnes ou plutôt des appendix du Cantat taillées par les eaux ou fillonnées,. tandis qu’à droite on a des montagnes intactes & appartenantes au rocher primitif. Ce côté et charmant en comparaifon de l'autre. C’eft vers ce côté que fe trouve la fource d’eau minérale de Vic, renommée: dans toute cette partie de la Haute-Auvergne , à un quart de lieue de cette petite ville. Cette fource n’eft pas fort abondante; mais elle peut: être confidérée comme une des plus minérales de l'Auvergne, car 6: livres de cette eau m’ont donné 2 gros de terre abforbante & 1 gros d’alkali minéral, avec quelques grains de fel marin. Ce n'eft qu'à la faveur du gaz, comme je l'ai fait voir, qu'une fi grande quantité de: matière peut sy tenir en diffolution; aufli dès que cette eau eft ex -pofée. quelque rems à l'air, on voit la terre calcaire fe dépofer bier promprement. Cette eau paroît épaille à fa fourge & femblable à de: l'eau de :chauxs> Lo 221 323 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, De Vic pour aller à Murat, on pañle au pied du Cantat, d’aflez près pour pouvoir le confidérer tour à l'aife, fi on ne veut pas fe donnet la peine de monter deflus. On voit que la principale montagne de ce groupe eft à l'égard de celles qui l’avoifinent, ce qu’ett le Puy de Dôme à l'égard des fiennes, Cette montagne à prendré de fa bafe, n'a pas plus de onze cens pieds de hauteur, & n’eft la montagne la plus élevée de l'Auvergne, que parce qu'elle porte fur un terrein très -élevé lui-même. Quant à fa compofñtion, elle reffemble beaucoup, ainfi que les montagnes adjacentes, au Puy de Dôme & aux montagnes du Mont-D'or. Et c’eft une fingularité remarquable que cette reflem- blance, & confirmeroit que fi l’un de ces trois groupes a été un volcan, les autres l'ont été aufli, & qu'ils ont été l’un & l’autre les principales bouches qui ont vomi cette immenfe quantité de matière qui a inondé l'Auvergne. Dans ce cas, il faut fuppofer aufli, comme nous l'avons faie à l'égard des autres, que le Cantat a été bien plus élevé qu’il n’eft aujourd'hui, pour avoir pu lancer fi loin les matières, & que ce que nous en voyons aujourd'hui n’eft que le fond de fon crater, & même très- détérioré, & taillé par les eaux en pain de fucre, comme les autres montagnes que nous venons de nommer. Murat eft au pied d'une montagne volcanique taillée en pain de fucre, toute délabrée. On y voit de très-belles colonnes bazalriques détachées du fommet renverfées, & beaucoup qui font roulées jufques en bas; jy en ai vu des tronçons qui avoient plus de dix pieds de longueur , très-bien confiourés, à fix à fept pans, d'un à un pied & demi d'épaifleur. Je crois qu'on ne peut pas confidérer cette montagne autrement que comme un refte d'ancien plateau, taillé & dégradé, comme nous le voyons, par les eaux, Je ne fais fi on peut attribuer aux volcans l’enfouiffement d’une partie de bois qui fe découvre aujourd'hui fur le bord du chemin, au lieu nommé Chambeuil, à une demi-lieue de Murat, On eft d’autant plus porté à le croire, que ce bois charbonneux eft couvert par un lic fort épais de cendre volcanique , où l’on trouve des morceaux de vrai charbon végétal dans un état naturel, & tel qu'il feroir s'il venoic d'être fair. Et fi, comme il y a lieu de croire, les charbons exiftenc depuis à-peu-près les dernières coulées des laves, on peut regarder l’af- fertion du grand Stahl, que le charbon eft la matière la moins def- tructible de la nature, fi elle n’eft expolée au feu, comme un axiome inconteftable en Chimie, Il s’en trouve cependant en deflous de celui ci qui reffemble au jayet expofé fur les charbons ardens, il brûle en répandant une odeur bitumineufe. Au furplus, on voir tout autour de Murat , & même depuis le Cantat jufqu'ici, toutes les marques d'un pays.qui a été brülé. On y voit aufi, comme en tanc d’autres lieux de l'Auyergne , des terres cuiçes ou calcinées; fur-rouc ung SUR L’'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. ,329 1 < une belle couche de colcothar & duel rouge, tout auprès du bois -fofile dont je parle. Tous ces objets font fort connus à Murat; & on ne manque pas d'indiquer aufli aux étrangers qui veulent s’inftruire «en Minéralogie, une forte de couche d'un verre tranfparent noir ap- pliquée fur de la lave au lieu nommé Mendaille, à deux lieues de Murat, Le tems horrible qu'il faifoic lorfque j'étois à Murat, m'em- pêcha de me tranfporter en ce lieu pour y confidérer cette matière tout à mon aile; mais jen vis des morceaux aflez grands pour en juger. Ce verre eft d'une dureté extrême, & fouffre le poli comme celui d'Iflande, qu'on nomme gaoâte ou agathe d'Iflande, C'eft vrai- femblablement une portion de lave dans laquelle il y avoit moins de fer, qui dans les autres trop abondante, les rend opaques & poreufes. De Murar je fus à Saint-Flour. Dans cette diftance de cinq lieues, je vis à-peu-près les mêmes objets volcaniques que j'avoiswus jufqu'à Murat ; & je ne m'y arrêcerai pas, pour parler de [a fituation de Saint-Klour, qui eft vraiment fort remarquable pour tout Naturalifte qui veut réfléchir : car cette ville eft polée fur le bord d'une des plus grandes coulées de lave’ bazalrique qu'il y ait en Auvergne. Cette grande coulée s’abaifle un peu vers la Catédrale, & en général toute la ville eféfur la partie la plus abaiflée de certe coulée; mais elle n’en eft pas moins là, plus épaifle que par-tout ailleurs." Ce que l’on voit très-facilement fur le bord de cetre ville au nord, où elle eff coupée net fur le granit fur une épaiffeur de plus de quätre-vinots pieds; & comme le fauxbourg qui eftédeffous vers ce côté eft encore placé plus bas de trois à quatre cens pieds, cela fait une terrafle admirable; & comme il n’y a de ce côté aucun terrein qui borne la vue, Saint-Flour eft vu de très-loin , & eft regardé gomme étant placé fur une haute montagne. Tous les Géographes qui ont parlé de l'Auvergne l'ont répété les uns d’après les autres; mais c’eft ce qu’on peut corriger facilementen montant fur cette coulée, qui forme au-delà de la ville au côté oppofé , uneplaine unie & contigue à] d'autre terrein, de plus d’une demi - lieue d’érendue en circonférence ; elle forme pour les habitans de Saint-Flour , une pro- menade agréable ou plate forme , d'où la vue peut s'étendre fort loin (1). _Cerre coulée eft formée de colonnes mal confiourées qui portent fur de la cendre; elles font tellement ferrées les unes contre les autres, qu'elles ne laiffent paroître fouvent qu'une portion de leurs faces ou quelques-unes de leurs angles inégales & raboteufes, On voit fur un ravin au midi, que ces colonnes diminuent à proportion gun s’éloi- (x) Ceux qui douteroient de Ja très-haute antiquité des volcans d’Auvergné, pourroient faire attention que Sainr-Flour eft'une des villes les plus anciennes des Gaules, & qu’elle eft placée néanmoins fur une mafle de laÿes qu'aucune tradition n’a annoncée pour telle, Tome XXXIII, Part, II, 17988. NOVEMBRE. ae ‘330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, gne de la ville, comme la mafle de lave qui s'amincit à mefure qu’elle- s'élève au-deflous de Saint-Flour, Regle générale de toutes les coulées. de lave qui ont füuivi la difpofition des furfaces fur lefquelles elles s'érendoient, & qui fe font accumulées dans les lieux abaiflés & amin* cies dans Les lieux élevés. Mais ce qui peut paroître très-extraordinaire ici, eft de voir que la lave foir comme coupée fur le fauxbourg de Saint-Flour, & qu'on n’en trouve même pas dans ce fond. Ce qui prouveroit que lorfque la lave a coulé fur certe plature, Le fond, dont nous parlons n’exiftoit pas encore, & qu’il n’a été fait que depuis, & we c'eft cette même lave qui a garanti cette plature d’avoir été: abaiffée & rongée par les eaux à proportion de ce fond. De Saint-Flour, je fus à Chaudes-Aigues, bourg fort connu par fes eaux chaudes qui ont donné lieu à cette dénomination. Dans certe diftance de cinq lieues, je retrouvai le granit dévarni de laves, & couvert feulement par des terres ocracées & fableufes. Je ne remarquai qu'une feule montagne volcanique à trois lieues à-peu-près de Saint- Flour, à gauche, c’eft la dernière de ce côté-là ; car par-là on s'éloigne. de la férie des volcans. A droite on a la montagne de Cufsât & d’Ou- radour ; mais c’eft vers le côté des grands volcans. Chaudes-Aioues eft dans une des plus profondes tranchées de l'Auvergne, faire dans le granit à gros grains. Les eaux chaudes que l'on voit fortir dire“tement du rocher dé granit par plufieurs endroits , mais principalement la grande fource, font un des plus beaux phénomènes de la Minéralogie , non-feulement à caufe de leur abondance, qui eft telle qu’elles for- ment elles feules enfemble un gros ruifleau, lequel conferve fa chaleur pendant fort long-tems, mais encore à caufe de certe chaleur même, puifqu’elles font des plus chaudes que lon connoifle, faifant monter le thermomètre à 60 degrés. Mais ces eaux ne font pas, à proprement parler , minérales, & n'ont aucune forte de rapport avec les eaux miné- rales de cette Province, excepté par un peu d’alkali minéral & de fel marin qu’elles contiennent, commé toutes les eaux primitives de la Haute-Auvergne, c’eft-à-dire celles qui fortent du rocher primitif. Cette eau n’a point d'autre goût que celui de l'eau chaude ordinaire 4 & peut comme elle fervir à tous les ufages ordinaires de la vie; aufli les pau- vres gens s’en fervent-ils de même, & en général tous les habitans de Chaudes-Aigues s'en fervent pour leurs befoins. On s'en fert même ‘avec avantage pour dégraiffer les laines & pour la fabrication des tein- tures, qu'en emploie dans les manufaëtures qui font établies à Chaudes- Aigues, & qui n’y fonc établies la plupart que par rapport à ces eaux mêmes. Revenu à Saint-Flour , je pris le chemin de la Mergeridess qui eft à deux lieues de Saint-Flour. C’eft la partie des montagnes primitives intactes de l'Auvergne les plus élevées , que j'étois d’autant plus em- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 331 + - reflé de voir, que j'efpérois y trouver des roches à critaux particu- Hers & dans leur fituation naturelle, Mais avant de parler de ce lieu & de ce qui s'y trouve, il faut que je m’arrête à parler d’une montagne qui eft fur le chemin à une demi-lieue de Saint-Flour, où fe trouve du minerai de fer qui avoit été indiqué au Gouvernement par un ha- bitanc de Saint-Flour, comme un objet très-important, & duquel on pouvoit tirer grand avantage. Cette montagne fe nomme la montagné de Subifergues. Elle a un plateau penché à fa cime, couvert par une croûte légère de terre blanchätre & poufolanique, fous laquelle fe trouve aflez communément d'une forte de minerai de fer d'un rouge fombre, léger &_poreux ; ce qui indique affez qu'il a été légèrement calciné. On voit facilement que cette lave en fe répandanc fur ce minerai de fer , a produit cet effer & l'a mis en l’érat où rous le voyons. Toute cette plature d'environ cent toifes de circonférence, n'en fourni- roit pas affez pour alimenter quatre jours le moindre de nos fourneaux de forges. Il eft bon d'ailleurs d'obferver que le peu de minerai de fer qui fe trouve en Auvergne ; ne donne en général qu'un fer aigre &c caflanr, & plus propre à donner du potin que du fer en barre malléable; caractère qui fe montre plus encore dans ces fortes de minerai qui ont éprouvé l'aétion du feu des volcans. J’avois été chargé aufli par le Miniftère de prendre connoifflance d'une terre noire argileufe qui devoir fe trouver au lieu nommé la Baftides, à deux lieues de Saint- Flour, & dont un particulier de cette ville prétendoit préparer des Crayons qui pouvoien: fuppléer à ceux de la Chine. Er je vis que cette terre n’éroit effectivement qu’une terre bolaire noirâtre, qui lavée, battue, faifoit des efpeces de crayons avec de la gomme, mais qui ne pouvoient en aucune manière égaler ceux de la Chine, La Margerides eft une vafté mafle d’élévation granitique fillonée de tous côtés, & qui a par conféquent beaucoup d'appendix ; elle fépare le Gévaudan de l'Auvergne, & eft le point où les eaux fe partagent, les unes pour defcendre dans la Limagne d'Auvergne, & les autres pour aller-en Gévaudan. Sa grande élévation la rend inhabirable dans l'hiver, étant prefque toujours couverte de neige à fa cîme. C’eftla patrie des fapins qui y viennen®d'autant mieux , que cette malle eft revètue en quelques endroits d'une épaiffe croûte de terreau. La difficulté des chemins & l’impofibilité d'emporter les bois au loin, avoit fait imaginer d'y éta- blir une verrerie pour les confommer. C'étoit M, Dantic qui en.étoit Directeur lorfque j'y arrivai en feptembre 1772. Je trouvai cette ver- rerie pofée dans un lieu charmant pour an tel pays. Les herbages étoiert gros & abondans, parce que la croûte de terreau qui couvre le rocher eft fort épaifle & humeétée continuellement, non-feulement pat la fonte des neiges & des brouillards dont l’eau gagne dé proche en proche comme dans une éponge à caufe de fa pente, mais encôre à Tome XX XIII, Parc. I1, 1788. NOVEMBRE. aie: 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aufe des veines d’eau dont toute cette mafle de rochers eft traverfées i on excepre les fillonnemens que les eaux de pluie & de neige ont faits fur cette mafle, on peut Ja regarder comme entièrement neuves & la preuve s’en voit en ce qu'on y trouve encore, comme fur les plateaux des montagnes les plus hautes, des mafles ou criftaux des pierres primitives que nous avons trouvées ailleurs , détachées & ufées dans les ‘fonds. C'eft à cette croûte de terreau qu'on doit au moin en grande partie là confervation de ces roches dans les places où elles font nées, & aufli à ce que ces montagnes n’ont pas éprouvé de fortes < 2 c S fecoufles par les volcans. Ainfr nous trouvons ici dans leurs places” naturelles , la plupart des roches primitives que nous avons vues roulées & ufées dans le vallon d'Aurillac & ailleurs; tels fonte de beaux quartz vitreux & autres, des porphyres ou granits fins, dés malles de beau chyte ‘de montagne d’un gris violer que j'ai défignés dans mon Efai de Minéralogie (1). Cette matière fe trouve au lieu nommé Mons Sue, elle y forme une mafñle confidérable , fe divifant par feuillets fort épais, & affectant la forme cubique où rhomboïdale, DelaMargerides, je defcendis à Brioude, qui en eft éloigné de fix lieues. Certe manière de parler eft très-exacte, car je ne crois pas qu'il y ait de chemin qui defcende plus rapidement que celui-là. Les eaux fe précipitent pour ainfi dire vers ce côté, & fi le chemin ou plutôt le {entier ne fuivoit pas les tortuofités des coupures, il feroic impofñlible: que le corps pût fourenir tout ce trajet dans un fens fi oblique. À mefure qu'on avance vers cette ville, on perd de vue les belles parties dé roches primitives dont nous venons de parler, on ne trouveplus qu'un granit commun qui eft à gros grains & friable, dans lequel on trouve cependant des filons qui en dédommagent par J’antimoine qu'on er retire. Ces lons fe trouvent principalement entre Mafiac & Brioude, dans les bas ou dans les petires élévations de la roche. Il ÿ en a ce- pendant encore beaucoup à l’autre côté de ce terrein au midi, par- deflus Vieille- Brioude & le long des rives de l’Allier, dans tout ce- terrein même qui eft entre Lengeac & Vicille-Brioude. Mais il fauc dire qu’on auroit une faufle idée de ces mines, ff on croyoit qu’elles confiftent en filons fort réguliers ; ils font- tous au coñtraire plus où moins irréguliers . ils ne fonc même la plupatt que les fentes naturelles (x) J'ai cru être le feul qui jufqu'ici ait fait mention de cette efpèce de pierre, & qui lui ai affigné fa place dans le fyflême minéralogique . après l'avoir obfervée à Sainte-Marie-aux Mines, en 1766 , où elle (e trouve abondamment, fur-tout dans: la vallée nommée la Rhavendahi, L'analy{e me l’a fait connoître pour un compofé de quartz, deterre d’alun & de fer. Elle elt beaucoup plus dure que la ferpentine , & infiniment plus roide. Sa pefanteur plus grande, l’avoit fait regarder d’abord comme une forte de manganèfe.. ; EP PORT Ts Te DU TT Tee Ou 28 OS SA Age Lo) 3 DL FA \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 333 du rocher, au lieu de ces belles fentes qui coupeñt la roche dans un fens oppofé à ces fentes naturelles, & à qui on'a donné avec jufte raifon le nom de filons. Celies dont il s’agit ici n’ont pas une direc+ tion conftante & ne peuvent l'avoir, puifqu'elles fuivene le contour ou la forme de Ha mafle du rocher dont elles marquent la divifon, Mais ce font précilément ces fuites de fentes qui, en raifon de cette “direction variante, forment des ouvertures ou boffes confidérables ; ce font ces fentes, dis-je, qui fourniflènt le plus d’antimoine, & même fans gangue; tandis que dans les filons réguliers on en trouve peu, & ce peu y eft SAS NS toujours de beaucoup de ganoue. Ce feroit une preuve que l’efpecee fente détermine l’efpece de minerai. L’irrégularité de ces veines eft apparemment la caufe pourquoi on n’y voit pas d'autre mi- nerai, & rarement de ces belles matières minérales qu'on trouve dans les autres filons. Le minéral que j'ai vu quelquefois dans cetix de ces filens qui fonr les plus réguliers, c’eft une mauvaife force de fpath pefanr: cet fur-tout dans la mine de Saint-Flpyfe, à une lieue à-peu-près de Vieille-Brioude. Comme le débit de l'antimoine & le profit que l'on a à le vendre ne font pas fort confidérables, il n’y a jamais une grande activité dans cette forte d'exploitation , qui d’ailleurs a été toujours. ralentie par le débit aufli facile qu'en ont les étrangers dans le Royaume. Au furplus, cet antimoine d'Auvergne eft le plus fulfureux qu'on con- noifle & le plus pur, auffi fe fond-il avec la plus grande facilité. On fait que c’eft au moyen de deux pots renverfés lun fur l’autre, dont Finférieur reçoit par des trous qui font au fond du premier, le mi- néral purifié qui s'y criftallife & s’y moule ; méthode qui a été apportée de Hongyie en Auvergne dès l'année 1734, par une Compagnie de Mineurs Allemands, où fe trouvoit M. Blumenftein père. : La dégradation qu'a occafionnée le long des deux rives l’AHier, n’eft point toujours en raifon de la oi que fuivent ordinairement les eaux, par laquelle elles forment des angles faillans & rentrans. Ici le granit s'é- tant rrouvé cantôc très-friable,, tantôt très-dur , il n’en eft réfulté rien de répulier & d’uniforme. Tantôt le canal de l'Allier eft rrès-refferré, & tantôt on le trouve tout-à-coup élaroi confidérablement; c’eft dans un de ces élargiflemens que fe trouve bâti le vont de Vieille-Brioude, un des monumens Jes-plus extraordinaires dé l’archite@ure romaine. €e pont conffte, comme on fair, en une arcade très-étroire, qui décrit un grand demi-cercle, &, qui s'appuie des deux côtés de la rivière fur les avances du rocher , & éloignées l’une de l’autre d’envi- ron foixante toifes. Ce pont fingulier eft fait avec des mafles de roches brutes, de manière qu'en paflant deflus, on éprouve les mêmes incowr- yéniens qu'en marchant fur le rocher, qui eft dans fa fituation natu- relle. C'eft le monument d’un peuple non parfaitement civilifé, & où les arts n'ont pas fait encore de grands progrès, & où les foldats font 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les inflrumens avec lefquels Les chefs font exécuter les travaux publics: En généralles laves fonc fort rares dans tous les pays que nous avons parcourus depuis la Magerides jufqu’à Brioude, & même aux environs de cette ville, & de cette ville jufqu'à Vieille - Brioude ; mais à me- fure qu'on s'approche de Langeac, on les voit reparoître. On voit au- près de ce lieu plufeurs montagnes, que l'on peut fuppofer très-jufte- ment avoir été volcanifées. On y voit encore des groupes de belles colonnes bazaltiques. Celui de Saint- Arçon, à trois quarts de lieue de Langeac, eft renommé pour être un des plus réguliers de l'Auvergne. . Ces colonnes fonc en effet des plus belles &-des plus hautes que l’on puifle voir ; cette régularicé & certe beauté ont été funefkes à M. Jars, qui, comme tous les Miréralogiftes, en fut frappé, ce qui le décermina dans le moment même à le defliner, & comme c'étoit en plein foleit, il en futratteint de manière qu'il en périt en cinq à fix jours en 1769. Au furplus, les environs de Langeac ne font pas d'ailleurs ftériless en objets de minéralogie, car outre des veines d’antimoine, dont nous avons parlé, on y voit aufli & fort près de Langeac, plufieuts couches obliques de charbon d’affez bonne Aualité. On y voit femé çà & là, de très-beaux morceaux de quartz vitreux, & qui reflemblent affez à celui de Madagafcar par fa dureté. C'eft fur-rout au lieu nommé le Ciufol , où cette pierre fe trouve le plus. On y en a trouvé qui ap- proche, par fa couleur fombre , de la topafe enfumée, ou qui, taillée, reffemble beaucoup, en effet, à cette pierre fine. On y trouve auñi d’une forte de fpath fufñble, qui femble particulier à ce pays, il eft de plufeurs couleurs , telle que le violet , le jaune , il eft à facettes fpa- thiques, mais fans forme déterminée. J'en ai rapporté un rrès-beau morceau de cette qualité, que j'ai facrifié en dernier lieu aux expé- riences qui ont fervi à démontrer, contre l'opinion de Schéele, qu'il n’exifte aucun acide dans cette matière. En creufant , il n'y a pas long- cemps, dans le granit, auprès de Chavaniac , hameau dépendant de la paroifle de Saint-Gcorge d'Aurat, on découvrit une ouverture dans laquelle on trouva beaucoup de ce beau fpath i il y étoir adhérent à du quartz rendre, & fembloit en faire partie. Tous les fpaths fluors ne donnent pas cette lumière eflorefcente , que Cronftedt y a fait remarquer 1e premier, &qu'il a attribuée avec raifon au principe inflammable , lueur qui ne fait que paroître, & difparoître pour toujours avec la perte de fa couleur (1); mais celui-ci a cette propriété très-bien marquée. EEE SE DESE SORT ON DANS TN AUP ES EE LL ENTRER SMS NAS EP (x) Qui croiroit que ce n’eft que d’après cela feulement, qu'un Minéralogifte allemand a ofé publier, que cette fubfiance , comme toutes Jes autres qui donnent cette lueur phofphoriqué , contenoit de acide phofphorique, & qu’un françois qui a copié cet allemand , a aflüuré avoir retiré du phofphore de toutes les matières qui donnoient une pareille lueur: la vérité eft que cette efflorefcence eft d'autant plus forte ou fenfble, que cette matière eft unie davantage au charbon, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 335 Revenu à Brioude, je coffidérai mieux que je n’avois fait la belle pleine au bout de laquelle il eft fitué au midi. C’eft en effet la plus belle & la plus grande qu'il y ait dans la vallée de la Limagne, & depuis Clermont on ne voir rien qui en approche quant à la régularité. Elle fe trouve bordée au côré oppofë à Allier de côtes ondulées, compolées de terres fablonneufe & graveleufes, mêlées de terre ocracées & argileufes rougeârres , lefquelles proviennent en grande partie du granit & des débris de volcans, & qui ont été mêlées enfemble. Le terreau de cette plaine eft en général fort bon pour la produétion des grains , comme tous* ceux de la baffe Auvergne , il porre de même fur du gravier tout pareil à celui des côtes. On reconnoît dans cette bordure , dominée par les montagnes graniteufes , l'efpèce de relief contre lequel les eaux venoient battre ; & il m'a paru aflez probable, qu’autrefois l'Allier pafloit au travers de ce lac à-peu-près comme le Rhône pañle à travers le lac de Genève. - De Brioude je vins pafler Allier pour aller dans cette partie qu'on nomme les montagnes bafles de l'Auvergne, que nous avons dit être formée entièrement de granit nud, & où le feu des volcans ne s’elt point fait fencir. C’eft dans cette partie où fe trouvent la Chaife- Dieu ,. Arlant & Ambert. Tout ce, pays , comme nous l'avons dit, eft bordé par un terrein bien plus élevé en montagnes & quiiconftitue la. bande qui fépare l'Auvergne du Forez. Il y règne un vallon principal , qui fe dirige du midi au nord , comme celui de la Limagne; & où coule: de même toutes les eaux , qui viennent de droite & de gauche, & qui: forment une petite rivière qu’on nomme la Dôre, Ce vallon eft regardé par les gens qui habitent ces montagnes comme une Limagne; mais il n'y a. qu'au-daflous d'Oliergues , ou mieux encore entre Courprières & Thiers, où ce vallon puifle mériter à: quelques égards ce nom. Dans les autres: parties il eft trop élevé, pour que les arbres fruitiers puiflent y venir. Nous vinmes droit à Arlant, qui eft fitué dans ce vallon prefqu’à fon origine , & dans une belle & bonne plature. Là ayant appris qu'il exiftoit une mine de foufre vierge à Dôre-l'Eglife, à une lieue plus haut, & prefqu’au pied de la. chaîne, nous y fûmes aufli-tôt , & nous trouvimes que c'eft dans un terrein brifé , formé de terre fablonneufe & argileufe mêlée enfemble. Plufeurs coups de bêche dans cette terre, nous mirenc à découvert efeGivement beaucoup de ce foufre, qui étoit eleuri fur des pierres compolées comme les terres, & fur des pyrites, qui étoient toutes gercées & crevaflées, & dans lefquelles je vis auffi beaucoup de fleur de foufre, d’un beau jaune-citron. J’appris d’un payfan, à qui je- montrai le parti qu'il pourroit tirer de ce foufre , que pendant fix à fepe toifes d’érendue, on trouvoit dans ce terrein abondamment de ces: pyrires, mais fur-tout dans un trou qu'il me montra, de trois à quatre- pieds de profondeur qu’il avoit fait lui-même, On ne peut méconnoître-là. 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un amas de terre de rapport dans lequel ont éré enfevelies des matières végétales qui ont donné lieu à la formation de ce foufre & de ces pyrites. Le lendemain nous fûmes à Amberr. Cette petite ville fort connue par fes papeteries , eff aufi fituée au pied de cette grande chaîne grani- tique. On y trouve affemblées ou difperfées cà & là les plus belles roches primitives*de cette chaîne, c'eft-à-dire , de ces parties de roches qui fe trouvent ifolées & comme encaftrées dans le rocher primitif, On y en voit de bafaltiques & d'aflez beaux morceaux de granit. Toutes les maifons de cette ville en font bâties, & les rues pavées, & l’on peut dire que c’eft une des villes les plus folidemenr bâties-qu'il y ait en France, & qu'à cet égard elle peut être comparée à Alençon & à Raon-l’Etaple. Les eaux qui y coulent font belles & vives, & des plus pures qu'il y ait en Auvergne; nous fommes dans le cas à cet égard de faire ici une obfer- vation aflez fingulière , c’eft que les eaux de cetre partie de l’Auvergne ne font pas gomme celles de l’autre partie, empreintes plus ou moins d'alkali minéral ou de fel marin. L’évaporation de celles-ci ne laifle que quelques vefliges de terre aroileufe ou plutôt ralqueufe, comme tant d'autres eaux des montagnes primitives. C'eft aufli une chofe extrème- ment fingulière de voir qu'on ne trouve point d'eaux minérales dans cette partie de l'Auvergne, tandis qu'il y en a tant dans l’autre. Ce font de ces fingularigés de la Minéralogie qui refferont inexpliquables , tant qu’on ne trouvera pas Ja véritable caufe des eaux minérales. Il eft vrai qu’on y voit quelques eaux , comme auprès d’Arlens, dans le terrein de rapport qui y exifte, quelques eaux qui font réputées minérales, mais ces eaux ne font que des eaux martiales fimples , & dont l’origine n’eft effective- ment que dans les terres. Mais ce qui fe trouve de très-intéreflant dans ce côré, & qui ne fe trouve pas dans l’autre, ce font des filons fort bien réglés & d’une bonne largeur, qui fe voyent dans la boffe granitique , qui exifte entre Saint-Jermain Lermes & le Vernet. Dans un arrondifle- ment de cinq à fix lieues , que je vins parcourir avec empreflement , le rocher graniteux fe montre {ouvent à découvert, & l'on y voir de ces filons, marqués à la furface de Ja terre d'un à deux pieds de largeur , & fe dirigeant à-peu-près du fud-eft au nord-oueft., Mais au lieu de trouver des minérais métalliques dedans, on n'y a trouvé jufqu’iti que des crif- tallifations ‘quartzeufes & amérhyftées pour la plupart, c’eft-à-dire, violettes ; ce qui pourtant les a fait fouiller , fur-tout auprès du dernier lieu , où j'ai vu plufieurs fouilles, defquelles j'ai tiré moi-même de cette améthifte, d’une aflez belle eau. c’elt-à-dire, aflez tranfparenre , mais beaucoup trop tendre pour donner des pierres d’une taille fine & vive. Il y a pourtant un de ces filons , qui ayant fourni quelque peu de minérai de plomb , donna lieu à une entreprife en règle pour fon exploitation , en 1754, mais les fuites ne répondant pas aux belles efpérances qu’on en avoit eues, cette mine fut bientôt abandonnée, é gs Do SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 Du Vernet je vins à Souxillanges, qui eft au-deflous de cette chaîne » & dans le creux de la Limagne, & d'où les eaux s’écoulent pour aller vers PAllier. Je comptai finir ici mon voyage, mais un de mes compagnons de voyage me dérermina à aller vifiter la montagne d’Uflon, montagne volcanique fort renommée dans le pays, à caufe du féjour qu'y a fait Marguerite de Valois , première femme de Henri IV. Au pied de cette montagne, eft un gros village du même nom. À mefure que je m’appro- chai de cette montagne , éloignée de Souxillanges d’une lieue & demie, je voyois le terrein fe noircir & s’enrichir, pour ainfi dire, cant il eft vrai que les débris volcaniques améliorent fort la terre, & lui donnent un tout autre afpect qu'elle n'auroit fans cela. J'admirai encore ici les belles colonnes bafaltiques & routes les autres formes de laves qui forment cette montagne, & qui comblent tout le cerrein qui l’avoifine. Les pierres font ici en général fort noires & d’un tiflu aflez égal, J'y ai vu mçins qu'ailleurs de ces pierres bourfoufflées ou poreufes ; le château fe trouve bâti à la cime de cette montagne par-deflus les colonnes bafal- tiques, & vraifemblablement aufli fur le fond du cratère; plus j’examinai Pérar de certe montagne , les éboulemens qui s'en font faits, & le déla- brement de cette mafure de château, plus je m'éronnai qu'une Princefle, telle que cetre Marguerite de Valois, eût pu loger dans un lieu fi peu com- molle, où d'ailleurs il ne pouvoit y avoir que de l'eau de citerne (1). Après aoir vifiré cette montagne & cette mafure de château, je revins avec le bon Curé d'Uflon, qui.voulut m'accompagner par-tout, chercher au bas de cette même montagne, dans le terreau des vignes, une forte de malachyte ou verd de montagne , que l’on m’avoit dit s’y trouver affez communément, fur-tout après de grandes pluies ; c’eft au fud-oueft, & immédiatement au-deffous des dernières roches bafaltiques. Nous fâmes a(fez heureux d'y en trouver aflez pour être en état d'en faire une analyfe complete, J'ai déjà dit que la compofition primitive de ces montagnes volcaniques ,ou tout au moins leur bafe, étoir dûe à une forte de pierre fableufe , quelquefois calcaire en même-tems. C’eft dans cette pierre ou dans ces fentes que fe trouve cette efpèce de minérai. Ce qui eft très-extraordinaire & d'autant plus curieux à voir, que cette matière ne peur pas être confdérée comme ayant été formée ici, mais comme pro- venant d'ailleurs & comme ayant été accumulée dans la matière qui a (rx) Mais pour trouver remède à cet inconvénient , il faut fe repréfenter des payfannes d'Uffon y montant fur leur tête leurs cruches à Pantique , remplies d’eau, pour Ja bonse Princefle , fi familière avec elles qu'elles y alloïient à l’envi, (lon la tradition qui s’en et confervée. Ces cruches d’une terre le plus fouvent noirâtre, & - faites en grande partie avec des terres volcanifées , font encore les mêmes aujourd'hui. Elles ontun gros veatre, & un col court, ayec une anfe qui porte {ur le ventre & fur ce col. Files font d’un ufage général dans toute l’Auvergne. Tome XXXIII, Part, IT, 1788. NOVEMBRE, Vv 338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, formé cetre pierre. Ce qui peut faire juger de fon énorme antiquité , puifque ce n’a été qu'après que cette montagne a Été enflammée & dégra= dée au point où elle eft actuellement , que cette matière a pu être mile au jour. Cetre matière fe trouve fous plufeurs formes & de diverfes qualités, & femble n'être autre chofe que des criftauxifolés. Il y en a qui reffemblent à dela malachyte véritable, & d’autres à certe efpèce de mine de cuivre connue fous le nom de bleu de montagne, formée de petites aiguilles , qui fe divergent du centre à la circonférence. L’acide nitreux faifant effer- vefcence très-vive fur’ces petits morceaux, me fit connoître qu'il y avoit de la terre calcaire ; dans d’autres je découvris en même-tems du quartz. Ayant pris une demi-once de cetre matière, & l'ayant mêlée avec une once & demie de flux noir, je la fondis dans un creufet , & j'en obtins un beau bouton de cuivre rouge qui pefoit trente-cinq grains , ce qui eft le produit ordinaire de ces fortes de minérais, lorfqu’ils font mêlangés avec des matière étrangères. Ce bouton de cuivre étroit fort malléable, ce qui prouve que ce métal n'elt nullement minéralifé dans cette efpèce de minérais, comme en effec il y et toujours, c'eft-à-dire, purement & fimplement fous la forme de chaux criftallifée par l'air fixe. Je rerminerai enfin le récic de ces voyages, en faifant obferver que tous les minéraux naturels de l’Auvergne , ont comme tous ceux des autres pays, des formes , des figures, des allures, en un mot, fi j’ofe m'exprimer ainfi, qui leur font propres & particulières. C’efbel’obfer- vation que j'ai faite dès que j'ai été en état d’obferver les minéraux ; que j'ai comparés à cer égard aux autres individus, mème avec ceux du.règne animal, où l'on ne peut méconnoître les nuances différentes qui les caractérifent & les diflinguent , felon les pays où ils ont été produits. Cerre vérité, dont j'ai fourni plufieurs preuves en cette oc- cafion, & que je nai ceffé de préfenter quand l'occafion s'en eft trouvée, fur-rout dans le précis hiftorique qui ef à la tèce de mon Effai de Minéralogie, a été enfin adoptée par plufieurs Naturaliftes , mais fans m'en faire honneur, comme c’eft l’ufage. N'importe, cette efpèce d’injuftice, à laquelle je fuis un peu accoutumé, n'empêche pas que je ne fois fort fatisfait de voir cette nouvelle manière d'envifager les êtres du règne minéral, autrement importante que les idées d'après - lefquelles il femble qu’on veuille borner la nature & fixer irrévocable- met fes êtres à telle ou telle forme ou manière d’être. Mais ce que nous difons des individus du règne minéral, pris en particulier, peut fe dire de tous pris colleétivement, & formant les différentes parties qui conflituent notre planette & finalement des pays qu'ils forment enfemble. J'ai montré aufli, en plufeurs occafons, que notre globe n'eft point formé, comme on l'a cru jufqu'ici, d'un amas informe de toutes les matières qui le conftiruent, mais qu'il a une organifation qui lui eft propre , & qu'il a des parties qui fe ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 diflinguent entr'elles, non-feulement par rapport aux matières différentes dont elles font formées, mais même par rapport à l’ordre général que les matières obfervent entr’elles, & à leur manière d’être, qui fonc auffi différens que les pays & climats ‘où elles font placées. On peut dire qu'il n’y a pas un feul pays qui reflemble parfaitement à un autre, Par-tout , à la vérité, on voit des plaines, des vallées & des monta- gnes , mais par-tout on les trouve différentes. L'Auvergne plus, peut- étre que tout autre pays, peut encore fournir des preuves de cette autre grande vérité. = . BARRE OR PE DRM OuALR: M. OùY: Doëeur en Médecine, PNA EN NE ANR QU L.S D EGV 1 CET, - SUR L'ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LA VÉGÉTATIOX. 1 RE LE MArRQUI:S, Il en eft des phénomènes éle@riques comme de toutes les nou- velles découvertes, on les a accueillis avec plus d’empreflement que d'examen, Les expériences fe font multipliées de toutes parts , les merveilles fe font accrues , & chacun dans fon fyflêéme en a vu les preuves & l'enchaînement. À l’aide de plufeurs fuppofitions, au moyen de quelques obfervations peu probantes, & d'une quantité de fauffes expériences , la Médecine en particulier s’eft fait une théorie qui étend l'empire électrique fur toutes les maladies. Le fluide électrique eft le principe des opérations de l'économie animale : c'eft lui qui anime nos . nerfs, Il produit le fentiment, le mouvement, la chaleur & la vie. Il augmente par fon addition la circulation languiffante. Il brife la ténacité . de nos liqueurs. Il les fait mouvoir avec plus d'activité dans les vaifleaux capillaires. Il exerce nos folides, & entretient ou augmente leur reflort.. . . Sa foufraétion n’opère pas des effers moins importans. Elle rallentit la marche trop précipitée de notre fang , elle en diminue la chaleur, l’irri- tabilité fe modère, les fenfations s'émouflent , & tous les mouvemens rentrent dans l’ordre, Enfin, fi l'électricité pofitive & négative n’aflurent Tome XXXIIT, Part. II, 1788. NOVEMBRE. Vvi2 ; 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pas limmortalité, au moins promertent-elles d:s fecours eMicaces dans les maux qui afièzent l'humanité. Les grands lieux communs de nos patholosiftes font l’épaiffiflement de nos humeurs, les obftructions qui en réfultent. C’eft-là en général le grand champ de bataille des médecins ; ce fyftème fe lie à merveille avec les propriétés fuppofées du fluide électrique. Dans l’enthoufiafme de la nouveauté , on avoit tout reçu , une plus faine critique a fait revenir fur fes pas, on a fait plus que de douter, on a démontré faux plufieurs faits avoués. L’accélération des batremens du pouls eft de ce nombre. Quelques phyficiens avoient déjà réclamé J'ai prouvé dans un Mémoire imprimé dans ceux de l’Académie de Dijon , que dans l'électricité par bains, le nombre des battemens du pouls, ainfi que la chaleur du fang reftoient les mêmes, & que les différences ol fervées dépendoient de toute autre caufe. Cette vérité ayant des rapports avec l'écoulement éle@rique dans les vaifleaux capillaires m'ayanc fait naître des doutes, j'ai voulu les approfondir , & éprouver s'il étoic bien certain que l'électricité augmentât la quantité d'écoulement qui fe faic par les tubes capillaires. J'ai employé foixante-quinze heures dix minutes à faire des expériences relatives à cet objer. Les unes ont duré cinq minutes; d’autres dix , le plus grand nombre, quinze, vingt, trente & même des heures entières. Je me fuis fervi de cubes de différentes matières , de forme & de lonoueur. Le diamètre a toujours été au-deflous de demi-ligne, ordinairement au- deffous d’un quart & quelquefois d’un huitième. J'ai obfervé que tanrôc : l'écoulement étoit en faveur de l’életricité, & tantôt contre, que ces différences dépendoient de la liberté ou de l'embarras accidenrels des vaifleaux ; que chaque écoulement confidéré féparément ne prouvoit rien, & que c’étoic d'un très-grand nombre pris collectivement qu'il falloir conclure, IL s'eft écoulé dans la très-grande quantité de mes expériences , deux livres douze onces deux gros foixante-cirq grains de liquide fans électri- fation ; & avec l'électricité, deux livres onze onces cinq gros trente-fix grains & demi. La différence eft de cinq gros vingt-huit grains & demi: & il eft à remarquer qu'elle eft en faveur de l’écoulement fimple. Je n’ai gerde cependant d’en tirer induction contre l'éledtricité; mais aufli il feroit contre toute raifon de conclure en faveur. D'après cela cependant , comment conclure le phénomène de la vîreffe qui accélère l’électriciré ? 11 eft vifible qu’un liquide qui ne peut s'écouler que goutte à goutte fans électricité, fai un jet continu aulli-tôt qu'on l'électrife. Le fait eft inconteftable, & je croirai volontiers que le té: moignage que les yeux en rendent a plus fervi à l'affertion que la balance elle-même. Mais s’il eft certain que la viteffe ne foit augmentée qu'aux dépens de la mafle, & dans une proportion exa&e, le canal d'écoulement ne fera SUR L'HIST. NATURELLE ET LESARTS, 341 pasditérenr. Or, c’eft ce que l'expérience démontre. Le réfulrat donr je viens de parler le prouve, Vous en avez vu le détail dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de vous communiquer , l'approbation que vous avez eu la bonté de lui donner, Monfieur le Marquis, ne contribuera pas peu à vaincre la répugnance que j'ai eu jufqu'à préfent de le publier : je le ferai inceflamment. L’aflertion eft fi générale, l’écoulement électrique eft fi univerfellement reçu comme une vérité, que j'ai eu befoin de Ja multirude d’expériences que j'ai entreprifes pour me raflurer contre les frayeurs de me tromper. “he L’explication du prétendu phénomène de l'augmentation du mouvement progrelif du fang eft donc aufli gratuite que le fait'eft faux en lui-même, Ce ne font pas-là Les feufes réclamations contre les vertus éleétriques ; je viens d’en voir une nouvelle dans le Journal de Phyfique. La célébrité de l'auteur doit lui donner un grand poids: M. Ingen-Houfz eft trop avantageufement connu pour ne pas diminuer la confiance où j'étois que Pélectricité favorifoit la végétation. Les expériences généralement reçues, celles que j'avois faires en mon particulier , me faifoient regarder ja chofe -comme hors de doute. J’avois foumis il y a quelques années un aflez grand nombre de plantes à l'électrifation. Souvent les réfultats m’avoient paru favorables. L'année dernière je les répétai dans l'intention de comparer l'électricité poñtive à la négative. J'omets dix réfulrats , quelque concluans qu'ils foient en général, parce que je n’en ai pas confervé le détail avec toute la précifion que j'ai apportée depuis. Voici les derniers, que je foumets à votre jugemenr, Monfieur le Marquis. Me fuis-je fait illufon ? ai-je dû prendre plus de précaution ? Je me fuis fervi de trois vafes cylindriques de fer-blanc tous pareils, Je es ai remplis de même terre bien defléchée & paflée au tamis. J'ai couché deffus & dans chacun des trois vafes, trois grains de froment , tous tirés du même épi, & les plus femblables poilibles, Je les ai placés tous fur la même face & dans la même pofition. Alors j'ai ajouté un cercle de fer de la haureur de troîs lignes qui furmontoit également le bord de tous les vafes. J'ai rempli ce vuide de terre pareille. J’ai arrofé de même quantité d’eau, en prenant la précaution de modérer la chüre’en interpofant un petit linge afin qu'il re fe fit aucun creux capable de diminuer pour quelques grains leur profondeur en terre. Tous les vafes ont été dans la même pofñtion xelativement à la lumière , & placés à côté les uns des autres. Déux one été mis dans deux jarres électriques dont ils furmontoient la hauteur. Ces jarres étoient fur des ifoloirs féparés. Après avoir établi les communica- tions néceflaires, l’un a été électrifé négativement, & l'autre poftivement ; & l’électrifacion répétée à melure que la matière s'épuifoit. Voici les réfulrars : : Première expériénce. Le vingt-troifième jour de femaille les trois 342 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tiges de froment électrilées négativement , avoient colle&tivement Debeessssetesessesssesessssesess. 19pouc.o9 lis. Les pofitives ..........44..... ee. 18 DIS # CA xd L4 A A 1 « >: Les non-électrifées placées à côté... ..M.... 11 10 Seconde expérience. Lés vafes éledrifés font feuls en comparaifon, le non-électrifé s'étant renverlé: les tiges négatives ont levé plutôt que les pofitives; les trois premières éroient forties de terre, & avoient acquis de l’accroiffement, tandis qu'une feule du vafe pofitif paroifloit à peine. Troifième expérience. Le feizième jour de femaille , les trois négatives portoient ... des. sssesess ses 4 pouc, 6lig. ? Les srois POfTIVES. ».. e coie no ain de asie e + 2 2 10 Lesttrois non-ele@rllées ia Selles ET TUE Quatrième expérience. Le feizième jour de nouvelle femaille, les trois NÉGATIVES . ses see se ses. S pouc.4lig. = Les rrois poñtives ........., 20. 