)^ K } * (EUVRES COMPLÈTES D E M. LE CJ^ DE BUFFON, Intendant du Jardin du Roi , de l* Académie Franfoife , de celle des Sciences, è^c. Tome Septième. Histoire des Animaux quadrupèdes, A PARIS, DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M, DCCLXXV, A0?.iy!S2-ô'5;3 ■«mi*jai TABLE De ce qui c(l contenu dans ce Volume. N. OMENCLATURE des Singes.- page I Zes Orang-outangs ou le Pongo & le Jocko 5 p Le Pitheque » i o i JLe Gibbon, ....»►•,.. 112 Le AJagoî 117 Le Papion ou Babouin 124 Le Alandrill 132 L'Ouanderou & le Lowando i îy Le Aîaimon. . . . .- 143 Le Macaque & V Aigrette , . ► . . » 147 Le Patas 153 Le Malbrouck & le Bonnet-chinois . 158 Le Mangabey i 67 La Afone ,..«.,»,.•.,,. 170 TABLE. Zr Calîtrkhe . 175 Le Moufiac • , . . . 179 Le Talapoin 182 Le Doue 186 De la dégénération des Animaux ... 192 Les Sapajous & les Sagoîns, ... 283 L'Ouarine & l'Alouate. ....... 289 Le Coaïta & VExquima 301 Le Sajou 314 Le Sdi 318 Le Sdimïri 322 Le Tamarin 329 L'OuiJîiti 332 Le Alarik'ina 337 Le Pinche . 3 40 Le Afico 344 JVolices de quelques Animaux dont il n'a pas été fait mention dans le corps de €eî Ouvrage, , . . . 348 HISTOIRE HISTOIRE NATURELLE. ^NOMENCLATURE DES SINGES. COMME endodiiner des Écoiiers, ou parler à des Hommes^ font deux chofes différentes; que les pre- miers reçoivent fans examen & même avec avidité l'arbitraire comme le réeî, le faux comme le vrai , dès qu'il leur effc préfenté fous la forme de documens ; que les autres au contraire rejettent avec dégoût ces mêmes documens , lorfqu'ils ne font pas fondés ; nous ne nous fer- virons d'aucune des méthodes qu'on a imaginées pour entafler (bus le même nom de Singe, une multitude d'animaux d'efpèces différentes & même très- élois^nées. tome XII. A Z Hiftoîre NatureUe, J 'appelle ^;?^^ un animal fans queue, dont la face eit: aplatie, dont les dents, ies mains, les doigts & les ongles ref- femblent à ceux de l'homme, & qui, comme lui, marche debout fur fes deux pieds: cette définition tirée de ia nature même de l'animal & de fes rapports avec celle de l'homm.e , exclut, comme Ton voit , tous les animaux qui ont des queues, tous ceux qui ont la fice rele- vée , ou le mufeau long; tous ceux qui ont les ongles courbés , crochus ou pointus ; tous ceux qui marchent plus volontiers fur quatre que fur deux pieds. D'après cette notion fixe & précife , voyons combien il exifle d'efpèces d'ani- maux auxquels on doive donner le nom àejînge. Les Anciens n'en connoiflbient qu'une feule; le plthecos des Grecs, le fmiia des Latins, eit un. Jînge, un vrai finge , ôi c'efl: celui fur lequel Ariftote, Pline & Galien ont inflitué toutes les comparaifons phyfiques , & fondé toutes les relations du finge à l'homme ; mais ce pithèque, ce finge des Anciens, fi refîemblant à Thomme par la confor- ^îiatioja. extérieure, & plus lemblable Nomenchîure des Singes. y çncore par l'organifàiion intérieure, en diffère néanmoins par un attribut qui, quoique relatif en lui-même , n'en eft cependant ici pas moins elTentiel , c'elt h grandeur ; la taille de l'homme en général eft au-deflus de cinq pieds, celle du pithèque n'atteint guère qu'au quart de celte hauteur; auUi ce finge eût>il encore été plus reflemblant à l'homme, îes Anciens auroient eu raifon de ne le regarder que comme un homoncufe, un Nain manqué, un Pigméc capable tout au plus de combattre avec les grues, tandis que l'homme fait dompter l'élé- phant & vaincre le lion. . Mais depuis les Anciens, depuis fa découverte des parties méridionales de l'Afrique & des Indes., on a trouvé un autre finge avec cet attribut de grandeur, un finge aulîi haut, aulîi fort que l'homme, aufll ardent pour les femmes que pour fes femelles; un finge qui' fiit porter des armes , qui fe lèrt de pierres pour attaquer, & de bâtons pour fe défendre , & qui d'ai!leurs reffemble encore à l'homme ])lus que k pithèque j car indépendamment de Ai; 4 Hijloire Naturelle. ce qu'il n'a point de queue, de ce que ia face eft aplatie ; que (es bras , fes mains, le s doigts, fes ongles lont pareils aux nôtres, & qu'il marche toujours debout; il aune efpèce de vifage, des traits approchans de ceux de 1 homme , des oreilles de |a même forme, dts cheveux fur la tête , de la barbe au menton , &: du poil ni plus ni moins que l'homme en a dans l'e'tat de nature^ Àuffi les habitans de fon pays, les In- diens policés n'ont pas héfité de raffocier à l'elpèce humaine par le nom d'Orange ûutar.g, Homme fauvage; tandis que ies Nègres prefc^ue aufïï fauvages, aufFi laids que ces Tinges, & qui n'i- maginent pas que pour être plus ou moins policé l'on foit plus ou moins homme, leur ont donn.é un nom propre (Pongo) , un nom de bête & non pas d'homme; & cet orang-outang, ou- ce pongo , n'efl en effet qu'un animal , mais ' un animal tres-fingulier , que l'homme ;ie peut voir fans rentrer en lui-même, ians fe reconnoître , fnns fe convaincre que (on corps n'efî: pas la partie la plus eflentieile de fa nature. Nomenclature Je s Singes, 5 Voilà donc deux animaux , le pithèque &: l'orang-outang, auxquels on doit appliquer fe nom âejînge, & il y en a un troilième auquel on ne peut guère le refuler, quoiqu'il foit difforme, & par rapport à l'homme & par rapport au finge : cet animal jufqu'à prék^nt in- connu , & qui a été apporté des Indes orientales fous le nom de gibbon, marche debout comme les deux autres, & a la face aplatie ; il eft aufîi fans queue : mais fes bras , au lieu d'être proportionnés comme ceux de l'homme, ou du moins comme ceux de l'orànor- outang ou du pithèque , à la hauteur du corps, font d'une longueur fi démefurée, que l'animal étant debout lur les deux pieds, il touche encore la terre avec fes mains fans courber le corps &. fans plier ies jambes , ce finge eft le troifième & le dernier auquel on doive donner ce nom , c'eft dans ce genre une efpèce moni- trueufe, hétéroclite, comme l'eft dans i'efpèce humaine, la race des hommes à grofTes jambes , dite de Saint-Thomas (a), (a) Voyez le ilifcours fur îes varîécés de refpèço humaine. Tome V de cet Ouvrage, A ii; HÊ HîfiGire Naturelle, Après les finges , fe préfente une fiutre famille d'animaux , que nous indf- querons fous le nom générique de ha- houin , & pour les diflinguer nettement de tous les autres , nous dirons que le Labouin ell un animal à queue courte , à face aîongée, à muleau large & relevé, avec des dents canines plus greffes à pro- portion que celles de l'homme, &: des callofite's fur les fefTes : par cette défi- nition , nous excluons de cette famille tous les finges qui n'ont point de queue, toutes les guenons , tous les iapajous & Tagoins qui n'ont pas la queue courte , anais qui tous l'ont aufll longue ou plus ïongue que le corps , & tous les makis , ioris & autres quadrumanes qui ont le mufeau mince & pointu. Les Anciens n'ont jamais eu de nom propre pour ces animaux; Ariflote eft le feul qui paroît avoir défjgné l'un de ces babouins par le nom dt fimia porcaria (b) , encore (h) Nom. Cette déi\om\\mioï\JiminfiOïcar'''i> ^l'î t\ç. fe trouve que dans Ariflote, & uui n'a été employée par aucun autre Auteur , étoit néanmoins une très-benne exprelTion pour défigner le babouin : car j'ai trouvé daii5 des, Voyageurs, qui probable^ jmeni n'ayoiem jamais iii Ariflote, {a même com"? 'Nomenclature des Singes. 7 n'en donne-t-il qu'une indication fort indirede ; les Italiens font ies premiers qui l'aient nommé babuîno ; ies Alle- mands l'ont appelé bav'ion : ies François babouin , & tous les Auteurs, qui dans ces derniers fiècles ont écrit en iatin , i'ont défigné par le nom pap'io ; nous rappellerons nous-mêmes pnpîon pour le diflinguer des autres babouins qu'on a trouvés depuis dans les provinces mé- ridionales de l'Afrique & des Indes. Nous connoifTons trois efpèces de cçs animaux , i .° le papîon ou babou'm pro- prement dit , dont ,nous venons de parler, qui (é trouve en Lybie, en Arabie, &c. & qui vraifemblablement efl [e fimia porcaria d'Ariilote. 2.*' Le mandrill qui eft un babouin encore plus grand que le papion , avec h. face violette , le nez & les joues fillonnées de rides profondes & obli- ques , qui fe trouve en Guinée & dans les parties les plus chaudes de i'Afrique. 3.° L'ouanderou qui n'eft paraifôn du mufean du babouin à céu\ du cocbon; & d'ailleurs ces deux aninuu^ fe refFembient un p€U par la forme du corps, A iiij s Hifîoire Naturelle. j^as fi gros qr.e le papion , ni ii grnhd que le mandrill , dont le corps efl moins épais, & qui a la tête & toute la face environne'e d'une efpèce de crinière très-longue &: très-épaifTe ; on le trouve à Ceylan, au Malabar & dans les autres provinces méridionales de l'Inde ; ainfi voilà trois finges & trois babouins bien définis , bien fé- parés, & tous iix diftindement difFé- rens les uns des autres. Mais, comme la Nature ne connoît pas nos définitions, qu'elle n'a jamais rangé- les ouvrages par tas, ni les êtres par genres , que. (à marche au contraire va toujours par degrés, & que Ton plan cft nuancé par-tout & s'étend en tout fens , il doit fe trouver entre le genre du finge (c) ik celui du babouin, quelque efpèce intermédiaire qui ne fiDÎt préci- jément nWl'un ni l'autre, & qui cepen- {cj Nota. Le gibbon commence déjà la nuance entre les finges & les babouins , en ce qu'if a àes caiiofifcs fur les fcrfes comme les babouins, & les ongles dts pieds de derrière plus pointus que ceux de l'orang-outang, (jui n'a point de cailofités fur les Telles , 6^ «|ui a les ongles plats & arrondi^ comme l'homme. 'Tiomenchture des Singes» p dant participe des deux. Cette efpèce intermédiaire exifle en effet, & c'efl l'animal que nous appelons magot; il fe trouve placé entre nos deux défini- tions ; il fait ia nuance entre ies finges & les babouins , il diffère des premiers , en ce qu'il a le mufeau aîongé & de grofîes dents canines*, il diffère des féconds , parce qu'il n'a réellement point de queue quoiqu'il ait un petit appendice de peau qui a l'apparence d'une naiffance de queue; il n'eil par conféquent ni fmge ni babouin , & tient en même temps de la nature des deux. Cet animal qui ell: fort commua dans la haute Egypte , ainfi qu'en Bar- barie , étoit connu des Anciens : les Grecs & les Latins l'ont nommé cyno^ cépbale , parce que fon mufeau reifemble affez à celui d'un dogue : ainfi , pour préfenter ces animaux, voici l'ordre dans lequel on doit les ranger; V orang-outang ou pongo , premier fmge; le pithèque , fécond fmge; \^ gibbon, troifième fmge, mais difforme; le cynocéphale ou magot , quatrième fmge ou premier babouin ; le papion i premier baboiiiii; le mandrill^ A V iio Hijîoire Naîitrelîe* fécond babouin ; Vouanderou , troî/îènT^ babouin : cet ordre n eft ni arbitraire ni fidif , mais relatif à i'cc belle même de la Nature. Après les finges & les babouins, fè trouvent ies guenons; c'eft ainfi que j'appelle , d'après notre idiome ancien^ îes animaux qsi reflemblent aux (incxes ou aux babouins ; mais qui ont de lon- gues queues , c'efl-à-dire des queues auin longues ou plus longues que le corps. Le inox guenon a eu dans ces der-- jniers fiècles , deux acceptions différentes de celle que nous lui donnons ici ; l'on Z employé ce mot guenon , généralement ■ pour dé ligner les fmges de petite taille^^, & en même temps on l'a employé par- ticulièrement, pour nommer la femelle du fînge ; mais plus anciennement nous appelions Jînges ou magots les finges f^J Les différences âes finges fe prennent en françois , prjnc!p:ilement de leur grandeur; car les grands font fimpiement appelés fr/i^es , (oit qu'ils aient une queue ou quMs n'en aient point,, ou foir qu'ils aient l-e mulèau long comme un chien , ou qu'ils l'aient court ; &. les finges qui font petits , font appelés guenons. Aicmoires your; ^rvir à l'Hi^oirc éf Auimaux f page i^o^ 'Nomencldîure des Singes, 1 1' fans queue , & guenons ou înones ceux qui avoient une longue queue: je pour- rois le prouver par quelques pafîages de nos Vo}ageurs (e) des feizième ik dix- lèptième fiècles. Le mot même de guenon ne s'éloigne pas , & peut - être a éié dérivé de kébos ou képos, nom q\.\q les Grecs donnoient aux finges à longue queue. Ces kèbes ou guenons font plus petites & moins fortes que les babouins & les iniges ; elies font aifécs à diilinguer éits uns <3c des autres par celte différence , & fur-tout par leur longue queue. On peut aufil les féparer ailément des makis, parce qu'elles n'ont pas le mufeau poiiitu, Ôa qu'au lieu de Çix dents incifives qu'ont les makis , elles n'en ont que quatre comme les finies & les babouins. No'js (e) li y a au Sénégal pfufreurs cTpcces Jefinres , comme des gimion'ag't ici de décider îa nature, quelque rellembiant qu'il foit à l homme , il a néanmoins ur-e fi forte teinture d'animaliié qu'elle fe reconnoît dès le moment de la naifîcince ; car il eft à proportion plus fort & plus formé que l enfant, il croît beaucoup plub vite, ies fecouri. de la mère ne lui iont nécef- faires que pendant les premiers mois ^ il ne reçoit qu'une éducation purement individuelle, & par conléqutnt aufîi ïié^ rile que celle des autres animaux. Il efl donc animal , & malgré fâ refîèmblance à l'homme , bien loin d'être le fécond dans notre efpèce , il n'efl: pas le premier dans Tordre ôes animaux , puifqu'il nVri pas le plus intelligent; c'eft uniquement fur ce rap- port de refiemblance corpore'le c[\\^9i appuyé le préjugé de la grande opinion 'Nomenclature des Singes. 5 5 qu'on s'eR formée des facultés du finge ; il nous reflemb'e , a-t-on dit, taiu à l'extérieur qu'à l'intérieur , il doit donc non-feulement nous imiter, mais fiire encore de lui-même tout ce que nous failbns. On vient de voir que toutes les adions qu'on doit appeler humaines , font relatives à la fociété ; qu'elles dé- pc ndcnt d'abord de l'ame & enfuiie de l'éducation doiu le principe phyfique elt la nécefîité de la longue habitude des parens à l'enfitnt ; c[ue dans le finge celte habitude eft fort courte , qu'il ne reçoit coiume les autres animaux cju'une éducation purement individuelle , & qu'il n'efl: pas même fufceptible de celle de l'elpèce , par conféqueni il ne peut rien fiire de tout ce que l'homme fait, puifqu'aucune de Tes actions, n'a le même principe ni la même fin ; & à l'égard de l'imitation qui paroît être le caniclère le plus marqué, l'attribut le plus frap- pant de l'elpèce du finge , & que le vulgaire lui accorde comme un talent unique , il faut avant de décider , exami- ner fi cette imitation efl: libre ou forcée : ic finge nous imite-t-iî, parce qu'il le C ii] 54 Hîjlohe Naturelle, veut , ou bien parce que fans le vouîoîi il le peut! j'en appelle fur cela volon- tiers à tous ceux qui ont obfervé cet animal fans prévention , & je luis con^ vaijicu qu'ils diront avec moi ^ qu'il n'y a rien de libre , ren de volontaire dcins cetie imitation, le linge ayant des bras &: dts> mains . s'en îert comme nous 5 mais ians longer à nous: la iimil'itude des mem.bres 6i des organes , prodiiif ncceC^ fairement des mouvemens & quelquefois même des luites de mouvemens qui reflemblent aux nôtres; étant conformé comme l'homme , ie fmge ne peut que fè mouvoir comme lui; mais fe mouvoir de mêm.e n'efl pas agir pour hniter : qu'on donne à deux corps bruts, la même im- pidfion ; qu'on conflruife àQux pen- dules , deux machines pareilles , elles fè uKiuveront de même , & l'on auroît tort de dire que ces corps bruts oti ces machines ne fe meuvent ainfi que]X)ur s'imiter; il en efl de même du finge relativement au corps de l'homme , ce font deux machines conftruites, organi- fées de même , qui par néceffité de nature fe meuvent à très-peu près de '"Nomenclature âes Singes. "5 5' la même façon: néanmoins parité n'eft .pas imitation , l'une gît clans la manière & i'autre n exKie que par refprit; l'imita- tion ibppole le defiein d'imiter ; le fmge eil incaiûible de former ce dedein, qui •demande une fuite de penfées, &: par cette raifon l'homm.e peut , s'il le veut , imiter le finge, & le linge ne peut pas même vouloir imiter l'homime. Et cette parité qui n'eft que le pHy- iique de l'imitanon , n'eft pas aufli complète ici que la fimilitude, dont cependant elle émane comme effet im- médiat; le finge reOemble plus à l'hom- me par le corps &. les membres que par i'ulage qii'il en fait ; en l'obier vant avec quelque attention on s'apercevra aifément que tous fes mouvemens font brufques, intermittensj précipités; & que pour les comparer à ceux de l'homme , il faudroit leur f }ppo(èr une autre échelle ou plutôt un module différent : toutes les allions du finge tiennent de fon éducation qui eft purement animale, elles nous pa- roiiîent ridicules, inconféquentes, ex- travagantes , parce que nous nous trom- pons d'échelle en les rapportant à nous, C iii/ 5 6 Hijloke NaîtireUe. êc que l'unité qui doit leur fèrvîr n'en font pas moins réelles; elle doit auffi influer beaucoup fur le naturel ^ l'excès de chaleur qui eft néceffaire à la pleine vie d€ cet animal , rend exceffive^ C y' 158 Hi flaire Naturelle, éTc. toures Tes afle(^ions , toutes Tes qualîtésf & il ne faut pas chercher une autre cauie à (a pétulance, à fa lubricité &. à fes autres pafljons qui toutes nous pnroilîent auiîj violentes que délorclonnées. Ainfi ce Tinge , que les Philofophes, avec le vulgaire, ont regardé comme un être difficile à définir , dont la nature etoit au moins équivoque & moyenne entre celle de l'homme & celle des ani- maux , n'efl: dans la vérité qu'un pur animal, portant à l'extérieur un m.alque de fiaure humaine, mais dénué à l'ia- lérieur de lapenfée & de tout ce qui fait l'homme ; un animal au - de (Tous de pïufieurs autres par les flicultés relatives, ÔL encore eflentiellement différent de l'homme, par le naturel, par le tempé- rament, & aufîi par la meiure du temps nécefîaire à l'éducation, à la gellation, à l'accroiffement du corps , à la durée de la vie, c'eft-à-dire par toutes les habitudes réelles qui conftituent ce qu'on appelle nature dans un être particulier. 59 m' III . ■ ' ■■ LES ORANGS-OUTANGS, ou lE PONGO (a) ET leJOCKO (h). N OUS préfèntons ces deux animaux enfeiuble, parce qu'il le peut qu'ils ne faflent tous deux qu'une leuie & même (a) Orang-'^utiing , nom de cet animai aux InJes orientales ; Ptm^o , nom de ce même animal à Lowando, province de Conao ; Kukurlacko , dans quelques endroits Ats. Indes orientales, (elon Kjoep, chapitre S 6 , cité par Linnaeus. H.moflv-(iris. Orang-outang. Bontîus,/w_^. S^» jîg. ibid. Nom, Cette fi 'ure reprél'ente plutôt une femme qu'une femelle de finiJe. Satyri jilvelhes. Orang ouîang dléli Icônes arbo- rum tu & nnimniium. I.ugd. Bat. a^md Vanderaa. Tab. nntepenult.dudefigiirx. Trngbdites. Homo noûurnus. Linii, Syfîcm, naU edit. X , pTCf. 24.. Oflrnn-flutan. Capt. Beakmans Travel to Bomeo» London , i y I S , jig. OtY.mgs-oetangs. de Ceyian. Vnyrjges de Gauthier Schouttei aux Indes or'entnles. Amfterd irri, r/oy» Drill , feîon Charleton. Exercit. pag, 1 é. Stnitten^ Tdon BoCnaan. Voyage de Guinée^ fage J281 C VJ 6o . HiJIoke Naturelle efpèce. Ce font de tous les finges ceux qui reflemblent le plus à l'homme y barris, (éon plufieurs Voyageurs. ^ Pongo, félon Battel , PurchafT & autres. (bj Jocko. Enjocko , nom de cet animai à Congo que nous axons adopté. E» , t(ï l'article que nous avons reîrdLP.Qhé. L'Ernj!û/iûjJa de Congo s'appelîe Facdjfa ou Pdcajfe , & par conféquent on tioit ap- peler ï Enjocko , Jocko. Bdvis y en Guinée feion Fr. Pyrard , page ^ 6ç, & auiïî félon le P. du Jarric. Chawponxée , Qulmpeife , par les Angiois quifréquerv- tent la -côte d'Angole ^ on fa auiïi appelée Haninis fauvage; Homme des bois, comme le Pongo ; d'autres l'ont nommé Pigme'e de Guinée. Quojafmoras, dans quelques endroits de l'Afrique , félon Dapper. Qwjavoïan , Quincmorrou , félon d'autres ; Selvago ou le Sauvage, par les Portugais. Satyrus Indiens. Tulpius. Objerv. med. iib. 1 1 î cap. LVI^ fig. ibïd, Homo fdvefly'ts, Ourang-outang. Tyfon,. Anatomy pf a Pigmk. London , 1699, ^o* P^â* ' ^^^ Baris five Barris. Pygmeus Guineerifs, Chimpanrà Angiis. Defcrip. of fome curious créatures , &c, Londen , j^ip, in-8.^ jig. The man of the Woods Edwards Gleanings. 'J^ondon, iy^8, pag. 6,^g.ihid. Satyrus fimia ecaudatajnhtus nuda.. Linn. Syfl. nau edit. X , pag. 2 5 . Simia unguibus rninibtH , ^iams & rotmdatis * tafarie faciem cingenie. . . Homo Jih'ejlns, l'HommC; «& hcds, Briff» Rc^n, anim, pag, 189^ "des Orangs-outangs y &e. 6 1 ceux qui par conféquent font les plus dignes d'être oLfervés ; nous avons vu le petit orang-outang ou le jocko vivant , êc nous en avons coniervë les dépouilles; mais nous ne pouvons parler du ponga ou grand orang-ouînng, que d'après les relations des Voyageurs : ii elles étoient fidèles, û fouvent elles n'e'totent pas obfcures , £mtives , exagérées, nous ne douterions pas qu'il ne fût d'une autre efpèce que le jocko ; d'une elpèce plus parfaite & plus voifine encore de l'efpèce de l'homme. Bontius qui étoit médecin en chef à Batavia , & qui nous a laiilë de bonnes obfervations fur l'Hiftoire naturelle de celte partie des Indes , dit expreiïement fc) qu'il a vu avec admi- ration quelques individus de cette eTpèce marchant debout fur leurs pieds , (?t fcj Qihd merenir cdmïrationttn , v'idï egoaliquctutmf^ ^ut fexûs ereélè inccdtnies imprimis (eu jus eî^giem hic txhibeo) fatyram ftmtUam tanuï vereciirului nb igfwtis- filù hominihus occuJemem , mm qitoque fûckm mr,nilu>3- (Uceat ua cLcere) tegenrem , idHrnmque laaymamem ^ gémit us ciemem & ceteros humanos aélus exprimentem^. Ht nihil hum an i à deejfe diceres yratcr loquelam . . . .• ISÎomen ei indunt Ourang-outang qnod homirmn ftivéz fgnificaî. Jac. Bont. Hifu nal. M> cap. X X X 1 1 ,. pag, 84. & 85» %± 'Hîflohe Natiireïïe entr'autrcs une femelle (dont H donne la figure) qui feinbloic avoir de la pu- deur , qui fe couvroit de fa main à l'afpccft des hommes qu'elle ne connoif^ foit pas , qui pleuroit, gémifioit & failoit les autres adions humaines , de manière qu'il lèmbloit que rien ne lui miuiquât que la parole. M. Li.mœus fd) dit d'après Kjoep & quelques autres Voyageurs, que cette faculté même ne manque pas à l'orang-outang, qu'il penfe , qu'if parle &. s'exprime en fifflant ; il l'appelle homme noélurne , &l en dcjnne en m.ême temps une delcription , par laquelle î[ ne feroit guère poliible de décider il c'efi: un animal ou un homme. Seule- ment on doit remarquer que cet être, quel qu'il lok , n'a lelon lui que la (d) H'mwwâurmis, Hnmq filveftris Orang-outang Soniii, Corpus aïbwn, incejju ereéluni , naflro dimidio minus i pili albi cœitoriupliC'iti , cculi (rhiculnti , Iridi jmpilln(]ue aurea. Pnlpebra amke incwnhentes cum membrann njéliiante. Vi/us lateralis, noâurnus. A:Aas v'iginti quinqve annorum. Die caciitir , l^ist ; mélu videt ,exir, furittsr. 1 oquitur fibilo , co^itat, crédit fui cau>â tac^am teilurem , (e aliL[nando iteriim forç imperantcm , // fdes pengrinntorihs .... Habitat itt Javœ ,  ni borna , Tcrnaia fpeimcis, Linn. fjfi^ vat, edit. X,pag. 2^. 'iJes Orangs-oiitûîigs, &c. 6^ moh'ié de la hauteur de l'homme; ôs, comme Boniius ne fiiit nulie mention de la grandeur de ion orang-outang, on poLirroit pen'er avec M. Linnasus que c'eft le même : mais alors cet orang- outang de Linna^us &. de Bontius ne feroit pas le vtritabîe qui ell de la taille des plus grands hommes : ce ne feroit pas non plus celui que nous appelons J^cko Si que j'ai vu vivant ; car quoiqu'il foit de la taille que M. Linnaeus donne- au fien , il en^ diffère néanmoins par tous les autres caradères. Je puis affurer , l'ayant vu plufieurs fois, que non-feu- lement il ne parle ni ne fiffle pour s'exprimer, mais même qu'il ne fait rien qu'un chien bien inflruit ne pût faire : & d'ailleurs il diffère j)relc|u'en tout de la delcription que M. Linnasus donne de l'orang-outang,. & le rapporte beau- coup mieux à celle du fiityrus de ce même Auteur: je doute donc beaucoup de la vérité de la delcription de cet homme noâurne ; je doute même de Ion exif- tence, & c'ell probablement un Nègre blanc, un chacrelas /^^^ que les Voyageurs, (cj Voyez ce c^ue nous avons dît de cette race <^4 HîJîoJre Naturelle cités par M. Linnseus, auront maî vu & mal décrit. Car ces chacrelas ont en effet, comme Vhomme noâurne de cet Auteur, ies cheveux blancs, laineux & frifés, les yeux rouges, la vue foible, 6lc. mais ce font des hommes , & ces hommes ne fifflem pas & ne font pas des pigmées de trente pouces de hau- teur ; iis penfent , parlent & agiffent comme les autres hommes , & font aufîî de la même grandeur. En écarta-nt donc cet être mal décrit, en fuppodmt aufîi un peu d'exagération dans le récit de Bomius, un peu de préjugé dans ce qu'il raconte de la pu- deur de fa femeile orang-outang, il ne nous reftera qu'un animal , un finge , dont nous trouvons ailleurs des indica- tions plus précifcs. Edward Tyfon (f)p'^ célèbre Anatomifte Anglois, qui a fait une très - bonne defcription tant des parties extérieures qu'intérieures de l'o- rang-outang, dit qu'il y en a de deux <î*hommes dans notre difcours fur ies variétés de 3'e(j)èce humaine. Vol. V de cette Hifioire JS/atwelle» (fj Theanatomy of a Pygmie* London, s ^p^^ Jes Orangs-outangs, &c. 6 5 cfpèces, & que celui qu'il décrit n'efl pas (ï grand que l'autre appelé inarris (g) ou barïs par les Vo}ageurs, & vulgai- rement drill par les Anglois. Ce barris ou drill ell en effet le grand orang- outang des Indes orientales ou le pongo de Guinée, &. le pigmée décrit par Ty Ion efl le jocko que nous avons vu vivant. Le Philofophe Gaflèndi ayant avancé , fur le rapport d'un Voyageur nommé S! Arnand , qu'il y avoit dans l'île de Java une efpèce de créature qui fàifoit la nuance entre l'homme & le fnioe , on n'héliia pas à nier le fait; pour le prouver, Peirefc produifit une lettre d'un M. Noël (Naialïs) Médecin qui demeuroit en Afrique , par laquelle il affure fh) qu'on trouve en Guinée de très- grands finges appelés barris , qui mar- chent fur deux pieds, qui ont plus de fg) The Baris CY Bûryis jWhich they defcrite to be much taier than our animal , probably may ' be wfiat we call a Dri//. Tyfon, ntiaf» of aj'jgmiet ! P'^o* • • i f/ij Swt in Guinca (imice ,barîhi proara canciqut èf jexà vYyem-odum vcncrahiks, incedunt kmè ac videtuuy ■prx cccterisjapere ; mciximi funt & Barris dicmnur / jfollm maxime judicio, Jemd dumiaxat quidpam 66 Hîjloke ISlaîurelh gravité &: beaucoup plus d'inteïïf g^enCîl que tous les autres finges, & qui ioat très-nrdens pour les femmes. Darcos , &enlLiite Nierernberg (i) & DappeiV-V difeiit à pec. près les iiiêraes choies du barris. Battel/Zy l'appelle ;?c?/?^(7, & afiiire ce qu'il efl dans toutes les proportions 33 femblable ùThomme, feulement qu'if 33 efl plus grand ; grand, dit-iî, comme 33 un géant ; qu'il a fa face comme 33 l'homme , les yeux enfoncés . de long^ yi cheveux aux cotés de la tête , le viiage y> nu & làns poil, autîi-bien que X^^ 33 oreilles & les mains , le corps iégère- 35 ment velu, & qu'il ne diffère de 33 l'homine à l'extérieur que par les jam- 33 bes, parce qu'il n'a €|ue peu où point 33 de mollets ; que cependant ii jnarchç àoctndl Vefle îndutï illico hipedes ir.cedum, Scltè hdmt jifluîd , cytluira aliiÇqut id genus Famlnit ^eniqite in ht: s paiiumur nieri(lnia , iT' mares muliermn funt (ipf'ctemifji-ni. GalTendi , Jib. V, fi) Nieremberg. Hijl. J^at. Peregr. iib, IX, cap. 44- & 4.5. ^(k) Defcription de l'Afrîcjue , par Dapper , (l) PurchaJJ Pdgrinis, part. II, iib. vn, chap. ilî, Hifoirc générale des y otages, tome Y; page 8p, des Orangs-outangs, &c* 6j toujours debout; qu'il dort fur ies pour ies femmes ; qu'il n'y a point 33 de lûreté pour elles à paffer dans les >5 bois, où elles fè trouvent tout d'un :>5 coup attaquées & violées par ces f]nges:>5. Dnmpier, Froger ôc d'autres "Voyageurs afTurent qu'ils enlèvent des petites filles de huit ou dix ans , qu'ils les emportent au-deiïus des arbres & qu'on a mille peines à les leur ôter. Nous pouvons ajouter à tous ces témoignages celui de M. de la Brofîe, qui a écrit fon voyage à la côte d'Angole en i 73 8, & dont on nous a communiqué l'extrait : ce Voyageur afTure ce que les orangs- D3 outangs qu'il appelle quimpcTjs, ta- 55 chent de lurprendre des NégrefTes; D> qu'ils les gardent avec eux pour en D> jouir ; qu'ils les nourriiTent très-bien: 5> j'ai connu, dit-il, à Lowango une y> Négrefîe qui étoit reliée trois ans » avec ces animaux; ils croidènt de iix 5> à fept pieds de haut ; ils font d'une >> force fans égale, ils cabanent & fè 3> fervent de bâtons pour fè défendre; 3^ ils ont la face plate , le nez camus 6c ^ épaté; les oreilles plates, fans bourelet^i '{!es Oraùgs-outanp, &c. y i [a peau un peu pius ekire que celle ce d'un niulâue : un peii long & clair- ce femé dans plurieurs paitks du corps , ce [e ventre extrênieinerj; tendu, ies ta- ce Ions pîats & éievés d'un deini-pouce ce emiron par-derrière ; il§ marchent fur ce leurs deux pieds, & lur les quatre ec quand ils en ont la ïàntaifie : nous ce en achetâmes deux jeuries , un mâle ce qui avoit quatorze lunes , & une fe- ce 113 elle qui n*avoit que douze iunes ce d'âg€, &c. :>? Voilà ce que nous avons trouvé de plus précis & de pius certain au lu jet du QXdinà orang-outang ou pongo ; & comme la grandeur ell le feul caradtère bien marqué par lequel il diffère du focko, je perfide à croire qu'ils font de la mêine efpèce : car ii y a ici deux chofes pofîibles ; la première que !e focko foit une variété confiante , c'eft-à- dire , une race beaucoup plus petite que celle du pongo; à la vérité ils font tous deux du même climat; ils vivent de la même façon , & devroient par c.onféqueni fe reffembier en tout , puil^ qu'ils fubiflent & reçoivent égaiement 72 Hîjïoire Naturelle les mêmes altérations, les mêmes in- fluences Je ia terre & du ciei ; mais ii'avv.n:> ..ous pas dans l'erj)èce hunuine un exeinple dt variéié lemblable î le Lappoii ix le FinlanJois fous le jiiême climat différent enir'eux prelc[u'autaiit par ia ta i(e & beaucoup plus pour es autres attributs , que le jocko ou pdit ourang-outang ne diHTère du grand. La féconde chjle polîibie, c'elt que le ocko ou petit orang-outang que nous avons vu vivant, celui de Tufpius , celui de Ty Ton & les aunes qu'on a traniportés en Europe , n'éioient peut- être tous que de jeunes animaux c[ui n'avoient encore pri^ qu'une partie de leur accroiiïement. Celui que j'ai vu avoit près de deux p-eds 6i demi de hauteur. Le fieur Nonfoux auqiel il appartenoit , m'afTura qu'il n'avoir que deux ans : il auroit donc pu parvenir à plus de cinq pieds de hauteur s'il eût vécu , en fuppolant Ton accroiiïeinent proportionnel à celui de l'homme. L'o- rang-outang de Tyfonétoit encore plus jeune, car il n'avoit qu'environ deux pieds de hauteur, & Tes dents netoient pas des Orangs-outangs y &c. 73- pîis entièfement formées. Celui de Tul- pius étoit à peu-près de la grandeur de celui que j'ai vu ; il en elf de même de celui qui efl: oravé dans les Glanures de M. Edwards i il eft: donc très-pro- bable que ces jeunes animaux auroient pris avec l'âge un accroiilement confi- dérable , &: que s'ils eufîènte'té en liberté dans îeur climat , ils auroient acquis la même hauteur , les mêmes dimenfions que les Voyageurs donnent à leur grand orang-outang; ainfi nous ne confidè- rerons plus ces deux animaux comme différens entr'eux , mais comme ne fliifant qu'une feule & même efpèce , en atten- dant que des connoifTances plus précifes détruiient ou confirment cette opinioa qui nous paroît fondée. L'orang-outang que j'ai vu marchoit toujours debout fur fes deux pieds , même en portant des choies lourdes ; fon air étoit afTez trifie, fa démarche grave; fes mouvemens mçfurés, fon naturel doux & très-différent de celui des autres finges : il n'avoit ni l'impa- tience du magot , ni la méchanceté du babouin , ni