- >« ;'A - * S 9 m. -, 4JÊ. ' ( ^hloo2>53) LA- 8 * W \ V» w » Y k a <- e - des Sciences. 1 77 *< observations Sur le Coquillage appelle Pinne Marine, ou Nacre de Perle à i’occafion duquel on explique la formation des Perles. Par M. de Reaumur. J ’Ai décrit dans les Mémoires de 17 1 i quelques-uns des moyens ingénieux que la nature a donnés à des Coquillages & à d’autres animaux de Mer pour tenir con- tre les flots , pour n'être pas expofés à en être le joiiet. Je m’arrêtai fur-tout aux Moules* qui font fixées par un nombre confiderabie de fils qui font pour elles tout au- tant de cordages qui les tiennnent à l’ancre^ Je fis voir qu’elles les filent par une mécanique admirable & Am- ple. Je ne regardai les ouvrières de ces fils inutiles à nos ufages, que comme les Chenilles de la Mer , mais je fis obferver en même temps que fi la Terre a fes vers à foye, la Mer a aufii des Coquillages à foye ; que celui qui efl nommé par fes Auteurs P, inné Marine , & fur nos côtes de Provence & fur celles d’Italie Nacre de Perle, efl; atta- ché comme les Moules par des fils foyeux qui ont été mis en œuvre par les Anciens , & dont on fait encore aujourd’hui des ouvrages. J’avançai dans le même Me- moire qu’il y avoit lieu de croire que ces fils étoient fi- lés comme ceux des Moules , parce que la nature ne fe horne point à peu d’exemples, même de lès plus fingu- iieres produétions , mais que c’étoit un fait que je n a— vois pû vérifier , n’ayant point été à portée des Mers où, vit ce Coquillage. Quoi-que je fois reflé dans le même éloignement de ces Mers p j’ai cependant en occafion de- puis peu d’obferver les Pinnes marines ; la proteétion que Mem. 1717. y Z > Su* /?//• y 24. No- vembre 1717. 178 Mémoires de l’Academie Royale Monfeigneur le Duc d’Orléans donne aux Sciences nous rapproche tous les objets. On pêche des Pinnes marines auprès de Toulon ; Son Alteffe Roydlë à qui rien ne pa- roît petit de ce qui peut contribuer à étendre nos con- ndifîances , a bien voulu envoyer à M. Hocquai t , Inten- dant de Toulon , un Mémoire où nous demandions de ces Coquillages & où nous marquions avec quelles pré- cautions nous fouhailions qu’ils nous fulTent envoyés. L’exaélitude & les foins avec lefquels M. pfocquart a exécuté les ordres qu’il avoit reçus, notis ont procuré de ces Poiffons affés entiers. Les uns ont été envoyés dans de l’Ëau de vie , & les autres dâùs de l’Eau à laquelle on avoit donné tout le fel dont elle s’étoit pû charger. Les Pinnes marines peuvent être regardées comme une efpece de Moule de Mer, mais beaucoup plus grande que toutes les autres. Entre celles qui nous font venues de Toulon, il y en a qui ont deux pieds & quelques pouces de longueur. Leur Coquille comme celle des autres * Fig. 1, Moules eft compofée de deux pièces femblables & égaies* ^ 4 ' qui depuis l’origine, ou comme nous l’avons appelle ail— * Fig. 1. leurs, depuis le fommet * de la Coquille, s’élargiffent in- A. Fig. fenfiblement jufqùes environ aux' deux tiers de leur ion- NN. , {, 1 t . ,, . y , r *Fiir.j„ gueur* ou elles commencent a setrecir, mais plus brul- E D-° quement, en formant une courbure qui approche d’un demi-oval qui auroit pour petit axe l’endroit où nous avons déterminé la plus grande largeur; cette plus grande largeur a environ deux cinquièmes de la longueur : elles font plus applatiés que les autres Moules par rapport à leur grandeur. Depuis la furface extérieure d’une des pièces de la Coquille jüfques à celle de l’autre il n’y a qu’environ quatre pouces dans l’endroit où font le plus épailles les grandes Pinnes, fur lëfqüelles nous prenons ces mefures. * Fia, 1, Celles-ci ont à leur fommet * fix à fept lignés tant en A. largeur qu’en épaifleur; elles y font au moins auffi épaif- fes que larges , elles ne forment pas vers cet endroit