213 s Les trois non-électrifées ......,......... 4 Gite —_——…—_“tr Si l'électricité négative a l’avanrage fur toutes ces végétations , la non- éleétrifation a la prééminence für la pofitive. Les grains quelque fem- blables qu'ils paroiffent , ont des différences cachées , dont réfulte de grandes variations, Dans le même vafe les uns lèvent plutôt, les autres plus tard, & acquièrent un accroiffemens inégal. Cinquième expérience. Au vingt-troifième jour d'une autre femaille, les crois tiges négatives. ................. 2pouc. 6lig. À Les pofitives ...................... 3 I + Les non-éledrifées, . ............... 1 AA DE near Sixième expérience. Le vingt-troifième jour, les trois négatives 1 Re UNE ele I AT 28 1e 0e PS DOC lire Les trois pofitives .................. 3 4 Les trois non-électrifées. .............+ 1 4 2 ‘ > ——— Septième expérience. Le quatorzième joûr , les trois négatives eee ere cholet leche aie te ei AG IPOUCA ILES Les trois pofitivess .................. 3 4 Les trois non-électrifées. ...s.... es. I II a — Dans les réfulrats raflemblés , les négatives. . .. 39 pouc. 9 lig. Les pofitives ......,,..4........... 34 Lesspen=électrifees kr rs Mets elle a ee 2 L 2 1 4 Si la différence entre l’une & l’autre électricité n’eft pas confidérable , celle de la non-éledtrifation l'eft, La prérogative de la négative fur le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 poñtive foutenue par les expériences que j'avois faites précédemment, m'avoit paru d'autant plus probable qu'elle me fembloit s’accorder avec quelques propriétés connues de l'électricité. La lumière & le feu fervent certainement à la végétation , il eft tout aufli sûr que ces agens fonc vive- ment excirés par l'électricité. . . . La négative dépouille d'abord les furfaces , celles-ci foutirent de l'intérieur une portion de celle qui y eft contenue naturellement, Chacune des parties doit fournir fon contingent, toutes doivent être ébranlées , ainfi que le feu & la lumière qu’elles récèlent ; & pourquoi le choc qui en réfulre n'exciteroit-il pàs dans ces puiffans agens les mouvemens qui favorifent fi fort la végétation dans les autres circonftances ? Si ces vues ont de la réalité, il n’eit pas difficile de fe rendre raifon de la fupériorité de l'électricité négative fur la pofñrive qui accumule feulement le Auide fur les furfaces fans l’introduire, au moins très-peu, dans l’intérieur, quand toutefois on ne l'adminiftre que par bains. Quoi qu'il en foit, j'avoue que l’illuftre auteur qui dépouiile encore l'éleQricité d'un de fes attributs , fait une grande impreflion fur moi. Je ne manquerai pas de reprendre mes expériences , & d'y apporter , s'il fe peut, encore plus d'attention. Vous voyez, Monlieur le Marquis , que les fairs crus les plus inconteftables fonc fujets à révifion , & qu'en phyfique comme par-tout ailleurs , il y a peu de vérités démontrées, Je fuis, &c, EE LPS TRÈTE D EM M ED'IIC US; Membre de l'Académie des Curieux de la Nature, &e. ASALAD'ERXR'ENNIIER, SUR DIVERS OBJETS RELATIFS À LA BOTANIQUE. 1 UNE Dee Monfieur , que d’après les converfations que nous- avons eues enfemble à Manheim, je vous fafle part de quelques-unes de mes réflexions fur l'étude de la Botanique. Vous voudrez bien excufer Les fautes que je puis avoir commifes contre la langue françoife qui m’eft peu familière, Une faute effentielle en botanique, c’eft qu'on n’a pas défini d’une manière aflez précife ce qui conftitue les genres & les familles. Chacun les explique à fa manière, fouvent fans exactitude, Les prédécelleurs \ 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de Linné ont travaillé avec philofophie, mais ce dernier a fouvent con- fondu, & vouloit faire des genres naturels, ce qui eft impraticable dans un fyftême artificiel; chaque perfonne inftruite le verra dès Le pre mier moment où elle comparera le fyftème de cer auteur avec la nature. Depuis plufeurs années j’emploie tout mon tems à obferver la nature, non pour découvrir de nouvelles efpèces, ce qui ne feroit pas difficile, puifque Linné a claflé une mulrirude d'efpèces comme variété, mais à indiquer les véritables caractères fpécifiques qui diflinguent les efpèces, & fur-tout à faire des définitions philofophiques. Je me fuis enfin con- vaincu que l'on devoit d’abord bien diftinguer les genres des familles. Un genre n'eft rien qu'une diltribution artificielle des plantes qui ont un même Caractère dans les parties de la frutification , & chaque caractère frappant dans ces parties doit former un genre. Mais pour établir une famille il faut confidérer toutes les parties, des plantes depuis les racines jufqu'à leur fommer, & toutes.les plantes qui ont le plus de traits ‘ conformes doivent entrer dans la même famille, L'étude des familles donne donc laconnoiflance d’un fyflême de la nature, mais pour y parvenit il faut connoître toutes les parties de la fruétification , & l'étude des genres doit précéder celle des famiiles. Comme les anciens ont beaucoup travaillé pour l'étude des familles, ils pourroient beaucoup nous aider pour parvenir à un [yftême naturel, mais avant tout il faut en former un artificiel. Il faut clafler dans ce fyflèême artificiel les genres fuivant un ordre eçu, & il eft très-égal qu'il foit établi fur la corolle , les étamines, les fruits ou une autre partie : je préférerois de l’écablir fur les fruits ; mais voyant ies inconvéniens de la multiplication des méthodes, j'ai confervé celle fondée fur les étamines, comme plus généralement adoptée. Une clafification. artificielle ne doit admettre aucune exception. Enfuite de mes réflexions j'ai donné trois noms à chaque plante. Le premier eft celui de fa famille, le fecond de fon genre artificiel , le troifième de fon efpece. Chaque botanifte doit donc travailler à deux fyftèmes , l'un naturel, l'autre artificiel. Le dernier eft Le plus facile, & ne demande qu'une exac- titude fcrupuleufe. Pour le premier au contraire il faut les occafons de comparer. La méthode artificielle dépend d’un botanifte philofophe , fur- tout de la création exacte & jufte des genres artificiels, & chaque exception fondée fur la nature doit conitituer un nouveau genre artificiel: Je ne comprends pas fous le nom d’exceptions tour ce qui peut être relatif au nombre des parties, parce que ce nombre eft inconftant. Sur la même tige d’une plante nous voyons , par exemple, que le nombre des étamines varie beaucoup , & que les premières leurs ont plus ou moins d’étamines que lés dernières. Le fexe n’entre pas non plus dans la formation d'un genre; car très-fouvent les dernières fleurs d'une plante font dioïques, & les premières hermaphrodites, Ces genres artificiels formés avec foin 2e conftans ES A | | À 1 È “SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34ç conftans & ne peuvent fubir aucun changement ; mais ils ne font que des cartes qui fervent à l'hiftorien & ne font pas l’hiftoire, Plus nos connoiffances feront rectifiées par des genres artificiels, & olus nous avons l'efpoir de parvenir à un fyftème naturel ; mais ce fyftème ne changera jamais le nom du genre. J Nous connoiflons , par exemple, affez bien la famille des geranium , les genres artificiels qu’elle contient fant entr'autres, Monfonia, pelar- gonum , gruinalis , 6e. Suivant moi on doit dire Geranium monfonia Jpeciofa, Geranium pelargonium inquinans, Geranium gruinalis cretica, Si ces genres artificiels font bien faits, leur nom ne changera jamais ; mais de nouvelles connoïflances peuvent faire changer celui de la famille. Dayenia pufila, L. où Dayenia inermis , le Mon, que Linné a claffée dans fa claffe des oynandries, & dont il a donné une defcription des plus mauvaifes, appartient, fuivant moi, à la famille des mauves, & je la nomme Malva dayenia inermis. Xl eft pofible que je me fois zrompé, & qu'on doive la ranger dans une autre famille comme Bulrner d'a déjà claflée parmi Les ciftes. Alors le nom feul de la famille devra être changé. Linné a fait une faute énorme lLorfqu'il a placé fon Theobroma augufla dans le genre du cacao de Tournefort, nom qu'il lui a plu de changer. M. Jacquin a formé un nouveau genre fous le nom d'abroma pour certe efpèce ; mais ils fe font trompés tous deux ; & l’aborma doir entrer dans la famille des mauves, & même dans la famille fubordonnée des H'bifeus. Je le nomme Hibifeus abroma fafluo/a. Permettez-moi de vous faire obferver combien les fexualites fe font trompés en plaçant leurs genres artificiels dans leurs clafles. La poñtion des éramines de l’abroma le réunie à la monadelphie; fon tube eft en cloche, coloré comme celui dela camelia, divifé à fon extrémité en cinq lamelles , comme cela arrive prefque toujours dans les malvacées, fur- tout dans les nouveaux genres de M. Cavanilles, Affonia dombeya pentapetes, M. Cavanilles a trop fuivi Linné lorfqu’il a nommé ces Jamelles des éramines ftériles , ce qui eft contraire à mes obfervations ue Les étamines ftériles font toujours courtes & mutilées. J’ai démontré dans ma differtation fur la famille des mauves & fur quelques genres qui doivent entrer dans la monadelphie , que les genres ///yrinchium , ferraria, celofia, grmprhena , paffiflora, pancraticum , malpighia , melia, &c. ont deurs éramines réunies par les filets, & que Linné a eu tort de les faire entrer dans d’autres clafles (1), fur-tout dans fa oynandrie. M. Thunberg a vu que fon précepteur l'avoit bien trompé avec cette clafle, puifqu'il (x) On a déjà fait cette ob{ervation dans les Mémoires de l’Académie de Mont- pellier, & en démontre le fifyrinchium & Ja ferraria avec les étamines réunies depuis plufieurs années au Jardin du Foi. More des Redaéleurs. Tome XXXIIT, Part. 11, 1788. NOVEMBRE, Xx 3% OMSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avoit placé dans fa première édition de 1737 le ftyle fous le germe, erreur qui étoit d'autant plus confidérable que cet auteur formoit fa nouvelle méthode fur la connoiflance de ces parties. J1 l’a voulu fupprimer ; mais comme il a voulu ménager les mânes de fon illuftre maître , il a toujours manqué la nature : car il exifte des plantes vraiment gynandriques, & cette clafle doit refter auffi long-tems qu'on fe fervira d’une méthode prife du nombre & de la pofition des éramines, L Revenons aux genres artificiels, & permettez-moi de vous dire mon fentiment fut la première differtation de M. Cavanilles relative au genre des Sida. Nous favons que dans la famille des malvacées les parties des fleurs fe reflemblent beaucoup ; mais qu'il y a très-fouvent dans les fruits des différences confidérables. Linné a név'igé:rous ces cara@tères, &e7w’a- formé fes divifions que fur le calice ; mais fa forme eft trop inconftante pour former fur lui des genres aruficiels , ou comme 11 lüi a plu de le croire, des genres naturels. Son genre des fida en fournit une’ preuve évidente, Il lui donne pour caraëtère difin@tif dans fon Syÿ/Zema plan- tarum d’avoir plufieurs capfules monofpermes, tandis que les Malvindes de Dillenius , genre que Linné a mal-à-propos aboli, ont feules ce caractère. On trouve dans le port, dans les péduncules & dans la corolle , des caractères fuffifans pour former la familie naturelle des fida fubordonnée à la grande famille des mauves : mais on doir fe fervir de plufieurs caraétères dans les parties de la fruétfication pour établir les véritables genres artificiels qui doivent entrer dans cette famille, M. Cava- nilles a féparé du genre des fida de Einne fes Aroda pallaua folandra ; mais par la même raifon il auroit dû faire un plus grand nombre de genres. Ce n’elt pas que je cherche à diminuer le mérire des Ouvrages de M. Cavanilles ; au contraire je fais grand cas de fes connoiflances botaniques : mais il me paroît qu'il a eu tort de fonder fes fubdivifrons fur le nombre des femences. Une mulritude de chofes peut influersfur Ja vivification des femences, & il eft rare que routes celles qui font contenues dans un ovaire viennent à maturité 3 mais nous voyons dans la forme des fruits qui contiennent ces femences des caractères furprenans done on peut fe fervir pour conftiruer des genres. On voir que M. Cava milles éroic pénétré de cerre idée ; mais je fuis Fâché qu'il m'air pas appliqué ces mêmes principes uniformément par-tout, comme on doit lexiger d’un botanifte philofophe. | Je ne füis pas content des caraétères de fon genre Aroda. H dit: Frudus capfula unica. S'il avoit fait avec foin l'anatomie de ce fruit , & comparé la fgure de Dillenius, il auroir vu qu'il s'eft trompé. L’#noda à des cap- fules monofpermes compofées de troie parties : la prennère elt le réceptacle commun , la feconde des petites lamelles qui en fortenr, la troifième une demi-capfule, capfula dimidiata, qui contient la femence Ces demi- capfüles à qui j’ai donné le nom de clavicules , ont en bas une prolon- / ‘SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 gation aculeïforme qui entre dans un trou du réceptacle & les lie enfemble. Ainfi la capfule monofperme eft compofée de la partie extérieure du réceptacle, des deux lamelles qui en fortenc & de la clavi- cule, &'cette conftruction eft trop frappante pour ne pas conflituer un genre artificiel. L’efpèce qui y entre fe nomme, fuivant moi: Sida anoda levateroides. Mais pourquoi M. Cavanilles néglige-t-il le caractère frappant de fon Aoda haflara, N°. 83, dont la clavicule eft double & fe fépare naturellement, Je nomme ce genre Cavanillea & l’efpèce Sida Cavanillea haflata. Pourquoi cet auteur a-t-il négligé le caractère du Sida morifolia , N°,7?Ses cinq capfules monofpermes {ont formées par la réunion du réceptacle & de la clavicule, mais d’une manière différente que dans l'Ænoda & la Cavanillea : leur ftruéture plus fimple deman- deroit une figure. J'ai nommé ce genre Lamarckia & l'efpèce Sida Lamarckia morifolia. Paflons à fon nouveau genre Palaua. Son caraëtère elt le même que celui du Mulacoides , Tourn. genre que le grand changeur denom, Linné, a nommé Malope fans y rien ajouter du fien. Le caractère eft bon; mais pourquoi M, Cavanilles ne parle-t-il pas dans fes differtarions du Napæa clayt. dont les capfules font fermées comme celles du Palaua, & font verticilléss autour du réceptacle? La différence confifte donc en ce que le Palaua a un réceptacle arrondi fur lequel les capfules font rapprochées (conpeflæ), & que le Napæa a le réceptacle alongé & fes capfules rangées en verticilles, Mais fi un réceptacle arrondi eft fufifant pour engager M. Cavanilles à faire un nouveau genre, pourquoi a-t-il négligé le bon genre Malvinda de Dillenius dont les capfules fonc ouvertes {upé- rieurement par une petite fente: Toutes les efpèces qui le compofent ont été réunies par cet auteur à fon genre des Sida, Ainfi il a eu tort de faire fon nouveau genre de Palaua où il éroit contraint par ces mêmes vues philofophiques de conferver les genres de zapæa & malvinda, Quant à moi je ne trouve aucun autre expédient. : Ces mêmes vues philofophiques auroient dû engager M. Cavanilles à retravailler fon efpèce Sida periplocifolia, page 26. Chaque capfule contient trois graines. La partie inférieure de chaque capfule ef triari- gulaire; fes côtés font fortement réunis : elle contient une femence qui lui adhère affez fortement pour qu'on ne puifle pas l’ôter fars déchirure, La partie fupérieure de la capfule #’ouvre en deux battans, & contient deux femences libres. On voit fans peine que la ftruure de ces deux parties eft différente, & ce caractère eft au moins aufli frappant due celui du Palaua. J'ai rommé ce genre W2ffadule , & l'efpèce Sida WifJadula periplocifolia. \ J'ai à faire la même obfervation fur fon troifième genre Solandra. Le cara@ère eft jufte ; mais il auroit dû y faire entrer {a Sida triquerra, Tome XX XIII, Part. IE, 1788, NOVEMBRE, Xx 2 348 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, No. 4. Jela nomme Sida folandra triquetra, & la feconde Sida folandra acerifolia. Il eft à regretter que le nombre des femences ait écarté M. Cavanilles qui eft un fi bon obfervateur, de la véritable trame de la nature; car fans cette erreur il auroit vu que Linné a commis des fautes inexcufables lorfqu'il a fupprimé les excellens genres artificiels de fes prédéceffeurs pour nous donner fon genre mefquin des fida , dont les caraétères géné- riques , excepté le calice fimple, ne quadrent avec aucune efpèce. Le caractère de lAburilon, Tourn. Tab, 2$ , eft frappant, & je vénère trop la nature & fes fcrutareurs immortels, Tournefort & Dillenius, pour l'abandonner. Le caraëtère de ce genre eft trop connu pour que je me donne la peine de marquer fes différences : j’obferverai feulement que la fente qui ouvre chaque capfule ne la fépare pas entièrement : la partie inférieure eft fortement réunie. Je ne trouve pas ce caractère dans la Sida crifpa, Cav. N°. 65. Car quoique la figure extérieure reprélente au premier coup-d’œil les capfules des abutilons , on voir dès qu'elle eft en maturité , qu'elle eft fimple & multivalve , & que les valves font ouvertes dans toute leur longueur. Une autre différence eft que chaque valve eft compofée de deux valves fortement réunies , qu'on peut féparer par l’art; mais qui ne fe féparent jamais naturellement. Je me fuis fervi de ce caraëtère frappant pour former un nouveau genre que je nomme Heririerea, & l'efpèce Sida Heritierea crifpa. Je ne crois pas que cette efpèce foit la même que l'Aburilon veficarium crifpum floribus melinis parvis de Dillenius ; car cet auteur repréfente la capfule de fa plante applattie en deflus, & il éroir trop exact pour donner une figure qui ne fût pas conforme à la nature. Outre cela les dernières feuilles de | Æburilon, Dill. Tab, V , fe. 5, font fefliles ou courtement pédunculées, Quant au caractère de l'Heritierea, on pourroit n'objecter que les capfules d’Abutilon, ou du -moins de quelques efpèces, ont une fente longue qui defcend quelquefois jufqu'au bas, & qu'alors cetre capfule paroit multivalve. J'ai, par exemple, une nouvelle efpèce que je nomme © Abutilon odoratum dont lés capfules font fendues jufques près de là bafe; mais fi on examine avec foin certe capfule, on verra la grande différence qui exifte entre l’Abutilon odoratum , & l'Heritierea crifpa. Du réceptacle de la première efpèce fort un filament qui fait adhérer la capfule ; ce filament eft entier jufqu’à la fente où il fe divife en deux branches qui montent jufqu'au fommer. Ce filament & fa conftruétion montrent que le réceptacle de l'ÆAbutilon odoratum porte plufeurs capfules, tandis que l'Heririerea n’a qu’une capfule multivalve. Les mêmes vues philofophiques qui ont engagé M. Cavanilles à faire des So/andra un genre, néceflirenc l'établiflemenc du genre Heritierea , puifque les folandra font diftinguées par une capfüule fimple à cinq valves, & que laeritierea a une capfule fimple & multivalve. 13 4 LÉ SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 349 Cela me meneroit trop loin de parcourir les autres trois differtations de M. Cavanilles : je me propofe de le faire dans une brochure allemande que je donnerai comme la feconde partie de ma famille des mauves. J'ai feulement voulu faire obferver à une nation éclairée & qui doit fe glori- fier d'avoir donné le jour à l’immortel Tournefort, que les mêmes principes qui ont dérerminé M. Cavanilles à faire plufeurs nouveaux genres , exigeoient qu'il en établit un plus grand nombre ; autant qu’il y avoit de différences dans les parties de la fru&tification. Deux chofes ont empêché cet auteur célèbre de le faire. La première , c’eft qu'il a travaillé très-fouvent fur des échantillons fecs , ce qu’un botanifte doit éviter, Les échantillons des herbiers les mieux confervés peuvent peut-être fervir pour le caraétère des familles, mais ne fufhfent pas pour le caractère des genres artificiels. Mais pour créer de tels genres le botanifte philofophe doit fuivre les parties de la frudtification dès leur: formation jufqu'à leur maturité: il doit fuivre conftamment & répéter fes obfervarions avec exactitude & fcrupule jufqu’au moment où il fera sûr d'avoir pris la nature fur le fair. Chaque plante dont on n'aura pas examiné avec foin les parties de la fruétification , reftera une efpèce inconnue dont on foupçonne la famille, mais que nous ne pouvons pas claffer , ne connoïffant pas fon gerre. Si on trouve ces principes trop févères, on renverfe-toute philo- fophie. - La feconde chofe qui a gèné M. Cavanilles dans l’établiffement de nouveaux genres, eft fon attachement au fyftème de Linné qu'il ne paroic avoir jamais abandonné fans crainte. Un homme qui comme Jui a tous les talens néceflaires pour lire le livre dela nature, ne doit pas fe laiffer mener à la lefle par un autre. Chaque favant impartial qui voudra juger avec juftice fera obligé de convenir que Tournefort & Dillenius ont été plus grands botaniftes que LivnésSi on compare feulement le tome fecond des Inftitutions de Tournefort avec la nature, on fera furpris des grandes connoiflances qu'il en avoir ; il les a feulement exprimées par des figures indéchiffrables pour la plus grande partie des faifeurs d’herbiers. Les Ouvrages de Tour- nefort ont répandu un grand jour fur la Botanique, fcience que Linné a obfcurcie par fes genres prétendus naturels, Si Tournefort n'apas connu les étamines, on peut le lui pardonner , parce que les lumières étoient moins avancées, & que fes recherches ne portoient pas fur ces parties. Mais il eft impardonnable que Linné qui vouloit fonder un fyftême fur les organes de la génération ait méconnu le pifil & l'ait placé dans fa claffe gynandrie fous lurerus. Si Tournefort a féparé les arbres & arbrifleaux des plantes, Linné eft tombé dans'une plus grande erreur en formant fes clafles Monoecia , divecia , polygamia. Si Tournefort a peut-être multi- plié les êtres en ajoutant les variétés, accufation qui n'eft pas encore décidée, Linné eft tombé dans une erreur plus marquée loïfqu'il a claflé 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de vraies efpèces comme variétés, parce qu'il lui étoit plus commode de donner à la hâte un fyftême de la nature que de démêler les véritables, caractères qui diftinguent une efpèce d’une autre, En effet, nos travaux botaniques aduels confiftent à-peu-près à reflufciter des efpèces que Linné avoit rejectées parmi les variétés. Nous appelons cela faire des progrès dans la fcience, tandis que ce n’eft que corriger des erreurs & revenir au point d'où on étoit parti. Outre cela Tournefort étoit l'ami de la nature , fon fcrutateur indefeile & n’avançoit aucune idée hafardée: Linné au contraire ne fe faifoit point de peine de nous dire des chofes dont il ne s’évoit pas afluré. Il favoit au jufte les pères & mères des bâtards des plantes ; & fans avoir jamais fait des expériences fur cet objet, fans avoir, produit aucun bâtard, fans favoir même fi cela étoit poflible, il nous a donné une longue life de plantes hybrides : ce n’eft que long-tems après que Koebreuter a prouvé & démontré la poflibilité de ces écarts par fes expériences. Tout connoifleur qui comparera la nature & le Genera. Plantarum de Linné verra la grande défe&uofité de ce fyftème. Le climat d'Upfal étoit trop contraire au Pline du Nord, comme on fe plaîc de l'appeler; & nous qui vivons dans un climat plus doux , nous nous livrons trop à l'étude de fes Ouvrages, ce qui nous fair négliger la nature. Quant à moi je préfère d'étudier celle-ci, & je me trouve heureux de vivre fous un Prince magnanime & protecteur des fciences fous le. gouvernement duquel je puis dire ce que je penfe fans que cela nuife à ma fortune, * J'ai Phonneur d’être, &c. Manhcim, le 22 feptembre 1788. P.S. Je fuis sûr à préfent que des Boraniftes éclairés ont compris fous le Pentapetes phænicea trois efpèces. La première eft le Dombeya phænicea, Cav. dont le piftil eft fupérieurement divifé en cinq'autres piftils, que M. Cavanilles appelle mal-à-propos ftiomates. La mienne qui eft abfolument monogyne, n’a pas le calice coloré intérieurement. La £roifième efpèce , que j'ai reçue de M. Otto Muller de Copenhague, a la cepfule ormée de cinq valves & rabotteufe. Quelle confufon ! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35r OBSERVATIO N;S Sur la culeure &: les ufages économiques du Dattier ; Par M. DES FONTAINES, de L Académie des Sciences, &c. L E dattier qui eft d’une fi grande reffource fur les côtes feprentrionales de l'Afrique, y croît prefque par tout indiftintement, mais on ne le cultive avec foin qu’au-delà de l'Atlas, parce que les chaleurs ne font pas aflez fortes le long de la côte pour en mürir les fruits. Nous ne ferons point ici mention des cara@ères particuliers qui diftinguest cet arbre ft intéreflant, il nous fuffra d'offrir quelques obfervationsifur la manière: . dont on le cultive en Barbarie ; & fur fes divers ufages économiques. -e Foute la pamie du Zaura voifine de l'Atlas & la feulé de ce vafte déferc qui foit habitée , ne produit que peu de bled ; fon {ol fabionneux & brûlé par l’ardeur du feleil, fe retufe prefqu'entièrement. à cette cul- ture;on n'y recueille qu'une petite quantité d'orge, de mais & de Jorge. Le dattier tient lieu de moiflons aux habitans de ces contrées, & fournit prefque feul à leur fubfiftance, Ils ont des troupeaux de moutons, mais comme ils font peu nombreux , ils les:confervent pour en avoir des Jaines; d’ailleurs la chair de ces animaux eft aliment mal-fain dans les pays excellivement chauds, &ces peuples quoique groiliers ont probablement été conduits par l'expérience à connoître qu'il-leur érôit falutaire des’en abftenir. = Les dattiers font plantés fans ordre à douze où quinze pieds de diftance les uns des autres dans le voifinage des, rivières & des ruiffeaux qui forrent des fables. On en voir çà & là des forêts dont quelques-unes ont’ plufieurs lieues de circonférence. L'érendue des plantations dépend ordi nairement, de la quantité d’eau qu'on peut employer pour les arrofer ; car les dattiers aiment beaucoup l’humidité. Toutes ces forêts fonc “entremélées d'orangers, d’amandiers, de grenadiers , de vignes qui -grimpent le long des troncs de dattiers ; la chaleur eft aflez forte pour en muürir les fruits, quoiqu’ils foienc rarement expofés aux rayons du foleil. | On conftruit de diftance en diftance des digues le long des ruiffeaux pour arrêter le cours des saux , & pour qu’elles puiffent fe difribuer aw milieu des dactiers au moyen de rigoles qui les y conduifenr. Le nombre- d’arrofages eft fixé pour chaque particulier, & dans plufeurs cantons pour yavoir droit, les propriétaires font obligés de payer une fomme 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, annuelle en raifon du nombre & de l'étendue de leurs plantations, On a foin de bien labourer la terre & d’élever une bordure autour de chaqüe pied du dattier pour que l’eau puifle y féjourner en plus grande quantité & pendant unefpace de tems plus confidérable, On arrofe les datriers de rems en tems dans toutes les faifons , mais particulièrement pendant les fortes chaleurs de l'été, a C’eft ordinairement en hiver que L'on fait de nouvelles plantations de datriers ; pour cet effet on prend des rejettons de ceux qui produifent les meilleures dattes, & on les plante à peu de diftance les uns des autres, Au bout de trois où quatre ans, fi ces rejettons font bien foignés, ils commencent à porter des fruits, mais ces fruits font encore fecs, peu fucrés, &.même fans noyau : cé n’eft que vers la quinzième ou vingtième année qu'ils atteignent le degré de perfection donc ils fonc fufcepribles, Pi oil Les datriers venus de femence ne produifent jamais d’aufi bonnes dattes que ceux qui font provignés comme nous venons de le dire ; elles font toujours maigres & d’un mauvais goûr. Ce n'elt fans doute qu’à #orce-de-cukrure & après plufieurs générations qu'elles deviennent-d'une bonne qualité. © à np 115)ab o Les dartiers'qui ont été femés iprimitivement croiilent avec rapidité, & l'ontr'a afluréqu'ils porroient du fruit dès la quatriènie où cinquième année. On asfoin de couper les feuilles inférieures des dartièrs à mefure qu'ils s'élèvent , &on laifle toujours un bout du pétiole de quelques pouces de longueurs ce qui donne un moyen facile pour grimper jufqu’au fommer. Ces arbres viventitrès-long-tems ; au-rapport des arabes , &°pour le-prouver ils difenc que lorfqw’ils ont atteine le terme de leur accroifle- ment, on #’y appergoit aucun changement dans l'efpace de trois générations humaines. ; Le nombre des femelles que l’on cultive eft beaucoup plus confidé- sable que celui des males, parce qu'elles fonc plus profitables. Les organes fexuels des dattiers naïflent , comme l’on fait, fur des pieds diflérens, & ces arbres font en Aeur dans les moïs d'avril & de mar, Les-arabes vont alors couper des rameaux mâles pour féconder les femelles. Ts fonr une incifion dans le tronc de chaque rameau qui doit donner du fruit , 8& y implantenc une tige de fleurs mâles, fans cette précaution les dattiers ne produiroient que des fruits avortés. Dans quelques cantons on fecoue feulemence les rameaux mâles fur les femelles. L’ufage de féconder ainfi les dattiers eft fort ancien, on le trouve décrit dans Pline avec beaucoup d’exacticude , Liv. 13, chap. 4 , où il traite des palmiers. Il n'eft prefqu’aucune partie du dattier qui n'ait fon utilité. Le bois, quoique d'un tiflu aflez lâche, fe conferve pendant un ff grand nombre d'années, que les gens du pays le difent incorruptible. Is en font des poutres , des {olives , des inftrumens de labourage, &c, il brûle lentement, mais SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 353 mais les charbons qui réfultent de fa combuftion , font très-ardens & produifent une forte chaleur. Les arabes enlèvent l'écorce & les parties fibreufes des jeunes dartiers , & mangent la fubftance blanche qui eft dans le centre ; elle eft nourriflanre & d’un goûc fucré, On la connoit fous le nom de moëlle de dattier. Ils mangent aufli les feuilles , lorfqu'elles font encore tendres , avec le jus de citron; les anciennes fonc mifes à fécher, elles fervent à faire des tapis & autres ouvrages de fparterie qui font d'un ufage très-fréquent , & dont on fait un commerce confidérable dans l’intérieur du pays. Des côtés du pétiole dans l'endroit où il s’unit au tronc, fe détachent un grand nombre de filamens déliés avec lefquels on fabrique descordes, & que l’on pourroit convertir en toile, On retire aufi du dattier une liqueur blanche connue fous le nom de lait, Pour l’obreuir on coupe toutes les branches du fommet d’un de ces arbres, & après y avoir fait plulieurs incifions , on les couvre de feuilles, pour qu'il ne foit pas defléché par l’ardeur du foleil. Le fuc découle dans un vafe adapté convenablement à une rainure circulaire pratiquée au- deffous de ces incifions pour le recevoir. Le Jait de dattier a un goût fucré & agréable lorfqu'il elt frais, il eft rafraîchiflane, & on le donne même à boire aux malades , mais il s'aiorit ordinairement au bout de vingt-quatre heures. On choilit pour cette opération de vieux dattiers , parce .que.la coupe des feuilles & la ,grande quantité. de fucs qui découlent de l'arbre l'épuifenc & le font fouvent périr. l Les fleurs mâles du dattier ont aufli quelques ufages ; on les mange lorfqu’elles font encore tendres, en y mélant un peu de jus de citron. Elles paffent pour aphrodifiaques ; l'odeur qu’elles exhalent eft peut-être caufe qu'on leur attribue cette propriété, Les dartiers font d'un grand revenu pour les habitans du défert : quelques-uns de ces arbres portent jufqu'à vingt grappes de dattes; mais on a toujours foin d’en retrancher une partie, afin que celles qui reftent puiflent groflir davantage ; on n'en laifle jamais plus de dix à douze fur les datriers les plus vigoureux. On eftime qu'un bon dattier rapporte, année commune , la valeur de 12 ou 15 liv. au propriétaire. Il fe fait un commerce confidérable de dattes dans l’intérieur du pays, on: en envoie auffi une grande quantiré en France & en Italie. C'eit vers la fin de novembre qu’on en fait la récolte. Lorfque les grappes font féparées de l'arbre ,on les fufpend dans des lieux bien fecs où elles priflent être à l'abri des infectes. . La date eft un aliment faïn & d’un goût trèc-aoréable , fur-rout lorfqw'elle eft fraîche. Les arabes la mangent pour l'ordinaire fens aflai- fonnement. [sen font fécher & durcir au {oleil pour les réduire en une forte de farine dont ils four provifion pour les voyages de long cours qu'ils entreprennent fouveut au travers des déferts. Cer aliment frmple Tome XXXIII, Fart. 11, 1738. NOVEMBRE, Yy 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuit pour les nourrit pendant long-terns, Les habirans du Zaara retirent encore des dattes une forte de miel d’une faveur douce & fucrée; pour cèt effec ils choififfent celles dont la pulpe eft la plus molle, ils en rempliflent une grande jarre percée d’un trou à fa bafe, & ils les com- priment en les furchargeant d'un poids de huit à dix livres, La fubftance la plus fluide qui fort par le trou de la jarre eft ce qu'ils appellent le miel de datte. Les noyaux même, quoique d’une fubflance très-dure, ne font point rejettés. On les donne à manger aux chameaux & aux moutons après les avoir broyés ou mis à ramollir dans l'eau. Les dactiers, ainfi que les autres arbres cultivés, offrent une grande variété de fruits quant à la forme, la groffeur , la qualité, la couleur même, On en compte au moins vingt fortes différentes. Les dattes fonc fujertes à la piquüre des vers, & elles fe gârent très-promptement dans les tems humides & pluvieux. On voit d’après ce que nous venons d'expofer , qu’il n’eft peut-être point d'arbre du la nature qui offre des ufages plus précieux & plus multipliés que le dattier, SUITE DE. LEXAMEN Sur la prétendue abforption du Charbon dans les vafes clos ; Par M. le Comte DE SALUCES. ADDITION. ous vérité importante (favoir, que l’air ne fouffre aucune ab- : forption de la part du charbon ) pouvant contribuer aux progrès de cerre branche de la Phyfique mixte, & recevant un plus grand degré de lumière & détendue des ingénieufes expériences que nous en a données M. le Comte de Morozo, dans l'examen qu'il a fait de l’aétion du charbon fur les différens gaz, je crois qu'il eft intéreflant de rapporter ici l'extrait de fes réfultats pour faire remarquer la différence des effets du charbon dans l'air & dars les fluides aériformes, & qu’on ne peut les confondre fans erreur, non-feulement parce que ces fluides font dépourvus de la propriété pneumatique principale de fervir à la refpiration & à l'entretien du feu & de la flamme, mais encore parce qu’ils font fujets à fouffrir de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35s la part du charbon de véritables abforprions plus ou moins confidérables, tandis que l'air n’en fouffre aucune de bien fenfible. - C’eft donc ici le tableau des réfultats de notre favant. La hauteur des tubes qu'il a employés a toujours été de 12 pouces au-deffus du niveau du vif-argent. Dans l'air atmofphérique . . .... l'abforption a été de 3 pouc.6lig, Dans les gaz déphlo- 3 LTÉE ee gifliqués del’eau..... AE I Par la vapeur du foufres. ,... 3 7 g Par un mélange delimaille de fer | & de foufre un peu humedtés 3 6 Par le gaz du cnohies 4 Sir À cs Dans les airs phlo- ll artificiel 4 … gifliqués Das fouris 3 4 Par la refpiration don rs + un moineau 3 4 d'un pigeon 3 $ Dans le gaz alkalin. ....... 8 Dans le gaz inflammable * des eaux croupiflantes. ...... re) Dans le gaz inflammable martial 4 I crayeux ou air fixe. ...... I1 o vitriolique, fulfureux, volatil.. $ 6 MITHEUX ice ete eT fie 7286 lee 10 DNATIN Are er Le cteleleelu late II o Dans les gaz acides / hépatique.............. 11 o du vinaigre radical. ....... 3 2 de lefprit de vinaigre. ..... 4 I du verd degris....,...... $ o d'LBEE CRETE RER EEE ns I fpathique * ............ 7 I Les abforptions des fluides aériformes marquées d'une *, m'ont été obligeamment communiquées par l’aureur avec l'addition fuivante , que je crois intéreflant de publier. « Je commencerai, dit-il, par rendre compte de deux expériences > fur l'abforption du charbon dans deux gaz que je n'ai pas encore » éprouvés (1). Les tubes, l'appareil, le poids du charbon, tout enfin (x) Je les ai déjà ajoutés dans le tableau ci-devant. Tome XXXIII, Part, I1, 1788. NOVEMBRE, Yy2 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » étant dans les mêmes ciréonftances que dans mes premières expé- » riences (1). » 1°. Dans le gaz acide fpathique retiré avec l'acide vitriolique du > fparh fluor de Maurienne, le charbon a opéré une abforption de 7 pouces » I ligne. ’ » 2°, Dans le gaz inflammable retiré des eaux croupiflantes des égoûts » de la ville, Pabforption a été de 6 pouces, » Si l'on confdère la différence qui pafle entre Fabforption du gaz » inflammable qu'on retire du fer par l'acide vitriolique, & celle que j'ai » obrenue du gaz examiné, la première de 2 pouces K la feconde de 6, >» on aura encore par-là ure preuve que ce dernier gaz eft mêlé d'une » grande portion d’air fixe qu'on peut évaluer par la précipitation de » l'eau de chaux ou terre calcaire, & qui eft caule que ce gaz donne une > flamme grafle & léchante fans faire la moindre détonarion. » Après avoir éprouvé avec la même efpèce de charbon l’abforption » dans les différens gaz & dans les Auides aériformes, j'ai voulu examiner > _la différence des abforptions que les charbons des différentes efpèces de » bois auroient données dans l'air atmofphérique. » Les charbons que j'ai foumis à l’expérience éroient de hêtre, de » faule, d’auine, de coudrier, de farment de vigne, & pefoient une >» demi dragme, comme je l'ai vérifié avec la plus grande exactitude, » J'ai été obligé de m'en tenir à ce poids, parce qu'on ne peut avoir du » charbon de vigne en gros morceaux. Je pañlois les charbons embrafés >» fous le mercure. Les tubes de criftal éroient d'un pouce de diamètre & » de 12 pouces de hauteur. » Les réfultats obtenus font marqués dans le tableau ci-après: la » première des deux colonnes indique l'abforption qu'on a eue un quart » d'heure après l’expérienre, & l’autre celle que l’on a obfervée vingt- » quatre heures après , vu que l'abforprion a continué jufqu’à ce tems-là. » Elle n’a pas cependant excédé une ligne. Tableau des abforptions que j'ai eues par les différens charbons. Qualités des charbons employés. Abforpiions, Après un quart d'heure. Après 24 heures. Dehêrre.....+..... 2pouc. 3lig. 2 pouc.4lio. Defaniemecr-nmer ee 22: à 2 D'inlne RCE TRR EE rreE> Ii É 2 2: De coudrier . ....... x 11 2 De farment de vigne .... F1 7 j I 8 a, (2), J'en ai fait mention ayant l’expofition du tableau. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 357 > Les conféquences que j'ai tirées de mes premières expériences m'ont »! fait entrevoir que le charbon faifoir une plus grande ou plus petite >» abforption en raifon directe de l'acide contenu dans le gaz & inverfe > du phlogiftique. D’où il fuir que le charbon qui contient plus de > ‘phlogiftique, doit moins abforber. Les expériences qu’on a faites fur la compoftion des différentes » poudres À canon, démontrent aufli que les charbons qui contiennent >» plus de phlogiftique fonc les meilleurs. Or, dans la pratique de la »,Compofition des poudres à canon on a reconnu qu'il fuffoit de » changer la qualité du charbon fans varier les dofes des compolans pour » obtenir les poudres de différentes bonrés & dans l’ordre fuivant. » La première qualité s'obtient avec le charbon de vigne. » La feconde avec celui de coudrier, » La troifième avec celui d’aulne & de faule. » La quatrième enfin avec du charbon de hêtre qui donve de la: » mauvaife poudre, C’eft pour cette raifon que l'on ne s'en fert pas, non » plus que de celui de chätaignier & de chêne. > La parfaite analogie de mes expériences avec les réfulrats dans la > pratique, me paroit donner un grand poids à mon fentiment. » Je n'ai plus fuivi ces expériences : je vois cependant qu'il feroic » intéreflant de les répéter fur les différens gaz. Si vous croyez , mon » cher Confrère, qu'elles puiffent mériter d’être publiées, je Les livre > entièrement à votre difpofition ». Les réfuitats de notre favanr, que je viens d’expofer fous les yeux des phyficiens, me paroiffent mettre hors de toute conteftation , ce que jai avancé pér rapport au peu de confiance qu’on doit avoir dans ces fortes d'appareils, & à l'inablorption de l'air par le charbon , & ce que j'ai prouvé ailleurs, favoir: ‘ 1°. Que l’air élémentaire entre dans toutes les combinaifons auxquelles on a donné le nom d'air ou de gaz, quoiqu’en différentes quantités , & dans des états auf différens, c’eft-à-dire , de fimple aflociation , d’aggré- gation, ou de combinaifon plus ou moins intime en vertu d'une neutta- Hfation plus ou moins exacte. i 2°. Qu'il eft vifible qu'on ne peur fe difpenfer de diftingner d’abord en trois claffes les Auides aériformes , ceux qu’on doit resarder comme de véritables airs, c’e{t-à-dire qui font exclufivement propres à la refpira- tion & à la confervation de la flamme : ceux qui ne font que Les réfulrats de l'air gâté par l'affosiation des émanations étrangères , capables de les rendre impropres à la refpiration , & qui ne forment que des aggré- gations plus ou moins foibles : ceux enfin où l'air Je trouve en très-pettre: quantité & diffous avec les débris volauils des fubflances dans les: vapeurs qui s'élèvent des fluides employés. Ainf ce font l'air déphlogiftiqué & l'air atmofphérique qui forment la 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, première ciaïe, & ils ne diffèrent que par leur plus ou moins grande pureté, Les airs pâtés par différentes émanations entrent dans la feconde clafle, & peuvent fe divifer en deux ordres, en airs fimplement infectés par des émanations fubtiles concrètes , différemment diftribuées , & fou- tenues dans le fluide atmofphérique, & en airs furchargés d'exhalaifons formées par des vapeurs humides aériformes tenant en diflolution des particules folides plus ou moins délétères. On doit comprendre encore dans cette dernière claffe les émanations des cinabres naïf & artificiel, l'air gâté par la refpiration , par l’affociation des vapeurs humides du foufre & du fer, par celles du foufre feul, des bougies , des eaux croupiffantes , par les hépatiques , les alkalins volæils, dont ceux qui font gâtés par les vapeurs inflammables des eaux croupiffantes , par les hépatiques & les alkalines , forment un ordre différent qui femble les amener à la troifième clafle qui comprend tous les fluides volatils produits par l'emploi des acides auxquels on peut donner le nom de gaz pour plus de élarté. Certe divifion fe préfente à la feule infpection des réfultats , pendant gre la confidération plus réfléchie fur [a nature des miafmes vaporeux , des eaux croupiffantes, des hépatiques, & des alkalis volatils ou ammoniacaux caufliques , paroîtroit nous donner de très-fortes pré- fomptions de l'exiftence , finon d’un acide bien caractérifé , du moins du principe d’acidité, non-feulement par laconformitéde ces réfulrats, mais encore par ce qu'on peut déduire des expériences du favant M. Volta fur les airs des marais, de celles du célèbre M. Kirwan fur les vapeurs hépatiques, & de celles dont j'ai rendu compte, par rapport à l'alkali volatil cauftique. Mais malgré des préfomptions fi folices, je ne me permettrai pas de les confondre avec les vapeurs aériformes acides , jufqu’à ce qu'on détermine exaétement par une analyfe qui eft à defirer la nature de leurs principes conflituans. Mais les gaz acides , l'alkalin ou ammoniacal , l'héparique & le gaz des eaux croupiffantes , font ceux qui ont donné les plus fortes abforp- tions, comme l’ob{erve notre illuftre Confrère : indépendamment même de l'élévation du mercure qui doit être aflignée à la diminution de l'air contenu dans les capacités & dans le vif-argent , diminution qu'on ne peut éviter dans ces procédés , & que j'ai démontré n'être pas une véri- table abforption. Or, il eft aifé de reconnoître que ces gaz font furchargés d'humidité, & que les molécules étrangères y font en diffolution avec la partie phlogiftique très-concentrée des fubftances qu'on-y traite : il n’eft donc pas étonnant que le charbon dont les pores font vides donnant accès, & reprenant les parties de l'air qui fonc en contaét avec lui, pro- cure la décompoftion de ces foibles combinaifons aériformes, en facilitant la condenfation des particules fluides , & par-là la précipiration des molé- cules folides qui consourroient à cette aggrégation accidentelle, Cette 18 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 359 introduction au refte de l'air dans les pores du charbon vient auffi d’être remarquée (1) par les favans MM. Kirwan & de la Métherie. L'abforption des airs gâtés par les émanations eit moindre , parce que ce n’eft-là qu'une interpolition des particules des fubftances qui s’élèvenc dans l'air, & qu'il ne peut fe former de combinaifon aufli exacte , ni même Pair ambiant contenir un auf grand nombre de parties étran- gères. L'énergie de ces émanations n'étant pas aflez vive pour qu’elles puiffenc fe fubfticuer aux parties de Fair en les chaffant comme font les émanations humides ou gazeufes , puifqu'elles agiffenc d’autant plus len- tement qu'elles font plus lourdes, & que d’ailleurs le véhicule aqueux eft inconteftablement moins abondant ; ce qui me juftifie fur la différence que j'établis entre ceux-ci & les airs corrompus par les émanations vaporeufes. 