l'extravagance des guenons ; Tomù XIJ, D 74- Htjlolre Naturelle il avoît été, ciira-t-on, inflruit & bîeiî appris , mais les autres que je viens de ciier & que je lui conipare , avoient eu de même leur éducation; le fignc & la parole fuffifoient pour faire agir notre orang-outang , il failoit le bâton pour le babouin , & le fouet pour tous les autres qui n'obéiiïent guère qu'à la , force des coups. J'ai vu cet animal pré-, fenter fa main pour reconduire les gens qui venoient le vifiter, fe promener gra- vement avec eux &: comme de com- pagnie ; je l'ai vu s'affeoir à table, déployer fa ferviette, s'en effuyer les ièvres, fe fervir de la cuiller & de la fourchette pour porter à fa bouche , verler lui-même fa boiffon dans un verre, le choquer, lorfqu'il y étoit invité, aller prendre une tnffe & une foucoupe , i'apporter fur la table , y mettre du fucre, y verfer du thé , le laiffer refroidir pour le boire , &. tout cela fans autre infiiga- tion que les fignes ou la parole de Ion maître 6c fouvent de lui-même. II ne faifoit du mal à perfonne , s'appro- choit même avec circonfpe^tion , & le préfentoit comme pour demander des '<îes Orangs-outangs, &c, 7 5 fâreflès; il ainioit prodigieufement les )onbons, tout le monde lui en donnoit ; k comme il avoit une toux fréquente k la poitrine attaquée, cette grande ]uantité de chofes lucrces contribua hns doute à abréger la vie : il ne vécut i Paris qu'un été; & mourut l'hiver uivant à Londres ; il mangeoit prefque le tout , feulement il préféroit les fruits nûrs & fecs à tous les autres alimens ; [ buvoit du vin , mais en petite quantité , k le laifFoit volontiers pour du lait , du hé ou d'autres liqueurs douces, Tulpius 'p) qui a donne une bonn& defcription (p) Erat hkfatyrus queb(îrupes,fedal)humannfyed& nam fxa fe fen vocafitr Indis Ourang - outang , iomo fdvéjlris : uti Afrkanis Quojas - morroii : xprimms longnudint puemm trimum ; ut cra(fiiît 1 xennem , corpore £rai nec ohjo nec gracili , fed qua- mto, hal)iîlffuno tamcn ne pmiiciffimo, Artulms verè m firidis iy mufculis adeo vnfîis, ur quldv'ts f • idcret & pofet. Anrerius undique glaher at porté rfutus ne nigris crinibus ohfirus. Faciès mentkbatur \imbwn , Jed nares ftma b" adunca rug)fam ^ ( ientvdam anum, Aures vero tnî dif crêpant ab humanâ rim iiti neque pe^us ornàtum utrinque manuna prcz' j rmda (erat enim fextus fomlnei). Venter habebat ! nhdicum profundiorem , & anus, cum fuptriores tum \ 'firiores, tam exadam cum homine fimilitudinem ut \'x ovumovo videris Jtmilius, Nec cuhito defuit débité^ D i; 76 Hifîohe Naturelle avec la figure d'un de ces anîinauif qu'on avoit pré fente vivant à Fre'dérie Henri, Prince d'Orange, en raconte îes mêmes chofes à peu près que celles que nous avons vues nous-mêmes , droit: toutes les fois qu'il fe trouva^ » depuis incommodé , il montroit foii 33 bras pour qu'on ie (àignât; comme 33 s'il eût fu que cela lui avoit fait du bien ». Henri Groffe fyj dit « qu'il fe trouve 55 de ces animaux vers le nord de Co- 33 romandel ; dans les forêts du domaine » du Raïa de Carnate; qu'on en fit » préient de deux, l'un mâle, l'autre 33 femelle à M. H orne, Gouverneur » de Bombay ; qu'ils a voient à peine 33 deux pieds de haut, mais la forme « entièrement humaine ; qu'ils mnr- 33 choient fur leurs deux pieds, & qu'ifs 33 étoient d'un blanc pâ e , fans aîTtres 33 cheveux ni poils qu'aux endroits où 33 nous en avons communément; que 33 leurs adions étoient très-iemblabies 33 pour la plupart aux acflions humaines , 33 ÔL que leur mélancolie faiioit voir 33 qu'ils fentoient fort bien leur cnp- 33 tivité ; qu'ils faifoient leur lit avec 33 loin dans la cage dans laquelle on les fçj Voyage aux Indes orîeniaîcs , par Henri GrolTe, traduit de i'Argîois. Londres, iJi^^ 'des Orangs-outangs, &c, 7p voit envoyés fur le vaiiTeau ; que ce ]uand on les regardoit , ils cachoient ce ivec leurs mains les parties que la ce iiodeHie empêche de montrer. La ce emtile, ajoute-t-il, mourut de ma- ce aJie fur le vaifleau , & le maie ce Jo.:nant toutes fortes de fignes de ce Jouleur prit tellement à cœur la mort >> Je fa compagne, qu'il refufa de man- ce ger & ne lui fur vécut pas plus de c< deux jours 3:>. François Pyrard^^r^ rapporte ce qu'il fe trouve dans la province de Sierra-liona ce une efj)èce d'animaux , appelée harïs, « qui font gros & membrus , lefquels ce ont une telle induftrie^ que fi on les ce nourrit & inftruit de jeunefîe , ils ce fervent comme une perfonne ; qu'ils ce marchent d'ordinaire fur les deux ce pattes de derrière feulement ; qu'ils ce pilent ce qu'on leur donne à piler dans ce des mortiers ; qu'ils vont quérir de l'eau ce à la rivière dans de petites cruches qu'ils ce portent toutes pleines fur leur tête , ce mais qu'arrivant bientôt à la porte de ce (r) Voyages de François Pyrard de Lavai, Variât ^ 6i^, toms 11, page jji, ■ ' D iii; •go Hîjlolre Naturelle :r> lamailbn, fi on ne leur prend Lîerit6î •yy leurs cruches ils les iaifîcnt tomber, y> & voyant la cruche verlëe & rompue^ ils fe mettent à crier & à pleurer 35. Le Père du Jarîc, cité par Nieremberg ff), dit la même chofe & prefque dans îes mêines termics. Le lemoignnge de Schouîicn (î) , s'accorde avec celui de Pyrard au iujet de l'éducation de ces animaux ; « on en prend , dit-il , avec :>3 des lacs , on les apprivoife , on leur yy apprend à marcher fur les pieds de 30 derrière &: à te fervir des pieds de ?? devant qui font à peu-près comme :>? des maijîs , pour faire certains ouvrages 35 ôi même ceux du ménage, comme 33 rincer des verres, donrier à boire, :>3 tourner la broche, &c. ^^ J'ai vu rr Java, dit le Guat (u) , ce un finge fort 35 extraordinaire ; c'éioit une femelle ; » elle éîoiî de grande taille & m.archoit (f) Euf. Nieremberg. Hif, nar, Peregrln. iib. IX, cap. XLV. (i) Voyage de Gaut.Schourten aux Indes orien- tales./îw/^rr/, lyoj. (u) Voyage de Fr. le Guai, Toim U, y''ges ^^_ ^ 97r ées Orangs-ouîévigs, &c. 8 i fbuvent fort droit fur les pieds de c« derrière : alor4 elle cachoit d'une de « fes mains l'endroit de Ton corps qui ce diilinguoit Ton fexe ; elle avoit lé c< vifage fans aiure poil que celui des cç fourcils , & elle reflembloit allez en oc géné/al à ces faces grotefques des ce temmes Hottentoies que j'ai vues au ce Cap : elle faifoit tous les jours pro- ce preinent Ion lit , s'y couchoit la tête ce iur un oreiller & fe couvroit d'une ce couverture Quand elle avoit ce mal à la tête, elle fe ferroit d'un ce mouchoir, & c'étoit un plaifir de la c< voir ainfi coiffée dans fon lit. Je œ pourrois en raconter diverses autres c<: petiies choies qui paroifTent extrême- c< ment fingulière^ , mais j'avoue que je ce: ne pouvois pas admirer cela autant ce que le faifoit la multitude , parce que ce n'ignorant pas le deifein qu'on avoit ce de porter cet animal en Europe pour ce le faire voir , j 'a vois beaucoup de ce per.chant à fuppofer qu'on l'avoit c^ dr^ffé à la plupart des fingeries que ce le peuple regardoit comme lui étant c« ïiiitureiles ; à Ta vérité c^étoit une fup- cg; 8l Hîfloke Naturelle :>3 pofmon. Il mourut à la hauteur du cap y> de Bonne-efperance dans un vaifTenu D3 /ur lequel j'étois; ii eil certain que la 33 figure de ce finge reffembloit beaucoup à celle deriioiTTine, &c. >3 Gemeili Ca- reri dit en avoir vu un qui fe piaignoit comme un enfant, qui marchoit fur les deux pieds de derrière , en portant fa natte fous fon bras pour, fe coucher & dormir* Ces finges, ajoute-t-ii, paroiffent avoir plus d efprit que les hommes, à certains égards : car , quand ils ne trouvent plus de fruits fur les montagnes , ils vont au bord de la mer où ils attrapent des crabes, des huîtres &: autres chofcs femblables. Ii y a une elpèce d'huîtres qu'on appelle îaclovo, qui pèfent plufieurs livres & qui font fouvent ouvertes fur le rivage ; or le finge craignant que quand il veut les manger , elles ne lui attrapent la patte en le refermant, ii jette une pierre dans îâ coquille qui l'empêche de iè fermer, &:eniuite il mancfe l'huître faiTs crainte. ce Sur les côtes de la rivière de Gambie , 55 dit Froger (x), les fmges y font ^lus (x) Relation du voyage de Gcnnes , par -Froger, 'Ses Orangs-outangs, &c, 83 gros & • plus méchans qu'en aucun ce endroit de l'Afrique; ies Nègres les ce craignent & ils ne peuvent aiier feuls ce dans la campagne icins courir rifque ce d'être attaqués par ces animaux qui ce ieur préfentent un bâton & les obligent ce à fe battre. . . . Souvent on les a vus <.t porter fur les arbres des enfans de fept ce à huit ans qu'on avoit une peine in- ce croyable à leur ôter ; la plupart des ce Nègres croient que c'efl une nation ce étrangère qui eft venue s'établir dans ce ieur. pays, & que s'ils ne ^parlent pas, ce c'elt qu'ils craignent qu'on ne les ce oblige à travailler ». ce On fe paiïeroit bien, dit un autre Voyageur (y) , de voir à Macacar un ce aufîi grand nombre de fniges, car leur ce rencontre eft fouvent funefte ; il faut ce toujours être bien armé pour s'en ce défendre Ils n'ont point de ce queue ,^ ils fe tiennent toujours droits les finges ; 4.° par les doigts qui lont proportionne'lcment plus gros que ceux des finges j 5.*" en ce qu'ail ell à tous égards fait pour marcheir debout , au lieu que les finges & les guenons ne font pas conformés à cette fin; 6.° en ce qu'il a des rdTt's plus grolTes que tous les ;:Utres finges; 7.* en ce qu'il a des mollets aux jambes ; 8.*' en ce que fa poitrine & les épau'es font plus larges que celles des fînges ; 9.'' foi talon plu- long; ro.° en ce qu'il a la membrane adjj:eufe,. p'ax ée comme l'homme fous la. peau ; 1 î .° le péritoine eniier & non percé ou aîongf , comme il l'eil dms les finges; 1 2 ° les intc-ftins plus longs que dan-^ les {ïr>ci , loni trop lég^ères ou mal fondées : la première , c'eit la différence de la tailie ; ce caradère eft très - incertain & tout - à - fait gratuit , puifque l'Auteur dit lui-même que fon animal éioit fort jeune : les féconde, îroifième & quatrième ne roulent que fur la forme du nez , la quantité du poil & fur d'autres rapports aufîi petits» Il en e(t de même de plufieurs autres que j'ai retranchées, par exemple, du vingt-unième caradère tiré du nombre des dents; il eft certain que cet animal & l'homme ont le même nombre de dents , nt été omis par Tyfon , as plus des., babouins ou des guenons, c{u'elle l'é* ioigne de l'homme, parce que le nom^ bre des côtes varie dans la plupart de ces efpèces, & que les uns de ces animaux en ont douze, d'autres onze,. &: d'autres dix, &c ; en forte que les feules différences efîentielles entre le corps de cet animal & celui de l'homme, fe réduiient à deux , flivoir la confor- ination des os du baflln & la confor- jnati ni des pieds ; ce font-là les leulcs parties confidérabies par lefque'les l'o- rang-outang refieinble plus aux autres • iinges qu'il ne reflemhîe à l'homme. D'après cet expofe que j'ai fiit avec tonte l'exaiflitude dont je fuis capable, on voit ce que l'on doit penfer de cet ^es Orangs-outangs, &c, c)^ finîmaî ; s'il y avoir un degré par lequel on pût dcfcendre de la nature humaine à celle des animaux , fi l'eOence de cette nature confîfloit en entier dans la forme ^ du corps &: dcpendoit de Ton organi- fation , ce fmge te trouveroit plus près de l'homme que d'aucun animal : aifis au fécond rang des êtres, s'il ne pouvoit commander en premier , il feroit au moins feniir aux autres fà fup.ériorité , ^ s'efforceroit de ne pas obéir ; fi l'imi- tation qui lemble copier de fi près la penfée en étoit le vrai figne ou l'un des réfuhaîs , ce finge ie trouveroit encore •à une plus grande diflance des animaux & plus voifm de l'homme ; mais comme nous l'avons dit, l'intervalle qui l'c'a fépare réellement nen eil pas moins ini- incnfe ; &. la reffemblance de la forme , la conformité de l'organifuion , les mou- vemens d'imitation qui paroifllnt réfulter de ces fimilitudes , ni ne le rapprochent de la nature de l'homme, ni même ne l'élèvent au-defTus de celle des animaux, Caradères dijlïnclifs de cette efpcce. L'orang-outang n'a point d'abajoues, Eij fs oo HîJIotre Naturelle, &c. c'eil-à-dire, point de poches au-decîant des joues , point de queue , point de caliorités fur ies fefîes ; il les a renflées & charnues ; il a toutes les dents & même ies canines fembiables à celles de i'homme ; il a la face plate , nue & ba- fanée ; îes oreilles , les mains, les pieds, ia poitrine, le ventre aulîi nus ; il a des poils fur la tête c|ui defcendent en forme de cheveux des deux côt€s des tempes , du poil lur le dos & fur les lombes , mais en petite quantité ; il a cinq ou fix pieds de hauteur, & marche toujours droit fur les deux pieds. Nous n'avons pas été à portée de vérifier fi les fe- melles font fujettes eomm^ les femmes à l'écoulement périodique , mais nous îe préfumons , & par analogie nous n,5 pouvons guère en douter. V. MI. J- ■ V .-LOO J3.nafd, dur LE JOCKO lOï LE PITHEQJJE frj- ce 1 L y a^ dit Ariftote, des animaux dont ia nature eft ambiguë, Se tient ce en partie de l'Homme & en partie du cç quadrupède, tels que les Pitkègues , c< ks Kèùes & les Cynocéphales; le kèbe ce efl: un pithèque avec une queue ; le ce cynocéphaîe efl: tout remblable au ce pithèque, feulement il efl plus grand ce fn) Pithèque. n/Sn^w^^ en Grec; Simin en Latin ; Chinchin, en Tartarie , félon Rubruquis^ & Stnfin j, à ia Chine, félon l€ P. du Halde» Pithecus , Arift. Hiji, Anim.]Àh. II , cap. viu, Simia , Gefner , Hijî. qua^. p^g. S^j, Çig. ihifî, Icon. ^w.W. pag. 92, fig. ihïd. Nota, C'eft iIams & rotundaîis , , , , ij J-e finge. BrifT, ngn, anim, page 188. .I0 2 Hijloire Naturelle 33 &i plus fort, & il a le mufeau avance ^ » approchant prefque de celui du do- 3:> g\\Q f & c'eft de -là qu'on a lire Ton :>5 nom ; il efl: aufîi de mœurs plus fé- 33 roces , & il a les dents plus fones que >3 le pithèque & plus refTembiantes à celles du chien, ^d D'après ce pafiage , il eil clair que le pi:hèque & le cyno- céphale indiqués par Ariilote n'ont ni l'un m l'autre de queue, j)uiiqu'il dit que [es piihèques qui ont une queue s'appellent /:^^^x ^ & que le cynocéphale reffeinble en tout au pithèque, à i'ex- ceprion du mufeau qu'il a plus avancé Se des dents qu'il a plus grofîès. Ariilote fiit donc mention de deux efpèces de finges iàns queue, le pithèque iSc le cynocéphale & d'autres finges avec une queue qu'il appelle kèbes. Maintenant pour comparer ce que nous connoiffons avec ce qui étoit connu d'Arifiote, nous obfèrverons que nous avons vu trois efpèces de fnges qui n'ont point de queue, lavoir, i'o/ang-outang, le gibbon & le magot , & qu'aucune de ces trois efpèces n'eli le pithèque; car les deux premières, c'eit-à-dire, i'orang* du Piîhèque, . I o 3 outang (Se îe gibbon n'étoient certaine- ment pas connues d'Ariilote , puifque ces animaux ne fe trouvent que dans les parties mëridionalcs de i' Afrique & des Indes qui n'étoient pas découvertes de (on temps , & que d'ailleurs ils ont des caraclères très-diflérens de ceux qu'il donne au pithèque ; mais la troifième efpèce que nous appelons magot , ell le cynocéphale d'Arifloie; il en a tous ies caraélères, il n'a point de queue, il a le mùlëau comme un dogue, & ies dents canines grofies & longues; d'ailleurs il fe trouve conununément dans l'A fie mineure & dans ies autres provinces de rOrient qui ctoient connues des Grecs ; ie pithèque efl: du même pays, mais nous ne l'avons pas vu , nous ne le connoifions que ]:)ar le témoignage des Auteurs, & quoique depuis vingt ans que nous recherchons les finges, cette efpèce ne fe foit pas rencontrée fous nos yeux, nous ne doutons cependant pas qu'elle n'exide aufli réellement que celle du cynocéphale. Gcfncr & Joniton ont donné des figures de ce finge pithèque ; M. BrifTon i'a indiqué comme l'ayant JE iii; rio4 Hifloire Naturelle TU, il le diftingue du cynocepîiaîtf ou magot , qu'il défigne aufîi comme i'ayant vu, &. il confirme ce que dit Aiiftote, en aflurant que ces deux nni- iTjaux (b) fe re(îembient à tous égards , à l'exception du muieau qui eft court dans le piîhèque ou^//^t proprement dit, & alongé dans le cynocéphale. Nous avons dit qp.e l'orang-ouiang, le pi- thèque , ie gibbon & le magot font les leuls animaux auxquels on doive appli- quer le nom générique de finge , parce qu'ils font les feuls qui n'ont point de (h) Race première des finges, ceux qui n'ont point de queue, & qui ont le mufeau court; i.° Le (jnge. j'ai vu plufîeurs Hnges qui ne diffé- roient entr'eux que piir la grandeur; leur face, îcurs oreiiies & leurs ongles font afîez femblahies au vilage,aux oreilles & aux ongles de l'homme i le poil qui couvre tout leur corps , excepté les feflcs qui font nues ,. eft mdé de venlâtre & de jaunâtrci Je verdâtre domine dans la partie fupérieurc du corps, & le Jaunâtre dans la partie inierieure Tlace féconde des finges , ceux qui n'ont point de queue , & qui ont le mufeau alongé; i.° le finge cynocéphale, il ne diffère du finge, que pir fou mufeau alongé, comme celui d'un chien , d'aii- leurs il lui refTemble en tout. J'tn ai vu plufieurs qui ne differoitnt entr'eux que par la grandeur^ irifl', ngn, mm. pag. j 8 ^ & 191. du Piîhèqne, i o 5 queue , & les feuls qui marchent pius volontiers &: plus fouvent fur deux pieds que fur quatre : l'orang-outang & le gibbon font très-difîertns du pithèque Ik. du magot ; mais comme ceux-ci le refTemblent en tout , à l'exception de fa grandeur des mâchoires & de ia grofîeur des dents canines, ib ont fouvent été pris l'un pour l'autre ; on les a toujours indiqués par le nom commun â^ifingCy. &. même dans les langues où il y a un nom pour les finges lins queue , & un autre nom pour les finges à queue, 011 n'a pas diftingué le pithèque du m^'igot ; on les appelle tous deux du même nom ûff, en Allemand ; ap-e ^ en Anglois: ce n'efl que dans La langue Grecque que ces deux animaux ont eu chacun leur nom ; encore le mot cynoiéphale efl plutôt une dénomination adjeclive qu'uiig fubft an tif propre, &: c'ell par c'ette raifoii que nous ne l'avons pas adopté. Il paroît par les témoignages des Anciens, que lé pithèc|ue ell le plus- doux , le plus docile de tous les finges qui leur étoient connus , & qu'il étoit commun ©1 Afie aulîi-bien que d'ans 10^ Hiflolre Naturelle la Lybie & dans les autres provinces Je l'Afrique, qui étoient fréquentées par les Voyageurs Grecs & Romains ; c'eft ce qui me fait préfiimer qu'on doit rapporter à cette .efjpèce de finge les pafînges fuivans de Léon l'Africain & de Marmol ; ils difent, que les fmges à longue queue qu'on voit en Mauri- tanie, & que les Africains appellent mones, viennent du pays des Nègres, mais que les finges fins queue lont na- turels & fe trouvent en très - grande quantité dans les monta ones de Mau- ritanie, de Bugie & de Conllantine; ce ifs ont, dit Marmol, les pieds, les >3 mains, & s'il faut ainfi dire, le vifage >:> de l'homme, avec beaucoup d'eiprit D> & de malice ; ils vivent d'herbes , de 35 blé & de toutes fortes de fruits qu'ils >3 vont en troupes dérober dans les 33 jardins ou dans les champs , mais 5D avant que de fonir de leur fort il y :>5 en a un qui monte fur une éminence, 35 d'où il découvre toute la campagne, 35 & quand il ne voit paronre perfonne, >D il fait figne aux autres par un cri 33 pour les fiire fortir & ilfe bouge de clii Pïtheque: 107 ïà, tnndîs qu'ils font dehors; mais ce fitôt qu'il voit venir quelqu'un , il jette ce de grands cris, & fautant d'arbre en ce arbre tous fe fauvent dms les mon- ce tacrnes; c'eil une choie admirable que ce de les voir fuir , car les femelles portent ce fur leur dos quatre ou cinq petits &: ce ne laifTent pas avec cela de faire de ce grands lauts de brandie en branche; ce ii s'en prend quantiié par ciiverles ce inventions quoiqu'ils ioient fort fins ; ce quand ils deviennent fiirouches, ils ce mordent, mais pour peu qu'on les ce flatte ils s'apprivoiient aife'ment; ils ce font grand tort aux fruits & au ble' , ce parce qu'ils ne font autre chofe que ce de cueillir, couper & jeter par terre, ce foit qu'il foit mûr ou non , & en ce perdent beaucoup plus qu'ils n'en ce mangent & qu'ils n'en emportent; ce ceux qui font apprivoifés font des ce choi'es incroyables , imiînnt fhomiue ce en tout ce qu'ils voient (c) >5. Koibe rapporte lés mêmes fliits à peu près au ùijet des finges du cap de Bouie- efpérance; mais on voit par la figure (c) L'Afrique de Marmol, tomtî ,yage /j. E vj ^i o 8 Hifloke Naturelk & la clefcription qu'il en donne , que ces fingcs lont des babouins, qui ont une queue courte, le mufeau alongé, les ongîes pointus , &c. & qu'ils font aufTi beaucoup plus gros ôl plus forts que ces iingcs de Mauritanie fd): on peut donc préfunier que Kolbe a copié le pafîàge de Marinol , & appliqué aux babouins du Cap les habitudes naturelles d^s piihèques de Mauritanie. Le pithèque , le magoî & le babouin que nous avons appelé pap'ion , étoient tous trois connus des Anciens; aulîi cçs animaux (è trouvent dans l'A fie mi- neure, en Arabie, dans la haute Egypte & dans toute la partie leptentrionale de i'AfriqiJe; on pourrait donc aufîi appliquer ce pafTage de Marmol à tous trois; mais il eH: clair qu'il ne convient pas au babouin, puilqu'il y efl dit que ces finges n'ont ]>oint de queue ; & ce qui me fait prcfumer que ce n'eft pas du magot , mais du pithèque dont cet Auteur a parlé, c'eft que le magot n'eft pas aifé à apprivoifer,. qu'il ne produit ordinairement que deux petits & non pas (dj Voyez ci-après l'article du papion^ '{Jîi PïîUque. \o^ quatre ou cinq comme le dit Marmol: au lieu que le ]:)iîhèque qui eft plus petit doit en produire davantage ; d'ail- leurs il eft plus doux & plus docile que ie magot qui ne s'apprivoife qu'avec peine (3c ne ie prive jamais parfaitement: je me fuis convaincu par toutes ces raifons, que ce n'elt point au magot, mais au pithèque qu'il faut appliquer ce pafTage des Auteurs Africains ; il en eft de même de celui de Rubruqiiis, où il eft fait mention des finges du Caihay , il dit ce qu'ils ont en toutes chofês la forme & les façons des hommes. ... ce qu'ils ne font pas plus hauts qu'une et coude'e & tout couverts de poils ; qu'ils recherches fur la Nomenclature àç.% fînges , j'ai trouvé dar^s une note de Dalcchamp fur Pline, que Strabon a déilgné le Cephus par iç mot lùipon, dont if e(i probable qu'on a hilGuibon, Gibbon. V^oici le paiTage de Pline , a\ ec la note de Dalechamp : Pompeii wagni, prinmm ludi ofknderiint ex Aithwpin (juas vacant cephos * quorum perles pofle- noYtspcdikus humanis iy cruribus, prions marnbus fuire Jim île S; hoc animal pojlea Rom a non vidit^ * (Cephos) Strnbo. lib. \ 5 . ILéTTdV xocat ,. ejfeqiie trndit Jacie fatyro fimUem. Dal. Plin. Hijh mit. lib. VIII,. cap. XIX. ISota. II me paroît que le Cebus Hcs Grecs , 6c ieCiplius de Pline, qu'on doit prononcer Kebtis & Kcphur jjourroient bien venir originairement de Koph ou Kuphiiif i^ui en Héiweu. & eix Cbaicléea efl le nom dit iinge.. ^dii Gthlon. ï ï 3 dîmenfions , & que dans l'état de nature , iorl^u'il eit adulte , il parvient au moins à quatre piedi» de hauteur : il n'a nulle appare.ice de queue ; mais le caractère qui le difliiigue évidemment des autres fjnges , c'ell: cette prodigieufe grandeur de le^ bras qiii (ont auiîl long^ que le corps & les jambes pris enltinb'e, en forte que l'animal étant debout fur Tes pieds de derrière , Tes mains touchent encore à terre & qu'il peut marcher à quatre pieds , fiuis que ion corps fe penche ; ii a tout autour de la fiice un cercle de poil gris, de manière qu'elle le prélenie comme fi elle étoit envi- ronne e d'un cadre rond , ce qui donne à ce finge un air très-extraordinaire ; les yeux iont grands , mais enfoncés , fes oreilles nues &. bien bordées, fa face eft aplatie , de couleur tannée & afïez femblable p. celle de l'homme : le gibbon efl: après l'orang-outang & le pithèque, celui qui approcheroit le plus de la figure humaine , fi la longueur excefîive de (es bras ne le rendoit pas difforme; car dans l'état de nature l'homme auroit aulfi une mine bien étrange ; les cheveux ÏI4 Hïfloîre Naturelle & la barbe, s'ils étoient négligés, for- meroient autour lie ion vilage un cadre de poii afTez feinblabie à celui qui en- vironne ia face cJu o^ibbon. o Ce finge nous a paru d'un naturel tranquille, & de mœurs afTez douces, fes mouvemens n'étoient ni irop brus- que» ni trop précipités , il prenoit dou- cement ce qu'on lui donnoit à matiger; on le nourriiîoit de pain , de fruits , d'amandes , &c. Il craignoit beaucoup le froid &i l'humidité , «5c il n'a pas vécu long-temps hors de fon pays natal : il eil originaire des Indes orientales, par- ticulièrement des terres de Coromandel , de Malaca & des îles Moluques (b). Il (h) Le P. le Comte dit avoir vu aux Moluques Une efpèce de ûnoe , marchant naiurcHement fur (ts deux pieds, fe fervant de les bras comme un Iiomme, le vifage à peu près comme celui d'un Hottentot , mais le corps tout couvert d'une ef- pèce de Inine çriTe , étant exadem.ent comme un enfimt 6i exprimant parfaitement ih palTions & fes appétirs ; il ajoute que ces finges font à\m nature! très-doux, que pour montrer leur affcdion aux perfonnes qu'ils connoifient , ils les embrafîent 6c ies haifent avec des tranfpofls finguliers; que l'un de ces finges qu'il a vu avcitau moin^ quatre pieds de hauteur , qu'il étoit exirtmement adi'ôit & encore {Jii Gilhoiu I î 5 :)nroît qu'il le trouve auffi dans des :»rovinces moins mériaionales, &. qu'on doit rapporter au gibbon, ie finge du royaume de Gannaure frontière de la Chiiie, que quelques Voyageurs ont nciiqué Tous le nom de fcfe (cj; au refle cette efpcce varie pour la gran- deur & pour les couleurs du poil, il y en a deux au Cabinet, dont ie fécond quoiqu'aduke eft bien plus peiit que le premier , 6c n'a que du brun dans tous les endroits 911 l'autre a du nrir ; mais comme ils le reflembient parfaitement plus agile. Ale'mo'ms fuy la Chine, j^o)' Louis le Comte , j)agî ji o. (c) Dans le royaume de Gannaure, frontière cîe la Chine , il le trouve un animal qui eft (oxt rare » qu'il--; nomment Ftfé ; il a prefque h fornre HumaTP.c, les liras fort îon<7.s , le corps noir & \ciu , marche fort légèrement ^cfortv^te. R-ccueil des Voyage s, ire, Rouen, lyjSi tome lll , page i 6S, NoTA. 1 .* Ce caradère àçs bras fort longs n'appartient qu'à ce finge , & par conféquent indique affez claire- ment que^Je Fefé eîl: le même qi-e le Gibbon. i\W. 2.° On peut prcfumer que le mot fefé vient de jefef ou ftff, nom du babouin dans les pro- vinces de l'Afrique, voifines de l'Arabie , & qu'en a transféré ce nom du babouin au gibbon ; car le babçuin n'a pas les bras plus longs (|ue les auties finges, ïi'é Hîflone Naturelle, Wà a tous autres égards , nous ne dotitonS pas qu'ils ne ioient tous deux d'une lèule & même efjjèGe. CaraSlhes dijlïndifs de cette ejpece. Le gibbon n'a point de queue , il a îes fedès pelées avec de légères calio-. iités ; la face eit plate , brune & envi- ronnée jout autour d'un cercle de poils gris ; il a les dents canines plus grandes à proportion que celles de l'homme; il a les oreilles nues, noires & arrondies,. ie poil brun ou gris fuivant l'âge ou la race; les bras exceffivement longs: il marche fur les deux pieds de derrière , il a deux pieds & demi ou trois pieds de hauteur. La femelle eft fujette , comme ies femmes ^ à un écoulement périodic^uç de fang. LE GR^SJSn GIBBOI^. ^ -B. du- t m. TL3jV_m3. XiE Ï^MTLT GîBBOlsr T 1/ LE MAGOT (a). L^ET animaî efl: de tous les Singes, ;'ell-à-dire , de tous ceux qui n'om point (a) Magot, nom anckn de ce Sin^e en françoisy Se que nous avons adopté. Alomaut , lèlon Jonfton; )n l'a aufll appelé Tariarin , parce qu'il eft fort rommun dans la Tartarie méridionale. Cynocéphales. Ariftotelis. Hiji, nnim, lib. If^' tap. viJi. Cynoaephaks prinms. Jonfton , fg, tab. LIX. Çynocepha'us alrer. Profp. Alpin. ALgypt^ vol. \\f Mg. 241,/^. tab. XVI. Simïa cynocephala cnmibus imginhus platiis iT rotuni^ âatis* . . . Le finge cynocéphale, BrifT. Regn. mim^ pag. 191. Nota. \\ nous paroît que M. Brinbn s*eft trompé fur ia forme des ongles cie ce finge : il efl vrai que ceux des pouces des pieds de devant & des pieds de derrière (ont plats & arrondis à peu près comme ceux de l'hommej mais les ongles àt% ajLîtres doigts font courbés en forme de gouttière renyerfée. Sylvanus , fimia ecnudatn clmibus tuberofocaUofsi Çercopithecus , Jonfton , quad. tab. LIX, jîg, /« Lînn. Syfl. nat, edit. X, pag. 25. Nota, il nous paroît que M. Linnaeus s'eft trompé en rapportant cet animal au Çercopithecus de Jonfton, c'eft plutôt ie C^mocephalus de la même planche^ mais il eft 1 1 8 Hiflotre Naturelle de queue (b), celui qui s'accommode îc mieux de ia température de notre cli- mat: nous en avons nourri un pendani plufieurs années ; l'été ii fe plaiioit \ l'air, & l'hiver on pouvoit le tenir danî «ne chambre iî\ns feu. Quoiqu'il ne fïi pas délicat, il étoit toujours trille 6 fouvent mauffiide ; ii fûibit égalemen la grimace pour marquer fa colère oi montrer ion appétit: fes mouvemen étoient brufques, les manières groflière & la phyfionomie encore plus laide qu ridicule; pour peu qu'il fût agité d paillon il montroit & grinçoit les dent en remuant la mâchoire; il remplifla îes poches de fes joues de tout ce qu'oi lui donnoit , & il mangeoit géneralemer de tout, à l'exception de la viande crue vrai qu'on pourrait regarder ce Cywccphaks & ( Cenopithecus comvcit le même animal, fi le poii c ce dernier n etoit pas trop épais & trop long. (h)Nta. Il eft certain que ce finge eft Hins queu< quoiqu'il en ait une 'é^ère apparence formée par u petit appendice de peau d'environ un demi-pou( de lonaucur , qui le trouve au - dcffus de 1 anu mais cet appendice n'ell p 'int une queue avec d vertèbres, ce neft 'ju'un bout de peau qui ne tiei pas me me plus particulièrement aa coccix que raile de la peau. du Aiûgoî. I I ^ du fromage & d'autres chofes fermen- tfcei> : il uimoit à fe jucher pour dormir, fur un barreau, fur une patte de fer; on ie tenoit toujours à la cha ne, parce que maigre fa longue domeliicité, il n'en étoit pas plus civilité, pas plus auaché à fes maiirev; il avoit appa- remment été mal éduqué : car j'en ai vu d'auues de la même efpèce, qui en tout étoient mieux , plus connoifîans , plus obéifTans , même plus gais & aiïez dociies pour apprendre à danfer , à gcdicuier en cadence, & à fe laiffer irannuillcment vêtir & coiffer. Ce fnige peut avoir deux pieds & demi ou trois pieds de hauteur lorfqu'ii eft debout fur les jambes de derrière ; la femcile e(t plus peiite que le mâle, il marche plus volontiers à quatre pieds Cju'à deux : lorfqu'ii efl: en repos , il efl prefque toujours affis & ion corps porte fur deux cailoiités très-éminentes qui font fi tuées au bas de la région où de- vroient être les ftfles ; l'anus efl plus élevé , ainfi il efl afîis plus bas que fur le cul : aufii fon corps ell: plus incliné que celui d'un homme aili^ ; il diffère ^Î20 'HlJIotre N^îu relie du pîûeque ou finge proprement dît; 1° en ce qu'il a ie muieau gros 5c avancé comme un dogue , au lieu que ie pithèque a la face aplatie ; 2.