un talon aullx fenfibie que celui des autres Moules , on re- D E S S C ,1 E N C ES. 17 y marque feulement un peu de convexité * d’un côte, & * Fig. 1 . un peu de concavité * de l’autre, mais ces côtés fe redref- CH D. fent en approchant du bout. * J’ai trouvé à la plufpart des Pinnes marines la charnière à refl'ort qui tient les deux pièces enfemble du côté con- cave, elle commence au fommet de la Coquille, & va prefque jufquçs où elle celle de s’élargir ; les deux pièces ne font point liées ,en'£èmE>le de l’autre côté , mais elles l'ont bordées par plufieurs couches de matière pareille à celle qui fait la charnière à relîort, c’eft-à-dire, d’une ma' tiere de nature approchante de celle de la Corne., Les Coquilles des autres Moules font au contraire liées enfem- ble du côté, du talon, ou du côté convexe. J’ai vû aufli quelques Pinnes marines qui s’entrouvroient par le même côté où s’entrouvrent les autres Moules, c’eft-à-dire tout du long du côté concave , & qui avoient leur charnière du côté convexe. 11 eft afles fingulier qu’on trouve une pareille variété dans des Coquillages de même efpece. Mais ce qui eft commun à tous ceux de celle-ci, c’eft que les bords de la Coquille font toujours plus épais du côté où elle s’entrouvre que du côté où eft la charnière. Nos Coquilles de Pinne marine ont encore une chofe qui leur eft particulière. Si on regarde la furface de cha- cune des pièces qui étoit touchée par l’animal , on voit une bande d’une matière femblable à celle de la charniè- re* qui commence au fommet & va jufques à peu prés * Fig. 1 . à la moitié de la longueur de chaque piece en partageant R S. la largeur en deux parties, dont celle qui eft du côte con- vexe ou de celui où la Coquille s’entrouvre eft un peu plus étroite que l’autre. Cette matière pénétré même en quelques endroits allés avant dans lepaifl'eur de la Co- quille. 11 femble qu’il y ait eû une fraéture à chaque piece qui ait été remplie par cette matière, & que les deux par- ties féparées par cette fraélure fe forent mal appliquées l’une contre l’autre , car intérieurement elles font enfem- ble un angle obtus, elles n’y ont point la rondeur quel- 180 Mémoires de l’AcAdemie Royale les ont extérieurement. Cette efpece de fracture fe voit aufîi fur ia furface extérieure de quelques Coquilles, & on la peut obferver en AG ( Fig. i.). Puifque toutes les Coquilles l’ont, au moins fur leur furface intérieure , oji ne fçauroit penfer qu elles ont été rompues en cet en- droit , mais il efl naturel de croire que cette bande de matière, differente de celle du relie de la Coquille, mar- que la route qu’a fuivi une partie du corps de l’animal qui laiffe échapper un fuc pareil à celui qui borde les ex-; tremités des Coquilles, pendant que les autres parties ont ïaifîe échapper un fuc propre à épaiffir & à étendre la Coquille. Mais ce que la Coquille de ce Poiffon offre de plus remarquable , efl dans les deux couches de matière diffe- rente dont elle efl compofée. Une partie de l’interieure *Fig.g, eh de couleur de Nacre*, elle ne s’étend que depuis le VQQQ- fommet jufques environ à la moitié ou aux deux tiers de la longueur ; à mefure quelle approche de ce terme elle devient moins épaiffe ; où elle finit elle efl plus mince qu’une feuille de papier. L’autre couche fert de croûte à celle qui efl de couleur de Nacre , elle fait feule toute * Fig. g. l’épaiffeur de la Coquille où la Nacre manque*. £xte- T T T. rieurement elle eft raboteufe, la boiie qui s’y eft attachée en obfcurcit la couleur, mais intérieurement elle efl po- lie, & paroît d’un rouge fort délayé ; comme elle efl mince & très tranfparente , fa couleur en eft moins fenfi- ble. La compofition de cette couche efl fort finguliere, elle efl formée d’une infinité de filets appliqués les uns contre les