3°. De ces mêmes réfultats de M. le Comte, il me paroît encore démontré queles gaz font vifiblement le réfüultat des fabftances expofées à l'action réciproque de la force particulière qui diftingue & qui caraété- rife ces miafmes diffous , & pour ainfi dire, fondus avec les parties pneu- matiques d'une atmofphère plus ou moins confidérable , de manière que l'air qui eft le milieu fpécifique de ces combinaifons fe fait toujours une plus ou moins petite partie du total ,à la différence des airs gâtés, où l'air lui-même fe trouvant dans un rapport incomparablement plus grand avec les émanations fubriles concrères & avec les vapeurs, forme la partie la plus confidérable de la nouvelle atmofphère ;. & où il eit , je le répète , important de diftinguer les airs infectés par la feule intérpoñition des molécules étrangères folides, & ceux qu’on pourroit nommer cor- rompus par la diffolution des particules folides dans les vapeurs humides & difléminées d'une manière plus inenfible & uniforme entre jes parties ur compofent l’aermofphère pneumatique, : C'eft de-là que l’on connoît combien on fe trompe en confondant les fluides aériformes avec l'air que nous refpirons, foit à caufe que celui-ci n’eft pas exémpt de mêlange, & que néanmoins les animaux y vivent , foit parce que ces fluidesont plufieurs propriétés communes avec Pair, puifqu'en .examinant cette queftion avec la circonfpection qu'exige Fexa&itude philofophique, on ne peut pas plus regarder le rapport de ces fluides aériformes comme comparable avec celui qui conftirue Patmofphère, que ne le feroit l’eau avec routes les fubftances liquides ; la tranfparence & l'élafticité ne formant pas des caradtères diftin&tifs & abfolus, mais plutôt des accidens capables de modifications relativemenc à la ténuité & à la diftriburion de leurs parties conftituantes, ! (x) Experimenti full Aria epatica , page 1$ , traduit enïtalien par un favans anonyme, & imprimé à Turin: Journal de Phyfique , avril 1787: 360. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette vérité, fur-tout par rapport à lélafticité, découle naturelle: ment des expériences même du célèbre M. Prieftley (1), & fur le fon excité dans ces armofphères gazeufes , fujet qui vient d’être traité par M. Pérolle, docteur en Médecine de Montpellier, dans un Mémoire adreflé à l'Académie, & qui eft une fuire de celui qu'il donna en 1781 à celle de Touloufe, puifqu'il réfulte des expériences de ces favans phyfciens , que la propagation des fons , de même que leur intenfité , eft confidérablement diminuée dans ces fluides aériformes , tandis que la première eft plus prompte, & la feconde plus grande dans les airs déphlogifliqués &’nitreux que dans l'air commun. Ce qui prouve que l'élatticité dans les gaz n'eft peut-être qu’en raifon inverfe des parties non- pneumatiques. Car ces fluides étant compofés de beaucoup de parties aqueufes qui ne foutiennent l’état aériforme que par leur aflociation avec le phlouiftique, & le principe falin , où les autres molécules fe trouvent diffoutes avec les parties armofphériques, il n'eft pas étonnant que la propagation & l’'intenfité des fons fe trouvent autant diminuées qu'il y a dans la conttitution de ces fluides une plus grande quantité de parties non-élaftiques , telles que les parties aqueufes. Le gaz nitreux au contraire n'elt pas dans le mème cas, parce qu'il contient le moins de parties aqueufes poilibles , n'étant que la combinailon de l'acide puiffamment concentré avec la partie la plus volatile du phlogiftique, déjà réduit lui- mème auf à une très-grande concentration. D'où il fuit que ces modi- fications paroiffent être en raifon de la quantité du principe aqueux qui entre dans la conftitution gazeufe , plutôt qu'en raifon directe des denficés, ou irverfe du phloviftique (2). Si l'on n'avoit pas de bonnes raifons pour foupçonner que l'air déphlo- gifiqué, quoique porté à un degré de pureté relative très-grande , ne peut pas être.regardé comme parfaitement pur & rout-à-fait exempt de ‘principes non-pneumatiques , on pourroit prendre fon abforption appa- rence pour la mefure de la diminution des atmofphères des vafes clos que nous avons remarqué être inévitable, & en la retranchant de chaque abforption particulière, on auroit pour l'air commun la quantité des parties étrangères dont il feroic infecté dans les airs gâtés , & la quantité d’air qui entreroit dans chaque combinaifon vaporeufe ou gazeufe. (1) Obferv. fur différentes branches de Ja Phyfque, part. IIL, page 355. (2) Les ingénieufes expériences de! M. de la’ Métherie , Zoc. cirar. confirment encore merveilleufement toutes ces aflertions, & en eflet il conclut en ces termes : L:s airs s’introduifent aufff dans ce charbon ainft éteint. Mais leur abforpcion ejl accompagnée de circonftances auxquelles on ne fauroir faire trop d'atrention. ITparott que ce vuide qui exifle dans le charbon ne peut abforber qu'une affèz pecice quantité de certains airs\, sandis qu'il abforbe plufieurs fois fon volume de certains autres. Mais ils font pour lors dénatures, Ce qui indique combinaifon. Mais SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 361 Mais j'ai déjà remarqué combien il eft facile de fe convainere que l'air pur, même celui du nitre que notre favant a reconnu plus pur que ceux du précipité & de l’eau , n'eft cependant pas parfaitement dépouillé de principes étrangers. 1°. À caufe des différens degrés de pureté auxquels on peut réduire ces airs, fans qu'il y ait un maximum auquel on puifle fe rapporter. 2°. Parce qu'il eft vifible que dans les abforptions obtenues par notre favant il y a des différences remarquables qui démontrene non-feulemenc cette différence de pureté, mais invinciblement encore que l'on doit alliger ces différences dans les abforptions aux parties étrangères à l'air vraiment tel, - 3°. Parce que dans les circonftances les plus uniformes -& abfoiumenr identiques , l'air commun fouffriroit de la part du charbon-une abforprion abfolue moins confdérable , puifqu'en calculant même les parties preumatiques dont Pair atmofphérique eft compofé pour un riers du total, cette partie ne feroit fujerte à aucune ablorprion de la part du charbon, pendant que l'air déphlogiitiqué y feroit plus ou mois expofé : ce qui me paroït futilant pour prouver inconteftablement fon igpureré, En effec, puifque fuivant la comparaifon que MM, Priellley, Lavoiler, Fontana, Schéele & canc d’autres tiluftres phyficiens en ont faire avec air commun , il réfulte que la partie pneumatique , c’eft-à-dire, l’air vraiment tel n’entre peut-être pas mêm* pour un tiers dans fa conftitu- ten, & que la partie abforbée par le charbon dans l'air commun et dans ces circonftances aflez Conftamment de 42 lignes, il n’y en a que 14 que nous puiflions regarder comme de l'air vraiment tel, le refte n’érant , füivant ces phyficiens , que Le réfultac des parties étrangères qui entrent dans le volume atmofphérique. Mais l'air déphlogiftiqué le plus pur, fuivant le tableau, a fouffert une abforprion de 23 lignes. Donc fi or retranche les 14 lignes auxquelles fe réduit dans ces mêmes circonf- tances la partie pneumatique de Pair commun , il eft évidenc que cet air déphloviftiqué contient encore au moins 9 lignes qui ne fout pas de Pair. Or, en retranchant des 23 lignes de l'ablorption de l'air déphlo- giftiqué tiré du nitre les 9 lignes dont nous venons de parler , on rédui- roit l'abforption, de même que pour l'air commun , à 14 lignes, lefquelles ourroient exprimer par une approximation aflez plaufible la quantité inévitable des défauts de cette méthode, C'eft d’après ces principes que je développera l’ufage important que l’on peut faire des réfulrats donc notre illufire confrère a rend4 compte dans fon tableau pour déterminer l'infettion des airs gârés, & la quantité d'air que contientent les uides aériformes dans lefquels il a employé le charbon. Au refte, les altérarions gu'éprouve cet äir, ainf que les gaz de Ja part du phofphore & du foie de foufre par leur féjour, de manière à diminuer fa pureté & à purifier au contraire les autres, comme l’a fair voir M. le Comte de Morozzo , me paroiflent nous convainçre toujours Tome XXXIIT, Part. IL 1788. NOVEMBRE. Zz 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus que certe aflociation plus ou moins intime de matière non- pneumatique dans l'air déphlogiftiqué n’eft pas douteufe, & que la nature de ces parties étrangères ne peut tre que le débris du même principe qui en fe tranfportant des menflrues dans les parties conftituantes des métaux, & en s’y combinant, les a réduites à l’état de chaux, & a enfuite efluyé une décompoftion plus complecte dans le tems que ces chaux ont repailé à l’état métallique ; il eft vilible que ce principe ne peut être que celui de caufticité, c’eft-à-dire , le développement & la féparation des rudimens qui avoient concouru à cette neutralifation. Il n’y a dès-lors rien de plus naturel que de voir réduire en eau des atmofphères aériformes , lorfqu'on en mêle de celles qui ont entr'elles quelqu’aétion réciproque par la prépondérance de l'afñnité de quelque principe conftituant de l'autre, fans que cela prouve la décompofition de l'air en eau, puifqu'il me paroît quon ne peut en déduire en bonne diale&ique que la pofibilité d’une combinaifon , où humidité même abondante peut acquérir la propriété de fe foutenir dans un état d'élafticité & de tranfparence capable de fimuler le Auide que nous refpirons en vertu de l’affnité qu’elle acquiert avec le phlogiftique porté à une très- grande concentration, ainfi quil fe trouve , par exemple, dans les fubftances métalliques , effet qui doit cefler aufli-tôt qu'une nouvelle fubftance de même nature vient l'enlever, comme il arrive dans la com- binaifon des airs inflammable & déphlosiftiqué qui fe trouvent dans ces circonftances, M. le Comte de Morozzo nous fournit encore l’occafion de prouver Fexadtitude de certe idée par l’obfervation qu’il donne de l'humidité qui s'eft manifeflée en gouttes dans le récipient plein de gaz inflammable où il avoit fufpendu un morceau de foie de foufre (1), & qui fut encore plus manifeite dans le nitreux (2X puifque l’amélioration de ces deux gaz ne fauroit être attribuée qu'à leur décompofition, comme le prouvent affez bien les criftallifations qu'il reconnut fur les deux morceaux de foufre, Mais en revenant à l’ufage da:s réfultats de M, le Comte pour être à l'abri de tout reproche, il nous faudroit faire attention à la différence que doit avoir produit le volume du charbon introduit , puifqu'on ne peut contefter qu'il doit néceflairement avoir occupé la, place d'aurant d'air, & augmenté d’autant l'abforption apparente, Mais nous croyons pouvoir Ja négliger, parce que felon fon obfervation , après l'introduction d’un fecond charbon, l’abforption produite par les autres étoit à-peu-près conftamment de 9 à 10 lignes, ce qui peut compenfer, fuivanc M. le (1) Mem. della Sociera italiana ; tome 3, page 419. (2) Lbid, page 430, SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 363 Comte, la quantité nouvellement introduite dans les pores vides du char- bon, cette compenfation nous difpenfe de tenir compte de ce volume. Or, d'après ce que nous venons de remarquer par rappert à la quantité vraifemblable de parties pneumatiques qui peuvent entrer dans la confticution de l'air commun qui feroit peut-être encore un peu trop forte à + du total, mais que je préfère d'adopter pour éviter tour reproche, Ja partie pneumatique dans un air déphlogiftiqué , tel que celui done il elt ici queftion, ne feroit à-peu-près que de ?. Mais il me paroît hors de conteftation que ce ne fonc que les parties étrangères qui produifent la variation dans la hauteur du mercure : “onc nous pouvons regarder cette quantité pneumatique de l'air déphlogiftiqué en queftion comme la mefure & l’expreflion de limperfeétion inféparable de ces appareils pneumato-chimiques , de manière qu’en la retranchant de chaque abforp- tion particulière du tableau, nous aurons, non-feulement l’abforption réelle du charbon dans chacun des fluides aériformes où il a été introduit, mais encore la quantité des parties érrangères dont l’air aura été infecté dans les airs gâtés , & la quantité d'air à-peu-près qui étoit contenue dans chaque fluide gazeux ; & c'eft ce que je préfente dans le rableau qui fuir, en réduifant les pouces en lignes pour plus de facilité. Je crois néanmoins néceflaire de rapporter auparavant l'importante obfervation de M. le Comte fur la diminution de l'abforption que produit Le charbon dans les Auides gazeux à mefure qu'ils font moins récens. Ce qui nous apprend que ces fluides élaftiques dépofent par le feul repos une plus ou moins grande quantité de leurs parties confti- tuantes ; ce qui s'accorde très-bien avec l’obfervation que j'ai faite , & qui n'aura pas échappé à l'attention de tant d’autres, de la diminution aufli de ces mêmes fluides lorfqu'on les garde dans des veflies (1) ou dans des récipiens. Cetre. diminution étant même d'aflez grande confidération, lorfque joint à la longueur du tems qu’on les conferve, on leur fait fubir ur certain degré de froid par lequel peut fe faire la condenfarion d’une plus ou moins grande quantité des parties qui font entrées dans leur conftiturion , obfervation qui me paroît aflez importante pour ramener les idées à une plus grande exactirude, En attendant voici les réfultats que je crois pouvoir tirer des travaux de M. le Comte de Morozzo. (1) Je ne fais fi la perméabilité des veflies ne réveillera pas des foupgons contre l'exañitude de mon obfervation. Mais l'effet du charbon & !: diminution dans les récipiens de verre pourront peut-être me mettre à couvert de reproches. Tome XXXIII, Part. II, 1788, NOVEMBRE, Zizd2 564 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Tableau de l'abforption du Charbon dans les airs gâtés par les émanations qu'on pourroit nommer sèches. Abforption réelle ou 4 Abforption apparente. mefure de l'infeétion Rapports mm. Ne de l'air enfermé. LE on Les émanations du cinabre na- ME Dre Miele anis ie AD INGe z2 lignes. Œlige. © artificiel . .... 48 34 # Larefpiration d'un pigeon . 4E 2 Ë d’un moineau. . 40 26 = d'un lapin ... 40 AQU: = d’une fouris +. 40 ÿ ‘26 = Les vapeurs du fer & du foufre humectés . .... 42 28 “a du foufre .... 43 29 NES d’une bougie «. 44 30: £ Tableau de labforption du Charbon dans les airs gâtés par des exhalailons vaporeufes ou humides, Abforption réelle ou Abfotption apparentes . mefure de l'infection Rappore. Dre CT de l'air enfermé. : TNN Le Re. =) Les vapeursinflammables des # eaux croupiffantes ... 72lig. . 58 lignes 2 lig. alkalines ..+ 104 90 i hépatiques « +» 132 118 _ SUR: L'HIST, NATURELLE ET: LESU4RTS: 36$ Tableau de l'abforption du Charbon dans les fluides aériformes acides. Abforption apparente, Abforption réelle(1}. Rapport RTS Du f Neue 11 nr UT ie Cl ZOPE : NV | Dans le gaz marin .... 132lig. 118 lignes. 26 S lig. crayeux ou air fixe . . . 132 118: 265 0 fpathique ......... 8$ 7L SEE vitriolique fulfureux volatil 66 $2 92 à mitreux el. sellers 02 68 762 , Iicchapiinie. ce iOL 47 97 27 végétal du verd-de-oris . 60 46: | 98 22 de l’efprit de vinaigre : 49 35. 109 22 du vinaigre radical ... 38 24 120 © inflammable martial .. 25 11 233 L'examen de tous ces réfultats nous fait connoître : 1°. L’importante différence qui fe trouve dans les infections produites: par les émanations plus ou moins accompagnées de vapeurs humides capables d'en procurer une plus exacte & plus imperceptible diftributio® entre les autres parties qui fervent à former les nouveaux Auides, 2°, La différence d’activité & de puiffance que le phlogiftique peut porter dans ces produits fuivant l’état dans lequel il y eft combiné. 3°. Que ce n'eft pas tant à caufe d'une trop petite quantité de parties pneumatiques que les gaz font malfaifans & mortels que par la nature vénimeufe & délécère de quelque principe qui s’y trouve affez foiblemenc combiné. Maïs quel fera le principe qui pourra avoir tant d'énergie & d'activité ? fera-ce un feul , ou y en aura-t-il plufieurs ? 5 La malfaifance générale du plus où moins de ces fluides fa@ices & leur multiplicité pourroient nous porter à croire qu’il y a plufieurs de ces principes. Mais nous n’en avons que trois de conftans, c’eft-à-dire, qui: fe trouvent dans toutes les combinaifons , favoir , l'air , l’eau & le phlo- giftique, les autres molécules étant variables. Or, l'air ne fauroit être que le milieu deftiné à recevoir & à favorifer ces nouveaux produits, ainfi que l'eau eft le milieu qui favorife les com-- binaifons falines fixes. L'élément aqueux ne paroît être que le véhicule par lequel ces rudimens peuvent s'élever dans le fluide atmofphérique , fe: rapprocher , & par une efpèce de diffolution s'amalgamer entr’eux avec () Les lignes de cette feconde colonne étant fouftraites des 144 de la capacité ,, dônuent l'air contenu dans chaque gaz & exprimé dans la colonne troifième, 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lui, & prendre ainfi une aggrégation aériforme qui n’eft qu'un état forcé & contre nature. D'ailleurs, les parties élémentaires de l'air & de l’eau ne font pas fufceptibles de perverfion , quand même leur converfion réci- proque feroic invinciblementdémontrée. Ce ne pourra donc être que le phlogiftique qui fera capable de produire des effets aulli extraordinaires. Mais puifque ce n’elt qu’à la fuice des altérations qu'il éprouve de la part des menftrues & du feu , qu’il pafle à l'état aérien avec les autres émana- tions , fes caractères & fon activité feront en raifon du degré d’alcération qu'il aura foufferte de leur part , de manière qu’il produira différens effets . dans fes érats différens, D'ailleurs , c’eft-là ce que j'ai fait connoître dans més travaux fur l’air . déphlogiftiqué , inférés dans le tome de l’Académie pour les années 1784 & 1785, favoir, l'énergie & l’activité de ce principe fecondaire fuivant l'état où il fe trouve dans la combinaifon des parties qui forment différens corps folides & fluides , de forte que c’eft à En affociation avec les principes pneumatiques aqueux ou terreux qu'on doit attribuer les propriétés cauftique, acide , alkaline, de même que les modifications ignifères qu'acquièrent ces mêmes corps en raifon de la plus ou moins grande quantité & de l’intenfité des rudimens du phlogiftique, devenus libres par une décompofition plus ou moins complette & aflociés à ces mêmes principes. Ne : C'eft ce qui me paroît affez plaufble , puifque la préfence du principe cauftique dans l'air que jai retiré par l'extinction de la chaux vive eft évidemment démontrée par les effers qu’il produit fur les veflies , de même que dans la couleur rouge qu'acquièrent les chaux métalliques , fuivant les travaux du favant Wiegleb , les propriétés & les cara@ères que prend l’alkali volatil développé par la chaux vive, la propriété diffolvante de l'or qui revient à l'acide marin de l’aflociation des vapeurs alkali- volatiles cauftiques, & un grand nombre d’autres circonftances & de phénomènes dont j'ai rendu compte, ne me paroiflent laifler aucun doute {ur les différences propriétés attachées aux différentes meifications du phlosiftique. D'ailleurs, je ne dois pas négliger non plus de faire remarquer , à l'honneur de notre illuftre Confrère ,.qu'on peut tirer de {es expériences fur les phofphores plongés dans les gaz , des inductions & même des preuves de l’exaétirude de cette opinion, Je finirai donc ce Mémoire par une réflexion qui me paroît effentielle pour le développement des idées que j'ai fur cet important fujet, & que j'ai cru devoir redtifier d'après de nouvelles expériences , & d'après un examen moins précipité de mes travaux & de ceux de tanc de célèbres phyficiens. L'air le plus pur que nous connoïflions n'étant donc pas parfairemene exempt de mélange, & ayant néanmoins la plus forte tendance à fe faiGr & à fe combiner avec le principe inflammable ou phlogiftique, il eft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 -tout-2-fait naturel de conclure que cette force fera au plus haue degré -poffible dans Fair que j'avois nommé élémentaire (1), favoir, le principe Pneumatique par excellence, Mais j'ai déjà fait remarquer que l’affinité ou la tendance d’un principe ‘à fe faifir de quelqu’autre, ne peut avoir lieu qu’en raifon du défaut de ce principe , ce qui exprime l’indigence du premier : donc l'air élémentaire fera, non-feulement le principe le plas dépouillé de phlogiftique dans quelqu’état qu’on le fuppofe, mais sil étoic permis de hafarder une conjecture, je préfumerois que le principe pneumatique pur eft par lui- même le plus froid poñlible, & la caufe de cette fenfation plus ou moins vive fuivant les circonftances qui décerminent fon action, & eft par-là plus propre à fe modifier par des combinaifons avec le phlo- .giftique , & à exciter la fenfation oppofée de la chaleur ; ainfi, que l'on eft fondé à croire que l'état fluide de l’eau n’eft point fon état naturel. EE: T TRE DE DOM SAINT-JULIEN; Bénédidin de la Congrégation de Saint - Maur, Profeffeur Emérire de Philof. & Muthém. de l Acudémie de Bordeaux ; A M. DELA MÉTHERIE, SUR UNE NOUVELLE MACHINE ÉLECTRIQUE. Monsieur ; Jai honneur de vous envoyer la defcription d'une nouvelle machine éleétrique , que je viens de faire exécuter, afin que vous ayez la bonté de la communiquer à vos Lecteurs, fi vous croyez qu’elle puifle leur être de quelqu'utilité. . Quoique la conftruétion de cette machine foir aflez fimple, j'ai penfé que fa defcription deviendroit plus intelligible par la figure ci- jointe (Planche I). Cette figure la repréfente vue par le côté, d’un point correfpondant äu milieu de l'appareil, & à la diftance desginq à fix ieds. : AB eft un chaffis de fer fortement viflé fur un montant de bois CD, (5) Voyez Mém. de l'Acad, tome I, pag. 66. 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par deux vis qui paroiffent en C & en D,& par deux autres vers le milieu, qui pe paroMlent pas. Ce montrant eft aflemblé par un fort tenon & arrêté par deux vis fur Le long côté d'un bâis E F qui fert de fupport à toute ka machine. Le milieu de chaque lame du chaffis A Beft percé d’un trou garni d'une virole de cuivre rouge, par où paile l’axe ou arbre d’une roue denrée G ; cette roue éft mifeen mouvement au moyen d’une manivelle H, & entraîne dans fon mouvement un plateau de glace 2, monté fur fe même arbre, dont l’autre extrémité eft portée fur un fecond montant KL. Cerre glace tourne entre quatre couflinets à l'ordinaire, Le montant KL eft aflemblé à queue-d'hironde fur une traverfe de bois MN , & liée au premier montant C D par une vis de rappel AK , qui paroït dans le haut, & par une autre vis de rappel qui eft cachée fous le bâtis EF & pañle fous MN, où elle ne paroît pas. L La même roue dentée engrène dans deux pignons ou lanternesO, P, garñies chacune d'un volant. L'arbre de chacune de ces lanternes traverfe les platines du chaflis dans des viroles de cuivre rouge, traverfe librement l'efpace compris entre les deux montans CD, KL, pafle fur ce dernier, qui eft entaillé exprès, & porte à l'ordinaire un plateau de place, à diftances égales entre le montant KL & un troifième montant QR, affemblé avec le montant KL dans le haut par un ceintre de bois KO, &z dans le bas avec la traverfe MN ; au moyen d’une charnière de fer. Ces deux derniers montans portent chacun quatre couflinets , entre lefquels roulent ces glaces par le feul mouvement de la manivelle H, La traverf MN eft mobile fur le bâtis EF, fuivant la largeur de ce bâtis. Elle eft retenue, de même que tour ce donr elle eft chargée, par trois vis dont les têtes paroiflent dans la figure. Le bâtis lui-même eft rerenu fur une tablé folide S T par deux boulons à vis U & V. Ce même bâtis porte, fur la face oppofée à la manivelle, deux crampons de fer, qui accrochent la bafe ab d’un triangle ifofcèle , afflem- blé par fa pointe à uné traverfe cd, d'environ quatre pouces de largeur, à l'extrémité de laquelle eft fixée une table ef, portée fur un pied de gueridon à coulifle gA , & deftinée , à l'ordinaire, à fervir de fupport aux différens corps qui doivent être foumis à l'expérience. Enfin, cette table porte à l'extrémité oppolée un éleétromèrre de M. Lane, ik, ; Sur la traverfe CD gliffe librement une autre traverfe un peu plus courte, qui s'arrête fixement où l'on veut, au moyen d’une vis de reffion ÆC'eft fur cetre dernière traverfe qu'eft fixé le conducteur. Ce conducteur wn elt conftruit à l'ordinaire, à cela près que les deux branches en arc, qui fortent de la boule m , & qui font ordinairement dans un plan à-peu-près horifontal , font ici dans un plan vertical , qui pañfe par le plan des deux colonnes de verre, & de manière que leu xtrémité correfpond au centre des deux glaces extérieures. Il y a jen Ô ans HA ne SUR L'HISTA NATURELLE ET LES ARTS. 369 dans le prolongement de l'axe du tube #7 un autre petit tube op. Aux extrémités p, g, r de ces trois branches font implantés au moyen de petits tubes à frottemens des hémifphères, qui font traverfés chacun par deux branches en arc, femblables à celles du conducteur ordinaire, dirigées dans un plan horifontal , & terminées chacune par une pointe aigue. Celle qui eft en p eft deftinée à recevoir l'électricité de la glace du milieu 2, & les deux autres en g & en r , reçoivent l'électricité des deux autres glaces. Si l'on veut employer l'électricité de deux glaces feulement, lon fupprime le petit conducteur qui eft en p, & l’on fubititue à fa place une boule de métal qui eft aufli ajultée par frortement. L'on en fait de mème eng &en r, fi l'on veut employer feulementc l'électricité d’une glace. Certe machine, toute compolée qu'elle paroîr, eft très-facile à démon- ter dans le befoin : dans ce cas, après avoir retiré le conduéteur , l'on enlève le ceintre KQ, qui ne tient aux montans que par deux renons, alors le montant QR, tournant fur fes charnières, tombe librement {ur la traverfe cd, & laifle libres les extrémités des arbres des deux glaces exté- rieures. L'on peut donc dévifler les écrous qui retiennent ces glaces, à l'ordinaire , & enlever par conféquent ces glaces. En tournant en fens contraire les vis de rappel AK , & celle qui eft au-deffous du bâtis, lon écarte la traverfe MN & tour ce dont elle eft chargée , de manière que l'extrémité de l'arbre du plateau z & de la roue dentée G, foit entièremenc dégagée du montant K L, & en déviffant l’écrou de la glace, l'on pourra facilement retirer certe glace. Enfuire , ayant Ôté la manivelle H l’on déviffe les deux écrous CD, & l'on enlève la lame extérieure du chaflis A B. Par ce moyen la roue dentée & les lanternes avec leurs volans, fe trouvant dépagés & retenus à leurs arbres chacun par une goupille feulement, l'on arrachera ces pgoupilles & Jon enlevera la roue & les lanternes; par ce moyen les arbres étanc parfaitement libres pourront être enlevés. Les montans, étant tous arrêtés par des vis, pourront être enlevés facilement, & la machine fera route démontée. Maintenant fi l’on me demande quelle eft l'utilité de cette machine, je répondrai que quant à l’éledricité elle-même , c’elt au tems & à l'expérience à en décider. Je puis feulement aflurer, d’après une expé- rience bien conftatée , que cette machine montée à trois plateaux de quinze pouces chaçun, produit beaucoup plus d'effet, tout égal d’ailleurs, qu'une machine ordinaire avec un plateau de trente pouces, Pour peu que l'on ait des connoiflances géométriques , l’on fait qu’une glace dont l'on tireroit un plateau de trente pouces, peut en fournir quatre de quinze pouces chacun ; & pour peu que lon connoifle le tarif des glaces, l'on fait que quatre plateaux de quinze pouces doivent coûter très-confidéra- blement moins , qu'un feul plateau de trente pouces. Ajoutez à cela qu'un Teme XXAXIII, Part, IT, 1788, NOVEMBRE. Aza A 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plateau de trente pouces fe caffe auffi facilement , même plus facilement ; qu'un plateau de quinze pouces; & il y auroit bien du maiheur S'ils fe cafloient tous trois enfemble. L’on trouve donc une économie bien manifefte dans la conftruétion & l'entretien d’une pareille machine. Une autre utilité bien conftatée par l'expérience, c’eft que deux plateaux donnent plus de feu électrique qu'un feul, & trois plus que deux. L’on trouve donc dans ma machine, un nouveau moyen de régler la force ou l'intenfité de l'électricité, qui n'a ordinairement d'autre régulateur que la conftitution actuelle de l’atmofphère. Permettez-moi , Monfieur , de vous faire obferver avant que de finir, que quelque mécanicien pourroit improuver ma roue dentée & les pignons, . . . # \ pour y fubftituer des poulies & des cordes de boyaux. Je fuis fondé à le croire, parce qu'après avoir imaginé la machine telle que je viens de la décrire, j'eus moi-même l’idée des poulies , & faute d’avoir des ouvriers dans Le pays pour faire faire mon rouage , je mis cette idée en exécution : mais je dois prévenir ici que cette conftruétion eft fujette à des très-grands inconvéniens, qui m'ont forcé à l’abandonner. LÉ 1°. Les cordes font fujerres à fe lâcher par l'infuence de l’atmof- phère, & dès-lors elles ne peuvent plus produire leur effet, ne faifant que gliffer fur les poulies, & même reftant quelquefois fans mouvement progrelfif. IL eft vrai que la mécanique fournir des moyens pour rEMÉe dier à ces inconvéniens , mais ces moyens eux-mêmes entraînent fouvent de nouveaux inconvéniens, J'ai fubiticué des chaînes aux cordes, & je n'ai pas été plus fatisfait. $ 2°. Dans cette conftrudtion l’on eft comme forcé à faire les arbres, au moins des deux plateaux extérieurs , en bois, & ces arbres, ayant une longueur confidérable , font fujets à fe tourmenter & à fe faufler, ce qui - fait néceflairement perdre aux plateaux leur polition verticale, & met la machine hors de fervice : il eft vrai que l’on pourroit aufli faire ces mêmes arbres en métal, mais leur poids obligeroit à donner une trop grande tenfion aux cordes pour qu’elles produififfent leur effet; il arriveroic même fouvent que ces cordes ainfi tendues , ne feroient que gliffer fur le métal devenu très-poli, par l'effet du frottemenr. 3°. Et voici le plus grand inconvénient de tous, auquel je ne crois pas qu'on puille remédier. Par cette conftruction les deux plateaux exré- rieurs font mis en mouvement par la force du frottement des cordes für les poulies ; il faut donc que ce frottement foit plus fort que le frottement des glaces fur les coufliners, pour pouvoir le vaincre: or, le frottement des cordes fur les poulies, pour fi forte que foit la tenfion des cordes, eft toujours très- petit; il faut donc que le frosrement des places fur leurs couflinets foic lui-même rrès-petir, ou prefque nul. C'eft néanmoins de ce frotrement que dépend principalement l'effet de la machine. J'ai obvié à tous ces inconvéniens par ma conflruien aduelle, La = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 371 roue dentée engrène toujours dans les lanternes ; tous les arbres font en fer & très-folides , fans que le mouvement fe trouve trop gêné, & les couffinets des trois plateaux peuvent être aufli ferrés que dans une machine électrique ordinaire, Je ne vois dans ma nouvelle conftruétion qu’un feul inconvénient, qui eft défagréable feulement pour les oreilles des fpectateurs ; c'eft que l'engrenage de la roue dans les Janternes, fait beaucoup de bruir. Mais je penfe que cet inconvénient pourroic être diminué de beaucoup, & même entièrement détruit, fi le rouage étoit exécuté par un ouvrier habile. Le mien a été fait par un ferrurier de campagne, qui avoit fait fenlement quelque tourne-broche dans fa vie, Ma machine eft néanmoins affez bien faite, pour me faire concevoir les plus grandes efpérances , fi quelqu'amateur vouloit la faire exécuter dans la capitale, Je fuis, &c. A T'Abbaye de la Seauve, près Bordeaux , ce 26 Maui 1788. SUITE DES EXTRAITS DU PORTE - FEUILLE DE L'ABBÉ DICQUEMARE. MULTIPLICATION Des GRANDS Porvres Marins. Cet: l'aigle domine dans les airs, le lion dans les forêts, le grand polype marin par fa force, fon courage, fon agilité fe rend redoutable à tout ce qui habite les rochers. À le voir chaffer tous les animaux qu'il rencontre , prendre des allures différentes, rougir, pâlir, &c. il femble que la mer puiffe à peine fournir à fes befoins; fa fureur prefque toujours active , lors même qu'il eft pris, fait qu'il s’élance fur fa proie comme par fauts ; ce n’eft pas feulement à la mer qu'il fe met en quête la nuit, je Pai vu plufieurs fois dans la ménagerie marine , faire des courfes, fortir par des fenêtres, gravir contre les murs, &c. Il eft aux cancres , aux crabes , aux écreviflés ce que le requin eft aux poiffoss. Paroit-il fur un grouppe de rochers, fur un banc; fe multiplie- t-il fur un rivage, refque tous les cruftacées cèdent la place & paffent à un autre. Il chaîfe également les poiflons , tue tous les animaux qu'il renconte , & dont il ne fait guère que fucer les vifcèrès les plus délicats. Dans fes accès car- naffiers fa peau fait des mouvemens qui annoncent ceux de l'intérieur, Quoique fes membres jouent -avec les graces que procurent la force & la foupleffe réunies, ils n’en paroïffent pas moins terribles à caufe principa- Jement de leur étendue & des deux rangs d'organes par lefquels il s'attache, Tome XXXIII, Part. I1,1788. NOVEMBRE, Aaa2 372 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'en ai compté plus de dix-fept cens un de moyenne grandeur. Le fimple contact fufht pour les attacher, & cet effet a encore lieu lorfque l'animal eft mort. J'ai dejà dit (1) qu'un membre féparé du corps m’entortilloit le bras avec aflez de force pour y faire paroître des taches rouges & blanches. Un autre de ces polypes qui m’avoit échappé fous un rocher & qui éroit bleflé, s’y atcacha fi fortement que je défelpérai long-tems de l'en arra- cher, & que j'eus beaucoup de peine à y parvenir. Quand on réfléchir à certe force, cette fouplefle, ce courase, à fept pieds d'envergure de membres, & fur-tout aux manœuvres adroites du grand polype marin , peut-on n'être pas furpris qu’on nous lait repréfenté comme un ver, & qui pis eft, comme un animal- plante? On ne peur que frémir lorfqu'on fe repréfente ( & cela n’eft pas fans exemple ) une femme à la pêche ayant la furface de l’eau à la ceinture ; faifie aux jambes par l’un de ces polypes fans pouvoir s’en débarrafler, & prête à périr fi quelques gens forts & hardis ne l'emportoient hors de l’eau. Quelque robufte que füt un plongeur , comment fe débarrafferoit-il d’un tel animal ? Comment arracheroit-il de fes bras , de fes épaules, de fon col, huit membres qui s’attachent avec autant de facilité que de promptitude, qu'on a dé peine à en décacher quelques-uns ; & qu'on éprouve de douleur en procédant avec violence? Mais il ne faut pas oublier que ces animaux fi redoutables dans l’eau, le font infiniment moins lorfqu’on les rencontre à fec fur les rochers , prefque toujours ils y fuient l'homme, fe tapiffent ou font la roue. Quelque effrayantes que foient les idées qui naiflent en confidérant le grand polype, trop peu & trop mal conuu pour le rôle qu'il joue, celie de fa multiplication femble l'être encore davantage. Le 25 mai 1779 je trouvai dans un enfoncement fur un banc de cailloux découvert par la marée baiflante au midi de la citadelle du Havre un lobe d'œufs du grand polype marin, Ils font tranfparens comme du verre blanc & partagés en vingt-quatre ou vingt-cinq cellules , dans chacune defquelles un petit polype croît & peut fe mouvoir. Le Iobe que je trouvai étoit d'environ huit cens œufs, chaque œuf renfermant vingt-cinq poiypes, le lobe entier en contenoit donc vinot mille. Je deflinai l'enfemble , un œuf, & même un petit polype en particulier. Je ne préfente ici que l'œuf & le petit animal, añn de ne pas furcharger le Journal d'une grande planche, réfervant le lobe pour mon Porte-feuille où il accompagne les détails anatomiques du mâle & de la femelle du grand polype. On peut donc jetter les yeux fur les f9. 2 & 2, PI. II, qui repréfentent un œuf avec la partie filée par laquelle il adhère au centre du lobe ; on voit dans le (1) Journal de Phyfique, 1784, tome XXIV , page 213, für la reprodu&ion des membres du grand polype marin, Dr CE honte eo à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 373 gros de cer œuf jes cellules & les polypes qui les occupent ; il sit ici gros comme nature : mais le petit polype et vu à la loupe, Ses membres fonc encore enveloppés dans une poche membraneufe très-fine; ils fonc blancs & les yeux font rouges. Ayant difléqué en août & feptembre plufeurs grands polypes marins mâles & femelles, je trouvai dans l'un de ces derniers un ovaire que j'ai de même defliné. Il ne m'a pas été poflible d'en compter les œufs, mais il contient en petit au moins vingt lobes, comme celui que j’avois trouvé, & dont Les polypes étoient près à éclore, en forte que l'ovaire d’une feule femelle peur contenir, & celui-ci contient en effet, plus de quatre cens mille polypes. Voici donc un animal très-nuifible qui peut multiplier prodigieufement, par exemple, environ quinze ou feize fois plus que les harengs. N'en concevons cependant pas de crainte, LA SAGesse INFINIE a tout prévu, & nous ne voyons pas les polypes fe multiplier autant qu'il feroit poflible : peut-être leurs œufs font-ils dérruirs par leurs ennemis, & fervent-ils autant & plus comme nourriture, que les polypes ne peuvent nuire. Lesœufs du grand polvpe de mer font bien différens de ceux de la sèche. Les grouppes de ces derniers font beaucoup moins gros, & le nombre des œufs fort petit en comparaifon ; chaque œuf ne contient qu’uve sèche, Ces œufs ordinairement mal repréfentés (1) font en grappes dont les grains formés comme de petits citrons & gros comme une aveline, font unis par la continuation de membranes d’un beau noir , minces & appliquées les unes fur les autres dans toute leur étendue, & fur-tout par ce prolongement. Ces membranes font élaftiques & tranfpa- rentes comme fi elles étoient de gomme élaftique; la plus intérieure eft blanche , & contient dans une humeur aqueufe qui la remplit, un petic corps blanc, tranfparent , cartilagineux , formé comme une poire ou comme une larme de Job., & une humeur vitrée fous forme globuleufe au centre de laquelle eft la petite sèche, fg. 3, qui lorfqu'elle fort de l'œuf eft quelquefois blanche & engourdie , on voit la circulation s'établir peu-à-peu ou devenir plus vive dans cet animal naiflant, il devient marbré & pointillé très-fin , d’une couleur approchante de celle de la rouille de fer ; il nage avec peine, parce que fa partie poftérieure eft alors dirigée un peu en en-haut comme fi elle éroic trop légère; mais peu après il pend une fituation horifontale, & faic, {ur-tout la nuit, tous les mouvemens des grandes sèches. Ayant eu l'honneur d’entretenir Leurs Alreffes Séréniffimes M. le Duc de Chartres, M. le Duc de Montpenfier , M. le Comte de Beaujolois & (1) Comme la multiplication des polypes marins a été négligée , j’ai aufli defliné de beaux grouppes d'œufs de sèche , &c. 3714 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mademoifelle, que leur amour pour les fciences avoit conduits jufques chez moi (1), j’eus la fatisfaétion de faire voir aux Princes & à la Princefle, entr'autres chofes relatives aux polypes marins, les œufs dè la sèche avec les petites sèches vivantes. Ces œufs éroient dans mes vafes depuis le 20 juiller , ils yavoient grofli, plufieurs petites sèches étoient nées vers la fin d’août. Je donnai un coup de lancette aux plus gros des œufs ; l'humeur vitrée fortit de chacun, & laiffa voir les petites sèches vivantes. Ce fpeétacle, offert par la nature dans des objets qui ne font pas fouvent fous les yeux, parut intéreflane. à Les connoiffanges des Princes qui s'étoient décelées par des réflexions: auñli délicates que précifes pendant ün entretien de près de deux heures, fur l'organifation & les rapports des êtres, fur les limites des règnes de la nature, &c, fe manifeftèrent de nouveau , & m'ont fait concevoir pour la gloire & l'avantage des fciences , les efpérances les mieux fondées. De l'obfervation des sèches naiffantes, Leurs Altefles Sérénifimes pafsèrent à celles de quelques os de baleines & de cétacées que je conferve, fujet de nouvelles réflexions , mais qui ne font pas relatives à l’objer préfent. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Qut a pour titre : Obfervations générales fur les phénomènes ‘de la Criftallifation ; Par M. LE BLANC, Chirurgien de S, 4.8, Monfcigneur le Duc d'Orléans. dote Ox doit confidérer dans la criftallifation, 1° les phénomènes » de compofition ; 2°. ies phénomènes qui_‘épendent des rapports d'union entre le fel K fon menftrue ; 3°. les phénomènes qui dépendent des caufes extérieures. La première clafle a pour objet les variétés de proportion entre Îes parties conftituantes des fels & les farcompofitions ; la feconde comprend l’équipondérance dans la diffo- lution , le fimple mêlange & l'intérpofñtion. La troïfième enfin traite (= [0 JE PORTE Pr » température des différens degrés de rapprochement des liqueurs », &c. Un grand nombre d'expériences ont prouvé à M. le Blanc, que plufieurs fels éroient capables de fe combiner avec une plus grand quantité de bafe ou de diffolvant, & que relarivemenr à ces circonfs tances ils fournifloient par la criftallifation , des formes variées, de ss (1) Au Havre, le premier feptembre. des phénomènes de polition, de l'influence de Pair extérieur , de la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 335 manière qu’il croit pouvoir établir pour plufieurs fels , fur-tout ceux qui font à bafe métallique ou terreufe, + deux termes de combinaifon qui >» ont pour réfultat deux formes différentes. Les proportions intermé- >» diaires à ces deux termes donnent dans plufieurs cas les différentes > modifications de ces deux formes. ... » IL donne pour exemples de variétés de compofñtion plufieurs fels , tels que le vitriol d'argile, de cuivre & celui du zinc: le premier à l'état ordinaire donne l'octaëdre , faturé de fa bafe il donne un magma ou une criftallifation feuilletée, & les proportions intermédiaires fourniflent le cube. Le vitriol de cuivre à l’état ordinairet criftallife en prifme oblique à huit pans terminés par des faces coupées net ; ayec une plus grande quantité de bafe il fournit des criltaux à vingt-deux & à vingt- quatre faces. Le vitriol de zinc à l’étar ordinaire fournit des prifmes droits à fix pans; avec plus grande quantité de bafe on obtient des rhomboïdes peu différens du cube , &c. M. le Blanc rapporte des expé- riences vraiment intéreflantes, qui fervent à prouver l'influence des variétés de proportion dans les principes d’un fel, fur la forme des criltaux que ce même fel peut produire. © « Si dans la liqueur qui fournit ces derniers criftaux( la diffolution d’alun > qui donne le cube), on foumet à l’accroiflement un criftal d’alun ordi- » paire, c'eft-à-dire, un octaëdre, celui-ci palle au cube par une » fouftraction de rangées de molécules au fommet des angles folides, » en forte que les lames vont décroiffant fur les faces triangulaires , » jufquà ce que le criftal préfente fa nouvelle forme d'une manière >» complerte. Îl fuit de-là que le centre de chacune des faces de l'ott:ë- » dre correfpond à un angle folide du cube dans lequel il eft inferir. » Le retour de certe dernière forme À l'otaëdre, s'opère dans le même > ordre, c'elt-à-dire, par la fouftraétion des rangées de molécules aux $ angles folides du cube; mais il arrive fouvent dans ce cas, que les » foultraétions fe font fur les arères en même-tems qu'elles ont lieu furles » angles folides , en forte que les lanies de faperpoftion vont décroifanc » tout-à-la-fois fcivant l'ordre qui rétablit l'odtaëdre , & fuivanc >» l'ordre qui produit le dodécaëdre à plans rhombes ; mais jufqu’ici j'ai >» toujours vu par rapport à l’alun, que les décroiflemens aux angles >» folides l’emportoient fur les décroiflemens qui fe font aux arètes ; en » forte que, par un accroïflement fuMfant, j'ai toujours obrenu en » dernier réfultat, un oétaëdre compler, Ce phénomène indique cepen- dant la poffbilité d'obrenir le dodécaëdre dans la criftallifation de l'alun , & je crois que les circonftances qui déterminproienc certe forme dune manière complette, dépendent d'un ‘état de proportion qu'il neft pas toujours aifé de “encontrer où de mainrenir: on fait combien les opérations de la crifallifation font délicates, combien elles ont été négligées , & fans les recherches favantes de plufeurs Vos BU: BU: Un y 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » paturaliftes de nos jours , pouvoit-on efpérer que cette belle partie de » la Phyfque fortit jamais de l’oubli dans lequel elle paroifloit avoit été » condamnée »? Ces belles expériences prouvent que M. le Blanc a porté l’art de la criftallifation à un point de perfection qui doit mériter l'attention des. favans. Certe partie de l'Hiftoire-Naturelle qui n'avoit point été aflez fuivie jufqu'ici, ne fera plus foumife à l'efprit de fyftème , & le Aambeau de l'expérience, porté fur des phénomènes qui tiennent à l’un des plus grands agens de la nature, découvrira des faits nouveaux qui enrichiront la théorie du règne minéral. 4 L'auteur parle enfuite des faces furnuméraires, & il enrend par-là, celles qui font accidentelles. Nous verrons plus bas quelles font les caufes qui donnent lieu à la formation de ces mêmes faces. Il pafle enfuire aux furcompofés falins dont il fait deux clafles ; dans la première il s’agit des {els neutres qui fe combinent entr'eux , en toutes proportions, & dans la feconde, de ceux qui fe combinent avec de nouvelles bafes de natures différentes de la première ; cette partie des furcompofés peut offrir un champ vafte; mais nous croyons qu’il feroit important de diftinguer par l'expérience, les furcompofés dans lefquels il y a réellement combi- naifon de la matière ajoutée , de ceux où elle ne s'y trouve que par incerpofition , ainfi que M. le Blanc en a prévenu lui-même dans un Mémoire particulier qu’il a donné fur ces fortes de fels. La diflolution des fels offre des phénomènes qu'il eft bien important de connoître, & fur lefquels M. le Blanc paroît avoir porté une atrention particulière. On avoit cru aflez généralement, jufqu'ici, que les parties falines fe crouvoient diltribuées dans leur menftrue d'une manière par- faitement égale , en forte que les couches fupérieures de la liqueur contenoienc refpectivement les mèmes quantités que les couches infé- rieures. Nous allons rapporter l’article de fon Mémoire; il contient des expériences qui méritent d’être connues. « La diflolution des fels s'opère fans doute , par une force d’afinité > entre le menftrue & leurs parties intégrantes; de manière que les parties divifées par Le fluide , lui adhèrent molécules à molécules fans > fouffrir de décompofition ; mais il s’en faut bien qu'aucun fel neutre » garde une équipondérance abfolue avec fon diflolvant : l'expérience >» fuivante va le prouver. J'ai mis dans un vafe d'environ deux pouces de » diamètre fur deux pieds de haut, une diflolution aflez rapprochée pour > criftallifer: j'ai fufpendu des criftaux de même efpèce dans la liqueur, » à différentes hauteurs jufques vers la furface, J'ai répété cette expérience fur différens fels. En voici les réfultats : lorfque la liqueur fe rrouve fuft- famment rapprochée , tous les criftaux croiffent, avec cette différence que l'accroiffement eft d'autant plus confidérable que le criftal fe rapproche > davantage du fond da vafe, & à mefure-que la liqueur fe trouve par le 2 TEpos B 8 ” o m 9 SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 377 » repos affez dépouillée de molécules falines , les criftaux décroiffent par » des gradations femblables à celles des accroiflemens ; de manière qu'il » arrive un tems où les criftaux qui fe trouvent les plus voifins de la » furface fe diflolvent en entier , tandis que ceux qui occupent le fond >» prennent encore de l’accroifflement ; il arrive même que ces derniers » continuent de croître dans la partie qui touche le fond du vaie, » tandis que la partie oppofée du même criftal fe diffout à fon » tOUr....: M. le Blanc obferve enfuite que l'eau de la mer préfente différens degrés de falaifon, fuivant qu'elle a été puifée à des profondeurs plus ou moins grandes: il remarque que la différence des produits, encre celle qui a été puifée à foixante brafles , analyfée par M. Bergman , & celle: de la furface , analyfée par M. Rouelle & par M. d’Arcec, indique la précipitation fpontanée des molécules falines ; mais dans un Mémoire de M. d’Arcet, qui a pour titre: Obférvations & Remarques für le Baromètre & Le Thermomètre, &c. on trouve en note une obfervation citée par M. le Blanc, & parfaitement d'accord avec fes remarques ; elle merite d'être rapportée ici? « Dans le débordement de la rivière qui » baigne la ville de Salier (en Béarn), le petit bras qui pafle contre la = fontaine fe décharge en cafcade dans le baflin de la fource falée & le > remplit. Alors pour féparer l'eau étrangère que le débordement y a » mife, on donne le tems à celle du baffin de fe repofer; enfuite au » jour indiqué par le magiftrat , on y jette un œuf, qui plonge jufqu’à ce » qu'il trouve la couche d'eau d’une péfanteur fpécifique fupérieure à la fienne ; en même-tems on vuide à force de bras l'eau du baflin, qu'on >» jette dans le canal voifin jufqu’à ce qu’on apperçoive l’œuf flotcant fur HMaturacerderleandfaléete)ee ses a AE) ee nee Los Or , fi cette féparation (des molécules falines) s'exécute ici dans l’efpace de trois femaines , un mois au plus, que ne peut-il pas arriver dans la profondeur & l'abime des mers après des fiècles de repos. . . .. Les diflolutions falines nous préfentent journellement en chimie des exemples de femblables précipitations faites par le repos feul & fans évaporations préliminaires » , &c. Il eft clair que cette obfervation fur la précipitation fpontanée des molécules d’un fel à travers le menftrue qui l’a diflous , appartient en entier à M. d’Arcer, & que fon difciple n’a faic ici que donner plus d’étendue à l’obfervation du maître. Quoique toutes ces expériences foient parfaitement décifives, M. le Blanc, pour s'aflurer davantage, a fair ufage de l'aréomètre, & donnera vraifemblablement les réfulcats de fes diverfes expériences dans un ouvrage plus étendu. Il remarque encore que plufieurs fubitances qui paroiffent n'avoir été fufpendues dans un fluide que par une fimple divifion méca- nique, obfervent une forte de régularité dans leur retraite ; il en cire des Tome XXXITII, Part, I, 1788, NOVEMBRE. Bbb 8 8 #4 6 U y 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, exemples, de même que des interpofitions trop fréquentes dans les criltallifations , pour être révoquées en doute, ; : j Les phénomènes de pofition , fur lefquels M. le Blanc avoit déjà donné un Mémoire particulier à l'occafion de quelques fels , préfentenr encore une des caufes qui modifient fouvent la forme des criftaux. L'auteur établit ici des préfomptions qu’il examine fans doute par de nouvelles expériences; mais il remarque que plufieurs des fels qui donnent l’octaëdre régulier, fourniffent en même-tems des pyramides fimples, des oétaëdres comprimés , des oéteëdres alongés, &c. & il attribue ces variations aux variétés de pofition, Dans les criftaux prifmatiques du feld-fpath , il s’ert trouve qui font maclés de manière qu'une partie du prifme eft pofée à contre-lens de l’autre partie ; ce qui, felon la remarque de M. de Romé de l'Ifle , fe trouve général dans le canton qui préfente ces criftaux : d'où M.le Blanc conclut que quelques circonftances ont introduit dans la diffolution de nouvelles conditions capables de faire varier la pofition des molécules falines, Il parle enfuite de l’action de l'air de l’atmofphère fur les produits de la criftallifation , fuivant que cet air libre eft plus ou moins chargé de parties aqueufes ; il en fouftrait ou bien en reftirue à la liqueur faline. Cette remarque lui donne l’occalon de parler des caufes qui déterminent ces faces furnuméraires, par rapport aux fels qu'il a examinés, Il a remarqué, « que ces faces ne fe rencontroient jamais que fur les » criflaux qui après avoir fouffert un commencement de diflolution » reprenoient leur accroiflement, Un angle arrondi par la diflolutior >» préfente enfuite plufieurs faces qui ont des inclinaifons différentes » entrelles, & toutes ces faces difparoiflent à mefure que l’angle fe » rétablit ». De-là il paîle aux influences de la rempérature, & obferve que l’évaporation fpontanée eft la feule qui puifle procurer les formes naturelles des fels d’une manière bien exprimée. L'auteur ajoute que chacune des caufes qui font varier les réfultats de la criftallifation peuvent fournir des détails, & doivent être traitées féparément. Nous allons rapporter en entier fa conclufon. « Je crois que ces obfervations fufliront pour démontrer que la criflallotecnie peut atteindre un degré de perfection capable de nous inftruire fur plufeurs faits importans de PHiftoire Naturelle, En nous procurant en quelque forte un nouvel ordre de fubflances , elle ne peut manquer de nous procurer en même-tems, des données qu'il feroic impoflible d'obtenir par l’examien ifolé des produits de la nature. De quelque manière que l'on confidère la criftallifation , il eft certain que la nature fuit les mêmes loix, foit qu'elle travaille dans fes propres atteliers , foit que l’artifte lui prépare fon ouvrage , & ne pourroit-on pas dire que tous les produits chimiques peuvent avoir des analogues » foffiles ? Chaque jour les découvertes procurent à PHiffoire-Naturelle » des objets nouveaux de cette efpèce, & tous devons préfumer que 826,5 9 9 54 uv SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 379 les foyers du règne minéral en récèlent beaucoup d'autres que l'on » découvrira, » Il eft aifé de concevoir que l'art peut écarter bien plus fûrement les >» Caufes perturbatrices en mênie-tems qu'il peut affurer la nature des » compofés & découvrir les différentes caufes qui font varier la diftri- » bution des molécules dans la formation & l’accroiflement des criftaux. » Toutes ces obfervations ne préfentent elles pas des avantages pour » l'étude du règne minéral ; & ne doit-on pas regarder comme certain » qu'il eft impoflible de bien rédiger un fyftême de Minéralogie fans le >» fecours de ces mêmes obfervations ? Une diftin&ion des différentes » caufes indiquées par l’expérience, rejettera pour toujours cette foule >» -d'hypothèfes dans lefquelles Pefprit brille fouvent au préjudice de la » vérité. Ce ne fonr pas les conjectures ifolées qui étendent nos con- » noiflances. Il faut que les expériences qu'elles peuvent fugoérer nous > découvrent des faits nouveaux , & que ces faits foient aflurés par des » réfulrats conftans ». Il faut convenir que la manière dont M. le Blanc traite la criftallifation eft entièrement neuve, & que les faits intéreffans & multipliés dont it a enrichi cette partie, doivent faire augurer que la Criflallotecnie à laquelle cet auteur aura la gloire d'avoir donné naiffance par une étude qui l’a conduit à des procédés qui excluent toute perturbation pendant la formation d’un criftal , on doit augurer, dis-je, que la Criffallotecnie peut éclairer plufieurs parties très-importantes de l’'Hiftoire-Naturelle. L'art d'obtenir des criftaux ifolés, complers & très-volumineux, tant dans les formes fimples que dans les diverfes modifications dont ces mêmes formes fonc fufceptibles , étoit encore à découvrir. Cet art doit nous conduire à des obfervarions nouvelles capables de perfetionner la Criftallographie : les collections qu'il fera poffible de fe procurer lorfque M. le Blanc aura publié fa méthode d’une manière plus déraillée, mettront encore à portée d'obferver les changemens que les différens criftaux peuvent éprouver par un laps de tems plus ou moins long; ce qui peut- être, feroit difparoître aufi un grand nombre de’difficultés dont nos recherches ne nous ont point encore affranchis. Il en eft des corps falins comme de tous les autres corps de la nature ; depuis la combinaifon la plus folide jufqu’à la plus foible, il y a des nuances très-muiripliées, & Yon conçoit très-bien que l’altération que chacun de ces corps peut éprouver, doit après un tems fufifant, nous les préfenter avec des propriétés nouvelles (1). (x) J'ai vu très en détail les différens objets de criflallifation qui ont été fuccefi- vement expofés fous les yeux de l’Académie Royale des Sciences , à l’occafñon de différens Mémoires communiqués à cette Compagnie par M. le Blanc; j'ai vu tous ceux qui ont rapport au Mémoire dont nous rendons compte ici, & je dois obferver Tome XX XII, Part, II, 1788. NOVEMBRE, Bbb2 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Lu à la Séance publique de la Société Royale de Médecine, le 26 Août 1788, + Sur la nature du Sac gaftrique des Animaux ruminans ; Par Le Doëteur MACQUART. 14 digeflion étant une des fon@ions le$ plus importantes de l'économie animale en général, tout ce qui peut y concourir dans les différentes clafles d'animaux ; doit intérefler l’homme en particulier. Depuis que M. l'abbé Spallanzani a déterminé par des expériences aufli ingénieufes que multipliées , que la caufe la plus efficace des phénomènes de la digeftion étoit dûe aux fucs qui baignent le fond de l’eftomac des animaux, plufeurs auteurs ont cherché à connoître par l’analyfe quelle étoit la véritable nature de cet agent; mais comme je me fuis apperçu, 1°, qu'ils ne font point d'accord entr'eux, puifque les uns veulent qu'il contienne un acide, & que les autres n’en admettent pas ; 2°. qu’il faut pour s'en aflurer, faire une analyfe risoureufe des fucs gaftriques des différentes claffes d'animaux; 3°. qu'il eft de Ja plus grande importance de favoir s’il y exifte un acide, & dans ce cas fi on peut le confidérer comme un acide particulier , ou qui fe rapporte à un autre déjà connu ; je me fuis déter- miné à rechercher d'abord les principes qui conftituent les fucs gaftriques des animaux rüminans herbivores, c'eft-à-dire , les bœufs, les moutons & les veaux , 8 on trouvera ici l'extrait d’un bon nombre d'expériences qui ont été faites dans cette vue, & dont la fuite doit être inférée dans les volumes de la Société Royale, En général le fuc gaftrique des animaux rumin ans fe trouve dans l'eftomac communément connu fous le nom de caillette. Il y eft plus ou moins liquide & mêlé à des débris de plantes qui lui communiquent leur couleur. On obtient ce liquide d'autant plus abondamment, que les que ces objets offrent la preuve la plus complette de fes afertions , en même-tems qu’ils forment une colle&ion unique dans ce genre. Les différentes modifications de Podtaëdre & du cube, même dans le paflage réciproque de l’une de ces formes à Jaurre , préfente le tableau Le plus intéreffant & le plus curieux. Je me flatte que M. le Blanc ne me faura pas mauvais gré fi j’indique ici fa demeure ; je connois fa modeftie, mais il eff bon, lorfqu'il s’agit de découvertes utiles , de fatisfaire le plutôt poffible à l’empreffement des favans & des amateurs. M. le Blanc demeure vieille rye du Temple, N°. 111, ( Nore de M, de la Merherie. ) : « » SUR L'HIST. NATURELLE ET.LES ARTS, 38r animaux ont jeûné plus long-tems avant qu'on le recueille ; alors il a une odeur de paille à laquelle femble fe joindre quelquefois celle du mufc, & chaque animal peut en fournir environ une livre & demie; on filtre la liqueur qu’il eft impofñfible de rendre claire & tranfparente, & on la conferve dans des bouteilles pour l’ufage. Après avoir bien combiné les effets des différens réa@tifs néceffaires our reconnoître la nature de ce fuc ; après nous être aïluré d’une manière générale des fubftances principales qui le conftituoient , nous avons cherché à en apprécier autant que les moyens chimiques le permettent, les quantités refpectives ; en employant deux méthodes , qui nous ayant menés au mème but, s’appuyent mutuellement, & méritent par-là plus de confiance à notre travail. Ces méthodes ont également leur avantage. Dans la première nous avons employé l'efprit-de-vin dans l'intention de précipiter l'acide du fuc gaftrique épuré & réduit à un petit volume par l'évaporation. Ce procédé nous a fait faire la découverte de l'acide phofphorique, qui à la feconde & à la troifième précipitation donna au chalumeau un verre parfaitement tranfparent, qui attiroit Phumidité de l'air au bout de quelques heures , & fe diffolvoit en un liquide très-blanc. Dans la feconde méthode il ne faut pour obtenir du phofphate calcaire pur, que verfer quelques gouttes d'ammoniaque (a/kali volatil ) dans le fuc gaftrique épuré de fa Ilymphe par la chaleur, l'alkali s’unit à l'acide phofphorique, aevc lequel il forme du phofphate ammoniacal qui refte dans Ja liqueur. On recueille le phofphate calcaire précipité : on le lave , on le fait fécher ; c'eft un moyen plus prompt, moins difpendieux, & au moins aufli sûr que celui que nous avons employé d'abord. Il nous fufira de faire connoître ici, & les différentes fubftances que nous avons obrenues par nos analy(es, & Les proportions que chacune d'elles nous ont préfentées. 1°. Une livre 4 onces de fuc gaftrique nous ont donné 10 prains d’une matière lymphatique qui préfente abfolument les mêmes phénomènes que celle du fang. ; 2°. Nous avons obtenu 16 grains Ÿ d'acide phofphorique qui , comme nous l’avons dit, a formé par le moyen du chalumeau un verre de phofphore très-pur & très-déliquefcent. 3°. Le poids du phofphate calcaire a été de $ grains. 4. On a trouvé 2 grains de réfine. 5°. On a féparé 14 grains de fel ammoniaque. 6°. Le fel marin qu'on a ramaflé montoïit à 29 orains. 7°. Outre les fubftances dont nous venons de faire l’énumération , il exifte encore dans le fuc gaftrique une très-petite quantité d'extrait fort difficile à apprécier. 8°. A Pégard de l'eau, fa quantité eft June livre 3 onces 6 gros 67 grains +.... Total 1 livre 4 onces, 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce rapprochement prouve que les fubftances tenues en diflolution par l'eau ne forment environ que la cent-cinquante-fixième partie de.fon poids. Nos deux méthodes nous ont donc également affuré que les différens fucs gaftriques de Eœuf que nous avons mis en expérience, contiennent abfolument les mêmes principes, mais qu'ils different par les propor- tions de ces mêmes principes ; nous n'avons également pu y découvrir d'autre acide que celui du phofphore. En effec, s’il en eût exiflé un autre, la chaux auroit formé avec lui, un fel foluble ou infoluble , & nous aurions dû trouver le fel neutre qui en feroit réfulté on dans le précipité qu’y fait l’eau de chaux , ou dans la liqueur; mais d’un côté , Le précipité n'a donné par l'analyfe la plus foignée que de l'acide phof- phorique, de la chaux & un peu de mätière colorante lymphatique, & de l'autre, de quelque manière que nous l'ayons examiné, il ne s’eft préfenté aucune trace de chaux. | Quant aux effais centés fur le fuc gaftrique des moutons , nous dirons analytiquernent , 1°. que la cailleite d'un mouton contient depuis $ jufqu'à 8 onces de fuc galkrique pur, qu'il eft vifqueux , d’une couleur verte plus ou moins foncée, & plus difpofé à la putréfaction que ceux de bœuf & de veau ; 2°. qu’on peut en féparer la lymphe par laichaleur, de la même manière que celle du bœuf; 3°. que l’'ammoniaque (a/kali volaril) y démontre la préfence du phofphate calcaire ; 4°,.que le fel ammoniaque & la réfine y font rendus fenfibles par le moyen de l'efprit-de-vin ; 5°, que la chaux par le poids du précipité qu'elle donne, indique celui de l'acide phofphorique libre qui peut exifter dans chaque livre de fuc gaftrique ; 6°, enfin, que nous avons démontré l'exiftence du fel. marin les pro- portions exactes de chacun de ces principes font donc : De lymphe ....,.... 649r. acide phofphorique... rogr.. ‘phofphate calcaire ... 10 \fel marin ...... 1 gros 18 muriate ammoniaçal 1 gros 20 CxEHaILNe eee ets le 2 TélnE sense eiele lets LEO eau... If onces 33 gros 62 Tata es ne ART A O PET NAN CEX Il réfulte de ces expériences que les fucs gaftriques de bœuf & de mouron font de la même nature avec des dofes differentes dans les principes qui les conftituent , que ceux de mouton font beaucoup plus difpofés à fubir la fermentation putride que ceux des bœufs 3 parce qu'ils contiennent une plus grande quantité de ferum & d’extrair, que l'eau des fucs gaftriques de mouton nouvellement diftillée a une odeur fade qui ne tarde pas à devenir féride, & dépole à la longue des flocons qui reffemblent en quelque forte au végétal criptogame connu fous le nom de muçor blanc. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38; Il ne nous refte plus à parler que du fuc gaftrique des veaux. Chacun de ces animaux a fourni depuis 4 jufqu'à 6 onces de fuc gaftrique, tou- jours mêlé d’une matière grife-rougetre qui contient beaucoup de poil, Ce füc filtré a une couleur blanche-grisatre ; il précipite l’eau de chaux, & donne un dépôt blanc par l'ammoniaque (a/kali volaril), Quand on l'expofe à l’air atmofphérique de la température de 20 degrés au thermo- mètre de Réaumur , il ne fe gâte que lentement , & commence à fermenter au bout de cinq à fix jours. Alors, il laifle dépofer une poudre blanche qui répand une mauvaife odeur, & nousy avons trouvédu phofphate calcaire & du fulfate ou virriol calcaire. Ce fuc gaflrique expofé à la chaleur qui le fait bouillir , ne dépofe que très-peu de matière lymphatique coagulée. Le réfultat de beaucoup d’expériences nous a fourni : Sur'une livre de fuc gaftrique, De lymphe ......... 4 gr. felt marin 4... 4007. gelée sèche .,......+ 24 acide phofphorique ... 4 ACIEDITE ets alerter e sie beton De 0! phofphare calcaire. ... 10 fel ammoniaque. .. +. 12 Sans appréciation du fucre & de acide ladique ...... 48 l'extrait qui y font contenus, Par notre expofé on voit que les fucs gaftriques des veaux different de ceux du bœuf & du mouton, en ce qu'ils contiennent une plus grande quantité de fubflance gélatineufe de fucre & de félénite. Ils s’en éloignent encore davantage par l'acide lactique qui sy trouve très - abondam- ment. Îl fe pourroic bien que cer acide joint à celui du phofphore donnât à la préfure la vertu de cailler le lait, qu'elle pofsède fi éminemment, Il eft bon d’obferver que les propriétés que Schéele a trouvées à lacide laétique fe rencontrant toutes dans l’acide du fuc gaftrique des veaux, cet acide n’eft pas particulier au fuc gaftrique , & il ne mérite point d'être diftingué par cette dénomination. - On doit encore faire attention , qu’en général la proportion des principes qui fe rencontrent dans les fucs gaftriques des animaux doit toujours varier ; à raifon de leur force individuelle, de l'âge qu'ils ont, & fur-tout de la nature des alimens dont ils ont coutume de fe nourrir. Il nous fuffit d'avoir déterminé, que le fuc gaftrique des animaux ru minans fournit un acide, que ce n'eft “point un acide fui generis ou par ticulier à ce diffolvant des alimens, mais bien un des acides les plus abo ndans dans le règne animal, c’eft-à-dire , l'acide phofphorique ; nous nous propofons de fuivre ce travail & de reconnoître par la fuite quelies 384 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, différences doivent fe trouver entre les fucs gaftriques que nous avons analyfés, & ceux des animaux carnivores & omnivores , ainfi que leurs différens degrés de fepricité & d’anti-fepricité, pour arriver à des con- noiflances exactes, dont on fent que les réfultats doivent être dela plus grande importance pour l'économie animale, RE EEE RC TT SSSR A PES TR RON EN EURE ER AAA EPS ENNEMI VER ETC LE FPATUR-E DE M HA SSENFR AT 2! A M: D'EL'A M:É TH ERÎTES SUR L4 COMBUSTION. Monsieur; Permettez-moi de me fervir de la voie de votre Journal pour inviter MM. les chimiftes & les phyficiens de vouloir bien convenir entr'eux de l'acception qu’ils veulent donner au mot combuflion. Les favans le défi- niflent actuellement fi différemment les uns des autres, que fi l'on continue à faire varier fa fignification, bientôt on ne concevra plus ce mot, I paroît que le mot combuftion exprimoit chez les anciens l’action de brûler, de même qu'irflammation indiquoit une opération où il y avoie produdion de flamme , & calcination l'emploi d'une chaleur étrangère pour changer un corps d’étar. Brüler étoit l'expreflion d’une opération par laquelle un corps en changeant d'état produifoit de la chaleur, & laifloit dégager quelques-uns de fes compofans, En généralifant un peu cette définition, on auroit pu confidérer la combuflion , une opération par laquelle il fe dégage de la chaleur & de la lumière d’un corps, ou de la chäleur feulemenr. Depuis que l’on s’eft apperçu que les combuflions ordinaires, celles du bois, du charban, de l'huile , du foufre , &c, ne pouvoient fe faire qu'à l'air libre , on a défini la combuflion, une opération par laquelle un corps expofé à l'air produifoit de la chaleur en fe décompofant. Les belles expériences de M. LAVOISIER , ayant fait connoître que toutes ces combuflians à l'air libre évoient la fuite de la décompofition du gaz ‘oxygène pour former de nouveaux compofés , les modernes ont appelé la combuffion, une opération par laquelle $n abforbant de | l'oxygène; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385 l'oxygène , les corps changeoient de nature, & produifoient de la chaleur & de la lumière. Les découvertes des chimiftes françois que nous venons de citer ayant fait diftinguer deux fortes de calcination , 1°, fans oxygène , comme celle de la chaux vive, &c. 2°. avec oxygène , comme celle des métaux, &c. quelques favans ont étendu le mot combuflion à cette feconde forte de calcination , à caufe de quelques expériences d’oxidations analogues où il ya de la chaleur & même de la lumière produite. Enfin , un chimifte veut actuellement appliquer le mot combuftion à toute efpèce d'opération dans laquelle il y a oxidation , oxygénation, ou acidification , qu’il y ait ou qu'il n'y ait point de chaleur produite. Doit-on adopter la définition des chimiftes anciens, la définition des chimiftes modernes, celle de ce dernier chimifte, ou doit-on donner au mot combuftion une nouvelle acception ? C’eft fur quoi je defirerois que MM. les chimiftes & Phyfciens vouluffent bien s’expliquer. Je fuis, &c. De Paris, ce 14 Novenibre 1788, RENP'OIN.SIE DE.M DE LA MÉTHERIE, A M HASSENFRATZ, Sur LA COMBUSTION, NE crus, æ Les favans, dites-vous, définiffent aétuellement fi différemment les » uns des autres le mot combuflion , que fi l’on continue de faire varier »_fa fignification , bientôt on ne concevra plus ce mot ». Généralifez un peu plus votre phrafe, & vous verrez que c’eft le danger que j'ai toujours cherché à combattre dans les changemens que lon fait à la Nomenclature , & qui rendent fouvent les fciences fi difficiles. IL y a bien peu de botaniftes, bien peu de zoologiftes qui foient sûrs de la fynonimie ; c'eft-à-dire, qui puiffent aflurer que telle plante , tel animal qu'ils ont fous les yeux font ceux défignés par tel & tel auteur; en forte qu'il eft à-peu-près convenu que la nomenclature dans ces fciences eft au moins aafli difficile que la fcience elle-même. La Chimie s’étoit préfervée jufqu'à un certain point de ces inconvé Tome XXXIIT, Part, II, 1788. NOFEMBRE, Ccc 3836 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, niens, & on rectifoit chaque jour ce que fa nomenclature pouvoit avoir de vicieux, On ne difoit plus guère arcanum duplicatum , fel de duobus, fel admirable de Glauber, &c. On y avoit fubftitué les noms appropriés de vitriol de natron, de tartre vitriolé, &c. Mais malheureufement, Mefieurs, pour foutenir un fyflême , vous avez voulu changer toute la langue. Dès-lors chacun a dir: & io for, pittore, & je puis auf faire des noms ; & ainfi le même objet a eu plufieurs noms. Prenons pour exemple Pair pur : M. Prieftley l'appela d’abord air déphlogiftiqué , Schéele air du few, Bergman air‘pur, Turgot air vital , la nouvelle Nomenclature gaz oxygène, M. Delparcieux air al-zote, M. Arejula gaz comburant ou arke-kayo, & fans doure d’autres lui donneront encore de nouveaux noms par la fuite, Mais quelques-uns de vos changemens font fujets à de plus grands inconvéniens encore. L’acide nitreux, par exemple, s'appelle, fuivant vous, acide nitrique , & vous avez confervé le nom d'acide nitreux à celui qu'on appelle communément acide nitreux phlooiftiqué. Ainfi je fuppofe qu’en lifant un ouvrage de Chimie, je trouve acide nitreux , il faut donc que je fache quelle Nomenclature adopte l'auteur. 4 Je ne vous dirai pas que cette Nomenclature, bien loin de faciliter l'étude de la fcience, comme vous l’avez penfé, ne fait que la rendre plus difiicile, puifqu'àa moins que vous ne penfiez qu'il faut brûler tous les ouvrages qui ne s’en fervent pas, ilne faudroit pas moins favoir l'ancienne. Je ne vous répéterai pas non plus tout ce que d’autres & moi avons dit contre les défauts de cette Nomenclature, Plufieurs de vous en con- venez : vous ne pouvez nier, par exemple, que votre gaz oxygène faifant, füivant vous, les 0,85 de l’eau, qui cependant n’eft point un acide, tandis qu'il s’en faut beaucoup qu’il entre dans aucun acide en même quantité, ne pouvoir, ainfi que je vous l'ai dit, & que vous l’a répété M. Arejula, ne pouvoit point être appelé oxygène, quand même le mot oxygène ne feroit pas oppofé à ce que vous avez voulu-exprimer, puifqu'au lieu d'exprimer engendrant l'acide, il fignifie engendré de l'acide, comme la prouvé M. ***, Par la même raifon le mot gaz hydrogène ne convient pas mieux à l'air inflammable , puifqu’il ne fait, fuivant vous ,: que les o,1$ de l’eau , tandis que l'air pur en fair les 0,85. Ce feroic donc plutôt celui-ci qui devroit être appelé hydrogène dans vos principes, ainfi que je vous l’ai dit ; d’ailleurs, le mot hydrogène ainfi que l’oxigène fignifie tout l'oppofé de ce que vous avez eu l'intention d’exprimer. Enfin, vous favez que le plus grand nombre des favans n'admet point cette compoftion de l’eau. Vous convenez également que le mot oxide dérivé d’oxts, acide , ne fauroit exprimer les chaux métalliques qui ne font rien moins qu’acides. . . Que le mot carbone, & tous fes dérivés, carbo- nate, carbonique, carbure, font durs à l'oreille ; que le mot azote ne convient pas davantage à l'air phlogiftiqué, . . . ÿ SUR. L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 387 Plufieurs de vous convenez detout cela : « Pour avoir la paix, Monlieur, dit M. Coufin , de l'Académäe des Sciences de Paris ,un des plus zélés partifans de La nouvelle Nomenclature & de la nouvelle do&rine, à M. Pinel (Gazette de Santé, N°, 46), » j'accorderai à nos favans 2 littéraceurs que les mots oxypoéne , hydrogène, azote, n'ont pas-là » leur vraie fignification ». Et néanmoins vous perfiftez à vouloir intro- duire une pareil langage dans une aufli belle fcience que la Chimie, & qui fait aujourd’hui les délices de tant de perfonnes. . . . Ne vous expo- {eriez-vous pas à des reproches fondés ? Mais , Monfieur , pour en venir à la combuftion, M, Arejula n’eft pas le premier qui l'ait appliquée dans un fens éloigné de fon acception ordinaire, en appelant combuftion La combinaifon de l'air pur avec l'air nitreux. On avoit déjà dit dans le fyftême que vous avez adopté, que la refpiration étoit une efpèce de combuftion. Ainf refpirer l'air pur, c’eft brüler dans l'air pur. Je fuppofe qu’un père voulant envoyer refpirer l'air pur des montagnes à fon jeune fils indifpofé, dit à un fidèle fervi- teur: allez, conduifez mon fils à la montagne pour le faire brûler dans l'air pur, & que celui-ci obéiflant aveuglément à {es ordres, conduisit l'enfant chéri {ur la montagne, drefsât un bücher,.& comme un nouvel Abraham, y liât la jeune victime de la nouvelle acception des termes, & y mit le feu, je vous demande fi ce ferviteur ne feroit pas excufable auprès de fon maître. . . . Si vous difiez, Monfieur, à la perfonne chargée des travaux de votre laboratoire: je vous prie de m'oxider ce régule d’arfe- nic, cette perfonne fachant qu'oxis fignifie acide, ne feroit-elle pas fondée à croire que vous la priez de faire de l’acide arfenical, tandis que vous defireriez fimplement d’avoir de la chaux d’arfenic. Je ne pouflerai pas plus loin , Monfieur,, ces détails , vous renvoyant à mon Mémoire fur cet objer (cahier d'octobre de ce Journal 1787 ), & aux autres donnés depuis dans ce mème Journal. Je me contenterai de vous rappeler que vous avez vu comme moi tous les favans d'Angle- terre rejetter votre nouvelle Nomenclature. Vous n’ignorez pas non plus que les favans fuédois , danois, rufles , allemands , italiens, efpagnols ne l’admertent pas davantage ( j'ignore s’il en faut excepter quelques-uns), ainfi que la plus grande partie des favans françois. Er même je vous dirai que plufeurs de ceux qui l’admerrent font convenus avec moi de fes défauts, & que s'ils s’en fervent, c’eft plutôt pour faire voir qu'ils ne l’ignorent pas, & qu'ils font au courant de la fcience, fuivant l’expreflion vulgaire, que par perfuañon & conviction. Ayez donc égalemenr, Monfieur , le noble courage d’avouer fon infufifance. Hélas ! il eft attaché à la nature humaine de {= tromper. Nous devons tous novs le pardonner, puifqu’il n’eft aucun de nous qui n’ait payé fa derre. Mais ce qu'on ne nous pardonne pas, c'eft de ne pas reconnoître notre erreur, lorfqu'elle eft reconnue de tout le monde. Tome XXXIII, Part, IT, 1788. NOVEMBRE, Ccc2 = 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vous n'êtes pas, Monfieur, de ces perfonnes dont on dit: Wideo meliora"proboque , deteriora fequor. J'aitrop bonne opinion de votré façon de penfer , pour n'être pas perfuadé que vous aurez égard à ces réflexions qui font, comme vôus le favez aufli bien que moi, celles de tout le monde favant. De grands exemples vous apprennent qu'on ne doit point rougit d'un pareil aveu. Déformais vous vous fervirez donc des mots adoptés par tout le monde, & leur laifferez leur acception ; fa refpiration , ni la combinaifon de l'air pur € de l'air nitreux , ne feront. pas des combuflions , &c. &c. &c. Car Je feul avantage du langage eft de fe communiquer fes idées. Les mots font néceflaires pour élever l'édifice des connoiflances humaines. Chaque favant , comme l'architecte , peut employer les matériaux comme il veut. Celui-ci élèvera un périftile ; celui-la fe contentera de pilaftres : un autre n’employera aucun ordre... . Tant qu'on fe fervira des mêmes termes, on pourra juger le travail d'un chacun. Mais fi l’un appelle colonne ce que l’autre appelle pilaftre, & fi le pilaftre de celui-ci eft la corniche d’un troifième, dès-lors ce fera comme aux plaines de Sennaar où les conftructeurs de cette fameufe tour ne n’sntendant plus, furent obligés d'abandonner- leur ouvrage. Le mot colonne eft le même pour un architecte que pour toute autre perfonne, quoiqu'il y voie bien des chofes que n’y voit pas celui qui ignore les règles de fon art; de même le mor combuftion doit être pour le chimifte la même chofe que pour le vulgaire , quoiqu'il s’y pale bien des phénomènes qui ne font apperçus que par lui. . . . N'eft- ce pas ici le cas de dire : Non effe nimis dodus , comme on a dit: Non nimis fapere? Je pourrai finir cette Lettre par une réflexion que fait M. Coufin en © parlant des Ouvrages où on défend la doétrine du phlogiftique : æ que d'exemples récens prouvent qu'un fyftême à foi eft la plus funefte » des propriétés, L'Auteur infortuné pafle à protéger & à défendre cetre > créature de fon imagination, un tems qu'il auroit employé à des » ouvrages dignes de la poftérité ». ( Gazette de Santé, N°. 42.) J'ai l'honneur d’être, &c. ’ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389 Le PRET ER Re | de BREST RUE DE M SAGE, A M. DE LA MÉTHERIE, Sur les Recherches chimiques de M. IsLMANN, Jur la Molybdène d'Altembers en Saxe. Miowsisur, Il eft évident, d’après les expériences qué ce Chimifte rapporte, que le minéral qu'il a eflayé, contenoit beaucoup plus de fer que de molybdène , & que la terre.de ce demi-métal s'y trouvoit dans un état différent de celui où elle eft dans la molybdène pure, puifqu'il n'a pu y retrouver le foufre en nature, que Schéele & M. Pelletier y ont démontré par lanalyfe & la fynthèfe. L'expérience du Chimifte François me paroît péremptoire , puifqu'il a régénéré la molybdène en diftillant la chaux de ce demi-métal avec le foufre; M. Pelletier a reconnu que pendant cette diftillation il fe dégageoit de l'acide fulfureux. La molybdène pure, combinée avec divers acides, prend une cou- leur bleue; j'en ai rendu compte il ÿ a quatre ans dans la Chimie que j'ai publiée fous le titre, d’Aralyfe Chimique & Concordance des trois Règres, page 563 du IL. vol. Lorfqu’on expofe au feu dans une capfule ce qu'on nomme acide de la molybdère (1), il prend une couleur jaune, puis une couleur d'un beau bleu. Si l’on fait bouillir cinquante parties d'acide vitriolique concentré fur de la molybdène , fi l'on fait évaporer les trois quarts de cet acide , qui s'exhale en vapeurs blanches mêlées d’acide fulfureux, fi on laifle enfuite l’acide qui refte fur la molybdène, quinze jours après, il contracte une belle couleur bleue, qu'il doit à ce demi- métal. (x) Si je n’emploie point l’expreflion d’acide molybdique , mot que les chimifles néologues veulent encore faire pafler comme fynonime de molybdène, c’eft que molybdique exprime ce qui appartient au plomb , que les Grecs ont défigné par le mot Moubd ose 390 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On lit dans le Paragraphe füuivant, l'acide marin concentré à auffi de lation fur la molybdène. J'ai diftillé vingr-quatre grains de ce minéral avec une once de fel ammoniac , qui a pris une teinte bleue; il y avoit dans le col de la cornue un enduit bleu formé de molyb- dène & d’acide marin, diflous dans l’eau , il lui a communiqué une couleur bleue d’azur. 1 Je vous prie encore, Monfieur, d’avoir la bonté d’inférer la note fuivante dans votre Journal. Quoique l'analyfe chimique n’établiffe point de différence entre la mine de fer de l'ile d'Eibe & celle à laquelle on a donné l'épithète de: fpéculaire , cependant M. Haffenfratz en fait deux efpèces dans un Mémoire que vous avez inféré page 303, du Journal d'Oétohre; j'avois déjà fait cette obfervation à ce Néophie, lorfqw’il lur ce même Mémoire à l'Académie des Sciences; il me fera plailir & m'inftruira en déduifant fes raifons dans votre Journal. On peut effayer de changer la Nomenclature d’une fcience ; mais il n’eft pas pardonnable de ne pas refpecter des faits. J'obferverai encore à notre anti-phlooifticien, que ce qu'il nomme bleu de Pruffe natif, eft un bleu martial foluble dans les acides; par cette raifon , il n’eft donc point congénère du’ bleu de Prufle, ou des Pruffiates des Chimiftes Néologues, que les acides n'altèrent point. P. S. M. Chaptal fait part au public dans le même Journal d'OGobre, de la merveilleufe végétation des fels, qw'il regarde comme une des opérations La plus obfcure de la Chimie. Rouelle , dans fon Mémoire fur les Sels, & dans fes Cours, a fait mention de cette propriété, qui varie fuivant la température. Les Phyliciens auroient defiré que M. Chaptal eût indiqué celle de l’atmofphère où il a fai fes expériences. NOUVELLES LITTÉRAIRES. 122 ITÉ d'Agriculture où l'on enfeigne le moyen de confèrver toute. l'année la Pomme de terre en nature, la manière de perfeétionner l'engrais économique & falubre des Befliaux , & l'efpéce de chevaux $ en multipliant & perfeétionnant les élèves , € toutes les denrées par le choix des améliorations ; la deflination de chaque fol, le défriche- SUR L'HIST NATURELLE ET LES ARTS. 307 ment € la fertilité de la fixième partie du Royaume maintenant inculte : Heureux le Laboureur, trop heureux s’il fait l'être, La terre libérale & docile à fes foins, Contente à peu de frais {es ruftiques befoins. Georg. de l Abbe de Lille Par M. le Chevalier DE SAINT-BLAISE , de L'Académie des Arcades de Rome. À Paris , chez Bryand, Libraire, rue Pavée, r vol. in-8°. Vues générales fur l'état de l'Agriculture dans la Sologne, & fur les moyens de l'améliorer ; par M. HuET DE FROBERVILLE , Secrétaire Perpétuel de l'Académie Royale des Sciences, Arts & Belles-Lettres d'Orléans. Patriæ prodefle optima virtus, Imprimé aux frais de la Province. À Orléans, chez Jacob Sion ; Imprimeur de l’Académie, rue Pomme-de-Pin; & fe trouve à Paris, chez Bryand, Libraire , hôtel de Villiers , rue Pavée-Saint-André-des- Arcs. L'Académie d'Orléans a jugé cet Ouvrage digne de fon approbation & d’être imprimé fous fon privilège. Lettres Américaines , dans laquelle on examine l'origine , l'état civil, politique , militaire & religieux , les arts , l'indufirie, les fciences, Les mœurs, les ufages des anciens Habitans de l’ Amérique, les grandes époques de la Nature, l’ancienne communication des deux Hémifphères , 6 la dernière révolution qui a fait difparoître l Atlan- tide, pour fervir de fuite aux Mémoires de Dom ULLoA 3; par M. le Comte J. R. CarLi, Préfident Ermérite du Confeil Supérieur de l'Economie publique, & Confeiller Privé de Sa Majeflé Impériale & Royale, avec des obfervations & additions du Traduëeur , 2 vol. in-8°. À Bofton ; & fe trouve à Paris, chez Buiflon, Libraire , rue Haute-Feuille , hôtel Coërlofquer, N°. 20, Prix, 9 Liv. broché & 10 liv. franc de port par la pofte, Ces Lettres font très-intéreflantes. Mernoire fur la culture & les avantages du Chou-Navet de la Laponie, lu à l'affemblée publique de l'Académie Royale des Sciences , Arts & Belles-Letrres de Nancy , le 25 août 1787; par M. SoniNr DE MANONCOURT , ancien Officier de Marine , Correfpondant du "Cabinet du Ro, Membre de l'Académie de Nancy. A Paris, chez Xe de la Rochelle, & à l'hôtel de. Calais , rue Çoquillière; à ! 