° en ce qu'il a de longues dent^ canines , tandis que le pithèque ne les a pas plus longues à proportion que l'homme ; 3 ." en ce qu'il n'a pas les ongles des doigts aufïï plats & aufTi arrondis , & enfin parce qu'il eft plus grand , plus trapu ck d'un naturel moins docile & moins doux. Au refte, il y a quelques variétés dans l'efpècedu magot; nous en avons vu de différentes grandeurs & de poils plus ou moins foncés & plus ou moins fournis; il paroit même que les cinq animaux dont Profper Alpin a donné ies figures & les indications fous le nom de cynocéphales (c) , font tous cinq des magots, qui ne diffèrent que par la grandeur & par quelques autres carac- tères trop légers pour qu'on doive en faire des efpèces diltinéles &. féparées. Il paroît auffi que i'efpèce en eft aflez généralement répandue dans tous les (c) Profp. Alpin. Hifî. nat, ^gypu lib. IV tab. XV,/^. /; tab. XYi , xvii , xviii & xix. climat: du MûgOU I 2 t cîîmAtS chauds de rancicn continent, &: qu'on ia trouve également en Tartane, en Arabie , en Ethiopie , au Malabar fcJ), en Barbarie, en Mauritanie & julque dans les terres du cap de Bonne -ef- pérance (e), (il) La troifièmeefpècecle finge au Malabar cfl de :ouleiir cendrée , fans queue, ou n'en ayant qu'une rès-courte ; elle eft familière , apprend aifément out ce qu'on lui enfeigne. . . on m'enavoit donné jn, je m'avifai un jour de le battre, à Tes cris, il ;n accourut une fi grande quantité de fauvagcs , que :raintc d'accident, je lui rendis fa liberté. Voyage lu P. Vincent Marie, chap. XHI, page ^05. Trad, 'QY AL le Marçuis de Alontmirail. (e) C'efl vraifemblablement de cette efpèce de inge dont parle Robert Lade, dans les termes aivans, « On nous fit traverfer une grande mon- agne dans les terres du cap de Bonne- efpé- k ance , fur laquelle nous primes plailir à chaffer ♦ étonnement ; il y en a\ oit de fi gros que fi V notre Interprète ne nous eût pas afluré qu'ils M netoient \x\s d une férocité dangereufe, notre >► nombre ne nous auroit pas paru luffifant pour j> nous garantir de leurs inlultes ; comme il nous « auroit été inutile de les tuer nous ne fimes aucun î> ufage de nos fufils : mais le Capitaine s'étant î) aviié d'en coucher en joue un fort gros qui étoit » jTionté au fommct d'un arbre, après nous avoir ï> long-temps fatigué à le pourfuivre; cette efpèce de » menace dont il fe fouvenoit peut-être d'avoir vu >> quelquefois l'exécution fur quelques-uns de (t% >» (emblables , lui caufa tant de frayeur, qu'il tomba >' prefqu'iinmobile à nos pieds, & dans l'étourdif- *» fementdefi chute nous n'eûmes aucune peine à le » prendre; cependant loriqu'il fut revenu à lui, nous » eu mes befoin de toute notre adrefTe Si de tous nos » efforts pour le conferver , en lui liant étroitement »• les pattes; il fe défendoit encore pa- (es mor'fures, » ce qui nous mit dans la néceffité de lui couvrir la tête elles pouffent un cri ; à ce fignal , toute la troupe s'enfuit avec une vîtefTe étonnante. Defcripcion du cap de Bonne- efpéranc e .^ par 2 7^ Fl. û.iP-jJo CrKK^X^ TAPTON -3.^^-. PU- Tl 7'pJ.-^o Jidir. PETIT TArroK. du Papwn ou Bahouin. 13 î ?i quatre qu'à deux pieds , il a trois ou quatre pieds de hauteur loriqu'il efl debout; il paroît qu'il y a dans cette eipèce des races encore plus grandes & d'autres beaucoup plus petites. Le ba- bouin que nous avons fait repréfenter efl de la petite efpèce , nous l'avons foigneufement compare au grand Ba- houin ou Papïon , & nous n'avons re- marqué d'autres diiterences entr'euji que celle de la grandeur , & cette dif- férence ne venoit pas de celle de l'âge ; car le petit babouin nous a paru adulte comme le grand. Les femelles font fujettes comme les femmes ^ à un écou- lement périodique. >7 ,13 a Hlfîoîre Naturelle LE MANDRILL (a). V-> E Babouin eft d'une laideur déÇx- gréable & dégoûtante ; indépendamment de fbn nez tout plat ou plutôt de deux (o) Mandrill , nom que les Anglois qui fréquentent b côte de Guinée, ont donné à cet animal , & que nous avons adopté. Elpèce fingulièrc , que les Blancs de ce pays de Guinée appellent mandrill. Je ne faurois trop dire î'oriaine de ce nom , que je n'avois jamais en* tendu auparavant; ceux mêfne qui le nomment ainfi n'en peuvent indiquer la raifon , à moins que ce ne Toit à ciule de \a reflemblance de cet animai avec l'homme , pendant qu'il n'en a point du tout avec le finL'e. (Man , en Anglois , veut dire homme) » JSIuuveau Voyage de Guinée , par Smith, Paris, «75 '» lovie l . pagi 10^, Cercopithecus cynocephalus pane corporis amerîort lonf^is pilis ahjita najo viofaceo nudo, le Alagot ou Tartarin, ^x\^ox\,reg.anim, pag. 21^. Nota, il me paroît que M. BrilTon i!t[\ trompé, i.°en don- nant à ce {\ï\%ç, le nom de mcgot ou de tartarin ^u'il auroit dû appli.juer à Ton finge cynocéphale; 3.° en rapportant cet animii au cyuocephalus de Gefner. Icon.^^. pag, p ^ , an cynoccphalus jecundus de Jonrton, jJig, ion, lah. jç, &. au cy>wce- phalus de Ciufius. Exotic , page ^yo; car les fi- gures de ces trois Auteurs ne tefTemblcnt point au babouin dont ii cil ici queftion , qu'il eft cependant iîu Mandrill 13^ naieaux dont découle contînuenement une morve qu'il recueille avec la iangue ; indépendamment de fon très- gros 5c long muièau , de fon corps trapu , de fes fefîes couleur de fang & de ion anus apparent, & placé, pour ainfi dire, dans les lombes; il a encore la face violette & fiilonnée des deux côtés, de rides profondes & longitudinales qui en augmentent beaucoup la trillelTe & ïa dittormité; il eft auifi plus grand & peut-être plus fort que le papion , mais il ell en même temps plus tranquille de moins féro:e , nous donnons ici la tiojure du mâle & de la femelle que nous avons vus vivans ; foit qu'ils euffent été mieux éduqués , ou que naturellement ils foient plus doux que ie papion , ils nous ont paru plus traitables & moins impudens iàns être moins défagréables. Cette efpèce de babouin fe trouve a aîfé de dirtinsuer de tous les autres par ]tî /îifonî longitudinaux qu'il fur la face, & que M. Briffon indique lui même dans les termes fui vans : «« Son nez, dit il, eft fort gros, d'-nué de poils, can- « ne!é (don (a Ion ?urur , & d'une couleur violette », Or CCS caracl'Tes ne conviennent point au cynot céphale de Clufius, de Gefner &. de Jonflon, >: 34 Htflolre Naturelle îa côte d'Or & dans les autres provinces méridionales de l'Afrique, où les Nègres. rappellent hoggo & les Européens man-^ drill ; il paroît qu'après l'orang-outang, . c'eft le plus grand de tous les finges & de tous les babouins. Smith (b) , raconte qu'on lui fit prélent d'une femelle man- (b) Le corps du mandi'ili , Iorfe]u'il a pris fii croif- fance , eft aufTi gros en circonférence que celui d'un homine ordinaire, les jambes (ont beaucoup plus courtes, & les pieds plus lon^rs; les bras & les mains font dans la même proportion, la tête cd d'une groîTeur monfirueufe -, la face large & plate , fans autres poils qu'aux fourcils , le nez eli fort petit , Ja bouche large & les lèvres font très-minces; la face qui e(l couverte d'une peau blanche, eft d'une ïaideur effroyable & toute ridée ; les dents font larges & fort jaunes; les mains font fans poil ; tout Je refle du corps , à l'exception du vifige & ^(iî> mains, e(l couvert de poil long ible;, des parties de l'arrière du corps : :elui dont nous donnons la figure nous ivoit été préfenté fous une fauife déno- Tiination , tant pour le nom que pour e climat. Les gens auxquels il appar- :enoit , nous dirent qu'il venoit du continent de l'Amérique méridionale, & qu'on l'appeloit cayouvaffou. Je re- connus bientôt que ce mot cayouvajfou sft un terme brafilien qui fe prononce fajououaffou, & qui û gnï fiQ fûpaj ou , &. que par conféquent ce nom avoit été mal appliqué , puifque tous les fapajous ;Ont de très- longues queues, au lieu que l'animal dont il efi: ici quefiion , =ft un babouin à queue très- courte ; d'ailleurs, non-feulement cette efpèce, iiTiais même aucune efpèce de babouin, le fe trouve en Amérique, par confé- juent on s'étoit auffi trompé fux 140 Hî flaire Ndîu relie l'indication du climat, & cela arrîv afiez ordinairement, iur-tout à c( Montreurs d ours &. de finges, qui îorfqu'iis ignorent le climat & le noi d'un animal , ne manquent pas de Ii appliquer une dénomination étrangère îaquelle vraie ou fluifTe eit égalemei bonne pour l'ufage qu'ils en font. A rede , ces babouins-ouanderous , lor: qu'ils ne font pas domptés, font méchans qu'on èli obligé de les ten dans une cage de fer , ou fouvent i s'agitent avec fureur ; mais lorfqu'on 1< prend jeunes, on les apprivoife aii^ ment , & ils paroiflent même être ph fufceptibles d'éducation que les autrui babouins : les Iridiens fe plaifent à I<« infiruire , & ils prétendent que les autr fmges, c*eft- à-dire les guenons, re pedent beaucoup ces babouins , qi ont plus de gravité & plus d'intelligem qu'elles. Dans leur état de liberté (c), i (c) On trouve au Malabar quatre cfpèces defing» ia première toute noir, le poH luifant, avec u barbe blanche qui lui ceint le menton , & qui une palme & pius de longueur ^ les autres fin^ ont tant de refpecV pour cette erpèce, qu'ils s'h miiient en fa préiencc comme s'ils étoient capab a de ïOuanderoîi & du Lowando. 141 iiit extrêmement fiuivages, & fe tiennent: ins les bois (d) , Si l'on en croit les Voya- eurs , ceux qui iont tout blancs (bnç s plus forts & les plus médians de tous ; ; font très-ardcns pour ies femmes, afTez forts pour les violer lorfqu'ils ies ouvent feules (^e) ^ & fou vent ils les itragent jufqu'à les fiire mourir. reconnoître en elle quelt^ue rupériorité; fes inces & ies Grands ertiment beaucoup ces finaes barbe, qui paroilTent avoir plus de gravité 6ç ntelligence que ies autres, ou fes éduque pour s cérémonies & des jeux, & ils s'en acquittent parfaitement, que ceft uiae choie admirable, )yagt dii Père l'incetjt Alnr'u , ch. xni, p. 4.05, 'duit par M. le Alarquïs de Alommirait, (d) A Ceylan il fe trouve des ^^noes aufll grancîs le nos épagneuls , qui ont le poil gris, le vifa^e »ir avec une grande barbe blanche d'une oreille à utre. ... On en voit d'autres de U même arof- r, mais d'une couleur différente; ils ont le corps, vifage & la barbe d'une blancheur éclatante • :te différence de couleur ne paroilTant pas chanaer Tpèce, on ies appelle également ounnderous ;"\U :jrent peu de mal aux terres cultivées, & fe !nnent ordinairement daris les bois où ils ne ;»ent que de feuiîies o: de bourgeons, mais quand les prend , ils mangent de tout. Re/,uion de .'ox, tome I , pages i 07 & m Hiftoirt ^\é'ck des Voyagfs, tome VIII, page 5-^j, (e.) Les finges blancs, qui font quelquefois auHI findi & auffi méchans ^ue ies plus gros doguei ï42 Hijlolre Naturelle, ère, Caraâères dijtinâifs de cette efpcce^ L'ouanderou a des abajoues & des callofités fur les fefTes , la queue de fept ou huit pouces de iong , les dents ca- nines plus longues & plus groflès que celles de l'homme , le mufeau gros ouvoir fuir plus vite fur le; quatre pieds ; au refle f ajoute ce Voya- geur), elles examinent avec la dernière exactitude chaque tige de milhio qu'elle' arrachent, & fi elle ne leur plaît pas ellei la rejettent à terre & en arrachent d'au- tres : en forte que par leur bizarre dèli- catefle elles caufent beaucoup plus d( donmiages encore que par leurs vols (d), (d; Voyage de Norman , Letirc X IV ^ pages £ji & fuiv. 'Ju Alacaque & de FAigreîte, î 5 t Caractères diJlmSlifs de ces efpices. Le macaque a des abajoues & des ealiofités fur les fefles , il a ia queue onoue à peu-près comme la tête & le :orpb pris enlemble , d'environ dix-huit \ vingt pouces ; la tête grolle , le mufèaii rès-o-ros , la face nue, livide ôl ridée, es oreilles velues , le corps court <5t -arnafié , les jambes courtes & grolTes ; e poil des parties llipérieures eii d'un :endré-verdâtre , &: lur la poitrine & e ventre d'un gris - jaunâtre ; il porte une petiie crête de poil au - deilus de a tête; il marche à ([uatre & queic[ue- bis à deux j)ieds , la longueur de Ton :orps , y compris celle de la tête , eO: d'environ dix -huit ou vingt pouces. If ^aroît qu'il y a dans cette efpèce des aces beaucoup plus grandes & d'autres dIus petites , telle que celle qui fuit. L'aigrette ne nous paroît être qu'une i^ariété du macaque , elle eil plus petite d'environ wa tiers dans toutes les dimen- îons : au lieu de la petite crête de poil jui fe trouve au fommet de la tête du G iii; t 5 2 Hîflohe Naturelle, &c, macaque 5 l'aigrette porte. un épi droit ai pointu ; elle iemble différer encore du macaque par ie poil du front qui eft noir, au lieu cjue fur le front du macaque ii ell: verdatre; il paroît aufil crue l'aigrette a la queue plus longue que le macaque , à proportion de la longueur du corps. Les femelles dans ces elpèces font flijettes , comme Iç$ femmes , à l'écoulement périodique* WL TLizp.iBs. I.K ÎMIACAQUK J\ ■ c/o~. TL. TOT TL^.p.j^^, H dir LAiaRET rE LE PATAS (aj, ^ E Patas eft encore du même pays é; à peu -près de la même groïieur que le Macaque ; mais il en diffère , en ce qu'il a le corps plus alongé , la face moins hideufe & le poil plus teau ; il eft même remarquable par la couleur brillante de la robe, qui eft d un roux fi vif qu'elle paroît avoir été peinte ; nous avons vu deux de ces animaux qui font variété dans l'elpèce , le premier X)rte un bandeau de poils noirs au-deflus des yeux, qui s'étend d'une oreille à autre ; le fécond ne diffère du premier que par la couleur de ce bandeau qui sït blanc , tous deux ont du poil long (a) Nom de cette cfpèce de guenon ou Singea Dngue queue, dasis (on pays natal au Sénégal , 5c |ue nous avons adopté, on l'appelle vulgairement e Singe rouge du Sénégal. En arrivant à Tabao , Brue trouva une nouveife îfpècc de finaed'u!) rouge fi vif qu'on Tauroit prî^ )04jr une peinture de l'art Les Nègres les »oiT>ment Païas. Relation de Brue. Hifloire générale h poyages, !oms 11, page j zo* G Y 154 Hïfloïve Naturelle au - deiïûus du menton & autour des joues , ce qui leur fait une belle barbe ; mais ie premier Ta jaune, &: le fécond l'a blanche : cette variété paroi t en in- diquer d'autres dans la couleur du poil, & je fuis fort porté à croire que i'efpèce de guenon couleur de chat fmvage dont parle Marmol (b) , &. qu'il dit venir du pays des Nègres, font des .variétés de Tefpècedupatas. Ces guenons iont moins adroites que les autres , & en même temps elles font extrêmement curieufes ; ce je les ai vues, dit Brue (^cj, defcendre D3 du haut des arbres julqu'à l'extrémité :>:> des branches pour admirer les barques DD à leur paffacye ; elles les confidéroient » quelque temps & paroiflant s'entre- 33 tenir de ce qu'elles a voient vu , elles >3 abandonnoient la place à celles qui o:> arrivoient après ; quelques - unes de- » vinrent familières jufqu'a jeter def flfj Les finges de couleur de chat fauvage avec ]i queue longue & fe mufeau bianc ou noir , qui s'ap- pe'Jeut communément en Efpagne, Galos-j.aulé's , viennent du pays des Nègres. L'Afrique de Aïarmol, lome 1 , pûge; y, (c) Relation de Brue. H ijbire genhùL des ycj'ûgcM terne JJ, f)a^-e j^j. au Patas. i 5 5 Dranches aux François , qui leur ré- ce 1 tondirent à coups de fufils ; il en ce I :oniba quelques - unes , d'autres de- ce : neurèrent blefTécs , & tout !e lede ce omba dans une étrange conflernation ; ce me parue fe mit à poufler des cris ce 'ifFreux , une autre à ramaiïer des. ce DÎerres pour les jeter à leurs ennemis ; ce ]uelques-unes le vidèrent le ventre ce lans leur main & s'efforcèrent d'en- ce I ^oyer ce préfent aux Ipeclateurs , ce nais s'apercevant à la fin que le com- ce )at étoit du moins égal , elles prirent ce e parti de le retirer 3?. li eil à pré fumer que c'efl de cette nême eipèce de guenon dont parie le Maire : ce on ne iauroit exprimer, dit ce Voyageur , le dégât que les finges ce :ont dans les terres du Sénégal lorfque ce e mil & les grains dont ils fe nour- ce 'iiïent, font en maturité; ils s'afTem- ce ^lent quarante ou cinquante ; l'un ce d'eux demeure en ientinelle fur un ce irbre , écoute & regarde de tous cotés ce :)endant que les autres font la récolte ; ce dès qu'il aperçoit quelqu'un , il cric ce comme un enragé pour avertir les ce G vj 1^6 Hiflotre Naturelle 35 autres , qui , au fignal , s'enfuient avec ;» leur proie , lautant d'un arbre à l'autre o> avec une prodigieule agilité : les fe- >? nielles qui portent leurs petits contre » leur ventre, s'enfuient comme les >> autres , & fautent comme fi elles n'avoient rien (d) ». Au refle , quoiqu'il y ait dans toutes ïes terres de l'Afrique un très-grand nombre d'efpèces de fniges, de babouins & de guenons , dont quelques - unes paroiflentaffez femblables , les Voyageurs /ej ont cependant remarqué qu'elles ne fe mêlent jamais , & que pour l'or- dinaire chaque efpèce habite un quartiei différent. Caracîcres diJlïnSlïfs de cette efpke. Le patas a des abajoues & des caÏÏo- fités fur les fefîes , fa queue eft moinî (d) Voyages de le Maire, pages j o ^ & i o^ (e) On s'engageroit dans un détail infini û l'or vouloit décrire toutes les efpèces de fîn£;es qui k trouvent depuis Arquin juîqu'à Sierra-Leona ; ce qu'il y a de plus remarquable, ctû. qu'elles ne k mêlent point di qu'on n'en voit jam.iis de deux fortes dans le même quartier. Hijlolre générak éi ■voyages , tome II > page 2.21^ L 2 ■ vu. Tl . z^ ■ p .j.<6. JB . Ar. PATAS A ^BAJ^DEAU-l^^OIR PATAS A BAIS^DILVU-BIAN^C w fh Pat as. 1 57 ' îongiie que la tête & le corps pris en- ' fembie; il a le fommct de la tête plat, le mufëau long, le corps alongé, les jambes longues ; il a du poil noir fur le I nez & un bandeau étroit de même cou- I leur au-defTus des yeux , qui s'e'tend ' d'une oreille à l'aiure ; le poil de toutes les parties lùpérieures du corps ell: d'un roux prefque rouge, & celui des parties de de/îous , telles que la gorge , la poi- trine & le ventre , efl d'un gris- jaunâtre. II y a variété dans cette elpèce pour la couleur du bandeau qui eil: au-deiïiis des yeux, les uns l'ont noir &. les autres blanc. I!s n'agitent pas leur mâchoire , comme le font les autres guenons lorf- qu'elles lont en colère ; ilb marchent à quatre pieds plus fou vent qu'à deux, & ils ont environ un pied & demi ou deux pieds , depuis le bout du nuifeau julqu'à l'origine de la queue. Il paroît , par le témoignage des Voyageurs , qu'ii y en a de plus grands. Les femelles lont fujettes, conmie les femmes, à uu ^'cou- (Cmem périodique. jB Hifloire Naturelle LE MALBROUCKfaJ ET LE BONNET-CHINOIS flj. V^ E S deux Guenons ou Singes à iongue queue nous paroifTent être de la (a) Alalbrouck, nom de cet animal dans Ton pays natal , à Bengale , &N^ue nous avons adopté. Ccrcopitiucus jiriwus , Clufii Exotic. page 371, I^otû. Ciufius eft le feu! qui ait donné la figure de ce fînge , que Nieremberg & Jonfton ont copiée : mais Ciufius navoit pas vu l'animai, il en avoij feulement une figure enluminée qu'il dit mtme avoir fait corriger par fon Peintre. Je ne fais cette obfervation que pour 'fonder un doute que je crois très-raiibnnab'e , c'efl que le iiocon de poil qui efl au bout de lu queue efl une imagination du deffmateur ; de tous les finges à queue qui nous font connus, il nj a que le fagoin Aiarikina ou fient lion, qui ait un flocon de poils au bout de ia queue , encore cela n'efl - ii pas fort fenfible : en ôtant donc ce flocon de poils qui me paroît imaginaire dans la fgure donnée par Ciufius, ce iinge fera notre malbrouck. faunus. Linn. Syjl, nat, edît. X , pag. z6, (h ) Bonnet- c bincu s , nom que Ton a donné à cette efpèce de guenon ou fmge à longue queue , du MaJhroiic'k , &c, i 5 p ncnie eipèce, & cette efpèce, quoique lirîv: rente à quelques égards de celle du \h:cac|ue, ne lailTe pas <ïç.ï\ être afiez Tjifine , pour que nous Ibyons dans le ioiiie fi le Macaque , i' Aigrette , le vr.ilbroLick 3 autres, mais tombent quelquefois. Ce 33 animaux ne s'apprivoilent qu'à demi 33 il faut toujours ies tenir à la chaîne 33 ils ne produifent p'is dans leur éta >3 de iervitude , même dans leur pays 33 il faut qu'ils loient en liberté dan 33 leurs bois. Lorfque les fruits & k 33 plantes fuccuientes leur manquent , i 33 mangent des infectes , & queIc|uefo 33 ils delcendent fur les bords des fîeuv< 33 & de la mer pour attraper des poiiîor 33 & des crabes ; ils mettent leur quel 33 entre ies pinces du crabe , & d» 33 c[u 'elles ferrent , ils fenlèvent bru 33 qiieinent & l'emportent pour le mar 33 ger à leur aife. Ils cueiiient les no 33 de cocos , & ftvent fort bien en tir 33 la liqueur pour la boire , & le noyi 33 pour le manger. Ils boivent aufîi c 33 Yari qui deo-outte jrar des bambochi 33 qu'on met exprès à la g me des arbw 33 pour en attirer la liqueur, & ils 33 fervent de i'occafion. On les prcH 33 par le moyen des noix de cocos ( 33 l'on fait une petite ouverture ; ik 33 fburent la patte avec peine , par 33 que le trou eft étroit ^ & les gens élu Malhrouck, &c, 163 font à i'afFiules prennent avant qu'ils ce ne puifient le dégager. Dans les pro- ce vinces de l'Inde, habitées par les Bra- ce inans, qui, comme l'on fait, épargnent ce ^a vie de tous les animaux , les fmges , ce plus refpedés encore que tous les «c lutres , font en nombre infini ; ils ce i'iennent en troupe dans les villes , ils ce mirent dans les maiions à toute heure , ce m toute liberté ; en forte que ceux ce :}ui vendent des denrées , & fur-tout ce Jes fruits, des légumes, &c. ont bien ce Je la peine à les conierver 35. Il y a dans ; Aniadabad , capitale du Guzaraie , deux DU trois hô})itaux d'animaux , où l'on lourrit les fniges eflropiés , invalides , [\ même ceux qui fans être malades Ik^eulent y demeurer. Deux fois par ie- iiaine les fmges du voifinage de cette '^'ille le rendent, d'eux-mêmes, tous joible dans les rues , enfuite ils mon- w.t fur les maifons' qui ont chacitne :ne petite terraffe, où l'on va coucher xndant les grandes chaleurs ; on ne manque pas de micttre ces deux jours- à fur ces petites terralîes du riz , du niliet y des cannes de fucre dans la faifon, t 64 Hifloue Naturelle & autres chofes fembiables ; car fi pfii hafard ies finges ne trouvoient pas leui provifîcn fvir ces terraffes , iis romproien ïes tuiles dont îe rede de la maiibn efl couvert , & feioient un grand déibrdre Ils ne mangent rien ians le bien lentii auparavant, & lorfqu'iis font repus, il rempliiient pour ie lendemain les poche de leurs joues. Les oileaux ne peuver guère nicher fur les arbres dans les er droits où il y a beaucoup de linge: car ils ne manquent jamais de detruii les nids & de jeter le. œufs par terre (e). Les ennemis les pîu^ redoutables poi îes fin ses ne font ni le tigre ni les autn bêtes féroces, car ils leur échappei aifément par leur légèreté & par le cha de leur domicile au-defTus des arbre: oi^i il n'y a que les ferpens qui aillent l chercher 6c fâchent les farprendre. (e) \Qxyç.-L ïes voyages de ia BouIaye-le-Goi: yiage ^/}; ia relation de Thévenot , tome h page 20; le voyage de Gemelli Careri , tome ^ page I 6^; le recueil àt% voyages qui ont lervi ietabi;(Temenide ia Compagnie des Indes oriental* wme VU, page ^6; le voyage d'Orient du_ Philippe , ;v^f ^12; & le voyage de Taverni tome lil, page 6f* ^H Malhroiick, &c. 1^5 « Les finges, dit un Voyageur, font npoiTeiTlon d'être maîtres des forêts; ce ar il n'y a ni tigres ni lions qui leur ce ilputent le terrein ; ils n'ont rien à ce raindre que ies ferpens , qui , nuit ce c jour leur font la guerre ; il y en a ce e prodîgieufe grandeur, qui tout ce 'un coup avaleiT. un fnige; d'autres «c loin"^ gro'j niais plus agiies , les vont ce herchcr jufque fur les arbres ce s épient ie temps où ils font en- as. Drmis, de. >3 (f). Caraclhes Jijlinclifs de celte efpece. Le m-albrouck a des abajoues & des illofités fur les feiïes , la queue à peu- rès longue comme ia tête & le corps ris enfemble , les paupières couleur de lair , la face d'un gris-cendré , ies yeux rands , le mufeau large & relevé , les eiiles grandes , minces &: couleur de lair: il porte un bandeau de poils gris, Dmme la mone ; mais au relie ii a le oil d'une couleur uniforme , d'un jaune- run fur les parties fupérieiu"es du corps , d'un gris-jaunâtre fur celles du deiïous ; Ij) Defci-iption hiftoriqucdu Macaca-r,^^^^ //; l66 Htfloirc Naturelle, &€. îi marche à quatre pieds , & il a enviror un pied :he que les Anglois ont donné aux gu< nons ou finges à longue queue d\ dérivé de A'ii nithi, & tous deux paroi(!ènt venir de Aiona 0 AI fina, nom pri mit if de ces animi'ux, Kebos Ariftoteiis. A3';^<'r A vicennse. Af/w& %w font les noms par lelquels les Grecs & les Ai défî^ncicnt les finges à ionaue queue, & dont I couleurs étoicnt variées ; celui dont il eft ici que tion a pîus^u'au.un autre cette variété d^n^ I cou'eurs & par cette railon on l'appelle vuigair ment le f. fige var'è, Cercoyithccus jnlis ex nigro f rufo v irîegatîs vefîln vedibus nigris, cnudfî cinerea. Le linge varié. Bril icgn. ûnim.pig. 198. M de h Alone. 171 h. température de notre cîiinat : cela feul ibffiroit pour prouver qu'elle n'efl pas originaire des pays les plus chauds de l'Afrique & des Indes méridionales ; & elle fe trouve en effet en Barbarie , en Arabie, en Perle & dans les autres parties de i'Afie (by quiétoient connues des Anciens; ils i'avoient defignée par le nom de kehos, cebus, cœphus, à caufè 'Je la variété de les couleurs; elle a en ^fFet la flice brune, avec une efjièce de 3arbe mêlée de blanc,- de jaune & d'un 3eu de noir ; le poil du deflus de la tête k du cou , mêlé de jaune & de noir; :elui du dos mê é de roux & de noir ; le '■entre blanchaLre aulfi-bien que l'inté- leur des cuiffes & des jambes , i'exté- ieur des jambes & les pieds noirs , la [ueue d'un gris foncé , deux petites iches blanches , une de chaque coté de origine de la queue , un croifiant de oil gris fur le front : une bande noire lepuisles yeux jufqu'aux oreilles, (Se (l) Monichi fimïi caudatî & harhati ex y£t/ii'âp!(Z cis tontermiws in ALgyj'tum fitduamtuY ; fumqut imodum cicures & mundi, Prolp. Alp. Ai^^'pi. IV, pag. 2^2. Hij ijz Hijlolre Naturelle depuis les oreilles jufqu'à l'épaule & ait bras ; quelques-uns l'ont ^ppele'e nonne par corruption de mone ; d'autres à caufe de (a barbe grife, l'ont appelé le vieillard, mais la dénomination vulgaire fous la- quelle la mone eft la plus connue , eft celle dejînge varié, & cette dénomination répond parfaitement au nom /(el?os que iui avoient dom.é les Grecs , & qui par la définition d'Ariflote défigne une gue?7on eu Jînge à longue queue f de couleur variée. En général , ks guenons font d'un naturel beaucoup plus doux que les babouins , &. d'un caradère moins trille que les finges ; elles font vives jufqu'à l'extravagance & fans férocité , car elles deviennent dociles dès qu'on les fi\Q par la crainte ; la mone en particulier ef fufceptible d'éducation, & même d'un certain attachement pour ceux qui la foignent ; celle que nous avons nourrie fe laifToit toucher & enlever par le* gens qu'elle connoilToit, mais elle ft refufoit aux autres & même les mordoit; elle cherchoit aufTi à fe mettre en liberté op la tenoit attachée avec une longw chaîne ; quand elle pouvoit ou la rompr de la Moue, I73 f)U s'en délivrer , elle s'enfuyoît à la campagne , &: quoiqu'elle ne revînt pns d'elle-même , elle fe lai (Toit aiïez aifé- ment reprendre par Ion maître : elle mangeoit de tout , de la viande cuite , du pain & fur -tout des fruits; elle cherchoit aufli les araignées, les four- mis , les infedes (c); elle rempliiToit fès abajoues, lorfqu'on lui donnoit plufieurs morceaux de fuite : cette habitude efl commune à tous les babouins & gue- nons, auxquels la Nature a donne ces efpèccs de poches au bas des joues , où ilb peuvent garder une quantité d'alimens aiïez grande pour fe nourrir un jour ou deux. Cûradhes dïjlïn^ifs de cette ejpece, La Mone a des abajoues & des cal- lofités fur les fefles , elle a la queue d'environ deux pieds de longueur, plus (cj C'efl vraifemblabîement de cette efpèce dont parle Ludolf, fous le nom àç. fingt de l'Abi (finie: « ils vont, dit-il, par grandes troupes: comme ils aiment extrêmement les fourmis & les vers, '« il n'y a aiicuncs pierres qu'ils ne renverfeiit ou «« qu'ils ne remuent pour attraper les inûdes qui « font deflbus ». Hi(hirc de l'Ahijfinie, jmge ^ i . H il] 1/4 HîJIahe Naturelle, &'c, longue d'un demi pied que la lête ^c îe corps pris enlemble ; la têie peiie & ronde, le inufeau gros & court, la face couleur de chair baiànée; elle porte un bandeau de pc i! gris (ur le front, une bande de poils noirs c}iii s'étend des yeux aux orciiies, & des oieiiies juiqu'aux épau es ik aux brrs ; elle a une eîpèce de barbe grife formte par les poils de la gorge c^ du defTous du cou qui font plui^ longs que le> autres; Ton poil efl d'un noir rou^^âîre fur le corps, blan- châtre fous le ventre; l'extérieur àc^ jambes & les pieds font noirs , la queue ell d'un giis- brun avec deux taches blanches de chaque côte de Ton origine; elle marche à quatre pieds, & la ion- gr.eur de (a tête & de Ton corps y) ris enfenible depuis lextréniité du nniteau jul([u'à Torigine de la queue, eft d'en- viron un pied & demi. La femelle efl fu jette, comme les femmes, à i'e'cou- lement périodique. i' TH. J*l.2Û.p.Zr^4 i|Jjyi^ - ^^ û* M^^ _ ^-^^S \ y^^^^^^'^mmMÊÊ^' w fflwlr \J LA. JVtOIS] 75 LE CALLITRICHE (a). K^ ALLITRI X efl un terme employé par Homère , pour exprimer en génénil la beiie couleur du poil cie> animaux : ce n'ell que piufieurs fiècics après celui d'Homère que les Grecs ont en parti- :uiier appliqué ce nom à quej(|ue^ ef- )èces àc guenons owfmges à longue queue, •emarquables par ia beauté des couleurs Je leur poii ; mais il doiî appartenir de ^référence à celui dont ii efl ici queRion. il eil d'un beau vert fur le corps , d'un )eau bianc fur ia gorge & le ventre , Ôc I a la fice d'un beau noir ; d'aiileurs il fn) Ccrcopiihecus ex elnereo flavefccns, geriis for g! s iîis aîbîs obfitïs. Le finge \ctt. Bri^. regn, anim, )ag. 204. Le Singe de l'île Saint-Jacques; on donne fouvent cet animal le nom de Smge vert , & nous ie diT- inguons par ce nom ; nos gens de mer lappellent n général le Singe de Saint-Jacques , parce qu'il ; trouve i\:iws cette île ciu Cap - vert. Glanures 'Edwards , pag. i o , fig. iùid. Aux îles du Cap-vert, il y a des fmgcs à longue ueue, qui ont le vifage noir. Voyage de Danqiur, me ly, page j-^. Hiiij .17^ Hijiohe Naturelle fe trouve en Mauritanie & dans les terré* «ie l'ancienne Carthage : ainfi il y a toute apparence qu'il étoit connu des Grecs & des Romains, & que c'étoit l'une des guenons ou fin g es a longue queue, aux- quels ils donnoient le nom de callïtrix ; H y a d'autres guenons de couleur blonde ar fa lèvre Tupéiieure, qui efî nue & d'une blan- :heur d'autant pius frappante, que ie refte de fa :ace eft noir. -^ (h) II y a d'autres Sinj^es à la côte d'Or , eue l'on nomme Biancs-ne7_, parce que c'efl la feule partie de leuit corps qui foit de cette couleur : ils font puans &. fart^uches. Relation d'Anus, hijloire ginéraJs. ^es voyages, tome i V, juige 2^8, H vj i§o • Hîftohe Naturelle defTous des oreilles , ce qui lui donné l'air très-Tnigulier ; & comme il efl en iiiême temps d'afTez petite taille, c'eft de tous les finges à longue queue celui qui nous paru le plus joli, Caraàeres dïjlïnvlifs de cette efpèce. Le mouftac a des abajoues & des callofités fur les fefles , la queue beau- coup plus longue que la tête & le corps pris enfemble , elle a dix-neuf ou vingt pouces de longueur; il a la face d'un noir-bleuâtre avec une grande & large marque blanche en forme de chevron au-deffous du nez & fur toute l'e'tendue de la lèvre fupérieure, qui eft nue dans toute cette partie ; elle eft feulement j borde'e de poils noirs, auffi-bien que ïa lèvre inférieure tout autour de la touche : il a le corps court & ramafTé ; | H porte deux gros toupets de poil d'un jaune vif au-deffous des oreilles ; il a auffi yn toupet de poil he'riffé au- deffus, de la tête ; le poil du corps eft; d'un cejidré-verdâtre ; la poitrine & le ventre \ VIL- Tl. 2^CL.jJ.2Bo. :B.