PR STE ARE. RTE RSS Le = RE EE Ex RES ; | à o ot) (: \ ll il LD [2 | TV L6 DR \ PL LU \ y ñ É 2 s NX [ PALE M } 4 ( | WU LR i ( l PAU MONA à LA 4 C0 OS" De A Li { à: Ki , f LR ï Ù | [UT Le "à 1 1 CE Q\ « NAS te J Û |a DST CE y l Û , Cu " LA _ tr h MA ne | nor ; à | w | [1 | ù 2% T' ARS M TNT uv j en | | de CA * | | VAS A re 4 | { AU | Ne Ca Gr OBSERVATIONS ; ÉE PR - SUR L'HISTOIRE NATURELLE ETS UR:E:ES ARTS, AVEC DES ” PLANCHES EN PALLLE - DOUCE; DÉDIÉES A M. CHARLES-PHILIPPE , PRINCE FRANÇOIS ; Par M. l'Abbé RoZ1ER , .de pluieurs Académies ; par M. J. 4. Moncez le jeune, Chanoine Régulier de Sainte Geneviève ; des Académies Royales des Sciences de Rouen, de Dijon, de Lyon, &c. & par JEAN -CLAUDE DELA MÉT HERIE, Docteur en Médecine, de l’Académie des Sciences , Ârts & Belles-Lettres de Dijon, de l’Académie des Sciences de Mayence ,-de la Soci£ré des Curieux* de la Nature-de- Berlin”, de la Société des Sciences Phyliques de Laufanne”, de” la Société Royale de Médecine d'Edimbourg , de la Société pour l'encou- ragement des Arts à Londres, &c. TANVIER Do TOME XL. SE A PPYACRFS,., AU BUREAU du Journal de Phyfque , rue & hôtel Se rpente Er fe trouve A LONDRES, chez Josepx DE BoFreE, Libraire, Gerard-Street, N°.7, Moho M: D'C'C+: X CT, AVEC PRIVILÈGE DU ROX ” OBSERVATIONS MÉMOIRES SUR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. DISCOURS PRÉLIMINAIRE; 1 Par J. €. DELAMÉTHERTIE, À s TRONOMIE. L'Aftronomie n’a pas fourni cette année des phénomènes rares, ou des découvertes faillances; mais il y a des faits qui méritent d'être confignés dans ce Journal pour l'hiftoire de cette fcience, - M. de Lambre, un des plus grands aîtronomes qu'il y ait actuelle- ment, a terminé cette année fon grand travail fur les fatellites de jupiter. M. de la Place, par une théorie ingénieufe & favante, avoit apperçu dans leur fyftême des loïx & des dérangemens dont on ne s'étoit pas douté. I1 falloir un aftronome plein de fagacité & de courage qui Tome XL, Part, 1, 1792. J ANVIER. A 2 À . ra F2 : » * 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ÿ _difcurât routes les obfervations faites depuis cent trente ans, pout citimer la valeur & la mefure de çes inégalités dont la théorie ne donne que le principe & la loi. M. de Lambre. y a travaillé pendant deux ans, & ces J'ables vont paroître avec la troifième édition de l’Aftronomie de M. de la Lande , ouvrage refait prefqu'en entier, & qui doit paroîre inceflamment. L'obfervatoire de l’Ecole-Militaire dont M. de la Lande a la direction, a continué de fournir une fuite à l’immenfe entreprife de la détermina- tion des étoiles. M. le François de ‘la Lande fon neveu s'en eft occupé avec un zèle proportionné à l'utilité de l’entreprife.MOn à déjà la déter mination de dix mille étoiles dans la partie du nord. En continuant leur travail, ces favans parviendront à en déterminer plus de trente mille dans la partie du ciel viäible fur J'horifon de Paris. Madame le François, époufe du jeune aflionome, a términé de fon côté avec le même zèle que fon mari les Tables horaires qui doivent fervir à trouver les longitudes en mer, en donnant l'heure qu'il eft par la hauteur du foleil, ou d’une étoile, dans tous les pays du monde, dans tous les.rems de l’année & à routes lestheures du jour. L’Affemblée Nationale en a décrété l’impreflion le 9 juin, comme d’une chofe qui tient au bien public, & cette impreflion a commencé au mois de décembre 1791: : Depuis le commencement du fiècle les ‘aftronomes ‘de l’Académie des Sciences de Paris ont publié des éphémérides dix années d'avance. La Caille avoit fini, en 1774. M.de la Lande 4{e chargea de la con tinuation , & il vient de publier le volume qui terminera ce fiècle avec l'année 1809. M. le François a fait prefque rous les calculs de ce volume. Madame Le François y a aufli coopéré, 1] y a dans ce volume des Tables d'obfervation de M. de Lambre. M. Mechain a publié la Connoïflance des Tems pour 1792. On a obfervé la conjonction de vénus du 19 œétobre 1791, qui éroit attendue depuis huit ans, parce qu’elle devoit nous fournir une nouvelle détermination du mouvement de vénus qui füt indépendant du mouve- ment de fon aphélie, deux chofes qui font difficiles à féparer. Les aftronomes qui étoient avec M. de la Peyroufe ont fait beaucoup d’obfervations aftronomiques & géographiques à la côte occidentale de l'Amérique feprèntrionale ,;à la côte orientale de l'Afie, & à la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, L'Affemblée Nationale én a ordonné l'impreffion. L'électeur Palatin avoit fait bâtir en 1772 un magnifique obfervatoire. C'eft une tour de cent pieds de hauteur & de vingt deux de diamètre fans compter les murs qui ont jufqu'à fept pieds d’épaifleur & des balcons en faillie. Ce prince l’a fait augmenter cette année pour y placer une lunette méridienne du célèbre Ramfden , avec une pyramide dans la À. " " SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ÿ plaine à une lieue de diftance , pour marquer la direction du méridien. M. Barry & M. Henri, miflionnaires de Saint-Lazare attachés à cet obfervatoire fe fout donné toutes les peines néceflaires pour tirer parti des excellens inftrumens qui leur éroient confiés. [ls envoyèrent à M. de la Lande l'été dernier quatre mille hauteurs des principales étoiles du côté du midi pour fecopder le travail qu'il avoit entrepris du côté du nord, 1} s’emprefla d'aller à Manheim concerter avec eux la‘fuite de ce travail. M. Piazzi à Palerme a placé fon grand'cercle de cinq pieds conttruit par M. Ramfden, & qui eft le plus bel inftrument d’aftronomie qu’on ait fait, IL Pa mis dans le nouvel obfervatéire que M: le prince de Carana- nico, viceroi de Siciles, a fait difpofer dans: une ancienne tour de’fon palais, & M. Piazzi a commencé à y faire des obfervations fuivies. En Italielesaftronomes de Milan, MM, Oriani, Regoio & Cefaris, ont continué les opérations trisonomérriques jufqu'à Gênes pour la mefure du degré & la carte de la Lômbardie. Ils ont reçu de,Londres un grand mural de fept pieds & demi, qui eft un des mciileurs inftiumens que M. Ramfden ait exécutés. | 1 M. Tranchot, ingénieur françois , a levé une carte très-exacte de l’île de Corfe. Il a mefuré un arc du méridien de l'amplitude de 1 degré 37 20”, depuis la pointe de.Tolaré jufqu’à Bonifacio. li a réuni cette ile avec la Tofcane par de grands triangles qui perfetionnerorit la Géographie de l'Italie. ; 3 A ; Mais une des entieprifes les plus intéreflantes pour le progrès de PAftronomie, eflla mefurc de Pare du méridien depuis Dunkerque jufqu’à Barcelone, qui-doir fe faire d’après les Décrets de l’Affemblée Nationale. Cette mefure doit donner, à deux ou trois toifes près, la valeur du degré fous le quarante-cinquième parallèle. Les aftronomes l’eftiment aujourd’hui de cinquante-fépt mille trente-une toifes. Mais il pourroit bien y en avoir: . dix à douze d'erreur. C’eft pourquoi il étoit néceflaire de faire un nouveau travail ; puifqu'enfin l'Affemblée Nationale a décidé de prendre dans cette mefure le type des poids & mefures du royaume comme l’avoienc fait depuis tant de fiècles les anciens égyptiens. Cent mille écus ont été deftinés pour cette dépenfe: MM. Caflini, Tranchor, Mechain , le Gendre , Monge , Meunier, vont commencer ce travail aufi-tôt que la faifon le permettra. On vient de terminer des cercles entiers qui avec dix-huit pouces feulement de diamètre peuvent donner les hauteurs, à we feconde près, comme le faifoienc autrefbis ‘des fe@eurs de dix ou douze pieds. 1! ne s’agit que de multiplier-les obfervations fur toute la circonférence du cercle, fuivant l’idée ingénieufe que Mayer donna en 1752: | Quand on connoîtra parfaitement la valeur du degré de la terre, on aura la circonférence entière, Le quart étant partagé en dix millions de parties, chacune vaudra trente-fept pouces de notre mefure auelle, /- 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & ce fera la bafe de toutes les autres mefures. C'eft ce que Les anciens appeloient leurs pieds géontétriques, Ce fera fur cette bafe qu’on calculera aufli les poids , les mefures de contenance, comme feptiers, boifleaux , muids , pintes, &c. &c, | Les anciens avoient encore pris dans la nature une autre bafe de leurs mefures, je veux dire la longueur du pendule. C’eft ce qui faifoit leur pied pythique ou delphique: On prendra également la longueur du pendule qui bat les fecondes à la latitude de quarante-cinq degrés, fur les bords de ia mer. On aura de cette manière des mefures exactes prifes dans des objets qui paroiffent le moins varier , au moins relativement à la durée de lexiftence de l’homme. Il ne manquera plus pour completterice que nous avons à defirer à cet égard, que de fixer le commencement de l’année à l’équinoxe du prin- tems ; & compter trois mois jufqu'au folftice d'été, trois mois jufqu'à l’équinoxe d’automne , & trois mois jufqu’au folftice d'hiver ; & enfin les trois derniers mois jufqu'à l’équinoxe du printems. Le progrès des lumières amenera ce changement néceflaire. Les aftronomes qui accompagnent M. d'Entrecafteaux, favoir, M. l'abbé Bertrand , directeur de l’obfervatoire de Dijon, & M. Pierfon, enrichiront encore l’Aftronomie de plufieurs obfervations intéreffantes, Ils ont avec eux quatre horloges marines de M, Ferdinand Berthoud. Mifs Herfchel vient de découvrir une comète très-petire, qui a depuis » été vue à Paris par M. Mechain, Zoologie. Le doëteur Girardi a publié un ouvrage fur l'origine du nerf intercoftal. Il adopte Le fentiment de Perir, qui croit que ce grand nerf ne prend pas fon origine dans le cerveau, mais y remonte. Il foutient en conféquence que le fiège de la penfée peut être dans la moëlle épinière & dans tous les ganglions qui fourniflent à ce nerf, comme dans le cerveau. On fait que plufieurs animaux à qui on a coupé la tête confervent l’irritabilité & la fenfbilité très-long-tems, que chez les polypes, plufieurs vers, &c. coupés en morceaux , chaque partie devient un animal complet. ... M. l'abbé Fontana qui s'occupe toujours beaucoup de travaux anato- miques, adopte la même opinion. Ïl prépare un grand ouvrage für l'irrita- bilité, la fenfbilité , étayé d’une foule d'expériences; & il croit être à même d'établir des chofes bien neuves fur la matière organifée, : M. Camper fils a publié la Diflertation de M. Pierre Camper fon père fur les différences réelles que préfentent les traits du vifage chez les hommes de différens pays & de différens âges (1). L'auteur, un des plus grands anatomiftes du fiècle, a rempli cette Diflertation de vues inté- reflantes, On peut la regarder comme l'introduétion d’un Traité fur les (x) La tradu&ion de cet ouvrage en françois par M. Quatremère d’Isjonval , fe trouve à Paris, Imprimerie du Cercle-Social , rue du Théâtre François \ SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 phyfonomies. Il eût été à defirer que M. Lavater eût poflédé les connoi- fances anatomiques de Camper pour travailler à fon ouvrage fur les phyfionomies. Cette fcience phyliognomonique connue des anciens, connue de tous les hommes qui en approchant un inconnu quelconque cherchent aufli - tôr à le juver {ur fa phyfonomie , doit avoir des principes généraux fixes; & elle en a effectivement, Mais ces principes {ont enfuite modifiés par une foule de circonftances particulières , qui en rendent l'application on ne peut plus difficile; c’eft comme l’art de guérir, qui a des principes généraux certains, & qui fouffrent des exceptions continuelles par des circonftances particulières. M. Odier , médecin de Genève , a publié des Tables de mortalité & de la vie moyenne à Genève, depuis 1560 jufqu'en 1760. Dans ce Tableau. qui renferme deux fiècles, on voit, 1°. que les vieillards de foixante-dix ans avoient autrefois une plus grande probabilité de vivre encore plufieurs années qu’aujourd’hui; 2°. qu’au contraire les enfans & Les jeunes gens avoient moins de probabilité d'une longue vie. Cela prouve qu'aujourd'hui l'éducation eft plus foignée ; mais en même-tems.ou que les tempéramens font plus foibles par la vie en général plus efféminée qu’on mène aujourd’hui, foit qu’on abufe de la vie par les excès auprès des femmes & autres ; ce qui abrège la durée de la vie: Le favant auteur du Journal de Médecine de Londres, M. Simmons, nous avoit donné l’obfervation d’un diabètes ( Aux exceflif d'urine) , dont les urines contenoient une grande quantité de matière fucrée. M. Jacquin parle d’une obfervation femblable. M. Pinel continue fon grand travail fur le mécanifme de l’économie animale, qu’il confidère, non-feulement dans l'homme, mais chez tous les animaux, Ses recherches lui ont fait appercevoir des différences affez fenfibles dans les différentes efpèces de quadrupèdes pour penfer qu'on pourroit en avoir une clafification naturelle fondée fur leur ftructure, II a lu un beau Mémoire à la Société des Naturaliftes fur l'articulation de la mâchoire inférieure, qu'il a confidérée dans les différentes efbèces , en faifant voir quelle force elle a chez les carnivores, tandis qu’elle eft très- foible chez les frugivores. M. d’Aubenton ayant caflé différens bézoards orientaux , a remarqué fous la première couche des criftallifations confufes , mais régulières. Ce font des aiguilles ou plutôt des prifmes allongés qui paroiffent dirigés du dedans au dehors, La Société des Naturaliftes de Paris qui s’occupe avec tant de zèle de Vavancement de cette fcience, a enrichi l'Entomolooie d’un grand nombre d’infeê&es non connus, qui lui ont été préfentés par MM. Oli- vier, l'Herminat, Bofc d’Antic, &c. Ils paroïtront dans fon premier fafcicule qui s’imprime, La Société des Naturaliftes établie à Londres fous Le nom de Linnéene, - F ” “à ; e 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne travaille pas avec moins d’ardeur aux progrès de cette fcience, Elle vient de faire paroître fon premier yolume ir-4°. de 250 pages avec 20 planches, fous le titre Tranfaëtions of the Linnen. Society. Le quatrième fafcicule des oifeaux décrits par M. Sparman fous le nom de Mufæum Carlfonium a paru depuis long-tems & nous l'avons à Paris. Le cinquième doit paroître depuis quelques mois à Stockolm, & le fixième & dernier paroïtra bientôt. Nous avons déja dit que cet ouvrage étoir un des plus beaux qu'il y eût fur l'Ornitholopie. : M. Latham à qui-nous devons un très-bel ouvrage fur cette partie, nous avoit promis un fyftême complet d'Ornithologie il vient de paroître en 2 volumes #7-4°. fous le titre d’Irdex Ornithologicus. I] fait mention de Le mille fept cens fix efpèces d’oifeaux. II remplit parfaitement les defirs des naturaliftes par l’exactitude avec laquelle il eft fair, C'eft le livre élémentaire que doivent fe procurer tous ceux qui veulent étudier les oifeaux. à M. Martyn doft nous avions déjà annoncé l’entreprife de former une Ecole pour defliner les objets d'Hiftoire-Naturelle, & qui avoit fait deux livraifons de coquilles bien definées & enluminées, vient de donner deux autres livraifons. ? {1 a aufli gravé quelques infectes , dont l'enluminure eft très-belle. Le genre Carabus eft un des plus nombreux & des plus difficiles de l'Entomologie. Guftoff Paykul a entrepris de fixer les efpèces propres à la Suède, de manière qu'on ne peur les confondre , ce qu'il a exécuté dans fa Monographia Caraborum Sueciæ. Cer ouvrage eft force bien fait, Il n’y en a encore qu'un exemplaire à Paris, qu'on peut voir chez M. Bofc. M.Olivier continue avec le même foin & le même zèle fon grand ouvrage fur les coléoptères. Les deux premiers volumes font finis. Ils contiennent chacun foixante-trois planches coloriées, & coûtent 252 liv. Les volumes fuivans paroîtront avec encore plus de célérité, parce que l'auteur a tous fes matériaux préparés, & qu'il y a déjà un grand nombre de planches gravées, Le troifième volume eft déjà fous prefle. Dans les deux premiers volumes qui contiennent trente-fix genres , M. Olivier a donné la defcription du double d’infectes qui avoient été décrits par les autres naturaliltes. Ses foins & ceux de M. Gigot d'Orcy, fon coopéra- teur, leur zèle, leur cotrefnondance, &c. leur fourniffent une foule d'objets nouveaux. Îls entreprendront les autres claffes d'infectes , lorfque celle des’ coléoptères fera achevée, fi le Public favorife l'entreprife, en foufcrivanr, Ils ont dans ces claffes écalement une foule d'objets nouveaux. Ce fera fans doute le plus bel ouvrage d'Entomolopgie. Les papillons d'Europe font également continués avec zèle, par les foins de M. Gigot d'Orcy. Botanique, Depuis trois ans M, Hoffman fembloit avoi oublié que , les + Th à 2 L Fi ‘ é L 5 $ & r SUR L'HIST. NATÜRELLE ET LES ARTS. (] les-botaniftes attendoient avec impatience la fuite de Qn tifroréa Salicum. Il nous a donué cetre année un nouveau Étcicile contenant fix efpèces. :IL a aufli publié deux nouveaux fafcicules de fon bel ouvrage intitulé Planræ Licheneæ , favoir , le quatrième fafcicule du premier volume & le premier fafcicule du fecond volume. Il feroit à defirer que ce botanifte ne laifsät pas imparfait fon ouvrage intitulé Erumeratio Lichenum & celui intitulé V’egerabilia Cryptogamiva , qui pour être faits avec moins de luxe n'en font pas moins intéreflans. Nous avons fait mention l'année dernière d'un bel ouvrage dé M. Smith, intitulé Plantarum Icones. Cec infatigable botanitte vient de donner un troifième fafcicyle contenant comme les autres vingt-cinq planches nouvelles gravées en hoir. Il a encore publié cette année un autre ouvrage intitulé Îcones pidæ Plantarum rariorum , qui eft de la plus belle exécution, format grand én-folio. Ce fafcicule contient fix plantes , dont trois font remarquables par leur beauté. M: l'Héritier vient de faire paroître vingt gravures fort belles qui font fuite à fon ouvrage intitulé Szérpes novæ. Cette livraifon qui ne Le cède point aux premières, contient encore plufieurs plantes nouvelles. M. la Billardière a donné une feconde décade des plantes de Syrie avec fioures. Nous en avons parlé, Ce jeune botarifte eft allé avec M: d'Entrecafteaux pour enrichir la Botanique. Il a éçrit du Pic de TFénériffe où il a déjà fait des colle“ions précieufes, M. Banks ayant trouvé dans le Mufée Britannique plufieurs deffins des plantes dont a parlé Kempfer, les a fait defliner & graver ér-folio au fimple trait, (ous le titre Jcones feledæ Plantarum quæ in Japonia collepir € delincavie Engelbertus Kempfer ex architipis in Muféo : - Britannico affervaris. Quand en fera-t-on autant en France pour les deflins du P. Plumier » M. Willemet nous a donné un beau Mémoire couronné à l’Académie de Lyon , fur les plantes étoilées. L M. Gaeftner a donné un fecond volume de fon bel ouvrage de Seminibus & Fruélibus. La mort l’a enlevé aux fciences. M. Cyrillo a donné une Flore Napolitaine. M. Cavanilles a publié la defcription de plufeurs plantes d'Efpagne ; fous le titre Plantæ Hifpanæ , &c. Le P. Laureiro , portugais , a donné en 2 vol. ë-4°. une Flore de la Cochinchine, fous le titre fuivant : Flora Conchinchinenfis fiflens lantas in regno Cochinchinæ nafcentes & in itinere per Afiam deteëlas , difpofita fecundim fexuale fyffema Lin. 2 vol. in-4. Olffipon. 1790. M. de la Marck continue d’enrichir la fcience dans l'Encyclopédie, [1 a donné dans le dernier volume de l’Académie des Sciences un Mémoire fur le mufcadier. | Tome XL, Part. 1, 1792. JANVIER, B 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; _ M, Desfontaincs nous promet bientôt la Flore du Monr-Atlas & de Ja Mauriranie, 7 Le fixième volume de la nouvelle édition du Syflema Naturæ Lin. ar Gmelin a paru. Mais il y a une foule d'erreurs qui ont échappé & qui défigurent entièrement l'ouvrage de Linné. M. de la Marck en a relevé un grand nombre dans un Mémoire lu à la Société des Naturaliftes, M. Coullomb nous a donné des obfervations intéreffantes fur une’ nouvelle matière verte qu'ii a: vu fe produire plufeurs fois dans de l’eau très-pure , & il a affez bien établi qu'on ne pouvoit en expliquer l'origine ue par une génération fpontanée. C'eft une idée à laquelle il faudra toujours revenir dans tout! fyftème philofophique. Minéralogie. Cette fcience fait des progrès rapides, aidée des fecours dela Chimie, bientôt nous aurons des analyfes de la plupart des fubftances minérales connues. Il eft vrai qu'un grand nombre de ces analyfes n’ont pas le degré de précifion qu'on doit deliier. On a trouvé le fuccin dans du bois foflile ; ce qui prouve de plus en plus fon origine végétale. M. Hacquet a trouvé une efpèce de fuccin criftallifé en oétaëdre, M: de Laumont a donné la delcription d’un criftal femblable qui eft dans la belle collection de Romé de l'Ifle dont il eft pofleffeur. Il a fait voir qu'il diffère très-peu du fuccin. M. l'abbé Haüy a fait voir que le fpath boracique eft électrique. M. Bruckman a prouvé que tous les fpaths calcaires à double réfraction deviennent électriques en les frottant & en les chauffant. M. Jacquin fils nous a appris qu’on a trouvé en Hongrie un amalgame. natif de plomb. £ Sa M. Pajot a fait connoître quelques nouvelles criftallifations de Pétain & du plomb. M. de Bellevue vient de découvrir une belle zéolite jaune criftallifée- en rayons divergens, dans des volcans éteints qu'il a reconnus du côté de Schafouze. Elle fe trouve dans des infiltrations volcaniques. Il avoir aufli obfervé des volcans éteints au pied des Alpes lombardes , au-deflus du lac Majeur , dans le lieu nommé Grantola , province du Varefe. M. de Dolomieu a découvert dans le Tyrol des volcans éteints dans: lefquels il a trouvé une zéolite rouge écailleufe , dont les écailles , fem- blables à celles du mica, font difpofées du centre à la circonférence. Le même naturalifte pofsède un groupe de petits criftaux de roche trouvé en Corfe, dans lequel eft engagée une émeraude très-tranfparente, peu colorée, & dont la criftallifation eft très-régulière, C’eft un prifse hexaëdre droit dont le fommet a des troncatures. M. Desfontaines a rapporté du Mont-Atlas un groupe de fchorl violet femblable à ceux du Dauphiné. L M Nues & SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 1: M. Thomfon a vu la matière filicée fe former ou {e dépofer dans des lieux expofés à la vapeur d'eaux minérales très-chaudes. Ceci vient à l'appui de ce qu'a vu M. Bergman à Geyer. M. Dodun a trouvé un fpath calcaire qu'il a cru être criftallifé en cubes. Mais M. l'Herminat qui l'a examiné avec beaucoup de foin croit que l'angle n'eft pas tout-à-fait de ço°, M. Dodun a aufli trouvé le fpath pefant criftallifé en rhombes , dont les angles font de 105 — 75. y Un des meilleurs ouvrages que nous ayons eu fur la Minéralogie, eft le Catalogue de la collection de Mademoifelle de Raab, donné par M. de Born, IL décric toutes Les fubftances nouvellement découvertes, dit les lieux d'où viennent les différens échantillons, & rapporte les analyfes qui en ont été faires. M. Werner a publié plufieurs ouvrages de Minéralogie , mais ils ne font pas connus dans notre langue, Nous avons publié dans ce Journal la tradu@tion d'un de. ces Mémoires que nous devons à ur favant efti- mable , fur les roches volcaniques & les bafaltes. Ce célèbre minéralo- gike prétend que les bafaltes font criftallifés par le moyen de l'eau ; ce ui a occafionné une grande difpute parmi les allemands, Les partifans e M. Werner font appelés Neprunifles , & ceux qui continuent à foutenir que les bafaltes font le produit du feu, Vulcanifles. M. Sage a donné plufieurs Mémoires intéreflans. Il a analyfé plufieurs mines, & ‘particulièrement une mine de laiton natif qui fe trouve à Pife en Tofcane, 8 une mine de cobalt fulfureufe $ arfenicale des Pyrénées. IL a auffi donné l'analyfe de l'hyacinthe blanche du Hartz, dans laquelle il a trouvé moitié de fon poids de terre calcaire : le refte étoic la gemme ure, \ 5 M. Klaproth nous a donné l’analyfe de plufieurs fubftances minérales. L'hydrophane, fuivant lui, eft compofée de Terre filiceufes.. 21e 4.0 2.0. 2. 0,93 Dim mm Terre argileufe ...........0...., O,01 Perte... o.v.si0i0.00 010 oisse ere. à 01e! OO D'après cette analy[e on peut donc regarder l'hydrophane comme une pierre de la nature des filex ou agates , affez poreufe pour permettre que l'eau s’introduife entre fes pores. M. de Sauflure fils nousa appris que la cire fondue pouvoit également s'infinuet dans les pores de l'hydrophane : ce qui lui donne un coup- d'œil jaunâtre.& tranfparent. La tremolite ou le tremolith eft une fubftance fibreufe comme la zéolite fibreufe , c'eft-à-dire, compofée de petits prifmes comprimés , _. d’un blanc éclatant & perlé, Le P. Pini l’a trouvée {ur le mont Tremola , Tome XL, Part, T, 1792, JANVIER. B 2 CA ù 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un des rameaux du Saint-Gothard, d'où il lui a donné le nome tremolite. Elle eft toujours dans une pierre calcaire phofphorefcente. M. Klapioth a analyfé deux variétés de cette tremolite; une qu'il appelle tremolite calcaire lui a donné, We Terre flhceute 2 LS Re bee 08.0f Métre (Caicaire (D) eee et Et LOTO Magnéfie la enr nets en Feren chaux ... 0... ss et ete le O0 IO0 FAN EN AR ARE ele, es eds cle eee nee NOLOU Din bin L'autre lui a donné: Torre filieene enr eut cs ve. CDD Merrencalcaire ET en A ST OST O6 Maphéliet huis ne RG; 19 Pere Aro lieu A EN A MO 0e RINRG RS a itdre nee does At le SO 00 Éau B£iperte née air Giocal ofa:nt ide à aber OO Romé de l'Ile (Criffallogr. page 420 , rome II, ) parle de cette fübftance fous le nom de fchorl blanc. Cette analyfe prouve que la tremolite doit être ôtée de la clafle des fchorls où elle avoit été d’abord placée ;, comme: toutes les fubftancos qu'on connoît peu, pour Les ranger dans celle des pierres magnéfiennes, dont elle a l’afpeét & le facies perlé. La terre verte qui fe trouve fouvent avec le criftal de roche , &:qui même eft interpofée quelquefois entre fes patties & le colore, a été appelée par les minéralogiftes allemands, après M. Werner, CAlorite.. M. Hopfner, qui en a fait l’analyfe, en a retiré, Ferre filiceufe ... re ous 2. aie tele. 0:42 MApREfC.. eue reve Le ve 10 here 19 ve 1e 8 do ta ro te cle VOD Terre dreiloufe à... QE 0 ob CRE Herr calcaires he. CE ICT CUTRGIOT Chaux défense SN DIIO Perte ete de Ce Ms ee 7 AE M PANCRO à Cette analyfe prouve que la chlorite eft une ftéatite verte pulvéru= fente. oo) (x). La terre calcaire qu’on retire de ces analyfes-n'ef pas aérée. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 M. Struvea analy{é un talc, criftallifé en rayons divergens, trouvé au Saint-Gothard ; il contient , fuivant lui, * ème Giceute. : Mis et Je rières 050 Merte ,calcaire, + +, s ais o se eue oo cts à v 0,09 Terre arpileufe./8 « s 4e ee. se does e + 10,08 Mabnehé en arr 030 MORE en ae date foMle set e le 1007 . Le même chimifte a analyfé la, fubitance appelée fchorl bleu, du Saint- Gothard , à laquelle M. Werner a donné le nom de Cyanite. M. de Sauflure fils l'avoit appelée fappare , nom qu'on lui avoit afluré être donné à cette fubftance en Ecofle. Mais je me füis informé de plufeurs favans qui ont voyagé en Ecofle : ils m'ont dit que ce nom y étroit inconnu ; mais ils penfent que des gens peu inftruits de la langue: du pays auront pu entendre appeler cette pierre faphir ou faphar , d'où ils auront fait le mot /appare.. Quoi qu'il er foit , le cyanite contient, füivant M. Struve,. Ferre filicente hf) sie staale dt arte ONST Monéfietinr een de MERE EUR LE 0,30 ArpHes TL SRE RER oOr 2 (etre Cale EE RP PER EEE EE RO 0 Chaux. deifer . +... 2.2 20 mener Mate 2: 0,0ÿ at Biperte. su monnes ae savais se 007 À Cette analyfe fait voir que cette fubftance, par la quantité de miagnéfie qu'elle contient, doit être placée dans la clafle des mica ou afbefte, & non dans celle des fchorls, qui jafqu'ici a paru être la claffe où on relègue tout ce qu'on ne connoît pas. L'adularia qui avoit été découverte par le P. Pini fur le Stella. procheile Saint-Gothard savoit été analyfée par M. Morell, qui en avoir retiré 62 grains de terte filiceufe, 19 d'argile, $ 5dé magnéfe ; 10 de félénite. M. Weftrumb a répété cette analyfe. L'adularia blanche & tranfparente lui a donné ; ) Terre pefante vitriolée . .....,,..4... 0,02 ete lice "<..,0104..400 aié Ferre ‘Calpaire. "2e à + » @n- à 07. elle ot: JOLOU pl be etre: argilenfe nn. ses + e Ses » oO Magnéfie: «4,4... , , 00 4, 00 #0;06: Feren chaux es nn NE NI DER ET ie de sole eme so te ds nitro le 10202) PRE do 3 Sans SP secs aldle os le 2OO2 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LOPRCE L'adularia opaque & jaunâtre a donné au même chimifte , 1» Terre pefante vitriolée. ............ O0} Terre filiceufe :::ecsces SEE BE Nos Aroile ..... Ron Pr iSRE Rens MO: EO NE Merre calcaires late ae lt OO Magnéfie. .,,..... PE rt ss... 0,03 ; Fer en chaux... ..:. SALLE ve 0,04 Enr PR ET Entries te O0 PONEE ete Dee à atece dE bioere ta a a UN R OZ win vin M. Werner croit que ce que nous avons appelé jufqu'ici pierre obfidienne , verre volcanique , agate d’Iflande , n'eft point une pro- duétion volcanique, M. Linck. à fait l'analyfe d’une de ces efpèces de verre en ftalactite : il y a trouvé, s Ferre filicene 66, Ne essor VOFT Ferre: CalcaRe sta ee su ee ones na ee IS Terre: argileufe. .s..... esse. 018 Fer és desde usrseregeessse.es 0,03 Perte se peorpspes.epeseseess 0,07 Cette analyfe fe rapproche de celle de la zéolite d’lflande; ne feroit-ce pas une zéolice que M. Linck auroit analyfée ? : M. Werner a donné dans le Journal des Mineurs un Mémoire dans dequel il établit des différences entre la chryfolite , lolivin , le béril & le “chrÿfo-béril. L'olivin de M, Werner eft ce que nous-appelons en France chryfolite des volcans. M. Gmelin a analyfé cet olivin de M. Werner, ou chryfolite des volcans, en deux états différens, favoir, dans fon état naturel, & en état Ac décompoftion. L’olivin dans fon état naturel lui a donné, Tere:filiceufe ; « +. ee Le Seite: + 0,ÿ4 ROD ENS nine Lin: e de ntm 8 ee Te MaNS alle 0,93 Terre argileufe. .,..#.......4.....0,40 dis vie Perte .erseonsrrere dope sos ele sie 0,02 : SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 15 L'olivin dans fon-état de décompofition a donné, Terre filiceufe …. 5.0... see does e 0,77 MECS Pere es « Are late aie esters 0:02 Terre argileufe . ..:.. 49. ,:....,.. 0,20 MPBrEER Ps dlareraumals aan ces open 2 CO M. Gmelin a aufli analyfé le pechftein qui { trouve dans Les bafaltes , & ilen a retiré, Terre filiceufe .:, 5.4 +4: js ne OA Ferre argileufe ............... +++ 0,07 HER ET ta ae ete se ee eee se ae ble 0,26 M, Wiegleb avoit retiré d'un pechftein de Francfort, Terre, filiceufe. ... ... 2... 0,89 Terre argileufe. ........,... =icteres 10,00 BORA TRS TRS plein lériate ee O,00 vinbinvie vie Herre calcaire 240. Men A 0;07 Ainf s’avance l'analyfe de la plupart des fubftances minérales. I ne faut pas croire néanmoins que ces analyfes foient toutes très-exactes. M. Klaproth, certainement un des chimiftes les plus exercés dans cette partie, dir n'avoir retiré de la fubftance appelée pechftein de Melnil- Montant que très-peu de magnéfie, randis que M. Bayen par le moyen de la vitriolifation , qui eft le procédé le ee exact de tous, a retiré de ce. pechftein plus d'un fixième de magnélie. Toutes ces connoiflances nous conduiront bientôt à un fyftême complet de Minérälogie fondé fur l’analyfe. Ce tableau des progrès des différentes branches d'Hiftoire-Naturelle fait voir avec quel zèle elle eft cultivée dans toute l'Europe. Les différens voyageurs qui font dans toutes les parties du monde augmentent encore Chaque jour la mafle de nos connoiffances. Des compagnies favantes établies dans l'Inde, à Batavia, à Saint- Domingue , chez les Etats-Unis d'Amérique . . . . nous feront connoître les productions de toures les parties dù monde. Enfin , l'expédition de M. d'Entrecafteaux accompagné de MM. la. Billardière , Riche , Defchamps & Vintenas nous procurera fans doute une multitude, d'objets nouveaux. Léopold IT vient auffi,d’arrèter un voyage de naturaliftes, Il a nommé chef de certe expédition M.-Bondouin-qui a déjà fait un pareil voyage fous Jofeph IL. Il arme un bâtiment à Triefte , & emmenera avec lui dix . . < < ( TS GI : “ Ê\ 125 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, maturaliftes, Les oïdres font de parcourir les doux Indes, & d'être de retour à la fin de 1793. k 1 ; IL s'eft formé à Genève une fociété de naturaliftes qui fe propole de faire connoître tous les objets d'Hiftoire-Naturelle de fes environs. On fait combien la nature eft variée dans ces heureux climats. Et une Société qui compte d'aufli favans naturaliftes ne peut que beaucoup augmenter nos richeffes. Ces. Sociétés libres fe multiplieront, & nous procureront enfin une connoifflance complette des produétions de la nature. Géologie. Ne foyons pas furpris qu'après avoir analyfé la plupart des fubftances minérales, on ait tâché de former une théorie qui explique la formation de toutes ces fubftances, C'eft ce que fait le géologue. Les phénomènes particuliers s'éclairciffent ; mais la caufe générale cit encore très-obfcure. 5 / M. de Luc nous a donné plufieurs Mémoires intéreffans, foit pour expliquer, la théorie générale du globe, foit pour en expliquer les phénomènes particuliers. Nous devons à M. Patrin des obfervations précieufes de Géologie fur la Daourie , & une partie de l’Afie feptentrionale, M. de Dolomieu a fair voir qu’il y avoit des pierres calcaires qui ne faifoient prefque point d'effervefcence avec les acides. Il a d’ailleurs fourni des faits intéreflans fur les roches compofées & fur la théorie de Aa terre. ; ; M. Lefebvre d'Hellancodrt a fait des obfervations intéreffantes fur différentes manières d'être de la pierre calcaire , qu'il confidère en trois états. ; J'ai auffi donné quelques vues fur ces matières difficiles. On peut réduire à quatre toutes les opinions fur la théorie de la terre ui ont été expofées dans ce Journal. sie 1°. Celle de M. de Luc, qui penfe que des vuides exiftent fous la croûte extérieure du globe, celle-ci s’eft affaiflée prefqu’en totalité, mais partiellement : ce qui a fourni des efpaces aux eaux, & a caufé leur diminution à la furface du globe. 2°. La feconde de ces opinions fera celle de M. Patrin, qui croit (1) que la plupart des montagnes ont pu fe foulever par une caufe quelconque. 3°. La troifième eft celle de M. de Dolomieu , qui fuppofe des marées exceflives , lefquelles il porte jufqu’à huit cens roifes. 4°. La quatrième fera la mienne. Je penfe, x°. que les eaux ont couvert les plus hautes montagnes; 2°. qu’elles ont un mouvement de {r) Joyez fes Mémoires dans ce Journal , 1788 , août, l'équateux Li SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17 l'équateur aux pôles ,des pôles à l'équateur; 3°, qu'il y a des cavernes - dans l’intérieur du globe où une partie de ces eaux fe précipite. Phyfique. La Phylque , dit-on, n'eft pas diftinéte aujouid'hui de [a Chimie. On fe trompe. Je l'ai déjà dic il y a long-tems. L'Hiftoire-Narurelle décrir les différens corps de la nature, & en donne les caractères extérieurs. La Phyfique recherche les loix du mouvement qui les anime, & auxquelles ils fonc foumis. La Chimie cherche par des analyfes favantes à découvrir les principes dont ils font formés. RU Veut-on dire que la Ph;fique & la Chimie ont de grands rapports. Et fans doute , /a lot de continuité s'obferve par-tour. Pai-tour il y a des paflages infenfibles. Qu'elt-ce qui peut encore afligner la nuance qu'il y a entre un animal & un végétal ? En-conclura t-on que la Zoologie & la Botanique ne font pas diftinétes ! M. Senebier a prouvé que la cire jaune mife entre deux plaques de verre bien fcellées blanchifloit par {a feule action de la lumière du foleil fans l'accès de l'air ni de l'eau, tandis que la même cire dans des circonftances femblables, mais privée de la lumière, ne blanchifloit pas. Nous lui devons aufli des expériences fur les rapports qu’il y a entre quelques parties conftituantes du bois. M. Van-Marum a fait des expériences pour prouver que la caufe de la mort dans les animaux frappés de l'élericiré ou de la foudre, eft dans la privation de l'irritabilité; & que le fluide électrique ne tue qu’en Ô ant toute irritabilité aux parties animales, É ‘ 1 a encore donné la defcriprion de nouveaux frottoirs pour la grande machine éle&trique du Mufée de Teyler. : Il a fait conftruire une nouvelle machine électrique qui réunit plufeurs avantages confidérables, M. Libés ne penfe point que les aurores boréales foient dues immé- diatement au fluide électrique, parce que, dit-il, le fluide é'eérique dans nos expériences ne danne cette lumière vague & diffufe des aurores boréales que dans le vuide. Or, la région des aurores boréales ne-fe trouve point à une fi grande hauteur, elle eft ordinairement dans le fein de l’atmofphère même. fl croit que l'électricité n’y iflue qu’en com- binant l'air inflammable & l'air phlogifliqué pour en former de l'air & de l'acide nitreux ; 8 que J’aurore boréale n'eft que l'apparition de ces différens phénomènes, M. de Sauffure fentant bien qu'il eft on ne peut plus difficile de ‘déterminer les couleurs du ciel, a propofé un inftrument qu'il nomme Cyanomètre, qui eft compofé de plufieurs bandes bleues de différentes teintes; on rapporte à ces bandes les couleurs qu'on obferve dans le ciel. 2 Tome XL , Part, I, 1792, JANVIER, Ç + x 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Nous avons décrit une nouvelle machine hydraulique de M. Detrou- ville , laquelle fans pifton fait monter l’eau à une hauteur indéterminée par l'action de l'air, comprimé par une chüûte d’eau. j La matière du feu, toujours fi.dificile , a encore été traitée par M. Prevolt qui a ajouté à nos connoiflances fur l'équilibre de ce fingulier Auide, 4 , o Le même phyfcien a traité des limites des vents alifés, qu'il attribue à la différence de chaleur qu'il y a dans les deux hémifphères du globe à raifon de la différence de l'étendue des mers & des terres qu'ils con- tiennent. C’eft pourquoi certe limite au lieu d’être fous l'équateur , eftà uatre degrés au nord de la ligne équinoxiale. S La queftion de favoir fi l'éle&triciré accélère ou non la végétation, eft toujours dans le même état d'indécilion. M. de Rozière a fait un grand nombre d'expériences qui fui ont paru la décider pour laffrmatif, &c lui prouver que l'électricité accélère la germination & la végé- tation. ; Le P. Cotte qui fuir toujours avec le même zèle & [a même exactitude les obfervations de Météorologie, nous a donné des Tables de la chaleur à différentes latitudes. Elles prouvent que la chaleur moyenne depuis l'équateur jufqu'à notre latitude de Paris, eft toujours fupérieure ou au moins évale à la chaleur centrale de dix degrés, & que “ne cette latitude jufqu'aux pôles elle eft inférieure, comme je l'avois dit il y a Jong-tems ; & que par conféquent la chaleur centrale du globe ne doit plus diminuer aujourd’hui , mais plutôt augmenter. Il refteroit maintenant à faire des expériences fur la chaleur moyenne des mers à différentes latitudes & à différentes profondeurs. Le même obfervateur nous a donné des Tables fur Les vents domi- nans , la quantité moyenne de pluie, & le nombre moyen des jours de, pluie & de neige fous les différentes latitudes où on a obfervé. Ce font ces réfultats généraux qui rendent la fcience de là Météorologie intéreffante, M. Kirwan nous a donné un favant Mémoire fur les caufes de la variation du baromètre. Il fait voir, 1°. que les vents en font une des principales caufes en diminuant le poids de l’atmofphère ; 2°, les vapeurs y influent aufli beaucoup: mais il diftingue à cet égard avec M. de Sauflure les différentes efpèces de vapeurs; 3°. il penfe qu'il y a une grande portion d'air inflammable dans_les régions fupérieures de l'armofphère, lequel air eft enflammé par l'électricité , dans le cas de tonnerre & de l'aurore boréale, Aufi y a-t-il toujours de fingulières variations du baromètre dans ces circonftances. M. Mongez defireroir qu'on ne perdit pas la circonflance où on démolit en France un fi grand nombre de clochers, pour conftater le mawnétifme des barres de fer qui-les terminent. * SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 19 M. de Luc a infifté dans plufieurs de fes Mémoires fur les phénomènes que préfenre la Chimie urrmofphérique ; & il a fait voir que c'eft un des points les plus intéreflans à difcuter, & qu'on néglige crop aujourd'hui. Fhfaudroir , dit-il, rechercher comment l’eau fe rrouve dans l'air atmof- phérique, comment elle s’en précipite ; qu'eft-ce qui tient cet air à l’état de Auide élaftique; commentsy trouvent mélangés Les différens fluides qui le compofent. . .. C'eft-pour lors que nous pourrons dire fi l’eau qu'on obtient par la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable, eft produite ou dégagée. M. Charles ; dont on connoît Le beau cabiner de machines de Phyfique & les fayantes leçons qu'il y donne, a fait conftruire un billard dont la partie qui reprélente le tapis eft une belle-cable de marbre de neuf pieds environ de longueur ; les bandes font aufli de marbre. Par ce moyen il démontre avec une grande précifion -plufeurs loix du mouvement, En voici une qui paroîcra aflez fingulière, Une bille qui va frapper deux fois la bande perd Je mouvement reéi- ligne à la feconde réflexion pour acquérir le mouvement curviligne. Soit Ja bille À (Planche 1°) qui aille frapper fous un angle de 45° ka bande en B,& qu'elle foit réfléchie en C, elle confervera dans cette “première réflexion le mouvement en ligne droite, au moins paroît- il tel, > Mais en partant du point C à la double réflexion fon mouvement cefle d'être en ligne droite. Elle décrit ure courbe DE. Sur les billards ordinaires où les inégalités du tapis multiplient les frottemens , on re s'en apperçoit pas fenfiblement, Mais cela eft fi fenfible fur le billard de marbre: qu'on n'y peut jouer par réflexion. La caufe de ce fingulier phénomène doit être recherchée dans un -mouvement du centre de la bilie, Si La bille ne portoit pas fur un plan , & que mue dans l'air, elle fût frapper la bande , elle fe mouveroit toujours en ligne droite , quelque nombre de réflexions qu'elle éprouvât. Ce font les Icix connues du mouvement. Mais fe mouvant fur un plan , la partie qui touche le plan eft retardée. La bille acquiert donc un fecond mouvement, celui de rotation für elle- même autour d'un axe O, qui pafle par le grand cercle de la bille parallèle au plan du billard, & faifant un angle droit avec la ligne de projection. C'eft le mouvement d’une roue qu'on fuppoferoit fphérique. Suppofons cet axe un degré & 180 du grand cercle, Si Ja bille frappoit la bande à angle droit, elle -feroit réfléchie & reviendroit par la même ligne contre la bande oppofée qui la réfléchiroic également, Maïs nous fuppofons la bille frapper la bande fous un angle de 45 . Elle fe réfléchira fous le même angle de 45° : dès-lors fon axe de rotation | Tome XL , Part. I, 1792. JANVIER. C 2 A: gd si 574 T4 M PRO 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur elle-même charge de place, & au lieu de fe trouver au premier degré du grand cercle, il fera au 90° & 3C0°. Dès-lors ce mouvement de - rotation va devenir un mouvement compofé, & la partie-de la bille ou le grand cercle qui repréfentoit la circonférence de la roue & fe développoit fur le plan du billard, va changer. : La bille allant frapper dans cet état la feconde bande en G fousun angle également de 45°, va encore changer le centre du mouvement de rotation, de la même manière qu’elle l’a fait ci-deflus. La partie qui fe développoit fur le plan du billard ne fera plus la même, & le mouve- ment deviendra curviligne. C’eft à la Géométrie à déterminer Îles élémens de cette courbe. Chimie. De grandes découvertes nous avoient été annoncées l’année dernière , le changement de toutes les terres en fubftances métalliques. De nouvelles expériences ont fait voir qu'on avoit été induit en erreur, & - que les régules métalliques nouveaux qu'on avoit cru obtenir n'étoient que de la fidérite. C’eft ce que M. Tihauski a prouvé dans un très-beau Mémoire. M. Klaproth l’a également confirmé. Ceci doit rendre infiniment circonfpe@ fur rous ces métaux nouveaux qu'on annonce journellement. Le nickel lui-même ( Nicolum) eft regardé encore par d'habiles chimiftes comme un alliage. Au moins paroît-il que Bergman , Ardviflon & aucun chimike n’eft encore parvenu jufqu’ici à le dépouiller de fa portion de fer & de cuivre. L'uranit de M. Klaproth, dit M. de Born, n'eft peut-être que le régule de tungflène allié avec le zinc. La menakanite que M: Grigor foupçonne contenir une nouvelle : fubftance métallique , n’eft également peut-être qu'un alliage du fer avec quelques autres métaux, M: Thouret dans les fouilles du cimetière des Innocens avoit reconnu que plufieurs cadavres étoient changés en une efpèce de matière grafle onctueufe , qu'il comparoit au blanc de baleine. Il avoit conclu de differentes obfervarions que ce principe exiftoit tout formé dans l’écono- mie animale vivante, qu'il paroît y avoir un ufage particulier, qu'il fe fépare des fucs qui le contiennent pour nourrir & réparer le cerveau dont il forme la fubftance , qu'il fe dépofe dans les canaux du foie par lefquels il s'évacue lorfqu'il devient nuifible, qu'il offre ainfi dans l’économie animale une nouvelle fécrétion & une excrérion particulière jufqu'alors inconnue, qui fert à déterminer la nature fi parfairement cachée jufqu’à certe époque de l’origine du cerveau. On a cherché à démontrer dans l’économie animale par des expériences - directes l’exiftence de certe fubftance analogue au blanc de baleine. En traitant la matière glutineufe végétale & la tnbftance fibreufe ani- male fuivanr la méthode de M. Berthoïler par l'acide nitreux , on obferve qu'il fe forme uné matière huileufe concrète, inaltérable par cet acide ; LIRE LT # n + : [= SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1 caractère qui le diftingue abfolument des huiles ordinaires & fur-tout des huiles végétales. Ce caraétère fe trouve en entier dans le blanc de baleine fur lequel les acides nitreux. & marin n’ont aucune action. Suivant M. Hallé, le blanc de baleine, ou au moins fon. élément ou fa bafe conftituante, fe trouve dans la matière fibreufe fi abondante dans les animaux. 1! penfe de plus qu'il exifte dans Jes fucs albumineux qui traités également par l’acide nitreux donnent une petite quantité de la même fubftance huileufe concrète. M. d’Arcet ayant traité également par l'acide nitreux les tendons & les parties membraneufes , en a retiré la même huile concrète. : M. Thouret conclut de ces expériences , quela matière du blanc de baleine, ou au moins une fubftance qui lui eft très-analogue, exifte très- univerfellement dans l’économie animale, & que l'on doit peut-être ‘douter plus que jamais que dans la converfion des cadavres en. matière favoneule , il s'opère une véritable tranfmutation ; qu’au contraire cette . fubftance favoneufe analogue au blanc de baleine ne fait que fe féparer des autres fubftances auxquelles elle éroit unie , & qui la mafquoient ; & qu'enfin cette fubftance n’eft pas, au moins toujours, un produit de l'organifation animale , puifqu'on la retrouve dans la matière glutineufe végétale; qu'elle fe,perfettionne peut- être dans l’économie -animale % comme la cire, vraie production végétale , eft perfectionnée chez les abeilles. Enfin, dit M. Hallé, c'eft la partie butireufe & la graifle qui paroiflent éprouver cette modification. Ces obfervations font fans doute très-belles , & les vues de MM. Thou- ret & Hallé méritent d’être fuivies. Mais wallons pas trop loin, & ne précipitons pas nos jugemens. On ne retire de la fubftance olutineufe & des matières animales, cetre - fubftance huileufe concrète analogue au blanc de baleine que par le moyen de l'acide nitreux , qui fans doute eft décompofé. Or, j'ai fait voir il y a long-tems que l’huile d'olive mêlée avec l'acide nitreux devient concrète , analogue à la cire , en abforbant une portion de Pair pur de ‘l'acide nitreux, décompofé en traitant ces fubftances, Ne feroit- ce pas une portion de l'air pur de l'acide nitreux qui donne de la confiftance à ces huiles? C'eft ce dont je fuis rrès- perfuadé, Il faudroic donc tâcher d'obrenir ces huiles concrètes fans acide nireux , ni aucune autre fubftance oui puifle fournir de l'air pur: & je doute qu’on y par- vienne, Mais jufqu'à ce qu'on ait fair cette expérience , on ne peut pas dire qu'il exifte dans la matière olurineufe & chez les animaux une huile vraiment concrète , excepté la graifle, M. Keir a fait un acide compofé en mêlant de l'acide vitriolique & da nitre. Cer acide a des propriétés tiès-particulières , & agit fur les méraux d'une manière abfolument différente que chacun d'éux ne le fait féparé- ment, [l'a la propriété particulière de difloudre Pargent avec facilité e 134 "4h ù »» OBSERMATIONS SUR LA PHYSIQUE, fans agir fur le cuivre, ce qui le rend d'une apilicarion crès-utile dans Les arts pour féparer ces deux métaux , fur.tout dans Les ouvrages d'argent plaque c'elt-à-dire, où l'argent eft'appliqué fur le cuivre, ouvrages qu'on “fabrique en/quantité à Birmingham. i ; M le Blond a fuivi le travail de l’indigo à Cayenne, On fait rouir la plante, qi dépofe une fécule verte. On laifle fermenter la liqueur;.on l’agite lotfque la férmentation eft à un certain point. M. ie Blond propofe une nouvelle efpèce de moufloir. Il fe dégage beaucoup d’air inflammable & d'air fixe avec de l’alkali volatil. Pour lors on ajoute une certaine quantité d'eau de chaux, & la fécule fe précipite en bleu, M, le Blond croit que l’eau de chaux agit ici, 1° en fe combinant avec l'air fixe qui nuit à la précipitation de la fécule bleue; 2°. en dégageant Palkali volatil uni à la partie extractive, qui la rendoit foluble. Cette matiète jaunâtre forme avec la chaux un favon infoluble qui fe précipite, fe mêlange avec la fécule bleue, & en altére la qualité: ce que fait encore cette même chaux unie à l’air fixe, Il faut donc mettre la moindre quantité poflible d’eau de chaux. M. Vauquelin a donné l’analyfe de la liqueur prolifique , foit chez les hommes, foit chez les femmes. On y avoit déjà oblervé des petits criftaux. M. Vauquelin les a retrouvés & en a obtenu, Ra ere loir leiere els nier ae M OIO0 Mucilage......,.,..........,.. G,06 Soudet sel fi tele Tee AMIS MROE Phofphate calcaire ......,......:.. 0,03 Il a aufi analyfé , conjointement avec M, Fourcroy, les larmes & l'humeur des narines, Ils y ont trouvé beaucoup d’eau, un mucilage, du fel marin, de la foude, & quelques portions de phofphate calcaire &.de foude. On fent que ces analyfes, quelqu'exaétes qu'elles foient, laiffent encore à defirer. Par exemple, on ne peut faifir l'aura feminalis que la plupart des phyfologiftes regardent,çomme la partie effentielle de cette liqueurs Néanmoins toutes ces analy{es font très-précieufes. M. Dizé a communiqué un nouveau procédé pour avoir l'acide gallique dans toute fa pureté. C’eft en traitant ta noix de galle:, ou toute matière aftringente , par l'éther vicriolique. M, Girtanner nous annonce des expériences par lefquelles il fe propofe d'établir que l'air inflammable au premier degré d'acidification, c’eft-à-dire, combiné avec beaucoup d'air pur, forme l’eau ; & le même air inflammable au fecond desré d’acidification, c’eft-à-dire, combiné avec plus d'air pur, forme l'acide marin : comme l'air phlogiftiqué combiné au premier degré avec l’air pur forme l’air atmofphérique, & combiné au fecond degré avec Le même air pur, forme l'acide nitreux, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 23 M. Auftin dans un beau Mémoire a cherché à établir, r°, que Me fixe n’eft point le produit de la combinaifon de l'air pur avec le charbon; 2°, qué cet air fixe eft produit par la combinaifon de fair pur avec l'air inflammable pefant; 3°. que cet air inflammable: pefant eft une combinaifen d'air inflammable pur , ou aie inflammable léger avec l'air phlogiftiqué ; 4°. que le charbon n’eft point un être fimpie , mais un compolé d'air inflammable léser , d'air phlogiftiqué, d’eau , &c. comme je l’avois toujours dit. M. Weltrumb en combattant quelques-unes des affertions de M. Aufin, dit que Pair fixe eft le produit de la combinaifon de l'air pur avec la matière de la chaleur. M. Prieftley a prouvé que dans la refpiration il n’y a pas feulement abforption d'air pur, mais encore d'une portion d’air phlogifliqué. 1! a répété avec beaucoup de foin la combuftion de l’air inflammable & de l'air pur; & il a conftamment obfervé que lorfqu'il mettoit Vair inflammable en excès, il obtenoit de l'acide nitreux. Cet acide ne peut venir d’une portion d'air phlogiftiqué qui fe trouveroit dans les airs employés ; car il s’eft afluré de leur pureté, Ce qui, ajoute-t-il, doit rendre a moins douteux que l'eau foit compofée d'air pur & d'air inflammable. M. de Luc continue à penfer que l’eau n'eft point compofée, & il a attaqué avec beaucoup de force la nouvelle Chimie & la nouvelle nomenclature. M: Bayen avoit vu il y a long-tems qu’en diftillant de la mangarièfe de Lorraine, il obrenoit de l'acide nitreux. M. Van-Mons a aufli obtenu de l'acide nitreux par le moyen de Ja litharge; il nous promet une fuite de fes expériences, Voici bien des données qui nous conduiront aux combinaifons qu'emploie la nature pour produire l'acide nitreux dans les nitrières & ailleurs. Ce ne peut être, comme je l'ai dit depuis long-tems, l'air pur & l'air phlogiftiqué feuls, pere l'air atmofphérique devroit fufire à la produétion de cet acide, Il faut donc le concours de l'air inflammable fourni par les matières animales & végétales en décompofition. Les expériences dont nous venons de parler, faites par M. Pricftiey, le confirment. . : L’acide marin eft évalement'produit dans Les nitrières avec l'acide ritreux. L'air inflammable, ai-je dit, entre donc aufi dans fa compofition, Les expériences qu'annonce M: Girtaner confirmeront encore mon opinion fur ce point. J'avois à: peu-près démontré que les nouvelles idées qu’on fe: formoit fur ce qui fe pafloit dans l’acte de la refpiration étoient hyporhétiques, & particulièrement que la chaleur animale ne pouvoit toute venir de celle qui fe dégage de la crès-petite portion d’air-pur abforbée. Les partifans de 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cette opinion en font convenus ; & ils ont cherché deux autres caufes de la chaleur animale. La première eft dans la portion d'air qui eft ablorbée par les pores de la peau. Les phyfologiftes ont démontré depuis long tems qu'il doit y avoir des pores abforbans à route la furface du corps, qui ablorbent les alimens. Effectivement les traiteurs & ceux qui vivent dans une armof- phère alimentaire, font gras & replet:, quoique mañgeant peu. Or, on ne peut pas douter qu'il y a de l'air abforbé avec les alimens Cer air, dit-on, fe décompofe, dépofe fon calorique , ce qui produit de la chaleur à route l'habitude du corps. — Je réponds, que cette portion d'air abforbée de cette manière doit être peu confidérable, & produire pat conféquent peu d'effet. La feconde caufe de la chaleur animale qu’on a voulu fubftiruer à celles que j'avois indiquées d’après l'expérience & l'obfervarion , eft la décom- potion qu'on fuppofe qui fe fait dans route l'habitude du corps , de l'air pur qui peut fe trouver dans les liqueurs animales ; cet air pur laifle ’ échapper fon calorique, qui produit la chaleur animale. — If ne refte qu’à donner des preuves de toutes ces fuppofitions. D'ailleurs, cela ne répond point, 1°. à certe augmentation de chaleur que produit toujours le mouvement chez les animaux , foit que ce mou- vement vienne de l'extérieur, comme courfes, &c. ou de l’intérieur, comme un mouvement fébrile ; 2°. à la chaleur qui accompagne toute. fermentation. Or, perfonne ne doute, je crois , qu'il n'y ait une fermen- tation continuelle dans les liqueurs animales, On dira peut-être que la chaleur qui a lieu dans route fermentation, vient de la décompolition de l’eau, de l'air. . . . mais pour lors c’eft une autre queltion. Il n’en eft pas moins vrai que la chaleur produite par la fermentation des liqueurs & matières animales eft une des caufes puiffantes de la chaleur animale, quelle que foit d'ailleurs la caufe de la chaleur qui eft produite par toute efpèce de fermentation. Le problème de la compofition & décompofition de l’eau eft toujours dans le même état d'incertitude. Nous avons vu que MM. Prieftley, de Luc , Keir, Klaproth, & la plus grande partie des chimiftes allemands, fuédois , italiens, &c, continuent à la regarder comme douteufe. Enfin, la grande queftion fur l'exiftence d’un principe inflammable quelconque V, exiftant dans les corps dits combuftibles ou inflammables, paroît aufli s'éclaircir (1). Les plus zélés adverfaires du phlopiftique : & rincipe inflammable conviennent que dans la combuftion, le corps combuftible fournit de la chaleur, de la lumière & de la flamme. Or, c'eft ce que j'ai toujours foutenu (2). Je n'ai jamais nié que l'air pur ne 1, (x) Voyez mon Mémoire fur la combuftion , cahier de mai de cette année. (2) Dans les différens Mémoires de ce Journal , & Eflai fur l'Air. çcontribuât SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 2; conttibuât à fournir aufhi une portion de chaleur ,de lumière & de flamme. Or, qu'on appelle ce principe V comme l'on voudra, phlosiftique, calorique V. À, B....peu importe. Stahl n’a jamais entendu par fon Phlogifion ou phlogiflique que la fubftance qui fournit la chaleur, la lumière & la Aamme. On peut donc regarder la queftion comme réfolue fous ce point de vue. Il refte maintenant}à examiner fi ce principe V fe trouve en plus grande quantité dans le corps combuftible ou dans l'air pur. Je perfifte à croire que ce principe eft en bien plus grande quantité dans les corps combuftibles, notamment dans l'air inflammable , que dans l'air pur; & la légèreté feule de l'air inflammable en eft une démonftration. : . . Mais encore quelque tems , & toutes ces vérités feront triviales. La queftion fur la nature des acides eft aufli réduite à fes derniers termes, On convient que le fucre , par exemple, et compofé de 0,28 charbon, de 6,08 air inflammable & 0,64 bale de l'air pur. L’acide facharin eft compolé des mêmes principes , mais l'air pur y eft en plus grande quantité. On peut donc pour changer le fucre en acide facharir, ou ajouter au fucre de l'air pur , ou lui ôter une portion de charben & d'air inflammable. Or, nous difons que la même chofe peut avoir lieu pour le foufre, le phofphore. . . . & tous les acides végétaux & animaux, La feule objection qu'on m'ait faite, confifte à foutenir que le foutre, le phofphore & les bafes de tous les acides font des êtres fimples. Or, cette fuppofñtion eft abandonnée aujourd'hui de tout le monde. J'ai, je crois, aflez bien démontré fon peu de fondement. M. Girranner, tout zélé partifan qu'il eft de la nouvelle doctrine , convient que la bafe de l'acide marin, qu’on avoit prétendu être fimple , eft compefée. Quant à la nouvelle Nomenclature, fes créateurs conviennent au- jourd’hui de fes défauts. Mais-ils ne veulent pas rétrograder. Ils avouént que le mot oxigène ne peut convenir à l'air pur non aériforme, puifque Feau, dont , fuivant eux, il e& Le 0,85 , neft pas acide. Ils conviennent que le mot Aydrogene eft aufli impropre par la même raifon, pufque ce feroit l’oxigène qu'on devroit appeler hydrogène dans ces principes. Le mot azote n’a jamais été approuvé. M. Berthollet lui-même ne fe ferc plus du mot ce carbone, mais de celui de charbon. Ainfi les mots carbonate , carbonique , carbure, font par [à mêmeinfgnifans. D'ailleurs fi d’après les expériences de M, Auftin l'air fxe eft compolé d’air inflam- mab'e pefant, ces mots feront encore bien plus impropres. . . . Dès que la première chaleur des opinions va être calmée , on abandonnera ou au n'oins on appréciera toutes ces NOUVEAUTES, qu'on pourroit dire le fruit de lamour-propre plutôt que de la réflexion. Arts. Les arts doivent occuper de plus en plus les favans, & ils doivent y porter Les lumières de la Phyfique & de [a Chimie. Ce fonr les arts qui vivifieñt aujourd'hui les empires, & aflurent use prépondé- Tome XL, Part. I. 1792; JANVIER. > sat \ à HE E RO rv di ; QE 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rance à ceux qui y excellent. La Hollande n'a dû fa fplendeur qu’à fes: manufatures, & Les manufactures angloifes font aujourd’hui le plus ferme appui de la grandeur & de la puiflance de cette nation célébre. La France doit chrcher à rivalfer avec ces peuples induftrieux. Nos modernes riroriftss diront peut-être que ces arts fi vantés ne fourniflene qu'à des beloins factices. J'en conviens; mais ils feront auffi obligés de convenir que ces befoins factices font devenus befoins de première néceflité pour l'homme civil:f5 , pour eux mêmes, \ Le {el marin dont nous ne pouvons nous pafler pour nos'alimens, fournit aujourd’hui à un grand nombre d'arts , & de l’alkali & de Pacide. Le bas prix auquel il eft maintenant en France favorifera tous les établiflemens û " qu'on voudra faire à cet évard. L’acide marin p’eft employé jufqu’ici qu’à deux objets principaux dans lcs arts, à faire du fel ammoniac & de acide marin déphlogiftiqué. Le fel'ammoniac qui fe tiroit autrefois prefque tout de l'Egypte, fe fabrique aujourd'hui dans plufieurs endroirs de l’Europe , en combinant directement l'alkali volaril avec l'acide marin. L’alkali volatil fe retire des marières animales qu’on brûle. Les artiftes ont inventé différens appa- rcils plus où moins ingérieux pour certe opération. Mais la confommation du {el ammoniac eft fort bornée. Les chau- droniers étoient peut-être ceux qui en employoient le pius pour décaper le cuivre ; mais à Paris ils commencent à y fubftiruer un acide vitriolique affoibli, qui leur coûte bea‘coup moins & abrège leur travail. L'acide marin déphloaiftiqué devient tous les jours un objet plus intéreffant pour le blanchiment des toiles, Les établiflemens fe multi- plienr, & lorfqu'ils feront bien conduits, ils auront un avantage confi- dérable fur lancien procédé : 1°. l'économie du tems, 2°. les roiles paroiflent moins alrérées, M. Haufimann à Colmar s’eft fervi l'hiver dernier de cette méthode avec fuccès; mais pendant l’été, il préfère de blanchir fur le pré. M. Wildemer l'a également employée à Joui. La méthode qui paroîr la plus sûre, eft de commencer par fiire fubir une prémière opération aux toiles, en les paflant dans une eau de fon , puis les pafler dans une eau alkaline, & enfin dans la liqueur oxigénée d'acide marin déphlogifiqué. On fe ferr avec avantage de ce procédé pour donner un beau f:nd blanc aux toiles imprimées avec la garance; car il y a plufieurs autres couleurs qui ne réfiftent pas à l’action dela liqueur. Nous avons déjà à Paris trois de ces.établiflemens , un à Pafly, dirigé: par M. Royer, le fecond à Chantilly, dirigé par M. Ribeaucourr, & le troifième à Bercy, dirigé par M. Pajot des Charmes. Ce dernier blanchie même toutes les toiles, garances, &c. qui ont déjà érépeintes & impri- mées tant au grand qu'au petit teint, Un négociant qui a dans fes magafins des toiles qu'il ne peut plus vendre, parce que les deflins ne font pas de f “ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 mode , a un grand avantage à les faire blanchir pour les imprimer de nouveau, Si on parvenoïit à faire de Ja poudre avec le-fel marin oxigéné de M. Berthollet, cela augmenteroit encore la confommation de l'acide marin déphlogiftiqué. Mais elle détonne avec tant de facilité, que M. Woulfe n'a afluré avoir vu à Londres un mélange de ce {el & de foufre déroner fouvent fur le porphire où on faifoit le mélange avec beaucoup de précaution. Îl eft poffible que par l'addition de quelque nouvelle fubftance on empêche cette détonation. L'autre partie du fel marin, l’alkali de la foude ou natron, eft d’un intérêt encore bien plus confidérable pour les arts, tels que les favo= neries , les verreries , Les blanchiffages, &c, &c. Aufli a-t-on fait depuis long-tems des tentatives pour l'obtenir par la décompolition du {ef marin, & on y eft parvenu par différens procédés, dont j'ai expofé quelques- uns, Difcours préliminaire , janvier 1789 , dans.ce Journal. M. le Blanc, dont il y a dans ce Journal plufieurs Mémoires in‘é- reflans fur la criftallifation, a découvert un procédé particulier pour opérer cette décompofition. Il a établi fes travaux à Saint-Denis, auprès de Paris ; je les ai vus. La foude- qu'il obtient eft tiè:-belle; fon établiffe- ment fera très en grand. Il fournira encore l'acide marin & le fel ammoniac. J'ai dir que M. Turner le décompofoit par la litharge, Il fufit de mêlanger la litharge avec le fel marin, d’en faire une pâte, de l’agiter. On ajoure peu-à-peu de l’eau. L’acide attaque le plomb qui fe précipite fous forme blanche en fel marin de plomb. Il y a fans doute une double action : le principe de la caulticiré de la litharge fe poite fur l’akali À tandis que l’acide fe porte fur le métal, ; Le fel marin de plomb fe defsèche en petits pains de l’épaiffeur d'un à deux pouces. On le met dans un creufet. Un coup de feu le tond: l'acide fe diffipe au moins en plus grande partie. La matière pafle à un beau jaune qui criftallife en aiguilles. = M. Turner fait en même-tems le beau verd anglois pour les papiers peints. 1 Le fel marin de plomb eft d'un beau blanc, & quelques effais ont déjà fait voir qu'on pourroit le fubftituer à la cérufe dans la peinture, fur-rout fur le bois; & il feroit beaucoup moins cher. IL eft affez fingulier que la France qui a tant de vinaigre, tant de tartre, achete prefque roure fa cérufe de l'étranger, & ne la fafle pas elle-même ; -tandis que nous avons tant de jeunes artiftes , de jeunes chimiltes inftruits qui manquent d'occupation. Un grand nombre d’autres obje:s pourroient les occuper utilement, & employer les fonds de nos capi- talftes, On pourroit élever des manufa@tures de minium , de fublimé corrofif, Tome AL, Part, 1, 1792. JANVIER, D 2 \ 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de mercure doux, dé borax purifié, &c. &c. objets d’une aflez grande confommation dans les arts, & que nous tirons de l'étranger, princi- palement de Hollande. Les procédés font à-peu-près connus. Le rouge anglois pour polir les glaces, les marbres, ne paroît être que du colcothar ou la chaux de fer qu’on retire de la diftillation du ‘vicriol-de fer. 5 La potée angloife pour polir les glaces, eft la chaux grife d’étain, Le bleu anglois pour la peinture paroît être le cuivre précipité par l'alkali volatil. Les cendres bleues angloifes font auñli d’une grande confommation pour la peinture. C’eft encore une préparation du cuivre, que M. Pelletier a analyfée , & qu'il cherche à comporfer. 5 Ne pourroit-on pas auffi établir des manufaëtures en grand d’alun & de vitriol de fer, Nous avons tant de matières dans le royaume qui pourroient en fournir. Nous en retirons pour des fommes confidérables de Pétranger. Les nitrières feroient aufli d’une grandeutilité; & toute liberté devroit être accordée à cet égard. On vend à la régie le nitre vingt fols , tandis qu'il eft à bien meilleur marché ailleurs, & que par les nitrières nous pourrions l'obtenir à bas prix; & le nitre eft très-utile pour la poudre, pour en retirer l’acide nitreux , d’une grande utilité dans Les arts, & enfin on devroit laiffer la liberté d'élever des moulins à poudre à quiconque le voudroit. Le gouvernement auroit fes moulins pour être sûr de la poudre néceflaire pour la marine & pour la guerre. L'art de la Tannerie fi perfeétionné par les liégeois, pas les anglois, &c. mériteroit aufli d’être éclairé par la Chimie, On fait la fupériorité qu'ont les cuirs de Liège. Elle eft dûe, il eft vrai, en partie au tems plus long qu'on laïfle les cuirs dans les fofles, ce qui exige de groffes avances de la part des marchands. Mais ne pourroit-on pas abréger ce tems? Sans doute, cela eft très-poflible. : Par des procédés bien dirigés on économiferoit le tems. On dimi- nueroit la quantité d'huile de poiflon qu'on prodigue: les cuirs mieux préparés dureroient davantage. Îl en faudroit une moindre quantité , & nous ne ferions pas obligés d’en faire venir de l'étranger, d'autant plus que la confommation en augmente tous les jours. Le luxe faifant des progrès dans nos campagnes, nos agriculteurs, qui la piupart ne portoient que des fabots , auront des fouliers, Les voitures en confomment auf une immenfe quantité. Enfin, dans nos préparations communes des cuirs ,on prodioue Fhuile, ce qui eft un gros objet de dépenfe. À Pont-Audemer on a déjà établi des Tanneries beaucoup plus écono- miques , & dont les procédés paroiflent bien entendus. On y prépare. les différentes efpèces de cuirs aufli bien qu’en Angleterre. M. Patrin nous a appris la manière. dont on prépare le chagrin de 1 ve “ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES’ ARTS. 29 - Bukarie & de Syrie. On fe fert de la peau de la croupe du cheval. Pourquoi ne pourrions-nous pas limiter? -La teinture eft un des arts que le luxe a Le plus étendu, & il paroit encore plus du reflort de la Chimie qu'aucun autre. Indépendamment des étoffes de foie & de laine, le feul objet des toiles & papiers peints eft un objet immenfe , & d'autant plus difficile que les couleurs prennent moins bien fur les matières végétales que fur les matières animales. M. Berthollet nous a donné un beau Traité fur cette matière , dont nous avons fait connoitre la partie théorique. Nos Lecteurs auront regretté fans doute que l’Auteur fe foit trop livré aux idées fyftémariqués qui font tant de torc à la Chimie. Il fuppofe qu’il n’y a point de fer. dans les parties colorantes, ce q'it ne prouve point. 11 fuppofe que ces parties colorantes font principalement. compofées d'hydrogène & de charbon ; ce qu’il ne prouve ni ne peut prouver :,car dans le fyftème qu'il a embraflé, toutes les matières animales & végétales font compofées d'hydrogène & de charbon : l'huile particulièrement. 11 ne devroit donc y avoir aucune meilleure matière colorante que l’huile. 11 dit enfuite que l'air pur ou oxigène agit fans cefle fur la matière colorante. La lumière aide l’action de l’oxigène; & cet oxigène agit rantôe en s’uniflant avec le charbon pour former de l'air fixe , & c’eft ainfi que fe fait le blanchiment, tantôt en s’uniflant avec l'hydrogène pour former de l’eau, & pour lors on a du noir. Voici, par exemple, comme il explique la formation du noir. La partie colorante de la noix de galle étant compofée d'hydrogène & de charbon, & l'oxigène ayant plus d'affinité avec 1 hydrogène qu'avec le charbon, s’unit avec le premier & forme de l’eau. Le charbon demeure prédominant & fournit le noir. L’oxigène eft ici fourni par la chaux de vitriol de fer. Il convient aufi que le fer contribue à la couleur noire, parce que l'hydrogène le fait pafler au noir. D'abord j'obferve que la noix de galle & le vitriol de fer ne donnent que du bleu, comme on le voit en faifant l'encre. Or, jamais le charbon ne fut bleu, il fut toujours noir. L’Auteur veut cependant que le bleu de lindigo foit aufli dû à une portion abondante de charbon a demeure à nud , tandis que l’hydro- gène, s’uniflant avec l’oxigène, forme de l’eau. D'ailleurs les chaux métalliques devroient donc toutes donner égale- ment du noir. Or, cela eft faux : la chaux d’étain avive la couleur de la cochenille, & donne le plus beau rouge. Son oxigène forme-t-il de l’eau ? forme-t-il de l'air fixe ? Enfin , comment l'oxigène développe-t-il ici du noir , tandis que dans le blanchiment des toiles, il donne du blanc ? que dans l’acide marin déphlo- giftiqué il détruit toutes les couleurs ? æ 12% 3o ORSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les toiles dellin, de fil, de coton roufliffent à l’air , parce que, dit-i, l'oxigène s’uniflant à une portion de l'hydrogène, laifle le charbon à nud, Er comment cette toile a-t-elle ‘été blanchie primitivemert? parce ue, dit M. Berthollet , l'oxigène s’eft combiné avec le charbon & a laiflé l'hydrogène, | 67 Ainfi tantôt l’oxigène attaque dans la même toile le charbon & laiffe l'hydrogène , cantôt l'hydrogène & laifle Le charbon. Comment concilier tout cela? - . Mais fi ces toiles font teintes, elles fe décolorent à l'air. L'oxigène va jouer un nouveau rôle. Il n’attaquera plus l'hydrogène: ce fera le charbon de la partie colorante. Enbn, toures ces combuftions fuppofées d'oxigène , d'hydrogène, de chaïibon, font.de pures hypothèles, qui n'ont pas la moindre probabilité. Voilà comme l’efprit de fyftème rend nuls les travaux des meilleurs efprirs. Cet ouvrage au lieu d'éclairer la chéorie de l’arr, n’ajoute que de nouvelles ténèbres. is Les manufactures en poteries, en porcelaines, en verreries, doivent également attirer Pattention du chimifte. M. Pajot a fait voir combien les pots étoient mal compofés à Sèvres , & quelle perte cela occafionne. Enfin, les mines fi néoligées en France , méritent une {urveillance particulière. On ne peut voir fans étonnement que nous foyons obligés de tirer la plupart de nos métaux de l'étranger. C'eft un objet de trente à quarante miliions. Eft-ce que la nature n'a pas recelé ces fubftances daus le fein de nos montagnes comme dans celles de l'Allemagne ou de la Suède ? Les mines de fer font extrêmement communes dans toutes nos provinces ; & nous importons du fer pour plufieurs millions, Nous retirons la plus grande partie de nos aciers fins d'Allemagne & d'Angleterre. 5 La nation doit donc donner un foin particulier à cette partie. L'Ecole des Mines doit être organifée fuivant de bons principes, & lorfque nous aurons des mineurs inrelligens, ils fauront bien nous trauver des'méraur. Agriculture. Cer art eft le premier pour l'homme de la focicté, qui à caufe de fa grande multiplication ne pourroir plus trouver dans les pro- ductions ordinaires de la nature de quoi far'sfaire à fes befoins ; & néan= moins peut-on voir fans effroi qu'une ou deux mauvaifes récoltes dans plufieurs parties de l’Europe à la fois, y, cauféroient une famine épouvantable | Une des méthodes les plus sûres de perfectionner les fruits eft l'ente où la greffe. On a propolé de greffer la vigne en grand. [1 n’eft pas douteux que cela ne nous donne de nouvelles variétés de raifins. L'Europe s’'eft rendue tributaire des pays méridionaux pour une foule de produétions. lle devroit ou s’accoutumer à s’en pafler, ou chercher à les multiplier chez elle; car ce commerce éloigné lui enlève journelle. : L 1 # #4 “ a * Es # e 2 Û dk : P \ + : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. GI ment une foule de citoyens, & fert de prétexte aux plus grandes injuftices, & à des guerres plus meurtrières les unes que les autres, F * Une autre confidération plus puiffante encore pour la politique fe joint à celle.ci. Tour annonce à l'Europe qu’elle ne peut conferver fes colonies. , d i j L'Angleterre a déjà perdu la plus grande partie de l'Amérique fepten- trionale, & doit s'attendreà perdre bientôt l'autre. À Sa puiflänce dans l'Inde ou fera détruite par Tippo & les Marattes, - ou fi elle parvient à détruire Tippo, cette colonie fe rendra bientôt indépendante. L’Anglererre ne pourroit efpérer de conferver fous fa dépendance à fix mille lieues un pays qui contient plus d’habirans qu’elle n’a de citoyens. . ; - La popülation du Mexique , du Pérou, du Bréfil, ne doit pas laiffer efpérer à l'Éfpagne & au Portugal de conferver Icng-tems ces poffeflions. Les colonies de la France elles-mêmes , quoique moins étendues, viennent d'éprouver une fecoufle qui doic faire préfumer qu’elles tâcheront également de fe rendre indépendantes. L'Europe dans cette pofirion doit donc chercher à fe pañler de ces prodüctions lointaines ou à fe-les procurer chez elles. Il en eft plufieuts qu'elle peut acclimater , l'indieo, l'aloës; la vanille, la rhubarbe, le thé, &c. Le thé, cette plante que l’ufage a rendu prefque de première néceflité pour un grand nombre d'individus , croît à la Chine à prefque routes les latitudes. Pourquoi ne le cultiverions-nous pas en France, particuliére- ment dans nos provinces méridionales & en Cérfe ? Il le pourroit encore être bien -plus avantageufement en Italie, en Sicile , en Efpagne, en Portugal. Le fucre eft cultivé en Sicile, Nous pourrions peut-être aufi le cultiver en Corfe, à Hières, &c. L'Efpagne en pourroit avoir du coté de Cadix, ainfi que le Portugal, Ptalie. L'érable facharifére de l'Amérique feprentrionalé donne une grande quantité de fucre , & il y en a déjà dans le commerce. On peut le cultiver dans toute l'Europe. Le café pourrait peut-être auMfi être cultivé dans les mêmes lieux, D'ailleurs on pourroit le fuppléer par d’autres gratnes qu'on prépareroit , comme on lé fait en plufeurs endroits de l'Allemagne, IL y a également dÿs efpèces de coton qu’on peut acclimater dans; les mêmes pays chauds de l'Europe. Mais fi on multiplioit nos chanvres, nos lins , nos foies', nous pourrions bien nous paflér du coran, La France fur-tout n’a rienà defrer à cet égard. Eile pourroir même augmenter beaucoup la culture de fes oies. L'exemple de la Pré, où le génie de Fréderic a fair acclimater le mürier, & où on récolte beaucoup de fie, prouve qu'il n'y a pas une * g . à 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, * province de France où on ne püt en avoir; & les foies remplaceroient avantageufement le coton, puifqu'elles font plus belles. Nos linons, nos baptiftes font préférés aux mouflelines chez plufieurs nations, comme en Angleterre. Nous pourrions donc diminuer en plufieurs points notre confommation en coton, fi nous ne parvenions pas à nous en pañler entièrement , ce qui feroit cependant très-facile. Le cacaotier ne pourroit peut-être pas s’acclimater en Europe , quoi- qu'avec du foin; peut-être fe naturaliferoit-il en Portugal , à Cordoue, Valence, en Sicile, &c. Mais heureufement le chocolat n’eft pas encore devenu un befoin pour toute l'Europe. Quant aux drogues médicinales, il n’eft pas douteux que l’Europe pourroit acclimater les plus précieufes , telles que la rhubarbe qui croit en Tartarie, toutes les gommes , rélines, afla fetida, bdellium , le féné, &c. &c. &c. Le kina croît dans les montagnes du Pérou; il s’acclimateroit donc bien en Europe. ... ja L'Efpagne pourroit fournir rout le camphre néceflaire , d'après Les expériences de M. Prouft..... k Cet apperçu fait voir qu'excepté les épices, canelle , poivre, gé- rofle, &c. l’Europe pourroit acclimater chez elle prefque toutes les productions des pays méridionaux. Elle cefleroit pour lors de défoler l'univers entier pour fe procurer quelques jouiflances légères. Car qu'on calcule tout le fang répandu depuis la découverte du cap de Bonne- Efpérance & de l'Amérique, il n'eft perfonne qui n'en frémifle. Qu'on ajoute à cette lifte effrayante le fort déplorable des nègres efclaves, les barbaries , les atrocités qu'on emploie pour les enlever de leurs foyers. . . . il ne fera pas une ame fenfible qui ne delire voir bientôe tarir cette fource des plus grands maux dont ait jamais été affligé le genre-humain. Nous aurions encore beaucoup de fruits excellens des pays chauds à acclimater, & que l'on pourroit cultiver, foit en pleine terre, foit dans les orangeries, foit dans les ferres chaudes. On fait que la plupart de ceux-que nous avons aujourd’hui en Europe viennent de l’Afie. Si enfin Les peuples de l'Europe fe laflent de guerroyer , & qu'écoutart la voix de la Philofophie, ils préfèrent la culture des arts au faux éclat des armes, nous verrons des fages multiplier dans nos climats çes riches roduétions; & fi jamais la Turquie s’éclairoit fur fes véritables intérêts , & fübftituoit à fon régime defbotique un gouvernement modéré, il n’eft pas de plantes qu'elle ne pût acclimater, L'Egypte, la Syrie. ...: verroient croître le café, le fucre ; les épices. . . . Cette Grèce fur-tout ui a étonné l'univers pendant tant de fiècles, fe couvriroit des plus précieufes productions. se L’européen ayant reçu de la nature toutes les qualités du çorps, orné des dons de l'efprit, & doué de la fenfibilité la plus exquite, eft arrivé à dans SUR, L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 dans ces beaux momens prefque au plus haut point où puifle parvenir l'humanité. Il eft defcendu au fond de l'Océan, il a pénétré dans les entrailles de la terre au fein des mnes, il traverfe l’immenfité des flots, enfin il s'élève jufques daas les cieux . . . . L'aftronome avec fon télefcope voit prefque les limites de l'univers en grand , tandis que le microfcope découvre au phyficien un nouvel univers dans une goutte de liqueur. Pendanf que ces différens obfervateurs par des travaux fuivis & conftans, qui exigent beaucoup de patience , d'exactitude avec une grande perfpi- cacité , ramaflent cette immenfité de faits, le génie du philofophe par des combina:fons favantes & profondes les emploie à l'édifice de nos connoiffances. C'eft ainfi que le carrier, le marbrier, le {culpteur, le peintre. . . . préparent les différentes parties d'un palais ou d’un temple. Mais le feul génie de l'architecture fait difpofer avec art tous ces matériaux pour élever ces édifices majeftueux qui commandent l'admiration. C'eft pourquoi dans Les beaux fiècles de la Grèce, qui favoic fi bien apprécier le mérite, les philofophes, ont toujours été les hommes par excellence. Les Pythagore , les Thalès, les Démocrite, les Epicure , les Zénon , les Socrate , les Platon , les Ariftore. . . . font des génies bien- faifans , qui feront chers à l'humanité jufqu’aux fiècles les plus reculés. . Ils s’occupèrent fur-tout, ces grands hommes, de ce qui pouvoit rendre heureux leurs concitoyens. La partie morale de leurs ouvrages en eft une des plus belles. Si la Philofophie a perdu dans ces derniers tems de fa dignité & de la confidération qui lui étoit due, c’eft qu'on a proftitué ce beau nom à des gens qui n’en étoient pas dignes , & qui s'en font fervis comme jadis les fophiftes, pour couvrir leurs baffes jaloufies , leur ambition exceflive….., Mais la Philofophie mérita-t-elle jamais davantage du genre-humain ? * N'eft-ce pas elle qui l’a délivré de la fuperftition , du fanatifme , de tous les préjugés civils & religieux? N’eft-ce pas elle qui lui a appris à connoître fes droits oubliés? qu'elle a déjà fait recouvrer à plufeurs - nations, & qui prépare aux autres le même bienfait ? Maïs en lui révélant fes droits , elle lui prefcrit aufli fes devoirs, & lui dic: Hommes! la nature vous avoit faits pour vivre comme les autres animaux des productions dont elle a couvert la furface de la terre. VOUS ETIEZ TOUS EGAUX ENTRE VOUS comme chaque animal eft légal de fon femblable , aux petices différences près que pou- voient apporter la force corporelle & les qualités morales & intellectuelles. »"Mais votre grande multiplication ne vous a pas permis de jouir long-tems de ces avantages, Vous avez été ob'i zés de multiplier par vos foins & vos fueurs les productions qui fourniffent à vos befoins. Vos relations morales vont des-lors changer, & les principes d'égalité ferons altérés. Tome XL, Part, I, 1792, JANVIER. E 34 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE; » Car dès-lors chacun de vous fixé à un fl particulier , vous en avez acquis la propriété excelufive, en perdant vos droits fur le refte de la furface de laterre, Mais l'égalité n'eft point obfervée dans ce partage ; car Les habirans des zones glacées ne peuvent pas dire être auff bien partagés que ceux qui auront leurs fols dans les Belles contrées du midi : Première dérogation au grand principe d'égalité , qui veut que tous les hommes aient un droit égal à toutes les produétions de laterre. » Vous avez été obligés de vous réunir en différentes fociérés. Ces fociétés devenant trop nombreules n’ont pu fubfifter fans des conventions mutuelles entre chacun des membres qui les compotent. La première de. ces conventions a été que la mayorité doit lier la minorité. Ceux qui n’ont pas voulu foufcrire à cette loi ont été chaffés de l’aflociation. On a enfuite fait différentes conventions qu’on a cru utiles au bien général de la fociéré, Ce font vos loix toujours confenties par la majorité; ce qui oblige route la fociété. » Dans les cas ordinaires la loi doit toujours commander. Maïs dans les cas extraordinaires , il n'y a pas d'autre loi que le falut du peuple à toute autre doit être fufpendue. » Dans l’origine chaque fociété jouifloit en commun de fon fol ; mais les inconvéniens de cette jouiflance commune ont forcé à partager par égalité ce fol entre tous les coaffociés. Bientôr eft furvenue une irégalité prodigieufe dans ces propriétés refpectives .. . . La plus grande partie des ‘coaflociés fera dépouillée de toute propriété, tandis que quelques-uns en auront d’immenfes: Seconde dérogation au grand principe d'égalité, qui dit que tous les hommes ont un droit égal aux produëtions de la terre néceffaires à leurs befoins. Ë | » Les grands propriétaires feront travailler les non-propriétaires, qui feront obligés de les fervir , & de’ fe contenter d’une nourriture grof- fière... . .tandis que les premiers ne feront rien, & nageront dans l'abondance: Troifième derogation au principe d'égalité, qui dit que zous les membres d'une focièté en travaillant chacun fuivant leurs forces & leurs talens, doivent jouir des mêmes avantages , comme Licurgue avoit tâché de Pexécuter pour les Spartiates en commettant toutes fortes d'injuflices envers les Ilotes. » Il faudra des magiftrats pour faire obferver les loix , des chefs pour commander les armées. Ce feront d’abord les chefs de famille, les vieillards, dans les perires fociétés, qui rempliront les fonctions de magiftrats. Mais ils ne le pourront plus dès que la fociété s'aggrandira. Dèés-lors il faudra élire Lu mapgiftrats. . .. Voilà des citoyens élevés au-deffus des autres, ne füt ce que pour un an, l'égalité ne fubfifte plus : Quatrième dérogation au principe d'égalité. » Le tems que doivent demeurer en place les magiftrats , d’abord très- court, fera prorogé à caufe de l'embarras des nominations, des intrigues, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 des cabales. . . . & on viendra à laifler en place les premiers magiftrats pendant toute leur vie : Cinquième dérogation au principe d'égalité. » Ces mêmes intrigues & cabales qui auront plus d'activité dans 1es fociétés nombreufes , y nécefliteront fouvent à rendre la place du premier magiftrat héréditaire dans une famille : S/xième dérogation au principe d'égalité. » La même néceflité de la tranquillité publique forcera fouvent à déclarer énviolable ce magiftrat fuprême : Septième dérogation au principe d'égaliré. » Enfin, les femmes qui font la moitié du genre-humain font dans toutes les fociétés fubordonnées à l’homme , ne pouvant occuper aucune place... du chez plufieurs nations elles puiflenc hériter du trône... La paix publique a exigé cette loi dure: Hu:tième dérogation au principe d'égalité ». On voit donc que dans l’état focial, l'égalité abfolue ne peut fubfifter telle qu’elle feroit entre des hommes qui vivroient enfemble fans être liés par un pacte focial , comme vivent enfemble les animaux (x). Mais pourquoi violer ainft les droits de l'égalité 8 difent certaines gens ; qui quoique n'ayant jamais réfléchi fur ces matières difficiles, tranchent cependant du ton le plus léger des queftions que n’ont abordé qu'avec timidité Les plus grands légiflateurs. (x) Le premier article de Ja déclaration des droits rédigée par lAffemblée conftituante de France eft donc tout-à-fait inexa@. Il dit : Les hommes naïflent & demeurenc libres & égaux en droits : Les diflinérions Sfociales ne peuvent étre fondées que fur l'urilité commune. j Cela n’eft vrai que pour l’homme qui n’eft pas en fociété. Dès que les hommes font réunis en grandes affociations , cette égalité difparoït. Tous les membres d’une fociété ont/, Îl eff vrai, des droits & des devoirs communs & généraux. Aiof chacun a droit à fa propriété , a droit qu’on ne lui fafle point d’injuftice, &c. &c. Mais le bien général de la fociété exigeant différentes fon@ions , les droits du citoyen qui remplit telles fon@tions ne font plus les mêmes que ceux qui rempliffent telles autres fonctions. Ainfi les droits de celui qui doit commander font bien différens de ceux de celui qui doit obéir. x Le Roi & l’héritier préfomptif de la couronne font inviolables, Certainement on ne peut pas dire que Zes autres membres de La fociété naiffent & demeurent égaux en droits au Ro: & au Prince royal. On ne peut donc pas dire que les femmes naïffene & demeurent égales en droies aux hommes. Ë L'Affemblée conflituante elle-même a refufé le droit de citoyen a@if à un grand nombre de citoyens, qui dès-lors ne demeurent plus égaux en droits avec leurs concitoyens. L'enfant qui naît d’un père fans propriété, & qui n’en aura point, nef poins égal en droit à celui qui naît avec des propriétés immenfes..…. La feconde partie] de l’article eft en contradiétion avec le premier: Zes diflinérions fociales, &c. Où il y a des difindions, légalité cefle. Les américains n’auroient pas mis cet article dans leur déclaration des droits. Tome XL, Part, I, 1792. JANVIER, E 2 :6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je leur demande d'érablir une fosiété fans violer les principes de legalite. ; l’renons des affemblées d'hommes que nous Connoiflons pour les plus railonnables , telles que celles des corps de favans , des corps politiques, militairés , des perfonnes qui veulent vivre fuivant un rite religieux quel- conque. . . . Ces fociérés ne paroîtroient pas devoir sécarter des règles de l'égalité. — Je demande cependant à quiconque eft entré dans les détails de ces affociations particulières , fi la loi de l'égalité n’y eft pas violée à chaque inftant; fi ce ne feront pas toujours les intrigans en géneral qui auront les premières places , fi y étant parvenus , ils n'exerce- zont pas un defpotifme plus ou moins abfolu, tandis que l’homme honnêre & modefte demeurera toujours ifelé , & expolé à toutes les vexations de ces intrigans. Mais, me répond-on, il eft facile de concevoir qu’on pourroit corriger ces abus. Oui: on le conçoit métaphyfiquemenr. Orez aux hommes leurs pañions défordonnées , faites-les conduire uniquement par les regles de la juftice & de la vertu ; & je conviens qu'on pourra réalifer jufqu’à un certain point les principes d'égalité, On fait dire à l'abbé de Mably , lui qui n'étoit pas intrigant, & qui connoifloit bien les hommes: L Un état immenfe ne fe goiverne pas comme une poignée d'hommes. Le gouvernement républicain n'efl fair que pour le ciel, le morarchique pour la terre, & le defpotique pour Penfer. Tome XIILde fes Œuvres (1). La république proprement dire ne peut fubffter que dans le ciel , c’eft-à-dire, parmi des gens juftes, équitables , rrès-inftruits, & qui ne veulent que le bien. Mais font-ce-là les homnies ordinaires ? Les répu- bliques qui ont eu Le plus d'éclat , telles que celles de l’ancienne Grèce , Carthage, Rome, Venife, Gènes, la Hollande. . . . n’étoient pas des républiques proprement dites; des corps ariftocratiques avoient la plrs grande influence. Dès que les tribuns firent pencher le pouvoir du côté peuple . Rome fut perdue. Qu'on faffe cependant attention que dans ces. républiques tout l’érat réfidoit dans une capitale (2). (1) Elles ne paroïffent pas être de l’abbé de M:bly. (2) Je penfe donc que dansles grandes fociétés, tant que les hommes ferons ce qu'ils font , il faut une monarchie, c’eft-à-dire , un homme placé par Ja loi à la première place, pour empêcher les intrigans d'y vouloir monter. Mais on fait ben que par monarchie , je n’entends pas nos monarchies modernes, ‘où le monarque réunit dans fa maïn tous les pouvoirs, le Hégiflatif, l’exécurif, celui de lever les impôrs , de déclarer la puerre , de difpofer des propriétés de la nariot , de faire arrêter arbitrairement fes conciroyens. . .. C’eft le véritable defpotifme. Par monarch e j'entends un état où le pouvoir execurif fuprénte ef? entre les mains d'un feul à La vérisé, mais qui n’a point le pouvoir légiflatif, qui ne peur SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 Un des fondateurs de la liberté des Etats-Unis, me difoit qu’il étoit tès- vraitemblable que fi Wafngton eût eu des enfans, & des enfaus mâles, on eût rendu héréditaire dans {à famille la place de préfident du congrès, qui a autant d'autorité que celle de Roi ; & cependant combien ce peuple eft mûr pour la hberté! Le congrès ne parle à Wafington quavec relpect, pour infpirer aux peuples i'obéiflance à a loi. Les fauvages ont fait des incurfions dans Les terres, & out dévaité quelques cantons. À-t-on dénoncé Wafington ? a-t-on dénoncé fes miniftres?. . . Non: c'efbqu’on y eft bien perluadé qu’un gouvernement ne peut marcher fans qu'il y ait de l'harmonie entre les pouvairs. Je ne doute pas que Wafngton n’eût pris toutes les mefures que fuggéroit la prudence. Mais y eûr-il manqué , le congrès fait bien que Wafingron n'eft pas infaillible, IL lui aura fair des oblervations en particulier ; mais il n'ira pas lui ôter la confiance des peuples par des dénonciarions continuelles, Il n en viendroit à certe extrémité que sil voyoit la liberté en danger. Je voudrois qu’une dénonciation ne fut point permife à aucun membre du corps dépiflatif. A-t-il des reproches à faire à un agent du pouvoir exécutif ? il les communiqueroit à un comité prépofe pour cette fur- veillance. Le comité prendroit des renfeignemens, & averriroit le miniftre. Si celui-ci éroit coupable, le comité ou le membre lui-même feroit pour- lors la dénonciation à l’Affemblée générale, Par ce moyen on ne verroit poinr de ces dénonciations qui font tant de tort à la chofe publique & au corps léoiflatif, Ce même ami de la liberté me difoit auffi, qu'il falloit que le corps des repréfentans de la Nation für divifé en deux (ça toujours éré mon avis ); que Pexpérience avoit appris aux Erats-Unis cette néceflité, parce que les repréfentans d’un des cantons ne formoient qu'un feul corps , & que leurs délibérations n’avoient pas toujours la maturité de celles des autres cantons , où les repréfentans étoient divifés en deux chambres, Aufli le congrès eft-il formé de deux chambres également élues par le peuple, difpofer des propriétés de la nation , faire arrêter arbitrairement fes concitoyens... Tous ces pouvoirs feront exercés par un corps de repréfentans de la nation ou dx fouverain. Ce corps ne fera pointle fouveraîn , parce que le fouverain n’eft que la nation elle-même. Elle peut déléguer l'exercice de for pouvoir fouverain ; mais jemais l’aflemblée des repréfentans ne peut fe regarder comme le /ouvercin. Les repréfentans font des fondés de pouvoir. Or , un fondé de pouvoir exerce bien les droits de fon commettant qui lui a donné fes pouvoirs, mais n’eft jamais ce com- mettant qui ne peut être que lui même. Ce corps fera les loix , votera l'impôt. ., . veillera fur l’exécution des loix & fur les agens du monarque, qui inviolable par lui-même , ne peut par la même raïfon rien faire par lui-même. Ainf fon inviolabilité ne peut avoir aucun danger pour f’ordre focial, 1] n'agit que par fgsagens qui eux-mêmes {ont refponfables devant le corps des repréfentans, 3% OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fans qu'il y ait rien dans Je fénat qui approche de La chambre des pairs anglois. Les délibérations en font plus fages, Le pouvoir exécutif eft plus affermi, parce qu'une des chambres Le déÉndroit contre Les entreprifes de l'autre, fi l'une vouloit l'attaquer , ou lui faire perdre la confiance publique. Cette divifion du corps lépiflatif fut propofée par MM. Buzot, Pétion à l’Affemblée conftituante de France, qui La rejetta, parce que craignant toujours qu’on ne voulût rétablir le corps de la nobleffe , elle crut y voir un acheminement dans ce moyen ; mais une feconde chambre compofée des mêmes élémens, ou le corps des repréfentans tel qu’il eft aujourd'hui, divifé en deux, n’a rien qui rappelle l’ordre de la nobleffe. On crut que Le vero du Roi fufifoit pour modérer Les délibérations du corps lépiflatif; mais on voit bien que c’eft compromettre fans cefle le Roi. IL faudroit encore en France un commiflaire du Roi dans chaque département, qui eût feulement Le droit d’aflifter aux féances des corps adminiftratifs. On en a bien accordé un auprès des tribunanx où il eft bien moins utile. Mais l’Affemblée conftituante rejetta auñli cette propofition , parce qu’elle crut y revoir de nouveaux intendans ; mais il n'y avoit nul rapport entre ces deux places. Dans ce moment le Roi & fes miniftres n'ont aucun moyen légal de favoir ce qui fe paffe dans les départemens ; les directoires, fur qui le Roi a le droit de correction, & qu’il peut même füfpendre , ne l'inftruiront que de ce qu'ils voudront, & lui laifferont toujours ignorer ce qu'ils pourront avoir fait de contraire aux loix. EE DR INFORMATIONS SUR L'ORIGINE DE L’AMBRE-GRIS, Recueillies & communiquées à la Société Royale de Londres, par le Comité du Conjfeil prépojë aux affaires du Commerce des Plantations : Traduites des Tranfaëions Philofophiques, 1791, part. I. Dans la falle du Confeil, à #’hire-Hall, en préfence des lords du comité du Commerce & des Plantations, le 12 janvier 1791, ; Lecture a été faite d’une Lettre de M. Alexandre Champion , Lun des principaux négocians intéreflés à la pêche de la baleine dans les mers méridionales , adreffée le 2 de ce mois à mylord Hawkefburg , & portant que Jofué Coffin, capitaine du navire le Lord Hawkefburg , récemment SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 39 de retour de cette pêche, a rapporté, outre une cargaifon de foixante- feize tonneaux d’huile de /perma-ceti & de blanc de baleine, environ trois cens foixante onces d'ambre-gris, que ledit capitaihe a retiré d’un cachalor femelle fur les côtes de la Guinée. x Sur quoi M. Champion & M. Coffin ayant été introduits, ils ont été interrogés comme füit : Queflions adreffees à M. Cofin. Queflions Savez-vous fi quelques-unes des baleines précédemment prifes par des bâtimens de la Grande-Bretagne, fe font trouvées contenir de l’ambre-pris ? Réponfe. Je ne l'ai jamais ouï-dire ; mais des navires améticains en ont quelquefois rencontré. @. E&-ce d’un mâle ou d'une femelle que vous avez tiré votre ambre- gris SN R, C'eft d’une femelle. ©. Eft-on dans l’ufage de chercher cette fubftance dans le corps des baleines qu’on a prifes? R. On ne l’a guère fait jufqu’à préfent. Q. Comment avez-vous découvert celui que vous avez rapporté ? R. Nous en vimes fortir de l’animal par le fondement, & il en parut un morceau flottant fur la mer tandis qu’on découpoit le lard. @. Dans quelle partie avez-vous trouvé le refte ? R. Il y en avoir encore dans le même conduit: le refte s’eft trouvé dans une poche fituée un peu plus bas & communiquant avec cet inteftin, ©. L'animal vous a-t-il paru être en fanté ? R. Non: il n’éroir pas bien portant ; il paroïfloit languir ; il n’avoit point de chair fur les os, & il étoir fort vieux, comme on le voir par les dents , deux defquelles j'ai confervées. Quoique fa longueur für d'environ trente cinq pieds, il n’a pas rendu plus d’un ronneau & demi d'huile, Un individu de cerre efpèce , de la même grofleur, en auroit produit deux tonneaux & demi dans l’état de fanté. Q. Avez-vous obfervé quelle eft en général la nourriture de ces baleines ? ; y R. Je crois que l’efpèce qui donne le /perma-ceti (le cachalot ) fe “nourrit prefqu’enrièrement du poiflon , que nous nommons /quids ( la sèche à huit pieds ). J'ai vu fouvent le cachalot rendre, en mourant, une grande quantité de ces poiffons, quelquefois tout entiers, & quelque= fois en morceaux. Il s’eft trouvé des becs de sèche , les uns dans l’intérieur de l'ambre-gris , d'autres attachés à fa furface. (Ici M. Coffin a fais voir quelques-uns derces becs. ) Q. Avez-vous rencontré de l'ambre-gris flottant [ur la mer? R. Jamais : mais d’autres mariñs en ont trouvé, 4o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, @. Depuis quand êtes-vous employé à la pêche de la baleine ? R. Depuis environ feize ans. ©. Quelle eft, parmi les animaux de cette efpèce que vous avez eu occafion de voir, la proportion entre Le nombre des mâles & celui des femelles ? R. Je crois que le nombre eft à-peu-près égal. Dans mon dernier voyage néanmoins, je n'ai trouvé que quatre mâles fur trente-cinq individus. Je pêchois fur les côtes de l'Afrique, entre le 5° degré de latitude N. & le 7° de latitude S. Je fuis porté à croire que les femèlles vont mettre bas leurs petits dans Les latitudes inférieures ; ce qui explique pourquoi elles s’y trouvent en plus grand nombre. @. Les femelles mertent-elles bas dans une faifon particulière ? R. Je ne connois rien qui l'annonce. Q. Lequel, du mâle ou de la femelle , donne une plus grande quantité d'huile ? R. Comparativement à un mâle de même groffeur, la femelle en fend glus quand elle porte ; mais moins quand elle allaite. 5 @. Rencontre-t-on communément les baleines folitaires , ou bien par couples, ou en plus grands nombres ? K. On en voit ordinairement de grandes troupes, que les marins anglois appellent Scools ; c’eft fur-tout dans les’latitudes inférieures. J'en ai vu depuis quinze , jufqu'à peut-être mille individus enfemble. À Q. Avez-vous quelqu’autre éclaircifflement à donner au comité fur ce jet ? TR. En général, nous avons obfervé que le cachalot jette fes excré- mens, quand il eft harponné. S'il ne le fait pas, nous conjecturons qu'il y a de l'ambre-gris dans fon corps. Je crois qu'on a plus de proba- bilités d'y en trouver, lorfqu’il eft dans un état de fangueur : car je regarde cette fubftance comme la caufe, ou l'effet de quelque maladie, Queflions adreffées à M. Champion. Queflion. Quel eft le prix ordinaire de l’ambre-gris ? Réponfe. Il ya peu de tems qu'il s’en vendit une petite quantité à #aifon de 25 fchellings l’once ; mais alors il étoit fort rare. Le mien a été vendu 19 À fchellings l’once. La totalité venait de la même baleine , & pefoit trois cens foixante-deux onces, poids de Troyes. Les acheteurs m'ont dit que c’étoit plus qu’on n’en eût auparavant mis en vente à la fois. Communément il s’eft vendu par parties de quatre ou cinq livres. @. Pour quel pays le vôtre a-t-il été acheté ? R. Je ne le fais pas au jufte. C’eft à un courtier que je l'ai vendu. Il n'a dit qu'un de fes commettans, qui en a pris à-peu-près la moitié, vouloit l'envoyer en Turquie,en Allemagne & en France. L'autre moitié a été achetée par les droouiftes de Londres, SUITE ’ ; / SV SA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4 SUITE DU MÉMOIRE ” SUR LES PIERRES COMPOSÉÉS ET SUR LES ROCHES; Parle: Conmaienr Don: 8 D'Or GMiEU (). Pose matière s'attire réciproquement. Cette propriété, la plus importante qui ait été reconnue dans la matière, doit être la clef de toutes les fciences phyfques; car lorfque l’aftronome en calcule les : (1) M. de la Métherie à qui jai voué une fincère amitié due à fes qualités per-. fonnelles , pour qui j’ai depuis long-tems toute l’eflime que méritent fes talens & fes connoïffances, a fait dans le Journal di mois précédent quelques objeétions Contre mon fyflême [ur la formati n des couches coquillières ; il obferve que nulle caufe phyfique connue ne peut produire des marées femblables à celles que je fuppole. Je lui répondrai que voyent des effets qui annoncent le fréquent retour de la mer fur nos continens, j'ai dit que fi des nrarées exceilivement hautes avoient exiité, elles au o:ent pu produire de tels effets; j’ai dit que Pétar préfenr de ja terre que nous habitons ne peut être attribué à la mer féjournant autrefois {ur nos continens avec la même tranquillité qui accompagne fa réfidence dars fes baflins aétuels, au fond defquels règne un calme aufli parfait que celui des profondeurs de la terçe, où sûrement on ne reflent pas les agitations de fa furface. M. de Ja Métherie ne récufera pas une autorité qui me paroit d’un très-grand poids. L'auteur de l’ouvrage intitulé : Principes de la Philofophie naturelle , a ditavant moi, & répète encore avéc moi, qu'uz grand nombre de faits ne permet pas de douter que La mer n'ait été plufieurs fois fur nos-conrinens. Or, cet ouvrage que j’ai luavec ün grand plaifir & un extrême intérét à l’époque onal parut , & qui a beeu- coup contribué à diriger plus particulièrement mes obfervations vers les phénc- mènes relatifs à l'hifloire du globe ; cet ouvrage qui renferme auf des vérités morales & des priñcipes politiques , & qui eft d'autant plus remarquable, qu'il fut “écrit dans un tems où il étoit dangereux de manifefter fa penf£e, de profeffer les maximes dela Philofophie, dans un tems où tous les grands hommes du moment étoient encore profternés devant les idoles qu’avoient confacré la. baffeffe & les préjugés; cet ouvrage, dis-je , a M, de la Métherie lui-même pour aureur. Si donc il a jugé qu'il étoit néceffaire de fuppoñfer plufeurs invafions de la mer (ur nos continens pour —… expliquer beaucoup de faits, je ne puis qu’avoir ajouté aux raïfons qui l'ont déter- miné à adoptercette idée, par mes confidérations fur les mines de fel pemme placées éntre des bangs calcaîres, für les montagnes volcanico-marines , où les produét'ons de l’eau alternent avec celles du fèr, für les matières étrangères venues de irès-loin pour combler nos vallées calcaires, &e. &c: Si tous ces#aits néceflitent le retour de a mer fur nos continens ;il er ef une infinité d’autres qui exigent fon départ préci- pité. Je dirai de nouveau que ce n'eft qu’alors qu'elle a pu creufer d’immehfes profondeurs, qu'elle a pu faire parcourir des centaines de lieues à des mafles énormes; c'efl alors qu’elle a détruit la route qu’elle avoit fait fuivre à des blocs de granit qui Tome XL, Part, 1,1792. JANVIER, F (4 m: 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, loix dans les mouvemens des corps planétaires, le lichologifte en reconnoît. les effets dans les qualités les plus effentielles des pierres, a repofent faintenant (ut le fommet. des, montagneshifolées., où-ils-pareiflent n'avoir pu parvenir qu'en vainquant lès loix de la gravitation qui pour d’aufi grofles mafles font au-deflus de la puiffance deslots ; je le répéterat. encore , ce n efl pas en prolongeant le féjour de la mer {ür nos continens, qu’on augmentera {on influence fur la formation de nos couches. Ce n’elt pas en la faifant revenir par un movement fi lent qu'il eft infenfble, même dens ure:lonpue faite de fècles, qu'on lui donnera les moyens de fillonner, de déchirer, de détruire en grande partie-fes précédens, travaux. La nature demande au tems les moyens de réparer les défordres, mais.elle reçoit du mouvement la puiffance de bouleverfer. Or , plus en‘éloigne la période des alluvions, plnson ralentic leur marche moins on obtient les effet: qu'on exige. Oui, s’il n'eft pas-permis. de douter que-læ mer n'ait envahi plufieurs fois nos conti= nens , il ne meparoït pas plus permis de douter que les fubmerfons ie font faites avec violence, fe font retirées avec-précipiration , & que le tems qui a féparé chacune de cesalluyions n'ait été.très-court, puifque les volcans dont elles fontivenues recouvrir les produits n’ont fait pendant leur intervalle qu’un petit nombre d’irrugtions. Jinflerai far Pimpoñivilité de former dans un grand volume d’eeu, où, fe délayent les matières qui s’y précipitent, des couches de vingt pieds d’épaifleur, fans qu’elles prennent entrelles l'ordre, la difpoñtion que prefcrivenc impérieufement les pefenteurs fpécifiques, Ce n’eft point dans le calme que fe forment les mélanges confus, & je foutiendrai toujours que le calme le plus parfait règne dans le fond des mers. Je répéterai. ..... Mais, non: je renverrai à mon Mémoire, en priantde peler avec attention & impartialité les objections que je fais cuntre un.préjugé , qui n'a acquis de force que par la réputation des favans qui l'ont établi, & qui ne peut-réfifter que par l'habitude de fa domination. Je fupplierai fur-teut de ne point danner ( pour’: me combattre ) plus d'importance qu’ils n’en méritent, à quelques faits particuliers qui ont des caufes Jocales dont les effets font très-bornés. Je ne faurois, par exemple, admettre comme objeétion contre mon opinion fur la formation des couches ée charbon de terre, ni comme preuve de Ja pofhbilité de faire arriver dans les pro- fondeurs de l'Océan une forêt de fapins;-le petit phénomène des feuilles qui après. avoir nagé fur la furface de l’eau d'un bourbier , fe précipitent au fond., lorfque la longue macération a diflous leur fubflance extradive & les a réduites dans un état prefque terreux, ou lorfque le poids du limon qui les a recouvertes les a fait defcendre. Un arbre de fapin ou de cèdre pourra fe décompoter &/fe détruire fur la. füurface des eaux de l'Océan, mais non pas vaincre la réfiflance d'une pefanteur fPécifique double de la fienne. Sans prétendre donc nier abfolument le féjour de la mer fur nos continens ; jere vois pas la néceffité de l’admettre, puifque je ne conçois pas comment un pareil {hour auroit pu influer efficacement fur les accidens & fur les phénomènes quenous obfervons. Les eaux qui ne diflolvent pas ne peuvent agir qte par un mouvement qui eft refufé à celles qui occupent le fond des baffins de l'Océan. Je défendrai également uhe autre vérité qui me paroît auffi inconteftable, fur laquelle j’ai été éclairé par les. oùvrages de M. de Luc, & dont il me femble voir la preuve dans toutes les pages dé l’hifloire des hommes , & dans celles.cù font confignés les faits de la nature, Je dirai donc avec M. de Luc: L'érar aéuel de nos, continens ref pas ancien, je penferai avec lui qu’il n’y a pas long-tems qu'ils ont été donnés ou rendus ainfi modifiés à l'empire de l'homme, Cette vérité n’auroit peut-être pas été auffi vive- ment attaquée, auffi fortement combattue , fi-elle n’eït pas eu des.relations avec # Es . SUR L'HIST;: NATURELLE EX LES ARTS. 43 favoir, leur denfité, leur dureté & leut forme; & fi, comme le dit M. de Fourcroy, Le principal but de la chimie eff de rechercher l'a&ion ‘des corps naturels les uns fur les autres, de connoître l’ordre de leur compofition, d'apprécier la force avec lagnelle ils tendent à s'unir € reflent unis enfemble, la lithologie , pour fortir de l’efpèce de chaos où elle eft encore, doit appliquer ce même genre de recherches aux objets qui lui font particuliers; elle doit examiner l’aétion que les terres ont Les unes fur les autres, l’ordre de leur compofirion, l'état de leur combinaifon & leur tendance mutuelle. Je devrai donc rap- peler quelques principes qui font la bafe des travaux du chimifte, comme ils doivent l'être des obfervations du lithologifte, & j'appliquerai fuc- ceflivement à la réunion & à La combinaifon des terres, une paitie des loix qui influent fur les combinaifons falines. 4 La durété & la denfité étant les deux principaux caraétères des pierres , il eft important de remarquer d’abord qu’elles doivent ces propriétés à cette tendance générale de tous les corps les uns vers les autres. Mais fi ceux d’une très: grofle mafle peuvent l'exercer à une rande diftance, les molécules qui [es compofent & qui font d’une tubrilité qui échappe à nos fens, n'ont d'activité que dens une fphère ‘proportionnée à leur volume, & ne peuvent agir par conféquent que dans les plus petites diftances poñfibles ; alors les liens qui les enchaînent font d'autant plus forts que le rapprochement eft plus exact, & que Les contaés ont lieu RE un plus grand nombre de points. Quoique la “compofition, la folidiré & là forme des pierres ne foient que le réfultat ‘de la même loi d'attraction, il eft important d: ne pas confondre “des effèrs qui font modifiés par plufieurs caufes, & il me paroît eflentiel de bien diftinguer le genre d'action que les molécules exercent en- tr'elles dans différentes circonftances. Les molécules qui par leur adhérence entrelles conftituent lés piertes peuvent être ou fimples, ou compofées; les unes & les autres “peuvent être où feniblables , ou diffemblables. La réunion des molécules een des opinions religieufes qu’on vouloit détruire , & qui pouvoient être abfurdes fans nuire à cette vérité géologique. On croyoit faire un aéte de courage & (e montrer exempt de préjugés en augmentant par une efpèce d’enchère le nombre de: fiècles qui fe font écoulés depuis que nos continens font accordés à notre induftrie: Sans craindre de m livrec au ridicule , fans redouter lPefpèce de défaveur qu’enceurent mäittenant ceux qui ne s’abandonnent pas aux exagérations & aux écarts de l’imagi- nation , fe pourrai publier dans quelque tems un ouvrage dans lequel je réunirai les monumens hiftoriques aux obfervaions géologiques pour démontrer qu’en admett nt dix mille ans d’ancienneté-pour fe moment où la terre ef devente ou redevenue habitable, on exagère peut-étre encore. Mais je dirai auffi qu'il n’y a point de mefure pour le tems dans les époques antérieures, & que l'imagination peut y ‘prodiguer les milliers de fiècles avec autant de facilité que les minutes. * Tome XL, Part. I, 1792. JANVIER. EL 2 : i ù SAN, _44- OBSERVATIONS SUR LA\PHVSIQUE, femblables, qu'elles foient fimples ou compolé:s, fe nomnie aprégationge, & j'appellerai mélange le concours des molécules d’efpèces différentes qui n'ont entrelles que la feule adhérence qui naît du fimple conta&, & adhéfron, la force qui des unit. + fe C'eft à la lirhologie principalement que l'on peut appliquer la maxime ‘de M. Macquer lorfqu'il dit que les! propriéeés du corps agrégé de- perdent autant & peut-étre beaucoup pluskde la manière dont les particules intéorantes font jointes les unes aux, autres dans l'agréga- zion, que des propriétés effenciclles de ces mêmes particules: Je dois donc examiner plus particulièrement les loix & les modifications de l’agré- gation & de l'adhéfion, & remarquer attentivement les différentes conditions & circonftances qui-contribuent à la dureté & à.la folidité des corps terreftres, A ; » Je diftinguerai d’abord trois efpèces d’agrégationss 1°, l'agrégation parfaite, quieft celle où les molécules intégrantes ont eu la faculté de prendre la poftion exacte qui convient le mieux à leur forme ; alors la pierre pofsède le tiflu intérieur, la forme extérieure, la dureté , la denfité & les autres propriétés qui lui font particulières : tel eft Le fpath cal- caire. rhomboïdal rranfparent; .2°. l'agrégation défeueufe ou ir- complette, dans laquelle les molécules trop précipitamment raffemblées n'ont pas toujours pris exactement leurs places d'élection : te} eft le marbre blanc ftatuaire, ou le foath calcaire rayonné; 3°. Pagrégation confufe où les molécules réunies fans avoir eu ni la mobilité ni-le tems, ni lefpace néceflaire pour adopter un certain ordre , fe font ac- crochées par tous les-points qui.fe font préfenrés au conra@ ;; alors le mafle qu'elles forment ne donne aucune indice de criftallifation ; ainfi fonr Les pierres calcaires'ordinaires. L’agrégation confufe doit :elle même fe -bdivifer én quatre modifications différentes ; les molécules agrévées peuvent paroître fubtiles ou groflières; le tiflu en eft ou lâche.ou ferré. Beaucoup ide pierres calcaires ont Je grain tellement fin, qu'il eft perceptible; d’autres l’ont très-gros &-reflemblent: aux grès. Que!= ques pierres calcaires doivent à un tiflu très-ferré la faculté de faire feu avec le bridüet; d'autres, comme la craie de Champagne, ont ue agrégation fi lâche qu'elle céde au moindre effort, & que fous un volume égal elles renferment moitié moins de matières que les autres. Ces exemples pris dans le feul genre calcaire font applicables aux piertes de tous les autres genres. La tendance à l'union qu'ont les molécules femblables a fait nommer affinité d'agrégation , la force qui les attache les unes aux autres, par- ce qu'elle paroît les attirer avec une certaine prédilection. Quelque aétive qu’elle foit dans certaines circonftances, on ne peut pas ce- endant la déterminer à agir en entaffant & même en comprimant enfemble des matières pulvérulentes, Un rapprochement pareil, quel- \ ; } ie, 4 à 7. vie - } SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45 -qu'exact qu'il nous paroïfle, et bien loin encore de, placer les molécules à la-proximité qui convient à leur petire fphère d'activité; d'autant que Ces, particules rerreutes qui nous paroiflenc uès-divifées, n'appruchent paæencore de çe degré de fubrilité néceffaire pour céder à une force : qui ne peut influer que fur des molécules très-mobiles , & Jorfque leur pefanteur eft dévenue prefque nulle par le moyen d'un fluide où elles pagent, Car les grains d'une terre qui nous paroiflent impalpables après, différeutes apérations contufoires ; comparés aux molécules in- tégrantes des corps, peuvent encore être confidérés comme de _patites mailes de formes irrégulières, qui fe refufenr au, contact. intime, La cohéfion entre molécules femblables, lorfqu’elle agir avec toute l'énergie qui convient à une agréçation parfaite, a communément plus de foice que l’adhéfion des mêlanges, c'eft-à-dire, que préfentant plus de réfilance à-la féparation, les corps agrégés font ordinairement plus durs & plus folides que les mélanges; & dans,ce moment ce fera feulement {ous lé\ rapport de la dureté qui en,.eft le réfulrer, .que je confidérerai les forces dé l’affirité d'agrégation dans les dififrensagré- gés, & que je les comparerai à celles qui appartiennent à l'adhefon dans les mêlañges: ° | 5 La dureté des agrégarions parfaites dépend sûrement de la forme particulière & eflenrielle aux molécules intégrantes des: différentes fubftançes, car elle eft indépendante de-leur maffe où de leur denfité, Les molécules qui ont le plus de tendance où d'aptitude à ‘un ordre conftant, devroient roujours s'unir par les, liens les. plus forts & pro duire les pierrés les plus dures. dans le) cas. qu'elles ,eufient leurs faces exactement planes, circonftance qui a été népligée, mais. qui elt itrès- eflentielle, à ebferver; car fi on connoifloit parfaitement. leur forme fous ce rapport, comme on connoît le nombre de cesifaces & des angles ,:on pourroit déterminer tous les points de. contact que peut donner leur rapprochement, & on arriveroit ‘alors à établir par le calcul la majeure dureté äilaquelle pourroit parvenir chaque efpèce de- pierres, lorfqu'elles auroient l'agrégation La plus parfaite. Mais en atténdant que l'abbé Haüy, qui a appliqué fi ingénieufemenc la géo- mérrie!à la lithologie., l'ait dirigée plüs particulièrement vers'cet objet qui me-paroîr mériter, d'être pris en confidération ; avant qu'il ait ainf fuppiéé à des expériences directes qui me paroftroient impoffibles,, fi femblables à celles. qui ont été faites pour la duétilité des méraux., on tendoit à repréfenter par des poids le. degré de réfiftance abfolue qu'oppofe là force! d’agrégation à la féparation des molécules, nous. ne pouvons jugercette force d’agrégation. qu'en comparant la dureté relarive des différens agrégés... RS ‘2 Quelques..auteurs,, ont: renté de faireune table pour. exprimer La dureté relative des différences pierres entrelles, mais ils n’ont pas eu { . [Y 46 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE, x comme moi, pour objet de comparer dans certains cas, la force de. l'affinité d'agrégation avec celle des affinités de compofition, :& de déterminer les circonftances où l'énergie della première oppofe le plus de réfiflance aux effets de la féconde, Leur méthode aéré plus-ou moins défedueufe; d’ailleurs rous Les problèmes de la Jithologie ont des données fi incertaines, ils s'entrecroifent tellement, que la folution de chacun d'eux tient à celle de rous, & aucun ne peut être expliqué ifolément & fervir enfuire dé bafe pour réfoudré les antres, Je me bornerai donc maintenant àérablir une efpèce d'ordre comparatif pour ja force d'agrégation qui appartient à chacune des cinq terres éké- mentaires, j d 0 Terre quartzeufe; terre argilleufe ; terre fértugineufe; terre calcaire, & terre muriatique. Le criftal de roche & tous les quartz doivent leur dureté fupé- rieure à celle de routes’les autres pierres fimples à la crès-grande force d'agrépation qu’exercent entrelles les molécules quartzeufes, laquelle furpañle dans beaucoup de cas celle de fes affinités chimiques, de ma- uière que la terre quartzeufe tend toujours à s’épurer & à fe criftallifer en fe féparant des matières qui gênent la réunion exacte de fes mo- lécules, & en expulfant de l'agrégation les fübftances qui y- font étrangères, lea” ; La terre argilleufe que je plate au fecond rang, paroîroit prefque . entiètement privée’ de’toute force d’agrégation, fr nous la confidérions dans lérat où ‘elle fe trouve naturellement, puifque jamais. nous ne lui voyons former un corps folide, ‘puifque fes parties extrèmement fubtiles ne tendent point à fe réunir dans un ordre régulier quelconque, puifqu’elle perd par le fimple defléchement cette éfpèce de vifcofiré & de rénacité dont élle jouit lorfqu'elle eft humeétée , & que la foible cohérence qu’elle confervé peut être rompue par le moindre choc, Mais éerte réfiftance à l'agrégation ne vient que de fa grande tendance à S'unir-à l’eau, & de la force avec laquelle elle y adhère, qui égale ou furpañle celle de l'agrégation; ou plutôt même l'eau s’intromettant entre les molécules argillenfes & y contractant une adhérence, telle qu'elle peut réffter à un degré de chaleur fupérieur à celle de l'ébullition, fans fe difiper, ‘Les place hors de la fphère d'activité les unes des autres. Mais lorfque le feu , capablé de faire rougir l'argile, diffipe cette dernière portion d’eau qui augmentoit fon volume, l'agrégation à laquelle elle ‘’étoit refufée jufqu’alors s'opère facilement ; quoique cor- . fufe elle produit une dureté qui approche de celle du criftal de roche, &elleréfifte à fon tour auiretour dé l'eau qui né peut plus adhérer à:la terre argilleufe, ni fe combiner de nouveau avec fes molécules, fans vainere l'Énervie deleur cohéfion:Voilà- pourquoi les argiles’bien cuites, quoique miles en poudre prefque impalpable, refufent de reprendre _ SUR L'HIST. MATURELIENET LES ARTS. 47 Leur-dudtilités Les Opérations méchaniques m'ulvant pes jufqu'à-ronmpre l'agrégation des dernières molécules. C'eft ce qui a donné lieu à Verreur de ceux qui ont cru que le feu changeoit læ nature de Fargile, & la privoit’ pour toujours de fes propriérés eflentieiles, Mais l’art par des combinaifons chimiques & la nature. par un travail lent, ifotane de nouveau les molécules élémentaires, leur rendent leur tendance à s'univ à lFeau & leur reftituent toure leur vifcofiré, 4 se La-terre ferrugineufe nous montre une force:d'agrégation aflez grande { quoique inférieure à celle-des deux premières) dans: Les différentes mines où elle-eft: *peu-près pure, relles que les hémarites'& les mines de fer dites limoneufes, Mais: il eff cependant à remarquer: que pour la terre ferrugineufe la cohéfion entre molécules femblables eft plus foïble que fon adhérence dans! certains mélanges; 85 elle donne fouvent plus de dureré & de: folidité aux! males où elle eft fimplement mélanyée , qu’elle ne peut en:acquérir elle-même lorfqu'elle eft pure ; fingularité qui n'appartient qu'à elle. É t Je puis dire que la terre calcaire ( aérée,, relle que: la: nature nous la préfente toujours) a: une grande affinité d’agrégation fans qu'elle puilfe cependant l'exercer avec. beaucoup d'énergie lorfque fes molé- - cules. font rapprochées autant qu'il leur: eft: poffibie. Car facilemene elles’ prennent ‘entr'elles: un ordre: réguliers mais elles ne fe lient pas par une forte cohéfion, & elles. réliftent foiblement à leur féparation. Ee fpath calcaire acquiert peu de dureté, quoiqu'il prenne aifément les formes les plus régulières, Je puis: donc fuppofer-que fes molécules. ont eflentiellement la figure a: plus convenable: à un: arrangement frmmétrique, fans avoir desfurfaces exactement: planes, qu’elles peus vent fe difpofer régulièrement fans fe: roucher: par‘uns grand: nombre ce points, & eïles nous: préfentenc quelquefois la finpgularité d'acquérir plus de dureré:& :de denfité dans une) agrégation confufe que: dans: lai régulière ; car: nous.avons:des albâtres iorientaux, à pâte & grains rès- fins qui étincellent vivement-fous l'inftrument d'acier qui Les’taille; qui péfent plus ique'le fpath-calcaire rhomboïdal, quoiqu'ils foient audi! purs que lui & exempts de tout mélange’de quartz. TRES - La terré muriatique‘ou-de magnéfierpeut êvre confidérée commeà-peu- près privée.de la force d'agrégation , car nous:ne lui voyons jamais fôrmes . aucune mafle folide, jamais elle ne fe fépare des terres avec lefquelles: elleseft fimplement mélangée; fes molécules paroiffent ' fe refufer à. toutetréumon entelles; ellerreflemble à: cet: égard'à l'argile. Elle: doit fürement tcomime elle, l'apparence on@ueufe où favoneufe: qui la caractérife 30° qu'elle tranfmer ‘aux mélangesr& aux combinaifons où elle intervient en certaine quantité: à l'air & à l'eau qui fonc natu— rellement uflociés où combinés, avec elle; car lorfqu'elle eft fortement . l \ 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chauffée, elle -devient/aride, prend du retrait. &> forme uve male aflez dure, ri p5E ÿ La force de l'agrégation des mbléculss compofées varie autant que leur compoftion, 1[ feroit par conféquent difficile d'en exprimer toutes, les diffemblances, & de lesaflujettir à quelques régles générales. Si je ne confidérois que les gemmes, dont la dureté futpaile-beaucoup celle de routes les autres pierres fimples, je croirois pouvoir dire que les molécules compofées ayant néceflairement un plus gros volume que. les molécules élémentaires ; doivent fe- toucher :par un plus gravd nombre de points & par conféquent fe lier davantage; mais en réflé- chiflant qu'il y a beaucoup de pierres compolées qui n'arrivent pas à la dureté du quartz, j'éloigne une idée générale qui ne pourroit être exacte , qu'autant qu'il n’y auroit aucunes caufes qui nuifffent à l’effec que devroit produire cette auymentation, de volume. Je me confrmerai dans l'opinion que ce n’eft ni au volume ni à la denfité des molécules intégrantes , qu'il faut attribuer toute la/force de leur sagrégation,, car je pourrois augmenter lune 8) l’autre en leur! confervant la figure fphéroïde , fans qu’elles puflent jamais fe touchèr par plus d’un point. Les molécules globulaires feront donc toujours foiblement liées en= femble : ce n'eft qu'en fe comprimant mutuellement, ce n’eft qu'en acquérant des faces, qu’elles accroïtront la force de leur union en même tems. que la facilité de leur conta@t: Je conviendrai avec les criftallo- graphes de la néceflité d'admettre des figures conftäntes pour les mo- lécules intégrantes-, puifque leur afflemblage régulier donne toujours des :ré‘ultats analogués à ces formes élémentaires. Mais j'ajouterai que fi le nombre de leurs- faces dérermine leur criftallifation , c’eft la rectitude. de ,ces mêmes faces qui contribue à leur dureté, que leur agrégation eft d'autant plus folide que leurs faces font plus planes, & je montrerai que ce genre de perfection tient à la perfection de la compofñition & de, la combinaifon, en.difant qu'elles font les compo fitionsique- je confidère comme les plus parfaites, & en prouvant que fous ces rapports, autant que fous celui de la dureté, les gemmes furpaflent les autres pierres... 1 Je parlerai maintenant de lautre caufe de la dureté des pierres, c'eft la force d’adhérence entre matières différentes ; & fans prendre encore en confidération le nombre des fubftances diflemblables qui s'u- niffent par un -fimple mélange, & leur proportion entr'elles, je diftin- guerai plufieurs circonftances qui,contribuent àla force de cette union, Les matières mélangées peuvent être. ou en particules impalpables , telles celles de la chaux. de fer qui: mélangées :avéc la verre :calcaire. conftituent &:colorent les märbres, telles font les molécules d'argile & de calcaire dans le lithbemarga, &ce, où en parties groflières de A différent >» SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 différent volume, depuis celui des grains quartzeux unis au calcaire dans les grès des pavés de Paris , jufqu'aux gros brains de quartz dans les” granites d'Egypte. Le mêlange peut enfuire être confidéré comme parfait, lorfque Les matières font également répandues &c dit- tribuées dans toute la mafle; ainfi left la terre ferrugineufe dans un bloc de marbre jaune de couleur uniforme; le mélange eft zmparfuit lorfque dans quelques parties de la mallë, une des fubftances com- pofantes y eft raflemblée en grande quantité pendant qu'elle eift rare dans les autres; ainfi eft lé mêlange de l'argile & du calcaire dans le marbre de Campan; ainfi eft le mélange du mica avec le calcaire dans le marbre antique , dit cipolin; ainfi eft encore le mêlange de la fetpentine & du calcaire dans le marbre verd antique ou dans la pierre dite polfevera des côtes de Genes. : Non-feulement la folidité d’un corps mêlangé elt relative à toutes ces différentes circonftances & à une infinité d’autres qui fonc varier le mode des contacts , mais elle eft encore effentiellement dépendante, de la force intrinfeque de l’adhéfion, laquelle n'eft pas la mème entre les différentes matières. Nous devons à des favans diftingués € MM. de Morveau & Achard) des expériences très-ingénieufes & trèscbien faites fur cecte force d’adhéfion entre les corps folides & les fuides; ils ont oblervé qu'elle avoit une très-grande cortefpondance avec les affinités chimiques , & ils ont pu mefuxer la réliftance: qu'elle eppofoit à la défunion de ces corps mis en contact. Maïheureufemenc les mêmes expériences ne peuvent pas s'appliquer à l’adhérence des folides ‘entr'eux , à caufz de la difficulté d'établir des contaéts uni- formes ; ce ne féroit donc qu'en comparant enfemble la folidité des différens mélanges qu'on pourroit parvenir à connoître les fubftances qui s’uniffent entr'elles avec le plus d'énergie, ou qui s’aglutinent les unes aux autres avec Le plus de’puiflance. Mais. j'ai déjà obfervé qu'il y a un fi grand nombre de circonltances qui influent fur la folidité des corps mélangés, qu'on doit toujours craindre d'être induit à erreur, & d'attribuer à une caufe des effets qui dépendent de toute autre. C’eft donc fans prétendre à aucune exactitude , mais feulement afin de fixer plus particulièrement l'attention des naturaliftes fur une des propriétés de la matière qui contribue effentiellement à la dureté des pierres, que j'indiquerai un ordre de rapport d'après lequel il me femble que les terres élémentaires exercent les unes fur les autres leur force d'adhéfion ou d’aglutination, toujours en fuppofant les circonf- tances les plus favorables à fes effets, Terre quattzeule. Terre argilleufe. Terre ferrugineufe. Terre muriatique. Terre calcaire, Terre ferrugineule. Terre ferrugineufe. Terre quartzeufe. Terre quarezeufe. Terre ferrugireufe, Terre calcaire. Terre quarwzeufe, TFerre-argilleufe, , Terre calcaire, Terre quartzeufe, Terre argillenfe, . Terre calcaire: Terre calcaire. Terre argilleufe. Terceaigilleufe. Terre muriatique: Terre muriatique. Terre muriatiqué Terre ferrugincufe. Terre uriariquç« Tome XL, Pare. I, 1792. JANVIER, so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La force de l’adhéfion du quartz fur les chaux de fer, ou le pouvoir aglutinatif du fer fur les pierres quartzeufes, a été obfervé depuis long- tems. Les corps mêlangés de ces deux matières peuvent acquérir une grande dureté; mais la force de leur adhéfion eft fürement augmentée par l’efpèce de corrofion que le fer en, paflant à l'état de chaux, fait éprouver aux pierres quartzeufes, ainfi que je l'ai déjà dir, & ainfk que l'indiquent les experiences de M, Gadd( Mémoires de Suede, année 1740, ) par lefquelles il, prouve que les chaux de fer déphlo- giftiquées ne forment plus avec les fables quartzeux que des concré- tions fans liaitons. La terre quartzeufe adhère aulli très-fortement avec Ja pierre calcaire, & certe propriété a déterminé la pratique qui fair introduire les fables quartzeux dans la chaux vive pour faire le mortier; mais il femble qu'encore ici la corrofion contribue à cet effet; & une concrétion de chaux aérée qui enveloppe des grains de quartz, ne s'attache à eux que par une foible adhérence. L’adhérence du quartz avec l'argile pure eft foible, elle fe renforce par la cuiflon, ceft-à-dire par la diflipation de la dernière portion d'humidité que Pargilé retient naturellement ; elle eft plus foible en- core avec la terre de magnéfie. Cependant ces deux terres font toujours mêlées avec une quantité de rerre quartzeufe au moins égale à la leur. Mais ce n’eft point leur adhérence avec elle, qui rend leur fépa- ration d'ficile par les lavages & autres opérations méchaniques, mais l'extrême ténuité de leurs molécules qui leur donne une gravité prefque femblable. La très - forte adhérence de Fargile avec les chaux de fer peut fe cenfondre vec la combinaifon, car la réunion fi fréquente de ces deux terres, foit en mafles folides comme dans les mines de fer li- moneufes, foir qu'elles reftenr friables où duétiles comme dans les glaifes , doit être plutôt confidérée comme le: commencement d’une ‘combimaifon chimique , que comme un fimple mélange ; mais la force aglutinarive de l'argile eft tellement augmentée par l'intervention d'une quantité un peu confidérable de terre terrugineufe, qu’elles forment enfemble le ciment ou la bafe de plufieurs efpeces de pierres très- folides, telles que la plupart des brèches. L’adhérence de l'argile avec la terre calcaire efl toujours foible, ainfi que nous le voyons dans les pierres marneufes, mais elle eft cependant fupérieure à celle que l'argile pure contraéte avec le quartz & la terre: muriatique, La terre ferrugireufe efl L principal ciment qu'emploie Ja nature; elle s’egglurine fortement avec les autres terres dans l’ordre où elles font placées fous elles. La rerre muriatique n'a qu'une adhérence trés-foible avec elles routes ; il paroît que fon ondtuofité naturelle y met obftale , “SUR L'HIST. NATURÉLLE ET LES ARTS. $r mais la terre calcaire s'attache très-forrement aux chaux de fer, fur-tout lorfqu'’elles font très-aérées, & les cimens les plus folides que l’art produit fonc dus à leur mélange; fon adhérence avec les autres terres eft dans l'ordre où elles font placées. Je pourrois faire un grand nombre de remarques fur l'adhérence que les molécules compofées de différentes efpèces contraétent, foit entr’elles, foit avec les terres élémentaires; mais les détails en feroient longs & faftidieux , & peut-être ne me fuis-je déjà que trop étendu dans ceux qui précèdent, Jeme bornerai donc à dire qu’une molécule fimple adhère : d'autant plus fortement avec une compofée, que dans celle-ci ily a plus de parties qui lui reflemblent. L’adhérence entre molécules compofées fe rapproche ainfi de l'agrégation , c'eft-à-dire , que le quartz fe lie davantage avec le feld-fpath qu'avec le fchorl, parce que dans le premier il y a plus de terre filicée, & c’eft ce qui produit l'extrème folidité des granits d'Egypte. Le fchorl fera mieux enchaîné dans Le trapp que dans la roche de corne, & en général la mafle d’une roche compofée fera toujours d'autant plus folide que les corps qui y font mélangés ont entr'eux plus de rapport de compoñition. En difant qu'il eft eflentiel de bien diftinguer l’adhéfion des ma- tières réunies par le feul mélange de la force d’agrégation, qui agic fur des molécules femblables, je ferai remarquer que les mêlanges ne détruifent pas toujours l'agrégation , laquelle a fouvent affez de force pour vaincre la gêne & la réfiftance que lui ojpofent les ma- tières étrangères. Quelquefois l’afinité d’agrégation parvient à écarter & à expulfer en quelque manière des corps qu’elle produit les molé- cules de nature différente qui font préfentes à fon ation, & c'eft ainfi que des criftaux de quartz d’une pureté & d’une figure parfaire fe forment dans des couches d'argile , ou dans le gypfe, fans en ad- mettre dans leur intérieur. Plus fouvent encore ces matières étrangères reftenc dans la mafle même en grande quantité, même en grofles parties, fans nuire fenfiblement aux effets de l'agrégation reoulière qui les force de participer aux formes qu’elle prefcrit, & qui les y tient enveloppées. Le quartz dans l'hyacinthe de Compoltelle contient une grande quantité de chaux de fer, qui ne l’a point empêche de prendre exactement la figure qui lui-eft particulière. La groffeur & la quantité des grains de quartz mêlés à la pâte calcaire dans les grès de Fon- tainebleau où iis font les 2 de la maffe, ne s'oppofent pas à l’arran- gement régulier des molécules calcaires avec lefquelles ils font entraînés à former des rhombes parfaits. D'ailleurs c'eft ordinairement à la force de l'agrégation confufe , plutôt qu’à celle de l’adhérence, qu'ap- partient la folidité des pierres mélangées. Dans la plupart il y a une des fubftances , ( laquelle n’eft pas même toujours la plus abondante ) qui fert de pâte commune , enveloppe toutes les autres, & les retient Tome XL , Part, I, 1792, JANVIER. G 2 Le \ sa OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; comme entre des réfeaux , fans que l’adhérence air beaucoup de part à la folidité de la pierre mélangée. ï Je nai encore confidéré l’attration que fous deux de fes modi- fications, celles par lefquelles elle lie enfemble les molécules inrégranres dés folides, pour en former des mafles plus ou moins volumineufes, Dans ces deux circonflances de la cohéfion & de l'adhéfon , la force peut être vaincue, & les effets dérrüits par des opérat ans contufoires, ii me refte à parler d'une force qui compofe les molécules elles- mêmes, qui leur eft en quelque forte plus intime, plus intrinfeque, qui rélifte à tous les efforts méchaniques, à toutes les triturations, & qui ne cède qu'à une force de la même efpièce lorfqu’elle fe trouve plus puiflante. C'eft le genre d'attraction qui appelle à une combinaifon intime des fubftances différenres, c’eft da” tendance à Punion qui raflemble des molécules diflemblables ou fimples ou déjà compofées , & en nombre plus ou moins grand, pour former d’autres molécules ui ont d’autres fioures & d’autres propriétés. Les chimiftes la nomment ainité de compofition ; je l’appellerai affinité de combrnaïfor, cette ex reflion me paroiflant plus précife & me faifant éviter la confufion ui pourroit maître en parlant de la compofition des pierres, dans fefquelles il peut entrer des fubftances qui n’y font que mélangées, Il n'y aura donc point d'équivoque lorfque je dirai, par exemple , que dans la compofition du jafpe rouge , dit frople, ily a de la terre q'artzeufe & de la terre feriugineufe, mais que ces deux fubftances n'y font pas combinées, pendant que la terre quartzeufe & l’argiie ui compofent les chalcédoines demi-tranfparentes font dans un état Er combinaifon. Je croirai m'exprimer clairement lorfque je dirai que TaMiniré de combinaifon & l’affinité d’agrégation ont concouru fi- mulranément à la formation des criftaux de.feld-{path, en les extrayant du milieu d'une pâre de trapp ou de pétro-filex dans laquelle Les ma- tières qui les conftituent, éroient diffoutes ou difperfées , & avec la- quelle ils reftent mélangés pour compofer enfemble certains por- hyres. L'affinité de combinaifon eft le grand moyen, ou le grand inftrument de toutes les opérations de la narure &de l’art, in//rument de synthefe comme d'analyfe, ainfi que le dit très-bien M. Guiton de Morveau, car là nature n'a pas de force pour féparer & pour éloigner, elle rer a que pour rapprocher & unir. Auf pour faire une analyfe , comme pour produire de nouveaux compofés, le chimifte ne cherche pas une fabftance qui repoufle l’autre , if n'en trouveroit pas; mais il tire avantage de cerre propriété, qui établit des prédileétions entre différentes fubf- tances , il en choifit une qui puifle s'emparer d’une des matières qui concourent à la formation d’un corps, fans avoir la même aptitude à fe combiner avec les autres; & ik imire la nature, livrée à elle-même, SUR ; L'HIST, NATURELLE ET LES’ ARTS. 53 qui ne compofe le-plus fouvent que par des : décompoñtions. Ainfi lorfque les’ vapeurs fulfureufes des voicans :décompolent les pierres filicées en: s’emparant de l’argile avec. laquelle elles one une grande affinité , elles, rompent fimulranément la combinaifon des. molecules intégrantes .