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Strafbourg , chez Salfeman ; à Merz , chez Devillier ; à Colmar, chez Fontaine ; à Nancy, chez Bonthoux, k Ce Mémoire mérite l'accueil de tous les agronomes. Catalogue alphabétique des Arbres & Arbrifleaux qui croifflent natu- rellement dans les Etats-Unis de l'Amérique Jeptentrionale , arrangés felon le Jyfléme de LiINNÉ , contenant Les caractères par- ticuliers qui diflinguent les genres auxquels ils font rapportés , avec dés defériptions claires & familières de leur manière de croître , de leur forme extérieure, &c. & leurs différentes efpèces & variétés. On y fait auffi mention de leurs ufages en médecine & de leur emploi dans les teintures & l'économie domeflique : traduit de l'Anglois, de M. HumPHRY MARSHALL, avec des Notes & Obfervations fur la culture, par M. LEZERMES, Adjoint à la Diredion des Pépinières du Roi, À Paris, chez Cucher, Libraire, rue & hôtel Serpente. Tout ce qui tend à augmenter nos richefles en Botanique mérite d’être accueilli. ! GsorGir Baczirr, Med. Theortic. in Romano Archilic, Profef, Societatis Regiz , Londinenfis Acad. Imp. Leop. &c. Collegx : Opera omnia Medico-practica & Anatomica, hovam editionem mendis innumeris expurgatam notis illuftravit & præfatus eft Px, Pinez, D. M. Parifiis, fumpribus Perri Duplain, Bibliopolæ, loco gallicé dio Cour du Commerce, 2 vol. in-8°. Baglivi eft un des auteurs qui a travaillé le plus utilement fur la Médecine, Mais les connoiffances acquifes depuis lui, rendoient fes Ouvrages moins intéreflans, M. Pinel a fait difparoître toutes ces fautes , & a rendu par-là un nouveau fervice à l’art de guérir, Expériences fur laë&ion de la Lumiére folaire dans la Wégétation ; par JEAN SENEBIER, Miniffre du Saint-Evangile & Bibliothécaire de la République de Genève. À Genève; & fe trouve à Paris, chez Bryand, Libraire , hôtel de Villiers, rue Pavée-Saint- André-des-Arcs, 3 vol. in-8°. M. Senebier avoit déjà donné un Ouvrage fur l'influence de la lumière folaire pour modifier les êtres des trois règnes de Ja nature, & fur-touc ceux du règne végétal. Celui-ci en eft une füire : il y examine principale ment les modifications éprouvées par les feuillés expofées à la lumière & à l'obfcurité , fous l’eau & hors de l'eau, & leur action fur l'air qu'elles donnent & qui les environne, Tous les favans connoiflent la manière de travailler de ce célèbre phylicien. Ce nouvel Ouvrage ne les intéreffera pas moins que les précédens,. Sexta SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 393 Sexta Difercatio, &c, c'eff-à-dire : Sixième Differtation Botanique De Camellia, Gordonia, Morifonia, Goflypio, Walcheria, Melochia » Mahernia, Hermannia, Urena, Halefa, Styrace , Galaxia, Ferraria & Sifyrinchio ; par M. l'Abbé ANT. Josepx CAVANILLES» Efpagnol, de Valence. Nous avons déjà fait connoître les cinq Differtations précédentes de cet Ouvrage intéreffant, dont M. l'Abbé Cavanilles vient de publier la fixième qui termine la Monadelphie de Linné, augmentée d'un grand nombre de genres. On connoît le grand foin avec lequel l’Auteur fair les deffins, & l'exactitude de fes defcriptions : il paroît fe furpañler dans cette dernière Differtation, & fon Graveur , M. Sellier, l'a fecondé parfaitement par la beauté des onze gravures où font repréfentées les efpèces de quatorze genres. | Le Hermannia & le Mahernia que quelques botaniltes croient appat- tenir à un feul genre , & que Linné au contraire rangeoit dans diffé- rentes claffes , fe trouvent à préfent dans la Monadelphie faifant deux genres différens , quoique très-voifins. Tous les deux, {elon l’Aureur, onc les étamines réunies ; mais le Muhernia les a filiformes & furmontées d'un corps glanduleux en forme de cœur qui, fe trouve tout près ;de lanthère; tandis que le Hermaunia les.a membraneufes & plus larges que l'anthère; celui-ci a cinq flyles, & le Mahernia un feul, M. l'Abbé nous donne quelques efpèces nouvelles, & la defcription complette de celles indiquées Le le fupplément de Linné, C’eft M. Tunberg qui. lui a envoyé des échantillons des plantes, fournies à Einné fils, d’après lefquelles M. l'Abbé a pu déterminer, décrire & figurer les efpèces. Celui-ci réunit à la Monadelphie le Halefia, Styrax , Galaxia , Ferraria & Sifyrinchium , parce que leurs étamines font réunies en un feul corps. Ce dernier genre offre trois efpèces nouvelles ; l Urera quatre; le Waltheria trois , & deux le Gof/ypium. On fouhaite que M. l'Abbé s'occüpe fucceflivement à.examiner d’autres familles des plantes; ce qui fait l'éloge de l’Ouvrage & de Auteur, On trouve toutes Les Differtations chez M. Didor fils aîné , rue Dauphine. Prix de la Societé Académique & Patriotique de Walence en Dauphiné, La Société Académique & Patriotique de Valence, en Dauphiné, a tenu le 26 août 1788, une Séance publique; en labfence de Dom “'Pernery, Secrétaire Perpétuel, M. de Rozieres, Capitaine au Corps royal de Génie, Membre Affocié de la Société d'Emulation de Bourg en Brefle, Vice-Secrétaire, en a fait l'ouverture en annonçant que le prix de 300 livres, propofé par cette Société, avec l'approbation du Tome XXXIIT, Part. II, 1788, NOVEMBRE, D dd j | 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Gouvernement, fur cette queftion : Quels font les moyens locaux des plus affurés & les moins difpendieux de faire. ceffer le fléau de la mendicité à Valence, fans que les pauvres , tant citoyens qu'é- trangers , foient moins fecourus? a été décerné au Mémoire qui porte pour épigraphe, Nullum abefl numen Ji fit prudentia. (Juvénal , Satyre 10.) Le biller annexé à cet Ouvrage ayant été décacheté pu- bliquement, on a trouvé le nom de M. Achard de Germane, Avocat au Parlement de Dauphiné, réfidant à Grenoble. Les acceflits ont été accordés à ceux qui ont pour devife : 1°, Je fuis émerveillé de cette Providence , Qui fit naître le riche auprès de l'indigent ; L'un a befoin de bras, l’autre a befoin d’argent. Ainfi tout eft fi bien arrangé dans la vie, Que la moitié du monde eff par l’autre fervie. ( Trrée de La Comedie de l'Oprimifme , par M. Collin.) 2°. Un homme n’efl pas pauvre parce qu'il n'arien , mais parce qu'il ne travaille pas. (T'irée de l'Efprit des Loix, de M..de Montefquieu.) L La Société Patriotique a jugé de plus, devoir faire une mention honorable des deux Mémoires’ qui ont pour épigraphe : 1°. Non ignara mali miferis fecurrere difco. (De Virgile,tom.I. ) 2°. Salus populi utilitafque. IAcadémie n’a réfervé que Les. billets joints aux Mémoires auxquels elle a décerné les acceflits, &c. pour s’en fervir dans le cas où leurs auteurs jugeroient à propos de fe faire connoître, Elle a vu avec une vive facisfaction, que quoique le Concours n'ait pas été nombreux , on lui a préfenté d'excellens ouvrages. La Société Patriotique propofe pour fujer du prix de 300 livres, qu'elle efpère décerner le 26 août 1789, l'Eloge hiftorique de M. de laucanfon , célèbre Méchanicien de l’Académie royale des Sciences de Paris, &c. né à Grenoble en 1709, mort en 1782. Les ouvrages préfentés au Concours , auquel toute perfonne fera admife , excepté les Membres ordinaires , ferent écrits très-lifiblement en françois, & doivent être adreffés francs de port à Dom Pernety, Secrétaire Perpétuel de ladite Société, avant le premier juin 1789 ; ce terme eft de rigueur; & quant à la forme, on fe réolera fur celle ufitée dans toures les Académies, Les Auteurs qui fe feront connoître directement ou indirectement, feront exclus du Concours. Après cette annonce & la lecture de l'Analyfe raifonnée & abrégée SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 395$ du Mémoire couronné , & de ceux qui ont mérité des éloges, M. de Rozieres , Vice-Secrétaire, a lu un Mémoire /ur l'Evaporation des fluides , &c. Enfuite M. l'Abbé de Saint-Pierre, Membre ordinaire, a fait la leéture de l’Eloge hiftorique de Monfeigneur ide Grave, Evèque & Comte de Valence, &c. Membre Honoraire de la Société Patrio- tique. Après quoi, M. du Moutier de Lafond , Membre Aflocié, à lu des Obfervations particulières fur le danger de fonner les cloches pendant les tems d’orages. La Séance a été cerminée par la le@ure, faite par M. Boniface, Maître en Pharmacie à Valence, Membre Aflocié , d’une Difiertation analytique fur les Eaux Minérales en général, & fur celles de S, George en particulier. * Programme de Académie Royale des Belles- Lettres de La Rochelle. Un membre de l’Académie lui ayant offert une fomme de 600 liv. pour former un prix fur un fujet utile à la province, l’Académie décernera ce prix dans la féance publique d’après Pâques 1790, au meilleur Mémoire qui lui fera adreflé fur cette queflion : Quels font les moyens à employer pour donner plus d'aëlivité au comirerce des fels d'Aunis & de Saintonge ? L'Académie prévient les Auteurs, qu'ils doivent établir la différence qui peut exifter entre le fel d'Efpagne & de Portugal, & celui qui fe fabrique fur nos côtes. Qu'ils doivent examiner les effets que produifent les différens fels, 1°. Dans les falaifons des morues , & autres poiffons. 2°, Dans les falaifons des bœufs, & autres chairs. Il conviendroit que les Auteurs indiquaflent, d’après l’analyfe chi: mique, la quantité plus ou moins grande de parties acides ou alkalines que contiennent ces fels, & dans quelle proportion. . L'Académie demande aufli quels feroienc les procédés à employer pour donner à volonté aux fels d’Aunis & de Saintonge les qualités que les commerçans nationaux & étrangers pourroient delirer. L'Académie faura gré aux Auteurs qui indiqueront Les moyens les plus faciles & les plus économiques de rafner les fels, & de fuppléer au rafinage, Sur le compte que M. le Contrôleur-Général a rendu au Roi, de l'importance h fujet que l'Académie a choifi, Sa Majefté a bien Tome XX XIII, Part. IT, 1788, NOVEMBRE, Ddd 2 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, voulu confentir qu'il fit ajouté une fomme ‘de 600 livres au prix qu'elle vient de propofer ; ainfi, ce prix fera de 1200 livres. Les Auteurs ne mettront à leur Mémoire qu'une devife, répétée fur un billet cacheté, contenant le nom & la demeure de l’Auteur. Ceux qui fe feront connoître directement ou indirectement , feront exclus du Concours. L'Académie laifle la liberté à fes Aflociés, non réfidens à la Ro- chelle, de concourir, fous la condition exprefle de ne pas fe faire connoître. Les Mémoires feront adreflés , francs de port, à M. Seignette, premier Secrétaire Perpétuel de l’Académie, avant le premier janvier 1790; ce terme eft de rigueur. Prix propofés par la Société Royale d'Agriculture de Laon, dans fa Séance publique du 6 Septembre 1788. Prix diflribué, * La fociété avoit propofé, pour fujet du prix de 300 liv. qu’elle doit adjuger cette année-ci, les cinq queftions fuivantes : @ 1°. Quelle efl l'expofition la plus avantageufe des terres à vigne, pour rendre plus rare le fléau de la gelée, foit d'hiver, foit de prir- terms ? 2°. Quelles font les efpèces de terres qui conviennent mieux, foit à la vigne de provins, foit à la groffe vigne ? 3°. Quelles font les efpèces de vignes que l’on culrive avec le plus d'avantages dans les différens cantons de cette province ? (On donnera la defcription de ces différentes efpèces de vignes , & le nom qu'elles portent dans le pays. ) 4°. Quel ef? le tems le plus favorable à la plantation de lu vigne, quelle préparation exige la terre avant d'étre plantée en vigne ; les ter- reins nouvellement défrichés font-ils propres à cette plantation ? $°. V'a-t-il des moyens de préferver la vigne des accidens gw’elle éprouve de la part des infèéles qui l'attaquent ; ces infe&tes font : le man, connu dans le pays fous le nom de mulot; & Le gribouri, efpèce de fca- rabée que l'on appelle pointerelle dans le pays & | | ET Te, ES VE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 397 La fociété a reçu plufeurs Mémoires parmi lefquels elle a diftingué le n°, 4 ayant pour devife : Altera frumentis, quoniam faver alrera Baccho; Denfa magis Cereri, rariffima qguæque Lyæo. Virg. Georg. dont l'auteur eft M. Beffroy, officier au bataillon de garnifon d'Or- léans, de plufieurs fociétés d'agriculture, demeurant à Chévregny près Laon. Elle a accordé l’acceflit , à un fecond Mémoire qui eft de M. Che- yalier, Cultivateur à Argenteuil, près Paris, Membre de l'Adminif- tration Provinciale , de la Société royale d'Agriculture de Paris, & de plufieurs autres, Prix propofes. Premier Prix. La Société, pour fuivre le plan qu’elle a tracé dans fon programme de l’année dernière, propofe pour fujer du prix de 300 liv, qu’elle diftribuera dans {a féance publique qui fe tiendra au mois d'août 1789, les queftions fuivantes, relatives à la feconde divifion de ce Pro- gramme : 1°. Quelle règle doit-on fuivre dans la taille de la vigne, fur le nombre d'yeux qu’il faut laiffer relativement à l'efpèce de vigne ; à la qualité du bois qui peut avoir été gelé l'hiver , 6 à La nature du terrein? & y a-t-il une manière particulière de tailler les ceps mulotés (dont la racine a été rongée par les mulots, ou mans)? 2°. De quelle manière doit-on provigner la vigne , à quelle pro- fondeur doit-on enterrer le provin, quelle règle doit-on fuivre pour rettrer la vigne lorfqu’elle a été gelée au printems ? 3°. Dans quel terrein la greffe de la vigne convient-elle, comment & dans quel tems faut-il pratiquer cette opération, ne nuit-elle pas en général à la qualité du vin ? Les Mémoires feront écrits lifiblement en françois ou en latin, & envoyés avant le premier juin de l’année 1789 ; ce terme eft de ri- gueur ; & ils feronc envoyés, francs de port, au Secrétaire Perpétuel de la Société: & fi c’eft par la pofte , avec une double enveloppe, à Vadrefle de M. l'Intendant de la Généralité de Soiffons, à Soiflons, 398 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Séance publique tenue par la Société Royale d'Agriculture de Laon le 6 Septembre 1788. M. de Cambronne, Confeiller- Rapporteur du point d'honneur ; Directeur, a ouvert la Séance par un difcours dans lequel il_a fixé Fidée qu'on doit fe former des Sociétés d'Agriculture , & où il a rendu compte aufli des travaux de la Société pendant le cours de cette année. M. Cotte, Prêtre de l'Oratoire, Chanoïne de l'Eglife de Laon, Secrétaire Perpétuel, a annoncé le prix adjugé par la Société; il a fait enfuite le rapport de tous les Mémoires qui ont concouru pour ce prix. M. l'Abbé Godart, Doyen de l'Eglife Collégiale de S. Jean, a lu un Mémoire fur les inconvéniens de la courte durée des Baux, & de l'inftabilité de ceux des Bénéficiers. * M. Lobjoy, Aflocié , a lu un Mémoire fur la néceflité d’inftruire les Vignerons, M. Cotte a terminé la Séance en annonçant les prix qui feront diftribués l’année prochaine. Prix propofé par la Société d'Emulation de Bourg-én-Breffe. La Société d'Emulation de Bourg-en-Brefle a tenu le 19 feptembre une Séance publique , dont M. Riboud , Secrétaire Perpétuel, a faic l'ouverture par un difcours , contenant les dérails de ce qui s’eft paflé dans Les Séances particulières de l’année, & l'indication abrégée des Ouvrages & Mémoires qui y ont été lus. É M. le Baron de Bohan, Colonel de Cavalerie, a fait leéture d'un Effai fur l'explication des phénomènes produits par le feu. Ce Mémoire rénférme des vues nouvelles fur le fu, la chaleur & la lumière, ainfi que fur la décompofition & recompofition des corps. M. Racle a lu une defcription du cours du Rhône, depuis Genève jufqu’à Lyon, principalement dans la partie où ce fleuve fe perd dans ‘ le fein de la terre; l'Aureur l’a examiné dans fa retraite fouterraine, & il en donne des détails curieux. Le fecond objet de fon Mémoire eft de prouver la pofibilité de rendre ce fleuve navigable de Genève à Lyon; l'Auteur en propole les moyens, & fair voir que l'exécution de ce projet uniroit bientôt le Rhône au Rhin, & ouvriroit une grande reffource à la ville de Lyon. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 395 M. Riboud a lu enfuire un Mémoire fur des os colorés & chargés intérieurement & extérieurement d'une pouflière du plus beau bleu , trouvés dans un ruifleau qui traverfe la ville de Bourg ; il fait voir que cette propriété eft due à la qualité vitriolico-martiale de fes eaux, & SARPARES les expériences & obfervations qu’il a faites pour le vérifier. Enfin , il a terminé la Séance, par la lecture du Programme d’un prix propofé par la Société. Quels font les moyens d'améliorer & d'augmenter, er Breffe, la culture des Prés? , Ce prix fera de 309 livres. Les Mémoires feront adreflés, francs de port, à M. Riboud , Secrétaire Perpétuel , avant le premier mars 1790; ce terme eft de rigueur. LPC DORE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Ov TRIÈME Voyage minéralogique fait en Auvergne ; par M. MonKET, page 321 Lettre de M.Carmoy , Doë&eur en Médecine, à M. le Marquis: DE Vicxi, fur l'aëtion de PEleétricité fur la Wégétation , 339 Lertre de M. Mepicus , Membre .de l'Académie des Curieux de la Nature, &c. à M. DE REYNIER, fur divers objets relatifs à-la . Botanique , ) 343 Obférvations fur la culture & les ufages économiques du Daitier 3 par M. DEs FONTAINES, de l'Académie des Sciences ,&c. 3SX Suite de l'Examen de la prétendue abforption du Charbon dans les vafes clos ; par M, le Comte DE SALUCES, 354 Lerrre de Dom SAINT-JULIEN , Bénédiétin de la Congrégation de Saint-Maur, Profeffeur Emerite de Philof. & Mathém. del Académie de Bordeaux , à M, DE LA MÉTHERIE , fur une nouvelle Machine éleérique , 367 Suite des Extraits du Porte-feuille de l'Abbé DicQUEMARE. Mulriplication des grands Polypes marins, 371 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: Extrait d'un Mémoire qui a pour titre : Obfervations générales fur les phénomènes de Ja Criftallifation ; par M. Le BLaNc, Chirurgien de S. A, 8. Monfeigneur le Duc d'Orléans , 374 Extrait d'un Mémoire lu à la féance publique de la Société Royale de Médecine, le 26 août 1788, fur la nature du Suc gaflrique des Animaux Me ee par le Doëteur MACQUART, 380 Lettre de M, HaAsseNFRATZ, à M. DE LA MÉTHERIE, fur la Combu ee 384 Réponfe de M. DE LA MÉTHERIE, à M HAssENFRATZ , fur la Combuftion , 385$ Lettre de M. SAGE, à M. DE LA MÉTHERIE, fur les Recherches chimiques de M. "ISLMANN , Jur la Molybdene d’Altemberg en Saxe , 389 Nouvelles Lirtéraires , 390 A 7 D ESC ZA PSRERNOBEARTÉI ON. J'ai lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre : Obfervations fur la Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, Ec. pa: MM. Rozter, Moncez le jeure & DE 14 Merarrie, Gc. La Colleätion de faits importans qu’il ’offre périodiquement à à fes Leéteurs, mérite V attention des Sa vans ; en conféquence , j’eftime qu’on peut en permettre P impreffion. À Paris ; ce 22 Novembre 1788. VALMONT DE BOMARE, Wovemnbre : Z 7ÉC 7 Ab, Dicquemare . del, CE Le: VI Jap MA 7 CPR moe af #3 SUR h? PEER RE É L - fer }èe Te Lee" NAT TT RE ENT NITE à qu Wa Are SENTE f He : . L 0) 'u ZUNE Ü # ( ù 1 [2 Le ? È À Ft 1 x CRU et {' à 4 s — } l 1 it D f : £ ‘0e, À MES srcdhéoise-déchis Mes Sheet OS + Er Æ ÿ l Ê x L £ “ Ci * Novembre 1788. Es 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. | 21] DÉCEMBRE 1788. | D'P SON BPS BIRT AT ONN:S FAITES SUR LE COL DU GÉANT; Par MM. DE SAUSSURE. Sr TUATION. L'arrète de rocher fur laquelle nous formâmes notre établiflemenc eft refferrée entre deux glaciers, celui de Mont-Fréri à Poueft, & celui d'Ensréves à l'eft. La cabane en pierres occupoit fa pointe ou l'extrémité la plus méridionale de cette arrête, les deux rentes éroient fixées fur le tranchant de l’arrête au nord de la cabane & fur la mème ligne. L’arrèce elle-même alloit, par une pente d’abord in- fenbble, & enfin très-rapide, aboutir à la cime aiguë du Mont-Fréti. Nos ftations étoient donc ifolées & acceflibles à tous les vents & à tous les météores. Pofition géographique. Mon fils obferva deux fois la hauteur méri- dienne du foleil pour en conclure la latitude. La première obfervation donna 45° 4941", & la feconde 45° 50’ 6//. La moyenne entre ces deux obfervarions eft 45° 49’ 54". Quant à la longitude, nous ne pûmes point la déterminer, parce que la montre fur laquelle nous avions compté pour cette opération fe dérangea dès les premiers jours du voyage. Mais pour y fuppléer, nous déterminämes avec foin la polition de la cabane par rapport aux objets fuivans : ‘ae ‘La cime neigée du Mont-Blanc, vue de notre cabane, git à 103° 40/ du nord par oueft. Courmayeur à 260° 32’. La cime du Géant à 323° 30 Voici l'élévation & la diftance en ligne droire de ces mêmes obyers, calculées d’après leur hauteur ou leur dépreflion relativement à la cabane. Tome XXXIIT, Part. IT, 1788. DECEMBRE. Eee 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mont-Blanc , hauteur ... ; «+. 687 toifes, diffance et RIRE AGO Géant, hauteur + ........ ste. &II a —IClItANEC elles ete elet rie eee a ee IR RI10 Courimayeur , déprellion . ,......,.....:::: 1107 ’ ———— diflance ..,................ 3552 Prieuré de Chamouni , dépreflion ........... 1223 —————— diftance, environ ......:...+. $700 Elévation. Comme un des motifs de cette entreprife éroit de vérifier les différentes formules que l’on a employées à la mefure des hauteurs par le baromètre, il falloit connoître la hauteur de notre flation par une opération indépendante du baromètre, Pour cet effet, comme le Col du Géant n’étoit pas vifible de Chamouni, je penfai à mefurer trigonométriquement la hauteur d’une autre cime vifible & de Chamouni, & de notre itarion. L’aiguille du midi nous parut la plus convenable, comme la plus voifine des deux poftes, & celle dont la cime étoir la plus aigue & la plus facile à reconnoître. Nous ne pümes trouver foit au Col du Géant, foit à Chamouni, que des bafes un peu pe- tites , d’environ 1200 pieds, mais leur petitefle fe trouva en partie compenfée par leur pofition qui étoit la plus favorable poflible & par l'exactitude que nous mîmes dans toutes Îles mefures. Je donnerai les détails de toutes ces opérations dans le troifième volume demes Voyages, La cime de l'aiguille du midi fe trouva par cette meftre élevée de 1469 toifes au-deflus du Prieuré de Chamouni, & de 246 au-dellus de la cabane , d'où il fuivoit que notre cabane étoit élevée de 1223 toifes au- deflus du Prieuré, & par conféquent, de 1763 toifes au-deflus de la Méditerranée. Nature des rochers. Tous les rochers auprès defquels nous paffimes en allant au Col du Géant, ceux de notre arrète , & tous ceux que nous pümes diftinguer dans la chaîne du Mont-Blanc, dont cette arrête fait partie, font des granits en mafle ou des granits feuillerés, & quel- ques couches ou filons des pierres que lon trouve ordinairement dans les montagnes de cet ordre. Les couches de ces roches font verticales ou du moins très-inclinées & dirigées du nord-eft au fud-oueit, ou de Peft-nord-eft à l’oueft-fud-oueft. La firuture du Mont-Blanc ne fe manifefte nulle part auf diftinc- tement que du côté qui regarde le Col du Géant. On voit jufques fous fa cime les coupes des tranches verticales de granit donc cette mafle énorme eft compofée; & comme ces tranches fe montrent là de SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40; profil, & coupées par des plans qui leur foot perpendiculaires, leur régularité, qui ne fe dément nulle part dars le nombre immenfe que l'œil en faifit à la fois, ne permet pas de douter que ce ne foient de vérirables couches. On voir ces couches fe répéter jufqu’au pied mé- ridional du Mont-Blanc, qui repofe fur l'Allée blanche; mais comme je lai obfervé ailleurs, ces couches deviennent graduellement moins inclinées à mefure qu’elles s’éloignent du milieu de l'épaifleur de la montagne. On peut les comparer à des planches appuyées contre un mur, auxquelles on donne plus de pieds à mefure qu’elles en font plus éloignées. On ne voit donc rien de ce côté de la chaîne qui réponde aux couches renverfées qui flanquent le côté feptentrional, Voyage dans les Alpes, $. 656 € 677. Les eaux d2 neiges qui s'infiltrent continuellement dans les interftices ouvertes des couches inclinées, & qui y font enfuice dilatées par la con- gélation, les féparent & les dégradent. Aufli tous ceux qui ont obfervé les montagnes de ce genre ont-ils reconnu qu'elles étoient dans un état de dégradation continuelle. Mais au Col du Géant, cetre vérité s'an- nonce avec une fréquence & un fracas qui Finculquent dans l'efpric avec fa plus grande force. Je n'exagérerai pas, quand je dirai que nous ne palions pas une heure fans voir ou fans entendre quelqu’avalanche de rocher fe précipiter avec le bruit du tonnerre, foit des flancs du Mon:-Blanc, foit de l'Aïguille marbrée, foit de larrète mème fur la- quelle nous érions établis, Ces mêmes eaux, qui pénètrent lentement dans ces interilices, y forment des criftaux de différens genres. Pref- qze tous les rocs des environs de notre cabane étoient tapiffés de crif- taux de roche très-brillans & aflez grands, mais rarement clairs. Parmi ces criftaux de quartz, mon fils découvrit de beaux criftaux de feld- fpath rhomboïdal encroutés de terre verte. Cette terre, Ÿ’oyages dans Les Alpes, $. 724, fe trouvoit aufli fréquemment accumulée entre les criftaux. Nous vimes en defcendant à Courmayeur un petit nid de molyb- dène cryftalifée, renfermée dans une pierre de la nature du feld-fpath grené, 8. 899: cette pierre formoit un filon entre des couches de granit. Pierre Balmat avoit fait cette découverte en ailant à Ja provi- fion à Courmayeur. Animaux. Le feul animal qui parut avoir (on domicile conftane far le Col du Géant étoit une araignée royte noire qui fe tenoic fous les pierres. Maïs nous eûmes la vifite de trois chamoiïs qui pañloient de la vallée d'Aofte en Savoie. Nous vimes aufi des oifeaux de trois ef pèces différentes; un pic de muraille, un moineau de neige & des choucas ou corneilles à pieds & bec rouges. Les deux premières ne parurent qu'une feule fois; au lieu que les choucas nous faifoient de fréquentes vifites. Comme notre arrète étoir élevés entre deux profonds Tome XXXIII, Part, IT, 1788. DECEMBRE, Eee 2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, glaciers, lorfque les vents fouffloient d’un côté, le calme régnoit de Pautre, & alors les infectes chariés par le vent, des papillons, des tipules, des mouches de différentes fortes tomboient fur le elacier où répnoit le calme; & les choucas attirés pat ces infectes, failoient, en leur donnant la chafle, des courfes & de petits vols qui animoient & égayoient un peu notre fauvage folitude. Plantes. Nous ne pûmes découvrir fur le haut de notre arrête qu'une feule plante parfaite ou à fleurs diftinétes; mais en revanche , cette plante formoit dans les abris de petits gazons couverts de fleurs blan- ches ou purpurines extrêmement jolies. C’elt la d'apenfia helvetica , ou l’androface embriquée de la Flore françoife. La furface des rochers étoit tapiflée d’une grande variété de lichens; j'en ai fait une collection qui mérite d'être étudiée à loilr. Baromètre. Pendant notre féjour fur le Col du Géant, j'ai fair 85 obfervations du baromètre, & j'en aurois fait un plus grand nombre fans l'embarras que me caufoient les précautions qu'exigvoit le defléche- ment du robinet. La moyenne entre ces 8$ obfervations eft de 18 pouces 11 lignes & -%%* de ligne. Les 85 oblervations correfpondantes faites à Chamouni par. M. Levefque donnent pour moyenne 2$ pou- ces O ligne & 2 de ligne. La chaleur moyenne de l'air indiquée par le thermomètre de Réaumur à l'ombre dans ces 8$ obfervarions fut au Col du Géant 3 degrés ©, & à Chamouni 17 degrés 2%. La hau- teur qui réfulte de ces oblervations eft, fuivant la formule de M. Trembley, 1207, toifes, c’eft-à-dire, 16 roifes de moins que la me- fure trigonométrique. La formule de M. de Luc ne donne que 1178 toifes, & par conféquent fon erreur eft de 29 toifes plus grande. A Genéve le baromètre obfervé , d’abord par M. Pictet & enfuite par M. Senebier, a eu pour hauteut moyenne dans les 85 obfervations cor- refpondantes 26 pouces, 11 lignes LT deligne ; & la chaleur moyenne de l'air dans ces mêmes obfervations a été de 19 degrés 2 ; ce qui donne 332 toifes + pour la hauteur du Prieuré de Chamouni au-deflus de l'obfervatoire de Genève; car j'ai rapporté toutes les obfervations de MM. Senebier & Pictet à cer obfervatoire, parce que je me fuis auf fervi de ceiles qui fe font dans cet endroit pour être inférées dans le journal de Genève. Or cet Obfervaroire et élevé de 14 toifes ? au- deflus de notre lac, ce qui donne 347 toifes pour la hauteur du Prieuré de Chamouni, & 1579 pour celle du Col du Géant au-deflus du même lac. Les variations du baromètre n’ont pas été aufli grandes que je l’au- rois defiré pendant le temps de nos obfervations, & leur grandeur relative n’a point été conforme à la règle générale que j'avois vue fe vérifier ailleurs; elles n'ont pas été plus petites daus les lieux Les plus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 405 élevés. La différence entre la plus grande & la plus petite hauteur exprimée en lignes & en foixantièmes de ligne a été : Sur le Col du Géant. ..... 2,145. Au Prieuré de Chamouni... 2, 29. ANGenèver Arr talshiert-M2103: La plus grande variation a donc été fur le Col, la plus petite à Chamouni , & la moyenne à Genève. Mais ce qui piquoit le plus ma curiofité, & qui a donné le ré- faltat le plus remarquable, c’eft la marche comparée de ces trois ba- romètres aux différentes heures du jour. J'obfervois le baromètre le plus qu'il m’étoit pofble de 2 en 2 heures, en commençant à 8 heu- res du matin & en finiflant à 8 heures du foir. J'ai formé un tableau de ces obfervations en plaçant dans la même colonne toutes celles qui avoient été faites à la même heure. J'ai pris enfuite la fomme de chacune de ces colonnes, & en divifanc cette fomme par le nombre des obfervations , j'ai obtenu la hauteur moyenne du baromètre pour chacune de ces heures, Le même procédé m'a donné la moyenne cor- refpondante à Chamouni & à Genève. Voici la différence de ces moyennes en feizièmes de ligne & en millièmes de feizièmes. Ces dif- férences indiquent la marche moyenne du baromètre pendant le jour dans les trois ftations. Table des variations moyennes du Baromètre pendant le jour. VIITh.m. Heures du jour. ’ol du Es 0,000. |1,609.|2,551.| 3,473.]2,494.| 2,773. | 4,087.| 2,427. 6,972. |5,607. pce. [vers 0,000. |2,493.|6,586.| 3,696. 5,343: a ae 1,308. | 0,000. | 1,050. srs6.| 2,765. On voit qu'au Col du Géant, l'heure où le baromètre eft le plus bas et huit heures du matin , qu’enfuite il monte jufqu’à deux heures 4 A Juiq LE , qu'il defcend un peu entre deux & quatre heures, & que de-là il monte pendant le refte de Ja foirée, À Genève au contraire, huit heures du matin eft l'heure du jour où il eft le plus haut; de-là il defcend juf- LA - \ | P . Ù quà quatre heüres où eft fon plus bas terme, & il remonte pendant è 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le refle de la foirée, Il en eft de même à Chamouni, où les variations diurnes font plus grandes. Et il y a ceci de remarquable dans ces va- riations , c’eft qu'elles femblenc êrre en raifon inverfe des variations abfolues. En effet, nous avens vu que celles-ci rangées fuivant leur grandeur, marchent dans cet ordre, Col du Géant, Genève, Cha- mouni, tardis que l’ordre des variations diurnes eft, Chamouni, Ge- nève , Col du Géant. \ M. de Luc en comparant la marche que fuit le baromètre fur le Mont- Salève avec celle qu’il fuir à fon pied, avoit déja vu qu'il arrive fouvent, qu'à mefure que le foleil monte, le baromètre de la plaine defcend & qu'en même temps celui de la montagne s'élève. La raifon qu'il en donne me paroît même très-juite; il penfe que la chaleur croiffante du jour, en dilarant l'air de la plaine, le force à s'élever par-deffus la monta- gne, d'où réfüulre une augmentation dans le poids de la colonne qui prefle le baromètre fupérieur; mais que néanmoins cec air, pendant fon afcenfon, fe verfe en partie à droite & à gauche, & diminue d'au- tant la preflion que fupporte le baromètre inférieur. Et fi cette varia- tion du baromètre a été plus fenfble à Chamouni qu'à Genève, je crois que cela vient de ce que l'air, refferré entre les montagnes qui renferment cette étroite vallée, fe réchauffant proportionnellement da- vantage & à une plus grande hauteur, produit un courant afcendant lus confidérable. L'infpeétion du tableau de ces variations diurnes prouve que l'heure du jour où les baromètres des plaines & des vallées font le mieux d'ac+ cord avec ceux des cimes ifolées, eft aux environs de midi; puifque c'eft l'heure où la hauteur des trois baromètres approche le plus de leur hauteur moyenne. IL fuivroic de là, que le moment le plus fa- vorable aux obfervations qui fervent à mefurer la hauteur des mon- tagnes, feroit le milieu du jour, & non pas la cinquième partie du jour, comme le dit M. de Luc ; mais comme il faut auili avoir égard à l'influence de la chaleur, je ne donne pas cette conclufion comme démontrée; cette queltion fera l’objet d’un examen plus approfondi. Thermomèrre. Comme on pouvoit obferver cet inftrument fans em ployer les précautions pénibles qu’exigeoit mon baromètre, que je craignois toujours de déranger , nous l'avons obfervé, mon fils & moi, de deux en deux heures, depuis quatre heures du matin jufqu'à mi- nuit. En fuppofant donc que la température de l'air à deux heures du matin étoit moyenne entre celles de minuit & de quatre heures, j'ai éré en étant de dreffer la table des températures moyennes de deux en deux heures pendant toutes les vingt-quatre heures , & la moyenne entre toutes ces moyennes repréfente bien, ou du moins à très-peu près, la vraie chaleur moyenne des quatorze jours pendant lefquels nous avons fair avec régularité nos obfervations. THANEÉ ur art, IV. | VI van. | X. mit ji h. | IV. | VI. [vu] X. 1 | ol du éant. Cha- Mouni. nee] raté 13,379- 0,821. 11,186, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES'\ ARTS. 407 Quant aux extrêmes, le plus grand froid que nous ayons obfervé régna le 6 a’fept heures du foir; le thermomètre defcendie à Ce - au-deflous de zéro : & le moment le plus chaud tomba fur le 15 à midi; quoique le foleil fût caché par des nuages, le thermomètre monta à 8,3. Les obfervations de la plaine ne fe poufloient pas comme les nôtres jufqu’à minuit; j'ai rempli les vides par des movennes arith- métiques, & c’eft ainf que j'ai dreflé la table fuivante. Table des hauteurs moyennes du Thermomètre de Réaumur à différentes heures. 0,639. 0,457. 1,936.| 2,886. 3:743-| 4:507.| 4,714.| 3,729. 10,307.| 9,444. 17,450.119,536.119,064. sotéf,706 11,929. 18,807. 20,743.|19,486. D saterJanses On pourroit faire fur ce tableau diverfes obfervations importantes : e me bornerai aux principales. On voit d’abord que fur les hautes montagnes comme dans les plaines & dans les vallées , le moment je plus froid en été eft quatre heures du matin, ou à-peu-près celui da lever du foleil ; & qu'au Col du Géant comme à Genève, le moment le plus chaud eft à deux heures après-midi, mais qu'à Chamouni c’eft à midi; la réverbérarion des montagnes produit fans doute cette dif- férence. Au relte, il y a lieu de croire que fi l’on avoit obfervé de quart en quart-d'heure, le moment le plus chaud fe feroit trouvé À à Genève & au Col du Géant entre une & deux heures, & à Chamouni entre midi & une heure. On voit enfuire que le foleil agit avec beaucoup moins de force dans les Jieux élevés ; puifque la différence entre le moment le plus chaud & le moment le plus froid y et beaucoup moins grande. Voici cete différence dans les trois flations. Au Col du Géant 4,257 degrés, À Chamouni. . .- 10,092 À Genève... .. 11,035 Et de même il y a lieu de croire que la différence entre l'été & Phiver eft fur les montagnes moins grande que dans les plaines, ss] 1,386, 17,92 sh sors rater 18,236. 25107: 12,086. a — 16,486. oyenne; } 2,021e 14:363. D 17,285. | 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On voit encore qu'en été, les heures donc la chaleur approche le plus de la chaleur moyenne de route la journée, font : Sur le Col du Géant, un peu après fix heures du matin, & entre fix & fept heures du foir. À Chamouni, un peu avant huit heures du matin, & vers les huit heures du foir, ; À Genève, vers les neuf heures du matin, & vers fept heures du foir. Il eft aufli curieux d'obferver, que la température de la première moitié de juillet a été fur le Col du Géant, à très-peu près, la même que celle du mois de janvier dernier à Genève, Voyez Le N°. 56 du Journal de Genève, année 1788. J'obferverai enfin, que d'après ce tableau, on pourra calculer la tem- pérature de l'air à différentes hauteurs, pour en conclure fa denfité, & par cela même les réfraétions avec plus de certitude qu'on ne l’a fait jufqu'à préfenr, L'un des célèbres Aftronomes de Milan , M. Oriani, a donné, dans les Opufcules aftronomiques de Milan pour l’année 1787, un mémoire très-intéreflant fur les réfraétions. Mais il paroît qu'il a pris pour bafe de quelques-uns de fes calculs des expériences qui ne donnent pas une aflez grande différence entre la chaleur des plaines & celle des montagnes. [1 a aufli fuppofé, avec Euler, que la chaleur de l'air, à mefure qu'il- s'éloigne de la furface de la terre, décroît en progreflion harmonique, Or, cette chaleur paroît décroître dans une progrellion plus rapide & qui approche beaucoup de la prosreffion arithmétique. Je crois que l’on s'écartera très-peu du réfulrat direct des obfervations , fi l'on fuppofe que la chaleur moyenne , du moins en été, & fous notre climat, décroît d'un degré de Réaumur pour chaque centaine de toifes dont on s'élève au-deflus des plaines, En effer, on voir que la chaleur moyenne de Pair à l’obfervatoire de Genève a été 17,25, tandis qu’au Col du Géant elle étoit 2,027, ce qui donne ure différence de 15,264. Or ce Col eft élevé au-ceflus de ce même obfervatoire de 1$,5$ centaines de roïifes. De même la chaleur moyenne à Chamouni a ré 14,363, qui, retranchées de 17,285, température de l’obfervaroire, donnent 2,902. Or Chamouni étant élevé de 332 toiles au-deffus de l'obfervatoire, on devroit trouver dans la cha- leur une différence de 3,320 au lieu de 2,902; mais cette différence de 4 dixièmes de degré, vient sûrement de ce que le Prieuré de Chamouni , renfermé dans une vallée & fitué au pied d'une montagne expofée au midi, jouit d’une température plus chaude que ne le feroit celle d'une montagne ifolée de la même élévation. Ce rapport entre l'élévation & la température de l'air fe rapproche aufli beaucoup de celui que me donna l’année dernière mon cbfervation furla cime da Mont-Blanc. En effec, j'obfervai le thermomètre à — 2,3 tandis qu'il étoir à Genève à 22,6; ce qui fait une différence de 24,9. Or le Mont LR à. séfmit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 409 Mont-Blanc eft élevé au-deflus de Genève de 2257 toifes. La progref- fion du froid fut donc un peu plus rapide qu’à raifon d'un degré pour 100 toifes; mais il faut confidérer que c'éroit dans la partie la plus chaude du jour, & que la différence correfpondaure aux momens les plus chauds eft plus grande que celle qui correfpond à la chaleur moyenne. On le voit par la table précédente : la différence entre la température de Genève & celle du Col du Géant à deux heures après midi, eft de 2 degrés plus grande que celle qui répond à la tempéra- ture moyenne. J'ofe conclure de-là, qu'en attendant des expériences plus exaûtes & plus nombreufes , faites à des hauteurs égales ou plus grandes, on peut fuppofer qu'en été & entre les quarante-cing & quarante-feptième de- grés de laticude, la température moyenne de l'air décroît depuis le ni- veau de la mer jufqu'à la cime des plus hautes montagnes, d'un centième de degré par toife. En fuppofane que cette progreflion demeure la même à de plus randes LE , & en admettant avec M, Trembley , qu'un degré de froid du thermomètre de Réaumur condenfe l'air de la cent quatre- vingt-douzième partie de fon volume; fi l’on veut connoître le nom- bre de toifes dont il faut s'élever pour trouver un froid capable de réduire l’air à la moitié de fon volume , il fuit de réfoudre l'équa- x tion (5) —;+;3 d'où l’on tire x = 13320; c’eft-à-dire qu'il faudroit monter à la hauteur de 13320 toifes, environ $ fois + la hauteur du Mont-Blanc, & l'air feroit-là environ de 133 degrés plus froid que dans la plaine. Or M. Oriani, d'après fes principes, jugeoit qu'il fau- droit s'élever à une ‘hauteur plus que double, favoir à 27778 toifes. En hiver la progreflion doit être moins rapide; j’en ai déjà indi« qué la raifon. En effet, fi l’on confulte le tableau que j'ai donné des températures moyennes à différentes heures, on verra, que quoique la chaleur qui règne à Genève à deux heures après midi, c'elt-à-dire à l'heure la plus chaude ou dans l’été de la journée, furpafle de 17 de- grés = celle qui règne à la même heure fur le Col du Géant; ce- pendant à quatre heures du matin, qui eft l’hiver du même jour, cetre différence n’eft que de 11 degrés :. On peut donc conclure de-là que la différence entre les hivers des montagnes & des plaines, n'eft guère que les deux tiers de celle des étés; & qu'ainfi en hiver il fau- . droit s'élever de 150 toifes pour trouver une différence d'un degré dans la température moyenne. Mais il y a lieu de croire que ces différences entre le jour & la nuit, entre l’été & l'hiver, ne s'élèvenc point à une grande hauteur ; car puifqu’au Col du Géant la différence entre l'heure la plus chaude & l'heure la plus froide n’eft guère quele tiers de ce qu'elle eft à Ge- Tome XXXIIT, Part. II. 1788. DECEMBRE. Fff 410 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nève; il eft vraifemblable qu'à une hauteur double, c’eft ä-dire , envi- ron à 3109 toifes au-deffus de notre lac, certe différence ni: feroir que la neuvième, & qu’ainfi à fix ou fept mille toifes la température eft à très-peu-près la même le jour & la nuit, l'été & l'hiver. La pro- grefion que fuit la chaleur dans fon décroiflement doit donc être là à-peu-près moyenne entre celle de l'été & celle de l'hiver ; cefl-à-dire , d'un degré pour 125 toifes. Mais ces changemens dans la loi de la progreffion , doivent fe faire par gradations; la progreflion arithméri- ue que nous voyons régner jufquà la cime de nos montagnes, doit queq 8 Jutq même cefler à une plus grande hauteur; l'influence de la chaleur ter- reftre doit s’évanouir infenfiblemenr, & ainf les efpaces néceflaires pour la produétion d’un degré de froid doivent augmenter progrelivement ; jufqu'à ce qu'enfin on arrive à la température conftance & générale des efpaces interplanétaires. Comparaifon entre Le thermomètre au foleil & le thermomètre à l'ombre J'ais pris Les plus grandes précautions pour écarter toutes les caufes ac- cidentelles qui pouvoient influer fur les réfulrats de cerre comparaifon, J'ai employé un thermomètre dont la boule ifolée n’avoit que 2 Hignes + de diamètre; j'ai fufpendu ce thermomètre à un pieu mince de forme cylindrique, élevé de 4 pieds ? au-deflus du fol de Parrére du Col du Géant; la manière dont il étoit fufpendu le tenoit tou- jours à quatre pouces de diftance du pieu , & nous avions foin de changer fa fituation , relativement à celle du foleil, en forte qu'il ne üt jamais recevoir la réverbération du pieu. Un autre thermomètre, aufi à boule nue, fufpendu au même pieu, & à quatre pouces de dif- tance de fa furface, étoit garanti du foleil par le pieu, & indiquoit la température de l'air à l'ombre, Ces deux rhermomèrres étoient par- faitement d'accord entr'eux, lorfqu’ils étoient expofés enfemble , foit au foleil, foirt à l'ombre. La moyenne de 39 obfervations faites fur le Col du Géant m'a donné 1,723 de différence entre la chaleur au foleil & la chaleur à l'ombre , environ un degré & trois quarts. Mais comme les obfer- vations difléroient beaucoup entr’elles, puifqu'il y en avoit qui don- noient une différence de 4 degrés, tandis que d’autres n’en don- noient abfolument aucune, j'ai été curieux d'en démêler la caufe. Dans cette vue, j'ai rangé toutes ces 6bfervarions de deux en deux heures, comme j’avois fait pour les variations du baromètre; & j’ai vu avec beaucoup de furprife , que l'heure où le foleil paroîr avoir le moins d’activité eft celle de midi, & que fa plus grande influence répond aux heures du matin & du foir, qui font les plus éloignées de midi. Les cbfervations de M. Lévefque à Chamouni ont donné le même réfultat, à cela près, que l'influence du foleil a paru plus grande à Chamouni; la différence entre les deux thermomètres s’eft élevée à SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. all deux degrés & quelques centièmes, 2,063 ; la différence entre Les ex- trèmes a été 1à aufi plus confidérable ; le plus grand effec du foleil et allé à 6,6 & le plus petit à 0,1. Maisle minimum a été également à midi, & les plus grandes différences aux heures qui en nee plus éloignées. Il ny a point eu à Chamouni d’obfervation à cinq heures ni à fix heures du matin, parce que le foleil n’étoit pas levé, & il ny en aeu qu'une à fix heures du foir, parce qu'alors il étroit ordi- nairemênt ou couché ou caché par les nuages. L’obfervation de cinq heures du matin au Col du Géant a été aufli unique, Différences moyennes entre le Thermomètre & le Thermomètre au Jfoleil à différentes heures. IV. | VI. yes] Ne [vr vu Col du Géanr. |3»800-/2,083.12,335.