£r ±re. 310TJSTAC ^// AdouJIdc: i8r d'un cendré- blanchâtre ; H marche à quatre pieds , & il n'a qu'environ un pied de longueur , la tête & le corps compris. La femelle eft fujette à l'écou- lement périodique. i s 2 Hîjlohe Naturelle LE TALAPOlN(a). V^ ETT E Guenon efl de petite taille, & d'une afîez jolie iigure ; fou nom paroîtroit indiquer qu'elle Te trouve à Siani & dans les autres provinces de i'Afie orientale, mais nous ne pouvons i'aiïurer ; feulement, il ell certain qu'elle efl: originaire de l'ancien continent . s.:t:*-j-^s-».t..iei'^ii-i,^.i^-^.!KS-m LE DOUC (a). JLi E Donc eft le dernier de la cfafï dea animaux, que nous avons appelé Singes, Bûbûuins &l Guenons : lan:> étr préciieintni d'aucun de ces trois genres il pariicip-e de tous; il lient des guenon par la queue longue, des baboui'.s p2 la grande taille, à d^b fingts par ia rac phae; il a de plus un carriClère parilcu lier, & par lequel il paroît faire la nuanc entre les g..enons & les Hipajous: ce deux fîiiiiiixcs d'animaux diiièrent entr elles, en ce que les guenons ont le feffes pelées , c< que tous les (apajou îes ont couvertes de poil; le doue efi 1 feule des gue.^ons qui ait du poil fu (a) Doue , nom de cet anim:îl à ia Cochincfiin< &: ^ue nt)Us avons ridoptc: ce nom que n(iu> ignc rions nous a été donné par M. Poivre, auiri-bie que {'animal même. Sifac à Madagascar. Cercofithecus dnernis , genis longis jhUs ex ■flavicamihus vhfms , torque ex callnrico purjmrûjcent Le grand linge de !a Cochinchine. Brill. re^u. ank pag. 205, 5 le plus fou vent fur les pieds de de >3 rière ; elle a la queue blanche & dei yi taches tannées fur les flancs , elle i >5> plus grande que le yati (mococc du Donc. t 8^ lîs plus petite que le varîcojfi (vari) ; ce tte efpèce s'appelle ^y^r ^ ûIq vit ce fèves; il y en a beaucoup vers «c idrivoure, Dainbourionib &. Rana- ce alchy (b) >^. Le chaperon ou collier iné , la queue blanche, ies taches fur fîancs font des caradères qui indi- lent afîèz clairement que ce fifac de adagafcar efl: de la même efpèce que doue de la Cochinchine. l,es Voyageurs aiïurent que les grands iges des parties méridionales de l'A fie , oduifent des bczoards qu'on trouve ns leur edomac , & dont la qualité eft périeure à ceile des bézoards, des lèvres &. des gazelles; ces grands iges des parties méridionales de i'Inde, m l'ouanderou & le doue; nous oyons donc que c'efl: à ces eipèces xll faut rapporter la producHiion des fzoards : on prétend que ces bézoards ; iingQ font toujours d'une forme ■nde , au lieu que les autres bézoards m de différentes figures fcj, (h) Voyage de Yhccourl , page ij^. 'c) Comme les lîncres, aufTi-bien que les chèvres; angent les boutons de certains arbriïïèaux , il fe- îpo Hipoire Nciîurelk Caraâlhes dïjl'in^ïfs de cette efpece Le doue n'a point de callofités ] les feiïes , il les a garnies de poii p^ tout; fa queue, quoique longue, i'efi: pas autant que la tête & le cor pris entembie ; il a la face rouge couverte d'un duvet roux , les oreil nues & de naême couleur que la fac ies lèvres brunes, auffi-bien que orbites des yeux ; ie poil de coulei très-vives & très-variées ; il porte bandeau & un collier d'un brui pourpre ; il a du blanc (lir le front, ! la tête , fur le corps, ies bras , les jambe produit dans leur ventre àfi pierres de bézoard : en trouve fouvent dans iturs excrémens , que la p« qu'ils ont d'être batîus leur fait lâcher en couran ces pierres de bézoard font les plus chère.*- à le« p eftimées de toutes celles qui fe trouvent dans Indes , elles font aulfi plus rondes que ies autrt & ont bien plus de torce : ow a éprouvé quelqi fois qu'un grain de celles-ci avoit autant dertet q deux de celles qui viennent des chèvres. Defrljn hijinrique de Attcacar , page 51. Nota, En cor parant ce pafTîige avec celui de Knox , que ne avons rapporté à l'article de l'Ouanderou, il parc que ce (ont les ouanderous qui vivent de boute d'arbres, & que par coniéquent ce (ont eux q produifent le plus communément àts bézoards» l-R ^Z . 2^ ^•"^ r^J n ? à iÉ i'^ i ^^ 1 "lÀ ; ni' 1 '*^^B s '■ J ^ S9 K^ Pr J EHIb^^^^^^^ p^ fl k ^^^^^^^3 1 . ^:^^ ^H Léi 3 " ' ^. nt varié (lins que ia forme intérieure lit changé ; le type en eft général & :oininun: & s'il arrivoit jamais, par des 'évolutions qu'on ne doit pas prévoir, nais léulement entrevoir dans l'ordre rénéral des pofîibilités , que le temps )eut toutes amener; s'il arrivoit , dis-je, jue l'homme fut contraint d'abandonner is climaîs qu'il a autrefois envahis pour e rcduire à fon pays natal , il repren- Iroit avec le temps (es traits originaux , î taille primitive & la couleur natu- elle : le rappel de l'homme à fon climat mènèroit cet effet , le mélange des races amèneroit axifîi & bien plus prompte- lent; le Blanc avec la Noire, ou ic 4oir avec la Blanche produifent égaïe- lent un Mulâtre dont ia couleur e(t rune , c'e(l-à-dire, mêlée de blanc & e noir ; ce Mulâtre avec un Blanc roduit un (ècond Mulâtre moins brun ue le premier; & fi ce fécond Mulâtre unit de même à un individu -de race tanche, le troifième Mulâtre n'aura lus qu'une nuance légère de brun qui i(paro;tra tout-à-fiii dans les généra- ons iuivaaies; ii ne faut donc que cei\t 19^ Hîflolre Naturelle, cinquante ou deux cents ans pour laver ia peau d'un. Nègre par cène voie du nié. ange "avec le.iang du Blanc, mais il faudroit peut - être un afiez grand nombre de fiècles i our produire ce même eflet par ia Teule influence du climat. Depuis qu'on trani porte des ^Nègres en Amérique; c'cft -à -dire depuis environ deux cents cinquante an^ , l'on ne s'eil pas aperçu que les familles noires qui fe iont fouienues fan^ mé- lancre , aient perdu quelques nuances de leur teinte originelle ; il ell vrai que ce climat de l'Amérique méridionale étant par lui-même adcz -chaud pour brunir Tes haJ3iîans , on ne doit pas s'étonner que le^ Nègres y demeurent noirs: pour fltir^ l'expérience du chan- gement de couleur dans l'elpèce hu- maine , il faudroit tranlporter quelc[ueî individus de cette race noire du Sénégal en Danemarck , où l'honnue ayant com- munément la peau blanche , les cheveu2< blond:>, les yeux bleus, la différence du fang & foppGfition de couleur ed îa plus grande. Il faudroit cloîtrer ce\ Nègres avec leurs femelles , & confervej Dé génération des Animaux, i p 7 fcrupiileLîièment leur race fans leur per- lîietire dé la croifer; ce moyen eft le feui qu'on puiiïè employer pour lavoir combien il fau droit de temps pour réin- tégrer à cet égard la nature de l'homme ; & par la memeraifon , combien il eo a Tiilu pour la changer du blanc au noir. C'eft-là la plus grande altération que e ciel ait fait fubir à l'hoimne, & l'on ^oit qu'elfe n'ed pas profonde; la cou- ?ur de la peau , des cheveux & des 'eux, .varie par la feule nifîuence du limat , les autres changemens tels que eux de la taille , de la forme des traits i de la qualité des cheveux , ne me aroiiïent pas dépendre de cette feule aufe; car dans la race des Nè lligmatesde leur ptîvité & l'empreinte de leurs fers; . verra que ces .plaies iont d'autant as grandes, d'autant plus incurables, l'elles font plus anciennes, & que dm* ' tat où nous les avons réduits , il ne oTt peut - être plus polîible de les labiiiter , ni de leur rendre leur forme imiîive , &: les autres attributs de na-* 'e que nous leur avons enlevés. La température du climat, la qualité la nourriture & les maux d'efclavage, ilà les trois caufes de changement. Itération & de dégénération dans les maux. Les elîets de chacune méritent ■tre confidérés en particulier, & leurs >pcrts vus en détail nous préfenteront tableau au-devant duquel on verra Nature telle qu'elle elt aujourd'hui, dans le lointain , on apercevra ce 'elle étoit avant fa dégradation* Comparons nos chétives brebis avec moufflon dont elles font iflues; celui« grand & léger comme un cerf, I V 20 2 Hifloh'e Naturelle. armé Je cornes défenfives & de fabot cpàis , couvert d'un poil rude ne crair ni l'inclémence de l'air, ni îa voracii du loup : il peut non-feulement évite fes ennemis par la légèreté de fa courfç mais il peutaulli leur réfider par la fore de fon corps, & par la folidité à armes dont fa tête & fes -pieds foi iHunis : quelle différence de nos breb auxquelles il refte à peine la fa^ul d'exifter en troupeau, qui m.ême i peuvent fe défendre par le nombre, q ne foutiendroient pas lans abri le fro de nos hivers , enfin qui toutes périroie fi l'homme cefloit de les foigner & i les protéo-er ! Dans les climats les pi chauds de l'Afrique & de i'Afie, inoufflon qui efl le p'ère commun - toutes les races de cet:e efpèce, pan avoir moins dégénéré que par - te ailleurs ; quoique réduit en domefticii il a confervé fa taille & fon poil, fe lement il a beaucoup perdu lur grandeur & la maflè de fes armes; ' brebis du Sénégal & des Indes k îes plus grandes des brebis domelliqi ôi celles de toutes dont la nature eîl Dégeneratwn des Ammatix, 20 3 oins déûfiadée : les brebis de la Bar- irie, de IXgypte, de l'Arabie, de la erfe , de l'Arinéiiie , de la Calniou- iie , 6ic. ont fubi de plus grands vangemens ; elles le font relativement nous , perfedionnée's à certains égards viciées à d'autres; mais, comme le ^rfeclionner ou fe vicier efl la même lole relativement à la Nature , ^les le n toujours dénaturées ; leur poil rude :'à changé en une laine fine; leur leue s'étant chargée d'une mafîè de aille, a pris un volume incommode Ci grand, que l'animal ne peut la lîner qu'avec peine ; & en même iips qu'il s'ell bouffi d'une matière pcrfîue, & qu'il s'eit paré d'une belle ifon , il a perdu fa force, fon agilité , grandeur & les armes ; car ees brebis longues & larges queues n'ont guère le ia moitié de la taille du moufflon; co ne peuvent fuir le danger ni rélifier l'ciinemi, elles ont un befoin continuel s fecours & des foins de Thomine )ur fe conferver &: fe multiplier: ia gradation de l'efpèce originaire efl cjre plus grande dans nos climats ; Ivj 2 04 Hijlolre Naîurcïïe, de toutes ies qualités du iiioufflon, î ne relie rien à nos brebis, rien ànotn be'lier , qu'un peu de vivacité , mais f douce, 4:[u'eJIe cède encore à la houleit» d'une bergère: la timidité, la foiblefFe & même la (tuplclité & l'abandon d< ion én-e lont les ièuls c^ trilles relies d leur nature dégradée. Si l'on vouloir I relever pour la force & ia taille, il fau droit unir ie moufîlonavec noire brebi Fiandrine , & céder de propager le races inférieures ;- & fi, comme cliof plus utile , nous vouions dévouer cett efpèce à ne nous donner que de 1 bonne chair & de ia belle ^aine , il fau droit au moins, comme L'ont fiit no Voifins , choifir & propager la race de brebis de Barbarie , qui tranlponée ei Efpagne & même en Angleterre a très bien réuffi. La force du corps & I grandeur de la taille font des attribut niafculins, l'embonpoint & la beauté d la peau font des qualités féminines ; i faudroit donc dans le procédé des me langes obferver cette différence ; donne à nos béliers des femelles de Barbari pour avoir de belles laines, & dono© Dégenéraîhîi des Animaux. 205' i nioufflon à nos brebis pour en relever 1 taille. Il en (eroit à cet égard de nos chèvres omme de nos brebis ; on pourroii ea 2S mêlant avec la chèvre d'Angora, hanger leur poil & le rendre audi utile [ue la plus belle laine. L'efpèce de la hèvre en général^ quoique fort degé- lére'e , l'efl cependant moins que celle- le la brebis dans nos climats; elleparoît être davantage dans les pays chauds de Afrique & des Indes; les- plus petites îc les plus foibles de toutes les chèvres ont celles de Guinée , de Juda, &c. & lans ces mêmes climats l'on trouve au :onîraire les plus grandes &. les plus bries brebis. L'efpèce du Lœuf ed celle de tous es animaux domeftiques fur laquelle la lourriture paroît avoir la plus grande nfîuence ; il devient d'une taille prodi- neufe dans les contrées où le pâturage :it i^che ariie â leurs def- .'ndanSr J'ai vu de^ chiens nés fans jeue , que je pris d'abord pour des oniires individuels dans i'efpèce; mais me fui^ afTuré de^mis , que ceue race cifte & qu'el'e fe perpétue par la géné- ition. El les oreilles pendantes qui font figne le plus^général ik le plus certain £ la lerviiude domtflique, ne fe trou- ent - elles • pas dans " prelque tous X^^i biens î Sur environ trente races diiTé- nites , dont refjoèce eft aujourd'hui Dmpofée , il n'y en a que deux ou trois ui aient confervé leurs oreilles primi- ves; le chien de berger, le chien-loup L les chiens. du Nord ont feuls les oreilles roites. La voix de ces animaux a fubi omme tout le relie d'étranges muta- ons ; il femble que le chien foit devenu fiard avec l'homme, qui de tous les 110 Hifloire Naturelle. êtres qui ont une langue ed celui q en ufe ôî^abufe le plus: car dans i'c lus ou moins de frottement nous iaifons éprouver à la plante de i pieds. Les animaux fauvnges n'e'tant i immédiatement fournis à l'empire l'homme, ne font pas fujets à d'ai grandes altérations que les animî domefliques ; leur nature paroît vai fuivant les differens climats, mais m part elle n'eft dégradée. S'ils étoi abfolument les maures de choifir ii climat & leur nourriture , ces altératii feroient encore moindres: mais com de tout temps ils ont été chafTés , n gués par l'homme , ou même par o ^'31^ Dé génération des Animaux. 215 ntr'eux qui ont le ]:)lus de force & méchanceté , la plupart ont été con- nis de fuir, d abi-ndonner leur pays al ^ de s'habituer dans des terres ins htuieules : ceux dont la nature t inaivée afîez flexible pour te prêter :ere nouvelle Tituation fe fom ré- idus au loin , tandis que les autres nt eu d'autre refîource que de fe ifiner dans les déferts voifins de leur is. Il n'y a aucune eipèce d'animal, comme celle de l'homme fe trouve léralement par- tout fur la furface de erre ; les unes , & en grand nombre t borne'es aux terres méridionales de cien continent ; les autres , aux par- méridionales du nouveau monde; jtres, en moindre qunntité, font ifinées dans les terres du Nord, & au . de s'étendre vers les contrées du di y elles ont pafTé d'un continent à tre par des routes jufqu'à ce jour Dnnues; enfin, quelques^ autres ef- 'es n'habitent que certaines montagnes certaines vallées , & les altérations de * nature font en général d'autant moins fibles qu'elles font plus confinées. 2. 1 6 Hîflolre Naturelle. Le climat & ia nourriture aynnt pc d'influence fur les animaux libres, c lempire de l'homme en ayant encoi moins, leurs principales variétés vien nent d'une autre caufe ; elles (ont rek îives 'à la combinaifon du nombre dar ies individus , tant de ceux qui produ: fent, que de ceux qui font produit Dans ies efpèces , comme celle du ch( vreuil où le mâle s'attache à fa femel & ne la change pas , les petits démoi trent la conliimte fidélité de leurs parej par leur entière refîemblance enir'eu> dans celles , au contraire , où les femeil changent fouvent de mâle , comme dai celle du cerf, il fe trouve des variét afîez nombreufes ; & comme dans ton la Nature il n'y a pas un feul indivic qui foit parfaitement reffemblant à autre , il le trouve d'autant plus de y riétés dans les anynaux , que le nomb de leur produit efl plus grand & pi fréquent- Dans les eipèces où la femel produit cinq ou fix petits, trois ( quatre fois par an , de mâles différen; il eft néceffiire que le nombre des \ riétcs foit beaucoup plus grand q da Dégefrératîon des Animaux. 1 1 j !ans celles où le produit eft annuel ôc inique ; auifi les eipèces inférieures , les )etits animaux qui tous produifent plus buvent <& en plus grand nombre que eux des efpèces majeures, font-elles jjettes à plus de variétés. La grandeur u corps qui ne paroît être qu'une uantité relative, a néanmoins des attri- uts pofitifs & des droits réels dans l'or- onnance de la Nature ; le grand y eft liTi fixe que k petit y eft variable : ou ourra s'en convaincreaifémentparrémi- lération que nous allons faire des variétés ?s grands & des petits animaux. Le fanglier a pris en Guinée des oreilles ès-longues & couchées fur le dos; à Chine, un gros ventre pendant & ïs jambes fort courtes; au Cap- vert dans d'autres endroits, des défenfes ès-groffes & tournées comme des )rnes de bœuf; dans l'état de domef^ :ité, il a pris par -tout des oreilles à ;mi-pendantes , & des foies blanches ins les pays froids ou tempérés. Je ne )mpte ni le pécari ni le babiroufîa dans i variétés de l'efpèce du fanglier, parce fils ne font ni l'un ni l'autre de cettç Tome XIL K 2. î 8 Hijloire Nature fc. éfpèce , quoiqu'ils en approchent de plus près que d'aucune autre. Le cerf j dans les pays momueux fecs & chauds, tels que la Corte & 1; Sardaigne, a perdu la moitié de la taillé. & a pris un pelage brun avec un boi noirâtre ; dans les pays froids & humides comme en Bohème & aux Ardennes fa taille s'cft agrandie , fon pelage & fo bois font devenus d'un brun prelqu noir , fon poil s'ell alongë au point cl former une longue Éarbe au menton dans le Nord de l'autre continent , i bois du cerf s'efl: étendu & ramifié p; des andouillers courbes. Dans l'état c domeflicité , le pelage change du fam au blanc ; & à moins que le cerf ne fc en liberté & dans de grands efpacei ks jambes fe déformeiu & fe courber Je ne compte pas l'axis dans les variét dé l'efpèce du cerf, il approche j)Ii de celle du daim & n'en eft peut - et qu'une variété. On auroit peine à fe décider fur !'( rigine de l'efpèce du daim ; il n'eft nul part entièrement domeftique , ni nul part abfoluïîiem fauvage , il varie aff Dégéncraûon des Animaux. 2 t^ ndifTéremment, <& par-tout du fauve au :)ie & du pie au blanc ; Ion bois & fk ]ueue font auffi plus grands & plus Dngs fuivant les différenies races , & fà haïr eft bonne ou mauvaife félon le îrrein & le climat : on le trouve comme î cerf dans les deux contincns , & ii , ^ aroît être plus grand en Virginie dL^^uy^qi^rt^ULy ans les autres provinces de F Amérique ' împérée, qu'il ne l'efl en Europe. li 1 efl de même du chevreuil , il efl [us grand dans le nouveau que dans mcien continent , mais au refte toutes s variétés fe réduifent à quelques ^lï- rences dans la couleur du poil qiâ lange du fauve au brun ; {^^ plus ands chevreuils font ordinairement uves , &: les plus pedts font bruns. es deux efpèces , le chevreuil & le «m , font les feuls de tous les anijuaux »mmuns aux deux continens , qui foient 4is grands & plus forts dans le nouveau 4e dans l'ancien. L'âne a fubi peu de variétés , même ns fa condiuon de fervitude la plus ire ; car fa nature efl: dure aufîi , & Me également aux mauvais traitemens Kij :izù Hïfloîre Naturelle. ■& aux incommodités d'un climat fâcheux & d'une nourriture grolîière : quoiqu'il foit originaire des pays chauds , il peut vivre, & même le multiplier fans les foins de l'homme dans les climats tem^ pére's ; autrefois il y avoit des onagre; €u ânes fauvages dans tous les de'lerts di J'Afie mineure, aujourd'hui ils y fon plus rares, & on ne les trouve en grand quantité que dans ceux de la Tartarie ïe mulet de Daurie (a), appelé c-^igithc par les Tartares Mongoux, ert: proba blement le jnême animal que l'onagr des autres provinces de l'A fie; il n'e /diffère que par la longueur &l les cou ieurs du poil, qui, félon M. Bell, parc onde de brun & de blanc (bj : ces onagr< (a) A'Iulus DûUYÎais fôccundus, Czîgitha-î, Aîon^ hrum in Dauria. Muf. Petropolhamm , pag. 335, (b) In thefofejls near Kujnttshy on the River Tomo i cfthefourusofthe River Oliy in Lat, // ^ /jî < Wild aj[es, i havejten manyoj their Shins ; they i in ail refpeéls the Shape of the ead , tail and hoofs the cowmon afs, but their skhi is Waved and undula w'ithe andhrown. Bell's travth to China. NOTA. fe pourroit que M. Beii , qui dit n'avoir obf» que les peaux de ces animaux , ait vu ^ts peaux zèbre; car les autres Voyageurs ne difent pas c ics CTJgithAÎs ou onagres de JDaurie foieni conuoÉ Dégeneraîhn des Ammmix. z i il lig'it/iûis fe trouvent dnns les forêts de 1 Tartarie jufqu'au cinquante-unième c cinquante-deuxième degré , âc il ne lut pas les confondre avec les zèbres, ont ies couleurs font bien plus vives & ien autrement tranche'es, & qui d'ailleurs urinent une efpèce particulière prefque liYi différente de celle de fane que de Ile du cheval. La feule dégénératioii îmarquable dans ï'âne en domellicité, eil que Lt peau s'efc ramollie & qu'elie perdu les petits tubercules qui fe ouvent femés fur la peau de l'onagre, 2 laquelle les Levantins font le cuir renu cp'on appelle chagrin. Le lièvre ell d'une nature flexible & rme en même temps , car il efl répandu uis prefque tous les climats de l'ancien mtinent , & par-tout il eft à très-peu 'is le même : feulement fon poil blan- it pendant Thiver dans les climats très- Dids , & il reprend en été fa couleur turelle, qui ne varie que du ftuve 5re, rayés de brun & cîe blanc ; d ailleurs , il y a Cabir.et de Péterfbourg dts peaux de zèbre & peaux de czigithais; (ju'on montre égaiemejit : Vovarrciirs. K ii; .22 2 HîJIoîre Naturelle, mx rouK : ia qualité de la chair v'in^ ée iiKine ; les lièvres !es plus rouges font toujours les meilleurs à manger. Mais le lapin , fans être d'une nature aufîi flexible que le lièvre , puifqu'il ell beaucoup moins re'pandu , & que mem< il paroît confiné à de certaines contrées cil néanmoins fujet à plus de variétés parce que le lièvre eft fauvage par-tout au lien que le bpin ell prefcaie par-tou à demi-domerii([ue. Les lapins clapier ont varié par la couleur du fauve a gris , nu blanc , au noir ; ils ont aulî varié par la grandeur, b quantité, 1 qnalité du poil : cet animal qui eft ori ginaire d'Efpagnea pris en Tai tarie ur queue longue , en Syrie du poil toufl & pelotonné cojnme du feutre, &c. O trouve quelqueibis des lièvres ncirs dai ks pays froids ; on prétend auiïi qu'il a dans lu Norwège & dans quelqu îiutres provinces du Nord des lièvres q ont des cornes. M . Klein (c) a fiit grav deux de ces lièvres cornus : il eil ai de juoer à l'infpedîon des figures qi (c) Klein , de quadrup. pag. p , tab, III , f ad. S» XX J, Dé génération des Animaux, 223 fcs cornes font des j^ois femblables au )ois du chevreuil : cette variété , fi elle xilte, ii'eft qu'individuelle & ne fe inanr- ^(le probablement que dans les endroits ù le lièvre ne trouve point d'herbes , i ne peut fe nourrir que de fubftances gueules , d'écorce , de boutons , de ,aiiiles d'arbres , de lichens , &c. L'élan dontl'efpèce eît confinée dans : Nord ào-i deux continens , efl feu- . •ment plus petit en Amérique qu'en*^#»«tV<'^^ Europe , & l'on voit par les énormes ois que l'on a trouvés- fous terre en .'anada , en Rufîie , en Sibérie, (Sec, u'autrefois Qt^ animaux étoient plus rands qu'ils ne le font aujourd'hui : eut - être cela vient - il de ce qu'ils )uiîToient en toute îranquillité de leurs )rêts , & que n'étant point inquiétés par homme qui n'avoit pas encore pénétré ans ces clim.ats, ils étoient maîtres de boifir leur demeure dans les endroits où lir, la terre .& l'eau leur convenoit le lieux. Le renne que les Lappons ont ;ndu domeftique , a par cette raifon lus changé que l'élan , cjui n'a jamais é réduit en fervitude : les rennes fau^ Kiiij :2l4 Hîfloire Naturelk, vages, font plus grands, plus forts &i d'un poil plus noir que les rennes do- rnelliques : ceux-ci ont beaucoup varié pour la couleur du poil , & aufli pour !a grandeur & la groil'eur du bois ; cette erpècd\de lichen ou de grande mouffe blancheXqui fait la principale nourriture du renne , femble contribuer beaucoup par la qualité à h formation & à i'ac- croifieinent du bois, qui proponion- jTelIement eft plus grand dans le renne que dans aucune autre cfpèce ; & c'eH | ])eut"étre cette même nourriture, qui dans ce climat , produit du bois fur Is | tête du iièvre, comme fur celle de Iî femelle du renne; car dans tous les autre; climats, il n'y a ni lièvres cornus , n Aucun anim.al dont la femelle porte di Lois comme le mâle. L'efpèce de l'éléphant efl: la feule fui laquelle i'état de fervitude ou de domef îicité n'a jamais influé , parce que dan cet état iî refufe de produire, & pa conféquent de tranfmettre à fon efpèo ies plaies ou les défauts occafionnés pa fa condition ; il n'y a dans l'éléphan que dts variétés légères &: prelqu» Degénéraùon des Animaux, 225 idividuelîes ; fli couleur naturelle eH fe oir, ccpciidant il s'en trouve de roux : de blancs, mais en très-petit nombre. i'éléphant varie aufîi pour la taille fui- ant la longitude plutôt que la latitude u climat; car ious la Zone torride dans quelle il eft , pour ainfi dire , renfermé fous là même ligne il s'élève jufqu'à :iinze pieds de hauteur dans les contrées 'ientales de l'Afrique ; tandis que dans terres occidentales de cette même rtie du monde il n'atteint guère qu'à r^auteur de dix ou onze pieds ; ce qui cuve que quoique la grande chaleur néce(îliire au plein développement (a nature, ïa chaleur exceillve la ref- int & ia réduit à de moindres dimen- ms. Le rhinocéros paroît être d'une le plus uniforme & d'une grandeur oins variable ; il femble ne différer de même que par le caracflère iingulier li le fait différer de tous les animaux, r cette grande corne qu'il porte fur nez ; cette corne efl fimple dans les inocéros de i'Afie, & double dans ux de l'Afrique. Je ne parlerai point ici des variétés ■Z2 6 H}j%ire Ndîurelle, qui fe trouvent drais chaque eTpèce d'a« iiimal carnafîler, parce qu'elles font très légères, attendu que de tous les animaux ceux qui le nourriiïent de chair font le plus indépendans dei'homme, & qu'ai moyen de cette nourriture déjà préparé par la Nature , ils ne reçoivent prefqu rien des qualités de la terre qu'ils hab tent ; que d'ailleurs ayant tous de la fore & des armes , ils font les maîtres du choi de leur terrein , de leur climat , &c. < que par conféquent les trois caufes c chancre m.ent , d'altération &: de déaén( ration dont nous avons parié, ne peuvej avoir fur eux que de très-petits effets. Mais après le coup d'œil que i'c vient de jeter fur ces variétés qui noi 'indiquent les altérations pardculièresc -chaque efpèce , il (e prélente une coi Jïdération plus importante & dont la vi -eïk bien plus étendue ; c'efl: celle c changement des efpèces mêmes , c'c -cette dégénération plus ancienne &L 4out temps im.mémoriale , qui parc -s'être faite dans chaque flunille , ou l'on veut , dans chacun des genres fo ilefquels on peut comprendre leseipèc Dé génération tJes Amnaux. 227 v^oifines <& peu différentes cntr'elles :. lûus n'avons dans tous les animaux ter- •eftres, que quelques elpèces iiblées , ]ui, comne ceile de l'homme, fiiflent ;n même, temps efpècc & genre ; l'éle- )h.ant, le rhinocéros, l'hippopotame^ a giraffe forment des genres ou des ifpèces fimples qui ne le propagent ^[u'en ligne direde & n'ont aucunes )ranches collatérales ; toutes les autres )aroi(rent former des ftmilles dans lef- |uelles on renwrque ordinairement une bûche principale & commune , de la- juelle femblerit être iorties des tiges iifiereni.es & d'autant plus nombreufes [ue les individus dans chaque efpèce ont plus peuts & plus féconds. Sous ce point de vue, le chevaî, îe '.èbre & l'âne font tous trois de la même àmiile ; fi le cheval efl la fouche ou le ronc principal, le zèbre <:< l'âne feront es tiges collatérales: le nombre de leurs effemblances entr'eux étant infiniment )ius grand que celui de leurs différences,, )n peut les regarder comme ne failluit ]u'un même genre , dont les principaux ,:^radères fout claireniem énoncés & ;22 8 Hipoire Naturelle. communs à tous trois : ils iont les feuls qui foient vraiment folipèdes, c'eft-à- dire, qui aient la corne des pieds d'une feule pièce fans aucune apparence de doi.crts ou d'ongles; & quoiqu'ils forment Trois efpèces diltindes , elles ne font ce- pendant pas abfolument ni nettemiCat féparées , puifque fane produit avec la jument, le cheval avec i'âneiïè; & qu'il eft probable que fi l'on vient à bout d'apprivoifer le zèbre, & d'ail oupir fa nature fmvage & récalcitrante , il pro- duiroit auffi avec le cheval & l'âne, comme ils produifent entr'eux. Et ce mulet qu'on a regardé de tout temps comme une produdion viciée, comme un monilre compofé de deux natures, & que par cette raifon l'on a jugé incapable de le reproduire luî- méme & de former lignée , n'eft cepen- dant pas aufli profondément léfé qu'on fe î'imagine d'après ce préjugé, puifqu'il n'efl pas réellement infécond, &: que fa ftériliîé ne dépend que de certaine! circonftances extérieures & particulières. On fait c|ue les ' mulets ont fouveni produit daiis les pays chauds; l'on en 'Dcgénératwn ctes Anhnatix, 2 2 p même quelques exemples dans nos limats tempérés ; mais on ignore {\ cette i-énération eft jamais provenue de \x impie union du mulet & de la mule^ >u plutôt fi le produit n'en efl: pas dû i'union du mulet avec la jument , ou ncore à celle de i'âne avec îa mule, li a deux fortes de mulets , le premier (l le grand mulet ou mulet fmiplement it , qui provient de la jonvflion de i'âne la jument ; le fécond eft le petit mulet revenant du cheval & de i'ânefle , que ous appellerons bardeau pour le diftin- ;ucr de l'autre. Les Anciens les con- ■oifl'oient & les difiinguoient comme :ous par deux noms ditFérens, ils ap- •eloient mulus le mulet provenant de âne & de la jument , & ils donnoient ;s noms de Ymoç^ h'innus, burdo au mulet •ro venant du cheval & de i'ânefîe ; s ont alTuré que le mulet , mulus (d) •roduit avec la jument un animal auquel (d) AMus eqna cflKJiméîus îivJum pmcrcavit . . . • Vhiln (ju.^que Jam fada gravida efi . fed non q:iond trfictr et nique ederct j-rokm. Arift. Hil}. nnim. lib. VI, ap. 24.. . . . EJl in annahbus nfljîr'n mulas peperijfe ïpe ; vcrum prndigu Iqcq habitUUU Piitl- Htf, Vat* b. Ylli; cap. ^^. ajo Hiflme Naturelle. ils clonnoîent auffi le nom de ginnus <^ hïnnus(e): ils ont alTuré de même que k mule, mula i conçoit afTez aifément.. mais qu'elle ne peut que rarement per- fèdionner Ton fruit; & ils ajoutent qu< quoiqu'il y art des exemples afîez fré- quens de mules qui ont mis bas , il fiu néanmoins regarder cette produdior comme un prodige. Mais qu'efi: - c< qu'un prodige dans ia Nature, fmon ur effet plus rare que les autres ! Le mule peut donc engendrer, & ia mule peu concevoir, porter & mettre bas dans de certaines circonftances ; ainfi il ne s'a- giroit que de filtre des expériences pou favoir quelles font ces circonftances & pour acquérir de nouveaux fiiits don on pourroit tirer de grandes lumière fur la dégénération des efpèces par -Ii mélange , & par conféquent fur l'unit< Qu ia diverfité de chaque genre ; il fau- droit , pour réuflir à ces expériences. (e) Nota. Le mot Ginnus a été employé par Ariflot en deuxfens; le premier pour dé/îgner génér.ilemen «Il anima! imparfii»-, un avorton ^ un mukf-nain^ provenant quelquefois du cheval avec rântfTe, a de l'âne avec la Jument; & le fécond pour fignifiç. k produit particulier du mulei & de ia jtimenî. Dégénéraûon des Ammaux, 1 3 1^ jonner le jnuîet à la mule , à la jument Si à l'ânefTe , faire ia même choie avec e bardeau , & voir ce qui réluheroit de :es fix accouplemens differens : il fliu- jrcit aufTi donner le cheval & l'âne à a mule , & faire la mêm€ chofe pour la :)etiie mule ou femelle du bardeau : ces fpreuvcs , quoiqu'afTez fnnpies , n'ont amais été tentées dans la vue d'en tirer les lumières ; & je regrette de n'être pas i portée de les exécuter, je fuis perfuadé |u'il en réfulteroit des connoifîances que je ne fiis qu'entrevoir , Ôl que je le puis donner que comme des pré-» -omptions. Je crois , par exemple , que Je tous ces accouplemens , celui du nulet & de la femelle bardeau, & celui lu bardeau & de la mule pourroient ^ien manquer abfolument ; que celui du mulet & de la mule , & celui du bardeau ur les accouplemens ; mais il faudroit s attentions & des foins particuliers , fi n vouloit rendre ces accouplemens olifiques : la trop grande ardeur, fur- ,it dans les femelles , eft ordinairement vie de la ftériiité , & la muie efl au DÎns auffi ardente que l'ânefTe : or l'on t que celle-ci rejette la liqueur fémi- [e du mâle, & que pour la faire retenir produire, il faut lui donner des coups lui jeter de l'eau fur la croupe , afin calmer les convulfions d'amour qui Dfiftent après l'accouplement , & qui "it la caufé de cette réjaculation. L'a- fie & la mtiîe tendent donc toutes deux r leur trop grande ardeur à la flériiité. âne (5c l'ânefTe y tendent encore par e autre caufe , comme ils font origi- ires des climats chauds , le froid s'op- (e à leur génération, & c'eft par cette fon qu*an attend les chaleurs de l'été %^Q HiJIoire Naturelle. pour les faire accoupler; lorfqu'on îei iaifle joindre dans d'autres temps Sl fur lout en hiver , il eft rare que l'impre gnation fuive l'accouplement , même ré itéré ; & ce choix du temps qui ei néceflliire au fuccès de leur génération l'efl aufîi pour la confervation du pro duit : il faut que l'ânon naifTe dans ui i temps chaud , autrement il périt ou lar i guit ; Sl comme la geflation de l'ânelî | €i\ d'un an , elle met bas dans la mêm \ ^ifon qu'elle a conçu: ceci prouve affe combien la chaleur ell nécefîliire, nor ièulement à la fécondité, mais même la pleine vie de ces animaux ; c'eft encor par cette même raifon de la trop gnuid ardeur de la femelle qu'on lui donn le mâle, prefque immédiatement apr( qu'eik a mis bas ; on ne lui laifle qu fept ou huit jours de repos ou d'inter valle entre l'accouchement & l'accouple r piement ; l'ânefTe , affoiblie par fa coucli til alors moins ardente, les parties n'oi pas pu dans ce petit efpace de temp reprendre toute leur roideur ; au moye de quoi la conception fe fait plus fûre ;nent que quand elle eft en pleine fore ÔL qu Tjegênéraûon des Animaux. 