& leur agrégarion ; l'eau diflout & entrainé falun qui s’eft forme, & les molécules quartzeufes qui reftent sifulées pelventiexercer entrelles la force d'agrégation, lorfque la mobilité qui-appartient à deur sextrème-fubtilité eft mife en action par quelque véhicule. Ceft encore ainfi que l'eau, qui s'infiltre à travèrs üne mafle pierreufe, qu'elle décompofe infenfiblement., en extrait par prédilection les molécules foit fimples, foir compotées avec lefquelles elle s'unic plus facilement & vienc former dans fes fentes ou dans fes cavités des-criftaux de dif- férentes efpèces. SE Di à Il y a fürément de très-grands rapports, mais il y a auffi des dif. femblances très-remarquables-entre .lés cravaux.de la nature opérant librement dans le tems qu’elle à à fon entière idifpoftion , mais qui eft le plus fouvent gênée par lefpace) & tes opérations du chi- mifte qui peut préparer les efpaces , mais qui eft force d’être économe du tems. Les produits naturel: doivent’à ces; circonftances, différentes un. caractère. de, folidité quen'onr point ceux de J'art. La plüpart des fels font le réfultar du :travail de l’homme quiin'agit encore , il eff vrai, que comme un miniftre de’ laimature; | mais prefque. toutes les pierres appartiennent à là nâture aidée feulement par le rems. L’artifte trouve dans les fubftances falines une telle tendance à la combinaifon , qu'il peut la metrre ‘en aétion ‘aufli-tôr.qu'il le veut; il peut la faire opérer inftantanément fous fes yeux avec une activité qu'il doit fou vent modérer & qui n'eft point ralentie par la réfiftance d’une agrévation toujours extrêmement foible dans les fels. Les fubftances rerreufes qui tendent. à s'allier n'agiflent;pointiles unes fur les autres avec une femblable énergie ; leur afinité de combinaifon .eft plus foible., elle exige des rapprochemens plus parfaits ; & en même tems-elle déploie une plus grande force d'agrégation, dont la réliftance,.eft encore un obftacle à la combinaifon. D'ailleurs, l'union facile des fubftances {a- lines avec l'eau , que l’on nomme folution ; leur donne une: des con- ditions ‘néceflaires pour les combinaifons, felon l’axiome corpora non aguns nifs fént foluta, traduit & commenté par la phrafe fuivante de M:ide Morveau, 4! nya point d'union chimique, fi l'un der corps nef} affez fluidé pour que es, molécules obéiffene à l'affinité qui les porte à la proximité du contaét. Les fels trouvent donc dans l'eau qui rompt leur agrégation & qui ifole chaque molécule intéorante, un véhicule par lequel.les différentes fubftances peuvent fe rapprocher, fe chercher, choifir les combinaifons qui leur conviennent le mieux, abandonner celles déjà faites pour en contracter de nouvelles, & enfin L,d 54 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fe réunir en différens nombres pour former fimultanément ou fuc- ceflivement des triples ou des quadruples alliances. Nous avons déjà dit que l'eau fi favorable aux eombinaifons falines n'a au contraire qu'un effer crès-foible fur la plupart des terres, ce qui nous a:faic préfumer la diffipation d'une fubftance laquelle a pu autrefois faciliter les nombreufes combinaifons qui nous font reftées dans les monumens des premières époques de notre globe. F: En multipliant & variant les expériences, les chimiftes ont pu parvenir à exprimer aflez précifément avec des nombres la puiflance des différentes affinités falines , pour concevoir & expliquer les échanges & les réunions d'élection par lefquelles s’opèrent dans différentes circonftances Les nouvelles combinaifons ; & les connoiflances qu’ils ont acquifes à cet égard dirigent & facilitent leurs manipulations. Les uns ont meluré Le tems ou la durée des diflolutions comme devant indiquer Pintenfité de cette puiflance, les autres ont cherché à la déterminer par la réfiftance à la féparation; mais la méthode des uns & des autres n'eft point convenable à la lithologie ; car comment pourrions-nous appliquer de pareils calculs & de femblables obfervations à des com- binaifons que l’art ne peut point atteindre; nous qui ne fommes point admis dans le fecret des opérations minéralogiques, quoique le laboratoire chimique de la nature foit en tous lieux; nous qui ne la voyons point travailler ; quoiqu’elle foit fans cefle en aétion; nous à qui elle paroît dans l'inertie lorfqu'’elle fe hâte le plus? C’eft ainfi que l'homme , qui ne confidéreroic que pendant quelques heures deux ca- drans dont l’un marqueroit les fiècles & l’autre des milliers de fiècles, les croiroit tous deux également & abfolument ftationaires. La durée même des vies les plus longues ne laifferoit appercevoir aucune pro- grefion fenfible dans la marche de l'aiguille du fecond cadran, laquelle fera peut-être encore bien des révolutions avant que la nature n’ait formé toutes Les combinaifons qui font dans fes facultés. Car je ne doute pas que l’homme n’eût pu rivalifer de puiflance avec elle, s'il avoit eu la poñlibilité de maîtrifer le tems comme il difpofe de la matière & de l'efpace. : M. Kirwan eftime la puiflance de laffinité des acides avec des bafes quelconques par les diverfes quantités qu’ils en exigent pour leur faturation, Cette méthode pourroit convenir à la lithologie, fi nous avions les moyens de connoître le vrai point de faturation dans la combinaifon des différentes terres; ou plutôt fi après avoir multiplié nos obfervations fous tous les rapports , fi après avoir déterminé les qualités phyfiques les plus importantes & les avoir comparées avec des analyfes exactes , nous fixions l'état dans lequel doit être une com- binaifon pour être confidérée comme parfaite, état qui feroit un terme en deçà & au-delà duquel'il y auroic ou excès ou déficence dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 55 toutes les compoñitions. Gette route nouvellesnous conduiroit à des rélulrats plus certains, à des connoïflances plus précifes que celles où nous pouvons arriver en |parcourant vaguement! de petits entiers, par lefquels , fans buts déterminés, nous abandornons les formes extérieures pour nous confier exclufivement à l'analyfe.; ow-bien. nous. négligeons celle-ci pour n'être plus-dirigés que pour les çaraétères, fenfibles. Je rappellerai cette confidérarion importante, lorfque je parlerai des pierres qui réuniflent pluf-urs fortes de terres. : | IL eft quelquefois très-difficile de déterminer Le rapport, ou le genre de relations qu'ont enfemble deux terres qui concourent à la formation d'une mafle, à plus forte raifon lorfqu’elles font, réunies en plus grand nombre ; car elles peuvent être ou fimplement mélangées, où combinées toutes enfemble, ou les unes dans l'état de combinaifon & les aurres dans celui de fimples mélanges ; il eft donc éflentiel de déterminer avec autant de précifion qu'il nous fera poflible les propriérés qui diftinguent l'une de l’autre, & de connoître les caraétères qui appar- tiennent exciufivement à la combinaifon. Dans les mélanges, les terres.confervent leurs propriétés particulières qui peuvent être rout-au-plus oblitérées par l'agrégation d'une d'elles, lorfqu'elle enveloppe les autres. C eft.ainfi. que l'argile renfermée dans le fpath calcaire ne s’anit plus à l’eau jufqu'à ce que l'agrégation foit rompue ; c’eftainfi que la: terre calcaire enfermée dans du quartz ne fait plus effervefcence avec les acides parce qu'ils ne peuvent plus ly atreindre. Mais les combinaifons apportent un changement réel dans quelques-unes des propriérés chimiques, & dans plufieurs ou dans toutes les qualités phyfiques des terres qui conrractent entr'elles l’al- liance chimique. ‘Toutes ces, qualités peuvent donc concourir à faire connoître l’état d’une pierre compofée; toutes doivent être prifes en confidération , parce que l’une peut fuppléer à l'abfence, à l'incertitude, où à la difficulté d'apprécier le cara@tère des autres. Car une des fingularirés les plus remarquables de la lithologie, eft que ce foit par les caraétères exrérieurs que nous devions prélumer prefque toujours de la combinaifen ou de l’état chimique des fubftances confliruanres, pendant que les moyens chimiques ne nous inftruifent que fur les dofes des fubftances qui interviennent dans Les compofitions. Les prin- cipales qualités phyfiques à prendre fous ce rapport en confdérarion fout la denfiré, la réfrinivence, la forme & la rranfparence. Je vais indiquer fommairement le degré de corfance que l’on peut donner à chacune d'elles. La combinaifon des terres change leur pefanreur fpécifique & aug- mente prefque toujiurs leur denfiré; c’eft-à-dire que la derfiré de la combinaifon ne demeure pas proportionnelle aux d:nfrés particulières des, terres qui: y. concourént ; en fe réuniflant. enfemble, elles fe pé- 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nétrent donc en quelque forte les unes par les abtres, & elles oc= cupent ainfi moins d’efpace que dans leur propre agrégation ; ce qui prouve encore que fi la molécule primitive de chaque efpèce de terre a une figure conflantel; elle n’a pas de fürfaces planes; puifque autre- ment la forme élémentaire toujours plus fimple devroit donner un folide d'ane denfité majeure de celle d'aucune combitaifon, lorfqu'elle feroit placée dans un ordre d’agrégation parfaite. Car ce qu'on nomme pénétration ne peut être qu'un arrangement des molécules différentes, qui laïfle moins de vuide entre chacune d’elles que celui qui exifte entre des molécules femblables; arrangement dontje.ne puis concevoir la poflibilité, qu’en imaginant dans ces molécules d'efpèce différente des faces , les unes convexes, les autres concaves , qui peuvent fe corref- pondre, s’ajuftér Les unes dans les autres, & fe rapprocher ainfi. plus parfaitement que ne le pourtoient faire des molécules fimilaires qui feroient toutes ou convexes ou concaves. Comme jamais nous ne pou- vons arriver à connoître la vraie pefanteur de la molécule intégrante A qui, quoique compofée & furcompofée , échappe encore à nos fens, nous ne pouvons pas déterminer fi l'augmentation dans la pefanteur fpécifique d’une combinaifon dépend d’un accroiffement de denfité dans la molécule intégrante elle-même; ou fi elle appartient à un change- ment dans la forme de cette molécule, qui la rend fufceptible d'un rapprochement plus parfait, IL peut donc arriver que la molécule com- polée, quoique très-denfe, ne foit fufceptible que d’une agrégation lâche, ou quoique légère, rende poflible une agrégation ferrée; dans lun & l'autre cas, cependant un changement dans la pefanteur fpécifique peut en faire préfumer un dans l’état de la molécule intégrante , fur- tout lorfque la’ pierre eft dans l’état d’agrégation le plus parfait qui puifle lui convenir, & qu’on peut déterminer fa figure! Ainf je confidère l’obfervation ifolée de [a pefanteur fpécifique comme abfolument in- différente; mais je la ‘crois extrêmement importante lorfqu'elle con court avec toutes les autres. FES Tous les corps diaphanes oppofent ‘au paflage de la lumiere une réfiftance relative à leur denfité, & ils obligent'le rayon de lumière à dévier de la ligne droite qu'il parcouroit avant d’y entrer. Les loix de ce phénomène appartiennent à la phyfique, mais la Jithologie qut a beaucoup de corps tranfparens peut en tirer un grand avantage; à peut-être ce moyen de connoître la vraie denfité ‘des corps feroit-t plus précis encore que celui qui la été employé jufqu'à préfent pour meiüarer les pefanteurs fpécifiques, puifqu'il feroir plus intrinfeque, puifqu’il dépendroit plus effentiellement de la denfité de 1à molécule elle-même ; indépendamment: de fon agrégation; car le paflage de la fluiditéià La folidité qui arrive à l'eau en fe gelant} ne change pas fa téfringence, & un feul orain de {el:, diflos dans une pinte d'eau ; fuffe pour | SUR L'HIST: NATURELEE ET LES ARTS. $7 pour l’augmenter. Il feroit donc bien eflentiel que M. l'abbé Rochon qui a tant fait déjà pour le progrès des fciences , fuivie & publiät Les expériences qu'ila commencées, {ur la puiflance réfringente de beaucoup dé pierres tranflucides, Nous lui devons la connoiflance exadte de celles qui-ne caufenc à la lumière qu'une feule réfraction; en s’aflurant qu’elles n'étoient qu'em petit nombre, en nous prouvane que le phénomène de la double réfraétion qui nous furprenoic dans le fpath d’Iflande, étoir commun à la plupart des autres corps tranfparens , il nous a fourni un nouveau Caractère pour déterminer l'efpèce de quelques pierres; il a confinmé, par exemple, l'opinion de ceux qui avoient conclu de la denfité,. de la dureté & ds la forme ptefque femblable , l'identité de nature du rubis oriental avec la topale , Le faphir & l’amétifte qui portent la même épishère &. qui.en ont fait une feule efpèce dont les couleurs ne fouc que des variétés accidentelles, Car ces gemmes font les feules de leur genre qui aient de commun avec le diamant la réfraction fimple. L'abbé Rochon ajouteroit donc à la reconnoiffance que-nous lui devons , s'il nous donnoit maintenant une table qui nous _ indiquât les différens degrés de la réfraction ou de la puiflance ré- fringente de routes les.pierres, Quoique.ce genre d'expérience reftät tou- jours ‘hors de la portée de la plupare des lithologilies, quoique cette efpèce d’épreuve für impollible, à mettre en pratique dans les occa- fions journalières, quoique beaucoup de corps.s’y refafent entièrement par leur opacité, nous-y'trouverions des bafes de diftriburions, autour defquelles nous pourrions ramener beaucoup de fubftances dans lef- quelles. nous .obferverions d'autres genres de fimilitudes. - Sans rappeler les raifons qui le prouvent, je dirai que les molécules compolées ont. une forme qui leur appartient eflentiellement. & qui doit être le réfulcat de l'affemblage des molécules élémentaires d'efpèces différentes qui interviennent daus la combinaifon. Cette forme devroit donc varier à raifon des proportions de chacune d’elles. Une molécule compofée qui naîtroit de la combinaifon de feize molécules quartzeufes, de quatre argiileufes, de deux muriatiques & d’une cal- caire devroit changer graduellement de figure , à mefure que le nombre des parties. argilleufes s’accroîtroic aux + des filicées, Les com- binaifons relatives aux nombres &c aux efpèces écant infinies, fichacune d'elles influoit. eflentiellement fur les, formes , celles des molécules campofées feraient prefque incalculables; & cependant la nature femble: avoir reflerré dans des limites très-étroires celle qu'elle leur permet, & elle paroît aufli fimple, dans les figures des molécules intégrantes, qu'elle eft variée dans l’ufage qu'elle en fait, lorfque par l'agrégation elle les réunic,en mafle. M. l'abbé Haüy n’a reconnu que quatre formes -.primitives dans les molécules intégrantes, foit fimples, foir compofées , f.en admertant feulément quelques vatiagions dans les angles, il a Tome XL, Part I, 1797, JANVIER, de du pe" TEA L $8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pu expliquer par elles la figure de tous les criftaux connus, & même en déduire celles de tous ceux qui font poñlibles; & chaque jour des découvertes” nouvelles juftifient fes calculs & fa théorie, Dans des bornes aufli étroites que celles entre lefquelles peuvent varier les molécules intégrantes, il feroit impoñlible de trouver des renfeigne- mens bien étendus: ce feroit en vain qu’on fe confieroit aux foimes pour avoir des indications fur la compofition; le cube appartient, par exemple, aux molécules intévrantes de fubftances eflentiellement différentes; ainfi d’une reflemblance. de figure on ne peut conclure la fimilitude de la eompoftion; & M. l'abbé Haüy luismême, de trous les hommes le plus capable de bien apprécier un moyen dont il-a fait une fcience en lui donnant des principes fixes, convient qu'on ne pourra jamais faire de la criftallographie la bafe d'aucune diitribution méthodique des minéraux, En reléguant donc avec lui Les formes parmi les moyens fubfdiaires, en convenant qu’elles font de fimples indications qui'ont befoin d'être appuyées par cous les fecours de la Phyfque & de la Chimie, en défapprouvant l'ufage trop étendu qu'en ont vouln faire des favans diftingués ; en convenant qu'elles ne peuvent être d'aucun ufage dans les cas fréquens d’une agrégation confufe , j'indiquerai un nouveau rapport d’après lequel il me femble qu'on pourroit tirer avantage de la criftallifation. J'en parlerai lorfque je traiterai des compofitions par excès. On place encore la tranfparence parmi les principaux caraétères de l'union chimique, & l’admertant moi-même dans certains cas , comme un indice de la combinaifon , je le regarderai comme le plus in- certain de tous. L'union chimique peut exifter fans elle, & la tranf- parence peur fe rencontrer fans combinaifon. Une pierre dans laquelle les terres font dans un étar de fimple mélange, peut avoir une demi- tranfparence & la devoir à üne matière grafle ou à l'humidité , elle la perd par leur diflipation. L'hydrophane dévient cranflucide dans l'eau fans que l'intromiflion de ce fluide dans fes pores change les rapports des molécules qui compofent cette pierre, laquelle doit fa propriété de pañler de l'opacité à-la tranfparence par l’abforprion de l’eau, à la feule défeétuofité de fon agrégation qui elt naturellement lâche, ou qui a été deflerrée par un commencement de décompoñrion. . Je pourrois parler encore des caraétères chimiques qui indiquent la combinaifon, tels que Ha réfiftance plus ou moins grande que les terres combinées préfenrent à l'action des diflolvans qui ont le plus de rapport avec elle, Ja fufibiliré, &c. Ces propriétés particulières peu- vent être comparatives entre deux pierres, elles peuvent être uriles dans quelques circonftanceés, mais elles ne doivent jamais être confidérées comme des caratères ablolus ; d'autant que dans un fimple mêlange les propriétés chimiques, ainfi que je l'ai déjà dit, peuvent être oblitérées s SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. s9 &.les terres être tellement enyeloppées, qu’elles ne préfentenc plus’ de contact aux diflolvans ; & Le feu peut achever & même former des com- binaifons qui m'exiftoient pas , dans le moment où dilarant les molécules ,' il donne aux affinités chimiques l'efpace & les moyens d'influer fur des matières qui font déjà fi voifines, qu'elles n'ont befoin que du moindre véhicule pour s'unir plus intimément. J'aurai l'occafion d'en citer les exemples. \ «Parmi les pierres compofées , les combinaifons fimples, c’eft-ä-dire, celles dans tefquelles n'inrerviennent que deux des terres élémentaires, fonc rares, ce qui indique le peu d'énergie de l’afhaité direét: qu'elles peuvent avoir entr'elles ; & il eft d'autant plus dificile de déterminer Ja puiflance de la force qui les fait tendre à l'union chimique, que nous n’en connoiffons Les effers que par les produits naturels ; aucune opération de l’art ne pouvant les imiter, & n'ayant nul moyen de vétifier par la fynthèfe les réfultats de l’analyfe. C'eft donc encore fans prétendre à- aucune précifion , que je préfenterai une efpèce de Table pour indiquer les affinités des terres élémentaires entrelles, & pour exprimer comparati- vement leur tendance à la combinaifon, x Térre quartzeufe. Terre argilleufe. «Terre ferrugineufe, Terre muriatique. Terre calcaire, Terreinuriaique. Terre ferrugineufe. Terre argilleufe, Terre quarezeufe. Terre ferrugineufe, Terre argilleufe, Terre quarrzeufe. Terre calcaire. Terre calcaire. Terre muriatique, Terre calcaire, Terre calcaire. Terre quartzeufe. Terre ferrugineufe, Terre argilleufe, Terre ferrugineufe, Terre muriatique, Terre muriatique, Terre argilleufe, Terre filicée, … Je place la terre muriatique la première parmi celles qui ont quelque affinité avec la terre quartzeufe. La très-grande augmentation dans la denfité des pierres qui réfultent de leur combinaifon , annonce une efpèce de pénétration, & fait préfumer l’énergie de leur union chimique. La quantité de la terre muriatique qui peut fe combiner avec le quartz, furpaffe celle d'aucune autre terre, & indique la puiffance de leur affinité. Le refus conftant de prendre la criftailifation du quartz prouve un chan- gement dans la forme des molécules compofées, & enfin la difficulté d'attaquer par Les acides la terre muriatique combinée directement avec le quartz, fait connoître qu'elle y a perdu une de fes qualités chimiques, Une des pierres connues fous le nom de jade (1), les cales & les fléatites font Le produit de la fimple combinaifon de la terre quartzeule & de la magnéfie. La combinaifon de la terre quartzeufe avec l'argile eft fréquente. Elle fe trouve dans Les calcédoines & dans prefque toutes les pierres dites filicées. L'union chimique y eft prouvée par tous les caractères qui peuvent eee (x) Car fous ce nom on défigne plufieurs pierres effentiellement différentes. Tome XL, Part, 1,1792. JANVIER, H 2 £ SET : LA 4“ 6o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la conftater; favoir , l'augmentation de dçgphté , de dureté, de réfrine gence, le changement de forme dans les molécules inrégrantés; &c. Je parlerai plus particulièrement de ces deux premières combinaifons; lorfque j'aurai jerté un coup-d'œil très-rapide fur routes Les autres. La terre calcaire n'a qu'une très-foible affinité avec la terre quartzeufe, & je ne connois encore aucun cas qui puifle conftater une vraie union chimique entrelles , quoique très-fouvenr mélangées. La terre calcaire, délayée en quelque forte dans certains quartz, les rend laiteux , trouble leur tranfparence, fans influer fur leur forme, für leur denfité & {ur leur: réfringence. La très-perite quantité que des analyftes en ont trouvée dans quelques criftaux de roche (fi tant eft qu’elle ne provint pas ou des creulers, ou de l’alkali qu'ils ont employé) , ne peut pas me faire fuppofer uné combinaifon où je ne vois aucun changement dans les qualités chimiques & phyfques. - ” L'affiniré de la terre ferrugineufe avec le quartz me paroît-plus foible encore. Les améthiftes & les autres crifiaux de roche colorés, fe font par le fer, mais il y eft en fi petite quantité, que l’änalyfe peur à peine l'y difcerner, & le feu fait difparoître les teintes qui lui fonc dués. Cepen< dant la production des criftaux de roche eft prefque par-rout accom= pagnée de chaux de fer ; elles fontenveloppées & mêlangees même en aflez grande quantiré dans la pâte de quelques-uns , mais fans altérer ni leur forme , ni aucune des autres propriérés qui leur appartiennent, : Je place le fer au premier rang dans la colonne des affinités de l'argile, now pas parce qu'elle en eft rarement exempte , ou qu'elle eft preique toujours colorée par lui, ou parce qu'ils s'uniflent enfemble fous toutes les proportions dans les mines de fer lim: neufes ou ochracées. Dans rous ces cas je ne reconnois pas les vrais caractères qui diftinouent la combi- paifon chimique du fimple mélange; nrais parce que c’eft prefque toujours le fer qui introduit l'argile dans les combinaifons furcompofécs , & qui le fait admettre dans des compolirions dont il feroir exclus fans elle. Ce qui me prouve des rayports direéts entreux. J'ai déjà fair remarquer la combinaifon de l'argile avec la terre filicée; mais je ne connoïs point de circonftance, où l'argile ait contracté une alliance chimique , foir avec la terre muriatique, foit avec la terre calcaire, quoique leurs mêlanges fuient fréquess. Les affinités de la terre ferrugineufe dépendent beaucoup des modifi- cations qu’elle a pu recevoir ou par l'air méphitique ou par le phlo- giftique. Elle doit être dans un état de déphlogiftication parfaire pour entrer dans quelques combinaïifons, & elle ne peut êrre admife dans les autres que lorfqu’elle approche de Pétat mérallique C'eft dans la première d: ces conditions qu'elle fe combine en très-prande quantité avec la terre calcaire, pour former des mines de fer. fpathique , & la rerre calcaire la porte ar avec elle dans quelques autres combinaifons; c’eft dans la \ SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. - 61 feconde de ces circonftances que la verre ferrugineufe eft Le plus ordinai- rement unie avec l’aroile , à qui elle donne une couleur grife ou bleuâtre par une modification prefque femblable à celle qui produit le bleu de Prufle, modification qui {e détruit ou par la cuiflon , ou par une efpèce de rouille fpontanée. J'ai déjà die que l’affinité directe de la terre ferrua gineufe dans quelqu’état qu'elle fût, éroit prefque nulle avec la terre quartzeufe ; elle ne donne aucun indice d'en avoir une plus ative avec la terre mutiatique, car je ne les vois jamais combinées directement enfemble. - La terre muriatique fe combine en grande quantité avec la.terre calcaire pour former des criltaux tranfparens rhomboïdaux femblables pour la forme à ceux du fparh calcaire pur, mais plus pefans, un peu plus durs , moins atraquables par les acides dans lefquels ils fe diflolvent lentement avec une très-foible effervefcence , caraétères qui annoncent leur union chimique. Ces deux terres contractent leur alliance dans les fentes & les cavités des ftéatires & des pierres talqueufes, où la terre muriatique eft unie par excès avec la terre quartzeule, ce qui paroît faciliter fa combinaifon avec la terre calcaire, combinaifon qui malgré leur fréquent mêlange, n’a pas lieu dans toute autre circonftance. La terre calcaire s’uñit dans prefque toutes les proportions avec la terre ferrugineufe abondamment aérée; car c’eft de cette’circonftance que paroît dépendre leur union , laquelle s’affoiblit & fe rompt lorfque la terre ferrugineufe des mines fpathiques abandonne une partie de cer air pour pañler à l’état de chaux brune , & le calcaire qui ne fe trouve plus en état de combinaifon, y forme des criftaux rianfparens où il eft pur. Dans le paragraphe précédent rous avons dit que la terre calcaire fe combinoir avec la terre muriatique dont elle p ur admettre ou difloudre jufqu’à trente-cing centièmes. Maïs fon affinité nous a paru à-peu-près nulle avec roures les autres rerres, Il réfulte de cer appercçu qu’il y a à-peu-près autant de cas où les terres élémentaires refufent de s'allier direétement enfenible ;qu'il en eft où elles fe conibinent. Mais certe réfiftance ou cette indifférence à la combinaifon eft vaincue aifément par le concours de deux de ces terres qui en admetrent facilement une troifième, quoique celle-ci foir de nature à fe retufer à route union directe avec l’une ou avec l’autre. C'eft ainfi que la terre quartzeufe & la terre argilleufe admettent dans une combinaifon commune la terre calcaire, qui fert elle-même à-y irtroduire une quantité d'argile plus grande que le quartz feul ne pourroit en com- porter. Les combinaifons quadruples & même quinruples font plus faciles encore, & par conféquent les pierres qui les réuniflent routes font lés pius communes. Les différentes proportions dans lefquelles chacune des terres intervient dans ces combinaifons , le moment & les circonftances où elles s’y font introduites influent fur Les propriétés des pierres qui en 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, font le réfulrat, & font la caufe des variétés prodigieufes que l’on obferve dans les pierres compofées. Mais avant de pafler à l'application des principes que je viens d'établir & fur lefquels on me pardonnera peut- être d'avoir fixé aufli long-tems l'attention, quand on réfléchira à l'importance dont ils font pour la Lithologie, on me permettra de m'arrêter encore quelques momens fur une autre ’circonftance des gombinaifons chimiques, qui me paroît influer Le plus eflentiellement fur Vétat des pierres compofées, La fuite au mois prochain, ee RS NOUVELLES EXPÉRIENCES Qui tendent à prouver que l'Elediricité ne favorife pas © fenfiblement l'accroiffement des parties animales ; Par M. CHAPPE. Linrcurser de l'électricité fur l’économie tant végétale qu’ani- male, paroifloit établie d’une manière folide; grand nombre d'expériences , faites en divers tems, en divers lieux, par différentes méthodes , toujours _ préfentant les mêmes réfultats, fembloïent exclure toute efpèce de doute, lorfque M. Ingen-Houfz , favant diftingué, attaqua avec fuccès cette doctrine étayée de l'autorité d’une foule de favans, L'opinion des phyficiens partagée par l’affertion hardie du novateur allemand , commença à faire chanceler la confiance que j’avois accordée à la doctrine de M. l'abbé Bertholon. Depuis ce tems, nageant toujours dans l'incertitude, je defirois pouvoir n'aflurer du fait par quelques expériences décifives ; des recherches fur les propriétés de la matière mucilagineufe du ver-à-foie viennent de m'offrir des moyens d’éclaircir cette grande queftion. Voici le détail & le réfultat des expériences tentées à ce füjet, Le 22 juillet 1790 , deux cens vers-à-foie , tous prêts à monter, ont éré mis à l’écart, Le 27, j'ai ouvert leurs cocons , d’où je les ai enlevés dans l’état de chryfalide pour Les placer fur du coton; divifés par cinquante dans quatre cartons différens, je les ai établis de la manière qui fuir: 1°. La première divifion a été mife en communication avec le fyftème pofñitif d’une batterie de fix pieds quarrés de furface garnie. 2°. La feconde, avec le fyftème négatif d'une batterie d'égale capacité. Re ne ns à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 63 3°. La troifiène communiquant avec le réfervoir commun , étoit à abri des effets de l'influence électrique ; fon objet étoir de fervir de comparaifon. PCR 2 UE M 4”+ La quatrième , pareillément en.communication avec la terré, étoic couverte d'un chapiteau de carton deftiné à empêcher l'accès de la lumière, Certe dernière précaution devenoit indifpenfable pour s'aflurer f le conraë d2 la lumière ne joueroit pas un rôle daas le développement des chryfalides. Dans cer. érar les deux premières divifions ont fnbi conftamment l'électrifation depuis le 27 juiller, fept heures du matin, qu’a commencé l'expérience, jufqu'au 11 août, où elle a ceflé d’avoir lieu : pendant tour ce tems l'énergie de l'électricité s’eft trouvée com- Le 7 août ,fept heures du matin, PS ne TO re Mate LR er GAL DRE Et e o DEN CNHOR EREC Ida merci or dielereteie #10 J'odiifiantes sens eee eo + 4 divifion : 4... era nscsovssec e..3 Le 8, fix heures du matin. ne dubai est Dei te ae ot dE 2° dihon nie ANGL ot eRn7 USE UE 4 CIVIHONN etc de nc le tale Vo tete mes Ave la los lens els: 1 [e) Eu VDM NES I ER es I 4 Le 9, fix heures du matin. Hdi On ES le -OCAS Er aies esse 10 2e AIION Re 0e à RES Ve Tr droit eee Le" ouate I € 4 2 RO AIVUION ES ee nie ER a cure nee eleleleise |S AN ON ee ete ete AMeUe ee eue Slotele, « EVope ete 21800 Le 10, fept heures du matin. r MOREL ge 0 MR PE AT Ho D 1 ADAAINI(ON 2 cute da 0 ce aelmiorste s pase se“. 19 3 AÉMMION :1 5 PNR 0 à Spies emails pe 21 PR CT PR LE ES à NOR ERE 7 # 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le 11, fix heures du matin. ME HVION ES Lie eee. SAT TER tele lee tete de er DNA iVi RON oiete se lee tele ei a lee met te I NTO 3° divifion AR O Qn RL LE Se NET ee 2 AIVENON ee aise mie s nie cire tele nes 3) ne 20 En rapprochant les papillons de chaque fyftème, nous avons les quantités défignées ci-deflous : re diviRon à vi» Rene OM DEA AVE les se 48. D OWIOnA, lee tshs te Ste dote iu RS ARTE NA ae MISE a AMI IQN RE ci de VUE ER A ES 49. AN NRNIRON e$e shx state loola ele de d'afe eee Nr ete Mol isole eee een CREER Les trois qui formeroient le complément de deux cens , font morts dans l’état de chryfalide, deux à la première divifion , un à la troifième. Dans le réfumé du tableau comparatif, il fe trouve que l’éleétrifation , tant pofitive que négative ; n’a point influé d’une manière fenfible fur le développement des chryfalides. Plufieurs expériences tentées depuis fur différens infectes , n'ayant fourni les mêmes réfulrats, je fuis fondé à croire que l'éle@ricité ne favorife pas fenfblement l’accroiflement des parties animales, À l'écard de l'influence de la lumière fur l'animali- fation ; je ne vois rien dans l'expérience qui puifle favorifer cette opinion; au refte , Les phyficiens qui voudront fe livrer à.ces fortes de recherches , Na éclairçir cette dernière queftion par une fuite d'expériences plus écifives, &@ pe OBSERVATIONS € L: , . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 6; OBSERVATIONS SUR LE G'ANS TI OUR, Suivies de l'Analyfe chimique du Caftoreum ; Par M. B.DELAGRANGE, Membre du Collège de Pharmacie 4 de Paris, : I L n’eft rien de tout ce que la terre produit & renferme dans fon fein quine foit de quelqu’urilité à l'homme, & les fecours qu’il tire de fes moindres produétions, foit pour conferver fa vie & pour fe garantir des maux qui l’afliègent-de routes parts, font une preuve fenfible, comme dit Rouffeau, que toutes ces chofes ont été créées avec profufion fur la terre , pour inviter l'homme par l'attrait du plailir-& de la curiofité à l'étude de la nature. La claffe des animaux eft fans contredit la plus utile à l’homme, foit qu'on la confidère par rapport aux alimens, foit par rapport aux médi- camens qu'elle lui fournit. Les anciens & fur-tout les hommes qui ont vécu dans des fiècles moins éclairés, ont beaucoup écrit fur les propriétés des animaux ; mais l’expé- rience a combattu la plupart de leurs dogmes, dont les uns étoient fondés fur des rapports incertains de figure ou de conformation exté- rieures , de couleur, &c. & les autres plus abfurdes encore, fur des idées faperftitieufes que la raifon a faic difparoître, & qui n'exercent plus leur empire que fur des ames incapables de réflexions. Nous ne fommes plus heureufément dans ces fiècles d'ignorance , où l'homme s’abaifloic au-deffous de l’état de la nature ; foumis & réduic en fervitude, & difperfé par Ja force, fon indultrie devenoit ftérile, il Janguiffoir dans la calamité , chaque efpèce perdoir fes qualités générales, & ne confervoit que fa propriété individuelle. En effec, quelles vues, quels projets peuvent avoir des efclaves fans ames, ou des relégués fans puiffance ? Auffi, & nous pouvons l’affirmer , ne refera-t-il de leur bafle induftrie, que quelques veftiges, & qui même par la fuite fe trouveront eHacés par le pouvoir de manifelter en liberté fes talens naturels & de les perfectionner daus le repos, en fe réuniflant en {ociété durable. Cette fociéré exifte dans les animaux , & l’homme dont la perfectibilité n’a point de bornes, peut même dans ces faciérés chercher des leçons utiles pour conferver les avantages de la liberté qu'il a fu conquérir. En effec, Tome XL, Part, I, 1792, JANVIER, ï C6. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lœil obfervateur du philofophe trouvera dans la réunion des animaux formée par le feul inftiné que la nature leur a donné, il y trouvera, dis-je , la bafe de la durée & de la profpérité des affaciations humaines, favoir, la réunion l& la rendantce de toutes les forces individuelles vers un but commun. 3 Les caflors en font: peut-être pour nous un exemple, s’ils écoient doués de cette lumière pure, de ce rayon divin qui dirige toute fociéré, & qui n'a été départie qu'à l'homme feal. Les caftors en font aflurément privés, comme tous Îes autres animaux ; mais leur fociété n'étant pas une réunion forcée ;. fe faifanr au contraire par une efpèce de choix, & foppofent au moins auffi une Jueur d'intelligence, qui quoique très- différente de celle de l'homme par le principe > produit Aeddine des cflers aflez femblables pour qu'on puifle les comparer , non pas à la fociété plenière & puiflante , celle qu’elle exifloit, mais à cette fociéré naiflante chez des bommes libres, laquelle feule peut être comparée à celle des animaux. En outre , qui ignçre que ce n’eft que dans les exemples des animaux que l’homme a puifé fes inffruétions { Des oifeaux n’a-t-il pas appris les alimens que les arbrifleaux produifent, des animaux , fa pro- priété des herbes, L'abeiilé ne lui a-t-elle pas enfeigné à bâtir, la taupe à labourer , le vers à rifler , Je nautilus à naviguer , à manier laviron, & à recevoir l'impreflion du vent, Parmi les animaux ne trouve-t-on pas toutes les formes de fociété. Ici font des ouvrages & des villes fou-" terraines , À font des villes en l'air conftruires fur des arbres agités. Que lon étudie enfuite le génie & la police de chaque petit peuple; la répu- lique des fourmis, & le royaume des abeilles: comment celles-là raffemblent leurs richeffes dans des magalins communs, & confervent l'ordre dans l'anarchie; comment celles-ci, quoique foumifes: à un feul maitre, ont chacune leur cellule féparée &: leur bien en propre. Remar- quons aufli les loix invariables qui préfervent leur étar, loix aufi fages que la nature, aufli immuables que le deftin. Voilà les premiers élémens qui élevèrent l'homme peu-à peu de la nature à l’art. L'inftiné&t , comme l'on voit, a fait naître la raifon.; l’infinét toujours prêt à fervir vient de lui-même, il n'abandonne jamais; la raifon au contraire manque fouvent. L'un ne peut aller que droit, & l’autre peur aller de travers. Peur-on dire que la raifon eft au-deflus de l’infinét 2 Dans celui-ci c'eft un être qui gouverne, dans l'autre, c’eft l'homme. De-là raquirent l'amour-propre & l'amour focial. Ce même aniour-propre répandu dans tous a fourni lui-même des motifs pour le reftreindre , & a formé les gouvernemens & les loix. L'union fut lelien de toure chofe & de l’homme ; alors il n’y avoit pas d'orgueil ni tous ces arts qui aident à la vaniré. Il n'y avoit de loix que celles de Ia nature, L'amour de la sûreté reftreignoit celui de la liberté, & tous s’unifloient pour la confervation de ce qu'un chacun defire d'acquérir. SUR L'HIST. NATURELLE" ET LES ARTS. 67 Telle a été & telle fera maintenant Ja grande harmonie du monde, qui naîcra de l'union ; de l'ordre &-du concert général de routes chofess où le grand-& le petic, le for & le foible feront faits pour fervir, pour fortifier & non pour envahir; où: l’on fera d’antanc plus puiflent qu'on fera plus néceflaire aux autres j&c où l’on‘fera heureux à proportion que l'on fera des heureux ; où tout tendra ‘à un -feul point, où tout fera porté vers le même centre," bêtes , homme, feigneur ou roi. On, voir donc clairement d’après ce qui vient d’être dit , que nous devons aux animaux l'écabliffement de la fociété ; & que la raifon n’en a fait que reflerrer plus étroitement les liens. Dans l’art du caftor nous allons avoir une preuve -que la raifon a été inftruite par l'inftin® dans l'invention des arts; & comme le dit le célèbre Buffon , les ouvrages des caftors font les fruits de la fociété perfectionnée parmi ces animaux, Cela elt fi vrai qu'ils ne fongent point à bâtir à moins qu’ils habitent un pays libre, & qu'ils n'y foient parfaitement tranquilles. tr 9 ir « Les Latins ont appelé le caftor Fiber. Les anciens appeloient Frérum l'extrémité ou le bord de quelque chofe, & lon prétend que le caftor cire fon nom des bords de l’eau où il fe tient pour l'ordinaire. D’autres pré- rendent qu'il vient du mot grec PAïbros, parce que le caftor a le poil très-fouple & très-court. E ss Les plus gros caftors ont trois ou quatre pieds de long ‘fur douze ou quinze pouces de large au milieu de la poitrine & d’une hanche à l’autre; ils pèfent ordinairement depuis quarante jufqu’à foixante livres. Cet animal eft par-toue revêtu de deux fortes de poils, excepté aux patres, qui font couvertes d’un poil très-court. Le poil de la première efpèce eft long de huic à dix lignes jufqu’à deux pouces, & diminue en approchant de la tère & de la queue ; c'eft le plus luifant , & il donne fa principale couleur au caftor. .s L'autre efpèce de poil eft très-fine & très-ferrée, longue d'environ un pouce, qui garantit le caftor du froid , &: qui fert à faire des chapeaux & « des éroffes. Sa têre a la figure de celle d’un rat de montagne; il reffemble au blaireau par les oreilles & par fes pieds de derrière, dont les doigts fonc attachés par une membrane , comme ceux du canard, ce qui le mer en état de marcher fur la terre & de nager avec beaucoup de vicefle, Ses pieds de devant reffemblent à ceux du chien , & il s’en fert pour creufer la terre. Sa queue eft faite comme celle d’un poiffon ; elle eft platte, large de quatre travers de doigts, de couleur cendrée, garnie d’écailles prefque creufes. É C’eft dans les mois de juin & de juillet que les caftors commencent à fe raflembler pour fe réunir en fociété : ils arrivent de plüfieurs côtés vers le ‘bord des eaux , & forment bientôt une troupe de deux ou trois cens. S'il Tome XL , Part, 1, 1792: JANVIER. I 2 68 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, fe trouve des eaux courantes fujertes.à hauffer & baifler, ils conftruifent une chauffée ouune digue qui puifle tenir l'eau à an niveau toujours égal. Certe chauflée a fouvent quatre-vingts ou ceut pieds de longueur s. fur dix à douze pieds d'épaifleur à fa bale, 6 Ils choififlent pour établir leur digue un endroit de la rivière qui foit peu profond, S'il fe trouve {are bord un -gros arbre qui puifle romber dans l'eau , ils commencent par l’abattre pour en faire la pièce principale de leur conftruétion. Ils s’afleyent plufieurs autour de. l'arbre , & fe mettent à ronger continuellement l'écorce & le bois, & fans aurres inftrumens que leurs quatre dents incifives , ils coupent l'arbre en aflez peu-de tems , & le font tomber en travers dans la rivière. Lorfque-cet arbre, qui quelquefois eft de la groffeur d’un homme, eft renverfé , -plufeurs caftors entreprennent de ronger les branches & de fes couper, afin de faire porter l'arbre par-tout également. Pendant ce tems d’autres parcourent le bord de la rivière, coupent des morceaux de bois de “différentes: grofleurs , les fcient à la hauteur néceflaire pour en faire des pieux; & après les avoir traînés für le bord de la rivière , ils les amènent par eau, les tenant entre leurs dents. Ils font par le moyen de ces pièces de bois qu’ils enfoncent dans la terre, & qu'ils entrelacent avec des branches , un pilotis ferré. Tandis que les uns maintiennent les pieces de bois à-peu- près perpendiculaires , d'autres plongent au fond de l'eau, : creufent avec les pieds de devant un trou dans lequel ils font entrer le pieu ; ils entrelacent enfuite ces pieux avec des branches. Pour empêcher Veau de couler à travers rous ces vuides, ils les bouchent avec de la glaife, qu'ils gachent & pêrriflent avec leurs pieds de devant, & qu'ils battent enfuire avec leur queue. À la partie fupérieure de la chauffée font deux ou trois ouvertures en pente, qui font autant de décharges de fuperficie , qu'ils élargiflent ou rerréciflent fuivant que la rivière vient à hauffer ou baiffer. Si la force de l’eau ou les chafleurs qui courent fur leur ouvrage, y font par haferd quelques crevafles , ils rebouchent bien vite Le rrou, vifitent tout l'édifice, réparent & entreriennent tout avec une vigilance parfaire. Lorfque les caftors ont travaillé tous en cerps pour édifier le grand ouvrage public, dont l’avantage eft de maintenir les eaux toujours à la même hauteur, 1ls travaillent par compagnie pour édifier les habitations particulières, Ce font des cabanes, ou plutôt des efpèces de msifonnertes bâties dans l’eau fur un pilotis plein, rout près du bord de leur étang , avec deux iflues, l'une pour aller à terre , l’autre pour fe jetter à l'eau. La forme de ces édifices elt prefque toujours ova!e ou ronde : il y en a depuis quatre jufqu’à cinq & dix pieds de diamètre ; 1l s’en trouve qui ont deux ou trois érages., Les muraïlles ont deux pieds d’épaiffeur ; & l'édifice eft terminé en une\forme de voûte. Toute cetre bârifle eft impénétrable à Peau des pluies & aux vents les plus impétueux. Les divers matériaux * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 dont ils font ufage pour fa confruction , font des bois, des pierres , .des -terres fabloneufes, Les-parois font revêtues d’une efpèce de ftuc appliqué à l'aide de leur queue, avec tant de folidité & de propreté, qu’on croiroit y reconnoître l’art humain. Dans chaque cabane eft un magafin qu'ils rempliffent d'écorce d'arbre & de bois tendre, leur aliment ordinaire. Les babitans de chaque cabane y ont tous un droit commun , & ne vonc jamais piller leurs: voifins. Quelque nombreufe que foit cette fociété née architeéte , la paix s’y maintient fans altération ; le travail commun, dit le célèbre Buffon, refferre leur union : les commodités qu’ils fe font procurées, Pabondance des vivres qu'ils amaflent & confommentenfemble, fervent à l’entretenir; des appétits modérés, des goûts fimples , de l’averfion pour la chair & le fang , leur ôte jufqu’à l’idée de rapine & de guerre. Ils jouiflent de tous les biens que l’honime ne fait que defirer. Amis, entr'eux, s'ils ont quelques ennemis au dehors, ils favenr les éviter , ils s’avertiflent en frappant avec leur queue fur l’eau un coup qui retentit au loin dans toutes les voûtes des habirations. Chacun prend fon parti, ou de plonger dans le lac, ou de fe réceler dans leurs murs, qui ne craignent que le feu du ciel ou le fer de l’homme, & qu'aucun animal n’ofe entreprendre d'ouvrir ou renverfer. Ces alyles font non-feulement très-sürs, mais encore très-propres & très - commodes, le plancher eft jonché de verdure , des rameaux de buis & de fapin leur fervent de tapis fur lequel ils ne font ni ne fouffrent jamais aucune ordure. La fenêtre qui regarde fur l’eau leur fert de balcon pour fe tenir au frais & prendre le bain pendant la plus grande parrie du jour ; ils s'y tiennent debout , la tête & des parties du corps élevées, & routes les parties poilérieures plongées dans l’eau. C'eit au commencement de l'été que les caftors fe raffemblent ; ils emploient les mois de juillet & d'août à conitruire leur digue & leurs cabanes; ils font leur provilion d'écorce & de bois dans le mois de feprembre , enfuire 1ls jouiflent de leurs travaux , ils goûtent les douceurs domeftiques ; c’eft le rems du repos, c'elt mieux, c’eft la faifon des amours. Se connoiflant, prévenus l’un pour l’autre par l'habitude, par les plaifirs & les peines d'un travail commun , chaque couple ne fe forme point au hafard, ne fe joint pas par pure néceflité de nature , mais s’unit par choix & s’aflortit par poûr :1ls paflent enfemble l'automne & l'hiver; contens l'un de l’autre, 1ls ne le quittent guère , À l’aife dans leur domi- cile,ils n'en { rtent que pour faire des promenades agréables & uriles; ils en rapportent des écorces fraiches. Les femelles portent, dit-on, quatre mois, elles metrene bas {ur la fin de l'hiver, & produifent ordi- nairement deux ou trois perirs ; les mâles lés quittent à peu-près dans ce tems ; ils von: à la campagne touir des douceurs & du fruir du printems; ils reviennent de tems en tems à la cabane , maisils n'y féjournent »lre- 79 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les mères y demeurent occupées à allaiter , à foigner, à élever leurs petits; qui fonc en état de les fuivre au bout de quelques femaines ; elles vont à feur tour fe promener, fe rétablir à Pair, manger du poiflon, des écrevifles, des écorces nouvelles , & paflent ainfi lété fur.les eaux, dans Jes bois. Ils ne fe raffemblent qu’en automne, à moins que les inondations n'aient renver(é leur digue ou détruit leurs cabanes, car alors ils fe réuniffent de bonne heure pour en réparer les brêches. * C'eft principalement dans l'hiver que l’on fait la chafle aux caftors , parce que leur fourrure n'elt parfaitement bonne que dans cette faifon; on leur rend des pièges amorcés avec du bois tendre & frais, ou on atraque leurs cabanes dans le tems de glace; ils s’enfuient fous l'eau , & comme ils ne peuvent pas y relter long-tems, ils viennent:pour refpirer l'air frais à des ouvertures qu’on a pratiquées à la glace; &:on les y cue à coup de hache; d’antres rempliflent ces ouvertures avec de la bourre de l'épie de Typha, pour n'être pas vus par les caftors; & alorsils les faififenc adroitement par un pied de derrière. Lorfqu'après avoir ruiné leurs établiflemens il arrive qu'ils en prennent un grand nombre , la fociéré trop réduite ne fe rétablit point ; le petit nombre de ceux-qui ont échappé à la mort ou à la captivité fe difperfe , its deviennent fuyards ; leur génie flétri par la crainte ne s'épanouit plus , ils s’enfuyent eux & tous leurs talens dans un terrier, où rabaiffés à La condition des autres animaux, ils mènent une vie timide, ne s'occupent plus que des befoins prefflans ,” n’exercent que leurs facultés individuelles, & pérdent fans retour Les qualités fociales que nous venons d’admirer, Les produétions utiles que fournit le caftor , font la caufe de la guerre que l'homme fait à cet animal induftrieux , innocent & paifible. IL fournit aux arts {a fourrure , à la médecine le caftoreum , ce font des poches ou tumeurs qui font placées dans les aînes. Ÿ C’eft une fubftance crétacée, jaunâtre, d’une odeur forte & pénétrante lorfqu’elle eft nouvelle; mais qui devient réfineufe & friable lorfqu’elle eft sèche. On l’apporte de différens pays, mais fur-tout de Pologne, de Ruñie , & des Indes orientales & occidentales. Cependant on rencontre fouvent dans le commerce une fubftance enveloppée de même dans de petites poches, que lon vend pour du caftoreum. Il exifte même des fabriques de ce caftoreum ; une perfonne m'a afluré en avoir vu une à Francfort. Cette fubftance eft fi bien imitée, tant pour l’odeur que pour la forme , que fans un examen particulier, il feroit difficile de la recon- noître , à moins que d’avoir’ recours à l’analyfe. fo «+ Le vrai caftoreum a une odeur plus pénétrante, les pochons fe trouvent un peu plus pointus , & fermés par le haut par un ligament enveloppé de graifle de l’animal , deux poches fe trouvent ordinairement réünies par le même ligament, Si l’on ouvre ces poches , on diftingue parfaitement à la SUR L'HIST, NATURELIE ET LES ARTS. rt loupe des filamens, les uns blanchâtres, les autres rougeâtres, tranfverfa- lement réunis, ; Le faux au contraire eft plus évafé du haut, & femble avoir été coufu, Fintérieur ne préfente qu'une efpèce de pâte dans laquelle on a mêlé un peu de vrai caltoreum:,, & lon n’y rencontre #ucuns filamens. FH m'a été impoflible de deviner ce que pouvoit être cette fubftance, Ce que je peux foupçonner d'après Les expériences , c’eft que certe efpèce de _ pâte’eft compofée d'un extrait gommo-réfineux &une huile dont Jignore la nature. Le vrai caftoreum nous préfente des réfultats bien différens. Deux gros de cafloreum , mis en macérarion dans de l’eau à la tempé- rature de dix degrés au thermomètre de mercure, pendant douze heures, fe ramollit confidérablement, & donne à l'eau une couleur d’un jaune pâle. Certe couleur éprouvée par les couleurs bleues végétales, Les verdic; rapprochée jufqu'à ficcité, on obtientune fubftarcediffoluble dans l’alkoo!, faifanc effervefcence avec les acides, & attirant l’humidité de l’air. Macéré dans l'eau pendant vingt-quatre heures, la chaleur étant à quarante degrés du thermomètre , le caftoreum s’eft divifé en une infinité de petites particules , l'eau a acquis une couleur blanchâtre , recouverte d'use pellicule brune , oléagineufe. Cerre pellicule a été entièrement foluble dans l'alkool, A quatre onces dé cette liqueur j'ai ajouté un gros de carbonate de potaffe en déliquefcence ; le mélange de ces deux liqueurs a préfenté un phénomène aflez ‘fingulier. Cette liqueur a formé trois couleurs fort diflinétes , rouge, limpide & blanchârre. Ces trois ligneurs féparées & rapprochées jufqu'à ficcité ont donté, la rouze, une fubftance d'un gris foncé done une partie étoit attirable à l’aimant &'foluble dans Pacide nitrique. Pouflée au feu dans un creufet , le rélulrat a éré douze grains de fer & fix grains de terre. La féconde, celle qui étoit limpide, a donné une matière alkaline qui avoit toutes les propriérés du carbonate de potaffe, La troilième a donné une fubftänce terreufe un peu alkaline, laquelle examinée a donné les mêmes réfultats que la terre calcaire, On peut donc préfumer que le fer trouvé dans la liqueur rouge, démontre clairement qu’elle eft analogue au fang , ce qui vient à l'appui de ce que quelques anaromiftes ont avancé, entr’aurres, M. Sarrafin, que dans la feconde membrane, qui contient les pochons dans leur jufte grandeur , il y avoit des vaiffeaux qui fournifloient la matière réfineufe mêlée avec le fang. Du caftoreum mis en macération fur le bain de fable pendant quatre jours a donné une couleur beaucoup plus foncée, Rapproché, j'ai obrenu nn extrait fec d'une belle couleur d’écaille, foluble dans l’écher fulfu- rique & dans l'alkool. La folurion par l'alkool précipitée par l’ean diftillée a laiffé à,nud une fubftance de la nature des réfines , fe bourfoufflant & s’énflammant, 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cet extrait fe diflout auff en partie dans l’eau. La liqueur qui en réfulre verdit Les couleurs bleues végécales, & devient, comme le difent MM. Fourcroy & Chaptal, un mucilage gélatineux en partie extraif. L’acide acétique diffout en partie le caftoreum. Si. l'on mêle à cette liqueur du carbonate de potaffe en déliquefcence, il £& forme un précipité foit abondant, qui n’eft autre chofe qu'une fubftance réfineufe unie au carbonate de potafle. Les fels métalliques font tous décompofés par le caftoreum , ce qui nous aflure encore davantage qu’il contient une matière alkaline pure. Les acides muriatique , nitrique , acéteux, n’ont aucune a@ion fur le caftoreum. Si l'on mêle du caftoreum avec de la chaux vive, & que l'on ÿ ajoute un peu d’eau, il fe fait une vive effervefcence, & il fe développe une odeur ammoniacale très-forte. J'ai retiré de ce mêlange par Les procédés ordinaires du carbonate ammoniacal. La décompofition du caftoreum par la cornue, ne préfente aucun phénomène particulier. Le charbon que l'on obtient après lophretiée expofé fur les charbons ardens ,fe brûle avec une flamme fenfble, & fe bourfouffle confidérablement. L'acide nitrique le diflout en totalité. 1! réfulre donc que l’on peut obtenir du caftoreum du carbonate de potafle, une terre calcaire , du fer, une réfine pure , un mucilage pélati- neux extractif, une huile effentielle volatile & du carbonate ammo- niacal, ; - SES GONE NE CR mecs à ANALYSE D'une mine de Plomb cuivreufe , antimoniale , martiale , cobalrique ,argentifère,dans laquelle ces fubflances méralliques Je trouvent combinées avec le Soufre & l’Arfenic., d’Ar- nofligni dans la conceffion de Baigorri en Baffe-Navarre ; Par M, SAGE, C ETTE mine d'un gris noirâtre eft brillante en quelques endroits; comme la mine d'argent grife, elle eft entre-mêlée de quartz, quel- quefois parfemée d’azur de cuivre, d’efflorefcence cuivreufe +2rte & de fleurs de cobalt d’un lilas tendre. Lorfqu'en SUR L'AIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7; Lorfqu'on calcine cétte mine, il s'en dégage de l'acide fulfureux, & de la chaux blanchie d'arfenic, mêlée de Aeurs d’antimoine: le réfidu de la torréfaction ne fe trouve pas avoir perdu fenfiblement de fon “poids. La couleur eft d’un brun rougeâtre, on peut en retirer du fer par le barreau aimanté. ; “r Ayant fondu une partie de cette mine calcinée avec cinquante par- ties de borax, elle lui a donné une Couleur d'un bleu tendre. Cette mine torréfiée ayant été fondue avec trois parties de flux noir, & un feizième de poudre de charbon, a produit par quintal vingt- cinq livres d'un régule oris & fragile; l'ayant fondu avec huit parties .de verre de borax, il ne lui a. communiqué aucune couleur, il s'étoit précipité au fond un culot gris fragile enchatonné de plomb dudile. Si je n'avois pas eu recours à ce moyen, je ne me ferois pas apperçu que cette mine contint du plomb, quoiqu'il foit au moins dans la proportion de moitié dans le régule mixte qu'elle produit, qui eft lui- même compofé de deux parties de. cuivre & d'une de répule d’anri- moine. En le diflolvan: dans l’acide nitreux, l’antimoine fe trouve au fond du matras fous forme de chaux blanche. ES Le premier culot obtenu par la réduction de la mine d’Arnoftigri étoit cumpolé de plomb, d'argent , de cuivre & d’antimoine, On voit que par la fufion de ce culot avec le verre de borax, il s’eft fait un départ par la voie sèche, puifque le plomb & l'argent fe fonc précipicés & ont refté féparés, tandis que l’antimoine'& le cuivre éroient à la furface. Cette expérience démontre encore que le cuivre a plus de rapport avec Pantimoine que le plomb, puifque l’antimoine fe fépare du plomb pour sunir au cuivre. Ayant coupellé ce révule de cuivre antimonial, je n’y ai point trouvé d'argent, tandis que le plomb qui enchatonroit ce régule a produit quatre gros d'argent , quantité qui eft en rapport avec celle qu'un quintal de cette mine d’Arnoftioni a produite par la {corihcation, Le régule de cuivre antimonial a Jaïiflé fur les bords de la coupelle un cercle de chaux d'antimoine brunâtre agglutinée par du verre de plomb. Le plomb qui encharonnoit le régule de cuivre antimoniäl n’a rien laiflé fur les bords de la coupelle. Si cette mine de plomb cuivreufe antimoniale ne produit par la réduétion que vint-cinq livres de régule métallique mixte par quintal, c'eft qu'une partie de l'antimoine & du plomb s'exhale pendant la réduction, de même que les acides vitriolique & arfénical qui étoient réfultés de la combuftion du foufre & de J'arfenic, & qui s'étoienc combinés avec les chaux métalliques pendant la calcination. Cette mine de plomb cuivreufe a produit par quintal , Tome XL, Part. I, 1792. JANVIER, , K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, BB ee nesle srotedte ste 22" divres Cuivre ve ae ee su Reg AntimMoine severe. 4 Fer. eat ee ete iniete eee Argent. sense 4 gross Cobalt. ‘ Arfenic. Soufre. L'habitude que j'ai contractée de refondre avec du verre de borax ,* les culots métalliques que j'obtiens par la réduction , afin de les! avoir mieux raflemblés, m'a offert dans cette analyfe le moyen de reconnoitre le plomb dans la mine d’Arnéftieni. Je penfe que ce moyen doit être mis au nombre des expériences docimaftiques indifpenfables, puifqu'il procure le départ du plomb par la voie sèche, LE TATRTE DE M EU ROM, De l'Académie des Sciences , A F.:C DELAMÉTHÉRIE, SUR L'ANNEAU DE SATURNE. Jar l'honneur de vous envoyer, Monfieur , l'extrait de la Lettre du docteur Herfchell à M. Watfon, où vous verrez que cet obfervateur infatigable ne cefle de faire de nouvelles découvertes dans le ciel. Le grand Caflini, comme on peut le voir dans les anciens Mémoires de l'Académie des Sciences, a le premier foupçonné que l’anneau de faturne éroit double. Plufeurs perfonnes depuis ont eu la même penfée , & je puis dire aufli que j'ai été du nombre, après avoir obfervé dans plufieurs occafions cet anneau avec attention; mais il étroit réfervé au docteur Herfchell de voir ce que les autres n’avoïent fait que foupçonner , & de p'ouver fans réplique que l'anneau de faturne eft double, Il a de même découvert au fujet du dernier fatellire de cet aftre , que a nature eft dans ce vafte univers coujours uniforme dans fes loix. Ayant fait voir par fes obfervations que fi la lune tourne fur fon axe dans le même tems qu'elle .SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 75 tourne autour de la terre, il en eft de même de ce dernier fatellite, qui tourne autour de facurne dans le même tems qu'il tourne fur fon axe. Les découvertés-de cet illuftre obfervateur n'ont confirmé dans une remarque que j'ai faire plus d’une fois en confidérant la marche & le progrès des arts & dés fciences , c'eft qu'ils ne paroiffent aller que par fauts, âyant comme des tems de ftagnaticn. Ainfi lorfque nous avons fait avec les méthodes & les inftrumens que nous avons les applications & les obfervations qu’elles comportent , la fcience s'arrête jufqu'à ce que par denouvelles découvertes & de nouveaux inftrumens elles reprennent un nouveau mouvement. Il me femble que cela nous doit rendre encore plus précieux ces hommes, ces génies créateurs , qui favent reculer les bornes qui arrétoicnt La marche & les. progrès de l’efprit humain. Je fuis, &c. Aux Galleries du Louvre, ce 2$ Janvier 1792. EXTRAIT D'UNE LETTRE PRUMD OC ''IMEQUUR. PELIESR S C:ANETL, t— —— A M WATSON: En date du ro Décembre 1791. Srzox mon ufage j'ai été fort occupé à polir des miroirs de télefcope de routes fortes de grandeur, afin de porter à fa perfection cette partie difhcile de l'Optique. À la vérité il feroit impoñible de fe fotmer une idée du tems que j'ai paflé & des peines que j'ai prites pour parvenir à mon but. Mais j'en ai été pleinement récompenfé par le - plaifir.qu'on a toujours à füivre un objet favori, & encore par le fuccès que je puis me flatrer d'en avoir obtenu. Mon télefcope de quarante pieds eft a@uellement le meilleur inftrument que j'aie en ma poffeflion, c’eft-à-dire , que par fon moyen je puis voir mieux, qu'avec aucun autre de mes télefcopes , les objers Les plus difficiles à être vus bien diftinéte- ment, tels, par exemple, que faturne , fes fatellites & fon anneau , ou plutôt fes anneaux ; car j'ai remis dernièrement à notre prélident un écrit relatif à certe planette, dans lequel j'ai fait voir clairement qu’elle a deux anneaux diftin@s , féparés l’un de l'autre par un efpace confidé- table ,rellement qu'avec môn télefcop: de quarante pieds , j'ai vu très. diftinétement le ciel au travers de cet elpace, dont l'étendue eft de 1741 de nos milles, Le diamètre de l'anneau extérieur mefuré avec le Tome XL, Part, I, 1792. JANVIER, K 2 \ -6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, même inftrument, m'a paru de plus de-222 de nos milles. J'ai aufi montré dans le même écrit que le cinquième fatellite de faturne rourne fur fon axe en 79 jours 7 heures & 47 minutes, rems égal à celui de fa révolution autour de cette planette. Ainfi ce mouvement reflemble à cet égard entièrement à celui de la lune , qui fait fa révolution fur fon axe , précifément dans le même tems qu'elle emploie à tourner: autour de la terre, +22 Re pente te Done einen me mr 2 ——— —— Em ———— — NOUVELLES LITTÉRAIRES. Êc URS_ d'Etude Pharmaceutique ; par E. J. B. DÉ LA GRANGE, Membre du Collège de Pharmacie de Paris : 4 vol. 2n-8°. Cet Ouvrage , deftiné particulièrement. pour les élèves en Médecine, Chirurgie & Pharmacie, eft divifé en quatre parties: la première contient les élémens de la Phyfique. La feconde partie traite de la matière médicale ou des médicamens fimples, La troifième partie traite de la Botanique. La quatrième partie contient les Elémens de la Pharmacie & de la Chimie , ou plurôt de la Chimie pharmaceutique , car ces deux fciences ne s’y trouvent point divifées. On prie ceux qui defireroient d’acquérir cet Ouvrage, de faire leurs foumiflions fimples chez H.J. Janfen, Imprimeur-Libraire, cloître Saint-Honoré, Le prix des quatre volumes fera de 15 liv. pour les Soufcripteurs. Feuille du Culrivateur, &c. Ce Journal que nous avons déjà fait connoître , devient de plus en plus intéreffant par les bons principes qu'il contient fur les différens objets d’écononiie rurale. On foufcrit rue des Foflés-Saint-Vi&tor, N°. 12, Prix diflribués & propofés par la Société Royale d Agriculture , dans Ja Séance publique, du 28 Décembre 179x. Prix difiribués. I. La Société avoit annoncé qu’elle décerneroit dans cette féance 1me médaille d’or au fils de laboureur qui, n'ayant pas encore atreint [a vingt cinquième année, & ne fachant pas lire, auroit appris à lire couramment dans l’efpace d’une année, & awroit récité de mémoire, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 devant Les notables du lieu qu'il habite, la Déclaration des Drois de l'Homme , € les divers articles de La Conflitution des Municipalités , décrétés par L'AfJemblée Nationale. Parmi les concurrens , la Compagnie a diftingué les deux füuivans , qui ont rempli les conditions du Programme : 1°. M. Jofeph Goffer, de Conzieu , diftriét de Belley, département de l'Ain ; 2°. M. Jean Toulon âgé de fix ans, natif de la paroifle de Goudelin., diftrict de Guingamp, département des Côtes du Nord. I I, La Société avoit annoncé qu’elle diftribueroit dans cette aflemblée, des médailles d'or aux perfonnes qui fe feroient diftinguées par l'emploi de quelque procédé nouveau où peu connu, ou qui auroient concouru d'une manière efficace, aux progrès de l'Agriculture, & au bien-être dés cultivateurs ; ces prix ont été décernés, favoir : À M, Philippe Céfar Dupeuty , cultivateur à Clairefontaine, diftriŒ de Dourdan , département de Seine & Oife; M. Dupeuty a entrepris depuis plufeurs années dans les landes de Médoc, des défrichemens confidérables , & a fait des eflais de toutes fortes de cultures. À M. Galler, cultivateur ; correfpondant de la Société, à Montréal, diftrit de Carcafflonne, département de l’Aude; M. Gallet cultive depuis long tems fes pofleflions avec le plus grand fuccès: il a fait dans le canton qu'il habite des plantations d'arbres très-confidérables , il a formé depuis plufieurs années une pépinière publique, là feule quiexifte dans le départemenr. A M. Sulvatore Bertezen ; M. Bertezen perfuadé que l'opinion prefque généralement répandue que les climats méridionaux conviennent feuls aux vers à foie, eft erronnée , a entrepris de combattre ce préjugé, & après avoir fait plufieurs expériences en Angleterre , il s’eft tranfporté à Paris pour les répéter fous un autre climat, À M. Moreau, culrivateur à Brillon, près de Bar-le-Duc, départe. ment de l'Aube; M. Moreau , agriculreur éclairé, mais peu fortuné, & père de fix enfans, a recueilli chez lui un enfant abandonné, trouvé fu la grande route, malade & périflant de froid dans la neige. : | À M. Duvaure, cultivateur, correfpondant de la Société, à Creft, département de la Drome ; M. Duvaure s'occupe depuis long-tems avee fuccès des différens genres de culture ; fes poffeffions font dans le meilleur état, & les plantations d’arbres qu'il y a faites, confidérables, AM. Heurtaut-Lamerville, ci-devant député à l'Affemblée Nationale conftituante , préfident du département du Cher, & correfpondant de la Société, à Dun-le-Roi, département du Cher ; M, Heurtaut-Lamerville < 2 Sven RE NUE es uni CE 75 _OBSERSATIONS SUR LA PHYSIQUE » a formé , dans fes poffeffions , le’ troupea Le plus confidé}aBle qui exifte dans le royaume, de bêtes à laîne fuperñhe de race efbagrole ; il a perfectionné les procédés employés pour les foigner , & a publié fur cette matière importante un ouvrage qui rénferme les meilleurs pré= ERÈTES, | .e A Mi,de Villeneuve , correfpondant de la Société; M. de Villeneuve après avoir parcouru , en obfervateur éclairé, prefque toute l'Europe, & fuivi les cultures les plus remarquables des divers pays, a fait part à-[a Société du fruit de fes recherches fur les différentes branches d'économie rurale & domeltique: il a fair paroître cette année le Traité Le plus complet- que nous ayons fur la culture du tabac, où il a indiqvé d’après fa propre expérience & celle dont il a été témoin pendant plufeurs années chez différens cultivateurs étrangers, tous les avantages qu'on peut retirer de la culture de cette plante, r À M. Souillart: Benucourt , cultivateurt à Beaucourt, près d'Albert, département, de la: Somme ; M. Souillarr , qui, s’eft adonné par goût à l'Agriculture, cultive depuis plufieurs années avec fuccès fes poffeflions. A M. de Barbangoïs , rélidant à Châteauroux, département de Pindre; M. de Barbançois eft parvenu , depuis plufieurs années, à force de foins & de dépenfes à fe procurer les bêtes à laine des plus belles. raçes d’Efpagne : il les a multipliées avec autant de zèle que de fuccès, au point d'en avoir,a@tuellement un troupeau confidérable ; il a répandu dans le département qu’il habite les animaux de certe efpèce, il a fait connoître les procédés employés par les efpagnols pour le lavage de leurs laines, & la France doit le compter au nombre des principaux auteurs de l'amélioration de fes laines. à . À M. Hervieu , rélidant À Orme, département de l'Eure; M. Hervieu, agriculteur éclairé , a introduit dans fon canton plufeurs branches nou- velles d'économie rurale ; il y a le premier cultivé.en grand les pommes e terre, & aérabli.diverfes efpèces de prairies artificielles. . de te & bli,diverfes eff P 2 AM, François Delporte , correfpondant de la Société; cultivateur à Pernes, diftriét de Boulogne, déparremene du Pas-de-Calais; M. Del- porte élève avec fuccès, depuis plus de quinzeans , un troupeau confi- érable de bêres à laine qu'il a tirées d'Angleterre ; il fuit à cer égard [a dérable de bêres à 1 qu'il d’Angl If cet égard Î ‘méthode des. meilleurs culrivateurs anglois, & fournit ainfi à nos “cultivateurs un grand exemple de l'agriculture la plus perfectionnée. H a répandu dans plufieurs départemens du royaume cette efpèce de brebis dent la toifon égale en qualité les belles laines d'Angleterre qui fervent ‘À faire les éroffes rafes. AM. Bertholer , de l'Académie des Sciences, juge, de paix à Aunay, près de Bondy, diftri& de Gonefle, département de Seine & Oife; * . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 M. Bertholet a fait depuis long-tems l'application la plus heureufe de la Chimie aux arts. à ER : A ME. P. Chemilly, réfidlant à, Bourneville, près. de la Fetté- Milon , département de l'Oife. M. Chemiily s'eft procuré, -à diverfes reprifés, d'Angleterre , des bêtes à laine longue ; il les a alliées avéc des brebis d'Ffpagne, & a formé ainli une race de mourons qui-donnent des toifons.de la plus-belle qualité, 11 pofsède aétuellement deux troupeaux compolés chacun: de plus de cinq cens de ces animaux, Il a aufli retiré d'Angleterre des vaches & des taureaux d'efpèces choifies,: & qui fe maintiennent dans le meilleur état, en leur donnant même une:nourriture moins abondante qu'aux bêtes à corn:s des autres races. ci JR E La Société a diftribué cinq béliers & cinq brebis à laine fuperfine de race efpagnole ; favoir , un bélier & une brebis à la Société d'Agriculture établie cette année à Brienne , département de l'Aube; ‘un bélier & une brebis.a Ja Société d'Agriculture, formée cette année, à Saine Mikel,, département de la Meufe ; un bélier, & une brebis à M: ‘He! député à JAffembiée Narionale conftituante & correfpondant de la Sociéié, à Landzer, département du.Bas-Rhin;un bélier & une brebis à M: Roberr, laboureur à Rouvre,:pres,.de Dreux, département d'Eure & Loir; un bélier & une brebis à M. Hervieu , cultivateur à Orme , département de l'Eure, t 5 Lite I V. La Société ayant annoncé pour cette année une diftribution. de machines & d'inftrumens agraires, deftinés aux cultivateurs , en a fait la répartition de la: manière fuivante : : 1°: Aux culrivateurs du département de Corfe, des chartues plus commodes que celles dont ils fe fervent ordinairement , & propres. à fournir Les meilleurs modèles en ce genre, fur la demande & pour être ‘diftribuées par M. le général Paoli, correfpondant de la Société, à Baftia. 2°, Aux laboureurs des environs de Bérignicourt , diftri& de Bat-fur- Aube, département de l'Aube, des bèches, pelles &autres outils plus commodes que ceux qu'ils emploient ordinairement, pour leur être diftubués par M. Pncent, cuié de Bérignicourt, , 3°. Aux culrivateurs de la paroifle, de Gaïitelsu:}, hameau de. Dieppe- dalle , département de la Seine inférieure; ‘des: \pioches\& des :pelles propres aux défrichemens desrerres, & plus commodes que-cellés donc ils Le fervino ordinairement; pour être diftribuées par M.:Ga/ioi Lormerié, -correlpondant de la Sociéié., à Rouen. nl ns 2 f n 2 #lcao 8o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6, ALES | L La Société avoit propolé, pour l’année 1790, un prix de 600 liv. qui dévoic être adjugé à l’auteur du meilleur Mémoire fur la queftion fuivante: Quels font les moyens les plus sûrs pour obtenir de nouvelles variétés de végétaux utiles dans l'économie rurale & domeflique, & quels font des procédés à fuivre pour acclimater , dans un pays , les differentes variétés ide végétaux ? Plufeurs Mémoires avoient été envoyés au concours ; &, comme ils étoient plutôt le fruit de la théorie & du saifonrement que de l'expérience, & qu'ils préfentoient peu de faits nouveaux , la Sociéré avoir cru devoir propofer le même fujet pour cette année; mais elle n'a recu fur cette queftion aucune nouvelle pièce. Tor ; Depuis plufeurs années, la Société avoir annoncé qu'elle accorderoit un prix’ de la valeur de 600 liv. à la-perfonne qui auroit fait connoître quelles font les éroffes qui peuvent étre en ufage dans les différentes provinces de France & des pays étrangers , & Jur-tout dans les pays de montagnes , & dont les bergers & les voyageurs fè fervent pour Je garantir des pluies longues & abondantes. La Compagnie fe propofoit de diftribuer ce prix dans cette féance ; mais aucune des pièces reçues n’a rempli les conditions du Programme. La Compagnie a deftiné à des prix d’encouragemens les fonds deftinés à ces deux prix. 1 2 HA 1 M. l'abbé Raynal ayant remis à la Société la fomme de 1200 liv. pour faire Les fonds d’un prix relatif à l'Agriculture , la Compagnie avoit propofé en 1789, pour fujer de ce prix , qui devoir être adjugé dans cette féance, la queftion fuivante : Une Agriculture floriflante influe-t-elle plus fur la profpérité des manufaëures , que l'accroiffement des manu- faëures fur la profpérité de l'Agriculture ? Les pièces envoyées au concours n'ayant nullement rempli les conditions du Programme, la Société a deftiné à un autre prix la fomme qui lui avoit été remife par M. l'abbé Raynal, à LV, La Société avoir prépofé, pour l’année 1788 , un prix dela valeur de 6oo liv. en faveur du meilleur Mémoire qui lui auroit été adreffé fur ce füujet: Perfectionner Les différens procédés employés pour faire éclore artificiellement & élever des poulets ; & indiquer les meilleures vratiques à fuivre dans un établiffement de ce genre fait en grand. Aucun des Mémoires reçus ne lui ayant paru avoir rempli fufifamment les condi- tians dy Programme , elle avoit propofé de nouveau le même fujet. Le prix a | SUR L'HIST. NATÜRELLE ET LES ARTS. 8t prix, de la valeur de 600 liv. devoir être diltribué dans la féance de I 79 (A Prix propofes. L'2 La Société avoit annoncé en 17°7 qu'elle adjugeroit, dans fa féance de 1788 , une médaille d'or à l’auteur de l’ouvrage le plus à la portée des habitans de la campagne, & le plüs propre à leur donner des connoif- fances eu morale & en économie rurale & domeftique. Aucune des pièces envoyées au concours n'ayant rempli le but de la Compagnie, elle avoit annoncé de nouveau le même fujet pour l’année 1790 , & depuis pour 1791. l'E La Société avoit propofé, dans fon affemblée publique de 1789, pour füjet d’un prix qui devoit être diftribué dans la féance de 1790 , de déterminer , par des expériences fuivies & comparées , quelles fonc les meilleures méthodes qu'on doit fuiwre pour obtenir les parties fibreufes des végétaux , & pour en reconnofere les qualités. Le prix, qui n’a pas été adjugé, fera de la valeur de 600 liv. auxquelles on ajoutera une médaille d'or, Les Mémoires feront reçus jufqu'au pemier feptembre 1792. EE La Société avoit propofé en 1788, pour fujet de deux prix fondés par le corps municipal de Paris, les queftions füivantes: 1°. Quelle ejE la manière la plus économique & la plus profitable de faire le charbon dé bois? 2°. Quels fontvles meilleurs moyens d'économifer Le bois de chauffage, fans diminuer, dans l'intérieur des maifons , la maf]e de chaleur dont l'habitude & l'ufage font une néceffrie 8 Ces deux prix, confiftant chacun dans la fomme de 300 Liv, devoient être décernés en 1790. Les Mémoires envoyés au concours n'ayant pas fufifamment rempli les vues de la Compagnie , elle avoit propofé les mêmes fujets pour cette année. Le prix fera adjugé en 1792. FV: La Société avoit propolé, pour fujet d’un prix qu’elle devoit diftri- buer certe année, les trois queftions fuivantes: 1°. E/?-2/ plus avantageux de laifler quelque tems le fumier fur la terre, avant de L'enfouir , que de lenverrer auffi-t6t après l'avoir étendu ? 2°. De quelle manière la nature du fol, des engrais, & de l'expofiion influe-t-elle fur ces Tome XL , Part, T , 17992, JANVIER. L 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; procédés ? 3°. Quels font Les principes généraux qui peuvent, fervir de règle dans ces cas À $ La Société f voit forcée de remettre ce prix à l’année prochaine ; les pièces envoyées au Concours feront reçues jufqu’au premier novembre 1792. Ne La Société propofe pour fujet d’un prix, de faire connoître , parure analyfe chimique rrés-foignée, les principes confluuans de différentes serres comparées entr'elles relativement à leurs produits’, de les claffer d'après leur degré de bonté, & d'indiquer èn même tems la méthode la plus aifèes le plus à la portée des culrivateurs, pour comnoître La compofition des différentes terres. 4 Ce prix, confiftant en 1200 liv4 où en une médaille d’or de pareille valeur , a été remis à la Société, en 1789, par M. l'abbé Raynal. Les Mémoires ne feront reçus que jufqu'au premier noverabre 1793: V I. IL fera accordé , dans la féanee phblique de 1792, un prix confiftanc en une médaille d’or de la valeur de 300 liv. a la perfonne. qui aura cultivé en France le plus grand nombre de pieds de cotonniers , nom au-deffous de mille, & aura adref]é à la Société des échantillons du coton prove de cette plantation. : Ce prix eft du à la générofité deM. Bethune-Charoff, aflocié ordinaire; les certificats & Les échantillons envoyés au concours, ne feront reçus que jufqu'au-premier feprembre 1792. La Société accordera une médaille d’or à chaque perfonne qui aura ‘le mieux rempli une des conditions fuivantes..Suivent quarante-quatre articles: | La Société diftribuera auf, dans fa féance publique de 1792 ; plufeurs médailles d'or-aux perfonnes qui auront contribué, d’une manière évidente, aux progrès de PAgriculture & au bonheur des Jaboureurs. Elle engage fpécialement les cultivateurs du royaume à lui faire connoître Les citoyens qui aurent rempli à cer égard les vues de la Compagnie ; elle diftinguera {ur-tout ceux qui auront fait des plantations d'arbres , favorifé la multiplication des bêtes à laine de races choiles, perfectionné les races de bêtes à cornes, de chevaux ; ou introdait , dans le canron qu'ils habitent, quelque culture nouvelle ou quelque procédé qui y étoit auparavant inconnu , & qui ne fe trouve pas indiqué dans ce rogramme Les auteurs des Mémoires deftinés au concours, ne mettront point SUR, L'HIST. NATURELLE ET. LES ARTS, 83 leurs noms à leurs ouvrages , mais feulement une fentence ou devite ; ils attacheront à leurs Mémoires un billet cacheté, contenant cette même devife, leur nom, leur qualité & leur demeure, Ce billet ne fera ouvert, par la Société ; qu'au cas que la pièce ait remporté le prix. Les Mémoires feront adreflés, fous le couvert de M, le Miniftre de l'intérieur, à M. BROUSSONET , Secretaire perpétuel de la Société , rue des Blancs-Manteaux, N°. 20,.& s'ils lui font remis entre les mains, il en donnera un récépiflé où feront marqués la fentence de l'Ouvrage &c le numéro indiquant d'ordre de réception, , CF Avis aux Artifles , concernant l'établiffement du Bureau de confultation pour les dris & Métrers. Le bureau de Confultation établi en vertu des loix du 12 feptembre & du 16 octobre 1791, pour la diftribution des gratifications & fecours à accorder aux Artiftes qui , par leurs découvertes, leurs travaux & leurs recherches dans les arts utiles, auront mérité d’avoir part aux récompenfes nationales, eft en activité à Paris, & tient fes féarces ordinaires les mercredis depuis fix heures jufqu’à huit, dans Thôcel du Miniftre de l’intérieur. Les artiftes qui croiront pouvoir prétendre aux récompenfes, fur {a diftribution defquelles ce bureau doit donner fon avis, devront fe munir dù certificat de leur municipalité , & de l’atteftation de leur diftri& ; les remértre , avec leurs mémoires, au directoire du département de leur domicile ordinaire, Ce directoire joindra à toutes ces pièces les inftructions qu'il croira néceflaires , & enverra le tout au Miniftre de l'intérieur pour le bureau de Confultation. Les artiftes domiciliés à Paris, qui ne feroient pas perfonnellement connus de la municipalité, pourront, pour y parvenir, fe pourvoir d'un certificat du comité dé leur feétion, & tenir enfuite la marche indiquée par la loi. Cêux des Artiftes qui auront. pailé l’âge de foixante ans, devront de plus fe munir d’un extrait de late qui conftate leur âge, ss 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &. TA: BYE" Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER Dies u RS préliminaire; par JC. DELAMÉTHERIE, page 3 Informations fur l'origine de l'Ambre-gris , recueillies & communiquées à la Société Royale de Londres, par le Comité du Confeil prépofé aux affaires du Commerce & des Plantations : traduites des Tranfaëions Philofophiques , 38 Suite du Mémoire fur les Pierres compofées 6 fur les Roches ; par le Commandeur DEoDAT DE Doromreu, AI Nouvelles Expériences qui tendent à prouver que l'Eleétricité ne favorife pas Jerfiblement l'accroïffement des parties animales ;, par M. CHAPPE, 62 Obférvations fur Le Cuflor , fuivies de L'Analyfe chimique du Caftoreum ; par M. B. DELAGRANGE, Membre du Collèoe de Pharmacie de Paris , 65 Analyfe d'une mine de Plomb cuivreufe, antimontale, martiale, cobaltique, argentifere, dans laquelle ces fubflances métalliques fe trouvent combinées avec le Soufre & l'Arfenic, d'Arnoflignt dans la conceffion de Baïigorri en Baffe-Navarre ; par M. SAGE, 72 Lettre de M. LE RoY, de l'Académie des Sciences , à J. C. DELA- MÉTHERIE , fur l'Anneau de Saturne, 74 ‘ Extrait d'une Lettre du Doëteur HERSCHELL, à M. WATSON, 7$ Nouvelles Litéraires , 76 —_ —_————— = E—— à ? (| Ni | ‘ || (| ll ‘5 3 [ll IL D 1 ” (ll # | (| > ll a || 2 AU qUL L. foi ji (Il | | Jawsr 1792. Es LA AS AB ue Î mil : HT à ; D —— D} ] | | JOURNAL DE PHYSIQUE. Î 4. FÉVRIER 1792. IE der ——"" (4 SUR'LA PEULE, En réponfe à une Lettre de M. DE Luc, inférée dans le Journal de Phyfique du mois de Mai 1791; Par ANTOINE Liges, Profeffeur au Collège Royal de Touloufe. Je diftingue deux fortes de pluie , la pluie d'orage & la pluie ordinaire; j'en parlerai féparément, parce qu’elles me paroiflent dépendre de différentes caufes. La pluie d'orage eft due à la combinaifon du gaz oxisène & du gaz RpRAEUe pe l'étincelle éleétrique. L'union réciproque des bafes de ces * deux gaz eft toujours fuivie d’une forte explofion qui produit le tonnerre, Telles font les propofitions dont j'ai configné les preuves dans différens cahiers de ce Journal, ” Je ne fatiguerai pas le Leéteur par une répétition de faits & de raifonnemebs auf inutile que faftidicufe, Je me bornerai à répondre aux objettions de M. de Luc, à examiner enfuite l'hypothèfe qu'il propofe our expliquer les phénomènes qui accompagnent le tonnerre, & enfin à juftifier l'opinion commune fur la caufe de la pluie ordinaire. Il eft inconteftable , & M. de Luc l’a très-bien obfervé dans plufieurs de fes intéreflantes Lettres à M. de la Métherie, que pour juger du mérite de la nouvelle théorie chimique , il faut la confidérer dans fes rapports avec les phénomènes de Ja nature. Si quelqu'un de ces phéno- mènes eft contradictoire avec Les principes fur lefquels elle repofe, les phyficiens fages & attentifs doivent fans doute fe tenir én garde contre cette doétrine, dont l'application à fa Phyfique pe pourroit fervir qu’à multiplier les erreurs. Mais, je ne puis n1’empéchet de l'avouer, plus j'examine cette théorie relativement aux phénomènes que la nature nous préfente ; plus je trouve en eux des preuves de fà folidité, & malgré la confiance que doit infpirer un phyficien aufñi célèbre que M. de Luc, Tome XL, Part, [, 1702. FEVRIER, M £6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les difficultés qu'il oppofe à l'explication que j'ai donnée du tonnerre & de la pluie d'orage ,ne me paroïffent pas fuffantes four me faire abandonner mon opinion, Première Obje&ion. « La plus forte éleétrifation, dit M. de Luc, » d'un mêlange d’air déphlôsiftiqué & d’air inflammable ne les décom- » pofe pas, il faut que je fluide électrique fe décompofe lui-même en »-étincelant, pour produire ce phénomène : or, les nuées orageufes fe > formant avant aucune apparente d’étincelle électrique, par conféquent > Ja formation même de la nue, qui eft la fource de la pluie, ne provient » pas de certe caufe ». - Réponfe. 1°. M. de Luc me paroît fuppofer que le Auide électrique fe décompofe en étincelant. Si cela étoit , lorfque j'applique une extrémité de l’excirateur au goulot d’une bouteille de Leyde chargée, tandis que l’autre extiêmiré touche fa furface extérieure , l’érincelle qui brille avec explofion n'annonceroit la décompofition du Auide électrique : nous n'aurions donc , après l'apparition de l’érincelle que les élémens du fluide électrique qui fe difliperoient fans doute dans l’atmofphère, jufqu'à ce qu'une caufe quelconque les combinât de nouveau, & l'équilibre rompu entre la furface extérieure & la furface intérieure de la bouteille ne pourroit pas fe rétablir. L'érincelle ne me paroît pas un figne de décompofition du fluide électrique. Elle m'annonce feulement la grande rapidité de fon mouvement qui le fait pañler à l’état de feu. 2°. Si M. de Luc entend par ruée orageufe , une nuée formée par un mélange de gaz oxioène & de gaz hydrogène, il eft certain que ces nuécs fe forment avant aucune apparence d’étincelle électrique. Mais il eft faux que cette nuée ainfi formée foit feule la fource de la pluie, [1 faut que le gaz oxigène & le gaz hydrogène qui compofent cette nue foient combinés par létincelle éle@trique. Le Auide électrique paflant d’un corps où il abonde dans un autre qui en manque , & trouvant fur fon paflage un mélange de gaz oxigène & de gaz hydrogène , fixe les bafes de ces gaz, s'identifie avec elles & devient, pour ainf dire, un des élémens qui compofent la pluie d'orage. Auf le uide électrique donne-t-il à la pluie qui réfulte de cette combinaifon le privilege exclufit d'être très-favorable à la vévétation, Seconde Objetion. « L'air inflammable duquel, dans Phypothèfe , » ces phénomènes dépendroient , devroir fe trouver préalablement dans > les couches d'air où ils ont lieu ; puifque c’eft à lui qu'eft attribué Ja » formation de la nue: mais fi cela éroir, quand de telles nues!com- >» mencent à paroître dans les hautes montagnes, leurs habitans qui >» fouvent allument des feux à ces haureurs y embraferoiïent les couches > mêlées d’air inflammable, ou fi elles échappoient à cet accident, la > première étincelle éleétrique qui les traverferoit. au lieu de ce renou- vellement d'opérations que nous voyons en rélulter, y mettroit fin o Ù mn Ÿ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES AR1S. 7 # tour-à-coup par une terrible commotion de l'air & un déluge » d’eau », Réponfe. Il eft hors de doute que Le gaz hydrogène dont la combinaifon avec le gaz oxigène par l'entremife de l'érinceile électrique produit la pluie d'orage, doit & trouver dans les couches d’air qui fonc le théâtre de la foudre. Mais il ne s'enfuit pas de-là que les habitans des mon- tagnes qui alluinent des f:ux à leurs fommets doivent y embrafer des geuches mêlées de gaz hydrogere. S'il faut en cioire les phvficiens ob ervareurs, tels que Vuffenbroek, &c. les couches d'air qui font le lieu favori du tonnerre & où prend naiflance la pluie d'orage, font tiè-élevées dans l’armofphère & bien au deflus des moutagnes h:bi:ces dont parle M de Luc(r). Les f:ux qu'on allume à ces haureurs re pourroi-ne donc embrafer des couches miêlées de gaz hydrogène qu'arant qu'ils furprendroient, paur ainfi dire, le gaz hvdrogène dans fon paflige rapide de la terre aux hautes régions de l’a mofphère, {h coment concevoir que ce phénomène pu ffe être produit, fur-rour dans les hautes montaones où la chaleur folaire n'eft pretque jamais afl.z forte pour opérer la décompoficion des fubftances qui renferment du gaz hydrnrène, & par conféquent pour favorifer fon élévation dans les couches fupérieures de l'armofphère ? Troifième Objeétion. « Quard Fair inflammable en fe confumant » avec la partie déphlogiftiquée d'une mafle d'air atrro'phérique, y a » produit Fe l’eau , Le réfidu , foic air phlogiftiqué, foir ar fixe, fu ‘ant » la nature de l'air inflammable , fait périr les hommes & les animaux : » au lieu qu'on n’éprouve aucune fenfation pénible, en refpirant dans >» les couches d'air où fe forment les nuées orageufes », Réponfe. M. de Luc fuppofe encore , dans certe objection , que lorfque le rétabl'flement d'équilibre du fluide électrique combine avec le caz “hydrogène la partie oxigérée d une mañe d'air atmofphérique . le réfidu puifle affecter fenfiblement les hommes & les animaux. Il fardroit pour cela que les régions inférieures de l’armofphère fuffent quelquefois le théâtre de la foudre, ce qui eft contredit par le témoignage des meilleurs obfervareurs. { Quatrième Objettion. & U fe forme plus de nues & de pluies » foudaines, fans aucune apparence d'étincelle électrique, qu'avec ce » phénomène: ce font nos ondées ; ou pluies d'accès , forinées prefque » inftantanément dans l'air le plus fec ». : Képonfe. Les pluies foudaines qui fe forment fans aucüne apparence (1° Les gouttes d’eau qui tombent pendant l’orage ont ordinairement beaucoup , plus de diamètre que les gouttes de pluie ordinaire: La groffeur de ces gouttes oragrules prouve la grande hauteur des/couches où elles prennent naïflance. Tome XL , Part. I, 1792, FEVRIER. M 2 4 £8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; d'étinçelle.éle@rique ne font jamais accompagnées du tonnerre. Ce ne font pas des pluies d'orage. Elles ne font pas produites par la éombinaifon: réciproque des 'bafes du gaz oxigène & du gaz hydrogéné. Elles rentrent dans la claffe des pluies Gines ei dépendent des mêmes caufes. * elles font les objections que M. de Luc oppofe à à mon hyporhèfe fur, le tonnerre & la pluie d'orage, Éxaminons à préfent fon opinion Mur la’ ‘ caufe de ces phénomènes. M. de Lac s’exprime ain dans l’article 17.de.la VIL° de fes Fabre à M. de la Métherie, cahier de juin 1790: « Je ne vois d'autre manière » de concevoir le tonnerre, que par une explofion, c’eft-à-dire ; par! » , la ‘production foudaine use grande ARS dé Auide- électriques! » Le fluide électrique ne fe manifefte pas plutôt comme rel , que nous » l'appercevons par fes effers., rout comme les vapeurs qui Front Jai » nue elle-même n'ont exifté comme telles dans l’air, qu ’au moment où » elle y a paru. L'air encore tranfparent ne conténoit ni ces vapeurs ni » le fluide életrique ; mais feulement des ingrédiens propres à leur » donner naiflance, & par quelque caufe que Fos ignorons ; ; il fe forme » alors des nues d’une certaine efpèce, durant le progrès defquelles, & » par accès, le fluide éle@rique étant produit foudainement en grande > abondance , fair exp'ofion à chaque fois ». Je fuis d'accord avèc M. de Luc qu'on ne peut concevoir le ronnerre - que paï une explotion que jattribue à la combinaifon fubite d’un mélange de gaz oxigène & de gaz hydrogène par l'entremife de l'étincelle éleétrique. M. de Luc Pa fait dépendre de la combinaifon des élémens dn fluide électrique qui fe trouvent , felon lui, dans les couches d'air où fe forme l'orage. Pour établir cette hypothèle négativement , comme prétend le faire M. de Luc, il faudroic. prouver qu: le fluide él&rique n’exifte pas comme tel dans les couches atmofph animée. Cette hypothefe eft La feule admiflible : il eft.en effet contre » toute vraifemblance de fuppofer, que l'anneau ne fe foutinr autour de: Jaturne que par l'adherence de fes molécules ; car alors les parties » voifines CA la planète, follicitées par l'action toujours renaiflante de > la pefanteur, fe feroient à la longue détachées de l'anneau , qui, pa » une dégradation infenfible , auroit fini par fe détruire , aënft que tous » les ouvrages de la nature qui n'ont point eu les forces fuffifantes » pour réfifier à l'aétion des caufes étrangères ». C'eft cette dernière propofition que j'ai feule en vue ; mais je n'ai pas dû la féparer de ce qui précède , avant que de l'avoir confidérée dans ce rapport. 15. M. DE LA PLace explique dans l'art. VII de ce Mémoire, que fi l'anneau de Jaturne avoit été parfaitement uniforme & concen- trique ‘avec la planète, il feroit venu enfin s'appuyer contr'elle par un de fes côtés, parce que dans ce cas d’uniformité entière , fon équilibre auroit dû dépendre de la durée d’une parfaite coïncidence des deux centres de gravité, coincidence , dit-il , qui auroit été sroublée par La force la plus légère, telle que l'artraétion d’un fatellive. Je n’ofe prefqu'exami- ner, après M. DE LA PLACE, fi l'nertie de l'anneau n’auroit pas été fuffante pour empêcher fon déplacement par une force fi légère, dont la direction change fans cefle &. très-promptement. Je me bornerai donc à cette remarque, que le premier déplacement d'un corps en repos, ou fes changemens de direction quand il eft en mouvement, paroiflent , d'après l’expérience en mécanique , exiger un certain tems, ê&c plus d'Effort qu'une augmentation de même quant dans fon mou-. vement fuivant une même direction ; ce qui, appliqué à l’action de petites forces fans cefle changeantes autour d’une mafle telle que l’asneau de farurne, fembleroit ne pas permettre l'application rigoureufe des formules, géométriques 8 y - SUR L'HIST, «N'ATURELLE,;ET LES, ARTS, 109. géométriques au cas dont il s’agit: Je ne fais cette remarque, qu'en vue de l'objet général des formules aftronomiques , fur lefquelles il me paroîe que plufieurs phyfciens fe méprennent. Ces formules ne font fondées que quefur des losx conclües de l’obfefvation; &.natre faculté d'obferver eft trop imparfaite , pour. que nous puiflions confidérer nos déterminations , comme.étant abfolument l’expreflion r'goureufe des phénomènes. Mais jesnwai pas befoin d'infifter ici fur cette remarque , parce que M. DE LA PLACE confidère enfuite l'objet fous un poinr.de vue qui me d'fpenfe d'entrer. dans cette. difcufion ; il montre, dis-je, que fi l'on fuppofe l'anneau de, faturne compofé de plufeurs /ëmbes, dont la largeur, l'épaiffeur ou la denfité ne foient pas uniformes, & dont les mouvemens diffèrent entr'eux & ‘avec la planète, les centres de gravité de tels Limbes pourront être, confidérés comme des fasellires , qui fe meuvent autour, du centre de gravité de celle-ci, en fuivant les loix de certe clafle de corps, dont il! donne les formules générales. Or, Pobfervation eft venue appuyer la fpéculation .de.ce, grand; analyfte ; l'anneau de fasurne eft compolé au moins de deux /zmbes ; ce font des inégalités du Limbe extérieur qui ont fourni au docteur HERSCHEL Le moyen de déterminer fon mouvement ;,& fa rapidité comparée au degré d'applattiflement des pôles.de la planète, rend très-probable, que les révolutions des trois parties diftinétes de ce grouppe ne s'exécurent pas dans un même tem, .,46. L'obfervation. paroît, donc confirmer cette caufe affignée par M. DE LA PLACE à la permanence de l'anneau de. fasurnes & le, problème en, luismême, confidéré feulement d'après cette. queftion :, æ; Pourquoi ce,corps,ne fubit-il point de déplacement » 2 étoit bien digrie d'occuper un phyfco-mathématicien cel que lui. Maisil refte à examiner, dans le paflage ci-deflus, cette propoftion générale: « Que tous les » ouvrages, de la nature qui n’ont pas eu des forces fuffifantes pour. » rélifter à l’action des caufès étrangéres , tendent à Je détruire ». Ce n'eft point dans une vue critique que je m'arrête à cette propolition, puifque la conféquence qu'en tire M. DE LA PLACE eft fealement de, fonder la recherche dont, je viens d'indiquer Le réfuleät ; mais dans, la, généralité de fon expreflin, elle fe lie intimément 3 fa Cofmologie; ce qui me conduit à quelques remarques. LENRr ET +. 7. L'idée, de caufes deflruërices dans la naure, fe préfente fous deux, faces très-diftinétes ; l’une relative aux caufes particulières, l’autre. aux çaufes univerfelles, Par les premières de-ces caufes , j'entends celles qui ‘agiflent pour modifier en eux-mêmes les grczd$ corps ïfolés dans, l'efpace ; &. parles dernières, celles.qui agiffent fur çes corps , en tant, que. placésidans l’efpace & Syymouvant. L'examen.de la première de ces» clafles de caufes ; offre, par fes détails, un champ très-valte; car c'elt celui de Ja Phyfique terreflre. Nous ne connoiflons fans doute immé- diatement que, fort peu de chofe dans ce qui s'opère fur Les globes que, Tome XL, Part, 1, 1792. FEVRIER. P 110 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous obfervons loin ‘de nous dans l’efpace ; mais’ nous pouvons y. étendre par analogie une partie des connoiflances que nous acquérons für le nôtre; & c’eft-là le fujet que j'ai entrepris de traiter dès le commencement de ces Lettres ;où je me propofe de démontrer enfin, qu'à partir de l’époque où la lumière fut ajoutée aux autres fubftances qui compofoient la mafle antérieure de la terre, toure la marche des caufes connues seit acheminée, & continue à s’avancer vers un état dérerminable , dans lequel elle ne fera plus fujette à aucun changement rélultant de ces caufes ; tellement qu'alors, & par ces mêmes caufes , un même cercle d'effets phyfiques s'y perpétuera, fans aucune limite, dont la Phyfique ou l’Hiftoire-Naturelle puiffent nous faire naître 1 idée, excepté à l'évard de la lumière , dont je parlerai bienrôr. Je laifle donc à part cette clafle de caufes, dorir je traiterai à fond danses Lettres, & je me bornerai à examiner, sil exifte des cau/es deflruétrices dans l'univers fenfible : entendant par cet univers, tous les grands corps que nous appercevons dans l'efpace, & la partie de l'e/pace qui les renferme. 18. Des caufes éranpères à ces corps, doivent néceffairement réfider dans l’e/pace ; & la feule qui s'y préfenre au premier coup-d'œil , eft la limière, dont nous voyons l’indifpenfable néceffité fur notre globe, & qu'ainfi nous pouvons confidérer par analogie, comme néceffaire à tous les autres globes opaques. La {umiére ne peut pas être confidérée comme une caufe defiruétrice des grands corps : & quant à ce qui concerne la durée de cette influence des corps /ummeux fur les corps opaques , où fon renouvellement quand elle feroir épuifée , ce font-là des objets trop généraux pour entrer dans mon plan aétuel. On ne détermine rien, quand on embrafle trop d'objets à la fois. Par la même raifon je ne confidérerai à tous égards dans le paffé, que les époques où l’on commence à y appercevoir l'effet de quelque caufe connue : or, je ne connois aucune caufe phyfique à laquelle nous puiflions légitimement attribuer da fitua- ton actuelle des grands corps, leur forme , leurs mouvemens de rotation & de proyedile, & l'origine de toutes les caufes , tant générales que particulières, qui y opèrent. Vous perfez différemment, Monfieur, & vous ailignez à ces phénomènes une caufe, qui devient ainfi un objet diftinét d'examen. Enfin, à l’égard de l'avenir , j'écarterai aufi toutes les conjectures dont les fondemens ne font pas exprimés d'une maniere intelligible , telle qu'on puifle les fuivre dans leurs conféquences phy- fiques. Ce n'eft qu'en déterminant ainfi avec précifion chaque objet d'examen , qu'on peut éviter ces opinions vagues, ces apperçus, qui ont fait jufqu’ici de l& Cofmologie le théâtre des chimètes, aufli changeantes que les formes des nuages ; & ce fera aufli par cette mérhode , que je me conformerai au plan que vous me propolez vous-même dans votre dernière Lettre particulière, & auquel Jacquicfce bien volontiers : SUR L'HIST, NATURELIE ET LES ARTS. 110: æ celui de chercher dans cette difcuflion à établir des poënss fexes, sil. » ft pofible ; & de convenir de ce qui n’ett que probable ». 19. D'après cette détermination du point de vue fous lequel j'envifage ici les grands corps ifolés dans l'e/pace , pour admettre dss caufes deflrudrices à leur égard, 1l faut que l'obfervation nous ait conduits à en découvrir, fans quoi l'opinion de leur exiftence feroit gra:uite. Confidérant donc d'abord ces corps en eux-mêmes , nous les voyons compolés de molécules, qui, foumifes aux /o1x de la gravité, demeurent conftamment dépendantes de la wafle dont elles font partie, parce qu’elles ont plus de rendance vers elle que vers aucune des autres maffes diftindes de l'univers. Quant aux zmaffes elles-mêmes, nous y obfervons des mouvemens, q'i, avec la gravie elle même , main- tiennent les diffances conlervatrices de leur diitinétion. C'eft un bel arrangement , que celui de ces mafJes diftinétes dans l'e/puce, fur lefquelles s'exécutent tant d'efférs particuliers, dont nous éprouvors & dittinguons l'importance fur notre globe. Ces mouvemens feuls des grands corps font fervir à la counfervation des mafles , en tant que diftinétives & poflédanc toutes les caufes immédiares de leurs phéro- mènes particuliers, la caufe même qui, fans cette circonftance, les auroit réunies en une feule mafJe dans quelque point de l'e/pace, où l'énorme diminution de /urfuce auroit diminué proportionnellement la polibii té de ces beaux effets. 20. Puis donc que la gravité conferve à chacun des grands corps les molécules qui en font partie ( je mets à part les comères , fur lef;uclles je n’ai que des conjectures trop vagues pour en par'er),je ne vois aucune caufe étrangère qui puifle tendre à les détruire. De reiles caufes, ai-je dit, devroient être dans l’efpace «or, je ne crois pas poflible d'y indiquer d'autres caufes phyfiques intelligibles , que des particules de la lumière , qui s'y meuvenr en ligne droite après s’êrre dérachées des corps Lumineux , & des particules gravitiques, qui sy meuvent aufli'en ligne droite, en arrivant de toute part vers tout point de l’univers Jenfible, À l'égard de la lumière , j'ai montré dans une de mes Lettres précédentes. que lhypothèfe d'un milieu matériel, qui tranfimet des o/ci!lations fuppofées dans les corps lumineux ; hypothèfe imaginée pour lever quelques difficultés apparentes de l'émiffion d'une fubftance particulière, eft fujette aux mêmes difficulrés, & en fait naître de bien plus grandes, & qu’elle eft contraire de plus aux phénomènes chimiques de la /umrere fur notre globe. Je confidérerai donc la /umiere , comme confiftant en une certaine clafle de particules, qui, s’échappant fans cefle des corps lumineux, fe meuvent en ligne droite dans l’e/pace , jufqu'à ce qu'elles rencontrent des corps, avec lefquels elles fe combinent chimiquement, ou qui les obligent à changer de route ; ce qui ne peut arriver, à notre fu , que fur les prands corps : or, ce n'eft pas-là une caufe deffruétrics Tome XL, Part, 1, 1792. FEVRIER. P 2 122: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plur eux; car dès quéiles puticules ide luinière fe combinent avec des molécules qui appartienr eat à ces zrafles elles leur! font afleivies par la gravité; &'quand ces aflociations fe détruifenr ; fi les particules de lumière alors l'bérées-n'entrent pas fotdainement ! “ds quelque nouvelle combinäaifon ; elles s échappent feules dans l’e/pace. 12m Quan aux particules gravitiques ; que je conçois aufli comme cherie: fansiceflesen tout fens ; l'univers Jenfible , ravec uns degré dé? vélocité » qui d'abord étonne l'imagination mais: qui eft ‘affignable d'après Les phénomènes ; ; loinique certe cau/e la plus générale des caufes : phyfiques qui opèrent dans l'univers, puifle ‘être confidérée corne: defiruétrice à Végard des grands corps) nous venons de voir que c’eft a, elle qu'ils doivent leur permanence. La dérermination de certe caufe & decfesreffets généraux, que nous devons à M. LE SaGe,, eft l'an des plus grands pas qui arent été faits vers la connoiflance théorique de la nature, Pär: cette caufe puremént mécanique , & ain très intelligible les Loëxi mêmes de la gravité auroient pu être découvertes à priori ; & par con féquent elle les explique: nous:y trouvons encore la premiere caufe. de» tous iles eflers phyfiques {ur les globes ; 3 puifqu'elle produit d'abord immédiatement le mouvement. même des particules de la lumière 3 & que par elle-même, ou par l'entremife d'autres particules, elle ‘opère les mouvemens elivers des fluides expanfrbles plus ou moins fubrils , la : cohéfron & les affinires chimiques. Or, ces particules: graviriques (fuppolées admifes) érant, avec les particules dé la /umiêre , es {euls ageus phyf iques que nous une autorifés à fuppofer dans l'efpace , 8e leurs fonctions étant confervarrices de l'érar aduel de l° nbhérsferfiirless è je ne favrois y appercevoit aucune caufe deflruétrice, 22. Je ferois rrès-éronné de l'indifférence d'un grandenombre. de phyliciens à à l'égard d'idées auili fublimes que celles de M. LE SAGE , fi je n'avois obfervé depuis long-tems , que les progrès de notre généra- tion dans la Phyfique expérimentale détournent. fon.attention. de la Phyfique générale : mais Cette remarque ne peut diminuer.ma furprife, à l'égard du préambule fuivant, d’un Mémoire de M, MonG£, dans le même volume des Mem: del Académie qui renferme celui ire M. DE LA PLAGE dont je viens de parler. « Les phyliciens (dit M. MONGE) » accourumés, d'aprés Les prejugés de L'école, à regarder la matiere ».comme purement paffive ,ont refufé long-tems d'admettre aucune » aéiviié dans les molécules, des ccrps. C'eft aprés avoir épuifés, > pour ainfi dire, toutes les explicarions mécaniques , & aprés avoir » reconnu que pour rendre, raifon. par l’ad'or, de quelque fluide » extérieur des phénomènes que: préfente l'adhéfion des riolécules..des » folides, & de ceux qu'offrent les :compofitions &. décompofirions » chimiques, il falloit former d'abord fur l’exiftence de ces fluides des » hypothèles gratuites , & leur attribuer enfuite des propriétés qui ne v . © SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 11e » font fondées fur, aucune, analogie ; qu'on s'eft enfin déterminé à » regarder toutes les molécules de la matiere comme douées d’une "x force en vertu. de laquelle elles rendent les unes vers les autres », J'ai été bien furpris de trouver-là cette expreflion , ON s’ef? déterminé: fi c'eft de la majorité des phyfciens qu'il s'agit, j'ofe dire le contraire ; mais entrons dans l'examen, ..23. Je dois fuppofer que M. MoxGe n’a porn lu , ou n’a lu qu'au uavers de fon. préjugé , ce qui a déjà éré publié du fyftème vraiment philofophique de M. LE SAGE, tant parffon auteur, que par quel- ques phyfciens qui ne paflent pas pour fe contenter aifémenc fur fes explications phyfiques; car s'il y eut fixé fon attention, je le Connoïs ailez pour croire qu'il ne, fe feroic pas cru autorifé à des aflertions aufli poñtives que celles qu'on vient de lire , fans avoir entrepris de rétuter un fyflême connu, qui a beaucoup d’admirateurs { & j'ajoute- raiy, que fi feulement , avant que d'écrire ce préambule ( inutile à fon fujer jh eût réfléchi à l’état préfent de la phyfque , il n’auroir pas indiqué, comme reconnue , une hypothèfe dès lono-tems rejettée par les phyficiens philofophes. Sans pofféder comme fon auteur l’admira- ble fyftème dont je viens de parler , il me feroit aifé de faire voir, qu'en expliquant Îles phénomènes de tendance , tant des corps que de leurs zolecules , il fuit par-tout, l’analogie la plus dire: avec des caufes connues, & la méchanique la plus rigoureufe : M, MonGE lui-même ‘n'y aiderojt par le mémoire dont le pañlige ci-deflus ef l'exorde | après lequel il ajoute : « ‘on s’eft fonvent porté trop loin; », & féduit par, quelques apparences fpécieufes , on a afcribué une » attraéfion mutuelle à, des molécules qui n’exercent mutuellement » lune fur l’autre aucune action fenfible. Je me propofe de faire voir » dans cemémoire, que les mouvemens par lefquels certains petirs »_corps s'approchent Où s'écartent , ne font point l'effet d’une arrrac- > tion Qu reépulfion immédiate, mais qu’ils font produits , les uns par » preffion , les autres par des artra&ions étrangères que l'on n'avoir » pas encore aflez confidérées », 24. L'un des objets de M. MonGE dans ce mémoire eft de mon: trec , que quelques phénomènes d'exra&tion & de répulfion apparen- tes, font produits par preffion. Il s'agit de petits corps , flottans fur des liquides, ou fufpendus dans leur. fein, & qui, en certains cas; supprohent les uns des autres ou du vafe, & en d’autres s'éloignent, fuivanc certaines ci conftances, relstives à leur degr de proximité & à ce que. les liquëles 1 : moui e tonneles mouëllens pas. Ici l’on rétrouve M. MosG: ; il-décrit trs oréc #m nt ces dive's ra, foit les Zoix du phénomène, & il leur afhgne des caufes méchanrques mdubitables , réfal- taites de ruprures d'équilibre dans la preflion des liquides. Ce manque - d'équilibre méchanique a lieu auffi dans le cas füivant , où M. MonGr s 24 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuppofe une arraétion, comme caufe reculée. Quand le liquide peut mouiller les petirs cotps qui fottenr {ur lui, il s'élève contr'eux, & P LE El . alors il produir pour les tirer de leur place, le même effet que pro- duiroient des chaînetres lâches, fixées fur eux par un bout au point où le liquide s'y élève, & par l’autre bout fur le plan horizontal à quelque diftance ; caufe méchanique immédiate dont M. Moncr montre l’exiftence , ainfi que les effers relatifs à certains mouvemens mutuels de deux petits corps. Mais d'où procèdent la mouillure de ces corps & l’afcenfion du liquide contr'eux ? Voilà ce que M. Mo: 6E confidère comme réfultant d’une certaine force dont les molécules Ge la matière font douées ; force qu'il nomme attraéfion ; ne voulant pas s'occuper d'un fyftème, dans lequel ce phénomène eft ramené psr Panalogie la plus révulière, à une rupture d'équilibre méchanique du même genre de celles qu'il a établies auparavant. C 25. Je ne m'éronne pas que plufieurs phyficiens, & même des phi- lofophes , fe déterminent dans leurs études de la nature, à fe burner aux phéroménes & à Jeurs loëx , penfant que l'on ne fauroit pénétrer au-delà. Cette façon de penler chez des hommes éclairés (les feuls dont je parle ici ) dépend beaucoup de la manière dont ils ont abordé la phyfique au commencement de leur carrière. La phyfique expéri- mentale , aujourd'hui qu'on eft fur le chemin des decouvertes relati= ves aux fu!s, a tant d’attrait par fes réfultats immédiats, que bien des hommes laborieux , entraînés par les branches dont ils s'occupent, négligent d'étudier les rapports qu'elles peuvent avoir avec d'autres branches, pour s'élever par eux à des caufes générales incelligibles : c'eft ce qui arrive fur-tout, quand La recherche des /oëx particulières de certains phénomènes exige des travaux mathématiques , ou lorfqu’om fe trouve conduit de proche en proche à beaucoup d'expériences fur ces objets particuliers. Cette inattention fur les caufes reculées prive de grands fecours pour lavancement mème des découvertes immédia- tes ; car fi ayant préfens à f'efprit tous les faits déjà connus, & con- fulrant des règles de l’analogie , on vient à concevoir quelque caufe qui embrafle plufieurs claffes de phénomènes , les conféquences qu'on peut en tirer, fervent fouvent de flambeau & de guide fur la route de nouvelles découvertes dans toutes ces branches & même au-delà. I] n'eft pas néceffaire fans doute que tous les obfervareurs portent fi loin leur vue; il y a tant d'objets plus voifins, qui n’ont pas encore été découverts, mais qui paroiffent s'approcher de nous, qu'il ne fauvoit y avoir trop d'ouvriers à cette moiflon : mais fi, après avoir trouvé les loix de certains phénomènes ce qui n'emporte jamais que leur expreffion plus ou moins concife ou exacte , on traveflir ces loëx , foit les phénomènes eux-mêmes, en les confidérant comme des caufes ; c'eft manifeftement enfreindre les règles de la logique, en confondant * « - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 11 les idées de caufe & d'effer : on eft bien moins inconféquent , quand on refufe d'admettre ces idées elles-mêmes , pour fe borner à des apparences , & ne confdérer l'univers que comme une idée curieufe. 26. M. MÔNGE renvoie au tems de l’école lopinion que la ra- tiére eft purement paffive : mais je crois avéc plus de raïlon, qu'on peut renvoyer au tems des qualirés occultes l'idée des attraëlions & répulfions confidérées comme caufes phyfiques dans la nature, De- puis que la preffion de L'air eft connue , quoiqu'ii s’ayifle d'un f/usde invifible que nous n’admettons que d’après fes effets; depuis aufli que nous reconnoiffons diverfes propriétés méchaniques dans un fluide invifible & impondérable , le fluide éleétrique, nous plaifantons de V’Aorreur du vuide & de la qualité occulte de l'ambre. Comment donc la chûte de ces étranges idées n'a-t-elle pas entrainé celle de leurs compagnes , filles de l'imagination fans le concours de l'entendement ? Les mots arsraélion & répulfion ne fauroient être confidérés en philo- fophie , que comme des expreflions figurées, défignant les mouvemens par lefquels des corps s’approchent ou s’éloëgnent mutuellement , avec certains degrés de vfeffe fuivant les circonflances ; déterminations qu'on nomme les Joëx de ces mouvemens. Dans nombre de phénomé- nes de cette claffe , les caufes méchaniques font plus ou moins fenfi- bles ; ce font des préffions ou des impulfions ; dans lefquelles on trouve les raifons de certaine marche ou Loz de leurs effers. Dans d’au- tres phénomènes , qui , par leurs circonftances, fe rapportent à la mêmé claffe, nous ne découvrons pas immédiatement les caufès méchaniques; mais nous pouvons fouvent y remonter en {uivant les règles. de l'a- nalogie, & même les fuppofer implicitement, aufli long-tems que les effers eux-mêmes reftent analogues à d’autres dont nous connoif- fons les caufés: ce qui eft la feule marche vraiment philofophique dans les recherches fur la nature. 27. Mais quelques phyficiens, qui ne fe fient pas à l'analogie, pré- fèrent de s'en tenir aux phénomènes , fans porter leurs regards au- delà, dès que les caufes elles-mêmes ne font pas fenfibles ; ce qu'on n’a pas droit de blâmer, parce qu’au moins il n’en réfulte aucun dé- fivanrage pour la phyfique. Je puis même comprendre jufqu'à un cer- rain point, l'embarras des vrais fceptiques , qui , penfant qu'on ne peut fe faire aucune idée d’efpace, de diftance, de tems, de ma- t'ère , de mouvemen: , de conraét, dechocs, en un mot, de caufe & d'effet, n'admettent aucun fvRême fur La nature; mais qui , con- féquens dans leur manière de voir, ne forment eux-mêmes aucun fyf tême. Mais admettre toutes ces idées avec Les autres hommes, & ainfi les caufes méchaniques cn phyfique ; puis, fe refufant à l'a- nalogie quand ces caufes échappent à notre vue, en aller chercher d'autres efpèces dans Le néant, me paroît être une étrange contradic- 116 OBSERVATIONS SUR\iLA PHYSIQUE, tion, très-nuifible à la phyfique. : C’eft en effet un faur des faits au néant, que de pafler de la marche méchanique des,caufes connues, à l'idée que des corps, ou des molécules , exerçant quelque aëion Là où elles ne font pas, engagent ain, d'autres corps ; où des molécu- Les, à fe mouvoir fuivant certaines /oix. Touté la force, ou l'aéiutté, dont on peut eflayer de douer les molécules deila.matiére pour produire de tels effers, feroit encore le 2éurt mème , hors ducontaé.. Admer-on la communication du mouvement, il el évident: qu'elle.ne, peut avoi lieu qu'au contaë: dit-on qu'on ne la conçoit pas, ilfaut imiter les fceptiques conféquens , qui ne parlent jamais: de caufes , que pour dire qu'ils, ne les nient, ni ne les admettent: cecre façon de voirine les empèche pas de fuivre la recherche des phénomènes ; & s'ilsne s’aident pas à avancer des connoiflances plus profondes {ur la nature:, du moins ils ne traverfent pas ceux qui travaillent à ces recherches. aititys .… Quoique nous différions, Monfieur , fur beaucoup d'objets relatifs à la Cofmologie , nous fomnies d'accord fur ce point; ce qui eftun grand rapprochement: car nous admettons ainfi en‘commun,; que dans, la recherche des caufes reculées , nous n'avons d'autre guide sûr que l'analogie , tirée avec foin de faits bien connus ,& que nous devons nous arrêter dès que ce guide nous abandonne. Je tâcherai de me conformer à cette règle dans la réponfe que je vous dois, à laquelle je vais travailler maintenant , parce que la fuite de votre Lettre vient de me parvenir. Je fuis, &c. EXTRAIT D'UNE LETTRE ‘Ecié iM CAVALLO, Sur un changement fait à l'axe de la nouvelle Machine éle&rique publiée par M. Van-MaRUM , € fur un nouveau Gazomètre , exécute par F. G. TRIÉSs.' D:xs ma defcription de la nouvelle machine éledrique que j'ai conftruite à Haerlem, mais que M. Van- Marum a publiée d'une manière #rés-honnéte, en n’attribuaut qu'à Ja précieufe perfonne Ve peu dé mérite qui s’y trouve, vous avez sûrement obfervé, que la méthode de rendre le bout de l’axe tout-à-fait ifolant, fur lequel le plareau eft fixé, eft un peu compliquée, ou que quelqués ouvriers au moins le trouveroient trop difficile à exécuter, J’ai l'honneur de vous communi- Si quer SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS.) 117 quér àñ autre plan-que je viens-d'imaginer pour cet effèc ; il et plus’ fimple' & moins fujetà être dérangé où gâté comme la fragile fdbftance gomme lacque ne l'éffque trop fouvent , avec’ laquelle on était obligé d’entourér les viroles&le corps ifolant de l'axe, Ce’ corps , qui eft une pièce de bois de noyer aua a (fo. 1, PL ITE(1)), avoit été forcé à coups de-marteau dans les deux viroles de cuivre b & €, dont l’une fervoit à joindre fermement cette partie ifolante à‘ l'axe de fer B, tandis que le fond de l’autre C avec La vis & l’écroue’ 2 faïfoit lefoutien du plateau. Au lieu des viroles adaptées extérieuremenc à là pièce de bois, le cylindre à 6 (fig. r, PL II) eft tourné maintenant d’un diamètre à-peu-près égal par toute fa longueur ; une forte écroue quarrée de fer Æ &'L eft emboîtée vers chacune de fes extrêmités, & Les ouvertures, v, v qui reftent vers la circonférence du cylindre, font remplies par des morceaux de bois ou avec du’ ciment électrique. : : k : - Tout-à-fait au bout » du cylindre ba, fe trouve une plaque de cuivre "2, rm enfoncée à fleur, elle refte contre l’embale tourné à l'axe dé’ fer B, dont le bout taraudé p eft affez long pour pouvoir pafler l’écroue:Æ & y être viflé à demeure. Au lieu de l'embafe de cuivre ff, ätl'autre bout du cylindre, lé bois même répond à cer effer, & fon extrémité étant diminuée jufqu'à l’épaiffeur de deux pouces, on enfile Jà-deffus le plateau mis entre les deux pièces de feutre, & une rofette de bois électrique z par-deflus; dans l’intérieur du trou, qui fe trouve au milieu de cette rofette ; font fixés un ou deux pivots, qui entrent dans des creux refpetifs'canelés fur l'extrémité du cylindre de bois pour prévenir que la rofette ne puifle pas fe tourner; & le tout eft tenu ferme & folide à fa place au moyen de ia vis de fer g, dont le bout taraudé fe vifle dans l’écroue / en tournant avec une clef de fer la tête arrondie de boïs de ñoyer 2, dans laquelle Pautre bout de la vis g, terminée en tête quarrée, eft folidement arrêté. Toutes les parties métalliques étant ainfi cachées entièrement dans l’intérieur de la pièce de bois électrique , on peut fe pafler abfolument de cette lourde maffe de gomme lacque dont l'axe de la machine faire pour le Muféum de Teyler eft entouré : & pour obvier à l'objeion, qüe l'axe de bois trempé une feule fois dans le vernis d’ambre poutroit gagner par la fuice du : rems de l'humidité de Patmofphère, je mers deux'ou trois couches de plus dece vernis fur l'extérieur du cylindre , au moyen de quoi il acquiert en mèême=tems aflez de fubffance pour pouvoir être poli, & prendre une meilleure apparence. É ; Unautre produit dela fondation Teylérienne, eft l'appareil que j'ai exé- cuté pour la combuftion des deux gaz oxigène & hydrogène, combiné avec (1) Woyez Journal de Phyfiquerdu mois de juin 179r: Tome XL , Part, I , 1792, FEVRIER, Q 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deux gazomètres conftruits d’une manière différente de celui . de M. La- voifier. Je prends la liberté de vous. en communiquer une petite efquifle: en attendant que meflieurs les directeurs de- la fondation trouvent bon, de le faire publier par M. Van-Marum d’une mamière plus ample.& d’un éclat digne du tond de l'inftitution. Le principe fondamental de l’arrangement don Eangnnere eft, de pouvoir faire pafler à volonté une quantité arbitraire de gaz d'un grand xéfervoir dans un autre vafe, où l’on en a befoin pour des expériences guelconques , d’être en état d’en régler l'afflux à volonté , & de {avoirau jufte quelle eft la quantité qui a étésemployée pendant l'opération. |, - (Fig. 2, PL IT) repréfente le ballon de verre a pofé fur un trépied gg, pour la combuftion des deux gaz, & combiné avec deux appareils qui les fourniflent, & qui. rempliflent d'une manière aflez farisfaifante l’effec defiré E eft un banc de bois de Mahogani de cinq pieds de long fur treize pouces de large , pofé fur quatre pieds L;; fur chacun de.fes deux bouts et fixé folidement un cylindre de cuivre C de quatre. pieds de long fur fix pouces de diamètre, par le moyen d’une forte vis K, qui entre dans le milieu du fond de ce cylindre. IL y a un autre; banc E femblable , mais plus court, fixé fur celui-ci E par quatre colonnes.de bois, il fert à foutenir un grand réfervoir de verre B, pofé dans un baflin de cuivre qui refte fur un triangle de fer avec une vis de rappel 1 à chacune de fes trois branches, & placé au milieu, de la. hauteur :& à côté du cylindre. de cuivre C. Ces deux vates fonr communiqués inté- rieuremernc par un fyphon ab cd, dont une des branches, va, prefque! toucher le fond du réfervoir B., tandis que l’extrèmité de. l'autre elE ” foudée à un robinec 4 fixé à la circonférence intérieure &tout près du fond du cylindre C, en.forte que Le. bout quarré par lequel on tourne la clef fe fafle feulement voir à l'extérieur du cylindre. La branche ab eft entrecoupée par: un robinet f, qui eft viflé fur le fond dune virole maltiquée au col du réfeivoir de verre B: il y a encore deux autres robinets e # placés en triangle fur ce même fond , & un thermomètre A fixé au milieu d'eux. Le robinet e fert à faire pafler le gaz du réfer4 voir. B dans fe ballon &, &.le robinet # communique au moyen d'un tuyau flexible By avec un récipient d2 verre Z qui be si fur la tablet-e d'une cuve pneumato-chimque ; & qui étant aufli garni d’un robinet #& , fert à remplr le grand rélervoir B commodément avec du gez. La boule du thernon ère A placé au milieu des trois robinets, entre dans le réfervoir B-pour favoir la température & l'état de,dilatation du gaz pendant l'expérience, Un tuyau de. verre 2Æ de trois-quarts de pouce de calibre intérieur eft fixé parallèlement à la partie-extérieure du cylindre C; il eft ouvert des deux bouts, & celui d'en-bas commu- nique avec l'intérieur du cylindre € au moyen de la pièce de commu nication À, D eft un autre cylindre de fix pouces de diamètre, fur fix \ "SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 pouces de long, garhi d'un fond £, au milieu duquel eft viflé un robi- net, muni Pa index qui fe meut fur les divifions d'un arc graduénn fixé à l'extérieur du cylindre D”; vous y voyez adapté un cube de verre op femblable à l’autre £k, qui font voir tous deux la hauteur de l’eau verfée dans les deux cylindres de cuivre. grs eft un tuyau de conduit, qui fert . à tenir d'une hauteur toujours déterminée l’eau qui vient couler conti- nuellement d’uñ grand réfervoir d’eau dans ce petit cylindre. Le petit cylindre D eft fixé au grand C par le moyen de trois bandes de cuivre uu. Le jeu de la machine eft aflez aifé à appercevoir : 1°. Pour remplir de gaz le réfervoir B , il faut qu'il foir premièrement plein d’eau , ce que l'on obtient commodément de la nranière fuivante. *. On remplit le grand cylindre C tout plein d'eau en la faifant couler . d'un réfervoir ordinaire par le petit cylindre D & le robinet #7, l'eau fe communique au tuyau de communication à Æ & monte en même- ‘-tems à ‘Ja même hauteur dans la branche Ze du fyphon abcd, le robinet d ayant été ouvert, & la vis £ pratiquée a 1 haut de Ja courbure du fyphon &4 c d ayant été ôtée pour donner iflue à l'air renfermé dans la branche cd. Après avoir fait cefler l'afflux d’eau en rournart le robinet" , & après avoir arrêté l’eau dans fa branche c du fyphon en fermant le robinet 4, on tourne aufli le robinet f; puis on remplit la partie fbc du fyphon toute pleine d'eau au moyen d'un petit entonnoir que l’on tient'pat-deflus le: trou de l'écroue pratiqué près de »; & enfuire on ferme bien ce trou avec la vis £ à tête quarrée en y appliquant une clef de fer. SRE fbcd du fyphon ab cd fe trouve ainfi remplie d’eau, mais l’eau dans le cylindre C étant jufqu’à la hauteir dec, la branche f4 du fyphon placée hors du cylindre eft la plus longue, l'eau tombe par conféquent par le tuvau fa , fi les deux robinets f & 4 font ouverts dans le même inftant ; & elle continueroit de paller du cylindre C dans le réfervoir. B , jufqu'à ce que les deux colonnes d’eau dans les deux vafes fe trouveroient de niveau , fuppofé que le tuyau flexible 8 y foit déraché du robinet g, & que celui-ci foie ouvert pour donner une iflue libre à l'air contenu dans le réfervoir B à mefure que l'eau y entre. Mais le réfervoir B étant d'une plus grande capacité que le volume d’eau contenu dans la partie « S du cylindre C ne pourroic remplir, on fait entrer en même-tems plus d'eau dans le cylindre C par la voie du robinet #2 à mefure que l'eau monte dans le réfervoir B, jufqu'à ce qu'elle foit parvenue à la hauteur f. On ferme alors le robinet f & le robinet 4, on ouvre un autre x pour faire écouler l’eau du cylindre C jufqu'à la hauteur dy , & puis, après avoir communiqué au moyen du tuyau Rexible 8 y le récipient z (qui eft rempli de gaz & pofe fur l'afliette de la cuve) avec le robinet , & après avoir ouvert les deux robinets « g, on rouvre également Les deux‘robinetsf & 4 à La fois, Tome XL, Part. I. 1792. FEVRIER. Q 2 520 OBSERWATIONS SUR LA PHYSIQUE, La branche cy du {yphon étant à préfént la plus longue , parce que : l'autre ba fe trouve immerfée de a vers f dans l’eau contenue dans le réfervoir B, & l’eau dans le cylindre C n'étant qu’à la hauteur de y, Peau dans la branche cd tombera & celle du réfervoir B la fuivra par ouverture a du fyphon & be 4, tandis que le gaz du récipient z paflera à mefure par le tuyau flexible @y &: le robinet g dans l'intérieur du rélervoir B. On fournit continusllement de nouveau gaz au récipient 7 à mefüre:qu'il.sévacue dans le réfervoir B!,.& l’on fair écouler en même- tems l’eau du cylindre € par le robinet +, à raifon qu'elle y entre du réfervoir B par de fyphon ab c d, pour: garder toujours une différence -affez marquée dans la longueur des deux jambes 44, bd du fyphon, & our accélérer par-là d'autant plus le paflage de l'eau du réfervoir B dans le cylindre , & par conféquent auffi l’aMlux du gaz dans le réfervoir; de forte que, lorfque le gaz s'approche vers le fond à du réfervair, & que celui-ci va être rout-à-fait rempli., la furface de l’eau contenue dans le cylindre C ne'fe tiendra que fort peu au-deflus:du robinet d. Ceci étant -fait, on ferme le robinet Z'auflibien quelles autres & y, & on dévifle le tuyau flexible de ce dernier, puis on remplit de nouveau le cylindre C tout plein d’eau “er la faifant pañler par le robinet 7». Le gazomètte étant actuellement arrangé pour s'en fervir à des expé- riences , il me refte à vous direldans peurde morsscomment, * 2°. On fair pafler le gaz du réfervoir B:dans le ballon à dans une proportion donnée: & avec une preBion toujours égale où variée fuivart le befoin , &:de quelle manière on eft sûr de la quantité de oaz employée endant l’opération. Pour faire fortir lé gaz de ce grand réfervoir dans le ballon 4, on emploie le moyen renverfé de celui dant on fe fert pour le faire entrer, c'eft-à dire, on fait rentrer l’eau dans le réfervoir, & d’une manière plus ou moins vitefuivant que l'on defire de faire fortir le gaz dans une plus ou moins grande abondance , ou avec plus: ou moins de rapidité. C’eft pour cet«eflet que, 1°: le calibre du fvphon a bcd4 & da troû foré le long de l'axe des deux robinets f& 4 eft au moins de À de’ pouce de diamèrre pour donner plus de facilité à l’eau de pañler par-là ; & que, 2°. la furface de l’eau contenue dans le cylindre C eft tenue à une hauteur plus où moins grande au-deflus de la fürface de l'eau dans Je réfervoir B. Suppofez par exemple , que la ‘furfacee de l’eau dans le réfervoir fe trouve d’un pied plus baffle que la furfice £ de l’ean dans le cylindre sil eft clair que files deux eaux font en communication , la furface £ râchera de fe mettre de niveau à l’autre e avec! une force à-peu- près égale au poids d’une colonne d’eau d'un pied de baur : donc le gaz contenu dans Le réfervoii fera comprimé d’une force prefqu'égale au poids de cette colonne d’eau, & il fortira par conféquent par! une onverrure pratiquée am haut du réfervoir avec une vitefle proportionnée au diamètre SUR L'HIST,: NATURELLE ET. LES ARTS, 211 ‘de cette ouverture & à la preflion de certe colonne d’eau d’un pied de haut, af 0 v6 RE ct be, Pour vuider donc entièrement le réfervoir du gaz qu’il contient dans cette même vîrefle donnée, il ne s’agiroit que. de pouvoir tenir Les deux furfaces d'eau toujours dans cette hauteur refpedive d’un pied à,mefure que lesgaz fort par en haut, & que la furface eau : monte dans le réfervoir. d . | C’eit ce que l’on obtient, 1°. par une échelle-fottante-dans l’intérieur du tuyau de verre : £ ; elle eft fixée à une boule de liège, qui nage fur l'eau randis que l'échelle très légère qui eft fixée, defcend par en-bas ; 2°. par unaux d'eau réglé.dans le cylindre. C, ce que l’on fait par le. moyen du robiner m & de l'index fixé à fa clef, lequel fe mouvant fur un arc de cercle graduén » indiquera toujours tré-exaétement l'ouverture qu'on éroit obligé de donnerau robiner » pour en faire fortir autant d'eau qu'il eft néceflaire pour rehaufler la furtace £ en même-tems que d'autre : monte dans’ Îe: réfervoir. Bintérieur du réfervoir eft communi- qué avec celui du ballon a au moyen du tuyau courbé »», & les robi- nets e&, & le ballon a un troifième robinet ponttué Æ, qui eft commu- niqué avec la pompe pneumatique pour pouvoir le priver de l’air commun. Le réfervoir ayant des divifions aflez fines tracées fuivant fa longueur, on peut obferver aflez précifément-quelleeft la quantité de gaz qui a été employée pendant l'opération. Ces divifions fe font très-aifément dela manière fuivanre : Le réfervoir étant rempli d'autant de gaz que la fur- Fice e de l’eau fe trouve encore un peu au-deflus de l'ouverture à du fyphon, &la furfas: £ de l’eau dans le cylindre étant à une hauteur dornée, on fait fortir peu-à-peu ce gaz du réfervoir dans üne mefure connue, & aufli petite que l'on fouhaite de marquer ies fous divifions fur le, verre; & en continuant cette opération on à foin de renir les deux furfaces d'eau tonjours à la mème diftatice entrelles, & de prendre garde à la rempérature du gaz , que le thermomètre # indique. Comme on n’eft pas à portée de fe procurer par-tout un réfervoir de verre d’une pareille grandeur , on feroit peut-être miéux d’y fubftituer un vale cylindrique de cuivre, qui feroit en même-tems plus égal, plus durable, & tout à-faic auffi propre à cet cffer, s’il y avoir un ruyau de communication de verre fixé à côté, fur lequel on marqueroir pour lors . les divifons. Les ruyaux de communication #4 & fbc s'adaptent à leurs places refpeétives au moyen d’une pièce AA, tournée en forme de clef de robinet , voy. f22. 3, qui-s'embéîre parfaitement dans la partie conique pratiquée inrérieurement au hauc-des robinets, & qui y eft retenue par d'écroue €. viflée fur-leur. partie extérieure. : L'effet de la nouvelle machiné électrique. étant fupérieur à celui qui eft produit par les machines d’une autre conftruétion, je fuppofe que s 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, meflieurs les amateurs de l'électricité ne manqueront pas de préférer celle-ci aux précédentes, Si donc il y avoit quelques meflieurs de votre connoiffance étendue , qui fouhaitent d'être pourvus de pareillesmachines, vous m'obligerez infiniment, en les aflurant qu'ils peuvent les avoir faites fous ma direction ep s’adreflant à M, David Breitinger hls, à Zuric en ‘Suifle, qui fait fabriquer toutes fortes d'appareils phyfiques & phylico- chimiques. 4 J’ai l'honneur d’être, &c. | A Zuric, ce 14 Oë&obre 1791. NE MO L'R'E" Contenant quelques Expériences chimiques fur le Tabasheer Par M. jaAmes-Lours MACre, Ecuyer, de la Société Royale ? de Londres : Lu le 7 Juillee 1797. Le tabasheer employé dans ces expériences eft celui que Le docteur Ruffel expofa à la Société comme des échantillons lorfqu'il y vint lire un Mémoire füur cette fubftance (1), IL éroit en fept paquets. Le N°. # contient le tabasheer que le docteur Ruffel avoit extrait lui-même d’un bambou, Le N°, 2 avoit été en partie extrait du bambou devant le docteur Ruffel, & une autre partie lui avoit été apportée par un homme qui travailloit fur les bambous. Le N°, 3 étoit le tabasheer d'Hydrabaad, la plus belle efpèce de cette fubftance qui fe vende. Les N° 4, 5, 6, venoient tous de Mafulupatan, où on Les vend à un prix crès-bas, Ces trois efpèces ant été foupçonnées être des compolitions artificielles À limitation du vrai tabasheer d'Hydrabaad, On les a cru faites d'os calcinés. Au N°, 7 il n’y avoit point de note. RER D SEC RC SE EEE EEE OS NERO CU ET ITS jlnee… | (1) Tranfaëtions Philofophiques, vol. Lxxx , page 283. Le tabasheer eft la fubflance que l’on trouve dans le bambou. Nous ferons connoître Je Mémoire dy dofteur Ruffe, SUR. L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 123 Le tabasheer d'Hydrabaad étant en plus grande quantité, paroifflant le plus homogène & Le plus pur, c'eft fur celui-là que j'ai fait mes expériences. ML eié «RS | Tabasheer d'Hydrabaad , N°, 3. 6. I. (A) Celui-ci au premier coup-d’œil reffemble beaucoup à des fragmens de cette variété de calcédoine , connue fous le nom de cacholong, Quelques-uns des morceaux étoient abfolument opaques, & parfaitement blancs; mais les autres avoient un petit degré de tranfpa- rence, & avoient une couleur bleuâtre. Cette dernière expofée devant la flamme d’ane bougie parut très-tranfparente,, & d’une couleur de feu. Les morceaux étoient de différentes grandeurs. Les plus grands n’excé- doïent pas deux ou trois dixièmes de pouces. La forme étoit tout-à-fait irrépulière. Quelques-uns portoient l'impreflion de la partie intérieure du bambou contre laquelle elle avoit été formée. (B) Ce tabasheer ne pouvoit être brifé en le comprimant entre les doigrs ; mais on le brifoit facilement entre les dents, & il fe pulvérifoit: il'étoit un peu grenu fous la dent , mais il fe réduifoit bientôt en parti- cules impalpables. | dus? (C) Appliqué fur la langue, il y adhéra par l'attraction capillaire. (D) I avoir an goût terreux défagréable reflemblant, jufqu’à un certain point, à celui de la magnélie. (E ) I ne fe produit aucune efpèce de lumière, fait en le coupant avec un couteau , ou en en frottant deux morceaux dans l’obfcurité. Mais en ayant pofé un morceau fur un fer chaud , il parut bientôt entouré d’une foible auréole lumineufe. En le faifant roupiril perd cette propriété de luire quand il n’eft chauffé qu'à un moindre degré. Mais l'ayant effayé deux mois après, il l’avoit' de nouveau. (F) Examiné avec un microfcope , il ne paroît pas différent qu’il ne paroît à l’œil nud, ‘ (G) Une quantité de ce tabasheer qui pefoit 75,7 dans l'air, pefa feulement 41,1 grains dans l'eau diftillée dont la température étoit 52:5° de Far. ce qui dénote que fa gravité fpécifique eft à-peu-près égale 2,188, | ! ; M. Cavendish ayant effayé les mêmes morceaux lorfqu'ils furent par faitement fecs, en trouva la gravité fpécifique 2,169. Trâité avec l'Eau. 6. II. (A) Ce tabasheer mis dans l'eau, il en eft forti nombre de bulles d'air. Les morceaux blancs & opaques devinrent un peu tranfpa- rents. Mais les morceaux bleu: Le d:vinrent prefqu'autant que du verre. Dans cer état la différente couleur produite par-la lumière réfléchie 8e #anfmife , étoit très-fenfible, \ 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, :(B) Quatre morceaux de cette fubitance pefaht énfemble , lorfqu'efle étoit sèche &lopaque, 4,1 grains, furent mis dans l’eau diltillée, juiqu'à ce qu'ils devinrent tranfparens, Qn les retira & effuya bien prémptement pour ôter l'eau qui éroit à leur furface ; ils pesèrent 8,2 grains. Dans l'expérience, $. I (C),75,7 grains de cette fubftance abfor- bèrent 69,$ grains d’ean diftllée. (C) On fit bouillir quatre morceaux de tabasheer pefant enfemble, 3,2 grains dans demi-once d’eau diftillée, dans une fiole de Florence, qui avoit été premièrement lavée avec la même eau. Certe eau refraidie né montra aucune altération par le mélange de l'acide vitriolique , de l'acide du fucre, ni la diflolution du nitre d'argent ou de criftaux de foude, Cependant évaporée elle laïfla fur le Verre une légère pellicule blanche qu'on n'a pu détacher ni avec de l’eau froide, ni avec l’acide marin chaud ; mais qui fut difloute par l’alkali végétal cauftique chaud, & par une longue ébullition dans l'eau. On verfa fur ces morceaux de tabasheer une autre demi-once d’eau diftillée q von fit bouillir une demi-heure. Cette eau étant auffi compofée laiffa également fur le verre une couche blanchâtre, Ces morceaux féchés à lair ou étant expofés dans une chambre chaude; furent trouvés avoir perdu 0,1 grain dei leur poids, Pour eflayer fi un morceau de tabasheer pouvoic être diffous en entier dans l’eau bouillante , 0,3 grains furent bouïllis dans 36 onces d’eau de pluie pendant cinq heures. Mais féchés &c effuyés ils n’avoient pas perdu une quantité fenfble de leur poids, ni, perdu de leur goût (1). En AG «4 Aveciles Couleurs végétales. $: IIT. Du tabasheer réduit en poudre très-fine fut bouilli, pendant: un tems confidérable dans une infufñion de tournefol, de bois de Campèêche & du chou rouge ; mais il n'y eut pas le moindre change- ment. ; Avec le Fer. $, IV. (AY Un morceau de ce tabashéer jetté dans un creufet rougi ne brüla ni ne devint noir. Gardé rouge pendant quelque tems, ilne fouffrit aucun. chañgement fenfible, Refroidi, il étoit:plus dur, &'avoit entièrement perdu fon goût : mis dans l’eau , il devint tranfparent, comme il auroit fait s’il n’avoit pas rouoi. … ; (B) 6,4 grains de certe fubftance rougie dans un creufet , pefés aufli- tôt qu'ils furent refroidis , perdirent 0,2 grains. Certe perte paroi être le produit de l'expulfon d'une humidité intérieure; car ces morceaux chauffés étant expolés à l'air recouvrèrent leur première gravité. ‘ © ———— —————— —— 5 —————— — ——— : 1e - — at ve e . fl 8 L SAC 1 (1) L’once angloile troy çontient 480 grains, à 217 0er Fr j : L (C) ÜR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 125 :-(G) Un morceau de cette fubftance fut mis dans un creufet de terre entouré de fable & tenu rouge quelque tems. Il demeura toujours blanc extérieurement & intérieurement. (D) Jetté dans du nitre fondu & rougi, il ne produifit point de déflagrarion, ni de changement. (Ë) Un morceau expofé fur un charbon à la flamme d'un chalumeau, n'a point décrépité ni changé de couleur. Au premier coup de feu il a xépandu une odeur agréable : alors il fe contraéta confidérablement, de volume, & devint tranfparent. Mais en continuant de {e chauffer il devine blanc & opaque ; mais ne parut nullement difpofé à fe fondre per fe. IL eft poffible cependant qu'il éprouve une demi-fufion ou ramoiliffement de toute la mafle, femblable à celle qui arrive à l'argile lorfqu'elle eft expofée à une violente chaleur ; car quand le morceau avoit des fentes, fes fentes s’élargifloient durant fa contraction , & les parties s'éloignoienc fans fe féparer entièrement... Si pendant, que le morceau de tabasheer eft expofé à la flamme, des particules. de charbon rombent deffus, il fe fond aufi-tôt , & il y a de petites bulles très-fluides. 11 paroît que l’opacité que cette fubftance à acquife en continuant de la chauffer , après qu’elle eft devenue tranfpa- rente , n’eft point due à la fufñon de fa furface par le moyen de quelques parties de cendres de charbon qui fe feroient dépofées deffus ; car l'ayant placé fur, un tube de verre , fuivant la méthode de M, de Sauflure (x), le -même effet a eu lieu, Avec les Acides. $. V. (A) Un morceau de tabasheer pefant 1,2 grains fut laiflé fe faturer d’eau diftillée. Sa furface étant alors efluyée’, il fur mis dans un matras avec un acide marin blanc, dont la gravité fpécifique étoit 1,130. Jl n’y eut aucune effervefcence produite, ni ce menftrue, même par l'ébullition , ne parut avoir aucune action fur lui, & il n’en fut point coloré. L’acide étant évaporé a laiffé quelques traces fombres fur le verre. Ces traces furent diffoutes par l'eau diftillée: il. n'y eut aucun précipité dans cette eau ni par l'acide vitriolique, ni par l'aikali de foude. Le morceau de tabasheer lavé avec de l’eau & reugi, n’avoit rien perdu de fon poids, : ‘ Les pores de la mafle de tabasheer furent remplis d'eau ; avant qu'il fût mis dans l'acide pour chaffer l'air commun qu'il contenoit, ce qui auroit rendu impoffible de déterminer avec exa@titude, s'il y avoit une effervefcence , à l'inftant du contaét avec fon menftrue. (B) Une'autre portion de tabasheer pefant 10,2 grains; fut bouillie a {1) Journal de Phyfique , tome XXVI, page 409, Tome XL, Pari. Tj 1792. FEVRIER, R 126 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans une quantité du même acide. Il n’y eut pas lé moindre précipité avec une folütion de foude non cauftique, Ce tabasheer après avoir été bouilli dans l’eau & féché par fon expofition à l'air Sénat quelques jours , avoit encore fon premier poids. F | $. VL. Cette fubftance a paru réfifter de la même manière à l’action de l'acide nitreux blanc & bouillant. $. VII. (A) Un morceau de tabasheer pefant 0,6 grains fut digéré dans du fort acide vitriolique blanc, qui avoit éré rendu parfaitement pur par la diftillation. Il n’a pas paru fouffrir aucune altération : & ayant été dégagé de sout l'acide par l’ébullition dans l’eau , il n’avoit rien fouffert ni dans fon poids, ni dans fes qualités. La foude ne caufa aucun précipité dans l'acide. / (B) Deux grains de tabasheer réduits en poudre fine furent réduits en pâte avec ce même acide vitriolique, & ce mélange fut chauffé jufqu’à ce qu'il für prefque fec. Il fut alors digéré dans l’eau diftilléc. Cette eau Llerge avoit un léger goût acide, & ne s’étoit point du tout troublée par l'addition de la feconde; & une partie de cette eau étant évaporée , laifla feulement une rache noire fur le verre, produit fans doute de ce que l'acide vitriolique avoit extrait ou du tabasheer ou du papier. La matière raflemblée, féchée, pefoit 1,9. | s. VIII. Deux grains de tabacheer réduits en poudre fine furent loge tems digérés dans l'acide du fucre liquide : le goût de la liqueur ne fut point changé. Etant faturé avec une folution de foude dans l’eau diftillée , il n’y a eu aucun précipité. Le tabasheer ayant été féparé de route portion qui lui adhéroit en le lavant très-foigneufement dans l’eau diftillée , & laiflé fécher à l'air, n’avoit éprouvé aucun changement apparent, & peloit 1,98 grains. Ce tabasheer étant chauffé peu-à-peu jufqu'il fût rouge, ne noircit point du tout , ni ne perdit beaucoup de fon poids, ce qui prouve qu'il ne s’y étoir point fixé d'acide du fucre. Avec les Liqueurs alkalines. 6. IX. (A) L’alkali végétal cauftique étant chauffé dans une fiole, on y ajouta du tabasheer qui fe diffolvoit aifément, & en quantité confi- dérable. Quand l'alkali ne put plus. en difloudre, on mit la liqueur refroidir ; mais le lendemain la liqueur n’avoit éprouvé aucun change- ment, quoiqu'elle füt très-concentrée par l'évaporation produite par: l'ébullirion. . :(B) Certe folution avoit un goût alkalin, mais, à ce qu'ila paru, avec très-peu de caufticité, fi même il y en avoit, (C) Une goutte a changé en verd la teinture de chou rouge fec, (D) Une certaine quantité de cetre folution fut expofée:dans un vafe peu profond à une évaporation fpontanée dans.une chambre chaude. Au L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS r:7 bout d’un jour ou deux elle fut convertie en une gelée ferme , laïteufe. Après quelques jours de plus cette gelée éroit devenue plus blanche , & féchés, elle étoit fendillée, & enfin elle devint tout-à-faic sèche, fe roula & fe fépara du verre. Les mêmes effets eurent lieu quand la folurion fut délayée avec plufieurs fois fon volume d’eau diftillée ; feulement la gelée étoit moins denfe, & féchée donna une poudre blanche. Une quantité de cette folution confervée pendant plufieurs femaines dans une bouteille bien bouchée, n’éprouva aucun changement. (E) On laifla tomber une petite quantité de cette folution dans une quantité d’efprit-de-vin proportionnée , dont la gravité fpécifique éroit 0,838. Le mélange devint tonc de pur trouble, & étant repolé il fe dépofa au fond un fluide denfe , lequel lorfqu'on renverfoit la bouteille un peu vite, tomboit à travers l'efprit-de vin comme une huile denfe, L’efprit-de-vin qui furnageoït étant foigneufement décanté, on ajouta de l’eau au Auide épais, &il en fut entièrement diflous. Cette {olution expofée à l'air montra des phénomènes abfolument femblables à ceux de la folution (D) ron délayée. L’efprit-de-vin décanté étant aufl laiflé expofé à l'air dans un vaifleau peu profond, n’a pas après plufieurs jours ni dépofé une quantité fenfible de précipité niw’eft devenu gélatineux ; mais s'étant prefqu'entièrement éva- poré, il a laiflé quelques gouttes d’une liqueur qui a verdi l'infufion de chou rouge, & par l’addition de l'acide marin, a effervefcé violemment, I n'y a eu nul nt durant cette faturation avec l'acide ; ni le mêlange en étant gardé n’eft point devenu une gelée : & après l’évapo- ration totale du fluide il eft refté une petite quantité de muriate de tartre. L’efprit-de-vin paroît donc avoir feulement diflous une portion d’alkali furabondante dans ce mêlange , mais aucune portion de celui qui étoit uni avec le tabasheer, (EF) A différentes portions de cette fubftance furent ajoutées différentes proportions d'acide marin , vitriolique , acéteux purs, chacun en excès, Ces acides n'ont produit aucun changement dans linftant du mêlange, aucune chaleur , aucune effervefcence , aucun précipité, ni aucun effet fenfble, excepté l'acide vitriolique qui a précipité une très - petite quantité de matière blanche ; mais confervés quelques jours, ces mélanges devenoient des gelées fi fermes, que Les verres qui les contenoiene pouvoient être renverfés fans qu’elles tombaffenr. Ce changement en gelée arriva également, foit que ce mélange ft gardé dans des vaifléaux ouverts ou fermés, fût expofé à la lumière, ou en fût préfervé. Il n’a pas paru être facilité en faifant bouillir les mélanges. (G) De la folution d'alkali volatil non cauftique dans l’eau diftillée étant ajoutée à une quantité de cette folution, a paru au premier moment Tome XL , Par. I, 1792 FEVRIER. R 2 128 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, me produire aucun effet; mais quelques minutes après il y parut un précipité. ‘ (H) Les matières dépolées fur les verres (D, E) mifes dans l’acide marin , ont cäufé une légère effervefcence , mais ne font point difloutes ; mais ces morceaux Otés de l’acide & bien lavés furent trouvés comme le tabasheer original, être opaques & blancs, Jorfqu'ils étoienr fecs, & devinrent tranfparens lorfqu'ils furent humides , & montrèrent alors la couleur bleue & celle de flamme ( $. 17 A). (1) Les gelées E délayées avec de l’eau, & raflemblées fur un filtre, paroiflenr étre du rabasheer non changé. .$. 10. Un morceau de tabasheer pefant 0,2 grains, fut bouilli dans n27 grains d'un alkali cauftique, & la liqueur fut concentrée d’une manière très-confidérable ; mais après avoir été rougi, il n’avoie éprouvé aucune diminution de poids. $. 11. (A) Vingt-fept grains de tabasheer pur furent mis dans un vaiffeau évafé avec cent grains de criftaux de foude , & ce mélange bouillit trois heures. La liqueur claire fut alors décantée , & le tabasheer fut digéré dans de l’acide marin pur. Queique tems après cet acide fut décanté, & le tabasheer lavé avec de l’eau diftillée qui fut ajoutée à l'acide. (B) Ce tabasheer fur remis dans la liqueur alkaline née paroifloit point alrérée par le procédé précédent, & on le fic bouillir un tems confidérable. La liqueur alors fut décantée pendant ‘qu’elle étoit chaude, & le tabasheer édulcoré avec de l’eau diftllée froide , laquelle fut enfuite mélangée avec cetré folution chaude, dans laquelle ila produir fur Le champ un précipité. En chauflant ce mélange, il redevine clair ; mais comme il fe refroidit il fe changea entièrement en une gelée leuère, Mais quelques jours après ce mêlange fe fépara en deux portions , la gelée fe dépofa au fond du vaifleau , & il lui furnagea une liqueur limpide. {C) Le tabashger reflant (B) fur bouilii dans de l'acide marin pur, l'acide fur décanté, & le tabasheer lavé dans de l’eau qui fut enfuite mélangée avec l'acide. . (D) Le tabacheer reftant lavé & féché pefoit 24 grains ; & paroifloit n'être point altéré. . (CE) Les liqueurs acides A & C furent mêèiées enfemble, & ne donnèrent point de précipité. (F) Le mélange alkalin B fut jetté fur un filtre, La liqueur claire pafa Jaiffant la aelée fur le papier. Une certaine portion de cette liqueur claire expofée à l'air {ur une foucoupe ,au bout de quelques joursa dépolé un@petite quantité d’une matière gélatineufe, Après quelques jours toute la partie fluide fe diffipa, la foucoupe refta couverte. de criftaux de foude, lefquels n'ont point donné de précipité pendant leur folution dans l’acide vivriolique, Ce qui avoit paru une gelée pendant qu’elle étoit humide , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 129 prit en fe féchant la forme d’une-poudre blanche. Cette poudre étoit infoluble dans l'acide vitriolique , & parut être encore du tabasheer, Une portion de cette liqueur claire mélée avec l'acide marin effervelca , n’a point donné de précipité ; mais en demeurant quelques jours, le mélange devint léoèrement gélatineux. (G) Une portion de la gelée épaifle demeurée fur le filtre étant bouillie dans l'acide marin & vitriolique, parut infoluoie dans tous les deux , & parut entièrement la même que celle du (N°. F). Avec les Alkalis fess. $. XII. (A) Le tabasheer mélé avec la foude fut fondu fur le charbon avec le chalumeau. Il y eut une effervefcence confidérable, : Quand la proportion d’alkali écoit confidérable, le tabasheer fe diflolvoic p'omptement, s'enfonçoic dans le charbon & difparoifloit. En mettant l'alkali & le cabashcer en très-petite quantité à la fois, il fut converti enune perle de verre tranfparent & fans couleur. (B) Cinq grains de tabasheer réduits en poudre fine furent fondus dans un creufet de platine avec 100 grains de foude. La mañle obtenue étoit blanche & opaque & pefoit 40,2 grains. Mife dans une once d’eau diftillée , elle fe diflolvoit entièremenr, Un excès d'acide marin ajouté à certe. diflolution produilir une effervefcence & la changea en gelée. Ce mélange remué fut jetté fur un filtre. La gelée laiflée fur’ le papier ne fur point diffoute par l’acide marin par lébullition. Raflemblée, lavée avec de l'eau diftillée, & faturée, elle pela 4,5 grains, & parut être le tabasheer non changé. à La liqueur qui avoit pailé, faturée avec l’alkali minéral , produifit feulement une très-petite quantité d'un précipité rouge, lequel étoit dû au précipité rouge du filtre. (x). (C) Dix grains de tabasheer réduits en poudre furent méêlés avec un poids égal de foude qui avoir été privée de fon eau de criftallifation par la chaleur. Ce mélange fut mis dans un creufec de platine & expofé quinze minutes à un feu violent. If fut converti en un verre tranfparent d'un verd légèrement jaune, Ce verre fut caflé en morceaux, & on le fit bouillir dans l'acide marin, [1 n’y eur point d’effervefcence ; mais le verre fur réduit en gelée. Raff:mblé fur un filtre , bien lavé , il pefa 7,7 grainSe . La liqueur acide qui avoir paflé, farurée avec la foude, ne donna pas le moindre précipité; mais l'ayant gardéeun jour ou deux, elle feconvertie en une pélée légère, qui fut raffemblée fur un filtre & lavée avec l’eau diftillée, On la fit bouillir dans l'acide marin, maïs elle ne fe diffolvoit pas. E’ant encore édulcoré & rougi, ce réfidu pefa 1,6 grains. La tt mp {1} Lerpapier à fivrer dont on fe! fert en Angleterre eft coloré en rouge , & une partie de cette couleur à été difloute, 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; liqueur (B) filrrée eût été probablement changée en gelée fi on l’avoit gardée. Ces précipités font analogues à ceux $. IX (1). (D) Un poids égal de tabasheer & d’alkali végétal fut fondu enfemble dans un creufec de platine. Le verre produirétoit tranfparent; mais il avoit un goût brülanr, & attira dre l'humidité. de l'air, & fe diflolvoit en une liqueur épaifle, Mais deux parties d’alkali végétal avec trois de tabasheer donnèrent un verre tranfparent qui étoit permanent. Traité. avec d'autres Fondans. ..$: XTIT. (A) Un fragment de tabasheer mis dans le verre de botax, & chauffé au chalumeau, s'eft contracté beaucoup, & a perdu de fon volume, comme lorfqu'on le chauffe feul, Après quoi il continua à tourner fur lui-même , fe diflolvant avec grande difficulté & très-douce- ment. Quand la folution fut achevée , la perle faline refta parfaitement claire & fans couleur. ’ (B) Avec le fel ammoniacal phofphorique fait en faturant l'acide phofphorique produit par la combultion lente du phofphore, & l’alkali ammoniacal caultique, le tabasheer fe fondit très- facilement fur le charbon au chalumeau avec effervefcence en un globule blanc & écumeux. (C) Fondu de la même manière fir une [ame de platine avec le vitriol de tartre & de foude, il parut entièrement réfifter à leur action, Les petites particules employées continuant à tourner dans les alobules fluides fans fouffrir une diminution fenfible de grandeur, & les globules falins en fe refroidiflant prirent leur opacité ordinaire. (D) Un morceau + tabasheer mis fur une [ame d'argent, avec un peu de litharge, a fondu. Il agit immédiatement fur le tabasheer & le couvrit d’une mince couche blanche vitreufe, Par l’addirion de plus de litharge, la maffe fut amenée à l’état d’une perle ronde quoiqu'avec une dificulté confidérable. Ce globule fouffrit d’être fondu fur le charbon fans réduction de plomb ; mais on ne put l'obtenir tranfparent. ; (E) La facilité avec laquelle cette fubftance s’étoit fondue avec les cendres végétales induifit à en faire l’effai avec la terre calcaire pure. Un fragment de tabasheer fixé au bout d’un morceau de verre fut faupoudré de cire d'Efpagne en poudre. Auñi-tôt qu'il fut expofé à la flamme du chalumeaäu , il fe fondit avec une effervefcence confidérable ; mais n’a point pu, même fur le charbon ou ayec l'addition du blanc d'Efpagne , être amené à un état de tranfparence, ou réduit en globule. Un poids égal de tabasheer & de fpath calcaire pur, tous les deux réduits en poudre fine, furent mélangés irrégulièrement & expofés dans le creufec de platine à un feu violent de forge , pendant vingt minutes, mais il ne s’eft pas même aglutiné, | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 33% : (F) En fe fervant de magréfie il n’y eut point de fufon avec le chalumeau. s , (G) Des quantités égales de tabasheer, de blanc d'Efpagne & de terre d'alun précipitée par l’alkali volatil effervefcent , furent mélangées dans un étar de poudre & foumifes dans un creufet de platine à un feu violent pendant vingt minutes ; mais après elles ne fe trouvèrent point fondues, Examen des autres Ecantillons. N°. 7. . Cet échantillon contenoit des morceaux de trois efpèces, quelques- uns blancs , d’une texture unie, reflemblans beaucoup à l’efpèce précé- dente ; d’autres de la même apparence , mais jaunâtres, & d'autres très- reflemblans à de petits morceaux de terre végétale ou l’Aumus fec. Les morceaux Sie & jaunâtres étoient fi tendres qu’ils pouvoient fe réduire en poudre très-facilement entre les doigts. Ils avoient un goût défagréable reflemblant à celui de la rhubarbe. Mis dans l’eau, les morceaux blancs devinrent à peine tranfparens; mais les morceaux jaunes le devinrent à un degré très-confidérable. Les morceaux bruns avoient peu de goût, flottèrent fur l’eau, & reftèrent opaques. Expofés au chalumeau tous fe charbonnèrent & devinrent noirs. La dernière variété brûla même avec une flamme. Quand la matière végétale fur confumée , les morceaux reftèrent blancs , & alors avoient exaétement l’apparence & poflédoient toutes les propriétés du tabasheer d’Hvdra- baad ; & comme lui fe fondirent avec la foude en un verre tranfparent. Neue: Il étoit compofé aufli de morceaux de trois efpèces. (a) Quelques-uns blancs prefqu'opaques. (B) Quelques petites particules très-tranfparentes montrant en un degré éminent la couleur bleue & jaune caufée par la différente direction de la lumière. (c) La troifième étoit des morceaux grofliers brunâtres , d’une texture grenue. Ils avoient tous exaétement le même goût, la même dureté, &ec, &c montroient les mêmes effets au chalumeau , que le N°, 1. Vingt-fept grains de ce tabasheer jertés dans un creufet rougi, brülèrent avec une flamme blanche jaunâtre, perdirent 2,9 grains de leur poids, & devinrent fi femblables à celui d'Hydrabaad qu'on ne pouvoit les en diftinguer. x : Une quantité de ce tebasheer mis dans un creufet échauffé [égèrement donna une odeur ä-peu-près femblable à celle des cendres du cabac, 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & rién qui approchât de l’efpèce de parfum découvert dans celui d'Hydrabaad. ($. IV E.} | : ‘on: A do N°. 4. Tous les morceaux de ce paquet avoient l'apparence & reffembloienc beaucoup dans leur texture au N°. 2. Leur couleur étoit blanche, Leur dureté telle qu'ils fe brifoient difficilement preflés entre les doigts. Mis dans la bouche, ils fe réduifoient en une poudre pulpeufe & n’avoient point de goûr. . Un morceau expofé fur le charbon au chalumeau, devint noir, fondit comme quelques matières végétales, s’enflamma & fe réduifit en un charbon bourfoufflé , lequel fe confuma bientôt entièrement, & difparut. Un morceau mis dans l’eau tomba en poudre. Le mêlange étant - bouilli , cette poudre fe diflolvoit , & le tout fe changea en gelée. Ces propriétés font abfolument celles de l'amidon ordinaire. Nfcse IL reffembloit entièrement au N°. IV, quant à l'apparence, à fes propriétés & à fa nature. N°. 6. Les morceaux de ce paquet étoient blancs, parfaitement opaques, & d’une grande dureté. Quant au goût & à la manière de fe comporter au chalumeau , ils reffembloient parfaitement à celui d'Hydrabaad. N°. 7. Il reflembloit beaucoup au N°. 6; il étoit feulement plus tendre , & paroifloit fenoircir un peu quand il étoit chauffé, Avec les fondans au chalumeau il a montré les mêmes effets que les précédens. CONCLUSION. 1°. Il patoît par ces expériences que tous ces échantillons, excepté les N° 4 & 5, étoient du vrai tabasheer , mais que ces efpèces immédia- tement prifes de la plante, contenoient une certaine portion d’une matière végétale, laquelle manquoit dans les échantillons pris dans le commerce ; & lefquels avoient probablement été privés de ce mêlange par la calcination , de laquelle opération une noirceur partielle cbfervée fur quelques morceaux des N°5 3 & 4 étoit fans doute les traces. Ceci æxplique auffi la dureté fupérieure , & le gout plus foible de cesæfpèces. 91 2°, La nature de cette fubftance eft très-différente de ce qu'on auroit pu S’attendre dans le produit d’un végétal. Sonindeftructibilité au feu, fa réfiftance totale aux acides, fa propriété de s'unir par la fufñon aux alkalis en certaine proportion en une mafle blanche & dun , dans autres SUR: L'HIST: NATURELLE ÆT LES ARTS. 133 d’autres en, un vetre“tranfparent 8 permanent, & fa propriété d'être encore féparable de cés compotés par les acides, &c. fans être aucune- ment altérés, paroilent fournir Les plus fortes raifons pour la confidérer comme parfaitementiidentique avec la terre filiceufe ordinaire. :: Cependant il peut paroîrre qu’elle diffère en quelques poirts, tels que £a propriété de fe fondre avec la terre calcaire , dans quelques-uns de fes effets avec les alkalis liquides', dans fon goût, & dans fa pefanteur fpécifique. Mais fon goût peut venir feulement de fon état de divifion ; car la craie & la magnéfie ont chacune des goûts qui refflemblent beaucoup à celui du tabasheer. Mais quand ces terres font prifes dans l'érac plus denfe , en criftaux, elles font trouvées étre abfolument infipides : de même le tabasheer rendu plus folide par une chaleur un peu forte, n'a plus de. faveur ($. IV: A ): Et par une comparaifon exacte fes effets avec les alkalis liquides n’ont point paru particuliers; cat quoiqu'il fût trouvé par l'expérience que la poudre de filex ordinaire bouillie dans le même alkali cauftique liquide employé ($. IX: A) n'eût prefque pas été attaquée , & ‘que la petite Em qui fut difloute, füt précipitée bientôt fous la forme de petits ocons, enexpofant la folution à l’air , & für immédiatement précipitée par le mêlange d’un acide , cependant le précipité obtenu du Ziquor filicum par l'acide marin fut trouvé, même à l’écac de ficcité , fe diffoudre aifément dans cet alkali, & à l’écat d'humidité il fe diflolvoit en grande quantité, même fans le concours dela chaleur. Une quantité de cette folurion ainfi faturée avec la matière filiceufe par lébullition ,. étant expofée à l'air dans un vafe peu profond , fut réduite en gelée le lende- main; & le jour fuivant fe deflécha & fe fendilla, &c. &c. exactement comme les mélanges (5. IX. DE), & une autre portion de cette folution n’a donné nul précipité, & opéra aucun changement pendant deux jours; mais au troifième elle fut changée en une gelée ferme comme celui ($.IX.F). + : Comme on a trouvé que le gypfe fe fondoit per fe au chalumeau, quoique réfractaire au plus grand feu des fourneaux , on crut qu'il feroit poñfible de faire fondre de cette manière la terre calcaire & la terre filiceufe , quoiqu’elles réfiftaflent au plus grand degré de feu ordinaire. Mais l'expérience a montré que dans ce point le quartz ne fe comportoit point comme le tabaéheer; mais il eft trop probable que certe différence dépende d'un mélange de quelque matière étrangère dans ce dernier corps, pour permettre de la regarder comme üne nouvelle fubftance , tandis qu’il a tant d’autres qualités plus effentielles qui lui font communes avec le filex. On ne peut faire grande attention à la gravité fpécifique d'un corps Tome XL , Parr, 1, 1792. FEVRIER. 134, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; aufli poreux, quoiqu'inférieure à celle du quartz. L'infufibilité du mélange $- XIIL. G ) a réfulté aufli probablement ou d'un défaut dans Les propor- tions refpectives des terres ou dans un défaut de chaleur. 3°. Des trois bambous qui ne furent point fendus devant la Société Royale, j'en ai ouvert deux., Le tabasheer qui s’y eft trouvé étroit abfolument femblable, quant à fes propriétés, avec celui des (N°: 1 & 2). On obferva que tout Le tabasheër contenu dans chaque article ou nœud de la plante éroit exactement de la même nature. Dans le premier article il éroic tout femblable à l’efpèce jaunâtre du N°. 1; dans un autre article du bambou il reffembloit à la variété (C N°. 2). Ainfi il eft probable que le mêlange des différentes efpèces qui fe trouvèrent dans chaque paquet du docteur Ruffel venoit de ce qu'il avoit mélangé celui des différens articles de la même plante. 4° Les cendres obtenues en brülant le bambou, bouillies dans l’acide marin laifsèrent une très-grande quantité d'une pondre blanche infoluble , laquelle fondue au chalumeau avec la foude fit efférvefcence , & forma un verre tranfparent, Vers la partie du milieu de la plante les nœuds furent fciés, parce qu'étant poreux ils auroient pu contenir-du tabasheer qui y auroit été logé mécaniquement. Mais la grande quantité de cette fubitance infoluble montre que c’eft une partie éflentielle & conftituante du bois. | Ï Les cendres du charbon de bois ordinaire digérées dans Facide marin laifsèrent de même un réfidu infoluble. qui fe :fondir avec: effervefcence avec la foude & forma du verre. Mais la proportion de cette matière dans la cendre étoit beaucoup moindre que dans le: cas précédenr. ; 5° Depuis que les expériences précédentes ont été faites, une circonftance remarquable s'eft préfentée. Un bambou verd coupé dans la ferre chaude du doéteur Pitcairn , à [flington ( près de Londres) a éré jugé contenir un tabasheer par un bruic qu'il faifoit lorfqu'on le fecouoit ; mais étant fendu par le chevalier Banks , nous avons trouvé qu'il ne contenoit pas du tabasheer ordinaire, mais un caillou folide,, à-peu-près de la grandeur de la moitié d'un pois. Ce caillou à l’extérieur étoit d'une forme irrégulière , arrondie, d’une couleur foncée brune noire, & à l’intérieur il éroit d'un brun rougeâtre; d'une texture compacte terne, rrès-refflemblant & très-femblable à certaines pierres filiceufes martiales. Dans un coin.il y avoir des parti: cules luifantes ; qui paroifloient être des criftaux , mais trop petites pour être diftinguées même au microfcope. Cette fubftance eft aflez dure pour rayer le verre. Un fragment expofé au chalumeau fur le charbon n’a point blanchi , diminué de volume, fondu, ni fouff:rt aucun changement. Mis dans le borax il ne s'eft point diflous, mais a perdu fa couleur, & a teint le / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 135$ fondant en verd. Avec la foude il a effervefcé , & formé une perle ronde, noire & opaque. 