autres , qui ont chacun pour longueur l’épaif- feur de la couche, & dont la direction efl par confequenl à peu prés perpendiculaire au pian de la Coquille. Ces filets font très déliés, on les découvre cependant diflinélement à la vûë fimple, mais avec un Microfcope on voit de plus qu’ils font chacun de petits paralielipipedes à baie reélangle prefque quarrée. Ce qu’ils ont de plus finguiier, c’efl qu’ils font peu adhérants enfèmble dans certains endroits de la des Sciences. i 8 i Coquille; fi on détache un petit morceau de la croûte qui couvre la Nacredu côté du fommet * , ce qui fe fait aifé- * Fig. ment,& qu’on le froiffe entre fe s doigts, ces filets fe feparent K. K. les uns des autres, ii fèmble qu’au lieu d’un morceau de Co- quille qu’on ait brifé le bout d’une aigrette compofée de fils de verre, mais plus fins que ceux des aigrettes ordinaires. Il eft bon, en faifant cette expérience, de prendre garde à ne pas trop étendre fur fa main ces bouts de filets ; pour n’avoir pas fçu qu’il failoit prendre cette précaution, j’ai quelquefois fenti entre les doigts & fur la main des demangeaifons incommodes. Ces fils prefque aulfi fins que ceux qui couvrent les gouffes des Pois, connus vul- gairement fous le nom de Pois gratés, ou Pois pouilleux, excitent de même des demangeaifons, moins cuifantes pourtant, parce qu’étant un peu moins fins, ils 11e percent pas la peau aulfi ailément. Si on prend un morceau de la même couche vers l’au- tre extrémité de la Coquille, les fils dont il eft compofé ne fe répareront pas li aifément, mais ils n’en feront pas moins vifibles. Les couches les plus anciennes font les plus proches du fommet , en vieiiliffant elles fe pourrif- ïent en quelque forte , c’eft ce qui fait que les parties qui les compofent le feparent les unes des autres par un fim- ple froilTement. Aulfi eft-il fort ordinaire de voir vers cet endroit la Nacre à découvert : la croûte qui l’avoit ré- veil uë eft tombée *. * Fig- La partie de la Coquille qui a la couleur de la Nacre ^ ^ eft compofée de feitiiles minces pofées parallèlement les unes fur les autres, de façon que lepailfeur de la Coquille eft formée par celle de ces feuilles. On les fepare facile- ment les unes des autres fi on les fait calciner pendant un inftant. La ftruéture de cette partie de la Coquille relfem- ble donc à celle des Ardoiles & des autres pierres feuille- tées ; & celle de l'autre partie reffembie à la ftruéture de „ l’Amiante &de quelques Talcs & Gyps compofés de filets. J’ai cependant aulfi obfervé des couches dans la partie Z ii] N* 184 Mémoires de l’Academie Royale V. les M. nommée filiere dans les Moules & les Peétongles *, & pla- de 171 1. cée dans le même endroit. La filiere desPinnes, car nous %Fig,^., croyons pouvoir lui donner ce nom, & celle des Moules n’ont de différences entre eiles que celles que leurs effets demandent. Les Pinnes marines ont à filer des fils beau- coup plus fins & plus longs que les Moules, leurs filières font auffi & plus longues & plus déliées. En parlant de celle des Moules nous fîmes obferver quelle n’a , quand elle eft dans i’inaétion, ou dans l’animai mort, que 5 à 6 lignes, & quelle parvient dans le temps de i’aétion à avoir plus de 2 pouces : celle des Pinnes marines mortes elt quelquefois longue de plus de 2 pouces, ainfi l’animal, . en lui donnant une longueur de 6 à 7 pouces, qui elt celle des longs fils, ne l’étendra pas dans une plus grande proportion que les Moules étendent les leurs. II faut toû- jours ici que la filiere ait la longueur du fil quelle forme,' elle n’agit point comme celles des Tireurs d’Or, ou com- me celles des Chenilles & des Vers à foye ; nous avons fait voir ailleurs quelle elt un Moule dans lequel un fuc vifqueux prend la confifiance & la figure de fil ; que ce Moule