1 4 f i que Ton ardeur h. domine : on prc- ;nd que dans cette efpèce , comine ans celle du chat , ie tempérament de femelle efl: encore plus ardent & plus )rt que celui du mâle; cependant l'âne 1 un grand exemple en ce genre , if îut aiiement faillir fa femelle ou une itre plufieurs jours de fuite & plufieurs is par jour; les premières jouifîânces, in d'éteindre ne font qu'allumer fon deur; on en a vu s'excéder làns y être cités autrement que par la force de leur petit naturel , on en a vu mourir fur le lamp de bataille , après onze ou douze •nflits réitérés prefque (ans intervalle, ne prendre pour fuP^venir à cette ande & rapide dépenfe que quelques iites d'eau. Cette même chaleur qui confume e(t trop vive pour être dur- Die ; i'âne-étalon bientôt eft hors de mbat & même de fervice , & c'ed ut-être par cette raifon que l'on a étendu que la femelle efl: plus forte eu de fécoiidité dans efpèces du cheval & de l'âne ; ce font tous les animaux domeftiques ceux JJ44 hijloire 'Naturelle^» dont refpèce , quoique la plus foignee , ell ia moins nombreufe ; dans celles du bœuf, de la brebis , de la chèvre , <5c fur-tout dans celles du cochon , du chien & du chat , les individus font dix & peut-être cent fois plus nombreux que dans celles du cheval & de l'âne ; ainiî leur peu de fécondité eft prouvée par ie fait , & l'on doit attribuer à toutes ces caufes la ftérilité des mulets qui pro- viennent du mélange de ces deuxefpècci naturellement peu fécondes. Dans leï efpèces au contraire cj^ui , comme celk de la^ chèvre & celle de la brebis, foir , plus.nombreufes & par co|||pquent plut ( fécondes , les mulets provenant de leui , inélange ne font pas ftériles , & re- 1 montent pleinement à l'efpèce originain j dès la première génération ; au lieu qu'i i faudroit deux, trois & peut -être cjuatrq générations , pour que le mulet prove- ^ liant du cheval & de l'âne pût parveni | à ce même deorré de réhabilitation di Bature. i On a prétendu que de l'accouplemer | du taureau & de la jument, il réfulto ' une autre forte de mulet : Columelle eft Dégénérât ion des Animaux. 245 e crois , le preniier qui en ait parlé ; jefner le cite , &i ajoute qu'il a entendu lire qu'il le trouvoit de ces mulets auprès le Grenoble, & qu'on les appelle en rançois , jumars. J'ai fliit venir un de ceC> amars de Dauphiné ; j'en ai fait venir 11 autre des Pyrénées, & j'ai reconnu, mt par l'infpec^ion des parties exté- :eures que par la diiïedion des parties itérieures, que cq.<, jumars n'étoient que es bardeaux, c'eH-à-dire des mulets rovenans du cheval & de l'âneiïe : je 'ois donc être fondé , tant par cette ^(ervation que par l'analogie , à croire ue cette forte de mulet n'exiile .pas, que le mot jumar n'eil qu'im nom limcrique & qui n'a point d'objet réel. a nature du taureau eft trop éloignée \ celle de la jument, pour qu'ils puilfent •oduire eniemble ; l'un ayant quatre tomacs , des cornes fur la tête , le pied d urchu, &c. l'autre étant folipède & fins )rnes , & n'ayant qu'un feuî eftomac. t les parties de la génération étant très- fférentes tant par la grofîeur que pour . proportions , il n'y a nulle raif:)n préfumer qu'ils puiffent fe joindra L ii; 24'6 HiJIoire Naturelle. îivec plaifir, & encore moins avec fuccè^^ Si le taureau a voit à produire avec quel- qu'autre efpèce que la Tienne, ce feroit avec le buffle qui lui reflenible par ia con- formation & par la plupart des habitudei naturelles; cependant nous n'avons pas entendu dire qu'il loit jamais né dts nuileîs de ces deux animaux , qui néan- moins fe trouvent dans plufieurs lieux, loit en domeiïicité, foit en liberté. Ce que l'on raconte de l'accouplement, & du produit du cerf & de la vache , m'efi à peu près aulîi fulpecl que l'hiftoiff > des jumars, quoique le cerf foit beau- 1 coup moins éloigné, par fa conforma- 1 tion , de fa nature de la vache , que i« ' taureau ne i'eiî: de celle de la jument. i Ces animaux qui portent des boisJ quoique ruminans & conformés à fin-' térieur comme ceux qui portent de!' cornes, femblent faire un genre, un<^ famille à part , dans laquelle l'élan e(]' ia tige majeure, & le renne, le cerf' Taxis, le daim. & le chevreuil font le;' branches mineures &i collatérales ; car i '/ n'y a que ces fix efpèces d'animaux, don •' !a tête foit armée dun bois branchu qui Degénératwn ées Ammdiix» 1 ^f )mbe & fe renouvelle tous les ans ; & dépendamment de ce caradère gêné- que qui leur efl: commun, ils fe reP mbient encore beaucoup par la con- irmation &: par toutes les habitudes iturelles ; on obtiendroit donc plutôt îs mulets du cerf ou du daim mêlé ec le renne &: l'axis , que du cerf & ^ la vache. On feroit encore mieux fondé à re- irder toutes les brebis & toutes les lèvres comme ne faifant qu'une même mille, puifqu'elles produilent enfembîe ^s mulets qui remontent direcflement , dès la première génération, à î'efpèce ; la brebis ; on pourroit même joindre cette nombreufe famille des brebis caravSèrcs principaux de to L iii; 2^8 Hijloire Naturelle, fouclie dont elles font iffues , maïs qui ont en même temps prodigicufement Yarié par les influences du climat & les ■ différentes noi .i-i^urcs, aufli-bicn que- par l'éiat de fervitude & de domefticité ' auquel l'Iicmme a réduÎL la plupart de ■ ces animaux. i Le chien , le loup , le renard , le chacal i & Fiîaiis forment un autre genre, dont' chacune des eipèces efl: réellement fi Toinne des autres & dont les individus ^ reflimbient n fort, iur-tout par la conformation intérieure & par les pardes de la génération , qu'on a peine a con- cevoir pourquoi ces animaux ne pro- duifèni point enlèmble; ii m'a paru pai îes expériences que j'ai faites fur Je mélange du chien avec le loup &: avec le renard, que la répugnance à l'accou- plement venoit du loup & du renard plutôt que du chien , c efl:-à-dire , de l'animal lauvap-e &. non -pas de f anima] domeilique ; car les chiennes que j aj mifes à l'épreuve , auroient volontiers fbuifertle renard & le loup , au lieu qu€i la louve & la femelle renard n'ont jamai«i voulu fouffrir les approches du chien j Degénéraîlon ries Amnwux. 245) \ûx de domefticitë lemble rendre les liinaux plus libertins, c'ed-à- dire , oins fidèles à leur efpèce ; il les rend liTi plus chauds & plus féconds ; car la lienne peut produire & produit jnême fez ordinairement deux fois par an , ai; u que la louve & la femelle renard ne )rtent qu'une fois dans une année ; us les pays oii il y avoit des renards , c'eft ce qui me fait préfumer que ï'pithète lacon'icus pourroit bien avoir \é employée par Ariftote dans le fens oral , c'eft-à-dire , pour exprimer la rièveté ou le fon aigu de la voix 3 ii '2 54 Ht foire Naturelle, aura appelé chien lacon'ic , ce cFiien pro-^ venant du renard, parce qu'il n'aboioit pas comme les autres chiens , & qu'il- avoir la voix courte & glapiiïante comme celle du renard : or notre chien de berger eft le chien qu'on peut appeler laxonïc à plus jufte titre ; car c'eft celui de tous les chiens dont la voix efl: la plus brève & la plus rare ; d'ailleurs les caradères que donne Ariflote à Ton chien laconic con- viennent aiïez au chien de l>erger , & c'efi: ce qui a achevé de me perluader que c'étoit le même chien ; i'a:i cru devoir rapporter les paffages d'Ariltote en en- tier , afin qu'on juge fi m.a conjedure cil fondée (h). '(h) Laconici cmes ex ViiJpe if Cane gêner amur. îTi(î. anim. iib. VJll , cap. 28 Canum generd plura funt. Cdit Laconicum menje fu(z cetaiis odnvo if crui jam cire a idterrpus atwlkntes nonmlli urïnam reddunt.,,, Gerum Laconlcx canes urerum parie /ex ta anni , hoc efl, fexagenis diehus aut uno vet aliero , plm m'tnujve, Caielli Cczci glgnumur, nec ante duodechnuni diem vifum accipiunu Coeum canes poflcaquam yarmmt Jexto menjt nec citais, Suni qucz parte quintâ anni urerum ferimt, hoc efl , duflbus if feptuaginta diehus , quarum caielli duodecim diehus hice carem : nonnullcz quarto, parte anni, hoc efl , tribus mehfihus ferimt , quarum caielli diebiit decem if feptem lucc cawu, llac ante diehus quinqm \ Dégénéraûon des Animaux. 2 5 j Le genre des animaux cruels efl l'uli pàm pariant ,, habetit canes magna ex parts; verùm tonuulHs etiamfeptem ant quatuor d'ielms anticipât : itiift idtim ut pepererint ejl , gtnus laconicuni pojl coitum iidus triginta hai'ere lac incipit . ... . , parit canis duo^ kcim complurimùm , fed magna ex parte quinquz aut ex. Unum etiam aliquam peperijfe cerium cfl : laconiaz uagna ex parte odo partant, Cceunt quandiuviimnt & nares & famincc : peculiare gcneris laconici ejl ut uni laborarim coin meliùs^ qiiàni per otium pojfint ; vivit n hoc eodem génère mas ad annos dcc^m., famina ad 'uodccim: cateri canes maxima quidem ex parte ad ■nnos quatuor decim : fed nonnuUi vcl ad vigimi protra^ uni vitam Laconici fané gencris faminas , quia ■linus lahorant qudtn mares, vivaciores marilms fuut : at av in cczttris , iT fi non latè admodwn confiât , tamcu •lares vivaciores funt. Idem , lib. VI, cap. 20 I '^aminam iy mareni natura dijlinxit moriùus; funt enim i cemina morihs molliôribus , mitefcunt celeriùs & manum acdiùs patiuntur ; difcunt etiam imitanturque ingemofùs^ ( in génère canum laconico f^minas effefagaciores quàm larcs apertum ejl. Moloticwn etiam genus venaticum i.hilo a cceieris difcrepat , ac pscuarium longe iT mag- itudine iT fortitudine contra belluas prajlat : infgnes ero aniAio if indujlria qui tx utroque moloticum dico ^ iconicum prodierint. Idem, iib. IX, cap. i. Nota. Il faut obferNer que le mot genus ne doit '3s s'interpréter ici par celui à'efpèce , mais par le lot race. AriQote y diftingue trois races de chiens; .accnicus, A'Joloticus & Pecuarius ; le Ahloticus qu'M ppeile aulTi Vertaticus, efl vraifembkblement notre .e\ rier , qui dans la Grèce & i'Afie mineure efl : chien de chafFe ordinaire ; le Pecuarius qu'il dic xccdcr de beaucoup les autres chiens par ia gran- 2 5 5 Hiflolre Naturelle des plus nombreux & des plus varie's ; ie mal feinble, ici comme ailleurs , le re- produire fous toutes fortes de formes & ic revêtir de plufieurs natures. Le lion & ie tigre, comme cfpèces ifolées, font ea première ligne ; toutes les autres , lavoir, deur & p.ir la forme , efl fans doute ie mâtin, dont on le fbrt pour la garde & la Aéïtnit du bétail contre les bêtes féroces; -& le Lacotncus , duquei il ne dcfigne pas l'emploi, & qu'il dit leulenaent être un chien de travail & d'induflrie, & qui clt de plus petite taille que le Pecuarius , ne peut être ; que le chien de berger, qui travaille en effet beiu-r coup à rnnger, contenir & conduire les moutons, & qui efi: plus inJ.uIlrieux , plus attentif & plus ' f<)igneux que tous les autres chiens : mais ce n'eft ; pas là ce qu'il y a de plus difficile à entendre dans j ces palTicres d'Ariflote, c'efl ce' qu'il dit de la différ t rente durée de la gellation dans les différentes race? j de chiens , dont , félon lui , les uns portent deux * mois , les autres portent deux mois 6( demi , ^ les autres trois mois : car tous nos chieas de quelque race qu'ils foient ne portent éga'emcnt que pendant environ neuf femaines , c'elt-à-dire , foixante-un , ibixante-deux ou loixsnte-trois jours, & je ne fachc i pas qu'on ait remarqué de plus grandes différence* de temps que celle de ces trois ou quatre jours : mais A ri dote pouvoit en favoir fur cel.i plus que nous , & fi ces faits qu'il a a\ ancés font vrais , il en i réfuîteroit un rapprochement bien plus grand de • certains chiens , avec le loup : car les chaffeiir; affurent que la louve porte trois mois ou trois moi.- tii demi. 'Degénérûîwn des Animaux. 157 îs panthères , les onces , les léopards , 'S guépards , les lynx , les caracals, les gùars , les coiiguars , les ocelots , les :rvals , les margais & les chats ne font Li'une même & méchante famille, dont s différentes branches fe font plus ou loins étendues , & ont plus ou moins irié luivant les différens climats : tous !s animaux fe reiïemblent par îe na- rel , quoiqu'ils foient très - diflérens 3ur la grandeur & par la figure ; ils it tous les yeux étincelans , le muleau ^urt , & les ongles aigus , courbés & tradibles ; ils font tous nuifibies , fé- îces , indomptables ; le chat qui en efl dernière &. la plus petite efp^ce, quoi- -ic réduit en lervitude, n'en eft ni moins 3rhde ni moins volontaire ; le chat fau- ige a confervé le carac1:ère de la fimilfe ; clt aufli cruel , aufli méchant , aulîi .^prédateur en petit, que fcs ccnlan- jins le font en grand ; ils font tous salement carnafîiers, égaiemcntennemis :s autresanimaux. L'homme avec toutes s forces n'a jamais pu les détruire ; on de tout temps employé contre eux ie u , le fer , le poifon , les pièges ; mais '^58 Hijfoire Naturelle. comme tous ies individus muîtipîîcni beaucoup , & que ies efpèces elles- mêmes font fort multiplie'es , les effort- de l'homme fe font bornes à les faire reculer & à les refferrer dans ies déferts. dont ils ne fortent jamais fans réj^andrc ia terreur & eau fer autant de dégât que d'effroi ; un feul tigre échappé de la fore fufîfit pour alarmer tout un peuple &: 1( , forcer à s'armer, que feroit-ce Çi ces arii- 1 maux fanguinaires arrivoient en troupe | èi s'ils s'entendoient comme les chiens 1 fauvages ou les chacals dans leurs projet 1 de déprédation! La Nature a donm i cette intelligence aux animaux timides j mais heureulementles animaux fiers fon 1 tous folitaires ; ils marchent feuls &: n< j confultent que leur courage ; c'eft-à- dire, ia confiance qu'ils ont en leur force Ariflote avoit remarqué avant nous, qu< de tous ies animaux qui ont dts grifïes c'eft-à-dire, des ongles crochus & ré tradibles , aucun n'étoit fociai , aucur n'alioit en troupe fi) : cette obfervatioi qui ne portoit alors que fur quatre 01 (î) Nuîlum animal cui u^gues adunct, gregatîk c^ feq^eiijimu^i hn^i Hi{^> aninu lii). J, eap, 1 . Dégénérûîwn des AfihnaiiX. 2 j ^ nq efpèces, les feules de ce genre qui ifTent connues de Ton temps , s'ell: endue & trouvée vraie fur dix ou )uze autres efpèces qu'on a dëcou- ^rtes depuis ; les autres animaux car- iffiers, tels que les loups, les renards, s chiens , les chacals , les ifatis , qui ont point de griffes, mais feulement :s ongles droits , vont pour la plupart 1 troupes , & font tous timides & même :hes. En comparant ainfi tous les animaux les rappelant chacun à leur genre, DUS trouverons que les deux cents ef- ;ces dont nous avons donné l'hifloire, auvent fe réduire à un affez petit nom- e de familles ou fouches principales , îfqueiles il n'efl pas impofFible que utes les autres foient iffues. Et pour mettre de l'ordre dans cette Ct^rt^c^^ dudron , nous féparerons d abord \g$ •^ imaux des deux continens ; & nous )fcrverons qu'on peut réduire à quinze tnvQs, & à neuf efpèces ifolées , nca- Liicnient tous les animaux qui font )inmuns aux deux conunens , mais icoie tou5 ceux qui font propre^ & 1 ï-f . - z6o Hiftoire Naturelle* particuliers à l'ancien. Ces genres Ton I .'' celui des folipèdes proprement dits qui contient le chevai , le zèbre , l'ân^ avec les muleis féconds & inféconds j 2.° Celui des grands pieds-fourchus ; dornes creufes , favoir , le Ixsuf & 1< buffle avec toutes leurs variétés. 3.'' L l grande faniiile des pedts pieds-fourchu 1 à cornes creufes , tels que les brebis , k i chèvres , les gazelles , les chevrotains t \ toutes les autres efpèces qui participer] de leur nature. 4.° Celle des pieds-four chus à cornes pleines ou bois folides qui îoinheat & qui fe renouvellent ton les ; ns ; ceicc famille contient l'élan , l renne , le cerf, le daim , l'axis & le che vreuil. 5." Celle des pieds-fourchus am biguj , qui elt compofée du finglier à de toutes les variétés du cochon , telle (jue celui de Siam à ventre pendant , cci.; de Guinée à longues oreilles pointue & couchées fur le dos , celui des Cana ries à grofles & longues défenfes , &c 6." le genre très-étendu des fiiripède. carnafîiers à griffes, c'eft-à-dire , à ongle: crochus &L rétradibles , dans lequel or doit compreiidre les panthères , les léo 'Dégénémûon des Animaux, 16 1 rds , les guépards, les onces, lesfervals les chats , avec toutes leurs variétés. " Celui des fifîlpèdes carnaffiers à gies non rétradibles , qui contient le jp , le renard , le chacal , l'ifatis & le ien, avec toutes leurs variétés. 8 ."^ Celui s fifîipèdes caarnafîîers à ongles non ré^ élibles, avec une poche fous la queue ; genre eft compofé de Thysene , de la ^ette , du zibet , de la genette , du blai- i lu , &c. ^.^ Celui des fifîipèdes car- I iliers à corps très - alongé avec cinq I io-ts à chaque pied , & le pouce ou smier ong'e féparé des autres doigts ; genre eil compoié des fouines, martes, itois , furets , mangoufles , belettes , nfires, &c. i 0.° La nombreufe famille s fifîipèdes, qui ont deux grandes nts incifives à chaque mâchoire trouvé en Amérique ni panthère , 1 léopards , ni guépards , ni onces , r fcrvals ; & quoique les jaguars, couguar.^ ocelots & margais paroiffent être de cett famille , il n'y a aucune de ces efpèce du nouveau monde qui fe trouve dan l'ancien continent , & réciproquemer aucune efpèce de l'ancien continent qi fe foit trouvée dans le nouveau. 5.° j en eft encore de même du genre dé fiiïipèdes dont le corps eft couvert d i piquans; car, cjuoique le coendou t l'urfon foient très-voifins de ce genre, ce efpèces font néanmoins très- différente de celles des porc-épicsac des hériffon! j 6.'' L 'Dégéîiératwfi des Ammdtix» 26 f ^,° Le genre des fifîipèdes carnalîjers à mgics non re'tradibles , avec une poche bus la queue ; car l'hyœne, les civettes L les blaireaux n'exilloient point en Linériquc. y."' Les genres des quadru- manes; cari'on na trouvé en Amérique i finges, ni babouins, ni guenons, ni lakis ; & les fàpajous, lagoins, farigues, larmofès, &c. quoique quadrumanes, fièrent de tous ceux de l'ancien con- lent. 8.'' Celui des fifîipèdes couvens écailles, le pangolin ni lephatao-in ne iont point trouvés en Amérique ; ôc i fourmiliers auxquels on peut les com- irer , font couverts de poil , & en dif^ rcnt trop pour qu'on puifle les réunir b même Himille. Des neuf efpèces ifolées, fèpt; Hivoir, ! léphant , le rhinocéros , l'hippopo- \ ne , la girafFe , le chameau , le lion & Ligre, ne fe trouvent que dans l'ancien 1 )nde ; & deux , favoir , l'ours & la taupe in communes aux deux continens. . , Si nous fliifons de même le dénombre- îl nt des animaux propres & particulici s a nouveau monde, nous trouverons c'il y en a environ cinquante efpèces Tome XI L M ^Gd Hïjloîre Naturelle, différentes, que l'on peut réduire à diiC genres & quatre efpèces ifolées ; ces quatre efpèces font le tapir, le cabiai, le lama ^ le pécari , encore n'y a-t-ij que l'efpèce du tapir qui foit abfolumeni ifolée j car celle du pécari a des variétés, ÔL l'on peut réunir la vigogne au lama, & peut-être le cochon d'Inde au cabiai Les dix genres font i.*' les fapajous huit efpèces ; 2.° les fagoins, fix efpèces ; 3 ,"" les philandres ou farigues, marmofts cayopoUins, phalangers, tarfiers, &.c 4.° les jaguars, couguars, ocelots , mar gais , &c ; 5 .° les coatis, trois ou quatr efpèces ; 6.° les mouffeues , quatre 01 cinq efpèces ; 7." Le genre de l'agout dans lequel je comprends l'acouchi, 1 paca : l'aperea & le tapeti; 8.° celui de tatous , qui eft compofé de fept ou hu efpèces; 9.° les fourmiliers, deux 0 trois efpèces; &: 1 0.° les pareffeux, doi nous connoiffons deux efpèces, fâvo i'unau & l'aï. Or ces dix genres & ces quatre e pèces ifolées, auxquels on peut réduij les cinquante efpèces d'animaux qui foi particuliers au pouveaii monde, quoifji Dégéneraûon des Antmaux. 1 6/ outes différentes de celles de l'ancien :ontinent, ont cependant des rapports 'loignés, qui paroiiïent indiquer quelque hole de commun dans leur formation, k: qui nous conduifent à remonter à des au Tes de dégénération plus grandes & ■eut-être plus anciennes que toutes les Litres. Nous avons dit qu'en général tous ;s animaux du nouveau monde étoient eaucoup plus petits que ceux de l'ancien ontinent ; cette ju^rande diminution dans . grandeur , quelle qu'en foit la cauie, 1: une première forte de dégénération ,, ur n'a pu fe faire fans beaucoup influer H la forme , & il ne faut pas perdre de Lie ce premier effet dans les comparar- )n3 que l'on' voudra faire de tous ces liniaux. Le plus grand efl le tapir, qui, quoi- u'il ne foit que de la taille d'un âne , e peut cependant être comparé qu'à éléphant, au rhinocéros & à l'hippo-> otame; il efl dans fon continè*nt le remier pour la grandeur, comme l'é- phant Tefl: dans le fien ; il a, comme rhinocéros, la lèvre fupérieure muf- uleufe & avancée, & comme l'hippo- M i; HM Hi/lolre NaîiireJk. potame , il fe tient fouvent dans Teaiî; Seul, il les reprëiente tous trois à ces petits égards , & (a forme qui en tout tient plus de cclïe de l'âne que d'aucune autre , feaible être aufli dégradée que la taille eft diminuée. Le cheval, l'âne, îe zèbre, l'éléphant, le rhinocéros & i'hippopotame n'exiftoient point en Amérique, & n'y avoient mcMie aucun reprélentant, c'eft-à-dire, qu'il n'y avoft dans ce nouveau monde aiicùn' animal qu'on pût leur comparer, ni pour î.ï grandeur ni pour la forme; le tapir eft celui dont la nature fembîeroit être h moins éloignée de tous, mais en même temps elle paroît fi mêlée & elle approche jfi peu de chacun en pafticulier, qu'i] n'eft pas pofîjble d'en attribuer l'orio-inc a la dégénération de telle ou telle efpèce; & que malgré les petits rapports que cei animai le trouve avoir avec le rhinocéros, i'hippopotame & l'âne, on doit le re- garder non-ieukment comme étant d'une efpèce particulière , mais même d'un genre finguiier & différent de tous te autres. Ainfi le tapir n'appartient ni de prè4 Dégéniraûm des Animaux, 1 6^ n de loin à aucune efpèce de l'ancien :oniinent , & à peine porte-t-il quelques aradères qui l'approchent des animaux uxquels nous \?enons de le comparer, ^e cabiai it refuTe de même à toute co»^'»- arailon , il ne reflemble à l'extérieur à ucun autre anijual , & ce n'cli que par 'S parties iniérieures qu'il approche du Dchon d'Inde , qui efl: de Ton même Dntinem, & tous deux font d'efpèces )(oiument diiîérentes de toutes celles ? l'ancien condnent. Le lama & la vigogne paroiflent avoir ^s fignes plus fignificatifs de leur an- enne parenté, le premier avec le châ- teau, &. le fécond avec la brebis. Le ma a, comme le chameau, les jambes lûtes , le cou fort long , la tête légère , lèvre fupérieure fendue ; il lui ref- mble aulli par la douceur du naturel , ir l'efprit de fervitude , par la fobriété , ir l'aptitude au travail ; c'étoit chez les méricains le premier &. le plus utile leurs animaux domefiiques , ils s'en voient comme les Arabes le fervent i chameau pour porter des fardeaux : ilàhiea des convenances dans la nature Miij î 70 Hifîoire Naturelle. de ces deux animaux, & Fou peut eiicofÊ y ajouter celle des ftigmates du travail, car quoique ie dos du lama ne foit pas déformé par des bofî'es comme celui du chameau, il a néanmoins des caliofité; naturelles fur la poitrine , parce qu'il : ia même habitude de fc repofer fur cett< partie de ion corps. Malgré tous ce rapports, le lama eft une efpèce très diilinde & très-différente de celle di chameau ; d'abord il efl: beaucoup plu petit & n'a pas plus du quart ou d tiers du volume du chameau; la forra de fon corps, la qualité & la couleu de fon poil (ont aufïi fort différentes ; 1 tempérament l'efl encore plus ; c'eit u animal pituiteux , & qui ne fe plaît qu dans les montagnes , tandis que le cb meau eft d'un tempérament fec , & ha bite volontiers dans les fables brûlans : e tout , il y a peut-être plus de différence fpécifiques entre le chameau & le laiijj) qu'entre le chameau & la giraffe ; c< trois animaux ont plufieurs caradèn communs , par lefquels on pourroit i( réunir au même genre : mais en mên: temps, lis diffèrent à tant d'autres égard; Dégénéraîion des Anhudiix. ijt\ ^'on ne feroit pas fondé à fuppoler :|u ils font ifl'us les uns des autres , ils ont voiiîns & ne font pas parens. La yirafïè a près du double de fà hauteur ]u chameau , & le chameau îe double iu lama; les deux premiers font de l'an- rien continent & forment dts efpèces eparées; à plus forte raifon, le lama ^ui ne fe trouve que dans le noûveaii nonde, eft-il une elpècé éidigne'e de eus les deux. II n'en eft pas de même du pecarî , :]uoiqu'iI i^olt d'une efpèce différente de :elle du cochon , il eft cependant du nême genre ; il relTemble au cochon pai: a forme & par tous les rapports apparens, [ n&n diffère que par quelques petits ca- aclères , tels c|ue l'ouVerture qu'il a fur e dos , la forme de l'eftomac & dès în- eftins, &c. On pourroit donc croire que :et animal feroit iffu de la même fouche pie le cochon, & qu'autrefois il auroît )affé de l'ancien monde dans le nouveau, )ii par l'influence de la terre, il aura dé- généré au point de former aujourd'hui jne efpèce diftinde & différente de cell$ iont il efl originaire. M iiij '2 7 i H'ijîoîre Nûîurelk, Et à l'égard de la vigogne ou paco,. quoiqu'elle ait quelques rapports avec la brebis par la kine & par l'habitude du corps, elle en diffère à tant d'autres égards , qu'on ne peut regarder ces elpcces ni comme voifines ni comme alliées; la vigogne efl: plutôt une efpèce de peut lama, ôl il ne paroît par aucun indice qu'elle ait jamais pafîé d'un con- tinent à l'autre. Ainfi des quatre efpèces ifolées qui font particulières au nouveau monde, trois; favoir, le tapir, le cabiai & le iama avec la vigogne , paroifTent appartenir en propre & de tout temps à ce continent ; au lieu que le pécari qui fait la quatrième femble n'être qu'une efpèce dégénérée du genre des cochons & avoir autrefois tiré fon origine de l'an- cien continent. En examinant & comparant dans la même vue les dix genres , auxquels nous avons réduit les autres animaux particuliers à l'Amérique méridionale, nous trou- verons de même , non - feulement des rapports finguîiers dans leur nature , mais des indices de leur ancienne origine n trouve que ceux du même continent .iffèrent autant & plus les uns des autres [ue de ceux de l'autre continent : par xemple, la panthère de l'Afrique différé iioins du jaguar du Brefii j que celui-çs M y; .27^ Hijloire Naturelle: ne diffère du couguar qui cependant efï du même pays; de même le fervai de l'A fie & le margai de ia Guiane font moins différens entrVux, qu'ils ne le font de tous ceux de leur propre con- tinent ; on pourroit donc croire avec aiïez de fondement que ces animaux ont , eu une origine commune , &. fuppofer qu'ayant autrefois pafîe d'un continent à l'autre , leurs différences aduelîes ne ibnt venues que de la longue influence de leur nouvelle fituation. Les mouffettes ou puans d'Amériqtiej ^ le putois d'Europe paroiffent être du même genre. En général , iorfqu'un genre eit commun aux deux continéns, les efpèces qui le compofent font plus iiombreufes dans l'ancien que dans le ; nouveau; ici c'efl: tout le contraire, on y trouve quatre ou cinq efpèces de putois , tandis que nous n'en avons qu'un, dont ia nature paroît même in- férieure ou moins exaltée que celle de tous les autres; en forte qu'à fon tour îe nouveau monde paroît avoir des re- prélentans dans l'ancien; & fi l'on ne iugeoit que par ie fait, on croiroit que 'Degenemthn des Animaux. 277* ces animaux ont fait la route contraire, % ont autrefois pafîé d'Amérique en Europe. II en ell: de même de quelques lutres efpèces: les chevreuils & les daims, lufîi-bien que les mouflettes, lont plus lombreux tant pour les variétés que )Our les efpèces , & en même temps 3lus grands &: plus forts dans le nouveau :ontinent que dans l'ancien ; on pourroit lonc imaginer qu'ils en font originaires , nais comme nous ne devons pas douter ]ue tous les animaux en général n'aient été créés dans l'ancien continent , il fiut léceffairement admettre leur migration ie ce continent à l'autre ; & fuppofer \\\ même temps , qu'au lieu d'avoir , :omme tous les autres, dégénéré dans :e nouveau monde , ils s'y font au con- raire perfe^ionnés , & que par la con- y'enance &. la faveur du climat, ils ont TurpalTé leur première nature. Les fourmillei;s , qui font des animaux très-fingaliers , & dont il y. a trois ou quatre efpèces dans le nouveau monde 5 oaroiffent aulîl avoir leurs repréfentans dans l'ancien; le panooiin & le phatngia •ieur relîembient par k caradcre unique !ZyB Hi^oke Naîurelle* de n'avoir point de dents, & d'être forcés comme eux à tirer la langue & -vivre de fourmis; mais fi l'on veut leur fuppofer une origine commune , il eft aiîèz étrange qu'au lieu d'écailie qu'ils portent en A fie, ils fe foient couverts de poil en Amérique. A l'égard des agoutis, des pacas Su des autres du fcptième genre des animaux pardculiers au nouveau continent , on ne peut les comparer qu'au lièvre Sl au lapin, defqueîs cependant ils diffèrent tous par l'efpèce ; & ce qui peut faire douter qu'il y ait rien de commun dans leur origine, c'eft que le lièvre s'eft ré- pandu dans prefque tous les climats de l'ancien continent , fans que fa nature fè foit altérée & flins qu'il ait fubi d'autres changemens que dans la couleur de fon poil ; on ne peut don-c pas ima. opiner avec fondement que le climat d'Amérique ait fût ce que tous les autres climats n'ont pu faire , & qu'il eût changé la nature de nos lièvres au point d'en fiire ou des tapetisr ou des apérea , qui n'ont point de queue ; ou des agoutis à mufeau pointu , à oreilles courtes & rondes; ou des pacas à grolfo Dégénémîwn des Animaux, ij^ tête, à oreilles courtes, à poil ras & rude, ivec des bandes blanches. Enfin , les coatis , les tatous & les pare deux font fi differens, non-feule- iient pour l'elpèce , mais aulîi pour le yenre de tous les animaux de l'ancien :ontinent , qu'on ne peut les comparer i aucun, & qu'il n'eft pas pofîlble de eur fuppofer rien de commun dans leur )rigrne , ni d'attribuer aux effets de la iégénëration les prodigieufes différences jui fe trouvent dans leur nature, dont lui autre animal ne peut nous donner li le modèle ni l'idée. Ainfi de dix genres & de quatre ef* pèces ifolées, auxquels nous avons tâché de réduire tous les animaux propres & particuliers au nouveau monde, il n'y în a que deux, favoir, le genre des aguars , des ocelots , &c. & l'eipèce dm jecari avec Tes variétés qu'on puifîe rap- )orter avec quelque fondement aux ani- naux. de l'ancien continent ; les jaguars & es ocelots peuvent être regardés comme ies efpèccs de léopards ou de panthères, ^St le pécari comme une eipèce de ochon. En fuite il y a cinq genres & 12 8 6 Uifioke Nûîurelk. une efpèce ilblée, favoir, l'efpèce â\X Jama, & les genres des lupajous, des fagoins , des mouffettes , des agoutis & des fourmiliers, qu'on peut comparer, niais d'une manière équivoque & fort éio: j-née au chameau, aux crucnons-, aux putjis, au lièvre & aux pangolins; & eniin il relie quatre genres & deux es- pèces ifolees, lavoir, les phiiandres, les coatis , les tatous , les pareffeux , le tapir & le cabiai , qu'on ne peut ni rapporter ni même comparer à aucun des genres ou des efpèces de l'ancien continent. Cela fembie prouver atTez que l'origine de ces animaux particuliers au nouveau monde ne peut être attribuée à la fimpîe dègcnératîon ; quelque grands, quelque puiillms qu'on voulût en fuppoier les effets , ©n ne pourra jam-ais fe perfuader avec quelqu^lpparence de raiion que €€S animaux aient été originairement les mêmes que ceux de l'ancien continent; ii eft plus railonnabie de penler qu'au- trefois les deux continens étoient con^-* tigus ou continus, & que les efpèces qui s'étoient cantonnées dans ces contrées i du nouveau monde, parce qu'elles ea Dcgénéràtion des Anhnaux, ^%l\ /oient trouvé la terre & le ciel plus Dnvenables à leur nature , y furent înfermées & féparées des autres par l'ir- iptîon des mers lorfqu'elles divisèrent Afrique de l'Amérique; cette caufe efl aturelie & l'on peut en imaginer de •mbiables, & qui produiroient le même îet ; par exemple , s'il arrivoit jamais ue la mer fît une irruption en Allé de Drient au couchant, & qu'elle féparât u refte du continent les terres méridio- ales de l'Afrique & de l'A fie, tous les limaux qui font propres & paruculiers ces contrées du Midi , tels que les léphans , les rhinocéros , les giraffes , s zèbres, les orangs-outangs, &c. ie ouveroient relativement aux autres dans î même cas que le font adlueliement eux de l'Amérique méridionale ; ils fe- Dient entièrement & abfolument féparés e ceux des contrées tempérées , &: on uroit tort de leur chercher une origine ommune & de vouloir les rappeler aux fpèccs ou aux genres qui peuplent ces outrées , fur le feui fondement qu'ils uroient avec ces derniers quelque effembfance imparfaite ou quelques apports éloignés. 