1 ; ! < . Ces deux globules digérés dans de Pacide marin pur & blanc, ne fe fent diflous qu'en partie, & ont teint ce diflolvant d’une couleur jaune verdätre, Une folution de prufliate de tartre fi pur que dans plufieurs d heures il ne produifoit nulle couleur bleue, verfée dans ce même acide marin, y a tout de fuite produit un précipité abondant de bleu de Prufle. , P.S. En prenant la gravité fpécifique du tabasheer d'Hydrabaad (SI. C), on a eu grand foin dans ces deux expériences que chaque morceau fût parfaitement dépouillé d'eau & füt erès-tranfparent jufqu'à fon centre ; avant que fon poids füc déterminé. x LETTRE * DE M. JP. BERCHEÉEM, Secrétaire de la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne , . A M DELAMÉTHERIE, Sur L'HONIGSTEIN DE M. WERNER. à Mowsieur > (Il Je viens de voir dans le Journal de Phyfique du mois de novembre de l'année dernière, une notice de M. Gillet-Laumont fur une fubflance jaune, tranfparente , criftallifée ex odaëdre , anrioncée pour étre di fuccin. M. Gillet-Laumont a fort bien reconnu que cette fubftance eft lhonigflein (Pierre-miel) de M. Werner. J'ai penfé, Monfieur, que l'on verroit avec plaifir une defcriprion gxtérieure de ce foflile à la manière de Werner, & j'ai l'honneur de vous envoyer la traduction de celle de M. Karften que j'extrais de fon Mufeum Leskeanum , tom, TI, page 335: : Defcription extérieure de la Pierre-miel. La pierre-miel fe trouve d’une couleur qui vient le milieu entre Le JAUNE DE MIEL & le ROUGE HYACINTHE, mais qui s'approche pourtant tantôt plus de l'un, tantôt plus de l'autre. Jufqu’à préfent on l’a trouvée criftallifée feulement en pestres PYRA- Tome XL, Part, l,1792. FEVRIER, = 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; MIDES DOUBLES QUADRILATÈRES (OCTAÈDRE) parfaites équidmgles ;) dont les faces font parfaicement LiSsEs. if ELLES ° Elle ft exrérieurement ÉCLATANTE. Jiiérieurement TRÈS-ÉCLATANTE. L'un & l’autre d'un éclat ordinaire vitreux. PARFAITEMENT TRANSPARENTE. Sa caflure PARFAITEMENT CONCOÏDEI A PETITES ÉVASURES. Elle fe cafe en fragmens indéterminés à bords peu aigus, Elle eft TENDRE. |, 1 Histo Ye AIGREi ce CASSANT FACILEMENT: PA Un peu froide au toucher. MÉDIOCREMENT PESANTE. On a trouvé ce foflile à Artern dans la Thuringe entre des couches de bois bitumineux : outre cela on dit qu’il fe trouve auffi en Suiffe dans les endroits d'où l’on extrait de l’afphalte. Je fuis, &c. vtt Marfeille , le 14 Janvier 1792. # d D'E'S CR A PMET'OEN"" D'un grand Quadrupède inconnu jufqu'ict aux Naturalifles ; Par J,C. DELAMÉTHERIE. C ET animal qui eft repréfenté Planche I, a été apporté de l'intérieur de l’Afrique en Angleterre il y a deux ou trois ans. Celui à qui il appartient maintenant le fait voir pour de l’argent , & parcourt les, différentes villes d'Angleterre. Il lappelle Zoz-monfler , où monftre- lion , pour attirer les curieux , quoique cet animal n'ait aucune reflem- blance avec Le lion , ni quant à la forme, ni quant aux mœurs. Voici la defcription la plus exacte que j'aie pu en avoir. IL paroît approcher beaucôh & de l'ours commun, quoiqu'un peu moins grand, & du blaireau; mais il eft beaucoup plus grand que celui-ci, Il a l'air comme l'ours d’être mal proportionné dans fes formes , 8 d'être lourd. Son corps eft également couvert d’un poïl épais, dur, rude & long fur tout Le corps d'environ deux pouces ; maisce qui le diftingue de ours & du blaireau eft une bofle aflez confidérable qu'ila fur lé dos, _ & dont les poils qui la recouvrent ont dix-à onze ipouces de longueur. Is retombent de chaque côté en laiffant une ligne intermédiaire. Sa queue eft courte & prefque toute couverte par le poil, : SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 137 “Sa tête eft grofle, fon front fort large, & Le poil en eft court, , Son mufean eft allongé, & terminé par un Cartilage large & mince, qui fe prolonge plus que fes narines. s Ses lèvres font très-minces & très-longues, & font fournies de mufcles qui permettent à l'animal de pouvoir les étendre en avant ‘a-peu- près Comme fait l’étalon à l'approche de la jumenr. IL n'a point de dents incifives; mais à chaque mâchoire il en a deux canines très-fortes , & fix mächelières. ; 5 Ses narines font ouvertes d’enviroh un pouce & demi &très-minces. | Ses yeux font petits, noirs, & n'ont pas de vivacité : il a comme l'ours une manière particulière de fixer Les objets. Ses oreilles font courtes, & prefque cachées par le poil. Ses bras, fes cuifles & fes jambes font extrêmement courts & robuftes, Ses doigts qui ne font point féparés font au nombre de cinq, armés de griffes longues & crochues ; il s’en fert avec une grande dextérité, foit de rousià -la fois, foit de quelques-uns en particulier pour divifes, fa nourrituré en petites portions, & pour la porter à fa bouche. 7 Quand il marche; fon pied ne porte pas tout entier en terre. Il reflemble en cela à l'ours, Sa couleur eft d’un brun noir luifant. Celle du mufeau eft moins foncée. Au-deffus de chaque œil fe trouve une tache d’un blanc jaunâtre. Sous la gorge & au poitrail il y a une grande tache blanchâtre. 4 Son caractère eft doux ; mais lorfqu'on l’itrite il poule un cri rauque, une efpèce de grondement comme l'ours, qui patoît exprimer & la plainte & l'impatience. | Sa nourriture eft de fruits, de noix, &c. On a accoutumé celui-ci à manger du pain, la moëlle & la partie grafle des chairs; mais il s'eft toujours refufé à manger la partie maigre, la partie mufculaire, IL eft très-friand de miel & refufe Les racines, & Cet animal creufe des trous en terre, & il y habite. Ses pieds de dévant font conftruits de manière à lui donner dela facilité pour creufer ces trous ; & de la terre qu’il en retire‘il en élève de pertitsitertres: On voit par cette deftription combien cet animal rapproche de l'ours, On fait que l'ours fe trouvoit autrefois en Lybie& en Afrique , d'où au rapport de Martial & d’autres auteurs, les Romains en faifoient venir pour les combats, Ainfi on doit encore le retrouver dans l’intérieur de l'Afrique. Néanmoins, fi cette défcription eff exacte ; on ne peut confondre ce quadräpède avec Pours; ni avec le bléiréau:12 ajrSqul fi 1°. [la fur le dos une boffe confgérable couverté de poils de la longueur de dix à douze pouces} ce que n'ont ni l'ours ni le blaireau. 2°. Il a deux dents canines à chaque mâchoire, & fix mâchelières, mais point de dents incifives. ‘ 138 OBSERWATIONS SUR, LA PHYSIQUE, L’ours à chaque mâchoire a fix dents incifives deux canines .& cinq mâcheliéreside chaque coté, ©. 0 4% 4 Le blaireau à chaque mâchoire a fix dents canines, deux incifives , huit mâchelières à la mâchoire fupérieure, quatre de chaque côté, & dix mâchelières à la mâchoire inférieure, cinq de chaque côté. 3°. Le mufeau dans l'ours & le blaireau eft plus allongé que chez cet animal. Je prie donc les favans naturaliftes angloïs, fi zélés pour le progrès de la fcience , les Pennant, les Smith, les. . . . qui auront occafion de voir cet animal, d'en faire une defcription plus exacte, de le faire definer , & s'ils ne veulent pas publier eux-mêmes leur travail, de me l'envoyer afin de nous aflurer de la nature de ce quadrupède. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. LÉOPOLD VF ACCA-BERLINGHIERI, A:4TAC: DELAMÉTHERIE, SUR L'ÉLECTRICITÉ. Pife, 30 Décembre 1791. Mix CHER AMI, Vous favez qu'il y a une hypothèfe qui attribue l’abaiflement du baromètre qui précède ordinairement la pluie , au choc de la matière électrique qui fort de la terre, & qui en entrant dans l’atmofphère heurte de bas en haut les couches d'air qui pefoient fur le baromètre, les foulève & les empêche d’exercer leur gravité. Cette opinion, qui, comme vous favez, eft foutenue par des hommes très-célèbres , a été réfutée par l'expérience Pa FAN à que je vais vous décrire. — M. Pignottia pris un tuyau de verre aflez confidérable dont une des ex- trèmités étoit appuyée fur un plateau de métal, qui par conféquent fermoit le tuyau à fa partie inférieure. Par la partie fupérieure pafloit un tuyau de la groffeur de ceux dont on fe fert pour les baromètres , & dont l’extrèmité inférieure defcendoit dans la capacité du grand tuyau , fans cependant arriver-jufqu’à la furface du plateau de métal; de forte que l'extrémité inférieure du petit tuyau étoit ouverte dans, la capacité du plus grand. Le petit tuyau après être forti de l’ex- trémité fupérieure du plus grand, atrivé à un certain point, faifoit une coutbure affez douce. Dans le point le plus élevé de certe courbure il mit une goutte d'eau qui fermoit exactement la lumière du tuyau qui étoit très- éfroite. Après il maftiqua avec de la cire d'Éfpagne toutes les pièces de l'appareil, de manière qu'il n'y avoit plus de SUR. L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 communication entre l’air-renfermé-dans-l'appareil-& Pair extérieur. Enfuite par l'action d’une forte machine de Nairne il fit entier dans l'appareil des torrens de matière électrique , par le moyen de plufieurs pointes pratiquées fur Le plateau de métal. Si l’hyporhèfe des éle@ri- ciltes étroit vraie, cette électricité venant d’en bas devroit poufler par en haut air de l'appareil , & la goutte d’eau qui Loffre une réfiftance fi petite devroir être dérangéé 8: reculée; &cgce phénomène n'arrive pas; de forte qu'on voit que cette impulfion du fluide électrique ne -peut pas produire la diminution de la preflion de l’atmofphère fur le. baromètre. On ne peut pas objeéter ici la difficulté qu’aura le fluide électrique à furmonter une grande réfiflance. Ce n’eit qu'une goutte d'eau qui s’oppofe à fon choc. L'appareil eft fi fenfible , que fi l'en met dans fa capacité un perit chatbon allumé, on voit que la goutte d'eau en eft repouflée, & elle coule par l'extrémité ouverte du petit tuyau hors de l'appareil. — Il faut avoir foin, quand on veut répéter cette expérience , de choifir des verres qui ne laiflent pas pafler l'é- ledricité, puifque M, Pignotti a aufli obfervé qu'il y a plufeurs ef- pèces de verre qui conduifent le fluide électrique. Je fuis, &c. me mme EX ER ATECT Des Obfervations météorologiques faites &° Montmorenct , par ordre du Roi; Par le P. CoTTE, Prétre de l'Oratoire, Curé de Montmorenci , Membre de plufieurs Académies. J'ai publié dans le Journal des Savans les réfultats des obfervatiors météorologiques que j'ai faites à Montmorenci depuis 1765 jufqu'à 1782; & enfuite à Laon depuis 1783 jufqu'à 1789 , époque où ce Journal a ceffé de paroître. L'année 1790 fe trouve dans Le Journal de Phyfique: pour cerre année jufqu'au mois d'août. Les circonftances ayant rompu les lens qui me fixoient à Laon, je fuis revenu habiter à Montmorenci , où la Providence paroîr vouloir me fixer , puifqu’elle a permis que mes janciens paroiffiens me rappelaffent de nouveauaux-fonétiôns:paftorales ; en reirenant ces fonétions, j'ai continué auf celles de météorologifte que- je n'ai pas inrerrompués depuis vingt-huit ans , & afin qu’il #y äit point de lacune dans le compte que j'en rends au Public depuis ce tems, je donne ici, 1°. le réfulrat des obfervations faites à Laon pendant l’année .1790; 2°. lé mème rétultat pour les obfervations faites à Montmorenci sen” 17913 3° l’extrair des obfervations faites en janvier 1792, & js #continuerai ainfi à les publier chaque mois, Î He 2 Z | à Fete HT 6 5 ft | : PHYSIQUE, t ÿ o et 140 BSERÆRA4 TIONS:S UR:L A ‘24995 X 39n0([| *O % ‘N “2pruny ‘eonc|- ‘O ‘N "2925 zaÿje “29n0(j|°4 °S X “24225-S213 22n0Gl' AN #°N “I OR N ‘24225-$2n ‘opneu7 *O “eprung “eprozz| OS 3 "© “2235-5213 ‘ aproï j °N = “ou9es ‘aonof| ‘SX'N *epiunty ‘pros x °N *04525-sau ‘aanogq °N ‘usp]| °S8'O “eprung “aonôq| ‘O »'S *sizuIOpP "AUNLVUIANAL | sua À TuaU21Ibdhg * uorT D souvf senbiSojoioptou suonvaefqo s2p su2Kou 3 SAUPUX2 SL F LTASTA ARS Sr “amd ap sinof ap ÆUAWON D DEEE 2 a — 5 — Sue her etre lon tr log 97 Détr Lryr EL PE aNE ee seneeeveliess se lpto 00 Pair. re PE sise soneliose ven. |6pcs og‘o1 97 £Lor o‘+ +O = ineireselase des ego to SLA t9'or Lg 2% ss... "se dhes-l00!9 17<2 s9°6 CASE à CAN 0‘9 1|£%o ol6g°L Lacs 17'O1 G'£x 16 ofz 1148 zl9$10 TEL HOT A NAST s'8 ofz 1[0‘4 ol17'8 g£'£ ot‘o gt off1 ot9 op 1[0‘o z|grt 18% L7r006 US: as of£ 11£cs £|61<$ ogf11 .97|SL6 L7 IS oo — o‘o 116€ o|fste ges Loft VAN G‘o co z o|9°9 o|rg‘or te 96% £+ So 09 :ol9'£ 11088 - Zt|rrto Z par M. JaAmes-Louis Macre, Ecuyer, de la Société Royale de Londres : lu le 7 Juillet 1797, 122 Lettrerde M, J, P. BERCHEM, Secrétaire de la Société des Sciences Phyfiques de Laufanne , à M, DELAMÉÈTHERIE , fur l'Honigflein de M. WERNER, 135 Deftriprion d’un grand Quadrupède inconnu jufqu'ici aux Naturalifles s par J.C. DELAMÉTHERIE, 136 Extrait d'une Lertre de M. Léoporn VAccA-BERLINGHIERI, à J.C. DELAMÉTHERIE, fur l’Eleétricite , 138 Extrait des Obfèrvations météorologiques faites à Laon, par ordre du Roi ; par le P. Cote, Prétre de l'Oratoire, Curé de Montmorenct , Membre de plufieurs Académies , 139 Extrait d’un Mémoire fur la comparaifon & les procédés que les Romains employoient dans la conflru&ion de leurs Edifices , avec ceux des peuples modernes ; par ANTOINE MoNGEz, de l'Academie des Infcriptions & Belles-Lerrres, 143 Lettre de M. DE HomBoLDT , à M. DELAMÉTHERIE , fur La couleur verte des Végétaux qui ne font pas expofes à la lumiére, 154 Lertre de M. PicTET, Profeffeur de Philofophie à Genève, à M. DE- LAMÉTHERIE , fur un Spath fluor rofe oétaëdre, de Chamouni, 155$ Fragmens minéralogiques, communiqués à M. Crrrr, 157 Extrait d'une Lettre de M, Wesraume, à M, CrRELt, 158 Nouvelles Liréraires, 159 Fevrier 1702. ge ue ir mm dan 34 f oi [1 CET IN TE ] RU Ve a ni ; a Pr n PES LS AE GR LAN PE PT PE MAT CE VE EL ee a —— ——— | JOURNAL DE PHYSIQUE. MARS 1792 | 1 pis ANALYSE DE SE A4 D O;L YO. MT E,; ’ Par M. DE SAUSSURE le fils. L'Errenvescencs lente & prefqu’infenfible que donnent avec les acides certaines pierres calcaires , eft un fait fur lequel M. le com- mandeur de Dolomieu vient de réveiller l'attention des minéralogiftes dans une Lettre très-intére{lante à M, Picot de la Peyroufe ( Journal de Phyfique 1791). M. Fleuriau de Believue a eu la bonté de me donner au retour de fon voyage dans Le Tyrol, quelques morceaux de cette fubftance , jufqu’à préfent peu connue, & M. de Dolomieu, à qui je me fuis adreflé enfuite, m'a envoyé de fuperbes échantillons de fes principales variétés. Cette pierre mérite à tous égards d'avoir un nom particulier , celui de pierre calcaire peu effervefcente et indérerminé & impropre. On ne fauroit mieux la baptifer, qu'en dérivant fon nom de celui du célèbre naturalifte qui nous l'a fait connoître. M. de Dolomieu a reconnu cette pierre dans quelques monumens de l'ancienne Rome & dans les lits des torrens qui prennent leur origine dans les Alpes; il l’a, vue en place dans les montagnes du Tyrol. Linnæus qui connoifloit la dolomie, nous apprend qu’elle fe trouve à Roedberg en Norvege; il lui donna le nom expreflif de Marmor tardum, en la définiffant ainfi : Marmor particulis fubimpalpabilibus album diapha- num, Hoc fimile quartzo, durum , diflinétum quod cum aqua fortt non nifi pofl aliquot minuta & fero , effervefcens. Je dois prévenir d’avance qu'il ne faut point la confondre avec le fpath perlé, foir manganéfien, ni avec certaines mines de fer fpathique , qui n’ont , à la lente effervefcence près , aucun rapport avec la pierre dont il s'agit ici. Caraëères extérieurs de la Dolomie. Les caractères extérieurs de la dolomie ne font pas toujours affez tranchés & aflez conftans pour pouvoir fervir feuls à la faire reconnoître. Tome XL , Part. I , 1792 MARS. Y 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je ne l'ai point encore vue fous une forme criftalline déterminée : le grain falin qu'elle a très-fouvent , femble indiquer cependant qu'elle en eft fufeeptible, fon tiflu eft plus ferré que celui des pierres calcaires généralement connues, d'ailleurs fa texture fuit celle de prefque toutes leurs varierés ; elle eft fufceprible de prendre un beau poli. La dureté de cette pierre eft plus grande que celle des marbres ordi- paires , elle va quelquefois jufqu'à douner des étincelles avec le briquet, quoiqu'’elle ne contienne pas un arôme de terre filiceufe. L’acier trempé l'entame dificilement ; le fer forgé & le laiton y laiffent leurs traces métalliques. Sa caflure paroît avoir de la difpofition à la formeconchoïde. La couleur de la dolomie pale par les variétés fuivantes, blanc de lait, brun clair, jaune roux, gris & rougeâtre. Ces couleurs qui ne font jamais bien foncées , tiennent aux différensétats du fer, qui fe rencontre toujours en petite quantité dans cette pierre. La furface ne change pas fenfiblement de couleur par fon expoftion à l'air libre & à la lumière. Sa pefanteur fpécifique furpañle celle de tous les marbres que M, Briffon a éprouvés ; la pefanteur moyenne de quatre variétés différentes eft 2,850. La dolemie que j'ai foumife aux différens effais dent je parlerai bientôr, viene du Tyrol. Sa pelanteur fpéc'äque eft 2,862 : elle à le grain falin, & Ja blancheur du marbre blanc ftätuaire de Carrare ; elle eft phofphorique par colitfion fans donner cependant des étincelles avec le briquer. Sa phofphorefcence par collifion , ainfi que l'a obfervé M. de Doloin'eu, n'elt vas un caraétère qui foi eflentiel à la dolomie , ni qui appartienne exclufivement à quelques-unes de fes variétés ; car M. l'abbé Fortis & Nf. de Laumont ont trouvé que plufeurs marbres très-effervefcens avoient cette propriété. Je n’entreprendrai point de remonter à la première caufe de ce phéno- mène , ou de rechercher fi la phofphorefcence par collifion eft due ici à la décompofition de la pierre même, ou à un etfer de l'éle&ricité, ou à celui de l’incandefcence à laquelle Les parties frottées peuvent parvenir par le mouvement qu'on y excite ; mais je remarquerai que cette phof- horefcencene tient pas tant à la dureté qu’à la texture de la fubftance aui eft difpofée par fa compoñrion à produire le phénomène dont il s’agit. Ainfi j'ai vu plufieurs dolomies très-dures. qui n'éroient point phofpho- riques par coilifion, tandis que d'autres beaucoup moins dures éroient douées de cette qualité dans un degré nrè-éminent, L'analyfe chimique ne démontroit aucune différence entre ces variétés; mais les premières avoienr un grain très-ferré & rrès-fin : les fecondes un grain plus rude &c plus relâché. Il eft donc péffible que toutes les dolomies aient effentielle- ment la propriété de pouvoir être phofjhorefcentes , mais que routes ne le foient pas, parce que leur tiffo ne fe préfenrepas tonjours de mamière à produire cet effer, tr dns SURYL'HIST: NATURELLE, ET LES ARTS :6; J'ai faic quelques expériences qui fembleroient venir à l'appui de certe opinion , plufieurs morceaux de marbre, foit blanc , foit coloré , qui ont été enduits d'acide phofphorique retiré du verre phoiphorique tombé en déliquefcence, n'ont donné, après avoit été defléchés dans un creufec à une donce chaleur, aucun figne de phofphorefcence par le frorrement , tandis que plufeurs échantillons de craie ordinaire traités au même feu & avec le mêmeacide que les marbres de l'expérience précédente, lançoient de grands traits de lumière lorfqu'on les frottoit avec une plume. Cette craie phofphorée dépouillée de la mince couche vitreule qui s’étoic formée à fa furface, confervoit encore fa même qualité phofphorique, & elle paroifloit être extérieurement de la même natute que la craie parfaitement pure. . La lumière produite par la collifion doit être, toutes chofes d’ailleurs égales , d'autant plus abondante que les corps d'où elle peur fe dégager donnent plus de prife au frottement, ou que les élémens de la fubtance fiottée préfentent plus d’afpérités. Ne pourroit-on pas fuppofer que dans la craie dont le viflu cft relâché, le phofphate calcaire ait aflez de place pour fe criftallifer de manière à préfenter beaucoup d'afpérités, tandis que dans Le marbre dont le tiffu elt compaéte & ferré, certe crftallifation intérieure ne fauroit avoir lieu. Le phofphare calcaire criftallife très- facilemert par la voie sèche. J’ai obt:nu en décompofarir du gyps avec du verre phofphorique à un très-grand feu de fufion , un fel d’un blanc verdâtre, formé de lames prifmatiques fouvenc ftriées, fuperpofées les unes aux autres, & coupées quarrément à Jeurs extrémités; cé fel eft rrès- phofpherique par le frottenient avec la plume. Aäion du feu fur la Dolomie, La dolomie expofée à l'extrémité d'un tube de verre à la flamme du chalumeau ne s’eft pas entièrement fondue , mais elle s’eft virrifiée à fa furface fans changer de couleur. Cetrepierre pulvérifée a éré foumife dans un creufet de platine à un très-grand feu fans fubir aucune fufñon, fes molécules fe font cependant léoè-ement aglutinées , fa blancheur n'a p:s été alrérés , elle a perdu la 0,452% de fon poids. Une dojoinie de cculeut jaune , qui donnoir du feu avec le briquet, & dont le grain n'étoic pas falin a été expofée au méme feu, elle a b'anchi, & elle a perdu Ja 0,47€ de fon poids. Le fhath perlé rhomboïdal, blanc, à demi-tranfparence s'eft changé: par cétte opération en une fCorie noire, il a perdü la 6,455" ce fon poids , & le marbre blanc ftatuaire de Carrare là 0,425", On vot par ces effais que la dolomie n'eft pas compofé: tiniquentent de terre calcaire aéré: , puifqu'elle s’eft un peu vitrifée au chalumeau. On voit encore qu'elle eft uné des pierrés calcaites, qui fouffre le plus grand décher par Faétion du feu, quoique ce foit celle qui faffe en apparence - de moins d’efervefcence avec l'acide ritreux. La dolomie fe fond-avee Tome AL, Part, I, 1792. MARS. xuz 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, effervefcence par fa voie sèche dans le borax & dans l’alkali minéral ; elle forme avec ces fels des verres blancs tranfparens. J'ai projetré fucceflivement 100 grains de dolomie dans du nitre en fufon; ils n'ont produit ni lumière ni détonation, & le nitre qui les contenoit après une digeftion d’une heure à la chaleur rouge n'a pas changé de couleur: il paroît donc que cette pierre ne contient pas de manganèfe , & que les autres chaux métalliques qui peuvent entrer dans fa compofition font en très-petite quantité. . Aion de l’eau & des acides fur la Dolomie. Deux livres d’eau diftillée ont bouilli pendant deux heures fur 200 grains de dolomie fans en extraire une quantité fenfible au poids. Cette eau a été réduite par l’évaporation environ à un huitième de fon volume. Dans cet état les folutions nitreufes de mercure & d'argent l'ont à peine troublée , Les folutions barotiques & l’acide faccharin y ont fait de légers précipités. | La dolomie pulvérifée & paflée au tamis de foie n’eft prefque pas foluble à froid dans le vinaigre diftillé. J'ai employé neuf heures pour la faire difloudre dans quatante-huit fois fon poids de cet acide chauffé au 60° degré du thermomètre de Réaumur , il fe féparoit quelques flocons d'argile, qui fe rediffolvoient enfuite. La diffolution a été rapprochée par l'évaporation fpontanée, en confiftance de fyrop fans donner d'autres fignes de criftallifation que quelques aigrettes foyeufes & déliées qui végétoient le long des parois du vafe qui la contenoit. Expofée enfüite à une douce chaleur, je n’ai fü appercevoir aucune criftallifation bien déterminée. La dolomie en maffe humectée d’une goutte d’acide nitreux produit une effervefcence à peine fenfible à l'œil nud. Lorfqu'elle eft pulvé- rifée , cette effervefcence devient plus évidente, Elle fe diffout entière- ment à froid dans cet acide. La même quantité d'acide nitreux qui diflout dans trois minutes le fpath calcaire rhomboïdal emploie fix heures à diffoudre la dolomie pulvérifée. Cette diffolution eft tranfpa- rente & fans couleur. Lorfqu'elle a été faite dans un acide nitreux très-étendu , elle eft troublée par une petite quantité d’aroile ferrugi- neufe. Elle criftallife par l’évaporation jointe au réfroidiflement. Si ce dernier eft prompt & l’évaporation très-avancée , toute la liqueur fe fige en une mafle à demi-tranfparente compofée de houpes ou de ger- bes étranglées dans leur milieu, & dont les filets font plus ou moins déliés. Si l’évaporation & le refroidiflement font bien ménagés , l’on obtient des lames tranfparentes & détachées qui paroiffent compofées d’aiguilles rangées pour la plupart parallèlement les unes aux autres, Ces aiguilles vues à la loupe paroiflent être des prifmes à quatre faces, très-comprimés , qui font terminés ou en bifeau ou par des fommets SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16; dièdres. Cette diffolution criftallife plus promptement & plus facile. ment que celle de lacerre calcaire parfaitement pure. Si cette dernière elt combinée à une petite quantité d'argile , elle préfente les mêmes effets dans la criftallifation avec l'acide nitreux. La diflolution & leffervefcence de la dolomie dans l’acide marin font encore plus lentes que dans l’acide nitreux , elle criftallife en py- ramides à quatre faces , dont les fommets font fouvent tronqués. Les criftallifations réufliflent d'autant mieux que la dolomie contient moins de fer. Le fel eft déliquefcent, ainfi que celui qui eft préparé avec l’a- cide nitreux. L’acide vitriolique difflout la dolomie très-promptement avec une effervefcence violente & femblable à celle qu'il produit avec le fpath calcaire ordinaire. Il fe fépare pendant cette diflolution une félénite blanche & informe, la liqueur reftante filtrée & évaporée à ficcité dé- pofe une félénire foyeufe. L’eau qui a fervi à laver & à édulcorer ces rélidus féléniteux, laifle par l’évaporation un dépôt confidérable , qui Javé & édulcoré de nouveau avec de l’eau diftillée donne une diffo- lution dont le rapprochement fournit des criftaux d’alun bien déterminés. 109 grains de dolomie ont donné 118 grains de félénite deflechée & 6,2 grains d'argile précipités des criftaux d’alun par l’alkali volatil. IL étoit important de reconnoître la nature du gaz qui fe dégage de la dolomie dans fa diffolution par les acides. J'ai en conféquence traité avec l'acide vitriolique 100 grains de cette pierre à l'appareil preumato-chimique au mercure, & j'ai obtenu $$ pouces cubiques d’air qui n’étoit autre chofe que du gaz carbonique. Il troubloit l’eau de chaux, fe laifloit abforber par l'eau , par les alkalis cauftiques, & rendoit ces derniers effervefcens. La dolomie calcinée traitée à une douce chaleur , à la diftillation avec l'acide vitriolique n’a point produit de gaz, fi l’on en excepte une petite quantité d'acide fulfureux , qui venoit de l'acide vitrioli- ue même ; cette pierre ne contient donc point d'acide fpathique. J'ai cherché à reconnoître la quantité d’eau que contient la dolo- mie en comparant le déchet qu’elle éprouve par le feu à celui que donne fa diflolution par l'acide nitreux dans un matras dont le col long & étroit eft fermé par un bouchon de verre qui ne joint pas affez exactement pour que le gaz dégagé ne puifle fe frayer un paflage. 100 grains de cette pierre ont perdu par cetre opération , 46,4 grains, la même quantité de fpath calcaire rhomboïdai 30,5 grains., le mar- bre blanc ftatuaire de Carrare 38 grains, & enfin le fpath perlé qui fe diflout encore plus lentement dans les acides que la dolomie, 40 grains. Ces fubftances perdoient au feu dans Le même ordre 46,2: 44: 42, 5: 45 5: Nous pouvons conclure de ces expériences que la dolomie elt une 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des fabftances calcaires qui paroît contenir Le moins d'eau ; mais nous ne déciderons pas qu'elle n’en contient point, parce qu'il eft impof- fible de fuppofer que l'air fixe nouvellement formé n'entraîne avec lui une partie de celle qui eft unie à l’acide, ou même une petite quan- tité d'acide. & Aion de l'eau G& des acides Jar la Dolomie culcinée. La dolomie calcinée s’unit avec chaleur à l’eau en produifant les mêmes effets que la chaux vive, & en formant de l’eau de chaux qui fe trouble par le contaët du gaz acide carbonique. Les crois quarts environ du poids de cette pierre font folubles dans l'eau. Le quart infolu- ble n’eft autre chofe qu'un compofé de terre calcaire, d'argile & de fer. La partie calcaire de la dolomie calcinée fe diflout aufli prompte- ment dans les acides que la’ chaux vive ordinaire. La diflolurion eft troublée par une certaine quantité d'argile qui refte indifloute fuivant la nature où la concentration de l'acide employé. On peut extraire largilé de la dolomie calcinée en faifant digérer à une douce chaleur cette dernière fubftance dans du vinaigre diftillé. J'ai obtenu par ce moyen 8 grains d'argile unie à une petite quantité de fer, fur $4 grains de cette pierre calcinée. Lorfque la dolomie n'a pas fubi la cal- cination , on ne peut parvenir à féparer l'argile de la terre calcaire en fuivant ce procédé, Après avoir éteint dans l'eau $4 grains de dolomie calcinée, je Les ai expofés dans un lieu féc pendant quatre mois. Au bout de ce tems ils ont acquis un poids de 44 grains, ils fe font diffous alors promp- tement & avec une violente effervefcence dans les acides nitreux, ma- rin & acéreux. La diffolution a toujours été troublée par l'argile qu’elle contenoit. La dolomie calcinée placée fous une cloche rem- plie de gaz acide carbonique qui repoloit fur du mercure , n'a pas ab- forbé nn arôme de cet acide. {Cetre pierre caleinée’, mais éteinte dans l'eau, s'en left farurée dans les mêmes circonflances. La chaux vive, a ft que la obfervé M. Bucquer, produit des effers analogues , &.ne fe fature d'air Bxe qu’en raïfon dela quantité d’eau qui lui eft unie, dyalyfe de la Dolomie, J'ai cherché à déterminer par la méthode ordinaire de Panalyfe Les quantirés des différentes fublänceés que contient la-dolornie: Je remar- “quérai à éetré occafñoh qe Fa longue opération de Panalvée des gem- mes!, telle qu'elle a &té décrire par Bergmann , peut: beaucoup s'abré- ger après Ja féparation! préliminaire de flürerre féléniteufe, en parta- geant la diffolurion des autres révres par l’eau régale, en autant de pos tions qu'il y a de principes à reconnoître dans la pierre qu'on examine, pour reconnoître erfuite féparément un de ces principes dans chaque SUR L'HIST. N'ATURELIE ET LES ARTS. :167 - portion & pour évaluer par des règles de proportion le produit qu’on auroit eu fi l'on avoit opéré fur la mafle qu'on a foumife à l’analyfe, On évite en fuivant cette. méthode , plufieurs opérations embarraf fantes, qui nuifent d’ailleurs à l'exactitude du travail , & l’on en abrège Le tems en faifant fimultanément toutes les filtrations, tous les #defléchemens & tous les lavages. Ainfi après avoir fait diffoudre 400 grains de dolomie dans l’eau régale, j'ai partagé en quatre parties certe difloluuion , ce qui fe faic fur le champ, lorlqu'on a des vafes dont les capacités font dérermi- nées. Dans la première portion jai formé du facchate calcaire avec l’a- cide du fucre, & le poids de ce précipité a indiqué d’après l'évalua- tion donnée par Bergmann :que 100 grains de dolomie en coutien- nent 44,29 de terre. calcaire. La diflolution de tartre vitriolé n'a fait aucun précipité dans la feconde portion , ce qui prouve que cette pierre ne contient point de terre pefante. L’alkali volatil parfairement cauftique a précipité dans la troifième portion l'argile & le fer, Le poids de ces deux fubftances équivaloir à 6,72 grains. | L'alkali phloviftiqué a précipité le fer de la quatiième portion, Son poids diminué dans le rapport trouvé par l'expérience préliminaire que confeille M. Kirwan , s'eft trouvé de 0,74. k La différence entre le poids ce la pierie fouri e à lanalyfe & celui de la fomme des produits que je viens d'obtenir en y comprenant l'a'r fixe, auroit pu donner la quantité de magnélie contenue dans cette dolo- mie; mais comme il eft plus exact de rendre palpable chaque produit en particulier , j'ai répris la liqueur dont j'avois précipité l'argile & le fer , & jen ai féparé, 1°. la terre calcaire par l'acide du fücre ; 2° Ja magnélie feule par l'alkali minéral. Le poide de cetre dernière terre équivaloit à 1,4 grains, Donc 100 grains de dolomie contiennent, Terre calcaire «.,....,......,4..4.e: 4429 graine Argile 24620 Lu dite we délanépe de init 5586 Magnéfié 5 Ho Ru Ps ne dd 4 14 LP AN EP PS PRET ER OP RE 0.74 Acide carbonique . . . suce... er eee ‘46,1 SORTE Marais d'a 1e elle pe tee De VITRE - 98,39 Egrte dat anie aled ete RO 2 a 1301 109 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'ai recherché fi l'argile que contient l’échantillon que j'ai analyfé , ne lui étoit point accidentelle, & j'ai trouvé que toutes les autres variétés que je pofsède en contiennent pour le moins une aufli grande quantité. L'on a vu que la dolomie s'éloigne par quelques-uns de fes caractères de la nature des pierres calcaires ordinaires, & qu'elle s’en rapproche & tous égards après fa calcination & fa faturation par l'acide carbonique & par l'eau ; l’on a reconnu que le gaz qui la fature avant fa calcination eft bien de l'acide carbonique , & que la terre qui y domine eft calcaire. J'ai cru d’abord que l’abfence de l’eau dans la dolomie étoit la feule caufe de {a denfité & de fa lente folubilité dans les acides; mais un examen plus approfondi m'a perfuadé que cette caufe elle-même n’étoit que fecon- daire. En effet, l’on ne conçoit pas pourquoi des pierres calcaires dont la formation eft très-antérieure à celle des-dolomies qui offrent des débris de coquillages, ne préfenteroient pas la même difficulté à fe difloudre, fi cet effet pouvoir être chez elles celui d’un fimple defféche- ment. L'expérience prouve d'ailleurs que l’eau eft un intermède néceflaire pour que la terre calcaire puifle s'unir à l’acide carbonique , & que cette combinaifon ne s'opère qu'en raifon de la quantité d’eau qui y intervient. IL paroît que l'argile eft effentielle à la dolomie; il eft donc poffible que Pargile ferve ici d’intermède, & que la dolomie ne foit autre chofe que la combinaifon de la terre calcaire & de l'argile avec l'air fixe ; & que fa lente folubilité foit due principalement à la difficulté avec laquelle le compofé de la terre calcaire & de l'argile eft attaqué par les acides, Ces confidérations m'ont engagé à rechercher fi la combinaifon par- ticulière qui ef le réfultat de la précipitation de l’eau de chaux par l'argile éroit fufceptible de s’anir à l'acide carbonique. J'ai à cet effet étendu dans $ livres d’eau 25 grains d'argile précipitée de l’alun par l’alkali volatil cauftique, & je les ai mêlés avec 7 livres d’eau de chaux. Il feroit très- dificile de déterminer le point de faturation de ce compofé, qui doit varier toujours en raifon de la divifion de l'argile. Le précipité lavé, édulcoré & filtré a été expofé pendant un mois à l'air libre ; il a abforbé le gaz carbonique de l’atmofphère, & il s’eft diflous dans les acides nitreux & marin avec une effervefcence plus lente que ne le fait la terre calcaire pure. Je ferois porté à croire que la combinaifon de l'argile & de la terre calcaire contient une petite quantité d’eau qui lui eft effentielle , mais qui ne fauroit être exactement déterminée par nos expériences. Ce compolé avant que d’avoir été calciné, eft à une douce chaleur entièrement difloluble dans l'acide acéteux , & à froid dans les acides nitreux & marin ; après la calcination il n’en eft plus de même : l’un de ces acides & en parti- culier le vinaigre diffout feulement la terre calcaire & laifle l'argile libre ; probablement SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 169 probablement parce que Le feu a détruit cette combinaifon, en lui enlevant l’eau qui lui étoit eflentielle. Il réfulte donc de ces expériences , que la dolomie n’eft autre chofe qu’une combinaifon proprement dite , de l'acide carbonique avec l'argile & la terre calcaire, que la dolomie calcinée n'a ‘pas la propriété de redevenir lentement effervefcente par fon expoltion à l'air libre , parce que l'argile n'eft plus chimiquement combinée à la terre calcaire , & parce que cette combinaifon ne peut fe faire que lorfque l’une des deux terres eft difloute dans un fluide. La dolomie fe trouve après fa calci- nation & après fa combinaifon avec l'acide carbonique dans le cas de certaines marnes calcaréo- argilleufes très -effervefcentes, où. la terre calcaire & l'argile ne fonc point chimiquement combinées, Examen de la phofphorefcence que préfentent quelques pierres calcaires par le contaë& d'un corps chaud. La lumière qui fe dégage de certaines fubltances minérales par le contact d’un corps ut eft un caractère trop négligé jufqu’à préfent, & qui pourroit peut-être à l’aide de l’expérience nous éclairer beaucoup fur leurs parties conftituantes. La dolomie pulvérifée , projettée fur une pelle de fer chauffée au degré qui précède celui de la rougeur , produit une très-belle lumière. Cet effec a lieu fans odeur fenfible. La lumière de la dolomie eft à-peu-près égale quant à l'incenfité & à la durée à celle qui fe dégage de la craie dans les mêmes circonftances ; mais elle eft abfolument différente quant à la couleur : la phofphorefcence de la craie ainfi que celle du {path-fluor eft d'un blanc bleuâtre ; celle de la dolomie eft d’un rouge orangé très- frappant. ; Fe dolomie qui a produit une fois cet effet n’offre à l'épreuve d’une pelle chauffée prefqu'à la rougeur que quelques fignes d'une lumière blanche à peine fenfible, après avoir été expofée au foleil pendant plufeurs heures. Cette pierre ne perd point la phofphorefcence par l’ébullition avec l’eau diftillée. Je crois qu’on peut diftinguer dans Les pierres calcaires trois genres de phofphorefcence par le contaét d'un corps chaud. Le premier paroît être l'effet de la combuftion à l'air libre du foufre ou du foie de foufre que la pierre contient. On diftingue cet effer des füivans , parce qu’il eft le feul qui requière la préfence de l'air extérieur. Le fecond paroïît être le réfultat d’une fimple imbibition de lumière; il a lieu toutes les fois qu’on y a expofé la fubftance à laquelle il appar- tient. Tous les corps participent plus ou moins à cette propriété, elle eft très-frappante dans certains diamans & dans quelques fubftances préparées à certe fin par la calcination, Tome XL, Part. I, 1792, MARS, Z 1799 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le troifième ne peut fe manifefter qu'une feule fois dans le même corps, mais il a lieu fans le contact de l'air extérieur, comme dans l’eau, dans le vuide , & dans l’intérieur même de la pierre: telle eft la phofphorefcence du fpath-fluor & de plufieurs pierres cälcaires, L'on s'eft beaucoup occupé des deux premiers genres de! phofpho- refcence & peu ou point du troilième. J'ai fair quelques expériences à ce fujer, & il m'a paru que lorfque la phofphorefcence des pierres calcaires ne tient ni à une combuftion opérée à l’aide de l'air extérieur , ni à l’action de la lumière à laquelle la pierre a été antérieurement expolée, elle eft due à la lumière qui fe dégage, de l'acide qu'elle contient dans l’aête de fa combinaifon par la voie sèche avec la fubliance inflammable ou avec la chaux métallique plus ou moins défoxigénée qui dui eft unie & qui elt un excès par la voie humide. Toutes les pierres calcaires douées du dernier genre de phofphorefcence dont j'ai parlé donnent , lorfqu’elles ont été traitées convenablement avec de l'eau diftillée, les fignes de la préfence des acides vitriolique ou marin. Comme ce dernier acide paroît être la caufe de la phofphorefcence un trèssgrand nombre de pierres calcaires, & qu'il ne forme point de foie de foufre avec le charbon, je l'ai choifi pour fervir à prouver ce que je viens d'avancer. L'on voit dans rous Les Flémens de Chimie que la combinaifon de la terre calcaire & de l'acide marin donne de Ja lumière fur un fer rouge, mais il m'a paru que lorfque ces deux fubftances étoient parfaitement pures, cet effet n'avoit jamais lieu. La terre calcaire aérée très-pure , telle que celle que l'on obtient à la füurface de l'eau de chaux par fa précipitation à l'air libre, ou celle de certains fpaths d’Iflande parfairement blancs & tranfparens , ne m'a donné für un fer chauffé, même à la rougeur, aucurre lumière fenfible. J'ai fait difloudre jufqu'à faturation du fpath calcaire parfaitement tranfparent & non phofphorefcent dans de l'acide muriatique ordinaire r.ctifié. Cette diflolution filtrée a laiflé par l’évaporation dans une capfule de verre un réfidu blanc'& friable qui n’étoit point phofphorefcent non plus que le réfidu de la diflolurion muriatique fait avec excès de'terre calcaire pure. Les réfidus pouflés au feu, jufqu’à la vitrification, n'ont donné aucune lumière dans Les mêmes circonftances, ! La terre calcaire aérée pure projertée dans le premier réfidu lorfqu’il ef en fufon, produit une vive effervefcence:, mais fans phofphorefcence. Si au lieu d'ajouter de la terre calcaire pure, on’en ajoute: une qui foit chargée de fer à demi-oxigéné, on apperçoit à la finface duimélanse une très: belle phoffhorefcence , quoique la terre: ajoutée n'ait: poinc Heule cette propriété. Si l'on fort le mélange ducreufet à propos:& avant que e - SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 171 la combinaïfon foit achevée, elle fe trouve encore après le refroidiffement phofphorefcente fur un fer rouge, Le-réfidu-de l’évaporation de la diffolurion muriatique faite avec excès de terre chargée de fer à demi-oxigéné donne toujours à l'aide de la chaleur une très-belle phofphorefcence. Enfin , {1 dans du mutiate calcaire en fufion l’on jette de la limaille de fer, l'acide marin calcine ce métal & s'unit à lui en produifant une lumière phofphorique d’un blanc bleuâtre qui s'élève à plufeurs pouces au-deffas du mêlange. Cette lumière tranfude à travers le creufet qui fe trouve lui-même dans une atmofphère bleue. Il fe dégage du mêlange quelques bulles qui en éclatant à l’air laiflent échapper une lumière blanche éblouiffante. La chaux noire de manganèfe dégage du muriate calcaire en fufion une fumée blanche qui colare en rouge la flamme des charbons. à La lumière produite eft toujours en raifon inverfe de l’oxigénation du métal. : : Il paroît d'après ces expériences que l'acide muriatique produit dans fes combinaifons par la voie sèche des effets analogues à ceux que M. Weftrumb a obtenus lorfque cet acide eft en état de gaz muriatique exigéné,. Le phofphore d'Homberg ou le muriate calcaire qui eft le réfultat de la décompofition du fel ammoniac par la chaux vive, ne doit vrai- femblablementen grande partie la belle lumière qu'il donne par la chaleur qu’a la décompoñtion de f'alkali volatil, que le gaz acide muriatique oxigéné peut aufli opérer. Phofphorefcence du Spath-fluor. Si nous examinons maintenant la phofphorefcence du fpath-fluor, nous verrons comment ce phénomène & tous les effets qui l'accom- pagnent doivent être le réfultat de la compofition chimique de la fubftance qui Le produir. Les fpaths-flüors font d'autant plus phofpho- riques qu'ils font plus colorés, & fuivant Romé de l'Ifle (Criftallogr. tom. 2), ceux qui font parfaitement blancs & tranfparens n’ont point cette propriété. La phofphorefcence n'eft donc pas effentielle au fpath- fluor. La plupart des fpaths-Auors colorés doivent leur couleur à la préfence du fer, comme Schéele l'a prouvé ( Mémoir. de Stockholm, 1771 j. Donc les fpaths-fluors fonc d’aurant plus phofphoriques qu'ils con- tiennent plus de fer, ou que’ ce fer y eft dans-un état moins oxigéné. Le fpath-fluor perd fa couleur avec fa, propriété phofphorefcente ; ce fait fembleroit indiquer une oxigénation plus completre de la chaux métallique qu'il contient. Tant que dure le phéromène il fe produit un pétillemenct & une décrépitation extraordinaire , qui ne paroït pas dépendre unique- Tome XL , Part. I, 1792 MARS. PLV 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment de l’eau de criftallifation & de l'inégale dilatation des furfaces ; car à chaleur égale ce pétillement eft d'autant plus grand que la phofpho- refcence eft plus vive, & il cefle avec elle. J'ai foumis à fl phofpho- réfcence dans un creufet bien fermé quatre onces de fpath-fluor verd , à demi-tranfparent du Saint-Gothard. Ces quatre onces ont diminué de 1,2$ grains. L'expérience répétée une feconde fois m’a donné le même réfultar. Puifque le fpath-fluor perd par la calcination fa propriété phofpho- refcente & une partie de fon poids, il eft sûr qu’il fe fait un changement dans fa compofition: je me fuis afluré de la nature de ce changement par les expériences fuivantes. J'ai fait bouillir pendant plufieurs heures une livre d’eau diftillée fur 200 grains de fpath-fluor non calciné. La liqueur filtrée rapprochée par l'évaporation n'a donné aucun figne de la préfence du fer par l’infufon de quelques gouttes de pruflite calcaire. La diflolution d'argent & celle de l'acide faccharin ne l'ont pas fenfiblement troublée. Le réfidu de l'évapo- ration étoit blanc, il pefoit un demi-grain, & n'étoit point déliquefcent; il paroifloit être du fpath-fluor non décompofé. La même opération a été répétée fur une pareille quantité de fpath- fluor calciné jufqu'à la vitrification dans un creufet de platine. Sa Lo lution concentrée par l’évaporation a coloré en bleu le pruffite calcaire , la diffolution d’argent y a fait un précipité très-apparent, l'acide faccharin l’a troublée, le réfidu de cette liqueur évaporée à ficcité pefoit 1,5 grains; il étoit déliquefcent, il brunifloit par fon expofition à l'air, & il paroifloit être en grande partie un muriate calcaire très-chargé de fer. Ce fel eft donc le réfultat du changement de combinaifon qui s’opère par l’action du feu dans le fpath-fluor. Schéele a prouvé ( Journ. de Phyliq. 1783) que le fpath-fluor contient toujours une quantité notable d’acide marin qui devient fenfible dans la décompofition de ce fpath par l’acide vitriolique. L'acide fpathique a plus d’affinité par la voie humide avec la chaux que n’en a l'acide marin ( Nov. 4&. Upfal. tom. Il). Il eft donc évident que quand le fpath-fluor s’eft formé, l'acide fpathique s’eft emparé de la terre calcaire à l’exclufion de l'acide marin qui n’eft combiné ici ni avec cette terre, ni avec le fer, mais avec le fpath-Auor proprement dit: car on ne découvre dans ce fpath ni muriate calcaire, ni mutiate de fer. Bergmann & Schéele ont démontré que par la voie sèche les affinités de l'acide fpathique changent, & que l’acide marin lui enlève la chaux. Il arrive donc que quand on calcine le fpath-fluor, l'acide marin s'empare de la chaux & du fer à l'exclufion de l'acide fpathique , & qu'il produit par cette union le beau phénomène qui doit l’accompagner. Il en réfulte l'oxigénation & la décoloration de la chaux ferrugineufe, & enfin le pétillement qui eft vraifemblablement dû en grande partie au dégage- SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 173 ment d’une petite quantité de gaz acide fpathique précipité par l'acide marin. n La phofphorefcence par collifion- paroît, fuivant la nature de la fubftance qui la produit , pouvoir être ou n'être pas fubordonnée à celle us l’on obtient par le contaët d'un corps chaud. Ainlfi la craie phofphorée ont j'ai parlé eft très-phofphorique par collifion, & elle ne l'eft point par la chaleur. Le fpath-fluor dont la furface eft grenue, eft phofphorique par collifion, & il perd en grande partie cette propriété par la calcination. IL eft poffible que les deux phofphorefcences aient en partie une même caufe , lorfque la phofphorefcence par la chaleur eft sûrement comme dans le fpath-fuor le réfultat d’une décompolition opérée par la voie sèche , car il eft probable que le frottement fait dans ce cas le même effec que l'application d’un corps chaud, MÉMOIRE Sur cette Queftion : Les Végétaux ont-ils une chaleur qui leur foit propre ; & comment fupportent-ils dans nos climats les froids de l'Hiver ? Par M. JEAN SENEBIER, Bibliorhécaire de la République. ds ’EsT un fpectacle aflez fingulier que celui qui nous eft offert par les boutons de la vigne & de diverfes plantes, qu'on voit croître, fe dé- velopper fous leurs écailles, en bravant dans cet état de foiblefle la rigueur de l’hyver; tandis que Île gel le plus foible détruit la plupart de ces boutons, quand ils fortent de leurs enveloppes : on eft étonné en obfervant le plus grand nombre de nos arbres affronter des froids de 17 degrés au-deflous de zéro fans périr, & en voyant le bouleau & plufeurs plantes indigènes du nord fupporter fans dommage des froids de 2$ à 30 degrés au-deflous du point de la congélation, Le problème paroît d’abord fort embarraflant ; la sève qui monte dans les plantes eft fort aqueufe ; elle fe gèle à-peu-près au même degré que l’eau ; le lien où les humeurs de la plante font les plus abondantes eft celui où ces humeurs doivent être le plus expofées au froid ; limmobilité de la plante doit lui faire :prendre d’abord la rem- pérature de l'air ambiant ; & la congélation “# l’eau renfermée dans l'écorce doit y occafñonner mille défordres, \ 174 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Jean Hunter s’eft occapé de ce phénomène eurieux ; & il croit l'avoir réfolu, parçe qu'il croit avoir trouvé que les plantes ont une chaleur qui leur eft propre. Voici le réfultat de fes recherches qu'on, lit dans les tranfactions philofophiques, tom. LxV, p.450 &t. LxvrIr, pe 7. Le favant phyfolooifte apprend d'abord que le jus des plantes erbacées fe oèle, quand le thermomètre de Fahrenheir eft à trois degrés au-deflou: du point de la congélation; il montre enfuite qu’une plante: de fève, un oignon de tulipe fe gélent plus tard que l’eau où ils font plongés. Un jeune pin fauvage mis dans’ un vafe d’eau refroidie jufqu'à ce que le thermomètre y, defcendit à 1$ où 17 degrés, ne périt point, mais ayant été replanté, il végéta fort bien & il n'y eur qu’une feule branche gelée qui fe fécha. Une feuille de fève placée de-manière w’une de fes parties touchoit le vafe de métal plongé dans un mêlange À fel & de glace, tandis que l’autre étoit dans l’air renfermé par ce vafe ; la première gela beaucoup plutôt que la feconde , quoique le thermomètre y fût defcendu à 15 ou 17 degrés. 7 mr M. Hunter conclut de fes expériences , 1°. que les végétaux périf- fent avant de fe geler ; 2°. qu'ils produifent de la chaleur tant que la rigueur du froid le leur permet; 3°. que cette chaleur eft proportion- nelle aux circonftances où ils fe trouvent; 4°. que les racines réfiftent mieux au froid que leurs tiges ; enfin que les feuilles gelées devien- nent flafques, ne repouflent plus l'eau , perdent leur reflort & ne fouffrent aucune diminution. - ‘ Le phyfcien répéta ces expériences fur des plantes en pleine terre; il choïfit un noyer dont le tronc avoit neuf pieds de hauteur & fepc pieds de circonférence ; il y fit un trou’ oblique de onze pouces de profondeur: à cinq pieds au-deflus du fol ; il y logea un thermomètre & il en ferma l'entrée à l'air exgérieur par tous les moyens pofñlibless au printems ces expériences furent très-variables dans tous les fens ; en automne on oblerva une chaleur Plus grande de quelques degrés fur Le thermomètre placé dans l'arbre, que fur celui qui étoit à l'air libre. ÿ Ces expériences ingénieufes & fans doute très-bien faites ne me -paroïflent pas propres à établir que les végétaux ayent une chaleur ui leur foit propre. 1°. Les différences entre la chaleur de l’arbre & celle de l’atmôfphère fonc trop variables pour avoir une caufe conftante, 2°. Cés différences font trop perites pour être attribuées uniquemenr à la chaleur particulière de :la plante , rarement elles ont été de fix degrés du thermomètre de Fabrenheit, le plus fouvent de deux degrés & quelquefois il n’y en avoit point; aufli l’on pourroit également les attribuer à une clôture plus ou moins différente du thermomètre placé dans l'arbre, ou à la fermentation des matières employées pour bou- cher le trou de l'arbre & qui s’y feront humeëlées, ou bien à l'action a SUR L'HIST, NATURELLE ŒÆT LES ARTS, 175 particulière du foleil.fur l'arbre lui-même, ou'enfin à l'action de l'air fur la boule plus ou moins humide du thermomètre extérieur ; qui fera plus ou moins defcendu fuivant que l’évaporation aura été plus ou moins forte dans le moment de l’obfervarion. MOT Il faut peut-être remarquer encore que toutes les plantes qui fe pè- Jeor ne font. pas tuées , parce qu'elles ent gelé, car il, y a plufieurs plantes qui fe gèlent à fond fans. périr ainfi par exemple, on voit des couronnes impériales hautes d’un pied, de même que.des hyacintes fe geler au printems, de manière qu’elles deviennent tranfparentes , tom- ber enfuite en fe dégelant, paroître alors ou comme fi elles avoient été bouillies , & fe relever enfuite comme fi elles n'avoient pas fouf- ferc du gel. IL eft encore certain qu'un-fluide expofé nud à l’aétion de l'air froid peut fe geler à un degré du thermomètre, où il ne fe veleroit. pas, s'il éroit enfermé dans quelque étui qui feroit un mauvais conduéteur de chaleur; & c'eft précifément le cas des fucs végétaux qui .fe gè- lent plutôt à l'air libre que dans leurs vaiffeaux naturels; d’ailleurs la congélation des plantes dans l’eau refroidie à 15.ou 17 degrés du ther- momètre de Fahrenheit ne peut être comparée à la congélation des plantes dans l’air , car comme l'air eft huit cent fois plus rare que l’eau, &. comme il eft beaucoup plus mauvais conducteur de chaleur qu’elle, il lui enlève beaucoup moins de chaleur; enfin comme les fucs vé- gé'aux ont été mis dans des vafes métalliques refroidis à 28 degrés de ce thermomètre , ceS fucs doivent à plus forte raifon y perdre encore plus vite leur chaleur que dans l’eau & dans l'air; auffi la feuille de iève qui touchoit le métal a été plus vite gelée que celle qui re le touchoit pas, En y faifant bien attention on remarquera, que comme les plantes fourniflent beaucoup d'air pur .par leurs feuilles, &jcomme! leur éva- -poration eft fi grande pendant l'été , leur chaleur, propre , fi elles.en ont, devroit êtrealors beaucoup plus petite, car l'air pur eft l'oxigène plus le calorique , tout de même les vapeurs de l'eau font l’eau plus le calorique. Ileft vrai que la lumière peut fournir ce calorique à çous les deux ; mais alors il, ne fe combine pas: avec la plante pour y ex- citer de laichaleur; aufi M, Schopffa prétendu par cette raifon que .conime, l'évaporation. reft extrêmement diminuée pendant l’hyver,.& comme il n’y_a point alors de produétion d'air vital, les plantes doi- vent avoir plus de chaleur propre dans cette faifon qu'en été; cepen- _dant les expériences de M. Hunter ne. le démontrent pas;, d’ailleurs quand cela feroit, vrai, je ne crois pas que cela ff perceptible, parce que lation du foleil fur les plantes eft plus rare, &. plus. courte en aryver que, dans les autres, faifôns. Enfin, M. de Sauflare a obfervé que la neige ne fe fond pas plus vite au pied des arbres végétans.qu'au À S 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, E des piquets ou dés pieux de bois mort, ce qui n’arriveroit pas 1 les plantes en vie avoient une chaleur qui leur appartint. \ … Mais malgré routes ces réflexions on ne peut fe diflimuler, que la sève du noyer qui fe gèle à un degré environ au-deffous dé zéro du thermomètre de Réaumur lorfqu'elle eft hors de l'arbre , n’a pas été gelée dans l'arbre quand le thermomètre eft defcendu à 17 degrés au- deflous & même plus bas. Certainement lorfque les expériences de M. Hunter feroient fans replique, elles mexpliqueroient pas ce phé- nomiène qui eft commun dans les pays feptentrionaux & que nous obfervons quelquefois dans Le nôtre; voici peut-être quelques remar- ques qui pourroient rendre l'explication plus facile. J'obferverai d'abord qu'il y a des cas où les froids violens tuent les arbres ; on fait que plufieurs arbres & plantes qui végètent pendant lhyver dans nos zones témpérées , périflent par le froid dans les pays glacés du nord , loifqw'ils y font expofés en plein air , quoiqu'ils y vivent fort bien dans les ferres : mais on remarque aufli que les froids violens qui tuent nos arbres & nos plantes dans notre pays,ne les tuent pour l'ordinaire que dans certains cas particuliers. Les froids violens ne font pas funeftes aux arbres & aux plantes accoutumés à notre pays , lorfqu'ils ont été dépouillés pendant quel- que tems de leurs feuilles , lorfque leur végétation apparente a été fuf- pendue , lorfqu'un froïd croiffant graduellement a repouffé les fucs qu’ils contenoient vers leurs racines en diminuant le diamètre de leurs vaiffeaux. Aufñli quand l’efpèce de l'arbre eft telle que la conftriction de fes vaif= feaux produite par le froid ne peut refouler la plus grande partie de la lymphe vers les racines , & que le fuc propre n'a pu fe combiner avec la plante, ou s’évaporer fufifamment , l'arbre périt quand le froid devient très-vif, comme cela arrive aux fipuiers ; c’eft ainfi que l’on voit DAS M rameaux foibles fe geler quoique les grofles bran- ches ne fouffrent pas, parce que les premiers qui font encore tendres font encore pleins de sève ; c’eft ainfi que les jeunes poufles du prin- tems font détruites par le moindre gel, parce qu'elles font herbacées & regorgent de fucs. J'ai coupé au contraire des branches de grofeil- ler pendant que le froid faifoit defcendre le thermomètre à cinq de- grés au-deflous de zéro , la branche étoit molle & flexible, fa partie intérieure étoit prefque parfaitement sèche. Mais il auroit fallu faire ces expériences par un froid plus vif, peut-être auroit:on apperçu des traces de glaçons. Ceci me fait foupçonner que la tige de la plante & fes groffes bran- ches peuvent être réchauffées par la chaleur que les racines puifent dans la terre & qu'elles lui commupiquent. Les racines fe gèlent au moins très-rarement , & elles ne font point mortes quand le froid\a tué leurs tiges. “à Ce SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 177 Ce foupçon n’eft pas fans fondement; M, Kirwan.a fait voir que la chaleur du terrein à une profondeur qui nw'eft pas grande, fe trouve d'après les obfervations les plus exactes, aflez correfpondante à la cha- leur moyenne de l'atmofphère dans, le voifinage de la terre. Ainf, par exeruple, à Paris où la chaleur des caves de l’obfervatoire eft de 10 degrés à la profondeur de 80 à 109 pieds, & où l'ontrouve cette cha- leur dans des profondeurs plus grandes, la chaleur. moyerne à la fur- face de Ja terre eft aufi de 9 à 10 degrés: ce qui annonce des maga- fins de chaleur, qui peuvent fe vuider pendant l'hyver ; & dont les plan- tes qui fonc de meilleurs conducteurs de chaleur que l'air ou la verre profitent continuellement. C’eft pour.cela qu’en Laponie où la chaleur moyenne ide l’atmofphère eft de un, deux ou trois degrés au-deffus de zérO, il n’y a qu’un très-petit nombre de plantes qui puiflent y vivre ; Ja chaleur que la terre peut leur communiquer eft trop petite pour conferver les autres, qui vivent dans les lieux où la chaleur moyenne eftplus-grande; on pourroit prefque déterminer ainfi le climat des plantes en confultant le bel ouvrage.de.M. Kirwan, intitulé EfZina- zion de la température des différens degrés de latitude, celui d'Œ- pinus de diflributione calonis per cellurem. * Mariotte a obfervé que la chaleur de la terre à quelques pieds de profondeur étoit pendant l'hyver plus grande que celle de l'air, quand cette partie de la terre ne communiquoit. pas immédiatement avec l'air extérieur. M. Hellant fait voir que la température des fources fourerraines eft à-peu-près la même pendant toute l'année. M. Van- £winden a remarqué que Le froid qui pafle le zéro de Fahrenheit ne ‘pénètre pas. dans la terre au-delà de vingt pouces ,-s'il ne dure que quelques jours quand la terre eft fans neige; & qu'il ne s'infinue pas à dix pouces quand la terre eft couverte de neige. M. Maurice nous apprend dans le journal de Genève pour 1700; numéro 9 ; que quoi- que le plus grand froid éprouvé en 1789 eûr fait defcendre dans l'air à Genève Le thermomètre à—13 degrés, quand il éroit placé a cinq pieds de terre, il ne defcendit qu'à — 6 degrés, lorfqu'il étroit à la furface ; que celui qui étoit enterré à deux pouces de profondeur s’a- baiffa à—2; tandis que Les thermomètres à douze comme à fix pou- ces éroient à zéro, & que ceux qui étoient à une profondeur de trente- fix pouces fe rinrent à deux deprés au-deflus de zéro , quoique le froid eût regné pendant deux mois d’une manière ‘affez févère. Le même ob- fervateur a vu que la plus grande chaleur à cinq pieds de terre avoit faic.monter le chermomèrre à +23? , qu'à la furface de la terre, il s'éleva à 36°; à fix pouces de profondeur , il fut à 23°; à 12 pouces à 20°; & à 36. pouces à 17. | C’eft pour cela que dans notre pays & même par- tout pendant l’hy- ver la chaleur de la terre eft faMfante pour fondre les glaces & la Tome XL, Part, I, 1792, MARS, À à 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, neige qui la couvrent; elles s’écoulent aufli toujours en eau pendant toute l’année dans la partie la plus voifine du fol; on voit dans les Alpes nos glaciers alimenter ai pétde l'hyver Les rivières qu'ils pro- daifent. C'eft pour cela que les eaux des mers & des lacs confervent durant les tems les plus froids une chaleur fupérieure à celle de l'air atmofphérique. Notre lac, par exemple, ne {c gèle poirr, quoiqu'il {bit expofé à un froid de 15 où 16 degrés au-deffous de zéro perdant glufieurs jours. M. de Sauflure a obfervé après un gel d'un mois que la chaleur de l'air étanc exprimée par 2° 66 du thermomètre de Réau- mur , celle de la furface du lac faifoit monter le thermomètre à 4 de- grés, & celle du lac à la profondeur de 938 pieds, étoit de 5°5$ 3 - on fait enfin que la terre fe trouve toujours dégelée en Sybérie après la fonte des neiges. M. de Mairan a fort bien prouvé que le froid des hyvers eft tem- péré par la chaleur que la terre communique à Farmofphère , & que cette chaleur emmagafinee étoit l'effet de celle que Le foleil y enfouit en y dardant fes rayons. Il me femble donc établi de cette manière que cette chaleur doit fe communiquer à tous les corps avec lefquels elle a des affinités, & conime elle doit toujours tendre à l'équilibre , com- me elle doit fur-rour s'unir aux corps qui ont avec elle les plus grands rapports , il eft tout-à-fait probable qu’elle fe combine d’abord en fe développant avec les corps qui en font les meilleurs conduéteurs , & à cet égard les plantes l'emportent fur la terre , les pierres & l'air : mais cette chaleur ne peut pénétrer les plantes.continuellement fans y entretenir toujours une température différente de celle de l'air ambiant pendant l’hyver : c'eit aufli l'effet que cette chaleur produit fans cefle fur les racines qui ne fe gèlent prefque jamais, & c’eft par leur moyen qu'elle réchauffe toute la plante en lui fourniflant une partie de la cha- leur que L'atmofphère lui enlève alors peu-à-peu, On comprend ainfi comment les plantes ligneufes & celles qui font privées des fucs aqueux réfiftent au gel & n’éprouvenr point la déforganifation qui fait périr les plantes fucculentes par la grande expanfibilité de l’eau changée en glace. Il faut obferver encore que les fucs des plantes qui font fufcepti- bles de congélation font les moins expofés à l’action du froid ; les fucs lymphatiques font dans le bois & les fucs réfineux font dans l'écorce, en forte que les fucs Iymphatiques font défendus de l’aétion du froid par les fucs réfineux qui font de très-mauvais conduéteurs de chaleur, & les premiers font moins expofés immédiatement à l'aétion de l'air ex- térieur que les feconds; c'eft peut-être pour cela que les arbres d’un petit diamètre périflent par le froid , quoique les gros arbres de la même efpèce ne s'en reflentent pas: on voit de même que les petites branches fe gélent & que les grofles branches ne fouffrent pas du gel, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 179 fans doute Leur lymphe qui eft mieux garantie ne fe gèle pas audi ta- cilement. É j Outre cela l'eau ne fe gèle pas aifément lorfqu'elle eft dans de cer- taines circonftances , elle fupporce un froid qui fait defcendre le cher- momètre jufqu’à neuf degrés au-deflous du terme de la glace fans fe geler. Je n’ai pu changer en glace de l'eau contenue dans des tubes capillaires de verre, quoique le Froid fit defcendre Le thermomètre à fept d-grés au-deflous de zéro, Et comme la fève des plantes y elt ren- fermée dans detrès-petits vaifleaux , comme elle y eft en hyver en très- petite quantité & dans un parfait repos , comme la terre lui fournic d'ailleurs la chaleur par les racines qui la touchent, je comprends com- ment une foule de plantes peuvent rélifter ainfi à des froids très-rigou- reux, Mais on fent mieux comment lation du froid fur les plantes, au moins fur celles qui fonc ligneufes, a peu d'efficace pour geler la fève, depuis les expériences importantes qui ont été faites far M. Blagden fur la congélation , elles font rapportées dans Les Tranfa&ions philofophiques , tome Lxxvitr, Ce grand phyficien a fait voir ,que tout ce qui diminue la tranfparence de l'eau retardoit {a congélation; que l'eau bourbeufe d’une rivière fe geloit plus tard que l’eau pure; que l'eau réfiftoit encore davantage au gel, quand elle fe geloit graduelle- ment. En forte que, comme il paroît par l’analyfe que j'ai faite de fa lymphe, cette liqueur contient un mucilage & une partie terreufe bien caractérifée , comme on fair que les froids s'augmentent & fe communiquent fur-tout affez graduellement, enfin comme il eft certain que les fucs des plantes ne font expofés ni au contaét des glaçons niau mouvement trémuleux qui accélèrent la congélation de l’eau, il doit néceflairement arriver que la congélation des fucs aqueux des plantes eft toujours très-difficile. On pourroit dire encore que l'air en s'appliquant fur les véséraux pendant l’hyver leur abandonne plus ou moins l'eau qu’il tient difloure ; mais l’eau qui fe gèle fur la plante lui communique La chaleur qu'elle perd pour devenir folide, ce qui doit arriver parce que les parties de la plante fogt de meilleurs conduéteurs de la chaleur que l'air, & qu'elles fonc plus propres à fe faifir de la chaleur abandonnée. On fent d'ailleurs que l'air qui eft fi rare & fi mauvais conduéteur de chaleur doit enlever fort peu de chaleur aux planres avec lefquelles il eft en contaét, tandis qu'elles en reçoivent une plus grande quan- tité de la terre par leurs racines, qui y occupent un grand efpace, L’inflüence démontrée de la lumière fur les végétaux annonce - [a chaleur qu'elle doit leur communiquer pendant l’hyver, puifqu'elle ne ëfle pas de les éclairer; & comme la lumière arune très-grande af- finité avec les parties réfineufes qui font très-répaindues dans les plan- tes , & qui fonc fur-tout placées vers leur extérieur ; on compread Tome XL, Pare. I. 1752. MARS. Âa 2 ifo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, encore mieux Comment les plantes doivent trouver pendant l'hyver une fource journalière de chaleur dans le foleil, : On voit par-là que les gelées d’hyver font tout-à-fait différentes de celles du printems pour les plantes, car quoique la caufe foit ia méê- me, les effets ne fe reflemblent point, En hyver les plantes & leur branches ont toute leur force & leur vigueur; privées depuis long- rems de leurs feuilles, elles contiennent la moindre quantité poflible de fève ; mais au printems les nouvelles poufles font extrêmement ten- dres , humides , & pleines de fucs, Le gel détruit alors la plupart des plantes qui y font expofées par la dilatation confidérable que produit ie changement de l’eau en glace dont le volume eft alors plus grand d’un feptième que celui de, l'eau , fuivant les expériences de M. Blag- den, C’eft par cette raifon que les gelées ne font jamais plus fâcheutes en automne, que lorfque les feuilles des arbres tombent fubitément par uné gelée blanche, parce que les plantes font remplies de la fève que les feuilles avoient attirée : aufli en Suède on dépouille en automne de leurs feuilles les arbres qu'on veut conferver; afin qu’elles n'y atti- rent point-de fève & que celle qui pouvoit y être conrenue ait le tems de s’'évaporer, ou de fe combiner , ou de fe retirer avant le gel, Je n'entre pas dans d’autres détails fur les moyens que les plantes ont de réfifter au froid, & fur l’action que le froid peut avoir por les détruire, parce qu'ils font des conféquences des principes que je viens de pofer. nn me seen ee Cie V: EN GPMÉMMIE LL 'E"F DIRE DE M DE LUC, À M DELAMÉTHERIE, Sur un commencement affignable des Phénomènes phyfiques obfervés à la furface de notre Globe, & fur la caufe de l'état aduel de nos Couches, Windfor , le 20 Février 1792 L Monsieur : Je viens à l'important examen auquel vous m'avez invité , & je m'y livre fans crainte d’en voir interrompre le cours, comme il arrive quelquefois dans Les difcuflions fur les théories favorites. Rien n’eft _— SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 181 fi commun que la profeflion d’aimer la vérité; mais on ne l'aime pas réellement, quard on s’offenfe des objeétions , ou qu'on s’abftient d'y répondre en foutenant néanmoins les mêmes idées : c'eft , j'ofe le croire, ce qui ne nous arrivera pas. 1. Quel objet pour le philofophe que de voir l’Aomme s'occuper de l'univers | l'homme veut favoir, & dès fes premiers pas dans l’é- tude de la nature, il a été enclin à penfer quil l'embrafloit toute entière. L'imagination forma de très-bonns heure des canevas d'u- mivers, & les cofmologues y arrangeoient le peu de faits qui leur étoient connus, comme les aftronomes plaçoient les étoiles dans pé- gafe ou le vaifJeau ‘des argonautes. À mefure que les faits fe multi- plioient avec certains rapports entr’eux , ces canevas changeoient de forme ; mais comme rien n’y étoit ftable , ils produifirent le fcepti- cifme & fes différentes branches, qui font aufli des fyftèmes fur are nivers: 2. Durant ces conflits, de l'imagination pour tout créer, & du fcepticifme pour tout détruire, les fources de la vérité s’ouvroient fuc- ceflivement par l'obfervation. Des objets qui d’abord ne frappoient point ,‘ont attiré par degrés l'attention des hommes; les defcriptions des obfervateurs font parvenues jufqu'à nous avec leurs conjectures, & inftruits par leurs erreurs mêmes fur la manière d'étudier les phé- nomènes, notre récolte des faits & de liaifons réelles entre les faits eft devenue très-abondante. Par-là nous nous trouvons dans untems, où des découvertes fondamentales , vraies bafes de fcience , doivent nous engager à en écarter toute conjecture vague; pour que des liai- fons imaginaires entre les faits ne retardent pas la découverte de leur vrais liens; tems encore où le fcepticifme fur-tout n’eft plus qu'une paréfle d’efprit. Vous voyez, Monfieur , que j'entre entièrement dans vos vues, de chercher des points fixes en cofmologie , & de détermi- ner avec foin le degré de probabilité des idées que nous y ajoutons. 3. 11 eft évident que nous ne pouvons nous former une idée raifon- nable de l'univers, que d’après l’enfemble des faits; & il ne l’eft pas moins , que nous ne faurions conclure aucune théorie phylfique de tout ce que nous obfervons dans l’e/pace, qu'à l'aide des obfervations fur la planète qui nous tranfporte dans fon cours. Que faurions-nous fur les affinités chimiques, les fluides expanfbles, les liquides, les fo- lides , les propriétés de la lumière , la fucceflion des opérations phy- fiques & méchaniques, la force centrifuge, les loix des projectiles , ue faurions-nous enfin fur la pefanteur elle-même , cette caufe fi gé- nérale , fans la phyfique terrefre : Rien abfolument : toutes ces notions, que nous tranfportons de diverfes manières dans la cofmologie , nous font venues d'obfervations faites {ur notre globe. C’eft donc par l'é- tude de la serre, que nous pouvons efpérer d'avancer nos connoïflan- 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ces {nr l'univers : mais comme les aftronomes prennent le plus grand foin à bien déterminer les petits angles, fachant les écaïts où les jerte- roient des mefures inexactes, les cofmologues doivent être très-fcrupuleux fur Les principes qu'ils tirent de la phyfique & de Phiftoire naturelle, fans quoi ils n’en pourroient conclure que des univers imaginaires. 4 Telle eft, Monfieur , la règle que j'ai cherché à fuivre dans ma théorie géologique, & je m'y foumettrai dans vos jugemens , tout comme je l’appliquerai à vos opinions , perfuadé que vous l'admet- rez : & à ce fujet , permettez-moi de vous faire obferver d'entrée, que la précifion dans les propolitions & dans leur enchaînement étant une des conféquences de l'application de cette règle ‘il y a quelque pro- babilité que je l'ai fuivie, puifque vous avez pu énoncer en une feule page (la 287° de votre dernier vol. ) la marche principale des caufes & de leurseffets dans mon hiftoire de la terre. Ce réfumé confifte en douze propofitions précifes , dont les développemens fe trouvent dans mes let- tres précédentes ; & leur liaifoneft telle, que je dois répondre à routes les objections précifes de phyfique ou d’hiftoire naturelle qu’on pour- roit y oppofer, ou abandonner .mes idées : vous m'avez fait, Mon- fieur, quelques objections & je deftine certe Lettre à leur examen. + Voici la I de mes propofitions. « A l'époque où je commence » à confidérer la terre, fa mafle étoit compofée de tous les é/émens » qui la compofent aujourd'hui, la lumière exceptée ». Vous avez bien vu que je n’avois rien à prouver d'entrée à l'égard de cette pro- pofñtion, & vous l'avez admife aufli précifément qu'il étoit néceflaire , en difanc:/ faut bien que les élémens qui compofent le globe de la rerre , ayent été réunis d'une manière quelconque. Mais vous voudriez une preuve immédiate de la feconde propolition , favoir : « que le » changement que je fuppofe arrivé à la mafle de la terre, & d'où » ont pu réfulter les phénomènes connus, eft l'addition de la lumière » aux autres élémens ». Vous verrez aifément, Monfieur, que cette propofition n'eft pas de nature à exiger une preuve direte, comme Pexigeroit l’affertion d'un fait : ce n'eft ici qu’une hyporhefe fonda- mentale, dont là preuve doit réfulter de fon accord avec les phé- nomènes qu’elle a en vue: elle fera établie, fi ces conféquences lé- gitimes expliquent l’état préfent de notre globe. Vous ne me refuferez pas fans doute de l’admertre d’entrée à verre condition ; puifque je me foumets enfuite ou à lever toutes les objections que vous pourriez faire fur les conféquences que j'en tire, où à l’abandonner, 6. L'inutilité d'une telle hypothèfe pour fon but, feroit une ob- jeétion péremptoire, & C’eft votre opinion à l'égard de la mienne) & Que dans ce moment ( dites-vous ) la /umzère fût unie aux autres » élémens du globe, où qu'elle ne le füt pas, c'eft une queflion de » phyfique qui ne tient pasà l'hÿfoire de la terre, & par conféquent SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 183 ‘5 nous Ja laïifferons de côté ». Vous penfez la même chofe à l'é- gard de la propofition fuivante, favoir : « que la Jumiére, fe combi- » nant avec un des é/émens antérieurs du globe, produifit le feu ». Je devois prouver immédiatement cette propolition , car c'eft le pre- mier lien de mon Aypothéèfe avec l'hifloire de la terre ; & je crois Favoir fait dans ma O° lettre; mais vous m'oppolez, « que c’eft-1à » encore une queffion de phyfique générale étrangere à notre difeuf- » fton ». Je voudrois que vous m'eufliez dit fur quoi vous vous fon- dez à ces deux égards, & pour que vous puifliez le faire plus préci- fément , je vais vous répéter en peu de mots, ce que je regarde com- me des liens intimes de ces propofitions avec la géologie. 7- Nous convenons vous & mai ( & je penfe qu'on le reconnoîtra bientôt généralement ) que toutes les fubflanres minérales obfervées à la furface de la terre, font des produits , ou iinmédiats, où médiats, d'opérations. qui ont eu lieu daris un Liquide , dont ces /ubflances fai- foient partie. J'entends par produits immédiats, routes les fubftances Jolides originairement féparées du Ziquide par voie chimique , ainfi que les reftes d'animaux ou d'ouvrages d'animaux marins, dont les mafles Jolides reftantes, fous quelque forme qu’elles fe préfenrent aujourd'hui , n'ont pu procéder que du quide ; & par produits mediats, j'entends toutes les mafles fofiles procédanres de ces premières, par fractures, ou par des combinaifons chimiques fubféquentes. Vous voyez , Mon- fisur, que par cette définition générale , mais précife , je puis laifler à part ici les queftions fur lefquelles je diffère d'avec vous & d'avec M. pe Doromisu. A l'égard de ce qu'on nomme couches /écon- daires & tertiaires, ou de ce qui regarde Les refles d'animanx marins, ce font là fans doute des queftions géologiques, & j'y viendrai ; mais il fuffit- pour le préfent que nous foyons d’accord fur ur point; c’eft que toute la mafle obfervable de nos continens fit autrefois partie d’un liquide: propofition que mous avons établie , & contre laquelle je ne crois pas qu'on puifle élever aucune objection folide. 8. En étudiant l’ordre dans lequel fe trouvent aujourd’hui, tant les fubftances minérales dominantes, que leur divers mélanges , nous y re- traçons clairement une fuccefion non interrompue de fuperpofitions de matières différentes , bouleverfées enfuite par de grands accidens à diverfes époques; & en procédant avec attention à cette étude , nous pouvons partir de certaines couches, qui, d’après des caractères chro- nologiques non équivoques font le dernier & fort peu ancien ouvrage du liquide primordial , couvrant encore nos collines & nos plaïnes ; & pafler de là, de produits en produits antécédens les uns aux autres, jufqu'au granit , le plus ancien des monumens géologiques que nous découvrons fur notre globe. Le granit fur donc le premier des pro- duits du liquide primordial ( du moins à notre connoiffance ), & tous 184 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les autres le fuctédèrent : mais ils font maintenant à fec. Tel eft-no- tre grand problème géologique , par où fa folution exige de rendre compte de cette /ucceffion dans fes caractères généraux bien décermi- Dés. Le ” 9. Quelque tems qu'ait pu exiger la fuite de ces opérations , à com- mencer de la formation du grazir, ce tems eft un point, compara- tivement au paffé ablolu: de forte que nousdevons confidérer le com- mencement des opérations chimiques dont nous voyons les monumens fur notre globe, comme appartenans à une époque dont la diftance , quelque grande qu’on puifle la fuppofer , eft certainement fie. Or il réfulte de là une conféquence générale trèsimportante ; c’eit qu'à certe époque il dut arriver un changemeyt eflentiel à notre globe; puifqu'il en réfulra tout ce que nous obfexvons, qui n'avoit pas été produit auparavant. La première queftion géologique qui fe prélen:e, eft donc: Pourquoi le granit n'avoirl pas été produit jufqu’alors ? 10. Il n'y a point d'opération chimique , telle que celle dont nous cherchons la caufe, fans Ziquidité ; conféquemment, lorfque Le gra- nit fe forma, la partie de notre-globe où il prit naiflance, devoic être liquide ; & comme il fe trouve dans tous nos continens, ce ;- quide devoit couvrir tout le globe: nous fommes d'accord là-deflus. Nous ne ferons pas moins d’acco:d , je penfe, fur un autre principe, qui découle de celui là , favoir : que dès que la /'qu'dité exifta dans cette partie de notre globe, poflédant d’ailleurs tous les ingrédiens ui devoient former le granit, fa formation fur la conféquence inévi- table de ce changement, quelque tems qu'elle ait pu exiger. De forte que la première queltion géologique fe change en celle-ci: Pourquoi la liquidité n'avoit elle pas exiflé jufqu'alors fur notre globe ? 11. Nous connoiflons la nature & la caufe de Ja Ziquidire. Un 4 guide eft formé par une certaine union des particules du feu avec les molécules de quelques fubftances dont la propriété diftinctive eft, que dans cette combinaifon , elles réliftent peu à être féparées, quoi- qu'elles rendent toujours à fe réunir entr'elles : c’eft ce que j'ai ex- pliqué plus particulièrement. Ainfi, quoiqu'il y ait des claffes de mo: lécules capables de former immédiatement des liquides , elles n'en forment néanmoins jamais, que par leur union avec le feu, mais'eiles en forment toujours, dès que le feu elt en quantité fufffänte. Par où notre queftionsfe recule encore , & nous avons à nous demander : Pourquoi notre glohe n'avoir pas poffedé jufqu'alors wnz quanrité fuf- fefante de feu, pour que le liquide primordial Je formär ? 12. En partant des rapports connus, de la /umière avec Les phé- nomènes de chaleur auxquels elle fe trouve liée, j'en ai conclu cette théorie phyfque , indépendante de‘toute confidération géologique, & dont j'ai expalé les fondemens immédiats : « Que la Zumiére n’elt pas 5 à » çcalorifique SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 185 » calorifique par elle-même; mais qu’elle n’en eft pas moins eflentielle » à l'exiftence de la chaleur, comme étant une partie conftituante de » fa caufe immédiate, favoir, le feu , & s’uniflant pour le produire, à » une fubftance qui appartient à notre globe , y compris maintenant fon » atmofphère ». D'après cette théorie phyfique ( qui fans doute ne doit pas être un fimple apperçu , puifque j'en tire des conféquences impor- tantes en Géologie, & qu’ainfi je dois pouvoir défendre contre les objections s’il s'en élève ), je confidère l'élément propre du feu, comme un de ceux qui compofoient notre globe avant l'addition de la Zumiére ; mais je dois expliquer enfüuite comment cette addition feule a pu pro- duire tous les phénomènes qui m'ont fait arriver à la fuppofr. Or, dans cette chaîne d'événemens, qui, fuivant ma théorie, doivent remonter jufqu'à l'addition de la lumiére, ou en defcendre jufqu’à ce que nous obfervons a@tuellement, nous voyons déjà, que par certe nouvelle fubftance Le feu fut produit ; que par le feu l'eau devint liquide ; que par fa liquidire elle donna lieu à routes les opérations chimiques dans la partie du globe qu’elle occupoit, ainfi qu'à des /éparastons de fubftances par la fimple différence de leur pefanteur fpécifique. Par où nous entrons dans le cours de ces opérations qui ont dû commencer à une certaine époque : j'ai fixé, il eft vrai, cette époque par une fuppofition ; mais c'eft d’après {a feule règle générale applicable à cette recherche : celle de juger des caufes pañlées par leurs effets exiftans , auñli loin que ceux ci puiflent conduire : ainfi l’on ne pourra pas relter long-tems dans le doute fur ma fuppofition , car je l’abandonnerai le premier , fi fes conféquences ne fe trouvent d'accord, par la Phyfique , avec les obfervations géologiques. 13. En fuivant ce cours de conféquences qui découlent de ma théorie, nous nous rencontrons , Monfieur, auprès du plus ancien des monumens géologiques, foit le granit ; penfant l'un & l'autre qu'il s’eft formé chimiquement dans un liquide : mais nous nous écartons bientôt fur des objets à l'égard defquels vous penfez que nous fommes à-peu-près d'accord. « Vous convenez (me dites-vous ) avec tous les phyficiens, » que la furface de la terre a dû être couverte d'ea à fa première ori- » gine.... Vous reconnoiflez que la portion de cette ea qui » difparu de deffus la furface de la terre, n’a pu fe diffiper dans d’autres globes, mais qu’elle a dû s'enfouir dans le nôtre. Vous voyez que nous fommes d’accord {ur explication des principaux phénomènes, & j'efpère de vous faire voir , que dans celle fur laquelle nous différons , » C'eft moins dans les chofes que dans les mors ». Nous nous reacon- trons fans doute dans quelques points de notre marche’, parce que la Géologie fait aujourd'hui de vrais progrès; mais foyons aufli attentifs aux différences qu'aux rapports , afin de nous exciter à la recherche. Je vais donc continuer l'expofition abrépée de ma théorie. 14. Suivant ma manière d'envifager l’aflemblage des élémens de notre Tome XL, Part, I, 1792. MARS, Bb 2 » » 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, _globe avant que la Ziguiduié y eût été produite , c'éroit un fimple amas F poudres d'une multitude d’efpèces, retenues en gne mafle par l’effter de la gravité feule : l'élément du feu, étoit mêlé à toute certe mafle, & ainfi, par l'addition de la lumière , elle fe trouva par-tôut pénétrée de feu. & Alors ( fuivant ma quatrième propofition) le feu s’unit aux molé- » cules de l'eau, que je fuppofe n'avoir été d'abord qu'à une certaine » profondeur dans la mafle , & elle devint Ziguide ». Ici encore nous fommes d'accord fur les effets, en tant qu'exprimés d’une manière générale. « Il eft certain ( dites-vous dans la feconde partie de votre » Lettre) qu'àune époque , la terre a dû être liquide, ou dans un état » de mollefe. 1] a donc fallu un deoré de chaleur qui tint l’eau dans un état » de liquidité ». Mais la liquidité étant une fois produite, toutes cauies furent en action fur notre globe ; & fi nous ne déterminons rien dans ces caufes, il y a des millions contre un à parier, que nousne rencontrerons pas ce qui exifte, Vous venez de voir ; Monfieur , routes mes. détermi- nations , elles ne font pas compliquées , & elles font fondées encore fur la règle générale , que les caufes paflées doivent être conclues de confés quences légirimes tirées d’effess exiftans, & y retourner par fynthèfe. Ainf, d'après mes déterminations ; lorfque le feu eut été produit dars la mafle de la terre, les molécules de l’eau qui s'y trouvoient jufqu'à une certaine profondeur, furent transformées en liquide ; ce qui pro- duifit d'abord une forte de £ouillie, dans laquelle des poudres, qui d'abord ne furent pas diffoutes , defcerdirens, en tendant vers le centre de gravité du fphéroïde formé par le mouvement de rotation ; d’où rélulta tout autour de la mafle, un amas de va/e au fond du liquide primordial, foit le premier réfultat des combinaifons chimiques dues à fe liquidité 5. Remarquez, Monfeur, que je n'ai pas confondu , comme vous l'aviez penfé, des fédimens “avec des precipirations : je n'ai jamais employé ce dernier mot que dans le fens chimique, où il défigne le rélultat d'opérations, dans defquelles il fe forme des olides , d’une partie de ce qui auparavant éroit liquide ; foit que ces folides fe forment en corps réguliers, tels que des po/yédres ou des fphéroïdes, foit qu'ilsfoienc en poudresimpalpables, difpofées-ou non à fe réuniren mafles cohérentes. 16. IL fe ft donc, au fond du liquide primordial, un fédiment confi- dérable, compofé de fubftances qui n’y furent pas d’abord diffoutes ; & fans de nouvelles opérationsichimiques, notre ÉVE feroit reflé dans cet état. Mais par des opérations plus lentes, quelques-unes des fubftances du /édiment furent difloutes , & de premiers fluides expanfibles {e dégagèrent du liquide; par où commencèrent les précipitations du granis & des autres fubftances qe nous lui trouvons aflociées ; & ce fut ainf que fe forma, tout autour du globe, la croûte dure, dont j'ai parlé, repofant par-tout fur une yafe très-abondante , & celle-ci fur la SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 187 mafle des poudres qui n'étoient pas encore mêlées d'eau. Vous me demandiez d’abord, Monfieur , « pourquoi cette croûte auroit eu plus de » confiftance que les parties qui fe trouvoient fous elle; les unes & les » autres ayant été produites dans le fein des eaux »? Vous Le voyez fans doûte nraintenant : la va/e n'étoit formée que de fédimens , dont la plus grande partie ne fe trouvèrent pas de nature À contracter cetre cohérence qui conftitue la dureté des grandes mafles, & il ne s’y forma que des concrétions partielles , étendues en rameaux fous la croûre : au lieu que celle ci fut formée par des précipitations criflallines , lefquelles, comme nous le voyons, fe trouvèrént difpoféss à s'unir en mafle continue & très-dure. 17. Vous m'objeét:z enfuire : « que dans les lieux les plus bas où » nous ayons pu creufer, nous he voyons pas qu'il yait moins de » dureté qu'à la furface'de la terre ; & qu'ain(i nullè analogie ne peut » nous faire fuppocr, qu'a de plus grandes profondeurs il y ait moins de » dureté ». Je vous citerai d'abord un cas analogue à celui que je fuppofe. Lorlqu'on amène l'eau de la mer dans les marais falans, elle y entraîne de la va/e, qui fe dépofe d'abord; puis le Jel {e précipite fur cette vafe molle à mefure que l'eau s’évapore , & il y forme une croûte dure. Quant au cas même dont il s’agit, il eft bien évident que nous ne pouvons avoir à fon égard aucune obfervation direéte ; puifque nous fommes bien loin de traverfer par nos fouilles l’amas de fubftances formées par précipitation, dont la plus baffe , favoir, le granit, eft la plus dure. Nous n'avons donc d'autre moyen de juger quel a été, ni quel ef l’état inrérieur de notre globe, que par les phénomènes exvérieurs auxquels il peut fe trouver lié; rout comme nous ne pouvons juger des caufes paflées , que d'après des effets exiftans , qui peuvent légitimement leur être afignés , & ne peuvent l'être aufli probablement à aucune autre caufe. ” 18. Vous m'objectez encore : « Comment ces parties au-deflous de » la croûte , quoique moins dures, ont-elles pu diminuer de volume ? »s N'ont-elles pas été comprimées de toutle poids de cette crodte dans ». l'inftant où elles ont été formées? Par conféquent elles ont dû » éprouver toure la diminution de volume dont elles étoiene fufceptibles ». Je vous prie, Monfieur , de vous rappeler, que d'après ma théorie , notre globe ne fut d'abord qu'une mafle de poudres, réunies par la grav ti feule , & où les molécules de Peau n’étoient mêlées qu'à une certaine profondeur; puifqu'en fuivant jufqu'ici la marche des caufes, nous fommes arrivés à ce point, qu'il teftoic dans Le globe une très-grande mafle centrale , compolée uniquement de ces peudres pénétrées de feu ; mafle enveloppée d'une grände abondance de vafe , recouverte elle- même par la croûte, que je fuppofe déjà formée de toutés nos couches primordiales : enfin , qu'il s'étoit formé auffi de très-grandes concreétions Tomé XL, Part, y 1302 MARS: Bb 2 y 188. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans la va/e , pat-tout où les /ëdimens fe trouvèrent de nature à con- tracter entr’eux de l’adhérence, foit par voie chimique, foit par la fimple circonftance d’un plus grand nombre de points se contact; comme il s’en eft formé depuis en petit, dans nos couches de précipités défunis, de /ables divers, de marne & d'argile. Je vais mainrenant vous citer un cas analogue à celui que je fuppofe d'après ces circonflances, & qui m'aidera à vous l'expliquer. k 19. Dans les plaines incultes, telles que les landes de Bordeaux où celles du Brabant & de la Weftphalie, on trouve çà & là des efpaces un peu ons bas que le refte du fol , où l'eau fe raffemble dans les luies abondantes , parce qu’elle n’a pas le tems de s'infiltrer toute dans le fable. Ces efpaces fe trouvent d'ordinaire fort entrecoupés d’er- foncemens & de petites éminences , parce que le bétail sy raffemble dans les tems de fécherefle. Les grandes pluiés d'automne inondert ces lieux-là , qui deviennent ainfi des érangs pañlagers, où l’eau re- couvre toutes les petites émirences du fond du bafin. S'il furvient alors un froid fubic & de quelque durée , la furface de ces étangs fe. gèle d'abord , & la glace y forme une crodre horilontale, qui paile par-deflus les petites émirences & s'épaiflit tant que la furface de l'eau leur refte fupérieure ; mais cette furface baifle graduellement , parce que l’eeu s’infittre dans le fol, & la crorite de glace repole en- fn fur les petites éminences : alors, en s'affaiflant dans leurs inter valles par la continuation de la retraite de l’eau, elle fe rompt & laifle de fes fragmens, tant fur les eminences de, quelque largeur, que fur leurs pentes ; ce qui forme en petit, des plaines , des collines, & des montagnes toutes compolées de la même croûte, qui d'abord avoit été Aorifontale ; mais à un niveau plus élevé. Suppofons qu'il ait reigé après la première rupture de la crodte & durant fon affaiflement, & que dans un autre moment le vent ait charié du fable fur la neige , & que par quelque fecoufle provenant d'un affaiffement fubit, ces couches fecor daires ayent ghiilé vets les enfoncemens, vous ne retrouverez des traces de la croire primordiale que fur les pentes des émenences , où elles feront plus ou moins srclinees. 20. Cet exemple connu vous fera maintenant cemprendre ( mutatis mutandis ) toutes les opérations que j'ai décrires dans mes lettres. Une très- grande mifle centrale du globe refta d'abord dans fon état de poudres défunes, mais enfuite le /iquide de la vafe s'y 2nfrl- era ; & certe opération ,qui diminua le volume de la vafe par la perte de fon eau, diminua aufi celui des poudres 3, car le frottement entre des molécules que la gravité feule raffemble, les empêche de s’arran- ger! de manière à occuper le moindre efpace poffiblie ; c’eft pourquoi, quand on veife de l'eau fur un monceau de fable, catre la difpari- tion de certe eau, ke fable s’affaifle dans l'endroit où elle a pénétré. quand la croilie fe forma fur la yvaje au fond du quide, il n'y avoir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 189 aucune grande cavité fous elle; mais il s'en forma fucceflivement par la caufe que je viens d’expliquer. Cependant la croûre ne fuivit pas d'abord cet affaiflement , tant à caufe de fa dureté, que parce qu’elle fuc foutenue en nombre d’endroits par les concrétions qui s’éroient formées dans la vafe, & qui , étendues en rameaux , préparèrent la for- me de nos chaînes de montagnes, comme les monticules des étangs dont je viens de parler, font des efpèces de manequins , fur lefquels fe moulent des montagnes en miniature, à mefure que la croûte de glace fe rompt & s’aflaifle dans leurs intervalles. Durant l’nfélrarion encore , il fe forma dans l’intérieur du globe une grande aboncance de fluides expanfibles , qui venant occuper les cavernes, contribuè- rent quelque tems à foutenit la crofre ; comme on le voit aufli dans les éangs qui m'ont fervi d'exemple, où l'air chaflé des pores du fol par l’infiltration de l'eau , fe rafflemble fous la glace, & ne lui permet de s'affaifler , que lorfqu’elle fe rompt quelque part & qu'il y trouve une iffue, Nous ne faurions déterminer l’épaifleur à laquelle parvint la croûte primordiale avant la première cataftrophe ; mais à en juger feulement par la /argeur des grandes montagries granitiques des Alpes , où je penfe avec M. DE SAUSSURE que nous ne voyo:s que les bords redreflés de cerre croûte, s’élevant au-deflus de fes débris qui cachent rout aurour d’eux , fon épaifleur dut être très-confidéra- ble. Cependant les concrétions formées dans la va/e érant venues à s'af- faifler dans une partie du globe, par la retraite des fubftances dé- funies fous elle, & l'effort des fluides expanfibles s'étant. accru par leur accumulation , la croûte fe rompit dans fes parties, les fluides expañfibles s'échappèrent , & #le Liquide fe raflemblant fur cet efpace enfoncé , forma la première zer , comme diflinéte des premiers ter- reins qui ont été à, fec. 21. Voilà, Monfieur, à ce qui me paroît , une explication très- claire de la difparirion d'une partie du liquide qui a dû couvrir une fois tour notre globe; les caufes y font d'utie narure connue, & l'on jige aifément qu’elles ont pu produire cet effet; cependant je ne les ai pas conçues d’après la feule idée , qu'une partie du liquide a dû pailer dans l'intérieur du globe; car un problème fi indérerminé fe- roit fufceprible de nombre de folutions également fondées fur notre ignorance. Ce n'eft donc qu'en embraffant toutes les clafles de phé- nomènes liés à celui-là , qu’on peut efpérer de découvrir fa caufe réelle Qr nous voyons d'abord le défordre général du granit, & fes grands lambeaux redreflés dans les principales chaînes de montagnes. Nous voyons enfuire, qu'après quelque cataftrophe arrivée à ce pre- mier produit de précipirauons il s’en ef fair, dans le méme liquide, de nombre d’autres efpèces Jucceffives. Il eft évident encore , que quoi- que toutes ces nouvelles précipzanons ne laifflent aucun doute fur 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, leur accumulation par couches horifontales, ces couches fe trouvent dans un défordre approchant de celui du granit. Enfin nous voyons, que cette marche de ruptures & bouleverfemens s'elt continuée jufqu’aux couches les plus récentes , reconnues pour être très-peu anciennes, par la confervation de corps étrangers très-deftructibles qu’elles contien- nent, & qui cependant font en grande partie confervés. Ainfi toute explication de la difparition d’une partie du liquide, qui ne fe lie pas à ces grands phénomènes , ne peur être qu'atbitraire. Voilà à quoi j'ai toujours penfé, & qui m'a fait avancer très-lentement dans ma théorie; mais aufli il en réfulte , qu'au point où elle eft arrivée, elle trouve par-tout des points de comparaifon avec les faits bien déter- minés , comme je vais vous le rappeler en peu de mots. 2. À la première cataftrophe de la crofte , une nouvelle quantité du Liquide paffa fous elle-au travers de fes fractures, en même téms que lès fluides expanfibles contenus dans les cavernes fe firent jour en fens contraires; ce qui explique plufieurs faits, mais j'abrège ici. Ces fluides dégagés imprégnerent le /:quide de nouvelles fubltances , & frent ainfi changer la nature des précipitations, dont les couches réta- blirent la continuité de la croûte, qui repofa de nouveau fur la safe; & durant ces opérations chimiques dans le liquide, de nouveaux f/ui- des expanfibles fe répandirent autour du globe. Dans le même tems eù ces opérations s’exécutoient à l'extérieur de la croûte , une nou- velle quantité de liquide paflée fous elle, s’infiltra aufli dans les fub{- tances défunies , & y occafionna de nouveaux affaiflemens. Mais ce liquide n'étoit plus de la même nature que celui qui avoit d'abord été renfermé fous la croire naïiflante ; puifqüe lesinorédiens du granit en avoient éré féparés. Ainfi les fluides expanfibles qui fe formérent par fon introduction, & qui vinrent remplir les nouvelles cavernes for- mées en mêmetems, furent d’une autre efpèce ; de forte que lorfque Ia croûte fe rompit de nouveau fur ces cavernes , les fluides élafliques qui en forrirent & impregnèrent le ‘guide , purent y occalionner des précipitations d'efpèces nouvelles : & la même marche fe renouvela à plufieurs fois. 23. Il eft aifé de voir, que cette fucceflion d’opérations, conforme aux principes généraux de la chimie & de la méchanique, eft en ef- fet de nature à s'être répérée fuccellivement, jufqu'à ce que la par- tie poreufe du globe ait été entièrement pénétrée de liquide ; & par là, fans changer de principe, ni s’écarter des phénomènes obfervés à l'extérieur du globe, on arrive jufqu'à la néceflité d’une grande ré- volution , qui affecta enfin Ja partie de la éroite qui d’abord refta à fec. Cette partie, fous laquelle la retraite des fubftances intérieures avoit produit cavernes fur cavernes ; refta long-tems debout , parce qu'elle fe trouvoit déchargée du poids du liquide ; mais enfin elle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 19€ Safailla , & de chûte en chüte dans les cavernes qu’elle couvroit , élle pafla au-deflous du niveau du fond de l’ancienne mer, & ce fond, qui eft nos continens, fur mis à fec. Dès lors il n’eft plus arrivé de cata‘trophe fenfible de ce genre fur notre globe ; ce que je prouverois dans la fuite d’après nombre de phénomènes péremptoires. 24. Vous voyez ainfi, Monfieur, que quoique les propofitions que vous regardiez comme étrangères à notre difcuffion appartiennent en effet à la phyfique generale, elles fe lienr à la géologie par des liens rrès- intimes; & que ces liens mériteroient d'être étudiés, d'après la feule confidération générale , que c’eft par la PAyfique que nous devons expliquer l’état actuel de notre globe. Sans doute que les propofitions de Phyfique les plus sûres en elles-mêmes peuvent être étrangères aux hénomènes que nous cherchons à expliquer, & que des liens apparens a cer égard peuvent n'être pas réels; mais on ne s'y trompera, fi l'on ne fe permet aucune détermination vague de ces phénomènes: ce qui me eonduit à quelaues opinions que vous vous êtes formées fur celles de leurs clafles qui doit être le plus caractériftique de la nature des caufes paf]ees. 25.« Nous différons encore (me dites-vous, pag. 306 ) fur un point » de peu d'importance pour la théorie generale. Vous penfez avec M. pe > SAUSSURE , que les granits dits prémirifs forment des banes , des lits » femblables à ceux des autres montagnes dites /econdaires. Je puis vous >» affurer que j'ai pañlé une partie de ma vie dans des pays graniriques, » que j'en ai vu exploiter des carrières , & que je n’y ai jamais rien vu de » femblable aux couches calcaires, gypfeules & fchifteufes. :. . Je dis » que je ne l’ai jamais vu en couches ; c'eft un fair facile à conflater : » fait qui ne change en rien ni votre théorie ni la mierne». Voilà, Monfieur , un grand objet d'examen, foit entre nous, foit pour la Géologie : car nous différons eflentiellement fur ces deux points, que l’état du granit ne ferve à rien pour décider entre votre théorie & la mierne, & qu'il foit facile à conflater. À ce dernier égard d'abord, je crois que la difficulté de bien étendre l'état- de granit étoit très-orande , & qu'elle eft la principale caufe de notre diffentiment. Les couches que j'ai rommées primordiales, parce qu’elles formoient la crofte avant fa première rupture , font plus en défordre que toutes les couches pofté- rieures, parce qu'outre leur première cateftrophe , elles ont fubi fucceffi- vement , dans la plus grande étendue du globe , toutes celles des autres couches qui fe font accumulées fur elles. Ce fut toujours fous cette première croûte, que fe renouvelèrent des cavernes , par où expofée immédiatement dans fes fractures , à l’action violente des fluides expan- Jibles chaîlés par la preflion de route la mafle des couches & du liquide, elle a pu fubir toutes les modifications qu'elle nous préfente à l'extérieur, & que je vais retracer. 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 26. Commençons par les fommets des grandes chaînes de mon- tagnes , où les fymptômes des cataftrophes de la crofte primordiale fe trouvent le moins compliqués. J’avois obfervé depuis long-tems ces montagnes , & leur empreinte étoit clairement gravée dans ma mé- moire , lorfque M. DE SAUSssURE publia, que leurs pics leur avoient paru formés de couches culbucées ; ce dont il donna les raifons, Je me retraçai alors ce phénomène en cent endroits, tel qu'il l’a.defliné d'après nature: & y joignant ceux que préfentent toutes les autres efpè- ces de couches , je cherchai à en découvrir la caufe commune : ce qui me conduifit à entreprendre de nouveaux voyages d'obfervation en Suifle, en France, en Allemagne & en Angleterre ; voyages dont je me propofe de publier les détails. 27. C'eft donc ainfi du fommet des grandes montagnes granitiques, qu'elt parti le premier bruit de lumière qui nous conduit dans l’hiftoire reculée de notre globe : car M, DE SAUSSURE a démontré , que les lits prefque verticaux qui forment le plus grand nombre de ces fommets, doivent avoir été Aorifontaux. C’eft à fa clef de tous les autres phé- nomènes, & je la conferve telle que ce grand naturalifte nous la mife en main. Il eft vrai qu'il ne s’eft pas expliqué fur Les caufes de ce qu'il établit comme un fait inconteltable, & qu'il n’a pas révoqué explicitement quelques-unes de ces idées précédentes , qui y répandene de l’obfcurité ; mais cela ne m'a pas empêché de fentir combien il avoit raifon fur ce grand point, de reconnoître que je lui en dois la remar- que , & de chercher à quoi elle conduifoit quant aux caufes. C'eft ainfi, ce me femble , qu'on doit fe conduire, à l'égard des hommes de génie qui parcourent une carrière nouvelle. S'ils publient leurs pro- grès à mefure qu'ils avancent, ils y tracent d’ordinaire de faux-pas, qu'ils ne croyent pas toujours néceffaire de relever dans la fuite , quand ils prennent évidemment une autre route, Leurs découvertes étant pu- bliées , entrent dans le dépôt commun, où chacun peut puifer ce qu'il croit être utile, fans quil foit befoin de relever des difparates que l'auteur connoifloit probablement Ini-même : & dans quelque aflociation que fe trouvent les idées nouvelles dont on vient à s’aider, ce feroit manquer à la juftice, que de ne pas reconnoître le fecours qu’on en a reçu, 28. Je remarquerai d’ailleurs , Monfieur , que quoique M. DE SAUs- SURE n'ait pas afligné une caufe déterminée à ce qu'il confidère comme étant un /écond état des grandes mafles pranitiques , je crois que fi les montagnes qu'il a décrites étoient fous vos yeux, vous ne pour- tiez refufer votre acquiefcement à fon idée générale , favoir : que le granit s'eft formé par couches horifontales ; & qu'enfuite par une caufe quelconque, ces couches tendant à s'affaifler dans des cavernes des deux côtés d’un appui, fe font rompues. Mais vous vous êtes repréfenté le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 195. le redreffement des portions de couches qui forment les pics de ces montagnes , comme celui de balancier , dont une des extrèmités s'élève tandis que l'autre s’abaifle ; ce qui vous a fait objeét:r (p. 301), æique ces portions énormes, qu'on fuppofe ainfi s'élever, fe feroient >: brifées auprès du poire d'appui ». C'eft là en etfet qu'elles fe fonc brifées, & je vais en fuivre les conféquences. Repréfentons-nous d'a- bord quel fut l’amas de couches qui fe rompit à la feconde cataftro- phe, celle à laquelle j'attribue la formation de nos grandes chaînes de montagnes, Suivant l'opinion de M, DE SAUSSURE , que j'ai adoptée, nous voyons aujourd'hui cet amas dans l'épaifleur totale des rangs de montagnes de diverfes clafles qui fe trouvent de part & d'autre des centres de ces chaînes, y compris le rang femblablement incliné, des pierres calcaires qui ne renferment encore que fort peu de corps marins. Ainl une fection perpendiculaire aux couches inclinées , paf= fant par tous ces rangs de montagnes, nous repréfenteroit aujourd'hui la fection verticale de l'entaflement de couches, alors Aorifontales , qui éprouva la cataftrophe : toute cette malle, dis-je, fe rompic à la fois, fur des appuis très-irréouliers en largeur, hauteur & direction, &. fort interrompus. IL eft ailé alors de concevoir , que tout l’efpace embraflé par cette fracture tortueufe , ne fut qu'un amas de décom- bres; au travers defquels de grandes portions des couches demeurè- rent dominantes , redreflées de part & d'autre vers les points où elles s’éroient rompues. Les couches inférieures demeurèrent les plus voi- fines de ces centres , & fe foutinrent aufli à un niveau plus élevé, parce qu’elles furent plutôt arrêtées dans leur chüûte latérale : les cou- ches auparavant : fupérieures , fe trouvèrent vers le dehors, & plus abaiflées que celles-là ; parce qu'elles glifsèrent fur elles , jufqu'à ce qu’elles fuffent arrêtées fur les bafes des appuis ; ce qui forma des vallées entre les rangs de diverfes clafles, & fouvent aufli dans les mêmes clafles qui-fe fubdivisèrent, Dans cette chüte encore, les dé- combres s'étant gliflés en quelques endroits, entre des mafles de cou- ches , repoufsèrent celles du dehors jufqu’au-delà de la verticale ; ce dont j'ai vu les effets de la même manière que M. DE SAUSSURE , qui nomme plus que-verticale , la fituation des couches que j'attribue à certe caufe. De grands fragmens de toute la mafle des couches , ou de quelque:clafle feulement , furent totalement engloutis en divers lieux, &c: recouverts de décombres; ce qui produifit nos profondes vallées, Enfin ; la mafle entière des couches qui ne trouvèrent point d'appui jufqu’au fond des cavernes, s’y abattit completrement. Tel eft le genre de cataftrophe dont les objets eux-mêmes infpirèrent l’idée à M. px SAUSSURE , lorfqu’étant au fommet du Cramont il s’en trouvoit en- vironné: cataftrophe dont nous avons des exemples en petit , dans les étangs gelés dont j'ai parlé ci-deflus, où fe trouve aufli en a&ion Tome_XL, Pare, 1, 1792. MARS, Ce 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le même genre de caufe auquel j'attribue ce premier des phénomè- nes du granit, ainfi que tous les bouleverfemens qu'il efluya enfuice: avec les autres couches. 29. Dans les révolutions dont il me refte à parler , l'accumulation des nouvelles couches fur les parties afläiflées des précédentes ; rendit les effets plus compliqués, & ainfi plus difficiles à fuivré; cependant‘ je crois pouvoir vous en donner une idée générale ; par analogie à des mines qu'on feroit jouer autour d'une place fortifiée, Kepréfencez-vous , Monfieur , les murs & voûtes fur Jelquels repotent ces fols trompeurs, comme défignant la croûte primordiale enfevelie : fuppofez que le ter- rein accumulé fur ces murs vourés , y äit été étendu par couches, qui fe foient durcies; ce qui fera analogue à nos couches fecondairés: enfin, concevez que les cavités fous un rel'fol foiént aflez:vaftes, pour que dans l’explofion, il éprouve un affaiflement fenfible en les com- blant: voici quelles feront naturellement les fuites de la cataftrophe, La furfce du terrein fera fort entrecoupée!, & l’on y trouvera çà & là des portions des murs qui le foutenoient : les couches auparavant étendues fur ces voûtes , feront inégalement affaiflées, & leurs portions faillantes en montreront les fe@ions abruptes : les érclinuifons de ces couches dans ces divers monricules , feront aufli variées, que les cir- conftances cafuelles provenant de l'inécalité du fond : enfin , l'on trous vera des fragmens des murs fouterrains , répandus fur tout le fol, 30. Si tels fonc les effers qu'on doit attendre de l'affaif/ement d'un fol compofé de couches diftinétes, lorfqu'il eft accompagné d'explo- Jion , l'obfervation d’effers analogues doir ‘conduire immédiaremenc à l’admiflion de caufes du même genre. Auf, avañt que de m'être formé aucune idée de la marche des! prernièrés caufes-rerreftres, ni par conféquent dé l'origine de caveriies fous les Jubjlarices primordia- les , j'expliquai, dans mes premières lettres aéologiques , le grand phé- nomène des ôlocs & graviers de ces fübftances répandues à. la fur= face de nos fols, par analogie avec la difperfon des frapgmens. de mur dont je viens de parler. En général , il eft des phénomènes qu’on fent ne pouvoir être füufcepribles que de certaines explications immé: diates , ou. à l’écard defquels on peut concevoir que telles explicas tions font contraires à la nature des €hofés, quoiqu'on n'ait rien dés couvert encore fur les caufes reculées. C'eft ainfi, par exemple ; qu'au tems même où j'adme-tois la compofition de leab ; fur laquelle cf fonde la doftrine de l’oxipere, je ne puis admettre celle-ci; parcë que jy voyois des objections direëtes, &°que d'ailleurs je la troupèis inutile à l'explication des phénomènes qu'on citoir eh falfovêurs câx uelque opinion qu’on ait fur la nature de l’éa, celle de n'admertie den ces opérations qu'un de 65 ingrédiens fuppotés tépugnerrta #ature des chofes, puifqu'on obrienc un Wiguide fau lieu que ; foie que SUR L'HIST. NATURELLE ÆT LES ARTS. 195 l'on confidère l’eau , ou comme s'y compofant, ou comme fe déga- geant fimplement, mais dans l’un ou l’autre cas , s'emparant d’un acide libéré , le fait s'explique, puifqu'il s’agit de la production d’un 4- guide acide. C'eft ce que j'oppofai déjà à la doctrine de l’oxigène dans mes Îdées fur la météorologie , quoiqu'y admettant encore la com- pofition de l'eau ; mais confervant le phlopiflique , ou l'air inflam- mable , dans le phofphore & dans le foufre , parce que l'irflam- marion elle-même eft un grand phénomène à expliquer. 31. J'en dirai de même au fujet des phénomènes du granit. Dans toutes Les recherches que nous avions faites depuis long tems mon frère & moi , pour tâcher de découvrir les caufes de l’état des mon- tagnes, nous n'avions jamais perdu de vue ces blocs & graviers , frag- mens indubitables de grandes mafles , & dont les pofitions nous éton- noient. Des explofions, en général, furent la feule caufe à laquelle nous crümes pouvoir les attribuer , fans concevoir encore quelle pou- voit en être Ja caufe ; puifque ce ne pouvoit pas être des explofions volcaniques. Les fe&ions abruptes de tant de montagnes vers les plai- nes & leurs grandes vallées , qu'aucune caufe extérieure ne pouvoit expliquer , nous frappèrent enfuire comme des phénomènes dont on ne pouvoit rendre compte , que par l'affaiflement des parties que nous voyons aujourd'hui leur manquer. Mais ces chûres devoient fe faire dans des cavernes | & celles-ci pouvoient être remplies de fluides ex- panfibles , alors violemment chaffés au dehors; par où nous conçu- mes une caufe d’explofion , fans feu fourerrain. Ce fur ainfi que nous nous arrêrames à l'idée de grandes cavernes anciennes, comme nécef- fairement liées aux révolurions de notre globe ; fans néanmoins nous être formé encore aucune idée, ni de l’origine de ces révolutions, ni de celle des cavernes , dont ainfi je partis feulement, comme d’un certain état primordial déterminé, d’où découloient les phénomènes poftérieurs. ; 32. Les blocs & graviers trouvés fur des fols qui n’ont pu les fournir , font donc un des plus grands phénomènes géologiques, Ce qui me ferait defirer, que M. DE DoromrEu en eût fait mention, comme préfervatif contre des erreurs , dans fa noce, d’ailleurs fi inftrucive, deftinée aux naruralifles qui font le voyage de La mer du fud. M leur recommande avec raifon , que dans les cas où ils ne pourroient fé- Journer en abordant fur quelque côte , ils en vifitent au moins la plage & les lits des torrens , pour en rapporter les diverfes efpèces de prer- res qu'ils y trouveront ; ce qui fournira probablement de nouvelles richefles à la /zhologie. Mais ces richefles pourroient être trompeufes en Géologie , fi l’on ne vifite pas l’intérieur du pays , pour y obferver de près Les éminences pierreufes : car, ni les lits mêmes des torrens au fortir des montagnes , ni Les plages de la mer où l’on voit des falaifes pierreufes Tome AL, Part, I, 1792, MARS, Cc2 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à quelque diftance , ne fauroient fournir par leur gravier , des indices sûrs de ce que font ces montagnes ou falaifes. J'ai trouvé dans nombre de vallées, tant larges qu’étroires, appartenantes à de grandes chaînes de montagnes , ou collines , purement calcaires ou /ableufes , ainfi que fur quelques parties de la côte de la mer du nord , où tour le pays n’eft que fable & pierre calcaire ou fableufe, autant de blocs & gravier de granit , qu’aux environs des montagnes de cette clafle, 33. Entre ces phénomènes extrêmes du granie, favoir , ces maflesnues & comme s'élançant au-deflus de tour dans les grandes chaînes de mon- tagnes, & la difperfion de fes 2/ocs prefque fur tous les fols, fe trouvent des phénomènes bien remarquables encore; ce font des monticules , des chaînes de collines, & même des petites montagnes praniviques , perçant au travers de couches beaucoup plus modernes. Fort fouvent ces éminences n’offrent que des tas de blocs défunis ; mais fouvent aufli Le granit s'y voit en grandes mafles, où fes couches font rrès-diftinétes, L'un des plus grands exemples des deux cas réunis que j'ai obfervés, eft au Hartz, chaine peu élevée, & bien différente de celle des Alpes ; quoique le granit s'élève au centre, & que: les /chfles lembraflent : mais les couches calcaires qui fuccèdent à ces derniers’font bien plus modernes que celles qui les avoifinent dans les ÆA/pes, & leurs bou- leverfemens n’y ont pas fuivi le même ordre. Le Broken, fommité qui domine toute cette chaîne , eft de pranit ; & ilen part diverfes branches, qui vont s'enfoncer fous les fchifles : l'un de ces rameaux eft le Rehberg , qui ne varoît qu’un tas de blocs de granit ; il eft couvert d’une forêt, ce qui indique aufli un grand défordre intérieur : la pente des blocs s'étend jufques für les /cAifles, & toutes les vallées de certe chaîne, quelles que foient les couches fraéturées de leurs côtés, font jonchéës des mêmes blocs. Mais au haut de ce théâtre de bouleverfement, fur le Broken, au travers d'une couche épaifle de zourbe, dont il eft tout couvert , & qui femble indiquer une mafle impénétrable à l’eau , on voit s'élever en quelques endroits , des rochers de granit, où les couches font aufñli diftinétes, que dans les rochers calcaires de Paf]y ou gypfeux de Montmartre ; & un de mes amis naturaliftes m'a dit avoir vu nombre de rochers pareils, peu élevés, en Luface & en Bohème. Enfin, j'ai vu, parmi d’autres couches en défordre dans des collines, des monticules de granit ; qui donnoient l'idée d’un commencement d’éruption de blocs, arrêtée par le manque d’une force fufffante; & dans des contrées à couches de fable, j'ai vu de vaftes enfoncemens, femblables pour la forme à ceux que fait le fourmi-lion, où l’explofion s'étant accomplie, le fol, affaiflé enfuite , fe trouve jonché de ces blocs. 34. Vous voyez, Monfieur , combien il étoit nécéffaire de fe former une idée jufte de tous les phénomènes du granit, avant que de dérer- mines , tant la manière dont il s’eft formé, que les événemens poftérieurs, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 197 dans lefquels fes cataftrophes font liées à toutes celles des autres fubftances obfervables, À l'égard de cette fucceflion de cataftrophes, dont j'ai indiqué les monumens & les caufes | vous me faites une objection générale. « De ce que les caux (me dites-vous, pag. 250) » minent les bafes de quelques montagnes , lefquelles s’affaffenr & fe >» renverfent de tems en tems, vous en concluez que la chofe a pu être » générale à toure la furface de la terre. N’eft-ce pas trop étendre » l'analogie ?. .. Je regarde ( ajoutez-vous, pag. 209) ces boulever- » femens , comme locaux & très-bornés, & ne tenant point aux caufes » générales , comme à l'affaiflement de votre croûte ». Ce n’eft pas par analogie avec des bouleverfemens arrivés dans les montagnes dans les rems hifloriques , que j'ai eu recours à des affurffemens de la croûte, pour expliquer les phénomènes de ces éminences ; car je ne connois aucun cas où des montagres fe foient renverfées : toutes leurs cataftrophes connues n'ont été que des éboulemens, dont voici la première caufe. Quand on étudie avec attention les montagnes, on y obferve des phé- romènes non équivoques ( que je décrirai dans la fuite ) par lefquels on peut rétrograder jufqu’à l’état où elles devoienc être , lorique les caufes qui agiflen: maintenant fur elles, commencèrent leur action; & nous jugeons ainfi, comme fi nous avions été préfens à leur fortie des eaux de la mer, qu’elles étoient alors très-abruptes dans toutes Les parties qui le font encore ; & même plus abruptes qu'elles ne le paroiflent aujourd’hui , parce qu'il s'y eft fait dès-lors de continuels éboulemens , & en quelques lieux de très-confidérables , dont les débris fe font accumulés contre ces faces. Il n'eft pas moins évident, par l’afpect des grandes coupures des montagnes & de leurs fuces encore abruptes, qu'aucune de leurs cataf- trophes qui ont précédé les fimples éboulemens , n’a été produite par une ation exrérieure exercée {ur elles; mais que tous ces défordres, donc des éboulemens tendent à effacer les traces , ne peuvent avoir eu pour caufe , que des affaiffemens irréguliers de la hafe de toutes les couches. ’eft à quoi je reviendrai en examinant quelques idées de M. DE DoLomrEu, avec qui j’ai l'avantage de me trouver d’accord fur plufieurs points, & dont j'ai reçu bien des lumières, Je crois |, Monfieur, n'avoir omis aucune de vos objections contre ma théorie, & il me femble qu’elles ne demandoient que des explications. Je me fuis peu étendu fur quelques points , parce que j’aurai occafion d’y revenir, en vous communiquant mes objections contre votre théorie ; ce que je ferai dans ma prochaine Lettre, Je fuis, &c, 2 CAS 4 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, GARDE-MESURE, Ou TorsE INVARIABLE DANS SA LONGUEUR ; Par BouLARD, Arch'eële , de l Académie de Lyon & de la Société Philofophique des Sciences & Arts utiles de la mére Ville : Lu à l’Académie de Lyon le 10 Février 1792. Méboue l’Académie royale des Sciences propofa de mefurer la longueur d’un arc du méridien pour en déduire une mefure univerfelle, je travaillai de mon côté, non pas que je prétendifle avoir quelque part à l'exécution d’un fi grand ouvrage, mais feulement pour donner des preuves de mon zèle, & dans la perfuafion qu’une fimple obfervation peut devenir une fource de vérités utiles. ; Rien ne paroît plus aifé que de mefurer une longueur , mais lorfqu'il s’agit de la mefurer avec une grande précifion, on eft étonné des difficultés qu'on rencontre de la part de la poftion du terrein & de la part des inftrumens même dont on fe fert : j’avois lu, non fans admiration & étonnement , les détails des travaux & des moyens employés pour mefurer la bafe de Hounftew-Hearh , dans la province de Middlefex en Angleterre. Entre toutes les difficultés à vaincre dans ces fortes de mefures , celle qui provient de la dilatation des perches & des toifes que l'on emploie, m'a paru la plus incommode ; tous les métaux s'allongent, ainfi que le verre par l’effet de la chaleur, & fe raccourciflent par le froid. Le bois n'eft pas exempt d’allongement, mais c’eft l'humi- dité qui produit cet effet, tandis que la chaleur & le froid Le raccourciflent également. 4 : Cet inconvénient entraîne à fa fuite des détails longs & minutieux ; pour corriger cet effet, par l’aide du calcul , il faut, pour ainfi dire, calculer à chaque inftant du jour, Le thermomètre à la main, l'effet qu'a pu produire limpreflion de la chaleur & du froid , pour avoir la véritable longueur de la perche dont on fe fert. En examinant toutes les difficultés attachées à de telles opérations, j'ai penfé qu'on rendroit un grand fervice aux perfonnes chargées de fem- blables travaux ,en leur procurant une perche ou une toife qui ne reçût aucune impreflion ni du froid, ni de la chaleur. Les verges de compenfation des pendules ont cet avantage. La chofe éft donc trouvée, il ne s’agit que d’en faire l'application , & cela me paroît #1 NAS \ 4 » SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 fi aifé , que je fuis furpris que les favans d'Angleterre qui ont mefuré la bafe de Hounftow-Heach, ne l’aient pas mife en ufage. Je propoferai la méthode du pendule de Lepaute, horloger, qui confifte à joindre enfemble deux verges , l’une de cuivre & l’autre de fer, arrêtées enfemble par l’un des bouts & de l’autre portant fur un levier de compenfation, Pour exécuter en grand cette efpèce de pendule qui doit fervir de perche, & avoir vingt pieds de longueur , & pour lui donner en même- tems une lésèreté qui la rende commode & d’un tranfport facile, je propofe au lieu de verge de fer & de cuivre d'employer des tuyaux ou tubes de ces deux métaux, dont les extrémités feroient folides. Ces tuyaux aurbienc deux poucés de diamètre & demi-ligne d'épaifleur ; ils froient placés l’un à côté de l’autre, & arrêtés par l’un des bouts à une même pièce de cuivre, l’autre extrémité feroit terminée en tenon pour recevoir une autre pièce de cuivre faifant l'office d'un levier, qui fera mu fur les deux tenons des tuyaux au moyen de goupilles ou pivots. Lorfque le tuyau de fer fe dilatera , celui de cuivre fe dilatant beaucoup plus dans le rapport de 17 à 10, où environ, il preflera le levier ,'& fera par conféquent mouvoir l'autre extrémité du levier ; ce qui raccourcira . la mefure indiquée par la perche d'autant que la dilatation du tuyau de fer l’aura allangée. C’ett fur cetre extrémité de levier que fera tracée une ligne qui fixéra la longueur de la perche, en partant d’une autre ligne tracée {ur l’autre pièce de cuivre fixée qui eft à l'autre extrémité de La perche. Comme ôn he peut favoir précifément quelle fera la dilatation des deux tuyäux, on placera fur l'extrémité du levier une pièce à coulifle qui fera mue par une vis de rappel , au moyen de laquelle on peut donner à cette extrémité de levier plus ou moins de longueur afin que par fon mouvement il compenfe la dilatation des métaux, La conftruétion de cette perche ne permet pas de s'en fervir en mefurant par contaét , mais par coincidence ; cette manière eft beaucoup plus précife. En conftruifant ainfi une perche, la chaleur ni le froid ne pourront lui caufer aucun changement dans fa longueur , elle fera auffi invariable dans fon effet que le font les pendules à verges de compenfation ; elle fera aflez légère pour être tranfportée commodément, & pour qu'on puifle opérer facilement. Par fon moyen on évitera tous les calculs & opérations concernant Ja dilatation ; ce qui éparonera plus de la moitié du tems que l'on emploie à mefurer une longue bafe, Cette perche pourra fervir d'éralon, & on ne craindra pas lorfqu'on voudra en faire ufage, quea-chaleur influe far fa longueur; c'eft pourquoi je lui ai donné le nom de garde-melure. ; Lorfqu’on voudra employer de femblables perches pour mefurer une 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIÇUE, grande longueur , on leur adaptera des roulettes & une vis de rappel pour les faire coincider. Je n’entre pas dans un plus long détail fur ces objets, non plus que fur les fupports néceflaires dans ces opérations , ils font parfaitement expliqués dans l'ouvrage intitulé : Defériprion des moyens employés en 1784 pour mefurer la bafe de Hounflow-Heath dans la province de Middlefex ex Angleterre. En fe fervant de ces toifes pour mefurer, il faut avoir foin d'employer le même côté de la toife qui eft invariable; à cet effet il faut mettre alternativement en coincidence les deux bouts mouvans & les deux bouts fixes, & pour ne pas être dans le cas de fe tromper , il ne faut pas marquer de ligne fur les deux autres bouts de la toife : cependant il feroit à propos d'y faire un petit trait pour examiner de combien les tuyaux s’allongent & fe raccourciffent ; on reconnoîtra cet effet en préfentant à ce côté de la toife celui qui eft invariable d’une autre toife, & on trouvera près d'une ligne de différence, quoique le tuyau de fer ne fe foit allongé que d'un tiers de ligne : la longueur du levier produit cet effer. * Obférvations pour la conflruélion de certe Toife. Les tuyaux doivent être à-peu-près de la même groffeur & de la mème épaifleur; ils doivent être fixés rrès-exaétement au bout immobile, les tenons qui forment charnières & les goupilles doivent entrer jufte fans trop de roideur , afin que les charnières foient fans balottement, ainfi que la pièce couliffe. La diftance entre les deux goupilles ou pivots des: charnières étant divifée en dix parties , il faut donner dix-fept fem- blables parties de diftance de la goupille à l'extrémité du bout mobile o" à couliffe pour compenfer la dilatation du cuivre fur celle du fer qui eft comme 17 eft à 10. RENrTOrSs. Figure 1. A Toife invariable, ou garde-mefure, el Autres toifes en coincidence. D Tuyau de fer. E Tuyau de cuivre, F Extrêmité fixe. G Autre extrémité dont partie eft mouvante, Figure 2. ‘ Extrémités de la Toife deffinées plus en grand. D Tuyau de fer. E Tuyau de cuivre, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 201 F Extrémité fixe de la toife. G Autre extrémité formant un tuyau quarré qui reçoit la partie mobile. : H Partie mobile, J Parties foudées au tuyau quarré, & formant une charnière au moyen d'une goupille K. K Goupille, ' Figure 3, Extrémité de la Toife vue de profil. G Tuyau quarré. Partie mobile. Partie formant la charnière, Goupille. Autre partie de la charnière fixée au tuyau.’ HART Figure 4. Coupe de l'extrémité mouvante. G « Tuyau quarré. H Partie mobile au moyen d'une vis. M Tuyaux de cuivre faifant partie de {a charnière, & fur lefquels font fixés les tuyaux de cuivre & de fer au moyen des vis. N Vis engagée dans la cloifon O, & faifant mouvoir la partie mobile. O Cloifon. een} EXTRAIT Des Obfervations météorologiques faites & Montmorenci , par ordre du Roi, pendant le mois de Février 1792 ; Par le P. COTTE, Prétre de l'Oratoire, Curé de Montmorenci , Membre de plufieurs Académies. La température de ce mois a été douce & aflez sèche, fi on excepte neuf jours (du 16 au 24) d'un froid très-vif accompagné de neige abondante. D’après Les obfervations faites en même-tems à Paris par M. Meffier à l'obfervatoire de la Marine , rue des Mathurins , & qu'il a eu la complaifance de me communiquer, il paroïît que le degré de Tome XL , Part, I, 1792, MARS, D d l VALNES A 202 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, froid a &ë beaucoup plus fort à Montmorenci qu'à Paris, puifque, pendant que ce favanc aftronome l’obfervoit à 8,5 di à Paris, mon thermomètre à mercure le fixoit à Montmorenci à 11,8 d. & celui d’efprit-de-vin à 11,2 d, (J'ai prouvé, dans un Mémoire für La Méréo- rologie tome premier , page 421, que dañs les degrés extrêmes de froid, le mercure fe condenfoit plus que l'efprit-de-vin.) Le thermomètre A r . . La A placé à l’obfervatoire de M. Meffier devoir être dans ce moment à 10 d. Ainfi le froid a toujours été de 1,8 d, plus forrà Montmorenci qu’à Paris. Comme les bleds étoient couverts de neige, ils n’ont pas fouffert; mais les arbres fruitiers, tels que les,abricotiers , les pêchers & plufieurs efpèces de poiriers, dont les boutons.éroient trop avancés, font gelés, ainfi qu'une bonre partie des artichaux & quelques cantons de vigne. Le 7, j'ai entendu chanter la grive & le merle, & quelques jours après le pinfon. La végétation eft très-avancée ; elle ef d’autanr plus active dins ce moment-ci , que fon reflort a éré plus comprimé par la dernière gelée Température de ce mois dans les années de la période lunaire corref- pondante à celle-ci. Quantité de pluie en 1716, 9 ?lign. en 1735 2% lign en 1754 11,0 lien. en 173 à Montmorenci. Plus grande chaleur 9 =d. le 20. Plus grand froid 8 d. de condenfation le $, "chaleur moyenne O,9 d. Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. $ lign. le 4. Moindre 27 pouc. o lign. le 24. Moyenne 27 pouc. 10,0 lign. Quantité de pluie 15 lig. dont la neige a fourni 3 lign. Nombre des jours de pluie 6 de neige 3. Vents dominans fud-oueft, eft & oueft, * Température froide, très- humide, Te npératures correfpondantes aux différens points lunaires. Le 2 (apogée) couvert, doux. Le 3 (/Zuniflice boréal) nuages, vent aflez froid, Le 4 (quatrième jour avant la P. L.) beau, froid. Le 8 (P. L.) couvert, vent doux, pluie. Le 10 (équinoxe defcendant) couvert, doux, Le 12 (quatrième jour aprés la P. L.) nuages, doux, brouillard. Le 15 (D.Q.) couvert, froid , brouillard, changement marqué. Le 17 (luniflice auflral) nuages, froid, neige. Le 18 (perigée & quatrième jour avant la N,. L.) nuages, froid, neige. Le 22 (N.L.) beau, froid, neige, changement marqué. Le 23 ( équinoxe afcendant ) beau, froid. Le 26 (quatrième jour après la IN. L.) couvert, doux, brouillard, changement marque. Le 29 (P. Q.) nuages, doux. En février 1792. Vents dominans, le nord & l’eft; celui d’oueft fut violent le 8. 4 Plus grande chaleur 10,0 d. le 12 à 2 heur. foir,le vent N.O. & le ciel en partie couvert. Moëndre 11,8 d. de condenfation le 19 à 9 heur. foir , le vent N.E, & le ciel ferein: Différence 21,8 d. Moyenne, au matin O,3 d. à midi 4,4 d. au foir 1,4 d. du jour 2,0 d. Plus grande élévation du baromètre 28 pouc, 2,9 lign. Le 10 à 7 heur, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 203 matin , le vent nord & le ciel couvert. Moirdre, 27 pouc. 3,6 lign. le 20 à 7 heur. matin , Le vent eft & le ciel couvert. Difference , 13,3 :lign. Moyenne au matin 27 pouc. 10,4 lign. à midi 27 pouc. 10,6 lign. au Jèir 27 pouc. 10,8 lign. du jour 27 pouc. 10,6 lign. Marche du baro= mètre, le premier à 7 heur, matin 27 pouc. 8,10 lign, du premier au 4 monté de 4,3 lion. dug au 8 baiffé de 5,6 lign. du 8 au 10 M. de 7,2 lign. du 10 au 16 B, de 3,11 lign. du 16 au 17 M. de 1,6 lign. du 17 au 20 B. de 8,10 lion. du 20 au 21 M. de 5,0 lign. du 21 au 22 B. de 1,10 lign. du 22 au 23 M. de 3,9 lign, du 23 au 26 B. de 2,5 lign. du 26 au 27 M, de 3,5 lign. da 27 au 29 B. de o,11 lign. Le 29 à 9 heur. foir 27 pouc, 10,6 lign. Le mercure s’eft foutenu à fa hauteur moyenne, & il a peu varié pour un mois d'hiver; fes plus grandes variations ont eu lieu en montane, les 1,8, 9, 20, 23 & 27; & en defcendant , les 7 18 & 22. I eft tombé de la pluie les 1,7, 8, 25 8 26, & de la neige les 17, 18, 19, 20 & 22. La quantité d’eau a été de 15,6 lign. dont la neige a fourni 12 lign. ce qui fuppofe 8 à 9 pouces de neige tombée fur la furface de la terre. L’évaporation a été de 6 lignes. L’aurore boréale n'a point paru. Nous n’avons point eu de maladies régnantes, mais les fuites de couches ont été inquiétantes. Montmorenci, 3 Mars 1792. SUITE DU MÉMOIRE SUR LES PIERRES COMPOSÉES ET SUR LES ROCHES ; x Par le Commandeur DÉéoDAT pe DoroMiEu. Lzs combinaifons les plus païfaites , font celles dont les fubftances conftituantes s'étant liées par une plus grande force oppofent par con- féquent plus de réfiftance à Leur féparation , & fe refufent davantave à tout changement dans l’état où les a placées leur affociation ; ce font celles où chacune de ces fubflances a perdu autant qu'il eft poñible fes propriétés particulières, ou les a confondues dans les propriétés nouvelles qui fe font développées dans le moment que la compofition s'eft opérée. Deux caufes contribuent à ce genre de perfection ; l’éner- gie des affinités & la proportion exacte des matières conftituantes. L'une procure une alliance d'autant plus conftante , que ne pouvant Tome XL, Part. I. 1792. MARS. Dd 2 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, être rompue que par une force de même genre, il s’en trouve peu qui lui foit fupérieure. L'autre établit un tel équilibre dans la ten- dance à lunion qui appartient à chaque fubftance , qu'après avoir épuifé les unes fur les autres toute l'activité de ce genre d'attraction , elles ne peuvent rechercher aucune nouvelle alliance & doivent refter dans un état de repos; ou plutôt elles acquièrent collectivement des tendances nouvelles, différentes de celles qui leur étoient particuliè- res ; & cet effet de la combinaifon chimique reffemble au réfultat du mouvement imprimé à deux corps dans des directions différentes , qui après leur rencontre prennent une marche commune par laquelle ils s’éloignent des corps contre lefquels chacun d'eux feroit venu frap- per, s’il avoit continué d’obéir à la première impulfon. On appele Jfaturation cet état de combinaifon où les fubftances compolantes ont chacune réciproquement abforbé tout ce qu’elles peuvent prendre des autres, cet inftant où l’affinité ,en quelque forte farisfaite & amortie, ne peut plus ni recevoir ni enchaîner avec une égale force une plus grande quantité de ces mêmes matières dont elle s’étoit montrée fi avide avant de s'être raflafée. ; La chimie donne le nom de /éls neutres aux combinaifons dans lefquelles un acide ayant employé toute fon activité fur une fubftance quelconque que l’on confidère comme bafe , a fatisfait fa tendance à l'union; & cette neutralifation eft d’autant plus complette que l'acide & des bafes fe font mieux convenus, c’eftà-dire que l’afinité réci- proque a été plus énergique (a). C’eft ainfi que le tartre vitriolé, Le nitre & le fel marin font regardés comme les fels neutres Les plus par- faits, parce qu'ils font ceux dont Ja combinaifon eft la plus ferme, parce que les propriétés particulières à chacune des fubftances conf- tituantes ont difparu , & leur grande activité s'eft en quelque forte éteinte dans l’aéte dé leur compofition , pour donner lieu à des pro- riétés nouvelles. Mais les terres n’exerçant point entrelles une ten- dance aufli aétive, éprouvent moins les effers de cette union intime, qui.procure un repos prefque abfolu après l’emploi de toutes les fa- cultés. Si elles ceflent de fe rechercher, c'eft moins par fatiéré , que par cette indifférence qui fe fatigue du moindre obftacle. Leurs com- binaifons n'arrivent donc jamais au genre de perfection qui appartient aux fels neutres, & fi elles fe défendent autant qu'eux & même beau- coup plus qu'eux contre la décompofition, c'eft plutôc par l'énergie de leur agrégation, que par la force de la combinaifon ; fi elles ré- —————__—_—_—_—_—_—_—_—_—_— "2 ————_—_——7 (x) Je dis afänités réciproques , parce que les fubftances défignées comme bafes ne font pas dans l’inertie ; elles né jouent pas un rôle purement paññif; mais elles attirent avec la même puiflance qu’elles font attirées, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 20; fiftent au changement, c’eft plutôt par une cfpèce d'apathie que par une préférence pour l'état où elles fe trouvent. Les propriétés chimiques des fubftancee falines fimples font très- manifeftes, elles ne font point changées ni oblitérées par le feul mé- lange ; on reconnoîc donc aifément les modifications qu'elles éprou- vent, & lorfqu’elles ceflent d'agir de la manière qui leur eft parti- culière , on peut conclure qu’elles font combinées ; c’eft ainfi que les acides ne rougiflent plus les couleurs bleues végétales, & que les al- kalis perdent la faculté de les verdir lorfqu'il y a faturation complete & réciproque ; mais tant que leur tendance à la combinaifon r’eft pas entièrement épuifée, chacune de ces fubftances continue d’agir quoi- que plus foiblement de la manière qui leur eft propre. Les propriétés chimiques des terres étant ordinairement aufi foibles qu'obfcures, pouvant être cachées par des mélanges aufli aifément qu'elles font tranf- mutées par des combinaifons , il eft très difhcile de juger les chan- gemens qui leur arrivent, & de connoîrre quand elles ont entièrement appaifé parala faturaion une efpèce d'appétence, tellement modérée qu'à peine fe faifoit-elle diftinguer avant même qu’elle n’eût commencé à fe fatisfaire. « Quelaue avides de combinaifon que foient les fubftances falines, rarement il arrive que les acides & leurs bafes fe mettent parfaite- ment en équilibre entr'eux , plus fouvent l’un ou l’autre domine un peu , & on nomme compofition par excès celles, où une des fubftan- ces furpafle la quantité néceflaire à l’exadte faruration de l’autre. Ce phénomène chimique dont la théorie eft très-difficile à éclairer, peut dépendre de plufeurs caufes, D'abord la fimple adhérence peut rete- nir dans les interftices du corps compofé une furabondance d’une des matières conftituantes , ordinairement de celle qui entre en majeure quantité dans la combigaifon, parce que, comme nous l'avons dit, ladhérence eft d'autant plus forte qu’elle a plus de rapport avec l’af- finité d’aggrégation ; fecondement il y a des fubftances qui après avoir en quelque forte épuifé les unes fur les autres leur tendance particu- lière à l'union ; acquièrent par l’aéte même de leur combinaifon la puiflance d'agir fur une nouvelle portion d'une des fubftances compo- fantes , de la même manière que d’autres combinaifons agiflent fur des matières entièrement étrangères à elles. Ce genre de compofition par excès n'eft donc qu’une efpèce de furcompofition, & fi l'excès dans le cas précédent n’a lieu que lorfque la combinaifon & l’agrévation fe font opérées dans un milieu où dominoit la fubftance furabondante (1); a ————— ———— ——— ———— ————_————_—_—_— 7" (1) Tels font les fels neutres qui manifeflent un excès d’acide lorfqu’is ont crifallifé dans une diflolution où l'acide dominoit, y 206 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: : dans ce cas-ci , il peut arriver que l’excès ou la furcompolition fe faffe : malgré la préfence de la fubftance qui, felon les loix ordinaires des afinités , auroit dû s'emparer de celle qui eft entrée par furabondance dans la compofition. C’éft ainfi que des criltaux falins peuvent fe for- mer avec excès de bafe dans une liqueur acide. Enfin, dans la plu- part des compolés falins, la faturation eft plutôt relative qu’abfolue, cemme l’avoit très-bien remarqué M. Macquer; telle fubftance fe fera raflafñée , fe fera faturée de celle qui s'eft préfentée à fon alliance, fans avoir épuifé toutes fes forces , fans perdre la faculté d'agir fur toute autre matière de la manière qui lui eft propre. Et ce relte de tendance à l'union qui paroît un excès de matière, n’eft qu'un excès de force qui permet un double mariage fan; nécefliter aucun divorce. Les combinaifons doivent être regardées comme d'autant plus parfai- tes que la faturation relative approche plus de la faturation abfolue, & que les fubftances compofantes ont plus complettement épuifé les unes fur les autres toute leur action. Cette faculté d'admettre par furabondance une des fubftances conf tituantes, n’eft pas particulière aux combinaifons falines; les compo- fitions par excès font plus communes encore parmi les pierres. Er fi pour les fels il eft fi difficile de fixer Le vrai point de faturation, s'il eft fi rare de pouvoir déterminer avec précifion la quantité de cha- que fubftance compofante néceflaire pour établir un équilibre parfait dans leur action réciproque, quoique la fubftance furabondante y con- ferve encore une partie de fon activité naturelle, quoiqu'elle exerce les facultés qui lui font propres avec un refte d’énervie qui n'appar- tienc plus qu'à celles qui font dans un état de combinaifon intime; on peut s'imaginer que l'incertitude des limites précifes de la fatura- tion eft plus grande encore par les fubftances rerreufes qui nous pa- roiflent prefque inertes, & dont les fimples mélanges font fouvent très-difficiles à diftinguer des combinaifons les plus intimes. Je n’au- rois pas même imaginé qu’il fût poffible d'approcher d'aucune préci- fion à cet égard , fi je n’avois entrevu dans les produits de l'infilera- tion & dans la décompofition fpontanée des pierres , quelques moyens pour me diriger dans ce genre d’obfervation. Les fubftances qui interviennent par excès dans une combinaifon y font d'autant moins enchaînées qu’elles y font plus farabondantes , elles confervent d'autant plus de leurs facultés naturelles, qw’eiles en emploient moins dans une aflociation où elles font fuperflues, & elles cèdent aifément à l’afinité, quoique foible, d'une fubftance étrangère quelconque , qu'elles auroient dédaignée , fi elles euflent pu exercer toute leur puiflance fur une fufifante quantité d’une des matières qui entrent dans la combinaifon, Sa feule folution dans l’eau fufit fou- vent pour délivrer un fel de l’excès d’une des fubftances qui le com- __s SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 207 pofent , comme elle le purge du mélange des matières qui lui font ab- fôlument étrangères. Ce moyen fimple de purification eit fouvent em- ployé par les arts. L'eau qui diflouc les pierres ( foir qu'elle tienne cette faculté d'elle-même , ou qu'elle la doive à l'addition de quel- ques autres {ubftances ) & qui tranfporte leurs molécules à une cer- taine diffance , les fépare également & des matières furabondantes & de celles qui n'y font que mélangées; les criflaux pierreux dépolés dans les fentes ou dans les cavités d’un rocher par une infiltration pol: térieure font plus épurés que ceux qui font renfermés dans la mafle elle-même, pour sy être formé inftantanément à fa coagulation, & à moins que quelque caufe n'ait nui à cer effer, l'extrèmité du criftal la plus éloignée de la mañle dont il eft extrait eft toujours plus exempte de mèlange que la partie qui lui refte adhérente ; parce que les mo- lécules intégrantes ont pu fe féparer de tout ce qui les fouilloit ou de tout ce qui n'étoit pas eflentiel à leur compofition. Cetre dépuration s'opère alors ou par la précipitation, ou par la réfiftance qu'oppofe au païlage de l’eau le tiflu du rocher qu’elle a dû traverfer & dans le- quel elle a été forcée de laifler toutes les matières hétérogènes qu’elle ne tenoit qu'en fufpenfion ; & en outre ce genre de filtre peut retenir les fubftances fuperflues , en leur préfentant une alliance d’affinité qu'elles n'accepteroient pas fi leurs forces étoient entièrement amorties par une combinaifon parfaite. Je crois donc qu'en étudiant particulièrement les produits de l'infiltration, on peut parvenir à connoître les matières eflentielles à la formation d’une pierre qui doit fa naiflance à la com- binaifon chimique de plufieurs terres élémentaires : mais comme les réfulrats de cette filtration naturelle ne font pas les mêmes dans toutes les circonftances, & qu’ils peuvent varier felon la nature du filtre qu'ils ont traverfé, il faut en avoir comparé beaucoup enfemble , avant de donner fon entière confiance aux indications que procure une fem- blable méthode. Lorfque les proportions des fubftances eflentielles à une compofi- tion font plus éloignées du point de faturation, les fels ainfi que les pierres fe décompofent plus facilement, c'eft-à-dire, qu'ils changent leur manière d’être , ou en admettant de nouvelles {ubftances dans leur combinaifon , ou en reprenant celles qu'elles avoient abandonnées, ou en cédant la portion de la fubftance excédante à l'aétion d’une autre affinité. De même donc que quelques feis font d’antant plus déliquef= cens que la faturation de Pacide eft moins complerte, ou d’autant plus efflorefcens que Les bafes font plus abondantes, l'argile qui pour être admife dans quelques combinaifons , avoit été obligée d'abandon- ner une partie de cette humidité qui lui donne fa duétilité & dont elle eft fi avide lorfqu'elle eft libre de tous liens, la reprend d'autant plus aifément que fa tendance à toute autre union eft moins farisfaire, 208 OBSERVATIONS SUR 14 PHPYSIQUE, Le fer qui doit fouvent à un refte de phlogiftique la faculté d'intervenir dans quelques compofñitions , pañle d'autant plus facilement à l’état de rouille ou de chaux, que plus fupeiflu à la combinaifon il y eft moins enchaîné; & les acides fulfureux altèrent d’autant plus promptement une pierre, qu'ils y trouvent une fubftance plus éloignée de la combi- naifon intime. Un changement dans l’état de la compofition en néceflite un dans Pétat de l'aggrésation; la forme & le volume des molécules inté- grantes étant modifiés , elles ne préfentent plus les mêmes points de contact ; une pierre décompofée prend donc toujours un tiffu plus la= che, une moindre dureté, une apparence plus terreufe qui diftinguent les parties altérées de celles qui font reftées dans l'état naturel. Cette détérioration fpontanée de l’aggrécation pronofliquant toujours une altération de compofition , la rend facile à reconnoitre, & elle aide à comparer enfemble deux pierres de même efpèce dont la compofi- tion n’eft pas également parfaite. Les feld-fpaths qui contiennent une grande furabondance d'argile, éprouvent aifément ce oenre de décom- pofition fpontanée qui détruit certains granits, & les réduit dans un état terreux (a). La furface d'un trapp ou d’une roche de corne ex- pofée depuis quelque tems à l'influence de l'atmofphère, fe couvre d’une écorce terreufe brune ou rougeâtre , d'autant plus promptement que la pierre contient une plus grande quantité de fer qui n’y eft point dans un état de combinaifon parfaite ; & lorfque l'argile & le fer fonc fuperflus dans la même compofition , ils y portent une double caufe de décompofition, dont les effers font encore plus prompts, C’eft donc en adimettant comme principe qu'une compofition eft d'autant plus parfaite, qu’elle rélifte davantage à toute efpèce de dé- compofñtion; c'eft après avoir reconnu que les combinaifons cerreufes plus fujettes encore que les combinaifons falines à fe furcharger d’une de leurs fubftances conftituantes , & plus expofées au mélange des ma- tières étrangères, pouvoient comme elles s'épurer par de nouvelles diflolutions & par les filtrations , que j'ai cru. poflible d'appliquer à la lithologie les principales loix des affinités chimiques. C’eft en fai- fant précéder les analyfes par les obfervations de localités , c'eft en étudiant l'influence des circonftances fur les différens produits , que j’ai imaginé qu'il y avoit aufli dans la combinaifon des terres un point de faturation réciproque , au-delà duquel les forces de l'afiinité n’é- tant pas en équilibre , le compolé n'avoir plus nila même permanence ni la même folidité. C’eft en employant la méthode des abftractions , c’eft en voyant que telle fubfance pouvoit étre fouftraite en partie RE © 2 ———————— — ——————— ——————— ———— —————— —————————" 2" (:) Le vrai kaolin ne fe forme que par la décompofñtion fpontanée des granits dont le feld-fpath renferme une furabondance d'argile, ou ee À { È SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 259 owen totalité d’une combinaifon , fans nuire à fes propriéres eflentielles, que j'ai cherché à déterminer l’efpèce , le nombre & la quantité des fubftances néceffaires à certaines combinaifons ; c’eft après avoir remarqué que dans le nombre des fubftances qui compofent les pierres , il en eft qu'elles abandonnent avec aflez de facilité, fans changer de nature, mais qu'il en eft d'autres dont elles ne pourroient fe féparer fans perdre toutes Les propriérés qui les caractérifent effentiellement ; c’eft en obfervant encore qu’il eft des fubftances qui tant qu'elles ne font admifes que comme mélange, ne changent point la nature de la pierre, mais qui introduites daas lacombinaifon , y influent tellement, qu'elles lui donnent des qualités différentes , que j'ai fenti l'importance de diftinguer les matières effentielles des miarières fuperflues ou excédentes, celles qui font admifes dans [a combinaifon, de celles qui ont pu s’introduire dans la cempofñition fans prendre part à l'alliance chimique. Il me paroît donc que .le lithologifte doit moins chercher à connoître les fubitances ui exiftent dans une pierre, qu’à déterminer les rapports dans Îefquels nc font entr'elles ; & avanr de recourir aux opérations de l'art, il doit fuivre Le travail de la nature dans routes les modifications que les circonftances peuvent y apporter. Ce n'eft pas en.eflayant les magma des caux-mères du nitre ou, du fel marin ,que le chimifte cherchera à connoîïtre les fubftances effentielles à la compofition de ces deux fels. Quelle confiance peut-on donc avoir dans cette immenfité d'analyfes qui ont été faites fur des pierres dont on n'avoit point conftaté la ureté, & qui pouvoient n'être que des magma terreux, du milieu defquels la filtration pouvoit feule extraire & purifier les vrais produits de la combinaifon? … É Quoiqu'une méthode fondée fur les principes que je viens de dé- velopper, me paroifle la feule qui puifle nous conduire à la connoif- fance exacte des pierres compofées, je fens les difficultés de l'employer, : je vais qu'elle né peut être d'aucun ufage dans une infinité de cas qui ne fourniffent pas un affez grand nombre de données , pour arriver à {a folution du problème ; l'application que, j'en aï faite fur certaines efpèces de pierre, a même exigé l'appui d'une fuppoñrion que les ob- fervations poltérieures onr enfuite confirmée, J'ai imité l’habile criflal= lographe qui, par une forte de diffeétion, découvrit dans le centre d'ua criftal prifmatique hexagone de fpath calcaire un noyau rhom- boïdal , & qui partant de la fuppolition que tous les criftaux devoicnt également avoir, une efpèce de noyau d'une forme fimple qui étoit celle de la molécule conftituante , calcula toutes les figures que pou- voit donner l'accumulation régulière de certaines melécules fimples , &. trouva qu'un très + petit nombre de formes élémentaires fufffoit pour procurer par certaines loix de décroiflement ou d’aggrégation tous les criftaux les plus compliqués & les plus variés, Les obferva- Tome XL, Part, T, 1792 MARS, Ee Le” L 210 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tions fubféquentes ont été tellement d’accord avec fa théorie , que ce qui dans fon début n'étoit qu'une hypothèfe ingénieufe, a pu êrre placé enfüite parmi les vérités fondamentales qui donnent une bafe ftable à la criftallographie. De même jai vu des compofñtions que les réfultats de Panalyle faifoient paroïtre très-compliquées , & qui pouvoient cependant, fans être dénaturées, fe réduire à deux feules fu [A tances conftituantes , pendant que d’autres pour conferver leur manière d’être effentielle , devoient néceflairement réunir les cinq terres élémen- taires , & j'ai placé entre ces deux limites tous les produits de la combivaifon des terres , nommant compofitions du premier ordre celles qui h'exigent que deux terres, compofitions du fecond ordre , celles a en admettent trois, compofitions du troilième ordre , celles qui emandent le concours de quatre, &c. J'ai fuppofé que chaque com- binaifon devoit avoir des qualités ou des caraétères particuliers qui ne pouvoient être fpécifiés , que lorfqu'elle étoit ramenée aux feules ma- tières néceflaires à fa confticution. J'ai donc cherché la Vraie molécule compofée conftituante par ies abftractions fucceflives de tour’ ce qui nra paru étranger ou füuperflu aux combinaifons que j'ai pu foumetrre à Ce nouveau genre d’analyfe , comme par différentes fetions, M. l'abbé Haüy a cherché la molécule centrale de chaque criftallifation qu'il ne découvroit qu'après l'avoir féparée de tour ce qui s’étoit accumulé autour d'elle pendant l’accroiflement du criftal; & lorfque par de fémblables retranchemens, j'ai porté les compofitions à l’état de la plus grande fimplicité dont elles me paroiflent füufcepribles , & j'ai trouvé Îles mêmes principes conftiruans dans deux pierres qui cepen- dant diffèrent entr'elles par des propriétés effentielles & permanentes, je préfume que, quoique les terres élémentaires en {oient les mêmes, elles ne s’y trouvent pas dans un état exactement femblable; car le réfultat des combinaifons ne dépend pas uniquement de la nature des matières conflituantes ; mais encore de certaines modifications que chacune d'elles’ en particulier peut recevoir par l'addition ou la fouf- traction de plufeurs Auides qui influent beaucoup fur les rapports de combinaifon que les terres ont entrelles, comme ils inflüenr fut lation des acides, & fur les fels produits par leurs combinat= fons. | Je ne prendrai maintenant en confidération que les compoftions dont la terre quartzeufe eft la bafe eflentielle , que celles où le quartz joue en quelque forte envers les autres terres le rôle de diflolvañt , & je montrerai quil y a des limites à fa faturation qui varient felon la nature des terres avec lefquelles j} s'unit chimiquement, felon lé nombre de celles qüi interviennent dans la combinaifon , & felon leut état particulier. Je parlerai d’abord des compofirions Îles plus fimples ; c'eft-a-dire, de celles du premier ordre dans lefquelles la’terre qüar- 1 L * 1 VA" € 4 110 ” SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21# tzeufe n’admet qu'une feule des terres avec lefqueile; elle a des afin nités, i * D'après les principes, établis ci-deflus, je crois donc pouvoir dire que le quartz eft faturé d'argile lorfqu'il en diffout vingt centièmes dé fon propre poids, & que dans le genre de pierres, dites f£licees , qui réfulrent de la, combinaifon de ces deux terres, celles qui appro- chent le plus de cette proportion & qui font plus exemptes de rout autre mêlange , font les plus parfaites. Cette proportion eft celle qui conftrue la pierre blanche ou bleuâtre , demi - tranfparente, laiteufe, nommée, calcédoine (1). Les autres pierres filicées. ou contiennent une furabondance d'argile, ou font mélangées avec des matières ab- folument étrangères à ce genre de combinaifon. Pluleurs confidéra- tions me paroïllent autorifer cette préférence, & m'ont déterminé à adopter cette efpèce de limite pour la faturation refpective de ces deux terres. 1° La dépuration de toute pierre filicée opérée par l'infiltra- tion, produir toujours des calcédoines ; on les trouve en mamelons dans les cavités des filex groffiers & des pierres à fufñl,comme dans celles des agathes & des jafpes; elles foudent les fentes & des cornalines & des fardoines. Les calcédoines qui fe forment dans l'intérieur des pierres du genre filicé ne diffèrent pas eflenriellement de celles qui fe forment à la manière des ftalaétites à travers les mafles d’argile, de celles qui ont pour matrice la pierre calcaire & de celles qui oc- cupent les cavités des roches de corne & des produits Fate gs Quel que foit donc le filrre à travers lequel pafle la diflolution de la matière filicée , il n’inflüe plus fur cette combinaifon lorfqu'elle. eft arrivée à cet état de pureté ou de faruration qui diftingue la compo- tion de la calcédoine de celle de toutes les autres pierres du même genre. 