s’ouvre d’un côté dans toute fa longueur pour iaifî- 1 er fortir le fil qu’il a façonné. On voit auffi tout du long de celle dçs Pinnes une fente pareille à celle de la filiere des Moules pour laiffer fortir le fil, mais moins large & moins profonde. Enfin les fils dont la houpe elt compofée ont leur origine prés de celle de la filiere , & Fig. font logés dans un efpece de fac membraneux * de figure conique dans les Pinnes comme dans les Moules. Mais la nature qui ne fait point de reffemblance fi par- faite quelle n’y mêle quelque variété, a donné aux Pinnes marines quelques parties qui leurs font particulières. Dans le fac membraneux nous venons de dire que part la * Fig. /. houpe de fils , il y a cinq feiiillets charnus * féparés les ii, KK, 1 . uns des autres, dont le contour eft arrondi en demi-oval, leur longueur efi; dans le même lèns que celle de la Co- quille. Entre ces feuillets mufculeux ou charnus, il y en a quatre des Sciences. *85 quatre à peu prés de même figure , mais beaucoup plus minces * ; ils femblent de nature cartilagineufe, mais exa- * minés attentivement, on trouve quils font une efpece de nn ’ oa tiffu de fils peu entrelaffés enfomble, mais fi bien appli- qués les uns contre les autres, qu’ils forment un corps continu & uni : avec un peu de dextérité on développe ces fiis, on les fépare. Vers ie milieu du feuillet il y a un endroit plus épais que le refte, ondé , ou comme frifé, il eft fait de fils pliés en zizague, & plus preffés qu ail- leurs *. Ces feuillets foyeux font foparés les uns des au- * Fig. 7. très par les feuillets charnus, c’eft des foyeux que partent r, f. tous les fils qui attachent la Pinne marine & qui forment fa houpe , ou plus exaélement la houpe eft faite des mê- mes fils que les feuillets , mais prolongés & écartés les uns des autres; les uns fe feparent du feüillet en differents endroits de fon bord , les autres , & c’eft la plus grande partie, ne quittent le feuillet qu’aprés être parvenus aü bout de ce feüillet le plus proche de l’origine de la filiere. La plufpart de ceux-ci font fournis par cet endroit du feüillet que nous avons fait remarquer plus épais que le refte. Les fils qui viennent des quatre feüillets fe raffem- blent prés de l’origine de la filiere , autant qu’il le faut pour former un paquet , ou pour commencer une hou- pe *. La Pinne marine a une fi prodigieufe forêt de fils, * Fig. 0. quelle n’eût pu loger comme les Moules un tronc affés gros pour les y attacher tous, mais ils font commodé- ment attachés à ces feuillets plats. Les feuillets charnus qui féparent les foyeux ont peut-être d’autres ufàges que de les féparer ; peut-être font-ils la fonflion d’efpece de levres pour appliquer & coller le bout du fil nouvelle- ment formé contre un feuillet , & pour l’y entrelaffer au- tant qu’il eft neceffaire. 1 Les autres parties intérieures des Pinnes marines m’ont paru affés femblpbles à celles des Moules, Elles font de * même attachées à leurs Coquilles par deux forts muf- 15 ’ 4 clés* dont l’un eft auprès de la pointe*, & l’autre vers *Fig.f t Mem. 1717. A a '* ty- 4 * % 4- X. * Fig, 8. u. * •% F zzzz V86 Mémoires de l’Academie Royale le milieu de fa longueur, vers où finit la Nacre * , car Ce n’eft: que la partie qui eft environ entre ces deux müf- cles qui la produit. L’anus eft auprès du fécond ou plus gros de ces mufclcs *, & la bouche auprès du premier*; elle eft fermée par une lèvre demi -ovale*, que n’ont point les Moules de Mer. Mais pour entrer dans un plus grand détail des parties intérieures de ce Coquillage , ii faudrôit en avoir de frais & en affés grand nombre pour fournir à des difeélions réitérées. II feroit à fouhaiter que quelque habile Anatomifte prit ce foin. Comme il eft le plus grand des Coquillages à deux battants, ou bivales, que