281 Hîfîohê Naturelle, '&c: II faut donc, pour rendre raifon é i'origine de ces animaux , remonter au temps où les deux continens n'étoientpa encore féparés; il faut fe rappeler le premiers changemens qui font arrivé fur la furface du globe ; il fuu en me m temps fe repréfenter les deux cents el pèces d'animaux quadrupèdes re'duites trente-huit familles : & quoique ce n foit point là i'e'tat de la Nature telle qu'ell nous eft parvenue , & que nous l'avon yepréfentée, que ce foit au contraire ui état beaucoup plus ancien , & que nou ne pouvons guère atteindre que par de indudions & des rapports prefqu'auiî fugitifs que le temps qui femble en avoi effacé les traces ; nous tâcherons néan- moins de remonter par les farts & par le; monumens encore exiftans à ces premien âges de la Nature , & d'en préfenter les époques qui nous paroîtront clairemeni indiquées. 285' LES SAPAJOUS (a) ;t les SAGOINS (b). ^ O u S paffons aduellement d'un ontinent à l'autre; tous les animaux uacirunianes dont nous avons donné la ielcription , & que nous avons compris ous les noms génériques de Singes, Babouins & Guenons, appartiennent ex- .lufivement àrancien continent, & tous :eux dont il nous refte à faire mentioa le fe trouvent au contraire que dans le louveau monde. Nous les diltinguons l'abord par deux noms génériques^ )arce qu'on peut les divifer en deux (a) Snpnjou, mot dérivé cîe Cayouaffou; nom îe ces animaux au Brefil , &: qui fe prononce 9ajouajJou, (b) Sagoin, Sagouin, mot dérivé de Cï^w/, qui k prononce Sagoui , & qui efl le nom de ces animaux dans Itur pays natal au Brefii» '2^4 Hipohe Naturelle ^îafTes; la première eft cclie àti Sapa jous, & la féconde celle des Sagoins, le uns & les autres ont les pieds conformé a peu près comme ceux des finges des babouins & des guenons , mais il ^iiffèrent des fmges , en ce qu'ils on des queues ; ils diffèrent des babouin & des guenons, en ce qu'ils nont n poches au bas des joues, ni callofiié fur les {t(^cs] & enfin ils diffèrent d( tous trois, c'eft-à-dire , des fjnges, de: babouins & des guenons , en ce qiit tous ceux - ci ont la cloifon du nei mince , & les narines ouvertes à peu prè* comme celles de l'homme au-deffous du nez ; au lieu que les fapajous & les fa- goins ont cette cloifon des narines fori ïarge & fort épaiffe , & les ouvertures de$ narines place'es à côté & non pas au- deffous du nez : ainfi les fipajous & les iagoins font non-feulemcnt fpécifique- ment, mais même génériquement diffé- rens des finges, des babouins & dti guenons. Et lorfqu'enfuite on vient à ies comparer entr'eux , on trouve qu'ils diffèrent auffi par quelques caradère^ ^êes Sapajous & Jes Sagows: i?if 'néraux ; car tous les fnpajous ont ia leue prenante, c'eft-à-dire, mufciee manière qu'ils peuvent s'en iervir mmc d'un doigt pour faifir & prendre qui leur plaît; cette cjtieue qu'ils ent, qu'ils étendent, dont ils reco- illent ou développent le bout à leur lonté, & qui leur fert principalement •►'accrocher aux branches par ion ex- mité efl: ordinairement cle'garnie de il en delTous ôc couverte d'une peau e. Les fagoins au contraire ont tous la eue proportionnellement plus lono-ue e les lapajous , & en même temps ils nt entièrement velue, lâche & droite ; forte qu'ils ne peuvent s'en Iervir en cune manière ni pour {-lirir ni pour ccrocher : cette différence eft fi ap- rente qu'elle fuffit feule pour qu'on i0e toujours diftinguer un fapajou an lagoin. Nous çonnoiiïbns huit fapajous que >us croyons pouvoir réduire à cinq îèces ; la première efl Vouar'me ou uarïba du Brefil : ce (apajou efl grand mme un renard , & il ne diffère de lui qu'on appelle alouau à Cayennc xS6 HiJIolre Naturelle que par ia couleur: l'ouarine a le po; noir & l'alouate l'a rouge, &: comm ils fe reffemblent à tous autres égards je n'en fais ici qu'une feule & mêm efpèce ; la féconde eft le coûita qui ei noir comme l'ouarine , mais qui n'ei pas fi grand & dont Yexquima non paroît être une variété ; la troifièm efl: le fûjou ou fapûjou proprement dit qui ell: de petite taille, d'un poil brur ÔL qu'on connoît vulgairemens fous 1 nom impropre de Jînge- capucin; il y dans cette efpèce une variété que nou appellerons \efajou gris, Se qui ne dii fère du fajou brun que par cette difF^ rence du poil: la quatrième efpèce el ie fai que les Voyageurs ont appelé I pleureur, il efl un peu plus grand que 1 iajou , & il a le rruiieau plus large : nou en connoiffons deux qui ne diffèrent qui par la couleur du poil ; le premier cf d'un brun-noirâtre, & le fécond d'ui roux - blanchâtre ; enfin la cinquièm» efpèce eR le fdimlri , qu'on appell< vulgairement le finge' aurore om fapajoi orangé: celui-ci efl le plus petit & I< plus joli des fapaj DUS. '{les Sapajous & des S agonis. 2 ^j Nous connoiflons de même fix ef^ ces de fagoins ; le preinier ,<& le plus md de tous efl: \&faki , qui a la queue uverte d'un poil fi long & fi touffu .'on l'a nommé JInge à queue de renard; femble qu'il y ait variété dans cette )èce pour la grandeur ; ]''ç.xv ai vu ax qui paroifToient adultes , dont l'un >jt prefque une fois plus grand que itre. Le fécond figoin eft le tamarin , ;ft ordinairement noir avec les quatre îds jaunes , mais il varie pour la cou» ir , car il s'en trouve de bruns mou- etés de jaune. Le troifième eft l'ouijî'id, ,i eft remarquable par les larges toupets poil qui accompagnent fa face, & par queue annelée. Le quatrième eft le irikîna, qui a une crinière autour, du I, & un flocon de poil au bout de queue comme le lion, ce qui lui a t donner le nom de petit-lion. Le cin- lième eiïlepinehef qui a la face d'un au noir , avec des poils blancs qui def- ndent du deiïus & des côtés de la tête forme de cheveux longs &. lifîes. Le ième & le dernier eft le mie/? , qui eft plus joli de tous , dont le poil eft itS HïJIoire Naturelle, &c. d'un blond-argentin , <& qui a ia fac colorée d'un rouge auffi vif que d \ermiiion. Nous allons donner l'hiftoir & la defcription de chacun de ces Sz pajous & de ces Sagoins , dont la plu part n*étoient ni dénommés ni dé<:n SÛ connus, rouARim iS(> L'OUARlNE(a) ET L'ALOUATE (h). l_j' O u A R i N E & l'AIouate font les lus grands animaux quadrumanes du Duveau continent ; ils furpaflent de (>a) Ouarln , Ouarnie , nom de cet animal au Ma- gnon , & que nous avons adopté. Guenons appelées Ouarnies , (ont toutes noires & indes comme les grands chiens , elles crient lî ut qu'on les peut entendre d'environ une lieue, 'ijf. du P. d' Abbevilk , page ij2, Guardfa BrafûknjUnis, Marcor. Hi(J, nat, Braf. y. z%G , fig. Nota II efl vraifèniblanle que le )t de 0 narine , Ouarina, vient AtGuariba, qu'on it prononcer gouar'iba. Cercopirhecus niger pedibus fujcis. Le fapajou noir, f^ ng, anim. pag. i 94. Pa^nfi us, Liim. Syfl. nat. edit. X , pag.'a^.' 'ta, M. Linn?eus a mal indiqué cet animal, il confond avec ie Coaita ; éc fa defcription , ainfî î fa phrafe, eft compofée 8< mêlée de celle de )wn & de celle de Marcgrave , dont le dernier, écrit le guariba , à. le premier le coaita, (b) Alouate. Allouât a à Cayenne n'tft qu'une iété de l'ouarine, celui-ci eft d'un brun noir, ll'alouate d'un rouge -brun: tous deux font un 2 orne XI L N "ipo 'Hïjlolre NaîureJle beaucoup les plus grofles Guenons & approchent de la grandeur des Babouins, ils ont la queue prenante , & font pai conféquent de la flimiile des Sapajous dans laquelle ils tiennent un rang hier diftind , non-feulement par leur taille mais auiïi par leur voix , qui retenti comme un tambour & fe fait entendr aune très-grande diftance. ce Marcgray 35 raconte (c), que tous les jours , mati 33 & foir , les ouarincs s'aiïemblent dar 35 les bois ; que l'un d'entr'eux pren >5 une place élevée & ffit figne de DD main aux autres de s'affeoir autour c 35 lui pour l'écouter ; que dès qu'il L 3D voit placés, il commence un difcou » à voix fi haute & fi précipitée , qu bruit épouvantable, &: on leur a donné égalemf 1 epithète de hurleurs, Arahata dans les terres l'Orénoque, félon Gumiila. « Les fingcs jaun >, dit cet Auteur , qu ils appellent arabata font « bruit infupportable & fi- lugubre qu'ils font h reur. Hiftoire de l'Orénoque, par Gumilk, r^ge 8.^ Cercopithecus barbatus maximus fernigweus fin fofus, Alouatn , finge rouge. Barrère , hijh nnt. de Fr. équin. pag. 150. r 7. ' t r Cercopithecus barbatus faturûte J}mdiceus. Le îu rouge de Cayenne. Brif reg. anim. pag. 206. (c) Marcgrave. Hi/i» -^r^/ pag. 2 2 ^. de lOiiame & de rAloiiate. i^ i 'entendre de loin , on croiroit qu'ils ce :rient tous enieinble ; que cependant ce I n'y en a qu'un feul , & que pendant ce out le temps qu'il parle , tous les ce .utres font dans le plus grand filence ; ce lu'enfuite lorfqu'il cefTe , ii fait figne ce le la main aux autres de répondre , & c< [u'à l'inftant tous fe mettent à crier ce nfemble , jufqu'à ce que par un autre ce rgne de la main , il leur ordonne le ce iîenee ; que dans le moment ils c< bciiïent & (e taifent; qu'enfin , alors ce î premier reprend Ton ditcours ou ce i chanfon , & que ce n'eft qu'après ce avoir encore écouté bien attentive- ce lent qu'ils le féparent «Se rompent ce aflembléc : » ces faits dont Marcgravc it avoir été plufieurs fois témoin, pour- )ient bien être exa obérés & aiïaifonnés un peu de merveilleux : le tout n'efl eut-être fondé que fur le bruit effroyable ue font ces animaux ; ils ont dans la orge une efpèce de tambour olTeux ms la concavité duquel le fon de leur :>îx groflît , fe multiplie & forme des arlcmens par écho ; auffi a-t-on diftin- aé ces fapajous de tous les autres par Ni; 292 Hijhire Naturelle le noiî> de hurleurs : nous n'avons pas vu i'ouarine , mais nous avons les dépouilles d'un alouate 6c un embryon defléché de cette même efpèce , dans lequel l'inf- trument du grand bruit , c'ell-à-dire , i'os de la gorge eit déjà très-fenfible (d). Selon Marcgrave , i'ouarine a la face large & carrée , ies yeux noirs & bril- ians , les oreilles courtes & arrondies , la queue nue à Ton extrémité, avec laquelle il s'accroche &l s'attache fermement à tout ce qu'il peut embraffer : les poils de tout le corps font noirs , longs , lui-r , fans <&: polis ; des poils plus longs fous . le menton & fur la gorge lui forment , une efpèce de barbe ronde ; le poil des | ( d ) Ce finge Alouate , eft un animal ftiivage; roucre-bai , fort o;ros , qui fait un bruit effroyable îèmhiable à un raiement qu'on entenci de bien loin, & c'efl par le moyen de i'os hyoïde qui ell d'une * firudure finauiière. Barrèrc , Ejfdis de ihifioirenatu- ' relie dt la France Eqiiin. page i ^ o . — Dans l'île , Grande ou l'île Saint-George, fous le Tropique,!' à deux lieues du continent de l'Amérique, il y al. des ffnges grands comme des veaux , qui font un J:ruit fi étrange , que ceux qui n'y font pas accou- J tumés croient que les montagnes vont s'écrouler... ils font très-farouches. Voyage de k Ccntil , tome i de ïOuanne & Je TAIouafe. i p 3 nains , des pieds & d'une partie de îâ jueue efl: hnin. Le mâle eil de la même ouieur de ia femelie , & il n'en diffère , [u'en ce qu'il eil un peu plus grand. Les ^m.elles portent ieurs petits fur ie dos : fautent avec cette charpie de branches fi brandies & d'arbres en arbres ; les etits embrafTent avec les bras & les lains le corps de leur mère dans ia irtie la plus étroite, & s'y tiennent fer- ement attachés tant qu'elle cfi: en mou- ^merit. Au refte , ces animaux font uvages & méchans , on ne peut les iprivoifer ni même les dompter ; ils ordent cruellement, & quoiqu'ils ne ient pas du nombre des animaux car- ffiers & féroces, ils ne laiflent pas nfpirer de la crainte , tant par leur ix effroyable , que par leur air d'im- dence : comm.e ils ne vivent que de lits , de légumes , de grailles & de elques infectes , leur chair n'efl: pas .uvaife à manger (^e). « Les chafleurs, ?y/ Les finaes font le gibier !e plus ordinaire & fe du goût des Indiens de i'Amazone. ... Il y en lufTi grands qu'un Lévrier. Voyage fnr la rivière a'e M:^of2C , par Ai, de la Cmiamtm , page i 6^, N ii; 2p4 Jitfïoïrê Nûturclk 33 dit Oexmeiin , apportèrent fur le foir >i des fmges qu'iis avoiem tués dans les 3J terres du cnp Gracias-a-Dio ; on fit :>3 rôtir une partie de ces finges 5 jamais , & qu'ils fautent d'arbres en i> arbres fi fubtilcment que cela ébiouit ,-» ia vue ; je vis encore qu'ils fe jetoient 35 à corps perdu de branches enbnmches 33 fans jamais tomber à terre ; car avant 33 qu'ils puifTent eue à bas , ils s'accro- ^3 chent , ou avec leurs pattes ou avec 35 ia queue : ce qui fait que quand on les >3 tire à coups de fufii , à moins qu'on 35 ne les tue tout- à- fait, on ne les fauroit 35 avoir ; car lorfqu'ils font bleffës , & 35 même mortellement , ils demeiîrent 35 toujours accrochés aux arbres , où ils 35 meurent fouvent & ne tombent que 35 par pièces. J'en ai vu de morts depuis 35 plus de quatre jours , qui pendoîenf 35 encore aux arbres, fi bien que fort lou- 35 vent on en tiroit quinze ou feize pour 35 en avoir trois ou quatre tout au plus : 35 mais ce qui me parut plus fmgulier, 35 c'efl qu'au moment que l'un d'eux eft 35 bleffé, on les voits'affembler autour de 35 lui , mettre leurs doigts dans la plaie , 35 & faire de même que s'ils la vouloient 35 fonder ; alors s'ils voient couler beau- 33 coup de fang , ils la tiennent fermée 33 pendant que d'autres apportent quel- de ÎOiiarme & de ïAlouaîe. 2 c) 7 ques feuilles , qu'ils mâchent & pouf- ce (ent adroitement dans l'ouverture de ce [a plaie ; je puis dire avoir vu cela ce plu fleurs fois , & l'avoir vu avec ad- ce Tiiration. Les femelles n'ont jamais ce. qu'un petit qu'elles portent de la même ce nanière que les Négrelîes portent leur ce mfant ; ce petit fur le dos de ta mère ce ui embrafîe le cou par - delîus les ce épaules avec les (\ç:\V)L pattes de devant ; ce & des deux de derrière , il la tient par ce e milieu du corps : quand elle veut ce ui donner à teter, elle le prend dans ce es pattes , & lui pré lente la mamelle ce :omme les femmes. . . . On n'a point ce j'autre moyen d'avoir le petit que de ce uer la mère , car il ne l'abandonne ce amais ; étant morte , il tombe avec ce die , & alors on le peut prendre. Lori- ce que ces animaux font embarralTés , ils ce 'entr'aident pour paffer d'un arbre ou ce d'un ruiiïeau à un autre, ou dans quel- ce qu'autre rencontre que ce puiffe être. . . ce Dn a coutume de les entendre de plus ce l'une grande lieue (f) y^. (f) Hiftoire dt^ Aventuriers, par Oexmelin^ 11 , page 2^1 iT fm'ontes» N V ■ 2pS Hîjloire Naturelle Dampierre (g), confirme la plupart fg) Les fînges qui fe trouvent dans les terres de la baie de Campeche, fcnt les plus laids que j'aie vus de ma vie ; ils font beaucoup plus gros qu'un iièvre , & ont de grandes queues de près de deux pieds &; demi de long; le deffous de itur queue e(l fans poil , &. la peau en eft dure & noire, mais le deffus , aufll-bien que tout ie refie du corps, eft couvert d'un poil rude , long , noir & hérilîë ; ils vont de vingt ou trente de compagnie, roder dans ks bois où ils fautent d'un arbre à i autre ; s'ils trouvent une perfonne feule ils font mine de b vouloir dévorer. Lors même que j'ai été feul, je n'ai pas oie les tirer , fur-tout la première fois que je les vis ] il y en avoit une grolTe troupe qui fe lançoicnt d'arbre en arbre par-deb'us ma tête , cra- quetoicnt des dents & failoient un bruit enragé ; ii y en avoit même plufieurs qui faifoicnt des' grimaces de la bouche & i\ts yeux , & mille pollures gro- tefques ; <]uelques- uns rompoient des branches sèches & me les jetoicnt ; d'autres répandoient leur urine & leurs ordures fur moi ; à la fin , il y en eut un plus gros que les autres , qui ^ int fur une petite branche au- deflus de ma tête & fauta tout droit contre moi, ce qui me fit reculer en arrière, mais il fe prit à la branche au bout de la queue , & il demeura-là fufpendu à fe brandiller & à me faire la moue ; enfin , je me retirai , & ils me fuivirent jufqu'à nos htitcs avec les mêmes poftures mena- çantes. Ces finofcs fe fervent de leur queue auffi-bicn que de leurs pattes ; & ils tiennent aulTi ferme avec elle. Si nous étions deux ou plufieurs enfemble ils 3'er.fuy oient de nous. Les femelles font fort embar- raffcts pour fauter après les mâles avec ieur5 petitsi 'Je rOuarhie & de ïAlonate. 2pp de ces faits , néanmoins il aflure que ces minimaux produiient ordinairement deux petits , & que la mère e|i porte un fotïs le bras & l'autre fur le dos. En o-cnéral, les fapajous , même de la plus petite ef^ pèce neproduifentpas en grand nombre, & il efi très-vraiiemblable que ceux-ci qui font les plus grands de tous né produifcnt qu'un ou deux petits. Caradhes dïjlmcîifs de ces efpeces. L'ouarine a les narines ouvertes à côté & non pas au-defTous du nez , la cloifon car elles en ont ordinairement deux, elles en portent Un fous Un de icur< bras, & l'autre qui eft alfis fur leur dos fe tient accroché à leur cou avec Tes deux pattes de devanr : ces finges font les plus farouches ^ue j'aie \us de ma vie , & il ne nous fut jamais pofTible d'en apprivo'fer aucun, quelqu'artifice que nous milTions en œu\re pour en venir à bout ; il fi'eft guère plus aifë de les avoir quand on les » tirés , parce que s'ils peuvent s'attacher à quelques branches a\ec la queue ou avec les pattes, ils ne tombent point à terre pendant qu'il leur refte le moindre fouffle de vie ; après en avoir tiré un , & quelquefois lui avoir caffé une jambe ou un bras ^ j'ai eu compaiïîon de voir cette pauvre bête regarder frxement , & manier la partie bieiïee & la tourner d'un côté ou d'autre: ces finges font fort rarement à terre, il y en a même qui difent, qu'ils n'y vonS jamais, Tomi Ul, page ^ af . 300 HîJIoire Naturelle , &c> des narines très-épaifîe ; ii n'a point d'a- bajoues, point de cailofités fur les fefles ; ces parties font couvertes de poii comme le rede du corj3s. Il a la queue prenante & très-longue , ie poil noir & long , & dans la gorge un gros os concave ; ii efl de la grandeur d'un lévrier , le poil long qu'il a fous le cou lui forme une efpèce de barbe ronde ; il marche ordi- nairement à quatre pieds. L'alouat-e a les mêmes caractères que l'ouarine , & ne paroît en différer, qu'en ce qu'il n'a point de barbe bien marquée & qu'il a le poil d'un rouge - brun , au lieu que Todarine Ta noir. J'ignore fi les- femelles dans ces efpèces font fujettes à l'écoulement périodique , mais par ana- logie , je préfume que non , ayant ob- fervé généralement qu'il n'y avoit que ies finges, babouins &: guenons à feffes îiues qui foient fujets à cet écoulement. LE COAlTA(a) E T L'EXÇiVÏMA(h). L_j E Coaita efl , après l'Ouarine & Alouate , le pins grand des Sapajous ; i l'ai vu vivant à l'hôtel de M. le Duc (a) Coaita ou Qpata , nom de cet animal à îa iuiane , & que nous avons adi)pté ; Chameck , au érou. Nota, Le mot Coaita pourroit bien venir i Caitaia , nom d'un autre fapajou dans ia langue rafîlienne , qui cependant doit fe prononcerytz/V^/^o Ccrcopiiheciis major niger faciem hiimanam referens >uoata. Barrère, Hijl. vat. de la Franc. Équnwxt ig. 150. Cercopiihecus in jseclihus anteriorièus poliice carens l ivJa inferius verjus apicem pi lis dejîituta. Le Bel- .'buth. Brijf. reg. aninu pag. 211, Simia fujca maji'T palmis tetradadyiis , cauda prô-, 'njllî ad apicem fubtus vuda, The four, fingered lonkie. Browris, hiji, ofJamdic, chap. 5, fec. V, fk) Cercopithecus bar bat us Guineenfis in Congo vO" >tv.r Exquima. AJarcgr. hijh nat. Brafil.^ag. 227, loia. Je crois que c'eft à cette efpèce de Coaita qu'ii ut rapporter le paffagc fuivant du P. d'AbbeviIle<. H y a, dit-il, en l'île de Maracnon d'autres Guenons qui s'appellent Ca^on ( Sajou J, d'autant qu'elles. 302 Htjloire Naturelle de Bouillon , où par fli familiarité , 8c même par les careflesemprefTées, il me- ritoit raiîedion de ceux qui le foignoient : mais malgré les bons traitemens & les foins, il ne put réfider aux froids de l'hiver I 764 ; il mourut & fut regretté de fon maître , qui eut la bonté de me l'envoyer pour le placer au Cabinet du Roi. J'en ai vu un autre chez M. le Marquis de Montniirail, celui-ci étoit un mâle , & le premier une femelle , tous deux étoient également traitables & bien appviyoilés* Ce lapajou , par fon naturel doux di docile, diffère donc beaucoup de l'oua- rine & de l'alouate , qui font indomp- tables & farouches ; il en diffère aufîi , en ce qu'il n'a pas comme eux une poche oileufe dans Ja gorge ; il a comme î'ouarine le poil noir, mais hérifîé ; iî en diffère encore , aufli - bien que de tous les autres fapajous , en ce qu'il n'a que quatre doigts aux mains , & que le pouce liïi manque ; par ce feul caradère & par (à queue prenante , il efl: aifé de le jï font toutes noires ; elles portent une barbe longue î» de plus de quatre doigts, aucunes environ d'uri « demi-pied de long , A font très belles & p'aifantc? à voir. A^if au Maragnon , page 2jz »# Jii Coaiîa & Je TExqmma. ^oy (îiftinguer des guenons, qui toutes ont la queue lâche & cinq doigts aux mains. L'animal que Marcgiave appelle ex- qu'ima , efl d'une efpèce très-voifine de celle du coaha , «Se même n'en eft peut- être qu'une fimple variété ; il me paroît ^e cet Auteur a fait une faute iorfqu'ii a dit que i'exquima étoit de Guinée &: de Congo ; la figure qu'il en donne fuffit feule pour démontrer l'erreur , car cet animal y efl repréfenté avec la queue re- coquillée à l'extrémité , caradère qui n'appartient qu'aux feuls fipajous & point aux guenons , qui toutes ont la queue lâche : or nous fommes affurés qu'il n'y a en Guinée & à Congo que des guenons & point de fapajous ; par conféquent I'exquima de Marcgrave , n'en, pas comime il le dit , une guenon ou tercopïthegiie de Guinée, mais un fapajou a queue prenante , qui fans doute y avoit été tranfporté du Brefil: le nom dVA- ^u'ima ou quima, en ôtant l'article ex , &. qui doit fe prononcer qouima , ne s'é- loigne pas de quoaita, & c'ed ainfi que plufieurs Auteurs ont écrit le nom du ioaita : tout concourt donc à faire croire '304 Hijlolre Naturelle que cet exquima de Murcgrave , qu'il dît 1 être une guenon ou un cercophhècjue de ■ Guinée , eil un fapajou du Brefil, & que ce n'eft qu'une variété dans l'efpèce du coaita , auquel il refîëmble par le naturel , par la grandeur , par la couleur &: par la queue prenante ; ia feule diffé- rence remarquable , c'eft que l'exquima a du poil blanchâtre fur le ventre , & qu'il porte au-deiïous du menton une barbe blanche, longue de deux doigts fc). Nos coaitas n'avoient ni ce poil blanc ni cette barbe ; mais ce qui me fait pré- fumer que cette différence n'eft qu'une variété dans l'efpèce du coaita, c'eft que j'ai reconnu par le témoignage des Voya- geurs, qu'il y en a de blancs & de noirs , les uns fans barbe & d'autres avec une (c) Cercopitàecus barlatiis Gnïneenfs ; in Congo vo- caîur Exquima, pilas habet fufcos fed p^r totum m-rjum quafi adufîos feu fenugineos ; fufcis antem jmnâulatim injperfus coior albus , venter alhkat & nienium mferius; harbam quoque egregiè albam habet , conjinnreni capillis duos drgitos Ion gis & amplms yniïis qunfi ordina'im yexa fuijfet ; quando hctc fpecics irafcitur , os ample diducendo ir mandibidas behriier movtnd ex gitai ho- Viinem : egregiè faltant . varios fruélus comedum^ Marcgr. fiilL naU Brafil. pag. xzy à. zz^,uti vide fguram» du Coàîta & de ï Exqmma, 305 barbe: ce II y a, dit Dampierre (d), dans les terres de l'Iflhme de l'Amérique, ce de fi^rands troupeaux de finges , dont ce (es uns font biancs & la plupart noirs ; ce les uns ont de la barbe , les autres n'en ce ont point : ils font d'une taille me- ce diocre. . . . Ces animaux ont quan- ce :ité de vers dans les entrailles (e) * , , , ce Ces fniges font fort drôles , ils faifoient ce mille poftures grotefques lorfque nous ce iMverfions les bois , ils fautoient d'une ce branche à l'autre avec leurs petits lur ce le dos ; ils faifoient des grimaces contre ce nous , craquetoient des dents & cher- ce choient l'occafion de piffer fur nous ; ce quand ils veulent paiïer du (ommet ce d'un arbre à l'autre , dont les l^ranches ce font trop éloignées pour y pouvoir ce atteindre d'un faut , ils s'attachent à la ce queue les uns des autres , & ils fe bran- ce dillent ainfi jufqu'à ce que le dernier ce (d) Voyage de Dampierre, tome lV,fage 22 ^ , fe) Ces animaux ont quantité de vers dans les en- trailles ; j'en tirai une fois ma pleine main dn corps d'un que nous ouvrimes , & ii y en avoît de fept ou huit pouces de long. Voyage de Dampierre , tome iVj yoge 22 j, 306 Hïjlûirc NaîureJk -y> attrape une branche de i'arbre voifin, & il tire tout le rede après lui. 33 Tou cela & jufqu'aux vers clans les entraille; convient à nos coaitas; M. Daubenton en difiéquant ces animaux, y a trouva \x.\\Q grande quantité de vers dont quel- ques-uns avoient jufqu'à douze &: treiz< pouces de longueur ; nous ne pouvon; donc guère douter que l'exquima d( Marcgrave ne foit un lapajou de l'efpèci même , ou de l'efpèce très - voifuie dt celle du coaita. Nous ne pouvons auffi nous dirpenfe; d'obferver , que fi l'animal indiqué pa; Al. Linnseus , fous le nom de dïana (fj \ o arc- ff) Diana fimîn caudatn harhata front e larlaq fûjVgiûia, Linn. aâ, Stochhn , i7S^> pag tab. 6 , Cercopithecus barlatus Guineenjïs , Ali gravit Habitat in Guineâ, magnhudo fel viajoris; nigra punâiis albi'.Hs, Dorfum jwjUce ferrugi neum, fcmora fubtus hehola, gula peâiiïque allia, from pi/is ereâis allns fdftigia'is , linea iranjvirja in formait luna crefccmis , barba fafigiata nigra fuhiits alba ir.- fidens tuberi adipofo , linea alba ab ano ad genua ah exteriori latere feniorum duéîa. Liulihimda onm'ta dejicii yeregrims nutitando falutat , irata on hiit maxiUaf- <}ue exagitat ; 3'OCûta rcfpondct grcck. Linn,f}fl.naî. t<^iU X, pâg. z6 ti 27. ^u Coaha & de ï Exquima. 307 cfl en effet, comme i! le dit, l'exquïma de Marcgrave ; il a manque dans fa defcription le caradère elTeunei , qui tft , la qutue prenante , &i qui feu! doit décickr Jfi ce d'uma efl du genre dçs fdpajous on i de celui des guenons , ^ par conlequent ' s'il le trouve dans l'ancien ou dans le nouveau continent. ' Indépendamment de cette variété , ! dont les caradères font très-apparens , ii ' y a d'autres variétés moins fenlibles dans I i'elpèce du coita ; celui qu'a décrit M. Briiïbn , avoit du poil blanchâtre fur toutes les parties inférieures du corps , au lieu que ceux que nous avons vus étoient entièrement noirs & n'avoient que très -peu de poil fur ces parties infé- rieures , où l'on voyoit la peau qui étoit noire comme le poil. Des deux coaitas dontparle M . Edwards fg), l'un étoitnoir & l'autre étoit brun ; on leur avoit donné, dit-il, le nom dt fmge-araignée , à caufe de leur queue & de leurs membres qui étoient fort longs ôl fort minces : ces animaux font en effet fort éfilés du corps êL dQs jambes , d>cr mal proportionnais» (g) Voyez Gianures , /'iï^tf 222% 308 HiJIoke Naturelle On m'en préfenta un , il y a plufieurs années, fous le nom de chameck, que i'on me dit venir des côtes du Pérou ; j'en fis prendre les mefures & faire une defcrip- tion (h), je la rapporte ici pour qu'on (h) Cet animal vcnoit de ia côte de Bancet au Pérou , ii étoit âgé de treize mois , il pefoit environ fix iivres ; il étoit noir par tout le corps ; la face nue , avec une peau grenue & de couleur de mu- lâtre; ie poil de deux à trois pouces de longueur & un peu rude ; les oreilles de même couleur que fa face & auifi dégarnies de poil , fort reffembîantes à cdies de l'homme ; la queue longue d'un pied dix pouces , grofle de cinq pouces de circonférence à la bafe , &. de onze lignes à l'extrémité , elle étoit ronde & garnie de poil en deiTus <&: en deiîous à fon origine , & fur une longueur de treize pouces, mais fans poil par-defTous fur une longueur de neuf pouces à fon extrémité, où elleeil: aplatie par-deflouS & fillonnée dans fon milieu , & ronde par-defTus ; l'animal fe fert de fà queue pour fe fufpendre & s'accrocher; il s'en fert aulfi comme d'une cinquième main pour faifir ce qu'il veut amener à lui ; il avoit treize pouces d'e longueur, depuis le bout du nez jufqu'à l'orio^ine de la queue ; neuf pouces h. demi, de circonférence derrière les bras , & un pied un pou :e fur fa pointe ^w flernum qui eft très relevé ; neuf pouces & demi devant les pattes de derrière j le cou avoit cinq pouces & demi de circonférence j il n'y avoit que deux mamelles placées prefque fous ïes aiiTelles ; la tête avoit cinq pouces de circonfé- rence prife à l'endroit le plus p;ros, & deux pouces au-deifous des yeux ^ le nez treize lignes de longueurji J// Comta & Je ÏExquma. 