2°. Toutes les pierres filicées fe décompofent fpontanément à l'air , elles y prennent une écorce blanchätre , opaque & rerreufe qui avoit fait fuppofer leur tranfmutation en argile; 8-dansles pays cou« verts de différens filex en blocs ifolés ou en cailloux roulés, lef- quels font expofés depuis le même tems à l'influence de l'armofphère (2), (x) Les analyfes les plus exa@es n’ont trouvé dans cent parties de calcédoines les plus tranfparentes que L£ d'argile & -É& de terre quartzeufe , la calcaire qe quelques chimifes y ont reconnue n'y étoir sûrement que dans un état de mélange. (2) Les pierres filicées proprement dites, c’ell-à-dire , celles où l’argile & le quartz font combinés chimiquement, fe décompofent plus aifément que les pierres |où l'argile ef feulement mélangée & enveloppée par le quartz. Dans les premières chaque molécule intégrante qui fepréfente à l'influence de l’atmofihère livre immédiatenent à l’adion. de l’air & de l’eau la portion d'argile qui lui eft affociée , &.qu'elle doit etder à une affinité plus puiffante que celle qui l’y enchaîne ; mais dans Jes fecondes ,» le quartz qui n’eft point fufceptible d’altération couvre l’argile , & la fouftrait ainfi au centa@ des fubflances qui pourroient l’attaquer, : .: Tome XL, Part, 1, 1792. MARS, Nr. sie 2 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cn peut obferver que les progrès de cette altération font d'autant plus avancés , que la pierre renferme une plus grande furabondance d'arçile; mais les veines de calcédoine font toujours les dernières & les plus foiblement attaquées par ce genre de décompofition, elles re audi les mêmes réfiftances relatives à l’adion des vapeurs acido - fulfu- reufes. Je regarderai donc la calcédoine comme la plus parfaire des pierres qui naiflent de la combinaifon directe du quartz & de l’ar- pile, comme le filex par excellence , comme la bafe de rour Le genre flicé. Toutes les pierres , qui ont des rapports avec la même con- binaifon, ne doivent être confidétées que comme des variétés dans lefquelles l'argile intervient par excès , où qui renferment des fubf- tances étrangères ( I ). SL | | i (1) Je crois important de relever une erreur: de nomenclature dans laquelle je füis moi-mime tombé, & qui occafonne une grande confufion dans les idées. On regarde improprement comme fynonimes les noms de serre quartzeufe & de terre filicee ; comme fi le quarrz & le files étoient les mêmes pierres, comme fi l’un'& l’autre devoient être également confidérés comme des, êtres fimples. Le’ quartz peut être regardé comme une aggrégation des molécules de laterre élémentaire à laquelle il donne fon nom!, parce qu’elle feule et effentielle à fa manière d’être , parce que d’elle feule il tient toutes fes propriétés, parce qu'aucune des matières qu’il peut cafuellement renfermer ne Jui eft néceffaire, & il s’en dépouille facilement par linfiltration. Sa terre qui eft ja vraie bafe du criltal de roche ne peut être réduite acun état de plus grande fimplicité, ñi parlatnature , ni pär l’art (au moins quent à fes élémens folides. } Le flex au contrai-e eft.une pierre effentiellement compofée ;, dass laquelle il et néceffaire que la terre quartzeufe& 1a,terre argilleufe foient combinées enfemble pour être conflitué ce qu’il doit étre ; & il tient de cette alliance chimique fes propriétés’ particulières , qui, quoique voifines, fous certains rapports, de celles du quartz, en diffèrent ‘par plufieurs autres: Le quartz a une tendance extrême à l’aggrégation régulière que les fimples mélanges quoiqu'abondans n'empéchent pas; mais combiné avec l’argile:jufqu’au point de faturation , il ne criftallife plus. La calcédoine ne donne que.des mamelons, dans les riêmes circon{£ tances, & dans les mêmes cavités où le quartz fournit les criflaux les plus réguliers. Si quelquefois la füurface des mamelons de calcédoine eft brillantée & préfente de petites facettes , ce n’eft point la calcédoine quitend à la crifalifätion | maïs c’eft une écorce purement quartzeufe qui l’a enveloppée , comme elle-même incrufte quelquefois des crifaux de quartz en fe modelant {ur eux. Je dois encore prévenir que le quartz n’eft pas toujours complettement fturé d’argile, & lorfquil n’en diffout qu'une quantité bien inférieure à celle qu'il peut comporter, il s'éloigne moins de fes propriétés naturelles. On peut remarquer dans certaines géodes calcé- doniennes que lorfque la terre quartzeufe (urpafle la proportion des-2® Îes mamelons s'allongent, acquièrent des angles & des pyramides; qui font d’abord émouflés, mais qui s’aiguifent à mefure que le quartz s'échappe d’autant plus de l'état de -combinaifon. On dévroit donc réferver la dénomination de serre félicée à la combi- naifon du quartz avec la terre argilleufe, & ne jamais confondre le produit une union chimique , ni avec la terre quartzeufe dans fon état de pureté , ni avec fes fimples mélanges. Les agathes orientales font des calcédoines avec fürabondance de quartz ; mais lex SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 21; Il me fera plus difficile de dérerminer le point de faturation réci- progze entre la terre quartzeufe & la terre muriatique , d’autant que je crois appercevoir deux états très-différens dans la combinaifon de ces deux terres. Dans l’un , le quartz fait en quelque forte l'office de menftrue envers la terre muriatique , il s’unit à elle de la même ma- nière qu'il s’'affocie à l'argile , lorfque avec cette terre il conftitue les filex; & il éprouve dans cette nouvelle combinaifon plufeurs modi- fications femblables à celles qu’il reçoit dans la première, entr'autres la perte de la faculté de criftallifer. Plufieurs pierrés d'apparence fi- licée font le réfultat de cette aflociation auquel appartiennent princi= palement les pierres dites de poix, qui fe forment dans les ferpentines décompofées & parmi les argiles mêlées de terre muriatiqte. Lorfque ls produits de cette combinäifon ont éprouvé par des filtrations na- turelles la dépuration de tout ce qu'ils contencient d’étranger ou de agathes d’Allemagne réuniflent ordinairement dans les mêmes mafles & le quartz pur &le quartz combiné avec l'argile , & quoiqu’ils y foient préfqu'empâtés enfemble , oh les y diftingue encore par les cara@tères extérieurs qui leur font particuliers. Ils paroïflent même être devenus étrangers l’un à l’autre, puiqu’ils tendent toujours à fe féparer, & on peut obferver que les parties les plus quartzeufes font voifines & celles où le flex s’eft en quelque forte refferré (ur lui-même pour former de v: calcédoines. -Je crois qu'il eft également effentiel d’établir une diflinéon entre les pierres formées par un mélange de quaitz avec une terre quelconque, & celles où ces mêmes terres font mélangées avec le flex , c’ef-à-dire , avec le quartz déjà faturé d'argile ; & il me femble que c’eft très-improprement que l’on nomme également jafpes, & le quartz empâté avec des ochres martiales jaunes & rouges, & le filex empäté avec ces mêmes chaux métalliques, C’efl ainfi qu’en confondant deux états aufh différens , on nommé quelquefois jafpes criflallifés des criflaux de roche rendus parfaitement opaques par des mélanges. Le faux jafpe, celui dont la bafe argilleufe ou martiele eft imbibée de quartz, a une caflure plus vitreufe , une pâte plus groflière & un grain dur & fec ; fes veines font de quartz blanc, & s’il a des cavités ,elles font garnies de petits criffaux de roche; la pierre nommée finople eft un.de ces faux jafpes ; le vraï jafpe ( dans lequel, je le répète, la terre argilleufe ou martiale qui en fait la bafe doit être ou imbibée ou empâtée de filex) , a une pâte plus fine , une caflure unie, conchoïde & luifante , quelquefois d’un 2fpeët un peu terreux ; {es veines font formées de calcédoine, qui tranfudant en mamelons remplit également fes cavités. Mais par la même raïfon que le quartz & la calcédoine fe confondent dans quelques agathes, le vrai & le faux jafpe fe trouvent réunis lorfque le quartz & le filex ont fimultanément pénétré dans des mafles d’arpile, ou de terres ferrugi- neufes : ce qu'on voit fréquemment dans les jafpes de la Sicile, : Les filex grofliers diffèrent'des calcédoines par un excès d'argile, & fur-tout par des terres écrangères empâtées avec eux fans les rendre entièrement opaques ; c’efl ainfique beaucoup contiennent de la terre calcaire qui peut leur donner une füfbilité qui n’appartient pas au flex; il femble aufli qu’il y ait une efpèce de fubfance grafle qui contribue à leur diaphangé & à leur couleur , & ils perdent l’une & l’autre lorfque la chaleur la diffipe, s es e 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuperfu , le quaïtz retient encore à-peu-près 2 de magnéfie, quantité qui paroït être néceffairé à fa faturation. Y ET NU Mais je ne crois pas que ce foir toujours dans des circonftinces femblables, que fe fafle la combinaifon de la terre quartzeufe & de la terre muriatique. Îl me paroît que ces deux rerres fe’ font aflocices fous des rapports bien plus intimes encore pour former. certains talcs & quelques ftéatites. Elles y fonc bien plus fortement enchaïînées , & par conféquent elles cèdenc plus difficilement aux affinités qui font particulières à chacune d'elles. Cette réfiftance à leur féparation , cetre difficulté d'attaquer alors la terre muriatique par les menftrues qui lui font le plus appropriés , ont fair croire à plufeurs chimiftes qu’il y avoit une terre particulière qui conftiruoit les talcs. Plufieurs motifs que je déduirai gun une autre occafion me font penfer que le quartz n'eft lus ici dans fon état naturel ; mais que ce nouveau genre de com- Éinaifon exige de fa part une fituation analogue à celle où il fe trouve lorfqu'il intervient dans la conftitution des gemmes ( 1). Il me paroïc donc que dans ce nouvel état, les rapports de faruration changent entièrement , & le quartz peut fe AS EL avec plus de + de fon oïds de terre de magnéfie. Affociées ainfi , ces deux terres jouent un. rôle colleétif particulier dans les combinaifons où elles interviennent, elles s’y comportent d'une manière différente que fi elles y concou- roient chacune ifolément. Pour exprimer les nouvelles propriétés qu’elles développent , je les confidérerai comme une fubitance particulière que j'appellerai terre salqueufe , & par cette dénomination qui exprime cet état de la combinaifon de ces deux terres , j'éviterai des périphra- fes, & je porterai un peu plus de clarté dans une difcuffion que la nature du fujet rend extrêmement obfcure & compliquée. La terre talqueufe a pour caractère extérieur diftinétif une apparence grafle & onétueufe qu'elle porte avec elle dans les combinaifons où elle entre, % que ne donne point la terre muriatique y arrivant. ifo= lément. La terre talqueufe eft la bafe eflentielle des ferpentines , des pierres ollaires, des ftéarites & de la plupart des pierres favonneufes de ce genre. Maïs elle n’y eft pas pure, différentes terres ÿ font mé- langées avec elle, il s’y trouve même une nouvelle portion de terre de magnéfie étrangère à la combinaifon. C'eft dans les fentes de ces pierres que linfiltration ou une efpèce de tranfudation raffemble la terre talqueufe dépurée: elle y eft ou en mafle compacte , ou en la- mes onétueufes & pliantes qui quelquefois criftallifent en prifmes hexa- gones très-courts. | À RES Enr (x) Je développeraï plus difin@ement mon opinion für cet état particulier de. Ja terre quartzeufe , lorfque je parlerai des gemmes ; ou pierres précieufess SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 21$ La terre talqueufe eft fufceptible de fe combiner enfuire avec la terre quartzeufe dans l'état naturel, ou d'être difloute elle-même par le quartz, comme j'ai indiqué que l'étoient les terres argilleufe & mu- tjatique , & c’eft ainfi que fe conftituent les vrais. jades ( 1 ). IL eft, (1) Les caraëtères extérieurs ont trop fouvent infué fur les noms que l’on à impofés aux pierres, Une grande dureté &une grande denfté jointes à une apparence onétueufe , à une demi-tranfparence grafle , & à une caflure filicée , ont fait donner Je-nom de jade à des pierres très-différentes entr’elles par leur compofñition ; une apparence réfineufe , une caflure vitreufe , une dureté inftrieure à celle des filex Grdinaires & une grande légereté, ont également fait réunir fons le noan de pierres de poix des pierres qui n'ont aucun rapport de compolitions & ce qui-elt aflez fingulier , c’eft que chacune des combinaifons qui ontfourni des pierres nommées jades, en a donné une de celles appelées piérres de poix. Si je n’aimois mieux remettre les unes & les autres dans les places qui meparoifient leur convenir , je pourrois dire qu'il y a trois elpèces de jades, ainfi que trois efpèces de pierres de poix; mais je crois plus convenable pour faire cefler la confufion qui a régné jufqu’à Préfent entr'elles, de faire rentrer ces pierres dans les genres auxquels elles appartiennent par leur compofition. Alors je confeilierois de réferver le nom de jade à la combinaïfon jufqu’au point de faturation du quartz avec la terre talqueule, & de changer le nom de pierre de poix en celui de piciforme ou réfiniforme, qui ne’feroit plus cenfé défigner une efpèce particulière de pierre, maïs qui exprimeroit ceite modification dans l’aggrégation qai lui donne une apparence de poix , ou de réfine cuite. Je dirois donc que parmi les pierres confondues fous le nom de jade , il en eff une qui appartient au genre filicé, & ce prétendu jade n’eft autre qu’une vraie calcédoine , plus dure , plus denfe & d’un œil un peu plus gras que dans l’état otinaire ; il fe trouve fous forme de nœuds dans quelques groupes de calcédoines communes ; il (e comporte au feu comme elle, c’eft-à-dire, qu’il réfilte fans fe * fohdre à une très-grande chaleur , &il y devientblanc & opaque. Il y a également une-pierre de poix qui doit fe placer dans le genre purement filicé, & qui n’eft qu'une calcédoine légère. Lorfqu’elle eft pure ; elle a une apparence plus gélatineufe & un peu’ plus de tranfparence que la calcédoine ordinaire, avec laquelle il y a d’ailleurs des nuances infenfbles de dureté & de denfité qui l’uniflent ; & elle fe comporte de même dans toutes les circonftances où la force d’aggrégation ne doit avoir aucune influence. Les opales me paroiffent appartenir à ce genre. Les calcé+ doines réfiniformes fe trouvent principalement dans les argiles provenant'de Ja décom- pôfition fpontanéelde roches plus anciennes. Telles font les pierres de poix de l’ile d'Elbe, du P émont , &c, Les bois convertis en pierre de poix jaunes & blanches qui viennent de Hongrie font de cette efpèce. Ce genre d’aggrégation lâche & d’appa reñce gélatineufe à des rapports avec l’état du quartz précipité de la liqueur des cailloux’, qui y'eft également en état de gelée, & qui eft telemert amplifié dans fon agérégation, qu’il arrive à un volume douze fois plus grand que dans l’état ordinaire, La pierre à laquelle je réferve le nom de jade eft ordinairement un peu plus opaque &”plüs colorée que celle que je viens de laïfler parmi les calcédoines; avec une dureté ä-peu-vrès femblable , elle a un peu plus de denfité , une apparence plus onttueufe, Elle réfifle comme elle fans fe fondre ä un violent coup de feu, mais au. His d’y augmenter fon opacité , elle y devient un peu plus diaphane , ce qui peut fervir d'indication pour la diflinguer pendant l’abfence de tout autre cara@tère, On trouve ce jade parmi les ferpentines & autres pierres magnéfennes décompofées. Souvent ik eff entremélé d’afbefte & d’amianthe, Mais les mêmes circonffances 216 OBSERVATIONS SUR L.A PHYSIQUE, je crois, très-effentiel de bien faifir la diftinétion entre la combinai- fon ordinaire du quarz avec la terre mariatique & la combinailon du fourniffent auffi un faux jade , dans lequel le quartz au lieu d'être combiné avec la erre talqueufe , la renferme feulement comme mélange, & eft fimplement empâté avec elle. 11 et cependant quelques caraëtères extérieurs qui les diflinguent ; le faux jade a une caffure plus vitreule, une apparence moins onétueufe, & 1l peut admettre la criflallifation du quartz, ce qui pourroit faire dire aufli qu’il y a du jade criftalli(é : & quelquefois la même mafle réunit le vrai & le faux jade comme dans les jafpes. Le vrai jade peut avoir un excès de terre de magnéfie & de terre talqueufe dans fa combinaifon , & alors il va fe réunir aux fléaties dures ; ce même jade avec un peu d’excès de quartz reffemble aux agathes, & quelques-unes des pierres que l’on nomme agathes vertes & jafpes verds appartiennent à cette combinailon, C'eft parmi ces mêmes débris de pierres magnéfiennes décompofées que l’on trouve des pierres d’une apparence vitreufe , demi -tranfparentes , légères, tendres que on nomme encore pierres de poix, & qui font un,réfüultat de la combinaifon du quartz avec la terre de magoéfe ; elles demanderoiént, ainfi que tous les autres produits de la même combinaifon , un nom qui les difinguât des pierres filicées avec léfquelles on les confond à caufe de leur reflemblance extérieure ; elles ont un afpeët gélatineux comme les calcédoines légères, elles affeétent comme elles la forme mamelonnée , & elles réfiflent également à la fufion. J’ai envoyé en 1786 à mon excellent ami, M. Picot de la Peyroufe , une fuite d’échantillons des ferpentines - décompofées de PImbrunetta près de Florence, dans lefquelles on voyoit tous les différens produits de la combinaifon de la terre muriatique avec les autres différentes terres, & dans lefquelles on pouvoit fuivre plus particulièrement tous les progrès de ja formation des jades & des pierres réfiniformes muriatiques : il les mit de ma parc fous les yeux de l’Académie de. Touloufe, &. il en fit mention dans un très-bon Mémoire inféré dans le volume que cette fociété favante a publié en r787. Les pierres réfiniformes de ces deux différens genres font rarement pures, leur tiffü lâche ( dû sûrement à quelque circonftance particulière qui détermine ce genre d’aggrégation, mais que je ne connois pas) leur permet d’autant mieux d'admettre des mélanges de toutes efpèces. Elles font fouvent empâtées avec de l'argile qui peut y conérver encore la propriété d’exhaler fous le fous l'odeur qui lui ef propre. Plus ordinairement ces fubftances réfiniformes paroiflent avoir imbibé en place des males d’argile de différentes couleurs & des chaux martiales, & elles les ont fait d'autant plus participer à leur apparence vitreufe , qu’elles les ont plus abondamment abreuvées , ou que le diffolvant qui lestranfportoit.en étoit plus chargé & approchoit davantage de ia confiflance gélatineufe qu’il pouvoit avoir eu quelque, fois. Il eft à remarquer que dans Les males d’argile qui ont été ainf pénétrées par des diflolutions de calcédoines ordinaires, ou par ces efpèces d’extraits gélatineux & réfiniformes, le centre en ef ordinairement plus chargé que les parties extérieures s qui én étant imparfaitement imprégnées , ont encore confervé leur grain terreux & la faculté de happer à la langue. J’ai cru pendant un tems que cette apparence terreufe des-furfaces avoit toujours pour caufe un. commencement de décompoftion qui en avoit altéré l’aggrégation ; mais j'ai reconnu que le plus fouvent cet effet dépendoit d’une efpèce d’abforption , ou de fuccion par des tuyaux capillaires, qui ayoient attiré dans le centre aux dépens des parties voifines des. furfaces une plus grande quantité de la diflolution , ce que j'ai vérifié en imbibant d’une eau colorée * des boules d'argile blanche, qui lorfqu’elles étoient sèches. fe trouvoient toujours beaucoup plus chargées de çouleurs dans leur centre, C’ef dans ces parties plus ” même SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 217 même quartz avec la terre talqueufe, c’eft-à-dire, avec la terre mu- riatique déjà aflociée fous d'autres rapports avec la terre quarizeufe ; quoique dans l'un &: l'autre cas l’analyfe ne puifle extraire des deux compolés que des fubftances femblables, Ce genre de furcompottion eft :aflez commun dans la lithologie, & peut être une fource d'erreur pour ceux qui ne le prennent point en confidération parce que l'ob- fervation leur en eft échappée. : Les combinaifons de la terre quartzeufe avec l'argile & de la terre (=— opaques & plus terreufes, parce que l’argile y eft imparfaitement agglutinée par la matière filicée ; comme auili dans les écorces qui ent éprouvé ün commeñcément de décompofition, que Pon trouve les pierres dites hyÿdrophanes , parce qu’elles ont Je propriété de devenir demi-tranfpareñütes en ablorbant l’eau dans laquelle on les plonge; & ce mor ydraphane ne devroit également exprimer qu’un accident d’apgrégation auxquels font fujettes des pierres très-d.femolables & de prefque tous les genres. 2 ; * Le troifiéme jade qui reffemble aux deux premiers par fon afpe, a un car2@ère qui le rend fagilé à reconnoître ; c'eft une éxtrème fufivilité. Sa compofition d’ailleurs le rapproche de la nature du péiro-filex ; mais il eit plus: frchargé de terre de niagnéfie , & renferme aufli. de la terrexalqueufe. 11.et fufceptible de furabondance de fes parties. conftituantes & de mélanges commettoures les autres pierres compolées : & felon qu'il eft plus ou moins pur, 1 fond en un verre blanc un peu bourfouffé, ou en émail gris. Les pierres blanches & verdâtres nommées 7ades aui fervent ordinairement de poignée de fabré en Turquie, celles dont on fait beaucoup d’orne- mens dans'les Indes, la pierre dite des Amazones, {ont de ce genre, Il me paroîtroit néceffaire de lui donner encore un nom partieukier qui le difinguñt,, puifqu’il diffère cffentiellement par {a compofition de celui des jades, à qui je conferye ce nom , & qui, comme je l’ai dit, eft le produit de la combinaifon du quartz & de [a terre talqueufe, Une pierre réfiniforme extrêmement fufible {6 rapporte par {a Compoñition au même genre de pétro-flex ; la propriété de’ fe fondre en verre extrémement. bour- foufflé & blanc, quelle qu’ait été fa couleur, la difingue des pierres d’un afpe& fem- blable placées dans les genres précédens. Les pierres ‘réfiniformes jaunes; grifes, rouges &brunes qui viennent de Saxe, font de certe efpèce. Quelquefois elles y fervent de bafe à des porphyres , c’ell-à dire , qu’elles renferment de petits criflaux de feld. fpath. D’ailleurs j'ignore quelles font leéuréscireonftances locales, j'ignore fi c’eft la voie sèche, ou la voie humide qui à produit pour elles ce genre d’agprégation qui eft également dansiles faculrés de ces deux agens 5 maïs j'ai trouvé desiproduits volca- niques parfaitement femblables dans les montagnes du Padouan.& dans dés, iles Ponces , je les y ai confidérés comme une efpèce de vitrification d’un tiffu lâche, qui en fe raréfiant encore davantage prenoit des fibres apparentes, & palloit à la contexture de la pierre ponce, pendant que d’un autre côté elles fe réunifloient in‘enfiblement aux vitcifications les plus compeëtes. e Il ne paroîtra donc pas extraordinaire que les chimiftes de différens pays qui ont analyfe des jades & des pierres dites de Poix , ayent obtenu des refültats f dillem- slables ; pique, outre:tous lesraccidens: dermélange qui font très-fréquens, & qui placent: de l'argile dans du vraÿ jades owdi calcaire dans une! combinaifon filicée!, 1 y'a réellement trois genres del compofirions différentes’ qui fourniffent des pierres k-peu-près femblebles parleur afpeéti& par beaucoup de leursicarafères extérieurs ; &que lonnommejadés & pierres de: poix! 2u5l «0 n : Tome XL, Part, I, 1792. MARS, FE 213 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quartzeufe avec la terre muriatique faites chacune à part fe renconz trent quelquefois , fe mêlent & forment encore de ces compofitions affez fréquentes qui doivent également faire le tourment du litholo- gifte & du chimilte , parce qu'ils y trouvent tous les matériaux qui conftituent des compofitions d’un ordre füpérieur ; ils y obfervent que les différentes terres y font avec les caractères qui annoncent les al- liances chimiques, & ceperidant elles ne donnent point les produits que leur nature & leur proportion fembleroit promettre. J'ai déjà dit que je ne connoiflois aucune pierre compofée du pre- mier ordre, (c’eft-à-dire bipartie ) dans lefquelles je pus reconnoître les caractères de l'union chimique & directe entre le quartz & les terres martiales & calcaires. 1l eft poflible cependant que leurs com- binaifons puiflent fe faire à l’aide de quelques circonftances, mais elles font fi rares que je puis les confidérer comme hors de la marche or- dinaire de la nature. Je paflerai donc aux compoftions du fecond ordre ; je parlerai de quelques combinaifons triparties à bafe quartzeufe qui n'ont paru les plus faciles à foumettre à ce nouveau genre d'ana- lyfe; j'y porterai la même méthode des abitractions , en prévenant cependant que les difficultés augmentent, à mefure que les combi- naifons fe compliquent , car les limites des faturations deviennent plus incertaines, les mêlanges y fonc plus difficiles à diftinguer des vraies combinaifons ;-les fubftances aériformes y jouent un rôle plus impor- tant, & toutes les conditions à remplir pour obtenir la folution des problèmes lithologiques s'entrecroiffent davantage ; mais ne connoiffant encore autre moyen qui équivaille celui-ci , je vais pourfuivre ma tâ- che. Je ferai remarquer qu'en m’élevant ainfi du compofé au furcom- pofé , je ne fuis pas exactement la marche de la nature, qui paroît plu- tôt defcendre des combinaifons compliquées à celles d’une plus grande fimplicité. Car les combinaifons biparties dont je viens de parler ap- partiennent à un travail bien poftérieur à celui qui a produit celles des autres ordres. On ne trouve ni filex ni jades réfractaires dansles montagnes dites primitives , les pierres de ces deux genres ne fe mon- trent que dans les matières décompofées , & dans les couches de tranfport où elles me paroiflent avoir été raflemblées par le feul tra- vail de l’infiltration (1). La fuite au mois prochain. (1) L'origine de ces filex fi communs dans les bancs calcaires & dans les couches de craie eft une grande queftion de Géologie. Sont-ils préexiflans aux matières dans lefquelles on les trouve? S’y font-ils formés? Je fuis de cette dernière opinion, quoiqu’elle paroifle la moins vraifemblable au premier apperçu. L’exiflence d’une Leiite portion de terre quartzeufe dans les pierres calcaires eff prouvée pv l'analyfe; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 219. Ne Ok: CE Sur une nouvelle forme de Criflallifation du Diamant ; Par J.C. DELAMÉTHERIE. L:: amateurs de Criftallographie apprendront avec plaifir que le diamant oétaëdre peut être tronqué aux deux extrèmités des pyramides ; ce qui le change en décaëdre. J'en ai un qui préfente cette variété (f2g. 5 & 6). Une des pyramides eft celle de l’octaëdre prefqu'aluminiforme dont la troncature préfente une face quarrée, L'autre pyramide eft celle de l'octaëdre cunéïforme ou allongée dont. la troncature préfente un parallélogramme étroit & fort allongé. Ceci m'a engagé à examiner la forme primitive du diamant que je crois être le sérraëdre & non l’octaëdre , comme l’a dit Romé de 1 Ifle. Je ne fache pas qu’on connoiffe encore de diamans tétraëdrts , quoique Gup & DrckmaN parlent de diamans trièdres, qui ne peuvent être que des rétraëdres. Mais il y a des diamans compofés de deux técraëdres joints bafe à bafe & tronqués à l’extrémité des pyramides (variété 6, Romé de lIfle). la pofñbilité d’un diffolvant qui l'attaque feule de préférence à la terre calcaire eft démontrée par les criftaux de roche qui fe trouvent dans les cavités des marbres de Carare.. La combinaifon qui forme les flex me paroïit encore plus foluble que le quartz pur. Je crois donc que c’eft l’infiltration qui a raffemblé les molécules filicées éparfes dans les bancs calcaires & qui en a rempli des cavités qui y ont laïflé après leur deftru&tion des corps marins d’un tiffu très-lîche. Les formes noduleufes & bizarres des filex ne paroïflentle plus fouvent que des jeux du hafard ; mais quelques- uns auffi rappellent la figure de plufeursicorps marins , & c’eft principalement dans leur intérieur qu’on trouve des indices non équivoques d’organifation ; on y reconnoit 1e tiflu des éponges, des madrépores & autres produétions de polypiers. Je ne doute pas que les filex ne foient venus occuper des places qui leur ont été préparées pär des éponges & par ces animaux pulpeux fi communs dans les mers, qui refflemblent à une gelée, & qui fous un très-gros volume ne contiennent prefqu'aucune matière folide. Etéios des coquilles , & fur-tout des échinites, ont aufi reçu l'infiltration du filex, maïs il ef arrivé pour elles un petit phénomène qui tient aux affinités entre parties fimilaïres : jamais les tefls de ces coquilles n’ont été changés en filex , mais ils fe font fouvent convertis en {path calcaire, parce que lorfque ces coques permettoient la libre tranfudation des molécules filicées , elles retenoient les molé- cules calcaires qui leur étoient aflimilées , & que la diffolution faifoit paffer à portée de leur fphère d’aétivité. Cette explication bien fimple donne la théorie d’un fait qui a embarraffé beaucoup de naturaliftes. Tome XL , Part. I, 1792 MARS. PET | 520 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Toutes les faces que préfentent les différentes variétés de criftallifation du diamant font triangulaires, F : J'ai un petit diamant oétaëdre femblable à celui que Boyle a décrit, dont chaque face triangulaire de l’octaëdre ef compofée de petires facettes triangulaires polées en resraite. -Cer octaëdre et évidemment compofé de lames triangulaires formant huit tétraëdres. ° L'octaëdre du diamant peut acquérir: vingt-quatre ou quarante-huit facettes toutes triangulaires. IL faut fuppofer pour lors que chacun des huit rétraëdres primitifs eft eompofé de trois ou fix autres tétraëdres, ce qui donne vingt-quatre ou quarante-huic faces. La difficulté qu’éprouvent les’ jouaillers à clver ces efpèces de diamant annonce cetre compolition. Si dans le diamant à vingt-quatre facettes, deux de ces! facetes appartenantes à deux faces contigues de l'octaëdre , fe trouvent fur le même plan, elles formeront un rhombe & donneront le diamant dodé- caëdre à faces rhomboïdales, Si cette réunion, n'eft pas parfaitement, fur le, même plan, & laifle encore appercevoir une petite ligne, ce fera le dodécaëdre qui pañle aux vingt-quatre facettes , c’eft-à-dire, ce fera la première variété à vingt- quatre facetres. if | Diflérens auteurs ont parlé de diamant cubique, Nous n’en connoif- fons pas encore; mais on faic que le cube & le rhombe peuvent être formés de douze ou vingt-quatre tétraëdres, favoir , de fix penraëdres compofés chacun de quatre faces triangulaires &.d’une quarrée ou rhom- boïdale formant: la-face du cube ou du rhombe. Or, chacun, de ces pentaëdres peur être compofé de: deux ou quatre tétraëdres, fuivant qu’on fuppofe chaque face du cube ou du rhombe divifée en deux, ou quatre. parties , füivant les diagonales , fg.7, 8. Enfin, le diamant pourroit avoir la forme icofaëdre compofée de vinot tévraëdres. Je confidère le térraëdre comme compofé de lames triangulaires fuper- pcfies en rerraire. Elles donneroient un prifme triangulaire; fi les lames étoisnt fuperpoiées fans aucune retraite, FRE 6 19 Le.tétraëdre fera plus. ou moins allongé fuivant la proportion quel: conque que fuivrarla retraire. des. lames. On, fait que cette retraite. eff confidérable , le tétraëdterfera obtus, Le plus on moins d'épaifleur des Jaines produira encorele même effet ; car, des. lames épaifles, la retraite éranc la même, donnierone un lolide plus. allangé comme on le voit, ff. 9... {ren fers de même pour! toute efpèce de lames, re@angulaire où ol liquangle. Afi Roné de File a rapporté toutes les formes des criftaux à feptclafles : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 221 2°. le cétraëdre; 2°. le cube ou parallélipipède rettanoulaire; 3°, l’odtaëdre rectangulaire; 4°. le rhombe ou parallélipipède rhomboïdal; 5°, l’octaëdre rhomboïdal ; 6°. le dodécaëdre à plans triangulaires ; 7°. l'otaëdre rectangulaire & rhomboïdal. Cette feptième claile rentre dans les cinquième & troifième, Nous n’avons donc que fix clafles ou fix formes principales dont il faut rechercher les élémens. , Les élémens les plus fimples du tétraëdre font des lames triangulaires fuperpofées en retraite fuivant une proportion quelconque : tels paroiffent être les élémens du diamant. i Les élémens du cube ou parallélipipede rectangulaire peuvent être des lames rectangulaires fuperpofées fans aucune retraite: Ou des lames rtriangulaires ; car chaque lame rectangulaire peut être conpofée de deux ou quatre lames triangulaires qui fe réuniroient par des faces indiquées par les diagonales du cube. Ce parallélipipède peut encore avoir pour élémens fix pentaëdres compolés chacun de quatre faces triangulaires & d’une quarrée qui feroit le côté du cube; & chacun de ces pentaëdres peut être compolé de deux ou quatre tétraëdres , comme nous l'avons dit: ainfi Le cube le feroit de douze ou vingt-quatre tétraëdres. Le rhombe ou parallélipipède rhomboïdal peut être compofé ( comme le cube ) ou de lames rhomboïdales fuperpofées avec retraite ou fans retraite : Ces lames rhomboïdales peuvent être compofées de deux ou quatre lames triangulaires. Le même parallélipipède rhomboïdal peut être compofé de fix pen- taëdres rhomboïdaux dont chacun auroit quatre faces triangulaires & une rhomboïdale. Chacun de ces pentaëdres feroit formé de deux ou quatre tétraëdres. Ainfi ce parallélipipède contiendroit douze ou vingt-quatre tétraëdres. L’octaëdre reétangulaire peut être compofé de lames rectangulaires fuperpofées en retraite fuivant une propoïtion quelconque, Chacune de ces lames peur être compofée de deux ou quatre lames triangulaires. Si ces lames font fuperpofées fans retraite, on aura lefprifme: té- traëdre. : L’octaëdre peut encore être compofé de huit tétraëdres, comme nous Pavons vu pour le diamant. L’oétaëdre rhomboïdal ou obliquangulaire peut être compofé comme Je retangulairé., Ou de rhombes fuperpofés en retraite comme le reftangulaire, fuivane üñe proportion quelconque, Ou de huit rétraëdres obliquangles. Le dodécaëdre à plans rhombes peut étre compolé de lames rhoui- 222 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; boïdales ou de quatre rhombes non fuperpofés , mais fe réuniflant pae leurs angles, comme l’a fait voir Bergman (1). Ce même dodécaëdre peut donner le prifme hexaëdre ou tétraëdre. : Le même dodécaëdre peut être compofé de vingt-quatre tétraëdres comme le diamant dodécaëdre ; par conféquent de lames triangulaires. Le dodécaëdre à plans triangulaires ( criftal de roche) peut être compofé de fix lames triangulaires, ou de trois lames rhomboïdales pofées fur le même plan, en retraite, fuivant une proportion quelconque, & fe réuniflant par leurs angles. On aura le prifme hexaëdre fi ces lames font fuperpofées fans retraite, Le même dodécaëdre peut encore être compofé de douze tétraëdres. L'icofaëdre peut être compolé de vingt tétraëdres, c’eft-à-dire ; de lames triangulaires, élémens de ces tétraëdres. Je ne poufle pas plus loin ces détails. [ls fufifent à mon objet. Tous les élémens des criftaux que nous connoiflons reviennent done à trois. ! 1°. La lame triangulaire. , 2°. La lame rectangulaire. 3°. La lame rhomboïdale ou obliquangulaire. Mais ces deux dernières peuvent être compofées de lames triangulaires: La lame rectangulaire a toujours Le même angle droit ; mais les lames triangulaires & rhomboïdales peuvent avoir différens angles. Toutes ces lames peuvent varier dans leurs différentes dimenfons , longueur , largeur, & épaifleur, ainfi que dans leurs forces d’affinité. Car on ne doit pas oublier que la figure du criftal dépend beaucoup de ces dimenfions des lames. Si une lame a une épaifleur double d’une autre, par exemple, dans la dent-de-cochon , le criftal fera plus allongé en fuppofant la même retraite dans la fuperpofition des lames. La proportion de fa longueur relativement à fa largeur influera également fur la forme du criftal. La même forme de criftallifation peut donc avoir différens élémens. L’octaëdre du diamant eft compofé de huit tétraëdres. L’octaëdre du fel marin, de la galène , &c. eft compofé de lames rectangulaires , &ec. &c. Ce n'eft donc qu’en fraéturant les criftaux qu'on pourra s’en aflurer ; comme l'a fait M. Gahn pour les fpaths calcaires, MM. Bergman, Haüy , &c. Il y a une obfervation qui pourra donner des indications utiles, . () Son beau Mémoire fur la Forme des Criflaux , tome II de fes Œuvres, & imprimé en 1773 dans ceux de l’Académie d'Upfal, n’eft pas aflez connu, j SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 212; L'octaëdre compofé de parties rectangulaires pafle facilement au cube, comme la galène, le fel marin, &c. , L'octaëdre compofé de tétraëdres, comme le diamant , ne pafle pas au cube , &c, Toutes les variétés du criftal dérivent-elles d’un même élément ? par exemple, toutes les variétés du fpath calcaire dérivent-elles du mème rhombe ? Nul effet conftant fans caufe conftante, Il doit donc y avoir une caufe conftante qui fafle criftallifer conftam- ment telle fubftance fous telle forme , par exemple , le fpath calcaire dit d'Iflande en rhombe fous tel angle, le fpath muriatique fous tel autre, le fpath calcaire du -Derbyshire en dent-de-cochon, celui du Hartz en prifme hexaëdre, &c. &c, 5 ; Deux caufes doivent influer fur la figure d’un criftal. 1°. La nature primitive de fes parties élémentaires, qui non-feulement peuvent varier quant à la forme, mais encore quant à leurs dimenfions, longueur, largeur & profondeur. 2°”. La force d’afinité qui porte ces parties élémentaires Les unes vers les autres, Les connoïfflances que nous avons fur la criftallifation de l’alun peuvent jetter beaucoup de jour fur cette matière. L'alun avec grand excès d'acide criftallife en octaëdre. L’alun avec moins d’acide criftallife en cube. Sa criftallifation eft confufe s’il a encore moins d’acide. Or, ces trois efpèces d’alun ne font point phyfiquement le même fel. Je fuppofe donc, ou plutôt j'afirme, qu'il en eft de mème de tous les fels. Le fel marin cubique & le fel marin octaëdre doivent avoir l’un ou l’autre ou excès d'acide, ou excès de bafe, Faifons l'application de ces principes au fpath calcaire, & fuppofons, Que le fpath d'Iflande foit compofé de 0,340 air fixe , par conféquent 0,660 terre calçaire; Que le fpath lenticulaire foit compofé de 0,345 air fixe; Que le lenticulaire contienne air fixe 0,350 ; Que la dent-de-cochon én contienne 0,355 ; : Que celui à prifme hexaëdre en contienne 0,360 , &c. &c. Il eft évident que. les parties conftituantes de ces différens fpaths calcaires, quoique rhomboïdales, ne doivent avoir ni la même forme primitive ni le même degré d’affinité, Le criftal qu’elles formeront n'aura point la même figure : & ce fera aufli conftanr, qu'il eft conftanc que l’alun avec beaucoup d'acide donne l’oétaëdre , & l’alun avec moins d’acide donne le cube, M. Pictet obferve que le fluor qui fe trouve dans les Alpes eft toujours octaëdre, Ceci peut venir ou de la terre martiale qui y eft jointe , ce qui 224 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, en fait un fel triple à deux bafes, ou de ce que l'acide y et dans des proportions plus ou moins confidérables relativement à fa bafe, que dans les Auors cubiques. Mais , dit-on, on retrouve dans tous les fels d’une même nature les mêmes parties élémentaires ; par exemple, tous les fpaths calcaires ont le même rhombe pour élément. Je réponds, 1°. quencela ne peut pas être ; car autrement ces fpaths auroient tous la même figure , à moins: que la force d'afinité ne für différente; 2°, que les différences de ces parties élémentaires échappent jufqu'ici à nos inftrumens. Lorfque les criftaux de ces fpaths font très-petits, nous ne pouvons même diftinguer quelle eft leur forme. À plus forte raifon ne pouvons-nous. diftinguer les angles de leurs lames rhomboïdales élémentaires. D'ailleurs nous ne faurions plus mefurer leur épaiffeur, longueur & largeur. 3°. Enfin, la force d’affivité qui porte ces parties les unes vers les autres doit égale- mentvarier. ; | Où a encore dit : le noyau d’un criftal doit être toujours le mème. : Ce'a n’eft pas exat: un cube d’alun mis dans une folution d’alun octaëdre acquiert quatorze facettes & devient oŒaëdre. Ici les molécules de l’ottaëdre fe groupent fur les faces du éube, & confervent leur formé particulière de criftallifation. Il me paroït donc bien démontré, ainfi que je l'avois dit dans ce Journal, janvier 1789, page 16, que toute variété conftante dans la criftailifation d’une fubftance indique une variété conftante dans la forme de fes parties élémentaires & dans leur force d'affinité, Le travail du criftallographe fera donc double, ainfi que Romé de l'Tfle , Gahn & Bergman l'ont dit; 1°. il doit rechercher la forme de tous les criftaux que nous offre la nature ; 2°. quelles fonc les parties élémentaires dont ils font compofés. js LETTRE D' Et ME EV CAMES TOME Pibliothécaire de Sainte - Geneviève, A JC. DELAMÉTHERIE, Movsieur 5 J'ai lu dans plufñeurs des cahiers de votre journal , vos mémoires & ceux de M. DE Luc, concernant la formation du globe , & celle de “SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 922$ de notre fyftème planétaire. Comme j'ai donné il y a quelques années une théorie générale fur le même fujer dans un ouvrage intitulé : phi- lofophie de l'univers , ou théorie philofophique de la nature, imprimée en 1781,2 vol. in 8°., vous devez penfer, fi, à la leture de vos mémoires , j'ai eu envie de me mêler de la partie. Mais foit des oc- cupations qui tiennent à mon état, foit des expériences particulières qu'il m'a fallu faire, m’en ont empêché. Aujourd'hui l'intérêr que vous mettez dans vos derniers mémoires m'engage à vous faire part de mes réflexions fur le fyftème général du globe, partie imprimée dans l’ou- vrage cité ci-deflus, partie nouvelle (1). Après avoir examiné dans ce même ouvrage d’où proviennent l'é- lafticité des corps & celle des fluides, j'ai donné ia théorie de l’ai- mant , par laquelle je penfe que l’on peut expliquer tous les phéno- mères magnétiques. Les expériences que je fis alors & les phénomènes particuliers que j'obfervai fur l'aiguille aimanté: me parurent prouver que la lune avoit une fphère magnétique femblable à cille de la terre & proportionnée à {a mafle, Je portrai mes idées jufque fur le {olcil, & je crus devoir conclure qu'il avoit également une fphère magné- tique, qui conjointement avec celle de la lune changeoit la pofñtion des pôles magnétiques de la terre; j'ai eu la fatisfaction de voir que mes idées étoient réalifées par des expériences aufli délicates que fui- vies , faites à l’obfervatoire par M. de Caflini , dont la fagacité ne laifle rien à defirer à ce fujer. J'étendis mes idées magnétiques à tous les autres corps céleftes, & je me repréfentai aux centres de ces corps autant daimans qui s'étoient formés au moment de la réunion de toutes leurs parties com- pofantes , & que ces particules avoient été ainfi magnétifées par un mouvement de vibration donné au fluide de même nom , par cet être qui leur avoit communiqué le mouvement de projectile. Ces pre- miers corps formés d'abord par l'attraction magnétique acquirent par leur maffe la propriété attractive de la gravitation , & réunirent tou- tes les autres matières qui forment les mafles que nous voyons, de manière que le rayon du corps magnétique de chaque corps célelte peut être le tiers du rayon de la mafle totale. C'eft là, je penfe, la caufe de la première & feconde réunion des élémens qui compofent le globe terreftre , ainfi que celle des autres corps célefies. Mais de quelle nature peuvent ètre ces males magnétiques ; je penfe (x) Cet ouvrage dans lequel je m’avifai de difcuter la durée de la vie des patriarches & la Chronologie des deux premiers âges du monde, me valut une profcription. Le arde-des-fceaux en fit arrêter le débit & faifir quelques exemplaires, à la follicitation “A ces théolog'ens qui ont toujours trouvé plus facile de perfécuter que de répondre à des objeétions. Tome XL , Parr. I , 1792 MARS. Gg 226 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'elles font pyriteufes , c'eft-à-dire compofées de molécules de fer unies & de particules fulfureufes. Ces molécules pyriteufes peuvent décompofer par l’intermède de l’eau, ainfi que les pyrites que nous connoiflons , & par-là entretenir la chaleur de l'intérieur des corps céleftes ainfi que celle de la terre. C’eft-là , je penfe , ce qui forme leur chaleur centrale, ou, comme l’on dit , leur feu central , dont les va- peurs s’exhalent par les bouches des volcans, Je ne penfe pas que l’on puille nier l'exiftence de l’aimant terreftre ; tout phyficien fait qu'à quelque hauteur que l’on s'élève , à quelque pro- fondeur que l’on defcende , l'aiguille aimantée prend toujours une di- rection du midi au nord. Ce qui prouve mécaniquement que la terre contient dans fon intérieur un gros aimant. Nous favons de plus que la chaleur de l’intérieur du globe eft généralement plus grande qu'à fa furface. Cette chaleur n'eft certainement pas un refte de l’incandef- cence vitrefcible dont parle M. de Buffon, car une telle chaleur au- roit détruit toute propriété magnétique dans l’intérieur du globe, Mais la chaleur centrale n'eft que le réfultat de la décompoñition de la pyrite terreftre dont je viens de parler , 8 de celle des volcans qui font à la furface du globe. Le foleil contient une pyrite martiale , fulfureufe & magnétique infiniment plus en ignition que celle de notre terre. Je crois avoir prouvé dans le même ouvrage que fa furface eft couverte d’une mer de ma- tière vitrefcible en ébullition , les vallons forment les lits de cette mer, & les volcans placés dans les montagnes étant les fommets de la py- rite, jettent des flammes & nous éclairent. Des obfervations que j'ai faites avec le télefcope de l’obfervatoire de M. Pingré, des bords de cer aftre , fans verre noir , m'ont convaincu que la lumière de cet af- tre n'éroit que l'effet des flammes qui fortent de ces montagnes. En employant le verre noir, on voit la mer vitrefcible femblable à celle de la même matière que j’ai eu lieu de remarquer au moment où l'on fort les vafes des fourneaux de Saint-Gobin : ces mêmes obfervations n'ont prouvé que les taches de cet aftre ne font que les laves forties des volcans lefquelles rerombent fur la matière vitrefcible enflammée, & qui font abforbées par l’incandefcence après un certain intervalle de tems, & pour lors ces taches difparoiflent à nos yeux. Les planetres & les fatellires compofés de même matière & fem- blables à la terre, n’ont pas des pyrites qui foient en une aufñli grande incandefcence. Quelques volcans brülent fur leurs furfaces & fufñifent pour entretenir la végétation & la chaleur intérieure de ces globes, L’anneau même de faturne n’eft qu’un anneau magnétique & pyriteux, lequel a des volcans à fa furface. Les comètes font autant de pyrites martiales & fulfureufes en in- candefcence ; incandefcence qui augmente à mefure que ces corps ap- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 227 prochent du foleil. Leur barbe & leur chevelure font produites par les exhalaïfons de leurs pyrites. Quant à la durée de leur incandef- cence , fi je pouvois la déduire de l'ignition de nos pyrites, nous trou- verions qu'elle doit être de bien des fiècles. Nous favons que des py- rites de quelques pouces de diamètre font des mois entiers en efilo- refcence & en ignition, & qu'une pyrite d'un pied de diamètre eft plus d'un an entier à fe décompofer. Par-là celle qui auroit cent pieds de diamètre refteroit un million d'années à achever fa décompoñtion, fi le tems de fon ignition fuivoit la raifon des mafles , c’eft-à-dire, la raifon triplée des diamètres; ne la prenons qu'en raifon doublée, & nous aurons alors dix mille ans pour fon ignition totale. Les come- tes paroiflent avoir des males à peu-près femblables à celles de la terre , favoir , de deux à trois mille lieues de diamètre ; leur igni- tion peut donc durer plus d’un milliard d'années, L'igrition du foleil dont la mafle eft un million de fois plus confidérable que celle de la terre, doit ainfi durer plufeurs milliards d’années fans altération fen- fible. Vous entrez, Monfieur, dans des détails concernant la formation de nos montagnes & les phénomènes que nous obfervons à cet égard à la furface de notre globe; permettez que je vous fafle part des dé- veloppemens que j'ai donnés fur le même fujer dans la feconde partie du même ouvrage. Il ne paroît dote à aucun phyfcien qui ne fe targue pas d’un fcepticifme entêté , que les eaux de la mer ont couvert toutes les montagnes pendant un grand nombre de fiècles, & que cette mer a été habitée parles mêmes poiffons que ceux que nous connoiflons. Il me paroît de plus facile à prouver que cette mer s'eft retirée avec une certaine rapidité dans fon lit actuel , & de plus que cette retraite eft l'effet d’une grande révolution arrivée à notre globe. Car confidé- rez un inftant les falaifes de la mer, leur hauteur & leur continuité, & vous en conclurez que ces falaifes n’ont été ainfi formées que par un grand laps de tems , & que la mer s'eft creufé fon lit. Si cetre mer fut reftée des centaines d’années à chaque centaine de pieds en aban- donnant les montagnes, je vous demande fi elle n'eut pas formé des falaifes pareilles dans tous les pourtours de fes bords, & ne trouve- rions-nous pas aujourd’hui des cafcades qui nous rendroient la furface de la terre d'une habitation infiniment plus défagréable ? Mais point du tout , les chaînes des montagnes qui accompagnent ordinairement les fleuves ne font point ainfi coupées tranfverfalement & languetées, elles font feulement minées felon les longueurs de leurs coteaux, et- fet naturel des immenfes eaux de la mer , qui toujours foumifes au flux & reflux & à l’effec des flots, prolongeant leur mouvement dans les gorges des montagnes, détruifoient néceflairement leurs côteaux Tome XL , Part, I, 1792 MARS. Gg 2 228 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & les coupoient à pic dans plufieurs endroits où ces coteaux étoient dans la dire@ion de leur mouvement. Delà la déforganifation des différens lits que la mer univerfelle avoit formés pendant un rès-grand nombre de fiècles. Mais qui a produit cette retraite des eaux ? Ce ne peut être l'effet des volcans , ni des vents, ni d'une diminution des eaux, ‘telle que lexplique Teliamed, ou Maille. Cet effer doit provenir d'un corps étranger à notre globe , &ce corps ne peut être qu'une comète de notre {yflème planétaire. Il faut quece corps ait frappé la terre & qu'il ait entrouverc fa furface au point que les eaux fe foient p:rdues dans fon intérieur, ou qu'une portion de la furface de notre globe ait été enfoncée ou affaiflée par le choc de la comète; dès- lo s les eaux de la mer auront bail en raifon de la quantité de cet en‘oncement & auront laiflé les montagnes du côré oppofé à décou- verr. J'ai dit de plus dans le même ouvrage , & j'ai prouvé que fiune tele comète a frappé la terre, elle a dû perdre par ce choc une grande quantité de fon mouvement, & que dès-lors elle n’a pu s’échapper de la fphère d'attraction de la terre, & qu’elle lui aura formé un fa- tellite , & enfin que cette comète n’eft que la lune, laquelle paroît avoir été un corps brülé. La terre par fa grande force attradive lui a enlevé fon atmofphère d'air & de vapeur , pendant que les eaux ont concouru à éteindre la plus grande partie de fon inflammabilité , laquelle a prefqu’entièrement ceflé par la perte de fon air atmofphé- rique. Cette hypothèfe m’a paru prouvée par l’hiftoire des premiers peuples, c’eft ce qui forme la feconde partie de l'ouvrage cité ci- deflus. J'ai voulu prouver de plus que le dépôt des eaux de la mer univer- felle s’éroit fait d'Adam au déluge, c’eft-a-dire dans l’efpace de près de onze cens ans felon les feprante, Nos derniers tems ne permet- toient pas d’en douter , mais nous avons acquis de Ja marge , qui nous coûte à la vérité, un peu cher, mais puifque nous l'avons , nous pou- vons en profiter & croire , par exemple, que la création des poiflons a précédé de bien des fiècles celle de l'homme. Il étoit aflez natu- rel que ce roi des animaux trouvât la mer habitée , ainfi que les ri- vières qui devoient couler dans fon premier féjour. Il faut avouer que nous fommes bien modernes fur notre globe , lorfque nous confidé- rons le réfultat des grands phénomènes de la nature. Je n’entrerai pas dans de plus grands détails à ce fujer. Si le tems & la liberté des voyages, fur-tout dans les montagnes où la nature a placé fes archi- ves, me le permettoient, je fuivrois ces phénomènes avec tout l’inté- rèt qu’elle demande, & je pourrois en conclure la théorie générale du globe ; mais habitant une grande ville où les obfervations ne fe font que par des yeux étrangers, il eft difficile de rien donner à cet égard qui foit un réfultat certain de cette théorie générale ; delà Les. grandes erreurs de M, de Buffon, [Le SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 229 OBSERVATIONS Sur le mélange métallique qui eft employé à faire les Caraëtères d'Imprimerte ; Par M, SAGE. Le plomb & le régule d'antimoine fondus en diverfes proportions forment l’alliage dont on coule les caraétères que les imprimeurs em- ploienr. Si je dis en diverfes proportions , c'eit qu'on mêle avec le plomb plus ou moins de régule fuivanc la dureté qu'on veut donner aux caractères. Le plus ordinairement on met quatre-vingts livres de plomb dans vingt livres de régule fondu (1); mais pour les petits ca- ractères où il faut plus de dureté , on met foixante & quinze livres de plomb & vingt-cinq livres de régule; pour les gros caractères quatre- Dr livres de plomb & quinze livres de réoule. es deux fubftances métalliques, quoique de gravités fpécifiques bien différentes, reftent exatement combinées & ne fe féparent point par la fufion , à moins que lé feu ne foit aflez violent pour Îes brüler & les volatilifer , alors l’antimoine commence par s’exhaler. Les fondeurs de caractères doivent être atrentifs à employer le ré- gule d'antimoine le plus pur , c’eft-à-dire le, plus exempt de foufre; car lorfqu'il en contient, il fe reporte avec le tems fur le plomb & en forme une efpèce de galène qui prend üne couleur noire. L'al- liage métallique des caracteres au lieu de conferver fon brillant & fon poli, fe ride, fe gerce & effleurit pour ainfi dire, Lorfque cette dé- compofition fpontanée a eu lieu, les caraétères fe déforment & de- ‘viennent friables. J'ai eu occafion de m’en affürer en analyfant un al- liage fembiable avec lequel M: Aniflon avoic fait mouler des carac- tères arabes. Ayant expofé à un feu violent de cet alliage de caractères d'impri- merie ainfi altérés, le foufre qu’il renfermoit a brûlé & seft exhalé en acide fulfureux ; ayant coulé dans une lingotière ce qui reftoit dans le creufer, il prit & conferva une couleur blanche-argentine & bril- lante , qui ne s’eft pas (enfiblement alrérée , quoique je l’aie laiflé endant fix mois dans: un lieu humide, Le régule d'antimoine du commerce fe prépare en grand en fon- (1) Comme quatre-vingts livres de plomb & vingt livres de régule formeroient un alliage trop fort pour les gros caraëères ,les fondeurs ajoutent du plomb. 2350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dant de l'antimoine calciné au fourneau de réverbère avec de la lie de vin defféchée, delà provient le régule qu'on vend fous forme de pains orbiculaires à la furface defquels on remarque des reliefs comme des feuilles de fougère qui réfultent d’élémens d'octaëdres implantés. Si ce régule a une couleur plus grife que celui qu’on obtient par le procédé de Stalh qui eft employé par les chimiftes, c'eft qu'il retient du foufre. Aujourd’hui il ne fe trouve pas affez de régule d’antimoine dans le commerce pour fournir à la confommation des fondeurs de caractères ; il me femble qu’on pourroit fubftituer à ce régule obtenu par les fels, celui qu'on peut préparer par le fer; un cinquième de ce métal fufhc pour abforber le foufre qui minéralife lantimoine, Après avoir fondu ce mélange , on le coule dans un cône, le fer fulfuré fe trouve à la furface du régule dont on le fépare facilement. Lorfqu'on emploie un mêlange de limaille de fer & d’antimoine cru pulvérifé, on obtient très-promptement ce régule, Ce procédé eft moins difpendieux & produit plus de régule, que celui employé part ceux qui exploitent les mines d’antimoine. Le régule d’antimoine donne non-feulement de la dureté au plomb; mais ce métal en a une bien plus confidérable s’il eft mêlé avec de l’é- tain. J'ai analyfé des clous qu'on avoit propofés pour la marine, j'y ai trouvé trois parties d'étain, deux parties de plomb & une de régule d’antimoine. Ces clous avoient aflez de folidité pour entrer dans le bois de chêne fans s’émoufler. Cet alliage métallique eft inaltérable par l’eau de la mer, qui décompofe promptement le fer. SUITE DE L'EXTRAIT D'UN MÉMOIRE Sur la comparaifon des moyens & des procédés que les Romains employoient dans la conftruétion de leurs Edifices, avec ceux des Peuples modernes ; Par ANTOINE MoONGEZz, de l'Académie des Inferiptions & Belles-Lettres. SECONDE PARTIE. Accourunts à voir bâtir conftamment avec des pierres de taille ou avec les débris de ces blocs volumineux , quelques mo- dernes ont cru que les anciens fuivoient toujours comme nous ; SUR L’EIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 les mêmes procédés. Ils ont penfé de plus que la pouzzolane entroit toujours dans leurs cimens & dans leurs mortiers ; & ils ont attribué la folidité de leurs édifices à cette conftance dans les procé- dés & dans le choix des matériaux. L'étude des monumens romains & des écrits que nous ont laiflé leurs architectes , détruifent cette erreur , que Vitruve avoit déjà trouvée établie de fon tems & quil combattit avec vigueur (Vzruve, Lib. 1, cap, v). « Toutes les con- » trées, difoitil, ne peuvent pas fournir les matériaux que nous vou- > drions employer. Mais quand on trouvera des pierres de taille, ou » des cailloux, ou des moëllons , ou des briques cuites , ou même æ des briques crues, il faudra les mettre en œuvre ; car au défaut » de bitume que l’on emploie à Babylone , on fait ailleurs de bonnes » murailles avec du fable , des briques cuites & de la chaux, C’eft » ainfi que lon peut trouver dans chaque pays & dans les fubftances » qui sy rencontrent, des matières aulli utiles, avec lefquelles on » conftruira des murailles fans défaut & qui dureront éternellement». In omnibus locis, quas optamus copias , non poflumus | habere : fed ubi funt faxa quadrata, five filex , five cœmentum , aut co&us La- ter , five crudus, his erit utendum. Non enim , uti Babylone abun- dantes liquido bitumine pro calce & aren& & coëto latere fa&um ha- bent murum. Sic item poffunt omnes regiones , feu locorum proprie- tates | habere tantas ‘ejufdem generis utilitates ut ex his comparatio- ribus ad æœternitatem perfeëlus habeatur fine virio murus. D'ailleurs le même architeéte parlant dans un autre endroit ( /ib. #; cap. 16.) de la même manière de fonder folidement dans d’eau ou dans les terreins humides , enfeigne les moyens de le faire fans pouz- zolane, dans les pays dont la terre n'a point été réduire à ce degré de deffication par les feux des volcans. [7 québus autem locis pulvis ( Puteolanus ) non naftitur , his rationibus erit faciendum | &c.. à. Jin autem, dit-il enfuite, mollis locus erit, palis nflulatis alneis, aut oleagineis , aut robuflers configatur & carbonibus compleatur : qüemadmodum in theatra & muri fundariones eft Jeriptum. Je rap- porte exprès ce paflage , afin de rappeler l'emploi du charbon dans les fondations que l’on établit dans des terreins humides. Les romains s’en fervoient pour fixer les limites , & ils l’enfonçoient à une certaine profondeur ( Baldus de officio judicis ), parce que cette fubflance eft indeftruétible. Les charbons qui déterminoient les divifions des champs étoient appelés carbones Jub terra defoffi. Cette pratique fit naître fans doute aux architectes romains l'idée d'employer dans les fonda- tions les charbons que l'humidité re fauroit détruire ou amollir, Pline fait mention d’une fubftance que lon peut afimiler au: charbon pour de mêlange des ciments. Ce font les cendres, favillæ, que l'on pé- trifloit avec le fable & la chaux pour former un des lits , fur lefquels 232 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on établifloit les pavés (46. 36, c. 25 ): Non negligendum etiam unum genus græcanicum : folo fiflucaio injicitur rudus aut teflaceum parvimentum. Deinde fpifle calcatis carbonibus , inducitur fabulo , culce ac favilla mixtis , Ec. J'ai reconnu l'emploi des cendres dans plufeurs efpèces d’enduits arrachés par nos jeunes architectes aux rui- nes des édifices romains ; & je propofe aux artiftes d’en renouveler Pufage avec celui du charbon; ce feront des fubflances de plus à mé- langer avec la chaux ou les ciments. Les romains introduifoient encore dans ces mêlanges une autre fubftance qui les rendoit capables de réfifter au froid & aux gelées ; c’eft de l'huile que je veux parler. N'ayant pas à leur difpofition des bitumes comme les babyloniens, ils eflayoient de les remplacer par des huiles avez Lefquelles ces bitumes , qui font des efpèces d'huiles concrètes , ont beaucoup d’analogie, Vitruve parlant de la conftruc- tion des terraffes qui formoient le roît des maïfons de Rome , dit (Lib. 6, VIT ,c 1.) qu'il faut en compofer la fuperficie, fxmmam cruflam où Jummum dorfum , foit avec des dalles de pierre dure , foit avec des carreaux de terre cuire, & en remplir exactement les joints avec de la chaux pétrie avec de l'huile , ex calce oleo fuba&a. Il recommande enfuite de frotter tous les ans pendant l'automne, ces terrafles avec du marc d'olives, 2bzdem fracibus quotannis ante hiemem faturetur. On retrouve ce procédé en ufage encore aujour- d'hui chez les indiens, ce peuple dont la conftance dans les prati- ques de certains arts eft aufli étonnante , que fa répugnance pour la doption de ceux que nous avons inventés & que fes ancêtres n'ont pas connus. Les habitans de la côte de Coromandel ( 2° Mém. de M. de la Faye pag. 104.) font entrer l'huile dans l'efpèce de ftuc, qu'ils appellent argamaffe, & ils en imbibent abondamment les ter- raffes argamaffées. Je regrette vivement l'emploi des fubftances graf- fes & oléagineufes qui entroient dans les ciments des romains & que nos architectes devroient renouveler. Maïs je dois citer M. de la Faye dans les recherches qu’il a faites pour retrouver La prépara- sion donnée à la chaux par les rogains, il décrit fes expériences dans lefquelles l'huile eft entrée avec fuccès. Les ouvriers qui travaillent depuis quelques années à réparer les murs de Notre-Dame, emploient aufli pour en remplir les joints & pour fouder des portions de dalles nouvelles aux anciennes que le tems a rongées, un ciment dans lequel j'ai reconnu au goût & à Vodorat la préfence de l'huile. Le fecret qu’ils obfervent vis-à-vis de tout le monde fur fa compofition ne m'a laiflé pour et juger que ces moyens groffiers & méchaniques. Ce ciment eft fi fort que j'ai vu des dalles foudées depuis quelques années par ce moyen avoir été brifées par la chûte de corps pefans, plutôt que de s'être ses ans a LA SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. dans les-joints. Un fuccès aufli complet doit, à mon avis, être at- tribué au mélange de l'huile ; nouvel hommage rendu tacirement par les modernes aux procédés des anciens, & qui mérite d'être configné dans nos mémoires. ® C'eft encore en faveur des romains que je réclame la méthode de fonder par encaiflement dont notre fiècle fe glorifie d’avoir vu faire ufage pour la première fois aux ponts de Weftminfter , de Tours, &c. Tout le monde fait que dans cette pratique abfolumenr différence de la conftruction par épuifement, on bâtit à découvert une pile ou un maflif de maçonnerie, que l’on defcend enfuite dans l’eau pour fervir de bafe aux arches des ponts. Virgile parlant des piles qui por- toient les môles du fameux pont de Baïes dit expreffément qu'on les avoit conftruites avant que de Les jetter dans la mer (Æneid, 1x. 710). L1 253 Qualis in Euboico Bajarum littore quondam Saxea Pila cadic, magnis quam molibus ante Confiruélam jaciunt ponto ......s..sss. Vitruve qui vivoit ainfi que le chantre d'Enée, fous l'empire d’Au- gufte, décrit fort au long la conftruction de ces piles; & il ajoute qu'il ne faut ébranler ces maflifs que-deux mois après leur conftruc- tion , afin qu'ils puiflent fécher entièrement : relinquatur pila ne mi- nus quàm duos (lib. V,c. 12.) menfes ut ficcefcar. A1 eft impoflible de méconnoître dans cette expreflion la conftruction par encaiflement , dont on a fait honneur à un ingénieur françois nommé la Bélie , qui l'employa pour la première fois depuis les romains au pont de Weft- minfter. Les briques employées par les romains me fourniront quelques ob- fervations intéreflantes. Je dois avertir d’abord que par les mots gé- nériques lateres & laterculi, traduits en françois par celui de briques, ils défignoient des briques cuires & des briques cruss. Nous en voyons la preuve dans plufieurs paffages de Vitruve & de Pline qui appellent les unes & les autres Zareres ou Laterculi, avec l'addition des mots, co&i où crudi. Je vais employer à leur exemple les mots briques cuites pour défigner ces petites mafles d'argile cuites dans des fours, & ceux de briques crues pour défigner des pierres factices. Les romains ont connu dans tous les tems les briques crues ou pierres faétices dont les ninivites & les babyloniens avoient fabriqué leurs murailles. L'emploi de ces matériaux éteic même fi commun du tems de Pline, qu'il s'écrie à leur fujec ( /2b. xxV, cap. 14.) illini qui- dem crates luto, & lateribus crudis extrui, quis ignorat ? Dans le huitième chapitre de fon fecond livre Vitruve les défigne par les mots lateres , Llateritii parietes , lateritits flruere , lateritia flru&ura ; & il appelle Les briques cuires au four e/a & flruélura teflacea. L'emploi Tome XL, Part, 1,1792. MARS, Hh 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des briques crues avoit été défendu à Rome pour la conftruétion des maifons, comme il nous l’apprend dans ce chapitre à caufe du ré- tréciflement- de la voie publique occafionné par lépaiffeur qu'il falloit donner aux murs de cette efpèce , lorfqu'on formoit trois ou quatre étages. Mais on pouvoit s’en fervir hors des villes , avec les précautions que Vitruve indique & que nous rapporterons plus bas. [L fufit ici d’avoir prouvé l’exiftence de ces pierres fa@ices , par les témoignages de Pline & de Vitruve qui en ont donné les diverfes compolitions. Elles fe réduifent à diflérens mélanges de chaux, de fable, d'argile, de craie, de pierre ponce & de paille. On en trouve beaucoup dans jes murs des édifices publics de Rome & de l'Italie. Ces briques ont deux, trois & même quatre pieds de longueur ; le cirque de Caracalla eft conftruit avec des briques crues de cette dernière dimenfion & de plus d’un pied d’épaifleur : nos pierres de tuille ordinaires n’ont pas un plus grand volume, Vitruve dit quon Ls entreméloit de briques de même nature, mais de moitié plus pe- ttes. J'en ai vu plufeurs entières & d’autres brifées fur lefquelles font imprimés les noms des confuls de l’année où elles ont été fabriquées, & celui de la fabrique. On a lu fur quelques autres Les noms des lé- gions qui les avoient faites. Une matière & un mélange qui fe jettent dans le moule exigent beaucoup moins de tems pour leur perfection que n’en demande l'ex- uaction des pierres & leur taille. Ces briques crues où pierres fac- tices facilitoient donc aux romains la conftruétion des grands monu- mens ; & l’on ne doit pas négliger cette confidération, lorfque l'on compare leurs procédés avec les nôtres. Vitruve dit à la vérité qu'il falloit les faire sécher à l'abri du foleil pendant deux ans avant que de les employer : ( /b. 2, cap. 3.) maxime autem utiliores erune , ft ante biennium fuerint duéti ; namque non ante poflunt penitus ficcefcere ; mais il exige dans un autre chapitre (7°) de ce livre le même tems pour la deflication parfaite des pierres & des moëlons que l’on tiroit en été des carrières fituées près de Rome. Ainf cette précaution étanc chez les romains d’un ufage général pour tous les matériaux des édi- fices, elle ne change rien à la comparaifon que j'établis ici entre l'emploi à faire aujourd'hui des briques crues préférablement , ou du moins concurremment avec les pierres de taille, On méloit quelquefois de la paille dans les pierres fa@tices & c’eft à cette pratique réunie avec l'emploi de la pierre ponce réduire em poudre , terra pumicofa , que l’on doit attribuet la légereté des bri- ques crues de Pitane en Myfie , & de C:lente en Efpagne. Pline Püanæ in Afia & ulterioris Hifpaniæ civisatibus Maxilua € Ca- lento , fiunt lateres, qui ficeati non merguntur in aqua (lib. 35, e. x4.) dit qu'elles Alottoient fur l’eau fans en être pénétrées. De quelle wti- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 235 lité ne feroit pas encore aujourd'hui pour la conftruction des voûtes & des planchers , une matière fi légère & fi poreufe ! Mais on doit obferver en général dans la fabrication des briques crues & dans l'em- ploi du ciment ou mortier fait à la manière des romains, de les bat- tre long-tems avec des pilons ferrés ; cette précaution hâte leur def fication en facilitant l'écoulement de Peau & en rapprochant les dif- férentes parties du mêlange. C'eft peut-être pour avoir négligé cette précaution recommandée fi fouvent par Virruve, qu'ont échoué ceux qui ont travaillé À retrouver & à employer les ciments des romains, Quoique les briques crues euflent une durée éternelle , felon l’ex- preflion de Pline (/ib. 3$,c. 14.) lorfqu’elles étoient employées dans des murs d'un aplomb parfait : fun: enim æterni, ft ad perpendieu- lum fant ; les romains femblèrent leur préférer depuis le fiècle d’Au- gufte inclufivement, les briques cuites. Cette pratique peut n'avoir eu d'autre fondement qu'un luxe frivole dont les influences fe firent fentir dans tous les arts; mais cetre difcuflion eft étrangère aux ob- jets qui m'occupsnt dans ce mémoire. Je dirai feulement que l'on conftruifit depuis cette époque des édifices entiers en briques cuites entremêlées à de longs intervalles de chaines de pierres & de moë- lons. La promptitude avec laquelle on élève un mur de briques pro- cure une économie de tems confidérable , fi on la compare avec la lenteur qu’exigent l'élévation & l'afiette précife des pierres de taille. La fabrication des briques exige d’ailleurs moins de tems & moins d'intelligence de la part des ouvriers, que la taille des pierres. Quant au tems employé à la deflication , il eft le même que pour celle des pierres dont un conftructeur prudent doit faire évaporer l'humidité à l'air libre avant que de les mettre en œuvre. Ce n'étoit pas aflez que de mouler l'argile & de la faire cuire fous la forme de briques ; les architeétes romains la façonnoient en mille manières diverfes & la plicient à vingt ufages différens. Quelques-uns de ces ufages font remis en vigueur depuis un petit nombre d'années dans cette capitale; tel eft en particulier celui des vafes ou pots dont ils conftruifoient des voûtes cent fois plus légères que les nôtres & aufli durables. S. Etienne le rond à Rome & la cathédrale de Vérone offroient depuis feize fiècles des voûtes de cette efpèce. On voyoit les mafif qui fupportent les gradins du cirque de Caracalla être com- pofés en grande partie de vaftes amphores deftinées par leur vuide à alléger les mafles & à décharger les reins des voûtes. Les babitans d'Alep (voyage en Syrie de M. Volnei ) conftruifent encore des vo - tes en un feul jour avec des pots ; & l’on n'a ofé les imiter que de- puis dix ans. Cette pratique rendra la conftruétion des grands édifices plus prompte & moins coûteufe ; & nous nous applaudiflons de de- voir ce renouvellement à des artiftes françois, Tome XL, Part. 1,1792 MARS, Hh 2 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Il refte encore à imiter les romains dans l'emploi de la terre cuite, pour les corniches & les enfaîreaux. On a trouvé à Pompeia la plu- part des maifons couronnées par des corniches très- faillantes faites en terre cuite & moulées par grandes parties, Vitruve (/ib. 2, cap. 8.) a parlé de ces couronnemens de terre cuite, dont la propriété étoit d'éloigner la pluie & les égoût: des roûts, afin que l'humidité ne dé- gradât pas les murs faits de briques: lorica teflacea, dit-il, ron pa- zietur lædi laterem, [ed projeäura coronarum rejiciet extra perpendi- culum flillas & ea rarione Jervaverit integras lateritiorum parierum flruëluras. Ces mots lorica teflacea avoient toujours été entendus d'une ceinture de briques cuites; mais je crois que les corniches de certe matière qui terminent les maifons de Pompeia font défignées feules dans ce paflage. Ces corniches font ornées de deflins & d’arabefques. Les tuiles courbes qui terminoient & bordoient le toît du petit tem- ple d'Ifis à Pompeïa, portent à leur extrémité apparente des mafca- rons de terre cure. Cer ornement flatte la vue, & en rempliffant la concavité des tuiles , il empêche la pluie d'y pénétrer, lorfqu’elle eft chaflée obliquement par les vents. L'édifice trouvé dans la même ville & que l'on croit avoit fervi de cafernes nous ofire encore un autre emploi de la terre cuite, qu'il eft avantaoeux de rappeler dans cet inftant où les colonnes font mu!- tipliées à l'infini, même pour l'ornement feul des maifons, Les co- lonnes de ces cafernes font formées d’un maflif de briques cuites recou- vert de ftuc ou de cette efpèce de ciment dont on fabriquoit les pierres fadices. Les tailloirs des chapiteaux faifoient à leur égard le même effet, que les corniches dont nous venons de parler, à l’é- gard des murs; c’eft-à-dire qu'ils en éloignoient la pluie & les DAS égouts, La terre cuite a fervi auffi aux romains à confolider des terreins nouveaux pour la conftruction des chemins. Mais ce n'étoit pas feu- fement fous la forme de briques. J'ai à rappeler ici une manière de fonder avec des morceaux de terre cuire, qui eft des plus ex- traordinaires, & qui a été imaginée fans doute pour fuppléer aux cailloux dans un fol argilleux. On trouve en fouillant à une certaine profondeur , à Marfal en Lorraine & aux environs, ce que l'on ap- pelle communément briquerage. C’eft un amas de morceaux de terre cuite rougeâtre , femblables par la matière aux briques cuires. Ils n'ont pas été moulés ; mais on leur a donné en les pétriflant avec les mains, toutes fortes de formes bizarres ; les uns font des cylin- dres, d’autres des cônes irréguliers, quelques-uns approchent des pa- rallélipipèdes. On en voit plufeurs où l'empreinte de la main eft pare faitement marquée ; on a oblervé aufli fur d'autres les empreintes d'un morceau de bois qui a fervi à battre & à prefler la terre, Les plus SUR:L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 237 gros morceaux de ce briquetage ont dix à douze pouces de circon- férence ;. les autres d'une moindre groileur , ont toutes fortes de di- menfion, & quelques-uns fonc très-petits. Tous ces morceaux jetrés confufément fur les marais, fans mortier ni chaux , mais avec la cen- dre & les autres débris qui fe trouvent dans les fours à briques, forment un maflif très-folide fur lequel les romains avoient fondé Marfal. M. Dartèze a décrit avec foin cette ancienne & fingulière conftruction. Je pourrois encore faire mention des bas-reliefs en terre cuite que les romains encaftroient dans les murs de leurs maifons. Ces orne- mens ne coûtoient que les dépenfes premières du deflin & du moule. Ils avoient l’avantage de pouvoir être répétés un grand nombre de fois, & de plus celui d'être aflez durs pour rélfter au choc des corps étrangers ; car on en trouve qui étincellent fous le briquet. Le car- dinal Alexandre Albani en avoit raflemblé plufieurs dans fa belle Villa, & Winkelman en a publié quelques-uns dans fes monumenté antichi inediri. Le luxe de notre tems qui veut étaler tout l'éclat des richeffes , en économifant fur le prix des matières, & qui a fubfti- tué les papiers peints aux tapifleries précieufes fabriquées autrefois aux Gobelins, en Flandre & à Aubuflon, devroit employer ces bas- reliefs de terre cuite , auxquels ils donnéroient enfuite avec l'or & les couleurs l'éclat des marbres les plus précieux. Avant que de finir ces recherches fur les divers emplois de la terre cuite qu'il feroit avantageux de renouveler , je dois faire une remarque importante & relative aux noms des légions ou des ouvriers infcrits fur les briques crues & cuites. On fe plaint avec raifon du peu de folidiré de nos briques cuites, qui offrent encore ce défaut d'une manière plus fenfible , lorfqu’on les compare avec les briques tirées des conftruétions romaines. On fe plaint aufli du mélange des particules calcaires ou pyriteufes , qui les font entrer dans une demi- fufion. Ce défaut de folidité dépend en partie du degré de cuiflon qui a été trop foible , & qu'on ne pouvoit augmenter fans un fur- croît de dépenfes. Mais on peut l'attribuer en général au. mélange des parties hétérogènes, que les ouvriers craignent de voir réduire en verre par un feu plus violent. Le meilleur moyen de remédier au défaut de nos briques cuites, feroit donc d'apporter un grand foin au choix des matières qui doivent les compofer. On faic que les artiftes à quelque claffe qu'ils appartiennent , font jaioux de la portion de gloire ou plutôt de la célébrité, qui peut être attachée à la perfec- tion de leur travail. En obligeant ceux qui font des tuiles à y im- primer leurs noms, ou celui de leurs fabriques | comme le pratiquoient les romains , on leur Greroit la reffource de la parefle & de l'inf- délité , je veux dire l'obfcurité qui Les fouftrait aux loix &. à l'opinion »338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ublique. Ce moyen, auquel les romains ont dû peut-être une partie de la folidité des matériaux de leurs conftruétions, ne paroîtra dé- pourvu d'efficacité, qu’à ceux qui s’obftineroient à refufer aux dernières clafles du peuple un degré d'amour-propre ou de fenfbilité , dont plufieurs traits de vertu & de délicatefle même , nous atteftent ce- pendant l’exiftence. à C'eft ainfi que. les romains ont trouvé dans les pierres fa@ices , dans le charbon, l'huile , & l'argile cuite fous toutes les formes, des matériaux éternels & peu coûteux, dont je propofe l'emploi à nos architectes. Quant aux moyens politiques détaillés dans le com- mencement de ce mémoire, & qui facilitoient aux romains la conf- tuction des monumens les plus vaftes, je fuis forcé de convenir qu'ils ne fouloient pas la nation & ne la furchargeoient pas de dé- penfes & d’impofitions onéreufes ; mais je crois qu'un véritable ami du bien public feroit coupable de leur donner la préférence fur no- tre manière de bâtir, quoique celle-ci foit aufli longue que difpen- dieufe. L'emploi des criminels, & la noble émulation des grands & des riches dirigée par le gouvernement vers les conftructions utiles, font les feuls de ces moyens que je defire de voir employer. NOUVELLES LITTÉRAIRES. D ERNIÈRE livraifon del Abrégé des Tranfaëtions Philofophiques de la Société Royale de Londres ; Ouvrage traduit de LP Anglois , & rédigé par M. GrBELIN, Docteur en Médecine, Membre de la Société de Londres , &c. &c. 2 vol. in-5°. de plus de $00 pages chacun, avec des Planches en taille-douce , contenant Lx Médecine, la Chirurgie & La Chimie. Prix, 4 liv. x0 fols Le vol. broché, & $ Liv. franc de port par la Pofle. L'Ouvrage complet forme 14 vol, in-8°. Il refle une centaine d'exemplaires de cette colleétion. À Paris, chez Buiflon , Imprimeur-Libraire, rue Haute-Feuille $ N°. 20. Les collections immenfes des Mémoires publiés par les différens corps favans de l’Europe ne peuvent être lues ni achetées parle très-grand nombre des particuliers, C’eft donc un grand fervice à de aux Lettres que d’en faire des extraits: extraits qui néanmoins ne difpenfent pas celui qui veut traiter un objet de recourir aux Mémoires eux-mêmes, qui doivent fe trouver dans les bibliothèques publiques. Les auteurs de la Colleétion académique, &c. avoient commencé ce travail, qui a été interrompu. Ils avoient formé le projet de faire des abrégés des Mémoires de toutes les Académies. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 C'elt cette interruption qui avoit engagé M. Gibelin & fes coopérateurs à fe borner à extraire les Mémoires de la Société Royale de Londres, parce qu'il eft peu de corps favans qui aient travaillé auñli utilemence pour le progrès des fciences. Ces deux derniers volumes qui complettent l'ouvrage jufqu'en 1790, font de M. Pinel. L’un renferme les Mémoires de Chimie , & l’autre les Mémoires de Médecine & de Chirurgie. Ils n’intérefferont pas moins que les précédens. Philofophie de l'Univers, ou Théorie philofophique de la Nuure : par M. VrALLON. À Paris, chez Belin, Libraire , rue Saint-Jacques, 2 vol.-21-8°. avec 12 Planches, Cet Ouvrage a été imprimé en 1781; mais la gêse qu'éprouvoit alors la preffe empêcha qu’il ne füt connu autant qu’il Le méritoit. L'auteur regardant l'attraction, ainfi que Newton lui même, comme une fimple bypothèfe mathématique, en cherche lexplication phyfque dans le magnétifme produit par un fluide quelconque répandu dans tout l'univers, Le magnétifme de la lune agit fur la terre, & influe fur la déclinaifot & l'inclinaifon de l’aiguille aimantée. L'auteur fuppofe que les eaux qui'dans l'origine avoient couvert le globe , filtrèrent dans l’intérieur de la terre & laifsèrent fa furface à découvert. . . . Que ces eaux fortirent de ces cavités pour produire le déluge. La lune , qu’il dit être dans ces tems une comète, vint frapper la terre, en enfonça la croûte , & fit jaillir ces eaux intérieures qui fe répandirent à la furface. . . . La comète fut fixée autour dela terre à la diftance de quatre-vingt mille lieues-environ, Les eaux rentrèren: dans l'intérieur du globe ; & tout reprit fon cours naturel. . .. Il faut voir chez l’auteur même les preuves qu'il donne. IL entre dans beaucoup de détails fur la Chronologie ancienne , dans lefquels nous regrettons ne pouvoir le fuivre. Expofe des opérations faites en France en 1787 pour la jon&ion des Obfervatoires de Paris & de Greenwich ; par MM. Cassinr ; MEcxaIN € LE GENDRE, Membres de l Académie des Sciences. Defcription & ufage d'un nouvel Inffrument propre à donner la mefure des Angles à la précifion d'une feconde. À Paris, de l’Imprimerie des Sourds & Muets, près l'Arfenal, & s’y trouve, ainfi que chez M. Ruelle, à l'Obfervatoire, H. P. Couret, Imprimeur-Libraire, rue Chriftine, Bleuet, Libraire, rue Dauphine, 1 vol. z1-4°. Prix, Gliv. Cet Ouvrage que nous ferons connoître plus en détail , eft d'autant plus intéreffant dans ce moment-ci , qu’il peut fervir à la mefüure de l'arc du méridien, qu'on doit faire depuis Calais jufqu’à Barcelone, 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6e. T'AS BYLTE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. A NALYSE de la Dolomie ; par M.DE SAUSSURE le fils, page 16x Mémoire fur cette Queflion : Les Végétaux ont-ils une chaleur qui leur foit propre, & comment fupportent-ils dans nos climats Les froids de l'Hiver ; par M. JEAN SENEBIER, Bibliothécaire de la République, 17 Vingtième Lettre de M. DE Luc, à M. DELAMÉTHERIE, fur A commencement affignable des Phénomènes phyfiques obfervés à la Jurface de notre Globe, & fur la caufe de l'étati aëtuel de nos Couches , 180 Garde-Mefure , ou Toife invariable dans [a longueur ; par BOULARD, Architeëte, de l'Acadëmie de Lyon & de la Société Philofophique des Sciences & Arts utiles de la méme Ville : lu à l Académie de Lyon le 10 Février 1792, 198 Extrait des Obfervations météorologiques , faites à Montmorenct , par ordre du Roï , pendant le mois de Février 3792 ; parle P. COTTE, Prêtre de l'Oratoire ; Curé de Montmorenci, Membre de plufieurs Académies , ; 201 Suite du Mémoire fur les Pierres compofées & [ur les Roches ; par le Commandeur DÉODAT DE DOLOMIEU, 203 Notice fur une nouvelle forme de Criflallifation du Diamant ; par J. C. DELAMÉTHERIE, 219 Lettre de M.ViALLON, Bibliothecaire de Sainte-Geneviève, à J,C. DELAMETHERIE , 224 Objfervations fur le mélange métallique qui eft employé à faire les Caraëères d’Imprimerie ; par M. SAGE, 229 Suite de l'Extrait d'un Mémoire fur la comparaifon & les procédés que les Romains employoient dans la conflruélion de leurs Edifices , avec ceux des peuples modernes ; par ANTOINE MONGEZ, de l'Academie des Inferiptions & Belles-Lettres , 230 Nouvelles Litéraires, 238 I — — — —Ù ——Û"—Û "A I a TETE * Later tt Sn | JOURNAL DE PHYSIQUE. 3|| AVRIL 1792. IE Re —— —. LETTRE DE M SM AU: D:UYT; Médecin , A M FOURCROY, SUR L'ELECTRICITÉ, Ec. Va Us rapportez, mon cher confrère, dans le Journal dont vous êtes rédacteur , com. II, N°. IV , pag. 98, $. 11, de nouvelles expériences part M. Chappe : elles tendent à prouver que l'électricité ne favorife pas fenfiblement l’accroiflement des parties animales. En m’entretenant avec vous des expériences fuivies par M. Chappe, vous m'avez dit que vous vous en rappeliez de même genre dont j'ai rendu compte dans un Mémoire. lu à la féance publique de la Société de Médecine en 178$. Ce Mémoire avoit deux objets, des expériences faites fur des animaux, d’autres expériences faites fur des plantes, Le réfultat des unes & des autres n'étoit pas d'accord avec les opinions généralement accréditées alors, & fondées fur des rapports qui avoient été publiés par des favans étrangers. La lecture de mon Mémoire excita une réclamation aflez forte dans l'affemblée , & plufeurs perfonnes me frent des objections, quoiqu'il n'y en ait d'autres à propofer contre des expériences, finon qu’élles ont été mal faites. J’avois fait celles dont je venois de rendre compte avec beaucoup d’attention, & pour être plus sûr de ne pas mal cbferver, j'avais invité notre confrère Hallé, dont l'exactitude eft connue , à les fuivre avec moi, ce qu'il m'avoit accordé, JET donc ne m'être pas trompé , mais je manquai du courage néceflaire pour combattre une opinion alors fort en faveur, je retirai mon Mémoire & je n’en parlai plus. M. Ingen-Houfz a depuis combattu par des éXpériences Le fentiment de ceux qui croyent l'électricité le principe de la végétation, & M. Chappe prouve que l'électricité ne favorife pas fenfiblement l’accroif- fement des parties animales. Je ne vous préfenterai que le précis des Tome XL, Part, I, 1792, AVRIL, Ti Le, \ 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, expériences que j'ai faites fur ces deux objers, & pour lefquelles j'ai tenu un journal fur lequel j'ai marqué les obfervations jour par jour. Je choilis au mois de mai 1784, neuf pots de terte de grandeur égale ; je Les remplis de terre prife au même tas, je les marquai ; je femai dans chacun féparément une des crois graines fuivantes , miller blanc commun, chou vulgairement appelé giroflée de Mahon , haricots blancs : je plaçai Les neuf pots à côté les uns des autres dans le jardin de la maifon que j'habite ; je choilis une mefure d'un demi-fetier pour les arrofer, & je donnai cette mefure à chaque pot toutes les fois que j’arrofai : la pluie tomboit également fur les neuf pots. Les femences y étoient donc dans les mêmes conditions , aux différences fuivantes près, defquelles j’atten- dois les réfultats fur les éfflets de l'électricité. Trois pots ne furent jamais électrifés ; les fix autres le furent tous Les jours pendant deux heures, une heure le matin, une heure l'après-midi ; trois L ce pots furent élecrifés pofitivement , érant placés fur un ifoloir & en communication avec le conducteur de la machine par trois fils de fer qui pénétroient dans la terre de chaque pot: les trois autres pots, placés aufli fur un ifoloir, étoient en communication avec l’axe des couflins d’une machine négative , au conducteur de laquelle pendoit une chaîne en contaét avec le plancher, au moyen de quoi cette machine épuifoit Les trois pots du fluide qu’elle verfoir, par fon conducteur & la chaîne, dans le réfervoir commun, fans qu'il put retourner aux pots qui étoient ifolés. Je fuivis conftamment ces expériences depuis le moment où les graines furent femées, jufqu’à celui où les plantes eurent donné de nouvelles graines en maturité. Je diftingue trois époques dans cet intervalle, la germi- nation, la floraifon , la fru@ification. Voici les réfultats des expériences. Les plantes éleétrifées politivement levèrent les premières, & il en fortit de terre trenre-fix heures avant celles qui ne furent pas élecrifées ; celles qui le furent négativement devancèrent aufli, mais de peu de tems, celles qui ne Le furent d'aucune manière. Cette différence fe foutirt dans les mêmes proportions pendant plufieurs jours, en forte que les plantes électrifées pofitivement furent bientôt beaucoup plus hautes que les autres; leurs fecondes feuilles, celles qui fuccèdent aux feuilles féminales parurent plus promptement, & en général leur développe- ment, leur crue furent plus rapides pendant plufeurs femaines ; mais ces plantes plus hautes, étoient plus foibles, plus grèles, ce que les jardiniers appellent ériolées. Au bout de quatre à cinq femaines les plantes électrifées commencèrent à ne plus croître avec un avantage marqué au-deflus des autres; celles-ci au contraire prirent le deflus , les plantes électrifées annoncèrent du dépériffement, tandis que la vigueur des autres augmentoit : ces dernières furpafsèrent bientôt en hauteur & en force de toutes manières les plantes électrifées , dont la végétation alla en diminuant relativement à celles des plantes non éleétrifées, jufqu'au SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 233 terme des unes & des autres. Les plantes non électrifées monrèrent à là hauteur ordinaire de leur efpèce, elles fleurirent les premières, elles portèrent des leurs & des graines dans l'abondance qui eft propre à leur efpèce ; leurs graines furent les premières en maturité, du volume & de la forme ordinaires à leur efpèce ; plufieurs pieds éleétrifés périrent , ceux qui réfiftèrent ne portèrent que peu de graines qui furent très-petites , fe ridèrent en féchant & furent à demi-avortées : les pieds qui les pro- duifirent étoient reftés d’un quart plus bas que les plantes de même genre qui n'avoient pas été électrifées ; les plantes électrilées négarive- ment tinrent en tout un milieu entre les plantes électrifées pofitivement & les plantes qui ne furent pas électrifés, en forte que l'avantage de toutes manières fut du côté de celles-ci. Je recommençai deux années de fuite ces expériences , &,les réfultats furent les mêmes : d’où peut venir La différence entre ces réfultats & l'opinion la plus générale à l’égard de l'influence de l'électricité fur la végération ? quelle caufe peut avoir pro- duit les faits que j'ai obfervés ? S'il m'eft permis d’expofer mon fentiment fur ces deux queftions, je répondrai à la première , que les phyficiens fe font contentés d'obferver les effets de l'électricité fur les plantes pendart la germination & peu de tems après ; qu'ayant vu les graines électrifées germer plutôt , les plantes lever plus promptement & croître plus rapi- dement en fortant de terre ,ils ont conclu de ces expériences , auxquelles ils fe font bornés , pour tout ce qui devoit arriver pendant tout Le tems de la durée des plantes; que ne m'étant pas arrêté de même à ces premières obfervations , c’eft de la différence de la durée entre les expériences d'après lefquelles on avoit conclu & celles que j'ai faites, que provient l’oppolfition entre la conféquence que mes expériences préfentent & celles qu'on a dû tirer des expériences faites pendant la ermination feulement. Mais comment l’éleétricité accélère - t-elle ’abord le développement & la crue des plantes & y nuit-elle enfuite ? Tout le monde fair qu'au moment où la graine germe & où la plante lève , l’une & l’autre font une pulpe organifée ; la répulfion électrique en écarte les molécules, les diftend & allonge le germe qui eft éleétrifé ; la plante devient plus haute qu'une même plante qui n’eft pas électrifée ; mais à mefure que la jeune plante prend de l’âge, elle devient moins pulpeufe , fes molécules fe rapprochent, elles adhèrent davantage les unes aux autres, la plante a plus de confiftance & elle commence à réfifter à l’expanfion électrique : dans ce même tems commence le dépé- riffement que je crois occafionné par la tranfpiration trop abondante que l’éleétricité excite ; elle paroît donc d’abord favorifer la végétation , parce qu'elle occafionne une crue forcée, mais enfuite elle nuit en épuifant les plantes. Il eft conftant que jamais la végétation n’eft aufli forte, aufli rapide que lorfqu'après une fécherefle & des jours fort chauds, il tombe pendant un orage une pluie abondante, Si l'orage eft Tome XL, Part. I, 1792. AVRIL, li 2 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fec, la végétation n’y gagne rien; mais elle eft d'autant plus forte qu'il tombe plus de pluie, que l'orage eft plus fort & que le tonnerre oronde davantage. C'eft une preuve que l'électricité, même narurelle, ne favorife pas feule la végétation, mais que le fluide éleétrique & l’eau combinés font les deux plus prompts agens de la végétation, & la caufe en paroît facile à fentir. Le fluide électrique répand & divife rapidement l’eau dans toutes les parties de la plante , qui eft rafraîchie & alimentée en peu de tems de fa racine à l'extérieur de fes pouffes ; quand l’eau eft feule, il lui faut beaucoup plus de tems pour fe diftribuer à toutes les parties de la plante, & y être portée par la fuccion de fes canaux, L'électricité feule ne favorife donc pas la végétation , elle y nuit au contraire en épuifant les plantes par une trop forte évaporation ; mais le fluide électrique uni à l’eau eft un prompt agent de la végétation; parce qu'il diftribue & qu'il entraîne rapidement eau dans toutes les parties de la plante. Comment l'électricité négative, à laquelle les plantes font expofées, a-t-elle des effets moins grands que ceux de l'électricité pofitive? Je crois pouvoir répondre que c’eft que l'électricité négative dans ce cas , ou dans les expériences dont il s’agit, n’eft qu’une électricité poñrive très-foible. En effet, randis que la plante éleétrifée négativement eft épuifée du fluide éleétiique par l’axe de la machine, cette plante en reçoit , à mefure qu'elle en perd, de l’air, des murs, de tous les corps ambians ; il fe fait donc une circulation du fluide élec- trique de ces corps à la plante , de la plante à l'axe de la machine, & la plante eft dans un courant de fluide, mais plus foible que celui qui a lieu par rapoort à la plante électrifée pofitivement : en forte qu'une plante él-étrifée pofñtivement par une machine fort petite, & une plante élec- trifée par une machine négative très-grande , perdroient également l'une & l’autre. Telle eft Ja manière dont on peut comparer les deux cas que j'ai cités, & les réfultats que j'ai obtenus dans les expériences qui ont été décrites ci-deflus. On avoit imprimé dans beaucoup de journaux, d’après les affertions de favans étrangers, que l'électricité accéléroir le développement du pouflin dans l'œuf; que fon action abrégeoit le terme de l'incubation de plufieurs jours ; que les pouflins qui, pendant l'incubation , avoient été foumis à l'influence de Péleétricité , prenoient tous un plumage noir, tandis que des poufins nés d’une même poule que les premiers, mais qui n'avoient pas été électrifés, avoient le plumage ou blane , où varié de différentes nuances: on en inféroit que les pouflins éle@rifés avoient une conftitution plus forte , d'après l'opinion aflez générale, & pourtant fans preuve , que la couleur blanche des plumes ou du poil, eft dan: les ar imaux une marque de foibleffe, & la couleur noire l'indice d’une forte cenftitution. Defirant de vérifier fi les expériences qu'onao rçoit fur l'irfuence h SUR L'HIST. NATURELLE ET LES-ARTS. 245$, de l'électricité étoient fondées , je cherchai à le vérifier de la manière fuivante. Je me procurai chez un marchand quinze œufs de l'efpèce de poule qu'on nomme communément poule naïîne ou poule d'Angleterre, Ce marchand avoit de ces poules & des cogs de cette efpèce, de toutes couleurs ; ces animaux étoient mêlés & vivoient librement enfemble, Le plumage des pouflins devoit donc naturellement être varié de toutes les couleurs qu'on peut voir fur le plumage des poules naines. Je partageai les quinze œufs en trois parts, chacune de cinq œufs; j'en marquai cinq d’une couleur, cinq d’une autre, & je ne fis point de marque aux cinq autres. Je plaçai les quinze œufs fous une poule que j'enlevai de deflus d’autres œufs qu'elle couvoit depuis deux jours fort régulièrement. Elle adopta les quinze œufs fur lefquels je la pofai, & les couva fort exacte- ment pendant toute la durée de l’incubation. Chaque jour le matin à neuf heures, & l'après-midi à trois heures, je levai la poule de deffus les œufs, je l’enfermois dans une chambre voifine , je plaçois cinq des dix œufs marqués dans une corbeille , fur du coton chauffé à-peu-près au degré de chaleur du nid d’une poule , je les couvrois d’une carde de coton pareillement chauffé; j'en faifois autant pour les cinq autres œufs aufli marqués, & je laïflois dans le nid les œufs qui n’avoient pas de marques. Je foumettois les dix autres pendant une demi-heure, cinq à l’aétion d’une machine électrique pofñtive, donc le plateau étoit de vingt-quatre pouces de diamètre, & en même-tems cinq autres à l’action d’une machine négative, dont le plateau avoit dix- huit pouces de diamètre. Je tirois pendant la demi-heure que l'opération duroit, des érincelles de chaque œuf, de rems en tems trois à quatre à- peu-près de chaque œuf. Les œufs foumis à l'électricité, le furent donc chaque jour pendant une heure, & pendant vingt heures en toue, durant la durée de l'incubation. Je m’apperçus le vingt-unième jour de bonne heure, le matin, que plufieurs œufs étoient bichés. Je ne crus pas devoir électrifer les œufs pour ne pas interrompre dans l'opération de la naiflance des pouflins , ni la mère , ni les pouflins eux-mêmes. J’obfervai fréquemment la couvée , je faifis, pour voir ce qui fe pafloir, rous les mouvemens que fe donna la couveufe, & je la levai plufieurs fois. À dix heures du matin, il étoit né un pouflin, & la coque vuide faifoit connoître qu'il étoit forti d’un œuf électrifé poñtivement. Entre onze heures & midi, deux autres pouflins étcient nés; mais je m'apperçus que j'inquiérois la poule en la levant trop fouvenr, & je Craignis que dans fes mouvemens , qui devenoient brufques , elle n’écrasât les pouffins: je la laiflai donc en liberté jufqu'à cinq heures du foir, Je la levai aJors 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & je trouvai dans Le nid fix pouflins fortis de la coque , un feprième dans l'opération d’en fortir, deux poullins morts & écrafés , ce qui fait neuf pouflins ; il y avoit eu pendant l'incubation deux œufs de caflés par accident en les tirant du nid, & c’étoit deux des œufs électrifés négati- vement : refte quatre œufs dont il n’étoit pas forti de pouflins à cinq heures du Loir ; l'œuf dont il en fortoit un à cette heure étroit un œuf électrifé négativement. Je replaçai la poule ; je la levai un quart-d’heure après, & je trouvai ce dernier pouflin que je venois de voir naïflant, forti de la coque, fon duvet encore humide ; je me hâtai de le marquer en attachant un brin de laine à fa patte. Je dépofai la poule & ne l'interrompis plus jufqu'au lendemain matin. Le 22, il n'étoit pas né de pouflin depuis la veille ; il reftoit quatre œufs, un de ceux qui avoient été électrifés négativement , deux de ceux qui ne l’avoient pas été , un de ceux qui l'avoient été pofitivement : je caflai ces œufs, j'en trouvai deux clairs, & deux dans lefquels le pouffin étoit mort à demi-formé. Sur quinze œufs , deux avoient donc été caflés pendant l'incubation, Des treize autres, deux étoient clairs, ci..........., 2 Les pouflins étoient morts dans deux autres, ci......... 2 Il éroit donc né neuf pouflins, quatre fortis d'œufs électrifés pofitivement, ci ...............s..s.-s..e.e 4% Deux pouffins fortis d'œufs électrifés négativement , ci .... 2 Trois pouflins fortis des œufs qui n’avoient pas été électrifés,ci 3 Sr essossennmece se ss ons 0 06e e se + ve 1$ Ces neuf pouflins étoient nés dans l'intervaile de dix heures du matin à cinq heures du foir, ce qui eft une diftance de fept heures , & ce qui n'excède en aucune manière la diftance qu'il y a dans les couvées ordi- naires entre la naiflance des différens poufñlins d’une même couvée : donc une heure d'électrifation , foit politive , foir négative, par jour, pendant les vingt jours d'incubation, n'influe en rien fur le développement & l'inftant de la fortie des pouflins hors de l'œuf, cette électrilation étant adminiftrée par des machines de la puiflance de celles que j'ai employées. Une éledrifation continue, comme celle dont les Phyficiens qui ont annoncé le contraire de ce que mes expériences préfentent fe font fervis, felon leur rapport, fourniroit-elle des réfultats très-différens , & abrégeroit-elle le terme de l'incubation de plufeurs jours , fans que : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 247 l'électricité que j'ai employée ait annoncé aucune différence dans l'époque de ce terme? Neuf pouflins vinrent donc à bien , fans diftance notable entre leur naiflance ; d'où l’on peut inférer que l’éledricité avoit infué fur leur développement ; deux furent écralés par la mère, troublée par mes obfervations ; & feptéroient bien portans le lendemain de leur naïflance. Je continuai, comme je le dirai dans un moment, de les foumettre à l'électricité. Avant de rapporter ce qui les concerne depuis leur raïflance, j'obferverai que le phyficien qui a annoncé l’effer le plus confidérable de l'électricité fur le développement des pouflins, l’abréviation la plus marquée de l'incubation par l’éle&ricité , dit qu’il éleétrifa la couvée nuit & jour fans interruption ; que, dans le tems que les pouflins étoient prêts de naître, un événement ayant fait partir une détonation de l'appareil , elle donna la mort aux pouflins dans la coque ; en forte que ce fut en caflant les œufs & en en tirant les pouflins privés de vie qu'il jugea, par l'état où il les trouva, qu'ils étoient prêts de naître, & du nombre de jours dont l’éleétrifation auroit accéléré leur naiflance , & qu’elle auroic retranché fur le terme ordinaire de l'incubation, Je ne contefterai afluré- ment pas de fait de la mort des pouflins, mais je m'étonne qu’une détonation l'ait caufée , fans que des étincelles répétées tous les jours plufieurs fois & tirées des œufs, aient nui aux pouflins qui ont fait le fujet de mes expériences. Je continue mon récit, J’avois marqué, par un brin de laine attaché à la patte , le pouflin né le premier & forti d'un œuf électrifé pofitivement ; j'en avois fait autant à l'égard du pouflin né le dernier & forti d’un œuf électrifé négativement. Je n’avois pu recon- noître de quels œufs les autres pouflins étoient fortis. Je deftinai le premier pouflin à continuer d’être.électrifé pofitivement , le dernier à lêtre négativement , & avec eux un des autres pouflins chargés au hafard d’une marque femblable à celle qui les diftinguoit : je ne mis pas de marque aux autres pouflins, & ils ne furent point éleétrifés. Pour exécu- ter l'opération à l’égard de ceux qui devoient l'être, je les plaçois, chacun felon leur marque , dans deux cages abfolument pareilles, & je plaçois convenablement ces cages ; je foumis les pouflins, comme les œufs, à une demi-heure d’électrifation le matin, autant l'après-midi : je fus attentif à ce qui arriveroit, Je continuai ces expériences pendant trois mois , & je vis les plumes poindre, poufler fur les différentes parties du corps des pouñlins , leur crête paroître & s’allonger , ainf que les lobes charnus qui pendent fous le bec, enfin leur accroiflement & leur déve- loppement fe faire fans que je pufle remarquer aucune différence entr'eux, & fans qu'il y en eût d’autre que celle d'une taille plus ou moins grande, comme il y en a entre tous les jeunes animaux : mais les développemens qui auroient pu marquer, comme la poufle des plumes fur les différentes parties du corps , eurent lieu fur tous les pouflins en même tems & fans A 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la moindre différence; le plumage de tous les pouflins fe trouva varié, comme celui dés mères & des coqs dont ils provenoient, & le noir ne domina nullement dans le plumage du pouflin certainement éle@rifé poñtivement depuis le premier inftant de l’incubation : tout fut égal entre les pouflins pour l'époque de la naiflance, le développement & l'accroiflement après la naiflance ; je ne remarquai pas la plus légère différence. Le pouflin né d’un œuf éleétrifé négativement & continué enfuite d'être électrifé de même , fe trouva un coq;il fut porté à la campagne & mis dans une baffe-cour, où il fut un des mâles les plus ardens , les plus hardis & les plus hargneux. Les expériences que je viens de rapporter tendent au moins à prouver que l'électricité n'influe pas fur Le développement des animaux dans l’état naturel, quoiqu’elle puiffe peut-être y contribuer dans l’étac de maladie, quand une caufe foumife à l'influence de l'électricité, & qui peut être détruite par elle, nuit au développement. EXTRAIT D'UN-DISCOURS Prononcé à l’Académie de Leyde, par M. Dupuy, lors de fa promotion aux Chaires de Profeffeur de Chirurgie pratique & d' Accouchement , le 27 Septembre 1791, traduit du Latin , par.M. L'EVEILLÉ , Elève en Chirurgie aux Ecoles de Paris. Los les fois que nous voulons porter une fcrupuleufe attention far la nature du corps humain , nous devons néceflairement obferver tous les phénomènes d’actions qu'il préfente & qu'il produit de lui- même. Après un examen férieux & attentif, fi nous confidérons, Meffieurs, le concours des effets admirables & des actions qui dérivent de la ftruéture & des forces du corps ; fi de plus nous étudions leur variété & leur élégance, nous voyons facilement que la machine animale eft, comme tous les autres corps, le réfultat de loix fages & immuables, Cependant comme l’état de fanté & l'état de maladie exigent dans l'homme une duplicité d’aétions, & chacune ayant fes caufes & fes moyens phyfiques, nous ne devons pas feulement confidérer les phé- nomènes & les forces qui fe manifeftent dans l'état fain, mais encore ce qui s'annonce dans l'état de maladie”, & le mode que la nature emploie pour veiller à la confervation propre de chaque individu, Certe confidération , Meflieurs , eft ue fous deux rapports ; és # elle SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 9249 elle démontre d'une part que la nature humaine établie fur des loix fages du créareur, fe multipliant par des êtres qui lui reffemblent , eft dans tous les tems fufceptible des mêmes aétions, & fujetre aux mê- mes fouffrances , fous les m°mes conditions & toujours de la même manière ; en fecond lieu elle avertit Le médecin , foie qu'il employe les médicamens, foit qu'il opère , elle l'avertic, dis-je , d'oblerver foigneufement & de convertir avec fagefle à l'ufage de la pratique, ces loix, qu’il fait gouverner le corps humain. Aujourd'hui que l’académie me confère généreufement la double fonction de démonftrateur de chirurgie pratique & d’accouchemens, il ne m'a pas paru hors de faifon de mate que dans l'exercice de ces deux parties que rious profeflons , la fcience pratique ne doit admettre d'autre règle que celle qui réfulte de la connoiflance de la nature. Je vous entretiendrai donc des loix naturelles, de leurs forces, de leurs rapports & de ‘leur ufage pour les arts de la chirurgie & de l'accouchement. Quiconque a vu la ftructure du corps humain, quiconque en a con- fidéré Les parties folides & Auides, les parties contenantes & conte- nues, & quiconque en a obfervé les actions d’après la ftruéture admi- table des parties, celui-là dira fans doute avec moi, que le corps humain eft un corps phyfique, & que fa ftruéture n’a pu être imagi- née & créée ni pour un meilleur ufage, ni pour une plus belle ref- femblance. Ayant donc égard à l'union intime de nos parties , chaque par- ticule , les folides , les Auides , chaque organe qu'ils forment, l'hom- me en général obéit à des M & toute fa machine conf truite conformément aux loix de proportion, d'étendue & de pefan- teur, répond parfaitement à toutes les actions. Sous ce point de vue, les principes que les phyficiens nous ont laiflés fur la proportion des parties , fur la gravité, l'équilibre, Le maivement & le repos des corps , méritent notre plus grande attention dans le corps humain : en effet ils fonc tous d’ene fi grande utiliré fur-rout dans la chirurzie & l'ac- couchement , que ceux qui font très-verfés dans la connoiflance des loix phyfiques & qui n'agiflent que d’après elles , font très-heureux dans les diagnoftics & les pronoftics , dans la eure ou la palliation des maladies. - Pour plus de clarté, obfervez avec moi, Meffieurs, les loix de proportion , de gravité, du mouvement & de l’équilibre. Celui qui fait à peine admirer La beauté & la proportion de tou- tes les parties de notre corps, foit immédiatement fur l’homme, foit médiatement , comme fur les tableaux & les ftatues , principalement des anciens & felon les différens âges, conviendra avec moi que l’ac- Tome XL, Part, I, 1792. AVRIL, KE 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, croiflement de l'homme (füt-il géant. ou nain) n’eft pas un ouvrage, précipité de la nature, mais qu’il. procède felon des loix fages depuis les premières traces de l’homme jufqu'à fon entière perfeétion ; il con- viendra en outre, que l'homme offre une proportion géométrique fi frappante, qu'autrefois Witruve la trouvoir ft fupérieure ; qu’elle lui Jervoit de comparaïfon lorfqu'il faifoit conflruire des édifices. Et il n'a pu en être autrement, Mefieuts, ou bien nous euflions: vu la ruine totale de cette férie de loix phyfiques unies & pour ainfi, dire identifiées avec cette proportion de nos parties qui fe dévelop- pent par une marche certaine : ce que nous fommes fur le poinc de dire fur Les loix de gravité, du mouvement & de l'équilibre de tout le corps & de fes diverfes parties , feroit abfolument illufoire , fi cette première loi de proportion n'étoit un préfent que Dieu a fait au genre humain, & fi elle ne fe manifeftoit conftamment par fes mêmes ef+ fers, Ce que je viens de dire, ne nous donne pas principalement l’idée de la beauté, mais ce qui nous importe le plus, des exemples fans . nombre nous apprennent que cette loi eft d’une utilité fingulière pour l'exercice de l’art de guérir. Quelle précaution n’exige pas le traitement des fraéures des os des extrêmités, fur-tout , lorfqu'il s’agit de conferver cette fuperbe proportion fi néceflaire pour exécuter tous les mouvemens à Si on la néglige, ou les parties ne font pas aflez étendues , alors les membres fe trouvent raccourcis ; ou elles le font trop, dans ce dernier cas , le cal qui croît entre les pièces fracturées , leur donne une grandeur ex- ceflive, de forte que la proportion fe trouve détruite ; fon défaur fait naître la difformité, la claudication & d’autres vices confidérables. : La rotule de figure orbiculaire au genou, l'apophyfe olécrane du cu- bitus ont chacune une dimenfion proportionnée & à leur articulation & aux cavités qu'elles occupent; fi par hafard ces os viennent à fe fracturer, négligez la proportion naturelle , & faites qu'ils s’allongent dans leur union : premièrement la rotule fera dépourvue de cette pro- portion fi néceffaire à la progreflion qui fe trouvera troublée , qui de fable & affurée, deviendra débile & chancelante; fecondement tout le monde fait que le même inconvénient aura lieu dans Particulation du cubitus: en effet fon apophyfe olécrane étant trop allongée, ne répondra plus à la cavité figmoïde de l’Aumerus, elle gênera les mou- vemens d’extenfion &° de flexion , ou elle entraînera néceflairement avec elle une efpèce de roideur. Je _ceflerois volontiers , Meffieurs , de contempler ces loix de pro- portion pour vous entretenir {ur d’autres objets; mais fi je confidère le rapport qui exifte entre l’accouchement & les parties qui y fonc SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. aÿr deftinées , fon utilité & fon élégance m’engagent à y infifter encore quelque tems. L'être fuprême en veillant à la confervation du genre humain, n’a pas oublié cette loi; il a voulu que la femme conçût & accouchät après un tems limité : mille circonftances journalières nous aflurent que ce dernier terme de la groffefle arrive avec rout le fuccès que Pon puifle defirer ; donc, pour que cette loi conferve fa ftabilité , il et néceflaire qu'il exifte une proportion entre le fœtus & la mère. Ce fait eft avéré par l'expérience des fiécles paflés, & l’art de l’accou- chement le convertit tous les jours à l'avantage du genre humain , non- feulement dans l'accouchement naturel , mais encore dans celui qui eft difficile & laborieux : fi la nature s’écarte du chemin qu’elle doit _parcourit , le phyficien fait la ramener fans aucun danger pour le genre bumain préfent & avenir. Un zélé obfervateur étudie-t-il les vifcères {ur les cadavres des fem- mes grofles ? obferve-t-il la fituation du fœtus dans la matrice aux différens tems de la groflefle? il voic que le fœsus fufpendu par l'om- bilic, tend par fon propre poids à incliner la tête en bas; que pen- dant fon accroiflement , il a la tempe placée immédiatement fur les vertèbres de la mère ; mais il fait aufli, que les mufcles de la tête de l'enfant font dans cer endroit plus éloignés du centre des mou- vemens, que ceux qui occupent la partie antérieure du col, & que cette diverfité du centre de mouvement & de gravité dans la tête le force à appliquer le fommet ( 1) du menton fur la poitrine. Son imagination ne perd pas de vue la dilatation de l'orifice & du col de la matrice en raifon de l'accroiflement du fœus , afin qu'ainf par une certaine polition oblique il s'engage dans le détroit fupérieur du bafin jufqu'à ce que, parvenu à fon développement néceflaire , il puifle pé- nétrer dans lexcavation du détroit inférieur; alors la mère éprouve les douleurs de Fenfantement , la fortie du fœtus eft favorifée par le ‘relâchement des parties molles, il fe montre au-dehors fous l’arcade du pubis , d’abord par l'occiput ,enfin par un derni-mouvement de re. tation il eft entièrement expulfé du fzin de fa mère. Ainli comme dès le commencement de la groffefle jufqu’à fa ter- minaifon , la nature dans fes opérations emploie toujours le même moyen & fuit toujours la même marche ; reconnoiffant de plus la con- formité de proportion exiftante entre les parties qui ferventà l’accou- chement & le fiztus, nous avons une folution complette de ce pro- (x) L’Auteur n’a pu fe fervir de ce mot qu’en comparant la mâclhoïre inférieure 3 un triangle dont Je menton feroit le fommét &.les deux branches fer ient la bafe par le moyen d’une ligne qui parcourroit l’efpace compris entre l’une & l’autre. Tome XL, Part, I, 1792. AVRIL, Kk = 252 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, blème de la nature, & dont nous fommes redevables à la conftance des loix, qui font prefque toujours les mêmes à moins qu'il ne fur- vienne quelques circonftances que l'on ne puifle prévoir. Ceft d'après l'examen réfléchi & fouvent répété d’an bain bien con- formé, que nous fommes parvenus à la connoiffance de fes différens diamètres : les phyficiens qui s’en font occupés, ont reconnu pour le plus petit de tous celui qui parcourt l’efpace compris entre l'os /acrure & la fymphife du pubis, pour le moyen celui qui coupe le premier à angles droits ; enfin le plus confidérable leur_a paru être celui qui traverfe les deux premiers à angles aigus ; il part de l'union de l'os Jacrum avec l'os innominé & fe termine à l’éminence i/éspeine dutcôté oppofé , tandis que le contraire a lieu au détroit inférieur. Ils ne fe font pas contentés de connoître cette dimenfion , ils l'ont encore rap- portée à la tête & à toutes les parties de l'enfant; ayant enfuite tra- cé dans leur imagination le chemin que parcourt le færus dans l’ac- couchement , ils ont été aflez heureux pour expliquer la marche & l'action phyfique de la nature, Lorfque nous réfléchiffons mürement fur ces objets, quelle ne doit pas être notre admiration ! combien ne devons- nous pas eftimer la prudence inconcevable du fage créateur qui en prefcrivant ces loix de proportion, a pourvu à la confervation & de la mère & de l'enfant ! Celui qui a confidéré ce que nous avons dit jufqu'ici fur l’action d’ac- coucher, reconnoîtra facilement combien il eft utile d'être inftruit fur les loix naturelles , lorfque dans un accouchement laborieux , il eft forcé d’avoir recours au forceps. ; Celui qui, dans un accouchement quelconque contre nature, n’agit que d'après cette loi de proportion fi exactement obfervée , entreprend toujours de réfoudre cet unique & même problème phyfique, ainf conçu : connoiïflant la dimenfion & la forme du baflin , il faut en extraire le færus dont on connoîit aufli le volume & la figure , par des voies qui lui correfpondent , & par un moyen très-favorable pour la confervation tant dela mère que de l'enfant. Voulez-vous, Mefieurs, que mes idées vous paroiffent plus claires, fuppofons pour un inftant ce qui arrive très-fréquemment ; que, paflé Le cems de la groffeffe , les douleurs de l’enfantement s'étant fait fentir,, la plus grande dimenfion de la tête de l’enfant fe préfente au plus pe- tit diamètre du détroit fupérieur , ou que dans un autre cas, le dos, l'abdomen ou les côtés du fœrus fe trouvent à lorifice interne de la matrice : dans ces accidens, quels que foient les efforts de la nature , ils feront toujours inutiles, & n’atteindront jamais le but defiré, Il fera donc befoin alors d'employer les reffources de l’art ; mais quel eft cet art ? c’eft fans doute celui qui rend raifon du rapport qui exifte entre le fatus ou fes parties, & Les diverfes dimenfions du bafin ; c'eft ce= SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2;3 lui qui à l'aide des inftrumens & de la main, ou de l’un & l’aurre réunis, apprend à placer felon l'étac naturel le fœrus dans la matrice. Ces moyens une fois employés , la nature fe trouve corrigée ; alors ou fes efforts fuffront pour expulfer Le fœrus , ou l'art terminera lac couchement en confervant la vie à la mère & au nouveau né. Telle eft la manière dont doit fe conduire tout chirurgien dans tous l:s accidens fâcheux qui peuvent furvenir dans un accouchement la- borieux & contre nature; mais il faut qu'il fe dirige toujours de ma- nière que dans tous les cas extraordinaires poffibles , l’expérience vienne au fecours de fon art, ne connoiflant d’autre route que celle qui fe trouve tracée par la nature. En conféquence, Meflieurs , de nombreu® exemples ont fufifamment conftaté l'utilité d'obferver les loix phy- fiques dans le corps humain, qui dérivent des loix de proportion & d’étendue, & de les convertir à l’ufage des deux arts que nous pro- fefons : delà chaque fcience confervera l'honneur qui lui eft dû , par cette marche elle. a fait des progrès rapides qui ne font rien en rai- fon de ceux qu’elle fe promet dans la fuite ; enfin les bornes de la Chirurgie fe trouvent-elles reculées ? l’art des accouchemens fera fujet au même changement, & s’il eft glorieux pour le chirurgien & l’ac- coucheur d’être dans tous les tems les miniftres de la nature , chaque fcience en particulier n’en éprouvera pas moins les heureux effers. Occupons- nous maintenant des avantages que l’on trouve à con- fidérer les loix de gravité, de mouvement & d'équilibre dans Le corps humain. S Ce n'étoit pas affez pour l'être fuprème d’avoir voulu que l'hom- me fe tint de bout la tête élevée vers le ciel ; il lui a fallu encore avoir égard à l'irrégularité de fa figure, à la diverfité de fa forme & de fa gravité, & le former de manière qu'il pût conferver fon équi- libre ; car autrement il eut été expofé à des accidens inévitables. Gertainement il eft hors de doute , qu'autrefois les célèbres Bo- RELLI , DESAGUILIERS, & tous les autres phyficiens dont les ex- périences tendoient au même but, ont découvert que dans l'adulte, le centre commun de gravité, qui, comme on le fait , tient toutes les parties des corps en équilibre, fe trouve fur un plan que l'ima- gination conçoit exifter depuis les os des les jufqu’à l'os pubis, que ce point change dans Les enfans nouveaux nés, & dans les adolefcens ; qu’il defcendra ou montera felon l’âge, & que ces variétés lui feronc parcourir la ligne qui fe divife entre l'ombilic & le pubis. Nous ne devons pas, Meflieurs , nous contenter de cette feule con- fidération du centre commun de gravité ; outre une parfaite éonnoif- fance de l'équilibre dans le corps humain , traçons une ligne fictive qui Le divife également , en forte que, fi une trop grande quantité de 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, matière le force à fléchir d'un côté , il tende aufli-tôt par fa ftrudure , à retrouver fon équilibre en s'inclinant fur le côté oppofé. D'après la ‘confidération de cette ligne qui parcourt tous Les points où fe trou- vent, pour ainfi dire, réunis les centres de gravité des diverfes par- ties de notre corps, on lui a donné différens noms fuivanc fon ufage : ‘on l'a appelée ligne de gravité , d'inclinaifon où de propenfion , ou fimplement barocentrique, Voulons-nous connoître les points que parcourt cette ligne dans le corps humain & en évaluer le méchanifme ? contemplons , comme dit Pline, fon image & fa coupe oblique ; par ce procédé nous con- noîtrons toute l'élégance de ce méchanifme. Prenez une fcie, & di- vifez un cadavre fi exactement, que la fedion paflant au milieu de ‘a tête, parcourt les centres des vertcbres , de l'os Jacrum , & fe ter- mine au-deflous de la fymphyfe du pubis ; alors vous aurez une con- noiflance parfaite de la ftructure & de la figure de notre corps : abaiflez enfuite une perpendiculaire de la partie fupérieure.& moyenne de la ‘tête , elle divifera rout le corps en deux parties égales, & vous con- cevrez facilement cette ligne que nous avons indiquée , & que nous avons dit parcourir tous les centres de gravité de notre corps. Mais, Meffieurs, quelle partie , felon vous , doit parcourir cette ligne ? commençant au fommet de la tête elle coupera exactement l'occiptal entre fes condyles qui l’uniflent à l'arlas ; elle paflera en- fuite au milieu du corps des vertèbres du col , du dos & des lom- ‘bes ; enfin après avoir divifé lebaflin & le :centre commun de gravité, elle fe terminera entre les pieds. Qui ne voit pas d’après ce que nous venons de dire , que cette igne de direction fait ; que notre tête porte fur le tronc, fans non- feulement pencher plus d’un côté que d’un autre ,: mais encore que les centres de gravité & de mouvement contourent à cet effet? Qui ne voit pas en outre que la colonne vertébrale décrit antérieurement plufieurs couroures , favoir, une convexité au co! & aux lombes , & une concavité à la poitrine & à l'os /acrum, ce qui fait qu’elle n’eft ‘pas droite & qu’elle reflemble à un tronc dont la figure feroit Aexueufe , & qu'Hippocrate a décrite conformément aux loix de la nature & de l'équilibre que l'on remarque dans toutes les parties du corps ? © Ceft ici le moment de parler de l'équilibre dans l'homme debout; mais comme la ature nous a doués de la faculté locomotive, il faut auparavant dire un mor du centre des mouvemens. Tout le monde fait, à n'en pas douter, qu'il s’obferve fur les côtés du facrum dans les os ënnominés qui préfentent des cavités où fe trouvent reçues les têtes des femurs unis avec les jambes & les pieds, & que cette articulation permet au tronc de feffléchir fur la cuifle , & vice verfä. Si du centre de ces cavités nous tiaçons une ligne five SUR PHIST. NATURELLE ET LES ARTS 355 qui coupe à angles droits la. ligne de gravité, nous voyons aifémene que dans l'adulte elle rencontre le centre de gravité , qu'elle fe trouve au-deflus s'il eft boîteux , & au-deflous fi c'eft un enfant. Examinons maintenant quels avantages réfulrent des loix de gravité, du mouvement & de l'équilibre ; dans la pratique de la chiruroie &c: de l'accouchement, Celui qui contemple judicieufement ces règles fondamentales de phylique dans le corps humain, verra facilement que notre corps, qu'il fe repofe ou qu'il fe meuve, confervera fon équilibre toutes les fois que la ligne arocentrique parcourra l’efpace circonfcrit par les parties latérales & antérieures des pieds , qu'au contraire fa chûte fera inévitable s'il s'écarte de ces limites, Si nous répétons fur Les enfans les expériences faites fur un adulte, nous apprenons que, fi les condyles ne font pas au milieu de l’occi- pital , fi la colonne vertébrale n’eft pas tortueufe, mais droite, ni l'os Jfacrum excavé , mais tous les vifcères de ce bafin contenus dans laë- domen , nous apprenons ; dis-je | d’après cette infpection, que dans:le corps d'un enfant, ce défaut de parties qui doivent enfin fe déve lopper ( fans égard au centre de gravité) rend impoñlible & l'élévation - de la rête & la progreflion : auffi cette ftruéture des parties , felon: la règle phyfique, rend-elle trop fouvent les enfans fujets à divers: accidens, comme aux hernies par les anneaux de l'abdomen. Si nous confidérons la colonne vertébrale des enfans, & les di£ férens points qu'occupent les centres de gravité & de mouvement ,: ne voyons-nous pas limprudence de ceux qui à l’aide de lifières con. dudtrices les invitent à marcher , & à fe tenir debout , ou plutôt les forcent contre la volonté de la nature , à exécuter une loi qui leur eft alors impoflible. Qu'ils les laiflent donc marcher fur leurs pieds: & leurs mains, jufqu'à ce que cette même nature les ile de laccord parfait des centres de mouvement & de gravité, ou jufqu'à ce qu'ils foienc inftruits par l'expérience qui pañle pour le meilleur: guide. En nous comportant ainfi , nous agirons conformément aux vues de la nature, & nous reconnoîtrons la vérité de ce qu'a die’ Arifloté ‘depuis-plus de deux mille ans fur ce fujer. & Lés enfans, » dit ce philofophe, ne peuvent marcher debout, parce qu'ils fone » trop petits, devenus plus grands & plus forts que la raifon ne le » conçoit , leurs extrèmités fupérieures foutiennent tout le poids du » corps : mais avec l’âge les inférieures prennent plüusid’accroiflement, # & parvenues à une jufte grandeur, elles permettent à l'enfant de » fe tenir debout ». 3 .: On ne doit pas déduire d’un autre principe, Meflieurs , que de certe diverfité du centre‘des mouvemens & de l'équilibre , les 'acci- dens fans nombre qui furviennent fréquemment aux erfans’: la claw- dication , par exemple, réfulte fouvent de leurs fauts imprudens : eu 256 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, effet , lorfqu'’un enfant eft foutenu pat le bras, qui ne voit pas que le centre du mouvement, la gravité du milieu du corps, & le poids extraordinaire qui exifte depuis le centre de gravité jufqu'au centre de mouvement, font fouvent ‘caufe dans la chüte de l'enfant , que toute la violence fe parte dans l'articulation des femurs ; d'où réfulte infailliblement une luxation incurable, & par conféquent une claudi- cation perpétuelle ? Si pour mettre notre corps à l’abri des injures, il eft utile & néceflaire que ces deux points fe rapportent, de quelle ignorance ne doit-on pas accufer les jeunes femmes , du refte aflez foigneufes , qui au tems de la groflefle inclinent fi prudemment leur corps en arriçe afin qu'il foit en équilibre avec Le fœrus ; lorfque pour fe rendre la taille plus belle, elles fe mettent fous Les pieds des fup- ports chancelans qui élevant Le centre de gravité , troublent l'ordre de la nature: A l'exemple des architectes lorfqu'ils voyent du beau, je paiferois ces frivolirés & cette élévation artificielle qui leur rend la taille plus élevée & plus élégante , fi ce procédé étoit conforme à l'intention de da nature: maïs comme il rend les pas chancelans, il expofe aufli les femmes à des chûtes fréquentes , à des entorfes , à des fraétures de rotule. Ce qu'il y a de plus affligeant encore, c’eft que leurs femurs devenant des appuis fans folidité , elles preflent les vertèbres des lombes & diminuent la grandeur de leur bain : fi elles ne veulent nuire ni à elles ni à leurs enfans, qu'elles réfléchifent férieufemenc fur tous ces objets & qu’elles apprennent des fages l'invention du cor- donnier, comme l’a prefque voulu Pofidonius. Jufqu'ici , Meeise nous avons confidéré les loix phyfiques dans un corps fans défaut, mais s’il en exifte, il n'eft pas hors de faïfon de dire en deux mots combien eft utile la connoïffance de ces mé- mes loix, foit pour les détruire en entier , foit pour les prévenir , & comment la nature fe comporte dans ces circonftances, La molleffe des os que nous avons coutume d'appeler rachitis, parce qu’elle attaque principalement la colonne vertébrale , ou parce qu'elle eft une conféquence de fa débilité, cette affreufe maladie , dis-je , hé- las! trop fréquente dans les premiers tems de la naiflance, originaire d'une caufe quelconque, fait que les os fe courbent, & deviennent ‘incapables de foutenir le poids du corps. Que ne doit pas faire le chirurgien très-verfé dans la connoiffance des Joix phyfiques du corps humain! avec quel zèle ne doit-il pas exhorter ceux qui excitent trop tôt leurs enfans à la progreflion & font contracter à leurs extrémités des courbures, fous le propre poids du corps, & auxquelles ni la nature ni l’art ne peuvent remédier! celui qui compare ce vice avec la caufe qui l'a produit, Le guérira ou détournera la difformité, sil emploie SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 emploie fréquemment les fortifians, s’il ordonne que le malade refte couché, & s’il lui défend entièrement la progreflion. Cette terrible façon d'agir , cette mauvaife coutume d’exciter de bonheur les enfans à marcher, ne gâte pas feulement la belle ftruc- ture de l’homme, mais encore elle eft une fource de maux infiniment plus fâcheux, En effet celui qui examine l’aétion du poids de notre Corps fur l'os facrum uni avec la dernière vertèbre des lombes , & qui joint à fes obfervations la preflion exercée par les rères des femurs dans les cavités des os irnominés, celui-là trouvera fans doute, fi le rachitis a lieu , les caufes qui défigurent le baflin , lorfque Les loix na- turelles fe trouvent négligées | & il expliquera comment après un tems donné, ces mêmes caufes interceptent à la mère & à l’enfant le but le plus fage de la nature. ! Si ces exemples que nous avons tirés de la médecine ne font pas pro- pres à vous convaincre, ayons recours à des exemples familiers qui fe préfencenc tous les jours à nos yeux : examinons ce qui arrive dans l'inflexion morbifique latérale ou antérieure de l’épine , qui eft con- nue fous Les noms de courbure & gibbofité & ce qui arrive dans la claudication des deux extrémités inférieures. Arrêtons nous d’abord à la ligne de propenfon & examinons ce qui doit réfulter de la flexion latérale ou antérieure de l'épine, Sans doute felon la loi de gravité, les vifcères qui fe trouvent au-deflus de la léfion , doivent fe porter ou fur les côtés ou vers la partie an- térieure. Pour que dans une telle circonftance l'homme ne foit pas entière- ment courbé vers la terre , il faut 1°. que dans la flexion latérale, la nature le dirige, ou que Part le force à s'incliner fur la partie faine. 2°. Si la partie antérieure fe trouve léfée; il doit rejetter le corps en arrière, afin que par ce procédé la colonne de l’épine redevienne flexueufe, & approche de fon état naturel le plus qu'il fera poñfible. Quant à la claudicarion, qui ne fait pas que, parmi les caufes qui la produifent ; il arrive que les rêtes des femurs fortent de leurs arti- culations & fe fixent à la partie poftérieure des os des îles ? la na- ture bienfaifante vient au fecours de ceux qui font ainfi afiligés, elles forment dans cet endroit des cavités où fe trouvent reçues les têtes des femurs ; mais comme dans ces accidens, les centres de gravité & de mouvement ne font plus en rapport , la nature a recours à d’autres foutiens fondés fur les mêmes principes phyliques : aufli voit- on la plupart de ceux qui font ainfi incommodés , marcher fur les orteils élevés feulement par les os du tarfe & du métatarfe : ainfi guidés par la nature, ils font en forte que le centre de gravité fe trouve , à quelque chofe près, fur le même plan que le centre du mouvement. Alors leur parfait accord rend la chûte impofñible : donc Tome XL , Part, I, 1792, AVRIL, 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ils doivent poufler en avant les lombes & marcher en -balançant ; au- trement dans la progreflion , la ligne de propenfion s'écarteroit du petit efpace circonfcrit! par les doigts des pieds, & la chûte feroic infaillible. , 1 : C'eft ainfi que par nul fecours étranger, fa nature fe fufffant à elle-même corrige les défauts de conformation dans l’homme, fans cependant les ouérir fi radicalement qu'ils ne nuifent dans la fuire: car quoique par la claudication dans l’âge tendre , l’action des muf- cles porte en dehors les tubérofités des os i/chion, la grandeur du bafin n’en devient que plus confidérable , & Paccouchement plus fa- cile,. Combien de fois ne voyons-nous pas des défauts mortels pour'la mère & le færus qui retréciflent le détroit fupérieur du baflin, & qui font les fuites de l’inflexion de l’épine & de la claudication réuntes. D'après ce que nous avons avancé , il eft prouvé que notre art eft fondé fur lobfervation & limitation de la nature , que c’eft d'après fa connoiflance , que les chirurgiens & les accoucheurs pourront être inftruits & heureux dans leurs opérations, ne) DE LAFORME DES CRISTAUX, ET PRINCIPAIEMENT DE CEUX QUI VIENNENT DU SPATH; Par BERGMAN (1) Traduëétion de M. DE MoORVEAU. &. I. Les formes des Criflaux font fujettes à beaucoup de changemens. E:s criftaux font des corps qui fans avoir aucune ftructure organique préfentent néanmoins à l'extérieur une imitation plus ou moins régulière de formes géométriques. Lorfqu'on examine une quantité un peu confi- dérable de ces criftaux, on y trouve au premier coup-d’œil tant de variétés qu'on eft tenté d'attribuer à un jeu de la nature cette multiplicité pre qu’infinie de formes. Il n’eft pas rare que ceux qui font les plus différens par la matière, fe rapprochent par la figure, & réciproquement que ———…—_— (x) Plufeurs de nos Le@eurs qui n’ont point lu les Ouvrages de Bergman, om defiré voir ici cette Differtation, imprimée en 1773 , A@es d'Upfal. i SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 259 ceux qui ont les mêmes caractères diffèrent prodigieufement par la forme, Mais après les avoir bien étudiés & comparés, j'ai reconnu que les criftaux en affez grand nombre qui difléroient feufiblement par leurs angles & leurs côtés extérieurs venoient originairement d'un petit nombre de criftaux plus fimples. : Si on ne s'attache à ces formes, que l’on peut appeler primitives, toute la doctrine des criftaux reftera dans le chaos où elle a éré jufqu'à préfent, & ceux qui entreprendront de les décrire ou de les ranger fyftématiquement , perdront leur tems & leur travail. Il y a déjà plufieurs années que je me fuis occupé de cette recherche, & mes efforts n'ont pas été tout-à-faic infruétueux , puifque je puis en donner quelques effais pat des exemples empruntés des criftaux fpathiques. Commençons par expli- quer (aulli clairement qu'il eft poflible par des lignes tracées fur un plan) comment les diverfes accrétions du fpath peuvent produire des folides très-différens. S. II. Des diverfes formes qui viennent du Sparh, Le fpath calcaire eft, comme l’on fait, un cube ou parallélipipède oblique, dont tous les plans forment un rhombe, dont les angles obus fonc 101 ? degrés & les angles aigus 78 <. Prenons préfentement la géné- ration des divers criftaux par la feule accumulation de ces parallélo- grammes femblables, L (A) Soit ACE GO (Planche I, fig. 1 ) un noyau de fpath dont les angles oppofés D O font dans la ligne de l’axe H I. Suppofons que l’on place au-deflus & au-deflous de cet axe des rhombes contigus qui foient égaux , femblables & parallèles aux plans correfpondans du noyau. ( Pour éviter la confufon des lignes, j'indiquerai feulement les rhombes MP, MQ & MT. C'en eft aflez pour ceux qui ont quelque connoiflance de la Géométrie & de la Perfpective. ) IL fe forme ainfi un prifme hexaëdre compofé de fix parallélogrammes égaux & femblables, terminés des deux côtés par trois rhombes qui fe réuniffent en un angle folide. C’eft la forme de quelques criftaux calcaires, & particulièrement des fchorls: ce qui le fait appeler aufli communément Jchor!aire. (B) Si l'accumulation des plans s'arrête lorfque les côtés du prifme ont acquis le caractère de rhombe, il en réfulte un dodécaëdre cir- confcrit par des rhombes : tels font ordinairement les grenats parfaits. (C) La forme granatique pafle facilement à uné autre que l’on rencontre affez fouvent dans les Ayacinthes, & cela par une application régulière de rhombes égaux & femblables à l'un des angles folides compofés de quelques plans ; car le grenat parfait en a fix de certe forte & huit trièdres , voyez la fep. à , où les lignes ponétuées indiquent la génération du prifme mieux que je paurrois le faire par de longs difcours. Dans Tome ÂL , Part. I ,1792 AVRIL. - LI 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cette opération Les quatre rhombes font changés en autant d'hexagones oblongs LH AB:en LHAabB, &c. (D) Quelquefois les plans qui s’attachent aux plans principaux, quoique femblables, fuivent une certaine proportion décroiflante, Que cette diminution vienne de difette de matière ou de quelqu'aurre caufe, on fent qu’elle doit changer néceflairement l'apparence des plans qui ter- minent la figure , les augmenter ou les retrécir fuivant les circonftances. Revenons à la figure 1°: que l’on applique au noyau central des plans femblables, mais continuement décroiffans comme M p, M 9, Mr, &c. ils fe cermineront enfin en pointe des deux côtés ; ce qui produira au lieu d'un prifme, deux pyramides, l’une fupérieure, l’autre inférieure. Les plans qui fe rencontrent à leur furface , forment desinterfections , ou des bafzs communes dont les angles alternes font tournés vers le haut, & les autres vers le bas, comme on le voit en GFE A CBG. Telle eft la figure des criftaux calcaires que l’on nomme det-de-cochon. Il eft évident que les axes des pyramides font d’autant plus longs que les rhombes décroiflent plus lentement ; & ainfi réciproquement. Si la proportion décroiffante s'arrête avant que Les derniers côtés des plans accumulés difparciflent, les pointes font tronquées ; ce qui fe rencontre aflez fréquemment. Si on frappe avec précaution les bords faillans À H, BH & F H du fpath calcaire pyramidal ci-deflus , il fe divifera en parties teffulaires fpathiques , ce qu’il et pr:fqu'impoñlible d'obtenir avec les alternes CH, E H & GH. La railon en eft fenfible. Dans le premier cas la percuñion eft parallèle à l'accumulation du plan. Dans le fecond elle porte fur l'interfedion de deux plans. La pyramide inférieure a la même propriété, mais avec cette difference qui tient effentiellement à fa ftrudture , que le bord A HF eft précifément dans le cas oppolé au côté À H, & ainfi des autres fuivant leur pofition refpective. (E) I arrive encore affez fouvent que les plans fondamentaux font eux-mêmes tronqués : fi on y applique des plans qui leur reflemblent, il en réfultera pour lors néceflairement des formes plus ou moins différentes des formes complettes. Il y en a une infinité d'exemples. Je crois devoir en expliquer ici quelques-uns, Scient ABCDEFG, fg. 3, trois rhombes qui forment le fommet d'u criftal fchorlacé complet. Suppofons maintenant le rhombe À C tronqué füivant la ligne a b , le rhombe C G fuivant la ligne cZ & le rhombe EG fuivant la ligne ef, le prifme hexagone régulier A BCD E F pañlera auffi à la figure irrégulière a & Bc 4 D ef F compofée de neuf côtés inégaux dont le fommet préfentera les trois pentagones irréguliers abBGF, cdDGB & efFGD. Je pofsède de pareils criftaux calcaires & de fchorl. De ce genre font encore la plupart des tour- mire SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 261 malines groflières, particulièrement du Tyrol & de Ceylan, dont je m'occuperai ailleurs plus particulièrement, Il eft évident que la circonférence pentagone a & B G F fe rapproche d'autant plus de la forme triangulaire, que l’efpace eft moindre entre 42 & BF. Il en eft de même des aurtes troncaturés , & lorfque les lignes ab,cd,ef viennent à fe confondre avec les diagonales, il en réfulte un prifme trièdre terminé par trois triangles. Si les lignes de troncature ab,cd & ef fe rapprochent encore davantage, mais toujours épale- ment du centre G , la forme demeurera la même. (F) On peut concevoir la forme granatique comme un prifme bexaëdre terminé des deux côtés par trois rhombes qui fe réuniffent à leurs fommets, & la compofer de quatre cubes fpathiques égaux arrangés convenablement. J’en ai donné la génération dans la fettion B, & elle . eft repréfentée par les majufcules de la 22. 4, Maintenant fi au lieu de rhombes complets, nous fuppofons autour de l'axe une accumulation femblable dans les rhombes qui aient leurs angles extérieurs tronqués , ou , ce qui eft la même chofe, fi les bords du prifme font coupés fur leur longueur par des plans parallèles à l'axe, il en réfultera un dodé- caëdre formé de pentagones indiqué par les majufcules. On trouve des criftaux calcaires de cette efpèce, mais ordinairement fi petits que e coincide prefqu'avec a, davec e, &c. d’où il arrive que le pentagone abcde prend une figure approchant du triangle. C’eft auf celle que quelques auteurs leur donnent faute de connoître leur véritable for- mation. On rencontre quelquefois des formes complettes mélées aveg les formes pyritacées de cette variété. D’autres fois tous les bords du grenat font tronqués, ce qui porte le nombre des côtés à vingt-quatre hexagones oblongs, & ce change- ment fe fait encore manifeftement fuivant les principes que nous avons établis. Si l'interfection c d des plans ec, cr tombe hors du plan BG, il en réfulte une forme bien différente. (G) La figure hyacinthique (feét. C ) a auf fes troncatures; en voici- une remarquable qui fe trouve dans les montagnes d'Hercynie (1). Ce font des criftaux cruciformes ABCDEFGHIKLM ,fg. 5. Leur fommet eft en C: la partie ABCLca, eft toute fur Le même plan incliné; il en ef de même des autres côtés homologues. Pour en découvrir la forme primitive, complettons les rhombes cN,cO,cP & cQ, de manière que l'œil placé au-deflus de l'axe qui pafle par c les apperçoive comme des quarrés fur le plan qui eft au-deflous, & nous aurons le rudiment de la figure hyacinthique ; car on peut aufli con- Q) M: Ehrhart, obfervateur infatigable de la nature m'en a envoyé de femblablesa Ces criftaux ne font pas çalcaires , quoiqu'ils en aient ’apparençe » IN AÿS QUALÉZEUX 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cevoir la forme granatique comme un prifme quadrangulaire compofé de quatre rhombes qui fe réuniflent feulement à leurs: fommets, 8 terminé des.deux côtés par quatre rhombes difpolés en pyramides, Cetie forme un peu plus allongée, c'eft-à-dire, augmentée par lapplicarion de plans égaux & femblables fur les pyramides produit la forme hya- cinthique. Elle peur donc , avec;raifon , en étre nommée Le rudiment.. (H) Si les plans ajoutés font femblables entr'eux , mais différens des plans fondamentaux fur lefquels on les applique, il en réfulte.un grand nombre de variétés. Je crois inutile, d'en rapporter ici. les,exemples. Ce que j'ai dit, fait aflez connoître la manière! de Les ramener facilement à leur forme, primitive. (D). Ceux qui regarderoient certe doétrine comme une, fpéculation purement géométrique, n’ont qu à examiner des.criftaux calcaires. Leur tiflu lâche, brifé fucceflivement & avec précaution leur en démontre merveilleufement la ftruéture intérieure (1). Pour ce qui eft des autres criftaux plus folides , dont nous avons décrit les. formes, leurs patties font unies trop étroitement pour qu'onpuifle!les,appercevoir. diftinéte- ment dans la fraéture. Les criflaux fchorlacés prélentent encore aflez fenfiblement la texture fpathique. Ceux de forme, granatique font auf très-certainement compofés de petites lames, Il fufit de les regarder attentivement pour s'en convaincre. (&) Ainfi nous voyons des prifmes à trois, quatte, fix ou neuf côtés , & terminés par différens fommets, fuivant les circonftances. Nous voyons des criftaux pyramidaux dodécaëdres cruciformes & autres figures refpectivement très-différentes produits par la même figure fpathique. IL eft bon de remarquer qu’elles fe montrent prefque toutes fans que la matière éprouve aucun changement dans fes propriétés, ce qui nous avertit de ne pas donner trop de confiance à la forme : car fi ce caractère qui tient certainement le premier rang dans les caractères extérieurs , eft cependant fi trompeur, que dira-t-on des ‘autres? & comment peut-on fe flatter d'établir:tout le fyftème minéralogique fur une pareille bafe ? On ne doit pas fans doute négliger ces apparences; mais celui qui les croit fufffantes s'abufe. Elles peuvent aider un œil exercé , mais elles ne prouvent rien. $. ITT De la figure des plus petites parties. Puifque les particules fpathiques accumulées d’une ou d'autre manière produifent des formes fi diverfes, il eft probable que la différence extérieure de tous les criftaux vient d’un petit nombre de variétés de leurs élémens CG (x) Le noyau central du fpath calcaire pyramidal a été obfervé pour la première fois par mon très-cher difciple M. Gabhn, “ n SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 riécaniques. Où demandera cependant fi les plus petites molécules des parties intéprantes , & qui font en quelque forte les premiers rudimens fotides poflédoient continuellement ane fgure anguleufe déterminée, où filles Pacquéroïent par la criftallifation ? Voici les obfervations que ‘j'af pu recuëillir jufqu'à préfent fur ce fujer. (A) Si on examine la loupe les-molécules qui fé féparent de l’eau de chaux expofée à l'air libre, on reconnoît qu'elles dnt laforme fpathique. (B) Lorfqu'on obferve attentivement de plus grandes maffes fhathiques, on y appsrçoit aflez fouvent des ftries dont la direétion eft diagonale, ous vérrons bientôt qu'on les découvre aufli quelquefois dans les criftaux falins, &'elles manifeftent leur fHuctare intérieure. (C) On apperçoit des traces de la éompofñtion intérieure du feb commun , non-feulement par les quarrés parallèles à fes bords extérieurs que l'on remarque affez fouvent fur chaque face , & qui décroiflent à l'intérieur continuement., & d’une manière régulière ( fg. 6). En efer, chaque cube eff compofé de fix pyramides quadrangulaires creufes’, réunies à leur fommet, & par leur furface extérieure, qui étant toutes remplies de pyramides femblables & de plus en plus petites comtpletrent enfin Ja figure. En ménagçant l'évaporation, on peut obtenir en pyra- mides féparées (7), enfuîte ces fix pyramides arrangées autour d'un centre plus ou moins creufes ou folides, & fuivre ainfi tous les progrès de l'opération depuis les premiers rudimens de la criftallifation jufqu’à fa perfection. Il en eft de même du muriate de potaffe auquel on a donné le nom de fel de Sylvius, du muriate d’argent criftallifé (r), 8& même de la galène ou pyrite de plomb, qui fe régénère ordinairement à Falhun dans les amas de minérais auxquels on fait fübir à l'air une efpèce de calcination froide. Le nitre de foude qui a une figure fpathique montre encore une pareille difpofition de pyramides, & prefqu’auffi diftinétement que les criftaux cubiques dont nous venons de parler. La difloiurion d’alun rapprochée par l'évaporation produit communément des oaëdres folides, quelquefois cependant des pyramides creufes , & lors même qu'elles font remplies, les lignes de jointure font encore fouvent vifibles. (D) La même ftruéture s'annonce dans d'autres fels par des diagonales fenfibles. Le tartre de foude ou fel de {eipnette eft un prifme hexagone dont on connoît la coupure dans la fg. 8. Lorfqu’il eft complet on ne peut découvrir l'arrangement intérieur de fes parties; mais lorfqu’il fe forme au fond de Ja liqueur, le côté inférieur ne.peut prendre fon entier accroiffement (2. 9) ,& les diagonales indiquent la troncature de ce parallélogramme ( fg. 10) ; le phofphate natif de l'urine humaine, & que l’on nomme fel microcofmique fe criftallife dela même manière, mime" {) C, H. Lommer. 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Obfervons d'ailleurs que deux des triangles verticaux font très-rranfpa- rens, & Les deux autres plus ou moins opaques, ce qui annonce certai- nement une fituation différente de leurs parties élémentaires. Je polsède des criftaux de nitre fur lefquels on diftingue cës diagonales qu'une réunion plus intime ne permet pas ordinairement d'appercevoir. (E) L'examen ultérieur de chaque pyramide creufe du fel marin fait reconnoître qu’elle eft compofe de quatre triangles, & chacun de ces triangles de lignes parallèles à la bafe qui ne fonc elles-mêmes qu’une fuite de perits cubes. Ainfi, quoiqu'il paroïfle aflez clairement que la génération de tous Les criftaux eft due à l'application des pyramides dont des côtés plus ou moins érendus &,en nombre différent produifent les formes différentes, cependant il refte encore de l'incertitude fur la queftion de favoir, fi la mème ftructure intérieure a lieu dans ceux qui échappent à la vue , & fi les premiers élémens folides ont par eux-mêmes, une FER déterminée, ou fi au contraire ils l'acquiérent d’abord par la téunion de plufreurs de ces molécules. Nous favons que les plus petites concrétions que l’œil puifle apperce- voir à l’aide du microfcope font figurées de même ; mais ce font déjà des compofés. En attendant qu'on lève le voile qui couvre ce myftère, je ne puis m'empêcher de comparer la criftallifation à la congélation de l'eau. Les parties aqueufes qui paflent à l’état concret éprouvent une double action , l’une qui les forme en filets, l'autre qui arrange ces filets de manière à produire des angles de 60°. De-là on tire l'explication de voutes les variations de la neige. La figure la plus fimple eft compofée de fix rayons égaux (1) qui partent du même centre, & qui divergent fuivant V'angle indiqué (fig. r1 ). Les extrémités de ces rayons étant réunies par des lignes droites , l'angle refte le même, ce qui a lieu également, fi on remplit chaque triangle de lignes droites parallèles à fa bafe (fg. 22). J'obferverai en paflant que j'ai vu des prifmes de neige hexagones. Suppofons maintenant dans Les molécules qui peuvent prendre la forme criftalline une tendance à produire des filets, & dans ces filets une difpofition donnée à fe réunir fuivant une égale déclinaifon, & nous aurons tout-à-la-fois les triangles & les pyramides qui font compofés de ces triangles, quoique les premiers élémens n'aient point de figure déter- minée. La différence des angles d’inclinaifon feront varier les triangles & les pyramides, & de-là toutes les diverfes formes de criftaux que l'on peut en quelque forte déterminer par le fecours de la Géométrie d’après les angles donnés. Nous avons fuppofé deux tendances , parce qu'il paroît qu’il y a deux (1) De Mairan. effsts SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 265 efets ;maîs l’un & l’autre viennent fans contredit de la même caufe, c'eft-à-dire , de l'extraction réciproque des particules, qui fuivanc leur poñtion & leur figure particulière les difpofe d’abord en filets, & réunit énfuite ces friets également inclinés, J’attribue une figure propre & déterminée aux élémens mécaniques, parce que je ne puis concevoir autrement pourquoi la même caufe porreroit certaines fubftances à un angle , d’autres fubftances à des angles différens, & cela toujours conf tamment. Au refte, cette conjecture , quoique très-probable , mérite un plus ample examen ; car lorfqu’on répand fur l’éleétrophore de la réfine en poudre qui doit contenir des molécules très-diverfement configurées par hafard , le fluide électrique en forme des étoiles prefque femblables à celles de la neige. $. IV. De combien de manières fe forment les Criflaux. Les particules ne peuvent produire par l'attraction des formes déter- minées & fymmétriques, qu'autant qu'elles font libres, & que rien ne s'oppofe à leur mobilité. C’eft ce qui fe rencontre parfaitement lorf- qu'elles font plongées dans quelque fluide équipondérable; & cela peut arriver principalement de trois manières , ou par le moyen de l'eau , ou par la fufion que produit la chaleur, ou par la volatilifation qu’elle occafionne : nous les examinerons fucceflivement, (A) L'eau eft le moyen le plus ordinaire de criftallifation, parce qu'elle fe charge facilement des matières falines, & qu’elle les préfente fous forme concrète, lorfqu’elle eft fufifamment diminuée par l'évapo- ration. On a même cru jufqu'à ce jour, qu’il n'étoit pas poflible d'obtenir des criftaux fans ce véhicule. Mais ce ne font pas les matières qui fe diflolvent réellement dans l'eau , qui y prennent des formes déterminées : ce font encore , fi je ne me trompe, celles.qui y font mêlées dans un degré fufifant d'atténuation. En effer, les fubftances qu’elle ne peut difloudre y demeurent néanmoins fufpendues , lorfqu’elles ont été divifées au point que le volume qu'elles ont acquis, refpectivement à leur mafle les reñde équipondérables au fluide ambiant. Il r’eft pas douteux que les molécules peuvent s'attirer réciproquement, & qu’elles ont la mobilité néceffaire ; pourquoi donc ne donneroient-elles pas des criftaux ? Ja plupart des terres que l'on trouve dans Le règne minéral fous une forme régulière & fymmétrique, ont été vraifemblablement réunies de cette manière. Je conçois qu'il faut diftinguer le mélange mécanique & .la vraie diflolution, quoiqu'ils fe rapprochent par Féquipondérance. Les fubftances qui dans le premier cas adhèrent à un véhicule liquide reftercient au fond, fi on les v placoic fans les agiter, & ce qui eft foluble dans un menfirue, fe diftribue fpontanément dans toute la mafle même fans agitation, quoi qu’on ne puifle nier qu'elle accélère l'opération. TmoeXL , Part. I, 1792. AVRIL, * Mm = # 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . (B) On obtient aufli des criftaux par la fufion au moyen d'un refroi- diffement lent. La matière de la chaleur paflant au travers des corps folides inorganiques , les ramollit & les liquéfie , lorfqu'il y en a une fufifante quantité. Elle pénètre leurs particules , les défünit ; & leur com- munique une telle mobilité qu'elles deviennent fufceptibles d’obéir endant le refroidiffement à l’attraétion qui les arrange fymmétriquement, Ainfi le foufre fondu préfente des aiguilles lorfqu'il fe durcit, & devient à l'inftant électrique, Le bifmuth, le zinc, & l’antimoine, donnent en quelque forte des régules reflulaires. Ce n'eft:pas feulement à la furface fupérieure , c’eft dans l'axe entier du culot que le dernier eft étoilé lorfqu'il pañle à l’état concret dans un creufer conique. Le verre fondu & refroidi lentement fournit aufli de très-belles criftallifations. Les fcories que l’on tire des fourneaux où l’on fond la mine de fer en y ajoutant de la pierre calcaire, m'ont quelquefois préfenté des figures régulières prifmatiques. J'ai obtenu des octaëdres complets dans les fcories, en fondant le fer crud par le mêlange de la chaux. Je pafle fous filence bien d’autres exemples. Dans les grandes maffes fur-tout de matière de difficile fufñon, les parties fupérieures pèfent tellement fur celles qui font au-deffous , qu’on n’y apperçoit aucune trace de criftallifation , quoiqu'il s'en trouve d'aflez belles à la furface de l'or , de l'argent, du fer, & de quelques autres métaux, On s'ésonnera peut-être que je rapporte ici la congellation de l’eau. Mais cet étonnement ceflera quand on examinera la chofe férieufe- ment. L'eau n’eft réellement liquide que par le moyen de la matière de la chaleur; & en la perdant à un certain point, elle fe criftallife en glace. Nous avons déjà comparé la congellation avec la criftallifa- tion. J'indiquerai ici une nouvelle analogie. La neige ou la glace jectée dans l’eau chaude détruit en quelque forte pendant fa diflolution une quantité de chaleur qui répond à 72° de notre thermomètre { 57 + thermomètre de Réaumur }; les fels neu- tres criftallifés fe comportent de même & refroidiflent l'eau quoiqu’on les ait tenus pendant plufeurs jours à la même température avant de les difloudre. Ils acquièrent en effet dans cette diflolution une plus grande furface , & par cela même font en état de prendre & de fixer une plus grande portion de matière de la chaleur, cette matière ainf enchaînée perd la vertu d'échauffer. Il eft donc néceffaire que le mer- cure du thermomètre s’abaifle dans l’eau qui a éprouvé cette privation, Réciproquement la chaleur doit être augmentée pendant la criftalli- fation, & on peut l'obferver facilement , lorfqu'’une grande quantité de fel pafle fubitement à l'état folide. La furface diminue par la réu- nion des parties falines. Elles ne peuvent retenir la même quantité de matière Calorifique qu'auparavant, La portion furabondante dé- 4. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 267 gagée recouvre la faculté ’échauffer, & l’exerce en raifon de fa uantité. À (C) La chaleur ne rend pas feulement les corps fluides, elle em= porte aufli avec elle plufieurs fubftances. Son principe matériel pénè- tre les parties intégrantes, les écarte, les atténue , & les rend fi légè- res par fon union qu’elles peuvent s'élever dans l'air. Lorfque les mo- décules font redevenues libres à un certain point par le refroidiffement , elles obéifflent à l’attration & fe grouppent aflez fouvent en criftaux, C'eft ainfi que la fumée du régule d'antimoine fe condenfe en peti- tes aiguilles que l’on nonume fleurs argentines. La galène qui fe trouve communément dans les mines de cuivre de Falhun s'élève en vapeurs dans les tas de minerais auxquels on a fait fubir la caleination que l’on appele froide, & ces vapeurs régénèrent dans les couches fupérieures des pyramides creufes deftinées à former des cubes de galène abfolu- ment femblables à ceux du fel marin, Jai trouvé de fuperbes criftaux blancs , jaunes & rouges , les uns tétraèdres , les autres oétaèdres , dans les tas de minerais arfénicaux sr l'on grille à Loéfaofen. Quelques-uns de ces criftaux préfentent es pyramides creufes dont les côtés font compolés de filets parallèles à la bafe , abfolument comme dans les criftaux formés par la voie humide, de forte que le même méchanifme analogue à la cengellation paroît fe trouver dans toutes les criftallifations. Penferoit-on que les pyramides creufes ne font que des accidens qui ne fervent en aucune manière à la génération des criftaux folides ? Mais les criftaux com- plets montrent fouvent encore par des lignes fenfibles les jointures de ces pyramides, & en wpérant convenablement, on peut fuivre pat degrés la progreflion des premiers rudimens du criftal , jufqu'à fon entière formation. Que cette ftructure foit commune à tous les crif- taux, ce qui eft probable, il n’en réfulte cependant rien de contraire à ce que nous avons dit précédemment des criftaux fpathiques , puif- que leurs élémens produifent facilement des pyramides femblables orf- ‘qu'ils font difpofés convenablement dans cette vue. Les fommets des pyramides fe réuniflent en certain nombre aurour d'un même point , il peut fe former un prifme quelconque, & de même une pointe par une feule pyramide dont le fommet eft tourné en dehors. Le prifme hexaëdre peut être ainfi produit, & de diverfes manières, Soit le cube ABCD (fig. 15) fion y applique des deux côtés ABE, & DCF, on aura la forme défignée, C’eft comme cela que le fel marin prend quelquefois, mais très-rarement, une pyramide (r). Prenons maintenant l'octaëdre AC BD (fg. 16) & appliquons à l’un (x) Cepeller prodro, Crifallograph, Tab. IT, fig. 11. Tome XL , Part. 1, 1792. AVRIL, M m 2 rs TD | FR | { bi EN LRU s j 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : des deux fommers ou à rous deux les pyramides creufes BD a fee blables & égales à celles qui doivenr leur tervir de bafe, & on aura 2 la même figure. Je dois avouer cependant que je n'ai jàmais vu de Talun en prifme, mais fouvent en oétaëdres imparfairsämoncelés (fg-17). La pyramide té ragone peut être compofée de térraëdres, par conféquent le cube peut l'être de 24, ou 32 sil eft terminé par deux pyramides, Voilà une nouvelle conftruétion qui 4 lieu certainement dans quelques | occafions. Car comme je l'ai dit ci-devant, les criftaux d’arfenic font mêlés d'octaëdres & de tétraëdres qui peuvent ainfi fe changer facilement Jun en l’autre. 4] Les prifmes hexagones fe forment plus difficilement de femblables pyramides qui aient un nombre égal de côtés à moins qu'on n'y ad- mette des tétraëdres. Il y a dans la fioure dix-huit un concouts de quatre pyramides hexagones, & de fix pyramides rétragones. Les pre- mières penvent fe changer fans difficulté en fix tétraëdres irréguliers, & les derniers en deux ou quatre ( gi 29). La mafle entière feroit donc compofée de-quarante-huit à fuppoler que -la nature fuive certe marche, Il faut convenir que cette conftruétion £ foutient d'elle-même à bien des égards: car elle n’exige que les élémens les plus fimples, & en même tems propres à toutes les formes de criftaux. Peu importe que les tétraëdres néceflaires à cette opération aient quelquefois leurs côtés diflemblables & inégaux. On ne peut douter au furplus que les criftaux ne foient fouvent formés de tétraëdres ; & c’eft-là le point capital, Toutes ces confidérations font certainement d’un grand poids, Cependant comme dans les élémens pyramidaux du fel marin, je n'ai pas encore pu voir un feul tétraëdre , la feule logique ne permet pas de tirer une conclufion générale , il vaut mieux s’atracher à des ob- fexvations vraies qu'à des fictions ingénieufes, & s'appliquer à décou= vrir plutôt qu'à deviner les myftères de la nature, Je fuis bien afluré que la nature emploie fréquemment des pyramides, mais il y a en- core bien des difficultés à réfoudre avant de décider fi cela arrive tou- jours, comment cela fe fait, & ainfi du refte. Dans le grand nom- bre d’occafons que - j'ai eu d'examiner des fels , j'ai toujours été at- tentif au mécanifme de leur concrétion. J'ai rapporté les phésomè= ns les plus importans que j'aie obfervés , j’y ai ajouré les diverfes ré- fexions qu’ils m'ont fait faire , afin que de plus habiles ferurateurs puif- fent dévoiler un jour compleiteiment le fftême des attractions pro- chaines qui fe montre fur-tout & d'une manière prefque palpable dans la criftallifation. : $. V. La Criffallifation doit-elle étre attribuée à un Sel étranger ? Quelques modernes confidéranr que la plupart des fels afe@ent une forme anguleufe aflez conftante , ont penfé qu'ils avoient feuls certe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 269 propriété, & lorfqu'ils ont trouvé d’autres fubftances de même, ont attribué cet effer à quelque fel caché. Les réflexions fuivantes mettront à même d'apprécier cette opinion, C (A) La criftallifation érant l'ouvrage de l'attraction , & toute ma- tière étant foumife à l'attraction, il »’y a nulle raifon de revendi- quer pour les feules fubftances falines cet accroiflement révulier &e fymmétrique quoiqu'il aic lieu plus fouvent & plus facilement pour elle, à raifon de leur folubilité dans l’eau. Toute autre voie par laquelle les parties intégrantes font fuffifamment divifées & rendues libres , donne également des criftaux. (B) En examinant les fels on reconnoît qu’ils paflent d'autant plus difcilement à l'état concret, qu'ils font plus fimples & plus émi- nemment pourvus de propriétés falines, On peut donner pour preuve de cette vérité les acides minéraux & les alkalis cauftiques , qui lorf- qu'ils font purs & exempts autant qu'il eft poffible de toute hétéro- généiré, ne font , à vrai dire, pas fufceptibles de criftallifatior., { (C) Les formes femblables ne dépendent pas d'un acide. Car, fans parier de bien d'autres exemples, le même acide exifte dans le nitre Prifmatique & dans le nitre quaurangulaire. La bafe feule ne produire pas davantage , l’alkali véoétal & lalkali minéral faturés d'acide marin donnent également des cubes. Ainfi la forme extérieure doit être attribuée au diflolvant & à la bafe unis. Mais il ne faut pas croire pour cela que le même fel exifte par-tout , où l'on découvre la même figure. Les nitres de plomb & de nikel ne contiennent pas un atome d'alun , quoiqu'ils donnent l’un & l’autre des oftaëdres. (D ) La criftallifation varie confidérablement, quoique la matière foit la même, nous en avons précédemment donné les preuves pour les fubftances calcaires. On trouve quelquefois dans la claffle des py- rites des cubes ftriés d’une manière particulière , & telle que les lignes d’une face font perpendiculaires à celle que l’on remarque fur les qua- tre faces contigues (f£g. 13.) Mais on obferve d’ailleurs dans cette famille des tétraëdres , des octaëdres , des dodécaëdres, & des icc- faëdres , ainfi tous Les folides de la géométrie s'y rencontrent, (E) Enfin il y a un nombre infini de criftaux abfolument exempts de tout fel , ou qui en tiennent fi peu, que jufqu'à préfenr aucune ex- périence n’a pu en découvrir les moindres traces. J'ai des prifmes hexa- gones de mica compofés de petites lames parallèles, dont les filer élémentaires font arrangés d'une manière particulière (f2. 14). On trouve fouvent les pierres précieufes , les grenats, les fchorls , & autres corps terreux Criftallifés, quoiqu'il ne foit pas poffible d'en rien retirer de falin par l’analyfe. On peut en dire autant de l'or, de l'argent, & des autres métaux natifs, de même que de l'or, de l'argent, du plomb, de 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'étain, du bifmuth & du zinc unis au mercure, qui prennent deg formes régulières & diverfes fuivant Les diverfes dofes (x). S'il eft permis de fuppofer un principe falin occulte que l’on Rp découvrir, il paroît que c’eft fans fondement qu’on lui attribue aflez de vertu pour difpofer toutes les molécules dans l’ordre néceflaire à la criftallifation : du moins la caufe ne répond-elle pas à la grandeur de Veffer; car comment fe peut-il que cette matière faline dont on ne découvre aucun veftige dans l’eau pure par les moyens les plus fenfbles, produife néanmoins la criftallifation de la glace avec une force capable de vaincre tous les obftacles , & même de rompre le fer. Comment cette matière qui ne fe manifefte par aucun réactif peut-elle dans l’amalgame d’or amener les molécules pefantes des deux métaux à une difpofition fymmétrique ? Quel eft Le principe falin qui fait le régule d’antimoine étoilé? Quel eft celui qui exifte dans les lames hexagones du mica? C'en eft affez fans doute pour ceux qui veulent affeoir leurs connoiffances fur des expériences claires. Pour ceux qui aiment les hypothèfes, cent expériences concluantes ne Les défabuferont pas. a D RP NAT MOINE INA EG 2, DE M FAN-MARU M, A M. DELAMÉTHERIE. (LA PNCOAEAS Je fuis extrèmement furpris de voir dans ce moment que vous avez inféré dans votre Journal , cahier de février 1792, une Lettre, dont le commencement fait voir d'abord à chaque perfonne impartiale, les mauvaifes intentions de fon auteur à mon égard. Quoique j'ofe me Batter , que ma réputation dans le monde litréraire eft trop bien établie, pour craindre qu’on donnera facilement confiance à un ouvrier que j'ai congédié; & quoique j'aie donc cru jufqu'ici qu'il étoit au-deflous de moi de me défendre contre’les'calomnies qu’il a répandues à mon égard depuis fon congé en juin dernier, l'infertion de l'extrait de fa lertre dans votre Journal, m'oblige cependant de dire à préfent ce qui en eft. M. Fries eft un ouvrier que j'ai tiré de l’indigence dans laquelle je le trouvai à Londres en 1790. Me fant fur la recommandation de fon honnête famille de Strafboure , je lui ai procuré, en feprembre 1700, auprès de notre fondation Teylerienne un établiflement dont il étoic (x) Mémoires de Chimie , par M. Sage. : L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7: très-conrent pendant plufieurs mois. Après avoir été environ trois mois ici, les bizarreries de fon humeur & fon étourderie augmentoient cepen- dant de jour en jour , de manière qu'il étoit fouvent tout-à-fair inhabile pour lui confier de l'ouvrage qui exigeoit quelqu’attention de fa part. J'ai pris long-tems patience, dans l'efpérance qu'il s’en corrigeroit , fur-tout parce qu'il me marquoit toujours d’être fort content de la fituation que je lui avois procurée. Voici comme il s'explique à mon égard , après avoir été prefque fix mois ici, dans une lettre du 23 mars 1791 , par laquelle il me promet de vouloir fe corriger. « Je vous aflure, Monfeur , du fond de mon cœur , que je fuis tout- » à-fait convaincu, non-feulement de votre manière de penfer envers æ moi, par des preuves d'amitié journalières, dont je fuis comblé dans » votre Maifon, mais encore des peines & des foins , que vous vous êtes » donnés pour fatisfaire à mes defirs », Nonobitant fes belles promefles & paroles, fa mauvaife humeur saigrit, bientôt après, de plus en plus ; il difcontinua enfin fon ouvrage pendant plufieurs femaines , & il fe comporta de manière, que meflieurs les direéteurs de la fondation Teylerienne furent enfin, comme moi, d'avis, au commencement de juin, qu'il n’y avoit plus rien à efpérer de lui. Depuis ce tems-là il s'eft permis de répandre plufieurs calomnies à notre égard. Aufli nous avons vu déjà , depuis plufieurs mois, l'extrait de la lettre que vous venez d’'inférer dans votre Journal. Il en avoit envoyé une copie à M. Damen , profefleur à Leyde , qui me l’a fait voir, Je prouvai à l'inftant à M, Damen, que ce qu'il avançoit au commence- ment de certe lettre, n’étoit qu’un menfonge. Voici la traduction litté- rale du témoignage que M. Dame a fait imprimer en forme de lettre au Rédacteur d’un Journal hollandois , qui a le titre: Algemeene Konff & Letter, bood , N°. 183. « Ce que Fries dit dans le premier tout-à-fait » mal-intentionné paffage de fa lettre, que la defcription de la machine » eft la fienne, M. J’an-Marum m'a évidemment démontré que c'eft » entièrement faux. Lorfqu’en retournant avant-hier d'Amfterdam , je » me trouvai chez M. Van-Marun , je lui fs Lire la lettre de M. Fries, » ce monfeur me fit voir le brouillon original de cette defcriprion , écrit # de fa propre main, changé & corrigé en plufieurs endroits. On voyoit » par-ci & par-là que Fries y avoit écrit quelques mots, avec un > crayon, qui avoient uniquement rapport au françois, afin de lui » donner plus de rondeur & de correction. Ce brouillon corrigé a été » exactement copié pour la prefle. Vous voyez donc , Monfieur , le faux » des aflertions de Fries , en s’appropriant la defcription de cette > machine. Leyde, 2$ décembre 1791 =. À la fin de cette lettre, M. Fries difoit que c’étoit l'extrait d’une lettre écrite à fon très-cher ami M. Cavallo, Il s'eft fervi sûrement de cette 272 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, expreflion, pour faire dériver de certe prétendue liaïfon avec le célèbre Cavallo , quelque crédit pour fa lettre, Voici cependant ce qui eft de cette liaifon par l’exrrait fuivant d'une lettre que M. Cavallom a écrite le 23 décembre dernier, « M. Fries wrote to me foinerimnes ago, men- >» tioning teat for feveral reafons he wes oblisged ro heave Hoiland, » where his expeétations had been much defappointed. Being unacquain- >» ted with the particulars, and fufpecting his want of conduct, fean » only fay, that he has coft an excellent fituation, in Which under . » your protection , he might have engoied comfort, emolument , and » honour ». Et dans une lettre du 7 février, M. Cavallo m'a écrit, « de » n'avoir pas fait aucun ufage de cette lettre de Fries, de n'y avoir pas » même répondu, & de penfer, qu'on ne peut mieux faire , que de ne » point fe foucier de lui ». Vous voyez donc , Monfieur , combien peu Fries eft eftimé par fon prérendu ami M. Cavallo , qui a regardé fa lettre avec Le mépris qu'elle mérite, J'aurois bien voulu que vous eufliez également mis de côté la lertre fufdite, & que je ne me trouvafle pas à préfent dans la néceflité de vous prier inftammenñt, d'inférer celle-ci dans Le premier cahier fuivant de votre Journal, afin qu’on puifle juger fi les mauvaifes induétions que Fries tâche d’infpirer à mon égard , méritent quelqu'attention. Au refte, je laifle entièrement au Public impartial de juger, fous quel point de vue il faut confidérer un ouvrier , dont le témoignage en main d’être comblé de bienfaits, & qui s’eft permis cependant de publier fous fon nom la defcription & le dellin d’un nouvel appareil, dont je lui ai confié mes premiers deffins. Je remarquerai feulement, que quoique Fries fe vante d’avoir exécuté l'appareil entier, il,n'en a fait pourtant qu'une partie: ce qu'on pourra diftinguer facilement, en comparant ma defcription que j'ai publiée dans use lettre à M. Bercholles, du 3x décembre 1791 , avec la defcription défectueufe que Fries a donnée. de ces parties de l'appareil qu'il n’a pas fait, & dont il n’a pas bien compris les idées que je lui avois communiquées. Enfin, après avoir fait voir, par l'extrait de-la lettre fufdite de M. Damen, quel menteur eft cet ouvrier Fries, je verrai avec indiffé- rence tout ce que fa méchanceté lui pourra infpirer, & je fuivrai à l'avenir entièrement Le confeil de M. Cavallo , de ne point me foucier de lui. Je fuis, &c. Harlem, ce 253 Mars 1792. SITEPENRE NT ATOME Note de M. Delametherie. L'article dont fe plaint avec tant de raifon M. Van- Marum n’a échappé à ma très-févère & jufle circonfpeëtion de ne rien laiffer imprimer qui puifle choquer perfonne , à plus forte raifon un favant auffi eflimable que lui, que par un concours de ces circonflances qui n’ont que trop fouvent lieu dans les Ouvrages périodiques, EXPÉRIENCE SUR LHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 273 EEE —— EXPÉRIENCE Qui fait connoître la néceffité d'employer le Cuivre pur dans l’alliage de l’Argent à monnoyer ; Par M. SAGE. Ex France l'argent monnoyé était à onze deniers’, c'eft-à-dire, allié d'un douzième de cuivre. Aujourd’hui les pièces de quinze & trente fols font à huit deniers ; deux parties d'argent s’y trouvent donc alliées à une partie de cuivre, ce qui eft caufe que ces pièces ont un fon différent de cellss qui contiennent moins de cuivre. Cependant dans quatre pièces de trente fols , il fe trouve autant d’argent que dans l’écu de fix livres. M. Roitier directeur de la monnoie de Paris ayant acheté en 1791 du-cuivre des intéreffés aux mines de Poullaoen, l’employa pour l'al- liage de l'argent , après lavoir coulé , laminé, fecuit, réduit en flaons & les avoir recuits. Ces pièces prennent fur leur furface une couleur noirâtre. Pour blanchir ces Aaons il faut les dérocher, c’eft-à-dire en- lever la portion de cuivre calciné, & de fer qui les colore ; ce der- nier métal patoît fourni par le laminoir ; quoiqu'il fe trouve en pe- tite quantité à la furface des flaons, il y en a affez pour leur faire dévier une aiguille aimantée. On blanchit les flaons en les faifant bouillir dans de l’eau avec deux patties de tartre rouge & une de fel marin ; dans cette opéra- ration les pièces de quinze fols diminuent d’un grain, celles de trente fols d’un demi-grain fort. L’argent allié avec le cuivre antimonial de Poullaoen n'étant point forti blanc de cette leflive de tartre & de fel marin qu'on nomme zirepoil dans les atteliers , M. Befnier aufli directeur de la monnoie de Paris m'apporta à effayer le cuivre de Poullaoen qui avoit été em- ployé pour l'alliage de cet argent. Je reconnus à fa couleur d’un rouge pâle qu'il w’étoit pas pur, l’analyfe m’a fait connoître qu'il contenoit un quarante-huitième d’antimoine. On détermine la préfence de l’antimoine ou de l’étain dans le cui- vre, en le diflolvant dans douze parties d'acide nitreux à trente-deux degrés ; cette diflolution eft bleue, s’éclaircit par le refroidifflement , il s'en précipite une poudre blanche ; on agite la diflolution , on la verfe dans une capfule : lorfqu’elle eft dépofée , on la décante , enfuire on verfe de l'eau fur la chaux blanche qu’on décante après. On la fait f£- cher dans la capfule fur un bain de fable, on pèfe cette chaux & en Tome XL, Part, 1,1792. AVRIL, Nn 274 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, défalquant un dixième , on a le rapport de la proportion de régule ‘d’antimoine-ou-d’étain qui fe trouvoit dans le -cuivre.- s On détermine fi la chaux qu’on a obrenue eft d’antimoine ou d’é- tain en l'expofant fur un Charbon , au feu «du chalumeau , la chaux d’antimoine s'y réduit &'fe volatilife, la chaux d'étain ne s'y altère point. “ Lo © L’antimoine empêchant le blanchiment de l'argent, il me paroft effentiel tant pour les directeurs des monnoies, que pour les orfevres d’eflayer le cuivre avant de l’allier.à l’argent, Lorfque ce métal eft allié d’un tiers de cuivre antimonié , il ne blanchir pas dans. la leflive de tartre & de fel marin, mais il y devient grifâtre; cette couleur eft due à l'attraction de l'antimoine qui eft ré- duit en chaux par le {el marin & le tartre. Si je dis par l'un & par l’autre de,ces fels, c’eft qu'ayant fair bouillir dans une leflive de fel marin des flaons du mélange métallique ci-deflus , ils fe font déro- chés, & ont pris la couleur grifâtre cendrée , de ceux qui avoient bouilli dans une leflive de rartre, & cette couleur eft femblable à celle qu’avoient prife les mêmes flaons dérochés par la leflive mixte de tarrré &,de Îel marin.. : L'argent allié d'un tiers de cuivre pur fe comporte différemmene lorfqu’on le déroche dans la leffive de tartre & de fel marin; les fur- faces deviennent d’un blanc mat, prennent le poli & deviennent bril- Jantes par la preflion du balancier qui élargit les pièces de trente fols d'environ une ligne. ‘ Cet argent bouilli dans une leflive de fel marin y devient beaucoup plus noir que n'étoit le flaon ; mais fi on le fait bouillir dans une lefive de tartre, il s'y déroche aufli bien que dans la leflive compo- fée de deux parties de tartre & d'une de fel marin. J'ai employé dans ces expériences de la crême de tartre, & j'ai ob- fervé que le flaon perdoit d'abord fa couleur noire , qu'il devenoit rouge de cuivre, que ce métal fe diflolvoir bientôt & que le flaon finifloit par prendre une couleur blanche, La leflive qui a fervi au blanchiment des flaons eft bleue, elle doit cette couleur au cuivre qu’elle a dif fous. Au lieu de la jetter on devroit en précipiter le cuivre par du fer. Les expériences dont je viens de rendre compte prouvent que le blan- chîment des flaons s'opère par l'acide du tartre qui diffout la chaux de cuivre & le fer qui donnoient à ces pièces une couleur noire , après cette opération elles deviennent d'un blanc mat tirant un peu fur le gris, couleur due à l’argent très-divifé & pour ainfi dire po- reux qui eft à la furface du flaon, Cet argent devient blanc & brillant fous le brunifloir de même que par le balancier qui prefle & raflem- tle les parties de ce métal. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 275 Le blanchîment de l'argent s'opérant bien par le tartre feul , plus ce fel fera pur, moins il en faudra, & il doit être préféré au tartre rouge dont on fait ufage dans Les monnoies, ce dernier contenant un quart de fon poids de fécule rouge qui incrufte les Aaons & ne con- court en rien au blanchiment, Ê VINGT-UNIÈME LETTRE DE ANEET) Et SEUU.C A M DELAMÉTHERIE, Confiderations cofmologiques , relatives a l'origine des Subflances minérales de notre Globe. Wind{or , le 26 Mars 1792° Monsieur » Je viens aujourd'hui à votre fyflême cofmologique , à l'égard duquel je continuerai de fuivre La règle que nous nous fommes impofée , en entreprenant de traiter des origines qu'on peut afligner aux phénomènes connus , favoir, celle d'être rigoureux fur les principes & fur les faits. 1. Ileft bien évident que nous ne pouvons rien connoître relative- ment à l'éternité paf]ée ; & qu'ainfi pour pouvoir traiter réellement de l'Aifloire du monde , nous fommes obligés de la prendre depuis quelque époque, à laquelle nous puiflions remonter d’après les phénomènes connus. Îl n’eft pas moins évident , que nous ne pouvons fonder une telle détermination , que fur notre propre connoiflance de la nature des chofes : car, hors de l'enceinte de nos connoiflances , poffible & impoffible font des mots vuides de fens ; & il feroit abfurde de fonder des fyftêmes fur notre ienorance. Il faut donc qu’à l'époque fixée, l'écar des chofes dont on part, foit admiflible d’après nos propres notions, & que les cau/es aflignées foient de nature connue. 2. Avant que de commencer votre hiftoire de la terre , vous jettez un coup-d'œil fur l'univers , embraflant ( dites-vous , page 290) . » l’univerfalité des phénomènes de la nature, je penfe que dans Porigine, » tous les élémens de la matiëre , difléminés dans l’efpace, & animés » d'une force propre , étoient dans un état de liquidité », Cette idée de liquidité vous eft néceflaire , parce que vous venez enfuite à former Tome XL, Part. 1,1792. AVRIL, Nn 2 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les grands globes par criflallifation ; mais, d'après nos connoiffances, cette forte d’éfas originel eft inadmiflible. Nous entendons très-claire- ment en quoi confifée la Ziquidité, Il eft de l’effence d’un liquide, d'être formé de molécules unies entr’elles par une tendance particulière , qui s'exerce à quelque diftance, & ne produit qu'une foible adhérence au conta. Les molécules de cette claffe n'ont donc par elles-mêmes aucune tendance à l'expanfion , & quand elles acquièrent l'expanfibilité, c'eft toujours par une caufe étrangère, qui les fait cefler d’être molécules conftituantes d’un liquide. Suppofer donc, qu'à l’origine des chofes les élémens de la matière étoient dans un état de liquidité, feroit remplir Vefpace d’une fubftance continue : ce qui probablement n’eft pas votre idée. 3. Vous fuppofez de plus, que ces élémens étoient animés d'un force propre. Analyfez aufli, je vous prie , cette idée, & demandez- vous: fi c’eft expliquer les phénomènes, que de dire feulement , qu'ils ont été produits par des forces propres ? Tout ce qui a été produit, foit depuis peu, foit dès long-tems , l’a été fans doute par des caufes Jufffantes : mais ce que nous cherchons en Phyfique, c'eft de déterminer ces caufes ; & vous ne le faites pas ici, 4 Dans le paflage füivant , vous venez à une caufe connue : & ainfi nous pourrons la fuivre dans fes effets. « Les é/eémens (dites-vous ) fe font » raflemblés çà & là pour former les différens globes : les uns lumineux, » comme les foleils , les autres opaques , comme les planètes & les » comètes; enfin, les globes ont été formés par criffallifation », Nous favons en quoi confifte la criffallifation ; c’eft la formation de certains folides , procédans de fubftarces qui ne jouifloienc pas de la folidire. C’et donc par analogie avec ce phénomène, que vous fuppofez la formation des globes par criflallifation dans un liquide. Mais nous admettons vous & moi, que la serre, l’un de ces globes , a exifté comme fphère: diftinéte , dans un état Zquide : par conféquent elle ne fauroit être confidérée comme un produit de criffallifation, Nous favons encore que lorfque des groupes criflallins fe forment dans un liquide, il y a un réfidu de celui-ci, à moins qu'il ne fe criflallife en entier, devenant lui-même un /olide. Dans le premier cas, vous feriez obligé d'indiquer ce qu'eft devenu le réfidu Ziguide ; comme vous le cherchez fur notre lobe, à l'égard du Z'quide dans lequel nos fabftances’ minérales fe font formées ; & dans le dernier, vous n’auriez pas des globes difféminés dans l'efpace ; cw l'e/pace lui-même feroit un folide. Je n'infifte pas fur cet apperçu cofmolosique , parce que vous y infiflez peu vous-même , & je viens avec vous a notre planète. $- Les faits connus relatifs à Ja criflallifation, fe réduifent à certaines Loix, ttès-habilement définies & fort ingénieufement appliquées par M. l'Abbé Haüy, On y conçoit des particules élémentaires , de certaines: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 277 formes , qui tendent à fe réunir entrelles par certaines faces, lorfqw’elles fe trouvent à une certaine petite diflance les unes des autres , & qu’elles font libres de fe mouvoir. IL n'en eft donc pas de la caufe de ce phé- nomène, comme de celle de gravité, par laquelle la maffe des molé- cules influe fur chacune d'elles à une d/ffance indéfinie : l'influence qui produit la criflallifation , ne s'exerce fenfiblement qu'entre chaque molécule & fes voifines de proche en proche. 6. Ces Loix font tellement déterminées , qu’elles ont lieu dans tous les phénomènes connus de cette clafle : nous y reconnoiflons, dis-je, qu'une grande proximité des particules ; & une: liberté fuifante dans leur mouvement , y font des conditions néceflaires. Nous voyons ces loix s’exercer dans une première clafle de criffallifarion , celle qui affecte toute la mafle liquide par refroidiflement, comme dans l’eau & dans la plupart des régules. En ce cas, les premières parties confolidées , forment une multitude de petits groupes plus ou moins réguliers, les mêmes dans les mêmes liquides ; groupes qui fe diftinguent tant qu'il refte des parties liquides, & qui enfin fe confondent en une feule mafle, On voit donc ainfi, que de petits fo/ides réouliers fe forment d’abord dans toute la mafle du liquide, par-tout où fes particules, en perdant leur feu de liquéfaétion, {e trouvent aflez voifines pour fe grouper ; & qu'a mefure que les particules intermédiaires efluient la même perte, elles fe réuniflent aux groupes les plus voifins. 7. Les mêmes /oix s'exercent dans une feconde clafle de criflalli- fation , réfultante de la décompofition des vapeurs , tant aqueufes que minérales. Les vapeurs dont je parle ici, font une claffle de fluides expanfrbles , formés de feu & de molécules d’autres efpèces, fous ces Loëx ; que quoique le feu aiofi combiné ne produife point de chaleur, il peut abandonner les molécules auxquelles il fe trouve réuni, pour rétablir l’équilibre de temperature ; & que ces molécules elles- mêmes ‘abandonnent le fe: pour {e réunir entrelles, quand elles deviennent très-voifiness Lors donc que les particules de quelque forte de vapeur contiennent , outre le feu , des molécules fufcepcibles de former des criflaux en fe réuniflant , & qu'elles rencontrent des corps moins chauds que l’efpace où elles ont été produites , leur feu pénètre ces corps, & il dépofe à leur furface les molécules qu'il charrioit avec lui, Dès que des petits groupes criffallins fe trouvent faillans fur ces furfaces, its déter- minent les particules de la vapeur qui paflent dans leur voifinage, à fe dé- compofer, en leur cédant leurs molécules, & le feu s'échappe ; par Où la criflallifation continue fur ces premiers embryons de criflaux. C'elt ainf que la vapeur aqueufe forme le givre , & que fe forment aufli diverfes efpèces de criflaux , par des vapeurs minérales, dans des opérations chimiques, tant artificielles que fpontanées : & toujours encore il fe forme à la fois une multitude de perits criflaux : parce que la tendance 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; des molécules à cette efpèce de réunion entrelles , ne s’exerce qu'à une petite dillance, 8. Les mêmes loix règnent dans la troifième clafle de criflallifaion ; celle où Les cri/faux fe forment par précipitation dans des liquides , c'eft-à-dire, où certaines parties feulement des liquides font changées en folides de formes régulières , par l’aggrégation de molécules qui fe compofent dans leur fein. Quand Les Zquides font difpofés à la pro- duction de ce phénomène, il commence, fuivant Les cas, ou à leur furface, ou fur leur fond & leurs bords, ou dans toute leur mafle; & dans tous ces cas, il fe forme d’abord une multitude d’embryons de criflaux , parles premières molécules /olides que leur tendance entr'elles à une petite diflance a réunies : après quoi les molécules qui flottent dans les intervalles, viennent fucceffivement s'arranger autour de ces premiers folides polyëdres. Si la criflallifation s'opère fur le fond & les bords, & qu’elle foir lente , les crffaux diftinéts deviennent plus grands , parce que Les premiers embryons fe trouvent plus diftans les uns des autres, & que dès qu'ils fonc formés , ils déterminent fucceflivement les molecules flottantes à s'appliquer contreux. Voilà donc ce que difent les faits connus, quant aux loix de la criffallifation ; & c'eft d'après ces Loix , que j'examinerai les opérations chimiques que vous fuppofez avoir eu lieu fur notre globe. 9. Vous dites, à la page 30 de votre premier vol, de 1791 : « Si l’on » me demandoit, comment fe font formées ces grandes maf]es de » granit fe élevées (celles des Alpes), je répondrois par un fait. » Lorfque dans une bafline on laifle crif?allifer tranquillement une » grande mafle de /éls, on fait qu'ils s'accumulent çà & là en groupes » confidérables & plus ou moins élevés , fans qu’on puifle en afligner » une raifon bien fufffante ». Je crois que cette raifon eft renfermée dans ce que je viens de dire fur la formation de premiers rudimens de criflaux ; car cette formation eft néceflairement déterminée par des circonftances accidentelles. Si , au moment où la précipitation criftalline fe forme dans la mafle d’un liquide , les particules propres à fe grouper en criflaux fe trouvoient également efpacées & follicitées tout le tour, elles demeureroient en repos. Mais cela n'arrive pas ; & plus de proxi- mité entre quelques particules , ou quelques corps /azllans , tels que des fils, une furface inégale, ou des grains de fable même , déterminent la formation de premiers petits groupes, vers lefquels les autres particules tendent alors de proche en proche. Quelques maffes fe forment ainf par des caufes locales, 8z elles peuvent par degrés dominer leurs voifines ; mais sil y a de l'efpace, elles fe multiplient, parce que leur influence ne peut s'étendre qu'a une petite diftance: & fi la criftallifation eft rapide , la furface de ces mafles dominantes eft toujours couverte des petits eriflaux qui l'augmentent fucceflivement, en fe confondant les EUR VA, 72 | L. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 279 uns dans Les autres à mefure qu'il s’en forme de nouveaux à l'extérieur, C’eft pourquoi , dans toutes ces cavités des montagnes & de leurs filons qu'on nomme fours à criflaux , comme dans la criftallifation des fes en grand, quelle que foit l'épaifleur de l’incruftation criftalline, elle eft toujours recouverte de ces drufes, qui font l’ornement des cabinets, & l'objer des profondes combinaifons géométriques de M. l'abbé Haüy. 10. « On ne doit jamais conclure du petir au grand, fans avoir » examiné fi la nature des caufes ne s'y oppofe pas». C'eft-là une maxime logique à. laquelle on n'a pas fait aflez attention jufqu'ici dans les fyflêmes fur les évéremens paf]es: C'eft ainli que les partifans du fyftème volcanique , pour rendre raifon de l'exiftence de nos continens , concluoient, des foulèvemens connus de l’I/ola-Nuova , près de l'île Santorini , & du Monte- Nuovo, près de Naples, que nos continens eux- mêmes avoient été foulevés ; fans faire attention qu’ils concluoient, du Joulevementr de petites maffes qui avoient trouvé des appuis, au foule- vement de mafes immenfes , qui n'auroient pu trouver aucun appui : aufli paroit- il que ce fyftème eft aujourd'hui totalement abandonné. Cependant je crois qu'il en eft de même du pañlage par analogie, de groupes de fels qui fe forment dans des baffines, aux groupes des Alpes & autres montagnes, confidérés comme formés , tels qu'ils font, dans le Zzquide primordial qui couvroit tout notre globe. Pour vous montrer , Mon- fieur, comment cette aflimilation me paroît contraire à la nature des chofes, je cirerai ici la manière dont M. le comte DE RAzowmMousxkt développe votre idée, dans fon Mémoire fur le granit, contenu dans votre cahier d'oétobre 1791. Ce naturalifte pofe d’abord comme une vérité zzconteflable, & dont perfonne ne peut douter aujourd'hui, que Le granit ef? un produit de criflallifation : mais par la manière dont il l'explique , qui peut-être n’eft pas la vôtre, il feroit naître les plus grands doutes fur cette origine : cependant je la regarde aufli comme inconteflable ; mais c’eft fous une form: très-différente , & de ce que vous avez énoncé à cet égard, & de ce que penfe M. DE Razowmouskt, dont voici l’idée : « Si l’on confidère (dit-il ) l'efémble des majjes que » forment ces roches antiques dans les montagnes lorfqu’elles n'ont pas » clé dégradées par les eaux & les infuences météoriques, on leur ».reconnoit ces formes pyramidales appointies par leur fommet, » auxquelles on a donné en différentes langues les noms de pics, » pointes ou cornes, Si l'on contourne ces pyramides , on voit qu’elles » font compofées de larces faces plus ou moins trianpulaires , dont » l'aflemblage forme de véritables criflaux polyédres. Quant aux >» couches, que l'on a cru découvrir dans ces derniers tems au granit , >» on ne doit les confidérer, à ce qu'il nous femble, que comme les /ames » dont font formés tous les cr/ffaux ; lames qui font d'autant plus … 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » épaifles, que Les efpèces de cri/laux qui réfultent de leur affemblage » font plus énormes ». 11. L'hypothèle par analogie étant ici détaillée, elle fe trouve fufceptible d’un examen immédiat. Une forme y raïridale des males , une forme rriangulaire des faces, & une compofition par lames, font æois points par lefquels M. De Razowmouskr penfe de pouvoir établir certe analogie, entre les pics des Alpes , & nos criflaux : & c'eft d’abord par cette raifon , qu'il regarde les deux premières de ces circonf- tances , comme étant oréginelles , & obfervables dans Les roches antiques lorfqu'eiles n'ont pas été dégradées. Mais ces formes, dont M. DE SAUSSURE a afligné avec raifon la première caufe à des ruptures, font dues au contraire à la dégradation. Les portions inférieures de ces pyra- mides , font des talus de décombres ; & les parties faillantes dans les mafles fupérieures, qui produifent ainf des imperfections dans la forme pyramidale , étant celles qui fe dégradenr le plus rapidement ; loin que cette forme s'altère par l’inuence des météores , elle tend de plus en plus à devenir régulière : elle n’eft donc pas un effet de criflallifation. Quant aux couches culbutées , qu’on reconnoît indubitablement dans ces pics , mais dont M. DE RazowMouskt doute encore, prenant ces couches pour des lames conflituantes d'énormes criflanx , il trouve qu’il règne la même proportion , entre leur épaiffeur & la mafle formée de leur affemblage , qu'entre l’épaifleur des lames . & la mafle de nos criflaux ; voyons ce qu'établit M. l'abbé Haüy à l’évard des Loix qui règnent dans Ja formation de ces dernières. Les lumes des criflaux réfultent d'élémens homogènes , de certaines formes, difpofés à s'arranger entr'eux pat certaines portions de leurs faces, fuivant certain ordre, Or, quand on obferve de près Les feuilers des pics granitiques , on voit au contraire, qu'il n’y a, ni homogénéité des petites maffes compofantes , ni fimilarité de eur forme, ni continuité de même fubftance, ni régularité dans l'arrangement. Ainfi, en envifageant la cri/fallifation du granit , comme ayant formé immédiatement des montagnes , analogie réclamée avec les criflallifations reconnues, ferviroit au contraire de preuve contre fon origine par criffallifation : auffi n’eft-ce pas fous ce point de vue, que je la confidère comme éndubirable , & je l'établirai telle que je la conçois. Mais auparavant, je dois examiner une autre de vos idées fur Les fymptômes de criftallifation dans nos monumens géologiques. 12. « Plufieurs fels (dites-vous, page 298) mis dans une bafline, » criflallifènt féparément , fe groupent fi le liquide eft en repos , & » qu'on donne le tems néceffaire. . . . Dans les environs de Paris, nos » architectes diftinguent un grand nombre de pierres calcaires , diffé- » rentes à de petites diftances Jes unes des autres, & dont les mafles » font d'une très-grande épaiffeur; les unes contiennent telle efpèce de » coquilles, par exemple, des vis, &c. Les autres contiennent beaucoup … » de DRE TAC SR ASE ES TEE SUR L'HIST. NATURELLE (ET LES ARTS 28r » de fable. ... (page. 2991). Lorfque iles rives des vallées feront de »\ nature différente, comme l’une deroranir &e l'autre calcaire, fchifeufe » ou gypeufe, on poutra fuppoferique la: vallée exiftoit primitive- » menc..,..Ainf la vallée de: Seinevà, Paris, ayant au nord des » collines de plâtre & au fud des collinestcalcaires , paroît priraitive », Ainf vous fuppofez, que les rangs parallèles de ces différentes fubftances, en y joignant ceux de péerre fableufe, formant les rives de différente nature des vallées de tant de montagnes & collines , font des produits diftinéts de criflallifarion, accumulés dans la fituation où ils fe trouvent encore; & c’eit ce que vous aflimilez à ia cr/fallifarion de divers Jels dans une Baffine. 13: Prenons d’abord :pour exemple Ja vallée de Seine. Les couches de plâtre qui forment une de fes rives contiennent beaucoup d’offémens de quadrupèdes, & les couches calcaires de l’autre rive contiennent des coquillages qui varient de couche en couche. Cette formation en couches diftinétes , & l'accumulation des corps organifés divers dans les deux rives , annoncent néceflairement une: formation #res-lente : c’eft-là une conféquence fur laquelle je vous prie. de fixer votre atrention. Dans d’autres vallées , en grand nombre , une des rives eft de pierre calcaire, & l’autre de pierre fableufe, & la pierre calcaire contient aufli des coquillages , qui varient fouvent de couche en couche : il a donc fallu un tems /rés-long pour former celles-ci ; & il n’en a pas moins fallu fans doute pour former l'accumulation de couches fableufes de l’autre rive ; dans lefquelles on ne trouve aucune trace de corps marins. Paffant de-là aux vallées des grandes montagnes, dont les rives fe trouvent fouvent, l'une calcaire, l'autre fchifleufe , l'accumulation des corps marins dans la première, fera encore une preuve de très-grande /erseur dans fa formation ; & quoiqu'il n’y ait pas de ces corps dans les fchifles voifins, nous ne pouvons douter que leur formation n'ait été #rés-lente. Venant enfin aux vallées dont une des rives eft de Jchifle & V'autre de granit , labfence des corps marins ne nous empèchera pas de reconnoître , que laccumulation de ces fubitances n'ait exigé un tems srés-long. Or, fuppofer que, durant des fiècles dont nous ne pouvons déterminer Le. nombre, un même liquide qui couvroit tout le globe, produiloit , toujours fur Les mêmes lieux, des précipiations auf différentes entr’elles que le font les fubftances des divers rangs parallèles de nos montagnes & collines; que différentes efpèces d'animaux marins pulluloient ur quelques-unes de ces bandes , que leurs efpèces y changeoient fucceflive- ment, fans qu'il s’en répandît fur les bandes voifines ; & qu'en même- tems des quadrupèdes dépofoient leurs cadavres fur d’autres bandes, feroit certainement s’écarter de toute analogie, 14. Pour venir à des exemples plus particuliers , je commencerai par Les différentes pierres calcaires des contrées qui environnent Paris. A des Tome XL, Part. 1, 1792, AVRIL, | Oo 282 OBSERVATIONS \SURTLA PHXVSIQUE, diftances què; rapportées fur un planborifontal , font peu confidérables, les couches connues différént ‘eflentiellement entr'elles, tant pour la fubitance que pour les corps étrangers qu'elles contiennent. Aucpremier évard, les couches qu'on exploite. pour pierre de ‘taille font uniformé- ment pétrifiées ; tandis qu'en d'autres endroits la pétrification ef par- tielle , formant comme des concrétions dans une fubftance molle. Dans quelques couches aufli (comme vous le remarquez) la fubitance calcaire. efkpure , & dans d’autres elle: eft mêlée. de beaucoup de fable. Prendrions-nous.ces différentes males de couches pour différentes elpèces de précipitations faites les unes après desiautres? Mais elles contiennent aufli différentes efpèces de corps marins ; on reconnoît leur identité, tant par ces corps ; que par la nature dela pierie, &'Vontretrüuve en divers endroits du pays, tant au même nivéau qu'à des niveaux différens , des mafles de couches abfolumentfemblables, tant pour les couches ellessimêmes ; que pour leur fucceflions A quelle:hypothèfe ne faudroit-il donc'pas avoir recours ; pouradmettre un érab-pritif dans un arran- gement de’cette forre! Partant toujours d'un liquide connu , il faudroit néanmoins, que des colonnes deice lignide vüïlimes les unes des autres! euffentiperfévéré düranrides fiècles danstm érat indépendant quant aux précipitations; 8 que fous ces colones auîi, des générations de cogliillages ; différèntes dans les mêmes rems, &:changeant d’efpèce fux ces mêmes parties diftinétes du-fond ; y fuflent demeurées aufh. ifolées que les précipirarions elles-mêmes. : 15. Je citerai un‘autre exemple de ces étranges arrangemens , tiré de la foule de ceux qu'on obferve par-tout ; j'ai détaillé cet exemple dans ma dix-bhuitième Lettre, ainfi je me contenterai d'en rappeler les rincipales circonftances. Dans un lieu fort élevé de la plage de Heymouth , où toute la mafle des couches elt coupée abruptement du côté de la mer, cette mafle eft aufli tronquée à l’un de fes flancs, d'où les couches s’inclinent vers le côté oppofé. On voit-là des-couches d'argile, contenant certaines efpèces de corps marins, paîlér fous des couches de pierre calcaire qui contiennent d’autres efpèces de corps snarins , & celles-ci furmontées d’une grande épaifleur de couches de craie , où les corps marins changent encore confidérablement. Quel tems n'a-t-il pas fau pour la formation de cette pile de couches, non-feulement par l'accumulation des corps marins & les chaugemens de leurs efpèces ; mais par les changemens qu'a dû füubir le Ziguide pour pañier fucceflivement à des précipitations de claffes fi différentes ! Main- tenant, lorfque fur d’autres parties de la même côte, ou dans l'intérieur du pays, on trouve çà & là quelqu'une de ces clafles dé couches, foir l'argile, foit la pierre calcaire où la craie, fans qu'elle foit accompagnée vifiblement des autres couches, mais contenant les mêmes races d'ani- maux marins qu'on y obférve dans Le lieu. où les trois clafles de SUR LHIST, NATURELLE ET LES ‘ARTS. 283 couches fe fuccèdent à notre vue’, fuppoferions-nous encore , que tout cet enfemble für un évae primiuf,c'elt-à-dire, que durant des fiècles, des colonnes contigues d'un méme liguide fe fuflent confervées indé- pendantes les unes des autres; rant à: l'égard de: leurs: propres modifi- cations chimiques , qu'à celui des arimaux marins qui puiluloient fur leur bafe? Si nous étions réduits à cette ‘hypothèfe ; l’idée que nous avons vous & moi, que nos diverfes fubflances minérales ont été formées par grécipiraion dans un même liquide, feroit deftituée de tout fondement. 16. Mais confidérons une autre circonftance qui accompagne les phénomènes de cetre clafle: Par-tour où l'on obferve cette difcontinuité des mêmes couches, qui paroiflent:& difparoiflent en diverfes parties de la furface , ou dans différentes coupures abruptes du pays, leurs mafles font dans un tel défordre, qu'ilne fuffir pas pour l'expliquer , d'y admettre des ruptures & des affaiflemens différens: on ne peut concevoir l’état | aétuel de ces couches qu’en fappofant qu'elles ont d’abord été formées horifontalement Les unes fur les autres & continues dans leurs efpèces $ maisoà un niveau plus élevé ; & qu'enfuite elles fe font 'rompues & précipitées dans des abînes, où de grandes parties de chaque claffe ont été englouties & recouvertes de décombres ; rellement qu'il ne-nous en refte que des mafures. C'eft la feule idée qui puiffe venir à l'efprit dans tous lés lieux pareils, & je ne m'v fuis jamais trouvé avec des perlonnes capables d'attention, qu'ils ne laient embraflée comme indubitable. 17. Cependant je penfe, comme vous , Monfieur , comme M. 5E Saussure, M. DE Razowmouskr, M. DE Doromreu. & tous les autres géolopues qui fe font déjà réunis À cette idée, que nos fubitances minérales ; quoique différentes entr’elles; font des produits d'un Liquide : fur quoi je vais maintenant vous expliquer mes idées. Plufieurs fubflances contenues dans un liquide, peuvent s’y précipiter fèéparément. Cette propolition, conclue des faits, peut être envifagée fous deux points de vue convus. Lorfque , par une mème di/pofition du liquide, plufeurs efpèces de fubitances propres à la eriffallifürion s'en féparent dans toute la mafle, chaque efpèce fé criflallife à part , far le fond ; à la furface ou dans la mafle même de ce Liquide ; & d’après les, loix générales de la criflallifation , il réfulte de ces opérations fimultanées , une multitude de, criflaux de chaque efpèce dans route l'étendue du Zguide. Mais fi une même Zifpofirion du liquide ne peut produire que la précipication d'une même efpèce de fubftance, & que les difpofitions néceflaires aux autres efpèces de précipitation fe fuccèdent ; les produits £ fuccèdent auf, &c les couches de différentes efpèces fe forment Les unes fur les autres aufond du liquide. Le premier cas me conduira par analogie à l’origine du granit, & le fecond à celle des couches poftérieures. 18: J'ai montré ci-deflus, qu’en ne confidérant Le granis que dans fes Tome XL, Parr, I, 1792. AVRIL, Oo 2 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mafles , telles qu'elles s'offrent maintenant à nos regards, il eft im poflible d’y rien reconnoître qui approche même des /oix connues de la criflallifation : tandis que; fi nous Le confidérons dans fa fubftance , compofée d’un amas confus de petits criflaux , cette idée fe réveille néceflairement. Néanmoins nous aurions pu refter fort iong-tems dans cette idée vague, fans M. DE SAUSSURE , qui a rendu évident, que les lames des pics des Alpes font aufli certainement des couvhes formées d’abord Aorifontalement ; qu'il eft certain que les James, aufi redreflées que ceiles-la & qui les embraflent, des bréches contenant des fragmens de pierres, & des pierres calcaires contenant des corps marins , n'ont pu être formées qu'horifontalement : & cette rémarque eft confirmée par toutes les éminences graniriques , dans lefquelles, fi la mafle n'eft pas fracaflée au point de rendre méconnoiflable fa première forme, on trouve les couches du granit à tous les degrés d'ënclinaifon qu'on obferve dans les couches fecondaires. Ce n’eft donc pas dans les loëx de la Chimie qu'il faut chercher la raifon des formes de ces maffes , elles procèdent d’autres caufes qui ont bouleverfé routes les couches ; mais nous trouverons dans; ces, /oëx l'origine de la /ubflance elle-même, & de fon état primordial conclu des phénomènes, foit d'un amas confus de différens ert/faux , étendus. par couches. 19. Je prendrai ici pour exemple des petits criffaux qui fe forment dans le fein d’une mafle fluide difpofée à certe précipitation , favoir , la neige , le grefil & la gréle , qui fe forment dans l'air: & pour exemple particulier de plufieurs criflallijations fimultanées ; je prendrai la zeige & le grefil , deux différentes er/flallifations de l’eau , qui ont chacune leur caule particulière, 8 que nous voyons quelquefois tomber pêle- mêle. D’après d'autres criflallifations aqueu/es , nommees les fes, on conçoit aifément, que certaines particules, unies à l’eau, la déterminent à fe criflallifer à diverfes températures ; & que fuivant la: nature de ces particules ; elles peuvent rendre de plus.en plus fes cri/laux inaltérables par la chaleur; ce qui fournit une idée genérale du genre d'opération chimique qui a produit les criflallifations minérales dans le liquide primordial. J'ai développé cette idée dans ma neuvième Lettre. Les trois gréles granitiques dominantes fe formoient donc fimultanément dans tout ce liquide, & avec elles d’autres précipitations plus tenues, qui, fe mélant aux premières fur le fond, confolidoient la maïle par : leur difpofition à adhérer entrelles. Ces gréles fe faifoient par acces, & c'eft de-là que procède la féparation des couches , qu'on diftingue auffi dans les coupures abruptes des grands amas de reige dans les montagnes , & qui procèdent de longurs fufpenfions, fuivies de nou- velles chûtes. Guand on fuit le granit de couches en couches contigues, on y trouve fréquemment des preuves de ces acces, par des change- mens tranchés dans la grandeur, la couleur & le rapport de quantité SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 285 des petits criflaux , & dans les fubftances qui les lient ; changemens qui montrent, que quand les caufes de précipitation , après avoir été fuf- pendues , recommencçoient, elles ne produifoient pas toujours exaétement les mêmes eflets. C'eft ainfi que je conçois la formation de la croûte primordiale, compolée d'abord du granit proprement ainfi nommé, puis de fubftances qui y participoient encore, mais qui s’éloignoient par degrés de cette première compofition. M. DE SAUSSURE a fuivi ces nuances, & par des defcriptions topographiques très-exaétes, les feules dont un puifle tirer des conféquences certaines, il a rendu fen- fible , que toutes ces couches diverfes, formées d’abord horifontalement, ne fe trouvent dans leur état actuel que par des ruptures & culbutes: ce dont j'ai afliyné une caufe, en étendant d’abord aux fubftances pri- mordiales te que j'avois dit des révolutions des füubflances /econdaires , & en indiquant ce qui me paroît avoir produit ces révolutions. 20. Le fecond cas de précipitations , celui où elles deviennent fuc- ceffivement différentes dans un même liquide quand fon étar change fuccelivement, s'applique aifément à la tranfition de nos couches d’une efpèce à l’autre , dès qu'on a reconnu qu'elles ont dû être originairement horifontales & continues dans les mêmes efpèces. J’emploie le mot précipitation , comme général ; car l’idée de criffallifaron , foit d'agoré- gation en petits corps po/yédres des molécules folides qui fe forment dans les Zquides, n’eft point néceflairement liée à la production de nos fubftances minérales ; & au contraire elle contribue à l’obfcurcir. Ces fubftances ont été étendues les unes /ur les autres, par couches fac- ceflives de différentes clafles & efpèces , fur toute l’éendue du fond de l'ancienne mer : par conféquent elles n’ont pu provenir que du liquide, dont elles fe font féparées par degrés. Tel eft l'argument péremptoire contre toute autre origine de ces fubftances. Mais quand des molécules folides fe féparent d’un liquide , elles ne font pas toujours difpofées à fe grouper par petites mafles polyèdres , ni même à former des couches dures par l’afflemblage de leurs premieres petites maffes quelconques: rien dans les loix connues des précipitations , n'empêche d’admertre, qu'au moment où ces molécules fe forment , elles peuvent aufi, fuivant leur nature , ou tomber en poudres impalpables, ou s'arranger d’abord entr’elles par petites mafles, foit irrégulières , comme celles des fübles , foir fphériques , comme les grains diftin@s, & de différentes groffeurs dans leurs efpèces, dont fonr compofées tant de couches calcaires ; ce que M. DE SAUSSURE a déjà remarqué. Il n’y a donc aucune difficulté à concevoir la formation de nos différentes clafles & efpèces de couches, tant primordiales que fecondaires , par des précipitations fucceffivement différentes dans un même liquide ; & je ne vois aucune poflibilité de la concevoir autrement, 21, Cen’eft pas en partant d'analogies immédiates avec les phéno= 286 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ménes actuels, c’eft feulement en généralifant leurs Zoïx, que nous pouvons remonter aux caufes anciennes: car les phénomènes qui {e paflent aujourd’hui fous nos yeux, ne font que des viciffécudes dans un étar dont l’enfemble eft permanent ; au lieu que dans les périodes anciennes , il s'opéra une fuite de grands phénomènes, qui ne: fe renouvellent pas, & dont par conféquent les caufes fpécifiques n’exiftent plus. Ne voyant prefqu'aujourd'hui des précipitations , qu'après des diffolutions , on eft porté d’abord à chercher un diffo/vant fpécifique pour chaque claffe de fübftance minérale dominante fur notre globe: mais c'eft confidérer l’analogie fous un point de vue trop reflerré, Quand les élémens qui ont formé tout ce que nous obfervons fur notre globe; revêtirent la liquidité, ce premier liquide contenoit à la fois, 1°, toutes fes fubitances qui compofent nos conrinens ; 2°, le liquide qui forme la mer actuelle; 3°, les /olides qui forment le baflin de cette mer & s'étendent jufqu'à une certaine profondeur ; 4°. la portion de liquide qui pénétra fucceflivement dans l'intérieur du globe; 5°. enfin, toutes les fubftances armofphériques. Voilà ce que nous devons nous repré- fenter; & alors nous concevrons, que des analopies /pécifiques avec les phénomènes actuels, ne fauroient nous élever aux opérations qui eurent lieu dans un tel liquide, Aujourd’hui il ne s'opère prefque plus d'effees connus, que par des caufés renfermées dans une petite épaifleur de la fuperficie du globe & dans fon atmofphère , auxquelles fe joignent les rayons du foleil. Ces effèts s’alternent fans cefle:, nous les avons fous nos yeux, & nous ne découvrons encore que fort peu dans la manière donc ils s’opèrent. ci déjà notre lenteur dans les découvertes me paroîe provenir de cette pente à affimiler les caufes dans leurs e/pèces ; quoique les phénomènes comparés n'aient fouvent entr'eux que des analogies de genre ou même de claffe : combien plus cependant ne nous écartons- nous pas du but, quand nous tranfportons ces analogies fpécifiques dans les tems anciens! Comment, par exémple, pouvons-nous efpérer de découvrir les caufes, fpécifiques d'où réfulta (ce que j'ai nommé) la gréle granitique, tandis que nous ne fommes pas encore parvenus à découvrir la caufe de la gréle atmofphérique dont nous fommes témoins ? 22. Je crois donc que nous ne devons chercher que des analogies générales , foigneufement déduites, fi nous voulons approcher des caufes qui agirent primordialement fur notre globe. Alors, confidérant le premier liquide comme compofé des élémens de toutes les fubftances connues, nous chercherons feulement les /oëx füivant lefquelles ‘il! put Sy former, tant à la fois, que fucceflivement, divers genres & efpèces de molécules folides. Nous favons, d'après les phénomènes connus, que la perte du feu de liquéfaëion , foic qu'il s'échappe, foït qu’il fe combine d'une autre manière , fait pafler des molécules de l'état liquide à l'état folide x c’eft-à-dire, que la réunion des premières forme dés Zquides , . SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2%} 8 quevcelle des dernières forme des poudres ou des fotides concrets. C’eft-là une première Loi générale dictée par Les phénomènes; & il y a dieu de croire , que des changeniens de combinaifon du feu dans Le fein -même du liquide, furent la manière la plus générale fuivant laquelle certe loi s'exerça dans Ces premiers tems. Nous pouvons encore juger ‘par les phénomènes , que les affinités ne s'exercent pas uniquemént entre des d'fJolvans & des diffolvandes ; qu'il ne faut pas toujours trouver un acide dans une fubftance minérale, pour concevoir comment elle a pu fe former : car dans ce premier liquide , les molécules /emblables purent tendre: à {e réunir, comme les molécules difJemblables de diverfes efpèces. Des tendances encore, qui n'exiflérenc pas d'abord entre cer taines particules femblables ou diffémblables, purent naître, lorfqu’elles ‘eurent fubi de premières combinaifons ; & en général, fi nous réflé- chiflons à la nature de ce liquide , nous verrons qu'on pourra y étendre de plus enplus les connoiflances générales qui réfulreront des faits aétuels “bien examinés. IL eft une clafle bien importante de ces faits, c'eft ceile qui’ faivmaître l’idée, que les élémens qui transformèrent une partie du diquide en diverfes claîles de molécules folides , peuvent étre tels, que nous ne puiflions jamais les reconnoitre féparément, quoique nous foyons obligés de les admettre d’après leurs effets. Jugeons-en par ros analyfes des fubftances minérales qui forment nos couches ; nous pouvon: les décompofer enun certain nombre de fubftances palpables, mai: nous ne pouvons pas les recompo/er : il nous échappe donc des é/émens , néceflaires à cette compoñtion. J'ai lu avec le plus grand inrérét les remarques de M. px Doromreu fur ce grand point de Chimie géolo- gique ; & fes expériences & réflexions fur les affinités des rerres | me paroiffent l’aurore d’un nouveau jour dans la Chimie générale; quoique je ne confidère pas avec lui, les /oix fimples de la gravité, comme pouvant expliquer aucune des zerdances qui s'y exercent : mais je n'entrerai pas ici dans cette difcufion. 23, Dans cette généralifation des phénomènes , les fluides expan- Jibles font la clafle de fubftances qu'il importe le plus d'étudier dans routes fes modifications : car ces fluides , dans nos propres expériences, font les véhicules d’irgrédiens , impalpables par eux-mêmes, mais qui, en abandonnant les liquides , ou en s’y introduifant, y produifent de nouvelles combinaifons. C'eft donc de cette clafle de phénomènes que jai conclu ; par analogie générale, la plus grande caufe des diveries combinaïifons fucceflives qui furent opérées dans le Ziquide primordial : & par la manière dont j'ai déterminé la marche de cette caufe, nous y trouvons en même-tems, & la formation fucceflive de notre asmofphére, dont la nature eft fi étonnante , & la raifon de ce que nos couches minérales ont été bouleverfées à diverfés époques : par où nous arrivons: à ces deux grands monumens géologiques, auxauels il eft 288 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, auli effentiel d'afioner des caufes, qu’à la formation même des col!ches,. 24. Ainf les analogies générales, déduites rigoureufement des faits actuels, vont en répandre la clarté fur des tems où l’on ne trouvoit aupara- vant qu'obfcurité où fauffes lueurs. D'après ces faits encore , nous voyons que la liquidité & l'expanfibilité ne pouvoient naître dans Les /ubflances cerreffres fans la lumière, foit feule, foit réunie à la fubftance avec laquelle elle forme le feu ; c’eft ce que j'ai expliqué ci-devant & rappelle dans ma Lettre précédente : & j’ajouterai maintenant, que les faits nous apprennent encore, que la /umière & la matière du feu n'ont pas fervi uniquement à ces ufages, mais qu’elles font entrées de plus comme érgrédiens dans la plus grande partie des combinaifons primitives; ce qui a une analogie remarquable avec tout ce qui nous eft connu des fonétions des fluides expanfibles dans les phénomènes aétüels. Quel fervice n’ont pas rendu à la Phyfique, la Géologie & la Cofmologie, les SCHÉELE, PRIESTLEY, IncEN-Housz , SENEB1ER, vous, Monfieur , & plufeurs autres phy- ficiens, en nous montrant que la /umiére doit être placée au nombre des fubflances chimiques ! Joignant à cette première idée générale, la preuve que nous avons encore dans Les faits ,.que la /umiére n'eft pas elle-même une caufe de chaleur, quoiqu’elle la produife en certaines circonftances , nous découvrons ainfi une de fes propriétés chimiques fpéciales, celle de produire le feu en s'uniflant à une autre fubftance. Et quand nous voyons enfuite , que lorfque les rayons du foleil tombent fur certains corps, ils y produifent du feu, qui fe tranfmet à d’autres corps, dans lefquels ils n'en produifenc pas eux-mêmes, ou n'en pro- duifent que peu, nous découvrons ainfi, que la matière du feu eft entrée elle-même , & entre encore, dans la compofition de bien des corps. 2$. Quant à la lumière elle-même, vous-avez vu, Monfieur, dans ma dix-huitième Lettre, combien j'ai été frappé des expériences de M. pe DoLomieu fur la lumirre que répandent nombre de pierres calcaires , quand on les frotte, même légèrement , dans l'obfcurité , & fur Le rapport inverfe qui règne entre le plus où moins de pko/pho- rifme de ces pierres , & leur degré d'efférveftence avec les acides. Une fübftance aufli tenue que la Z/miére ne feroit point apperçue quand elle fe dégage des corps, fi elle ne frappoit lorgane de la vue; & nous ignorerions ainfi, qu'elle fût entrée dans la compofrrion des pierres calcaires. Par-là encore eft appuyée la conféquence générale , que j'ai tirée ci-deflus, & que j'ai déduite depuis long-tems de notre incapacité actuelle de recompofer les corps naturels que nous décompofons; c’eft qu'il s’en dégage, & peut-être fe joint à leur produit, des particules qui échappent à nos fens; & qu'ainfi nous fommes bien loin de connoître toutes les fubftances qui ont opéré & opèrent dans les phénomènes cerreftres. Vous admettez, Monfieur , l’exifence & le pouvoir des particules SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 289 particules tenues, & c'eft une des raifons qui nvont fait efpérer ; qu'après des difcuflions néceffaires pour nous bien entendre , nous nous réunirions vers quelque point. ) "26. Tout ce qui tient aux! modifications de la /umiére eft de la plus grande importance en Géologie; c'eft pourquoi je vais vous rapporter de nouveaux faits à cet égard. On lut à la Société royale de Londres , au mois de décembre dernier, un Mémoire de M, Thomas WEpGEwoon, fils de l'artifte célèbre de ce nom, contenant les réfultats d’un très- grand nombre d'expériences fur la Zumière qui fe dégage de corps non incandefcens. Une "grande .clafle, des phénomènes décrits dans ce Mémoire, ont été produits en frottant les fubftances par leurs fem- blables, & il s'y trouve divers faits très - remarquables; mais ily en a une claffe plus nouvelle dans fon enfemble , où le dégagement de la lumière ele produit par la chaleur. Les expériences font faites fur une plaque de fer, échauffée à divers points ; mais toujours au-deflous de la température où le fer feroit lui-même lumineux dans lobfcurité. M. WEbGEwooD a jetté fur cette plaque des poudres où fragmens d’un très grand nombre de fubftances menérales , & prefque toutes ont répandu de la {umière , par differèns degrés de chaleur, & en différentes quantités, fuivant les fubftinces. On connoifloit ce phénomène dans le Joath phofphorique, parce qu'il y eft très frappant ; mäis les expé- riences de M. WEp@Ewoop l'ont généralifé d’une, manière fort inftractive. Le ‘phénomène fe répète d'ordinaire plufieurs fois dans les mêmes fragmens , lorfqu’on les laiffe refroidir 8 qu'on les rejette fur la plaque ; mais il va en diminuant, & il cefle enfin: ila lieu dans toute forte d'air & dans le vuide ; & la phofphorefcence par frottement dans les fubftances dures , a lieu fous l’eax. d ‘274 Tout ce Mémoire eft intéreflant, tant par les faits que par les remarques de l’auteur, & il ouvre un nouveau champ aux réflexions & aux recherches: j'en rapporterai une autre circonftance, qui fortifera mon idée fur le grand rôle qu'a joué la /umiére dans les phénomènes géologiques. Depuis que je confidère les rayons du foleil comme pro- duifant des effets chimiques fur notre globe , j'ai regardé comme une circonftance très-remarquable , que dans les décompofitions pAo/pho- refcentes de certains corps, ils Jaiflent toujours échapper de la imiére d'une couleur déterminée ; en même-tems que nous favons par le prifme, que la umiére ordinaire eftun compofé de diverfes particules, qui, agiflant féparément fur l'organe de la vue , produifent chez nous ces fenfations de diverfes couleurs : d'où je concluois, que les propriétés chimiques de la lumière pouvoient être très- différentes , fuivant celles de fes parti- cules qui entroient en action; & qu'ainfi, les phénomènes qu’on ne trouvoit pas liés à l’action de la lumière totale, pouvoient l’être à celle de quelque clafe de fes particules: C’eft d'après ces idées générales, que, Tome XL, Part, I, 1792, AVRIL, Pp 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parlant des rayons du foleil dans mes premières Lettres géologiques , je les nommai des fuifceaux de caufes. Or, les expériences de M. WrD- GEWOOD fourniflent une nouvelle preuve des diverfes combinaifons qu'ont produites les différentes particules de la lumière , dès le temis de la formarion de nos fubftances minérales ; car la lumière dégagée de ces fubftances , foit par une application immédiate de chaleur, foit par le Jrottement (ce que M. WepGEwoop conlidère au fond comme une même caufe) eft de différentes couleurs, les mêmes dans les mêmes {ubft:nces, Voilà, Monfieur, par quelle fuite de fairs & ‘d’analogies, je penfe que nous rermontons sûrement, des monumens géologiques, à leurs caufes. L'idée générale, que vous avez exprimée le premier , d'une formation de nos /ub/lances minérales par eriflallifation, n'étant pas aflez déterminée , auroit pu demeurer confondue parmi tant d’autres qui fe fonc fuccédées en Géologie fans laifler d'impreflfon durable dans les efprits. Mais en fixant les points, par lefquels certe formation eft analogue aux /oix connues de la Chiniie, elle me paroît fournir des principes folides , par lefquels la Géologie deviendra enfin une fcience réelle. Je n'arrête ici pour le, préfent , & je viendrai dans ma Lettre fuivante à quelques autres points de, votre théorie, Je fuis, &c. P.S. Je viens de Lire, Monfieur , dans votre cahier de février, le- Mémoire de M. le profeffeur Lies fur la pluie ; où j'ai vu avec beau- coup de plaifir, qu'il. perffte à profefler: « que pour juger du mérite » de la nouvelle doétrine chimique, il faut la confidérer dans fes » rapports avec les phénomènes de la nature ; puifque fi quelqu'un de » ces phénômènes étroit contradictoire avec les principes fur lefquels » elle repofe, fon application à la Phyfique ñe pourroit que multiplier » les erreurs ». Il ef vrai qu'on doit regarder cette confidération comme implicitement admife par les néologues : mais M. LiBEs eft conféquent & attentif ; il a bien vu, que mes argumens tirés de la Météorologie contre cette doctrine , la renverferoient, fi on ne les renvexfoit eux- mêmes, & ila entrepris de les combattre, reconnoiflant que cela éroit néceflaire à la découverte de la vérité. D'après les différentes confidérations que j'ai développées, tant dans mes Îdées fur la Météorol. que dans ces Lettres & dans celles que j'ai adreffées à M. FOURCROY , je regarde tous les phénomènes météorolo- giques comme s'élevant contre la nouvelle doétrine chrmique , dans toutes les parties qui la diftinguent; mais pour ne pas fixer encore l'attention des phyficiens fur un champ fi vafte , je l’ai demandée par- ticulièrement fur un phénomène bien commun, la pluie : & c’eft fur ce champ que M. Liges eft venu accepter le combat, Je laifferai à part ici SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 291 les pluies d'orages , dont ce phyficien penfe avoir donné une explication qui appuie même la nouvelle doétrine, &je ne dirai encore que peu de mots de la pluie ordinaire. M. Lies fait mention d’une explication commune de cette efpèce de pluie, qui la rendroit indépendante de la controverfe fur la narure de l'eau, & qui, fi elle étoit jufte, feroit romber mes argumens. Cette explication a pour bafe, que le produit immédiat quelconque de l'évaporation , toujours diftin& dans l'atmofphère, comme y étant ce qu'on nomme Aumidiré, en redefcend en pluie, fans avoir changé d'état: par où fans doute, les difcuffions fur la zaure de l'air atmo/phérique deviendroient indifférentes à l'explication de la pluie. Mais ce n’eft-là qu'un appercu , & avant qu'on püt le confidérer avec raifon comme une bafe en Phylique , il falloir expliquer comment la pluie fe formoit de l’Aumidité de l'air : or, voici à quoi nous en fommes fur ce point. Confidérant toures les hypothèfes qui avoient été données fur la formation de la pluie avant la publication de mes Recherch. fur les Modif. de P Atmofph. jy donnai moi-même une explication de ce phénomène, en partant de l’humidire de l'air: maïs je l'ai abandonnée depuis , fans recourir à aucune des précédentes, puifque je les avois réfutées. Le doéteur HurTon d'Edimbourg , partant de la même idée générale, publia il y a quelque tems une nouvelle application à la pluie, la plus plaufible que je connoifle: je l’avois réfutée d'avance en la confidérant comme une hypothèfe qui m'étoit venue à l'efprit ; M. HUTTON me répondit dans les Mémoires d'Edimbourg , je montraï dans le Monthly review que fa réponfe n'étoit pas folide , & il n'a pas repliqué. M. MonGE a publié depuis dans les Annal. de Chim. une explication de la pluie, fondée fur la même bafe , mais d’une marière entièrement différente; je lui ai montré dans le même Journal que cette explication étoit fans fondement , & il n’a pas répondu. Que doit-on penfer de cette explication commune de la pluie dont parle M. Lres, en voyant combien peu elle étoit réalifée? Et quelle conféquence doit-on tirer de cette confidération quant à la nouvelle doétrine chimique ? C’eft que les néologues, qui ont formé cette doétrine d’après une certaine mature de l’eau, conclue d'expériences fur certains airs , ont voulu changer notre nomenclature phyfique en conféquence &e Jeur opinion à cet égard, avant qu'on füt d'où provenoit la pluie, formée néanmoins dans l’a/r : & c’elt-là ce que je leur reproche, Ce feroit donc pour eux une circonftance heureufe , que M. Lies eût réfolu maintenant en leur faveur, un problème qu'ils auroient dû réfoudre avant que de fixer fi fortement leur opinion : mais l'hypothèle toute nouvelle d’après laquelle il veut faire revivre l'explication com- mune de la pluie, ne me paroît pas plus folide que les précédentes. Ce phyficien diftingué embrafe , il eft vrai, la feule méthode qui Tome XL, Part, I, 1792. AVRIL, Pp2 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, puiffe conduire à la folution de notre important problème ; ‘celle de! : confulter les-loix du fluide électrique & de vapeur aguenfe ; mais il me paroît qu'il ne les a pas envifagées fous leur vrai point de vue: ce qui ne m'étonne point, car il a régné jufqu'ici beaucoup d'obfcurité & des erreurs très-grandes dans l'éleéfricité & V'hygrologie. J'efpère. que les difeuffions dans lefquelles nous allons entrer M. Liges & moi fur ces deux grandes branches de la Phyfique, feront une circonftance favorable pour engager les phyficiens à s'en occuper véritablement ; & j'ofe croire qu'il y prendra intérêt le premier, parce qu'il a déjà abandonné à cet égard plufeurs erreurs communes ; entr'autres celles, de nues pofitives & nues négatives pour expliquer le tonnerre ; & que l’évaporacion foit une diffolution de l'eau par l'air. Je me fais donc un devoir de lui répondre avec précifion , & je m’en acquitterai aufli-tôt que mes autres occupations pourront me le permettre. ; MÉMOIRE SUR LE GENRE ANTHISTIRIA, Lin. fil. Supl, pag. 13, Lu à l'Académie. des Sciences : Por M. DESFONTAINES. Lo NN le fils eft le premier qui ait érabli le genre Arhifliria dans une differtation ingitulée: Nova graminum genera , imprimée dans le dix ème vol. des Amenit. Acad. On t'ouve encore la defcription du même genre répétée dans l'ouvrage qui parut én 1781 fous le vitre: Linnæi filé Supplementum , Ec: l'auteur dit que le’caraétère diftinctif de l’archiflria conffte dans un calice divifé jufqu'à 14 bafe en quatre valves égales. Calix æqualiter ad bafim fiffus in lacinias quatuor æquales , puis il ajoute que chaque calice renferme trois à quatre fleurs, que la eur herma- phrodite à laquelle appartient le calice à quatre valves eft feflile, tandis que les fleurs mâles font portées fur des pedicelles, &c. Gærner ainfi que les autres botaniftes qui ont fait mention de l'anthifliria ont adopté les. caractères de Linné , ou sarce qu’ils ont négligé, ou parce qu'ils n'ont as eu occafion de les obferver. ï J'ai analyfé avec foin un grand nombre de fleurs appartenantes au genre en queftion , & elles n'ont offert des caraëtères fi différens de ceux de Linné, que j'ai cru devoir en donner une nouvelle defcriprion, : SNIPET US k . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 293 ANTHISTIRE ANTHISTIRIA. Caraëtere diflinäif. Vleurs polygames, Fleurs mâles : 4 fefiles, verti- cilées, 2 autres portées chacune fur un pedicelle. Calice une valve, Corôlle 2 valves fans arète. Une fleur hermaphrodire fefile. Calice nul, Coïolle 2 valves, Une arète torfe qui naît du fond de la corolle, Flores polygami, mafeuli 4effiles, verricillatr, 2 alteris pediceilatis. Cal. r glumis. Cor. 2 gluris murica. Flos centralis hermaphrodüuus. Cal. O. Cor. 2 glumis. Anfla tortilis à fundo corollæ. Linné a pris pour un calice à quatre valves les quatre fleurs mâles fefiles dont la fleur hermaphrodire.eft entourée & qui ont chacune un ‘calice à une valve, une corolle bivalve & rrois éramines , comme on vient de le voir. L'auteur n'a connu & décrit que les leurs mâles portées fur des pedicelles & qui font pareillement compofées d'un calice à une valve, d’une corollé bivalve & de trois étamines abfolument femblables à celles des fleurs feffiles, C’eft encore pour la même railon qu'il a dit que l'épillet étoit de crois à quatre fleurs, tandis qu'il en a réellemenc fept (1). , Le genre anthifliria a beaucoup d'afinité avec l’ardropogon , Linné le père en avoit même déjà décrit une efpèce fous le nom d’andropogon nutans , mais en lifant la defcription que ce célèbre naturalifte en a donnée dans le Mantiffa , pag. 303 ; il eft aifé de fe convaincre qu'il n’en avoit connu qu'imparfaitement les parties de Ja frudificarion. 1. ANTHISTIRE fans barbe. 4. émberbis. Culmo ramofd , panicu:l& lax&, Jpiculis, fafciculais, fafciculis pedicellatis diflinélis, glumis zmberbibus , t. I. Racine. Longues, filiformes, blanches, tortueufes. ” Chaume, Lifles , rameux, noueux, long d’1 - 2 pieds, fouvent coudés à Ja bafe , nœuds écartés les uns des autres de 2-3 pouces. Feuille. Glauques, ciliées proche la gaîne, quelquefois glabres, creufées en gouttière, larges d'r1-2 lignes, légèrement ftriées. Gaîne comprimée , ordinairement plus courte que les entre-nœuds, Paricule très-lâche. Epis réunis par faifceaux le plus communément au nombre de 3-5$, portés fur des pedoncules axillaires , filiformes , ferrés contre le chaume: Chaque épillet eft accompagné d'une gaîne étroite, fubulée, longue d'r - 2 pouces, Fleur. Polygames. Epillets ordinairement compofés chacun de fept fleurs. i F1. mâles 6 ( rarement $ ou 7 )4 fefiles, verticillées & rapprochées , les autres femblables aux précédentes , portées chacune fur un pedicelle. (1) Quelquefois on ne trouye qu’une fleur portée für un pedicelle, quelquefois auf il y en a trois. - / 204 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE 2 Culice ne valve un peu dure, linéaire-fubulée, glabre, fans arète , : comprimée extérieurement , concave à l'intérieur. Corolle 2 valves membraneules, aigues , fans arète, à-peu-près égales , renférmées dans la valve du calice. T rois étamines filets capillaires. Anthères grêles, jaunes allongées comme dans la plupart des graminées. : F1. hermaphrodite folitaire , fefile, velue à la bafe , fituée au centre de l’épiller. Calice nul. Corolle 2 valves coriaces, brunes, allongéés aigues, roulées & enveloppées l’une dans l’autre. Une arète torfe foyeufe , fouvent coudée , longue de 2 - 3 pouces: elle naît du fond de la corolle fans adhérer aux valves. Trois étamines femblables à celles des fleurs males ; deux ftyles barbus , d’une couleur brune. Graine glabre, life , grêle, allongée , aigue, marquée d'un fillon longitudinal (1). Cette efpèce croît fur les collines fablonneufes & incultes dans les environs de Con‘tantine & de Bône où je l’ai obfervée pour la première fois en 178$. M. de la Billardière l’a aufli rapportée de Syrie. 2 ANTHISTIRE ciliée. 1. ciliara. Panicula laxa, fpiculis fafcicu- latis , fafciculis pedicellacis , difhnélis , glumis barbato glandulofis. — Andropogon nutans , panicul& nutante calycibus quadrivalvibus tri- floris, flofeulo hermaphrodito ariflato. Lin. Manrif. 303 — Lin. fil. Supl. pag. 113. — Sif1. V'epet. Murray. pag. 903.— La Mark. illuftr. t.47,—Andropogon quadrivalvis. Sifl. Veget. E dit. Reich. 4, pag. 300. Cette efpèce que j'ai vue dans l'herbier de M. de la Mark reffemble beaucoup à la précédente ; elle n’en diffère que par les valves du calice qui font glanduleufes & barbues vers la partie fupérieure, Celle-ci eft originaire de l'Inde. 3. ANTHISTIRE barbue. À. barbata. Panicul& lax& , fpiculis fafci- culatis, fafciculis pedicellatis diflinäis glumis vaginifque barbato- glanduofis , tab. 2.— Gæiner. pag. 465$ , t. 175. — Andropogon cilia- tum panicula\ cornua , calyce exteriori multifloro , ciliato ,-ariflis , contortis pilofts. Tunberg. Japon. pag. 40, ex Gætnero. Gzætner regarde celle-ci comme une variété de la /anth. ciliata. Elle” s'en diftingue par les graines des fpathes & des feuilles qui font glanduleufes & garnies de longs poils , tandis qu'elles en font dépourvues dans la ciliata. Cette efpèce ou variété eft dans l’herbier de M. Thouin. Le deflin dont j'offre ici la gravure a été fait fur un des individus qu'il m'a communiqué. Il les avoit reçus de l'Ile-de-France. (x) Cette arète ne feroit-elle point une bâle de corolle ayortée? Il n'à été impoffble de m'en affurer bien poftivement, mais j’ai vu quelquefois deux petites membranes latérales qui fortoient de fa partie inférieure , & j’ai cru appercevoir les rudimens d’une feconde valve oppofte à la bafe de l’arète, ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 295 Nota. Les deux bâles de lascorolle de chaque fleur mâle font fi minces & tellement appliquées l'une contre l’autre, que l’on croit au premier coup-d'œil qu'il n’y en a qu'une feule, & qu’il faut ufer de beaucoup d’adrefle pour les écarter fans les brifer. È ' Explication de la premiére Planche. À Un épillet, un peu groffi, Compofé de fept leurs ; on les a repré- fenrées écartées les unes des autres. Les fl. mâles laiflent appercevoir les étamines & les erois valves donc elles font compofées. B Un fecond épillet avec les ftygmates de la fleur hermaphrodite fituée au centre. € Une étamine. 1 D La fleur hermaphrodite dont les valves ouvertes laiffent appercevoir, 1°. les trois étamines ; 2°. l’ovaire avec les deux ftyles , 3°. l’arère qui va s'inférer au réceptacle; 4°. les deux Aeurs mâles latérales portées chacune fur un pedicelle. E La graine, F L’arèce. 3 Explication de la feconde Planche. À Les quatre fleurs mâles verticillées, de grandeur naturelle. B Une des fleurs mâles ouvertes où l’on voit la valve du calice, les deux ces de la corolle & Les trois étamines. Cette fleur eft un peu grofie. C La fleur hermaphrodite du centre de l'épillet avec Les deux fleurs males pedicellées. D Le piftil de la fleur hermaphrodite. BD) DIT TION A la Lettre adreffée à l'Auteur du Journal de Phyfique, en 1784, fur l'influence de l'Equinoxe du Printems & du Solflice d'Eté, fur la declinaifon & les variations de l’Aiguille aimantee : Mémoire lu à l'Académie Royele des Sciences’, dans les feances _ du mois d'Aoët 1791; Par M. Cassinr. J'ar annoncé dans ma Lettre des obfervations comparatives de deux boufloles placées, l'une, au fond des caves, l’autre, dans les cabinets fupérieurs de l'Obfervatoire, Ces obfervations font trop inté- . * PROS L 236 OBSERVATIONS SUR: L A'PHYSIQUE, reflantes pour ne pas en rapporter ici Les principauxsréfultats. On Les trouvera dans le Tableau fuivant: jy ajouterai que Les deux aiguilles qui ont été miles en expérience, les mêmes que celles employées dans la huitième fuite, étoient toutes deux d'acier fondu & prifes dans la même barre, ont toutes deux éré aimantées en même tems de la même manière, & le plus fortement qu'il a été poffible, ayanr les mêmes dimenfions & étant fufpendues de la même manière. Leur mouvement, _ ainfi que le montre le Tableau, a prefque toujours été dans le même fens, à-peu-près le même d’un jour à l’autre; mais on remarque cepen- dant que celui de l'aiguille fouterraine étoit généralement d'une moindre quantité , les perturbations agiflant moins, fans doute, dans le fond des caves qu'a l'extérieur. Pañlé le 17 mai, il n’y eut plus d'accord entre les aiguilles. L’humidité extrême des caves avoit pénétré dans la boîte , - rouillé l'extrémité de l'aiguille , obfcurci intérieurement le verre, ce qui obligea bientôt d'interrompre les obfervations & de rout démonter. N'ayant pu, dans ces premières expériences, multiplier ; autant que je l’aurois defiré les obfervations & les comparaifons , je m'érois propofé de les reprendre avec plus d'activité: mais diftrait d’abord par d'autres recherches & d’autres ouvrages, peu äprès ; éloigné & détourné par la reftauration des bâtimens de l’Obfervatoire , lorfqu'enfuite je me propofois de reprendre mes anciennes expériences au fond des caves, je me fuis vu forcé d'y renoncer & de m'interdire même abfolument l'entrée de ces fouterrains ; après avoir été traîné par des gens armés, qui me foupçonnoient d'y tenir caché des armes, des poudres, des prifonniers ou des farines, mais ils n’y ont trouvé que des inftrumens de Phyfque fort innocens; ce qui n'a pas empêché de renouveler depuis les mêmes foupçons & de renouveler plufeurs fois les mêmes vilites. IL a fallu dès-lors me décider à laiffer-là thermomètres & bouiloles, tant pour ma tranquillité que pour celle d'autrui, TABLEAU SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 297 T'ABLEAU de la comparaifon du mouvement de deux aïguilles aimantées placées , lune au fond des caves de l'obfervatoire , l'autre dans les cabinets fupérieurs, dans les années 1783 & 1784. ten) ee RE \ ÉPOQUE. .BOUSSOLE k fupérieure. fourerraine. heur. Difér. Différ. ! 25 Juillec z21d.20m.0o |2rd,210 m. ! — 1,4 ° 26 midi 18,6 20 foir —26,6 —17,8 11 10 52,0 2,2 i “18,0 20,5 27, midil2r 20,0 22,7 4 — 13,8 —13,;7 minuit 6,2 9,0 17 +124 +13: 28 midi 18,6 22,7 ; : + 8,3 + 42 29 midi 26,9 26,9 Se 126 — 6,9 30 midi 1753 26,0 È foir + 13,7 + 9,6 1 Août 12 31,0 29,6 NO — L4 Û 47 27,9 28,2 $ — 63 — 6,8 # 2 midi 29,7 21,4 Ka 107 0,7 3 midi 10,0 20,7 foir —14,0 — 7,6 1 99 1351 foir e 0,0 4 11 Kad 13,1 ; J 9,6 525 s midi 18,6 ne mA 0,0 + 1,4 ( 6 midi £ 18,6 20 de — 1,0 — 1,4 | A" midi 16,6 18,6 AV + 1,0 — 1,3 8 midi 18,6 17,3 L o [0] 92 midi 18,6 17,3 œ + 535 10 midi 18,6 18,6 , a + 1,4 + 1,4 11 midixz 20,0 20,0 El + 1,4 + 27 4 +12 midi Z 27,4 21,7 f foir —13,8 — 9,6 112 726 13,1 Fc +179 + 11,0 Ce midi 25,5 24,1 “ EF — 69 —10,3 72 18,6 13,8 z +11,c + 7,5 29,6 11,4 lr9 1 , + #1 + 41 28 1 337 25,5 matin 1,0 _— 8,2 t Septem.1c 227 1753 foir + 355 + 41 1 26,2 21,4 + 5,4 + 34 19 L 31,6 24,8 DT — 0,6 Te 35% 14 midiz 31,0 21,4 335 + 1,4 Tome XL , Part. I, 1792 AVRIL. ÉPOQUE. 1 O&tobre midi 15 21 30 1 Novembre 12 4 Décembre 18 21 30 —_————— 1784. 4 Janv. midi Z 8 1 8x: z 24 115 3 Fév. midi éErrE it midi + 23 midi 6h, 1 Mars midi $ midi 19 Avril midi 2 Mai midi LA 74 LA 17 1E 15 midi 31 midi 1 Juin midi $ 10 10 midi BOUSSOLE fupérieure. | fourerraine, Dikér. 2114.27, + 8,1 35,6 — 4,6 31,0 o 31,0 + 2,7 3357 _— 2,7 31,0 + 03 23 o 323 en ire 31,0 Difér. 21d. 20,0 + 4,8 21 Pete 298 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, APTE NS RENE APE SIP TR TEE SP STE PTE CRE ER 2 207 CIO DE ELA DÉCLINAISON ET DES VARIATIONS DE L’'AIGUILLE AIMANTÉE, Obfervées à l'Obfervatoire Royal de Paris, depuis l’an 1663 Jufqu'a 1791 : De l'influence de l'Equinoxe du’ Printems , & du Solflice d'Eté, Jur la marche de l’ Aiguille ; Par M, CASSINI. A L’occasron d'une Lettre écrite de Londres, à l’un de nos confières, fur la déclinaifon de l’aiguille aimantée, l’Académie a paru defirer que je lui fifle part du rélultat des expériences & des obler- vations que j'ai pu faire à ce fujer, & dont elle fait que je m'occupe depuis plufieurs années. C’eft pour la fatisfaire que j'ai dreflé les fix Tableaux fuivans, que j'accompagnerai de difcuflions & de réflexions qui me paroîtront propres à donner des lumières & à diriger l'opinion fur l’objet dont il eft queftion. 1 $ I. Déclinaifon de l Aiguille aimantée depuis 1667 jufqu'en 1677. Le premier Tableau repréfente la fuite des obfervations de l'aiguille aimantée faites à l'Obfervatoire royal , depuis 1667 jufqu’en 1677. Je l'ai fait avec un foin particulier en confultant les Mémoires de l’Acadé- mie, les Connoiflances des Tems, & nos regiftres. J'ai marqué la date précife des oblervations, c’eft-à-dire, le jour du mois (car on ipnoroit encore alors qu'il n'étoit pas indifférent de marquer l'heure ). J'ai rapporté Le nom des obfervateurs , la longueur des aiguilles, & routes les circonftances que j'ai pu recueillir, & qui m'ont paru intéreflantes ou néceflaires à un jugement & à une critique éclairée. J'y ai joint quelque- fois d’autres obfervations faites en même tems, & non moins dignes de confiance que les premières. Enfin, je n’ai rien négligé pour rendre ce Tableau plus exact & plus complet qu'aucun de ceux qui avoient été fairs jufqu’à préfent. Cette fuite de cent dix années d’obfervations faites dans le même lieu, peut être divifée en quatre parties. La première comprenant les obfer- vations faites par M. Picard, depuis 1667 jufqu'en 1083. La feconde, les obfervations faites par MM, de La Hije père & fils, depuis 1683 ne L. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2099 jufqu’en 1719. La troifième , les obfervations faites par M. Maraldi, depuis 1719 jufqu'en 1744. La quatrième , les obfervations faites depuis 1744, par M. de Fouchy, & autres. Nous croyons devoir dire un mot fur chacune de ces différentes féries. 1°. Les obfervations-de Picard font infiniment précieufes, en ce qu’elles fixent une grande époque pour la déclinaifon de l'aiguille aimantée, celle où certe déclinaifon parut nulle. En effet, dans fon ouvrage de la mefure de la terre ( Hif?. Acad. tom. VIT, pag. 165$ ), Picard rapportant que, vers la fin de l'été 1673 , il avoit trouvé la déclinaifon de l’aiouitle aimantée de 1 degré 30 minutes, vers le nord-oueft, ajoute que cette même aiguille (qui avoit $ pouces de longueur) n’avoit à Paris aucune déclinaifon fenfible en l'anné 1666 ; & qu'en 1664, elle déclinoit vers l'eft de o degré 30 minutes. A cette occafon, nous ne pouvons nous difpenfer de rapporter ici ce que l’on trouve dans un recueil de voyages de M. Thévenot, imprimé à Paris en 1681, pag. 30. Voici ce que dit M. Thévenot: « Au folftice d'été de l'année 1663, je traçai une » métidienne fur un plan fixe, afin de favoir quelle étoit alors la æ déclinaifon de l’aimant, & être afluré à l'avenir de fes changemens, » J'avois choifi, pour ce deflein, une maifon de campagne dans Ify, » village qui a Paris au nord , & qui en eft éloigné d'une bonre lieue ; cela fut fait par le moyen des ombres prifes ke matin & l'après-midi du jour du folftice d'été, mais avec une circonftance remarquable, J’en traçai une par cette méthode, & M. Frenicle une autre fur cette même pierre : elles fe trouvèrent routes deux fi exaétement parallèles que nos autres mathématiciens n’y remarquèrent aucune différence : ainfi nous demeurâmes perfuadés que nous pouvions nous fier à cette obfervation, &e tenir cette ligne méridienne pour bien tirée. Ayant enfuite appliqué diverfes boufloles à cette ligne méridienne , nous vimes qu'elle ne déclinoit point en ce tems-la ». Voilà, fans doute, une obfervation faite avec un grand degré d'authenticité, & qui autoriferoit à fixer trois années plutôt que, felon Picard , l’époque de la coïncidence du méridien magnétique , avec le vrai méridien, Les obfervations intermédiaires de 1664 ne permettent pas de fuppofer que l'aiguille foit reftée ftationnaire dans le méridien , dans l'intervalle des trois années : car , d’un côté, Picard trouvoit la décli- naifon de o degré 40 minutes à l’eft en 1664; tandis que de l’autre, Thévenot la trouvoit alors de plus d’un degré vers l'oueft (1). Remar- OO ROSE EE (1) A la fuite du paflage cité ci-deffus, Thevenot ajoute: « J'y ai appliqué » depuis, d'année en année , les mêmes boufloles , & j’ai trouvé qu'en 1664 » Païguille déclinoit de plus d’un degré vers l’oueft; en 1667 , de plus de deux » degrés ». Tome XL, Part, I. 1792. AVRIL Qgq2 Brad ur, HETUE-U & y ÿ 8 300 CBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quons également que les obfervations d’Ifly, en 1667, ne s'accordent pas davantage avec celle qui fut faite en même tems par les académiciens raflemblés le 21 juin fur l'emplacement deftiné à l'Obfervatoire royal. Ceux-ci trouvèrent la déclinaifon de © degré 15 minutes vers l’oueft, tandis que chez T héverot , elle étoit de plus de 2 degrés. Or, comme il y a lieu de croire que dans cette occafion ce fut l'aiguille de M. Picard qui fut employée à déterminer la déclinaifon à l'Obfervatoire, & comme il fe trouve juftement en 1664 & 1667 une égale différence de 1 degré 40 à 4$ minutes , entre les obfervations d’Iffy.& celles de Paris, il me paroit très-démontré que cela tenoit, foit à quelque différence conftante de circonftance ou de localiré des deux lieux d’obfervations à Paris & à Ify, fuit à quelque différence d’aimantation ou à quelque défaut dans la fufpenfon qui retenoit l’aiguille de M. Picard toujours de 1 degré 40 à 45 minutes plus à left que les aiguilles de M. Thévenot; & j'avoue que je penche plutôt pour cette dernière opinion. Comme en 1663, chez Thévenor, il eft dir que l’on éprouva plufeurs aiguilles , qui prirent toutes la même direction, l'on voit qu'on feroit fondé à jetrer quelque foupçon {ur la fufpenfon , ou fur l’aimantation de l'aiguille de Picard. M le Monnier, dans l'écrit intitulé: Mémoire concernant diverfes gueflions d’Aflronomie , de Navigation & de Phyfique , fait une ré- Hexion très-judicieufe ; c'eft qu’?! eût été à defirer, qu'à If]y, dans les années qui Juivirent celle de 1663, M. Thevenot eût fair vérifier [a ligne méridienne , que la pouffée des terres auroït pu altérer à chaque hiver qui fuivirent le folflice d'été de l'année 1663. En effet, nous fommes éconnés de voir qu’à Ifiy l'augmentation de la déclinaifon a été trouvée d’un degré entier de 1663 à 1164, c'eft-à-dire, dans l'intervalle d’une feule année; tandis que, dans les trois années fuivantes , l'augmentation dans le même lieu n’a été que d'un degré ; ce qui s'accorde parfaitement avec la variation donnée à Paris dans le même intervalle de tems par l'aiguille de Picard , qui de 1663 à 1667, s’eft avancée de ÿ$ minutes, Le dérangement dans les méridiennes d’Iffy, dont parle M. le Monnier, me paroît donc avoir eu lieu en effet, mais ce n'a pu être que de 1663 à 16(4, puifque, de 1664 à 1667, les obfervations de Paris & d’Ifly ont une différence conftante. Notre académicien penfe auffi que l'obfervation faite Le 21 juin 1667, fur l'emplacement de l'Obfervatoire ,où la déclinaifon ne fe trouva que de 15 minutes à l'oueft, a peut-être fait conclure que la déclinaifon avoit dû être nulle l’année précédente 1C66 ; mais rappelons nous que Picard dir expreflément , qu'en 1666, fon aiguille de $ pouces avoit donné la déclinaifon nglle, on ne peut donc pas douter que l’époque de 1666 ait été fixée par une obfervation directe , & non par eftime. Au refte, nous laifferons aux favans , d’après ces réflexions & celles qu’ils pourront y ajouter , à fe décider entre les deux époques de 1663 SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 301 & 1666: Quoiqu'au moment actuel où il s’eft écoulé plus d’un fiècle & un quart, cela devienne plus indifférent dans le calcul de Ia variation moyenne & annuelle de la déclinaifon de l'aiguille aimantée , néan- moins, j'ai cru intéreflant de difcuter ce point important , pour faire, au moins , connoître le degré plus ou moins grand de certitude que fon pouvoit avoir à ce fujet. Examinons aéuellement la marche procreflive qu'a eue l'aiguille aimantée dans ces premiers tems. Nous venons de voir que les obfervations de Picard donnoient le mouvement de l'aiguille , de 1664 à 1667, de © d. gÿ min. ou par année de 19 min. de 1667 à 1670, de 1 d. 1$ min. 2$ min. de 1670 à 1680, de 1 d. 10 min. 7 min. Les obfervations faites à Iffÿy , chez Thévenot, donnent également 20 minutes de mouvement de 1664 à 1667; & 6 minutes de 1671 à 1681. Il”. La Hire commença en 1683 à obferver la déclinaifon. L'aiguille dont il {e fervit étoit un fil d’acier de huit pouces de longueur , rerminé en deux pointes déliées ( Mém. Acad. 1716, pag. 6), & nous voyons dans nos Mémoires pour l’année 1714, pag. $, qu'il appliquoit un des côtés de fa bouflole contre la face occidentale d’un gros pilier quarré de pierre de taille qui eft à la terrafle bafle de l'Obfervatoire vers le midi, la face de ce pilier étant parfaitement bien dirigée, fuivant la méri- dienne. J’ai inutilement cherché ce pilier ; il paroît qu'il n’exifte plus, ou bien peut-être il a fait partie des murs de terrafle qui ont été élevés depuis. Dans l'intervalle des trente-cinq années d’obfervations de MM. de la Hire père & fils, l'aiguille aimantée a paru plufeurs fois ffationnaire , favoir, en 1684 & 1685, 1697 & 1698, 1701 & 1702, 1710 & 1711. Elle a paru rétrograde de 1714 de 1717 Mais nous réfervons pour la fin de ce Mémoire , des remarques impor- tantes fur ce que l'on doit penfer de ces ftations & rétrogradations indiquées par des obfervations anciennes. Voici quelle a été la marche progreflive de Paiguille dans l'intervalle de ces ftations , ayant foin de gé la déduire que de la comparaifon des obfervations faites dans le même mois de l’année , (nou$ difcuterons aufñfi plus loin cette manière de déterminer les variations de la déclinaifon }, 171$; 1718. x a \ a 502 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 3 De 168$ à 1693, augmentation annuelle, 16 min. =. 1703 à 1709, & 14 min. =. 1711 à 1714, 13 min =, Des obfervations de Caffini, faites en même tems & en même lieu , donnent également une augmentation annuelle de 15 minutes, depuis l’année 1702 jufqu'en 1710. Il paroït donc que, dans cette période de trente-cinq années d’obfervations de la Hire, la variation annuelle n’a jamais été aufli petite que celle qui avoit été précédemment obfervée de 1670 à 1680 , ni jamais aufli grande que de 1664 à 1670. f III°. Après la mort de la Hire, Maraldi fe chargea des obfervations de la déclinaifon, en employant d’avord , ainfi qu'il le dit lui-nième ( Mém. Acad. 1720, pag. 2 ), l'aiguille de M. de la Hire, Mais dès la troifièmme année, c’eft à-dire, en 1721, il fit ufage d'une autre aiguille de quatre pouces feulement de longueur; il eft curieux de remarquer ici la raifon pour laquelle il préféra une aiguille moins longue & plus légère. On a connu, dit-il (Mém. Acad. 1722, pag. 6), par expé- rience, que lorfqu'on veut fe fervir des grandes bouffoles pour avoir les degrés plus fenfibles, l'aiguille ne marque pas toujours la même déclinaifon, comme elle devroit faire, dans le méme jour , & comme font ordinairement les plus petites ; ce qui vient peut-être de ce que la matière magnétique que circule autour de la grande aiguille, 6 La fait diriger vers le nord, ra pas aflez de force pour vaincre la réfiflance gu’elle fait par fon poids, & lobliger à reprendre la même diredion ; ce qui nous a fait préférer les bouffoles de quatre pouces à de plus grandes faites avec une égale attention. Par ce reproche , que Maraldi faifoit aux grandes aiguilles, & cette exclufion qu'il leur donnoit pour une caufe qui prouvoit leur plus grande fenfbilité & devoit Leur mériter la préférence , nous voyons que l'effet de cette varation diurne, fi bien connu depuis, s’étoit déjà fait remarquer, mais qu'on étoit loin de foupçonner qu'il fût réel. Les premières obfervations de Maraldi furent remarquables en ce que la direction de l'aiguille refta la même pendant cinq années confécutives, Nous remarquons en effet que Faiguille fut ftationnaire du premier feptembre 1720 au mois d’oélobre 1725 ; elle Le fur encore en 1739 &c 1740, en 1742 & 1743. De 1733 à 1737, l'aiguille parut rétrograder une année , & avancer la fuivante de ce qu’elle avoit perdu ; mais Les obfervations n'ayant pas été faites dans les mêmes mois, on ne peut être aufli Sûür des réfultats.. : | De 1726 à 1733, l'augmentation annuelle de la déclinaifon a été de 27 minutes —, SÛR LHIST. NATURELLE ET LES: ARTS: 303 IV°. Pendant un intervalle de dix années, depuis 1744 jufqu'en 1754, Fouchy fuccéda à Maraldÿ, qui reprit enfuite ces obfervations ; & dans les trois premières années, 1744, 1745 & 1746, aiguille parut ftationnaire ainfi qu'en 1757 & 11758. Dans l'intervalle de ces deux ftations, on voit que de 1746 à 1757, l’augment. ann. de la déclinaifon , a été de 9 min. <. de 1760 à 1771, 7 min. = la même qui avoit eu lieu anciennement de 1670 à 1680. Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer qu'il fe trouve un degré d'augmentation , ou plutôt de différence , entre la dernière décli- naifon obfervée en 1743 par Maraldi, & la première obfervéeten 1744 par Fouchy. Ce qui donneroit à foupçonner que ce n’eft point la même aiguille dont ce dernier s’eft fervi, ou qu'il n’a peut-être pas placé fa bouflole dans le mêine endroit ou de la même manière. Il eft éronnant que Fouchy n'ait rien dit dans fes Mémoires qui puifle éclairer fur ce fait ; mais nous devons croire que cette augmentation fubite de plus d’un -degré d’une année à l’autre , dans la direction de l'aiguille, tient à l'erreur de l’obfervation & au changement ou d'inftrument ou d'obfervateur. * Au fujet de la poñtion de la bouflole , nous croyons intéreffant de configner ici l’anecdote fuivante. Nous avons vu que la Hire appuyoit la boîte de fa bouffole contre un pilier de pierre de taille dont un côté étoit parfaitement dreflé dans le méridien. Maraldi en continuant la fuite des obfervations de la Hire, a eu foin de prévenir qu'il s’eft fervi des mêmes inftrumens que fon prédéceffeur, en les plaçant dans les mêmes lieux. Il eft donc à croire que Maraldi pofa fa bouffole contre le pilier dont il fait mention ci-d-flus , tant qu'il exifta. Mais voici un fait que je puis encore affurer, c’eft que depuis l’année 176$, où je me fuis occupé d'obfervations, j'ai toujours vu M. Maraldi, mon père , & tous ceux qui font venus éprouver des aiguilles aimantées à l'Obfervatoire, les pofer fur une méridienne tracée fur le revêtement ou parapet du mur occidental de la grande terraffe du jardin , qui eft de plein pied au premier étage de l'Obfervatoire. Cette méridienne, m’a-t-on dit, avoit été très-anciennement tracée, & en avoit tout l'air : comme elle étoir à moitié effacée, je l’ai renouvelée, & m'en fuis fervi moi- même jufqu'en 1777, où j'ai fait un autre établiffement, dont je parlerai tout-à-l’heure. Je veille d’ailleurs à fa converfation; & pour que ceux qui , dans la fuite, voudroient y rapporter leurs boufloles , puiffent la retrouver ; je dirai qu'elle eft placée à foixante- neuf pieds de la pointe fud du mur de la terraile , fur la quinzième pierre du parapet. Paflons maintenant à l’autre Tableau. La Juite au mois prochaïr. 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EE EXT R' AUDE Des Obfervations météorologiques faites à Montmorenci , par ordre du Roi, pendant le mois de Mars 1792 ; Pur le P. CoTTE, Prétre de l'Oratoire, Curé de Montmorenci , Membre de plufieurs Académies. L A gelée, ainfi qu'en janvier & février, a encore pris aflez fubitement le 9 , mais elle a ceflé le 14; cette gelée a fixé en quelque forte le mal que celle du mois de février avoit fait aux arbres fruitiers: je ne vois guère que les pommiers qui n'aient pas fouffert. Les pruniers & les cérifiers ont été un peu endommagés dans quelques cantons. La température de ce mois en général a été douce & peu humide. Le premier, ai cueilli la violerte, le 6, j'ai vu quelques fleurs de pêchers au bout des branches qu’il faudra retrancher à la taille ; à l'égard des abricotiers , je n’ai encore apperçu ni fleurs ni feuilles, les boutons qui devroient les produire font grillés, il n’y a d’efpérance que dans les bourgeons qui perceront. Le 20 , la vigne leuroit , Les lilas fe chargeoient de feuilles. Le 29, j'ai vu la premiere hyrondelle & la première chauve-fouris , les grofeillers à grappes fleu- rifloient. Température de ce mois dans les années de la période lunaire de 19 ans correfpondante à celle-ci, Quantité de pluie en 1716, 10° lign.en 1735 10 lign. en 1754 $ = lign. en 1773 à Montmorenci. Plus grande chaleur 17 id. le 25. Moindre 1 + de condenfation le 29; Moyenne 2,0 d. Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. 3 lign. le 12. 3 Moindre 27 pouc. 8 © lign. le 4. Moyenne 28 pouc. 0,0 lign. Quantité de pluie 2+lig. d'évaporation 24 lion. Nombre des jours de pluie 4. Vents dominans eft & nord-eft, Température aflez froide , aflez sèche. Températures correfpondantes aux différens points lunaires. Le pre- mier (/uniflice boréal & apogée) couvert , doux. Le 4 (quatrième jour avant la P. L.) couvert, vent doux, pluie. Le 8 (P. L.) couvert, vent froid, brouillard, pluie , changement marqué. Le 9 ( équinoxe defcendant) couvert, froid , neige. Le 12 (quatrième jour aprés la P. L.) beau, froid. Le 1$ (/uniflice auflral & D.Q.) couvert, vent doux , pluie. Le 16 ( périgce) nuages, doux. Le 18 (quatrième jour avant la NN. L.) nuages, doux, brouillard, Le 22 (N. L. & équin.afcend. ) couvert, doux, brouillard, pluie. Le 26 (quatrième jour après la N. L.) nuages , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 30; nuages, doux , pluie, Le 29 ( luxif?, boréal & apogée ) nuages, doux. Le 30 (P. Q. ) nuages, doux, pluie, ! En mars 1702. Vents-dominans , le fud-oueft ; il fut violentles4, $, 7, 15 & 27. Les vents de l’équinoxe ont foufflé comme à l'ordinaire prefque tous les jours depuis le lever du foleil jufqu'à fon coucher. Plus grande chaleur 14,2 d. le 25 à 2 heur. foir,le vent S. O. & le ciel couvert, Moëndre $,9 d. de condenfation le 12 à 6 heur. matin, le vent N.E. & le ciel ferein. Différence 20,1 d. Moyenne au matin 3,0 d. à midi7,5 d. au foir 4,9 d. du jour 5,1 d. Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. 1,9 lign. le 12 à 9 heur. foir , le vent eft & le ciel en partie ferein. Moërdre, 27 pouc. 3,10 lign. le 4 à 9 heur. foir, Le vent S.O. violent & le ciel couvert. Différence, 0,14 lign. Moyenne au matin 27 pouc. 0,2 lign. à midi 27 pouc. 0,3 lign. au Joir & du jour 27 pouc. 9,2 lign. Marche du baromètre, le premier à 6 =heur, matin 27 pouc. 8,9 lign..du premier au 2 baiflé de 3,0 lign. du2 au 3 monté de 2,2lign. du 3-au 4 B. de 4,1 lign. du 4 au $ M. de 45 lign. du $ au 6 B. de4,5 lign. du 6 au 12 M. de 9,11 lign. du 12 au 15 B. de 8,0 lign. du 15 au {16 M. de 6,2 lign. du 16 au 18 B. de ,110 lign. du 18 au 20 M. de 3,6 lign. du 20 au 25 B. de 4,6 lign. du 2$ au 26 M. de 1,7 lign. du 26 au 27 B. de 1,10 lign. du 27 au 28 M. de 2,7 lign. du 28 au 30 B. de 3,3 lign. du 30 au 31 M. de 3,5 lign. Le 31 B.de 1,0 lign. Le 31 à 9 heur. foir 27 pouc. 10,10 lign. Le mercure s'eft foutenu en général au-deffous de fa hauteur moyenne ; qui eft à Montmorency de 27 pouc. 10,6 lign, & il a beaucoup varié fur-tout en montant, les $,7,9, 10,16, 19, 28 & 30; & en defcendant , les1 ,4,6,13,1$, 27 & 29. Il eft tombé de la pluie les 2,4, 5, 6,8, 14, 15, 21,22, 2ÿ,26 & 30,8& de la neige les 9 & 11. La quantité d’eau a été de 21,0 lign. celle de, l’évaporation a été de 14 lign. L’ourore boréale n'a point paru. Le tonnerre ne s’eft point fait entendre. : Nous n’avons point eu de maladies régnantes. Refüulrats des trois mois d'hiver. Venrs dominans , eft. Plus grande chaleur 14,2 d. Moindre 11,8 d. de condenfation. Moyenne au matin 1,7 d. à midi, 5,2 d. au /oir 2,9 d. du jour 3,3 d. Plus grande éléva- - tion du baromètre 28 pouc. 2,9 lign. Moindre 27 pouc. 0,0 lign. Moyenne au matin, à midi, au foir, & du jour 27 pouc. 9,1 ligu. Quantité de pluie 6 pouc. 4,3 lign. d'évaporation 2 pouc, 4,0 lign. | Température, variable , plus douce que froide, plus humide que sèche. Nombre des jours beaux 19, couverts 47, de nuages 25, de vent 24, de pluie 34, de neige 11, de brouillard 21, Produétion de La terre, Les bleds font beaux, les arbres fruitiers & la. vigne ont fouffert de la gelée. Maladies , aucune réonante; la température de l'hiver Tome XL , Part, I, 1792. AVRIL, Rz . ’ 7 (l 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, funefte aux vieillards, aux valétudinaire & aux femmes en couches. Nombre des NAISSANCES. Garçons‘ 12, filles 2. SÉPULTURES, adulres., hommes 4, femmes 8, Enfans, garçons 3,files2. Mari A4GES 4. NorTez fur la Population de Montmorency.” La population a@uelle de Montmorency eft d'environ 16 à 1700 ares ;il y meurt une perfonne fur 36. Les dix dernières années donnent 45 pour le nombre moyen annuel des morts; ce nombre multiplié par 36 porte la population à 1620. J'ai fait en 1776 le dénombrement de ra paroifle, je l'ai trouvée compofée de 1660 ames: ainfi ces deux réfultats s'accordent aflez bien enfemble. : Le réfultat qu'offrent les reoiftres de la paroifle pendant un efpace ‘de 168 ans (1623—1790 ) eft pour l’année moyenne le fuivant, LT ZATÇONSe ere + « 25 sf : Naïfauces filles PR ie Ç hommes & garçons I2 À femmes & filles. . 12 Ç 74 SI CE j Garçons ee LOTS F 27 } : adultes Sépultures. ONE ete Te Mariagés .4.............0e 12 Le réfultat depuis 1623 jufqu'en 1777 donne une proportion plus favorable à la population entre le nombre des naifflances & celui des fépultures. ( Voyez mes Mérm. fur la Météorologie, tom. IT, pag. 460.) Le premier excède le fecond de quatre, tandis que le fecond excède le premier d’un, dans le réfultat général des cent foixante-huit ans, Il paroît cependant que la population fe foutient à-peu-près la même depuis fort long-tems; ce qui a contribué au commencement du fiècle à la diminuer, c'eft la manie des grands parcs, ce qui a occafionné la deftructien de beaucoup de maifons , & l'accaparement de différentes pièces de terres qui failoient vivre leurs propriétaires, & qui n’ont fervi enfuite qu'à nourrir la fotte vanité de leurs acquéreurs. F Montmorency , 2 Avril 1792. ' ; ss OBSERVATIONS SUR PLUSIEURS PROPRIÉTÉS DU MURIATE D'ÉTAIN: Extraites d'un Mémoire lu à l Académie Royale des Sciences , ; en Février 1792; Par M. PELLETIER. Si lon fait bouillir de l'acide muriatique fur de l’étain, l'on parvient à difloudre en totalité ce métal , & pendant la diffolution il fe dégage une odeur particulière très-fétide. Le réfultat de cette combinaifon eft connu fous le nom de diffolurion d'étain par l'acide marin, & aulli fous celui de muriate d'étain. L'on obtient encore une combinaifon de l’étain avec l'acide muria- tique , en diftillant un mélange d’amalgame d’étain & de muriate de mercure corroff : on la nomme alors /'queur funrante de Libavius. M. Adet a Ju à l’Académie un intéreflant Mémoire fur le müriate fumant d'étain , & les obfervations qu'il y a développées nous ont appris que le muriate fumant d’étain étoit une fubftance faline formée par la combinaifon de l'étain & de l'acide muriatique oxigéné & privé d’eau. M. Adet nous y a aufli appris qu'en mêlant le muriate fumant d’étain à l’eau dans les proportions de 7 à 22 on obtenoit une fubftance faline concrète. Aux obfervations que je viens de rapporter, M. Adet en a encore ajouté une très-importante : c'eft que le muriate fumant d’étain peut (lorfqu'il eft étendu d’eau) difloudre une nouvelle quantité d’étain, fans qu'il y ait dégagement d'hydrogène, C’eft ce qui lui a fait conclure que l'acide muriatique exiftoit dans la diflelution fumante d’étain à l’état d'acide muriatique oxigéné. Les diffolutions d’étain font d’un ufage journalier dans la teinture, fous le nom de compofition, Mais chaque teinturier a un procédé pour la préparer : les uns emploient fimplement l’acide muriatique ordinaire pour diffoudre l’étain ; d’autres ‘emploient l’eau régale ou acide nitro- muriatique qu'ils préparent encore de diverfes manières. D’äprès ce qui vient d’être dit de la diffolution d’étain , l'on doit voir qu'elle-doit être dans divers états, fuivant qu’elle a été préparée, Si l'on a fait 'ufage ‘d'acide muriatique ordinaire , alors l’on a une ! diflolution de muriate d’étain, Si au contraire ‘on s’eft fervi d’eau Tome XL, Part. TI, 1792. AVRIL, Rr'2 308 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE: régale , alors on peut avoir une diflolution de muriate oxigéné d'éfain ; où fimplement une diflolution de muriate d’étain; & cela fuivanc la quantité d'étain que l'on aura mife en diflolution, ou fuivant que l'opération aura été conduite. Pour en être convaincu , il ne faur point sperdre de vue lobfervation de M. Adet , que Le muriate oxigéné d'état peur diffoudre une nouvelle quantité d’étain fans dégagement d'hydro- gène, & qu'enfuite il fe trouve à l'état de muriate d’érain ordinaire. I eft cependant bien eflentiei pour les progrès de l’art de la teinture ; d'avoir une diflolution d’étain qui foit conftamment dans le même état: les artiftes ne feroient plus dans un râtonnement continuel pour attraper certaines teintes qu'ils ont déjà obtenues, & qu'ils ne peuvent refaire , parce qu’ils manquent à quelque circonftance dans la préparation de leur compofition. Je pare à ces inconvéniens par le procédé que je vais propofer. Je commence par laminer de l’étain , afin d’avoir la facilité de le couper par morceaux très-petits ; l’étain ainfi coupé, je Le mets dans un matras avec quatre fois fon poids d’acide muriatique concentré, que j'ai eu foin de préparer à l'appareil de Woulfe. Je place enfuite le matras fur un bain de fable, que je chauffe par degrés, & à l'aide de l’ébullition je parviens à difloudre entièrement l'étain. La diffolution étant faite , je la mets dans une bouteille, & enfuite j'y fais pafler du gaz muriatique oxigéné (en me fervant de l'appareil connu pour la préparation de ce gaz). Cette diflolution d’étain en abforbe en très-grande quantité, puifque j'ai obfervé qu'une diflolation de 2400 grains d'étain par l'acide muriatique ordinaire avoit abforbé plus de deux onces de gaz muriatique oxigéné : tant que la diflolution en aborbe, l'on ne fent point l’odeur particulière à ce gaz. Je continue donc à la faturer, jufqu'à ce qu'il y en ait excès ; alors je mets la diflolution ainfi faturée fur un bain de fable , pour dégager l'acide muriatique libre qui ne tarde pas à fe volatilifer; j'obtiens par ce moyen une diflolution claire que je nommerai muriate oxigéné d'étain. J'ai fait quelques effais avee la diflolution d’étain ainfi préparée comparativement avec la diflolution ordinaire d'érain, & j'ai obfervé qu'elle me donnoit des réfultats plus beaux. | Si lon continue à évaporer Ja diffolution d’étain chargée de gaz muriatique oxigéné, elle criftallifera abfolument comme le muriate d’étain fumant que l'on a étendu d’eau ; fi on l’évapore davantage, & qu'enfuite on foumette ce fel à la diftillation, il fe fublimera & il paflera en entier dans le récipient. Ce fel ne diffère donc point de celui ue M. Adet a obtenu en étendant d’eau la Haueur fumante, puifque ce - q , dernier donne des réfultats abfolument analogues. J J'ai fait auffi des eflais dans lefquels j'ai employé du muriate d'étain fumant que j’étendois d’eau : il m'a très-bien réufli, mais l’on ne peut SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 309 fonger à s'en fervir dans la teinture, à caufe de la difficulté de le pré- parer & à caufe de la cherté des ingrédiens qu'il faut nécéflairement employer pour le faire ; au contraire Ja diffolution que je propofe n’exige -pas une manipulation bien compliquée ; elle eft d’ailleurs peu difpen- dieufe ; & en la comparant avec celle que l’on obtient en étendant d’eau la liqueur fumante , on n’y trouve point de différence. La diffolution d'étain par l'acide muriatique eft fi avide d'air pur ou doxipène , qu’elle peut l'enlever à plufeurs fubftances auxquelles il eft uni. J'ai à ce fujec tenté une fuite d’expériences qui m'ont paru mériter quelqu’intérèt. Je n'en ferai connoître pour le moment que quelques- unes, parce que je me propofe de reprendre ce travail, afin de le préfenter compler, Première Expérience, Jai dit plas haut qu’une diflolution d'étain par l'acide muriatique ordinaire, dans laquelle je faifois pafler du gaz acide muriatique oxigené , abforboit ce gaz avec chaleur; il arrive dans cette expérience que l’oxigène abandonne l'acide muriatique, pour s'unir à la diflolution d’étain qui en eft très-avide. Si l’on ajoure quelques gouttes de diffolution de muriate d’étain à de l’eau chargée de gaz muriatique oxigéné , fur le champ cet acide eft décompofé, l’on ne fent plus fon odeur particulière, & la liqueur, étant évaporée, donne du muriate oxigéné d’étain, qui peut être fublimé en entier, lorfque toute l'humidité eft évaporée , à la différence du muriate d’étain ordinaire qui étant évaporé donne un réfidu falin plus ou moins coloré, qui ne fe volatilife en partie qu’à un degré de feu plus fort, & qui laifle encore un réfidu confidérable: les deux combinaifons jouiflent d'ailleurs de propriétés bien différentes, Seconde Expérience. J'ai mis dans une cornue une diffolution de 300 grains d’étain dans l'acide muriatique , & j'y ai ajouté de l'acide nitrique concentré ; il s’eft fait aufi-tôt un dégagement confidérable de gaz nitreux , & une partie du mêlange a été lancée avec force au dehors de la cornue. Dans une autre expérience j'ai employé de l'acide nitrique affoibli; le mélange s'eft fait tranquillement; mais ayant voulu chauffer la cornue, il s’eft fait de même un dégagement de gaz nitreux fi confi- dérable , que la cornue a été brifée. Troifième Expérience. La diflolution muriatique d’étain ne m'a point paru avoir de lation fur l'acide fulfurique ; mais elle décompofe l'acide fulfureux. J'ai ajouté à une diflolution de muriate d’érain, de l'acide fulfureux ; lors du mélange il n’y a point eu de changement très-grand dans la liqueur , elle * ferrp 310 , OBSERFATIONS SUR LAYPHYSIQUE, a fimplement pris une couleur rougeâtre; mais au bout de quelques minutes le mélanges'eft échauffé, & il.a formé un précipité d’un beau jaune (1), Ce précipité eft de l'oxide d'étain fulfuré, à Voici donc fes phénomènes qui onteu lieu dans cette expérience : le muriate d’étain enlève à l'acide fulfureux l'oxigène qu'il contient, & leur union produit du muriate oxigéné d’étain ; alors le foufre libre détermine une portion d'oxide d'érain à quitter l’acide qui le tenoit en diflolution; & en s’y uniflant il forme de l’oxide d’étain fulfuré. Quatrième Expériencè. L’acide arfenical & l’oxide d’arfenic traités avec le mutiate d'’étain , lui abandonnent loxigène ; s’en trouvant enfuite dépouillés , ils paroiffent dans la iiqueur fous la forme d’une poudre noire qui eft de l'arfenic en régule, Cinquiéme Expérience. A une diflolution de muriate d’étain , jai ajouté de Pacide molyb- dique ; le mêlange eft devenu , dans l'inftant, d’un beau bleu , parce que / le muriate d’étain avoit enlevé loxigène à l'acide molybdique ; cet acide alors à l’état de régule & dans une extrême divifion, paroît dans la liqueur fous [a forme d'une poudre bleue. ÿ NT Sixiéme Expérience, L'acide retiré de la tungftène, traité avec le muriate d’écain, lui abandonne l’oxigène qu'il contient; & fe trouvant de même à l'état de régule , il paroît dans la liqueur fous la forme d’une poudre bleue. En traitant avec le muriate d'étain du zunpflate de chaux , ce dernier devient d’un beau bleu: dans cette expérience l'acide muriatique enlève la chaux au tunoftate ; l'acide tungftique alors à nud abandonne l'oxigène au muriate d’étain, & il: fe trouve enfuite à l’état de régule comme dans l’expérience précédente. * J'ai encore traité le tungftate d'ammoniaque avec le muriate d’étain ; il s’eft auffi-tôt produit dans la liqueur un précipité bleu , qui eft du régule de tungftène: on expliquera facilement les réfulrats de cette dernière expérience , d’après les principes que j'ai établis dans les deux précédentes. $ Ë Septième Expérience. Le muriate d’étain enlève aufli l'oxigène à la chaux acide que l'on retire du wolfram ; & il fe fait de mème dans la liqueur un précipité bleu , qui eft le régule de wolfram extrêmement divifé. Je ne m'étendrai ES (x). Je crois que ce jaune pourroït être employé dans la peinture, - RE À b 1-14 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ‘ARTS. 3ux pas à-expliquer les phénomènes de cette expérignce ; ils font abfoluméne femblables à ceux que j'ai décrits pour les acides molybdique & tungf- tique; l’on remarquera fans doute dans ces divers rélultats un très- grand rapport entre les acides de la molybdène, de la tungftène & du wolfram. J'en ai encore obfervé plufieurs autres que je ferai connoître dans un Mémoire particulier que je me propofe de publier fur ces trois fubftances minérales, Le Lo se # Huitiéme. Expérience. Dans une diffolution de 300 grains d'écain par l'acide muriatique , j'ai mis $O grains d’oxide rouge de mercure ; ce dernier a été décompofé prefque dans l’inftant; l’oxigène lui a été enlevé par le muriate d’étain ; ‘ dépouillé enfuire d’oxigène , il paroît au fond du vafe fous fa forme” métallique, c’eft-à-dire , en mercure coulant. À une femblable diffolution de muriate W’étain j'ai ajouté so grains de muriate- de mercure corroff; fa décompofition n'a pas rardé à avoir lieu; & en chauffant léoèrement le matras dans lequel j'ai fait l'expé- rience, le mercure s’eft ramaflé au fond fous fa forme ordinaire; la liqueur qui le furnageoit étoit claire, &, contenoit alors du muriate oxigéné d'étain. Neuvième Experience. En ajoutant de l’oxide de manganèfe à une diflolution de muriate d’étain , il y a production de chaleur lors du mêlange , & la manganèfe abandonne de même l’oxigène qu’elle contenoit au muriate d’étain. - Dixième Expérience. L’oxide d’antimoine ( neige d'antimoine) uni au muriate d’étain, donne, en faifant chauffer le mêlange, une poudre noire qui eft du régule d'antimoige. Cet oxide abandonne donc l’oxigène qu'il contenoit au muriate d’étain. Onziéme Expérience. - Il en ef de même des fleurs de zinc que l’on traite avec la diflo. lution muriatique d’étain , il y a production de chaleur lors du mélange, & la chaux de zinc paroît enfüuite au fond du matras fous une couleur noire. Douzième Experience. L'oxide d'argent préparé par la précipitation par l'eau de chaux, du nitrate d'argent , étant mêlé à une diflolution de muriate d’étain, lui abandonne l’oxigène , & il paroît enfüuite au fond dur matras fous la forme brillante de l'argent, | . # Ye : DE x \ * { 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, F Treiziéme Expérience. J'ai auffi voulu connoître ce que pouvoit produire le muriate oxigéné de potafle dans la diflolution muriatique d'étain ; j'ai donc pris une diffolurion de 100 grains d’étain dans l'acide muriatique ; j'y ai enfüite ajouté SO grains de muriate oxigéné de potafle ; aufli rôt leur mélange, la diffolation s’eft crès-fort échauffée, & ce [el s'y eft diflous avec un mouvement fi violent, que j'ai cru qu’il alloit y avoir explofon ; la liqueur a pris une couleur dun jaune verdatre, & elle répandoit une odeur de gaz muriatique oxigéné. Quatorziéme Expérience. Si à une diffolution de muriate d'étain l’on ajoute de la diflolution d’or, il fe fait un précipité pourpre qui eft connu fous le nom de préci- pité de Caffius ; dans cette expérience la précipitation n’a lieu que parce que le muriate d’étain enlève à la diflolution d'or l’oxigène , à La faveur duquel l'or étoit tenu en diflolution. J’examinerai dans un autre Mémoire la nature du précipité de Cauffius ; il me fuit aujourd'hui de dire que la précipitation de l'or n’auroit pas lieu , fi au lieu de muriate d’étain ordi- naire l’on fe fervoit d’une diflolution du muriate oxigéné d'étain, C'eit pour n'avoir pas connu ces deux états de la diflolution d'étain par l'acide muriatique , que les anciens chimiftes ont été fi embarraflés pour pré- parer ce précipité 3 il Leur arrivoit quelquefois , comme Macquer l'obferve très-bien , de ne pas en obtenir du tout ; & l’on jugera , d'après ce que je viens de dire, que cela devoit leur arriver, lorfqu'ils employoient une diflolution de muriate oxigéné d’étain. Ainfi, comme la liqueur fumante d’étain étendue d'eau & Le muriate d’étain faturé du gaz muria- tique oxigéné, ne donnent point de précipité de Caffius, étant mêlé avec la diffolution d’or, cela nous offre un excellent moyen de s’affurer u'une diflolution d'étain par l’acide muriatique eft ou n’eft point parfaitement oxigénée. L'on jugera aufli, d'après ce que je viens de dire , pourquoi l’on obtient conftamment du précipité de Caffius , en mettant une lame d’étain dans une diflolution d'or ; il eft bien évident que dans ce cas-là l'étain enlève l’oxigène à la diflolution. ‘ Ces premières obfervations m'ont fait faire diverfes expériences fur la diflolution d'or, c'eft-à-dire , fur la précipitation de fon diflolvant par diverfes fubftances : le verder, par exemple , ainfi que le fulfate de fer, &c, ne précipitent la-diflolution d’or que parce que ces fubftances font fufceptibles de s’uair à une plus grande quantité d'oxigène, & qu'elles s'emparent de celui qui étoit uni à l'or, & à la faveur duquel il étoit tenu en diflolution. De même l'efprit-de-vin & l'acide fulfureux , d’après Leur affinité avec s : l'oxigène hf D M * "is RO NN Near, SE LÉ CRNT is r g: à ‘ n: x k € , s . , ARE PAIE A : É - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 313 l’oxigène, jouiffent de la même propriété de féparer l’or fous la forme C2 * mérailique ; & en général il n’y a que les fubitances qui peuvent s'unir* à l'oxigène., qui précipitent la diflolution d’or ; Je-fulfate de cuivre ne le précipite point, quoique #des chimiftes Vaient avancé, parcé que ce fulfate ne peut s'unir à une nouvelle quantité d'oxigène, Je reviendrai fur” cet objet dans un autre moment. Le but principal de ce Mémoire étant de prouver que le muriate d'étain a une grandeïtendance pour s'unir à l’oxigène, je crois avoir préfenté affez d’exemples pour qu'il ne refte aucun doute à ce fujet : je pourrois citer d'autres faits poyr le moins auffi concluans ; je les réferve, comme je lai obfervé plus Haut, pour un travail complet que je me propofe de donner. Je vais donc terminer ces obfervations par l'expofé de l'expérience fuivante. = Quinzième Expérience. J'ai rempli une petite cloche d’un pouce de diamètre fur fix de hauteur de gaz oxioène; je l'ai placée dans un petit bocal où j'ai mis ce la diflolution de muriate d’érain ; au bout de deux heures la diflolution éroit montée dans la cloche d'un pouce: au bout de quatre heures À i Pabforption étroit de deux pouces, J'ai eu foin d'ajouter de la d'ffolution de muriate d'étain dans le bocal, à mefure qu’elle montoit dans la cloche, enfin dans moins de vingt heures tout le gaz oxigène étoit abforbé , il ne reftoit dans la cloche qu’une très-petite portion d'air, qui eft l'air phlogiftiqué ou l'azoce qui. éroit contenu dans le gaz oxigène. L'on voit, par cette expérience, que l’on peut unir directement : p ; l'oxigène au muriare d’érain ; & lorfque ce dernier en eft faturé , il ne peut plus en abforber , il eft alors à l’état de muriare oxigéné d’étain, dont les propriétés font bien différentes (comme j'ai eu occalion de le aire obferver) de celles du muriate d’érain ordinaire. faire obferver ) de celles d te d Conclufion. Il réfulte des diverfes expériences dont je viens-de rendre compte, que, 1°. le muriate d’érain peut êrre oxigéné par le gaz muriatique oxigéné,, & qu'alors il offre un mordant excellent, peu coûteux & conftant pour la ceinture; 2°. que l’affiairé de l’oxisène avec le muriate d'érainieft telle, que ce fel peut l'enlever à plufeurs acides & oxides métalliques ; 3°. que la diflolution d’or ne donne point de précipité de Cufflus avec le muriate oxigéné d'étain, mais bien avec le muriate ordinaire d'étain; 4°. enfin, que le muriate d’étain abforbe dire@ement loxigène ; ce qui fournit anx chimiftes un moyen de plus pour déterminer la’ quantité d’oxigène contenu dans un fluide dériforme, Tome XL , Part. I, 1792. AVRIL. SA FA L 2 7 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, MÉTHODE NOUVELLE N0D'E RAFYFINE RVULE CA MPHMRES Par M. KASTELEYN: Traduite du Hollandois,& extraite du Journal de Phyfique & de Chimie de l’Auteiir. M. KASTELEYN commence fon mémoire par la’ defcription de l'ancienne méthode généralement connue de purifier le camphre qu’on a adoptée & qu’on fuit encore dans les raffineries hollandaifes & ailleurs. On mêle le camphre brut avec une certaine quantité de craie & on le fublime, Le nouveau procédé que l’auteur indique, confifte à faire difloudre une quantité arbitraire de camphre brut dans une fufhfante quantité d’efprit de fromenc ou de vin. Cette liqueur au degré de force ordi- naire {e charge facilement d’un demi de fon poids d’un camphre qui n'eft même pas trop impur. On filtre la diflolution , on en fépare le camphre par l'addition de l’eau , on laïfle le précipité fe dépofer , on en décante la liqueur furnageante, on le lave avec de l'eau, & on le jette fur un filtre pour le sécher. On met alors ce campbre déjà pur, dans des bouteilles de Florence (1) qu’on ne bouche que légèrement avec du coton afin de laifler une libre iflue à un refte d'humidité, on place les bouteilles dans un bain de fable , fous lequel on fair un feu qui ne peut qu'être fufffant pour faire entrer le camphre en fufon. Aufli-rôt que la matière eft fluide, on Ôôte les bouteilles du feu , on les laifle refroidir & on Les brife pour en retirer le camphre qui fe trouve fous la forme d’un pain & d'une tranfparence au moins égale à celle qu’on prépare par la fublimation (2 ). mt (1) On peut fubfituer pour cette fufon aux bouteilles de Florence des vafes de verre en forme de cône tronqué couverts avec des couvercles de terre ou de fer percés. Cette forme jointe à la retraite que prend le camphre en fe refroidiffant permettroit de retirer la matière des vaifleaux fans être obligé de les rompre à chaque opération, ce qui ajouteroit à l’économie de cette méthode d’ailleurs déjà f confidérable, Note de J. B. Van Mons. E (2) Un feul cas peut rendre cette excellente méthode impraticable , & c’eft celui où le camphre brut feroit mêlé avec des fubftances hétérogènes colorantes diffolubles dans l’efprit vineux, Mais la fublimation peut alors ençore réparer l'inconvénient, Note du même, ë LR | nn, ui r . ii PR SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 315 L'efprit qui fe trouve noyé dans l'eau qui a fervi à la précipita- tion , peut en être féparé & ramené à fon premier degré de force par la diftillation & fervir à plufieurs opérations fuccellives. 20: BISTERM À EH ONN:S SUR UNE ESPÈCE DE PÉTROLE QUI CONTIENT DU SEL SÉDATIF ; Par M. MARTINOVICH, L E pétrole fe trouve en grande quantité en plufeurs endroits de la Gallicie , fur-tout près les monts Crapaths pas loin de Kalurch ,on le recueille abondamment dans une vallée; ce pétrole eft de couleur brune, & ne perd rien de fa couleur étant expofé à l'air. L’odeur en eft très-pénétranre & défagréable, mais elle fe perd très-vire; une couple d'heures fufifent ordinairement pour le dépouiller de toute fon odeur. M. Martinovich , profefleur de Phyfique à Lemberg , en a fait l’analyfe. Il avoit mis deux onces de cette fubftance dans un verre placé fous une cloche qui repofoit fur un vafe rempli d’eau. Cet ap- pareil ayant été expofé pendant 24 heures au foleil, l'air que la clo- che renfermeit fe trouvoit diminué d'un + & n’étoit point apte ni à la refpiration , ni à favorifer la combuftion. Le reflant du pétrole avoit perdu dix grains de fon poids, & l'air phlogiftiqué renfermé fous la cloche fut entièrement décompofé en fecouant l'appareil ; l'acide aérien fut alors abforbé par l'eau , le reftant n'étoit qu'un mélange d'air inflammable & d’air vital, dont la pefanteur étoit, comparé à l’eau commune , comme 0,943 à 1,000. M. Martinovich en diftillant ce pétrole dans une cornue, en a obtenu, 1°. un fluide aqueux fans odeur & fans goût , 2°. un gaz aériforme extrêmement élaftique ayant l'odeur du pétrole, Un morceau de bois brûlant, étant introduit dans le bec de la cornue par où fortoit ce gaz, fut aufli-tôt éteint , & le gaz s'enflamma avec une forte explofion ; au point qu’on eut de la peine à éteindre le feu, en bouchant le bec de la cornue. C’étoit donc un véritable air inflammable. L'air inflammable s'étant féparé du pétrole, on apperçut alors fortir la naphte du pétrole, fous forme de fumée très-denfe : une partie de cette fumée fe répandoit dans Le laboratoire, car la grande élafticité du gaz ne permit point de boucher le réci- ent ; il s’enflamma plufieurs fois, & chaque fois on eut de la peine à léteindre. La partie du pétrole qui s'étoit raffemblée dans le réci- Tome ÀL, Part, I, 1792, AVRIL, SE “ Lé à F ed TT 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pient, & qui étoit une véritable naphte éthérique très-fluide , s’évas pora entièrement : on le recbfa une feconde fois. L’odeur efl celle du _# pétrole, & fa pefanteur fpécifique à l'eau 0,871 : 1,000. En conti- nuant la diflolution, M. Martinovich obtint une feconde fubftance huileufe, femblable au pétrole, mais dont la pefanteur étoit comme 0,876 : 1,000. Le dernier produit de la diftillation étoit une fub{- » rance plus denfe & plus tenace que les précédentes , dont la pe- fanteur étoit 0,961 : 1,000. Dans une expérience poftérieure , ce même chimifte ayant expofé à l'air libre pendant quarante jours quatre onces du même pétrole, il obferva au fond du vafe un amas confidérable de criftaux d'une grande finefle en forme d’aiguilles, & qui fe diflolyvoient très-aifément dans l'eau, Une partie de ces criftaux fut difloute dans Petprit-de-vin, & l’efprit-de-vin allumé , brüla avec une flamme verte; de manière que M. Martinovich fuppole que ce fel eft un véritable fel fédarif, que l'on pourroit aifémenr féparer en grand de ce pétrole , fi la nation polonaife éroit un peu plus induftrieufe , & que par le commerce on pût attendre un débouché un peu confidérable, * OBSERVATIONS SUR E"Oi PA EE; Par M. BEIREIS. L'Ozinro" que M. Beireis, profeffeur d'Hiftoire-Naturelle à Hel- mftadt, avoit manifeftée depuis plufieurs années , que l’opale n'éroit qu'un produit volcanique ou un verre de volcans , a reçu une nou- velle confirmation par plufieurs morceaux de lave, que ce favantre- cut en dernier lieu des monts Crapaths en Hongrie. Le plus grand des morceaux dont il eft queftion, a l'apparence d’une lave d’un gris blanchâtre , dans laquelle plufieurs petites portions d'une fubftance vitreufe fe trouvent enclavées, dont la couleur va depuis le bianc le plus tranfoarent jufqu'au brun obfcur. En plufieurs endroits, & à côté de ces parties vitreufes s'oblervent également les plus belles opa- les & dont la groffeur & l’éclar des couleurs les rend précieufes, il mérite d'être obfervé, que près des endroits où les portions de verre volcanique ont une couleur brune , ou plus obfcure quelle refte, les opales-font écaleruent plus belles, d'un chatoyant plus agréable, que dans les endroiss du même moiceau, où le verre volcanique ne pré- fente qu'uné couleur blanche traniparente , & fouvent laiteufe. Des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 taches affez grandes d’une couleur rouille de fer , dont ces même la- ves fe trouvent parfemées LA paroiflent également prouver la préfence du fer. Le plus petit des morceaux que M. Beircis vient de recevoir, eft de Czernovifa près de Carchau en Hongrie. C’eft également une véritable lave , mais les opales qu'il renferme, font d'une beauté plus remarquable & d’un charoyant qui réfléchit à la fois toutes les cou- leurs imaginables. M. Beireis croit que l’opale n’eft qu'un verre vol. canique, qui par le refroidiflement fubit a contraété ce grand nombre de lamelles, V la conformation produit le chatoyement de couleurs qui font tant rechercher cette pierre. L'opale doit fon origine aux offemens animaux fous-marins dont l’acide phofphorique qu'ils conte. noient , fe combinojt avec la terre caicaire, qui-par la fuite furent vi- trifiés par Le feu sat OBSERVATIONS SUR LES MONTS CRAPATHS: Par M. HACQUET. M. HACQUET minéralooifte favant, a parcouru l'année paflée une partie de la chaîne des montagnes qui fépare la Hongrie de la Po- logne connue plus particulièrement fous le nom des monts Crapaths ; il fixe l'étendue du chemin qu'il a fait à plus de quatre-vingts lieues, Ce favanc dit, que la grande mafle qui compofe ces montagnes eft pour la plupart de grès dont la couleur eft ou noire, ou d’un blanc rougeûtre, Îl a trouvé les plus grandes hauteurs de ces montagnes, couvertes de lichen iflandicum , en plufieurs endroits cette mouffe étoit entaflée de deux pieds de haut, La pierre qu'il trouvoit immé- diatement fous la moufle, étoit le même grès détaché ou délité en cubes, de façon que M. Hacquet a cru pouvoir lui donner le nom de cas quadrum de Linné ; cette pierre en outre très-porreufe , n’a que peu de poids fpécifique ; on n'en tire que peu d'étincelles avec le briquer, & avec les acides elle ne fait point effervefcence, Ce grès ne contient point de veine métallique , excepté dans la Gallicie, où il contient du fer. Les monts Crapaths font en général pauvres en métaux , mais en échange plus riches en fel & en eaux minérales, parmi lefquelles, toutes celles qui abondent de gaz hépatique font les plus falutaires ; les eaux de Honafla à vingt lieues de Lember: jouiffent d’une grande réputation, Parmi les eaux acidules celle de 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Docna-Sara fur les frontières de la Bucovine & de la Moldavie mé- tite la préférence; dans le pays on prétend que ces eaux font dange- reufes pour Les animaux, mais M. Hacquet a réfuté cette opinion ; d’après fon analyfe , une livre de cette eau contenoit 70 pouces cubes ; £ : k L FHÈEE PRE d'un gaz compolé de 12 + pouces air phlogiftiqué & 57 5 air déphlo- gifliqué ; l'odeur pénétrante de cette eau fe conferve long-rems, même . lorfqu’elle eft tranfportée dans des endroits éloignés de la fource, Le précipité fixe que M. Hacquet a obtenu par l’analy{e de fix livres poids de Vienne étoit: grains, SeldelGlaubencnitaineeerece ec cerer 5 Aa TENNIS NOR RER ETES MOSS 1200 Sel commun ..... d'otd6 Halo ot in. à Tale te ete le TTL errelcalcarelaéree RCE CEE CEE CID + 4% Terre filiceufe ..... RSA ER RAET EN ET EP AL eee ce 2 Fer" tr tm. De thre lois loc ons clepetete the te era enlle h M. Hacquet promet le journal de plufeurs voyages qu'il a entre- pris depuis quelques années dans ces montagnes , de même que dans les provinces voilines ; une partie en a même déjà paru, & nous at- tendons Le refte avec empreflement. em L'EUPE RE DU COMMANDEUR DÉODAT DE DOLOMIEU , A M. DELAMÉTHERIE, Sur de l Huile de Pétrole dans le Criflal de Roche & les Fluides élafliques tirés du Quartz. Paris, ce r7 Avril 1792. JE vous prie, Morfieur, de publier dans le Journal de Phyfique une obfervation qui peut être de quelqu'intérêt pour les naturaliftes. Je l'extrais d’une lettre que vient de m'écrire monilluftre ami, M. Fontana, directeur des Cabinets de Phyfique & d’Hiftoire-Naturelle de Florence. « En examinant un criftal de roche bien configuré d’un pouce & demi » de longueur fur un pouce de grofleur , j'ai apperçu dans fon intérieur » fept ou huit petites cavités contenant un fluide jaunâtre. Les souttelettes "M Y 54 Ta L : in “SURNL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 » de ce fluide cherchent toujours à occuper la partie fupérieure des » cavités, & elles y remontent lorfqu'on renverfe le criftal. J'ai ouvert » une de ces cavités & j'y ai trouvé une huile pétrole douée de l'odeur » qui appartient à ce bitume fluide, & brülant avec la même flamme. » Je n’ai jamais vu que deux criftaux avec de femblables circonftances, > ils appartiennent au docteur Targioni. Je crois qu'ils viennent des » états de Modène où vous favez qu'abondent les fources de pé- » trole D, &ec. &c. Je vous envoie la fuite de mon Mémoire fur les pierres compofées ; peut-être vous parvient-elle trop tard pour l’inférer dans le Journal de ce mois, alors vous voudriez bien la faire paroître dans celui du mois prochain. Ce retard a été occafionné par des expériences que j'ai dû répéter plufieurs fois pour mieux conftarer leurs réfultats & que j'ai fait dans le laboratoire de M. Pelletier conjointement avec cet habile chimifte. Ces expériences tendantes à conftater un fait que je preflentois depuis long-tems, & dont je vous ai fouvent entretenu , mont prouvé - que Le quartz proprement dit, abftraction faite de tout mêlange avec des terres étrangères , n'eft point une fubftance fimple. La terre élémentaire qui porte fon nom eft aflociée avec plufieurs Auides élaftiques ,entr'autres avec l'air inflammable ou hydrogène; privée de ces fluides la terre quartzeufe jouit d’autres propriétés, elle a de nouveaux rapports, des points de faturations différens, elle eft difloluble dans tous les acides, &c. C’eft dans cet état, qu'on peut appeler de cauflicité, qu’elle entre dans la compofition des gemmes, elle leur procure une dureté, une denfité & la faculté de réfifter à l'action du feu & des acides que n'ont point les pierres compofées des mêmes terres, mais différemment modifiées, Je vous répérerai donc ce que je vous ai dit plufieurs fois: Les qualités des pierres compofées dépendent plus des rapports où font entrelles les Jubflances conflituantes que du nombre, de l'efpece & de La quantité des différentes rerres qui interviennent dans leurs compofitions : & c’eft pour navoir eu aucun égard à des circonftances regardées comme trop minutieufes, qu'on n'a pas fu à quoi attribuer la différence qui exifte entre des pierres qui fourniflent par l’analyfe les mêmes terres compo- fantes , quoiqu’elles aient des caraétères extérieurs abfolument diffem- blables. Je fuis, &c. n pe EXTRAIT D'UN MÉMOIRE S'URULESUC'END'R'E'S"BL'EUUIE:S" Par M. PELLETIER, Membre de l Academie des Sciences de Paris. M. PELLETIER dans le concours pour la place vacante à l’Aca- démie des Sciences à laquelle il a été nommé, a lu des expériences curieufes fur l’analyfe & la compoftion des cendres bleues que préparent les anglois. Nous ferons connoître ce Mémoire en entier : nous en allons donner ici un fimple extrait. Les cendres bleues du commerce lui ont donné par l’analyfe, Cuivre pur cs...ssstessssessos.e O,$0 Arcixerle teen CCI EN O 20 Airpur ...ssessesssesesssessee 0,09 um le Fanette elite tel eE se NO 0 CRAULVIVE de espece MO O7 M. Pelletier s'étant afluré des principes qui entrent dans les cendres bleues, a cherché à les recompofer. IL fait difloudre du cuivre pur dans de l’acide nitreux affoibli, Il ajoute de la chaux vive en poudre en bien agitant le mêlange. Le cuivre ef précipité , & la couleur de ce précipité elt d’un verd tendre, Il le lave à plufieurs reprifes , & le met enfuite fur un linige pour le faire égoutter. - Hbroye ce précipité fur un marbre ou dans un mortier en y ajoutant un peu de chaux vive en poudre, Ce mélange prend pendant la trituration & dans linftant une couleur bleuâtre très-vive, à jaquelle il donne de l'intenfité en ajoutart de la chaux. | Lorfque le précipité eft trop fec il y ajoute une petite quantité d’eau, pour que le mélange fafle une efpèce de pate. La quantité de chaux qu'il faut ajouter eft depuis 0,0$ jufqu'à 0,10, & on a des cendres bleues plus ou moins foncées. BELLES 2 N°" = EXTRAIT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 321 EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M HERMAN, A4 M CRELL. 4 Movsivun!: . Un favant allemand qui a vécu plufieurs années en Afie , a été à même d'examiner les fabriques de borax établies depuis long-rems en Perfe ; il vient de n'aflurer que la préparation de ce fel fe faifoit de-la manière [uivante : l'eau alkaline d’une fource, qui à l’endroit où elle fort de la terre eft à peine de la groffeur d’un pouce, eft conduite. dans des réfervoirs de marbre: de-là on la porte dans des grands chaudrons de cuivre , en y ajoutant à vue d’æœil du fang , de l'urine & des rognures de cuir, fur-tout de maroquin. On laifle ce mélange pendant cinq à fepc femaines dans lés chaudrons, & il ne manque pas d'entrer en putré- faction. Ce qui refte alors dans les chaudrons eft enlevé , & tranfporté dans un pareil vafe, où on le fait bouillir avec de l’eau fraîche ; le précipité qui réfulte de cette opération , eft du borax crud ou tinkal, que les perfans nomment Bora , car le nom de tinkal leur eft entière- ment inconnu, Une pareille fabrique fe trouve fur les confins de la Géorgie ; elle eft propriété d’un rufle, qui l’a affermée, moyennant 300 robles (1500 liv.) par an. L’okka (poids d'environ deux livres & demie) fe vendoit alors 8 kopech. L'eau employée dans ces fabriques a effectivement une teinte verdâtre; mais elle ne contient sûrement point de cuivre ; fi quelques chimiftes en ont découvert dans le tinkal, c’éroient apparemment quelques particules détachées du chaudron même. Toutes les fabriques de borax languiflent, & leur débit diminue de jour en jour ; car quant à a matière première , on en pourroit tirer une plus grande quantité de borax qu'on n'en produit à préfent, 3 ae Tome XL, Part. I, 1792 AVRIL ET e 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, f “EXTRAIT DE LETTRE: M. LÉONHARDI , profeffeur de Médecine &-de Chimie à Wittenberg en Saxe, eft {ur le point de terminer la nouvelle édition de fa traduction allemande du Dictionnaire de Chimie de Macquer. Le fixième volume qui termine la Lettre #7, n’eft pas moins riche en articles nouveaux &c obfervations précieufes du favant traduéteur. [l faut admirer la patience & le courage de M. Léonhardi , en raflemblant ce nombre immenfe d'obfervations & de découvertes, la plupart ifolées dans des Journaux ou dans des ouvrages écrits en différentes langues, ce qui fuppole des connoiflances littéraires peu communes chez nos chimiftes modernes, Il feroit à delirer qu'un chimifte françois , au fait de langue allemande & des découverres récentes, s’occupât d'une nouvelle édition du Dictionnaire de Chimie de Macquer , qui renfermât en même-tems tous les nouveaux articles dont M. Léonhardi vient d'enrichir fa traduction, Ce feroit alors un véritable répertoire de Chimie , qui pour nos tems ne laifleroit plus rien à defirer. D EXTRAIT D'UNE LEŸTRE DE M WESTRUMB, ! AYCMIM IC RENE TL. Masse, Pour vous donner en attendart une idée des travaux dont je m'occupe préfentement, je vous dirai , 1°. que felon mes obférvarions , l'air déphlo- gifiqué & le gaz muriatique mêlés dans routes fortes de proportions au- deflus du mercure , ne produit point de gaz déphlcoiftiqué ; 2°. que la manganèfe privée de toute fon eau & de tout l'air qu'elle contient, même lorfqu'après une diftillation à fec elle aura été rougie au blanc, produit er core autant de gaz muriatique, qu'elle en donnoit avant d'avoir fubi ces différentes al:érations ; 3°. que J’alkali volaril cauftique étant entièrement décompofé par le gaz muriatique déphlogiftiqué, donne quelqu'indice d’acide phofphorique. Je fuis, &c. DS 2 "SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 323 = —— === — st D eo nee 9 SE Te] NOUVELLES LITTÉRAIRES. D: LIOTHÈQUE Phyfico-économique, inflruélive & amufante, année 1792, ol onzième année, contenant des Mémoires , Obferva- tions pratiques fur l'Economie rurale ; —les nouvelles découvertes les plus inréreffantes dans les Arts utiles & agréables ; — la Defériprion 6 la figure des nouvelles Machines, des Enflrumens qu'on peur y employer d’après les expériences des Auteurs qui les ont imaginées ; des Recettes, Pratiques , Procédés, Médicamens nouveaux , internes & externes, qui peuvent fervir aux Hommes & aux Animaux ; les - moyens d'arrêter & de prévenir les accidens, d’y remédier, de fe garanuir des fraudes ; de nouvelles vues fur plufreurs points d'Economie domef= tique , & en général fur tous les objets d'utilité & d'agrément dans la vie civile & privée, &c. &c. On y a joint des Notes que l'on a.cru néceffatres à plufieurs articles : 2 vol. in-v2, avec des Planches en taille-douce. Prix, $ liv. 4 fols brochés, franc de porc par La Pofle. A Paris, chez Buiflon, Libraire, rue Haute-Feuille, N°. 