|1,229.|0,333.|1,140.|1,733./2,000.| 1,723. | [ 33562: |2:077.|1,222e 1867. [1340 2,300.| 2,063. { À Quelle eft Ja raifon de ce phenomène ? Pourquoi l’aétion du foleil fur le thermomètre paroît-elle plus grande le matin & le foir qu’au milieu du jour? On feroit d’abord tenté de croire que la chaleur di- recte paroifloit moins à midi, parce qu'elle étoit moins grandeen com- paraïifon de celle que l'air avoit acquife. Mais cette explication n’eft pas fuffifante, puifqu’au Col du Géant le minimum de lation di- rete du foleil ne tombe pas fur le r2aximum de la chaleur de l'air; çar à deux heures, la différence entre les deux thermomètres eft plus queftriple de ce qu’elle eft à midi, quoique la chaleur abfolue de Vair ait auf augmenté dans çet intervalle. Je crois qu'il faut joindre à cette confidération celle de l'agitation de l'air, qui eft en général plus grande au milieu du jour, & qui dérobe alors au thermomètre une partie de la chaleur que le foleil lui donne; je vois du moins que les momens des plus grandes différences entre le thermomètre au foleil & le thermomètre à l’ombre font tombés fur des tems de calme parfait. Mais ce fingulier phénomène mérite d’être éclairé par. des expériences qui , foient expreflément deftinées à manifefter le degré d'influence de chacune des caufes auxquelles on peut l’attribuer. Cependant , quelles que foient ces caufes, on peut conclure des faits que je viens d'expofer, & de la grande inégalité de laétion des rayons folaires fur la boule du thermomètre , que c'eft avec bien de la raifon que Tome XXXIIT, Part. 11, 1738. DECEMBRE, Fffz 412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MM. Roy, Schuckburoh, Trembley, ont prefcrit d'oblerver le chermo- mètre à l'oinbre pour la correction de la mefure des montagnes par le baromètre, En effet , on doit être bien convaincu que ce n'eft point dans Ja chaleur de l’air qui environne le thermomètre expofé au foleil , qu'il faut chercher la caufe de la fupériorité de fa chaleur , mais dans l’action directe des rayons du foleil fur ce thermomètre, Car lorfque le thermo- mètre à l'ombre n’eft garanti du foleil que par un bâton d’un ou deux pouces de diamètre, comme l’air, quelque tranquille qu'il paroïfle n’eft jamais dans un état de ftagnation parfaite , il eft impollible de fuppofer qu'en traverfant Ja moitié de la largeur de cette ombre, il ait le rems de fe refroidir de 2, de 3, & même d’un plus grand nombre de deurés. Je penfe donc , comme les favans que je viens de nommer, que le thermo- mètre à l'ombre, du moins à l'ombre d’un corps très-étroit , indique la véritable température de l'air. Je ferois même difpofé à croire que les anomalies que M. de Luc a trouvées dans les mefures des montagnes, prifes à l’aide du baromètre le matin & le foir, viennent en orande partie de ce qu’à ces époques-là le thermomètre expofé au foleil , d'après lequel il corrigeoit fes obfervations, eft fujet à fes plus grandes anomalies. La fuite au mois prochain. N'OUVE LLES PREUVES De la grande affinité du Charbon pour le principe inflammable ; Par M LowiTz: à Extraites des Annales Chimiques de CRELL, de 1788, 6 traduites de Allemand, par M. CourET, Eléve en Pharmacie. JE vois de jour en jour, avec le plus grand plaifir, que les expé- riences que j'entrepris il y a à-peu-près trois ans, fur l’'afinité du charbon pour le principe inflammable, par la voie humide, offrent non-feulement une carrière très-vafte pour des expériences très-agréables, mais encore elles préfentent en même-tems plufieurs avantages dans les différentes opérations chimiques. Le charbon eft non -feulement d'une très-grande utilité, confidéré comme matière combuftible dans les opérations pharmaceutiques , mais encore il eft devenu un agent chimique indifpenfable dans beauconp de ces circonfiances. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 ” Voici un réfultat abrégé des nouvelles expériences que j’ai faites [ue cette matière : : 1°. L’acide marin eft décompofé par les charbons, ainfi que l'acide pitreux, comme l’a obfervé M. Lichrenflein ; mais je n'ai remarqué aucune diflolution dans la poudre de charbon reftante dans la retorte, peut-être parce que mon acide marin éroit trop foible, 2°. Les acides végétaux ne font point décompolés. J'ai diftillé du vinaigre concentré par la gelée, felon ma méthode, dix fois, fur de la poudre de charbon, fans qu'il füt du tout affoibli par-là. J'ai faic la même remarque fur l’acide tartareux pur, & j'en ai faic bouillir trois onces à différentes reprifes , avec dix-huit onces de poudre de charbon , dans une cucurbite de verre bien lutée. 3°. Tous les acides, principalement les minéraux , enlèvent une petite portion des principes fixes du charbon , & forment avecebx différens fels neutres, fuivant la nature de l'acide employé. Les acides végéraux n’agiflenc que très-peu fur ces mêmes principes, & leur aétion y eft fi peu confidérable , qu'on ne pourroit pas avoir le plus petit foupçon de pouvoir les purifier par ce moyen-là. 4°. Les fucs rouges de grofeilles & framboifes ayant fubi l'ébulli- tion avec de la poudre de charbon, furent abfolument décolorés , & rendus clairs comme de l’eau, ils perdirent aufli en même-tems leur grande rendance à la moiliflure : la teinture de tournefol éprouva le même changement. 5°. L'huile de lin & de chenevis, étant fouvent agitées pendant quelques jours dans une bouteille, avec des charbons réduits en poudre, & un peu d'eau, perdirent leur couleur brunâtre & leur odeur parti- culière ; de forte qu'elles acquirent l’afpe&t d’une hüile d'olive bien tranfparente, Ceci pourroit avoir peut-être fes avantages dans la peinture à l'huile; du refte, l'huile de chenevis devient très-rance. 6°. Dans la diftillation &e lhuile animale de Dippel, les charbons ne me parurent pas y avoir produit aucun effet avantageux. 7°. Un effec des plus furprenans, eft celui que produifent les charbons fur la viande putréfiée, laquelle perd , non-feulement fon odeur piquante infupportable , mais encore elle répand une odeur agréable d’alkali volatil pur, aufli-tôt qu'on la mêlange bien avec des charbons incandefcens, même quand elle feroit à fon plus grand degré de putréfaction. Ce phénomène remarquable ne provient point cependant de la vertu antiputride des charbons, parce que je me fuis afluré, par d’autres expériences , que la viande fraîche, traitée de même avec des charbons, donne une odeur agréable d’alkali volatil; néanmoins elle fe réduic en une bouillie très-molle. Ainfi, la poudre de charbon paroîc porter fon action fimplement fur les vapeurs de la viande entrée en purré- faction, c'eft-à-dire, qu'il pompe les parties phlogiftiques de ces 4t4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, émanations par fa grande tendance avec le principe inflammable, & qu'il laifle dégager par-là l'alkali volatil fous un état de pureté. 5°. Le miel diffous dans l'eau, & bouilli avec de la poudre de charbon, perd entièrement, en peu de tems, fon goût propre; de forte qu'on peut s’en fervir en place de fucre pour édulcorer le thé, le café, le punch, &c. fans la moindre différence. : La Societé Economique d'ici me fit l'honneur, il y a peu de tems, de me donner fon äpprobation pour continuer à préparer le miel pour le thé. 9°. La poudre de charbon peut être employée avec le même fuccès dans les raffineries à fucre, pour clarifier ce dernier fyrop brunâtre (Peau mère)-reftant, en ayant foin de le délayer dans l’eau, & en- fuite, en le faifant bouillir avec une quantité convenable de charbon, LäMiflolurion du fucre devient alors, non-feulement très-limpide , mais encore elle perd toute fon odeur particulière, & acquiert le goût du fugre purifé. 20°. L'eau mère, préparée par la criflallifatiop avec l’alkali faturé de la partie colorante du bleu de Prufle, fuivant la méthode de M. K{/aproth , étroit entièrement brunâtre, & tellement faturée par le fer, quil m'’étoit impofñlible d'en obtenir aucun fel pur par les moyens ordinaires; mais aufh-tôc que je l’eus fait bouillir à diffé- rentes reprifes avec de la poudre de charbon, la liqueur devint abfolument tranfparente, & fournit des criltaux, qui, après y avoic verfé de l’acide marin concentré , commencèrent à devenir bleus quatorze jours après. Voici encore un effet des charbons, que chaque chimifte apprendra avec plaifir. 11°. On peut faire la terre foliée de tartre beaucoup plus blanche, fans Mr Ja de charbon, qu'on ne la faifoir autrefois en la calcinant très-fartement (travail qu'on ne pourroit tolérer), lorfqu'on la prépare fimplement avec du vinaigre qui a été diftillé fur une quantité aflez fufifante de charbon ; mais fi on ajoute encore du charbon pendant l'opération , elle devient d’une blancheur éblouiffante. 12°. Les eaux mères brunätres, & forrement empyreumatiques de l'acide tartreux que j’avois confervé depuis long-rems, ayant été traitées avec de la poudre de charbon , je fuis parvenu facilement à les clarifier & à en obtenir de beaux criflaux. 13°. Maintenant les charbons me font devenus de même indifs enfables dans la préparation de mon vinaigre concentré par la gelée (alcohol aceti) , felon ma méthode, Je diftille dans une cornue au Bain de fable quinze livres de vinaigre concentré par! la gelée, fur des charbons en poudre, jufqu’à ficcité, & en le redtifianr de même fur de la poudre de. charbon, j'obtiens un efprit de vinaigre des plus forts & des plus agréables, L'effet que produifenc les charbons dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 415 cette circonflance fur le vinaigre elt étonnant, lorfqu'on réfléchit {ur ce qui feroit reflé, f1 on avoit diftillé ainfi un vinaigre chargé de toutes fes parties falines & mucilagineufes , comme le vinaigre ordi- naire même, faos aucune addition de charbon, & avec le même degré . de feu jufqu'à ficcité. Le charbon en poudre doit être employé ici en grande quantité: de forte que toute la quantité de vinaigre defliné pour étre difillé , doic être abforbée entièrement par le charbon , au point quil faut mettre le rout dars la cornue fous forme pulvérulente. 14°. Des expériences nouvelles mont appris. que Peau-de- vie de froment peut être débarraflée entièrementde fa mauvaile odeur & de fon goür, fans l'intérmède dela difillation , & fans concurrence de chäleur , fimplement par l'addition de la douzième partie de poudre de charbon , en remuant de tems en rems le mélange dans une bouteille, Ce qu'il y a ici encore de plus remarquable , c'elt que cette odeur particulière difparoïr à l'inftanr de ce mélange, & que l’eau-de-vie dépofe totalement Ja couleur jaune. que le tonneau lui avoit communiquée : fi on ajoute en même-tems que Je charbon ure certaine quantité. de miel À cetre eau-desvie ; on obtient une eau-de-vie douce très-agréable, : . 15”. Etant curieux de favoir commenc fe comporteroit le charbon en poudre avec les extraits gommeux des végétaux, je fs diffloudre quatre gros d'extrait de quinquina dans l’eau, & je fs bouillir la folution dans un matras avec de la poudre de charbon; après avoir réitéré airfi ce travail plufieurs fois avec de la nouvelle poudre de charbon, & leflivant chaque fois le rélidu, je parvins à, obrenir,-cetre folution tour-à-fait claire; elle avoic feulemenr un petit. goûe falin, mais) point d’odeur. - Ma furprife ne fut pas petite; lorfqu'après une évaporation fpon- tanée de route Phumidité, je vis qu'il me reflcit à peine dix grains d’un fel déliquefcent à l'air, & ayant le goût du fel digeftif (el marin de potafle) qui étoit criltallifé en partie. Ce phénomène extraor- dinaire mérite d’être éclairci par des expériences ultérieures; 16°. Le rélidu de l’eau-de-vie de froment redtifiée fur le charbon, eft äbfolument fans goût ni odeur, & outre cela, tranfparent. Il n'en eft pas de même de l'eau-de-vie qu'on a rectifiée fans intermède , puifque le réfidu eft brunâtre, ayant une mauvaife odeur & un goût très-défagréable ; fi par hafard on poufle trop loin la difillation , Je phlégme furabondant qui pañle neft point trouble, & n’a aucune mauvaife odeur comme à l'ordinaire; mais au contraite , il pafle tou- jours fans odeur & clair comme l'efprit-de-vin. 17°. J'ai diftillé fur des charbons une certaine quantité d'eau-de-vie, laquelle j'avois diftillée auparavant avec du fenouil, l'efprit qui pafla 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avoit perdu toute fon odeur de fenouil, & le réfidu fe trouva auf privée de toute odeur étrangère. 18°. L'éther vitriolique n'éprouve aucun changement par le charbon en poudre, 19°. Dans la leffive brune d’un alkali rendu cauftique par la chaux, les chatbons ne produifirent aucun effer fenfible. 20°. Si on mélange une liqueur quelconque, même de l’eau dif- tillée avec des charbons, il fe dégage, par l'agitation, une grande quantité d’air, dans lequel une lumière s'éteint aufli-tôt, Si on continue à tenir la chandelle expofée à cet air, on verra qu'il devient bientôt propre à entretenir la combuftion. : 21° Si on expofe aux rayons du foleil un mélange d’eau & de charbon , fous une cloche remplie d'eau, l'air s'en ‘dégage. Je n'ai as encore eu le terms d'entreprendre d'autres expériences fur cet air. 22°. Chaque charbon, de quel règne de la nature qu'il foir, pofsède cette grande propriété de déphlogiftiquer , aufli-tôt qu'on a détruit toutes Jes parties huileufes qui entrent dans fa compofition , ou pour mieux dire aulli-tôt qu'il eft réduit en charbon. J'ai fait des expériences, outre les charbons des végéraux , avec les charbons de la corne de cerË, celui dé lhuilé de corne de cerf, celui de charbon de terre, & enfin , celui de l'acide tartareux pur, préparé fans addition de charbon. Ce dernier charbon , de l’acide tartareux , prouve fans réplique, fuivant moi, que la très-petite quantité de manganèfe, qui fe trouve dans les charbons des végétaux, n’eft pas la caufe principale des phénomènes particuliers ‘du charbon; car, fuppofé qu'on peut montrer lexiftence dé: la mangañèle dans les charbons des animaux , il n’éft pas pofhble au moins de la démontrer dans le charbon de l'açide tartareux, pur 3 & par le moyen de ce dernier charbon; on peur parvenir à rectifier toures les huiles empyreumatiques, comme avec du charbon de bois ordinaire. ÿ 23% La poudre de charbon , qui eft déjà faturée du principe inflammable , perd de cette propriété ; & elle l'acquierc de rechef, lorfqu'on la fait rougir fortement dans des vaifleaux: clos. , 24°. La purification du tartre crud par les charbons ; eit aufli très. avantageufe. Parmi beaucoup de ces expériences, on remarque,un grand nombre de phénomènes particuliers qui fe: préfentent! dans différentes circonf= tances, & on devroit fur-touc s'occuper de leur examen pour. pouvoir apprécier le grand rôle que jouent les charbons, fi intéreffans pour la chimie; c’eft pourquoi je pourfuivrai cet objet, en faifanc de nouvelles expériences, aurant que mes affaires particulières me Je per- mettront, & je prendrai la liberté de vous faire part de mes fuccès, I SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 417 J1 y a peu de tems que je parvins à féparer la partie fucrée du miel fous une belle forme. J'aurai aufi l'honneur de vous en inftruire pe particulièrement aufli-tôt que j'aurai terminé mes recherches fur a nature & les propriétés de celle-ci, d’avec le fucre ordinaire, qui paroiflene , dans leur état naturel, être des fubftances fucrées te différentes. . LOEST'T'R-E DÉE ACT ITEN.C Rir% AM. DELA MÉTHERIE, SUR LA COMPOSITION DE LÊTHER. Monsreur À Quoiqu'il y ait peu de compofitions qui aient autant occupé les Chimiftes que celle de l’écher, & que cetre matière foit , en quelque forte, épuifée, je crois pouvoir placer encore un mot fur la mañière d’en féparer, fans embarras ni perte, l’huile douce & l’acide fulfu- reux volatil; car il n’eft ici queltion que de l'éther vitriolique. M. Pelletier a confeillé de fe fervir de la manganèfe, & de traiter la faturation à vaifleaux'clos. Ce procédé eft bon : cependant l’Auteur convient que l’éther qui en réfalte doit être plutôt appliqué à l’ufage des arts qu'à celui de la médecine, & il revient à l'emploi de l'alkali fixe aéré pour lécher des Pharmacies; comme ayant une qualité de plus que la manganèle, celle de diminuer la quantité de l'huile douce volatilifée pendant la diftillation de l’éther. à Les obfervations que j'ai l'honneur de vous préfenter, Monfieur, regardent également cette faruration. Le moyen que je mers en ufage préfente, dans un degré plus grand & plus prompt, le double avantage qui afluroir la préférence à l’alkali aéré. Je fupprime ici tous les détails connus fur la préparation de l'éther, & je le fupvofe extrait en première diftillation , au premier apperçu de l'acide fuifureux volatil ; j'y mêle alors de l'alkali volatil Auor un peu érendu d’eau : la partie vide du flacon fe remplir bientôt de vapeurs blanches , par l'effec d’une faturation opérée entre deux fubftances falines très-volatiles, Ea faturation eft d’autant plus prompte, qu’elle a lieu en même-rems & dans la mafle du liquide, & dans fon armofphère de vapeurs ; il Tome X XXII, Part. Il, 1788. DECEMBRE, Ggg 418 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft d’ailleurs plus facile d'en prévoir le point abfolu par la diminution des vapeurs blanches. À ce premier avantage, fe joint celui d’éviter l'effervefcence ; qui a lieu avec l’alkali fixe aéré; & qui diffipe les parties les plus légères de l'éther : avec une indication aufñli certaine, le Chimifte exercé ne craindra jamais la furabondance d’alkali volatil dans fon éther. Quelques Chimiftes regardent le lavage de l’éther comme inutile ; pour ne pas dire préjudiciable , parce qu'ils croient que l'effet le plus certain qui en puille réfulter, eft d'en diminuer la quantité. Il eft vrai que le mélange d'une portion d’efprir-de-vin#tavec l'éther, rend celui-ci très-mifcible avec l’eau; mais comme l’efprit-de-vin pafle lui- même dans l’eau, ce doit être une raifon de plus pour ne point abandonner le lavage modéré. 11 arrive que prefque routes les fois qu'on le néglige, le fel diflous dans l'éther faturé fe raflemble fous la forme de perites écailles dans le fond de la cornue pendant la retification, & qu'il occafionne dans la mafle des fecoufles & des foulèvemens qui tiennent de bien près à l'explofion. Je me fuis tou- jours bien trouvé du lavage. Avec linrérmède que je viens d'indiquer, il faut peu d’eau pour débarrafler l’éther faturé d'une partie de fon efprit- de-vin, & de prefque tout fon fel; cette eau foutirée de l’éther con- tient un peu de cette liqueur. On la met en réferve pour en extraire l’éther dans une autre circonftance que j'indiquerai. S Perfonne ne peut douter que l'écher faturé par l’aikali volatil Auor; que je propofe & rectifie enfuire de manière à n'en extraire que les deux tiers à-peu-près, ne foit entièrement dépouillé de fon acide fulfureux , & ne contienne moins d'huile douce que celui traité par la méthode ordinaire. En effec, celui que je prépare ainfi eft très-fuave, d'une Auidité très-grande, & d’une volatilité fupérieure à celle d'un éther très-redifié , mais pour lequel on n’auroit employé que l'alkali. fixe aéré: (j'appelle ici éther crès-rectifié , la portion de cetre liqueur qui gagne le troifième ballon pendant la rectification.) On en obrient auf une plus grande quantité fur une mafle donnée de matières à traiter, parce qu'il s'y trouve la portion volatilifée par l'effervelcence qui a lieu en fuivant la méthode ordinaire (+). J'expofe ici Les réfulrats de quelques expériences comparatives faires, 1°. fur l’éther rectifié fuivant la méthode que je propofe ; 2°, fur lécher le plus rectifié , extrait du troifième ballon , & qui avoit été (x) Les perfonnes qui tiendront à l’ancien ufage pour dépouiller léther de fon acide fulfureux , pourront éviter cette perte de liqueur diffipée par l’efférvefcence , en ne faturant que dans des flacons armés de tuyaux de verre recourbés, & communi- quant dans deux flacons remplis d’efprit-de-vin. Cet efprit-de-vin impregné d'éther peut Servir à la préparation de la liqueur extemporanée d'Hoffmann. : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 faruré par l'alkali fixe aéré ; 3°, fur lécher oMicinal, c’eft-à-dire, l’éther rectifié à la dofe de douze livres, & dont on avoir féparé fi fix onces d’éther très-rectifié, Ces trois liqueurs feront repréfentées dans le tableau füivant, par les n° 1, 2, 3. TABLEAU COMPARATIFIDES EXPÉRIENCES RER SUR LES TROIS ESPECES DÊTHER. r n à Narre ST Ca ae nfonmaror à| ce d'érher expofe des éthers | onced’eau dif.| “*° ofe du flacon aréamèrre, pendant 20 heures ie - lon- ie employés. | tile, le cher-| 6 dans des vafes egaux plon : Re men mométre à 8| ges dans de l’eau froide, D Leur pefanteur Ras Dr 2 Jpécifiquepri- Et ] Je dans un acion: de demi A ô repeé 6 he UTeS) Ur 0. a abfolu. x RO 20 minutes & 20 fecondes.f° ses grains gros. grains.\IL eft refté 1$ gouttes d’eau 4 NPor. ls 63 Z parera que de la chaux de zinc, Quand celle-ci eft féparée , il faut » traiter de nouveau la chaux avec l'acide nitreux , auquel on ajoutera » du fucre, ou ce qui vaut encore mieux, avec de l'acide acéteux; » afin que l’un ou l’autre fépare la manganèfe s'il s’y en trouve. On peuc h'] >» se après cela diffoudre dans l'acide marin la chaux de fer qui refte, & la précipiter par l’alkali minéral; ou bien on peut la calciner >» ultérieurement, & puis Ja pefer ». Cette méthode n'étant que la réu- nion de celles de Bergman, dont j'ai traité ($. IT, IV, V), eft fujetre aux mêmes objections & aux mêmes inconvéniens que j'ai pro- pofés aux méthodes de Bergman; c’eft pourquoi je me contenterai de dire que fi la mine eft fort oxidée, l'acide nitrique pourra féparer, après diverfes opérations, l’oxide de zinc de ceux de fer & de mans TER EI De A nm ré NE M < — “" NT M Le — Ve Po (1) Page 325,tome II de fes Opufcules chimiques, traduits par M. de Morveau. (2) Page 293, de fes Elémens de Minéralogie, traduits par M, Gibelin. ' È ganèfe ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 441 ganèfe ; mais que bien loin de difloudre après que la mine eft calcinée, l'oxide de manganèle , fañs toucher à celui dé fer, par le moyen de l’a. cide acéreux ou de l'acide nitrique avec un peu de fucre, ces deux acides diffoudront peu des oxides, mais plus de l’oxide de fer que de celui de manganèfe, & j'ai dit les raifons que j'ai pour l’avancer, S'MVE $. IX. Voyant donc qu'aucune des méthodes dont j'avois connoif- fance n'étoit aflez exact: pour déterminer au juite la quantité de zinc & de manganèfe que les mines de fer peuvent contenir, je me fuis occupé à en chercher une qui puifle féparer les oxides de ces trois métaux, & après différentes tentatives inutiles, je me fuis déterminé à employer l'acide acéteux, fondé far ce que l’acétite de fer fe décom- pofe au feu plus facilement que l'acétite de zinc. J'ai commencé mes premiers eflais en mêlant l'acide acéteux avec l’oxide blanc de zinc, qui sy eft diffous très-aifément. L'oxide de fer précipité de l’acide mu- riatique par l'eau de chaux, ne fe combina qu’en petite quantiré avec l'acide acéteux, lequel diffolvoit une plus grande portion d’oxide de manganèfe, récemment précipité du même acide muriatique. D’autres eflais me firent connoître que l'acide acéreux ne diffout pas à froid Poxide noir de manganèfe ni l'oxide rouge de fer , & que par le moyen de l'ébullition, il ne diffout qu'une Sd partie de ces deux oxides , quoiqu'un peu plus de celui de fer; j'ai conclu de ces expé- riences qu'on pouvoit féparer par le moyen de l'acide acéteux à froid les oxides de manganèfe & de fer, de celui de zinc, après voir for- tement calciné la mine; comme auffi un mélange de manganèfe & de zinc, en les calcinant de manière que le manganèfe devienne noir; car à ce degré d’oxidation , ‘il n'eft point difloluble dans l'a- cide acéreux ; & l'oxide de zinc, quelque temps qu’on le tienne au feu, fe difflout facilement dans cet acide. $.X. Ayant beaucoup mieux réufli dans ces premiers effais quejenemy étois attendu, j'ai voulu eflayer fi les différens degrés de décompol- tiog au feu de nos trois oxides me fourniroient de nouveaux moyens de pouvoir les féparer exactement, pour cela j'ai mis dans une capfule une portion d'oxide brun de fer, avec un peu plus de fon poids d'a cide acéteux, que j'ai fait évaporer au bain de fable; jai retiré la capfule auffi-tôt lévaporation finie, & ayant bien lavé le réfidu dans l'eau diftillée, & filtré cette eau , j'ai trouvé que le prufliate de chaux lui donnoit une couleur bleue, à peine fenfible, & que les autres réac- tifs nindiquoient pas lexiftence du fer; par conféquent, que tout l’a- cétite ( fel acéteux ) qui s'étoit formé au commencement de l'évapo- ration s'étoit décompolé fur la fin, & qu'il n’y étoisrefté qu'un oxide de fer. Dans une autre expérience , j'ai fait évaporer l'acide acéreux fur l'oxide de zinc, & après lavoir retiré du feu prefqu'aulli-tôt Ja Tome XXXIIT, Part, IT, 1788. DECEMBRE, Kkk 442 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, liqueur évaporée , j'ai verfé de l'eau diftillée fur ce réfidu, qui l'a diffous entièrement, & ayant répété bien des fois cetre expérience, je me fuis apperçu que quand on ne rétiroit pas du feu la phiole aufl- tôt que l'évaporation étoit finie, une partie de l’acétire fe décompo- foir, & perdoit fa diflolubilité dans l'eau. Après diverfes expériences femblables aux précédentes, & faites par l'évaporation de l'acide acé- teux fur les différens oxides de manganèfe, je puis conclure, 1°. qu'une grande partie de l'oxide noir ne fe combine pas avec ledit acide; 2°. que la plus grande quantité de l’oxide brun forme un acétite, & devient par conféquent foluble dans l'eau; 3°. que le carbonate €e manganèfe fe décompofe, & fe change prefque entièrement en acétite de man- ganèfe. Ces rélultats avec le fecours de quelques autres connoiïffances de chimie, font, à ce que je crois, fufhfans pour déterminer lequel de ces trois oxides fe trouve dans le minérai; quelle en eft la quan- tité, & quel peut être dans chacun leur degré d'oxidation , qui font les trois chofes auxquelles on doit fouhaiter de parvenir dans certe analyfe. Je fuppoferai, pour être mieux entendu, que la mine ne con- tient pas d’autres fubftances que les oxides de fer, de zinc & de manganèle; mais avant de commencer l’analyfe , il eft bon de diftin- guer par la couleur de la mine fi elle eft peu ou fort oxidée ; dans le premier cas, on commeïira en faifant évaporer deux cents grains d'acide acéteux fur cent de minérai bien pulvérifé; on lavera le ré- fidu de l'évaporation dans l’eau diftillée; on la filtrera, & fi en y verfant de l’eau de chaux, il ne fe formoit pas un précipité fenfble, ce feroic une preuve certaine que la mine ne contiendroic point de l'oxide de zinc ni de manganèfe; mais fi, au contraire, le prufliate de chaux ne bleuifloit que très-lécèrement certe diflolution, & qu'il formät abondamment un précipité rougeâtre, & que l’eau de chaux produisit des Aocons blancs , lefquels expofés quelque temps à l'air, ne deviennent pas bruns, on eft alors affuré que la mine ne conte- noit que de l’oxide de zinc; maïs comme il arrive ordinairement que par la première évaporation on n'obtient pas tout l’oxide de zinc con- tenu dans la mine, on recommencera Îles évaporations jufqu’à ce que verfant de l’eau diftillée fur le réfidu de la dernière, cette eau ne diflolve plus rien; alors on mettra enfemble les diflolutions qui pro- viendront de toutes les évaporations précédentes, & on verra, par le moyen du prufliate de chaux, s’il ne s’eft pas féparé un peu d’oxide de fer avec celui de zinc; dans ce cas, on précipitera l’oxide métal- lique par un carbonate alkalin (alkali effervefcent); on fera de nou- veau une évaporation fur ce précipité, & par-là loxide de fer fe trou- vera entièrement@dégagé de celui de zinc. On parviendra à détermi- ner la quantité refpective de ces deux oxides par trois méthodes diffé- rentes, qui ont chacune leur avantage : 1°. en pefant Poxide de fer LE. me pe sal = asp sale Te DT et je ETS PE SUR L'HIST. NATUREELE El LES ARTS. 44 qui reftera après toutes les évaporations, & en attribuant à l'oxide de zinc , tout ce quil lui manquera jufqu'à cent grains; 2°. en préci- picant l’acérite ou fel acéreux de zinc par l’eau de chaux, & après avoir bien fair fécher le réfidu, ce qui lui manquera du poids des cent grains, fera la quantité d'oxide de fer; 3°. en décompofant au feu tout l’acétire de zinc, on obtiendra l’oxide de zinc; & ce qu'il pefera de moins des cent grains, fera le poids de loxide de fer. Mais fi l'eau de chaux, au lieu de former un précipité en Bocons blancs, en formoit un d’un brun clair, fans aucun mélange de blanc, & que le tout devint noir par la calcination , ce feroit une preuve que la mine contenoit un oxide de manganèfe & non celui de zinc ; alors on ob- tiendra tout cet oxide de manganèfe en répétant les évaporations de la même manière que nous l'avons indjqué pour l’oxide de zinc ; on connoîtra par le moyen du prufliate de chaux s’il ne s’étoit pas fé- paré un peu d’oxide de fer avec celui de manganèfe, car alors le pruffiate de chaux bleuiroit confidérablement la diffolution; dans ce cas, il faudroit recommencer les évaporations fur ces diflolurions, juf- qu’à ce que le minérai ne donne plusde manganèfe; on déterminera enfuire fon poids par un des trois moyens que je viens d'indiquer. Si en précipitant la diflolution par l’eau de chaux, il fe formoit un précipité brunâtre, ou qui devinr brun peu de temps après, & qu'il füt fuivi d'un autre en flocons blancs, plus léger que le premier, il feroit alors manifefte que les oxides de zinc & de manganèle fe trou- voient réunis dans ce minérai; & en les féparant totalement de celui de fer par le moyen des évaporations, on fauroit au jufte le poids de l'oxide de fer & celui du mélange des deux autres; on calcinera enfuite ces deux derniers, & on verfera deflus de l'acide acéreux , lequel diffou- dra, à froid feulement, l’oxide de zinc, & on répérera cette opéra- tion jufqu'à ce qu'on n'en tire plus d'acétite de zinc. On connoîtra s’il ne s'eft pas mêlé un peu d’oxide de manganèle avec celui de zinc, en précipitant celui-ci par l’eau de chaux, & en laiflant ce précipité expofé à l'air pendant quelque tems, ou bien en le calcinant. Si, avec ces procédés , il ne devenoit pas brun, le zinc ne cortiendroit point d’oxide de manganèle, & en pefant l'un des deux, ‘on fauroit le poids de l’autre, puifqu'on connoifloit le poids du tour, Ce que j'ai dit jufqu'ici ne regarde que le cas où le minérai ne feroit qu'un peu oxidé, mais sil l'étoit beaucoup, on ne pourroit pas féparer, en employant le même procédé, l’oxide de manganèfe de ceux de fer & de zinc, car l'acide acéteux ne diffout par l'évaporarion que très peu d’oxide noir de manganèle; mais on parviendra facilement à priver la mine de cet excès d'oxigène, en la faifant diffoudre dans de l'acide muriatique, & en la précipitant enfuite par l’eau de chaux. $. XI. Dès qu'on eft parvenu à connoître le poids de chacun des Tome XXXIIT, Part, IT, 1788. DECEMBRE. Kkk 2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, oxides dans le degré d’oxidation où ils fe trouvoienr à la fin de l’a- nalyfe, il ne refle plus qu'à déterminer la quantité d'oxigène qu'ils cantenoijent quand ils formoient le minérai; car on fe tromperoit fort fi, pour déterminer la quantité du métal que le minérai contenoit, on prenoit les oxides tels qu'on les trouve à la fin de l’analyfe, puif- que tous les chimiftes favent que les calcinations & les diflolutions en font varier confidérablement les degrés d'oxidation : fi donc on préféroit, après avoir féparé les oxides, de les réduire en métal, cha- cun en particulier par le moyen du charbon, ces réductions feroient difficiles & peu exactes pour l’oxide de fer, & prefque impraticables avec l’oxide de manganèfe, principalement quand il s'agit d’une très- petite quantité, Après avoir müûrement réfléchi fur ces difficultés, je crois qu'il vaudroit mieux juger du degré d’oxidation de ces trois oxides par la couleur que préfente le minérai, fur-tout fi on fait attention que dans le cas où il y a du manganèle dans une mine de fer fort oxidée, ce manganèfe doit y être dans l’état d’oxide noir, puifqu'il s'oxide plus facilement que le fer; comme dans toutes ces mines le fer y eft toujours en plus grande quantité qu'aucune autre fubftance , on pourra juger par fa couleur du degré de fon oxidation , en lui fup- pofant toujours une couleur un peu plus claire que ne le préfente la mine, puifque le mélange de l’oxide noir de manganèfe qui s'y trouve doit le rendre plus foncé dans fa couleur. Si la mine de fer ne con- tenoit que de l’oxide de zinc, il fera alors plus facile d'en juger du degré d’oxidation, parce que cer oxide fe trouve toujours blanc, ou d’un jaune pâle dans les mines, & fe montre blanc dans le pré- cipité des diffoluriohs; äinfi on pourra juger par fon poids à la fin de Vanalyfe de ce qu'il péfoit dans la mine, Il eft inutile d’avertir qu'on doit alors attribuer à l’oxide de fer une couleur plus foncée que celle que préfente le minérai. En connoiflant par ce que je viens de dire dernièrement , le degré d’oxidation dans lequel fe trouve chacun de ces oxides quand ils conftituoient la mine, & fachant par les moyens que j'ai déja indiqués, leurs poids rels qu'on les obtient à la fin de l'analyfe, il feroit très-facile de favoir, par le moyen d’une regle de trois, combien chacun d'eux pèfe dans la mine, & par conféquent, le poids de chacun des métaux; fi nous avions une table exacte où on eût marqué la quantité d’oxigène & de métal qui appartenoit à cha- que variation des couleurs ; mais par malheur, cette table, quoique commencée par deux célèbres chimiftes, Beroman & Kirwan, fe trouve encore bien incomplette. IL feroit à fouhaiter que quelqu'un des favans qui, par l'exactitude de leurs expériences, & par la juftefle de leurs raifonnemens, ont tant avancé & fimplifié cette branche importante de la phyfique; il feroit à fouhaiter, dis-je, que quelqu'un d'eux s’occu- SUR L'HIST. NATURELLEET LES ARTS, 445$ pât à perfectionner & à completter cette table, dont le befoin fe faic fentir dans prefque toutes les opérations de chimie. $. XII. Hi feroit injufte d’avoir parlé des difficultés & des imper+ fections que j'ai cru trouver dans les méthodes que je connoiflois pour analyfer les mines de fer, fi je pañlois fous filen:e celles que j'ai éprouvées dans celles que je viens de propofer : il y en a deux prin- cipales; la première eft que je ne connois aucun figne certain qui puille faire juger du moment où tout lacétite de fer s'eft décompolé, avant que Pacétite de zinc ou de manganèfe commence à fe décompofer ; il peut arriver en outre qu'avant que les dernières particules de l’acé- tite de fer fe foient entièrement décompofées , les premières de l’acétite de zinc ou de manganèfe commencent aufli à fe décompofer. Ayant répété plufieurs fois ces expériences, j'ai jugé que le plus für étoir d'ôrer la capfule du feu à l'inftant même que l'évaporation de l'acide acé- teux étoit finie. Ea feconde difficulté provient de ce que pour obtenir une féparation complerre, il faut répéter plufieurs fois ces diverfes évapo- rations, & qu'en chacune on perd toujours quelque chofe ; on trouve à la fin que cette perte eft confidérable. $. XIII. J'ai fait plufieurs autres expériences avec des mêlanges ar- tificiels , defirant parvenir à connoître jufqu’à quel point on pouvoit poufler l'exactitude de l’analyfe par le moyen que je viens de propofer. Il feroit ennuyeux & peu utile de les rapporter toutes en détail, fur- tout celles où je n'ai changé que le degré d’exacitude avec lequel je Les ai faites; je décrirai feulement le rélultat d’une feule de chaque efpèce. 1°. J'ai mis dans une capfule de verre cent grains d'oxide de fer , avec dix grains d'oxide de zinc, & j'ai fait évaporer fur ce mé- lange deux cents grains d'acide acéreux: après avoir fait bouillir fur ce rélidu de l'eau difillée, j'en ai fltré la diflolution, laquelle pre- noit, avec le prufliate de chaux, une couleur bleue peu fenfible; je l’ai précipité par l'eau de chaux, qui forma un précipité blanc par flo- cons , lequel étant bien fec, pefa fept grains. J’ai répété la même opé- ration fur les quatre-vingt-trois qui reftoient , & j'en ai tiré encore trois grains & demi d’oxide de zinc, mêlé d’un peu de fer; pour fé- parer ce dernier oxide du nouveau précipité , j'ai verfé deflus de l’acide acéreux qui a difflous un peu plus de deux grains d’oxide de zinc, ce qui fair en total neuf grains d'oxide de zinc féparés, & un feul de perte. 2°. De cent grains d'oxide de fer, & fix grains d'oxide de zinc , mis en macération avec cent grains d'acide acéteux, la diflolution qui en eft réfulrée a éré de cinq grains d’oxide de zinc, & prefque point de fer. 3°. Ayant mêlé antérieurement avec beaucoup d’exaétitude dix grains d'oxide de fer & dix de carbonate de manganèfe, je les ai mis dans une capfule avec deux cents grains d'acide acéteux ; je lai fait évaporer, & l'eau a diffous une portion du réfidu, laquelle par le moyen d’un 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, carbonate alkalin, a produit un précipité d’un blanc éclatant, qui ne s'eft point altéré à l'air, & après l'avoir recueilli & féché, il pefoic fept grains & demi. J'ai encore obtenu par une feconde opération, deux grains du même carbonate de manganèfe. 4°. Dans une expérience où jai mêlé fix grains d'oxide brun de manganèfe avec dix grains de fer , l’acide acéteux en a diflous à froid plus de trois grains, que jai connus par les réactifs être prefqu'entièrement de l'oxide de manyanefe. 5°: J'ai mis auf en macération pendant plus de vingt-quatre heures douze grains d’oxide noir de manganèfe & douze d'oxide de zinc, avec deux cents grains d’acide acéteux; ayant enfuite filtré la liqueur, j'ai trouvé que la portion qui a refté fur le ltre pefoit II grains, & que la diffolution formoit avec de l’eau de chaux un précipité d'un blanc jaunêtre ; il paroît que le grain de manganèfe qui a été diffous, a donné au précipité la couleur jaunâtre. Ayant appris par d'autres expériences que mon acide nitrique tranfparent diffolvoit moins d’oxide noir de manganèfe que l'acide fulfurique ( vitriolique), j'ai répété avec le premier la même expérience qu'avec l'acide acéteux, & le réfidu bien fec ne pefa que dix grains & demi, ce qui me prouva qu’on pouvoit employer utilement ces deux acides pour féparer lefdits oxides. $. XIV. Les expériences précédentes font fufffantes, à ce que je crois, pour apprécier la méthode que je propofe; mais il lui manquoie cependant d’être appliquée à l’analyfe des mines de fer; pour donner une idée de la manière que je crois la plus propre à la faire, je fup- poférai que la mine qu'on doit analyfer contient de l’acide carbonique, (de l'air fixe) du filex, du foufre, de la chaux, de l’alumine ( terre alumineufe), de l’oxide de fer, de zinc & de manganèfe. J'ai choifi cette hypothèfe, laquelle, comme une des plus compliquées , renferme le cas qui peut arriver dans d’autres plus fimples. On commencera l’opé- ration par bien pulvérifer la mine fur un porphire, dont on mettra cent grains avec deux cents d'acide muriatique; on lui donnera un degré de chaleur moindre que celui qu'il faut pour l’ébullition de l'acide; on obtiendra tout l'acide carbonique que la mine conteroit , un peu d'acide muriatique fimple , & de l’acide muriatique oxigéné (acide marin déphlo- giftiqué ) fi la mine étoit fort oxidée, Pour favoir au jufte la quantité d'acide carbonique dégacé , il faut introduire dans la cloche qui con- tient ce gaz, de l'eau de chaux, & par le poids du carbonate de chaux qui fe formera , on déduira celui de l'acide carbonique, puifque felon M, Kirwan , un quintal de carbonate de chaux contient trente-quatre grains d'acide carbonique. On pourra aufli favoir la quantité d'acide muriatique oxigéné qui fe fera dégagé, en laiflant la cloche dans laquelle ce gaz eft contenu au-deflus de l’eau; l'acide muriatique fimple s'y diffoudra entièrement: au lieu que celui qui eft oxigéné reftera fans s’y com- biner que très-peu, Quand l'émiflion du gaz aura ceflé, on fera bouillir . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 Facide, qui, alors, diffoudra tout ce qui étoit contenu dans la mine, excepté le filex & le foufre. Pour déterminer au jufte la quantité de chacune de ces deux fubftances, il fäut les bien laver dans l'eau, & les faire fécher à l'air ou au foleil; enfuite on les pefera , je fuppote qu'ils pefent dix grains; on leur donnera un feu füfifant pour faire brüler ou volauilifer tout le foufre; fi après cette opération le réfidu pefe fix grains, je conclurai que c'écoir la quantité de filex que la mine contenoit, & qu'il y avoit quatre grains de foufre. Ce que l'acide aura diflous fera, fuivanc notre hyporhèfe, de la chaux, les trois oxi- des métalliques & l’alumine ; en verfant fur ces diflolutions de l'anmo- niaque ;-les trois oxides métalliques & l’alumine fe précipiteront, mais non pas la chaux, donc la quantité peut fe déterminer en pefant le précipité, & en attribuant au poids de la chaux ce qu’il pefera de moins qu'auparavant l'opération , ou finon, on la précipitera par un car- bonate alkalin (alkali aéré); puifque’ felon M. Kirwan, cent grains de carbonate calcaire (craie) contiennent entre cinquante-trois & cin- quante-quatre grains de chaux; après quoi on verfera cent grains d'acide acéteux fur le précipité produit par l’ammoniaque; on fera enfuite évaporer ledit acide avec les précautions que jai indiquées; puis en lavant le réfidu avec de l'eau diffillée, les acétites de zinc, de manganèfe & d’alumine s’y difloudronr, mais l’oxide de fer ref- tera fans s’y combiner. On répétera ces évaporations jufqu'à ce que l'eau diflillée ne diffolve plus rien de ces acétites ; on examinera par le prufliate “calcaire fi l’eau n’auroit pas diflous un peu d’acétire de fer, car alors il faudroit réitérer fur cet acétire une autre évaporation particulière. En raffemblant donc les produits de toutes ces évapora- tions, on eft afluré d’avoir {éparé de l’oxide de fer, l'alumine , les oxides de zinc & de manganèfe, À préfent, pour favoir la quantité de cha- cune de ces trois fubftances, on les calcinera à un feu modéré pen- dant quelques heures; on y verfera deflus cent grains d'acide acéteux , dans lequel on les tiendra en macération pendant vingt-quatre heures , puis on fltrera la liqueur; on répétera deux ou trois fois la même opération fur ce mélange, & après, en raffemblant toutes les diffo- lutions produites par les évaporations, on les précipitera par l’eau de chaux, ou on les fera calciner & évaporer à un degré de chaleur qui en décompofe les acétites ; on aura un réfidu blanc s'il ne s’eft féparé que du zinc & de l’alumine; mais fi l'acide acéteux a diffous un peu de manganèfe, il donnera une couleur brunâtre au précipité & au réfidu de l’évaporation ; alors il faudroit réitérer fur ce dernier réfidu une autre opération femblable aux antérieures, & en ajoutant la portion de man- - ganèfe qui en réfulte à celle qu'on a obtenue des opérations précédenres, on aura la quantité de manganèfe que contenoit la mine ; il ne refte donc plus qu'à déterminer la quantité de zinc, & celle de l'alumine. 