3 09 [)uilTe la comparer avec celle que M. baubenton a faite du coaita , &. recon- loître qu'à quelques variétés près , ce :hairieck du Pérou, eft le même animai ^ue le coaita de la Guiane. es yeux étoient fort reffemblans à ceux d'un enfant, Is avo'ient neuf lignes de longueur d'un angle à l'autre; 'iris en étoitbrun & environné d'un petit cercle jau- lâtre, la prunelle étoit grande, & il y avoit d'un œil . l'autre huit lignes dediftance; l'oreille avoit un pouce ix lignes de longueur & dix lignes de largeur j le tour le la bouche treize lignes; les bras fix pouces troislignes le longueur & trois pouces de circonférence; l'avant- )ras fix pouces de longueur & deux pouces & demi de :irconfcrence; le refle de la main cinq pouces de lon- •ueur; la paume de la main un pouce trois lignes de jrcreur; il avoit aux mains quatre grands doigts garnis l'onglcs , & un petit pouce fans ongle qui n'étoit long jue de deux lignes; l'index avoit deux pouces deux lignes de longueur; le doigt du milieu deux pouces k demi ; l'annulaire deux pouces quatre lignes, & le >etitdoigt deux pouces; les ongles trois lignes & demie . quatre lignes de longueur; la jambe fix pouces juf- [u'au genou & quatre pouces huit lignes de circonfé- ence au plus gros , depuis le genou jufqu'au talon inq pouces quatre lignes, & trois pouces de circon- érence; le pied cinq pouces & demi de longueur, il voit aux pieds cinq doigts mieux proportionnés que eux à&^ mains; le pouce avoit un pouce fïx lignes 4e longueur ; l'index deux pouces, le doigt du nùlieu lieux pouces deux lignes, l'annulaire deux pouces, & petit doigt un pouce neuf lignes; le pied deux pouces trois lignes de largeur. 3 î o fJiJîoire Naturelle Ces fapajous font inteîligcns &: très^ adroits ; ils vont de compagnie , s'aver- tifTent, s'aident & fe iecourent; la queu( leur fert exactement d'une cinquièmi main; il parort même qu'ils font plu de choies avec la queue qu'avec les main ou les pieds (i), la Nature fembieies avoi dédommagés par -là du pouce qui leu manque. On afTure qu'ils pèchent t prennent du poifîon avec cette longu queue , & cela ne me paroît pas in Croyable , car nous avons vu l'un d nos coaitas prendre de même avec i queue & amener à lui un écureuil qu'oi lui a voit donné pour compagnon dan fil chambre, lis ont l'adrefTe de cafier W c.iille des huîtres pour les manger (k): t (i) This créature lias no more than four fit! gerstoeac fff its fore pav/s, but the top cf the tail is fmooih ta derneaîh , and on this it dépends fjr its chufnâions for the créature holds every thing hy it , and Jling felf with the greatefl eafe jrom every tree and pofl l its means , , , . It is a native of the main continent a'id apart ofthe food of the Indians. Ruflel. hijî, Jamdica , chap» V, fe6l. 5 . (k) A l'île de Gorgonia fur fa côte du Pérou, remarquai des finges qui venoient cueillir àes huître îorfque la marée étoit baffe , &. qui les ouvroient d €Êîte manière; ils en prenoient une qu'ils mettoicn du Coaiîa & de TExrjuima, 311^ 3 efl: certain qu'ils Te fufpeiidenti^Iurieurs les uns au bout des autres , foit pour traverier un ruiffeau , foit pour s'élancer d'un arbre à un autre (l) , Us ne produifent Drdinairement qu'un ou deux petits , qu'ils portent toujours fur le dos ; ils mangent du poiflon , des vers & des infedes , mais les fruits font leur nour- riture la plus ordinaire: ils deviennent :rès-gras dans le temps de l'abondance Tur une pierre , & avec une autre pierre il.-; la frap- poient jui'qu'à ce qu'ils euffcnt rompu 1 écaille en morceaux, enfuite iLsen avaloient les poiflbns. Voyage ie Dampicrre , tome IV, page 2 S S* (l) En allant à Panama, je vis en Capira , qu'une de ces guenons fauta d'un arbre à un autre, qui étoit de l'autre côté de la rivière , ce qui me fit beaucoup émerveiller; elles fautent où elles veulent , s'entor- tillant la queue en une branche pour fe branler, & quand elles veulent fauter en un lieu éloigné & qu'elles ne peuvent y atteindre d'un faut, elles ufent alors d'une gentille façon , qui efl qu'elles s'attachent à la queue les une? ô.ts autres , & font par ce moyen comme une chaîne de plufieurs, puis après elles s'élancent & fe jettent en avant , eau noires , la face nue & tannée ; les oreilles aufîi nues & faites comme celles de l'homme ; il a environ un pied & demi de longueur, 6( ia queue efl: ])Ius longue que ie corps ai ia tête pris eniejnbie ; il marche à quatre pieds. L'Exquima efl: à peu-près de la même grandeur que ie Coaita, \ a comme lui la queue prenante ; mais il n'a pas de poil noir iur tout ie corps ; il varie pour îes couleurs , il y en a de noirs & de {mJQçs animaux font de taiile médiocre, mai5 fort gras dans la belle faifon , lorfque les fruits font mûrs; îa chair en efl: exquife , &: nous en mangions beau- coup. Voyage de Dampierre , tome IV, }}a^e 22^» fauves TfR. mr. Tl ■:2.S .p.2>J2 ^^^ J.K COAtT.S. 'du Coaha & Je ïExquima, 3 i J fauves fur ie dos, & de blancs fur la p-orge &: le ventre ; il a d'ailleurs une barbe remarquable : néanmoins ces diffé- rences ne m'ont pas paru fuffi Tantes pour en faire deux eipèces féparées : d'autant qu'il y a des coaitas qui ne font pas tous noirs, & qui ont du poil blanchâtre fur (a gorge & le ventre. Les femelles dans- ces deux efpèces ne (ont pas fujettes à 'écoulement périodique. Tonu XI L 3 14- Hij%îre Nûîurelk LE SAJOU (a). N O u s connoifTons deux variétés dans cette efpèce , le fiijou brun qu'on appelle vulgairement le Singe - capucin , & le fajou gris qui ne diffère du fajou brun que par les couleurs du poil ; ils (a) Sajou, mot abrégé de Cnycu.jfou ou Sajouafou, nom de ces animaux au Maragnon. Nota, CayouaCTou doit fe prononcer Sajouafou, c'ell-ià l'origine du mot Sapajou. Cayoua(fflu Dans les terres du Maragnon , il y a & la mère, avec leur petit, qu'ils tourmentent 5> lans cefTe, foit en ie portant, foit en ie carefTant. 3> Ftmamhicn (on a donné ce nom au Sapajou mâle, 3> qui eft \enu de cette partie du Brefii l'été dernier Y. 1763 à Lifbonne, & qu'on a apporté avec fa « femelle à Paris au mois de Septembre fuivant ) ^ aime Ton enfant à la folie; le père & la mère le îi portent chacun à leur tour , & quand il ne fe tient paièien, il eli: mordu bien ferré. » m. VJT- 1*1 26 -p.osS^ J.K SAJOU BRUK Vmv- TŒL. Tl.zy.p.^iS. Ji£r I^K SAJOU &KIS, i totë Sl non pas au-deffous du nez ; lés yeux châtains & placés aiïez près l'un de i autre ; ils ont la qiteue prenante , nue par-deflbus à l'extrémité , &. fort touffue fur tout le refte de fi longueiu* ; les uns ont le poil noir ôi brun , tant autour de ïa ftce que fur toutes les parties fupé- rieures du corps ; les autres l'ont gris autour de la face , ôi. d'un flmve-bruil fur le corps ; ils ont également les mains noires & nues ; ils n'ont qu'un pied de longueur depuis l'extrémité du muleau jufqu'à l'origine de la queue ; ils mar- chent à quatre pieds. Les femelles ne font pas fujettes à l'écoulement périodique. O ii; 3 I 8 HîJIoire Naturelle N LE S Ai (a). OUS avons vu deux de ces anî- maux qui nous ont paru flûre variété dans rer})èce ; ie premier a le poil d'un brun- noirâtre, le fécond que nous avons appelé Sdi à gorge blanche , a du poil blanc fur la poitrine, fous le cou & autour des oreilles & des joues ; il diffère encore du premier , en ce qu'il a la face plus dégarnie de poil; mais, au relie ils fe refîémblent en tout, ils font du même naturel, de la même gran- deur & de la même figure. Les Voya- geurs ont indiqué ces animaux fous ïe nom de Pleureurs (b), parce qu'ils (a) Cay, que l'on doit prononcer Sût, nom de cet animal au Brefif, & que nous avons adopté. Cay, petite guenon noire que les Sauvages ap- pellent Cny en cette terre du Brefil. Voyûge de Jean de de Lery, Paris, « 57B, page i 6 ^ . (hj Dans l'île Grande ou île Saint-George fousïe Tropique, à deux lieues du continent de l'Amérique, il y a des Singes qu'on appelle Pkitrmrs, qui imitent îes cris d'un enfant. Voyage de le Cemd ^ tome î, {}u Sai. 3^9 ont un crî plaintif, & que pour peu qu'on les contrarie, ils ont i'air de fe iamenter; d'autres les ont appelés Singes mufqués, parce qu'ils ont , comme le ma- cac[ue, une odeur de faux mufc (c); d'autres enfin leur ont donné le nom de J\/îacaque(d) , qu'ils avoient emprunté du jnacaque de Guinée : mais les macaques font des guenons à queue lâche, & ceux-ci font de la famille des Sapajous, car ils ont la queue prenante. Us n'ont que deux mamelles , & ne produifent qu'un ou deux petits ; ils font doux , dociles &: fi craintifs , que leur cri or- dinaire qui reiïemble à celui du rat, devient un gémiffement dès qu'on les menace. Dans ce pays-ci ils mangent (c) H y a dans les terres de la baie de Tous-Ies- Saints de petits fmges , qui font d'une laideur affreufe, & qui Tentent beaucoup le mufc. Voyage de Dani' pcrre, tome IV , page 6c}, (d) J'ai vu à la baie deTous-îes-Saints deux efpèces de Singes, les uns qu'on appelle X;^^;«>;i-& les autres qu'on appelle Alacaques. Les lagoins font de la groffeur d'un écureuil , il y en a de gris, & d'autres d'un poil fin & de couleur d'aurore; ils font tout-à- fdit jolis .... Les macaques font plus gros & d'un poil brun; ils pleurent toujours, &c. Voyùgt dû d£ Ccnnes, 2)ar Froger, page j j o, O iii; 320 Hifloire Naturelle des hannetons & des iinvaçons (e) de pré« féreiice à tous les autres alimens qu'on peut leur préfenter ; mais au Breill , dans leur pays natal , ils vivent principa- lement de graines & de fruits làuvages qu'ils cueillent fur les arbres (f) ^ où ils demeurent & d'où ils ne defcendent que rarement à terre. /

. 3i2û ^.d^ lyE SAX A GORGE -BLAI^rCHE tlîi Sau 321 'CaraSlères dijlinâîïfs de cette ejpcce. Les Sais n'ont ni abajoues ni callo- fités i'ur les fefîes ; ils ont la cloifon àç.^ narines fort épaifTe, «Si: i'ouvertiire des narines à côté & non pas au-deiïbus du nez ; ia fîice ronde & plate , les oreilles prefque nues; ils ont la queue prenante , nue par-defTous vers l'extrémité , le poil d'un brun-noirâtre fur les parties lupé- rieures du corps , & d'un fi\uve-pâle ou même d'unJ^ianc-iaie fur les parties infé- rieures. Ces animaux n'ont qu'un pied ou quatorze pouces de grandeur ; leur queue eft plus îono-ue que le corps & ia tête pris enfemble; ils marchent à quatre pieds. Les femelles ne font pas fujettes à l'écoulement périodique. font pri fes elles font fi farouches quelles mordent fi opiniâtrement qu'il faut les afTomm.er pour les faire lâcher prife. Voyage de de Ltry, ^nge i ^^, I Hïfloire Naturelle LE SÀiMlRl(a). JL E Saïmiri e(l connu vulgairement fous le nom de Sapajou aurore , de Sa- pajou orange êc de Sapajou jaune; il eft (a) Caymiri, nom de cet animal dans les terres du Maragnon , & que ion doit prononcer Sdimiri, Les autres s'appellent Caymiri ou Sapajou , étant d'un poil jaunâtre, mêlé de diverfes couleurs qui font belles & bien jolies. Miijun du P. d' Abbeville, jwge 2; 2, Cercopithecus pilis ex fuivo fiavejante & candlcamz variegatis veftims, ex fiavo rufefcentibus. Sapajou jaune, BriJl, reg. aninu pag. 197. JSIota, Je crois qu'on doit rapporter à cette efpèce le Cairaia ou Saitaia de Marcgrave qu'il décrit en ces termes. CaitaiA, Brafilmfbus pilo longiore ex albido fiavefccnte caput habei fubrotmdum , frontem hawlefamm aut pêne nulkm , najiim parvum & corn- pnijunu Caudam geiht arciiatam , redolet Majchum^ H.^c unica ipfc ineft graiia. Mite tradari deber, alias ahiffima voce clamât ir facile ad iram concîtari potefl, Alius tjufkm fpccici fed tnajoY ir pilo magi^ fufco injlar lelndinomn etiam Mofchum redolet. Marcgr. Aijl. nat, Brafd. pag, 227, Le premier de ces deux animaux de Marcgrave me paroît être noire Saï- miri , & le fécond notre Saï ; le poil d'un jaune- Wanchatre, le front fi court qu'il paroît nul, fonî ies deux caraaères dillin<^ifs du faïmiri ; le poii' du Scûmin. 323 aÏÏez commun à la Giiiane, & c'efl par celte railbn que quelques Voyageurs i'oiit audi indiqué Tous la de'nominatiou de SûpaJQu de Caycnne. Par la gentillefTe de les mouvemens, par fà pedte taille, par la couleur brillante de- là robe, par la grandeur & le feu de les yeux , par fon petit vifage arrondi, le laimiri a toujours eu la préférence fur tous les il titres -fapajous ; & c'efi en effet le plus joli, le plus mignon de tous : mais il eft aulîi le plus délicat (b) , le plus difficile à tranfporter & à conferver ; par tous ces caradères & particulièrement encore par celui de la queue , il paroît ftire la nuance entre les fapajous & les fagoins, car la quetie fans êtreabfolument inutile & lâche- comme celle des fagoins , n'cil pas auffi d'un brun - noirâtre, & i odeur de mufc me paroifTent indiquer afTez ie faï, qui comme ie faïmiri efl fujet à gémir ^ crier pour peu qu'on 3e maitraite. (h) Le Sapajou de Cayenne efî une efpèce de petit linge d'un poil jaunâtre; il a de gros yeux, ia face blanche, ie menton noir &. la taiHe menue ; il efl alerte & carefîànt, mais il e(t aufTi fenfîble au froid que les fagoins du Brefil. Relation du voyage dt de Cernes, par Froger» Paris, i 6 ^"è, page i 6 ^^ O Yj 3^4 Hîflohe 1^1 aîur elle niufclée que celle des fapajous, eîîe n'eil, pour ainfi dir-^, qu'à demi-prenante, & quoiqu'il s'en ferve pour s'aider à monter & defcendre , il ne peut ni s'attacher for- tement, ni laifir avec fermeté, ni amener à lui les chofes qu'il defire; & l'on ne peut plus comparer cette queu-e à une înain comme nous l'avons fait pour les autres fipajous. Caraàcres dïJîïnSîïfs de cette efpece. Le Saïmiri n'a ni abajoues ni callofités /lir les feiïes ; il a la cloifon des narines épaiffes , les narines ouvertes à côté & non pas au-de(Ious du nez ; ii n'a , pour ainfi dire, point de front; ion poil effc d'un jaune brillant , il a deux boureîets de chair en forme d'anneau autour d^s yeux ; il a le nez élevé à la racine & aplati à l'endroit -des narines ; la bouche petite, la face plate & nue, les oreilles garnies de poil & un peu pointues; hx queue à demi- prenante , plus longue que le corps ; il n'a guère que dix ou onze pouces de longueur, depuis [je "^.'^ TM SJsJMJ^SJL, Ju Saimm» 325 Bout du mufeau jufqu'à l'orîgnic de la queue; il le tient aiicment fur Tes pieds de derrière, mais il marche ordinaire- ment à quatre pieds. La femelle n'eil pas fujette à i'écoulemcnt périodique. -a- '326 Hifloire Naturelle LE SA Kl fa). 1—à E Saki que l'on appelle vulgairement Singe a queue de renard, parce qu'il a la queue garnie de poils très-longs , eft îe plus grand des Sagoins ; lorfqu'il efl: adulte , il a environ dix - fept pouces de longueur , au lieu que des cinq autres fagoins , îe plus grand n'en a que neuf ou dix. Le fliki aie poil très-long fur le (n^ Saki. J/Vw/^ mhiimacayite alh'ido dorfo fufco pom Ytifefcente caudâ criniid, Sakee Winkee Brovvn's, hijl, nat.ofJamdica, chap. jfeél, /. Nota. Sakee Winkee, doit (e prononcer Saki Winki; nous avons adopté ce nom Saki, d'autant plus \oIontiers qu'il nous paroît dérivé du mot Cacuien, qui doit fe prononcer Sacuien, lequel, félon Thevet, page 10^, étoit le r.om àts grands vSagoins dans plufîeurs endroits de î'Amérique méridionale. Cagiii major Brafihetijîhus , Pongi congettfihuS § Marcgr. HijL uai. Brafd, pag. 227, fig. ibid, Cercopithecus pilis mg}-is , apice alhido vejlims , cmda longiffimis pilis nigris ohfita Le fapajou à queue de renard. Brijf, regn. anim. pag. 195. J^ota, I .° Le caradère des poils noirs avec l'extré- mité blanchâtre, n'eft pas confiant, car cette el'pèce varie par le poil. 2.° Le nom àt fapajou lui a été mai appliqué, parce qu'il n'a pas la queue prenante. du Sdki, 327 corps, &i encore plus long fur îa queue ; il a la fcice roufTe & couverte d'un duvet Llanchâtre ; il efl aifé à reconnoître & à diflino-uer de tous les autres fagoins, de tous les lapajous & de toutes les guenons^ par les caradères fuivans. Caraâlhes diJlmSlifs de cette efpcce. Le Saki n'a ni abajoues ni callofués fur îes feiïes ; il a îa queue lâche, non pre- nante & de plus d'une moitié plus longue que la tête & le corps pris eniemble ; la cloiion entre les narines fort épaifle & leurs ouvertures à côté; la face tannée & couverte d'un duvet fin, court & Llanchâtre ; le poil des parties fupé- rieures du corps d'un brun-noir , celui du ventre & des autres parties inférieures d'un bîanc-roufsâtre ; le poil par- tout très-long & encore plus long fur la queue , dont il déborde l'extrémité de près de deux pouces ; ce poil de la queue eft ordinairement d'un brun-noi- râtre comme celui du corps. II paroît qu'il y a variété dans cette efpèce pour la couleur du poil, & qu'il le trouve des fikis qui ont le poil du corps & de 328 Hîfoîre Naturelle, ire, ici queue d'un fauve- roufsâtre : cet ani- mal marche à quatre pieds &. a près d'un pied &: deyii de longueur depuis rextrémite' du nez jufqu'à l'origine de la queue. Les feîuelles dans cette efpèce ne font pas Tu jettes à l'écoulé aient périodique. c?*^ ... /?-\> 4' TTl. VIL. -S. ^. i^li SAJSX 3^9 LE TAMARIN (a). V^ E T T E eljoèce eil beaucoup plus petite que la précédente, & en diffère par plufieurs caradères , principalement par îa c|ueue qui n'eft couverte que de poils courts, au lieu que celle du Saki efl garnie de poils très-longs. Le Ta- marin eft remarquable aufîi par Tes larges oreilles & (es pieds jaunes ; c'efl un joli animal (b)^ très-vif, aile à apprivoifér , (a) Tamarin, nom de cet animal à Cayenne, febn Antoine Binet, j^age ^ 41 ; Si Barrère, page / / /, Tamarjy 'Mi Maragnon , feion le P. d'Abbeviîfe. Les autres guenons s'appellent Tumary, fort petites & mignones, diverfitîées aulfi de plufieurs couleuri, Jlliffion au A'Iaragmm, page 2 j 2, Cercopiihecus tninimus niger Lecntocephahis , aurilnts JE'ephaiulms, Barrère, Hijioire naturelle de la France équlnoxiak, page iji' The Littk Black Monkie, Edwards, Hljl, ofBirds, Ipag. I 9 6f fig, avec les couleurs. Midas. Simia caudata bnherbi^ lablo fuperiort fifo, aurihus quadrath nudis, Linn. fy^, naî, tedit. X , pag. a 8. (b) Il y a de fort petits fîngcsà Cayenne, que l'on appelle à^^ Tamarins, beaux à merveilles^ ils ne foiij ' j 3 o Hiflolre Naturelle mais fi délicat qu'il ne peut réfifler îong- temps à l'inteiripérie de notre climat. Caraéïcres Jijlinâifs Je cette efphe. Le Tamarin n'a ni abajoues ni calîo- fnés fur les fefTes; il a la queue lâche, non prenante & une fois plus longue que 3a tête & le corps pris enfembie ; la cioi- fon entre les narines fort épaiile & leurs ouvertures à côte' ; la face couleur de chair oblcure; les oreilles carrées, larges, nues & de la même couleur ; les yeux châtains, fa lèvre fupcrieure fendue à peu près comme celle du lièvre ; la tête , le corps & la queue garnies de poils d'un brun -noir & un peu hériflés, quoique doux ; les mains & les pieds couverts de poils courts d'un jaune orangé ; il a le pas plus gros que des écurenifs, & ont la tête & la face comme un lion , de petites dents blanches comme rivoire, qui font de fa grcïïeur & auffi bien arran- gées que celles d'une montre d'horloge ; ils font noirs avec de petites taches (lir le train de devant de couleur ifabelle; les pattes font comme celles à^^ Çmots & de couleur de franchipanne; ils font fa- miliers & font mille fingcrie*. Voyage n Caycnnet far Anivine Binct, pages j^i if ^^z^ n Tir Tl.Sz .^.S5o I^E TAJVTAULISr £. dcr. Jii Tamarin. 33Ï corps & lés jambes bien proporiioii- nées, il marche à quatre pieds, & la :ête ik le corps pris enfembie n'ont que !ept ou huit pouces de longueur. Les femciles ne font pas fujettes à l'ecoule-» nent périodique. 'j 3 1 Hïfloh-e Naturelle L'OUISTITI (a). X-j'OuiSTÏTl efi: encore plus peti que le Tamarin, il n'a pas un demi pied de longueur , le corps &. la têt (a) Ouifliti, {(yw articulé que cet animai fait en tendre toutes les fois qu'il donne de la voix , û^^ //, ^'^^è Hijloire Nûturelk, &c. brun & d€ gris , & une fois plus longue que la tête & le corps pris enierable ; ia cloifon des nai'in^s fort jepaiiïe & ieurs ouvertures à côté ; la tête ronde , cou- verte de poil noir au-defUis du front , iur le bas duquel il y a au-defîlis du nez une marque blanche & fans poil ; fa fice ell auffi pr^fque fans poii &: d une cou- leur de chair foncée ; il a des deux côtés de la tête au-devant des oreilles deux toupets de longs poils blancs; fes oreilles font arrondies, plates , piinces & nues ; fes yeux font d'un châtain-rougeâtre ; k corps eft couvert d'un poil doux d'un gris-cendré , <& d'un gris plus clair, & mêlé d'un peu de jaune fur la gorge , la poitrine & le ventre ; il marche à quatre pieds , & n'a fouvent pas un demi-pied 4e longueur depuis le bout du nez juf- qu'à l'origine de la queue. Les femelle' ne font pas fujettes à l'écoulement pé- îfiodique. LE MARIKII^A. Tl- 33. p. 335 T. OUISTITI M. dû- 337 LE MARI Kl N A (a). Le Marikîna eft aflez vulgairement connu fous ie nom de petit Singe-lion : nous n'admettons pas cette dénomina- tion compofée, parce que le marikina n'efi: point un finge , mais un fagoin^ & que d'ailleurs , il ne reflemhie pas plus au lion , qu'une aliouette refiemble i^une autruche, & qu'il n'a de rapport avec lui que par l'efpèce de crinière qu'il porte autour de la fîice , & par le petit flocon de poils qui termine fa queue. Il a le poil touffu , long , foyeux & fa) Marikina, nom de cet animal au Maragnon, & que nous avons adopté; les autres fe nomment Marikinas .... qui ont la tête en forme d'un cœur, portant un poil d'un gris argentin. Aliffion du Père d' Abbeville , page 252, Acarima 2. Cayenne, félon, Barrère. Cercopithecus mifior dilute olivnceus, parvo capiu, Acarima à Cayenne. Barrère, hijloire naturelle de la France Equinoxiak, pnge f J i , Ctrcopiihtcus ex albojJavicans, faciei circutnferenn^ 'taîurate rufâ. Le petit Singc-iion, BrifT. n;^«. anim» page 2 00, Toim XII, P '"3 3 8 'Hifohe Naturelle luftré ; la tête ronde , la face brune , les yeux roux, ies oreiiles rondes, nues éc cache'es fous les longs poils qui en- vironnent fa face; ces poils font d'un roux-vif, ceux du corps & de la queue font d'un jaune très-pâle & prefque bîanc : cet animal a les mêmes manières ,, ïa même vivacité & les mêmes incli- nations que les autres fagoins , & i( paroît être d'un tempérament un peu plus robufte , car nous en avons vti ua qui a vécu cinq ou fix ans à Paris, avec la feule attention de le garder pendant j'hiver dans une chambre, où tous les jours on alluqioit du feu. Caractères dijlmoîtfs de cette cfpèce. Le Marikîna n'a ni abajoues ni caljo- fité5 fur les feffes ; il a la queue lâche , non prenante & prefque une fois plus longue que la tête & le corps pris en-t femble ; la cloifon entre les narines épaifle & leurs ovweriures à côté; il a Iç oreilles rondes & nues; de longs poils d'un roux-doré autour de la face; d i poil prefqu'auiîi long , d'un blanc iaunâtre ^ luifmt fur tout le relîe di|f Tir. ri. 34 .p .33$, LK M^VRIKIISTA li . du- Corps, avec un flocon affez fênfible à l'extrémité de la queue ; if marche à quatre pieds , & n'a qu'environ huit ou neuf pouces de longueur en tout. La femelle n'eft pas fujette à l'écoulement périodique. Pî} 14^ Hîjlûhe Naturelle LE PINCHE (a). c E Pinche , quoique fort petit , l'efl cependant moins que l'Ouiiliti , & mêinç que le Tamarin ; il a environ neuf (a) Pinche, nom de cet animal à Maynas, &: que nous avons adopté. Je ne parle pas ( dit M. de la Condamine ) de ia petite efpèce connue fous (e nom de Sapajous , mais d'autres plus petits encore , diffi- ciles à apprivoifer , dont le poileft long, luflré, ordinairement couleur de marron & quelquefois moucheté de fauve: ils ont ia queue deux fois aulTi longue que le corps ; la tête petite &. carrée , les oreilles pointues & faiilantes comme les chiens &. les chats, & non comme les autres finges, avec kfquels ils ont peu de reffemblance , ayant plutôt l'air <& le porî d'un petit lion , on les appelle pnche à Maynas. ypyûge fur la rivière des Arnaipnes, page i 6 ^, Cercop.thecus pilis ex fufco it rnfo vefiitus , fade îtltra auriculas ujqtic nudÛ & nigra , veriice longis pilis clbis obfita, Le petit fmge du Mexique, Briff. regn» <2«/w.page i I û. Nota. 11 me paroît que M. Briiïbn a fait ici un double emploi , & que cet animal effe 3e même qu'il indique Ibus le nom de Singe-lion , page 204. The Litile Lion Monkcy, Edwards, hijl. of Birds,; fag, ipj^ fig. Ilnd, Œdipus f.niia caudata imherhis cnpiUo dcpendemCi. \Ânn,^jh nati çAï\., X, pag, z^^ du Pinche. 3 4 î pouces de long , la lête & îe corp^ compris , & fa queue eft au moins une fois plus longue : il eft remarquable par i'efpèce de chevelure blanche & liiïe qu'il porte au-deiïiis & aux côtés de la tête , d'autant que cette couleur tranche mervellleufement fur celle de la face qui eft noire & ombrée par un petit duvet gris; il a les yeux tout noirs, la queue d'un roux-vif à fon origine & iufqu'à près de la moitié de (à longueur, où elle changée de couleur & devient d'un noir-brun jufqu'à l'extrémité ; le poil des parties fupérieures du corps eft d'un brun-fuue; celui de la poitrine ^ du ventre , des mains &: des pieds eft blanc ; la peau eft noire par - tout , même fous les parties où le poil eft blanc ; il a la gorge nue & noire comme ïa fice : c'eft encore un joli animal & d'une figure très-fingulière ; fa voix eft douce & reiïemble plus au chant d'un petit oifeau qu'au cri d'un animal ; il eft très - délicat , & ce n'eft qu'avec de grandes précautions qu'on peut le tranf- porter d'Amérique en Europe fb). (b) Nota. Voici ce que de Lery dit au fujet deec P iij '54^ HîJJoire Naturelfe Caraàeres dïjlïnâîfs de cette efpcce. Le Pinche n'a ni abajoues ni callo* fiiés furies feiïes ; il a la queue lâche, non prenante & une fois plus longue que la tête & le corps pris cnfemble ; la cïoifon entre les narines épaiÏÏe , & leurs ouvertures à côte ; la face , la gorge & îes oj^illes noires , de longs poils blancs en forme de cheveux lifTes ; le mufeau large , la face ronde ; le poil du corps affez long , brun-fiuve ou roux fur le corps jufqu'auprès de la queue où ii devient orangé , blanc fur la poitrine , îe ventre , les mains «Se les pieds où il eft plus court que fur le corps; la queue peît anima!. « II Te trouve en cette terre cîu Brefiî, » un Marmot, que les Sauvages appellent J^flo-r?»/», *> non p!us grand qu'un Efcui iau & de même poil a> roux ; mais quant à fa figure, le mufie comme » celui d'un lion & fier de même ; c eft le plus joli «i petit animal que j'aie vu par-delà; & de fait, 3> s'il étoit aulTi aifé à repaiïer que la guenon , il ■» feroit beaucoup plus enimé; mais outre qu'il eft » fi délicat , qu'il ne peut endurer le branlement » du Navire fur la mer, encore eft- il Ç\ glorieux » que pour peu de fâcherie qu'on lui falTe, il fe îaiiïe mourir de dépit ». Vojage de Jean de L^ry , T]mi. VIT. ri. 3S .p.34:z. Ji da-. XyE PUSTCIiJB. ».*^ %. J du Ptnclie: ^^^ d*un roux-vif à Ton origine & dans là première partie de fa longueur , enfuite d'un roux-brun & enfin noir à Ton ex- trémité; il marche à quatre pieds & na qu'environ neuf pouces de longueur en tout. Les femelles ne font pas fujett^s à l'écoulement périodique. Tiiî; '^44 Hîjloîre Naturelle LE M ICO (4 C 'est à M. de la Condamine , à qui nous devons la connoifTance de cet ani- mal , ainfi nous ne pouvons mieux faire que de rapporter ce qu'il en écrit dans (a) Alico , nom que l'on donne aux plus petites efpèces de Sagoins dans ks terres de l'Orénoque, lelon Gumîlb, pages 8 iT ^ ; nous lavons appli- qué à cette efpècc, afin de le diftingucr àts autres. l^ota. On voit par un paflage de Joi'eph d'Acofta, que ce mot Mico fîgnifîort Guenon, c'efl- à-dire, Svige à longue queue , èi que de (on temps on appii- '■ quoit également le nom de Mico aux Sapajous &. aux Sagoins: " l\ y n { dit cet Auteur ) dans toutes les » montagnes de fa terre ferme des Andes, un nombre . V infini de mkos ou guenons , qui font du genre des » finges, majsdifférens, en<:e qu'ils ont une queue >. voire fort longue ; il y en a entr'eux quelques races » qui font trois fois plus grandes voire quatre que les autres». Mais depuis le temps d'Acofla, il paroît qu'on a reflreint le nom de ?mco aux plus petites efpèces , & c'eft pour cela que j'ai cru pouvoir le donner au petit fagoin, dont il eft ici queftion. Cercopithecus ex cifiereo alhus argent (us , facie auri- çuhfque ruhris fpkndemihus , caiidà cajlanei coloris. Le petit finge de Para. BrifT. regn, anim, pag. 201, Ju Mico. 345 îa relation de Ton voyage fur la rivière des Amazones : « Celui -ci , dont le Gouverneur du Para m'avoit flût ce prëlent , étoit l'unique de Ton efpèce ce qu'on eût vu dans le pays ; le poil de ce fon corps étoit argenté & de la couleur ce des plus beaux cheveux blonds, celui ce de là queue étoit d'un marron-luftré ce approchant du noir. Il avoit une ce autre finguiarité plus remarquable , ce Tes oreilles , les joues & Ion muieau ce étoient teints d'un vermillon ii vif, ce qu*on avoit peine à le pertuader que ce cette couleur fût naturelle ; je l'ai ce gardé pendant un an, & il étoit en- ce cote en vie lorfquc j'écrivois ceci , ce prefque à la vue des côtes de France , <-^ où fe me ffifois un plaifir de l'ap- a porter vivant : malgré les précautions ce conÛQuelles que je prenois pour le ce préferver du froid , la rigueur de la ce fliifon l'a vrailemblablement fait mou- ce rir. . . .Tout ce que j'ai pu fliire , a ce été de le conferver dans l'eau-de-vie, ce ce qui fuffira peut-être pour fiire voir ce que je n'ai rien exagéré dans ma dcÇ- a P V 34^ Hi(}olre NaîtireJIe cription (bj >3 ; par ce récit de M. de îa Condaniine, il elt aiié de voir que la première elpèce de ces aniiiiaux dont il parie , eil celui que nous avons appeié Tamarin , &. que ie dernier auquel nous appliquons le nom de Aiico , eit d'une eipèce très-ditïerenie & vrailemblable- ment beaucoup plus rare , puilqu'aucun Auteur ni aucun Voyageur avant lui , n'en avoit fait mention , quoique ce petit animal ioit très- remarquable par le rouge vif qui ani.îie la face & par la beauté de ion poil. CaraSleres dijlindifs de cette efpece. Le M ico n'a ni abajoues ni callofités fur les fefîes ; il a la queue lâche , non prenante & d'environ moitié plus longue que la tête & le corps pris enlemblc ; la cloifon des narines moins épaifle que les autres lu geins , mais leurs ouvertures fcnî lltuées de meiiie à côté & non pas au bas du nez ; Il a ia face &. les oreilles nues , & couleur de vermillon ; (h) Voyanfc fur la rivière cfes Amazones, ^d^ Ididcla Couda mine, page i dj iZ Jùvamo^ ri. 36. f. 346. LE j\trco Ji.dir. du Mko, '347 le niufcau court; les yeux éloignés i'un de l'autre ; les oreilles grandes ; le poil d'un beau blanc-argenté , celui de la queue d'un brun-lultré & prefquenoir; il marche à quatre pieds, & il n'a qu'en- viron fept oti huit pouces de longueur en tout. Les femelles ne font pas fujçttcs à l'écgul^ment périodique» s^ltt ^T^ ^3r *" ^^ -^^ \ir T^ zz. zi:i zn in 'jflE Pvj 348 Hïjîoire Ndînreïïe* NO TIC ES DE QUELQUES ANIMAUX, dont il n'a pas été fait mention expreffe dans le cours de cet Ouvrage. L lOMME nous avons achevé, autant qu'il efl: en nous , l'hiltoire des animaux quadrupèdes ; nous croyons que pour la rendre encore plus complète , il con- vient de ne pas pafTer fous filence ceux dont nous n'avons pu nous procurer une conncilTance exade ; l'on verra qu'ils , ne font qu'en petit nombre, & que dans ce petit nombre il y en a beaucoup qu'il flun rapporter comme des varie'tés aux efpèces dont nous avons parlé; auiîî ce' n'efl: ni par l'utilité ni par l'attrait du fujet , mais uniquement pour éviter 3e reproche de n'avoir pas dit dans un ouvrage auffi étendu tout ce que l'on fliit ou que l'on croit favoir fur les animaux , que je me fuis déterminé à ajouter les notices fuivantes : Notices de quelques Animaux. 