20. Cet Ouvrage utile eft très-connu du Public, qui trouvera dans ces deux volumes des chofes qui ne l’intérefleront pas moins que ne l’ont fait les autres. Il forme une colletion précieufe pour ceux qui retirés s'adonnent aux plaifirs de l'Agriculture, ‘ Cet Ouvrage forme PS Mer 18 vol. ën-12, avec beaucoup de planches en taille-douce,, favoir , l’année 1782, x vol. 1783, x vol. 1784, 1 vol. 178$, 1 vol. 1786, 2 vol. 1787, 2 vol. 1788, 2 vol. 1789, 2 vol. 1790 , 2 vol. 1701, 2 vol. 1792, 2. vol. Chaque année fe vend féparément au prix de 2 liv. 12 fols Le vol. broché, franc de port par la pofte. Papillons d'Europe, &c. vingt-quatrième livraifon. ; Cette livraifon qui comprend depuis la planche cexx1x jufqu’à celle cCxL , eft exécutée avec le même foin que les précédentes. Entomologie | &c. Hifloire des Coléopteres ; par M. Orivrer, quinzième & feizieme livraifon. La dix-feptième livraifon paroîtra Le mois prochain, & compglettera les deux premiers volumes. P P Les foufcripteurs voient quelle célérité on met à l'exécution de cet ue ’ ; Ouvrage, fans nuire à fa perfection. On connoîr les talens de l’auteur, qui Tome XL, Part. I 1752, AVRIL, res > | 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’ailleurs donne tous fes foins à découvrir dans tous les cabinets ce qui peut s'y trouver de nouveau dans fa partie, Ces deux belles collections font beaucoup d'honneur au zèle de M. Gigot d'Orcy pour les progrès de l'Enrtomologie. Leçons élémentaires d’Hifloire-Naturelle, par demandes & par réponfess à lufage des Enfans ; par M. CoiTE , Prétre de l'Oratorre , Curé de Montmorenci, Correfpondant de P Académie Royale des Sciences de Paris & de la Sociéré Royale de Montpellier, Membre de celle de Bordeaux, de la Société Royale de Médecine de Paris, de la Sociéré Eleétorale météorologique de Manheim , de celle des Naru- ralifles de Paris, Secrétaire perpétuel de la Société d'Agriculture de Laon : Invifibilia enim ipfus , à creatura mundi per ea quæ faéta funt ,intel- lecta confpiciuntur , fempiterna,quoque ejus virtus & divinitas ira ut fine inexcufabiles, S. Paulx Seconde édition. À Paris, chez les frères Barbou , rue des Mathurins, 1 vol. é7-12. L'étude de l'Hiftoire-Naturelle eft une des premières qui doit occuper enfant, comme je l'ai répété tant de fois ; des langues mortes, des grammaires, &c. ne font point à fa portée. On doir donc favoir gréaux auteurs qui travaillent à leur rendre cette étude facile : tel eft l'Ouvrage que nous annonçons, Petri ARTEDI Sueci Genera Pifcium, &c. c'efl-à-dire, Genre des Poiffons , dans lequel on expofe tout le Syfléme ichthyologique , avec les Claffés , les Ordres , les Curaëères aes Genres , la différence des Efpéces € plufieurs Obfervations ; par PIERRE ARTÉDI , Suédois, Partie troifième de l'Ichthyologie, réduite à cinquante-deux'genres & deux cens quarante-deux efpèces, corrigée & augmentée par M. JEAN-JuLes WaLBAUm, Doëeur en Médecine, Membre de la Société des Curieux de la Nature de Berlin , de la Societé littéraire de Lubeck, avec des Planches en taille-douce. À Gripfwald , chez Rofe ; & fe trouve à Strafbourg, chez Treuttel , Libraire, 1792, petit in-4. de 723 pages. Prix, 12 liv. en argent& 13 liv, 10 fois en afignats, Ce Genera Pifeinm ouvre par les définitions techniques relatives à F'hiftoire-naturelle des poiflons , fuivanc les caractères génériques & individuels, les noms & les phrafes latines d'Artedi, les fynonymes des meilleurs naturaliftes, les noms vulgaires des différentes langues & contrées ; le tems & les pays où fe trouvent chaque poiflon , fa defcription, fes variécés & des chlervations. M. Walbaum ajeute enfuite des fupplé- TT SUR L'HIST. NATURELLE, ET. LES; ARTS. 325$ mens qui ne laiffent rien à defirer fur la fcience ichthyologique ; une majeure partie des découvertes modernes faites jufqu'à nos jours, ain: que les genres créés depuis la mort d'Aredi, Cette édition elt parfai- «tement executée. Traité contenant la manière de‘chaïger notre Lumière artificielle de toute efpèce en une Lumière Jemblable à celle du jour ; par GEORGE- FKeDERIC PURROT, Coyen de Monibeliurd , profeflant les Mathématiques à Carlfcroune, Ouvrage traduit de l'Allemand, par l'Auteur, avec une Planche en taille-douce. A Strafbourg, chez Treurrel , Libraire, 1791 , ën-8°. de 43 pages. Soir qu’on confidère à vue fimple notre lumière artificielle, foir qu'on la rompe fur un prifme ; on trouve ’roujours ‘que les couleurs jaunes font les couleurs dominantes; fi on confidére à cette lumière des objets colorés, Je premier principe acquerra un nouveau degré d'évidence, - Le problème à réfoudre ne confifte donc tout fimplement qu’à priver notre lumière artificielle de cette furabondance de couleur jaune, La Chimie offre bien quelques moyens ; mais la Chimie & fes expériences! font ordinairément: trop. difpendieufes & fouvenc incom- modes. Il faut plutôt confulter FOprique : Ja:confidération d'un payfave un peu étendu prouve que l'air colore les objets en bleu, plus ou moins füivant les diftances,_ Ainfi Fair, colore. la lumière folaire : la um ère lunaire plus bleue que la lumière folaire confirme. cette vérité. La lumière folaire n’eft donc pas originairement aufli bleue que lorlqu’elle nous eft parvenue. Il eft donc à préfumer qu'elle contient plus de parties de jaune, que nous ne lui en découvrons à vue fimple, Ainfi. pour colorer notre, lumière artificielle comme Ia lumière Solaire, il fuit de raffembler autour d’elle une atmofphère bleue ; pour cela il faut commencer par’erifermer Cetré lümière dans un cylitidre de criftal bleu mêlé de rouge. Ce cylindre doit être d’un bleu mourant agréable , lorfqu'on yrintroduit un morceau de papier fin de Hollande, ‘le rouge ne doit pas être apperçu, mais préfumé , c’eft-à-dire, qu'il re doit paroître s’y trouver que pour éteindre le bleu. Si au lieu d’un morceau de papier on y met une lumière , les côtés doivent fe teindie -en lilas,où l’on fent pourtant le bleu dominer, mais où l’on apperçoir ciftinétement Le rouge. Le. milieu. du cylindre doit paroïtre tranfparer:t prefque comme du verre blanc tirant fur le rouge , & la lumière do.r _paroïtre blanche comme la pleine lune. Il faut recourir au petit Traité pour voir tout le développement des expériences phyfiques fur les couleurs, que-M. Purrot a imaginées très- ingénieufemenc pour découvrir l’art d'imiter la lumière du jour. “Differturion Jur quelques eflers d: l'Air dans nos Corps ; Defériprion "1 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, , d'une Seringue pneümatique, & fes ufages dans quelques Maladiès très-fréquentes , avec des Obférvations ; par Pikkne:FRrAnÇoIs- BEenezer Pamarp, Maître en Chirurgie, Doéteur en Médecine, Chirurgien en chef des Hôpiraux, Affocié E-Corréfpondant de plufieurs Académies, À Avignon, chez Aubert, 1797 3 2n=8°. de 36 pages. : j ; à Le but de l’Auteur eft infiniment louable : il voudroit faire des cures admirables avec fa feringue pneumatique ; mais la rédaction de fon opufcule aflez mal faite, ne convainc pas fur l’utilité de fon remède. Sujets des Prix propajés par l'Académie des Sciences, Arts € Belles-Lettres de Dijon, pour, 1793 & 1794 . £ L'académie avoit propofé pour fujet du prix qu'elle devoit procla- mer dans fa féance publique du. mois d'août 1790, de déterminer , Quelle ef? l'influence de la morale des gouvernemens [ur celle des peuples, - + | ir: TAË Les ouvrages qu’elle reçut alors au concours, ne remplirent point fes vues , elle a cependant diftingué' le difcours, u°. $ , qui a pour épi- graphes la ur do al sul e Quid vérum arque décens 'curo, & rogo, & omnis in hoc fume" ; Elle a donc réfolu de.propofer la même queftion pour fujet d'im prix double ; qui fera décerné dans fa féance publique du mois d'août 1793. Les mémoires deftinés pour ce concours, doivent être envoyés avant le premier avril de la même année; ce terme gt de rigueur. L'Académie propofe pour. fujec. du prix, qu’elle, décernera dans [a féance publique d'août 1794, JE De déterminer , ‘d'aprés l'obfervation, à quel période , & dans quelles efpèces de phehifie pulmonaire il convient de donner la préfé- rence au régime fort & tonique, fur le régime doux & rempérant , é réciproquemenl. Ce prix eft de la valeur de 300 liv. & les mémoires doivent être envoyés avant le premier avril 17943; ce terme eft de rigueur, © Tous les favans, à l'exception des Académiciens réfidens , feront admis au concours. Ils ne fe feront connoître ni direétement , ni in- directement ; ils infcriront feulement leurs noms dans un billet ca- cheré, & ils adrefféront leurs ouvrages, francs de port, à M. CHaus- stER , fecrétaire perpétuel. L'Académie rappellera qu'en 1787, elle avoit propofé, pour fa- ‘ SUR: L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 2:7 jet d’un prix extraordinaire, dont M. Carnot, un de fes membres, avoir fair les fonds , la queftion fuivante : Ejl-il avantageux à un état , vel que la France , qu'il y ait des” places fortes fur fes frontières? Parmi les mémoires qui ont été reçus en 1789, fur ce füjer , celui qui eft coté n°. 2, & qui a pour épigraphe : Les placés de guerre font les ancres de sûreté fur lefquelles , dans Les tems de malheur , fe retiennent les états. a paru à l’Académie avoir rempli les vues du programme : elle lui a décerné la: couronne , dont Ja diftribution lui a été confiée ; maïs en ouvrant le, billet joint à ce mémoire, on n’a trouvé que les lettres initiales du nom de l’auteur. Depuis deux ans l’Académie a fait in- férer, dans plufeurs papiers publics, l'annonce de fon jugement ; elle la renouvelle, & invite l’auteur à fe faire connoître pour recevoir le prix qui a été décerné à {on ouvrage. : . EU, ! OS DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Le TTRE de M. MauDuyr, Médecin, à M. FOURCROY , fur lEleéricié , Gc. ÿ page 241 Extrait d'un Difcours-prononcé.à V Académie de Leyde, par M. Du- PUY , lors de Ja promotion aux Chaires de Profeffeurs de Chirurgie * pratique & d'Aécouchemené, le 257 Sèptembre 1707 ; traduit du Latin, par M. L'EvEiLLé , Eleve en Chirurgie aux Ecoles de Paris, 248 De la forme des Criflaux , & principalement de ceux qui viennent du Spath ; par BERGMAN : Traduëlion de M. DE MORVEAU, 258 Letrre de M. VAN-MaRUM , à M. DELAMÉTHERIE, NE 270 Expérience qui fait connoître la nécefférénd'employer le Cuivre pur dans lalliage de l'Argent à monnoyer ; par M. SAGE, 273 Vingt-unième Lettre de M. De Luc, à M. DELAMÉTHERIE; Cou- Jidérations co/molegiques , relatives à l'origine des Subflances minérales de notre Globe, 275$ Mémoire fur le genre Anthiftiria, lu à l’Académie des Sciences ; par M. DESFONTAINES, 292 Addition à la Lettre adreffée à l Auteur du Journal de Phyfique , en 1784, fur l'influence de l'Equinoxe du Printems & du Solffice d'Eté, Jur la déclinaifon & les variations de T Aipuille aimantée ; Mémoire Fe DRE : LOUE 2 328 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQ U'E, &c: lu à l'Académie Royale des Sciences, dans ue du mois d' Août 17013 par M, Cassini, 209$ De la déclinaifon & des variatians de. l'Aiguille aimantée,, obfèrvées à l'Obférvatoire Royal de Paris, depuis Fan 1667 jufqu'à 179%: de l'influence de: d'Équinoxe, du Lrinensyt du. Solflice d'Eté, furi la marche de l'Aiguille ; par M. CassiNr ,. 4 298 Extrait des Obfervations météorologiques faires à Montmorency , par ordre du Roi, pendant le mois de Mars 1792; par le PCoRTrS Prétre de L Oratoïre , Curé de Mopimorency, Membre de plufieurs Académies, 304 Objérvations fur plufé Ceurs propriétés du Muriate_d'Etain, extraites d'ur Mémoire lu à l Académie Royale ‘des Sciences, en Février 1792; par M. PELLETIER, 307 Méthode nouvelle de raffiner le Camphre ; par M. KASTELEYN, traduite du Hollandoïs , & extraite du Journal de Phyfique & de Chimie de | Auteur, 314 Objervations fur une efpece de Pérrole qui contient du Sel fédatif ; par M, MARTINOVICH, 31$ Obférvations fur POpale ; par M. “HS 316 “Objervations fur les Monts Crapaths ; par M. HACQUET : 317 Lerrre du Commandeur DÉoDAT DE Doromteu , à M. DELA- MÉTHERIE , fur. de l'Huile de. Pétrole dans le Criflal de Roche, & les Fluides élafliques tirés du Quartz, 313 Extrait d'un Mémôire fur les Cendres, bleues ; par M. PELLETIER, Membre de l'Académie des Sciences de Rues AE: 320 Extrait d'une Lertre de, M. HerMAN ; à M. CRELEr ; 321 Extrait de Lettre, \" 322 Extrait d'une Lettre de M. WESTRUME, a M, CRELL, ibid. Nouvelles Littéraires, 323 — A LAS en pe 0] PQE + Avril 170 . EE CA 27) G Jelléer Je, TE ANG | JOURNAL DE PHYSIQUE. | : MAI 1792. I RE El a ue 2e TO) fer Les pu me AR ———.( FAX PS OS TN FT ON Des principes d'où découle la propriété qu'ont les Pointes pour recevoir & émettre à de grandes diflances la matière électrique. Caufes qui peuvent concourir à établir des différences remarquables dans leurs -diflances explofives ; . Par M. CHAPPE. Aire que de parvenir à l'expolition des principes que je viens d'énoncer, confidérons la manière d'agir du fluide élerique, 1°. Lorfque dégagé des matières en communication avec Le réfervoir commun , il fe répand'uniformément dans l’atmofphère ; 2. Lorfque dérérminant fon action fur un corps, il'arrive à diftance explofive (état où il fait effort pour franchir l’efpace qui l’enchaîne ). Un corps dans l’état d’éleétrifetion, eft toujours furinvefti d’une atmofphère qui tient à une caufe répulfive, de la part tles globules électriques , & à la propriété indéférente ; dont jouiflent les molécules qui conftituent l'air. Cette atmofphère affecte la forme du corps dont elle émane , elle circonfcrit également un corps fphérique de matière homogène, routefois s'il ne préfente à fa furface aucunes afpérités propres à favorifer la diflipation des molécules électriques. Elle devient irrégulière, fi Le corps offre des angles & des rugofités peu propres à les retenir. (On peut la rendre vifible dans l'air calme en excitant une fumée de réline sèche fondue dans une cuiller à café, fous le corps élecrifé ; car elle en fera attirée 8 s’étendra d'elle-même de manière à couvrir le corps. Malgré la difficulté qu'éprouve notre fluide à traverfer l'air, il sy infinue , le pénètre fenfiblement, foit en écartant les molécules qui s’oppofent à fon paflage ou en gliffant à leur furface , foir en ,exerçant une preflion de proche en proche fur Les globules électriques qui lui font propres. Tome XL, Part, 1, 1792. MAI. Vy 330 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : : Quoi qu'il en foit, l’on peut confidérer toute atmofphère électrique, comme une portion d'air dont chacune des molécules|soppofe conf- tamment à la diflipation du fluide électrique, tandis que ces dernières exerçant entrelles leur vertu répulfive , cherchent par de puiflans efforts à fe raréfer. ' Si un corps déférent eft foumis tout-à-coup à l’ation de la matière éléétrique , alors les molécules difperfées en tous fens s’'approchent, fe réuniflent, forment une multitude de petits rayons qui obéiflant au principe de l'attraction tendent par la voie‘la plus courte vers le corps qui les attire, leur mouvement naturel doit donc être rediligne. Le choc électrique , ou la diftance explofive , eft aifé à comprendre par les vérités que je viens d'expofer & par celles qu'on peut tirer des confidérations fubféquentes, qui font , que toute atmofphère éle&rique eft compofée d'air éle@trifé, &: que la denfité électrique de toures ces armofphères croît à melüre que la diftance du corps chargé décioîr; car un corps éleëtrifé devienr capable de décharger fon électricité avec explefion fur un corps conduéteur ; loifque la denfité de l'atmofphère électrique eft telle, qu'elle ne permec pas l'inrerpoftion des molécules de l'air dans une ligrie déterminée, C’eft à la faveur dela contiguité parfaire des globules électriques, qu'un corps peut Le décharger fubirement de fon fluide excédent; ainf- le choc électrique n’eft dû qu'au, rapprochement {ub:r des molécules dledriques , qui, formant une fuite de globules non interfompue,, deviennent-un conducteur de la charge électrique.) En partañt de ces :confidérations ; favoir, que toute atmofphère éleétrique eft compofée d'air élé@rifé ‘qui s’oppofe puiflamment à la diflipation des molécules de notre fluide, &: que da denfité électrique des atmofphêres décroît quand la diflance du corps chargé auumente, il fera de: même tout aufli facile de concevoir , pourquoi des corps conducteurs, terminés par.des-poinresbién.faillantes s'emparcront du fluide éleétrique ou s'en, déchaïrgeronct' avec beaucoup plus de facilité que: des corps d’une-autre forme. Suppolons qu'un corps fphérique armé d’une pointe très-aioue foit ifolé & éleétrifé enplus, fi cette :pointe cft d'une telle longueur qu'elle uifle avoir fon extrémité en dehors de la partie la plusdente de l'atmof phère pofitive du cor»s, & que cette atmofphère diminue par degré, il eft clair que la réfiflance oppofée à la-pointe! par J'atmofphère pofirive fera très-petite; donc léleétricité furabondante du corps électrifé en lus s’en: .élancera,en ‘bien plus grande. quantiré par la pointe où la réfifance efttrès-petite, qu'ellesne s'en: lancera] par aucunes parties quelconques non faillanres du corps, où la séfiffance doi étre plus grande , en raifon d’une atmofphère éleique beaucoup plus intenfe. Suppofons maintenant que le corps foit éleétrifé négativement. Si la pointe communiquant à ce corps eft de longueur à avoir l'extrémité hors + lol 4 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 331 de la partie la plus denfe de l'atmofphère négative , laqueile atmofphère décroifle par degrés en denfité , alors la quantité d'électricité en moins contenue dans la pointe étant extrêmement petite, fur-tout à fon fommet, on conçoit que la partie denfe de l'atmofphère négative autour de la pointe fera très-foible. Conféquemment la réfiftance de la pointe oppofée par l'atmofphère négative à l'entrée de l'électricité dans le corps négatif, fera aufli extré- mêment petite ; donc l'électricité de la mafle d'air quitend.conflamment à fuppléer au défaut de l’élericité dans, ce corps électrifé en moins , y pañlera en beaucoup plus grande quantité par la pointe où la réfiftance eft fort petite, qu'elle pourra le faire par toute autre partie non faillante de ce corps, où la réfftance eft néceflairement confidérable, Rien dans cette théorie qui ne foit conforme à l’opinion reçue, que la pointe a la même aptitude & pour recevoir & pour émettre le fluide électrique, D'eù vient donc la différence. remarquable obfervée dans .plufeurs expériences décifives: cette différence qui ne paroît avoir lieu que pour les diftances explofives, tient à des caufes quisme femblent faciles à appercevoir. ê Le fluide électrique accumulé fur un corps y eft fur-tout retenu par la preflion du milieu ambiant: pour parvenir à un autre qui n'eft pas contiou, il faut donc qu’il furmonte la prefion de ce milieu, toujours proportionnelle à la grandeur de la colonne à déplacer; cette réliftance doit donc diminuer à mefure que le corps devient plus exigu. Lorfqu'un fyftême électrifé en plus eft armé d'une pointe, la décharge explofive eft provoquée avec d'autant plus d'énergie & à une diftance d'autant plus confidérable que la pointe eft plus aigue, & que le corps foumis à fon action déploie plus fimultanément fon attraction. La réfiflance du milieu à traverfer décroît donc à mefure que le jet électrique devient plus exigu, tandis que la force expanfive de fes globules augmente en raifon de leur condenfation. Ces vérités établies , on n’a pas de peine à concevoir la manière d'agir de notre fluide , lorfqu'accumulé fur un corps la force expanlive de fes molécules fe déploie fubitement à l'extrémité d’une pointe qui y communique. , Rappelons-nous qu'un rayon électrique tel tenu qu'it foit, devient bon conducteur, toutefois fi les globules qui Le. compofent font par= faitement contigues les unes aux autres. Ainf la décharge explofive doit avoir lieu aufli-tôt que la force expanfive permet à la file des molécules électriques de furmonter la preffion de l'air ambiant. Or, comme cette force expanfive augmente -en raifon du peu de furface qu'elle préfente, & que certe furface eft relative à ouverture du canal d'où elles débouchent ; il eft clair que Tome XL, Part. l,1792. MAL, Vy 2 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la pointe favorife d'autant plus puiflamment l'émiffion de la charge électrique , que cette pointe lui offre un paflage ‘plus étroir. Il n’en eft point ainfi à l'égard d'un fyftème négatif dont la pointe eft en oppofition avec la furface d’un corps fphérique. Cette furface peut être confidérée comme un faifceau de petits éanaux à travers lefquels s'échappe fimultanément la matière électrique pour converger en un point commun. Or, cette multitude de petits rayons partage néceflairement Ja force éxpanfive & néceflite une action plus grande de la part du fyftème électrifé, à raifon de laréfiftance du milieu à traverfer, laquelle réfiftance augmente à mefure que le diamètre du jet électrique devient plus éonfi- dérable, Ainfi une pointe communiquant à un fyftéme négatif tranfmet üne explofion à une diftance moins grande que celle à laquelle elle peut kR recevoir lorfqu’elle communique à un fyftéme pofitif. © MÉMOIRE DE M GMELIN, Profeffeur à Gottingue, Sur l'alliage du régule de Cobalt avec le Plomb par la fufron. QE à plufieurs chimiftes ( Wallerius , Weigcl , Baumé, Achard) nient que le régule de cobalt puifle former une feule mañle, ceft-à-dire, Sallier avec le plomb parle moyen du feu, d'autres affurent y avoir uni une très-pesite portion de plomb (Géllert ): J'ai cru devoir tenter cet alliage, perfuadé que ce feroit un moyen de donner au plomb. une plus grande dureté Gun plus grand & plus durable éclat fi on vouloir Le polir. M. Achard a prouvé que l'étain allié au cobale acquéroit beaucoup de dureté & recevoit un beau: poli. Mais il y avoit à craindre que cet alliace n’eût beaucoup de fragilité ; car M. Achard avoit fait beaucoup d'expériences pour allier le côbalr avec le cuivre , le fer, l'étain, le zinc, l’antimoine, l’arfenic, la platine elle-même, en mettant moitié cobalt ou le double, & il avoit toujours obfervé que ces nouveaux alliages avoient beaucoup de fragilité. Cependant on devoit efpérer conferver la duétilité.au mélange, en lui donnant une certaine dureté, fi on ne metroit qu’ure petite portion de cobait. Je mis dans un petit creufet de Hefle bien brafqué avec de la pouflière de charbon & plein de cette même pouflière parties égales de régule éd | | d | | | | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, : 333 de cobalt dont la pefanteur éroit 7,18 réduit en poudre, & de lames de plomb. J'expofai le creufet pendant une heure à un fiu violent animé par deux foufflets. Je verfai enfuite la mafle dans une grande cuiller de fer. La mafle refroidie parat bien mélangée ; ceperidant Ja lime y découvroit encore quelques morceaux de plomb pur. D'ailleurs Ja mañle étoir fi fragile qu'elle fe brifoit au premier coup de marteau, elle réfiftoit beaucoup plus à la lime que le plomb: elle acqueroit plus d’éclar, Sa couleur à l'intérieur approchoit plus de celle du cobalt que de celle du plomb. Sa pefanteur fpécifique étoit 8,12. En mettant deux parties de plomb contre une de cobalt, la mafle fut mieux mêlancée, moins fragile & s’étendit fous le marteau ; cependant elle fe gerça. Elle éroit moins dure, & fa couleur rapprochoit plus de celle du plomb. Un mélange de quatre parties de plomb & d’une de cobalt eut toujours de la fraoilité, Il étoit plus dur que le plomb, recevoit un plus beau poli; cependant il approchoit beaucoup du plomb. * Six parties de plomb & une de cobalt donnèrent un alliage plus dur que le plomb. Sa pefanreur étoit 9,65. Ici on ne verfa point la mafñle dans un ‘autre vafe , mais on la laiffa refroidir dans le creufer. Huit parties de plomb & une de cobalt donnèrent un alliage malléable, quoique plus dur que le plomb. Sa gravité étoit 9,78. Sa folution dans l'acide nitreux & précipité par la leflive du fang (alkali phloviftiqué } donna un fédiment d’un rouge brun , ce qui y annonçoit évidemment la préfence du cobalt. El paroît par ces expériences qu'on peut allier le plomb'avec parties égales de cobalt ; mais qu'en mettant une moindre portion de cobalt, on conferve au mélange de la ducilité, en lui donnant de la dureté. Il eft affez probable qu'on pourroit mélanger & allier , foit dans fes proportions que j'ai employées, foit dans d’autres, l'argent avec Le cobalt ( ce qui a lieu fouvent dans les fonderies ) & avec Le bifmuch ; ce que M. Achard a également eflayé. NOUVELLE THÉORIE SUR LA FORMATION DES FILONS MÉTALLIQUES : Extraire de l'Ouvrage de M. WERNER, à Freyberg, portant le méme vitre. nr Différentes opinions des Anciens & Modernes fur la formation de ces Filons. Le: ouvrages des anciens auteurs grecs & latins, qui ont écrit fur, les minéraux & l'exploitation des mines, ne contiennent que très-peu de chofe fur les filons en général. Cependant deux pañlages que je vais citer immédiatement ci-après, prouvent qu'on les connoifloit; mais il n’eft pas probable qu’on en ait eu des notions bien précifes , ni fur la mauière dont ils différoient des gîtes des métaux en général, ni fur leur formation. Diodore de Sicile, en parlant des mines anrifères de l'Egypte, dit : « Ces montagnes dont la couleur eft naturellement noire, {ont traver- » fées par des veines d'une fubltance pierreufe blanche , qui par fon » éclat, furpafle toutes les autres, & dont Les prépolés aux travaux des » mines font retirer l'or ». Dans le même ouvrage, en parlant des mines d'Efpagne, Diodore fe fert de l'expreflion fuivante: « Les mon- » tagnes de ce pays font entrecoupées en beaucoup d'endroits de » veines » (1). Pline., en parlant de la manière dont l’or fe trouve dans les mon- tagnes, dit: « Pagantur hic venarum canales per latera pureorum , & » hoc illuc» (2). Dans une autre édition de ce même ouvrage , publiée par Dalechamp, ce paflage eftun peu changé; on y lit: « A2 venarum » canales per marinos vagantur & latera puteorum & hucillue ». Parmi les auteurs modernes qui ont parlé des filons métalliques, Agricola eft le premier qui s'en eft occupé fort au long. Il en parle dans plufieurs endroits de fon ouvrage, & s'occupe même à en expliquer la proportion & la manière dont ils fe font formés. Quant aux notions, que (x) Diodori Siculi Bibliothecæ hifforicæ Libri xv , per Laurentum Rha- damenum. Hanov. 1604, in-fol. pag. 150 & 313. (2) Plini fecund. Hiflor. Natur. libri xxxvi1, incerpr. Harduini, Paris, 1723, in-fol. tom. II, pag. 617. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 335 cet auteur préfente fur cette matière difficile, on apperçoie qu'il furpafle de beaucoup rous fes prédéceffeurs, comme tous ceux qui fe font occupés du même fujer plus de cent ans après lui, Agrico/a cependant paroifloic ignorer la différence qui exifte entre les véritables filons (gange) & certaines couches ou gîtes de minéraux (lugerflaedte ) qui leur ref= femblent. Mais il conneifloit bien la proportion des filons , relativement à leur grandeur , polition, & la manière doncils s’epprochent les uns des autres; il en parie dans le chapitre 24 de fon Bermannus , mais plus particulièrement dans fon, grand ouvrege de Re Merallica. Quant à la formation desfilons , il en parle dans le troifième chapitre du troifième livre de fon ouvrage de Oriu & Caufis Subrcrraneorum. M croit que les fentes ou téparations , dans lefquelles les filons ont pris naiflance, fe font formés peu après la formation des montagnes mêmes , & dans la fuite, par les eaux qui s’y fontinfilrrées, & qui par leur volume ou leur quantité, ou felon que la fub'tance de la montagne étoir plus où moins dure , fe font creufé un paflage plus où moins grand dont il a dû réfulter des fentes plus ou moins grandes, dans lefquelles des filons plus ou moins puiflans fe formèrenr. Quant aux fubftances on matières terreufes ou pierreufes qui fe trouvent ordinairement dans les filons, ÆAgricola pente, que les premières y ont été dépofées par les eaux qui les avoienr détachées de la mafle de Ja montagne même, & que la gangue ou pierre qui accompagne le filon, eft le réfultat de la ménte opération, les parties terreufes ayane été unies par un fuc lapidifique. I fuppofe également, que les minérais &c l'es métaux qui fe trouvent dans les flons , doivent leur naiflance à Ja diflolution intime de la terre & de l’eau, qui avec le concours de la chaleur ont été réduits en une efpèce de fuc qu difolution, & durcis dans la fuite par le froid. Les méraux les plus parfaits ne proviennenr, d’après lui, que d’üne diflolution plus intime des parties conftituantes. On peut donc avancer, d’après ce que nous venons d’expofer dans le précédent ; qu’Agricola el le premier qui ait réfléchi & écrit avec méthode & jugement fur la formation des filons & les fubftances qui les accompagnent; mais fi fon opinion s'éloigne encore de Ja vérité, on doit s’en prendre à l’état dans lequel les fciences phyfques & chimiques éroient de fon tems, & au peu de lumières que ces deux fciences répan- doient alors für la Minéralooie & les travaux des mines-en particulier. L'opinion d’Agricola fur la formation des flons a cependant été adoptée avec quelques modifications par beaucoup de minéralooiftes modernes. Agricola a réfuré avec autant de courage que da clarté, l'opinion alors prefque cénéralement recue de l'influence des planètes fur la formation des métaux ; chimère que les aflrologues avoient fa introduire dans le public:il a également combattu, comme démenti par Pexpérience , l'opinion que le commun du psuple avoit alors, que les flons & 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE couches métalliques exiftoient depuis la création du monde, tels que nous les trouvons actuellement. 1104 Ce que Urmann von Elrerein, Meier, Lohneis, Barbu & autres auteurs de Minéralogie & de Métallurgie, poftérieurs à Agricola , ont écric fur les filons, ne mérite pas la peine d'être répété. Plufieurs de ces auteurs cherchoient à expliquer la richefle d'un filon, par fon expoñition au foleil, & par l'influence des aftres. Î Balrhafar-Rofler et, d’après Agricola, celui dont l'opinion fur les filons mérire d'être citée ; il femble que cer aureur regarde également les filons comme ayanc pris naiilance dans les fentes des montagnes ; maisilne die rien fur la manière dont il croit que ces fentes peuvent avoir eu lieu, ni comment elles or été remplies. Becher a manifefté fon opinion fur la formation des minéraux & métaux dans fa Phyfica fibrerranea. A] croit que les vapeurs forties du centre de la terre ont pénétré jufques dans les filons, ou jufqu’aux fubftances aptes à leur formation; il fe préfenre le centre de la terre comme un grand vuide rempli d'un fluide ou d'une vafe fulfureufe ou bitumineufe dont s’échappent les vapeurs ou exbalaifons, qui felon lui , coopèrent à la formation -des minéraux, On ne trouve rien dans les écrits de Becher qui explique la formation des fentes, ni des fubftances terreufes ou pierreufes qui accompagnent les filons. Stahl, grand médecin & chimifte, commentateur de Becher , parle dans plufeurs endroits de fes ouvrages de la formation des filons & des métaux qu'ils contiennent. Il dit dans le Specimen Becherianum , qu'il paroît probable, que le globe dans les premiers tems de fon exiftence a contracté des gerçures ou des fentes , qui pendant le déluge {e font remplies d'une argile ou terre glaife très-fine ; que dans la fuite, cette argile a été pénétrée par les vapeurs méralliques , provenant du centre de la terre, & que de'cette manière les métaux ‘éroient formés dans les filons. Srahl avoue, que cette opinion pourroit rencontrer beaucoup de contradictions, & des vrandes difficultés dans l'application, c’eft pourquoi il ne l’adopte pas exclufivement; il et plutôt porté à croire que les filons ont été formés en même-rems que les montagnes ; mais que par la décompofition & la diflolution, il et arrivé des changemens confidérables dans ces fubftances. Kunckel a été le premier qui ait expliqué la formation des métaux dans les filons par les vapeurs qui fe développent par une efpèce de fermentation qui a lieu dans la pierre même, dans laquelle le filon exifte. Il croit, que les parties conftituantes des métaux fe trouvoient dans les pierres mêmes, & que la nature les en retiroit par la diflolution la plus intime, Il ne s'explique point aflez clairement fur ces parties conftituantes, mais il paroit quil les comprend alors en parlant en plufieurs endroits de fon livre, des particules arfénicales , mercurielles & 1 SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 & füulfureufes ; il confidère l'air, l’eau & le feu comme fubftances qui Coopèrent principalement à la diflolution qu'il admet. Il croit épalement que la formation des métaux exige la préfence de certaines matrices appelées vulgairement matrices des métaux. C'eft dans fa Pyrirolonie & ans ün autre ouvrage intitulé : de .4ppropriatiüne , que l'on trouve ces Opinions développées. AL NRA AS HP 4? _ 1°G. Hofnann ; dans une differtation latine , explique également là formation des filons, comme ayant pris! naiflaänce dans les fentes des Montagnes; mais d'après un pañlage de fa diflertation , il ne patoît tésarder cette explication que comme üne fimple hypothèfe, Zimmerman , Minéialogifte Saxon , eft le premier qui a prétendu que les f'ons & les fubftinces métalliques qu'ils renfermoient , devoient leur origine à une tran{mutation de la pierre mème de la montagne. De tous és auteurs modernes qui ont écrir fur la formation dé filons, feu M. d'Oppeln, premier capitaine des mines de l'électeur de’ Saxe, mérite la première plage ; l'explication claire & précife qu’il en a donnée dans fa Géométrie fouterraine!, prouve qu'il, parloit avec connoiflance de caufe. Voici fa définition du filon : & Le filon eft une fente ou féparation » dans une montagne , d'une grande étendue , remplie d’une fubftance » pierreufe d'fférente de celle dont eft compofée la montagne dans » laquelle elle fé trouve =. | LEE ” Ce même auteur, éft Le premier qui ait établi une différence précife entre floz (couche) & gang ( f£lon ). « Le floz eft une couche compofée: = d'une fubftance entièrement différente de celle dont eft compolée la » montagne dans laquelle elle fe trouve, ou qui contient au moins! » quelques parties hétérogènes. î » Le floz eft toujours parallèle aux couches de la montagne dans 2 laquelle il fe trouve. 1b ° »# Le gang ef une fente ou féparation dans une montagne, dont la » direction diffère fouvent des couches de la montagne même | & qui” » dans la fuite s’eft rrouvée remplie d’une fubftance écalement différente » de celle qui conftitue la montagne dans laquelle il fe trouve », Quant à la manière dont ces fentes fe font formées, M. d'Oppeln' ctoir, que des dérangeméns, éboulemens’ & fecoufles que les monragnes de différente nature ont éprouvés lorfqu’elles étoient céjà toutes formées, ont probablement fair naître les fentes & gerçures, dans lefquelles après Le laps de reims les filons fe font formés. L'opinion de Wallérius fur la formation desfilons qu'il a expofée dans fon ouvrage E/ementa Merallurgïæ fpéciatim Chemica , in3. Hulmiæ, 1768 , fait voir que les minéralogiftes fuédois n’avoient pas alors une idée précife des véritables filons. Bergmann ; dans fa Géographique ,ne parle que très en abrégé des Tome XL, Pare. I, 1792. MAL, X x 338 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, flons; il paroït.y. confondre les fentes dans lefquelles des filons fe fong formés, d'avec les gergures ou fiflures, & qui en ifgrent & par leur, difpofition & par l'étendue, peu 1. NTAUS h > Delius, dans un petit Traité /ür l'orrgine des Montagnes &. des Œülons, publié par Schreber, prétend que les filons font dûs aux gerçures que les montagnes ônt Contraétées après le defféchement,, & -qui par. la. fuite ont été remplies, Les matières qui ont fervi:de rem- pliflage, fonr, d'après Jui, les parties conftituantes des métaux & miné- aux, déja contenues dans les montagnes mêmes, & détachées par les eaux de pluie qui s’éroient infiltiées dans ces gerçures. L'auteur, qui cherche à expliquer fon opinion fort au long, paroît cependant bien éloigné du principe d’une faine phyfique, feul guide dans des matières Ce cette nature, Le même auteur a encore traité du filon dans fon grand ouvrage, fur l'art d'exploiter les mines, dans lequel il continue ut le même ton & d'après les mêmes principes. M. ide Charpentier, confeiller au département des mines à Freyberg en Saxe, nous donne fon opinion fur la théorie & la formation des filons métalliques dans fon excellent ouvrage fur la Géographie minéralopique des pays éle&oraux de la Suxe , Jet. IV, d'après laquelle il ne s'écarte que de très-peu de la théorie de Zimmermann , dont nous avons parlé plus haut; la manière concife avec laquelle M. de Charpentier a expofé fon opinion, ne permet pas d’en donner un extrait plus circonftancié, M. Baumez ,iconfeiller des mines, dans fa Géographie & Hydro- graphie fourerraine ,.eft, peut-être de tous les minéralogiftes modernes, celui qui, felon mon opinion, approche le plus de la nature de la chofe, par la manière dont il explique la formation des filons ; quoiqu'il traite cette matière fort en abrévé, fon explication ne mérite pas moins d'être citée ici. « Les filons, dit cet auteur, diffèrent des couches de la » montagne & par leur pofition & par la matière qu'ils contiennent. >» ls font, felon routes les apparences ; poftérieurs aux montagnes ; &, » À en juger par plufeurs données , ils furent formés fous l’ancienne mer ». même; Car dans les endroits où ces filons fe perdent au jour, ils ont » ordinairement contracté une texture fchifteufe, & leur intérieur ren- >», ferme fouvent des corps marins ». M. Gerhard à Berlin , traite.très au long des flons & de leur origine , dans fon Effai d'une Hifloire du Règne minéral. Ce favant adopte l'opinion de plufieurs autres minéralogiftes qui regardoient les filons comme des fentes qui ont été remplies dans la fuite; mais il croit que plufieurs raifons peuvent avoir HAE ces fentes, & qu'ils ont eu lieu dans plufieurs époques. M. Gerhard fuppofe également, que des fermen- tations dans l'intérieur des montagnes peuvent fouvent avoir, contribué. à produire ces fentes. La manière dont ces fentes fe font remplies ets felon lui, due aux eaux , qui.en détachant Les matières xempliflantes des ES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 39 parties adjacentes , les dépofoient enfuite dans ces fentes; quant aux parties méralliques que les filons contiennent; M: Gethard ft d'opinioh Quelles n’ont point été formées dans les filons mêmes, mais qu’elles y ‘arrivént en forme’ flüide avec les autres fubftarces. / ss A M. de Trebra,, dans l'ouvrage Oëfervations far! l'intérieur des Moniagnes , adopte, loriqu'il parle de la formation des montagnes , J'opinion de Zimmerman, au moins en grande patrie, Son Livre, doit nous poliedons évalement. une traduction françoife , eft rempli d'un grand nombre d'oblervations riès-curieufes & inftructives, & mérite de le trouver entre les mains de rous les minéralagifles. cut * Le minéralogifte le jus moderne qui, ait donne une théorié particu= lière fur la formation des filons , ef M. L'afcius , ‘dans un ouvrage qui porte le titre, ( Beotackrurgen ubèr dds Hartz gebirge ) , Obfervations fur les montagnes du Har:z. Pour que les-fonseuflent pu fe former, l'auteur fuppofe des fentes ou féparations dans les monçagnes.ÿ produires antérieurement par différentes révolutions que ces montagnes pourront avoir. éprouvées. Quant à dla manièrt dont ces fentes ‘ont éré éempliés,, il füppote que C'eft par l'eau imprégnée d acide aérien ou de quelqu’autre véhicules, qui alors étoir en érar d'opérer une diflolution des parties métalliques contenues dins la'mafle °dé la ‘niontagne même, Les parties difloures par cette eau , furent alors dépofées dans’les différentes fentes , à mefurë Qu'ils rencontroient des fubftances capables dé produite une précipitation. M, Lafcius ne paroît pas sûr ff les eaux qu’ fait apit contenoïent déjà les parties métalliques toutes formées, 6w bien f1 eïles concourpient feulement dans la fuite à leur formation! Voici fes proprès "paroles : æ Mais le diflolvant- changez & modifia le &-rme” métallique (f » j'ofe me fervir de cette expreflion) de dfférente façon , de manièré qu’il formoit dans un endroit l'argeñt , dans un äutre le plomb, & plus loin le cuivre, & ainfi les autres métaux & demi-méraux. Après avoir donné un apperçu rapide des différentes théories qu’on a données fur Les flons & leur formation, M. Werner obferve, que prefque tout ce qui a été écritjufqu'ici fur cette matière, eft dû aux minéralogiftes ou favans faxons ; effectivement les obfervarions les plus judicieüfes nous les devons à Agricola , Rofler, HenKel, Hcffmann, Oppeln , Charpencier & Trebra. Le chapitre fuivant contient la théorie de M. Werner, donc nous donnerons la traduction le mois prochain. AND. ee Tome XL, Part, I, 1792. MAL, | Xx2 ATIONS SUR LA PHYSIQUE, } CS LA DÉCLINAISON ET DES VARIATIONS DE L'AIGUILLE AIMANTÉE, fOi 2 SUITE! DE Obfervées à l'Obfervatoire Royal de Paris , depuis l’an 1667 code HUE jufqu'a 1701 : | De l'influence de PEquinoxe du Printems, & du Solffice d'Eté, ie # fur la marche de l' Aiguille ; ' Par M. CASSINI. SLI. Déclinaifor de Aiguille aimantée depuis 1777 jufqu'en 1791. LE fecond Tableau offre une fuite d’obfervations moins nombreufes que le précédent, mais qui ont, fur les anciennes, l’avantage qui appartient , en général, aux jobfervations modernes, celui d’être faires avec des inftrumens plus perfeétionnés , avec plus de fcrupule , & par des obfervateurs dont l'expérience& les propresconnoiffances font augmentées de celles précédemment acquifes. C'eft a, M. le Monnier, notre confrère , que l’on eft principalement redevable, de ces nouvelles recherches fur la déclinaifon de l'aiguille aimantée dans ces dernières années. Dès 1772, M. le Monnier s'étoit attaché à déterminer, avec une nouvelle exactitude , la déclinaifon par des obfervations qu’il faifoic au Temple, dans le vafte jardin, de M. le prince de Conti. El pofoit fa LÉ fur un füt de colonne en piedeftal , & par le moyen de pinnules qui y.étoient adaptées &..qu'il pointoit, tantôt à la, tour la plus'auftrale du Temple, taprôt à un point de mire placé au fud.fur un mur oppolé , il déterminoit la déclinaifon de l'aiguille par les: azimuth du foleil, (Mém, Acad. 1774; pag. 237.) Le prince étant mort , & M. le Monnier craignant de n'avoir plus la mème liberté & la même commodité pour faire fes obfervations dans ce lieu, je lui offris de tranfporter fon établifflement à l'Obfervatoire , où je me propofois de continuer la füite-intéreffante des obfervarions de l'aiguille aimantée, qui y avoient été commencées & fuivies depuis ar. d’un fiècle, mais qui y avoient été négligées depuis trois ans. Nous A îmes donc tranfporter la colonne; des jardins du Temple; à l'Obfer- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 34 vatoire le 15 avril 1779, & le 29, elle fut folidement affife fur une fondation de moëllons, dans la partie fud-oueft du jardin en terrafle -qui fe trouve de plein-pied au premier étage, à un éloignement d’environ trente- fix toifes du bâtiment. Cette diftance éroit , fans doute, fufifante pour que le fer qui pouvoit fe trouver dans les voûtes, & celui qui formoit alors la carcafle des croifées du bâtiment , ne puflent altérer la direction de l'aiguille, Cette colonne érant établie, nous jugeâmes qu’au lieu de chercher à tracer une méridienne fur fa bafe fupérieure , il valoit mieux en déterminer la direction , par rapport à la méridienne de l'Obfervatoire , & à quelqu'objer fort éloigné pris dans l’horifon, dont la déviation du méridien de la colonne étant une fois déterminée, {erviroit d’un excellent oint de mire. La pyramide de Montmartre nous étant cachée par le Bâtiment du Château d'eau, nous choisîmes pour point de mire l'axe du cône qui porte le troifième moulin vers l’oueft proche de la pente de la montagne. Voici les mefures par lefquelles nous avons déterminé avec toute Pexactirude requife, la direction CZ du méridien de la colonne, & les angle ZCL, ZCP, qu'il fait avec le moulin & la pyramide, ( Planche première , fig. 4.) » pieds pouc. lignes. , pieds pouc, lignes: C M ? mefurés direétement 10$ 10 4,7 | donc CN 106 10 757 MO 201 O 3,0 NP 17766. 1 3,0 PS loyez Mérid, vérif. jp» _. oyez Mérid, ver! ?- 1 03,0 toifes, L'mve OS 2927 ? | CPNouZCP 6 20 4x LCP o d. 52m. ZCE O 31 20 On a donc l’azimuth du moulin à l’oueft du méridien de la colonne de Oo d. 31 min. 20 fec. Or, la bouflole que M. le Monnier a au confiruire , & dont il a donné la defcription dans lés Mémoires de FAcadémie { année 1778, pag. 68) , eft montée fur un chaflis de cuivre rouge , auquel font adaptés une lunette & un limbe de onze pouces & demi de rayon, par le moyen defquels on mefure au degré & à la minute, l'angle acm (fig. 5) entre les directions a b de l'aicuille, & om du moulin, fur lequel fe pointe la funetre. Y ajoutant l’azimuth mcZ du moulin déterminé ci-deflus , on 4 l'angle acZ de la déclinaifon de Paicuille.- i On peut juger combien cette manière de déterminer la ‘déclinaifn de l'aiguille aimantée eft préférable à celle qui éroir précédemmene en ufage, en appliquant lune des faces d’une bouflole de 4 ou $42 OBSERVATIONS SUR L'A PHYSIQUE, 6 pouces de diamètre , fur une méridienne d’un ou deux pieds de longueur, ou contre un pilier bien orienté. ! j À L'aiguille de M. lé Monnier a 15 ‘pouces de longueur , & 4 1: nes de largeur ; elle pèfe 1436 grains. & a été aimantée à faturité avec les plus forts aimans. Apres ces détails préliminaires que j'ai cru cevoir configner ici, veñons au rétultat des obfervations. M. le Monnier, dans différens écrits. & récemment à une de nos précédentes féances, a déjà rapporté partiellement les principal-s obfervations qu'il a coutume.de venir faire une ou deux fois: l’année fur notre colonne. Maïs comme, à différentes fois, il a bien voulu me confier fa boullole , j'ai fait un grand nombre d’obfervarions fuivies pendant plufieurs jours en différens rems, & quelquefois pendant des mois, pour reconnoître les divers mouvemens de l'aiguille en différens tems de l'année; ces obfeivations , tant particulières que celles faites de concert avec M. le Monnier, compofent le fecond Tableau, dont l'infpection attentive offre Les remarques & les réfulrats fuivans : 2°. De 1777 à 17913 la déclinaifon de l'aiguille aimantée a généra- lement été toujours en augmentant. 2°. Si l'on prenoïit indiftinétement la variation moyenne qui a eu lieu pendant ces-quatorze années, on auroit 7 minutes pour la quantité annuelle moyenne dont l'aiguille s’eft avancée vers l'oueft. Mais, en ne combinant que les obfervations qui font comparables entr’elles, on reconnoît très-évidemment, par un milieu entre un très-grand nombre de réfultats fort d'accord entr'eux, que la variation a été inégale, & que 1780, l’augmentat. ann. de la déclinaifon,a été de 7 min. de 1777 à de 1780 à 1783 -.-....esss.sssesseseesevee 11 Mine de 1783 à 1790 ......ssessesesveesessese 7 Mine 3°. Les obfervations que j'ai faites pendant plufieurs jours de fuite, & prefque des mois entiers, font voir que cette augmentation de la déclinaifon de l'aiguille ne fe fait point par un mouvement progrefMif & continu de l'aiguille vers l'oueft, mais par une efpèce de balancement , que je comparerois prefqu'à celui des aiguilles à fecondes de certaines pendules, qui ont un recul à chaque battement ; c'eft, au refte, ce que fera connoître bien plus évidemment , un nouveau genre d’obfervations dont je me fuis occupé, & qui va faire le fujet du paragraphe fuivant, SIT. Variations & diredion de l' Aiguille aimantée dans [fon maximum, Les derniers Tableaux renfermant les réfultats d’un genre d'obfervations particulier & nouveau, je dois entrer dans les détails néceflaires pour \ RE . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 34% leurintelligence : je me propofois depuis long-tems de les configner dans: nos Mémoires ; je n'ai tardé que parle detir d'accumuler toujours un plus grand nombre d'obfervations , & de pouvoir préfenter à l'Académie un pius grand enfemble de réfultats, Les phyliciens, qui fe font adonnés aux obfervations-de l'aiguille aimantée, ont bientôt reconnu combien la plus où moins grande perfection de la fufpenfon de l'aiguille , influoit fur les -réfulrats de lobfervarion. Les favans & les aruttes fe font beaucoup occupés des moyens de diminuer, autant qu'il eft poflible , le frottement dans la fufpenfon qui , quelque petit qu'il foit, eft toujours un obftacle à la liberté abfolue f néceflaire à l'aiguille pour prendre & fuivre fans réfiftance routes les directions, que tend à lui donner le courant du fluide magnétique. Cec objet mérita l'attention de l’Académie , elle en fit le fujer du prix propofé en 1775, & renouvellé.en 1777. Ce fut, à cetre occafñon, que M, Coulomb , auteur d’une des pièces couronnées, propofa de fufpendre l'aiguille à un fil de foie de cocon ;1de quinze à’ vingt pouces de longueur, dans lequel on auroit détruit préalablement toute torfon. Cert: nouvelle fufpenfion me parucplus fimple & plis propre qu'aucune de celles qui avoient été imaginées jufqu’alors, à laifler à l'aiguille toute la liberté & toute la fenhbilité dont elle eft fufceptible. Je me hâtai donc de faire conftruire, fur ce principe, plufeurs bouffoles avec lefquelles j'ai fait, depuis onze ans, des expé- riences & des obfervarions de toute efpèce. J'ai en outre éprouvé desil aiguilles que m'a procurées M. Coulomb ; de différentes matières, de: différentes longueurs, de différentes épaifleurs, tantôt fortement & tantôt fciblementaimantées(1). J'ai obfervé leurs mouvemens à toutes les heures : du jour, dans tous les tems de l’année. Je les ai defcendues & obfervées au fond des caves. Enfin, après avoir , par expérience, fixé mon choix : fur la meilleure aiguille, le meilleur ajuftement de bouflole , & la meilleure manière d’obferver, j'ai commencé une fuire d'obfervations fur les mouvemens diurnes de l'aiguille aimantée, que j'ai continuée aflidu- ment & fans inrerruption , depuis le mois de mai 1783 jufqu'à ce jours Je me bornerai à rendre compte ici de ceux des réfultats de cés huir années d’obfervations, qui font le plus intéreflans, & qui ont un rapport direét à l’objet principal de ce Mémoire. Pour éviter une longue defcription , j'ai repréfenté dans la foure première de la planche ci-jointe , ma bouflole & tour fon équipage. Ce n’éft autre chofe qu'une boîte de plomb , en forme d'équerre, aflile fur un bloc de pierre, dans lequel même elle eft incruftée ; dans la branche om (x) J'ai rendu compte de ces premières expériences dans le Journal de Phyfque du mois d'avril 1784. 4 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, verticale de la boîte, eft le fil de fufpenfion, ajufté comme on le voit! figure feconde, La branche horifontale renferme l'aiguille, dont on peut appercevoir le bout par une ouverture quarrée pratiquée à l'extrémité , & recouvert d’une glace , au-deflus de laquelle s élève un microfcope & un micromètre ; par le moyen defquels on cbferve la marche & on mefure les moindres mouvemens de l'aiguille, La figure trotfème repréfente certe aiguille fufpendue à un fil.de foie, dont j'ai détruit la torfion par le procédé fuivant que je vais décrire , après avoir donné les dimenfions de mon aiguille dont la matière eft d'acier fondu. pieds fouc. ligne Lonpueuriitotale-i "4er tieritl-ieihe these I 01 Épaiifeut some le sue mioe-ta aol (og ohne mief eusibue Le Dre onces grains Poids total de l'aiguille avec fon contrepoids & fon Le sanncan deNfPEn One RENE AN ER TETN 4 2> . u & { ré pouc. ligm Diftance du point de fufpenfon à l'extrémité de l'aiguilles%2. 26" ele eee mel creetesrre Go D’après le poids connu de mon aiguille , j'ai déterminé, au moyen d’un plomb de même pefanteur , le nombre de brins de cocons {uffifant pour pouvoir porter fans rompre un pareil poids ; & nouant enfuite par les deux bouts tous ces brins de la longueur d'environ deux pieds, j'ai ajufté un crochet à chaque extrêmité. Dans cer état, j'ai fufpendu mon fil de plufeurs brins à un anneau fixe, par la partie fupérieure ; & au bout inférieur, j'ai accroché un plomb , pefant feulement une once: au bout d’une heure, j'y ai ajouté un fecond poids d'une once, & quand il s'eft trouvé chargé d'environ quatre onces & demie, plus qu'équivalent a celui de mon aiguille , je l’ai laiflé dans cet état pendane vingt-quatre heures, au bout defquelles , pour réunir tous ces brins en un feul fl, je les ai paflés À ee fois dans toute leur longueur entre mes doigts trempés dans une légère eau gommée; dans cet érat, j'ai laiflé mon fil fufpendu pendant vingt-quatre heures , au bout defquelles, pour dernière façon, j'ai encore paflé le fil entre mes doigts graiffés avec un peu de fuif, afin de le rendre moins fufceptible de l'effet de l'humidité, Le fil de fufpenfion étant ainfi préparé , coupé à la longueur requife , & accroché dans la boîre mife dans le plan du méridien magnétique, repréfenté fo. 2, j'ai eu foin, avant d'y fufpendre l'aiguille aimantée , de mettre un pions d'égal poids à fa place, d'examiner , au bour d'un certain ten}s, la pofition qu'affecteroit le crochet inférieur de fufpen- fionc, & par le moyen de la vis fupérieure V, j'ai tourné tout le fyftême de fufpenfon du fil & des crochets dans le fens favorable , pour que l'aiguille y étant fufpendue , & venant à prendre fa direction naturelle, neût aucune torfon à faire éprouver au fil. De cette manière, je crois qu'il eft impoffible de fuppofer aucun obftacle du côté de la torfion du l; mit POSER ER PR a unten “cer do sde … à RE Le +» « SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘345 fil, ni de procurer aux aisnilles aimantées une fufpenfon plus libre: Venons aux obfervations. Une aiguille aimantée à faturation & ainfi fufpendue, prend bientôc la déAion que lui preferit la force à laquelle elle ‘eft foumife: mais cette direction n'eft pas toujours la même , elle varie À différentes heures du jour. Soit P N le méridien de Paris; M N le méridien De ; & l'angle PN M de 22 degrés, tel qu il fe trouve en ce moment: de midi à trois heures, l'aiguille fe Pire dans la direction MN reftera fans mouvement; {e rapprochant enfuire du pôle jufqu'aux environs de huïc heures du foir , elle s'arrêtera en 7°, & là, reftera (lationnaire toute la nuit & jufqu” au tés dére at huit heures du matin, ou prenant une dirett'on contraire, elle s’éloïgnera du pôle à-peu près del la même quantité donc elle s’en étoir rapproc! hés la veille, & parvenue en M vers midi, elle y reltera ftationnaire pendañt deux ou trois heures, pour rétrograder enfaice dans l’après- midi, à-peu- p'ès de la même quantité dont elle s’étoic avancée le matin, & parvenue le foir en m , elle y redeviendra ftation- naire jufqu au lendemain matin, où elle recommetcera fon mouvement » pour ainfi dire, ofcillatoire, très-comparable à celui du pendule qui vient & revient fans cefle, Telles fonc les circonftances générales de ce qu'on appelle Le mouve- ment ou la variation diurne dé 'aigt ‘ile aimantée : ‘elles étoient déjà connues avant nous, @& dès |: RE de ce fiècle, nous ne piétendons autre chofe, finon davbi pu, par une atréntion plus grande, par des blemacone plus ferupuleues , & fur-tout per le fecours de l’excellente füfpenfion & des bonnes aiouilles que nous à procurées M. Coulomb, ass plus exactement ge quemtité d£'ces variations, leursi inégalités ; & particulier ement certaines etonibtes & certaines loix dans Ja marche générale de Faiguille aimanrée qui pourront peut- ètre par la faire déntier de grandes lumières fur les caufes d'effets aufli finguliers, Entrons étTeeRane en mat ère, Nous venons de voir qu'entre midi & trois'heures dir foir, l'aiguille fé trouve en M° dans fa plus grande divrellion vers l'oueft, & Re par conféquent Je plus € grand angle jvec:le méridien P N; ; nous dirons Fu dorénavant qu?, dans cetre pofition , l'aigui Ile ef dans fon maximum ; & lorfqu’en Étrverédene elle fe trouve en m° dans fa plus petite initio du méridien 31&e Fait | plus petit angle avec le méridien PN, ainf qu'il arrive dans la foirée & pendant la nuit, nous dirons alors que dans certe poñtion, l'arouille eft MT fon minémtne. La différence du max/mum au MÉLLMILT y OÙ la totalité de l'arc Mr décrit par l'aiguille du matin au {oir, eft la véritable variation diurne, Voici donc rrois circonftances à remarquer dans Le mouvement de l'aiguille’, favoir, la direël'o7 dans le iniximum MN; la dreëion das le minimum 1 N°, & là vari:rion diurne M m. C'eft aufi ce que préfenteur les Il, IV & V° Fableaux Tome XL, Parr. 1, 1702. MAL. Yy ) 346. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ci-joints, dont nous allons l’un après l’autre examiner & difeuter [es réfulrats, : Le premier mai 1783, mon aiguille ayant été fufpendue & mife en expérience dans fa boite, je n'ai ceflé jufqu'au premier janvier 1789 , c'eft-à-dire , pendant cinq ans & demi, d'obferver tous les jours entre midi & trois heures, fa direction dans Le maximum. Or, l’on fent par- faitement que fi l'aiguille aimantée ( f£g. 6) n'avoit d'autre mouvement que certe ofcillation diurne dont nous venons de parler , fes directions MN dans le maxëmum & mN dans le minimum, feroient toujours à-peu-près les mêmes, & l’ofcillation fe trouveroit renfermée dans certaines limites, telles que l’angle MN »°; mais comme l'aiguille a , depuis un fiècle, un mouvement général de progreflion annuelle vers l'ouett, qui l’éloigne d'année en année du pôle du monde & du méri- dien P N, néceflairement la direction journalière de l'aiguille dans les deux termes du maximum & du minimum, doit infenfiblement, de mois en mois, s'écarter du premier point du départ M’, mm, où cette aiguille aura une fois été placée ,& prendre les poftions M, M," ,m. C'eft précifément ce que montre le troifième Tableau , dans lequel on voit la direction moyenne du maximum de l’aiguille aimantée dérermi- née quatre fois par mois, par les obfervations journalières de chaque femaine ou huitaine, entre lefquelles prenant un milieu, j'ai eu par conféquent la direction moyenne pour le 4, le 12,le 20 & le 27 de chaque mois. Ces réfultats nous fourniffent les réflexions & les rèémarques fuivantes : 1°. L'aiguille aimantée ne fe meut en général, foit d'année en année, foit de mois en mois, foit de femaine en femaine, foit de jour en jour , que par un mouvement ofcillatoire , c'eft-à-dire , en avançant & reculant fans ceffe; c'eft pour mieux en convaincre & rendre plus fenfible aux yeux , l'inégalité & la fingularité de cette marche alterna- tivement progrelive & rétrograde, que j'en ai développée la trace dans la planche feconde, fignre première. 2°. Le plus grand arc, ainfi parcouru dans l'intervalle de huit jours de femaine en femaine, eft fort inégal , & prefque toujours au-deflous de 3 minutes, rarement s'élève à $ minutes de deurés ; quand il furpañle cette quantité, il faut l’attribuer à quelque perturbation particulière. 3°. Le plus grand arc, parcouru dans chaque mois, varie de 4 à 8 minutes. Îl paroït que c’eft ordinairement dans les mois de mai, juin, juillet & août, qu'il eft le plus grand. 4°. Le plus grand arc parcouru par l’aiguille dans le courant de chaque année, eft aufli variable, Il a été depuis 17 jufqu'à 23 minutes dans nos cinq années d'obfervations, ainfi que le montre la Table fuivante, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 En 1784, l'arc compris entre les deux direŒtions extrêmes, ou la plus grande variation dans l’année ,a été de od. 19 m.3f. MAD Scie se iaieisteieleeleie rie R ete TOP 16 69 TB trente! arret te lof La: «oahl tete 18 46 1787 meer seen esse 23 EL 1788 es » se on le ss ee voie ses e » 0! 25 BCE $°. La progrefion de l'aiguille vers l'oueft , c'eft-à-dire, la quantité réelle dont elle s'éloigne du pôle du monde chaque année , plus que la précédente, ou ce qu'on appelle la variation annuelle de La déclinaifon de l'aiguille , n’eft point égale ni uniforme, felon nos obfervations. Elle a été depuis $ jufqu'à 18 minutes; on ne doit déterminer cette quantité qu’en comparant d'une année à l’autre, ou les directions les plus occidentales enfemble, ou les directions les plus orientales , ainfi qu’on le voit dans la Table fuivante, ' Variation ou progreffion annuelle des plus grandes digreffions occidentales. Du 28 décembre 1784 au 20 décembre 178$.... 16m.43f. Du 20 décembre 1785 au 28 avril 1786 ....... 9 2 Du,28 avril 178$ au 20 mars 1787 ......... 18 33 Du 20 mars 1787 au 4 avril 1788 -........, SA 20 49 18 Variation ou progreffion annuelle des plus grandes digreffions orientales. Du 4 juillet 1784 au 20 juin 1785......5.0. 17 m. 23 {. Du 20 juin 178$ au 20 juin 1786........... 6 2 Du 20 juin 1786 au 4 janvier 1787 ......... IN PE 12 Du 4 janvier 1787 au 12 février 1788 ..... 1. $ 20 GENE | D'où l’on voit que l'on s'étoit flatté en vain jufqu'à préfent de déterminer la variation annuelle de la déclinaifon de l'aiguille aimantée par des obfervations faites une ou deux fois l'année à des époques prifes au hafard. Il y a plus, c’eft qu'en ayant même attention de choifir ou de faire Les obfervations dans les mêmes mois , on n’obtenoit encore le plus fouvent que des réfultats très-imparfairs. Il fuffit de jetter Les yeux fur notre Tableau, pour être convaincu de cela. En effet, pour ne Tome XL, Part. T1, 1792 MAL Yy 2 3433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, citer ici que quelques exemples plus frappans, en 1784 & 1785, la diredtion de l'aiguille déterminée à même époque du 4 février, donneroit une variation annuelle de 21 minutes; tandis que par les époques du 4 mai de chaque année, on ne trouveroit que 13 minutes. En 178$ & 1786, les époques du 4 juin ne donneroient qu'üne minute 7 fecondes d2 variation annuelle, tandis que celles du-4 janvier auroient donné 13 minures 2 fecondes. Enfin, en 1787 & 1788 , les époques à,4 mars eullent donné une rétiogradartian-vers l’eit de $ minutes 2 fecondes, tandis que celles du 4 ovembrst auroient donné ; au contraire, une avance vers l'oueft de 20 minutes. Remarquons encore que fi l'on: eût obfervé la déclinaifon dans la” première femaine de: mai, dans la feconde d'oétobre , & dans la dernière de décembre 1783, ainfi que dans la dernière femaine de janvier & de. juin de l’année fuivante 1784;on eût trouvé la variation nulle , & d'après ces cinq obfervations,, faites en diverfes raifons , l'on fe fûc cru très en droit de conclure que pendant plus d’un an l'aiguille aimsntée avoit été ftationnaire. Cependant on voit qu'elle a réellement eu dans ls même intervalle un mouvement de 12 minutes 7 fecondes ers left, & de 10 minutes 3 fecondes vers l’ouelt, en total 22 minutes de variation, ce qui eft fort loin d’avoir éré ftationnaire. Au réfte, nous moutrerons tout-à-l’heure qu'il ya deux époques, dans chaque année ; où l'on doit toujours trouver l'aiguille ftationnaire. We Ces exemples , que nous pourrions multiplier à l'infini, fufifent pour nous faire juger de ce que nous devons penfer de la plupait d=s flations fréquentes remarquées plus haut, d'après les anciennes obfervations faites le plus fouvent au hafard à des époques nuliement choifies ni comparables , avec des aiguilles en général trop petites, vicieufes peut-être dans leur conftruction & leur aimantation, & dont par conféquent les réfultats ne peuvent être admis ni à confirmer ni à infirmer ceux que nous *préfentons ici, & que nous obrenons depuis quelques années, avec de grandes & excellentes aiguilles, de la fofpenfion Ja plus libre-& dont les moindres mouvemens font mefurés au moyen d'un micromètre, & par des obfervarions continues .& journalières. Notre afliduité à pie les variations de l’aiouille aimantée , nous a mis dans le cas de pouvoir rechercher s’il ny auroit pas dans les mouvemens & la marcle de l'aiguille, quelque loi, quelque période. Voici ce que nous avons pu jufqu'ici découvrir, & ce que le tracé de la planche feconde fera même voir d'une manière fingulière & frappante. - 1°. Dans l’intervalle du mois de janvier au mois d'avril, l’aigville aimantée s'éloigne aflez oénéralement du pôle, & la déclinailon eft croiflante de mois en mois. ” 2°, Vérs-le mois d'avril, l'aiguille ne manque jamais de fe rapprocher SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 349 du pôle, c'eft-à-dire , qu’elle devient rétrograde; la déclinaifon décroiffant de mois eh mois, jufques versilé folftice d'été, après quoi l'aiguille féprend fon chemin vers l’oueft, & ce qu'il y a de particulier | elle fe f'troive toujours vers lëcommencement d’oétobre à-peu-près au même point, où elle étoit dans le commencement de mai ; c'eft, du moins, ce qui Wa jdtriais manqué d'arriver pendant fix révolutions de fuite que nous avons, obfryées : ces deux époques font très-remarquables. ua ‘3. Après le: mois d'oétobre’, laiouille “continue fa’ routeivers Pôueft,, ‘mais ne décrit plus un auf grand arc, & dans ces! trois dérniers mois de Pannée elle atteiht 'comimunément fon maximim de direction, en fe ‘balançant dans les limites d'un art'de $°à°6 Diinutes, | PEPPUE D 2043 PDA cl Co QE CE UT paroîtroit donc que les mouvemens de l'aiguille ‘aimäntée’ font ihfluencés par les poñitions du foleil | dans < Péquinoxe du prinrems & le folftice d'été, C'eft ce que montré! d'uñe manière évidenteole fivième Tabled, & mieux éncore le -Ktacé, foire 1 dela planche féconde , dans lequel, en mètranc dé ‘côté les fetits ‘balanéemiinsl de Päiouille’, Jai réduïe 14marche à dés lignes diéfres Mr voici lat fôi &fTez particulière que je trois avoir déconvetté., entre un Cgninoxel'du printemis & le folftise d'été füivant ; Hiimiarche oénérile del'éronille eft réprogtade (r);'& enete le fitice d'AERT'équaôse du prinéchis fuivanr, à marche générale" de Paieniifél ef directe, & Paré-dé prosreéfiont, décrit dans Le Churs dé neuf mois, étäne béaucoup, plus vrand'que celui dé rétrogradation déctié pendant éfvironi trois mois feulemene fil en réfulre üne atgmentarion anntele ans Fahete de “hfdéclinaifens io Téllés font fes circonftinées générales dé 44 mäfche ‘de’ l'aibñille aïmantée* dahs chaque année} #aux exceptions: près Caufées par ! des perturbations & par ces balancemens perpérüels’ qui: paroiflant étre de l'eflénce du mouvement dE l'aiguille ‘ainiantée, femibléroient indiquer qu'elle eft fourife à l'artraction fimulranée de deux forces oppolées & inégales , dont la plus” forte l'artire ‘versil’oueft, &occafionne cette progréflion que lon remarque depuis plus d'un fècléi mais fi par! la füite cerre dernière force vénoic à Säfaiblit, où l’autre à-s’accfoitre), il eft v'fible aw’alors les'bälancemens vers l'éft l'emporterôient fürÎlés balancemèens vers Poteit, & l'aiguille ‘deviéndroit rétrograde d'année en année. a APR RSI TEN , # ! C'eft une chofr; fâns'doutég'affez particulièré le digne”’de remarque, que le folftice d'hiver, & Léquinoge “fan tent 3 pour'ainfi dire, h | 3, 4 ik 21H03 ) e 2 Ji ER ET - - ad Par da Mardlie générale de Fest él faut eñtenère le chemin Risile fe trotve avoir parcouru dans 1mémé ffis bout d'unl céfiaiif témepar le réfüuliat oula diff‘rence de (ès diverometivemensen fessicontraire,, ais dohrl’uo l'emporte toujours fur l’autre , & finit par entraîner Paiguille ou vers left, ou vers l’ouefl, 359 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, indifférens à l'aiguille , n'interrompant nullement {à marche générale vers l'oueft ; mais que l'équinoxe du printems Ven détourne pour la faire rétrograder vers l’eit, jufqu’à ce que bientôt après le folitice d’éré la ramène dans le. premier état, Je ne m'occuperai point encore ici de chercher la caufe de faits aufli finguliers ; il me fufht pour ce moment de bien conftater leur exiftence. En voici une nouvelle. confir- mation. É | À près avoir accompli une fuite d'obfervations de cinq añnées & demie, je rélolus d'en recommencer une feconde, en changeant de place ma bouflole & lui donnant un, nouvel; établiffement encore plus folide. Je confervaila même aiguille & la même boîte, mais j’eus Le fcrupule de fubftituer un micromètre de cuivre rouge à celui de cuivre jaune qui m'avoir fervi jufqu’alors: De plus., j'incruftai dans le pavé qui ; comme l'on fait à l'Obfervatoire , eft porté fur une voûte, le bloc de pierre qui portoitima bouflole,, de forte qu’au cas où l'on viendroit à le heurter, ce qui, m'étoit arrivé deux. fois précédemmen:,, il;nen arrivât aucun ébranlement ni dérangement à l'aiguille, Le premier janvier 1789, ayant ptisun nouveau point de départ, je recommençai mes obfervations qui.ont été fuivies jufqu'à ce jour, c’eft-à-dire, pendant trente mois avec la même conftauce & le mème foin. Mais je le dois dire, une malheureufe inadvertance a penfé me. faire perdre. entièrement mes peines, & me réduiroit à pafler fous filence ou à oublier cette nouvelle fuite d'obfervations, fi partiellement elles n'offroient quelques réfultats curieux à.faire connoïtre, Je dirai donc d’abord que dans les onze premiers mois de cette feconde fuite, c’eft-à-dire, depuis le premier janvier 1789 jufqu’à la fin de novembre de la même année, les loix du mouvement de l'aiguille aimantée , ci-deflus mentionnées, eurent fidèlement lieu. En eflet, la direction du maximum, partant de zéro au premier janvier, fe trouva accrue le 21 mars de 8 minutes 7 fecondes vers l’oueft.; mais Je 21 juin fuivart, elle n’éroit plus que de 6 fecondes vers left : voilà donc, comme, nous l'avons prelcrit, l'aiguille directe entre le folftice d'hiver &. l’équinoxe du printems, rérrograde entre l’équinoxe du prin- tems & le folftice d'été. Enfin, dans les mois de juillet, août & fuivans, elle reprit fon mouvenent direét comme cela devoit être, & déjà, vers la fin de noyembre 1790, la direction de fon maximum étoit arrivée à 15 minutes vers l’oueft, lorfque, tout-à-coup, au commencement du mois..de. décembre, la pofñtion.de l'aiguille: fe trouva dérangée par l'événement, que je; vais. rapporter. Ayant fait conftruire pour l’eflai d'objeétifs à long foyer des tuyaux de lunettes de fer blanc, un de ces tuyaux , d'environ quinze pieds, fut apporté dans Ja même falle où étoit ma bouflole ; & comme fa longueur ke rendoit aflez gênant à placer, on s'avifa de Le fufpendre en l'air ns L à pe > ’ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ‘3çx par un bout ; appuyant de l'autre fur une table placée en arrière de la, bouflole à une certaine diftance : on eût pu s’appercevoir prefqu’aufli-tôt du dérangement fubit qu'éprouva dès-lors la direction de l'aiguille qui. fur repouñlée de 13 minutes vers l’eft. Mais, premièrement , de pareils effets ayant déjà eu lieu\par d’autres caufes dontnous parlerons bientôr, on n'y fit point attention; en fecond lieu , dans des recherches de certe efpèce, on ne s'occupe pendant ong-tems que.de multiplier les. obfervations, & ce n'eft qu'à certaines époques que l'on fe met à recueillir, examiner & comparer les réfulrars, & que l’on. peut par conféquent s'appercevoir des contradiét'ons & des erreurs, enfin , nous pourrions ajouter qu'à l'époque d2 la fin de l’année 1789, il étoit pardonnable de remettre à un tems plus calme des difcuflions & des recherches de ce genre. Quoi qu'il en foie, ce ne fur qu’au bout de cinq à fix mois que je m’apperçus & fus convaincu du mauvais effet de la préfence du tuyau fafpendu (ur. mon aiguille; je fs alors des expériences directes en tant & remettant le tuyau : auffi-rôt mon aiguille avançoit & reculoit d'une quantité conftante d'environ 2$ minutes. Cet effet bien conftaté, je remontai de mois en mois, & je découvris bientôt que c’éroit au commencement de décembre qu’avoit eu lieu ce dérangement dans la pofition de mon aiouille. Mais ce qu'il y a de particulier, c’eft qu'alors, dans le commencement, cet effet avoit été moitié moindre, c’eft-à-dire, que la, préfence du tuyau. ne repoufloit l'aiguille en décembre 1789, que d'environ 13 isutés dans l’eft, pendant qu’en mai 1790, il la repoufloit de 2$ minutes; ce qui feroit foupçonner que ce tuyau, ainfi fufpendu à-peu-près dans le méridien magnétique, a pu s’aimanter petir à petit, & acquérir progreflivement une plus grande force magné- tique & une plus grande action fur notre aiguille. Telle fut ma première idée. À la vérité, il faut faire attention que l’aétion du tuyau, dans le mois de décembre , a eu à vaincre la force naturelle qui entraînoit l'aiguille dans l’oueft, tandis qu’en mai elle avoit lieu dans le même f:ns que la marche rétrograde de l'aiguille; qu'en conféquence, l’effec réfulrant a été dans le premier cas la différence dé deux forces, & dans le fecond , leur fomme. N'oublions pas de dire, que malgré ce petit dérahgement accidentel de l’aiouille, caufé par la préfence du tuyau de fer blanc, la marche rétrograde de l’aiguille a eu lieu, comme de coutume, entre l’équinoxe de mars & le folftice de juin 1790, & pareillement dans la préfente année 1791. Il me paroïic donc impoflible de révoquer en doure actuellement les loix que nous avons établies & qui ne fe font point démenries pendant huit années confécutives. Il nous refte à examiner fi les mêmes effets ont eu lieu dans les directions du minimum de l'aiguille : mais je crois auparavant 3ÿ# OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, devoir dire un mot des perturbations que j'ai déjà annoncéss. plus d’une fois dans ce Mémoire, & fur lefquelles il eft important de taire connéitre quelques faits afléz curieux. 177 er La fuite au mois prochan. VINGT-DEUXIÈME,: LETTRE DE M DE Z- UNG, AM DELAMÉTUHERIE, Remarques fur différentes ORIGINES particulières dans : les Phénomènes géologiques. Windior , le 23 Avril 17924 INT ren ! Quelques paflages des Lettres que vous m'avez fait l’honneur de madrefler dans votre Journal, me ramènent. encore aux origines des chofes.; objet fi négligé jufqu'ici dans les difcufions géologiques, & que cependant il importeroit beaucoup de bien déterminer, pour que nos recherches phyfiques fe concentraflent fur ce qui eft à notre portée, qui embraffe déjà un grand nombre d'objets ; & où il y a bien plus de découvertes réelles à attendre, que ne l'imaginent ceux qui donnent catrière à leur imagination dans le champ vague du pajJé. 1. J'ai déjà établi, que fous nous rencontions vous & moi À une époque de l'hifloire de notre globe; où rien de'ce que nous ÿ obfervons n’avoit été produit, mais Où tout commença , & par la nature des chofes, dévoir-commencer à s’opérer: cette époque ; Caractérifée par tour ce que nous connoiflons des caufes phyfiques & des phénomènes véoloviques , eft celle où la serre devint liquide , & où par conféquent elle acquit une chaleur fufifante à cet effer. Or, ayant prouvé , que la-mafle de la serre peut avoir poflédé trous lesé/émrens quelconques qui la compofént avec fon aærmofphére aétuelle, un-feul excepté, fans qu'aucune deices’opéra- tions eût. lieu, J'ai fixé leur orép/re à l'épogné où la terre reçut cet élément , fuifant , mais indifpenfable à cet effèt , favoir , la’ /umiere. Vous envifagez autrement l'orgine des mêmes phénomènes, & c’eft le premier objet que je vais examiner, 2. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 353 2. Votre fyftème à cet égard eff exprimé aux pag. 200 & 291 du précédent volume de votre Journal! «Les particules de la ‘nariëre » (dites -vous) qui compofent notre planète, jouifloient dans le » principe d'une prande liquidité : elles fe font réunies pour prodvire » nos é/émens ,'eau , terre, air, feu, &c. ces élémens formoient la mañle » de la terre, Le feu & la chaleur 'étoient affez confidérables pour » tenir les autres dans un état de /iquidiré.- Is! acquirènt un mouve- » ment quelconque de rorarion fur eux-mêmes. Ce mouvement, qui » 's'effectuoit dans l'efpace de vingt-quatre heures , imprima une force » centrifuge confidérable à toute la maffe. La force de graviration, qui » portoit toutes ces parties les unes vers les autres fuivant les loix des » affinités, balançoit cette force centrifuge, & la mafle entière prit une >» forme fphéroïdale. L'action de toutes ces forces combinées , favoir, » la gravitation, les affinités, avec la force ‘centrifuge, dut produire » des frortemens immenfes dans toutes - ces fubftances , avant que » l'équilibre fût établi & que le globe fût confolidé. La chaleur primi- » Live, néceflaire au moins à La liquidité de l'eau , en fut augmentée. » (Note) Le mouvement de rorarion de la terre & des aftres, eft, felon » moi, une fuite de la force prefqu’effenrielle (1) qu'a chacun des » élémens qui les compofent ». 3. Je marrête d'abord à cette expreflion dans le principe. Vous n’entendez pas fans doute la rendre fynonime à de toute éternité ; car alors, la grande liquidité, & la chaleur qui en eft la fource, auroient (x). Note de J. C. Delametherie. Force prefqu’effentielle. C’eft une faute typo- graphique. 11 faut lire force propre , effencielle. L’analogie dit que la matière a une force qui en eft auf inféparable que la longueur, largeur & profondeur. Car nulle partie de matière n'eft fans une force quelconque, foit la mouvant, foit #7 nifu. C'eft ce que j'entends par force propre , effenrielle. J'entends avec tous les phyficiens ; par force, la caufe quelconque qui produit le mouvement dans les corps. : La nature decette caufe, comme de toutes les caufes premières , nous eft inconnue. Le philofphe eft obligé fans cefle de dire je ne fais. 11 n’en doit point. être humili. Ne nous écartons jamais des quatre bafes fur lefquelles repofent toutes nos connoiflances. ni 1°. Le fentiment. 2°. La mémoire. 3°. L’analogie. 4°. Le témoignage des hommes. Le fentiment ne peut rien nous apprendre fur la nature de la force, ou de la caufe du mouvement, de même que fur la caufe de l'exiftence des êtres. La mémoire, ni le témoignage des hommes, pas davantage. Il ne refle donc que lanalogie qui nous dit que la force: eft inféparable della matière , ainfi que l’exiflence, la longueur ,.largeur , profondeur , &c. &c. Tome XL, Part. I, 1792. MAI. Zz 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, auffi produit de toute éternité tout ce que nous voyons fur notre globe, Or, nous favons que certaines opérations , fuites néceffaires de l’action de ces premières caufes, au bout d'un tems limité, ne font pas encore terminées, J'ai indiqué quelques-unes de ces opérations en traitant de nos montagnes , mais je les rendrai bien plus fenfibles en faifant l'hiftoire de nos continens. Je crois donc que votre expreflion dans le principe, jointe à l’exiftence contemporaine d'une grande liquidité, ne doit être entendue que comme fixant la même époque que j'ai fixée dans ma théorie ; celle où commencèrent les opérations chimiques dont nous trouvons les produits fur notre globe: & la dfférence qui fe trouve entre nous fur ce point , ne confifte, qu’en ice que je détermine l'origine de la chaleur qui caraétérife cette époque ; au lieu que vous la prenez pour un fait, & evtrez ainfi plus tard que moi dans les opérations de la pature qui ont produit ce que nous appercevons fur notre globe. 4 J'examinerai dans.une autre occalion, pourquoi, après avoir admis dans l'hiftoire de la terre, comme une circonftance marquant une certaine époque , une chaleur au moins fufffante à la liquidité de l'eau , vous croyez néceflaire enfuire de trouver une caufe de l'augmentation de cette chaleur, quoique vous n’en ayez point affgné à fon origine; mais pour le préfent je me bornerai à l'examen de cette caufe d’addition. « On fait (dires-vous) qu'un froctement un peu confidérable produit », une grande chaleur , quelle qu’en, foit la caufe ». Je remarquerai d'abord à ce fujet., que lofqu'on ne connoît point les caufes, dans l'un ni dans l’autre de deux cas comparés , il faut que l’analogie entre ces cas foic très-précife dans les parties eflentielles, pour qu'il foit légitime de les afigner à une même caufe: or, la vraie analogie décide au contraire ici contre votre opinion. Ce que nous favons à cet égard, eft, que le Jrottement des folides entr'eux produit. de la chaleur, mais que l'agitation des liquides n’en produit point. Or, quand la terre prit fa forme /phéroïdale , elle étoit liquide ; donc , en fuivant l’analocie , il ne dut réfulrer aucun accroiflement dans la chaleur par cette opération, $: En vraitant de la Géologie; je n'entre pas dans les queftions de Phyfique générale qui concernent la gravité, la cohéfron, les affinités, ni l'expanfibilié ; ne les confidérant ici, que comme des phénomènes généraux , dont les /oix déterminées doivent fervir de règle , chaque fois qu'on leur rapporte des phénomènes particuliers, C’eft ainfi que les phénomènes peuvent fe lier entreux dans l’efprit par leurs vrais rapports dans la nature, avant même qu’on s'occupe des caufes , ou agens , des phénomènes généraux, & fans rien décider à cer égard; de forte néanmoins, que lorfque cette clef de la voûte viendra à fe préfenter, tout l'édifice foit prêt à la recevoir, Au lieu du mot Loi, qui dans le fens que je viens de fixer, ne renferme que des idées connues, qu'on peut affirmer ou nier avec fondement, puifqu’elles fonc foumifes au jugement des faits, vous 11 | | À '4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35ÿ$ employez le mot force, que je ne comprends pas: cependant je ne marrêterai pas ici à montrer , fous un point de vue général , la nécefiré de n'employer dans de telles difcuflions , que des mots dont Le fens foir clairement déterminé; cette nécefité fe fera appercevoir d’elle-même dans l'examen où je vais entrer maintenant. 6: « Le mouvement de rotution de la terre & des aftres, eft (dites-vous) » une fuite de la force PRESQU'éffentielle qu'a chacun des élemens » qui les compofent ». Comme vous n’expliquez pas ce que vous enntendez par cette introduétion de l'adverbe pre/que , que je n'entends point dans fon aflociation avec l'adjectif efJentiel , je me vois rédoic à vous commenter , d'après ce que vous dires dans un'autre cas, auquel je viendrai , & où vous paroiflez reconnoître , que l’adjeétif cffenriel, dans le langage philofophique ( femblable à l'adje&tif snféni ) eft abfolu , & n'admet aucune modification. « Si l’on veut remonter plus loin (dites- » vous dans un cas analogue ) nous avouerons notre ignorance, & nous » fuppoferons, que l'exiftence & le: rrouvemenr font effemriels à la » matière». C'elt donc un fens abfolu que vous attachez à l’adjeétif effentiel , en l'appliquant, tant aux forces que vous attribuez à certains élémens , qu’à la propriété générale de mouvement que vous aflignez à la matière : en un mot, vous entendez par-là de premières caufes dans la nature; Ce qui m'engage à traiter ici de cette manière de voir, qui revient fouvent dans votre théorie, & qui me paroît être la principale raifon de notre différence d’opinion fur plufieurs points particuliers. 7. Je vous prie, Monfieur , de fixer votre attention fur cette aflociation d'idées: d'un côté, l’aveu de notre ignorance au-delà du point où les faits nous abandonnent ; de l’autre ,.une zypothefe, deftinée à fuppléer au manque de fuirs au-delà de çe point, & à remplir ainfi l’efpace que notre ignorance laifle vuide. Il eft donc évident, qu'une telle hypothèfe ne fauroit être fondée fur les fuirs ; qu’elle eft de la claffe des hypothèfes gratuites , que la vraie Philofophie n’admet point, & dont par cette raifon vous réprotivez vous-même toute la clafle dans plufieurs endroits de vos ouvrages. 8. Appliquant à l’Ayporhefe fondamentale dont il s'agit, cette conféquence néceflaire de l’origine de telles Aypothèfes , il en rélulte, que la propofition générale , que lemouvement ef? effentiel à la matiére, ne fauroit trouver aucune efpèce de fondement , ni à pofleriori, dans la Phyfique , ni à priori, dans la Métaphyfique, foit dans la nature des chofes, qui n’efl pour nous que le réfumé des faërs connus; que c’eft donc un pur produit de l'imagination ; fans type nulle part, ni dansles détails mi dans l’enfemble desphénomènes; ce qui fe manit-fte a poflertor:, en ce qu’il eft impoflible d’en rien conclure pour l'explication d'aucun phénomène connu. J'ofe croire que nous ne faurions différer d'opinions fur ce premier point, d Tome XL, Part. I. 1792. MAI. ZL'22 356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 9 D'après ces confidérations relatives à la propofition générale , que le mouvement eff effentiel à La matiere , il fuir inévitablement ,que pour que cet étre d'imagination acquière quelque chofe de faifflable par la raifon , il faut déterminer, d’abord, ce qu'on entend par la matiere, c’eft-ä-dire, de quelles fortes d’élémens elle eft compofée , quelles font leurs diverfes formes , & quelles font aufi leurs grardeurs fpécifiques , rapportées à quelque mefure fenfible. Puis, quelle eft l’efpèce de zou- vement qu'on rega:de comme cffentiel à chacun de ces élemens , c’eft-à- dire, quelles font, fa viteffe, comparée à anewfreffe connue; fa direion, rapportée àquelque partie de chaque! élément qu'on puifle conldérer comme fa proue ; & l'efpèce:de /rone que parcourt chaque é/érrert ; fuivant fa clafle , quand il eft libre, Enfin , il faut afligner les efpèces de FORCES , effentieiles aufli fans doute; par lefquelles certaines clafles déterminées d'élémens peuvent fe grouper en fuivant certaines /oëx. IL feroit injufte de demander , que ces dérerminations fuflent faires en vue de l'univers (comme aufli il eft tout-à-fait imaginaire, de lui appliquer l'Ayporhéfe générale }3 mais on a droir de l’exiger en vue de tout phéno- mène diftinét, auquel un phyficien veut appliquer certaines idées de la matière & du mouvement : c’eft- alors, dis-je, feulement, qu'elles revêrent une forme faifffable ; parce que la Phyfique & la Mécanique viennent à l'examen, & que le philofophe peut juger fur leur rapport. Sans ces détérminations ; que ipropofe-t-on1 à fon jugement? le méant même. Mais par des déterminations, quelque foibles qu'elles foient ; lhypothèfe fondamentale peut venir fè foumertre à l’examen: C'eft:ce dont je vais! vous donner un exemple, dans le cas même qui nous occupe, foit la rotetion de la verre, fuppofée l'effet d’une certaine force effentielle de fes élémens. 10. Ici, comme vous n'avez rien déterminé vous-même, il faut que je râche d'arriver à la détermination la plus favorable à votre but : fi je ne le fais pas bien, vous me redreflerez, Par cette force effentielle, vous n’entendez pas une force de rotation ;"car il-eft impoflible de concevoir qu'un mouvement de rotation des élémens pût produire la rozation de la maffe. Je füuppofe donc que vous n'entendez par-là qu'une force de Je mouvoir fuivant quelque ligne, & apparemment en ligne droite : & voici fans doute comment alors vous concevez que la mafle entière de lasterre eft arrivée, par une combinaifon finale des mouvemens effen- riels de fes particules , à la rotation que nous y obfervens, Deux é/émens, fe mouvant fuivant des directions oppofées,, fe feront d'abord rencontrés &c réunis. Suppofons ‘pour exemple , deux fufees perpétuelles, qui, paflant l’une auprès de l’autréren fens différens , viendroient fubitement àtêtre liées l'une à-l'autre. Ce premier groupe aura pérouerté , fuivanc quelque oi ‘dépendante des direéions , des mafles & des viteffes des deux élémens : d’autres font venus fucceflivement s'unir à ceux-là dans Ve NE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 357 la fuite des fiècles ; tellement qu'enfin, par les combinaifons des mou- vemens des particules, mouvemens toujours exiftans, & contribuant , chacun pour fa part & fuivant fa pofirion , aux mouvemens des mafes, celles de la serre , des autres planètes & du foleil, font arrivées au point ‘où nous Les voyons, dans lequel on obferve, un mouvement de rotation, qu'elles ont toutes dans un même fens, & un mouvement de toutes leurs mafles fuivant des directions à-peu-près femblables. Pour que les chofes aient pu arriver à ce point, il aura fallu, que durant la fabri- cation de chaque male, fon mouvement de projeëtile fe confervat, dans certaines directions & certains rapports de vitéfle, comparativement aux autres mafJes , croiflanres, & changeant fans cefle de fituation , afin que, durant des milliards de fiècles, il n’arrivât pas une certaine combinaifon des chofes, où, par 1a pravité, elles feroient tombées les unes fur les autres, & enfemble dans le foleil. Ce feroit donc ainfi, que lorfqu’elles ont été fabriquées , elles font demeurées , tournant autour du foleil , & Jeurs fatellites autour d'elles , avec certains rapports de groffleur & de diftance au foleil, de vireñle des saffes dans leur mouvement de projeäile, de pofition dans les orbites qu’elles parcourent par-là , & d'excenrricité dans ces orbites , d'où réfulre le moins de caufes poflible de dérange- mént de cet ordre, Je ne m’arrèterai pas au degré d'improbabilité que préfente une telle combinaifon fortuite, d'élémens qui fe mouvroient fans :ègle, parce que je puis démontrer, que le fyftême folaire, à en juger par notre globe , n’eft pas compofé de tels élémens. 17, Nousavonsici deux Aypothéfes à examiner d’aprèsles phéromenes ; June, que les é/émens de notre globe jouiflent d'une force effentielle de mouvement ; l'autre, que le mouvement ne leur eft pas effentiel, mais feulement communiqué où 2mprimé : & voici ce qui nous conduira à un critériur dans les phénomènes. Une propriété effentielle ne fauroit êtie, ni deffruffible, ni tranfiniffible ; une propriété communiquée peur être l'un & l’autre. Si le mouvement eft effentiel à deux cerraines molécules ; qu’elles en jouiflent au même desré, & que , fe mouvant*en fens contraire ‘elles viennent à fe rencontrer fur une même ligne & à s'empêcher mutuellement de continuer leur route, quelque rems qu’elles demeurent dans cet état, fi quelque caufe vient à les déplacer, elles continueront leur route; mais fi ces deux molécules n’ont qu'un mou- vement communiqué, & que-le même cas leur arrive, leur mouvement fera dérruit, & elles demeureront ex repos jufqu'à ce que quelque caufe extérieure les remette ez mouvement. Si, encore, le mouvement eft effentiel à deux moléenles, qu'elles fe meuvent en différentes direétions , ayant aufli différentes mafles & virefles , & que , venant à fe rencontrer, elles fe réuniflent , leur poupe fe mouvra fuivañt une certaine direction & avec une certaine vitefle, compofées de celles des molécules , dont chacune y influera en raifon de fa mafle ; cependant, quelque tems 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'elles fe meuvent en commun, fi elles viennent à être féparées, elles fuivronc leur route propre, avec leur véreffe effentielle, & fuivant la direction qu’aura leur proue au moment de la féparation ; mais fi Le même cas arrive à deux molécules , qui n’ont qu'un #ouvement commu- niqué , à leur féparation , elles continueront à fe mouvoir l'une auprès de l’autre comme fi elles n’étoient pas féparées, chacune confervant la viteffe & la direétion qu'elles avoient dans le groupe. Ces pro- poficions font des conféquences immédiates des. Ayporhèfes xef- pectives. ; 12. Venons à notre globe. Le mouvémenr renferme effeniellement les idées de vireffe & de direilion. Si donc les élémens de notre globe : pofsèdent le mouvement comme propriété effentielle , chacun d'eux , pat fa nature, pofsède une heepe &c une direéion propres & inaliénables; il les conferve dans la ma/Je du globe, & elles s'y exercent ; & c’elt par la combinaifon de toutes ces forces , que le globe fe meutcomme nous l'obfervons. Par conféquent, fi feulement les pofécions relatives des élémens venoient à changer dans la maffe, ce qui changeroitles direétions , le mouvement de la zaffe changeroit dans fa direétion & dans fa véref]e, à moins que fortuitement , la nouvelle combinaifon ne produisit le même réfultat. Ou fi la raffe venoit à fe divifer en piéces , chacune de celles-ci acquerroit la véteffe & la direétion moyennes entre celles de fes élémens particuliers. Si donc l'hypothèfe étoit vraie, tout fragment, qui, depuis que la fabrication de la terre eft finie, s’en feroit détaché, ne participant plus au mouvement de la mafJe, auroit eu fon mouvement particulier, réfulrant de la combinaifon de ceux de fes élémens. Ainfi toutes ces pièces détachées, ayant chacune leur mouvement individuel, auroient formé autant de petits corps ifolés, roulans, rebondiflans , ou s’élançant en diverfes directions, & devenant ainfi des /asellites du grand corps. Mais les fragmens qui fe détachent du gloe fans impulfon étrangère qui les déplace, reftent zmobiles , & ceux qui sombent en s’en féparant, vont fimplement s'arrêter. au lieu le plus bas, comme fi la terre étoit immobile: donc les é/émens de notre globe n’ont point un mouvement. effentiel, & l’on y trouve au contraire le caractère diftintif de mouvement communique où imprimé, celui de fe mettre en équilibre effeif dans les mafles, To Remarquez maintenant, Monfieur, que c’eft même fur cette dernière propofition qu'eft fondé le principe dynamique dont partent les géomètres pour déterminer la figure des aftres ; favoir, que toute molécule du fphéroïde qui deviendroit libre, ne fe mouvant déjà qu'avec la virefle & fuivant la direction convenabies à fa fituation dans la mafle, ne tendroit point à en changer. Telle eft doncla /oi fuppofée dans les formules de cette clafle, & qui eft confirmée par les phénomènes : or!, elle ne fauroit avoir lieu, file mouvement étoit effentiel aux élémens de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 la matière 3 car chacun d'eux , devenu libre, reprendroit fon mouvement propre. 14. Je trouve encore, Monfieur , un autre point de vue fous lequel votre théorie me paroît entièrement contraire aux phénomènes ; c’eft celui de la réunion très-forte qu'il faut fuppofer entre les e/émens , pour que les mafles qui s'en formenc puiflent acquérir un mouvement curvi- ligne par la combinaifon des mouvemens zualrérables de tels élémens. Pour m'expliquer à cet égard, je vais fuivre les diverfes clafles de ten dances que nous connoiflons régner entre des particules, & par lefquelles leur union pourroir étre opérée. Auriez vous en vue la cohéfcon ? Suivant les loix connues, elle peur, il eft vrai, former des /olides ; mais c'eit uni- quement par un certain arrangement de particules de différentes grofleurs, dont les plus petites fe placent dans les intervalles des autres, jufqu'au point de multiplier confidérablement les points de contaë ; points auxquels règne une /oi différente de celle de la fimple gravité. Mais deux particules arrivant au contaët l’une de l’autre, ne peuvent, fans quelque loi particulière, être confidérées que comme fe touchant par un feul point , auquel alors cette modification de la gravité par une Loi fecondaire , eft prefqu'infenfible , quant à la production de l'adhérence entre les deux particules. Auriez-vous recours aux affinités qui forment des /olides , foit par criftallifation ; ou par d'autres agrégations ? Mais elles ne réuniflent que les particules qui, fuivant le fens du terme, ont des tendances éleëives ; & fi notre globe s’étoit formé ainfi fucceflive- ment , il l’auroit été à demeure, fans aucune raifon pour qu’il eût été un Jphéroïde , & fans caufe connue de changement dans fon premier état. Comme cependant il eft sûr que la rerre a été liquide , fuppoferiez-vous que fes élémens fe font réunis par la zendance particulière que les molé- cules des liquides ont entr'elles? Mais elles ont fort peu d’adhérence au contact , & dans une pareille mafJe, le mouvement perpétuel des élémens les uns entre les autres, auroic fait aufli perpétuellement changer le mouvement de leur enfemble, qui ne peut être que le réfultat de toutes les petites forces, qui fe contrecarrent plusou moins , en proportion du degré d'adhérence des élémens. Or, nous avons vu, que la permanence d'une certaine mafle Ziguide fous la forme d’un même fphéroïde par la durée d’une certaine vélocité de rotation , fuppofe le repos relatif de chacune de fes molécules fuppofées libres, 15. Refte la gravité: mais cette tendance auroit été abfolument impuiflante pour Zier deux particules en mouvement qui feroient paflées au contad l’une de l'autre dans des directions différentes. Pourquoi voyons-nous tomber les corps fur la verre avec un certain degré de rapidité? Pourquoi conferve-t-elle une atmofphère ? C’eft parce que ces particules, ou agrégations de particules éxtérieures , s'approchent d'une grande maffe , & que la graviré eft en raifon des maffes. Il auroit dônc 360 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQ UE ; Mallu des rrafes déjà formées , pour que la gravité acquit de l'énergie dans les particules à Leur approche : maïs nous cherchons comment les maffes fe font formées ; & par conféquent , avant leur formation, la gravité n'avoit nulle part aflez d'énergie pour en produire, En vain donc deux particules fe feroient elles rencontrées ; elles auroient bien pu fe faire changer mutuellement de direction , mais une tendance fi minime entrelles n’auroit pu les obliger à fe mouvoir en commun. On ne peut donc même concevoir, par la gravice feule:, la première réunion de deux particules, vers lefquelles, routes chofes d'ailleurs égales, une troifièime auroit commencé à fe porter avec une vitefle double , néan- moins toujours impuiflante ; & nous avons vu , que roxte autre rerdance plus puiflante de particule à particule , v'auroit point produit une mafle telle que la zerre. Quelques phyliciens ont cru pouvoir expliquer la formation des globes , pat la tendance de certains amas de particules vers un centre commun de gravité, Mais, fans m'arrèter à cetre hypo- thèfe , qu'il me feroit aifé de réfuter par d’autres faits, il me fuit de remarquer ici, qu’elle ne peut s’allier avec la vôtre: car dans cette hypo- thèfe , il ne faut fuppofer aucun rzouvement propre aux particules, excepté la tendance de gravitation ( fi on la confidère comme un mou- vement propre, Ce que ni vous ni moi n’admettons) & vous fuppolez que le mouvement leur eft effenriel. 16. Je me fuis arrêté fur cetobjet dans l'intention de vous prouver, tant en général , que pour les cas analogues qui pourroient fe préfenter dans nos difcufhions, 1°. que la propofition abftraite , que le mouvement eff effentiel à la matière , nw'eft nullement philofovhique: que dans certe abftraction , elle ne peut devenir Pobjet de l'examen d’un philofophe , que pour la rejetter, tant comme gratuite, que comme étant fans application directe à quoi que ce foit ; 2°. que pour qu'elle devienne un objet d'examen, il faut qu’elle fuit accompagnée de dérerminations, clairement exprimées, en vue de tel phéromere connu; 3°. que fi, par ces premières déterminations , On arrivoit à expliquer quelque phéno- mène, ou peu complexe ou vaguement connu , il faudroit entreprendre de l'appliquer à d’autres phénomènes connus , en examinant fi, pour la faire cadrer avec ces phénomènes, on n’eft point obligé d’y introduire de nouvelles /oix contradioires aux précédentes. Enfin, après" avoir ajouté Loi fur Loi, comme les ptoloméiens, ajoutoient épicycle fur épicycle il faudra examiner , fi l'on n'a point fait un échafaudage contraire à la zature des chofes. Je vous prie, Monfieur , de confidérer, dans quel tems eft née la propofition abftraite que je viens d'examiner, pour jucer:du degré de confiance qu’elle mérite : c’eft dans un tems où l'on parloit de la nature des chofes , fans connoître prefqu’encore la nature de quoi que ce fût. Notre connoiflance de la nature des chafes n'eft que:le réfumé de l’obfervation &ide l’expérience, nous com- mençons SUR L'HIST. NATURELLE, ET LES ARTS. 361 mençons à en failir quelques parties : foyons plus circonfpeës que ceux qui n'y voyoient rien; ne concluons pas au-delà de ce que no$ Connoiflances peuvent nous apprendre, 17. le perffte donc à penfer, que nous ne découvrons aucune caufe Phyfique de la rotation de la terre ; que ce mouvement n’ell pour nous qu'un fait, de mème que la liquidité ou molleffe de la mraffe , quand elle prit la forme d'un fphéroïde (1). Nous fommes d'accord fur ces points, en les confidérant comme défignant une époque ; de imème que fur une autre grande circonftance, favoir, que routes nôs /ubflances tninérales ont pris naiflance dans ce liquide : tâchons de marcher de concert dans les phénomènes poftérieurs , puifque nous y entrons fous le règne de caufes connues. Mais voici déjà un point fur lequel nous différons dès-lors, favoir, l’origine de la fälure de la mer. 15. Vous me dites, Monfisur , dans votre feconde Lettre (pag. 429 de votre dernier vol.) parlant du /l marin qu'on découvre, où qui peut fe former dans nos terres: « Tous ces fes, leflivés par les eaux , font » entraînés dans fes mers, & à la fuite des fiècles ont fourni cette » mafle énorme de /el marin contenue dans l'Océan. . . . Les grands æ lacs qui n'ont point de feuve d'écoulement... .font /alés ; tandis que de plus grands lacs... . qui font traverfés par des riviéres , ne » le font pas ». C'eft-là un dés anciens apperçus géologiques , que Fobfervation a diflipés. On penfoit autrefois, que rien ne bornoit le paf]e , fur l’exiftence de nos covinens comme fur celle de la terre elle- même, On penfa donc en particulier, que le peu de /ë/ porté à la mer par les rivières , accumulé durant des millions d'années , avoit pu /aler la mer au point que nous cbfervons aujourd'hui : on calculoit même ce tems. Mais il eft démontré maintenant, que n0S continens n'ont que quelques smélliers d’années d'ancienneté ; & vous avez vu M. DE SAUSSURE & M. DE Doromreu embraffer cette opinion d’après ce qu'ils ont obfervé eux-mêmes. Ainfi cette hypothèfe , comme toutes celles où l’on fuppofe aufli des aétions continuées fur nos continens durant des tems illimités, toinbe abfolument. 19. Ce font les lacs falés qui ont donné lieu à cette idée, parce qu’en effet ils font tous fans écoulement ; & vous les citez aufli comme preuve de l’hypothèfe : mais ces lacs ne font remplis que de l'eau même {1) J'ai commis une inadvertance au 6. 8 de ma dix-neuvième Lettre, où , rapportant cette détermination d'Auygens , « que fi notre équateur fe mouvoit dix- » fept fois plus vite qu’il ne fe meut, les molécules libres de fa furfase cefferoiert » de graviter vers le globe», j'ai ajouté, & qgu'’ainfi elles s’en éloigneroient en Suivant leur route par les tangentes : ce qui n’auroit pas lieu ; car elles conti- nueroient leur route par un cercle, fans tendre à s'éloigner ni s’approcher du globe. me XL , Part. I , 1792, MAI. Aaz nu 9 . RO EEE 2 ) 862 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la mer, comme vous allez en être convaincu. Vous ne doutez pas ju la mer n'ait couvert nos terres ; & nous favons aujourd’hui qu'elle a à s’en retirer tout-à-coup, il n’y a que peu de milliers d'années. A cette retraite donc, tous les enfoncemens des nouvelles serres reftèrent remplis de l’eau de la mer, à laquelle vint fe joindre celle des pluies. Dans tous ceux de ces /acs où l'accès de l’eau douce furpafa la quantité de ‘celle quiétoit enlevée par l’évaporation , il fe forma des écoulemens ; & L'eau de la mer fut remplacée fucceflivement par celle des pluies; ce qui forma les lacs d'eau douce : mais le /el demeura dans tous ceux où l’accès de cette eau ne fit que compenfer l’évaporarion, Le peu d'ancienneté de nos continens rend cette explication des lacs falés trop évidente, pour que je m’y arrête davantage ; mais je dois envifager Vobjet fous un point de vue plus général. 20. Vous, Monfieur , qui n'avez pas été entraîné par le torrent de la nouvelle nomenclature chimique , voyant bien qu’elle ne remplit point le but qu'on s’y propofe, celui de donner, dans des noms , l’analyfe sûre des fubftances natureMes, vous n’aurez pu qu'être frappé comme moi, de l’inconféquence du nom muriate de foude, qu'on y fubftitue à celui de /e/ marin. À qui vouloit-on enfeigner par-là , que ce /e/ contient Pacide muriatique & l’alkali minéral ? À ceux qui font fi ignorans en Chimie, qu'ils ignoreront probablement qu'il exifte une nouvelle nomen- clature dans cette fcience. On perdoit quant à la briéveté, pour la fimple défignation d’une fubitance connue de rout le monde; & l'on tiroit Le rideau fur les autres compofans de cette fubftance , que lenom /é/ marin rappelle, par habitude, à tous ceux qui réfléchiffent aux rapports que eut avoir la rer avec nombre de phénomènes terreftres , tant paflés que préfens, Il eft indubitable, par exemple, pour tout péologue attentif & éclairé, que la mer actuelle eft le refdu d'un Liquide , dans lequel fe font formées, tant nos fubflances minérales, que notre armofphére. IE n'eft donc pas indifférent d’avoir préfent à lefprit, que ce refcdu contient encore , la smagnéfte, la terre calcaire, l'acide virriolique , & probablement bien d’autres fubftances sénues, que nous ne connoiflons pas encore, & dont la connoïffance pourroit nous conduire à des décou- vertes fur les opérations paflées , par la comparaifon de leurs divers produits, T eft évident que fi nous ne fommes pas très-fcrupuleux fur la détermination des phénomènes-eéologiques , entre lefquels la mature des fubftances dominantes fur notre globe tient le premier rang , nous ne pouvons que faire de grands écarts dans les conféquences que nous en tirerons à l'égard d'origines fi diftäntes. Mais les néoloaues , voués à leurs propres opérations , ne regardent pas au-delà des objets qu'elles! embraflenr; & parce que des formules expriment comniodément ces faits de détail auxquels ils veulent fe borner , ils ne fongent point , que quand on veut appliquer leurs théories aux grands phénomènes de la SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 363 nature, elles n'y cadrent nulle part. Mais il faudra du tems pour les déterminer à examiner, fi ces avertiflemens ne font point falutaires. . 21. Il eft encore une or/gine, aufli importante à la Géologie que les précédentes, & fur laquelle nous ne nous trouvons pas d'accord ; c’eft celle des éres organifes : vous croyez, Monfieur , la trouver dans des caufes phyfiques , & je ne faurois l'y voir. Voici votre opinion à cet égard, que je tire des pag. 33 & 34 de votre Difcours préliminaire de 1791, où elle fe rrouve plus développée que dans vos Lettres: « Les æ eaux ont diminué, les c£ries des montagnes ont été découvertes : il n s'eft formé des Lacs, des mares fur-tout , dont les eaux fe font cor- » rompues ; & ont paru pour lors les premiers CORPS ORGANISÉS » par une génération /pontance. Nous voyons ainfi journellement les » eaux produire d’abord des bif]us , des conférves, &c. &c. Je n'ignore » pas toutes les objections qu'on va me faire : on dira que les graines , » les œufs, &c. ont été apportés dans ces eaux. ... Je m'arrête d’abord ici, pour vous expliquer ce qui me paroît rendre cette objeétion très-folide. En quel tems a pris naïflance l'idée, de générations d'ÊTRES ORGANISÉS, produites par la corruption ? C’elt dans un, tems, où l’on attribuoit auf à la corruption un grand nombre de générations , nommées alors éguivoques , & que pourtant dès lors l’obfervation a aflignées certainement à des graines & à des œufs. Par cela feul l’hyporhèfe tombe, puifque ces premières découvertes fonc voir, qu’elle n’étoit fondée que fur l'imperfection de l’obfervation ; & que garantis ainfi de la précipitation à imaginer des Ayporhéfes fans faits direéts , quoique nous trouvions de nouvelles bornes à notre pouvoir d’ob/erver, nous ne devons plus être tentés d'abandonner l’azalogie pour ce qui échappe encore à nos fens à l'égard de certaines générations. Voilà déjà, Monfieur, qui me paroît fufifant, pour rendre l'idée de générations fpontanées , une kypothèfe abfolument gratuite. 22. Je vais plus loin maintenant, & je veux fuppofer, qu'on vint à découvrir clairement , que, fuivant votre idée , les /f]us , les sonferves, les (fuppofés ) animalcules des liquides, font des eriflallifations , on ne découvriroit par-là que des faits ifolés , fans aucune conféquence appli- cable aux cas où l’on voit décidément la reproduction d’éres organifés , foit par des graines & des œufs, foit par l'organifation des vivipares, tout comme lorfqu'or a, découvert, qu’un certain étre organifé , confi- déré auparavant comme une plante, et néanmoins un animal ; cette découverte peut bien faire concevoir, que d'aurres êtres, fuppofés plantes, font des animaux ; mais il n’en réfulte aucune probabilité pour l'idée générale, que les plantes font des animaux. J'ai traité cet objet dans un Mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie d'Harlem ; ce qui m'engage à me borner ici à cette remarque générale, 23. Enfin, c’eft toujours dans les eaux croupiffantes , les mares , les Tome XL , Part, L, 1792 MAL Aaa 2 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aarais , que les géologues partifans des générations fpontanées ont placé la faculté occulie de produire des étres organifés ; confidérant ainfr la corruption , comme un préparatif à de nouvelles générations. Je ferai voir bientôt, que cette idée ne procédoit non plus que d’une grande ignorance fur la rature des étres organifés ; mais ici je me bornerai à un fait pour contredire cette origine. Les animaux marins font les premiers tres orgamifés qui aient été enfevelis dans nos couches ; on les trouve en particulier dans celles qui accompagnent nos couches primor= diales , mais il n’y en a pas la moindre trace dans celle-ci. Or, voyez, Monfieur, en quel état étoit alors la partie de notre globe qui fervoit de bafin à la mer : il y paroïfloit , comme vous le dites vous-même, les cimes de quelques montagnes ; c'étoient quelques pointes granitiques , réfultats de la première rupture des couches ; mais tout le refte étoit couvert par la mer; & dans toute cette étendue, nous trouvons des reftes de ces animaux, Ce n’eft donc pas dans des mares que ces étres organifes ont été produits ; ce qui Ôre tout fondement à l’idée ancienne de générations fpontanées par corruption. 24. Pour toute réfutation de cet argument d’analogie, par lequel on réfufe d'admettre les générations fpontanées d’étres organifés, favoir, que par-tout où nous voyons clairemert leur naiflance, nous la trouvons réfulter de parens de leurs efpèces ; vous dites, Monfieur : « Je » n'ai qu'une feule objection à faire, c'eft de demander: d'où viennent = Les êtres organifés ? Et je demande à tout bon philofophe , s’il ne faut > pas.en expliquer l’origine, par des combinaïjons de la mariére mife » en mouvement ? En bonne Phyfique nous re connoiflons que la » matiére & le mouvement; & c'eft avec eux que nous cherchons à » expliquer tous les phénomènes de la nature, fans faire aucune autre » Juppoftuion. Si l'on veut remonter pius loin, nous avouerons notre » ignorance , & nous /uppoferons que l’exiflence & le mouvement font » effentiels à la matière ». Ayant déjà dit ci-deflus ce que je penfe de cette /uppofirion , je n'y reviendrai pas ; & je me bornerai à changer ainfi la propofition fondamentale que vous voulez établir. « Ne pouvant nous » occuper en Phyÿfique que de matière & de mouvement , nous y cher- >» chons l'explication des phénomères de la nature, jufqu'au point où » nos connoifiances relatives à la matière & au mouvement peuvent nous » conduire avec clarté & sûreté. Si l'on veut remonter plus loin, nous x devons avouer notre ignorance , & nous abftenir d’Aypothefes pra- >» suites ». En changeant ici votre propofition, je ne fais que répéter ce que vous avez dit vous-même en plufieurs endroits de vos écrits; ainfi “vous y acquiefcerez sûrement, & je m'y conformerai. 25. Je crois avoir établi ci-deffus, que dans Pérat préfent de nos connoiflances fur la formation des bif]us & des conferves, ainfi que fær toutes les autres cryptogamies tant végétales qu’animales , il feroit bien SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36 inutile d’effayer d’en tirer des conféquences en faveur d’aacune opinion fondamentale relativement à la nature & à la produétion des êtres orga- niles ; car l'obfcurité n’éclaire pas. D'ailleurs , il faut toujours remonter à l’origine de la multitude de ces êtres , qui, inconteftablement’, naiflene aujourd'hui de eurs /emblables ; vous la cherchez donc dans quelque modifñcation de la matière & du mouvement ; mais fentant bien qu’une idée auf vague ne dit rien à letprit, vous avez voulu la déterminer d'après les /oëx de la criflallifation ; vous fondant à cer égard, par analogie , fur la formation de l’urbre de Diane, fur les régules mé talliques qu’on trouve en plumes & en filets , & [ur quelques criflaux tubulés, Si je traitois ici uniquement de ce fujet, ou plurôr, s’il n’étoit pas intimément lié à tout l’enfemble de la Géologie, dont les parties s'éclairent mutuellement, j'entrerois dans des détails, pour fixer votre attention fur nombre de faces de ces deux clafles de phénomènes com- parés, où ils fe montrent abfolument hétérogènes; mais je me bornerai à prouver , quil n’y a nulle analogie dans celle même qui vous frappe. 26. Vous favez, Monfieur , que je me füuis beaucoup occupé d'Hygro- métrie, & qu'en particulier j'ai étudié les effets de l’Aumidiré fur les fubftances animales & végétales. J'ai fur cet objet un grand nombre de nouvelles expériences, dont une partie eft déjà publiée dans les Tranfaä. Philofoph. de la Soc. Roy. de Londres. Je me propofe de vous communiquer dans mes Lettres l’enfemble de ces expériences, & Javois deflein de renvoyer jufqu’alors .route difcuflion fur les corps organtfés : c'eft même pour cela que je ne métois pas encore arrêté fur ce que vous en aviez dit dans votre Difcours préliminaire de 1791 ; ne voulant pas traiter fuperficiellement un fujet de cette importance : Irais, obligé par vos Lettres à y venir plutôt que je ne me le propo- fois, je partirai dès à-préfent du réfultat de ces expériences, fauf à l'établir clairement dans la fuite. 27. Les principaux /o/ides appartenans aux corps organifes, tels que les os, les cornes, les poils ou cheveux , les membranes , les Jigarens, le fyftême vafculaire des animaux ; les bois, les écorces , les tiges berbacées , les racines, les feuilles dans les végétaux, font des aflemblages de FIBRES, d'une ténuité très-grande : routes leurs mafles qui ont aflez de confftance pour être manipulées , font déjà des faifceaux de FIBRES, qui, par une multitude d'anaftomofes, forment des rericules, Les FIBRES originelles qui forment ces faifceaux , font un des caractères diftinctifs des corps organi/és, par une propriété très-remarquable des molécules qui les compolent en commun, & qui eft inconnue dans les fubftances. minérales : celle de rendre à occuper le moindre efpace pofüble , fous la forme où elles ont été raffemblées dans Les corps organifes , en admettant néanmoins entr'elles les particules 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de l’eau , lorfqu’elles fe préfentent à l’entrée de leurs intervalles; ce qui les écarte : voici les oix de cette pénétration. 28. Les particules de l’eau , comme je viens de le dire, en s’intro- duifant entre ces molécules des FIBRES, leur font occuper plus d’efpace. Cet écartemenc eft très fenfible , fouvent confidérable , dans le fens de la longueur des FIBRES ; quant à celui de l’épaif/eur, il n'eft pas poffible d’en juger, parce que cet effet fe confond avec l’élaroiffement des mailles du réticule. Cet écartement des molécules des FIBRES par l'eau, a un maximum, procédant de l’affoiblifflement fuccellif de la tendance des particules d’eau à s’y introduire, à mefure qu'il y en a déjà davantage : & quand ces particules fe retirent, les molécules fe rapprochent, aufli jufqu’à un maximum, qui a lieu, lorfqu'il ne refte plus de particules d'eau dans leurs intervalles. 29. L'eau qui conftitue l'humidité dans les fflres animales & végétales, eft entièrement diftinéte de leurs molécules ; elle s'intro- duit entrelles par ia caufe générale de fon afcenfion dans les tuyaux capillaires, & de fon adhéfion & propagation à la furface de certains corps; de forte qu'elle leur refte étrangère, comme à des graëns de verre ou de fable. L'eau n'eft pas le feul Ziquide qui s'introduife ainf entre les molécules compofantes des fibres , en les écartant : l'alcohol & l’éther en font de même , & fenfiblement au même degré; & , quand ils fe retirent, les molécules fe rapprochens de même. C'eft ce que j'ai éprouvé fur la baleine & le cheveu, qui, après avoir été imbi- bés, puis dépouillés de ces liquides, ont eu les mêmes propriétés kygrofcopiques qu'auparavant. 30. Ces deux maxima de l'introduction & de l’abfence de l’eau entre les olécules des fibres animales & vépétales , fignes ainfi de lAumidité extrême & de la fechereffe abfolue dans ces fubftances, correfpondent en même temps, par Les liens de caufe commune , à l'Aumidité extréme & à la Jéchereffe abfolue dans le fens général ; en confidérant l’Aumrdiré, comme de l’eau invifiblement difféminée dans un milieu ou dans les corps; ce qui eft le vrai fens de ce mot. C'eft ainfi que ces f£bres, par les deux modifications dont je viens de parler , nous fourniflent les deux extrémités abfolues de l'échelle ky- grométrique. Mais rien jufqu'ici n'a dévoilé les vrais rapports des de- grés intermédiaires ; nous n'avons encore à cet égard que des appro- ximations, qui conftituent la partie la plus difficile de l’Aygromé- trie. Quand ces fibres font en petits fai/ceaux , leurs molécules font fenfiblement inaltérables : qu’on les fafle pafler cent fois de l'humidité extréme à la fécheref[e abjolue; qu'on les tienne des années dans état de /écheref[e abfolue , qu'on les expofe encore des années à tous les changemens de l'humidité dans l’air , elles produifent en- fuite les mêmes phénomènes : feulement il leur arrive quelques chan- . SUR L'HIST. NATURELLE ÉT LES ARTS. 367. gemens, non dans leur nature, mais dans leur longueur abfolue ; fuites de quelques loix dans l'arrangement des molécules & dans leur tendance entr'elles, qui vatient dans les différentes efpèces ; mais ce n'eft pas là un fujet dans lequel je puifle entrer ici. 31. Si vous parcourez maintenant, Monfieur, les phénomènes de la criftallifation ; VOUS n'y trouverez, je crois, & vous ne pouvez y trouver même rien de femblable à de pareilles molécules. Il eft évident, par les phénomènes connus relatifs à la formation des criflaux, que l'eau ne peut les pénétrer pour les dilater : car leurs molécules fe forment, ou enfuite de fuperfaturation dans le liquide, ou par des affinités , qui en féparent les golecules folides propres à s'appliquer forcement les unes aux autres par certaines faces, Dans le premier cas, qui eft celui des Jels, l’eau faturée des mêmes /els ne peut rien à leurs criffaux , & fielle ne l’eft pas , elle les dffout: dans le fecond cas ; à moins que des caufes chimiques, inverfes de celles qui ont for- mé les criflaux , ne viennent à exifter dans l’eau qui les environne, ils lui font impénétrables; &., s'ils viennent à être pénétrés par quel- que liquide, ce n’eft encore que pour les diffoudre. I] n’y a donc, à ma connoiflance, dans les fubftances minérales proprement dites, aucune forte de molécules qui ait le caractère diftinéif des molécules animales & végétales ; de forte qu'aucune /oi connue de crif/allifation ne peut expliquer feulement la formation des folides de ces deux règnes , quoiqu'ils ne conftituent qu'une partie de l'effence des étres organifés , & que ce fût même cette partie qui fembloit les rappro- cher le plus du règne minéral. 32. Si les molécules que je viens de décrire avoient été connues de M. de Buffon , il auroit cru probablement y trouver une preuve en faveur de {es molécules organiques. Maïs, malgré ce caractère dif- tinctif des molécules qui compofent les FIBRES des corps orpanifes , elles ne font que des produits de l'organifation, & non l’organ:/a- ziou elle-même. Quand les FIBRES animales & végétales font réduires à la Jécherefle extrême par la ceripérature ordinaire de l'air; c'eftà- dire, quand toute l'eau , qui leur eft étrangère , s'eft évaporée , elles ne paroiflent compofées que de ces molécules : cependant l'expérience nous apprend que la combuftior, ainfi que d’autres opérations chi- miques , les décompofent , & qu'alors on voit paroîrre certaines autres. fubitances que nous conn: iffons par leurs caractères extérieurs. Mais nous ne fommes “euêre plus avancés par-là dans la connoiflance de ce qui conftirue les corps organifés ÿ car nous fommes incapables de recom- pofer de telles molécule LOT“ \ 33, Qu'eft.ce donc que ORGANIS\TION? C'eft-là une queftion qu’on fe fair naturellement , € à laquelle on ne peut que prendre le plus grand intexét ; mais, conme les conféquences des erreurs de jugement 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, font d'autant plus grandes , que les objets eux-mêmes font plus grands & plus liés avec les opérations générales de 1a nature ; celui-ci eft l'un de ceux où nous devons être le plus circonfpeéts. Après avoir étudié toutes les hypothèfes qu'on a faites fur les étres organifés, & y avoir beaucoup réfléchi moi-même, voici tout ce que j'ai pu con- clure de cer examen. Ce que nous nommons ici ORGANISATION, eft une certaine difpofirion commune à deux clafles d’étres connus, par laquelle entrautres ils croiffens & fe propagent chacun dans fon efpèce ; di/pofi- tion dont la nature , ainfi que la manière dont elle s'opère, nous font totalement inconnues. Si nous ne connoiflons point du tout en quoi confifte l'ORGANISATION, d'après quoi pourrions-nous chercher fon origine ? Je penfe donc encore que nôus n’avons pas jufqu’ici plus de raifon d’efpérer de trouver dans la PAyfique l'origine des corps or- ganilés, que celle du mouvement. 4. Mais voici une circonftance bien importante, relative à ces ÊTRES , defquels naît notre plus grand intérêt dans l'étude de la Na- ture, ceft que nous connoiflons l’époque de leur origine fur notre globe : il n’en exiftoit point au temps où le l'quide primordial le cou- vroir en entier, & où fe forma toute la mafle de nos premières cou- ches ; mais ils exiftérenc erfuire , car nous voyons paroître fucceflivement leurs refles de diverfes clafles dans les couches poftérieures. Voilà, Mon- fieur , une époque bien remarquable ; car nous nous y rencontrons encore fur ce point, & nous pouvons juger, d’après les fondemens de nos opi- nions communes fur les différentes circonftances qui la caraétérifent, que tous les naturaliftes phyficiens s'y réuniront, Comme à un point fixe dans /'hifloire de la terre. Ainf, au lieu de chercher au-delà de ces monumens ( les plus anciens que nous puiflions reconnoître avec certitude } des origines à l’évard defquelles les faits nous abandonnent, partons-en pour fuivre les monumens poftérieurs. Là nous aurons des bafes de recherches, & peut-être y trouverons-nous, fur ces origines elles- mêmes, des lumières qui ne peuvent naître que de ce grand enfemble. J'étois déjà aflez avancé dans ma tâche à cet égard , lorfque vous m'avez témoigné le defr que nous l’entrepriffions en commun ; à quoi j'ai acquiefcé avec plaifir. J’examinerai donc dans ma lettre fuivante ce que vous penfez des événemens qui ont accompagné & füuivi la produétion des étres organifés fur notre globe. Je fuis, &c. P.S. Nous avons lieu de penfer d’après le nombre d'idées & de faits qui fe publient aujourd’hui relativement à la géologie, que ce grand objet reprend fes droits dans l’efprit de ceux qui s'occupent de la nature, & qu'on y cherche des faits & des principes généraux, comme eritéres des fyftêmes particuliers, Je viens de lire avec beau- çoup SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 369 coup d'intérêt dans votre cahier de mars, la lettre que vous a adref- fée M. VraAzLon , Bibliothécaire de Sainte: Geneviève , relative à un ouvrage qu'il a publié fur. ce fujer. Une grande partie de cet ou- vrage concerne un objet dont je ne traite pas dans ces lettres ; favoir, les caufes des phénomènes généraux de la Nature, tels que la gra- vité, la cohéfion , l'élaflicité, V'expanfibilité ; mais, comme vous & moi & , j'ofe le dire, comme tous les phyficiens attentifs, M. Vrac- LON füit l'exemple de notre maître; il né regarde la gravité en par- ticulier, que comme un phénoméne , dont ce grand homme a décou- vert l’exiftence & les /oëx, mais dont il cherchoit Pagenr. À l’écard de l'agent lui-même, je ne me rencontre pas avec M. VIALLON ; ayant adopté dès long-tems, avec une perfuafion croiflante , cèlui que M. LesAGE afligne à ce phénomène ; mais cela eft étranger à la géo- logie, ou, quel que foit l'agent , on eft d'accord fur les loix de fon ation : & d'ailleurs, nous fommes d'accord ainfi fur la première ori- gène de cette aéfion quelconque. - Nous nous rencontrons encore, M. ViALLON & moi, fur un point bien important en géologie ; favoir , que quoique la mer-ait certai- nement couvert la serre durant un bien grand nombre de fiècles; quoique dans une très-grande partie de certe longue durée , les ari- maux marins .ayent peuplé l'océan, & que des terres, alors exiftantes, fuflent peuplées de végétaux & d'animaux , l'apparition de l’omme parmi Les étmes®vivans eft fort peu ancienne ; & qu’en particulier, il n'ya que peu de fiècles que les préfens comtinens font devenus fon habitation. F Gerte opinion découle de faits diftinéts à la portée de prefque tout obfervateur , faits fur la nature defquels nous fommes d’accord., M. VraLLoN & moi, que je décrirai lorfqu'il s'agira de cette par- tie de l'hiftoire de la terre, & qui font indépendans de toute hypo- thèfe fr l'arrangement de nos fubftances minérales & fur l'origine des continens actuels. Quant aux faits fur lefquels or peut efpérer d'établir avec folidiré quelque hypothèfe fur ces derniers objets , leur découverte exigeoit de fort longues recherches, A cer égard M. Vrac- LON témoigne fon regret de n'avoir eu ni le temps ni la liberté d’al- ler confulter les archives de la nature, foit les montagnes , où l'on “peut lire tant d’événemens paflés ; mais je crois pouvoir l’aflurer qu’au défaut de fes propres recherches , il trouvera de très-excellens extraits de ces archives dans les Ouvrages de M, Saussure , & qu'il peut compter aufli fur ce que j'en rapporte dans ces lettres, où, quoique par d'autres routes, j'arriverai aux mêmes points fondamen- taux que lui, J Tome XL , Part, I, 1792, MAI, Bbb 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, BR TR TANIE Des Obfervations météorologiques faites à Montmorenci . par ordre du Roi, pendant le mois d'Avril 1792 5 Par le P. CoTTE, Prétre de l’Oratoire, Curé de Montmorenci , Membre de plufieurs Académies. IN ‘avons eu d’aflez beaux jours pendant ce mois, mais l'air, en général , a été froid , & quoiqu'il foit tombé une aflez grande quantité d’eau pour la faifon, ce mois cependant peut pafler pour fec , fi on en excepte les fix premiers jours. La nouvelle lune, que ros pères ont qualifiée du titre de lune rouffe , a débuté le 21 par un froid très vif qui a perdu une partie des vignes fituées dans les endroits frais, & qui a fait aufli beaucoup de tort aux pruniers & aux cériliers qui étoient en pleine fleur. Les bourgeons épanouis des châtaigniers & des freines qui avoient toute la fraîcheur de Ja jeunefle, font grillés dans les taillis; Les lufernes ont été aufli attaquées, Les bleds d’hiver font beaux , les orges & les avoines font bien levés, Le premier, l’épine blanche & les rilleuls fe chargeoient de feuilles, les prüniers & l’épine noire feurifloient. Le 7, les maron- niers fe chargeoient de feuilles, & les guigniers éroient en fleur. Le 9, j'ai entendu le roffignol & les grenouilles; on voyoit les bibions ou mouches de faint Marc. Le 10, j'ai entendu le coucou; les frailiers , les cérifiers & les poiriers fleurifloient , on fervoit les premières afperges. Le 15 , les bourgeons de la vigne fe dévelopsoient ; les pommiers , les châtaigniers à fruit & les jeunes noyers fe chargeoïient de feuilles; à Pégard des vieux noyers , ils ont été prefque tous gelés en février ; le froid de 1788 en avoit fait périr aufli une grande partie , de manière que cet arbre précieux, foit pour, fon fruit, foit pour fon bois, fera délormais fort rare. Le 17, les pommiers fleurifloient. Le 20 , les pois d'hiver & les lilas entroient en fleur; en voyoit des hannetons en très- petite quantité, mais les chenilles & les vers fe font beaucoup multipliés. Le24, les müriers rouges fe chargeoient de feuilles ; les maronniers & l'épine blanche fleurifloient ; les feigles épioient : j'ai entendu la caïlle, Température de ce mois dans les annees de la période lunaire de 19 ans correfpondante à celle-ci. Quantité de pluie à Paris, en 1716, 62 lign. en 1731 145 lign. en 1754 27lign. en 1773 à Montmorenci! Vents dominans , ceux du nord , d'oueft & de fud-oueft. Plus grande chaleur, 20 d. le 21 (époque de la nouvelle lune en 1773 , comme cette année- . SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 37t ci, avec cette différence qu'elle a été aufli l’époque du plus grand froid & d'une gelée défaftreufe, Moindre , zéro ou le terme de la congélation les 1,2 & 33 Moyenne 7,8 d. Température froide & sèche. Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. 4 lign. le 23. Moindre 27 pouc, 3 lign. le ÿ. Moyenne 28 pouc. 10 lign. Quantité de pluie 10,9 lig. d'évaporation 40 lign. Nombre des jours de pluie 10 , de neige 2, Tenperatures correfpondantes aux diffèrens points lugaires. Le :3 (quatrième jour avant la P. L.) nuage, froid, vent, pluie. Le S (équinoxe defcendant) nuages, doux, grand vent, pluie, gréle. Le 7 (P.s L.) beau, froid, changement marqué. Lefro (périgte) beau, chaud. Le 11 (quatrième jour après la P. L. &(luniflice auflral) nuages, chaud , pluie , tonnerre. Le 14(D.Q.) beau, doux, brouillard, Le 17 (quatrième jouravant la N. L.) couvert, doux, pluie, changement mar- qué. Le 18 ( équin. afcerd. ) couvert , aflez froid , pluie, grand vent. Le 21 (NV. L.) beau , froid , changement marqué. Le 25 (quatrième jour aprés la N. L. & luniflice boréal ) nuages , froid. Le 26 (apogée ) beau , doux. Le 29 (P.Q.)beau, chaud. En avril 1792. Vents dominans, le fäd-oueft ; il fut violent les4, 5, & 18. ! Plus grande chaleur 19,$ d. le 30 à midi, le vent nord-oueft, & le ciel en partie ferein, Moëndre 0,0 d. le 21 à $ ? heur. matin, le vent nord-eft & le ciel ferein. Différence 19,5 d. Moyenne au matin 6,6 d.à midi 12,2 d, au foir 9,0 d. du jour 9,3 d. Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. 1,7 lign. le 7 à midi, Je vent eft & le ciel ferein, Moërdre, 27 pouc, 1,8 lign. le 18à $ heur. matin , le vent fud & le ciel couvert. Différence, 11,11 lign. Moyenne , au mat!n 27 pouc. 10,1 lign. à médi & foir 27 pouc. 10,3 lign. du jour 27 pouc. 10,2 lign. Marche du baromètre, le premier à $ = heur, matin 27 pouc. 10,11 lign, du premier au 2 baiflé de 2,3 lign. du 2 au 3 monté de 1,6 lign. du 3 au 4 B. de 3,6 lign. du 4 au 7 M. de 7,3 lign. du 7 au 18 B. de 12,2 lign. du 18 au 21 M. de 12,1 lign. du 21 au 2% B. de $,1 ligo. du 24 au 28 M. de 4,10 lign. du 28 au 30 B.de 3,8 lign. Le 30 à 9 heur. foir 27 pouc. 9,7. lign. Le mercure s’eft foutenu à fa hauteur moyenne, & il a peu varié en général , excepté en montant, les 6, 18 & 20, & en defcendant , les 4, 18 & 30. Il eft tombé de la pluie les 1,2,3,4,$,6,11,17;,18,19,20, 24 & 30, & de la gréle les 2,5 & 20. La quantité d’eau a été de 32,6 lign. & celle de l’évaporarion de 20,0 lign. Le tonnerre s’éft fait entendre de prés le 11 & le 30,& de Loin le 13. “EE boréale a paru le 10 à 9 heur. foir, elle étoit tranquille. - Nous n’avons point eu de maladies répnantes. Montmorenci, 1 Mai 1792. Tome XL, Parc. I, 1792. MAL, Bbb 2 572 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce dé SUXTE DU MEMOrFRE SUR LES PIERRES COMPOSÉES ET SUR LES ROCHES ; Par le Commandeur DÉODAT pe DoLoOMiEu. En ne confdé ts compofitions du fecond ordre que fous le rapport du nombre des terres élémentaires néceflaires à la confticution de chaque pierre , en faifant abftraction,, felon ma méthode, des matières étrangères ou fuperflues, & réfervant pour la diftinétion des efpèces toutes Les modifications particulières que chacune de ces terres éprouve dans fon aflociation avec les autres!, ou l'influence que peut avoir dans la combinaifon l’étar dans lequel elles s'y trouvent, je réduirai à trois genres les combinaifons tripartis dans lefquelles le quartz eft une des fubftances coritituantes eflentielles; favoir, 1°. quartz , argile & calcaires 2°. quartz, argile & muriatique; 3°. quartz muriatique & calcaire. ( Je ne connais point de compofition de cet ordre dont Le fer foic une des trois matières conftituantes eflenticiles. ) Le premier genre des compofitions de cet ordre, celui dans leqriel le calcaire fe réunie au quartz & à l'argile, eft le plus important de toute la Lithologie, tant par la valeur de plufieurs de fes produits , que par la diffemblance que l'abfence ou la préfence de quelques fluides apporte à fes réfultats; & c'eft principalement ici que je puis appliquer ma maxime fur l'analyfe des pierres, & dire, qu’il ef? plus necefJaire encore de connoître les rapports chimiques où font entrelles les matières confli- tuantes, qu'il eff plus important de diflinguer & de fpécifier l'efpèce d'alliance qu’elles ont contraëtée enfemble par l'intermede de quelques fluides ou par leur fouflraéion , qu’il ne l'efl de [avoir le nombre & des proportions exaëtes des fubflances folides qu'y découvre leur analyfe : car c'efl Pétat particulier de la combinaïifon , plus encore que les matières qui y interviennent, qui détermine & fixe réellement la nature du produit. C'eft donc ainf qu'appartiennent aux compolitions de ce genre , Les pierres les plus denfes & les plus légères, les plus dures & les plus tendres, les pierres inattaquables par Les acides & celles qui cèdent aifément à leur aétion , les pierres qui oppofent le plas de réfiftance à la décompoñtion & celles qui s’alrèrent le plus promptement , les pierres que le feu le plus aétif ramollit à peine, & celles dont la fufion ef la plus. facile ;en un mor, Les pierres les plus diffemblables par tous les. caractères extérieurs préfentent ici à l’analyfe les mêmes terres conftituantes , ce qui 77 … SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 373 prouve que la Chimie fera d’un très-foible fecours à la Lithologie aufi ‘long-tems qu'elle fe bornera à extraire & à pefer les dofes de chacune des matières compofantes folides, en négligeant les circonftances les plus importantes de la combinaifon , celles qui influent le plus fur tous les rélultats, & qui font que telle pierre eft réellement différente de telle autre, quoique les matériaux en paroiflent à-peu-près femblables (1). Les produits les plus remarquables de ce genre de compofition font les pierres dites précieufes ou les gemmes. Ceft encore moins par cette eftime arbitraire qu’elles doivent à leur rareté & qui en a fait tellement (x) Les naturalifles qui ne font pas très-familiarilés avec les opérations de la Chimie , & avec (es réfultats:, en lifant la fuite de ce Mémoire , croiront peut-être que j’exebère l'importance des fluides élaftiques dans les produits du règne minéral ; ils pourroient $’imaginer que je donne trop d'influence 3 des circonfances qui leur paroîtroient minutieufes, fi je ne les priois de remarquer que les corps les plus diflem- blables par leurs caraétères extérieurs ne doivent fouvent les qualités particulières qui lesplacent à des difiances immenfes les unes des autres , qu'aux mêmes caufes que je faisintervenir pour la formation des pierres. La pyrite qui brille de l’éclat dé l’or ne diffère du fel qui a la couleur & la tranfparence de l’émeraude que par une fubftance qui fe foufrait à nos regards, laquelle, fuivant une des hypothèfes chimiques, eft incoercible , & échappe fous le nom de phlogiftique aux vales dans lefqueïs nous voudrions la renfermer, & qui felon l’autre hypothèfe ef un fluide impzlpable nommé gaz oxigène. La pyrite mertiele perd fon brillant métallique , cède fes formes déri- vées du cube pour prerére d’autres formes dérivées du parallélipipède rhomboïdal , change fon cprcité en tran{parence , fon infipidité en faveur très forte, &c. par le fimole déplacement du phlogiftique felon Ja doëtrine de Stalh, par la feule ab{orption de Poxigène fuivant le fyflême des gaz. Et ce même acide vitriolique felon qu'il refle plus où moins chargé de phlogiflique ou d’oxigène fe comporte très-différemment dans fes combinaïfons avec d’autres fubftances ; il n’a plus les mêmes affinités d’élséion, il n’a pas les mêmes termes de faturation. L’acide vitriolique proprement dit adhère fortement à toutes fes bafes , il ne les cède à aucun autre acide ; l’acide vitriolique fulfureux fe les laifle enlever par prefque tous. Le fei fulfureux de Stalh, où fulfire de potéfle, ne refflemble ni par fa forme , ni par fes autres propriétés au tartre vitriolé ou {ulfate de potalle , quoiqu’ils foient compofés du même alkali & du même acide. L’acide marin dansefes différentes modifications préfente encore des effets plus diflemblabies. L'état des bafes (lorfqu’elles ne font pas forcées à fe fimplifier, dans l’a@e de Ja combinäifon , par l’expulfon des fluides qui leur font propres) a une égale influerce für les crmpofés. Les alkalis contratent des alliances plus où moins étroites avec le foufre, elon qu'ils font caufliques ou aérés, Faits avec des alkalis cauftiques , les foies de foufre (ont plus bruns, plus fétides, plus permznens; le gaz que les acides en dégagent eft plus inflammable. Les alkalis qui confervent une partie de leur air méphitique dans leur combinaifon arec le foufre , S’enchainent à lui moins fortement; Jodeur du foie de foufre ef plus foible , fa compofition moins durable ; le gaz qu'il donne par l'addition des acides n’elt mflammable que lorfque l’eau de chaux lui a enlevé la portion d’air méphitique avec lequel il eft mêié , &c, Les exemples de ce genre pris dans les compofitions les plus familières, pourroïient être extrêmement nombreux, 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, monter la valeur , que dans un volume de deux pouces de diamètre on peut concentrer la fortune de dix familles opulentes ; c’eft moins à caufe du préjugé qui les place parmi les premiers objets de luxe qu’elles méritent de fixer plus particulièrement l'attention du naturalifte , que par les propriérés qui leur font particulières , favoir , leur dureté , leur éclat, leur denfité, leur réfiftance à l’action des acides , à celle du feu & à la décompofition. Cependant fi on ne confidère que Les matières qui les compofent, on eft étonné de n'y voir que Les mêmes terres que l’on retrouve dans la marne, dans les pierres & dans les glebes les plus communes; car les analyfes de Bergman, d'Achard, de Wiegleb, prouvent que les gemmes n'ont point de terre particulière comme on l’avoit fuppofé par la difficulté que l’on avoit à féparer leurs principes prochains. C'eit donc dans l’état de la combinaifon des terres qui les conftituent, qu'on doit chercher la caufe des propriétés qui les diftinguent, & cetre combinaifon doit avoir des circonftances bien fingulières , puifque les gemmes font fi rares, quoique leurs matériaux femblent être par-rour. Après avoir examiné dans d’autres compofitions de ce même genre les différences que peuvent apporter dans les réfultats Pabfence ou la préfence de l'eau ou de l'air méphitique combinés avec la terre calcaire “qui y intervient , je n'ai point vu que ces circonftances ( quelques influences qu’elles aient d’ailleurs) donnaffent aux produits aucun des caractères qui appartiennent aux gemmes; c'eft donc dans l'état des autres principes prochains que j'ai dû chercher la caufe de ces qualités particulières , & j'ai été ainfi conduit à examiner plus attentivement chacune des deux autres matières conftituantes. En dirigeant plus par- ticulièrement mes obfervations fur le quartz, il m'a paru que nous n'avions encore que des notions bieñ imparfaices fur cette fubftance , & j'ai cru appercevoir dans une des modifications qui lui font particulières la caufe de la formation des gemmes. La terre quartzeufe dans l’état où la nature nous la préfente commu- nément, eft elle une terre élémentaire fimple ? J'ai déjà plufieurs fois témoigné mes doutes fur cette queftion, fans qu'il m'ait été encore néceflaire de l’approfondir ; car lorfque j'ai parké du quartz, je n'ai encore eu befoin de le confidérer que tel qu’il exifte dans les criftaux de roche & dans la plupart de fes combinaifons ordinaires; réfervant-cetre difcuffion pour le moment où je traiterois des gemmes , parce qu’elle m'a paru avoir une relation plus directe avec leur formation. La phofphorefcence du quartz & l’odeur particulière qui fe développent par la collifion annoncent la préfence d'une fubitance inflammable ; {on décrépitement lorfqu’on le chauffe (1), fon bouillonnement confidé- qq (x) Le quartz décrépite d'aurant plus qu’il eft plus phofphorefcent. L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 375 rable lorfqu’on le fond feul par l’action du feu qu’alimente l'air vital, & le verre plein de bulles qn’il donne pour lors, y prouvent l’exiftence d’un fluideélaftique (1); mais le phénomène Le plus remarquable eit fa grande effervefcence & fon grand bourfoufflement lorfqu'on le fond avec un des alkalis fixes, fubftances avec lefquelles ila une très-grande affinité & dans lefquelles il fe diflout complertement, & ce caraétèré important lui appartient à l'exclufion des antres terres élémentaires. Cette efervef- cence a été attribuée par la plupart des chimiftes à l'acide mépbitique de Paikali; mais elle exifte également, quaique moins vive ,lorfque le quartz s’unit par la voie sèché avec les alkalis cauftiques ; d’ailleurs les propriétés de la terre quartzeufe dans le moment où elle fe fépare de fa combi- naifon avec les alkalis par la précipitation qu'opèrent les acides dans le liquor filicum , ne font plus celles de la terre quartzeufe naturelle, & la différence de ces deux érats eft fi grande , ellesa tellement frappé de très bons chiwiftes , qu'ils ont été jufqu’à croire à la tranfmutation du quartz en terre abfoibante ou en argile (2): ils fe font sûrement trompés dans cette conjecture, mais ils ont bien vu les faits par lefquels ils s’y étoient laiflés conduire , car la même terre quartzeufe qui avant cette opération réfftoit completrement aux acides les plus puiffans, cède enfuite à l’action de ceux mêmes qui fonr les plus foibles, ainfi que je le proérai bientôr, Plufieurs favass illuftres ont cherché à connoître ce que fournifloit la diftillation du quartz. Les uns en le pouffant feul au feu difent en avoir tiré une huile empyreumatique (3); d’autres annoncent qu'ils -en ont extrait une liqueur acide d’une odeur fulfureufe (1). Glauber & Stahl : en le traitant avec de la porafle, dans une diftillation accompagnée de bourfoufflement , en ont tiré une liqueur acide d’une odeur femblable À l'acide muriatique; nfais l’un préfume qu’elle vient de l’alkali, l’autre l’attribue à la matière quarrzeufe elle-même. Bergman dit que lorfqu’on recueil'e la vapeur qui fort de l'effervefcence qu'occafonne l'union du quartz avec les alkalis, on ne trouve que du phlegme & de l'acide aérien (5). Queiqué confiance que j'eufle dans les procédés de ces (1) L'air du feu ou vical fond les pierres quartzeufes plus difficilement que soutes les autres pierres , avec un bouillonnement remarquable, en globules le plupart demi-tranfparens remplis de bulles. Voyez Ehrmann, are. de fufñon à Paide de l’air viral. Le quartz expofe à un courant d'air vical tiré du nirre & commence à houil- lonner au bout d'une minute & demie. Lavoifier , Mémoires de l’Académie des Sciences , Année 1783. Avant eux M. Delamétherie avoit éga'ement fait fondre du quartz par lair vital, & avoit remarqué {on bouillonnement, Journal de Phyfique, aoër 1785. (2) MM. Geoffroi, Pott, Beaumé, &c.. (3) Neuman. Præle&ion. Chem. (4) Ludovic. Ephemer. Nat. Cur. ann. 6& 7. . (5) Bergman. de Terra quarrzofa. 