nous àyonsdans nos Mers , il feroit plus commode à diffequer , & peut-être plus propre à nous inftruire fur les animaux de même genre: il m’a fembié aulfi plus propre qu’aucun autre à nous éclaircir fur la formation des Perles. Il en produit beaucoup * qui ne font pas à la vérité de l’eau de celles des Indes: celles qui en approchent le plus font plombées ; mais il en a de couleurs abfolument diffe- rentes ; on lui en trouve de toutes les nuances differentes de l’Ambre, & tranfparentes comme lui , de rougeâtres, de jaunâtres ; il en a auffi de noirâtres, ce que M. Geof- froy le Jeune a fait obferver dans les Mémoires de 1712. On n’eft point convenu de donner de valeur aux Perles de ce Coquillage , elles valent pourtant mieux pour des Phificiens que celles des Huîtres de l’Orient, en ce quelles font plus propres à éclaircir la formation des Perles en ge- neral , elles ont des particularités que les autres ne nous offrent point. Je ne rapporterai point tout ce que les Anciens ont débité de fabuleux fur l’origine des Perles ; la phifique eft trop avancée pour qu’il foit befôin de prouver qu’elles ne font point produites par la rofée celefte , malgré tout ce qu’en ont dit des Auteurs graves. Ceux qui les ont pris pour les œufs des Poiffons où on les trouve ne méritent pas non plus qu’on s’y arrête. M. Geoffroy le Jeune les range parmi les Bezoards , parce qu’il a mis dans cette P ES S e, I E N C E S, ,' L 1^7 claffe toutes les pierres formées par couches qui s’eUgeu- drent dans les animaux. Il eft fur auffi qu’on ne peut les regarder que comme les autres pierres formées dans fts animaux , comme les pierres des Reins, de la Vefçie, &c. elles font apparemment auffi l’effet d une maladie du Poifl- fon. Il n’eft pas étonnant qu’un animal qui a des vaiffeaux où il circule affcs dc fuc pierreux , pour fournir à bâtir, à épaiffir & à étendre une Coquille , çn ait ailes pour for- mer des pierres , fi le fuc defliné à l’accroiffement de la Coquille s’épanche dans quelque cavité de fon corps, ou entre fes membrannes. On appelle cette pierre une Perle, quand le fuc épanché dont elle à été faite eft d’une eau argentée., approchante de celle de la Naçre, & fa couleur doit être telle dans les Moules , les Huitres & les autres Coquillages à Perles dont la Coquille eft elle- même cou-^ leur de Nacre. La beauté de l’eau de la Perle peut mê- me furpafîer celle de la Nacre de la Coquille,, quoi-que formées toutes deux d’une mêrud matière, celle de l’une s’eft portée jufqiies au dehors, du corps de l’animai où elle efl; touchée par des eaux fouvent bourbeufes qui altèrent fa couleur , au lieu que la matière de l’autre a été reçûë entre des membranes qui l’ont mi fe à couvert. Ainfi il m’a toujours paru qu’on ne.pouvoit recourir à aucune autre matière pour former les Perles qu’à celle qui forme la Nacre de la Coquille; mais il eft heureux quand nous pouvons avoir en phifique quelque chofe de plus que des vrai-fêmblances. Les Finnes marines m’ont fourni des obfervatiohs qui femblent donner un air d’évidence à ce fentiment fur la formation, des Perles. Nous avons dit qu’on leur en trouve de differentes couleurs , mais on en trouve principalement de deux fortes ; les unes dont les nuances approchent de celles de la Nacre, & les autres d’une couleur rougeâtre, Nous avons fait remarquer auffi que la Coquille eft coitipofée de deux couches de éou- leur differente, l’une rougeâtre & l’autre couleur de Nacre. On voit déjà que l’animal a des fucs pierreux colorés pour A a ij * F ‘g- f • zzzz. *y>y>y- * zzz. 188 Mémoires de l’Academie Royale fournir aux Perles de nos deux couleurs principales. Si les vaiffeaux qui portent le fuc propre à bâtir la Nacre fe brifent, iis formeront une Perle de couleur de Nacre. Si ïes vaifTeaux qui fe brifent font