448 CBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pour y parvenir, il faut pefer le mélange de ces deux matières, le diffoudre dans l'acide muriatique, & précipiter enfuire le zinc par le prufliate alkalin, puis filtrer la liqueur qui furnagera, & précipiter l'alu- mine par la chaux; le poids de ce précipité, bien féché, indiquera celui de l’alumine, & ce qui manquera au poids total de ces deux ma- tières , fera le pcids de l’oxide de zinc. Je me fuis fervi de la méthode que je viens d'indiquer , pour ana- lyfer les mines de fer de Somoroftro , Mittiloa & Zerain, toutes firuées dans la Bifcaye efpagnole , dont j'efpère produire l’analyfe fous peu, aux yeux du public, quelques circonftances m'ayant empêché de le faire dans ce moment, | MÉMOIRE Sur les moyens de connoître la qualité & la richeffe du Suc de Canne exprimé , Lu. au Cercle des Philadelphes du Cap en Août 178$ , par M. DUTRÔNE LA CouUTURE, Doëdeur ex Médecine, Affocié du Cercle, La canne à fucre, objet de la plus riche & de la plus importante culture dans les Colonies, donne un fuc çonnu fous le nom impropre de ven de canne, Le mot vin eft un terme générique qui exprime l’idée d’une liqueur fpiritueufe provenante de la fermentation d'un fuc muqueux quelconque. Le fuc de raifins fermenté eft nommé vin de raifins, où Üimplement vin. Les fucs de pommes, de poires fermentés, font nommés vin de pommes, ou cidre, vin de poires, ou poirée. Les fucs de groféilles, de cerifes, d’abricots, &c, fermentés, prennent auûli le nom de six de grofeilles , vin de cerifes, vin d’abricots, &c, La découverte que nous avons faire des moyens de convertir le fuc de canne en une liqueur vineufe analogue au cidre ou au vin, démontre combien la dénomination de vin donnée à ce fuc, & gé- péralement adoptée, eft impropre , & combien il eft effentiel de fixex d’une manière précife celle qui lui convient; afin de prévenir main- tænant toute efpèce d'erreur, nous le nommerons donc, confidéré dans la canne fimplement , fuc de canne, & fic de canne exprimé, ou jus de canne; lorfque nous le confidérerons féparé de fa partie folide, Le SUR L'HIST. NATURELLE ET.LES ARTS. 449 Le fuc de canne exprimé eft un fluide-aqueux compofé de diffé- rentes parties, favoir, une matière féculente qui’ eit de deux fortes (1),? une matière favonneufe extractive , & un corps muqueux. LE La proportion & la qualité de ces différentes parties eft relative aux circonftances où fe trouve la canne, tant par rappoñt à la nature',) à la poficion , à la fituation du fol où elle croît, tant par rapport: aux circonftances qui accompagnent fon développement ; {ôn accroife fement , eu égard aux pluies & à la féchereffe,;que par rapport à l’âge où! on la coupe, & aux faifons où on l’exploite. C'eft l'abondance du corps muqueux dans le fuc de canne, qui en fait la richeffe. Ce corps fubit dans la canne diverfes métamor- phofes ; il commence d'être herbacéi, ‘puis il devient doux, puis fucré, - & enfin fel effentiel. C’eft la proportion’ relative du corps muqueux, dans ces différens états, qui fait la qualité du fac exprimé. Lorfque ce corps muqueux a paflé en entier à l'état de fel effentiel, le fuc exprimé eft de la meilleure qualité poflible ; mais s’il en refte encore foir dans l'état fucré , doic dans l’état doux, la qualité de ce fuc elt alors en raifon de l'état & de la proportion de ce corps. Le fel eflentiel de la canne; connu fous-le nom de fucre, unique- objet jufqu'à ce jour de la culture &.de lexploiration: de cetré plante, eft un, produit de la végétation, :& exifte routformié : dans’ {4 canne’ fucrée. Le fuc exprimé eft: chargé de ce fel dans ‘une proportion re-1 lative aux circonftances qui ont concouru à la végétation de la canne, & qui ont favorifé la maturité des nœuds dont elle eft formée, Le nombre de ces circonftances peut être infiniment grand, & propre, non-feulement à une Colonie, mais aux différentes parties de cette Colonie , aux différens quartiers, aux différentes habirations; & même aux différentes pièces de chaque habitation. l On peut s'aflurer de la qualité & de la richeffe du fuc de canne exprimé par deux moyens très-fimples, favoir, par l’évaporation d'une quantité de fuc -déterminée, faite par l'air aidé de l’action du foleil, & par l'aréomètre ou pèle-liqueur. De l'Evaporation à l'air. Soit un quintal ftif ou réel de fuc que vous étendrez dans un ou plufieurs vafes plats, afin qu’il préfente une très-grande furface au contact de l’air dont l’action le décompofe en féparant les fécules ui fe précipitent au fond du vafe; l’eau furabondante à l'éau de diffolution du fel étang enlevée, l'air s'empare de l'eau diffolvante , (1) C’efla matière féculente , fur-tout celle de la feconde forte ,.qui exige dans Je travail du jus de canne l’emploï de la chaux & des alkalis.. Nous expoferons dans un Ouvrage fur la canne & Tur le fucre que nous donnerons bientôt au Public, les avantages & les inconvéniens de l’emploi de ces fubftances. Tome XXXIII, Part II, 1788, DECEMBRE. Lil 450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & à cette époque. commence la criftallifation , qui fe fair en raifon de la diminution dé certe eau, Lorfque la criftallifarion ett très-avancée ; ce qui arrive après trois ow quatre jours, il eft à propos de féparer le fel effentiel de la partie encore fluide, ce qu'on peur faire aifémenct en inclinant. le vafe fur un autre. Cette partie fluide, expofée de nouveau à l'air, criftallife plus promptement, & lorfqu’elle eft féparée une feconde, une. troifième, & même:une quatrième fois, elle crif- tallife en entier., file fuc eft de bonne qualité. La fomme des différens produits, recueillis avec foin & réunis, démontre la richefle, & par- ticulièrement la qualité du fuc exprimé : la matière favonneufe ex- tractive. étant. en. très-petite proportion, refte attachée aux criftaux, & leur fer de vernis, Lorfque le fuc exprimé eft de médiocre ou de mauvaile, qualité, il contient. encore du corps muqueux dans l'état fucré, dans l’étar-doux: qui refte.en dernière analyfe fous forme fluide. De L'Aréometre. L'aréomètre annonçant le decré de pefanteur fpécifique d’un fluide, & ce degré étant toujours relatif à la quantité de matièré tenue en diffolution dans ce mêmefluide, la tige de cet inftrument plongé dans le fuc exprimé s'élève d'autant plus, que ce fuc eft plus riche en corps muqueux; l’aréomètre peut donc fervir à connoître la pro- portion d'eau & de matière foluble contenue dans le fuc exprimé. Nous allons préfenter deux tables, dont lune eft établie, rant fur le fuc exprimé, étendu & rapproché à différens deorés, que fur des diffolutions de fucre par l’eau. L'autre annonce quelle eft, à chaque degré de laréomètre, la quantité d’eau à évaporer, foit dans le fuc exprimé de bonne qualité, foit dans la claire (1), pour les réduire à l'état de fyrop. L’eau diflout le fucre dans des proportions déterminées & relatives au degré de chaleur dont elle eft chargée. La diffolution du fucre par l’eau, au point de faturation , eft nommée fyrop; il faut, pour obtenit ce point (l'eau à la température de 20 degrés ) trois parties d’eau pour cinq de fucre. L'eau confidérée dans le fyrop , et nommée euu de diffolution ; celle qui excède la proportion de trois parties pour cinq de fucre, eft nommée eau furabondante à l'eau de diffolution. Par l'aréomèrre, on peut, d’après les tables fuivantes, s’aflurer en un inftanc de la proportion relative de l'eau & du fucre combinés. Soit du fuc de canne exprimé de bonne qualité, foit une diffolution de fucre par l’eau porrant les différens degrés de l’aréomètre, l'un & l’autre contiendroit au quintal, favoir , à (1) Sucre diffous dans l’eau & clarifié, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. CE TA" :L°-E ErANBAEIE De la quantité du fucre contenue dans || De La quantité d’eau & évapore; une claire dans, un fuc exprimé pour réduire «un fuc exprime de bonne qualité, pris à tous &s || de bonne qualité ou une claire degres de l’Areomètre. À à l’eérat de firope Fa ; Ê a : Ê s L [a SAS LÉ SO ME MST ES "| à e & Q à Æ cer pr Ste QT! Q D] GS: | 6 NUS Po. LE I x NA? 3 7 2 3 10 6 7 3 $ 8 L 6 4 7. il'e/s ds 6 s 9 3 ù 6 11 3 $ 7 12 13 7 4 8 14 II z Ce 4 9 16 8 $ &h LIRE 10 18 6 È 2 17 20 3 4 y 2, Deer re 22 7 Er 2 È 13 De, 3 | 14 2 ä 1 à | a "5 È |14 £ 25 11 6 Lu 1 $ fus | RC) 27 9 I 2 Rue ECM RE ME 6 4 È S |y7 S 37 4 à tre Mn less RTS È 7 2 a, ro, | Sal -34 KT |..6 2 7 4 &n [20 | © À 36 | r2 I à 6 1 Se =, 8 9 = 6 3 Q: 21 LÀ 3 5 ë 22 - | 40 7 5 2: 23 42 4 3 5 4 24 44 | I 7 4 T 25 SAIS) 2 + 3 26 47 12 5 3 27 49 10 3 28 SI 7 4 a 29 53 4 7 2 30 55 2 2 I 31 56 | 15 6 I 58 | 13 I 4 60*| 10 4 Tome XXXHI, Part. II,1788. DECEMBRE. Lil 2 2 452 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; La qualité & la richeffe du fuc exprimé varient extrêmement. Le fuc le plus riche que"nous ayons éprouvé portoit 14 degrés, & le “plus pauvre $; nous n'avons rencontré qu'une fois ces deux extrêmes, & cela fur la même habitation; à la vérité, la failon & les circon£ tänces ‘étoient bien différentes. Le fyrop pur, ou l'eau chargée de fucre au point de faruration , ne porte pas au-delà de 34 degrés à l’aréomètre, Lorfque la tige de cet inftrument s'élève au-deflus de ce terme, l’eau alors contient, outre ce fucre, une matière qui ajoute à la pefanteur fpécifique du fyrop ; certe. matière eft du fucre décompofé ou par la chaleur, ou Ipar Îles alkalis; elle eft encore du corps muqueux , foit doux, foit fucre , <& dela matière favonneufe extractive, La tige de l’aréomètre ls'élève d’aurant plus, que leur proportion eft plus confidérable, d’où {lon voit iqueiles fyrops les plus mauvais font ceux qui donnent le plus’ haut deoté à l'aréomètre (1). Je dois faire obferver que ces rables ont été faites fur la tempé- rature de l’eau étant à 20 degrés, & celle de l'air à 23, Thermo- mètre de Réaumur, L'aréomètre dont je me fuis fervi eft infcrit, aréomètre de Baumé,, pour les fyrops faits par Mofly, quai Pelletier. 11 doit porter au moins so degrés. ñ JR Le BAbER 093 De Au CSP RE PME BU EVER RSI GET EE SE ACT RENER (1) D'où Pon voit que l’aréomètre peut (ervir à connoitre la qualité des fyrops. EXTRAIT D'UN MÉMOIRE DE M. LE PROFESSEUR WINTERL,. Sur la décompofiion d'une Huile épaiffe de Pétrole noire , de la Hongrie, entre Peklenicza & Mofcowina (1) ; Traduit de l'Allemand, par M. CourEeT, Eléve en Pharmacie | à Paris. * PREMIÈRE EXPÉRIENCE, Je diffillai dans une rertorte de vêrre une once de cette huile, en y ajoutant deux onces d’eau diftillée. L'opération fe fit très-tranquillements il:pafla d'abord dans le récipient des vapeurs aqueufes accompaggées d’une huile blanchâtre & opaque. Cette huile :couvroit foute la ice de la ‘ (1) Cette huile tire fa fource d’un rocher, & doit, à ce qu’on apprend , être blanche à fon origine. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 liqueur fous la forme d’une pellicule blanche. Sur la dernière portion de l'éau il parut une petite écume, à caufe du degré de chaleur qu'elle avoit pris par le moyen de l'huile. Aufi-tôt je m'en fus apperçu je mis un nouveau récipient. Alors il pafla une huile jaune , mais volatile, & tout-à-fait cranfparente, Toute l'écume cefla, & il ne pafla point d’eau davantage; mais l'huile rettante pafla en abondance , & fut tranfparente. Lorfque le réfidu parut fec, je pris un autre récipient, & j'obtins une huile de couleur de fuccin, & comme du beurre, L'odeur de ces crois huiles fut comparée : celle de la première étoit très- peu fenfible , mais un peu nauféabonde ; celle de la feconde fut plus forte ; & enfin , celle de la troifième très-piquante. Le réfidu qui demeura dans la cornue avoit l'afpe& d’un charbon ; mais ipongieux , comme du fel fédatif bourfoufflé dans un creufer. SECONDE EXPÉRIENCE. J’expofai une portion de ces trois huiles à l’air libre, La première devint noire , épaifle, & ayant l'odeur de l'huile de pétrole; la feconde éprouva ce même changement , dans un degré bien inférieur ; mais la troifième refta intacte. : TROISIÈME EXPÉRIENCE. En difillant la première huile , fans l'avoir expofée à l'air libre, elle päfla fans laiffer de réfidu, mais fi on l’expofe quelque tems à l'air avance de la foumertre à la diftillation , elle donne les mêmes produits que l'huile de pétrole noire (première expérience ) (x). ? IL s'enfuit que, la première huile étoit une partie de l’huile de pétrole, que la chaleur n’avoit point décomipofée; mais la troifième huile & le réfidu font les deux premiers principes conftituans de l'huile de pétrole, QUATRIÈME EXPÉRIENCE. Pour me procurer une connoiflance exacte du réfidu, je lexpofai au feu dans une cuiller ; il fe réduifit en cendre comme un charbon ordinaire’; (1) L’échangement qu’éprouvent les huiles effentielles à l'air libre , ef dû à l’air déphlogiftiqué qui fe trouve dans l’atmofphère , il s’y combine, d’une certaine manière, & les réfinifie , pour ain& dire, Tous les baumes naturels qui découlent des arbres nous en fourniflent un exemple frappant , puifqu'ils font fluides en fortant , & qu'ils fe trouvent coagulés (fi on peut fe fervir de ce terme ) auffi-tôt qu’ils font expofés à l’air. L’huile de térébenthine, par exemple , diftillée au bain-märie , étant expofée un certain tems à l'air, laiffe beaucoup de réfidu à la diflillation, ce qui n'arrive pas dans un Cas contraire, Ceci fe trouve confirmé par différentes expériences que M. de la Métherie rapporte dans fa nouvelle édition de fon Effai fur PAür pur, &c: Il dit, tom, T, pag. 406. « J'ai » mis fous des cloches pleines d’air pur de l’huile de térébenthine : air a été abf@rbé, » & l'huile s’eft épaiflie, a perdu fa tran{parence & fait un dépôt poïfleux ; enfin, au » bout d’un certain tems eft devenue vraie réfine ». Et tom. II, pag. 58 , il a mis de l'huile animale de Dippel fous une cloche pleine d’air pur, & repofant fur le mercure ; en huit jours elle a abforbé quinze fois fon volume d’air, eft deyenue noire, &c. Note du Traduéteur françois, 4$g OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, expérience qui ‘prouve la préfence du phlogiftique & de l'air dans lé charbon dont ils fonc les principes conftituans. L’incinérarion étant file , il refta une cendre grisâtre , dont l'eau ne diflolvoit qu’une trés-petite quantité, CiINQUIÈME EXPÉRIENCE. Je verfai un peu d’acide vitriolique concentré fur le réfidu de [a première expérience, édulcoré & feché, enfuite je plaçai le mélange fur un bain de fable. L’acide y agifloit très-fortement, & en réduifit la plus grande partie en une efpèce de mélange mielleux. Ayant décanté la liqueur , après l'avoir délayée avec un peu d'eau diflillée , je La mis criftalli- fer à un froid très-fort , qui ne fut pas de longue durée, & dans l’efpace de vingt-quatre heures, il s’y forma des criftaux inclinés, très-longs. Je décantai dans un autre vafe la liqueur qui étoit demeurée claire, mais comme un dégel furvint prefque tout-à-coup , tous les criftaux fe rédujfirent en une liqueur femblable à celle que j'avois décantée. SIXIÈME EXPÉRIENCE. Comme on ne connoît jufqu’ici aucune terre, qui fe comporte avec l'acide vitriolique, comme il a été dit ci-deflus { czrguiéme expérience), fl falloir que je fille des effais comparatifs, fur des corps qui n’avoient point encore été examinés; le charbon de la première expérience , ‘ayant quelque reffemblance avec le fel fédatif, j'entrepris de répéter l’expérience avec du fel fdatif purifié, & j'apperçus les mêmes phénomènes. SEPTIÈME EXPÉRIENCE, En verfant une diflolution d’alkali minéral fur le réfidu de la cinquième expérience, il y eut une foible effervefcence , & la plus grande partie fut difloute ; mais une autre partie refta infoluble, parce que c’étoit de la terre filiceufe. Après avoir filtré & évaporé la liqueur faline , je mis à criftallifer ; j'obtins beaucoup de criftaux , qui avoient un goût alkalin, & qui fe montrèrent en tout un vrai borax, jufqu'à lécume ; mais J'écume du borax n’eft qu'accidentelle , & n’eft due qu'à la préfence de l'acide aérièn où carbonique; car le verre du fel fédatif rend un alkali aéré d'abord caultique, il s'y combine fans effervefcence, & ne donne point d'écume sil na pas été expofé auparavant à l'air libre, La terre filiceufe dans ce cas n'efl qu'un réfidu d’ane décompolrion partielle du fel fédatif, & chaque fois qu’on fature cer acide avec des alkalis, il laiffe toujours un pareil réfidu, D’après roues ces expériences , l’huile de pétrole fe trouve être com- pofée des principes fuivans : 1°. Une huile tranfparente fous forme butyreufe ( sroifcème exper. ) 2°. Un vrai fel fédatif ( cérquième & feptième expériences ). 3°. Un excès de phlogiftique, qui combine ls fel fédatif avec l'huile (quatrième expérience ). SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4ç$ Mais l'air (quarr. expér.) ne peut pas être confidéré comme une partie conftituante de cette huile ; il y agit fimplement comme un corps étranger , fur ce phlogiftique excédent, combiné avec le fel fédatif, & laïfle enfuite par une nouvelle diftillation échapper fon huile fous forme butyreufe ( sroiftème expérience) (1). = Pour rendre ces conclufons plus décifives , il falloit, 1°. que je trou- vafle une preuve füre pour m'indiquer la préfence du borax ; 2°. il falloic que je me procurafle une plus grande quantité de fel obtenu dans la feprième expérience. N HUITIÈME EXPÉRIENCE. Pour remplir le premier objet, je verfai une diffolution nitreufe de mercure fur une folution de borax du commerce; il fe précipita d’abord de la chaux aérée de mercure blanche, à caufe du fuperflu d’alkali qui fe trouvoit dans le borax. Après avoir féparé cette chaux par le moyen d'un filtre, je la mis de côté: enfuite je verfai une plus grande quantité de diffolution mercurielle , dans la folution du borax, il fe fit un précipité jaune, qui étant foumis à la diftillation à un feu de fufion , pafla en petite quantité dans le récipient ; mais la plus grande partie refta fous une couleur orangée. Je ne connois qu'un exemple dans toute la nature, d’une pareille fixation du mercure, fi ce n’eft le curbith minéral ; mais ce dernier dans de pareilles circonftances, devient très-blanc : ainfi il faut remar- quer que cette couleur orangée , fi permanente, eft une preuve sûre de la préfence du borax. NEUVIÈME EXPÉRIENCE. Afin de remplir le fecond objet, je répérai la première expérience avec le double d’huile, mais au lieu de me {ervir de l’eau pour intermède, j'employai une folurion de foude purifiée très-foible. Le faccès fur le même, à l'exception cependant, qu’il fe montra d’abord une écume continuelle , qui monta au premier degré de feu, jufqu'à la fin, quoique j'euffe eu le plus grand foin de conduire le feu par degrés. Je verfai la matière qui avoit pafé plufieurs fois dans la cornue; mais comme l'écume continuelle m’annorcçoit qu'une grande partie de l'acide boracin devoit s'être portée fur l’alkali, je lellivai en conféquence, la. matière char- bonneufe reftante avec de l’eau bouillante, & après avoir mis la liqueur faline à criftallifer, j'obtins beaucoup de criftaux , que je foumis à la huitième expérience. Enfin , ayant eu le même fuccès qu'avec le borax ordinaire , mon attente fut complettement remplie; il ne me refta plus aucun doute que le fel fédatif n'entrât comme partie conflituante dans cette huile de pétrole, (1) La remarque que j’ai déjà faite {ur l’a@tion de l’air fur cette huile, me paroît plus probable. Nore du Traduéteur françois, . + 1 + |: AGE 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; — LÉ LTRE DE" MAP RENE NET D RTE, A M. DE LA MÉTHERIE, Sur la combuflion de l’Air inflammable & de l'Air pur. Mo CHER MONSIEUR, Lorfque j’eus le plaïlir de vous voir à Birmingham, je vous promis de vous faire part de la fuite de mes expériences fur le phlogiftique & la compolfition de l’eau; & j'attendois pour lors, fi je m'en fouviens bien, une quantité de précipité per fe que devoit m'envoyer M. Bertholler, pour répéter les expériences que j'avois faites en ‘chauffant ce précipité dans Vair inflammable, parce que le précipité per fe donc je m'étois fervi avoie été trouvé impur, ou contenoit quelque chofe qui donnoit de l’air phlo= giftiqué, lequel air auroit pu concourir à la produétion de l'acide que” j'avois obtenu. J'ai à préfent répété avec grand foin cette expérience, & je la trouve beaucoup plus décilive en faveur de celles que j'avois faites, que je ne my étois attendu, parce que le réfultat a été la production d'une quantité confidérable d'air fixe. La même chofe arriva lorfque je me fervis du minium, qui eft une fubitance la plus propre à cette expé- rience, parce qu'elle ne donne point d'air déphlogiftiqué que par. la chaleur. Cette expérience eft femblable à celle dans laquelle on chauffe le fer dans l'air déphlogiftiqué , parce que dans ce cas l'air inflammable du fer s’uniflant avec l'air put qui eft dans le vaiffeau, forme l'air fixe, comme le même air fixe eft formé par l'air pur du précipité rouge, en 7 s’uniffant avec l'air inflammable qui eft dans les vaiffeaux, Je m'étois trompé lorfque j'avois foupçonné que l'acide qui fe trouvoit dans certe eau étoit uniquement de l'acide nitreux. Il paroît qu'une portion eft de l'air fixe. Au refte, il efl certain que dans la combuftion de lair pur & de l'air inflammable, on n'obtient pas de l’eau pure , mais qu’elle eft toujours chargée d’un acide quelconque. J'ai fait plufieurs expériences qui confirment ce que j'ai avancé dans Jes Tranfactions Philofophiques ; & lorfque j'en aurai completté quelques autres qui m'occupenr à préfent , je ferai voir ce qui rous a induit, quelques phyficiens & moi, en erreur. Elle provenoit de la petite quantité d'acide produite dans cette expérience, & de fon extrême volatilité, due à fa grande phlopiftication, Je fuis , Ce MÉMOIRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 457 MÉMOIRE Lu à la Séance publique du Collège Royal, le 10 Novembre 1788 : Dans lequel on rend compte des Expériences faites publiquement dans ce méme Collège aux mois de Mai , Juin & Juillez de la même année, fur la compofition & la décompoition de l'Eau ; Par M. LE FÈVRE DE GINEAU, Leéleur & Profeffeur Royal ; de Phyfique expérimentale. D. PUIS la découverte du, gaz oxygène (air vital), faite par M. Prieftley en 1774, on s'eft beaucoup occupé en Phyfque, des combinaifons où peut entrer l'oxygène, qui eft la bafe de ce gaz. . C'eft par la combuftion , & par la calcination des métaux que s’opèrent les combinaifons les:plus palpables de l’oxygène; & c'eft aux expériences fur la combuftion & les calcinations métalliques qu'on s’eft d'abord appliqué. Depuis, la théorie éclairant l'expérience & marchant d'accord avec elle, on a été conduit à des faits plus cachés. On a fait pañler l'oxygène , d'une fubftance dans une autre, fans qu'intermédiairement il fe montrât fous la forme de gaz, & tous les réfulrats font fortis des expériences tels que la théorie les avoit indiqués, Les expériences de M. Lavoilier fur la combuftion du phofphore, du foufre , du charbon , nous ont appris que l'acide phofphorique étroit une combinaifon de l'oxygène avec le phofphore ; l’acide fulfurique. ou vitrio- lique, une combinaifon de l'oxygène avec le foufre ; l’acide carbonique (air fixe) , une combinaifon de l'oxygène avec le carbone , ou la matière charbonneufe combuflible, dépouillée de la terre & des autres matières étrangères que peut contenir le charbon ordinaire. Enfin , par.un grand nombre d'expériences faites dans des vaifleaux fermés, nous favons que, dans la combuftion , le gaz oxigène eft décompofé ; que fa bafe en fe combinant au combultible , donne naiffance à un nouveau corps; & que le changement que les métaux fubiflent par la calcination , vient également de ce que l'oxygène fe combine. au métal, La combuftion du gaz hydropène (air inflammable), comme celle du phofphore, du foufre , du charbon, exige pour s’opérer, la préfence & la décompoñtion du gaz oxygène, Si on l'opère dans. des., vaiffeaux fermés , les vaifleaux, après la combuftion , contiennent une quantité Tome XXXIIT, Part. II, 1788, DECEMBRE. Mmn. 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’eau d’un poids prefqu’égal au poids du gaz hydrogène brûlé, joint à celui du gaz oxygène employé pour entretenir la combuftion. On a conclu de cette expérience, que l’eau étoit une fubftance compofée d'oxygène & d'hydrogène , qui eft la bafe du gaz du même nom ou de l'air inflammable; & que la combinaifon de ces deux principes, l'oxygène & l'hydrogène , s’effe“tuoit par la combuftion du gaz hydrogène. Les expériences qui ont conduit à ces conféquences font de 1784. Elles ont été faites en mème tems,en Anpgleterre par M. Cavendish, à Paris pat M. Lavoilier, à Mézières par M. Monge. On trouve le réfultat des expériences de Paris & de Mézières dans les Mémoires de l'Académie des Sciences. Perfonne n’a nié qu'on n’obtint de l'eau en brülant du gaz hydrogène. Mais la quantité aflez confidérable de réfidus aériformes incombuftibles qu'on avoit retirés des vaifleaux, & la différence , quoique lécère, qu’on avoit trouvée entre le poids des gaz décompofés & le poids de l’eau produite , a permis d'élever des doutes fur les conféquences qu'on tiroit des expériences. Un grand nombre de phyliciens ont penfé que l’eau éroit tenue en diflolution par les gaz, & elle en avoit été précipitée par la combuftion. D'autres ont dit que les deux gaz n'étoient que de l’eau tenue en expanfion par le calorique ou la matière de la chaleur ; Le calorique fe dégageant dans la combultion, l’eau fe condenfoic & reftoit dans les vaifleaux , & qu'ainfi, maloré ces expériences , on n'étoit point fondé à regarder l’eau comme une fubftance compofte. A ces affertions , M. Lavoifier oppofa l'expérience du canon de fer rouge, par laquelle il eft conftaté qu'une portion d’eau difparoît en coulant par le canon; que ce canon augmente de poids, & qu’on obtient une quaptité de gaz hydrogène telle , que fon poids, avec l'augmentation de poids du canon, approche beaucoup du poids de l'eau qui a difparu. Cette expérience prouvoit la décompofition de l'eau en oxygène , qui fe combine au fer; & en hydrogène, qui re- prend le colorique & reparoît en gaz. Certain que la combuftion du gaz hydrogène étoit un phénomène du même genre que la combuftion du phofphore, du foufre, du charbon ; & que la formation de l’eau n’étoit pas une merveille plus étonnante ‘que la formation de l'acide phofphorique, de l'acide ful-+ furique, du gaz acide carbonique, j'ai voulu m'aflurer, par ma propre expérience , d’une vérité dont je n’ofois prefque douter ; & afin de rendre mon travail utile à la. fcience & aux phyficiens,, j’ai répété mes expériences en grand & en public avec tout le foin, toutes les précautions dont je fuis capable, & que j'ai cru néceflaires pour ob- tenir des réfultats exacts. Un autre point de théorie excitoit encore ma curicfité. M. Lavoifier avoit reconnu que leau formée par la combuftion du gaz hydrogène SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4$9 étoit imprégnée d'acide nitrique ( nitreux ), puifqu'il avoit obtenu du nitre en la faturanc de potafle ; &, conformément à l’expérience de M. Cavendish, & aux nouvelles théories, il penfoit que cet acide avoit été formé, pendant la combuftion , par la combinaifon de l'oxygène avec l'azote, qui eft la bafe du gaz azote, autrefois la mofette atmof- phérique, Mais le gaz oxygène , employé par M. Lavoilier | avoit été retiré de l’oxide (1), mercuriel préparé par l'acide nitrique ( précipité rouge. ) En conféquence, on pouvoit penfer que cet oxide n'ayant pas été completement dépouillé d’acide, le gaz oxygène avoit em- porté avec lui ce qui en étoit refté, & l'avoic dépofé pendant la combuftion. ! Pour lever ce doute, je defirois faire expérience avec du gaz oxy- gène retiré d'une fubftance qu’on ne pât pas foupçonner de contenir de l'acide nitrique. J'aurois pu le retirer de l'oxide mercuriel préparé à l'air libre (précipité per fe ); j'ai préféré l’oxide de manganèle, tant parce qu’il eft moins cher, que parce qu'il donne du gaz oxygène moins mêlé de gaz azote. Il eft vrai que cet oxide fe trouve rarement fans mélange de parties calcaires, & qu’ainf le gaz oxipène qu'on en retire contient toujours du gaz acide carbonique ; mais j'efpérois me débarrafler de ce gaz par le lavage & par le féjour du gaz oxygène fur l'eau, précaution qui auroit été prife inutilement pour enlever le gaz azote. Le gaz oxigène que j'ai confommé a donc été extrait en totalité de l’oxide de manganèfe; & avant de l’employer , j'avois foin de l'effayer avec la teinture de tournefol & l’eau de chaux. On verra dans la fuite de ce mémoire que quand le gaz oxigène ne change plus la teinture du tourhefol, & ne trouble plus fenfiblement l’eau de chaux, cependant, il peut tenit encore en diflolution une portion de gaz acide carbonique. Ces deux réactifs n'ont donc pas rempli mon objet, qui étoit de m’aflurer que le gaz oxygène ne concenoit plus de l’autre gaz incombultible, Le gaz hydrogène a été extrait de l'acide fulfurique étendu de cinq parties d’eau , par lintermède du fer, J’employois, autant qu'il m'étoit poffible, de la tournure vive de fer battu, afin d'obtenir une plus grande quantité de gaz, & j'ai rejetté conftamment la limaille d'acier, dans la crainte qu’elle ne me donnât un gaz hydrogène chargé de matière charbonneufe, qui, par cette raifon, aurait pu favorifer la formation du gaz acide carbonfque ; ce qui auroit augmenté la mafle (x) On nomme oxides les chaux métalliques , parce qu’elles font compofées de l'oxygène & d’un métal. ; Tome XX XIIT, Part. II, 1788. DECEMBRE. Mmm 2 460 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des réfidus, & m'auroit obligé À interrompre plus fouvenc l'expérience pour les retirer du vaifleau où fe faifoit la combuftion. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Combuflion du Gaz hydrogène ; Compofttion de l'Eau. Je ne dirai rien ici fur la conftrution de l’appareil qui m'a fervi dans cette expérience, ni des précautions que j'ai prifes pour n'avoir pas à craindre de déronation pour connoître le depré de pureté des gaz , pour déterminer leur volume , & les tenir conflamment au même degré de preflion que l'air atmofphérique, tout cela fe trouvera dans un mémoire détaillé que j’ai lu à l'Agadémie des Sciences, & qui fera imprimé inceffamment. Je dirai feulement que, pendant douze jours que l'expérience a duré, j'ai pefé plus de 2$ mille pouces cu- biques de chaque gaz, dans un ballon de 93$ pouces cubiques ; que je n'ai pas pefé moins de deux fois par jour les deux gaz, & qu'au moment où je les pefois, je n'ai pas omis une fois de prendre la hauteur du baromètre & le degré du thermomètre ; enfuite, pendant le cours de l’expérience, j'obfervois encore dix-huit à vingt fois par jour le baromètre & le thermomètre , afin de connoître à chaque inftant la différence entre la denfité des gaz pendant la combuftion, & leur denfité au moment où je les avois pefés. Le volume du gaz oxygène que j’ai confommé , réduit à la prefion de 28 pouces de mercure, & à la température de 10 degrés du ther- momètre de Réaumur, divifé en 80 degrés, depuis l4 glace fondante jufqu’à l'eau bouillante, étoit de 35085$,1 pouces cubiques, & fon poids, de 254 gros 10,5 grains. Le volume du gaz hydrogène, réduit de même à la preflion de 28 pouces de mercure, & à la température de 10 degrés, étoit de 74967,4 pouces cubiques, & fon poids, de 66 gros 4,3 grains Ainf, la mafle réunie des deux gaz pefoit 320 gros 14,8 grains, Les gaz que j'ai employés n’étoient pas fans mélange. Le gaz oxy- gène, comme je le ferai voir, contenoit environ — de fon poids de gaz acide carbonique; il contenoit de plus du gaz azote, & fans doute le gaz hydrogène tenoit aufli de ce dernier gaz. Pendant leur décompofition , le gaz oxygène & le &az hydrogène dépofoient le gaz carbonique & le gaz azote, que j'étois enfuite obligé de retirer des vaiffeaux. La mafle entière de ces gaz incombuftibles retirés en neuf fois, pefoit 39 gros 23 grains. Si je retranche cette quantité de la maffe réunie des deux gaz employés, il reftera, pour le poids des gaz SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 461 hydrogène & oxygène réellement décompofés par la combuftion , feu lement 280 gros 63,8 grains, ou 2 livres 3 onces O gros 63,8 grains. * L'eau réfultante de la combuftion, retirée des vaifleaux & pefée en préfence de l'Académie des Sciences, & de plufeurs favans chimiftes & phyficiens, qui s’étoient rendus au Collège royal pour conflater le réfultat de l'expérience, pefoic 2 livres 3 onces O gros 33 grains. Ainfi, le poids des gaz décompofés n’a éxcédé que de trois grains celui de l’eau qui en eft réfultée. Comme il y a une différence de 103 grains entre le réfultat que je donne aujourd’hui, & celui qui a été publié quelques jours après l'expérience, je dois en dire la raifon ; & afin de me faire mieux entendre, je rappellerai ce qui a été fait au moment de l’ouverture des vaifleaux, après quoi, je parlerai des corrections que j'ai dû faire, qui réduifent à 31 grains, au lieu de 134, la différence entre Je poids des gaz décompofés & le poids de l'eau. Avant qu'on touchàt aux vailleaux , j’avois calculé le poids des gaz entrés dans l'expérience; j'en avois retranché les réfidus incombuftibles, & j'avois conclu la quantité d’eau qui devoit fe trouver dans le ballon, Je communiquai mes calculs, à toutes les perfonnes qui étoient pré- fentes; je les lus hautement, & j'en remis la norte à M. de la Grange, Directeur de l'Académie. C'eft de cette note, tranfcrite fur mon re- giftre & fignée de la plupart des Membres de l’Académie des Sciences, & d’autres favans qui étoient préfens, que j'extrais ce qui fuir : Poids réunis des gaz hydrogène & oxygène con- fommés dans l'expérience. .............. 320 or0s40 grains Poids des réfidus aériformes, à retrancher pour avoir le poids des gaz réellement décompofés. ... 39 23 Poids des gaz réellement décompofés, qui devoit être égal au poids de l'eau. .............. 281 gros 17 grains Pour trouver le poids de l’eau, on a d’abord pefé le ballon avec l'eau qu'il contenoit ; enfuite, après avoir tran{vaf. l’eau & defléché le ballon bien com- plettement, on l’a pefé de nouveau. Poids du ballon avec l'eau qu'il contenoit . . $liv.o once4 gros 63 gr. Poids du mêmeballon bien feché. .......:2 13 s 36 Différence qui a été prife pour le poids de l’eau . 2709 gros 27 grains RE 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le poids des gaz excédoit lé poids de l'eau en apparence de... .......s.sscsssss I gros 62 grains, Pour avoir exactement Le poids de l’eau retirée du ballon, j'ai ajouté 24 grains à la différence entre les poids de ce ballon avec l’eau, & du même ballon féché; parce qu'après l’eau retirée, il contenoit 24 grains d’air de plus que quand on l'avoit pefé avec l'eau. J'ai encore ajouté au poids de l’eau ÿ4 grains, en compenfation de la quantité de ce fluide qui s'étoit volatilifée , lorfque j'avois fait le vide pour retirer les réfidus : j'avois répété neuf fois cette opération. J'ai de même fait le vide neuf fois fur une livre d’eau; fon poids a été diminué de ÿ4 grains ; l'eau réfultante de la ‘combuftion peloit donc au moins 280 gros 33 grains. . Enfin, un calcul rigoureux , en tenant compte de toutes les varia- tions du poids & de la température de l'atmofphère, m'a donné pour le poids des gaz décompofés 25 grains de moins que mes premiers calculs faits par approximation. Analyfe de l'Eau, L'eau foumife à l'examen, étoit acide au goût; elle changeoït en rouge la teinture de tournefol, & troubloit lévèrement l’eau de chaux. Ce dernier phénomène annonçoit qu’elle tenoit en diffolution une petite quantité de gaz acide carbonique ; eflayée par les diffolutions d'argent & de baryte (terre pefante), elle n’a pas donné le plus lécer indice de précipité, ce qui prouve qu'elle ne contenoit ni acide ful- ferique , ni acide muriatique (acide marin.) Les expériences n'ayant pas été pouflées plus loin ce jour-là , l’eau a été mife en réferve dans un Macon, & fermée fous le cachet de M. de Fourcroi, ; Le 14 Juiller fuivant, MM. Lavoifer , le Roy , Monge, Bertholler, * Bayen, Pelletier, fonc venus de nouveau au Collège royal pour en continuer l'analyfe & déterminer la quantité d'acide nitrique qu'elle çontenoit. Ù L'eau étoit reftée parfaitement tranfparente & fans précipité : effayée au pefe-liqueur , fa denfité étoit à celle de l’eau diftillée comme 10010,2ÿ eft à 10000. 36 grains de carbonate de potafle (alkali végétal aéré) ont été diffous avec effervefcence dans une mafle de cette eau de 11 onces 3 gros f4 grains, & ont fu pour faturer l'acide qui sy trouvoir, La diflolution, en évaporant enfuite, a donné 26,5 grains de criftaux de nitre bien cara@térifés, & fufans fur les charbons ardens; ainfi, felon les données de Bergman , la quantité d’acide nitrique répandue dans la mafle eflayée devoit être de 8 grains ?, environ -= de fon poids, & dans la mafle entière, 27 grains :. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 D’après ce réfultat , il ne refte plus de doute fur la production de l'acide nitrique pendant la combuftion. Ni le gaz oxigène, ni le gaz hydrogène ne peuvent être foupçonnés d’en avoir tranfporté dans l’ex- périence ; l’acide nitrique qui fe trouve mêlé à l'eau a donc été formé; & felon l'expérience de M. Cavendish, les élémens qui ont concouru à fa formation, font l’oxigène & l'azote, tous deux continuellement préfens dans le ballon, Examen des réfidus aériformes incombuflibles. Les réfidus formoient en volume + des deux gaz, & en mafñe =. Ïls contenoient du gaz acide carbonique, du gaz oxigène & du gaz azote, Je les avois pelés tous au fortir du ballon. Après un féjour fur. l'eau aflez long pour qu’ils ne changeaflent plus en rouge la teinture de rournefol , & qu’ils ne croublaflent plus l’eau de chaux, je les ai pefés une feconde fois ; ils pefoient 6 gros 30 grains de moins; cet à-peu-près = de la mafle entière des réfidus. Le gaz acide carbonique ablorbé par l’eau en faifoir donc le fixième. Le refte étoit du gas azote, avec — environ de gaz oxigène. La quantité confidérable de gaz acide carbonique des réfidus, m'a fait penfer que le gaz oxigène en avoit tranfporté dans expérience, Pour m'en aflurer, j'ai pefé en deux fois 1373 pouces cubiques de ce gaz qui ne troubloit pas l’eau de chaux. Après l'avoir enfuite lavé deux fois avéc le lait de chaux, j’en ai pefé pareillemenc 1870 pouces. Toutes corrections faites , il avoit perdu par le lavage , entre + & — de fon poids. Ainf le gaz oxigène qui ne trouble pas fenfible- ment l'eau de chaux, dans les expériences en petit, peut encore tenir entre — & — de fon poids de gaz acide carbonique. J'ai comparé le poids du gaz carbonique des réfidus au poids toral du gaz oxigène décompofé , il en éroit entre + & +, ainfi il avoic été tranfporté en totalité dans l’expérience, par le gaz oxigène. Afin de m'en aflurer doublement, j'ai recommencé deux fois l’ex- périence de la combuftion du gaz hydrogène : dans la première, j'ai lavé les deux gaz au lait de chaux; dans la feconde, jai lavé feule- nent le gaz oxigène, ni dans l’une ni dans l’autre de ces deux com- buftions, les réfidus ne contenoient point de gaz carbonique. ] Il paroït donc que le gaz hydrogène que j'ai employé ne tenoit ni gaz carbonique ni carbone , autrement, s'il eut tenu feulement du carbone en diflolution, les réfidus auroient dû renir du gaz carbonique. Je reprends le réfultart de la combuftion du gaz hydrogène, afin d’en tirer quelques conféquences, Le poids de l’eau ne différoit que de 31 grains de celui des deux gaz réunis, une égalité fi rigoureufe entre le poids des gaz & celui de l’eau ne prouve-t-elle pas que route la matière qui conflituoit les 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, gaz avant leur décompofition , eft entrée pour conftituer l'eau , après la combuftion, À la vérité, les gaz avoient perdu leur volume, puif- que l'eau n'occupoit pas f4 pouces , au lieu de 110,000 que les gaz occupoient, mais cela n'affoiblit point notre aflertion. Ce n’eft point au volume qu'on juge de la quantité de matière, c'eft au poids. Ainf puifque l'expérience fe fair dans des vaifleaux-fermés, où, tant que dure la combuftion, il n'entre que le gaz oxigène & le gaz hydrogène, on fera forcé de convenir que l’eau fe fait avec la mafle entière des principes des deux gaz. Si on dir que ces principes font de l’eau, il fera facile de prouver que cette aflertion eft contraire aux vérités les plus communes de la chimie. Il fufira de rappeler que le gaz oxi- gène réduit un métal en oxide , & que.le gaz hydrogène réduit un oxide en métal. Prenons le cuivre pour exemple : il eft amené à l'état d’oxide, lorfque l’oxigène s’eft combiné avec lui. Si loxi- gène éroit de l'eau , l’oxide du cuivre feroit denc une fubftance compofée de cuivre & d’eau. Cependant cet oxide eft ramené à l’é- tat de cuivre pur l'hydrogène qui enleve l’oxigène au métal. Or, fi la bafe du gaz hydrogène étoît aufli de l’eau, le phenomène de la ré- duëtion du cuivre par le gaz hydrogène feroit aufi étonnant que fi l’a- cide fulfurique décompoloit le fulfate de potaffe pour fe combiner avec fa bafe. IL eft donc hors de doute que l’oxigène & l'hydrogène ne font point de l'eau, & il eft également hors de doute que ces prin- cipes combinés enfemble forment l’eau. Quelque vraies que paroiffent ces conféquences, elles n'auroient pas tout le deoré de certitude qu’on peut obtenir en chimie, fi on ne parvenoit pas à décompofer l’eau, comme on elt parvenu à la former, SECONDE EXPÉRIENCE, Décompofition de l'Eau, Pour décompofer l’eau, il faut lui préfenter une fubftance qui ait, avec un de fes deux principes conftituans, avec l'oxigène , par exemple, plus d’affinité que n’en a l'hydrogène. Alors cette fubftance fe com- binant à l'oxigène , l'hydrogène refte libre, reprend le calorique & fe dégage en gaz. Les métaux & les combuftibles ont de la tendance à s'unir à l’oxi- gène; mais parmi ces fubftances le fer eft celle qui jouit au plus grand degré d’une affinité fupérieure à celle de l'hydrogène. Si on chauffe fortement une lame de fer à l’air libre, ou dans une mafle de gaz oxigène, il difparoît une quantité confidérable de gaz. Le métal perd fon éciat métallique , fa dudüilité, & fon poids aug- mente d'autant que pefoit le gaz qui a difparu. Ces changemens fonc dus à la combinaifon du fer avec l’oxigène. Si f | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 465 Si on plonge une lame de fer rouge dans l’eau, Le fer perd fon éclat métallique & fa dudilité, il augmente de poids, & en même tems il fe dégage du gaz hydrogène, Le fer (ubit dans cette expérience les mêmes changemens que dans la précédente; il fe combine donc à loxigène , il trouve donc ce principe dans l'eau. Nous avons rempli de fil de fer applati un fort canon de fufil, & nous l'avons pelé au demi-orain; enfuite nous l'avons revêtu d’une doubie cotte de fil de fer, afin d’évite: que l'air extérieur ne fe com- binâc au canon, & ne concourût à augmenter fon poids. A l'extrémité du canon, nous avons adapté un apparsil propre à condenfer & re- cueillir l’eau, qui, paflant en vapeurs, échapperoïit à la décompolfi- tion; & enfin, un appareil propre à recueillir le gaz hydrogène. Cela fait, nous avons rougi le canon, & nous y avons fait couler l'eau goutte à goutte, après avoir purgé d’air l'appareil entier. Dans le commencement de lopération , le gaz hydrogène fe dé- gageoit avec rapidité, & pendant deux heures, à peine a t-il coulé quelques gouttes d'eau dans le bocal deftiné à recevoir celle qui ne feroic pas décompofée. Maïs le dégagement du gaz s'étant rallenti, l'eau a coulé plus abondamment dans ce bocal; enfin , après cinq heures d'expérience, le gaz a ceflé de fe dégager, & toute l’eau qui couloic “dans le canon, fe réduifoit feulement en vapeurs, fe condenfoit en- fuite, & fe raffembloit dans le bocal. Alors, c'eft-à-dire lorfque le fl de fer qui remplifloit le canon a été faturé d'oxygène , nous avons interrompu l'opération. L'eau qui avoit coulé-lans le canon de fuñl pefoit 15 onces 2 grosrr er. L'eau échappée à la décompofition & recueillie dans le bocal! peloit st, .n he. * . . . "II 6 3,5 Ainf le poids de l'eau qui avoit difparu étoitde 3onces4gros,s gr. Le gazhydrogène recueilli pefoit............,.. Oonc. 4gr.24,2$ Le canon pefé au demi- grain après en avoir enlevé la double cotre de fil de fer dont on l’avoit revêtu, étoit augmenté depoidsde.,.,. : 2 7 17 Ainf, les poids réunis, du gaz hydrogène & du principe qui s'eft combiné au fer, écoient de... 3 oncess gtOS 47,25 Ce qui diffère de 38 grains = du poids de l’eau qui avoit difparu. Je regarde comme nulle cette légère différence dans une expérience délicare où il étoit poffible de perdre davantage , pour des raifons Tome XXXUI, Part, IL 1788. DECEMBRE, Non 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que j'ai détaillées dans le mémoire dont j'ai parlé. Le poids de l'eau ui a difparu , fe retrouve donc dans le gaz hydrogène & dans le canon de fufil. Cette eau a donc fourni la matière du gaz hydrogène & celle qui s’eft combinée au fil de fer, elle a donc été décompofée . en hydrogène & en oxygène. Examen du Fil de fer retiré du Canon. Les petites lames de fer retirées du canon préfentoient une caflure terne, grisâtre, grenue, d’un grain beaucoup plus ferré que celui du fer employé. Au centre de quelques-unes, on voyoit encore un petit filet de métal blanc , dont le grain reffembloit à celui d'un acier très-fin ; elles fe brifojent avec facilité. L'action du barreau aimanté fur elles étoit prefque nulle ; quelques- unes reftoient immobiles fous le barreau , d'autres y adhéroient foi- blement; enfin, aucune ne confervoit aflez les propriétés du fer pour devenir elle-même un petit aimant , aucune ne pouvoit enlever après elle une des parcelles qui reftoient, ni même porter de mouvemens dans un monceau de petits fragmens. Ces expériences, & quelques autres encore que j'ai faites fur ces lames de fer, fuñiroient pour faire tomber l'opinion que le gaz hy- drogène étroit contenu dans le fer, & en a été chaflé par l’eau qui auroit pris fa place. IL nous refte à dire en quelle proportion l'oxygène & l'hydrogène entrent dans l'eau. D'après l'expérience de la décompofition ,; 100 parties d'eau con- tiennent , £ 4 Oxygène... ..... 