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chimiftes , je me doutois depuis long-tems qu'il exiftoit dans le quartz un fluide élaftique qui n'avoit pas été recueilli par eux , & que ce Huide qui fe dégagcoit foit pendant la fufion du quartz par l'air viral, foit pendant fon union avec les alkalis fixes , n’étoit pas cet acide aérien indiqué par Bergman ; car en préparant du liquor filicum ou en faifant des analyfes de pierres quartzeufes, j’avois obfervé plufieurs fois pendant la plus forte effervefcence , une flamme qui s’établiffoic fur la furface du creufec, & qui paroifloit confumer une fubftance qui en fortoit (1). Voulant enfin éclaircir mes doutes à ce fujet, trouvant dans la com- plaifance & dans l'amitié de M. Pelletier les moyens de fuppléer à Péloignement où je fuis de mon laboratoire, & profitant des lumières, des talens de l’expérience & de l'exactitude de cet habile chimilte, pour éviter toutes Les erreurs & les furprifes qui auroient pu m'égarer fur les réfulrats, je fis avec lui dans fon laboratoire les expériences fuivantes: Nous mîmes dans une ‘cornue d’argile de douze pouces de capa- cité un mêlange de dix gros de quartz porphyrifé & de deux onces' de potaffe cauftique concrète ou pierre à cautère, à laquelle nous ne laiflâmes pas Le remps d’attirer l'humidité de l'air. Nous plaçimes cette cornue dans un fourneau de reverbère capable de bien chauffer, Nous montimes Tappareil pour faire paffer à travers l’eau les fluides élaf- tiques qui fe dégageroient , & nous nous préparâmes à recevoir dans différentes cloches les produits de chaque inftant de l'opération. Peu de momens après que nous eûmes placé quelques charbons pour chauffer la cornue, je vis fortir de groffes bulles d'air que je crus appartenir à l’air atmofphérique renfermé dans les vaifleaux aufli long- temps que je n'en eus que le volume ‘répondant à la capacité de la cornue ; mais, excepté les deux ou trois p'émiers pouces, cet air n’eft plus capable d'entretenir la combuftion des corps enflammés, comme fi tour l'air vital, qui devoit êrre mêlé avee le refte de l'air atmof- phérique, eûr été abforbé. Tout ce qui fort donc dans ce premier inftant eft de l'air phlogiftiqué ou gaz azotique, dont la quantité, bien fupérieure à celle que pouvoient contenir les vaifleaux , monte à près de vingt-deux pouces (2). IL y a après cela une petite fufpen- fion dans le dégagement qui indique la néceflité de poufer plus vi- vement le feu afin d'éviter une abforprion dont on voit la menace par Pafcenfion de l'eau dans Le tube. Peu après , c’eft-à-dire lorfque le fond de la cormue commence à rougir il fort de nouveau un fluide élaf- —————_————— ————— —— —— —————…——"— — ————————— —— ————— (1) M. Pelletier faifant pendant la nuit la préparation de la liqueur des cailloux a remarqué la même flamme fur fes creufets. (2) Les volumes des fluides obtenus dans les différentes expériences fonfftoujours indiqués par des approximations , la mefure très-précife n’en étant pas nécellaire à la recherche qui étoit l’objet principal de notre travail. tique SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 377 tique dont la production eft accompagnée de beaucoup de vapeurs blanches aqueufes, & d'une fumée blanche qui ne fe combine pas entièrement avec l’eau _en la traverfant, qui remplit les bulles d’air en s'élevant avec elles, qui s'échappe dans la cloche lorfqu'elles y éclatent , & qui y difparoît enfuite. Douze pouces font à-peu-près le vo- lüme de ce fecond produit dont la limite eft de nouveau marquée par une fufpenfion dans le dégagement ; la crainte de l’abforption eft alors plu; grande encore que la première fois , elle exige qu'on foit préparé à introduire de l'air au cas qu'on ne parvienne pas à l'éviter, en augmentant par des foufflets l’aétivité du feu ; d'autant qu'il pourroit y avoit du danger à laiffer arriver de l’eau fur la ma- tière qui efl en fufion dans la cornue. La nature de ce fecond pre- duit eft très-différente du premier. {l brûle entièrement, à l'excep- tion d’une petite quantité qui cft mélangée d'air fixe & d'air phlo- giftiqué. Cet air inflammable déronne avec l’air atmofphérique. Le troifième produit, qui demande une chaleur très-forte, arrive jufqu'à occuper vingt à vingt-deux pouces, dans la capacité des cloches, mais les quatre cinquèmes, qui font de l'acide méphitique, en font enfuite abforbés par l'eau au-deflus de laquelle les cinq ou fix pouces reftans fe trouvent être un mélange d’airs inflammable & phlogifti- qué où ce dernier domine. L'opération finit là ; car on n'obtient plus aucun dégagement quelque temps & quelque chaleur qu'on donne enfuite aux fourneaux, Dans ces différens produits , deux font très-remarquables , l'air phlo: giftiqué & l’air inflammable; & je crus reconnoître dans ce dernier air l'aliment de la flamme que j’avois vue fur les creufets où j'avois pru- demment préparé Le Zquor felicum , & que M. Pelletier avoit obfer- vée dans les mêmes circonftances. Mais, comme dans toutes les expé- riences il peut y avoir des fources d'erreurs qu'on n’apperçoit pas d’abord, nous crûmes celle-ci trop capitale pour ne pas devoir être répétée. Nous fimes donc une feconde opération dans laquelle nous employä- mes le même alkali cauftique ; mais au lieu du quartz nous nous fer- vîmes du criftal de Madasafcar , pulvérifé. Nous obrinmes les deux premiers produits; mais le dernier , celui de l'acide méphitique, fut prefque nul, parce que le feu fut pouflé moins vivement, & l'ab- forption nous obligea de donner de l'air à l'appareil. M. Pelletier cependant craignant que malgré le foin avec lequel il prépare fa pierre à caurère, il ne s'y füc introduit quelques matières qui euffent pu fournir l'air inflammable , voulut bien en faire préparer d'autre où il évita fcrupuleufement tous les vaifleaux &c toutes Les matières qui auroient pu conceurit à une pareiile production, & notre troilième expérience, faire avec une quantité femblable de ce nouvel alkali cauftique & de criftal de Tome XL, Pare, I, 1792, MAI. Ccc 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Madagafcar , a confirmé l’exactitude du réfultar des deux premières, à quelque petite différence près dans les volumes des différens gaz (1). Dans la première & la dernière de ces opérations le séidu dé Ja cornue; laquelle n’étoit pas attaquée , étoit une matière vitreufe blanche, opaque & bourfoufflée ; dans la feconde c’étoit un verre verdâtre tranfpa- rent, mais les uns & les autres étoient extrêmement cauftiques, attiroient fortement l'humidité de l’air , fe diffolvoient entièrement daps l’eau, au fond de laquelle fe précipitoit une fubftance noire , d'un afpeét gras & fuligineux. À laquelle des deux fubftances appartiennent les produits aériformes de ces opérations? On ne peut pas douter que les deux premiers airs, le phlogiftique & l’inflammable, ne foient abfolument étrangers à l'alkali auquel je crois qu'on pourroit attribuer l'acide méphitique, en fuppofant que, quelle que foit l'attention que l’on porte pour le lui enlever entière= ment par le moyen de la chaux, il en retient une dernière portion qu'il ne cède que dans l’aéte de la combinaifon la plus intime avec la terre quartzeufe; car quoique quelques chimiftes prétendent que l'azote ou l'air phlogiftiqué foit un des principes prochains ou conftituans des alkalis, il faueroit pour qu'ils le fourniflenr, qu'ils fuflent décompofés, & ils ne le font pas dans le cours de ce genre d'expérience, puifque les _ acides les retrouvent & les reprennent dans la liqueur des cailloux rels qu'ils étoient avant l'opération, Mais il n’en eft pas de même de la terre quartzeufe, c’eft elle qui a éprouvé une altération réelle & très-effentielle lorfqu’elle a contracté fon alliance avec les alkalis. Tous les acides, même J'acéteux , peuvent alors la diffoudre, pourvu qu'ils la prennent au moment où elle {e fépare de la combinaifon; & c'eft ainfi qu'en verfane plus d'acide qu’il n’en faut pour la faturation exacte de l'alkali , le préci- pité qui s’étoit fait dans la liqueur des cailloux fe rediflour, & la liqueur redevient claire, Ce phénomène obfeivé par la plupart des chimiftes , en excitant leur furprife, avoit fait croire à quelques-uns que la terre auartzeufe avoir changé de nature, puifqu'elle avoit acquis une propriété qui lui ef fi étrangère (2). J'ai mêrne remargné qu'avec l'acide vitrio- lique fulfureux , il n'y avoit jamais d'indice ni de commencement de (1) Je füuis tenté de croire. que fi neus eufions pu opérer dans ün 2ppareil\de mercure, nous aurions ref.ré encore Un autre fluide qui auroit pu être permanent dans l’état de féchereffe , mais qui doit fe combiner en entier. avec l’eau. J'ai vu dans chaque opération & pendant long-tems une, efpèce de bouillernement à la furface de l’eau au-deffus de l'extrémité du tube, je l'ai feit remarquer à ceux qui étoient-dans Je laboratoire, il fembloit dépendre de Louftes de vapeurs qui fou- levoient l’eau , & cependant il ne pafloit rien dans les cloches ; je vérifierai sa conjééture quand j'aurai à ma difhoftion un :ppereil au mercure. (2) Geofroi, Pott, Beaumé, Macquer, &c, : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 précipitation , parce que l'acide s'empare aufi-tôt de la terre quartzeufe que de l’alkali, ou peut-être même la prend avant de fe combiner lui- même avec l'alkali. Il n’y a point non plus de précipitation par aucun acide lorfque la liqueur eft étendue de beaucoup d'eau, &, felon toute apparence, par Les mêmes raifons. Ce refus de précipiter qu'oppofe à l’action des acides la liqueur des cailloux , délayée dans trois ou quatre fois plus d’eau qu'il n’en faur pour tenir ce fel compofë en diflolution , a embarraflé M. Bergman , parce qu'il vouloit toujours croire le quartz inattaquable par les acides ordi- * naires; il a cherché à ce fait une explication , il a cru la trouver dans l'extrême ténuité des molécules quartzeuf®s qui Les auroit empêchées de vaincre la réfiftance du frottement & de fe frayer un paîlage à travers la liqueur dort elles ne troublcient point Ta tranfparence étant elles-mêmes de nature diaphane. M. Bergman w’auroit pas eu befoin de recourir à une explication dont il devoit être lui: même peu fatisfait, fi dan: cette liqueur, où il croit que les molécules quartzeufes font en fimple fufpeniion , il eût ajouté une quantité d’alkali &xe aéré, ou d’alkali volatil fufifante pour faturer l'acide combiné avec le quartz ; alors il auroit vu paroîrre cette même terre qu'il croyoit déjà féparée de toute alliance, il auroit reconnu que ce n'étoit pas la quantité du fluide qui mettoit obftacle à la préci- pitation , en préfentant une trop grande réfiftancce à la gravitation de ces molécules d’une fubrilité extrème ; mais qu'elles ne fe précipitoient pas ; parce que leur union avec l'acide les rendoit folubles (x). (1) Hoc phænomenon notaru ef? digniffimum; en, nt fallimur, rarionem. Aqua diluente omnes parriculæ filiceæ valde removentur ; vel potins fubriliores funs per totam hanc maffum diflraëlæ. Omni vero voluminis diminurivne ampliatur Juperficies , & cum illa contaëlus fluidi ambientis. Licer igitur féliceum uri Jpecifice gravius, femper fündum perere debear , intertus tamen in cafu prefenri reféflentiam friétionis vincere nequit, majori enim potentia opus efl viæ in defcendendo aperiendæ , quäm , quæ Llocum habet, differentia graviratum Jpecificarum. Reflant igitur filicee moleculæ in fluido fufpenfe , fimulque invifibiles cam ob tenuiratem, quäm ob perlucidicatem. Bergman. de Terra filicea. : - Il me paroît d’autant plus finguliee de voir une pareille explication fatisfaire M. Bergman & recevoir des applaudiffemens de fon illufire traduëteur & commen- tateut, M. de Morveau, qu'immédiatement après , ils rappellent un autre phénomène qui en prouve toute linfufñfance. La liqueur des cailloux étendue d’une grande quantité d'eau fe décompofe d'elle-même, & la terre quartzeufe fe précipite, Or, comment arriveroit-elle à vaincre cette fois-ci un-obftacle- beaucoup plus puiflznt que dans l’autre cas, puifque l’eau eft encore plus abondante & les molécules en moindre nombre , la précipitation étant fucceffive. M. Bergman-prétend que cette décompofñtion fpontanée arrive parce que le menftrue aikalin, affïibli par l’eau, retient moins le quartz , & trouve plus aifément à fe faturer d’ir fixe dans l’eau ambiante. Nimia quoque aquæ quantitate liquor filicum decomponir, kac Tome XL, Part. I, 1792, MAL Coca 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Si c’eft par un alkali cauftique que l’on tente de précipiter le quartz qui a été rediflous par une furabondance d'acide verfé dans la liqueur des cailloux, il faut que la quantité ne furpañle pas ce qui doie s'unir à l'acide ; tout ce qui y feroit fuperfu réagiroit fur la terre quartzeufe , s'y combineroit & la feroit de nouveau difparoîtte ; on pourroit ainfi livrer alrernativement & aufli fouvent qu'on le voudroit la terre quartzeufe aux alkalis fixes cauftiques & aux acides, & avoir une fucceflion de diflolution & de précipitation. M ais les alkalis fixes aérés & les alkalis volatils n'ayant prefqu’aucune action fur elle; la précipitenr fans pouvoir la reprendre. Je n’ai aucun doute que ce ne foit le quartz qui donne l'air inflam- mable & l'air phlogiftiqué produits dans cette opération. Il me paroît évident que les fluides élaftiques, qui fe dégagent lorfque le quartz & les criftaux de roche bouillonnent d'une manière remarquable en fondant fous la flamme de l'air vital, doivent être les mêmes que ceux qui fe développenr pendant la réaction de lalkali fur la terre quartzeufe , les mêmes qui, s’enflammant par l’attrition , donnent la lueur phofphorique & l'odeur d’air inflammable, caractères particuliers du quartz. Il me femble inconteftable que ces deux airs ( qui ne font peut- être qu'une fimple modification lun de l'autre) font par eux-mêmes ou par leurs radicaux des principes conftituans eflentiels au quartz, dans l’état .où la nature nous le préfente communément, puifque, d'indifloluble qu'il eft pour lors , il devient, par la privation de ces “airs , fi fufceptible dexcombinaifons avec ces mêmes acides , qui,anté- rieurement n’auroient eu aucune zection fur lui dans quelqu'état de divifion qu'on Le leur eût livré. Réduire à fes principes fixes, la terre quartzeufe eft dans un état femblable à celui des autres terres élémentaires privées des fubftances élaftiques qui font aflociées avec elles dans leur état naturel ; & acquérant pour lors une plus grande tendance à la combinaifon , elle jouit de cette caufticité qu’elles perdent toutes en réabforbant ‘celui des fluides aériformes qui leur convient ; fi la chaux retrouve dans l'air athmofphérique où elle eft expolée , l'acide méphitique qui la reconftitue terre calcaire, il paroit que la terre quartzeufe cauftique peut reprendre dans l'eau même où elle féjourne ( en la décompofant fans-doute ), l'air inflammable qui lui appartenoit, ou plurôc la fubftance qui en acquiert les #pro- priétés lorfque la chaleur aide à fon développement ; car la terre enim partim tea debiliratur menffrui alkalini effécacia , ut foluro rerinendo fras impar, partim a@vido aëreo , aguæ inhoœrente, fariarur. En admettant cette explication, j’ajouterai que la terre quartzeufe elle-même reprend auffi la fubflance dont elle à été privée ,& qui contribue pour fa part à faire cefler l’alliance du quartz avec l’alkali, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS.) 363 quartzeufe , précipirée de la liqueur des cailloux , refte pen de tems diffoluble par les acides; il femble dis-je, qu'elle retrouve dans l'eau même la fubltance qui peut la rétablir dans fon état le plus naturel. Au moment de fa précipitation on la voit s’entourer de petites bulles d'air, qui grofifient avant de ‘s'élever & de venir quel- que tems après éclater à la furface de la liqueur. La chaleur bite ce petit phénomène qui cefle bientôt & qui laifle la terre quartzeufe en état de réfifter à l'action des acides autant que Le quartz porphyrile, & , lorfqu’après l'avoir féchée , on la fond de nouveau avec les alkalis, elle produit la même effervefcence qu'avant ces manipu- lations. Quoique ce foit bien réellement une fubftance élaftique qui s'échappe. du quartz lorfqu'on le fond feul par un feu très-aétif , ou lorfqu'on le combine avec les alkalis; quoique j'ai reconnu dans cette fubf- tance aériforme les propriétés de l'air inflammable & de l'air phlo- giftiqué; je ne dis pas, je ne crois pas qu’elle réfide préciféiment dans cet état & avec ces mêmes propriétés dans le quartz , c'eft fans doute l'ation de la chaleur qui fes lui donne; car Fair inflam- mable ne fauroit rentrer dans le quartz, comme l'air méphitique rentre dans la chaux , auffitôt qu'elle lui eft préfentée, Les nouvelles pro- priétés qu'il a acquifes. pendant l'opération à laquelle il doit fon déve- loppement , le rendent en quelque forte étranger à l'hofpice dont. il eft forti, & il ne produit ni n'éprouve aucun effet fenfible lorfqu'on le fait pafñler à travers la liqueur des cailloux, ou lorfqu'il féjourne deffus, Il ne la précipite pas, parce que dans ce nouvel état il ne fauroit fe recombiner avec la terre quartzeufe & la fouftraire à l’ac- tion des alkalis. [1 n’en eft pas ainfi de l'air méphitique que l'on fait affer dans cette même diflolution, & qui, rentrant dans l’alkali ; le end inhabile à conferver la terre quartzeufe , laquelle fe précipite dans un état de caufticité où elle peur être reprife par les autres acides. En difant que l'air inflammable n’exifte pas tel dans, le, quartz, je n'en dois inffter que plus fortement encore fur l'opinion où Je fais que c’eft bien lui qui en contient les principes prochains , que c’eft lui qui renferme la bafe de cette fubftance que le feu vient enfüuite completters j'aurois pu l’attribuer à l'alkali fi l'opération l'eût dé- compofé ; j'aurois pu le croire un produit de la portion d'eau adhérente à ce fel, occafionné par l'abforption de l'oxigène qui autoic laiflé l’hy- drogène en liberté, fi aucun autre phénomène n’eût répandu des lu- mières fur celui-ci : mais rien d'étranger au quartz ne concourt avec la chaleur au dégagement d'air qu'il éprouve lorfqw'il bouillonne vi- vément en fondant fous la flamme de l'air vital, rien que lui-même ne’ fournit -la‘bafe du Auide qui pour-lors le bourfouffle , comme lui 382 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, feul fournit & la lueur phofphorique (1), & lodeur d'air inflammable qu'il donne par la collifion (2). (1) M. Le chevalier de Lamanon regardoit aufli la phofphorefcence du quartz comme un figne de combuflion, & de ce feul caraëtère il concluoit que le quartz étoit un corps combultible. Un quartz frappé d’un autre quartz vire, dit-il, de lui-même Le feu qui le confume , Ë on ne peur pas fuppofer que les etincelles qu'il donne & Le grand feu qu'il produic foient alimentés par des fubflanves etrangères à fa compojition. En frappant deux quartz lun vonrre l’autre de manière & recevoir fur un papier blanc tout ce quitombe,on voit, dans Le derritus, de petits corps noirs , qui frottès [ur le papier y laiffènt une trace femblable à celle du charbon, & qui examinés au microfcope paroiffènc vicrifiés & fcorifiés. Voyez Le Journal de Phyfique de juillet 1785. (2) Si, comme je n’en doute pas , une portion du diffolvant, quel qu'il foit, doit néceffairement refter unie avec la fubftance difloute lorfqu’elle criftallife , je crois trouver dans la compoñtion du quartz us nouvel'appui à l'opinion que j'ai établie au commencement de ce Mémoire , für le diffolvant du quartz ; il me femble y voir une nouvelle indication (ur la nature de cette fubftance qui denne à l’eau la faculté de tranfporter fans celle la terre quartzeufe d’un lieu dans un autre , & qui agit toujours dans le filence & l’obfcurité de l’intérieur des montagnes. La compofition de ce diffolvant doit être bien facile, puifque la nature l’emploie journellement ; fa décom- poñtion doit être bien fubite, puifque nous ne le retrouvons jamais. Le quartz ainfi que le {path calcaire font sûrement tranfportés dans l’état aéré , chacun par le diffolvant qui lui convient; car quoique la chaux fe fépare beaucoup plus aifément que le quartz de la fubftance aériforme qui la conflitue terre calcaire, ce n’eft jarnais dans fon état cauflique qu’elle eft charriée par les eaux , à moins qu’elle ne foit en com- binaïfon avec des fubftances qui exigent le départ de fon acide aérien ; c’efl toujours dans létat de faturation qu’elle arrive dans les lieux où elle doit criflallifer. La terre calcaire eft le plus fouvent diffoute par la farabondance de ce même acide méphitique qui eft un de fes principes conflituans, C'eft par la diffipation de cette fubftance excédente qu’elle fe précipite, & non par lintrodu&tion d’une fubftance. étrangère qui feroit ceffer fa folubilité; car on ne feroit pas criftallifer du fpath calcaire en rendant de l’acide méphitique à l’eau de chaux, comme on peut le faire: en laifant diffiper lentement la portion de cet acide qui lui donnoit la faculté de s’unir à l’eau dans un état femblable à celui où elle eft dépofée. Les eaux hépatiques ne forment que des concrétions calcaires amorphes, d'un tilfu lâche & d’un grain terreux ; les eaux pazeufes les donnent fouvent criftallifées & prefque toujours d’un tiflu ferré & d’un grain fpathique. Si, comme je le crois, les opérations de la nature für le quartz font analogues à fa manière de traiter la terre calcaire , il me paroit néceffaire qu’un des principes confituans du diffolvant dé la terre quartzeule foit une Gbftance fmblable à celle qu’il renferme dans fa compoftion , & modifiée à-peu-près de même; & je füis perfuadé que ce diflolvant pour maintenir fon a&ivité , a befoin de la privation de la lumière , car ce n’eft pas fans étonnement que je remarque depuis long-tems que jamais aucune eau qui coule à la furface de Ia terre n’attaque le quartz, aucune n’en tient en diflolurion , pendant que celles qui circulent intérieurement le corrodent auf fouvent qu’elles le dépofent. Seroit-ce la lumière qui fait difparoître ce diflolvant? Seroit-ce elle qui fe combinant avec lui, Jui donneroit des aîles , comme le feu en donne à la fubftance qui eft une des parties conflituantes du quartz ? Cette fubftance deviendroit-elle air inflammable avec:plusde 0 ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 383 Je pourroïis rapporter d'autres obfervarions, j'aurois fait de nouvelies expériences , je me livrerois peut-être au développement de quelques + facilité lorfqu’elle ne tient au quartz que par furabondance , que pour le difloudre , & fe difiperoit-elle à l’afpeët du jour comme l’air méphiique qui diffout le fpath calcaire , s’échappe à la préfence de l’air atmofphérique? Seroit-ce par cette raifon que le diffolvant du quartz s’eft fouftrait jufqu’a préfent à la connoïflance des hommes, pendant que loin de fes regards il prépare paifiblement pour lui les criffaux de roche & les pierres précieufes, & qu'il es dépofe dansles cavités des montagnes? Ceux qui connoïflent l'influence de la lumière fur diflérentes fubflances ne trouveront peut- être pas mon opinion à cet égard trop extraordinaire ; n’elt-ce pas elle qui contribue à la formation des matières combufñlibles dans les végéraux? Ce qui me paroit certain , c'eft que le diffolyant du quartz n’eft pas l’acide méphi- tique , comme l'ont cru quelques habiles clüimilles. Par aucune manipulation je n’at pu le faire agir fur la terre précipitée @e la liqueur des cailloux , quoique l’extrême divifion dût facilitec (on eflet; d'ail eurs le d/ffolvanr aëluel àu quartz re doit pas être celui de la terre calcaire, puifqu’il extrait la terre Fer, | du mélange des terres crétacées fans toucher à elles. Ainfi fe forment les.filex des craies de Champagne & de Normandie, & les crifiaux de roche des marbres de Carare & ceux des géodes marneufes du Dauphiné. Ainf des eaux chargées de terre quartzeufe viennent revêtir & incrufter avec de petits criflaux de roche, des criflaux de fparh calcaire fans caufer la moindre corrofion à leur furface. (J'ai dit le d;ffolvanc aëfuel pour ne pas confondre les opérations de la nature poflérieures à la formation de nos continens avec ce procédé beaucoup plus ancien par lequel toutes les matières de la furface du globe étoient tenues en d'{folution, & qui avoit les mêmes faculiés fur toutes les efpèces de terre, ) Je crois que c’eft parce que maintenant ils n’ont pas un diflolvant commun que la terre quartzeufe & la terre calcaire ne fe combinent jamais dire@e- ment enfemble , quoique leurs mélanges fojient. fi fréquens, & quoique par la voie sèche ces deux terres aient ‘une très-grande aétion l’une für l’autre, Si-l’acide méphitique a pu contribuer dans quelques occafons à la diffolution du quartz, ce n’eft point direétement, ce n’eft pas en 2piflant lui-même , mais c’eft lorf- qu’il s’'urifloit à une autre fubftance en remplacement du principe qui pouvoit agir [us le quartz, ou en hâtant fa formation d’une manière quelconque. Je ne puis aflez m'étonner que M.:de Morveau ait continué à croire à la diffolubilité du quartz par l'acide méphitique , ou plutôt qu'il ait pu regarder cet acide comme Le principal agent de ceue diffolution, & qu'il aït.dit (dans l’article Acide virriolique de PEncyclopédie méthodique ) que Le quartz eff difous à la longue par l'eau chargée de gax méphitique & de fer. Il auroit pu remarquer dans les expériences qu'il a, tentées à cet égard , & dont il donne les détails dans l’article Acide mephirique , une circonflance bien frappante, qui auroit dù répandre du jour fur la queition qui.. Poccupoit. Il avoit mis dans quatre flacons pareils de l’eau très-chargée d'acide méphitique avec des fragmens de crillaux de roche , mais dans le fecond flacon , il avoit ajouté de la terre d’alun , dans le troifieme de la terre calcaire aérée ,:dans le quatrième un-petit Jingot de fer. Au bout de neuf mois, les trois premiers facons ne, donnojent aucun indice de changement: on, ne Voyoit aucune corrofon fur ile, quartz, aucun nouveau produit; mais dans célui où le criflal de roche ltoit. affocié au fer, le fer & le quartz étoient attagu£s, l’un & l’autre fe trouvoient diminués de poids après qu’on en eut éré/la rouille-abondante dont ils étoient couverts, De très petits, crifleux de quartz y furent découverts, ils adhéroient au fer fur lequel ils s’étoient formés , & étoient prefqu'enfevelis dans fa rouille. On voit clairement danç 954 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, idées théoriques, fi le quartz étroit le principal de ce Mémoiie, fi j'avois eu d'autres motifs en faifant cette efpèce de digreflion, que de fournir des preuves fur l'état de compofition d’une fubftance resardée comme fimple par la plupart des naturaliftes & desithimiftes ; mon unique but étoit de montrer la terre quartzeufe, non pas changée de nature, mais changée dans f: manière d'être la plus ordinaire lorfqu'elle fe fépare des alkalis avec lefquels elle a été combinée ; j'ai voulu indiquer pour elle deux états différens qui peuvent influer diverfemenc fur les compolitions paturelles dont elle fait partie. Ce que je viens de dire me paroît donc fuffire maintenant à l’uiage que je prétends faire des propriétés particu- lières attachées à chacune des modifications de la terre quartzeufe (r). cette expérience que ce n’elt point l'acide méphitique qui a agi fur le quartz, puifqu'il la refpsèté dans les trois autres flacons ; la condition néceflaire à la formation de ces wès petits criffaux a été le fer, C’eft donc lui qui a fourni l'agent de cette opération ; il auroit agi de même fans l'intervention de l'acide méphirique , comme nous en avons journellément des exemples. Si cet acide a eu quelqu’influence, c’eft tout au plus en hâtant le rouillure du fer; car c’eft en fe rouillant, ainfique je Pai déjà dit au commencement de ce Mémoire , que le fer corrode les criflaux de roche, ou, pour parler le längage de la nouvelle théorie chimique , c’eftlorfque le fer s’oxigène par Ja décompofition de l’eau, que l’airfhydrogène ou fes principes prochains agiffent (ur le quartz d’une manière quelconque & contribuent à {a folution dans l’eau. Mais cette a@tion réciproque du fer fur le quartz, & du quartz {ur le fer, ceffe lorfque le quartz eff combiné avec un alkali ; j’airemarqué , par exemple , avec fürprife que le fer ne s’altéroit pas, n'éprouvoit aucune efpèce de rouille dans la liqueur des cailloux, même aïdé par la chaleur, il y conferve fon éclat métallique dans (à plus grande vivacité ; & lon fait qu'il s’altère très-facilement dans l’eau pure , & plus vite encore dans une eau alkaline. Ce qui nous a peut-être encore é'oïgnés de la connoïffance du diffolvant du quartz, c’eft que nous l'avons cherché parmi les acides, c’eft que nous avons cru le trouver parmi les fubftances qui font une vive impreflion fur d’autres matières, ou qui affe&tent nos organes par une forte faveur ou par de la cauflicité. Mais ce diffolvant peut être tellement approprié au quartz, qu'il n'ait d’a@ion fenfible que fur lui, ou fur les pierres qui le contiennent. Je répéterai donc encore que toutes les indications fe réuniflent pour diriger nos recherches à cet égard vers les combi- naïifons phlopiftiques , vers cellés d’où le feu développe auffi de l’air inflammable, Les criflaux de roche (ont fouvent noircis & rendus opaques par une matière grafle qui femble y être un refle du menitrue dans lequel ils fe font formés. La chaleur difipe cette fubflarce phlogiftique & rend aux criftaux leur blancheur & leur tranfparence, Tous les filex contiennent aufli une matière grafle qui en tranflude lorfqu’on les expofe au feu, & qui fe diflipe en les laïffant opaques quand Ja chaleur a été aflez forte pour les faire rougir. Si, comme je n'en doute pas, c’eft parmi les combi- naifons du phlogiftique ou des fubftances combuftibles qu’il faut chercher le principe ui donne à l’eau la faculté de diffoudre le quartz, il importe beaucoup d’avoir épard à lédion de Ja lumière , qui, je le répète , me paroît influer puiflamment {ur ce genre de procédé , & la nature femble fufpendre fes opérations les plus importantes dans Je règne minéral aufli-tôt que le jour vient percer l’obfeurité de fes laboratoires. (1) J’ajouterai encore une réflexion en faveur de l'état de compofition de la terre quartzeufe , & je la tirerai de fon inertie, L’infpidité du quartz, fon infolubilité, (a Si . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 389$ _ Si la réunion de tous les phénomènes fur lefquels j'appelle l'attention des naturaliftes me fait conclure la compofition de la terre quartzeufe telle qu'elle exifte dans les criftaux de roche & dans la plupart des pierres du même genre, je ne dois pas croire que la terre argilleufe foic la feule qui dans l'état de nature fe refufe à roure combinaifon avec les fluides aériens; je ne puis pas fuppofer qu’elle fafle feule une exception de:la Loi à laquelle cèdent routes les autres terres, & qui les met en rela- tion ‘avec les différens élémens. Il me paroît impollible qu’elle puiffe fe maintenir dans un état de fimplicité abfolue qui paroît répusnéer à la nature, Mais quel eft fluide le plis approprié à la terre argilleufe ? L'eau feule fudiroit-elle pour fatisfaire à ce befoin d'alliance inhérent à chaque molécule de matière folide? Et quelles font les p'opriérés qui diftinguent les différentes modifications dont la terre argilleute eft fufceprible & qr'eile reço’t ou par. la faturation ou par la ptivation de la fubftance qui lui eft appr rpriée ? Pour arriver à la folurion de ces queftions, il faudroir dés expériences très-delicates que ni moi, ni aucun des chimiftes dont j'ai pu confulter les ouvrages n'avons faites, ia terre de l'alun , au moment où elle fe précipite de fa combinaifon avec l'acide vitriolique , peut s'unir à une petite quantité d'acide méphitique ; mais ce Auide aériforme lui adhère fi peu que l’expolition à l'air libre & une foible chaleur fufifent pour le lui enlever. Il ne lui eft donc pas naturel, c’eft donc une alliance accidenrelle qu'elle contracte au défaut de roure autre , alliance ! qui n’eft plus poflible lorfque cette terre a été fechée & -durcie;, ou qu’elle a féjourné quelque tems dans l’eau. D'ailleurs quoique la terre qui eft dans les argiles ordinaires & celle qui fert de bafe à l'alun foient identiquement les mêmes, elles n’ont pas exactement les mêmes propriétés; celle-ci fe combine aifément avec prefque tous les acides, VPautre préfente quelques difficultés pour s'unir à eux , elle demande un certain tems , elle exige une efpèce de préparation. dans laquelle l'air joue un rôle, avant de céder à l’action de l'acide vitriolique. Ce n’eft päs en les immergeant dans cet acide; où elles feroient reftées iritaétes , que M: Bayen eft parvenu à extraire l'argile de beaucoup de pierres coma pofées , mais par un moyen aulli fimple qu'ingénieux, en baïgnant la réfiflance où fon indifférence à toute conibinaifon répugnent à l’idée que nous avons d’une fübftance fimple, & font contraires à nos notions [ur la manière dont agiffent les affinités, Cette modification de la force d’attra@tion qui tend à enchaïîner énfemble les différens élémens, & à laquelle la nature doit la variété de fes produ@ions dans fes trois règnes, ne peut paroître fans énergie qu’autant qu'elle s'exerce dans quelque combinaifon , & quelle y eft en quelque forte raflifiée ; la force d’aprégation peut modérer. peut quelquefois balancer fon aétion, mais ne fauroit l’anéantir. Cette feule confidération m’auroit convaincu de la compofrion de la terre quartzeufe dans labfence même de toutes les obfervations qui viennent à l'appui de cette opinion. Tome XL, Part. T, 1792. MAI, D dd 386 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, furface de ces pierres avec quelques gouttes d’acide vitriolique, & en les livrant enfuite à l'air & au tems qui travaillant conjointement produi- foient à la longue une efflorefcence faline dans laquelle il retrouvoic enfuite toutes les terres fufceptibles de combinaifon avec l'acide. J'ai lieu de croire qu'’alors l'air fournit quelque chofe qui concourt à la diffolution de la terre argilleufe, puifqu’on voit des preuves d’abforption lorfqu’on laifle opérer la vitriolifation fous une cloche pleine d’air & repofant fur l’eau. N'ayant pour le préfent aucune autte idée nouvelle ni aucune expérience précife à préfenter fur cet objet , je me bornerai à cette foible indication, d'autant que j'ai des raifons pour préfumer que c'eft toujours dans l'état de fimplicité, c’eft-ä-dire , exempte du fluide quelconque qui peut lui appartenir , que la terre argilleufe inter- vient dans les combinaifons ; car la réabforption de ce fluide, qui rend à l'argile fa tendance à s'unir à l’eau, eft une des caufes les plus puiffantes de la décompofition naturelle de la plupart des pierres. L'argile reprend pour lors l’odeur particulière qu’elle développe lorfqu'elle eft légèrement humectée ; odeur qui s'éteint entièrement dans l’aéte de la combinaifon, mais qui fe conferve dans les fimples mélanges (1). Quoique Le diamant foit la première des gemmes (en donnant à ce mot fa fignification ordinaire), je ne parlerai pourtant pas de lui, puifqu'il eft d’une nature entièrement différente des autres. L'expérience nous a appris qu'il étoit inflammable, qu'il brüloit à la manière des autres corps combuftibles ; mais nous ne connoiflons pas la bafe fur laquelle eft fixée la fubftance inflammable qu'il renferme (2). Après fa défla- (x) En préfumant que le refus de combinaïfon direéte entre la terre calcaire & la quartseufe, venoit de ce qu’elles n’avoient pas de diffolvant commun , je füis induit à croire que le diflolvant naturel du quartz eft aufi celui de la terre argilleule, puifque leurs combinaifons font fi fréquentes, & fans un véhicule commun elles ne pourroient pas exercer leur a@ion l’une fur l’autre. (2) Auf long-tems que l’analyfe & la fynthèfe refufent de répandre leurs lumières fur certains objets, il ef permis de fe livrer à des conjeétures, füur-tout quand on les préfente pour ce qu’elles font fans aucune prétention à leur donner de J'importance. C’eff donc ainfi que je hafarderai quelques doutes fur la nature dù diamant. Le diamant, felon les expériences de M. Bergman , élude l’a@tion de tous les acides ; cependant en traitant fa poudre avec de l’acide vitriolique, ce chimifle croît avoir obtenu quelques indices de Pextraëtion d’une matière greffe par des pellicules noires qui reflent après l'évaporation, qui brôlent & fe confument prefqu'entièrement, L’aion des alkalis fur la même poudre lui a fait préfimer qu’elle avoit pour bafe un peu de quartz, mais fortement enchainé, Silicei quidquam ineffe , fed frmiffime irrecirum. Les diamans ne différeroient-ils donc du quartz que par uñe furabondance de matière inflammable , que par une efpèce de fuperfaturation de cette même fubflance dont nous avons prouvé lexiflence dans le quartz , & à laquelle il doit une partie des propriétés que nous lui avons reconnues? Le diamant dont la nhofphorefcence & l'éle&ri- RE ee SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 387 gration , tout eft difipé, un éclat vif annonce le dernier inftant de fon exiftence, & en vain on cherche enfuite quelques traces de ce qui avoic pu le former. Il peut fervir d’emblême à routes les vanités du monde, Les autres gemmes font d'une bien moindre valeur, mais au moins pouvons-nous recucillir les principes qui Les ont conftituées ; au moins nous refte-t-il encore un peu de terre, lorfque nous avons dérangé l’ordre auquel elles devoient & leur éclat & leurs brillantes couleurs. De tous les caractères qui diftinguent les gemmes, celui que je prendrai principalement en confidération réfulte de la manière dont elles fe conduifent par la voie sèche avec Les alkalis fixes. D'abord elles réfiftent beaucoup plus à leur action que ne le fait aucune autre des Pierres qui contiennent de la terre quartzeufe ; ce qui prouve que ceite terre exerce ici une force d'affinité fur les autres terres qui balance fa tendance avec les alkalis, ou leurs efforts fur elle; & comme les affinités font réciproques , les autres matières conftituantes réfiftent éga- lement à l'action des acides & des autres fubftances qui leur fonc les plus appropriées. Cette énergie des afinirés, cette force de compoñtion qu'ont ici les terres indiquent évidemment une caufe particulière & intrinsèque qui ne fe trouve pas dans les autres combinaifons. Les gemmes font enfuite les feules des pierres contenant de laterre quartzeufe, qui s’uniflent aux alkalis fans la moindre effervefcence. Ces caractères font (1 frappans que M. Bergman s’en fert pour reconnoître Les particules des gemmes qui n'ont pas été décompofées , & pour Les diftinguer des molécules quartzeufes qui font reftées {ur le filtre , après que les acides ont emporté toutes Les terres folubles par eux (1). Cependant la terre quartzeufe des gemmes pendant la préparation qui précède l'analyfe & qui eft abfolument néceflaire pour rompre fes liens, s’unit aux alkalis cité font fi grandes , auroit-il une même bafe que le quartz qui eft lui-même éledtrique & phofphorefcent? & une quantité infiniment petite de cette bafe fufroit-elle pour concentrer une telle abondance de fubftance inflammable & pour l’enchaïner avec une extrême force? N'y auroit-il entr’eux qu’une différence dans les proportions, & le diamant froit-il en quelque forte au quartz ce que le foufre eft à l'acide vitriolique à La phofphorefcence du quartz avoit aufli décidé M. de Lamanon à lui réunir le diamant. (1) Heæc refidua infolubilix aut gemmeas moleculus , nondum faris divifus, prontunt, aut filicea funt , omnes enim aliæ terræ , haëlenus notæ , acidorum vi cedunt. Tubo ferrunvinarorio negotium facile hoc modo peragitur. In cochleari argenceo fundarur globulus alkali mineralis , eidem addavur refidui exulis portiuncula , & probe obfervetur coalitionis momentum. Si nempe hæe glohulum fufum incrat cum vehementi effervefcentia , rotaque fuhiro folvitur , vere filicea eff, fi autem fine ebullisione globulum intrat, & dein intra illum dix inflar pulveris circumagitatur, quod in maffa , fuh fiufione perlucida facile dicernitur , adhuc particulas gemmeas effe kinc concludere licer. Bergman. de Terra gemmarum , $. V. M. Tome XL, Part. 1,1792. MAL, Ddd 2 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; & devient avec eux foluble dans l'eau, de la même manière qu'elle left dans la liqueur des cailloux ordinaires, Où eft donc ici la fubftance qui lui eft adhérente dans fon état naturel & qui accafñonne fa vive -efter- vefcence lorfqu’on la foumet à l’action des alkalis; fubflance qu'elle conferve & qui la fait bouillonner avec eux, lors même qu elle ett combinée avec les autres terres qui unies à elle conftituent iles’ feld- fpaths , les fchorls, les micas, &c. En comparant donc ce qui fe pañle dans l’aéte de l'union des gemmes avec les alkalis , avec ce qui arrive entre les autres pierres quartzeufes & ces mêmes alkalis, voyant qu'en Jes féparant enfuite je trouve dans les réfultats de lune & l’autre operation la terre quartzeufe dans un état abfolument femblable, & rapprechant tous les phénomènes que j'ai obfervés dans mes expériences für le quartz, je refte convaincu que la terre quartzeufe des gemmes y ef dans un état cauftique pareil à celui où elle eft lorfqu après avoir Eté précipirée de la liqueur des cailloux par les acides , elle peut être reprifle par Les alkalis fans occafonner d’effervefcence ; & cette feule circonf- tance me paroît fufifante pour donner aux gemmes toutes les propriétés qui les diftinguent des autres pierres compofées. Le quartz cauftique , ainfi que toutes les fubftances qui font réduites au dernier état de fimplicité, exerce une plus grande tendance à l'union , il adhère avec d'autant plus de force aux autres terres qu'il ne s’eft encore épuifé d'aucune manière en contractart d’autres alliances ; il en admet une quantité d'autant plus grande à fa combinaifon , qu'il n'a reçu aucune autre aflociation. Ainfi les termes de la faturation ne doivent plus être les mêmes pour la terre quartzeufe cauftique que pour celle qui eft faturée du fluide ou de la fubftance qui lui eft appropriée ; & comme entre ces deux points extrêmes, il peut y avoir beaucoup de nuances intermédiaires , ainfi qu'il en exifte dans l'acide vitriolique relativement à fa pblogiftication- ou oxidation, il n’eft pas douteux qu'il n'y air pour la terre quartzeufe des termes de faturation également relatifs à la force des affinités de fes différentes modifications. Les pierres nommées gemmes font rrès-nombreufes ; lanalyfe a déci- dé que dans toutes celles qui méritent cette qualification les terres quartzeufes , argilleufes & calcaires en font les parties conftituantes eflentielles. Ces terres y font dans différentes proportions fans qu’on foit autorifé à inférer de cela feul qu'il y ait furabondance de quartz dans les unes!, d’argille dans Les fecondes ! ou de calcaire dans les troifièmes ; pas plus qu'on ne doit fuppofer. qu'il y a excès d’acide dans le fel fulfureux de Stalh ou excès de bafe dans le tartre vitriolé, parce que ces deux fels préfentent en différentes proportions les fub£ tances femblables dont ils font compofés, & qui y font feulement un peu différemment modifiées. Chaque gemme contient évidemment tout ce qui eft néceflaire à fes afüinités particulières, lefquelles dépendent certaine. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 383$ ent de l'état où fe trouve chacune dés fubftances conftituantes. Il faut rémarquer que toutes les gemmes ont une limpidité qui annonce une combinaifon parfaite ; que pour criftallifer , elles ont toutes pañlé par des filtres naturels qui ont dû les purger de tout ce que les af- pités n'y auroient pas fortement enchaîné, & fur-tout qu’elles ne dégénèrent pas les unes dans les autre; ; car nous verrions la topafe fe changer en rubis, l'émeraude prendré la dureté, la denfité & les formes du faphir ; nous verrions toutés les gemmes fe tranfmuter les unes dans les autres ; s'il n'y avoit pas des limites qui les continf- fent invariablement dans leurs efpèces refpetives, & s'il étoit pof- fible que, par une efpèce de dépuration plus complerte, elles acquiflent dans leur compofition un degré fucceflif de perfection qui les ramé- neroit toutes à une feule efpèce. Je prie de ne pas perdre de vue que je nai jamais prétendu dire que ce fût en comparant deux pierres qui ont des modes diflérens d’exiftence, quoique compofées des mêmes élémens folides , que l’on pourroit fuppofer dans l’une excès ou défi- cence d’une des matières conftituantes , parce qu’elle s'y trouveroit en plus ou moins grande quantité; mais c'eft en comparant deux pierres de [a même efpèce dont j’aurois préalablement bien déterminé les qua- lités eflentielles. En obfervant, par exemple, deux grenats, dont l’un eft opaque & l'autre tranfparent, l’un agit. fortement fur l'aiguille ais mantée, l’autre ne fait fur elle aucune impreflion , l’un s’altère facile- ment à l'air, l'autre y réfifte!, je poufrois dire qu'il ya un! excès ou d'argille ou de fer, qui éloigne l’un de l'état d’une compofñtion ‘par- faite à laquelle l'autre eft arrivé. Mais je ne mettrai pas en oppoli- tion un grenat & un fchorl, pour diredu fecond qu'il y a un excès, d'argile , pour cela feulement qu'il fe trouveroit en contenir plus que le premier. Quoique la terre calcaire foit certairiement effentielle: à la: cempo- fition des gemmes, puifqu'on là trouve dans toutes elle participe moins que les deux autres à cette grande énergie de l’affinité quirrend leur alliance prefque indifloluble ; car elle cede beaucoup plus aife- ment à l’action des fubftances étrangères; les acides aidés de Ja digef- tion & de l'ébullition l’arrachent fans beaucoup d'efforts à cette:com- binaifon , fans que les liens qui uniflent enfemble les terres quartzeufes & aroilleufes en paroïflent affoiblis, La difficulté de féparer ces deux dernières terres, après même que la térre calcaire & a rerre ferrugi> neufe en avoient été extraites, avoit maintenu pendant long-remps M. Bergman dans l'opinion qu'il exiftoit réellement une terre. primis tive, particulière aux gemmes, & il lavoir nommée-terre noble ( 2). (1) Widemus iraque 2 gemmis, proprié ira _diéfis , paulum calcis & ferré acidis menfiruis elici poffe , cum aurem, extraélum totius quinram fere parte 390 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce ne fut que par une fuire d'expériences , & avec le fecours des al- kalis fixes, qu'il parvint à décompoler ce réfidu. Il fe convainquit alors & nous annonça le premier, que les trois terres exiftoient réel. lement dans les gemmes fans qu'elles en continflent aucune qui leur fût particulière. : . Il y a une quatrième matière dans les gemmes, qui s’y trouve pref ue toujours, & que cependant je ne mettrai pas au nombre des fubftances eflentielles à aucune d'elles, puifquelles peuvent toutes, fans changer ni d’état ni de forme, en être privées. & qu'elle tient bien moins encore que le calcaire à la combinaifon intime des deux autres, Je parle du fer, & je dirai que, quoiqu'il ajoute à la beauté de convention des gemmes, puifqu’il leur donne ces brillantes cou- leurs qui font leur prix, il nuit à la perfection de leur compofition , puifqu'il y eft-en quelque forte étranger , & que dans une combi- naifon tout ce qui n’eftpas néceflaire eft nuifble , en ce qu'il divertit une portion des forces de l'afnité ou qu'il en gêne l’action (1). Un rubis oriental mi-partie rouge & blanc eft plus parfait dans fa partie décolorée que dans celle qui a l'éclat d'un chaïbon ardent, comme le ctiftal de roche bien blanc & tranfparent eft plus parfait que ce même criftal, prenant la dénomination d'amétbifte à caufe de fa belle couleur violette. Un faphir oriental , quoique d’une bien moindre valeur pour le jouaillier, eft eflentiellement une plus belle pierre pour le naturalifte, que le rubis oriental, puifqu'étant de même efpèce , l’un renferme moins de fer que l'autre; aufli le faphir a-t-il plus de dureté, qualité qui eftun apanage des gemmes & dont elles jouiffent plus où moins, .felon qu’elles poffédent à un plus haut degré cette perfection de com- poñtion qui appartient à la majeure énergie des affinités, & qu'elles l'uniflent à cette force d'aggrégation qui dépend du conta& plus in- time des: molécules intégrantes. Je ne païlerai pas de chacune des gemmes. en particulier , je. n'ai aucune notion aflez. précife fur ce qui érablit leurs propriétés indivi= duelles. Je ne fais: pas f elles peuvent toures comme les grenats ad- mettre par excès quelques-unes de leurs parties conftituantes eflen- tielles , & renfermer dans l’intérieur de leurs criftaux des matières étran- gères, ou sil en eft quelques-unes que l'éneroie des affinités & les RERO ARS RTE EEE RS gtingeret , 6 eo feparato refiduun: nihilo minus eamdem ferme indolem ac antea monfiraret, conjecluravi extraélivum effe accidentale , refiduum vero particu Larèm conflituere rerram primitivam, & hanc quoque in nonnullis fcriptis divulgavi opinionem. Bergman. de Terra gemmarum , S. EVsC: : (x) C’eft par icette raifoncque l’alun rougeître, dit de Rome (& fait à la Tolfa avec une mine d’une ancienne carrière qui contenoit un peu de fer) eft moins parfait que le blanc, parce que cette fubflance colorante, quoique fort adhérente à l’alun, puifque les filtrations multipliées ne peuvent l'en purger , eft étrangère à ce fel , & guit aux opérations qui l’exigent décoloré, ss SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS 5$ër forces de l'agprégation exemptent de ce genre d’imperfection ; il faue droit pour en juger, voir chacun d'elles dans les circonftances où elles fe font formées , obferver les variétés de forme qu’elles affectent plus particulièrement fortant de différentes gangues , & ayant paflé’ par différens filtres. Je n’éntreprendrai pas non plus de fixer des quantités précifes de matières pour termes de fataration d'aucune d'elles; car quoique mon eftime pour les chimiftes Bergrhan, Achard & Wiegleb , qui les one analyfées , foit très-grande , je ne vois dans leuts travaux que la certitude de l'exiftence des trois terres , & üne grande incertitude dans les pra2 portions de chacune d’ellés. Je foupçonnerois que la diflemblance qui exifte dans leurs réfultats vient de l’état de la terre quartéeufe fürtant de Ja €bmbinaifon avec les alkalis fixes dont ils fe font fervis pour rompré l'alliance des différentes terres. Une partie de la terre quartzeufel diflo: luble alors comme nous l’avons dir, par les acides , a pu Etre ema portée par eux, & tomber mêlée avéc l'argile lorfqu'en' précipite cette dernière terre. Cette propriété du quartz à laquellé il ne me paroît pas qu'aucun d'eux ait eu égard, & qui eft cependant tiès-eflentielle à prendre en confidération , me paroît être la caufe Qui a fait rroûver à quelques analyftes une telle quantité de terre argilleufe aux dépens de la terre quartzeufe. Mais en réuniffant & réfumant tout ce que je fais de chacune des terres qui compofent les gemmes, & toutes les expériences faites fur chacune d'elles en particulier, je crois pouvoir placer routes fes gemmes entre les deux limites ide la terre quartzeufe éritièrement cauftique , & de la rérre quartzeufe completrement farurée d'air ou de Ja fubftänce à laquélle le feu dorine l’élafticité aériforme. Totes celles dires orientales, & défignées fous lés noms de rubis, topales , faphirs & améthiftes, à caufe des couleurs différentes dont éflesbrillent, touchent 21a prernière limite; les grenats & les aigues-marines font fur la ligne qui trace la feconde. Entr’elles fe claffent felon l’état de leur compoñition , d’abord le rubis otaèdre ; enfuite la topale blanche , bleue , rouge ow'janne du Bréfil; après elles viennent les topafes de Saxe, de Sibérie, les émeraudes, les hyacinthes, &c. toutes pierres dont les efpèces ne doivent pas être déterminées par. leur couleur, mais peuvent, être établies d’après les formes, jufqu'à ce que la réunion de tous les autres moyens nous ait donné des connoiflances plus exactes fur leur nature. Car, comme le dit très-bien M. de la Métherie dans fon Mémoire fur une criftallifation du diamant (1): Nul effer conflant fans caufe: couflante, & ël doit y avoir, une. caufe conflante qui oblige telle: fubflance à criflallifer toujours fous la même forme. J'ajouterail qué fi de la fimilitude des formes on ne doit pas préfumer une fimilitude de compofirion ; de leur diffemblance conflante on doitaumoins conclureunedifférence quelconque 4 (1) Journal de Phyfique de mars 1792, 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; dans la compofition ; diflérence. qui tient à l'état effentiel de la combi- naifon Jorfqu'elle influe fur ia forme même des molécules intégrantes , mais qui peut.ne dépendre que de l'excès d'une des matières confti-, tuantes, lorfqu'elle n'influe que fur l'arrangement des mêmes molé- cules (1), C’elt ainfi que le grenat dodécaëdre peut devoir certe forme, qu'il prend conftamment dans quelques marrices , à l'excès d’une de fes matières conftiruantes, & il'paroît ne différer que par cette. efpèce, de fuperfaturarion des grenats à vingt-quatre facettes, dont la, forme eft également conftante pour ceux que renferment d’autres roches ; mais le grenat difière plus eflentiellement de l’hyaçinthe, quelque rapprochement qu'il y ait dans leur forme extérieure , puifque cette petite diffemblance tient à la figure dé la molécule intégrante elle-même. Aufli voyons- nous que la dureté, la fubbiliré & Les autres qualités de ces deux pierres ne fe. reflemblent plus. M. l'abbé Haüy a trouvé dans les gemmes au moins dix formes «flentiellement. différentes, puifqu'il.ne lui a pas été poffible de les rameñer aux mèmes molécules intéarantes, c’eft-à-dire, a des molécules dont les angles fuflent femblables. On doit aufi faire entrer en confidération dans la covftitution des gemmes L'érar de la terre calcaire; elle peut y être renfermée ou cauftique ou aérée, & cette modification doit être d’une grande influence dans l'état de la compofñition. Peut-être eft-ce à cette circonftance que l’on doit cette efpèce d'embranchement que je crois obferver parmi les gemmes ; il me femble qu’elles partent des pierres orientales comme d’un tronc commun, & qu'elles vont dans deux directions différentes rejoindre les pierres compolées ordinaires. Je vois d’une part les topafes , les éme- raudes, les aigues-marines, c’eft-à-dire , les gemmes prifmatiques , qui par une dégradation fucceflive dans leur dureté & dans leur réfiftance à À (1) Je ne dirai pas.en voyant de l’alun cubique & du fel marin cubique que l’un & l’autre foient le même fel, mais les expériences de M. le Blanc m'ont appris que Valun avec excès d'acide criftallife conftamment en oftaëdres , qu'avec moins d’acide il criftallifé en cubes, & je me joïndrai à M. Delamétherie pour conje@urer que les mêmes caufes doivent agir fur la criflallifation du fel marin , que des caufes à-peu- près femblables doivent influer fur les criftallifations du fpath calcaire , & fur toutes les fubftances dont les molécules intégrantes, confervant la même figure , font füujettes à varier dans leur difpofition. Mais je dirai que ce n'eft pas feulement un excès de faturation , mais une caufe plus puiffante encore qui fait différer entr'elles les formes du fel fulfureux de Stahl, du tartre vitriolé , & du fel de Glauber ; trois fels qui ont pour bafe l'acide vitriolique & lalkali fixe , puifque les molécules intégrantes ne font pas les mêmes; c’eft donc dans les modifications de l'acide ou dela bafe que je chercherai la caufe de_cette diffemblance. C’eft ainf. que la, criftallifation eft un moyen incertain, inutile même pour parvenir à connoître la compofition des pierres tant qu'il eftifolé; mais (übfidiaire à leur analÿ{e, elle peut indiquer des modifications qui échappent aux reflources de la Chimie, , | la SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 393 Ja fufion &.à l'action des acides, vont joindre les rourmalines ; elles fondenr en bouillonnant, les plus réfractaires fous la flamme de l'air vital, les plus fufñbles (ous celle du fimple chalumeau , & ce bourfoïfliment -affez confidérable dans quelques-unes ; “eppaitient pas à la terre filicée, puifqu'il n’a pas lieu lorfou’on unit ces gemmes aux alkalis fixes. Dans l'autre embranchement où je crois la terre calcaire cauftique, laquelle pour cette railon y eft admife en beaucoup plus grande quantité , je placerois les rubis oŒaëdres, les hyacinthes, les grenats (1), gemmes plus ou moins IEEE En . (1) Je ne fais pas encore fi toutes Les pierres qu’on romme pfénats apyartiennent aune compofñtion (emblable:, je n’oférois pas décider que quelques-uns ne fuflent pas €ntiérement en dehors.de la ligne de démarcation des gemmes; j'en ai vu qui en fondant bouillonnoient comme jes fchorls. (En parlant ici de leur compoñtion , je fais abffra@tion de cette grande quantité de fer quien rend quelques-uns opaques, & qui leur périne: d’agir (ür l’aiguille aimäntée,ain6 ju dece n êlange.de terre talqueufe qui donne X d'aures une couleur verdâtre. ) Je fui. également incertain fi js dois regarder les grenats blancs comme d£pendans’ de la même compofition qui produit les grenars colorés, & fi je dois croire, qu'ils re diffèrent entr’eux que par le fer qui alors ne féroitpoint effentiel à la compofition des uns & des autres. Je pencherois en faveur de cette dernière opinion, qui me paroit foutenue par une dégradation infenfible de couleur, laquelle fans rien changer aux formes & aux durerés, les rapproche les uns des autres ; s’il n’étoit une autre confidération qui me retient, en faifant même .2bftra@ion de Ja très-zrande différence qu’ils ont dans leur fufbilité que la feule pré= fence du fer peut rendre facile, La compofñition des uns a une grande tendar admetire le fer, elle en dépouille même les matières qui les avoifinent ; la ccinpo tion desautres femblé le rejetter, J'oblerye ce refus d’admetrre le fer dans ces grenats biancs renfermés dens des laves. Is fe font formés dans une pâte qui contenoit beau- coup de cette terre métallique ; une portion de cette pâte à pu être quelquefois enfer= mée dans Pintérieur de leurs crffaux comme pour frvir de preuve à une formation Contemporaine ; quelques-uns comiennent des fchorls ferrugineux & même des grenats noirs formés fimultanément , & eux feuls ont refufé de prendre leur part du fer qui colore tout ce qui les environne. Rien n'indique mieux, une différence très= eflentielle dans lérat de la combinaifon, que cette contradi@ion dans les affinités, Ce phénomène me paroït aflèz important pour me décider à faire deux efpèces des grenats blancs & des grenats rouges, en fortant les premiers de la claffe des gemmes, & peut-être même à établir une troifième efpèce pour certains grenats noirs dont je parlerai lorfque je traiterai des compoftions du troifième ordre. Les grenats blancs n’étoient connus jufqu’à préfent que par ceux que l’on trouve parmi les déje@tions volcaniques ; on voyoit bien cependant qu'ils n’appartenoient pas effentiellement aux volcans , on avoit depuis long-tems rejetté l'opinion de ceux qui leur agtribuoient un genre d’altécation de la part des feux fouterrains qui les auroïent décolorés. On les avoit même trouvés dans ces blocs de pierre rejettés par le Véfüve, fans avoir éprouvé l’action de la chaleur ( Joyez M. Gioenni dans (à Lithologie Véfüvienne}, mais je crois être le premier qui les ait reconnus dans des circonftances abfolument étrangères aux volcans. J'ai un échantillon de mine d’or. du Mexique dont ils font la gangue; ils (ont demi-tranfparens , durs, & en petits criftiux à vingt- quatre fecettes; ils font mélés avec des chaux de fer & de cuivre, M. le Lièvre les a auffi trouvés dans un granit des Pyrénées, { » Les grenats blancs fonc fujets à un excès d'argile qui rend leur décompofñition facile, Tome XL, Part, 1, 1792. MAI. Eee Fr at 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fuñbles , qui rentrent dans la clafle des pierres compofées ordinaires paf l'efpèce de zéolithe, dont Les formes dérivées du cube donnent des criftaux à viner-quatié 8c à trente facertes. Leur fufon n’elt accompagnée d’aucun bourloufflement, ce qui indique s'abfence du fluide élaftique qui faic bouillonner les autres. s Ces deux caufes réfidentes dans la terre quartzeufe & dans la terre calcaire, & qui chacune influe à fa manière fur la compofition des gemmes, peuvent avoir des gradations infinies & donner lieu à beaucoup de productions intermédiaires qui pourront trouver leur place entre les gemmes que ngus connoiflons dejà; car je ne doute pas que nous ne découvrions encore beaucoup d’efpèces nouvelles, fur-tout dans le -voifinage de la limite qui fépare les gemmes des pierres compofées ordinaires. Nos connoiflances à cet égard s'érendront d'autant ples ; que les beaurés de convention pour les jouailliers ne font plus celles qui intéreflent le naturalifte, & que ce n’eft pas uniquement pour en faire des obj:ts de luxe, mais pour y trouver des füujets de contemplation & d'étude , que le lithologifte s'épuife en fatigue pour arracher les gemmes des lieux où la nature les recèle (1). Deux caufes contribuent à la rareté des semmes, les difficultés de leur compoñition & celle de leur agrégation. Ces deux circonftances trop : long tems confondues font d’une telle importance à connoître & à bien diftinguer, que je me fuis réfervé certe occafion , pour faire mieux fentir encore ce qu'elles ont de particulier, & pour faire l'application de ce que j'ai dir ailleurs fur le même fuier. En donnant le dérail des expériences & des obfervations par lefquelles j'ai cru acquérir la certitude de deux modifications différentes dans la terre ils dev.ennent alors farineux. Les chimiites qui voudront en répéter l’enalyfe doivent être prévenus de cette circonflance & choïfir ceux qui {ont durs & tranfparens. (x) J'ai trouvé dans la cavité d’un granit de l'ile d’Elbe , une gemme dure blancheur & d’une tranfparence parfaite, Le criftal qui eft d'une extrême régularité a quatre lignes de hauteur, & autant de diamètre ; il eft implanté par une de fes extrémités fur le granit. Sa crifiallilation décrite par M. Romé de Ffle, planche IV, fig. 100, ef un prifme hexaëdre tronqué für fes angles folides diagonalement , c’eft- à-d're , faifant avec les deux côtés l’angle de 13 5°. Seconde troncature, fig. 101, faifant avec les faces du prfme un angle de r20°. ( Cet angle n'a pas été déter- miné par M. Romé, ou l’a été à 138, ce qui feroit une erreur confidérable,) Deux côtés oppofés de la feconde troncature ayant empiété fur la première, ont donné à toute Ja pyramide une apparence étrangère à cette criftallifätion. Elle peut fervir d'exemple de l’attention que demande là Criftallographie pour éviter les erreurs fondées (ur de fauffes apparences, Cette semme par fa forme paroît donc de l’sfpèce de Ja chrÿfolite de Saxe , du péridot du Bréfil , ou de l’émeraude du Pérou. Sa dureté eft plus confidérable que celle de l’aigie marine de Sibérie , & beaucoup plus encore que celle des chryfolites de Saxe qui fe laiffent égrifer par le canif. Le granit qui fert de gangue eft compof: de quartz blanc , feld-{path blanc & fchorl noir. Dansle granit de J’ile du Giglio j'ai trouvé la même gemme , mais moins régulière, RATS x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 395 quartzeufe., j'ai fair fentir que fon état de caufticité étoit très-précaire, puifqu'elle le perd par le feul féjour dans l’eau ; & pour qu'elle puifle porter cette modification dans une autre combinaifon , il faut qu’elle y entre au moment même où elle échappe à la fubftance qui l'a mis ou con- fervé dans un état pareil. [l faut auffi que ces molécules quartzeufes cauftiques trouvent au même inftant à la portée de leur petite fphère d'activité les molécules des autres terres néceffaires à la conftitution des gemmes dans l'état & dans la proportion qui convient à ce genre de compofition. J’ai dir que je ne croyois pas que les trois terres qui appar- tiennent néceflairement aux gemmes euflent maintenant un diflolvant commun, Ce qui me paroît augmenter encore la difficulté de les faire fe rencontrer dans une fituation favorable à leur combinaifon. Je ne fais même pas fi l'on peut regarder la compofñtion des gemmes comme poffible aux feules facultés qu’exerce préfentement la nature dans le règne minéral, & s'il ne faut pas remonter aux tems de la diflolution générale de toutes les matières qui forment l'écorce de notre globe, pour y trouver la poñlibilité d’une femblable production. D'ailleurs c'eft toujours dans les roches les plus antiques qu’elles exiftent, c’eft du milieu des premiers produits de la précipitation qu'elles ont été extraites. En général toutes les combinaifons nn peu compliquées me paroiflent appartenir à cette même époque. Car j'obferve depuis long-tems qu'il eft des compolitions qui s'altèrent, qui fe défont , mais qui ne peuvent plus fe reformer. La majeure rareté des efpèces de gemmes qui exigent Le plus de cauficité dans la terre quartzeufe eft encore d’accord avec ma théorie, car elles font avec les autres en proportion relative à la diff- cuité de féparer cette terre de la dernière portion d’une fubitance avec laquelle elle a une extrême affinité , ou la préferver de fon introduétion ; & comme fon avidité de la reprendre diminue certainement à mefure qu’elle approche davantage de la fatiété, les gemmes font d'autant plus : communes qu’elles jouiflent moins de coutes les propriétés qui appar- tiennent à une pénétration plus intime de toutes les matières confti- tuantes & qui dépendent de l'érat de la terre quartzeufe : les modifica- tions de la terre calcaire augmentent les difcultés de la compofition de celles qui lexigent dans l'état de caufticité, érat qu’elle ne fauroit auffi conferver long-tems ; & cetre feconde caufe ajoute encore à la rareté des pierres qui, telles que celles que nous nommons orientales , doivent leur réfiftance à tous les genres d’altérarions , Leur dureté & leur denfité à la grande énergie des affinités de routes les terres corftituantes, Ces pierres dont l'éclat & les couleurs brillantes rebauflent les charmes de la jeunefle, & que la vanité décrépite ofe difputer à la beauté , les gemmes, dis-je, 'n'exiftent point encore pour nous, lors même que les circonftances néceflaires à ce genre de combinaifon ont toutes coincidé pour la formation de leurs molécules intégrantes, fi Tome XL , Part. I, 1792. MAI, Eee i y , 3:6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui leur fervent. ces molécules reftent difféminées dans les matières de matrice, fi elles manquent d’efpace & de moyen pour fe réunir. Et comme nous.euilions ignoré que quelques molécules quartzeulfes : fuient éparfes dans la pâte des marbres blancs de Carare , parce qu'elles y font en fi petit nombre qu'elles échappent aux’ analyfes les plus exaétes , fi un diflolvant approprié à elles ne fe fût pas infiltré à travers les mafles, s'il n’eûc pu les recueillir & s’en charger fans toucher au calcaire , & s'il n'eût pas exifté des cavités où elles puilent fe raflembler & former mafle; de même nous n’aurions pas foupçonné Pexiftence des gemmes dans les matières dont elles ont été extraites, fiune diflolurion poltérieure n'eût pas pu les faifir fans rien changer dans l'état de leur compolition , & {1 en traverfant la malle, elle n'eût pas rencontré des = fentes ou desefpacesquelconques dans lefquelleslesmolécules ,n'obeiflant plus qu’à lé force d’agrégation, euflent pu choifir les places qui conviennent le mieux à leur forme, & qui laiflent le moins d'efpace entrelles. Les procédés de l’art fur les fels, comme ceux de la nature fur les pierres, fe divifent en trois rems très-diftinéts; compoñition, agré- getion & dépurarion. Ces trois degrés de l’opération font ordinaire- ment faciles au chimifte, parce qu'il a à fa difpofition le diflolvant commun des fels, l’eau, qui, fans altérer leur compofition , les re- cueille & les réunit dans des efpaces préparés d'avance ; fes moyens de dépuration dépendent du degré de folubilité, & de Pattraétion entre parties fimilaires, & il a prefque toujours la faculté de les mette en action au moment qui lui convient. Par exemple, lorfque l'alun eft compolé par la réaction de l'acide vitriolique fur la terre argilleufe & par le concourt de l'eau & de l'air, il lui eft Facile de l’extraire des terres qui le renferment , également facile de Le dépurer, Mais il arrive quelquefois auffi que le felqui a été formé n’eft plus foluble par les mêmes menftrues qui ont été les véhicules de la combinaifon , & que les procédés de art ne peuvent plus le tirer de fon état d'inertie fans altérer fa compofition; alors le fecond degré de l'opération devient impoñible; fi donc l'emploi auquel on deftine certe combinaifon tient ou à fa mafle , ou à fs dureté , ou à fa tranfparence , ou à la forme de fes criftaux , ou à quelques autres propriétés dépendantes de l'agrégation, quoique les molécules inré- grantes foient préparées , on ne s'eft pas plus rapproché du but qu'on: e propofoir, que fi la compofition elle-même eût éré impoflible. Ainfi le chimifte a pu dérober à la nature le fecrer de la compoñrion du fpath pefant, il a découvert les moyens de rétablir cetre compofition dont il a pu féparer les principes prochains, mais il n'a point la faculté de rétablir fon agréoation , ce fel pierreux ceflant d'être foluble dans l'eau ; que lui ferviroit donc d’être arrivé jufqu'à conftituer fes molé- cules intégrantes sil lui importoit de lavoir en criflaux tranfparens ? quel ufage pourroit-il faire de ces molécules incohérentes, sil ne n Ai + É vs 4 LS : À V 2e P 4 : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 397 pouvoit les agréger en mafles folides? la compofition des gemmes opérée par la nature feroit donc vaine, la poflbilité que nous aurions de limiter à cet égard feroit donc inutile, aufli long-remps qu'il ne nous feroit pas poflible de donner une agrégation, convenable aux molé- cules qui les conftituent, Une glebe de terre dont chaque molécule reflembleroit à celle du rubis oriental, n’auroit pas plus de valeur qu'une motte de marne où les trois mêmes terres conftituantes feroient exemptes d’aflociation. C’eft donc une opération poftérieure à leur conftitution, c’eft donc l'agrégation qui nous donne réellement les gemmes, comme elle nous fait jouir de toutes les pierres qui ont des propriétés dé- pendantes de la folidité de la mafle & de la pureré de la compe- . fiion ( 1 ). Il feroit poffible que dans le temps de la diflolution gé- —— (x) J'inffle beaucoup für cet article, parce qu’il me paroît très-eflentiel de prendre cette diffinétion dans la plus grande confidération , parce qu’elle a échappé à la plupart des naturaliftes, & parce qu’elle feule peut donner une idée précife & une explication claire des phénomènes les plus importans de fnos montagnes, On dit fouvent de telle pierre qu’elle eft d’une formation fecondaire , fans fe rendre raïfon de ce qu’on veut exprimer, fans diftinguer précifément fi c’eft fous le rapport de la compoftion; ou fous celui de l’agrégation ; & moi aufli dans la fuite de ce Mémoire J'aurai occafion de-dire de quelques pierres ; qu’elles font réellement de formation fecondaire quant à leur compoñrion, & je ferai remarquer qu’eilesfonten petitnombre. Maïs je dirai de beaucoup d’autres qu’elles font de formation fecondaire quant à leu 2grégation, quoique contemporaines aux plus anciennes quant à la compofition ou la conftitution de leurs molécules intégrantes, Je pourrai dire, par exemple , des fhorls & des feld-fpaths que je trouverai criflallifés dans des cavités ou des fentes, que la formation de leurs criftaux eft fecondaire, c’eft-à-dire , poférieure à-celle de la . male; je pourrai dire de certains bancs de granit & de porphyre qu'ils font de formation fecondaire, parce que leur agrégation, leur difpoftion font poft‘rieures à celle des autres bancs , mais j’ajouterai quela compofition des molécules irtégrantes remonté pour tous à la même époque, Je croirai avoir beaucpup fait pour la Géologie, fi je parviens à bien développer cette idée & à la rendre familière ; j’efpérerei que le näturaliffe me ‘perdonnera Jes détails longs , minutieux & même triviaux dans efquels te le fais paller, en faveur des lumières que peut répandre fur Ja conftitution des montagnés le genre d’analyfe auquel je me livre. Je parle du naturalifle qui fait que la Lithologie n’ell pas une fcience de fimple nomenclature, qu'elle ne fe borne pas à nous apprendre que les pierres calcaires font effervefcence avec les acides, que l’argile durcit au feu, &c. & qui voit les relations de ce genre d'étude avec des contoïffances d’un ordre fupérieur. Je remercie MM. de Sauflure des témoignages obligeans dont ils veulent ‘bien encourager mes efläis ; je remercie M. de Luc des fuffrages dont il les honore, Je remercie mes illufires amis MM, Picot de la Peyroufe & Fontana de l'approbation qu’ils donnent à la plupart de mes opinions , je remercie mon aimable camarade de voyage M. Fleuriaux de Bellevue de lintérét qu’il p'end à la publication de mes fyflêmes dont il m’a vu faire l’applicatien fur les phénomènes des montagnes que nous ayons viftées enfemble ; c’eft par des hommes pareils que je defire être ingé, Maïs ne devant pas me flatter de les entrainer dans toutes mes opinions. je ler demande des obfervations & même des critiques qui éclaireronr davantage les fujets que je traite, D'ailleurs je me difpenferei d’avoir égard à celles k Fw LE PA A Ce 48 Si + 7 É NA nt 398 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nérale, la nature eût préparé mille combinaifons qui nous font reftées inconnues, parce que , éparfes dans les matières qui font l'écorce de notre globe , il leur manque le véhicule nécefflaire pour être raflem- blées & pour former des corps diftin@s, Quél eft donc le diflolvant des gemmes ? Je crois qu'il ef à peu- près le même que celui du quartz, que celui de roures les pierres quartzeufes, peur- être feulement exige-t-il plus de concentration. Je vois les gemmes criftallifer avec le quartz dans les mêmes cavités , jobferve que leurs criftaux entrecroifés fe pénétrent mutuellement , & je dois préfumer qu'ils ont été tenus en diflolution dans le même menftrue. Je penfe donc que fi la formation des molécules précieufes n'eft plus dans les facultés préfenres de la nature, il lui refte toujours le pouvoir de les extraire des milieux où elle les a placées, & que conftamment elle travaille à les réunir, à les dépurer , & à leur don- ner les propriétés qui font leur prix; & nous pouvons en quelque forte dire que telle pierre efl mûre (en nous fervanr de l’expreflion de quelques artiftes qui fuppofent que le temps peut donner des quar lités aux pierres dans lefquelles ils trouvent certaines imperfections }; puifqu'une nouvelle diffolution pourroit produire une criftailifation plus parfaite & plus épurée. Les montagnes dont les filons contiennent des gemmes, les maflifs dont les cavités en recèlent , ne font füre- ment pas épuifés de toutes les molécules intégrantes propres à de pa- reilles produdtions, il leur en refte encore à qui le temps , l'efpace & le véhicule ont manqué pour pouvoir s’agréger ; fi nous avions à notre difpofition leur diflolvant, s'il nous étoit permis de Le faire agir avec quelqu'activité, il faudroit quitter nos laboratoires où nous avons à vaincre le double obftacle de la compofition & de l'agrégation , al- ler dans ces mêmes montagnes réunir toutes ces molécules éparfes & les agréger fous un volume qui n’auroit de borne que notre volonté ; comme on va extraire dans les montagnes de la vallée du Zillerthal en Tyrol, ces molécules d'or éparfes dans une roche fchifteufe , qui y font en fi petit nombre qu'à peine artivent-elles au poids de quatre grains dans un quintal de pierre ; pour un autre objet nous imiterions cette opération, dont le mercure eft l'agent lorfqu'il s’agit d'extraire l'or des roches où il eft difféminé, & qui préfente au moralifte un fujee de méditation où il trouve également un motif de déclamer contre la cupidité de l'homme , ou une raifon pour exalter fon induftrie; car il femble que pour exciter l’une, la nature fe foit réfervé la formation de ce métal précieux, & que, pour exercer l'autre , elle lui ait donné des que me feroient des gens qui ne fe feroient pas donné la peine de m’entendre , ou qui n'envifageant pas la queflion fous le même point de vue, ne peuvent pas [UHR £rouver les mêmes rapports, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3c9 moyens pour l'exträire & pour l’agréger, fans lefquels fa production étoit inutile, & les efforts .de l’homme auroient été impuiflans, comme le feront rousnos travaux pour la formation ou limitation exacte des gemmes, non pas autant, parce que nous ignorons Le véritable fecret de leur com= poñtion , que parce que le feul moyen d’agrégation qui foit encore dans notre puiflance eft le feu, & cet agent attaque dans leur compoli- tion les molécules qu'il a la faculté de réunir, il les déforme, ce qui nuit au Contact immédiat , caufe de la dureté, première propriété de toutes les pierres précieufes. La réfiftance à la fufion étant un caractère des gemmes, & cette réfiftance augmentant à raifon de la perfection de ces pierres, il ne fera pas inutile que je m'arrête quelques inftans fur cet effec du feu, & que j'examine comment cet agent exerce fon action fur toutes les pierres en général, puifque le degré de fufbilité & le réfulrat de la fufron font devenus des indications auxquelles le litholooifte a le plus fouvent recours pour diftinguer les genres & déterminer les efpèces des pierres dans lefquelles Les autres cara@tères font incertains. La fufion d’un corps eft fon paflage de l’état folide à l’état fluide par l’action immédiate du feu, & ce changement s'opère par un effet particulier de la chaleur qui diminue adhérence des parties & qui les éloigne les unes des autres jufqu’à leur permetrre de fe mouvoir & de changer leur poñtion refpective. Tous les corps font fufcep- tibles d'être dilatés par le feu , tous éprouvent donc par fa préfence un certain relâchement dans l’énergie de l'agrégation ; mais cet effec de la chaleur a beaucoup de gradation avant de faire perdre à tous leur folidité. La fufion de quelques-uns eft facile , les autres ne peuvene y Être entrainés que par la plus grande véhémence de cet agent ; & la caufe de la réfiftance de ceux-ci & de la promptitude avec laquelle les autres reçoivent une femblable modification , doit fe trouver non- feulement dans cette adhérence plus ou moins forte qui dépend de la forme & de larrangement des molécules, mais encore dans cer- taines difpofitions que ces molécules ont intrinféquement à s'unir à la chaleur par une efpèce de combinaifon inftanranée. En voyant les effets qu'il produit, on croiroit que le feu gonfle chaque molécule, F'arrondit & finit par réduire à un feul point les contacts que mul- tiplioient les formes polièdres les plus fimples. Mais je craindrois de trop n'éloigner de mon fujer fi je m’arrétois à tous les phénomènes de la liquéfaétion, quoique chacun d’eux me paroiffe mériter une difcuflion nouvelle , & je me bornerai à prendre en confidération les feuls faits qui ont un rapport plus immédiat avec Ja queftion que je traite. Pear qu'un corps folide fe fonde , il faut que fes molécules aient plus de tendance à s'unir à la chaleur & à participer au mouvement qu'elle imprime, qu'elles n'ont d'énergie dans leur agrégation, Il faut que la 40 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, chaleur qui fe fixe dans chaque molécule foit aflez confidérable pour Ja foutenir à une diftance des autres, relle que fufpendant & balançant les efforts de l'attraction, elle lui permette de changer de fituation refpec- tive, fans cependant Ja faire forcir entièrement de la fphère d'activité par laquelle elles agiffent les unes fur les autres. [I faut qu'il y ait équilibre entre ces deux torces , fans quoi ou il n’y auroit point de fufon, ou le corps abfolument détruit ne préfenteroit plus que des molécules ifolées, devenues en quelque forte étrangères entrelles, fans pouvoir participer à ce genre de liaifon qui diftingue la fluidité de lincohérence, de la pouflière; de manière donc que fi ie feu change les rapports d'attraction , {oit en favorifant la diflipation d’une fubftance compofarte , foit en permettant l'introduétion d'une fubitance nouvelle, la fufion cefle , parce qu'il n’y a plus lé même équilibre entre les deux forces, & la diftance entre chaque molécule devient où trop petite pour refter mouvante, ou trop grande pour conferver quelqu’adhérence, Le feu qui augmente le volume de chagve molécule, puifqu'il lui fair occuper plus de place, qui attaque les effets de l’artraction , puifqu’il délie ce qu'elle enchaîne, a encore la propriété d’accroîtré la fphère d'activité par laquelle les molécules établiffent des relations entr'elles, car il ferr de véhicule à Junion & à la combinaifon de beaucoup de fubftances inadtives fans lui , mais qui par fon concours fe lient entr'elles. C'eft ainfi que des matières pulvérulentes après être deventies fluides peuvent conftituer un corps folide par la diffipation de la chaleur qui y a rétabli les rapports d'attraction. Depuis long-tems on a comparé les effers du feu à une diffolution ; fans difcutér l'exactitude de. cette comparaifon , je m'en fervirai pour arriver plus promptement à l’explicarion que je cherche. La diflolution dans l'acception ordinaire eft l'acte d'union d’un corps folide avec un fluide quelconque qui le fait participer à fa fluidité ; ce uine peut s'opérer qu'autant que les molécules intégranres du corps folide font follicitées à s'unir à celles du fluide par une force plus grande que celle qui les lie entr'elles. On doit remarquer dans cette alliance des effets permanens, ou des eflets inflantan s, qui donnent lieu à faire une diftind@ion dans la manière dont agiflent les diffolvans. Le diffolvant peut s'aflocier à la molécule du folide telle qu’elle eft confti- tuée , fans produire fur elle d'autre changement que celui que néceflite fa préfence, fans exiger d'autre facrifice que celui de fon agrégation, & en lui imprimant feulement une forme différente qui lui permet de fe mouvoir librement ; il fembleroit qu'il fe borne à l'envelopper ; il peut fe féparer d'elle fans beaucoup de dificultés, en la laiflant dans le même état $& avec les mêmes propriétés qu'auparavant, C’eft ainfi que l’eau diflout les fels, & après cette opération elle Îes laifle dans un état de compofition fi parfaitement femblable à celui où elle les a pris, qu'on pourroit croire qu’elle n’a fait que s'entremettre dans leurs molécules, qu’elle A: VUE LORS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 qu'elle les a portées & foutenues par la feule réfiftance que le frottement oppofoit à leur précipitation, fi on ne voyoit pas que l'agrégation ne peut céder qu'à l'empire d’une affinité plus puiflante, & fi on re re-onnoifloit dans le degré de majeure fixité qu’acquiert le diflolvant , le caractère de la véritable union chimique. On a diftingué par le nom de folution ce genre de diflolurion , fans toujours Le bien définir; je ne le confidérerai moi-même dorénavant que par fes effets, & faifant abftrattion des caufes par lefquelles il agit, je ne le regarderai que comme un moyen d'attaquer l'agrégation des corps fans changer leur compofition , que comme une efpèce d'agent mécanique qui défunit les molécules intégrantes. IL eft pour la diflolution ane autre modification dans iaquelle l'af- aité paroît produire une pénétration plus intime , un effer plus perma- nent. Le difflolvant attaque le corps folide dans fa compoñition elle- mème. Car non-feulement il altère l'agrégation , mais il change la confti- tution de fa molécule, foir en fe combinant avec elle d’une manière ferme & ftable, foit en obligeant à la fuite une des fubftances qui s’y trouvoient & à laquelle il fe fubftitue. IL en naît des molécules nouvelles qui n'ont plus ni les mêmes formes ni les mêmes propriétés, & qui ne font plus fufceptibles de reprendre le même genre d’agrégation ; & fi par la difipation d'une partie du menftrue elles peuvent repañler à l’état folide , ce n’eft plus le même corps qu’elles préfentent. C’eft à cette manière d'agir (qui eft celle des acides fur des bafes quelconques) que Von a particulièrement attaché l’idée d’une vraie difflolation. Quelques diffolvans commencent par rompre l'agrégation avant de parvenir à agir fur la compofition ; d’autres attaquant la'compofition elle-même, arrivent à détruire fucceflivement l’agrégation ; mais il eft important de remarquer que s'ils peuvent rompre l'agrégation fans changer la compofition ,ilsne fauroient attenter à celle-ci,c'eft-à-dire, à la conftitution de la molécule intégrante , fans déranger fon agrésation. Les mêmes effets s’obfervent à-peu-près dans l'aétion du feu lorfqu'il procure la Auidité des corps folides, & on peut faire les mêmes dif- tinétions dans les efpèces de diflolurion qu'il opère. On pourroit dire, par exemple , qu'il rend fluides les métaux par une fimple folution & qu'il agit fur eux comme l'eau fur les pierres (1): Car il attaque & (x) Si Peau n’agit fur les {els qu’à la faveur d’une portion de ce même fluide déjà placé dans leur compofition , je ne doute pas que le feu opérant d’une manière fem- blable für les métaux ne foit également favorifé par une fubftance analogue à lui combinée avec eux, qui le retient à {on païñlage & le force lui-même à une combinai- fon momentanée; ce qui nous ramène à ce phlogiftique f décr'é aujourd’hui, & qu’on ne méconnoit peut-être que parce que fans rien laiffler qui rappelle fon fourenir, il cede fa place à un hôte étranger auquel, à caufe de fa nouveauté , on fe plait à faire tous les honneurs, fans nénfer à la fubftance que fà préfence a chaflée, Tome XL, Part, I, 1702. MAI. < F££ C QAR CE ad iaRte bit. À Le à. 1% < + »* 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, relâche leur agrégation fans toucher à leur compoftion; & par la difipation du degré de chaleur qui avoit écarté leurs molécules au point de fe mouvoir, ils reprennent leur folidité & routes leurs pro- priétés antérieures, Îl peut aufli les attaquer dans leur compofition, foit en leur arrachant une fubftance qui leur appartiendroit effentiellement & l'emportant avec lui, foit en ouvrant & préparant une place pour l'admiffion d'une fubftance étrangère. Mais alors le corps qui redevient folide n’eft plus le métal, c'eft un être nouveau qui n'a plus Les propriétés de l’ancien. La litharge & le verre de plomb ne reffemblent pas plus au métal qui leur fere de bafe, que le nitrate calcaire ne reffenible à la pierre qui y eft diffoute. Mais ils font en petit nombre les corps que le feu peut attaquer fucceflivement dans leur agrégation & dans leur compo- ftion ; la plupart des autres lui réfifteroient complettement par la feule énergie de l'agrégation , s'il ne les artaquoit en même-tems dans leur compofition. La forte agrégation des pierres ne céderoit jamais à fon action ; jamais il ne les rendroit Auides, fi le feu cel que nous l’employons & de la feule manière dont nous pouvons le faire agir (1), ne portoit pas quelques modifications dans leur compofition , s'il ne néceflitoit pas quelque changement conftant dans la figure de la molécule intégrante, qui relâchât ou détruisit fon agrégation. Voilà pourquoi la fufon des pierres ne peut avoir lieu fans une vitrification , c’eft-à-dire, fans un changement fimultané dans la compofition & dans l'agrégation qui fous ce double rapport donne au corps une exiftence nouvelle. Ce change= ment dans la compofition arrive ou par la diffipation d’une fubftance, ou par l’'admiflion d’une autre , ou par une combinaifon plus intime de celles qui y font déjà, ou par un changement dans l'ordre qu’elles obfervent oo (x) Je dis Ze feu rel que nous l’employons poux diftinguer le feu naturel des volcans, du feu de nos fourneaux & de celui de nos chalumeaux. Nous fommes obligés de donner une grande a@ivité à fon ation pour fuppléer & au volume qui ne féroit pas à notre difpofition & au tems que nous fommes forcés de ménager , & cette manière d'appliquer une chaleur très-aétive communique le mouvement & le défordre jufques dans les molécules cenftituantes. Agrégation & compoñtion, tout eft troublé, Dans les volcans la grande mafle du feu fupolte à fon intenfité , le tems remplace fon aëtivité, de manière qu’il tourmente moins les corps foumis à fon a@tion ; il ménage leur compofition en relächant leur agrégation , & les pierres qui ont été rendues fluides par l’embrafement volcanique peuvent reprendre leur état primitif; la plupart des fabftances qu'un feu plus a@if avroit expulfées y reftent encore. Voilà pourquoi les laves reffemblent tellement aux pierres naturelles des efpèces analogues, qu’elles ne peuventen étredifinguées ; voilà également pourquoilesverres volcaniques eux-mêmes renferment encore des fübflances élañiques qui les font bourfouffler lorfque nous les fondons de nouveau , & pourquoi ces verres blanchiffent auffi, pour lors , par la diffipation d’une füubflance prafle qui a réfifté à la chaleur des volcans, & que volatilife la chaleur par Jlaqueile nous obrenons leur feconde fufon, : VS A RAS SRE GE, À Ag : À Ft . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 entr'elles, ou.par le sapprochement & l'alliance de celles qui n'étoient que mélangées. Tous les procédés de la vitrification ne tendent qu'à hârer & à faciliter cette neuvelle compofrion des molécules intégrantes. J1 paroïr que dans cette opération l'agitation du fluide ignée mettant les molécules conftituantes dans un certain défordre fait perdre aux molé- cules intégrantes les formes fimples qui leur perimettoient un rappro= chement plus! exact pour/leur donner.une forme polièdre irrégulière ou arrondie qui rend les points de contaét plus rares, fans cependant les : fortir de la fphère: d'attraction ; car la figure globulaire,a cet avantage fur les formes polièdres jes plus fimples de ne préfenter aucun point de contad qui foit trop éloigné du centre de gravité, comme de ne point en donner qui foit tellement rapproché que l'énergie de l'attraction en foit fort augmentée. Auf Les pierres vitrifiées font-elles pour la plupart moins dures, moins pefantes & plus facilement décompofables qu'avant d'avoir fubi cette modification de la chaleur, Dé Ja manière dont Le feu agit fur les pierres ; il s'enfuit qu’une pierre fimple ne peut pas être vitrifiée, parce que Le feu ne peut pas ôter à une : molécule fimple une forme qui eft de fon effence, & qu'une terre élé- mentaire parfaitement fimple ne peut pas être fondue , parce que fes angles éloignent trop les contacts du centre de gravité & s’oppolent au mouvement de rotation qu’exige la fnidité. L'expérience eft parfaitement d'accord avec ma théorie. C’eft par la même raifon qu’une pierre com pofée eft d'autant moins fufible que fa conftitution eft plus folide, que la combinaifon des différentes matières eft enchaînée par des affinités - plus actives, qu’elles contiennent moins de fubftances fur lefquelles le feu aic une action particulière (telles que le fer), qu’elles n’en ren ferment aucunes auxquelles la chaleur puifle donner une élafticité qui la faifant déloger troubleroit l’ordre précédent. Voilà pourquoi les gemmes réfiftent d'autant plus à la fufñon & à la vitrification, qu’elles font plus parfaites ; & dans celles dites orientales l'énergie des affinités eft telle que la molécule compofée repréfente une molécule fimple par la réfiftance prodigieufe qu’elle eppofe à l'action de la chaleur contre tout changement dans fa modification ; Ja folidité de leur. compofcion arrête ainfi tout changement dans lagrégation, par cela feul qu’elle s’oppofe à cet arrondiflement de la molécule, néceflaire pour la déplacer fans la féparer entièrement, & néceflaire écalement pour rapprocher par Ja fufion ces mêmes molécules lorfque l'agrégation a été rompue ; car les gemmes réduites en poudre réfiftent autant à la fufion & par la même raifon qui retarde la vitrification de celles que lon préfente en mafle à l'actien du feu. La fuite au mois prochain, Tome XL, Part. I. 1792. MAI. Fff2 du ENS APS LE NE RE da LS 404 OBSERVATIONS SUR LA Le PHYSIQUE, (rene te vu. LETTRE D'EM\YDE" LUE; A M DELAMÉTHERIE, Contenant des Notices fur le Quadrupède figuré dans ce Journal, Cahier de Février. Windr , le 18 Avril 1792e Mowsizur, Je vous envoie la réponfe du doéteur SMITH , à qui j'avois témoigné votre defir de favoir fon opinion & celle de M. PENNANT, fur le nouveau quadrupède, venu dans ce pays-ci fous le nom de Lion-monfler, & dont vous avez donné une defcription dans votre cahier de février dernier. « Je fuis fort fenfible (me dit-il ) à l'honneur que me fait M. DELA= MÉTHERIE, en témoignant quelque defir de favoir mon opinion fur cet animal. Quant à.la fgure, il a été très-bien repréfenté par M. Charles CATTON , dans fon ouvrage intitulé: Figures of Animals Dracon from Nature, où il le nomme animal de l’efpéce urfine, & dit qu'il vient de Parna en Bengale (& non d’Afrique ). Malheureu- fement les f£gures ne font pas numérotées , ainli je ne puis indiquer celles-là dans l’ouvrage. La plupart des figures de M. CATTON font excellentes , & en particulier celles de ce quadrupède ; mais fa defcription n’eft pas fyftématique : l’aureur remarque feulement avec raifon, que la fourrure de cet animal eft d'une épaifleur bien étonnante , pour venir des pays chauds. > Mon ami le docteur SHAw (du Bricish-Mufeum) l'un de nos plus habiles zoolooiftes , a donné la defcriprion fyftématique de ce même animal au N°. 19 (PI. 58 & 59 ) du Naruraliffs Micellany , dans laquelle , de concert avec M. PENNANT, il le rapporte au‘genre du Bradypus , lé nommant Bradypus -urfinus , & définifflanc fon caractère fpécifique , Bradypus niger, hirfutiffimus , nafo elongato nudo. Les figures du docteur SHAW font copiées de celles de M. CATTON , mais elles fonc coloriées d’après nature. » Vous ayant donné l'opinion de ces deux naturaliftes, la mienne eft de petite importance ; cependant j'ajouterai , que j'ai eu la même opinion, d'après l'examen répété de cet animal. C'eft un vrai Bradypus par toute fa ftructure , mais prigcipalement par les dems Er À dsl EE si AU ANSE NN EPS Dr ir A a Fa ER 2 Lt : ASS ‘ : Fa | € A z SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40$ » & les griffes : il appartient aufli à ce genre , par fa préférence pour » la nourriture végétale , & par la douceur de fon caraétère & de fon > allure ; feulement il a plus d’activité que les autres efpèces de fon > genre. Îl n’a aucun rapport quelconque avec l'Ours ou le Blaireau , » que par ce que LINNÉ nômme habitus; & à cet égard même, il a » un plus grand rapport avec le Bradypus tridaéilus, » Je fouhaite que ces éclairciffemens puiflent être de quelqu'utilité » à M. DELAMÉTHERIE , & j'y ajouterai feulement , que J'appris hier » de M. PENNANT , que dans la nouvelle édition de fon Hiflosre des > Quadrupèdes , il donnera une plus ample defcription du &radypus » urfinus, fur lequel au refte notre opinion eft abfolument la même, 2 J'apprends dans ce moment, qu'il y a beaucoup d'incertitude fur æ le pays natal de ce quadrupède ; je ne puis m'aflurer d'aucune manière » quil vienne réellement du Bengale » (1). NOUVELLES LITTÉRAIRES. Mar UEL du Citoyen armé de Piques , ou Infruéion raifonnée fur Les divers moyens de perfeëtionner l'ufage de la fabrication des Piques : renfermant un précis du maniement & de l’ufage de certe Arme, brochure in-8°. avec deux grandes Planches en taille-douce ; par un Militaire ami de la Liberté. Prix, 20 fols broché, & 25 fols franc de port par la pofle. À Paris, chez Buiflon , Libraire, rue Haute- Feuille, N°. 20. ; Quoiqu'un honnête homme ne puifle approuver le motif de ceux qui ont fait fabriquer les piques, puifqu'on a eu évidemment les intentions d’armer les citoyens les uns contre les autres, des militaires fe font occupés à rechercher l’ufage qu'on pourroit tirer de cette arme dans les combats. Ils n’ont pas détruit Les objetions qu'on a faites & {ur- tout Polybe, à la phalange macédonienne armée de piques & compofée (x) J'ai trouvé à la Bibliothèque publique les ouvrages de MM. Catton & Shaw, dont parle M. Smith , à qui je fais bien des remerciemens des éclaircifflemens qu’il m'a communiqués, ainfi qu’à M. de Luc. Les figures que ces ouvrages donnent de cet animal différant peu de-celle quieft dans le cahier de ce Journal, je n’ai pas dû le faire graver de nouveau. La feule différence remarquable eft qu'ils ne difent pas que Janimal ait de boffes fur le dos. Point de dents incifives. Deux canines à chaque mäcloires Trois dents molaïres de chaque côté de la mâchoire fupérieure. Ala mâchoire inférieure fix dents molaires de chaque côté, Noe de J, €, Dela- metherie, ù : 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des plus braves militaires & les mieux exercés. A ces objettions fe joignent celles tirées de l'artillerie moderne, Farit Les piques n'auront donc jamais d'autre avantage que celui qu'ont eu en vue leurs auteurs , de fournir contre la Garde-Nationale , c’eft-à-dire, les citoyens, une arme facile à fabriquer, à ceux qui ne font pas dans cette Garde-Nationale, lefquels il efl roujours {1 facile à un intrigant d’égarer & de conduire à fon gré, comme l'expérience-de tous Les fiècles & de toutes les nations le prouve. Cette clafle précieufé de citoyens ne peut jamais avoir aflez de connoiflances , la fortune ne lui permettant pas de foigner fon éducation. Ce fur certe clafle que les Gracques mirent en mouvement, & dont fe fervirent enfuire les Marius , les Sylla , les Céfar , les Antoine, &c. &c. pour amener le defpotifme le plus effroyable fous lequel ait jamais gémi le genre humain. Les mêmes dangers menacent la France aujourd’hui. Notre Confti- tution avoit armé tous Les citoyens fous le nom de Garde-lVationale pour défendre la liberté. Nos nouveaux Gracques voulant rénverfer cette Conftitution, & trouvant une réfiftance invincible dans cette Garde- Nationale, qui fidèle à fon ferment veut Le maintien de la Conftitution , . cherchent des Forces à lui oppofer. On leur a vu ( & le maire de Paris à la tête, chofe inconcevable) demander de rétablir le réginient des Gardes-Françoifes dont le patriotifme dans leur fens eft, dit-on, afluré; (ils fe trompent) & cela pour former un noyau de troupes réglées: qui ferviroient d'appui aux piquiers contre la Garde-Nationale. . . . Hélas ! les hommes feront toujours hommes. Les intrigans animés du plus vil égoïfme , confpireront toujours contre le bonheur du genre humain. Nature, nature! tu n'as pas fait les hommes pour être heureux. Peuples, peuples ! profitez de notre exemple. ; L'Horloge du Laboureur, où Méthode trés-facile de connoftre l'heure de la nuit à L'afpeë& des Etoiles , dédié à M, GERARD , Dépuié à l'Affemblée-Natiorale. À Paris, chez Pellier, Imprimeur, rue des Prouvaires, N°. 61, in-4°. de 12 pages, avec deux cartesicéleftes. L'auteur a cherché à faciliter l'étude des étoiles aux laboureurs, Il lie les principales étoiles par des lignes droites à la manière de M. Ruelle, & ilindique le paflage des principales au méridien à dix heures du foir, our tous les jours de l’année. On ne peut qu'applaudir aux vues de l'auteur. Rien de fi néceflaire que d’inftruire le peuple fur-tout dans ce moment. Analy fe du Syfléme abforbant ou lymphatique ; par B. DESGENETHS , D. M. Membre henoraire de la Socièté de Médecine de Londres, des Académies de Rome, de Bologne, de Florence, des Sciences des an ne ss JT ne fer rie A Le ns _ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 Cortonne & de la Société Royale des Sciences de Montpellier. A Paris, de l'Imprimerie de Didot , un petit vol. 37-12. Nous ferons connoître plus amplement cet Ouvrage, Manuel du Minéralogifle, ou Sciagraphie dû Règne minéral, diflribué d'après l'Analyfe chimique ; par M. TORBERN BERGMANN, Chevalier de l'Ordre de Vafa, &c, mis au jour par M, FERgER , traduite & augmentée de Notes, par M. MONG+xz le jeune , Chanoëine Répulier de Sainte Geneviève, Auteur du Jourral de Phyfique, & Membre de plufieurs Académies. Nouvelle édition ,- par J,C, DELAMÉTHERIE. À Paris, chez Cuchet, Libraire, rue & hôtel Serpente , 2 vol. ë2-8°. J'ai divifé la Minéralogie en neufclafes: 1°. airs; 2°, eaux ; 3°. foufre, phofphore ; 4°. métaux ; 5°. acides; 6°, alkalis; 7°. terres; 8°. fels neutres , alkalins, métalliques, pierreux ou pierres; 0°. foffiles. Voyage dans les Départemens de la France, enrichi de Tableaux géographiques & d'Eflampes. Premier Cahier, Département de Paris. Second Cahier, Département de Seine & Oife , in-8°. 1792, Prix de chaque Cahier , $o fols à Paris, 3 liv, franc de port. Chez Brion, Definateur , rue de Vaugirard , N°. 08, près le Théâtre François ; & chez Buiflon , rue Haute-Feuille; Defenne , au Palais-Royal. Le plan de cet Ouvrage eft également intéreffant pour les François & les Etrangers; la defcription de deux Départemens que nous annoncons , nous a paru bien faite ; le ftyle en eft rapide & foigné ; les deffins & les gravures font faits avec beaucoup de goût, & ne peuvent que faire honneur à l'artifte, 3 Prix propofes par l Académie de Marfèille dans fa féance publique du Mercredi 18 Avril 1792. Pour l’année 1793. Premier Prix. Si la Provence fournit une grande variété de terres propres à faire de la porcelaine, de la fayence & toutes fortes de poteries ? Second Prix, Quelles font les plantes indigènes au terroir de Marfeille, & jufqu'à quel point on doit Les préférer aux exotiques dans les ufages médicinaux ? Troifiéème Prix, Quelles font les mines métalliques que la Provence renferme > & défigner celles qui peuvent être exploitées avec avantage ? Pour l’année 1794. Indiquer les moyens les plus sûrs & Les plus économiques pour le PEL LNLRRE an ram A RE TT 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6e: defféchement des étangs & des marais dans Le département des Bouches du Rhône. Pour l’année 1795. Quelles font les fubftances végétales qui peuvent fournir l’amidon tel qu'on le retire du froment & avec plus d'économie ? Pour l'année 1796. Quels font les infectes ie naïflent au Glace de Marfeille? Les Mémoires doivent être adreflés francs de port au fecfétaire perpétuel de l’Académie ;‘avant Le 15 janvier de l’année pour laquelle les fujets ont été propolfés, Te rix eft une médaille d’or de la valeur de } Prop P 300 liv. pour chacun des Mémoires qui feront couronnés. T' AB. LE Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: Ex POSITION des principes d'où découle la propriété qu'ont les Pointes pour recevoir & émettre à de grandes diflances la matière éleétrique. Caufes qui peuvent concourir à établir des differences remarquables dans leurs diflances explofives ; par M. CHAPPE, + page 329 Mémoire de M, GMELIN , Profeffeur à Gottingue, fur l'alliage du régule de Cobalt avec le Plomb par la fufion, 332 Nouvelle théorie [ur la formation des Filons métalliques , extraite de l'Ouvrage de M. WERNER , à Freyberg, portant le même titre, 334 Suite de la “déclinaifon Eds varrens de l'Aipuille aimantée, obfèrvées à l'Obfervatoire Royal de Paris , depuis l'an 1667 jufqu'à 1791: de l'influence de l'Equinoxe du Prinrems , & du Solflice d'Eté, Jur la.marche de Aiguille ; par M, Cassinr, 340 Vingt-deuxième Lettre de M. DE Luc, à M. DFLAMÉTHERIE: Remarques fur différentes Origines particulières dans les Phénomènes géologiques 3 352 Extrait des Obfervations météorologiques faites à Montmorency , par ordre du Roï, pendant le mois d'Avril 1792; par Le P. COTTE, Prêtre de l'Oratoire, Curé de Montmorency , Membre de plufieurs Académies, 37 o Suite du Mémoire Jur les Pierres compofées & fur les Roches ; par le Commandeur DÉODAT DE DoLomtEu, 372 Lertre de M. De Luc, à M. DELAMÉTHERE , contenant des Notices fur le Quadrupéde figuré dans ce Journal, cahier de Février, 404 Nouvelles Livtéraires, .. 40$ sem DR se ne evenirense en oh mere mine De à MUR amener um à DOAUE ADà L D NR 82 À DE 2 À OUR Mme Dune pet oo mnt a ee ë x 0 | = $ / k : 27 Janvier 1789. 20 MAIS 20 Jui 20 Mars 1785 20 JL - RE EE mm 1 1 JOURNAL DE PHYSIQUE. | | FEU D (e D 0 ASF REEE— AIS; ) MÉMOIRE Sur la nature des Sulfures alkalins ou foies de Soufre ; Par MM.DE1MAN,PAETS VAN TroosTwvKk,NIEUWLAND & BonDT (1). “ On connoît depuis long-tems les combinaifons du foufre avec diverfes fubitances, qu'on eft convenu de défigner en général par le nom de fulfures ou de fotes de foufre ; on a découvert quelques propriétés très-remarquables de quelques-unes de ces combinaifons , fur-tout des fulfures méralliques & des fulfures alkalins, genre auquel on peut rapporter aufli les combinaifons du foufre avec la chaux, la baryre & la magnélie. Telles font, par exemple, la décompofition de l'air atmofphérique par le moyen de ces derniers fulfures & du fulfure de fer, quand on les place dans quelqu’air en contact avec de l’eau, & la production d’un gaz particulier féride qu'on en obtient dans quelques occafions. Mais en comparant ces différens faits, il nous a paru qu’on n’avoit pas réufli, jufqu'à préfent, à les lier enfemble pat une théorie complette & fondée fur des expériences exactes, 77 Cette confidération , jointe à celle du jour, qu'une connoifflance plus approfondie de la nature des fulfures & de leur affinité avec l’eau pourroit répandre fur la décompolition de cette dernière dans plufieurs circonftances, & fur différens points de la Phyfique générale , nous a engagés d’en faire un des objets de nos recherches. Nous nous fommes donc propofé de répéter les expériences, dont toutes les circonftinces ne paroifloient pas conftatées avec aflez d'exactirude , d'en faire de nouvelles pour fervir ou de liaifon ou de fupplément à celles qu'on avoit déjà faites, & de tirer des unes & des autres quelques réfultats généraux ne A UE LE © M LATE a 1 E AVES: LOU EN CENT (1) Nore des Auteurs. Ce Mémoire eft le fruit d’un cours affidu de recherches phyfico-chimiques ;que nous venons d'entreprendre enfemble , & dont nous nous propofons de prélenter de tems en tems les réfultats au public. Tome XL, Part. 1, 1792. JUIN. G vo D à & sio OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour éclaircir la nature & l'aion de ces combinaifons, Nous nou borverons pour le wréfenc à cette partie de nos recherches , qui regarde P F »q 8 les fulfures alkalins. I. On ne peut pas douter que le foufre n’entre en combinaifon vraie & intime avec Les alkalis, la Chaux, &c. où s’en convaincre, on n’a qu'à remarquer, que le corps compofé, qui en réfulte, eft doté de plufieurs propriétés dont le foutre & les alkalis ne jouiffenc pas étant feuls. Celle qui eft la plus conrue, & qui par-là a obtenu en premier lieu notre attention , eft la faculté de décempofer, & de oâter, eft ainfi qu'on a coutume de s'exprimer, l'air de l'armofphère, Dans les expériences qu'on a faites à cet égard , on a prefque toujours employé des fulfures ou liquides , ou plus où moins humectés , ou enfin placés dans des circonf- tances où ils pouvoient attirer de l’eau. Nous avons foupçonné que cette circonftance pourroit bien influer fur les phénomènes oblervés ; & nous avons tenté d'éclaircir ce point par les expériences fuivantes, Nous avons pris deux quantités écales de fulfure de carbonate de potafle au moment où il véfoit d’être fair, & avant qu’il füt enrière- menc refioidi ; nous les avons enfermées dans des volumes égaux d'air atmofphérique ; l'une fur du mercure , l’autre fur de l’eau : nous n'avons ob'eivé aucune diminution dans la première; dans l’autre cette diminution fe fi: déjà remarquer le jour fuivant : enfin, après avoir laïflé ces airs renferumés pendant dix jours , nous en examinames les réfidus au moyen de l'eudiomètre de Fontana, & nous trouvâmes les rapports fuivans : Deux mefures de Pair atmofphérique marquèrent avec la première de gaz nitreuxX. ..s.sssesssesessetasese 1,93 Avec la feconde ........,. ou, .sssessscsee : 2,14 Deux mefures de l'air du fulfure , qui avoit é.é renfermé fur du mercure avec la première de gaz nitreux . ..,..,..... 1,95 Bvecrlafeconde ste "Re sen CU Men der ele e ONTE Deux mefures de l'air du fulfure, qui avoit été renfermé fur de l'eau , marquèrent avec la première de gaz nitreux. . ..... 3,Cca Avec !la feconde Se CN SL ER SL 200 Une autre fois, la rempérarure étant plus froide , nous avons renfermé fur de l’eau une certaine quantité du même fulfure . qui avoit éré confervé dans une bouteille bien fermée. Comme à cette température l’'évapora- tion de l’eau eft rrep foible pour qu’elle, puifle fournir au fulfure l'humi- dité dontil a befoin, celui-ci n’exerça d'abord aucune action fur l'air; mais l’ayant un peu humeété d'eau, il fit diminuer le volume d’air de la manière ordinaire. Nous avons pris du fulfure de baryre. quiavoit été fait depuis deux ou trois jours; nous l'avons renfermé dans de l'air atmoiphérique [ur du | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41 mercure. Après l'y avoir laïflé pendant dix jours , non-feulement l'air n’avoit fubi aucune diminution fenfible ; mais examiné eudiométrique- ment, il prélenta prefqu'entièrement les mêmes phénoniènes que l’air atmolphérique, pris au même inftant & confervé pendant le tems indiqué. Deux mefures d'air du fulfure marquèrent avec [a première nr dbz HIER 20 2e ee ee us ose 2,20 RENTE ARR RO REPOS DOI RME NE Deux melures d'air atmofphérique marquèrent avec la prémiere mefure se Mere 0 RE NT eue de coco 192 ARVEC AT CONU RES ee rere ete eme a eiele rs el ele ae DE 2 AIS IL faut fans doute attribuer la petite différence qui a lieu ici, à ce que le fulfure employé dans cette expérience n'avoit pas été fait fur le champ, ou à ce que l'air tenoit un peu d’hurmidité en diffolution. En renfermant du falfure de baryte fec, fair fur le champ, dans de l'air atmofphérique fur l’eau, cette circonftance fufft pour que l’air diminue de volime & perde tout fon oxigène en peu de jours. L’attraction que le fulfure de baryre exerce fur l’oxigène de l'ait atmofphérique , eft beaucoup augmentée en bumeëtant ce fulfure immé- diatement. C'eft ce que nous avons conftaté en ajoutant un peu d’eau au fulfure de baryte faic fur le champ, & en le plaçant enfüuite dans de l'air renfermé fur de l’eau. Au moment même, qu'il fe trouvoit en contact avec l'eau, nous obfervämes un dégagement confidérable de calorique , qui chafloit même un peu d'air hors de la cloche, pendant qu’on étoit occupé à y introduire ce fulfure. Dans peu d'heures il y avoit une différence eudiométrique très confidérable , & un jour après le refte ne fubi oit plus aucune diminution de volume par le moyen du gaz nitreux. Afin de ne laifler aucun doute fur ce que l'attraction de l’oxigène fe fait par le moyen de l’eau, qui fe trouve combinée avec les fulfures dans les expériences mentionnées, nous avons pris le même fulfure que nous avions employé pour la première expérience , nous y avons mêlé un peu d'eau, & nous l'avons expofé de nouveau à l'air atmofphérique, Ce fulfüre, qui étant fec n'avoir en aucune aétion fur l'air pendant dix jours , le priva maintenant fi compietement de fon oxigère d ns l'efpace de deux jours, que le reffe n’éroit piu fufceprible d'aucune diminution, Nous n'avons pas cru néceflaire de répéter ces expériences fur les fulfures fecs de foude , de chaux & de magnéfe: elles ne pourroient, à caufe de leur analogie avec ceux de potafle & de baryre, qu'offrir les mêmes réfulrats. Pour celui d'ammoniaque, qu'on obtient ordinairement fous forme liquide , & pour les autres fulfures, quand ils fe trouvent dans cet état, il eft clair qu'ils ne peuvent pas fervir à des expériences pour confirmer la théorie en queftion. Tome XL, Part. I, 1792. JUIN. Ggyzg2 412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Nous ajouterons feulement aux expériences précédentes , qu'ayant expofé des fulfures alkalins au gaz nitreux, nous avons trouvé que la décompoliion de celui-ci eft analogue à celle de l'air atmofphérique, Les fulfures fecs n’exercent aucune action ferfible fur ce gaz; mais il eft décompolé, dès qu’on ajoute de l’eau au fulfure , & le refte eft du gaz azo'e. Nous croyons pouvoir inférer de ces expériences la conclufion fui- vante: favoir, que l'attraction que les fulfures alkalins paroiflent exercer fur l'oxigène de larmofphère , tient à la préfence de l'eau, qui s’y trouve plus ou moins mêlée. On fent d’abord, combien cette réflexion, étoit propre à répandre du jour fur leur nature & leurs propriétés. Il s'agifloit donc d’examiner plus en détail quelle feroit l'influence de l’eau, & de quelle manière l'air atmofphérique auroit été décompofé dans Les ExpÉ= tieuces que nous ayons décrites. IT: Si nouscomparons les faits, que nous venons d'indiquer , & que nous croyons avoir examinés les premiers exactement , avec un autre fair, connu depuis long-tems; favoir , que les fulfures donnent dans d’autres circorftances un gazsinflammable ,'qui ne peut tirer fon origine que de Veau, il le préfenroit naturellement l’idée , que l'attraction du füulture fur l'oxigène s'exerce, non pas direétement, come on l’a cru jufqu'à préfent, fur celui de ’armofphère , mais fur celui de l'eau, & que cette eau eft décompotte par les fulfures. 11 s'agifleir donc d'examiner où fe porte cet oxisène,& ce que devient l’autre principe, l'hydrouène. Pour nous éclaircir fur ce point, il éroit néceflaire de préfenter l'eau au fuifüure au moment où il fe forme, & fans qu'il fe trouve à même d'atriter l'axigène de l’atmofphère. Dans cette vue nous avons fait d'abord lPexpérience fuivante. FA Nous mîmes un peu de foufre mêlé d’un peu dé carbonate de potaffe dans un tube de verre, à l’un des bou’s duquel étroit attaché un+«petit matras de verre contenant de l’eau, & À l’autre un tuyau recourbé, qui donnoit dans une cuve à éau. Le tube fur placé fur des charbons, de forte que le mélange fe chauffa forrement & que le foufre fe montra fous forme de vapeur dans le tube. En même-tems nous fîmes pafler à travers du tube la vapeur de l’eau , qui bouilloit dans le matras. Cette vapeur, en cheffant l'air du tube , fe trouvoit dorc à même de fe décompofer par le. contact du fulfure qui venait de fe former en mêmé- teme. Âu commencement de l’opérarion il ne fe développoir que le oaz acide carbonique du carbonate de porafle, mais dans la fuire ce gaz fe trouvoit mêlé de plus en plus à du gaz hydrogène fulfüré : à la fin nous n’obtinmes que ce dernier gaz. L'eau fur laquelle nous le recueillimes, s’en chargea en partie & prit une couleur brune ; il y nagea des parcelles} 3 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 de foufre ; enfin, elle avoit non-feulemenr l'extérieur , mais éncore le goût d'eaux fulfureufes. Le mélange dans le tube avoit pris tous les caradères d’un fulfure cauftique. Comme il étoit parfaitement fec , l’eau ayant paflé fous forme de vapeur ; il n'exbala aucune odeur fétide. Le gaz hydrogène fulfuré recueilli pendant l'expérience indiqua qu'il y avoit eu décompoñtion de l'eau. Pour examiner fi l'oxipène vni au foufré- avoir formé avec la potaffle un fulfate | nous diflolsâmes ce fulfüre dans l’eau , & nous y ajoutâmes de l'acide muriatique ( dont nous nous érions aflurés , qu'il éroit bien pur & fans acide fulfurique,) afin de précipiter le foufre & de faturer la potafle, Ayant enfuite filtré la liqueur , nous y versämes un peu de muriare de baryte; & en effet la liqueur fe troubla à l'inflant & donna un précipité abondant de fuifate de baryte, É Nous aurions été très-contens-de ce réfulrar, fi nous n'avions pas eu queïque foupçon fur la pureté de notre potafle, qui contient ordinaire- ment un peu de fulfare. En effet, faturant un ‘peu de ce carbonate d'acide muriatique, & y verfant du muriate de ta:yre, il y avoit égale- j ment quelque précipité. Il falloir donc tâcher d’avoir un alkali où une terre parfaitement libre de fulfare; & nous trouvâmes que notre foude n’en contenoit abfolument rien, De plus, pour rendre l'expérience plus décifive, nous choisîmes la voie humide pour préparer le fulfure. No fimes donc bouillir de talfoude & du foufre avec de l'eau, dans un matras fermé d’un tube recourbé plongé fous le mércure , fn d'éviter tout contaét de l'air atmofphérique. Après que la liqueur avoit pris une couleur foncée & une odeur hépatique, nous féparâmes le foufre & faturâmes la foude par l'acide muriatique, & nous filcrâmes enfüite la liqueur, qui devint par Hà parfaitement claire. Nous versâmes enfüuite du . muriare de baryte, &nous la vîmes fe troubler & précipiter une quantité | confidérable du fulfare de baryre. ae | Nous avons fait paffer de la’ manière indiquée ci-deflus (pag. 412) y l'eau en vapeur à travers d'un mélange de foufre & de chaux vive; nous» 2 avons obrenu également du gaz hydrogène fulfuré, mais nous n'avons pas éxaminé le réfidu. Nous avons encore opéré de la même manière fur le foufre & la chaux, pris féparément, mais fans obteair , foir de June, foit de l’autre, aucun gaz; preuve évidente de ce que nous avoné avancé au commencement, que le fulfure de chaux, par exemple ;: eff ure vraie combinaifon chimique, dont les propriétés & les affinités différent de celles des corps qui la compofenr, : 18 5} INT. :q - L'expérience a donc démontré que l'oxigène-de l’eau fe portant {ur 1e foufre forme un fulfare avec la bafe du fuifitre, En même-réms. dans les expériences, où nous avions donné une chaleur rouge au fulfure en faifane 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pafler la vapeur d’eau, on avoit obtenu un gaz inflammable , qu'on fait être une combinailon d'hydrogène & de foufre. Ce gaz ne peut devoir fon origine qu'à l’eau, dont l'hydrogène , dégagé de fon oxigène par l'attraction du foufre , fe combine avec une aurre portion de foufre , 8 forme ainfi ce gaz. On fait-d’ailleurs , que le fulfure fec ne fournit jamais de gaz hydrogène fulfuré, mais que l'eau’ eft indifpenfablement requile pour cet effer. Afin d’éclaircir la manière dont le foufre fe combine avec l'hydro- gène, nous avons eflayé d'effeuer l'union du foufre à l'hydrogène tout formé, mais en vain; car, ayant fait pañlèr très-lentement du gaz hydrogène par un tube de verre rougi, contenant du foufre. bouitlant & réduiten vapeur, Ce gaz ne prit dans ce paflage aucune propriété du gaz hydrogène füulfuré. I brûla comme le gaz hydrogène ordinaire, & n'eut point du tout l'odeur hépatique. Il s’y manifefta ; il eft vrai, une odeur fulfureufe, mais qui n'étoit autre que l’odeur qu'exhale le foufre fondu. M. Gengembre a eu un autre réfultat en fondant du foufre fous une cloche pleine de gaz hydrogène par Les rayons du foleil raffeinblés au foyer d’une lentille (1). La différence dépend peut-être du plus grand degré de chaleur, qu’il a pu obtenir de cette manière. Quoi qu'ilen foit, notre expérience nous femble démontrer, que c’eft une circonftance, finon néceflaire , du moins très-favorable à la formation du gaz hydro- gène fulfuré, que le foufre foit préfenté à l'hydrogène au moment où celui-ci devient libre. - j : I v. Nous procédâmes enfuire à examiner les circonftances, fous lefquelles le gaz hydrogène fulfuré fe dégage des fulfures. Nos expériences nous avoient appris, qu'à une chaleur rouge ce gaz échappe quand on fait pañler fur les fulfures la vapeur de l’eau bouillante ; mais de l’autre côté il étoit clair, que Les fulfures humectés & liquides renferment ce gaz. L’on fait , qu'ordinairement on emploie les acides pour le dégager de €es fulfures: nous crûmes devoir éclaircir toutes les circonitances de cette production. Nous commençâmes à faire bouillir avec de l’eau les fulfures alkalins cauftiques , ceux de chaux, de baryte & de magnéfie; mais nous fûmes bientôt convaincus, que la chaleur de l’eau bouillante ne fuffit pas pour en dégager la moindre bulle de gaz. Les fulfures des carbonates de potaffe & de foude, traités de la même manière, en fournirent, mélé à du gaz acide carbonique ; mais pour ce qui regarde ceux-ci, nous en parlerons dans la fuite. En laiffant bouillir le fulfure jufqu’à le rendre 1 SI CCI D OR (1) Fourcroy, Elém, de Chim, tom. II , pag. 375. ni contes HS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41 parfairement fec, le gaz hydrogène fulfuré fe développeroit ; car nous. verrons , que dans cer état le fulfure ne furoit plus le tenir en diilolution. En verfant un acide fur ces mêmes fulfures cauftiques, qui avoient été: wnus pendant quelque rems en ébullition fans donner du gaz , le déga- gement du gaz eut lieu d'abord; il fur beaucoup favorifé par la chaleur. L’on fair , qu'il convient pour cer effet d'employer un acide, qui ne cède pas facilement fon oxigène, & qu'il vaut mieux pour cette railon d'étendre dans de l'eau. Nous ferons connoître en paflant la méthode dont nous nous fomnres fervis pour avoir le oaz hydrogène fulfuré parfaitement pur & avec facilité. Ayant rempli de mercure une petite cloche, nous y fîines pafler un peu de fulfure d’ammoniaque obtenu de deux parties de chaux vive , deux de muriate d'ammoniaque & une de foufre. Nous y ajoutèmes: enfuire le double d’acide fulfurique étendu dans trois parties d'eau. A l’inftanc il fe dégagea beaucoup de calorique , & il y eut une produétion confidérable de gaz, qui éteir très-pur , &, comme on voit, fans aucun: mélange d'air atmofphérique. On peut opérer de la même manière fur les autres fulfures alkalins & rerreux ; mais dans quelques-uns de ces cas il faut employer un peu de chaleur, V: L'explication de cette produdion du gaz hydrogène fulfuré ont l'origine ne peut être attribuée qu'à l’eau , & qui pourtant ne fe déve- loppe qu'au moyen des acides, a embarraflé les chimiftes; & on a éré incertain , fi les acides contribuent à fa formation, ou s'ils fervent feu- lement à le développer. JL eft vrai que le gaz hydrogène fulfuré fe diflout dans l’eau, & que c’eft en grande partie à lui, que les'eaux minérales fulfureufes doivent leur goût & leurs propriétés tant extérieures qu'inté- rieures. Mais certe diflolurion fe fait en trop petite quantité, pour pouvoir fuppofer que le gaz hydronène fulfuré n'exifte tout formé que dans l’eau’ aui fe trouve dans les fuifures, Mais en fuppolant même, que le gaz hydrogène fulfuré eft diffous dans l’eau des fulfures , rette néceflité d'ajouter ur acide au fulfure, pour en dégager ce gaz, nous embarraffe d'autant plus, qu'il eft bien conftaté , que les eaux qui tiennent ce gaz en diflolution , le laiflent échapper par la chaleur feule, Après avoir beaucoup réfléchi Jà-deflus, nous nous fommec avifés d'éprouver l'aétion des 2!kalis fur ce gaz. Faïfant donc pafler dans le gaz hydrogène fulfuré ; renfcimé fur du mercure, de l'ammoriaque , de la poraffe & de la foude, cauftiques & liquides, le volume du gaz a été d'minué à l'inftanr , & il a été bienrôc ablorbé entièrement, L'eau de chaux l’abforba également , mais avec moins de rapidité & en moindre quanuité, 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, | Ce réfultat nous frappa d’antant plus, qu’on lit dans les excellens Elémens de Chimie de M. Fourcroy (1), « que les alkalis paroiffent » n'avoir aucune action fur le gaz hydrogène fulfuré ». La remarque, qu'on ne fauroit attribuer à l’eau des fulfures ni une abforption fi complecte & fi rapide , ni la fixité au gaz quand on applique la chaleur , nous avoit engagés à éprouver l'action des alkalis: La repro- duction du gaz abforbé, en verfant un acide dans la liqueur alkaline, qui Le tenoit en diflolution, fut une preuvesqui ne laifla l-deflus aucun doute. En effet, nous avons obtenu paré moyen à l’inftant le même volume de gaz hydrogène fulfuré qui avoit été abforbé: d’où il fuit encore, que ce gaz n'eft pas décompofé par les alkalis qui le diffolvenr. Ces expériences nous fournirent de nouvelles lumières fur la manière dont les acides agiflent en dégageant le gaz hydrogène fulfuré des fulfures alkalins, & en général fur la nature des fulfures humides. La diflolubilité de ce gaz dans les alkalis, propriété que nous croyons avoir ‘découverte les premiers , démontre que les acides , par leur plus grande affinité avec les alkalis & les bafes rerreufes des fulfures, ne font autre ‘chofe que déplacer le gaz hydrogène fulfuré de la combinaifon où il fe trouve fixé. Voici donc l’explgation vraie & complette de cette action des acides, qu’on avoit tenté en vain d’expliquer exactement en la comparant à celle que l’acide fulfurique étendu dans de l’eau exerce fur le fer (2). V I. Cette action des alkalis fur le gaz hydrogène fulfuré parut aflez intéreflante , pour l’examiner dans différentes circonftances. Nous avons employé dans les expériences décrites les alkalis cauftiques ; le gaz eft également abforbé par la folution des carbonates dans l'eau , fans doute en raifon de l'aikali pur, que ces carbonates contiennent toujours plus ou moins. L'eau ne laifle pas cependant de favorifer cette folution, & dy fervir d’intermède, de même qu’elle fait dans beaucoup de cas. En effet, ayant renfermé quelques parcelles de foude cauftique sèche dans du gaz hydrogène fulfuré pendant plufieurs jours, nous n’obfervämes aucune diminution de volume ; mais y ayant fait pafler un peu d’eau, l'abforption eut lieu à l’inftanr. De mème ayant fait pañler d'abord un peu d’eau dans du gaz hydrogène fulfuré renfermé fur du mercure, il n’y avoit qu'une très-petite ablorption de gaz ; mais en y faifant monter enfuite un petit. morceau de foude, le gaz fut abforbé complettement. Dans l'un & l'autre cas le gaz reparut à l'inftant, dès que nous y ajoutions quelque a —_————#@ {)- Tome II, page 356. (2) Fourcroy, Elémens de Chimie , tom, Il , pag. 356. acides SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES. ARTS. 417 acide. Cette néceflité d'ajouter de l’eau aux alkalis, pour les mettre en état de difloudre le gaz, nous explique pourquoi dans une expérience précédente (pag.412 ) nous avions obtenu ce gaz en faifant pafler fur Le fulfure, tenu à une chaleur rouge, la vapeur d’eau, L’alkali du fulfure , D"? P refta fec dans cecas, & ne put par conféquent abforber aucun gaz. Ces expériences nous fourniffent un moyen de reconnoître le gaz hydrogène fulfuré, & de le diftinguer des autres efpèces de gaz inflam- mable, telles que le gaz hydrogène carboné & phofphoré, qui ne font pas abforbés par les alkalis, & f{ur-tout de le féparer, lorfqu'il fe trouve mêlé à quelqu'autre efpèce de gaz. VII La remarque, que Les alkalis fixes ne diffolvent le gaz hydrogène fulfuré, qu’en tant qu'ils font eux-mêmes diflous dans l’eau, nous fic naître l'idée de comparer à l’action de l’ammoniaque liquide fur ce gaz, dont nous avons rendu compte, celle qu’auroit fur lui l'ammoniaque gazeux où gaz ammoniaque, Un verre,, dont la capacité étoit divifée en deux parties égales, fut rempli à moitié de gaz ammoniaque; nous y fîmes pafler enfuite une quantité égale de gaz hydrooène fulfuré , de forte que le volume des deux gaz auroit rempli tout le verre s’ils n’avoient éprouvé aucune diminu- tion. Mais à l’inftant même de leur contact ils fubirent une diminution confidérable , il fe forma une vapeur blanche femblable à celle qu’exhale le fulfure d'ammoniaque, on obferva un dépôt de poudre noirâtre fur a furface du mercure, & le volume du mêlange des gaz n'occupa que : de DE capacité du verre. En répétant plufieurs fois cette expérience, nous avons trouvé, qu'en général deux volumes égaux de gaz ammoniaque & de gaz hydrogène fulfuré, combinés enfemble , fe réduifent à un reftant de gaz, qui eft la quatrième partie de la fomme de ces volumes. IL s’agifloit de connoître la nature de ce refte, qu’on auroit pu foupçonner êtrerle produit même de la combinaifon des deux gaz, lui-même dans un état gazeux. Dans la première des expériences que nous avons faires à cet égard, nous laifämes le réfidu du mêlange de deux parties égales de gaz hy- diogène fulfuré & de gaz ammoniaque, jufqw'a ce que toute la va- peur fe für dépofée aux parois du verre, ou plutôc fur la furface du mercure : pour plus de précaution, nous fimes encore pafler le gaz dans une autre cloche remplie de mercure bien net, de forte que le gaz fe trouvoit très-pur , comme aufli Le verre qui le contenoit. Nous, v ajoutâmes enfuite du gaz acide muriatique , qui , en même tems qu'il eft crés-propre pour fe combiner avec l’ammoniaque , n'a aucune ation fur le gaz hydrogène fulfuré, parce qu'il retient fon ,gxigène, avec beaucoup de force. Le volume des gaz diminua d'abord Tome XL, Par. I , 1792 JUIN. Hbhh 41$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & en même tems il s’y éleva des vapeurs blanches. Nous continuâmes de faire pailer du gaz acide muriatique , jufqu’au point que le volume recommença à augmenter , & qu'ainli nous étions fürs d’avoir un excès d'acide. Pour le féparer nous fimes pailer un peu d’eau; celle ci abforba à Finftant rout le gaz à une petite bulle près qui étoit de l'air commun. Il paroît donc certain que le gaz reftant dans les expériences précé- denres , n’eit que du gaz ammoniaque , & que les vapeurs blanchâtres qu'on voit naître dans cette expérience en ajoutant du gaz acide mu= riatique, ne font que du muriate d'ammoñiaque ( fel ammoniac ). Ayant fait de nouveau un mélange de parties égales de gaz hy- drogère fulfuré & de gaz ammoniaque, nous laiflâmes le réfidu dans Ja même cloche & fur la même furtace de merçure , où les gaz avoient éré mèlés, & nous fimes paffer un peu d'acide fulfurique étendu. Le volume de gaz augmenta jufqu'à remplir la moitié du verre; étant examiné il fe trouva être du gaz hydrogène fulfuré. L’acide fulfu- rique dans ce cas s'étoit combiné avec tout le gaz ammoniaque em- ployé , tant avec celui qui reftoir , qu'avec celui qui éroit entré en combinaifon avec le gaz hydrogène fulfuré. Celui-ci devroit donc re- paroître en conféquence. Cette différence, qu'il y a par rapport à la difparition & à la ré- produétion du gaz hydrogène fulfuré, dans le cas où on fait pañler le réfidu des gaz dans un autte verre für du mercure pur, & dans celui où on le laifle dans la mêine cloche où on les a mélés, fut rendue encore plus fenfible par l'expérience fuivante. Ayant fait paf fer le réfidu du mêlange de deux parties égales de gaz hydrogène fulfuré & de gaz ammoniaque dans un autre verre, & l'ayant net- toyé très-ex«ctement, nous tîmes pafler un peu d'acide fulfurique éten- du , tant dans le verre qui contenoit le gaz purifié, que dans l’autre qui ne contenoit que les dépôts formés fur les parois du verre & für la furface du mercure. Le gaz du premier fut abfarbé complétement; il éroit donc du gaz ammoniaque; dans l’autre il fe développa un volume de gaz égal à celui du gaz hydrogène fulfuré employé, & qui en effet n’étoit autre chofe que ce gaz même. Ce dernier réfuitat prouve de la manière la plus évidente que le gaz ammoniaque & le gaz hydrogène fulfuré, en fe combinant enfemble , quittent létar gazeux , & que les dépôts qu'on obferve font en effet le produit de cette combinaifon. Dans les expériences rapportées jufqu'ici nous avons fait paffer dans le verre tout à la fois un volume de gaz ammoniaque éval à celui du o2z hydrogène fulfuré employé. Dans la fuivante nous l'avons fait pafler bulle à bulle d'un petit flacon de verre à mefüure qu'il sy pro- duifoit. Au commencement on ne voyoit aucun changement dans le volume de gaz, mais il fe formoit un dépôt de poudre noirâtre fur la fürface du mercure, & l’on voyoit naître une vapeur blanche SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 & des enduits fur les, parois du vale , comme dans les expériences pré+ cédentes. On s'attendroit naturellement à voir diminuer le volume de ces gaz à mefure que ces dépôts fe forment, & il eft difficile d’expli- quer cette circonftance ( 1); mais elle n'eft pas particulière à cette combivaifon , on obferve un phénoniène analogue dans la combinaifon du gaz oxigène & du gaz,nitreux. En tout cas, cet état ftationnaire du volume des gaz mêlés n’a lieu que pour u certain tems; & en con- tinuant de faire pañler du gaz ammoniaque , nous vimes bientôt di- minuer le gaz , de forre que le verre qui en avoit été rempli n’en contenoit plus que pour + de fa capacité: enfuite il recommençoit à augmenter, Pendant ce procédé il fe forma des enduits d’une va peur ou plutôt d’une fumée blanchêtre comme à l’ordinaire. Le reftant de gaz que nous n’efflayâmes qu'après en avoir vu augmenter de nou- veau le volume , fut trouvé conftamment dans plufieurs expériences être du gaz ammoniaque. IL étoit ab{6rbé à l’inftant par l'eau , après l'ab- forption nous y fimes monter un peu d'acide fulfurique étendu , tou- jours dans la même cloche, dont les parois & le mercure étoient enduits des dépôts formés pendant l'opération. Cet acide en s'empa- rant de l’'ammoniaque , tant de celui qui étoit en combinaifon avec le gaz hydrogène fuifuré , que de celui qui éroit abforbé dans l’eau, fit reparoître le gaz hydrogène fulfuré dans fa quantité originaire, De toutes nos expériences de ce genre aucune ne nous a fourni de téfulrats fi complets que la fuivante. Ayant nettoyé & féché avec beau- coup de précaution une certaine quantité de gaz hydrogène fulfuré, nous y fimes pafler peu à peu du gaz ammoniaque produit d’un flacon en- tièrement rempli d'ammoniaque , afin. d’en exclure tout air commun, Comme à l’ordinaire il fe forma d’abord de la vapeur blanche & du dépôt, mais il fe paffa quelque tems avant qu’il y eût du changement dans le volume du gaz ; enfuire la diminution eut lieu jufqu'a faire difparoître tout le gaz à très-peu de chofe près. La produétion rapide & abondante du gaz ammoniaque nous ayant empêchés de faifir préci- fément cet inftant pour la faire cefler, nous eûmes par conféquent un excès d'ammoniaque. Nous y fimes paffer un peu d'eau qui l'abforba complétement à une très petite bulle près. Ayant faic pafler enfuite dans cette liqueur un peu d'acide fulfurique concentré , il n’y eut d’abord aucune production; mais ayant faturé d'acide l'excès d'ammoniaque ; le gaz hydrogène fulfuré fe développa” & reparut comime à l'ordinaire dans la quantité originaire. EPP | 1 OR PE (1) On pourroit l'expliquer peut-être de la manière fuivante. Le calorique, dégagé de là portion des gaz qui fe fixe, augmente le volume du gaz reflant , dort par conféquent la quantité ne paroîtra pas diminuer à l'œil , mais qui en effèt aura moins de denfité qu'il n’avoit auparavant, Tome XL, Part. I, 1792, JUIN. Hhh 2 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette expérience a donc fait voir que Le gaz hydrogène fulfuré &” le Saz ammoniaque en fe combinant enfemble quittent l’un & l’autre l'état gazeux, & forment une efpèce de fulfure ammoniacal ou au moins une combinaifon de laquelle on peut produire du gaz hydrogène ful- furé , de même que les fulfures, en ajoutant un acide. Il reftoit donc encore à examiner fi peut-être Ja chaleur feule & fans le moven d’un acide pourroit dégager du fulfure d'ammoniaque le 9az hydrogène ful- furé qui s’y trouve. Pour cet effet nous fimes bouillir un peu de fut- fure ordinaire d'ammoniaque ; & nous recueillimes le produit fur du mercure. Ce produit éroit oazeux , mais troublé & rempli d’une va- peur parfaitement, analogue à celle qu'exhale ordinairement ce {ulfure, & qui la fait nommer liqueur fumante de Boyle. Nous le partageimes en deüx parties’, dont nous rendîmes l'une parfaitement claire aù moyen de papier à filtrer , qui abforboit les vapeurs : cette partie dimi- nua ainfi à-peu-près de + Enfuite nous fimes pailer dans ce gaz, de même que. dans l’autre où l’on avoit laiflé la vapeur qui le troubloit, des quantités égales d’acide fulfurique; celui- ci ne développa aucun gaz hydrogène fulfuré du gaz tranfparent; mais il en fit reparoître une quantité confidérable de l'autre, ou plutôt des vapeurs qui s'y trouvoient. Ce réfulrat nous montra donc que la vapeur ou plutôt la fumée blan- châtre , qu'on voit s’exhaler du fulfure d’ammoniaque, ne provient que de l'union du ,gaz ammoniaque avec le gaz hydiogène fulfuré qu'il entraîne en fe volatilifant. Gette expérience nous fit voir en même tems pourquoi la chaleur feule ne füfit pas pour, dégager 14 gaz hy- drogène fulfuré du fulfure d'ammoniaque , quoique celui-ci en con- tient en grande quantité, La même expérience nous apprend encore pourquoi dans tous les cas où s’eft formée cette fumée , dont nous parlons, & qu’elle eft reftée dépofée aux parois du vale & à la fur- face du mercure, on obtient ,,en ajoutant un acide , une quantité de gaz hydrogène füulfuré égale à celle qui avoit difparu. Enfin la grande quantité de gaz hydrogène fulfnré que contient la liqueur fumante de BoyLre , la rapidité de fa produétion qui eft préfque moméntanée, & le dégagement confidérable de calorique qui l’accompagne!, peuvent fervir à expliquer l'efpèce de déronation qu'a obfervée M. Fourcroy, en verfant fur cette liqueur de l'acide fulfurique très-concentré (1). VITE Nous avons dit ci-deflus, & nous venôns de le prouver encore par Fexemple du fulfure d'ammoniaque , que les füulfures cauftiques ne donnent pas de gaz hydrooène fulfuré par la chaleur feule; qu'il faut AA RE 2 {x) Elémens de Chimie, tom, II, pag, 358, SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 421 au moins, pour l'obtenir , une chaleur beaucoup fupérieure à celle de l'eau bouillante. Mais le cas eft tout-à-fait différent pour les ful- fures de carbonate, de potafle, de foude, &c. Ayant préparé ceux- ci par la voie féche , & les ayant humectés d’un peu d'eau, nous les avons chauffés, & nous en avons obtenu une quantité aflez confidé- rable de gaz; mais ce.gaz éteignit la lumière , troubla l’eau de chaux, fut abforbé par l’ammoniaque & ne parut être d’abord que du gaz acide carbonique. La même chofe arrive, quand on verfe fur ces {ul- füres un acide un peu étendu d’eau : on en obtient dans ce cas un gaz qui eft doué des mêmes propriétés. 2 “Au commencement de ces recherches nous ne fimes abforber, par l'eau de chaux ou par l'ammoniaque , que la plus grande partie de ce gez ; croyant pouvoir féparer de cette manière le gaz acide carbo- . nique du gaz hydrogéné fulfuré, qui y feroit mélé, & d'obtenir ce- lui-ci pour refte. Mais le réfultar n'ayanr pas repondu à notre atrente à cet évärd , puifque la lumière s’éteignoit dans le réfidu tout comme auparavant, nous nous propofâmes d’eflayer avant tout fi une cer- taine quantité de gaz hydrogène fulfuré pourroit être tellement maf quée par le gaz acide carbonique, qu'on ne fauroit plus le recon- noître par les moyens ordinaires. Nous fimes pour cet effet un mé- lange artificiel de parties égales de gaz acide carbonique & de 947 hydro- gène fulfuré. Nous l’expofaimes à l'eau de chaux, & nous en laiflimes abforber une quantité beaucoup plus confidérable que celle de gaz acide carbonique employé : cependant Je réfidu éteighoic la lumière comme auparavant, & ne donnoit aucun indice d'être du gaz bydrogène fulfuré. Nous eûmes donc recours à un autre moyen pour reconnoître la pré- fence du gaz hydrogène fulfuré dans le uaz obrenu des füulfures des carbonates,, & pour le diftinguer du gaz acide carbonique , auquel il eft mêlé : ce moyen.eft celui de fa décompolition par l'acide nitrique, connue généralement (1) & tonfirmée par nos expériences. Ayant fair boui!lir du fulfure de carbonate de foude & en ayant recueilli le gaz {ur du mercure, nous le rranfportâmes du mercure fur de l’eau. Ayant enfüire plongé l'ouverture de la cloche dans l'acide nitrique, il y eut à l’inftant -diminution de gaz & formation de dépôts de foufre. Le gaz reftant , étant examiné, fe trouva être du gaz acide carbonique, Nous croyons que cetté produétion de gaz des fulfures non cauftiques & les foupçons très-fondés qu'on avoit, que ce produit doit contenir du gaz hydrogène fulfuré, a induit en erreur les chimifles, qui ont avancé qu'on peut obtenir le gaz hydrogène falfuré des fulfures en général par 0 (1) Fourcroy, Elém, de Chimie , tom, 1], pag. 357. 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la chaleur fule. Ayanc fans doute obrenu le même produit que nous ù E $ P RO pour les fulfares des carbonates, ils ont cru, qu'en continuant le procédé, & en féparant le gaz acide carbonique (ce qui ne fe fait que difficilement =. & ; à ) DE» & point du tour , comme on l'a avancé, par l’ammoniaque ou pat l'eau de chaux ) on obtiendroit du gaz hydrogène fulfuré fans mêlange, & qu'ainf on obtiendroit également des fulfures d'alkalis cauftiques , par la chaleur feule , du gaz hydrogène fulfuté qui ne feroit pas mêlé de gaz : < 8 ù Y 2 À , sE te) acide carbonique. Mais on s’eft trompé dans cette idée: le gaz acide carbonique, étant combiné avec la potafle ou avec la foude, affoiblit l'afñinité de celles-ci pour le gaz hydrogène fulfuré ; & fon action à cet égard, quoique très-foible , n’en eft pas moins analogue à celle des acides en général, qui, en s’emparant de l’alkali des füulfures ,détruifenc leur affinité pour le az hydrogène fulfuré, Un acide plus fort , en chaffant le à B 9. 1 Ko à. P » K k gaz acide carbonique, développe en même tems le gaz hydrooène fulfuré: Ja chaleur feule les développe tous Les deux en même-tems; mais il ne s’en- fuit pas, que le même effet aura lieu pour les fulfures cauftiques , auxquels le oaz hydrogène fulfuré tient avec plus de force. ‘ 8 yarog ne IL nous refte encore à éclaircir le phénomène intéreffant de la décom- pofition de l'air atmofphérique & de l’abforption du gaz oxigène par les fulfures humides. Nous favons maintenant que c’eft l’eau qui eft décom- pofée dans ce cas; que fon oxigène fe porte fur le foufre du fulture, & que fon hydrouène uni à un peu de foufre refte diffous dans l’alkali du fulfure , dont il eft dégagé par les acides. Nous favons également que le foufre & l’alkali n’ont, ni feuls, ni combinés dans l’état de fulfure fec ou de fulfate , la propriété d'attirer l'oxigène, foit pur, foit de l'air atmofphérique. Enfin, il eft connu, & nos expériences l'ont confirmé, que le gaz hydrogène fulfuré & le gaz oxioène, étant mêlés enfemble dans une certaine proportion, quittent l'un & l’autre l'état gazeux, dé forte que tout le gaz oxigène fe trouve détruit. Ces réflexions nous ont engagés à rechercher, file gaz hydrozène fulfuré conferveroit cette même faculté, pendant qu'il eft diflous dans l'alkali, & fi la propriété, qu'ont les fulfures humeétés, d’attirer l’oxigène de l'atmofphère, ne dépendroit pas de cette action du gaz hydrogène fulfuré, que leur alkali tient en diflolution._ Pour cet effet nous faturâmes un peu de potafle liquide de gaz hydro- gène fulfuré, & nous renfermâmes cette liqueur dans de l'air atmofphé- rique fur du mercure. Dans peu de jours il fe manifefta une diminution dans le volume du gaz, que nous trouvâmes après quelques jours avoir perdu tout fon oxigène , & n'être plus que du gaz azote. Nous obtînmes le même réfultar en renfermant la liqueur alkaline | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4323 faturée de gaz hydrogène fulfuré dans du gaz oxigène pur, Dans deux jours l’abforption de ce gaz fut complette. C'eft au moyen de ces expériences , comhinées avec les réfultats pré- cédens, que nous croyons être en état d'expliquer d’une manière com- plette & exaéte l’action réciproque des fulfures, de l’eau ,& de l'air armofphérique , & les décompofitions & combinaifons qui en réfulrent. Nous allons conclure en préfentant un réfumé général des différens points théoriques , indiqués dans le cours de ce Mémoire, & en faifanc fur chaque point les réflexions que nous croirons propres à l'éclaircir & à le conftater, X. Conclufions générales. 1. Le foufre , s’uniffant aux alkalis, à la chaux, à la baryte & à la magnélie , forme avec ces fubftances des combinaifons chimiques, qui ont des propriétés & des loix d’affinité différentes de celles de leurs compofans. 2. Une des propriétés les plus remarquables, que le foufre acquiert dans cer état, c’eft l'intenfion de la faculté d'attirer l’oxigène. La raifon de cette attraction plus active femble être, que l’alkali préfente à la combinaifon du foufre & de l’oxigène , à mefure qu’elle fe forme , une bafe, à laquelle cette combinaifoa fe joint avec la plus grande avidité pour conftituer un fulfate. La formation du fulfate fera donc dans ce cas l'effet de deux affinités, de celle que le foufre a par lui-même pour l’oxigène , mais qu'il n'exerce qu'à une température très-élevée, & de celle que la bafe alkaline a pour la combinaifon du foufre & de l’oxigène, c’eft-à-dire, pour l'acide fulfurique ; de forte que la dernière donne à la première se grand degré d’intenfité. 3. Toutefois cette faculté d'attirer l’oxigène n’eft pas augmentée dans le foufre par fa combinaifon avec les alkalis jufqu'au point de pouvoir faire quitter à l’oxigène l’érat gazeux, pas même quand il fe trouve combiné avec le gaz azote dans l'état de gaz nitreux. Ces fulfures exercent leur attraction pour l’oxigène en décompofint l’eau. Il paroît que l’oxigène de l'eau eft artiré dans ce gaz par préférence à celui qui fe trouve dans l'érat gazeux , parce que dans ce dernier cas il fe trouve uni à beaucoup de calorique. Au refte, c’eft le même phénomène, qu'on obferve, par exemple , dans le fer, qui ne s'altère pasfenfiblement, foit dans l’armofphère , foit même dans le gaz oxigène pur, tandis qu'il attire avidemenr l’oxigène de l'eau, 4. En examinant donc un fulfure humeété d’eau ou préparé par la voie bumide , on trouve que l’oxigène de l'eau , uni à une partie de foufre, 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, et converti en acide fulfurique, & que cet acide a formé avec la bafe du fulfure un fulfate. 5. L'hydrogène de l'eau, dès qu'il devient libre, s’unit de fon côté avec une partie du foufre, & conftitue la combinaifon connue fous le nom de gaz hydrogène fulfuré ou hépatique. Pour que cette union du foufre & de l'hydrogène fe fafle , il convient que ces deux fubftances fe rencontrent au moment où l’hydrogène devient libre, & avant qu'il ait pris la forme de gaz. 6. Le gaz, après avoir été formé, ne quitte pas la folution des fulfures, mais y refte combiné à la bafe alkaline ou terreufe , pourvu que cette bafe foit difloute dans l’eau qui favorife cette folution comme plufieurs autres. Comme le gaz hydrogène pur n’eft pas foluble dans les alkalis, l'afinité de ceux-ci pour le gaz hydrogène fulfuré paroît dépendre de leur affinité pour le foufre. : 7. Le gaz hydrogène fulfuré diffous dans les alkalis y eft aflez fixé pour rélifter à ja chaleur de l’eau bouillante, fans les quitter ; il faur pour cet effet un acide, qui par une plus grande affinité s'empare de l’alkali, le fature , & en dégage ainfi le gaz. Il faut employer pour cer effet des acides qui ne cèdent pas facilement leur oxigène, pour qu'ils ne foient pas décompofés eux-mêmes par le gaz hydrogène fulfuré , qui s’'empareroit de leur oxigène. On peur quelque- fois prévenir cette décompolition des acides & du gaz en les étendant d'eau. Nous nous réfervons de donner à une autre occafon un plus ample détail de l'action mutuelle des acides & du gaz hydrogène fulfuré. 8. Ce gaz enfin retient dans la diflolution alkaline fes propriétés , & fur-tout celle d'atrirer le gaz oxigène , & de former avec lui de l’eau en abandonnant le foufre. , 9. Un fülfure alkalin, diflous dans l’eau, contient donc, 1°. le fulfure proprement dit, ou la combinaifon du foufre avec l’alkali ; 20. le fulface qui s’eft formé par la décompolition de l’eau, dont l'oxigène s’eft uni à une portion de foufre ; & 3°. le gaz hydrogène fulfuré diffous dans La bafe alkaline du fulfure. Réuniflons ces faits, & la manière dont les fulfures apiflent en décom- ofant l'air atmofphérique & en abforbant le gaz oxigène, deviendra évidente. Les fulfures fecs n’ont aucune action fur le gaz oxigène; or, dans les fulfures liquides on a , outre ce fulfure diflous dans l’eau, le fulfate qui s’eft formé; mais celui-ci n’exerce non plus aucune attraction fur l’oxigène. Il ne refte donc que le gaz hydrogène fulfuré diflous dans l'alkali; & en effet, c’eft à cette dernière portion du fulfure liquide feule, qu'il faut attribuer l'abforption du gaz oxigène. Les expériences rapportées dans ce Mémoire ne laiflent aucun doute à cet égard, En diflolvant un fulfure alkalin dans l’eau, la décompofition de l'eau (pourvu SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 425$. (pourvu que l'opération fe fafle dans des vaifleaux bien bouchés) conti- nuera jufqu'à ce que la bafe alkaline foic faturée de gaz hydrogène fulfuré: ce terme pañlé, il y aura équilibre, & l'eau ne fera plus décom- pofée. Aulli c’eft une circonftance bien connue, que les fulfures fe confervenc très-bien, c’eft-a-dire, ne fe changent pas entièrement en fulfates, quand on les conferve dans des bouteilles exaétement bouchées, D'où il paroît réfulter encore, que la décompofition de l'eau par les fulfures, caufée en partie par l’attradtion de l’alkali fur la combinaifon de l’une des parties conftituantes de l’eau avec Le foufre, c’eft-à-dire , fur l'acide fulfurique, eft favorilée en même-tems par l'attraction de ce même alkali fur la combinaifon du foufre avec l’autre partie conftituante de l’eau, c'eft-à-dire, fur Le gaz hydrogène fulfuré, C'eft encore une des raifons peut-être , pourquoi Le fulfure décompole l'eau plutôt que l'air | atmofphérique. Au contraire, fi on laifle expofé à l'air atmofphérique un fulfure liquide , l'hydrogène cherche À reprendre fon oxgène, & l'eau eft reproduite , tandis que le foufre , qui avoit été uni à l'hydrogène , refte diflous dans l’alkali. Mais cette eau eft encore décompofée à fon tour & reproduite de nouveau: & ces opérations continuent alternativement , jufqu’à ce qu'enfin tout le fulfure , particule à particule, foit changé en fulfate. Ce font-là Les réfultats des recherches que nous avons entreprifes fur la combinaifon du foufre avec les fubftances alkalines. Nous nous flattons d’avoir éclairci, par un examen fuivi & par l'obfervation de quelques propriétés inconnues ou peu conftarées, l’hiftoire de ces fulfures, &c d’avoir lié, par une théorie qui eft Le réfultat de faits bien conftatés, leur manière d'agir fur l'eau & fur l'air atmofphérique avec la théorie générale phyfico-chimique, Nous nous propofons de publier de tems en tems les recherches , qui nous paroîtront fournir de nouvelles lumières pour Les progrès de la Phyfique & de la Chimie, ra : # pure Tome XL, Part, I, 1792. JUIN, Hii TN A Ca 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ‘EXTRAIT D'UN MÉMOIRE SUR LE MONNOYAGE DES ANCIENS: Li à la féance publique de l Académie des Inferiptions, le Mardi le 17 Avril 17992; Nr Par ANT. MoNGEz. Ex 178$ je lus à l'Académie un Mémoire qui avoit pour but la recherche du véritable ufage des médaillés chez les anciens. Pour parvenir à déterminer cet ufage, je décrivis d'abord les moyens de percuflion qu'ils ont employés, tels que le marteau , ceux mêmes qu'on peut. foupçonner aufli avoir été mis en ufage, tels que le mouton, & peut-être la prefle | comme l’a penfé un artifle écrivain très-inftrmit de ces matières, le fculpreur Benevenutto Cellini. J'aflurai enfuite que leurs coins étoient faits de bronze , c’eft à-dire, compolés d'un alliage de cuivre & d’érain. Les expériences & les réflexions que je vais expofer aujourd'hui rendront fenfibles tous les détails de cet art, demeuré inconnu juf qu'à nos jous. : I eft difñcile d’affigner des époques précifes aux procédés des arts, lorfque ceux-ci n’ont point eu d’hiftorien. Le monnoyage des anciens n'a jamais occupé leurs écrivains ; au moins ne nous eft-il parvenu aucan traité {ur cette matière. J'ai donc éré forcé de recourir aux ex- périences pour retrouver leurs procédés; il m'a fallu répérer leurs tà- tonnemens & leurs eflais pour arriver au même point où ils font reftés, & au-delà duquel les modernes fe font beaucoup élevés. Ha: bitués à voir graver les poinçons ou les coins parle moyen du burin, & à voir frapper les monnoies à froid, les antiquaires n'ont pu trou- ver la véritable route que les anciens avaient tenue. Pour moi j'ai mis à l'écart ces ufages modernes en failant mes recherches, qui par- à font devenues fruétueufes. L'examen d'un coin antique , confervé dans le cabinet dit de Sainte- Geneviève, me fit affurer en 178$ que Îles anciens émployoient des coins de bronze, & non de fer, comme ceux des modernes. l'a fra- gilité de cet alliage lorfqu'il eft foumis immédiatement à de forts moyens de percuflion , me fit aufli-rôt concevoir l'idée de l’envelop- per dans un mandrin de fer, ce que j'annonçai alors, J'ai mis enfin ces procédés à exécution , & je vais les expliquer à laide des pièces que j'expofe fous les yeux de académie. On a d'a- SAR Î Me y UN 3 ù 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 427 bord forgé les mandrins de fer, on y a creufé fur le tour les trous deftinés à recevoir les coins. Ces coins faits avec l'alliage des cloches, c'eft-à-dire, environ une partie d'étain & quatre parties de cuivr:, ont été moulés & chaflés dans les mandrins chauffés an rouge. Pen- dant que les pièces étoient chaudes à ce degré, on a placé entre ls coins une médaille froide, & l’on a frappé un coup d’un mar- teau très-lourd fur tout cet appareil : les coins ont reçu l’empreinte de la médaille avec rous fes détails. Lorfque l'appareil a été refroidi, en a placé un flan chauffé au rouge entre les coins, & il en a reçu les deux empreintes , fans que les coins ayent fouffert la plus légère altération, On auroir pu frap- per plufieurs centaines de ans fans ufer les coins ; car l'allisge des cloches froid eft prefque aufli dur que l'acier. Quoique j'aie obtenu par ce procédé des médailles femblables aux médailles antiques; quoique cette reflemblance fafle conclure l'iden- tiré des moÿens employés par les monétaires anciens , je vais encore prouver direétement que les anciens frappoient ordinairement à chaud les flans après Les avoir moulés d'une manière peu recherchée , comme je l'ai pratiqué. Les colle@iors de médailles renferment un grand nombre de mé- dailles fourrées, c'eft-à-dire plaquées d'argent & d’or. Leur reffem- blance avec les médailles qui font faites entièrement d’or ou d’argent eft fi grande , que l'on eft obligé de les fonder avec un poinçon, c'eft-a-dire , de les percer au-dela des feuilles d'or ou d’argent, pour découvrir le cuivre qu’elles recélent, Or les procédés pour plaquer ou doubler les métaux , excluent formellement le moulage ; ils exigent que lès pièces foient eftampées en terme de manufacture , c’elt-à4 dire frappées à chaud. ' Voilà donc une preuve que les monétaires anciens frappoient à chaud. S'il reftoit quelque doute après-cette obfervation , je ferois exami- per avec la loupe la plupart des médailles d'or ou d'argent. On y verroit de petits filers dirigés du centre à la circonférence, oui font produits par le refoulage latéral d'une matière métallique à demi- fondue, Cet filets ne peuvent exifter dans des pièces frappées à froid; parce qu'alors le refoulage latéral de la matière métailique n'a pas lieu , & que l’action fe fait par une compreffion perpevdiculaire | ou un rapprochement en épaifleur. D'après toutes ces confidérations je crois pouvoir aflurer , généra- lement parlant, que les anciens monétaires mouloient les flans fous une forme approchée de celle que doivent avoir les médailles, qu'ils les chauffoient enfuite au rouge & qu'ils les frappoient dans cet érat d’incandefcence. Paflons à l’examen des coins & à leur fabrication. Je ne m'arre. Tome XL, Part. 1,1792. JUIN, lii 2 FH PL NAN s ÿ FAT LAGRES (Ave 428 OBSERVATIONS SUR LA PRYSIQUE, _terai pas à prouver que le bronze étroit la matière employée à les faire. Le coin de la coileéion de Sainté- Geneviève, réconou pour antique, eft de bronze. Ceux que j'ai employés font de la même ma- tière. D'ailleurs tous les meubles, tous les outils, tous les ivftru- mens trouvés à Herculanum & à Pompeiz font de bronze ; ce qui prouve l'univerfalité de fon emploi’ pour tous les procédés des arts. La manière dont ces coins éroienc travaillés demande pltis de dif- cufMion, & fournit le fujet de recherches très-curieufes fur les arts des anciens. Un examen avec la loupe de toutes les médailles antiques du ca- binet de Sainte- Geneviève & la comparaifon avec les monnaies mo- dernes dont les coins ou poinçons ont été gravés au burin ; m'ont convaincu que la gravure des coins de toutes les médailles grecques & de prefque toutes les romaines différoit abfolument de celle des coins modernes. Tous les traits des types anciens font arrondis , on n'y voit jamais d'angles vifs ou d’arrètes , les jambages droits des lettres font formés. de deux petites éminences rondes ou boulettes liées par un trait, tous les reliefs font arrondis; en un mot, c’eft le même travail que celui de la gravure des pierres fines. Au contraife des lettres gra- vées au burin fur les poinçons modernes, font formées de mafles, car- ré-long à arrêtes vives & terminées carrément par des traits aigus & tranchés. Ces détails ne peuvent fe décrire avec la précifion qu’exige une démonftration ; mais l'œil armé d'une loupe les faifit far-le-champ. D'après ces obfervations il faut convenir, généralement parlant, que les coins ou poinçons des médailles antiques étoient gravés au tou- ret , & non au burin. Je vais faire l'application des obfervations générales qui précédent, au monnoyage d'une médaille antique. Le premier travail étoit de mouler deux coins de bronze & d'y graver au touret la têre & le revers. Le fecond travail étoit de placer entre ces coins gravés, plu- fieurs flans chauffés au rouge & de les frapper. On avoit alors une monnoie ou plufieurs monnoies du même coin. Vouloit-on hâter la fabrication, que deux coins uniques auroient rendu trop lente, on eftampoit plufieurs coins de bronze chauffés au rouge avec les pre- mières monnoies fabriquées. Ces coins ainfi eftampés frappoient les monnoies avec la même précifion que les coins gravés. Par ce pro- cédé on pouvoit réferver les deux coins gravés pour fervir de juf- tification ou de prototype , & lon eflampoit autant de coins que lon vouloit établir d’atreliers de fabrication pour la même mon- noie. Delà viennent fans doute les mors OrricinwA A, B,C, &ce., c’eft-à-dire , atelier premier, fecond , troifième &c., qui font eravés fur les médailles antiques , & qui tenoient lieu de la marque affectée aujourd’hui à chaque directeur d’un hôtel des monnaies. Pour ecablix PME NOR | F * SUR'L'HIST. N'APURELTE ET LES ARTS, 429 ces différences , le graveur , en travaillant les coins prototypes, laif- foit vuide la partie du champ de la médaille qui devoit porter la lettre numérale ou le zumero de l’attelier. Enfuite lorfqu’on avoit ef- tampé autant de coins que d'attekers , il lui étroit facile d'ajouter à chaque paire de coins la lettre numérale qui défignoit l’attelier où l'on devoit les faire agir. Voilà en peu de mots la defcription des procédés ordinaires qui conftitueient le monnoyage des anciens. Je réferve la fabrication des monnoies dentelées , zummi ferrari, pour un mémoire particulier. Je dirai feulement ici que la pratique de faire des monnoies dentelées fue fimplement une mode , une bizarrerie pour celles de bronze; mais que pour celles d’or & d'argent elle fervie à les préferver du doublage, en mettant l'intérieur de la pièce à découvert. Comparons maintenant les procédés des anciens avec les nôtres pour connoître leurs avantages & leurs défauts. Quant à la beauté de la gravure, celle des anciens l’emportoit fur la nôtre, parce que le touret donne un coup-d’œil gras (pour me fervir des termes de l'art), une rondeur de formes, impraticables au burin qui fournit toujours un travail maigre & fec ; mais il eft évident que la gravure des poinçons au touret facilitoit le faux monnoyage. En coulant des pièces faufles dans des moules fabriqués fur les pièces véritables, on les rendoic .reflemblantes à l'œil de la multitude, parce qu'il faut un examien attentif pour diftinguer par l'infpection du métal feul, une pièce moulée d'une pièce frappée. Le moule ne produit à la vérité que des traits émouffés & arrondis; mais c'étoit le vice inhérent à la gravure au tourer. Sous ce point de vue le monnoyage des anciens éroit de beaucoup inférieur au nôtre, que la gravure au burin rend fi difficile à imiter par le moulage. On ne fauroit donc craindre que la publication de mes expériences puifle fervir aux fauflaires , qui d’ailleurs trouveroient dans la marque fur tranche un nouvel obftacle à leurs coupables projets. Le monnoyage des anciens avoit cependant un avantage fur ie nôtre, celui de la vitefle pour la fabrication des coins. Huit jours fufifent à peine à un graveur de monnoie pour faire le poinçon d'une têre de même grandeur que les médailles d'or antiques. Un graveur en pierres fines exécureroit ce même travail en moins de vingt-quatre heures , fur-touc f l'alliage du coin ne tenoit qu’un fixième ou même qu’un feprième d'étain, comme l’analyfe chimique m’a appris qu’étoit formé ordinairement le bronze des anciens. Cette virefle réfour facilement le problème ff connu des antiquaires : comment eft-il poffible que l’on ait plufieurs médailles de différens métaux & de différens revers ; de princes ou tyrans qui ont régné très- eu de rems2? Tel Le tyran Marius, dont le règne fut terminé au bout de trois jours ; tel eft Brutus dont les médailles n'ont pu être frappées r 430 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que dans Le camp & avant la bataille de Philippes!.., Après avoir entendu ce que j'ai dit jufqu'ici, on conçoit aifément que des graveurs 8e des monnoyeurs fuivoient les armées, & qu'ils y fabriquoient à volonté des coins & des médailles dans le court efpace d’un ou de deux jours. De plus, on lit l’infcriprion füivante dans le Journal d’Antiquité qu'a publié à Rome M. Guattani pendant l'inrervalle de 1780 à 1700. Cette infcriprion eft gravée fur un marbre antique confervé à Rome chez le cardinal Zelada. D. M. P. AëLIUS. FELIX. Q. &. NoveLzzius. AUG. Lis. ÂATIUTOR. PRÆPOS. SCALPTORUM. SACRAE MoONETAE, SE VILO. FE CIT, SIBI. ET, SUIS LIBER. TIS LIBERTABUSQUE POSTERISQUE , EORUM Je ne ferai aucune obfervation fur le ftyle de cette infcription ; je me bornerai à en extraire les mots ATIUTOR PRÆPOSITUS SCALPTORUM SACRÆ MONETZ. Il eft évident que ces mots défignent les graveurs des monnoies romaines {ous les empereurs. L'identité du nom de ces graveurs, /calprores , avec celui des graveurs ‘en pierres fines, appelés aufli Jcalptores , annonce de plus l'identité des procédés employés par les uns & les autres. De crainte d'arrêter la marche de ce Mémoire par le détail des exceptions qui échappent. aux procédés du monnoyage que jy ai décrits , je ne les ai indiquées que par les mots , généralement parlant, le plus fouvent, &c. Je vais les rapporter actuellement , ces exceptions auront une grande latitude , parce qu’elles font le réfultat d'obfervations faites fur toutes les médailles du cabiner de Sainte-Geneviève , collection abondante, dont la richefle & Le choix font connus de toute l’Europe. J'ai d’ailleurs fait ces obfervations avec M. Daumi, artifte célèbre, qui a gravé des poinçons & qui m'a obligeamment fecondé dans mes eflais à la fabrique des fols aux Barnabites, dont il eft le directeur. Ces deux confidérations doivent donner un grand poids à mes obfervations. Les coins des médailles grecques ont tous été gravés au touret comme les pierres fines, mais on ne fauroit dire la même chofe de toutes les médailles romaines. Les confulaires des trois métaux ont été travaillées comme Les médailles grecques, ainfi que Les médailles du haut SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 433 empire & la plupart de celles du bas-embpire, jufqu’au Gècle qui précède celui de Jultinien. Là commence la gravure des coins au burin, & ces coins étoient d'acier mal travaillé ; car on voit dans le champ des médailles des foufflures & des inégalités qui atteftent la mauvaife qualité & la préparation groffière du métal des coins. Depuis cette époque les médailles d'or & d'argent ont été frappées à froid ; comme on le reconnoît à la denfité & à la dureté du métal, dont l’alliage n’eft cependant point empiré, mais que la percuflion a durci en l’écrouiflant, Dès-lors aufli l’épaifleur des’ médailles eft réduite à une demi-ligne & même à un quart de ligne , tandis que les médailles romaines d’or & d'argent avant l’adoption de la gravure au burin ont une ligne & demie d'épaiffeur, & même trois dans les hauts reliefs. Ce nouveau monnoyage dura jufqu’à la prife de Conftantinople par Mahomet II. . La gravure au burin eft de beaucoup plus longue que la gravure au touret ; il a donc fallu de fortes raifons pour la faire adopter aux fuccefleurs de Conftantin. J'en puis indiquer deux principales qui font, Ja rareté des métaux précieux, le grand nombre & l’habileté des faux monnoyeurs. La gravure au touret & la frappe des flans chauds avec des coins eftampés, exigent une épaifleur plus grande que la gravure au burin fur des coins de fer & que la frappe à froid. On adopta donc ce dernier monnoyage pour épargner les métaux précieux. D'ailleurs, ce dernier monnoyage pratiqué au marteau exclut les hauts reliefs, qui éroient fi favorables aux fauflaires, Les moules antiquestrouvés à Lyon & en d’autres lieux, prouvent que les faux moanoyeurs employoient le moulage pour imiter les monnoïes romaines, Ce moyen devenoit impra- ticable ayec des médailles peu épaifles & chargées de reliefs très-bas. De plus , étant fort minces, il auroir été facile de les reconnoître par leur dificulté à plier dès qu’elles aurvient été fabriquées à un bas titre, c’eft-à-dire , beaucoup alliées. Auffi voit-on les monnoies d’or fabriquées très-minces dans toute l’Europe, pendant les fiècles d'ignorance & de barbarie , où l'arc des eflais n’étoit connu que d'un petit nombre d'artiftes. Il ne me refte plus qu’à raflembler fous un feul point de vue les objets épars dans ce Mémoire, J'y a1 démontré, 1°. que les médailles grecques & romaines jufqu'au fiècie qui précéda celui de Juftinien , ont éré frappées à chaud avec des coins sravésew touret comme les camées ; 2°. que depuis cetre époque la rareté des métaux précieux & la crainte des contrefactions forcèrent à fubftituer la gravure des coins an burin & la frappe des médailles à froid, Cas recherches paroîrroient n'être deftinées qu’à fatisfaire une curiofité, digne cependant de quelques éloges, fi je n'en faifois l’application aux arts prariqués par les modernes. Je leur indiquerai donc ici une matière fufceprible de prendre toutes les finefles du moule ou du poinçon, ati Se VE 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lorfqu’elle eft chaude , & de les imprimer fans fe ramollir , lorfqrelle eft froide, aux matières métalliques chaudes. Je veux parler du bronze ou de l'alliage des cloches. Imitons les anciens à faifons-en un ufage général pour les arts & pour les objets de luxe. La facilité de travailler les moules & le bon goût du deflin répandu aujourd'hui rameneront les belles formes de l'antique. Un tems viendra, & il n’eft pas très-éloigné , où l’alliage des cloches après avoir rempli fa deftination de monnoie paffagère, refluera dans les atteliers des fondeurs. Puifle-t-il alors remplacer le fer que la rouille détruit fi facilement, & fe convertir en des vafes ou des inftrumens dignes par l'élégance de leurs proportions & ar la folidité de leur matière, de rivalifer avec ceux de Pompéta & d'Herculanum. oo EXPÉRIENCES Pour déterminer les gravités fpécifiques des Fluides, & connoître la force des Liqueurs fpiritueufes , avec quelques Obfervations fur un Mémoire intitulé : La meilleure méthode de proportionner l’Impôt fur les Liqueurs fpiritueufes , récemment imprimé dans les Tranfadions Philofophiques ; Par M. RAMSDEN, I L paroît, par un Mémoire récemment imprimé dans les Tranfactions Philofophiques (tome Lxxx), que le gouvernement a eu en vue d'adopter des nouveaux moyens pour afleoir l'impôt fur les liqueurs fpiritueufes , & pour cet objet il a invité le préfident de la Société Royale , à faire tenter une fuite d'expériences pour les mettre en pratique , & de-là con- certer une méthade praticable, d'après laquelle les prépofés pour les revenus publics puiflent déterminer les impôts fur les compofitions différentes (liqueurs) qui viennent fous leur infpeétion , par un moyen le plus facile & le plus sûr. Dans le récit fait par le fecrétaire de la Société Royale fur ce fujet , le moyen propofé ne me parut pas remplir entièrement le but qu'on fe Re & tel qu'on pouvoit l’attendre. yant deffein depuis plufieurs années de m'occuper de cet objet, j'ai raflemblé là.deffus quelques obfervations, & je communiquerai une fuite d'expériences f fimples, que par un procédé facile & peu es ICUX 3 RTS AT DE ANR CON I GE Son TE OR SX 4 , ù Fe. . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 dieux, on pourra obtenir des réfulrats plus farisfaifans que ceux qui ont été jufqu'ici obtenus. Je donnerai aufli une defcription d’un inftrumenc pour décerminer la gravité fpécifique de tonte liqueur compofée d’efprie (partie fpiritueufe) & d’eau , & aufli la quantité de l’efprit, d’une force donnée , calculée par les centièmes parties de fon volume. On pourra d’ailleurs déterminer la proportion de lefprit dans la compoñition à préfenr nommée proof (l'épreuve). Je donnerai une méthode praticable pour obtenir la mefure du gallon ou de quatre quartes avec plus de précifion qu'il n’eft néceflaire pour le but du commerce ou des douanes. Je divife ce fujet en quatre parties. I. La méthode de proportionner & d’exprimer les quantités d’efprit Contenu dans les liqueurs compofées, & de dérerminer leurs gravités fpécifiques. 2. Un moyen de déterminer l'augmentation ou la diminution dans la mafle d’une compofition, qui proviennent des degrés différens de tempé- rature , avec la defcription d'un inftrument pour ce bu, 3. L'application des expériences des deux parties précédentes, & la conftruétion d’un hydromètre qui indiquera la gravité fpécifique de chaque compofition en millièmes parties relativement à celle de l’eau diftillée, & à La fois, la quantité de l’efprit , d’une force donnée, dans la compofition , en centièmes parties de fon volume. 4 Un moyen de dérerminer la proportion de l’efprit à l'eau dans a compolition à préfenc nommée proof ( liqueur d’épreuve ) que les agens de la régie difent pefer 7 liv. 12 onces pour les quatre quartes dars la tem- pérature de ÿ$° de Farheneit, & étant néceffaire pour ce but d’avoir la’ mefure de quatre quartes exactes , je donnerai une méthode praticable pour déterminer cette quantité fans pouvoir craindre une erreur qui aille au-delà de Ja vingt millième partie de la totalité. Pour revenir à la première partie , je rapporterai ici la méthode que je pratiquai en 1776 pour proportionner la quantité de l’efprit dans une compoñtion; dans ce tems je faifois les hydromèt-es qui donrent la quantité de l’efpric pur, dans les centièmes parties de la mefure de la compofition. J'ai pris une bouteille de verre de la forme repréfentée, PL l°, fig. r. La partie la plus baffe B peur tenir une pinte & demie. Les deux cavités A & B font unies par un petit cok, ayant un cercle qui l’entoure. Ayant pefé la bouteille avec foin , je l'ai remplie avec l'efprit, jufqu'à ce que le cercle paroiffoit à un œil le voyant borifontalement, comme uïe tangeñte de la courbe inverfe que l’on voit fur la furface de | efprit ; pefant de nouveau la bouteille, j'ai obtenu le poids de l’efprit qu'elle contenoit. Je regardai ce poids comme l'unité : maintenant la méthode de proportionner ces différens mêlanges étant feulement la répétition de Tome AL, Part, L 1792, JUIN. Kk&k 4 D SM Age à" la LÉ UN : & ” Fa # ; 2 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce même procédé, il fera fufifant d’en décrire une feule, c’eft pour- quoi je prendrai celle-là qui tenoit -F eu 6$ parties d'efprit par cent en mefurant de l’efprit dans la liqueur compofée, Ayant vuidé la bouteille , je remettois < de l’efprit qu’elle avoit tenu, & la rempliflois avec de l’eau diftillée, jufqu'à ce que la furface du fluide montât au cercle décrit ci-deflus au col de la bouteille ; j'agitat le mélange que je laïflai repofer pour donner le rems aux deux {ubftances de fe pénétrer. Quand le mêlange a paru bien fait , ce qu’on voit par la defcenre de fa furface au-deflous du cercle fur le col de la bouteille, je rempliflois encore jufqu'au même point avec l'eau diftillée, & je répérois ceci jufqu'à ce qu'il ne parût plus y avoir de diminution. Par ce moyen j'obtenois un mélange, qui tenoit = parties de fon volume de la compofition de lefprit, par une expérience très fimple, Je conférvois ce mêiange dans une bouteille bien bouchée & préparée pour ce but, jufqu'à ce que tous les différens mêlanges de l'efprir & de l’eau dont j'avois befoin fuflent faits, après quoi ils éroient mis en experiences pour obtenir leurs gravités fpécifiques. Ayant fait le nombre propofé de mélanges pour déterminer la gravité fpécifique de chacun, à un degré donné de température, prenez une boureille d'environ 2 ? ou 2 pouces de diamètre de la forme repréfentée fig. 3, avec un petit col du diamètre d’un 0,3 de pouce, & dont la fur face ou l’extiémité du col doit être très- polie; intreduilez: y un thermo- mètre très-fenfible, dont la boule foit aflez petite pour pailer par le col de la bouteille, Le tube du thermomètre doit être plat fur le coté {ux . lequel les degrés doivent être marqués, & pour avoir ces degrés aufli grand qu'il eft poflible, il ne faut pas que le rube contienne plus de 10 ou 12 degrés, depuis $3 jufqu'à 63. Alors prenez un petit plateau circu- laire de verre. dont le diamètre doir êrre de la même étendue que le diamètre extérieur du col de la bouteille ; faites qu'une de fes furfaces foit polie & très platre, & faites un trou à fon centre aflez grand pour admettre le bout du tube du thermomètre qui doit être diminué jufqu’à ce qu'il le ferme très-jufte, de manière que quand le plateau eft venu fur la furface du col de la bouteille, la boule du thermomètre doic defcendre jufqu’au fond, Ayant pefé ou plutôt contrepelé la boureille avec fon thermomètre dans une balance très-jufte , rempliflez la avec de Veau diftillée de même température que celle de la chambre; alors mettez le thermomètre dans fa bouteille: ce qui fera courir l’eau par- deffus fon col, & le plateau de verre , defcendant fur la furface de Peau, doit preffer cette partie qui s’'ft élevée au deflus du col; ceci érant fair, & le contrepoids reftant dans le plareau, pefez l'eau & obtervez la température indiquée par le thermomètre au-dedans de la bouteille; par ce moyen nous avons le poids de la quantiré de l’eau diftillée qui remplifloit la cavité intérieure: alors vuidez la bouteille, & la féchez bien, ar f: PEU ARE SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 43$ rempliflez-la avec [a compolition que voulez foumettre à l'expérience, & pefez enfuite ce qu’elle en aura contenu, regardez fa température, que je fuppoferai être la même que celle de l’eau ou 60°. 11 eft évident que le poids de l'eau diflillée fera au poids de la compofition comme l'unité eft à Ja gravité fpécifique , à la température fufdire. Par ce moyen nous trouvons ja gravité fpécifique de la compofirion tenant = parties de fon volume d'elprit; & par la même Re il fera facile d'obtenir la gravité fpécifique de chaque mélange difiérent. L'objet de la feconde partie, eft de déterminer la quantité de l’expanfon ou de contraction du mêlange fuivant les degrés différens de température. Pour cet effet je donnerai la defcription fuivante d’un inftrument où ces réfultats peuvent ètre obtenus à un dix millième près du volume du mélange. Prenez un vaifleau de verre de la figure repréfentée fig. 2, qui confifte dans une boule de verre de 1 + pouce de diamètre , furmontée d’uo tube femblable à celui d’un thermomètre d’efprit-de-vin : la boule & le rube étant proportionnés l’un à l’autre, & remplie de l’efprit, plongez-la dans la glace, la furface de lefprit defcend dans le tube jufqu'à la. boule ; plongez-la enfuite dans l’eau à la température de 102° de Farh. la liqueur montera jufqu'au bout du tube. Pour pouvoir remplir ce thermomètre de quelque fluide fans appliquer de chaleur, il y a un tube court partant d’un côté de la boule qui peut être bouché avec un bouchon difpofé pour ce but; après avoir pefé le vaifleau pendant qu'il eft vuide, verfez-y une quantité de mercure fuffifante pour remplir la boule & Ja moitié du tube, & marquez le tube à la furface du mercure; pefanc enfuite le verre avec ce qu'il contient , nous obtenons le poids d’une quantité du mercure égale à la cavité de la boule, & la partie du tube qui ef au-deffous la marque. Prenez une autre quantité égale à la = 100 partie de la première , & l'ayant verfée dans le tube, marquez la furface du mercure où elle fe trouve ; verfez encore une autre quantité, la même qu'avant, & encore maïquez fur le tube: cela étant fait, retirez Îes dernières parties mifes, & la —— partie de la première quantité, & marquez Le tube à fa furface du mercure, & encore tirez une autre partie égale à la dernièrer, & marquez la furface. Maintenant il eft clair que ces efpaces, ou la cavité intérieure de la boule de verre entre chacune de ces marques , eft égale à la — partie du volume du mercure premièrement mis daus le vaiileau. Divifez les efpaces entre ces parties en centièmes (ayant égard à l'inégalité du calibre intérieur du tube, s'il y en avoit), Jes efpaces entre chacune des divifions feront égales à => partie de la cavité occupée par la quantité du mercure premièrement mife dans le vaifleau. El feroit commode d’avoir cet inftrument ajufté fur une échelle d’airain ou d'ivoire , ou de quelqu’autre fubftance, & les divifions ci- deflus mentionnées , commençant la divifion à la furface de la quantité Tome XL, Part. I, 1792. JUIN. Kkk 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du mercure premièrement mife, laquelle divifion marquez par zéro, & nombrez les divifons au-deflus & au-deffous ce point à chaque dixième, avec 10,20, 30, &c. Les nombres au-deffus de zéro expriment la quantité d’expanfion en dix millièmes parties de volume & ceux au-deflous de zéro, la contraction en dix millièmes. Pour fe fervir de cet inftrument, nous n'avons qu'à remplir Ja boule & le tube jufqu’à la divifion zéro, avec le fluide qui eft le fujet de l'expé- rience, à une température connue, par exemple à 60° de Farh, Il fera ’ beaucoup plus facile de le remplir en tirant le bouchon, pour faïfler Vair.s’échapper, puis quand il eft rempli, il faut replacer le bouchon. Cela étant fair, plongez l'inftrument avec un thermomètre très - exact dans un grand vaifleau d'eau , & échauftez-le jufqu'à près 100° de Farh. Faites que la température change lentement , & obfervez très:exactement uand le meïcure dans le thermomètre defcend. À chaque degré de l'échelle fuivez les divifions indiquées par la furface du fluide à l'échelle de l'expanfion ; elles exprimeront les quantités d’expanfion en dix millièmes de parties, pour les degrés de rempérature. De la même manière obfervez la quantité de contraction quand la température eft au-deffus 60°, ou quand la furface du fluide dans l'inftrument eft au-deflous de zéro à l'échelle, I peur être plus facile dans la pratique, fi au lieu de bouchon, l'inftru- ment eft fait avec deux tubes fortant parallélement lun & l’autre de la boule, comme dans la fg. 4. Aulli-tôt que le Auide eft verfé dans un des tubes , l'air de la boule peut s'échapper par l’autre. Le procédé étant le même avec cette méthode que dans l’autre déjà décrite , il fera inutile de le répéter; il faut feulement avoir égard aux calibres intérieurs des deux tubes. ; Ainfi nous avons un inftrument, dont la fabrique appartient plus à un faifeur d'inftrumens qu’à un philofophe , où nous pouvons obtenir la contraction ou l’expanfion d’un fluide, dans des dix millièmes parties de fon volume pour chaque degré du thermomètre, par un procédé facile , & par- là éviter plufeurs inexactitudes qui ont lieu dans la détermination des expanfions par le poids. Nous voilà maintenant à la troifième , dans laquelle je vais décrire [a nouvelle Balance hydrométrique. . Latige de l’hydromètre commun ayant toujours la même proportion relativement à la dimenfion de la boule, il fuit que les gravités fpéci- fiques déterminées par cet inftrument font erronées, & demandent d’être corrigées. L’adhérence du fluide à la tige, & les accidens auxquels il eft fujet me déterminèrent à conftruire quelqu'inftrument plus fimple, plus exa & moins füujet à être dérangé, pour le remplacer, Avec un inftru- ment , tek que celui que je vais décrire, nous pouvons avec facilité & sûreté , obtenir la gravité fpécifique de chaque fluide , exactement à La Le { * SA jé is HE URe e ee è * SUR L'HIST. NATURELLE E 7 partie du tour. Cet inftrument réunit encore un, autre avantage , il exclu. l’ufage des deux tubes , lefquels font indifpenfablemert nécef- faires quand on fait ufage de l'hydromètre commun, l'un pour corriger les erreurs qui proviennent de la tige, l'autre pour réduire là gravité fpécifique dan mélange en centièmes. j J'ai calculé le mécanifme de ces inftrumens d’après divers modes, quelques-uns plus fivorables que Les autres ; mais pour donner une idée du principe , j'en décrirai un qui eft conftruit felon la manière ia plus fimple, La Balance hydrométrique confifte en un levier d'airain de quatre pouces de longueur , qui tourne fur un axe, repréfenté f£g. 5. Il y a un crochet à un bout du levier, auquel une boule de verre eft fufpendue par le moyen d'un crin de cheval: l’axe du levier tourne dans des trous pratiqués dans les deux fupports ; pour avoir l'avantage de détacher le levier & cet axe des crous ( quand l’occafion le demande ), les deux fupports en preffant un bouton s'ouvrent un peu pour permettre le dégagement de l’axe, Sur le levier il y a une pièce gliffante, ou poids, que l'on peut faire glifler le long du bras ; & fur le bras ou le levier, fonc deux échelles ; l’une qui indique la gravité du fluide qui eft mis en expérience, l’autre la quantité de lefprit contenn dans quelque mêlange connu, en centièmes de parties du volume. La première de ces échelles contient 200 divifons , la dernière vers le crochet marque 1000, &'à chaque dixième marque 990, 680, 970, &c. jufqu'à 100: l'autre échelle contient 100 divifions feulement, & à chaque dixième divifion , commençant au bout vers le crochet, marque ©, 10, 20, &c. jufqu'à 100. Les indices pour ces divifions font fur la pièce gliffante, Le vaifleau qui contient le mélange peut être de verre, ou de métal pour la commodité de le tranfporter. Le fupport elt fait de manière qu'il peut être ôté du bord du vaifleau quand on le veut. L'application de la balance hydrométrique pour déterminer la gravité fpécifique de quelque fluide fe fait de la manière fuivante, Verfez une quatité fuffifante du fluide qui doit être examiné dans le vaiffeau, & faites courir le fupport fur fon bord, pofant l'axe du bras dans les trous des fupports, plongez la boule de verre dans le fluide qui eft dans le vaifleau , & faites courir le poids le long du bras jufqu'à ce que -les deux bouts foient en équilibre ; le nombre des divifions indiquées par l'index fur le gliffeur d’une des écheiles, donnera la gravité fpéci- fique du fluide en millième partie; en même-tems, l’autre index fur le gliffeur donnera fur fon échelle, la quantité ou la proportion de l'efprit dans quelque mélange de l’efprit & de l'eau, en centième de volume, à un degré commun de température. ; El n’eft pas inutile de mentionner ici que la boule plongée dans le fluide, étant des mêmes matériaux que les vaifleaux dans lefquels fe fone T LES ARTS, 437 PA dal de CE: x 438 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, : les expériences pour déterminer les gravités fpécifiques, nulle correction n'eft néceflaire pour tenir compte de l'expanfion de ces vaifleaux par la chaleur; mais quand les matériaux dont on fe fert ont des expanfions différentes, il faut que les réfultats foient corrigés par la différence entre les quantités d'expanfion des deux fübitances, Si nous pouvions trouver une fubftance qui eûc Le même degré d'expanfon que le terme moyen des mêlanges, le thermomètre feroit inutile, & les différences de Pexpanfon des mélanges feroient trop petites pour produire quelque erreur matérielle däns la quancité de La maffe. : D’après cette confidérarion, peut-être une boule d’un métal jadis nommé le métal de Bath, où métal blanc femblable à l'argent, mais plus dur & peu füujer à être corrodé par l’efprit, feroit la meilleure fubftance à employer, fon expanfion étant environ moitié de celle de l'efprie d'épreuve : dans ce cas, l'expanfion relative entre l'efprit & ce métal feroit feulement environ de moitié de celle entre l’efprit & le verre ; conféquemment l'erreur qui pourroit fe glifler en déterminant la température du fluide produiroit feulement une erreur de moitié dans la _gravité fpécifique. La quatrième partie a rapport aux moyens d'obtenir la quantité proportionnelle d’efprit d'une gravité fpécifique connue, contenue dans le mêlange maintenant appelé proof (épreuve), qui eft dit pefer 7 livres 12 onces par gallon ou quatre pintes à la température de ÿ5° de Farheneit. Quoiqu'il y aît vingt ans que ce mot proof a été établi, cependant la proportion d'efprit dans le mélange n'a jamais été déterminée. Les hydromètres des différens ouvriers varient en fixant ce point de plus de 7 = par cent, dit-on , & le gouvernement pour éviter des difficultés a été nécefité de pañler un acte pour fe fervir de l'hydromètre de Clarke (pour un peu de tems),le feul qui foit légal, quoiqu'il foit vrai- femblabiement aufli vague que les autres , particulièrement dans les mêlanges confidérablement plus hauts que l'épreuve ( proof ). Mais fi on veut employer les moyens propres, ce terme peut être fixé avec autant de précilion que tout autre; je n'ai pas le moindre doute, que par la méthode que je vais décrire, nous pourrions obtenir la valeur de ce terme jufqu'à la —= partie du tout, Ca nd A EN NE Es 1000 Un des obitacles pour déterminer ce terme jufqu'ici, vient de la diff- culté d'obtenir dans la pratique la capacité exaéte de notre mefure de gallon ; il et dit contenir 231 pouces cubiques (1), cependant malgré les grandes peines prifes par um comité nommé par la chambre des communes dans l’année 1758 pour cet effet, aidé par plufieurs ouvriers Fo EG (1) Le pied anglois eff d’environ un onzième plus court que le pied françois, ei res Le PE Ce 53 SUR L'HIST. NATURELLE ÉT LES ARTS. 439 ingénieux , on a laiffé le point indéterminé. La méthode adoptée par eux étoit de faire des cubes vuides de dimerfions différentes de celle d’un pouce en remontant , lefquels éroienr exécutés avec beaucoup de foin par feu M. G. Bird, & qui font à préfenr, m'a-t-on dit, dans le dépôt de la chambre des communes; mais il {ufit de confidérer la diicuiré de trouver un cube exact, & celle de dérerminer le calibre intérieur avec précilion ; pour voir'qu'on ne peut donner une grande confiance à l'exactitude de la mefure d’un gallon obtenue de cette manière. La figure géométrique la plus fimple, qui peur être exécutée avec exactitude, paroît être un cylindte. Par le moyen d’un ouul en ufage dans mon atelier , un cylindre peur être fair & meluré après à l'exaétirude de la = partie d’un pouce fans beaucoup de peine, Nous n'avons donc qu’à faire un cylindre d’airain ou d'autre métal, de fix ou de huit pouces en diamètie, & de la même longueur (l'airain fera préférable à quel- qu'autre, parce que fon expanfion étant la même que celle de nos mefures de pouces , qui font ordinairement faites de la même fubftance), que fon poids foit tel qu'il le faffe juftement tomber dans l’eau, & ayait déterminé avec foin {es dimenfions en pouces & décimales, par le moyen d'une balance très exacte, rous n’avons qu’à pefer ce cylindre fo uneufement dans l'air , & enfuire dans l’eau diftillée, par ce moyen nous obtenons le poids d’une quantité d’eau , égale aux contenus folides du cylindre; donc par use proportion fimple, le contenu folide du cylindre en pouces eff au poids de l'eau , comme 231 de pouce, eft au poids d'un gallon du même fluide. ; Ayant ainfi la mefure d'un gallon d'eau, pour obtenir un réfultat, nous n'avons qu'à faire un vaifleau d’airain de quelque figure commode, avec un petit col , & l'ajufter de manière que quand il fera rempli d’eau diflillée, es contenus foient le poids d'un gallon, dont la température fera de ÿ5°; mais la meilleure méthode de déterminer quand le vaiffleau eft plein, doit être de verfer de l'eau jufqu’à ce que la furface, par fon attreon s'élève au deflus du col du vaifleau ; pofant alors une pièce plarre de verre à la furface de l’eau, par fon poids elle ôtera cette partie du fluide qui s'élève au-deflus du cof. Ainf nous avons une méthode praticable d’cbtenir la quantité exa@e de la conrenancé d’un gallon ; aprés quoi il re fera pas difhcile d’afleoir la proportion de l'efpris dans un mélange, fi quand la mefure d’un gallon eft remplie, ces contenus pèfent exaétement 7 livres 12 onces à tempé- rature connue : Ce qui peut être obtenu fans une erreur qui furpafle La vingt millième partie du tour, Ainfi nous pouvons avoir une mefure ermanente de capacité , & la même méthode peur être appliquée à l’établiffement des mefüures de poids , en affeyant la proportion du poids d'un pouce cubique , &c. d’eau , à celles de nos livres, ences, &c, conféquemment auf long-tems que nos mefures de pouces Vas Li PA A :Y st À 440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, refteront les mêmes, nos melures de poids & de capacité ne varieront pas. Maintenant comparons la méthode que j'ai rapportée ici avec celle qui a été décrite pour le même but dans les Tranfa&ions Philofo- phiques. On a adopté une méthode de proportionner les quantités d’efprit & de l'eau par poids, & on a ajouté l’eau diftillée dans la proportion de $, 10, 15, &c. grains à chaque cent grains d’efprit, afin que les mélanges dans ieurs expériences foient exprimés par les fractions vulgaires dans une progreflion harmonique , comme celle-ci 2°, +, 22, &c. les numérateurs montrent les poids de lefprit, & les déno- minateurs ceux du mélange. Au contraire , mes expériences font priles dans les centièmes parties du mélange par mefure, de cette manière, 2, 22, 22, &c.ou9ÿ,ço, 85, &c. par cent de fon volume, Maintenant chaque tranfaction qui a rapport à La vente ou à l'impôt Tür Les liqueurs fpiritueufes, étant réglée par mefure & non par poids, il eft clair, qu'avant que nous puiflions faire ufage de quelques-uns de leurs réfulrats, il faut que ces proportions en poids foient réduites à leur équivalent en mefure , il faut que les effets de la concentration foient calculés, &c. & cependant après tout, nous ne pouvons pas par quelque calcul que ce foit, obtenir de ces expériences la gravité fpécifique de O$ par cent, de QO par cent, de 80 par cent, &c. fans avoir recours à l'approximiation , qu'on ne doit jamais employer que lorfqu’il n'eft pas pofhble d'obtenir les réfultats directs. Au contraire, par la méthode que j'ai décrite, nous avons les mélanges que nous pouvons comparer par des expériences très-faciles, fans aucun calcul, D'ailleurs la méthode qu'ils ont employée pour obtenir les gravités fpécifiques de leurs mélanges différens, paroït être fujetre à plufieurs objections : déterminer l'effet de la chaleur, eft enfemble ennuyeux & point fatisfaifanr. Voici la manière dont on l’a décrit: ils ont une bouteille prefque fphérique de 2,8 pouce de diamètre, {on col formé d'une partie d'un tuyau de baromètre, de la longueur de 1 + pouces elle étoit parfairement cylindrique & fon calibre de 0,25 pouce de diamètre, & à fon côté extérieur, prefqu'au milieu de fa longueur , elle eft entourée d'un cercle fin ou anneau qui indique le point jufqu’auquel il faut la remplir avec Ja liqueur. La gravité fpécilique du melange aux températures différentes étoir prife par le moyen de cette bouteille ; la liqueur qu'il faut examiner étoit premièrement mife prefqu'au deoré requis de température ; la bouteille en étoit donc remplie jufqu'au com- mencement du col feulement, a&n qu'il y ec un efpace pour l'agiter: on introduifeic un thermomètre très-fin & fenfible par le col de la bouteille, dans la liqueur qui y étoit contenue , lequel indiquoit fi elle étoit au-deflus ou au-deflous de la température propolée, Dans le premier cas, la bouteille étoit apportée. à un air plus froid , ou plongée dans l'eau froide ; & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44 froide ; le thermomètre pendant ce tems étoir fouvent plongé dans la liqueur contenue, jufqu’a ce qu’on le trouvât au point defiré : de même quand la liqueur éroit trop froide la bouteille étoit apportée à un air plus chaud ; plongée dans l’eau chaude, ou plus ordinairement renue entre les mains, jufqu’à ce qu'on trouvât la tempéraruxe jufte. IL faut oblerver que pendant qu'on échauffoit ou refroidifloit la bouteille , elle étoit très-fouvent agitée entre chaque immerfion du thermomètre, le bout du col étoit. couvert, foic avec les doiots, ou \avec une plaque (bonnet) d'argent faite exprès , aufli conftamment qu'il eft poflibie. Par ce moyen d'apprécier les, gravités fpécifiques, & l'effer de Ia chaleur fur les mélanges différens ,:nous fommes fujets à une grande perte de rems, & à la difficulté d'amener chaque partie:du fluide dans la bouteille au même point de température requis ; ce dernier objec n’eft pas facile , particulièrement quand la: différence entre la température de la liqueur, & celle de l’air extérieur, eft grande : onnous dit qu'on y parvient en agitant la bouteille & ce qu’elle contient quandil ne marque pas la = partie pour qu’elle: foir pleine; mais après la moindre réflexion, chacun admertra que dans une bduteille-fphéfique , dans ces circont- tances , il ne fera pas facile de mêler le fuide en l’agitant On nous a aufli dit qu’ils obtiendroient le deuré de la température du fluide en plongeant un thermomètre fucceflivement dans la bouteille qui le contient ; mais ceux qui font exercés dans les expériences thermomé- triques, fentirant combien de rems il faut qu'un thermomètre foit plongé dans quelque fluide, ‘avant que nous puifions être certains qu'il a acquis une température qui ne d'ffere plus que moitié d’un degré de celle du fluide; & jamais nous ne pouvons en être sûrs: nous voyons le mercure dans le thermomètre fe mouvant en fens contraire à celui qu'il avoit quand on l’a plongé premièrement dans le fluide, c’eft-à-dire, fuppofons la température du fluide être 80°, & Le thermomètre au moment qu'il eft plongé à 60° , nous ne pouvons pas être sûrs que le thermomètre air la même chaleur que le Suide jufqu'après ayant été élevé à 80°, il commence à defcendre en fe refroidiflant, Ceci nous donnera quelqu’idée du tems & du:travail néceflaire pour faire les mêlanges à un degré requis de température , je puis prefque dire l'impoñfbilité, excepté que le thermomètre n'y refte toujours plongé. Outre cela, quoique leurs expériences foient feulement à chaque cinquième de degré de tempéra- ture, cependant chaque fluide eft fujet dans l'opération à être pefé au moins quarante-cinq fois; jugez donc quel doit être l'effet fur la force de l'efprit par l'évaporation de fes parties les plus fines pendant leurs opé- rations, particulièrement quand le fluide eft confidérablemen® plus chaud que l'atmofphère : & fi nous confidérons l'effet du ones d'argent , mis légèrement fur le col de la bouteille, dans Les intervalles on verra bien u'il ne préviendra pas l’évaporation. © Tome XL, Part, I, 1792, JUIN. LI1 432 ‘OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, Nous ne fommes pas moins fujets é'avoir des réfultats erronés, quand Ja température du mélange approche vers 30°, & la rempérature de l'air eft peut être 50° ou 60°. Maloré le foin le plus grand à effuyer la bouteille, if fera impofhble de prévenir la vapeur qui s'y condenfe au-dehors, laquelle augmentera {on poids bien certainement. Dans mes expériences il eft évident que je n’ai point d’occafon de pefer chaque mélange plus qu’une fois : qu'étant fait ou pris à la tem- pérature de la chambre , je n'ai à craindre aucune différence de tempéra= ture dans les parties différentes du fluide; d'ailleurs la température peut être déterminée avec la plus grande précilion , parce que le thermomètre refte toujours dans le fluide: il ne peut y avoir quelqu'évaporation fenfible pendant cette feule expérience, la furface étant conftaniment couverte avec un verre plat en contact immédiat avec le fluide, Outre cela, il n'y a qu'une légère tendance à l'évaporation quand la température du fluide et la même que celle de l’armofphère qui l'entoure. I! n’eft pas néceflaire que Ja température des fluides différens foit la même quand leurs gravités fpécifiques font déterminées, car ayant la tempé- rature au tems de l'expérience, & le degré de l’expanfon, nous pou- vons facilement réduire les gravités fpécifiques différentes au même degré. Ce que nous avons dit nous fait voir la difficulté de déterminer l'effet de la chaleur fur le mélange en le pefant. Avec mon inftrument nous n'avons rien à craindre de ce côté; car après que la quantité jufte d’un mélange eft dans le verre , le bout de tuyau peut être hermétiquement fcellé jufqu’à ce que les expériences foient fatisfaifantes. Mais le plus grand avantage qui provient de la manière que j'ai rapportée, outre fa précifion, eft le peu de tems comparativement requis à faire une fuite complette d'expériences pour déterminer la force des mélanges, ou la quantité d'efprit qui y eft contenue , de $ par cent jufqu'au 100 , & celle à chaque degré du thermomètre de Farh. & peut être achevé dans un petit nombre de jours par quelqu'un qui n'eft pas habile à faire des expériences. Au contraire, quoique les expériences dans les Tranfaétions Philofophiques ne defcendent pas plus bas qu'à l'épreuve (proof )& l’expanfion feulement déterminée à chaque cinquième de degré du thermomètre, cependant on nous dit qu'ils ont eu befoin de prendre plus de 1009 pefanteur. Nous avions droit d'attendre qu'on eût fourni quelque règle pour réduire la proportion d’efprit dans les expériences du poids relativement aux mefures mais cela a été omis , je donnerai pour l’ufage de ceux qui ne font pas bien inftruits dans ces matières un exemple de calcul requis pour ce but; ce fera pour compter le nombre des gallons d’efprit con- tenus dans chaque 100 du mêlange qui eft dans la proportion de 100 grains d'efprit à 35 de l’eau. a , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 443 Suppofez la gravité fpécifique de l’eau être 1 ,:8 celle de l'efprit être 0,825 : le volume d’une quantité d’un eiprit pefant 100 grains, fera 121,2121 , & lefquels ajoutés à 3ÿ le volume de l'eau, la proportion dans cette expérience fera exprimée par la fraction EE, qui étant réduite indiquera, que dans chaque 100 gallons du mélange il y a 77:594$ gallons d’efprit, & ce réfultat feroit vrai , fi le mêlange éroie mécanique, c'eft-à-dire, s'il n'y en avoit pas de pénétration ; mais comme les deux fubftances fe pénètrent l’une l'autre , il faut que nous calculions l'effet qui proviene de cette circonitance ; préalablement à ceci il faut calculer la gravité fpécifique du mèlange, s’il n’y eût pas eu de péné- tration; on trouve celui-ci en divifanc 135 le poids total des deux fubftances par 156,2121 leur volume , Le quotienc feroit leur gravité fpécifique s'il n’y eñt pas eu de pénétration. Mais la dimivution du volume par pénétration , étant inverfement comme la gravité fpécifique par le calcul eft à la gravité fpéciñque dérerminée par l'expérience , nous aurions la proportion fuivante , c’eft- à-dire, 8642, la gravité fpécifique calculée, eft à 0,98181 le réfultar de l'expérience donné dans leur cable | comme l'unité eft à 0,78004 la quantité À laquelle le volume eft réduit par la pénétration. Enfin, 98004 cft à 1 comme 77,594$ à 79,174, &c. c'eft-à-dire, que 100 gallons d’un mêlange de la gravité fpécifique de 0,88181 con- tiennent 79,1748 des allons d’efprit de la gravité fpécifique de 0,825 à une température certaine, Ainfi après un long calcul nous avons la gravité fpécifique d’un mélange , qui contient 79,1748 gallons par cent d’efsrit. Maintenant c'eft la gravité fpécifique des centièmes parties du mélange que nous cherchons ; mais comment obtenir de ce réfuleat la quantité fpécifique d'un mêlange qui contient 80 par cent d’efpric? je ne puis le décer- miner, Ce qui a été dic dans les pages précédentes nous fait conclure que je regarde la manière préfente de déterminer Le terme épreuve ( proof) 1115 : 1911 ) FU -fom me 10 .… Pat le thermomètre pour température , 3 par A au-deflus *...…. re. meme tereertoress 1> Par -la corredioh is slot ni .d;.7e mime sitetone se 587 | 014520 lié 00e das L'SUS tmp 21399 : 91 1" Qui ajoutées à 42 Liv. fterl. l’un & Fautre étant au- deflus , “donnent iswist. se se 2e ps se bpiseleres + 46,20 ; TS L'impôt far le mélange éorrigé eu égard! à la force & la température. Exemple IT: 3136 Balloñs à 7 L 2.2.0. moe! gli sy hydrom. au-defJous l'épreuve 7 PAT Cent» e, ? AiEérdrité Vu ar thermom. au-deffus l'épreuve 3 par cent. . Gorrectignis\fonft artère ntelie ere je ge mfetebete 1,68 L'impôt codigén. 412), LA Bo uen ee 40:72 diogt 811% ” of 0 sv hr Mais avant de donner quelques expériences ar, ce fujet, Le terme de l'épreuve doit avoir été fixé, & fes proportions, ep faifant Îles expé- riences, prifes dans les efprits de_ce degré,de force. Des réfulraçs déjà donnés dans les Tranfactions. Philofophiques, nous ,pouvons par un calcul trouver à-peu-près quelle feroit la gravité fpécifique gesmélanges divifes en centièmes proportionels ,aufli loin que les expériences:ont été faites, Mais ies, conclufons ne pourroient pas étre très-fatisfaifantes. IL faudroit peu de jours, pour répéter ces expériences fur un plan plus exact & moins fujer aux objections; &, la dépenfe, excepté celle des efprits, ne feroir que de $ à 10 livres fferlinos.… HN Cependant il eft quelques circonftances, où la denfité des liqueurs fpiritueufes n'indique point quelle enyeft Ja force ; icar:il eft bien connu, qu'il y,a eu des fraudes commifes , en diffeivant, dans les liqueurs fpiri- tueufes quelques fubftances qui en ont aygimenté la gravité fpécifique, fans en diminuer fenfiblement la force; spar-là on élude le ref? de l'hydromètre commun. Cela m'a engagé à faire les expériences fuivanres , non avec un grand degré de précifion, mais feulement comme un exemple de ce à quoi la. balance hydrométrique peut, être appliquée. Je pris de l'eau-de-vie.. telle, que celle qui eft vendue aux marchands d’eau-de-vie ; fa gravité{pécifique éroit,936 àla température de 60°. J'y ajoutai du fucre, non, j? crois, autant qué, l'eau-de-vie en peut difloudre : avant bien agité la folurion, je: la faïffai quarante-huit heures dansqune fiole bien fermée ,.& lorfqu'elle me parut pañlablement claire, je déters minai {a gravité fpécifique, que je trouvai étre 976, dans la même tem- pérature, qu'auparavant, où 69°. Pour. faire voir: cemment, on peut 446 OBSERVATIONS SUR'EA PHYSfQUE, découvrir Les folutions de certe forte, je fis un plat léger de cuivre, tel qu'il eft repréfenté, f22. 6, qui peut être fufpendu au crochet de la balance par le moyen d'un fil d’äirain, dont une extrémité feroit fixée au milieu du plat, & l'autre terminée à un crocher, où il peut être fufpendu à la balance ; le poids du plat & du fil étoit ref’, que, fufpendu à la balance & le gliffeur mis à 1000, il étoic en équilibre’; je mertois lé gliffeur à 800 , & je verfois aurant de la folurion dans le plac qu'il.en falloit pour rétablir équilibre ; cette quantité je l'appellerai 200 parties. Je décrochai le plat ,:& le mertanr fur le feu, je fis évaporer l'efprit, & le fucre refta au fond du-plat , qui-étant encore fufperidu à la balance ; & l'équilibre rétabli, en. faifant mouvoir le gliffleur le long du bras, l'index indiqua 979,7, d'où on conclur que la folution contient 2 partie de fon poids de fucre. Après cela; je pris 200 parties de l’eau-de-vie (fans fucre), & évapbrant ‘comme auparavant , il refta une petite Li fubftance noire, mais elle n'éroit plus que -# partie du tout. Enfuite je pris une quantité de rum ; de la même gravité fpécifique ou 936, auquel ayant ajouté du fucre, & la folution reftarr environ le même tems que la précédente, je déterminai fa gravité {pécifique, qui fat 964; Le rum (fans fücre ) étant traité de la même manière que l'eau- de-vie, laiffa un réfidu , qui n'excéda pas la partie, comme auparavant, Ces expériences indiquent la poffbilité de frauder les revenus par de telles folutions. On peut peut-être rrouver des fubftances qui augmen- teroient la denfité des efprits beaucoup plus que le fucre & aufli des méthodes de précipiter la fubftance fans diftillation ; mais n’érant pas chimifte , je n'ai pas de connoiffance dans ces miatièrés. Si un agent des douanes poflédoit un fnftrument, par lequél de‘telles fraudes puflent être découvertés , il pourroit en prévenir les attentats, & en cas de foupçon, l'ayent peut en moins de dix minutes, déterminer la pic- portion du réfidu au moins à fa = partie du tout. Mon objet a été la précifion. Mais la balance hydrométriqué étant un inftruméht nouveau, &'les agens des douanes n'étant pas dans l'habi- rude d’en ufer, les gravirés fpécifiques dérerminées par-là, pourroient dans les premiers tems demander plus de rems que l’hydromètre commun ; mais je fuis sûr, qu'exercé une heure, un agent pourra déterminer la gravité fpécifique de quelque liqueur fpiritueufe dans l'efpace de deux minutes, &, fi nous confidérons le changement des poids , &c. je doure beaucoup, qu'il puiffe être fait en moins de tems avec l'hydromètre commun, cependant ce rems feroit largement compenfé par la précifion des déterminations. Mais fi nous fuppofons qu'on emploie une méthode moins précife, nous pouvons être sûrs , qu'il y aura des erreurs, qui feront infaillible ment contre Le revenu public. Auffi-tôt que ces mefures feront arrangées, les marchands fe fourniront tout de fuite des inftrumens propres à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 déterminer l'impôt fur leurs efprits avec la précifion la plus grande. Quand Les erreurs font contre leur intérêt , ils ne négligeront pas de fe plainire ; & les déterminations vagues ne feront fatistaifantes que pour ceux qui en profitent. D'ailleurs la plus léoère réflexion nous convaincra, que la fomme des petites erreurs dans l’impôc , qui feules peuvent paroître des bagateiles, en feroit une très-grande fur la totalité de cette branche du revenu public. Cependant, fi les hydromèrres communs étoient confervés , parce que les percepteurs de cet impôt y font accoutumés , j’en ai confiruir un qui paroît avoir plufeurs avantages {ur ceux que j'ai vus jufaw'ici, I confifte en un tube de verre (f£g. 7 ) long environ de quatre pouces & +, d'un ouce de diamètre; l’extrémité fupérieure de ce tube eft d’une moindre groffeur, & il y a un gliffeur d'ivoire: fur cet ivoire il ya une échelle qui contient 100 divifions , au milieu defquelles eft le zéro ; les autres divifions au-deffus & au-deflous font 10, 20, jufqu’au $o. Celle du milieu ou zéro exprime la force ou la gravité fpécifique d’efprit de l'épreuve à la température de 60°; les divifions au-deflus du zéro montrent combien l’efpric eft plus fort que l'épreuve en centièmes parties ; celles au-deflous du zéro divifées également en centièmes parties , indiquent combien l'efprit eft plus foible. Le rube le plus grand où l’intérieur, contient un thermomètre de Farh. gradué d'un côté, & de l’autre montrant combien Pefprit eft plus fort ou plus foible à la température de 60°, en centièmes parties de la valeur de l'épreuve : le zéro de cette échelle eft vis-à-vis le 60° de l'échelle de Farïh. & les divifions au-deflus ou au-deffous ce point font 10, 20 , &c. Ceux au-deflus du zéro montrent le nombre des centièmes qui doivent être fouftraits pour corriger Les réfultats par l'hydromètre à la température de 60°: ceux au-deflous, le nombre des centièmes qui doivent être ajoutés. L'application de cet hydromètre fe fait ainfi: plongez-le dans Ja liqueur fpirirueufe , dont la valeur doit être déterminée, & obfèrvez à quelle divifion fur la petite échelle d'ivoire l'hydromètre defcend. Ce nombre en centièmes montre combien d’efprit eft au-deffus ou au- deflous l'épreuve fi la température éroit à 60° fur l'échelle de Farh. ou au zéro fur l'échelle de la correétion fur le thermomètre ; puis prenant l’hydro- mètre, voyez à quel point le mercure dans le thermomètre s'arrête fur l'échelle de correction , ce nombre exprimera en centièmes de la valeur de l'épreuve , la correction pour réduire le réfultat de l’hydromètre à la température de 60°. Les calculs feront femblables à ceux donnés dans les exemples pré- cédens, Cet inftrument paroît être plus fimple & plus commode que lhydro- mètre commun. En conftruifant l'hydromèrre & le thermomètre enfemble 443 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, sous évitons Le travail d’avoir deux inftrumens féparés ; & le tube infée rieur étant prefque cylindrique , on éprouve’ moins de difficultés à remuer l’hydromètre dans Le Auide ; que s’il eût été conftruitde la forme commune femblable à une boule. Les échelles étant d'ivoire les divifions deviennent plus vifibles que fur quelqu'autre matière ;: & fans Je befoin des poids nous avons unetéchelle qui excède les limites lauxquelles des efprits peuvent être tranfportés. À cela on peut ajouter la convenance des graduations en centièmes. Cependantije ine puis pas regarder la balance hydrométrique comme le meilleur }inftrument,: mois il peuc être plus convenable d'y_avoir un cylindre: de’ verte au dieu :id’une boule, &.que. le thermomètre fait placé! en dedans: : ÿ EXTRAIT Des Obfervations météorologiques faites. à Montmorehci : par ordre du Roi, pendant le mois de Mai 1792 ; . Par & P, CoTTE, Prétre de l'Oratotre, Curé de Montmorenci , Membre de plufieurs Académies. LE mois de mai n'a pas foutenu cette année-ci Ja réputation dont il jouit ; ila été fec & très-froid pour la faifon, on a vu de la gelée blanche & même de la glace les 23 & 24. Nous avons eu quelques jours d’une grande chaleur qui a occafionné des orages fuivis de froid. Ces orages ont été funeftes à quelques perfonnes , fur-tout celui du 16 qui a eu lieu ici à 3 ! heur. du foir. Deux jeunes filles qui s’étoient réfugiées fous un arbre ont été tuées près d’Ecouen, à une lieue de Montmorenci, Trois perfonnes ont péri aufli le même jour à Poifly des fuites de cet orage. £a foudre tomba encore à Deuil , village à un quart de lieue de Mont- morenci ; elle n’y a point fait de mal, feulement elle a fait l’efpiéglerie de couper en mille morceaux les fils conduéteurs d’une fonnerte fans les fondre, Les accidens fréquens qui réfultent de l'ignorance où font les habitans des campagnes fur les dangers du ronnerre dans certaines circonflances, devroient bien engager meilieurs les curés , à joindre aux inftruétions de morale qu’ils leur font, quelques avis fur les précautions néceflaires à la confervarion de leur fanté & même de leur vie. Affurément ce ne féroit pas dégrader la chaire de vérité, qui ef auffi la chaire de la charité, fun afteur prévenoit de tems en tems fes brebis fur le danger de fe réfugier fous des arbres, près des meules de foin & de bled, ou de courir pour éviter En PT ET. + le LE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 éviter la pluie, lorfqu'il tonne, s’il leur en développoit les raifons d'une manière claire & à leur portée. Ne pourroit-il pas aufli leur donner des avis fur le foin qu'ils doivent avoir dans les chaleurs de mêler un peu de vinaigre à l'eau qu'ils boivent, pour prévenir les maladies inflamma- toires & purrides ; fur le danger des cuves en fermentation, de la vapeur du charbon & même de la“braife d2 boulanger dont on fe défie moins, quoiqu'elle foit auf pernicieufe, &c. [ur Les fecours que lon doit adminiftrer, foit à ceux qui font afphixiés par ces vapeurs , foit aux noyés ? La charité eft l'ame de la religion ; un paftsur ne fera donc jamais rien de dépiacé, tant que cette vertu fera la règle de fa conduite, & fi elle doit s'exercer principalement à l'égard de l'ame, elle ne doit point népliger non plus Le bien-être corporel. Le 19, les fureaux & les feigles eurifloient, & le 21, l'églantier. La vigne fouffroit du froid. Les pruniers & les pommiers dans certains cantons font tellement rongés par les chenilles, qu’ils font aufli dépouillés de feuilles qu’en hiver, Les grains d'hiver & d’été font très-beaux. Température de ce mois duns les années de lu période lunaire de 19 ans correfpondante à celle-ci, Quantité de pluie à Paris , en 1716, 104 ligo. en 173$ 23: lign. en 175418: lign. en 1773 à Montmorenci. Vents dominans, füd-oueft & nord, Plus grande chaleur, 22 d. = le 18 Moindre , 22 d. le $. Moyenne 11,2. d. Température froide & humide, Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. 3 lien. le 30. Moindre 27 pouc. 6 = lign. le 20. Moyenne 27 pouc. 9 = lion. Quantité de pluie 26,3 lig. d'évaporation 38 lign. Nombre des jours de pluie 17, de tonnerre 4. Températures correfpondantes aux différens points lunaires. Le 2, (équinoxe defcend. & quatrième jour avant la P. L.) beau, froid. Le 6 (P. L.) couvert, froid, pluie. Le 8 ( périgée ) couvert, froid, Le 9 (luniflice auflral) nuages, vent , froid. Le 10 (quatrième jour après la P.L. ) couvert, froid. Le 13(D.Q.) idem. Le 15 (équin. afcerd. } nuage , doux, changement marqué, Le 16 (quatrième jour avant la NN. L.) nuages, doux, vent, pluie, tonnerre. Le 29 (N. L.) beau, chaud , pluie, tonnerre, Le 22 (/uniflice boréal ) nuages, froid. Le 23 ( apogée) beau, froid. Le 24 (quatrième jour après la N. L.) idem. Le 29 (P. Q.) couvert, vent froid. Le 30 (équin. defe. ) nuages, froid. En mai 1792 Vents dominans , le nord-eft & le fud-oueft; ils ont fouvent foufflé avec aflez de force , fans être violens, : Plus grande chaleur 18,7 d. le 19 à midi, le vent fud-oueft & le ciel en païtie ferein. Moindre 2,1 d. Le 3 à 4 ? heur. matin, le vert N.E. & le ciel ferein. Différence 16,6 d. Moyenne au main 70. d, à midi à, 12,5 d. au foir 8,9 d. du jour 9,5 di Plus grande élévation du baromètre 28 pouc. 1,4 lign. le 24 à 4 heur.._ | matin, le vent N.E. & le ciel feréin. Moëndre, 27 pouc. 6,6 lign. le 27 i9 heutifoir ; Le vent S. O. &le ciel'couvétr. Différence, 6,10 lign. Tome XL, Part, I, 1792. JUIN. M 6 m 4ÿo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, $ é ; FANS EL AE Moyenne, au matin, au foir & du jour 27 pouc. 10,10 lien. à midé. 27 pouc. 10,9 lign. Marche du baromètre, le premier à 4? heur, matin 27 pouc. 10,0 lign. du premier au 3 monté de 3,0 lign. du 3 au + baiflé de 3,9 lign. du 4 au $ M. de 0,8 lion. du ÿ au 8 B. de 1,3 ligne du 8 au 13 M. de 3,9 lign. du 13 au 16 B. de 2,8 lign. du 16 au 20 M. de 25 lign. du 20 au 21 D. de 2,6 lign. du 21 au 24 M. de à 3,10 lign. du 24 au 27 B. de 6,10 lign. du27 au 31 M. de $,7 lign. Le 31 à 9 heur. foir 28 pouc. 0,1 lign. Le mercure s’eft outenu aflez haut, & il a peu varié pendant ce mois, fi.ce n’eft en montant les 9, 17,21 & 31, & en defcendant, les 4, 16, 25 & 27. I eft tombé de la pluie les 1,4, 5, 6,7,16,17, 20,21, 2$, 26 & 28. Elle a fourni 18,6 lign. d’eau ; du 7 au 31 il n’en eft tombé que 7,3 lign. L'évaporation a été de 29,0 lign. ER Le tonnerre s’eft fait entendre de pres le 16 & le 20, & de loin le 27. be boréale a paru le 22 à 9 ? heur. foir, elle étoit tranquille &c fans jets lumineux. Nous n'avons point eu de maladies régnantes. Montmorenci, 4 Juin 1792. VINGT-TROISIÈME LETTRE DE Mix DiE:SL UC: A M DELAMÉTHERIE. Queflions relatives aux Cavernes qui ont dû fe former dans notre Globe , & à quelques Phénomènes géologiques attribués a des caufes lentes. Windfor , le 21 Mai 1797 Nlixervus : Après avoir déterminé, dans mes Lettres précédentes , une époque de Vhifloire de La terre que nous définiflons vous &:Imoi par les mêmes. caractères généraux, je viens aux Événemens. poftérieurs qui nous ont laiffé des monumens de leur exiftence , pour Jes confidérer d’ap je les caufes que nous pouvons éoncevoir|comme-exiftantes à cette ép = 3 1. En étudiant l'enfemble des monumens géologiques , on ne faurair douter, qu'il n'y aiteu de vaftes cavernes dans l'intérieur d: notre globe; non-feulement parce que l’eau doit néceflairement avoir beau- coup diminué à fa furface, mais parce que celle-ci n'eft qu'un tas de ruines, Vous me dites à cet égard (pag. 201 de votre précédent vol, } s Je fuis d'accord avec vous & tous les phyficiehs, tous adnisrrent des » cavernes intérieures ». [ne s'agifloit donc que d'expliquer, d'abord comment ces cavernes fe font formées, & enfuite quelles en ont éré les conféquentes dans Ja production des phénomènes obfervés. J'ai répondu dans ma viriorième Lertre aux objections que vous aviez faites contre ma théorie à cet dard, & je viens-maintenant à la vôtre. 2. & Les élémens de notre globe (dites-vous pag. 291 & 292), > obéiflant à la loi des aMinités, ont criftallifé en grandes maffes. Ces D gros criflaux fe font réunis; ont formé nos montagnes & nos » vallées 4 2 : Ces mafles, dans leur réunion , ont laiflé quelques vuides » entrelles, commenous les voyons dans nos criftallifations falines. . . . 5 Ces cavernes, fur-tout celles qui font le plus rapprochées du centre > du glole , Où la chaleur étroit plus grande & réduifoit plus facilement » l'eau èn vapeurs, {fe remplirént de ces vapeurs, d'air & d'autres » fluides aériformes . 7. . Il {e forma enfuite des gercures, des fentes » dans l'intérieur des montagnes & des différentes parties de la terre à » méfure qu'elles fe refroidifloient. . . . Les eaux de Ja furface s'intro- » duifirent dans ces fenres & pénécrèrent dans les cavernes, dont les » vapeurs fe condenfoient & les fluides aériformes s'échappoient. . .. »° Les mers diminuèrsne donc à la furface de la terre ». Si de tels criflaux n'ont pu fe former, comme je crois vous lavoir montré dans ma vingt-unième Lettre, les daverries ne peuvent être expliquées de cette manière ; mais je les accOderai ici pour en examiner l'effet. Je 'entrérai pas dans la queftion, fi des fluides acriformes pouvoient être produits à une telle profondeur dans le globe , quoique fans e/pace pour une première expanfion, parce que nous ne connoïflons aucun fait qui puiffe nous guider à cet égard ; mais je m'atrêterai à la vapeur, dont nous pouvons parler avec certitude , & fur laquelle fans doute vous avez le pius compté , par analogie avec la machine à vapeur. C’eft même rincipalement en vue de cet effet, que vous fuppofiez dans notre globe, à cette époque, la chaleur de l’eau bouillante. Mais vous allez voir, qu'une formation de vapeur dans l’intérieur d’un globe liquide, quelle. que für la mafle de ce globe , le bouleverferoit entièrement, 3. L'ébutlision cf cet état d'un liguide , où la vapeur peut fe former dans fon intérieur & en fortir en grofles bulles. D'après les loix de la vapeur aqueufe, elle ne peut dépaffer un certain degré de denfité, par une mème zempérature ; mais cé maximum de denfité devient plus grand , à mefure que la chaleur augmente, Le degré de preffion que la Tome XL , Pars, I, 1592, JUIN. Mmm 2 SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. st us. 2% DA ED Mn a! 452 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vapeur pure peut foutenir , eft proportionnel à fa denfué : ainf, pour qu'elle puifle fe former dans l'interieur de l’eau ; il faut qu’elle foit dans le cas d'y acquérir une denfiré plus qu'équivalente à la preffion exercée fur l’eau qui l'environne ; & cette, denfiré déterminée ne peut être produite que par une certaine sempérature, La chaleur de l'eau bouillante, confidérée en général ,.eft donc celle qui peut produire dans l’énrérieur de l'euu des vapeurs aflez den/es pour furmonter la preflion adtuellement exercée fur elle. : | 4 D'après cette théorie, fur laquelle il n’y a aucun doute, en fuppofant que ce qu'on nemme la chaleur de l’eau bouillante ( foit ta cempérature nommée 80 fur notre échelle ordinaire) eût régné une fois dans la mafle de notre globe, cette chaleur n'auroit pu produire des vapeurs interñes , qu'à quelques pieds de profondeur dans l'eau ; puilque rout leur pouvoir à cette sempérarure contre la preffion de l'eau fupérieure & de l'aumofphére quelconque , n’auroit été équivalent qu’à la preffion d’une colonne de mercure d'environ 28 pouces. Nulle vapeur ne pouvoit fe former plus bas dans cetre hbypothète ; ainfi fa formation à une plus grande profondeur dans le globe, auroit exigé plus de chaleur ; & il ne faudroit pas arriver à une profondeur bien grande, pour que la chaleur de l’incandefcence devint néceflaire. Comment donc concevoir même ce qui auroit dù réfulter d’une vaporifation de l’eau jufqu'aux parties les plus rapprochées du centre du globe, & ainfi d’une chaleur capable de roduire cet énorme effet; puifque nous iunorons même fi une telle chaleur eft pofible? Mais il eft bien certain au moins, qu'aucune de nos fubftances minérales n’auroit pu s'y former, ni par conféquent des cavernes 3 & tout ce qu’on peut fe figurer d’un tel état, eft l'expanfton totale du liquide. Vous voyez donc, Monfieur, que l’idée de chaleur de l'eau bouillante, appliquée à notre globe, n’éroit qu’un apperçu, une de ces premières idées, qui fonc bien quelquefois les germes de fyflêmes folides, mais dont nous ne devons jamais tirer aucune grande confé- quence, fans les avoir profondément examinées. s. Je viens à la fimple idée, que notre globe ait eu, à l’origine de fe liquidité, une chaleur plus grande que fa température actuelle ; idée que nous admettons l’un & l’autre, mais fur des fondeinens différens. Selon ma théorie, la terre reçut alors, par l'addition d’ure certaine quantité de lumière, une première provifion du fluide calorique, favoir, le feu , qui fe compofa d'abord. Mais le feu , & la lumière elle-même féparée de l'élément diftin@&if du feu, fe combinent €ans nombre d'opérations chimiques ; & cette con binaifon dut être d’abord très- abondante, tant par la formation des fubftances primordiales , que par celle d’une grande abondance de fluides expanfibies.. Ainfi la rem- pérature originelle de notre globe dut baifler graduellement; & elle auroit même pu y diminuer juiqu’à la congélacion , & ainli, à la ceffation SUR L'HIST; NATURELLE ET LES ARTS. 453 des opérations chimiques, fans les rayons du foleil, qui vinrent y remplacer fucceflivement, jufqu'a certains points, les nouvelles quantités de lumière qui fe combinoient & fe diflipoient : de forte qu’enfin, depuis que les grandes combinaifons chimiques ont été rerminées dans la mafle du globe, les rayons du foleil y ont maintenu une sempérature conftante. En un mot, nos /ubflances miterales contiennent du feu & de la Zumière , qu’elles ont dû recevoir à leur formation, & ila première malle des fluides expanfibles en a auili beaucoup abforbé, ce quina pu fe faire fans une diminution dans la rempérarure du globe: tel eft mon motif pour y fuppofer une plus grande chaleur lorfqu'il devine liquide ; le vôtre eft différent , & voici comment vous l’exprimez à la page 428. 6, « Toutes les Aautes montagnes ( dites-vous) font couvertes de > néige & de glace pendant toute l'année. . . . Cependant fous ces > glaces font des montagnes criflallifees. Il y a donc eu à la première origine des chofes, aflez de chaleur dans ces régions, pour que l’eau ne s’y congélér pas, & y opérât ces différentes crflallifurions. . . . » J'ai donc pu établir, qu'il ÿ a eu un tems où le globe avoit une plus » grande chalesr qu'aujourd'hui ». Je le crois auffi, comme vous venez de le voir, mais ce n’eft pas d’après ce phénomène. Car quelle eft la caufe du froid qui règne fur les fommers des hautes montagnes ? C'eft uniquement le décroiilement de la chaleur de bas en haut dans l'atmof- phère, Mais quand les fubftances qui compofent ces /ommirés actuelles , furent formées, elles étoient fous les eaux de la mer, où régnoit une température convenable à la criflallifation ; & fans aucun befoin de changement dans cette sempérature , le fimple abaïflement relatif du niveau de la mer (que nous admerrons vous & moi }, fuivi de l’abaifle- ment de l'aemofphére , ayant placé ces fommets dans la région de l'air où l'eau le gèle fouvent, ils ont dû fe couvrir de neige. Il en arriveroit autant au bus-fond de la zone torride, fi tout-à-coup le niveau de la mer venoir à S’abaifler au-deflous d’eux, d’autant qu'il left maintenant au-deflous des /ommers des Cordiliéres. Ainfi ce phénomène ne prouve poine un refroïidiffement de notre globe. 7 Je me fuis arrêté à cette différence dans nos opinions, parce quelle tient à un grand objet de Géologie auquel je viendrai dans la fuite. Car d'ailleurs, fi j'entreprenois de rappeler toutes Les propolitions geologiques contenues tant dans vos Lettres que dans vos autres ouvrages, pour diftinguer les objets fur lefqueis nous différons d'avec ceux où nous fommes d'accord, j'enfévelirois fous ces détails les points fondamentaux de votre théorie. C’eft fans doute d'après les phénomènes bien décrits ,que route théorie de la terre doit être jugée ; mais ilen eft une multirudé, que toutes les théories réclament, ou qui leur fonc iudiférens, & dont ainf la difcufion, quelqu'intéreflante qu'elle püt être y 3 L] en elle-même , feroit hors de place quand il s'agit des principes fonda- mentaux de la Géologie. Je viens donc immédiatement à la clafle de phénomènes qui exige’ le plus d'attention, parce que c'eft celle même qui a donné naiflance à toutes les théories géologiques ; je veux dire l'enfemble de ce qui concerne celles de nos couches où l’on trouve des corps. organifés. 8. Vous ne reconnoiffez de produétion chimique primordiale que pour le granit; que vous confidérez , dès fi formation & encore couvert par la mer, comme ayant à fa furface de grandes éminences, & de plus grands enfoncemens. C'eft enfuite à la décompofition d’une partie de ce minéral, fuivie de nouvelles précipitations , que vous afignez l’origine de nos fubltances fecondaires : & quant à l’arrangement de ces /ubffances tel que nous le voyons, vous l'attribuez à des mouvemens alternatifs de a mer , fe portant des poles vers l'équateur & de l'équateur vers les poles, par des accélérations & rerardemens de la roration de la terre. Teleft le réfumé de vatre théorie à cet égard, 9. En appliquant cetre théorie à l'état préfent de la rerre, vous fuppofez (pag. 443) que nous nous trouvons däns une immenfe période où la rotation de ce glabe s'accélère ; de forte que l’eau de la mer le porte actuellement des poles vers l'équateur. Vous conviendrez fans doute, que l'effet dé ce mouvement, quant au rapport de la mer aux parties sèches, n'eft pas perceptible ; puiiqu'en embraflanc les tems hiftoriques, rien n'indique encore, que la zrer s'abaifle devant roures les côtes des. régions polaires, en s’'élevant au contraire contre routes les côtes de l'équateur: conféquence que vous attendriez avec raifon d’éne accélé- ration dans la rocation du globe. Il faut donc fuppofer dans ce change- ment de Ja mer, une lenteur telle, que les monumens hiftoriques ne puiflent encore en marquer diftintement les effers ; & ç’eft fous ce point de vue que je confidérerai d'abord votre hypothèle. ; 10. L'origine de nos continens Comme erres sèches, avoit été déjà attribuée depuis long-tems à plufieurs elpèces d'opérations lentes ; mais nulle des hypothèfes qu'on a faites à cer égard, non plus qu'aucune autre qu'on pourroit imaginer encore , où il s'agiroit de caufes lentes , ne fauroit expliquer cette origine, puifqu'il eft démontré que nos comti- nens font modernes. « Certe vérité (dic M. DE DoromiEu à la pag. 42 de votre préfent vol.} » n’auroit pas été fi vivement attaquée , auf » fortement combattue , fi elle n’eût pas des relations avec des opinions æ religieufes qu'on vouloit détruire, & qui pouvoient être abfurdes , »-fans nuire à cette vérité géologique. On croyoit faire un ae de » courage, & fe montrer exempt de préjugés, en augmentant par une > efpèce d'enchère le noinibre des fiècies qui {e font écoulés depuis que » mos continers lont accordés à notre induftrie. Sans craindre de me » livrer au ridicule. ...je pourrai publier dans quelque tems un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45s ouvrage, dans lequel je réunirai Les monumens hiftoriques aux obfer- # vations géologiques, pour démontrer, qu'en admettant dix mille » ans d'ancienneté pour le moment où la terre et deverue ou reZevenue > habitable, on exagère peut-être encore. Mais je dirai suffi, qu'il n'y » a point de mefure du £ems dans les époques antérieures ». 11. Je fuis d'accord avec M. DE Docomi:u fur tout ce paflage, en fuppofant l'interprétation fuivante d’une de fes parties. Il s'agit d'opinions religieufes qu'on vouloir détruire ; opinions qui pouvoient tte æbfurdes, quoique nos continens n'eullenc pas dx mille ans d'ancienneté (ni même quatre mille, comme je vous le montrerai en fon lieu). Je fuppofe donc qu'il s'agit ici d’interprétations de la révélation mofaïque que j'ai réfutées moi-même , où l'on n’aflignoit que f2x de nos jours aux opéra- tions qui ont en lieu fur notre globe, depuis qu'il eut reçu la /umiére, jufqu'a lexiftence de l'homme; ce qui en effet étroit aufli contraire à l'Hiftoire-Naturelle, qu'au texte qu'on vouloit expliquer. Mais quant à la révélation elle-même, dépouillée de fes commentaires errenés, je Ja regarde comme aufli démontrée par les monumens géologiques, que l'eft ancun ancien fait hiftorique par Les monumens qui le concernent, On connoît mes idées à cet égard; mais ne traitant dans ces Lettres que de Phyfque & d’Hiftoire-Naturelle ,.j'y mets à part la foi en une révélation, parce que je me tiens en garde, chez moi comme chez les autres, contre les péruions de principe ; cependant on apperçoit fans doute , dans ces difcuffions elles-mêmes, mon opirion religieufe; & c'eft mème mon intention : mais elles n’y font que comme conféquences & non comme prèncipes. Si donc je n’explique de nouveau fur ce fujer, l’un des plus intéreffans que l’homme puifle étudier , c’eft afin qu’on examine plus ferupuleufement fi je me trompe à l'égard de quelque point effentiel, foit dans les principes phyfques, foit dans les faits-géologiques, foit enfin dans celles de leurs conféquences qui tendent à établir, ce que je regarde en même-tems comme des objets révélés dans la Genëfe ; car l'erreur non fuppolée, mais réelle, eft toujours un mal, & je ne voudrois pas contribuer à la propager. 13, Je reviens à notre fujet. Puifque nos convinens font très-modernes, ce que je pofe ici comme une vérité démontrée, à laquelle j'aurai occafion de revenir , il eft évident, que leur émerfion du fein de la mer ne peut être attribuée à aucune caufe qui aoifle par degrés & très-lentement ; 8 qu'ainfi , lors même que les changemens que vous imaginez dans la vitefle de la rotation de la terre feroient certains, les conféquences qui devroient en réfulter {ur notre globe, ne pouvant être qu'imperceptibles dans nos obfervations , ne fauroient avoir aucun rapport avec Ha révolution /oudaine & peu ancienne qui a livré de nouveaux conzinens aux plantes & aux animaux serreffres. 13. M. VrALLON , dans la Lettre que renferme votre cahier de mars, ÿ Li à 0 RES M ASTM dE ed) SR à Ste 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vous a allégué une confidération très-forte, d'une claffle particulière, contre cette idée que nos conrinens fe trouvent à fec par leffer d'une -caufe lente. « [Il me paroît facile (vous dit-il) de prouver, que la mer s'eft >» retirée avec une Certaine rapidité dans fon /ir aëtuel , & que de plus >» cette retraite eft l'effet d’une grande révolution arrivée au globe. Car » confidérez un moment les fa/aifes des bords de la mer. . . . Si certe » mer füt refée des centaines d’années à chaque centaine de pieds en » abandonnant les montagnes, je vous demande fi elle n'auroit pas » formé des fuluifes pareilles dans tous les pourtours de fes bords; & ne > trouverions-nous pas aujourd'hui des cafcades qui nous rendroient la >» furface de la terre d’une habitation très-défagréable »? Je vais déve- lopper plus loin, par anticipation, cet argument général. 14. Tout obfervateur attentif qui a eu occafion de fréquenter les bords de la mer, ne peut qu'’avoir été frappé des diverfes opérations qui s'y exécutent, foit par elle-direétement, foit par {on influence. Dans les parties de fes confins où Ja côte originelie s’eft trouvée élevée & faillante, & en même-tems compofée de couches meubles, fes vagues 8: fes courans ont formé des falaëfes. Ce font-là les feules /eions abruptes des côtes qu’on puifle attribuer à la mer; car M. pe Doromieu vous a montré, qu'elle n'attaque pas les rochers durs, dont les /eéZions font ainfi contemporaines avec la naiflance de nos continens : ce que prouve- zoit feule la quantité de fucus & d’autres plantes marines qui les recouvrent. Par-tout où la z7er a démoli, & démolit encore, des couches meubles, on retrouve , dans quelque partie rentrante des mêmes côtes, ceux des matérieux détachés ; que l'eau peut charrier quand elle eft en grand mouvement: ils y font dépofés dans le calme, & rejettés par les vagues contre la plage, où fe forment ainfi des asterriffemens. Dans tous les lieux ai où fe déchargent les rivières , leur limon, accumulé contre la plage par les courans & les vagues , y forme aufi des extenftons. Ces nouveaux fols font fi différens de nos couches , qu'il feroit impoflible de s'y méprendre en quelque lieu qu’on les retrouvât ; & fila mer s’étoit abaiflée lentement dans aucune partie du globe, tout le terrein compris entre le lieu de fon départ & fon lit actuel , porteroit l'empreinte d'un sravail littoral continué: les coquillages enfevelis dans - les rerres peu élevées au-deflus de fon niveau actuel, feroient les mêmes que ceux de la côte voifine , vers laquelle tous les terreins remaniés auroient leur inclinaifon ; & l’on retrouveroit (comme M. VIALLON vous l'indique) dans tous les mêmes pourtours des terres, les fulaifes qui auroient été fur le métier dans les mêmes tems. Or, rien de tout cela ne s’obferve: dès qu'on s’eft élevé de quelques toifes au-deflus de la mer, tout ce qu'on remarque dans les terres, eft étranger, tant à fes plages qu'à fes opérations actuelles. 15. M. DE DoLomieu fe trouve d'accord tour-à-tour avec mes opinions SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 45; opinions & avec les vôtres. Vous venez de voir que nous fommes d'accord fur le peu d'ancienneté de nos continens , contre votre opinion qui les rendroit d'une immenfe anciquité; mais il penfe avec vous, qu'un grand nombre de fairs ne permettent pas de douter, que la mer ne les aic couverts plufieurs fois ; au lieu que jene connois aucun fait qui puifle autorifer cette opinion. Sur quoi, pour abréger les difcufions relatives à la propofition elle-même , j’examinerai prenrièrement quelle liaifon elle pourroit avoir avec vos théories refpeétives , afin de déterminer ainfi fon ré d'importance, 16, Dans votre théorie, vous alléguez cette prapolition en preuve d'une de vos hypothèfes fondamentales; favoir , que nos continens ont reçu leurs grands caractères pat des mouvemens alternatifs de la mer , poftérieurs à l’abaiflement de fon niveau & à l’origine de premières terres. Si donc on trouvoit des preuves que la mer a couvert plufieurs fois certaines parties du globe, votre théorie ne pourroit en titer aucun avantage; puifqu’il s’agit d'expliquer la zaifJance même de nos continens. dans un tems peu reculé ; ce qui eft étranger à d'anciens mouvemens de la mer. 17. M. DE DoLOMrEU allègue cette même alternative , de préfence & abfence de la mer fur nos terres, confidéréè comme un fait , en preuve d’une opinion bien différente de la vôtre; car ce font des changemens rapides de la mer qu'il veut établir. Vous avez vu, Monfieur, que ce favant géologue admet avec moi le peu d'ancienneté de nos continens ; & nous forimes d'accord fur un autre grand point, c’eft que toutes les fubftances primordiales connues ont été bord dépofées par couches fur le fond d'un liquide, & que leurs grandes chafnes aétuelles, qui dominent fur nos comtinens , ne font que les bords redreflés de fractures d’une croûte zrés-épaiffe. Ainfi nous ne différons que fur l’origine & la caufe de l’état actuel de nos couches fecondaires, en vue delquelles il fuppofe ces retours r£irérés de la mer fur-fon ancien lit; ce qu'il attribue à d'immenfes marées. Mais je crois pouvoir lever fes difficultés fur nos couches, & montrer d’ailleurs que les marées qu'il fuppofe font contraires à l’hydrof- tatique ; ce qui rendra aufli l’idée , que la mer ait été plufieurs fois fur nos cofWnens , étrangère à fa théorie, Mais je dois renvoyer ces objets à une autre Lettre, à caufe des détails qu'ils entraînent néceffairement, & me borner ici à l'examen des faits directs d’après Jefquels quelques géologues avoient déjà conçu la mème idée. 18. Le premier & le plus cité dercés faits, confifte dans certaines coilines , où des couches calcaires font divifées par d'autres couches d’une fubitance qui très-prohablement eft volcanique. Partant de-là, & fuppofant que des Zaves n’ont pu être produites qu'au-def]us du niveau de la mer, on a confidéré ces collines comme des preuves, que la mer s'étoit retirée plufteurs fois de deflus nos convinens, Cependant on fait Tome XL , Par. I, 1792 JUIN, Nan 453 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que dans notre mer même , dont le lit eft fi tranquille en comparaifon de celui de la mer ancienne , de nouvelles fles fe font formées par des cruptions volcaniques faites dans fon fond; ce qui déjà rend cette hypothèle inutile: & l'examen attentif des faits mêmes fur lefquels on l’appuie , lui ête coute probabilité , comme vous le verrez , Monfieur , par un-exemple, | 19, Entre Francfort & Hanan , le Mein eft bordé fur fes deux rives; de collines dans lefquelles la Zaye fe trouve enchaflée entre des couches calcaires. Ces couches font très-remarquables par leur contenu , qui eft le même au-deflus & au-deflous de la lave , & qu'on retrouve dans les cotiches d'une grande étendue de pays, où , comme d'ordinaire , on voit leurs fections abruptes dans les flancs des collines, mais fans /ave , excepté dans le lieu indiqué. Toutes: ces couches calcaires contiennent une abondance furprenante d’une même efpèce de buccins à-peu-près d'une ligne de long, auxquels font mêlés de plus gros coquillages , qui varient fuivane lès couches , où ils fe trouvent par familles : les cames dominent dans quelques couches , en d'autres ce font des limaçons , ailleurs des vis ou des moules : nombre de couches de fuite renferment les mêmes coquillages mêlés aux petits buccins ; & c’eft en particulier le cas de celles qui font au-deflus & au-deflous des deux /aves , ou plus probablement d’une même lave; qui a éprouvé les mêmes fraëures que tout le refte des couches. Si donc on met à part ces convulfions qu'ont fubies toutes les couches après avoir été formées, on ne fauroit douter , que l'accumulation de celles dont je parle ne fe foit faite durant un même féjour de la mer , avec cette circonftance feulement , qu'il- s’y fit dans le mêmettems une éruption volcanique. En d'auues lieux on trouve plufieurs de ces ériprions , faites fur les mêmes. parties du fond de la mer, & recouvertes fucceflivement, par la. même efpèce de couches calcaires. Telle eft la manière dont ce phénomène s'explique très-naturellement, quelqu’idée même qu’on fe fafle de la fubftance prife ici pour de la Zave. Préférer à cette explication, celle que la mer ait été abfente quand ces couches particulières fe font formées, & qu’à fon retour , elle ait répété les mêmes opérations & nourri les mêmes efpèces d'animaux, {eroit, ce me femble, comme préférer le fyftème de Fvolomée à celui de Copernic, à l'égard des mouvemens céleftes. 20. Il en eft de même des couches alternatives de Aouzlle & de fubitances pierreufes, qui ont été citées aufi en faveur de la même hypothèfe, Car quoiqu'ici les couches pierreufes varient fouvent entre celle de Aouille, & quil y ait même quelque variété entre les couches de celle-ci. dans les mêmes lieux , on trouve néanmoins dans leurs 0/45 les empreintes des mêmes clafles de végétaux. Faudroit-il done fuppofer auf, qu'à chaque fois que la æer fe feroit retirée de ces lieux, le fol fe fût trouvé dans une fituation à produire de la courbe SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 (origine de la Aouille) & par les mêmes végétaux ? Cela ne feroic pas vraifemblable. Mais tout l’enfemble de nos couches indique des affaiflemens fucceflifs des fols recouverts par la mer ; & comme ils s'opéroient par fractures fur des cavernes , {on niveau devoit fucceflive- ment baifler, Or, il eft aifé de concevoir, qu'en certains lieux où ces opérations fe répérèrent , des bas-fonds furent tantôt couverts, tantôt découverts par la mer ; jufqu'à ce qu'enfin queique grande cataftrophe d: ces mêmes fonds rompit toutes les couches qui s’y.étoient formées & les réduifie à l’étac où nous Les trouvons. 21. Je me borne à ces deux phénomènes, cités en faveur de l'hypo- thèfe, que la mer a couvert plufieurs fois nos continens ; parce que quelques autres qu'on allègue encore, portent le même caractère d'invrai- f:mblance : j'ajouterai donc feulement à l'égard de tous, que fi la mer avoit paflé & repañlé plufieurs fois fur nos continens , ce ne feroit pas à de petits fymprômes particuliers qu'on reconnoîtroit ces opérations , mais à quelque grand trait caraétériftique de leur caufe. Attachons-nous donc premièrement aux grands phénoraènes & à leurs caufes ; car c’eft de-à feulement .que peut réfulter une théorie folide, 22. Parmi ces fairs caraétériftiques de grandes caufes , fe trouvent nos couches fecondaires , confidérées d'abord quant à l'origine des Jübflances dont elles font compolées : voici votre opinion à cer égard { p.297.) « À la fèconde époque , les eaux , agiflanc lentement & tran- #> quillement dans une fuite innombrable de: fiècles, ont formé; de ». la décompofition des fubflances primuives, les granits fecondaires, » ouXneifs, & les montagnes calcaires qui ne contiennent, point ou » peu de fubftances animales & végétales: ces kneifs font feuilletés 5 & ces montagnes calcaires font par cofches. Dans les tems pofté- » rieurs, les mêmes eaux ont formé les /chifles & les ardoifes rem- » plies d'impreflions de poiffons & de pluntes, les houillières, les » montagnes calcaires coquillières, les plätres; » &c. Je vais partir avec vous de cette hypothèfe d'une feule criflallifation primordiale. 23. Il faudroit donc d'abord , que le granit contint toutes les dif- férentes clafles de. fubftances qui. recouvrent aujourd’hui fa mañle ref- tante ; & dans les mêmes proportions où elles font en embraflant tou- tes les couches fécondaires | puifque celles-ci devroient procéder de la décompofition d’une certaine mafle de grani :or.je doute que vous puilliez rendre compte par-là de la quantité proportionnelle dé l'argile dans les nouvelles couches. Mais je ne m'arrête pas à ce point, trop, difficile à décider. T1 faudroit fuppofer ; que le même Tiquide dont le granit s'étoit féparé par criflallifation ; feroit devenu enfuite capable de le difJoudre par tout le globes ce qui exigeroit l'indica- tion d’une nouvelle caufe ; & vous n’enindiquez d'autre que le emps, Tome XL, Part, I, 1792, JUIN, : Nnn 2: 460 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui ne fait rien feul. Il faudroit que tout le granie qui devoit four- nir à la mafle des couches fecondaires eût été diflous à la fois ; car dès que le granit teftant auroit été recouvert par d'épaifles couches d'une nouvelle précipitation, il auroit été inattaquable par le liquide. Or à quoi fert une criffallifarion préalable d'une partie du granit, fuivie immédiatement d'une diffolution? En fuppofant cette portion de granit rentrée dans le liguide , ce qui vous ramène fimplement au point où je demeure après la formation du granit , il faut afligner des caufes de précipitations différentes dans unmème liquide: cepen- dant vous n’en indiquez”point, & je n’en découvre aucune qui puifle fe lier à votre théorie. Enfin, il faudroit rendre compte de l'état de Jabverfion où fe trouvent toutes ces couches fecondaires ; tandis qu’en les fuppofant formées fur une bafe inébranlable , la mafle du granir, que vous confidérez comme ayant été produit dans Pétat où il eft encore, vous êtes réduit, pour l'explication de ce grand phénomène, à l’action de caules exrérieures, dont je vous montrerai bientôt l’im- puiflance. : 24. C'eft une chofe remarquable , que malgré Les grandes diffé- rences qui fe trouvent entre nos théories , nous n’aurions à convenir que fur peu de points, aifés à déterminer, pour être bientôt d'ac- cord. Nous reconnoiflons en commun, que le granë eft un produit de criflallifation dans un liquide primordial ; mais vous penfez qu'il a été formé én maffe, & je crois qu'il a été dépofé en couches. L’ob- fervation ne peut que décider ce point: & alors, fi le pranit a été formé en couches , comme pourtant ces couches, d’abord horizontales & continues, fe trouvent redreffées dans nos grandes chaînes de mon- tagnes, en même tems qu'on en trouve des fragmens fur tous les fols , il faudra chercher la caufe de ces Douleverfemens , qu'on ne pourra méconnoître d’après leurs caractères. Nous convenens de plus, que la précipitation chimique s'elt étendue à routes les /ubflances m2- mérales. Dèslors de quelle utilité eft l’idée , que les fbftances /£con- daires ‘aient d’abord été précipirées fous la forme de granit ? Eft-il rien qui s'oppofe à ce qu'une partie des ingrédiens contenue dans le Zi- quide , {e foit d'abord précipitée fous Va forme de granit , & le refte fous diverfes formes, à l'exception de Ceux de ces ingrédiens qui font zeftés dans l’eau de la mer? Si cependant ces deux points, peu em- barraflans , de faits & de théorie, étoient décidés éntre nous, je crois que nous ferions bienrôt d'accord fur toute la géologie. 25. Nous fommes plus rapprochés encore M. DE DoromIEU & moi; & pour que nous le fufions prefqu'entièrement , il fufiroit qu'il ad- mit avec nous la précipiration chimique de toutes les /ubffances mi- nérales ; mais il dit à ce fujet (p. 387 de votre dernier volume:} a St » j'attribue la formation des couches calcaires primitives à une pré- { e SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 » cipilaion de la première efpèce, c'eft-3-dire , qui a fuccédé à une » diffolution de la terre calcaire , je refufe entièrement cette caufe >» aux couches de pierres calcaires Jecondaires & tertiaires , & à toutes » celles qui renferment des coquilles... Toutes les pierres calcaires » primitives font des marbres , (c'eft-à-dire, qu'elles font fufcepribles du poli & du luftre) elles ont un grain falin plus ou moins gros, un tiflu écailleux à facettes luifantes, qui annonce une ébauche de » criflallifarion ; & on reconnoît qu'elles doivent leur dureté au feul » entrelacement de leurs écailles... Mais les pierres calcaires coquil- » lères , les marbres fecondaires , n’ont rien qui indique la #/Jolu- tion préalable ; leur grain & leur texture ne préfentent qu'une vafe délayée , rendue concrère par le defféchement, confolidée par le feul rapprochement des particules, lefquelles n'ont été ni aflez di- » vifées ni aflez mobiles pour prendre les places d’éleéZion qui pro- La g 2 D 2 ÿ S > ÿ 2 LA 2 M ._»-duifent les criffallifutions ». M. DE DoLomiEu penfe donc, d'a- près ces différences , que les marbres primitifs font bien des produits de précipitation ; mais que les marbres fecondaires procèdent du re- maniement de ceux-là. Les faits éclairciront ce point, mais je n’y vien- drai que dans ma prochaine lettre, me bornant ici à quelques remar- ques de théorie. 26. Nous ne pouvions fans doute acquérir que par l'expérience , les lumières néceflaires pour nous élever aux opérations chimiques qui ont eu lieu fur notre globe à l’origine des phénomènes que nous y obfervons ; mais ce n’eft que par des généralifations, que nous pou- vons. pafler à un rems fi différent du nôtre, Une circonftance prin- cipale demande à cet égard la plus grande attention ; C’eft que , de routes les fubftances que nous connoiflons aujourd'hui , fur notre globe & dans fon atmofphère , l’euu pure & les diverfes particules de la lumière, font les feules que nous ayons lieu de confidérer comme-des fubftances fëmples , toutes les autres étant déjà des produits chimi- ques : au lieu qu'en remontant à l'époque où la liquidité donna le premier branle à toutes les opérations chimiques fur notre globe, nous ne pouvons nous repréfenter autre chofe , que la réunion des é/é- mens de toutes les fubftances connues & de nombre d’inconnues, confondues enfemble dans un même liquide, où toutes les affinués, & des affinités qui ne s'exercent plus faute de circonftances femblables, furent en jeu à la fois. Les fubftances qui ne purent pas refter unies fous cette forme, s’affaifsèrent en fédimens ; & elles fe trouvent maintenant au-deffous de toutes nos couches , modifiées feulement par les opérations ‘fubféquentes. Après cette première /éparation , produite par la fimple différence de pe/anteur fpécifique , les féparations chimiques commen- cèrent, produites fucceflivement par Ja formation lente & alternative de fluides expanfibles, dans le liquide lui-mème & au- defflous de li, 9 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Comment pourrions-nous remonter à de telles circonftances , par des analogies immédiates tirées de notre Chimie ; c'eft-à-dire, fuppoler des Jubflances connues , préexiftantes comme telles , en chercher Les diffo/- vans ; déterminer la forme que devroit avoir le graën des fuoftances de certaines couches pierreufes homogènes , pour être des produits immédiats de précipitations chimiques ; comment le pourrions-nous, dis-je, puifque notre expérience elt confinée fur un petit nombre de parties , féparées de ce grand toy par des combinaifons qui ne renaiflent plus ? 27. Quoique d’après ce que je viens de dire, il foit évident, qu'il y aura des bornes dans notre pouvoir de remonter vers Les premières opéra- tions de la nature fur notre globe, d’après les réfultats immédiats de nos expériences, ou obfervations , nous ne fautions afligner aujourd'hui ces bornes, parce que nous fommes fort loin encore d’avoir découvert ce qui n'eft point évidemment hors de notre portée, favoir, les çaufes des phénomènes qui fe pañlent fous nos yeux. Mais j'ofe dire qu'on ne feroit aucun progrès dans ce grand champ de recherches par la théorie formulaire d'une claffe de chimiftes ; théorie dans laquelle , décompo/ane la feule fubftance /émple qui nous foit connue par elle-même fur notre globe, & prenant pour /émples des fubftances évidemment compoftes , on fe borne à rendre compte /ymboliquement des petits phénomènes de notre Chimie, fans rechercher fi ces /ymboles s'appliquent à la Chimie de la nature. Heureufement ce dernier champ fe défriche par d’autres laboureurs ; & en particulier, les recherches que vous, Monfieur, & M. p£ Doromreu avez faites fur les affinités des terres entr'elles , nous font appercevoir de, nouvelles reflources, par lefquelles, en y joignant des idées toujours plus précifes fut la Chimie pneumatique, née avant qu'on lui donnât ce nom en l’obfcurciflant , nous arriverons indubitablement plus loin que nos prédéceffeurs n’auroient eu raifon de l'imaginer. ; a TS r , A 17 PL D . . 28. Mais, dès-à-préfent, & d'après les idées générales qui naiflent de nos connoiflances déja acquifes, dans lefquelles je fais entrer pour beaucoup les affinirés fimples des terres entrelles, il eft aifé de con- cevoir,, qu'il a pu fe former fucceflivement dans -le liquide primordial diverfes efpèces de molécules folides , jouiffant de différentes propriétés , tant immédiates que fecondaires. La forme criffalline de leurs groupes réfulte d’une de ces premières propriétés ; elle procède de la tendance -de certaines molécules folides à s'appliquer les unes aux autres, par certaines faces & fuivant certain ordre. Mais cette tendance particu- lière ne peut être confidérée comme effentielle à l’idée de précipiration immédiate: certaines molécules folides, en fe féparant du liquide ; peuvent avoir eu auffi la faculté de fe réunir en diverfes efpèces de petits groupes, ou baroques , comme les grains de /able , ou fphéroïdes, tels que les grains qui compofent tant de couches de fubftances calcaires ; SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 ou même elles ont pu demeurer én poudres très-menues , telles que celles de l'argile, de la marne & de plufieurs de nos précipiés, Par des propriétés fecondaires des molécules folides, leurs premiers groupes ont pu avoir diverfes efpèces de endances, quiont déterminé la nature de leurs agrégations fur le fond du Ziquide. Les uns, qui furent criffaz Lins,venantalors en contact, entr’eux & avec dés molécules plus menues, fe confolidèrent promptement : d’autres exigèrent pour leur confoliéa- tion , ou certains arrangemens entr'eux produits par de légères agirations du liquide , ou l’acceffion de nouvelles particules qui fe dérachèrenr avec lenteur du liquide, encore pregnane d'élémens très-variés ; d'autres enfin, fe trouvèrent impropres à la confolidation. Toutes ces idées ont leurs bafes fur les loix générales de notre Chimie, & la fuite de ces Lettres vous montrera, Monfieur, quels en font les fondemens géologiques. La réunion de ces deux genres de probabilités eft indifpenfable ; car aucune théorie particulière concernant des fubfiances naturelles, ne fauroit acquérir de la folidité, qu’en tant qu'elle entre fans géne dansune théorie générale de notre globs 29. Ces liens des théories chimiques aux phénomènes géolopiques réfultent principalement , de l’état où fe trouvent nos fubflances miné- rales. L'idée de précipitations fucceflives dans un même liquide , découle de ce que, dans toute l'étendue de nos continens , ces fubftances font en couches, parallèies entr'elles dans les mêmes efpèces, & fuperpofées les unes aux autres, quant aux différentes efpèces, dans un même ordre général : fur quoi je penfe qu'on fera aifément d'accord. Maïs on ne peut arriver jufqu'au genre des caufes de ces précipitations fucceffives, qu’en déterminant ce qui fe pafloit au fond du liquide, & ainfi quelle part les fubftances intérieures du globe ont pu avoir à fes chsngemens d'état: or, les cataftrophes , aufli fucceflives, des couches déjà formées , font pour nous des guides dans cette recherche ; puifqu’elles nous indiquent, qu'il s'érablifloit de tems en tems des communications entre les fubftances intérieures & le Ziquide. 30. Vous avez bien vu que l'état de nos couches éroit l’un des plus embarraflans des phénomènes géologiques; mais il ne s’eft pas préfenté à vos regards dans toute fon étendue, par où vous lui avez afigné des caufes qui font loin de répondre à fa orandeur. x La dificulté aug- » mente (dites-vous pag. 298 ), fi nous faifons attention à l’aëion » immenfe qu'ont poftérieurement exercée les eaux fur toutes ces couches, » Une grande partie des vallées dans nos couches tertiaires paroît avoir » été creufée poftérieurement par les courans de la mer d’abord, puis » retravaillée encore par les eaux pluviales & fluviatiles », Vous n'expri- mez-là , Monfieur, qu'une bien petite partie du phénomène, ce qui fait que vous vous contentez de l’idée de courarr. Mais ce ne font pas feulement les dernières couches (celles que vous nommez tertiaires ) qui ! 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ont été rompues ; ce font toutes les couches, juiqu au grani incluf- vement : ce ne font pas non plus feulement les vallées des Montagnes de toutes les clafles , qu’il faut expliquer, ce font les montagnes elles-. mêmes, qui ne font que, des ruines, reftées debout dans le boulever- fement général des couchesgsce font enfin les plaies elle-mêmes, qui font des tas de décombres , hériflés par-tout de monumens de ruine, Ce que vous avez eu occafion d’obferver à cet égard, ne vous a patu (pag. 299) que des événemens locaux , très-bornés Ë ne tenant pas à des caufes générales ; & c'elt pour cela que vous n’y aflionez que des caufes très-particulières : mais M. DE SAUssURs , M. DE DoLOMIEU & moi, nous en avons jugé bien différemment; & le fort des différentes hypothèfes fur les caufès dépendra beaucoup des fuites de l'attention maintenant excitée fur ce grand trait de notre globe. 31, Je crois donc, Monfieur, que l’hypothèfe de changemens lents & alternatifs dans la vitefle de la roarion de la terre, hyporhèfe qui ne fauroit avoir de fondement, qu’en tant qu’elle expliqueroir les phénomènes géologiques, leur eft abfolument étrangère; & je crois pouvoir mainte- nant vous montrer la même chole, à l’égard d’une autre hypothèfe de mouvement lens de la terre, que vous avez faite en vue des of/emens d'animaux terreflres enfevelis dans nos contrées, quoique leurs efpèces vivent aujourd'hui dans les pays chauds. Pour expliquer ce phénomène, vous avez conçu, que l’axe de la terre a été une fois perpendiculaire au plan de fon orbite, &-que dès-lors il s’eft éloigné infenfiblement de cette pofirion, jufqu'au degré d’inclinaifon que nous obfervons au- jourd’hui. Je conviens que fi, durant une certaine période de la durée de la terre, les jours y avoient été par-tout égaux aux nuits, les animaux qui craionent principalement nos hivers, auroient pu vivre dans nos contrées ; & C'efl ce qui vous a infpiré certe hypothèfe. Mais avec quelle lenteur l'axe de la terre ne feroit-il pas arrivé à fa pofition aétuelle ! Vous voyez mon objection ; car alors reviennent les preuves indubitables que nos continens font très-modernes ; preuves entre lefquelles on peut ranger la confervation même de ces offemens, quoiqu’Îs fe trouvent dans des couches meubles, où l'infiltration de l’eau les détruic vifiolemenr, Ainfcerre hypothèle de mouvement eft encore étrangère à l'objet qu'elle a en vue. ! 32. Des defcriptions imparfaites de ce phénomène ont contribué à détourner l'atrention de fa vraie caufe : en croyoit qu’it falloit expliquer, comminr les animaux di midi avoient pu vivre dans ies lieux où fe trouvent le: Jépouilles, en confidérant çes lieux-conime des parties de nos con’inens eux-mêmes dans leur étar actuel. C’eft ainfi que M. D# BorFon failoit pafler fucc-Mivement du nord au {ud.les races de ces arirronx, à mefure qne la terre éprouvoit un prétendu refroidiffement, Un phénomène mal décrit, & qui vous a entraîné vous-même , a beau- coup SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45% coup contribué à cette illufion, « Je vous obferverai (me dites-vous » pag. 266) qu'ona dit, que cès dépouilles des grands animaux du » #1di qui fe trouvent chez nous, n'étoiené que le long des rivières & » dans des /aÿles ou terres »: ce qui feroi#tnaître l'idée, que ces rivières elles-mêmes exiftoient dans-le ts où les ééphuns vivoienc dans nos régions. Mais comment cela s’accorderoit-il avec le peu d'ancienneté de nos continens ? IL faut donc qu'il y ait quelqu'autre raifon de cette apparence, que j'ai moi-même obfervée ; & je l'éclaircirat par une autre de même efpèce, J'ai vu aufi /e Long de quelques révières de l’intérieur de nôs terres, une grande abondance de coquillages marins, au bien confervés que ceux qu'on trouve fur les bords de la mer. Voici donc en quoi confifte ce phénomène , fur la nature duquel on fe méprenoir. Nos couches meubles extérieures, font le dernier ouvrage de l’ancienne mer , prête à quitter nos concinens par une retraite fubite ; & l'on y trouve, tant les corps marins de cette période, que les rêftes d'animaux & de végéraux qui peuploient alors des fes, fouvenc bouleverfées dans cette mer, comme je vous en donnerai bientôt une preuve. AinG, tout l'eff:t des rivières atuelles dans le phénomène dont il s’agit, eft d'attaquer encore des terreins efcarpés le long des lits qu'elles fe font creufés dans les couches meubles, d'entraîner le fable qui s’en éboule, & de dépofer , ou fur la grève, ou dans les atterriffe- mens les plus voifins, les corps durs quelconques que renfermoient les terreins démolis. 33. Nous connoîtrions bien peu de l’intérieur de nos couches , fans les efcarpemens qu'avoient ros continens à leur naïflance, le travail des rivières en creufant leurs lits dans les couches meubles, & celui des hommes par des.vues d'intérêt ou de commodité. Je vous ai fait part dans ma dix-huitième Lettre , de quelques découvertes faires depuis peu par des fouilles pour l'argile, à Brentford à fix milles de Londres; & voici un nouveau fait que m'ont fourni dès-lors les mêmes cantons, qui vous fera connoître en particulier les viciflitudes qui régnoient encore au fond de l’ancienne mer, dans les derniers tems de fon féjour fur nos serres actuelles. À un ou deux milles du lieu où furent trouvés les offemens dont je fis mention dans cette Lettre, mais fur une co/ine, on en a aufli découverts, & voici les circonltances obfervées dans ces nouvelles fouilles. D'abord, en creufant un puits, on a trouvé : un pied de terre labourée , 6-pieds de serre à brique, 3 pieds de même terre mêlée de plus- de able, 4 pieds de fable qirartzeux mêlé de petits fragmens de félex, enfin 7 pieds d'un /able de nature différente, fans mélange de flex, & contenant de perites coguil'es. Voilà donc une preuve que la rer a dominé cette colline, & en a formé toutes les couches. À cent cinquante ou deux cens verges de-là, on a fait une fouille pour une efpèce particulière de terre à brique, & l'on a trouvé: Tome XL, Part. I, 1792. JUIN, Ooo = 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un pied de terre labourée, 10 pieds de cette serre à brique, 6 pieds de fable quartzeux mélé de petits fragmens de frlex , 6 pieds d'un fable terreux, fort femblable au dernier de la fouille précédente, mais fans coquilles ; & au fond! duquel fe font trouvés des os d’un jeune elephant. eat six 34. Confidérez maintenant, qu'il s'agit-R da haut d'une cofline , qui domine le lieu où fe font trouvés les of/emens dont je vous avois déjà fait mention ; & pour preuve que ces différences de niveau indiquent des révolutions du fond de l’ancienne mer & de fes fles, même à cette dernière période, j'ajouterai que toutes les couches meubles de ces contrées , font rompues & affaiffées par parties, de la même manière & feulement à un moindre degré, que le font ailleurs les couches pierreufes , où de horulle. 35. J'érois curieux de connoître les fubftances très rapprochées, des deux couches, dans l’une defquelles fe font trouvées les coquilles, & dans l’autre les os , à caufe de la forme de cette fubftance, qui eft en petites mafles arrondies & dures, de couleur jaunâtre , depuis la groffeur d’un pois, jufqu’à celle des grains de fable ordinaire ; & j'ai eu recours pour cer effet à M. SCHMEISSER, habile chimifte hanovrien, dont on a, dans le dernier volume des Tranfaë. Phiof. Vanalyfe d'une eau minérale de ce pays-ci: il a pris pour cela quelques-unes des plus grofles mafles , & il a trouvé leurs ingrédiens fenfibles , de la nature & dans les rapports fuivans : 4 parties de terre calcaire, 2 de maguéfre , 1 de serre calcaire phofphorifée, 1 d’argile, 2 de terre filicée, + de chaux de fer. La terre” à brique, dont j'ai parlé ci- deflus , produifant la meilleure Zrigue du pays, j'ai prié aufli M. SCHME1ssER d'en faire l'analyfe. Cette erre eft mêlée de quelques suyaux de vers marins, fi petits qu'on ne fauroit Les en léparer eñtièrement. Voici le réfulrat de l'analyfe, quant aux fubftances fenfbles : 12 parties de zerre filicée, 4 d'argile, 3 de terre calcaire ; 1 de terre calcaire phofphorifée ; 3 de magnèfie , 1 de chaux de fer. Voilà des exemples de précipisasions , qui probablement réfultent en grande partie des affinités des terres. 36. Je reviens aux dépouilles d'animaux du midi ‘enfevelis dans nos contrées. Tous les fairs qui concerrent cette clafle de foffiles , fe joignent à ceux qui atteftent , de diverfes manières, que no$ coftinens font fort peu anciens ; puifque ces reftes d’unimaux, certainement enfe- velis par la er dans les lieux où ils € trouvent, foût medeïnes eux- mêmes, comme M. BaïLLr l’a déjà remarqué dans fes Lettres à M. bE VoLTratRE fur la théorie géologique de-M: pe BUFFON. Quel chan: gement a-t-il donc pu aïriver fur notre oglobé il ya à peine quarante fiècles, d'où foit réfultéce-changeent de seimpérarure dans nos contrées dont ‘aucune variation dans le (cours réauliet de caufes connues ne pete rendre compte ? C'eft-L un grand problème géologique, que je ne crüis ne tt SE in a es ue © MT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 explicable par aucune des routes qu'on a tentées jufqu'ici , & dont la folution me patoîc réfervée à la Météorologie, ; 37: Je ne me hâte pas d'arriver à l'expofition de mes idées fur ce point; & je ne me propofe d’y venir, qu'après avoir parcouru avec foin tous les autres phénomènes, & difcuté à leur égard toutes les opinions qui méritent examen. Pour peu qu’on foit attentif, tant à l'état de notre globe, qu’à ce qui s'y pañle aujourd’hui, on ne peut qu'y trouver des haifons qui conduifent à reconnoître celles des phénomènes géologiques avec toutes les branches de la Phyfique ; ce qui montre, que dans toute théorie de la terre, les fairs & les principes doivent marcher rigoureu- fement de concerr. Je fuivois cette marche en traçant ma théorie dans ces Lettres, lorfque vos objections directes, & celles que j'ai trouvées plus ou moins directement dans des Mémoires de MM. PATRIN, DE Doromieu, pe Razowmouskr, Liges & PiNt (1), n'ont dérer- miné à une paufe, pour éclaircir les objets controverfés; ce que je continuerai dans ma prochaine Lettre. Sur la route des caufes comme fur celle des faits, une marche trop rapide peut conduire à de grandes erreurs. Je fuis, &c. (x) Le P, Prwr vient de m'envoyer une réponfe à ce que j’ai dit de {a théorie dans ma feizième Lettre, dans un nouveau Mémoire qu’il define fans doute aux Opufeuli Scelri ; je Yexaminerai dans une de mes Lettres fuivantes. REED 2 I NN DIE POSE DE N'O:U EME NT D'une efpèce de Paradoxe dans la regle fondamentale du Calcul intégral ; Par M. l'Abbé BossuTt. Jar toujours penfé qu'on devoit faire tous fes efforts pour répandre la plas vive lumière à l'entrée des fciences, & pour en rappeler, autant qu'il eft poñfible , les principes fondamentaux à l’uniformité. D’après cette réflexion, je voyois avec une forte de peine que la règle générale pour intégrer x” 4x étoit fujette , quand m=—1,à Une indétermi- nation qu'aucun auteur de calcul intégral (1) n’a levée jufqu'à préfenr, — (x) J'entends parmi ceux que j’ailus ou parcourus: favoir , Newton , les Bernoulli, Taylor, Maclaurin, Agnéf , Bougaïnville , Euler, Jacquier & le Seur, Coufin, Le Théorème que je vais donner n’eft dans aucun de ces auteurs; & jai lieu de croire qu’il eft abfolument nouveau , quoique je reconnoifle d’ailleurs fans peine que rien n’étoit plus facile à trouver. Son utilité feule peut le rendre recommandable. Tome XL, Pare, 1,1792. JUIN. O 00 2 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fi ce n’eft d’une manière indirecte. Cependant, comme cette méthode indirecte eft d’ailleurs certaine & évidente, je m'en étois contenté pendant long-tems , & j'avois fuivi la route ordinaire, Mais ayant eu occafion, il y a environ deux ans, de revenir fur ce fujet, je crouvai le Théorème général füivant, qui fait difparoître enfin cette efpèce de paradoxe dans la règle fondamentale du calcul intégral, - THÉORÉÈÉME. RE Lu amv [Lx Le), (mb) I(La)?—(La):] TH 1 z L D Cmbr) Cm#3) Le )3 —(Le)3] css es es] 4 se) mi) (m+ +: Lx)4—(La)# a on ur 0 LULU &c, La lettre L T'al2 8er eft le figne logarithmique, & j’emploie les logarithmes hyperboliques. RC ET Ce Théorème , dont j'ai donné la démonftration à l'Académie des Sciences , le 19 mai 1792, par des principes élémentaires & tirés da fimple calcul algébrique, a des avantages remarquables. 1°. La férie qui forme le fecond membre de l'équation précédente , repréfente généralement l'intégrale /x”4 x ; ou É C ; où XT+T= GI 4 } MH 1 —————— en déterminant la conftante € par la condition MH I générale que l'intégrale s’évanouifle quand x = a, Lorfquem—— 7, o L2 # , Cor A À la férie s’interrompt dès le fecond terme; & alors on a Lrx—La o x I L = I a 2°. Non-feulement la férie dont il s’agit donne immédiatement fous . 1% ù LA La une forme finie, l'intégrale de - X ; mais elle a encore la propriété “ É d’être fort convergente pour tous les cas où l’expofant zx eft peu diffé- rent de — 1. Or, dans ces fortes de cas, il fera plus -commode d'employer, pour la pratique du calcul , les premiers termes de la À je ' HI QMHI férie, que l’expreflion rigoureufe I = I REMARQUE. M. Daviet de Foncenex a donné ( cadémie de. Turin , tom. Æ,, ; ds à Pag. 134 ) une méthode pour intégrer — directement & par la règle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 fondamentale ; mais cette méthode n’a peut-être pas toute l'évidence defirable. D'ailleurs ; elle ne repréfente pas,comme l: Théorème précé- dent, la valeur de l'intégrale, par une même formule qui comprenne toutes les hypothèfes pour m. Quelques raifons particulières nr'obligent d'avertir ici, quoique cela foit étranger au fujer-préfent , que le 23 mai 1792, j'ai fait parapher par M. l’abbé Haüy , exerçant en ce moment les funétions de fecrétaire à l'Académie des Sciences, Diverfes Recherches de Calcul, qui con- cernent Ja rectification des feétions coniques. Les principales transfor- mations dont je fais ufage dans ces recherches font contenues formel- lement ou implicitement dans un Mémoire très-court , queije donnai autrefois à l'Académie des Sciences , & qui eft imprimé dans le Recueil des Savans étrangers (tom. 11, pag. 314). On trouve dans ce même Mémoire une méthode fort fimple pour déterminer des arcs d’ellipfe dont la différence foit rectifiable ou algébrique. A Paris, ce 25 Mai 1792. r- CS | SUITE DU MÉMOIRE IDE M WERNER, SAUVER LPESS SARL UOLNS L'avre UR ayant donné dans la partie de fon. Mémoire que nous avons inférée dans le cahier du mois dernier, un apperçu rapide des théories anciennes & modernes fur la formation des filons , pafle en- fuite à expofer fes propres idées fur cetre matière. ÿ M. Werner poie comme fait inconteftable, que tous les véritables filons éroient dans le principe des fentes, qui ont été remplies dans Ja fuite par en baur. Les fentes doivent probablement leur origine à plufieurs caufes ; la plus vraifemblable cependant paroît l'affaiflement que la mafle pe- fante des montagnes a corouvé lorfquelle n'avoic pôint encore de fo= lidité, & qu'elle étoit -acore molle & fans confiftance ; le même effet peut avoir eu lieu, lorfque des eaux fupérieures fe portoient plus d’un côré que d'un autié. Îl en réfulroit naturellement ur délitement du côté où la montagne n'étoit point adoflée. Ees defléchemens de la mafle & des tremblemen: de terre poftérieurs peuvent également avoir con- tribué à produire ces fentes, \ Le même précipité humide qui a formé les lits & les couches des 470 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, montagnes & les minerais qu'elles contiennent, a également concouru à la formation de la mafle des filons , lorfque le liquide qui conte- noit ces parties en diffolution fe trouvoit au-deflus des fentes ouvertes où entr'ouvertes où ils furent dépofés fucceflivement, ” Les filons ent été formés dans des tems différens, & l'âge de leur formation n’eft pas difficile à reconnoître, $ Un filon qui coupe ou traverfe un autre ; eft plus nouveau que ce- Jui qui fe trouve traverfé. Le filon traverfé eft donc plus âgé que celui, ou ceux qui le traverfent. x … Les fubftances qui fe trouvent au milieu d’un filon,foñt ordinaire- ment d’une formation plus récente , que celles qui fe trouvent près de la falbande du même filon. | Dans des morceaux de mines ifolés , on peut confidérér comme d’une formation poftérieure où plus moderne, chaque fubftance qui recouvre l’autre, EAU ; La formation fuccellive des différens filons dans une fuite de mon- tagnes eft aifée à reconnoître par l’analogie qui fe trouve entre les différentes fubftances qui compoñfent les filons. | En confidésant les filons comme des fentes qui fe font remplies fuc- ceflivement par en-haut, on-doit naturellement fuppofer deux ‘opéra- tions de la nature, différentes l’une de l’autre. La première eft la for- mation du filon par la féparation de la mafle de la montagne , la feconde , le rempliflement de ces mêmes fentes. Les preuves fonc les fuivantes : : Lorfque les mafles qui fe précipitoient des eaux fous différentes formes, s’entamoient où fe defléchoient fucceflivement, il en ré(ul- toit des inégalités , ou des pointes de montagnes plus ou moins éle- vées, qui donnoient naturellement naiflance à un très-grand nombre de féparations en fentes, çar ces mafles n'avaient ni les mêmes for- mes, ni la même confiftance. Ces féparations fe multiplioient felon toutes les probabilités dans les endroits où ces mêmes mafles s’accu- muloient en plus grand nombre & où elles formoient des élévations foutenues d'aucun côté. On pourroit également prouver l’affaiflement des mafles des montagnes, par la pofition fouvent oblique ou altérée des couches qui les compofenr. IL n’eft pas extraordinaire de voir même de nos jours des mon- tagnes qui contractent des fentes;-aufli confidérables que les vides dans lefquels les filons les plus puiffans fe fonc formés; c'eft principalement le cas dans les années très - pluvieufes , ou pendant les tremblemens des terres. La defcription que plufeurs ‘écrivains eftimables nous ont donnée du tremblement de terre en Calabre, attefte ce fait. En Saxe il (e forma en 1767, année très-pluvieufe, près de Hai- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47» nichen une de ces fentes ; deux cas femblables ont eu lieu en Luface il nya pas long-fems. : Es 14 2550 : Nous ne rappellerons ici qu’en paflant des phénomènes femblablés qui ont fouvent lieu en Suifle & dans d’autres pays montueux, Lés filons reflemblent encore par leur figure aux fentes en fépara- tions que nous voyons journellement naître dans les montagnes, en ce qu'ils préfentent à l’inftar de ces dernières des males égales & planes qui ne s'écartent que très-peu de la ligne droite, 2 Le grand nombre des petites féparations ou fiffures (Gang-Kiiifte) qui accompagnent les filons ont été inconteftablement formées de la même manière que les filons ; le paflage qui exifte entre ces fiffurés & les filons les plus puiflans eft fi peu fenfible , qu'il eft impoflble de fixer la ligne de démarcation entr'eux. On trouve de ces fiflures qui ont à peine la grofleur d'une ligne, & qui font remplies de mi- nerais , tandis que d’autres qui ont au-delà de cinq à fix pouces de far- geur , font entièrement vides. . Les géodes, (drufen) dont les parois font ordinairement tapiffées de! criflaux, doivent être confidérées Comme des’ cavités de Blons, qut n'ont point été remplies ; elles atreftent par conféquent ;'Qu'à l'ebdréir. de leur formation, il exiftoir anciennement un’ vuide,' _ Plufeurs mafles de filons atteftent irrévocablemenr, que l’éndroit dans lequel elles ont pris naïffance, étoit une fente ouverte, en ce’ qu’elles fe trouvent remplies par des galers ou fragmens de roches ou lés , fouvent auffi par des fraomens où débris de là mére montagne ou des coquilles & autres corps niarins. On trouve plüfienrs dé ces flons en Saxe; M. Schreiber , ditééteur des mines à Allemont én Dan phiné, en a également rencontré près de Chalanchés. * Des charbons de terre, où le fel gemme qui fé tfouve fouvent en filons ,; comment ces fubfiances auroient-ellés pu y parvenir, f les filons que ces fubftances rempliflene atuellèent, n’eufféfi point été autrefois uhs fente ouverte à fa partie fupérieure.. ao à ; - Tous les Blons de granit, de porphÿie, ‘de pierre caleaite 4 wakke, de giünflein., de bafalte & d'autres roches , que nous regate dons comrne ayant été produites pär la précipitation ,- n’auroiént po fe" fornter de cette manière, fi les parties confliruantes n’aÿoiére pas trouvé’ un. vuide ou une fente ouverre ,par én-haûr.- MARAIS 3 M. Werner dit avoir rencontré des filons de granit à grain petit” & fin à Eibenftock & Johangeorsenftads Des flons très püiffäns de’ porphyie. RoRE eng Marienbere & prinicipaléent tés Écberchan. Du, bafalte en,flons fé trouve: près de Dréfdé das Ta Plauiféhe Crind, Les filons de wakke font affcz fréquens dans fé Etzgcbüree ,|prés An: naberg, Wiefenchal 8 Toachimstbal ; ées" detniets pravérient rots Tag filons métalliques, ils font par conféquent’ d’une formation très-récerite, 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le grünftein fe trouve à Bautzen en Luface, non - feulement au bas de la ville près la Sprée, mais encoré près la carrière avant d'arri- ver à la ville. Le rapport que plufieurs flons qui fe trouvent dans une même montagne, Ont entr'eux, la manière dont ils fe craverfent (durchfetzen), donc ils fe déplacent (verwerfen), dont ils s’éparpillent (zertrimmern), dont ils fe trainent (fchleppen) & dont ils fe coupent (abfchneiden), doit être confidéré comme l’effec des fentes nouvelles fur les anciennes. Le rapport qui exifte entre les filons & la mafle de la montagne & fes différentes couches, eft encore une des preuves qui conftate notre opinion fur la formation des filons. Dans les endroits où les filons traverfent les montagnes, on obfervera prefque toujours, que les cou- ches dont ces montagnes font compofées , fe trouvent plus bafles, dans les endroits où elles forment le toit du filon, & que plus le filon aura de la puiffance, plus elles s’abaifleronr. Ce phénomène eft fur-tout- très-fenfible dans ces montagnes qui renferment des couches d’une fubftance hétérogène , ou diftincte par la texture & la couliur du refte des couches, mais plus encore, fi dans des montagnes pareilles, il y a quelque mine en exploitation. M, Werner cite ici les mines de Zinnwalde & les mines de Saalfeld. | Ë En examinant avec attention les filons compofés de différentes fubf- tances minérales, leur formation par couches parallèles vient égale- ment à l’appui de notre opinion. On obfervera prefque toujours, que les différentes criftallifations qui les compofent, fonc en ligne paral- lèle avec la falbande du filon; on diftinguera également, que la crif- tallifation la plus, proche de la falbande a été formée la première, ceci n’auroit pas pu avoir lieu, fi les filons mavoient point été ouverts, & que la fubftance qui a concouru à la formation des criftaux, ne fe fût introduite fucceflivement. ; M. Werner avertit les lecteurs que, pour fe former une idée pré- cife de fa nouvelle théorie , il eft néceflaire de confidérer, que plu- fieurs des fentes qui fournifloient le vide dans lequel les filons fe font formés depuis, étoient probablement plus larges dans le commence- ment & fe font retrécies dans la fuite ; il obferve également , que d’au- tres peu larges au commencement, ont acquis plus de largeur & d'é- tendue dans la fuite. Il regarde comme un fait hors de doute, que beau- coup d'anciennes fentes fe trouvoient déjà remplies & refoudées, lorf- ue d’autres leur fuccédèrent , & il croit que des phénomènes fem- blables ont fouvent eu lieu. Des vides ou fentes d'une grande capacité étoient naturellement plus fufceptibles d’affaiflement que des fentes étroites , delà le grand nombre de petites fentes, qui naiflent fouvent au-deflus ou au-déffous d'un filon principal, ou d’une grande puiffance, Beaucoup d'exemples que carnet D dd à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47: que M. Werner a obfervé dans les mines de Saxe, conftatent cette {up- pofition. M. Wernerpafle enfuite à la feconde partie de fa théorie, dans laquelle il cherche à prouvér, que la matière ou fubftance de chaque filon a été introduire par en-haut ; fous la forme d'un précipité humide. IL avance avant de venir aux preuves, que toutes les montagnes à couches ont été formées par des fédimens ou des dépôts amenés par Les eaux, Il regarde chaque couche comme un dépôt particulier ; leur HER dépend du tems & de la manière dont elles ant été dépolées, + Werner croit que pour fe former une idée claire de fa théorie, il eft indifpenfable de connoître la différence qui exfte entre une pré- Cipitation purement méchanique & celle produite par une opération chimique. [1 fuppofe en outre, que fes lecteurs ayent des idées juftes für les parties conftituantes les plus fimples de chaque fubftance, de même que fur les rapports des diflolvans fondés fur les loix des af- finités chimiques. Lorfqu'une certaine étendue de terre , dont les parties les plus élevées ou les montagnes avoient contradté des fentes ou des cre- vafles ouvertes , reftoit couverte pendant quelque tems par des eaux qui tenoient en diffolution chimique une fubftance ou matière quel: conque , il falloit naturellement, qu’à la longue ces eaux dépofaffenc fucceflivement une partie. des fubftances qu’elles tenoient en diflolu- tion dans Les crevaffes ou fentes qui fe trouvoient alors ouvertes. A mefure que ces eaux étoient chargées des matières plus ou moins homo- gènes ou hétérogènes ; il réfultoit également une diverfité dans les dé- pôts qui, de cette manière renfermoient les parties conftituantes des filons. Ce même phénomène explique encore l’analogie que nous’ob- fervons fi fouvent entre Les fubftances minérales ou les fofliles qui for- ment les filons & les couches des montagnes dans lefquelles les fllons fe trouvent. La feule différence qui mérite d’être obfervée, c’eft que les dépôts qui ont concouru à La formation des filons , paroiflent être dépofés plus lentement & dans un plus grand état de repos que ceux qui ont formé les couches entières ou les lits des montagnes. Ce qui paroît prouver encore cet Érat de repos, c’eft le grand nombre de criftallifations que nous rencontrons dans les filons qui, fans un calme parfair, n’auroient jamais pu contraéter de pareilles formes. M. Werner cite un grand nombre de faits en faveur de ce qu'il vient de dire. Pour prouver que les fubftances qui fe erouvent con- tenues dans les filons,, forit analogues à celles qui forment des couches ou lits des montagnes, il cite entr'autres les filons de granite (bien entendu de formation moderne) que l'on voit à Johangeorgenftadt & Eibenftock , les filons de porphyre à Marienberg , les filons de char- bon de terre à Wehrau en bee À & Les filons de fel gemme dans Tome XL, Part, 1, 1792. JUIN, Ppp 4 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le canton de Berne, M. Werner n'indique qu’en pañlant les filons de b:falte, de wakke, de grinftein, d’amygdaloïde, de quarz, d'argilez & de fpath calcaire, qui fe rencontrent en plufeurs endroits.” IL prouve enfuite, que beaucoup de fubftances minérales 8e fofiles qui fe trouvent fous forme de filons ; s’obfervent également en couches cu lits, ) La galène fe trouve par couches & par lits à Geier & Schwartzen- berg en Saxe, en Suede , dans les montagnes à couches de Cracovié & dans les Ardennes, La mine d’étain ou Le tungfteinen couches & lits, à Zinnwaldé & à Gieren en Siléfie. | Les différentes mines de cuivre fe rencontrent ou en lits ou en couches: en lits, à Gishübel en Saxe, à Kupferberg en Bohème , en Siléfie, dans le Banvat, dans la Hongrie inférieure, en Suède & Norvège ; en couches , en Thuringe, dans le comté de Mansfeld , en Pologne, dans les montagnes d’Ural en Sibérie. La mine de fer fpathique & la mine-defer brune fe trouvent égale- ment en couches ou lirs dans plufieurs pays ; il en eft delmème de Ja pyrite arfenicale, de la blende ; de l'or natif, du cinabre,& du cobalr. Deux fubitances minérales, très-communes ‘en filons , le fpath pefant & le fpath fluor , fe trouvent également en couches très-érendues ; le fpath pefant en Savoie, & le fpath fluor en Baviere &-en Thuringe. Les pétrifications que plufieurs filons contiennent en grande quantité, prouvent également, felon M. Werner, qu'elles ont été introduires par en haut; & les galets ou fragmens de rochers qui rémpliflent fouvent en entier les filons, atteftent le même mode. O2 M. Werner cherche enfuite à combattre les différens doutesque plufieurs minéralogiftes avoient manifeftés contre fa nouvelle théorie ; les preuves que l’auteur cite en faveur de fon opinion, font puifées en grande partie dans l’intérieur des montagnes de l'Erzgebürge, dont perfonne ne connoît mieux la conftruction que M. Werner ; en partie dans quelques provinces voifines, dont il a examiné les mines. Il feroit trop long de rapporter ici les nombreufes preuves que M. Werner cite; comme elles font prefque toutes locales ; ou recueillies dans le voifinage de l’auteur, c’eft aux favans minéralogiftes qui auront occalon de vifiter ces cantons, à fe cotivaincre de leurs propres yeux jufqu'a quel point cette théorie eft préférable à toutes celles qu'on avoir jufqu'ici fur la formation & l'origine des filons. 1 L'opinion de M. Werner fur l’âge des fubftances foffilesiou minérales qui fe trouvent ou en couches ou lits, ou en -filons ; rmérite, d'être rapportée. L'auteur croit, que toutes lés fubftances minérales ou, foffiles qui fe trouvent en couches ou en lits, font de la même date deformation, que les montagnes dans lefquelles elles fe trouvent; il croit aucontraire, SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 475 ÿ : que ces mêmes fubitinces font d'un âge, ou d’une formation pofté- rieure! ou plus: moderne , dès. qu'elles fe trouvent en filons. Parmi less métaux, M, Werner, en diftingue de formation ancienne, & de formation moderne. L'évain eft, felon lui, un des méraux les plus anciens, peut-êcre, le plus ancien ;! la zzolybdéne , le tungflein & le solfram Sont probablement de la même date, car on ne trouve ces {ubftances qu'avec. l’étain. L'uran (uranice) & Le wguuh , paroiflent d'ute formation plus moderne; l'aureur ignoré, fi l’on’ jamais rencontré ces fubftances dans des montagnes à couches. L'argens & l'or päroiflent d'une foumation plus moderne que les fubftances précédentes; les mêmes métaux fe trouvent cependant auffi d'une formation très-moderne ; l'or & L'argent fe trouvent prefque roujours, dans les monragnes primitives, rarement. Idans les montagnes à couches. Le mercure fe.rrouve dans les montagnes primitives, excepté dans celles de la plus ancienne formation; il eft moins commun dans les montagnes à couches, par conféauent de formation très-différente. Le cuivre, le plomb & le zéne font des métaux dont l’âge eft très- différent, Le-cobalr, principalement fe glanz cobolt , & le Æupfer nickel font d'une formation très-moderne ; ces minéraux fe crouvent--dans les montagnes à couches cpaneipalement dans le comté de Mansfeld, en Thuringe & en Hefle, La feule variété de cobalt, connue fous le nom de weifle fpeis cobolt , que l’on trouve à Tunnaberg & Los en Suède, & à Modum en Norwèse, eft de formation ancienne; on le trouve conftamment dans les montagnes primitives, difpofé par couches. La mine d’antimoine grife eft d'une formatiofmoyenne; M. Werner dit, qu’il n’a jamais rencontré cette fubftance ni dans les montagnes à couches; ni dans les montagnes pri- Jitives de la plus ancienne formation, La pyrite arfenicale paroît être d’une formation ancienne, quoiqu'il s'en trouve aufli d’une formation oftérieure ; on {a trouve avec l’étain , la galène & le cuivre. Le fer et de tous les métaux celui qui {e rencontre le plus fouvent, & qui paroît être de routes les formations. On peut cependant diftinguer plulieurs âges dans la formation de ce métal. Le fer atrirable que l’on encontre dans les montagnes primitives, fur-tout dans les calcaires L paroft le plus ancien. La mine de fer rouge (Roth-Eifenftein) eft bien plus moderne. La mine de fer brune (Braun-Eifenftein) & la mine de fer Jpathique , font encore plus modernes, La mine de. fer argilleufe , de même que le fer attirable que l'on obferve dans les montagnes de trap, eft encore plus moderne; la plus moderne eft celle de la mine de fer limoneufe. M. Werner croit que la formation des pyrites fulfureufes eft prefque de tous les âges: les montagnes primitives n'en contiennent cependant pas. La manganèfe, & les diffsrentes efpèces & variétés qu'elle comprend , font de formarion moyenne, Parmi les autres fubftances qui fe trouvent fouvent en filons , l’âge de Tome XL, Part. I, 1792 JUIN. Ppp 2 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, leur formation eft très-différent. M. Werner aflure que le feld fpath; le fchorl , la topafe & le béril, fe trouvent dans les flons de la plus ancienne formation; les filons qui reuferment-du mica, foit œis, foit verdâtre, font d'une formation primitive. Toutes les pierres calcaires paroiflenc d’une formation plus moderne ; l’apatite paroît parmi ces dernières, la pierre la plus ancienne. Le /path pefant eft beaucoup plus moderne, & parmi les fubftances qui fe trouvent par filons une des plus modernes. Selon routes les apparences, le quartz eft une des pierres les plus anciennes. Le bafalte & la wackke font , d'après M. Werner, d’une formation plus moderne; le /e/ gemme & le charbon de terre font sangés par l’auteur dans la même clafle. Pour ne pas furpafler les bornes d'un extrait, nous n'avons pu qu'indiquer rapidement plufeurs obfervations très-précieufes de M. Wer- rer, qui fervent ou à répondre aux objections qu’on pourroit lui faire, ou à réfuter les opinions anciennes fur la formation des filons. L'application que l’auteur fait de fa nouvelle théorie fur les travaux des mines en particulier, mérite à tous égards d'être imitée. este mn nr ÉntsnrenementéÀ MÉMOIRE Lu le 6 Juin 1792 à l'Académiesdes Sciences , Sur du Sel d'Epfom & du Carbonate de Magnëfie trouvés a Montmartre ; #1 Par Joserpn ARMET, D. M. ME promenant, il y a près de fept mois, dans les carrières de Montmartre, où je cherchois à m’inftruire des phénomènes de la na- ture, jy apperçus des efflorefcences falines ; leur forme m'nduifit en erreur ; je les pris pour du nitre, mais le goût me détrompa ; ces efflo- refcences étoient extrêmement amères ; certe grande amertume me fit foupçonner que ce pouvoit bien être du fel d'Epfom, préfomp- tion qui me parut encore plus forte quand je réfléchis que j'érois dans un endroit où les combinaifons de l'acide vitriolique font abondantes, Je me munis de plufeurs échantillons pris dans différentes couches de la carrière ; arrivé chez moi, je les foumis à divers réactifs, ces premiers effais confirmèrent mes conjectures. Je portai à M. Geraud, médecin de la faculté de Paris, des morceaux pris à Montmartre, & ce que j'avois obtenu par les réactifs, 1 LA SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 477 Sur le premier il reconnut comme moi l’efflorefcerice du fe] d'Ep- fom; & ce que m'avoient fourni mes 1e or lui parut, :ainfi que je l'avois obfervé, du fulfate de magnélie. ++ Je répétai fouvent mes expériences, & quoique le réfultat me four- niît conftamment du fel d’Epfomioù fa bafe magnéfienne ; je dontois tou. jours de la réalité de ce fel.! Montmartre eft à Ja porte de Paris , & Les hommes les plus inftruits en hiftoire naturelle & en chimie l'ont fou2 vent vifité; cependant aucun d'eux, que je fache, n’a encore jamais avancé dans fes ouvrages ni ailleurs que le fel d'Epfom & fa bal exiftaffent dans ces carrières. J'ai là-deflus confulté MM. Fourcroy & Perylhe; le premier m'a fait dire n'en avoir jamais entendu parler , le fecond m'a dit la même chofe ; les deux Rouelle, aflure-t-on, en ont fait mention , mais d'une manière aufi obfcure que , lorfqu’ils annonçoient que le borax exiftoit tout formé dans Paris & fes environs (1). . Ce qui m'embarrafloit Le plus, étoit d'expliquer pourquoi je trou- vois le fel d’Epfom fur des couches de terre calcaire placées entre des lits de.félénire , car perfuadé , felon les idées jufqu’alors reçues, que les couches que je voyois étoient vraiment calcaires , il me pa- roifloit difficile d'expliquer comment l'acide vitriolique avoit attaqué une de fes couches , puis em avoit'fauté une ‘autre; pout.jaller avec un nouveau lit de «terre calcaire former de la-félénire. Quelle pou- voit être la caufe de ce phénomène ? Cette dificulté me fic pr'élumer que cette prétendue terre calcaire, qui fervoit de fupport au fel d'Ep- om, n'étoir autre chofe:que de la magnéfie- douce ou carbonate, de magnéfie ; par-là je me rendois facilement, raifon d’une couche de magnéfie faturée d'acide carbonique entre deux lits de félénire,, par l'affnité différente de l'acide Wvitriolique-avec.la: magnéfie & la. bafe de la terre calcaire. ÉEx US rs À £' Déjà je voyais les carrières de Montmartre ainii que celles de même mature (2) comme de nouvelles reflources au commerce national. L’on fait la grande quantité de fel :d'Epfom & de magnéfie que la méde- cine emploie journellement; ces deux fubftances nous viennent d’An- gleterre , où nous envoyons pour cela beaucoup de nos fonds, objets importans ; fur-tout dans ce moment, vu la perte de notre change. Le fel d’Epfom que nous tirons de nos falinés ne contient que les = de fülfate de magnéfie d'après M, Chaptal, OR RE ER RE Le D CT (x) M: Rouelle le cadet (dit M. Gerard dans fon Effñi fur La JSuppreffion des Foffes d’aifanve, rc. pag. 144, Paris, 1786,.rue € Jôcel Serpente ) parloit fouvent daus {es cours demaniere à faire croire qu’il connoifloit en France un local où le borax exifloit en abondance, : ‘ (2 Jobferverai que j’ai trouvé du fel dEpfoa Mefnil-Montant , à Belleville, à Mortpenfer , près Aigueberge , département du Puy-de-Dôme. - ’ . \ 47% OB'SER VATIONS SUR LA PHYSIQUE, Six mois après quelj'eus découvere ce: felrà:Montmartre époque à laquelle mes occupations me permirent, dessreprendre mon travail, je m'y rendis de nouveau , ‘jy recueillis: déléetre teire-que fexegar- dois’ comme :dwrcatbonate ide magnéfie ;: je: l'effayai avec les différens acides 518 à ma grande {atistattion, j'ensformai dvee l'acide:vitriolique du fel, d'Epfom ; j'en précipirai avec les'deux alkalis fixes la: magnéfe fous la fdrme d'une poudre aflez fenibläble à lai farine par l’afpeét & le ta ; l’'ammoniaque cauitique aïnfi-quela chäux ont :précipité-la magnélie de même que les autres alkalis:, tandis.quede carbosate, de magnéfie n’a produir aucun précipité ; cerquisne-laifle-aucunidoute fur là nature de da terre qui Formeida bâfe de delfel. La magnéfe ipré- cipitée parle eurbonare de porafle;, & Slrrée about de :quinzeifjouis, a laifér für. le fleret de fuperbes houppes:de .criffaux!, 18: beauicoup,.de Gfiftaux érès fins éfffaipuilles, cette magnéle délayée dans [eau s'yspelo- tonne fans prendre de liant ,fe brifé facilement, l'action de l'aixla def feche promiptements® 2e + ms Ft cmd ; On trouvé cette magnéfie douce fous différentes formes ; là elle eft en grands ama$, en grands:bahçs à la-manière dés terres calcaires; ailleurs elle fait des lits plus ou:moins: épais--pofés entre des lits de lâtre, La furfaée extérieure de cesrcouchesieftgxifâtre , l'inrérieuxe eft d'un blanc mat, C'eft: fanssidoute à-la faveur de cette dérnière couleur que ce fel a échappé à la recherche des naturalifles & des chi- miftess ! sb. 51} JET J'obferverai que le fel d'Epfom n'eft bien formé & apparent qu'à la partie’ deces couches :expofées au courant d'air &:à l'action de la lumière ; ce phénomène eft probablement dû à la pyrite qui s'y trouve & qui, en fe décompofant par l'accès'de l'air, foürnie l'acide. vitrio- lique qui’ enfuite- farure Ja magnéfie. M. Geraud;/qui a vifité avec moi ces carrières , m'a fait obferver que le fel d'Epfom.eft plus abondant &: plus fenfible à la vue dans les endroits expofés à l'afpeét du midi : là {6n' efflorefcence très-apparente y forme prefque une fine pouflière; à lPombre comme fur les bancs recouverts de terre, ce fel y eft peu fenfble & il y a moins perdu de fon ean de criftallifation. Ces deux vérités fe trouvent encore confirmées par l’obfervation fuivante ; fur leterrein d’une carrière aétuellement abandonnée M. Geraud a ren- contré un grand bloc de carbonate de magnéfie, en partie bien ex- pofée au midi, le foleil étoit alors fort ; il. m'a fait remarquer une grande efflorefcence que nous avons reconnue au goût pour du fel d’Ep- fom. Puis il a retiré de-deflus quelques endroits de ce bloc la terre qui Le recouvroit : fur-le-champ nous avons obfervé enfemble que ce fel, en perdant davantage de fon eau de criftallifation , y: tomboit promptement en une pouflière très-fine. Ces efflorefcences dont les phé- nomènes fe paflentactuellément fous les yeux, de l'obfervateur,, lors , SUR L'HIST, NATURELLE ETILES w4R4S: 479 d'un beau foleil n’ont’ pu être remarquées Iplatôt ; felonice médecin , patce qu'autrefois ces carrières n'étolent (pas exploirées à tranchée:ouverte cémméelles le foneabjourd'hii ; Les différentes phafesde: la criflalifationt de fl d'Epfom &'celles.de foti eMlorefcence devoïient érretrès-lenites) par 'conféquent peu -fenfblés dans un endroit d'ordinaire fort obfcur'} & où toujours on arrivoit , perfuadé que l'on n’y devoit trouver que du plâtre & du carbonate calcaire. | ARE 200 8,0) Le carbonate de magnéfe n'eft pas pur à Montmartre, il y.eft unÿ à une certaine quancité d’alémine ceci ne doit’ pas déranger: Les fé culations que lon pourroit faire pour exploiter cette terre magnéfieriéz il'efHafé de Pavoir pure au/moyen'de l'acide vitriolique ; quil dé- bartäffè facilémerir de la terre argilleufe ; l'on fait que Facide fulfrique n'aträque ‘Cette’ dernière aifément ; que lorfqu’elle a été calcinée, puis pouflée avec cet acide à une chaleur de So'à 60 degrés ; d’ailleurs en jettant dans l'acide vitriolique étendu d’eau du carbonate de ma Snélie Hint qu'il y'a Mérvecenee; l'acide vitriolique”qui a moins d'A finité avec l'alumine qu'avec la magnéfie, s'empare de cette dernière & ne toüché p& àl'aulre. MW VIG: TL AN T X.4A De plus,.ne pourroit-on pas avec avantage exploiter ces terres, qui ont de la pyrite, pour avoir là fel'd'Epfom > comme on exploite celles qui ont les principes du fulfate martial & du fulfate d’alumine, pour avoir ces deux fels; à cet égärdi j'obferverai ; qu'ayant laiflé fur ma fenêtre plufieurs morceaux de ces pierres , au bout de peu de jours j'en ai trouvé plufieurs couverts d'efflorefcences falinesh 8 que toutes les fois que je fuis allé à Montmartre j’y ai toujours trouvé les anciennes. carrières blanchies par ces efflorefcences quoiqu’à chaque fois je les eufle ramaflées. Le fe! d'Epfom une fois obtenu ; pour avoir la magnélie, foit doute, foi privée de fon air fixe ,il ne s'agit plus que de décompofer ce fel, foit ‘avec les alkalis faturés d'air fixe, foit avec les cauftiques felon l’éfpèce de magnéfiel que l'on veut fe procurer ,"& en évaporant la-diffolutionaprès-la précipitation , en aura parce procédé; #8efans perte des,,fubftances, employées , deux pro- duits :très-importans-en -médecine, da maënélie & le tartré vitriolé, c’eft la potaffe qu'on a employée"pour ‘précipiter la magnéfie, ! La terre qui téfte fur le filtre a toüs les caractères de l'argile. Je l'ai faturée avec l'acide marin comme plus propre à cétte opération que tout-autte acide; la diffolution. que.j'en ai obtenue , étoit onétueule.. filtroie dificilémenvelle avoitwune: faveurb{alée très-ftiptique ; cetté Hiquetir qui à roi puis verdi le frop de violette , a été décompofée par l'eau de; chaux. Cette argilé éff d'üne très-grande pureté. "Jesme propefois, des foumettre le carbonate de magnéfie retiré des carrières: de Montmarere.a des .analyles, plus fcrupuleufes; mais réfé- chiflant qu'il eft difpendieux pour l'étar ; fur-tout dans le moment:,:à OBSERPEATIONS SUR LA PHYSIQUE, * caufe-de-la pere de natre change d'aller, chercher à gränds frais,/ chez Lésranges;:'une fübftancé :quizabonde en France ; &; notamment, aux portes: de’ la: capitalé s4je me. Sis, déterminé à rendre publique. une, découverte .qui mérite, fous plus d'un:rapport ,-de fixer l'arrention:des chimiftes, me -réfervant moi-même de faire des. recherches ultérieures que. je communiquerai à l’Académie. RAR énénrés d Les réfultats de mes expériences ayant toujours étéfes mêmes, & tels que je viens de les énoncer , je fuis donc fondé à croire.que j'ai trouvé du fl d'Eplom (1) & de-la magnéfie douce dans les çarières de Monc- martré, 392 re soi : L'Académie des Sciences aux lumières de laquelle, je me fais gloire de déférer , peut juger fi mon-ttavail eft exact; je laifle, fur fon bureau différens échantillons pris dans les mêmes carrières, que ceux qui ont fourni à:mes expériences. Are EXTRAIT DÜNE LETTRE 07 DE MN ERELE, | A J. C. DELAMÉTHERIE. Ne ess... Au moyèn de la poudre à charbon , M. Lovwitz a obtenu, felon le procédé de Schéele , des criftaux de l’acide citrique, parfaitement blancs & réguliers, qui comme l'alun , repréfentent deux pyramides jointes parleurs bafes. De la méme façon il a ti (x) Lors de la le&ture de ce Mémoire à l’Académie des Sciences, M. d’Arcet sévendiqua la découverte du fel d'Epfom eh fa faveur ; des recherches ultérieures faites dans des notes fur les cours de M. Rouelle , m’ont prouvé que c’eft à ce dernier chimifte qu’on en doit la découverte : mais c’étoit bien moins fur le fel d'Epfom , qui eft en très-petite quantité à Montmartre , que fur lés mafles immenfes de carbonate de magnéfie qui s’y trouvent, que je voulois fixer l'attention de l’Académie, & perfonne ne m'y a contelté cette découverte , dont il n’eft fait mention ni dans les Annales chimiques, ni dans la dernière édition de la Chimie de M. Fourcroy, Des expériences faites {ur plufeurs-onces de carbonate de magnéfie, m'ont fait voir que l’alumine y entroit tout au plus pour le tiers; mais comme il ef poffible me je fois tombé fur quelques échantillons, plus fournis de magnéfie que le refte de carrière , j’opérerai inceffamment für plufeurs livres, & j'en publierai le réfultat. Jai trouvé fur plufeurs morceaux de carbonate de magnéfie de légères traînées de foufre, obtenu LE M R uS ui) ÿ LATE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 48r facon il a obtenu, 1°. du fel de fuccin, blanc comme la neige: les criftaux repréfencent ou des écailles & lames marbr'es de blanc ” {weïffgeaderte fchuppen) ou des lames rhomboïdes, rour-à-fait tranfpa- rentes; 2°, du fel de fuccin d'un blanc éclatant, qui ne fe ternit pas, même dans des années; en même-tems cependant il ne perd pas fon odeur fpéc:fique agréable , quoique cela arrive au fel de fuccin dépuré ainfi; 3°. la terre foliée de tartre , qui aifément devient brune fi l’alkali prédomine, mais qui devient immanquablement très-blanche ( par la poudre à charbon ) fi l'acide eft furabondant. La raifon en femble être, que l'alkali fi avide des parties huileufes & grafles les retient fi fortement, que les charbons né l'en peuvent dérober, fi on n’y ajoute une trés-grande quantité de poudre à charbon. Cette rèole de fuperfaturation d’acid: pour cerse terre foliés a au‘li lieu pour tousles fels moyens, qu’on veut purifier par la poudre à charbon. Cette poudre à charbon eft aufli en beaucoup de cas le meilleur moyen de filtration, comme fouvent les liqueurs troubles paflent par le meilleur papier à filrrer, ou s’'infinuenc dans les porés du papier, de façon d'empéchentout-à fair ou de retarder du moins beaucoup la filtration. Cette poudre groîlière l'empêche avec toures les lefives falines, qu'on prépare en grand. Par le gaz acide muriarique déphlogiftiqué M. Lowitz a décompolé fon vinaigre le plus pur & congelé (eif5-eflig) : il en a obtenu deux acides tout différens , q'ioique tous les deux fans odeur; l’un étoit toujours Auor , & attiroict même, Phumidité, & parut être acide phofphorique ; l’autre fe criftallifoit en beaux crifaux, non déliquefcens , d'une faveur acide très agréable ; qui parut fe diftinguer de tous les acides connus jufqu'ici par des qualités particulières: ce qu'il dérerminera plus exactement , quand il fe fexa procuré une quantité fuffante de ces criftaux, Je fuis, &c. Helmfl. ce 8 Avril 1792. DE DE PS CP LETTRE DE M. LE COMMANDEUR DE DOLOMIEU , A JC DÉELAMÉTHERIE. Je füis trop fenfible, Monfieur, aux malheurs de ma patrie , je füuis trop indigne des attentats des fa@ieux; je fuis trop occupé des dangers qui environnent le Repréfentant héréditaire de la Nation, pour avoir La difpoftion d’efprit néceffaire pour cultiver les fciences.' Mon devoir & ma volonté confacrent montems & mon bras à {a sûreté du Roi: je fufpends donc mon Mémoire {ur les Pierres compofées jufqu’au moment où ma patrie fera délivrée des ennemis qui conjurent fa ruine. ; Je vous envoie une relation d’une éruption de l’Ethna qui dure encore, & dont je gous tranfmettrai les détails qui me parviendront, Tome XL, Part, I, 1792, JUIN. Qgq \ 482 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, A Mefffne , le 2 Juin 1792 A M. DoroMteu, Nous ayons été, mon cher commandeur , affligés pendant quinze jours de trèss nombreufes fecoufles de tremblemens de terre, & qui ont même occafionné dans cette ville des dommages à quelques édifices. Elles fe font terminées par une éruption de PEtna; & je me fais un devoir & un vrai plaifir de vous en envoyer les premiers détails. Vous recevrez les autres avec la même exa&titude. Veuillez agréer cette marque d'attention comme un témoignage des fentimens de reconnoiffance & d’attas chement que je vous ai voués. ” LEE FA k LazzeMen , Conful de France à Meffine. Journal de l’éruption de lEima, depuis le 11 Maï jufqu'au 254 Depuis le 27 février l'Etna a donné les fignes ordinaires d’une éruption prochaine, & la préparoit ; ce qui a accafionné dans cet intervalle les diverfes commotions ou tremblemens de terre qui ont été reflentis à Meffine & dans plufeurs villes fituées fur la bafe de cette montagne. Le 11 mai, le volcan jetta toute la journée une fumée noire & épaifle. Le 22 au matin, cette fumée augmenta, & fortoit plus rapidement en forme de globe ou de flocons. À midi on apperçut le commencement de l’éruption, qui s’annonça par un bruit fouterrain femblable à des falves d’artillerie. La lave defcendoit du cratère & fe dirigeoit à l’ouefl, mais elle ne fut pas abondante, À cinq heures du foir le bruit fouterrain reconmença. L'on vit alors fortir du fommet, par diverfes ouvertures & continuellément pendant plufieurs heures , de gros tourbillons de flamme , & une colonne de fumée enflammée jufqu'à la: moitié de fa hauteur. L’éruption devint confidérable. La lave , paffant entre les deux pointes qui couvrent le mont, prit fa diredtion au fud; elle defcendit du côté de la Tour du Philofophe & fe porta à left. Elle trouva un monticule qui la divifa en deux branches. Elle & préciçita enfüite dans Ja vallée nommée les Eaux de Saint-Jacques , près des monts Finochio & San-Nicolo , deux volcans éteints, & elle eft arrivée jufqu’au Zappinelli. Elle a parcouru en quinze heures à-peu-près cinq milles fans faire aucun dommage, de terréin éfant inculte & couvert de laves anciennes. Sa largeur paroît confidérable , & varie fuivant les inégalités du terrein qu’elle couvre. k Le r4 &le 15 , il a plu très fort & continuellement, & l’on n’a obfervé que très+ peu de flamme & de fumée jufqu’au 23. Hier 24, à huit heures du matin & jufqu'à midi, on a vu fortir du fommet ;, à plufeurs reprifes, des flocons ou teurbillons de fumée noire & blanche qui s’élevoient fouvent à une hauteur extraordinaire, calculée deux fois jufqu’à environ trois milles, & variés de tant d’accidens que le pinceau feul pourroit les repréfenter. Il à régné toute la matinée un vent d’oueft impétueux & fort chaud. A midi le vent a ceflé, la montagne s’efl couverte toute entière de hrouillards & de nuages épais, il a plu, & elle ejt encore aujourd’hui dans le même état , mais il fait froide Comme il ef encore dangereux d'approcher du fommet, on n’a pu jufqu’à préfent zller mieux reconnoîtée cette éruption, & le phyfcien du prince de Bifcari n’en fera la relation que lorfqu’il aura lui même vifité les lieux: ee es em DD means core rom cs == EE De dd 2e D — en en | NOUVELLES LITTÉRAIRES. SrzzN0-TOPOGRAPHIE; par M. SCHROTER: Cet ouvrage donne des cartes topographiques de la lune extrêmement + mndsdadonti ET En LA T4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 483 détaillées. Son favant'auteur les a levées par le moyen des télefcopes que lui a fournis M. Herfchel. Il-voirt comme un point un efpace de cent aquarante neuf toiles, 8 peut defliner celui qui en a fix cent vingt-quatre. « Ÿ a fair des obfervations très curieufes fur les montagnes de la lune, leur élévation , leur forme ; leur folidité , leur vuide, &c, Mérnoire-[ur la manière de refferrer le dit des Torrens & des Rivières ; par M. BERAUD , de l'Oraroire , Profeffeur de Mathématiques & de Phyfique expérimentale au Collège de Marfille, Affocié de P Aca- démie de la même. Ville, Correfpondant de la Société Royale d'Agriculture : imprimé par ordre de L' Adminiffration du Départe- ment des Bouches du Rhône. À Aix, des Imprimeries de Gibelin David & Emeric David, imprimeurs du Département; & fe vend à Marfeille, chez Sube , à La Pofte , 1 vol. z2-8°, Ce Mémoire eft intéreflant, & mérite toute l'attention des cultivateurs dans un inftant fur-tout où on cherche à ranimer l'Agriculture en France. Papillons d' Europe, &c.xxXx° livraifon, contenant depuis la Planche CCxXCI jufques & compris.la Plañche cccrr, Nous ne pouvons que répéter ce que nous avons déjà dit de ce bal ouvrage. À Entomologie, &c, par M. OLIVIER. : Cette livraifon fait le commencement du troifième volume. Elle contient douze planches, & traite du charanfon, du gyrin ; du fcarire & du carabe, Elle eft faice avec le même foin que les autres. RE" L'opinion que j’avois énoncée dans le cahier de mai fur l'ufage qu'on vouloir faire des piques ne s’eft que trop confirmée le 20 juin. On entendoit les jours précédens dire dans les groupes des Tuileries u'il falloit nommer Roi M. Pétion. . . . Sa conduite extraordinaire ce jour-là (1) & depuis qu'il eft maire... . .(2). | Quoi qu'il en foit, on ne peut méconnoître une identité de vues & (x) Dans le même tems les Jacobins de Marfeille , d'Angers, &c. &c. ofroient des armées à M. Pétion, (2) Pendant l’Affemblée conftituante un grand nombre de citoyens, dont quelques- uns armés, fe préfentèrent pour lui faire une pétition. LAS M. Baïlli, maire, accourt, ordonne à la garde de garder fes potes, & s’adreffant aux péritionaires leur dit: Lu /oi vous défend les ater wpemens. Nommez fix d'entre vous, & je vais les accompagner à l'Affemblee .:Ce qui fut fait, Voilà le devoir d'un maire qui refpedte affez le peuple pour croire que fa volonté ef toujours foumife à la loi. Mais füivant M. Pétion la loi doit toujours fe taire devant la volonté du peuple....On devient populacier de cette manière. Tome XL, Pare. I, 1792. JUIN, Qgq 2 nus \ 484 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, , dans les agitateurs populaires, & dans les meneurs de la municipalité, & dans ceux de l’Aflemblés Nationale dont on connoiît les liaifons avec M. Pétion. . . . La majorité de l’Affemblée ‘Nationale eft fans doute compofée d'honnêtes gens , mais de gens foibles qui fe laiflent conduire par des gens plus qu'intriguans, dont j'ai affez démafqué quelques-uns. Ils devroient cependant bien voir, ces Députés honnêtes ( fi on € encore honnête lorfqu'on laifle faire le mal qu'on peut empêcher) que les hommes qui leur ont fait accorder les honneurs de la féance aux affafins de Defilles conduits en triomphe par le maire de Paris, ont enfuite fait accorder les mêmes honneurs à ceux qui ent voulu aflafliner Louis XVI, & dans Y'inftant où ils venoient au fein de l'Aflemblée fe glorifier de ce forfait, & fait envoyer dans tout empire leur pétition exprimant de tels fentimens. . .. L'hiftoire butinera d’un trait ineffaçable cet opprobre dont la nation françoife a éré couverte par fes repréfentans , opprobre qui ne trouve pas d'exemple dans les annales du genre-humain, Les fcélérats ordinaires, au moins en commettant des crimes , ou les faifant commettre , n’ofent les avouer... Que les nations voifines , que la poftérité rendent cependant à la nation françoife, déjà fi malheureufe d’avoir de tels repréfentans , la juftice de croire qu’elle défavoue de tels forfaits. ... fe Au moins ne refufera-t-on jamais de penfer que l’auteur des Principes ‘de La Philofophie naturelle , &c. quand il a défendu avec tant d'ardeur & de courage la caufe de la liberté, randis que nos préterdus démocrates du moment louoient fans pudeur les gens en crédit, accaparoient lés places , les penfions (1)... . étoit bien éloigné de foupçonner que cetre fainse liberté feroit pour une certaine claffe accompagnée d’un tel oubli de toute moralité. . 4: . | BRUTUS ! quand tu difois aux champs de Philippes: LA VERTU NEST-ELLE DONC QU'UN VAIN NOM ?aurois-tu dit une terrible vérité ? Non, non. J'en juge par ton cœur: j'en juge pat le mien. * Et fans doute celui de la majorité de mes concitoyens nous reflemble.. Mais pour ces vils intriguans tourmentés de Îa foif de dominer , oui, BRUTUS, la vertu n’efl qu'un vain nom pour eux, comme pour les Antoine & Les Octave fous qui tu fuccombas : encore ceux-ci avoient-ils de grandés qualités, tandis que nos agitateurs ne° font remarquables que par leur nullité abfolue. an) (x) Les mêmes gens qui failoient autrefois la cour dans Jes antichambres des grands, de leurs maîtrefles, de leurs valets , fe rendent aujourd’hui dans les fociétés se Jacobins... .Leur cœur eft le même, c’efl-à-dire , toujours tourné du çôté où ef ’autorité, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 485 TABLE Dress ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER: M» O1RE Jur la nature des Sulfures alkalins ou foies de Soufre s par MM. DEïmaAN, PAETS VAN Troosrwyx, NieuwLanD & BoxprT , £ page 409 Extrait d'un Mémoire fur le Monnoyage des Anciens , lu à la féance publique de l'Académie des Infériptions, le Mardi le 17 Avril 1792; par ANT. MONGEz, 426 Expériences pour déterminer les gravités Jpécifiques des Fluides, & connottre La force des Liqueurs fpirivueufes , ‘avec quelques Objer- vations fur un Mémoire intitulé : la meilleure Méthode de propor- tionner lImpôt fur les Liqueurs fpiritueufès, récemment imprimé . dans les Tranfaëions Philofophiques ; par M. RAMSDEN, 432 Extrait des Obfervations météorologiques faites à Montmorency , par ordre du Roi, pendant le mois de Mai 1792; par le P. COTTE, Préire de l'Oratoire, Curé de Muricmorency , (22 448 Vingt -troifième Lettre de M. De Luc, à M. DELAmMÉTHERIE. Queflions relatives aux Cavernes qui ont dû fe former dans notre Globe, & à quelques Phénomènes géologiques attribués à des caufès lentes , 4 Dénouement d’une efpèce de Paradoxe dans la règle fondamentale du Calcul intégral; par M. P Abbé BossuT, 467, Suite du Mémoire de M. WERNER , fur les Filons, 469 - Mémoire lu le 6 Juin 1792 à l'Académie des Sciences, fur du Sel d'Epfom € du Carbonate de magitéfie trouvés à Montmartre ; par JosepH ARMET , D. M. ! ù 47 Extrair d'une Lettre de M. CRELL , à J.C. DELAMÉTHERIE, 480 Lertre du Commandeur DE DoLomrEU , à J.C: DELAMÉTHERIE, 48% Nouvelles Littéraires, Ne 482 TABLE GÉNÉRALE DES: ÆPRTICESE.S CONTENUS DANS CE VOLUME, — HISTOIRE NATURELLE Discours préliminaire; par J.C. DELAMÉTHERIE, page Informations fur l'origine de l'Ambre-gris traduites des Tranfa&ions Philoophiques , 38 A NU ANA RP, PART EUE E RO C7 Meta PRO NE, CPAS à v RTICLES. à È ñ y” 486 TABLE GÉNÉRALE DES A Suite du Mémoire fur Les Pierres compojées & fur Les Roches ; par le Commandeur DOLOMTIEU | à " 41 Suite, re | 203 Suite , RE SIERLE Obférvations fur quelques propriétés des Pierres calcaires , relativez ment à leur effervefcence & leur pho/phorefcence ; par M. GILLET- LAUMONT, 97 Lettre de M. J.B. BERCHEM , fur l'Honigflein de M. WERNER , 13$ Deféription d'un grand Quadrupède inconnu jufqu'ici aux Nartralifles s pard.C.DELAMÉTHERIE, : 136 Lertre de M. pe Luc à ce fujer, x 404 Leitre de M. PicTET , fur un Spath fluor rofe oétaëdre , de Cha- MOULE ; 5 EU AT Fragmens minéralogiques, communiqués à M. CRELL , 157 Idem, 158 Vingtième Lettre de M. DE LUC, fur.un commencement affignable des, Phénomènes .phyfiques obPrpes à la Juxface de notre Globe, € fur la caufe de l'état noel de-nos Couches, 180 Notice fur une nouvelle forme de Criflallifation di Diamant; par J, C. DELAMÉTHERIE, 219 “Lertre de M. NiALLON , fur la Géologie , 224 De la forme des Criflaux ; par BERGMAN ;, 258 Vingi-unième Lettre, de M. pe Luc, Confiderations cofmologiques ; relatives à l'origine des Subflances minérales de notre Globe, 275 Mémoire fur le genre Anthiftiria ; par M. DESFONTAINES, 292 Objervarions fur une efpece de Petrole qui.contient du Sel [édatif ; par :M. MARTINOVICH , ex 315 Objervations fur lOpale ; par M. BErREtS 316 -Objérvations -fur Les Monts Crapaths ; par M. HACQUET, 317 Lettre du: Commandeur DoLOMIEU. , fur de l'Huile de Pétrole dans le Criflal de Roche, & les Fluides élafliques tirés du Quartz, 318 V'ingi-deuxième Lettre de M. DE Luc, Jur différentes Origines particulières dans les Phénomènes géologiques , 352 Vingt-troifième Lettre de M.DE Luc. Queflions relasives aux Cavernes “qui ont dû fe former dans notre Globe, & à quelques Phénomènes géologiques attribués à des caufes lentes , 450 Lettre du Commandeur DE DoLOMIEU , à J.C. DELAMÉTHERIE , 481 PH /YSA QUE. N QUI ELLES Expériences qui tendent à prouver que l'Ele“ricué ne favorife pas fenfiblement l'accroiffement des parties animales ; par M. CHAPPE, page 62 3 r "2 & il 4 53 + TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. 487 Lettre de Ms°1E Roy, fur l'Anneau de Saturne, 74 Extrait d'une Lettre de M. HERSCHELL, à M. WATSON , fur l'anneuu de Saturne ÿ 7$ Mémoire fur La Pluie; par ANTOINE Lies, 8; Dix-neuvième Lettre de M. DE Luc, fur L Anneau de Saturne, 1ot Extrait d'une Lettre à M. CAvALLO , fur ur changement foie à la nouvelle Machine éleétrique publiée par M. Van-Maru’, € fur un nouveau Gazomètre, par M. TRS, 116 Extrait d'une Lettre de M, LéoPozp VAcCA-BERLINGHIERI, Jur . PEleétricié , l 133 Obférvations météorologiques ; par le P. COITE, s 139 Extrait d'un Mémoire fur la comparaifon & les procédés que les Romans employoient dans la confiru&ion de leurs Edifices , avec ceux des peuples modernes ; par ANTOINE MoNGEz, : 143 Suite , "08 230 Lettre de M. DE HOMB8OLDT , fur la couleur verte des Végétaux qui * ne-fone pas expofes à la lumiere, 15 Mémoire fur cette Queflion : Les Végétaux ont-ils une chaleur qui leur Joit propre, & comment fHpporrent-ite Lane nos climats les froids de L'Hiver ; par JEAN SENEBIER, Dog 173 Garde-Mefure, ou Toife invariable dans fa longueur ; par M. Bou- LARD , 1 08 Obfervations météorologiques du P. COTTE, 20I Suite, e - L#370 ) Suite, Hs 448 Lettre de M. MAUDUYT , fur l'Eleéricué, 241 Extrait d'un Difcours par M. Dupuy , fur les Accouchemens traduit par M. L'ÉVEILLÉ, , 248 Lettre de M. VAN-MaARUM , fur la Machine éle&rique , 270 Addition à la Lettre adreffée à l' Auteur du Journal de Phyfique , en 1784, fu” l'influence de l'Equinoxe du Printems €&du Solflice d'Eté, fur la déclinaifon & les variations de l'Aiguille aimantée ; par M. CaAssINT, 29$ De la déclinaifon © des variations de T'Aiguille aimantée ; par M, CassiNr'; 5 298 Suite, : 349 Expofition des principes d'où découle la ‘propriété qu'ont Les Pointes pour recevoir € émettre à de grandes diflances la marière éledrique ; par M. CHAPPE, 329 ouvelle théorie fur la formation des Filons métalliques ; par M. WERNER , 334 Suite, 469 Extrait d'un Mémoire fur le Monnoyage des Ancien®:; par Josspx MoxNGzz, 426 a HS + RUE D 5 De PR) SC n OEe A PH “ BPM 4 A, + Ltd: ‘488 TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES. Expériences pour déterminer les gravités Jpécifiques «es Fluides, & connoître La force des Liqueurs fpiritueufès avec quelques obfer- vations fur .un Mémoire: intitulé à. Ja -meillele Mérhodede pro- portionner l'Impôt fur les liqueurs fpiritueüfec , réceminent émprimé dans les Tranfrëtions Philofophiques ; par M'RAWSDEN , 432 Dénouement d’une efpèce de Paradôxe dans la règle fondamentale du Calcul inéeral; par M. l'Abhé Bossur , 407 6 CHIMIE: ù “ Osenra TIONS fur le Cuffor, fuivies de l'Analyfe chimique du Caftoreum; par M. B. D'LAGRANGE, page 6$ Analyfe d'une mine de Plomb cuivreufe, antimoniale , martiale, cobaltique, argentifere, &c. par M. SAGE, i PE Dernières expériences relativement à la décompofirion de E Air inflam- * mable & de l'Air déphlgféqués pur Jeerom PRIESTLEY, OI Mémoire sunuenant quelques Expériences chimiques fur le T'abasheer ; ar M. 6 ES Macrs, 122 lAnalyfe de la Dolomie ; par M. DE SAUSSURE le fils, 167 Objervations fur le mélange métallique qui efl employé à faire Les Caraëtères d’Imprimerie ; par M. SAGe, 229 ‘Expérience qui fait connoître la néceffité d'employer le Cuivre pur dans Palliage de Ê Argent à monnoyer ; par M. SAGE, 273 Oëfervations fur plufieurs propriétés du Muriate d'Etain ÿ par M. PELLETIER, 307 Nouvelle Méthode de raffiner le Camphre ; par M. KASTELEYN , 314 Extrait d'un Mémoire fur les Cendres bleues ; par M. PELLETIER, 320 Lettre de M. HERMAN , ur le Borax ; 5 Mémoire de M. GMELIN, fur l'alliage du Cobalt avec le Plomb Par La fufion ; | ee Mémoire fur La nature des Sulfures alkalins ou foies de Soüfre ; par MM. Deiman, PAETS vAN TRoOSTWYK , NIEUWLAND & BonDT, 409 Mémoire fur du Sel d'Epfom & du Carbonate de Magnéfie trouvés à Montmartre ; par JOosEPH ARMET , 476 Extrait d'une Lettre de M. CRELL, 4 Nouvelles Livréraires , pages 76 — 2 \ — 323 —40$ —4 ACTE FE à 4 L «in GR ÊrE 7. 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