3 4^ Notice Première. OURS BLANC» Un animal fameux de nos terres îes plus fepteiitrionales , c'eft i'Ours blanc» JVIartens & quelques autres Voyageurs en ont fliit mention , mais aucun n'en a donné une aflez bonne defcription pour qu'on puiiïe prononcer affirmativement qu'il foit d'une efpèce différenie de celle de l'ours ; il paroît ieulement qu'on doit le preTumer en iuppolant exa<5l: tout ce qu'ils nous en dilent : mais comme nous favons d'ailleurs que l'elpèce de l'ours varie beaucoup fuivant les difFérens cli- mats, qu'il y en a de bruns, de noirs^ de blancs & de mêlés ; la couleur devient un cara(T:ère nul, &: par conféquent la dénomination à'ours blanc efl infuffi- ilmte , fi l'efpèce efl différente : j'ai vu deux petits ours apportés de Rulîie qui étoient entièrement blancs (a), néan- (a) Nota. On trouve àts ours blancs terreftres, non-feulement en RufTîe , mais en Pofoçfne , en Sibérie & même en Tartane. Les montagnes de îa grande Tartarie fournilTent quantité douis blancs, dit i'Autcur de la relation de la grande Tartarie^ 3 5 0 Hijloire Naturelle'» moins ils étoient très-certainement de ia même efpèce que notre ours des Alpes. Ces animaux varient beaucoup auifi pour la grandeur; comme ils vivent nfîez long-temps & quits deviennent très -gros & très- gras dans les endroits où ils ne font pas tourmentés, & où ils trouvent de quoi fe nourrir largement, îe caraclère tiré de la grandeur eft en-» core équivoc(ue ; ainfi l'on ne (eroit pas fondé à afTurer que Tours des mers du Nord eft d'^ne efpèce paruculière, uniquement parce qu'il eft blanc & qu'il cft plus grand que Tours commun (bj, La différence dans les habitudes ne me page 8. Ces ours de montacrne ne fréquentent pas ja mer , & cependant font blancs ; ainfi cette cou- leur paroît plutôt venir de ia différence du climat guc de celle de l'élément qu'h bitent ces animaux. (b) Urju^ in Pûlonîa variât , maximus uigricans,_ mînor fulvus , minimus ^rgentinus , in confiniis Mof- ihovia pilis ni gris & a^gentei cnloris mixti ex Vrfo o( cifo ftellis detrnéla fere ad uhns fex fYotende-^ lamr in terra Chelmenfi , altéra in Pahtinatu Bra- da vien fi, leriia ad ulnas qwn<}ue in Bondargouîo f>ago Palativatus Pomemnia von raro ex Li" thuania advehuanir Gedanum jy elfes célo pcdtnn. Rzac- zynski. Auél, pagf. ?22. Hna. Ce pafTage prouve qu'il y a des ours tciTtftres blancs & auflî grancll <^ ks ours^ blancs des xners du No^d^ Notices de quelques Ammaux, 3 5 ï] paroît pas pîus décifive que celle de la couleur & de la grandeur ; l'ours des mers du Nord le nourrit de poiHon ; il ne quitte pas les rivages de la mer, & Ibuvent même il habite en pleine eau ilir des glaçons flotians ; mais (i i'on fait attendon que l'ours en général efl: un animal qui le nourrit de tout, & qui lorfqu'il elt affamé ne fût aucun choix : fi Ton penfe aulll qu'il ne craint pas l'eau ; ces habitudes ne paroîtront pas affez difîérentes pour en conclure que l'elpèce n'efl: pas la même ; car le poiiîon que mange l'ours des mers du Nord , efl plutôt de la chair ; c'eft principalement les cadavres des baleines, des mories & des phoques qui lui fervent de piiture , & cela dans un pays où i! n'y a ni autres animaux , ni grains, nî fruits fur la terre , & où par conféquent il ne peut fubiilter que des produdions de la mer : n'efl -il pas probable que il i'on tranfportoit nos ours de Savoie fur les montagnes de Spitzbero- , n'y trouvant nulle nourriture fur la terre , ils fe jetteroient à la mer pour y cherche* "leur fubfiitance l j 5 2 Hïjloïre Naturelle, La couleur , la grandeur & la façon de vivre ne luffilant pas , il ne reile pour caradlères diiFe'rentiels que ceux qu'on peut tirer de la forme : or tout ce que ïes Voyageurs en ont dit, fe réduit à ce que l'ours des mers du Nord a la tête plus longue que notre ours , le corps plus alongé , le poil plus long & le crâne beaucoup plus dur. Si ces carad:ères ont été bien fiifis , & fi ces différences font réelles & confidérables , elles fuffiroient pour conftituer une aiureefpèce; mais, je ne fus fi Martens a bien vu, & fi les autres qui l'ont copié n'ont pas exa- géré (c). ce Ces ours blancs ( dic-il) font >3 fiits tout autrement que les nôtres ; ils 53 ont la tête longue , lemblabie à celle 33 d'un chien , & le cou long aulîi ; ils » aboient prefque comme des chiens ■y> qui font enroués ; ils font avec cela 3) plus déliés & plus agiles que les autres 33 ours ; ils font à peu-près de la même 33 grandeur; leur poil ell long & aufîx y> doux que de la laine; ils ont le mufeau, (c) Anderfon, dans fon hiftoîre d'Ifîande & de Groenland, tomt II, page 47. Eliis dans fon voyage de la baie de Hudlon , tome i, page ^ 69 Notices de quelques Animaux. 353 le nez & les griffes noires.... On dit que ce les autres ours ont la tête fort tendre ; ce mais c'efl tout le contraire pour les ce ours blancs, quelques coups de mafuie ce que nous leur donnafllons iur la tête, ce ils xiç-w étoient point du tout étourdis, ce quoique ces coups euffent pu affom- ce mer un bœuf 55. On doit remarquer dans cette defcription , i .'^ Que l'Auteur ne fait pas ces ours plus grands que les autres ours , &. que par confëquent on doit regarder comme fufped le témoi- gnage de ceux qui ont dit que ces ours de mer av oient yufqu'à treize pieds de longueur (d). 2.° Que le poil auffi doux que de la laine ne fait pas un caradère qui dillingue fpécifiquement ces ours , puifqu'il luffit qu'un animai habite fou- vent dans l'eau , pour que fon poil de- vienne plus doux & même plus touffu ; on voit cette même différence dans les caffors d'eau & dans les caffors terriers 3 ceux-ci qui habitent plus la terre que (d) On porta à bord un oiu's blanc qu on avoij tué , fa peau avoit treize pieds de longueur. Troifièms voyage des Hollandois par k Nord, page ^ j. 554 T^îJJohe Naîureïïe. î'eau ont ie poil plus rude & moins fourni , & ce qui me fliit préfumer que ïes autres différences ne font ni réelles ni même aufli apparentes que le dit jVlartens, c*eft que Dithmar Bleffcein dans fa defcription de l'Illande, parle de ces ours blancs , & affure en avoir vu tuer un en Groenland, qui fe dreflà fur fes deux pieds comme les autres ours ; & dans ce récit , il ne dit pas un mot qui puifîe indiquer que cet ours blanc du Groenland ne fut pas entièrement fembiabie aux autres ours (e). D'ailleurs, iorfque ces animaux trouvent quelque proie fur terre , ils ne fe donnent pas la peine d'aller chafTeren mer; ils dévouent îes rennes & les autres bêtes qu'ils peuvent iîiifir ; ils attaquent même les hommes , (e) Haht Ifîandm coloris aJhî ingentes Vrfos , . . in Croenhindia nrfum magnum & album hahuimus oh' viam qui ntque nos timebat neque nojîro clamore abigi fetemr , verum reélà ad nos tanquam ad certam yrct» dam commdehat , cumque propius nos acceffifet , is lomharda trajeJhts , ibi demum ereélus , pojkrioribvs fedibus tanquam homo ftabat donec tertio trajiceretttr, atqueita exani??iatuscoïiddit. Dithmar Blefken. IJlon^ Lud^, Bat, 1 6oy, pag. 6^. 'Notices Je quelques Auhuûux, 355 ÔL ne manquent jamais de déterrer les cadavres ffj; mais la dilette où ils le trouvent fouvent dans ces terres flériles & défertes, les forcent de s'habituer à Teau , ils s'y jettent pour attraper des phoques , des jeunes morfes , des petits baleinaux ; ils fe gîient fur des glaçons où ils les attendent, & d'où ils peuvent les voir venir, les obferver de loin, & tant qu'ils trouvent qiiè ce porte leur produit une fubfiftance abondante , ils ne l'abandonnent pas, en forte que quand les orlaces commencent à (e détacher au printemps, ils fe laifTent emmener, ôc ■voyagent avec elles ; & comme ils ne peuvent plus regagner la terre, ni même abandonner pour long- temps le glaçon fur lequel ils fe trouvent embarqués, ifs périfTent en pleine mer; ôl ceux qui ffj Les ours blancs vivent de baleines mortes, 8c c'eft près de ces charognes que l'on en trouve le plus ; lis mangent aufTi les hommes en vie lorf- qu'ils en peuvent furprendre; s'ils viennent à fentir l'endroit où l'on a enterré un corps mort, ils lavent fort bien le déterrer, ôter toutes les pierres dont la fofTe ert couverte , & ouvrir enfuite le cercueil pour manger ce corps. Recueil dci vojages du Nord^ tonic Ut fage 1 1 é$ 2 5 5 Hîjloîre Naturelle, arrivent avec ces glaces fur ies côtes d'If- lande ou de Norvège fg), font affame's au point de fe jeter fur tout ce qu'ils rencontrent pour le dévorer, & c'eft ce qui a pu augmenter encore le pré- jugé, que ces ours de mer font d'une efpèce plus féroce & plus vorace que i'elpèce ordinaire : quelques Auteurs fe font même perfuadés qu'ils étoient am- phibies comme|(es phoques , & qu'ils pouvoient demeurer fous l'eau tout auffi long - temps qu'ils vouloient ; mais le contraire eft évident &: ré fuite de la ma- nière dont on ies chaffe; ils ne peuvent nager que pendant un petit temps , ni parcourir de fuite un efpace de plus d'une îieue ; on ies fuit avec une chaloupe , & on les force de iaiïitude ; s'ils pouvoient fe paiïer de refpirer , ils fe piongeroient pour fe repofer au fond de l'eau ; mais s'ils fg) Qumd ies glaces font détachées du Groenland feptentrional, & qu'elles font pouffées vers le midi, les ours blancs qui fe trouvent dedus n'en ofent fortir, 6c comme ils ab.ordent ou en I/îande ou en Norvège à Tendroit où les glaces les portent , ils deviennent enragés de faim ; & l'on dit d'étranges hiftoires des ravages que font alors ces animaux. Recueil cies vojyagcs du Nord, tome 1, page i o&t Notices Ae quelques Animaux, 357 plongent, ce n'efl que pour quelques inflans ; & dans la crainte de fe noyer , ils fe laiflent tuer à fîeur-d'eau (h). La proie ia plus ordinaire des ours blancs ibnt les phoques ( i) , qui ne font pas aiïez forts pour leur rélifter ; mais les morfes auxquels ils enlèvent quelquefois leurs petits les percent de leurs dëfenfes & les mettent en fuite ; il en eft de même des baleines , elles les affomment par leur maffe & les (h) Cet ours blanc nagea en mer quail i'efpace d'un miile; nous le pourfuivimes vivement avec trois efquifs, & après que nous l'eûmes lafTé , ii fut furmonté & tué. Trois navigations des Hollandais au JNord, par Gérard de Vcra, Paris, 1599, j^ag. i i o, — Ils nagent d'une pièce de glace à l'autre & plon- gent ; lorfque n®us les pourfuivions dans nos cha- loupes, ils plongeoient à un bout &: fortoient de l'eau à l'autre extrémité ; ils favent auffi fort bien courir à terre. Recueil des voyages du Nord, tome 11 , fage 116. — Sur la côte de Spitzberg, un ours blanc entra dans l'eau &. nagea plus d'une lieue au large , on le fuivit avec àç.s chaloupes , & on le tua, &c. Troifième voyage des Hollnndois , page ^^, (i) Quand on eut achevé de tuer cet ours blanc, on lui fendit le ventre , où l'on trouva des morceaux de chien-marin encore entiers, avec la peau &: le poil CjUi étoient des marques qu'il ne venoit que d'être dévoré. Troifième voyage des HoUandois par k JNord, page j 6, f3 5 8 ^HiJIolre Naturelle: chafTent des lieux qu'elles habitent , oS néanmoins ils raviflent & de'vorent fou- vent leurs petits baleinaux. Tous les ours ont naturellement beaucoup de graiiïe , & ceux - ci qui ne vivent que d'animaux charge's d'huile en ont plus que les autres ; elle eft aufîj à peu-près iembïable à celle de la baleine. La chair de ces ours n'eft, dit-on, pas mauvaife à manger, & leur peau fait une fourrure très-chaude & très-durable (k), (k) Les ours blancs vont à fa quête àc-^ loups 5: des chiens - marins , & font avides de baleineaux qu'ils trouvent friands fur tous les autres poiiïons . . , Ils craignent les baleines qui les fentent ^ les pour- fuivent par une antipathie naturelle, parce qu'ils mangent leurs petits. Recueil des voyages du Nord, tome I, p'ig^ PP' — Les peaux dts ours blancs font d'un gr?aid foulagement pour ceux qui \'oya- gent en hiver; on prépare ces peaux à Spitzberg même , en les jetant daus de la fciure qu'on tait bien chauffer, 6c qui de cette manière tire toute la gfaifre àcs peaux & les defsèche. . . Leur graifTcefî comme du fuif , elle devient auffi claire que l'huile ou graiffe de baleine après qu'on l'a bien bndue ; on s'en fcrt ordinairement pour les lampes, & elle ne fent pas fi mauvais que l'huile de poilTon. Nos mariniers la vendent pour l'huile de baleine. La chair de ces f(Urs eft grafle & blanchâtre. . . . Leur lait efl fort blanc 6c gras. Troiftctm voyage des HollandolSf tome II, imge 1 1 j» fronces de quelques Animaux. 35^ I I. VACHE DE TârtArie. M. Gmeîiii (l) a donné dans les nou^ veaux Mémoires de l'Académie de Pé- teriLourg ia defcription d'une vache de Tartarie, qui paroît au premier coup d'œil être d'une efpèce différente de toutes celles dont nous avons parlé à l'article du buffle (mj, ce Cette vache, dit-il, que j'ai vu vivante & que j'ai ce fait defliner en Sibérie , venoit de Cal- :> crinière , & tout le corps comme ceïui >3 d'un bouc efl: couvert d'un poil très- 5> long , & qui defcend jufque fur les 55 genoux; en forte que les pieds pa- 55 roiffent très -courts; le dos s'élève 53 en bofle; la queue refTemble à celle D5 du cheval , elle efl d'un poil blanc & » très-fourni; les pieds de devant font yy noirs , ceux de derrière blancs , & tous 5> font femblables à ceux du bœuf; fur 55 les talons des pieds de derrière , il y D5 a deux houppes de longs poils , l'une 35 en avant & l'autre en arrière , & fui 55 les talons des pieds de devant il n'y 2 55 qu'une houppe en arrière. Les excré- 55 mens font un peu plus foiides que 55 ceux des vaches ; & lorfque cet animal 55 veut pilTer , il retire fon corps en 55 arrière. Il ne mugit pas comme un 55 bœuf, mais il grogne comme un co^ 55 chon; il eft làuvage & même féroce, 55 car à l'exception de l'homme qui lui 55 donne à manger, il donne des coups 55 de tête à tous ceux qui l'approchent: 55 II ne fouffre qu'avec peine la prél'ence 55 des vaches domelliques ; lorfqu'il en 55 voit quelqu'une , il grogne , ce qui .55 lui Noûces de quelques Animaux. o6ï lui arrive très-rarement en tout autre ce circonilancG >5. M. Gmelin ajoute à cette deicription, qu'il e(l aifé de voir « que c'ed ie même animal dont llubruquis ce s. fait mention dans fon voyage de ce Tartarie. .... qu'ii y en a de deux ce eipèces chez les Calmouques ; la pre- ce mière nommée Sarliik , qui eO: celle ce même qu'ii vient de de'crire ; ia féconde ce appeiec Chaïnuk , qui diffère de l'autre ce par la grandeur de la tête & des cornes, ce & auflj en ce que ia queue qui ref- ce ièmbic à fon origine à celle d'un che- ce val , fe termine eniuite comme celle ce d'une vache ; mais que toutes deux ce font de même naturel «. Il n'y a dans toute cette defcripiioii qu'un feul caradère qui pourroit indi- quer que ces vaches de Calmouquîc font d'une elpècc particulière , c'efl: ie grognement au lieu du mugilTement ; car pour tout ie relie , ces vaches ref- femblent fi fort aux bilons que je wc doute pas qu'elles ne foient de leur elpèce ou plutôt de leur race : d'ailleurs, quoique l'Auteur dife que ces vaches ne mugifiênt pas , mais qu'elles grognent , iî avoue Tome XII. Q ^6z ' hîjîolre 'Naturelle: cependant qu'elles grognent très-rare- ment, & c'étoit peut-être une affedion particulière de l'individu qu'il a vu , car Kubruquis & ies autres qu'il cite ne parlent pas de ce grognement; peut-être auffi les bifons iorfqu'ils font irrités ont-ils un grognement de colère ; nos taureaux même , fur-tout dans le temps ciu rut, ont une groiîe voix entrecoupée qui relTembie beaucoup plus à un o^ro- gnement qu'à un niugiiîement. Je luis donc perfuadé que cette vache gro- gnante (Vacca grunniens) de M. Gmelin n'cft autre chofe qu'un bilon , & né fiiit pas une efpèce particulière. 1 1 ï- Le T O lai. Cet animal qui efi: fort commun dans îes terres voifmes du iac Baikal en Tar^- tarie , eil un peu plus grand qu'un lapin^ auquel il reffemble par la forme du corps , par le poil , par les allures , par la qualité , ia laveur , la couleur de ia chair , & aufîî par l'habitude de creuler de même la terre pour fe fiire une re- tiaite ; il n'en- diffère que par ia queii^ Notices de quelques Amnmtix, 363^ qui cil: confidérabkment plus loiio-ue que celle du lapin , il efl: aufîî coa-= formé de même à l'inte'rieur (n); il me paroît donc afTez vraifemblable que n'en différant que par la feule longueur de la queue, il ne fait pas une efpèce réelle- ment différente, mais une fimple variété dans celle du lapin : Rubruquis , en parlant des animaux de Tartarie , dit , ce if y a des connils à longue queue , qui ont au bout d'icelle ûqs poifs noirs ce & blancs . . . Point de cerfs , peu de ce lièvres, force gazelles, &c. » Ce pafîage femble indiquer que notre lapin à courte queue ne fe trouve point en Tartarie (0)^ ou plutôt qu'il a fubi dans ce climat (n) Cmlculus infignltcr candaîus coloris Leporinl . . .^ Circa internas partes hac objerravï. Cœcum colo pûulo angufiius erat fed longius , utpoie odo polliciim longi- tiidinem aquans ; prope iki injertionem camkjcms , d'igitï medii capax , fenfimque decrejcens , in extre- mitate vix cafamum fcriptorium Imitudine capit , cohrt ibidem albente gaudens, Œfophagus mi in Lipore vemriailwn médium fubit» A A'Jongolis Tolai dicitur idemque nomen Riiffis etiam harwn regionum uftatum efl, Gmelin. Nov, comment, Ac, Feirop, tom. V, tab. XI, fig. 2. (0) Rdation des voyages en Tartarie, par Rubruquis, page 2^, i| ^4 Hijfoire Naturelle, quelques variétés & notamment ccîîç d'une queue plus alongée; car le toiai reiïeinblant au lapin à tous autres égards, on ne peut guère douter que œ ne foit çn effet un lapin à queue longue , & jç ne crois pas qu'il ioit nécefiaire d'ea fliire une elpèce dillia^fte & leparéç cÎQ i;çiic du lapin. I V, Le Z I s E L. Quelques Autçurs , & entr'autres M. Linnceus ont douté fi le -^ifel ou "liefel (p) , (chillus) étoit un aniinal dif- férent du \xà.VL-\^\tx (^ crïcnùs ) : il eli vrai (■pj !\his noricus quem cltillum apfcVant, m unû& çayemis hachât, ei corpus ut muficla domcpae Ion- gum tT' tenue , ctudd admodum breins , color pilis ui çuniculorum quorimdam pilis, cineveus, fed ohfcurior, Sicut talpa caret ûurièus fed non caret f^raminihui fAU'S fonum ut cV'is reàp't, Deures haba mûris den- mm finiiks ; ex hujus cticvn pellilius quanquam non jim vretiofce. vefles folent cçnfici. Georg. Agàcola de arii^ piantilms fiduerraneis. Brafd, r j6i, pag. 4,88. Cite.dui, Uns noncus AgricoloL ern 'Zeifel, Schwenc-' fdd Theriotropheum Siitfiae. Dgnicii , 160^^ paa. 8<$. Mus notons yil àteltus, Gefner. IJifl. quadru^^ P5gr 737- 'Notices de quelqii-es Amnmux, 3 ê^ j qu'ils le reffembient à plufieurs égards, &l qu'ils font à peu près du même pays (q)i 'mais ils diffèrent néanmoins par un a(Ie2 grand nombre de caraélères, pour que nous Ibyons convaincus qu'ils l'ont d'ei^ pèces réellement différentes. -Le zifel efl plus petit que le hamller , il a ie corps long &L menu comme la belette , au lieu que le hamfter a le corps affez gros & ramafié comme le rat ; il n'a point d'o^ ~ reilies extérieures , mais ieulement des trous auditifs cachés fous le poil ; le hamffer à la vérité , a les oreilles courtes , mais elles font très - apparentes & fort larges. Le ziiel eil d'un gris plus ou moins cendré & d'une couleur uniforme; îe hamiler e(t marqué de chaque côté fur l'avant du corps de trois grandes taches blanches: ces différences , jointes à ce que ces deux animaux , quoiqu'ha- bitans des mêmes terres ne fe mêlent paSj & que les eipèces fubfiftent féparécs, fufïifent pour qu'on ne puifle douter (ij) Nota, Le hamfîer (e trouve en Mifrire, en Thuiinge, dans le pays d Hanovre. Le li/el, en Hongrie , en Autiidie &. en Pologne , où ort l'appelle ffifif^ Qii; '3^6 Hijïojre Nûturcïïe: <|uc ce foient en effet deux efpèces elifférentes , & quoiqu'ils fe reflemblent, en ce qu'Us ont tous deux la queue courte , les jambes bafTes , les dents {en> blables à celles des rats , & les mênies habitudes naturelles , comme celle de (e creuier des retraites, d'y faire des ma- gafins, de dévalier les blés, &:c. D'ail- leurs ce qui n'auroit dû lailîer aucun doute à des NaturaiiRes un peu inftruits, €|uand même ils n'auroient pas vu ces deux animaux, c'efl: qu'Agricola, Au- teur exad & judicieux, dans fcn petit traité fur les animaux iouterrains, donne ia defcription de l'un & de l'autre, & les didingue fi clairement , qu'il n'cfl pas poifjble de les confondre ^^/y^, Ain(î (r) IJÎius ( vîvzYYût frAllcei ) ferocîtmîs efl et'uitn ûgrl vajîawr if cereris hojUs hamfler quem (jn'ulcim crice- tum nominant , . . . Exiftit iracundus if înordax . , . ., J/i terra cavernis habitat mn aliter arque cunicuhis fed dngujlis y if iiîcirco yellis cjua iJarte. iitr bique coxam tegi: a pilis ejl mida. AJuJor pauh quam domeflica mujlela exiffit , jiedes hahet aimodum brèves : pilis in dorfo color ejl fere Leporis , in ventre n'iger , in hte- ribiis rutilas ; fed utrinque Imiis maculis albis tribus numéro dijlinguitur, Suprema cajnris pars ut etinm eervix , eiimdem quem dorfurn habet colorem ; tempora rutila fnnt f ^uttur ejl candidunu Çauda qutx ad trci Notices àe quelques Animaux, 3 67 nous pouvons donner pour certain que ie hamiler & le ziiei font deux aniniaux diiTérens , & peut-être d'efpèces aufîi éloignées que celle de ia beiette Tell de celle du rat. V. Le Z E m N L II y a en Pologne & en Rufîîc uil autre animal appelé Ziemnî ou Zemnt, qui eit du même genre que le Z//?/> mais qui efl plus grand , plus fort & plus méchant ; il eit un peu plus peth qu'un chat domeftique, il a la tête afîcx groffe, le corps menu, les oreilles courtes &: arrondies ; quatre grandes dents incf- fives qui lui forient de la gueule, dont dîgîtos tranfverfos îo^.ga ut fmùViitr hporis coh; Pili aiiicm fie inhérent cuti ut ex ca dijpcvlrer evcl/i pp([int, Ac cutis quidem n carne facilius aveiiitur quam pli ex cute radiât us cxtrahantur , arque ol^ hanc caujam iT variermem fctUs ejus fiint jnetiofœ Georg. Agricol, de anim.jiîbt, pag. 490. Nota, il fuffit de comparer cette defcriptioii du Fiamfter qui ert fort bonne avec celiecjue le même Auteur donne du Zifel, & que nous avons rapportée dans la note de la page pré- cédente pour être très- convaincus que ces deux animaux font fort difFérens l'un de l'autre. Q iiij "2 68 J]tpoke NdUi relie. les deux de ia inâchoire inférieure {onï trois fois plus longues que les deux de là njâchoire fupérieure ; les pîej au - dcflus de ia ville cîe Calan, nn 35 confluent de Teliifchhi : le Volga 35 depuis Simbuski juiqu'à Somtof cft >3 couvert de ces bateaux de fel , & 3:> c'eil dans les terres voifines de ces 35 rivières, aufîi-bien caie fur les bateaux 33 qu'on prend ces animaux ; on leur a >3 donné ie nom fouflik , qui veut dire y> friand , parce qu'ils font très -avides de fel 33. I X. * TAUPE DORÉE. Enfin pour n'omettre aucun des ani- maux du Nord, & même des plus petits, il paroît qu'il y a en Sibérie une forte de taupe qu'on appelle Tavpe dorée , âc dont i'efpèce pourroit être différente de celle de la taupe ordinaire, parce que cette taupe de Sibérie n'a point de queue & qu'elle a le mufeau court , ie poil mêlé de roux ûges / // h" i ^6^ Notices de quelques Anmaii^. 3 85^ d'une efpèce voifine de celle du larigue, de Ivi marinoie , du cayopoliin & du phalanger. Sibiiîe Merian efl: le premier A uteur qui en ait donné la figure > avec une courte indication (n), Enluite Seba a donné p»our la femelle la figure même de Merian , & pour le mâle une nou- velle figure avec une efpèce de defcrip- lion : cet animal , dit - il , a les yeux très-brillans & environnés d'un cercle de poil brun-foncé ; le corps couvert d'iui poil doux ou plutôt d'une efpèce de laine d'un jaune-roux ou rouge, clair fur le dos ; le front, le mufeau, le ventre & les pieds (ont d'un jaune-blanchâtre ; ies oreilles font nues & afTez roides ; ii y a de longs poils en forme de mouf- taches fur la lèvre fupérieure & aufîi au - defTus des yeux ; fes dents font (n) Hic genus gMsfyheJfris depiâum efl qui catuht quorum vulgo (juinque vel fex una fatura eniiiiur in dorfo fecum portât , ex flavo fufci coloris , at juhucula ejus alha efl : cwn antra exeunt alïmemi caufa , à citu/is circum (urrunmr qui jam faturï vel mokihas fufptcan- tes , illico matris dorflnn afcendunt , & caudas fiius Yiiremum caudis invohmnt , qui illos flaiim in r.mm apportant. Mar. Sibif. Merian. Infed. Surinam, Amfi, pag. 06, fg, lab. l.:!iNi, R iij 35/0 Hijfoire Natureltc* comme celles du loir, pointues & pi- quantes ; fur la queue qui efl nue & d une couleur pâle , il y a dans le mâle des taches d'un rouge ~ obkur qui ne jTe remarquent pas fur la queue Je la fe- melle; les pieds reiTemblent aux mains d'un fnige , ceux de devant ont les quatre doigts & le pouce garnis d'on- gles courts & obtus , au lieu que des cinq doigts des ])ieds de derrière , ii n*y a que le pouce c[ui ait un ongle plat & obtus , les quatre autres font armés de petits ongles aigus. Les petits de ces animaux ont un grognement aflez iem- blable à celui d'un petit cociion de lait. Les mamelles de la mère relîembîent à celles de ia m.armole. Seba remarque avec raifon que dans la figure , donnée par Alerian , les pieds & les doigts font mal repréfentés fo). Ces philandres produifcnt cinq ou fix petits , ils ont la €[ueue très-longue & prenante comme celle des fapajous; les petits montent fur îe dos de leur mère & s'y tiennent en accrochant leur queue à ia fieniie ; dans cette fituation qui leur efl familière , elle (oj Seba, Volume Jf ^age f^, tahk XXI, /^. ^% | Noîkes de quelques AnïmauK. ^pt îcs porte ÔL trnnfporte avec autant cic fûreié'que de légèreté. XVII. U A K O U C H I. L'Akouchi eft aiïez commun à la Guiane & dans les autres parties de l'Amérique méridionale ; il diffère de l'agouti, en ce qu'il a une queue, au lieu que l'agouti n'en a point;, l'akouchi eft ordinairement plus petit q«e l'agouti , & Ton poil n'eil pas roux , mais de couleur olivâtre (p); voilà les feules dif- férences que nous connoiffions entre ces deux animaux, qui néanmoins nous paroiiïent fuffiiantes pour conftituer deux cipèces diilindes & féparées. XVIII. LE T U C A N. Fernandès donne le nom de Tucan à un petit quadrupède de la nouvelle Ef- pagne , dont la grandeur , la figure & (p) Cuniculus mbwr, cnnddtus , olhh-iceus. Akouchi,. BarrèrCi hij{, nat, ds la Fr, £, cap. XXIV, 394* Hijfoire Nûturelle. tcflicuîes qui font pendans entre les pieds de derrière : cet animal, dit Marcgrave, jouoitavec les chais, qui d'ailleurs ne ie foucient pas de le manger^; ik c'efl: en- core une choie qu'il a de commun avec la mufàraigne d'Europe , que les chats tuent, mais qu'ils ne mangent jamais. X X. L' A P É R E A Cet animal qui fe trouve au Brefiî, n'eft ni lapin ni rat , & paroît tenir quel- que chofe de tous deux ; il a environ un pied de longueur fur fept pouces de eirconfe'rence ; le poil de la même cou- leur que nos lièvres, & blanc fous le ventre ; il a auffi la lèvre fendue de même ; les grandes dents incifives , & ia mouftache autour de la gueule & à côté des yeux ; mais les oreilles font arrondies comme celles du rat, ôl elles font fi courtes qu'elles n'ont pas un travers de doigt de hauteur ; les jambes de devant n'ont que trois pouces de hauteur, celles de derrière font un peu (f) Marcgrav. Hijh Uût, Brafl. pag. 2 3 9. i Notices de quelques Animaux, 395 plus longues ; les pieds de devant ont quatre doigts couverts d'une peau noire & munis de petits ongles courts ; ïqs j)ieds de derrière n'ont que trois doigts dont celui du milieu eil plus long que ies deux autres; Tapérea n'a point de queue ; (\x tête efl: un peu plus alongée que celle du lièvre, & là chair eil comme celle du lapin, auquel il refîembie par la manière de vivre (tj. II ie recèle auffi dans des trous , mais il ne creufe pas la terre comme le lapin, c'ell: plutôt dans dts fentes de rochers & de pierres que dans des (abies qu'il Te retire : aulîi elt-il bien aifé à prendre dans là retraite. On le chaffe comme un très-bon gibier , ou du moins auffi bon que nos meilleurs iapins (uj. Il me paroît que l'animal dont Oviedo, & après lui, Charlevoix (x) & du Perrier de Montfraifier font mention /'ry Marcgrav. Hlfl. nat, BrafiL pag. ai 3, fig, Ih'id, (u) Pifon. Hifl, Brafl pag. 103. (x) Oviedo dît, que le Cori eft comme un petit J.ipin , qu'il y en a de tout bîancs & d'autres de couleurs mêlées. Hijioire de Saint-Domingue jhiY k P, Charkvoix , lome I, page ^j» J 9 6 Ht flaire Naîiirelké fous le nom de corî , potirroit bien être îe même que Vapérea (y) ; que dans quelques endroits des Indes occidentales on a peut-être élevé de ces animaux dans les maiions ou dans des garennes, comme nous élevons des lapins ; & qu'enfin ce[\ par cette raiion qu'il s'en trouve de roux , de blancs , de noirs & de variés de couleurs diflérenLes : ma conjedure eil fondée ; car Garcilaflo dit exprefîément , qu'il y avoit au Pérou des lapins champêtres & d'autres do- mefliques , qui ne reflembloient point à ceux d'Efpagne (-^J, (y) Le CoYÏ ( des ir.des Efpaanoîes } t?i un petit animai à quatre pieds , affez femblable à nos iapitjs & aux taupes; il a les oreilles petites, & les porte teiiement couchées fur le dos qu'ri peine les aper- çoit-on ; il n'a point de queue. Les uns font tout blancs , les autres tout noirs , les autres mouchetcs de noir & de blanc ; il y en a de tout rouges & d'autres mouchetés de rouge & de blanc Ils font privés & ne font aucune ordure dans les maî- fons; ils mangent de l'herbe & fe nourriffent de peu de chofe; ils ont le goût & le fumet àc% meilleurs lapins. H'floïre des voyages , par Duperricr de Ahmfi-dijier. Paris, 1707, page ^^/j?. (1) Hijh des In cas, tome 11, page 267. Notices Je quelques Anituûux, 357^ XXI. LE T A P ET I. Le Tapeti (a) me paroît être une efpèce très-voifine, & peut-être une varie'té de celle du lièvre ou du lapin : on le trouve au Brefil' & dans plufieurs autres endroits de l'Amérique ; il ref- lemble au lapin d'Europe par la figure ; au lièvre par la grandeur & par le poil , qui feulement elt un peu plus brun ; il a les oreilles très-longues & de la même forme ; Ton poil eft roux fur le front &: blanchâtre fous la gorge, quelques- uns ont un cercle de poil blanc autour du cou , tous font blancs fous la gorge , k poitrine & le ventre ; ils ont les yeux noirs , & des mouflaches comme nos lapins, mais ils n'ont point de queue (h), I.e tapeti reiTembie encore au lièvre par f i manière de vivre , par fa fécondité & par la qualité de fa chair , qui e(l très^ bonne à manger ; il demeure dans les (a) Tapity, feion le P. d'Ai)bevilIe. Mijfion au ^JMar.ignon . page 2 j i . (h) iMarcgrav. Hifi. iiat, Brafh pag. 223, /^, pag. 22^. 598 Hîflolre NntiireJkn champs ou dans ies bois comme le lièvre, & ne ie creui'e pas un terrier comme le iapin (c). II me paroît que l'animal de Ici nouvelle Efpagne, indiqué par Fernan- dès, fous le nom de citlifd), efi: ie même que le tapeti du Brefil , & que ces ani- maux ne font qu'une variété de nos lièvres d'Europe , qui ont pu palier par ie Nord , d'un continent à l'autre. II y auroit bien encore quelques ef- pèces d'animaux à ajouter à ceux qui îbnt compris dans les Notices précé- dentes, mais ils font fi mal indiqués qu'elles deviendroient trop incertaines, &: j'aime mieux me borner à ce que l'on fait avec quelque certitude , que de me livrer à des conjectures, &. tom- ber dans l'inconvénient de donner pour exiflans des êtres flibuleux , & pour des efpcces réelles des animaux défigurés: avec cette limite , & malgré ce retran- chement , que j'ai cru néccflairc , les fc) Plfon. Hijl. Brafil, pag. 102, (d) Cîtii Lf pores mi-^ Hifpnnia mflrarlluà ("uni/es forma atque aiimtnto fcd aurkulis longiffjmis j>ro 't'çrporis magr.îtudine , lail^imjque. Fernandès , Hijl* mim, nov» Hifp, pag. z, cap. UJ, Notices Je quelques Ammmfx, ^c)Ç) peiTonnes inftruites , s'apercevront aife > ment que notre Hiiloire des animaux efl: aufîi complète qu'on pouvoit l'eipe'rcr: elle contient un grand nombre d'ani- maux nouveaux , & il n'y en a aucun de ceux qui étoient anciennement con- nus, dont il ne loit fait mention dans ie ^cours de cet Ouvrage. Les notices précédentes , quoique compofées de vingt - un articles , ne contiennent réellement que neuf ou dix efpèces d'animaux différens, car tous les autres ne font que des varie'tés ; l'ours blanc n'eft qu'une variété' de l'efpèce de l'ours; ia vache de Tartarie de celle du bifon ; le cochon de Guinée &: le cochon du Cap-verd de celle du co- chon , ôic. Ainfi en ajoutant ces dix efjîèces à cent quatre-vingt ou environ, dont nous avons donné l'hiftoire , le nombre de tous les animaux quadru^ pèdes , dont l'exiltence efl: certaine i lT^ f M "V'''-'j^> / ^/ n •*<^ i