84,2636, ou 84 à. Hydrogène... .... 15,7364, Ou 15 ze D'après la grande expérience fur la combuftion , 100 parties d’eau contiennent , A 4 Oxygène. see ce 18450 > OUNO4 F Hydrogène..." 115,2; ou 15 D’après une autre expérience que j'ai faite fur la combuftion, 100 parties d'eau contiennent , Oxygène. ....... 849594, ou 85. Hydrogène. . ...... 15,0406, ou 15. L'accord de ces réfultats entr'eux & avec ceux que M. Lavoifier r . # » » a trouvés, feroient une nouvelle preuve de la théorie de l’eau, fi elle en avoit befoin. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 LEE ES (of EEE = = ne met Dent en pme NOUVELLES LITTÉRAIRES. SOCIÉTÉ ROYALE D AGRICULTURE. La Société Royale d'Agriculture a tenu fa féance publique le 28 novembre dans la grand'falle de l'Hôtel-de-Ville : M. Brouffonet a lu l'expofé des travaux de la Compagnie, & fucceflivement l'éloge de M. Gerbier, celui de M. de Buffon & celui de M. Schubarr. M. Lavoifier a fair leQure d’un Mémoire relatif à l'exploitation d’une terre qu'il fait valoir aux environs de Blois ; M. Parmentier a lu un Mémoire fur les plantes poragères & les moyens d'en étendre la culture. La briéveré du rems n'a pas permis de faire la lecture d’un Mémoire de M. de Fourcroy fur la culture du girofier aux îles de France & de Bourbon; d'un Mémoire de M. Cadet de Vaux dans lequel eft indiqué une analyfe des terres à la portée des cultivateurs; d'un Mémoire de M. Cretté de Palluel fur les diverfes expériences qu'il a faites à Dugny; d’un Mémoire de M. Boncerf fur l'aménagement des Forêts; & d’un Mémoire de M. Abbé de Commerel fur la culture & les ufages d’une efpèce de chou. La Société a diftribué plufeurs médailles d’or aux cultivateurs, préfens pour la plupart, à la féance & qui les ont reçues des mains de M. le Directeur Général des Finances. Prix difiribués. E La Société, en propofant de nouveau dans fa féance publique du 19 juin 1787, pour fojet d’un Prix la queftion relative aux arbres , arbuftes &c plantes dont on peut retirer des fils, avoit annoncé que, parmi les pièces envoyées au concours , elle avoit diftingué un Mémoire ayant pour épi- graphe: Parriæ Jim idoneus , utilis agris, & qu’elle offroit un jeton d’or à la perfonne qui avoit compofé cet écrit, fi elle jugeoit à propos de fe faire connoître. L’Auteur, qui s’eft depuis préfenté à la Société, eft M. Yvarc, fon Correfpondant à Maifons, près Charenton, & Fermier de M, l’Archevèque de Paris. I I, La Société avoit annoncé dans la même affemblée, qu'elle décerneroir, en x788,une médaille d'or à la perfonne qui lui auroit préfenté, dans Tome XXXIII, Part. I1,1788. DECEMBRE. Nnn2 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'année, un infrumenc Joit nouveau , foit perfeilionné, dont elle auroit reconnu l'utilité en économie rurale ou domeftique. Parmi les divers inftrumens qui ont été fourmis à fon examen, elle a flingué une charrue d'une conftruétion très-fimple &très-ingénieufe , & qui eft mue par des hommes, Quoique la Société foit convaincue ‘que cette machine ne pourra jamais devenir d'un ufage ne comme elle eft cependant per- fuadée qu ’elle peut être utile dans plufieurs circonftances, elle a accordé le Prix à l'inventeur, M. Durand, Maître Serrurier, demeurant à Paiis, rue Saint-Viétor. LEE IE: La Société avoit annoncé qu'elle diftribueroit , dans cette affemblée ; des médailles d’or aux Cultivareurs qui fe feroient diflingués par lemploi de quelque procédé nouveau où peu connu, ou qui auroient concouru , d’une manière efficace, aux progrès de l'Agriculture; ces Prix ont été décernés ; favoir : A M. Lefferey , Maître de Poftes à Baflou, pour avoir chaulé avec foin, depuis plufeurs années, fes grains, les avoir donnés ainfi préparés aux Connie de fon canton , en échange contre du bled intefté de pouflière de carie, & avoir, par cette générofité bien entendue, engagé les Laboureurs, fes voilins , à donner une bonne préparation à leurs grains, A M. Preffac de la Chaynaye , Curé de Saint-Gaudent , près Civrai en Poitou, qui s'eft appliqué, avec autant de zèle que de fuccès, à répandre parmi fes Paroilliens des connoïflances utiles en Aoriculiure, qui a joint les exemples aux leçons, & les fecours aux exemples, alliant ainfi, par le rapprochement ie plus heureux , les préceptes de l’ Evanoile avec ceux de l’économie rurale. A Madame... ..Chartier , veuve Hannoteau, Fermière dans la Paroifle du Tremblay, près Paris, mère de quinze enfans, auxquels elle a donné l'exemple non interrompu des vertus, du travail & d’un mérite diftingué en économie rurale & domeftique. La Société a décerné ce Prix non-feulement aux talens , mais aux vertus agricoles, A M. Céré, Correfpondant de la Société, & Intendant du Jardin du Roi à l'Ile de France, pour avoir cultivé avec autant de foin que de per- févérance , le giroflier ; le canelier, le mufcadier & plufieurs autres arbres utiles, & avoir enrichi les colonies françoifes d'un grand nombre d'arbres fruitiers & de plantes précieufes pour l’ Agriculture &le Commerce. A M. Eon de Cely , Evèque d'Apt, qui a cultivé le premier, en France SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. & en pleine terre, le gouyavier (1) & l'arbre de fuif (2), dont il a obtenu des fruits dans leur parfaire maturité, & qui, en enrichiffant ainf les provinces méridionales d'un fruic nouveau & d’un arbre utile pour les arts, a donné un exemple fait pour avoir la plus grande influence fur tous les ordres de citoyens, * A M, Flobert, Curé & Promoteur de Blérancourt, dans le Soiflon- nois, qui, le lendemain de l'orage du 13 juillec dernier, voyant que le prix de la mefüre de bied étoic monté, dans le marché de Blérancourt , de 4 liv. 10 fols à 10 liv. ouvrit aufli-tôt fes greniers; &, livrant fon grain au taux primiuf, rétablit ainfi le cours ordinaire de la vente, La Société offre avec d'autant plus de fatisfaction l'exemple d'un fi noble définté- reflement aux Cultivateurs, que les malheureufes circonftances qui l’ont fait naître fervent trop fouvent de prétexte à une conduire oppolée, & donnent lieu à des calculs fondés fur la misère publique, & qui désho- norent l'humanité. A M. le Baron de La To dde -Péhdne à Mortier au Parlement d'Aix, & Correfpondant de la Société , qui a introduit en Provence les moutons à laine fuperfine, les chèvres d’Angora, plufeurs arbres & plantes utiles, & qui, dans un grand nombre d’expériences dont il a préfenté les réfultats à la Société, a manifefté , d'une manière non-équi- voque, fon zèle pour les progrès de l’Asriculture & le bien-être des Cultivateurs. À Madame Anne Louife Degremont , époufe de M. Brogniart, Architette du Roi & de l'Hôrel des Invalides, pour avoir communiqué à la Société le réfulrar de travaux inréreflans fur l'éducation des volailles & la conftruétion des lieux deflinés à les renfermer. À M. l'Abbé Saulnier | Correfpondant de la Société, & Principal du Collège à Joigny , pour avoir rédigé avec beaucoup de zèle & de clarté les procès-verbaux de la tenue des aflemblées des comices agricoles de Joigny , pour avoir communiqué à la Compagnie plufieurs obfervations précieufes d’économie rurale, & engagé les Culrivareurs de fon canton à s'occuper des moyens de rendre utiles à leurs confrères leurs connoiffances en Agriculture. A M. Laval, Laboureur & Membre des comices agricoles de Provins; pour avoir mis en valeur, & cultivé avec beaucoup d'intelligence , des terres dont on ne retiroit aucune utilité, & avoir préfenté à ja Société des Mémoires relatifs à l'amélioration de ‘différens procédés de culture. (1) Pfidium Goyava , L. (> Croion febiferum , L, 479 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, TV: La Société a toujours été dans le deffein de diftribuer, tous les ans, aux Cultivareurs, & en même tems que des médailles, des befliaux de races choifies, ou des inftrumens de labour ; mais les circonftances ne le lui avoient pas encore permis. M. l'Abbé de Commerel, Affocié étranger, ayant laiflé à fa difpoñtion une vache laitière qu'il a nourrie, cer été, uniquement avec des betteraves champêtres , la Compagnie s’eft vue, avec farisfaction, à même de commencer une diftribution dont elle fene tous les avantages; elle a, en conféquence , adjugé ce Prix , auquel elle a joint une médaille d'argent , à Madame Marie - Marouerie Guedon , époufe de M. Fridly Barth , Invalide Suifle, demeurant à Argenteuil , inftruite dans la manutention des beftiaux , & qui, attaquée d’un mal done les atteintes font violentes & cruelles , dénuée de moyens, & ayant eu le malheur de perdre quelques-uns de fes animaux , a cependant élevé avec fuccès plufieurs génifles. : Prix propofés. e EL La Société avoit propofé , dans fa féance publique du 19 juin 1787, pour fujet d’un Prix la queftion fuivante : Quelles font les plantes qu'on peut cultiver avec le plus d'avantage dans les terres qu'on ne Laiffe jamais en jachères , & quel ef? l'ordre Juivant lequel elles doivent étre cultivées ? Parmi les Mémoires envoyés au concours, il ne s’en eft trouvé aucun qui remplit complettement l'objet de la queftion. La Société en a cepen- dant diftingué deux dont elle a arrêté qu'il feroit fait une mention honorable; 1°. celui N°. 6, ayant pour épigraphe: 4rtem experientia Jecit exemplo monfrante viam ; 2°. celui n°, 7, avec lépigraphe fui- vante: Reélèque mutatis requiefcunt fætibus arva. La Société propofe de nouveau ce Prix qu’elle décernera dans fa féance publique de 1789; elle ajourera à la fomme de 300 liv. une médaille d’or de la valeur de 100 liv. — Elle invite l’Auteur du Mémoire N°.6, à traiter la feconde partie de la queftion propofée qu'il a totalement né- gligée. Il rend un compte très-intéreffanc de la quantité confidérable de graines & de plantes différentes qu'il a employées pour effe@uer la fuppreflion des jachères, depuis plus de vingt ans fur fon domaine fitué dans une plaine aride, & fous un ciel brûlant ; il expofe avec ordre, netteté & précifion , les divers fuccès dont fes travaux ont été fuivis pour chacune des plantes qu'il a cultivées; mais il ne parle nullement de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 471 ; b . AE s Pordre des cultures, objet cependant eflentiel, & qui fait partie de la queftion propofée. : ETA L'Aureur du Mémoire, N°. 7, rapporte un très-grand nombre de faits qu'il a recueillis dans les meilleurs Auteurs nationaux & étrangers; la méthode, l'intelligence & l'intérêt avec lefquels il les expole, diftinguent fon Ouvrage ; mais il n'eft riche que par autrui, & cela ne peut fuffre dans un concours de ce genre. La Société l'engage à lui adreffer des faits établis fur des expériences qu'il aura répétées pendant plufieurs années, ou au moins dont il aura été témoin, conformément au Programme de 1787. Les Mémoires ou fupplémens ne feront reçus que jufqu’au premier avril 1780. RCE Les Comices agricoles de Monfort-l'Amaury , témoins du tort confi- dérable que fait aux luzernes la plante parafite connue fous le nom de Cufcute , avoient prié la Compagnie de vouloir bien propofer un Prix relatif à cet objet ; la Société avoir en conféquence annoncé , dans fa féance publique de 1787, qu'elle décerneroir, cette année, un Prix de la valeur de 300 liv. à PAuteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante : . Quels font les moyens les plus efficaces de détruire le Cufcute ow teigne qui fe trouve communément dans les luxernières ? Les Mémoires envoyés au concours n'ont point entièrement facisfaie la Société; elle en a cependant diftingué deux dont elle a arrèté qu'il feroic fait une mention honorable. Le premier a pour devife: 1/ ef? plus utile, plus glorieux par conféquent , & prefque toujours plus facile de prévenir le mal que de le réparer. Le fecond a pour épigraphe: Quid utile, quid non. La Société propole de nouveau la même queftion pour Pannée 17090. Le Prix confiftera dans la fomme de 300 liv. & une médaille d’or. Les Mémoires ou fupplémens ne feront reçus que jufqu’au premier avril 1790. IP - La Société avoir propolé, pour cette année, un Prix de la valeur de 600 liv. en faveur du meilleur Mémoire qui lui. auroit été adreflé fur le fujet fuivant : Perfeüionner les différens procédés employés pour faire éclore artifi- ciellement & élever des poulets , & indiquer les meilleures pratiques à Juivre dans un établiffement de.ce genre fait en grand. 472 OBSERVATIONS #UR LA PHYSIQUE, Elle a recu différens Mémoires relatifs à cecre queltion; mais aucun ne lui ayant paru avoir rempli fuffifamment les conditions du Programme, elle propofe de nouveau le même fujet. Le Prix de la valeur de 600 liv. fera diftribué dans la féance publique de 1700 ; les Ouvrages ne feront reçus que jufqu’au premier avril de la même année : il fera libre aux con- currens de fe faire connoître , afin que les Commiflaires nommés par la Compagnie puilfent fe concerter avec eux poûr répéter Les expériences. TRNE La Société avoit annoncé qu'elle adjugeroit , dans cette féance, une médaille d’or à l'Auteur de l’Ouvrage le plus à la portée des habitans de la campagne, & le plus propre à leur donner des connoiffances en morale & en économie rurale & domeftique. Diverfes pièces ont été envoyées att concours ; mais aucune n'ayant rempli le but de la Société , elle annonce de nouveau le même fujet pour l'année 1790. Les perfonnes qui s'oçcu- peront de cet objet ne font pas tenues de donner des connoiffances noy-. velles, mais feulément un expofé clair, méthodique, & très-abrégé des meilleurs principes ; un livre, en un mot, qui puiffe être mis entre les mains des habitans des campagnes des deux fexes & de rout âge. Les Ouvrages deftinés à concourir pour ce Prix ne feront reçus que jufqu'au premier avril 1790. STE La queftion fuivante forme le fujet d'un Prix de la valeur de 309 liv. qui fera diftribué dans la f£ance publique de 1789. Quels font les meilleurs moyens de garantir les habitations de la campagne des accidens auxquels elles Jont le plus fouvens expoÿtes, d’en rendre le féjour plus sûr , plus fain, plus commode, & la conftrudion plus économique ? Les fonds de ce Prix font dus à la généroficé d’un Membre de la Société , animé d'un efprit philantropique, & accoutumé, depuis long- tems, à porter fes vues vers Les objets utiles dans les villes & dans les campagnes, Les concurrens font priés de donner des détails circonftanciés fur toutes les parties qui doivent compofer l'habitation du Cultivateur, & de joindre à leurs Mémoires un plan développé, Les Ouvrages ne feront recus que jufqu’au 15 avril 1789. VI . , 4 . . » La Société a propolé, dans fa féance publique de 1787, pour fujet d'un Prix, de déterminer, par des expériences fiivies & comparées ; quelles fous * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 473 font les meilleures méthodes qu'on doit fuivre pour obtenir les pariies fibreufes des végétaux , & pour en reconnoître les qualités. La Compagnie defire que les concurrens faflent l'application de la méthode qu'ils auront adoptée, à différentes plantes cultivées un peu en grand; qu'ils préparent les parties fibreufes de ces plantes , de manière qu'elles foient propres à la filature : enfin , que les avantages des plantes qui auront été foumifes à toutes ces expériences , foient appréciés com- parativement à un pareil travail, fait fur le chanvre ou !e lin. Le Prix fera de la valeur de 600 liv. auxquelles on ajoutera une médaille d'or ; les Mémoires feront reçus jufqu’au premier mars 1790. VAT: La Société a propofé, dans la même affemblée, pour fujet d’un Prix, de faire connoître quelles font les étoffès qui peuvent étre en ufage dans les différentes provinces de France ou des pays étrangers, & Jur-tout dans les pays de montagnes, & dont Les bergers & les voyageurs fe fervent pour fe garantir des pluies longues & abondantes. La Compagnie defire que ceux qui travailleront fur cet objet, décrivent tout ce qui concerne le choix & la préparation des matières premières , les procédés de fabrication des étoffes qu'ils propoferont , & de leurs apprèts; qu'ils ajoutent à tous ces détails, l'évaluation du prix auquel les fabricans pourront établir ces étoffes ; enfin, qu'ils joignent à leurs Mémoires des échantillons aflez confidérables pour que la Société puifle s’affurer par elle-même de leur qualité & des avantages qu'on doit s'en promettre. £ Ce Prix fera de la valeur de 600 liv, les Mémoires feront reçus jufqu’au premier mars 1789. Vrlui 4, La Société a propofé, dans la même féance, un Prix de 600 liv. qui fera adjugé dans la féance publique de 1790, à l’Auteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante : Quels font les moyens Les plus sûrs pour obtenir de nouvelles variétés de végétaux utiles dans l'économie rurale & domeflique, € quels font les procédés à fuivre pour acclimater dans un pays les differentes variétés des végétaux ? La Société defire que les concurrens s'occupent non-feulement de l'indication des procédés qu’on pourrait fuivre pour fe procurer de nou- * velles variétés , & les acclimarer dans un pays, mais encore de l’hiftoire des méthodes qu’on a employées jufqu'ici pour parvenir à ce bur. Tome XXXIIT, Par. 11, 1788. DECEMBRE, Ooo 473 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les Ouvrages deftinés au concours ne feront reçus que jufqu’au premier mars 17ç0. ; (ne La queftion fuivante, propofée en 1787, forme le fujet d’un autre Prix de 600 liv, qui ne fera diftribué que dans la féance publique de 1799: Quels font les végétaux croiffans naturellement dans le royaume , ou dont La culture y feroit facile, qui peuvent fournir une matière colorante en bleu, & quels font les. moyens de déterminer avec précifion la quantité de cette fubflance dans les diverfes plantes qui la contiennent ? Le travail du Paflel étant très-bien connu, la Société defire que les concurrens ne s'occupent point de cet objet, à moins qu'ils n'aient à indiquer des procédés nouveaux & plus avantageux que ceux qui font ordinairement mis en pratique. Les Auteurs défigneront les plantes dont ils parleront , fous le nom Botanique de Linné, & ils font priés de joindre à leurs Mémoires des échantillons ou des certificats authentiques de leurs expériences. Les Mémoires ne feront reçus que jufqu’au premier mars 1790. La Société diftribuera, dans fa féance publique de 1789, plufeurs médailles d’or aux perfonnes qui auront contribué d’une manière évidente aux progrès de l'Agriculture & au bonheur des Laboureurs. Prix extraordinaires. La Société defrant concourir aux vues de bienfaifance qui animent le Bureau de la Ville, a cru, d’après l'invitation qui lui en a été faire par M. le Procureur du Roi & de la Ville dans fa première afflemblée, devoir porter fpégialement fon attention fur tout ce qui eft relatif à l'aménage- ment des forêts & aux moyens de rendre le bois plus abondant; elle propofe en conféquence, pour fujet de trois Prix différens, autant de queftions relatives à cet objet. Le Corps Municipal , que caractérife un zèle conftant pour tout ce qui intérefle le bien public , a bien voulu faire les fonds de ces Prix. Le premier de la valeur de 600 liv. fera adjugé à l’Auteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante : Quelles font les caufes du dépériffement des forêts, & quels font les moyens d'y remédier. Le fecond Prix , de la valeur de 300 liv. fera accordé à la perfonne qui aura préfenté le meilleur Mémoire fur /a manière la plus économique & La plus profitable de faire Le charbon de bois ? SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 475 J Le fujer du troifième Prix de même valeur que le précédent, eft relatif à la queftion fuivante : Quels font les meilleurs moyens d'économifer le bois de chauffage Jans diminuer dans l'intérieur des maïfons la mafle de chaleur dont l'habitude & l'ufage ont fait une néceffiré ? Les pièces deftinées au concours, pour chacun de ces trois Prix , ne feront admifes que jufqu’au premier mars 1790. La Société décernera Les Prix dans {a féance publique de la mème année, Les Aureurs des Mémoires deftinés au concours, ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages, mais feulement une fentence ou devife ; ils attacheront à leurs Mémoires un billet cacheté, contenant cette même devife , leur nom , leur qualité, & leur demeure. Ce billet ne fera ouvert par la Société, qu'au cas que la pièce ait remporté le prix. Les Mémoires feront adreflés fous le couvert de M, le Directeur Général des Finances, à M. BRoUSsSONET, Secrétaire perpétuel de la Société, rue des Blancs-Manteaux, N°. 20 ; & s'ils lui font remis entre les mains , il en donnere un récépiflé où feront marqués la fentence de l'ouvrage & le numéro indiquant l’ordre de la réception. PARLOPSEPRERC TAULS: Enromologie , ou Hifloire- Naturelle des Infe&tes, avec les deffèrences Jpécifiques, la Deféription, la Synonimie des Auteurs, &c. & la Figure enluminée de tous les Infeites connus ; par M. OLivier, Doë. en Med, L'étude de l'Hiftoire-Naturelle eft fi généralement cultivée dans ce moment qu’elle produir'tous les jours des Ouvrages plus intéreilans les uns que les autres. Les fuperbes figures de Mérian , de Séba , de Clerck, de Schæffer , de Woër, de Pallas, de Drury, de Sepp, de Cramer, d'Efper, de Fuefly , de Stoll, de Sulzer , de Jablonski, &c. &c. les précieufes obfervations de Swammerdam, de Redi , de Réaumur , de Roëfel, &c. les diftributions méthodiques, les obfervations & defcriptions exactes, précifes de Linné, Geoffroy , de Geer, Fabricius , &c. en facilitant d'une part l'étude des infectes , en faifant connoître de l’autre un très-grand nombre d'efpèces, & la manière de vivre de quelques-unes, ont enrichi une des plus intéreffantes parties de l'Hiftoire-Naturelle. Mais rien ra plus contribué à fes progrès que les recherches d’un très-grand nombre d’Entomologiftes, faites dans l'Europe, & les voyages de MM. Banks & Solander autour du globe, Adanfon au Sénégal, Commerfon à Mada- gafcar & à lÎle de France , Sonnerat aux Indes Orientales, Pallas en Tome XX XIII, Parc. II, 1788, DECEMBRE, Ooc2 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Sibérie, Thunberg au Japon & au Cap de Bonne-Efpérance, Koenig au Bengale, Sparman au Cap de Bonne-Efpérance, des Fontaines en Bar- barie, de la Billardière en Syrie, Geoffroy de Villeneuve au Sénégal, de Badier aux Antilles, &c. &c. Cependant maloré le nombre d'infeétes que nous poffédons, la moitié n’eft pas encore, décrite, & à peine y en a-til un fixième de figuré. Fabricius, Auteur fyftématique le plus complet, n’a pas décric fix mille infectes, & il en exifte plus de dix mille dans les différentes collections de Paris feulement, Parmi le grand nombre d’Auteurs qui ont écrit fur les iufectes , la plupart n’ont donné que des obfervations, ou l'hiftoire d'un petit nombre d'individus ; quelques-uns fe font contentés de les décrire & de les pré- fenter dans un ordre méthodique ; les autres enfin n’ont donné la figure que de quelques efpèces intéreffantes ou remarquables qui fe trouvoient dans leurs collections. Cramer & Stoll font les feuls qui aient tâché de completter quelques genres. Il manquoit une bhifloire générale des infetes qui réunit, 1°. les élémens de la fcience ; 2°. un arrangement méthodique; 3°. une exacte & précife defcription ; 4°. la fynonimie complerte des Auteurs; $°. l'éty- mologie des noms ; 6°. l’hiftoire des habitudes , manière de vivre, travaux des infeétes fous leurs différens états ; 7°. les ufages économiques, les propriétés médicinales, &c. 8°. enfin, un ouvrage qui préfentäc la figure exacte de tous les infe@es connus. Tel eft celui que nous annonçons aujourd’hui, & auquel nous tra- vaillons depuis long-tems. Nous avons eu beaucoup de fecours. On nous a envoyé des infectes de toutes parts; tous les cabinets nous ont été ouverts; & nous avons été étonnés des richefles qu'ils renfermoient. Nous’ citerons avec reconnoiflance toutes les perfonnes qui auront bien voulu concourir pour la perfection de cet Ouvrage , foit en nous communiquant des obfervarions, {oit en nous confiant les infectes de leurs cabinets pour les faire peindre. Lorfque nous aurons épuifé d'un genre tout ce que nous en aurons pu raffembler, nous en préviendrons les amateurs , en les invitant à nous communiquer les efpèces de leurs collections que nous n'aurions pas repréfentées. | Un amateur aufli recommanda2ble par fes connoiffances que par le zèle & l’empreffement qu'il met à favorifer les progrès de l’Hiftoire-Natu- relle, a bien voulu faire les avances qu'exige cette entreprife, fans autre intérêt que la fatisfaction de procurer aux favans une des plus intéreffantes parties de l'Hiftoire- Naturelle. On lui doit déjà celui des papillons d'Europe dont les fuccès l’ont encouragé à faire profiter de tous fes moyens l'hifloire générale que nous propofons. Il s’occupoit depuis plulieurs années du SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS... 477 projet que nous réalifons; il avoit préparé toutes fortes de matériaux utiles, il avoit réuni plus de fepc mille deflins, C'eft fur ce fonds que nous avons commencé à faire graver. Jaloux de réuflir , nous avons choifi les meilleurs Peintres & les Graveurs les plus exacts , & nous nous fommes affurés de repréfenter les infectes avec toute la vérité poflible. Cet Ouvrage fera en françois ; mais afin que les étrangers qui ignorent cette langue , puiffent profiter de nos travaux , nous ajouterons à la fuire de la fynonimie une courte defcription latine. Tous les infeétes feront peints d’après nature, & repréfentés de grandeur naturelle ; mais lorfqu'ils feront trop petits , & que les caractères qui les diftinguent ne pourront être apperçus, ils feront en même-tems repréfentés groffis à une forte loupe. Les caractères eflentiels de chaque divifion & de chaque genre tirés des anrennes, des parties de la bouche, & des tarfes, feront repréfentés fufi- famment grollis pour qu'ils foient très-reconnoiflables. On commencera par les coléoprères, comme formant la claffe la plus nombreufe, la plus intéreflante & la moins connue, On paflera fuccefi- vement d'une clafle à une autre, Maïs les papillons d’Afe, d'Afrique & d'Amérique par Cramer , & ceux d'Europe donnés fous le nom d’Érnft, érant fupérieurement exécutés , il eft inutile de recommencer la claffe des lepidoprères, Notre Ouvrage devant leur faire fuite , nous avons adopté Je même format ir-4°. Il n’y aura fur chaque planche que des infeétes de même genre; la planche portera le numéro & le nom du genre, fuivant l'ordre dans lequel il fera placé. Pour juger fi le fuccès répond à l'annonce, on peut voir les planches “qui fonc déjà gravées & enluminées, chez - L’Auteur, rue des Maçons, N°. 11. M. Prévôr, Libraire, quai des Auouftins, Madame Delaguetre, Imprimeur-Libraire ,rue de la Vieille-Draperie. M. Lami , Libraire, quai des Auouftins, MM. Baflan & Poignant, Marchands d'eftampes ,rue & hôtel Serpente. M. Royez, Libraire, quai des Auguftins, à la defcente du Pont-Neuf. C'eft à ces adrefles qu’on foufcrir fans aucune avance , mais en rerant les deux premieres livraifons qui fe diftribueront au 15 janvier prochain, ‘en donnant {on nom, qualité & demeure pour recevoir les fuires ; cetre foufcriprion fervira pour la lifte qui fera imprimée dans Ouvrage. L'on ne délivre d'abord que les planches. Les difcours & defcriprions particulières qui y appartiendront ne feront délivrés qu'au mois d'août prochain. Ils feront recardés jufqu'à ce tems , parce qu'il a été jugé plus 478 OBSERVATIONS SUR LA' PHYSIQUE, avantageux de ne les produire qu'après avoir examiné les colle“tions d'Angleterre , de Hollande , d'Allemagne. Nous fommes aflurés de faire cinq livraifons par année, qui compoferont foixante planches, Le caraëtère fera un Cicéro ; il a été fondu exprès: le papier qui fervira pour les difcours & defcriptions, fera d’un beau choix, tout répondra à la beauté des planches pour lefquelles on continuera de fe fervir du plus beau papier fait exprès en Hollande. Paflé le mois d'août, les defcriptions retardées paroîtront & enfuite accompagneront toujours Les planches , ce travail elt fait ; mais pour plus de certitude on veut le vérifer. Les livraifons feront de douze planches, au prix de 24 liv. la livraifon comprendra, comme nous l’avons promis, les difcours. Les cent cinquante premiers foufcripteurs auront les épreuves enluminées par les mêmes Peintres qui ont fait les deflins. Nous avons recu beaucoup d’offres de foufcriptions pour des exem- plaires en noir; nous n'admertons d’abord que celles qui feront unies à des exemplaires coloriés , quelques amateurs nous les ont demandés pour les réunir, en faifant relier les planches en noir vis-à-vis de celles colo- riées, Nous avons cédé à leur defir, & donnerons la même facilité à ceux qui auront la même difpoftion ; mais pour ceux qui les voudroient à part, on recevra les noms & engagemens fans avarice , aux adrefles ci- deffus; & on leur délivrera Îles planches aufli-tôt qu'il y en aura cent d'infcrits à 12 Liv, par livraifon de douze planches auxquelles appartiendra au le texte. Les avances énormes d’une aufli difpendieufe entreprife obligent à cet arrangement, L'PURIOURSE DiENMAS AIGLE | A M DE LA MÉTHERIE, SUR LA NOUVELLE NOMENCLATURE. JE vous prie, Monfieur, d’inférer dans votre Journal, la réponfe que je fais à une Lertre qui vient de m'être adreflée, ayant pour fignature Er Re Aftrologue. L’Auteur de cette Lettre me dit qu'on eft furpris, d'après ce que M, Coufin, célèbre Géomètre & Profefleur du Collège Royal de Fran£e, a imprimé en faveur de la nouvelle Nomenclature & de la nouvelle Chimie, que je n’aie pas adopté cette Nomenclature & abandonné ma dodtrine , parce que M. Coufin y trouve une foule d’hypothèfes qui n one SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 479 aucunes probabilités. Voyez la page 196 du N°. 49 de la Gazette de Santé, 1788, où M. Coufin analyle ma doctrine, Si je n’adopte pas la nouvelle Nomenclature, c’eft qu'elle eft barbare, infigpifiante, & fans étymologie; c'eft que je regarde le technique d'une fcience comme un fonds public & facré, auquel on ne doit point toucher, & en cela je fuis du fentiment de toute l'Europe qui s’eft expliquée fur cette Nomenclature, qui n’eft adoptée par aucune nation. Se pourroit-il que M. Coufin & les Chimiftes néologues euffent imaginé que leur Nomen- clature appropriée à leur do@trine , alloit faire oublier les Ouvrages immortels des favans qui les ont précédés & inftruits. . Le fècle eft éclairé, eft érudit, & fi des chofes infoutenables onteuun inftant des partifans , ce n’eft que parmi les perfonnes qui admirent Jes opinions qui leur font préfentées fous des termes myftérieux, Ornnia enim Jlolidi mapis admirantur amantque Tnverfis quæ fub verbis latitantia cernune. Lucrece. M. Coufin, un des plus zélés partifans de la doctrine des Chimifles néologues , cherche à tourner en dérifion l'exiftence de l'acide que j'ai dit être partie conftituante de la cire , des builes, des graifles, &c. acide que j'ai défigné par Pépithère igné, parce qu'il eft partie intégrante du bois & du charbon qu'on emploie pour fervir d’aliment au feu. J'ai dit que cer acide igné faturé de phlopiftique formoit Les cires , les huiles , les graiffes, qui font à l'acide igné ce que le phofphore & le foufre font aux acides phofphorique & vitriolique. Si ces faits ne paroïflent point exaûs à M, Coufin, ils n’en font Pas moins reconnus pour vrais par les Chimiftes. EEE. DA IPN DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. OTICE des Obférvations faites Jur le Col du Géant ; par MM. DE SAUSSURE , page 401 Nouvelles preuves de la grande affinité du Charbon Pour le principe inflammable ; par M. LowiTz : extraites des Annales Chimiques de CRELL, de 1788, & traduites de l'Allemand , par M, CourET, Eléve en Pharmacie , 412 Lettre de M. Tincry , à M. DE LA MÉTHERIE > Jur la Compofirion de lEther, 417 Analyfè de la Prafe & de La Chryfoprafe ,ou Calcédoine verte de Cofemiz en Siléfie : extraite d'un Mémoire lu à l'Académie de Paris, par M. SAGe, 421 émoire fur des Os colorés en bleu, trouvés prés de Bourg ; par 48o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. M. Risoup, Secrétaire Perpétuel de la Société d'Emulation de Bourg-en- -Breffe Ÿ 423 Defcriprion d'une Machine propre à doucir & dreffer les Glaces à Miroirs, /es Cuivres des Graveurs , &c. exécutée en modele en 17835 par M. PAIOT DES CHARMES, 430 Méthode pour découvrir dans une Mine de Fer les Oxides (ou Chaux) de Zinc & de Manganèfe, par le moyen de l'Acide acéteux ; par me PogceL : extraite d'un Mémoire préfenté à la Société Royale Bifcaye , 436 Min émoëre fur Les _mOyens de connoëtre la qualité & la richef]e du Suc de Canne exprimé, lu au Cercle des Philadelphes du Cap en août 1785, par M. DUTRÔNE LA CouTUuRE, Doëteur en Médecine, Affocié du Cercle, 448 Extrait d'un Mémoire de M. le Profeffeur WiNTERL , fur la décompo- Jfition d’une huile épaile de Pétrole noire de la Hongrie , entre * Peklenicza & Mofcowina, traduit de l'allemand, par M. CoURET, Elève en Parmacie à Pas À 452 Lettre de M. PRIESTLEY , à M. DE LA MÉTHERIE , ur la ET de l Air inflammable & de l'Air pur, 456 Mémoire lu à la féance publique du Collège Royal, le 10 novembre 1788 , dans lequel on rend compte des expériences. faites publiquement dans ce méme Collège aux mois de mai, juin & juillet de la méme année , fur la compofition & la Fo al de l'Eau ; par M. LE . FÈvVRE DE GiINEAU, Leëleur & Profeffeur Royal de Phyfique expérimentale, 457 Nouvelles, Littéraires , 467 Lettre de M, SAGE, à M. DE LA MÉTHERIE, ur la nouvelle Nomer- clature , 478 "1 TABLE GÉNÉRALE D'ESS I AUREIETL C-LIETS CONTENUS DANS'CE V'OLUME HISTOIRE-NATURELLE. Se cet fur les inondations de la Vallée de Drom ; par M. Risoun , page 3 Volcan de la Trevareffe, plus connu fous le nom de Vokan de Beaulieu ; par M. DE JOINVILLE, 24 Mémoire + TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 481 Mémoire fur les Clavicules & fur les Os claviculaires ; par M. Vico- D'AZYR, 37 Defcription d'une Panthère noire ; par M. DE LA MÉTHERIE, 45 Obférvations fur l'irritabilisé des Végétaux ; par M. Jamz-EbOUART SmiTn, D. M. 43 Lettre de M. L'HÉRITIER , fur la Monetia, La Verbena globiflora & l'Urtica arborea, 53 ÆApperçu des Mines de Sibérie ; par M. PATRIN, 81 Mémoire fur des Fleurs donnant des Eclairs ; par M. HAGGREN, traduit par M. GEVALIN, III Troifième Voyage minéralogique d'Auvergne, par M. MoNNET , 112 Oljervations fur les mauvais effets qui réfulrent dans le Laonnois & le Soiflonnois de la décompofition de la Tourbe pyriteufe dans le voifinage des habitations ; par M. Le MaisTke, 166 Defcription des Volcans étein': d'Ollioules en Provence ; par M. BARBAROUXx, 107 Notice d'un Voyage aux Alpes; par M. DE SAUSSURE, 204 Defcriprion de différentes Criflallifations du Verre ; par M. PAJIOT DE CHARMES, 211 Leitre de M. BRUGNATELLt, fur la Fruëification de la Rofe tremiére, & lanalyfe de la Salive, c 214 Recherches fur un A:brifleau connu des Anciens fous le nom de Lotus de Lybie; par M. Des FONTAINES, 287 Quelques ob/ervations fur la Lettre de M. BRUGNATELLI; par M. DE REYNIER , 4 311 Quatrième Voyage minéralogique fait en Auvergne ; par M. Mox- NET ;, 321 Lettre de M. Mepicus, fur divers objets relatifs à la Botanique , 343 Obfervations fur la culture & les ufages économiques du Daurier ; par M. Des FONTAINES, 351 Suite des Extraus du Porte-feuille de l'Abbé DicQUEMARE, Mulriplication des grands Polypes marins, 371 Notice des Obfervations faites fur le Col du Géant; par MM. DE SAUSSURE, 4O1 Mémoire fur des Os colorés en bleu, trouvés près de Bourg ; par M. Rwovu», 423 Tome XXXIIT, Part. 11, 1788, DECEMBRE, Ppp 482 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. PHYSIQUE. ÆExrrair d'un Mémoire fur le Mécanifme des Luxations de l'Humerus ; par M. PiNEL, page 12 Obfervations fur la criflallifation de la Glace ; par M. D'ANTIC, 56 Lettre de M. Jures-HeNRi POTT, au füjet de la Glace qui fe forme au fond de l'eau, Lertre de M. le Baron DE KIENMAYER , fur une nouvelle manière de préparer l’Arnalgame éleétrique, 96 Expériences fur la compofition de l'Eau & le Phlogiflique ; par M. PRIESTLEY, 103 Lettre de M. HUBERT, fur l'Air contenu dans les cavités du Bambou, 130 Examen d'une difeuffion relative à l'équilibre des Voûtes ; par M. TREMBLEY, 132 Troifieme Letre de M. Davip LEROY, fur la Marine, & parti- culierement Jur les moyens de perfe“tionner la Navigation des Fleuves, 136 Defiription d'une nouvelle Balance ; par M. RAMSDEN, 144 Mémoire fur les Aurores boréales ; par M. le Comte JULES DE VIaANoO, 153 Mémoire fur une Machine qui auroit la propriété d'infpirer, par le moyen du Vent, & de produire cet effet, fans exiger d’écre mile en mouvement ; par M. DE LYLE DE SAINT- MARTIN, 161 Harmonica perfe&ionné ; par M. DEUDON, 153 Examen de l'effet de lArtraëtion dans Paë&ion des Menfirues , attribués à cette caufe ; par M. le Chevalier D'AUDEBAT DE FERRUSAC , 198 Leitre de M. De ReymiER, fur La Criflallifation des Etres orga- mifes , : 215$ Lertre de M, DE PRÉLONG , fur des Obfervations météorologiques de Gorée , 224 Mémoire fur les Aréomètres ; par M. VALLET, 241 Obfervations [ur la confiruëtion des Cônes de Cherbourg , 246 Expériences fur la caufèe de l'Eleétricité des Subflances fondues & refroidies ; par M. VaAN-Marum& M.PAETSs VAN-TROOSTWRYK, 248 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES, 483 Obférvations fur l'influence de l'Air & de la lumière dans La végétation des Sels ; par M. CHAPTAL, 297 Lettre de M. SCHROETER , fur une tache de la Lune, 313 Letire de M. Carmoy, fur l'aétion de l'Eleëtricité fur la Wépéta- tion , 339 Lettre Pa Dom SaiNT-JULIEN , fur une noïivelle Machine éleétrique, 6 Defcription d'une Machine propre à doucir & à dreffer les Glaces 1 Miroirs , les Cuivres des Graveurs , &c. par M. Pasor, 430 Lettre de M. PRIESTLEY , fur La combuflion de l'Air inflammable € » de l'Air pur, 456 GAETEMRCNEUICTE. Osserrarroxs fur les rapports qui paroiffent exifler entre les Criflaux d'Etain & les Criflaux de Fer oétaëdres ; par M. dE RoMË DE LISLE, AS 39 Réfüleat des Expériences & Obfervations de MM. DE C.. AA fur P'Acier fondu, 46 Lettre de M. CRELL, fur une nouvelle efpèce de Pierre, & fur le Charbon , 53 Mémoire fur le Phofphate de Soude criflallifé en rhombe, & fon ufage comme purgatif ; par M. GEORGE .PEarson, D. M. 147 Réponfe de M. PRozerT, à M. BOUCHERIE; fur le raffinage du Sucre, 169 PE 70 & Obfervarions, fur la manière de fondre lOr avec l’'Etain ; par M. ALCHORNE, 213 Obférvations fur quelques combinaïfons de l'Acide marin déphlo- gifliqué ; par M. BERTHOLLET, 217 Examen de la prétendue abforption du Char bon dans les vafes elos ; par M. le Comte DE SALUCES, | 253 Suite , 354 Réflexions fur la nouvelle Nomenclature chimique , par M. D'ARE- JULA , 262 Recherches chimiques fur la Molybdéne d’Altemberg en Saxe 3 par M. IsLMANN : sraduites par M. COURET, 292 Lettre de M. WEsTRUMB, fur le Sel fédatif nouvellement découvert dans le Quartz cubique de Luneboure , 301 434 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Extrait d'un fecond Mémoire fur la combinaifon de l'Acide phofpho- rique avec les Pruffiates (bleu de Pruffe), quelques Plantes des marais, différentes mines de fer; par M. HAssENFRATZ, 303 Lettre de M. FONTANA , fur du Vatriol de magnéfie trouvé dans des carrières de GypJe, 309 Lettre de M. KLAPROTH , fur L'Analyfe de l Apart, 313 Obfirvations genérales fur la Criflallifacion ; par M. Le BLANC , 374 Extrait d'un Mémoire fur la nature du Suc gaffrique des Animaux rutrinans ; par M. MACQUART, 380 Lettre de M. HASSeNFRATZ , fur la Combuffion, 354 KRéponfe de M. DE La MÉTHERrE , fur la Combuffion , 385 Lettre de M. SAGE, fur les Recherches chimiques de M. ISLMANN , Jur la Molybdene d’Aliembere en Saxe, 389 Nouvelles preuves de la grande Afjinité du Charbon pour le principe inflammable ; par M.-LoWerz ytraduives par M. COURET, 412 Lettre de M. TiNGrRy , fur la Compofirion de l'Ether, 417 Analyfe de la Praje & de la Chryfoprafe ; par M. SAGE, 421 "Méthode pour découvrir dans une Mine de fer Les oxides (ou chaux } de Zinc & de Manganefe par le moyen de l'acide aceteux ; par M. PorcEL, ë 436 Mémoire fur les moyens de. connoitre la qualité & la richefje du fuc de Canne exprimé ; par M. DÜTRÔNE DE La COUTURE, : 448 Exrrait d'un Mémoire de M. le Docteur WiNTERL , fur la décompo- fition d'une Huile épaiffe de Pétrole noire de la Hongrie, traduit par M. CourET ; - MONNGNT : s1 452 Mémoire fur la compofition & la décompofuion de l'Eau; par M. LE FEVRE, 4 Lertre de M. Sacs , à M. DE LA MÉTHERIE, fur la nouvelle Nomen- clature , À 478 Nouvelles Livtéraires ; pages 69 —153 — 2f7 — 314 — 3/0— 407 APP} R°0 BA TT ON: J'a I lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage quia pour titre: Obférvarions fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle € fur Les Ar:s, ZA per MM. Rozier, MoNcez le jeune & De 14 Merarrie , &c. La Collection de faits importans qu'il offre périodiquement-à {es Lecteurs, mérite Pattenfion des Sa- vans ; enconféquence , j'efime rm permettre l’impreflion. À Paris, ce 13 Décembre 1788. LMONT DE BOMARE, nc 7, LS es NE, Pr Fo tute æ US" he © | L ” CR Lie es 1% . nos aps — Es Al ee D. ur: ' , TEE = = L = RE —— 1 — RTE Peel QU À Z lg — PAT O a # É I mire Es cs ? FE ee + — st +— c 227 0 S97 400 97} 0H T ne fe AE a ns d Fo TRUE RIRE RES, D DOË SELS ee £