ceux qui portent le lue . dont l’autre partie de la Coquille efl bâtie , i’épanche- ment de ce fuc produira des Perles rougeâtres, ou de cou- leur d’ Ambre comme la Coquille qui en eût été formée.: Nous avons encore vû ci-devant que la partie de la Coquille qui efl depuis le fommet jufques aux environs du fécond des mufcles qui attachent le PoilTon à une couche de Nacre, & que le refie de la Coquille n’a point cette couche; d’où il fuit, félon ce que nous avons éta- bli ailleurs fur la formation & l’accroiffement des Co- quilles, que les parties du corps de l’animal qui touchent la première partie de la Coquille laiffent échapper un fuc couleur de Nacre, & que les parties qui répondent au refie laiffent échaper un fuc de couleur rougeâtre comme la Coquille qui en efl faite. On trouve aux Pinnes marines des Perles dans les par- ties de leur corps qui répondent aux endroits où la Co- quille efl blanche, & dans les parties qui répondent aux endroits où elle efl rougeâtre, mais une des remarques que j’ai faite, & qui me femble effentielle pour décider que les Perles font compofées du même fuc que la Co- quille , c’efl que les Perles * que j'ai trouvées dans les parties du Poiffon qui forment la Coquille de couleur rougeâtre étoient elles -mêmes de couleur rougeâtre; & celles * que j’ai trouvées dans les parties du Poiffon qui répondent aux endroits de la Coquille bù cil la Nacre étoient de couleur de Nacre. Il n’efl guere de partie de l’animal où j’en ai rencontré davantage que dans la partie mufculèufe . découpée en crête de Coq qui efl appliquée autour du bord du bout de la Coquille , & d’une partie de fon contour *. C’efl cette partie qui étend la Coquille , & qui en forme par confequent la couche fuperieure qui efl loûjours rougeâ- des Sciences. 189 tre. Les Perles que j’y ai trouvées ont auffi toujours été rougeâtres. Les Perles que j’ai vîi au contraire, & fouvent beau- coup plus groffes dans les parties qui font proche 'de l’ori- gine de la filiere* étoient de couleur de Nacre, parce que * Fig. les vaiffeaux qui fourniffent la Nacre font en cet endroit. 7 z * Je ne voudrois pourtant pas affurer que vers les parties les moins éloignées des bords , il ne fe pût former des Per- les rougeâtres, & peut-être prés des bords des Perles cou- leur de Nacre ; les vaiffeaux qui portent le fuc pierreux aux bords de la Coquille ont apparemment leur Origine plus loin , où ils peuvent être brifées par quelque acci- dent; de même les vaiffeaux qui fourniffent le fuc couleur de Nacre peuvent paffer vers le bords, ils font apparem- ment bien des contours. Mais ce qui paroît fur, c’efl que les vaiffeaux de l’une & de l’autre efpece font plus abon- dants , plus gros , plus remplis de fucs dans les endroits où ils fourniffent à faccroiffement de la Coquille : par confequent il doit y arriver pluflôt qu’aux autres de ces accidents qui font épancher leur fuc. On trouve auffi aux Pinnes marines des Perles noires, ou pluftôt d’un brun noirâtre. Mais celles-ci font opa- ques, au lieu que celles qui font couleur d’ Ambre font tranfparentes. Les unes & les autres font formées d’une même matière, celle des noires a été obfcurcie par le mé- lange de quelque fuc , le Poiffon a de quoi en fournir de noirs. Mais les Perles noires cafîées en morceaux affés min- ces pour être tranfparents font auffi d’une couleur appro- chante de celles des Perles jaunâtres ou rougeâtres : leur épaiffeur leur donne une grande partie de leur opacité & de leur couleur brune. 11 y a auffi des endroits où la couleur de la Coquille efl plus brune & plus opaque qu ailleurs & où elle approche de celle des Perles ob- fcures. Outre la différence de couleur que nous avons fait ob- ferver dans les deux couches qui compolènt la Coquille Aaiij i p 2 MkMOiRES de l'Academie Royale EXPLICATION DES FIGURES. Figure I. Coquille de Pinne marine compofée de Tes deux pièces. A, eft le fommet de ia Coquille. BC , eft la largeur au fommet. L’épaiftêur eft prife fur une ligne perpendi- culaire à celle qui feroit tirée de B à C , & qui traverfe- roit les deux pièces. CH D , le côté convexe. La ligne CD montre l’en- droit où la Coquille s’entrouvre. On voit par de-là CD une petite partie de la fécondé piece de la Coquille. BE, le côté concave, celui où eft la charnière de cette Coquille qui va environ jufques en E. F, l’extremité de la Coquille, là elle eft entrouverte. H, endroit d’où fort la houpe, I, la houpe de foye. GA, marque la ligne qui divife en deux parties cha- que piece de Coquille. La partie EFD G eft prefque toute de couleur rou- geâtre, &. depuis C jufques en A il y a de la Nacre. KKK, montrent la Nacre à découvert ; la croûte ou couche rougeâtre compofée de filets eft détachée, ce qui arrive naturellement. Figure II. Morceau de la çroute compofée de filets deïïïné à la Loupe. L des filets deflïnés féparement. M, petite houpe de pareils filets. Figure III. Inftrument avec lequel on pêche les Pinnes. a, a, fes fourches, b, c, endroit où le fer eft attaché au manche. dd, le manche, ee, plan de la fourche. Figure IV. La Figure I V. eft une Coquille qui a été ouverte à force. I des Sciences, 193. force. L’animal eft refté prefque tout entier fur la piece de la Coquille NOO, il 11’y en a prefque point fur la par- tie NPP. Q QQ j marquent ce qui eft de couleur de Nacre. R f eft la bande de matière approchante de celle du reflort qui divife chaque piece en deux. T T T, h partie qui eft rougeâtre ou de couleur d’Am- bre. Prés iVon voit diverfes couches les unes au deflus des autres ; ce font des feiiillets de matière pareille à celle du reffort qui marquent les differentes places que l’animal a abandonnées fucceffivement. En V eft le ligament d’auprès du fommet. X eft la bouche. Y, la filiere. Z, le fac membraneux qui enveloppe les feiiillets char- nus & les feiiillets cartilagineux d’où partent les filets qui forment la houpe. En &c. eft l’anus, on y voit auffi le gros mufcle qui at- tache le Poiffon aux deux pièces de fa Coquille. Figures V. & VI. Elles reprefentent chacune une partie de la cavité Z de la Figure IV. un peu plus grande que nature : ici les parois qui la renferment ont été ouvertes. fg, fg, font les deux parois ouvertes. h eft le bout de la filiere coupée en h. 1 1, K K, L font les cinq feiiillets charnus ou mufcu- leux renfermés dans cette cavité ; ici on a ôté les feuillets foyeux qui doivent être entr’eux. F I G U R E V I. n, n, o, o,. partie des quatre feiiillets foyeux qui ici font en place &fépârés les uns des autres par les feuillets char- nus. vim, parois de la cavité, p, bout de la filiere. Mem. 1717. Bb ïc>4 Mémoires de l’Academie Royale Figure VII. Eft une partie d’un feuillet foyeux, prife vers le milieu de ce feuillet, deflinée à la Loupe, f r marque cet endroit plus épais que le refte où les fils font en zizague. En r ces fils commencent à fe féparer pour aller compofer par- tie de la houpe. Figure VIII. Elle montre plus en grand que la Figure IV- la bouche du Poiffon. J, cette bouche, u, levre qui la couvre ordi- nairement, & qui a été relevée dans cette Figure, .v mar- que une Perle. Figure IX. Eft une Perle couleur de Nacre. Figure X. Eft la coupe de la même Perle qui montre l’arrange- ment des couches. Figure XI. Eft une des Perles brunes de la Pine. Figure XII. Eft la même Perle caffée pour faire voir la direction des rayons du centre vers la circonférence. Dans la Figure IV. ZZZZ f° nt ^ es P el ’l es couleur d’Am- bre ou rougeâtre; &y,y, des Perles couleur de Nacre. * I . • -a** f Fùf.ir Jterru de LAcclcL . iyj.y p cuy 1p4.pL. f &- 3 ' - -Mém. . de, ÜAca